(Neuf heures quarante minutes)
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Bonjour. Vous pouvez vous asseoir.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Alors nous
allons débuter les travaux aux affaires courantes avec la rubrique de déclarations de députés, et nous allons entendre Mme la députée d'Huntingdon.
Rendre hommage à M. Serge
Bouchard, nommé
Gestionnaire d'exception de l'année
Mme Claire IsaBelle
Mme
IsaBelle : Bonjour, Mme la Présidente. Je désire exprimer toute ma reconnaissance à M. Serge Bouchard,
qui a reçu le titre de gestionnaire
d'exception en travaux publics au Québec pour l'année 2019. M. Bouchard travaille au service de la municipalité de Napierville
depuis 41 ans. Je souligne d'ailleurs la présence avec nous de la mairesse,
Mme Pelletier, et de ses conseillers.
M. Bouchard est un gestionnaire de coeur,
passionné et disponible 24/7 pour assurer une bonne gérance de sa municipalité.
Il détient des connaissances hors du commun sur celle-ci et son réseau. Qui
plus est, il est toujours à l'écoute de tous les gens qui gravitent autour de
lui. M. Bouchard travaille avec dévouement et acharnement afin de répondre aux besoins des citoyennes
et citoyens de sa municipalité. Gestionnaire minutieux, patient et très
respectueux, il inspire la confiance et représente une grande fierté
pour tous les citoyens et citoyennes de sa municipalité.
Félicitations à M. Bouchard!
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Maintenant, nous poursuivons avec Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Souligner le 25e
anniversaire de l'organisme
La Rue des femmes à Montréal
Mme Jennifer Maccarone
Mme
Maccarone : Merci, Mme la Présidente. Je suis très heureuse, aujourd'hui, de souligner le 25e anniversaire de La Rue des femmes, qui se situe dans mon comté
de Westmount—Saint-Louis. Cet organisme à but non
lucratif accueille et soigne des femmes en état d'itinérance ou à risque
d'y sombrer. Fondé en 1994 par Léonie Couture, ce centre a pour vocation d'assurer aux femmes en état d'itinérance
ou à risque de le devenir des soins curatifs, mais également préventifs en santé relationnelle, tant au niveau de la santé
physique que mentale. Le centre effectue de la recherche et de la formation dans le domaine de la santé
relationnelle auprès des différents intervenants en situation d'itinérance.
Enfin, La Rue des femmes travaille à accueillir
des femmes qui ont perdu leur capacité à être en lien avec elles-mêmes et avec les autres. Je tiens à souligner leur implication, à les
féliciter pour leurs 25 ans passés à accueillir et offrir des soins de
proximité à toutes ces femmes. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, Mme la députée. Maintenant, nous poursuivons avec M. le député de Dubuc.
Rendre hommage à M.
Daniel Gagnon pour
son travail au sein du Zoo de Falardeau
M. François Tremblay
M.
Tremblay : Merci, Mme la Présidente. Il y aura eu L'homme qui plantait des arbres
de Frédéric Back; l'histoire faunique
devra, cette fois, ouvrir son portail à M. Daniel Gagnon, l'homme qui sauve des
animaux. On parle du Zoo de Falardeau,
alors que lui parle d'un refuge d'amour. J'aurai eu le privilège, cet été, une
fois encore, de visiter cet attrait touristique incontournable au Saguenay—Lac-Saint-Jean,
plus précisément situé dans la dynamique municipalité de Falardeau.
Ingénieur de formation, enseignant, homme
passionné, généreux et qui véhicule des valeurs qui viennent rejoindre nos
familles de partout... Sans aide gouvernementale, sa contribution à l'économie
locale est extraordinaire. C'est 100 000 visiteurs, avec l'ambition de doubler à
court terme et sur les bases de projets équilibrés. Notre histoire se devait
d'en témoigner. Merci, Daniel. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le député. Je suis prête à
reconnaître maintenant Mme la députée de Saint-Laurent.
Souligner la Journée
nationale du personnel de soutien scolaire
Mme Marwah Rizqy
Mme
Rizqy : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Je désire souligner la
Journée nationale du personnel de soutien scolaire, qui se déroule
aujourd'hui, le 26 septembre, partout au Québec. Chaque jour, des milliers de
gens dévoués franchissent les portes de nos écoles et contribuent, à leur
façon, à la réussite éducative de nos jeunes, du primaire au secondaire. Je parle de tout le personnel
administratif, technique et paratechnique, notamment les techniciennes en
éducation spécialisée, les
éducateurs, éducatrices en service de garde, des secrétaires d'école, qui font
partie des 81 corps d'emploi qui oeuvrent auprès des jeunes souvent dans
l'ombre, trop souvent dans l'ombre.
À vous tous,
merci de prendre soin de nos jeunes. Merci de contribuer, à votre façon, tous
les jours, à leur réussite éducative. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, Mme la députée. M. le député de Papineau.
Souligner le 50e
anniversaire du Club d'âge d'or de Templeton inc.
M. Mathieu Lacombe
M. Lacombe : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. C'est avec fierté que je tiens à reconnaître, ce matin, le 50e anniversaire de fondation d'un club d'âge
d'or de ma circonscription, la belle circonscription de Papineau,
Le Club de l'âge d'or de Templeton.
Près d'un demi-siècle... en fait, plus d'un demi-siècle d'activité
et de présence pour les aînés de chez
nous, ça se fête, et c'est un honneur pour moi, ce matin, de le reconnaître
ici, au salon bleu de l'Assemblée
nationale.
Le Club d'âge d'or de Templeton a toujours
porté, à travers les années, des projets qui sont en phase avec les besoins et
les réalités des aînés. On pense, bien sûr, à toutes les activités de loisirs,
de divertissement et de voyage organisées
pour ses membres afin de s'assurer que ceux-ci s'épanouissent au quotidien. Je
suis donc très fier de pouvoir compter sur une organisation solide comme
la vôtre dans notre circonscription.
En terminant,
aux membres du Club d'âge d'or de
Templeton, évidemment je vous souhaite un bon 50e anniversaire et plusieurs autres belles années
devant vous. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le député. Nous poursuivons maintenant avec M. le député de
René-Lévesque.
Rendre hommage à M.
Jean-Pierre De Champlain,
lauréat du prix Jean-Louis-Lévesque
M. Martin Ouellet
M. Ouellet : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Je désire
souligner, aujourd'hui, l'engagement exceptionnel d'un citoyen de ma
circonscription. Jean-Pierre De Champlain est un homme engagé dans sa
communauté, où il s'est impliqué dans
différentes causes sociales au fil des années. Cette implication a été reconnue
par ses pairs alors qu'il s'est vu
décerner le prix d'excellence Jean-Louis-Lévesque de la Financière Banque
Nationale. Cet honneur vise à reconnaître le conseiller en placement qui, par son ardeur au travail, son intégrité
et son implication sociale, en fait un modèle pour sa communauté. Par ailleurs, la succursale de
M. De Champlain dirige... a aussi reçu différentes reconnaissances
d'excellence au fil des années pour son
engagement social, son rayonnement et le rendement exceptionnel de celle-ci.
Au nom des
citoyens de la circonscription de René-Lévesque, je tiens à remercier
M. Jean-Pierre De Champlain pour toutes ces années d'engagement envers sa communauté et sa grande
contribution à la vitalité sociale et économique de notre milieu. C'est un homme de coeur, c'est un homme vrai, qui
défend, avec vigueur et humanité, sa Côte-Nord. Chapeau, Jean-Pierre!
Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le député. Maintenant, nous poursuivons avec Mme la députée de
Chicoutimi.
Féliciter M. Jean
Delisle, honoré par Tennis Canada
pour son engagement dans le sport
Mme Andrée Laforest
Mme Laforest : Merci, Mme la
Présidente. Alors, aujourd'hui, je tenais à souligner l'impact et l'implication
remarquable de Jean Delisle, un
véritable pilier du tennis dans ma région, le Saguenay—Lac-Saint-Jean. M. Delisle vient d'être honoré par
Tennis Canada le 7 août dernier sur le court central de la
coupe Rogers.
Âgé
de 78 ans, le président de l'organisation du challenge Banque Nationale
de Saguenay a vu défiler, au cours
des quatre dernières décennies, les talents
de la nouvelle génération du tennis. Au fil du temps, il a contribué à la
promotion et au développement de ce sport, qui gagne en popularité
chaque année.
Chez les
Delisle, le tennis est une affaire de famille. Son épouse Denise, et leur
fille, bien connue, Caroline qui a fait
sa marque au tennis féminin aux
niveaux national
et international, se sont toujours impliquées dans l'organisation et la
mise en place des différentes compétitions.
Je terminerai en remerciant M. Delisle, qui est ici
présent, pour avoir contribué à faire rayonner le Saguenay—Lac-Saint-Jean
à travers sa passion pour ce sport magnifique qu'est le tennis. Merci, Mme la
Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Maintenant, nous
poursuivons avec Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Appuyer les
revendications des jeunes en
matière de changements climatiques
Mme Manon Massé
Mme
Massé : Merci, Mme la Présidente. Mme la Présidente, à 17 ans, je ne
voyais pas plus loin que le bout de mon
nez. Avoir 17 ans en 2019, c'est chercher l'horizon, mais tomber sur un mur. Une
fille de cet âge-là m'a dit dernièrement : Manon, moi, quand j'aurai ton âge puis que je serai députée, là,
j'espère qu'on va parler d'autre chose que du climat. Pas parce qu'elle ne trouve pas ça important, au contraire,
mais elle s'est rendu compte que le climat risque probablement d'être le
seul sujet à l'ordre du jour.
Moi, je ne
serai plus ici. La majorité d'entre vous non plus ne serez plus ici. Je vous
casse les oreilles avec le climat pour
dégager l'horizon de la génération qui s'en vient. Regardez ce dont ils sont
capables puis imaginez ce qu'ils vont faire
demain si on leur laisse une chance. Si nos enfants jouent aux adultes, c'est
parce que nous, les adultes, on se comporte en enfants. Et ma place,
demain, va être à leurs côtés, dans la rue, Mme la Présidente.
• (9 h 50) •
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, Mme la députée. M. le député de Granby, nous vous écoutons.
Souligner le 50e
anniversaire du Club Optimiste de Granby inc.
M. François Bonnardel
M.
Bonnardel :
Merci, Mme la Présidente. Donc, aujourd'hui, j'ai le grand plaisir de souligner
le 50e anniversaire du Club Optimiste
de Granby. Fondé le 27 mai 1969 par son premier président, le regretté
Paul Nadeau, le club Optimiste a
comme mission, notamment, d'aider et soutenir notre jeunesse, mais il
s'implique également de manière active dans notre communauté.
À travers les
années, de nombreuses activités, dont l'inscription était gratuite pour les
jeunes, ont eu lieu, que ce soit le concours d'art oratoire, le cercle de
lecture Réjean Veillette, la dictée pour les élèves du primaire, les courses de
boîtes à savon ainsi que le fameux dîner de Noël, qui permet à centaines
d'enfants de familles moins bien nanties de vivre
un avant-midi de rêve. De plus, au-delà de ses 95 membres qui viennent en aide
bénévolement à plusieurs centaines de
jeunes à travers une vingtaine d'activités gratuites par année, le club est
également une occasion de tisser des liens entre les membres lors du
déjeuner du dimanche.
Je profite
donc de ce moment pour souligner le travail de Marie-Andrée Hubert, la
présidente, et qui s'apprête à céder les rênes de l'organisation, après un
deuxième mandat complété, ainsi que de l'ensemble des administrateurs,
donateurs et bénévoles qui ont permis de faire passer un bon moment à des
milliers de jeunes à travers les années.
Merci pour votre implication, et bon 50e
anniversaire!
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le député. Maintenant, nous
poursuivons avec Mme la députée de Laporte.
Souligner le 75e
anniversaire du Cercle de fermières Notre-Dame-de-Foy
Mme Nicole Ménard
Mme Ménard :
Merci, Mme la Présidente. Je tiens à féliciter un organisme de Jean-Talon, qui
célèbre, cette année, son 75e anniversaire, Le Cercle de fermières
Notre-Dame-de-Foy.
C'est pendant la guerre, le 15 février 1944,
dans une salle paroissiale, que s'est tenue la première rencontre regroupant 45 femmes issues de tous les milieux.
Au fil des ans, des membres du cercle ont travaillé ensemble à être des personnes avant-gardistes et innovatrices. En plus
du tissage, du tricot et de la broderie, des recettes culinaires bien connues
des Québécoises furent non
seulement recueillies et préservées,
mais aussi diffusées. Le cercle s'est démarqué par son implication sociale
auprès d'organismes et hôpitaux de la région.
Je rends
hommage aux membres du Cercle de fermières Notre-Dame-de-Foy pour leur héritage
aux générations futures. Joyeux anniversaire! Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée.
Ceci met fin à la
déclaration de députés, et je suspends les travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à
9 h 52)
(Reprise à 10 h 2)
Le Président :
Mmes et MM. les députés, nous allons nous recueillir quelques instants en ayant
une pensée particulière pour l'ancien
président de la République française, M. Jacques Chirac, qui s'est éteint ce
matin. Cet homme d'État a marqué le
paysage politique français depuis le début des années 1960. Il
a été président pendant 12 ans, premier
ministre à deux reprises, premier maire de la ville de Paris et titulaire de
nombreux ministères.
Promoteur
de la Francophonie et des valeurs qu'elle sous-tend, il a participé au deuxième
Sommet de la Francophonie, tenu à Québec en 1987. C'est dans ce contexte
qu'il a été reçu officier de l'Ordre national du Québec.
Recueillons-nous donc
quelques instants.
Je vous remercie.
Veuillez vous asseoir.
Présence du consul général de Belgique à
Montréal, M. Hendrik Van de Velde
Mmes,
MM. les députés, j'ai le plaisir de souligner la présence, dans les tribunes,
du consul général de Belgique à Montréal, M. Hendrik Van de Velde,
à l'occasion de sa visite de prise de poste. Monsieur, bienvenue.
Présence de Mme Diane Lemieux, ex-parlementaire
de l'Assemblée nationale
J'ai
également le plaisir de souligner la présence, dans les
tribunes, de Mme Diane Lemieux, ancienne députée de Bourget.
Nous poursuivons les
affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a
pas de déclarations ministérielles.
Présentation de projets de loi
À la rubrique
Présentation de projets de loi, M. le leader du gouvernement.
M.
Jolin-Barrette : Oui. M. le Président, je vous demande d'appeler
l'article a, s'il vous plaît.
Projet de loi n° 38
Le Président :
À l'article a du feuilleton, M. le ministre responsable de
l'Administration gouvernementale et président
du Conseil du trésor présente le projet de loi n° 38,
Loi modifiant certaines lois instituant des régimes de retraite du
secteur public. M. le ministre.
M. Christian Dubé
M.
Dubé : Alors, merci beaucoup, M. le Président. Ce projet de loi
modifie différentes lois qui instituent des régimes de retraite du secteur public afin de reconduire les
dispositions de dérogation à l'article 15 de la Loi constitutionnelle de
1982 prévues par la Loi sur le régime de
retraite de certains enseignants, la Loi sur le régime de retraite des employés
du gouvernement et des organismes publics,
la Loi sur le régime de retraite des enseignants, la Loi sur le régime de
retraite des fonctionnaires et la Loi sur le régime de retraite du
personnel d'encadrement.
Enfin,
le projet de loi modifie également la Loi sur le régime de retraite du
personnel d'encadrement afin de prévoir la possibilité d'établir, par
règlement, les conditions et modalités relatives au retour au travail d'un
pensionné qui ne participe pas de nouveau au régime de retraite. Merci, M. le
Président.
Le Président :
M. le leader de l'opposition officielle.
M.
Tanguay : Merci beaucoup, M. le Président. Alors, nous allons prendre connaissance, bien évidemment,
du projet de loi, et nous nous réservons le droit de demander des consultations
particulières.
Le Président :
M. le leader du gouvernement.
M.
Jolin-Barrette : Pas de problème, M. le Président.
Mise aux voix
Le Président : Est-ce que
l'Assemblée accepte d'être saisie de ce projet de loi?
Des
voix : Adopté.
Le Président :
Adopté. M. le leader du deuxième groupe d'opposition.
M.
Nadeau-Dubois : Merci, M. le Président. Je vous demanderais d'appeler
l'article b du feuilleton.
Projet de loi n° 490
Le Président :
À l'article b du feuilleton, Mme la députée de Sainte-Marie-Saint-Anne
présente le projet de loi n° 490, Loi
instaurant l'électrification progressive du parc automobile québécois. Mme la
cheffe du deuxième groupe d'opposition.
Mme Manon Massé
Mme Massé :
Merci, M. le Président. Oui, bien sûr, Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Le
Président :
Permettez-moi de reprendre. Sainte-Marie—Saint-Jacques, Mme la cheffe du deuxième
groupe d'opposition.
Mme
Massé : Merci. Alors, M. le Président, ce projet de loi a pour objet d'instaurer l'électrification
progressive du parc automobile québécois
afin de diminuer les effets néfastes des véhicules à combustion interne sur
l'environnement.
Le
projet de loi prévoit qu'à partir du 1er janvier 2030
la vente de véhicules neufs n'est autorisée que pour les véhicules hybrides rechargeables ou entièrement électriques et qu'à partir du 1er janvier 2040 la vente de
véhicules neufs n'est autorisée que pour les véhicules entièrement
électriques.
Également,
le projet de loi précise que les véhicules à combustion interne ne
seront plus autorisés à circuler sur tout chemin ou terrain à partir du
1er janvier 2050.
Mise aux voix
Le Président :
Est-ce que l'Assemblée accepte d'être saisie de ce projet de loi?
Des voix :
Adopté.
Le Président :
Adopté.
Dépôt de documents
À la rubrique Dépôt
de documents, Mme la ministre de la Santé et des Services sociaux.
Rapport annuel du CHU Sainte-Justine et rapport annuel et
rapport
sur l'application de la procédure d'examen des
plaintes du CISSS—Bas-Saint-Laurent
Mme McCann :
Merci, M. le Président. Alors, je dépose le rapport annuel de gestion 2018-2019
du CHU de Sainte-Justine ainsi que le rapport annuel de gestion 2018-2019
du CISSS du Bas-Saint-Laurent accompagné de son rapport annuel portant sur l'application de la procédure d'examen des
plaintes et l'amélioration de la qualité des services. Merci, M. le
Président.
Le Président :
Ces documents sont déposés. M. le ministre des Finances.
Rapport annuel de la Société de financement
des infrastructures locales
M. Girard
(Groulx) : M. le Président, je dépose le rapport d'activité 2019
de la Société de financement des infrastructures locales du Québec. Merci, M.
le Président.
Le
Président : Ce document
est déposé. M. le ministre de
l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques.
Rapport annuel du Conseil de gestion du Fonds vert
M.
Charette : Merci, M. le Président. Je dépose le rapport annuel de gestion 2018-2019 du Conseil de gestion du
Fonds vert.
Le Président : Ce document
est déposé. M. le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité sociale.
Rapport annuel du ministère du
Travail, de
l'Emploi et de la Solidarité sociale
M.
Boulet : M. le Président, je dépose le rapport annuel de gestion 2018-2019
du ministère du Travail, de l'Emploi
et de la Solidarité sociale. Merci, M. le Président.
• (10 h 10) •
Le Président :
Ce document est également déposé. Mme la ministre de la Culture et des
Communications.
Rapport annuel du ministère de la Culture et des
Communications
Mme
Roy : Oui, merci beaucoup,
M. le Président. Alors, je dépose le rapport annuel de
gestion 2018-2019 du ministère de la Culture et des
Communications. Merci, M. le Président.
Le Président :
Ce document est maintenant déposé. M. le leader du gouvernement.
Rapport annuel de la Commission québécoise
des libérations conditionnelles
M.
Jolin-Barrette : Oui. M. le Président, permettez-moi de déposer, au
nom de ma collègue la ministre de la Sécurité
publique, le rapport annuel de
gestion 2018-2019 de la Commission
québécoise des libérations conditionnelles.
Réponses à des pétitions et à une question inscrite au feuilleton
Et, M. le Président,
je dépose les réponses du gouvernement aux pétitions présentées en Chambre le
3 juin par le député de Jonquière, le 5 juin par le député de Matane-Matapédia,
ainsi qu'à la question inscrite au feuilleton le 5 juin par le député de Jean-Lesage.
Merci, M. le Président.
Le Président :
Ces documents sont donc déposés.
Rapports annuels du Protecteur du citoyen
Pour
ma part, je dépose le rapport annuel
d'activité 2018-2019 du Protecteur du citoyen. Je dépose également le
rapport annuel de gestion 2018-2019 du Protecteur du citoyen, également.
Il n'y a pas de dépôt
de rapports de commissions.
Dépôt de pétitions
À la rubrique Dépôt
de pétitions, M. le député de D'Arcy-McGee.
Ajouter des systèmes de surveillance du glucose en continu
à la liste des
accessoires remboursés par la Régie de l'assurance maladie du Québec
M.
Birnbaum : M. le Président, vous me permettrez de souligner la
présence, dans nos tribunes, de Michaëlla Étienne et Florence
Charlebois-Villeneuve, auteures de la pétition qui suit.
Je
dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par
quelque 5 693 personnes. Désignation : citoyens et
citoyennes du Québec.
«Les
faits invoqués sont les suivants :
«Considérant
que le diabète de type 1 est une maladie auto-immune chronique qui peut
causer des complications à court
terme — convulsion,
perte de connaissance, acidocétose, coma, mort — et à long terme — dommages nerveux, au coeur, aux reins
et aux yeux, fractures osseuses — en l'absence d'un contrôle rigoureux des
niveaux glycémiques et [hémoglobine] glyquée;
«Considérant
qu'un diagnostic précoce peut avoir une incidence profonde et permanente sur
l'état de santé des enfants, car,
leur cerveau étant en pleine croissance, des épisodes [hypoglycémiques] et
[hyperglycémie] sévères peuvent causer des déficits neurocognitifs;
«Considérant qu'un
faible revenu familial cause une disparité dans l'accès aux soins des enfants
et affecte négativement leur contrôle glycémique et leur hémoglobine glyquée;
«Considérant
que l'utilisation d'un système de surveillance du glucose en continu est le
seul outil qui contribue à améliorer
le style de vie et le contrôle glycémique, à réduire l'hémoglobine glyquée, à
prévenir et à réduire les risques d'hypoglycémie et d'hyperglycémie
sévères;
«Considérant
que [...] les cas d'incapacité de se soigner seul — condition labile, état asymptomatique, maladies
mentales — le seul outil permettant de prévenir des
complications à court terme demeure le système de surveillance du
glucose en continu;
«Et l'intervention réclamée se résume
ainsi :
«Nous,
soussignés, demandons que le gouvernement du Québec inscrive les systèmes de
surveillance du glucose en continu
approuvés par Santé Canada au titre d'accessoires médicaux remboursés par la
RAMQ, et qu'il s'engage à mettre de l'avant toute mesure similaire pour
soutenir financièrement les patients atteints du diabète [du] type 1.»
Je certifie que cet extrait est conforme à
l'original de la pétition, M. le Président.
Le Président : Cet extrait de
pétition est déposé. À nouveau, M. le député de D'Arcy-McGee.
M.
Birnbaum : M. le Président, je dépose l'extrait d'une
pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par quelque
741 pétitionnaires. Désignations : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits
invoqués sont les suivants :
«Considering
that type 1 diabetes is a chronic autoimmune disease that can lead to
short-term complications — ketoacidosis, injury to self or others, seizures,
coma, death — and long-term complications — heart, blood vessel,
nerve, kidney and eye damage, bone fractures — in the absence of tight glycemic
control and glycated hemoglobin levels;
«Considering
that early-onset type 1 diabetes can have profound and permanent adverse
outcomes on children's health and that, due to the vulnerability of their developing brain,
severe hypoglycemia and hyperglycemia episodes can cause neurocognitive
damage;
«Considering
that low income families suffer from disparate access to [healthcare] services
and care for children, negatively affecting their
glycemic and glycated hemoglobin levels;
«Considering
that the use of a continuous glucose monitoring system is the only tool that
contributes to improving lifestyle and glycemic control, reducing glycated hemoglobin levels,
preventing and reducing the risks of severe hypoglycemia and
hyperglycemia;
«Considering that in cases
where persons do not have the capacity to care for themselves — labile
diabetes, symptom unawareness, mental
illnesses — the only tool which prevents short-term
complications is the continuous glucose monitoring
system;
«Et l'intervention réclamée se
résume ainsi :
«We, the undersigned, ask the Québec Government to include continuous glucose monitoring systems
approved by Health Canada as medical accessories reimbursed by the RAMQ,
and to commit to putting forth similar measures to
financially support patients suffering from type 1 diabetes.»
Je certifie que cet extrait est conforme à
l'original de la pétition.
Le Président : Cet extrait de
pétition est déposé. M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
Assurer
l'accès à Internet très haute vitesse aux Îles-de-la-Madeleine
M.
Arseneau : Merci, M. le Président. Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à
l'Assemblée nationale, signée par 702 pétitionnaires.
Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués sont les suivants :
«Considérant l'engagement du gouvernement de
brancher toutes les régions du Québec;
«Considérant l'importance d'un réseau Internet
fiable et rapide pour pallier les contraintes de l'insularité;
«Considérant
que l'infrastructure [des] câbles sous-marins de fibre optique,
déployée en 2004 grâce au soutien des gouvernements, devait permettre
d'atteindre un niveau de service équivalent à celui disponible sur le
continent;
«Considérant
que le service Internet résidentiel régulier plafonne à huit mégabits par
seconde aux Îles, alors que, pour le même prix, il atteint
250 mégabits par seconde à Gaspé et 1 000 mégabits par seconde à
Montréal;
«Considérant que l'absence de la très haute
vitesse porte de plus en plus préjudice aux entreprises, freine leur
développement et nuit à leurs opérations et leur compétitivité;
«Considérant
que la solution hybride fibre coaxiale retenue par le gouvernement, annoncée le
31 juillet 2018, ne répondra pas aux besoins évolutifs des
Madelinots et des entreprises du territoire;
«Considérant
que les investissements consentis pour ce projet, avec DERYtelecom, sont
largement inférieurs à ce qui a été consenti dans plusieurs communautés
du Québec, pour des solutions technologiquement plus évoluées;
«Et l'intervention réclamée se résume
ainsi :
«Nous, soussignés, demandons au gouvernement du
Québec :
«De prendre
des mesures nécessaires pour déployer à court terme l'Internet à très haute
vitesse par un réseau de fibre à la maison aux Îles-de-la-Madeleine;
«De s'assurer
que ce déploiement permette d'offrir aux Madelinots un service Internet rapide
et fiable à des tarifs équivalents aux centres urbains du Québec.»
Je certifie que cet extrait est conforme à
l'original de la pétition.
Le
Président : Cet extrait de pétition est déposé. J'ai reçu une
demande de M. le député des Îles-de-la-Madeleine pour la présentation d'une pétition non conforme. Y a-t-il consentement
pour la présentation de cette pétition? Consentement. M. le député.
M. Arseneau : Merci, M. le
Président. Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale,
signée par 1 315 pétitionnaires. Désignation : citoyens et
citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués sont
les suivants :
«Considérant l'engagement du gouvernement de
brancher toutes les régions du Québec;
«Considérant l'importance d'un réseau Internet
fiable et rapide pour pallier les contraintes de l'insularité;
«Considérant que l'infrastructure de câbles sous-marins de fibre optique, déployée
en 2004 grâce au soutien des gouvernements, devait permettre d'atteindre
un niveau de service équivalent à celui disponible sur le continent;
«Considérant que le service Internet résidentiel régulier
plafonne à huit mégabits par seconde aux Îles, alors que, pour le
même prix, il atteint 250 mégabits par seconde à Gaspé et
1 000 mégabits par seconde à Montréal;
«Considérant que l'absence de la très haute vitesse porte de plus en plus
préjudice aux entreprises, freine leur développement et nuit à leurs opérations
et [à] leur compétitivité;
«Considérant
que la solution hybride fibre coaxiale retenue par le
gouvernement, annoncée le 31 juillet 2018, ne répondra pas aux
besoins évolutifs des Madelinots et des entreprises du territoire;
«Considérant
que les investissements consentis pour ce projet, avec
DERYtelecom, sont largement inférieurs à ce qui a été consenti dans
plusieurs communautés du Québec, pour des solutions technologiquement plus
évoluées;
«Et l'intervention réclamée se
résume ainsi :
«[...]De
prendre des mesures nécessaires pour déployer à court terme l'Internet à très
haute vitesse par un réseau de fibre à la maison — FTTH — aux Îles-de-la-Madeleine;
«De
s'assurer que ce déploiement permette d'offrir aux Madelinots un service
Internet rapide et fiable à des tarifs équivalents aux
centres urbains du Québec.»
Je certifie que cet extrait est
conforme à l'original de la pétition.
• (10 h 20) •
Le Président : Cet extrait de pétition est également déposé.
Il
n'y a pas de réponses orales aux pétitions ni d'interventions portant sur une
violation de droit ou de privilège.
Je vous avise
qu'après la période des questions et réponses orales seront tenus les votes
reportés sur l'amendement proposé
au rapport de la Commission des
institutions sur le projet de loi n° 25, Loi
modifiant principalement la Loi sur l'immatriculation des armes à feu,
ainsi que sur ce rapport.
Je vous avise
qu'après la période de questions et de réponses orales sera aussi tenu le vote
reporté sur la motion du chef du troisième groupe d'opposition débattue
hier aux affaires inscrites par les députés de l'opposition.
Questions
et réponses orales
Nous en sommes maintenant à la période de
questions et de réponses orales. Je cède la parole au chef de l'opposition
officielle.
Établissement
des tarifs de distribution d'électricité
M.
Pierre Arcand
M.
Arcand : M. le
Président, nous sommes présentement confrontés à un gouvernement qui improvise
dans tous les dossiers. C'est très
inquiétant pour la population. Lorsqu'on tente d'obtenir les vrais coûts, les Québécois
se font répondre n'importe quoi. On
le voit avec les maternelles quatre ans, on le voit maintenant
clairement avec la question des tarifs d'Hydro-Québec. On ne parle pas
ici de dossiers mineurs, ce sont des engagements-phares.
M. le Président, après avoir intentionnellement sous-estimé les maternelles quatre ans
de centaines de millions de dollars,
il faudrait se fier aveuglément aux mêmes comptables pour nos tarifs
d'électricité. Un signe qui ne ment pas, Hydro-Québec, le monopole, est
le seul qui se réjouit du projet de loi de la CAQ.
M. le Président, les groupes qui représentent les consommateurs sont pourtant unanimes.
Si le premier ministre ne
donnait pas un passe-droit à Hydro-Québec, c'était une baisse de tarifs qui
attendait les Québécois. Les experts le disent, c'est un projet de loi qui va entraîner les
hausses de tarifs deux fois plus élevées par rapport à l'ancien système.
Est-ce que le premier ministre peut aujourd'hui
finalement avouer, comme son ministre d'ailleurs, que non seulement il n'y aura
pas de chèque comme promis, mais qu'en plus ça va coûter plus cher aux
Québécois?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. François
Legault
M. Legault : M. le Président,
en 2014 et en 2015, le Parti québécois et le Parti libéral ont augmenté les
tarifs d'électricité de plus que
l'inflation. Et, M. le Président, on s'est engagés durant la campagne
électorale à ce qu'il n'y ait aucun impôt, taxe ou tarif, pour la durée
du mandat, qui augmente de plus que l'inflation.
Donc,
contrairement à ce qu'a fait le Parti libéral, on va modifier la loi pour qu'à
l'avenir l'augmentation des tarifs d'électricité soit l'inflation, donc
l'augmentation du coût de la vie. M. le Président, on a déjà les tarifs
d'électricité à peu près les plus bas au monde puis on vient garantir, avec
cette loi, qu'à l'avenir on va continuer de garder les tarifs d'électricité les plus bas au monde. On a de la
prévisibilité et, contrairement au Parti libéral, on n'augmentera pas les
tarifs d'électricité de plus que l'inflation.
Le Président : Première
complémentaire, M. le chef de l'opposition officielle.
M. Pierre Arcand
M. Arcand :
M. le Président, tous les groupes sont contre. Il y a un projet de loi qui est
devant nous, qui a été complètement démoli durant les consultations. Je
vais simplement vous citer l'expert Jean-François Blain qui dit : «Même avec un crédit de 500 millions en 2020,
on se retrouve avec des coûts plus élevés pour l'ensemble des clients par
une marge de 478 millions.» Je n'appelle pas ça un remboursement, M. le
Président.
Pourquoi le premier
ministre tient absolument à piger dans les poches des Québécois?
Le Président :
M. le premier ministre.
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît! S'il vous plaît!
M. François Legault
M. Legault :
M. le Président, la vraie question, c'est pourquoi le Parti libéral a de la
difficulté à ce qu'à l'avenir les
augmentations de tarifs d'Hydro-Québec n'excèdent pas l'inflation. C'est quoi,
le problème du Parti libéral? M. le Président, on a une loi
actuellement...
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît!
M. Legault :
On a une loi actuellement qui n'incite pas à la bonne gestion. Si, demain
matin, Hydro-Québec augmentait ses dépenses
de 5 %, elle pourrait augmenter ses tarifs de 5 %. Ça ne fonctionne
pas. Ce n'est pas comme ça qu'il faut
mettre en place des incitatifs pour la bonne gestion. Ce qu'on dit, c'est qu'à
l'avenir ce sera l'inflation, puis ils devront gérer en conséquence.
Le Président :
Deuxième complémentaire. La parole n'appartient qu'au chef de l'opposition
officielle.
M. Pierre Arcand
M. Arcand :
M. le Président, les experts prévoient... tout le monde dit que ça va coûter
moins cher à l'avenir à Hydro-Québec, mais
ce que le premier ministre impose, c'est cinq ans de hausses de tarifs aux
Québécois, cinq ans de nouveaux
trop-perçus, cinq ans de bonis assurés pour les dirigeants d'Hydro-Québec. Que le premier
ministre le dise donc, c'est Hydro-Québec
qui a écrit le projet de loi.
Pourquoi enrichir Hydro-Québec
et ses hauts dirigeants sur le dos des Québécois?
Des voix :
...
Le
Président : S'il vous plaît, pas de commentaire, encore! Vous
connaissez les règles. On les connaît tous, d'ailleurs. M. le premier
ministre, la parole vous appartient, en réponse. Merci.
M. François Legault
M. Legault :
M. le Président, on n'est pas le premier gouvernement à se pencher sur le rôle
de la Régie de l'énergie. La Régie de
l'énergie va garder des pouvoirs importants pour s'assurer qu'il n'y ait pas
d'intersubvention pour ce qui est des
exportations d'électricité, pour respecter les règles internationales. Mais ce
qu'on dit aux Québécois pour leurs
résidences, ce qu'on dit aux entreprises au Québec, dans le marché domestique,
à l'avenir, l'augmentation sera égale à l'inflation. Je pense que c'est
le gros bon sens.
Des voix :
...
Le
Président : Troisième complémentaire. La parole n'appartient
qu'au chef de l'opposition officielle, on l'a tous compris.
M. Pierre Arcand
M.
Arcand :
M. le Président, les experts, ils ont été très clairs en commission, ça va
coûter 100 millions de trop par année pendant cinq ans. Ça, ça fait
500 millions, M. le Président.
Est-ce
que le premier ministre peut finalement nous avouer une chose aujourd'hui, que
c'est une taxe déguisée pour financer ses promesses électorales
irréalistes?
Le Président : M. le premier
ministre, en réponse, la parole vous appartient.
M. François Legault
M. Legault : M. le Président, ce
n'est pas sérieux d'entendre un parti, le Parti libéral, qui a augmenté, une
année, là, de 4,3 % les tarifs d'électricité, le double de l'inflation,
venir nous accuser de piger dans les poches des Québécois, alors qu'on propose un
gel pour l'année prochaine puis l'inflation pour toutes les années suivantes.
M. le Président, c'est le grand bon sens, là. Même l'ancien ministre des
Finances doit comprendre ça.
Le Président : Question
principale.
Des voix : ...
Le Président :
Question principale. Merci. La parole n'appartient maintenant qu'à la députée
de Maurice-Richard.
Stratégie
du gouvernement en matière de lutte
contre les changements climatiques
Mme
Marie Montpetit
Mme
Montpetit : Merci, M. le Président. Il y a un fait, le Québec a, au
cours des dernières années, assumé un leadership
en matière de lutte aux changements climatiques, un leadership au-delà des
frontières du Québec, un leadership au-delà
des frontières du Canada. Prenez le seul exemple de la bourse du carbone. Le
Québec n'a jamais ménagé aucun effort
pour aller chercher des partenaires, pour embarquer des entreprises pour qu'on
obtienne des résultats tangibles, M. le Président.
Ça, ça a été le rôle du Québec au cours des
dernières années. Vous, vous êtes en train de reléguer le Québec au dernier de
classe. Ça fait un an, M. le Président, que le gouvernement de la CAQ est au
pouvoir, et force est de constater qu'en
environnement c'est un constat d'échec. Demain, des centaines de milliers de
Québécois vont marcher dans les rues.
On a même questionné la présence du gouvernement, la présence du ministre de
l'Environnement à cette marche où
tout le monde est invité. Ici, au-delà des perceptions, ça traduit votre
inaction et votre manque de plan. On a déjà fait perdre un an au Québec
dans la lutte aux changements climatiques.
Allez-vous vous ressaisir et enfin poser des
actes...
Le Président : M. le ministre
de l'Environnement.
M.
Benoit Charette
M.
Charette : Merci, M. le Président. C'est dommage que la collègue ne m'ait pas accompagné sur le côté de New York,
au cours des derniers jours, où j'ai eu l'occasion de rencontrer, par exemple, les gouverneurs de la Californie, du Maine, mais également de l'État de Washington et bon nombre d'autres
décideurs en matière et économique et environnementale de premier plan aux États-Unis. Et tous vantaient
la démarche du gouvernement du Québec en matière d'environnement. Les
invitations à nous entendre étaient nombreuses tellement on fait office d'école
pour bon nombre de ces États américains qui souhaiteraient suivre notre exemple,
d'une part.
Et je leur ai
beaucoup parlé de la stratégie qui est en vigueur
actuellement, qui vise à mettre sur la table un plan d'action
ambitieux en début d'année, qui nous permettra d'indiquer clairement
comment on va arriver à atteindre nos cibles
de réduction de gaz à effet de serre, ce que le gouvernement précédent a
lamentablement échoué à faire, d'ailleurs.
Donc, c'est
une stratégie qui est attendue. On souhaite développer de
belles occasions de partenariat avec les États voisins à ce niveau-là.
Bref, nous allons mettre en place une stratégie qui nous permettra...
Le Président : En terminant.
M. Charette : ...de faire une
différence dans le dossier environnemental.
Le Président : Première
complémentaire, Mme la députée, à vous la parole.
Mme
Marie Montpetit
Mme
Montpetit : Un déluge de
mots dans un désert d'idées, M. le
Président. C'est ça
qu'on vient d'entendre.
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît!
Mme Montpetit : Puis on va revenir
là-dessus, M. le Président, parce que ce n'était pas anodin, l'absence du premier ministre au Climate Week. C'est une autre démonstration de leur manque de
leadership. Il y a une soif de leadership au Québec, M. le
Président, c'est demandé, c'est nécessaire.
Est-ce
que vous prenez l'ampleur de l'urgence climatique? Est-ce que vous mesurez toute
l'importance de ce défi? Bien, je pense que non, M. le Président, parce
que, s'ils le faisaient, là, ils auraient un bilan beaucoup plus proactif,
beaucoup plus...
Le
Président : M. le ministre de l'Environnement. Je vais vous
demander de vous adresser, évidemment, à la présidence. Vous connaissez
également la règle. M. le ministre.
M.
Benoit Charette
M.
Charette : Peut-être que la collègue n'en est pas informée, mais le
Québec avait de loin, au niveau des provinces canadiennes notamment, et
des États américains, la plus grande délégation de haut rang.
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît!
M. Charette : J'ai mon collègue des
Ressources naturelles qui a multiplié les rencontres, j'ai multiplié les rencontres. Aucune autre province canadienne
n'était aussi bien représentée que le Québec ne l'était. Et le programme — il est
disponible, si jamais vous voulez vous en convaincre — illustre fort bien l'attrait que cette
délégation a pu générer au cours des
derniers jours. Et je lui rappellerais que l'action qui se pose maintenant en
est une qui réunit de nombreux acteurs...
Le Président : En terminant.
M.
Charette : ...autant au niveau environnemental que de la classe
économique. Et tous vantent la démarche que nous proposons actuellement.
• (10 h 30) •
Le Président : Deuxième
complémentaire, Mme la députée.
Mme
Marie Montpetit
Mme Montpetit : Je suis contente que
le ministre de l'Environnement souligne l'excellent travail que notre gouvernement a fait au cours des dernières années
parce que, si on a le meilleur bilan en Amérique du Nord, au niveau des GES, bien, c'est grâce à nous, M. le
Président. Même Dominic Champagne, qui vous a tendu la main, dont le premier
ministre s'est tant enorgueilli
de rencontrer, bien, même lui, vous
l'avez perdu, hein? Dominic Champagne, qui était à vos côtés, il a eu
des mots extrêmement durs, extrêmement sévères. Vous avez fait perdre un an au Québec
en lutte aux changements climatiques.
Qu'est-ce que ça vous prend pour vous ressaisir?
Le
Président : M. le
ministre de l'Environnement. Mme la députée, vous vous adressez toujours à la
présidence, s'il vous plaît. M. le ministre.
M. Benoit Charette
M.
Charette : Clairement, la collègue ne sait pas quelles sont les
démarches qui sont en cours et clairement la collègue n'est pas en contact avec les groupes environnementaux
eux-mêmes qui collaborent à notre démarche actuellement. Nous sommes à compléter, dans les prochains jours,
avec mes collègues des Ressources naturelles, du Développement
économique régional, de l'Économie, une tournée des régions qui est parrainée,
justement, par le réseau national des conseils
régionaux de l'environnement du Québec et la Fédération des chambres de
commerce du Québec, c'est un partenariat
jamais vu. Parce que, l'environnement, si on veut créer une division comme les
oppositions le font, ça ne nous mènera à rien. Pour arriver à des
résultats concrets, il faut unir...
Le Président : En terminant.
M. Charette : ...et c'est ce que
nous parvenons à faire actuellement.
Le Président : Question
principale, Mme la députée de Saint-Laurent.
Ratio
enseignants-élèves pour les classes de maternelle quatre ans
Mme Marwah Rizqy
Mme
Rizqy : Ça fait maintenant quatre jours que le ministre de l'Éducation
refuse d'inscrire dans la loi un ratio d'un
enseignant pour un maximum de 10 élèves, il refuse d'entendre les experts.
Alors, je me suis dit, peut-être qu'il va écouter son collègue le député de Chauveau, 4 juin 2013 :
«Moi, je pense que, l'Assemblée nationale, les parlementaires, on est en droit de
regarder, d'écrire la loi de la manière dont on l'entend, évidemment en
collaboration, et ça, je pense que
c'est une valeur qui est importante[...]. Alors, ce n'est pas les conventions
collectives qui doivent dicter, surtout qu'on ne parle pas du ratio d'élèves par classe, mais on parle vraiment,
encore une fois, je le répète, du nombre d'adultes qui sont présents
dans les classes pour offrir les services aux enfants.
«[...]Moi,
le compromis qui est apporté [à] 10, je suis [bien] à l'aise avec ça. [...]je
suis [pas mal] à l'aise.» 10. C'est superimportant.
À défaut d'écouter
l'opposition, les experts, est-ce qu'il va écouter son collègue?
Le Président :
M. le ministre de l'Éducation.
M. Jean-François Roberge
M.
Roberge : Bonjour, M. le Président. Alors, je suis bien content que ma
collègue revienne sur les services de qualité qu'on offre dans nos
classes de maternelle quatre ans.
Je
veux préciser qu'on a réussi à en ouvrir plus de 250 en une seule année, c'est
une hausse de plus de 60 % du nombre
d'enfants qui bénéficient de ce service. Et c'est tout un changement avec la
lenteur avec laquelle nos voisins d'en face
déployaient le service. Ils y croyaient mais à moitié, juste en milieu
défavorisé aussi, hein, il ne fallait pas aider les familles et les enfants à l'extérieur des milieux
défavorisés, c'était bien important de concentrer l'aide à cette place-là,
selon les codes postaux, hein, et non pas selon les besoins des élèves. Ça,
c'était la politique précédente.
Pour ce qui est du
ratio, bien, je veux informer ma collègue qu'en ce moment le nombre moyen
d'enfants par classe, dans les classes qui
se sont ouvertes cette année, c'est à
peu près 11,3, donc 11 élèves
par classe, en ce moment, en maternelle quatre ans. Mais l'enseignante n'est pas seule, elle est
utilisée par une ressource à demi-temps, ce qui donne un ratio
inférieur à 10, pour un ratio adultes-enfants.
La qualité est au rendez-vous.
Arrêtez de défoncer des portes ouvertes, le ratio est excellent.
Le Président :
Première complémentaire.
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît! La parole n'appartient qu'à la députée de Saint-Laurent en ce
moment.
Mme Marwah Rizqy
Mme
Rizqy : Moi, je ne comprends
pas. Ça fait quatre jours que le ministre s'obstine et refuse de réduire les
ratios alors que tout le monde s'entend. Même le ministre
de la Famille, son ratio est de un
pour 10 dans les services de CPE. Mais
peut-être qu'il va écouter sa collègue qui est assise juste
derrière lui, la députée de Montarville. Elle dit : «[Moi], je trouve que l'argument de dire qu'on ne peut pas
mettre [ça] dans [une] Loi sur l'instruction
publique, il est boiteux et il ne tient pas du tout la route.»
Est-ce que vous êtes
capables de vous entendre entre vous?
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît! M. le ministre de l'Éducation, à vous la parole.
M. Jean-François Roberge
M. Roberge :
Écoutez, si on veut faire le festival des déclarations passées, du passé, etc.,
je peux vous dire...
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît!
M.
Roberge : ...on peut bien se
dire que ma collègue oublie que le Parti
libéral a adopté une résolution... Avant
qu'elle ne se joigne au parti et qu'elle veuille en prendre la tête, le Parti
libéral avait adopté une position disant qu'il fallait déployer la maternelle
quatre ans à la grandeur du Québec.
C'est ce qu'on fait, nous, avec le projet
de loi qui est ici. Et on va
le faire avec un ratio d'une grande qualité. En ce moment, il y a en moyenne...
Le Président :
En terminant.
M. Roberge :
...moins de 10 enfants par adulte dans le réseau.
Le Président :
Je vais vous demander encore une fois votre collaboration. Je pense, on
l'oublie un petit peu. Attention, question et réponse. Je pense, c'est une question
de respect également. Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Marwah Rizqy
Mme
Rizqy : C'est rare que je
suis très d'accord avec la
députée de Montarville. Votre argumentaire, il est boiteux, mais vraiment boiteux. C'est dommage que, de son côté de
la Chambre, ils écoutent très peu la
députée de Montarville; des fois, elle a raison. Moi,
je vous invite à vous écouter de temps en temps. Puis un
ratio d'un élève pour 10... pardon, un enseignant
pour 10 élèves, c'est le maximum qu'on devrait avoir dans nos classes. Ils l'ont
dit tellement souvent : En prendre moins, en
prendre soin. Il ne faut pas juste que ce soient des slogans, il faut que ce
soit applicable dans nos écoles.
Le Président : M. le ministre
de l'Éducation.
M. Jean-François Roberge
M.
