(Neuf
heures quarante minutes)
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Alors, on vous souhaite un bon jeudi. Veuillez
vous asseoir.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Alors,
nous allons procéder à la rubrique Déclarations
de députés. Je suis prêt à entendre
la première déclaration par M. le député de Beauce-Sud. M. le député de Beauce-Sud,
à vous la parole.
Souligner la tenue de la première campagne de
sensibilisation et de
prévention du Centre d'aide et de lutte contre les agressions
à caractère sexuel de Chaudière-Appalaches
M. Paul Busque
M. Busque :
Alors, M. le Président, j'ai le plaisir de souligner la tenue, en Chaudière-Appalaches, de la première campagne de sensibilisation et de prévention
lancée par le CALACS—Chaudière-Appalaches,
qui est en cours depuis le
10 novembre dernier. Le point culminant de cette campagne aura lieu le
19 novembre prochain à l'occasion de la Journée mondiale de la
prévention des abus envers les enfants.
Je porte fièrement
aujourd'hui le noeud papillon en soutien à la cause des enfants confrontés à
l'abus sexuel. Le CALACS—Chaudière-Appalaches interpelle le public à
adopter le style papillon et la cause. Je tiens à rappeler que le CALACS—Chaudière-Appalaches a pour mandat d'offrir des
services spécialisés aux victimes d'agression sexuelle ainsi qu'à leurs proches. Le personnel détient une
expertise pour traiter les victimes d'agression sexuelle et accompagner
leurs proches dans leur démarche d'aide.
Je les félicite pour
cette belle initiative, leur implication et leur dévouement. Merci, M. le
Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Alors, on vous remercie, M. le
député, de votre déclaration. Je cède maintenant la parole à M. le
député de Rimouski pour sa déclaration de ce matin. M. le député, à vous.
Souligner le 30e anniversaire de l'organisme
Accueil-Maternité de Rimouski inc.
M. Harold LeBel
M.
LeBel : Merci, M. le Président. Je rends hommage à l'organisme
Accueil-Maternité, qui fête cette année ses 30 ans d'existence.
Fondé
en 1987 par un groupe de femmes de la région, l'organisme est né d'un besoin de
la communauté, celui d'apporter un
soutien aux femmes enceintes et aux jeunes mères qui vivent des situations
difficiles. Dîners gratuits, aires de
repos, ateliers de croissance, dépannage, possibilité d'avoir accès à des cours
prénataux et postnataux, voilà autant de services offerts par l'organisme. Avec seulement 35 000 $
de subvention par année, l'organisme reste toujours dynamique grâce à une douzaine de personnes qui donnent
généreusement de leur temps pour accueillir des jeunes mères et leur offrir
des moments de partage et d'écoute, de
l'accompagnement et du réconfort. Dans cette maison règne un climat d'entraide
et de complicité entre les femmes qui ont besoin de parler, de se confier et de
partager des moments difficiles.
Je
profite donc de cette occasion pour remercier Mme Lucette Proulx, qui
assure bénévolement la coordination depuis
10 ans, et M. Alain Rioux, qui depuis sa fondation, il y a 30 ans, veille à la
pérennité de l'organisme Accueil et Maternité.
Je veux également remercier le conseil d'administration et toute l'équipe, qui
font de cette maison un milieu accueillant et chaleureux. Merci, M. le
Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Merci, M. le député de Rimouski. Je
cède maintenant la parole à M. le député de Côte-du-Sud pour sa
déclaration de ce matin. À vous, M. le député.
Souligner le 25e anniversaire de l'entreprise Promo-Plastik,
Coopérative de travailleurs
M. Norbert Morin
M. Morin :
M. le Président, dans le cadre des Semaines de l'économie sociale, j'aimerais
porter votre attention sur
Promo-Plastik, une entreprise de Saint-Jean-Port-Joli spécialisée dans le
domaine des articles promotionnels personnalisés qui vient de célébrer
ses 25 années d'existence.
Depuis ses débuts sur le modèle
coopératif, Promo-Plastik est en forte croissance, et le fait qu'une partie de
ses employés en soient également
propriétaires n'est pas étranger à son succès. En effet, ce modèle d'affaires
lui permet de créer de nombreux
produits promotionnels personnalisables, dont, M. le Président, l'effigie du
légendaire Bonhomme Carnaval, et ce,
avec une rapidité, une efficacité remarquables. De plus, Promo-Plastik valorise
et encourage des horaires flexibles
et l'insertion des personnes atteintes d'un handicap, créant ainsi un climat de
travail sain et propice à la bonne réussite du manufacturier et surtout
au développement de son personnel.
Toutes mes
félicitations pour ce 25e anniversaire! Bravo!
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Merci de votre déclaration. Je cède
maintenant la parole à M. le député de Borduas pour sa déclaration de ce
matin. À vous, M. le député.
Souligner le 15e anniversaire du Cercle de fermières Au
Pied-du-Mont
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : Merci, M. le Président. J'aimerais prendre
quelques minutes aujourd'hui pour souligner le 15e anniversaire du
Cercle des fermières Au Pied-du-Mont.
En
effet, depuis 15 ans, des femmes de La Vallée-du-Richelieu se trouvent plusieurs
fois par semaine à la vieille école
Sacré-Coeur de Mont-Saint-Hilaire pour, bien sûr, tisser, broder et tricoter,
mais aussi pour partager leur savoir entre elles et créer des liens
durables.
Depuis
maintenant plus de 100 ans, Les Cercles des fermières du Québec soutiennent à
leur façon les nombreux organismes
qui viennent en aide aux personnes démunies ou vivant des situations
difficiles. Par le fait même, Les Cercles des fermières s'attellent à conserver et à transmettre leur patrimoine artisanal
au Québec. C'est la même chose pour les 80 membres du Cercle des
fermières Au Pied-du-Mont. Elles font bien plus que tisser et broder, elles
participent au mieux-être de la communauté et s'assurent que l'artisanat
québécois demeure en vie.
Encore une fois,
mesdames, longue vie à votre groupe et bon 15e anniversaire! Merci,
M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Alors, on vous remercie, M.
le député. Je cède maintenant
la parole à Mme la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré
pour sa déclaration de ce matin. À vous.
Rendre hommage à l'abbé Jean Moisan, animateur bénévole à
CIHO-FM
Mme Caroline Simard
Mme Simard : M. le Président, une minute ne saura suffire pour
rendre hommage à l'abbé Jean Moisan, qui a su être et faire autrement
durant ses années au service de l'Église.
De
vicaire de Château-Richer à curé de
Saint-Joseph-de-la-Rive, celui qui a atteint le coeur de nombreux citoyens
s'est démarqué, au fil des ans, par sa
franchise, son originalité, son rire coloré, sa spontanéité, son énergie
débordante, son sens de l'humour
prononcé et sa capacité à rassembler la population dans toutes les
circonstances. Que ce soit durant une cérémonie religieuse
traditionnelle, une célébration non conventionnelle en plein air sur une
goélette, une messe heavy metal ou une
émission, celui qui prend sa retraite après 17 ans comme animateur bénévole de Parole
de vie en vie à CIHO mérite qu'on
le remercie. À 89 ans, il a su se familiariser avec brio aux nouvelles technologies et demeurer près de toutes les générations de façon unique et
exceptionnelle.
M. le Président, le
sachant à l'écoute, permettez-moi de lui souhaiter une bonne retraite et, sur
une note plus personnelle, de lui dire : Mon petit Moisan, prends soin de
toi et merci!
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Merci. Je cède maintenant la parole à Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques
pour sa déclaration de ce matin. À vous, Mme la députée.
Inviter la population à contribuer à la campagne
de sociofinancement Touski persiste!
Mme Manon Massé
Mme Massé : Merci,
M. le Président. Alors, permettez-moi
de souligner aujourd'hui une institution au coeur du Centre-Sud de Montréal, la Coopérative de travail le Touski, lieu de
rassemblement de prédilection de mes concitoyens et concitoyennes.
Eh
oui, après plus d'une décennie sur la rue Ontario, la coopérative se voit malheureusement obligée de se relocaliser. Le
Touski étant au coeur de l'identité du Centre-Sud, c'est toute une population
du quartier qui s'est mobilisée pour
la survie de notre lieu de rencontre favori. C'est sous cette impulsion qu'a
été lancée la campagne leTouski persiste! afin d'amasser les ressources
nécessaires pour une relocalisation dans le quartier, vers un lieu adapté aux
besoins de la coop. Avec plus de moyens, on
leur permettrait de raffermir leur mission à vocation alimentaire, sociale,
culturelle et familiale au bénéfice des gens du quartier.
Un tel lieu de rassemblement fait partie du
Centre-Sud, de notre vie collective, et j'invite donc tout le monde à
contribuer généreusement à leur campagne de sociofinancement.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Merci, Mme la députée. Je cède maintenant
la parole à M. le député de Maskinongé pour sa déclaration. À vous.
Souligner l'inauguration
de la Maison Laurianne-Elliott-Martel à Saint-Paulin
M. Marc H. Plante
M. Plante : Merci
beaucoup, M. le Président. Donc, ce matin, je veux souligner l'inauguration de la maison des
aidants naturels de Saint-Paulin, désormais reconnue comme la Maison
Laurianne-Elliott-Martel, en hommage à sa présidente
fondatrice. L'Association des aidants naturels du bassin de Maskinongé
Mains tendres... une femme reconnue pour
sa vision, sa ténacité, sa grande sagesse et sa détermination pour la réalisation du projet, qui nous a malheureusement
quittés. D'où elle est,
Mme Elliott-Martel est sûrement très fière que les proches aidants des 17 municipalités de la MRC de Maskinongé peuvent désormais partager les
expériences vécues et mieux se prémunir contre l'épuisement.
À
tous les bénévoles impliqués, je vous dis merci pour la réalisation de ce lieu-phare d'entraide et de solidarité. Bon succès et
longue vie à la Maison Laurianne-Elliott-Martel! Merci beaucoup, M. le
Président.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : On vous remercie pour votre déclaration. Je cède
maintenant la parole à Mme la députée de Saint-Hyacinthe pour sa déclaration.
Rendre hommage à M. Fernand Grégoire pour son
engagement
social au sein de la communauté maskoutaine
Mme Chantal Soucy
Mme Soucy :
M. le Président, aujourd'hui, je tiens à rendre hommage à un véritable artisan
du mouvement communautaire maskoutain, M. Fernand Grégoire, qui est ici,
parmi nous.
Aujourd'hui
à l'aube de sa retraite, M. Grégoire cumule plus de 40 ans d'implication
sociale au sein de trois coopératives et d'une quinzaine d'organismes
communautaires. Il est d'ailleurs le cofondateur de neuf d'entre eux, dont le
Comité Logemen'mêle, le Mouvement
Action-Chômage et l'Association coopérative d'économie familiale, qui existent
encore à ce jour. Le temps dont je
dispose aujourd'hui n'est pas suffisant pour dresser la liste de tout ce qu'a
accompli M. Grégoire au cours des 40 dernières années, mais je peux
souligner son apport indéniable à notre communauté.
Nous
savons à quel point, M. le Président, que les personnes impliquées comme
M. Grégoire sont d'une valeur inestimable pour la société
québécoise. M. Grégoire, mille fois merci!
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Alors, on vous remercie. Et on vous
souhaite la bienvenue à l'Assemblée nationale, M. Grégoire.
Alors,
je cède maintenant la parole à Mme la députée de Soulanges — oui, c'est ça, oui — pour sa déclaration de ce matin.
Souligner la Journée nationale de l'enfant
Mme Lucie Charlebois
Mme Charlebois :
Alors, merci, M. le Président. J'aimerais souligner que le 20 novembre prochain
se tiendra la Journée nationale de l'enfant. C'est un événement annuel
visant à rappeler que la maltraitance envers les enfants est inacceptable et
qu'ensemble nous devons agir pour le développement des générations futures.
J'aimerais d'ailleurs
profiter de l'occasion pour saluer certains de nos partenaires dans cette
mission, soit les organismes Espace. Ces
organismes, qui sont plus d'une dizaine à être implantés un peu partout au
Québec, interviennent afin que les
enfants, au Québec, puissent vivre une enfance en sécurité et sans violence.
Par leurs interventions, ils outillent concrètement
les enfants et les adultes face à des situations de violence et sensibilisent
la population à ce phénomène.
Grâce
aux actions gouvernementales et aux organismes, ensemble, nous continuons
d'agir efficacement afin que chaque enfant, au Québec, soit en mesure
d'avoir une voix dans notre société, et qu'ils réalisent leur plein potentiel.
Ensemble,
je répète, ensemble, soulignons la richesse de nos enfants, leur rôle en tant
que citoyens actifs dans notre société. Merci, M. le Président.
• (9 h 50) •
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Merci. Je cède maintenant la parole à M. le député
de Verchères pour sa déclaration de ce matin. M. le député de Verchères, à
vous.
Souligner le 35e anniversaire de La Maison des jeunes de Verchères
M. Stéphane Bergeron
M. Bergeron :
Merci, M. le Président. Il y a maintenant 35 ans, des passionnés fondaient La
Maison des jeunes de Verchères dans
le but de contribuer à l'épanouissement, au développement et au mieux-être de
jeunes de la communauté âgés entre 12 et 17 ans.
Forte
d'une équipe toujours renouvelée, dynamique et dévouée, La Maison des jeunes de
Verchères a permis à de nombreux
jeunes, au cours des 35 dernières années, de se découvrir des habiletés, de
mettre à profit leurs talents et de nouer
des amitiés durables, le tout dans un
cadre constructif, stimulant et sécuritaire favorisant leur socialisation, leur
estime de soi et le rapport positif à
la communauté. J'exprime donc ma gratitude aux administrateurs, employés, bénévoles et partenaires de La Maison des jeunes de Verchères
pour leur engagement exemplaire ayant permis d'assurer la pérennité, le
bon fonctionnement et le rayonnement de cette remarquable organisation depuis
toutes ces années.
Bon 35e
anniversaire, donc, mille mercis et longue vie à La Maison des jeunes de
Verchères et à ses membres!
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, M. le député, on vous remercie pour votre déclaration. Et cette dernière
déclaration met fin à la rubrique Déclarations de députés.
Les travaux sont suspendus pour quelques
instants.
(Suspension de la séance à 9 h 52)
(Reprise à 10 h 3)
Le Président : Mesdames
messieurs, nous allons nous recueillir quelques instants.
Merci. Et je vous suggérerais de vous asseoir,
car j'ai l'intention de répondre aux questions soulevées par le leader de l'opposition
officielle concernant les droits et
privilèges des parlementaires face au travail policier. Alors, la
suggestion était effectivement à l'effet que vous vous assoyiez.
Décision de la
présidence sur la demande de directive soulevée
le 31 octobre 2017 concernant les droits et privilèges des
parlementaires par rapport au travail policier
Je suis maintenant
prêt à revenir sur les questions de directive qui m'ont été posées par le leader
de l'opposition officielle le
31 octobre dernier.
Ces questions
s'inscrivent dans la foulée des événements ayant entouré l'arrestation du
député de Chomedey et la saisie de documents et de matériel
en sa possession par l'Unité permanente anticorruption, le 25 octobre
2017.
Je vous
rappelle que, lors de la séance où l'on m'a soumis ces questions
de directive, le député de Chomedey a pu s'exprimer
sur le sujet dans le cadre d'une explication sur un fait personnel. J'ai aussi choisi, à ce moment,
de vous faire part de mon point de vue sur cette situation pour le moins particulière, de même que de mon
interprétation de mon rôle en tant que président dans ce contexte.
Par ailleurs, ces questions de directive me
permettent aujourd'hui de compléter dans un cadre plus formel les propos que
j'ai alors tenus.
Les questions du leader de l'opposition
officielle peuvent se résumer ainsi.
Première question : Est-ce
que le président a toujours
été avisé par les autorités judiciaires de l'arrestation d'un député?
Deuxième question : Est-ce que les
autorités judiciaires portent atteinte aux privilèges d'un député si elles ne
déposent pas rapidement des chefs d'accusation par la suite de son arrestation?
Troisième question : Est-ce que
l'autorisation du président est nécessaire pour la perquisition des téléphones cellulaires et des ordinateurs des députés? À cet
égard, est-ce que ces appareils doivent être considérés comme des extensions
du bureau d'un député de l'Assemblée nationale, couverts par le même privilège
parlementaire?
Quatrième
question : Est-ce que le fait pour un corps policier d'induire un député
en erreur, l'amenant à ne pas remplir
ses fonctions parlementaires, est une atteinte à ses privilèges? À ce sujet,
est-ce que leurrer ou induire un député en erreur pour qu'il sorte de
l'enceinte du parlement afin de lui signifier un acte de procédure constitue un
outrage au Parlement?
Et cinquième
et dernière question : Est-ce que la surveillance électronique d'un député
en dehors de l'enceinte parlementaire
est considérée comme une forme de harcèlement, d'obstruction, de nuisance ou
encore d'intimidation à l'égard d'un
député? Quelles mesures particulières doivent être prises par les corps
policiers dans les circonstances afin de respecter la séparation des
pouvoirs entre l'exécutif et le législatif?
Avant de
répondre à ces questions, il m'apparaît d'emblée opportun de rappeler
quelques-uns des grands principes qui gouvernent notre institution en
tant qu'assise du pouvoir législatif.
Tout d'abord,
il importe de réitérer le caractère fondamental du principe de la séparation
des pouvoirs de l'État. La Cour
suprême du Canada l'a elle-même réaffirmé chaque fois qu'elle a eu à se
prononcer sur les privilèges parlementaires reconnus aux assemblées législatives et dont l'objet est justement de
protéger l'indépendance de la branche législative de l'État.
Le corollaire
de cette indépendance reconnue collectivement aux assemblées législatives est
le privilège de la liberté de parole
conféré individuellement à tous les députés afin qu'ils exercent pleinement
leurs fonctions sans aucune crainte d'être menacés, entravés ou limités dans
leur capacité d'exprimer leurs points de vue dans le cadre des travaux
parlementaires.
Le principe
fondamental, dont les origines remontent à l'article 9 du Bill of Rights
britannique de 1689 qui consacre la
liberté de parole et de débat des parlementaires, constitue la pierre angulaire
sur laquelle est construit notre système parlementaire.
Je
vous rappelle que les privilèges parlementaires ont un statut constitutionnel
reconnu par les cours de justice et se
veulent en quelque sorte une exception au droit commun. Les droits et immunités
qui sont ainsi conférés aux assemblées et à leurs membres ont pour but
de leur permettre d'exercer efficacement et sans entrave leurs fonctions
législatives, délibératives et de contrôle
de l'action gouvernementale. La Cour suprême a d'ailleurs reconnu que, et je
cite, «l'autonomie des parlementaires
ne leur a [...] pas été conférée comme une simple marque de respect, mais parce
que la protection contre toute ingérence externe est nécessaire pour que
le Parlement et ses membres accomplissent leur travail».
L'indépendance
de l'Assemblée et des députés a également été codifiée dans la Loi de
l'Assemblée nationale. Le préambule
de cette loi prévoit notamment, et je cite : «Considérant qu'il convient,
en conséquence, d'affirmer la pérennité, la souveraineté et l'indépendance de
l'Assemblée nationale et de protéger ses travaux contre toute ingérence.»
Les articles 42, 43 et 44 de notre loi
prévoient également, et je cite :
«42. L'Assemblée a le pouvoir de protéger ses
travaux contre toute ingérence.»
«43. Un député jouit d'une entière indépendance
dans l'exercice de ses fonctions.»
«44. Un député ne peut être poursuivi, arrêté,
ni emprisonné en raison de paroles prononcées, d'un document déposé ou d'un acte parlementaire accompli par
lui, dans l'exercice de ses fonctions à l'Assemblée, à une commission ou à une sous-commission.» Fin
de la citation.
Le statut exceptionnel accordé aux parlementaires
se traduit sous différentes formes. Outre les privilèges parlementaires à
proprement parler, la Loi sur l'accès aux documents des organismes publics et
sur la protection des renseignements personnels
témoigne, elle aussi, de la sensibilité des enjeux ayant un lien avec
l'exercice du mandat d'un député. En
ce sens, cette loi crée un régime qui, et je le reprends ici dans les termes de
la Cour suprême dans l'affaire
Macdonell, «concilie deux
principes fondamentaux de notre démocratie : l'accès à l'information et l'indépendance
des députés».
• (10 h 10) •
En effet, la
loi sur l'accès à l'information, à son article 34, prévoit un régime
particulier où les députés ont le choix de consentir ou non à ce que
leurs documents soient rendus accessibles.
Toujours
selon la Cour suprême dans l'affaire Macdonell, et je cite, «ce droit d'accès
restreint démontre l'intention du
législateur de protéger le libre exercice de la fonction parlementaire contre
les pressions intempestives et arbitraires en attribuant au député la
responsabilité de la non-divulgation et ceci vis-à-vis de l'Assemblée nationale
et du public, et en lui aménageant une sphère de confidentialité [pour] son
travail». Fin de la citation.
On constate
donc que, dans notre ordre juridique, le principe de l'indépendance du député
revêt une importance capitale. Tant
les privilèges parlementaires que le régime particulier prévu dans la Loi sur
l'accès, plus spécialement en ce qui a
trait à l'aspect de la protection des éléments confidentiels que détient un
député dans l'exercice de ses fonctions, sont des éléments garantissant
aux députés une plus grande liberté dans l'exercice de leurs fonctions.
Vous
comprendrez dès lors que, lorsqu'il est question de saisie de documents ou
d'outils de travail d'un député contenant
de telles informations confidentielles, la présidence, en tant que gardienne
des droits et privilèges de l'Assemblée et de chacun de ses membres, se
sent tout particulièrement interpelée.
Par ailleurs, et comprenez-moi bien, personne,
personne ne prétend aujourd'hui que les parlementaires sont au-dessus des lois ou qu'ils sont à l'abri de la
justice. Les députés ne jouissent d'aucune immunité à l'égard des infractions
pénales ou criminelles qu'ils peuvent
commettre comme citoyens. Néanmoins, pour préserver leur indépendance et leur
assurer de pouvoir exercer pleinement et efficacement leur rôle de députés, ils
doivent pouvoir compter sur certaines garanties qui leur sont nécessaires dans
l'exercice de leurs fonctions.
Comme
l'expliquait le comité des privilèges de la Chambre des communes du Royaume-Uni
dans un rapport datant de 2011, et je
vous le traduis, «les privilèges parlementaires portent donc sur les fonctions plutôt
que sur les individus. Ils assurent le bon déroulement des travaux de la
Chambre et le droit des parlementaires d'y participer et de parler librement. Cependant, ils ne confèrent pas
d'immunité complète aux députés et ne leur accordent pas des droits individuels
plus importants que ceux dont jouissent
[d'autres] personnes. Les privilèges parlementaires reconnaissent également la
compétence ou la juridiction exclusive du Parlement pour mener ses propres
affaires.» Fin de la citation.
En d'autres
mots, un député peut, à l'instar de toute personne, faire l'objet d'une
arrestation policière. Toutefois, dans
son cas, certaines particularités quant à la manière de le faire devront être
impérativement respectées. De fait, l'arrestation d'un député ne doit pas
être prise à la légère.
Certes, le
droit parlementaire britannique qui s'applique à l'Assemblée nationale ne met
pas un député à l'abri de l'application
du droit commun. Mais, pour vous démontrer jusqu'à quel point il s'agit d'une
situation sensible et, entre guillemets,
à manipuler avec soin, je vous rappelle que, dans plusieurs juridictions à
travers le monde, non seulement un député
ne peut être poursuivi pour des actions accomplies dans le cadre des activités
parlementaires, mais également pour des
activités extraparlementaires, à moins d'une levée de son immunité par ses
pairs. C'est vous dire jusqu'à quel point l'arrestation et la poursuite
d'un député n'est pas une chose banale.
Cela
s'explique par le fait qu'on ne doit jamais avoir de doute quant au nécessaire
équilibre à partager lorsqu'on traite
de la relation entre les différentes branches de l'État. Ce passage d'un arrêt
de la Cour suprême du Canada résume bien
la relation qui doit exister entre les différentes branches de l'État, et je
cite : «On sait que sont apparues dans le passé de dangereuses tensions entre les tribunaux et le
Parlement — dangereuses
parce que chacune de ces institutions a un rôle précis à jouer dans notre Constitution et qu'un conflit entre elles
est susceptible d'affaiblir leur pouvoir de garantir aux citoyens les
droits constitutionnels dont ils sont les protecteurs.»
Dans un autre important arrêt de la Cour
suprême, cette dernière rajoute, et je cite : «Notre gouvernement
démocratique comporte plusieurs branches : la couronne représentée par le
gouverneur général et ses homologues provinciaux,
l'organisme législatif, l'exécutif et les tribunaux. Pour assurer le
fonctionnement de l'ensemble du gouvernement, il est essentiel que toutes ces composantes jouent le rôle qui leur est
propre. Il est également essentiel qu'aucune de ces branches
n'outrepasse ses limites et que chacune respecte de façon appropriée le domaine
légitime de compétence de l'autre.» Fin de la citation.
Je
viens maintenant aux questions qui m'ont été soulevées par le
leader de l'opposition officielle et qui portent sur les droits et privilèges des parlementaires face au travail policier. Je vous précise toutefois
que je ne suis actuellement
saisi d'aucune question de droit ou de privilège mais bien de questions de
directive ayant trait au respect des droits et privilèges de l'Assemblée. C'est
donc sous cet angle que j'entends maintenant me prononcer.
La
première question du leader de l'opposition officielle est la
suivante : Est-ce que le président a toujours été avisé par
les autorités judiciaires de l'arrestation d'un député?
Comme le mentionnait
à juste titre le leader de l'opposition officielle, il existe un certain usage
dans d'autres assemblées législatives selon
lequel la Chambre doit être avisée lorsque l'un de ses membres est arrêté et
accusé au pénal ou au criminel. À la liste des exemples soumis par le
leader de l'opposition officielle émanant de la Chambre des communes du Canada et des deux Chambres du
Parlement de Westminster, mentionnons que nous pourrions aussi y ajouter
notamment des exemples provenant de la Chambre des représentants de l'Australie
et de celle de la Nouvelle-Zélande.
