(Neuf
heures quarante minutes)
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, bon mercredi à tous et toutes. Vous pouvez
prendre place.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Et
nous allons débuter notre séance avec la rubrique des déclarations de députés, et je vais reconnaître M.
le député des Îles-de-la-Madeleine.
Souligner la Journée de sensibilisation de la Fondation
des maladies du coeur et de l'AVC
M. Germain Chevarie
M.
Chevarie : Merci, Mme la Présidente. Aujourd'hui, je souligne
l'importante journée de sensibilisation que tient la Fondation des maladies du coeur et de l'AVC ainsi que le rôle
que tient l'organisme dans la lutte contre les maladies du coeur et les
AVC.
Le
travail de la fondation aura permis, au fil des ans, de sauver des milliers de
vies et d'en améliorer des millions d'autres.
C'est aussi leur travail de recherche de financement qui aura permis
l'investissement, depuis 1952, de quelque 1 450 000 000 $
dans la recherche vitale ainsi que la diminution de 75 % du taux de décès
de cause cardiovasculaire.
La
journée d'aujourd'hui s'ajoute aux moyens pris pour faire connaître les
maladies du coeur et les AVC mais aussi
pour nous sensibiliser à la prévention de ces maladies, à la recherche ainsi
qu'au besoin de soutien pour les survivants, les familles et les
proches. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le député des
Îles-de-la-Madeleine. Maintenant, je cède la parole à M. le député de
Rimouski.
Souligner le courage et la détermination de M. Maxime
D'Astous,
chansonnier, victime d'un accident de la route
M.
Harold LeBel
M.
LeBel : Merci, Mme la Présidente. Le 20 décembre dernier, Maxime
D'Astous, un chansonnier de chez nous et
bien connu au Québec, a eu un grave accident de la route. Il a subi une
délicate chirurgie qui lui laissait peu de chances de survie. Notre
chansonnier est passé au travers, il est maintenant en réadaptation.
Les chansonniers font partie d'une grande famille
unie. Pour soutenir et encourager Maxime, une quinzaine de chansonniers se sont réunis pour un
spectacle-bénéfice qui a eu lieu à La P'tite Grenouille de Rimouski le
20 janvier dernier. J'y étais
avec de nombreux amis de Max, qui connaissent sa grande générosité. C'était
donc à notre tour de lui en démontrer. Plus de 2 000 $ ont été
amassés lors de cette soirée.
Maxime
a brisé tous les pronostics et vit sa convalescence de manière positive. Il a déjà
recommencé à marcher et à jouer de la guitare. Je lui souhaite un prompt
rétablissement afin qu'il puisse rapidement revenir fouler les planches des
différentes scènes du Québec.
J'aimerais
d'ailleurs souligner l'apport extraordinaire qu'ont les chansonniers dans la culture québécoise.
Ils sont les fiers représentants de notre musique nationale et ils ont prouvé, le 20 janvier
dernier, qu'ils sont aussi des artistes de coeur, qui répondent présent
pour ceux qui en ont besoin. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie, M.
le député de Rimouski. Au tour, maintenant, à M. le député de Mégantic de
faire sa déclaration.
Souligner
le 60e anniversaire de l'organisme Loisirs Aramis de Disraeli inc.
M.
Ghislain Bolduc
M.
Bolduc : Merci, Mme la Présidente. Il me fait grand plaisir de prendre la parole ce matin, en cette
Chambre, afin de souligner le 60e anniversaire des Loisirs Aramis
de Disraeli.
Cela
fait maintenant 60 ans que les Loisirs Aramis de Disraeli
animent la vie de centaines de citoyens du comté de Mégantic. Ils consacrent leur temps et leurs énergies au bien-être
de la population en leur offrant des activités hautes en couleur tout au long de l'année. Que ce soit par
des soupers à petit prix, par le Noël des enfants, par un tournoi de sport, par
des soirées musicales et dansantes, ainsi qu'en produisant des expositions
d'art et nos artistes locaux, leur mission est d'aider les gens, les
jeunes et les plus démunis de la région en se focalisant sur les loisirs, les
sports et l'éducation. Bravo! Et bon 60e.
La Vice-Présidente (Mme
Gaudreault) : Je vous
remercie, M. le député de Mégantic. Maintenant, je cède la
parole à M. le député d'Arthabaska.
Souligner
le 160e anniversaire de l'Exposition
agricole de Victoriaville
M. Éric Lefebvre
M.
Lefebvre : Merci, Mme la Présidente. En 1858, un groupe de citoyens a fondé la Société d'agriculture du comté d'Arthabaska. Ce groupe a présenté la première exposition
agricole de ma région dans le cadre du Bal des moissons. Cette année, La Société d'agriculture des Bois-Francs va présenter sa 160e Expo
agricole de Victoriaville, du 9 au 15 juillet prochain. Il s'agit d'une activité majeure pour la
région d'Arthabaska-L'Érable qui est reconnue pour son agriculture,
un véritable fleuron de notre économie. Chaque année, plus de
25 000 visiteurs profitent de l'occasion pour en apprendre davantage sur l'agriculture, s'amuser et se divertir à travers les nombreuses
activités qu'on y propose.
Je tiens à saluer les
représentants qui sont ici présents : le président, M. Pierre
Desrochers, son épouse, Mme Claire
Corriveau, qui est une bénévole de longue date, ainsi que le directeur général,
M. Christian Arseneault. Je tiens
à remercier les bénévoles, les partenaires de l'expo, dont le MAPAQ, qui
permettent la présentation de cet événement
d'envergure. Bon 160e. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci, M. le député d'Arthabaska. Et nous vous souhaitons la bienvenue à l'Assemblée
nationale.
Pour la prochaine déclaration,
je cède la parole à M. le député de Rivière-du-Loup—Témiscouata.
Souhaiter du succès à M. Charlie Bilodeau à
l'occasion
des prochains Jeux olympiques d'hiver
M.
Jean D'Amour
M. D'Amour :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, en tant que député de Rivière-du-Loup—Témiscouata—Les Basques, c'est avec une grande fierté, ce
matin, que je désire adresser mes plus sincères félicitations à Charlie
Bilodeau, un athlète de la MRC des Basques qui se rendra aux prochains Jeux
olympiques.
Patineur
artistique en couple avec sa partenaire Julianne Séguin, le Pistolois a chaussé
les patins pour la première fois à
l'âge de trois ans, et c'est à l'âge de 13 ans qu'il a décidé qu'un jour
il participerait aux Jeux olympiques. Il quittera alors Trois-Pistoles
pour poursuivre ses objectifs, ce défi, donc, ce défi sportif, du côté de Montréal.
La
première compétition de Charlie et de Julianne aux Jeux olympiques aura lieu le
13 février prochain, donc dès les
prochains jours, à compter de 20 heures, pour le programme court, et le
14 février en soirée pour le programme long, où les résultats
finaux devraient être connus vers 22 h 30.
Évidemment,
toutes mes félicitations à Charlie! Toute la région est derrière toi. Non seulement la région, le Québec est derrière toi. Merci de faire honneur à notre
coin de pays comme tu le fais maintenant depuis un certain nombre d'années, et la
meilleure des chances t'accompagne. Merci.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie, M. le député. Maintenant,
nous sommes toujours à la rubrique des déclarations de députés, et je reconnais
M. le député de Gouin.
Souligner
la Semaine des enseignantes et des enseignants
M.
Gabriel Nadeau-Dubois
M.
Nadeau-Dubois : Merci, Mme la Présidente. Cette semaine se tient la 24e édition de la
Semaine des enseignantes et
enseignants sous le thème Votre enseignement, notre réussite à
tous!. Nous avons tous eu des
enseignantes et des enseignants qui
ont marqué notre parcours scolaire, une personne qui nous a fait grandir, qui
nous a inspirés, qui a changé le cours de notre vie. Ce sont des gens
qui dédient leur vie aux enfants du Québec.
Leur vie n'a rien de
glamour. Elle est remplie de soirées de correction pour donner à tous des
commentaires personnalisés, de fins de
semaine à faire du bricolage en vue du jour de l'Halloween, de soirées à
préparer des expos-sciences, à
entraîner l'équipe de Génies en herbe, à encadrer l'équipe sportive, à
organiser les sorties vertes, à inventer des projets, et j'en passe.
Les
enseignantes et les enseignants du
Québec sont les modèles de nos enfants. Ils les instruisent, et les éduquent,
et les socialisent. Cette semaine est un
moment pour leur rendre hommage malgré un système d'éducation qui trop souvent
ne reconnaît pas leur travail. Aux enseignants et aux enseignantes du Québec,
merci.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Merci, M. le député de Gouin. Et maintenant je vais
reconnaître Mme la députée de Gatineau.
Souligner la Journée québécoise de la médiation familiale
Mme
Stéphanie Vallée
Mme
Vallée : Merci, Mme la Présidente. Alors, aujourd'hui, j'aimerais souligner la huitième Journée québécoise de la médiation familiale.
Vous
savez, la médiation familiale, c'est un mode alternatif de résolution de
conflits qui met vraiment de l'avant le meilleur intérêt de l'enfant
et c'est une alternative avantageuse pour les parents, pour la famille, pour
les enfants. Le gouvernement du Québec soutient cette initiative-là en assumant le
coût de cinq heures de médiation pour une séparation, un divorce, deux
heures de médiation dans le cadre de la révision d'un jugement, et en plus
d'offrir des séances de parentalité
gratuites pour les parents, qui doivent entamer des procédures tellement
difficiles, tellement touchantes sur le plan humain.
Alors,
les résultats d'un dernier sondage nous démontrent que
84 % des utilisateurs du service
en sont arrivés à une entente grâce
au processus de médiation, c'est un gage de succès. Et je tiens à saluer
l'ensemble des médiateurs et des
médiatrices, qui oeuvrent avec passion et rigueur. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci, Mme la députée de Gatineau. Maintenant, je vais céder
la parole à M. le député de Bourget.
Souligner
l'ouverture du Centre Inspir'er, spécialisé en santé respiratoire
M.
Maka Kotto
M. Kotto :
Merci, Mme la Présidente. D'emblée, je ne peux vous cacher mon inquiétude face
à cette donnée officielle voulant que les citoyennes
et citoyens de l'est de Montréal aient une espérance de vie inférieure de neuf années à celle de celles et ceux vivant dans l'ouest de la ville, une situation liée notamment aux habitudes
de vie et à la pollution atmosphérique.
Il en résulte une pollution... une population, dis-je, plus affectée par des
maladies cardio-respiratoires.
Aussi, c'est avec enthousiasme que je tiens à
souligner l'ouverture, dans Bourget, du Centre Inspir'er de l'Association
pulmonaire du Québec. Le centre offre un
programme en santé respiratoire qui répond à des besoins bien précis hors du
milieu hospitalier, adapté à la condition de chacune et de chacun.
J'offre
donc mes félicitations à l'équipe de Mme Dominique Massie et aux
pneumologues associés à ce centre, qui, j'en suis sûr, contribuera à
améliorer la santé de notre population. Merci.
• (9 h 50) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie, M. le
député de Bourget. Je cède maintenant la parole à M. le député de
Drummond—Bois-Francs.
Féliciter Mme Danielle Gélinas et M. Daniel Benoit, intronisés
au Temple de la renommée des affaires de Drummondville
M.
Sébastien Schneeberger
M. Schneeberger :
Merci, Mme la Présidente. Alors, aujourd'hui, je veux souligner l'intronisation
de Mme Danielle Gélinas et
M. Daniel Benoit à titre de Bâtisseurs 2018 au Temple de la renommée
des affaires de La Chambre de commerce et d'industrie de Drummond.
La fructueuse
carrière de ce couple de pharmaciens a débuté lorsqu'ils ont fait l'acquisition
de la bannière Jean Coutu, à Drummondville,
en 1982. Aujourd'hui, les deux conjoints sont copropriétaires de six
succursales Jean Coutu avec
leurs trois enfants, Stéphanie, Marie-Michèle, Louis-Carl, qui sont devenus
associés à leur tour. Les inaugurations récentes de deux de leurs nouvelles succursales sur les boulevards
Lemire et Saint-Joseph démontrent combien ils ont su augmenter leur
offre de services. Leur réussite reflète le développement économique et le
pouvoir d'attraction drummondvillois, auquel ils contribuent eux-mêmes.
Alors, félicitations à Mme Gélinas et
M. Benoit pour votre proximité avec votre clientèle, votre capacité
d'adaptation et votre engagement dans la communauté!
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie, M. le député.
À
ce point-ci, j'aurais besoin de votre consentement afin de permettre à Mme la députée d'Hochelaga-Maisonneuve
de faire une 10e déclaration. Nous avons le consentement? Alors, Mme la
députée, la parole est à vous.
Souligner
la Semaine des enseignantes et des enseignants
Mme
Carole Poirier
Mme
Poirier : Merci, Mme la Présidente. Du 4 au 10 février se tient la Semaine des
enseignantes et des enseignants sous
le thème Votre enseignement, notre réussite à tous!. Chaque jour, les enseignantes et les enseignants relèvent le plus important défi pour l'avenir du Québec, soit de
s'assurer que notre jeunesse et que nous tous, nous possédions tous les
outils pour s'épanouir dans la société québécoise de demain.
C'est tout un défi que doivent relever
les enseignants, car enseigner, de nos jours, est devenu un travail complexe.
Les besoins des élèves sont de plus en plus
importants, et les classes, de plus en plus diversifiées. La tâche est devenue
de plus en plus difficile. Je prends donc
cette minute, au nom du Parti québécois, pour les remercier, pour souligner à
quel point leur travail est important, pour leur dire que nous
continuerons à tout faire pour les soutenir.
Tout
le monde connaît une enseignante ou un enseignant dans son entourage. Je vous
invite à prendre quelques instants, cette semaine, pour les remercier et leur
dire à quel point ils sont importants pour l'avenir du Québec. Merci,
Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie, Mme la
députée d'Hochelaga-Maisonneuve. Alors, ceci met fin à la rubrique des
déclarations de députés.
Et je suspends nos
travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à
9 h 53)
(Reprise à 10 h 2)
Le Président :
Mesdames messieurs, nous allons nous recueillir quelques instants.
Merci, et, dans ce
cas-là, c'est vrai, veuillez vous asseoir. Vous pouvez vous asseoir. Oui, oui,
oui.
Alors, nous
poursuivons les affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a
pas de déclarations ministérielles.
Présentation
de projets de loi
À la rubrique
Présentation de projets de loi, M. le leader du deuxième groupe d'opposition.
M.
Bonnardel :
Oui, M. le Président. Je vous demande d'appeler l'article a, s'il vous
plaît.
Le
Président : Je pense que vous aviez un collègue qui était
enclin à vouloir se lever encore plus rapidement que vous.
Une voix :
...
Le Président :
Alors, vous mettez ça sur la faute de votre chef? C'est fin, ça.
Projet
de loi n° 1091
Alors,
à l'article a du feuilleton, M. le député des Chutes-de-la-Chaudière présente
le projet de loi n° 1091, Loi modifiant la Loi sur les transports
pour rééquilibrer le partage de la contribution des automobilistes au transport
en commun au sein de la Communauté métropolitaine de Québec. M. le député de
Chutes-de-la-Chaudière.
M.
Marc Picard
M.
Picard : Merci, M. le Président. Ce projet de loi modifie la
Loi sur les transports afin que la société de transport de Québec et la Société de transport de Lévis se
partagent la contribution des automobilistes au transport en commun versée par le ministre des Transports à la Communauté
métropolitaine de Québec en proportion des contributions perçues des
automobilistes ayant leurs adresses sur le territoire de la ville de Québec, de
la ville de L'Ancienne-Lorette ou de la ville
de Saint-Augustin-de-Desmaures et des automobilistes ayant leur adresse sur le
territoire de la ville de Lévis. Merci, M. le Président.
Mise
aux voix
Le Président :
Est-ce que l'Assemblée accepte d'être saisie de ce projet de loi?
Des voix :
Adopté.
Le Président :
Adopté.
Dépôt
de documents
À la rubrique Dépôt
de documents, Mme la ministre de la Justice.
Rapports
annuels de certains ordres professionnels
Mme Vallée :
Alors, M. le Président, voici venu le temps de l'année pour déposer en liasse
les rapports annuels des ordres
professionnels suivants pour l'année 2016-2017, donc : les
acupuncteurs, les administrateurs agréés, agronomes, les architectes, les arpenteurs-géomètres, les
audioprothésistes, le Barreau, les chimistes, les chiropraticiens, les
comptables professionnels agréés, les conseillers en ressources humaines
et en relations industrielles agréés, les conseillers et conseillères d'orientation, les criminologues, les
dentistes, les denturologistes, les diététistes, les ergothérapeutes, les
évaluateurs agréés, les géologues,
les huissiers de justice, les hygiénistes dentaires, les infirmières et
infirmiers, les infirmières et infirmiers
auxiliaires, les ingénieurs, les ingénieurs forestiers, les inhalothérapeutes,
les médecins, les médecins vétérinaires, les notaires, les opticiens
d'ordonnance, les optométristes, les orthophonistes et audiologistes, les
pharmaciens, les physiothérapeutes, les podiatres, les psychoéducateurs et
psychoéducatrices, les psychologues, les sages-femmes, les sexologues, les techniciens et techniciennes
dentaires, les technologistes médicaux, les technologues en imagerie médicale,
en radio-oncologie et en électrophysiologie médicale, les technologues
professionnels, les traducteurs terminologues et
interprètes agréés, les travailleurs sociaux et thérapeutes conjugaux et
familiaux, et finalement les urbanistes. Et je vous dépose le tout. Et vivement
les clés USB, pour une deuxième année consécutive.
Le
Président : Alors, ces documents sont déposés. Et il n'y a pas
plus... il n'y aurait pas plus heureux que moi que d'avoir des clés USB,
effectivement. Ce n'est pas parce que je ne les demande pas.
Alors, M. le ministre de la Sécurité publique.
Plan stratégique 2017-2021 du
Comité de déontologie policière
M. Coiteux : Alors, c'est beaucoup plus légèrement, M. le Président, que je dépose le plan
stratégique du Comité de
déontologie policière 2017-2021, très sérieux, mais un document moins lourd.
Le Président : Ce document
est déposé et il est important. Alors, M. le leader du gouvernement.
Réponse à une pétition
M.
Fournier : Oui, M. le Président. Je dépose la réponse du gouvernement
à la pétition présentée par le député de Deux-Montagnes le
7 décembre 2017. Merci.
Le Président : Encore un
autre document important.
M. Fournier : Je ne dis pas d'autre
chose.
Le
Président : Non? Peut-être mieux, parce qu'on pourrait
continuer sur la même voie, hein, on pourrait peut-être continuer sur la
même voie.
Alors, pour ma part... Ce document, donc, est
déposé.
Modification à la composition
du Bureau de l'Assemblée nationale
Pour ma part,
je dépose la lettre que j'ai reçue de M. le premier ministre, dans laquelle il
m'informe que le député d'Abitibi-Est est désigné pour agir à titre de membre
suppléant du Bureau de l'Assemblée nationale. M. le vice-président.
Motion proposant d'adopter la
modification
Le
Vice-Président (M. Ouimet) :
Alors, M. le Président, je propose que cette modification à la composition du
Bureau de l'Assemblée nationale soit adoptée.
Mise aux voix
Le Président : Est-ce que
cette motion est adoptée? Adopté.
Dépôt de rapports de
commissions
Alors, à la
rubrique Dépôt de rapports de commissions, M. le vice-président de la
Commission de l'administration publique et député de Trois-Rivières.
Élection à la présidence de la
Commission de l'administration publique
M. Girard : M. le Président, je
dépose le rapport de la Commission de l'administration publique qui, le 6 février 2018, a procédé à l'élection à
la présidence de la commission, et j'en profite pour féliciter et souhaiter
bonne chance au député de Richelieu.
Le
Président : Merci. Nous nous joignons à vous, effectivement,
pour faire en sorte... et s'assurer de la chance qu'aura le député de
Richelieu, parce que c'est une commission extrêmement importante.
M. le président de la Commission des finances
publiques et député de Montmorency.
Consultations
particulières sur le projet de loi n° 150
M.
Bernier : Merci, M. le Président. Je dépose le rapport de la
Commission des finances publiques qui, les 30 janvier et 6 février 2018, a tenu des auditions
publiques dans le cadre de consultations particulières sur le projet de
loi n° 150, Loi concernant principalement la mise en oeuvre de certaines
dispositions des discours sur le budget du 17 mars 2016 et du
28 mars 2017.
Le Président : Ce document
est déposé.
Dépôt de pétitions
À la rubrique
Dépôt de pétitions... Dépôt de pétitions, j'ai plusieurs pétitions aujourd'hui.
J'en ai neuf, en fait. Et nous allons
nous en tenir au règlement. Je vais utiliser les 15 premières minutes, et
après cela celles qui n'auront pas été rendues
publiques ici, à l'Assemblée, le seront pour la séance de demain. Alors,
certaines pétitions pourront l'être demain. Alors, nous allons commencer
avec M. le député de Labelle.
Instaurer et appliquer un plan
d'action
relatif à la maladie de Lyme
M. Pagé :
Merci, M. le Président. Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à
l'Assemblée nationale, signée par 7 980 pétitionnaires.
Le Président : ...du son, ça
sera bon. Ce n'est pas de sa faute, mais il ne parle pas fort ou bien donc...
O.K.
• (10 h 10) •
M. Pagé :
Et d'ailleurs j'en profite pour saluer les gens de l'association de maladie de
Lyme qui sont avec nous dans les tribunes ce matin.
Désignation : citoyens et citoyennes du
Québec.
«Les faits invoqués sont les suivants :
«Considérant
que, selon l'INSPQ, la maladie de Lyme est une maladie infectieuse émergente
grave, méconnue des médecins, transmise aux humains par [des morsures]
de certains types de tiques infectées;
«Considérant
que plusieurs régions sont endémiques et que des cas sporadiques sont possibles
partout au Québec;
«Considérant
que l'ASPC reconnaît que la maladie de Lyme a plusieurs stades distincts, et,
si elle n'est pas traitée rapidement
et adéquatement, "des symptômes graves peuvent se produire et durer
pendant des mois, voire des années", pouvant mener — évidemment — à
l'invalidité;
«Considérant que le récent cadre fédéral relatif
à la maladie de Lyme souligne la nécessité de davantage de recherches pour pallier aux lacunes [du protocole]
de diagnostic et de traitement en vigueur — tests sanguins plus sensibles,
tableau clinique complexe et variable, et autres;
«Considérant
que des docteurs soignent la maladie de Lyme avec des traitements efficaces,
prouvés scientifiquement, [mais hors contrôle officiel,] hors protocole
officiel, et que leur utilisation peut entraîner des sanctions disciplinaires
[par des] médecins;
«Considérant
que des patients souffrant de la maladie de Lyme confirment ne pas être pris en
charge adéquatement par le système de
santé québécois, entraînant des conséquences extrêmement néfastes [pour la]
santé physique, psychologique et financière;
«Et l'intervention réclamée se résume
ainsi :
«Nous, soussignés, demandons au
gouvernement :
«La reconnaissance [premièrement] du problème
urgent de santé publique que pose la maladie de Lyme;
«[Deuxièmement,] l'utilisation prioritaire du
diagnostic clinique pour tous les stades de la maladie;
«[Troisièmement,]
d'octroyer une protection légale aux médecins prodiguant des soins hors
protocole officiel; et finalement
«La création
d'un comité, incluant obligatoirement l'AQML, veillant à l'instauration et à
l'application d'un plan d'action sur la maladie de Lyme.»
Je certifie que cet extrait est conforme à
l'original de la pétition.
Le
Président : Alors, l'extrait de cette pétition est déposé. Je
demanderais au député de Labelle, qui a une seconde pétition sur le même
sujet...
M. Pagé :
Oui. Bien, en fait, maintenant, c'est la copie papier. Donc, je dépose
l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée
nationale, désignée par... signée par 1 046 pétitionnaires. Vous
aurez donc compris que c'est plus de 9 000 personnes. Pour ce genre
de dossier, c'est quand même beaucoup de pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les
faits invoqués sont les suivants :
«Considérant que, selon l'INSPQ, la maladie de Lyme est une
maladie infectieuse émergente grave, méconnue des médecins, transmise
aux humains par la morsure de certains types de tiques infectées;
«Considérant que plusieurs régions sont endémiques et que des cas
sporadiques sont possibles partout au Québec;
«Considérant que l'ASPC
reconnaît que la maladie de Lyme a plusieurs stades distincts, et, si elle
n'est pas traitée rapidement et adéquatement, "des symptômes graves peuvent
se produire et durer pendant des mois, voire des années" pouvant mener à
l'invalidité — la
plupart du temps, c'est ce qui arrive;
«Considérant que le récent cadre fédéral relatif
à la maladie de Lyme souligne la nécessité de davantage de recherches pour pallier aux lacunes des protocoles
de diagnostic et de traitement en vigueur — tests sanguins peu sensibles, tableau
clinique complexe et variable, et autres;
«Considérant que des docteurs soignent la maladie de Lyme avec
des traitements efficaces, prouvés scientifiquement, mais hors protocole
officiel, et que leur utilisation peut entraîner des sanctions disciplinaires
[par] les médecins;
«Considérant que des patients souffrant de la maladie de Lyme
confirment ne pas être pris en charge adéquatement par le système de
santé québécois, entraînant des conséquences extrêmement néfastes [pour] leur
santé physique, psychologique et financière;
«Et l'intervention réclamée se résume
ainsi :
«Nous,
soussignés, demandons au gouvernement
du Québec : «[Premièrement,] la
reconnaissance du problème
urgent de santé publique que pose la maladie de Lyme;
«[Deuxièmement,] l'utilisation prioritaire du
diagnostic clinique pour [les différents] stades de la maladie;
«[Troisièmement,]
d'octroyer une protection légale aux médecins prodiguant des soins hors
protocole officiel; et finalement
«La création
d'un comité, incluant obligatoirement
l'AQML, veillant à l'instauration et à l'application d'un plan d'action
sur la maladie de Lyme.»
M. le Président, je certifie que cet extrait est
conforme à l'original de la pétition.
Le
Président : Alors, l'extrait de cette pétition est déposé.
J'inviterais maintenant M. le député de Deux-Montagnes.
Encadrer l'usage du cannabis
M.
Charette : Merci, M. le Président. Je dépose l'extrait d'une pétition
adressée à l'Assemblée nationale, signée par 810 pétitionnaires.
Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués sont les suivants :
«Considérant que les lieux publics sont
fréquentés par des familles, des enfants et des personnes vulnérables;
«Considérant que le cannabis dégage une odeur forte,
désagréable et hautement volatile pouvant potentiellement contenir des reliquats de substances toxiques ou
intoxicantes;
«Considérant
que l'usage répandu d'un produit à la vue
de tous en augmente la visibilité, l'attrait, la désensibilisation et la banalisation de ce même
produit;
«Considérant que la majorité de citoyens québécois ne consomment pas de cannabis et n'ont jamais
été consultés quant à l'encadrement de l'usage de cette drogue et
sachant qu'ils y seront quand même exposés;
«Considérant que le Code criminel canadien a
statué par le passé que la possession de plus de 30 grammes de cannabis
constituait de facto à une possession dans le but d'en faire le trafic;
«Et l'intervention réclamée se résume
ainsi :
«Nous,
soussignés, demandons au gouvernement du Québec de modifier son projet de loi n° 157,
Loi constituant la Société
québécoise du cannabis, édictant la Loi encadrant le cannabis et modifiant
diverses dispositions en matière de sécurité
routière, afin d'interdire toute
consommation de cannabis dans les lieux publics au Québec
et d'interdire tout usage ou consommation de cette drogue à la vue ou en
présence d'un enfant mineur dans quelque lieu que ce soit.
«Nous
suggérons au gouvernement du Québec de limiter à 30 grammes la possession
personnelle de cannabis en quelque lieu que ce soit;
«Nous lui
suggérons aussi d'entendre les représentants des milieux médicaux, sociaux et policiers avant
d'adopter sa loi sur l'usage
du cannabis.»
Je certifie que cet extrait est conforme à
l'original de la pétition.
Le Président : Alors,
l'extrait de cette pétition est déposé. J'inviterais maintenant M. le député de
Gouin.
Financer les organismes d'action communautaire autonome
M. Nadeau-Dubois : Merci, M. le Président. Je veux d'abord souligner
la présence en tribune de groupes communautaires
de la Montérégie, représentants de maisons de jeunes et de groupes qui
travaillent à la prévention de la dépendance, qui ont fait signer une
pétition de 30 000 noms, dont je dépose justement un extrait
aujourd'hui.
Donc, ceci
étant dit, je dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale,
signée par 6 157 pétitionnaires. Désignation : citoyens
et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués sont les suivants :
«Considérant
que les compressions dans les services publics et les programmes sociaux
fragilisent la population, ont des conséquences sur le respect des
droits sociaux et accentuent les inégalités;
«Considérant
que les groupes d'action communautaire autonome font face à une augmentation
des demandes de soutien en raison de ces compressions;
«Considérant [...] la mission de ces organismes est d'aider la
population à défendre ses droits et à améliorer ses
conditions de vie;
«Considérant les
contributions positives de ces organismes à la société québécoise, notamment en
termes de participation citoyenne, et leur rôle comme moteur de progrès social
depuis 50 ans;
«Considérant que ces organismes sont des OSBL
créés et administrés par des gens de la communauté et que les conseils
d'administration sont indépendants du réseau public, constituant ainsi la base
de leur autonomie;
«Considérant
que, depuis 15 ans, l'insuffisance ou l'absence d'indexation appauvrit les
organismes qui ne peuvent pas faire face à l'augmentation des coûts de
fonctionnement;
«Considérant que le sous-financement entraîne
des interruptions d'activités et des fermetures temporaires ou définitives
d'organismes;
«Et l'intervention réclamée se résume
ainsi :
«Nous,
soussignés, demandons au gouvernement du Québec de s'engager pour le
communautaire et pour la justice sociale par :
«Un
rehaussement de 475 millions de dollars, par année, du financement à la
mission des 4 000 organismes d'action communautaire autonome,
incluant les groupes en attente de financement;
«L'indexation annuelle des subventions;
«Le respect de leur autonomie; et
«Un réinvestissement dans les services publics
et les programmes sociaux.»
Je certifie, M. le Président, que cet extrait
est conforme à l'original de la pétition.
Le
Président : Alors,
l'extrait de cette pétition est déposé. J'inviterais maintenant
M. le député de Trois-Rivières.
Offrir des mesures fiscales aux occupants de résidences
pour aînés
M.
Girard : Merci, M. le Président. Je
dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée
par 151 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du
Québec.
«Les faits invoqués sont les suivants :
«Considérant
que, depuis plus de 10 ans, de nombreux complexes pour aînés offrent comme
mode d'hébergement à la fois des condos-services et des
appartements-services;
«Considérant qu'il appert évident que tous les
aînés en perte d'autonomie ayant des conditions financières similaires devraient avoir droit au même soutien
de l'État en matière de soins à domicile, et ce, peu importe leur lieu
de résidence;
«L'intervention réclamée se résume ainsi :
«Nous, soussignés, demandons au gouvernement du
Québec de mettre fin immédiatement à toute forme de discrimination fiscale
entre les résidents de résidences pour aînés, quel que soit leur mode d'hébergement,
et plus particulièrement nous demandons :
«Que la
certification des résidences privées pour aînés soit étendue à toutes les
unités d'habitation d'un complexe immobilier pour aînés logeant à la
même adresse, qu'il s'agisse d'un condo-service ou d'un appartement en
location;
«Que les
résidents des condos-services et des appartements-services aient droit au même
montant de crédit d'impôt pour maintien à domicile pour des besoins
identiques;
«Que toutes
les prestations de services rendus par l'exploitant du complexe immobilier à
ces mêmes résidents soient totalement exonérées [de] taxes à la
consommation.»
Je certifie que cet extrait est conforme à
l'original.
Le Président : Alors,
l'extrait de cette pétition est déposé. Je pense que vous avez une deuxième
pétition.
M.
Girard : Effectivement, M. le Président, la première étant électronique et la deuxième
étant sous format papier. Donc, la désignation de cette pétition : citoyens
et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués sont les suivants :
«Considérant
que, depuis plus de 10 ans, de nombreux complexes pour aînés offrent comme
mode d'hébergement à la fois des condos-services et des
appartements-services;
«Considérant qu'il appert évident que tous les
aînés en perte d'autonomie ayant des conditions financières similaires devraient avoir droit au même soutien de l'État en
matière de soins à domicile, et ce, peu importe leur lieu de résidence;
«L'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous, soussignés, demandons au gouvernement du Québec de
mettre fin immédiatement à toute forme de discrimination fiscale entre
les résidents de résidences pour aînés, quel que soit leur mode d'hébergement,
et, plus particulièrement, nous demandons :
«Que la certification des résidences privées pour aînés soit
étendue à toutes les unités d'habitation d'un complexe immobilier pour aînés logeant à la même adresse,
qu'il s'agisse d'un condo-services ou d'un appartement en location;
«Que les résidents des condos-services et des
appartements-services aient droit au même montant de crédit d'impôt pour
maintien à domicile pour des besoins identiques; et
«Que toutes les prestations de services rendus par
l'exploitant du complexe immobilier à ces mêmes résidents soient
totalement exonérées des taxes à la consommation.»
Le Président :
Alors, l'extrait de cette...
• (10 h 20) •
M. Girard :
Cet extrait est conforme à l'original de la pétition.
Le Président : Bien sûr. Alors, l'extrait
de cette pétition est déposé. J'invite maintenant M. le député de Lévis.
Réinstaurer le programme de procréation assistée
M. Paradis (Lévis) : Merci, M. le Président. Je dépose l'extrait d'une
pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par
7 226 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du
Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant que
l'infertilité n'est pas un choix;
«Considérant que
l'Organisation mondiale de la santé reconnaît l'infertilité comme une maladie;
«Considérant que
cette maladie est diagnostiquée par un médecin suite à plusieurs
investigations;
«Considérant que
cette maladie touche près d'un couple québécois sur six;
«Considérant que la
fécondation in vitro est souvent la seule solution envisageable pour ces
couples;
«Considérant que les
coûts du programme sont exorbitants à assumer pour le couple;
«Considérant que le coût du programme représente seulement
0,2 % du budget dédié à la santé pour 2014-2015;
«Considérant que ce
programme est nécessaire pour permettre à des milliers de couples de devenir
parents;
«Considérant que le programme amène plusieurs retombées
positives pour la santé des mères et des enfants et pour le Québec, notamment : dont plus de
5 000 naissances depuis la mise en place du programme, une diminution
de 22 % des grossesses multiples suite à une fécondation in vitro, une
diminution de 8 % en quatre ans du taux d'enfants nés
prématurément, une augmentation du taux de grossesses viables avoisinant [...]
60 %.
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous, soussignés, demandons au gouvernement du Québec de
réinstaurer le programme québécois de procréation assistée en proposant certaines modifications pour
recadrer le programme et le rendre financièrement viable, afin que tous
les couples infertiles puissent donner la vie.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition.
Le Président : Alors, l'extrait de cette
pétition est déposé. J'ai reçu une demande de pétition de la part de M. le député de Trois-Rivières, qui est non conforme.
Est-ce qu'on a le consentement pour l'écouter? Alors, M. le député de
Trois-Rivières.
Offrir des mesures fiscales aux occupants de résidences
pour aînés
M. Girard : Merci, M. le Président. Donc,
je dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale,
signée par 182 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes
du Québec.
«Il n'y a pas de
faits invoqués.
«L'intervention réclamée se résume ainsi :
«Nous, soussignés, demandons au gouvernement du
Québec de mettre fin à la discrimination fiscale dans les résidences pour
aînés.»
Je certifie que cet extrait est conforme à
l'original de la pétition.
Le Président : Alors,
l'extrait de cette pétition est déposé. Il en reste une, on la fera demain.
C'est beau?
Alors, comme
il est prévu, il n'y a pas de questions orales ni... pas de questions
orales aux pétitions... il n'y a pas de réponses orales aux pétitions.
Des voix : ...
Le
Président : S'il n'y
a pas de questions orales, on va s'en aller tout de suite, mais je
pense que ce n'est pas le cas.
Alors, il
n'y a pas de réponses orales aux pétitions ni d'interventions portant sur une question
de droit ou de privilège.
Questions et réponses orales
Nous en sommes donc rendus à la période de questions
orales, justement, et de réponses orales aussi, très probablement. Alors, je
vais inviter Mme la députée de Joliette.
Attribution de contrats à Chantier Davie Canada inc.
Mme Véronique Hivon
Mme
Hivon : On le sait, il y a actuellement des centaines d'emplois en jeu au chantier naval Davie. On le sait
aussi, le gouvernement fédéral a
outrageusement ignoré les travailleurs de chez nous dans l'octroi des contrats pour sa
stratégie navale, au profit d'Halifax et Vancouver. Et on le sait aussi, oui,
c'est moins de 1 % des contrats qui sont revenus au Québec,
alors que les Québécois paient pourtant 20 milliards de la facture.
Mi-janvier, Justin Trudeau, face à une pression intenable, a avancé que la Davie pourrait obtenir des contrats pour
quatre brise-glaces, évidemment bien insuffisants pour
conserver les 800 emplois en jeu, mais, de surcroît, il a entouré le tout d'un
flou artistique dont lui seul a le secret. Ça va faire un mois que Justin Trudeau a dit ça et ça va faire un mois
qu'on est toujours dans le flou le plus complet, mais les
familles, elles, sont dans l'inquiétude la plus complète.
Est-ce que le
premier ministre va se contenter de vagues promesses ou s'il va se
battre pour les travailleurs d'ici et obtenir un échéancier concret?
Le Président : M. le ministre
responsable du dossier maritime.
M. Jean D'Amour
M.
D'Amour : Alors, M. le Président, dans les représentations que
nous avons faites depuis un certain nombre de semaines auprès du gouvernement fédéral, nous allons aujourd'hui
encore plus loin parce que nous réclamons le fait que la Davie soit
reconnue à l'intérieur de la stratégie nationale de remplacement des navires du
gouvernement fédéral.
Le message
qui était le nôtre avant les fêtes demeure, M. le Président : le sort des
800 travailleurs, pour nous, c'est important. C'est la raison pour laquelle aussi... au-delà du navire l'Obelix
qui était sollicité avant Noë, c'est la raison pour laquelle moi, j'étais intervenu directement pour
les navires de la garde côtière, on allait plus loin au niveau des brise-glaces.
Et aujourd'hui, pour nous, ce qui est
important, ce qui est une priorité, c'est que la Davie, que le Québec soient
reconnus à l'intérieur de la
stratégie nationale de remplacement des navires. Nous avons fait des
représentations, nous allons continuer à le faire parce qu'il y a une seule issue : c'est la protection des
emplois. Pour nous, c'est important, les 800 travailleurs. Une partie d'entre eux ont été licenciés avant les
fêtes, pour nous, c'est inacceptable. Il faut penser à ces familles, c'est
une question de pain et de beurre.
Nous avons une stratégie maritime pour le Québec, la circulation augmente sur le
Bas-Saint-Laurent, il y a des besoins à combler, et le gouvernement
fédéral doit être à l'écoute.
Le Président : Première
complémentaire, Mme la députée de Joliette.
Mme Véronique Hivon
Mme
Hivon :
J'entends les belles paroles du ministre, mais j'aimerais vraiment savoir ce
que le premier ministre va faire de
concret. Parce que ça fait des mois qu'on nous dit qu'on se bat pour la Davie,
qu'on se bat pour les travailleurs. Bien,
quand on est premier ministre du Québec, notre premier travail, notre première
responsabilité, c'est de se battre bec et ongles pour les travailleurs, pour les Québécois, pour le Québec, face
au fédéral, quand on paie une aussi grande part de la facture. Je n'entends rien de concret. Je veux de
la pression, du concret et un échéancier concret pour les travailleurs du
Québec.
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît! M. le ministre délégué aux Affaires maritimes.
M. Jean D'Amour
M.
D'Amour : M. le Président, ce qui est concret, c'est qu'au cours des
dernières semaines et des derniers mois on n'a jamais entendu les questions de l'opposition, soit dit en
passant, ce qui est concret, c'est le premier ministre qui a fait une
marche aux côtés des travailleurs, et des citoyens de Lévis, et de la Rive-Sud
avant les fêtes...
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît!
M.
D'Amour : ...ce qui est
concret, c'est l'appui indéfectible du ministre responsable de Québec, de la
ministre responsable de Bellechasse et du ministre responsable de la
Stratégie maritime. Nous, au nom des Québécois, nous réclamons... Et, je le répète, M. le Président, ce n'est pas banal, là,
pour la première fois, le Québec doit faire partie de la stratégie nationale de remplacement des navires.
Ce ne sont pas de belles paroles, c'est un engagement ferme de notre
gouvernement parce qu'on croit à la Davie, on croit aux travailleurs et on
croit à l'industrie maritime du Québec.
Le Président : Deuxième
complémentaire, Mme la députée de Joliette.
Mme Véronique Hivon
Mme
Hivon :
M. le premier ministre, on a besoin d'un échéancier clair pour sortir de
l'inquiétude la plus complète dans
laquelle les travailleurs sont plongés, dans laquelle les familles sont plongées.
Ce n'est pas vrai qu'on va se contenter de miettes et d'un hypothétique
300 emplois, alors que c'est 800 emplois qui sont en jeu et que
l'injustice face au Québec, elle est énorme. Alors, j'aimerais que le
premier ministre me réponde, j'aimerais qu'il nous réponde.
Qu'est-ce qu'il va faire pour que le fédéral
change sa stratégie et qu'il soit là pour le Québec?
Le
Président : M. le ministre délégué aux Affaires maritimes.
M. Jean D'Amour
M.
D'Amour : M. le Président, quant à l'échéancier, là, quant à
l'échéancier, bien avant, depuis l'été dernier, on a fait le travail qui s'imposait dans les
circonstances, l'échéancier, pour nous, là, c'est maintenant. Il y a une
stratégie nationale de remplacement
des navires. On ne fera pas comme si ça n'existait pas, là. D'autres sont
reconnus, c'est le cas de Seaspan, c'est
le cas d'Irving. Nous, on souhaite que ce soit le cas de la Davie pour qui?
Pour qui? Pour les travailleurs. Je vais le répéter aussi souvent qu'il sera important de le répéter. On le fait
pour les travailleurs, parce qu'on a des besoins aussi, parce que le Québec est vulnérable au niveau de la
voie maritime, on a besoin de brise-glaces. Le gouvernement fédéral a
une très belle opportunité d'agir maintenant et d'accorder à la Davie...
Le Président :
En terminant.
• (10 h 30) •
M.
D'Amour : ...les contrats nécessaires pour le maintien des emplois, M.
le Président. C'est pour eux, c'est les travailleurs.
Le Président :
Principale, M. le député de Sanguinet.
Impact de l'entente entre
Bombardier inc. et
Airbus sur le développement des CSeries
M. Alain Therrien
M.
Therrien :
M. le Président, le 26 janvier, on apprenait que la Commission du commerce
international des États-Unis annulait les
droits compensatoires visant Bombardier. Bonne nouvelle, triste constat. Quand
ces gens-là ont pris
1,3 milliard d'argent des contribuables québécois, ils nous ont dit qu'on
aurait 50 % de la série C. Aujourd'hui, on est rendu à 19 %. Ils nous ont dit que les emplois seraient créés
au Québec, on apprend aujourd'hui qu'ils vont être créés en Alabama. On nous a appris aussi que le siège
social resterait au Québec, on apprend aujourd'hui que les décisions seront
prises en Europe. Pire que ça, en 2026, la propriété de la série C va être
possession exclusive à 100 % de l'entreprise européenne Airbus. Écoutez, il faut que ces gens-là arrêtent de conter
des histoires, M. le Président, là, il faut qu'ils nous disent la
vérité, la vérité.
Est-ce
que vous avez cédé devant la menace non crédible des Américains? Vous avez
donné la série C pour rien, zéro.
Le Président :
Madame...
Des voix :
...
Le Président :
Ça va. Oui, conclusion bizarre, mais... Mme la ministre de l'Économie.
Mme Dominique Anglade
Mme
Anglade : Merci. Merci, M. le Président. Écoutez, dans toute l'histoire de l'aérospatiale, vous
conviendrez avec moi que le gouvernement du Québec a investi dans un seul et unique but. Le premier,
c'est de nous assurer qu'il y ait de
l'innovation qui se fasse au Québec. Le second, de nous assurer que nous ayons des
emplois de qualité ici, au Québec. À
partir du moment où le gouvernement a décidé d'investir en 2015, M. le Président, dès le départ nous avons dit que ça prenait un partenaire stratégique, en plus du gouvernement du Québec, pour assurer la croissance et le déploiement du
CSeries.