Roberge : M. le Président, des fois, il faut regarder les effets, là, de ce qu'on dit. Elle veut absolument
un ratio de 10 enfants pour un
adulte. Si on faisait ça, on couperait dans la qualité des services qu'on offre
aux jeunes aujourd'hui, on ne
garderait qu'une enseignante pour 10 enfants, on évacuerait la notion de
travail d'équipe, de complémentarité entre les enseignantes et soit les
éducatrices ou les techniciennes en éducation spécialisée. On enlèverait ces ressources
complémentaires qui font la différence, on tuerait la complémentarité et on
mettrait des femmes à pied.
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît! En terminant.
M. Roberge : Quelle mauvaise idée!
Le Président : Question
principale, M. le chef du troisième groupe d'opposition. Votre attention à
tous.
Plan de décentralisation
de la fonction publique
M. Pascal Bérubé
M.
Bérubé : M. le Président, les employés de notre fonction publique sont une richesse pour le Québec,
ils contribuent à notre développement.
Le gouvernement de la CAQ a promis de couper 5 000 employés dans la fonction
publique. On apprend maintenant
que le nombre de fonctionnaires a en réalité augmenté de 2 000 au cours de
la dernière année.
Il a
aussi promis de déployer 5 000 fonctionnaires dans les régions du Québec.
Ça nous intéresse beaucoup, cet enjeu.
Alors,
j'aimerais que le premier ministre nous parle de son plan de déploiement de ces
5 000 emplois en région. Et
j'aimerais également lui faire une proposition au nom de ma formation politique. Nous, on pense que, tant qu'à déplacer
des fonctionnaires, bien, on devrait
déplacer des blocs de fonctionnaires. Des secteurs comme les mines, les forêts,
la faune, l'agriculture et les
pêcheries, des ministères complets, du sous-ministre jusqu'à la dernière
personne embauchée, devraient être déployés dans les régions du Québec.
C'est notre proposition, et j'invite le premier ministre à la considérer.
Le Président : M. le
président du Conseil du trésor.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Alors, M. le Président,
c'est un des engagements que nous avons pris, de...
Une voix : ...
M. Dubé : Pardon?
Le Président : M. le
président du Conseil du trésor.
M.
Dubé : Merci. Alors, c'est un des engagements que nous avons pris, de
notre gouvernement, de respecter les régions.
Alors, j'apprécie beaucoup la question du député de Matane parce qu'en fait
cette région-là est une des régions, par
exemple, dans le domaine des pêcheries, où il serait important de faire ce
genre d'analyse que nous faisons présentement.
Alors, notre
défi, au cours des prochains mois, sera justement d'analyser par ministère, par
organisme quelle est la situation
actuelle, parce que, ce qui est intéressant, et je le dis souvent, cette
information-là, aujourd'hui, dans l'ensemble de la fonction publique et
des réseaux, n'est pas connue, où sont nos fonctionnaires, pour avoir,
justement, cette représentation-là totale.
Alors,
j'aimerais bien dire au député de Matane que nous sommes intéressés à le faire,
que nous allons arriver avec un plan pour justement considérer certains
emplois en région...
Le Président : En terminant.
M.
Dubé : ...et les modifier au besoin.
Le
Président : Première
complémentaire, M. le chef du troisième
groupe d'opposition. Vous êtes le
seul à avoir la parole.
M. Pascal Bérubé
M.
Bérubé : Oui. M. le Président, je comprends qu'il est important de faire l'analyse, pour laquelle ils sont en
analyse, c'est ce que le président du Conseil du trésor a dit. Je réitère notre
proposition. 5 000 employés de l'État, il faut que ce soit significatif, là où se prennent les
décisions qui ont un impact dans les secteurs. Alors, en faune, mines, forêts,
agriculture et pêche, on est capable
d'envoyer le signal que, dans notre capitale nationale, on va partager la
présence de la fonction publique avec des régions qui pourront être
désignées capables d'accueillir ça.
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François Legault
M.
Legault : M. le Président, effectivement, on a pris l'engagement de transférer 5 000 emplois vers les régions. On va le faire par attrition. Ça adonne bien. Actuellement, ceux qu'on
appelle les baby-boomers prennent leur retraite, donc on prévoit
plusieurs retraites volontaires au cours des prochaines années.
Donc,
le président du Conseil du trésor, et je le lui rappelle régulièrement, est en
train de préparer un plan pour transférer 5 000 emplois vers
les régions. C'est souhaité par les régions, c'est souhaitable pour offrir des
meilleurs services à la population. Et, comme toutes les autres promesses qu'on
a faites, celle-là va être respectée.
Le
Président : Deuxième complémentaire, M. le chef du troisième
groupe d'opposition. C'est à vous qu'appartient la parole.
M. Pascal Bérubé
M.
Bérubé : Ce que le premier ministre nous indique pourrait
prendre 10 ans. Moi, je lui propose de poser un geste spectaculaire, volontaire comme il les aime,
de décréter qu'il y a cinq ministères qui sont présentement dans notre capitale nationale qui déménagent dans les régions
du Québec. Je les ai identifiés, il pourrait y en avoir d'autres. Qu'on aille avec cette proposition, il peut compter sur
notre appui. Ça va être accueilli comme étant un vrai pouvoir qui s'en va
dans les régions du Québec puis ça va être beaucoup plus rapide que la méthode
d'attrition sur 10 ans.
• (10 h 40) •
Le Président :
M. le président du Conseil du trésor.
M. Christian Dubé
M. Dubé :
Alors, monsieur...
Une voix :
...
M.
Dubé : Toujours un plaisir d'entendre les commentaires du député de
La Pinière, ça me fait tellement plaisir de l'écouter. Mais, par
exemple, je vais répondre au député de Matane. Alors, non seulement nous
apprécions votre suggestion... la suggestion
du député de Matane, mais je pense qu'au lieu de faire un geste spectaculaire
il faut analyser comme il faut quels sont les ministères qui pourraient
être...
Une voix :
...
M. Dubé :
Pardon?
Le Président :
C'est à vous la parole, M. le président du Conseil du trésor.
M.
Dubé : Puis en plus je le rencontre demain! Vous allez voir, ça va
être vraiment intéressant, ça va être vraiment intéressant.
Mais
je m'excuse, M. le député de Matane, parce que votre question, elle est très
bonne. Et, pour terminer ma réponse...
Une voix :
...
M. Dubé :
Est-ce que ça...
Le
Président : Non, je m'excuse, j'aimerais seulement revenir à
une règle très, très, très fondamentale... s'il vous plaît, M. le président du... une règle
fondamentale, et on la connaît tous : d'abord, le respect, d'avoir le
loisir et la volonté d'écouter les questions et les réponses. Et ça, ça demande une
collaboration, je la demande de tout le monde. M. le député, je suis
obligé de vous dire que j'aimerais ça que vous mettiez en pratique aussi cette
règle-là.
M. le leader du
troisième groupe d'opposition.
M. Ouellet : Merci beaucoup, M. le Président. J'aimerais que vous soyez peut-être
plus incisif, considérant le fait
que, dans la période de questions, la troisième opposition n'a pas le loisir
d'avoir plusieurs questions. La question de mon chef, elle est
importante, c'était une proposition. Nous attendons la réponse, pour laquelle
on attend une collaboration. Et,
malheureusement, de voir l'opposition officielle faire du brouhaha nous
empêche, comme opposition, d'avoir la collaboration sur nos propositions
par rapport à l'action gouvernementale.
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît! S'il vous plaît! Non. S'il vous plaît! Je pense que vous
connaissez aussi cette règle-là. Je vais
vous demander à nouveau, à nouveau votre collaboration. Je pense que, de fait,
nous sommes là pour faire en sorte
que tout se passe bien, qu'on donne des réponses à des questions; les citoyens
et citoyennes le souhaitent également. Alors, collaboration. Et ceux qui
le savent, bien, aussi prennent part à cette volonté de faire mieux.
M. le président du
Conseil du trésor.
M. Dubé :
On oubliait un peu la suite des choses, M. le Président. Le...
Le Président :
Question principale, Mme la députée de Mercier.
Position
du gouvernement sur l'utilisation du gaz naturel
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal :
M. le Président, cette année, on assiste à la naissance d'une histoire d'amour
entre la CAQ et l'industrie gazière, et
cette romance est en train de faire perdre complètement la tête au
gouvernement. Les scientifiques sont extrêmement clairs, le gaz naturel
n'est pas une énergie renouvelable ni une énergie de transition. Ça, c'est des
histoires que raconte l'industrie pour séduire les gouvernements, et la CAQ est
totalement en train de tomber sous le charme.
Le
problème, c'est que toute cette opération de séduction se base sur une illusion
invalidée par la science depuis très longtemps. L'industrie nous
promettait presque pas de fuites de méthane, alors que les études, maintenant,
nous démontrent que c'est près de 5 %
de fuites, et ça, c'est amplement suffisant pour annuler tous les gains
environnementaux. Je vais déposer ici une étude du
Global Energy Monitor qui est très claire à ce sujet.
Alors, qu'est-ce que
le ministre préfère, la science ou l'industrie gazière?
Document déposé
Le
Président : Consentement pour le dépôt du document?
Consentement, je comprends. M. le ministre de l'Énergie et des
Ressources naturelles.
M. Jonatan Julien
M.
Julien : Oui, merci, M. le Président. Écoutez, pour nous, clairement,
le gaz naturel constitue une énergie de transition. Quand on se promène sur la Côte-Nord et on voit, par
exemple, des usines de bouletage, des alumineries, des entreprises majeures du Québec, majeures pour le
développement économique du Québec qui, par l'utilisation potentielle du gaz naturel... Par exemple, pour une usine de
bouletage, transformer le processus, qui est au mazout, pour le gaz naturel
résulterait en une diminution de 30 % des émissions de GES. 30 %,
pour une usine de bouletage, ça peut représenter 100 000, 100 000 tonnes de GES, l'équivalent de 25 000 voitures électriques,
l'équivalent de la moitié de la flotte des véhicules électriques du Québec.
Alors, on pense, nous, effectivement que le gaz
naturel est une énergie de transition
qui peut permettre d'atteindre nos objectifs.
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée.
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît!
Mme Ruba Ghazal
Mme
Ghazal : Il ne s'agit pas de
penser que c'est une énergie de transition mais plutôt de le prouver, et c'est
ce que je viens de faire avec l'étude.
J'ai
amené une autre lecture de chevet pour le ministre. Donc, c'est le
rapport du GIEC déposé hier. Selon le GIEC, pour avoir une chance crédible de modérer le réchauffement climatique,
il faut réduire la production de gaz naturel de 15 % d'ici 2030 et de 43 % d'ici
2050. Réduire, pas augmenter. L'urgence climatique a été déclarée hier.
Est-ce que ça veut dire quelque chose pour le
ministre?
Le Président : M. le ministre
de l'Environnement.
M. Benoit Charette
M. Charette : Merci, M. le
Président. La collègue se dit intéressée par la science. Je vais l'inviter à
lire une étude qui a été publiée il y a quelques jours à peine par un
scientifique environnementaliste de renom, le scientifique Claude Villeneuve, qui a publié une étude en
compagnie de collègues scientifiques sur la question et qui laisse entendre
qu'un projet comme celui dont parle la collègue pourrait se réaliser en étant
carboneutre.
Ce qu'il est intéressant de savoir, et les
scientifiques sont unanimes à le dire : Si on souhaite réaliser nos diminutions de gaz à effet de serre pour 2030, ce
sera en large partie à cause de technologies qui n'existent pas en 2019.
Le Président : En terminant.
M.
Charette : Ça veut dire à quel point la science va évoluer rapidement. Pour laisser place
à la science, il ne faut pas dire non dès le départ.
Le Président : Deuxième
complémentaire, Mme la députée.
Mme Ruba Ghazal
Mme
Ghazal : Pour que les ministres
me comprennent bien, je vais leur donner un exemple très, très
simple. Selon eux, est-ce qu'un camion de diesel pollue plus ou un camion au gaz naturel? Qu'est-ce qui pollue plus? J'ai ici une étude
qui le dit et qui est très, très claire et
je vais divulgâcher la conclusion de cette étude : Les camions au GNL
polluent cinq fois plus que les camions au diesel, cinq fois plus.
Comment les ministres peuvent-ils continuer,
sans rire, à dire que le gaz naturel, c'est l'avenir?
Le Président : M. le ministre
de l'Énergie et des Ressources naturelles.
M. Jonatan Julien
M.
Julien : Merci, M. le Président. Alors, cette semaine, mon collègue et
moi, nous sommes allés à New York pour différentes rencontres. Hier, je
participais à un panel avec des personnes intéressantes, dont la gestionnaire
des principaux ports et aéroports de New York, et, pour eux également, on doit
additionner, on doit additionner toutes les mesures
pour pouvoir atteindre nos objectifs, qui sont audacieux. Réduction de
37,5 % des GES d'ici 2030, c'est audacieux. Et la transition énergétique, avec les résultats qu'elle procure, fait
partie intégrante de la solution pour y arriver, M. le Président, et
c'est comme ça qu'on va travailler.
Le Président : Question
principale, M. le député de Marquette.
Des voix : ...
Le
Président : La parole n'appartient qu'à vous. Tous, s'il vous
plaît, votre attention, encore une fois. Je compte sur votre
collaboration.
Utilisation des jeux vidéo dans les écoles
M. Enrico Ciccone
M. Ciccone :
Merci, M. le Président. Nos jeunes ne bougent pas assez, leur sédentarité est
un véritable fléau. Il y a un réel problème quant à l'augmentation des troubles
de déficit d'attention et des problèmes de concentration. Plusieurs parents s'inquiètent de l'apport des
tablettes, téléphones et jeux vidéo sur le développement de leurs enfants.
Une étude de l'Université de l'Alberta a récemment
fait un lien entre le TDAH et le temps d'écran. Or, pendant ce temps, dans nos écoles, on développe des
programmes de e-sports, c'est-à-dire une concentration dans un programme d'études pour jouer à des jeux vidéo à l'école.
Donc, au lieu de les encourager à bouger, on les incite à jouer à encore plus
de jeux vidéo.
Est-ce que la
ministre déléguée à l'Éducation est
d'accord avec l'orientation de son gouvernement qui permet le
développement de ces programmes sans savoir les impacts?
Le Président : M. le ministre
de l'Éducation.
M. Jean-François Roberge
M.
Roberge : M. le Président, c'est une question intéressante, une
question qui anime les débats, les discussions. Il faut savoir que le e-sport, là — c'est un mot marketing — ce n'est pas du sport, hein, on s'entend,
c'est une activité. Je n'aime pas beaucoup le terme «e-sports». En plus,
c'est en anglais, je préférerais quelque chose en français.
Mais,
ceci dit, il y a moins d'une dizaine de ces programmes dans l'ensemble du
réseau québécois. Maintenant, s'ils ne sont pas bons, ce ne serait pas
tolérable. J'ai fait des vérifications pour constater qu'il y a très peu
d'heures de jeu électronique dans ces programmes, même s'ils portent ces
noms. Et ensuite ça a été monté par des enseignants, des équipes-écoles, des professionnels de l'éducation,
en gros, je vous dirais, des adultes bienveillants, qui sont en train de
s'approprier ce qu'on a rendu public au printemps dernier, la compétence
numérique. Et, dans le cadre de ces cours-là, qu'est-ce qu'ils font? Ils outillent les jeunes à s'autodiscipliner.
Donc, loin de créer de la cyberdépendance, ils font de la prévention. Ils outillent les jeunes à ne pas être
dépendants de ces jeux, à compter le temps d'heures qu'ils peuvent passer
devant un écran et même à compenser par de l'activité physique.
Le Président :
En terminant.
M. Roberge :
Souvent, pour chaque heure de jeux vidéo, il y a du temps prévu d'activité
physique.
• (10 h 50) •
Le Président :
Première complémentaire, M. le député.
M. Enrico Ciccone
M. Ciccone : M. le Président, j'aimerais entendre la ministre déléguée, qui est une
ancienne athlète olympique, soit dit
en passant. Plus d'études sont nécessaires avant de développer le programme
e-sports. D'ailleurs, le ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux a dit, le 16 septembre dernier, et je
le cite : «On a besoin de plus d'information[...]. Les données qu'on a présentement, c'est sur les
enfants de moins de cinq ans, le temps d'exposition à l'écran. On a vraiment
besoin de plus d'information.» Fin de la citation.
M. le Président, la
ministre est-elle d'accord avec son collègue délégué à la Santé, tout
simplement?
Le Président :
M. le ministre de l'Éducation.
M. Jean-François Roberge
M.
Roberge : Je veux préciser une chose. Comme je le disais tout à
l'heure, dans la plupart de ces programmes, sinon tous ces programmes — on est en train de faire les
vérifications — il y a
du temps de compensation. Donc, si on fait, dans toute la semaine, pas chaque
jour mais dans toute la semaine, une heure et demie, deux heures de jeux
électroniques sous supervision
d'adultes, bien, il va souvent y avoir une heure, 1 h 30 min,
2 h 30 min d'activité physique de plus que les autres élèves, pour bien comprendre et amener les jeunes à trouver
un équilibre. Donc, l'interdiction totale ne rime pas toujours avec
éducation, prise de conscience et autodiscipline, M. le Président.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Marquette.
M. Enrico Ciccone
M. Ciccone : M. le Président, les e-sports,
ça crée une dépendance. Sur les e-sports dans les écoles, la Dre Véronique Bohbot, professeure et chercheuse à
McGill et à l'Hôpital Douglas, a dit, je la cite : «C'est sûr que c'est
surprenant de voir qu'on va amener dans nos
écoles quelque chose qui va être défavorable au bien-être de nos enfants.»
Fin de la citation. Comme tous les parents, nous sommes très, mais très
préoccupés.
Pour le bien de nos
enfants, à quand un moratoire sur les jeux vidéo dans les écoles?
Le Président :
Mme la ministre déléguée à l'Éducation.
Mme Isabelle Charest
Mme Charest :
Bien, merci, M. le Président.
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît!
Mme
Charest : Je vais d'emblée
répondre à une question, au député de Marquette, concernant le e-sport et
ma définition de ce qu'est le
e-sport. Je pense que ce serait une question de sémantique, se dire pourquoi ce n'est pas moi
qui traite cette priorité ou ce développement de cette activité. Il y a une chose qui est essentielle à comprendre, c'est
que le e-sport n'a de sport que le
nom, il ne sera jamais reconnu comme un sport. Je n'ai aucune intention
de développer cette activité-là. Et je vais continuer à poursuivre les
efforts pour que nos jeunes soient actifs, pour qu'ils soient...
Le Président :
En terminant.
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît!
Des voix : ...
Le
Président : Non, non,
mais je vais vous demander, tout le
monde, encore une fois... Non, non,
mais je le répète encore une fois, je vous demande votre collaboration. Moi... Ça devient incommodant. Alors, que tous travaillent
à faire en sorte qu'on puisse être attentif et aux questions et
réponses. Je vous demande votre collaboration.
La parole appartient maintenant à la députée de Marie-Victorin.
Part québécoise des sommes
investies dans l'oléoduc Trans Mountain
Mme Catherine Fournier
Mme
Fournier : M. le Président,
mardi, j'ai déposé une motion pour que l'Assemblée nationale demande
aux partis fédéraux de s'engager à
rembourser les Québécois pour leur portion de l'achat de l'oléoduc Trans
Mountain, mais le gouvernement a refusé d'en débattre.
Je résume la situation.
Les Québécois ont dû payer plus de 1 milliard de dollars pour se porter acquéreurs d'un oléoduc, dans l'Ouest canadien, qui transporte le
pétrole le plus polluant de la planète. C'est totalement contraire aux
actions que commande l'urgence
climatique. Hier, on a parlé d'un oléoduc qui n'existe pas encore; là, on parle
de quelque chose de concret.
M. le Président, le pire, dans tout ça, c'est que ce n'est pas fini. Avec les travaux
d'expansion qui sont prévus, à terme,
les Québécois vont avoir payé plus de 4 milliards de dollars pour soutenir ce projet complètement irresponsable.
Ma question
est simple : Comment le gouvernement
du Québec peut-il accepter que
l'argent des Québécois soit utilisé par le gouvernement du Canada
pour développer, et je cite le premier ministre, l'énergie sale?
Le Président : Mme la
ministre de la Justice.
Mme Sonia LeBel
Mme
LeBel : Merci, M. le Président. Tout le monde sait ici qu'au Québec on s'oppose vivement au
passage d'un gazoduc ou un oléoduc
sur notre territoire, et on va continuer à défendre nos compétences en
matière d'environnement. D'ailleurs,
nous sommes intervenus auprès du pourvoi, auprès de la Cour suprême, sur le
pouvoir de la Saskatchewan pour justement défendre notre compétence en
cette matière.
Donc, on peut
rassurer les Québécois : sur cet enjeu-là, nous sommes présents. Nous avons d'ailleurs
fait part de nos priorités. Mais,
dans nos priorités, le pouvoir du fédéral de dépenser, on demande de l'encadrer
également, et ça en fait partie. Donc, on continue ce combat-là. On va continuer ce
combat-là et ces discussions-là avec le gouvernement qui sera légitimement élu par les Canadiens après le
21 octobre. Et nous serons présents pour défendre les Québécois,
M. le Président.
Le Président : Mme la députée
de Marie-Victorin, première complémentaire.
Mme Catherine Fournier
Mme
Fournier : M. le Président, les Québécois vont payer 4 milliards pour cet oléoduc-là.
D'un côté, la CAQ nous dit que c'est
possible de défendre les intérêts du Québec au Canada, mais, de l'autre, elle reste silencieuse pour un
projet comme celui de l'oléoduc Trans Mountain, qui va contrairement...
complètement, pardon, à l'encontre de nos objectifs climatiques et à l'encontre de nos intérêts
économiques. Je donne une chance à la ministre de se reprendre et de se tourner vers
l'avenir.
Qu'est-ce que
le Québec compte faire pour que l'argent des Québécois
cesse d'être investi dans le pétrole par le gouvernement du Canada?
Le
Président : Mme la ministre responsable des Relations
canadiennes. Non, je m'excuse. M. le ministre des Finances.
M. Eric Girard
M. Girard
(Groulx) : Bon, d'abord, j'aimerais clarifier qu'il s'agit d'augmenter
la capacité d'un gazoduc existant et
non de construire un nouveau gazoduc. Le gouvernement fédéral a décidé, pour
faciliter l'augmentation de la capacité du gazoduc, de faire un investissement. C'est son intention de le revendre,
notamment aux populations autochtones qui sont le long du gazoduc. C'est leur argent, leur décision. Oui, nous sommes
23 % de la population canadienne et 19 % de son économie. Bien
sûr, nos dollars...
Le Président :
En terminant.
M. Girard (Groulx) : ...contribuent
à cet achat.
Le Président : Deuxième complémentaire,
Mme la députée.
Mme Catherine Fournier
Mme
Fournier : M. le Président, ce n'est pas leur argent, c'est
l'argent des Québécois dont il est question. Moi, j'aimerais rappeler au premier ministre les
paroles qu'il a prononcées lors de son discours inaugural, en novembre dernier.
Il a dit, et je cite : «...je ne peux
ignorer [le] défi de l'urgence climatique et continuer de regarder mes deux
fils dans les yeux.» Eh bien, si le
premier ministre était sérieux et sincère à ce moment-là, je lui demande de se
lever, aujourd'hui, et de nous dire qu'il fera entendre la voix du
Québec au Canada pour combattre le projet Trans Mountain.
Le Président : M. le ministre
des Finances.
M. Eric Girard
M. Girard
(Groulx) : Il s'agit d'un pipeline
en Colombie-Britannique. Et il y a un débat entre la province de la Colombie-Britannique et le gouvernement fédéral sur cette augmentation de capacité. Et, oui, le gouvernement fédéral a décidé d'investir dans ce pipeline. C'est leur
intention de le revendre, notamment aux populations autochtones. Et, bien sûr, puisque nous sommes 23 % de la population
canadienne et 19 % de son économie, de facto nous contribuons à cet
achat, mais nous recevons aussi 13 milliards de péréquation, de transferts
fiscaux généreux.
Le Président : Question
principale, Mme la députée de Rouyn-Noranda—Témiscamingue.
Développement du
transport collectif en région
Mme Émilise Lessard-Therrien
Mme Lessard-Therrien : Merci, M. le
Président. Hier, encore une fois, le premier ministre a accusé Québec solidaire
d'être déconnecté de la réalité des régions. J'ai une petite nouvelle pour le député de
L'Assomption : Moi, je n'habite
pas à Montréal, je n'habite même pas à Rouyn-Noranda, j'habite
sur le chemin du 1er rang à Duhamel-Ouest. Dans ma MRC, c'est un habitant par kilomètre carré. Je ne me
ferai pas donner de leçons sur la ruralité, M. le Président, par la
CAQ.
Puis ce n'est
pas vrai qu'on veut juste plus de routes et d'autoroutes. On veut, nous aussi,
des alternatives à la voiture. On y a droit comme tous les Québécois.
Savez-vous
c'est quoi, la réalité sur le terrain? Nos aînés, au Témiscamingue, qui ont des
rendez-vous médicaux à Rouyn doivent prendre l'autobus la veille, à six
heures le soir, aller à leur rendez-vous le lendemain et attendre le surlendemain pour revenir chez eux. C'est trois
jours de voyage pour un rendez-vous médical, on a l'impression d'être au
XIXe siècle.
C'est quoi, leur plan pour le transport
collectif en région? Et je leur donne un petit indice...
Le Président : M. le ministre
des Transports.
M. François Bonnardel
M.
Bonnardel : M. le
Président, je comprends très bien la problématique du transport interurbain.
J'ai même entendu Québec solidaire, voilà quelques semaines, qu'il fallait nationaliser le transport
interurbain et y investir 2 milliards
de dollars. On va investir des sommes importantes, on investit déjà des
sommes. Je vis le même problème que chez vous, il y a des dessertes, chez nous, qui ont été
abandonnées, en Estrie. Tout le monde le vit. Il
y a une crise, dans une certaine
mesure.
Maintenant,
on doit le faire de bonne façon, préparer un plan. Il y aura
un sommet sur le ferroviaire avant Noël. Il y aura aussi, dans les
prochains mois, une analyse complète sur le transport interurbain au Québec
pour être capable de répondre à tous
ces besoins immenses, que j'ai bien entendus, en Abitibi, quand je suis allé,
voilà quelques mois déjà. Encore
une fois, laissez-nous le temps de faire le travail, et on pourra répondre,
encore une fois, aux inquiétudes de la députée.
Le Président : Première
complémentaire, Mme la députée.
Mme Émilise Lessard-Therrien
Mme
Lessard-Therrien : Le gouvernement dit qu'il a de la volonté, mais il
ne met pas d'argent. Savez-vous combien
d'argent est dédié au transport interurbain? 0,67 % du budget de transport
collectif, 0,67 %. C'est ça,
avoir de la volonté,
M. le Président? Le transport collectif régional, c'est pour les
jeunes, c'est pour les aînés, c'est pour les immigrants qui viennent
s'installer chez nous et qui n'ont pas de permis de conduire.
C'est le
congrès de la Fédération québécoise des municipalités aujourd'hui. Êtes-vous à l'aise de n'avoir aucun plan
à leur présenter sur le transport collectif régional?
• (11 heures) •
Le Président : Mme la
ministre des Affaires municipales.
Mme
Andrée Laforest
Mme
Laforest : Oui. Alors,
merci, M. le Président. Ça me fait plaisir de répondre à votre question,
chère députée de Rouyn-Noranda—Abitibi-Témiscamingue.
Alors, je peux vous dire que nous, tantôt, mon premier
ministre et moi, allons au congrès de la Fédération québécoise des municipalités
pour leur annoncer que, oui, nous avons pensé aux régions dans notre pacte
fiscal. Dans le pacte fiscal, vous
allez voir, il y a un montant qui a été accepté, de la part du ministre des Finances et de mon collègue aux Transports pour la voirie locale pour les plus petites régions.
Également, il va y avoir un fonds, vous allez le découvrir, un fonds
pour les régions qui va s'appeler Fonds régions et ruralité.
Alors, je
vous remercie de votre question, et vous serez vraiment réconfortée parce
qu'on a travaillé pour vous, pour votre région.
Le Président : Deuxième
complémentaire, Mme la députée...
Des voix : ...
Le Président : Encore une
fois, la parole n'appartient...
Des voix : ...
Le Président : Pas de commentaire! La
parole n'appartient qu'à la députée.
Mme Émilise Lessard-Therrien
Mme Lessard-Therrien : Je parle
de transport collectif régional ici. Hier, le premier ministre nous a dit que Chaudière-Appalaches n'était pas assez densifiée
pour un tramway. Quel raccourci! En région, là, ce n'est pas ça qu'on demande. Le transport collectif, ce n'est
pas juste des tramways puis des métros, c'est aussi des autobus, c'est des systèmes
d'autopartage.
Est-ce que la CAQ, votre opinion des régions,
c'est qu'elles veulent faire comme en ville?
Le Président : M. le ministre
des Transports.
M. François Bonnardel
M. Bonnardel : M.
le Président, Québec solidaire mettra toujours en opposition le tunnel Québec-Lévis
contre tout autre projet au Québec. On est capable d'avancer, et de comprendre
la situation du transport collectif, et d'y
investir les sommes adéquates dans le futur, répondre, encore une fois, à des besoins des communautés en région. Je mesure très bien, je
suis extrêmement sensible face à ces
dossiers.
J'ai
rencontré des intervenants, des propriétaires de transport chez vous voilà
quelques mois en campagne électorale, la dernière fois avec mon collègue le président du Conseil du trésor. On mesure la situation, on la comprend. Donnez-nous le temps, encore une fois, de préparer un plan de match pour répondre encore une fois aux besoins
des populations en région et de votre inquiétude.
Le Président : Question
principale, M. le député de Robert-Baldwin.
Taxe sur les logements vacants
détenus par des acheteurs étrangers
M. Carlos J. Leitão
M. Leitão : Merci,
M. le Président. Alors, la
spéculation immobilière a eu des impacts importants pour les villes
de Vancouver et de Toronto. Cette bulle a
poussé les prix des résidences à la hausse pendant des années, tellement
qu'il devenait très difficile de se
loger convenablement. D'ailleurs, ces deux villes ont imposé une taxe aux
acheteurs n'habitant pas leur logement afin de calmer la situation.
Au Québec et plus particulièrement à Montréal,
nous ne sommes pas à l'abri de vivre cette même situation. D'ailleurs,
cet été, Royal LePage est venue nous confirmer qu'un impact commençait à se
faire sentir à Montréal. Je cite : «La demande [par des] acheteurs étrangers commence, pour la première
fois, à avoir un impact tangible sur le marché immobilier montréalais.»
Fin de citation.
Nous connaissons donc les impacts que
la spéculation immobilière peut avoir sur l'accès à la propriété. J'ai déjà
posé cette question au ministre en juin, il préférait attendre.
Alors, quand
choisira-t-il d'agir : maintenant ou trop tard?
Le Président :
M. le ministre des Finances.
M. Eric Girard
M. Girard
(Groulx) : Merci pour cette question.
Effectivement, l'économie du Québec va très bien, et le marché immobilier de Montréal
reflète cette situation : pour les six premiers mois de l'année, M. le
Président, 2,7 % de croissance au
Québec contre 1,5 % au Canada. L'emploi, nous sommes la province avec le
plus bas taux de chômage au Canada, M. le Président. Alors, évidemment,
le marché immobilier de Montréal reflète ce dynamisme.
Quant
aux acheteurs étrangers, je crains qu'on confonde les acheteurs immigrants et
les acheteurs étrangers parce que les statistiques que nous avons
montrent qu'il y a moins d'acheteurs étrangers en 2019 qu'en 2018.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Robert-Baldwin.
M. Carlos J. Leitão
M. Leitão :
Merci, M. le Président. Je parle d'acheteurs non résidents, je ne parle pas
d'immigration. Je vous dis aussi que
la situation ne doit pas être prise à la légère. Ce qui s'est produit à
Vancouver et à Toronto au fil des années a eu des répercussions majeures
sur l'accessibilité à la propriété.
Montréal est la
prochaine ville sur cette liste et elle réclame que vous imposiez les acheteurs
non résidents. Qu'attendez-vous pour agir?
Le Président :
M. le ministre des Finances.
M. Eric Girard
M. Girard
(Groulx) : Oui. J'aimerais juste corriger l'affirmation du député de
Robert-Baldwin parce que je suis en
contact avec la mairesse de Montréal précisément sur cette question, et
Montréal ne demande pas une intervention au gouvernement du Québec. Et la principale raison est que le phénomène des
acheteurs étrangers, en 2019, est inférieur à 2018. Nous sommes inférieurs à 3 % d'acheteurs
étrangers à Montréal. Lorsque Vancouver a intervenu, c'était 15 %, lorsque
Toronto a intervenu, ça avoisinait 10 %. Alors, on se prépare, on
considère les mesures que nous utiliserions si le phénomène était dominant,
mais les statistiques que nous avons montrent que ce n'est pas le cas.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député Robert-Baldwin.
M. Carlos J. Leitão
M. Leitão :
Deux choses. Les statistiques, on aimerait aussi les avoir, ce serait la
moindre des choses qu'elles soient partagées avec les parlementaires,
première chose. Deuxièmement, ce qu'on parle ici, c'est du centre-ville de
Montréal. On ne parle pas de la région de Montréal. On parle du nombre
d'acheteurs non résidents au centre-ville de Montréal, où la situation commence
maintenant, déjà, à s'approcher de ce qu'elle était à Vancouver et à Toronto.
Pourquoi
attendre? On sait très bien ce qui va se passer si on attend. Donc,
qu'attendez-vous pour agir quand on a encore le temps?
Le Président :
M. le ministre des Finances.
M. Eric Girard
M. Girard
(Groulx) : Oui, mais, M. le Président, on se prépare. Bien sûr, on se
prépare. Je suis en contact avec la
mairesse de Montréal. On partage l'information, on est conscient de ce qui a
été fait à Toronto et Vancouver, et ce n'est tout simplement pas la même
situation.
Alors,
je le répète, le Québec va très bien, les statistiques économiques sont
excellentes, et Montréal reflète ça, et son marché immobilier est en équilibre avec une croissance de prix de
l'ordre de 5 %, et tout ceci reflète tout simplement...
Le Président :
En terminant.
M. Girard
(Groulx) : ...le dynamisme de l'économie québécoise. Il n'y a pas de
problème d'acheteurs étrangers présentement.
Le Président :
Cela met fin à la période de questions et réponses orales. Merci à tous.
Votes reportés
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Alors, nous sommes à la rubrique des votes reportés.
Comme annoncé précédemment, nous allons
maintenant procéder au vote reporté sur l'amendement...
Des voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Je vous demanderais de garder le silence, s'il vous plaît. Merci.
Rapport de la Commission des institutions qui
a fait l'étude détaillée du projet de loi n° 25
Nous allons
maintenant procéder au vote reporté sur l'amendement proposé par la députée de
Vaudreuil au rapport de la Commission
des institutions sur le projet de loi n° 25, Loi modifiant principalement
la Loi sur l'immatriculation des armes à feu, ainsi que sur ce rapport.
Amendement de la députée de Vaudreuil
Je mets donc aux voix l'amendement proposé par
la députée de Vaudreuil. Que les députés en faveur de cette motion veuillent
bien se lever.
Le
Secrétaire adjoint : M. Arcand (Mont-Royal—Outremont), M. Tanguay (LaFontaine), M. Leitão
(Robert-Baldwin), M. Barrette (La Pinière), Mme Thériault (Anjou—Louis-Riel), M. Birnbaum (D'Arcy-McGee), Mme Weil
(Notre-Dame-de-Grâce), Mme Nichols (Vaudreuil), M. Rousselle
(Vimont), Mme Montpetit (Maurice-Richard), Mme Melançon (Verdun),
Mme Ménard (Laporte), Mme Anglade (Saint-Henri—Sainte-Anne), M. Fortin (Pontiac),
M. Kelley (Jacques-Cartier),
Mme Charbonneau
(Mille-Îles), Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis),
M. Benjamin (Viau), M. Derraji (Nelligan), M. Polo
(Laval-des-Rapides), Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger), Mme Sauvé (Fabre), Mme Rizqy (Saint-Laurent),
M. Ciccone (Marquette).
Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques), M. Nadeau-Dubois (Gouin),
Mme Ghazal (Mercier), M. Marissal (Rosemont), Mme Labrie (Sherbrooke), Mme Lessard-Therrien
(Rouyn-Noranda—Témiscamingue),
M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve), Mme Dorion (Taschereau),
M. Zanetti (Jean-Lesage).
M. Bérubé
(Matane-Matapédia), M. Ouellet (René-Lévesque), M. LeBel (Rimouski),
M. Roy (Bonaventure), Mme Hivon
(Joliette), M. Gaudreault (Jonquière), M. Arseneau
(Îles-de-la-Madeleine), Mme Perry Mélançon (Gaspé).
Mme Fournier
(Marie-Victorin).
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Que les députés contre cette motion
veuillent bien se lever.
Le Secrétaire adjoint :
M. Jolin-Barrette (Borduas), M. Laframboise (Blainville),
Mme D'Amours (Mirabel), Mme Chassé (Châteauguay), M. Girard (Groulx), Mme McCann
(Sanguinet), M. Fitzgibbon (Terrebonne), Mme Roy
(Montarville), M. Lemay (Masson), M. Simard (Montmorency),
M. Martel (Nicolet-Bécancour), M. Roberge (Chambly), Mme LeBel (Champlain), M. Bonnardel (Granby),
M. Lévesque (Chauveau), Mme Lachance (Bellechasse), M. Charette (Deux-Montagnes),
M. Lamontagne (Johnson), M. Carmant (Taillon), Mme Blais
(Prévost), M. Caire (La Peltrie), M. Lefebvre
(Arthabaska), M. Dubé (La Prairie), Mme Laforest (Chicoutimi),
Mme Rouleau (Pointe-aux-Trembles), M. Skeete
(Sainte-Rose), Mme Samson (Iberville), Mme Hébert (Saint-François),
M. Dufour (Abitibi-Est), M. Lacombe (Papineau), Mme Charest (Brome-Missisquoi), M. Schneeberger
(Drummond—Bois-Francs),
Mme Girault (Bertrand), M. Julien
(Charlesbourg), M. Boulet (Trois-Rivières), Mme Proulx (Côte-du-Sud),
M. Lafrenière (Vachon), M. Poulin (Beauce-Sud), M. Émond
(Richelieu), M. Bachand (Richmond), Mme IsaBelle (Huntingdon),
M. Chassin (Saint-Jérôme), Mme Foster (Charlevoix—Côte-de-Beaupré), M. Bélanger (Orford), Mme Jeannotte
(Labelle), M. Tardif (Rivière-du-Loup—Témiscouata),
M. Asselin (Vanier-Les Rivières), M. Reid (Beauharnois),
Mme Dansereau (Verchères), M. Lévesque
(Chapleau), M. Thouin (Rousseau), M. Tremblay (Dubuc), Mme Blais
(Abitibi-Ouest), Mme Tardif (Laviolette—Saint-Maurice),
M. Caron (Portneuf), Mme Grondin (Argenteuil), M. Girard
(Lac-Saint-Jean), Mme Lecours (Les Plaines),
M. Lemieux (Saint-Jean), Mme Lecours (Lotbinière-Frontenac),
M. Lamothe (Ungava), M. Bussière (Gatineau), M. Allaire
(Maskinongé), Mme Guillemette (Roberval), M. Provençal (Beauce-Nord).
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Y a-t-il
des abstentions ? M. le secrétaire... M. le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Mme la Présidente, je vous permettrais...
demanderais de permettre au député de Bourget
d'enregistrer son vote, s'il vous plaît.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : M. le député de Bourget. Y
a-t-il...
Une
voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Oui, y
a-t-il consentement pour enregistrer le vote ? Alors, s'il vous plaît.
Le Secrétaire adjoint :
M. Campeau (Bourget).
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : M. le
secrétaire général, pour le résultat du vote.
Le
Secrétaire : Pour : 42
Contre : 66
Abstentions :
0
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Alors, la
motion est rejetée.
Rapport de la
commission
Je mets maintenant aux voix le
rapport de la Commission des institutions sur le projet de loi n° 25, Loi
modifiant principalement la Loi sur l'immatriculation des
armes à feu. Que les députés en faveur de cette motion veuillent bien se lever.
• (11 h 10) •
Le Secrétaire adjoint : M. Jolin-Barrette (Borduas),
M. Laframboise (Blainville), Mme D'Amours (Mirabel), Mme Chassé (Châteauguay),
M. Girard (Groulx), Mme McCann (Sanguinet), M. Fitzgibbon
(Terrebonne), Mme Roy (Montarville), M. Lemay (Masson),
M. Simard (Montmorency), M. Martel (Nicolet-Bécancour),
M. Roberge (Chambly),
Mme LeBel (Champlain), M. Bonnardel (Granby), M. Lévesque
(Chauveau), Mme Lachance (Bellechasse), M. Charette
(Deux-Montagnes), M. Lamontagne (Johnson), M. Carmant (Taillon),
Mme Blais (Prévost), M. Caire (La Peltrie), M. Lefebvre
(Arthabaska), M. Dubé (La Prairie), Mme Rouleau
(Pointe-aux-Trembles), M. Skeete (Sainte-Rose),
Mme Samson (Iberville), Mme Hébert (Saint-François), M. Dufour
(Abitibi-Est), M. Lacombe (Papineau), Mme Charest
(Brome-Missisquoi), M. Schneeberger (Drummond—Bois-Francs), Mme Girault (Bertrand), M. Julien
(Charlesbourg), M. Boulet (Trois-Rivières), Mme Proulx (Côte-du-Sud),
M. Lafrenière (Vachon), M. Poulin (Beauce-Sud),
M. Émond (Richelieu), M. Bachand (Richmond), Mme IsaBelle
(Huntingdon), M. Chassin (Saint-Jérôme), Mme Foster (Charlevoix—Côte-de-Beaupré), M. Bélanger
(Orford), Mme Jeannotte (Labelle), M. Tardif (Rivière-du-Loup—Témiscouata), M. Asselin
(Vanier-Les Rivières), M. Reid (Beauharnois), Mme Dansereau
(Verchères), M. Lévesque (Chapleau), M. Thouin (Rousseau),
M. Tremblay (Dubuc), Mme Blais (Abitibi-Ouest), M. Campeau
(Bourget), Mme Tardif (Laviolette—Saint-Maurice),
M. Caron (Portneuf), Mme Grondin (Argenteuil), M. Girard
(Lac-Saint-Jean), Mme Lecours (Les Plaines),
M. Lemieux (Saint-Jean), Mme Lecours (Lotbinière-Frontenac),
M. Lamothe (Ungava), M. Bussière (Gatineau), M. Allaire
(Maskinongé), Mme Guillemette (Roberval), M. Provençal (Beauce-Nord).
M. Arcand (Mont-Royal—Outremont), M. Tanguay (LaFontaine), M. Leitão
(Robert-Baldwin), M. Barrette (La Pinière),
Mme Thériault (Anjou—Louis-Riel), M. Birnbaum (D'Arcy-McGee),
Mme Weil (Notre-Dame-de-Grâce), Mme Nichols
(Vaudreuil), M. Rousselle (Vimont), Mme Montpetit (Maurice-Richard),
Mme Melançon (Verdun), Mme Ménard
(Laporte), Mme Anglade (Saint-Henri—Sainte-Anne), M. Fortin (Pontiac),
M. Kelley (Jacques-Cartier),
Mme Charbonneau (Mille-Îles), Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis), M. Benjamin (Viau), M. Derraji (Nelligan),
M. Polo (Laval-des-Rapides), Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger), Mme Sauvé (Fabre), Mme Rizqy (Saint-Laurent),
M. Ciccone (Marquette).
Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques), M. Nadeau-Dubois (Gouin),
Mme Ghazal (Mercier), M. Marissal (Rosemont), Mme Labrie
(Sherbrooke), Mme Lessard-Therrien (Rouyn-Noranda—Témiscamingue),
M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve), Mme Dorion (Taschereau),
M. Zanetti (Jean-Lesage).
M. Bérubé
(Matane-Matapédia), M. Ouellet (René-Lévesque), M. LeBel (Rimouski),
M. Roy (Bonaventure), Mme Hivon
(Joliette), M. Gaudreault (Jonquière), M. Arseneau (Îles-de-la-Madeleine),
Mme Perry Mélançon (Gaspé).
Mme Fournier
(Marie-Victorin).
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Que les députés contre cette motion
veuillent bien se lever. Y a-t-il des abstentions? M. le secrétaire général,
pour le résultat du vote.
Le
Secrétaire : Pour : 107
Contre :
0
Abstentions :
0
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Alors, cette motion est adoptée. En conséquence, le rapport de la Commission des institutions sur le projet de loi n° 25, Loi
modifiant principalement la Loi sur l'immatriculation des armes à feu, est adopté.
Motion proposant que l'Assemblée s'oppose au projet de
corridor énergétique
national tel que proposé par le Parti conservateur du Canada
Maintenant, nous allons
procéder au vote reporté sur la motion du chef du troisième groupe d'opposition, débattue hier aux affaires inscrites par les députés de l'opposition
et qui se lit comme suit :
«Que
l'Assemblée nationale s'oppose au projet de "corridor énergétique
national", tel que le propose le Parti conservateur
du Canada, qui permettrait au gouvernement fédéral d'imposer la construction
d'un oléoduc sur le territoire québécois, sans son consentement.»
Que les députés en faveur de cette motion
veuillent bien se lever.
Le Secrétaire adjoint : M. Bérubé
(Matane-Matapédia), M. Ouellet (René-Lévesque), M. LeBel (Rimouski),
M. Roy (Bonaventure), Mme Hivon (Joliette), M. Gaudreault
(Jonquière), M. Arseneau (Îles-de-la-Madeleine),
Mme Perry Mélançon (Gaspé).
M. Arcand (Mont-Royal—Outremont),
M. Tanguay (LaFontaine), M. Leitão (Robert-Baldwin), M. Barrette
(La Pinière), Mme Thériault (Anjou—Louis-Riel),
M. Birnbaum (D'Arcy-McGee), Mme Weil (Notre-Dame-de-Grâce), Mme Nichols (Vaudreuil), M. Rousselle (Vimont),
Mme Montpetit (Maurice-Richard), Mme Melançon (Verdun), Mme Ménard (Laporte), Mme Anglade
(Saint-Henri—Sainte-Anne), M. Fortin (Pontiac),
M. Kelley (Jacques-Cartier),
Mme Charbonneau (Mille-Îles),
Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis), M. Benjamin (Viau),
M. Derraji (Nelligan), M. Polo (Laval-des-Rapides), Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger), Mme Sauvé
(Fabre), Mme Rizqy (Saint-Laurent), M. Ciccone (Marquette).
Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques), M. Nadeau-Dubois (Gouin),
Mme Ghazal (Mercier), M. Marissal (Rosemont), Mme Labrie (Sherbrooke), Mme Lessard-Therrien
(Rouyn-Noranda—Témiscamingue),
M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve), Mme Dorion (Taschereau),
M. Zanetti (Jean-Lesage).
Mme Fournier
(Marie-Victorin).
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Que les députés contre cette motion
veuillent bien se lever.
