(Neuf
heures quarante minutes)
Le Vice-Président
(M. Picard) : Bon mercredi matin. Veuillez vous asseoir, s'il vous
plaît.
Affaires
courantes
Déclarations
de députés
Nous
allons débuter par la rubrique Déclarations de députés. Et, la première, je
cède la parole à M. le député de Deux-Montagnes.
Rendre
hommage à M. Jean Charest pour son
engagement bénévole dans le domaine sportif
M.
Benoit Charette
M.
Charette : Merci, M. le Président. Il m'aurait fallu davantage de
temps, ce matin, que le temps imparti pour rendre hommage à M. Jean Charest, une figure importante du monde
sportif de ma circonscription, qui malheureusement est décédé le
10 février dernier.
Avant de conclure le
dernier chapitre de sa vie comme bénévole émérite, notamment au tournoi de
hockey provincial bantam de Saint-Eustache,
M. Charest était également un sportif accompli. Comme le rappelait
M. André Roy, un réputé
journaliste de ma circonscription, Jean Charest a évolué avec le club juvénile
AA de Saint-Eustache, où il s'est démarqué. Il est ensuite devenu
entraîneur de hockey à l'Association du hockey mineur de Saint-Eustache, avec
les Seigneurs des Mille-Îles, junior AA de Boisbriand également, de même qu'à
la balle molle féminine. Au coeur du Vieux-Saint-Eustache, M. Charest a
également été propriétaire d'une boutique d'équipement sportif.
J'offre
à sa conjointe Suzanne, à ses enfants, André, Claudia, Benoit et Luc, ainsi
qu'à ses quatre petits-enfants, son frère et ses soeurs mes plus
sincères condoléances.
Le
Vice-Président (M. Picard) :
Merci, M. le ministre. Je cède maintenant la parole à Mme la députée de Hull.
Souligner
la tenue du 40e Salon du livre de l'Outaouais
Mme
Maryse Gaudreault
Mme
Gaudreault : Merci, M. le Président. Alors, aujourd'hui, je souhaite souligner le 40e anniversaire
du Salon du livre de l'Outaouais.
Ce troisième salon en
importance au Québec, c'est un peu comme un grand livre qui fidèlement, depuis quatre
décennies, nous offre mille et une belles histoires à entendre et des univers
de connaissances à découvrir.
Année après année, le SLO, comme on l'appelle affectueusement, attire en moyenne
35 000 visiteurs et visiteuses, reçoit des dizaines et des dizaines
d'auteurs, plus de 400 maisons d'édition et propose près de 150 activités.
Il importe aussi de
souligner la formidable contribution des milliers de bénévoles, présidentes et
présidents d'honneur ainsi que membres du
conseil d'administration qui s'y sont succédé depuis 40 ans. Sans eux,
notre salon du livre ne serait pas le grand événement littéraire qu'il
est devenu.
Alors,
comme nous y invite le thème de cette 40e édition, du 28 février au
3 mars prochains, Ose le SLO. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, Mme la députée. Je cède la
parole à Mme la députée de Huntingdon.
Féliciter
Mme Josiane Carrière et M. Yannick Guérin,
lauréats de prix de la relève en agriculture
Mme
Claire IsaBelle
Mme IsaBelle :
M. le vice-président, je désire féliciter deux jeunes de la relève du milieu
agricole.
À
l'automne dernier, de la Fédération des agricultrices du Québec,
Mme Josiane Carrière a reçu le titre de Jeune agricultrice de l'année pour souligner son
implication dans l'avancement de l'agriculture et dans la valorisation des
femmes agricultrices.
Mme Carrière est copropriétaire de la Ferme Urdani inc. et de Côtière
alpine, situées à Saint-Anicet. En outre, elle est très impliquée au
sein de l'UPA Montérégie—Haut-Saint-Laurent.
Également,
à l'automne dernier, M. Yannick Guérin, de l'entreprise Jardins
A. Guérin de Saint-Patrice-de-Sherrington, a reçu le Prix de la relève horticole de l'Association des producteurs
maraîchers du Québec. M. Guérin possède un baccalauréat en génie mécanique, a travaillé, entre autres,
chez Bombardier Transport, où il se démarque par ses idées et sa ténacité.
Ce n'est qu'en 2013 qu'il trouve enfin sa place au sein de l'entreprise
agricole familiale.
Je tiens à féliciter Mme Carrière et M. Guérin
pour leurs prix respectifs.
Le Vice-Président
(M. Picard) : Merci. Pour la quatrième déclaration, je cède la
parole à M. le député de Vimont.
Remercier
M. Raymond Véronneau pour son engagement social
M.
Jean Rousselle
M.
Rousselle : Merci, M. le Président. J'aimerais rendre hommage en cette
Chambre aujourd'hui à M. Raymond Véronneau, un citoyen de ma
circonscription qui s'implique depuis des années dans la communauté.
En effet,
M. Véronneau est président de l'association de la résidence et des
résidents de Vimont. Et, depuis qu'il est en
poste, les résidents de cette habitation n'ont pas le temps de s'ennuyer. Il se
démène comme un acharné auprès de
toutes les instances qui peuvent lui venir en aide afin de trouver toutes les
solutions possibles à leurs difficultés. Tout ce qu'il entreprend est gage de succès. Les événements qu'il organise tout
au long de l'année sont toujours un grand succès, et les idées qu'il apporte aussi auprès des
résidents apportent un vent de fraîcheur à la résidence. Il croit en ce qu'il
fait, et c'est tout simplement un passionné de tout ce qu'il entreprend.
Malgré
son temps chargé, il aime passer du temps avec les siens, sa fille Céline, son
fils Éric et son petit-fils Raphaël.
Merci
beaucoup, M. Véronneau, pour tout ce que vous faites pour la communauté de
Vimont. Merci beaucoup.
Le Vice-Président
(M. Picard) : Merci. Je cède maintenant la parole à Mme la
députée de Sanguinet.
Souligner
la Journée de sensibilisation au cancer du poumon
Mme Danielle
McCann
Mme
McCann : Merci, M. le Président. En ce 20 février, l'Association pulmonaire
du Québec emboîte le pas à la mobilisation du monde occidental pour
combattre le cancer du poumon en tenant une journée de sensibilisation à l'Assemblée
nationale.
Les
maladies pulmonaires constituent la deuxième plus grande cause de décès au Canada,
et le cancer du poumon est la forme
de cancer la plus mortelle au pays. Chaque année, plus de 9 000 Québécois et Québécoises reçoivent
ce diagnostic.
Je
tiens à remercier et à saluer les efforts de l'Association pulmonaire du Québec, qui, depuis 134 ans, oeuvre
auprès des personnes atteintes du cancer du poumon mais également
auprès de milliers de personnes victimes de maladies respiratoires de
toutes sortes telles que la pneumonie et l'apnée de sommeil. Merci, M. le
Président.
Le
Vice-Président (M. Picard) :
Merci, Mme la députée. Je cède la parole à Mme la députée de Marie-Victorin.
Souligner
la création de l'Équipe intégrée d'intervention et de
soutien aux victimes d'exploitation sexuelle du Service
de police de l'agglomération de Longueuil
Mme
Catherine Fournier
Mme Fournier :
Merci, M. le Président. Chaque année, en moyenne, à Longueuil,
125 adolescentes sont recrutées à des
fins de prostitution par les gangs de rue. Le recrutement se fait à proximité
de certaines écoles secondaires, des
terminus ou des centres commerciaux. Personne n'est à l'abri, et c'est pourquoi
il est si important de protéger nos jeunes filles.
Je
tiens donc, aujourd'hui, à souligner la création de l'Équipe intégrée
d'intervention et de soutien aux victimes d'exploitation sexuelle du Service de police de l'agglomération de
Longueuil, le 23 janvier dernier. Cette équipe apportera un soutien
personnalisé aux victimes, en partenariat avec les intervenants du milieu.
Du
même souffle, je tiens également à souligner les démarches entreprises par les
députés de Repentigny et de Vachon afin de mettre sur pied une
commission parlementaire spéciale qui permettra d'établir un portrait complet
du phénomène. C'est avec beaucoup d'espoir que je participerai à ces travaux.
J'enjoins
finalement le gouvernement à poursuivre sur cette lancée, notamment en s'engageant
à chiffrer les besoins liés au
portrait que nous dresserons et en investissant les sommes conséquentes dans le
but de mettre fin à l'exploitation sexuelle des jeunes filles à
Longueuil mais aussi partout au Québec. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Picard) : Merci. Je cède la parole à Mme la députée de
Saint-François.
Rendre
hommage à M. Jacques Madore, maire de Saint-Malo
et préfet de la municipalité régionale de comté de Coaticook
Mme
Geneviève Hébert
Mme
Hébert :
Merci, M. le Président. La municipalité de Saint-Malo et la MRC de Coaticook
sont en deuil. Un homme
extraordinaire, reconnu pour sa grande écoute, sa joie de vivre et son entrain,
nous a malheureusement quittés le 13 février dernier.
M. Jacques Madore
était maire de la municipalité de Saint-Malo depuis 13 ans et élu préfet
de la MRC de Coaticook depuis 2013. Tandis
que la région perd un grand homme pour sa forte implication dans son milieu,
plusieurs ont perdu davantage qu'un collègue de travail remarquable, ils
ont perdu un très bon ami.
M. Madore a
connu un parcours exceptionnel au sein des Forces armées canadiennes, rien de
moins que 27 années de service.
Un grand leader, un visionnaire, un rassembleur et en même temps un homme
simple, humble et au grand coeur.
Pour mon équipe et moi, il est devenu en très peu
de temps un collaborateur hors pair
et un excellent guide pour nous aider
à découvrir la MRC de Coaticook et ses enjeux. Je suis heureuse d'avoir eu
l'honneur de collaborer avec lui, et il demeurera pour moi un modèle,
une grande source d'inspiration.
M. le Président, je tiens à offrir mes plus
sincères condoléances à sa famille et à ses proches. Merci.
Le
Vice-Président (M. Picard) :
Merci, Mme la députée. La prochaine déclaration à Mme la députée
de Verchères.
Souligner les performances
sportives de jeunes
athlètes de la circonscription de Verchères
Mme Suzanne Dansereau
Mme
Dansereau :
Merci, M. le Président. J'aimerais
souligner la performance sportive de jeunes du comté de Verchères.
En effet,
sept jeunes athlètes de la municipalité de Verchères ont récemment été reconnus pour leurs efforts et
leur persévérance au courant de
l'année 2018. Ces jeunes se sont démarqués dans des compétitions tant au niveau
provincial, national ou
international. Permettez-moi, M. le
Président, de vous les présenter.
Dans les disciplines de cheerleading, je félicite Lee-Anne Massé et
Emma-Clara Soulières. Pour le karaté, mentionnons Hugo Paulhus, Guillaume
Paulhus et Elric Beaudoin. Emylia Labrecque s'est démarquée en équitation, et
Florence Commerie, en gymnastique.
Il est
inspirant de voir ces jeunes se dépasser dans leurs disciplines respectives.
C'est pourquoi je tiens à souligner à l'Assemblée nationale le fruit de
leurs efforts.
Encore une
fois, je félicite ces athlètes pour leur travail. Et continuez à vous dépasser
comme vous le faites. Merci,
M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Picard) :
Merci. Je cède la parole à Mme la
députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré.
Souhaiter la bienvenue aux
nouveaux membres de
l'Association des plus beaux villages du Québec
Mme Émilie Foster
Mme Foster : Merci, M. le Président.
Je l'ai toujours dit, Charlevoix—Côte-de-Beaupré,
c'est la plus belle circonscription du Québec, et je suis infiniment fière de
la représenter ici, à l'Assemblée nationale.
Parlant
de l'immense beauté de ma circonscription, je veux souligner ce matin que,
depuis janvier dernier, l'Association des plus beaux villages du Québec compte maintenant 40 membres, avec
l'arrivée de deux nouvelles recrues bien de chez nous, et j'ai nommé
Pointe-au-Pic et Saint-François-de-l'Île-d'Orléans.
L'association
a pour mission de susciter la préservation, la mise en valeur et la promotion
de noyaux villageois ou de hameaux
qui se distinguent par leur grande beauté et qui représentent des ensembles
authentiques et harmonieux du patrimoine naturel, humain et
architectural formant un paysage de grande qualité.
Je
souligne par ailleurs que 11 de ces plus beaux villages sont dans la
circonscription de Charlevoix—Côte-de-Beaupré.
Donc, encore une fois, je suis extrêmement fière
de souhaiter la bienvenue à Pointe-au-Pic et Saint-François-de-l'Île-d'Orléans
parmi les plus beaux villages du Québec. Merci, M. le Président.
• (9 h 50) •
Le Vice-Président (M. Picard) :
Merci. Je cède la parole à M. le député de Jean-Talon.
Souligner le
15e anniversaire de l'organisme Fripe.com
M. Sébastien Proulx
M.
Proulx : Merci, M. le Président. J'aimerais féliciter un organisme de
mon comté qui célèbre cette année son 15e anniversaire, la
Fripe.com.
Comme son nom
l'indique, cet organisme offre une gamme d'articles usagés mais en très bon
état à sa clientèle. C'est un acteur
clé du réseau communautaire de Jean-Talon, qui donne une seconde vie à des
objets de diverses utilités tout en allégeant la part des revenus que
les familles dans le besoin doivent allouer à l'achat de vêtements.
Alors, si un
organisme comme la Fripe.com existe toujours après 15 ans, c'est parce que
de généreux bénévoles et des employés dévoués, convaincus du bien-fondé
de leur mission ont su faire preuve de détermination. C'est la raison pour
laquelle j'aimerais tout particulièrement leur exprimer ma plus vive
reconnaissance. Leur engagement exceptionnel
auprès de leurs concitoyens est un véritable modèle d'entraide. Merci à vous
tous pour votre engagement. Et longue vie à la Fripe.com! Merci, M. le
Président.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le député. Cela met fin à la
rubrique Déclarations de députés.
Et je suspends les
travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à
9 h 52)
(Reprise à 10 h 1)
Le Président :
Mmes, MM. les députés, bon mercredi.
Nous allons nous recueillir
quelques instants.
Je vous remercie.
Veuillez vous asseoir.
Déclarations ministérielles
À la rubrique Déclarations
ministérielles, M. le ministre des Transports. À vous la parole.
Modernisation de l'industrie du transport
rémunéré par automobile
M. François Bonnardel
M.
Bonnardel : M. le Président, voilà maintenant quatre mois que j'ai le privilège d'occuper le
poste de ministre des Transports. Durant ces quatre mois seulement,
nous avons dû prendre quatre décisions urgentes visant à régulariser
certaines situations dans le domaine du taxi et du transport rémunéré des personnes.
Avant même mon
assermentation, le projet pilote concernant le transport rémunéré de personnes
demandé exclusivement par application
mobile, le projet pilote sous lequel Uber peut opérer, et maintenant
Eva, venait à échéance, le 14 octobre. L'ancien gouvernement
n'avait pas pensé bon régulariser la situation avant l'élection.
Une
autre situation urgente fut de pérenniser le projet pilote favorisant les services de transport par taxi électrique, le projet
pilote sous lequel Téo Taxi pouvait
opérer. Nonobstant les problèmes financiers de l'entreprise,
l'environnement légal avait été
ignoré par l'ancien gouvernement, et nous avons dû agir en urgence, sans quoi l'entreprise
se retrouvait sans cadre réglementaire à la fin novembre.
Ce n'est pas tout. Le
projet pilote permettant à l'application mobile Taxis Coop, de Québec, d'opérer
sans les barrières virtuelles des limites
d'agglomération venait lui aussi à échéance. Taxis Coop aurait dû mettre un
terme à cette nouvelle application si nous n'avions pas agi rapidement,
avant le 31 décembre dernier.
Et que dire de l'entreprise québécoise
de coopérative Eva qui, pendant des années, se voyait refuser l'accès à son
propre marché québécois par le gouvernement? Voilà un autre dossier que nous avons réglé durant les premières
semaines du mandat.
M. le Président, tous ces exemples ont une chose en commun : ils émanent tous de projets pilotes. Cette façon de gérer de
l'ancien gouvernement était leur façon bien à eux de repousser les
décisions importantes à plus tard,
bref, de ne pas régler les problèmes de cette industrie une fois pour toutes.
Cette façon de faire a assez duré. L'incertitude qu'elle crée est
dénoncée par l'ensemble des acteurs, autant l'industrie traditionnelle que les
nouveaux joueurs.
Au
cours des dernières années, ma formation
politique a plaidé à de multiples
reprises pour la modernisation de l'industrie du transport rémunéré des personnes. Nous avons
tenu le même discours durant la campagne électorale, et je vous confirme aujourd'hui que nous
remplirons notre engagement. J'ai donc l'intention, dans les prochaines
semaines, de déposer un projet de loi qui jettera les bases de cette vaste modernisation. L'arrivée des
nouveaux modes de transport a bouleversé l'industrie du taxi
traditionnel, qui fonctionnait selon une base législative et réglementaire qui
date des années 70. Il est hors de question
pour moi ou notre gouvernement de chasser les nouvelles innovations
du Québec sous prétexte qu'ils ne concordent pas avec nos vieilles lois.
C'est à nous de faire en sorte d'adapter notre environnement tout en respectant les joueurs déjà
présents. Notre gouvernement placera l'usager au coeur de sa réforme. Les
citoyens sont en droit de pouvoir profiter de services compétitifs et accessibles.
Malgré
les différences qui existent dans ce milieu, certains éléments semblent faire
consensus et seront au coeur des
objectifs de la réflexion en cours : mettre fin à la gestion par projets
pilotes et à l'incertitude — nous devons revoir l'ensemble du cadre législatif et réglementaire;
deux, rendre équitable l'industrie — tout le monde doit jouer selon les mêmes
règles; trois, alléger le fardeau administratif, réglementaire et financier des
entrepreneurs de cette industrie; quatre,
faciliter l'émergence des innovations permettant une amélioration marquée et
constante du service aux citoyens.
Et, tenant compte de
ces objectifs, j'invite les parties prenantes de l'industrie ainsi que mes
collègues de cette Assemblée à entamer leur
réflexion sur les meilleurs moyens à prendre afin d'arriver à la meilleure
solution. Ce n'est pas un exercice
facile, la solution parfaite n'existe probablement pas, mais il est de notre
devoir de mettre fin à l'incertitude et à moderniser ce milieu une bonne
fois pour toutes. Merci, M. le Président.
Le
Président : Merci, M. le ministre. Je cède maintenant la parole à M. le député de La Pinière, porte-parole de
l'opposition officielle en matière de transports, pour ses commentaires. M. le
député.
M.
Gaétan Barrette
M.
Barrette : Alors, M. le Président, je ne sais pas si le ministre
des Transports connaît La Palice. Je
le connais. Mais il connaît sûrement
son collègue à l'Agriculture parce qu'il s'en est sûrement inspiré pour son allocution. Quand il nous dit qu'au mois de décembre il a prolongé de façon
urgente un projet pilote, bien, c'est
comme de nous dire qu'il a fait son
travail de façon urgente. J'espère qu'il le fait à tous les jours, son travail,
et on n'a pas besoin d'une déclaration ministérielle pour dire ça.
Maintenant,
M. le Président, ce que le ministre des Transports vient de faire, c'est un
procès des projets pilotes. C'est ça
qu'il vient de faire. Bien, je vais lui rappeler que, lorsqu'il était député et
qu'il rêvait d'être ministre, bien, son premier ministre nous a appelés pour prolonger ledit projet pilote, et
c'est mon collègue député de Pontiac qui a signé le décret. Alors, quand il se moque des projets
pilotes, conséquemment il se moque automatiquement de son premier ministre.
Et
en même temps, M. le Président... Bien, je comprends qu'il est vexé. C'est
difficile pour lui, là, mais je comprends, c'est gênant, puis je serais
gêné, être à sa place, M. le Président.
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît, s'il vous plaît!
M.
Barrette : Alors, M. le Président, lorsqu'il fait le procès des
projets pilotes, il devrait se retourner derrière et regarder la ministre de la Santé qui a
actuellement sur son bureau des projets pilotes à propos des ratios
infirmières...
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît! On est dans les commentaires du député de La Pinière, qui
est porte-parole de l'opposition officielle
en matière de transports. Alors, on continue et on est attentifs à ses propos.
C'est le droit de réplique.
M.
Barrette : Alors, je continue. Alors, il devrait se retourner vers sa
collègue ministre de la Santé qui a sur son bureau et qui applique maintenant
des projets pilotes pour les projets ratios infirmières. Et il se rappellera
que son premier ministre, en campagne
électorale, avait demandé et s'était engagé à prolonger les projets pilotes
pour les cliniques de chirurgie. Alors,
si les projets pilotes sont bons pour la CAQ, ils doivent être bons pour nous.
Alors, quelle est la pertinence de son commentaire?
Ceci
étant dit, M. le Président, c'est clair que, dans le merveilleux monde, et
complexe, de l'industrie du transport... que ce soit le taxi ou le transport des personnes par les applications
nouvelles, bien, c'est clair que c'est un sujet qui est complexe, et c'est clair qu'il fallait s'y
adresser, et c'est tout à fait clair que nous l'avons fait, et nous l'avons
fait de la bonne façon. Oui, ça
passait par des projets pilotes, c'est vrai, mais les projets pilotes étaient
demandés par le milieu parce que le milieu voulait vivre une transition
qui soit constructive, et c'est ce qui s'est passé.
Et
aujourd'hui on arrive où? On arrive à une situation où vous-mêmes, comme je viens
de le dire, prolongez les projets
pilotes. Vous le faites vous-mêmes, de façon urgente, le matin, au mois de
décembre, quatre mois après avoir été élus. Wow! On est bien impressionnés de
ça. Alors, c'est comme si aujourd'hui vous faisiez une déclaration
ministérielle sur «je mets du
lait dans mon café le matin». Franchement, là! Alors, M. le Président, là,
c'est vraiment n'importe quoi.
Mais
il n'en reste pas moins, M. le Président, que c'est un sujet qui est complexe,
qui demande à ce qu'il y ait des ajustements qui soient adaptés. Le ministre
dit que, pour lui... Le député ministre a dit que, pour lui, c'est un privilège
d'être ministre. Bien, il y a un autre
privilège, quand on est ministre, c'est celui d'hériter du travail des autres,
M. le Président. Et, lorsqu'il est
arrivé en poste, le ministre des Transports, il avait sur son bureau un
document, qu'il a sûrement lu de façon urgente, qui était la mise à jour de la
réglementation de ce milieu, qui était la suite logique des projets pilotes qui
ont été mis en place, document qui a été
élaboré par mon collègue le député de Pontiac lorsqu'il était lui-même ministre
des Transports. Ce qui fait, M. le
Président, qu'on le connaît, son projet de loi, on le connaît. On sait ce qu'il
y a dedans parce que c'est le résultat de nos travaux. Ce serait le fun
que, dans la déclaration ministérielle, ce soit dit, ça.
Maintenant,
M. le Président, il y a une chose dont il n'a pas parlé, qui est celui de
l'enjeu de tous les propriétaires de
taxi, qui seront évidemment impactés par une nouvelle refonte de la
réglementation qui sera dans votre projet de loi. On sait, nous, ce qu'il faut faire. On a hâte de
voir ce que vous allez faire. Mais on est contents d'avoir été votre
inspiration. Alors, aujourd'hui, pour
ce qui est de votre litanie de reproches sur les projets pilotes, bien, on
repassera, M. le Président. Alors, j'espère que vous allez encore faire
d'autres déclarations ministérielles.
• (10 h 10) •
Le Président :
Merci, M. le...
Des voix :
...
Le Président :
Je vais vous demander le silence, s'il vous plaît. Je vais vous demander deux
règles de base : évidemment, éviter de
vous interpeler, vous adresser à la présidence. Je pense que c'est dans nos
règles de base, des deux côtés, des deux côtés. Et surtout évitez de
vous interpeler. Je pense que le message est clair pour tout le monde.
Je
cède maintenant la parole à Mme la députée de Marie-Victorin, porte-parole du
deuxième groupe d'opposition en matière de transports, pour vos
commentaires.
Mme Catherine Fournier
Mme
Fournier : Merci, M. le Président. Pour ma part, je ne peux que
me réjouir de cette nouvelle du ministre des Transports ce matin. En fait, j'espère que le gouvernement va agir.
C'est un dossier qui a été laissé pour compte ces dernières années.
On a tous vu
les conséquences humaines, hein, des conséquences humaines graves sur la vie
des chauffeurs de taxi. Comme moi, je suis certaine que vous en
rencontrez dans votre quotidien, lorsque vous prenez un véhicule pour vous déplacer. Personnellement, je suis aussi en
contact avec les associations de chauffeurs de taxi de ma circonscription de
Marie-Victorin, à Longueuil. Je connais
aussi beaucoup de chauffeurs de taxi, j'en ai rencontré lors du porte-à-porte
que j'ai fait ces dernières années.
Et c'est fou, les histoires d'horreur qu'on a pu entendre, les épargnes de
retraite qui se sont envolées en
fumée, les gens qui ont dû réhypothéquer leurs maisons, tout ça en raison de la
chute des valeurs des permis de taxi.
Alors, j'espère que le ministre pensera à ces gens-là lorsque viendra le temps
de déposer ses mesures législatives.
Depuis que je suis porte-parole, aussi, en
matière de transports, j'ai eu l'occasion de rencontrer des acteurs de
l'industrie du taxi de partout au Québec, et c'est clair qu'une action rapide
était demandée.
Donc, de
notre côté, on est contents de voir que le gouvernement aujourd'hui annonce
qu'il annoncera éventuellement un
projet de loi. On va attendre, bien sûr, les mesures concrètes, mais c'est
clair que c'est un pas dans la bonne direction. Merci, M. le Président.
Le
Président : Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la parole
à Mme la députée de Mercier, porte-parole du troisième groupe
d'opposition en matière de transports, pour ses commentaires.
Mme Ruba Ghazal
Mme
Ghazal : Merci, M. le Président. Donc, moi aussi, je suis contente de
pouvoir partager les idées de Québec solidaire,
de ma formation politique, par rapport à l'industrie du taxi et sa
modernisation. Puis c'est un sujet sur lequel, à Québec solidaire, on a réfléchi pendant longtemps. Et c'est vrai que,
très tôt cet automne, l'automne passé, il a fallu qu'on intervienne
rapidement pour Taxis Coop ici, à Québec.
En fait, le
chaos que le ministre nomme dans sa déclaration ministérielle... en fait, elle
provient de ce chaos-là, de l'infâme — il faut quand même utiliser les mots — projet de loi n° 100 qui a été adopté
sous le bâillon par le gouvernement précédent.
Et, au lieu, justement, de réfléchir à moderniser l'industrie du taxi de façon
intelligente, bien, le gouvernement précédent
avait fait le choix de favoriser Uber par des projets pilotes à la pièce, et
c'est ce qui fait qu'aujourd'hui on se retrouve dans cette situation.