À
partir de ce moment-là, nous avons cherché différents partenaires. Ce qui a été
présenté lorsqu'il y a eu l'entente de
partenariat avec Airbus, c'est la meilleure entente que nous avions pour nous
assurer que les emplois demeurent au Québec. Il y a une entente qui a été signée, cette entente-là prévoit
que les emplois vont rester au Québec jusqu'en 2042. Écoutez, les employés sont
satisfaits, l'industrie aérospatiale est satisfaite. Au bout du compte, M. le Président, on constate qu'on est
capables de préserver les emplois à long
terme, et c'est ce qui compte. Alors,
les gestes comme ceux-là, on va continuer
d'en poser parce qu'on voit que ça
donne un résultat concret avec l'économie du Québec, qui se porte fort bien.
Merci, M. le Président.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Sanguinet.
M. Alain Therrien
M.
Therrien : Je peux
vous dire qu'Airbus est très, très,
très satisfaite puis que l'Alabama aussi, ils sont très, très satisfaits parce que c'est eux autres qui vont
hériter de tout l'effort que les Québécois ont mis dans la série C au niveau de
l'ingénierie, l'aide gouvernementale puis le
1,3 milliard. À titre préventif, là, ils ont donné la compagnie. À titre
préventif, ils
ont fait que le tiers de la production va être aux États-Unis. À titre
préventif, ils ont fait en sorte que 400 emplois seraient créés en
Alabama.
À
titre préventif, là, est-ce qu'ils n'auraient pas dû investir dans Bombardier à
la place d'investir dans la série C?
Des voix :
...
Le Président :
Chut, chut, chut! On va écouter Mme la ministre de l'Économie.
Mme Dominique Anglade
Mme
Anglade : M. le Président, si on avait écouté l'opposition,
aujourd'hui on n'aurait même pas eu cette question parce qu'on n'aurait même pas eu de CSeries. Il
n'y en aurait pas, de CSeries. C'est ça, la réalité, M. le Président. Grâce
au gouvernement puis grâce au fait qu'on a
investi dans le CSeries, on obtient des résultats concrets. En fait, depuis
l'entente avec Airbus, ce qu'on a
constaté, c'est qu'il y a des commandes qui sont rentrées. C'est ça qu'ils
devraient dire. Depuis qu'on a signé
un partenariat et qu'on a annoncé ce qu'on allait faire, on constate une chose,
des commandes qui ont été annoncées
de manière très concrète, et la société se porte mieux, la société CSeries se
porte mieux. Alors, encore une fois, ça démontre bien à quel point
l'investissement était judicieux de la part du gouvernement, M. le Président.
Merci.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M. Jean-François Lisée
M. Lisée :
Est-ce que le premier ministre peut se lever puis nous dire sérieusement que,
si c'était à refaire, c'est-à-dire prendre panique à cause de la demande de
Boeing, de donner la CSeries à Airbus, il referait la même erreur? Et est-ce qu'il peut admettre aujourd'hui
que cette erreur fait en sorte que toutes les CSeries qui seront vendues à des
compagnies américaines seront faites aux États-Unis ou est-ce qu'il va au moins
essayer de reprendre ça?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président, j'écoutais mon collègue, qui parlait d'interventions
faites à titre préventif. À titre préventif...
qu'aucun des deux partis de l'opposition ne trouve le gouvernement, M. le
Président, parce qu'on l'aurait perdue, la série C, on aurait perdu
l'aéronautique...
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît!
M. Couillard :
M. le Président, c'est la réalité. Et, s'ils ne croient pas ça, qu'ils aillent
parler au président de Bombardier, qu'ils entendent de sa bouche ce qu'il pense
des actions des oppositions pendant cette période-là.
Moi,
ce que je sais — et les
travailleurs nous l'ont dit — on a sauvé des emplois, pas une fois, deux
fois. Et, oui, s'il fallait encore sauver des emplois, on va encore être là
pour les travailleurs de Bombardier. Puis on aura l'occasion d'aller les voir, les travailleurs de Bombardier.
On sait dans quelle région ils sont, on va leur dire comment le Parti québécois
s'est comporté, comment la CAQ s'est comportée pour les abandonner et laisser
aller leurs emplois si on avait écouté leurs solutions bidon.
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît! Principale, Mme la députée de Taillon.
Conditions de travail du
personnel infirmier
Mme Diane Lamarre
Mme Lamarre :
Le ministre de la Santé a changé de ton avec les infirmières cette semaine. Ce
n'était pas prématuré. Alors que, la semaine
dernière, il leur demandait d'être plus positives, le ministre semble surpris
d'apprendre jusqu'à quel point ça va
mal. Pourtant, depuis 2015, les feux clignotent au rouge. Si l'entente de 2015
prévoyait déjà des ratios en 2015,
c'est qu'il y avait déjà des
surcharges de travail reconnues par le ministre. Aucun suivi. En juin 2016, dans le rapport sur les conditions de vie en CHSLD, des députés des trois partis ont réclamé des
ratios sécuritaires. Aucun suivi. En novembre 2016, rapport d'une
coroner qui blâme la surcharge de travail des infirmières, elle est responsable
de 175 patients. Aucun suivi.
Été 2017, explosion des arrêts de travail, épuisement professionnel.
Novembre dernier, publication par les infirmières du Livre noir de la
sécurité des soins. Hier, il s'est engagé à agir d'ici deux semaines.
Qu'est-ce qui
garantit que le gouvernement va enfin prendre cette crise au sérieux et qu'il
n'est pas encore en train de gagner du temps?
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M. Barrette :
Et alors je vais revenir, M. le Président, parce que l'occasion m'est offerte,
sur la rencontre que j'ai eue hier
avec la présidente de la FIQ, Mme Bédard, une femme que je qualifierai de
déterminée, avec beaucoup d'énergie, et
qui a une vision très claire de la situation, et avec laquelle j'ai eu une rencontre très cordiale de deux heures où on a
fait le point sur la situation.
Et le point,
il est très, très clair, M.
le Président, et c'était un peu ça
qui était l'enjeu. La récrimination première qui a été exprimée avec beaucoup de candeur et de franchise, elle est très simple.
Ce que nous avons convenu qui était la solution
demeure la bonne. Et le reproche que l'on a fait et auquel j'acquiesce, c'est
vrai, là, elles ont raison, c'est ça qui est
important, aujourd'hui on devrait
être rendus un peu plus loin dans les démarches qu'on a mises en place, qui
sont les bonnes, qui sont les bonnes
et qui, on en a convenu, ne donnent pas une réponse immédiate, mais qui
génèrent l'espoir recherché par ces professionnelles, qui le méritent.
Le Président : En terminant.
Première complémentaire, Mme la députée de Taillon.
Mme Diane Lamarre
Mme
Lamarre : Bien, cet espoir, M. le Président... C'est en 2015 que ça
avait été signé, cette entente-là, et il ne s'est rien fait sur les
ratios et sur les études. Alors, le ministre a été négligent à ce niveau-là.
Pour régler la détresse d'Émilie Ricard, de Johanne Leclerc et des autres
infirmières surchargées, ça prend une action rapide.
Est-ce que le
ministre va s'engager aujourd'hui à débloquer un fonds d'urgence pour des
postes supplémentaires d'ici deux semaines?
Le Président : M. le ministre
de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : Je ne pense pas me tromper en disant que c'est la deuxième
fois, donc hier et aujourd'hui, qu'au Parti
québécois on s'intéresse à cette problématique-là par l'injection de fonds
supplémentaires. On en a parlé hier, l'enjeu, ce n'est pas une addition de fonds, mais bien de mettre en place la
convention qu'on a convenue, qui, elle, prévoit de mettre en place des
démarches pour déterminer de nouveaux ratios qui, eux, vont générer,
évidemment, la prise de postes qui va amener
à faire en sorte qu'on améliore la situation. On n'a pas parlé une fois
d'argent, M. le Président. Puis j'ai posé la question : C'est-u ça,
le problème? Elles ont dit : Non, le problème, c'est l'organisation du
travail...
Le Président : En terminant.
M. Barrette : ...et c'est ce à quoi
je me suis engagé d'accélérer.
Le Président : Deuxième
complémentaire, Mme la députée de Taillon.
Mme Diane Lamarre
Mme
Lamarre : L'argent supplémentaire, M. le Président, ce n'est pas de
l'argent neuf, c'est de l'argent pour remplacer
toutes les coupes que le ministre a imposées au système et qui donnent les
conséquences qu'on a aujourd'hui.
Moi, je veux prendre un moment pour dire aux
infirmières que le Parti québécois est à leurs côtés et qu'on va continuer à suivre ce dossier-là de près parce que
le ministre a une obligation de résultat, et ça, rapidement. Le bateau coule, les infirmières sont épuisées, et ce n'est
pas dans deux ans, avec des ratios, qu'on va régler le problème qui est urgent,
immédiat.
Le Président : M. le ministre
de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : Moi, M. le Président, je suis content que le Parti
québécois suive ça de près. Le Parti québécois sera heureux du succès que nous aurons avec une organisation qui a, à sa tête, une femme, je l'ai dit tantôt,
déterminée, qui voit clair, qui sait exactement où est-ce qu'elle s'en
va.
Et moi, je vais terminer là-dessus, M. le
Président, devant moi hier, là, j'avais le plaisir d'avoir non pas une
adversaire, mais une partenaire avec laquelle on va travailler à mettre en
application des solutions qu'elles ont même évoquées
et à propos desquelles j'ai reconnu que le côté administratif n'était pas allé
assez vite. Je me suis engagé à aller
plus vite, et le résultat...
Le Président : En terminant.
M. Barrette :
...va être atteint.
• (10 h 40) •
Le Président : Principale, M.
le chef du deuxième groupe d'opposition.
Correctifs envisagés pour éliminer les disparités
entre les comptes de taxe scolaire
M. François Legault
M. Legault : M. le
Président, le gouvernement est à court d'arguments pour défendre son bricolage de taxe scolaire.
Le premier
ministre répète : Ah! le prix
des maisons n'est pas le même d'une région à l'autre, donc c'est normal que les
taux de taxe ne soient pas les mêmes. Je vais l'aider un peu à comprendre son
incohérence.
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît!
M. Legault : Prenons deux régions éloignées qui se
ressemblent : l'Abitibi-Témiscamingue et le Saguenay—Lac-Saint-Jean. Valeur moyenne des maisons : 189 000 $ dans un cas, 183 000 $ dans l'autre. Donc, ça
se ressemble, on va être d'accord
avec ça. Quand on regarde les taux de taxe scolaire : 0,30 $ du
100 $ d'évaluation au Saguenay, 0,13 $ en Abitibi-Témiscamingue. Donc, les gens du Saguenay
paient plus que deux fois pour la même maison les taxes scolaires.
Donc, est-ce que le premier ministre peut dire,
là, ce matin aux gens du Saguenay—Lac-Saint-Jean : Je ne vais pas modifier le taux de taxe, je suis content
du fait que vous payez plus que deux fois le taux de taxe de
l'Abitibi-Témiscamingue?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : Alors, je ne
ferai pas porter l'argumentaire sur le bricolage parce qu'on en aurait long à
dire. Mais ce que je vais dire aux
gens de ma région, bien, c'est... En passant, j'habite là, moi aussi, j'ai ma
maison là aussi, je reçois mon compte de taxe scolaire là aussi.
Ce que je
sais, c'est que les gens du Saguenay—Lac-Saint-Jean et de l'Abitibi vont tous assister
à une diminution de leur taxe
scolaire — ça, je
sais ça — mais
que, dans la même région, il n'y aura plus d'inéquité. Le citoyen qui vit d'un
bord puis de l'autre de la même... d'une autre rue, ils vont payer la même
chose. C'est ça qu'il faut dire.
Ce que je
sais également, c'est que, par opposition à ce que propose de façon très rapide
et très superficielle le chef de la
deuxième opposition, qui dit : Bien, c'est facile, on va faire ça à la
grandeur du Québec sans étudier aucune répercussion
de ce qu'il dit, là, parce qu'il veut abolir les commissions scolaires en même
temps, là — alors,
c'est particulier comme situation,
mais on reparlera de ça une autre fois — ce que je leur dis, aux citoyens de ma
région et des autres régions, c'est
que nous, on va également protéger les sommes requises pour l'enseignement à
nos enfants. Il est prêt à faire une amputation de centaines
de millions de dollars uniquement pour un argument électoraliste, M. le
Président.
Le Président : Première
complémentaire, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M. François Legault
M. Legault :
Ce qui est divertissant avec le premier ministre, c'est que, quand la CAQ fait une proposition, d'abord il
déchire sa chemise, hein, il dit que c'est superficiel, brouillon, puis, quelques
semaines plus tard, il copie la CAQ. Ma question est claire,
là. Le taux de taxe scolaire est de...
Des voix : ...
Le Président : Ah! M. le
député de Rousseau, j'entends bien madame aussi, mais, en fait, il y a rien
qu'une personne ici que je devrais entendre, c'est M. le chef du deuxième
groupe d'opposition. C'est à vous la parole.
M. Legault : Le taux de taxe scolaire, 0,13 $ en Abitibi, 0,30 $ au Saguenay—Lac-Saint-Jean. Est-ce que le premier
ministre est content de ça? Est-ce qu'il va le modifier, oui ou non?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : Je n'en reviens
pas, quelqu'un qui a déjà été ministre de l'Éducation, poser une question
semblable. C'est une ignorance
complète de la réalité des régions, de la réalité différente des régions. Et je
vais redire très fort aux gens des régions que moi, je vais être là pour protéger le budget
destiné à l'enseignement de nos enfants, et ça, c'est un engagement
précis et formel qu'on va prendre.
Maintenant,
heureusement qu'on ne copie pas trop la CAQ parce qu'on serait dans le trouble
pas à peu près. On aurait annoncé des
barrages pas nécessaires, on aurait annoncé des bébés-bonus du siècle
précédent, on ne voudrait pas
d'immigration alors que les gens veulent les travailleurs dans les usines, on
aurait promis d'abolir la péréquation en quelques mois.
Une voix :
...
M. Couillard : Le pont de Québec, ah oui! supprimer le pont de Québec, le Fonds des
générations. Aïe! c'est une absurdité après l'autre, M. le Président.
Alors, on ne veut surtout pas copier la CAQ.
Des voix :
...
Le
Président : Je vous annonce... Outre le fait qu'il y a d'autres
considérations qui pourraient être entendues, on annonce un peu,
beaucoup de neige cet après-midi. C'est peut-être ça qui rend...
Deuxième
complémentaire, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M. François Legault
M.
Legault : Ce que je comprends, là, c'est que le premier
ministre est prêt à défendre, à tolérer que les gens de sa région, au Saguenay—Lac-Saint-Jean, paient plus du double de taxe
scolaire que ceux de l'Abitibi-Témiscamingue pour la même valeur de
maison. Bien, il devra vivre avec sa décision.
Le Président :
Bon, M. le...
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît! M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : ...un petit plus de sérieux, M. le Président, là. Comparez le niveau de
services, comparez le niveau de dépenses des organisations scolaires dans les
deux régions, puis là on pourra avoir une discussion peut-être intelligente,
peut-être intelligente.
Alors,
j'ai parlé des barrages, des bébés-bonus. Aïe! bientôt, ils vont nous dire que,
dans le fond, ils sont d'accord avec
l'immigration, je vous le prédis, là, puis, bientôt, ils vont dire que, dans le
fond, le transport collectif, ce n'était pas une mauvaise idée. Mais nous, on parle de conciliation travail-famille,
eux autres trouvent que les Québécois ne travaillent pas assez, ils sont déçus que les Québécois sont
paresseux. On veut que les gens vivent mieux dans leurs familles, M. le
Président.
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît! Principale, M. le député de Lévis.
Hausse de la contribution
financière des personnes handicapées
hébergées par une ressource intermédiaire ou de type familial
M. François Paradis
M. Paradis (Lévis) : Merci, M. le Président. Dans une décision totalement injuste, la RAMQ
vient d'imposer un nouveau choc
tarifaire de 876 $ par année à
près de 18 000 personnes handicapées de moins de 65 ans inaptes au travail
et qui sont hébergées dans des
ressources intermédiaires et de type familial. Ces milliers de personnes à
faibles revenus doivent maintenant payer 73 $ de plus par mois, c'est
15 % d'augmentation. La RAMQ va maintenant piger environ 15 millions
de dollars dans les poches de
personnes handicapées, de personnes qui vivent avec des déficiences
intellectuelles ou avec des problèmes
de santé mentale et qui sont inaptes au travail. L'Association des ressources
intermédiaires du Québec n'a jamais été
consultée et a appris dans le journal que leurs résidences seront pénalisées.
Elle dénonce cette mesure. D'ailleurs, leur porte-parole est avec nous
dans les tribunes et serait prêt à rencontrer les ministres, car la question
s'adresse à eux.
Est-ce
que les ministres de l'Emploi et de la Solidarité sociale et de la Santé vont
reculer et annuler immédiatement ce nouveau choc tarifaire imposé aux
plus vulnérables?
Le Président :
M. le ministre de l'Emploi.
M. François Blais
M.
Blais : Alors, M. le Président, la CAQ a annoncé ce matin qu'elle
allait modifier le calcul de la contribution mensuelle pour les dizaines de milliers de personnes qui sont en
hébergement familial ou en hébergement intermédiaire. Donc, ça vaudra la peine de nous dire exactement
comment ils vont faire, hein, pour modifier ce barème qui existe depuis
des années, qui existe d'ailleurs à l'époque où son chef était ministre de la
Santé.
Maintenant,
resituons exactement le débat là où il doit se trouver. Nous avons annoncé en
décembre dernier le plus important
plan de lutte contre la pauvreté de l'histoire du Québec. Nous allons sortir
plus de 100 000 personnes de la pauvreté,
et parmi elles les plus défavorisées, les personnes avec des contraintes
sévères, et nous avons déjà commencé à verser
des augmentations à 128 000 personnes dès février dernier. Parmi ces
128 000 personnes, des gens qui vont pouvoir avoir un meilleur logement, des gens qui auront un
peu plus d'argent
pour acheter une meilleure alimentation, pour mieux se nourrir, pour avoir — qui
sait? — un peu plus de loisirs. Maintenant, parmi ces 128 000, il y a 8 000 personnes qui sont en hébergement...
Le Président : En terminant.
M. Blais : Alors, j'aurai l'occasion
de continuer. Merci.
Le Président : Je présume que
oui. En complémentaire, M. le député de Lévis.
M. François Paradis
M. Paradis
(Lévis) : M. le Président,
il y a 18 000 personnes touchées. On donne d'une main et on reprend de
l'autre. Le ministre de l'Emploi et de la
Solidarité sociale avait semblé démontrer une certaine ouverture hier à revoir
les règles, il l'a dit dans le
journal. Mais hier le Parti libéral a voté contre une motion très claire de la
CAQ qui lui demandait de reculer immédiatement. C'est simple, M. le Président, le gouvernement libéral ne peut pas prendre six mois avant d'agir parce
que le choc tarifaire de 876 $ est imposé depuis le 1er février.
Le gouvernement va-t-il, dès maintenant, annuler
ce choc tarifaire avant de revoir les règles?
Le Président : M. le ministre
de l'Emploi.
M. François Blais
M.
Blais : Alors, il y a beaucoup
de confusion, là, dans ce que dit notre collègue, hein? Il y a beaucoup
de confusion, il n'y a aucun choc
tarifaire. Il n'y a aucun choc tarifaire, les personnes ont droit aujourd'hui aux mêmes services et aux mêmes types de revenus qu'ils avaient auparavant.
Cependant,
effectivement, nous avons annoncé que nous allons augmenter le
revenu des personnes, hein, qui ont des contraintes sévères, dont les personnes qui sont en hébergement. Cet argent-là
leur appartient. Cet argent-là leur est versé à eux. Et plus, M. le Président, je vous annonce que, l'an
prochain, nous allons continuer. Je vous annonce que, dans deux ans, nous
allons continuer parce que notre objectif, c'est de faire passer leurs revenus
à eux de 12 500 $ à 18 000 $. Cependant...
Le Président : En terminant.
M. Blais : ...il y a des barèmes qui
sont pratiqués à la RAMQ, nous avons déjà...
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le député de Lévis.
M. François Paradis
M. Paradis
(Lévis) : M. le Président, Le
Devoir rapportait samedi dernier que Mme Nicole David, curatrice privée,
a reçu une lettre de la RAMQ lui indiquant
que le loyer exigé à son proche, dont elle assure la protection depuis plus de
20 ans, est passé de 747 $ à 820 $ par mois depuis le 1er février. Il
y a une réalité à travers ça.
Qu'est-ce que
le ministre répond à Mme Nicole David, qui s'inquiète pour son proche?
Qu'est-ce qu'il répond aux 18 000 personnes qui se font imposer
cette nouvelle hausse?
Le Président : M. le ministre
de l'Emploi.
M. François Blais
M. Blais : Encore une fois, je n'ai
pas entendu mon collègue parler du plan de lutte contre la pauvreté. Est-ce qu'il nie que l'on va sortir
100 000 personnes de la pauvreté de manière durable et permanente?
Est-ce qu'il l'a nié? Non. Est-ce
qu'il nie que ces sommes-là sont aussi accordées à toutes les personnes qui
sont en hébergement? Non, ces sommes-là leur sont accordées.
Cependant, il
y a un enjeu d'équité parmi toutes les personnes qui vivent en hébergement.
J'en ai parlé hier, mon collègue le
ministre de la Santé est sensible à la situation. On va réévaluer possiblement
les barèmes qui sont en cause, mais ces barèmes existaient alors que son
chef était ministre de la Santé, et il les appliquait à l'époque.
• (10 h 50) •
Le
Président : Principale...
Des voix :
...
Le Président :
Principale? Ça va? On va l'écouter. Principale, M. le député de René-Lévesque.
Développement du transport
aérien régional
M. Martin Ouellet
M. Ouellet : Merci beaucoup, M. le Président. Suite à une consultation de près de
deux ans, le premier ministre a annoncé
devant les gens de la Gaspésie, de la Côte-Nord, de l'Abitibi-Témiscamingue et
du Saguenay qu'il allait n'y avoir aucune
solution immédiate pour diminuer le coût des billets d'avion des vols
régionaux. Le plan libéral : des études, des consultations, des passerelles de communication
avec le fédéral. Bref, M. le Président, un café-causerie pour qu'on en
jase encore.
Aujourd'hui,
les Québécois paient 55 % plus cher pour leurs billets d'avion ailleurs au
Canada, et c'est à cause du monopole
d'Air Canada qui casse les prix lorsque la concurrence augmente. Le
gouvernement avait l'occasion d'imposer des mesures de réglementation de prix. Or, ils ont décidé de prendre
l'argent des Québécois et de subventionner les profits d'Air Canada. M. le Président, il y avait une
solution qui fonctionnait. Elle a même déjà été étudiée à travers le cabinet
du ministère de l'Économie, elle fait l'objet de la motion de ce soir, M. le
Président.
Alors,
ma question : Allez-vous voter, oui ou non, un mécanisme d'imposition de prix qui nous permettrait de faire baisser
le coût des billets?
Une voix :
...
Le Président :
Bien, moi, je ne voterai pas, en tout cas, Ça, c'est sûr. Ah! Mme la ministre
responsable des Transports aériens.
Mme Véronyque Tremblay
Mme Tremblay : M. le Président, je peux vous dire que je suis très fière des
annonces que nous avons faites au terme
de ce sommet-là, pour lesquelles plus de 300 personnes de l'ensemble des
régions du Québec ont participé. Et ce que nous avons
annoncé, ce sont vraiment des mesures qu'on a entendues dans l'ensemble des consultations
régionales.
Il y a
eu 12 consultations régionales. Je vous les présente : nouveau Programme
d'aide pour les infrastructures aéroportuaires régionales, plus généreux
que l'ancien; programme d'aide pour la desserte aérienne régionale — c'est
vraiment pour encourager la concurrence, ce programme-là, il pourra y
avoir des systèmes de réservation, programmes de fidélisation,
campagnes de promotion, forfaits touristiques, études, plans d'affaires, fonds
de démarrage; nous avons aussi
annoncé une bonification du Programme de réduction des tarifs aériens, qui s'adressait seulement
à quelques régions, et là on va l'étendre également à l'Abitibi-Témiscamingue, au Bas-Saint-Laurent, à la Gaspésie, au Saguenay—Lac-Saint-Jean, à la Côte-Nord.
Donc,
c'est une réduction directe. Ce sont des sommes substantielles, M. le Président, qui seront annoncées lors...
Le Président :
En terminant.
Mme
Tremblay : ...du discours du budget. Alors, d'après moi, ils vont être
très contents.
Le Président :
Première complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M. Jean-François Lisée
M.
Lisée : Bien, justement, il y a plus de 300 personnes qui
étaient là vendredi, et on leur a posé une question, et on leur a dit : Quelle est la meilleure
solution? Et la meilleure solution, c'est ce qu'on dit dans notre résolution
d'aujourd'hui, dans notre motion,
c'est-à-dire faire en sorte d'établir un mécanisme de compensation financière
basée sur un prix plancher dans le but de dissuader les guerres de prix.
Alors,
est-ce que le premier ministre va voter notre motion cet après-midi, comme le lui
ont demandé très massivement les gens réunis vendredi dernier?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : C'est curieux, je disais justement à mes voisins : Si
je suis chanceux, le chef de l'opposition officielle va me poser une question
sur le prix plancher. Bien, écoutez, mes souhaits sont exaucés.
Alors, bien sûr, on était là, puis on a entendu
les gens s'exprimer, et c'est vrai que tout le monde parle de l'idée d'un prix plancher. Pour que les gens nous
comprennent bien, on voit bien la manoeuvre de faire une guerre de prix,
de baisser les prix
soudainement pour que d'autres compagnies soient écartées, puis, dès qu'elles
sont écartées, on remonte les prix
après. On a vu ça à plusieurs reprises dans nos régions. Alors, la question du
prix plancher, je vous suggérerais qu'on
l'aborde par le résultat qu'on veut avoir. C'est de trouver des mécanismes qui
permettent... en sorte de faire obstacle à une stratégie comme celle-là. Il faudrait donc phraser nos intentions
différemment. On a indiqué clairement, clairement, M. le Président, à la fin du sommet qu'on allait
regarder cette question de très près, non pas théoriquement sur la question...
Le Président : En terminant.
M.
Couillard : ...d'un prix
plancher, mais sur le même objectif, qui est d'instaurer une véritable
concurrence.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M. Jean-François Lisée
M. Lisée :
Le premier ministre, qui a rencontré, comme moi, des gens de différents transporteurs, sait très bien que, s'il s'engage maintenant
à appliquer ce programme que lui recommande sa ministre de l'Économie, immédiatement, d'autres avionneurs vont se
mettre sur les rangs pour compétitionner Air Canada. Ils attendent le
signal. C'est maintenant qu'il
faut le donner, pas après une causerie qui va durer des années.
Est-ce qu'il va donner le signal aujourd'hui en
votant notre motion?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : Je ne veux pas
décevoir mon collègue, mais il arrive très récemment dans ce dossier-là. Ça
fait deux ans qu'on en parle avec les
intervenants. On sait très bien, M. le
Président, que cette question du prix
plancher est un des éléments importants
qui va, lorsqu'adressée correctement, introduire une véritable concurrence. Et,
oui, on apportera une réponse, on a
décidé et on a annoncé qu'il y aurait des investissements substantiels dès le budget qui est prochain.
Ça va être un excellent budget, en
passant, ne manquez pas ça, il y aura de très bonnes annonces pour la
population du Québec. Alors, entre
autres, la question de l'achat des billets, entre autres, la question des
dessertes régionales, entre autres, la question d'une véritable concurrence dans ce milieu pour que les citoyens comme
moi, qui habitent en région, puissent voyager de façon correcte et libre
d'une région à l'autre au Québec.
Le Président : Principale, M.
le député de Lac-Saint-Jean.
Financement des services pour les élèves en difficulté
dans les cégeps
M. Alexandre Cloutier
M.
Cloutier : Merci, M. le Président. Charles McKenna est un étudiant au
cégep qui a lancé un cri de coeur la semaine
dernière concernant le manque de ressources pour les étudiants avec des
troubles d'apprentissage dans les cégeps. M. McKenna a un parcours de battant. McKenna a réussi à compléter son
diplôme d'études secondaires malgré sa dysphasie, sa dyspraxie et son apraxie
sévère, un parcours tellement inspirant qu'il donne des conférences partout à
travers le Québec. Mais M. McKenna
vient d'apprendre qu'il est suspendu du programme collégial, car il prend trop
de temps à le compléter. Le problème,
M. le Président, c'est qu'il n'y a juste pas de ressources pour les élèves avec
des difficultés au cégep. La mère de
M. McKenna a publié une lettre ouverte dans laquelle elle ne réclame pas
juste de la souplesse pour son fils, mais plus de ressources pour
l'ensemble des étudiants.
Alors, ma question à la ministre de
l'Enseignement supérieur : Depuis son arrivée au pouvoir, combien de
ressources supplémentaires y a-t-il dans le réseau collégial au Québec?
Le Président : Mme la
ministre de l'Enseignement supérieur.
Mme Hélène David
Mme
David : Oui. Alors, M. le Président, je vais dire que, moi aussi, mes
voeux sont exaucés parce que j'espérais de tout coeur cette question, parce que les étudiants à besoins
particuliers sont un élément extrêmement important, extrêmement présent,
primaire, secondaire, collégial et universitaire.
Alors, j'étais au cégep de Beauce-Appalaches, il
y a à peu près deux semaines, maximum, j'y ai passé de nombreuses heures. J'ai parlé et j'ai visité — je ne sais pas si c'est le cas de mon
collègue le député de Lac-Saint-Jean — leur centre d'aide. J'ai parlé aux gens qui sont intervenus dans ce dossier,
j'ai regardé tous les services d'aide dans tous les collèges du Québec, et il faut aider tous ces
étudiants-là, qui sont passés de 14 000 à 28 000 en quelques années.
Ils sont très nombreux. C'est un
progrès de société, je n'arrête pas de le dire, que ces étudiants-là...
Justement, il n'a même pas mentionné,
en plus, que Charles McKenna a fait le programme Sport-études, qui est assez
exigeant, qu'il l'a réussi au secondaire. Il a de multiples — il
l'a dit lui-même — dysfonctionnalités :
dyspraxie, dysorthographie, dyslexie.
Le
Président : En terminant.
Mme David :
Nous l'aidons. Nous aidons tous ces étudiants, M. le Président.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Lac-Saint-Jean.
M. Alexandre Cloutier
M.
Cloutier : M. le Président, je comprends bien que la ministre, elle
fasse ses visites, là, mais la réalité, c'est que le nombre d'élèves en
difficulté a explosé dans les dernières années dans les cégeps. Il est passé en
2007, là, de 1 300 à 11 000 en
2014, une augmentation de 700 %. Hier, j'ai rencontré le directeur général
de la Fédération des cégeps, et lui, il chiffre à 600 le manque de
professionnels.
Alors,
ma question que je vous pose : Depuis que vous êtes en poste, là, il y a
combien de professionnels de plus qui ont été embauchés pour les élèves
en difficulté?
Le Président :
Mme la ministre de l'Enseignement supérieur.
Mme Hélène David
Mme
David : Alors, je répondrai assez facilement qu'en deux ans nous avons
augmenté de 30 % le budget dans les collèges, justement pour les
élèves avec des besoins particuliers, de 60 % dans les universités. Il y a
eu plus de 500 personnes qui ont été engagées dans le réseau collégial et
universitaire depuis le dernier budget.
Je
parle très souvent, moi aussi, avec le président de la Fédération des cégeps.
On le sait et on a mis, justement, un accent
particulier dans les services adaptés pour les étudiants à besoins particuliers
parce que la réussite, c'est quelque chose
de très important. Nous ne voulons pas les échapper dans le système, nous
voulons qu'ils continuent au meilleur de leurs compétences et, oui, on a
mis des ressources supplémentaires, M. le résident.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Lac-Saint-Jean.
M. Alexandre Cloutier
M.
Cloutier : M. le Président, la première revendication de la Fédération
des cégeps, là, c'est d'avoir accès aux moyens nécessaires pour offrir davantage de services à nos jeunes. La
revendication qu'ils vous font pour le prochain budget, c'est d'avoir accès à un budget pour embaucher
600 professionnels parce que, selon leur expertise, selon leur analyse,
il y a des jeunes qui, au moment où on se
parle, n'ont pas accès à des services dont ils ont besoin, des psychoéducateurs,
des orthophonistes.
Alors, quand
allez-vous combler ces besoins, qui sont urgents dans le réseau des cégeps?
• (11 heures) •
Le Président :
Mme la ministre de l'Enseignement supérieur.
Mme Hélène David
Mme David :
En 2016‑2017, on a investi 48 millions de dollars; en 2017‑2018,
58 millions de dollars. Nous essayons
d'augmenter le plus possible pour suivre, justement, ce que j'appelle ce
progrès de société, pour que tous ces étudiants-là
puissent être suivis. Je dirai que, dans le cas de M. McKenna, il y a eu pas
moins de 10 interventions, 10 appuis donnés
à toutes ses difficultés. Alors, j'ai eu la liste de tout ce qui a été fait, il
y a des choses extraordinaires, par des gens extraordinairement dévoués qui
se sont vraiment, vraiment, vraiment
donnés à 100 % pour aider ce jeune, qui veulent continuer à
l'aider, et, oui, je vais réviser le règlement sur la Politique sur la réussite
éducative.
Le Président :
En terminant.
Mme David :
Ça sera fait très bientôt, M. le Président.
Le Président :
Principale, M. le député de Johnson.
Financement
du partage d'expertise dans le domaine des composants
pour véhicules électriques haute performance
M. André Lamontagne
M.
Lamontagne : Oui. M. le Président, le 20 janvier 2016, le premier
ministre et le ministre de l'Économie d'alors ont annoncé en grande pompe à Davos un investissement du Québec de
14 millions. L'investissement visait à appuyer la réalisation, au
Québec, d'une initiative visant le partage d'expertise dans le domaine des composants sur véhicules électriques
haute performance. Pour la
première étape du projet mené en partenariat, le Québec a fourni
14 millions sur un total, à ce jour, de 24 millions.
Or,
nous apprenons ce matin que la coentreprise formée pour ce projet n'existe
plus. Moins de deux ans plus tard, le
groupe français Peugeot Citroën a abandonné en raison de modifications au
projet initial qui auraient fait augmenter le coût et les risques financiers des investisseurs. Ce matin, le
premier ministre nous a expliqué que d'avorter le projet était une sage décision, mais nous n'avons
cependant toujours aucune explication sur les raisons qui ont conduit à cette
sage décision, qui a coûté 14 millions aux Québécois.
Alors, après
avoir fait un grand spectacle de cette annonce en 2016, la ministre peut-elle
expliquer aux Québécois comment ils en sont venus à perdre
14 millions dans cette aventure?
Le Président : Mme la
ministre de l'Économie.
Mme Dominique Anglade
Mme
Anglade : Merci, M. le
Président. Peut-être d'abord, en réponse à la question de mon collègue, dire
que, de manière générale, le rôle du
gouvernement en termes de développement économique, c'est de démarcher
différents projets et d'investir au
profit de l'ensemble des Québécois, et force est de constater que l'économie du
Québec se porte bien : des taux
de chômage qui sont en chute de 36 % et une création d'emplois qui est
fort intéressante. Et, dans l'ensemble des
projets dans lesquels nous investissons, effectivement, il y a eu ce projet qui
était pour une étude de faisabilité pour voir de quelle manière on
pouvait pousser l'innovation encore plus loin.
J'aurais aimé
vous dire que le projet puis que l'étude de faisabilité ont donné un résultat
concret. La réponse, c'est que, malheureusement, on n'ira pas de l'avant
suite à l'étude de faisabilité. Pourquoi? Parce que les investissements auraient été beaucoup trop élevés par rapport à la
capacité de payer des entreprises et du gouvernement du Québec. Mais ce
qu'il faut mettre en perspective, M. le Président, c'est que nous avons des
centaines de projets dans lesquels nous investissons
et qui rapportent, et force est de constater, lorsqu'on regarde les résultats
d'Investissement Québec pour l'année dernière,
qu'ils ont obtenu en termes de rendement les meilleurs rendements depuis leur
fusion avec la SGF. La réalité, c'est
que c'était à 7,2 %, contrairement aux années antérieures. Donc, la
manière de fonctionner du gouvernement fonctionne avec des résultats
concrets.
Le Président : En terminant.
Mme Anglade : Merci, M. le
Président.
Le Président : Première
complémentaire, M. le député de Johnson.
M. André Lamontagne
M.
Lamontagne : M. le Président, une des raisons de l'arrêt du projet,
c'est qu'il y a des modifications importantes qui ont été apportées. Avec son investissement de 14 millions, le
Québec s'est avéré être le principal contributeur du projet. À titre de
partenaire principal, le gouvernement se devait d'être assis à la table de
décision.
Dans ce contexte, le gouvernement a-t-il été
impliqué dans ces décisions qui ont fait que le projet n'était plus viable?
Quel a été son rôle dans la décision d'abandonner le projet?
Le Président : Mme la
ministre de l'Économie.
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade :
Merci, M. le Président. Évidemment que, dans ce projet, le gouvernement du
Québec a été impliqué, et, au bout du compte, on a pris la décision de ne pas
aller de l'avant, parce que le projet n'était pas viable. Mais, M. le Président, chaque fois que l'on investit
1 $ pour les contribuables, lorsqu'on
regarde les résultats des quatre dernières années, pour chaque investissement que le Fonds de
développement économique a fait, savez-vous combien ça a rapporté aux contribuables pour chaque dollar investi?
2 $? 4 $? Ça a rapporté 19 $, pour chaque dollar investi,
19 $ en retombées
économiques.
C'est dire que la stratégie du gouvernement
fonctionne. Malheureusement, ce projet-là, ça n'a pas été le cas. Mais tout
n'est pas perdu, nous pourrons récupérer le réseau de contacts qui a été bâti
avec cette entente-là.
Le Président : En terminant.
Mme Anglade : Merci.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le député de Johnson.
M. André Lamontagne
M. Lamontagne : M. le
Président, on n'a pas beaucoup
de réponses sur le pourquoi, comment ça s'est passé, le cheminement de tout ça. L'annonce de
janvier 2016, en grande pompe, suivait de quelques mois la grande
conversion environnementaliste du premier
ministre au sommet sur le climat de
Paris. On s'en souviendra... en avait fait sourciller plusieurs.
Dans ce
contexte, la ministre peut-elle s'engager à déposer les rapports ou les
études qui ont conduit son gouvernement
à investir dans ce projet ou est-ce que tout cela ne visait qu'à justifier
l'épiphanie de notre premier ministre?
Le Président : Mme la ministre
de l'Économie.
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade : Écoutez, il est évident que l'idée initiale d'investir dans ce projet... c'est un
projet d'innovation, et on voulait
aller de l'avant. Vous savez, on a 100 % de risques d'échouer des projets
qu'on n'entame pas. L'objectif pour le gouvernement, c'est de trouver
des projets qui sont porteurs.
Or, force est de constater que le gouvernement a
été en mesure de trouver plusieurs projets porteurs, Verbom, LM Wind Power, APN, AddÉnergie, plusieurs
projets qui ont rapporté et qui ont fait en sorte qu'aujourd'hui, encore une
fois, pour chaque dollar que nous investissons, c'est 19 $ de retombées
économiques. Qui dit mieux, M. le Président? L'économie
du Québec ne s'est jamais aussi bien portée. On veut multiplier des projets qui
ont des résultats concrets, et c'est ce que nous allons continuer à
faire, M. le Président. Merci.
Le Président : Principale, M.
le député de Saint-Jean.
Financement des
organismes communautaires
M. Dave Turcotte
M. Turcotte :
Des représentants d'organismes sont d'ailleurs ici dans les tribunes, M. le
Président, pour demander le
rehaussement de leur financement, mais un autre exemple nous vient à l'esprit,
M. le Président. La Piaule, à Val-d'Or, en Abitibi, vient en aide aux
personnes vivant des situations d'itinérance. Face à un haut risque de
fermeture, la ministre s'est déplacée
deux fois à Val-d'Or cet automne pour les rencontrer. Suite à ces deux visites,
La Piaule a reçu une lettre, une
belle lettre : «Nous avons le plaisir de vous confirmer l'octroi d'une
somme récurrente de 291 $ pour soutenir, dès 2017‑2018, la mission
globale de votre organisme et vous permettre de consolider davantage vos
actions.»
M. le
Président, 291 $ pas par jour, pas par semaine, pas par mois, par année.
291 $ ne paient même pas un dîner pour les participants de
l'organisme. Les coûts de déplacement de la ministre pour ses deux voyages ont
coûté plus cher aux contribuables que le
291 $. Quant à ça, la ministre était aussi bien de rester ici, à Québec,
et d'envoyer le chèque du montant de l'essence, M. le Président.
Le Président : Mme la
ministre déléguée...
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît! Mme la Mme la ministre déléguée aux Affaires sociales.
Mme Lucie Charlebois
Mme
Charlebois :
Bon. Bien, M. le Président, d'une part, je veux dire que, s'il y a un parti qui
a été au gouvernement qui a appuyé
les organismes communautaires à travers le temps, c'est bien le Parti libéral
du Québec. C'est nous qui avons investi de façon majoritaire...
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît! M. le député de Beauharnois.
Des voix : ...
Le Président : Mme la
ministre déléguée à la Réadaptation, s'il vous plaît.
Mme
Charlebois :
Alors, M. le Président, j'en veux pour preuve les chiffres.
Les chiffres
ne mentent pas, M. le Président : on est rendus à plus de 1 milliard
de dollars, dans l'ensemble du gouvernement,
au niveau du soutien des organismes communautaires. Et pourquoi nous le
faisons? Parce qu'on le sait, que
c'est des gens importants. Nous, on est assez responsables pour... quand on
promet de l'argent, bien, on le livre. On ne fait pas des promesses sans
crédits. Nous autres, on fait un budget, bien, on met le cahier à côté qui dit
comment on va le dépenser. Et ça, ce
n'est pas peu dire, parce que c'est le Vérificateur général du Québec qui leur
avait dit que c'était vraiment offensant pour les Québécois.
Ceci étant
dit, La Piaule. Savez-vous quoi? On a déjà annoncé plus de 100 000 $
quand on avait fait notre plan d'action en itinérance. Souvenez-vous de ce
bout-là. Là, ce que vous me parlez, sur le 291 $, c'est dans le
10 millions qui
a été versé à l'ensemble des organismes communautaires au Québec, et, M. le Président,
cette somme-là a été attribuée d'abord
aux organismes qui étaient reconnus au Programme de soutien aux organismes
communautaires qui avaient zéro sou. Il faudrait savoir combien est le
financement de La Piaule avant de me jeter des balles comme il le fait.
Le Président : Première
complémentaire, M. le député de Rimouski.
M. Harold LeBel
M. LeBel : «291 $ pour
soutenir, dès 2017‑2018, la mission globale de votre organisme et vous
permettre de consolider davantage vos
actions». Je le sais, que personne ne trouve ça intelligent ici, là. Ça ne se
peut pas que quelqu'un ait signé ce
genre de lettre là. Il y a quelqu'un qui n'a pas allumé, à quelque part.
291 $. J'aimerais ça qu'on le dise devant les groupes communautaires. Tu sais, le gouvernement a annoncé beaucoup
d'argent, puis il y a beaucoup d'argent remis à deux ans, trois ans,
quatre ans, ce qui amène des situations comme ça.
Est-ce que la ministre peut dire devant les
groupes communautaires qu'elle trouve ça intelligent, une lettre comme ça? Puis
qu'on rajoute, en plus de ça, la reddition de comptes...
Des voix : ...
Le Président : Mme la
ministre déléguée à la Réadaptation.
Mme Lucie Charlebois
Mme
Charlebois : Étant
donné...
Des voix : ...
Le Président : Chut, chut,
chut!
Mme
Charlebois : Étant
donné, M. le Président, qu'il y a beaucoup de groupes de la Montérégie, je vais
me permettre de dire les sommes qui ont été
investies dans des groupes de la Montérégie. La Maison d'hébergement Dépannage Valleyfield
ont reçu...
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît! S'il vous plaît!
Des voix : ...