Le Secrétaire adjoint :
M. Jolin-Barrette (Borduas), M. Laframboise (Blainville),
Mme D'Amours (Mirabel), Mme Chassé (Châteauguay), M. Girard
(Groulx), M. Fitzgibbon (Terrebonne), Mme Roy (Montarville),
M. Lemay (Masson),
M. Simard (Montmorency), M. Martel (Nicolet-Bécancour), M. Roberge
(Chambly), Mme LeBel (Champlain), M. Bonnardel (Granby),
M. Lévesque (Chauveau), Mme Lachance (Bellechasse), M. Charette
(Deux-Montagnes), M. Lamontagne (Johnson), M. Carmant (Taillon),
Mme Blais (Prévost), M. Caire (La Peltrie), M. Lefebvre
(Arthabaska), M. Dubé (La Prairie), Mme Rouleau
(Pointe-aux-Trembles), M. Skeete (Sainte-Rose), Mme Samson
(Iberville), Mme Hébert (Saint-François), M. Dufour (Abitibi-Est),
M. Lacombe (Papineau), Mme Charest (Brome-Missisquoi),
M. Schneeberger (Drummond—Bois-Francs),
Mme Girault (Bertrand), M. Julien (Charlesbourg), M. Boulet (Trois-Rivières), Mme Proulx
(Côte-du-Sud), M. Lafrenière (Vachon), M. Poulin (Beauce-Sud),
M. Émond (Richelieu),
M. Bachand (Richmond), Mme IsaBelle (Huntingdon), M. Chassin
(Saint-Jérôme), Mme Foster (Charlevoix—Côte-de-Beaupré), M. Bélanger (Orford), Mme Jeannotte
(Labelle), M. Tardif (Rivière-du-Loup—Témiscouata), M. Asselin (Vanier-Les Rivières), M. Reid
(Beauharnois), Mme Dansereau (Verchères), M. Lévesque (Chapleau),
M. Thouin (Rousseau), M. Tremblay (Dubuc), Mme Blais
(Abitibi-Ouest), M. Campeau (Bourget), Mme Tardif
(Laviolette—Saint-Maurice), M. Caron (Portneuf),
Mme Grondin (Argenteuil), M. Girard (Lac-Saint-Jean), Mme Lecours (Les Plaines), M. Lemieux (Saint-Jean),
Mme Lecours (Lotbinière-Frontenac), M. Lamothe (Ungava),
M. Bussière (Gatineau), M. Allaire (Maskinongé), Mme Guillemette
(Roberval), M. Provençal (Beauce-Nord).
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Y a-t-il des abstentions? M. le secrétaire général,
pour le résultat du vote.
Le
Secrétaire : Pour : 42
Contre : 64
Abstentions :
0
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci. Donc, la motion est rejetée.
Motions sans préavis
Maintenant,
nous sommes rendus à la rubrique des motions
sans préavis. En fonction de nos règles et de l'ordre de
présentation des motions sans préavis, je reconnais maintenant un membre du groupe
formant l'opposition officielle. Mme la députée de Saint-Laurent, la parole
est à vous.
Mme Rizqy :
Merci beaucoup, Mme la Présidente.
La
motion suivante est très importante, et j'aurais bien aimé que le premier ministre lui-même puisse l'entendre, puisqu'il s'agit d'un dossier qui
est fort préoccupant pour lui.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Mme la députée de Saint-Laurent, je
vous rappellerai que notre règlement, l'article 35, prévoit que vous ne
devez pas mentionner l'absence d'un député en Chambre.
Des voix :
...
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Est-ce que je pourrais avoir le
silence? Il y a une seule personne qui a la parole, et c'est moi. Je vous rappellerai que vous ne
devez pas mentionner l'absence d'un député en cette Chambre. Merci. Vous
pouvez poursuivre.
Mme
Rizqy : Je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de
présenter la motion suivante conjointement avec la députée de
Sherbrooke, la députée de Joliette, le député de Chomedey et la députée de
Marie-Victorin :
«Que
l'Assemblée nationale demande au gouvernement de prendre acte des demandes des
partenaires concernant les ratios enseignants-élèves dans le cadre des
consultations sur le projet de loi n° 5;
«Qu'elle
rappelle au gouvernement que la vaste majorité des experts entendus en
commission parlementaire en mai dernier ont recommandé un ratio de 1
enseignant pour un maximum de 10 élèves en tout temps;
«Qu'elle
souligne que l'actuel sous-ministre de l'Éducation a également été entendu en
commission parlementaire le 29 mai
dernier, à titre de président de l'ADIGECS, et a recommandé au
gouvernement — et je
cite : "Que l'écart entre les ratios intervenant-enfant de
4 ans et celui des services de garde éducatifs soit harmonisé afin
d'assurer un service approprié aux enfants visés par cette mesure" — fin
de citation — c'est-à-dire
1 enseignant pour 10 élèves;
«Qu'elle
rappelle au ministre de l'Éducation qu'il dispose de tous les pouvoirs
nécessaires pour déterminer les ratios
de qualité dans la Loi sur l'instruction publique et, par conséquent, il n'a
pas à attendre les négociations de conventions collectives afin de
prévoir des ratios réduits;
«Qu'elle
rappelle au gouvernement que le ministère de la Famille a par ailleurs préféré
la voie législative afin de déterminer les ratios pour les enfants de
4 ans dans les services de garde éducatifs à l'enfance et qu'ils sont de
1-10;
«Enfin, qu'elle
demande au gouvernement caquiste, par cohérence gouvernementale, d'intégrer le
ratio d'un enseignant pour un maximum
de 10 élèves dans son projet de
loi n° 5, Loi modifiant la Loi sur l'instruction publique et d'autres dispositions à l'égard des services de l'éducation
préscolaire destinés aux élèves âgés de 4 ans.»
Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Est-ce qu'il y a consentement pour débattre de cette motion? M. le leader du gouvernement.
• (11 h 20) •
M. Schneeberger :
Il n'y a pas de consentement.
Des voix : ...
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Alors, je vous demanderais... Il
n'y a pas de consentement pour débattre de cette motion.
Je vous demanderais de ne pas vous interpeller d'un bord à l'autre de la
Chambre, s'il vous plaît!
Alors, un
membre du deuxième groupe d'opposition. Alors, Mme la députée de Rouyn-Noranda—Témiscamingue, la parole est à vous.
Mme Lessard-Therrien :
Merci, Mme la Présidente. Je demande le consentement de la Chambre pour
débattre de la motion suivante
conjointement avec le député de La Pinière, le député des Îles-de-la-Madeleine,
le député de Chomedey et la députée de Marie-Victorin :
«Que
l'Assemblée nationale reconnaisse la nécessité pour les municipalités des
régions du Québec d'être desservies par des services de transport
collectif de qualité, notamment dans le contexte de la dispersion des services
de santé et d'éducation, particulièrement pour les aîné-e-s, les jeunes, les
immigrant-e-s et les personnes à mobilité réduite;
«Qu'elle
affirme l'importance de développer une stratégie gouvernementale globale de
transport collectif interurbain dans les régions du Québec;
«Qu'elle affirme la nécessité d'augmenter le
financement public pour réaliser une telle stratégie;
«Que
l'Assemblée nationale demande au gouvernement d'organiser un sommet national
sur le transport collectif régional interurbain.»
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Est-ce qu'il
y a consentement pour débattre de cette motion? M. le leader du
gouvernement.
M. Schneeberger :
Il n'y a pas de consentement.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Il n'y a pas de consentement pour
débattre de cette motion. Alors, nous allons poursuivre avec un membre
du troisième groupe d'opposition. M. le député de René-Lévesque, la parole est
à vous.
M.
Ouellet : Mme la Présidente,
je sollicite le consentement des membres de cette Assemblée afin de présenter,
conjointement avec le député de
La Pinière, le député de Gouin, le député de Chomedey et la députée de
Marie-Victorin, la motion suivante :
«Que
l'Assemblée nationale rappelle l'importance que les communications des
organismes publics soient exemptés de tout caractère partisan;
«Qu'elle
déclare qu'une communication est partisane, notamment, si elle critique
directement ou indirectement un parti
politique ou un membre de l'Assemblée nationale ou si elle a pour objectif
principal de promouvoir les intérêts du parti politique formant le
gouvernement;
«Que, malgré la dissolution de l'Assemblée
nationale proclamée le 23 août 2018, celle-ci accepte de se saisir de
nouveau du projet de loi n° 1193, Loi encadrant les communications des
organismes publics, présenté au cours de la 41e législature par le député
de La Peltrie.»
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le député. Est-ce qu'il y
a consentement pour débattre de cette motion? M. le leader du
gouvernement.
M. Schneeberger :
Il n'y a pas de consentement. Pas de consentement.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Alors, comme il n'y a pas de consentement pour
débattre de cette motion, nous allons
poursuivre avec un membre du groupe formant le gouvernement. M. le ministre de
l'Énergie et des Ressources naturelles, la parole est à vous.
Souligner
le 50e anniversaire de l'inauguration du complexe hydroélectrique
Manic-5 et honorer la mémoire du premier ministre Daniel Johnson père
M. Julien :
Oui. Mme la Présidente, je demande le consentement de cette Assemblée pour
déposer la motion suivante conjointement
avec le député de Laval-des-Rapides, le député de René-Lévesque, la députée de
Marie-Victorin, le député Chomedey :
«Que
l'Assemblée nationale souligne le 50e anniversaire
de l'inauguration du complexe hydroélectrique Manic-5, le
26 septembre 1969;
«Qu'elle rende hommage aux milliers de travailleurs qui ont participé à la construction de ce symbole fort de la Révolution
tranquille et du génie québécois;
«Qu'elle honore la mémoire du premier ministre
Daniel Johnson père, décédé le 26 septembre 1968 sur le chantier
du barrage qui porte désormais son nom.»
Merci, Mme la
Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le ministre. Est-ce qu'il
y a consentement pour débattre de cette... monsieur... excusez-moi. M.
le leader.
M. Nadeau-Dubois : ...nous assurer que la députée
de Mercier est bien conjointe dans le dépôt de
cette motion.
Des voix :
...
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Alors, la députée de Mercier sera conjointe sur cette motion. M. le leader du gouvernement.
M. Schneeberger : Oui. Alors, Mme la Présidente, il y a consentement pour un débat de deux minutes par intervenant, en commençant par
le ministre de l'Énergie et des
Ressources naturelles, le député de Laval-des-Rapides, la députée de
Mercier et le député de René-Lévesque.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le leader. Alors, je
comprends qu'il y a consentement pour débattre de cette motion, qu'il y
aura quatre intervenants, pour une... la durée des interventions soit limitée à
un maximum de deux minutes chacune. Et nous allons commencer par le ministre de
l'Énergie et des Ressources naturelles. Allez-y.
M. Jonatan Julien
M. Julien :
Oui. Merci, Mme la Présidente.
Alors,
chers collègues, il y a 50 ans, un événement a marqué le Québec comme
nation. Il y a 50 ans, le barrage Daniel-Johnson était inauguré. Ce
symbole de la volonté des Québécois
d'être en charge de leurs propres ressources était inauguré. Effectivement, il aurait dû être
inauguré l'année précédente, mais malheureusement M. Johnson est décédé la
veille de son inauguration. C'est d'ailleurs pour cette raison que le barrage
porte son nom.
Nous
devons être fiers, nous devons être reconnaissants envers les visionnaires de
l'époque, ceux qui ont fait en sorte que nous sommes collectivement
propriétaires d'une richesse naturelle renouvelable et propre. C'est grâce à
eux, Mme la Présidente, que nous
sommes dans le peloton de tête des États les plus inspirants en matière
d'hydroélectricité.
Cet ouvrage fut le
premier d'une longue série de projets hydroélectriques d'envergure à voir le
jour dans le Nord québécois. Il a permis de faire du Québec une nation qui fait aujourd'hui, qui fait aujourd'hui, Mme la
Présidente, l'envie de toutes les
nations du monde. Nous sommes des meneurs dans ce domaine encore aujourd'hui, 50 ans après.
Hydro-Québec est aujourd'hui un leader mondial en production et en
distribution d'électricité renouvelable, et c'est en grande partie grâce
à l'ingénierie qui a été développée à la construction de cet ouvrage.
D'ailleurs, Mme la
Présidente, il faut souligner le travail extraordinaire de tous les
travailleurs qui ont permis d'ériger ce pan de notre histoire. Merci à votre
vision. Merci, tous et toutes, pour votre travail fantastique.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le ministre. Maintenant, nous allons poursuivre avec M. le député de Laval-des-Rapides. La
parole est à vous.
M. Saul Polo
M. Polo :
Merci beaucoup, Mme la Présidente.
Manic-5
est un chef-d'oeuvre du génie québécois. Manic-5 est un chef-d'oeuvre du génie de notre
société québécoise.
Effectivement, l'anniversaire ou, en fait, les 50 ans de l'inauguration de
Manic-5 nous rappellent quel pas de géant nous avons fait comme société non seulement sur la question du développement économique de notre développement
énergétique, mais aussi en termes d'émancipation et en termes d'affirmation de
ce que nous sommes comme société québécoise.
Cette
fameuse phrase de l'ancien premier ministre libéral Jean Lesage, Maîtres
chez nous, ne sont pas que de belles paroles partagées par un politicien. En fait, ça a été la démonstration,
grâce à l'ensemble du travail fait, non seulement Manic-5, mais l'ensemble du projet de
Manic-Outardes, qui s'est échelonné sur une vingtaine d'années... ça a commencé
à la fin des années 50, qui a abouti à la fin des années 70, et dont
un des chefs-d'oeuvre, c'est Manic-5.
C'est
cette affirmation que, comme société à cette époque, c'était un point charnière
dans notre histoire, la Révolution tranquille,
nous souhaitions démontrer de ce que nous étions capables, qu'est-ce que
notre génie était capable de faire. Qu'est-ce que
notre génie était capable de faire non seulement sur le plan énergétique, mais
nous l'avons démontré à d'autres niveaux depuis ce temps-là et nous
allons continuer à le faire dans le futur.
C'est aussi
la démonstration que plus de 4 000 travailleurs ont mis leurs
efforts, leur sueur et même leur vie pour démontrer ce que nous étions
capables de faire non seulement au Québec, mais dans le monde entier.
C'est aussi
le génie d'un ingénieur, à l'époque inconnu, Jean-Jacques Archambault, qui a,
grâce à son exploit de mettre sur pied... en fait, a mis sur pied une
technologie innovante à l'époque, qui était une première ligne électrique de
735 kilovolts. Sans cette ligne électrique, Manic-5 n'aurait pu voir le
jour.
C'est aussi
un hommage aujourd'hui à trois grands anciens premiers ministres, notamment Jean Lesage, mais
aussi M. Daniel Johnson père et également un ancien ministre libéral de l'époque, René Lévesque. Et donc, aujourd'hui, je
pense que nous soulignons non
seulement Manic-5, mais nous soulignons aussi la grandeur et surtout l'ambition
de notre société québécoise non seulement au Canada, mais dans le monde
entier.
Merci beaucoup, Mme la Présidente.
• (11 h 30) •
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le député. Mme la députée de Mercier, la parole est à vous.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Merci, Mme
la Présidente. Il me fait plaisir de
souligner aujourd'hui cet anniversaire important pour la société québécoise. Manic-5, c'est un
symbole fort de la nationalisation de l'hydroélectricité, et il y a
de quoi être fier, fier de cette affirmation économique du Québec.
50 ans plus
tard, on doit s'inspirer de ce genre de volonté politique, d'audace et de
vision pour l'avenir, se rappeler collectivement que la nationalisation
permet de faire de grandes choses.
Ceci étant
dit, je tiens à souligner ma grande déception face au gouvernement, qui a refusé d'intégrer à sa motion : «Que l'Assemblée nationale reconnaisse les impacts majeurs de ce projet sur les territoires
ancestraux et les populations des Premières Nations.»
Ce symbole de
fierté pour la nation québécoise a oublié les Premières Nations. Aucun
emploi, aucun contrat aux Innus, des
cimetières inondés sans déplacer les sépultures, et j'en passe. Rendu en 2019,
et surtout à la veille du dépôt du rapport
de la commission Viens, ce refus nous apparaît comme une omission historique
importante, et c'est inacceptable. À
l'avenir, continuons de réaliser des grands projets, des projets ambitieux et
soucieux de l'environnement, mais cette fois-ci en collaboration avec
nos frères et nos soeurs autochtones. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Maintenant, nous poursuivons avec M. le député de René-Lévesque.
M. Martin Ouellet
M. Ouellet : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. C'est à plus de
210 kilomètres au nord de Baie-Comeau, en territoire innu, que se trouve l'ouvrage qui fait la fierté des Québécois
depuis maintenant 50 ans, le complexe hydroélectrique Manic-5. Nous soulignons aujourd'hui l'anniversaire de son inauguration, mais il faut aussi se rappeler à
quel point la construction fut un chantier d'envergure dans lequel furent
engagés des milliers de travailleurs ainsi que toute la volonté d'un peuple. Deux ans de travaux préliminaires, deux
ans pour couler le béton nécessaire au barrage puis une éternité pour remplir le réservoir Manicouagan
à sa pleine capacité. Je peux vous dire, Mme la Présidente, qu'en tant que
député de René-Lévesque Manic-5, c'est dans ma cour arrière et c'est surtout
aussi... ici, à l'Assemblée nationale, lorsque
vous rentrez dans mon bureau ici, à l'Assemblée, vous allez pouvoir constater
le barrage majestueux que représente Manic-5.
Mme la
Présidente, Manic-5, dans ma région, on en est fiers, car on est pleinement
conscients que cette richesse naturelle
et renouvelable que le barrage nous permet de produire, tout le Québec en
dépend et en profite. Oui, on a dû faire d'importants aménagements pour
y arriver, oui, notre territoire a été transformé à jamais, nos rivières ont
été harnachées, nos terres ont été inondées,
mais en retour nous sommes devenus une force économique essentielle pour le
Québec, l'épine dorsale, une garantie pour l'avenir.
J'invite tous
les Québécois et Québécoises à se rendre sur place au moins une fois. Le voyage
en vaut le coût. La vision est spectaculaire et fait naître une émotion
particulière, un sentiment de vertige. Devant une telle immensité, on reste
forcément fasciné, hypnotisé. C'est là qu'on comprend comment un barrage a pu
inspirer tant d'artistes et pourquoi il fait désormais partie de notre culture
populaire.
Manic-5, c'est bien plus qu'un barrage, c'est
bien plus que du béton, c'est un symbole fort de la Révolution tranquille, une facette incontournable de
l'identité québécoise, une démonstration grandiose de notre génie collectif et
de ce qu'on peut accomplir comme
peuple. Et, quand on y songe, c'est vraiment pas mal pour un ouvrage qui doit
notamment sa venue suite à un
météorite qui a frappé la terre par hasard il y a de ça 244 millions
d'années. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le député. Est-ce que cette motion est adoptée? M. le leader de l'opposition officielle.
M. Tanguay : ...un vote
par appel nominal, s'il vous plaît.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Alors, on me demande un vote par appel nominal. Qu'on appelle les
députés.
On va suspendre les travaux quelques instants.
Qu'on appelle les députés.
(Suspension de la séance à
11 h 34)
(Reprise à 11 h 39)
Mise aux voix
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Alors, nous allons maintenant procéder à la mise aux voix de la motion présentée par le ministre de l'Énergie et des Ressources naturelles, conjointement avec le
député de Laval-des-Rapides, le député de René-Lévesque, la
députée de Marie-Victorin, le député de Chomedey et la
députée de Mercier, proposant :
«Que l'Assemblée
nationale souligne le
50e anniversaire de l'inauguration du complexe hydroélectrique Manic-5,
le 26 septembre 1969;
«Qu'elle
rende hommage aux milliers de travailleurs qui ont participé à la construction de ce
symbole fort de la Révolution tranquille et du génie québécois;
«Qu'elle
honore la mémoire du premier ministre Daniel Johnson père, décédé le 26 septembre
1968 sur le chantier du barrage qui porte désormais son nom.»
Que les députés en faveur de cette motion
veuillent bien se lever.
• (11 h 40) •
Le
Secrétaire adjoint : Mme Chassé
(Châteauguay), M. Fitzgibbon (Terrebonne), Mme Roy (Montarville),
M. Lemay (Masson), M. Simard (Montmorency), M. Roberge
(Chambly), Mme LeBel (Champlain), M. Bonnardel (Granby),
M. Lévesque (Chauveau), Mme Lachance (Bellechasse), M. Lamontagne
(Johnson), M. Caire (La Peltrie), M. Lefebvre
(Arthabaska), M. Skeete (Sainte-Rose), Mme Hébert (Saint-François),
M. Lacombe (Papineau), Mme Charest (Brome-Missisquoi), M. Schneeberger (Drummond—Bois-Francs),
Mme Girault (Bertrand), M. Julien (Charlesbourg), M. Boulet (Trois-Rivières), Mme Proulx
(Côte-du-Sud), M. Lafrenière (Vachon), M. Poulin (Beauce-Sud),
M. Émond (Richelieu),
M. Bachand (Richmond), Mme IsaBelle (Huntingdon), M. Chassin
(Saint-Jérôme), Mme Foster (Charlevoix—Côte-de-Beaupré), M. Bélanger (Orford), Mme Jeannotte (Labelle),
M. Tardif (Rivière-du-Loup—Témiscouata),
M. Asselin (Vanier-Les Rivières), M. Reid (Beauharnois),
Mme Dansereau (Verchères), M. Lévesque (Chapleau), M. Thouin
(Rousseau), M. Tremblay (Dubuc), Mme Blais (Abitibi-Ouest),
M. Campeau (Bourget), Mme Tardif
(Laviolette—Saint-Maurice), M. Caron (Portneuf),
M. Girard (Lac-Saint-Jean), Mme Lecours (Les Plaines), M. Lemieux (Saint-Jean), Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac), M. Lamothe (Ungava), M. Bussière (Gatineau),
M. Allaire (Maskinongé), Mme Guillemette (Roberval).
M. Arcand
(Mont-Royal—Outremont), M. Tanguay (LaFontaine), M. Leitão
(Robert-Baldwin), M. Barrette (La Pinière),
Mme Thériault (Anjou—Louis-Riel), M. Birnbaum (D'Arcy-McGee),
Mme Weil (Notre-Dame-de-Grâce), Mme Nichols
(Vaudreuil), M. Rousselle (Vimont), Mme Montpetit (Maurice-Richard),
Mme Melançon (Verdun), Mme Ménard
(Laporte), Mme Anglade (Saint-Henri—Sainte-Anne), M. Fortin (Pontiac),
M. Kelley (Jacques-Cartier),
Mme Charbonneau (Mille-Îles), Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis), M. Benjamin (Viau), M. Derraji (Nelligan),
M. Polo (Laval-des-Rapides), Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger), Mme Sauvé (Fabre), Mme Rizqy (Saint-Laurent),
M. Ciccone (Marquette).
M. Nadeau-Dubois
(Gouin), Mme Ghazal (Mercier), M. Marissal (Rosemont),
Mme Labrie (Sherbrooke), Mme Lessard-Therrien (Rouyn-Noranda—Témiscamingue),
M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve), Mme Dorion (Taschereau),
M. Zanetti (Jean-Lesage).
M. Ouellet (René-Lévesque), M. LeBel (Rimouski),
M. Roy (Bonaventure), M. Gaudreault (Jonquière), M. Arseneau
(Îles-de-la-Madeleine), Mme Perry Mélançon (Gaspé).
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Que les députés contre cette motion
veuillent bien se lever. Y a-t-il des abstentions? M. le secrétaire général,
pour le résultat du vote.
Le
Secrétaire : Pour : 88
Contre :
0
Abstentions :
0
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
La motion est adoptée à l'unanimité.
Avis touchant les travaux
des commissions
Alors,
nous allons poursuivre à la rubrique Avis
touchant les travaux des commissions.
M. le leader du gouvernement.
M. Schneeberger :
Oui, Mme la Présidente. Alors, j'avise cette Assemblée que la Commission de
l'économie et du travail poursuivra
les consultations particulières sur le projet de loi n° 27, Loi concernant
principalement l'organisation gouvernementale en matière d'économie et
d'innovation, aujourd'hui, après les affaires courantes, pour une durée de
1 h 30 min et ainsi que de 15 à 17 h 15, à la salle du
Conseil législatif;
Cette même
commission entreprendra l'étude détaillée du projet de loi n° 33, Loi modifiant le Code du travail concernant le maintien des services
essentiels dans les services publics et dans les secteurs public et parapublic, le mardi 1er octobre, de
10 heures à midi, à la salle Hippolyte-La Fontaine;
La Commission des transports et de
l'environnement poursuivra l'étude détaillée du projet de loi n° 17, Loi
concernant le transport rémunéré de personnes par automobile, aujourd'hui,
après les affaires courantes jusqu'à 13 heures
et de 15 à 18 heures, à la salle Louis-Joseph-Papineau, ainsi que le mardi
1er octobre, de 10 à midi, à la salle Marie-Claire-Kirkland;
La Commission
de la culture et de l'éducation poursuivra l'étude détaillée du projet de loi
n° 5, Loi modifiant la Loi sur l'instruction publique
et d'autres dispositions à l'égard des services de l'éducation préscolaire
destinés aux élèves âgés de 4 ans, aujourd'hui, après les affaires
courantes jusqu'à 13 heures et de 15 à 18 heures, ainsi que le
vendredi 27 septembre 2019, de
9 h 30 à 12 h 30, à la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine, ainsi que le mardi 1er octobre, de
10 heures à midi, à la salle
Pauline-Marois;
La Commission de l'aménagement du
territoire poursuivra l'étude détaillée du projet de loi n° 16, Loi visant
principalement l'encadrement des inspections
en bâtiment et de la copropriété divise, le remplacement de la dénomination
de la Régie du logement et l'amélioration de
ses règles de fonctionnement et modifiant la Loi sur la Société d'habitation
du Québec et diverses dispositions
législatives concernant le domaine municipal, le mardi 1er octobre, de
10 heures à midi, à la salle Louis-Joseph-Papineau. Voilà, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le leader.
Alors, aux
avis de la présidence, pour ma part, je vous avise que la Commission de l'agriculture, des pêcheries,
de l'énergie et des ressources naturelles se réunira aujourd'hui, après les affaires
courantes et jusqu'à 13 heures puis de 15 heures à 18 heures, à la salle
Pauline-Marois, afin de procéder aux
auditions publiques dans le cadre de la consultation générale sur les impacts des pesticides sur la
santé publique et de l'environnement, ainsi que les pratiques de remplacement
innovantes disponibles et à venir dans le secteur de l'agriculture et de
l'alimentation, et ce, en reconnaissance de la compétitivité du secteur
agroalimentaire québécois.
Je vous avise que la Commission de
l'administration publique se réunira en séance de travail aujourd'hui, de 13 heures
à 15 heures, à la salle des Premiers-Ministres, afin de procéder à
l'analyse de rapports annuels de gestion.
M. le leader du gouvernement, pour la suite des
travaux.
M. Schneeberger :
Oui, alors, Mme la Présidente, je vous demanderais d'appeler l'article 2
du feuilleton.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Juste avant d'appeler l'article 2 du feuilleton, je vais continuer sur
l'avis touchant les travaux des commissions.
Alors, je
vous avise que la Commission des
institutions se réunira en séance de
travail le mardi 1er octobre, de midi
à 12 h 30, et à la salle RC.161, afin de statuer sur la possibilité
que la commission se saisisse de pétitions concernant l'installation de caméras
dans les autopatrouilles et du port de caméras corporelles par les agents
patrouilleurs.
Je vous avise enfin que la Commission de la
culture et de l'éducation se réunira en séance publique le lundi 30 septembre, de 9 heures à midi et de
13 h 30 à 16 h 35, à la salle Estuaire du Riôtel Matane,
afin de procéder aux auditions publiques
dans le cadre des consultations particulières en région concernant le mandat
d'initiative portant sur l'avenir des médias d'information. Est-ce qu'il y a consentement pour déroger à l'article 143 du règlement concernant l'horaire
des travaux des commissions? Alors, consentement.
Renseignements sur les
travaux de l'Assemblée
Je vous
rappelle que, lors de l'interpellation prévue pour demain, vendredi le
27 septembre 2019, M. le député
de La Pinière s'adressera à M. le ministre responsable de l'Administration
gouvernementale et président du Conseil du trésor sur le sujet suivant : L'improvisation du gouvernement
caquiste dans la gestion des dossiers relevant du Secrétariat du Conseil
du trésor.
Je vous avise de plus que l'interpellation
prévue pour le vendredi 4 octobre 2019 portera sur le sujet suivant :
Le nécessaire renforcement de la loi 101. M. le député des
Îles-de-la-Madeleine s'adressera alors à M. le ministre responsable de la
Langue française.
Affaires du jour
La période
des affaires courantes étant terminée, nous allons maintenant passer aux
affaires du jour. M. le leader du gouvernement.
M. Schneeberger :
Mme la Présidente, je...
Une voix : ...
M. Schneeberger :
Oui, ça va? O.K. Alors, je vous demanderais d'appeler l'article 2 du
feuilleton, Mme la Présidente.
Projet de loi n° 18
Adoption du principe
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : À l'article 2 du feuilleton,
M. le ministre de la Famille propose l'adoption du principe du projet de loi n° 18, Loi modifiant le
Code civil, le Code de procédure civile, la Loi sur le curateur public
et diverses dispositions en matière de protection des personnes. M. le
ministre, la parole est à vous.
M. Mathieu Lacombe
M. Lacombe : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. C'est effectivement avec grand plaisir que je propose
aujourd'hui l'adoption du principe du projet de loi n° 18,
projet de loi visant à modifier le Code civil, le Code de procédure civile, la Loi sur le curateur public et
diverses dispositions en matière de protection des personnes. Ce projet de loi a fait l'objet de consultations
particulières les 17, 18, 19 et 24 septembre dernier devant la Commission
des relations avec les citoyens.
D'abord, évidemment,
je tiens à souligner et à saluer la participation d'une vingtaine
d'intervenants, de groupes et
d'associations professionnelles. Je les remercie d'avoir participé à cet
important exercice démocratique et d'avoir, bien sûr, enrichi la réflexion. Leur présence témoigne de leur souci de
protéger encore mieux les personnes inaptes et en situation de
vulnérabilité.
Je tiens
également à remercier mes collègues de l'opposition pour leur contribution à
ces travaux de consultation. Leurs
interventions ont aussi contribué à bonifier cette démarche, et je dois dire
que cette contribution s'est faite dans un esprit d'ouverture que j'ai
beaucoup apprécié.
• (11 h 50) •
Au terme de
ces consultations, je me réjouis donc de constater le grand consensus qui se dessine
autour de la volonté de créer de bien
meilleures conditions pour préserver au maximum l'autonomie des personnes, à
respecter leurs volontés et leurs
préférences et à préserver l'exercice de leurs droits. Nos échanges témoignent
d'un commun accord pour dire qu'il est
temps d'adopter une nouvelle vision
de l'inaptitude au Québec, de miser sur les forces et les facultés des
personnes plutôt que de souligner leurs limitations.
J'aime dire
que le projet de loi n° 18, c'est plus qu'un projet de loi. On a eu l'occasion de le répéter, c'est un appel qu'on lance à
la société québécoise pour porter un regard nouveau sur les personnes qui ont
des vulnérabilités, sur la protection, donc, de ces personnes vulnérables.
Les fondements du projet de loi sont solides,
ils s'appuient sur les grandes tendances internationales qui reconnaissent le droit à la capacité juridique
pour tous. Ce projet de loi s'inscrit dans un mouvement visant à remettre
les personnes au coeur de leurs propres
choix. Il met en place les conditions pour préserver l'égalité des droits de
toutes les personnes au Québec.
Ce projet de
loi tient également compte du fait que la société a changé depuis la dernière
réforme du dispositif de protection
des personnes inaptes. Au cours des 30 dernières années, on a assisté à de
profondes mutations sociales, par
exemple le vieillissement de la population, les nouvelles réalités familiales
ou encore le profil même des personnes inaptes et en situation de
vulnérabilité.
En 1990, le Québec était avant-gardiste
lorsqu'il a mis en vigueur la Loi sur le curateur public. Je souligne qu'auparavant les législations s'attachaient à la
maladie mentale pour décréter l'incapacité juridique. À cette époque, le
Québec avait plutôt mis l'accent sur l'inaptitude de la personne à décider pour
elle-même. C'est d'ailleurs aussi à ce moment
que le mandat en prévision de l'inaptitude, qu'on connaît maintenant comme le
mandat de protection, a fait son apparition.
Depuis près
de 30 ans, les règles entourant la protection des personnes inaptes n'ont
pas été revues. Une réforme en
profondeur est donc devenue nécessaire. Cette réforme est l'amorce d'un
changement de culture dont le Québec moderne a besoin. C'est précisément à cette tâche que s'est attelé le Curateur
public. Ce projet de loi présente une évolution importante des mesures
de protection et il apporte des nouveautés qui viendront répondre à de réels
besoins pour plusieurs familles québécoises.
Il tient compte de ce que nous avons fait de bien depuis les années 1990, toujours
pour rester à l'avant-garde, évidemment. Il tient compte aussi de
l'expérience du terrain.
Mme la
Présidente, permettez-moi rapidement de présenter, de rappeler les grands
objectifs du projet de loi n° 18 : d'abord,
faire évoluer le dispositif de protection pour répondre aux nouvelles réalités
sociodémographiques, donner accès à des mesures d'accompagnement afin de
permettre aux citoyens qui ont besoin d'assistance d'exercer eux-mêmes
leurs droits, offrir des mesures de
protection qui sont adaptées aux facultés, simplifier les mesures de
protection, bien sûr, et c'est très
important, prévenir les abus et la maltraitance et finalement préciser le rôle
du Curateur public et moderniser aussi cette institution qui en a bien
besoin.
En adoptant
ce projet de loi, la société québécoise pourra mieux protéger ceux qui en ont
besoin. Ce projet de loi vise à simplifier les mesures de protection. Il
introduit deux grandes nouveautés, soit la mesure d'assistance et la
représentation temporaire. Il encadre aussi davantage les devoirs du
mandataire.
Mme la Présidente, au cours des consultations
particulières, nous avons écouté avec grande ouverture, tous et chacun, avec bienveillance aussi, les
préoccupations, les suggestions des différents intervenants de la société
civile. Plusieurs intervenants nous ont parlé de leur vécu, notamment
auprès des personnes vivant avec la déficience intellectuelle, avec des problèmes de
santé mentale, avec un trouble du spectre de l'autisme ou des personnes en
perte d'autonomie. Ces intervenants
ont exprimé une diversité de besoins très variés auxquels nous sommes très
sensibles. Nous serons donc vigilants
pour trouver un équilibre entre la préservation de l'exercice des droits des
personnes vulnérables et vivant des difficultés et, de l'autre côté, les
besoins de soutien et d'accompagnement qui sont exprimés par ceux et celles qui
les accompagnent.
Même
si on peut dire qu'il y a un consensus qui s'est dessiné au terme de ces
consultations à l'effet qu'on a besoin de
ce projet de loi, nous serons attentifs pour bien répondre aux besoins en
matière d'information, de gestion du changement, de sensibilisation et
d'accompagnement.
Mme
la Présidente, j'invite donc mes collègues de tous les partis à voter en faveur
de l'adoption du principe du projet
de loi n° 18. Je les invite également à faire preuve de la
même collaboration, cette belle collaboration qu'on a pu voir, en fait, au cours des consultations. Je les
invite à faire preuve de la même collaboration au cours des prochaines étapes
menant à l'adoption de ce projet de loi.
En terminant, avec ce
projet de loi, c'est un projet de société et un changement de culture important
que nous proposons aux Québécois. Avec ce
projet de loi, le Québec pourra encore une fois faire figure de précurseur en
matière de préservation des droits des personnes inaptes et en situation
de vulnérabilité. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci. Merci, M. le ministre.
Avant
d'aller au prochain intervenant, je vous informe que trois débats de fin de séance se tiendront aujourd'hui : le premier débat, sur une question adressée par Mme la députée de Maurice-Richard au ministre
de l'Environnement et de la Lutte
contre les changements climatiques,
concerne l'inaction du gouvernement
caquiste en matière d'environnement; le deuxième
débat, sur une question adressée par Mme la députée de Saint-Laurent au ministre
de l'Éducation et de l'Enseignement
supérieur, concerne le refus du ministre
d'inclure les ratios des classes de maternelle quatre ans dans le projet de loi n° 5; en terminant, le troisième débat, sur une
question adressée par M. le député de Robert-Baldwin au ministre
des Finances, concerne le refus du ministre de mettre en place une taxe foncière immobilière
pour les acheteurs étrangers afin de contrer la spéculation.
Maintenant, nous
poursuivons avec Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Jennifer
Maccarone
Mme Maccarone :
Merci, Mme la Présidente. Très heureuse de faire... une première pour moi ici,
dans cette Chambre, étant donné qu'on a eu
le dépôt du projet de loi le 10 avril dernier. Puis je sais que c'est
le premier projet de loi de notre ministre
de la Famille et, entre autres, pour
moi aussi, c'est mon premier projet
de loi à titre de porte-parole de l'opposition officielle. D'ailleurs, j'aimerais remercier ma collègue la
députée de Notre-Dame-de-Grâce, qui m'a accompagnée pour ce premier
projet de loi. Son expérience à titre de parlementaire, mais aussi à titre de
ministre est pour moi très importante, alors je remercie ma chère collègue.
J'aimerais
faire un peu le retour sur les consultations. C'est sur quatre jours de
consultations, du 17 au 19 septembre et le 24 septembre, on a entendu 20 groupes que le ministre
vient de souligner, des groupes de santé mentale, des groupes de la défense des droits, des groupes des proches
aidants et des ordres professionnels. On a eu vraiment une belle variété
de groupes qui nous ont fait des
témoignages. Nous avons donc pu aborder différents angles différents et surtout
intéressants. C'étaient des échanges,
vraiment, qui nous ont aidés à formuler des opinions. Je pense qu'on a tous
déjà des idées de quoi que nous avons
besoin pour bonifier le projet de loi. Il y a 28 mémoires qui ont été
déposés, et des commentaires, et des documents reçus par la Commission des
relations avec les citoyens. Bref, beaucoup de gens s'intéressent par ce sujet.
Un résumé des
positions de groupes. Je me fais souvent demander : On est rendu où? C'est
quoi, le Curateur public? Alors, je vais
faire un petit résumé de c'est quoi, peut-être pour ne pas me répéter plusieurs
fois. Ils vont pouvoir venir regarder qu'est-ce qu'on a fait ici, dans
cette Chambre. Mais je pense qu'on peut dire sans se tromper que la majorité de groupes entendus, pour ne pas dire
presque la totalité, ont appuyé le principe du projet de loi. Tous ont
dit : De revoir la Loi sur le
curateur public, c'est une bonne chose. Le ministre l'a mentionné plusieurs
fois, c'est le temps pour une
réforme, et on est tous en accord qu'on respecte les droits civils de nos
citoyens en situation de vulnérabilité. C'est une vieille loi que nous devons moderniser. Près de 20 ans ont
passé depuis la dernière réforme, alors nous partageons tous cet
objectif.
Cependant,
plusieurs éléments sont ressortis de cette consultation, et je peux dire sans
me tromper que nous avons tous la
volonté et le devoir d'améliorer le projet de loi afin de faciliter la vie des
gens, simplifier la réalité des familles qui doivent conjuguer avec le
curateur, diminuer le risque de l'exploitation et la maltraitance, assurer une
gestion de changement rigoureuse et mieux
protéger les personnes inaptes. Certains ont dit que c'était un premier pas
vers le changement de pratiques dans
notre société, que ce projet de loi permet un juste équilibre entre la défense
des droits et la protection des personnes vulnérables, que l'autonomie
des gens est au coeur du projet de loi.
• (12 heures) •
Je
crois que c'est important de reconnaître que le projet de loi n° 18 est le résultat d'une très longue réflexion qui a commencé en
2018, sous le gouvernement libéral, par le Curateur public, M. Denis
Marsolais. En commission, son écoute et les
liens forts qu'il a bâtis avec tous les groupes qui sont venus présenter et
témoigner, c'était évident. Alors, je me sens vraiment comme si nous
sommes en bonnes mains. Nous avons également senti la grande ouverture de notre
ministre et ses collègues autour de la table,
qu'il a un vouloir d'améliorer la loi, et je remercie mon collègue pour ceci.
Nous espérons que cette ouverture sera au rendez-vous pour les étapes à venir.
Alors,
revenons sur le projet de loi. Il s'agit d'une pièce législative volumineuse de
quelque 251 articles. Et je ne vous
cache pas, Mme la Présidente, beaucoup... ça va nous prendre un épaulement des
légistes. Je ne suis pas avocate, et, au début, quand j'ai vu ce projet de loi, j'ai
eu un peu peur. Car c'est quand même une minibrique avec beaucoup de changements juridiques, entre autres, alors quand
même une pièce de législation très importante, qui propose principalement
une révision de l'encadrement législatif
relatif à la protection des personnes inaptes, de changer le nom du Curateur
public pour celui de Directeur de la
protection des personnes vulnérables — on va en discuter plus tard — et de supprimer les régimes de
protection du majeur tels que la curatelle... et majeur et le conseiller au
majeur.
Alors,
pourquoi? Je pense qu'on mérite juste une petite description de la situation
actuelle. D'entrée de jeu, je pense qu'il est pertinent de rappeler
qu'au Québec ce sont 36 000 adultes qui avaient une mesure de
protection au 31 mars 2019. De ce
nombre, plus de 13 500 se retrouvent sous le régime public. Et il faut
préparer d'avance, on a 10 000 enfants qui sont lourdement
handicapés qui seront bientôt majeurs.
Alors,
quelles sont les principales causes d'inaptitude à ces personnes? On sait que
40 % des adultes bénéficiaient d'une
mesure de protection sous le régime public, souffrant d'une déficience
intellectuelle, 21 % souffrent d'une maladie mentale, 20 %
sont atteints d'une maladie dégénérative.
Le système de
protection actuel se fonde sur trois régimes de protection qui sont très
complexes. Le premier, le conseiller
au majeur, qui est un régime destiné à une personne généralement apte à prendre
soin d'elle-même et à gérer ses
biens, mais qui a parfois besoin d'aide pour prendre certaines décisions, ce
régime requiert des démarches judiciaires ainsi qu'une évaluation médicale et psychosociale. Il permet
l'intervention du conseiller pour tous les actes dépassant la simple
administration.
Le second
régime de protection, c'est la tutelle, et celui-ci est destiné à une personne
dont l'aptitude est partielle ou
temporaire. Il prévoit la nomination d'un tuteur pour assurer la protection de
la personne, l'administration de ses biens et l'exercice de ses droits civils. Ce régime requiert aussi des
démarches judiciaires et une évaluation médicale et psychosociale. Avec ce régime, le tribunal... de permettre à la
personne inapte d'accomplir certains actes afin de tenir compte de ses
capacités. Un pouvoir de simple administration est accordé au tuteur.
Et finalement
le troisième régime, c'est la curatelle. Ceci est destiné à une personne dont
l'inaptitude est totale et permanente. Il prévoit la nomination d'un curateur
pour assurer la protection de la personne, administrer ses biens et exercer ses droits civils. Ce régime requiert lui
aussi des démarches judiciaires et une évaluation médicale et psychosociale.
Le curateur dispose des pouvoirs de pleine administration.
Tout ce système de protection est chapeauté par
le Curateur public, dont la mission se lit comme suit : «Le Curateur
public veille à la protection de personnes inaptes et du patrimoine de mineurs.
Il sensibilise la population à l'inaptitude
et à l'importance d'agir avant même qu'elle ne survienne. Le Curateur public
accompagne également les familles et les
proches qui représentent une personne ou qui participent à un conseil de
tutelle et il surveille l'administration [des] tutelles et curatelles. Il agit
lui-même comme curateur ou tuteur d'une manière personnalisée à l'endroit des
personnes qu'il représente, lorsqu'aucun proche ne peut les représenter
ou que ce n'est pas dans leur intérêt. Il s'assure que les décisions sont prises dans l'intérêt de la personne
représentée, le respect de ses droits et la sauvegarde de son autonomie.» Alors, on comprend
que c'est un rôle hyperimportant dans notre société, et ce qu'on a à discuter aujourd'hui, c'est un changement majeur pour notre société.
Avant
d'aborder les modifications contenues dans le projet de loi, il m'apparaît important
de réitérer que nous disposons d'un
excellent système de protection des personnes inaptes, entre autres. C'est d'ailleurs
le message que nous avons livré... le
Pr Dominique Goubau, qui enseigne le droit à l'Université Laval. Il a fait la
comparaison à l'international et il
nous a d'ailleurs rappelé qu'il s'agit d'un système qui est cité
comme exemple dans le monde. Alors, déjà, on
a quelque chose de bien en nos
mains.
Le nouveau
système qui est proposé est quand
même perfectible, et c'est ce à quoi
nous sommes conviés dans le cadre du projet de loi n° 18, un objectif auquel nous souscrivons entièrement. Alors, ce
que propose le nouveau projet
de loi exactement, la tutelle personnalisée.
Tout d'abord,
il vient fondre les trois régimes de protection existants à un régime tutelle
personnalisée qui sera modulable selon les capacités de la personne
inapte. Cette tutelle modulable se caractérise par une obligation pour le tribunal de tenir compte des capacités de la
personne inapte afin de lui permettre le plus possible d'accomplir seule
certains actes. Il s'agit d'une
avancée intéressante, Mme la
Présidente, puisqu'actuellement la tutelle n'est pas adaptée à la situation des personnes que dans 3 % des cas. C'est très
peu. Donc, dans la majorité des cas, il y a privation trop importante de
l'exercice des droits de certains.
Cette
modification, elle est en droite ligne avec la convention des Nations unies relative aux droits des personnes handicapées qui, à son article 12, garantit que les personnes handicapées
jouissent en toute égalité de la capacité juridique dans tous les
domaines. Au sens de la convention, l'expression «personne handicapée» inclut
la personne souffrant d'incapacité mentale.
Cette convention nous indique, en le quatrième paragraphe de son article
12, qu'il faut mettre en place des
garanties pour que les mesures relatives à l'exercice de la capacité juridique
respectent les droits, la volonté et les préférences de la personne concernée, soient exemptes de tout conflit
d'intérêts et ne donnent lieu à aucun abus d'influence, soient
proportionnées et adaptées à la situation de la personne concernée.
La préservation de l'autonomie de la personne,
voilà l'objectif de ce nouveau système. Toutefois, lors des consultations, des organismes comme l'association
québécoise de défense des personnes retraitées et
préretraitées ont émis une certaine
réserve. Je cite le mémoire de l'association : «La réforme soulève des
inquiétudes quant à son accessibilité en
rapport avec le temps d'attente des évaluations médicales et psychosociales
ainsi que leurs coûts au privé lorsque le délai est trop long au
public.» Plusieurs groupes ont témoigné la même inquiétude.
Le Protecteur du citoyen, dans son rapport annuel
d'activité, souligne également que, dans la réforme, que nous devons prévoir des mesures pour améliorer notre
système, et je le cite, ça a été déposé actuellement en cette Chambre ce
matin : «Or, le Protecteur du citoyen a constaté que les délais de
réévaluation sont fréquemment dépassés. Ainsi, en septembre 2018, environ 180 personnes étaient en
attente de cette réévaluation et les retards [atteignent] plus de 500 jours.
Pendant cette période, des personnes dont
l'état aurait pu justifier qu'on modifie leur régime ou les services dont elles
avaient besoin n'ont pu bénéficier du suivi nécessaire.»
Le Curateur
public convient de l'importance de ces réévaluations et du respect des délais.
Il a d'ailleurs créé un comité chargé
d'analyser la situation et d'apporter des pistes de solution. Entre autres
mesures, il compte accorder une priorité
aux dossiers des personnes qui pourraient bénéficier d'un allègement ou d'une
mainlevée, annulation de leur régime.
Le curateur
s'engage aussi à faire des suivis plus serrés des demandes de réévaluation
envoyées au réseau de la santé et des services sociaux. À cet égard, des
modifications seront apportées aux instructions de travail du personnel
concerné et diffusées dès avril 2019.