Les
raisons derrière cette pratique se conçoivent assez aisément. En effet, il est
normal que, lorsqu'une assemblée législative
siège, elle puisse être avisée de l'arrestation et de la détention de l'un de
ses membres. Cette exigence se justifie par le droit prioritaire d'une
assemblée législative de bénéficier de la présence de ses membres.
C'est d'ailleurs la même logique qui se trouve à la base de
l'exemption de faire partie d'un jury, de l'exemption de comparution comme témoin ou de l'immunité
d'arrestation en matière civile dont bénéficient les députés. C'est donc
dire que, sans être soustrait à l'application de la justice, un député jouit d'un statut particulier afin que le
nécessaire équilibre dans le fonctionnement de l'État soit assuré.
Cela
dit, à l'Assemblée nationale, la pratique d'informer la Chambre en cas
d'arrestation d'un député n'a pas été suivie
de manière constante par le passé : la présidence et le secrétariat
général ont déjà été avisés de telles arrestations, alors
qu'en d'autres occasions ils ne l'ont pas été. Il n'existe donc pas, à cet
égard, de constance. Il est clair que l'Assemblée devrait être informée de
l'arrestation d'un de ses membres, et impérativement si cela avait pour effet
de l'empêcher de participer aux travaux parlementaires.
Encore
là, cette pratique n'a pas pour objectif de s'immiscer dans l'administration de la
justice; elle sert plutôt à assurer la nécessaire déférence entre l'organe
suprême de gouvernance d'un État démocratique, soit le Parlement. Plus particulièrement, dans le présent cas, on aurait eu tout intérêt à aviser le Parlement de
l'arrestation du député de Chomedey
et président de la Commission des institutions. En effet, le matin de l'arrestation, ce dernier
présidait sa commission dans le
cadre de l'étude détaillée du projet
de loi n° 139, Loi regroupant l'Office Québec/Wallonie-Bruxelles
pour la jeunesse, l'Office
Québec-Amériques pour la jeunesse et l'Office Québec-Monde pour la jeunesse. Il devait à nouveau présider sa commission
en après-midi sur ce même mandat.
Or, c'est pendant la pause du déjeuner qu'on a
entraîné le député de Chomedey en dehors du parlement pour procéder à son arrestation. Pour des motifs que nous
ignorons, on a donc choisi de l'arrêter lors d'un jour de séance de la Commission des institutions. Or, malgré le fait qu'on ait considéré cette
arrestation suffisamment urgente pour le faire le jour d'une séance de la commission, aucune accusation n'a été
portée à ce jour contre le député de Chomedey. Loin de moi, loin de moi l'idée de dire aux forces de l'ordre comment
faire leur travail. Toutefois, lorsque l'arrestation d'un député, en
l'occurrence d'un président d'une
commission, a pour effet de perturber le fonctionnement des travaux
parlementaires, il y a des doutes qui peuvent survenir dans l'esprit des
gens, ce qui a été le cas, en l'espèce.
• (10 h 20) •
Je le répète, les
députés ne sont pas au-dessus des lois. Rien dans les règles qui nous
gouvernent ne protège le citoyen Guy
Ouellette d'une arrestation. C'est plutôt la manière et le moment où l'on a
arrêté le député de Chomedey et président
de la Commission des institutions qui soulèvent des interrogations légitimes;
d'autant plus que la commission venait
de terminer les auditions publiques sur le projet de loi n° 107, Loi
visant à accroître la compétence et l'indépendance du commissaire à la lutte contre la corruption et
du Bureau des enquêtes indépendantes ainsi que le pouvoir du directeur des
poursuites criminelles et pénales d'accorder certains avantages à des témoins
collaborateurs, et devait débuter l'étude détaillée de ce projet de loi
prochainement.
En
entraînant le député de Chomedey et président de la Commission des institutions
hors du parlement lors d'un jour de
séance de la commission, on est en droit de s'attendre, d'une part, à l'urgence
d'agir et, d'autre part, à ce que les autorités
de l'Assemblée soient avisées qu'un de ses membres ne sera pas en mesure
d'exercer ses fonctions parlementaires. Il en va du respect de
l'Assemblée nationale.
Cela
dit, en tout respect pour le travail des policiers et pour la bonne
administration de la justice, votre président a encore des doutes sur la manière dont les choses ont été faites. Ces
doutes sont d'autant plus renforcés par le fait que l'UPAC n'a exprimé
aucune sensibilité à l'égard de la situation particulière, comme si
l'arrestation du président de la commission
parlementaire devant laquelle l'UPAC doit répondre était une chose anodine;
comme si cette arrestation et, surtout,
la manière dont elle a été faite ne soulevaient pas des doutes quant au respect
du nécessaire et fragile équilibre qui sous-tend l'organisation de notre
État.
L'extrait
suivant de l'ouvrage de Joseph Maingot — que vous aviez cité, d'ailleurs — sur les privilèges parlementaires est assez éloquent quant à la nécessité de
protéger la capacité d'assister à des travaux, et je cite : «Rien ne doit
empêcher le député d'accomplir ses tâches parlementaires, que ce soit à
la Chambre, lorsqu'il s'y rend ou lorsqu'il en revient. Au contraire, les
députés ont le privilège consacré par [le privilège] "d'entrer librement
et sans obstacle dans les édifices parlementaires".»
C'est pourquoi je demande qu'à l'avenir les
corps policiers informent de manière systématique la présidence lorsqu'il est
question de l'arrestation d'un député et surtout si cette arrestation l'empêche
de participer aux travaux parlementaires. Voilà ce qui dispose de la première
question.
La
deuxième question soumise par le leader de l'opposition officielle est la
suivante : Est-ce que les autorités judiciaires
portent atteinte aux privilèges d'un député si elles ne déposent pas rapidement
des chefs d'accusation à la suite de son arrestation?
Dans un premier temps, je réfère aux commentaires
que je viens de formuler sur la manière dont on a procédé à l'arrestation du député de Chomedey au milieu
d'une séance de la commission qu'il présidait sans que le Parlement en soit
informé et alors que cette commission devait
étudier prochainement un projet de loi qui concerne l'UPAC. En soi, cela
peut être suffisant pour soulever des doutes
légitimes dans l'esprit des gens. Qu'aucune accusation ne soit portée à ce jour
après avoir procédé de cette manière pour l'arrestation peut contribuer
à accroître ces doutes.
Mais
ce n'est pas au président de l'Assemblée nationale à fixer les délais qui
doivent être respectés en semblable matière.
J'ai suffisamment de respect pour nos autorités policières et judiciaires pour
éviter de leur dicter comment faire leur
travail. Ce n'est pas de ça dont il est question ici. En tant que gardien des
droits et privilèges de l'Assemblée et de ses membres, je demande à ce que le travail policier se fasse de
manière : à respecter les droits des députés et à entraver le moins possible les travaux parlementaires, à ne
pas laisser planer de doute sur le mélange des genres, c'est-à-dire qu'une
arrestation pourrait avoir un lien avec les fonctions parlementaires du député.
À
cela j'ajouterais une préoccupation qui m'habite quant aux conséquences
politiques que pourrait avoir sur un membre
de l'Assemblée un délai trop long entre une arrestation et une accusation. Je rappelle
que les parlementaires sont élus pour
une législature qui dure, sauf exception, quatre ans, en vertu de la Loi
électorale. Aussi, plus nous nous rapprochons
du prochain rendez-vous électoral, plus un long délai avant que des accusations
ne soient portées à l'encontre d'un député
ayant vu son intégrité attaquée pourrait avoir un effet préjudiciable sur ce
dernier. En effet, dans un contexte politique
où l'image et les perceptions du public sont fondamentales, il est difficile
d'imaginer qu'un député à l'égard de qui
de telles accusations seraient latentes puisse participer au processus
démocratique sans en payer le prix politique. Cette situation, vous en conviendrez, serait inéquitable
et même profondément injuste. Voilà ce qui dispose de la deuxième question.
Tout d'abord, il
importe de mentionner que le président de l'Assemblée n'a pas à autoriser les
corps policiers à effectuer une perquisition... Woups! Je vais commencer par
vous dire la... Je vais vous recommencer ceci.
La
troisième question soumise par le leader de l'opposition officielle est la
suivante : Est-ce que l'autorisation du président est nécessaire pour la perquisition des téléphones
cellulaires et des ordinateurs des députés? À cet égard, est-ce que ces appareils doivent être considérés comme
des extensions du bureau d'un député de l'Assemblée nationale, couverts
par le même privilège parlementaire?
Tout
d'abord — je
reviens à mon «tout d'abord», je l'ai déjà dit — tout d'abord, il importe de mentionner que
le président de l'Assemblée n'a pas à
autoriser les corps policiers à effectuer une perquisition. Cela appartient
plutôt aux tribunaux. C'est une fois
cette autorisation donnée, lorsque de telles perquisitions ont lieu dans
l'enceinte de l'Assemblée nationale, que la présidence doit décider si
elle donne ou pas accès à l'enceinte de l'Assemblée.
Cette
situation s'explique par le fait qu'en vertu des privilèges parlementaires les
assemblées législatives ne sont pas accessibles de plein droit et que
les étrangers peuvent en être expulsés. Le droit d'une assemblée de contrôler
l'accès de son enceinte a été reconnu par la Cour suprême du Canada dans
l'arrêt New Brunswick Broadcasting. La cour a aussi précisé qu'il s'agissait
d'un privilège bénéficiant d'un statut constitutionnel, car il est jugé
nécessaire au fonctionnement efficace des assemblées.
Cette
approche est d'ailleurs celle préconisée dans d'autres Parlements. À titre
d'exemple, la doctrine de la Chambre des
communes du Canada mentionne que, dans un tel contexte, la présidence se trouve
placée dans une position délicate puisqu'elle
doit s'assurer, d'une part, que ne soient pas compromis ni le privilège
collectif de la Chambre d'administrer ses
affaires dans l'enceinte parlementaire ni le privilège des députés de
participer en toute liberté aux délibérations de la Chambre. Elle doit
aussi, d'autre part, prendre garde de ne pas entraver l'administration de la
justice.
Aussi, bien que les privilèges parlementaires ne fassent pas échec à l'application du droit pénal ou criminel dans l'enceinte
de l'Assemblée, qui par ailleurs ne constitue pas une «enclave à l'abri de
l'application du droit commun», la police
n'y a pas accès de plein droit. Cela est justifié par le fait qu'une
intervention policière en ce lieu peut avoir pour effet de nuire au bon fonctionnement de
l'Assemblée et, partant, à son privilège de régir ses affaires internes sans
ingérence extérieure. C'est pour
cette raison que les forces policières ne peuvent intervenir dans l'enceinte de
l'Assemblée sans avoir obtenu préalablement
l'autorisation du président. Cette autorisation est requise, peu importe la
nature de l'intervention.
Dans
ce cadre, la présidence doit collaborer à la bonne administration de la justice
dans la mesure où cela respecte les
privilèges parlementaires et n'empêche pas ou n'entrave pas la bonne marche des
travaux parlementaires et l'exercice des
fonctions des députés. C'est pourquoi, de manière générale, elle autorise les
corps policiers à entrer au parlement pour procéder à leur perquisition
lorsque ces principes sont respectés.
La
présidence s'assurera cependant que les corps policiers ont bel et bien un
mandat de perquisition valide et que seuls
les documents qui y sont visés soient saisis. C'est cette même approche qui
guide la présidence lorsqu'elle reçoit une demande de transmission ou une ordonnance de communication de documents
concernant un député de la part des autorités policières.
De
plus, dans le contexte d'une perquisition dans l'enceinte parlementaire, le
rôle de la présidence ne s'arrête pas à la porte du parlement. En effet, elle veillera à la protection des
droits des députés en s'assurant qu'un de ses représentants accompagne en tout temps, et ce, du début jusqu'à
la fin, les policiers chargés d'effectuer la perquisition. Un protocole similaire est d'ailleurs en place tant à la
Chambre des communes de Londres qu'à la Chambre des communes du Canada.
Qu'en est-il
maintenant de la saisie de documents et de matériel qui se trouvent à
l'extérieur de l'enceinte parlementaire, soit dans un bureau de
circonscription, chez un député ou encore en tout autre lieu?
Dans
ce contexte, ce qu'il est important de savoir, c'est que ce n'est pas parce
qu'un document ou un appareil est ainsi saisi par la police qu'il pourra
nécessairement être utilisé en preuve.
• (10 h 30) •
Afin
d'expliquer mon propos, il importe ici de faire un bref retour en arrière
concernant le privilège de la liberté de
parole et la notion de compétence exclusive sur ses propres affaires dont je
parlais un peu plus tôt. Ces
privilèges tirent leur
origine de l'article 9 du Bill of Rights britannique qui édicte ce qui
suit : «...the freedom of speech, and debates or proceedings in
Parliament, ought not to be impeached or questioned in any court or place out
of Parliament.»
En 1999, le Comité mixte
britannique sur les privilèges parlementaires apportait la précision suivante
quant à l'étendue de la protection accordée
par ces privilèges en mentionnant ceci, et je cite — c'est une traduction que je vous fais :
«Aux fins de l'article 9
du Bill of Rights de 1689, l'expression "proceedings in Parliament"
désigne toutes les paroles prononcées
et les actes accomplis dans le cadre ou aux fins des travaux de l'une des
Chambres du Parlement ou d'un comité ou en découlant nécessairement.»
Fin de la citation.
De plus, ce comité mentionnait que devait
notamment être incluse dans cette définition de «proceedings in Parliament» la
préparation d'un document aux fins des travaux d'une Chambre ou d'un comité, à
la condition que les ébauches, notes, avis
ou autres documents analogues ne soient pas diffusés à une échelle plus vaste
que nécessaire aux fins de la préparation.
Enfin, le
comité définissait à cet égard un «document» comme devant inclure tout disque,
bande ou dispositif sur lesquels sont enregistrées des données pouvant
être reproduites à partir de ceux-ci.
La doctrine de la Nouvelle-Galles du Sud, en
Australie, décrit pour sa part les documents qui pourraient être reconnus comme
inclus dans la notion de «proceedings in Parliament» comme suit, et je
cite :
«Diverses
correspondances, telles une correspondance échangée avec un ministre, avec un
autre représentant de la branche exécutive du gouvernement ou avec un
membre du public, ainsi que les notes de recherche et d'information portant sur les affaires qu'un député a
l'intention de soulever en Chambre pourraient être visées par des privilèges
parlementaires. Ceci pourrait aussi
valoir pour des annotations faites dans un journal intime ou pour des notes
prises lors [des] rencontres ou [des] conversations ayant trait aux
affaires du Parlement.» Fin de la citation.
Il découle de
ces principes que certains documents saisis, et encore certaines informations
auxquelles du matériel électronique saisi donne accès, peuvent être
couverts par les privilèges parlementaires.
C'est pour
cette raison que, un peu comme cela se fait lorsque sont saisis des documents
se trouvant à l'intérieur d'un bureau d'avocats ou en possession de toute autre
personne bénéficiant d'un privilège de confidentialité, lorsqu'une
opération policière concerne des documents ou du matériel appartenant à un
député, une marche à suivre particulière doit être suivie.
Je ne désire pas entrer dans les détails de ce
qui se passe dans ce genre de situations où des perquisitions sont effectuées alors que les personnes visées sont
également détentrices de privilège. Néanmoins, il me semble intéressant de dresser un parallèle avec les principes
généraux que la Cour suprême du Canada a élaborés dans l'arrêt Lavallee
lorsqu'il est question de perquisitionner un cabinet d'avocats. Elle
mentionnait alors, et je cite :
«Aucun mandat
de perquisition ne peut être décerné relativement à des documents reconnus
comme étant protégés par le secret professionnel de l'avocat.
«Avant de
perquisitionner dans un bureau d'avocats, les autorités chargées de l'enquête
doivent convaincre le juge saisi de la demande de mandat qu'il n'existe
aucune autre solution de rechange raisonnable.
«Lorsqu'il permet la perquisition dans un bureau
d'avocats, le juge saisi de la demande de mandat doit être rigoureusement exigeant, de manière à conférer la
plus grande protection possible à la confidentialité des communications
entre client et avocat.
«Sauf lorsque
le mandat autorise expressément l'analyse, la copie et la saisie immédiates d'un document
précis, tous les documents
en la possession d'un avocat doivent être scellés avant d'être examinés ou de
lui être enlevés.» Fin de la citation.
Ainsi, bien que peu de décisions judiciaires se
soient penchées sur la situation plus précise d'une perquisition touchant un député, les intérêts en jeu ne
semblent pas moins importants lorsqu'on traite des privilèges parlementaires des députés et de la
protection de la confidentialité des informations qu'ils détiennent en lien
avec leurs fonctions parlementaires. Bien entendu, les faits qui ont pu être soumis
par les enquêteurs afin d'obtenir la délivrance d'un mandat ne sont pas connus
et ne sont pas publics, car ils sont soumis
à une ordonnance du tribunal. Je ne peux donc pas commenter ce cas précis.
Néanmoins, ma préoccupation, en tant que président et gardien des droits et
privilèges de tous les députés, est que des garanties soient également exigées lorsqu'il est question
des élus de l'Assemblée nationale. Ces derniers sont en droit de s'attendre à ce que leurs privilèges soient non seulement
pris en compte, mais surtout respectés. Les députés jouent un rôle fondamental dans notre société
démocratique, et les privilèges qui leur ont été conférés afin de leur
permettre de jouer ce rôle leur sont extrêmement importants. Il ne faudrait pas que les socles sur lesquels
est basée notre société démocratique soient fragilisés.
Comme je
l'affirmais plus tôt, les tribunaux ont confirmé l'importance de la notion de confidentialité concernant les
documents utilisés par les députés dans l'exercice de leurs fonctions.
À ce
sujet, j'aimerais maintenant citer les auteurs en droit constitutionnel Brun,
Tremblay et Brouillet, qui mentionnent ce qui suit, et je cite :
«[Le] député
devrait pouvoir ne pas dévoiler ses sources d'information. De plus, tous
les documents qu'il possède en rapport avec ses fonctions de député devraient être à l'abri des
perquisitions et saisies; il ne devrait être contraint de les produire
que pour fins d'examen par un juge en chambre. [L']article 43 de la Loi
sur l'Assemblée nationale, en conférant au
député une entière indépendance dans l'exercice de ses fonctions, peut être
interprété comme protégeant ses documents et ses sources d'information.»
Fin de la citation.
Voilà pour
les principes entourant la perquisition à proprement parler. Maintenant,
une fois les documents et le matériel saisis, ils doivent être placés
sous scellés, afin d'éviter toute violation des privilèges du député. Ensuite,
un protocole doit être
mis en place afin de pouvoir séparer les documents couverts par le privilège et
ceux qui ne le sont pas : seuls ces derniers pourront alors être
utilisés par les autorités policières. De plus, en tant que gardienne des
droits des députés, la présidence de
l'Assemblée, ou une personne la représentant, doit pouvoir participer
activement à cette opération.
Quant aux documents couverts par ce privilège,
il est important de savoir qu'aucune liste exhaustive n'existe, et pour cause, il est essentiel de ne pas les
cristalliser dans une définition trop stricte qui ne pourrait évoluer avec le
temps et qui empêcherait la
nécessaire analyse au cas par cas. C'est d'ailleurs cette même approche qui a
été préconisée par le Parlement du Royaume-Uni.
Je réitère
toutefois que les députés ne sont nullement à l'abri du droit criminel : ils
peuvent faire l'objet de perquisitions, mais, dans la mesure où un
privilège parlementaire s'applique, la justice doit en tenir compte.
Enfin, je
conclurai ce volet de la question en abordant la manière, que d'aucuns
pourraient qualifier de cavalière, avec
laquelle l'UPAC a choisi d'informer cette Chambre de la façon dont elle
entendait procéder à l'analyse des documents saisis. En effet, je trouve
tout à fait déplorable que l'UPAC n'ait pas pris la peine de communiquer avec
l'Assemblée nationale, la plus haute et la
plus noble des institutions que nous avons au Québec, pour nous faire part de
leurs intentions, mais qu'elle ait
plutôt opté par la voie des médias pour ce faire. Cette attitude dénote, à mon
sens, d'abord une méconnaissance de
nos institutions, et en particulier du Parlement, qui est le coeur de la
gouvernance démocratique de notre État. Voilà ce qui dispose de la
troisième question.
La quatrième
question soumise par le leader de l'opposition officielle est la
suivante : Est-ce que le fait pour un corps policier d'induire un député en erreur l'amenant à ne pas remplir
ses fonctions parlementaires est une atteinte à ses privilèges? À ce sujet, est-ce que leurrer ou
induire un député en erreur pour qu'il sorte de l'enceinte du Parlement afin de
lui signifier un acte de procédure constitue un outrage au Parlement?
On se
rappelle que, le mercredi 25 octobre dernier, l'Assemblée siégeait. La
Commission des institutions, alors présidée par le député de Chomedey,
tenait séance toute la journée, comme je l'ai mentionné plus tôt. Comme je l'ai
mentionné plus tôt, ce dernier, en raison de
son arrestation, n'a pu revenir au parlement en après-midi pour présider les travaux de cette commission.
En vertu des
principes énoncés précédemment, il est évident que les policiers n'auraient pas
pu arrêter le député de Chomedey
en pleine séance de l'Assemblée ou de la commission qu'il présidait alors. Il leur aurait fallu
obtenir mon autorisation préalablement.
Qu'on le
qualifie de piège ou d'appât a peu d'importance : le fait d'utiliser un stratagème visant à faire
sortir un député de l'enceinte parlementaire pour mieux
procéder à son arrestation, tel qu'il a été relaté, est, le moins qu'on puisse
dire, assez dérangeant. Comme le mentionne
le leader de l'opposition officielle, cela revient, d'une certaine manière, à
faire indirectement ce que les policiers n'auraient pas pu faire directement,
ce qui, à mon sens, pose problème.
• (10 h 40) •
Dans un cas
survenu en 2008 au Royaume-Uni, avec lequel plusieurs parallèles peuvent être tracés, voici comment un
policier en autorité décrivait la grande sensibilité et les enjeux
potentiellement complexes qu'impliquait le fait d'arrêter un parlementaire soupçonné d'avoir divulgué aux
médias des informations confidentielles, et je cite le policier qui était
en charge de l'opération. Alors, il dit :
«J'estimais,
dit-il, que, dans ce cas, nous devions exceptionnellement attendre avant
d'entreprendre des démarches, afin que nous puissions obtenir l'avis
juridique de la Direction des services juridiques de la police métropolitaine,
et consulter les autorités parlementaires au
début du processus, et prendre conseil auprès des procureurs de la couronne.»
Fin de la citation.
Comme
l'explique le comité de la Chambre des communes chargé de faire la lumière sur
cette affaire, la police estimait
que, dans ce cas précis — et j'ouvre les guillemets — «le besoin d'assurer la légalité de toute
action, et de contacter, et de consulter les autorités parlementaires
l'emportait sur le risque de perdre des preuves — fin des guillemets».
Ainsi, la
question que nous sommes en droit de nous poser en l'espèce est la
suivante : La manière de procéder utilisée
par l'UPAC visant à user d'un subterfuge pour qu'un député quitte les travaux
parlementaires était-elle vraiment nécessaire?
De plus, l'UPAC n'aurait-elle pas dû, à l'instar du précédent au Royaume-Uni
que je viens d'évoquer, consulter les
autorités parlementaires avant de procéder à l'arrestation du député de
Chomedey, ne serait-ce que pour s'enquérir des particularités devant
être respectées relativement à son statut de membre de l'Assemblée nationale?
Bien que ces questions demeurent, selon moi, encore sans réponse à l'heure
actuelle, je peux néanmoins affirmer que les méthodes employées par l'UPAC dans la présente affaire dénotent, à mon avis, un
manque flagrant de considération à l'endroit de l'Assemblée et de ses
membres.
Comme je le mentionnais précédemment, cette
façon de faire peut être suffisante pour semer un doute sur le respect de l'équilibre fragile qui doit exister
dans la relation entre les différentes branches de l'État. Si on estimait qu'il
est à ce point urgent d'arrêter un président de commission parlementaire
au beau milieu d'une séance de sa commission, pourquoi avoir procédé de cette
manière? Pourquoi a-t-on attiré le député à l'extérieur de l'enceinte
parlementaire en utilisant un subterfuge? Pourquoi, si c'était si urgent, ne
pas avoir procédé à l'arrestation et à la saisie à l'Assemblée nationale?
Est-ce pour éviter la procédure "plus lourde" qui vise à obtenir la
permission du président de l'Assemblée nationale? Est-ce pour éviter de soumettre un mandat de
perquisition au président pour analyser s'il était respectueux des règles applicables en la matière? Force est de
constater que des doutes subsistent. Voilà ce qui dispose de la quatrième
question.
La cinquième
question soumise par le leader de l'opposition
officielle est la suivante : Est-ce
que la surveillance électronique d'un
député en dehors de l'enceinte parlementaire est considérée comme une forme de
harcèlement, d'obstruction, de
nuisance ou encore d'intimidation à l'égard d'un député? Quelles mesures
particulières doivent être prises par les corps policiers dans ces
circonstances afin de respecter la séparation des pouvoirs entre l'exécutif et
le législatif?
Comme
l'a mentionné le leader de l'opposition
officielle, le président de la Chambre des communes du Canada a déjà jugé que la surveillance électronique d'un
député en dehors de l'enceinte parlementaire pourrait être considérée
comme une forme de harcèlement, d'obstruction, de nuisance ou encore
d'intimidation à l'égard d'un député.
De même, à l'Assemblée
législative de la Colombie-Britannique, un comité chargé d'enquêter sur
l'interception alléguée de communications d'un ministre par la GRC en
est déjà venu à la conclusion que des actions de la GRC constituaient bien une
violation de l'immunité parlementaire et un mépris de l'autorité de
l'Assemblée.