Parce que les
principales victimes, ce sont... Oui, c'est vrai, dans votre modernisation, il
va falloir mettre l'usager au coeur. Mais il ne faut pas aussi oublier
les victimes, souvent, de cette modernisation-là, qui sont les travailleurs et
chauffeurs de taxi du modèle traditionnel. Tout le monde, on en rencontre, et
j'ai souvent l'occasion aussi de discuter avec
eux, ils sont conscients qu'il va falloir qu'il y ait une modernisation de leur
industrie, ils sont conscients... Ils savent que, dans 15 ans, le transport des personnes ne se fera pas de la
même façon qu'aujourd'hui. Il y a beaucoup de choses qui vont se faire, qu'aujourd'hui on n'arrive même
pas à penser, ça va arriver de notre vivant, pour le transport des personnes,
notamment des voitures qui vont être
conduites de façon automatique, sans, même, chauffeur. Ils sont conscients de
ça.
Donc, c'est
très, très important qu'il y ait un plan de transition aussi pour ces
personnes, avec des montants d'argent pour
pouvoir supporter ces gens. Parce que, souvent dans des révolutions, il y a
toujours des laissés-pour-compte, et on laisse toujours des carreaux... des gens, par exemple, des travailleurs
sur le carreau. Et il ne faut pas que ça arrive. Donc, que ce soit pour les propriétaires qui ont mis toute
leur vie, qui ont mis beaucoup d'argent, qui se sont hypothéqués pour avoir
ces permis de taxi, il faut vraiment surtout ne pas les oublier, et c'est ce
qu'on vous demande.
Puis la modernisation aussi... On parle beaucoup de l'urgence environnementale. Bien, cette modernisation doit également en rendre compte. On parle de mobilité durable. Il faudrait voir cette modernisation comme une
opportunité pour réduire les gaz à
effet de serre, parce que souvent on pense que, parce que c'est des nouvelles
technologies, parce que c'est des voitures électriques, parce qu'il y a des
nouvelles technologies, automatiquement c'est bon pour l'environnement. Oui, seulement si on y réfléchit de manière
intelligente et à l'avance. Ce n'est pas un automatisme, donc il faut aussi
être conscient de cet objectif environnemental. Et donc oui pour une
modernisation.
Vous avez
cité, par exemple, Eva. Moi, j'ai eu, la semaine passée, la chance de
rencontrer un des représentants d'Autonomik!,
Autonomik! qui a vu le jour en Montérégie, que M. le député de Borduas connaît.
Donc, c'est un OBNL qui favorise
l'autopartage principalement dans les milieux qui sont les moins bien
desservis, c'est-à-dire en banlieue où... En fait, l'objectif, ce serait que les familles puissent délester leur
deuxième voiture et, pourquoi pas, une autre voiture. Donc, j'invite M.
le ministre à les rencontrer rapidement. Vous allez voir, c'est vraiment... en
fait, ça va dans le sens de la modernisation
que vous voulez avoir, tout en réfléchissant de façon intelligente et de ne pas
y aller de façon trop rapide, comme on fait souvent ce genre de
révolution.
Donc, vous
pouvez compter sur moi et sur ma formation politique pour participer à cette
réflexion de la modernisation de l'industrie du transport des personnes.
Merci.
Le
Président : Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la parole à M. le ministre des Transports pour son droit de réplique. Je vous rappelle qu'on s'adresse à
la présidence et on évite de s'interpeler.
Des voix : ...
Le Président : S'il
vous plaît! S'il vous plaît! S'il vous plaît, je vous demande votre collaboration. Droit de réplique au
ministre des Transports. Votre attention, s'il vous plaît!
M. François Bonnardel (réplique)
M.
Bonnardel : M. le Président, j'ai fait cette déclaration ce
matin dans un contexte de transparence. Pour moi, c'est de dire à l'industrie, aux joueurs, aux
députés... Je remercie la députée du Parti québécois et la députée de Québec
solidaire pour leur ouverture.
Vous
savez, M. le Président, le Parti libéral n'a pas eu le courage, dans les quatre
dernières années, aucun courage, de
moderniser cette industrie. Elle a géré par projets pilotes. Et j'entends le
député de La Pinière aujourd'hui, là, oser, oser dire que ce gouvernement a fait avancer ces projets. Je vais rester
avare de commentaires, M. le Président, parce que je suis de ce côté-ci, on va rester poli. Mais je dis
une chose, M. le Président, je vais travailler avec et pour les citoyens pour
qu'ils puissent bénéficier de services mieux
adaptés, aussi susceptibles de diminuer le recours à l'auto solo, qui est en
droite ligne avec notre plan d'action pour
la mobilité durable. Donc, ce gouvernement, M. le Président, placera au coeur
de son action l'usager, et non les lobbys.
Et
j'ose croire que le député de La Pinière va s'élever au-dessus de la
partisanerie pour moderniser ces lois, faire adopter cette loi au bénéfice de tous les usagers du Québec et de
l'industrie, et j'ose croire qu'il sera habile à travailler avec nous
pour qu'on soit capables d'adopter cette loi avant la fin de cette session.
Merci, M. le Président.
Le Président :
Merci, M. le ministre.
Aujourd'hui, il n'y a
pas présentation de projets de loi.
Dépôt de documents
À la rubrique Dépôt
de documents, M. le ministre de l'Énergie et des Ressources naturelles.
Rapport annuel d'Hydro-Québec
M. Julien :
Oui, M. le Président. Permettez-moi de déposer le rapport 2018
d'Hydro-Québec. Merci, M. le Président.
Le Président :
Ce document est déposé.
Rapport d'Élections Québec
intitulé Partis politiques et protection des
renseignements personnels
— Exposé de la situation
québécoise,
perspectives comparées et recommandations
Pour ma part, je
dépose un rapport d'étude produit par Élections Québec ayant pour titre Partis
politiques et protection des renseignements
personnels — Exposé de la situation québécoise,
perspectives comparées et recommandations.
Dépôt de rapports de commissions
À
la rubrique Dépôt de rapports de commissions, M. le président de la Commission
des institutions et député de Richmond.
Consultations particulières sur le projet de loi n° 1
M.
Bachand : Merci, M. le Président. Je dépose le rapport de la
Commission des institutions qui, les 12, 13, 14 et 19 février 2019, a tenu des auditions
publiques dans le cadre de consultations particulières sur le projet de loi
n° 1, la Loi modifiant les
règles encadrant la nomination et la destitution du commissaire à la lutte
contre la corruption, du directeur général de la Sûreté du Québec et du
directeur des poursuites criminelles et pénales. Merci.
• (10 h 20) •
Le Président :
Ce rapport est maintenant déposé.
Il n'y a pas de dépôt
de pétitions.
Il
n'y a pas de réponses orales aux pétitions ni d'interventions portant sur une
violation de droit ou de privilège.
Questions et réponses orales
Nous en sommes
maintenant à la période de questions et de réponses orales, et je cède la
parole au chef de l'opposition officielle.
Engagements électoraux de la
Coalition avenir Québec
M. Pierre Arcand
M. Arcand : M. le Président,
chaque jour qui passe, des centaines de personnes qui auraient pu avoir une
réponse du gouvernement se frappent
plutôt à son entêtement. Chaque jour, 50 000 personnes entendent le
premier ministre répéter la cassette de son ministre de l'Immigration, une
cassette qui, rappelons-le, va directement à l'encontre de son engagement
de traiter les 18 000 dossiers selon les anciennes règles.
En
santé mentale, la députée de Marguerite-Bourgeoys a proposé une commission
parlementaire transpartisane, mais la ministre de la Santé a tout
simplement rejeté l'idée.
Et,
lors des consultations sur le cannabis, l'avis des personnes présentes en
commission n'intéressait tellement pas
le gouvernement qu'il n'avait rien à leur demander. M. le Président, ils ne
savaient même plus quoi faire de leur temps de parole. Et, lorsque le
ministre délégué parle enfin, il dit une chose et son contraire.
M.
le Président, je vais encore aujourd'hui devoir vous citer le premier
ministre, en espérant qu'un jour il
comprenne l'importance
des mots. À son discours inaugural, il dit : «...il ne suffit pas de
décréter. Il faut aller chercher l'adhésion du maximum de personnes», en
matière d'immigration, de santé mentale, de cannabis.
Est-ce
que le premier ministre est prêt à écouter la population ou c'est sa vision et
rien d'autre et, comme on dit en anglais, est-ce que c'est «my way or
the highway»?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François Legault
M.
Legault : M. le Président, l'approche du Parti libéral en matière
d'immigration a été un échec. Je comprends que c'est difficile à avouer pour le chef de l'opposition officielle.
Mais, quand on regarde les résultats, actuellement, chez les nouveaux arrivants, il y en a trop qui ne
trouvent pas d'emploi. Il y en a qui arrêtent même de chercher. Il y en a qui
quittent le Québec. Il y en a qui acceptent
des emplois où ils sont surqualifiés, donc pas heureux dans leur nouvel emploi
qui ne répond pas aux qualifications de ces personnes-là. Nous, on fait le
choix qu'à l'avenir, pour l'immigration économique,
qui représente 60 % de l'immigration au Québec... de prioriser la réponse
aux besoins du marché du travail. Le
ministre de l'Emploi est en train de faire un inventaire détaillé des emplois
qui ne sont pas comblés actuellement. On va s'assurer de choisir, parmi les 91 000 dossiers où il y a eu
des déclarations d'intérêt, les personnes qui sont capables demain matin, selon leurs qualifications, de remplir ces
conditions, d'être capables d'accepter un emploi qui est à la hauteur de leurs
qualifications. L'ancien système, qui fonctionnait premier arrivé, premier
servi, n'est pas le bon système pour bien répondre aux besoins du marché
du travail.
Donc,
je ne sais pas, là, comment il faut l'expliquer au Parti libéral. Même le Parti
libéral avait mis en place le nouveau système Arrima. Donc, c'est un
peu...
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît!
M. Legault :
Bien oui! Donc, pourquoi il n'est même pas d'accord avec son système?
Le Président :
En terminant.
M. Legault :
Pourquoi il n'est pas d'accord avec ce nouveau système?
Le Président :
Première complémentaire, M. le chef de l'opposition officielle.
M. Pierre Arcand
M.
Arcand :
M. le Président, sur tous les dossiers, actuellement, les experts sont clairs.
80 groupes ont appuyé, par
exemple, une commission parlementaire sur la santé mentale. Les experts sont
clairs : il ne faut pas augmenter l'âge légal et envoyer nos jeunes vers le crime organisé. Le plus éminent
expert en commotion cérébrale est clair, l'initiative du député de
Marquette pour protéger nos jeunes doit voir le jour.
Qu'est-ce que le premier ministre a à dire aux
experts qui trouvent, eux, que le gouvernement fait fausse route?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François Legault
M.
Legault : M. le Président, le gouvernement fait le choix de protéger les jeunes. Les jeunes
qui consomment du cannabis
développent, dans un pourcentage inquiétant,
des problèmes de santé mentale. Donc, ce qu'on dit aux jeunes, là, c'est : Ne consommez pas de cannabis avant
l'âge de 21 ans, idéalement avant l'âge de 25 ans. Et, dans les lieux
publics...
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît!
M.
Legault : ... on dit :
Ce n'est pas vrai qu'on va exposer des enfants à la fumée du cannabis, pour
protéger les enfants. C'est ça, notre objectif, puis j'en suis très
fier.
Le
Président : Deuxième complémentaire, M. le chef de l'opposition
officielle.
M. Pierre Arcand
M.
Arcand : M. le
Président, le premier ministre ne peut pas se comporter comme s'il était encore le chef de la deuxième opposition. Le premier
ministre avait promis le
28 octobre dernier : on doit éviter de regarder de haut et avec
mépris les inquiétudes légitimes de la population québécoise.
Pourquoi
vous avez changé de cap? Pourquoi vous ne prenez pas l'avis des experts qui ne
pensent pas comme vous? Pourquoi vous refusez même de les entendre?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François Legault
M.
Legault : M. le Président, il y en a même un, expert, qui est assis à deux places du
chef de l'opposition officielle,
qui a dit que son premier réflexe, c'est d'être pour le 21 ans
pour le cannabis. Ce n'est pas moi qui le dis, là, c'est l'ancien ministre
de la Santé. C'est ce que disent les médecins qui sont spécialistes.
Des voix :
...
M. Legault :
Oui, c'est ce que disent les médecins qui sont spécialistes, les psychiatres...
Des voix :
...
Le Président :
Collaboration, s'il vous plaît!
M.
Legault : M. le Président, je vois le chef de l'opposition
officielle qui hoche de la tête en
disant que c'est non. Je l'invite à aller rencontrer les psychiatres. Peut-être
que lui va comprendre l'appel qui vient du peuple.
Le Président :
Troisième complémentaire, M. le chef de l'opposition officielle.
M. Pierre Arcand
M.
Arcand : Je ne parlerai pas, évidemment,
de la saga des ayatollahs, le mépris également affiché par le ministre de l'Agriculture envers les experts en environnement, et
le ministre des Forêts qui en remet et traite les écrits de Richard Desjardins comme «torchon» avant d'accuser
les médias de donner la parole à ceux qui ne pensent pas comme lui.
Est-ce que le premier
ministre est d'accord avec ces différents propos?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François Legault
M.
Legault : M. le Président, à chaque question, le chef de l'opposition officielle change
de sujet parce qu'il est à court
d'arguments. M. le Président...
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît!
M.
Legault : M. le Président, nos forêts, ça crée des emplois, puis
parfois il y a eu des propos qui ont été exagérés du côté de Richard
Desjardins.
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît!
M.
Legault : Donc, je suis quand même
surpris qu'un ancien homme d'affaires comme le chef de l'opposition officielle soit devenu un
nouveau fan de Richard Desjardins.
Le Président :
Question principale...
Des voix :
...
Le
Président : Votre
attention, s'il vous plaît, et votre collaboration! La parole appartient maintenant, pour la question
principale, à la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Réforme
du système d'immigration
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade : Merci,
M. le Président. Alors, dans le
dossier de l'immigration, le gouvernement libéral a décidé d'opérer une réforme, en 2016, et de mettre en place, en août 2018,
un nouveau système, qui s'appelle Arrima. Tout le monde est à l'aise et tout le monde
est d'accord avec ce projet parce qu'il permet de mieux ajuster les besoins de
la main-d'oeuvre avec la demande des immigrants. C'est le gouvernement libéral
qui a procédé à cette réforme.
Cela
dit, M. le Président, il reste un enjeu : les fameux 18 000 dossiers, qui touchent 50 000 personnes.
Le ministre a martelé combien de fois
que ça prenait environ... 600 dossiers qu'ils étaient en mesure de
traiter, par mois, au sein de son ministère?
Moi,
aujourd'hui, j'ai une question pour le ministre de l'Immigration : Combien
de dossiers qui étaient en inventaire dans son ministère et qu'il a pu
traiter en 2018? Combien de dossiers a-t-il pu traiter en inventaire en 2018?
Le Président :
M. le ministre de l'Immigration.
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : M. le Président, vous savez, le legs du Parti
libéral en matière d'immigration, c'est notamment le fait d'avoir laissé un inventaire important de
dossiers. Ce que la ministre... ce que la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne
nous dit, c'est qu'elle souhaiterait faire en sorte de continuer avec la
méthode que le Parti libéral avait, c'est-à-dire de faire en sorte que les
gens, ils viennent au Québec et qu'ils ne répondent pas au marché du travail.
Savez-vous,
hier, je vous ai cité le taux de surqualification des personnes immigrantes de
moins de cinq ans qui sont présents
au Québec. Elle le sait très bien, que les gens que nous accueillions dans le
passé ne répondaient pas aux besoins
du marché du travail. Ça, c'étaient des rêves déçus. Ça, c'étaient des rêves
brisés. Alors, ce qu'elle nous invite, la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne, c'est de continuer dans cette logique-là, dans cette
logique du statu quo plutôt que de réformer.
Et
d'ailleurs la précédente ministre de l'Immigration, en 2016, a fait une réforme
de la loi, mais, lorsqu'elle a fait la réforme de la loi, elle a abdiqué
aussi certains pouvoirs du Québec. Et j'aimerais très bien entendre la députée
de Saint-Henri—Sainte-Anne, à savoir : Est-ce qu'elle est
fière, lorsqu'elle était vice-première ministre d'un gouvernement libéral, d'avoir abandonné des pouvoirs du Québec,
d'avoir abdiqué certains pouvoirs qui avaient été chèrement acquis,
notamment par une prédécesseure libérale sous Robert Bourassa?
Le Président :
En terminant.
M. Jolin-Barrette :
Ce n'est pas renier l'héritage du Québec, ça, agir de cette façon-là?
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade :
Une question simple, 1 min 15 s de réponse, pas un chiffre, pas
le début d'un chiffre de la part du
ministre de l'Immigration. Pourquoi le ministre de l'Immigration ne répond pas
à cette question? C'est simple : parce qu'il ne connaît pas la réponse. On apprend aujourd'hui que ce sont 20 361 dossiers
qui ont été traités en 2018. L'inventaire des dossiers est passé de
38 500 à 18 139 dans l'année 2018 seulement.
Après tous les
témoignages reçus et sachant que son ministère est capable de passer à travers
les dossiers, pourquoi l'entêtement du ministre à ne pas traiter ces dossiers?
• (10 h 30) •
Le Président :
M. le ministre de l'Immigration.
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : M. le Président, j'aimerais entendre la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne s'adresser aux personnes qui sont dans les
18 000 dossiers et leur dire : Écoutez, on va continuer de faire
de la même façon et on va continuer de briser vos rêves. Vous pouviez venir au
Québec, on vous avait promis quelque chose, mais la situation au Québec,
ce n'est pas celle à ce que vous attendez.
Nous,
ce qu'on veut faire avec le projet de loi n° 9, c'est de s'assurer d'avoir
les outils pour mieux intégrer, mieux franciser les immigrants et de
s'assurer de faire en sorte que maintenant ils vont avoir un emploi à la
hauteur de leurs compétences. Il me semble
que ce n'est pas difficile à comprendre. Et surtout il y a un entêtement, du
côté du Parti libéral, à dire : On va maintenir nos vieilles façons
de faire, on ne modernisera pas rien...
Le Président :
En terminant.
M. Jolin-Barrette : ...comme on a agi les 15 dernières années.
C'est important de réformer les choses et de les améliorer. J'espère
avoir votre collaboration.
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade : Le ministre de l'Immigration nous a habitués à ne
pas maîtriser ses chiffres, et on en voit encore un exemple aujourd'hui.
Je dépose ici, en Chambre, le compte rendu des Gazette officielle du
gouvernement pour les années 2014 à 2018, et vous pourrez aller voir de quoi il
s'agit quand on parle de réduction de ces inventaires.
Une chose est
claire, M. le Président, le ministre a la capacité d'agir. Il faut avoir du
coeur puis de la volonté pour passer
à travers ces 18 000 dossiers là. On leur demande de revoir la manière de
fonctionner et de faire en sorte qu'ils vont passer à travers ces
18 000 dossiers et vraiment soutenir les 50 000 personnes qui sont
touchées par ça.
Le Président : Consentement
pour le dépôt des documents?
Des voix : Consentement.
Documents déposés
Le Président : Consentement.
M. le ministre de l'Immigration.
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : M. le Président, si la députée veut soutenir les
personnes qui font partie des 18 000 dossiers, elle devrait tenir le message public
suivant : Déposez votre dossier dans Arrima. Elle a vanté le système
Arrima, elle devrait les inviter à
déposer le dossier parce qu'au Québec on va inviter les gens à venir au Québec
qui correspondent au marché du
travail, qui vont pouvoir avoir un emploi à la hauteur de leurs compétences,
qui vont pouvoir faire vivre leur famille lorsqu'ils vont choisir de
venir au Québec.
Plutôt que de
tenir un discours de peur, plutôt que de désinformer les personnes qui ont des
dossiers, elle devrait inviter tous les candidats qui sont sur le territoire
québécois à appliquer au Programme de l'expérience québécoise, parce qu'ils les ont mal renseignés. Elle devrait
inviter les gens qui sont sur le territoire québécois et ceux qui sont à
l'étranger à appliquer...
Le Président : En terminant.
M. Jolin-Barrette : ...dans le programme Arrima pour qu'on puisse
traiter leur dossier. J'invite la députée à s'élever et à dire...
Le Président : Question
principale, Mme la députée de Maurice-Richard.
Projet de mine de lithium en Abitibi-Témiscamingue
Mme Marie Montpetit
Mme Montpetit :
Merci, M. le Président. Permettez-moi d'abord de saluer les gens qui sont avec
nous aujourd'hui dans
les tribunes et qui sont venus d'aussi loin que l'Abitibi dans l'espoir que le
ministre de l'Environnement annonce aujourd'hui la tenue d'un BAPE pour
le projet de la mine de lithium qui est près de la source potable de l'esker.
L'an dernier,
M. le Président, la ministre
de l'Environnement sous notre gouvernement, ma collègue de Verdun, avait
annoncé qu'elle soumettrait le projet à l'évaluation du BAPE. Les
collègues du ministre, la députée
d'Abitibi-Ouest et le ministre responsable de la région de
l'Abitibi-Témiscamingue, disent que la protection de l'esker est une priorité
et qu'un BAPE est nécessaire. Même le
premier ministre, en campagne électorale, disait : Je pense que l'esker et
la compagnie Eska sont des fleurons. Je comprends les gens d'être
inquiets, et, si c'est nécessaire d'avoir un BAPE, il y en aura un.
Alors, M. le Président, la population locale
craint les risques de contamination de l'empilement de plus de 80 millions de tonnes de déchets miniers.
Est-ce que le ministre va continuer de faire la sourde oreille ou peut-il
profiter de l'occasion pour faire la seule chose qui s'impose dans ce
dossier, soumettre le...
Le Président : M. le ministre
de l'Environnement.
M. Benoit Charette
M. Charette :
M. le Président, merci à la collègue pour la question. C'est un enjeu
important, effectivement. C'est un
sujet qui suscite tantôt de l'espoir, tantôt, chez d'autres, des inquiétudes,
des appréhensions. Et c'est la raison pour laquelle, depuis ma nomination, j'ai eu l'occasion de rencontrer toutes
les parties prenantes impliquées dans le dossier, autant celles et ceux qui voient ce projet-là
comme un projet prometteur, autant celles et ceux qui ont des craintes au
niveau environnemental. Tout à l'heure, le chef de l'opposition
officielle a fait référence aux professionnels du ministère de l'Environnement. Nous en sommes là au niveau de
l'évaluation. C'est-à-dire, la collecte de données se poursuit. Et ce sont
ces mêmes
fonctionnaires que nous appuyons, dont nous reconnaissons le professionnalisme,
qui se chargent des dernières étapes de validation de l'information.
Je peux rassurer les
gens qui sont dans les tribunes avec nous, nous avons jusqu'à la fin mars pour
trancher la question. Et, normalement, nous
aurons la possibilité d'y répondre avant, peut-être dans les prochains jours,
les prochaines semaines. Cependant,
nous allons respecter la procédure d'évaluation, qui, normalement, devrait
susciter l'adhésion de chacun et de chacune...
Le Président :
En terminant.
M. Charette :
...ici, dans cette Chambre.
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée de Maurice-Richard.
Mme Marie Montpetit
Mme Montpetit :
M. le Président, ça fait plusieurs questions que je pose en cette Chambre puis
je commence sérieusement à me
demander si la protection de l'eau et, plus largement, la protection des
écosystèmes est un dossier qui intéresse
le gouvernement. Dans le dossier de l'esker, là, ce n'est pas très compliqué,
là, on parle d'une mine de lithium de près d'un kilomètre de long
près d'un cours d'eau.
Donc, moi, ce que j'aimerais savoir, là,
c'est : Est-ce que le ministre peut nous expliquer à quoi lui et sa
prédécesseure réfléchissent depuis 126 jours?
Le Président :
M. le ministre de l'Environnement.
M. Benoit Charette
M. Charette :
La collègue me demande... Ce qu'elle aimerait savoir... Bien, je suis aussi
curieux de savoir, de son côté,
pourquoi elle ne fait pas confiance à l'expertise du ministère de
l'Environnement, qui, actuellement, complète ses analyses. Au cours des derniers jours, on a eu l'occasion d'adopter
des motions réitérant cette confiance-là. À travers les déclarations, on a eu l'occasion de réaffirmer
toute l'expertise qui se retrouve dans le ministère. Donc, la procédure
d'évaluation, elle est très, très claire. Nous avons jusqu'à la fin mars pour
la compléter. C'est peut-être la bonne nouvelle
que je peux confirmer ce matin. Nous allons respecter cet échéancier-là. Et la
décision qui sera prise, elle sera prise de façon...
Le Président :
En terminant.
M. Charette :
...à ce qu'un cadre prévisible soit déterminé au Québec.
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la députée de Maurice-Richard.
Mme Marie Montpetit
Mme Montpetit :
Ce n'est pas une bonne nouvelle, M. le Président. Le ministre a toute la
possibilité et la latitude d'annoncer lui-même et de prendre cette
décision-là.
Donc, si je résume,
M. le Président, la population locale veut un BAPE, les organismes veulent un
BAPE, sa collègue la députée locale veut un
BAPE, son collègue le ministre régional veut un BAPE, le premier ministre, à
tout le moins, en campagne électorale,
en voulait un. Les gens, M. le Président, sont ici, ils sont présents, on a une
motion qui va être déposée aujourd'hui, c'est le moment idéal pour le
ministre d'annoncer qu'il demandera un BAPE.
Alors, ma question,
elle est très...
Le Président :
M. le ministre de l'Environnement.
M. Benoit Charette
M. Charette :
...c'est bien gentil. La collègue fait référence à mes collègues que je
consulte régulièrement sur cet enjeu.
Que ce soit mon collègue d'Abitibi-Est, ma collègue d'Abitibi-Ouest, le
collègue aux Ressources naturelles, nous sommes en communication
constante sur le sujet pour s'assurer d'avoir une réponse cohérente.
La
députée, au cours des derniers jours, a réitéré sa grande foi envers le
processus d'évaluation environnementale. C'est ce même processus que nous respectons aujourd'hui, et elle demande
en même temps d'y déroger. Donc, il n'y a pas de cohérence dans le discours de l'opposition officielle sur le sujet.
Mais, je la rassure, nous allons respecter la procédure d'évaluation...
Le Président :
En terminant.
M. Charette : ...en
reconnaissant l'expertise du ministère de l'Environnement.
Le Président :
Question principale, Mme la cheffe du troisième groupe d'opposition.
Âge légal de consommation du cannabis
Mme Manon Massé
Mme Massé :
Merci, M. le Président. Vous savez, je ne fais pas vraiment partie du groupe
d'âge 18-21 ans, j'ai un petit
peu plus que ça, mais il semble que personne au gouvernement ne semble se
préoccuper de leurs droits, et moi, ça me trouble.