• (12 h 10) •
Le Protecteur du citoyen prend acte des mesures
mises en place et des engagements du Curateur public pour l'avenir. Par ailleurs, même s'il est conscient
que certains délais peuvent être attribuables à des ressources du réseau de
la santé et des services sociaux, le
Protecteur du citoyen rappelle au Curateur public qu'il est urgent de traiter
les dossiers en attente, dont plusieurs accusent des retards
considérables.
Les mesures d'assistance. Une nouveauté apportée
par le projet de loi n° 18, c'est l'introduction de
la loi des mesures d'assistance. Qu'est-ce
que c'est? Cette mesure s'adressera aux personnes qui, en raison de difficultés, souhaitent être accompagnées pour prendre
soin d'elles-mêmes, administrer leurs besoins, leurs biens et exercer leurs droits.
L'assistant choisi par la personne
qui souhaite bénéficier de cette mesure pour agir comme intermédiaire auprès de
tiers, par exemple, des banques, des
ministères et des organismes gouvernementaux, mais ne pourra signer et
s'engager au nom de la personne. Ça,
c'est très important. Il est prévu que le Curateur public approuvera la demande
d'assistance et aura un pouvoir d'enquête relatif à cette mesure. Le nom de l'assistant sera d'ailleurs inscrit
dans le registre public pour une période de trois ans.
Alors, des
gens comme ma mère auront moins besoin de signer des procurations, par exemple.
Alors, elle pourra garder enfin ses
droits civils pour avoir de l'aide, de l'accompagnement. On a à prendre en
conséquence que nous avons une
démographie avec des personnes... une population vieillissante, alors c'est une
mesure que je crois très importante et
qui va répondre aux besoins de beaucoup de personnes dans notre population.
Alors, ça nous semble une avancée très intéressante.
La
représentation temporaire. Une autre nouveauté, la possibilité de mettre en
place une mesure de représentation temporaire,
c'est-à-dire de permettre de désigner une personne pour accomplir un acte
déterminé au nom de la personne quand,
par ailleurs, sa situation ne requiert pas l'ouverture d'une tutelle. Il s'agit
donc d'un moyen de répondre à un besoin de représentation ponctuel et circonscrit tout en préservant la capacité
juridique de la personne et en évitant l'ouverture d'une tutelle à long
terme. Par exemple, aide à vendre sa maison, etc.
Cette mesure
a été bien accueillie par la commission des droits de la personne et de la
jeunesse qui a mentionné, dans son mémoire, et je cite : «L'introduction
d'un mécanisme de représentation temporaire proposé en vertu de l'article 56 du projet de loi n° 18 semble constituer un moyen innovant de favoriser l'équilibre entre le
besoin de protection ponctuel d'une personne et la reconnaissance de son
aptitude et de son autonomie générale.» Fin de la citation.
Le projet de
loi bonifie aussi le mandat de protection afin d'obliger le mandataire à faire
un inventaire des biens au début de
son administration. On a eu beaucoup de personnes qui sont intervenues par
rapport à ce point. De même, le
mandat devrait préciser si le mandataire devrait rendre compte à un tiers ou le
mandant devrait renoncer expressément à cette reddition de comptes.
Finalement, le mandataire aura pour obligation de prendre les décisions dans
l'intérêt du mandant, le respect de ses droits et la sauvegarde de son
autonomie.
J'avais
glissé un mot tantôt par rapport au changement du titre du Curateur public.
Finalement, le projet de loi prévoit
un changement de nom pour le Curateur public, qui deviendra Directeur de la
protection des personnes vulnérables. Ce
changement est prévu à l'article 4 du projet de loi. Curieusement, ce
changement a fait beaucoup parler en commission. La majorité des groupes qui ont témoigné en commission nous ont tous dit
que ce n'était pas une bonne idée, ce nom.
Alors, on a
eu plusieurs propositions ou des alternatives, des noms, d'abord entre autres
parce que les gens sous protection du
curateur ne sont pas des personnes vulnérables dans tous les sens. Pensons aux
enfants ou aux adolescents. Cette clientèle est plutôt en situation de
vulnérabilité et non des personnes vulnérables. Par exemple, la Fédération québécoise de l'autisme a souligné qu'une personne
autiste peut bien être médecin et aura peut-être des besoins plus ponctuels,
mais cette personne-là n'est pas vulnérable,
mais en situation de vulnérabilité. Certains
groupes nous ont également souligné que
le fait d'être sous la direction des personnes vulnérables vient mettre la
personne automatiquement en situation de vulnérabilité aux yeux de la
société. La perception compte pour beaucoup. Nos paroles sont importantes.
On a demandé
aux gens le nom qu'ils leur souhaitent, et certains ont dit que le curateur
était bien un nom bien connu.
D'autres ont parlé du Directeur des personnes en situation de vulnérabilité. Toutefois, je garde en tête l'avis de la Protectrice du citoyen, qui a tenu à rappeler que les gens connaissent le
Curateur public. Dans l'ensemble des changements proposés par le projet de loi, il y a lieu de s'assurer que la nouvelle dénomination
n'entraînera pas de confusion. C'est déjà un projet
de loi qui représente un changement majeur, alors on a
beaucoup entendu des gens qui ont dit l'importance de garder les choses simples. Je crois que le
ministre, et l'équipe du curateur, est en mode réflexion. Pour ceux-ci, nous
arriverons avec une proposition qui tient compte des observations des groupes.
Parlons de gestion du changement, Mme la
Présidente. Tout au long des consultations, il est ressorti très clairement qu'il faut tenir en compte la
complexité du réseau de la santé et la lourdeur administrative du système
actuel dans l'optique de trouver le
bon équilibre entre toutes les considérations de protection et de la réalité de
notre système de justice et de notre système médical.
Par exemple,
la transition de mineur à adulte, qui s'assortit de la nécessité de repasser
devant les tribunaux avec les délais que l'on connaît, il faudra s'y
pencher. De même, plusieurs intervenants ont insisté sur la nécessité, comme il s'agit d'une réforme importante, de mettre en place de
bonnes mesures de gestion de changement afin que tous les intervenants
bénéficient de formation, de la bonne information et qu'elle soit communiquée
clairement. C'est capital.
Par ailleurs, le
Barreau du Québec propose une clause de révision de la loi après cinq ans afin
de juger de son application et d'apporter
des bonifications au besoin. Voilà une avenue intéressante sur laquelle nous
aurons l'occasion de se pencher lors de l'étude détaillée du projet de
loi.
J'ai mentionné tantôt la transition de jeune à
adulte, parce qu'il y aura un impact majeur sur le Curateur public. Puis
ça me fait penser que dernièrement, ça fait à peu près deux semaines, Mme la
Présidente, j'ai déposé un mandat d'initiative
à la commission de santé et soins sociaux pour discuter de ce sujet qui me
tient à coeur. C'est un sujet personnel. Mon fils, qui a franchisé
jeunesse à adulte en avril dernier, c'est... honnêtement, c'est comme donner
naissance à une nouvelle personne dans la vie, car il faut recommencer. Mon
fils est une personne qui est apte mais qui aurait besoin d'une aide temporaire, ponctuelle, et j'ai perdu ma
boule en cristal, Mme la Présidente, alors je n'ai aucune idée à quoi m'attendre pour lui ni pour ma fille dans le
futur, mais de prévenir d'un jeune âge... Il faut ouvrir un compte de banque
avant qu'ils ont 18 ans, il faut faire plein
d'affaires avant qu'ils ont 18 ans, maintenant qu'ils sont sous ma charge. Ça
prend une étude profonde de qu'est-ce qu'on va faire pour aider ces personnes
qui vont être en manque de subvention financière,
qui vont être perdues dans le système, quand ils vont changer de secteur
jeunesse à secteur adulte. Il me semble que ça prend une réflexion importante. Je sais que, pour le mandat
d'initiative, je vise regarder pour les personnes, les jeunes adultes
autistes, mais c'est un mandat qui peut également être plus élargi pour avoir
une étude pour toutes les personnes handicapées.
• (12 h 20) •
Alors,
je vais revenir sur certains groupes qui m'ont touchée particulièrement quand
ils ont fait leur témoignage en
commission. Certainement, il faut que je parle, en premier lieu, de L'Étoile de
Pacho, un groupe qui me tient énormément à coeur. Étoile de Pacho milite
pour les familles des enfants qui sont lourdement handicapés. C'est un groupe
qui a agrandi à travers les années, qui
offre des soins, qui offre beaucoup, beaucoup d'informations aux parents qui
ont des enfants qui sont lourdement
handicapés, que souvent ils n'ont pas autre recours puis ils ne savent pas où y
aller, parce que nous n'avons aucun
intervenant pivot dans notre système. Alors, je suis fière de porter en leur
nom un peu des recommandations et
aussi de leur supporter. Samedi
dernier, j'ai participé dans leur gala, où ils cherchent de ramasser des sous
pour leur aider dans leur mission.
C'est une soirée, pour moi, très émotive, très spéciale. On parle des gens qui
vivent des épreuves au quotidien, non seulement les jeunes, les enfants, mais
les parents, les parents des proches aidants qui ont également besoin
de notre soutien, qu'on leur mène un peu la lumière. Je me sens vraiment
comme si je fais partie de leur famille, même un peu. On ne peut pas se comparer, c'est sûr, la situation des
familles des enfants qui sont lourdement handicapés, c'est particulier,
mais je pense qu'on peut tous s'imaginer la lourdeur qu'ils ont à vivre au
quotidien.
Alors,
je veux juste revenir à deux citations de leur mémoire. En fait, je pense à une
histoire, un fait vécu qui serait important,
si les gens écoutent, d'entendre, parce que ça démontre vraiment
une tranche de vie pour ces personnes. Les noms sont changés, mais : «Maryse est la maman monoparentale de
Julie, qui est sévèrement handicapée, à la suite d'un AVC subit lors de la naissance. Les parents de
Julie se sont séparés deux ans après sa naissance, mais ils ont conservé une
bonne communication et prennent les décisions importantes ensemble. Julie est
totalement dépendante de ses parents pour tous ses soins de base. Bien qu'elle ait aujourd'hui 18 ans, son niveau
intellectuel est équivalent à un enfant de 18 mois. Maryse souhaite
garder Julie avec elle le plus longtemps possible. Son père Luc est encore
présent dans sa vie, mais la prend à son
domicile moins fréquemment que lorsqu'elle était plus jeune. Maryse a réussi à
conserver son emploi, aux termes de
nombreux efforts, depuis la naissance de Julie, mais a dû grandement réduire
ses heures de travail. S'en est suivi un appauvrissement de toute la
famille.
«Quelques
mois d'avance, en prévision de l'arrivée des 18 ans de Julie, Maryse a avisé la
travailleuse sociale de son CLSC de
son intention d'entamer des démarches pour l'ouverture d'un régime de
protection. La travailleuse sociale a refusé
de faire l'évaluation psychosociale de Julie en mentionnant à Maryse qu'elle
devait attendre que Julie ait 18 ans. Lorsque
Julie a atteint l'âge de 18 ans, la travailleuse sociale a demandé à la famille
de faire l'évaluation psychosociale au privé,
en mentionnant qu'il n'était pas de la responsabilité du CIUSSS de [le]
fournir. Il est aussi à noter que, le matin du 18e anniversaire de Julie, toute aide financière versée par les
gouvernements provincial et fédéral en soutien aux familles vivant avec
un enfant handicapé a cessé.
«Le jour de
l'anniversaire de Julie, n'ayant pas les moyens financiers de payer les coûts
de la procédure d'ouverture de [la] régime
de protection, mère et fille se sont rendues aux bureaux de l'aide sociale afin
de débuter les démarches d'ouverture
de compte pour recevoir la solidarité sociale. Une référence vers un notaire de
l'aide juridique leur a été remise.
On a annoncé à Maryse que le délai avant de se faire attribuer un notaire
serait d'un minimum de 8 mois. La
famille [a été] aussi présentement en attente de l'évaluation psychosociale — avec
le CRDITED, attente confirmée entre
10 mois et un an — afin
de confirmer l'état d'inaptitude de Julie, inaptitude qui a été maintes fois
confirmée depuis la naissance de
Julie. Durant l'interminable attente, la famille est coupée de toute aide
financière et la situation tendue avec
la travailleuse sociale du CLSC a fragilisé les liens pour les services reçus
par Julie à cet endroit. Maryse, qui a un trouble anxieux [diagnostique] depuis plusieurs années, vit une situation
de grand stress et a peur de se faire couper des services provenant du CLSC, qui sont indispensables à son équilibre de
vie précaire. De plus, les parents de Julie viennent d'apprendre qu'ils ne pourront plus être les deux
tuteurs de Julie, comme lorsqu'elle était mineure. Comme ils n'arrivent pas à prendre une décision, s'en est suivi
plusieurs disputes, qui sont venues fragiliser encore plus le noyau de sécurité
de Julie.»
D'où
l'importance d'une réforme, Mme la Présidente, puis d'aller vers l'avant le
plus tôt possible avec une gestion de changement pour aider ces
personnes qui sont en situation de vulnérabilité.
Alors, je lis
la recommandation numéro trois de
L'Étoile de Pacho, qui ont présenté en commission
parlementaire : «Dans le cas d'un
enfant qui reçoit le supplément pour enfant handicapé nécessitant des soins
exceptionnels — le SEHNSE — la
simplification du passage à l'âge de 18 ans est nécessaire. L'enfant sévèrement
handicapé devenu adulte ne devrait plus avoir à faire évaluer à nouveau
sa situation d'inaptitude : le handicap est total et permanent dans le temps. Si obligatoires, les réévaluations médicale
et psychosociale pouvant n'être exigées que dans 10 ans ou au maximum aux cinq ans... De cette façon, nous évitons un
embourbement du système de santé et des services sociaux et réduisons
les délais et démarches pour [les parents tuteurs] de la personne handicapée.»
Ce n'était
pas le seul groupe qui sont venus faire un témoignage qui était très touchant
dans notre commission, et, je vois,
notre présidente de commission est avec nous aujourd'hui, alors j'ose croire
qu'elle pourrait témoigner que la présentation
que nous avons eue de Réseau avant de craquer était quand même un moment d'une
rare intensité en commission. C'est
rare de voir l'émotion, des larmes aux joues de chacun entre nous autour de la
table. Un témoignage qui nous a touchés particulièrement, c'était celui
de Mme Suzanne Péloquin, mère militante qui nous a peinturé un portrait d'amour profond de son enfant, qui débute
de sa naissance, ou même avant, pendant sa grossesse, jusqu'à la vie
qu'il a aujourd'hui. C'est une personne qui souffre d'une maladie mentale, et
elle a milité fort pour dire que cette personne-là
a le droit de se guérir, a le droit de trouver des solutions dans sa vie pour
être en mesure de prendre des décisions pour lui-même. Je pense qu'on se
sent... Personne n'est à l'abri, on s'est sentis touchés par son témoignage.
Alors, je
veux revenir un peu sur des passages de leur mémoire pour le Réseau avant
craquer, et je cite : «Le présent projet
de loi est une opportunité, qu'il ne faut pas manquer, de modifier les lois au
regard de la gestion de la confidentialité, afin que cesse la tenue [de] l'écart des membres de l'entourage et que
leurs proches, [a tient] de maladie mentale et sous un régime de
protection publique, bénéficient [de] lien affectif essentiel à leur
rétablissement.»
La raison que
je dis ceci, Mme la Présidente, c'est parce qu'il nous a fait rappeler que
30 % des personnes qui sont sous le Curateur public sont des personnes qui
sont atteintes de maladie mentale, alors ça représente un sur cinq. Et il indique que, si c'est un sur cinq, bien, ça
veut dire que la maladie mentale touche presque tout le monde, quatre personnes
sur cinq ont un proche atteint de maladie
mentale. On connaît, tout le monde... qui souffre de maladie mentale. Et la
famille est souvent la principale source de soutien et d'hébergement
d'une personne ayant une maladie mentale.
Mme Péloquin
nous a dit qu'il faut gagner le 6/49 pour interagir avec le médecin de son
enfant adulte qui a besoin d'aide. Alors, d'alléger le système, ça va
être très important.
Elle aussi a
expliqué que nous avons des préjugés, dans notre société aussi, quand on parle
de la maladie mentale, qui qui est
apte, pas apte, c'est quoi, le consentement. Alors, quand on parle, la mesure
d'assistance, je cite encore qu'est-ce qu'ils
nous ont présenté dans leur mémoire, juste pour démontrer que c'est
complexe : «La mesure d'assistance répond à un besoin de la personne ayant une maladie mentale, car elle permet de
tenir compte de la nature partielle, temporaire et variable de l'inaptitude, et
donc du soutien ajustable qu'elle nécessite pour prendre soin d'elle-même,
administrer son patrimoine et exercer
ses droits civils.» C'est des personnes comme nous qui ont droit à gérer leur
vie et avoir accès à leurs droits civils.
• (12 h 30) •
Ça amène à
faire un petit clin d'oeil à l'article qui a sorti dans La Presse+ le 17
septembre, écrit par Mme Doris Provencher, directrice générale de
L'Association des groupes d'intervention en défense des droits en santé mentale
du Québec. Elle parle des consentements aux
soins. Ce serait un sujet d'importance quand on va lire article par article
dans notre commission. Et je cite : «Pour illustrer cet état de fait,
prenons l'exemple du droit au consentement aux soins, dont jouit toute personne citoyenne, y compris
celles sous régime de protection. La personne est en droit de s'interroger
[sous] le traitement proposé, elle doit
faire part des effets qu'elle ressent dans son corps et demander à ce qu'on
trouve, avec elle, des solutions à ses difficultés. Mais trop souvent
ses propos et émotions sont filtrés à la lumière de son diagnostic psychiatrique, de manière consciente ou non, le bien-fondé de ses paroles et de ses
demandes est remis en cause. À partir de
là, il n'y a qu'un pas à faire pour qu'il soit perçu comme étant acceptable de
prendre des décisions à sa place, ou encore de ne pas [informer] correctement de son droit à consentir à [des]
soins. Une attitude a priori bienveillante, mais qui est irrespectueuse
et en contradiction [du] principe de l'autonomie de la personne.»
Le projet de
loi n° 18 va changer ça, mais juste une partie, parce que nous avons une
responsabilité sociale aussi de
reconnaître que ces personnes-là ont un droit, que la santé mentale, ce n'est
pas une maladie nécessairement que les personnes ne vont pas pouvoir
agir pour eux-mêmes.
On a parlé de
l'information puis de la dissémination d'information, parce que, le ministre
l'a dit, je le répète encore moi-même, c'est une gestion de changements majeurs
pour notre société. Alors, je tiens absolument à revenir sur un élément qui est hyperimportant, qui fera de foi
du succès de cette réforme, dont la communication, l'information, la sensibilisation et la formation, à tous les
niveaux, tous les paliers du gouvernement, tous les groupes communautaires,
tous les citoyens. Les groupes que nous avons
rencontrés nous l'ont tous dit : Vous allez devoir informer les gens,
informer les gens du réseau de santé,
informer les gens du réseau des services sociaux, informer les gens dans le
réseau juridique, informer les gens dans le réseau de l'éducation.
Et
l'information, ça passe aussi par l'accès au curateur. J'ai remarqué que le
curateur n'est pas présent partout au
Québec. Si on parle un mot pour les régions, il y a des points de service un
peu partout au Québec, mais pas dans toutes les régions. Quand on parle de dissémination de l'information, ou
l'accès, je crois que ce serait un point très important qu'on aborde ou
quand on parle de qu'est-ce qu'on va faire avec un budget. Le gouvernement
dispose de marges de manoeuvre financières comme rarement le Québec en a eu.
Alors, on a les moyens de mettre en place des services accessibles à la
population.
Il a le
devoir de se rapprocher des gens pour s'assurer que l'information sera
transmise... et l'accessibilité à la population.
Alors, je tiens à rappeler au ministre, un homme qui a oeuvré dans les
communications avant la politique, à mettre
en place des mesures et des moyens financiers importants pour s'assurer que le
curateur puisse donner un maximum d'informations à la population.
I can't express more fundamentally how important
this bill is. We started our commission specifically by speaking with the Minister and expressing
that it was our intention to work collaboratively, it is our intention to help
to improve this bill. We believe that
this bill is an important reform for our community, for society, and we welcome
it. We wish to help the Government
move forward in the adoption of this bill, but also by maintaining our role.
Our role as an effective opposition is going to be to help improve the
bill, and we're going to take that very seriously, especially taking into account all of the people who came to present in
commission, all of the other briefs that were deposited, for people that
didn't necessarily come in to present, the e-mails that were sent to us. This
is a hugely important reform that affects everybody
in this room. Whether you feel it today or tomorrow, this reform will have an
impact on you. And so I encourage everybody to take notice of proposed
Bill 18, because it will be an important reform for our society.
Alors,
en conclusion, Mme la Présidente, ce projet de loi, ce n'est pas un projet de
loi normal, typique. C'est un projet
de loi, là, qui toucherait des milliers de personnes, comme je viens de
mentionner. Chacun entre nous ici, au salon bleu, quand on va quitter, ça va nous affecter personnellement, ça va
affecter les membres de nos familles, ça va affecter nos amis. Il y aura un
impact majeur pour nos enfants. Il y aura un impact sur toutes les personnes
qui sont souvent vulnérables, puis on
est tous des personnes... il y a des moments de nos vies où nous sommes en
situation de vulnérabilité, souvent des personnes qui sont seules, Mme
la Présidente. Il toucherait aussi les enfants. Il toucherait les familles.
Personne ne peut être contre l'idée d'améliorer la
vie de ces personnes en situation de vulnérabilité
et leurs familles. Nous sommes évidemment pour le principe du projet de loi.
Mais, comme parlementaires, notre rôle est important, et nous devons
prévoir l'imprévisible. C'est ça, notre rôle, comme élus ici, à l'Assemblée
nationale, de nous assurer que les personnes
seront les mieux protégées et d'assurer que ce projet de loi réponde le mieux
possible aux besoins des gens. Nous avons dit au ministre et au
curateur : Nous serons au rendez-vous pour bonifier ce projet de loi et
nous serons partenaires. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Mme la députée de
Sherbrooke, la parole est à vous.
Mme
Christine Labrie
Mme Labrie :
Merci, Mme la Présidente. La première chose que j'aimerais dire concernant le
projet de loi modifiant le Code civil, le
Code de procédure civile, la Loi sur le Curateur public et diverses
dispositions en matière de protection
des personnes, c'est qu'on est vraiment face à un changement de paradigme en ce
qui concerne le respect des droits des personnes en situation de
vulnérabilité. C'est d'ailleurs étonnant, je trouve, à quel point un projet de
loi qui représente une telle révolution
passe aussi inaperçu dans les médias et c'est probablement le signe que, sur le
plan des mentalités, on était déjà rendus là, au Québec, depuis un bon
moment.
D'ailleurs,
le projet de loi a été accueilli très positivement par tous les groupes que
nous avons entendus en commission parlementaire. On est devant un projet
de loi dont le principe semble faire consensus, parce que tout le monde
souhaite améliorer la qualité de vie des personnes qui ont besoin d'assistance
et celle de leurs proches. Et ça a d'ailleurs
rendu le climat très agréable en commission, et j'aimerais qu'on travaille plus
souvent comme ça, à chercher des consensus.
Les
personnes qui sont venues nous présenter leurs commentaires sur le projet de
loi ont offert des témoignages très
touchants, ma collègue de Westmount—Saint-Louis y a fait référence, sur les
améliorations à venir dans les régimes d'assistance.
J'ai entendu des groupes parler du régime de protection actuel en parlant de
morts civiles, il y a des personnes, par
exemple, dont on considère actuellement qu'elles peuvent consentir aux soins
mais qui ne peuvent pas exercer leur droit
de vote. Donc, le projet de loi n° 18 va redonner aux personnes majeures
sous tutelle leur place dans la société, et elles vont redevenir des
citoyens à part entière, et ça, c'est vraiment un élément fondamental.
Avec ce projet de loi
là, on simplifie aussi les régimes de protection. On oblige la modulation de la
tutelle en fonction des besoins de chaque
personne et on introduit une nouvelle mesure d'assistance. C'est un gain
significatif parce que, jusqu'à
maintenant, la complexité du processus d'ouverture d'un régime de protection et
les coûts associés menaient très
souvent la famille à opter pour l'ouverture du régime le plus complet possible,
et ça privait la personne de plusieurs droits.
Donc, avec des tutelles modulées en fonction des capacités de chaque personne,
on vient éviter ce problème-là.
La
mesure d'assistance va, elle aussi, être superfacilitante pour les proches
aidants parce qu'elle ne nécessitera pas de procédure juridique ni
d'évaluation médicale ou psychosociale et elle va permettre aux personnes qui
ont des besoins occasionnels d'être assistées ou de se faire conseiller, de
rester en pleine possession de leurs droits, mais également aux personnes assistantes de se faire reconnaître la
légitimité d'accompagner leurs proches, par exemple, à la banque ou dans
les rendez-vous médicaux. Donc, le projet de loi n° 18
suit une tendance internationale du respect de l'autonomie et des besoins des personnes handicapées et nous permettra
de répondre à la Convention relative aux droits des personnes handicapées, selon laquelle elles ont droit à la
reconnaissance de leur personnalité juridique et jouissent de capacités
juridiques dans tous les domaines. Ce n'est pas le cas actuellement.
Mais,
aussi intéressant que soit ce projet de loi, il y a quand même des
améliorations possibles, et plusieurs groupes ont formulé des recommandations
très intéressantes, qu'on souhaite voir ajouter dans le projet de loi. Je
pense, par exemple, à la possibilité
de nommer un tuteur remplaçant dans le cas où l'assistant ne serait plus en
mesure d'assumer ses fonctions, par
exemple à son décès ou en cas de sa propre incapacité. C'est quelque chose qui
est possible pour les enfants... pour
les mineurs, et c'est une procédure qui existe en France pour les majeurs, et
je pense que ça permettrait aux tuteurs d'avoir la conscience
tranquille, d'être certains que leurs enfants, par exemple, seraient soutenus
par une personne de confiance lorsqu'ils ne sont plus, eux-mêmes, en capacité
d'en prendre soin.
On trouve également
important que la réforme proposée soit réévaluée dans quelques années afin de
pouvoir proposer des ajustements. C'est
quelque chose de tout à fait nouveau qui est créé ici, donc c'est essentiel de
prévoir un mécanisme de réévaluation.
Il y a aussi de nombreux groupes qui se sont
dits mal à l'aise avec la nouvelle appellation de directeur de la protection
des personnes vulnérables. On a entendu leurs recommandations, plusieurs
propositions d'appellation qui seraient
moins stigmatisantes pour les personnes concernées, et j'ai hâte de travailler
avec mes collègues pour qu'on trouve une appellation respectueuse, qui
reflète aussi le rôle de cette instance-là.
• (12 h 40) •
Donc, depuis
le début, j'ai senti une très grande ouverture de la part du ministre par
rapport aux recommandations des
groupes et j'ai quand même confiance, là, qu'on va pouvoir améliorer beaucoup
ce projet de loi là, qui est déjà très intéressant. Par contre, il y a des choses qui vont
devoir être faites et qui ne pourront pas être insérées dans le projet de loi. Par exemple, les groupes ont
parlé de l'importance de mener des campagnes d'information pour que tout le monde soit au courant de ses droits
et des changements qui sont apportés par le projet de loi n° 18. Donc, il ne suffit pas de restituer des droits à ces personnes-là, mais il faut aussi s'assurer qu'ils vont
être en mesure de les exercer. Des personnes qui vont récupérer un droit de
vote, par exemple, après ne pas l'avoir eu pendant des années, vont
certainement avoir besoin d'accompagnement.
Par ailleurs,
on a aussi entendu beaucoup de critiques par rapport aux difficultés
d'accéder aux services dans le réseau
de la santé. C'est un obstacle majeur. Il
y a des délais importants
pour obtenir des évaluations, et ça retarde la mise en place d'un régime de protection ou ça force des
familles à avoir recours au privé, ce qu'on devrait éviter à tout prix.
Finalement, il ne faut pas sous-estimer non plus l'impact des modifications
proposées par le projet de loi
n° 18 sur les proches aidants. Le régime de tutelle
personnalisée pourrait dans certains cas causer une augmentation des tâches pour les proches
aidants, qui sont déjà très à risque de s'appauvrir et de s'épuiser,
comme on le sait tous. Donc, on aimerait qu'il y ait une loi-cadre qui donne une reconnaissance légale
à la proche aidante et qui mette en place les mesures de soutien pour les proches aidants. J'invite le gouvernement à le considérer. Ce serait un legs très important pour le gouvernement, comme le sera d'ailleurs ce projet
de loi. Donc, je vous remercie.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, Mme la députée. Maintenant, je cède la parole à Mme la députée de Joliette.
Mme Véronique Hivon
Mme
Hivon :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, je suis heureuse à mon tour de
prendre la parole au stade de
l'adoption de principe du projet de loi n° 18. C'est un projet de loi,
comme mes collègues l'ont dit, qui est très important, qui est accueilli
favorablement par notre formation politique comme par l'ensemble des
formations. Et donc on va vraiment
travailler dans un esprit de collaboration avec le ministre de la Famille pour
faire de cette réforme, qui est très
ambitieuse, qui est attendue depuis longtemps, qui était dans les cartons, qui
a été travaillée, je pense, depuis quelques années... pour qu'elle soit
un succès.
L'idée
derrière la réforme, derrière ce projet de loi là, c'est vraiment de pouvoir
avoir un régime pour les personnes qui
sont inaptes, pour les personnes âgées qui sont en perte d'autonomie, pour les
personnes dont la situation en termes d'inaptitude
peut fluctuer aussi dans le temps, qu'on parle de personnes qui ont une
déficience, qu'on parle de personnes âgées,
qu'on parle d'enfants qui vivent une réalité particulière, que ça puisse être
modulé, donc que le régime puisse être plus flexible que ce qu'il est à
l'heure actuelle.
Et, à cet
égard-là, il y a, bien sûr, des améliorations très intéressantes : l'idée
d'avoir une représentation temporaire, l'idée
aussi de pouvoir avoir une mesure d'assistance, donc de ne pas être obligé de
partir, je dirais, tout le processus de représentation formelle au sens de la loi, en ayant un tuteur ou un
curateur, mais de pouvoir avoir une personne qui assiste. On pense notamment aux personnes âgées qui peuvent
avoir certaines pertes d'autonomie ou certaines fragilités qui font en sorte que, pour certaines tâches dans leur
quotidien, de prises de décision, de pouvoir bénéficier d'un assistant qui soit
reconnu comme tel peut grandement
faciliter les choses. On peut penser, par exemple, à des interactions avec
différents organismes publics ou privés.
Donc, je
pense que ça, c'est une mesure qui est vraiment porteuse, qu'on va vouloir,
ceci dit, bien encadrer, bien délimiter,
bien en comprendre les tenants et aboutissants. Parce qu'on a vu, quand même,
dans les auditions qu'il y avait plusieurs questions qui se posaient sur un peu
l'étendue de ce rôle-là, cette nouvelle fonction là. Donc, avant de faire
son entrée dans notre Code civil, il va
falloir s'assurer que, bien sûr, on comprend bien, là, comment cette nouvelle
mesure, cette nouvelle possibilité là
d'assister, donc, des gens qui auraient un tel besoin sans avoir un régime
formel de protection ou d'accompagnement soit bien encadrée et bien
précisée.
C'est certain aussi que l'idée de simplifier les
régimes de protection est quelque chose qui va être intéressant, qu'il y ait un peu moins de formalisme, qu'il
puisse y avoir un réajustement périodique. C'est des éléments qui sont
positifs. Même chose pour le mandat
de protection, pour aussi avoir un curateur public qui, dans les faits, va
assumer des fonctions qui vont être
plus clairement définies, qui vont pouvoir avoir une portée un petit peu plus
générale. Et le changement de nom,
bien qu'il ne soit peut-être pas au coeur de toute la réforme, est quand même
quelque chose de significatif si on veut un peu montrer qu'il y a une évolution du rôle et donc de la flexibilité
qu'on veut donner pour les personnes qui ont un besoin d'accompagnement, de protection. Je pense que c'est une bonne
idée de changer le nom du Curateur public, mais effectivement, comme le disait ma collègue il y a quelques minutes, le
nom qui est proposé en ce moment, donc, en lien avec les personnes dites vulnérables, n'est clairement pas un nom qui
fait consensus. On préfère parler d'une personne qui s'occuperait de la protection, de
l'accompagnement ou des personnes en situation de vulnérabilité. Mais de
qualifier les personnes de «vulnérables»,
je pense que c'est une leçon pour nous tous aussi de faire attention, des fois,
au vocabulaire qu'on emploie pour ne pas stigmatiser des personnes qui
peuvent avoir certains besoins.
Donc, notre
collaboration va être au rendez-vous pour cette importante réforme là.
Évidemment,
deux éléments, en terminant. Les enjeux de transition. Donc, on a entendu
plusieurs groupes, certains spécialistes
du droit des personnes, qui nous ont dit aussi qu'il va falloir faire attention
que, dans la transition, les droits... l'accompagnement
des personnes soit bien fait et que des choses qui n'étaient pas possibles qui,
du jour au lendemain, vont devenir
possibles, tout ça soit clairement explicité, ou vice versa. Et l'autre
élément, bien sûr, pour que la réforme puisse avoir du succès et bien
s'implanter, bien, c'est la question des ressources.
Donc, c'est une
préoccupation qu'on a, qui a été manifestée aussi par plusieurs groupes, de
s'assurer que les ressources vont être au
rendez-vous pour bien faire atterrir cette réforme-là, qui est quand même
significative pour les personnes concernées, mais aussi que les
ressources dans le réseau, dans le réseau de la santé et des services sociaux soient au rendez-vous et que la conscientisation
de tous les acteurs du milieu de la santé et des services sociaux... Je pense
notamment à toute la question du consentement aux soins, que les gens soient
conscients de c'est quoi, la réalité des personnes
qui sont sous régime de protection, qui, éventuellement, vont avoir un assistant,
pour qu'il n'y ait pas de surpaternalisme
et qu'on parte toujours du principe qu'une personne a le droit, jusqu'à preuve
du contraire, de consentir aux soins, de pouvoir décider de ce qui est
acceptable ou non pour elle en termes de soins. Et on sait que ça peut être particulièrement sensible pour des personnes qui
ont une déficience, pour des problèmes qui ont un... pour des gens qui ont un problème de santé mentale, qui vivent des
épisodes où leur aptitude peut fluctuer. Donc, de ne pas tenir pour acquis
que ces gens-là ne peuvent pas consentir de
leur propre arbitre, que cette évaluation-là se fasse à chaque fois, c'est un
message qui nous a quand même été répété. On peut penser que c'est
acquis et que ces principes-là juridiques, et de protection des personnes, et de respect de la personne au Québec sont
bien compris, mais force est d'admettre, à la lumière des témoignages
qu'on a eus, que ce n'est pas toujours le cas.
Donc,
espérons, au-delà du fond de la réforme, qui, évidemment, est positive pour les
personnes concernées, que ça va être aussi l'occasion de faire de la
sensibilisation, de conscientiser l'ensemble des acteurs du réseau de la santé
et des services sociaux, des organismes
publics aussi qui doivent travailler au quotidien avec des gens qui ont une
représentation, qui sont sous un
régime de protection, que ça ne veut pas dire que, parce que vous avez une
mesure comme celle-là qui s'applique
à vous, vous perdez toutes vos facultés et que vous n'avez pas, donc, votre
capacité de consentir à certaines choses
qui vous touchent très personnellement. Donc, oui, il va y avoir aussi un
travail de pédagogie important à faire dans
le cadre de la transition qui s'en vient. Mais, pour l'instant, nous sommes au
stade de l'adoption de principe, donc c'est des choses dont on va
pouvoir discuter lors de l'étude détaillée article par article.
Alors,
bien sûr, vous aurez compris, Mme la Présidente, qu'à ce moment-ci nous allons
voter en faveur du principe du projet de loi. Merci beaucoup.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Y a-t-il d'autres interventions?
Mise
aux voix
Donc, le principe du
projet de loi n° 18, Loi modifiant le Code civil, le
Code de procédure civile, la Loi sur le curateur public et diverses dispositions
en matière de protection des personnes, est-il adopté?
Des voix :
Adopté.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Adopté. M. le leader du gouvernement.
Renvoi
à la Commission des relations avec les citoyens
M.
Schneeberger : Oui. Alors, Mme la Présidente, alors,
conformément à l'article 243 de notre règlement, je fais motion afin que le projet de loi n° 18, Loi modifiant le Code civil, le Code de procédure civile, la Loi sur
le curateur public et diverses
dispositions en matière de protection des personnes, soit déféré à la
Commission des relations avec les citoyens pour son étude détaillée.
Mise
aux voix
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Cette motion est-elle adoptée?
Des voix :
Adopté.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Adopté. M. le leader du gouvernement, pour la suite des
travaux.
M.
Schneeberger :
Oui. Alors, pour la suite, je vous demanderais d'appeler l'article 7 du
feuilleton.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Donc, nous allons suspendre les travaux quelques
instants.
(Suspension de la séance à 12 h 50)
(Reprise à 12 h 52)
Le Vice-Président (M. Picard) :
Donc, nous reprenons nos travaux.
Projet de loi n° 34
Adoption du principe
À l'article 7
du feuilleton, M. le ministre
de l'Énergie et des Ressources naturelles propose l'adoption du principe du projet de loi n° 34, Loi
visant à simplifier le processus d'établissement des tarifs de distribution
d'électricité. Je reconnais maintenant M. le ministre pour son intervention.
Allez-y.
M. Jonatan Julien
M.
Julien : Oui, merci, M. le Président. Notre gouvernement a déposé le 12 juin dernier un projet de loi qui, juste par son nom, a beaucoup,
en fin de compte, de signification. Le projet de loi, c'est la Loi visant à
simplifier le processus d'établissement des tarifs de distribution
d'électricité.
M. le Président, c'est un projet qui est assez simple, ça vise, entre autres et surtout, à faire en sorte que les Québécois,
que la clientèle, que la clientèle d'Hydro-Québec puisse, de manière simplifiée, prévoir — prévoir, prévisibilité — quels
seront ses tarifs d'électricité dans le futur. Cette prévisibilité-là, c'est ce qu'on souhaite donner à
la clientèle. Alors, le projet de loi est très simple : 2020, un gel tarifaire;
pour les quatre années suivantes, augmentation à l'inflation. De plus, ce projet de loi va permettre, comme le premier
ministre l'a répété, M. le Président, d'appliquer une remise d'un peu plus de 500 millions de dollars
dès le premier trimestre de 2020, alors remise qui sera appliquée à l'ensemble
de la clientèle d'Hydro-Québec sur la première facturation de 2020.
Au cours de
la dernière semaine, la semaine dernière, nous avons entendu, M. le Président,
plusieurs groupes en commission parlementaire, et ces groupes-là nous
ont partagé leurs opinions, leurs opinions sur le projet de loi, des opinions intéressantes. Naturellement, certains
étaient en accord avec le projet de loi, trois groupes. Certains étaient en
désaccord avec le projet de loi. Et certains
étaient en accord avec des préoccupations. Alors, ça nous a permis de faire le
grand tour par ces discussions-là. Mais ce qu'on a retenu certainement, M. le
Président, c'étaient des discussions très techniques
visant à complexifier de manière inutile les fondements mêmes du projet de loi,
M. le Président, parce que ce n'est pas complexe en réalité, ce n'est
pas complexe, le projet de loi.
Premièrement, il s'est dit plusieurs choses.
Comme par exemple, M. le Président, il s'est dit : La Régie de l'énergie va perdre son rôle de chien de garde.
Aucunement. C'est faux. La Régie de l'énergie va voir, en fin de compte,
la période où elle fait de l'analyse de
cause tarifaire, qui est sur base annuelle actuellement, à tous les
12 mois, passer sur base de
60 mois. Même pouvoir, même pouvoir, même responsabilité, une période
beaucoup plus grande. Puis je vais expliquer tantôt pourquoi on veut
cette période plus grande. Mais après ça la régie garde tous ses autres
pouvoirs : pouvoir d'analyse des
plaintes, pouvoir de régir le transporteur, pouvoir d'analyser, en fin de
compte, tous les investissements
transporteurs, qui sont les investissements majeurs. Donc, le seul élément qui
est modifié actuellement, par rapport
aux responsabilités de la régie... Elle garde toute sa liste de pouvoirs, qui
est très longue. On modifie une chose, M.
le Président, on dit : Dorénavant, ça ne sera plus aux 12 mois
qu'elle analysera la cause tarifaire, ça sera aux 60 mois.
De plus, on
ne donne pas une carte blanche à Hydro-Québec dans le processus. On a également
entendu ça. Non, non, non.
Hydro-Québec dorénavant va connaître ses revenus : première année, revenus
gelés sur la base de la consommation précédente;
les années subséquentes, hausse tarifaire à l'inflation. Et, Hydro-Québec,
certains pourraient dire : Oui, mais Hydro-Québec pourrait vouloir augmenter plus avant ses revenus.
Impossible. Impossible parce que le projet de loi prévoit que, si
Hydro-Québec, pour quelque raison que ce soit, souhaite faire une hausse
tarifaire pour des motifs l'exigeant supérieure
à l'inflation, par exemple des situations exceptionnelles comme les événements
du Saguenay, bien, il faudrait qu'Hydro-Québec
prépare un dossier, le présente au gouvernement pour autorisation et après soit
entendu à la régie. Alors, quand les
gens disent : «Oui, mais ça politise», non! Ça fait en sorte que jamais, à
moins d'avoir un dossier bien étoffé, Hydro-Québec
ne serait en mesure, dans les prochaines années, d'avoir des tarifs supérieurs
à l'inflation. On veut protéger cette prévisibilité à l'inflation.
Plusieurs personnes aussi disaient, M. le
Président... puis ça, quand on parle de boule de cristal, là... Alors, plusieurs intervenants ont dit deux choses, M. le
Président : Probablement que le projet de loi ferait en sorte que, dans
les cinq prochaines années, la clientèle
vont payer plus que qu'est-ce qu'ils auraient pu payer. Nous, on a regardé
l'analyse des 15 dernières
années, on peut regarder l'analyse des cinq dernières années, on peut regarder
l'analyse des 40 dernières années.
Aucun de ces cas de figure là, par rapport à ce qu'on propose au gouvernement,
n'est plus satisfaisant que qu'est-ce qu'on propose.
Je
m'explique. Dans les 15 dernières années, la hausse tarifaire qui a été
autorisée par un processus robuste à la régie, avec des intervenants spécialisés : 400 points de base
au-dessus de l'inflation. Ça veut dire quoi, ça? Les Québécois, s'ils avaient payé l'inflation dans les
15 dernières années plutôt que le tarif venant de la régie avec une cause
tarifaire, avec tous les experts, auraient payé 2,4 milliards de
moins, selon les spécialistes qu'on a entendus.
Alors, ainsi,
on nous dit : Oui, mais, dans le futur, ce serait différent. Bien, dans
les 40 dernières années, ce n'est pas
ça que ça a démontré. Dans les 15 dernières années, ce n'est pas ça que ça
a démontré. Dans les cinq dernières années, qui est la période qu'on veut appliquer, ce n'est pas ça que ça a
démontré. Je sais que mon collègue de Laval-des-Rapides va nous dire : Oui, mais, si je prends les
quatre dernières années, ça marche. Oui, si vous prenez les quatre dernières
années, ça
marche parce qu'il y a cinq ans puis il y a six ans ça a été trois fois
l'inflation. Trois fois l'inflation! C'est sûr qu'à un moment donné on finit par se reprendre puis
dire : Oui, mais là l'année quatre on a mieux fait. Bien, c'est certain
que vous avez mieux fait, vous aviez
tellement beurré épais avec des tarifs de 4,30 %, presque trois fois l'inflation, qu'il a bien fallu se reprendre!
Nous, ce
qu'on dit aux Québécois, c'est : Ça va être l'inflation, pas de surprise.
Pas de surprise. Et, quand les gens nous disent... Oui?
Le
Vice-Président (M. Picard) : M. le ministre, je dois vous interrompre. Je voudrais savoir si vous
allez poursuivre à la reprise des travaux.
M. Julien : ...
Le Vice-Président (M. Picard) :
Certainement.
Donc, compte tenu de l'heure, je suspends les
travaux jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 heures)
(Reprise à 15 heures)
Le Vice-Président (M. Picard) :
Bon après-midi. Veuillez vous asseoir, s'il vous plaît.
L'Assemblée poursuit le débat sur l'adoption du
principe du projet de loi n° 34, Loi visant à simplifier le processus
d'établissement des tarifs de distribution d'électricité.
Lorsque j'ai suspendu les travaux pour l'heure
du repas, c'était M. le ministre de l'Énergie et des Ressources naturelles qui
avait la parole. Il vous reste 52 min 30 s.
M. Julien : Alors, merci,
M. le Président. Là, juste pour se
remettre où nous en étions à la pause... Alors, de mémoire, j'étais en train, justement, de mentionner que
mon collègue de Laval-des-Rapides a une mémoire très sélective du passé, mémoire
sélective qui, naturellement, fait en sorte qu'il interprète les données
passées avec beaucoup de jovialisme.
Alors, je
réitère que le projet de loi proposé, le p.l. n° 34, qu'est-ce qu'il vient faire? Il vient
assurer une prévisibilité pour l'ensemble de la clientèle, puisque dorénavant, M. le Président, ce
sera à l'inflation, à l'inflation, tout simplement. Donc, l'inflation, habituellement, celle qui sera
appliquée, est connue au mois de septembre. Donc, fin mars suivant, la nouvelle tarification prendra la hausse
d'inflation observée six mois auparavant. Familles, clientèles, industries,
tout le monde sera en mesure de
prévoir la prochaine hausse. Et cette prévisibilité-là vaut quelque chose. Elle
vaut quoi? Elle permet aux gens de budgéter et de s'assurer qu'il n'y
aura pas de choc tarifaire.
C'est
vrai que certains experts, les fameux experts qui sont venus en commission
parlementaire durant la dernière semaine, donc, naturellement, ces experts qui, à chaque année, à tous
les 12 mois, se présentent à la Régie de l'énergie pour venir
passer des dizaines d'heures, des centaines d'heures, des milliers d'heures à
questionner, à questionner, 1 500 questions
par année, bien, ce que ces experts-là, ce qu'ils nous disent, c'est :
Nous, ce qu'on veut, c'est avoir le juste prix, le juste prix, et c'est
pour ça qu'on va, à chaque année, faire une cause tarifaire.
Le
prix obtenu, M. le Président, est tellement juste qu'en 2014 une hausse de 4,3 % des tarifs a été faite suite à ce processus et, à la fin de l'année, quand on a
regardé le résultat réel, un écart de rendement de 160 millions, presque
2 %. Alors, les experts qui ont
fait la cause tarifaire, qui ont posé 1 500 questions, qui ont passé
des mois se sont trompés du simple au
double, et c'est de même année après année. Ils ne sont jamais «bull's-eye»,
bien au contraire, ils sont toujours écartés
de la réalité. Alors, cette justesse-là, ce juste prix là n'a pas démontré,
dans le passé, que c'était effectivement la réalité qui se produisait.
Ce qui a été
démontré dans le passé, M. le Président, puis je ressors mon tableau... je sais
que les gens sont tannés de voir mon
tableau, mais les chiffres ont tellement la tête dure, c'est tellement
révélateur, une corrélation presque parfaite entre les augmentations tarifaires et l'inflation à travers les années,
presque parfaite. Sauf qu'il y a eu des soubresauts : une année, 4,3 % d'augmentation; l'année
suivante, 0,7 % d'augmentation; l'année suivante, 3 % d'augmentation.