Le
Président : S'il vous plaît! Il faut s'entendre, là, il faut essayer de se comprendre un peu. La question
a été posée correctement, j'aimerais entendre la réponse aussi correctement.
Mme la ministre, c'est à vous la parole.
Mme
Charlebois : ...ont reçu 52 684 $ de plus qu'ils avaient avant. Maison des jeunes aux
Quatre-Vents : 42 041 $ de plus que ce qu'ils avaient
avant; Maison des jeunes de Marieville : 50 000 $ de plus de ce
qu'ils avaient avant.
Parlons donc
d'Antichambre 12-17, dans le comté de Beauharnois, qui m'a envoyé une lettre de
félicitations. Ils avaient zéro sou. Maintenant, ils touchent
100 000 $, M. le Président.
• (11 h 10) •
Des voix : ...
Le Président : O.K. Ça va.
Mme
Charlebois :
Est-ce que tout est parfait dans le soutien aux organismes communautaires? Non,
mais on fait déjà pas mal mieux que vous autres, que de promettre de
l'argent sans cahier de crédits.
Le Président : Alors, cela
met fin à la période de questions et de réponses orales.
Motions sans préavis
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, puisqu'il n'y a pas de votes reportés, nous allons passer à la
rubrique des motions sans préavis. Et, en fonction de nos règles et de l'ordre
de présentation...
Des voix : ...
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vais vous demander un peu de
silence, s'il vous plaît, pour permettre à M. le député de Labelle de
présenter sa motion sans préavis.
M. Pagé : Merci,
Mme la Présidente. Donc, je sollicite le consentement des membres de cette
Assemblée afin de présenter,
conjointement avec la députée de Repentigny, le député de Mercier, le député de
Gaspé et le député de Groulx, la motion suivante :
«Que
l'Assemblée nationale reconnaisse le problème de santé publique que pose la
maladie de Lyme, notamment pour les agents de la faune;
«Que
l'Assemblée nationale demande au gouvernement de mettre en place un plan
d'action pour lutter contre la maladie de Lyme.»
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie, M. le
député. Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion? Alors, il
n'y a pas de consentement. Maintenant, je vais céder la parole à M. le député
de Borduas.
M. Jolin-Barrette : Mme la Présidente, je demande le consentement pour déposer la motion
suivante conjointement avec le député de Groulx :
«Que
l'Assemblée nationale demande au gouvernement du Québec de prévoir dans le
projet de loi 157 une mesure interdisant
la consommation de cannabis dans les lieux publics sur l'ensemble du territoire
du Québec.» Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie. Y a-t-il
consentement pour débattre de cette motion? Alors, il n'y a pas de
consentement.
Je vais maintenant
céder la parole à Mme la ministre responsable de l'Enseignement supérieur.
Souligner la Semaine des enseignantes et des enseignants
Mme
David : Oui, Mme la Présidente. Je sollicite le consentement de cette Assemblée
afin de présenter la motion suivante conjointement
avec la députée d'Hochelaga-Maisonneuve, le député de Chambly, le député de
Gouin, le député de Laurier-Dorion, le député de Gaspé et le député de
Groulx :
«Que
l'Assemblée nationale souligne la Semaine des enseignantes et des enseignants,
qui se tient du 4 au 10 février, dont le thème est Votre
enseignement, notre réussite à tous!;
«Qu'elle
exprime sa gratitude à tous ceux et celles qui ont fait le choix de la
profession enseignante et qui, chaque jour, accompagnent les élèves du
Québec vers l'atteinte de leurs rêves et de leurs aspirations;
«Qu'elle
salue les enseignantes et les enseignants qui grâce à leur dévouement et leur
professionnalisme jouent un rôle de
premier plan dans la réussite éducative des élèves en leur transmettant le goût
d'apprendre et de se dépasser;
«Qu'enfin, elle
invite l'ensemble de la population à se joindre à elle pour remercier les
enseignantes et [les] enseignants du soutien
qu'ils apportent au quotidien auprès des élèves, jeunes et adultes du Québec,
afin de les préparer à devenir des citoyens engagés dans notre société
en constant changement.» Merci beaucoup, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie, Mme
la ministre. Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Tanguay :
Nous proposons de l'adopter sans débat, Mme la Présidente.
Mise aux voix
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, est-ce que cette motion
est adoptée? Adopté. Maintenant, pour la prochaine motion, je vais céder
la parole à M. le député de Gouin.
Reconnaître
l'impact économique du lock-out décrété à Aluminerie
de Bécancour inc. et demander la reprise des négociations
M. Nadeau-Dubois :
Merci, Mme la Présidente. En saluant les travailleurs d'ABI qui sont devant
l'Assemblée nationale en ce moment,
je demande le consentement de la Chambre pour débattre de la motion suivante
conjointement avec le député de Beauharnois, le député de Nicolet-Bécancour,
le député de Groulx et le député de Gaspé :
«Que
l'Assemblée nationale du Québec reconnaisse que le lockout décrété à
l'aluminerie A.B.I. a des impacts négatifs
sur les travailleurs et les travailleuses, sur l'économie de la région du
Centre-du-Québec et de la Mauricie et sur l'économie du Québec;
«Que l'Assemblée
nationale demande aux parties la reprise des négociations.»
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le député
de Gouin. Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Tanguay :
...l'adopter sans débat, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, M. le leader de l'opposition
officielle.
M. Bérubé :
Mme la Présidente, le Parti québécois demande, au nom des travailleurs d'ABI,
un vote par appel nominal.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors c'est très bien. Il y a
une demande de vote par appel nominal. Que l'on appelle les députés.
Et je suspends les
travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à 11 h 15)
(Reprise à
11 h 19)
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Nous reprenons nos travaux.
Mise aux voix
Et je vais mettre aux voix la motion
sans prévis présentée par M. le député de Gouin conjointement avec le député
de Beauharnois, le député de Nicolet-Bécancour, le député de Groulx et le
député de Gaspé :
«Que l'Assemblée nationale du Québec
reconnaisse que le lockout décrété à l'aluminerie A.B.I. a des impacts négatifs sur les travailleurs et les
travailleuses, sur l'économie de la région du Centre-du-Québec et de la
Mauricie et sur l'économie du Québec; et
«Que
l'Assemblée nationale demande aux parties la reprise des négociations.»
Et
que les députés en faveur de cette motion veuillent bien se lever.
• (11 h
20) •
Le
Secrétaire adjoint : M. Nadeau-Dubois (Gouin).
M. Fournier (Saint-Laurent),
Mme Anglade (Saint-Henri—Sainte-Anne), M. Billette (Huntingdon), Mme Thériault
(Anjou—Louis-Riel),
Mme St-Pierre (Acadie), M. Leitão (Robert-Baldwin), M. Arcand
(Mont-Royal), M. Coiteux (Nelligan), Mme David (Outremont),
M. D'Amour (Rivière-du-Loup—Témiscouata),
Mme Nichols (Vaudreuil), M. Kelley (Jacques-Cartier), Mme Vallée
(Gatineau), Mme Charlebois (Soulanges), M. Barrette
(La Pinière), Mme Weil
(Notre-Dame-de-Grâce), M. Blanchette (Rouyn-Noranda—Témiscamingue), M. Heurtel (Viau),
Mme Vien (Bellechasse),
M. Fortin (Pontiac), Mme Tremblay (Chauveau), M. Reid (Orford),
M. Morin (Côte-du-Sud), M. Bernier (Montmorency),
M. Ouellette (Chomedey), Mme Montpetit (Crémazie), Mme Boulet
(Laviolette), M. Tanguay (LaFontaine), Mme Charbonneau (Mille-Îles),
M. Carrière (Chapleau), M. Drolet (Jean-Lesage), Mme de Santis (Bourassa-Sauvé), M. Bolduc (Mégantic),
M. Simard (Dubuc), M. Matte (Portneuf), M. Chevarie
(Îles-de-la-Madeleine), M. Girard (Trois-Rivières), M. Huot (Vanier-Les
Rivières), M. Rousselle (Vimont), Mme Vallières (Richmond), M. Auger (Champlain), M. Birnbaum
(D'Arcy-McGee), M. Boucher (Ungava), M. Bourgeois (Abitibi-Est),
M. Habel (Sainte-Rose),
M. Hardy (Saint-François), M. Merlini (La Prairie), M. Plante
(Maskinongé), M. Polo (Laval-des-Rapides), M. St-Denis (Argenteuil), Mme Simard (Charlevoix—Côte-de-Beaupré), M. Busque (Beauce-Sud),
Mme Sauvé (Fabre).
M. Lisée
(Rosemont), M. Bérubé (Matane-Matapédia), Mme Hivon (Joliette),
M. Marceau (Rousseau), Mme Léger
(Pointe-aux-Trembles), M. LeBel (Rimouski), Mme Maltais (Taschereau),
Mme Lamarre (Taillon), M. Bergeron
(Verchères), M. Leclair (Beauharnois), Mme Richard (Duplessis),
Mme Poirier (Hochelaga-Maisonneuve), M. Gaudreault
(Jonquière), M. Cloutier (Lac-Saint-Jean), M. Therrien (Sanguinet),
M. Rochon (Richelieu), M. Pagé (Labelle),
M. Bourcier (Saint-Jérôme), Mme Jean (Chicoutimi), M. Ouellet
(René-Lévesque), M. Villeneuve (Berthier), Mme Fournier
(Marie-Victorin), M. Traversy (Terrebonne), M. Kotto (Bourget),
M. Turcotte (Saint-Jean), M. Roy (Bonaventure).
M. Legault
(L'Assomption), M. Bonnardel (Granby), M. Caire (La Peltrie),
M. Jolin-Barrette (Borduas), M. Picard (Chutes-de-la-Chaudière),
M. Charette (Deux-Montagnes), M. Martel (Nicolet-Bécancour),
Mme Roy (Montarville), Mme Samson (Iberville), M. Roberge
(Chambly), M. Laframboise (Blainville), M. Schneeberger (Drummond—Bois-Francs), M. Lefebvre (Arthabaska),
M. Lemay (Masson), Mme Lavallée (Repentigny), M. Lamontagne
(Johnson), Mme D'Amours (Mirabel),
Mme Soucy (Saint-Hyacinthe), M. Paradis (Lévis), M. Spénard
(Beauce-Nord).
M. Khadir
(Mercier), M. Surprenant (Groulx), M. Lelièvre (Gaspé).
La Vice-Présidente (Mme
Gaudreault) : Maintenant, y a-t-il des députés contre cette motion ou
des abstentions? Alors, pour le résultat du vote, M. le secrétaire
général.
Le
Secrétaire : Pour : 103
Contre :
0
Abstentions :
0
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, la motion est adoptée.
Avis touchant les travaux des commissions
Maintenant, s'il n'y a pas d'autre motion sans
préavis, nous allons passer à la rubrique des avis touchant les travaux des commissions.
Des
voix : ...
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vais vous demander de quitter, s'il vous plaît, en silence.
Et je cède la parole à M. le
leader du gouvernement.
M.
Tanguay : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, j'avise cette Assemblée que la Commission de l'économie et du travail
poursuivra les consultations
particulières à l'égard
du projet de loi n° 152, Loi
modifiant diverses dispositions
législatives concernant le domaine du travail afin principalement de donner
suite à certaines recommandations de
la Commission Charbonneau, dès maintenant
pour une durée de 1 h 30 min, et complétera lesdites consultations de 15 heures à 18 heures, à la salle
Louis-Joseph-Papineau;
La
Commission de la culture et de l'éducation complétera les consultations particulières à l'égard
du projet de loi n° 166, Loi portant réforme du
système de taxation scolaire, aujourd'hui, à compter de midi pour une durée d'une heure, à la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine;
Et
finalement, Mme la
Présidente, la Commission des transports et de l'environnement poursuivra les consultations particulières à l'égard du projet de loi n° 165,
loi modifiant le Code de la sécurité routière et d'autres dispositions législatives, dès maintenant pour une durée de
1 h 30 min et de 15 heures à 18 heures, à la salle du Conseil législatif. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie. Pour ma part, je vous avise que la Commission de l'administration publique
se réunira aujourd'hui, à la salle
des Premiers-Ministres de l'édifice Pamphile-Le May, en séance
de travail, après les affaires
courantes vers 11 heures jusqu'à
13 heures, afin de préparer l'audition du ministère des Forêts, de la
Faune et des Parcs sur le
chapitre 4 du rapport du printemps 2017 du Vérificateur général du Québec intitulé Travaux sylvicoles; en séance
publique, de 15 heures à 18 heures, afin d'entendre le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs; et enfin, en séance de travail, de 18 heures à 18 h 30,
afin de déterminer les observations, conclusions ou recommandations de
la commission à la suite de l'audition du ministère des Forêts, de la Faune et
des Parcs;
La
Commission des finances publiques se réunira en séance publique aujourd'hui, de 15 heures à 18 heures, à la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine, afin de procéder à des consultations particulières et auditions
publiques dans le cadre du
mandat d'initiative concernant le document intitulé Paradis fiscaux :
Plan d'action pour assurer l'équité fiscale;
La
Commission de l'agriculture, des
pêcheries, de l'énergie et des ressources naturelles se réunira, quant à elle, en séance de travail demain, de 7 h 15 à
8 h 30, à la salle du
Conseil législatif, afin de discuter
et statuer de l'opportunité de demander ou d'exiger au ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation de transmettre le Rapport relatif au suivi des transactions foncières agricoles dans un format de données
ouvertes, discuter et statuer de l'opportunité pour la commission de se saisir d'un mandat d'initiative portant sur la financiarisation des terres agricoles et enfin discuter
et statuer de l'opportunité pour la
commission de se saisir d'une pétition concernant l'opposition aux forages pétroliers et gaziers;
Et enfin la Commission
de la santé et des services sociaux se réunira en séance de travail demain, de
8 heures à 8 h 30, à la salle
3.31, afin de statuer sur la possibilité que la commission se saisisse de pétitions
concernant le financement du Centre médical de Charlesbourg et la
réouverture de son service sans rendez-vous et l'encadrement législatif et
réglementaire relatif aux chiens d'assistance.
Alors, nous en sommes
maintenant à la rubrique des renseignements sur les travaux de l'Assemblée.
Affaires du jour
Et, s'il n'y a pas de
demande de renseignements, la période des affaires courantes étant terminée,
nous allons maintenant passer aux affaires du jour. Et je cède la parole à M.
le leader adjoint du gouvernement.
M.
Tanguay : Oui. Merci beaucoup, Mme la Présidente. Je vous prierais d'appeler l'article
17, s'il vous plaît.
Projet de loi n° 157
Adoption du principe
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, à l'article 17 du feuilleton, Mme la
ministre déléguée à la Réadaptation, à la Protection de la jeunesse, à la Santé
publique et aux Saines habitudes de vie propose l'adoption du principe du projet de loi n° 157, Loi
constituant la Société québécoise du cannabis, édictant la Loi encadrant le
cannabis et modifiant diverses dispositions en matière de sécurité
routière.
Alors, sans plus
tarder, Mme la ministre déléguée à la Réadaptation, je vous cède la parole.
Mme Lucie Charlebois
Mme
Charlebois : Alors, merci, Mme la Présidente. C'est pour moi
un moment important que nous procédions à l'adoption du principe, en tout cas qu'on puisse en parler et
qu'éventuellement, j'ose espérer, nous puissions adopter le principe de
ce projet de loi.
Je
veux, d'entrée de jeu, vous dire, Mme la Présidente, que l'honorable
lieutenant-gouverneur a pris connaissance de ce projet de loi et en
recommande l'étude à l'Assemblée nationale.
Alors, c'est
important pour moi, comme je vous le disais, puisque c'est un projet de loi
qui... Comme vous le savez, la
légalisation du cannabis est vraiment un sujet qui nous arrive du gouvernement
fédéral. On va le dire, ce n'était pas dans notre programme électoral, personne. Alors,
c'est pour ça qu'on a, nous... La légalisation est faite par le gouvernement
fédéral. Nous, au gouvernement du Québec, ce
qu'on vient faire, c'est faire tout l'encadrement autour de l'usage, la vente,
qui, quel âge on peut consommer du cannabis.
Alors, je suis heureuse et honorée, dans une certaine mesure, de pouvoir
présenter le principe du projet de loi
n° 157, et le titre du projet de loi, c'est : le projet de loi
constituant la Société québécoise du
cannabis, édictant la Loi encadrant le cannabis et... modifie diverses
dispositions en matière de sécurité routière. Vous comprenez, Mme la Présidente, qu'il y a là un enjeu.
Alors, ce projet de
loi là vise à préparer le Québec à la légalisation du cannabis à des fins non
thérapeutiques, comme je vous le disais, qui est proposée par le gouvernement
fédéral et dont l'entrée en vigueur est prévue d'ici juillet 2018. Je sais qu'il y
a beaucoup de pourparlers au gouvernement fédéral, notamment au Sénat, et tout, mais nous ici, au Québec, on se doit d'être prêts, d'avoir notre propre
loi, peu importe l'éventualité. Quand ils l'adopteront au fédéral, on sera prêts, et pourquoi? Parce qu'il faut qu'on ait une loi qui ressemble à ce que les Québécois
désirent, et ce travail-là constitue un réel défi face à cet important
changement de société auquel on doit faire face et qui nous est un peu
imposé dans des échéanciers, on va se
le dire, Mme la Présidente, très,
très, très serrés. Mais, vous savez,
le gouvernement du Québec
et les Québécois ont beaucoup de talent. On est capables de s'adapter. C'est
sûr que, si on avait eu plus de
temps, on ferait encore mieux, mais on sera prêts.
Alors,
le but ultime était d'offrir le meilleur encadrement possible à cette substance
sur notre territoire, compte tenu des
enjeux qu'il comporte. Et, je tiens à le rappeler, le cannabis, Mme la
Présidente, n'est pas une substance banale, alors sa légalisation
commande une intervention vigoureuse de l'État.
• (11 h 30) •
Rappelons
que nous avons instauré, au départ, une vaste démarche de consultation auprès d'experts en la matière, bref en matière de cannabis, ainsi qu'auprès de la population,
des communautés autochtones, des organismes jeunesse et du milieu municipal. Ça,
c'était avant de faire le projet de
loi, parce qu'on voulait entendre
ce que l'ensemble de la population et des instances avaient à nous dire pour pouvoir rédiger un bon projet de loi. Alors,
les discussions ont eu cours
également avec différents ministères, des organismes et d'autres gouvernements
provinciaux. Ça nous a permis de déterminer collectivement ce que nous
souhaitions comme encadrement du cannabis dans le respect de nos valeurs
communes au Québec.
Nous
entretenons aussi un dialogue continu avec le gouvernement fédéral dans
l'optique de bien comprendre les orientations prises à leur niveau et
faire valoir les enjeux qui nous préoccupent ici plus particulièrement. Comme,
par exemple, la répartition des revenus
générés par la vente de cannabis, la production à grande échelle, la cohérence
entre l'encadrement du cannabis
thérapeutique et celui du non-thérapeutique. Il y a là une multitude de sujets,
comme je viens de vous énumérer, mais
il y a une multitude de facettes dans ces sujets-là pour lesquelles il faut des
discussions. Et c'est ce que nous faisons.
Alors,
les mesures qui ont été proposées ont pour objectif de prévenir et réduire les
méfaits du cannabis récréatif afin de
protéger la santé et la sécurité de la population, mais particulièrement les
jeunes, Mme la Présidente. Elle vise aussi à préserver l'intégrité du marché légal du cannabis. Et là je vais me
permettre un petit aparté parce que, vous savez, depuis le début, même avant que nous allions en
consultations, on a entendu les experts nous parler de protéger la santé et la
sécurité. Et c'est ce dont les
Québécois veulent, que nous protégions la santé et la sécurité de notre
population, mais particulièrement les jeunes.
Alors,
quand on parle de préserver l'intégrité du marché légal du cannabis, bien, vous
comprenez que tout ce qui est illégal, je me dois de le dire en Chambre, les
vendeurs de cannabis illégal, là, ils sont dans l'illégalité en ce moment. Puis ceux qui ne passeront pas par la Société québécoise du cannabis
sont très peu soucieux de l'état de santé de leurs clients. Nous, ce n'est pas le cas. Alors, on va
mettre plein de mesures en place. Ce que nous voulons faire, c'est lutter
contre la banalisation de la substance, Mme la Présidente, notamment chez les adolescents
et les jeunes, mais aussi chez les personnes les plus vulnérables de notre
société. Cette substance, je le répète à nouveau, comporte d'importants risques
pour la santé et la sécurité du public, et nous devons mettre un encadrement
rigoureux à cet égard. Nous l'avons déjà affirmé,
c'est une priorité pour nous et ça va le demeurer. Nous n'avons pas le droit à
l'erreur, il en va de la santé des Québécois, plus particulièrement
celle des générations qui vont assurer notre futur, soit nos jeunes.
Un
premier élément d'importance à noter au sujet du projet de loi, c'est qu'il
constitue la Société québécoise du cannabis,
une filiale de la Société des alcools, dont la mission particulière sera
d'assurer la vente du cannabis dans une perspective de santé afin d'intégrer les consommateurs au marché légal,
licite, sans favoriser la consommation de cannabis.
Ici,
Mme la Présidente, on va se prendre une petite gorgée d'eau parce que j'ai un
petit quelque chose qui gratte. Mais, bon, ici, je dois vous dire que
constituer la Société québécoise du cannabis en faisant en sorte qu'elle soit
une filiale de la Société des alcools, il y
a des gens qui nous ont posé des questions, effectivement, à ce propos-là. Et
je dois vous dire qu'il y a des gens
qui nous ont félicités aussi. On va profiter de l'expertise de la Société des
alcools en matière de distribution,
en matière de réseau de vente, etc., sans nécessairement appliquer tout le
modèle à la Société québécoise du
cannabis. Bref, on va prendre les segments qui intéresseront certainement la
Société québécoise du cannabis, qui n'aura pas la même mission que la Société des alcools du Québec, c'est-à-dire
que tout ce qu'on cherche à faire, c'est ramener les gens d'un marché qui n'est pas légal, donc illicite, vers un marché
légal et ne pas favoriser la consommation de cannabis. Alors, vous
comprenez que la mission n'est pas tout à fait la même qu'à la Société des
alcools.
Ici,
il faut qu'on puisse assurer une mise en oeuvre d'un modèle de vente bien
encadré, qui va bénéficier, comme je
vous le disais, de l'expertise de la Société des alcools tout en ayant une
mission distincte. Et cette mission est lourde de sens et va faire clairement en sorte que le modèle de vente qu'on a
proposé va contribuer à l'atteinte des objectifs de la santé publique,
c'est là où est le noeud, et qui nous sont tous très chers. C'est ce que les
Québécois veulent.
Le projet de
loi établit également que la majorité des revenus disponibles tirés de la vente
seront investis dans la prévention et
dans la recherche en matière de cannabis. À cet égard, un montant minimal
annuel et garanti de 25 millions par année pendant cinq ans... Ça veut dire cinq fois 25, Mme la Présidente, dès
2018‑2019, et ça, c'est un engagement qui
est confirmé au texte même du projet de loi. C'est donc vous dire combien c'est
important. C'est la première fois que ça
arrive au Québec. Ces sommes-là seront investies — puis c'est le minimum de 25 millions,
je vous rappelle que c'est le minimum qui peut être investi là-dedans — dans la prévention des méfaits du cannabis
en déployant notamment des campagnes
de sensibilisation et d'information, des interventions préventives auprès des
jeunes et d'autres populations vulnérables.
Nous verrons également à bonifier certains services pour améliorer l'offre de
service dans le but d'aider les personnes qui en auront besoin.
Nous
soutiendrons la recherche en diverses matières relatives à cette substance,
pour améliorer notamment nos activités
de prévention, bien évidemment. L'amélioration des connaissances permettra
également de faire évoluer notre encadrement,
encadrement qui, je vous le répète, se veut flexible dans sa forme pour nous
permettre de réagir rapidement lorsque ce sera requis.
Parmi les
autres mesures incluses dans le projet de loi, notons l'interdiction complète
pour tous de posséder du cannabis dans les lieux fréquentés par les
jeunes, dont les terrains et les locaux des écoles et les centres de la petite enfance. Je vais le répéter : interdiction
complète pour tous de posséder du
cannabis dans les lieux fréquentés par les jeunes, dont les terrains et les locaux des écoles et des centres de la petite enfance, l'interdiction totale, Mme la Présidente, de cultiver du cannabis à des fins personnelles, des
restrictions d'usage du cannabis dans certains lieux, certaines allant au-delà de
ce qui est prévu dans la Loi sur le tabac. Et on appelle ça maintenant
la lutte au tabagisme, la loi, et je dois vous dire qu'on a appelé... plusieurs personnes nous ont dit que les restrictions
s'apparentaient à la lutte au tabagisme, et plus. Bref, ils appelaient
ça «tabac plus», l'ensemble des intervenants.
Nous allons
aussi, parmi les mesures incluses dans le projet de loi, voir à l'encadrement
strict de la vente au détail du
cannabis, dont l'interdiction de vente à un
mineur ou à un adulte d'acheter du cannabis pour un mineur. Il y aura
également des restrictions quant aux produits qui pourront
être vendus et des dispositions qui
feront en sorte que le gouvernement du Québec
devra autoriser, en adoptant un règlement, la vente au Québec d'éventuels
nouveaux produits, dont les produits
comestibles qui inquiètent tant d'intervenants. Dans le projet de loi que nous avons
déposé, vous comprenez qu'il y aura des restrictions et que, si
un jour on devait revoir ça, ça serait fait par règlement. Mais vous comprenez
que, pour l'instant, on ferme la porte à ça. Le tout indépendamment des décisions que prendra le
gouvernement fédéral dans le cas de nouveaux produits. Il est clair que nous souhaitons autant que possible limiter
l'initiation au cannabis de nouveaux consommateurs.
Le projet de
loi prévoit aussi l'imposition de limites en matière de promotion et de
publicité relative au cannabis, toujours
dans la perspective de réduire les méfaits
de cette substance. Évidemment, si on ne veut pas augmenter nos ventes de
cannabis, on ne veut pas avoir plus de personnes qui consomment du cannabis,
bien, il ne faut pas en faire la promotion.
Et il y aura
également, Mme la Présidente, la tolérance zéro à la consommation de cannabis
et de drogue pour tous les conducteurs afin d'assurer une sécurité routière.
C'est une mesure qui est complexe, nous en convenons, mais requise pour
lancer un message puissant, un message très puissant, message qui fera en sorte
d'endiguer dès le départ toute forme de tolérance pour la conduite après avoir
consommé du cannabis ou de la drogue.
Ici, je veux
rassurer les gens parce que cette mesure-là va entrer en vigueur quand on aura
les appareils qui seront homologués
par Santé Canada et qui seront aussi admis par la sécurité publique pour
faire en sorte que cette mesure-là puisse
entrer en vigueur. Si on n'a pas l'appareil homologué, Mme la Présidente, on va
continuer à mettre en place exactement ce
qui est en place en ce moment, la conduite avec les facultés affaiblies, et
c'est déjà là pour l'ensemble des corps policiers.
Les activités
de la Société québécoise du cannabis ainsi que l'encadrement du cannabis feront
donc l'objet d'un suivi rigoureux, notamment par le biais d'un comité de
vigilance qui sera chargé de conseiller le ministre de la Santé et des Services sociaux sur tout sujet relatif au
cannabis. Ce comité aura toute la légitimité et tous les pouvoirs requis pour assumer pleinement son mandat.
• (11 h 40) •
Ceci étant
dit, rappelons que cet encadrement se veut évolutif et prudent. Nous voulons
avoir le pouvoir de nous adapter aux besoins en fonction de l'évolution de la
situation et des connaissances scientifiques dans le domaine. En ce
sens, le projet de loi comporte plusieurs habilitations réglementaires.
Comme il se devait, de nombreuses mesures du
projet de loi ont fait l'objet d'une importante consultation particulière, et ce, après le dépôt du projet de
loi. En effet, dans le cadre des travaux de la Commission de la santé et des
services sociaux, pas moins de 55 groupes d'experts ont été entendus, 70
mémoires ont été acheminés à l'Assemblée nationale.
Nous pouvons d'ores et déjà affirmer que le cadre légal est très attendu et que
le contenu répond en grande partie aux attentes de la majorité des
groupes entendus ou qui se sont exprimés en acheminant un mémoire.
Bien sûr,
certains groupes aimeraient voir des ajustements, notamment pour l'âge, établir
l'âge à 21 ans plutôt qu'à 18 ans,
une solution qui semble, à prime abord, souhaitable compte tenu de ce que nous
savons sur le développement du
cerveau des jeunes, mais qui ferait en sorte de moins bien protéger cette
population plus vulnérable qui consomme déjà du cannabis dans une grande proportion. En fixant l'âge légal à 18
ans, on estime que les enjeux liés à la qualité des produits seront
mieux contrôlés, voire éliminés.
Ce que nous
voulons vous dire aussi, Mme la Présidente, par rapport à l'âge, c'est que les
scientifiques nous ont bien dit que
21 ans, c'était un critère très aléatoire. Ils l'ont mis là parce qu'ils
voulaient nous signaler que, oui, il y avait un danger, mais, Mme la Présidente, je connais un paquet de jeunes qui
n'ont pas cet âge-là, qui consomment. Moi, je me donne l'opportunité de pouvoir les rencontrer, de leur expliquer ce
qu'est le cannabis, de voir comment ils peuvent gérer leur consommation et surtout de voir s'il y a des
interactions avec soit des médicaments soit des maladies qui existent dans leurs familles, etc., parce que, les
scientifiques nous l'ont dit, c'est à 25 ans, en principe, que le cerveau
termine son évolution, bien, sa
croissance ou, en tout cas, son développement. Mais idéalement, Mme la
Présidente, on va se le dire, là, c'est
jamais qu'il faudrait consommer le cannabis, jamais. Ce n'est pas bon. C'est
comme fumer du tabac, ce n'est pas bon.
Mais
on le sait, qu'il y en a qui en consomment. Alors, pourquoi ne pas mettre en
place... D'ailleurs, tous les directeurs de
santé publique nous l'ont dit, ce n'est pas Lucie Charlebois la ministre... ce
n'est pas la ministre — excusez, je n'ai pas le
droit de me nommer — responsable
de ce dossier-là qui l'a dit. Les directeurs nationaux de santé publique
nous ont dit : Par prudence, s'il vous
plaît, donnons-nous l'opportunité de bien renseigner ces jeunes-là et de
pouvoir être en interaction avec eux.
Le
modèle de vente qu'on souhaite mettre en place va constituer aussi un véhicule
important d'intervention pour réduire
les risques et référer les consommateurs qui en auront besoin à du soutien. Il
ne faut pas se leurrer, Mme la Présidente, en excluant une partie des jeunes adultes au marché légal, on ne fera
pas en sorte de réduire leur consommation de cannabis. Ils vont continuer à s'approvisionner sur un
marché illicite, donc pas contrôlé, et donc de consommer des produits dont le
contenu réel est inconnu. Les criminels vont
continuer d'avoir peu de scrupules, même après la législation, c'est clair.
Faire
davantage afin d'éviter que des intérêts lucratifs viennent interférer et nuire
aux objectifs de santé. En effet, il existe une grande préoccupation
quant à l'influence de l'industrie du cannabis sur la mise en marché des
produits, et cette industrie, comme toutes
les autres, cherchera nécessairement à vendre davantage ses produits. Il nous
faudra être vigilants, Mme la
Présidente, pour éviter toutes les dérives possibles, éviter que les employés
de la Société des alcools soient
exclus d'une possibilité de travailler à la Société québécoise du cannabis et
étendre davantage les restrictions d'usage. En cette matière, la solution parfaite est difficile à trouver. Comme le
produit deviendra légal, il est normal que sa composition soit permise dans une certaine mesure. Le gouvernement du
Québec n'est pas le seul acteur en cette matière. Les villes et les municipalités ainsi que les propriétaires
d'immeuble auront un rôle à jouer en fonction des responsabilités et des droits qu'ils ont. La nécessité de restreindre
sérieusement, dès le départ, la promotion et la publicité, à l'image de ce qui
a été fait pour les produits du tabac, a été soulevée par une majorité
d'intervenants.
Comme
je vous dis, il y a plein de sujets dont je viens de vous nommer qui nous ont
été apportés pour lesquels éventuellement
il y aura peut-être des amendements de soumis, et par le gouvernement, et par
les partis de l'opposition. Il est
évident que nous devons adopter une approche stricte en cette matière,
l'expérience tirée de ces autres situations problématiques de santé publique étant des sources très éclairantes, ça,
sans compter le fait que la littérature sur la publicité et le marketing des substances psychoactives est
formelle sur les effets nuisibles que les pratiques de publicité et de
marketing peuvent avoir sur la prévalence de consommation,
particulièrement chez les jeunes.
Lors
de ces consultations, on a aussi entendu
les inquiétudes et les attentes de représentants du secteur agricole. Il convient ici de rappeler que les intentions du gouvernement dans le cadre de ce projet de
loi, elles concernent avant tout la santé et la sécurité de la population.
Je le dis depuis le début et je le répète à chaque fois que j'ai une occasion,
cette optique que nous considérons,
les enjeux de ces secteurs font en sorte qu'on doit s'attarder à la santé et la
sécurité de la population.
Nous avons aussi
entendu les représentants des municipalités, qui s'inquiètent notamment du
respect de leur autonomie dans leurs sphères
de compétences qui sont les leurs, et je souhaite les rassurer sur nos
intentions à ce sujet. Le respect de l'autonomie des municipalités
constitue un principe qui nous est cher.
Les
propriétaires d'immeuble sont aussi venus nous entretenir de leur position, notamment
quant au fait qu'ils soutiennent
l'interdiction de culture à des fins personnelles. Ils ont aussi soulevé
d'autres enjeux, ceux associés à la fumée de cannabis dans les logements, une
réalité pour laquelle ils ont, à titre de propriétaires, des capacités pour
intervenir. La date annoncée de la
légalisation est connue depuis un moment. Les propriétaires, comme le gouvernement, d'ailleurs, peuvent et doivent s'y préparer.
Aussi,
nous avons entendu plusieurs intervenants de différents milieux qui se disaient inquiets de
l'impact de la légalisation en matière de santé et sécurité au travail.
Selon plusieurs, le gouvernement aurait avantage à se montrer plus explicite et à mieux mettre en lumière les
risques associés à la consommation de ce produit dans le cadre du travail.
Divers intervenants demandent à ce
que des activités de prévention de la consommation de cannabis soient ciblées
dans les milieux de travail.
Enfin,
ajoutons que les mesures visant à assurer la sécurité routière ont aussi occupé
une part importante de nos échanges.
Bref,
les parlementaires auront à étudier ces nombreuses questions lors des
prochaines semaines et des prochaines étapes
pour le cheminement du projet de loi. Je tiens à souligner l'implication des députés
du gouvernement, bien
sûr, mais aussi l'implication de l'opposition
officielle et du deuxième groupe de l'opposition aux travaux, et autres groupes parlementaires et collègues. Le
travail accompli jusqu'à maintenant est important et constructif. Nous
entendons continuer à travailler avec
ouverture et en toute collégialité avec nos collègues pour la suite du
cheminement de ce projet de loi.
J'ai tendu la main dès le départ, et cette main tendue a reçu une bonne écoute parce que,
je peux vous dire, Mme la Présidente,
on travaille vraiment en toute collégialité. Et j'ai la ferme
conviction qu'on pourra dégager rapidement un consensus sur les améliorations à apporter au projet de loi et garantir une adoption rapide. L'échéance fixée par le gouvernement fédéral nous y contraint.
Mme
la Présidente, on croit que le Québec est prêt à faire face à cette nouvelle
réalité avec ce cadre novateur et prudent.
Les mesures proposées sont attendues par la population. Alors, c'est avec
beaucoup de fierté, Mme la Présidente, que je suis devant vous et devant
mes collègues de l'Assemblée nationale pour demander qu'on adopte le projet de
loi n° 157. Et je poursuis en disant, Mme la Présidente : Une fois
que nous aurons procédé à l'adoption du principe, mettons-nous au travail comme nous l'avons fait depuis le début, en
toute collégialité. C'est sûr qu'il y aura sûrement certains éléments
qui ne vont pas... sur lesquels on ne pourra pas se mettre d'accord, mais, dans
l'ensemble, dans l'ensemble, on va
travailler à faire en sorte que nous ayons le meilleur projet de loi pour
assurer la santé et la sécurité de nos
concitoyens, nos concitoyennes au Québec, et je salue la collaboration de
ceux-ci que j'ai depuis le départ, notamment aux consultations publiques avant la rédaction du
projet de loi, mais aussi pendant les consultations que nous avons tenues
après que le projet de loi a été déposé.
Alors, je les remercie
et je vous remercie de votre écoute attentive, Mme la Présidente.
• (11 h 50) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie, Mme la ministre déléguée à la
Réadaptation, à la Protection de la
jeunesse, à la Santé publique et aux Saines habitudes de vie. Je crois que c'est important de toutes les
nommer, ces responsabilités-là.
Maintenant,
je me tourne vers M. le député de Labelle, qui, quant à lui, est le
porte-parole de l'opposition officielle en matière de santé publique et
de prévention.
M. Sylvain Pagé
M. Pagé :
Bonjour, Mme la Présidente. Alors, effectivement, on va s'entretenir d'un sujet
qui fait couler beaucoup d'encre
depuis trois ans. Certes, depuis que Justin Trudeau, comme chef du Parti
libéral, nous a annoncé qu'il allait légaliser le cannabis, tout le monde a pris ça avec un peu un sourire en coin en
se disant : Premièrement, quand il a dit ça, tout le monde pensait qu'il ne serait jamais élu, et
finalement, à la grande surprise générale, il a été élu et, à la grande
surprise générale, il semble vouloir
aller de l'avant. C'est tellement vrai que le projet de loi C-45 est rendu
maintenant au Sénat. Donc, il souhaite aller de l'avant.
Peut-être
juste un petit aparté. Je vous rappellerai que, huit mois avant l'élection
fédérale, il était très loin et troisième dans les sondages. Juste comme
ça. Je vous dis ça. Je m'en permets une très amicalement.
Alors,
oui, on a fait beaucoup de chemin depuis le début. On a fait beaucoup de chemin
depuis le début, je pense qu'il faut
le reconnaître, et le saluer, et même féliciter la partie gouvernementale et
son équipe, qui, depuis les premiers propos jusqu'à l'endroit où nous sommes
aujourd'hui... il y a un chemin important qui a été fait. Et sans vouloir être
trop chauvin, puis je veux demeurer très
modeste là-dedans, mais nous avions dit dès le départ qui... D'ailleurs, nous
avions déjà, dans notre programme,
qu'il fallait former une société d'État, une filiale de la SAQ. Et je me
souviens, puis encore là je le dis très amicalement, là, je me souviens
des premiers propos du ministre des Finances du Québec, qui avait dit en souriant, en riant : Voir si le Québec va se
mettre à vendre du pot! Alors, on avait un peu ridiculisé notre proposition.
Mais je comprends parce que je pense que le cheminement n'était pas
fait. Le cheminement n'était pas fait.
Et
c'est la raison pour laquelle, dès le mot d'avril, je pense que c'est le 16 ou
le 17, quand le projet de loi C-45 a été
déposé à la Chambre des communes à Ottawa, l'après-midi même, je faisais une
première sortie en demandant qu'il y ait une tournée du Québec pour que les gens puissent se prononcer à ce
sujet-là. Pourquoi? Parce qu'il y a beaucoup d'inquiétudes dans la population. Nous l'entendons, vous
l'entendez, nous l'entendons tous dans nos familles, dans les milieux de
travail, un peu partout. Et beaucoup
de questionnements, beaucoup de questions sont posées à plusieurs égards.
Pourquoi? Parce qu'on écrit carrément un droit nouveau, comme en 1921,
si ma mémoire est bonne. On dit que c'est en 1921 où on a légalisé l'alcool. Alors, d'ailleurs, 1921, 21
ans, l'alcool à l'époque, 2018, 18 ans, le cannabis. Alors, je ne sais pas
jusqu'à quel point on peut faire un
lien, mais disons que c'est un peu la façon dont on va retenir les années pour
la légalisation.
Alors, effectivement,
quand on écrit un droit nouveau, il faut se questionner à plusieurs égards de
ce droit nouveau. Et, dès le départ, c'est
la raison pour laquelle nous disions : Il faut consulter la population,
d'une part, pour aller entendre ce
que la population en pense, ce qu'elle souhaite, mais, d'autre part, d'entendre
aussi les groupes, les différents groupes,
leur première impression, pas sur le projet de loi parce qu'il n'était pas
écrit, sur ce qu'ils pensaient de ce qui venait d'être déposé au fédéral et nous suggérer sur la façon dont on
devrait opérer au Québec, comment déposer un projet de loi québécois qui
soit un modèle québécois en fonction de la volonté des Québécois et des
Québécoises.
Alors, c'est la
raison pour laquelle, dès l'après-midi du dépôt du projet de loi, qui était le
matin, nous avons demandé qu'il y ait une tournée du Québec. Au début, ce
n'était pas tellement dans les intentions gouvernementales. Heureusement, encore une fois, le gouvernement a
cheminé et a accepté de faire une tournée du Québec et a même amené ces consultations un peu plus loin avec une
consultation en ligne où je pense qu'il y a eu 9 000 ou 10 000
répondants, je pense. La ministre pourra peut-être confirmer le nombre.
Mais, dès les premières journées, ça allait à un rythme très accéléré. La ministre, souvent, disait dans la
tournée que... Souvent, elle mentionnait le chiffre. On est rendus à 1 000,
à 2 000, à 3 000 personnes qui
répondaient en ligne. Pourquoi? Parce qu'il y avait vraiment un intérêt, et pas
juste un intérêt parce qu'il y a aussi beaucoup d'inquiétude.
Alors,
cette consultation a fait la démonstration qu'elle était nécessaire. Pourquoi
elle était nécessaire? Parce qu'elle a
permis à nous, l'ensemble des parlementaires, les fonctionnaires et l'équipe du
cabinet qui ont accompagné la ministre pendant la tournée, de se faire
une tête sur ce que l'on devait mettre dans le projet de loi.
Alors,
cette tournée du Québec, elle a commencé les 19 et 20 juin dernier. Avant
d'aller vers la population, il y a eu
deux belles journées, là-dessus aussi je salue la partie gouvernementale, 19 et
20 juin dernier à Montréal, où des experts, des experts du Québec, du Canada, des provinces voisines, mais aussi des
experts d'ailleurs dans le monde qui sont venus nous dire comment on devrait faire les choses, et ailleurs dans le
monde, du Colorado, de l'État de Washington, si ma mémoire est bonne, l'Uruguay, des gens qui sont
venus s'exprimer via une visioconférence
ou une vidéo qui avait été préenregistrée et nous dire : Voici,
nous, on l'a fait chez nous, là, ne faites pas nos erreurs. Alors, faites
attention comment vous allez le faire. D'ailleurs,
le Colorado, qui est un des premiers États américains, a modifié sa loi, si ma
mémoire est bonne, je pense,
23 fois, la loi et les règlements, là, on va tout mettre ça quand même
dans l'ensemble des modifications, 23
fois depuis qu'ils ont légalisé au Colorado. Donc, comme quoi il y a des
expériences ailleurs qui nous permettent de mieux faire les
choses, de bien l'encadrer au Québec.
Alors, tout
ça vient du gouvernement fédéral. Personne ici, dans cette salle, qui s'est fait
élire en 2014 n'avait ça dans son programme
électoral. Je ne pense pas, Mme la
Présidente, que vous vous êtes faite
élire en promettant, en 2014, de légaliser, évidemment, d'encadrer le
cannabis parce qu'effectivement, de
toute façon, nous n'aurions pas pu parce que la décriminalisation venait du
fédéral, mais personne n'avait pensé à cela. Alors, il fallait agir vite, agir
rapidement. Je pense... Encore là, je
ne veux pas... Il y a plein de bons côtés dans le travail que l'on fait
ensemble, mais je pense qu'on aurait pu accélérer un petit peu plus le
travail en amont, ici, au Québec, parce que, là, on se précipite, et pourtant
Justin Trudeau avait annoncé à plusieurs occasions qu'il allait aller de
l'avant.