À l'Assemblée
du Yukon, alors que l'on avait découvert que le téléphone du ministre de la
Justice avait fait l'objet d'une
surveillance électronique, un comité des privilèges avait été chargé de faire
une enquête semblable. Après avoir longuement étudié cette question, le
comité a fait valoir, dans ses recommandations, que la surveillance
électronique des lignes téléphoniques des parlementaires constituait une
violation de l'immunité parlementaire et devait être considérée comme un mépris de l'autorité de l'Assemblée. De plus, il a
ajouté que le fait, pour la GRC, de ne pas avoir averti le président
lorsqu'il avait l'intention de surveiller électroniquement la ligne
téléphonique d'un parlementaire constituait aussi un mépris de l'autorité de
l'Assemblée.
À mon sens,
si un tel procédé d'écoute électronique était utilisé à l'encontre d'un membre
de notre Assemblée de manière illicite, abusive ou pour exercer une
pression indue sur lui, nous serions clairement dans la sphère des privilèges parlementaires. En effet, comme le
mentionne un comité de la Chambre des communes du Royaume-Uni dans un rapport cité précédemment, si l'interception de
communications concerne directement les travaux de la Chambre ou l'une
de ses commissions, il y a très peu, sinon aucun doute qu'il s'agirait d'un cas
d'outrage.
Dans les
autres cas de figure, c'est-à-dire lorsqu'une telle procédure est autorisée par
un tribunal, il est clair que, parmi
les communications susceptibles d'être captées lors d'une écoute électronique,
un nombre important d'éléments n'ayant
pas de lien avec l'objet de l'enquête, mais entrant plutôt dans la sphère du
travail du député, pourraient être aussi surveillés. Cet aspect, qui
touche au coeur de l'indépendance du travail du député, est très préoccupant.
Cela rejoint
la notion de confidentialité dont je parlais précédemment, et qui entoure les
documents utilisés par les députés
dans l'exercice de leurs fonctions ainsi que leurs sources d'information qui
leur permettent d'exercer un contrôle parlementaire efficace. À titre
d'exemple, il ne faudrait pas en venir à une situation où des citoyens,
craignant que la confidentialité de ce
qu'ils confieraient à un député ne puisse être garantie, s'abstiennent, pour
ces raisons, d'entrer en contact avec le député.
Je note d'ailleurs qu'en matière d'écoute
électronique une directive du Procureur général du Québec précise qu'une demande particulière soit nécessaire dans
le cas de catégories de fonctions qui détiennent certains privilèges. Il en est
ainsi notamment pour les avocats, les juges, les sénateurs, les membres de la
Chambre des communes du Canada et les députés de l'Assemblée nationale
du Québec.
J'en profite d'ailleurs pour faire ici un
parallèle avec le choc que nous avons tous ressenti à pareille date l'an dernier, lorsque les médias ont révélé que des
journalistes avaient fait l'objet de surveillance électronique de la part des
forces de l'ordre. Rappelons que l'Assemblée
avait alors tenu, le 3 novembre 2016, un débat d'urgence sur ce
sujet, au cours duquel tous les
parlementaires ayant pris la parole en ont profité pour exprimer un souci, un
souci au sujet des effets potentiellement négatifs de ces écoutes sur la
vie démocratique. Je note aussi que, depuis, une commission d'enquête a été formée par le gouvernement du Québec pour
faire la lumière sur ces révélations et que le Parlement fédéral a aussi
adopté la Loi sur la protection des sources journalistiques pour répondre à ces
préoccupations.
À mon sens,
la confidentialité des communications d'un député doit jouir d'un niveau de
protection au moins aussi élevé que celui que nous avons souhaité pour
les journalistes.
Voici ce qui dispose des cinq questions soumises
par le leader de l'opposition officielle.
Pour la suite
des choses, maintenant. Sans vouloir entrer dans le détail des échanges en
cours avec l'UPAC, sachez que, dès le
3 novembre 2017, je lui ai adressé une lettre dans laquelle je faisais état des
préoccupations exprimées dans la présente directive. Dans cette lettre,
je demandais également à l'UPAC de ne pas prendre connaissance des données contenues dans les appareils saisis du député de
Chomedey, et ce, tant que nous n'aurons pas l'assurance
que le protocole qui doit être mis en place puisse permettre de veiller
au respect des privilèges parlementaires.
Compte tenu
de la manière dont le député de Chomedey a été arrêté; compte tenu que, contrairement à une saisie de l'Assemblée, le président n'a pas eu à sa
disposition le mandat de perquisition; compte tenu que le député de Chomedey
était alors le président de la Commission des institutions; compte tenu que la
Commission des institutions détient des compétences parlementaires face à
l'UPAC; compte tenu que le député de Chomedey a été arrêté à l'aube de l'étude détaillée du projet de loi n° 107, Loi visant
à accroître la compétence et l'indépendance du commissaire à la lutte contre la
corruption et du Bureau des enquêtes
indépendantes ainsi que le pouvoir du directeur des poursuites criminelles et
pénales d'accorder certains avantages
à des témoins collaborateurs; il importe de s'assurer qu'aucune information
saisie n'a un lien avec l'exercice des fonctions parlementaires du
député de Chomedey.
Encore une fois, je le répète, la présente
directive n'a pas pour effet d'empêcher, le cas échéant, le député de Chomedey de faire face à la justice pour des
gestes qu'il aurait pu poser en dehors du cadre de ses fonctions parlementaires.
Mais, par cette directive, je tiens à exercer ma responsabilité la plus
fondamentale, soit de faire respecter les droits et privilèges de cette
Assemblée et de ses membres.
Indépendamment
de la personne qui occupe ce fauteuil, la présidence de l'Assemblée nationale
est la gardienne des droits démocratiques des citoyens, lesquels
citoyens sont en droit de s'attendre à ce que leurs élus exercent leurs
fonctions en toute indépendance, sans être menacés, entravés ou gênés de
quelque façon que ce soit.
• (10 h 50) •
Je ne présume
pas que c'est le cas dans l'espèce. Je veux cependant prendre tous les moyens
pour dissiper tout doute qu'on
pourrait entretenir à cet égard. J'invite donc l'UPAC à faire preuve de respect
envers l'Assemblée nationale et lui demande sa collaboration afin qu'ensemble
on en arrive à trouver une nécessaire voie de passage pour non seulement
maintenir les hauts standards démocratiques
qui sous-tendent le fonctionnement de notre État, mais également pour en
assumer et en assurer les apparences.
Je vous remercie de
votre attention.
Document déposé
Et
je dépose le document... Le dépôt est un peu compliqué parce que les feuilles
sont un peu... mais alors, au moment où on se parle, le texte est déjà
sur Internet.
M. le leader de
l'opposition.
M.
Bérubé : M. le Président, nous accueillons votre décision qui est des plus importantes. Vous
confirmez que les corps policiers
doivent informer de manière systématique la présidence lorsqu'il est question
de l'arrestation d'un député, surtout si cette arrestation l'empêche de
participer aux travaux parlementaires.
Sans
vouloir fixer les délais entre l'arrestation et le dépôt d'accusation, vous
estimez que, pour des parlementaires qui font face à l'électorat à tous
les quatre ans, un long délai avant que des accusations ne soient portées peut
être inéquitable et profondément injuste,
voire préjudiciable. Les policiers ne doivent laisser aucun doute à savoir si
l'arrestation pourrait avoir un lien avec les fonctions parlementaires
d'un député.
Vous
rappelez également que les forces policières ne peuvent intervenir
dans l'enceinte de l'Assemblée sans avoir obtenu préalablement votre autorisation. Mais vous allez plus loin en
établissant un processus clair lorsqu'il y a perquisition de documents,
notamment électroniques, visés par le privilège parlementaire.
Sur
les méthodes visant à leurrer ou appâter un député pour le sortir de l'enceinte
parlementaire, vous dénotez que de telles méthodes sont un manque
flagrant de considération à l'endroit de l'Assemblée et de ses membres.
Vous
notez ensuite que, si les conversations d'un député sont en lien directement
avec les travaux de l'Assemblée, il y a très peu de doutes que leur
interception constituerait un outrage.
Pour
les autres communications, vous estimez, le niveau de protection doit être au
moins aussi élevé que celui des journalistes, et nous en prenons acte.
Dorénavant,
il sera possible pour les forces de l'ordre et pour les procureurs de savoir
comment opérer lors de l'arrestation
d'un député. Les élus de l'Assemblée
nationale ne sont pas au-dessus des
lois. Il est cependant important qu'il existe une marche à suivre
lors de leurs arrestations.
Votre décision trace
désormais la voie pour empêcher qu'un corps de police agisse de manière
cavalière, ce sont vos mots, comme cela a été le cas le 25 octobre dernier.
Merci, M. le
Président.
Le Président :
M. le leader du deuxième groupe d'opposition.
M.
Bonnardel : Oui, M. le Président, un court mot. Nous prenons
acte de votre décision aujourd'hui. Vous savez, vous l'avez mentionné
maintes et maintes fois, aucun député ici, à l'Assemblée nationale, n'est
au-dessus des lois.
Maintenant,
je retiens un paragraphe, le dernier paragraphe de la page 25 de votre
discours. Vous dites : «...cette façon
de faire — en
parlant de l'UPAC — peut
être suffisante pour semer un doute sur le respect de l'équilibre fragile
qui doit exister dans la relation entre les
différentes branches de l'État.» Vous dites : «Si on estimait qu'il était
à ce point urgent d'arrêter un
président de commission parlementaire au beau milieu d'une séance de sa
commission, pourquoi avoir procédé de cette manière?» Vous dites :
«Pourquoi a-t-on attiré le député à l'extérieur de l'enceinte parlementaire en
utilisant un subterfuge. Pourquoi, si c'était si urgent, ne pas avoir procédé à
l'arrestation et à la saisie à l'Assemblée nationale? Est-ce pour éviter la
procédure "plus lourde" qui vise à obtenir la permission du président
de l'Assemblée nationale? Est-ce pour éviter
de soumettre un mandat de perquisition au président pour analyser s'il était
respectueux des règles applicables en la matière?» Et vous dites :
«Force est de constater que des doutes subsistent.»
J'ose
croire, M. le Président, que, suite à la lettre que vous avez envoyée à
l'UPAC, la missive que vous leur avez envoyée,
ils sauront répondre rapidement aux questions que vous avez suite à
l'arrestation du député de Chomedey. Merci.
Le Président :
M. le député de Mercier.
M. Khadir :
Merci, M. le Président. Deux questions et une précision. Vous avez mentionné, à
la fin de votre présentation, que la manière
dont le député de Chomedey avait été arrêté pouvait représenter un mépris de
l'autorité du Parlement. Vous avez même évoqué qu'il y a matière à se
questionner sur la possibilité d'un outrage au Parlement.
Est-ce qu'en définitive, à la fin de votre
réflexion, vous considérez qu'il y a bel et bien matière à outrage? Deuxième
question : Vous avez écrit votre lettre
déjà il y a plus d'une semaine à la direction de l'UPAC, avez-vous obtenu,
outre un accusé de réception, une réponse sur le fond de vos
interrogations?
Précision
maintenant. Compte tenu que vous venez de dresser les principes qui doivent
guider la protection du travail des parlementaires et que nombre d'entre
nous sommes emmenés à parfois aborder des questions relativement litigieuses, notamment tout ce qui touche les
travaux qui doivent venir appuyer le travail des enquêtes que mène actuellement
l'UPAC, je vous avise et je tiens à informer
l'ensemble des parlementaires que je vais venir à votre bureau, en tant que
président de l'Assemblée nationale et en
tant que protecteur de nos privilèges, vous déposer un document indiquant le
genre de travail d'enquête que je fais et les deux sources précises que je
tiens absolument à protéger grâce à votre protection. Merci.
Le Président :
D'abord, M. le député de Mercier, en fait, les questions que le leader de
l'opposition officielle me posait étaient des questions demandant un
ordre de directive. Je n'ai pas reçu de question concernant le privilège parlementaire ou la protection du privilège
parlementaire. Mais par contre les directives nous amènent à éclaircir tout ce
qui s'appelle la question du privilège que les parlementaires peuvent avoir,
qui sont des privilèges constitutionnels.
Quant
à la lettre que j'ai envoyée à l'UPAC, effectivement l'UPAC nous a répondu.
Nous sommes dans un processus de commencement de correspondance, et je
souhaite évidemment que cela se clarifie, avance. Je souhaite évidemment que l'UPAC prenne acte de l'orientation
que l'Assemblée prend sur ces questions-là et je m'attends à ce que
l'UPAC éventuellement nous amène une façon de procéder qui soit juste et
raisonnable et qui tienne compte de la protection
des privilèges parlementaires. Je m'attends à ça, on va voir. Mais évidemment
vous comprendrez que je ne commencerai pas et ne commenterai pas de
discussion précise avec l'UPAC.
M. le leader du
gouvernement.
M.
Fournier : M. le Président, quelques mots, d'abord pour rappeler que,
dans notre code d'éthique, nous nous engageons à maintenir notre
confiance dans nos institutions. Et, dans ce cas-ci, évidemment, nos
institutions, c'est la présidence de l'Assemblée, les corps policiers, la
fonction de député. Et, dans l'objet de la discussion que nous avons présentement, je crois que, considérant les chocs
qu'il peut exister entre chacune de ces institutions, nous devons agir et
parler avec prudence. Je sais que vous nous
le conseilleriez. Je sais aussi que vous nous le rappelleriez avec
l'article 35 de notre règlement,
qui nous rappelle que le député qui a la parole ne peut parler d'une affaire
qui est devant les tribunaux ou un
organisme quasi judiciaire ou qui fait l'objet d'une enquête si les paroles
prononcées peuvent porter préjudice à qui que ce soit, et, dans ce cas-ci, M. le Président, à chacune des
institutions que j'ai nommées : la présidence, le corps policier,
le député.
Mes commentaires sont
donc, M. le Président, que nous ne devrions pas en faire. Merci, M. le
Président.
Le
Président : Eh bien, je comprends que vous n'en avez pas fait.
Et c'est pourquoi... Et c'est d'ailleurs la raison pour laquelle, tout
au long des directives que j'ai précisées, je parlais de l'équilibre très
fragile, mais de l'équilibre extrêmement
important que l'on doit trouver dans toutes les branches de l'État, et c'est...
sur laquelle est fondée ma décision. Ça va?
Alors, nous
poursuivons les affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a
pas de déclarations ministérielles.
Présentation de projets de loi
À la rubrique
Présentation de projets de loi, M. le leader du gouvernement.
• (11 heures) •
M. Fournier :
M. le Président, je vous demanderais d'appeler l'article b, s'il vous plaît.
Projet de loi n° 157
Le
Président : Alors, à l'article b du feuilleton, Mme la ministre
déléguée à la Réadaptation, et à la Protection de la jeunesse, à la Santé publique et aux Saines
habitudes de vie présente le projet de loi n° 157, Loi constituant la
Société québécoise du cannabis,
édictant la Loi encadrant le cannabis et modifiant diverses dispositions en
matière de sécurité routière. Mme la ministre déléguée à la
Réadaptation.
Mme Lucie Charlebois
Mme
Charlebois : Alors, M. le Président, c'est aujourd'hui la
journée où nous déposons le projet de loi n° 157, Loi constituant la Société québécoise du cannabis,
édictant la loi encadrant le cannabis et modifiant certaines dispositions
en matière de sécurité routière.
Suite à de longues consultations, M. le Président,
mais fructueuses, nous déposons ce projet de loi qui constitue la Société québécoise du cannabis, ce qu'on
appellera la SQC, une compagnie à fonds social, filiale de la Société des
alcools du Québec, dont l'objet est
d'assurer la vente du cannabis dans une perspective de protection de la santé
afin d'intégrer les consommateurs au marché licite du cannabis et de les
y maintenir sans favoriser la consommation de cannabis. Le projet de loi prévoit, entre autres, les règles applicables à la SQC
en matière de gouvernance et de ressources humaines, notamment en
mettant en place un processus d'habilitation sécuritaire pour ses
administrateurs et ses employés. D'autres
dispositions du projet de loi concernant son financement. Le projet de loi
constitue aussi, au ministère des Finances,
le Fonds des revenus provenant de la vente du cannabis.
Le
projet de loi édicte de plus la Loi encadrant le cannabis. Cette loi prévoit
différentes mesures concernant la possession et la culture de cannabis à
des fins personnelles, notamment l'interdiction pour un mineur de posséder du cannabis ainsi que l'interdiction, pour tous, de
cultiver du cannabis à des fins personnelles dans une maison d'habitation.
Essentiellement, la loi restreint la
possibilité de fumer du cannabis dans les mêmes lieux que ceux où l'usage du
tabac est interdit. De plus, elle interdit à
quiconque de produire du cannabis à des fins commerciales au Québec, sauf s'il
s'agit d'un producteur de cannabis qui
possède les qualités et satisfait aux conditions déterminées par le
gouvernement. De même, elle permet à
ce dernier d'établir des normes relatives à la composition et aux
caractéristiques du cannabis.
La Loi
encadrant le cannabis établit aussi que seule la SQC peut acheter du cannabis à
un producteur de cannabis, en assurer le transport et l'entreposage et
le vendre, sous réserve de certaines exceptions. Elle prévoit les conditions applicables à la vente au
détail du cannabis par la Société québécoise du cannabis, notamment en exigeant
que ses préposés soient titulaires d'une attestation confirmant la
réussite d'une formation relative à la vente du cannabis, en interdisant l'accès aux mineurs aux points de vente de
cannabis, en limitant les produits pouvant être vendus par la SQC et en
exigeant que le cannabis ne puisse être vu que de l'intérieur des points
de vente.
La
Loi encadrant le cannabis prévoit par ailleurs les règles applicables en matière de publicité, de promotion
et d'emballage du cannabis. Elle donne au gouvernement le pouvoir
d'autoriser la mise en oeuvre de projets pilotes qui, lorsqu'ils concernent la vente au détail de cannabis, ne pourront porter
que sur un nombre restreint de points de vente d'ici à ce que le ministre de la Santé et des Services
sociaux dépose à l'Assemblée nationale son premier rapport sur la mise en
oeuvre de la loi, dans lequel il fait l'évaluation du modèle de vente. Elle donne aussi au gouvernement le pouvoir de
conclure des ententes avec les communautés autochtones pour adapter à
leurs réalités particulières toute matière visée par cette loi. La loi permet le financement, par des sommes dédiées,
d'activités, de programmes et de soins liés au cannabis en constituant,
au ministère de la Santé et des Services sociaux, le Fonds de prévention et de
recherche en matière de cannabis. Elle institue également un comité de
vigilance chargé de conseiller le ministre de la Santé et des Services sociaux
sur toute question relative au cannabis et, plus particulièrement, d'évaluer
l'application des mesures prévues par la loi
de même que les activités de la Société québécoise du cannabis. Elle prévoit enfin certaines
dispositions concernant la
surveillance des mesures qu'elle instaure, notamment des pouvoirs d'inspection,
et comporte des dispositions pénales.
Finalement, le projet de loi modifie le Code de la sécurité routière et d'autres lois en matière de transport afin de
les adapter aux nouvelles dispositions fédérales annoncées qui proposent
notamment une révision importante de la section du Code criminel portant sur les infractions en matière de
transport en lien avec la consommation d'alcool et de drogue. Dans ce contexte, le projet de loi introduit un
nouveau principe de tolérance zéro en matière de drogue en interdisant à toute personne de conduire un véhicule routier ou
d'en avoir la garde ou le contrôle s'il y a quelque présence détectable de cannabis ou d'une autre drogue dans sa salive. Il
propose de plus de nouveaux mécanismes de contrôle et de sanction. Ainsi, il permet entre autres à un agent de la
paix qui a des raisons de soupçonner la présence de cannabis ou d'une drogue
dans l'organisme d'une personne d'ordonner à
celle-ci de lui fournir immédiatement les échantillons de salive qu'il estime
nécessaires à la réalisation d'une analyse
convenable avec le matériel de détection approuvé. Il prévoit enfin qu'un tel
agent suspend sur-le-champ, pour une période
de 90 jours, le permis d'une personne qui conduit un véhicule routier ou qui
en a la garde ou le contrôle, notamment si le test salivaire effectué révèle quelque
présence de cannabis ou d'une autre drogue dans son organisme. Merci, M.
le Président.
Le Président :
Est-ce que l'Assemblée accepte d'être saisie de ce projet de loi? M. le leader
de l'opposition.
M.
Bérubé : M. le Président, nous souhaitons la tenue de consultations
générales sur ce projet de loi. On aimerait avoir cette confirmation.
Le Président :
M. le leader du gouvernement.
M.
Fournier : ...pour quelques raisons. La première, c'est qu'il y a eu
déjà beaucoup de consultations. D'ailleurs, votre collègue de Labelle y a participé avec intensité, on le remercie
beaucoup. Les collègues de l'opposition ont été invités à participer à
toutes ces consultations. D'ailleurs, j'en profite pour saluer notre collègue
la ministre responsable, qui a vraiment fait un travail avec beaucoup de
diligence et aussi avec beaucoup de sens des responsabilités, ce sens des responsabilités qui nous appelle à faire les
choses correctement, mais de nous amener à une date d'échéance qui doit être
rencontrée. Nous espérons que cette date
d'échéance puisse être reportée, nous l'avons déjà dit, parce qu'il y a des
questions en suspens, mais ce n'est
pas le sens des responsabilités de tout faire pour éviter de se rendre à cette
échéance. Donc, des consultations
particulières, nous le souhaitons. Nous allons, d'ailleurs, dès aujourd'hui
transmettre des noms de groupes. Nous
espérons les commencer le 28 novembre, mais nous espérons surtout avoir le même
sens des responsabilités chez nos collègues des oppositions.
Le Président :
M. le leader de l'opposition.
M.
Bérubé : M. le Président, l'initiative parlementaire revient
au gouvernement. Si leur souhait, c'était de l'adopter plus rapidement,
ils auraient pu faire autrement. Les consultations doivent se tenir à
l'Assemblée nationale du Québec, et je
comprends que, pour un sujet aussi important, on refuse des consultations
générales, c'est bien mal parti.
Mise aux voix
Le Président :
Et ma question est encore de savoir s'il est adopté. Alors, adopté.
Dépôt
de documents
Alors,
nous en sommes donc rendus... nous sommes rendus à la rubrique Dépôt de
documents. M. le ministre de l'Emploi.
Plan
stratégique 2018-2021 du Conseil de gestion de l'assurance parentale
M.
Blais : Alors, M. le Président, je dépose aujourd'hui le Plan
stratégique 2018‑2021 du Conseil de gestion de l'assurance parentale.
Le Président : Alors,
document déposé. M. le ministre de la Santé.
Rapport sur l'application de
la procédure d'examen
des plaintes du CHU de Québec-Université Laval
M. Barrette : M. le Président,
permettez-moi de déposer le Rapport annuel 2016‑2017 sur l'application de la procédure d'examen des plaintes et de
l'amélioration de la qualité des services du Centre hospitalier universitaire
de Québec-Université Laval.
Le Président : Ce document
est déposé. M. le ministre des Forêts.
Rapport annuel du Programme
d'aide aux Inuits pour
leurs activités de chasse, de pêche et de piégeage
M.
Blanchette : ...annuel 2016 du Programme d'aide aux Inuits pour leurs
activités de chasse, de pêche et de piégeage.
Le Président : Ce document
est déposé. Mme la ministre responsable de l'Accès à l'information.
Rapport annuel de la
Commission d'accès à l'information
Mme Weil :
Oui. M. le Président, permettez-moi de déposer le rapport annuel de
gestion 2016‑2017 de la Commission d'accès à l'information.
Le Président : Alors, ce
document est déposé. M. le leader du gouvernement.
Réponse à une pétition
M.
Fournier : ...la réponse du gouvernement à la pétition présentée par
le député de Mercier le 4 octobre 2017, M. le Président.
Lettre du premier ministre
demandant que l'Assemblée
se réunisse en séances extraordinaires
Le
Président : Alors, pour ma part, je dépose la lettre que m'a
adressée M. le premier ministre me demandant de prendre les dispositions nécessaires pour que l'Assemblée se réunisse en
séances extraordinaires à compter de 19 heures, ce jeudi 16 novembre 2017, selon le
calendrier et l'horaire qui seront déterminés par l'Assemblée, afin de
permettre la présentation d'un projet
de loi assurant la continuité de la prestation des services d'ingénierie au
sein du gouvernement et permettant la
poursuite de la négociation ainsi que le renouvellement de la convention
collective des salariés assurant la prestation de ces services afin de
procéder à toutes les étapes de son étude. Oui, M. le leader.
M.
Fournier : Je crois qu'il y a un dépôt de documents qui n'a pas pu
être fait, mais qui est prêt à être fait, celui de ma collègue de
l'Enseignement supérieur.
Le Président : O.K. Nous
allons le faire immédiatement. Mme la ministre de l'Enseignement supérieur.
États financiers de certaines
fondations universitaires
Mme
David : Alors, M. le Président, je dépose aujourd'hui les états
financiers des fondations universitaires de l'Institution royale pour l'avancement des sciences de l'Université
McGill, de l'École des hautes études commerciales de Montréal et de
l'Université de Montréal pour l'exercice terminé le 31 mai 2017.
• (11 h 10) •
Le
Président : Alors, ce document est déposé. Je m'excuse d'être
passé par-dessus... Vous ne m'en voudrez pas trop longtemps? Vous êtes
gentille. Alors, voilà pour le dépôt que j'avais à faire.
Il n'y a pas de dépôt de rapports de
commissions.
Dépôt de pétitions
À la rubrique Dépôt de pétitions, j'ai reçu une
demande de M. le député de Beauharnois pour la présentation d'une pétition qui
est non conforme. Est-ce que j'ai un consentement? Consentement. M. le député
de Beauharnois.
Augmenter
les seuils de remboursement des
bandelettes pour lecteurs de glycémie
M.