Donc, pas de stabilité, mais, sur le long terme, sur 15 ans, ça a été plus
que l'inflation. Si on prend les cinq dernières années, ça a été plus
que l'inflation.
Et je reviendrais... M. le Président, tantôt,
quand je terminais, avant la pause, c'est... Mon collègue de Laval-des-Rapides nous mentionne régulièrement :
Oui, mais, dans les quatre dernières années, dans les quatre dernières années,
ça a été moins que l'inflation. Certainement
que ça a été moins que l'inflation parce que, je le mentionnais tantôt, le
Parti libéral nous avait tellement
beurrés avec des hausses, en 2014, des hausses, en 2015, de trois fois
l'inflation, de deux fois l'inflation
que c'est sûr que les quatre dernières années ont été inférieures à
l'inflation. Mais, si on prend les cinq dernières années, les cinq dernières années, la période
qu'on préconise, nous :
inflation, inflation, 5,2 %;
hausse tarifaire, 5,6 %. Même
dans les cinq dernières années, c'est au-dessus de l'inflation. Que je prenne
n'importe quelle période de cinq ans, c'est
au-dessus de l'inflation. Donc, la cause tarifaire actuelle a toujours
démontré, dans le passé, que c'était au-dessus de l'inflation. Et voici que les experts nous disent : Mais
attention! le passé n'est pas garant du futur. Ah oui? L'an prochain, M. le Président, certains experts, sérieusement,
nous disent : Ça serait une baisse de 5 %. On n'a jamais vu ça, ça
n'existe pas. Historiquement, sur 40 ans, ce n'est jamais arrivé.
Alors, si l'inflation est à 2 %, eux, c'était 7 % sur l'inflation. Corrélation presque parfaite dans le passé, mais
eux nous disent : Non, l'an prochain, si on avait une cause tarifaire,
chère clientèle,
on ne veut pas vous faire peur, là, on ne veut pas vous inventer des risques,
mais ça serait moins 5 %. Honnêtement, M. le Président, ce n'est pas sérieux, ce n'est pas sérieux. Moins
5 %? Et mon collègue de l'opposition, qui pourtant a été là bien des années, qui a vu l'évolution des tarifs,
d'opiner du bonnet. Imaginez-vous, imaginez-vous, ce n'est pas sérieux.
Maintenant,
qu'est-ce que ça procure, ça, une hausse à l'inflation? On l'a dit, on l'a
répété, on veut mettre une saine pression sur la société d'État. Alors,
pour expliquer ce concept-là de saine pression de gouvernance, regardons le
système actuel, le système qu'on veut corriger, le premier ministre appelle ça
un système «cost plus». Mettons ça simple :
À chaque année, Hydro-Québec se présente à la Régie de l'énergie et elle, en
réalité, elle dit : Voici quels sont mes coûts pour la prochaine
année, mes coûts de financement liés à mes investissements, l'ensemble de mes
coûts de main-d'oeuvre, l'ensemble de ses coûts. Alors, elle dépose un ensemble
de coûts et, après ça, elle dit à la régie : J'ai le droit, selon la loi, à un rendement de 8,2 %, c'est-à-dire que,
quand je vous présente mes coûts, mes dépenses... Si, par exemple, pour faire un chiffre pour bien
concevoir, Hydro-Québec présente des dépenses de 100 millions, elle a le
droit à un rendement de 8,2 %,
elle a le droit à un revenu de 108,2 millions. C'est comme ça que ça
fonctionne parce qu'on lui accorde un rendement prévisible de 8,2 %. C'est
quoi, l'intérêt de la société d'État d'améliorer son efficience? C'est quoi, l'intérêt de la société d'État de réduire
ses coûts, puisqu'à la fin, peu importe la hauteur de ses coûts, on va lui
accorder des revenus de 8,2 % supérieurs à ses coûts?
Alors, naturellement, quand l'opposition
dit : Vous politisez, vous politisez Hydro-Québec... Non. Politiser Hydro-Québec, on a vu ça dans le passé. Prendre
des décisions de faire des parcs éoliens qu'on n'avait pas besoin qui ont
augmenté les coûts, qui ont augmenté les
tarifs, ça, c'est politiser, prendre de mauvaises décisions, prendre de
mauvaises décisions, augmenter les coûts, facture refilée à la
clientèle, 4,3 % en 2014, c'est exactement ça.
Maintenant, regardons ce qu'on propose au
gouvernement dans le p.l. n° 34. Ce que les
experts qui nous mentionnaient, d'ailleurs,
moins 5 %, c'est les mêmes, là, moins 5 % l'an prochain... Y a-t-il
quelqu'un qui a déjà vu un moins 5 % dans les 15 dernières années? Je
vous le dis, dans les 40 dernières, on a regardé, ce n'est jamais arrivé.
Mais l'an prochain, parce qu'on
arrive avec un p.l. n° 34, c'était moins 5 %. Alors, ces experts-là
nous disent : Oui, mais ce n'est
pas une bonne idée, à l'inflation. Pourquoi c'est une bonne idée, à
l'inflation? On transfère le risque, M. le Président. On prend le risque qui était toujours assumé par
la clientèle, qui, une année, avait 4,3 % d'augmentation, l'année
suivante, si elle était chanceuse,
sans trop comprendre pourquoi, 0,3 % d'augmentation — oui, cette année, ça va bien — l'année suivante, 2,9 %. Bien, dis donc, 2,9 %... Parce que les
experts, eux autres, ils avaient regardé ça. Nous autres, on leur dit :
Non, non, c'est l'inflation. Cassez-vous pas
la tête, ça va être à l'inflation. Puis on démontre clairement que, si ça avait
été appliqué dans le passé, vous auriez payé 2,4 milliards de moins dans
les 15 dernières années. On vous le dit.
• (15 h 10) •
Mais
qu'est-ce que ça fait pour la société d'État, ça, M. le Président? Je vais
vous le dire, qu'est-ce que ça fait. Soudainement,
la société d'État, elle connaît son revenu, elle dit : Oui, l'année
prochaine, moi, je vais avoir des revenus qui vont être gelés, puis l'année suivante ça va monter à l'inflation,
puis l'autre année, l'inflation, l'année suivante... O.K., ça va être à l'inflation, moi, ma croissance des
revenus. Et nous, comme actionnaires, là, on leur dit : Arrangez-vous pour
nous donner du dividende. Parce que le
dividende, c'est bon pour le Québec. Il faut arrêter de penser qu'Hydro-Québec,
quand ils font de l'argent, ce n'est pas bon pour le Québec, c'est excellent
pour le Québec. Ça paie le réseau de la santé, ça paie le réseau de
l'éducation, ça paie l'ensemble du panier de services des Québécois.
Alors, à la distinction,
M. le Président, on constate que, dans le passé, la facture de la clientèle a
monté plus que l'inflation, plus que
l'inflation, 2,4 milliards en 15 ans. On garantit à la clientèle
l'inflation dorénavant, plus de surprises; avant, il y a un gel. Là,
Hydro-Québec, lui, il regarde ça puis il dit : Je connais mes revenus, et
là je peux me piler sur la corde du
coeur pour réduire mes coûts parce que moi, là, je connais mes revenus, et tous
les gains d'efficience que je vais faire
dans le futur, ça va être pour les dividendes d'Hydro-Québec, pour le
gouvernement, pour son panier de services. C'est le meilleur des deux mondes, M. le Président. On assure à la
clientèle une prévisibilité, on assure à la clientèle, en fin de compte, aucun choc tarifaire et en plus on
permet à Hydro-Québec d'être plus performant. Parce que le système actuel ne favorise pas la performance, c'est un
coût en plus d'un 8,2 %. Oui, Hydro-Québec, on le sait qu'il nous donne
de la performance, mais le système tarifaire ne le favorise pas du tout.
Meilleur des deux mondes.
Alors, je
pense que ça démontre clairement, par le passé, que c'est une bonne idée de
faire ça. C'est un bon projet de loi
quoi qu'en pensent nos experts du moins 5 % l'an prochain. Les experts du
moins 5 % ne sont pas d'accord. Mais les experts du moins 5 %,
M. le Président, savez-vous ce qu'ils disent en plus? Parce qu'ils aiment ça
jouer sur les deux tableaux pour faire peur,
en fin de compte, aux gens, pour nous dire que c'est un mauvais système qu'on
propose. Alors, on a beau répéter que
la corrélation avec l'inflation a toujours été démontrée dans le passé,
malheureusement c'était un petit peu
supérieur à l'inflation. Mais ces gens-là disent, d'un côté de la bouche :
L'an prochain, ça devrait être moins 5 %,
vous allez payer trop cher, ça va être trop cher, l'inflation — pourtant, ce n'est pas ce que démontre
l'historique — et
en même temps, dans la même phrase, ils
disent : Et il pourrait y avoir un choc tarifaire parce que vous n'avez
pas assez cher. Ils font voir les
deux risques à la clientèle, je vous le dis : Vous allez payer trop cher
et pas assez cher. Ça, là, on appelle
ça brandir des épouvantails. Alors, M. le Président, quand je vois des
propositions comme celles-là des experts, je m'interroge sur la motivation de ceux-ci. Je m'interroge sur qui
défend ces groupes d'experts, ces groupes de lobbys. Qui défendent-ils?
En commission
parlementaire, M. le Président, j'ai eu l'occasion, à plusieurs reprises dans
nos discussions, de demander :
Oui, mes chers experts, quel est donc le risque pour le consommateur? Non, mais
ce n'est pas de ça qu'on veut parler,
nous, on veut parler, en réalité, que ce ne sera pas le juste prix. Non, mais
pour le consommateur, c'est quoi, le risque? Non, mais nous autres, on
veut vous parler du juste prix. Le passé, ce n'est pas ça que ça démontre.
Jamais, jamais ils ne parlaient du risque
pour le consommateur. Bien, c'est facile de ne pas en parler, moi non plus, je
n'en parlerais pas, il n'y en a pas.
Comme consommateur, je sais que, l'an prochain, je vais recevoir ma part du
500 millions selon ma consommation. Première
facturation, remboursement sur ma facture, réduction de mes coûts. Je sais
également qu'à consommation égale cette
année je vais payer le même prix, gel des tarifs. Et je sais que les quatre
années suivantes, je vais être facturé en augmentation à l'inflation. Au
Québec, on est l'endroit où on paie le moins cher notre électricité, et en
plus, par le projet de loi n° 34, on vient donner la
garantie aux consommateurs que les hausses auront un gel et quatre fois
l'inflation. Il n'y a pas de risque pour les consommateurs.
Je comprends
que les experts qui se présentent à tous les 12 mois à la régie en
chargeant des frais somme toute assez
importants pour couvrir leurs heures passées aimeraient mieux qu'on maintienne
une périodicité aux 12 mois. Mais, nous, l'intérêt qu'on défend, au gouvernement, c'est l'intérêt des
citoyens, l'intérêt de la clientèle, de la clientèle d'Hydro-Québec. Et, pour nous, la clientèle sera
gagnante par l'application du projet de loi n° 34
en termes de prévisibilité et de stabilité des tarifs. Et la clientèle et tout
le Québec seront gagnants par l'augmentation de l'imputabilité de la
société d'État afin que celle-ci ait tous
les leviers d'obtenir une meilleure performance, parce que les risques seront
dorénavant transférés à la société
d'État et non pas à la clientèle, qui, année après année, a vu fluctuer ces
hausses au gré d'analyses d'experts qui, à toutes les fois, se
trompaient du simple au double.
Alors, M. le
Président, c'est pour ces raisons nombreuses, remboursement de
500 millions, gel tarifaire la première année, qui représente une économie de 200 millions par année, avec
un taux d'inflation projeté de 1,7 %, et quatre ans à l'inflation pour les années suivantes, c'est ça
qu'on a à offrir aux citoyens du Québec, à la clientèle d'Hydro-Québec, et on
pense que c'est un sacré bon projet de loi.
Alors, ça va nous faire plaisir de le défendre article par article sur cette
base-là.
Et, pour
nous, comme je le réitère en terminant, M. le Président, notre volonté, c'est
de répondre aux besoins des citoyens,
aux besoins de la clientèle. La Régie de l'énergie garde totalement son rôle,
sauf que, pour ce volet-là de cause tarifaire
où elle écoute tous les experts, ce sera aux cinq ans plutôt qu'aux
12 mois. Toutes ses autres responsabilités sont conservées, on maintient le chien de garde. Et,
dans cinq ans, on fera une cause tarifaire pour s'assurer, en fin de compte,
que tout ce qui a été fait préalablement
était en parfaite ligne et on pourra le démontrer à ce moment-là. Merci, M. le
Président.
• (15 h 20) •
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le ministre. Merci. Je
cède maintenant la parole à M. le député de Laval-des-Rapides.
M. Saul Polo
M. Polo :
Merci beaucoup, M. le Président. Puis je salue mon collègue ministre
responsable du dossier de l'Énergie et des Ressources naturelles pour
son allocution.
Avant de
commencer avec mon introduction, M. le Président, j'ai écouté attentivement les
20 dernières minutes puis les 10 dernières minutes avant la pause
pour l'heure du dîner de mon collègue, et il nous a fait un résumé de la
semaine qu'il a vécue la semaine dernière
lors des audiences. Je vous explique. Parce que plus la semaine avançait, plus
c'était pénible. Plus la semaine avançait,
plus il sentait qu'il vivait une torture. Plus la semaine avançait, plus il
perdait patience. Plus la semaine
avançait, plus il gesticulait. Plus la semaine avançait, plus il commençait à contredire
tous et chacun qui ne pensaient pas comme lui. Plus la semaine avançait,
plus il brandissait ses tableaux à gauche et à droite. Il a même remis en question les propos d'un expert en essayant de le
ridiculiser, en lui demandant : Bien, si on annule, si on remet ça à chaque cinq ans, le dépôt d'un
projet tarifaire, est-ce que ça vous affecte, vous, comme avocat expert qui
accompagne un organisme environnemental?
Est-ce que ça vous affecte, vous, dans vos revenus, puisque votre client va
être pénalisé, puisqu'il ne pourra pas
déposer un dossier tarifaire? Mon collègue de la troisième opposition lui a mis
ça en pleine face, en lui
disant : Respectez ceux et celles qui ont pris le temps de venir rédiger
un mémoire et de venir le présenter. Plus
la semaine avançait, plus il se rendait compte qu'il faisait face à un
cul-de-sac. Et après ça, ça ne s'est pas terminé le vendredi matin, parce que, lorsqu'il a ouvert les journaux, pendant
toute la fin de semaine, la revue de presse de la fin de semaine a été... honnêtement, je pense qu'il a dû fermer son iPad puis il a dû
vouloir prendre une marche dans le bois pour essayer d'oublier toute la
revue de presse qui est sortie sur le projet de loi n° 34.
Ceci dit,
lundi matin, en ouvrant la radio, que ce soit à Montréal ou à Québec,
le journaliste Sébastien Bovet disait : En 15 ans d'expérience parlementaire, je n'ai jamais vu un projet de loi être décrié, être dénoncé, être réfuté par l'ensemble — mis
à part deux, et je vais vous expliquer pourquoi — des
groupes qui sont venus présenter leurs mémoires et qui sont venus expliquer pourquoi le projet de loi n° 34, en partie ou en totalité, est mauvais. Et ça, je vais vous dire
de quoi, ça s'appelle de la diversion, M. le
Président. Parce que, vous le savez, ce n'est pas parce qu'on parle fort, ce
n'est pas parce qu'on gesticule beaucoup, ce n'est pas parce qu'on sort
des tableaux, ou des courbes, ou des pentes, ou des corrélations, ou des chiffres à qui on peut leur faire n'importe quoi
qu'on va réussir à convaincre ses collègues, à convaincre la population. Vous savez, moi, j'ai un garçon de
10 ans. Ce n'est pas parce que je lui enfonce des céleris dans la gorge, des légumes dans la gorge que je vais réussir à le
convaincre qu'il doit manger des légumes, c'est bon pour lui. Ce n'est
pas parce qu'on enfonce un argumentaire dans la gorge des Québécois qu'on va
réussir à les convaincre que c'est nécessairement
bon pour eux. Ça, M. le Président, ce n'est pas parce qu'on fait de
l'aveuglement volontaire qu'on essaie de berner ou qu'on essaie de
présenter un argumentaire d'une telle façon que les gens ne voient que du feu.
Et ça, M. le
Président, si vous avez entendu notre collègue ministre, c'est ce qu'il vient
de faire, il vient de discréditer tous
ceux et celles qui sont passés la semaine dernière, excepté deux groupes, et je
vais vous les nommer : Hydro-Québec et une association de l'industrie électrique du Québec. Bien,
Hydro-Québec, c'est normal, on va s'entendre. Je pense que le projet de loi n° 34,
au lieu d'être signé par le ministre en question, devrait être signé par
Hydro-Québec, on va se le dire. Donc,
en partant, on va s'entendre qu'Hydro-Québec ça fait leur affaire, puis ils
pourraient prendre le crédit pour ce projet
de loi. Et l'Association de l'industrie électrique du Québec, je vais vous dire
pourquoi, parce que, pendant qu'ils nous présentaient leur mémoire... et
je l'ai fait en tout respect, je vais vous dire, pendant qu'ils nous
présentaient leur mémoire,
je me suis amusé à aller regarder sur leur site Internet pour regarder combien
de membres ils ont et qui est-ce qu'ils représentent. Et j'ai posé la question
au président en question, qui était sur place, j'ai dit : Combien de
membres vous avez? Il m'a dit :
Écoutez, on a à peu près 330 membres. Parfait. J'ai dit : Parmi vos
membres, avez-vous Hydro-Québec? Il
m'a dit oui. O.K. J'ai dit : Parmi vos membres, avez-vous le ministère de
l'Énergie et des Ressources naturelles?
Et là la personne en question a un peu hésité, et son collègue d'à côté, lui,
dit : Oui, oui. Et j'ai dit : Sur votre conseil
d'administration, est-ce que Revenu Québec est membre de votre conseil
d'administration? Et là il a été très embêté,
mais il a dit : Effectivement, Hydro-Québec est sur notre conseil
d'administration. Et là moi, je me suis retourné envers le président de la CAPERN, notre commission, j'ai dit : M.
le Président, je comprends que de se mettre d'accord entre les différents groupes parlementaires pour
faire une liste des différents groupes et experts qui souhaitent intervenir
n'est jamais un exercice facile, ceci dit je demande, comme parlementaire qui
cherche à faire son travail du mieux possible,
comme l'ensemble de mes collègues qui sont ici, s'il vous plaît, invitez des
organisations qui ont une opinion qui
est indépendante. Parce qu'à partir du moment que vous avez la société d'État
qui est la première concernée par le projet
de loi n° 34 qui siège sur votre conseil d'administration,
et à partir du moment que vous avez le ministère duquel émane le projet de loi n° 34
qui est membre de votre organisation, et que j'entends les 10 minutes de
présentation, que je prends
connaissance du mémoire, et qu'on fait... ce n'est pas juste on fait une
simple... on fait un plaidoyer totalement en faveur du projet de loi n° 34, honnêtement, à partir de ce moment-là, moi, j'ai
décroché. Parce que, nous, ce qu'on souhaite,
comme parlementaires... Et j'ai même invité mes collègues
de l'autre côté, du gouvernement, non-membres du Conseil des ministres, donc
des collègues députés, je leur ai dit : Écoutez,
c'est important, le travail qu'on fait en commission est important. Le
travail qu'on fait en commission, là, surtout lorsque vient le moment des
audiences, c'est qu'on souhaite avoir
des tierces parties qui ont pris le temps d'analyser le projet de loi, qui ont pris le temps d'analyser les pour et les contre des différents éléments du projet de loi et qui viennent nous donner leur avis, pas nous répéter l'argumentaire
de celui qui propose le projet de loi, qui viennent nous donner leur
avis indépendant, objectif sur le projet de loi. Donc, à partir de ce moment-là, moi,
j'ai interpelé le président et j'ai dit : S'il vous plaît, nous essayons
de faire un travail sérieux, alors qu'on nous arrive avec une
présentation, un mémoire, et surtout un argumentaire qui soit sérieux.
Donc, mis à
part Hydro-Québec et cette organisation-là, M.
le Président, le ministre
a vécu une semaine de torture la
semaine dernière parce que plus la semaine avançait... Et même des organisations
patronales qui avaient émis des commentaires très favorables au tout début, au lendemain du
dépôt du projet de loi le 12 juin dernier... Je fais référence
ici au Conseil du patronat du Québec, qui avait encensé le projet de loi, qui
avait émis un communiqué disant à quel point le projet de loi était nécessaire, était excellent. Quand ils sont venus
s'asseoir devant nous, la première chose qu'ils ont dit, M. le Président... et je me rappelle très bien le
porte-parole du Conseil du patronat du Québec, il dit : Nous sommes ici
et, en toute transparence, nous
n'avons pas un mandat fort de notre conseil d'administration et de nos membres
pour être totalement pour ou contre le projet de loi en question, et là
j'en passe.
Donc, on
s'entend, quand on met sur pied une liste de même, d'organismes qui viennent
nous présenter, on s'attend à ce qu'il y ait certains organismes qui
soient pour et contre et qu'ils viennent bonifier nos travaux parlementaires ou
travaux qu'on va faire éventuellement au
niveau de l'article par article. Mais le ministre a vécu une semaine difficile,
une semaine compliquée, une semaine
qui s'est terminée en cul-de-sac, et on l'a vu par la revue de presse, et je
commence par là.
M. le
Président, je vais citer un communiqué de presse que j'ai retrouvé, de
2015 : «La comédie a assez duré — la comédie
a assez duré. Les trop-perçus appartiennent aux citoyens, et le premier
ministre doit s'engager à les rembourser.» Signé «l'aile parlementaire
de la Coalition avenir Québec». Citation du premier ministre du Québec
aujourd'hui, «la comédie a assez duré». Et
je vais employer ce mot-là, je vais le répéter parce qu'à partir du
1er octobre dernier, et bientôt ça
va faire un an exactement, là, c'est une comédie que nous avons vue jusqu'au
12 juin. Je vais répéter, là, je fais référence aux paroles du premier ministre dans son
communiqué, c'est une comédie que nous avons vue, M. le Président, et tout ça
a commencé le 8 novembre de l'an dernier.
• (15 h 30) •
Le
8 novembre, là, moi, je me mets à la place de députés de la partie
gouvernementale qui venaient à peine... ça faisait deux semaines, trois semaines, qu'ils venaient à peine d'être
assermentés, je ne pense pas, M. le Président, que vous aviez eu encore votre premier caucus en bonne et
due forme. Pour l'avoir vécu en 2014, là, mes collègues, en tout respect,
devaient être sur un «high» de l'élection. Ils devaient se promener dans leur
comté, là, puis de se faire saluer, serrer les mains : Bravo! Félicitations, Jean-Jacques, Robert, hein? Parce que
c'est ça, non? Les quelques premières semaines, là, on est encore un peu sur
l'adrénaline de la campagne électorale, les 35 jours, les deux mois de
travail, de sacrifices, de longues heures. Et là le 1er octobre,
là, en fin de soirée, on a tous vécu un «high». Ceux qui sont encore ici, on a
tous vécu ce «high» là. Et le
8 novembre on est encore sur ce «high» là, et surtout pour ceux et celles
pour qui c'est la première expérience. Ils se promènent dans leur comté,
là, comme je l'ai dit, là, la famille, les amis, hein : Comment tu vas te sentir, la première fois que tu vas siéger à
l'Assemblée nationale, au salon bleu, hein? Comment tu vas te sentir dans le
caucus, hein, pour exprimer tes opinions,
pour partager ce que les concitoyens
de ta circonscription te disent et t'interpellent?, qui disent : Aïe! maintenant,
là, c'est le temps que tu nous représentes
puis que tu parles en notre nom, là-bas, et n'hésite pas, va leur dire
comment... qu'est-ce qu'on pense, chez nous.
Mais le
8 novembre, là, le 8 novembre, un premier article sort.
Pierre Couture, Journal de Montréal, Pierre Couture, Journal de Montréal — puis excusez-moi, j'ai dit le 8, c'était le
9 novembre — Pierre Couture,
Journal de Montréal, dit Trop-perçu
de 350 $ par client : Hydro ne remboursera pas. Et je vais vous citer Nadia Talbot,
porte-parole du bureau du premier
ministre, vous demanderez à vos collègues si elle est encore en poste ou
pas : «Malheureusement, dans ce cas-ci, nous ne pourrons [rembourser].» Aïe! Porte-parole du premier ministre
qui dit : «Malheureusement, dans ce cas-ci, nous ne pourrons [rembourser].» Bien, voyons donc!
Jean-Jacques qui se fait élire pour la première fois, qui pense que, regarde,
on a promis... Ma formation politique, mon chef, ma collègue de
Saint-Hyacinthe, ça fait des années, ça fait presque deux
ans qu'ils martèlent, qu'ils tapent ça sur le dos du gouvernement, qu'il faut
rembourser les trop-perçus. Les 55 000 signataires
de la pétition de la Coalition avenir Québec qui se sont exprimés. Feu, et vous
le savez très bien, feu la députée d'Arthabaska qui a été la première
ici, à l'Assemblée, en 2015, à sortir ce dossier-là, je peux la nommer, Sylvie Roy, la première, de ceux et celles
qui faisaient partie de l'ADQ, à l'époque, qui a été la première à sortir ce
dossier-là, dans lequel, à l'époque,
elle demandait qu'Hydro-Québec rembourse 10 % des trop-perçus, je vais
retrouver, là, la citation exacte,
là, 10 % des trop-perçus, à l'époque, je vais vous dire exactement ça
avait l'air de quoi. Pierre Couture, 31 mai 2017,
mentionne : «En 2015, la défunte députée de la CAQ, Sylvie Roy, avait
également parrainé une pétition de plus de 40 000 signataires
réclamant à la société d'État une baisse immédiate des tarifs d'électricité de
10 % pour compenser l'existence de ces trop-perçus.» Ça, c'est 2015.
Après
ça arrive 2017. L'actuelle députée de Saint-Hyacinthe, vice-présidente à
l'Assemblée nationale, qui présidait les travaux ce matin, qui à plus
d'une reprise était arrivée ici, à l'Assemblée, s'est levée... C'est
malheureux, M. le Président, que je ne
puisse pas montrer des images vidéo, parce que des fois les paroles parlent
d'elles-mêmes... les images parlent
d'elles-mêmes. J'ai même un iPad Pro. Si j'aurais pu amener un écran ici,
supergéant, pour vous le montrer, je
l'aurais fait. Les images parlent d'elles-mêmes. Elle s'est levée à plusieurs
reprises. Je pense que vous étiez voisins de banquette. J'étais en arrière de vous, à l'époque, vous allez vous en
rappeler. La députée de Saint-Hyacinthe a même dit dans une entrevue, en 2017, à Mme Véronique Prince, de
TVA, elle a dit : «...c'est de contourner le mécanisme que nous sommes... [qui a été] mis en place, [c'est]
qu'à chaque fois [Hydro-Québec] veut avoir une augmentation des tarifs...»
Elle dit plus loin aussi que c'est une taxe
déguisée. Aïe! Ça, je m'en rappelle parce que nous, ici, comme libéraux, on l'a
subi, là, on a subi ça pendant toute l'élection mais, en fait, dans les
dernières années, là, la clip, les «punch lines», les phrases-chocs simples
mais qui vont droit au but. Taxe déguisée. Aïe! Le député de La Peltrie,
combien de fois qu'il ne l'a pas utilisée,
celle-là? Non, je vous adresse la parole. Taxe déguisée, taxe déguisée. La
députée de Prévost va s'en rappeler, elle siégeait avec nous
à l'époque. Taxe déguisée. C'est ce que la députée de Saint-Hyacinthe disait.
Donc,
moi, là, je recule, 9 novembre, boum! j'ouvre mon Journal de Montréal,
mon premier ministre qui annonce par
la voix de sa porte-parole : Je ne rembourserai pas. O.K. Parfait. On n'a
pas encore siégé une seule journée ici, les deux semaines, fin novembre, début
décembre, ne sont pas encore arrivées, parfait, on est encore sur le «high»,
bon, on va réajuster un peu les
choses. Le temps avance, le temps avance. Pendant ce temps-là, le Conseil des ministres est constitué, certains collègues commencent déjà à annoncer
leurs priorités, la vice-première ministre annonce son projet de loi n° 1.
On arrive ici, c'est deux séances... deux
semaines intensives. Arrive Noël, le jour de l'An, bon, les gens entendent des
bonnes nouvelles quand même et laissent ça de côté.
Début 2019,
ça revient, ça ne part pas. On a ici le ministre des Finances qui est avec
nous, M. le Président, on se prépare,
tournée prébudgétaire, rencontres prébudgétaires, les différents groupes qui
commencent à faire leurs demandes, à
rappeler leurs priorités, à rappeler leurs promesses. Mais la promesse du
1,4 milliard, elle ne disparaît pas, elle revient. Les gens nous en parlent, les gens vous en
parlent. Je me rappelle très bien les deux semaines de pause parlementaire que
nous avons eues au début mars, mais juste
avant ça arrive la date du 27 février, une autre citation. Bon, la
première fois, ça n'a pas marché. On
a essayé de balayer ça sous le tapis, au mois de novembre, ça n'a pas marché,
ça revient. Arrive fin février, le
gouvernement a déjà annoncé son projet de loi sur l'harmonisation de la taxe
scolaire, a déjà commencé à annoncer
certains crédits d'impôt pour famille, et là, tout d'un coup, le premier
ministre annonce... il dit : Ah! bien, regardez, le trop-perçu, là, ça a déjà été remboursé. Ah
oui? Moi, je regarde dans ma boîte à malle juste pour voir si j'ai reçu un
chèque. Non, je n'en ai pas reçu. Et là il
explique, il dit : Bien oui, de toute façon, là, la taxe scolaire et les
crédits d'impôt à la famille, c'est ça, le remboursement des
trop-perçus. Bien, voyons donc! Bien, voyons donc!
Je
vais citer la députée de Saint-Hyacinthe, qui, dans la même entrevue de
Véronique Prince, dit : «...il ne faut pas prendre les Québécois
pour des valises.» Bien, c'est ce qui est arrivé. Le premier ministre actuel
dit, au mois de février : Ah! contentez-vous
de l'harmonisation des taxes scolaires, contentez-vous des crédits d'impôt à la
famille, puis c'est ça, le
remboursement des trop-perçus. Je n'invente rien, je répète les paroles du
premier ministre ici. Bien, voyons donc!
• (15 h 40) •
Et là la pression
populaire continue. M. le Président, ça, c'est fin février, on approche des
deux semaines de pause parlementaire pour
cause de, comment on appelle ça, là... de «March break», de semaine de relâche
scolaire. Et là on revient en Chambre,
et là, tout d'un coup, les bruits des médias nous annoncent que, tout d'un
coup, il y a un brasse-camarade qui
se passe à l'intérieur du caucus du gouvernement. Devinez pourquoi. Je vais
présumer que vous ne le savez pas.
Tout d'un coup, les députés du gouvernement se font brasser dans leurs
comtés : Aïe! Jean-Jacques, tu nous avais promis un remboursement de 1,5 milliard. Les trop-perçus, là,
ce n'est pas les taxes scolaires puis les crédits d'impôt, ne mélange pas les pommes avec des oranges, là.
Là, tout d'un coup, là, la pression se fait sentir à l'intérieur du caucus
du gouvernement, ce que les médias nous rapportent.
Le
premier ministre est obligé, fin mars, de dire publiquement, là, après que la
Fédération canadienne des contribuables ait lancé une autre pétition qui en moins d'une semaine avait déjà
40 000 signataires, imaginez, en moins d'une semaine avait déjà 40 000 signataires... et là
publiquement il dit : Regardez, moi, je vais aller voir le président, je
vais convoquer le P.D.G.
d'Hydro-Québec pour lui en parler puis qu'on trouve une solution ensemble. Ça a
l'air anodin, ça a l'air même responsable
de la part du premier ministre de dire : Je vais aller voir le P.D.G.
d'Hydro-Québec pour lui demander comment est-ce qu'on peut trouver une solution à cet enjeu-là. En fait, je vais
vous le dire en bon québécois, il est allé voir le P.D.G. puis il a dit : Aïe! comment je fais pour me
dépêtrer de ce trou-là? Comment je fais pour me sortir du cul-de-sac dans
lequel je me suis mis? Parce que j'ai
essayé de faire croire aux Québécois... j'ai essayé de présenter un
argumentaire qui n'était pas le même,
qui n'était pas identique aux promesses que j'ai présentées pendant des années,
mais là, tout d'un coup, malgré l'euphorie,
malgré le «high» des élections, nouveau gouvernement, votre gouvernement, mais
ils ne sont pas dupes, les Québécois, ils n'ont pas une poignée dans le dos, ils n'ont
pas mangé ça direct comme ça. Et là, tout d'un coup, là, lui, il se
retourne puis il dit : Comment tu peux m'aider?
Moi,
je vous le dis, là, c'est pour ça que je dis qu'Hydro-Québec devrait signer ce
projet de loi là, parce
que ça leur appartient, ils sont les auteurs du projet de loi. Et ils sont non
seulement les auteurs, ils sont les bénéficiaires de ce projet de loi là, M. le Président. Parce
que vous savez ce qui est arrivé dans
cette conversation-là? Ils ont dit, en bon français, là... ou en bon
chinois : «You scratch my back, I scratch your back.» Aide-moi à t'aider. C'est ça
qui est arrivé. Aide-moi à t'aider, aide-moi à t'aider. Et Hydro-Québec,
là, ils ont vu la porte grande comme ça. Parfait, on va vous faire un deal que vous ne pouvez refuser. Aïe! C'est ça
que le premier ministre, il dit : On va vous faire un deal que vous
ne pouvez refuser. Aïe! je m'amuse, aujourd'hui. Sincèrement, là... Et là ils ont dit : Parfait, on va
vous aider à trouver... Vous m'arrêterez, là, si je n'ai pas des... Je
ne connais pas par coeur le lexique des mots non parlementaires, M. le Président,
O.K., faites-moi un petit peu signe. Bricoler? Patenter, en bon québécois?
Ça passe. Bricoler. Bon, regarde, on va
s'asseoir sur un petit coin de table, là, on va arranger quelque chose ensemble. Je vais produire une formule mathématique
que personne ne va comprendre et que le ministre
n'est même pas capable d'expliquer correctement. O.K.? Les Québécois
n'y verront que du feu, les Québécois ne vont y voir que du feu, M. le
Président. Pendant ce temps-là, en
échange... Moi, je
faisais ça quand j'étais petit, vous vous en rappelez, on s'échangeait des cartes,
là. Regarde, je te donne une carte, tu me donnes une autre. En échange, vous allez m'enlever, M. le Président... M. le premier ministre, la régie de mes pattes pour au moins cinq ans, parce que ça me coûte trop
cher, c'est trop long, ça monopolise... ça occupe trop de personnel,
disons, juridique, ça génère trop de coûts.
Aïe! Moi,
j'ai demandé ça à Hydro-Québec, combien ça coûte, produire un dossier réglementaire. Ils m'ont dit : Ça
occupe nos équipes pendant huit mois puis ça nous coûte à peu près
entre 10 et 15 millions de
dollars. Après ça, j'ai posé la question : Parfait, le dividende d'Hydro-Québec au gouvernement, il représente combien? 3,4 milliards de dollars juste pour la dernière année. O.K. 10
à 15 millions de dollars, ça coûte trop cher, c'est trop long. Le chien de
garde qui est supposé de mettre sous
contrôle, qui est supposé d'avoir à l'oeil le monopole de l'État, qui est une
fierté pour les Québécois, mais qui est un monopole, là, vous me dites que ça
coûte 10 à 15 millions de
dollars puis c'est trop cher, c'est
trop compliqué, on a besoin de
simplifier ça, on a tellement besoin de simplifier ça qu'on a besoin d'arriver
à un projet de loi qui est simpliste.
M. le Président, c'est ça qui est arrivé. À la fin de la journée, là, le
12 juin dernier, on nous a présenté un projet de loi qui est
simpliste, un projet de loi qui fait l'affaire d'une seule institution au Québec, un projet de loi qui n'est pas à l'intérêt des Québécois,
qui est à l'intérêt d'un monopole. Essayez, vous, demain, là, de
partir l'électricité chez vous sans Hydro-Québec. C'est impossible, c'est un monopole. Parfait. Aujourd'hui, je me suis levé, le ministre s'est levé, aujourd'hui, on a souligné les
50 ans de Manic-5. Parfait. On est fiers d'Hydro-Québec, on est fiers
du fait qu'on a décidé, un jour, de
nationaliser l'électricité. Mais avec ça vient aussi le fait qu'on a mis sur
pied, dans les années 90, un tribunal administratif, un chien de garde, une institution pour contrôler le
monopole, parce que tout bon monopole, tôt ou tard, il va afficher sa gourmandise, tout bon monopole va
afficher sa volonté de toujours vouloir en faire plus, de toujours être de moins en moins transparent. C'est ça, un
monopole. Et là la Régie de l'énergie, dans le projet de loi n° 34, vient
de se faire dégriffer, le chien de
garde vient de se faire mettre en cage pendant une période de cinq ans, et on
vient de donner un chèque en blanc à Hydro-Québec à travers le projet de
loi n° 34 présenté le 12 juin dernier.
Là, je suis juste dans mon introduction, M. le Président. Je vous annonce tout ça pourquoi? Parce qu'à la fin de la journée c'est dangereux, c'est dangereux,
ce qui arrive avec le projet de loi n° 34.
On essaie de
nous expliquer ça basé sur des arguments qu'il faut de la simplification, il
faut de la prévisibilité puis il faut supposément rembourser les
Québécois, le 1,5 milliard de dollars. Simplification, tantôt, là, je vais
vous citer différents groupes qui sont venus
parler de simplification, mais je veux vous dire pourquoi, avant tout, c'est
dangereux. Parce qu'en résumé
plusieurs organismes sont venus nous dire, des organismes qui représentent des
consommateurs, des industriels, des
organismes environnementaux, des experts indépendants... ils sont venus nous
dire : Ce n'est pas moins de régie
qu'on a de besoin, c'est plus de régie. Je vous résume le tout. Ce n'est pas
moins de régie, c'est plus de régie qu'on a de besoin. Et ce qu'ils sont venus également nous dire, ils ont même
concédé : Peut-être que les mécanismes de la régie sont lourds. Bien,
alors, s'ils sont lourds, il faut les améliorer. Il ne faut pas les balayer du
revers de la main, il faut les améliorer.
Et ça, j'ai trouvé ça intelligent, parce qu'on n'a pas besoin de recommencer à
zéro, on peut améliorer ce qui existe déjà.
Premier
argument, premier argument du ministre lorsqu'il parle de prévisibilité, en
fait, laissez-moi vous parler de ça, premier argument, premier objectif,
c'est la simplification. Le premier objectif que le ministre a employé pour
justifier son projet de loi, c'est de modifier le processus servant à fixer les
tarifs d'hydroélectricité en faisant passer l'examen
des demandes d'une fois par année à une fois aux cinq ans, martelant à qui veut
l'entendre que cet objectif en était un
de simplification du processus tarifaire, c'est ce qu'il vient de répéter
tantôt. Ce projet de loi ne simplifiera aucunement le processus
tarifaire existant mais menacera plutôt l'existence même de la Régie de
l'énergie, ce mécanisme de réglementation indépendant, réel rempart des
soubresauts politiques.
Un des experts qui est venu témoigner, qui est
venu présenter, Pierre-Olivier Pineau, et Sylvain Audette, deux professeurs de HEC Montréal, je vais vous
lire une partie de leur mémoire : «Même si certains sont en accord avec
les prémisses précédentes qui guident le
projet de loi n° 34, son application soulèvera beaucoup de problématiques
pour respecter les bonnes pratiques
reconnues en régimes démocratiques. Ces bonnes pratiques de gestion des
monopoles publics se résument globalement à l'article 5 de l'actuelle Loi
sur la Régie de l'énergie — et je cite : "Dans l'exercice de ses fonctions, la régie assure la conciliation
entre l'intérêt public, la protection des consommateurs et un traitement
équitable du transporteur d'électricité et
des distributeurs. Elle favorise la satisfaction des besoins énergétiques dans
le respect des objectifs des politiques énergétiques du gouvernement et dans
une perspective de développement durable et d'équité au plan individuel
comme au plan collectif."»
Je termine la citation : «Cet
article 5 central et global, avec d'autres éléments plus spécifiques de
l'article 49, protègent l'investisseur,
le consommateur et le citoyen sans favoriser un acteur en particulier au
détriment des deux autres. Ce sont ces prémisses
décrites en détail dans l'article 5 de la loi actuelle qu'il faut
s'assurer de respecter, celle de la "simplification"
est certes souhaitable et possible mais ne doit assurément pas être au coeur de
la justification de l'adoption du
projet de loi n° 34 final.» Je vais répéter la dernière
phrase : «...mais ne doit assurément pas être au coeur de la justification
de l'adoption du projet de loi n° 34 final.»
• (15 h 50) •
«Malgré ces
"trop-perçus", et donc ces écarts de rendement favorables au-delà du
8,2 % jugé raisonnable [par] le gouvernement [qui est] l'actionnaire au
sens de la loi actuelle, les consommateurs québécois ont toujours bénéficié des
tarifs les plus avantageux en Amérique du Nord. Les consommateurs
résidentiels d'électricité québécois, de surcroît, bénéficient d'un interfinancement protégé par la loi et
l'article 52.1, qui réduit leur facture annuelle de près de
1 milliard de dollars en faisant
payer davantage les consommateurs commerciaux et industriels. Alors que les Québécois paient les plus bas tarifs d'électricité en Amérique du Nord, leur hydroélectricité est en forte demande autant pour des projets
de développement économique au Québec et pourrait être exportée davantage chez nos
voisins — par exemple, le contrat avec le
Massachusetts et les discussions avec la ville de New York.
De plus, l'électrification des transports et la possible électrification
du chauffage et de certains usages industriels pourraient faire augmenter
significativement la demande d'électricité au Québec.»
Je
poursuis : «Aussi, nous reconnaissons que le rôle de la régie et du
monopole du service public pourrait devoir évoluer par rapport au statu quo.» Donc, ce n'était pas blanc et
noir, en effet. Il y avait des belles propositions qui ont été
présentées, la semaine dernière, et ça,
ici, on le démontre. «Le Québec est dans un contexte d'aspiration à la
décarbonisation et d'opportunités
économiques directement liées à l'électricité sans carbone, des
changements dans le cadre réglementaire du secteur électrique pourraient
être extrêmement opportuns. Le projet de loi n° 34, par
contre, ne vise aucunement à réactualiser le
cadre réglementaire actuel.» Je répète : «Le projet de loi n° 34, par contre, ne vise aucunement à réactualiser le cadre réglementaire actuel. Il fige plutôt la
tarification de l'électricité dans un carcan politique, sans régler les problèmes
de la Régie de l'énergie justifiant la
prémisse de la simplification, mais en créant d'autres, potentiellement plus
dommageables pour le Québec à court, moyen et long terme.
«Ce mémoire
débute par un bref retour sur les principes de la tarification de l'électricité
au Québec afin de bien camper le
débat. Nous [allons élaborer] ensuite sur la pertinence de l'idée proposée
d'utiliser l'inflation comme facteur de
croissance de taux et de tarifs. [Et] on poursuit avec une présentation
d'enjeux réels que connaît la Régie de l'énergie, que le projet de loi n° 34 peut temporairement contourner, mais en aucun cas
régler. Enfin, les problèmes de fond du projet
de loi n° 34 sont résumés. Une conclusion avec des
recommandations clôt le mémoire.» Ça, M. le Président, c'est deux professeurs de HEC Montréal, deux personnes
qui sont venues nous présenter leur mémoire la semaine dernière.
Je vais
poursuivre avec l'Association québécoise des consommateurs industriels
d'électricité, qui disait qu'il faut maintenir la transparence du
système, donc une défense de la Régie de l'énergie : «C'est cette
nécessité reconnue de réglementer le monopole d'État qu'est Hydro-Québec
Distribution comme tout autre monopole d'utilité publique en Amérique du Nord qui avait mené à la création de
la Régie de l'énergie, organisme indépendant pouvant fournir cette transparence dans la fixation de tarifs
industriels d'électricité compétitifs pour les entreprises du Québec — je cite : "La création d'une régie de l'énergie, dotée de
pouvoirs décisionnels, apportera transparence et équité dans le fonctionnement
du secteur énergétique québécois, dans la
définition des tarifs des entreprises réglementées. Sa mise en place garantira
que les choix d'investissement sont effectués en connaissance de cause et que
le public y participe pleinement."
«Depuis sa
création, la Régie de l'énergie a rempli son mandat de manière utile pour
inspirer confiance dans les tarifs d'électricité que se voient imposer
les industriels du Québec.
«Tel que la
régie le rappelait dans son Avis sur les mesures susceptibles d'améliorer les
pratiques tarifaires dans le domaine de l'électricité et du gaz
naturel — Perspectives 2030 :
«"La fixation des tarifs repose sur trois
grandes étapes qui visent à ce que les consommateurs paient les coûts encourus
pour leur fournir l'électricité selon le principe de la vérité des coûts..."»
Pas l'inflation, la vérité des coûts. L'inflation
n'est pas le juste prix, M. le Président. La vérité des coûts selon la vraie
croissance des coûts et des estimations des revenus.
«"La détermination des revenus requis
s'effectue habituellement chaque année et consiste à reconnaître l'ensemble des coûts nécessaires à la prestation
de service. Quelle que soit la méthode employée, sur la base du coût de service
ou d'un mécanisme de réglementation incitative, le résultat reflète
essentiellement le coût moyen de desserte.
«"[...]Les
tarifs doivent effectivement être fixés de telle sorte qu'ils puissent
permettre au distributeur, dans des conditions
d'affaires normales, de générer des revenus suffisants pour couvrir ses coûts
d'opération et de capital, incluant un
rendement raisonnable sur les capitaux investis. Ils doivent également
transmettre au consommateur un bon signal de prix qui induit une
utilisation efficace du service."
«Ces principes de base en matière de
réglementation d'un monopole de service d'utilité publique comme Hydro-Québec Distribution sont essentiels pour
assurer la transparence et la confiance — la transparence et la confiance — des clients
dans l'exercice de fixation des tarifs, ce qui favorise des tarifs compétitifs
pour les consommateurs d'électricité.
«Le projet de
loi n° 34 élimine, à toutes fins pratiques, ce système
transparent de fixation des tarifs au détriment de tous les consommateurs d'électricité. La suppression par le projet de
loi n° 34 des principes fondamentaux applicables partout ailleurs en Amérique du Nord pour la
fixation des tarifs d'électricité d'un monopole nuira notamment au climat
de confiance qui est essentiel chez les investisseurs des entreprises
industrielles[...].
«Cette
stratégie est particulièrement surprenante de la part d'un gouvernement qui dit
vouloir être le gouvernement de la
transparence.» Ce n'est pas moi qui le dis, je cite. «Cette stratégie est particulièrement
surprenante de la part d'un gouvernement qui dit vouloir être le
gouvernement de la transparence.
«L'importance d'une régie de l'énergie
indépendante.
«Le processus de
réglementation de l'énergie, qui dans l'ensemble a fait ses preuves au Québec,
a permis un contrôle relativement serré des tarifs d'Hydro-Québec Distribution.
«L'AQCIE estime que, sans la création de la
Régie de l'énergie pour moduler les demandes d'Hydro-Québec Distribution, les
clients au tarif L paieraient notamment 23,3 % plus cher pour une même
consommation.