Ça fait des semaines qu'on entend le ministre
délégué à la Santé et aux Services sociaux parler des individus de 18-21 ans comme si ce n'étaient pas tout à
fait des adultes, en fait, des gens qu'il faut protéger d'eux-mêmes. Mais
hier c'est le premier ministre qui en a
ajouté une couche en déclarant, et je cite : « On veut protéger les
enfants, puis on veut envoyer un signal clair : si vous avez moins
de 21 ans, ne prenez pas de cannabis.»
Des enfants, 21 ans! Qu'est-ce qu'on est en
train de créer? Deux classes d'adultes? Moi, je me rappelle de l'époque où la CAQ se targuait sur toutes les
tribunes d'être le parti de l'équité intergénérationnelle. Aujourd'hui, c'est
devenu le parti qui propose le plus grand
recul en matière de droits auprès des jeunes adultes. C'est quand même tout un
précédent, ça, M. le Président.
Alors, je
m'adresse au premier ministre. Les jeunes de 18-21 ans sont des citoyens à
part entière. C'est des gens qui ont
le droit de vote, peuvent être condamnés au criminel et peuvent même être assis
ici, dans la salle. Alors, j'aimerais que le premier ministre s'adresse
à eux pour leur expliquer pourquoi il veut leur enlever des droits.
Le Président : M. le premier
ministre.
M. François Legault
M. Legault :
M. le Président, la cheffe du troisième groupe d'opposition mélange deux
dossiers. Quand on dit «protéger les
enfants», je faisais allusion à la situation dans les lieux publics. Pourquoi
on veut interdire la consommation de
cannabis dans les lieux publics? Parce qu'il peut se retrouver des enfants dans
des lieux publics, et ils peuvent être exposés à la fumée du cannabis.
Donc, ça, c'est le dossier des enfants.
Maintenant, pour ce qui est de l'âge de
consommation du cannabis, les experts, là, je parle, entre autres, des psychiatres, sont clairs à l'effet
qu'il y a un risque réel, si on consomme jeune, puis je parle après 18 ans, mais avant
25 ans, d'avoir un impact sur le
développement de problèmes aussi graves que la schizophrénie. Et je suis
certain que la cheffe de la troisième opposition en connaît, des jeunes
qui ont gâché toute leur vie en consommant trop jeunes.
On a une responsabilité. En tout cas, moi, je me
sens une responsabilité d'envoyer un signal clair, d'être cohérent. Je demande aux jeunes de 18 à
21 ans de ne pas consommer. C'est pour ça qu'on est cohérents en
disant : L'âge légal sera
21 ans. Je suis très à l'aise avec cette proposition, M. le Président. Je
pense que c'est notre responsabilité. Nos enfants et nos jeunes méritent
qu'on fasse tout en notre possible pour les protéger.
• (10 h 40) •
Le Président : Première
complémentaire, Mme la cheffe du troisième groupe d'opposition.
Mme Manon Massé
Mme Massé :
M. le Président, l'enfer est définitivement pavé de bonnes intentions. Il n'y a
personne ici qui est en train de dire
que la consommation de cannabis, c'est une bonne idée avant 25 ans, après
25 ans. On n'en est pas là, on
est là pour faire des politiques de santé publique. Et là-dessus les experts
sont unanimes, la solution, ce n'est pas la prohibition, c'est la
sensibilisation.
Alors, à qui le premier ministre fait confiance
pour informer nos jeunes? Aux pushers de la rue ou bien aux intervenants de la
santé publique?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. François Legault
M. Legault :
M. le Président, c'est une question de cohérence. Si le gouvernement du Québec
dit aux jeunes : C'est légal de
consommer à partir de l'âge de 18 ans, c'est difficile en même temps de
dire : Ce n'est pas une bonne idée de consommer à 18 ans du cannabis. Il y a une question de
cohérence. Il me semble que notre message doit être clair à nos jeunes. Je l'ai vu, quand j'étais ministre de
l'Éducation, les ravages du cannabis dans nos écoles, dans nos cégeps, je l'ai vu,
les résultats, là, catastrophiques sur les taux de diplomation. Ayons de
l'ambition pour nos jeunes...
Le Président : En terminant.
M. Legault : ...envoyons
un message clair. C'est ça qu'on essaie de faire.
Le Président : Deuxième complémentaire...
Des
voix : ...
Le Président :
S'il vous plaît! Votre attention! Mme la cheffe du troisième groupe
d'opposition.
Mme Manon Massé
Mme Massé :
M. le Président, ce que j'entends de la part du gouvernement, là, ce n'est pas
un discours basé sur la science,
c'est un discours basé sur le dogmatisme, et c'est une idéologie qui a un nom,
qui s'appelle le conservatisme. Mais, plus que ça, ce n'est pas de la
sensibilisation dont il est question, idem pour le ministre concerné, c'est de
l'infantilisation. Il y a aussi un mot pour ça, ça s'appelle du paternalisme.
Alors,
nous, M. le Président, on fait confiance
à nos jeunes ici. Alors, pourquoi le premier
ministre, lui, n'a-t-il
pas confiance à nos jeunes?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : M. le
Président, la cheffe du troisième
groupe d'opposition parle de la science. Je l'invite à aller s'asseoir avec des psychiatres. Je l'invite, là, sincèrement qu'elle passe quelques heures
avec des gens qui ont étudié la
science du cerveau, et ils vont lui dire
que, oui, il y a un risque réel de créer des problèmes graves comme la schizophrénie. C'est la science qui dit ça. Donc, la cheffe du
troisième groupe peut bien parler de conservatisme, de dogmatisme, nous, ce
qu'on veut, là, c'est le bien de nos jeunes selon la science.
Le Président :
Question principale, M. le député de Rimouski.
Relance de l'économie et de
l'emploi dans les régions
M. Harold LeBel
M. LeBel :
M. le Président, le dernier rapport de l'Institut du Québec sur le marché du
travail nous a révélé un constat inquiétant. En 2018, le nombre d'emplois à
temps plein a crû de 55 000 à Montréal, alors qu'il s'est produit
l'inverse dans les régions du Québec, une perte de 55 000 emplois.
Sur trois ans, c'est plus de 85 % de la création d'emplois qui s'est faite
uniquement dans la métropole.
Selon
l'institut, le vieillissement de la population dans nos régions deviendra le
principal frein à la croissance de l'emploi
au Québec. Un taux de chômage plus faible s'explique de plus en plus par
l'effet du vieillissement de la population. C'est urgent d'agir pour
combler les besoins de main-d'oeuvre en région et d'y créer de l'emploi.
En campagne, la CAQ avait promis de relocaliser
5 000 employés de l'État vers les régions tout en promettant,
en même temps, de couper
5 000 postes. Ce n'était pas très logique. Nous, nous proposons de
décentraliser des ministères, la
Pêche, la Faune, les Mines, la Forêt, l'Agriculture, pour créer de l'emploi en
région puis que les ressources naturelles de nos régions servent à créer
de l'emploi chez nous.
Qu'est-ce que le
gouvernement entend faire avec cette proposition?
Le Président :
M. le ministre de l'Emploi.
M. Jean Boulet
M. Boulet :
Merci à mon collègue pour la question. Le phénomène de vieillissement de la
population, ça me donne encore une
fois l'occasion de répéter que c'est un phénomène qui est documenté depuis une
décennie. Ce phénomène-là a évidemment
comme conséquence principale de réduire le nombre de personnes qui sont dans la
tranche de 15 à 64 ans, donc en état de travailler, et c'est ce qui explique le
phénomène de pénurie de main-d'oeuvre, et c'est une priorité de notre
gouvernement.
On
s'y intéresse, on a un plan de match qui s'appuie sur l'intégration,
l'adaptation, la formation et l'augmentation de la productivité. Et, dans ce contexte-là de plan de match, on a mis
en marche la Grande Corvée. On a maintenant un inventaire qui est
complet de tous les postes vacants pour l'ensemble du Québec. Pour chacune des
régions, on est en mesure d'identifier les
besoins et on a communiqué, à ce jour, avec près de 200 entreprises au
Québec pour voir quels étaient leurs besoins, établir avec elles un plan
d'action et les accompagner...
Le Président :
En terminant.
M. Boulet :
...dans leurs défis de recrutement.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Rimouski.
M. Harold LeBel
M.
LeBel : Je parlais de
5 000 employés de l'État. Si quelqu'un a trouvé une réponse, il viendra m'expliquer.
L'institut
propose aussi d'aider... de faire des incitatifs pour les travailleurs de 60 ans et plus pour qu'ils réintègrent le marché
du travail. Actuellement, la fiscalité démotive. Le Parti
québécois en a proposé, des
mesures : permettre aux travailleurs de 65 ans et plus de cesser de cotiser au Régime
de rentes, permettre le report de la rente de retraite jusqu'à 75 ans,
faire en sorte que les aînés soient représentés à la Commission des partenaires
du marché du travail.
Est-ce que le gouvernement est prêt à appliquer
ces mesures?
Le Président : M. le ministre
des Finances.
M. Eric Girard
M. Girard
(Groulx) : Bien, merci. Dans
le cadre du processus budgétaire, nous avons tenu des consultations. Nous avons entendu plus
d'une centaine de groupes directement. Nous avons également déposé tous les
mémoires sur le site du ministère.
Et plusieurs groupes ont discuté de ce point, qui est très important.
Et nous sommes dans le processus
de décision qui va nous amener vers le budget
et nous aurons, en temps et lieu, l'occasion de divulguer à l'ensemble de la
population du Québec les décisions que nous prenons pour adresser cette question.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le député de Rimouski.
M. Harold LeBel
M. LeBel : Pour le développement de
nos villages, le gouvernement de Bernard Landry avait déposé une première politique de la ruralité qui avait été saluée par tous, notamment
de l'OCDE. Le premier gouvernement libéral avait poursuivi avec cette politique,
le deuxième gouvernement libéral l'a abolie.
Est-ce que le
gouvernement actuel de la CAQ est prêt à remettre en route
cette politique de la ruralité pour sauver nos villages
puis aider au développement de notre ruralité au Québec?
Le Président : M. le
président du Conseil du trésor.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Alors, merci, M. le Président. Je veux
profiter de la question du député pour parler un peu des régions parce que je pense que c'est important.
En tant que responsable de l'Administration gouvernementale, j'ai reçu le mandat très clair de regarder, au cours des prochains
mois, comment nous pourrions avoir, avec les régions, avec nos différents
ministères, plus d'impact sur nos régions. Et, si je fais le lien avec la transformation
numérique dont j'ai parlé un petit peu plus tôt, on aura les outils pour que ces
gens-là, en région, puissent faire l'interface plus facile, plus efficace avec
nos citoyens.
Alors, exactement
comme mon collègue vient de répondre, au cours du budget,
vous aurez des nouvelles sur les développements que nous voulons faire
en région pour être capables d'avoir plus de fonctionnaires qui font la bonne
chose en région. Merci.
Le Président : Question
principale, M. le député de Laval-des-Rapides.
Application des dispositions de la Loi sur l'immatriculation
des armes à feu
M. Saul Polo
M. Polo : M. le
Président, aujourd'hui, nous apprenions qu'une directive a été adressée à tous les agents de
la faune. On leur demande de ne pas
appliquer l'article 9 de la Loi sur l'immatriculation des armes à feu. Essentiellement, on leur dit
de ne pas effectuer les contrôles des armes malgré qu'ils aient le pouvoir de
demander à quiconque le numéro d'immatriculation d'une arme. On leur demande aussi de ne pas
vérifier la conformité des armes. Essentiellement,
on leur dit : Le registre des armes à
feu, ce n'est pas important. Cette directive émanant du ministre
des Forêts, Faune et Parcs est
très surprenante.
Rappelons-nous
que, le 29 janvier dernier, la ministre de la Sécurité publique affirmait
la chose suivante : «Tous ceux
qui n'auront pas immatriculé leurs armes s'exposent à des sanctions dès
demain.» On a une ministre qui nous promet une application du registre,
et voilà que son collègue, juste derrière elle, va à l'encontre de cette même
application.
Pourquoi le ministre refuse-t-il d'appliquer ces
dispositions, M. le Président...
Le Président : Consentement
pour le dépôt du document?
Des voix : Consentement.
Document déposé
Le Président : Consentement.
Mme la ministre de la Sécurité publique.
Mme Geneviève Guilbault
Mme Guilbault : Merci, M. le Président. Bien, je dois dire,
encore une fois aujourd'hui, je suis assez surprise de voir le Parti libéral se lever sur cette
question-là parce que cette loi-là a été adoptée par le Parti libéral, et c'est
donc le Parti libéral, à l'époque au
gouvernement, qui avait la responsabilité de ficeler et d'attacher tous les
éléments de cette loi-là. Or, hier,
on s'apercevait, par l'entremise de la note qui a été diffusée, dont on a tous
pris connaissance en même temps, je présume, dans les médias, on
s'apercevait que les choses n'avaient pas été ficelées entre le ministère de la
Sécurité publique et le ministère de Forêts, Faune et Parcs. Alors, encore une
fois, c'est une forme de négligence de la part du précédent gouvernement de ne
pas avoir clarifié...
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît!
Mme Guilbault : ...de ne pas avoir clarifié cette situation-là,
notamment auprès des agents de protection de la faune, de sorte que, depuis
24 heures, nos deux ministères, à mon collègue de Forêts, Faune et Parcs
et le mien, sont en discussions serrées pour voir de quelle façon est-ce
qu'on peut s'assurer...
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît! S'il vous plaît!
Mme Guilbault :
...que les agents de...
Des voix : ...
Mme Guilbault : ...de quelle façon est-ce qu'on peut s'assurer
que les agents de protection de la faune disposent effectivement des moyens nécessaires pour effectuer
le mandat qu'on leur a pourtant dévolu dans la Loi sur l'immatriculation des armes à feu, à
l'article 9.
Le Président : En terminant.
Mme Guilbault :
Alors, on est en train de corriger la situation, M. le Président.
• (10 h 50) •
Le Président : Première
complémentaire, M. le député de Laval-des-Rapides.
M. Saul Polo
M. Polo :
M. le Président, je pose une question au ministre. La ministre de la Sécurité
publique nous répète la réponse d'hier. Ma question est destinée au
ministre de Faune, Parcs et Forêts. Le 28 janvier dernier, c'était très
clair pour la ministre de la Sécurité
publique : «La loi commence à minuit ce soir, alors je passe le message à
tous les détenteurs d'armes sans
restriction au Québec : enregistrez-vous, la loi va s'appliquer à partir
de demain.» Il faut dire que son collègue ne l'a pas entendu parce que,
justement, il n'a pas entendu ce message-là.
Aujourd'hui,
la question va au ministre : Est-ce que la CAQ parle de la main droite?
Est-ce qu'elle se... gauche, M. le Président?
Le Président : M. le ministre
de la Forêt, des Faunes et des Parcs.
M. Pierre Dufour
M. Dufour :
M. le Président, premièrement, ce qui est intéressant de mentionner, c'est que,
souvent, on se fait accuser qu'on ne s'occupe pas des lanceurs d'alerte, et je
félicite l'individu qui a envoyé cette missive parce que, oui, il y a une situation particulière, il y a des outils
qui ne sont pas bien ficelés dans cette loi-là, qui ne permet pas présentement
aux agents de la faune de pouvoir faire le
travail correctement. La journée que ces outils-là seront mis en état — et ça, vous devez le savoir parce que c'est
vous qui l'avez préparée, cette loi-là — donc, la journée que ces outils-là vont être
mis en état, on sera en mesure d'avoir une
loi qui soit compétente et applicable, justement, et c'est ce qu'on a découvert, qu'il y avait
des problématiques techniques.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le député de Laval-des-Rapides.
M. Saul Polo
M. Polo : M. le
Président, aujourd'hui, le gouvernement dit clairement à la population que... a dit clairement à la population
que le registre allait s'appliquer. Ce qu'on entend aujourd'hui, c'est exactement l'inverse. C'est très inquiétant de voir que, lorsque
la ministre de la Sécurité publique envoie une directive, même ses collègues
caquistes s'en moquent royalement et l'ignorent totalement.
Est-ce que
le ministre des Faunes, Parcs et
Forêts va être mis au pas, et va-t-il envoyer une nouvelle directive dans
son réseau pour que la loi soit appliquée partout au Québec?
Le Président : Mme la
ministre de la Sécurité publique.
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît!
Mme Geneviève Guilbault
Mme Guilbault :
Oui. M. le Président, encore une fois, c'est totalement incohérent, de la part
du Parti libéral, de se
lever aujourd'hui et de déplorer le fait qu'une loi qu'ils ont fait adopter a
été mal attachée. Qu'est-ce que vous voulez qu'on dise de plus, M. le Président? Vous aviez juste à faire en sorte
que le ministère de la Faune et Parcs parle au ministère de la Sécurité
publique avant l'entrée en vigueur du registre, le 29 janvier dernier.
Des voix : ...
Le Président :
S'il vous plaît!
Mme Guilbault :
Nous, on s'emploie à corriger cette situation-là. Et, je vais vous dire, un des
problèmes qu'ont les
agents de protection de la faune pour être capables d'accomplir le mandat qu'on
leur a dévolu dans la loi, c'est, entre autres, l'accès à Internet, l'accès aux télécommunications. Et qui a
négligé de brancher les régions depuis 2003, alors que Jean Charest le
promettait à l'époque? Vous-mêmes.
Le Président :
En terminant.
Mme Guilbault :
Alors, que ce soit sur le plan de la couverture Internet ou de la Loi sur les
armes à feu, je me garderais une petite gêne...
Le Président :
Question principale...
Des voix : ...
Le
Président : S'il vous plaît! On vous demande un peu de
collaboration. Je ne sais pas, il y a peut-être encore de
la neige dans l'air ou une fébrilité. Est-ce qu'on peut avoir votre attention
au profit de la députée qui est appelée à poser sa question principale, la députée
de Rouyn-Noranda—Témiscamingue?
Projet de mine de lithium à La Motte, en
Abitibi-Témiscamingue
Mme Émilise Lessard-Therrien
Mme Lessard-Therrien :
Merci, M. le Président. La compagnie minière Sayona continue de
prétendre qu'elle n'a
pas à soumettre son projet de mine Authier au BAPE. Aujourd'hui, une coalition
citoyenne provenant de l'Abitibi-Témiscamingue
est venue à l'Assemblée nationale pour soutenir qu'une consultation du BAPE est
incontournable sur ce projet à haut
risque environnemental. Je rappelle au ministre de l'Environnement que la
demande d'un BAPE fait consensus dans
ma région. Les deux députés de l'Abitibi, de sa propre formation politique,
deux ex-députés, deux anciens ministres de l'Environnement... je
ne ferai pas la liste, elle est trop longue. Le ministre est bien, bien
préoccupé par la rentabilité de
l'entreprise. Ça, on le sait. Mais son travail, M. le Président, c'est de
protéger l'environnement et d'écouter la population.
Le ministre a
rencontré la compagnie. Va-t-il aussi permettre aux citoyens et citoyennes de
donner leur version des faits dans une audience publique?
Le Président : M. le ministre
de l'Environnement.
M. Benoit Charette
M. Charette :
Merci pour la question. Je réitère ce que je mentionnais tout à l'heure, et
elle a raison, mon rôle est de
défendre la protection de l'environnement. Mais, pour y parvenir, on s'est
donné un cadre bien précis, et c'est ce cadre-là que nous respectons actuellement à travers une procédure
d'évaluation qui est bien claire. Et cette procédure a même été renforcée
l'année dernière.
Pour celles et ceux qui sont un petit peu moins
familiers avec le dossier, par le passé, pour avoir un BAPE automatiquement pour un projet minier, on devait
avoir une extraction de plus de 7 000 tonnes par jour. L'année dernière,
et je salue ma
collègue ancienne députée et ministre de l'Environnement, on est passé à des
normes encore plus sévères, à 2 000 tonnes par jour. Donc, on a un cadre
qui est précis, reste à savoir maintenant, à travers l'évaluation qui est faite
en ce moment même au ministère de
l'Environnement, quel est le cadre et comment... c'est-à-dire le cadre est bien
connu, mais comment l'appliquer?
La collègue de
Maurice-Richard évoquait le discrétionnaire du ministre. C'est
vrai, il y en a un, mais même ce discrétionnaire-là
est très bien balisé. Pourquoi? Pour qu'on puisse avoir un régime
environnemental et de développement économique qui soit prévisible...
Le Président : En terminant.
M. Charette : ...et c'est notre
souhait, au niveau de la Coalition avenir Québec.
Le Président : Première
complémentaire, Mme la députée de Rouyn-Noranda—Témiscamingue.
Mme Émilise Lessard-Therrien
Mme Lessard-Therrien : M. le
Président, le ministre de l'Environnement vient de le dire, est assujetti au BAPE tout projet minier dont la capacité d'extraction
dépasse 2 000 tonnes par jour.
La mine va exploiter plus de 2 100 tonnes par jour dès l'an 7. La
loi est claire, le projet doit être soumis au BAPE.
Je ne pose
pas une question difficile, là, je lui demande s'il va appliquer la loi, sa
loi. Est-ce que le ministre a peur de
se faire traiter d'ayatollah par son collègue aux Ressources naturelles?
Va-t-il appliquer la loi?
Le Président : M. le ministre
de l'Environnement.
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît, tout le monde!
M. Benoit Charette
M. Charette : En fait, je vais la rassurer, la collègue, oui,
nous allons respecter la loi, mais, pour la respecter, il faut
aussi respecter sa procédure, et c'est les étapes auxquelles nous sommes
confrontés à ce moment-ci. Tout à
l'heure, j'ai eu le plaisir d'aller saluer les gens qui
sont dans les tribunes et je leur ai mentionné, pour ne pas qu'il y ait de
surprise ou de déception, il y a
une motion qui sera déposée dans quelques instants, nous allons voter contre la motion,
non pas que nous présumons du résultat ou quelle sera notre décision,
mais on veut avoir les bons éléments pour prendre la bonne décision au bon
moment.
Donc, aux
gens de l'Abitibi qui sont avec nous
aujourd'hui, j'ai eu l'occasion de les rassurer sur notre volonté de
respecter...
Le Président : En terminant.
M. Charette : ...de façon
stricte l'esprit de la loi et de sa réglementation.
Le Président : Deuxième
complémentaire, et la parole appartient toujours à la députée de Rouyn-Noranda—Témiscamingue.
Mme Émilise Lessard-Therrien
Mme Lessard-Therrien :
Quelle réponse décevante! Pourtant, c'est si simple. La loi est claire, la
communauté touchée est unanime, ils sont ici aujourd'hui.
Est-ce qu'on
est une région ressource à ce point-là, au point où l'eau potable passe après
les profits d'une multinationale
australienne, au point où notre qualité de vie et la qualité de notre
environnement passent après le désir de la CAQ de faire plaisir aux
entreprises minières?
Le Président : M. le ministre
de l'Environnement.
M. Benoit Charette
M. Charette : Je suis d'accord sur un point avec la collègue, c'est que la loi,
elle est claire. Donc, respectons-la, respectons
cette loi-là. La semaine dernière, il
y a des motions qui ont été
discutées, des propos qui ont été échangés sur le professionnalisme
qui est facilement décelable au ministère de l'Environnement,
propos, naturellement, que je cautionne.
Effectivement, c'est un ministère composé d'une fonction publique excessivement compétente et professionnelle. Si
la ministre était... si la députée, pardon, était
d'accord avec ces propos de la semaine dernière, qu'elle soit cohérente aujourd'hui. Reconnaissons cette expertise, reconnaissons ce professionnalisme,
et la décision arrivera au bon moment et...
Le
Président : En terminant.
M. Charette :
...en respect de la loi.
Le Président :
Question principale, M. le député de Chomedey.
Présomption de fraude de mandataires de la
Société de l'assurance automobile
M. Guy Ouellette
M. Ouellette :
Merci, M. le Président. On me sollicite régulièrement pour porter à l'attention
de l'Assemblée nationale de multiples cas qui méritent qu'on s'y attarde sérieusement. Aujourd'hui, ma question concerne la Société de l'assurance automobile du Québec.
Suite
à un appel d'offres dans l'Outaouais pour des contrats de mandataire en
vérification mécanique, les représentants
de la SAAQ ont été informés, en novembre dernier, qu'il y avait de sérieuses
allégations de fraude au dossier. Plutôt que d'ordonner une enquête ou
de référer le citoyen à la Sûreté du Québec, les représentants de la SAAQ ont recommandé au citoyen de s'adresser aux tribunaux
civils. Une demande d'injonction fut faite, et, le 31 janvier, le tribunal
interdisait à la SAAQ de conclure le contrat tel qu'elle entendait le faire.
Maintenant
que la SAAQ doit refaire ses devoirs et retourner en appel d'offres, est-ce que
le ministre pourrait nous confirmer
que le cabinet ne ferme pas les yeux sur un signalement en bonne et due forme,
que les citoyens ne sont pas dans l'obligation de procéder eux-mêmes à
des enquêtes et qu'ils ont d'autres options que de se tourner vers les
tribunaux pour dénoncer des malversations?
Le Président :
M. le ministre des Transports.
M. François Bonnardel
M. Bonnardel :
M. le Président, notre cabinet ou notre ministère prend au sérieux toute forme
de malversation. Le député de
Chomedey m'informe d'une situation dont je n'étais pas informé. Je prendrai
acte de cette situation avec lui pour
être capable d'aller au bout de l'information qu'il a et de vérifier si, oui ou
non, il y a eu problématique avec le contrat
octroyé directement à cette société et la Société de l'assurance automobile du
Québec. Il me fera plaisir d'en discuter avec lui par la suite.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Chomedey.
M. Guy Ouellette
M. Ouellette : Un deuxième cas identique fut rapporté dans les Laurentides, M. le
Président. En décembre 2018, le cabinet
fut informé d'importants risques pour la sécurité routière. Aucun suivi. En
décembre, janvier et février, le cabinet et le ministre ont été informés
de la fraude alléguée. Pas plus de suivi.
Est-ce
que le ministre pourrait nous rassurer et nous dire que la culture de l'omerta
et de l'opacité n'est pas revenue et
que ces dossiers, qui ont toutes les apparences d'autres appels d'offres
dirigés, seront traités adéquatement dans les plus brefs délais?
• (11 heures) •
Le Président :
M. le ministre des Transports.
M. François Bonnardel
M. Bonnardel :
Je réponds au député, M. le Président, que jamais, jamais notre cabinet ou ce
ministère ne fermera les yeux sur une
situation ou des situations de malversation. Je le dis : Jamais, en
majuscules, jamais je ne voudrai revoir ce que le ministère des Transports a subi ou a fait dans les dernières
années. Pour moi, il est important d'imposer de la rigueur, de la probité dans ce ministère, et je peux lui
assurer que je prends au sérieux cette affirmation... ou ces allégations qu'il
me mentionne ce matin.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Chomedey.
M. Guy Ouellette
M.
Ouellette : Merci, M. le Président. Le Conseil du trésor a statué que
l'Autorité des marchés publics ne peut pas se pencher sur ces dossiers, puisque
ça implique seulement l'argent des citoyens et non des deniers publics. Pourtant, les contrats de la SAAQ obligent les
citoyens à se rendre auprès des mandataires sélectionnés pour procéder
aux vérifications mécaniques. Ils n'ont pas le choix.