Alors, avril,
le dépôt du projet de loi, on se met en mode collaboration. On l'a dit dès le
départ avec la ministre qu'on voulait
traiter — en tout
cas, moi, c'est ce que j'ai dit à plusieurs occasions — ce projet de loi là un peu comme on a fait avec Mourir dans la dignité, où tout le
monde s'est mis du bord de la population en se disant... Puis vous avez participé à Mourir dans la dignité, je sais que ça
vous a permis justement de, je dirais, vous lier d'amitié avec différents
parlementaires et je dirais que c'est un peu
la même chose avec la ministre de la Santé publique parce que le fait de faire
la tournée du Québec ensemble, le fait
d'échanger constamment sur ce que nous venions d'entendre, bien, ça nous a
permis effectivement de se rendre compte qu'au final, même si on est
d'une formation politique différente, nous avons, nous partageons les mêmes objectifs. Et quels sont ces objectifs? C'est des
objectifs de santé publique et de sécurité publique, et c'est vraiment,
vraiment cela qui guide constamment, mais constamment nos interventions. Et je
vais même vous dire que j'ai même refusé de poser des questions ici même, au
salon bleu, parce que je ne veux pas qu'on politise ce débat. Je veux qu'on reste vraiment sur la santé, la
sécurité publique, et le faire en toute collaboration et ne pas amener le débat
dans un forum qui est trop partisan parce que ça m'apparaît comme
contre-productif.
Alors,
légalisation, nous l'avons entendu souvent, ne doit pas être synonyme de
banalisation. Alors, à partir du moment où on se met tous d'accord
là-dessus... Et c'est ce que les experts sont venus nous dire les 19 et 20
juin, là, vraiment, là. C'était à peu près
unanime dans la salle. Légalisation ne doit pas être synonyme de banalisation.
D'ailleurs, souvent, la ministre nous
dit : Je ne parle plus de cannabis récréatif, mais de cannabis non médical
pour faire vraiment une différence et
pour ne pas banaliser parce que c'est vrai que, dans le mot «récréatif», ça
devient le fun, hein? Normalement, la récréation, c'est un moment agréable. Je
ne dis pas que ça peut être désagréable pour les gens qui consomment, mais
il ne faut pas amener une notion de
banalisation. Alors, d'utiliser d'autres mots que «pour des fins récréatives»,
je pense que c'est très bien ainsi.
Alors, nous
avions demandé des délais dès le départ pour que nous ayons plus de temps.
D'ailleurs, la deuxième opposition a
même amené ici une motion — c'était fort légitime de le faire — où ils demandaient au gouvernement fédéral
une autorisation que la décriminalisation entre en vigueur le
1er juillet 2019 au lieu du 1er juillet 2018. D'ailleurs,
le 1er juillet 2018, la ministre
l'a souvent dit, c'est la date limite pour l'entrée en vigueur. C'est toujours
ce que le gouvernement fédéral nous a
dit. Alors, on peut s'attendre à ce que ça soit un peu plus tôt que le 1er juillet,
à moins que le Sénat ne se filibuste
et qu'il décide d'étirer ça jusqu'à l'automne prochain. Et on peut s'attendre à
ce que ça soit avant le 1er juillet,
probablement quelque part au mois d'août, parce que vous comprendrez que... pas
certain que Justin Trudeau a envie
que la fête du Canada devienne la fête du cannabis, hein? Alors, on peut
s'attendre à ce que ça soit un peu plus tôt, en juin.
• (12 heures) •
Alors, oui,
nous avions demandé des délais. Nous étions d'accord avec la deuxième opposition,
qui demandait un délai d'un an. Et
nous avions même proposé d'aller un peu plus loin que cela, proposé que
l'entrée en vigueur de la loi fédérale
soit au moment où tout le monde jugera que nous sommes vraiment prêts. Et
pourquoi je dis cela? Parce que nous nous
sommes tous mis d'accord, ici, sur une chose : tolérance zéro,
particulièrement au volant. Mais déjà le gouvernement a été obligé de dire : Ça va être tolérance
zéro, on est tous d'accord avec ça, mais on ne pourra pas l'appliquer. Et il n'y
a rien de pire que de faire une loi
et de dire, au départ : Je ne pourrai pas la faire appliquer. Pourquoi?
Parce que, contrairement à l'alcool,
quand vous êtes testé à 0,02 %... On sait qu'au Québec c'est jusqu'à 0,08
avant d'être considéré inapte à conduire avec de l'alcool. Bien, 0,02, 0,04... à 0,06, c'est trois fois plus que
0,02, vos facultés sont trois fois plus affaiblies. Mais pour le THC qui se retrouve dans notre corps,
quand on mesure un pourcentage de THC dans notre corps, ce n'est pas
proportionnel, et ça ne veut pas dire quelles sont vos capacités.
Et c'est
tellement vrai que, selon la fréquence à laquelle vous consommez, consommateur
régulier ou d'autres, plus
occasionnels, si on mesure votre degré de THC dans votre corps, soit de façon salivaire
ou encore par prise de sang, vous
pourriez avoir des traces et avoir consommé, la dernière fois, que ça fasse une
semaine, deux semaines, trois semaines, et il y a même quelqu'un qui nous a parlé : peut-être même jusqu'à
quatre semaines. Alors, j'ai demandé : Est-ce que je peux répéter ça? Est-ce que c'est vraiment vrai?
Parce que je ne savais pas que cela existait. Et on nous a dit : Oui,
selon le degré de fréquence de consommation. Alors, vous comprenez le
problème que ça soulève. Alors, on va avoir une loi qui va dire : Tolérance zéro, mais on ne pourra pas le faire
appliquer, parce que, si on mesure votre degré de THC, vous pouvez en avoir, mais ça ne veut pas dire que vous
êtes inapte à conduire. Parce que, dans le fond, ce qu'il faut mesurer, ce n'est pas si vous avez une trace de THC dans le
corps. Ce qu'il faut mesurer, c'est votre capacité de conduire. Voilà.
Et c'est ce que nous ne sommes pas capables de faire présentement de façon
probante.
Il y a des
entreprises... je suis pas mal certain, d'ailleurs, que la ministre a dû
rencontrer ces gens, des entreprises qui disent : Si nous faisons
la recherche, si nous avons les budgets, on pense qu'à l'intérieur de 18 mois
nous serions capables d'amener un modèle...
je ne sais pas si c'est une machine, ou un modèle, ou une façon de faire qui
permettrait hors de tout doute de
mesurer la capacité de conduire. Alors, sachant cela et sachant qu'il y a des
entreprises qui sont sûres... j'ai
dit à 100 %, oui, à 100 %, sachant cela, pourquoi le fédéral n'aurait
pas opté : nous allons nous donner l'année, ou le 18, ou le 24 mois supplémentaire afin d'être
certains qu'on va adopter une loi qu'on pourra faire appliquer?
Malheureusement, ça a été une fin de
non-recevoir de la part du gouvernement fédéral jusqu'à maintenant. À moins
qu'il y ait un changement, mais il ne semble pas avoir envie de changer.
Et je pense
que la conclusion nous semble assez simple : on est plus dans un agenda
électoral que dans un agenda de santé
publique. Parce qu'évidemment il y a des élections au Québec, là, cette année,
mais l'élection fédérale, c'est quand? C'est à l'automne 2019. Alors, si tout ça
entrait en vigueur très près de l'élection fédérale, ça risquerait trop d'être
un enjeu politique pour Justin
Trudeau. Donc, on veut précipiter les choses et le faire pour l'entrée en
vigueur cette année, ce que nous déplorons.
Puis
on peut le déplorer aussi parce que le délai qui était demandé, c'est pour se
donner le temps aussi à faire toute la
prévention, toute la sensibilisation nécessaires. On a demandé, quand on a
présenté notre plan assez... très, très détaillé sur ce que l'on souhaitait dans le projet de loi, au mois de septembre,
avec notre chef, au mois de septembre... on est sortis sur la place
publique, on a fait un long point de presse, on a dit : Voici comment on
voit la suite des choses. Et on a demandé,
dès le mois de septembre, à ce que, dès janvier 2018... on est donc déjà un
mois en retard... à ce qu'il y ait déjà toute l'information qui soit envoyée dans les écoles, auprès du
personnel, auprès des communautés qui sont plus à risque, les communautés autochtones, dans les milieux plus
défavorisés, nommez-les, là, chez les parents via, peut-être, les écoles,
dans les milieux sportifs... on sait jusqu'à
quel point les entraîneurs de clubs sportifs ou encore de clubs sociaux peuvent
avoir une influence aussi chez les jeunes.
Parce qu'il faut que cette prévention
arrive et cette sensibilisation arrive le plus tôt possible.
Bon,
je comprends qu'on s'active, je comprends qu'on s'active, parce qu'effectivement je vois la ministre qui hoche
la tête de façon fort positive, puis tant mieux, tant mieux, mais, de grâce, il
faut que cela arrive le plus rapidement
possible. Alors, nous l'avions demandé en
septembre. Bon, si trois ou quatre mois n'ont pas été suffisants, je le
redemande encore avec empressement
parce que les gens... on connaît des gens qui travaillent dans le milieu
scolaire, entre autres, ils sont présentement très inquiets, et,
quand j'ai posé la question à quelques occasions... Puis la ministre m'a
entendu, Fédération des cégeps, Fédération des commissions scolaires, les universités,
j'ai demandé aussi aux unions municipales : Est-ce que vous avez commencé à recevoir de l'information de la part de
la Santé publique, du gouvernement du Québec pour voir comment on va faire cette prévention auprès du personnel,
auprès de tout le monde? Et, malheureusement, tout le monde, pour l'instant,
c'est non. Je comprends qu'il y a mille et une choses à penser, qu'il y a mille
et une choses à faire, mais tout
l'aspect de la santé, de la prévention — de la prévention, je ne répéterai jamais
assez — il faut
accélérer le processus.
Tout
le déploiement des points de vente... Il n'y en aurait que 15 cette année. Le
ministre des Finances avait dit : Est-ce
que ce sera, au final, 150, 200, 250? C'est ce qu'il avait répondu en point de
presse. On ne le sait pas encore. Ce n'est pas très grave, cela, mais je pense
que ça aurait été mieux justement si on avait eu un délai supplémentaire parce
que ça nous aurait permis de mieux déployer
les points de vente et d'être plus prêts à faire face à la demande et aussi au
niveau de la production.
Parlant
justement de production, parce que ça m'apparaît un aspect qui est très, très
important, évidemment, on va déplorer
beaucoup le fait que, jusqu'à maintenant, Québec, notre gouvernement semble
avoir abdiqué au fait d'exiger du gouvernement
fédéral que ça soit le MAPAQ ou Santé Québec qui autorise ceux et celles qui
vont produire le cannabis. Au début, ça semblait être une volonté du
gouvernement du Québec; pour l'instant, je n'entends plus cette volonté.
Donc,
on laisse à Santé Canada définir... en fait, pas définir, mais autoriser ceux
et celles qui vont pouvoir produire. Et,
quand c'était pour des fins médicinales... Parce que, vous savez, Mme la
Présidente, depuis 2001, pour des fins médicinales, pour des fins
médicales, les gens peuvent consommer légalement. Alors, ça, il n'y a pas de
problème là-dessus, et on comprenait, compte
tenu que c'était pour des fins médicales, que ce soit Santé Canada, Santé
Canada qui autorise, parce que
c'était considéré comme un médicament. À partir du moment où on produit du
cannabis qui n'est plus produit pour des fins médicales, pour ne pas
dire récréatives, on comprend qu'à ce moment-là nos producteurs de serre
québécois pourraient tous se mettre en ligne
pour dire : Bien, moi, je voudrais en produire, et que ça soit le MAPAQ
qui autorise.
Pourquoi
qu'on veut que ce soit le MAPAQ? Bien, premièrement, parce que, là, je ne vois
pas pourquoi qu'on continuerait avec le fédéral, d'une part, et, d'autre part,
c'est qu'on pourrait se donner une politique d'encadrement pour permettre à plus de producteurs un peu
partout sur le territoire québécois de pouvoir produire, limiter aussi le
tonnage annuel pour éviter quelques
mégas productions qui, souvent, sont des intérêts étrangers... et plus de plus
petits producteurs un peu partout sur le territoire québécois, donc
contrôler notre propre production et, bien sûr, s'assurer d'avoir un plus grand
contrôle sur, comment dirais-je, la façon dont sont financés ces producteurs.
• (12 h 10) •
Et,
vous l'avez vu dernièrement, on a appris, de plus en plus, qu'il y a des
producteurs qui sont financés via les paradis fiscaux. Est-ce qu'en plus d'être
dans quelque chose qui, oui, va être légalisé, mais, bon, qui n'est pas évident
en termes de santé publique... avoir des
entreprises qui vont nous produire, qui vont nous envoyer des produits qui, en
plus, sont financés à partir d'actionnaires
qui sont dans des paradis fiscaux? On souhaite que les entreprises qui vont
produire au Québec soient des
entreprises qui montrent patte blanche. Alors, à cet égard-là, moi, j'annonce
déjà que nous allons proposer des
choses dans le projet de loi pour s'assurer que la SQC, la Société québécoise
du cannabis, s'approvisionne chez des
producteurs qui montrent patte blanche, qui ne sont pas financés via des
paradis fiscaux. Je pense que ça devrait être une règle de base, ça,
ici, au gouvernement du Québec, mais particulièrement pour ce milieu.
Puis
en plus, quand on voit l'empressement du gouvernement fédéral et tout, je sais que c'est sur un terrain glissant, mais, bon, il y a eu tellement
d'articles dans les médias depuis un certain temps, des amis du gouvernement de Justin Trudeau qui sont maintenant des gens d'affaires dans le milieu du cannabis et
de la production, des fois, on peut avoir des doutes fort légitimes sur cette
volonté d'accélérer les choses. Parce
que, vous l'avez vu autant que moi,
là, dans les dernières semaines, là,
le nombre d'articles où régulièrement il y a des nouveaux noms qui sortent et, comme par
hasard, comme par hasard, et plusieurs
chroniqueurs maintenant trouvent qu'il commence à y avoir beaucoup
de hasards sur le nombre d'anciens politiciens, anciens politiciens qui sont tous, à
peu près tous issus du Parti libéral fédéral, et qui sont dans la
production du cannabis... Alors, on peut peut-être douter de l'empressement de
Justin Trudeau.
Le projet de loi n° 157
finalement, contrairement à ce que le ministre des Finances avait dit au
départ, va de l'avant avec ce que nous avions souhaité et proposé, qui est la
création de la SQC, la Société québécoise du cannabis. Nous en sommes fiers parce que,
cette société, elle devrait... Je dis bien «en
principe» parce qu'il y a encore des
choses à clarifier dans le projet de loi. La SQC
devrait être une organisation totalement à but
non lucratif. Alors, un vendeur de la
SQC ne sera pas un vendeur, ça va être
un conseiller, une personne qui va être formée afin de bien informer la population parce que, si vous vous
présentez à un comptoir, vous allez avoir toute l'information nécessaire
pour savoir ce que ça fait comme
différence d'effet si vous consommez du cannabis qui a 3 %, 6 %,
12 % de pourcentage, de degré de THC, tel produit, est-ce
que les effets sont à plus long terme,
est-ce qu'il dure plus longtemps? Un produit éventuellement qui va être vaporisé, un produit qui va être consommé de façon
digérée, parce que c'est un produit combustible. Alors, les conseillers vont pouvoir vous donner ces informations-là et faire aussi des mises en garde
si... à ne pas consommer en même
temps que l'alcool, c'est contre-indiqué, ne pas consommer en même temps que
certains médicaments. Là, par contre, il
faut faire attention, il ne faut pas mélanger un conseiller de la SQC à un
médecin parce que les gens normalement qui consomment et qui pourraient prendre des médicaments en même temps
devraient obligatoirement consulter un médecin ou encore, et je vais le dire un
peu plus tard, aller à la pharmacie, aller consulter votre pharmacien, qui est
un professionnel de la santé. Alors, ça, nous sommes heureux de cela.
Par
contre, quand je disais que j'avais une petite inquiétude, c'est qu'il n'est toujours
pas écrit dans la loi que 100 % des
profits qui vont être générés... je pense qu'il va y avoir des profits qui vont
être générés, au-delà de la taxe d'accise où on réussit à obtenir 75 % vers les provinces de chaque dollar
qui va être taxé par le fédéral, à part la TPS, il va y avoir toute la TVQ, 0,75 $ sur chaque dollar va
revenir au Québec, la TVQ aussi qui va revenir au Québec, juste là, là, il y a
probablement aisément, dès la première
année, 150, 250, 300 millions de revenus, et ça, ça ne tient même pas
compte des profits qui pourraient
être générés par la SQC. Et c'est la raison pour laquelle nous disons :
Au-delà de de toutes ces taxes qui
vont rentrer dans les coffres de l'État, il faut inscrire, dans la loi, comme
nous a dit l'État de Washington... l'État de Washington, par visioconférence, c'est ce qu'ils nous ont dit au
colloque des experts les 19 et 20 juin dernier, 2017, et plusieurs experts nous l'ont dit aussi :
Inscrivez-le dans la loi que 100 % des profits devraient aller... vers où?
Et on peut le nommer de façon assez
large, vers les saines habitudes de vie, vers la santé publique, pour contrer
la dépendance, vers peut-être même
certains organismes communautaires qui pourraient avoir ces mandats, vers les
municipalités. Le Colorado, c'est clairement indiqué dans sa loi : 20 % des
profits générés vont vers les municipalités. Pourquoi? Parce que tout
simplement la majorité des règlements qui vont découler de cette loi vont être
appliqués par les corps de police municipaux,
ou encore la SQ, ou encore des
inspecteurs municipaux. Alors, vous comprenez que les municipalités vont
avoir un rôle très, très important dans l'application de la loi et des
règlements qui vont suivre.
Alors,
vous comprenez qu'il est, je pense, normal de s'assurer qu'il y ait un
pourcentage des profits qui vont être générés qui aille vers les
municipalités. Ils souhaiteraient avoir la moitié du 75 % ou 33 % du
fameux 1 $ sur chaque gramme qui va
être vendu, qui va être prélevé par la taxe d'accise. Ça pourrait être une
formule. Mais le problème, c'est qu'on
ne sait pas exactement ce que ça va générer. Je pense qu'il faut y aller
beaucoup plus sur une méthode qui va nous permettre de s'assurer qu'on va bien
répondre aux besoins financiers des municipalités. Et ça, pour l'instant, ce
n'est pas inscrit dans la loi. Ce n'est pas inscrit dans la loi que
100 % des profits devront retourner pour tout ce que je viens d'énumérer — municipalités, saines habitudes de vie,
contrer la dépendance, et tout le reste. Alors, nous, on veut que ça soit inscrit dans la loi. Pourquoi? Comme nous a
dit l'État de Washington : Inscrivez-le, parce qu'aujourd'hui c'est
tellement payant qu'on fait des routes avec les profits du cannabis.
Alors,
est-ce que c'est à cela que l'on voudrait que servent les profits du cannabis?
Bien non, bien non. Alors, si ce
n'est pas le cas... Et pourtant, la ministre, elle a été claire là-dessus, elle
l'a dit très, très souvent, là : On veut que ça soit une organisation, en quelque part, un peu à but
non lucratif. On ne voudra pas faire de la promotion pour en vendre plus.
Il n'y aura pas de carte Inspire, comme la
SAQ. D'ailleurs, ça nous a permis, avec tout ce que l'on a entendu, Mme la
ministre... Et probablement, lors des
crédits, qu'on va s'en reparler, parce que beaucoup, beaucoup de gens sont
venus nous dire : C'est bien, ce que vous voulez faire avec la SQC, mais
peut-être qu'il serait temps qu'on réfléchisse un peu jusqu'où est rendue la SAQ, hein? C'est un autre débat, là, on
ne le fera pas aujourd'hui, mais je pense qu'il est temps qu'on y réfléchisse. Parce qu'est-ce normal de recevoir
sur nos courriels... parce que, oui, je l'ai, ma carte Inspire, hein... Sur
nos courriels, on reçoit des promotions pour
nous vendre plus d'alcool, dans nos boîtes aux lettres, sur nos circulaires, à
toutes les fins de semaine on en reçoit. On est rendus là. Mais ce n'est
pas ce que l'on veut avec la SQC.
Et,
à cet égard-là, je tiens à rassurer la population. Je pense que le message est
partagé des deux côtés de cette Chambre :
il n'y aura pas de promotion. Et ça, je salue effectivement cette volonté,
parce qu'on veut avoir un modèle qui va être très québécois. Parce qu'ailleurs
ce n'est pas toujours comme ça. Mais ici on veut que ça soit comme ça, et c'est
la raison pour laquelle nous allons beaucoup
insister pour qu'il soit inscrit très clairement dans la loi que, quand il y
aura des profits, ça doit aller bien
sûr, comme la ministre l'a dit, à payer les installations de la SQC, à payer la
formation, à payer tout ce qu'il faut. Mais si, suite à cela, il y a des
profits, il faut que cet argent-là transite vers les saines habitudes de vie, transite vers les municipalités, transite
vers les organismes communautaires, pour contrer la dépendance, et tout le
reste. Alors ça, ça va être un point qui va être important. Et je pense qu'on
devrait être capables de s'entendre pour clarifier cela.
D'ailleurs,
je salue... Je pense qu'on va commencer dès la semaine prochaine l'article par
article, j'imagine, et, dès demain,
la ministre nous rencontre. Même si c'est une rencontre à huis clos, je le dis
de façon très transparente, la ministre nous rencontre, les partis
d'opposition, pour regarder ensemble quelle sera sa première série
d'amendements pour bonifier le projet de
loi. Pourquoi qu'il y en aura tant, d'amendements... je ne sais pas jusqu'à
quel point il y en aura, mais pourquoi qu'il y en aura? Parce que
justement nous avons entendu non seulement... En fait, non seulement on a fait la tournée du Québec, c'est ce qui a permis d'avoir
le projet de loi n° 157, où nous sommes, en très grande partie, d'accord
avec le fondement et la vision qu'il y a
derrière le projet n° 157, mais, une fois qu'on a déposé le projet de loi
n° 157, il fallait aller plus loin et ensuite
vérifier si on avait bien fait notre travail, vérifier si on avait bien compris
le message de la population.
• (12 h 20) •
Et là-dessus je rappellerai bien amicalement,
encore une fois, que le gouvernement souhaitait entendre 11 groupes... 11
ou 13, c'est à peu près quelque chose comme ça. La deuxième opposition avait
identifié six groupes, six groupes qui
voulaient le 21 ans, comme si c'était le seul aspect du projet de loi,
mais je pense qu'il y avait plus que ça. Nous avions une centaine de groupes. Nous avions une centaine de groupes
que nous avions identifiés. Pourquoi? Parce qu'il y a tellement
d'aspects dans le projet de loi qu'il fallait entendre des gens, étant des
experts dans chacun de leur domaine, venir
nous dire, sur tel aspect du projet de loi... avoir deux, trois, quatre groupes
qui viennent nous parler de chacun
des aspects. Et finalement, au final, là, hein, on est arrivés à quoi? On a reçu 65 mémoires; il y avait
60 groupes qui devaient être
entendus, je pense qu'on en a entendu 55; plus de 40, 42 heures, sur neuf
journées de consultation. Je vois notre président, qui a fait un excellent travail à part ça, puis je l'ai dit à
tous mes collègues, il a fait un très, très bon travail, et je le remercie, et il est encore avec nous aujourd'hui.
Alors, effectivement, on a prouvé, par ces auditions, que ce projet de loi méritait d'être bonifié. Et donc on
va regarder ensemble, demain après-midi, les amendements qui vont être présentés
par la ministre.
Une chose
d'ailleurs que nous avons entendue, puis ça, on l'a entendu, je pense, c'est
vers la toute fin, l'ordre des psychiatres du Québec, qui sont des
pro-21 ans — ils
ont le droit, c'est tout à fait correct — qui sont venus nous dire : Si vous gardez l'âge de 18 ans,
vous pourriez peut-être envisager un pourcentage de THC qui pourrait être vendu
aux moins de 21 ans et aux plus de
21 ans. Je m'explique. Si un pourcentage de THC... si on dit qu'à partir
de 18 %, par exemple, les effets
sont trop importants sur le cerveau et créent trop de dépendance, bien, on devrait peut-être le limiter à 9 %, 10 %, 12 %. Je dis des chiffres un peu au hasard, parce que
je ne suis pas du tout un expert là-dedans. Mais c'est ce qu'ils sont venus nous dire, d'ajuster selon l'âge
le pourcentage qui pourrait être vendu auprès des jeunes. Et, je vais vous
dire, j'ai trouvé la proposition fort intéressante. Alors, je ne sais pas si ça
sera un amendement qui nous sera déposé, proposé, mais voilà à quoi
servent ces consultations : à bonifier notre projet de loi.
La SQC,
aussi, présentement, bon, là on dit que c'est une filiale de la SAQ. Je veux
bien, je pense que c'est correct en
soi. Sauf que, dans notre livre à nous, il faudrait deux choses qui nous
apparaissent comme fort importantes. Cette SQC devrait relever non pas du ministre des Finances, parce qu'on connaît
son penchant, hein, on sait qu'à chaque année il va demander 1,1 milliard, 1,2 milliard de
dividendes à l'État. Alors, compte tenu de cela et de l'inquiétude qui nous a
été mentionnée par plusieurs personnes lors des consultations, nous, ce
que l'on dit, c'est que la filiale... la SQC devrait relever carrément... même pas du ministre de la Santé — parce qu'il y avait des gens qui disaient
ça — non, de la
ministre de la Sécurité publique. Parce que le ministre de la Santé
pourrait peut-être avoir envie de dire : J'ai tellement de problèmes dans mon réseau de santé, j'ai 36, 37,
38 milliards à mettre par année... Bon. Alors, non, de la ministre de la
Santé publique. La SQC devrait relever de
cette ministre et, en même temps — et, en même temps — être composée — et il faudrait l'écrire aussi dans la
loi — de
gens qui ont des compétences bien précises, des compétences en termes, justement, de santé publique, en termes de
sécurité publique, peut-être issus aussi du milieu de l'éducation, de certains
milieux communautaires, des municipalités,
des milieux de la dépendance, des gens qui connaissent tous ces milieux-là
et qui peuvent à la fois avoir des compétences
en étant des bons administrateurs, des compétences au niveau des ressources
humaines, différentes compétences
recherchées. On est capables de trouver ces gens-là. Pour l'instant, je pense
que l'article qui parle de la
composition parle de neuf à 11 personnes, ou quelque chose comme ça, là,
je ne me souviens pas exactement, mais
ne parle pas des compétences requises, c'est plutôt un comité consultatif qui
va venir une fois par année. Mais, au lieu d'avoir un comité consultatif qui vient alimenter la réflexion de la
SQC, ce serait peut-être mieux que, la composition de la SQC, ce soient déjà des gens qui ont les
compétences pour gérer les différentes problématiques liées à la consommation
de cannabis. Alors, ça, ça m'apparaît comme deux éléments qui sont fort
importants.
On a aussi
entendu à plusieurs occasions, lors des consultations... pas tout le monde, là,
parce que ce n'est pas tout le monde
qui a cette réflexion-là, mais ce que j'ai entendu, et la ministre a entendu
aussi, qui m'apparaissait comme fort intéressant :
créer un observatoire, un observatoire en lien avec des chaires de recherche.
Pourquoi? Pour bien documenter, à partir
du jour 1 jusqu'au jour 365, deux ans, trois ans, cinq ans,
l'évolution, dans la société, des comportements par rapport à la consommation de cannabis. Alors, cet
observatoire nous apparaissait comme quelque chose de fort intéressant, et, probablement, ce n'est pas très cher, là. Il y a un
observatoire des tout-petits, là, qui est créé par la fondation Chagnon.
Ils viennent nous voir à l'occasion pour faire une forme de lobby, pour
dire : Voici ce qu'on observe, nous. Ils sont quelques personnes et ils vont
relever toutes sortes de données pour nous dire : Bien, voici les
résultats avec telle politique
qui a été adoptée, avec telle façon de
faire, voici ce qu'on vous propose. Alors, pour bien réagir, la ministre
nous dit : Dans trois ans, je
prends l'engagement de rouvrir le projet de loi. Mais ça, le projet de loi, on peut le rouvrir à l'automne prochain, on peut le rouvrir dans un an, dans deux ans. Si
on se rend compte qu'il y a des choses qui ne marchent pas du tout, je pense qu'on n'attendra pas trois ans, tout
le monde s'entend là-dessus. Bon.
Alors, nous, ce que l'on dit : Il faut que
ces changements qui, éventuellement, pourraient être apportés soient apportés sur des données probantes, et ces données
probantes, on va les avoir surtout si on crée l'observatoire, qui, pour l'instant, n'est pas du tout dans les cartons.
Alors, est-ce que ça doit être dans le projet de loi? Bien, on va le proposer. Mais,
s'il n'est pas... ça peut être créé, un observatoire, sans que ça soit dans une
loi. Mais, à tout le moins, ça m'apparaît important de le mentionner à
ce stade-ci, puis afin de s'assurer que nous fassions bien les choses, et
surtout pour les modifications que nous aurions à apporter au fil des années.
Un élément
sur lequel, je pense, la ministre s'attendait à ce que j'en parle, et évidemment
je vais en parler, c'est le fameux article
55 à la page 36 du projet de loi, le fameux article 55 de la page 36.
Alors, je lis simplement le premier paragraphe, qui dit : «Le gouvernement peut, par décret,
autoriser le ministre — le ou la ministre, ah bien, peut-être, si ça relève du ministre des Finances, c'est peut-être pour ça qu'on
dit le ministre — à mettre
en oeuvre un projet pilote relatif à toute matière visée par la présente
loi [à] un règlement pris pour son application, dans le but d'étudier,
d'améliorer ou de définir des normes applicables en ces matières.»
Puis,
bon, il y a quatre paragraphes là-dessus, là, bon, où on définit ce que serait
le projet pilote, sauf que, lors des
consultations, on nous a tellement dit qu'il fallait que ce soit une société
d'État, on nous a tellement dit qu'il ne fallait pas qu'il y ait de notion de profit qu'on ne comprend pas, on ne
comprend pas pourquoi que l'article 55 est dans le projet de loi. Parce que l'article 55 ouvre la porte à
introduire le privé, et vous vous imaginez, Mme la Présidente, si, dans trois
ans, dans cinq ans, on a fait
quelques projets pilotes avec du privé, évidemment, probablement avec du
personnel qui ne sera pas syndiqué,
qui n'aura pas le même encadrement, les mêmes conditions, bien, qui... qu'on
pourrait dire : Bien, finalement, regardez,
on peut laisser aller le privé là-dedans, là. Si, à la limite, on veut aller
avec l'article 55, qu'on se donne au moins un délai, certains parlaient de trois ans, d'autres parlaient de cinq
ans, mais, à notre avis... d'autant plus qu'il y a beaucoup de flou. Parce que la ministre nous a dit :
Oui, mais l'article 55, ça peut être des projets pilotes pas juste pour la
vente au détail, ça peut être pour
autre chose aussi. Ah! O.K., mais qu'on définisse le «autre chose» pour voir
très clairement ce que ça veut dire.
Mais,
en ce qui nous concerne, c'est clair qu'il y aura une bataille sur l'article 55
pour fermer la porte à la vente au détail à des entreprises privées, à la vente
au détail à des entreprises privées. Et certains vont me dire : Oui, mais
une coopérative, c'est un OBNL. C'est vrai, mais une coopérative ne peut pas
fonctionner si elle ne fait pas de profit. Moi,
ma coopérative, là, forestière, si elle ne fait pas de profit, à un moment
donné, elle fait faillite, elle ferme ses portes. Alors, il y a une notion de profit même avec des
OBNL. Alors, il faut faire attention quand on va nous dire : Oui, mais ça
pourrait être des OBNL. Il faut faire attention.
• (12 h 30) •
Alors,
ça, là-dessus, il va falloir que nous soyons beaucoup plus clairs parce que...
Je ne sais pas, je le dis amicalement
à la ministre de la Santé, là, on s'apprécie tous les deux, là : Est-ce
que c'est un deal que vous avez eu à faire avec le ministre des Finances, qui, au début, ne voulait pas créer une
société d'État? On pourrait douter que c'est ça. Mais on essaie de comprendre ce que ça fait là et on
aura l'occasion de s'en reparler soit dans le privé ou encore lors de l'étude
article par article, mais je ne comprends
pas. Moi, je n'ai vraiment pas entendu souvent, dans l'ensemble des
consultations, des gens nous demander
d'aller vers ce mode de fonctionnement, très, très, très peu, et les gens qui
sont venus le demander, c'est essentiellement des gens qui avaient un
intérêt pécunier, des gens qui voulaient faire de l'argent, qui disaient :
Non, non, il ne faut pas que ce soit une
société d'État. Pourquoi? Parce que nous, on peut le faire à moins cher. Bien
oui, le faire à moins cher pour faire
plus de profits, ce n'est pas ça qu'on veut, parce que faire plus de profits,
c'est de vouloir en vendre plus, puis
ce qu'on veut, à terme, ce n'est pas en vendre plus, là, ce qu'on veut, à
terme, c'est qu'il arrive la même chose comme il arrive avec la
cigarette. Il y a 50 ans, c'était quoi, 50 %, Mme la ministre, des
Québécois qui fumaient? Aujourd'hui, on est
sous la barre du 20 %. Pourquoi? Parce qu'on a tellement bien encadré! Les
paquets de cigarettes sont derrière les comptoirs, ne sont même pas
visibles. Quand tu achètes un paquet, quand tu regardes ce qu'il y a là-dessus, disons que ça ne te donne pas
tellement envie. Alors, si on est capables, avec le cannabis, de faire en
sorte qu'un jour il y ait de moins en moins
de Québécois qui consomment, bien, tant mieux, tant mieux... ou qui consomment
de façon très sporadique, de façon très
intelligente. Alors, c'est ce que l'on souhaite. Et à cet égard-là, sur
l'article 55, nous aurons à faire un débat qui va être important.
Le projet de loi
parle très peu ou, à toutes fins pratiques, pas, aussi, de la vente pour des
fins médicales, et je pense qu'il va falloir
que nous abordions également cette question parce que, jusqu'à maintenant,
quand quelqu'un avait une
prescription, bien, il commandait en ligne. Et, à partir du moment où on
reconnaît que c'est comme un médicament, bien, où est-ce que vous prenez vos
médicaments, Mme la Présidente? Où est-ce que tout le monde ici s'adresse quand
on prend un médicament? Bien, c'est
auprès de son pharmacien, parce que c'est l'expert de la santé. Alors, si on
reconnaît qu'il y a des bienfaits
médicaux, bien, il faut reconnaître qu'il faut vendre ça à la bonne place.
Pourquoi? En même temps, pour avoir
devant nous le professionnel de la santé qui va nous donner les bons conseils,
nous faire part des contre‑indications
dont je parlais tantôt, avec le conseiller qui n'aurait pas ces compétences-là,
mais des contre-indications avec
l'alcool, avec... Souvent, on achète des médicaments, puis c'est écrit
dessus : Ne pas consommer d'alcool au même moment, ne pas conduire, par exemple. Alors, il faut que ces
recommandations-là soient faites par le spécialiste de la santé qui est le pharmacien. Et l'Ordre des pharmaciens
du Québec et l'ordre des pharmaciens indépendants aussi ou quelque chose comme ça, je ne me souviens pas exactement
des noms, mais ceux qui sont venus nous parler, maintenant, sont ouverts
à cela, d'autant plus que maintenant ça va être légalisé. Pas pour de la vente
non médicale mais pour la vente médicale, je pense qu'il faut inscrire quelque
chose quelque part qui va dire que ça va aller vers les pharmacies.
La
vente en ligne, la vente en ligne, beaucoup d'inquiétude, beaucoup
d'inquiétude, parce que vous savez comme moi jusqu'à quel point, Mme la Présidente, les jeunes, ce n'est pas un
problème, aujourd'hui, là, d'aller sur Internet puis... Moi, ma fille, qui est rendue à 13 ans, là,
elle avait à peine sept ou huit ans, puis souvent je lui demandais des conseils
sur plein de choses, parce qu'ils viennent tellement au monde avec ça
qu'aujourd'hui ils sont extrêmement habiles. Alors, s'il y a trop de facilité
pour commander en ligne, on peut douter qu'on va perdre le contrôle aussi
beaucoup.
Et
moi, je crains énormément la vente en ligne. Ce qu'on dit, c'est que, oui, vous
allez pouvoir acheter en ligne mais
via la SQC. Sauf que quel contrôle vous allez avoir? Présentement, ce n'est
même pas encore décriminalisé, et aux crédits,
au printemps dernier, en 2017, j'ai amené à la ministre deux petits pots qu'une
personne... ce n'est pas moi qui l'ai
commandé, là, mais une personne autour de moi qui a dit : Bien, je connais
quelqu'un, il en commande régulièrement. Veux-tu que je t'en apporte?
J'ai dit oui. Bon, les petits pots étaient vides, là, quand même, mais deux
petits pots qui venaient de la Colombie-Britannique et qui avaient été
commandés très facilement. Et, à chaque fois que la personne commandait son
petit pot, il y a un plus petit pot pour la promotion du mois. Alors, vous
voyez très bien que nous allons perdre le contrôle si on ne s'organise pas pour
mieux encadrer la vente en ligne.
Je
n'ai pas la réponse parfaite, Mme la Présidente, à cette question-là, mais
c'est une question sur laquelle il va falloir
continuer de réfléchir. Je vous donne juste quelques pistes. Entre autres, il
faudrait, et ça, ça fait quelques fois que je le dis... Je ne sais pas où elle est rendue, la ministre, dans sa
réflexion et les échanges qu'elle a pu avoir avec son homologue au fédéral, mais nous, on dit qu'il faut qu'il y
ait un amendement dans le projet de loi C-45 à Ottawa qui dirait que, si, dans
une province, un consommateur qui veut acheter en ligne doit obligatoirement
consommer un produit qui provient de
sa province, et qu'il le fait d'ailleurs au Canada, le vendeur hors Québec soit
pénalisé ou carrément qu'on lui enlève sa licence. Donc, vous êtes en Colombie-Britannique, vous voyez qu'il y a
un Québécois qui veut commander en ligne : je ne peux pas lui vendre parce que, si je lui vends, je
perds mon permis de production, je perds mon permis de vente. Mais ça, pour
ça, on ne peut pas aller légiférer en Ontario, ou en Colombie-Britannique, ou ailleurs. Donc, il faut demander au fédéral
d'amender sa loi C-45 pour interdire à une production une vente hors Québec à
des Québécois.
Alors, ça, ça
nous apparaît comme fondamental. Je ne sais pas où est-ce que nous en sommes
là-dedans, mais c'est possible de le faire, et là ça permettrait d'avoir
un meilleur contrôle parce que, si tous les consommateurs en ligne consomment à la SQC, bien, en même temps, ça laisse des traces, ça laisse des traces. Alors, on verrait, via la
SQC, bien, est-ce qu'il y a des gens qui ont des comportements... ils
commandent 10, 12, 15 fois par mois des quantités énormes. Est-ce
qu'il en fait la revente? Est-ce qu'il consomme trop? On pourrait faire plus de prévention auprès de ces gens-là.
Nous allions
jusqu'à dire que quelqu'un qui commande en ligne devrait peut-être
aussi être obligé à se rendre à un point
de distribution ou, dans les petits
villages, au bureau de poste pour aller chercher sur place, pour permettre en
même temps, d'une part, d'identifier
la personne et, d'autre part, d'offrir un peu d'information et de
sensibilisation, surtout quand ça fait 22 fois qu'il commande dans
le mois. Bon, alors, pour cela, on n'a pas la réponse parfaite à cela. Est-ce
que la personne devrait être obligée d'aller
dans une pharmacie, d'aller au bureau de poste pour aller le chercher? On le
sait, maintenant, je nomme les
pharmacies, ce n'est pas au hasard, de plus en plus les bureaux de poste se
retrouvent dans les pharmacies.
Alors, moi, quand j'ai un petit carton à la maison pour aller chercher un
colis, c'est à la pharmacie. Même si j'habite,
quand même, dans une ville, ce n'est même pas au bureau de poste, c'est à la
pharmacie. Alors, je pense qu'il faut réfléchir à cela.
Et je trouve
que l'on traite trop légèrement toute la question de la vente en ligne. Et je
nous le dis, là, tous ensemble, il va falloir qu'on se donne les moyens
d'être beaucoup plus prévoyants sur la vente en ligne.
Bon, 100 % des profits, ça, j'en ai parlé. Les lieux
de consommation, les lieux de consommation, j'ai été étonné de voir autant d'ouverture de la part du
gouvernement à l'égard des lieux de consommation. Nous, ce que l'on dit, c'est
qu'il faut être plus restrictif, on disait...
un peu le et/ou : les endroits où vous ne pouvez pas consommer soit la
cigarette ou de l'alcool, on ne devrait pas pouvoir consommer du
cannabis.
En même
temps, force est de reconnaître qu'il faut quand même laisser des endroits, si
on veut que... Sinon, on va avoir un
problème, parce que, si on ne peut à peu près pas consommer partout, on va
avoir quand même un problème, et pourtant ça devient légal.
Alors, compte
tenu que les mieux placés pour connaître leur milieu, c'est vraiment le monde
municipal, ce qu'on a dit, c'est qu'à
partir d'un certain encadrement, avec une distance par rapport aux écoles, par
rapport aux CPE, par rapport... Alors,
si on encadrait et qu'on disait aux municipalités : Voici l'encadrement,
maintenant déterminez, hein... Il y a une loi, maintenant, 122, qui leur donne plus de pouvoirs. On va justement
déterminer quels seraient les endroits qui... où ce serait correct et acceptable, où les gens pourraient
aller consommer. Alors, nous, on pense qu'il y a une piste de solution
là-dedans.
C'est
bien sûr qu'on a entendu aussi toutes les inquiétudes à l'égard des
propriétaires de logement et de multilogement. Effectivement, il y a un
problème de ce côté-là. Alors, ça aussi, il va falloir y réfléchir vraiment
comme il faut.
Dans les
CHSLD, peut-être vous avez vu le même reportage que moi hier soir, je pense que
c'était à Radio-Canada, où la
personne en chaise roulante qui vit dans un CHSLD doit sortir à tous les jours,
faire une distance quand même assez importante,
là... Ce n'était pas juste sur le bord de la porte, là, ce n'était pas à neuf
mètres du bord de la porte, il y avait une
distance... puis il partait avec sa chaise roulante, parce que ça lui fait
énormément de bien, parce que, dans plusieurs cas... Alors, moi,
l'impression que ça me donnait, c'était vraiment du cannabis médical, parce
qu'il consommait très librement. Donc, si c'est du médical, normalement, ton
médicament, tu devrais pouvoir le consommer plus aisément. Alors, il devait partir tout seul avec sa chaise
roulante en plein hiver, aller consommer son cannabis à je ne sais pas quelle
distance de son CHSLD. Alors, pas simple, là, pas facile, là, puis en plein
hiver, quand c'est un médicament.
• (12 h 40) •
Alors, il
faudra apprendre à gérer cela. Il y a déjà, dans certains CHSLD, des salles,
des fumoirs où les gens peuvent aller,
mais il y en a qu'il n'y en a pas, puis il y en a qui veulent les éliminer.
Alors, quand c'est pour des fins médicales, je pense qu'il faut y
réfléchir.
Mais en
même temps, en même temps, il va falloir accélérer, je
dirais, en tout cas — je
veux le dire correctement, là — la
facilité pour pouvoir consommer du cannabis vaporisé, parce qu'on est venu nous
le dire lors des consultations, les
pays et les États où on a légalisé le cannabis, maintenant que c'est légal, de plus en plus, le cannabis fumé, il y en a de moins en moins, et de plus en
plus du cannabis vaporisé. Et ça fait quoi comme différence? C'est que, là, il
n'y a pas d'odeur. Alors, ça n'incommode pas
les voisins quand vous êtes dans un multilogement, dans un bloc-appartements.
Ça n'incommode pas dans le CHSLD, vous pourriez fumer dans... pas fumer
mais vaporiser dans votre chambre.
Alors, à
partir du moment où on va faciliter la vente ou la prescription de cannabis
vaporisé, vous comprenez que ça règle
passablement de problèmes. Et heureusement on nous dit que c'est vraiment
la tendance mondiale. Et il y en a même qui sont venus nous dire que, d'ici 10,
15 ans, de toute façon, il n'y en aura pratiquement plus, de cannabis
fumé. Alors, tant mieux, parce qu'on n'aura pas les inconvénients au
niveau des odeurs.