Leclair : Merci, M. le
Président. Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale
signée par 1 107 pétitionnaires. Désignation : citoyens
et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués sont les suivants :
«Attendu que
le gouvernement du Québec impose maintenant un maximum de bandelettes selon les
conditions du diabétique, à savoir 3 000 par année pour les diabétiques
traités à l'insuline, 400 par année pour ceux traités par hypoglycémiant oral
sans insuline et 200 par année pour ceux sans ordonnance d'hypoglycémiant oral
ni insuline;
«Attendu que nous croyons que la prise en charge
personnelle des diabétiques passe par le contrôle de leur glycémie et, par ce fait même, ils ont besoin
d'outils pour le faire, c'est-à-dire des lecteurs de glycémie[, des] bandelettes nécessaires selon leurs
besoins;
«Et l'intervention réclamée se résume
ainsi :
«Nous, soussignés, demandons au gouvernement du Québec
que :
«Les
diabétiques du type 1 et ceux traités avec pompe à insuline aient la
possibilité d'obtenir 3 650 bandelettes par an afin de faire les ajustements dans le but de bien contrôler leur
taux de sucre dans [leur] sang que leur pancréas ne prend plus en
charge;
«Les
diabétiques traités par hypoglycémiant oral sans insuline puissent avoir 750
bandelettes pour la première année et
au besoin selon leur médecin, afin d'obtenir un meilleur contrôle de leur
glycémie au plus tôt et qu'ils puissent mesurer l'impact de leur
alimentation et de l'activité physique pratiquée.»
Je certifie que cet extrait est conforme à
l'original de la pétition.
Le
Président : Alors,
l'extrait de cette pétition est déposé. M. le député de Beauharnois a une autre pétition qui n'est pas conforme et qui demande le
consentement. Consentement, M. le député de Beauharnois.
M.
Leclair : Merci, M. le Président. Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par 418 pétitionnaires.
Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués sont les suivants :
«Attendu que la prise en charge personnelle des
diabétiques passe par le contrôle de leur glycémie et que ce contrôle nécessite
l'achat de bandelettes pour le fonctionnement de leur lecteur de glycémie;
«Attendu que
le gouvernement du Québec impose désormais un nombre maximum de bandelettes
pour lecteurs de glycémie pouvant être remboursées par la Régie de
l'assurance maladie du Québec, soit 3 000 par année pour les diabétiques traités à l'insuline, 400 par année
pour ceux traités par hypoglycémiant
oral sans insuline et 200 par année pour ceux sans ordonnance
d'hypoglycémiant oral ni insuline;
«Attendu que
ces nouvelles limites représentent un nombre insuffisant pour permettre aux
personnes diabétiques d'exercer un contrôle optimal de leur glycémie;
«L'intervention réclamée se résume ainsi :
«Nous, soussignés, demandons au gouvernement du
Québec de revoir les seuils afin que
«Les
diabétiques de type 1 ainsi que ceux traités avec pompe à insuline aient la
possibilité de se faire rembourser l'achat de 3 650 bandelettes par
années;
«Les
diabétiques traités à l'hypoglycémiant oral sans insuline puissent se voir
rembourser 750 bandelettes au moins au cours de l'année suivant
leur diagnostic et par la suite selon la recommandation de leur médecin.»
Je certifie que cet extrait est conforme à
l'original de la pétition.
Le Président : L'extrait de
cette pétition est déposé.
Il n'y a
pas de réponses orales aux pétitions ni d'intervention portant sur une question
de droit ou de privilège.
Je vous avise
qu'après la période de questions et réponses orales Mme la ministre de la Justice répondra à une question posée le 9
novembre 2017 par M. le député de Borduas concernant une demande d'accès à la
liste des notes d'allocutions publiques de la ministre préparée par le ministère
de la Justice depuis le 23 avril 2014.
Immédiatement après sera tenu le vote reporté sur la motion de M. le député de Borduas débattue hier aux affaires inscrites par
les députés de l'opposition.
Questions et réponses orales
Nous en sommes donc rendus maintenant à la
période de questions et de réponses orales, et je cède la parole à M. le chef
de l'opposition officielle.
Légalisation du cannabis
M. Jean-François Lisée
M.
Lisée : M. le Président, dans le dossier du cannabis, c'est le gouvernement fédéral qui nous
a plongés dans un calendrier et dans
un débat que les Québécois n'avaient
pas souhaités. Nous avons proposé au début qu'il y ait une consultation transpartisane d'une commission
parlementaire qui aille entendre les suggestions. Le gouvernement libéral
a refusé, a décidé
d'organiser ses propres consultations à l'extérieur du forum parlementaire. Ils
ont choisi de déposer un projet de loi passé le délai qui aurait permis
de l'adopter cette session-ci. C'est son choix. En Ontario, ils ont déjà adopté. Au Nouveau-Brunswick, c'est déjà fait.
Mais, ici, le gouvernement a choisi de prendre son temps et de passer
son délai. Maintenant qu'il a une
proposition à faire, cette proposition doit être mise à la discussion pour que
les experts, les personnes, les
policiers et les autres qui avaient fait des suggestions dans la première
consultation puissent dire : Bien, voilà, ce que vous avez retenu,
c'est une bonne idée. C'est une mauvaise idée, ça doit être modifié. Mais on
apprend aujourd'hui que le gouvernement décide de restreindre la consultation
sur la solution qu'il propose.
Ne
trouve-t-il pas qu'il va encore plus bousculer les Québécois dans un débat qui
mérite qu'on s'y attarde correctement?
Le Président :
Mme la ministre déléguée à la Réadaptation.
Mme
Lucie Charlebois
Mme
Charlebois : M. le Président, je suis très heureuse de
retrouver mon critique de l'opposition officielle. Je l'ai eu pendant quelques années et je le retrouve
aujourd'hui. Je souhaite lui dire que c'est un enjeu — je l'ai dit hier en débat — suffisamment
important pour qu'on ne fasse pas de partisanerie là-dessus.
Ceci
étant dit, M. le Président, je viens de déposer le projet de loi, et vous avez
vu la complexité et l'ampleur de ce dossier-là.
Vous avez certainement eu connaissance qu'au mois de juin dernier, suite à un
travail d'un groupe parlementaire de
12 ministères, deux secrétariats, nous avons fait un forum d'experts qui
s'est tenu les 19 et 20 juin, où il y a eu, M. le Président, des experts internationaux, des experts
du Québec, des intervenants dans le monde de la santé. On a eu de tous les acabits, 200 personnes étaient présentes, dont
le député de Labelle, de votre formation politique, et dont le député de
Borduas, de la deuxième opposition. Et, M.
le Président, ça a été fort enrichissant, on a pu apprendre de certains États
où ça a été déjà légalisé comment ça se déroulait.
De
plus, je dois vous dire qu'il y a eu d'autres consultations qui se sont tenues,
toujours suite au travail de notre comité interministériel, et j'aurai
la chance, certainement, d'expliquer davantage.
Le Président :
En terminant.
Mme
Charlebois :
Mais il y a eu huit rencontres dans le Québec...
Le Président :
Première complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M.
Jean-François Lisée
M.
Lisée : Qu'il y ait eu des consultations extraparlementaires et
que le gouvernement ait choisi de baliser plutôt que de faire confiance aux
parlementaires, c'est son choix. Maintenant, le gouvernement propose une
solution en plusieurs étapes, et il y a énormément de matières dans lesquelles
des propositions sont avancées. C'est de ça qu'il faut discuter, est-ce que le
gouvernement a raison ou a tort, et il faut une consultation générale
pour que la société sente qu'elle a eu vraiment son mot à dire.
Pourquoi voulez-vous
confisquer...
Le Président :
Mme la ministre déléguée à la Réadaptation.
Mme
Lucie Charlebois
Mme
Charlebois : Alors, M. le Président, étant donné que mon
ancien critique est devenu chef, il a mandaté le député de Labelle, qui a assisté à la presque totalité des consultations
publiques, où on a fait huit régions au Québec. Et savez-vous quoi, M.
le Président? On a entendu la population. Il y a eu des groupes qui
représentent la population, de toutes sortes
de groupes, et il y a eu la population elle-même qui venait nous faire part de
leurs préoccupations le soir, on a eu suffisamment de temps pour
questionner.
Mais,
ceci étant, M. le Président, on ne s'est pas arrêtés là, on a mis un site de
consultation en ligne où — vous savez quoi? — plus de 12 600 personnes ont répondu au
questionnaire, et elles ont rempli plus de 80 % de ce questionnaire-là.
Ce n'est pas banal, là, il y a des gens qui se sont positionnés...
Le Président :
En terminant.
Mme
Charlebois :
...qui nous ont donné leur opinion.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M.
Jean-François Lisée
M. Lisée : Je ne sais pas si
la ministre était présente lorsque... Le président vient de parler de
l'importance de l'institution parlementaire, et là l'institution parlementaire
va être saisie d'un projet de loi compliqué qui propose des solutions choisies par le gouvernement à un
certain nombre de ces éléments-là. Bien là ce n'est plus de la consultation sur ce serait une bonne idée ou non, c'est une consultation
sur les solutions avancées par le gouvernement. Si vous voulez un
consensus social sur une question difficile, il ne faut pas limiter la
consultation...
Le Président :
Mme la ministre déléguée à la Réadaptation.
Mme
Lucie Charlebois
Mme
Charlebois : Alors, je pense, M. le Président, que vous
venez de rendre une décision qui dit qu'un parlementaire est toujours
parlementaire, peu importe où il se situe dans le Québec. Ceci étant dit,
j'invite le chef de l'opposition officielle
à un peu de modération parce qu'on n'a pas dit qu'on ne voulait pas de
consultation. Le processus parlementaire,
c'est qu'on dépose un projet de loi, c'est... Oui, il y aura des consultations
particulières. Parce qu'on en a fait partout dans le Québec, là où votre
messager... en tout cas, votre porte-parole était présent.
• (11 h 20) •
Des voix :
...
Mme
Charlebois : Votre porte-parole était présent. Je m'excuse
de l'utilisation du mot, M. le député de Labelle, je me suis enfargée
dans ma bouche. Ceci étant dit...
Des voix :
...
Mme
Charlebois :
Non, non, je ne manque pas de respect envers le député de Labelle, M. le
Président.
Le Président :
Non, non, non.
Mme
Charlebois :
Mais il y aura des consultations particulières, on ne manquera pas à notre
devoir.
Le
Président : Troisième complémentaire, M. le chef de
l'opposition. Et on le sait bien, que c'était un lapsus, madame, il n'y
a pas de problème. Alors, M. le chef de l'opposition.
M.
Jean-François Lisée
M.
Lisée : Consultations particulières, c'est ça, c'est une
camisole de force. Justin Trudeau a mis l'Assemblée nationale dans une camisole de force puis la
société québécoise en disant : «That's it, that's all», 1er juillet,
il faut que ça arrive. Puis là le
gouvernement libéral dit : Bien, nous, on en a une, solution, et on met
une camisole de force, il y aura des consultations
particulières, on va limiter ça parce que nous, on l'a, l'affaire. Puis
consulter les gens sur la solution libérale, ce n'est pas une bonne
idée.
Alors, revenez sur
cette décision, ouvrez des consultations générales.
Le Président :
Bon.
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît! S'il vous plaît! S'il vous plaît! Mme la ministre déléguée à
la Réadaptation.
Mme
Lucie Charlebois
Mme
Charlebois : M. le Président, je vous invite à un peu de
réserve là-dedans. On l'a dit hier, les trois partis politiques, que nous aurions souhaité avoir plus
de temps. Moi, je l'avais déjà dit à Mme Philpott, je l'ai dit à la nouvelle
ministre, les ministres des Finances se sont prononcés là-dessus, on est tous
conscients qu'on a un échéancier serré.
Ceci étant, moi, je
pense à mes huit petits-enfants, M. le Président, et je pense aux enfants de
l'ensemble des parlementaires et leurs
petits-enfants. Moi, là, je peux vous dire que la drogue, ça existe déjà dans
nos chemins, hein? Puis je ne pense pas que, pour reprendre les propos
du député de Saint-Jean, les vendeurs, actuellement, se soucient beaucoup de l'état de santé de leurs clients, non
plus de leur donner de la bonne information. Avec la légalisation, avec
les consultations que nous ferons...
Le Président :
En terminant.
Mme
Charlebois : ...avec l'étude article par article, avec les
parlementaires, nous pourrons le bonifier pour le bénéfice de la...
Le Président :
Principale, M. le député de Rousseau.
Des voix :
...
Le Président : Chut, chut,
chut!
Encadrement législatif du cannabis
M.
Nicolas Marceau
M.
Marceau : M. le Président, l'objectif de la légalisation du cannabis,
c'est de sortir les consommateurs, les jeunes, nos enfants en particulier, des griffes du crime organisé. La Société
québécoise du cannabis aura précisément ce mandat à l'article 3. Mais on sait que ça n'arrivera
pas si le prix du cannabis, le prix du produit est trop élevé. Or, on fait les
choses à l'envers. Il y aura une taxe
d'accise fédérale de 10 % et des taxes de vente de 15 %, un total,
donc, de 25 % de taxes, et ça
risque de faire monter le prix à un niveau qui sera trop élevé et pourrait nous
faire rater l'objectif de sortir le crime organisé de ce marché.
Alors,
le ministre des Finances peut-il nous assurer qu'il sera possible de sortir le
crime organisé du cannabis avec des taxes de 25 %?
Le Président :
M. le ministre des Finances.
M.
Carlos J. Leitão
M.
Leitão : Merci, M. le Président. Encore une fois, le collègue de
Rousseau saute aux conclusions. Comme je l'ai dit hier en point de presse, le processus de conversation, de
négociation avec le gouvernement fédéral quant à l'établissement du niveau de taxation n'a même pas encore
commencé, on va l'entamer bientôt. Donc, c'est bien trop tôt d'arriver à une
telle conclusion. Et nous sommes, bien sûr,
M. le Président, bien sûr, nous sommes très clairs sur la nécessité de garder
le prix du produit qui va être légal compétitif, si on peut ainsi le
dire, avec le prix du marché parallèle. Bien sûr, nous connaissons les limitations, M. le Président. C'est, il me semble,
extrêmement téméraire de la part du député de Rousseau de sauter déjà à
la conclusion que ça va être 25 % de taxes, les négociations commencent
maintenant.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Rousseau.
M.
Nicolas Marceau
M. Marceau :
M. le Président, le dealer du coin ne chargera pas la taxe d'accise fédérale,
hein, il va vendre son produit au
prix du marché actuel. Alors, pour nous rassurer, là, le ministre des Finances
peut-il nous déposer son scénario économique,
nous dire quel va être le prix de revient du produit, nous dire quels seront
les résultats de la Société québécoise du
cannabis? Est-ce qu'il peut nous rassurer puis nous confirmer que le crime
organisé va être sorti du marché du
cannabis avec cette société?
Le Président :
M. le ministre des Finances.
M.
Carlos J. Leitão
M. Leitão :
Bien sûr, M. le Président, bien sûr que notre intention de nous tous au Canada,
de toutes les provinces, c'est
d'éliminer, d'enrayer le crime organisé. Bien sûr, c'est ça, l'objectif. Est-ce
que je peux, ici et maintenant, donner l'assurance
formelle qu'on va réussir à le faire à l'intérieur de trois jours, trois
heures? Bien sûr qu'on ne peut pas le faire, M. le Président. Il faut être réaliste, il faut être réaliste, il faut
être responsable. La Société québécoise du cannabis n'a même pas encore
été créée, on attend le projet de loi qui permettra la création d'une telle
société. Alors, comment est-ce qu'on peut donner des garanties ici et
maintenant? Il me semble que ce n'est pas raisonnable de l'opposition, M. le
Président.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Rousseau.
M.
Nicolas Marceau
M. Marceau :
Le ministre des Finances nous confirme qu'il n'a aucun scénario économique à
présenter à l'Assemblée nationale. M.
le Président, ça n'a aucun bon sens, il dépose un projet de loi qui crée la
Société québécoise du cannabis, il
n'a aucune idée d'où il s'en va, il n'est pas capable de nous dire quel va être
le prix de revient. M. le Président, je
peux vous dire une chose, en tout cas, ce matin, là, les Hell's Angels ne
sont pas très inquiets devant un gouvernement aussi impréparé, pas
capable de nous donner des chiffres sur des choses élémentaires.
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît! M. le ministre des Finances. Ça fait que...
M.
Carlos J. Leitão
M. Leitão :
Est-ce qu'il y a des chiffres et des analyses? Il y aurait beaucoup de choses
que je pourrais dire, mais mieux vaut ne pas y aller, M. le Président,
on va rester parlementaires.
Oui, nous avons fait des analyses,
oui, nous avons fait des simulations, oui, nous faisons des études. Mais ce
n'est pas le moment, ce n'est pas ici et maintenant qu'on va rendre
public. Non, la société n'a même pas encore été créée, M. le Président. Est-ce qu'on peut se donner un certain temps? La
négociation avec le gouvernement fédéral n'a même pas encore commencé quant au niveau de taxation, M. le Président.
Bien sûr, nous sommes prêts, nous sommes préparés. Mon collègue devrait
connaître le professionnalisme au ministère des Finances. Bien sûr, nous sommes
prêts...
Le Président :
En terminant.
M. Leitão :
...et nous allons livrer la marchandise, M. le Président.
Le Président :
Principale, M. le député...
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît! Chut! Chut! Chut! Principale, M. le député de La Peltrie.
Grève
des ingénieurs de l'État
M.
Éric Caire
M.
Caire : Merci, M. le Président. Depuis février 2017, 36 ingénieurs ont quitté le
service du gouvernement du Québec,
25 au seul ministère des Transports. M. le
Président, qu'est-ce qui pousse autant d'ingénieurs à
quitter? Qu'est-ce qui pousse un
ingénieur de 57 ans à quitter pour le privé? 49 ans chez WSP; 44 ans, ville de
Montréal; 45 ans, Hydro-Québec. Bien,
quand on analyse les six employeurs publics les plus importants au Québec, le
gouvernement du Québec arrive bon dernier : 10 000 $ de
moins que son plus proche concurrent, 30 000 $ de moins
qu'Hydro-Québec.
Le
résultat, M. le Président, c'est la Vérificatrice générale qui nous le dit, les
ministères demeurent vulnérables sur le plan de l'expertise depuis 10 ans. Ce
gouvernement a été incapable de rebâtir l'expertise en matière d'ingénierie.
Quand
ce gouvernement va-t-il enfin cesser sa politique de négociation mur à mur pour
avoir des négociations sectorielles avec les ingénieurs, dont nous avons
cruellement besoin?
Le Président :
M. le président du Conseil du trésor.
M.
Pierre Arcand
M.
Arcand :
M. le Président, d'abord, j'aimerais rappeler que nous avons évité ce matin une
congestion routière importante qui aurait pu avoir lieu en raison du
débrayage des ingénieurs. Pour nous, évidemment, il était tout à fait
inconcevable que des milliers d'automobilistes, évidemment, paient la note pour
les moyens de pression.
Maintenant,
hier, le syndicat a fait une sortie pour dire, encore une fois, qu'ils allaient
arrêter leurs moyens de pression
d'ici au printemps en se réservant, bien sûr, le droit de faire les moyens de
pression. Et, M. le Président, il est clair
que le gouvernement ne peut pas accepter ce genre de chantage, et il est clair
aussi que le gouvernement veut essayer de trouver les voies de passage
qui vont nous permettre de négocier de la meilleure façon possible.
Nous
avons fait des accommodements, M. le Président, aux ingénieurs. Nous avons
donné des primes spéciales pour,
justement, encourager les ingénieurs à avoir encore de meilleures formations.
Et nous voulons toujours trouver dans ce dossier-là une entente négociée
la meilleure possible, et nous les avons invités ce matin...
Le Président :
En terminant.
M.
Arcand :
...nous allons les rencontrer de nouveau ce midi, M. le Président.
• (11 h 30) •
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de La Peltrie.
M. Éric Caire
M.
Caire : Et surtout vous les avez avisés en pleine
négociation qu'il y aurait une loi spéciale. Quel beau contexte, M. le
Président!
Juste
rappeler à ce gouvernement que, dans une note du ministère des Transports du 16
juin 2014, on propose des pistes de
réflexion pour le renforcement de l'expertise. Je vais juste vous lire la
proposition qui a été faite de «bonifier les échelles de traitement
de certains emplois spécialisés — on parle des ingénieurs. Les prochaines
négociations collectives de la fonction
publique pourraient être une occasion pour discuter de certaines mesures
permettant davantage de souplesse au ministère...»
Le Président :
M. le président du Conseil du trésor.
M.
Pierre Arcand
M.
Arcand :
M. le Président, d'abord, premièrement, le député sait très bien que, oui, il y
a des considérations spéciales pour
tous les groupes avec qui on négocie. Je rappelle qu'on a d'ailleurs négocié et
eu des ententes avec plus d'un
demi-million de nos employés de la fonction publique. Et, encore une fois,
cette finalité que nous recherchons, ça doit, M. le Président, respecter, d'une part, la capacité de payer des
citoyens et également être équitable avec l'ensemble de nos employés.
C'est ce que l'on recherche.
Maintenant, sur cette
question-là, je rappelle que, depuis 2011, le nombre d'ingénieurs, au
gouvernement du Québec, dans le but de favoriser l'expertise...
Le Président :
En terminant.
M.
Arcand :
...est passé de 557 à 920, M. le Président.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de La Peltrie.
M. Éric Caire
M.
Caire : C'est probablement pour ça que 94 % des travaux
de surveillance se font à l'externe. C'est probablement pour ça que, récemment encore, on avait engagé
Dany Moreau — ça vous
dit-u quelque chose, ça, Dany Moreau? — comme certificateur indépendant, qui, en plus d'être à l'externe, est aussi
probablement un bandit, mais ça, ce n'est pas grave, en autant que les
sushis sont bons.
M.
le Président, vous n'avez pas rebâti l'expertise, et c'est pour cette raison
que nous demeurons vulnérables. C'est la Vérificatrice générale qui le
dit.
Qu'attendez-vous pour
régler le problème?
Le Président :
M. le président du Conseil du trésor.
M. Pierre Arcand
M.
Arcand :
M. le Président, je voudrais référer à un article, j'invite le député de
La Peltrie à le lire, d'ailleurs, dans
lequel on dit Le secteur public embauche plus d'ingénieurs. Et
d'ailleurs il y a un article dans lequel une personne qui travaille au niveau de l'ingénierie dit, en
fait, qu'il y a actuellement, chez les nouveaux ingénieurs, un intérêt à faire
en sorte qu'ils choisissent le secteur
public plutôt que le secteur privé, disent-ils, parce que «les firmes privées
[...] sont embauchées pour faire
[des] gros projets, [alors qu'elles] n'en gèrent que des parties». Et, en plus,
«de plus en plus [des] ingénieurs viennent du privé, poussés à bout par
la pression, les heures de travail et la conciliation».
Le Président :
Principale, M. le député de Lévis.
Élargissement de l'aide
médicale à mourir
M. François Paradis
M. Paradis
(Lévis) : Merci, M. le Président. Je voudrais prendre quelques
secondes pour saluer la mémoire d'Yvon
Cournoyer, un homme courageux, atteint de la maladie de Lou Gehrig, qui
s'est battu pour mourir dans la dignité. M. Cournoyer, Yvon, m'a
téléphoné il y a un mois pour m'annoncer qu'il allait nous quitter et qu'il
souhaitait que la discussion sur
l'élargissement de l'aide médicale à mourir se poursuive. Une belle
conversation, M. le Président, touchante.
En
juin dernier, Yvon est venu dans son Assemblée nationale, celle du peuple, pour
réclamer des consultations publiques. La question de l'élargissement
possible de l'aide médicale à mourir est un dialogue de société important. Il est délicat, il doit être non partisan, mais il
doit aussi se faire sur la place publique. Rien n'empêche que, d'un côté, le
gouvernement, par les experts mandatés, se penche sur cette question et que,
d'un autre, la population soit consultée à l'Assemblée nationale dans les
prochains mois.
Est-ce que le ministre
de la Santé est ouvert à cette suggestion?
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M. Barrette :
Je vais me joindre à notre collègue, M. le Président, pour souligner effectivement
le caractère absolument humainement dramatique de cette situation-là,
mais ramener quand même notre collègue sur le sujet. Sans faire état, ou
un procès, ou une analyse exhaustive de la situation de M. Cournoyer, il
faut rappeler deux choses. Il a eu accès
à l'aide médicale à mourir dans le contexte de la loi canadienne. C'est dans ce
contexte-là qu'il l'a eu. Alors, les lois actuelles, qu'elles soient québécoises ou fédérales, permettent de poser ce geste-là aux
conditions qui sont édictées dans les
deux lois, qui ne sont pas nécessairement dans le même environnement. Ce dont le
collègue me parle et pour lequel il
me demande de faire une commission, c'est l'élargissement dans un contexte de
décisions médicales anticipées, qui est totalement
différent du cas de M. Cournoyer, qui est triste, mais ce n'est pas la même
affaire. Et, avant d'en arriver là, et je suis d'accord d'avoir ce
débat-là, il y a des démarches préalables que nous avons entreprises et je
souhaite...
Le Président :
En terminant.
M. Barrette :
...qu'on termine cette réflexion-là pour passer à l'étape suivante.
Le Président :
Complémentaire?
Une voix :
...
Le Président :
Complémentaire, M. le député de Granby.
M. François Bonnardel
M.
Bonnardel : M. le Président, voilà sept mois, le ministre nous a laissés croire qu'on prenait cette
réflexion au sérieux. Il nous a
dit : Je vais nommer un comité d'experts. Voilà sept mois. On a appris que
ce comité avait été nommé la semaine
passée. J'ai reçu, tout comme mon collègue, comme vous tous, des centaines de
courriels pour élargir cette loi, des
centaines, des milliers de personnes qui veulent se faire entendre. Parce que, minimalement, M. le ministre, vous allez
permettre à ces personnes d'être entendues pour élargir cette loi le plus
rapidement possible.