«Il est tout
aussi pertinent de constater que, si cette facture avait été augmentée en
fonction de l'inflation — tel que le ministre essaie à maintes reprises de nous faire la
démonstration — elle
l'aurait été de 49,7 % entre 1997 et 2019.» Donc, un peu plus que 30 ans... un peu plus de 20 ans.
«L'augmentation réelle de la facture du client au tarif L a ainsi
été de 19,2 % moins élevée que l'inflation pour cette période.
«Pour les
entreprises québécoises qui tentent de se démarquer et de se développer, le
système de réglementation en place
actuellement est crucial puisqu'elles ne peuvent pas se fier sur Hydro-Québec
Distribution et son actionnaire — le gouvernement — pour réduire leur "appétit" de
tarifs. Elles doivent pouvoir compter sur un régulateur indépendant, comme
la Régie de l'énergie.
«De plus,
cette dernière a mis en place, depuis l'année tarifaire 2018, un mécanisme
de réglementation incitative qui est
exigeant pour Hydro-Québec Distribution. Le monopole doit, en effet, déployer
des efforts pour réduire ses dépenses, mieux cibler ses investissements,
et ce, tout en améliorant la qualité du service à ses clients.
«Dans le cadre de ce MRI — du
mécanisme de réglementation incitatif — la majeure partie des coûts
de distribution d'Hydro-Québec Distribution
sont assujettis à une formule d'indexation annuelle de ses tarifs qui prévoit
une augmentation à l'inflation diminuée d'un facteur de
productivité — fixée
à 0,3 % jusqu'à l'année tarifaire 2021.
«Malheureusement,
le projet de loi n° 34 abolit la revue annuelle des tarifs
d'Hydro-Québec Distribution — abolit la revue annuelle des tarifs d'Hydro-Québec Distribution — et supprime l'article de la Loi sur la Régie
de l'énergie qui obligeait la Régie
de l'énergie à mettre en place un tel [mécanisme] pour Hydro-Québec
Distribution et Hydro-Québec TransÉnergie.
• (16 heures) •
«Les consommateurs industriels d'électricité
s'opposent aux changements majeurs qu'introduit le projet de loi n° 34, car ils perdront le
seul forum public qui leur est donné pour questionner et s'opposer, si requis,
aux demandes de hausses tarifaires
d'Hydro-Québec Distribution. L'illusion de procéder à un tel exercice de revue
[de] coûts d'Hydro-Québec
Distribution une fois par cinq ans leur apparaît n'être qu'un exercice de
relations publiques pour justifier des hausses tarifaires futures...»
C'est des
mots durs, «illusion», «exercice de relations publiques pour justifier des
hausses tarifaires futures». Mais, je
le sais, le ministre de l'Énergie a fait la même chose la semaine dernière, il a réfuté tous ces arguments-là. Et
vous avez bien remarqué, M. le Président — puis
je prends une petite pause de ma citation — il n'a jamais cité aucun organisme dans son argumentaire pour venir soutenir son
plaidoyer. Il est mal pris, il n'y a personne qui l'a appuyé, à part, bien sûr,
l'Association de l'industrie électrique du Québec,
qui siège sur le conseil
d'administration et dont le ministère
est membre, entre autres.
«En effet, le projet de loi n° 34 prévoit plutôt
que la revue des coûts d'Hydro-Québec Distribution ne se fasse qu'une fois par cinq ans. L'AQCIE est hautement
préoccupée par le manque de surveillance et de suivis que les clients d'Hydro-Québec
Distribution auront quant aux coûts
qui leur seront refilés lors de ces réajustements des tarifs, une fois
expirée la période de cinq ans.
«Les clients
qui payent les factures d'Hydro-Québec
Distribution doivent être d'autant
plus inquiets que l'expertise [déployée] par le personnel de la Régie de
l'énergie et par les divers intervenants participant aux dossiers tarifaires d'Hydro-Québec
Distribution sera perdue ou, à tout
le moins, [...]diminuée par cette absence de dossiers tarifaires annuels.
«Hydro-Québec Distribution est une organisation de grande envergure et les
ressources dont elle dispose pour faire
approuver ses demandes sont inégalables. Il y a déjà actuellement une asymétrie
de moyens et de ressources pour questionner et forcer Hydro-Québec [...]
à justifier ses demandes que les clients doivent payer.
«Les groupes
de consommateurs, [dans ce cas-ci, un
consommateur industriel] comme
l'AQCIE, qui interviennent devant la
régie doivent sélectionner les enjeux dont ils veulent débattre dans les
nombreuses demandes d'argent et d'approbation
faites par HQD dans un dossier tarifaire typique. Il "faut choisir nos
batailles", vu nos ressources beaucoup plus limitées qu'Hydro-Québec
Distribution.
«Les enjeux
que nous laissons de côté une année donnée peuvent néanmoins être abordés
l'année suivante si la demande est
réitérée par HQD. Le fait qu'Hydro-Québec
Distribution doive justifier ses
demandes de tarifs annuellement compense en partie cette asymétrie de
moyens entre le monopole et ses clients qui payent ses coûts.
«Procéder à
des dossiers tarifaires une fois par cinq ans rendra donc illusoire — illusoire — l'utilité
du processus réglementaire. Cette approche équivaut à "donner [une]
carte blanche" — d'autres
ont dit "un chèque en blanc" — à Hydro-Québec Distribution.
«Nos
vérifications [de] systèmes de réglementation de monopoles de distribution
d'électricité ailleurs en Amérique du
Nord nous amènent à constater que celui envisagé par le projet de loi n° 34
serait unique. En bref, le Québec serait l'exception en ne permettant plus à ses consommateurs
d'électricité[...], d'avoir accès à un régulateur indépendant offrant un
forum public pour la fixation [de ces] tarifs qu'ils doivent payer.
«Pour les
entreprises mondialisées qui sont membres de l'AQCIE, que le Québec devienne la
juridiction où la fixation des tarifs
d'électricité pour ses industries est la moins transparente en Amérique du Nord
est une préoccupation majeure et nuit au développement des usines du
Québec.»
Et je
continue. «L'approche proposée dans le projet de loi n° 34 sépare les tarifs
des coûts qu'ils sont censés refléter. En
prévoyant indexer les tarifs selon [l']inflation plutôt [qu'en] suivant
l'évolution des coûts requis par HQD pour servir ses clients, on favorise des tarifs qui permettront à HQD de générer des
revenus supérieurs à ses besoins — "supérieurs.
«Le
projet de loi n° 34 engendrera donc des tarifs qui ne [sont] pas "justes
et raisonnables" et qui généreront des rendements au-delà du "rendement raisonnable" pour l'actionnaire
de HQD. Ceci va à l'encontre de la législation actuelle qui reprend ces concepts de saine réglementation
de monopole de distribution d'électricité en obligeant la Régie de l'énergie
à fixer des tarifs "justes et
raisonnables" et à ne permettre qu'un rendement "raisonnable"
pour le monopole et son actionnaire.
«Pour les
industries, la tarification en vigueur doit représenter les coûts réels d'HQD,
être transparente et permettre le
maintien d'un équilibre au niveau du développement économique, d'autant plus
qu'une économie forte permet d'offrir un panier de services encore plus
large aux citoyens.
«Pourtant, depuis au moins 2016, ce rendement
considéré "raisonnable" sur le capital propre investi dans le
monopole qui a l'exclusivité de la distribution d'électricité sur la presque
totalité du territoire québécois est de 8,2 %. Plusieurs [considéraient] déjà qu'un rendement de 8,2 % pour un
monopole tel HQD, est plus que raisonnable. Le projet de loi n° 34 permettra un rendement pour HQD
au-delà de ce 8,2 %, et ce, aux frais des consommateurs d'électricité du
Québec.»
Ça, c'est le premier argument, M. le Président,
là. Je vais continuer parce que j'ai d'autres citations.
Mais je vais prendre une petite pause de ma
présentation, M. le Président, pour... selon ma connaissance du processus qui
mène au dépôt d'un projet de loi, lorsqu'un collègue élu est membre du
gouvernement, est membre de l'exécutif, est
membre du Conseil des ministres... Et là je suis bien content qu'ici, dans la
salle, sans les nommer, on ne peut
pas... Vous savez, on ne peut pas nommer l'absence d'un collègue, mais on peut
quand même nommer la présence de
certains collègues. Moi, je suis bien content, M. le Président, d'avoir la
présence de mes collègues, ici, de l'opposition officielle, mais je suis également bien content de souligner la présence
de collègues de l'autre côté, du côté gouvernemental, qui, pour la
majorité, pour la majorité, sont membres du Conseil des ministres.
Mais vous
savez ce qu'il arrive lorsqu'un projet de loi est déposé? C'est que ça avance
selon certains mécanismes. Tout
d'abord, c'est débattu en comité ministériel. Après ça, il faut que ça passe à
un comité législatif avant que ce soit présenté en Conseil des
ministres, avant que ce soit présenté en caucus. Ou c'est l'inverse.
Une voix : ...
M. Polo : C'est plus tard?
C'est le Trésor. Le Trésor. Voilà. Voilà, le Trésor. Non?
Une voix : ...
Le
Vice-Président (M. Picard) : Oui. Non, mais c'est ça. Mais on
s'adresse à moi. Et une personne a la parole.
M.
Polo : De La Prairie, hein? C'est bien ça? Le député de
La Prairie? Ancien député de Lévis. Voilà. Exactement.
Mais tout ça
pour vous dire que c'est comme un jeu de domino qui se suit pour finalement
aboutir au dépôt d'un projet de loi.
Mais ces
présentations-là, des fois, peuvent être très longues ou peuvent être très
brèves. Mais, lorsque ça aboutit en
caucus ou même en Conseil des ministres, il y a plusieurs dossiers qui sont
présentés, parce que chaque collègue ministre, chaque ministre veut présenter un projet de loi, chaque ministre veut
présenter un avancement d'un dossier ou d'un projet qu'il veut faire avancer.
Et moi, je
doute, M. le Président, je doute sincèrement. Et là je viens de vous faire deux
citations et je viens de prendre quelques minutes pour faire ces
citations-là. Je doute que les collègues membres du Conseil des ministres, le
collègue président du Conseil du trésor, les collègues membres du comité
législatif, les collègues membres du caucus gouvernemental, je doute qu'ils
aient vécu la semaine qu'on a vécue la semaine dernière, d'avoir une quinzaine
de présentations, d'avoir des mémoires qui,
en moyenne, avaient entre 10 à 15 pages sinon plus, d'avoir des
affirmations très dures sur la
qualité du projet de loi. Je doute, je doute que mes collègues de l'autre côté,
en toute connaissance, en pleine connaissance des détails du projet de loi
n° 34, se soient dit : Ah! c'est dans l'intérêt des Québécois.
Puis : Ah! vous savez quoi? Ça
va répondre aux promesses de ma formation politique, ça va répondre aux
attentes des Québécois, ça va répondre à l'enjeu des trop-perçus. Et ça,
c'était l'argument n° 1.
L'argument n° 2, c'est
au niveau du mécanisme. Parce que, là, je vous ai parlé... Là, ici, je vous ai
parlé de simplification, simplification du
processus. Donc, ça touchait le Régie de l'énergie. Là, je vais vous parler de
prévisibilité, qui est l'autre
argument employé par le ministre pour décrire une formule mathématique qui,
selon lui... En fait, un tableau, qui,
selon lui, va permettre aux Québécois de mieux comprendre comment la hausse des
tarifs d'hydroélectricité va se faire au cours des prochaines années.
Et je vais
vous citer, ici, Option Consommateurs. Option Consommateurs, à la page 8
de son mémoire, dit : «Le projet
de loi n° 34 propose d'indexer les tarifs d'électricité au
rythme de [l'inflation] des prix à la consommation. Au-delà des enjeux soulevés précédemment, les
consommateurs [...] sortiraient-ils gagnant d'un point de vue strictement
monétaire? Nous nous permettons d'en
douter.» Option Consommateurs, M. le Président. Donc, ici, il ne s'agit pas des
moyennes entreprises, ou des petites
entreprises, ou des industriels dans le secteur de l'énergie, ou des grandes
entreprises. Non. Ici, on parle des
consommateurs, de M. et Mme Tout-le-monde, de vous et moi qui avons des
factures d'électricité à payer à chaque mois.
• (16 h 10) •
«D'abord, a priori, rien ne justifie que
l'évolution des tarifs d'électricité doit suivre celle des prix à la consommation. Les deux baisses de tarifs accordées
par la régie au distributeur en 2011 et 2012 sont des exemples. Dans le
domaine du gaz naturel, l'entreprise Énergir demande cette année à la Régie de
l'énergie une baisse des tarifs de 14,4 %. Et
pour donner un exemple dans une autre juridiction canadienne, le distributeur
d'électricité [d'hydroélectricité en Colombie-Britannique]
BC Hydro demande à la Commission de
l'énergie de la Colombie-Britannique de diminuer ses tarifs de 1 %.
«Bref, la relation
entre les tarifs d'électricité et les prix moyens à la consommation est loin
d'être naturelle. L'évolution des tarifs
d'électricité dépend plutôt [de] contextes d'affaires, économiques et
politiques dans lesquels évoluent les distributeurs. Au contraire, indexer
les prix de l'électricité à l'inflation ferait en sorte de les rendre sensibles
aux variations [des] composantes volatiles
loin de la réalité du marché de l'électricité, comme les variations du prix du
pétrole.
«Lorsqu'on examine
l'historique de l'évolution des tarifs et des prix à la consommation, les
résultats varient selon la période de base retenue et des indices de prix
retenus. Hydro-Québec illustre par exemple dans ses dossiers tarifaires que la croissance de ses tarifs a été
inférieure à l'évolution de [l'IPC], l'Indice des prix à la consommation, pour
l'ensemble du Canada. En prenant une période
plus récente et en retenant l'indice des prix à la consommation proposé
dans le projet de loi n° 34, on peut voir que
[l'évolution] des tarifs d'électricité et des prix à la consommation ont été similaires, mais avec des tarifs tout de même
situés sous l'inflation sur presque l'ensemble des 10 dernières années.» Sous
l'inflation.
L'Union des
consommateurs disait : «On pourrait être tenté de dire qu'une augmentation
annuelle des tarifs d'électricité selon le
taux d'inflation aurait un résultat similaire pour les clients à l'indexation
de 90 % des revenus requis associés à
la distribution de l'année précédente. Or, rien ne le garantit. Seul un examen
détaillé des prévisions [des] coûts et [des] revenus permettrait d'établir la
réelle progression des coûts et des revenus. C'est à cela que sert
principalement le processus réglementaire de fixation des tarifs
d'électricité.»
Alors,
moi, je reviens à ma question de base. Ça, c'est le deuxième argumentaire, moi,
je reviens à la question de base, M.
le Président : Pour qui et au
bénéfice de qui? Pour qui et au bénéfice de qui est ce projet de loi? Si les industriels nous
disent que ce n'est pas à leur avantage, si les consommateurs nous disent que
ce n'est pas à leur avantage, alors c'est à l'avantage de qui, M. le
Président?
Le
troisième argument du ministre, c'est le remboursement des trop-perçus
de 1,5 milliard. Et là, ici, on dit, parce qu'il faut diviser ce montant-là en deux, il y a
le 500 millions de dollars, la remise en début d'année 2020, puis il y a
le 1 milliard qui, selon la
formule mathématique employée, bricolée, patentée pour expliquer le tout, sur
une période de cinq ans, va
permettre, à terme, de justifier le remboursement du 1 milliard
de dollars. L'Association québécoise des consommateurs industriels d'électricité
dit : «On ne peut passer sous silence ici que cette "remise"
annoncée de 500 millions n'est aucunement une compensation pour les excédents
de rendement — pour
les excédents de rendement — des
années antérieures à 2017 qu'Hydro-Québec [...] avait empochés en entier...» La Fédération canadienne des contribuables dit la chose suivante : «L'autre mécanisme de
remboursement préconisé par le gouvernement dans le projet de loi n° 34 est le versement d'un
rabais unique de 500 millions [...] aux clients d'Hydro-Québec avant le 1er
avril 2020. Ce rabais proviendrait des
montants cumulés dans les comptes d'écarts d'Hydro-Québec en date du 31
décembre 2019. Bien que les consommateurs accueillent ce rabais à bras ouvert, il est faux d'affirmer qu'il s'agit
d'un "cadeau" du gouvernement.» Il est faux d'affirmer qu'il
s'agit d'un cadeau du gouvernement, M. le Président.
Pourquoi
je vous dis tout ça? Parce que le mécanisme de remboursement incitatif déployé
en 2017 permettait déjà d'anticiper
que le 500 millions allait être versé au cours des trois à cinq prochaines
années. Permettait déjà d'anticiper qu'il
allait être versé au cours des trois à cinq prochaines années. Donc, moi, je me
suis amusé à dire, la semaine dernière, en entrevue à la radio, et je fais référence encore à mon garçon de
10 ans, qui va fêter son 11e anniversaire le 29 octobre prochain...
Aujourd'hui, on est quoi, le 26? On est le 26, aujourd'hui. Si moi, je lui
donne un cadeau lundi prochain, 29
septembre, mon garçon de 10 ans, il va le savoir, que je suis juste en train de
devancer un cadeau que j'allais de toute façon lui donner un mois plus tard. Alors, de se lancer des fleurs, de
prendre le crédit, de dire : Vous
savez, on est un bon gouvernement, on est votre gouvernement, on vous a
entendu, on respecte notre parole après avoir passé des mois à essayer de — j'essaie
de bien choisir mon mot, M. le
Président — à
essayer de se rattraper sur ce qu'ils ont tenté de faire pendant des mois, de faire... en fait, de
reculer — c'est
parlementaire — de
reculer sur leur promesse — c'est plus facile de faire ça en entrevue qu'au salon bleu,
hein, vous savez, c'est plus facile — c'est de reculer sur leur
promesse des deux dernières années, et là,
tout d'un coup, ils disent, 12 juin dernier : On vous donne un
cadeau. Non, ce 500 millions allait, de toute façon, être remboursé
sur les trois à cinq prochaines années.
Et
le milliard qu'il reste, aucun groupe n'a réussi à arriver à ce calcul, aucun
groupe. La Fédération canadienne des
contribuables nous a dit : Sans le dépôt d'un projet tarifaire, on ne peut
pas estimer, on ne peut pas confirmer, on ne peut pas soutenir la thèse,
les prétentions, les suppositions du ministre que ce milliard-là va être rendu
dans les poches des Québécois. Alors, on
joue à quoi? On joue à quoi, M. le Président? Je vois qu'il me reste deux
minutes, je vais arriver à ma
conclusion. Le ministre a lui-même reconnu, en entrevue, a lui-même reconnu, en
entrevue, qu'il existe un risque que les consommateurs puissent payer un
peu plus cher avec le nouveau système. Le ministre l'a lui-même reconnu.
Hier,
le premier ministre, il se lève et nous présente son interprétation du projet
de loi sans réellement, réellement démontrer
de quelle façon les Québécois vont être remboursés. Moi, à la fin de la
journée, là, M. le Président — et je sais qu'il reste une minute — ce projet de loi, et mes collègues des
oppositions ont leur propre argumentaire, ce projet de loi là doit être réécrit au complet. Les Québécois
peuvent recevoir leur 500 millions en début d'année, là, mais il doit être
réécrit au complet parce que c'est
une... honnêtement, là, c'est un travail amateur qui a été fait. Et renvoyez ça
à Hydro-Québec s'ils veulent
l'encadrer comme une tentative d'essayer de faire leur part. À la fin de la
journée, là, c'est dans l'intérêt des Québécois
qu'il faut travailler. Remboursez les 1,5 milliard tel que vous l'avez
promis que ce soit en crédits d'impôt, que ce soit sur la facture, que ce soit par chèque. Le président du Conseil
du trésor est ici. La députée de Saint-Hyacinthe avait dit : C'est
au Conseil du trésor de rembourser les Québécois.
Et
vous savez quoi? Je l'ai dit en entrevue et je le répète ici : On a payé
le prix le 1er octobre dernier. Ceci dit, l'argent est dans les
coffres de l'État, ils ont les moyens de rembourser les Québécois directement. Merci
beaucoup, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le député. Je
cède maintenant la parole à Mme la députée de Mercier.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Merci, M.
le Président. Je suis très contente,
là, je suis très heureuse,
aujourd'hui, de prendre le temps pour
parler du projet de loi sur
les tarifs d'Hydro-Québec, le projet de loi n° 34, dont on est maintenant
rendus à l'étape de l'adoption du principe.
C'est un projet de loi qui a fait
couler beaucoup d'encre avant même son existence. Il a fait beaucoup couler d'encre comme tout ce qui touche notre société
d'État. C'est toujours un sujet qui passionne les Québécois, on le sait,
depuis la nationalisation de notre hydroélectricité
par René Lévesque en mai 1963. On sent... on a toujours... les
Québécois sont... Hydro-Québec, il
fait partie d'un des mythes fondateurs de notre nation et aussi un des mythes
fondateurs du Québec moderne.
D'ailleurs, ce matin, on a voté une motion pour célébrer les 50 ans de
l'inauguration de Manic-5, et on sentait la fierté des élus de se
remémorer et de se rappeler ce moment qui a été extrêmement important, et parce
que nous en sommes fiers, comme je le disais.
Mais,
autant les Québécois peuvent être fiers de leur société d'État et des grands
projets hydroélectriques qui ont fait la grandeur du Québec moderne, autant, ces derniers temps, ils se
sont sentis bafoués par cette société d'État. Qu'on pense, par exemple, à la saga de la ligne haute
tension à Saint-Adolphe-d'Howard où d'ailleurs ça continue, la lutte des
citoyens, je ne dirais pas contre, mais contre, en fait, les
comportements d'Hydro-Québec, moins que contre la société d'État, parce que la société d'État, ils l'aiment,
comme tous les Québécois, ou qu'on pense, par exemple, à la centrale
Manouane Sipi.
• (16 h 20) •
Donc, la
relation, cette relation-là que les Québécois entretiennent avec Hydro-Québec est loin d'être
un long fleuve tranquille. Juste
hier, j'étais dans la circonscription de Jean-Talon, ici, à Québec, et j'ai eu une conversation avec
un jeune homme de 19 ans. Il
venait d'avoir, d'ailleurs, 19 ans. Et il m'a dit à quel point il a été
touché au plus profond de lui-même
et même ému jusqu'aux larmes en écoutant le podcast, que d'ailleurs je
conseille à tout le monde, de la pièce de théâtre J'aime Hydro de Christine
Beaulieu. Et moi, je suis allée voir cette pièce de théâtre, et c'est vraiment
incroyable à quel point on peut
parler d'Hydro-Québec de façon passionnante, et c'est ce que je vais
tenter de faire, de parler d'un projet
de loi qui, somme toute, est technique, mais je vais essayer de le faire avec
passion et avec... pour maintenir votre intérêt pendant mon intervention.
Donc, ce
jeune homme, ce qu'il me disait, c'est qu'en l'écoutant il a été étonné aussi
de sa réaction parce qu'il a eu l'impression que son imaginaire, son identité de Québécois,
à ce jeune homme, a été marqué par les grands barrages hydroélectriques qui ont été construits avant même sa naissance, peut-être
même avant même la naissance de ses propres parents. Et aujourd'hui il ajoute qu'en ayant écouté cette pièce de
théâtre il se rend compte que cette fierté... malgré cette fierté, il
faut quand même qu'on accepte qu'Hydro-Québec doit changer pour qu'on fasse des
constructions ou qu'on continue à avancer
avec notre société d'État, mais de façon différente et de le faire
autrement. Mais évidemment là n'est pas le sujet. Je vais revenir au projet
de loi n° 34.
Donc, de
façon peut-être erronée, certainement erronée, souvent, on va dire rapidement... le projet de loi n° 34, on va
le nommer comme le projet de loi des trop-perçus. En réalité, c'est le projet de loi sur les tarifs d'Hydro-Québec. Le projet
de loi, je vais le démontrer, n'a
rien à voir avec les trop-perçus d'Hydro-Québec. Ça a été le prétexte pour que le gouvernement
arrive avec un projet de loi, mais le contenu même ne fait aucun remboursement
des trop-perçus, c'est totalement un autre sujet.
Mais je vais quand même
dresser un petit historique pour qu'on se rappelle bien pourquoi
est-ce qu'aujourd'hui le gouvernement a déposé ce projet de loi, et
pourquoi on est rendus ici à l'adoption de principe, et on va continuer toutes
les étapes du processus de son adoption.
Donc, je vais faire un petit rappel des trop-perçus... ou le terme plus exact,
c'est les écarts de rendement de la société d'État.
Donc, pour la
CAQ, tout a commencé lorsque le parti était dans l'opposition et... avec
raison... et, en 2017, dans une mise en scène extrêmement éloquente et
dont on parle souvent parce qu'elle a quand même marqué les esprits, la députée de Saint-Hyacinthe a déposé, en Chambre,
une pétition de 48 000 noms. 48 000 noms pour une pétition à l'Assemblée nationale, c'est quand même très, très
rare. Je pense que les pétitions qui fonctionnent très bien à l'Assemblée
nationale vont recueillir
15 000 signatures. Il y en a peut-être une qui en a recueilli... je
n'ai pas le chiffre en tête, mais un nombre
substantiel de signatures, mais c'était en lien avec un précédent premier
ministre, mais je ne vais pas la nommer tout de suite, je pense que tout
le monde se rappelle, et cette pétition, à l'Assemblée nationale, a été
marquante.
Mais donc
celle-là, celle qui a été déposée en 2017 par la députée de Saint-Hyacinthe...
Et je vais citer la députée, à
l'époque, ce qu'elle disait quand elle l'a déposé en Chambre ou dans les
conversations avec les journalistes, elle disait que le gouvernement... Là, je ne sais pas si je peux le nommer, mais le
gouvernement du précédent premier ministre «ne peut ignorer les 48 000 Québécois qui ont manifesté leur
colère et qui ont signé notre pétition pour exiger un remboursement des
trop-perçus d'Hydro-Québec».
À l'époque,
le député de L'Assomption, maintenant qui est devenu notre premier ministre, se
levait pratiquement tous les jours en
Chambre, tous les jours. Et peut-être que ce serait intéressant de revoir ses
questions en Chambre pour se rappeler
ce qu'il disait. Mais, en gros, il qualifiait ces trop-perçus, et, encore une
fois c'est avec raison, de «taxe déguisée et sournoise», et là je le cite, je cite les mots
de notre premier ministre à l'époque, «et même de vol». Donc, il ne mâchait
pas ses mots pour qualifier cette injustice
que les Québécois vivaient par rapport au fait que la société d'État
accumulait, année après année, les
trop-perçus sans que... Ce que ça avait comme conséquence, c'est que les
Québécois ne payaient pas un prix
juste, un prix équitable, un prix raisonnable de leur hydroélectricité. Parce
que cette hydroélectricité n'appartient pas à Hydro-Québec, n'appartient pas au gouvernement, n'appartient pas à
cette Chambre, elle appartient à tous les Québécois et toutes les
Québécoises.
Mais évidemment ça ne sera pas une première. On
a déjà vu ça. Une fois élu, il y a une expression que j'aime souvent dire : Après avoir déchiré sa chemise
dans l'opposition, le premier
ministre a reviré sa chemise de bord une fois qu'il est rendu au
gouvernement.
Une fois
qu'il a été élu, donc, il a un peu joué sur les mots. Il a dit que ce n'était
pas une promesse : Je n'ai pas mis,
dans mes promesses électorales, le fait que j'allais rembourser les trop-perçus
des Québécois. Mais il avait tellement, tellement intervenu, lui et ses collègues députés lorsqu'ils étaient
dans l'opposition, que c'était presque une promesse. C'était quasiment un sous-entendu que, une fois
rendu au pouvoir, il allait mettre en place, faire un remboursement en mettant en place un mécanisme, peu importe lequel,
mais que, d'une façon ou d'une autre, les Québécois allaient revoir,
voir cet argent-là dans leurs poches.
Et donc,
après avoir joué sur les mots, il a commencé à trouver même des vertus aux
trop-perçus. Il a essayé de trouver
de quelle façon ne pas respecter sa promesse au lieu d'assumer, de dire
que : Je ne le ferai pas. Il essaie de trouver des trop-perçus et
justifier ce choix de ne pas les rembourser. Par exemple, il disait que les
trop-perçus, le fait que... c'est-à-dire les
écarts de rendement en ayant des rendements plus efficaces, bien, Hydro-Québec,
en gardant ces trop-perçus, cet
argent-là qui a été payé par tous les Québécois, eh bien, ce qu'elle faisait,
c'est que, bien, c'était une sorte de récompense d'avoir trop bien fait
les choses.
Donc, c'est un encouragement à Hydro-Québec pour
avoir, pour faire des gains d'efficacité. C'était un des avantages que, à cette époque-là, au début...
quelques mois après son élection, le premier ministre trouvait des avantages
aux trop-perçus. C'en était un, gain d'efficacité pour Hydro-Québec.
Par la suite,
il disait, et moi-même je me faisais poser la question : Vous êtes pour
que la société d'État puisse faire
beaucoup d'argent parce que, de toute façon, cet argent-là est, après ça,
redistribué au gouvernement. Donc, vous êtes pour que cet argent-là revienne aux Québécois. Ça va permettre de
financer des écoles, de financer des hôpitaux, de financer notre système
d'éducation.
Et, moi, ce
que je répondais souvent, c'est que, oui, on a déjà un mécanisme nous
permettant à tous les Québécois, collectivement,
de nous payer ces services collectifs auxquels on tient énormément, et ça
s'appelle l'impôt et aussi les taxes sur les produits et non pas de payer plus
cher pour un service que les coûts, beaucoup plus chers, et, après ça,
ne pas avoir cet argent parce que, comme je
vais redire, je vais répéter les mots du premier ministre à l'époque quand il
était dans l'opposition : C'est une taxe déguisée.
Et une taxe
régressive en plus puisqu'on ne peut pas... on peut, par exemple, s'empêcher
d'acheter certains produits de
consommation parce que notre revenu ne le permet pas et donc on ne paye pas de
taxe sur ces produits-là. Mais, au Québec,
on le sait, on n'a pas besoin de le répéter, Hydro-Québec, c'est-à-dire le
chauffage l'hiver, c'est un besoin essentiel comme manger, comme se vêtir, etc. Donc, c'est important de ne pas
défavoriser des citoyens qui, eux, pourraient l'être puisqu'ils ne
peuvent faire autrement que se procurer ce service-là, qui est celui d'Hydro-Québec.
Et donc ce
n'est pas de cette façon-là, de façon... Ce que le premier ministre disait,
c'est que, bien, on peut... d'une certaine
façon, les trop-perçus sont remboursés, pas directement comme j'ai demandé dans
l'opposition, mais de façon indirecte.
Et donc cet argument-là ne tient pas la route puisque, comme je l'ai dit, il y
a l'imposition, si on veut financer les
services publics pour tous les Québécois, et c'est une façon de recueillir des
fonds des Québécois de façon beaucoup plus
juste et équitable en fonction des revenus et de la possibilité de payer de
tous les Québécois et toutes les Québécoises. Donc, ce n'est pas avec
les tarifs d'Hydro-Québec que ça serait juste et équitable de percevoir cet
argent.
Donc, je
continue mon historique des trop-perçus devant le tollé que cette attitude à la
limite de la désinvolture du premier ministre, où il disait : Bien,
je ne tiendrai pas ma promesse. Le gouvernement, il a été obligé, il a
finalement été obligé de reculer. Et donc,
souvent, on l'a vu, ça, c'est un exemple, où le gouvernement annonce quelque
chose, il dit qu'il veut aller vers
quelque chose, notamment ne pas tenir sa promesse. Et, par la suite, selon des
sondages, selon ce qu'il entend dans
l'opinion publique, et, j'espère, aussi l'opposition, qu'elle peut influencer
ce gouvernement-là avec nos questions, eh bien, il s'est senti obligé de
reculer parce que ça n'avait aucun sens.
• (16 h 30) •
La seule
option qu'il avait, c'est soit de dire : Je suis désolé, je ne peux pas
respecter cette promesse pour telle, telle raison. Au lieu d'essayer de justifier pour quelle raison, il trouve
que, tout d'un coup, il trouve que les trop-perçus, c'est une bonne
chose, alors qu'il trouvait que c'était exactement... il trouvait exactement le
contraire, que c'était une mauvaise chose
pour les Québécois quand il était dans l'opposition, et il l'a fait de manière,
comme je le répète, éloquente.
Donc, quelques semaines plus tard, le ministre
nous arrive avec le projet de loi n° 34, la loi sur les tarifs d'Hydro-Québec, ce que ma formation politique, on
a appelé un cheval de Troie ou, pour utiliser un terme plus populaire, un cadeau empoisonné, où on nous dit : Oui,
on va vous donner un cadeau, on va vous rembourser. Mais, dans le fond,
on en profite pour faire d'autres choses que rembourser des trop-perçus, et
même les trop-perçus, par un tour de passe-passe, bien, ils ne s'y trouvent
pas. Mais ça, ça prend des initiés pour le voir, des experts, et je vais y
revenir.
Donc, avec ce
projet de loi, non seulement les Québécois verront leurs tarifs d'électricité
augmenter, selon ce que les experts nous disent, et je vais le démontrer
un peu plus loin dans mon intervention, mais on vient aussi affaiblir la Régie de l'énergie, qu'on a appelée beaucoup, et à
juste raison, le chien de garde des Québécois. Et donc on vient l'affaiblir.
Et, comme je le dis, j'essaie de comprendre
pour quelle raison on vient jouer dans les plates-bandes de la Régie de
l'énergie. Le
problème n'était pas là. Le problème, c'étaient les trop-perçus. Ça, c'est une
chose. Ce n'est quand même pas à cause de
la Régie de l'énergie que ces trop-perçus ont été accumulés au travers des
années. Ce n'est pas à cause de cet exercice annuel de la Régie de l'énergie, qui est fait de façon démocratique, de
façon transparente et de façon juste pour la fixation des tarifs, qu'on
se retrouve aujourd'hui avec des trop-perçus.
Donc, comme
dirait l'autre, j'ai envie de dire : C'est quoi, le rapport? Et j'ai envie
aussi d'utiliser une image de mon
collègue le député de Rosemont, qui a dit que la Régie de l'énergie, comme on
l'a qualifiée, c'est le chien de garde des
clients, des consommateurs. Et ce qu'on fait avec ce projet de loi là, c'est
qu'on enferme le chien, ce chien de garde, et on le sort une fois aux cinq ans avec une laisse courte comme ça. Et
donc c'est une image qui résume bien ce projet de loi n° 34.
Avant de
parler de la Régie de l'énergie, qui, comme je le mentionne, est totalement un
autre sujet, de ses pouvoirs qui sont
affaiblis, du manque de transparence dans le processus d'établissement des
tarifs, je veux parler des trop-perçus plus spécifiquement et comment on
en est arrivés là.
Donc, selon le rapport de la Vérificatrice
générale de 2018‑2019, le total des écarts de rendement, donc des trop-perçus, entre 2005 et 2017 s'établit à
1,5 milliard de dollars, et ça, ce que ça a permis, ça a permis à
Hydro-Québec de verser des dividendes
au gouvernement de 1,1 milliard de dollars supplémentaires. Ça veut dire
que ça, c'est en plus que ce qui est versé,
si on ne tient pas compte des trop-perçus d'Hydro-Québec. Ce que ça revient à
dire, c'est que la très grande
majorité de cet argent-là ne se trouve plus dans les coffres d'Hydro-Québec,
mais plutôt dans les coffres de l'État. Donc, ici, on vient de trouver un mécanisme de quelle façon? Faire en
sorte que les trop-perçus soient remboursés par Hydro-Québec en
maintenant et en gelant les tarifs, alors que l'argent n'est plus chez
Hydro-Québec. Comme je le mentionne, la très
grande proportion de cet argent-là se trouve dans les coffres du gouvernement,
le 1,1 milliard de dividendes supplémentaires.
Donc,
logiquement, si on suit cette logique, pour respecter sa promesse, vu que le
premier ministre, après ça, il est revenu
sur sa décision de ne pas respecter sa promesse et il a décidé de la respecter,
il aurait fallu qu'il fasse peut-être un chèque à tous les Québécois
pour rembourser ces trop-perçus, pour répondre à la pétition... des
48 000 noms de la pétition de la députée de Saint-Hyacinthe, ou il
aurait pu trouver, avec Hydro-Québec, un mécanisme pour que ce remboursement-là se fasse dans le futur. Et
d'ailleurs, bien, ces mécanismes-là existent déjà. Ils existent, ces mécanismes
de remboursement. Depuis 2014, la Régie de
l'énergie a mis ça en place, et malheureusement on n'a jamais vu le fruit
de ces mécanismes-là.
Je vais
parler de ces mécanismes de remboursement des trop-perçus et pourquoi ils n'ont
pas été mis en place. Mais ce que je
veux vous dire, c'est que, dans ce projet de loi, ce mécanisme de remboursement
des trop-perçus est aboli, alors que
ça aurait été la solution et la façon de faire pour rembourser les trop-perçus
si c'était ça, la volonté du gouvernement.
Donc, la
Régie de l'énergie n'a pas attendu qu'il y ait, en fait, un scandale, quoiqu'il
y en a eu un en 2014. Avant la
pétition de la députée de Saint-Hyacinthe en 2017, on en a amplement parlé, de
ces trop-perçus, en 2014. Si on remonte dans le temps, il en a été question, de ces trop-perçus, avant qu'ils
soient réellement chiffrés par la Vérificatrice générale, et la Régie de l'énergie s'en est rendu compte
parce que son objectif... C'est un tribunal neutre qui veut s'assurer que les
Québécois et Québécoises paient le tarif
juste de leur hydroélectricité, donc ce qui l'a amené, en 2014, à mettre en
place un mécanisme de traitement des écarts de rendement, le MTER, et
ça, ça veut dire...
Ce que ça
veut dire concrètement, sans aller trop dans les détails, ça veut dire que,
s'il y a un manque à gagner pour Hydro-Québec, à la fin de l'année, elle
se rend compte que ses prévisions n'étaient pas bonnes et qu'il y a un manque à gagner, bien, elle n'a qu'à l'assumer.
Donc, elle va faire moins d'argent dans ses coffres. Elle n'a qu'à l'assumer
puis à s'assurer d'avoir de meilleures prévisions.
Mais ce
scénario-là s'est rarement produit. C'est plutôt le contraire. Si elle se rend
compte que finalement elle a tellement été efficace ou, par exemple, ses
revenus ont été tellement plus importants pour toutes sortes de raisons, bien là elle doit partager cet argent-là, ces
trop-perçus, ces écarts de rendement positifs pour elle. Elle doit les partager
avec les clients parce que c'est ça qui est
juste et c'est ça qui établit les principes du mécanisme de traitement des
écarts de rendement, le MTER.
Mais, comme
je l'ai mentionné, malheureusement, on n'a jamais pu voir le fruit de ce
mécanisme-là qui a été mis en place
en 2014 parce que le gouvernement précédent voulait atteindre l'équilibre
budgétaire et il a dit à Hydro-Québec ou
à la Régie de l'énergie : Bien, on va attendre, stop. Parce que c'est le
gouvernement qui décide, et il a dit : On ne va pas tout de suite
le mettre en place parce qu'on veut atteindre l'équilibre budgétaire.
Après la fin
de cette période sombre de l'austérité, c'est comme ça qu'on l'a appelée parce
que c'est ce qu'elle a été, après la
fin, bien, le mécanisme, là, le gouvernement précédent a dit : Bien, le
mécanisme qui a été mis en place en 2014, bien, en 2018, on va demander
à ce qu'il soit réellement appliqué. Donc, ça, c'est pour 2018, et les
résultats...
On était
proche, là. On s'en allait voir le fruit de ce mécanisme-là. On aurait pu
connaître si ça fonctionne, puis si
les Québécois commençaient à prendre cet argent-là et à voir la couleur de ces
trop-perçus dont on parle souvent. On allait
le savoir là, là, cette année, 2019‑2020, mais là avec le projet de loi du
gouvernement, le p.l. n° 34 et l'abolition de ce mécanisme-là, eh
bien, on ne le saura jamais si ce mécanisme-là est efficace, malheureusement.
Au lieu de laisser, comme on dit, la chance au coureur, eh bien, on coupe
l'herbe sous le pied de ce mécanisme-là.
D'ailleurs, la Vérificatrice générale estime que
la suspension de ce mécanisme a fait perdre aux Québécois 178 millions de dollars seulement pour la période
de 2014‑2016, ce qui n'est pas rien. Quand on dit qu'on veut rembourser
les Québécois, on avait là une chance et on l'a manquée.
Il y a un
autre mécanisme aussi qui est important et qui est aussi aboli dans le projet
de loi, et c'est le mécanisme de réglementation
incitative, qui a été aussi mis en place par la régie, le MRI. Là encore, sans
aller trop dans les détails très
techniques, il s'agit d'un mécanisme qui obligerait les deux divisions
réglementées par la régie... Ces deux divisions, c'est la division Hydro-Québec Distribution et
Hydro-Québec Transport. Puisqu'Hydro-Québec Production a approvisionnement,
la Régie de l'énergie n'a aucun droit de
regard sur cette division-là. Donc, ce mécanisme permet d'assurer un suivi
rigoureux et précis de l'évolution
réelle des dépenses et des revenus d'Hydro-Québec, et son objectif, de ce
mécanisme que le gouvernement abolit
avec son projet de loi, c'est d'établir des tarifs justes et équitables, de
faire un suivi extrêmement rigoureux pour s'assurer que quelques années
plus tard on ne se retrouve pas encore dans la même situation où, je ne sais
pas, là, l'économie va bien, mais plus tard
peut-être que ça va mal, et le gouvernement décide d'encore mettre fin à ce
mécanisme-là de remboursement de trop-perçus.
L'objectif,
c'est de faire comme de la prévention. Le MRI, c'est une façon de faire de la
prévention, qu'il n'y ait pas de
trop-perçu. Là encore, ces mécanismes-là, celui de remboursement, celui de
prévention de se retrouver avec des trop-perçus,
ce qui est une situation pas normale, eh bien, sont abolis avec le projet de
loi, et on vient manquer ici une chance importante.
On a eu des experts qui sont venus en commission
nous expliquer... des experts de très grande qualité, dont M. Jean-François Blain, un expert en tarification
énergétique, qui a évalué que l'abolition de ces deux mécanismes-là sont...
attendez, l'abolition de ces deux mécanismes
mis en place par la régie au profit des clients est susceptible de générer des
trop-perçus de l'ordre de 478 millions de dollars.
• (16 h 40) •
Donc, on se retrouve à la case départ où est-ce
qu'on se voit avec encore le risque de se retrouver avec des trop-perçus qui... C'est ironique parce que c'est
exactement l'objet de ce projet de loi, de rembourser les trop-perçus. Donc,
on voit ici toutes sortes de mesures qui
sont dans ce projet de loi, qui ne prémunissent pas les Québécois contre la
situation dans laquelle on se trouve aujourd'hui.
Il y a un
autre élément aussi important, c'est celui du remboursement de
500 millions de dollars. Le ministre l'a annoncé très fièrement, qu'il va rembourser le montant de
500 millions de dollars en 2020. On aurait quasiment envie de le remercier. Mais les experts nous ont dit en
commission que ce montant provient du solde actuel des comptes d'écart et aussi de l'écart de rendement qui aurait, de
toute façon, été remis aux clients en 2020. Donc, c'est loin d'être un cadeau.
C'était de l'argent qu'on allait percevoir
de toute façon, et ça, le ministre ne peut pas l'ignorer, il le sait très bien.
Donc, il n'y a pas de cadeau là.
Pour ce qui
est des économies de 1 milliard de dollars sur cinq ans, ce que le
ministre nous montre tout le temps, son
tableau qui montre que les hausses autorisées par Hydro-Québec depuis les 15
dernières années, c'est-à-dire depuis son année de référence qu'il a
choisie, de 2003, sont plus élevées que l'inflation, eh bien, ce sont des
allégations du ministre, selon les experts, qui ne se concrétiseront pas. Si le
ministre laissait la régie faire son travail, au cours des cinq prochaines
années, si on les laissait faire, selon les calculs encore de l'expert, de
M. Jean-François Blain, c'est 978 millions
de dollars que le projet de loi coûterait aux clients, c'est-à-dire le fait de
les empêcher de faire leur travail, c'est ce que ça coûte aux clients.
Donc, on est bien loin des économies de 1 milliard de dollars.
Je voudrais revenir justement sur ce tableau du
ministre, qui... J'ai l'impression qu'on l'a beaucoup vu en commission et on va continuer à le voir encore et
encore. Tout d'abord, comme je l'ai mentionné, il remonte extrêmement
loin. Il remonte à 15 ans, à l'année de référence de 2003. Normalement,
dans ce genre d'exercice, quand on veut voir qu'est-ce qui s'est passé dans le
passé, on ne remonte pas aussi loin, on remonte à 10 ans. Mais il y a
aussi une autre question. Il y a une raison
à ça, pourquoi il est remonté jusqu'à l'année 2003, et je vais l'expliquer
un peu plus loin. Mais, si on
remontait, si on utilisait la norme habituelle qui est utilisée et qui est
celle de remonter 10 ans plus tôt, donc on est en 2019, si on remontait à 2009, on verrait bien
que les hausses autorisées par la Régie de l'énergie ont été plus basses
que l'inflation. Si on regardait ce même
tableau là, mais que notre année de référence n'était pas 2003, mais plutôt
2009, on se rendrait compte que les
hausses, de façon générale, auraient été, en moyenne, plus basses que
l'inflation. Donc, ce n'est pas innocent, ce choix de 2003.
L'Union des
consommateurs nous l'a démontré lors de sa présentation en commission,
l'année 2003 a été justement choisie
comme année de référence par le ministre parce qu'elle marque la fin d'un gel
tarifaire qui a duré tout le long de la période de 1998 à 2003. Donc, lorsque la Régie de l'énergie a été mise
sur pied, dont l'objectif, on s'en rappellera, puis je vais en parler aussi
plus loin, était de dépolitiser et d'enlever des mains des élus la tarification
des tarifs d'Hydro-Québec, donc cette
année-là, en 2003, il y a eu un choc tarifaire avec une augmentation de
4,41 % des tarifs d'Hydro-Québec. C'est ce que les consommateurs,
les clients ont subi comme hausse, comme choc tarifaire. Et malheureusement,
avec ce projet de loi, s'il est adopté tel
quel, eh bien, on va se retrouver avec une situation similaire où il y aura
aussi un choc tarifaire.
Le tableau aussi montre des hausses autorisées,
sans distinguer de quelle hausse on parle. Est-ce qu'on parle des hausses
d'Hydro-Québec Distribution, d'Hydro-Québec Transport,
d'Hydro-Québec Production? Il ne fait pas de distinction. Il met le total. Mais la réalité, si on regarde ces trois
divisions-là séparées et leurs hausses, il n'y a eu qu'une seule
division qui a vu ses hausses augmenter, et devinez laquelle? Eh bien, ce n'est
pas les divisions sur lesquelles la Régie de
l'énergie a juridiction, c'est-à-dire Transport, Distribution, mais plutôt
Production. Et ça, c'est dû à des choix du gouvernement, parce qu'Hydro-Québec Production, souvent, on la
qualifie de boîte noire d'Hydro-Québec. On ne peut pas révéler les coûts de
façon publique parce qu'Hydro-Québec fait de la concurrence à travers le monde,
et donc elle ne peut pas révéler ses coûts pour éviter d'être
désavantagée auprès de ses concurrents.