Les plants à
la maison, il y a des juristes qui sont venus nous dire : Bien, écoutez,
le fédéral prévoit quatre plants. Puis
hier, justement, le fédéral, ils sont allés au Sénat, il y a trois ministres
qui sont allés au Sénat, un peu inédit, et qui sont venus vraiment confirmer qu'ils
conserveraient ce volet, dans le projet de loi, des quatre plants à la maison
jusqu'à un mètre, quatre plants. Ce
n'est pas simple, ce n'est pas évident. C'est ce que j'ai entendu, que le
fédéral conservait cette légalisation.
Maintenant,
vous savez comme moi que le Québec peut restreindre, mais, quand on dit zéro dans la
loi, ça va à l'encontre du permis qui est autorisé par le fédéral. Et il y a plusieurs
juristes qui pensent que, si ce volet-là est contesté en cour, bien, ça
va faire quoi? Ça va faire que... Normalement, quand il y a comme un conflit de
juridictions comme celui-là, normalement c'est le fédéral qui gagne. Alors, il
faudrait probablement, à ce moment-là, rouvrir la loi pour permettre
minimalement un plant.
Bon, là, on
est devant une incertitude. Ce n'est pas simple, ce n'est pas simple. Nous,
nous avions dit : Allons-y jusqu'à
deux plants. On avait consulté des gens qui connaissaient ça et qui nous
disaient : Quatre plants, c'est beaucoup; à deux
plants c'est peu. Est-ce qu'on pourrait encadrer le plant ou le deux plants en
disant que, bien, en autant que ce soient des plantes qui poussent de
façon très naturelle, alors... pour ne pas se retrouver comme on s'est retrouvé
dans des logements où il y avait plusieurs
plants puis... Parce que les problèmes que les propriétaires ont eus dans les
logements, c'est quand on en fait
pousser plusieurs. Puis là avec des lampes chauffantes, puis là on crée de
l'humidité pour accélérer la pousse.
Mais, si les plantes peuvent pousser naturellement et qu'il n'y en a qu'une
seule ou deux... Je pense que ça mérite de se poser la question. De
toute façon, d'ici, probablement, quelques mois ou un an ou deux, on se
retrouvera devant un fait accompli où le fédéral viendra nous dire qu'il faut
revoir tout cela.
Alors, je
remercie encore une fois la ministre pour son ouverture. On fait un travail en toute
collégialité et même on a du plaisir
à travailler ensemble. Je pense qu'on est partis de très loin avec les
premiers propos de certaines personnes, certains ministres, il y a un an et demi, à peu près,
jusqu'à aujourd'hui, je pense qu'on a fait beaucoup
de chemin. On est en train de se doter d'un modèle québécois
qui va nous ressembler. Un modèle qui ne sera certainement pas parfait,
parce qu'on voudra certainement le bonifier au fil des sessions suivantes ou dans la prochaine
législature, bien oui, parce que c'est notre dernière session dans cette
législature. Alors, je peux assurer encore une fois la ministre... Oui, il y a
des endroits où on va échanger, confronter
nos idées. Pourquoi? Pour le seul but d'essayer de rendre le projet de loi le plus correct possible en
fonction de notre volonté de santé publique et de sécurité publique, de
travailler en termes de prévention. Alors, si à certains articles on prend un
peu plus de temps, ce n'est pas pour
des fins dogmatiques, ce n'est pas pour la confronter, mais c'est simplement qu'on veut faire notre travail et tenter de la
convaincre ou de convaincre ses collègues et les gens autour d'elle qu'il y a possibilité d'aller un peu plus loin, de faire un petit peu mieux. Mais je salue quand même son ouverture, l'ouverture du gouvernement
jusqu'à maintenant, parce que je pense qu'entre le point de départ et aujourd'hui
il y a beaucoup de choses que nous souhaitions et qui se retrouvent dans le projet
de loi.
Alors, vous
aurez compris que je vous annonce tout
de suite que, malgré certains articles
où nous sommes encore en désaccord et
on voudra bonifier... je vous annonce tout
de suite qu'évidemment nous allons
voter pour le principe du projet de loi. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup, M. le
député de Labelle. Maintenant,
je vais céder la parole à M. le député de Borduas, qui est le porte-parole du deuxième groupe d'opposition
en matière de justice.
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : Merci, Mme la
Présidente. Alors, aujourd'hui, j'interviens sur l'adoption de principe du projet de loi n° 157, Loi
constituant la Société québécoise du cannabis, édictant la Loi encadrant le
cannabis et modifiant diverses dispositions en matière de sécurité
routière.
Mme la Présidente, j'ai posé de multiples questions l'automne dernier dans cette Chambre,
dans cette Assemblée, à la ministre déléguée aux Saines habitudes de vie et
aux Services sociaux relativement au plan du gouvernement libéral pour
réglementer la distribution, la possession, la vente de cannabis.
D'entrée de
jeu, je dois vous dire que ma formation politique aurait souhaité que le
cannabis ne soit jamais légalisé, parce
que ça ne constitue pas une priorité de la société québécoise, ça ne constitue
pas un des enjeux fondamentaux que les gens
nous parlent, de dire : On doit légaliser le cannabis. C'est une promesse
qui a été faite par le gouvernement fédéral, et ils se sont entêtés à tenir cette promesse-là, alors qu'il y avait
d'autres engagements qui auraient pu être tenus et qu'ils n'ont pas
tenus. Alors, c'est un choix qui est fait par le gouvernement fédéral.
À partir de
ce moment-là, nous, ici, à l'Assemblée nationale, ce qu'on doit faire, c'est
agir de façon responsable et
d'encadrer la distribution de ce produit, qui est illicite présentement et qui
deviendra licite par la suite. Par contre, on a le devoir de ne pas faire en sorte de favoriser la
consommation de cannabis, de ne pas faire en sorte de banaliser la consommation de cannabis. Et il y a plusieurs éléments
dans le projet de loi qui a été déposé par la ministre, qui a été déposé par le gouvernement libéral avec lesquels
ma formation politique est en désaccord, et, Mme la Présidente, je vais travailler, dans le cadre de l'étude du projet de
loi, à proposer des amendements à la ministre pour qu'on puisse faire en
sorte que le projet de loi, ultimement, arrive à une approche qui sera
responsable et qui sera restrictive, en matière de distribution, de vente de cannabis, et surtout qui fera en sorte qu'on
ne favorisera pas et qu'on ne banalisera pas la consommation de
cannabis.
Il faut dire,
Mme la Présidente, que, dès le départ, dès le 13 septembre 2017, ma
formation politique, donc, ma collègue
députée de Repentigny, porte-parole en matière de santé publique, et moi-même
avons déposé un plan concret pour
faire face à cette légalisation du cannabis. On a proposé en conférence de
presse, dans le fond, un plan concret visant à encadrer de façon responsable et restrictive la légalisation du
cannabis dans la sphère de juridiction qui nous appartient. Mais il n'y a personne au Québec, Mme la
Présidente, qui souhaitait cette légalisation-là. Et les Québécois nous l'ont
dit tout
l'automne et ils l'ont dit l'été aussi, on est inquiets par rapport à la
légalisation. Nous devons avoir une approche qui est une approche par petits pas, on doit être plus restrictifs au départ
pour voir l'impact de la légalisation de ce produit-là sur la société québécoise, sur l'évolution
comportementale de la société mais aussi sur le comportement et la consommation
chez les jeunes, Mme la Présidente.
• (12 h 50) •
Et,
tout au long de la dernière année, les discussions qu'on a entendues sur
l'objectif du projet de loi fédéral et même sur l'objectif du projet de loi du gouvernement provincial, bien, il y a
des questionnements qui se posent, Mme la Présidente, parce qu'on regarde quel est l'impact chez les
jeunes, on regarde quel est l'impact sur la santé des individus, sur la santé
populationnelle, particulièrement pour la catégorie d'âge jusqu'à 25 ans,
et c'est extrêmement préoccupant.
Alors,
Mme la Présidente, moi, je le dis d'entrée de jeu à la ministre, au
gouvernement, c'est fondamental de fixer un âge plus élevé que l'âge de 18 ans pour assurer et pour protéger
la santé des jeunes Québécois. Parce qu'actuellement Mme la Présidente, dans le projet de loi
provincial, on fixe ça à 18 ans. On a entendu les différents intervenants
qui sont venus nous parler, et ça se
classe en deux groupes. Premier groupe, les intervenants de la santé publique,
qui relèvent du ministère de la
ministre, en l'occurrence, ceux-ci disent tous : Écoutez, on doit fixer ça
à 18 ans parce que l'alcool, c'est 18 ans, parce que le tabac,
c'est 18 ans, parce que le droit de voter, c'est 18 ans. Alors, bien,
on veut que les gens qui consomment, bien, connaissent le produit dont ils
consomment, en prenant pour acquis qu'ils vont aller à la Société québécoise du cannabis pour s'acheter du cannabis.
Un des trous majeurs dans cette
réflexion-là, Mme la Présidente, là, c'est qu'on oublie complètement les
individus en bas de 18 ans. Les jeunes qui ont... Puis les études le
démontrent, le premier épisode de
consommation se fait au début du secondaire, 12, 13, 14, 15, 16 ans. Il y a même des
enfants du primaire qui consomment du
cannabis. Et l'argumentaire qu'on
utilise pour dire : Je vais fixer l'âge à 18 ans, bien, c'est comme
s'il disparaissait pour les jeunes qui ont
15 ans, qui ont 16 ans, qui ont 17 ans, qui, eux aussi,
consomment, 16, 17 ans, quasiment
en même proportion que ceux qui ont 18 ans. Alors, à eux, on leur
dit : Bien, on ne s'en préoccupe pas pour vous, c'est illégal, mais à 18 ans c'est correct, malgré le fait
qu'il y autant de risques sur le développement du cerveau pour les
jeunes de 18, 19, 20, 21 ans.
Alors,
elle est où, la logique, là-dedans, de fixer l'âge à 18 ans? En tant que
gouvernement, qu'est-ce qu'on devrait avoir
comme priorité? On devrait avoir comme priorité de faire en sorte que les
jeunes qui... l'âge limite, l'âge minimum pour consommer vise à assurer la santé physique de la personne, la santé
mentale de la personne. Et les études scientifiques démontrent qu'il y a une augmentation des risques
de psychose, il y a une augmentation du risque de déclenchement de
maladie mentale, il y a des effets sur la motivation. On est face à un choix de
société. Est-ce que'on veut banaliser la consommation du cannabis? Est-ce qu'on
veut favoriser la consommation de cannabis?
Ce qu'on veut dire,
dans le fond, le message qu'on envoie : Bien, il n'y en a pas, de risque,
à consommer du cannabis. Non, Mme la
Présidente, ce n'est pas ça qu'on veut faire. Et le fait de fixer l'âge à
18 ans, bien, c'est là que ça
nous amène... ça amène le gouvernement libéral à envoyer un message pour les
jeunes qui ont 12, 13, 14, 15, 16, 17 ans : Bien, à 18 ans vous allez pouvoir en prendre,
et, bien, il y a des conséquences, mais nous, comme société, on fait le choix
que c'est 18 ans, basé sur le fait que
l'alcool est à 18 ans. Parce que l'alcool est à 18 ans, on va mettre le
pot à 19 ans. Ça n'a pas de bon
sens comme raisonnement, Mme la Présidente, d'autant plus que dans toutes les
autres provinces canadiennes, à l'exception de l'Alberta, l'âge, c'est
19 ans.
Meilleur
exemple que ça, Mme la Présidente, pour faire une distinction fondée sur l'âge,
au Manitoba, l'alcool, c'est
18 ans, Mme la Présidente, mais la ministre de la Justice, là-bas, elle a
dit : Écoutez, on sait que ça a des conséquences sur le développement du cerveau, la consommation
de cannabis, alors nous, on fait une exception à cela et on décide d'avoir
une distinction entre l'âge où vous pouvez
consommer de l'alcool et l'âge où vous pouvez consommer du cannabis, alors,
eux, ça va être 18 ans pour l'alcool,
19 ans pour le cannabis. C'est une approche qui prend en fait l'aspect
scientifique de la chose, ce que les psychiatres nous disent, le
déclenchement de maladie mentale, le déclenchement de psychose.
Et
statistiquement les populations sont plus à risque. Et souvent on me
répond : Bien, écoutez, ce n'est pas tout le monde qui est à risque dans la population
québécoise. Oui, mais, si vous avez 250 000 Québécois qui sont à
risque, là, est-ce que vous voulez
les mettre à risque? Le rôle de la Santé publique, là, le rôle du ministre de
la Santé... Et d'ailleurs le ministre de la Santé était d'accord avec
nous, avec la proposition de la CAQ de fixer l'âge à 21 ans, parce qu'il y
a des impacts sur le développement du
cerveau, il y a des impacts sur la santé mentale. Alors, est-ce qu'on va mettre
ces 250 000 personnes là à
risque au Québec? Est-ce qu'on va vous dire : Bien, comme message de
société, on dit : 18 ans, ce n'est
pas si grave et, bien, si jamais il vous arrive de quoi, bien, on verra? Non,
il faudrait y aller en sensibilisation, en prévention et surtout avoir
une approche pondérée et restrictive dès le départ et fixer à 21 ans.
Et
d'ailleurs au départ, Mme la Présidente, lorsque la légalisation a été
annoncée, j'entendais le premier ministre, j'entendais la ministre
déléguée à la Santé et Services sociaux nous dire : On va travailler en
collaboration avec notre partenaire, notre
voisin, l'Ontario, parce qu'on est voisins, puis il y a la rivière des
Outaouais qui nous sépare. Et d'ailleurs vous connaissez bien la région, et je pense d'ailleurs aussi que vous connaissez — et c'est de connaissance publique — le fait
que parfois on a des groupes populationnels qui quittent l'Ontario, certains
soirs, et qui viennent du côté du Québec, à Gatineau, à Hull, pour célébrer, célébrer la vie d'une façon arrosée. Et
c'est une réalité, en Outaouais, ça. Et, je pense, c'est de connaissance
générale que les gens qui n'ont pas l'âge pour consommer de l'alcool en Ontario
traversent sur les rives québécoises pour
pouvoir consommer. Et ça a des
impacts au niveau de la santé, premièrement, mais de la sécurité publique
aussi, avec le service de police, je crois, c'est de Gatineau, et là la police
doit gérer ça, se retrouver dans une situation...
Et là qu'est-ce qui va arriver si nous, au Québec, comme le propose le
gouvernement libéral... de fixer l'âge de consommation de cannabis à 18
ans, et qu'en Ontario c'est 19 ans? Est-ce que ce n'est pas le même modèle
qu'on reproduit? Je pose la question. Moi, je pense que oui, je pense que ça va
créer des problématiques.
Au
lieu de s'arrimer avec nos voisins... Et c'était le désir du gouvernement,
c'était le désir du premier ministre, c'était
le désir de la ministre, de dire : On va s'arrimer, on va travailler en
collaboration ensemble, on va faire front commun. Première affaire qu'on apprend : ce n'est pas
le même âge. Basé uniquement sur quoi? Sur le fait que l'alcool, c'est
18 ans, au Québec, ça fait qu'on
maintient cette distinction-là, alors que nos amis manitobains, eux, ont
compris et ont fait la distinction.
Alors, vous
voyez, on aurait pu s'inspirer de ce qui se fait ailleurs. On aurait pu aussi
se dire : Bien, comme voisins, ce
serait une bonne chose, avec tous les échanges interprovinciaux qu'on a, et
dans un souci d'arrimer l'application de la loi, que ce soit 19 ans
des deux côtés.
Mais là ça
m'amène à vous parler, Mme la Présidente, d'un autre élément fondamental du
projet de loi avec lequel on n'est pas en accord, c'est celui de la
consommation dans les lieux publics.
Alors,
actuellement, avec le projet de loi de la ministre, c'est un projet de loi qui
dit... Et elle utilise l'expression «tabac
plus». Le cannabis, ce n'est pas du tabac, ça a des effets que le tabac n'amène
pas. Le cannabis peut s'apparenter à un
produit comme l'alcool. Alors, qu'est-ce qui se passe avec l'alcool?
Généralement, c'est interdit dans les lieux publics, les places
publiques, sur les voies publiques.
Avec le
projet de loi libéral que nous avons présentement, il va être possible de
pouvoir consommer du cannabis dans
les lieux publics, de fumer du cannabis dans les lieux publics. Notre voisin,
l'Ontario, eux, qu'est-ce qu'ils ont décidé de faire? Ils ont décidé
d'interdire la consommation dans les lieux publics, ils ont décidé de
dire : On interdit dans les endroits
publics, sur les lieux de travail et dans les véhicules moteurs. Alors,
pourquoi est-ce qu'en Ontario, eux, ils fixent à 19 ans, ils se
disent : Écoutez, ça va être possible de consommer mais dans les
résidences privées uniquement? Pourquoi est-ce qu'on ne suit pas cette approche-là alors même que le discours,
dès le départ, relativement à la légalisation, c'était de dire : On
va s'arrimer avec l'Ontario? Quelle est la justification?
Parce que
dans le projet de loi n° 157, actuellement, il y a une série de mesures,
de dire, bien : Vous n'avez pas le droit de fumer à neuf mètres d'un bâtiment. Donc, vous allez pouvoir
fumer sur la voie publique ou sur un espace public, vous allez pouvoir
fumer dans les parcs. J'entends souvent la ministre nous dire : Non, on ne
pourra pas fumer lorsqu'il y a un module de jeu pour enfants ou qu'il y a un
espace sportif. D'accord. Est-ce que dans tous les parcs du Québec il y a des espaces de jeu pour enfants ou
il y a des infrastructures sportives? La réponse, c'est non. Prenez le cas
à Montréal, prenez le cas dans de nombreux
parcs au Québec où des familles décident de faire des piqueniques. Est-ce
qu'on veut que ces familles-là subissent les
effluves de cannabis consommé? Est-ce que le fait de dire : On permet de
consommer en public du cannabis, de fumer du
cannabis en public, ce n'est pas d'envoyer un message de banalisation,
de dire : Écoutez, il n'y en a pas, de problèmes, allez-y, fumez en
public?
Moi, je pense
le contraire, ma formation politique pense le contraire, on doit avoir une
approche qui est responsable, qui est restrictive. On est au début du
processus, Mme la Présidente, c'est une nouvelle expérience que l'on fait, une nouvelle expérience imposée, et on est dans une
situation où il faut y aller à pas de bébé, Mme la Présidente. Puis à pas de
bébé, c'est qu'on y va tranquillement, on y
va par étapes. Et là on devrait prendre un temps d'arrêt et se dire :
Bien, dans les lieux publics, il ne
devrait pas y avoir de consommation de cannabis, premier élément. L'Ontario le
fait, il n'y a pas de raison qu'on ne le fasse pas.
Autre élément
sur le cannabis, Mme la Présidente : au fil des consultations que nous
avons eues, cet automne, on a constaté que dans plusieurs juridictions,
Nord-Est des États-Unis, et aussi chez nos voisins de l'Ontario et de la Colombie-Britannique, où le tabac commence à être
considéré comme un produit qui est nocif et où on pense à augmenter l'âge pour pouvoir acheter du tabac, Ontario,
Colombie-Britannique... et je sais que ça touche particulièrement la ministre,
parce qu'elle-même a piloté une réforme de la loi visant la lutte contre le
tabagisme...
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, M. le député, à ce point-ci, je dois vous demander si vous
avez terminé votre intervention. Je ne crois pas, je ne crois pas.
Alors, compte tenu de l'heure, et afin de permettre le débat sur une affaire inscrite par
les députés de l'opposition,
je suspends nos travaux jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 heures)
(Reprise à 15 h 1)
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, veuillez prendre place. On va se souhaiter un bon après-midi.
Affaires inscrites par les
députés de l'opposition
Motion proposant que
l'Assemblée rappelle l'importance du transport aérien régional
pour le développement économique et social des régions et qu'elle réclame
du
gouvernement un programme de prix plancher pour les dessertes régionales
Nous en
sommes aux affaires inscrites par les députés de l'opposition. À l'article 104 du feuilleton, M. le député de
René-Lévesque présente la motion suivante :
«Que l'Assemblée nationale rappelle l'importance du
transport aérien régional pour l'économie des régions, le tourisme et la
capacité des Québécois à se déplacer sur leur territoire;
«Qu'elle rappelle
que le transport aérien régional assure la vitalité et l'occupation dynamique
du territoire;
«Qu'elle dénonce avec force le coût
[de] 55 % supérieur des liaisons aériennes régionales au Québec comparativement
à l'Ontario; et
«Qu'elle reconnaisse la position dominante d'Air Canada et sa
volonté d'écarter ses concurrents potentiels comme les causes
principales de ce problème;
«Qu'elle réclame du
gouvernement du Québec, dès le dépôt de son prochain budget, la mise en place
d'un programme de prix plancher pour les
dessertes régionales, impliquant un mécanisme de compensation financière
permettant d'assurer le respect du prix plancher;
«Que ce
programme soit en vigueur avant la fin du printemps, à temps pour la saison
touristique estivale de 2018.»
La
répartition du temps, vous la savez, je ne la reprends pas. Si vous décidez que
vous ne la savez pas, on s'informera.
Je cède maintenant la parole à M. le député de René-Lévesque.
Je fais juste vous dire, c'est toujours la même chose, par exemple : Pour les députés indépendants qui souhaitent — ça,
c'est important — intervenir au cours du débat, ils ont 10 minutes à partir de maintenant
pour signifier leur intention en avisant la table, et qui, eux, avise la
présidence.
Alors, nous sommes en mesure d'entendre le député
de René-Lévesque pour son intervention. À vous, M. le député.
M. Martin Ouellet
M.
Ouellet : Merci beaucoup, M. le Président. Je vous dirais que c'est avec beaucoup
de fierté que je prends la parole aujourd'hui au nom des gens de la circonscription de René-Lévesque, M. le
Président, mais au nom aussi de tous
les gens qui habitent les différentes régions du Québec, l'Abitibi, la
Gaspésie, le Bas-Saint-Laurent, le Saguenay, le Témiscamingue, la Montérégie, bref, tous ceux et celles qui peuplent le
Québec, qui l'occupent et qui essaient effectivement de trouver, à travers la mobilité de la
population, du développement économique, du développement social, bref, qui
essaient de se faire une vie à travers le grand Québec.
Il y a de
ça... depuis un an, M. le Président, presque deux, même, le gouvernement
annonçait la tenue d'un sommet sur le
transport aérien, qui a eu lieu à Lévis ce vendredi dernier, le 2 février,
sommet, M. le Président, que j'ai assisté. Entre-temps, deux études commandées par l'Union des municipalités du Québec
ont été publiées, dont j'aimerais vous donner
les principaux constats, M. le Président. Premier constat, le prix du transport
aérien régional est beaucoup plus élevé
au Québec qu'ailleurs au Canada. Le coût du billet d'avion pour un vol régional
est 55 % plus élevé au Québec que dans
les autres provinces canadiennes. Le coût moyen d'un billet d'avion se chiffre
à 1,20 $ par mille nautique au Québec, comparativement à
0,77 $ par mille nautique ailleurs au pays.
Et voici les
causes qui sont ciblées dans les deux rapports de l'UMQ, M. le Président. Tout
d'abord, la concurrence : 67 % des destinations régionales
analysées par l'UMQ, en 2017, sont desservies par une seule compagnie aérienne,
comparativement à 33 % ailleurs au Canada. Le financement des aéroports
régionaux : le besoin pour l'ensemble des 136 aéroports régionaux du Québec est de 400 millions.
60 % de ce montant, soit 232 millions, correspond aux besoins des 43 aéroports nationaux... municipaux,
pardon. Plusieurs provinces n'appliquent pas leurs taxes de vente sur l'achat
des billets intrarégionaux et l'offre de
sièges dans le reste du Canada est pratiquement deux fois plus élevée au
Québec.
M. le Président, petit exemple bien succinct. Cette semaine, je voulais être présent rapidement
ici, à l'Assemblée nationale.
J'avais des rencontres et des choses à préparer pour les commissions parlementaires, et je me suis
dit : Je vais prendre l'avion,
je vais gagner en temps et j'espère effectivement gagner en argent. Alors, un
vol lundi matin Baie-Comeau—Québec : 1 066 $,
dont 200 $ de taxes, de frais aéroportuaires, et tout ça. Le plus pire,
c'est que ce n'est même pas un vol direct, je fais une run de lait, M. le
Président — et je
sais que vous venez de l'Abitibi, la run de lait, vous l'avez déjà faite. Et
donc, pour me rendre à Québec par Air
Canada, je prends un vol tôt le matin, je dois arrêter à Montréal, faire le
transit, et par la suite j'arrive à
Québec. Grosso modo, M. le Président, ça me prend à peu près
6 h 30 min pour 1 066 $ l'aller-retour, donc ça me
prend l'équivalent de 13 heures pour plus de 1 000 $ pour être
ici, à Québec. Alors, vous avez compris, M. le Président, que Baie-Comeau—Québec à 4 h 30 min en voiture,
c'est beaucoup plus rentable en termes de temps et, point de vue des
dépenses, c'est beaucoup moins coûteux, puisque ça me coûte l'équivalent d'une
tinquée de char, et donc l'équivalent d'une centaine de dollars, pour venir
ici.
Alors, vous avez compris que, lorsque l'Union
des municipalités met dans l'espace média les enjeux reliés au transport aérien, il est tout à fait légitime pour
eux qu'on en discute, qu'on en discute et qu'on arrive avec des solutions
concrètes, parce que, si on veut assurer
partout, dans toutes les régions du Québec, un développement économique
prospère, une vitalité, il faut
permettre la mobilité de sa population, des travailleurs et travailleuses qui
veulent aller gagner leur vie, mais
aussi des entrepreneurs, des entreprises qui veulent venir faire des affaires
dans la métropole et dans la capitale ou ailleurs dans les régions du
Québec.
Alors, M. le
Président, voyant le sommet arriver, on s'est inscrits encore une fois dans
l'espace média pour exiger, dès le
sommet du 2, des actions concrètes. Alors, le 31 janvier, notre chef,
ainsi que tous les députés issus des régions du Québec, a signé une lettre pour laquelle on demandait la chose très
simple suivante : on rappelle la place prépondérante qu'occupe Air Canada dans le marché de l'aviation
au Québec et que c'est un problème, dès qu'un concurrent tente de se faire une place, le géant canadien casse les prix.
Or, plusieurs moyens existent pour briser cette pratique monopolistique,
et le gouvernement doit agir pour y mettre fin dès maintenant.
M. le
Président, le 25 avril 2017, dans un article publié dans Le Soleil
sous la plume d'Annie Morin, le titre disait : De l'argent après
le Sommet sur le transport aérien. Et là je vais vous lire le
libellé de l'article en question : «Le gouvernement [du premier ministre] envisage déjà des investissements
pour améliorer la fréquence et faire baisser le coût du transport aérien dans les régions du Québec. Il
faudra toutefois attendre la tenue du Sommet sur le transport aérien régional, qui se tiendra le [2 à Lévis], pour en
connaître les contours.» Donc, déjà, au mois d'avril 2017, on nous
disait : Soyez patients, lors du sommet, des annonces seront faites
et ces annonces-là seront avec des montants.
Donc,
le sommet a eu lieu, et, ce qu'on a entendu, on a entendu plusieurs choses,
notamment des gens qui ont parlé du
monopole d'Air Canada, la façon d'augmenter la fréquence, la façon d'augmenter
la sécurité, on a parlé aussi des
écoles de pilotage. Bref, tout le milieu touché, de près ou de loin, par le
transport régional était présent. À la toute fin de la journée, le gouvernement nous a annoncé six mesures, et, si
vous me permettez, M. le Président, j'aimerais en élaborer quelques-unes
et vous donner mon impression sur ces six mesures.
• (15 h 10) •
Tout d'abord,
le gouvernement annonce la mise en place d'un nouveau programme d'aide pour les
infrastructures aéroportuaires
régionales. Je vous l'ai dit tout à l'heure, les gens de l'UMQ ont fait un
rapport, nous ont parlé de sommes de
près de 400 millions qui manquaient pour mettre nos infrastructures à
jour. Alors, on ne nous annonce pas un nouveau programme, la renaissance d'un programme. M. le Président, il faut avoir
un certain culot. 2015, on avait un programme, PATA, Programme d'aide au transport aérien, qui existait. Le
gouvernement au pouvoir décide de l'abolir et, trois ans plus tard, nous fait la fleur de réinvestir dans
le transport aérien. M. le Président, ça ressemble drôlement à ce qu'on a vu
dans l'éducation, ça ressemble drôlement à un paquet de mesures qui nous
sont annoncées aujourd'hui, dans cette année électorale,
qui ont été malheureusement victimes des coupes drastiques pendant ces trois
années d'austérité. Alors, il ne
faut pas être dupe, M. le Président, ça n'a surpris personne de dire : On vous
remet de l'argent qui a été tout
simplement absent pendant ces trois années-là.
Deuxième chose qu'on nous annonce, la mise en
place d'un programme d'aide pour la desserte aérienne régionale. Alors, stupéfaction, je me dis : Est-ce que c'est nouveau?
Je présume que non, M. le Président. Investissement Québec, ce n'est pas ça, son rôle, d'accompagner
les entreprises pour aider le transport aérien? Et je vous dirais, M. le
Président, que j'apporte un bémol à
ce programme d'aide, parce que, permettez-moi d'en douter, la dernière fois que
le gouvernement a investi dans le
transport aérien, ça s'appelle Bombardier. Et, vous savez, M. le Président, le
collègue de Sanguinet en a fait mention
ce matin, à la période de questions, le gouvernement du Québec, mais surtout la
population du Québec ont été les
grands perdants dans cette aventure. Alors, M. le Président, permettez-moi d'en
douter, de l'efficacité, et de la justesse de ce programme, et sa pertinence, considérant l'historique passé des
interventions du gouvernement dans le secteur aérien.
Troisième chose, M. le Président, la
simplification et la bonification du Programme de réduction des tarifs aériens déjà en place. Là, on nous dit : C'est
une bonne nouvelle, ça existe pour la Basse-Côte-Nord, ça existe pour les
Îles-de-la-Madeleine, alors on va l'étendre. M. le Président, ce programme-là
est inadéquat, et je vais vous donner juste
un exemple, je vous dirais, de sa résultante, du fait qu'il ne touche pas la
cible. Ici, en plus, on essaie de nous faire croire que c'est la meilleure merveille du monde, d'améliorer la
desserte aérienne en baissant le coût des... les coûts, pardon, des
billets par une subvention directe à Air Canada. Je vous donne un
exemple : les Îles-de-la-Madeleine. On vous rembourse 30 % du coût d'un billet d'avion. Montant maximal auquel...
pouvant être remboursé pour les déplacements à des fins personnelles,
700 $. Alors, si un vol des Îles-de-la-Madeleine vers Québec se détaille à
1 000 $, vous avez rapidement compris qu'on a un remboursement de
300 $, et donc, après deux vols et quart, on a atteint le maximum
remboursable.
Mais, ce qu'il
y a de plus aberrant là-dedans, M. le Président — parce que vous le savez, vous vivez en région — comme la façon dont le modèle économique est
basé en matière d'exploitation de vols aériens, plus tu prends tes billets tôt, moins ça te coûte cher. Alors,
qu'est-ce que les gens font? Ils réservent d'avance leurs billets, mettent ça
sur une carte de crédit... Donc, on va
prendre un exemple. Une famille de quatre personnes qui quitte les
Îles-de-la-Madeleine, qui veut se
rendre, exemple, à Québec ou à Montréal, ça coûte 1 000 $, donc
4 000 $ pour quatre personnes. Ils mettent ça sur la carte de crédit. Est-ce qu'ils peuvent
se faire rembourser tout de suite, M. le Président? La réponse est non, parce
que ça prend la carte d'embarquement, ça
prend la preuve que vous avez effectivement pris le vol, que vous avez débarqué
et que vous êtes revenu. Donc, j'ai acheté
mes billets d'avance, mettons, pour un vol au mois de décembre, parce que c'est
la période des fêtes, donc je me
prends d'avance pour payer moins cher, je prends ça en septembre. Je supporte
4 000 $ sur ma carte de crédit. Je dois prendre mon vol,
présenter ma carte d'embarquement, me faire rembourser, et après ça je soumets ça à la direction des transports, M. le
Président, et après ça je reçois un remboursement. Donc, grosso modo, là,
on peut compter à peu près six mois qu'une famille de quatre personnes a dû
assumer sur sa carte de crédit, à plus ou moins 19 %, 20 % d'intérêt,
ses billets d'avion.
Alors, si on
me dit que c'est une bonne chose, d'appliquer ce qui existe déjà dans d'autres
régions du Québec, je dis :
Attention! Attention parce que le seuil maximal est trop bas, attention parce
que, la mécanique pour le remboursement, elle est longue, elle est
complexe, et malheureusement elle coûte des sous aux contribuables québécois.
Quatrième point, on va démarrer une réflexion
afin de présenter rapidement des mesures concrètes pour... les Québécois et Québécoises puissent visiter nos
régions à plus faible coût. Là, si je comprends bien, on va réfléchir encore sur une façon qu'on pourrait déterminer des
mesures concrètes. Bref, M. le Président, on est encore en train de penser.
Ce que ça me dit, là, c'est qu'avant
d'arriver au sommet, là, probablement deux, trois semaines avant, M. le
Président, il n'y avait rien
d'attaché encore. Ça me donne l'impression qu'on a bricolé cette mesure-là
pour, du moins, satisfaire les enjeux par rapport au tourisme. Parce que
c'est ça qu'on s'est fait dire, là, lorsqu'Air Canada, le lendemain... pas le lendemain, le matin même du sommet, nous ont
dit : Écoutez, on a trouvé la formule miracle, vous allez pouvoir acheter
des billets d'avance, par lots, et, comme ça, économiser. Est-ce que le
touriste, M. le Président, qui veut venir visiter la Côte-Nord, ou le Bas-Saint-Laurent, ou la Gaspésie, ou
l'Abitibi-Témiscamingue a besoin d'un lot de 10 billets pour faire une visite pendant la semaine de relâche? La
réponse est non, il achète des billets pour sa famille. Alors, pour ces gens-là, cette mesure-là n'est pas adéquate, et je
comprends, dans ce cas-là, le gouvernement d'avoir élaboré un soupçon de
première mesure pour au moins satisfaire les enjeux touchant le tourisme qui
vient en région.
La cinquième, et la plus aberrante quant à moi,
c'est la création d'un canal de communication spécifique au transport aérien avec le gouvernement fédéral.
Donc, ce que ça nous dit, c'est que... Puis le ministre Garneau a été clair
là-dessus : Pas
question qu'on bouge dans le transport aérien. Alors, on va ouvrir un canal de
communication spécifique, une
passerelle de communication, pour paraphraser le premier ministre, pour
s'assurer que, quand on fait quelque chose, bien, on a à demander la
permission du gouvernement fédéral.
Et,
dernièrement, et celle-là, savez-vous quoi, M. le Président, je vais
l'applaudir, je vais l'applaudir parce qu'on nous a dit qu'on veut gérer plus efficacement les déplacements des
employés de l'État dans les régions du Québec. Je vais l'applaudir parce que je me dis : Il
était temps, au nombre de fonctionnaires qui se promènent partout sur le
territoire. On aurait pu fédérer ces
besoins-là, on aurait pu forfaitiser ces besoins-là. Mais là on dit : Le
Conseil du trésor va réfléchir à ça,
ils vont trouver une façon que ça nous coûte moins cher, à tous les Québécois.
Alors, je suis obligé de dire que, celle-là, je l'applaudis, mais elle
est très tardive.
Alors, vous
avez compris, M. le Président, que, notre réaction à ce sommet-là, on a été
déçus, on est restés sur notre faim.
On n'a pas adressé la problématique majeure qui était le monopole d'Air Canada
et, bref, on s'est mis à genoux. On s'est
mis à genoux pour Air Canada puis on se demande pourquoi, M. le Président.
Pourquoi on se met à genoux devant Air Canada? Pourquoi c'est eux qui
décident? Air Canada, là, ils ne nous respectent pas. On a de la misère à faire
appliquer la Charte de la langue française chez Air Canada. Quand il est venu
le temps de sauver Aveos, je pense qu'Air
Canada a été sans scrupules dans ce dossier. Alors, on se demande :
Comment ça, qu'on a pu plier sous Air Canada? Et là on se rend compte, et on
l'a dit d'ailleurs cette semaine, que plusieurs lobbyistes ont été très actifs,
très actifs auprès du ministère des
Transports, du Tourisme, de l'Énergie, de l'Économie, bref, huit personnes
payées pour faire du lobbyisme pour Air Canada.
Alors, quand j'entends la ministre dire :
Bien, on a rencontré plein de groupes, d'autres transporteurs, ils sont venus nous sensibiliser, on s'entend, M. le
Président, que les moyens ne sont pas les mêmes : Air Canada, huit
lobbyistes payés, avec des
compétences puis des carnets d'adresses. Ils sont capables de parler aux
cabinets et, dans certains cas, parler
au cabinet du premier ministre, et, dans d'autres cas, on a des transporteurs
qui essaient d'accrocher comme ça le cabinet de la ministre lors du
sommet ou d'une rencontre subséquente... juste avant, pour préparer le sommet.
M. le
Président, ce qu'on demande, là, ce n'est pas compliqué : Est-ce qu'on est
capable d'adresser une mesure qui va
s'attaquer aux prix des billets qui sont, malheureusement, beaucoup trop élevés
dans les régions du Québec? On pense qu'on
est seuls là-dessus, M. le Président. On n'a pas entendu la Coalition avenir
Québec se positionner sur le sujet. D'ailleurs, j'ai hâte de les
entendre pour la suite, parce qu'ils nous ont dit qu'on aurait leur réponse ce
mardi. Alors, on est mercredi, j'ai hâte
d'entendre ce qu'ils en pensent. Mais nous, on a l'impression d'être seuls sur
ce combat-là, M. le Président, mais
pas seuls, parce que plusieurs maires dans plein de régions du Québec, dont la
mienne, sont venus nous dire qu'il n'y en avait pas assez.
Donc, la
conclusion, M. le Président, la seule solution pour réduire immédiatement les
prix, c'est le prix plancher, M. le Président. Cette solution-là, elle a
été discutée à travers le ministère de l'Économie, probablement qu'elle a été soumise au Conseil des ministres, mais elle n'a
peut-être pas été retenue ou, du moins, elle demande précision, puisqu'on
nous pellette un peu plus loin un comité de travail qui va réfléchir sur
l'encadrement de ce prix-là. Malgré toutes les solutions proposées au sommet, M. le Président, là, est-ce que vous en
voyez une qui s'attaque directement aux prix? La réponse, c'est non. Le gouvernement, M. le Président, a la
responsabilité... c'est une question de vitalité et c'est une question de
développement économique et d'occupation du territoire.
Alors, on
donne la chance aujourd'hui à la ministre, dans ce débat sur la motion du
mercredi, de clarifier quelles sont
les prochaines étapes, et de dépoussiérer un peu les intentions, et nous les transformer
en actions concrètes. Ce que les gens
veulent savoir : demain matin, lundi prochain, lors de la semaine de
relâche, si je prends un vol de Baie-Comeau, de l'Abitibi, de la Gaspésie, du Saguenay—Lac-Saint-Jean, est-ce que j'aurai assurément le meilleur
tarif disponible dans le marché actuel? Merci, M. le Président.
• (15 h 20) •
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Alors,
je vous remercie, M. le député, de votre intervention. Et je suis prêt
à entendre le prochain ou la prochaine intervenante. Je reconnais Mme la
ministre déléguée aux Transports pour son intervention. À vous, Mme la ministre
déléguée aux Transports.
Mme Véronyque Tremblay
Mme Tremblay : Merci beaucoup, M. le Président. Je peux vous
dire que ça me fait vraiment plaisir aujourd'hui de débattre d'un dossier aussi important, un dossier que j'ai à coeur,
que mon gouvernement a à coeur, que mes collègues également, des régions, ont à
coeur : le transport aérien régional au Québec, qui est une priorité pour
mon gouvernement.
D'ailleurs, ce n'est pas pour rien qu'on a
annoncé la tenue de ce sommet. Ce n'est pas pour rien que ça fait 18 mois qu'on travaille sur ce dossier. Ce
n'est pas pour rien que nous avons organisé des consultations dans
12 régions du Québec. Nous avons également rencontré... fait des
consultations, 11 consultations sectorielles avec des gens de l'UMQ, de la FQM, le Conseil des aéroports,
l'association des transporteurs du Québec, les gens de l'association
touristique, aussi. C'était important
pour nous de savoir ce qu'ils en pensent, mais aussi, d'abord et avant tout, de
cibler les enjeux, quels sont les différents enjeux concernant le
transport aérien au Québec. Ça a été la première chose.
D'abord, on a identifié trois enjeux. Quand je
dis «on», on exclut la personne qui parle, je parle des gens des régions qui ont participé aux consultations. Le
prix élevé des billets d'avion : on en convient, on paie beaucoup trop
cher pour un billet d'avion dans nos
régions. On ne remet même pas en question. Ce n'est pas pour rien notamment
qu'on a organisé ce sommet-là. La
qualité de la desserte régionale, qu'est-ce que ça veut dire, «la qualité de la
desserte régionale»? C'est le nombre de
vols dans une région, dans un aéroport X, mais aussi la fiabilité, hein,
parfois il y a beaucoup d'annulations,
des retards, alors on aimerait ça, évidemment, avoir des vols fiables, mais
aussi le sous-financement des infrastructures
aéroportuaires. Et ça, c'est revenu dans toutes les régions que nous avons
consultées. Alors, c'est sur ces trois enjeux-là que nous avons voulu
travailler lors du sommet.
Ce que nous
avons fait? Bien, d'abord, il faut dire qu'il y a eu 300 personnes de
partout au Québec qui ont participé à
ce sommet-là. 300 personnes, c'est un bon taux de participation, c'était
clair que les gens avaient à coeur ce dossier-là, ils voulaient
travailler. Je tiens à le souligner, les gens des régions ont été proactifs,
ont amené beaucoup de pistes de solution. Il
y a eu beaucoup d'échanges lors de ce sommet. Il faut dire que, dans l'ensemble
des régions du Québec, j'ai dénoté
plus de 140 pistes de solution. C'est vrai qu'il y en a qui
s'entrecoupent, donc il y a certaines pistes de solution qui ont été mentionnées à peu près dans toutes les
régions. Et c'est d'ailleurs là-dessus que nous avons travaillé pour nos
annonces à la fin du sommet. Nous avons commencé par celles qui sont... les
pistes de solution qui sont ressorties le plus
souvent, qui semblaient les plus importantes aux yeux des gens des régions, les
principaux utilisateurs du service aérien en région.
Alors, ce que
nous avons mis en place au terme de ce sommet... Et je tiens à le dire tout de
suite, nous l'avons dit, ce n'est pas
une finalité en soi, le sommet. Le travail se poursuit. Parce qu'à la suite du
travail que nous avons fait lors du
sommet les gens se sont prononcés sur un écran géant pour dire leurs priorités,
et, oups! il y a des éléments qui ont
ressorti un peu plus. Alors, c'est pour ça qu'on continue à travailler le
dossier. Mais, déjà, nous avons fait des annonces importantes, et il va y avoir des investissements
substantiels lors du dévoilement du budget, lors du discours du budget.
Alors, ce qui a été annoncé. D'abord, mise en
place d'un nouveau programme d'aide pour les infrastructures aéroportuaires régionales. Le dernier programme,
celui qui était en place de 2014 à 2015, il n'y avait une enveloppe que de 1 million de dollars. Je peux déjà vous
dire qu'elle sera beaucoup plus généreuse, cette enveloppe-là. Alors, ce sera
plus généreux que le précédent programme et
ça va permettre aussi de financer une multitude de travaux liés aux infrastructures et aux équipements nécessaires aux
bonnes opérations d'un aéroport. Qu'est-ce que ça veut dire, notamment? Bien, on pense aux pistes, on pense au balisage
lumineux, aux bâtiments d'accueil, aux stations automatisées d'observation
météorologique. Alors, évidemment, ce sera
important, ce programme-là, pour nos régions, pour les aéroports municipaux. Parce que ce programme-là va s'adresser à une
quarantaine d'aéroports municipaux, au Québec, qui se plaignaient de
sous-financement. Il faut bien le dire, il y avait bel et bien et il y a
toujours un programme fédéral qui existe pour les infrastructures aéroportuaires, mais avec des
critères très précis. Donc, la majorité des aéroports municipaux au Québec
ne pouvaient pas se qualifier pour ce
programme-là. Alors, grâce à ce nouveau programme que nous allons mettre en
place, ils pourront maintenant se qualifier.