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : Je vais rappeler,
et je vais prendre à témoin mes collègues, la députée de Joliette,
à quel point, sur quelle base
fondamentale notre loi sur l'aide médicale à mourir a été un succès : le
fondement a été la prudence, le temps qui a été pris pour faire cette
réflexion-là. Ce qui apparaît terriblement simple au collègue de Granby
ne m'apparaît pas aussi simple et
mérite une réflexion qui soit plus profonde et suffisamment grande. Trouver
des experts pour débattre, réfléchir
sur cet élargissement-là, ça a pris du temps à les trouver, probablement parce que ce n'est pas tout le monde qui veut
se précipiter là-dedans...
Le Président :
En terminant.
M. Barrette :
...je pense que c'est ça qu'il faut retenir à cette étape-ci.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Granby.
M. François Bonnardel
M.
Bonnardel : M. le Président, M. le ministre, en tout respect, le Québec
est prêt pour cette réflexion, le Québec
est prêt. Nous tous avons entendu des gens avec des témoignages touchants. On
va voter une motion tantôt :
«Que
l'Assemblée nationale tienne des consultations publiques afin
d'examiner les demandes d'élargissement de l'aide médicale à mourir
d'ici la fin de la [prochaine] législature.»
En votre âme et
conscience, allez-vous permettre, M. le Président, à ce que tous ces députés
libéraux votent librement sur cette motion?
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : Je tiens à
rappeler à notre collègue et à tout
le monde des oppositions qu'au Parti libéral on vote librement. Maintenant,
M. le Président, pour chaque courriel que reçoit mon collègue, je
pourrais certainement témoigner de gens qui ont beaucoup, beaucoup, beaucoup de craintes face à cette possibilité-là. Ce n'est pas parce qu'on
connaît une personne et qu'on reçoit
un courriel que ça signifie que c'est le consensus dans la société. Pour en
arriver à ce consensus-là, à mon
avis, il y a des étapes préliminaires. Et je le dis très ouvertement, je l'ai
dit à plusieurs reprises : Je suis en faveur de faire cette
réflexion-là. J'ai souhaité et proposé qu'on la fasse dans un certain ordre.
Le Président :
En terminant.
M. Barrette :
Je pense que le temps et la prudence sont de mise ici.
Le Président :
Principale, M. le député de Chambly.
Inscription
d'élèves au programme Formation préparatoire au travail
M. Jean-François Roberge
M.
Roberge : M. le Président, il y a un an, lors d'une consultation tenue par 345
organismes jeunesse et parrainée par
la Coalition Interjeunes, le Programme de formation préparatoire au travail a été dénoncé. Lundi,
quatre jeunes, Anne-Marie, Raphaël,
Henri, Jonathan sont venus ici, à l'Assemblée
nationale, pour dénoncer le fait
qu'ils ont été exclus de la formation
générale et placés en formation préparatoire au travail sans leur consentement
ni celui de leurs parents.
Ce programme ne
répond ni à leurs intérêts ni à leurs besoins. Ces jeunes-là voulaient
poursuivre leurs études secondaires, mais on
leur a dit qu'ils n'étaient pas assez bons. Des commissions scolaires
inscrivent des jeunes dans ce programme-là contre leur gré. Ce n'est pas les jeunes qui
ont décroché de l'école, c'est l'école qui a décroché des jeunes.
Est-ce
que le ministre s'engage à envoyer une directive claire aux commissions scolaires pour qu'on cesse d'imposer le Programme de
formation préparatoire au travail?
Le Président :
M. le ministre de l'Éducation.
M. Sébastien Proulx
M. Proulx :
Oui, M. le Président. Je remercie le collègue pour sa question. On a déjà eu l'occasion
d'en parler puis on va le faire
encore aujourd'hui s'il le faut. Écoutez, ces formations-là,
M. le Président, d'abord, je tiens à le dire, sont extrêmement importantes et ne sont pas inutiles. Vous vous rappelez, M. le Président, qu'il y a des gens qui y vont, et c'est dans ce
cadre-là qu'ils peuvent réussir, et c'est là l'expression de leur plein
potentiel, M. le Président. Ma problématique
et là où j'ai toujours eu une réflexion, et j'en ai souvent parlé avec
le collègue, c'est : Est-ce que ce sont les bonnes personnes qui sont dans
ces formations?
Mais je ne voudrais
pas, ici, à l'Assemblée nationale, M. le Président, qu'on répète ce qui a déjà
été fait, c'est-à-dire venir dénigrer des gens qui fréquentent ces
formations, pour avoir souvent, très souvent entendu des enseignants qui y travaillent nous dire que ça peut jusqu'à
sauver des vies. Je voudrais, s'il
vous plaît, qu'on prenne le temps quand même de reconnaître ce qui s'y fait.
Maintenant,
ce que j'ai eu l'occasion de dire, et c'est inscrit noir sur blanc, M. le Président, dans la politique sur la réussite
éducative... il faut effectivement revoir nos formations qualifiantes. Il faut
multiplier les occasions de diplomation, de qualification, mais il faut
s'assurer que ce soient des opportunités pour les jeunes, pour leur
développement futur, M. le Président.
• (11 h 40) •
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Chambly.
M. Jean-François Roberge
M.
Roberge : M. le Président, celles et ceux qui travaillent tous les jours dans les centres de
formation en entreprise de récupération font un travail exceptionnel,
important. Je les remercie.
Mais
les commissions scolaires doivent
cesser d'y inscrire de force des jeunes qui apprennent plus lentement, mais
qui sont déterminés à décrocher un D.E.S. ou un D.E.P.
Lundi,
un jeune m'a dit qu'on l'a forcé à trier des patates. Lui, il voulait de l'aide
pour apprendre le français. On lui a fait trier des patates. Est-ce que
le ministre est d'accord avec ça?
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît! M. le ministre de l'Éducation.
M. Sébastien Proulx
M. Proulx :
Oui, M. le Président. Sincèrement, j'espère qu'on ne va pas faire une réflexion
sur les voies qualifiantes et la
diplomation en prenant des exemples comme ceux-là. Je ne nie pas l'exemple, M.
le Président. Je ne le connais pas.
Ce que je sais, par
exemple, M. le Président, c'est que la discussion qui doit avoir lieu doit
avoir lieu entre les parents et l'équipe-école pour s'assurer qu'on offre le
meilleur à leurs enfants.
Ce n'est pas toujours simple, M. le Président,
j'en suis convaincu. Ce que je sais, c'est qu'on ne doit pas forcer des gens à aller dans un programme. Ça, j'en suis.
Mais parfois, M. le Président, c'est là le seul programme où une occasion
de qualification ou de diplomation... La responsabilité de convenir avec le
parent du chemin pour un enfant...
Le Président :
En terminant.
M. Proulx : ...et
du chemin à prendre...
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Chambly.
M. Jean-François Roberge
M.
Roberge : M. le Président, Mme Valérie Fournier, mère d'une jeune
fille qui a été placée de force en formation préparatoire au travail, a écrit une lettre au ministre le 3 mai. Elle
n'a pas eu de réponse. Donc, je vais vous lire un extrait : M. le ministre, «je vous demande de garder les
classes [de] langages accessibles aux élèves en troubles d'apprentissage
jusqu'à l'âge de 18 ans afin qu'ils puissent
[...] compléter un parcours axé sur le volet académique». Je vais déposer la
lettre.
Qu'est-ce que
le ministre répond à cette mère? Et enverra-t-il une consigne claire aux
commissions scolaires pour que ça n'arrive plus jamais?
Le
Président : Est-ce qu'il y a consentement pour le dépôt de la
lettre du député de Chambly?
Des voix :...
Document déposé
Le Président : Consentement.
M. le ministre de l'Éducation.
M. Sébastien Proulx
M.
Proulx : M. le Président,
c'est une des raisons pour lesquelles on investit des sommes considérables pour
soutenir des élèves avec des besoins
particuliers. C'est une des raisons pour lesquelles nous avons un plan sur cinq
ans pour embaucher de nouvelles
ressources en services directs envers et pour ces élèves avec des besoins
particuliers. C'est une des raisons pour
lesquelles je parle régulièrement de littératie. Et le collègue a raison
d'insister sur le langage, notamment en bas âge, pour s'assurer d'être
capable de faire le rattrapage nécessaire.
Ce qu'il
faut, M. le Président, c'est de trouver, pour chacun des élèves, une occasion
de réussite qui lui est propre. Et,
non, il ne faut pas leur offrir des culs-de-sac, M. le Président, il faut leur
offrir des occasions d'apprendre, des occasions de se réaliser.
Mais il y a une réalité, M. le Président...
Le Président : En terminant.
M.
Proulx : ...à laquelle on
n'échappera pas. Ce n'est pas ici qu'on va décider de chacun des élèves, c'est
dans...
Le Président : Principale, M.
le député de René-Lévesque.
Négociation avec les ingénieurs de l'État
M. Martin Ouellet
M.
Ouellet : Merci beaucoup, M.
le Président. Au moment où le gouvernement doit rebâtir son expertise avec
les ingénieurs du ministère des Transports,
on ne reconnaît même pas leur valeur. On brise le lien de confiance par une loi
spéciale qu'on aura à débattre ce soir et cette nuit.
En juin dernier, la Vérificatrice générale nous
confirmait que 95 % des valeurs des contrats de conception, de surveillance des chantiers étaient conçus à
l'externe. Elle mettait en doute la capacité du ministère à encadrer
adéquatement ces firmes externes.
Ce qu'il faut
faire, M. le Président, là, c'est d'être attractif pour embaucher des
ingénieurs compétents. Ce qu'il faut faire, M. le Président, c'est être
attractif pour retenir aussi nos ingénieurs expérimentés pour maintenir notre savoir-faire. Le choix du gouvernement, M. le
Président, c'est d'avoir saccagé l'expertise au ministère des Transports.
Est-ce
que, M. le Président, le gouvernement va retourner à la table de négociation de
bonne foi, retrouver sa capacité de négocier, permettre qu'on ait une
entente entre les parties et surtout garder notre savoir-faire au gouvernement?
Le Président : M. le
président du Conseil du trésor.
M. Pierre Arcand
M.
Arcand : M. le Président, nous
sommes, bien sûr, en négociation. Nous avons été en négociation hier soir.
On va rencontrer, d'ici les prochaines
minutes, les gens du syndicat. Nous sommes toujours en négociation pour essayer
de trouver une voie de passage.
Et, encore
une fois, je rappelle ce qui s'est produit depuis les derniers mois dans ce
dossier. Je rappelle qu'il y a eu, à un
moment donné, des grèves. Il y a eu une grève de trois semaines. Il y avait des
moyens de pression avant. Il y a eu, par
la suite, un rejet d'une offre. Il y a eu d'autres moyens de pression. C'est un
scénario qui est constant, actuellement, et qui risque très sérieusement
d'affecter la sécurité de la population.
M. le
Président, on a une responsabilité, comme employeur. On se doit d'essayer, bien
sûr, de trouver la meilleure offre,
d'avoir une entente négociée. C'est ce que nous souhaitons et ce que nous avons
fait, M. le Président, avec plus de 510 000 employés dans la fonction
publique. Nous voulons trouver un terrain d'entente avec les ingénieurs de
l'État et nous voulons, bien sûr, une
solution qui est négociée de la meilleure façon possible pour toutes les
parties. Ça nous prend un scénario gagnant-gagnant, et on va y
travailler en ce sens-là. Mais, encore une fois, comme je l'ai dit hier...
Le Président : En terminant.
M.
Arcand : ...il va
falloir avoir une finalité...
Le Président : Première complémentaire,
M. le député de René-Lévesque.
M. Martin Ouellet
M. Ouellet : Merci beaucoup, M. le Président. La Vérificatrice
générale l'a cité : «...le ministère [reste] vulnérable sur le plan de l'expertise...» Est-ce que les
actions libérales vont nous amener dans une nouvelle commission Charbonneau
dans 10 ans, M. le Président? On pourra en
douter. Mais, M. le ministre, il reste quelques heures avant le dépôt de votre
loi. Il n'y a même plus de moyen de pression. La seule urgence qu'il y
a, ce n'est pas la circulation, c'est votre urgence électorale. Laissez tomber
la loi spéciale, négociez et donnez-vous de l'espace.
Le Président : Je vous
répète, M. le député de René-Lévesque, qu'on s'adresse à la présidence.
Une voix : ...
Le Président : Oui, c'est ça.
M. le ministre responsable du Conseil du trésor.
M. Pierre Arcand
M. Arcand : Oui. Ce que le
député de René-Lévesque semble indiquer, c'est qu'il faut évidemment n'avoir
aucune politique, aucune cohérence,
aucun cadre financier, on y va de n'importe quelle façon. Vous savez, dans ces
négociations-là, quand on a au-delà de 500 000 employés dans
lesquels il faut négocier, je pense qu'il faut avoir une cohérence, une cohérence au niveau, d'une part, des offres qui
sont faites, et il faut aussi avoir une flexibilité pour pouvoir justement
ajuster ces offres-là au travail de chacun,
à l'expertise, si on veut, de chacun. C'est ce que nous essayons de faire, M.
le Président, et c'est pour ça que la négociation se poursuit...
Le Président : En terminant.
M. Arcand : ...et
que nous espérons en arriver à une entente, M. le Président.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le député de Beauharnois.
M. Guy Leclair
M. Leclair :
Merci, M. le Président. Alors, la faiblesse de ce gouvernement-là, plus tôt, c'étaient
les juristes de l'État; ensuite, on a eu le milieu de la construction;
aujourd'hui, on a les ingénieurs de l'État. On finit comment la négociation? Une loi spéciale pour bafouer les
droits du travail. Encore une fois, la VG nous dit : 95 % des contrats
de surveillance et de conception donnés à la sous-traitance.
Est-ce que le gouvernement pourrait faire une
attention particulière à ses ingénieurs et à leur expertise...
Le Président : M. le
président du Conseil du trésor.
M. Pierre Arcand
M. Arcand : Je
vois que le député a pris certains commentaires qui ont été faits ce matin par
des officiers syndicaux, semble-t-il, qui
ont dit que le gouvernement essayait, n'est-ce pas, de faire oublier
Marc Bibeau, et c'est pour ça qu'on avait déposé une loi spéciale.
M. le
Président, la vérité est évidemment tout autre. Vous le savez, nous avons une
responsabilité. On a beaucoup parlé
des ingénieurs au niveau du Transport, mais il y a également les ingénieurs du
côté de l'Environnement. Vous savez qu'il
y a des barrages. On a actuellement beaucoup
d'eau dans nos barrages actuellement. On a une responsabilité de sécurité
envers la population, et, M. le Président, il est impératif pour le
gouvernement de prendre...
Le Président : En terminant.
M. Arcand :
...ses responsabilités dans ce domaine.
Le Président : Présidente...
Présidente! Principale, Mme la députée de Taschereau.
Consentement
aux soins de santé
Mme Agnès Maltais
Mme Maltais : C'est trop d'honneur, M. le Président. Alors, j'ai demandé, hier, au ministre
de la Santé s'il était disposé à
doter le Québec d'un portrait d'ensemble des méthodes et de
l'impact de l'endoctrinement pour des patients en urgence médicale, en nommant particulièrement les
femmes. Il s'est réfugié derrière le droit actuel sans se questionner
s'il y avait place à amélioration.
Alors,
le journal Le Soleil nous apprend, aujourd'hui, dans un
éditorial, que les Pays-Bas se sont penchés sur la question en 2008. Ils
ont découvert que les femmes témoins de Jéhovah sont «six fois plus à risque de
mourir de complications [lors de leur]
grossesse [et de leur] accouchement», et, quand elles ont besoin d'une
transfusion sanguine, c'est 130 fois plus de risques de décès.
Alors,
est-ce que le ministre peut enfin donner suite à notre demande qui est
toute simple? C'est de nommer un ou des experts indépendants pour
obtenir un portrait d'ensemble de la situation, comme l'ont fait les Pays-Bas.
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : S'il y a une
chose que je ne fais pas, M. le
Président, c'est me réfugier derrière
quoi que ce soit. Je ne fais que statuer les bases sur lesquelles notre
société est fondée. Je ne me réfugie derrière rien, M. le Président.
Alors,
se lever en Chambre et de dire une telle évidence, ça ne prend pas une étude
scientifique, M. le Président,
là. Un accouchement met toute femme à risque
d'avoir une complication hémorragique qui peut nécessiter une transfusion
qui, si elle n'est pas donnée, peut
l'entraîner vers la mort. C'est ce qui a été vécu par choix. Je n'ai pas besoin
d'étude, là, pour ça, là. C'est une évidence.
Alors,
revenons à la case départ que j'ai évoquée hier et je reprends aujourd'hui. Nous vivons dans une société de droit et de liberté religieuse, ce qui signifie qu'il y a des gens qui
vont être en désaccord avec les croyances d'une autre personne. Là où
veut nous amener la collègue, c'est un débat sur...
• (11 h 50) •
Le Président :
En terminant.
M. Barrette :
...l'État qui devrait intervenir dans les croyances religieuses de...
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée de Taschereau.
Mme Agnès Maltais
Mme
Maltais : Il y a
des avocats, il y a des éditorialistes, il y a
plein de gens qui se joignent à notre voix qui est qu'on demande plus
d'informations. Ce qu'on demande, ce n'est pas un débat public, c'est de mettre
des experts à contribution pour nous donner de l'information, ce dont nous avons
besoin. Il s'agit ici de protection de la santé, de protection de la santé de
femmes et de règles que nous pouvons ensemble regarder.
Alors, le ministre
peut-il se donner les moyens d'agir et, pour cela, nous donner de
l'information?
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : J'ai lu
l'éditorial, M. le Président. Ce n'est pas ce dont traite l'éditorial. Et je comprends qu'au Parti québécois
comme à la CAQ la politique se fait par les journaux, mais revenons au
fondement dudit éditorial et de la question soulevée par la collègue. Ici, ce qu'on me
demande, c'est de m'engager dans une procédure, un processus qui
amènerait le gouvernement à faire une réflexion pour se donner des règles
d'intervention à l'intérieur des croyances religieuses.
Ici, on a un éditorial de quelqu'un, et je le respecte, qui porte un jugement sur une
autre personne qui a d'autres croyances.
Le Président :
En terminant.
M. Barrette :
C'est son choix. C'est son droit.
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la députée de Taschereau.
Mme Agnès Maltais
Mme
Maltais : Alors, je vais
reciter l'éditorial — il
est assez intéressant — parce que ce n'est pas la conclusion à laquelle
j'arrive. Mais voici ce que les gens concluent : «La mort de cette jeune
mère, qui avait toute la vie devant elle, est le crime parfait dont tout
le monde se lave les mains.»
Moi,
je ne pense pas qu'il faut se laver les mains, je pense qu'il faut demander à
des experts l'impact de l'endoctrinement et
la question de la liberté religieuse. Il est temps de se
pencher sur l'endoctrinement qui amène des gens à invoquer cette demande
de refuser les transfusions.
Alors, je demande tout
simplement un comité d'experts. Qu'est-ce qu'il y a de si compliqué là-dedans?
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : Dans un passé
récent, M. le Président, ici, au Canada, il y a eu une cause qui a été gagnée en cour pour les
mêmes croyances, mais pas dans cette religion-là. Il y a
des traitements qui ont été refusés à un enfant par les parents, et la
cour a dit : Ils ont le droit.
La
question que soulève notre collègue est une question
de jugement d'un groupe par rapport à un autre. On a le droit d'avoir nos opinions personnelles, M. le Président. On a le droit d'avoir nos opinions personnelles. Mais devons-nous
nous engager dans la voie du jugement des croyances religieuses de différentes
collectivités?
Le Président :
En terminant.
M. Barrette :
Ma réponse, aujourd'hui, est non.
Le Président :
Principale, M. le député de Lévis.
Projet d'agrandissement de
l'Hôpital de La Malbaie
M. François Paradis
M. Paradis (Lévis) : Merci, M. le Président. Les patients, les citoyens, des élus de Charlevoix
se battent depuis des années pour
obtenir l'agrandissement de l'Hôpital de La Malbaie. Le projet était inscrit dans le Plan québécois des infrastructures en 2014, mais,
trois ans plus tard, on est toujours à la même étape, après plusieurs
sorties publiques du maire de La Malbaie et de la MRC de Charlevoix-Est.
Le ministre de la
Santé a finalement annoncé en octobre qu'il autorisait l'établissement à
actualiser le dossier d'opportunité. Ça a
pris trois ans au ministre pour actualiser le dossier, alors que ça aurait
dû être fait depuis longtemps.
Est-ce que
le ministre de la Santé peut être transparent avec les citoyens
de La Malbaie et leur dire quand ils pourront fréquenter leur nouvel hôpital?
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : Je suis très,
très heureux d'avoir cette question, M.
le Président, provenant de la CAQ. Vraiment. Alors,
je vais être très transparent envers la CAQ, politiquement. Alors, je vous
annonce qu'au moment où on se parle nous
avons — j'ai,
sur ma table à dessin, là — des
projets justifiés qui montent aujourd'hui à la hauteur de 4 milliards de dollars partout au Québec. J'ai hâte d'entendre
n'importe qui dans la CAQ venir nous dire comment, quel plan, de quelle manière et sur quelle base ils vont prioriser les
projets. Moi, j'ai entendu le chef de la deuxième opposition
officielle, cette semaine et dans les dernières semaines, se dire, nous
dire : Un gouvernement de la CAQ fera ceci, cela. J'invite le
député de Lévis, qui fait beaucoup
de recherches, il a un excellent recherchiste... se lever et nous dire comment
il va ordonnancer les projets
immobiliers du Québec, sur quelle base, et où il va prendre l'argent. Parce que
c'est ça, l'enjeu de la CAQ, aujourd'hui. Que vont-ils faire, que
vont-ils promettre, sur la base de quoi...
Le Président :
En terminant.
M. Barrette :
...et avec quel budget?
Le Président :
Première complémentaire. M. le député de Lévis.
M. François Paradis
M. Paradis (Lévis) : Alors, M. le Président, on recommence. Le 17 janvier 2011, l'ancien ministre
libéral de la Santé, Yves Bolduc, a
dit qu'il y aurait un nouvel hôpital à La Malbaie. En octobre 2017, près de
sept ans plus tard, on annonce qu'il y aura des études pour choisir
l'option qui sera retenue. À ce rythme-là, on le sait, l'agrandissement de
l'hôpital ne sera pas terminé avant un autre sept, huit ans.
Le ministre de la
Santé peut-il nous dire quand le nouvel hôpital de La Malbaie sera inscrit en
planification dans le PQI?
Le Président : M. le ministre
de la Santé.
M.
Gaétan Barrette
M. Barrette :
Et c'est la raison pour laquelle j'ai rencontré, il y a quelques semaines, pas
mois, semaines, la quasi-totalité des maires
et préfets de cette région-là. Il en manquait un. Alors, c'est celui, évidemment,
qui semble avoir été consulté par
notre collègue. Et je les ai rencontrés pour leur expliquer le cheminement du
projet. Ils le savent très bien. Le
projet suit son cours selon les règles, règlements, les lois qu'on a mises en
place, nécessite une mise à jour qui est en train d'être faite et, lorsque le cheminement sera complété, nous
pourrons annoncer une date, ce qui n'est pas possible, évidemment, aujourd'hui.
Le Président :
Deuxième complémentaire. M. le député de Lévis.
M. François Paradis
M. Paradis (Lévis) : M. le
Président, ça ne semble peut-être
pas si clair que ça. Le maire de La Malbaie a accueilli avec prudence l'annonce du ministre
de la Santé. Il dit qu'il faut rester vigilant. De son côté, l'ex-directeur de
l'hôpital trouve cette annonce
minimaliste. Il a peur qu'on «[boudine] avec l'espace[...] — ce
sont ses mots — et
[qu'on va] agrandir par en dedans, comme il y a 30 ans», ce sont aussi
ses mots.
Est-ce que
le ministre peut garantir aux citoyens de La Malbaie qu'ils auront un nouvel
hôpital digne de ce nom?
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : M. le Président, je peux dire qu'actuellement l'Hôpital de La Malbaie, où se donnent
des services d'excellente qualité,
est un hôpital digne de ce nom. C'est un peu gênant, pour les gens qui y
travaillent et qui administrent l'hôpital, de dire et d'insinuer que
l'hôpital n'est pas un hôpital digne de ce nom aujourd'hui.
Mérite-t-il
des rénovations? Bien oui. On en a déjà fait, d'ailleurs, des rénovations. Et je peux
dire que ma collègue la députée de
Charlevoix—Côte-de-Beaupré défend ce dossier-là bec et ongles. C'est grâce à elle qu'il y a eu des
avancées dans ce dossier-là, tout
comme il y a eu des avancées à Baie-Saint-Paul. Et c'est grâce
à elle que le dossier dont parle...
Le Président :
En terminant.
M. Barrette :
...le député de Lévis continue à avancer et à...
Le Président :
Principale, Mme la députée de Taillon.
Accès aux services
préhospitaliers d'urgence
Mme Diane Lamarre
Mme Lamarre :
M. le Président, il y a deux jours, j'ai parlé de patients en détresse qui
attendaient trop longtemps une ambulance à Québec. Le ministre, lui, m'a parlé
de relations de travail. Je vais lui reparler d'une autre patiente. Hier, une personne, dans une résidence,
est tombée au sol à 8 h 30 du matin. Un appel a été logé
18 minutes plus tard. Eh bien, ça a pris trois heures, trois heures, avant
qu'une ambulance ne soit finalement disponible. Alors, la patiente a été
au sol 3 h 30 min en tout. M. le Président, le manque
d'ambulances à Québec, c'est grave.
Le
ministre va-t-il reconnaître cette situation inacceptable?
Il a le pouvoir de changer les choses. Va-t-il le faire?