Donc, moi, ce
que j'ai fait, c'est que j'ai repris le tableau du ministre et j'en ai fait un
autre qui montre justement cette
différence entre Hydro-Québec Production, Transport, Distribution. Et je
suis allée aussi loin que... même un peu plus loin que 2003, juste pour montrer l'exercice, même si, ce que je
vous mentionnais, c'est que remonter à 10 ans aurait été suffisant.
Donc, les
augmentations annuelles, 2001 à 2019. Ici, on a la ligne tracée de 1,8 %,
pour cette période-là, de taux moyen de l'inflation. Et Production, on
voit que c'est beaucoup plus haut que la ligne de l'inflation, Hydro-Québec Production, mais la Régie
de l'énergie n'a pas juridiction sur Hydro-Québec Production. Pour ce qui est
de Transport et de Distribution, on
voit très bien que les hausses autorisées ont été plus basses, et ça, ce n'est
pas parce qu'Hydro-Québec a été moins
gourmande dans ses demandes de hausses tarifaires, c'est parce que la Régie de
l'énergie a joué son rôle, qui est d'être le chien de garde, et s'est
assurée, non pas seulement que le prix soit plus bas que l'inflation, ce n'est
pas comme ça que la Régie de l'énergie
réfléchit, elle, elle regarde quels sont les coûts, quels sont les revenus
projetés et elle s'assure, encore une
fois, je vais le répéter plus d'une fois, elle s'assure que les Québécois et
Québécoises paient le tarif juste et raisonnable. C'est ça, le principe
important avec lequel travaille la Régie de l'énergie.
Il y a aussi un autre élément, qui est, bien,
justement, le choix de l'inflation. Même le ministre l'a reconnu en commission.
Il prévoit que l'inflation sera de 1,7 % pour les cinq prochaines années,
mais il a reconnu que c'est une hypothèse. C'est une estimation, et ça se peut
que ce ne soit pas le cas. Personne ne peut le savoir.
J'aimerais
parler du projet de loi, de ces effets-là. J'ai parlé des trop-perçus, de
quelle façon le projet de loi ne va pas
permettre aux Québécois de percevoir justement ces trop-perçus d'Hydro-Québec
et de l'abolition de tous les mécanismes
qui auraient permis aux Québécois de voir cet argent qui leur soit retourné
dans leurs poches, comme c'était la volonté du gouvernement lorsqu'il
était dans l'opposition.
Et je vais
maintenant parler de l'effet, des effets du projet de loi sur les ménages à
faibles revenus qui ont peut-être échappé
au ministre et au gouvernement, qui n'en tiennent pas compte dans ce projet. On
est dans une conjoncture où les
ménages à faibles revenus consacrent un pourcentage très élevé, jusqu'à
70 % de leurs revenus, pour leurs dépenses... pour leur facture d'Hydro-Québec. Ça s'explique
notamment par la diminution du nombre de personnes par ménage, et ce qui
fait que les coûts d'électricité sont plus
chers, mais aussi parce que les personnes à faibles revenus ont tendance à
habiter dans des maisons plus vieilles, des maisons bien moins isolées. Et, en
plus de ça, ils n'ont pas les moyens de faire les rénovations qui s'imposent et de voir un retour sur les
investissements qu'ils font sur leur maison. Donc, c'est très, très important que les lois qu'on vote ici à
l'Assemblée nationale tiennent compte de cette réalité et tendent à la
corriger, pas à l'empirer. Ici, le projet de loi, en augmentant les tarifs
d'Hydro-Québec, bien, il va empirer la situation.
Donc, la présence de la régie... Il y a aussi un
autre aspect pour ces citoyens, ces ménages à faibles revenus. La présence de la Régie de l'énergie a permis de
protéger les plus vulnérables. Moi, j'en rencontre et je suis certaine que
mes collègues, ici, députés rencontrent des
citoyens qui sont mal pris, qui ne peuvent pas payer leur facture
d'Hydro-Québec, et qui essaient
d'avoir une entente, et, en dernier recours, ils viennent dans nos bureaux.
Moi, j'en ai beaucoup, de cas comme ça, qui sont traités par mon équipe
dans mon bureau de la circonscription de Mercier.
La régie, ce
qu'elle a permis pour ces gens-là, elle a permis, à travers les années, quand
elle a vu qu'il y avait une injustice,
de s'assurer que le calcul des frais d'administration d'Hydro-Québec sur les
factures en retard... soient calculés à partir de la date d'échéance, et
non pas de la date de facturation, ce qui était le cas avant. Donc, ça, c'est
la Régie de l'énergie qui l'a permis. C'est
sûr que, en espaçant l'exercice de la Régie de l'énergie aux cinq ans, c'est
clair qu'elle ne pourra pas commencer
à traiter tout ce genre de dossiers là une fois aux cinq ans. Il y en aurait
trop, ce serait tout simplement impossible. Alors que c'était tout à
fait possible de le faire sur une base annuelle.
Il en va de
même aussi pour l'établissement des tarifs. L'Union des consommateurs, par
exemple, intervient souvent pour maintenir les factures d'électricité
les plus basses possible et s'assure également que les conditions de service tiennent compte de la vulnérabilité des moins bien
nantis. Donc, encore une fois, ce travail-là, l'Union des consommateurs ne pourra pas le faire, puisque ça va être espacé
dans le temps, et ce sera beaucoup trop... ce ne sera juste pas possible de le
faire.
Bref, le
projet de loi aura pour résultat, comme le mentionne l'Institut de recherche et
d'informations socioéconomiques — qu'on a entendu aussi en
commission — dans
son mémoire, de retirer un acquis important aux consommateurs, soit la possibilité d'avoir une analyse experte et
indépendante sur la tarification d'Hydro-Québec. C'est dans la mission
de la Régie de l'énergie.
• (16 h 50) •
Je voudrais
parler rapidement aussi de toute la question de l'interfinancement. Ne dormez
pas tout de suite. Ce n'est pas un sujet facile, dont on parle souvent entre
initiés, mais qui est quand même extrêmement important pour les ménages à plus faibles revenus. On le sait, le
coût du service est séparé en différentes catégories. Je vais en nommer juste
deux, il y en a beaucoup plus. Par
exemple, le groupe de tarification L,
qui sont les industriels, et le groupe de tarification D, qui
sont appliqués pour le résidentiel. Au Québec, on s'est entendus, ça a été quelque
chose qui a été fait par exprès, c'est-à-dire qu'en appliquant
l'interfinancement, ce principe-là, il est possible de demander sciemment, de
s'assurer sciemment qu'une catégorie
va payer un prix plus élevé que les coûts réels pour compenser le fait que
l'autre catégorie, donc, dans ce cas-ci, par exemple, les résidentiels, paie plus bas que les coûts. Ça, ça a été un choix
de société que nous avons fait avec ce principe de
l'interfinancement.
Même si
la loi le protège, à travers les années, malheureusement, ce principe
s'est dégradé, cet indice d'interfinancement s'est dégradé. En 2002, il
était à 80 %. Ça, ça veut dire que les clients résidentiels payaient
91 % des coûts qui sont reconnus par la
Régie de l'énergie, et, de l'autre côté, les clients non résidentiels, par
exemple, tarif L, eux, payaient beaucoup plus cher que 100 %. Mais aujourd'hui... Il était donc à 80 %.
Là, aujourd'hui, il est à 85 %. C'est un indice important à regarder et qui nous montre que cet équilibre
qu'on voulait amener entre certaines catégories de clients, bien, il est en
train de s'amenuiser, et, avec le projet de loi n° 34, cette situation-là
va s'empirer.
L'article 2 présente d'ailleurs une hausse
de 0,65 % de l'inflation pour le tarif L, donc les grands industriels, alors que c'est 100 % pour les résidentiels.
Donc, le projet de loi vient modifier à l'aveugle, substantiellement, l'interfinancement
entre les catégories. Donc, on va voir cet
indice-là s'empirer, et, à la longue, l'écart entre les différents groupes va
s'amenuiser de plus en plus avec le temps, encore plus avec ce projet de
loi.
Je voudrais parler aussi d'un autre point important
de l'effet de ce projet de loi sur les ménages à faibles revenus et maintenant je veux parler de son effet
sur l'environnement. Ça tombe bien, on est aujourd'hui dans la semaine du climat à travers le
monde, et, cette semaine aussi, l'Assemblée nationale a voté une motion
historique qui est celle de rejoindre
d'autres États dans le monde, d'autres villes au Québec et ailleurs aussi dans
le monde, qui ont reconnu l'urgence climatique.
Donc, les 125 députés ici, en cette Chambre, ont dit que, oui, il y a une
urgence climatique, ils l'ont reconnue, et que des actions doivent être posées en ce sens dans toutes les
politiques du gouvernement. Eh bien, malheureusement, le projet de loi... Eh bien, c'est sûr qu'il a été
déposé avant que cette motion soit votée, donc il y a des chances, durant
l'étude détaillée, de pouvoir amener des
amendements pour pouvoir les changer, si le gouvernement décide de ne pas
écouter notre demande, mon groupe
parlementaire, qui est plutôt de retirer ce projet de loi et plutôt de faire
d'autres mesures, comme ce que les experts en commission nous ont dit.
Donc,
tout d'abord, on a appris en commission qu'avec le projet de loi le programme
d'établissement d'un service public
de recharge rapide pour les véhicules électriques ne sera plus soumis à la
surveillance de la Régie de l'énergie. Si
on espace comme ça aux cinq ans, il n'y aurait pas possibilité pour la Régie de
l'énergie de regarder ça, alors que la question de l'électrification des
transports est une question extrêmement importante pour le gouvernement avec
son plan d'électrification et de lutte aux
changements climatiques qui a cours actuellement. Les consultations ont cours.
On a très, très hâte de voir le
résultat, le plan que le gouvernement va nous soumettre au début de l'année
prochaine. Donc, avec ce projet de
loi, ces investissements d'Hydro-Québec, la Régie de l'énergie n'aura aucun
droit de regard pour s'assurer que ça soit fait de façon ordonnée et que
ça réponde aux besoins d'investissement.
On
l'a vu, le projet de loi réduit aussi considérablement les pouvoirs de la Régie
de l'énergie dans l'établissement des tarifs justes et équitables et les
plus bas possible. Hydro-Québec, c'est un monopole et Québec... Ça, on n'est
pas en train de le contester, au contraire.
Mais, si on n'a pas de régie pour défendre les intérêts des citoyens, qui va
pouvoir le faire? Et un des éléments importants, c'est l'avantage
comparatif de notre électricité qui doit demeurer élevé pour pouvoir aller vers la transition. Parce qu'on le
sait, il y a différentes énergies. Il y en a certaines qui vont dans le sens de
notre transition énergétique et économique,
mais il y en a d'autres, énergies, qui vont exactement dans le sens contraire,
qu'on pense, par exemple... tous les experts
le disent, le gaz naturel va à l'encontre... le nouveau projet d'exploitation,
de transport de gaz naturel va à l'encontre
de la transition énergétique parce que ce n'est pas une énergie de transition.
Et on a pu ici, dans cette Chambre, le démontrer et on va continuer à le
démontrer abondamment.
Donc,
si, par exemple, je prends l'exemple du gaz naturel qui proviendrait de l'Ouest, le gaz sale, cette énergie, le gaz
naturel, qui n'a de naturel que le nom, mais qui est une énergie qui est loin
d'être propre, qui nous arrive de l'Ouest
canadien, c'est une énergie qui est obtenue par fracturation hydraulique. Et
donc son impact sur l'environnement est extrêmement dommageable. Et
donc, en l'amenant ici à des coûts extrêmement bas, très bas, c'est sûr que, par exemple,
quand va venir le temps de choisir une source d'énergie, Hydro-Québec, en ayant maintenu au niveau de l'inflation ou à 0,65 % de l'inflation pour les tarifs pour les industriels,
eh bien, c'est en train de désavantager de beaucoup, le fait que les tarifs pourraient être plus élevés de
beaucoup, la concurrence entre l'hydroélectricité et aussi ces autres formes
d'énergie qui ne sont pas des énergies de transition.
Donc,
ça vient d'enlever un avantage concurrentiel à l'hydroélectricité, surtout
quand on sait que le gouvernement
a l'intention aussi d'exporter son hydroélectricité. Il faut qu'elle soit, oui,
bonne pour la transition énergétique, mais il
faut qu'il y ait des indices qui vont amener les nations à faire
leur transition. Et, pour ça, il faut qu'il y ait des incitatifs,
et ces incitatifs-là pourraient être par la tarification. Avec le projet de loi,
en augmentant les tarifs ou en ne tenant pas compte
des coûts réels, en n'ayant pas de corrélation entre les coûts et les tarifs,
eh bien, ce qu'on est en train de faire, c'est qu'on est en train de
désavantager notre hydroélectricité dont nous sommes si fiers, et le gouvernement
aussi l'a reconnu, et il veut que ça soit
l'hydroélectricité partout, exportée et aussi ici, au Québec. Eh
bien, on est en train de nous tirer
dans le pied. Donc, ça, c'est un point extrêmement important par
rapport à l'impact de ce projet de loi sur la transition.
Il y a un autre
élément aussi qui est important, c'est que la régie n'aura plus l'occasion de
faire son travail comme il faut puisque,
comme je le mentionnais, entre faire des causes tarifaires annuellement, sur
une base annuelle, une ou deux fois
par année, et le faire aux cinq ans, ce n'est pas la même chose. Elle ne pourra
pas traiter tous les dossiers. Et donc la perte de pouvoir de la régie
va inévitablement résulter en des conséquences réelles pour nos écosystèmes.
On prend quelques exemples,
par exemple, dans le passé, qui ont permis de conserver des écosystèmes qui
auraient été anéantis par des projets inutiles. Un exemple, le fait qu'on ait
évité la réouverture de la centrale de Bécancour,
ça a permis d'éviter le déplacement d'un très grand nombre de camions qui
fonctionnent au gaz naturel liquéfié. Comme je le mentionnais ce matin, il y a eu une étude qui a
démontré que les camions qui fonctionnent au gaz naturel, eh bien, ils émettent cinq fois plus de gaz à effet de serre que même les camions au diesel, et ça, ça a été démontré. Et donc,
en ayant évité cette centrale de Bécancour parce que ça a été fait, ça a été étudié
par la Régie de l'énergie de façon transparente, et ouverte, et démocratique,
eh bien, on a pu éviter cette centrale-là.
Pour — je prends un autre exemple — ce qui est de la centrale du Suroît,
évidemment, il y a eu une mobilisation, on se rappelle bien, une mobilisation populaire extrêmement importante
contre ce projet de centrale inutile. Mais il y a aussi les groupes et les experts qui ont pu faire valoir
leurs points de vue, de façon détaillée, de façon documentée, de façon chiffrée, auprès de la Régie de l'énergie. Et donc
la voix de ces groupes-là a pu être entendue. En espaçant les causes tarifaires
aux cinq ans, ça ne sera plus possible, ce poids-là ne sera plus possible, ça
va être porté uniquement sur les citoyens.
Un autre exemple. On
se souvient tous qu'on avait découvert que 30 % à 50 % des
chauffe-eau électriques étaient contaminés à
la légionellose. Donc là, ici, je ne parle pas uniquement d'environnement, mais
aussi de santé. De toute façon, les
deux sont tout à fait liés. Les médecins nous l'ont beaucoup dit, par rapport à
la question des changements climatiques,
c'est extrêmement important de s'assurer de lutter contre les changements
climatiques parce que ça a un impact sur la santé publique. Ici, c'est un
dossier strictement de santé publique. Eh bien, cet enjeu de santé publique
avait pu être dénoncé et rapporté
lors d'une cause tarifaire. Aux cinq ans, la régie ne pourra pas faire son
travail, je le répète, de chien de garde. Ces mêmes causes tarifaires
que le gouvernement, donc, veut rendre optionnelles aux cinq ans...
• (17 heures) •
On le sait, ça, c'est toutes des
subtilités, c'est toutes des choses... C'est des impacts que ce projet de loi
amène et que le ministre, évidemment,
ne s'en vante pas. Il parle uniquement de quelques arguments. Et le plus important argument, c'est le taux de
l'inflation parce qu'il y a 15 ans la moyenne, c'était le taux de l'inflation,
alors qu'on sait que la situation n'est
pas aussi simple. Vous savez, ce n'est pas parce que le titre, c'est : Loi
visant à simplifier le processus d'établissement des tarifs de
distribution d'électricité, qu'il faut qu'on simplifie de façon grossière et
sans tenir compte de toutes les subtilités.
Ce n'est pas parce qu'on veut simplifier les choses en disant : Tiens, inflation,
et ça finit là, on n'en jase plus, on
n'en parle plus, merci, bonsoir, que la situation, elle, elle devient simple
tout d'un coup, par magie. Non. La situation, elle est complexe. De déterminer un tarif juste et équitable, ça, ce
sont les principes qui devraient fonder... qui devraient guider le gouvernement, guider le ministre, et non
pas uniquement la simple simplification, parce que ce n'est pas parce qu'on a un projet de loi qui veut tout simplifier
que la réalité, elle devient simple. Non, la réalité est complexe. Ce qu'il
faut qu'on fasse, nous, en tant qu'élus,
c'est qu'on en prenne acte et qu'on se dise : Eh bien, on va trouver de
quelle façon on va rendre le
processus de tarification plus efficace. Ça, ça aurait été un objectif louable.
Et des experts nous l'ont dit : N'affaiblissez
pas la Régie de l'énergie. Ce qu'on est en train de vous dire, c'est :
Assurez-vous que les principes qu'on s'est
décidé ici, au Québec, que les Québécois et Québécoises paient des tarifs
d'Hydro-Québec... un tarif juste et raisonnable,
qui tienne compte des coûts, des coûts réels d'Hydro-Québec... eh bien, il faut
le maintenir, ça, il ne faut pas l'abolir.
Mais
peut-être que le processus pourrait être simplifié. Peut-être que ça pourrait
être fait différemment, peut-être que
les causes tarifaires pourraient être organisées différemment. D'ailleurs,
j'aurais aimé qu'on puisse entendre la Régie de l'énergie ici. En fait, ça aurait été pas seulement... ce n'est pas «j'aurais
aimé», ou «j'aurais préféré», ou que «les partis d'opposition auraient aimé», ça aurait été essentiel et très, très
bénéfique pour tous les parlementaires, qui ne sont pas des experts, qui ne présentons pas des dossiers lors
des causes tarifaires à la Régie de l'énergie, qui n'avons pas cette
expérience-là. Ça aurait été
extrêmement essentiel et bénéfique pour tout le monde d'entendre la Régie de
l'énergie, parce qu'elle-même, la
Régie de l'énergie, aurait dit : Oui, peut-être, en 2019, on veut être une
sorte de tribunal qui soit neutre mais qui soit aussi moderne et, oui, on a des idées pour simplifier. Et ça aurait été
intéressant de les entendre là-dessus pour rendre la tarification plus efficace...
que le processus, pardon, de tarification soit plus efficace, mais pas plus
simple, parce qu'en simplifiant on est en train de jeter du revers de la
main plein de subtilités extrêmement importantes. Et ce ne sont pas uniquement des subtilités banales, ce sont des
subtilités qui sont importantes et qui vont avoir un impact sur tous les
citoyens, tous les Québécois et
toutes les Québécoises. Et ça, ça aurait été extrêmement intéressant d'entendre
la Régie de l'énergie, parce qu'il faut que nous, en tant qu'élus, on écoute et
on entende tous les experts, parce que ce sont des dossiers complexes, et ça prend des experts qui viennent
nous expliquer pour quelle raison, quels sont les effets réels de ce projet
de loi n° 34, que j'ai essayé de résumer dans mon intervention.
Justement,
par rapport aux élus, notre travail est d'écouter les experts et non pas de se
substituer à eux. D'ailleurs, si on
revient sur l'histoire de la Régie de l'énergie et la raison pour laquelle elle
a été mise en place, on se rappellera par exemple, avant son établissement, en 1997, il y avait, durant les
campagnes électorales, des promesses où des élus disaient : Bien, moi, je vais réduire les tarifs
d'Hydro-Québec, votez pour moi, je vais les réduire, alors que ça n'avait
absolument aucun sens. Vous allez les
réduire, mais, si les coûts augmentent, les coûts d'Hydro-Québec augmentent, et
vous allez les réduire, ça n'a aucun sens. Ce qui est important, ce
n'est pas d'avoir uniquement les tarifs les plus bas, ça, c'est extrêmement important, il y a des mécanismes qui
sont là et qu'il faut les garder, notamment le principe d'interfinancement,
mais ce qui est important aussi, c'est que les gens paient le prix juste.
Donc, à l'époque, on se rappellera, avant la Régie
de l'énergie, Hydro-Québec venait en commission parlementaire et venait plaider sa cause en disant qu'il
faudrait augmenter les tarifs d'Hydro-Québec de tant, de tant, de tant, etc.,
pour telle raison, montrer des
tableaux, des documents, et les élus, qui ne sont pas des experts, je le
rappelle, même s'ils pouvaient se
faire conseiller, eh bien, écoutaient et décidaient que, oui, on va là. Et donc
c'est important aussi pour... C'est la raison pour laquelle la Régie de l'énergie a été en place, pour éviter,
justement, que, lors des campagnes électorales, les élus ou les candidats puissent dire : Bien, moi, je
vais les baisser, et c'est un argument pour me faire confiance et pour me faire
élire, alors qu'on sait que c'était totalement impossible.
Donc,
la simplification du processus ne doit pas aveugler le ministre face à ces
principes de neutralité et d'indépendance,
qui sont extrêmement, extrêmement importants et fondamentaux. Pourquoi? Parce
que ça met à mal la confiance du
public et des investisseurs pour notre énergie, l'hydroélectricité, qui est
extrêmement importante pour nous, comme je le mentionnais au début. Et c'est
une énergie aussi qui est stratégique pour la transition écologique et
économique et le projet d'électrification de nos transports dans lequel notre
gouvernement est engagé, et dont on va discuter,
d'ailleurs, de son plan pour y arriver, mais je peux déjà dire que le projet de
loi n° 34 va à l'encontre de cette transition.
Donc, je veux le
répéter et m'assurer que le ministre et le gouvernement de la CAQ le
comprennent bien, le comprennent extrêmement
bien : Ce qu'il faut, quand on prend une décision, ce n'est pas décider
simplement de simplifier les choses,
il faut rendre les choses plus efficaces. Rendre le fonctionnement et le
processus d'établissement des tarifs plus
efficace, ça, oui; plus simple, en enlevant, comme je disais, toutes les
subtilités, ça, ça va à l'encontre des principes. Donc, il faut réfléchir en termes... Qu'est-ce
qu'on veut? Ce qu'on veut, c'est que les Québécois et Québécoises, peu importe
quelle catégorie, le résidentiel, aussi les entreprises, les petites
entreprises, les grands industriels, paient le tarif juste.
Moi,
j'ai beaucoup parlé des consommateurs, des clients résidentiels, des plus
vulnérables, de l'impact sur eux, je n'ai pas parlé des entreprises,
mais on a eu aussi le Conseil du patronat du Québec qui est venu ici, et leurs
membres n'étaient pas tout à fait unanimes
que le projet de loi répond à leurs besoins, même si le gouvernement a décidé
que la fixation de leurs tarifs d'Hydro-Québec était à moins que
l'inflation, à 0,65 %, alors que les autres sont à 100 %. Eux-mêmes ont dit : Ce n'est pas une bonne
idée. On est bien mieux d'avoir le prix juste, le tarif juste, pour qu'on soit
concurrentiels et aussi, je le répète, pour que l'hydroélectricité soit
concurrentielle.
Et,
je me rappelle, on a eu une discussion là-dessus durant la commission
parlementaire, où on parlait que c'est compliqué,
oui, c'est long, etc. Comme je le mentionnais, il y a des moyens de faire plus
efficace, et la Régie de l'énergie, si on l'avait entendue, aurait pu
nous en parler beaucoup plus longuement.
Mais, si je prends les chiffres de M.
Jean-François Blain, donc, l'expert dont j'ai mentionné... que j'ai cité à plusieurs reprises durant mon intervention, ce
qu'il a dit, c'est que, dans le pire scénario, si on décide, par exemple, dans
une année... si la Régie de l'énergie fait
deux causes tarifaires, et que ça coûte 2 millions de dollars, ce
processus-là, c'est extrêmement...
c'est peu par rapport aux revenus d'Hydro-Québec, c'est peu par rapport à
l'impact, et l'impact bénéfique que ça peut avoir pour la société, pour
l'environnement, pour tout ce que je viens de nommer aujourd'hui. Donc, ce montant-là en vaut la chandelle et cet exercice
démocratique transparent en vaut la chandelle si le principe qui sous-tend la
réforme du gouvernement n'est pas la simplification mais plutôt que tous les groupes, que tous les Québécois paient le
prix juste et raisonnable et un prix
équitable. C'est ça qui doit tout le temps être à notre esprit, en tant
qu'élus, et non pas simplement la simplification d'un processus, parce que ce n'est pas ça qui va faire que, de façon
magique, la réalité va devenir simple, comme je l'ai mentionné.
Donc, si je résume les effets du projet de loi
sur tout ce qui a été discuté, pour les trop-perçus, on le sait, ce mécanisme-là ne pourra pas permettre aux Québécois
de voir cet argent-là dans leurs poches, contrairement à ce que le ministre
le dit et le répète, parce qu'il n'y aura pas de remboursement des trop-perçus
puisque l'argent, de toute façon, n'est
plus dans Hydro-Québec, l'argent est dans les coffres de l'État, comme
je l'ai mentionné tantôt. C'est 1,1 milliard de dividendes
supplémentaires que le gouvernement a perçus grâce aux trop-perçus. Ce qu'il
aurait fallu, c'est redonner l'argent
directement aux Québécois ou tout simplement dire : Bien, on est désolés,
on ne peut pas. À cause, par exemple,
du gouvernement précédent, qui a préféré désavantager les
Québécois pour atteindre l'équilibre budgétaire, donc, dans ses années d'austérité, bien, moi, il y a eu trop d'accumulation, je ne
peux pas, aujourd'hui, tenir cette promesse. Donc, il aurait fallu qu'il assume sa décision, au lieu de
nous dire : Oui, oui, les trop-perçus vont l'être, ici, avec un calcul
simple et extrêmement simpliste, qui ne tient pas compte du tout, du
tout de la réalité complexe, comme je l'ai expliqué.
• (17 h 10) •
Ils verront
aussi, au contraire, leurs tarifs augmenter, comme le montre le tableau. Oui,
si on remonte ici comme... Je veux
remontrer le tableau que j'ai fait, où est-ce qu'on voit très bien que, grâce à
la Régie de l'énergie, les tarifs ont été plus bas que l'inflation. Donc, si on les
maintient au niveau de 2001 à 2019, une période quand même assez longue, alors
qu'Hydro-Québec Production a vu ses tarifs augmenter plus hauts que
l'inflation, donc, si on maintient les tarifs puis on les gèle au niveau de l'inflation ou on les hausse au niveau de
l'inflation, eh bien, c'est clair que les Québécois vont être perdants, puisqu'ils vont payer plus cher que
ce que la régie aurait autorisé. Et on le sait, ce n'est pas de mauvaise foi,
que notre société d'État est quand même gourmande. Elle, ce qu'elle veut, c'est
qu'elle puisse avoir le plus d'argent possible, et donc elle va faire des
demandes. Et on l'a vu avec la Régie de l'énergie, quand elle faisait des
demandes, c'étaient toujours
des demandes beaucoup plus élevées, et la Régie de l'énergie tempérait sa gourmandise et s'assurait que les calculs étaient
faits et que le tarif était juste et basé sur les coûts.
Je voudrais
aussi mentionner... Encore une fois, par rapport à la question de la simplification, ça me fait penser à un autre
projet de loi dont je suis aussi en charge pour... c'est-à-dire que je suis la porte-parole aussi en matière de transports pour ma formation politique et je suis en train...
on est en train d'étudier le projet
de loi sur les taxis. En ce moment
même, on est à l'étude article par article. Et ce que je veux
mentionner, c'est que simplifier ne doit pas vouloir dire abolir ou affaiblir les chiens de garde. Il ne faut pas
qu'on jette le bébé avec l'eau du bain. Et souvent, avec le... Par exemple, le projet de loi sur
les taxis, si vous me permettez de faire le parallèle, où est-ce qu'on
dit : Bien là, maintenant, tout le monde, ça va être pareil, tout le monde, il n'y aura plus aucune réglementation, il n'y aura
plus de permis, il n'y aura plus rien,
on simplifie, même si le projet de
loi est extrêmement important, c'est parce qu'il abolit totalement ce qu'il
y avait avant et après ça il simplifie de façon... à outrance toute la question du transport rémunéré de personnes dans l'objectif de dire : Bien, tout le
monde, ça va être pareil, et on simplifie et on jette tout, il n'y a plus aucun
encadrement, aucun encadrement, c'est le «free-for-all», et donc ça va
être plus simple. Et, dans son empressement et dans cette logique-là, c'est là que le ministre des Transports s'est
rendu compte que, finalement, il y a eu un grand, grand oubli, et les groupes ne se sont pas gênés pour venir en commission et
lui faire rappeler son omission, qu'il a reconnue par la suite, et qui est celle qu'il n'y avait aucune mention... Il y a un oubli majeur, celui du transport des personnes
à mobilité réduite ou des personnes handicapées aussi de façon générale
qui ont d'autres besoins. Et là le ministre est obligé, maintenant, de revenir en arrière et d'apporter des amendements
parce qu'il y a eu cet oubli dans son empressement de vouloir
simplifier à outrance une situation qui est beaucoup plus compliquée.
Et donc je
dresse le même parallèle. J'espère que le gouvernement ne va pas, projet de loi par projet de loi, vouloir simplement
simplifier les choses, parce que ce qu'il faut, c'est améliorer, ce qu'il faut,
c'est améliorer l'efficacité, et non pas
tout simplement simplifier tout bonnement. Ce n'est pas un
principe selon lequel le gouvernement devrait gouverner ou, nous, les élus, qui
devrait être notre principale préoccupation. Ce qui est important, c'est qu'il y ait
un tarif juste, un tarif équitable.
Et, comme je
l'ai mentionné, il y a eu plusieurs, plusieurs personnes qui sont venues en commission nous
parler, en commission, durant les consultations particulières, mais il
y a quand même un grand absent,
comme l'a dit mon collègue du troisième groupe d'opposition, le député
de Jonquière, il y a
un éléphant dans la pièce, et c'est la Régie
de l'énergie. Et moi, je suis
convaincue que, si on l'a entendue, ça aurait pu nous éclairer, tout le monde, pour voir de quelle façon est-ce
qu'avec ce projet de loi, qui devrait être
retiré parce qu'il ne répond à aucun des objectifs, comme je l'ai mentionné...
de quelle façon est-ce que la Régie de l'énergie pourrait améliorer et répondre
aux préoccupations du ministre qui sont de simplifier le processus, qui est beaucoup trop lourd, qui prend trop de
temps et qui n'est pas efficace. Oui, peut-être qu'il n'est pas efficace, mais de le rendre simple ne
répond... ne va pas faire en sorte qu'il soit plus efficace, parce que, là, on
va perdre
beaucoup, beaucoup de variables extrêmement importantes et on va se tirer dans
le pied, comme je l'ai mentionné, où
est-ce qu'on veut électrifier nos transports, où est-ce qu'on veut avoir un
plan d'électrification, c'est-à-dire un plan de lutte aux changements climatiques, qui passe, si je comprends bien ce
gouvernement, principalement par l'électrification notamment des
transports, qui sont les plus grands émetteurs de gaz à effet de serre.
Donc, si on
veut que l'hydroélectricité soit concurrentielle et avantageuse par rapport aux
autres sources d'énergie, que ce soit le gaz naturel ou d'autres sources
d'énergie, qui ne sont pas des énergies de transition, eh bien, ça va être important que le gouvernement, par ses projets de
loi, par ses lois, par ses politiques, par ses mesures, il puisse démontrer
que, oui... il faut que l'hydroélectricité
soit concurrentielle, alors que, là, en ce moment, en augmentant les tarifs
d'Hydro-Québec, en les augmentant au niveau de l'inflation. Parce que c'est ce
qui arrive. Comme je le montre au ministre
et au gouvernement, si on regarde l'inflation, Hydro-Québec Transport,
Hydro-Québec Distribution, ce sont les deux
divisions sur lesquelles la Régie de l'énergie a juridiction, eh bien, les
tarifs ont été toujours plus bas que l'inflation, de 2001 à 2019. Ça n'a pas été le cas pour Production, parce qu'Hydro-Québec Production n'est pas... la Régie de l'énergie
n'a pas juridiction sur Hydro-Québec
Production mais plutôt... ne peut donc rien dire, c'est plutôt basé sur des
décisions gouvernementales, c'est le
gouvernement qui prend des décisions et qui fait que ces coûts peuvent
augmenter, et donc la tarification
aussi pourrait augmenter. Et c'est pour ça que le chien de garde des
consommateurs ne regarde pas Hydro-Québec Production mais plutôt
Transport et Distribution.
Donc, en
augmentant les tarifs, ça enlève l'avantage concurrentiel d'Hydro-Québec, et
donc on se tire dans le pied avec ce
projet de loi. Et c'est pour ça que j'espère que le gouvernement et le ministre
va nous écouter et retirer ce projet de
loi. Et, plutôt que de dire qu'il remplit sa promesse de remboursement des
trop-perçus, qu'il dise les vraies choses, les choses justes, de dire de
quelle façon il va rembourser légalement les trop-perçus, et non pas en ayant
des tours de passe-passe qui ne font que
pénaliser les Québécois, pénaliser notre transition énergétique et économique
et aussi pénaliser les principes
selon lesquels le gouvernement devrait gouverner, qui doivent toujours être à
l'esprit des élus, qui sont d'avoir une tarification juste, une
tarification raisonnable, une tarification équitable. Merci beaucoup.
Le Vice-Président (M. Picard) :
Merci, Mme la députée. Je suis maintenant prêt à reconnaître une autre
intervention. M. le député de D'Arcy-McGee.
M. David Birnbaum
M.
Birnbaum : Merci, M. le Président. J'ai l'honneur d'intervenir lors de
ce débat sur le principe du projet de loi n° 34,
Loi visant à simplifier le processus d'établissement des tarifs de distribution
d'électricité.
«Simplifier»,
c'est tout un mot. De ce côté de la Chambre, nos problèmes commencent, M. le
Président, avec le titre même de ce projet, qui est un mauvais projet,
qui a eu un mauvais départ, qui est plutôt... De notre avis, un titre plus apte serait peut-être projet de loi, plutôt,
pour simplifier la vie du gouvernement caquiste et d'Hydro-Québec. On parle, comme je dis, d'un projet de loi qui est
mal ficelé, qui ne se donne aucunement l'appui des données probantes ou claires, je dois dire, après avoir assisté à nos
audiences parlementaires, mal expliqué par le ministre et bien critiqué par la
vaste majorité des intervenants qui sont venus comme experts à notre commission
parlementaire.
Bon, résumons
un petit peu le cheminement de ce projet-là, qui modifie d'abord la Loi sur
Hydro-Québec, qui propose de modifier
la loi afin de définir les tarifs de distribution d'électricité à compter du
1er avril 2020. La liste de ces tarifs est disponible à l'annexe du
projet. Et ces tarifs seraient indexés. Voilà l'idée.
Le projet prévoit aussi que maintenant... à la
Régie de l'énergie de fixer les nouveaux tarifs de distribution de l'électricité ou de modifier les tarifs existants
tous les cinq ans plutôt qu'annuellement. Il prévoit aussi qu'Hydro-Québec
peut demander à la régie de modifier les
tarifs au cours de la période de cinq ans, à condition de présenter une demande
au ministre.
• (17 h 20) •
Ce qui nous amène, M. le Président, aux enjeux
centraux de ce projet de loi, les tarifs vis-à-vis l'inflation, vis-à-vis les trop-perçus. Ce projet vise initialement ou visait initialement à donner suite à un engagement de la
CAQ, celui de rembourser les
trop-perçus d'Hydro-Québec, ce qu'ils ont réclamé pendant des années. En
limitant l'augmentation des tarifs de
l'inflation, le gouvernement dit que nous réaliserons ainsi des économies.
Toutefois, toutefois, depuis déjà trois
ans, l'augmentation des tarifs se fait sous l'inflation. En retirant le rôle
d'évaluation annuelle de la régie, nous ne serons pas en mesure de savoir si l'augmentation des tarifs à l'inflation
pour une année serait avantageuse ou non pour les Québécois et
Québécoises.
Il faut constater le parcours des dernières
quelques années. Si nous comparons l'augmentation de l'inflation et des tarifs pour les années 2016 à 2019, nous
constatons que l'augmentation de l'inflation est de 5,2 % et, les tarifs,
a été de 2,6 %, tout cela pour
dire que... de suggérer, M. le Président, que, voilà, de façon claire et
prévisible, le consommateur est gagnant.
De plus, on
va se rappeler que la CAQ se targue de rembourser quelque 500 millions dès
cette année, mais, en réalité, ces
500 millions devaient déjà être retournés aux Québécois et Québécoises
mais sur une plus longue période, selon le mécanisme de traitement des écarts de rendement mis en place par le
gouvernement précédent. C'était un processus clair et prévisible.
Lors de nos
deux journées d'audiences parlementaires, le ministre se permettait de parler
de son tableau, sauf que, chaque fois
qu'il y avait un autre témoin, qui souvent notaient leur façon d'interpréter
ces chiffres, le ministre changeait d'avis et sa façon d'interpréter ces
chiffres-là. Alors, si on parle des trop-perçus, il y a des questions qui se
posent, M. le ministre.
Quand
on parle du choc tarifaire, plusieurs des intervenants, lors de ces audiences,
ont soulevé des questions très pertinentes aussi. Quand on parle de
décréter un gel de tarif pour 2020‑2021, qui a l'air, à prime abord, d'une idée
intéressante, et qu'on parle d'une augmentation de tarifs à l'inflation pour
les années suivantes, à l'abri du regard, remarquons-nous, de la Régie de
l'énergie, il est possible que nous connaissions un choc tarifaire, c'est vrai,
un choc tarifaire, parce qu'une fois que ces cinq années passent à l'abri de
l'analyse, de l'implication de consultations, est-ce qu'on va, comme consommateurs, comme distributeurs, comme industrie en
région... que soudainement toute la supposée prévisibilité de la chose n'était pas au rendez-vous? Et, bon, est-ce
qu'il y a un bénéfice potentiel pour le consommateur? Je pose la
question, M. le Président, d'autres l'ont posée aussi.
Troisième
élément, et je tiens à en parler davantage, c'est l'idée, en quelque part, de
menotter la Régie de l'énergie, de
soustraire Hydro-Québec à l'obligation de rendre des comptes qu'une fois par
cinq ans. On parle d'un monopole en situation
d'obligation morale, légale, sur le plan efficacité,
à rendre des comptes aux citoyens et citoyennes du Québec. Nous sommes dans un contexte où tout le monde parle, surtout cette semaine, et avec raison, sur le plan mondial, de
nos préoccupations sérieuses sur le développement durable, sur la crise climatique. Nous avons la chance d'avoir un
unique bijou ici, au Québec, Hydro-Québec, qui est en quelque part notre
rempart. Quand il s'agit d'un réflexe uniquement québécois vers le développement durable, nous avons le potentiel, avec Hydro-Québec, d'agir sur le plan énergique alternatif de toutes sortes de façons ici, au Québec, et en
se rayonnant dans notre expertise qui réside chez Hydro-Québec sur le plan mondial. Est-ce que
nous ne méritons pas, donc, que cet organisme nous rende compte chaque année pas juste sur les
tarifs, qui est une grande question en soi, mais sur ses activités, sur sa
façon d'agir au nom de ses actionnaires?
Et, M. le Président, ses actionnaires, ce n'est certainement pas le côté ministériel, ce n'est pas l'Assemblée nationale, ce n'est pas uniquement les
consommateurs, c'est chaque citoyen et citoyenne du Québec, dont la vie pas
seulement quotidienne, sur le plan budgétaire,
pas seulement pour des familles qui ont à planifier leurs dépenses, et des fois
la bouffe passe avant, même,
l'alimentation, de l'électricité, oui, toutes ces réalités sont là, mais plus
que ça, plus que ça. On parle d'une société qui a l'obligation d'être
transparente, à la vue et par obligation légale, de se trouver devant la régie
à chaque instance, à chaque année. C'est normal. Voilà la façon de protéger le
public.
Maintenant,
quand on parle de ces trois questions-là, ce n'est pas ma voix unique qui se
prononce, actuellement, qui me prononce. Il y avait 11 des quelque
17 intervenants devant notre commission
parlementaire qui ont été clairs, ils
avaient des grosses, grosses difficultés avec le projet de loi devant nous.
Bon, est-ce qu'on va donc être sérieux? On parle d'un
enjeu sérieux, il y a des comptes à rendre, des trop-perçus à retourner, tel que promis par ce gouvernement, aux
consommateurs et consommatrices, voilà un des aspects importants, mais pas en
menottant Hydro-Québec... pas Hydro-Québec mais la régie et en privant le
simple citoyen, partout au Québec, de
son implication, de son information sur Hydro-Québec. C'est pourquoi nous, on
propose que ce projet de loi soit retiré, M. le Président. Merci.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le député de D'Arcy-McGee.
Prochaine intervention, M. le député de Jacques-Cartier.
M. Gregory Kelley
M. Kelley :
Merci, M. le Président. Je pense que ça, c'est la troisième fois que je prends
la parole cette semaine pour parler d'un projet de loi, et vous étiez là
chaque fois, alors merci beaucoup pour votre écoute cette semaine.
Je veux aussi juste dire un grand merci à mon
collègue le député de Laval-des-Rapides pour son intervention aujourd'hui, qui
a duré pas mal une heure. J'étais ici juste à la fin, mais mon collègue parle
avec conviction pour les consommateurs du
Québec. Il est tellement... Pendant le caucus, quand on discute le dossier, il
a vraiment les consommateurs en tête, là, pour la défense des gens qui
attendent pour un chèque, des gens, des trop-perçus, dans notre société.
Mais, comme mon collègue a dit à plusieurs
reprises, si les gens attendent pour un chèque d'Hydro-Québec, ça va... probablement que cette personne-là doit
attendre pour beaucoup de temps, parce qu'avec ce projet de loi ici ce n'est
pas un remboursement direct dans les poches des personnes, les trop-perçus. Et
je pense que les gens sont un petit peu
déçus. Et ce n'est pas juste moi qui dis ça, ce n'est pas juste à cause des
articles dans les journaux mais parce que j'ai participé, quand même, à la consultation publique, où on a entendu
plusieurs groupes, puis pas mal chaque groupe a dit la même chose. Je
n'ai pas entendu un groupe qui était pour le projet de loi du gouvernement et
j'ai trouvé ça pas mal incroyable parce que,
quand même, comme un député qui a siégé maintenant sur plusieurs projets de loi
et participé a plusieurs discussions
et consultations publiques avec les audiences de différents groupes publics, on
a toujours eu un petit peu un mélange
de groupes qui étaient pour, de groupes qui étaient contre, de groupes qui
étaient un petit peu au milieu, mais,
qu'est-ce que j'ai entendu la semaine dernière, c'étaient pas mal tous les
groupes qui étaient contre le projet de loi, pour plusieurs raisons.
• (17 h 30) •
Mais je veux,
M. le Président, juste prendre le temps de faire un petit résumé du projet de
loi. On parle de quoi exactement?
Bien, première chose, le projet de loi modifie d'abord la Loi sur Hydro-Québec
afin de définir les tarifs de distribution
électrique à compter du 1er avril 2020. La liste de ces tarifs est
disponible à l'annexe I du projet de loi, alors, s'il y a des personnes qui veulent avoir une
meilleure idée comment les tarifs vont fonctionner, c'est dans l'annexe du projet
de loi. Ces tarifs seront indexés pour les quatre années suivantes.
Le projet de
loi prévoit aussi qu'Hydro-Québec demandera maintenant à la Régie de l'énergie
de fixer les nouveaux tarifs de
distribution d'électricité ou de modifier les tarifs existants tous les cinq
ans plutôt qu'annuellement. Les tarifs de distribution d'électricité
devront être publiés sur le site Internet d'Hydro-Québec et à la Gazette
officielle du Québec. Il prévoit aussi
qu'Hydro-Québec peut demander à la régie de modifier les tarifs au cours de la
période de cinq ans, à condition de
présenter une demande au ministre. Le gouvernement doit par la suite publier un
décret de préoccupation répondant à la demande.
Le
projet de loi retire par ailleurs des obligations pour Hydro-Québec de demander
l'approbation à la Régie de l'énergie
pour les projets d'investissement d'infrastructure et les autres initiatives de
réorganisation du réseau de distribution de l'électricité, ainsi que les
programmes commerciaux. De plus, il retire l'obligation d'établir un mécanisme
de réglementation incentif afin que le distributeur de l'électricité et que le
transporteur de l'électricité réalisent des gains d'efficience. Le projet de loi oblige enfin Hydro-Québec à transmettre annuellement à la Régie de l'énergie des renseignements qui sont énumérés dans la loi.
Et
le projet de loi prévoit enfin des dispositions de concordance, pénales et transitoires, notamment une
disposition qui oblige Hydro-Québec à
accorder avant le 1er avril 2020 un rabais sur les tarifs auxquels
l'électricité est distribuée.
Ça,
c'est une chose. Alors, ça, c'est les éléments dans le projet de loi. Une chose
est claire, que, dans tous les groupes qui ont présenté devant nous la
semaine dernière, le seul groupe qui était très content avec le projet de loi,
c'était Hydro-Québec. Je pense que mon
collègue a bien expliqué qu'il a trouvé ça vraiment extraordinaire quand tous
les groupes, qui étaient à côté, avec... bien, le gouvernement qui, quand il
était dans les oppositions, était toujours à côté des consommateurs, toujours à côté de certains groupes
qui ont lutté pour les trop-perçus, était là avec eux autres. Ils ont dit :
On va faire ça.
Et,
M. le Président, je me souviens, j'étais un attaché politique, j'ai écouté la
période de questions pour environ quatre
ans, c'était un enjeu très important pour le gouvernement, ils ont posé des
questions, puis ils ont dit : C'est tellement simple, juste redonner l'argent, il y a des
surplus, c'est facile, juste rester à ça, pourquoi pas? Puis je me souviens que
des différents ministres ont dit : Bien, on ne peut pas faire ça, il y a
une chose importante, il n'y a aucune ingérence qu'on mêle la politique avec les tarifs ou, nécessairement... avec un
dossier comme ça parce que c'est une institution qui est, quand même,
qu'on dit en anglais, «arm's lenght», on ne veut pas avoir trop de nos
politiques dans les décisions d'Hydro-Québec,
ça demeure toujours une entreprise qui a l'objet de rendre un service efficace
et d'avoir des tarifs qui ne sont pas
trop élevés. Mais, quand même, ça, c'est leur mandat. Puis on a une régie qui
est là, qui protège les consommateurs, qui, à plusieurs reprises, dit à
Hydro-Québec que leurs demandes pour l'augmentation des tarifs étaient trop
élevées, c'était trop. C'était réellement un
chien de garde pour les consommateurs, et maintenant, dans ce projet de loi, on
va enlever ça, on va enlever la protection de la régie, comme je dis, un
chien de garde pour les citoyens du Québec.
Mais,
M. le Président, je veux juste soulever une couple de groupes qui étaient quand
même contre le projet de loi, la
Fédération canadienne des contribuables du... «du Québec», excusez-moi, la
Fédération canadienne des contribuables a vraiment eu une réaction qui était mitigée aux propos et à la provision
du gouvernement. Selon la FCC, le remboursement des trop-perçus est nécessaire. Comme il s'agit d'argent appartenant aux
Québécois, cela doit être retourné. Par contre, selon eux, les promesses de remboursement du ministre sont fausses. Ça,
c'est eux autres qui disent ça, ce n'est pas moi. Je prends ça d'une
citation, d'un résumé de leur mémoire.