Si l'Autorité des marchés publics n'a pas de
mandat pour enquêter les appels d'offres de la SAAQ et que le ministère tarde à
réagir, est-ce que les citoyens peuvent savoir vers qui ils peuvent se tourner?
Le Président :
M. le président du Conseil du trésor.
M.
Christian Dubé
M.
Dubé : Alors, M. le Président, j'apprécie la question puis, un peu
dans la même ligne que mon collègue le ministre
des Transports, j'aimerais cependant vérifier deux choses avec le député de
Chomedey, puis je le prendrai tout de suite
après l'Assemblée. Comme vous savez, nous avons mis en place, avec l'Autorité
des marchés publics, les procédures nécessaires
pour pouvoir enquêter, dans la mesure de certaines conditions qui ont été
développées au cours des dernières semaines, parce que c'est venu, en
effet, le 24 janvier. C'est quand même assez récent, vous le savez.
Alors, ce que
j'aimerais faire avec mon collègue le ministre des Transports, c'est vous
prendre quelques minutes après pour
avoir un peu plus d'informations, et nous prendrons la situation directement
avec vous pour s'assurer que nous faisons le suivi avec l'Autorité des
marchés publics.
Le Président : Question
principale, M. le leader de l'opposition officielle.
Traitement
des demandes de candidats à l'immigration
M. Sébastien
Proulx
M.
Proulx : Oui. M. le Président, dans le dossier des
18 000 dossiers, justement, pendant des jours, on a évoqué ici les souffrances, les pleurs, les
insatisfactions des gens. Aujourd'hui, on apprend par la voix de Radio-Canada
que c'est la justice qui s'en mêle.
Comme quoi, après le coeur, la compassion, l'humanité, bien, il fallait que le
droit, la justice, les avocats
viennent à la rescousse des gens. Puisque le gouvernement a décidé de faire la
sourde oreille, c'est maintenant la justice, M. le Président, qui ouvre
un nouveau front.
Alors, la
question toute simple qu'il faut poser au ministre est la suivante : Après
s'être trompé dans ses chiffres, après
avoir prétexté qu'il ne pouvait pas le faire et qu'il ne pouvait pas traiter
ces dossiers... Aujourd'hui, on a l'impression que le décor, les masques, tout est tombé sur les pieds du ministre.
Alors, après avoir été décrié, souhaite-t-il vraiment être condamné?
Le Président : M. le ministre
de l'Immigration.
M.
Simon Jolin-Barrette
M.
Jolin-Barrette : M. le
Président, vous savez, le leader de l'opposition officielle est membre du
Barreau, à ma connaissance. Il sait très bien la façon dont les
procédures judiciaires se déroulent. On a été informés, par le biais des médias
il y a quelques instants, à l'effet que l'association des avocats et avocates
en droit de l'immigration intente un recours
juridique contre le gouvernement du Québec. J'espère que le leader de
l'opposition officielle est au
fait... et qu'il, aussi, respecte
notre institution à l'effet que le travail du Parlement doit suivre son cours
et il ne doit pas y avoir d'intervention
judiciaire dans le cadre des travaux du Parlement du Québec. Est-il d'accord
avec le fait que l'Assemblée
nationale ici, que les commissions parlementaires sont souveraines pour adopter
les différents projets de loi? Et est-il d'accord
avec le fait qu'une procédure judiciaire, à ce stade-ci, suite au dépôt d'un
projet de loi qui n'a pas été étudié, qui
n'a pas été... que, oui, l'adoption de principe n'a pas eu lieu, qui n'a pas eu
d'étude détaillée et qui n'a pas été sanctionné, c'est saugrenu comme
procédure et comme façon de faire?
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît!
M. Jolin-Barrette : Est-ce qu'il
respecte nos institutions? Est-ce qu'il respecte la volonté des Québécois?
Le Président : En terminant.
M. Jolin-Barrette : Est-ce qu'il
respecte la démocratie? Est-il contre ça?
Le Président : Première
complémentaire, M. le leader de l'opposition officielle.
M. Sébastien
Proulx
M.
Proulx : Oui. M. le Président, jusqu'à maintenant, le
ministre, qui s'est trompé, le ministre, qui a dit une chose et son contraire, le ministre, qui a accusé
l'ancien gouvernement d'être responsable des maux que subissent les gens qui
sont dans ces 18 000 dossiers, se rappelle-t-il que la procédure le vise,
lui, et ses actions?
Se
souvient-il que cette procédure, vraisemblablement, s'attaque à une de ses
décisions, M. le Président, qui est de
ne pas traiter ces 18 000 dossiers? C'est de ça dont il est question, pas
du projet de loi, pas de l'étude article par article, pas des...
Le Président :
M. le ministre de l'Immigration.
M.
Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : M. le Président,
est-ce que le leader de l'opposition officielle refuse que l'Assemblée nationale tienne ses travaux? Est-ce qu'il refuse
que le projet de loi soit étudié? Est-ce que c'est ça, le message que j'entends
de sa part? Parce que, si c'est ça, on va
fermer l'Assemblée nationale puis on va laisser les cours de justice décider
tout à la place des législateurs, à la place des députés, qui ont été
démocratiquement élus.
Et je
réitère, M. le Président, ce qu'on fait avec le projet de loi n° 9, c'est
de faire en sorte de mieux accompagner les immigrants, de mieux les franciser
et d'assurer un parcours d'intégration réussi pour chaque personne qui
choisit le Québec. Est-il satisfait du bilan
libéral en matière d'immigration? Est-il satisfait des rêves brisés qui ont eu
lieu au cours des 15 dernières années, des taux de
surqualification...
Le Président : En terminant.
M.
Jolin-Barrette : ...des
immigrants qui n'occupent pas un emploi à la hauteur de leurs compétences? Je
serais gêné à leur place.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le leader de l'opposition officielle.
M. Sébastien
Proulx
M. Proulx : Oui. M. le Président, on
a fait la démonstration encore ce matin qu'il est possible de traiter ces dossiers dans un délai raisonnable. Nous avons
fait la démonstration au cours des dernières semaines, M. le Président, qu'il est possible de traiter les dossiers et
d'étudier le projet de loi du ministre et du gouvernement en même temps. On
lui a parlé de coeur, on lui a parlé
d'humanité. Maintenant, on lui parle de justice, et ce qu'il répond, M. le
Président, c'est que cette institution est souveraine.
M. le
Président, on ne lui demande qu'une chose : Va-t-il traiter les
18 000 dossiers, ne pas engager des fonds publics et les fonds
privés des gens qui sont touchés par ces dossiers et...
Le Président : M. le ministre
de l'Immigration.
M.
Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : M. le Président,
le Parti libéral a laissé s'accumuler un inventaire de dossiers durant les 15 dernières années. À partir du moment où ils
sont arrivés au pouvoir en 2003, il y
avait un inventaire, et ils n'ont pas
réglé cette question-là. Ils ont laissé les personnes immigrantes dans leurs
pays d'origine durant des années.
Nous, ce qu'on propose avec le nouveau système,
c'est de faire en sorte que les gens n'attendent plus durant des années et de
faire en sorte qu'ils puissent venir au Québec beaucoup plus rapidement, qu'ils
puissent se franciser, qu'ils puissent
s'intégrer, qu'ils puissent participer pleinement à la société québécoise.
Est-ce que le leader de l'opposition
est en désaccord avec la volonté du gouvernement de mieux arrimer les besoins du marché du travail avec les
réalités des personnes immigrantes?
Est-il contre le fait de mieux faire les choses au Québec,
d'améliorer le système d'immigration?
Le Président : En terminant.
M.
Jolin-Barrette : Honnêtement, il faudrait faire en sorte de se brancher, du côté du Parti libéral, parce que les critiques que vous faites, elles ne
sont pas fondées.
Le Président : Merci. Cela
met fin à la période de questions et réponses orales.
Motions
sans préavis
Le
Vice-Président (M. Picard) :
Comme il n'y a pas de votes reportés, nous allons passer à la
rubrique Motion sans préavis.
En fonction
de nos règles et de l'ordre de présentation des motions sans préavis, je
reconnais maintenant un membre du troisième groupe d'opposition.
Mme la députée de Rouyn-Noranda—Témiscamingue.
Mme Lessard-Therrien : M. le
Président, avant de déclamer ma
motion, j'aimerais prendre le temps de saluer les gens de l'Abitibi-Témiscamingue
qui se sont déplacés jusqu'à Québec aujourd'hui et avec qui on a travaillé la
motion.
Je demande le
consentement de la Chambre pour débattre de la motion suivante conjointement
avec la députée de Maurice-Richard, le député de
Jonquière et le député de Chomedey :
«Que
l'Assemblée nationale demande au gouvernement de tenir une évaluation
environnementale et des consultations
publiques par le bureau d'audiences publiques sur l'environnement du Québec
concernant le projet minier Authier de la compagnie australienne Sayona
Mining.»
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci. Est-ce qu'il y a consentement pour
débattre de cette motion?
M.
Schneeberger :
Alors, il n'y aura pas de consentement, puisque l'analyse du projet n'est pas
terminée.
Des voix :
...
Le Vice-Président
(M. Picard) : Pas de commentaire, s'il vous plaît, M. le leader
adjoint.
Maintenant,
nous sommes rendus à un membre du groupe formant le gouvernement. M. le
ministre de la Famille et des Services de garde à l'enfance.
Appuyer le développement des
services
de garde éducatifs à l'enfance
M.
Lacombe : M. le Président, je demande le consentement pour déposer la
motion suivante conjointement avec la députée de Sherbrooke et le député
de Chomedey :
«Que
l'Assemblée nationale appuie le gouvernement dans son désir de continuer à
développer les services de garde éducatifs à l'enfance, dont font partie
les CPE, les garderies et les milieux familiaux;
«Que
l'Assemblée nationale reconnaisse le rôle que jouent les services éducatifs à
la petite enfance pour donner une chance égale à nos enfants et leur
permettre de développer leur plein potentiel;
«Finalement, que
l'Assemblée nationale reconnaissance la contribution essentielle des
éducatrices à la petite enfance dans le développement de nos tout-petits et
qu'elle salue leur travail exceptionnel.»
Le Vice-Président
(M. Picard) : Merci. Est-ce qu'il y a... M. le leader de l'opposition
officielle, vous avez...
M.
Proulx : Oui. M. le Président, pour faire suite à nos
discussions de ce matin, nous demandons la tenue d'un court débat sur
cette motion, s'il vous plaît.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Bien, on n'est pas rendus là, M.
le leader. Est-ce qu'il y a consentement pour débattre de cette motion?
M. Schneeberger :
Consentement, sans débat.
Le Vice-Président
(M. Picard) : Merci.
Mise aux voix
Est-ce que cette
motion est adoptée?
Des voix :
...
Le Vice-Président
(M. Picard) : Est-ce que cette motion est adoptée?
Des voix :
Adopté.
Le Vice-Président
(M. Picard) : Adopté. Un membre du groupe...
Des voix :
...
Le
Vice-Président (M. Picard) : M. le leader, il est trop tard pour
le vote par appel nominal. Le vote a déjà été réalisé.
Des voix :
...
• (11 h 10) •
Le Vice-Président
(M. Picard) : S'il vous plaît! Maintenant, je reconnais un membre
du groupe formant l'opposition officielle. M. le député de Pontiac.
Mettre en
place un programme de vaccination
contre le zona dans les meilleurs délais
M. Fortin : Oui. Merci, M. le Président. Je sollicite le consentement de
l'Assemblée afin de présenter la motion suivante conjointement avec la
ministre de la Santé et des Services sociaux, le député de Jonquière, le député
de Jean-Lesage et le député de Chomedey :
«Que
l'Assemblée nationale souligne que le zona est une maladie grave qui affectera
environ une personne sur trois au cours de leur vie;
«Qu'elle
rappelle que le Comité sur l'immunisation du Québec a recommandé la mise en
place d'un programme public de vaccination contre [cette] maladie;
«Qu'elle demande au gouvernement
d'appliquer les recommandations du comité et de mettre en place un programme
dans les meilleurs délais.» Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Picard) : Merci. Est-ce qu'il y a consentement pour débattre
de cette motion?
M. Schneeberger :
Consentement, sans débat.
Mise aux voix
Le Vice-Président
(M. Picard) : Cette motion est-elle adoptée?
Des voix :
Adopté.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Adopté. Maintenant, je reconnais un
membre du deuxième groupe d'opposition. M. le député de René-Lévesque.
M. Ouellet : Merci beaucoup, M. le Président. Donc, je sollicite le consentement des
membres de cette Assemblée afin de présenter, conjointement avec le
député de Rosemont, la motion suivante :
«Que
l'Assemblée nationale constate l'échec du gouvernement fédéral en matière de
lutte à l'évasion [fiscale];
«Qu'elle
déplore l'inefficacité de l'Agence du revenu du Canada, qui a récupéré
seulement 9 M$ de 12 Canadiens ou entreprises canadiennes parmi les 900 identifiés dans les Panama
Papers, malgré un investissement de 1 milliard de fonds publics
pour lutter contre l'évasion fiscale;
«Qu'elle
exige immédiatement des mesures du gouvernement fédéral pour changer cette
culture du laisser-aller et de la sous-performance; et
«Qu'elle
réitère la capacité [de] la compétence du Québec en matière de lutte à
l'évasion [fiscale] et à l'évitement fiscal.»
Le Vice-Président
(M. Picard) : Merci. Est-ce qu'il y a consentement pour débattre
de cette motion?
M. Schneeberger :
Pas de consentement.
Le Vice-Président
(M. Picard) : Pas de consentement.
Avis touchant les travaux des commissions
Maintenant, nous
sommes rendus à la rubrique Avis touchant les travaux des commissions. M. le
leader du gouvernement.
M. Schneeberger :
Oui. Alors, M. le Président, j'avise cette Assemblée que la Commission de la
santé et des services sociaux poursuivra les consultations particulières
du projet de loi n° 2, Loi resserrant l'encadrement du cannabis,
aujourd'hui, après les affaires courantes pour une durée de
1 h 30 min, de 15 heures à 17 h 30, et à la salle
Hippolyte-Louis-La Fontaine;
La
Commission des finances publiques poursuivra l'étude détaillée du projet de loi
n° 3, Loi visant l'instauration du taux unique de taxation
scolaire, aujourd'hui, de 15 heures à 18 heures, à la salle
Louis-Joseph-Papineau.
Renseignements sur les travaux de l'Assemblée
Le Vice-Président
(M. Picard) : Merci.
À la rubrique Renseignements
sur les travaux de l'Assemblée, M. le leader de l'opposition officielle.
M.
Proulx : Oui. M. le Président, très rapidement, je voulais m'informer,
parce que, dans le cadre du projet de loi
n° 9, là, qui sera en consultations particulières demain, j'entends et je
comprends, M. le Président, qu'il y a deux plages horaires qui sont
disponibles.
Je veux connaître les
intentions du gouvernement. Est-ce que le leader du gouvernement ou le leader
adjoint peut nous informer? A-t-il
l'intention de combler ces plages, qui sont disponibles demain, pour que les
députés puissent faire leur travail en consultations particulières?
Le Vice-Président
(M. Picard) : Merci. M. le leader du gouvernement.
M.
Jolin-Barrette : ...c'est que nous sommes en discussion. Nous
continuerons de discuter à savoir si c'est possible
de remplacer certains groupes. D'ailleurs, nous avons eu des échanges
relativement à un groupe qui a été demandé par le Parti libéral du Québec, à savoir le Protecteur du citoyen. Donc, on va poursuivre nos échanges ensemble,
comme on le fait toujours.
Le Vice-Président (M.
Picard) : Merci. Je vous
informe que la motion du leader du
gouvernement qui avait été
inscrite au feuilleton du 14 février 2019 en vertu de l'article 146 du règlement
a été retirée à sa demande.
Affaires
du jour
La
période des affaires courantes étant terminée, nous allons maintenant
passer aux affaires du jour. M. le
leader du gouvernement.
M.
Schneeberger : ...M. le Président, je demanderais une suspension de quelques minutes, le temps que
le délai de 30 minutes se fasse pour les... voyons, les débats de
fin de séance. Pardon.
Le
Vice-Président (M. Picard) :
M. le leader adjoint, il n'y a pas de
débat de fin de séance le mercredi. Donc, je vous redonne la parole.
M.
Schneeberger : Oui. Alors, M. le Président, étant donné que
nous n'avons rien à l'agenda pour ce matin, je demande de suspendre nos
travaux jusqu'à 15 heures.
Le Vice-Président
(M. Picard) : Merci, M. le leader adjoint.
Donc, les travaux
sont suspendus jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à
11 h 14)
(Reprise à 15 h 1)
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Bonjour. Vous pouvez vous asseoir.
Affaires inscrites par les députés de l'opposition
Motion proposant que l'Assemblée demande au gouvernement
d'allouer prioritairement
les ressources budgétaires nécessaires aux services aux élèves et à l'amélioration
des conditions de travail du corps enseignant et de ne pas freiner
les projets d'agrandissement et de rénovation approuvés
Nous
sommes maintenant rendus aux affaires du jour. À l'article
12 du feuilleton, aux affaires inscrites par les députés de l'opposition,
Mme la députée de Saint-Laurent présente la motion suivante :
«Que l'Assemblée
nationale demande au gouvernement d'allouer prioritairement les ressources
budgétaires nécessaires aux services aux élèves et à l'amélioration des
conditions de travail des enseignant-e-s;
«Que l'Assemblée
nationale demande au gouvernement de ne pas freiner les projets
d'agrandissements et de rénovations déjà
approuvés, et ce, en conformité avec les dispositions de la Loi sur les
contrats des organismes publics.»
Je
vous informe que la répartition du temps
de parole pour le débat restreint sur
la motion inscrite par Mme la députée
de Saint-Laurent s'effectuera comme suit : 10 minutes sont
réservées à l'auteure de la motion pour sa réplique; 54 min 15 s sont allouées au groupe parlementaire formant le gouvernement; 32 min 6 s sont allouées au groupe parlementaire formant l'opposition
officielle; 11 min 4 s sont allouées au deuxième groupe d'opposition;
11 min 4 s sont allouées au troisième groupe d'opposition; 1 min
30 s sont allouées au député indépendant.
Dans le cadre de ce débat, le temps non utilisé par le député indépendant ou par
l'un des groupes parlementaires sera
redistribué entre les groupes
parlementaires selon les proportions
établies précédemment. Mis à part ces consignes, les interventions ne
seront soumises à aucune limite de temps.
Enfin,
je rappelle au député indépendant que, s'il souhaite intervenir au cours de ce
débat, il a 10 minutes à partir
de maintenant pour en aviser la présidence.
Je cède maintenant la
parole à Mme la députée de Saint-Laurent. La parole est à vous.
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy :
Merci, Mme la Présidente. Alors, comme on sait, au Québec, il y a déjà des
enfants qui ont des problèmes d'apprentissage et des troubles de langage et/ou
même des comportements qui nécessitent des soins immédiatement. Avec le plan du
gouvernement actuel de déployer la maternelle quatre ans afin d'aider ces enfants le plus tôt
possible, on manque la cible. La
cible, c'est rapidement. Donc, si, à partir de 18 mois, un enfant a
des troubles d'apprentissage, on peut
agir. Mais il ne faut pas non plus mettre toutes nos ressources
et tous nos oeufs dans le même panier
avec les maternelles quatre ans. Plusieurs experts sont venus nous le dire et nous le
répètent : C'est important de non seulement dépister de façon très
tôt, mais il faut avoir un suivi.
Présentement, le gouvernement s'est donné la seule et unique mission d'avoir
des maternelles quatre ans, mais
on ne parle pas de tous les services qui
doivent en découler. C'est comme si on disait : maternelles quatre ans...
qui existent dans le réseau de
l'éducation, alors qu'il y a tout plein d'autres services qui existent.
L'école, l'éducation, ça ne s'arrête pas à quatre ans, ça commence.
Et, en ce moment, on voit que
l'objectif, c'est vraiment de préserver le siège du premier ministre, parce
qu'on sait qu'il a dit en débat : Si je ne suis pas capable de livrer
cette promesse, je vais devoir démissionner. Il n'y a personne aujourd'hui qui lui demande de démissionner, on
lui demande simplement d'écouter. On lui dit la chose suivante : Vous
avez promis des maternelles pour tout le
monde qui le demanderait au Québec. Ça, c'est environ 5 000 classes. Mais,
au-delà des classes, Mme la Présidente, il y a aussi les enseignants
qu'on va devoir mettre dans ces classes-là.
Présentement,
au Québec, même si le gouvernement refuse de reconnaître la pénurie de la
main-d'oeuvre, elle existe. Il
faudrait que le gouvernement arrête de prendre congé de la réalité, congé aussi
de ses experts. C'est important de
reconnaître la pénurie de la main-d'oeuvre parce que ça ne fait plus rire le
personnel enseignant. J'ai plusieurs personnes qui nous appellent, qui nous disent : On a des enseignants qui sont
épuisés. Et, lorsqu'elles prennent un congé, soit parce qu'elles sont tellement épuisées ou parce qu'il y
a un congé de maternité ou un congé de sabbatique, on n'arrive même pas, en ce moment, à avoir des suppléants, pas
pour les maternelles quatre ans, je vous parle de la cinquième année, de la
sixième année, à l'école secondaire. En ce
moment, est-ce qu'on va vraiment déshabiller Pierre pour habiller Paul? Est-ce qu'on
peut s'assurer d'avoir, à tout le moins, juste présentement, les ressources
nécessaires pour nos besoins actuels?
Les
5 000 classes nécessitent 5 000 enseignants supplémentaires. Un peu
plus tôt ce matin, le ministre de l'Éducation a dit : On va devoir,
peut-être, ajuster. Si on arrive à 50 % de notre cible en 2023, bien, ça
va en prendre environ 2 000. Bien, son
propre ministère dit le contraire, il dit : Non, ça va en prendre
3 000. Je sais que c'est correct, souvent,
ils ont de la misère avec les chiffres, mais on se trompe de 1 000,
1 000 enseignants. Et encore faut-il les former, nos enseignants.
On
veut valoriser la profession des enseignantes et des enseignants. En campagne
électorale, ils ont promis de rehausser
leurs salaires, mais qu'ils le rehaussent maintenant, l'argent est disponible.
Si on veut les attirer dans nos bancs d'école,
ces futures enseignantes et futurs enseignants, encore faut-il que le salaire
soit adéquat. Puis, en ce moment, ça ne se bouscule pas aux portes pour devenir enseignante. Est-ce qu'on peut
avoir un plan global, une vision globale puis arrêter de juste dire : On va vous en mettre
n'importe où, n'importe comment? Écoutez, cette semaine... bien, en fait,
dimanche, les commissions scolaires
ont appris, à la télévision, qu'ils auront des maternelles quatre ans. Quelle
courtoisie! Au lieu de l'apprendre
comme il faut, avec le ministère de l'Éducation, bien, c'est en exclusivité
dans les nouvelles. Une chance que les
journalistes sont là pour faire le travail à la place du ministre parce que, visiblement,
il a de la misère à communiquer avec son réseau.
Est-ce
que c'est normal que, le lendemain, le lundi, dans la commission scolaire
Arthabaska, qui, elle, on lui a annoncé,
par les voix des journalistes, qu'elle devra avoir 18 nouvelles maternelles
quatre ans, 18 nouvelles classes, elles répondent : Non, on a de la place pour six. Au Saguenay, ils
disent : Nous, ce n'est pas un problème de locaux qu'on a, c'est qu'on a une pénurie d'enseignants, il nous
en manque, des enseignants. Ailleurs aussi, si on prend Outaouais, même
chose, il dit : Nous, on veut
collaborer. L'Outaouais le dit. On y croit, nous autres aussi, mais est-ce
qu'on peut avoir toutes les
ressources pour y arriver? Sommes-nous en mesure d'avoir immédiatement des
enseignants puis aussi immédiatement des budgets?
Vous savez, dans ce
qui est déposé aujourd'hui, dans cette motion :
«Que
l'Assemblée[, là,] demande au gouvernement de ne pas freiner les projets
d'agrandissements et de rénovations déjà approuvés, et ce, en conformité
avec les dispositions de la Loi sur les contrats des organismes publics»...
Ce
n'est pas par hasard que j'ai ajouté ce paragraphe. Rappelons-nous que, la
semaine dernière, il y a eu un appel entre
le ministre de l'Éducation et les D.G. ainsi que les présidents des commissions
scolaires de l'ensemble du territoire du
Québec. Sur cet appel, une personne a demandé la chose suivante au ministre de
l'Éducation : Vous nous demandez de
changer nos contrats qu'on a déjà fait signer, déjà approuvés dans le plan du PQI
du Québec. C'est correct si on change au
niveau de la classe, mais, si on ajoute du pied carré puis qu'on augmente, au
fond, là, la valeur du contrat, est-ce qu'on est en train de contrevenir
à la loi sur l'octroi des contrats publics? La réponse du ministre était :
Bonne question.
Une semaine plus
tard, a-t-il trouvé la réponse à cette bonne question? Parce qu'ici, à
l'Assemblée nationale, Mme la Présidente, on
s'est donné des règles pour ne plus jamais rejouer dans le même film avec ceux
qui ont été assez corrompus pour jouer dans les contrats publics. C'est
cette Assemblée nationale qui... s'assurer que ça n'arrive plus. Est-ce qu'aujourd'hui le ministre de l'Éducation,
avec son empressement, n'a pas réalisé que, des fois, aller trop vite, bien,
on peut frapper un mur?
• (15 h 10) •
Puis
c'est important aussi de savoir que, lorsque le réseau de l'éducation
dit : On veut y arriver, mais pas n'importe quels frais... Présentement,
là, il y a, dans le réseau de l'éducation, des besoins. Quand le ministre de
l'Éducation dit : Votre classe,
là, le laboratoire informatique, mettez-moi une maternelle quatre ans, il est
en train de dire aux autres étudiants : Bien, le laboratoire informatique, ça va attendre encore. On dit aussi
aux autres étudiants : Votre bibliothèque, peut-être que vous n'en aurez pas besoin; les livres, ce
n'est peut-être pas utile, finalement. Qu'est-ce qu'on dit aussi? La classe
d'arts plastiques, ce n'est pas si
prioritaire, la classe d'arts plastiques, parce que la maternelle quatre ans,
ça, c'est la priorité. Vaudreuil-Soulanges, là, en ce moment, il manque
400 places au secondaire. Dans le comté de Saint-Laurent, chaque semaine, 50 nouvelles inscriptions. Dans le
comté... avec la commission scolaire Marguerite-Bourgeoys, 50 nouvelles
inscriptions, ça nous en fait, puis ce n'est pas pour les maternelles quatre
ans, là, c'est pour tous âges confondus.
On
ne peut pas seulement mettre l'emphase sur les maternelles quatre ans, ça prend
un plan global. On a l'occasion historique
d'avoir un surplus important qu'on peut vraiment dépenser de façon judicieuse.