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : Comme je l'ai
mentionné hier et je vais le rementionner aujourd'hui, M. le Président, il est bien clair que, pour
nous, ça demeure une priorité, sur tout le territoire du Québec,
de dispenser des services dans des situations d'urgence partout au Québec. Et, si, malheureusement... et là, moi, ça m'attriste toujours
d'entendre que des personnes restent
au sol plus longtemps que ça ne le devrait, mais le système ambulancier, il est
conçu et opéré pour prioriser les urgences,
et la collègue le sait très bien. Et ce sont des épisodes malheureux qu'on
souhaite qui n'arrivent pas, mais qui sont
secondaires à une situation simple : à ce moment-là, il y a
eu d'autres urgences. Les autres urgences ont été prises en
considération de façon prioritaire, évidemment.
Comme je l'ai dit
hier, M. le Président, nous sommes à pied d'oeuvre avec les autorités
compétentes et les ambulanciers pour revoir
la planification... pas la planification, pardon, mais l'octroi d'ambulances.
Et, oui, M. le Président, nos
analyses actuelles montrent qu'il y a probablement une justification...
Le Président :
En terminant.
M. Barrette :
...d'augmenter le nombre d'ambulances et une décision va être prise bientôt...
• (12 heures) •
Le Président : Première
complémentaire, Mme la députée de Taschereau.
Mme Agnès Maltais
Mme
Maltais : M. le Président, ça urge. Ça urge parce qu'il y a
des gens en danger. À 4 h 30 cette nuit, il y a eu un appel
pour une ambulance, pour une faiblesse, un transport. Il n'y avait pas assez
d'ambulances pour donner suite à l'appel.
L'état du patient s'est détérioré. 25 minutes plus tard, il n'y avait toujours pas d'ambulance d'arrivée. Il y a eu
une ambulance qui est arrivée à la dernière minute. À 5 h 6, le
patient est décédé.
Quand est-ce qu'on va avoir assez d'ambulances à
Québec pour ne pas mettre le monde en danger?
Le Président : M. le ministre
de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : M. le Président, je ne reprendrai pas chacun des cas qui sont mentionnés ici. Je l'ai
fait, par contre. J'ai revu tous les cas, tous les cas que la
collègue de Taillon a évoqués. Je vais revoir celui que la collègue
de Taschereau vient d'évoquer. Et dans aucun des cas qui ont été
évoqués il n'y a eu de décours négatifs causés par l'ambulance qui
n'était pas là dans le délai
souhaité. Alors, ça, à un moment
donné, il faudrait rassurer la population.
Les évaluations sont faites. Et, d'ailleurs la collègue de Taschereau
l'a bien dit, la personne était en constante évaluation.
Maintenant, je le répète, M. le Président...
Le Président : En terminant.
M. Barrette : ...sur la question du
nombre d'ambulances, on y travaille actuellement.
Réponses différées
Traitement des demandes
d'accès à l'information
Le Président : Alors, à la rubrique Réponses différées, Mme la ministre de la Justice répondra maintenant à une question posée le 9 novembre
2017 par M. le député de Borduas concernant une demande d'accès à la liste des
notes d'allocution publique de la ministre
préparées par le ministère de la Justice depuis le 23 avril 2014. Mme la ministre de la Justice.
Mme Stéphanie Vallée
Mme Vallée : Merci, M. le
Président. Donc, le 25 septembre dernier, le Service de recherche de la deuxième
opposition a formulé une demande d'accès qui
comportait, entre autres, une demande portant sur la liste des notes d'allocution publique que j'ai pu prononcer depuis
le 23 avril 2014. Alors, la demande formulée par mon collègue visait
un document qui n'existe pas, parce qu'il n'existe pas un registre de ces
allocutions au sein du ministère.
Ceci étant
dit, M. le Président, suite à la question formulée par mon collègue, j'ai
demandé que l'on prépare cette liste pour répondre à la question. Donc,
M. le Président, évidemment, cette liste-là, on s'entend, on parle de plusieurs
événements, de plusieurs allocutions qui se
sont échelonnés sur une période de trois ans et demi, donc il se peut qu'elle
soit imparfaite, mais, considérant,
évidemment, les demandes de mon collègue, je la dépose. Et voilà. Alors, c'est
tout simple.
Document déposé
Le
Président : Est-ce qu'il y a consentement pour le dépôt?
Consentement pour le dépôt. M. le député de Borduas, en complémentaire.
M. Simon Jolin-Barrette
M.
Jolin-Barrette : M. le
Président, je remercie la ministre du dépôt de la liste et de la confection de
cette liste-là. Par contre, ça nous
démontre encore une fois que l'accès à l'information est à géométrie variable
au niveau du gouvernement du Québec,
parce que, vous savez, on a fait la même demande au ministère des Transports,
et, au ministère des Transports, ils
nous ont donné accès à cette information-là dès le départ. Au ministère de la
Justice, on a décidé d'invoquer l'article 34 de la loi sur l'accès
à l'information.
À quand, M.
le Président, une interprétation unanime de la loi sur l'accès à l'information?
À quand une réforme de la loi? On
l'attend depuis plusieurs années. On a étudié le rapport quinquennal. À quand,
M. le Président, de la transparence?
Le Président : Mme la
ministre de la Justice.
Mme Stéphanie Vallée
Mme
Vallée : M. le Président, je pense que pour le bienfait et la
bonne compréhension des collègues je vais déposer les deux réponses : celle du ministère des
Transports et celle de la Justice. Vous allez voir, M. le Président, parce que
les mêmes demandes étaient
formulées — par
contre, pour le ministère des Transports, on échelonnait la demande sur une
période de six mois seulement, tandis qu'au
ministère de la Justice c'était trois ans et demi — il peut y avoir des façons
différentes de travailler.
Mais,
ceci dit, quant aux autres documents demandés, les réponses sont très
similaires, M. le Président, et je vais les déposer.
Document déposé
Le Président :
Est-ce qu'il y a un consentement pour le dépôt?
Des voix :
...
Le Président :
Alors, ceci met fin à la période de questions et de réponses orales.
Des voix :
...
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, s'il vous plaît, il faudrait poursuivre,
puis il nous reste du travail à faire.
Alors, comme annoncé
précédemment...
Des voix :
...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Mais là je n'ai pas ce qu'il me faut, moi, là.
Des voix :
...
Votes reportés
Motion proposant que l'Assemblée demande au gouvernement
fédéral de
reporter l'entrée en vigueur de la légalisation du cannabis
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Alors, comme annoncé précédemment, nous
allons maintenant procéder au vote
reporté sur la motion de M. le député de Borduas débattue hier aux affaires
inscrites par les députés de l'opposition, qui se lit comme suit :
«Que l'Assemblée
nationale demande au gouvernement fédéral de reporter au minimum au
1er juillet 2019 l'entrée en vigueur de la légalisation du cannabis prévue
actuellement pour le 1er juillet 2018.»
Que les députés en
faveur de cette motion veuillent bien se lever.
La
Secrétaire adjointe : M. Bonnardel (Granby), M. Caire
(La Peltrie), M. Jolin-Barrette (Borduas), M. Charette
(Deux-Montagnes), M. Martel (Nicolet-Bécancour), Mme Samson
(Iberville), M. Roberge (Chambly), M. Laframboise
(Blainville), M. Schneeberger (Drummond—Bois-Francs), M. Lefebvre (Arthabaska),
Mme Lavallée (Repentigny),
M. Lamontagne (Johnson), Mme Soucy (Saint-Hyacinthe),
Mme Guilbault (Louis-Hébert), M. Paradis (Lévis).
M. Fournier (Saint-Laurent),
Mme Anglade (Saint-Henri—Sainte-Anne), Mme Thériault (Anjou—Louis-Riel), M. Leitão
(Robert-Baldwin), M. Arcand (Mont-Royal), M. Coiteux (Nelligan),
Mme David (Outremont), M. Proulx (Jean-Talon),
M. D'Amour (Rivière-du-Loup—Témiscouata), Mme Nichols (Vaudreuil),
M. Kelley (Jacques-Cartier), Mme Vallée (Gatineau),
Mme Charlebois (Soulanges), M. Barrette (La Pinière),
Mme Weil (Notre-Dame-de-Grâce), M. Blanchette
(Rouyn-Noranda—Témiscamingue),
M. Moreau (Châteauguay), M. Poëti (Marguerite-Bourgeoys),
M. Heurtel (Viau), Mme Vien
(Bellechasse), Mme Ménard (Laporte), M. Fortin (Pontiac),
Mme Tremblay (Chauveau), M. Fortin (Sherbrooke), M. Reid
(Orford), M. Morin (Côte-du-Sud), M. Bernier (Montmorency), M. Girard
(Trois-Rivières), Mme Montpetit
(Crémazie), Mme Boulet (Laviolette), Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger), M. Tanguay (LaFontaine), Mme Melançon (Verdun), M. Blais
(Charlesbourg), Mme Charbonneau (Mille-Îles), M. Drolet
(Jean-Lesage), M. Carrière (Chapleau), Mme de Santis
(Bourassa-Sauvé), M. Rousselle (Vimont), M. Iracà (Papineau),
M. Bolduc (Mégantic), M. Simard (Dubuc), M. Matte (Portneuf),
M. Chevarie (Îles-de-la-Madeleine), M. Huot (Vanier-Les Rivières), Mme Vallières (Richmond), M. Auger
(Champlain), M. Birnbaum (D'Arcy-McGee), M. Boucher (Ungava),
M. Giguère (Saint-Maurice), M.
Hardy (Saint-François), M. Merlini (La Prairie), M. Plante
(Maskinongé), M. Polo (Laval-des-Rapides), M. St-Denis (Argenteuil), M. Busque (Beauce-Sud),
Mme Simard (Charlevoix—Côte-de-Beaupré), Mme Sauvé (Fabre).
M. Lisée
(Rosemont), M. Bérubé (Matane-Matapédia), Mme Hivon (Joliette),
M. Marceau (Rousseau), M. LeBel (Rimouski), Mme Maltais
(Taschereau), Mme Lamarre (Taillon), M. Bergeron (Verchères),
M. Leclair (Beauharnois), Mme Richard (Duplessis), M. Rochon
(Richelieu), Mme Poirier (Hochelaga-Maisonneuve), M. Pagé (Labelle), M. Cousineau (Bertrand), Mme Jean
(Chicoutimi), M. Ouellet (René-Lévesque), Mme Fournier
(Marie-Victorin), M. Traversy (Terrebonne), M. Kotto
(Bourget), M. Turcotte (Saint-Jean), M. Roy (Bonaventure).
M. Surprenant
(Groulx), M. Lelièvre (Gaspé), M. Sklavounos (Laurier-Dorion).
Le Vice-Président (M. Gendron) : Que
les députés contre cette motion veuillent bien se lever.
La
Secrétaire adjointe : Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques),
M. Nadeau-Dubois (Gouin).
Le Vice-Président (M.
Gendron) : Y a-t-il des abstentions? Il n'y en a pas. M. le secrétaire
général, pour le résultat du vote.
Le
Secrétaire : Pour : 97
Contre :
2
Abstentions :
0
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Alors, la motion est adoptée.
Des voix :
...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : S'il vous plaît! M. le leader du deuxième groupe, à
vous.
M.
Bonnardel : ...que cette motion soit envoyée au premier
ministre Trudeau ainsi qu'à tous les députés libéraux fédéraux
québécois.
Le Vice-Président (M.
Gendron) : On va exaucer votre volonté. Alors, ce sera expédié.
Motions sans préavis
Nous
en sommes maintenant aux motions sans préavis, et c'est un membre du deuxième
groupe de l'opposition, et il s'agit de M. le député de Lévis pour la
présentation de sa motion, autant que possible dans l'ordre.
Des voix :
...
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Alors, s'il vous plaît! Les travaux ne
sont pas suspendus, et on poursuit avec la présentation de la motion du
député de Lévis que je voudrais entendre. À vous, M. le député de Lévis.
M. Paradis (Lévis) : Merci, M. le Président. Je demande le consentement
pour déposer la motion suivante conjointement
avec la députée de Joliette, la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques, le député de Groulx, le député de
Gaspé :
«Que
l'Assemblée nationale tienne des consultations publiques afin d'examiner les
demandes d'élargissement de l'aide médicale à mourir d'ici la fin de la
présente législature.»
• (12 h 10) •
Le
Vice-Président (M. Gendron) : M. le leader adjoint du
gouvernement, y a-t-il consentement pour débattre de cette motion.
M. Tanguay :
Pas de consentement, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Il n'y a pas de consentement. Un
membre du groupe formant le gouvernement, et il s'agit de M. le leader
adjoint du gouvernement. Consultations particulières sur le projet... À vous.
Procéder à des consultations particulières sur le projet
de loi n° 141
M. Tanguay :
Merci, M. le Président. Alors, je fais motion, conformément à
l'article 146 du règlement de l'Assemblée nationale, afin :
«Que la Commission
des finances publiques, dans le cadre de l'étude du projet de loi n° 141,
Loi visant principalement à améliorer l'encadrement du secteur financier, la
protection des dépôts d'argent et le régime de fonctionnement des institutions financières, procède à des consultations
particulières et tienne des auditions publiques le
7 décembre 2017 ainsi que les 17 et 18 janvier 2018;
«Qu'à
cette fin, la commission entende les organismes suivants : le Mouvement
Desjardins, l'Autorité des marchés financiers,
le Regroupement des cabinets de courtage d'assurance du Québec, l'Association
canadienne des compagnies d'assurances
de personnes, la Corporation des assureurs directs de dommages du Québec, le
Bureau d'assurance du Canada, le
Barreau du Québec, l'Association des conseillers en services aux aînés du
Québec, Professionnels hypothécaires du Canada, la Fédération de l'âge d'or du Québec, la Coalition les
associations de consommateurs du Québec, le Mouvement d'éducation et de
défense des actionnaires, l'Organisme d'autoréglementation du courtage
immobilier du Québec, la Chambre d'assurance
de dommages, la Chambre de la sécurité financière, Option Consommateurs,
l'Institut des fonds d'investissement,
l'Ordre des comptables professionnels agréés, la Fédération des chambres
immobilières du Québec, le Conseil
des professionnels en services financiers, l'Union des consommateurs, le
Conseil interprofessionnel du Québec, la Corporation des thanatologues du
Québec, l'Institut québécois de planification financière, Groupe de recherche
en droit des services
financiers — GRDSF, Université Laval — Association des banquiers canadiens, Organisme
canadien de réglementation du commerce des valeurs mobilières et le
Vérificateur général du Québec;
«Qu'une période de 12 minutes soit prévue
pour les remarques préliminaires, répartie de la manière suivante :
6 minutes au groupe parlementaire formant le gouvernement, 3 minutes 30 secondes au groupe parlementaire formant l'opposition
officielle et 2 minutes 30 secondes au deuxième groupe d'opposition;
«Que
la durée maximale de l'exposé de chaque organisme soit de 10 minutes et
l'échange avec les membres de la commission soit d'une durée [...] de 35 minutes partagées
ainsi : 17 minutes 30 secondes pour le groupe parlementaire formant le gouvernement, 10 minutes 30
secondes pour l'opposition officielle et 7 minutes pour le deuxième groupe
d'opposition;
«[Enfin, M.
le Président,] que le ministre des Finances soit membre de ladite commission
pour la durée du mandat.»
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Merci, M. le leader adjoint du gouvernement.
Mise aux voix
Est-ce que cette
motion, qu'il vient de présenter, est adoptée?
Des voix :
Adopté.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Adopté. Nous en sommes maintenant à l'opposition
officielle, et je reconnais M.
le leader de l'opposition officielle pour la présentation de sa motion. M. le
leader, à vous.
Souligner la Journée internationale de l'homme et la
Journée
québécoise de sensibilisation au cancer de la prostate
M.
Bérubé : Merci, M. le Président. Je sollicite le consentement des membres de
cette Assemblée afin de présenter, conjointement avec le ministre de la Santé
et des Services sociaux, le député de
Lévis, le député de Gouin, le député
de Gaspé et le député de Groulx, la motion suivante :
«Que l'Assemblée
nationale souligne le 19 novembre, comme la Journée internationale de l'homme
et plus particulièrement la Journée québécoise de sensibilisation au cancer de
la prostate;
«Qu'elle
réitère que le cancer de la prostate est la forme de cancer la plus répandue
chez l'homme au Québec;
«Que
12 Québécois par jour recevront un diagnostic du cancer de la
prostate et qu'environ 890 mourront de cette maladie;
«Qu'elle
souligne les efforts de Procure, un organisme de bienfaisance entièrement
consacré à la lutte contre le cancer
de la prostate par la recherche, la sensibilisation, l'information et le
soutien et dont les fonds amassés sont réinvestis exclusivement au Québec.»
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : M. le leader adjoint du gouvernement, y a-t-il consentement?
M.
Tanguay : Oui, M. le Président. Nous proposons des interventions d'une durée maximale de deux minutes
par intervenant et selon l'ordre
suivant : d'abord, le leader de l'opposition
officielle, suivi des collègues de Lévis et
de Gouin et, finalement, du ministre de la Santé et des Services sociaux.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, tel que souhaité, c'est toujours la même
chose : si on fixe un temps, autant que possible, sans que ça ait une
rigueur invraisemblable, on essaie de s'en tenir à ce qu'on indique. Alors,
M. le leader, à vous la parole.
M. Pascal Bérubé
M.
Bérubé : Merci, M.
le Président. D'abord, je veux saluer
M. Laurent Proulx, de l'organisme Procure, qui est avec nous. Une pensée également
pour M. Jean Pagé, qui est un fantastique ambassadeur, qui ne peut être avec
nous aujourd'hui, qui
fait un travail remarquable avec toute son équipe, l'ensemble
des ambassadeurs, ambassadrices également de cette cause.
Alors,
chaque jour, M. le Président, 12 Québécois reçoivent un diagnostic de cancer de la prostate.
Le cancer de la prostate, c'est la
forme de cancer la plus communément diagnostiquée chaque année chez les hommes
au Québec, suivie par
le cancer du poumon et colorectal. Un homme sur sept risque d'avoir un cancer
de la prostate au cours de sa vie. C'est énorme. On estime cette année qu'environ 4 600 Québécois
recevront un diagnostic de cancer de la prostate et qu'environ 890 mourront de cette maladie. Au Québec,
c'est les hommes de 55 à 70 ans ayant une espérance de vie de plus de 10 ans et ceux qui ont moins de 55 ans qui sont à risque,
qui devraient discuter avec leur médecin de la possibilité de passer un
test de dépistage du cancer de la prostate.
La Fondation québécoise du cancer propose aussi aux hommes de discuter
avec d'autres hommes qui ont subi cette maladie.
À
l'occasion de la Journée québécoise de sensibilisation au cancer de la prostate et de la Journée internationale de l'homme, le 19 novembre, l'organisme québécois Procure encourage tous
les Québécois et Québécoises à porter le noeud papillon Noeudvembre — c'est celui qu'on porte présentement — qui est designé par Philippe Dubuc pour
l'édition de 2017. L'ensemble des fonds vont à la lutte contre le cancer
de la prostate. Pour cette quatrième édition, effectivement,
une association avec Philippe Dubuc et, en plus, 30 personnalités qui
souhaitent sensibiliser les Québécois à
la cause. Je suis particulièrement sensible à cette cause. Ma propre conjointe,
M. le Président, est une des ambassadrices de cette cause, et je l'en
remercie, tout comme l'ensemble de ses collègues.
Fondée en 2003 par Marvyn Kussner,
Procure a pour mission de fournir aux scientifiques et à la collectivité les
moyens de mieux prévenir et de guérir le
cancer de la prostate. Procure entend participer activement à l'avancement de
la science et de la recherche
notamment en finançant et structurant une biobanque, qui est une banque de
données, sur les hommes atteints du cancer de la prostate ainsi que sur
les hommes à risque de développer cette maladie.
Finalement,
à cette occasion, nous encourageons le gouvernement à appeler le projet de loi
n° 794 de ma collègue de Taillon,
portant sur le droit à l'oubli. Je salue l'ensemble des personnes mobilisées
pour la lutte contre le cancer de la prostate. Je salue les hommes qui
luttent... Nous sommes avec eux, les hommes et les femmes qui pensent à eux
chaque jour. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, je vous remercie, M. le leader
de l'opposition officielle. Toujours sur cette même motion, je cède maintenant la parole à M. le député de Lévis
pour son intervention. M. le député de Lévis, à vous.
M. François Paradis
M. Paradis (Lévis) : Merci, M. le Président. Au nom de la Coalition avenir Québec, je joins
ma voix, évidemment, à celle des
collègues pour souligner la Journée québécoise de sensibilisation au cancer de
la prostate. Alors, je le rappelle aussi,
hein, le cancer de la prostate est celui qui est le plus souvent diagnostiqué
chez les hommes, et les chiffres parlent d'eux-mêmes : plus de 4 000... le nombre d'hommes qui
recevront ou ont reçu un diagnostic de ce type; 12 Québécois par jour; plus de 20 % en mourront. C'est
énorme. Des statistiques qui dérangent, des statistiques qu'on souhaiterait
voir s'améliorer toujours davantage.
C'est
aussi un des principaux objectifs de Procure, fournir aux scientifiques et à nous
tous le moyen de contribuer à la prévention et à la guérison du cancer de la
prostate. Or, derrière ce noeud papillon, M. le Président, il y a plein de
choses. Il y a de la vie, il y a de l'espoir aussi derrière ce noeud papillon.
Derrière ce noeud papillon, moi, j'ai des images dans la tête, j'ai des images d'hommes ébranlés, un peu beaucoup sonnés
lorsqu'on reçoit l'annonce, des personnes fortes qui découvrent, souvent malgré elles, leur vulnérabilité, parce que
c'est souvent comme ça que ça se
passe, des hommes forts qui n'en pensent pas moins, parce que, lorsque
la maladie se déclare, bien, on perd souvent nos repères.
Faire
face à la maladie, M. le Président, ce n'est pas l'affaire d'un seul homme, c'est
aussi l'affaire de la famille, qui,
comme la personne touchée, va passer par l'incompréhension puis par le pourquoi puis, par la suite, le au-jour-le-jour.
Je vous le disais, M.
le Président, derrière ce noeud papillon, il y a de la vie puis il y a aussi de
l'espoir, mais il y a surtout, grâce à Procure, un geste et une mission qui
rassurent. Souvenons-nous. Merci à vous.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Merci, M. le député de Lévis. Je cède
maintenant la parole à M. le député de Gouin pour son intervention. À
vous, M. le député de Gouin.
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M.
Nadeau-Dubois : Merci, M. le Président. Bien, à mon tour de joindre ma
voix et celle de ma formation politique à la discussion d'aujourd'hui. À
mon tour, donc, de souligner la Journée québécoise de sensibilisation au cancer
de la prostate. Je ne répéterai pas les
statistiques que mes collègues ont citées. Elles sont inquiétantes, elles sont
troublantes.
Mais,
heureusement, il y a des organismes comme Procure qui font un travail
exceptionnel de sensibilisation à cet égard-là, et, si on en parle aujourd'hui,
si on en parle de plus en plus dans la société québécoise, c'est notamment à
cause de leur travail exceptionnel. Et je veux en profiter, pour ma part, de
l'occasion, pour rendre hommage au défunt président fondateur de Procure, M. Marvyn Kussner, pour son
apport à l'avancement de la recherche, bien sûr, mais aussi pour son approche humaniste à l'égard des hommes
touchés par cette maladie-là. Procure, c'est le fruit de la conviction
de M. Kussner, qui avait un besoin
d'une meilleure information concernant cette maladie-là dans un contexte où,
jusqu'à récemment, on ignorait tant
de choses à son sujet. M. Kussner a été l'impulsion qui a permis notamment la
création du fonds du cancer de la
prostate à l'Université McGill, qui est aujourd'hui un organisme qui fait des
partenariats avec les facultés de
médecine du CHUM, du CUSM, du CHUS, du CHUQ, bref, une contribution
exceptionnelle en matière de recherche au sujet, donc, du cancer de la
prostate.
Aujourd'hui,
on constate que les efforts de M. Kussner
en matière de recherche ont porté
fruit. En effet, hier, on apprenait
une bonne nouvelle : Robert Day, qui professeur-chercheur au Département
de chirurgie au Service d'urologie de la Faculté de médecine et des
sciences de la santé de l'Université de Sherbrooke, annonçait qu'ils avaient
fait une découverte majeure, une percée qui a d'ailleurs fait l'objet d'une
publication dans une revue scientifique médicale spécialisée sur le cancer, une découverte qui apparaît tellement prometteuse
que l'équipe de recherche de l'Université de Sherbrooke est déjà à l'oeuvre pour mettre au point des applications
diagnostiques et thérapeutiques. C'est une preuve, s'ils en avaient besoin
d'une supplémentaire, que, oui, il y a de la tristesse mais qu'il y a aussi de
l'espoir, que la recherche va de l'avant, qu'il y a de l'espoir qu'on
trouve des applications diagnostiques et thérapeutiques.
Alors, félicitations
à ces chercheurs, sans qui on n'avancerait pas si rapidement! Merci, M. le
Président.
• (12 h 20) •
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
On vous remercie, M. le député de Gouin, de votre intervention. Et, pour
conclure, je cède la parole à M. le ministre.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : Alors, merci, M. le Président. Alors, à mon tour de joindre ma voix, au nom de notre formation
politique, à celle de mes collègues de Matane, de Lévis et de Gouin.
Évidemment, c'est une journée
qui est certainement très significative. Nous soulignons deux
choses : nous soulignons d'abord
dimanche prochain, le 19 novembre, qui sera la Journée internationale de
l'homme, ainsi que la Journée québécoise de sensibilisation au cancer de
la prostate.
Dans
la vie, M. le Président, évidemment, nous côtoyons, hommes et femmes, diverses
épreuves, et la Journée internationale
de l'homme est un moment pour nous de souligner certaines problématiques masculines qui existent chez ces
gens-là. Et on sait que le genre masculin n'est pas enclin à aller chercher de
l'aide, malheureusement. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle nous avons récemment, le 22 août dernier,
annoncé la première politique ministérielle de santé et de bien-être des hommes, dans laquelle nous avons investi 31 millions de dollars. On sait que les hommes vivent un certain nombre
de problèmes, que ce soit du côté des taux de suicide, du
décrochage scolaire, de dépendances et de problématiques qui
surviennent lors de problèmes généraux dans le secteur matrimonial.