Aussi, pour
améliorer la concurrence... Parce que c'est revenu dans les consultations, tout le monde a dit : Il faut plus de concurrence,
on veut qu'il y ait plus de concurrence, ça va
aider à faire baisser les prix. Mais ce n'est pas la seule solution, la concurrence, parce qu'on le voit dans certaines régions, il y
en a, de la concurrence, et les prix ne sont pas nécessairement plus bas. Mais, quand on regarde dans d'autres provinces
du Québec, effectivement, la concurrence, de façon générale, ça aide à
faire baisser les prix. Alors, ce que nous avons annoncé, c'est un programme
d'aide pour la desserte aérienne.
Qu'est-ce que ça signifie exactement, ce
programme d'aide là? Ça peut jouer sur plusieurs points : d'abord, améliorer et développer les services offerts par
les transporteurs qui sont déjà présents au Québec; encourager, et c'est
important de le dire, la venue de nouveaux acteurs; aussi, financer un fonds de
démarrage pour de nouveaux services aériens
et le maintien de liaisons déjà existantes dans certains cas, donc plus de
concurrence sur le marché; soutenir aussi des projets qui vont permettre une meilleure promotion du service
aérien. Parce que c'est revenu souvent, ça, dans les consultations, les
gens nous disaient : Parfois, les citoyens, la population n'est pas au
courant des services qui sont offerts ou,
parfois, des rabais aussi qui sont offerts. Alors, ça pourrait être également
un programme de fidélisation régional. On
sait qu'Air Canada a annoncé la fin des Aéroplan pour 2020, alors, pourquoi
pas, nos compagnies régionales pourraient mettre sur pied un programme de fidélisation pour fidéliser leur
clientèle, et ce programme pourrait servir à le mettre sur pied.
Encourager également des projets avec l'industrie
touristique, qui pourrait offrir des forfaits intéressants pour faire
découvrir notre belle province, nos belles
régions qui ont plein de trésors magnifiques à partager avec les Québécois
et les Québécoises. Création également d'une plateforme numérique
commune pour regrouper les transporteurs québécois et promouvoir leurs services, et ça, c'est sorti également
dans les consultations régionales, et c'est sorti également
très fort lors du sommet qui s'est tenu vendredi dernier.
Aussi, simplification
du Programme de réduction des tarifs aériens déjà en
place. Donc, oui, ça existait déjà dans certaines
régions, notamment aux Îles-de-la-Madeleine, sur la Basse-Côte-Nord, dans le Grand
Nord, mais ce qu'on nous disait, c'est qu'il n'était pas assez généreux.
Donc, le pourcentage, soit environ 30 %, on disait que c'était insuffisant et que le maximum, le plafond annuel, qui était environ
de 700 $, était trop bas. Nous les avons écoutés, alors ce que nous avons
annoncé, c'est que le nouveau programme sera
plus généreux. Nous allons également le simplifier pour le remboursement,
mais non seulement ça, nous allons l'étendre
à de nouvelles régions. Il sera élargi aux régions de l'Abitibi-Témiscamingue,
au Bas-Saint-Laurent, à la Gaspésie, à la
Côte-Nord, au Saguenay—Lac-Saint-Jean.
Donc, nous bonifions le pourcentage de prise en charge, le plafond
annuel et nous élargissons ce programme-là.
Ce qu'on
veut, c'est d'amener plus de volume. Évidemment, plus il y a de volume, plus
c'est l'offre, et une question d'offre
et la demande, quand on parle de la concurrence. Et on veut aussi que ça donne
le goût à certains citoyens qui n'avaient peut-être pas l'habitude de prendre
l'avion parce que ça coûtait trop cher, bien, de goûter de prendre l'avion,
puis après, peut-être, ils vont dire :
Bien, on va continuer à prendre l'avion parce que c'est beaucoup plus rapide
que prendre notre voiture.
• (15 h 30) •
Mais je me
pose la question, quand j'ai entendu tout à l'heure le collègue de
René-Lévesque dire : Bof! Pas très satisfait des mesures qui ont été annoncées, est-ce qu'il voudrait dire
à sa population qu'il est insatisfait du fait que nous élargissons ce programme
à ses citoyens? Est-ce qu'il voudrait dire à ses citoyens : Bof! Nous, on
ne prendra pas ça, là, ce n'est pas intéressant. Bien, moi, je pense, ça
a été demandé, on a écouté sa population, les gens des régions l'ont demandé,
ça.
Également, ce qu'on a
annoncé, c'est de présenter rapidement des mesures concrètes pour que les
Québécois puissent visiter nos régions à
plus faible coût. Alors, nous travaillons présentement avec le ministère du
Tourisme, avec l'Alliance de
l'industrie touristique du Québec, les compagnies aériennes aussi qui sont
présentes sur le territoire pour mettre
au point cette mesure. Donc, ce qu'on veut... c'est que ça permettrait
d'augmenter considérablement la demande pour les vols intérieurs et ça
générerait des retombées, de nouvelles recettes économiques et touristiques
profitables également pour le Québec en entier.
Oui,
on a annoncé aussi un canal de communication spécifique au transport aérien
avec le gouvernement fédéral. Il y
avait d'ailleurs un représentant, un haut fonctionnaire du fédéral qui était
présent lors du sommet, qui a pris le temps d'écouter tout ce qui s'est dit. Et cette passerelle, oui, elle sera
utile parce que les gens nous ont dit souvent : Bien, on aimerait ça passer un message pour tel programme
ou tout ça, ce serait plus facile si c'était possible d'avoir des échanges
plus réguliers sur le sujet. Alors, on a mis au point cette passerelle-là.
Aussi,
ce qu'on a annoncé, c'est qu'on veut gérer plus efficacement les déplacements
des employés de l'État dans les
régions du Québec, et à moindre coût, évidemment. Alors, le président du
Conseil du trésor et ministre responsable de la région de la Côte-Nord a maintenant le mandat de réaliser une
stratégie intégrée en transport aérien pour le gouvernement du Québec.
Ce
qu'on a annoncé également, et ça a été applaudi aussi par le milieu — je l'ai dit tout à l'heure, le sommet n'est
pas une fin en soi, on va continuer le
travail parce qu'il ne faut pas arrêter ça, là, il faut poursuivre — alors, la création d'un groupe de travail national permanent.
Qu'est-ce qu'il va faire, ce groupe de travail là? Il va examiner en continu
les mesures gouvernementales mises en
place, est-ce que ça va bien, est-ce que ça fonctionne bien, est-ce qu'on
continue à aller dans cette voie-là,
d'identifier les éléments qui pourraient faire l'objet de représentations par
le gouvernement du Québec vis-à-vis
le gouvernement fédéral, de réaliser des projets communs pour l'industrie comme
la promotion du transport aérien en
région et la réalisation d'études aussi, de se pencher sur la question du
nolisement d'aéronefs, un aspect qui est essentiel à la mise en oeuvre du Plan Nord et au développement de
l'économie du Québec, de réfléchir aussi à l'opportunité de mettre en
place un programme de prix plancher pour certaines dessertes régionales
impliquant un mécanisme de compensation financière qui permettrait d'assurer,
justement, le respect du prix plancher.
Alors, la demande du
Parti québécois, je l'ai entendue, cette piste de solution là dans les régions.
Mais ce que je pourrais vous dire, c'est
que, dans les 12 consultations régionales, ce n'est pas la piste de
solution qui est revenue le plus souvent, elle a été mentionnée à quatre
reprises sur les 12 consultations régionales. Mais évidemment, comme l'ensemble des pistes de solution, nous les
retenons et nous les analysons comme il faut, nous allons voir ce que ça va
donner parce que c'est important qu'elles
soient chiffrées. C'est important de savoir si c'est la meilleure mesure en
raison des coûts, celle qui sera la
plus efficace aussi. Alors, oui, elle sera analysée par ce groupe de travail
national permanent.
Aussi,
on va analyser les coûts et la portée de l'option d'abolir la TVQ, mais aussi
de voir dans quelle mesure ce serait la meilleure option pour réduire
les coûts des billets, d'analyser aussi si les coûts associés à une telle
mesure auraient les effets escomptés et si
ce ne serait peut-être pas mieux de les allouer autrement pour maximiser les
bénéfices aux citoyens. C'est toutes ces choses-là que nous devons
analyser.
Pour
l'instant, le Parti québécois ne fait qu'une seule proposition, celle sur le
prix plancher. Nous, ce que nous disons,
c'est qu'il n'y a pas une seule solution. Un seul remède miracle qui va tout
régler les problèmes, ça n'existe pas. Ce
qu'on nous a dit, c'est qu'on pense que c'est un ensemble de petites solutions
et de grandes solutions qui vont aider non
seulement pendant un an, mais à long terme aussi, que ça va être pérenne.
Alors, c'est sur un ensemble de solutions sur lesquelles on travaille
pour faire baisser les prix, améliorer les dessertes et également améliorer les
infrastructures aéroportuaires.
Mais ce n'est pas
tout, M. le Président, on a aussi annoncé les comités régionaux, comités
régionaux qui vont identifier les orientations prioritaires concernant le développement du transport aérien de leur région. Parce que,
ça, on l'a constaté aussi, d'une
région à l'autre les besoins ne sont pas nécessairement les mêmes,
les réalités sont parfois différentes. Ce qu'on veut aussi, c'est faire évoluer
les solutions proposées par le milieu, avec ces comités régionaux là, faire
progresser l'organisation et l'offre en matière de transport aérien dans
les régions qui sont difficiles d'accès, mal ou non desservies par le réseau routier, de développer, comme j'en
parlais tout à l'heure, également des forfaits touristiques intégrant les
services aériens pour mettre en marché l'offre touristique régionale.
Parce que
nos régions ont beaucoup à offrir. Moi, la première, je m'en fais un
devoir de visiter mes régions. Je viens
du Saguenay—Lac-Saint-Jean, j'ai travaillé également en Abitibi.
La fin de mes études... mon stage de fin d'études, je l'ai fait en Gaspésie, je suis retournée
également récemment en Gaspésie avec toute ma famille. Il y a plein de choses
merveilleuses à voir dans l'ensemble de nos régions du Québec. Et, si, en plus,
on pouvait y aller en avion parce que l'avion
les prix des billets étaient beaucoup moins élevés, bien, ce serait super, ça
développerait encore plus l'économie et l'offre touristique dans nos
belles régions.
Évidemment,
nous allons veiller, comme gouvernement, à mettre en place les conditions
favorables pour diminuer les déficits de main-d'oeuvre dans les secteurs
de l'aérospatiale et de l'aéroportuaire, dont celui des pilotes d'aéronef. Ça a été mentionné, qu'il y a une
pénurie non seulement au Québec, mais à la grandeur du Canada et ailleurs
dans le monde. Donc, nous allons aussi
travailler à des solutions permanentes concernant les demandes sur la
reconnaissance des écoles de
pilotage. Déjà, nous travaillons sur le dossier avec le ministère de
l'Éducation et également le ministère de l'Immigration.
Alors, ce que
je trouve particulier... j'aimerais ça que le député de René-Lévesque nous dise
quelle mesure dans tout ça favorise
Air Canada. Je pense que c'est assez clair, dans l'ensemble des mesures que
nous avons dévoilées, que ce que nous voulons, c'est favoriser la concurrence pour,
éventuellement, faire baisser les prix. Mais déjà nous sommes en action
pour baisser les prix avec le... le remboursement, donc nous agissons dès
maintenant.
Et
les commentaires ont été très positifs, quoi qu'en dise le Parti québécois, M.
le Président, et je vais vous en relire
quelques-uns. Stéphane Forget, président-directeur général de la Fédération des
chambres de commerce du Québec : «Les annonces d'aujourd'hui
devraient avoir un impact sur le trafic aérien régional et permettront
d'anticiper des investissements nécessaires dans les infrastructures
aéroportuaires, ce qui aidera la vitalité de nos régions.»
Isabelle D'Amours,
directrice générale de la ville de La Sarre : «Pour nous, c'est une superbonne
nouvelle.»
Yves-Thomas
Dorval, P.D.G. du Conseil du patronat : «Le CPQ salue l'écoute du
gouvernement en regard de plusieurs recommandations qui se sont
traduites aujourd'hui par des initiatives importantes de la part de la ministre
déléguée aux Transports. [...]Plusieurs
annonces viennent répondre à des demandes du milieu et représentent de bonnes
nouvelles pour le dynamisme économique des
régions, notamment en ce qui a trait à l'amélioration des infrastructures
et des dessertes ou à la réduction des coûts pour les passagers.»
Jonathan
Lapierre, maire des Îles-de-la-Madeleine : «...c'est un signal positif que
le gouvernement du Québec envoie aux municipalités éloignées en
réinvestissant dans le transport aérien régional.»
Alexandre
Cusson, président de l'UMQ et maire de Drummondville : «Je tiens à saluer
l'écoute et l'ouverture du premier ministre du Québec et de la ministre
déléguée aux Transports.» «Nous sommes très satisfaits des choix
gouvernementaux.»
Daniel
Côté, président du comité sur le transport aérien de l'UMQ et maire de
Gaspé : «Le sommet sur le transport aérien régional ne constitue pas une fin en soi, mais les mesures
annoncées aujourd'hui sont certainement un pas dans la bonne direction. Nous
apprécions également la volonté du premier ministre de créer des incitatifs
véritables pour permettre aux Québécois de découvrir leurs régions.»
Éric
Larouche, président de l'Alliance de l'industrie touristique du Québec :
«Nous sommes satisfaits. Nous avions soulevé
des enjeux et nous avons été entendus.» Donc, c'est ce que nous avons fait,
nous avons écouté les gens des régions.
Je
me demande si le député de René-Lévesque n'est pas en train de nous dire
lorsqu'il nous critique... Est-ce que les
mesures proposées par les gens des régions, les gens du milieu sont insatisfaisantes à son goût? Est-ce qu'il a un certain mépris sur le jugement des gens des régions qui
nous ont fait ces suggestions?
• (15 h 40) •
Une voix :
...
Mme
Tremblay : Bien, je crois, le mot se... le mot est correct.
Une voix :
...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Non, non, mais un instant. Mais pour éviter...
Une voix :
...
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Non, un instant, un instant. Je suis debout, je voudrais vous parler un peu.
Des voix :
...
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Non, mais un instant. C'est ça que ça donne, là... Je suis capable de présider,
là. Et faites attention de ne pas prêter des intentions. Je me pose la question...
Une voix :
...
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Un instant! Je me pose la... Bien oui, je me pose la question
s'il n'y a pas un certain mépris, si ce n'est pas...
Une voix :
...
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Utiliser l'expression que vous avez utilisée, là — puis je répète, là, j'occupe le siège de la présidence — ce n'est pas la meilleure façon d'éviter ce
qui va se passer. Alors, ça allait bien, je vous indique tout simplement, vous avez l'expérience, faites
attention au langage utilisé. Et, dans l'expression que vous avez utilisée,
bien, il est arrivé ce que vous avez vu.
Alors, moi, je suis obligé de dire : Faites attention de ne pas porter des
intentions précises, et c'était le cas.
Mme Tremblay : Parfait. Merci beaucoup, M. le Président. Alors, des investissements
importants seront annoncés lors du
discours du budget en lien avec ces mesures qui ont été annoncées lors du
sommet. Et, je vous le rappelle, ce n'est pas une fin en soi, le sommet. Nous allons travailler sur d'autres
mesures, notamment sur le programme de prix plancher. Ce sera également
étudié par le comité permanent qui sera mis en place. Nous allons continuer à
travailler très fort ce dossier-là pour la qualité
de vie des citoyens en région, par souci d'équité aussi, pour que les gens des
régions aient le droit aussi de voyager à un coût raisonnable. Alors,
nous allons continuer à travailler très fort ce dossier-là.
Et vous savez
ce qui me ferait plaisir, M. le Président? C'est que le Parti québécois puisse
s'élever au-delà de la partisanerie
et soit capable de reconnaître que nous avons travaillé très fort dans ce
dossier-là, avec coeur, avec beaucoup de passion, pour les bonnes raisons, pour
améliorer le transport aérien régional au Québec. Et nous l'avons fait avec les
gens des régions, c'est ce qui est
important. Les commentaires à la sortie ont été positifs. Alors, nous avons
apprécié cette belle collaboration avec l'ensemble des gens.
Alors, moi, ce que je me dis, c'est : Plutôt
de critiquer, bien, je pense qu'on devrait amener des solutions solides ensemble pour continuer le travail.
D'ailleurs, j'ai apprécié la présence de certains membres du Parti québécois
qui ont participé au sommet. Je dois le dire,
j'ai apprécié que certaines personnes soient là, sur place. C'est un dossier
important, et je pense que c'est ensemble
que nous allons travailler et que nous allons améliorer les choses. Alors, je
vous remercie beaucoup, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Merci, Mme la ministre. Merci, Mme la ministre, de
votre intervention sur cette motion.
Je cède maintenant la parole à M. le député de Deux-Montagnes pour son
intervention. À vous, M. le député.
M. Benoit Charette
M. Charette : Merci, M. le Président. Tout d'abord, vous
mentionner que nous séparons notre temps d'intervention à deux intervenants et vous dire également que c'est un
plaisir pour nous d'échanger sur un sujet qui est très important. Derrière la
thématique retenue, il y a en trame de fond le développement de nos régions. On
le sait, la ministre l'a mentionné,
il est grand, le Québec, il est beau, le Québec, on veut le faire connaître, on
veut le développer à son plein potentiel.
Donc, c'est une thématique qui est importante, et très heureux d'avoir la
possibilité d'intervenir sur le sujet cet après-midi.
Peut-être
vous dire quelques mots sur le transport aérien dans un premier temps. Et c'est
bien de le rappeler, ça démontre bien son importance, on parle d'essentiellement
47 000 emplois au Québec qui sont liés à cette industrie. On
parle d'une contribution au PIB de plus ou moins 3,1 milliards de dollars,
donc c'est significatif. Donc, on a, comme Assemblée
nationale, l'obligation de prêter une oreille attentive aux doléances de
l'industrie et on se doit de tenter de trouver des solutions.
Cependant, je
dois admettre qu'à la lecture du libellé de la motion proposée aujourd'hui, à
mon sens, on passe à côté de bien des
éléments. On passe à côté de bien des éléments au niveau, naturellement, des
causes, mais également au niveau des
solutions potentielles. L'industrie s'est réunie il y a quelques jours à peine,
et, d'un commun accord — ou du moins ça semble
faire consensus — on
identifie trois problématiques principales au niveau du transport aérien
régional.
Les tarifs,
c'est bien certain. Et on en fait écho à travers la motion ou le libellé de
l'opposition officielle, au niveau des
tarifs, on peut certainement questionner les coûts de certaines opérations. Il
est vrai que, la réalité du Nord, elle est bien différente des réalités du sud, notamment au niveau des coûts, autant la
main-d'oeuvre, autant que des tarifs qui peuvent être imposés au niveau des régions. Au niveau des coûts, il y a
certainement un facteur non négligeable, mais pas le seul, celui de la présence d'un seul principal
transporteur aérien, Air Canada, pour ne pas le nommer. Mais déjà je vous ai
laissé entendre qu'au niveau des coûts il y a plusieurs explications possibles.
Or, le libellé de la motion du Parti québécois, de l'opposition officielle, donc, n'en identifie
qu'un seul. Donc, déjà, c'est passablement limitatif par rapport à une
dynamique qui est nettement plus
complexe que celle exposée. Air Canada, oui, mais, encore une fois, j'insiste, des
tarifs ou sinon des coûts d'opération
qui sont particuliers pour des régions qui desservent un grand territoire, très
certainement, mais aussi une population ou sinon une clientèle qui est
passablement plus limitée.
Il y a une
problématique au niveau de la fréquence de desserte, également, qui est trop
basse, et malheureusement, dans le
libellé, encore une fois, proposé par l'opposition officielle, on n'en fait pas
état. La demande, elle est plus faible, alors il y a un principe au niveau de l'offre et la demande qui vient
déterminer en partie les prix. Il faut être conscient que la demande est passablement plus faible. On trouve
important que, oui, nos régions soient desservies, mais en même temps, si on prend à l'occasion ce type d'avion, on peut
constater que les vols sont souvent très peu fréquentés. Donc, du coup, pour les avionneurs, pour les compagnies
elles-mêmes, c'est impensable de mettre sur ces voies-là des avions à grande
capacité. Donc, ça a aussi un impact sur les prix qui sont fixés par la suite.
La qualité
des infrastructures. C'est dommage qu'on n'ait pas retenu cet élément dans
l'argumentaire de l'opposition officielle
parce que tous les acteurs de l'industrie ont pointé du doigt cet élément comme
étant crucial dans leur réalité au quotidien. On a des infrastructures
qui sont souvent d'une autre époque, qui ne sont pas dotées des équipements
modernes. Mais, en même temps, qui dit aéroports régionaux dit aussi une
certaine réglementation qui relève du gouvernement
fédéral. Et ça aussi, dans l'équation, il faut en prendre compte. On ne peut
pas n'identifier qu'un seul élément responsable
avec une solution unique sans prendre en considération tous les éléments qui
peuvent avoir un impact ultimement sur les prix eux-mêmes.
Au niveau des
infrastructures, vendredi de la semaine dernière, plusieurs intervenants ont
insisté sur la nécessité d'investissements,
ce que le gouvernement va étudier comme possibilité. C'est ce qu'on doit
décoder de ses engagements. Mais, en
même temps, ça nécessite des préparatifs, ça nécessite une évaluation. Donc,
même au niveau de l'accusation à sens
unique faite à travers le libellé de l'opposition officielle et de la
proposition de solution qui est mise de l'avant, on ne fait pas état d'un échéancier qui soit réaliste. On peut bien
souhaiter — et c'est
le cas de la Coalition avenir Québec — de voir dans ces aéroports régionaux
des infrastructures qui soient adéquates, mais on devine bien qu'avant que ces
infrastructures-là soient disponibles il y a un temps minimum qui est requis.
Bref, je vous
ai parlé un petit peu des éléments qui mettent un petit peu de l'avant nos
questionnements par rapport au libellé
lui-même : un seul coupable, une solution unique et surtout un échéancier
qui est complètement, mais complètement déraisonnable. Et c'est là où, à
mon sens, on a tout intérêt à écouter les gens de l'industrie. Comme parlementaires, souvent on peut se convaincre
d'avoir de très bonnes idées. Mais, si ces idées-là ne sont pas validées par
les gens que l'on pense
ou que l'on souhaite aider, ce n'est certainement pas la bonne approche à
retenir. Donc, moi, ce que je tiens à réitérer, c'est l'importance
d'impliquer tous ces acteurs autour de la table.
• (15 h 50) •
Et le sommet
lui-même, bon, il peut y avoir des éléments de questionnement — d'ailleurs, je vais y revenir dans
quelques instants — mais
il a, tout de même, réuni — et
ça, il faut le noter — des
joueurs qui ont décidé de travailler ensemble et qui, surtout, ont décidé de se
donner une forme d'échéancier pour la suite des choses.
Et, s'il y a un élément qu'on peut reprocher au
gouvernement, ce n'est pas la tenue du sommet. Je pense que l'exercice lui-même est valable à plusieurs
égards. Mais la ministre a mentionné tout à l'heure qu'ils travaillent depuis
18 mois. Certes, mais, cependant,
j'aimerais rappeler que le gouvernement, ou le Parti libéral, est au pouvoir
essentiellement depuis 2003. Donc, on
s'attarde à cet enjeu-là depuis quelques mois à peine, alors que les
intervenants du milieu dénoncent une
situation depuis plusieurs années. C'est là où on peut être un petit peu
sceptique dans l'approche retenue par le gouvernement.
Je disais
tout à l'heure que c'est important, la concertation, c'est important
d'impliquer les joueurs du milieu. Oui, il y a eu des négociations, des discussions sur une base régionale au
cours des derniers mois, mais c'est étonnant qu'après un aussi long
exercice on arrive, comme principale proposition, avec l'idée d'un groupe de
travail. Donc, il n'y a pas d'engagements
majeurs ou précis qui ont pu être pris vendredi dernier. La grande promesse ou
le grand engagement, c'est de mettre
sur pied un groupe de travail, et on sait fort bien, compte tenu de
l'importance de l'enjeu, compte tenu des facteurs complexes et multiples en cause, que ce groupe de
travail là ne mettra pas la main à rédiger un document qui sera disponible
et opérationnel avant plusieurs mois. Donc,
on aura eu une autre élection avant de voir un résultat concret de ces
différentes mesures qui pourront faire la différence.
Et je suis convaincu, convaincu qu'avec la
collaboration de l'industrie on arrivera à des résultats qui seront
intéressants, et déjà je fais le pari, M. le Président, que les solutions qui
seront retenues seront très loin du caractère simpliste
de la motion que nous débattons aujourd'hui, convaincu que l'industrie arrivera
avec un plan de match beaucoup plus
élaboré, qui prendra en cause les différents facteurs qui déterminent et les
prix, mais la réalité du transport régional dans son ensemble.
Tout à
l'heure, j'écoutais mon collègue de René-Lévesque, que j'estime beaucoup au
demeurant, évoquer lui-même que, lors
du sommet vendredi dernier, il y a plusieurs éléments qui ont été abordés,
notamment la formation du personnel lié
à cette industrie-là. Donc, de son propre aveu, il y a plusieurs éléments qui
ont été discutés, et, malgré tout, on nous arrive aujourd'hui avec une
solution quasi unique dans un échéancier qui est, de l'avis de tous, tout à
fait irréaliste.
Si on reprend
le libellé lui-même, on demande au gouvernement de prendre des
mesures dès le prochain budget, ce à
quoi on serait tout à fait en accord, c'est bien certain, mais de faire en sorte que ces mesures-là soient appliquées et applicables dès les prochaines semaines. C'est là où on s'éloigne considérablement de la réalité et c'est là où on
aurait attendu de l'opposition
officielle un travail plus sérieux avec une motion qui soit plus sujette de
créer l'adhésion et qui nous
permettrait, comme Assemblée nationale, de travailler pour la suite des choses
et s'assurer du succès de l'opération.
Donc, tout à
l'heure, je vous disais d'entrée de jeu qu'on allait séparer notre temps
d'intervention. Pour ma part, je me
limiterai à ces quelques paroles, et mon collègue de Johnson pourra revenir un
petit peu plus tard en cours de débat. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Alors, je vous remercie de votre
intervention, M. le député de Deux-Montagnes. Et je suis prêt à reconnaître le prochain intervenant et je reconnais M.
le député de Dubuc pour son intervention. M. le député de Dubuc, à vous.
M. Serge Simard
M. Simard :
Merci beaucoup, M. le Président. D'abord, bien sûr, je salue la ministre ici
présente, et également mes collègues de l'opposition, et, bien sûr, du
gouvernement.
M. le Président, moi, j'ai tombé de ma chaise,
honnêtement, en lisant la motion simpliste du Parti québécois. Je n'en revenais pas, je n'en revenais tout
simplement pas, M. le Président. D'abord, peut-être qu'ils ont fait ça parce
qu'ils se trouvaient intéressants. Est-ce qu'ils étaient gênés, M. le
Président, ou ils avaient honte de n'avoir assisté à aucune consultation? Il
n'y en a pas eu seulement une, ni deux, ni trois, il y en a eu 12 partout au
Québec. On les a invités, M. le Président, on leur a envoyé des convocations,
comme tout le monde.
Mais,
d'entrée de jeu, lorsque nous avons
fait, je vous dirai, l'annonce du sommet sur le transport aérien, je vais
vous lire qu'est-ce qui était écrit dans les
communiqués de presse : Les
citoyens — bien,
j'imagine que les députés, c'est des
citoyens, là, également — concernés par les enjeux du transport aérien régional pourront
faire part de leurs réflexions et proposer des pistes de solution sur la
page Web du sommet. S'ils souhaitent assister aux rencontres régionales, ils doivent obligatoirement s'inscrire en ligne. Tous
les détails sont disponibles à l'adresse suivante : transports.gouv.qc.ca/sommet-aerien-2018.
Ils peuvent faire ça avec leurs téléphones, M. le Président, s'inscrire pour
assister aux différentes consultations.
J'entendais tout à l'heure, M. le Président, le
député de René-Lévesque qui, je vous dirai, donnait ses grandes intentions, puis c'est quoi, comment il voit ça.
M. le Président, je ne l'ai jamais vu à nulle part. Pourtant, c'est le critique
en transports. Il aurait dû, au moins,
s'intéresser à quelque chose du transport aérien régional, il reste dans une
région, puis une région qui a besoin d'être desservie, il reste sur la
Côte-Nord. Babines au neutre, rien, il n'est pas venu nous rencontrer à nulle part, M. le Président. On
entend parler du PQ quatre jours après le sommet, M. le Président, quatre jours
après le sommet. Je suis quand même capable
de dire aux gens qui nous écoutent : Écoutez, le député de René-Lévesque
était présent au sommet lui-même. La députée de Duplessis était présente
également la journée du sommet.
Une voix :
...
M.
Simard : Bien, vous autres, vous n'en parleriez pas, mais moi, je
rends à César qu'est-ce qui appartient à César. Ce n'est pas la journée du sommet qu'il fallait venir discuter, c'était
beaucoup plus lors des consultations parce que, lors des consultations,
ce sont vos électeurs qui sont là, ce sont vos citoyens qui sont là et ce sont
eux qui donnent leur opinion. Donc, comme
représentants, ç'aurait été tout normal... Je m'excuse, j'ai rencontré un
député qui, anciennement, parce que
lui a compris... il était au PQ, bien sûr, le député de Gaspé, hein? Le député
de Gaspé était présent, mais je n'ai rien vu d'autre que le député de
Gaspé au point de vue des consultations.
C'est un
petit peu désolant, M. le Président, d'entendre la motion, la motion du
mercredi sur un dossier qu'ils ne connaissent
ni d'Ève ni d'Adam, M. le Président. C'est quand même surprenant d'entendre ces
propos-là de députés qui représentent une population régionale, M. le
Président, puis ils nous disent qu'ils s'intéressent momentanément au transport régional, au transport dans les régions
du Québec. M. le Président, je m'excuse, mais c'est là qu'on voit qu'on a un grand doute. Si c'est vrai que le passé est
garant de l'avenir, je peux vous dire une affaire, ils n'ont aucun intérêt dans
le transport régional, alors que le gouvernement, lui, il a pris des positions
très claires. La ministre a fait la nomenclature tout à l'heure de l'ensemble des propositions qui sont données, mais, M.
le Président, je pense qu'on va prendre quelques items de la motion du
mercredi, on va en lire quelques-uns.
Premier item, on parle ici : «Que l'Assemblée nationale
rappelle l'importance du transport aérien régional pour l'économie des régions, le tourisme et la capacité
des Québécois de se déplacer sur leur territoire.» M. le Président. Si c'est important pour l'Assemblée nationale puis on
veut qu'on en prenne fait, bien, ça peut être important pour l'Assemblée
nationale, sauf le PQ, M. le Président,
parce qu'ils n'ont rien montré d'intérêt, absolument rien. Dans l'action,
absolument rien. On ne les a pas vus à nulle part, M. le Président.
Mais pourtant, M. le
Président, ce premier énoncé du PQ est un peu en retard, tout cela a été
reconnu dans la conférence de presse du 25
avril annonçant le sommet. Déjà, M. le Président, c'était déjà écrit dans
l'annonce du sommet le 25 avril 2017.
Mais, encore une fois, ils n'étaient pas là. Il ne faut pas leur en vouloir
trop parce que ce qu'on ne sait pas, ça
ne nous fait pas de peine, puis ça ne leur faisait pas de peine bien, bien, ils
n'étaient pas là. Ils sauront qu'à partir de là on va se baser là-dessus
pour faire cette intervention, M. le Président.
• (16 heures) •
Justement, le ministre des Ressources naturelles, M. le
Président, a annoncé, pendant cette période, ceci — pour vous prouver comment c'est un petit peu en retard, leur
intervention : «L'étendue du territoire, l'isolement des communautés,
le manque de liens entre le nord et le sud
du Québec et l'accès limité aux marchés extérieurs sont tous des facteurs qui
peuvent limiter le développement du
territoire québécois au-delà du 49e parallèle. Pour les communautés du
territoire du Plan Nord, le transport
aérien représente [les] défis économiques et sociaux importants pour lesquels
le sommet permettra de trouver des solutions.»
Ça a été dit immédiatement, M. le Président, voilà un an. Donc, le premier item
de la motion du PQ d'aujourd'hui, M.
le Président, est en retard d'un an. Comme d'habitude, bien sûr, M. le
Président, ils sont en retard. Ce qui
est remarquable et intéressant, M. le Président, dans cette conférence, et
c'est également écrit sur le communiqué de presse, c'était écrit ceci : qu'on voulait travailler, M. le
Président, sur les tarifs inhérents au transport aérien, la qualité des dessertes, les infrastructures aéroportuaires,
et puis c'est les trois sujets qui ont été soulevés partout dans toutes les
consultations, M. le Président, dans toutes
les consultations. Pourquoi ces gens-là qui aujourd'hui font des remontrances
n'étaient pas présents, M. le Président?
Pour participer à un débat, il faut le commencer au début, puis après ça
participer aux échanges, et vers la fin, M. le Président, on participe
aussi aux solutions, mais chez nos voisins d'en face, M. le Président,
participer aux solutions... C'est beaucoup plus agréable de tirer sur ceux qui
travaillent au niveau des solutions. C'est
ce qu'ils ont fait aujourd'hui, M. le Président, par leur fameuse proposition,
c'est-à-dire la motion qu'ils nous proposent dans la motion du mercredi.
L'item 2,
maintenant, M. le Président. On va passer à l'item 2. On parle ici que
l'Assemblée nationale «rappelle que
le transport aérien régional assure la vitalité et l'occupation dynamique du
territoire». Si le PQ est convaincu de ce qu'ils écrivent là, M. le Président, pourquoi ils n'ont pas assisté à
aucune rencontre? Comme citoyen, moi, là, O.K., si je suis dans un comté
péquiste puis j'assiste à ces rencontres-là, pourquoi mon représentant n'est
pas là? S'il avait été intéressé, il aurait
été là. Mais aujourd'hui il se lève puis il lève son drapeau, puis : C'est
bien, bien, bien important, c'est très
important, le transport aérien, M. le Président. En plus, ils l'écrivent dans
une motion puis ils font le contraire. Dans leurs actions, ils font le contraire : ils ne s'intéressent pas,
mais pas du tout à ce qui se passe sur le territoire dans leurs comtés,
M. le Président. Tout au moins, ils auraient pu, au moins, M. le Président...
Une voix : ...
M. Simard : M. le Président, je suis
respectueux. C'est un constat que je fais.
Donc, à
partir de là, M. le Président, quand on n'assiste à rien et puis qu'on ne se
prononce sur rien, on ne fait aucune
proposition de rien, on pourrait au moins féliciter le gouvernement, M. le
Président, par rapport aux propositions qui sont faites, M. le
Président.
J'écoute le
député de Jonquière, M. le Président, qui s'est empressé de prendre un site de
Radio-Canada puis de déblatérer sur
le député de Dubuc, M. le Président. Il n'avait pas besoin de faire ça. C'était
gratuit, son affaire, O.K.? Il ne comprenait
pas comment ça se faisait que j'avais été nommé comme coprésident, M. le
Président. Quand même surprenant de
dire ça d'un collègue, M. le Président, parce que, depuis le début, je défends
le transport aérien régional, parce que, lorsque j'étais au municipal, j'étais président de la corporation de mon
aérogare chez nous. J'ai toujours trouvé que c'était aberrant, le prix des billets sur les avions. Et puis, momentanément, je me fais
dire par un collègue, à cause que je défends ma région, M. le Président : Je ne
comprends pas comment ça se fait qu'il est sur ce comité-là. C'est quand même
surprenant, M. le Président. Je pense qu'il avait quelque chose de plus constructif que ça, le député
de Jonquière, à dire sur le député de Dubuc, M. le
Président. Je pense qu'il a perdu une belle occasion de... je ne dirai pas
l'autre mot. M. le Président, au PQ, encore
une fois, dans leur intervention, ils défoncent une porte ouverte. Ils
défoncent une porte ouverte, parce qu'en réalité les solutions
proposées, ce sont des solutions qui ont été choisies par les gens des régions
pour les gens des régions.
On est venus
conforter ça le jour du sommet. Ils étaient tous présents. Ils les ont
entendus, ceux qui étaient présents, M. le
Président, ils les ont entendus dire que c'était extrêmement important et puis
que les solutions qui sont proposées par le gouvernement vont bien
servir les régions.
La
ministre, tout à l'heure, a fait la nomenclature de ceux qui appuient la
position du gouvernement là-dessus, et
puis encore une fois on dit que ce n'est pas une bonne idée, on dit qu'eux, ils
ne connaissent à peu près rien mais nous autres, on connaît ça, quand j'entends leurs propos bien sûr. Alors, ils
ont toujours raison? Je pense que non. La population qui nous écoute va bien comprendre que leurs gens
qui ont assisté, je vous le dirai, dans 12 rencontres partout au Québec,
dans les régions... Il y a eu 11 rencontres
également avec bien sûr les entreprises aériennes, les aéroports, les
associations, les associations des aéroports, etc. On a eu aussi 11
rencontres en plus des 12. On a essayé de se mettre à la place de ces gens-là autant que possible, M. le Président,
pour s'assurer que c'est ensemble qu'on allait esquisser des solutions et qu'on allait être des gagnants, autant les gens
de l'opposition que les gens du gouvernement allaient être gagnants dans
ce que nous proposons à mettre en place.
On l'a indiqué lors
du sommet, M. le Président, que le budget allait annoncer les montants dans les
différents programmes que la ministre
a indiqués tout à l'heure, autant dans la mise en place de nouveaux
programmes d'aide pour les infrastructures aéroportuaires régionales. Vous allez comprendre, M. le Président, que, quand on s'en va atterrir sur la Basse-Côte-Nord, ces gens-là ne sont pas gâtés, ils ne sont vraiment
pas gâtés, parce que, quand on les rencontre puis on les écoute, je vous le dis... ils sont
habitués, ces gens-là, à vivre éloignés, ils sont habitués d'avoir un
territoire isolé, mais ce sont des
gens incroyables. Je pense qu'ils méritent qu'on s'occupe d'eux, et c'est exactement
ce que l'on va faire avec ces
programmes, parce que, on le sait, la
piste est courte, elle est même trop courte. Aux Îles-de-la-Madeleine, c'est
la même affaire, M. le Président : ils
ont une piste de 5 000 pieds, il faudrait peut-être qu'elle soit à
6 500 pieds. Là-dessus, il faudra
travailler avec le fédéral, parce que c'est un aéroport fédéral. Donc, il
faudra qu'on travaille, faire un pont avec le fédéral pour qu'on puisse nécessairement en parler ensemble pour
trouver des solutions, parce que, il faut se dire, les Îles-de-la-Madeleine, elles sont au Québec, mais
elles sont aussi dans le Canada. Donc, à partir de là, on peut parler entre
gouvernements pour s'assurer qu'on va trouver des solutions pour eux.
On a également
rajouté, dans la mise en place d'un programme d'aide pour diminuer le billet
d'avion... on a également élargi, M.
le Président — la
ministre en a parlé tout à l'heure — élargi le nombre de régions, hein? Le
Saguenay—Lac-Saint-Jean,
ce n'était pas là. L'Abitibi-Témiscamingue, ce n'était pas là. On avait
seulement les Îles-de-la-Madeleine et la
Basse-Côte, alors que, là, on a
ouvert à peu près partout dans toutes les régions du Québec.
Il me semble, M. le Président, que c'est intéressant.
• (16 h 10) •
Mais aujourd'hui on
nous parle dans cette motion, M. le Président, qu'il faut avoir un prix de
base, O.K.? Savez-vous que, les prix, M. le Président, ce n'est pas nous autres qui menons ça, c'est le fédéral? Donc, de là l'importance d'avoir un pont, qu'on puisse se parler, entre le fédéral et le
provincial, par des moyens du comité permanent, du comité national. Mes voisins d'en face aiment ça quand on
parle de comité national. Le comité national qui va être mis en place sera véritablement pour analyser les mesures qui sont mises là-dedans
et puis qu'on va suivre. On va s'assurer que le budget contient les mesures
que l'on a prises là-dedans. Le comité suivra ces mesures et s'assurera du
bien-fondé et pour voir si on a les effets voulus par rapport aux propositions qu'on a eues. Sinon, ce sera révisé et puis ce
sera également révisé dans
l'ensemble des régions avec les comités régionaux, M. le Président, qui feront des représentations auprès des gens du comité
national.
Et
c'est comme ça, ensemble, qu'on va travailler. C'est comme ça qu'ensemble
on va gagner. Et on va s'assurer que nos régions sont non pas seulement
un point sur la carte, mais qu'on est capables d'y aller, et ne pas prendre,
quatre, cinq jours pour y aller, on est
capables d'y aller le matin puis de revenir chez nous le soir. C'est ça,
l'objectif qu'on a par cette proposition de solution, M. le Président, et puis tout ce que je peux souhaiter à l'ensemble
des Québécois, c'est qu'on soit capables de le mettre en place le plus vite possible :
d'abord, en commençant par le budget et, par
la suite, bien sûr,
tout ça, ça continuera avec les prochains mois qui vont suivre. Merci, M. le
Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, je vous remercie de votre intervention, M. le député de Dubuc.
Et je cède maintenant la parole à M. le
député de Jonquière
pour son intervention en vous rappelant qu'il reste à l'opposition officielle 11 minutes. À
vous.
M. Sylvain Gaudreault
M.
Gaudreault : Oui. Merci, M. le Président. Ça me fait extrêmement plaisir de parler
de ce dossier, des prix pour les vols
interrégionaux. J'ai fait une petite vérification,
M. le Président, la semaine passée. Je me suis dit : Admettons que je suis un client, un consommateur, un touriste,
quelqu'un qui est dans le monde des affaires et qui veut faire un séjour
dans une région. Alors, si je suis à
Montréal et j'ai le goût de passer un week-end au Saguenay... vous savez
comment c'est une belle région riche
en paysages — dans la
circonscription de Dubuc en particulier, c'est magnifique — donc, un week-end, du 9 au 11 février
2018, avec Air Canada, Montréal-Bagotville aller-retour : 825 $,
825 $.
Admettons que
je suis à Toronto et que je veux faire le même week-end, du 9 au 11 février
2018, avec Air Canada, mais à Thunder Bay : 584 $. Donc,
au-dessus de 250 $ de différence. Admettons que je suis à Vancouver et,
comme ça arrive souvent au Québec, je travaille pour Rio
Tinto, il faut que j'aille au Saguenay puis que je revienne, parce qu'il y a des usines de Rio Tinto, mais je suis à
Vancouver puis je veux aller à Kitimat, où il y a une usine comparable de Rio Tinto qui fait de l'aluminium, il faut donc
que je me rende à l'aéroport de Terrace, au nord de la Colombie-Britannique.
Vancouver-Terrace — c'est l'aéroport de Kitimat :
498 $, 498 $. Donc là, on parle d'au-dessus de 325 $ de
différence par rapport au même vol
Montréal-Bagotville, pour le même travailleur de Rio Tinto, qu'il faut qu'il
aille faire un tour à l'usine,
disons. Et, si je suis toujours un travailleur industriel mais, disons, dans le
secteur énergétique et je pars de Calgary avec Air Canada, le même week-end, 9 au 11 février, puis je veux aller à
Fort McMurray, donc une région au nord de l'Alberta : 527 $. 300 $ de moins que mon vol
Montréal-Bagotville. Ça, là, ce n'est pas des phrases creuses. Ça, ce n'est
pas du simplisme. Ça, c'est la réalité, M.
le Président, pour les visiteurs, pour les voyageurs, pour les touristes, pour
les gens d'affaires, pour les travailleurs qui veulent circuler, qui veulent
occuper le territoire. Est-ce qu'il y a quelqu'un qui peut m'expliquer de façon logique aujourd'hui...
J'espère que le député de Dubuc aura été capable de le faire. Je pensais
que la ministre serait capable de le faire.
Il y a le député, également, d'Abitibi-Est qui était coprésident de la
consultation. Et je n'ai jamais compris pourquoi le Québec, là-dessus, serait
différent, c'est-à-dire que, pour couvrir le territoire par des vols aériens, on paie 55 %, en moyenne,
55 % plus cher que le même type de vols interrégionaux dans les autres
provinces du Canada.
Alors, M. le Président, c'est inqualifiable,
c'est inacceptable. C'est inacceptable. Et ce qui est d'autant plus inacceptable, c'est que du côté du gouvernement on a eu encore, comme on est habitué de l'avoir depuis quasi 15 ans,
un show de boucane. C'est ça qu'on a eu du côté du gouvernement.