Pourquoi qu'on va aller faire des
doublons? Puis j'explique les doublons. En renfort, cette semaine, le ministre
de la Famille, qui a dit : Ouh! On dirait que le feu est pris, j'arrive à
la rescousse du ministre de l'Éducation, je vais vous annoncer, moi aussi,
quelque chose, des places en CPE. On
était contents. Mais là on pose la question : Ils sont où? Ils sont
comment? Parce que, oui, on veut des places
en CPE, mais est-ce qu'on veut avoir des places en CPE puis, sur le même coin
de rue, des places en maternelle quatre ans? Parce qu'on ne veut pas
avoir de chaise vide.
Si
le réseau des CPE, ça fait des décennies qu'ils font le travail correctement et
que les experts nous le disent et nous
le répètent, pouvons-nous entendre raison ou faire entendre raison au ministre
de l'Éducation puis dire : Parlez-vous, ministère de la Famille puis le
ministère de l'Éducation, puis dites-nous, là, comment qu'on peut vraiment
investir l'argent des contribuables
de façon judicieuse, sans ajouter une nouvelle structure, sans essayer de
diviser les réseaux, parce que, hein,
en ce moment, il y a de la division, un peu. Il y a de l'incertitude, il y a de
l'imprévisibilité qui est due à l'improvisation faite par le
gouvernement actuel.
Quand on n'a
pas de plan, pas de direction, ça fait qu'on peut dépenser de l'argent à gauche
et à droite, puis, au final, les
enfants n'ont pas plus de services. Parce que c'est bien beau, des classes,
c'est bien beau, des chaises, mais, si je n'ai pas un enfant sur cette chaise puis si je n'ai pas un
professionnel pour venir en aide à cet enfant, on n'aura pas réussi la mission,
qui est à dire de les aider à aller jusqu'au doctorat si c'est leur désir. Et,
présentement, plusieurs voix se sont élevées, et j'espère que le ministre de l'Éducation va entendre ces voix-là et
s'assurer que les projets vont voir le jour, mais de façon structurée.
Hier, c'est
sa ministre de la Santé qui disait : Faisons les choses dans l'ordre. On
attend, justement, cet ordre, on attend
le plan. On ne demande pas grand-chose, on veut juste un plan très clair. Si le
ministre de l'Éducation peut arrêter de
voir les commissions scolaires comme un caillou dans son soulier, s'asseoir
avec eux, évaluer les besoins... D'ailleurs, elles ont été sondées sur leurs réels besoins. Peut-il faire preuve de
transparence et nous déposer le sondage caché qu'il a fait auprès du réseau et nous dire
réellement c'est quoi que la CSDM a besoin. C'est quoi que la commission Marguerite-Bourgeoys a besoin? C'est quoi que les commissions
d'Arthabaska ont besoin? C'est quoi que la commission en Outaouais a besoin? Est-ce que c'est des maternelles quatre
ans qu'ils ont besoin ou des 6e année? Est-ce que c'est des classes de
secondaire II qu'ils ont besoin ou des
maternelles quatre ans? Est-ce qu'ils ont besoin d'orthopédagogues? Est-ce
qu'ils ont besoin d'informaticiens?
Parce qu'à
part un informaticien... Je vais me permettre une parenthèse, Mme la
Présidente. Aujourd'hui, nos jeunes vont
à Apple pour être formés. Est-ce qu'on peut mettre de l'argent à la place pour
avoir des techniciens en informatique, pour
qu'au lieu d'aller magasiner en sortie éducative, entre guillemets, ils soient
dans nos écoles, formés correctement? Ça, ça serait de l'argent bien investi. Ça, j'aimerais vraiment
cela. Ça, c'est un problème qui est réel.
Vous savez,
on a aussi d'autres enjeux au Québec : la cybersexualité. On l'a vu, hein?
Est-ce qu'on peut avoir plus d'argent
pour avoir du personnel de soutien en sexologie, pour s'assurer que tout ce qui
est sexué, on fait attention à cela?
Parce qu'on vit dans une nouvelle ère, où est-ce que nos enfants ont besoin de
davantage de soutien dans les écoles. Et on peut s'assurer aussi que les CPE
travaillent de façon conjointe, en collaboration avec le système de l'éducation,
pas en confrontation.
Alors, là-dessus, Mme la Présidente, je vous
remercie.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Maintenant, je
cède la parole au ministre de l'Éducation et de l'Enseignement
supérieur.
M. Jean-François
Roberge
M.
Roberge : Merci bien, Mme la Présidente. Ça me fait plaisir de parler,
aujourd'hui, des sujets qui me tiennent à coeur. Donc, on parle d'allouer des ressources aux services aux
élèves, améliorer la condition des enseignants, de valoriser la profession enseignante et d'agrandir et de
rénover les écoles. Bien, c'est notre programme, Mme la Présidente. C'est
formidable, on a une motion qui souligne
l'excellence du programme de la Coalition avenir Québec. Parce qu'effectivement
c'est ce qu'on a présenté aux Québécois lors
de la campagne du mois de septembre, et je pense que les Québécois ont
apprécié. Ils nous ont donné un beau mandat pour faire ça.
Parce que je vais lire la motion. Ça dit :
«Que l'Assemblée nationale demande au gouvernement
d'allouer prioritairement les ressources budgétaires nécessaires aux services aux élèves...» C'est précisément ce qu'on veut faire. On ne veut pas
que l'argent aille dans la bureaucratie,
on veut que l'argent aille aux élèves, on veut que l'argent aille à ceux et
celles qui connaissent les élèves par
leurs noms. On veut augmenter le nombre de professionnels qui sont dans nos
écoles, pas seulement au préscolaire pour les quatre ans et les cinq
ans, mais aussi tout le long du primaire, tout le long du secondaire.
Puis je peux continuer parce que j'ai aussi
l'enseignement supérieur. On veut augmenter les ressources professionnelles au collégial. Parce que, si on
recule de 15 ans, de 20 ans, les jeunes qui ont des besoins particuliers,
qui sont handicapés ou en difficulté
d'adaptation ou d'apprentissage ne se rendaient pas au collégial, ne
diplômaient pas. C'est une avancée
sociale qu'on a, ils sont plus nombreux que jamais à se rendre là, mais les
ressources n'ont jamais suivi. On les envoie
dans un cul-de-sac, on ne les aide pas. Bien, on va les aider, même en
enseignement supérieur, Mme la Présidente. Donc, bien sûr qu'on va
allouer prioritairement les ressources budgétaires nécessaires aux services aux
élèves.
On va aussi tellement en rajouter qu'on va
travailler pour implanter, au secondaire, cinq heures d'activités parascolaires par semaine, une heure de plus par
jour par élève dans le réseau public pour améliorer l'expérience élève, pour développer le sentiment d'appartenance, pour
que les jeunes qui peut-être des fois éprouvent des difficultés aient une bonne raison de se lever le matin pour aller à
l'école. J'ai fait des Journées de la persévérance scolaire la semaine dernière avec... grande vedette, Laurent
Duvernay-Tardif, très inspirant, qui nous disait qu'à un moment donné, oui,
même s'il avait de la facilité à
l'école, il avait, des fois, un petit peu moins de motivation, mais il y avait
le football qui lui donnait le goût d'y aller, puis de persévérer, puis
de décrocher des résultats extraordinaires.
J'ai, dans
mon comté, aussi, un animateur, humoriste, comédien, Philippe Laprise, une
inspiration pour beaucoup de jeunes.
Bien, figurez-vous qu'il a eu beaucoup de difficultés à l'école. Il en a parlé
dans son spectacle, même qu'il a créé une fondation pour
aider les jeunes qui, comme lui, ont un TDAH. Il m'a déjà raconté qu'il avait
failli décrocher. Ce qui l'a gardé à
l'école secondaire : l'improvisation. Le parascolaire. Et pourquoi il a pu
faire du parascolaire? Bien, pas à cause des précédents gouvernements, c'est parce que ça adonnait que ses
parents étaient capables de le payer, ça adonnait qu'il habitait assez
proche de l'école pour ne pas devoir prendre l'autobus.
Mais, aujourd'hui,
dans nos écoles secondaires, les jeunes qui n'ont peut-être pas les moyens de
payer le parascolaire ou qui habitent trop
loin de l'école ne peuvent pas en faire parce que, dans bien des écoles
secondaires, la cloche sonne à
15 h 15, l'autobus part à 15 h 30, le parascolaire commence
à 15 h 45, donc les jeunes sont partis, puis, s'ils veulent rester à l'école pour faire du
parascolaire, bien, ça veut dire que leurs parents vont faire le détour. Ça
exclut, pour beaucoup de jeunes, l'accès au parascolaire.
Donc,
ça, oui, ça, là, c'est allouer prioritairement les ressources budgétaires
nécessaires aux services aux élèves. C'est précisément ce qu'on va faire,
autant pour des activités stimulantes qui amènent les jeunes à développer un
sentiment d'appartenance, autant pour
aider les jeunes qui sont en grandes difficultés scolaires à réussir, à réussir
pour vrai, pas en gonflant les notes
artificiellement, en donnant un 60 % quand tu as un 59 % ou un
58 %, pas en laissant des gens mettre de la pression sur les
enseignants. Non, réussir pour vrai, pour avoir un vrai sentiment de fierté.
Et
on dit : Il faut aussi envoyer les ressources nécessaires à l'amélioration
des conditions de travail des enseignants. Bien, je suis bien content qu'on en parle, parce que ça aussi, ça fait
partie de notre programme. On veut commencer la séance de négociation en mettant, sur la table, au départ, une
bonification salariale. Je ne sais même pas si c'est déjà arrivé dans l'histoire du Québec qu'un gouvernement
commence une période de négociation en disant : Nous autres, en partant,
là, on trouve que vous n'êtes pas assez bien payés. On commence comme
ça.
• (15 h 20) •
Il
y a des gens qui vont dire : Bien, écoutez, on se met en position de
faiblesse. C'est parce qu'eux autres, ils voient de l'antagonisme, toujours. Ils voient une relation de force, ils voient
des gagnants et des perdants, alors que nous, on tend la main aux enseignants. Ça fait qu'on n'y va pas
dans une opposition en disant : Bien, qui on pourrait monter contre qui?
Puis est-ce qu'on doit essayer de les
écraser, est-ce qu'on doit essayer de les battre? Ce n'est pas ça, notre
vision. Donc, oui, on va commencer la
période de négociation avec les enseignants en disant : Nous, au départ, là, on trouve que les
jeunes enseignants ne sont pas assez payés.
J'imagine
que ça va être mieux accueilli que la dernière fois, alors que les libéraux...
le précédent gouvernement a commencé la période de négociation en disant : Vous êtes trop riches. On va commencer la période de négociation en disant : Nous autres,
on va geler votre salaire, ce qui fait qu'à chaque année vous allez vous
appauvrir, parce que l'indexation, vous ne l'aurez pas, vous ne la méritez pas, les enseignants. Ça, c'est
ce qu'ils se font fait dire la dernière fois. Alors, il y a
tout un changement de ton entre ce que le précédent gouvernement a fait et ce que nous, on veut faire. Puis ils essaient de nous faire la leçon aujourd'hui en nous disant :
Hé, là! Le gouvernement, là, n'oubliez pas de mettre des ressources
pour l'amélioration des conditions
de travail des enseignants. Dr.
Jekyll et Mr. Hyde, hein? On ne sait pas trop toujours, là, qui va sortir, qui va se montrer le visage, parce qu'au gouvernement c'était Mr. Hyde, c'était
Mr. Hyde. Maintenant qu'ils sont dans
l'opposition, bien, là, ils veulent vraiment bonifier le salaire des
enseignants. J'espère qu'ils ne reviendront pas ici, parce que, manifestement, il va y avoir de
l'austérité en éducation puis il va y avoir des coupures de salaires des
enseignants. Il ne faudrait pas que ça arrive.
Donc,
évidemment qu'on veut améliorer les conditions d'emploi des enseignants. Et il
y a plusieurs façons de le faire. Et
on ne va pas l'improviser, Mme la Présidente, on a un plan qui était clair, que
j'ai déposé en juin dernier. Donc, on
ne peut pas dire que ça a été improvisé, là, sur un coin de table. En juin
dernier... Et c'est encore disponible sur le site Internet de la
Coalition avenir Québec, www.coalitionavenirquebec.org. Vous allez en bas de la
page, il y a un onglet Documents, et là vous
apprenez plein de choses, c'est formidable. Et il y a un endroit qui s'appelle
Plan de valorisation de la profession
enseignante. Et, dans ce plan, bien, il y a ce qu'on a l'intention de faire
dans les quatre prochaines années. Alors,
on ne l'a pas décidé la semaine dernière, on ne l'a pas décidé en campagne
électorale. Ça fait plus de six mois, ça fait plus de huit mois qu'on l'a dit. Puis, dans notre plan de
valorisation, oui, il y a la hausse du salaire à l'entrée pour reconnaître le travail des jeunes enseignants,
pour évidemment ne pas appauvrir les enseignants qui sont déjà là. C'est
sûr qu'il y aura l'indexation, il n'est pas question de couper le salaire des
enseignants. Mais on va aller plus loin que ça.
Un
des drames qui nous afflige en éducation, c'est la perte d'expertise, la
désertion des jeunes enseignants. Ils entrent
sur le marché du travail. Puis c'est extrêmement difficile d'entrer sur le marché
du travail. Et ce n'est pas théorique pour
moi, là, Mme la Présidente. Un, je l'ai fait, mon bac en enseignement, j'ai
fait mes stages dans différentes classes, j'ai enseigné 17 ans, j'ai accueilli entre 12 et
15 stagiaires. Donc, l'insertion professionnelle des enseignants, je pense
que je peux vous en raconter un petit bout là-dessus.
Bien,
dans le plan, on dit qu'on va implanter un programme de mentorat. Il y en a,
dans certaines commissions scolaires,
des programmes de mentorat. Il y en a des bons, il y en a des moins bons, il y
en a qui sont financés, il y en a qui ne
sont pas financés. On va mettre de l'argent sur la table, parce qu'on ne se dit
pas, là, qu'on va faire plus avec moins, là. On va faire plus avec mieux, on va faire mieux avec plus. Donc, on veut
un plan d'insertion professionnelle réussi, un vrai programme de
mentorat, qui va garantir que les jeunes enseignants, quand ils font leur place
dans une école ou même, des fois, dans des
écoles, parce qu'en début de carrière, des fois, ils changent d'école, bien,
ils auront un mentor, un enseignant sénior, un enseignant d'expérience
qui va pouvoir les accompagner pendant au moins cinq ans. Même si le jeune enseignant change d'école au fil des
contrats, parce que, des fois, ça arrive en début de carrière, bien, il y aura
au moins un socle, quelqu'un qui ne changera pas, et ce sera son mentor.
Et
on va financer ça en leur donnant du temps. Parce que je leur parle, aux
enseignants, fréquemment. J'ai énormément
d'amis, évidemment, qui sont enseignants, mais je vais aussi dîner avec eux,
avec... Dans toutes les régions du
Québec, je vais dîner avec eux autres. Puis ils me le disent : On a besoin
de temps. Bien, on va leur donner du temps pour se rencontrer, pour
échanger, pour bâtir une relation de confiance qui sera durable dans le temps.
Dans
le plan de valorisation, aussi, eh bien, il y a un plan pour leur donner des
outils, parce que parfois, les enseignants,
on les met devant des tâches qui leur semblent impossibles. On intègre, dans la
classe, des enfants qui ont des besoins
particuliers, qui peuvent vivre de grands succès, mais, pour ça, il faut que
les enseignants soient bien formés pour relever ces défis-là. Très souvent, ils et elles le sont, parce qu'au
fil des années ils sont allés chercher des formations. Mais est-ce
toujours des formations de qualité? Pas toujours, pas toujours. Parce qu'on ne
sait pas trop, quand on est enseignant, où
aller chercher la formation. Qu'est-ce qui valide que ça, c'est basé sur des
données probantes? C'est éprouvé, ou
bien si moi, je ne vais pas être encore le cobaye, comme enseignant, d'une
nouvelle approche que je vais tester avec mes élèves?
Pour
ne pas que ça arrive, on va implanter un institut national d'excellence en éducation qui va colliger
les bonnes pratiques, qui va les
diffuser, qui ne va pas dire aux enseignants quoi faire, qui ne va pas imposer
des formations, mais qui va leur
permettre d'avoir un endroit de référence fiable qui est basé sur des
recherches-actions. Donc, il y avait tout ça. Ce n'est pas une surprise pour nous
de se dire qu'il faudrait améliorer les conditions de travail des
enseignants. Donc, je remercie ma
collègue d'avoir mis ça dans sa motion, qui effectivement est un peu un
prédicateur de ce qui s'en vient dans les prochains mois, les prochaines
années sous le gouvernement de la Coalition avenir Québec.
Dans le cadre de son
allocution, ma collègue a dit : Oui, mais là, là, il n'y a pas juste les
quatre ans; c'est une obsession pour le gouvernement de M. Legault, pour le gouvernement du premier
ministre et de la Coalition avenir Québec, c'est
une obsession, ils font juste les quatre ans. Bien, si on faisait juste les
quatre ans, au cours des derniers mois, je n'aurais pas révisé la formule de financement des cégeps.
Je n'aurais pas corrigé la formule de financement des universités.
Je n'aurais pas rajouté des récréations... prolongé des récréations pour avoir
deux récréations par jour au primaire, hein? Je n'aurais pas préparé un projet
de loi sur les frais qui sont chargés aux parents. Et il y a bien d'autres
choses qui seront annoncées dans les
prochains mois, prochaines semaines qui témoigneront de la collaboration exceptionnelle que j'ai avec les fonctionnaires, sous-ministres,
sous-ministres adjoints du ministère, et du cabinet, et de mes collègues qui
montre qu'évidemment, oui, on accorde une importance à agir tôt, à
implanter des maternelles quatre ans, mais ça ne nous empêche absolument
pas de travailler sur plusieurs autres dossiers.
Aïe!
J'en oublie un très important, celui des infrastructures, de faire vraiment
un portrait détaillé de ce qui se passe dans nos écoles, certaines
écoles qui sont dans un état de délabrement qui est gênant. Et ce qu'on a
travaillé dans les derniers mois et que j'ai très hâte de rendre public, là,
c'est les nouvelles façons de bâtir des écoles, de planifier la construction, l'agrandissement, parce qu'on veut que l'école, dans le quartier, ça soit le plus bel édifice du
quartier. On a cette ambition-là pour nos jeunes.
Donc,
bien sûr, c'est faux de dire qu'on s'occupe juste des
quatre ans. Bien non, on voit pas mal plus loin que ça.
Ma
collègue a parlé des enseignants épuisés. C'est vrai que tout n'est pas rose
dans les écoles. C'est vrai qu'il y a
des enseignants qui sont fatigués, c'est
vrai que la tâche est lourde. Mais la tâche est lourde parce que, ces dernières
années, on ne les a pas aidés à aider
les enfants. La tâche est lourde parce qu'on ne leur a pas donné les
professionnels qui les aident, qu'on n'a pas donné les professionnels qui leur
permettent de faire vivre des succès aux enfants dans les classes. La tâche est lourde parce qu'on a fermé des
classes spécialisées, des classes d'adaptation. Puis là je vais briser un
tabou, là. Oui, je pense que ça en
prend davantage, des classes spécialisées et des classes d'adaptation.
Évidemment, il y a un paquet d'élèves
qui ont des besoins particuliers qui peuvent vivre des succès dans les classes
régulières, et ça peut enrichir la classe régulière. Mais ce n'est pas
un dogme. À chaque fois, il faut partir des besoins des élèves cas par cas.
Et
la commission scolaire, qui sera, je vous l'annonce, transformée en centre de
services aux écoles... Eh bien, les centres
de services aux écoles doivent être services aux écoles, au service des élèves.
Et on ne doit pas déterminer de
manière arbitraire : Ah! nous, on a quatre classes pour enfants qui ont un
trouble du spectre de l'autisme. Quand elles sont pleines, tant pis pour les autres. Il faut revirer la pyramide à l'envers,
il faut partir de ce qui se passe dans les écoles. Si on a besoin de deux classes pour des enfants qui
ont des troubles du spectre de l'autisme, bien, c'est deux classes que le
centre de services ouvrira. Si c'est quatre
classes, si c'est cinq classes, en partant des besoins des élèves, bien, le
centre de services ouvrira le nombre
de classes en fonction de ce que disent les parents, les enseignants et les
professionnels. Mais ça, ça impose
des changements, et, oui, c'est vrai, il va falloir qu'on touche aussi aux
structures. Mais ce n'est pas un
débat de structures qui nous éloigne des enfants, comme essaient de le dire
évidemment les oppositions, qui sont en amour avec le statu quo. Le statu quo nous fait reculer, le statu quo
nous empêche de donner des meilleurs services aux élèves. Donc,
évidemment, on va vouloir changer ça.
• (15 h 30) •
Et
la deuxième partie de la motion, qui dit «que l'Assemblée nationale demande au
gouvernement de ne pas freiner les
projets d'agrandissements et de rénovations déjà approuvés, et ce, en
conformité avec les dispositions de la Loi sur les contrats des organismes
publics», c'est notre programme. Pourquoi on voudrait freiner les projets
d'agrandissement? Il n'y en a
tellement pas eu, des projets d'agrandissement, Mme la Présidente, ces
dernières années, il n'y en a tellement pas eu, des projets de rénovation. C'est pathétique et c'est presque
clownesque de voir l'opposition officielle nous reprocher le manque de locaux sur l'île de Montréal. C'est quelque
chose. Parce que, de 2014 à 2018, ce
qui correspond au dernier mandat des
libéraux, oui, aux affaires, de 2014 à 2018, juste sur l'île de Montréal, ils ont refusé 47 projets d'agrandissement ou de
construction. 47 fois, dans les quatre dernières années, les commissions
scolaires sur l'île de Montréal ont dit : Écoutez, là, ça déborde. Il
faut agrandir cette école primaire là. Il faut rajouter un gymnase dans l'école
secondaire. Il faut bâtir une nouvelle école secondaire. 47 fois,
ils se sont fait dire non par le dernier gouvernement. Si on avait accepté comme gouvernement, il y
aurait 522 classes de plus,
juste sur l'île de Montréal. Il y aurait de la place pour 13 000 élèves de plus. Mais, par leur faute, parce qu'ils ont
refusé ces 47 projets, ils ont refusé des agrandissements qui auraient
amené 522 classes.
Et là ils nous disent : Aïe! il manque des
classes sur l'île de Montréal, là, vous ne pourrez pas répondre aux besoins. Vous ne pouvez vraiment pas faire la
maternelle quatre ans, il manque tellement de classes. Écoutez, écoutez,
pompier pyromane, ça va faire. À un moment donné, là, un
minimum de cohérence et d'honnêteté intellectuelle les amènerait à avoir une petite gêne dans le dossier de la pénurie de
locaux à Montréal et ailleurs. Parce que j'ai l'information pour
Montréal, mais c'est vrai partout au Québec.
On
va faire le contraire de ce qui s'est fait, hein? Il va falloir qu'on soit plus
ambitieux qu'ils ne l'étaient dans le
Plan québécois des infrastructures. Il va falloir qu'on voie l'éducation comme
un investissement. Il va falloir qu'on voie l'agrandissement des écoles
comme étant nécessaire. Il va falloir qu'on voie la rénovation des écoles comme
un minimum de fierté et de dignité, parce
qu'on respecte ceux et celles qui font l'école à tous les jours, les
enseignants, les directions, tous les
employés de soutien, les parents qui y vont aussi, les bénévoles. On respecte
ce monde-là assez pour améliorer les conditions d'enseignement.
Alors,
quand ma collègue nous dit : «Mais là, à cause des maternelles quatre ans,
ils vont fermer les laboratoires, ils vont fermer les cafétérias, ils
vont fermer les bibliothèques», ce n'est pas arrivé, ça n'arrivera pas. Et,
s'il y a des cafétérias, des bibliothèques,
des laboratoires qui sont fermés en ce moment, bien, c'est parce que le
précédent gouvernement a dit non quand les commissions scolaires
disaient : Nous manquons de locaux.
Donc, Mme la
Présidente, il me fait plaisir de dire que c'est une très bonne motion. C'est
une bonne idée de demander au gouvernement
d'allouer prioritairement des ressources budgétaires nécessaires aux services
aux élèves. Nous allons le faire. De
les allouer à l'amélioration des conditions de travail des enseignants. On est
en mode réparation des pots cassés,
donc bien sûr qu'on va le faire. Et est-ce qu'on va freiner les projets
d'agrandissement? Non. On envoie des lettres
aux commissions scolaires en disant : Renvoyez-nous vos demandes
d'agrandissement, vous allez être agréablement surpris. Même les projets passés, là, si on peut les bonifier, là, on va
le faire, parce qu'on est en mode ambition. On est en mode solution. On
est en mode collaboration. On est en mode fierté.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le ministre. Maintenant,
je cède la parole à Mme la députée de Joliette.
Mme
Véronique Hivon
Mme Hivon :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, je suis heureuse de prendre la parole
au nom de ma formation politique, du deuxième groupe d'opposition, sur cette
importante motion. Pourquoi elle est importante? C'est parce qu'elle parle d'éducation et que
l'éducation, on va en convenir, on le souhaite tous, du moins en tout cas de ce
côté-ci, et je ne doute aucunement
que c'est la même chose pour le gouvernement, c'est une très grande priorité.
Et je suis assez d'accord que c'est difficile d'être contre cette motion
et que je m'attends à ce qu'elle soit adoptée à l'unanimité.
Évidemment,
lorsqu'on débat d'une motion, il faut bien sûr regarder ce qu'on entend par
«les priorités». Et c'est l'occasion,
donc, de pouvoir exposer notre point de vue sur la chose. Et pourquoi cette
motion-là est déposée aujourd'hui, je
ne suis pas dans la tête de mes collègues de l'opposition officielle, mais
j'imagine que ça a un peu à voir avec le débat qui nous occupe depuis la semaine dernière sur le projet du gouvernement
du déploiement de 5 000 classes de maternelle quatre ans au cours des cinq prochaines années.
Avec toutes les positions qu'on a entendues, tout le débat qui se fait, qui fait rage, on pourrait dire, depuis une semaine
là-dessus, donc, je pense que c'est normal qu'on débatte de cet enjeu-là
aujourd'hui.
Et, quand je dis que le gouvernement croit à l'éducation et que je n'en doute pas, je demanderais aussi au gouvernement de croire que l'opposition peut avoir beaucoup d'ambition aussi pour
nos tout-petits, qu'elle peut, elle aussi, prioriser l'éducation, qu'elle peut poser des gestes, comme l'idée d'un projet de loi bouclier, qu'elle pense importants pour l'éducation, qu'elle peut juger qu'il faut mettre de l'avant tous
les moyens pour la réussite scolaire, mais qu'on peut diverger sur ces
moyens-là, et c'est la nature d'un débat démocratique de, oui, pouvoir parfois
partager des ambitions pour le bien commun,
pour la réussite de nos enfants, pour leur développement optimal, pour qu'on
puisse les accompagner le mieux possible, mais de ne pas s'entendre sur
les moyens.