Le
Conseil de la transformation alimentaire du Québec qui était aussi pas mal sévère
et vraiment contre le projet de loi.
Pour le CTAQ, un choc tarifaire est possible une fois aux cinq ans lorsque la
régie se penchera sur le cours tarifaire. Alors, ils ont parlé beaucoup de cette réalité que l'inflation, ce n'est
pas prévisible, on n'a pas vraiment une idée. Quand même, si on, juste, regarde la dernière fois, en
2008, quand on a eu une crise économique, entre 2008 et 2010 au Canada, le taux d'inflation était environ 1 % et
moins. Parce que, quand il y a une récession, c'est juste un principe
économique, quand il y a une crise
économique, normalement, ce n'est pas toujours le cas, mais juste en principe,
le taux d'inflation va baisser. Mais,
quand les choses vont bien... Puis aujourd'hui, pendant la période de
questions, le ministre des Finances a
dit à mon collègue de Robert-Baldwin que ça va bien au Québec, l'économie va
bien. Mais une réalité d'une économie qui
va bien, ça dit que notre taux d'inflation va probablement continuer
d'augmenter dans les prochaines années. Et, si on regarde quand même, si
ce n'est pas prévisible, des choses peuvent changer rapidement dans une
économie. On peut dire, bien : Si on
regarde les chiffres, les prévisions, l'économie, on va probablement avoir une
augmentation de nos tarifs...
excusez-moi, du taux d'inflation, alors ça dit que, dans les prochaines cinq
années, les Québécois vont payer plus. Ça, c'est la réalité quand on
fixe quelque chose pour cinq ans juste basé sur un taux d'inflation.
Et
un des experts qui a présenté devant nous, c'était M. Blain, a vraiment
démontré, avec des chiffres très, très clairs, la réalité que la régie,
sur plusieurs occasions, a vraiment défendu les Québécois et a dit non à
Hydro-Québec sur leurs demandes pour
augmentation des tarifs d'électricité. Mais maintenant ce n'est plus là, puis
on est vraiment fixé sur un tarif qui
est basé sur l'inflation, qui n'est pas prévisible. Ça, c'est juste une
réalité. L'année prochaine puis l'année après ça, on n'a aucune idée si le taux va être plus élevé, plus bas.
Alors, il n'y a pas une fixation, selon moi, c'est juste une fixation
d'une idée, pas une fixation d'un montant pour les consommateurs du Québec.
This is something, of course, even out
of my riding, I had the great opportunity... Hydro-Québec, I would give them the credit as good outreach
work with the community. I've worked with them on the project for the Irish
community, which is the Black Rock, not too far from Victoria Bridge.
There are thousands of Irish immigrants who are buried in a massive grave, all of them who, when they were
immigrating here, were victims of fever and passed away and were put into a mass grave. So, the Irish community in
Montréal, for many years, has been pushing hard for a commemorative site
that will match the severity in size, in the scope of the site.
Because
right now, it's really unfortunate, there is a rock which is quite touching,
but it is next to a Hydro transmission
station, the land is owned by Hydro-Québec, part of the zone by the city of
Montréal. And it's not really... Not
that you want to have a cemetery or a commemorative site to be charming, but
there is not much to it, and I think that
we owe it to the Irish immigrants who did die there that there is something
that is more respectful of the site and more respectful of the place. And Hydro-Québec has been a very active and
engaging partner on that front, which I think it goes to show that, you know, they do their work in the
community and do their outreach. And even in my area, they are extremely
engaged with the CEGEP
in the riding of my colleague from Nelligan and also at interesting exploring
opportunities at the Science
Department at John Abbott College, trying to inform more students :
Hydro-Québec, there are some interesting careers that you could have.
• (17 h 40) •
So, I mean, I just wanted to raise
that point because we are talking of Hydro-Québec and I don't... You know, I'm not trying to be to harsh
on them, there is just a reality here that they have their vision of what this
bill should look like in how people
who have been overcharged for hydroelectricity should receive their money back.
But it is something also too that I do get e-mails
in my e-mail box that, even though I am not in the Government, people are wondering when they're going to be getting their checks from Hydro-Québec for being overcharged, and I do
have to tell them that, unfortunately, you
might have heard during the campaign or the last couple years the different
protests, petitions pushed forward by
the former opposition and that the reality is that they're not going to get a
check. And when I tell them that : Well, you know, you're going to get a rebate over certain years, they
say : Well, I might be moving into, you know, an apartment building or into a senior's residence
house, how's that going to work? And I have to tell them : Well, I'm
sorry, but you might not ever see
that check that you were waiting on. And I think that does disappoint quite a
few people, even people out of my riding who were hoping for something
better and hoping for change.
Je
veux juste répéter, M. le Président, parce que, comme, quand j'étais un attaché
politique... Je me souviens des différentes
pétitions qui étaient déposées par mes collègues, anciens collègues de l'Assemblée nationale quand ils étaient dans
l'opposition. Et je veux juste prendre, en 2017, la pétition qui était lancée
par la députée de Saint-Hyacinthe, c'était une
pétition qui était signée par 50 000 Québécois qui ont cru que la
CAQ, une fois élue, vont rembourser tout le montant au complet, puis la députée et le premier ministre, on disait que décider de ne pas rembourser les trop-perçus, c'était
une façon pour le gouvernement de contourner le mécanisme réglementaire
mis en place devant la Régie de l'énergie et d'instrumentaliser
«énormément une société
d'État pour aller chercher plus
d'argent dans les poches des contribuables». Ça, c'est une citation. Mais, quand on parle de changements, quand on
parle d'on va faire des choses différemment, ça, je trouve que c'est une
autre promesse brisée par le gouvernement, et j'imagine qu'il y a beaucoup de
gens qui sont, comme je dis, déçus, qui sont déçus avec le projet de loi.
Mais je continue, M.
le Président, avec le tableau. M. Sylvain Audette, membre de l'association
de recherche gestion du secteur de
l'énergie, grosso modo, il a dit : Le retrait de l'obligation de tenir des
audiences publiques devant la Régie de l'énergie est inacceptable et
enlève de la transparence au processus de fixation des tarifs. Il demande aussi
qu'Hydro-Québec dépose un dossier tarifaire pour 2020 et 2021 afin que nos
connaissances... les montants du remboursement
réel qu'offrira Hydro-Québec à ses clients. Selon lui, «il est faux de
prétendre qu'il y aura plus [des] écarts de rendement, il serait [plus] simplement caché ou invisible pendant
cinq ans avec le projet de loi n° 34, mais seuls les écarts négatifs risquent de déclencher des mécanismes de réouverture de
la part d'Hydro-Québec pour ses actionnaires». Alors, c'est quand
même une critique pas mal sévère.
L'Union
des consommateurs : Hydro-Québec n'aura pas à fournir annuellement les mêmes
informations à la régie. Pour l'union, ceci est une perte de
transparence pour les consommateurs.
Un
autre ici, le Regroupement des organismes environnementaux en énergie. Selon eux, les coûts associés aux études des dossiers tarifaires sont largement
compensés par les gains que nous faisons en tentant ces audiences. Aussi,
selon cet organisme, nous nous mettons à risque pour des accusations
de dumping de la part des Américains. Ça, c'est, pour moi, tellement
grave parce que, oui...
I've heard so many times from their
side... It's as if they found that the United States exist, and, all of a
sudden, Hydro-Québec sells
energy to them. Oh, wow! This is amazing, no one has ever done this before. But
that's just not true. When
I heard the Minister of the Environment stand up today and talk about selling
electricity to the United States, and : Oh! The governor of California wanted to come and speak to me, well,
that was pretty much due, in part, to the former Premier of Québec, Mr. Couillard, who worked so hard to go around the
world and promote Québec's climate change record and what we want to do with the world. We were pushing them. We
got Ontario to sign in with our carbon market, which unfortunately left due to
the conservative Government of Doug Ford, who does not believe in climate
change. He is very much a climate skeptic, and I find that extremely
disappointing.
But I know that, Mr. Couillard, for
him, it was a priority to always go out on the international scene and sell our electricity. And the fact that
these lines do exist, that there is already a system where we can transport
electricity in the United States of
America is not because the CAQ just figured this out. It's because we've been
working very hard on this for a very
long time. Selling electricity to Ontario is not something that was discovered yesterday. We've been negotiating and we signed a deal with
Ontario to sell them our electricity. That was thanks to the previous
Government the hard work we did to try to sell more electricity to our
neighbors which is green and renewable.
Alors,
je veux juste terminer sur ce point-là, parce que je pense
que mon collègue veut prendre la parole. Alors, M. le Président, merci beaucoup pour votre écoute aujourd'hui puis cette semaine. Et c'est sûr que je suis contre ce projet
de loi présentement et je vais voter contre s'il n'y a pas des changements
majeurs. Merci beaucoup.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le député de
Jacques-Cartier. Je reconnais maintenant M. le député de René-Lévesque.
M.
Martin Ouellet
M. Ouellet : Merci beaucoup, M. le Président. Donc, à mon tour
de prendre la parole sur le projet de loi n° 34, loi qui va changer dramatiquement, il faut le dire, la
façon dont Hydro-Québec et la Régie de l'énergie travaillaient ensemble
sur la fixation des tarifs.
Je
suis content de prendre la parole, M. le Président, parce que, ce matin, la
partie gouvernementale a fait une motion qui a souligné les 50 ans du barrage de Manic-5, le barrage de
Daniel Johnson. Et ce barrage, M. le Président, il est dans ma
circonscription, il est une fierté québécoise. Donc, ça me fait assurément
plaisir de parler d'Hydro-Québec parce qu'Hydro-Québec
est chez nous. Les lignes sont chez nous, les barrages... pas la majeure
partie, mais une bonne partie des barrages sont chez nous. Et donc on a
une relation quand même assez importante avec Hydro-Québec.
Une relation
importante, M. le Président, et je veux juste rappeler à cette Chambre qu'il y
a de grands projets qui ont été
réalisés sur la Côte-Nord, et il y en a encore à venir. Je veux juste rappeler
que, dans ma circonscription à moi, il y a eu le projet du barrage de la rivière Toulnustouc, qui a eu lieu au
tournant des années 2000. Et par la suite on a commencé, dans la circonscription de ma collègue de
Duplessis, le projet La Romaine, qui doit terminer incessamment sa mise en
service. Et donc parler d'Hydro-Québec,
vivre avec Hydro-Québec, travailler avec Hydro-Québec fait partie de notre
réalité chez nous, en Côte-Nord.
M. le
Président, évidemment, on a plusieurs réserves face à ce projet de loi là. Et
je vais essayer d'être clair pour les
citoyens et citoyennes du Québec pour qu'on comprenne bien comment ça fonctionne
présentement et comment ça risque de fonctionner si on adopte ce projet de loi
dans cette législature.
Anciennement...
ou présentement, M. le Président, pour ce qui est de la fixation des tarifs,
Hydro-Québec fait une planification de ses revenus, mais aussi de ses dépenses,
dont notamment ses dépenses en investissement, et fait valoir auprès de la régie une augmentation des tarifs x,
y, selon ses besoins. La régie, qui
est totalement indépendante, prend une lecture des informations d'Hydro-Québec et valide si, effectivement, les montants demandés sont justes et équitables,
en fonction de ce qui a été présenté par Hydro-Québec, et c'est elle qui
décrète les augmentations de salaire... des augmentations, pas de salaire, pardon, mais les augmentations de tarifs. Donc, je veux juste être bien certain que les gens nous comprennent. Ce n'est pas le gouvernement du
Québec qui décide des tarifs, c'est la régie qui décrète, en fonction de
ce qui a été présenté, les tarifs qui seront appliqués.
Deuxième chose, M. le Président, et c'est
important que je le rappelle, c'est que, pour ce qui est des tarifs en tant
que tels, si Hydro-Québec a des projets
d'investissement colossaux pour le futur, évidemment que ces investissements-là
vont paraître dans la facture subséquente.
Présentement, à moins que je me trompe, il n'y a pas de projet d'infrastructure
majeur du côté d'Hydro-Québec. J'en faisais mention tout à l'heure, on a
terminé la construction du barrage sur la rivière Toulnustouc, chez nous. On
est à compléter la mise en service du projet La Romaine.
Donc, à mon
humble avis, je ne vois pas de quelle façon Hydro-Québec a la volonté de
construire de nouveaux barrages ou
d'avoir besoin d'énormément de liquidités pour augmenter sa capacité, capacité
présentement, M. le Président, qui
est en surcharge, c'est-à-dire que, présentement, les barrages, et je peux vous
parler du barrage de Manic-5, ils sont plein
à ras bord, tellement que, dans certains cas, à certains moments de la saison,
on a dû procéder à du déversement. Donc,
on a dû procéder à l'ouverture des vannes puisqu'on n'était pas capable de
turbiner totalement l'eau derrière les barrages pour vendre
l'électricité. Donc, l'offre était plus grande que la demande.
• (17 h 50) •
Donc, si
Hydro-Québec n'a pas de projet d'investissement majeur à venir, le seul projet,
et je pense que le ministre des
Ressources naturelles et de l'Énergie pourrait me corriger si j'ai tort, le
seul projet que je vois présentement, c'est la ligne 735 kV, qui permet de
relier le poste de Micoua-Saguenay vers le Saguenay—Lac-Saint-Jean, et, du Saguenay—Lac-Saint-Jean,
on va se relier vers le sud du Québec. Cette ligne à haute tension là permet de
rendre disponible de l'énergie présentement
chez nous, non utilisée, à la grandeur du Québec, pour les besoins énergétiques
vers le sud, vers les marchés, même, de l'exportation, si on le désire, mais
aussi cette ligne sert à sécuriser un corridor qui est hautement névralgique pour approvisionner le Québec. Et les
investissements, en tout cas de ce que je me fie sur les différents fils de presse, puisque le BAPE a
autorisé le projet d'aller de l'avant, je pense, c'est aux alentours de
750 millions pour ce projet de 735 kV, qui devrait s'étaler de
trois à quatre ans sur notre territoire.
Donc, pourquoi je dis ça? C'est que la
prétention que j'ai, puis que je veux expliquer aux gens, c'est que, si Hydro-Québec n'a pas, comme le passé, d'énormes
investissements à faire à plusieurs milliards de dollars, évidemment, si
on garde le raisonnement actuel, qui était
qu'on fixe les tarifs en fonction des besoins d'investissement
d'Hydro-Québec... Vous avez compris
que, si Investissement Québec... pas Investissement Québec, si Hydro-Québec
n'investit pas d'argent, ou très peu
comparativement aux autres années, il y aura une pression à la baisse sur sa
demande pour augmenter les tarifs.
Deuxième
chose, M. le Président, la prétention que nous avons ici, dans l'opposition,
c'est qu'il y aura aussi une augmentation
de la demande pour ce qui est des besoins d'Hydro-Québec. Et je m'explique. On
n'a qu'à se rappeler le conflit qui a
eu lieu du côté d'ABI, à Bécancour, conflit
qui s'est réglé et qui devrait permettre à l'usine de redémarrer et de consommer plusieurs mégawatts et, dans
certains cas, des térawattheures sur plusieurs années. Donc, notre prétention, c'est qu'Hydro-Québec, à terme, va avoir beaucoup plus de revenus
puisqu'elle va vendre cette électricité-là qu'elle ne vendait pas, présentement.
Deuxième
prétention que nous avons, c'est tout ce qui touche la cryptomonnaie ou, du
moins, le bloc réservé pour les technologies électro-intensives. On se rappelle qu'il y a déjà un
bloc qui avait été réservé à des entreprises qui étaient déjà connectées au réseau, et
certaines connectées à des réseaux municipaux. Je vous en parle, M. le Président, parce que, chez nous, c'est la réalité qu'on vit, l'entreprise
GPU.ONE s'est connectée directement pour un 15 mégawatts sur le réseau
hydroélectrique de Baie-Comeau, qui permet à la ville de Baie-Comeau, en
passant, de collecter des sous par rapport à la distribution, qui vient, je vous dirais,
diversifier son assiette fiscale. Et donc ce que je dis, c'est qu'il reste
encore un bloc de 300 mégawatts de disponibles qui devraient déboucher
prochainement sur des ententes qui seront signées selon les entreprises qui
auront remporté les appels d'offres et qui seront effectivement disponibles
sous peu.
Donc, si je
mets, d'un côté, l'historique passé, qui dit... au tournant des
années 2000 et pendant plus d'une vingtaine d'années, Hydro-Québec
a utilisé et... a eu besoin, pardon, de milliards de dollars pour mener à terme
des projets d'infrastructure, notamment des barrages, pour la construction, et donc a eu
besoin de liquidités, et a justifié l'augmentation
de ses tarifs suite à cette demande-là de
liquidités pour construire ces immenses ouvrages, et, en parallèle, la demande
qu'on voit, à venir, qui devrait être plus
grande qu'elle est présentement. Donc, Hydro-Québec dépense moins d'argent dans le futur pour des investissements pour solidifier son réseau ou augmenter sa capacité et, d'un autre
côté, va utiliser des capacités déjà
existantes pour augmenter son revenu et vendre de l'électricité. Donc, j'ai
plus de revenus, j'ai beaucoup
moins de dépenses.
Pourquoi, M. le Président,
pourquoi avoir besoin d'un projet de loi pour lier les futures augmentations d'Hydro-Québec selon l'inflation, qui, à notre humble avis, ne
devraient pas avoir lieu dans le contexte actuel? C'est-à-dire que, le contexte actuel, la
régie ne pourrait décréter une augmentation plus grande que l'inflation,
considérant les deux variables que je vous
ai parlées. Donc, pour nous, il est évident que le projet de loi en question, qui gèle pour une année les tarifs et qui les augmente en fonction de l'inflation, n'est
pas la bonne chose à faire pour les consommateurs québécois
et n'est pas la bonne chose à faire non plus pour les entreprises
du Québec. Les grandes entreprises consommatrices d'électricité, les alumineries
de ce monde, les entreprises qui ont, à la demande d'Hydro-Québec, besoin de beaucoup
d'électricité, bien, évidemment, pour eux, la facture va augmenter si on garde le
principe d'augmenter la facture en fonction de l'inflation.
Notre
prétention, puis j'ai posé la question à certains experts lors de la commission parlementaire... L'inflation, M. le Président, là, il n'y a
rien qui est aussi incertain que l'inflation. J'ai posé la question
à des économistes : Êtes-vous
capables de prédire l'inflation pour les
trois, quatre prochaines années? La réponse, c'est non. Dans certains pays du
monde, pour des raisons plutôt de
géopolitique, il y a une augmentation fulgurante de l'inflation. Heureusement,
au Québec, ce n'est pas notre situation, on a des régimes politiques
stables, on a un système monétaire, aussi, qui nous garantit une certaine sécurité, ce qui fait que, ces grands «peaks» d'inflation qui pourraient emmener
l'inflation à du 15 %, du 30 % puis même du 35 %, on ne verra pas ça au Québec. Cependant,
ce n'est pas vrai qu'on est capable aujourd'hui, en 2020, de dire que l'inflation va être
aux alentours de 1,7 % pour les trois, quatre prochaines années. Ce n'est
pas vrai, ça, M. le Président, et on le voit présentement avec la guerre
commerciale que mènent les États-Unis à travers le monde. Les différentes positions géopolitiques ont une
incidence sur notre économie, et ça aura une incidence tôt ou tard sur
l'inflation.
Pourquoi
je vous dis ça, M. le Président? Parce
que le ministre en question nous
dit : Bien, écoutez, si on fixe
les tarifs en fonction de
l'inflation, on donne une certaine prévisibilité. Alors, si vous suivez mon
propos, M. le Président, si on n'est
pas capable d'avoir une prévision juste de l'inflation et qu'elle est flexible
dans le temps, comment est-ce qu'on peut dire qu'on aura une
prévisibilité? La seule prévisibilité, c'est d'avoir un facteur pour
dire : Bien, écoutez, votre augmentation,
ça sera l'inflation, et, lorsqu'on aura connu l'inflation, vous allez connaître
votre augmentation. Ce n'est pas de
la prévisibilité, ça, M. le Président, parce que, dans la variation de
l'inflation, on n'est pas capable de mettre un coefficient fixe.
Deuxième
chose, M. le Président, et celle-là est fondamentale, c'est qu'on justifie le
projet de loi n° 34 comme étant
une pièce législative qui va permettre de rembourser les trop-perçus aux
consommateurs québécois. Dans le projet de loi en question, nous avons la disposition qui remet directement les
premiers 500 millions de trop-perçus. Or, pour le milliard
manquant, là il faut faire un calcul, c'est-à-dire que, si on prend les
prévisions et qu'on commence à compter après
l'année du gel, si on suit les prévisions de 1,7 % d'augmentation
d'inflation, auprès de la cinquième année, après le gel, les Québécois, Québécoises auraient épargné, selon le
gouvernement, tout près de 1 milliard et donc auraient eu dans leurs poches 1 milliard supplémentaire.
Ce qui est tout à fait faux, à notre avis, et voici pourquoi, je m'explique :
Si l'inflation est plus élevée, M. le
Président, que 1,7 %, est-ce que c'est vrai qu'au final il y aura plus
d'argent qui sera demandé aux Québécois, et donc ça pourrait venir
différemment qu'après une période de cinq ans? Que se passe-t-il, M. le Président, si l'inflation est plus basse que
1,7 %? Oui, vous allez me dire que les gens vont payer moins cher, mais,
si l'inflation est moins basse... est plus
basse, pardon, ça ne prendra pas cinq ans. Ça va peut-être prendre six, sept,
huit, neuf, peut-être 10 ans, dans certains cas, pour avoir le retour sur
l'investissement du 1 milliard de trop-perçus.
Alors, pour nous, il
est tout à fait hasardeux d'interpréter ce projet de loi là comme étant un
projet de loi qui permet de remettre dans les
poches des Québécois et des Québécoises avec certitude sur un horizon de cinq
ans 1,5 milliard de dollars.
Alors,
pour nous, c'est sûr et certain que ce projet de loi là n'atteint pas son
objectif, et l'objectif premier... Et on
se souvient d'avoir entendu la Coalition avenir Québec, dans l'opposition, de
vouloir que le gouvernement rembourse ces trop-perçus. Et l'ensemble de
mes collègues des oppositions ont fait effectivement référence à tout le
battage publicitaire et tout le battage communicationnel qui a eu lieu à
l'époque sur les trop-perçus, la pétition déposée par la députée de Saint-Hyacinthe, le fait que, dans
certains cas, l'opposition officielle, qui formait le gouvernement par le passé,
gardait ces surplus pour eux.
Bref,
il y a beaucoup de choses qui se sont dites, tellement que même le premier
ministre a dû reculer, parce qu'au départ
il n'était pas question pour lui de rembourser ces trop-perçus-là. Et le
collègue de Sainte-Rose, de mémoire, nous faisait mention tout à
l'heure, je vous dirais, des déclarations du premier ministre... Oui, M. le
Président?
Le Vice-Président (M. Picard) : M. le député, je dois malheureusement vous
interrompre parce que nous sommes rendus à 6 heures, et il y a des débats
de fin de séance. Mais je voudrais savoir si vous allez poursuivre lorsque
nous allons reprendre le débat dans les prochains jours.
Une voix :
...
• (18 heures) •
Le Vice-Président (M.
Picard) : O.K. Merci. Donc, je vais suspendre les travaux quelques
instants pour la tenue des débats de fin de séance.
(Suspension de la séance à 18 heures)
(Reprise à 18 h 8)
Débats de fin de séance
Le
Vice-Président (M. Picard) : Tel qu'annoncé précédemment, nous allons maintenant procéder aux débats de fin de séance.
J'aurais
besoin d'un consentement pour que nous puissions débuter par le débat de fin de séance entre M.
le député de Robert-Baldwin et M. le ministre des Finances. Consentement?
Des voix : Consentement.
Taxe sur les logements vacants détenus par des
acheteurs étrangers
Le
Vice-Président (M. Picard) : Consentement. Donc, M.
le député de Robert-Baldwin et M. le ministre des Finances,
concernant le refus du ministre de mettre
en place une taxe foncière immobilière pour les acheteurs étrangers
afin de contrer la spéculation. M. le député de Robert-Baldwin, vous avez une
période de cinq minutes.
M. Carlos J. Leitão
M. Leitão : Très bien, M. le Président, merci beaucoup.
Alors, nous voilà à nouveau en train de discuter d'un enjeu dont on avait déjà
parlé abondamment il y a quelques mois. D'ailleurs, c'est des choses... ce
n'est pas seulement qu'on en avait
parlé abondamment, mais c'est quelque chose qui nous préoccupait, et je suis
certain que le ministre des Finances
aussi, ça le préoccupe depuis déjà un certain temps. Et pourquoi est-ce qu'on
est préoccupés par cela? C'est qu'on voit,
avec le passage du temps, qu'il commence à y avoir une espèce de déconnexion
entre le prix du logement, le prix des
maisons, notamment
dans la région de Montréal, et l'évolution du revenu moyen dans cette même région. En général,
les prix de l'immobilier, si on fait un
ratio prix de l'immobilier-revenu moyen des citoyens, bon, il y a
des fluctuations, bien sûr, mais généralement il y a une certaine
continuité dans ce ratio-là. Ce qu'on a vu au Canada dans les villes de Toronto et de Vancouver, c'est que ce ratio-là a
commencé vraiment à décoller, dans le cas de Vancouver, depuis le
début du siècle, du XXIe siècle;
dans le cas de Toronto, un peu plus tard. Mais ce ratio... donc, le prix de
l'immobilier a vraiment commencé à se déconnecter de la réalité, la
réalité étant la base économique de la région en question, et donc le revenu
moyen.
• (18 h 10) •
Or, pourquoi
est-ce que cela arrive? Souvent, et on l'a vu aux États-Unis
dans d'autres centres urbains, cela arrive parce qu'il y a une forte
hausse de la demande qui est bien au-delà de ce à quoi on peut s'attendre quand
une économie est en croissance, une croissance saine, et tout
ça, et cette forte hausse de la demande est alimentée par la spéculation.
Dans le cas
de Vancouver, qui était le premier cas au Canada d'un tel événement,
comme je l'ai dit, à la fin du XXe siècle,
début du XXIe, c'était en grande partie l'arrivée massive d'investisseurs
étrangers, notamment des personnes qui quittaient Hong Kong à l'époque et qui voulaient une espèce de
pied-à-terre parce qu'ils ne savaient pas trop comment ça allait se déployer, la rétrocession de Hong
Kong à la République populaire de Chine. Donc, ça a amené une arrivée
massive d'acheteurs, ça a déséquilibré l'équation offre-demande, ça a mené à
cette forte hausse de prix, une bulle spéculative qui s'est mise en marche. Et,
une fois qu'une bulle prend racine, ça devient très difficile de la contrer.
Dans le
cas de Toronto, ce n'était pas cet aspect-là, peut-être un peu aussi, mais,
avec le passage du temps, évidemment, la forte
croissance économique à Toronto, l'arrivée aussi très, très, très importante de
beaucoup de personnes... et on a vu une hausse de la demande, et puis, encore une fois, une fois qu'une situation de bulle spéculative se met en marche, ça a
comme une vie en soi, et, bon, les prix sont
partis tellement, à tel point que, pour le citoyen, pour la
famille moyenne, tant à Toronto qu'à
Vancouver, de nos jours, d'acheter une propriété dans un quartier central est
impensable. Les prix moyens sont,
dans le cas de Vancouver, au-delà de 1 million de dollars. Dans le cas de
Toronto, ce n'est pas très loin de ça non plus. Donc, c'est impensable
pour un citoyen, comme première propriété, de se loger dans les quartiers
centraux.
Maintenant,
chez nous, on n'est pas encore rendus là, loin de là, c'est encore abordable à
Montréal. Mais ce qu'on commence à voir dans certains quartiers à
Montréal, particulièrement dans les quartiers centraux de Montréal, c'est ce même élément de bulle qui commence à se
manifester. Et alors donc nous... puisque ça a été fait ailleurs, il y a des
mesures qui fonctionnent pour essayer
de dégonfler cette bulle-là et faire en sorte que l'immobilier demeure
abordable. Alors, nous, ce que nous
souhaiterions avoir, ce seraient ces mêmes mesures ici maintenant pour
dégonfler la bulle, encore une fois, dans
les quartiers centraux de l'île de Montréal. Ce n'est pas sur toute la région
métropolitaine, loin de là, mais dans les quartiers centraux de Montréal, à Ville-Marie, Griffintown,
Île-des-Soeurs, etc., cet environnement est en place. Il faut le dégonfler
maintenant...
Le Vice-Président (M. Picard) :
Merci, M. le député de Robert-Baldwin. M. le ministre des Finances, vous
disposez d'un temps de parole de cinq minutes.
M. Eric
Girard
M. Girard (Groulx) : Merci, M.
le Président, et merci au député de Robert-Baldwin pour cette interpellation
puisque c'est un sujet important.
Alors, rappelons les faits. Le Québec va très
bien. 2,7 % de croissance pour les six premiers mois contre une croissance, au Canada, de 1,5 %, et le plus
bas taux de chômage, la province canadienne avec le plus bas taux de chômage pour
la première fois de la fédération.
Une voix : ...
M. Girard
(Groulx) : Alors, merci. Le prix des maisons, M. le Président, est en
hausse de 5 % pour une troisième année
consécutive. Mais je vais citer la SCHL : «La hausse du prix des maisons
est cohérente avec les fondements économiques observés.» Montréal va
bien. Le prix des maisons va bien. Et, comme l'a mentionné mon collègue de Robert-Baldwin, une maison à Montréal est toujours
abordable. Laissez-moi simplifier : une maison à Montréal coûte la moitié du prix d'une maison à Toronto et le
tiers d'une maison à Vancouver. Montréal est magnifique, possède une location géographique exceptionnelle, un
dynamisme. Et, oui, ça fait trois années consécutives que les prix sont en
hausse de 5 %, et nous souhaitons que ça continue.
Qu'en est-il
des acheteurs étrangers? Alors, à Montréal, 94 % des acheteurs sont des
acheteurs domestiques, 3 % des acheteurs sont des acheteurs des autres
provinces canadiennes et 3 % des acheteurs sont des acheteurs étrangers.
Et là je vais aller dans les
décimales : en 2019, nous sommes autour de 2,7 %, et nous étions
autour de 3,4 % de proportion d'acheteurs
étrangers en 2018. Il y a donc, toutes proportions gardées, moins d'acheteurs,
en 2019, étrangers qu'en 2018. Et j'aimerais rappeler que, lorsque
Vancouver est intervenue et Toronto est intervenue, c'étaient des proportions
d'acheteurs étrangers, dans un cas, de 7 %, dans l'autre cas, de
13 %.
Mais nous sommes sympathiques... ou nous
entendons les citoyens qui demandent plus d'accessibilité à des logements abordables, c'est pourquoi nous avons
mis 235 millions dans le budget pour l'excellent programme AccèsLogis,
c'est pourquoi ma collègue ministre du Tourisme a amené une réglementation pour
les plateformes de location. Je ne nommerai pas la compagnie principale, elle
n'a pas besoin de publicité.
Et ce matin
mon collègue me demandait : Quelles sont vos données? D'où viennent vos
données? Alors, malheureusement, nous utilisons toujours des données
approximatives de JLR Solutions foncières, mais nous avons poursuivi ce que le précédent gouvernement avait
amorcé, c'est-à-dire nous avons passé le règlement pour avoir nos propres
données à partir de juin 2020, et, bien sûr,
ceci permettra d'avoir un meilleur suivi. Mais présentement le ministère des
Finances analyse le marché avec les données
de JLR Solutions, et les acheteurs étrangers ne sont pas une problématique
dans le marché de Montréal. Montréal va
bien, troisième hausse consécutive des prix de 5 %. Mais nous ne pouvons
imputer cette hausse aux acheteurs étrangers. Cette hausse est le
résultat de fondements économiques extrêmement solides à Montréal, actuellement.
Alors, est-ce que nous devrions imposer une taxe
pour, par exemple, ralentir le marché? Eh bien, il faudrait simplement demander aux 97 % des autres
acheteurs, à tous ceux qui possèdent le stock immobilier : Croyez-vous que
nous devrions taxer pour ralentir le marché?
Et je vais répondre pour eux, M. le Président : Non, merci. Il n'y a pas
de problème d'acheteurs étrangers, actuellement, à Montréal, et, oui,
c'est une décision de politique publique de ne pas intervenir dans un marché qui est en équilibre et dont la hausse des
prix reflète les fondements économiques dynamiques, extrêmement positifs
de Montréal. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Picard) :
Merci, M. le ministre des Finances. M. le député de Robert-Baldwin, vous
disposez d'un droit de réplique de deux minutes.
M. Carlos J. Leitão
(réplique)
M. Leitão :
Deux minutes. Merci, M. le Président. Alors, je vais parler très vite. Non,
non, je vais parler quand même tranquillement parce que j'ai quelques
messages. M. le ministre nous a dit qu'il n'y a pas de problème. Moi, je suis
en désaccord avec cela, et je pense qu'il ne faut pas attendre à ce que le
problème se matérialise pour agir, hein? Justement,
on a vu ce qui s'est passé ailleurs, et, une fois qu'une bulle s'installe,
c'est extrêmement difficile de la dégonfler.
Le Québec va bien, Montréal va bien. M. le
ministre a parlé beaucoup de l'augmentation des prix moyens. Son collègue de l'Éducation parle beaucoup de
moyennes. Mais les moyennes cachent souvent des choses, M. le Président.
Ce à quoi je fais allusion, c'est la
situation dans les quartiers centraux de Montréal, notamment Westmount. Bon, il
reste Ville-Marie, Île-des-Soeurs,
Griffintown, les condos de luxe au centre-ville de Montréal, les prix dans ces quartiers-là
commencent à décoller de la réalité. Donc,
je sais bien que la taxe sur les acheteurs non résidents et non occupants, qui
n'occupent pas leurs loyers, ce n'est pas un
instrument qui est parfait à 100 %, ce n'est pas le cas, mais ça envoie un
signal. Ça envoie un signal qui est
très clair et un signal qui est très clair et nécessaire pour ralentir le
marché, M. le Président. Donc, c'est
pour ça que nous jugeons que le moment d'envoyer un tel signal, c'est
maintenant. Et donc je pense que c'est maintenant qu'on devrait faire
cela pour prévenir une bulle spéculative dans la grande... pas dans la grande
région de Montréal, mais dans les quartiers
centraux de Montréal. Oui, c'est bien, on va avoir les données à partir de
juillet 2020, et c'est très bien. Je
pense que, ces données-là, on pourra faire de la bonne politique publique. Mais
agissons maintenant...
• (18 h 20) •
Le Vice-Président (M. Picard) :
En terminant.
M. Leitão : ...de
façon préventive pour éviter les bulles spéculatives dans les quartiers
centraux de Montréal. Merci, M. le Président.
Stratégie du gouvernement
en matière de lutte
contre les changements climatiques
Le Vice-Président
(M. Picard) : Merci, M. le député de Robert-Baldwin.
Le
prochain débat, qui se fera entre Mme la députée de Maurice-Richard et M. le ministre de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, concerne l'inaction
du gouvernement caquiste en matière d'environnement.
Je
vous rappelle que, conformément à l'article 310 du règlement, le député
qui a soulevé le débat et le ministre qui
lui répond ont chacun un temps de parole de cinq minutes, et le député ensuite
a un droit de réplique de deux minutes. Mme la députée de Maurice-Richard,
vous avez cinq minutes.
Mme Marie
Montpetit
Mme Montpetit : Je
vous remercie, M. le Président. Donc, effectivement, je vais aborder la
question de la lutte aux changements climatiques. Et je sors justement
d'une commission sur l'impact des pesticides. On a passé les quatre derniers jours, hein, sur cette
commission-là et on a abordé à plusieurs reprises, notamment, les impacts des
changements climatiques sur l'agriculture du
Québec, sur la productivité et sur la santé. Donc, les effets sont multiples
et sont déjà présents.
Et
donc je voulais donner une énième occasion au ministre de me répondre. Parce
que je lui ai posé plusieurs questions en
cette Chambre, depuis la dernière année, et je voulais lui donner l'occasion,
une autre occasion de venir nous expliquer sa vision et son plan en
matière d'environnement et de lutte aux changements climatiques. La raison,
entre autres, c'est qu'il a eu l'occasion de
le faire, et ce n'est jamais, jamais clair, il n'a jamais de réponse sur la
suite des choses. Et même il soulève
des interrogations à chaque fois. Parce que, par exemple, hier, bon, nous avons
voté une motion sur l'urgence
climatique, un moment important, à l'Assemblée nationale, une motion
extrêmement importante. Elle a été votée à l'unanimité. Et je rappellerai
que la motion, ce qu'elle disait, en plus de reconnaître qu'il y a urgence
climatique, elle demandait au gouvernement
ou elle imposait au gouvernement d'harmoniser l'ensemble de ses choix
politiques avec cette situation de
crise en prenant tous les moyens nécessaires afin de réduire rapidement et
drastiquement ses émissions de GES.
Donc, je pense que c'est assez clair.
Le gouvernement a voté pour cette motion. Donc, j'aimerais que le ministre
profite de l'occasion pour nous expliquer
comment il va harmoniser ses choix politiques avec l'urgence climatique, s'il
comprend bien ce qu'est l'urgence
climatique. Urgence veut dire maintenant, pas dans un an, ou dans deux ans, ou
dans trois ans.
Et c'est quand même surprenant de voir
que, dans les cinq minutes ou 10 minutes qui ont suivi, le gouvernement,
la CAQ a voté contre une autre motion qui
disait que l'Assemblée nationale s'oppose au projet de corridor énergétique
national qui permettrait au gouvernement
fédéral d'imposer la construction d'un oléoduc sur le territoire québécois sans
son consentement.
Donc,
on s'y perd parce que, d'un côté, ils sont d'accord avec le fait de voter pour
une motion sur l'urgence climatique et, à la
première occasion — et là la
première occasion, c'est vraiment dans les minutes qui suivent — ils sont d'accord pour permettre au
gouvernement fédéral de venir imposer un projet sur le territoire québécois, un
projet qui, potentiellement, pourrait avoir
un impact non seulement sur l'environnement, mais également sur nos émissions
de GES, donc extrêmement
contradictoire. Et ça démontre encore
que c'est un gouvernement qui a beaucoup de paroles, très peu d'actions. Mais encore faudrait-il que les paroles
demeurent cohérentes.
Et là je vais vous
faire un petit bilan, M. le Président, parce que, pas plus tard que mardi
prochain, ce sera la première année de
mandat du gouvernement, et non seulement... ce qu'on constate, c'est qu'il n'y
a toujours pas de lois qui ont été
mises en place, de réglementations qui ont été mises en place, il n'y a rien
qui a été déposé, aucune action qui a été posée au niveau de la lutte aux changements climatiques. Donc, j'ai bien
hâte de voir ce que le ministre répondra aux centaines de milliers de personnes qui seront dans la rue demain pour
demander, justement, plus d'actions. Mais là, si on part de zéro, c'est
sûr que ça ne fait pas beaucoup.
Et,
si on regarde ce qui a été fait dans la dernière année, non seulement il n'y a
pas eu de proactivité, on a bien qualifié
ce gouvernement-là de climato-inactif, mais, en plus d'être inactif proactif,
il fait des pas de recul parce qu'en seulement
un an de gouvernance le bilan environnemental de la CAQ, là, c'est un
changement de ministre en moins de 100
jours, plus de routes, moins de transport en commun, l'abolition du Conseil de
gestion du Fonds vert, l'abolition de Transition
énergétique Québec, l'abandon des cibles de réduction des GES pour 2020,
l'abandon du Comité-conseil sur les
changements climatiques, l'abandon du programme RénoVert, l'abandon du leadership
du Québec à l'international, une mise
à jour économique vide en matière environnementale, un budget qui n'avait
aucune mesure structurante pour la lutte aux changements climatiques, le
congédiement d'un lanceur d'alerte, le refus de déposer un projet de loi sur le
suremballage et maintes autres propositions qui ont été faites par les
oppositions, le refus de représenter la candidature
du Québec pour la COP26, le refus du premier ministre de se rendre à la COP24
et d'être à la Climate Week, et la liste est encore longue. Donc, non
seulement on n'avance pas, on recule, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, Mme la députée. M. le
ministre de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, je vous cède la
parole et je vous rappelle que vous disposez d'un temps de cinq minutes.
M. Benoit
Charette
M. Charette : Merci, M. le
Président. Un plaisir de vous retrouver à cette heure en fin d'après-midi.
La collègue a
fait allusion au premier anniversaire de l'élection de la Coalition avenir
Québec. C'est vrai que c'est un anniversaire qui est digne de mention.
Depuis les derniers mois, depuis la dernière année, on le voit sondage après sondage, la population québécoise appuie son
gouvernement. Ces appuis augmentent d'ailleurs de mois en mois, et les appuis au parti politique qu'elle représente, eux,
diminuent de mois en mois. Il y a une raison assez simple pour expliquer
ce phénomène, et elle vient tout juste d'en faire la démonstration, c'est
l'absence de crédibilité dans les propos qu'ils tiennent. La collègue fait des affirmations qui ne sont pas exactes,
d'une part, mais en plus il y a une certaine déformation de la réalité.
Elle parle
d'une motion qu'on a refusée ce matin. C'est bien vrai. Ce qu'elle omet de
dire, c'est qu'on avait proposé un amendement
pour la rendre encore plus contraignante, cette motion. Et d'ailleurs ce qui
est amusant, hier, lorsqu'elle a eu à
intervenir sur cette motion-là, elle appuyait l'amendement que nous avions
proposé, et là aujourd'hui non seulement
elle renonce à ses propres propos tenus
hier, mais son parti a finalement donné son consentement à une motion qui était
moins contraignante que celle que l'on proposait.
Ce que l'on
proposait, M. le Président, ce n'était pas de restreindre le libellé
uniquement au corridor Énergie Est, mais
à l'ensemble des projets pétroliers qui n'avaient pas l'assentiment du gouvernement du Québec. Donc, c'est un petit peu ironique qu'elle cite elle-même cet exemple,
alors qu'elle est en parfaite contradiction avec ces propos tenus il y a quelque 24 heures maintenant.
Ça, c'est une des raisons qui expliquent la débandade des libéraux dans les
sondages.
Autre raison, c'est qu'on a un rattrapage très important
à faire sur des engagements qui avaient été pris par le Parti libéral au cours
des 15 dernières années. Moi, je peux référer notamment à l'intention, qui
a pris la forme d'un engagement, du gouvernement
libéral, par exemple, d'interdire l'enfouissement des matières organiques en
2020. C'est un engagement qui avait été pris il y a près de huit ans
maintenant. À partir du moment où l'engagement a été pris, malheureusement, aucune mesure concrète, aucun
programme n'est venu appuyer cette idée lancée sans trop être réfléchie de leur part, ce qui fait qu'on est à la veille de
2020, et nous en sommes à la même situation au niveau de l'enfouissement
des matières organiques.
Je pourrais
vous donner bon nombre d'autres exemples qui expliquent que nous sommes en
situation de rattrapage. Un qui fait
l'objet de reportages régulièrement, je vous dirais, à chaque trois ou quatre
mois, dans les médias, on fait état de
la crise du verre, tantôt de la crise du plastique, tantôt de la crise du
papier. Ce sont tous des éléments pour lesquels la problématique est connue, tous des éléments pour lesquels le Parti
libéral pendant de nombreuses années, s'est engagé, et aujourd'hui, en
2019, malheureusement, on se retrouve dans cette même situation qui nécessite
cette correction.
• (18 h 30) •
Ce que j'ai
eu l'occasion de mentionner au cours des dernières semaines, c'est que nous
n'attendrons pas comme eux 15 ans avant de répondre à cette inquiétude de la
population. Dès les prochaines semaines, nous entendons déposer une politique pour, justement, maintenir
la confiance de la population, parce que le laisser-faire des libéraux, ce
qu'il engendre, c'est cette méfiance. Le
citoyen, la citoyenne, aujourd'hui, se demande : Est-ce que ça vaut la
peine de mettre, par exemple, ma
bouteille de vin ou mon contenant de
plastique dans le bac à récupération, sachant que près de 70 %
de ces éléments-là vont tout de même se retrouver au site d'enfouissement par
la suite? Donc, c'est cette crise de confiance qui doit être adressée,
qui doit être répondue, et c'est l'engagement qui a été pris, de notre côté,
quant aux changements climatiques eux-mêmes.
Quant à la
réduction des gaz à effet de serre, là aussi, les 15 années de gouvernance
libérale nous ont fait faire des pas
de recul. C'est la raison pour laquelle on prévoit déposer un plan très
ambitieux en début d'année, qui va nous permettre non seulement de rattraper le retard accumulé pendant les
libéraux, mais surtout, surtout, arriver à atteindre les objectifs qui ont été fixés pour
l'année 2030, c'est-à-dire une réduction des gaz à effet de serre de
l'ordre de 37,5 % par rapport à l'année de référence de 1990.
Donc, nous
aurons des moyens comme jamais les libéraux n'en ont déployé, et surtout nous
aurons une volonté politique de rencontrer nos engagements, ce qui n'a
jamais été le cas sous les libéraux.
Le Vice-Président (M. Picard) :
Merci, M. le ministre. Mme la députée de Maurice-Richard,
je vous cède la parole pour votre droit de réplique de deux minutes.
Mme Marie Montpetit
(réplique)
Mme Montpetit :
Oui, je vous remercie. M. le Président, le ministre parle d'ironie. Moi, je
vais vous dire ce qui est ironique. Puis, au-delà du fait que c'est
ironique, c'est même plutôt triste, parce que le ministre vient de passer les cinq dernières minutes encore à me servir un
déluge de mots avec aucune action. Donc, on est toujours dans la même
chose : des attaques, de la petite politique, mais aucune action
concrète.
Puis ce qui
est ironique aussi, c'est qu'encore ce matin le ministre vantait l'excellent
bilan du Québec en matière de GES, en
matière de gaz à effet de serre, qui a été laissé par les libéraux. Donc, on
est dans un autre discours complètement aujourd'hui. Encore ce matin, il se vantait que le Québec puisse avoir
la place enviable de leader en Amérique du Nord et il sait très bien que ça, c'est grâce à toutes les
politiques qui ont été mises en place par les libéraux dans les dernières
années.
Nous, ce qui
nous inquiète, c'est qu'on conserve cette place-là. Et ce qu'on sait, c'est
qu'au jour 1 du gouvernement qui est
en place ils ont déjà abandonné les cibles de 2020, alors que tout le monde
disait qu'il était encore possible de les atteindre. Mais on vient de
perdre un an dans la lutte aux changements climatiques dans la dernière année
au Québec. On a fait
perdre un an, et ça, c'est quelque chose qui ne se rattrapera pas. Et le
ministre, s'il continue de pelleter par en avant, bien, c'est certain qu'on n'y arrivera pas, M. le Président, et
il aura à rendre des comptes à la population, et il aura à rendre des
comptes aux gens qui vont marcher dans la rue demain. Et je serais bien, bien,
bien surprise de l'entendre refaire un
discours sur l'appréciation des gens de son bilan à la suite de la journée de
demain, où il y aura des centaines de
milliers de personnes qui vont marcher pour redemander au gouvernement de poser
des actions concrètes pour lutter contre les changements climatiques.
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Picard) :
Merci, Mme la députée.
Ajournement
Compte tenu de l'heure, les travaux de l'Assemblée
sont ajournés au mardi 1er octobre 2019, à 13 h 40.
(Fin de la séance à 18 h 33)