En grande
pompe, l'année passée, le gouvernement a annoncé une tournée de 12 escales, hein, c'est
le cas de le dire — on
va prendre un langage aérien — 12
escales à travers le Québec avec deux coprésidents venant de régions :
le député d'Abitibi-Est puis le
député de Dubuc. Alors, on avait des attentes. Je pense qu'ils ont créé des
attentes à travers le Québec. Ils ont
créé des attentes logiques, normales de la part des élus municipaux, de la part
de la population, de la part des
travailleurs, des consommateurs, des voyageurs, des touristes. Et le résultat,
c'est le sommet qu'on a eu vendredi passé. Mais l'éléphant, M. le Président, a
accouché d'une souris, l'éléphant a accouché d'une souris. Au moins, si, comme
d'habitude, de façon électoraliste, ils
avaient proposé des mesures concrètes... Ce n'est même pas ça. Ce n'est même
pas ça, M. le Président, il faut le faire. 12 consultations, une tournée
de députés régionaux. Moi, d'une certaine manière, j'étais heureux de voir que le gouvernement valorisait la fonction de
députés qui ne sont pas ministres. O.K., on les met sur un mandat intéressant. Ça n'a même pas donné
de résultat. Le député de Dubuc, il nous dit qu'il est en réflexion pour
savoir s'il va se représenter puis il est en
train de placer ses pions pour obtenir des choses. Bien, je pense qu'il vient
de nous dire, finalement, par le
manque de résultats de cette consultation qu'il ne se représentera pas, parce
que ça n'a donné aucun résultat, M. le Président, aucun résultat.
Écoutez, là,
c'est drôle de voir les synonymes qui ont été utilisés, hein, dans les
conclusions sur le sommet sur le
transport régional, là : il y a «une réflexion», il y a «un canal de
communication», il y a un «groupe de travail national» puis il y a des «comités régionaux». Wow! Ça,
c'est populaire auprès des gens, ça, hein? Aucun résultat. «Comités régionaux»,
«groupe de travail», «canal de
communication», «réflexion», c'est une série d'euphémismes, une série de
synonymes, de vases creux, de mots
vides de sens, alors que la réalité, là, aujourd'hui, si je veux aller passer
un week-end au Saguenay à partir de
Montréal, ça va me coûter au moins, au bas mot, 300 $ de plus que si c'est
quelqu'un de Calgary qui aller passer un week-end à Fort McMurray. Ça,
c'est la réalité, M. le Président.
L'autre chose, également, qui est doublement
insultante — parce
que ça, c'est la nouvelle pratique, hein, on commence
à le connaître, le gouvernement libéral : durant les mesures de rigueur
des dernières années, ils ont aboli une série de programmes. Après ça, ils se
présentent comme les grands sauveurs en les réannonçant ou en les ressuscitant.
Ils l'ont fait avec les directions
régionales du ministère de l'Immigration. Ils les ont coupées il y a quelques
années, puis là ils les annoncent en
grande pompe, en disant : On a réinventé la roue, on va régionaliser
l'immigration, on va ouvrir des bureaux
de direction régionale d'immigration. Bien oui, c'est le pompier pyromane, M.
le Président. Ils font exactement la même chose. Les Québécois ne sont
pas dupes. Ils font exactement la même chose dans le Programme d'aide au transport aérien, le PATA, qu'ils ont aboli il y a
deux ans et qu'ils nous annoncent comme étant une belle solution pour
aider les travailleurs ou les voyageurs, les touristes qui veulent voyager à
coût abordable au Québec, entre les régions du Québec. On ne peut pas accepter
ça.
On ne peut
pas accepter ça. Une des solutions qui existent, une des solutions qui
existent... Puis c'est là qu'on voit
que c'est complètement contradictoire, parce qu'en même temps on se fait dire
autant par la Coalition avenir Québec que
par le gouvernement : Le Parti québécois n'a pas de solution. Ah non? On
est justement en train d'en discuter ici, là. Une des solutions qui existent, c'est de regarder un peu ce qui se fait,
par exemple, du côté du prix de l'essence. C'est une autre belle industrie, ça, avec des monopoles ou des quasi-monopoles
qui cherche à écraser... les multinationales, là, à écraser les distributeurs indépendants d'essence
dans nos régions. C'est quoi, la solution qu'on a trouvée au Québec? On réglemente le prix, hein, ou il faut trouver le prix
coûtant, le prix juste, et celui qui veut aller en bas de ce prix-là pour
casser la concurrence, parce que c'est ça,
dans le fond, qu'il essaie de faire, il doit se justifier. C'est quoi, le prix
le plus juste? Bien, c'est la même chose. Le type de solution qu'on
propose, c'est la même chose.
Comment ça se
fait qu'après un an de consultation dans 12 régions avec deux députés que je
respecte ils n'ont pas été capables d'arriver à des solutions plus
concrètes que ce qu'on a eu à l'issue de ce sommet vendredi? Alors, M. le Président, je vais terminer ici pour laisser
la parole à d'autres collègues, mais c'est absolument aberrant de voir le peu
de résultats à la suite d'une consultation aussi importante.
Et je
terminerai juste en dénonçant quand même l'absence du fédéral là-dedans, à la
fois l'absence du fédéral... pas un
mot, pas un mot, alors qu'il est le premier responsable, au fond. Le
gouvernement fédéral se fout des transports aériens interrégionaux au Québec. Le gouvernement fédéral tolère, au
détriment des Québécois, une diversité de prix aussi grande sur le territoire canadien, entre, par
exemple, Calgary-Fort-McMurray, Vancouver-Kitimat, Toronto-Thunder Bay.
Il n'y a pas de raison que ça soit la même chose qu'au Québec.
Alors, je vais
arriver sur ma piste d'atterrissage, M. le Président, en vous disant que, de
notre côté, c'est une question également
d'occupation de territoire, de vitalité de nos territoires, et nous sommes
heureux de faire la proposition qu'on fait. Merci.
• (16 h 20) •
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Alors, je vous remercie de votre
intervention. Je vous indique qu'il va rester deux minutes à votre formation politique. Je reconnais maintenant M. le
député de Johnson pour son intervention en lui indiquant que vous avez
10 minutes qui restaient dans la banque de votre formation politique.
Alors, allez pour votre intervention.
M. André Lamontagne
M. Lamontagne :
Merci, M. le Président. C'est un plaisir d'intervenir aujourd'hui sur la motion
déposée par le Parti québécois. Je
dois tout de suite dire que je suis un petit peu... pas secoué, mais j'ai
trouvé quand même difficiles les
commentaires du député de Jonquière à l'égard de mon collègue de Dubuc. J'ai
entendu des commentaires qui, selon moi, n'étaient pas nécessairement
nécessaires dans le débat qu'on avait là.
Quand
on parle de toute la question de la tarification puis de l'accessibilité pour le transport régional puis qu'on
regarde un petit peu la motion qui a été déposée par le Parti québécois aujourd'hui,
on s'aperçoit que la motion du Parti
québécois se concentre sur simplement
une perspective de l'usager mais ne tient pas compte du tout, si on veut, de
tout l'ensemble qui va autour de
ça : qu'on parle les problèmes d'infrastructures; qu'on parle toute la question
de l'impact de la juridiction du fédéral dans ce dossier-là; qu'on
parle les transporteurs aériens eux-mêmes, ceux qui ont à faire le travail, qui ont cette responsabilité-là; qu'on
parle du potentiel d'achalandage sur chacune des destinations, chacune des dessertes; qu'on parle de la fréquence,
ultimement, qu'on peut demander à ces transporteurs-là pas dans un contexte de
vols nolisés, mais dans un contexte de vols, là, qui sont planifiés à l'avance.
Alors, aujourd'hui, d'arriver avec une motion comme ça, honnêtement,
c'est tellement réducteur, M. le Président, là.
C'est
certain qu'il y a plusieurs aspects de la motion, là... On commence, on va dire
«que l'Assemblée nationale rappelle
l'importance du transport aérien régional pour l'économie des régions, le
tourisme et la capacité des Québécois de
se déplacer sur [le] territoire». M. le Président, c'est certain que, tout ça,
là, on est tout à fait d'accord avec ça, là. «Qu'elle rappelle que le transport aérien régional assure
la vitalité et l'occupation dynamique du territoire.» Ce n'est peut-être pas le
transport régional à lui seul qui assure
cette vitalité-là, mais le transport régional peut certainement être un
contributeur important. Après ça,
qu'on dénonce le fait que les tarifs imposés aux voyageurs au Québec sont plus
élevés d'une marge très importante
comparativement à d'autres marchés comparables au Canada, encore là, je veux
dire, il y a force et il y a lieu de dénoncer cette disparité-là.
Là, après ça, on s'enlise un petit peu
quand on dit qu'on reconnaisse la position dominante d'Air Canada, mais,
encore là, effectivement, sur bien des marchés, effectivement, si
Air Canada n'est pas monopolistique, Air Canada est certainement très dominant. Puis là, là, on
s'enlise encore un peu plus, parce que, là, on parle de sa volonté d'écarter
ses concurrents potentiels comme les
causes principales de ce problème, comme les causes principales du fait que
voyager sur certaines dessertes coûte
excessivement cher au Québec. Puis là où l'atterrissage est vraiment un
atterrissage... écoutez, c'est une
catastrophe un peu, c'est d'arriver puis qu'en fonction de ces constats-là de
réclamer du gouvernement du Québec, dès le dépôt de son prochain budget,
la mise en place d'un programme de prix plancher pour les dessertes régionales
impliquant un mécanisme de compensation financière permettant d'assurer le
respect du prix plancher, puis que ce programme
soit en vigueur avant la fin du printemps, à temps pour la saison touristique
estivale de 2018. Bien là, M. le Président,
si notre avion n'est pas complètement désintégré, il a certainement pris le
bord de la piste puis est allé s'atterrir on ne sait pas trop où, parce
que ça ne tient pas la route.
D'abord, d'entrée de jeu, on doit
trouver des solutions pérennes, parce que le problème des prix de... si on
remonte, là... M. le Président, vous
avez connu les années Quebecair, les années Inter-Canadien, la compétition avec
Air Canada puis vous savez très bien, aussi bien que moi, que, sur beaucoup
de routes au Québec, il n'y a pas de place pour deux concurrents, puis, quand il y en a eu au fil des années, les deux
concurrents perdaient beaucoup d'argent. Sur d'autres routes, M. le Président,
il y a de la place pour de la concurrence et
puis il y a des moments où il y a une saine concurrence puis il y a des moments
où cette concurrence-là peut être mise à mal
par la situation quasi monopolistique, des fois, du transporteur Air Canada.
Bon. Alors, d'aujourd'hui, que le
gouvernement se soit attaqué... ou
cherche à s'attaquer à trouver des solutions pérennes pour régler à long
terme la question du prix des billets ou du coût exorbitant qu'on a à assumer,
c'est certainement une très bonne idée, M. le Président.
Par contre,
je ne peux pas m'empêcher de mentionner, comme mon collègue
de Deux-Montagnes l'a fait, que ça fait 15 ans que les libéraux sont au pouvoir, M. le Président. Ça fait 15 ans que la problématique est connue. La problématique est connue. Moi,
j'étais dans l'industrie du voyage, là, dans les années 80, et puis, cette
problématique-là, on la vivait à chaque jour, M. le Président.
Puis ça fait 15 ans qu'ils auraient pu mettre ça en priorité, parce que trouver
des solutions, là, si ça avait été
évident, si ça avait été facile... ça ferait longtemps que les solutions
auraient été trouvées. Mais de chercher à mobiliser l'intelligence sur
le territoire, parce que c'est de là que les bonnes réponses vont sortir, c'est
d'aller sur le territoire, de faire affaire
avec les acteurs qui sont là, de faire affaire avec les transporteurs. Ce n'est
pas dans les tours du gouvernement,
des ministères que les solutions vont se trouver, M. le Président. Alors, que
ça ait pris toutes ces années-là pour mettre ça en priorité puis que ça
coïncide avec le fait, bien, qu'on arrive dans une année électorale, écoutez,
ça n'enlève rien à l'exercice, qui
certainement peut être profitable, mais c'est sûr que ça vient porter un peu
ombrage aux motivations qu'on
pourrait déceler de la part de la partie gouvernementale.
Ceci étant dit, M. le Président, quand
on parle de chercher à imposer un prix plancher... là, là, tantôt, le député
de René-Lévesque expliquait que c'est la
seule solution, que ça a été discuté au ministère de l'Économie, que les gens
du Conseil du trésor... mais est-ce que le
député de René-Lévesque a parlé avec des transporteurs pour leur demander si,
selon eux, c'est la bonne avenue pour
réussir à avoir des tarifs qui sont corrects pour les citoyens puis qui peuvent
être maintenus à long terme? Je ne le
sais pas, mais moi, je sais que, jusqu'à encore hier soir, moi, j'étais sur le
téléphone avec des opérateurs, M. le
Président, et puis qui m'expliquaient que la solution, elle n'est pas dans
l'établissement d'un prix plancher.
Peut-être qu'à court terme, là, pour une semaine, ou deux, ou trois, là, quand
il y aura une offensive d'un certain transporteur
pour essayer de casser ses prix pour éloigner la compétition, peut-être que ça
pourrait apporter un peu un baume sur
la plaie, là. Mais, passé quelques semaines, même les transporteurs se disent
qu'eux-mêmes... Combien de temps je pourrais suivre? Combien de temps?
L'autre point qu'ils
nous amenaient aussi, quand on leur parle, c'est, M. le Président : quand
même qu'on baisse les prix, là, 20 %,
30 %, combien ça va prendre d'augmentation d'achalandage pour être capable
de venir compenser tout ça, M. le
Président? Ce n'est pas une équation qui est facile à faire. Alors, quand on
arrive avec une solution qu'on dit
que c'est la seule, seule solution déposée par le député de René-Lévesque, qui
dit que, dans le fond, c'est de s'assurer que, s'il y a un transporteur qui baisse ses prix, bien, on veut assurer
un prix plancher et puis que, si ultimement il y a des compétiteurs qui
venaient qu'à être pénalisés avec ça, bien, ce qu'on va faire, c'est que le
gouvernement va sortir son carnet de chèques
puis là, bien, il va compenser, il va écrire des chèques jusqu'à tant que les
prix changent... ou peut-être pour
toujours, bien, M. le Président, il me semble, là, qu'avec toute l'intelligence
qu'on a sur le territoire du Québec, là, si on veut parler d'une
solution pérenne, là il me semble qu'on a mieux à faire que ça, M. le
Président.
C'est
certain que la question des infrastructures, c'est un point important. Un point
très important, c'est l'implication du
fédéral. La ministre parle... ou le député de Dubuc a parlé d'un pont, avoir un
pont avec le fédéral. Ça prend plus qu'un pont, M. le député, là. En
réalité, c'est tellement important, cet aspect-là, qu'à un moment donné il faut
avoir un «business case» qui fait état de tous ces points-là, qui sont
dépendants directement de l'intervention du fédéral, pour l'amener puis faire en sorte qu'il n'ait pas le choix de
s'asseoir avec nous autres. Puis il faut mobiliser une population pour ça, M. le député. Tu sais, tout ce qui est
question de l'allégement des mesures réglementaires qui contraignent les
transporteurs, qui est question de tous ces frais-là pour les opérations des
compagnies aériennes, en bout de ligne, c'est
le fédéral qui détient la clé de tout ça. Alors, ça prend plus qu'un pont, il
faut qu'on soit une armée, qu'on aille l'autre bord du pont, puis qu'on soit là, puis qu'on ait un dossier, puis qu'on
en discute. Alors, c'est très important, M. le député, que ça soit ça.
Un
autre point qui est très important, c'est que — là, c'est pour la ministre — il faut bien penser qu'au Québec, là, il n'y a probablement pas, Mme la ministre,
une solution qui va s'appliquer pour l'ensemble du territoire. Chaque route,
chaque route dans nos régions, en elle-même,
a son propre ADN un peu, a sa propre particularité, puis il peut arriver que,
dans les solutions finales, on ait peut-être 10 approches différentes en
fonction des routes.
Il
faut partir avec cette idée-là, Mme la ministre. Il ne faut pas partir avec une
idée où, au budget, on est en période électorale,
on va annoncer à bien des gens : Écoutez, voici la solution, puis une
solution qui s'applique pour tout le monde. Combien de temps, M. le
Président? Excusez-moi.
• (16 h 30) •
Une voix :
...
M. Lamontagne :
30 secondes. Alors, en conclusion... Excusez-moi, on s'en reparlera. C'est
certain qu'on ne peut pas appuyer la proposition du Parti québécois. Ça
démontre une méconnaissance des réalités du marché, une méconnaissance de la réalité des transporteurs puis aussi une
méconnaissance de l'impact financier à long terme. Alors, de réclamer ça à tout prix, c'est irresponsable.
Ça ne tient pas la route, M. le Président. C'est un peu l'équivalent que de
déposer un budget sans crédits, comme le
Québec a déjà vécu avec le Parti québécois. Puis nous, on ne pense pas que
c'est une bonne idée. Alors, on ne peut pas appuyer cette motion-là.
Merci.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le
député de Johnson, pour cette intervention. M. le leader de l'opposition officielle, vous disposez
de 2 min 20 s, et après j'irai de votre côté, M. le député de Gouin. Il s'est
levé avant vous. Alors, M. le leader de l'opposition officielle.
M. Pascal Bérubé
M. Bérubé :
Merci, M. le Président. Dans ce débat sur l'aviation régionale, la ministre
parle souvent des gens des régions.
Alors, j'en suis un, moi, de ces gens des régions. Je peux parler de la réalité
de l'Aéroport régional de Mont-Joli, qui
est dans mon comté, où, pour se rendre à Montréal aller-retour avec Air Canada,
c'est 1 042 $ aller-retour puis avec Sunwing, aller-retour, c'est 1 005 $. Ça coûte moins cher
d'aller au Mexique que d'aller à Montréal. Est-ce qu'il faudrait demander à Sunwing qu'ils offrent les voyages
Mont-Joli vers Montréal? Est-ce qu'on est rendus là? Est-ce qu'Air Canada, qui
a toujours eu un monopole encouragé par certains gouvernements, devrait être
encouragé davantage?
Il
se trouve qu'Air Canada avait une brigade de lobbyistes qui ont remporté face
au gouvernement libéral. À telle enseigne
que le président d'Air Canada, M. Rovinescu, lui, n'a pas rencontré les
fonctionnaires. Il avait un mandat de lobbying exclusif pour rencontrer
le premier ministre du Québec, et ils se sont rencontrés, et le premier
ministre l'a assuré qu'il n'y a pas
grand-chose qui changerait. Il pourrait garder les prix à la même hauteur et
que le gouvernement, lui, toujours
aussi serviable, allait compenser avec un montant supplémentaire. C'est ça, la
réalité pour préserver le rôle prédominant
d'Air Canada, qui résiste à toute concurrence. À chaque fois, il casse les
prix, il tasse le concurrent puis il reste. Puis nous, on encourage ça?
Est-ce
qu'on pourrait encourager d'autres initiatives, d'autres transporteurs qui
essaient tant bien que mal de survivre, de desservir des régions moins
achalandées? Je pense à Pascan Aviation. Il pourrait y en avoir d'autres. Il y
avait le projet Lindberg également qui a été soumis au gouvernement du
Québec.
Alors,
l'important, moi, je parle pour les usagers, les usagers, les gens qui doivent
prendre l'aéroport et qui doivent payer
beaucoup moins cher pour voyager. Puis j'ai entendu la position de la Coalition
avenir Québec. Je comprends que la
raison pour laquelle ils ne viennent pas dans mon comté, ce n'est pas à cause
des prix des billets, c'est à cause d'une profonde incompréhension des régions, profonde incompréhension. Alors,
ils vont voter encore avec le gouvernement du Québec. Il faut croire que c'est vrai qu'ils ont une expertise en
matière d'aviation. Je ne sais pas les consignes que le chef de la CAQ, ex-patron d'une entreprise
d'aviation, leur a données, mais, manifestement, ça paraît sur leur position.
Une formation
politique va défendre les usagers, les gens qui prennent l'avion pour se
déplacer pour maladie, pour tourisme,
pour affaires, et les gens qui proposent cela, c'est les gens du Parti québécois.
Alors, à toutes ces personnes qui écoutent et qui ont faim d'une
formation politique qui défend les usagers, le Parti québécois est là pour
vous. Merci.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, M. le leader de
l'opposition officielle. Alors, M. le député de Gouin, vous disposez de six minutes.
À vous la parole.
M. Gabriel
Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois :
Merci, M. le Président. D'abord, je tiens à saluer la motion du député de
René-Lévesque, une motion avec
laquelle ma formation politique est tout à fait d'accord. Mais pour mettre la
table, pour bien mettre la table pour
mon intervention, j'aimerais commencer par une citation, une citation du maire
de Québec, M. Régis Labeaume, qui
disait récemment : Regardez Air Canada agir actuellement. C'est la plus
mauvaise version du capitalisme qu'on peut vivre en société. C'est Régis
Labeaume qui disait ça. Pas Amir Khadir, Régis Labeaume.
Et cette
version du capitalisme, M. le Président, c'est aussi la version libérale. C'est
une idée selon laquelle le rôle du gouvernement, c'est de dérouler le
tapis rouge pour les grandes entreprises, c'est de se plier aux demandes, aux exigences, aux caprices des grandes entreprises
comme Air Canada au lieu de défendre le bien commun, au lieu de défendre
ce qui devrait être un droit au Québec,
c'est-à-dire le droit de se déplacer sur le territoire, le droit d'avoir accès
au territoire du Québec pour les citoyens et les citoyennes.
On dit
souvent que la répétition est importante en pédagogie. Alors, je vais répéter
des choses qui ont été dites récemment
dans le cadre du débat sur le transport aérien, M. le Président, dans l'espoir
que le gouvernement, finalement, comprenne
ce que disent les gens sur le terrain. Ce que disent les gens sur le terrain, c'est
que les prix sont trop élevés. Ce que disent les gens, c'est que ce n'est pas
normal, en 2018 au Québec, que ce soit plus abordable d'aller dans le Sud
une semaine, que ce soit plus abordable
d'aller à Cuba que de se déplacer à l'intérieur de notre propre pays, que de se
déplacer sur le territoire du Québec. Ce
n'est pas normal que les prix au Québec soient 55 % plus élevés que dans
les autres provinces. Il y a un
problème. Et, disons, une grosse partie du problème, c'est le prix des billets.
Or, les soi-disant solutions qui sont soumises par le gouvernement ne
s'adressent à peu près pas à cette question-là, qui, pourtant, est centrale.
Je le disais tout à l'heure, se déplacer sur le
territoire du Québec, la possibilité de voyager sur le territoire, d'y avoir accès facilement, ce n'est pas un luxe,
ce n'est pas un privilège, ça devrait être un droit. Ça devrait être un droit,
M. le Président, parce que, bien sûr, c'est une condition du développement
durable, parce que l'économie de plusieurs régions dépend d'une infrastructure de transport interrégional efficace,
mais aussi parce que le transport aérien, ce n'est pas seulement pour les gens d'affaires, ce n'est
pas seulement pour les entreprises, c'est aussi pour les jeunes, c'est aussi
pour les familles, c'est aussi pour les
étudiants, les étudiantes qui peuvent vouloir aller dans leur région d'origine
pour quelques jours pour des raisons
de santé, pour des raisons familiales. Et actuellement notre réseau de
transport aérien, bien, il ne permet pas à ces gens-là de se transporter
sur le territoire, M. le Président, et c'est un problème.
Il y a des
gens qui ont besoin de se rendre dans leur région de manière prioritaire, de
manière urgente, et, en ce moment, ce
n'est pas possible. Et il n'y a rien dans les intentions du gouvernement qui va
rendre ça possible, rien parce que ce
qui ressort du récent sommet, M. le Président, c'est vague. C'est des plans
d'action, des réflexions, des chantiers, des promesses très vagues qui
vont aboutir plus tard. On nous parle de sommes annoncées éventuellement au
budget. Pourtant, le problème, on le connaît
depuis longtemps, depuis à peu près 15 ans. Ça fait un an et demi au moins
que les régions disent qu'il y a un problème, qu'elles veulent des
solutions.
Et tout ça,
ça fait ressortir un deux poids, deux mesures du côté du gouvernement libéral
en matière de transport parce que,
quand il a été le temps de construire un réseau de transport collectif pour
l'ouest de l'île de Montréal, M. le Président,
là, ça a été la vitesse grand V. On est passés par-dessus les opposants,
par-dessus les consultations citoyennes. On est passés par-dessus bien du monde puis bien des choses parce qu'il
fallait, à vitesse grand V, absolument construire le REM le plus vite possible. Il fallait démarrer
les constructions. Il fallait accélérer la commission parlementaire, M. le
Président, tellement que c'était urgent, tellement que c'était urgent de
construire le REM.
Semble-t-il,
de toute évidence, que, quand il s'agit de permettre aux gens des régions du
Québec d'avoir accès à un système de
transport aérien efficace et abordable, bien, que ça, c'est une autre affaire,
c'est une autre vitesse. Il y a un régime
de deux poids, deux mesures. Et on peut faire l'hypothèse, M. le Président, que
derrière ce deux poids, deux mesures là, il y a bien sûr des intérêts ou
des désintérêts électoraux. Pourtant...
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
M. le... Question de règlement?
M. Tanguay :
Je vous prierais de rappeler à l'ordre le collègue lorsqu'il fait son
hypothèse, qui est ni plus ni moins que
de prêter des intentions électoralistes qui orienteraient des décisions
gouvernementales. Nous ne mangeons pas de ce pain-là, et c'est
antiparlementaire, les propos qu'il a tenus, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, ça allait bien, le
débat se déroulait de façon sereine. Je vous demande juste la prudence,
M. le député de Gouin.
M. Nadeau-Dubois :
...confesser, M. le Président, que je pense que tous les députés ici souhaitent
se faire réélire. Ça fait partie des motivations de tout le monde. Il n'y a
rien d'antiparlementaire à faire allusion au fait que c'est une
motivation potentielle.
Alors, si on souhaite me faire taire, là, parce
que je dérange, je m'excuse, mais je ne pense pas que ce soit antiparlementaire que d'émettre l'hypothèse qu'il
peut y avoir un intérêt électoral derrière une décision. À la période des
questions, M. le Président, ça...
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Question de règlement.
M. Tanguay :
M. le Président, appel au règlement. C'est clairement, en vertu de notre
règlement à l'Assemblée nationale, de
prêter des intentions, et c'est une chose qui est prescrite, donc qui est
interdite par notre règlement. Il ne peut pas dire que le gouvernement gouverne en vertu d'intérêts électoraux. Il
peut le penser, mais il ne peut pas le dire. C'est antiparlementaire.
Puis, s'il veut descendre le débat à ce niveau-là, M. le Président, ça ne sera
pas à ce que les gens s'attendent à la maison.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Très bien. Sur la question de règlement?
• (16 h 40) •
Mme Maltais :
...cette position de dire que des mouvements pouvaient être faits en une visée
de se faire élire a déjà été énoncée souvent dans cette Assemblée sans
être sanctionnée.
Deuxièmement,
en parlant d'abaisser le débat, malheureusement, le collègue a probablement...
n'était peut-être pas présent quand était là le député de Dubuc, mais on est
restés tranquilles et on l'a laissé faire, mais, comme baisse, comme
niveau très, très bas de débat, on a entendu de très belles choses de l'autre
côté.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, écoutez, M. le député
de Gouin, vous me voyez désolé, votre temps est terminé, il est écoulé. Alors, bref, je vais céder la parole à un
prochain intervenant. Je suis vraiment désolé pour vous, je suis
vraiment désolé pour vous. M. le député d'Abitibi-Est, je vous cède la parole.
M. Guy Bourgeois
M. Bourgeois :
Merci, M. le Président. Écoutez, je veux prendre la parole dans ce dossier,
mais, premièrement, par respect pour tous ceux et celles qui ont participé aux
consultations qui se sont tenues sur l'ensemble du territoire québécois, avec également les gens du domaine sectoriel
qui ont investi beaucoup de temps pour travailler avec nous pour en arriver à la tenue de ce sommet,
je veux également mentionner, M. le Président, qu'on a, par respect,
justement, auprès des unions municipales, accepté de reporter la tenue du
sommet au mois de février parce que, normalement, ce sommet-là se serait tenu à
l'automne. Donc, évidemment, quand on nous prête certaines intentions potentielles
d'avoir voulu retarder... au contraire.
J'ai des
précisions importantes qui doivent être faites. Quand j'entends le député de
Jonquière nous dire qu'on a tardé à
s'occuper du dossier, il y a une époque où il a été lui-même ministre des
Transports pendant 18 mois. Il n'a pas été question du sommet
aérien, il n'a pas été question du transport aérien régional. Donc, là-dessus,
on repassera.
Mais ce qui
est beaucoup plus important, c'est ce qui s'est tenu comme événement le 2
février, et il s'est tenu un événement, là, qui va marquer la suite des
choses. Et, on l'a bien dit, ce qu'on visait, et, contrairement à ce qui a été également amené, ce qu'on visait, c'était une
solution pour améliorer le transport des personnes dans le territoire québécois,
une priorité pour faciliter le transport des
personnes en région et évidemment rendre accès aussi à ces régions-là. On nous
a demandé de déployer une offre qui pourrait faire en sorte qu'on puisse
répondre à plusieurs enjeux.
Premièrement,
les infrastructures. M. le Président, sur l'ensemble du territoire, il y a plus
de 140 aéroports qui ont besoin
d'être mis à niveau pour répondre aux nouveaux défis de ce que représente
l'industrie aérienne maintenant, en 2018. Et là, là-dessus, encore là, il y a eu un travail important qui s'est
fait à la fois en collaboration avec les acteurs, oui, les compagnies aériennes, mais pas pour une compagnie
aérienne, mais pour l'ensemble de l'industrie aérienne, pour répondre à des enjeux importants, pour être capable d'assurer
une desserte de qualité qui, ultimement, pourra se faire à un meilleur prix si on y intègre des solutions qui
correspondent aux enjeux d'aujourd'hui, que ce soit au niveau de la sécurité,
que ce soit au niveau des équipements de vol, pour faciliter l'opération,
et donc qu'il en découle des coûts moindres pour l'opération, ce qui va
automatiquement se refléter sur le coût des billets.
M. le
Président, on a discuté avec les gens pour faire en sorte d'amener des
solutions. Identifier des problèmes, ça, c'est plus facile. Trouver des solutions, ça, il faut avoir la
collaboration de tout le monde. Et c'est ça qu'on est allés chercher dans cet événement-là, 300 personnes qui ont
dédié une journée entière à venir préciser de façon encore plus pointue sur
quoi elles voulaient qu'on travaille, et comment on voulait le faire, et qui
ont reconnu... Et là, là-dessus, je fais miens les commentaires de mes
collègues qui ont précisé tous les groupes qui sont intervenus à la suite de la
tenue du sommet pour confirmer leur approbation sur l'exercice, et sur les solutions qui ont
été mises sur la table, et sur lesquelles ils s'engagent à assurer un
suivi avec nous. Et évidemment, M. le Président, il y a un budget qui s'en
vient. Et nous, on va avoir les moyens pour
assurer la réalisation des engagements qui ont été annoncés dans les intentions
au niveau du sommet aérien.
Il
y a également des constats qui ont été faits, entre autres, M. le Président, la
méconnaissance de l'offre de services
aériens sur le territoire
québécois, et je pense que le député de René-Lévesque en a été un exemple probant quand il relance continuellement la position d'Air Canada. Des
compagnies aériennes, là, sur le territoire québécois, il y
en a plusieurs, M. le Président. Il y en a plusieurs qui font un travail dans le quotidien
sur l'ensemble du territoire québécois pour le bénéfice des populations qui l'habitent. Et elles le font de façon très
compétitive. Et vous allez me permettre d'en nommer quelques-unes parce qu'on a l'impression qu'il y a juste Air Canada, selon le Parti
québécois, qui exerce dans le monde aérien québécois.
Chez
nous, une compagnie comme Air Creebec, qui aujourd'hui offre un vol entre
Val-d'Or et Montréal, aller-retour, pour 340 $. M. le Président,
quand on dit qu'il n'y a pas de compétition, quand on dit que les prix sont astronomiques ou quand on dit qu'il y a juste un
joueur qui offre des prix qui sont absolument épouvantables, bien, je m'excuse, mais il y en a, de la compétition.
Comment ça se fait? Bien, c'est à travailler avec ces gens-là. Je cite encore
Air Creebec, qui, à la veille du sommet
aérien, a annoncé une liaison entre Chibougamau et Montréal pour 252 $.
Encore là, c'est une nette amélioration.
C'est
une nette amélioration pourquoi? Parce qu'ils ont compris que ce que l'on
recherchait, c'était d'augmenter la
fréquentation, l'utilisation de l'avion comme moyen de transport sur le
territoire québécois. Et c'est à travailler avec les gens, oui, de l'industrie, mais également les acteurs
socioéconomiques sur l'ensemble du territoire québécois, qu'on parle des
villes, qu'on parle des compagnies aériennes, mais qu'on parle aussi des
organismes de développement qui souhaitent, tout le monde, mettre l'épaule à la
roue...
Oui,
on aura besoin du fédéral parce que le fédéral est un acteur important qui
vient influencer la donne à la fois sur
les règles d'opération et également sur certaines dessertes. Et nous, le
fédéral, on n'est pas gênés, on peut leur parler, on est capables d'établir des liens. On ne cherche
pas à séparer le Québec du reste du Canada. On veut travailler avec eux, et
donc, pour ce faire, on fait en sorte de
créer des liens qui vont nous permettre de travailler le dossier avec eux de
façon appropriée. Pour le bénéfice de qui? De la population entière du
Québec.
Vous
comprendrez, M. le Président, que, quand je regarde des compagnies comme Air
Creebec, Air Inuit, First Air, Pascan
Aviation, Propair, Air Liaison... et là vous me permettrez un clin d'oeil au
député d'Abitibi-Ouest. On fait souvent le trajet avec Propair ou Air Liaison, et, dépendamment de qui est
arrivé le premier dans l'avion, il y en a un ou l'autre qui fait le service parce que c'est des petits
avions, mais c'est des compagnies régionales qui nous offrent un service d'une
grande qualité et qui sont compétitives avec
les autres acteurs. Et évidemment tous ces acteurs-là, toutes ces compagnies-là,
nous ont dit : Aidez-nous à mieux desservir le Québec. Aidez-nous via
certains outils.
C'est
pour ça qu'on a aussi parlé de mettre en place une plateforme qui permettrait
aux citoyens du Québec de mieux
connaître l'offre de services et ainsi faire en sorte qu'on pourra, sur
certaines lignes, augmenter non seulement la qualité, mais également la
fréquence des services aériens entre des destinations, ce qui va faire en sorte
qu'on va être capables d'obtenir des meilleurs prix.
Il
y a également des mesures au niveau de toute la question du Programme de
réduction des tarifs aériens, qui était déjà en place, mais qu'on va
bonifier, bonifier sur l'ensemble du territoire desservi mais également sur la
portion qui pourrait être admise en termes de réduction de coûts. Encore là,
c'est des mesures pour nous permettre d'augmenter l'achalandage, la fréquentation, ce qui va créer un effet d'entraînement
et amener des ratios de rendement plus intéressants pour tout le monde.
Vous
comprendrez, M. le Président, je pourrais vous entretenir encore longtemps de
ce dossier-là, mais ce que je suis
convaincu, c'est que la motion présentée par le député de René-Lévesque ne
correspond pas du tout à la réalité qu'on...
• (16 h 50) •
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, merci à
vous. Merci, M. le député d'Abitibi-Est. Nous en arrivons maintenant au moment
de la réplique du député de René-Lévesque. Vous disposez de 10 minutes.
Alors, je vous cède la parole.
M. Martin Ouellet (réplique)
M. Ouellet : Merci beaucoup, M. le Président. Donc, je suis heureux de pouvoir
donner la réplique parce que j'ai entendu
plusieurs aberrations, plusieurs accusations, M. le Président, et j'aimerais
répondre à quelques-unes d'entre elles.
On
s'est fait accuser d'être quasiment contre le sommet, contre la consultation,
bref, que c'était une mauvaise chose
de consulter, M. le Président. On n'a jamais dit ça. On n'a jamais dit que le sommet, c'était une mauvaise idée. On
n'a jamais dit qu'aller rencontrer le monde sur leur
territoire directement puis jaser avec eux, c'était une mauvaise chose.
Ça s'est fait pendant deux ans, ils ont pris le temps nécessaire pour aller les
rencontrer.
Là,
ce qu'ils nous disent, c'est que nous autres, on n'était pas là, on n'était pas
là. Le Parti québécois, là, a des députés sur la Côte-Nord, en Abitibi. On en a dans les Laurentides, dans
Lanaudière, en Montérégie, au Bas-Saint-Laurent, en
Gaspésie, au Saguenay—Lac-Saint-Jean. On est partout. Puis, quand on n'est pas là, on organise des caucus
pour aller prendre justement
le pouls des enjeux locaux, comme on a tenu un caucus en Outaouais, comme on en
a connu dernièrement en Mauricie.
Bref, il y a plusieurs choses qu'on savait déjà. Évidemment, M. le Président, qu'on ne s'est pas redéplacés une
deuxième fois pour aller entendre ce que nos élus et nos acteurs locaux nous
ont déjà dit. Pendant ce temps-là, on faisait, dans certains cas, du
travail de circonscription.
Mais
on m'a posé la question pourquoi est-ce que je n'étais pas là. J'ai fait sortir
la liste des consultations, et tenez-vous bien, M. le Président :
5 juin, on est en Gaspésie, 6 juin, on est aux Îles-de-la-Madeleine,
le 12 juin, Centre-du-Québec, l'Estrie, Montréal. Deux mots, M. le Président : session parlementaire.
Je n'étais pas en train de tourner au
Québec, j'étais assis ici. Mon premier
mandat, c'est de répondre aux préoccupations de mes citoyens et c'est d'abord et avant tout de les représenter
à l'Assemblée nationale. Alors, si on me demande pourquoi
est-ce que je n'ai pas tourné en même temps qu'eux, bien, j'étais ici. Et, si vous en doutez,
réécoutez encore et encore tous les enregistrements. J'étais en commission parlementaire. Alors, je peux comprendre que les députés qui ne
viennent pas de ces régions-là doivent entendre ce qui se passe, c'est
correct. Mais ça a pris deux ans de consultations, et là on arrive au sommet.
Alors,
ce qu'on critique, ce n'est pas la démarche, c'est les résultats. Je vais juste
vous donner deux personnes, dans le
lot qu'on a, qui ont critiqué les résultats. Le président de la Chambre de
commerce et d'industrie de Rouyn-Noranda, M. Jean-Claude Loranger, il nous cite... «Selon Jean-Claude
Loranger, Air Canada a toujours plaidé que le manque de volume de
passagers au sein de ses vols justifiait le prix de ses billets.
«"Il
[...] a [...] beaucoup d'annonces [au sommet] sans nécessairement qu'on [...]
connaisse les modalités. Ce qu'on peut
tirer comme conclusion, c'est qu'au niveau de la concurrence d'Air Canada, on
ne s'y est pas attaqué [en décidant d'augmenter] son volume."»
Le
préfet de la MRC Manicouagan, M. Marcel Furlong, c'est chez nous,
ça : «"Il est prévu y avoir de l'argent dans le budget. Est-ce que ce sera un peu ou beaucoup?
S'il y en a juste un peu, ça n'aidera pas à baisser les
prix[...]".
«M. Furlong
espère beaucoup des conditions que Québec tentera de mettre en
place pour permettre aux transporteurs de venir concurrencer Air Canada.»
M. Furlong :
«Tant qu'on n'aura pas les montants attachés, on ne peut [pas] confirmer jusqu'à
quel point on est satisfaits.»
Et je vous fais grâce des commentaires, des élus de
la Basse-Côte-Nord qui ont donné des entrevues, M. le Président, à la radio.
Alors, si on est
satisfaits? Absolument, M. le Président, parce qu'on va appliquer une mesure
qui existe déjà à l'ensemble du Québec. On
dit que c'est une mauvaise mesure. Pourquoi c'est une mauvaise mesure? Parce
que cette mesure-là, là, qui permet
de faire un remboursement sur les prix de billets, on fait juste engraisser les
profits faramineux d'Air Canada, qui
sont de 14 milliards par année. Ça, c'est l'argent de tous les
contribuables du Québec qui va s'en aller directement dans les poches
d'Air Canada.
Ce
qu'on veut, là, c'est que les gens, à la source, déboursent moins, comme
n'importe quelle personne qui prend un ticket d'avion pour Montréal,
pour s'en aller en Europe, pour n'importe quelle personne qui s'achète un
ticket de transport à Montréal pour prendre
le métro. Quand je paie pour de la mobilité, je veux payer le prix juste puis
je ne veux pas avoir à me faire rembourser ultérieurement. C'est ça
qu'on a décrié, M. le Président.
On
s'est fait taguer, je me suis fait taguer, dans le fond, de mépriser les
commentaires des gens qui sont venus au sommet. M. le Président, je suis content d'avoir été présent puis
d'avoir entendu. Ce que je méprise, c'est la résultante qu'on en a faite. Ce que je méprise, c'est qu'il y
a 300 personnes qui sont arrivées là, avec plein d'espoir, venir entendre
des solutions très concrètes et n'ont rien
obtenu si ce n'est que des intentions. Ce que je méprise, M. le Président,
c'est d'avoir transformé un agenda de
développement régional en agenda électoral. C'est ça que je méprise, M. le
Président.
Dans
le fond, là, on a pelleté par en avant. Alors, tout ce qu'on aurait pu faire
après cette grande consultation, le gouvernement
aurait pu tergiverser sur ses solutions, il n'y a pas de sommet, et on attend
au budget, on fait des grosses annonces.
Ça, je m'aurais dit, c'est la manière libérale de fonctionner. Mais là on nous
dit qu'on a un sommet, puis qu'on a
consulté, puis qu'il y aura des étapes subséquentes. C'est ça, M. le Président,
qu'on dénote. Quand il vient le temps de corriger une situation, les libéraux sont bons pour trouver de l'argent.
Ils en ont trouvé 600 millions pour ce qui est des taxes scolaires. Ce n'était même pas dans la mise
à jour économique. Alors, si c'était véritablement important, si le cri du
coeur des élus municipaux et même celui de Québec, M. Labeaume, aurait été
entendu, on ne se serait pas satisfait uniquement de la proposition
d'Air Canada, le matin même du sommet, de forfaitiser des billets pour
rendre ça plus acceptable. On se serait attendu d'avoir une véritable politique
qui aurait attaqué effectivement le prix des billets.
Alors,
oui, notre solution, elle est unique parce qu'on fait face à un problème
unique. Air Canada a une position prépondérante dans le marché, c'est
ça qu'il faut dénoter. C'est ça qu'il faut dénoncer. Puis, si on s'attaque au fédéral parce que c'est lui qui légifère en bonne
partie le transport aérien, je m'aurais attendu que le premier ministre montre
du muscle, du tonus, qu'il dise : Je vais aller voir mes concitoyens avec
les mandats qu'ils m'ont donnés pour porter ça à Ottawa et convaincre le ministre des Transports d'agir parce qu'il y a
effectivement un déséquilibre. Ce qu'on nous dit : Je vais ouvrir
une passerelle de communication. M. le Président. La dernière fois que j'ai
ouvert une passerelle de communication, là,
j'avais cinq ans. C'était avec une canne puis un fil. On se parlait entre amis.
Entre vous et moi, là, ce n'est pas ça, ouvrir des communications. Ouvrir des
communications, c'est exiger, travailler puis ne pas lâcher. Ce n'est
pas ça que j'ai senti.
Alors,
dès que le gouvernement fédéral va nous dire non, on va continuer de discuter
pour informer de ce qu'on va faire. Mais, si ce qu'on fait n'est pas
satisfaisant pour le gouvernement fédéral, on a juste à reprendre notre place. C'est ça qu'on méprise, M. le Président, d'avoir
l'obligation d'aller demander à genoux au gouvernement : Pouvez-vous
nous aider? Vous avez de l'argent, vous avez des lois. Mais malheureusement on
n'y peut rien.