Alors, je demanderais
au gouvernement d'avoir cette ouverture-là quand il aborde ces débats qui sont
très importants et de ne pas penser que, parce qu'on soulève des questions et qu'on peut
être opposé à certains moyens ou, je
dirais, la mise en place, ou le
déploiement, ou le mur-à-mur de certains moyens, ça veut dire qu'on manque d'ambition
pour le Québec puis qu'on manque
d'ambition pour nos tout-petits. On pourrait dire que ça peut être l'inverse
puis qu'on veut être sûr que tout ce
qui va être investi en éducation, parce
que c'est tellement important, ça va
rapporter le mieux possible, que ça
va être le plus efficace possible, le plus équitable possible aussi dans la
poursuite de l'égalité des chances.
Donc,
dans le débat qui nous occupe, sur la question des maternelles quatre ans, je pense qu'il y a trois grands niveaux de
débat. Il y a toute la question de l'opportunité. Est-ce que c'est la meilleure
mesure à mettre de l'avant au meilleur
moment? Il y a toute la question de la faisabilité. Je partage la frustration
du ministre parce que, oui, dans les quatre
dernières années, il y a eu des décisions excessivement graves et regrettables
qui se sont prises ou qui ne se sont pas
prises en éducation, et, oui, aujourd'hui, il est pris avec cette réalité-là.
Mais le fait est que cette réalité-là, elle est là et qu'à partir de ça
il faut avancer le mieux possible vers le futur en se donnant les meilleurs
moyens d'y arriver.
Donc,
l'opportunité sur le fond des choses, on va y revenir, la faisabilité du
projet, compte tenu de l'état des lieux dans le domaine de l'éducation, et finalement la planification. Puis
pourquoi c'est important? Bien, c'est parce que, si on veut qu'une réforme réussisse, bien, il faut
qu'elle soit bien planifiée et qu'au moment où on s'engage dans un débat aussi
important... Parce que, comme dirait le ministre délégué aux Services sociaux,
ce n'est pas banal, ce dont on discute aujourd'hui.
Avec les investissements qui sont en cause, bien, il faut s'assurer que la
planification, elle est claire, elle est limpide, elle est détaillée et
qu'on connaît à l'avance notre plan de match.
Alors,
opportunité. Je pense que, l'Agir tôt, tout le monde va être d'accord avec ça.
Je pense que de se dire que... Au
Québec, de plus en plus au cours des dernières années, on a pris conscience de
l'importance de cette période charnière du 0-5 ans avant d'entrer à l'école, je pense qu'on va tous être
d'accord là-dessus. D'ailleurs, quand on a mis en place les centres de la petite enfance, bien, c'était au
coeur de nos préoccupations. Oui, une idée de conciliation famille-travail parce que c'était fondamental que les femmes
puissent avoir accès à leur pleine autonomie et leur pleine indépendance,
puis de pouvoir être sur le marché du
travail. Mais c'était essentiel de faire une pierre deux coups et de s'assurer
que nos services à la petite enfance soient des services éducatifs, des
services de qualité et que les centres de la petite enfance allaient être là. Et ce n'est pas pour rien
qu'aujourd'hui les Québécois sont si attachés aux centres de la petite enfance.
C'est démontré sondage après sondage. Ce
n'est pas une vue de l'esprit. C'est parce que tous ceux qui ont la chance de
les fréquenter savent à quel point ce sont des services de qualité, à
quel point ils se sentent en sécurité et à quel point ils sentent que leur enfant est à la bonne place et
puis il peut être bien accompagné. Alors, oui, il faut être dans la meilleure
mesure au meilleur moment.
Donc, l'Agir
tôt, on est tous d'accord. Mais, quand le ministre délégué aux Services
sociaux, lui-même, nous parle de
l'importance de ne pas attendre à quatre ans, mais de commencer à agir bien
avant... Son plan de dépistage, il est dès les premières années de vie
de l'enfant. Pourquoi? Parce que, si on peut dépister à un an, à deux ans, à
trois ans un problème pour un enfant, bien,
bien sûr qu'on va être heureux de le faire. Puis ensuite bien sûr qu'on va
espérer qu'il n'y a pas un an, deux ans, trois ans d'attente pour avoir
des services de qualité pour accompagner l'enfant. Alors, oui, c'est fondamental, ce que le ministre délégué aux
Services sociaux veut mettre de l'avant avec son projet CIRENE, Agir tôt.
On l'a souligné. Oui, on est capable, dans
l'opposition, de souligner des bons coups. On en souligne souvent. On l'a même
fait pour les récréations pas plus tard qu'il y a quelques jours ici même, en
Chambre.
• (15 h 40) •
Donc, ça,
c'est fondamental d'avoir les bons
moyens. Moi, je suis un peu perplexe de voir que, pour tout ce projet-là pour le dépistage des tout-petits et tous les
services ensuite pour nos tout-petits de 0-5 ans, il va y avoir un 80, 90 millions. Donc, je ne sais pas comment on va réussir à atteindre tout l'objectif qu'on se fixe avec ce
plan-là ambitieux, mais ça, ça m'apparaît des moyens plutôt limités.
Alors,
ensuite, quand on nous dit : Le plan de match, c'est la maternelle quatre ans, je
pense que c'est normal qu'on pose des questions, parce
que, justement, son collègue
lui-même l'a dit, il
faut commencer bien avant quatre ans.
Puis c'est normal qu'on se
dise : Pourquoi on ne favorise pas les centres de la petite enfance?
Oui, il y a eu une annonce de 2 500 places ce matin, c'est bien, mais, le ministre
lui-même l'a dit, le premier ministre lui-même
l'a dit, il y a autour de même pas 30 % des enfants
qui ont la chance d'avoir une place en CPE. Alors, des enfants d'un an, de deux
ans, de trois ans, on aimerait ça,
eux autres aussi, qu'ils aient accès aux CPE, on aimerait ça qu'ils puissent,
dans le plus grand nombre, pouvoir
avoir accès à un CPE. Donc, c'est des questions légitimes qui se posent pour
qu'ils puissent être accompagnés le mieux possible.
Et les
passerelles que le ministre délégué aux Services sociaux va mettre de l'avant
entre les services sociaux et les CPE,
bien, ça va être porteur, évidemment, pour nos tout-petits bien avant quatre
ans. Est-ce que ça veut dire que l'idée de la maternelle quatre ans, c'est une idée qu'il faut complètement mettre
de côté? Bien sûr que non. C'est notre gouvernement qui l'avons inscrite dans la loi, l'idée de la
complémentarité entre le réseau des services éducatifs à la petite enfance et
les maternelles quatre ans, parce qu'on était tout à fait conscients
qu'il y avait, dans certains milieux plus précisément, des défis de fréquentation d'un milieu éducatif à la petite enfance
avant d'entrer à la maternelle à l'âge de cinq ans et que c'était susceptible et que c'était prouvé que ça
créait des retards. Donc, oui, c'est nous-mêmes qui avons mis ça de l'avant
parce qu'on trouvait que la complémentarité pouvait être une bonne idée.
Est-ce que,
quand le ministre dit : C'est le code postal qui va tout déterminer, c'est
ça qui doit tout déterminer? Non,
parce qu'en complémentarité il y a d'autres ressources, que sont les centres de
la petite enfance, que sont les services éducatifs à la petite enfance.
Et ce qu'il faut se dire aussi, c'est que, si le ministre nous amène cet
argument-là... Là, aujourd'hui, il nous
parle, lui, du libre choix des parents. Donc, O.K., ça ne serait pas le code
postal, mais ça ne serait pas nécessairement les besoins des enfants,
puisque ça va être le choix des parents, le choix des parents entre les CPE et les maternelles quatre ans. Mais, pour qu'il y
ait un libre choix, pour que ce soit réel, ce choix-là, il faut qu'il y ait des
places en CPE et il faut qu'il y ait un
équilibre pour les places en maternelle quatre ans. Si on fait du mur-à-mur et
que tous les gestes du gouvernement
tendent vers favoriser la maternelle quatre ans, est-ce qu'on va vraiment être
dans le choix?
Et je pense
que le ministre est bien conscient, puisque c'est son ministère lui-même qui a
mis ça en douce sur son site Internet, qu'on a une étude d'impact
réglementaire du projet de loi sur les maternelles quatre ans qui vient dire justement, avec différentes hypothèses, avec
80 % des enfants qui fréquenteraient, ce que ça représenterait. Donc, ça
veut pratiquement dire que tous les enfants de quatre ans seraient
présents dans les maternelles quatre ans. Il me semble qu'il y a comme une
distorsion entre le discours du libre choix et ce qu'on voit dans les
hypothèses.
Comment on va
y arriver? Bien, ça, c'est l'autre grande question, la faisabilité, bien sûr,
avec les ressources qui sont manquantes, avec les défis. Comment on va former
des centaines, des milliers d'enseignants... Quand on regarde le détail,
bien sûr, c'est 5 000 classes, 5 000 enseignants
potentiels. Comment on va les former pour être prêts d'ici cinq ans? Comment on va avoir les ressources pour
les accompagner, les ressources en services de garde? Comment on va avoir les espaces? Il a annoncé dimanche,
effectivement, via les médias, et non pas avec ses partenaires... Pourtant, il
nous dit qu'il travaille tellement avec tous les partenaires, mais les
commissions scolaires et les régions n'étaient pas au courant. Comment ils vont réaliser ça quand déjà elles ne sont pas
capables pour l'automne prochain, avec le 250 qui est demandé, d'y
arriver?
Et
finalement, bien, la planification, donc toute réforme bien engagée, bien
ordonnée... Et on nous dit qu'on est un gouvernement de gestionnaires
avec des comptables. Comment ça se fait qu'on a présenté un projet de loi la
semaine dernière sans
planification? On ne l'a pas, le plan de match sur cinq ans. Puis, ce matin, le
ministre de la Famille, pas plus, il n'a pas son plan de match...
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : En terminant.
Mme
Hivon :
...de déploiement des places en centres de la petite enfance.
Donc, avant d'aller
plus loin, M. le ministre, avant d'aller plus loin, on demande...
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Maintenant, je cède la parole à
un membre du troisième groupe d'opposition. Alors, Mme la députée de Sherbrooke,
la parole est à vous.
Mme
Christine Labrie
Mme
Labrie : Merci, Mme la Présidente. J'aimerais d'abord remercier ma collègue la députée
de Saint-Laurent pour sa motion qui nous donne l'occasion
de mettre en lumière les besoins actuels dans notre système d'éducation, parce qu'ils sont si nombreux que la période de questions ne
nous permet pas d'en faire le tour.
D'abord,
les services aux élèves, on le sait, ne répondent pas à l'ampleur de la
demande. On atteint en ce moment 30 % d'élèves en difficulté dans nos écoles
publiques, et, dans les dernières années, il y a eu une explosion du nombre
d'élèves avec des besoins particuliers sans
que les services suivent en quantité suffisante. On a en ce moment des professionnels dans le réseau public qui doivent
choisir quels enfants ils vont aider, qui doivent choisir pour quels enfants
ils vont demander des ressources, par
exemple du matériel informatique, parce qu'ils ne peuvent pas répondre aux
besoins de tout le monde.
On
a des enfants qui attendent sur les listes parce que leur difficulté n'est pas
aussi grande que celle de l'élève d'à côté
mais qui pourraient pourtant réussir mieux à l'école avec un peu de soutien. On
a aussi des familles qui doivent se
tourner vers le privé pour aller chercher des services, voire carrément pour
aller chercher des services dans une autre région, s'ils ne sont pas offerts à l'école, alors que, pourtant selon
la Loi sur l'instruction publique, on devrait offrir à tous les élèves des
services éducatifs qui répondent à leurs besoins. La fédération des
professionnels d'éducation du Québec nous
dit qu'il faut ajouter 2 300 professionnels pour aider les jeunes en
difficulté d'apprentissage. La CAQ en a promis 800, il en manque encore
quelques centaines.
La
motion de ma collègue aborde aussi la question des conditions de travail, et,
là aussi, on a un grand défi. Le ministre nous a annoncé, oui, c'est vrai, son
intention d'améliorer le salaire d'entrée dans la profession, et des milliers
d'enseignants et d'enseignantes attendent
qu'il donne suite à son engagement. J'espère qu'il va le faire parce que, même
en tenant compte de la différence du coût de
la vie, le Québec est l'endroit, au Canada, où les enseignants sont les moins
bien payés. Et cette promesse-là, elle répond vraiment à un besoin,
contrairement à d'autres.
Mais on a très peu
entendu M. le ministre parler d'un autre enjeu majeur, qui est la précarité.
Savez-vous, Mme la Présidente, que presque
un enseignant sur deux est précaire? Certains ont 10 à 15 ans d'ancienneté
mais sont encore précaires. Donc,
chaque été, ils se retrouvent au chômage, devoir faire semblant de chercher un
emploi. Ils doivent stresser jusqu'au
mois d'août en attendant de savoir s'ils vont travailler, combien d'heures et
dans quelle école, voire même dans quelles
écoles, parce que plusieurs ont des tâches fragmentées. Et c'est une réalité
qui touche encore plus la formation aux adultes, 75 % des enseignants à la formation aux adultes sont
précaires. C'est un problème majeur aussi pour le personnel de soutien, on pense, par exemple, aux
secrétaires, aux techniciennes en service de garde, aux concierges. Dans l'ensemble
du réseau, 67 % du personnel de soutien est précaire. Ils sont les
premiers coupés quand le gouvernement impose des mesures d'austérité, parce qu'eux non plus, comme les professionnels,
ils ne sont pas protégés par un plancher de services.
Donc,
globalement, plus de la moitié des personnes qui tiennent notre système
d'éducation à bout de bras sont précaires.
C'est du monde qu'on met au chômage pendant l'été, qu'on met au ballottage dans
des séances d'affectation avant la
rentrée. Moi, je ne comprends pas, là, l'éducation, ça ne devrait pas être
considéré comme un travail saisonnier. Je
trouve que c'est manquer de respect à ces personnes-là de leur faire subir un
aussi grand stress quand, dans le fond, on sait qu'on va avoir besoin d'eux et d'elles à la rentrée. Et ce n'est pas
évident de fonder une famille ou de t'acheter une maison quand ça fait 15 ans que tu es en situation
de précarité. Ce n'est pas évident de t'engager dans une école quand tu ne sais pas combien de temps tu vas rester là.
Mais on les met au chômage puis après ça on se demande : Comment ça se
fait qu'on a un problème de rétention dans le milieu de l'enseignement?
Parce
que ça, c'est un autre problème, la rétention. On sait déjà tous, ici, que plus
d'un prof sur quatre décroche avant cinq ans. Mais savez-vous, Mme la
Présidente, qu'on devrait dire : Seulement un sur quatre, parce que plus
des trois quarts y pensent? Même quand ils
accèdent à la permanence, il y a 37 % des enseignants et des enseignantes
qui pensent encore à quitter
l'enseignement. Ce n'est clairement pas seulement l'abolition des premiers
échelons salariaux qui vont contrer ce problème-là.
Pour
aider les enseignants, les enseignantes, ça prend du personnel de soutien, ça
prend des professionnels, ça prend
des suppléants. Ce n'est pas normal que le manque de suppléants oblige
certaines commissions scolaires à refuser les demandes d'enseignants permanents qui veulent réduire leurs tâches
et qui devraient en avoir le droit. On est dans un cercle vicieux d'épuisement professionnel et de
pénurie dans tous les métiers liés à l'éducation. La détresse est immense.
Il n'y en aura pas,
de magie, Mme la Présidente, et ce n'est pas parce qu'il y a un nouveau
ministre que les enseignants qui ont quitté
la profession vont revenir et que les demandes d'admission en enseignement vont
augmenter. Pour ça, il va falloir
leur offrir des conditions de travail qui leur permettent de maintenir un
équilibre de vie et qui leur permettent de vraiment enseigner, et ça, ça
passe notamment par plus de personnel de soutien et de professionnels.
• (15 h 50) •
Il y a la qualité des infrastructures
aussi qui joue sur les conditions de travail, en plus d'avoir un impact sur les
conditions d'apprentissage des jeunes. Dans
le Plan québécois des infrastructures de 2018, on peut lire que la moitié des
écoles sont vétustes, plusieurs ont des
problèmes de moisissures importants, au point où on doit installer les enfants
dans des bâtiments modulaires, le
temps de faire des travaux. À Montréal, on a l'équivalent de cinq écoles en
classe modulaire, 91 classes
réparties sur 19 sites. Dans certains endroits, ce n'est pas à cause de
l'insalubrité, mais simplement parce qu'on manque de place qu'on installe les jeunes dans des roulottes, comme on
le voit à Drummondville en ce moment. Et pourtant on est quand même
assez outillés au Québec pour voir venir la croissance démographique. On
devrait être capable de prévoir que les
enfants qui naissent vont éventuellement entrer à l'école, et prévoir les bâtiments en conséquence. Pourquoi
les projets d'agrandissement des commissions scolaires sont acceptés au compte-goutte? Juste à la commission scolaire de la
Région-de-Sherbrooke, on a besoin de deux nouvelles écoles et de quatre
agrandissements.
En
plus du manque de classes, on manque aussi de locaux spécialisés. Pouvez-vous
croire, Mme la Présidente, qu'en 2019 on a encore une trentaine d'écoles au Québec,
des écoles primaires, qui n'ont pas de gymnase? Au Témiscamingue, par
exemple, dans la circonscription de ma collègue, il y a sept écoles sans
gymnase. Ils font leurs cours d'éducation physique
dans la cafétéria. Dans ma circonscription, il y
en a plusieurs qui ne sont pas
conformes non plus. Ça, c'est sans compter
les locaux d'anglais, de musique et même les bibliothèques qui ont disparu dans
plusieurs écoles parce
qu'on a eu besoin de ces locaux-là pour des classes régulières. On en a
parlé très souvent ici.
Donc,
c'est essentiel que non seulement le gouvernement ne ralentisse pas dans les projets
d'agrandissement et de rénovation qui
ont déjà été autorisés, mais également
qu'il autorise les projets déposés par les commissions scolaires. Le
gouvernement a la responsabilité de répondre à la demande et de fournir les
installations adéquates.
Le
déficit de maintien des actifs dans le réseau, ça représente 3,3 milliards. 3,3 milliards, M. Roberge... M. le ministre. Donc, depuis 2003, les
crédits alloués aux commissions
scolaires ne permettent même pas de
combler l'augmentation des coûts du système, et la part du PIB
consacré à l'éducation a même diminué. Moi, je trouve ça complètement scandaleux que le gouvernement s'apprête à investir des milliards en éducation sans même régler un
seul des problèmes dont je viens de
parler. On parle de 900 millions pour compenser la réforme de la taxe scolaire. On
parle de 700 millions pour les
maternelles quatre ans, à terme, là, sans compter les immobilisations. Et ça,
ce que ça veut dire, c'est qu'avec 1,6 milliard
de plus en éducation, minimum, on n'a pas
encore touché aux conditions de
travail et aux conditions
d'apprentissage des enfants, on n'a
pas rénové un seul bâtiment, on n'a pas offert un service de plus aux enfants
qui attendent sur les listes d'attente
des professionnels. Ça, c'est inacceptable. Et le ministre,
en ce moment, ferme les yeux sur la réalité du réseau
dont il a la responsabilité.
Il
nous dit souvent qu'il est capable de mâcher de la gomme et de marcher
en même temps, sauf que marcher puis mâcher
de la gomme, ça ne coûte rien. Entretenir nos écoles, en construire, offrir des
services, améliorer les conditions de
travail, ça, ça a un coût. Réformer la taxe scolaire, implanter la maternelle
quatre ans, aussi, ça a un coût. Et moi, je ne crois pas que le gouvernement va mettre sur la table l'argent nécessaire
pour faire tout ça en même temps, surtout qu'ils nous disent qu'on n'a pas autant de surplus que ça
avait l'air, finalement. Donc, je le croirai quand je le verrai dans le budget.
C'est
pour ça, Mme la Présidente, que je vais voter en faveur de la motion de ma collègue,
afin que le ministre de l'Éducation retrouve le sens des priorités et qu'il priorise l'amélioration des services, des conditions
de travail et des infrastructures.
Motion d'amendement
Et je propose d'ailleurs
l'amendement suivant :
À
la fin du premier paragraphe, après le mot «enseignant-e-s», ajouter : «,
des professionnel-le-s et du personnel du soutien ainsi
que la mise à niveau des infrastructures». Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée de
Sherbrooke. Maintenant, je cède la parole à un membre du gouvernement.
Alors, le député de Sainte-Rose, la parole est à vous.
M. Christopher
Skeete
M. Skeete :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Il m'importe de faire du pouce sur ce que le
ministre de l'Éducation et de l'Enseignement
supérieur a dit. Je n'ai pas la chance souvent de m'adresser à cette Chambre,
alors je veux partager un petit peu
mon parcours personnel, parce qu'après tout je suis le produit de l'éducation
québécoise. En fait, je demeure un
étudiant même aujourd'hui, après de nombreuses années. Vous savez, puis la
collègue de Saint-Laurent va se
rappeler, on a fait un débat, cet été, où est-ce que j'ai énuméré les
nombreuses fois que j'ai redoublé mes années et que j'ai eu de la
misère. En deuxième année, j'ai redoublé, on m'a retenu parce que je ne
maîtrisais pas la matière. En sixième année,
il a fallu que j'aille à l'école d'été parce que je n'arrivais pas à comprendre
les mathématiques. Cinq ans plus
tard, ça m'a pris quatre ans à faire un D.E.C. de deux ans, 10 ans faire
un bac. Et là je me retrouve encore à la maîtrise. Donc, j'ai vu... donc, j'ai vu sans le savoir
l'évolution de l'éducation au Québec. J'ai vu quand je suis rentré à l'école
les restants de la Révolution
tranquille qui nous ont amenés à les... les belles classes et la nouvelle façon
de penser. J'ai vu des profs laïques.
J'ai vu un environnement basé sur la science. Et là, vers l'université, j'ai commencé à voir des classes trop
pleines, où est-ce qu'on devait s'asseoir sur les marches pour recevoir nos
cours.
Donc,
tout ça m'interpelle, parce que c'est un
petit peu la raison pourquoi je me
suis joint à ce parti politique. Je vois
un microcosme de ma vie. À chaque instance, je trouve des exemples pourquoi, bien, les deux partis qui étaient au pouvoir
depuis les 50 dernières années n'ont pas réussi à faire avancer le Québec.
Pourtant, ces deux grands partis là ont fait beaucoup pour faire avancer
le Québec, mais, on dirait, à plusieurs égards, ils ont oublié.
Dans le libellé, on parle
d'investir pour les professeurs. Mais ça va de soi! Si on veut augmenter la
qualité de l'enseignement, il faut augmenter
aussi la qualité des gens qui se trouvent dans la profession
d'enseignant. Et aussi il faut valoriser
la profession. Alors, il va, à mon sens, comme une évidence
même qu'il faut investir davantage. Et je suis fier d'être dans le parti
politique qui propose ça depuis sa création.
Quand je
pense à la pénurie de main-d'oeuvre que l'opposition nous évoque souvent comme argumentaire, ils
prétendent qu'on ne le voit pas, mais, en
fait, c'est directement en augmentant et en valorisant la profession
d'enseignant qu'on va réduire la pénurie de main-d'oeuvre. Il
est, à mon sens, un impératif même qu'il faut donner de la valeur à cette
profession-là si on veut préparer les jeunes pour demain, à conquérir le monde
du savoir.
As you know, our objective is to put
schools in the hands of communities. We believe that, when you empower local
communities and give them the tools to succeed, they will make the best
possible decisions. Not a top-down approach that dictates what your needs are, but a
bottom-up approach, a grassroots approach that empowers parents and local
communities to make the best decisions for their students. That's why we focus
on making sure that students who are
at the bottom receive the services that they need from their schools directly.
And that's something that I hold dear and that's something I hope the
English community and the francophone community can rally with us about that.
Quand on pense à
l'investissement qu'on veut donner à nos écoles, bien, ça, encore une fois,
c'est la raison même de mon implication en
politique, c'est un élément fort. Moi, je me souviens, à plusieurs conseils
avec le maintenant ministre de
l'Éducation, où est-ce qu'on parlait du fait qu'il fallait investir massivement
en éducation pour préparer les jeunes pour l'économie de demain. Et nous nous
sommes engagés d'investir plus de l'inflation, des fois plus de deux fois
l'inflation, pour justement combler ce
manque à gagner criant dans notre réseau d'éducation. Donc, encore une fois, la
motion de ma collègue de Saint-Laurent ne fait que renforcer mon désir et ma
conviction politique.
Je rappelle
aussi qu'on parle de professeurs en détresse. Bien, c'est sûr que les
professeurs sont en détresse quand, à
toutes les années, quand il y a une coupure à faire, bien, on la fait en
éducation et, quand il y a des sous à retenir, on les fait au détriment
des enfants les plus vulnérables de notre société.
Donc, encore
une fois, je suis confirmé dans mes convictions parce que nous, on revoit les
indices de défavorisation dans le but
justement de réduire les tailles de classe, dans le but justement de réduire le
travail des professeurs. Comme ça, ils
peuvent se concentrer directement sur les enfants qui en ont le plus besoin.
Donc, encore une fois, je pense que le libellé est très bien proposé. Et
je suis d'accord que c'est très ponctuel comme motion.
What's interesting is this
sudden desire, this sudden awakening that we're lacking infrastructures in
schools, especially in Montréal, when the
Minister for Education gave us the exact number of 47 schools,
47 schools projects that were
refused during the last Government and during the past few years. Now, of
course, what that does it means that kids loose their libraries; it
means they loose their lunchrooms and it means they loose their music rooms.
And then, when you push the example to its
furthest and most extreme, they ultimately loose a school. And I think that is
the abysmal record of the past 15 years in terms of education
investment and seeing a looming crisis and failing to act.
• (16 heures) •
J'aimerais
vous proposer une histoire qui s'est passée récemment, on a appris ça dans les
journaux, c'était assez spécial. Il y
avait une école qui, selon une formule, avait déterminé qu'il y avait une fuite
dans le toit. Et cette fuite-là devait
être colmatée. Donc, on avait pris un budget. On s'est dit : Ça va coûter
à peu près 40 000 $, réparer la toiture pour être sûr qu'elle est fonctionnelle. Ce qu'on a
appris par la suite, c'est que le ministère de l'Éducation, qui s'est
finalement mêlé de l'histoire, a
décidé qu'il y avait des critères plus importants à respecter dans la
construction d'écoles et dans la rénovation des infrastructures du
Québec. Puis là on réalise que, bien, le plan global de la commission scolaire
et de l'école en question, c'était de
patcher le toit, mais sans penser que ça faisait cinq ans qu'il coulait, le
toit. Alors, il y a de la pourriture
au niveau des infrastructures de bois, il y a maintenant des champignons dans
l'école, et ça, ça fait gonfler la facture.