Maintenant,
évidemment, la Journée québécoise de sensibilisation
au cancer de la prostate est une journée très significative, et je souhaite saluer également M. Proulx pour tous
les efforts qu'il déploie au sein de la fondation Procure, comme l'ont
dit mes collègues, fondation qui a été créée en 2003 par M. Marvyn
Kussner, qui nous a quittés, malheureusement,
en 2013 mais qui a permis de mettre à
l'avant-plan la problématique du cancer de la prostate, et ça, c'est très
clair. Je pense qu'au Québec
la fondation Procure a eu un impact qui est très grand, on le voit encore cette
année avec les très nombreux ambassadeurs
qui prennent de leur temps, de leur visibilité pour augmenter cette
sensibilisation auprès de la population. Et je
dois dire également que ce noeud papillon est magnifique, que je le
porterai avec plaisir dans les prochains jours et j'invite toute la population
masculine à le porter.
Maintenant,
M. le Président, nous avons de grandes avancées sur le plan
médical, les traitements avancent. Il
y a, effectivement, beaucoup d'espoir dans la population quant au succès de
ces thérapies-là. Et je toucherai peut-être, M. le
Président, en dernier les avancées chirurgicales. On sait que le cancer de la
prostate se traite de différentes façons, incluant de façon chirurgicale. Les hommes connaissent les
complications qui en surviennent. Là aussi, il y a de grandes avancées. Et je sais que c'est grâce à certains investissements et subventions qui ont été faits qu'on est arrivés là. Et ça,
c'est ici, au Québec, que ça se passe. Nous avons des points
d'excellence à être soulignés.
Alors,
bravo à la fondation Procure! J'ose espérer que vous allez continuer. J'en suis
convaincu. Longue vie et merci à vous!
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Merci, M. le ministre.
Mise aux voix
Alors, la motion est
adoptée?
Des voix :
Adopté.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
La motion est adoptée. Oui, Mme la
députée de Gouin. Pour une motion
sans préavis?
Une voix :
...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Ça va. Ah! il n'y a pas de problème. Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques, plutôt. Excusez-moi. Mme la
députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques, pour la présentation de votre motion.
Mme
Massé : Merci, M. le Président. Alors, je demande le consentement
de l'Assemblée pour débattre de la motion suivante conjointement avec la
députée de Pointe-aux-Trembles, les députés de La Peltrie, de Groulx et de
Gaspé :
«Que
l'Assemblée nationale constate que le gouvernement libéral [règne], à
répétition — "règle",
pardon — les
conflits de travail avec ses employés avec
des lois spéciales qui nient le droit de négocier des travailleuses et des
travailleurs; et
«Que
l'Assemblée nationale demande au gouvernement de renoncer à la
présentation du projet de loi
obligeant les ingénieurs de l'État à
mettre fin à leurs moyens de pression et demande aux négociateurs de retourner
à la table afin de trouver une solution de bonne foi.»
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Y a-t-il consentement, M. le leader adjoint, de
débattre de cette motion? Il n'y a pas de consentement.
Ça met fin aux
motions, à moins que vous ayez le... Non.
Avis touchant les travaux des commissions
Oui,
il y a les avis de... ce n'est pas ça... les avis du gouvernement, M. le leader adjoint du
gouvernement, parce que je
sais que vous en avez.
M. Tanguay : Oui, des avis
sur les travaux des commissions. M. le Président, j'avise cette assemblée que
la Commission de la santé et des services
sociaux poursuivra l'étude détaillée
à l'égard du projet de loi n° 148, Loi
encadrant l'approvisionnement en médicaments génériques par les
pharmaciens propriétaires et modifiant diverses dispositions législatives,
aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à 13 heures et de
15 heures à 18 heures, à la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine,
ainsi que le mardi 21 novembre 2017, de 10 heures à midi, à la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine;
La
Commission des relations avec les
citoyens poursuivra l'étude détaillée à l'égard du projet de loi
n° 143, Loi visant à améliorer
la qualité éducative et à favoriser le développement harmonieux des services de
garde éducatifs à l'enfance, aujourd'hui,
après les affaires courantes jusqu'à 13 heures et de 15 heures à 18
heures, à la salle Louis-Joseph-Papineau;
La
Commission de la culture et de l'éducation entreprendra les consultations
particulières à l'égard du projet de loi
n° 151, Loi visant à prévenir et à combattre les violences à caractère
sexuel dans les établissements d'enseignement supérieur, dès maintenant pour une durée de 1 h 15 min et
de 15 heures à 18 heures, ainsi que le mardi
21 novembre 2017, de 10 heures à midi, à la salle du
Conseil législatif. Voilà, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Merci, M. le leader. Pour ma part, je vous avise
que la Commission des institutions se réunira en séance de travail mardi le
21 novembre 2017, à 11 h 30 pour une durée de
30 minutes, à la salle RC.161,
afin de statuer sur les observations, conclusions et recommandations de la
commission à la suite de l'audition du Directeur général des élections
du Québec.
Renseignements sur les travaux de l'Assemblée
Nous
en sommes maintenant à la rubrique renseignements sur les travaux. Alors, je
reconnais M. le député de La Peltrie. À vous.
M.
Caire :
Merci, M. le Président. Le 3 mai dernier, lors des études de crédits, mon
collègue de Drummond—Bois-Francs a
interrogé le ministre de l'Éducation et de l'Enseignement concernant la
légalité des combats concertés ou désignés.
À ce moment-là, le ministre a mentionné avoir très bientôt le scénario pour
être capable de prendre un décret à l'égard
de certains sports et de réfléchir à la possibilité d'étendre ou non à d'autres...
Considérant que cette question-là a été posée le 3 mai dernier, est-ce que le gouvernement pense être en
mesure de répondre à cette question-là dans un délai bref?
Le Vice-Président
(M. Gendron) : M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Tanguay :
Bien, M. le Président, au-delà du fait que ce n'est pas un élément inscrit au
feuilleton, et c'est la rubrique où
on peut questionner le gouvernement sur les affaires qui sont inscrites au
feuilleton, donc, au-delà du fait que ce n'est pas pertinent, à ce
stade-ci, parlementairement parlant, j'invite le collègue à discuter le point
avec le ministre concerné, tout simplement.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : C'est une façon. Vous pouvez
poursuivre. Une question additionnelle? Je vous écoute.
M.
Caire :
...parce que mon collègue soulève une semi-question de règlement, puis ça
s'appelle la rubrique sur les renseignements
sur les travaux. Je veux me renseigner sur les travaux. Peut-il me
renseigner sur les travaux au lieu de me faire une leçon de droit
parlementaire?
Une voix :
...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Oui.
M. Tanguay :
...à discuter avec le ministre concerné, tout simplement.
• (12 h 30) •
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Oui. J'ai compris. C'est un point
de vue. C'est pour ça que j'ai dit ça comme président. Et, effectivement, c'est les renseignements sur les travaux,
des choses qui, normalement... Alors, il vous suggère d'en parler. Ça se peut... peut-être bien pas que la
réponse que vous attendiez... mais c'est la réponse qu'il me fournit,
alors moi, je suis obligé de la recevoir, puis vous vous gouvernerez en
conséquence.
Alors,
je vous rappelle que, lors de l'interpellation prévue pour demain, vendredi le
17 novembre, M. le député de
René-Lévesque s'adressera à M. le ministre responsable de la région de
l'Abitibi-Témiscamingue et de la région du Nord-du-Québec sur le sujet suivant : L'incapacité du ministre
responsable de l'Abitibi à défendre les dossiers régionaux.
Je vous avise que
l'interpellation prévue pour le vendredi 24 novembre 2017 portera sur le
sujet suivant : Des solutions concrètes
pour lutter contre les violences à caractère sexuel et mieux accompagner les
victimes. Mme la députée de
Repentigny, elle, s'adressera alors à Mme la ministre responsable de la
Condition féminine. Cependant — moi, je suis obligé de composer avec
la situation actuelle — dans
l'éventualité où l'Assemblée serait en séance extraordinaire au moment où
l'interpellation prévue demain doit se tenir, celle-ci sera reportée au
vendredi 24 novembre 2017.
Affaires du jour
La
période des affaires courantes étant terminée, on va maintenant passer aux
affaires du jour. Et je cède à nouveau la parole à M. le leader du
gouvernement.
M. Tanguay : Oui, M. le
Président. Je vous prierais d'appeler l'article 15, s'il vous plaît.
Projet
de loi n° 147
Adoption du principe
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, à l'article 15 du feuilleton d'aujourd'hui, c'est Mme la ministre déléguée aux Transports qui propose l'adoption du
principe du projet de loi n° 147, Loi concernant l'interdiction d'intenter
certains recours liés à l'utilisation des véhicules hors route dans les
sentiers faisant partie du réseau interrégional.
Je suis prêt
à entendre les interventions, s'il y en a. Et je reconnais Mme la ministre
déléguée pour son intervention. À vous la parole.
Mme Véronyque
Tremblay
Mme Tremblay : Merci beaucoup, M. le Président. J'ai le plaisir
de soumettre aux membres de cette Assemblée le projet de loi, donc,
n° 147, intitulé Loi concernant l'interdiction d'intenter certains recours
liés à l'utilisation des véhicules hors
route dans les sentiers faisant partie du réseau interrégional, en vue de son
adoption de principe. C'est un petit projet de loi, deux articles
seulement, mais il n'en est pas moins important.
M. le
Président, l'objectif de ce projet de loi, c'est de reconduire jusqu'au 1er
janvier 2020 l'immunité à l'égard des
actions en justice fondées sur les inconvénients de voisinage ou sur tout autre
préjudice lié au bruit, aux odeurs ou à d'autres contaminants qui
pourraient être occasionnés par ce type de véhicule. C'est important de
rappeler que cette protection, qui existe
depuis 2004, a déjà été reconduite à deux reprises par les membres de cette
Assemblée nationale. Si on souhaite
la maintenir jusqu'en 2020, c'est pour permettre à l'industrie des véhicules
hors route de compléter son virage vers des pratiques plus respectueuses
des citoyens et plus respectueuses de l'environnement.
M. le
Président, ce projet de loi revêt une importance stratégique. Nous avons
d'ailleurs eu l'occasion de réentendre à
plusieurs reprises cette semaine, lors des consultations particulières... Nous
avons notamment eu le plaisir d'entendre la Fédération des clubs de
motoneigistes du Québec, dont les représentants sont venus nous expliquer
pourquoi la reconduction de l'immunité est
essentielle pour eux et pour le maintien de leurs activités. Permettez-moi
d'ailleurs de citer quelques passages
de leur mémoire : «...le retrait immédiat de l'immunité et la menace
omniprésente de litige que cela apporterait feraient en sorte que
l'effondrement de notre réseau est une possibilité très réelle. En plus des
pertes économiques importantes que cela occasionnerait, notamment en régions
éloignées où les défis économiques sont [...]
presque insurmontables, la disparition de la motoneige encadrée, telle que nous
l'observons actuellement, nous mènerait inévitablement vers une situation
chaotique similaire à celle des années 60, avec 180 000 motoneiges circulant illégalement
sur les terrains privés et chemins publics, une situation que personne ne
souhaite.»
Comme vous
voyez, M. le Président, c'est dans le but d'assurer la pérennité des sentiers
de véhicules hors route au bénéfice des régions du Québec que nous avons
déposé ce projet de loi.
L'industrie
du véhicule hors route est soutenue par près de 8 000 bénévoles provenant
de toutes les régions du Québec. Ces
bénévoles et les utilisateurs de VHR ont d'ailleurs imposé, au fil du temps,
cette activité comme un produit touristique incontournable. L'industrie
des véhicules hors route génère annuellement plus de 3 milliards de
dollars de retombées économiques au Québec
et génère plus de 14 000 emplois dans toutes les régions. Et, depuis son
instauration, le principe de l'immunité a garanti une certaine stabilité
pour les réseaux interrégionaux de véhicules hors route.
Il importe de
préciser, M. le Président, qu'en ce qui concerne la reconduction de l'immunité
et l'amélioration du processus de
plaintes, de médiation et d'arbitrage, la date du 1er janvier 2020 n'a pas été
choisie au hasard. Cette date a été
choisie pour deux raisons. D'une part, le 1er janvier 2020, un article de la
Loi sur les véhicules hors route va entrer en vigueur. Il imposera des motorisations moins polluantes, moins
bruyantes pour les véhicules hors route. D'autre part, à cette date, le
milieu des véhicules hors route devrait avoir eu le temps d'effectuer un virage
vers plus de respect de l'environnement et des riverains. Des articles de loi
ont été introduits en ce sens dès 2004 — distance par rapport aux habitations, heures de circulation,
notamment — et, à
cet effet, la Fédération des clubs de motoneigistes du Québec s'est
prononcée et abonde dans notre sens, et je les cite à nouveau :
«Depuis plus
de 10 ans maintenant, l'industrie de la motoneige a beaucoup évolué. Les
motoneiges vendues au Québec
aujourd'hui sont toutes soumises à des normes de gaz d'échappement administrées
par Environnement Canada. Les
motoneiges modernes sont nettement plus propres et moins bruyantes que celles
du passé, l'industrie s'étant prise en main pour améliorer la
cohabitation de l'activité et des adeptes avec les riverains et [les] citoyens.
Les adeptes d'aujourd'hui ont droit à des
motoneiges munies de moteurs à technologie propre, soit à moteurs quatre-temps ou à moteurs deux-temps à
admission par injection directe ou semi-directe. La fédération a mandaté
[aussi] l'Université McGill à réaliser une étude comparative entre deux modèles
de motoneige, une de 2003 et une de 2015. [Et] les résultats sont [intéressants et sont] fort positifs[...] : ils
démontrent clairement que la motoneige de 2015 est nettement
plus silencieuse et plus écoénergétique, avec moins d'émissions de gaz
et d'odeurs.
«[...]le renouvellement rapide [également] de la
flotte de motoneiges au Québec assure un rajeunissement continuel des modèles [qui circulent sur] les sentiers de la province.
[...]plus de la moitié des motoneiges qui circulent dans nos sentiers ont été fabriquées depuis moins
de sept ans et le pourcentage de motoneiges fabriquées depuis 2006, soit l'année de l'introduction des normes de gaz
[à] échappement, s'élève à plus de 84 %.
Il est donc clair que les motoneiges [qui circulent] dans nos sentiers
aujourd'hui sont plus propres, plus silencieuses et plus respectueuses des
normes environnementales en matière de rejet et d'odeur.»
Je suis persuadée, M. le Président, que, s'il
est adopté, ce projet de loi permettra qu'en 2020 un virage plus respectueux de
l'environnement et des citoyens aura été pris par le milieu des véhicules hors
route. Il est essentiel de souligner que le dépôt de ce projet de loi se fait suite à l'étude, le 4
octobre dernier, du rapport sur l'immunité de poursuites fondées sur les inconvénients de voisinage et le
processus de traitement des plaintes, de la médiation et de l'arbitrage en
matière de véhicules hors route par les membres de la Commission des transports
et de l'environnement. Ce rapport recommandait
d'ailleurs la reconduction de cette immunité, d'où l'importance, comme membres
de l'Assemblée nationale, d'adopter
le principe de ce projet de loi qui va permettre de poursuivre l'amélioration
des sentiers, de favoriser un tourisme dynamique,
porteur pour nos régions, et surtout d'écouter la population, d'aider le milieu
des véhicules hors route à se moderniser,
à adapter ses pratiques pour qu'elles soient conformes aux attentes des
citoyens. Merci beaucoup, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Alors, on vous remercie, Mme la
ministre déléguée aux Transports, pour votre intervention. Et, toujours sur le principe de ce projet de loi là, je
cède la parole maintenant à M. le député de Baie-Comeau... pas de
Baie-Comeau, de René-Lévesque pour votre — ...
Une voix :
...
• (12 h 40) •
Le Vice-Président
(M. Gendron) : ...je le sais — pour votre intervention.
M. Martin Ouellet
M. Ouellet : Merci beaucoup, M. le Président. Donc, à mon tour de prendre la parole
sur le principe sur le projet de loi
n° 147 concernant l'interdiction d'intenter certains recours liés à
l'utilisation des véhicules hors route dans les sentiers faisant partie
du réseau interrégional.
C'est
important, M. le Président, et je pense que vous aussi, vous êtes en mesure de
le mesurer. Étant député de la grande
région de l'Abitibi, vous savez tout comme moi que, dans plusieurs régions du
Québec, la pratique de la motoneige et du
quad est une activité économique importante qui laisse des retombées dans la
région, mais qui, surtout, attire aussi des touristes à l'international qui viennent découvrir nos belles et grandes
régions, ses montagnes, la qualité de sa neige, mais surtout la qualité
de ses habitants qui les accueillent à chaque fois qu'ils viennent nous
visiter.
C'est d'autant plus
important, M. le Président, parce qu'avant le dépôt de ce projet de loi il est
effectivement arrivé une situation, un
imbroglio, disons-le comme ça, sur l'accessibilité ou non des chemins
multiusages dans le cas des VTT et
dans le cas des clubs quad. Nous avons fait des interventions avec les deux
groupes. Ce qu'on a compris, c'est que,
présentement, l'association des motoneiges semble satisfaite de l'entente d'un
an permettant l'accès aux chemins multiusages,
mais malheureusement les clubs quad n'ont toujours pas cette entente. Alors, je
m'adresse à la ministre, mais je m'adresse aussi aux ministres de Faune,
Forêts, Parcs et surtout du Transport aussi pour trouver rapidement une
solution pour permettre l'accès à ces chemins multiusages.
Cela étant dit, M. le
Président, j'aimerais faire un bref retour historique sur la nature du litige
qui nous amène aujourd'hui à légiférer
encore une fois pour préserver cette immunité. Donc, je nous ramène en 2004, M.
le Président. Un groupe de citoyens
menaçait de poursuivre le club de motoneige qui entretenait un sentier
interrégional dans la région des Laurentides. Le gouvernement libéral de
l'époque a alors déposé un projet de loi pour empêcher les poursuites en relation avec le bruit émis par les motoneiges. Il
justifiait que les clubs sont des OBNL qui n'ont pas une solide structure
financière et que permettre ces poursuites
mettrait en péril toute l'industrie. Et donc cette immunité n'était pas
indéfinie. Cependant, pendant toutes
les années, l'Assemblée nationale a adopté deux autres projets de loi, 2006 et
2011, donc depuis 2004, ce qui en
fait trois, qui prolongeraient l'immunité au 1er janvier 2008. Et à chaque fois, M. le Président, mes collègues de l'époque
avaient réaffirmé que c'était une solution qui n'était pas durable et qu'il
fallait enfin trouver une solution pour permettre d'éviter à chaque fois
d'y aller avec une loi pour maintenir l'immunité.
La
ministre en a fait mention, effectivement, c'est un petit projet de loi, deux
seuls articles, puisqu'on veut fixer maintenant
au 1er janvier 2020 la cessation d'effet de l'interdiction d'intenter
certains recours fixes liés à l'utilisation des véhicules hors route sur
les sentiers faisant partie du réseau interrégional. Et, comme la ministre l'a
souligné, pourquoi 2020? Bien,
effectivement, c'est à ce moment que la loi va rentrer en vigueur, qui va
permettre effectivement de légiférer sur les cylindrées des motoneiges
et donc permettre à ces nouveaux véhicules d'être moins bruyants.
Lors
des consultations particulières, cependant, ce qu'on a appris, M. le Président,
c'est qu'on est présentement à
84 % de la flotte qui va respecter... qui respecte déjà, pardon, la
législation, mais, d'ici 2020, l'association des clubs de motoneige nous
a dit qu'à leur évaluation nous serions à peu près à 90 %, ce qui
laisserait encore un 10 %, M. le Président, de véhicules qui ne
respecteraient pas, effectivement, la norme antibruit et antipollution fixée
pour 2020.
Alors, qu'est-ce
qu'on fait, M. le Président, avec ces véhicules-là, qui seront effectivement
âgés, mais qui représentent, dans certains
cas, un legs patrimonial pour certains individus? C'est la question qu'on s'est
posée. Est-ce qu'on devra encore une
fois, en 2020, retourner encore avec un projet de loi pour maintenir cette
immunité? J'espère que non, M. le Président, parce qu'il faut se rappeler que
lorsqu'on a adopté, en 2004, ce projet de loi là, c'était pour donner du temps aux clubs de motoneige de se conformer,
se conformer, dans certains cas, pour construire de nouveaux sentiers pour s'éloigner des lieux qui pouvaient causer de
la nuisance sonore et de la pollution et leur donner le temps de faire les
investissements. Ce qu'on a appris, M. le
Président, lors des consultations, c'est que le travail a été fait, mais il n'a
pas été tout à fait complété.
Et,
pour souligner mes propos, M. le Président, et c'est pour ça que c'est
important de revenir à la genèse du projet de loi en question, j'aimerais revenir sur la voie de contournement du
P'tit-Train-du-Nord. Le conflit entre les usagers et les riverains de la piste le
P'tit-Train-du-Nord est à l'origine, M. le Président, de cette série de projets
de loi. Il est à noter que le projet
de voie de contournement du tronçon problématique n'a toujours pas reçu le feu
vert du gouvernement. Et, lors des
consultations, les groupes nous ont affirmé qu'ils étaient prêts, qu'ils
n'attendaient que Québec dans ce dossier.
Alors,
ce qu'on a appris, M. le Président, c'est que, suite à ce litige, plusieurs des
groupes locaux, la municipalité, les
usagers ont commencé à réfléchir à des solutions, et la solution la plus
acceptable, donc celle qui obtenait l'acceptabilité sociale de tous, a été proposée au gouvernement,
tellement qu'il y a une annonce qui a été faite en 2011 par le ministre de l'époque, M. MacMillan, d'un financement de
7,5 millions, de mémoire, pour la réalisation de cette voie de contournement. Alors, quand on a demandé aux
groupes si ces sommes avaient été décaissées, est-ce que les travaux ont été
réalisés, la réponse a été non, M. le Président. Alors, le député de
Labelle, mon collègue, a creusé un peu plus puis il a dit : Écoutez, à l'époque, lorsqu'on est
arrivés au gouvernement, les coûts avaient changé. On ne parlait plus d'un
projet de 7,5 millions, mais on
parlait d'un projet aux alentours de 14, 15 millions, M. le Président, ce qui
était tout à fait aberrant, et tout
le monde était d'accord, de concéder autant de fonds publics pour une voie de
contournement. Donc, tout le monde est
retourné à ses devoirs. On a refait des travaux pour assurer l'acceptabilité
sociale, M. le Président. Et savez-vous quoi? Six ans plus tard, on est arrivés avec un projet de 2,2 millions.
Donc, oui, il y a eu l'effet de l'inflation, mais l'inflation inverse, M. le Président. Et là on est rendus à
2,2 millions. Alors, on a un projet de loi, M. le Président, qui va
maintenir l'immunité jusqu'en 2020,
mais le litige initial qui a donné toute cette législation depuis 2004, qui
était rétroactive à 2001, on a la solution entre nos mains, M. le
Président, du moins pour régler cette problématique-là.
Alors,
j'interpelle la ministre, M. le Président, de voir son collègue des Finances
parce qu'on a appris dans les médias,
M. le Président, qu'il y aura une mise à jour économique très prochainement qui
sera annoncée. Alors, au-delà des baisses
d'impôt qui ont été annoncées, j'espère, M. le Président, que la ministre a
réussi à trouver ce petit 2,2 millions nécessaire pour réaliser ces
voies de contournement.
Ce que les
groupes nous ont dit, effectivement, eux, ils n'ont pas de moyens pour
participer à ce montage financier, mais
ils ont tout le jus de bras, et toute l'accessibilité sociale, et toutes les
autorisations nécessaires pour procéder rapidement. Et donc, si ces sommes sont effectivement dévolues
dès la semaine prochaine, ils pourraient déjà préparer les travaux, et on pourrait voir, M. le
Président, l'apparition de cette voie de contournement déjà accessible pendant
l'hiver. Et on réglerait un problème
vraiment définitif qui ne permet pas présentement à relier deux secteurs stratégiques
des Laurentides, qui prive malheureusement les Laurentides de toutes les
retombées économiques reliées au tourisme et à l'activité de motoneige.
Alors, M. le
Président, il n'y a pas juste des gens qui sont venus nous dire pourquoi ils
étaient pour le projet de loi. Certains
sont venus nous dire pourquoi ils étaient contre. Notamment, et comme le passé,
le Barreau du Québec s'est opposé au
projet de loi n° 147 parce que ce qu'il nous disait, c'est que, dans
l'état actuel des choses, prolonger l'immunité de poursuite est un constat d'échec des mesures mises
en place par le législateur dans la foulée du jugement du P'tit-Train-du-Nord.
Et la même chose a été entérinée par le Centre québécois de droit en
environnement, qui est du même avis.
Donc, ce que
ça nous dit, M. le Président, c'est que tout le temps qu'on s'est donné, toute la
marge de manoeuvre qu'on s'est donnée
pour permettre aux clubs de motoneige d'arriver à des solutions qui éviteraient
de reporter dans le temps l'immunité,
bien, malheureusement, M. le Président, ces clubs de motoneige là n'ont pas eu
les moyens nécessaires parce que, je
tiens à le rappeler, ce sont tous et toutes des bénévoles qui travaillent à
l'entretien, qui font les acquisitions de
chenillettes pour faire l'entretien des sentiers pour les VTT, qui font le
balisage aussi pour les rendre sécuritaires. Bref, je pense qu'ils nous ont
démontré une bonne volonté, mais le constat qu'on est obligés de faire après
ces consultations, c'est qu'ils ont manqué de moyens financiers.