M.
le Président, le Parti québécois, ça fait longtemps qu'on parle de
développement économique régional, développement économique local. Ça fait longtemps qu'on a dans notre ADN l'importance
de l'occupation du territoire et de sa vitalité. On nous dit que vous avez été au pouvoir pendant deux ans pendant les
15 dernières années et qu'on aurait dû régler le problème. On avait
d'autres chnouttes à régler avant, je vais être honnête avec vous, ça s'appelle
toute la commission Charbonneau puis tous les
enjeux reliés au ministère des Transports. Ça fait qu'on a mis nos énergies à
régler le premier problème. Quand on était rendus à régler le deuxième,
M. le Président, on n'était plus là.
Alors, aujourd'hui, ce
qu'on répète à la population du Québec, c'est que cet enjeu-là ne doit pas être
un enjeu électoral. Cet enjeu-là doit être
un enjeu fondamental pour s'assurer que tout le monde au Québec a le droit de
voyager à des prix décents, a le
droit de se rendre dans sa capitale ou dans sa métropole pour faire des
affaires et investir aussi... et
amener des investisseurs, pardon, chez nous. Ce qu'on veut défendre, M. le
Président, là, c'est la légitimité d'être traité sur un pied d'égalité partout
au Québec, qu'on habite en Abitibi, ou en Gaspésie, ou au Bas-Saint-Laurent,
d'avoir le même traitement.
Alors, vous me corrigerez, M. le Président, mais
le seul mépris que j'ai, c'est le temps que nous avons perdu à entendre, au
sommet économique, des intentions qui seront précisées, discutées, consultées
et peut-être validées et budgétées
ultérieurement. Alors, M. le Président, notre motion, elle est bien simple. On
a une solution qui peut faire dès demain une différence sur le prix des
billets.
Le
gouvernement peut continuer à discuter puis à échanger sur la suite à donner à
son sommet, je n'en ai pas, de problème,
c'est son agenda gouvernemental, mais, demain matin, si on veut agir
directement sur le prix des billets, si on veut casser le monopole d'Air Canada, la seule façon d'y arriver, c'est
d'arriver avec une tarification qui permette un prix plancher. C'est notre
position. Et je comprends que la Coalition avenir Québec se colle à la position
du gouvernement. Dans le fond, ils
nous taguent d'être une solution unique. Moi, quand je vois les deux, je vois
un parti unique, M. le Président.
• (17 heures) •
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le
député de René-Lévesque, pour cette intervention. Alors, cela met un
terme à ce débat.
Mise aux voix
Et je vais maintenant mettre aux voix la motion
de M. le député de René-Lévesque, qui se lit comme suit :
«Que
l'Assemblée nationale rappelle l'importance du transport aérien régional pour
l'économie des régions, le tourisme et la capacité des Québécois de se
déplacer sur leur territoire;
«Qu'elle rappelle que le transport aérien
régional assure la vitalité et l'occupation dynamique du territoire;
«Qu'elle
dénonce avec force le coût 55 % supérieur des liaisons aériennes
régionales au Québec comparativement à l'Ontario;
«Qu'elle reconnaisse
la position dominante d'Air Canada et sa volonté d'écarter ses concurrents
potentiels comme les causes principales de ce problème;
«Qu'elle réclame du
gouvernement du Québec, dès le dépôt de son prochain budget, la mise en place
d'un programme de prix plancher pour les dessertes régionales, impliquant un
mécanisme de compensation financière permettant d'assurer le respect du prix
plancher;
«Que ce
programme soit en vigueur avant la fin du printemps, à temps pour la saison
touristique estivale de 2018.»
Alors, cette motion est-elle adoptée? M. le
leader de l'opposition officielle.
M.
Bérubé : M. le
Président, nous demandons un vote par appel nominal.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Très bien. Alors, qu'on appelle les députés.
• (17 h 1 — 17
h 18) •
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, je vais maintenant mettre aux voix la
motion de M. le député de René-Lévesque, qui se lit comme suit :
«Que l'Assemblée nationale rappelle l'importance du
transport aérien régional pour l'économie des régions, le tourisme et la
capacité des Québécois de se déplacer sur leur territoire;
«Qu'elle rappelle
que le transport aérien régional assure la vitalité et l'occupation dynamique
du territoire;
«Qu'elle dénonce avec force le coût 55 % supérieur des
liaisons aériennes régionales au Québec comparativement à l'Ontario;
«Qu'elle reconnaisse la position dominante d'Air
Canada et sa volonté d'écarter ses concurrents potentiels comme les
causes principales de ce problème;
«Qu'elle réclame du gouvernement du Québec, dès le dépôt de
son prochain budget, la mise en place d'un programme de prix plancher
pour les dessertes régionales, impliquant un mécanisme de compensation
financière permettant d'assurer le respect du prix plancher;
«Que ce programme soit en vigueur avant la fin du
printemps, à temps pour la saison touristique estivale de 2018.»
Que les députés en
faveur de cette motion veuillent bien se lever.
Le Secrétaire
adjoint : M. Lisée (Rosemont), M. Bérubé (Matane-Matapédia),
Mme Hivon (Joliette), M. Marceau (Rousseau), Mme Léger
(Pointe-aux-Trembles), M. LeBel (Rimouski), Mme Maltais (Taschereau),
Mme Lamarre (Taillon), M. Bergeron
(Verchères), M. Leclair (Beauharnois), Mme Richard (Duplessis),
Mme Poirier (Hochelaga-Maisonneuve), M. Gaudreault
(Jonquière), M. Cloutier (Lac-Saint-Jean), M. Therrien (Sanguinet), M. Rochon (Richelieu), M. Pagé
(Labelle), M. Cousineau (Bertrand), M. Bourcier (Saint-Jérôme),
Mme Jean (Chicoutimi), M. Ouellet
(René-Lévesque), M. Villeneuve (Berthier), Mme Fournier
(Marie-Victorin), M. Kotto (Bourget), M. Turcotte
(Saint-Jean), M. Roy (Bonaventure).
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Que les députés contre cette motion veuillent
bien se lever.
• (17 h 20) •
Le Secrétaire adjoint :
M. Fournier (Saint-Laurent), Mme Anglade (Saint-Henri—Sainte-Anne),
M. Billette (Huntingdon),
Mme Thériault (Anjou—Louis-Riel),
Mme St-Pierre (Acadie), M. Leitão (Robert-Baldwin), M. Arcand
(Mont-Royal), M. Coiteux (Nelligan), Mme David (Outremont), M. D'Amour
(Rivière-du-Loup—Témiscouata),
Mme Nichols (Vaudreuil), M. Kelley (Jacques-Cartier), Mme Vallée
(Gatineau), Mme Charlebois (Soulanges), M. Barrette
(La Pinière), Mme Weil (Notre-Dame-de-Grâce), M. Blanchette
(Rouyn-Noranda—Témiscamingue),
M. Poëti (Marguerite-Bourgeoys), Mme Vien (Bellechasse),
Mme Ménard (Laporte), M. Fortin (Pontiac), Mme Tremblay
(Chauveau), M. Reid (Orford), M. Morin (Côte-du-Sud), M. Bernier
(Montmorency), Mme Montpetit (Crémazie), Mme Boulet
(Laviolette), Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger), M. Tanguay (LaFontaine),
Mme Melançon (Verdun), M. Blais (Charlesbourg),
Mme Charbonneau (Mille-Îles), M. Carrière (Chapleau), M. Drolet
(Jean-Lesage), Mme de Santis
(Bourassa-Sauvé), M. Iracà (Papineau), M. Bolduc (Mégantic),
M. Simard (Dubuc), M. Matte (Portneuf), M. Chevarie
(Îles-de-la-Madeleine), M. Girard (Trois-Rivières), M. Huot (Vanier-Les
Rivières), Mme Vallières (Richmond),
M. Auger (Champlain), M. Birnbaum (D'Arcy-McGee), M. Boucher
(Ungava), M. Bourgeois (Abitibi-Est), M. Habel (Sainte-Rose),
M. Hardy (Saint-François), M. Merlini (La Prairie), M. Plante
(Maskinongé), M. Polo (Laval-des-Rapides),
M. St-Denis (Argenteuil), Mme Simard (Charlevoix—Côte-de-Beaupré), M. Busque (Beauce-Sud),
Mme Sauvé (Fabre).
M. Bonnardel
(Granby), M. Jolin-Barrette (Borduas), M. Picard
(Chutes-de-la-Chaudière), M. Charette (Deux-Montagnes), M. Martel
(Nicolet-Bécancour), Mme Roy (Montarville), Mme Samson (Iberville),
M. Roberge (Chambly), M. Laframboise (Blainville),
M. Schneeberger (Drummond—Bois-Francs),
M. Lefebvre (Arthabaska), M. Lemay
(Masson), Mme Lavallée (Repentigny), M. Lamontagne (Johnson),
Mme D'Amours (Mirabel), Mme Soucy (Saint-Hyacinthe),
M. Paradis (Lévis), M. Spénard (Beauce-Nord).
M. Surprenant
(Groulx).
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : M. le député de Mercier.
M.
Khadir : Je demanderais le consentement des collègues pour
pouvoir compléter le vote des pour.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Ah! Y a-t-il consentement? Alors,
pour les pour maintenant.
Le
Secrétaire adjoint : M. Nadeau-Dubois (Gouin),
M. Khadir (Mercier).
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Y a-t-il des abstentions? Sinon, pour le résultat du vote... Et, juste avant le
résultat du vote, je rappelle aux députés qu'il est interdit de se
servir du téléphone cellulaire lorsqu'on est au salon bleu, et en particulier
pendant le vote. Je n'ai pas voulu interrompre...
Des
voix : ...
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, voilà. Alors, pour le
résultat du vote.
Le
Secrétaire : Pour : 28
Contre : 75
Abstentions :
0
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, la motion, elle est rejetée.
Je suspends les
travaux quelques instants pour permettre aux députés de quitter l'enceinte.
(Suspension de la séance à
17 h 23)
(Reprise à 17 h 25)
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, M. le leader adjoint du gouvernement, pour
la suite des choses.
M. Tanguay :
Oui, merci beaucoup, M. le Président. Je vous prierais d'appeler l'article 17,
s'il vous plaît.
Projet de loi n° 157
Reprise du débat sur l'adoption du principe
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, à l'article 17 de notre feuilleton, l'Assemblée reprend le
débat ajourné plus tôt aujourd'hui sur l'adoption du principe du
projet de loi n° 157, Loi constituant la Société québécoise du cannabis,
édictant la Loi encadrant le cannabis et modifiant diverses dispositions en
matière de sécurité routière.
Au
moment de la suspension, de l'ajournement du débat, M. le député de Borduas
avait la parole, et il vous reste 45 min 22 s. À vous la
parole.
M.
Simon Jolin-Barrette (suite)
M.
Jolin-Barrette : Merci, M. le Président. Alors, je vais reprendre où j'ai laissé tout à l'heure. On était à l'adoption de
principe, M. le Président, relativement au projet de loi n° 157, et j'indiquais
à la ministre que, si elle souhaite avoir l'adhésion de ma formation politique, au final, pour qu'on puisse voter
en faveur du projet de loi n° 157, il y a deux conditions qui sont essentielles, notamment celle de hausser
l'âge à 21 ans pour se procurer du cannabis, mais également d'interdire
la consommation de cannabis dans les lieux publics.
On donne une
chance à la ministre aujourd'hui, en quelque sorte, lors de l'adoption de
principe, on va voter en faveur de
l'adoption de principe. Mais par contre je l'invite à adopter une approche
responsable, restrictive, relativement à la mise en place de la législation
entourant l'encadrement de la légalisation du cannabis. Pour ce faire, deux de
nos conditions essentielles notamment
sont le fait que les individus vont pouvoir seulement se procurer du cannabis à
partir de l'âge de 21 ans et qu'il ne soit pas permis de consommer
du cannabis dans les lieux publics.
Il y a
plusieurs autres propositions auxquelles on tient, M. le Président, et je vais
vous en faire la nomenclature dans
les prochaines minutes, mais simplement vous rappeler que l'Ontario, notre plus
proche voisin — et
d'ailleurs on accueille une
délégation ontarienne aujourd'hui, à l'Assemblée nationale, et demain — eux, ont fait le choix de ne pas permettre la consommation de cannabis dans les
lieux publics. Alors, je pense qu'on aurait intérêt à s'inspirer de ce qui
est fait par nos voisins juste à côté de la rivière des Outaouais parce qu'eux,
ils ont réalisé l'importance d'encadrer le cannabis, mais aussi des
conséquences associées à cela.
Il y a un
impact important aussi, M. le Président, pourquoi c'est nécessaire d'encadrer
et d'interdire le cannabis dans les lieux publics, c'est : Comment
pensez-vous que les forces de l'ordre, les policiers vont réussir à appliquer
la réglementation s'il n'y a pas de
réglementation-cadre pour l'ensemble du territoire québécois? Parce que j'ai
entendu la ministre, au cours des
échanges que nous avons eus avec les différents groupes, dire : Écoutez,
on va laisser de l'autonomie aux
municipalités sur ce dossier-là, les municipalités vont réglementer eux-mêmes
s'ils veulent avoir du cannabis dans tel parc, sur la voie publique ou
dans telle place publique.
M. le
Président, moi, ce que je vous dis, c'est : Oui à l'autonomie municipale,
mais par contre, dans le cadre d'une nouvelle expérience comme celle-ci,
le fait de rendre licite une substance qui était par ailleurs illicite, où on
n'a pas d'expérience, où on n'a pas de vécu,
il faut avoir une approche qui est restrictive, une approche qui est
responsable pour les premières années.
Alors, nous, ce qu'on dit, c'est : Pas de cannabis dans les lieux publics,
et ça prend une règle provinciale qui
s'applique à l'ensemble du territoire québécois, parce que, sinon, qu'est-ce
que vous allez faire dans le cadre de territoires où c'est des régies
intermunicipales de police? Dans la municipalité de McMasterville, ce serait permis, dans la municipalité de
Mont-Saint-Hilaire, ce ne serait pas permis, à Otterburn Park, ce serait
permis, ce ne serait pas permis à Saint-Jean-Baptiste. Voyez-vous la
difficulté, M. le Président? On va exiger, on va exiger davantage de travail des municipalités pour qu'ils se
concertent pour arrimer leurs réglementations municipales. Ça va être un fouillis
total et ça va être un fouillis pour la
population. Même chose pour les territoires desservis par la Sûreté du Québec,
chacune des municipalités va devoir arrimer sa réglementation, ça n'a pas de
bon sens, M. le Président. La chose à faire, c'est d'avoir un règlement de portée générale qui va s'appliquer
sur l'ensemble du territoire, un règlement provincial — enfin, on souhaite que ce soit dans la loi... dans le projet de loi
n° 157 — pour
interdire la consommation de cannabis dans les lieux publics.
Alors,
là-dessus, M. le Président, on y tient, et je pense que la ministre doit être
sensible aux arguments qui ont été présentés lors des consultations
publiques, à savoir quels sont les impacts et les conséquences sur les gens qui
ne consomment pas du cannabis.
Autre
élément, M. le Président, on a parlé précédemment de la cigarette, de la hausse
de la limite d'âge. En Ontario et en
Colombie-Britannique, on y réfléchit. Vous savez, si on réfléchit de hausser
l'âge pour se procurer du tabac à 21 ans, on devrait peut-être avoir la même réflexion pour le cannabis. Est-ce
que c'est ce qu'on veut pour nos jeunes? Est-ce que c'est ce qu'on veut comme société, le fait de
permettre la consommation de cannabis à 18 ans, avec tous les problèmes
que ça entraîne et toutes les conséquences
que ça peut avoir sur le développement du cerveau? Et je sais qu'il y a
plusieurs parlementaires du côté du gouvernement qui sont mal à l'aise
avec la position gouvernementale de le fixer à 18 ans. Alors, je pense qu'il faut les écouter, il faut
faire la démarche et se ranger aux arguments de nature scientifique pour
assurer la santé des populations. Et, vous savez, les gens du domaine
médical qui sont venus nous parler en commission parlementaire nous ont tous dit : Idéalement, il ne faudrait pas
consommer de cannabis, ça a un impact sur la santé. Alors, le message
qu'on va envoyer en écrivant la loi, en amendant la loi, bien, c'est
superimportant parce que c'est le message de
la société québécoise, comment est-ce qu'on traite la relation avec cette
substance psychotrope là, avec cette drogue-là.
Un autre
élément important, M. le Président, c'est relativement à la quantité qui est
permise. Le gouvernement libéral a
décidé de dire : Bien, vous avez le droit à 30 g dans les lieux publics
et 150 g à la maison, par adulte. C'est une quantité énorme, une très grande quantité, et, pour un usage personnel,
ça n'a pas vraiment de bon sens, M. le Président, de permettre une si grande quantité. Si
l'objectif, c'est de contrôler, c'est de ne pas banaliser la possession, la
consommation de cette substance-là, pourquoi permettre une si grande
quantité? Écoutez, 150 g à la maison, là, c'est énorme, M. le Président. 1 g par jour, c'est déjà beaucoup,
30 g dans un lieu public, ça veut dire que vous pouvez consommer 1 g
de cannabis par jour. C'est une
quantité non négligeable, M. le Président, et, si on vise à ne pas banaliser la
substance, on devrait peut-être
revoir la quantité, surtout si on vise à lutter contre le trafic, on vise à
lutter contre la distribution du cannabis. Alors, sur la question de la
quantité, la possession, on va avoir des amendements à faire.
• (17 h 30) •
Je vais
souligner un bon point de la ministre dans cadre de son projet de loi relativement à la production à domicile. Nous sommes contre la production à domicile et
nous souhaitons ardemment que la ministre maintienne cette disposition dans le projet de loi, parce que le fait de produire à domicile
pourrait entraîner des conséquences, et notamment sur les enfants, notamment sur la population, et notamment au
niveau de la structure des bâtiments.
Donc, c'est important. Et c'est
inapplicable aussi de permettre un certain nombre de plants. Il ne faut
permettre aucun plant. En fait, il
faut proscrire, comme le prévoit la loi fédérale... Et d'ailleurs
je vais envoyer un message au gouvernement fédéral à cet effet-là. Il faut laisser
l'autonomie aux différences provinces de choisir est-ce qu'on le permet ou on
le permet pas. Et le projet de loi fédéral le permet actuellement. Alors, il faut
que ça demeure ainsi. Il faut que ce soit cette interprétation-là qui demeure
dans le cadre du projet de loi n° 157 et du projet de loi C-45 du
gouvernement fédéral.
Un autre
point, M. le Président, qu'on va aborder dans le cadre de l'étude du projet de
loi, c'est les lieux de travail. Il faut
clarifier la notion de lieu de travail. Il y a plusieurs intervenants qui sont
venus nous le spécifier, où c'est important, dans le fond, d'outiller les
employeurs, d'outiller les milieux de travail pour dire, dans le fond, que la
consommation de cannabis durant les
heures de travail, c'est à proscrire, parce que ça peut avoir des conséquences
notamment sur la santé et sur la sécurité des travailleurs. Alors, il
faut faire de la prévention, mais il faut surtout clarifier la notion de
travail.
Autre point
sur lequel on va insister pour convaincre la ministre et pour ultimement avoir
notre appui, ça concerne l'argent au
fonds. En fait, de la façon dont c'est libellé actuellement, M. le Président,
il n'y a rien qui empêcherait que ça soit
versé au fonds consolidé. Et, tout au long de l'été, cet automne, dans toutes
les consultations qu'on a eues, tout le monde est venu dire la même chose, M. le Président : Les revenus et
les profits de la vente de cannabis ne doivent pas servir à financer le gouvernement, dans le fond,
ses activités, mais doivent plutôt être concentrés et dirigés à assurer, dans
le fond, la prévention destinée en matière
de santé et de sécurité publique. Donc, c'est à ça que l'argent doit servir et
ça ne doit pas être mélangé au fonds consolidé et que l'argent soit
détourné pour d'autres fins que ces trois objectifs-là, notamment au niveau de la promotion des saines habitudes de vie et de
prévention en matière de dépendance. Donc, il faut vraiment diriger
l'argent, la vente et des revenus de cannabis à cet effet-là.
Autre point
important, M. le Président, au niveau des taux de THC, il y a plusieurs
intervenants qui sont venus nous en
parler. Et c'est assez sage, M. le Président, d'évaluer quels sont les taux de
THC que la Société québécoise du cannabis
va vendre... dans le cannabis... dont elles vont vendre. Parce qu'il y a des
taux de THC qui sont assez élevés, qui peuvent avoir des conséquences
sur la santé de la population.
Alors, pour
que les consommateurs éventuellement fassent un choix éclairé, ça va être
important de réglementer la teneur en THC et de cannabinoïdes dans le
cannabis que la Société québécoise du cannabis va vendre.
Un point
important aussi sur lequel on tient, M. le Président, c'est au niveau de
l'approvisionnement de la Société québécoise du cannabis. Vous savez, la
société québécoise, ça va être un monopole. Elle pourra choisir où elle
s'approvisionne. Nous souhaitons qu'elle s'approvisionne auprès de producteurs
québécois ayant leur établissement d'affaires québécois, parce que ça vise
l'économie du Québec, et je pense que c'est important de développer cette
expertise-là. On l'a vu ici, à date, avec le cannabis médicinal, M. le
Président. Il y avait seulement deux producteurs autorisés au Québec et il y en avait une quarantaine en Ontario. Donc,
s'il y a de la consommation du Québec, il faut que la production relève
du Québec, relève du territoire québécois.
Et d'ailleurs
on va demander à la ministre qu'elle
prenne des arrangements, un arrangement administratif avec le gouvernement fédéral, parce
qu'actuellement, dans la structure, c'est fait en sorte que le permis de
production est délivré par l'autorité
fédérale parce que, dans le fond, à partir du moment où ils légalisent la
substance, en vertu de la loi sur
certaines substances et autres drogues, bien, c'est le fédéral qui donne
l'autorisation de produire, mais ça arrive, dans bien des cas, que des
arrangements administratifs où le Québec pourrait lui-même octroyer le permis,
même si le fédéral est celui, à la base, qui
détient l'autorité pour le faire. Alors, on souhaite que la ministre soit
sensible à cet argument-là au niveau de l'arrangement administratif pour
que les permis soient émis par le gouvernement du Québec de façon à s'assurer que la production se fasse en territoire
québécois et que l'approvisionnement de la Société québécoise du cannabis
soit au Québec.
Au niveau des
projets pilotes, des cinq projets pilotes qui sont autorisés dans le projet de
loi n° 157, nous sommes contre, M. le Président. C'est une nouvelle
expérience, on ne sait pas comment ça va être géré, M. le Président, alors la
première chose à faire, c'est de penser à la santé, à la sécurité de la population
en termes de consommation. Il ne faut pas
banaliser le cannabis. Alors, nous, ce qu'on dit à la ministre, c'est :
Dans un premier temps, voyez comment ça fonctionne avec la Société québécoise du cannabis, et vous verrez
éventuellement, dans le futur, lorsque vous réviserez la loi, s'il y a lieu de mettre en place des
projets pilotes. Mais, pour l'instant, c'est la théorie des petits pas, et on
devrait être plus prudents, M. le Président, pour s'assurer d'établir
les bonnes pratiques et la façon de distribuer le cannabis adéquatement.
Alors, M. le
Président, un point important aussi, c'est en ce qui concerne l'implantation
des points de la Société québécoise
du cannabis, les points de vente de la Société québécoise du cannabis. Nous, ce
qu'on demande, c'est qu'il y ait une
certaine distance entre les écoles, les garderies et les lieux où les gens vont
pouvoir se procurer du cannabis, notamment au niveau du corridor scolaire. C'est important que les enfants qui se
dirigent vers l'école n'aient pas à croiser ou ne soient pas à proximité
d'un dispensaire de cannabis. Ça, je pense que c'est un élément important. Et
actuellement ce que le projet de loi
n° 157 prévoit, c'est que le gouvernement peut établir une modalité par
règlement. Je pense que ce qu'il faut faire,
c'est vraiment l'établir très clairement, à l'intérieur du projet de loi, dans
une disposition du projet de loi, pour dire la distance minimale et
aussi inclure la notion de corridor scolaire. C'est des éléments sur lesquels
on présentera des amendements, M. le Président.
La vente en
ligne également, M. le Président, on vous l'a dit dès le mois de septembre, on
n'est pas favorables à la vente en
ligne pour plusieurs raisons, notamment pour des raisons de mesure de sécurité
pour la possession de cannabis, pour
la livraison, ça pose plusieurs problématiques, vous le savez, M. le Président.
Alors, nous souhaitons qu'il n'y ait pas de vente en ligne par la
Société québécoise du cannabis. À juste titre, mon collègue de Labelle aussi
l'a souligné tout à
l'heure, il faut interdire la livraison, il faut prendre arrangement avec le
gouvernement fédéral relativement à la livraison interprovinciale. Il ne faut pas qu'on puisse commander en ligne auprès
de producteurs d'autres provinces canadiennes et il faut absolument que ça passe par la Société québécoise du
cannabis, la distribution de cette substance-là sur le territoire
québécois.
Nous
souhaitons également une interdiction de toute promotion de cannabis dans les
médias, de panneaux publicitaires et
de points de vente. Je pense que l'approche responsable, c'est de faire de la
prévention, mais pas de faire la promotion des produits, et il y a des ajustements à faire au niveau du projet de
loi que la ministre des Saines habitudes de vie a déposé.
• (17 h 40) •
Également, M.
le Président, il y a une nécessité d'intervenir
dans le droit privé parce que, vous savez, le fait de légaliser une
nouvelle substance comme le cannabis, bien, ça entraîne des conséquences.
Et on a eu plusieurs témoignages, en commission
parlementaire, de locateurs qui avaient vécu une situation problématique avec des locataires qui cultivaient.
Ça détruisait les logements et ça incommodait aussi les autres locataires.
Alors, moi, je dis à la ministre : Il
faut avoir une intervention. Et je vois également la ministre de l'Habitation,
que le sujet la concerne également.
Il faut faire en sorte de permettre aux locateurs d'inclure une disposition
dans le bail, pour les baux déjà
existants, pour interdire la combustion de cannabis à l'intérieur des
logements. Alors, il ne s'agit pas uniquement des nouveaux baux de permettre cette interdiction-là, mais il s'agit
également de viser les baux qui sont déjà existants et de permettre une clause qui aura, en fait, un
effet rétroactif à la date d'entrée en vigueur de la légalisation du cannabis
par le projet de loi fédéral. Il faudra
assimiler la combustion de cannabis à la consommation de cigarettes dans un
logement.
Autre point
important aussi, M. le Président, ce sont les dispositions relatives à la
copropriété. Donc là, ça soulève des
enjeux, M. le Président, en matière de droit privé également, au niveau de la
copropriété. Actuellement, le projet de loi n° 157, ce qu'il fait, il proscrit la consommation de cannabis
dans les lieux, dans les espaces communs d'une copropriété. Ce que nous disons à la ministre, c'est qu'elle
doit intervenir dans le droit privé pour faire en sorte que, dans les parties
privatives d'une copropriété, à la base, ça
doit être interdit, à moins que le syndicat des copropriétaires, par voie
réglementaire, le permette.
Ça, ça
signifie, M. le Président, que, lorsque vous vivez dans une copropriété, bien,
à la base, ça devrait être interdit de
faire la combustion de cannabis dans vos unités privatives, dans votre logement
dans une copropriété, à moins que, lors de l'assemblée générale annuelle, le
syndicat, l'assemblée des copropriétaires décident, entre eux, par le vote à la
majorité requise, qui est prévu dans la déclaration de copropriété, de
dire : Oui, nous permettons, par voie réglementaire, de permettre la
consommation, dans les parties privatives, d'avoir un usage de combustion de
cannabis. Ça se fait, M. le Président, exemple, pour les barbecues. Parfois,
dans certaines unités, c'est permis, dans d'autres, non. Alors, on laissera
le choix aux copropriétaires de choisir.
Mais une
chose qui est sûre, c'est, lorsqu'on vit en copropriété, on vit en communauté,
et les droits des uns s'arrêtent où
ceux des autres commencent. Alors, c'est un équilibre à faire. Mais j'invite la
ministre à inclure cela dans son projet de loi parce que ça va éviter
bien des problèmes à de nombreux copropriétaires. Tout ça dans le cadre d'une
approche pondérée, M. le Président, je pense
qu'en matière de logement et en matière de copropriété il s'agit d'un élément
important.
Et ça me
permet de faire le commentaire suivant — je sais que la ministre de l'Habitation
était là — avec la
Régie du logement. L'ensemble des
intervenants peuvent vous dire qu'avant de passer à la Régie du logement, bien,
ça prend énormément de temps. Il y a
une problématique de ressources, M. le Président, il y a une problématique de
gestion de dossiers. Et
notamment — et on a
eu des témoignages dans le cadre de la commission parlementaire — avant de pouvoir passer à la Régie du logement pour une
problématique, bien, ça prend beaucoup de temps, et on se retrouve parfois dans
des situations qui dégénèrent. Et il ne faut
pas oublier que beaucoup de gens qui possèdent des logements, ce sont de petits
propriétaires. En fait, ce sont des
propriétaires avec un petit parc immobilier. Alors, je pense qu'il faut
s'assurer de faire en sorte que le bien, sa conservation soit assurée.
Et il faut
aussi, de part et d'autre, pour les deux parties, assurer une justice qui soit
efficace. Et malheureusement, à la
Régie du logement, depuis de nombreuses années, les délais sont ahurissants. Alors, là-dedans, il y a un message aussi
qui doit être pris en compte, parce que, nécessairement,
il va y avoir des contestations suite à la légalisation du cannabis, il va
y avoir des litiges à trancher entre les deux. Notamment, il y en a eu un, je
crois, là, juste avant qu'on recommence la session parlementaire, dans
le Bas-du-Fleuve, M. le Président, ça a fait les nouvelles.
Alors, M. le
Président, c'est assez clair pour nous, dès le départ, on a présenté notre
plan, le 13 septembre dernier, j'ai
posé plusieurs questions à la ministre au niveau de l'âge, au niveau de la
consommation dans les lieux publics, et je lui dis : Aujourd'hui, on va voter en faveur pour le principe,
parce qu'on doit l'encadrer, le cannabis, mais il y a une façon
d'encadrer, et cette façon-là, c'est d'avoir une approche responsable,
restrictive, c'est d'avoir la ligne dure.
Alors, pour
l'adoption finale, je lui dis que, pour nous, c'est essentiel que l'âge soit de
21 ans pour pouvoir acheter du
cannabis et qu'on ne puisse pas consommer du cannabis dans les lieux publics.
Cette approche, cette position-là, elle est motivée par le fait qu'on ne doit pas banaliser la consommation de
cannabis, on a le devoir, comme société, d'envoyer un message, de dire qu'on vise à assurer la
promotion, la protection de la santé des jeunes, de la population en général. Et j'espère que la ministre va entendre notre
message, mais on sera toujours ouverts à lui proposer des amendements, à
discuter avec elle. Mais, là-dessus, M. le Président, il faut faire en
sorte d'avoir l'approche responsable, l'approche qu'il faut face à cette
nouvelle substance, qui sera légalisée par le gouvernement fédéral. Mais on
voit que, même hier, lors de l'audition au
Sénat avec les ministres fédéraux, bien, ils ne s'entendaient pas entre eux.
Alors, ça va être important que le gouvernement
du Québec s'assure de prendre ses responsabilités, fasse en sorte que son cadre
réglementaire soit clair, pour que la population le comprenne, notamment
dans les espaces publics.
Alors, M. le
Président, nous allons collaborer, mais il y a une chose qui est sûre, c'est
qu'on va maintenir la ligne dure,
parce que les Québécois sont inquiets par rapport à la légalisation, et on va
s'assurer de répondre à leurs préoccupations par des amendements qui seront clairs et qui vont
permettre d'assurer que la légalisation et l'encadrement du cannabis
soient faits d'une façon responsable. Je vous remercie.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député de
Borduas, pour cette intervention. M. le député de Mercier, je vous cède
la parole.
M. Amir Khadir
M. Khadir : Merci, M. le Président. Il y a
plusieurs sujets que je vais aborder à propos du projet de loi qui va constituer la Société québécoise du cannabis. Les
sujets d'intérêt, enfin, les sujets sur lesquels il y a controverse et où on
s'interroge. Pour nous, c'est les lieux de
consommation, bien sûr, que mon collègue de la CAQ vient d'aborder, la culture
à des fins personnelles, les modes de
production, pour l'essentiel. Si je termine dans les 20 minutes ces trois
sujets-là, je reviendrai sur d'autres éléments.
Mais il est
certain que la position de Québec solidaire sur la consommation de drogue vise
des objectifs de santé publique, un,
de réduction des méfaits, deux, de faire en sorte qu'on ne stigmatise pas
inutilement des usagers de ces drogues, donc, trois, et, quatrièmement, la lutte contre le crime organisé et sa
mainmise sur cette activité commerciale et lucrative.
Un constat cependant s'impose, je pense, et les
spécialistes... qu'on soit pour ou contre, disons, la fin de la prohibition du cannabis, un constat s'impose à
tout le monde, c'est que la situation
actuelle, c'est-à-dire une prohibition appliquée avec mollesse, parce
que l'usage étant répandu, à cause des forces qui agissent en société, cette
prohibition actuelle est inefficace. Et la
prohibition, règle générale, quand ça touche les activités qui ont un aspect
récréatif, et force est de constater
que, malheureusement, bien des drogues ont un aspect aussi
récréatif... Alors, quand on touche à ce genre d'activités, la
prohibition est inefficace.
Pour nous,
cependant, la légalisation, la fin de
la prohibition ne doit pas dire banalisation. J'avais une discussion avec des collègues ici, en Chambre, tout à
l'heure, lorsqu'on attendait pour un vote. J'ai omis d'insister, et je le
répète ici, puisque le public, également, participe à notre débat en
l'écoutant : Pour nous, la légalisation ne veut surtout pas dire
banalisation.
En même
temps, il ne faut pas qu'on se laisse prendre, à partir du moment où on veut
réduire les méfaits, lancer des
campagnes efficaces de santé publique pour alerter la population, notamment les
jeunes sur les conséquences délétères très
nocives de l'usage de ces drogues, surtout de l'usage important ou régulier,
constant de ces drogues à un âge jeune, sur la santé, sur la santé mentale en particulier... Bien sûr, on veut
lancer ce genre de campagne là. Et on serait, nous, très insistants sur
l'importance d'accompagner la légalisation du cannabis avec ça. Mais, en même
temps, il ne faut pas se laisser prendre
dans une spirale de contrôle excessif et qui est perçu comme étouffant pour la
population. Parce que je crois qu'il
faut aussi admettre que, dans notre société, pour le meilleur ou pour le pire,
notre population est d'accord pour qu'on mette fin à la criminalisation
et à la prohibition de l'usage du cannabis.
• (17 h 50) •
Maintenant,
on parle du détail. Dans cette perspective, toute légalisation de drogues, que
ce soit le cannabis ou autre chose,
doit se faire selon un cadre réglementé par l'État afin de garantir toutes les
conditions optimales pour éviter une
surconsommation et surtout d'éviter que ce qui est offert en consommation à
notre population ne soit pas un produit nocif et dangereux. Actuellement, nous n'avons aucune espèce d'idée ou
de contrôle, ou enfin on a une idée, mais on n'a aucun contrôle
là-dessus. Et on sait très bien que, de plus en plus, c'est répandu, des
produits de cannabis qui sont excessivement
concentrés et relativement beaucoup plus dangereux pour la santé mentale, en
particulier, que des produits qui existaient dans le passé, un temps
glorieux que quelques-uns d'entre nous ont connu, n'est-ce pas?
Il n'est pas
question... Là, j'entends des gens qui en rient. Je ne suppose pas
nécessairement que ça veut dire qu'elles font partie de cette histoire.
Il n'est pas
question la distribution de la marijuana, dans notre perspective, dans un
objectif lucratif. On sait que des États, aux États-Unis, ont procédé dans cet
objectif-là. Les forces qui ont poussé vers sa légalisation, par exemple,
au Colorado, ont beaucoup, disons, pris la
place... les forces commerciales ont beaucoup pris la place dans le cadre
institutionnel dans lequel ça s'est fait. Évidemment, quand,
aujourd'hui, on se penche sur les études, sur quel a été l'impact de la légalisation dans ces états-là, il faut qu'on soit
conscients quelles ont été les forces dominantes et le cadre qui a poussé vers la légalisation, parce
que, lorsque c'est des cadres qui n'ont pas tenu compte des forces du marché et
du fait qu'il y a un appétit de profits et... disons, le secteur
privé cherche avidement de créer une activité commerciale lucrative, c'est sûr que, dans ce cas-là, on ne doit pas
s'étonner que, dans certains États américains, la consommation de la drogue
a augmenté plutôt que de se maintenir ou même de diminuer.
Donc, pour
nous, l'encadrement par l'État ne doit pas se faire dans un objectif
lucratif, encore moins, donc, dans l'objectif de générer des revenus pour l'État,
hein? Et on sait malheureusement que, dans certains domaines, dans le passé,
on n'a pas pris les précautions nécessaires. Et, par exemple, Loto-Québec, il y
a à peine une dizaine d'années, était malheureusement lourdement plongée dans
une pure logique de générer de plus en plus de profits sans égard aux
conséquences sociales, et il a fallu des batailles citoyennes pour ramener les
choses à un certain équilibre.
Il faut
donc apprendre de cette expérience et, dans le domaine de la consommation de la
marijuana, s'assurer que le fait que
ça rapporte des dividendes à l'État ne soit pas une force qui agisse pour l'expansion
du marché et l'augmentation de la consommation. Donc, cet encadrement
doit être fait dans une perspective de santé publique et, je le répète, de
réduction des méfaits.
L'argent donc
qui est généré par cette activité de l'État, la Société
québécoise du cannabis, doit être
investi afin d'effectuer de la
prévention en premier lieu, ensuite de la recherche et, troisièmement, pour prodiguer les soins qui sont générés par les conséquences actuellement sur la santé de notre population, surtout sur la santé mentale, déjà à
l'oeuvre malheureusement dans notre société. C'est en vertu de ce principe-là donc que la production et la distribution doivent
être faites dans un cadre strictement
contrôlé, public et avec des produits de qualité qui réduisent les risques pour
la santé afin que la promotion soit remplacée par la prévention.
En ce qui concerne l'âge légal, dans un souci de cohérence avec les autres formes de
dépendance actuellement reconnues dans le cadre législatif,
que ça soit pour le jeu, pour l'alcool, la cigarette, l'âge qui nous apparaît
normal, c'est de 18 ans. Alors, il y a trois éléments — il me
reste à peu près 12 minutes — trois éléments que je voudrais aborder.
D'abord,
les lieux de consommation. Alors, le cadre actuel du projet de loi prévoit que le cannabis va être interdit à peu près dans les mêmes
endroits où l'usage du tabac est actuellement interdit. Nous appuyons cette approche. C'est
cohérent. Je sais que mes collègues
de la CAQ, en vertu de considérations tout à fait légitimes, je les
comprends, mais qui appartiennent quand même
à une catégorie, je dirais, de vision et d'approche des problèmes
sociaux qui est plutôt du côté conservateur de la société et représentent... À
bien des égards, c'est assez cohérent, et je pense que les collègues
ne démentiront pas une telle chose, c'est
cohérent avec le reste du programme de la CAQ,
c'est-à-dire du côté du conservatisme
social. Alors, quand on a une approche conservatrice, il est évident que, bon,
on cherche à restreindre, on cherche à prohiber, on cherche à limiter et on
pense que la prohibition peut être une solution. Et, au XXe siècle, on a
pratiqué beaucoup et souvent la prohibition.
Je
demanderai à mes collègues cependant de regarder ce que ça a donné. Et je
reviens sur l'idée que la prohibition, surtout lorsqu'on veut prohiber
dans un domaine pour un produit qui est accompagné d'un aspect récréatif et
presque toujours... enfin, je mets ce
«presque» par précaution parce que je ne connais pas tous les cas de figure,
mais, dans tous ceux que je connais,
ont été inefficaces, se sont accompagnées d'un échec et, parfois, monumental.
On pense à la prohibition de l'alcool
aux États-Unis. Mais il y en a bien d'autres. La prohibition du cannabis
actuellement — et je
pense que tous les collègues, y
compris les collègues de la CAQ sont d'accord — la situation actuelle est un peu hypocrite,
c'est-à-dire qu'on est soi-disant
dans un cadre légal qui le prohibe, mais, en pratique, on ferme les yeux et
puis, donc, on a le pire des deux mondes.
Notre
électorat, notre population, parfois on prend les deux comme équivalents,
parfois ils ne le sont pas. Mais, dans
l'intérêt supérieur de la nation, parlons de notre population. Alors, si on
demande l'avis de la population, et, je pense, ça traverse toutes les couches de la société, notre population attend de
l'Assemblée nationale qu'elle représente qu'elle capte bien le désir du
changement. On l'a vu dans tout le débat social qui a entouré une loi qu'on a
fini par voter à l'unanimité, c'est-à-dire
les soins de fin de vie pour accompagner les personnes qui sont en grande
souffrance et sans remède, sans
traitement, sans lendemain de ce que l'on a appelé l'aide médicale à mourir. On
a fini par en discuter, en débattre et arriver à respecter le consensus
social qui était de dire : Il faut que le médecin, le corps médical soient
capables d'accompagner ces personnes-là.
On est à peu près dans le même registre
actuellement. Notre société, nos gens, surtout nos jeunes disent : Hé! il
faut arrêter cette stigmatisation, le stigmate de l'illégalité, de la
prohibition, de la criminalisation de la consommation à des fins récréatives.
Et donc il faut saisir cette attente de 2018 et réfléchir sur la différence
qu'il y a entre ce genre d'attente et les
attentes des années 50, 60, 70. La société a évolué. Avec cette évolution, il y
a une attente, c'est que le cannabis
ne peut plus être prohibé. Et je pense que les collègues de la CAQ sont
d'accord avec ça. Mais, quand on est d'accord
avec ça puis ensuite on vient avec une série d'autres prohibitions : on ne
fait pas ceci, on ne fait pas cela, pas avant cet âge, ensuite, pas dans les lieux publics, etc., il y a une
incohérence. Là, ça ne marche pas. L'un ne va pas avec l'autre. On fait de manière indirecte, un peu
gênée, à reculons, ce qu'on n'ose pas dire. Alors, peut-être que les collègues
de la CAQ devraient simplement dire : Nous sommes contre la
légalisation... Est-ce que c'est terminé?
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Compte tenu de l'heure, je me vois dans
l'obligation de vous interrompre, M. le député de Mercier. M. le leader adjoint
du gouvernement.
M.
Tanguay : M. le Président, dans la mesure où le collègue de
Mercier, il lui manque, c'est ça, une minute, je demanderais le consentement des collègues pour que nous puissions
excéder, donc, 18 heures et, à la fin, si d'aventure, c'est le seul à la
fin, je vous l'annonce, je demanderai un vote, donc de statuer sur la question.
Merci.
• (18 heures) •
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : J'ai compris qu'il n'y a pas de
consentement. Je suis désolé, il n'y a pas de consentement.
Alors, je vais
ajourner les travaux de l'Assemblée.
Une voix :
...
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Écoutez, je vais poser la question. Est-ce que
j'ai un consentement pour aller au-delà de 18 heures, oui
ou non? M. le leader, oui.
M. Tanguay : Ce serait pour une minute, et j'annonce déjà que
je demanderai le vote et que je demanderai de le reporter à demain.
Alors, c'est juste pour une minute.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Mme la députée de Taschereau.
Mme Maltais : Le problème est, M.
le Président, qu'il présume qu'il n'y aura pas d'autre personne qui veuille
intervenir ensuite. C'est pourquoi, M. le
Président, la seule chose à laquelle nous consentons, c'est que le collègue
finisse sa
minute et qu'ensuite il n'y ait plus aucune intervention. À ce moment-là, ça se
peut, et c'est très correct, mais je
ne veux pas qu'on présume. Qu'est-ce que vous pensez que je fais ici, M.
le Président? Peut-être que j'aurais aussi le goût d'intervenir, c'est pour ça que je ne veux pas
qu'on présume sur ce qu'il va se passer ensuite. Est-ce qu'on peut
s'entendre...
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Très bien.
Mme Maltais : ...parole du
collègue qu'il est d'accord avec ce que je viens d'énoncer?
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : ...18 heures, je veux
bien. Est-ce qu'il y a consentement sur la proposition de Mme la députée
de Taschereau?
M. Tanguay :
...qu'on avait déjà la parole du Parti québécois qu'il n'y avait pas d'autre
intervenant. Alors, il n'y a pas de consentement, question de parole,
alors on poursuivra ultérieurement.
Ajournement
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, les travaux
sont ajournés à demain, 8 février, 9 h 40. Merci. Bonne
fin de soirée.
(Fin de la séance à 18 h 1)