C'est des
genres de décision comme ça et le manque de pouvoir se projeter dans l'avenir
qui fait en sorte qu'aujourd'hui on
se trouve avec un déficit dans nos infrastructures scolaires. Et, encore une
fois, bien, la Coalition avenir Québec,
votre gouvernement, va prendre les mesures pour remédier à cette situation
intenable. C'est inacceptable qu'en 2018
il y ait des enfants qui vont à l'école dans des écoles qui sont infestées par
des champignons. Nous, on va le régler, le problème. Nous, on va s'y
attarder.
Je voudrais
aussi parler de la consultation qui a lieu. On parle souvent, surtout de
l'opposition, que le gouvernement n'est
pas à l'écoute. Moi, je peux vous témoigner, pour avoir participé à ces
rencontres-là, encore une fois, avec le ministre de l'Éducation, à de nombreuses rencontres avec différents partenaires
dans le but de faire avancer les dossiers... Je me souviens d'une journée en particulier, M. le
ministre peut valider ça avec moi, Mme la Présidente, on était... moi, j'avais une rencontre avec la commission scolaire de
Laval, le matin, et j'avais dit à la présidente, Mme Lortie, pour ne pas
la nommer, je lui ai dit : Vous
savez, les projets qui vous ont été refusés dans les dernières années, moi, je
vous invite à les sortir du placard
parce que nous, on est prêts à investir massivement en éducation, je vous le
jure. Puis ça a adonné comme ça que, l'après-midi même, je rencontrais
M. le ministre avec la Fédération des commissions scolaires, pour laquelle Mme Lortie est la vice-présidente, et elle
s'adonnait être à cette rencontre-là. Et, sans qu'on se parle, sans qu'on
discute de quoi que ce soit, la même
ligne est sortie de la bouche du ministre, en disant : Mais,
Mme Lortie, dans votre réseau, je vous demande... je vous implore à
passer le mot, sortez vos projets; nous, on est prêts à investir en
infrastructures pour faire avancer nos
écoles, pour que nos écoles soient les plus belles du Québec. Et ça, c'est un
exemple minime de non seulement la
consultation dans laquelle votre gouvernement se livre, mais de l'ouverture
d'esprit qu'on a dans notre équipe et ce qu'on va livrer pour l'avenir.
Donc, Mme la
Présidente, sur ce, je vais vous laisser, parce que le temps presse, mais je
veux juste vous dire et je veux rassurer
tout le monde qui nous écoute que notre priorité, c'est l'éducation. Et,
croyez-moi, on a le monde pour le livrer.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le député. Maintenant, je
cède la parole à M. le député de Jacques-Cartier.
M. Gregory Kelley
M. Kelley :
Merci, Mme la Présidente. I
just want to start off by congratulating the Member from Sainte-Rose for his continuing pursuit of
education. It is always important. We can always learn, and that never stops. Alors, félicitations!
Mais moi, je veux juste... reviens sur quelque
chose, parce que j'ai entendu le ministre dire que c'est l'ancien gouvernement
qui a dit non 47 fois à des projets d'infrastructure. Alors, est-ce que le
ministre est prêt à dire dans la Chambre,
ici, aujourd'hui, que lui ne va jamais dire non à une proposition d'une
commission scolaire en termes d'infrastructures? Parce que c'est vrai, on a dit non plusieurs fois, mais on a dit oui
aussi. Et ça, c'est juste la réalité d'un gouvernement, il faut gouverner, puis c'est les commissions
scolaires qui présentent leurs projets, puis on dit oui quand on est capable.
Puis, quand même, quand on était au
pouvoir, on a augmenté le budget dans les infrastructures pour les écoles.
Alors, je veux juste dire, si le ministre
est prêt à dire : Moi, je vais toujours dire oui, bien, j'espère qu'il va
parler avec le ministre du Trésor pour assurer que ça, c'est O.K. avec
lui.
Encore, j'ai vu la lettre concernant la
maternelle quatre ans, un autre ordre livré directement du ministre aux commissions scolaires, et c'est sûr que ça a créé
une confusion pour tout le monde parce que, bon, bien, nous, on a des projets qui sont très importants, puis maintenant
il faut mettre ça à l'avant. O.K., j'imagine, ils vont répondre au ministre,
parce qu'on sait déjà que, si une commission
scolaire ou deux commissions scolaires sont en train de faire une négociation,
et le ministre n'est pas d'accord avec cette
négociation ni le processus ou comment ça avance, il va utiliser un pouvoir
discrétionnaire pour fermer la discussion et les consultations puis prendre la
décision pour le milieu.
Et encore
c'est drôle parce que les commissions scolaires, les deux dans le comté de
Jacques-Cartier, Marguerite-Bourgeoys
et Lester-B.-Pearson, j'imagine, ils ont vu l'annonce du ministre sur TVA puis
ils ont dit : C'est quoi, cette
affaire-là? Je regarde les chiffres. Bien,
pour Marguerite-Bourgeoys, c'est aucune classe qui va... on ne va pas ajouter
une classe de quatre ans maternelle, si je comprends bien, puis
Lester-B.-Pearson c'est 18, quelque chose comme ça. Mais quand même ils ont
appris ça par des journalistes. Un petit peu qu'est-ce qui est arrivé avec
Riverdale, l'école secondaire dans le comté de mon collègue de Nelligan.
Et j'ai
entendu le membre de Sainte-Rose qui a dit : On va mettre les parents, des
enseignants puis des acteurs locaux
aux décisions qui touche leurs écoles, mais encore, ça, c'est un autre exemple
d'un ministre qui arrive puis prend des
décisions sans consultation avec le milieu, avec les acteurs locaux, avec les
étudiants, avec les parents, et ni avec des enseignants. Alors, c'est
juste... On comprend, ça, c'est un petit peu le style de ce ministre et... O.K.
Mais moi, je
reviens sur le fait que ce n'est pas comme si c'était nous qu'on n'a fait
absolument rien avec nos budgets,
l'éducation était quand même une priorité pour nous. Et je veux juste... Mon
collègue de Robert-Baldwin, dans le dernier
budget, a travaillé très fort, puis nous avons livré un budget, en 2018‑2019, qui
était très important pour le milieu... bien, dans le milieu de
l'éducation, et pour les écoles, et pour les commissions scolaires. En 2018, on
a augmenté le budget par 5 %. Et, en
2013, le budget de l'éducation, c'était seulement 16,5 milliards de dollars,
et, par 2019, on a augmenté ça à 18,9 millions de dollars. Et ça,
ça n'inclut pas les investissements dans les infrastructures. Alors, c'était
une augmentation très, très importante,
quand même, dans une période où, oui, on a fait des efforts pour... Parce que,
quand on est arrivés au pouvoir, en
2014, n'oubliez pas qu'il y avait un déficit de 7 milliards de dollars qui
était en place, puis notre cote de crédit était en question, alors
c'était très important de redresser les finances publiques, puis on a fait ça. Quand même, dans cette période-là, on a continué
d'augmenter le budget de l'éducation et on a fait des augmentations
très, très importantes.
Et je veux
juste encore répéter un petit peu c'est à quoi ça sert, tout cet argent-là.
Bien, il y a toujours des choses très, très importantes pour le milieu.
Par exemple, on a ajouté 40 millions de dollars, pour cette année et pour
les quatre prochaines années, pour ajouter
des ressources additionnelles dans les salles de classe. Alors, ça dit...
Est-ce que c'est quelqu'un qui va aider les enfants qui ont des besoins?
Peut-être. On a vraiment laissé ça pour les commissions scolaires à déterminer, leurs préoccupations. Mais, comme je dirais,
c'était un investissement très important dans les écoles et dans les
services pour les étudiants.
En termes d'infrastructures, encore, c'était
quelque chose de très important parce que, oui, on veut bâtir des nouvelles écoles, des nouvelles classes, ça, c'est
une priorité de quand nous étions au pouvoir, on a mis l'argent dedans, mais aussi juste de faire des rénovations dans les
écoles, c'est quand même un investissement majeur, majeur, majeur. Puis, en
2018, on a dit : Bien, on va augmenter ce budget-là puis, dans le PQI, on
va ajouter environ 9,5 milliards de dollars en 10 ans dans le
réseau scolaire. Encore, ce n'est pas rien. C'est beaucoup d'argent.
Alors, moi, je suis très fier du bilan. Ça ne
dit pas que c'était parfait, mais, quand j'ai entendu le ministre de l'Éducation dire : Moi, je suis d'accord avec
la motion de la députée de Saint-Laurent, c'est probablement parce qu'il a
lu le dernier budget du ministre de...
excusez-moi, de mon collègue le député de Robert-Baldwin, dit : Ça, c'est
quelque chose, là, il y a quelque chose dedans qui est très intéressant
pour la population.
• (16 h 10) •
Et juste sur
un autre... Je reviens un petit peu sur des différents éléments qui étaient dans le
budget de 2019 parce que, on
sait, ce gouvernement, avec la taxe scolaire, bien, ils vont prendre 9 millions
de dollars puis redonner ça à la population. O.K., on est d'accord avec une baisse des impôts pour les gens, mais
cet argent-là qui est réservé, c'était dans le budget pour l'éducation. Qu'est-ce
qu'on peut faire avec ça, présentement? Puis je veux juste donner des exemples des choses que le député
de Robert-Baldwin a faites avec 900 millions de dollars dans le budget de l'éducation.
Il a mis environ 450 millions de
dollars pour la réussite éducative.
Alors, ça, c'est un petit peu dans... je parle des ressources pour mieux accompagner des
élèves et des étudiants dans leurs études. On a mis 55 millions de
dollars, la mise en oeuvre d'un plan
d'action numérique. On a mis 150 millions de dollars pour moderniser le financement des établissements d'enseignement supérieur et
80 millions de dollars pour favoriser l'égalité des chances par la
bonification de l'aide financière des
études. Alors, c'est juste une couple des exemples qu'est-ce qu'on peut faire
avec 900 millions de dollars, si on veut, dans le réseau de l'éducation. Et moi, je pense que tout le monde, de
l'autre côté, est pas mal, probablement, d'accord avec ces mesures qui
étaient mises en place.
Mais je veux
juste revenir sur le deuxième élément, quand on parle des projets
d'infrastructure, parce que c'est sûr
que ça a créé un malaise dans le réseau, puis les gens ont commencé de poser
des questions. Si je dois mettre en avant des classes pour la maternelle
quatre ans, est-ce que ça dit que je dois retarder un de mes projets?
Puis quand
même, dans notre PQI, il y a certaines choses qu'on a dit : Allez, go, les
commissions scolaires, voici certains
projets de... bien, si c'est un nouveau bâtiment ou, quand même, d'ajouter plus
d'espace à l'école. On a approuvé l'agrandissement des écoles
secondaires de Saint-Laurent. Ça, c'est l'édifice Émile-Legault dans le comté
de ma collègue, l'école secondaire de Dorval—Jean-XXIII, un autre projet d'agrandissement dans
le comté de mon collègue de Marquette, alors deux projets très, très importants
pour l'Ouest-de-l'Île de Montréal et pour une part de Montréal. La construction d'une école dans le secteur du
Domaine vert nord de la commission scolaire des Mille-Îles, alors, ça, c'était
un autre projet qui était approuvé dans le
PQI. Puis finalement un projet qui est très, très, très important pour le
député d'Ungava et pour la population innue, c'était la construction
d'une école pour la commission scolaire de Kativik à Inukjuak — excusez-moi — et ça, c'était une école qu'on veut
construire pour mieux aider les élèves innus dans leur milieu.
So, those are some projects that I'm
looking at and I'm saying, «Those are extremely interesting things that we said yes to.» But, now, are they going
to have to, perhaps, stand back and say... Will those projects go on hold? And
I do wonder because
there are lots of talks within the surpluses that have been created and what is
going to happen with those surpluses.
I have the Premier, on one hand, saying we have to be extremely prudent
because, well, we don't know if we will
continue to have these surpluses. So, will that mean that, in the long term,
there will be reduction in the infrastructure projects that we have committed to so that the Government can accomplish
all the things they have promised Quebeckers? Because the list is long. And, it's true, in government we want to
deliver everything for the population. I know the Minister of Education wants to say yes to every single
infrastructure project that comes his way, just like the previous Education
Minister did. But the reality is we just
quite simply do not necessarily have the resources to say yes every single
time.
So,
on that point, I just do hope that, in the end, the current Government stands
with us and supports the motion from my colleague of
Saint-Laurent, at the end of the day. Thank you.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le député de Jacques-Cartier. Maintenant, je cède la parole à M. le
député de Saint-Jérôme. J'allais dire «Saint-Jean», mais...
M. Youri Chassin
M.
Chassin : Merci, Mme la
Présidente. Et merci à ma collègue la députée de Saint-Laurent de cette belle
motion du mercredi. Je pense qu'elle
réalise le plaisir non dissimulé que nous avons, du côté du gouvernement, à
parler d'éducation en cette Chambre. Et c'est d'autant plus vrai que
nous avons beaucoup à dire, pour un débat qui a peut-être été trop monopolisé
sur une seule question, alors que nous en avons, des initiatives intéressantes
à mettre de l'avant.
J'ai entendu
une expression qui m'a fait un peu tiquer, tout à l'heure, soit des maternelles
mur à mur. C'est une expression qui
m'a fait tiquer parce qu'on a souvent, dans ce parti-ci, dénoncé ce type
d'approche, de l'autre côté, quand nous
étions de l'autre côté de la Chambre, et pourtant c'est exactement l'inverse de
l'approche que nous prenons aujourd'hui parce qu'on propose des services de
maternelle quatre ans qui ne sont pas obligatoires mais qui permettent aux parents qui le souhaitent d'y envoyer leurs
enfants. Alors, il y a là, à mon avis, quelque chose d'innovant, comme approche, qui poursuit en partie des efforts des
partis précédents, des gouvernements précédents, mais qui continue à donner
un véritable choix aux parents.
Mme la
Présidente, je m'en voudrais de
limiter le débat seulement au niveau des maternelles ou du primaire et du
secondaire. M. le ministre de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur l'a
précisé, il y a d'autres services aux étudiants à préserver et à
bonifier.
Or, depuis
plusieurs années, les ressources budgétaires nécessaires aux services aux
élèves, qui sont au coeur de la motion
de l'opposition et qu'on nous demande de financer en priorité aujourd'hui,
malheureusement, ces services ont souffert
de coupures et de sous-financement dans les cégeps. Selon la Fédération des
cégeps, seulement entre 2011 et 2015, on
parle de 175 millions de dollars de coupés. Et, quand on coupe dans le
financement des cégeps, de quoi... en fait, quels sont les services qui
souffrent en premier? Comme direction, on a certaines contraintes, par exemple
les conventions collectives, le financement
des bâtiments, certaines enveloppes fermées ne nous sont pas accessibles. Les
compressions s'exercent donc principalement
et malheureusement dans les services aux étudiants. Je donne quelques
exemples : dans l'animation socioculturelle, dans les
bibliothèques, dans le soutien à l'entrepreneuriat — un thème qui nous est
cher aussi — dans les activités sportives, et ce n'est
pas tout, dans l'intégration des étudiants étrangers et des étudiants issus de
l'immigration, dans le soutien psychosocial, dans les services de santé aux
étudiants, dans les services adaptés aux étudiants
en situation de handicap, donc dans les situations où ils sont particulièrement
vulnérables, où ils ont davantage besoin de ces services.
Et, qui plus
est, ces coupures sont arrivées au moment même où les cégeps ont fait face à
une augmentation des étudiants en
difficulté. Je cite à nouveau la Fédération des cégeps : «Entre 2009 et
2014, le nombre d'élèves en difficulté admis
au cégep a augmenté de 700 %.» Il y a donc une certaine réussite, on
réussit à avoir des étudiants qui poursuivent jusqu'au
niveau collégial leurs études, mais encore faut-il pouvoir les accueillir,
encore faut-il pouvoir leur donner les services adéquats. Et
malheureusement c'est là où les cégeps ont dû couper.
Alors, je
pense très concrètement à certains cégeps, à commencer par le cégep de
Saint-Jérôme, où on a eu ces décisions crève-coeurs et où, aujourd'hui,
on cherche à enfin pouvoir donner ce type de services si importants. On se démène, on cherche à embaucher des ressources.
Parfois, on les maintient un peu à bout de bras grâce à des appuis, par exemple, de la Fondation du cégep de Saint-Jérôme,
mais ce n'est pas toujours évident, Mme la Présidente, de trouver ces
ressources pour maintenir des services.
Évidemment,
ça peut avoir des conséquences. Ce n'est pas la seule cause, mais il y a une
préoccupation à avoir quant aux délais
de formation dans nos cégeps. Depuis une vingtaine d'années, on constate que de
moins en moins d'étudiants terminent
leur formation dans les délais prévus. Et ça atteint un certain seuil
préoccupant quand, par exemple, dans
une étude de janvier 2017 de Michel Perron, on apprend que, même en
ajoutant deux ans aux délais prévus — donc, pour la formation générale, on parle de quatre ans et, pour la formation
technique, de cinq ans — même en considérant ces
délais allongés, il y a encore près de 40 % des étudiants qui n'obtiennent
pas leurs diplômes. On a donc d'autant plus besoin des services aux
étudiants, et c'est donc essentiel de relever ce défi-là.
Il faut
supporter nos cégeps non seulement parce qu'il s'agit d'institutions
d'enseignement pour des élèves qui... pour des étudiants qui cherchent une
formation de qualité, mais aussi parce que ce sont des acteurs, notamment en
région, des acteurs socioéconomiques,
des acteurs qui créent des liens avec leur communauté, que ce soit avec des
institutions communautaires, que ce soit avec les services publics, que
ce soit avec les entreprises.
Il faut supporter et aider les cégeps à répondre
aussi aux besoins du marché du
travail. Dans un contexte de rareté
de main-d'oeuvre, les cégeps peuvent être et, en fait, doivent
être des acteurs importants. Et ça suppose, encore là — et
effectivement Mme la députée de Saint-Laurent mise juste — des
services aux étudiants.
Mme la Présidente, depuis quelques semaines, j'ai cette chance d'aller visiter des cégeps
en région et à Montréal pour
comprendre leurs besoins, les écouter sur leurs réalités, leurs défis, prêter
l'oreille aussi à leurs ambitions, parce qu'il y en a, de l'ambition, dans notre réseau
collégial, et effectivement, ma collègue la députée de Saint-Laurent a tout à fait raison...
• (16 h 20) •
Une voix : ...
M.
Schneeberger :
Excusez. Je demanderais le quorum, s'il vous plaît.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Le quorum est complet. M. le leader
adjoint, le quorum est complet. Alors, il y a quorum. Nous pouvons
poursuivre. M. le député de Saint-Jérôme, la parole est à vous.
M.
Chassin : Merci, Mme la
Présidente. Donc, on m'interrompait au moment où je soulignais que la députée
de Saint-Laurent avait tout à fait
raison. Partout, dans cette tournée des institutions collégiales, on nous parle
des services aux étudiants, on nous parle aussi des besoins d'espace. Et
c'est malheureux de devoir écouter autant de complaintes. Et heureusement qu'on
peut y faire quelque chose et qu'on peut relever ce défi.
Je ne
mentionne qu'un seul exemple pour les universités, parce qu'il y a une réalité
très similaire du côté de nos universités, mais je veux seulement
mentionner un exemple. En décembre dernier, notre gouvernement a annoncé un investissement de 7,5 millions de dollars
pour soutenir le pôle... le rôle, pardon, de pôle de développement
socioéconomique régional de nos
universités. Évidemment, c'est cinq universités en région pour qui ça fait une
différence, pour qui il y a là des
sommes nécessaires à l'accomplissement de leur mission. Et c'est un
investissement qui venait, dans le fond, compenser seulement en partie une coupure de
15 millions de dollars du gouvernement Couillard qui avait été imposée
plus tôt dans l'année.
Alors,
évidemment, dans un contexte d'ambition par rapport à l'éducation, où on peut
voir les besoins criants dans tous
les niveaux du réseau de l'éducation, il y a quelque chose de rassurant à voir
qu'on pose au moins les mêmes constats. La députée de Joliette précisait qu'on
pouvait parfois ne pas s'entendre sur les moyens, mais, effectivement,
de sentir que les partis d'opposition parlent d'éducation de plus en plus nous
fait certainement plaisir et montre qu'il y a possibilité de s'entendre et
d'aller dans la bonne direction ensemble.
C'est
effectivement notre priorité, au gouvernement, l'éducation. Je pense qu'elle
est bien décrite par la motion telle
que présentée par la députée de Saint-Laurent. Il y a encore beaucoup de
travail à faire, compte tenu des gestes posés par le précédent gouvernement. J'espère que cette motion, presque en
forme d'excuses pour les actions posées, montre l'ouverture de l'opposition officielle à travailler main dans la main
pour réparer les pots cassés. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le député de Saint-Jérôme. Maintenant, je cède la parole à Mme la
députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Jennifer Maccarone
Mme
Maccarone : Merci, Mme la Présidente. Notre premier ministre a fait de
l'éducation sa priorité, mais, dans la
mise à jour économique à jour, pas d'argent pour l'éducation malgré un surplus
de 4 milliards de dollars. Quel est le premier geste du
gouvernement en matière d'éducation? Le dépôt du projet de loi n° 3 sur
les taxes scolaires, le projet de loi
n° 3 qui... on n'explique pas comment ou où on va chercher de l'argent, le
900 millions de dollars qui sera privé
de notre beau réseau de l'éducation. Il n'y a aucune garantie, aucune directive claire, et, en fait, le gouvernement s'est certainement
laissé la possibilité de faire sa propre évaluation, de déterminer les besoins
et de définir ses propres règles, à
l'intérieur de ce projet de loi. Notre ministre des Finances dit vouloir
réduire le fardeau fiscal des contribuables, mais, en uniformisant la taxe scolaire, ce n'est pas le fardeau fiscal
qu'il va réduire, c'est la qualité de l'éducation qui est offerte à nos
enfants.
Dans la
commission parlementaire au début de février, j'ai senti l'incertitude du
réseau de l'éducation. J'ai entendu et
lu avec grand intérêt les mémoires et présentations de l'Association des
commissions scolaires anglophones du Québec, la Fédération des
commissions scolaires du Québec, the English Parents' Committee Association,
l'Association des cadres scolaires, le
Conseil de gestion de taxe de l'île de Montréal ainsi que M. Godbout, le
chercheur, et autres partenaires, et je
partage leurs inquiétudes, car nous savons tous que le projet de loi n° 3
n'amène aucune assurance, aucun plan. C'est un projet qui va coûter très cher, et surtout qu'il n'y a absolument
rien là-dedans qui va améliorer les services aux élèves, ni améliorer
les besoins pour des enseignants, ni améliorer nos écoles.
La semaine dernière, on a vu le dépôt du projet
de loi n° 5 sur les maternelles quatre ans. Voilà la prochaine intervention en matière d'éducation. Pour le
gouvernement, l'éducation se résume à la maternelle quatre ans. Avant ou
après quatre ans, apparemment, ce n'est pas
important. C'est un ministre d'une seule idée, le ministre d'un seul moyen.
La maternelle
quatre ans, c'est un projet brouillon du gouvernement, il n'y a pas de plan
précis. Et dimanche le ministre a
annoncé son déploiement pour la prochaine rentrée scolaire pas en fonction des
besoins, en fonction des disponibilités
des locaux. Ça va contre qu'est-ce que nous disent nos chercheurs, nos
spécialistes, nos professeurs, les commissions
scolaires. Et maintenant on rajoute la voix de nos parents, les parents qui
nous ont dit, suite au sondage Léger, que
seulement un parent sur cinq choisira la maternelle quatre ans. Alors, on se
demande c'est qui qui veut la maternelle quatre ans, à part de notre
premier ministre?
Et on néglige
de parler de l'impact sur les milieux de garde. On a annoncé aujourd'hui des
nouvelles places en CPE, mais
personne n'a aucune idée comment, comment on va se baser. Il n'y a aucun budget
qui a été annoncé. On ignore qu'une place en maternelle quatre ans coûte
beaucoup plus cher qu'une place en milieu de garde. On ferme et on en
développe, et j'ai de la misère à voir la logique.
Où est la
complémentarité, la complémentarité d'où nous avons déjà entendu, Mme la
Présidente, entre le réseau, le milieu
de garde, l'éducation, santé? C'est le temps d'arrêter de travailler en silo,
c'est le temps de regarder tous les acteurs et, comme nous avons déjà entendu de nos chers collègues, de dire que,
oui, c'est vrai, la main droite et la main gauche, vraiment, ils se parlent
entre eux. Nous avons une pénurie d'enseignants, un manque d'espace et le
ministère qui n'a pas vidé la question quand on parle de la maternelle
quatre ans et comment nous allons protéger nos services de garde.
Le
gouvernement s'était engagé à investir directement dans les services aux
élèves, ajouter des orthopédagogues, des
orthophonistes, des psychoéducateurs et autres professionnels pour le dépistage
et l'accompagnement des enfants ayant des besoins particuliers et des
difficultés d'apprentissage, des handicaps ou des retards en développement,
mais on n'a rien vu de cela depuis le 1er octobre.
Et, quand on
parle du dépistage précoce, je dois questionner, Mme la Présidente :
Pourquoi quatre ans? C'est où, ce chiffre magique dans l'âge de nos
enfants que c'est là où nous allons déterminer que cet enfant-là a une
difficulté? Pourquoi mettre tous nos oeufs dans le même panier?
• (16 h 30) •
J'en suis la preuve. My children both
went to day care, my children are the product of the public education system, they currently attend the
public education system, and I have to tell you both of my children were
diagnosed on the autism spectrum.
This happened when they were three years old. This was an early intervention
that was identified to me through
the day care system, through a CPE. I could not have waited another year.
Waiting until four years old is a year lost
when you need to intervene to help your children, when they are suffering from
a special need. It is unconscionable to me to think that we are thinking
of only intervening when it's four years old.
And we forget that our schools
and our day care centers are not therapeutic centers. They are services that
are provided to assist our
children in being the best students possible, that they integrate into society. Our day cares are there to provide support directly to the school system.
It is inappropriate to think that this is where they're receiving their
services. And yet we're not making
enough announcements for health care. We're not investing in our colleagues in
health care. And the colleague's
announcement where he's only receiving $90 million for early intervention, pour Agir tôt,
j'applaudis cette
intervention-là, mais il nous en manque, de l'argent. On est en train d'investir 400 à 700 millions
de dollars dans une maternelle quatre
ans d'où nous devrions prendre cet argent-là pour investir dans le milieu de
santé pour vraiment rejoindre les besoins de nos enfants.
J'ai entendu parler un peu le mot
d'«intégration» puis qu'est-ce qu'on va faire pour améliorer notre réseau de l'éducation, et je peux vous dire, encore une
fois, d'une expérience personnelle, l'intégration... nous vivons tous dans une
société intégrée. Alors, je questionne
l'idée de ségréguer nos enfants ayant des besoins particuliers quand ils vont
sortir de notre réseau d'éducation
dans un milieu intégré. D'où est la preuve? On peut regarder les résultats dans
le milieu de l'éducation anglophone,
où ils ont un taux de réussite de 87 % globalement. Pourquoi? Parce qu'ils
ont un taux d'intégration vraiment
élevé, Mme la Présidente. Ça
s'élève jusqu'à 92 % à 94 % au sein de nos écoles. Eux, ils ont
compris le message : All the children, special needs, not special needs, there is no such
thing as normal, everyone is welcome in the classroom, and why? Because it makes our society better, and
that is the richness, and that is one of the reasons why our school boards
are so successful.
J'aimerais
élaborer un peu sur le projet d'agrandissement. Le ministre de l'Éducation a
envoyé une lettre aux commissions scolaires,
comme mon cher collègue de Jacques-Cartier a déjà mentionné, demandant de
changer des projets déjà en route
pour les transformer en maternelles quatre ans. Pas de plan du gouvernement,
pas de déploiement en fonction des
besoins mais plutôt en fonction des disponibilités. Quels projets seront mis de
côté, Mme la Présidente, pour que le gouvernement procède avec leur obsession de la
maternelle quatre ans? Le gouvernement fait fin des contrats signés avec
des écoles avec sa demande envoyée aux
commissions scolaires le 23 janvier, et je cite : «Comme vous le
savez, l'implantation de la
maternelle quatre ans dans le réseau scolaire constitue l'une des priorités du
gouvernement du Québec, et je mettrai tous les efforts nécessaires pour
réaliser cet engagement.
«Dans
ce contexte, je vous demande d'ajouter des classes de maternelle quatre ans
dans la portée de vos projets d'ajout
d'espace déjà autorisés. Conséquemment, veuillez prendre les mesures
nécessaires immédiatement pour inclure cette priorité à vos projets,
incluant ceux en chantier ou à l'étape plans et devis.»
Mme
la Présidente, le gouvernement met de côté les priorités ciblées par les
écoles. C'est un manque de respect pour notre beau réseau d'éducation scolaire.
C'est une approche descendante, c'est de l'ingérence. On ignore les besoins
locaux pour une idée brouillonne et qui manque de cohérence.
Et
j'ai bien entendu et j'ai écouté avec intérêt le collègue de Sainte-Rose, qui
dit qu'on parle de décisions locales, on
veut amener les décisions locales. Est-ce que c'est ça, amener les décisions
locales à la communauté? Est-ce que c'est ça de déterminer et de dire à nos commissions scolaires, à nos directions
d'école, à nos directeurs généraux : Voici qu'est-ce que vous allez faire; moi, je vais prendre la
décision pour vous? Ceci n'est pas la démocratie, Mme la Présidente. Ceci ne
respecte pas l'esprit de la loi que nous avons parlé dans le passé, l'idée de
subsidiarité. Ceci, c'est un «one-man show».
Et
l'ironie, c'est que notre ministre vient du réseau de l'éducation, mais il nous
démontre encore et encore qu'il n'a
aucune compréhension du fonctionnement d'un siège social et d'une école. Ça
fait qu'il me fait grandement plaisir de partager avec vous c'est quoi, un siège social. A head office, this is what a service center is. A
head office of a school board provides vital services to ensure the best interest of our
students, to ensure that our students are succeeding. What do they do? They provide pedagogical services,
material resources. They provide human resources, financial support, financial resources. They ensure the proper
functioning of our schools. They are service centers. So, it is confusing to me
to think that we're going to be potentially investing dollars that should be
going into education when we're talking about changing governance
structures. I simply do not understand that.
And again, I reflect the wonderful
words of my colleague from Jacques-Cartier when he was saying that, again, curious why the Deputy from Sainte-Rose
mentions local decision-making. Is that what this is when we're appropriating a school? When we're
appropriating Riverdale, are we practicing local decision-making? Is this what
we really have come down to? He also
mentioned that he met the commission scolaire de Laval, but he didn't mention
that he met with
the Sir-Wilfrid-Laurier
School Board to take inventory on what space is left in that school board. Is this local decision-making?
Mme la Présidente, selon les analyses de la Fédération
des commissions scolaires du Québec, je vous partage que le réseau de l'éducation a besoin des investissements
substantiels pour le financement des besoins des élèves :
408 millions pour l'augmentation
en coûts du système, 10 millions pour la bonification de l'aide aux
petites commissions scolaires. Et on
ne parle pas assez souvent, Mme la Présidente, sur la formation
professionnelle, services aux entreprises. Ça, c'est un réseau qui a
besoin substantiellement... 55 millions de dollars, ce qui est requis pour
poursuivre dans leur mandat. Mais nous
allons parler d'enlever 900 millions de dollars avec le projet de loi
n° 3 et aller vers l'avant à tout prix avec notre projet de loi
n° 5, qui n'est pas à l'écoute du réseau ni les parents.
J'appuie la motion de
ma collègue de Saint-Laurent. Merci pour votre écoute, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Et
maintenant, pour la suite de ce débat, je vais céder la parole à M. le député
de Richelieu, tout en vous précisant que votre formation politique
dispose d'un temps de parole de 13 min 45 s.
M. Jean-Bernard
Émond
M. Émond :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Je suis très content d'avoir l'occasion de
prendre la parole dans le cadre de
cette motion de la collègue la députée de Saint-Laurent. C'est un sujet, comme
ancien enseignant, qui m'interpelle particulièrement, puis je trouve
toujours ça non seulement intéressant, mais nécessaire, en cette Chambre, de
parler d'éducation.
C'est
donc après avoir oeuvré dans ce milieu que je peux apprécier à quel point
l'éducation fait partie de l'ADN de notre
formation politique. Parce qu'on dit souvent : À la CAQ, il y a beaucoup
d'entrepreneurs, d'hommes d'affaires, et
c'est vrai, mais il y a également beaucoup de collègues, comme M. le ministre,
qui ont oeuvré dans le monde de l'éducation et qui ont à coeur le monde de l'éducation. Et cette volonté de notre
gouvernement de mettre l'éducation au premier plan, bien, un peu comme le collègue de Sainte-Rose,
c'est probablement ce qui m'a séduit et m'a incité... et c'est pour ça que
je suis devant vous en tant que député de Richelieu aujourd'hui.
Je voudrais faire un
petit aparté seulement. J'entendais la collègue de Westmount—Saint-Louis,
pour qui j'ai d'ailleurs beaucoup de respect...
On a le plaisir de siéger ensemble à la Commission des finances publiques sur
le projet de loi n° 3, un projet
de loi très intéressant et qui va nous permettre de rencontrer un de nos
engagements électoraux de remettre de
l'argent dans le portefeuille des familles en uniformisant les taxes scolaires.
Mais là j'avais les oreilles qui frisaient
un peu en entendant la collègue de Westmount—Saint-Louis s'adresser au ministre de l'Éducation
et de l'Enseignement supérieur comme un homme d'un seul projet avec les
maternelles quatre ans. Puis là on ne peut pas endosser ça, Mme la Présidente. Moi, je voudrais être franc avec vous,
je ne me souviens pas, au Québec, qu'on a eu un ministre de l'Éducation aussi prêt à exercer ses fonctions que l'actuel
ministre. Et je le dis parce que je le pense sincèrement et je le dis parce que je me fais le porte-voix,
Mme la Présidente, de propos que j'entends à toutes mes rencontres dans le monde de l'éducation et pas seulement dans mon
comté, mais partout à travers le Québec. Les gens ont l'impression, et
c'est plus qu'une impression, qu'ils sont entre bonnes mains.
Ceci
dit, parler d'éducation, c'est aussi parler un peu de bilans. Et, dans les
dernières années, on a eu droit, Mme la
Présidente, à de beaux grands discours, des beaux slogans prétendant que les
jeunes sont au coeur de nos actions, mais
force est de constater que les choses ne se sont pas vraiment améliorées. Moi,
c'est quelque chose qui me préoccupe, qui me choque. Je trouve ça
sincèrement gênant, Mme la Présidente.
En termes de
décrochage scolaire, par exemple, le gouvernement précédent a bien tenté de
faire croire que la situation avait évolué
positivement, mais quand on y regarde de plus près, on s'est bien aperçu que
les résultats apparemment attrayants,
c'était le fruit d'une méthodologie, disons, différente. Mon comptable aurait
parlé de comptabilité créative, hein?
C'est un bel effort déployé par nos prédécesseurs pour jouer avec les chiffres.
Parce que, selon l'Institut du Québec, lorsqu'on
calcule le taux de diplomation au Québec de la même manière que dans les autres
provinces au pays, on arrive à la
conclusion : un taux, au Québec, de diplomation de 64 %. Ce n'est pas
très reluisant. Pendant ce temps, les provinces comme l'Ontario, la
Nouvelle-Écosse ou le Nouveau-Brunswick obtiennent des taux de 84 %. Ça,
ce n'est pas rien comme écart, Mme la
Présidente. Donc, en réalité, le décrochage scolaire demeure extrêmement
préoccupant au Québec.
• (16 h 40) •
Aujourd'hui,
le gouvernement précédent nous met au défi de réparer les pots qu'il a lui-même
cassés. Eh bien, défi accepté, Mme la
Présidente. C'est ce qu'on va faire, c'est déjà ce qu'on est en train de faire.
Je pense que tout le monde est
d'accord pour dire qu'on ne peut pas se permettre de laisser les choses dans
cet état parce qu'un jeune qui décroche, c'est un drame humain en soi. C'est un drame personnel, et c'est
terrible, mais c'est également très dommageable pour notre société tout
entière.
Vous
savez, quand j'étais dans le milieu des affaires, on parlait déjà, voilà
10 ans, de la pénurie de main-d'oeuvre. Mais, quand j'en parle aujourd'hui dans ma circonscription, dans
Richelieu, avec les gens d'affaires, dans nos rencontres, on dirait que la réalité nous frappe de plein
fouet depuis les deux, trois dernières années. Puis, dans ce contexte de rareté
de main-d'oeuvre, on peut dire que le décrochage scolaire, bien, ça nuit à
notre santé économique.
Au
Québec, c'est 82 % des adultes prestataires de l'aide sociale et qui sont
aptes au travail qui n'ont pas terminé leurs
études secondaires. Dans certaines régions, c'est près d'une personne sur
quatre qui est sans diplôme secondaire. Et, quand on additionne toutes les répercussions du décrochage scolaire sur
la société pour en obtenir le coût total, bien, on arrive à la
rondelette somme de près de 2 milliards de dollars. Heureusement, et les
Québécois sont à même de s'en rendre compte
ces jours-ci, notre gouvernement commence déjà à agir et de renverser cette
tendance. On propose des solutions qui sont prometteuses, qui ont déjà
fonctionné, fait leurs preuves ailleurs et, j'en suis convaincu, ne manqueront
pas d'apporter des résultats concluants chez nous aussi.
La
motion d'aujourd'hui aborde, Mme la Présidente, également le sujet des services
aux élèves, plus particulièrement les
ressources budgétaires qui leur sont allouées. Et ça m'amène à vous parler d'un
échange que j'ai eu durant la période
des fêtes dans une soirée entre amis. Dans notre groupe, il y avait des gens
qui provenaient de divers milieux, mais
il y avait deux ou trois enseignants, il y avait un membre de direction
d'école, et tous, sans exception, m'ont mentionné leur satisfaction de
voir arriver notre gouvernement en place. Pourquoi, Mme la Présidente? Parce
que, durant les années de mise à mal du
réseau scolaire, c'est eux qui étaient les mieux placés pour constater les
effets néfastes des coupures. Ce sont
eux qui ont dû absorber les compressions de plus de 960 millions de
dollars en éducation. Ce sont eux
aussi qui ont constaté, sur la même période, l'augmentation de 34 % du
nombre d'élèves présentant un handicap ou des difficultés d'apprentissage ou d'adaptation. Mais aujourd'hui, Mme la
Présidente, ils ont de l'espoir. Aujourd'hui, ils sont confiants parce
qu'ils sentent bien la volonté réelle de notre gouvernement de les écouter. Et
moi, j'aime beaucoup, d'ailleurs, l'expression que notre ministre emploie
régulièrement lorsqu'il dit que nous allons valoriser la profession
d'enseignement, travailler avec eux, et parce que ce sont eux, sur le terrain,
qui connaissent les élèves par leur nom.
Mme la Présidente, en
terminant, je connais le ministre de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur
depuis plusieurs années, et j'ai eu le
plaisir de l'indiquer dans mon discours inaugural, ma première allocution en
cette Chambre. Et je pense
sincèrement que nos jeunes, nos élèves, nos étudiants, nos étudiantes sont plus
que jamais entre bonnes mains avec non seulement M. le ministre,
mais également notre premier ministre. Merci beaucoup, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le député
de Richelieu. Et maintenant il reste encore du temps disponible du côté
du gouvernement. Y a-t-il d'autres intervenants?
Une voix :
...
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Il n'y a pas d'autre intervenant.
Alors,
nous allons maintenant passer à la réplique de l'auteure de cette motion, à
moins qu'il y ait autre chose. Non,
ça va? Et, dans le cadre de votre réplique, il faudra que vous nous donniez
votre avis suite au dépôt de l'amendement de Mme la députée Sherbrooke, à savoir si vous l'incorporez ou non dans
la motion initiale, et vous disposez d'un temps de parole de
10 minutes.
Mme Marwah
Rizqy (réplique)
Mme Rizqy :
Merci, Mme la Présidente. Effectivement, oui, absolument, j'accorde l'ajout
avec Mme la députée de Sherbrooke.
Et je
comprends, après tous ces échanges, que le ministre de l'Éducation, le député
de Saint-Jérôme, le député de la Rose sont d'accord avec la motion, donc ils
vont voter pour, parce qu'au fond ils ont même décortiqué l'ensemble de
la motion pour dire que c'est exactement ça,
leur plan. Donc, j'imagine qu'ils vont voter pour, et en plus probablement nous
déposer un plan détaillé pour les... des maternelles quatre ans.
Tantôt, le ministre de
l'Éducation nous a invités à aller faire un tour sur le site Web de la CAQ.
J'aimerais bien y aller, mais le problème,
c'est que je me suis rendu compte qu'à chaque fois ça change, leur site Web. On l'a vu, ce n'est jamais la même chose, ce n'est pas fiable, donc je ne
peux pas aller vraiment là-dedans. Tantôt,
le ministre de l'Éducation a aussi dit qu'il veut collaborer. Moi, ainsi
que tous mes collègues, on veut aussi collaborer, mais encore faut-il qu'on collabore
sur des faits.
Et ça
m'irrite un peu quand j'entends le ministre s'approprier des travaux qui ont
été faits par ses prédécesseurs. Lorsqu'il
dit qu'il répare le financement dans le réseau universitaire... Je sors
moi-même du réseau et je me rappelle qu'au mois d'avril et au mois de mai mes collègues étaient contents parce
qu'ils revenaient d'une réunion qui n'a pas été faite par le ministre actuel de l'Éducation et de
l'Enseignement supérieur mais par ma collègue la députée de
Marguerite-Bourgeoys. C'est elle qui
a signé l'entente avec l'ensemble des recteurs pour venir pallier à tout le
financement du réseau québécois. Et là-dedans, savez-vous c'est quoi,
Mme la Présidente, qui est vraiment particulier? C'est que les grands gagnants là-dedans, ce sont aussi les enseignantes, les
futures enseignantes parce que le ministère de l'Éducation et de l'Enseignement
supérieur, à ce moment-là, avait compris que
c'était important d'allouer les sommes nécessaires dans le réseau de
l'éducation directement au niveau de
l'universitaire. Et ça, ça a été fait pas par le ministre de l'Éducation
actuel, mais par la députée de Marguerite-Bourgeoys, qui était alors la
ministre de l'Enseignement supérieur.
Quand
j'entends le ministre actuel de l'Éducation dire qu'il a répertorié l'ensemble
des écoles pour voir c'est quoi, leur
cote de défavorisation ou le degré des structures, est-ce qu'elles sont bien
faites, pas bien faites, je pense qu'il se trompe de personne, là, il
est en train de réécrire l'histoire. C'est mon collègue le député de
Jean-Talon, qui était alors le ministre de
l'Éducation, qui a commandé un rapport pour savoir c'est quoi, l'état de la
situation, quelle est la cote de nos écoles
entre A à E. C'est le député de Jean-Talon qui a fait ça. Et ça, ce qui m'inquiète
un peu là-dedans, c'est que, s'il ne
connaît pas, en fait, la situation actuelle de notre réseau, comment qu'il va
être capable de prioriser nos besoins s'il ne sait pas que ça, ça a été
fait?
Puis, oui, effectivement, on a réinjecté
énormément d'argent. De l'autre côté, ça parle comme si le ministre de l'Éducation se réveille le matin, puis le bon
Dieu peut aller se coucher parce que tout va être fait. Je m'excuse, on a
travaillé. Lui, il peut peut-être avancer
tout seul en pensant qu'on va plus vite; nous, au Parti libéral, on avance en
équipe parce qu'on voit pas mal plus loin.
Puis je vais
vous donner des exemples concrets. Ma collègue, dans Jeanne-Mance, ce n'est pas
une école qui a été agrandie, ce
n'est pas deux, c'en est 17 : Wifrid-Bastien, Ferland, Lambert-Closse,
La Dauversière, Antoine-De Saint-Exupéry. Inquiétez-vous pas, dans Saint-Laurent aussi il y
en a eu, des agrandissements. On a annoncé une nouvelle école, complète école secondaire. Ce n'est pas des centaines de
places, c'est autour de 1 500 places qu'il va y avoir à terme dans ce
projet-là. L'école Trésor-du-Boisé,
on a ajouté un étage complet pour accueillir davantage d'enfants. Maurice-Richard, ma collègue,
elle, bien, c'est environ sept nouveaux projets d'agrandissement, que ce soit
Louis-Colin, Saint-Isaac, Saints-Martyrs-Canadiens, de La Visitation.
Inquiétez-vous pas, même le premier ministre actuel a eu droit à une nouvelle école. Louis-Laberge a été inaugurée en
août dernier, on a accueilli des centaines de nouvelles élèves. Mais au
rythme que le ministre travaille, dans quelques mois, il va dire que c'est lui
qui l'a ouverte, cette école-là aussi.
Bien, si on
revient ici, quand il dit que lui ne joue pas dans les structures, ce
gouvernement-là ne sait que jouer dans
les structures. La première chose qu'ils ont dit, c'est qu'on va abolir les
commissions scolaires parce qu'au fond c'est un caillou dans le soulier du ministre de l'Éducation. Puis c'est sûr
que c'est difficile, après ça, d'avoir de l'écoute du réseau quand on commence par des insultes. Après
ça, si on dit qu'on va les abolir, bien, ça se peut qu'il s'enligne aussi
pour une bataille juridique là-dedans. Il le
sait, ça, mais on... Il faut qu'il comprenne que, si on joue dans les réseaux
de la structure, il y a un problème.
Après ça, qu'est-ce qu'il a fait d'autre? Ah!
bien oui, le premier projet de loi en matière d'éducation ou de financement, c'est retirer 900 millions de
dollars. Mais savez-vous quoi? On est tellement à l'écoute, du côté de la CAQ,
qu'on ne veut même pas entendre les principaux intéressés en consultations
prébudgétaires. Je suis obligée de jouer l'entremetteuse
pour que le ministre des Finances parle avec le réseau de l'éducation pour voir
si on est capables d'asseoir tout le monde à la même table. Parce que
900 millions de dollars en moins, bien, ça craint parce que notre système d'éducation en ce moment, il n'a pas besoin de
soustraire, il a besoin qu'on additionne, voire multiplier les engagements
positifs dans notre réseau d'éducation.
• (16 h 50) •
Par la suite,
les CPE. Pas plus tard que cette fin de semaine, on pouvait entendre le premier
ministre dire : Écoutez, pourquoi
confier nos enfants à des techniciennes de garde, alors qu'on peut les donner à
des bachelières? Bien, parce que, Mme
la Présidente, au Québec, celles qui sont les professionnelles de la petite
enfance sont formées pendant trois ans à servir les tout-petits. On leur fait confiance depuis des décennies. Est-ce que
le ministre et le premier
ministre peuvent avoir un dialogue d'ouverture avec d'autres
personnes qui, eux aussi, tendent la main puis qui sont tannées de se faire
virer de bord tant par le premier ministre que par le ministre de l'Éducation parce
qu'ils ne fredonnent pas la même chanson qu'eux? On peut être en désaccord sur
le moyen, mais encore faut-il qu'on trouve ensemble des solutions.
Je comprends qu'il y a
un empressement. Tantôt, le député à Laval disait qu'il n'y a rien qui se passe à Laval. C'est
drôle, moi, j'ai plein de projets d'agrandissement qui ont été signés à Laval. Il a fait référence à
la présidente de la commission de
Laval, Louise Lortie. Bon, on a communiqué. Bien oui, ils ont eu des
approbations pour aller de l'avant. Le
problème à Laval, ce n'est pas le fait qu'ils n'ont pas assez d'argent,
c'est qu'ils n'ont pas assez d'espace. Ils veulent collaborer, mais ils ont besoin d'espace. Puis ça,
malheureusement, on ne peut pas nécessairement tout créer de
l'espace, là.
Mais c'est
pour ça qu'on a un service de CPE qui, eux, sont déjà implantés. On veut
travailler en partenariat avec eux.
Je ne vois pas pourquoi on veut doubler les effectifs ou, pardon, les
dédoubler, les effectifs. On peut tous travailler ensemble. Mais en ce moment c'est que, d'une part, on a un ministre de la Famille qui annonce plein de nouvelles places en CPE, puis j'ai un ministre de l'Éducation qui annonce plein de nouvelles places en
maternelle quatre ans pour vider les nouvelles
places en CPE. Est-ce qu'on peut se parler, coordonner? Est-ce qu'on peut avoir un plan détaillé? C'est la seule chose qu'on demande, nous autres. On veut un plan
détaillé parce qu'on veut s'assurer que l'argent des contribuables sera investi de façon judicieuse là où
les besoins sont réels.
Le
ministre de l'Éducation ne parle que de classes : Ouvrez-moi des classes
de maternelle quatre ans. Il ne parle pas
des besoins. Où sont les enfants qui ont besoin d'une classe de maternelle
quatre ans? Ici, je me permets de retourner en arrière. Le déploiement des maternelles quatre ans a été fait pour
permettre aux enfants qui, entre zéro à trois ans, n'ont pas eu accès à un service de garde, n'ont pas eu
la chance de pouvoir socialiser avec d'autres enfants. On voulait les mettre
à niveau juste avant leur scolarisation, et c'est pour ça qu'on a déployé les
maternelles quatre ans en milieu défavorisé.
Les
ressources, Mme la Présidente, par définition, sont limitées. C'est pour ça que
nous, on comprend qu'on doit faire
des priorités et les respecter. Parce que, quand tous les enfants deviennent prioritaires,
il n'y en a plus, de priorité. On
n'arrive pas, à ce moment-là, de mettre les enfants qui, eux, ont réellement
des besoins à niveau avec ceux qui sont peut-être meilleurs. Et on ne peut pas se permettre non plus d'avoir des
enfants de sixième année ou du secondaire qui n'auront pas nécessairement tous les outils nécessaires à leur réussite
éducative. Ça, ça prend : bibliothèques, laboratoires
informatiques, oui, un laboratoire aussi pour les cours d'arts plastiques. On
ne peut pas enlever les gymnases. En ce moment, il y a déjà des écoles qui ont
pris les gymnases parce qu'ils manquent de place pour les besoins actuels. Les
5 000 enseignantes de plus qu'on va avoir besoin, il faut les former.
Moi,
je les vois souvent à mon bureau. Savez-vous qu'est-ce qu'ils sont venus me
dire pas plus tard qu'hier? Mme Rizqy, pouvez-vous nous donner un coup de main à faire entendre le nouveau
gouvernement? Parce que vous, votre gouvernement, vous avez été les premiers, les premiers, à
reconnaître les stages faits par les étudiants du cégep et universitaires, vous
avez été les premiers à faire le geste. Mais
en ce moment on est toujours en attente d'avoir un ministre de l'Éducation
et de l'Enseignement supérieur qui comprend
l'importance de s'asseoir avec son monde et de faire preuve de transparence.
Alors, là-dessus, je rappelle que... Ils m'ont aussi demandé... La FECQ et
l'UEQ, ceux que, j'imagine, le député de Saint-Jérôme
a souvent parlé aussi, ils ont dit : Bien, vous avez sondé, vous avez pris
des données. Si vous voulez être conséquents
puis valoriser l'enseignement... Nous, on s'est engagés, en campagne
électorale, de hausser le salaire des enseignantes. Qu'est-ce qu'ils attendent
pour hausser le salaire des enseignantes? Et j'ajouterais le personnel de soutien,
on a grand besoin d'eux.
Mme
la Présidente, je m'attends à ce que... puisqu'ils ont élogé notre motion,
j'espère qu'ils vont voter pour. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie, Mme la
députée de Saint-Laurent. Alors, ceci met fin à ce débat.
Et,
conformément au règlement, je dois
d'abord mettre aux voix la motion d'amendement présentée par Mme la
députée de Sherbrooke avant de procéder au vote sur la motion principale.
Alors,
je vous fais la lecture de ces deux motions. La motion de Mme la députée de
Saint-Laurent se lit comme suit :
«Que
l'Assemblée nationale demande au gouvernement d'allouer prioritairement les
ressources budgétaires nécessaires aux services aux élèves et à l'amélioration
des conditions de travail des enseignant-e-s; et
«Que l'Assemblée
nationale demande au gouvernement de ne pas freiner les projets
d'agrandissements et de rénovations déjà
approuvés, et ce, en conformité avec les dispositions de la Loi sur les
contrats des organismes publics.»
Maintenant, la motion
d'amendement de Mme la députée de Sherbrooke se lit comme suit :
À
la fin du premier paragraphe, après
le mot «enseignant-e-s», ajouter «, des professionnel-le-s et du personnel
de soutien ainsi qu'à la mise à niveau des infrastructures».
Alors,
je mets d'abord aux voix la motion d'amendement de Mme la députée de Sherbrooke
que je viens tout juste de lire. Et cette motion est-elle adoptée?
Mme la leader
adjointe de l'opposition officielle.
Mme Melançon :
Mme la Présidente, je vous demanderais d'appeler les députés pour un vote
nominal, s'il vous plaît.
Une voix :
...
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Oui. Alors, M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Schneeberger :
Oui, alors je demande de reporter le vote à la prochaine période des affaires
courantes, c'est-à-dire demain, jeudi.
Votes
reportés
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, c'est très bien, M. le
leader adjoint. Alors, les deux votes auront lieu demain, seront tenus à
la période des affaires courantes.
Et maintenant, pour
la suite de nos travaux, je vais céder la parole à M. le leader adjoint du
gouvernement.
Ajournement
M. Schneeberger :
Oui, alors, Mme la Présidente, je fais motion pour ajourner nos travaux à
demain, jeudi 21 février, 9 h 40.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Est-ce que cette motion est adoptée?
Des voix : Adopté.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Adopté.
En conséquence, j'ajourne nos travaux au jeudi
21 février, à 9 h 40.
(Fin de la séance à 16 h 57)