Alors, ce que
je me demande, M. le Président, parce que, oui, on va être d'accord avec le
principe, je pense qu'il faut encore
une fois sécuriser le milieu de la motoneige pour permettre cette immunité
jusqu'en 2020, mais la question que j'aurai à la ministre, M. le
Président : Le 1er janvier 2020, serons-nous encore ici, à
l'Assemblée nationale, pour demander, à un
mois et demi de l'échéance, une prolongation de l'immunité pour continuer dans
le même sens, c'est-à-dire de nier, dans certains cas, un droit fondamental
de citoyens de se plaindre d'une nuisance parce que, je veux le répéter, là,
ce n'est pas l'ensemble des motoneigistes
qui ont un comportement désobligeant... parce que, oui, les motoneiges ont
baissé leur bruit, oui, elles sont
moins polluantes, mais il n'en reste pas moins que, si je prends les chiffres
de l'association, qui nous dit que 90 % des motoneiges
seront conformes, M. le Président, il va en rester encore 10 %, que je ne
veux pas qualifier de négligents, mais que
je pourrais qualifier de réfractaires au changement, qui pourraient, M. le
Président, causer encore des préjudices à nos citoyens et citoyennes. Et
qu'est-ce que ça va prendre pour contraindre ces personnes-là? Est-ce que ça sera effectivement la possibilité
peut-être d'intenter des poursuites suite à leur comportement négligent?
C'est ce qu'on verra, M. le Président.
Alors, oui,
on va être d'accord avec le principe, mais j'invite le gouvernement à réfléchir
sur la portée de cette loi pour 2020, mais surtout d'arriver avec des
solutions pour qu'on évite, encore une fois, de répéter cette immunité ultérieurement dans le temps et qu'on restreigne
le droit... pas qu'on restreigne, pardon, mais qu'on permette aux droits
des citoyens qui sont victimes de
comportements, je vous dirais, abusifs et même délinquants de certains
motoneigistes d'avoir les moyens de
se faire entendre, de se faire respecter pour qu'ensemble on trouve tous une
paix sur nos sentiers et qu'ensemble
on contribue tous au développement économique de l'industrie et à l'aménagement
sécuritaire et durable de nos territoires. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : On vous remercie, M. le député de
René-Lévesque, de votre intervention, mais,
avant de donner la parole au collègue du deuxième groupe, je dois vous annoncer
qu'il y aura trois débats de fin de
séance aujourd'hui : le premier sur une question adressée par M. le député
de René-Lévesque au ministre responsable de l'Administration
gouvernementale, de la Révision permanente des programmes et président du
Conseil du trésor concernant le conflit de
travail avec les ingénieurs de l'État, un deuxième débat sur une question
adressée par M. le député de
Beauharnois au ministre responsable de l'Administration gouvernementale, le
même ministre, sur le conflit de travail avec les ingénieurs de l'État et un troisième débat sur une question
adressée par M. le député de Rousseau au ministre des Finances concernant la taxation du cannabis.
Alors, dès qu'on a l'information, on est obligés de la transmettre pour
que les parlementaires soient informés et les gens qui nous suivent.
Je cède maintenant la
parole à M. le député de Deux-Montagnes pour son intervention. Oui. À vous.
M. Benoit Charette
M. Charette :
Voilà. C'est gentil. Merci, M. le Président. Et je ne ferai pas durer le
suspense très, très longtemps. Je
confirme que nous allons voter en faveur du principe. Nous avons eu, ces
derniers jours, à entendre, oui, des partenaires du milieu de la
motoneige, mais également du quad, mais on a eu également, et ça a été très
apprécié, une rencontre technique avec les
gens du ministère pour mieux comprendre la portée, en fait, de ce projet de
loi. Et, dans les faits, on reconnaît
tous l'importance de l'industrie au Québec. On parle de milliards en retombées,
on parle de milliers d'emplois également.
Reste, à ce moment-ci, à trouver le juste équilibre entre cette activité, qui
permet à des milliers d'individus de
profiter des beautés de l'hiver, mais également à des touristes de visiter nos
beaux paysages, et les riverains ou, sinon, les gens habitant à proximité des sentiers. Et je pense qu'avec le
projet de loi en question l'équilibre est maintenu en ce sens que l'industrie s'est passablement disciplinée au cours des dernières années pour
favoriser un partage de ces corridors qui ne soit pas trop dérangeant.
• (12 h 50) •
L'industrie a aussi mis en place des tables de concertation avec les citoyens.
Maintenant, lorsqu'un sentier peut être déplacé, il est à une distance encore plus grande. À une certaine
époque, on parlait de 30 mètres, on parle de 100 mètres aujourd'hui. Les fabricants ont fait beaucoup d'efforts également pour faire en sorte
que ces engins, qui demeurent très puissants,
soient de moins en moins bruyants. Et d'ailleurs, lorsque le corridor de 100 mètres est respecté et
que la limite de vitesse qui est
permise sur les sentiers en question est respectée, il n'y a à peu près
pas de bruit qui est perceptible chez les voisins ou, donc, chez les
riverains.
Bref, des compromis
qui ont été faits de toutes parts. J'insistais tout à l'heure en mentionnant
les tables de concertation. Bref, tous
semblent conscients aujourd'hui de l'importance de cette industrie, l'importance de la préserver. C'est
certain que, lorsqu'on extensionne un délai comme on le fait à travers
le présent projet de loi, on espère toujours qu'à la fin de cet échéancier-là
on puisse avoir trouvé les réponses qui sont encore présentes, qu'on puisse
avoir trouvé les mesures nécessaires
pour ne pas avoir à le reporter de nouveau. Mais, à écouter autant les gens de
la fédération des clubs de motoneige, autant la fédération des clubs de
squat, il y a un club de motoneige aussi qui s'est présenté en commission,
tous semblent travailler dans cette direction. Et nous aurons l'occasion,
naturellement, à travers l'étude article par article, de valider auprès de la ministre, mais, à travers ses
propos, on décodait une volonté gouvernementale
réelle de favoriser justement le respect de cet échéancier qui nous est
présenté.
Bref,
à ce moment-ci, je n'en dirai pas davantage. Oui, nous voterons pour le
principe et, oui, à travers l'étude article par article, qui devrait se
faire, je devine, dans un délai rapproché, assez rapidement, parce qu'on ne
parle que de deux articles... mais ça ne
nous empêchera pas de poser les questions et aller chercher les garanties
nécessaires pour pouvoir ultimement appuyer le projet de loi, si tel est
notre conclusion. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : On vous remercie, M. le député de
Deux-Montagnes, de votre intervention. Je ne vois pas d'autre demandeur
de parole.
Mise aux voix
Alors, est-ce que le principe du projet de loi
n° 147, Loi concernant l'interdiction d'intenter certains recours liés
à l'utilisation des véhicules hors route dans les sentiers faisant partie du
réseau interrégional, est adopté?
Des voix :
Adopté.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Alors, il est adopté. M. le leader adjoint du
gouvernement.
Renvoi à la Commission des transports et de
l'environnement
M. Tanguay :
Oui. M. le Président, conformément à l'article 243 du règlement, je fais motion afin que ce projet de loi soit déféré à la Commission des transports et de
l'environnement pour étude détaillée.
Mise aux voix
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Cette motion est adoptée?
Des voix :
Adopté.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Alors, cette motion est adoptée.
Alors, à nouveau, M.
le leader, pour la suite.
M. Tanguay : Oui, M. le
Président. Je vous demanderais de suspendre nos travaux jusqu'à 15 heures
afin de permettre le débat, alors,
sur le principe du p.l. n° 146.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Alors, est-ce que cette motion est adoptée, de
suspendre nos...
Des voix : Adopté.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Alors, la motion étant adoptée, nos
travaux sont suspendus tel qu'indiqué.
(Suspension de la séance à 12 h 55)
(Reprise à 15 h 1)
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, chers collègues, je
vous souhaite un très bon après-midi.
Veuillez vous asseoir.
Alors, Mme la leader adjointe du gouvernement,
je vous cède la parole pour la suite de nos travaux.
Mme Vien :
Alors, bon après-midi, M. le Président, chers collègues. Alors, veuillez
appeler l'article 14, s'il vous plaît.
Projet de loi
n° 146
Adoption du principe
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : À l'article 14 de notre
feuilleton, M. le ministre des Finances propose l'adoption du principe du projet de loi n° 146, Loi
donnant suite principalement à des mesures fiscales annoncées à l'occasion du
discours sur le budget du
28 mars 2017. M. le ministre des Finances, je vous imagine prêt à
intervenir et je vous cède la parole.
M. Carlos J. Leitão
M. Leitão :
Très bien. Merci beaucoup, M. le Président. Alors, je soumets à cette Assemblée
pour qu'elle en adopte le principe le
projet de loi n° 146 intitulé Loi donnant suite principalement à des
mesures fiscales annoncées à l'occasion du discours sur le budget du
28 mars 2017.
Ce projet de
loi, M. le Président, a été présenté le 9 novembre 2017. Il modifie
16 lois et deux règlements, dont la Loi sur les impôts, la Loi sur la
Régie de l'assurance maladie du Québec et la Loi sur la taxe de vente du Québec.
Il donne suite principalement à des mesures
fiscales annoncées lors du discours sur le budget du 28 mars 0217 de
même que dans les bulletins d'information publiés en 2016 et en 2017.
M. le
Président, ce projet de loi modifie la Loi sur les impôts afin d'y modifier ou
d'y introduire plusieurs mesures fiscales propres au Québec. Ces mesures
sont regroupées en différents sujets, en voici quelques exemples.
Ce projet de loi
modifie également la Loi sur la Régie de l'assurance maladie du Québec afin
notamment d'abolir, dès
l'année 2016, la contribution santé pour les contribuables à faibles et à moyens revenus et, dès l'année 2017, pour
l'ensemble des contribuables.
Par ailleurs, ce projet de loi modifie la Loi sur les impôts et la Loi sur la taxe
de vente du Québec afin d'y apporter des modifications semblables à
celles qui ont été apportées à la législation fédérale.
Enfin, ce
projet de loi apporte des modifications à caractère technique, de concordance
ou de terminologie à diverses lois.
Je vais
m'abstenir, M. le Président, d'énumérer les autres mesures contenues dans le projet de loi n° 146, puisque ses notes explicatives en font état et
que nous aurons l'occasion de l'examiner plus en détail en commission parlementaire.
Alors, en
terminant, j'invite donc, M. le
Président, les membres de cette Assemblée à adopter
le principe du projet de loi n° 146. Merci beaucoup.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le
ministre, pour cette succincte intervention. M. le député de Rousseau,
je vous sens prêt également à intervenir. Je vous cède la parole.
M. Nicolas Marceau
M.
Marceau : Oui. Merci, M. le Président. Alors, il me fait plaisir
d'intervenir sur le projet de loi n° 146 qui donne suite au budget du 28 mars 2017. Le
projet de loi, effectivement, contient des mesures fiscales qui découlent, là,
de ce qui a été annoncé dans le budget.
Maintenant,
de notre côté, nous allons nous comporter comme nous nous sommes toujours
comportés quant au projet de loi
découlant d'un budget. Je vous rappellerai que... En fait, et je vous le dis
déjà, d'ores et déjà, M. le Président, nous
allons être contre le principe de ce projet de loi, nous allons voter contre.
Pourquoi? Bien, parce qu'évidemment il fait
partie de la politique budgétaire du gouvernement, celle qui avait été
présentée en mars 2017, et vous vous rappellerez les objections que nous avions soulevées à cette
époque et qui continuent d'être valables. Vous vous rappellerez, en fait,
que nous nous étions opposés au budget parce
qu'il perpétuait les coupures importantes qui ont été observées en santé
puis en éducation depuis l'arrivée de l'actuel
gouvernement, en 2014. Seulement qu'en santé, si les budgets avaient été à
la hauteur prévue, à la hauteur des besoins,
il y aurait 1,4 milliard de dollars de plus dans le budget de la santé. En
éducation, même chose...
(Interruption)
M. Marceau :
Oupelaïe! Pardon.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Veuillez poursuivre. Je pense que
la transcription des débats va se faire. L'intensité de la lumière est un peu moins là. Alors, je vous
invite à poursuivre. Je vous vois très bien et je vous entends très bien.
M. Marceau :
Cela ne m'empêchera pas, M. le Président. Alors, je disais qu'en éducation, là
aussi, donc, la croissance beaucoup moins importante...
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Désolé de vous interrompre, mais
on me dit qu'à la télévision on vous
voit très bien aussi, M. le député de Rousseau.
M. Marceau :
Et c'est un drame, M. le Président!
Donc,
je disais qu'en santé on parle de 1,4 milliard qu'il manque. En éducation,
c'est 1 milliard qu'il manque. Pour revenir à la santé, il faut quand même aussi rappeler, et nous
en avons parlé à l'époque et nous allons continuer à en reparler encore longtemps, les seules sommes... Les seules améliorations
au budget de la santé ont essentiellement été consacrées, pas seulement, mais essentiellement consacrées, à la
rémunération des médecins, et le gouvernement s'entête dans sa méthode pour améliorer le système de
santé, qui consiste à toujours donner plus d'argent à nos médecins. Et, de
notre côté, on pense que les médecins du
Québec sont excellents, qu'ils fournissent de très bons services à la
population, mais nous croyons
également qu'ils sont suffisamment payés et qu'il n'est pas nécessaire d'en
ajouter, d'autant que la rémunération des médecins a aujourd'hui très,
très clairement rattrapé la moyenne canadienne.
Il
faut aussi rappeler que le budget et la politique budgétaire plus généralement,
du gouvernement actuel reposent sur
une hausse du fardeau fiscal, qui a été entreprise en 2014, à la hauteur de
1 500 $ par famille. Bon, dans le dernier budget, il y a eu une réduction de la cotisation
santé, entre autres un petit allègement à l'impôt du revenu. Mais, au net, là,
on est encore à 1 000 $ de plus
par famille. Et donc les mesures qui sont là-dedans et certaines bonifications
qu'on retrouve là-dedans, à des
crédits d'impôt, par exemple, elles ont été financées en grande partie par des
coupures très importantes dans les dépenses, en santé et en éducation,
et par une hausse du fardeau fiscal.
Alors,
vous ne serez pas surpris, M. le Président, dans ce contexte-là, de m'entendre
vous dire que, quel que soit le contenu
de ce projet de loi, de manière plus spécifique, on n'est pas capables, de
notre côté, d'approuver un projet de loi découlant d'une politique budgétaire que nous croyons néfaste pour le
Québec. Alors donc, M. le Président, nous allons voter contre le
principe du projet de loi. Merci.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député de Rousseau,
pour cette intervention. M. le député de Granby, je vous cède la parole pour
votre intervention.
M. François Bonnardel
M.
Bonnardel : M. le Président, moi, je vous vois un petit peu
moins, mais on va essayer de... Non, écoutez...
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Mais je vous entends très bien, M.
le député de Granby. Ne vous inquiétez pas.
• (15 h 10) •
M.
Bonnardel : ...sans farce, je suis... Mes collègues ont été
concis et succincts face à ce projet de loi, le projet de loi n° 146, j'essaierai d'être un petit peu
plus long qu'eux. Mais, M. le Président, je suis heureux, donc, de réagir au
projet de loi n° 146, que le
ministre a déposé voilà 48 heures, ou à peu près, là... oui,
48 heures ou à peu près, un projet de loi important. C'est un projet de loi qu'on connaît, dans le sens où, M.
le Président, à chaque année, le ministre des Finances doit déposer
un budget pour mettre
en place les mesures fiscales qui ont
été annoncées dans le dernier budget du 28 mars 2017.
Je
ne vais pas vous énumérer tout ce qu'il
y a dans le budget, M. le Président, tout ce qu'il y a dans cette loi, mais certainement quelques
points qui m'interpellent, et on va peut-être essayer d'améliorer certaines
choses quand on arrivera à l'étude détaillée,
M. le Président, sinon se rendre plus dans un ensemble à savoir pourquoi on va
voter pour ou on va voter contre ce projet de loi.
Quand
on regarde les notes explicatives, M. le Président, on parle de l'instauration
d'un supplément pour enfant handicapé
nécessitant des soins exceptionnels dans le cadre du crédit d'impôt
remboursable pour le soutien aux enfants. Je pense que plusieurs députés à l'Assemblée nationale, dont moi... Et
je prends l'exemple du petit Milann, à Granby, que sa maman a demandé une aide additionnelle pour son
enfant qui est handicapé, où Retraite Québec, qui s'occupe de ce montant
que les Finances ont octroyé... Si je ne me
trompe pas, c'est un montant d'une quinzaine de millions ou 20 millions,
là, je ne veux pas me tromper, et on
m'a dit que, nécessairement, les demandes avaient explosé. On s'est rendu
compte aussi que Retraite Québec
avait beaucoup, beaucoup de misère à être capable d'évaluer rapidement, si je
peux le dire ainsi... ou d'en arriver
à un constat qui les amenait... qui les amenait à avoir eu des demandes
exponentielles, mais de ne pas être capable
de répondre spécifiquement à ces nouvelles mesures que le gouvernement a mises
en place. Et je vois dans le budget...
dans ce projet de loi qu'à la fin on évalue, bon, les paramètres d'évaluation.
Alors, je l'amène tout de suite, le ministre des Finances, à lui dire que,
nécessairement, on va être... on va essayer d'améliorer l'évaluation que le
ministre en fait ou que
Retraite Québec en fait quand c'est le temps d'évaluer ces enfants qui ont
des troubles, pas juste d'apprentissage, certains handicaps, parce que malheureusement, on le sait, il
y a des enfants et des familles qui
vivent avec des enfants handicapés. Je pense que chaque député a
peut-être eu déjà des cas comme ça dans leurs bureaux de circonscription.
On
s'est réjouis aussi, parce qu'il n'y a pas juste de mauvaises choses, là, on
s'est réjouis aussi, M. le Président, pour
ce qui est de la prolongation jusqu'au 31 mars 2018 de la période
d'admissibilité au crédit d'impôt remboursable RénoVert. Ce fonds, comme tel, a eu plusieurs noms... ce crédit d'impôt,
je devrais dire, là, dans les dernières années. Puis je pense que ça va de soi que ce crédit est bénéfique. Plusieurs, plusieurs, plusieurs
familles en bénéficient, quand on regarde le montant qui est octroyé
année après année, que ce soit le Parti québécois, quand il a été au pouvoir,
le Parti libéral. Donc, de le prolonger jusqu'au 31 mars, je crois que
c'était une très, très bonne chose.
Instauration d'un crédit d'impôt remboursable
aussi pour la mise aux normes d'installations d'assainissement des eaux
usées et résidentielles.
Alors,
quelques petits points qui ont été énumérés dans ce projet de loi qui nous
paraissent très intéressants, mais il faut regarder l'ensemble de ce projet de
loi, M. le Président. Et je ne peux pas intervenir aujourd'hui sans nous
ramener tous ensemble au budget du
28 mars dernier. Quelles étaient, M. le Président, nos demandes, si je
peux le dire ainsi, voilà quelques mois déjà?
On demandait
100 $ par élève pour l'achat de fournitures scolaires. C'était, pour nous,
important de donner un peu d'oxygène
aux familles, pour les jeunes qui débutent l'école, comme on le sait, à chaque
année, au mois de septembre. Pour
nous, avec le fardeau fiscal qui continue d'augmenter, le fait que les taxes
ont augmenté dans les dernières années, depuis l'arrivée du Parti
libéral en 2014, pour nous c'était une mesure qui allait de soi.
La
prématernelle quatre ans offerte à tous, c'était une autre demande que j'avais
faite au ministre des Finances au mois
de février dernier. Une mesure qui n'a pas été appliquée pour l'ensemble des
enfants de quatre ans. Les professionnels pour aider les élèves dans les écoles, on en avait demandé à peu près
800. Il faut que je donne à César ce qui lui revient : le gouvernement a quand même pris cette demande de
façon très sérieuse. Parce qu'on le sait, les difficultés d'apprentissage...
Ce n'est pas tout le monde qui suit le
cursus régulier. Mon collègue porte-parole à l'éducation, le député de Chambly,
pose des questions à toutes les semaines sur
la situation de certains élèves. Le fait aussi qu'on a coupé... Parce que, bon,
ça, je l'ai mentionné au mois de mars
dernier, on essaie... on laisse croire qu'on est revenus à des augmentations
substantielles des budgets en
éducation. Ce n'est pas le cas. On est revenus, en réalité, aux prévisions
qu'on avait déjà dans le budget voilà trois ans. Mais, au-delà de ça, on
a répondu positivement, donc, pour supporter des élèves en difficulté.
Un point
malheureux, on avait demandé... j'avais demandé aussi qu'on hausse l'aide...
pas l'aide, mais le financement des
repas en CHSLD. Combien de fois mon collègue le député de Lévis s'est levé,
encore cette semaine, pour demander
au ministre de la Santé... Le coût d'un repas en CHSLD est à
2,22 $ présentement, et on considérait, de façon respectueuse, que ce montant pouvait être
doublé, minimalement, pour l'amener à 4 $, une mesure qu'on a évaluée
à peu près à 23 millions de dollars. Je
pense que, dans le contexte budgétaire que nous connaissons aujourd'hui, c'est
un principe de dignité et de respect
envers nos sages, nos aînés, qui, ma foi, méritent... Au-delà de la capacité,
là, que les établissements ont à
offrir de bons repas, je prends les mots du ministre des Finances, je pense
qu'aujourd'hui, en 2017, on est
capables de faire mieux. On est capables de donner un peu plus. Parce que je
vais mettre au défi les familles à la maison
d'offrir des repas avec 2,22 $ pour leur enfant, jour après jour... Mais,
je m'excuse, M. le Président, les conditions, aujourd'hui, nous
permettent d'être plus généreux pour les gens en CHSLD.
Je disais
aussi : Fonds d'infrastructures sportives. Bon. Ça fait quelques années
qu'on connaît ce fonds. Ce fonds est
extrêmement, extrêmement populaire. C'est un montant de 50 millions qui
est mis année après année. Le gouvernement a décidé de laisser ce montant à 50 millions, on le sait. Tout le
monde a des demandes, que ça soit pour des piscines, des arénas ou d'autres choses qui soutiennent les
saines habitudes de vie, l'activité sportive dans différentes villes et
villages. Pour moi, on aurait
peut-être pu être capables de mener ce montant à la hausse dans le dernier
budget. Alors, j'ai hâte de voir pour le prochain si le gouvernement va
répondre plus positivement à ça.
Mais, au-delà
de tout ça, M. le Président, je vous ai parlé de certains points, pour moi, ce
qui est aussi important, ce sont les familles. Ce sont les gens qui nous
écoutent, ce sont les contribuables, ce sont ceux qui partent travailler matin
après matin, boîte à lunch à la main, qui
envoient les enfants à l'école, à la garderie, puis qui voient depuis quelques
années leur pouvoir d'achat, si on
peut dire, le revenu disponible par habitant, le PIB par habitant, pour
certains... Ce n'est pas quelque
chose qu'on est habitués, là, mais, quand on regarde ce qui reste dans les
poches des contribuables québécois, vous
comprendrez que, dans les... On va juste prendre les quatre dernières années ou
à peu près, depuis que le Parti libéral est arrivé au pouvoir en 2014,
je me suis souvent levé ici, à l'Assemblée nationale, en expliquant que, depuis
2014... Malgré le fait que le ministre des
Finances nous dit : Non, non, non, ce ne sont pas des taxes, ce ne sont
pas des impôts additionnels, c'est un petit café ici, un petit café par là,
bien, à la fin, quand on regarde le portrait global, le portefeuille des Québécois est amputé d'à peu près
1 300 $, moins le 500 $, si je peux l'appeler, de baisse, parce
qu'on a réduit, on a annulé, même, la taxe santé.
On a réduit
certains frais pour les services de garde, parce qu'on a mis énormément de
pression sur le gouvernement. Mais,
quand on regarde l'ensemble... Les tarifs d'électricité dans les quatre
dernières années, sinon les... mais on peut même inclure le Parti
québécois là-dedans, quand ils ont été au pouvoir en 2012, les tarifs ont
augmenté au-dessus de l'inflation. On a fait énormément, énormément de
pressions. On a vu des tarifs qui ont augmenté à 4 %, à 5 %, ce qui est de loin au-dessus de ce qu'on connaît en
termes d'inflation année après année. Ça a amené, donc, des augmentations,
2014, 2015, de 117 $ pour les familles
québécoises. La baisse du crédit d'impôt sur la cotisation syndicale, mine de
rien, c'est un 185 $ que certains travailleurs syndiqués ont perdu.
Les frais de garderie, bien, 661 $ de moins.
Il ne faut pas oublier, M. le Président, que...
la promesse-phare du Parti libéral, je l'ai montrée ici maintes et maintes fois, en 2014, où le premier ministre,
main sur le coeur, avait dit : Nous, on va faire tout le contraire de ce
que le Parti québécois souhaite
faire, on n'augmentera pas les tarifs de garde au-dessus de l'inflation. Mais
le Parti québécois voulait passer...
faire augmenter les tarifs de 7 $ à 9 $, si je me souviens bien. Et
il avait dit aussi : La moitié des surplus qui seront engrangés par
le gouvernement, nous remettrons cet argent aux contribuables québécois.
Alors, deux choses qui ont été... deux
promesses qui ont été rompues : on n'a pas retourné l'argent des surplus
budgétaires comme le gouvernement l'avait promis, et, de l'autre côté, bien,
soudainement, les frais de garde, on n'a pas juste augmenté à l'inflation, on les a modulés. Alors, il y a eu des
familles qui ont eu des augmentations substantielles, énormément de familles ont vu des augmentations
qui leur ont coûté cher, coûté cher, il faut l'avouer, des familles qui
n'étaient pas préparées et qui ont dû payer les 2 000 $,
3 000 $, quand le rapport d'impôt est arrivé.
La
taxe sur l'essence, bien, ça, c'est un cliché. Année après année, c'est certain
que le gouvernement se dit : Tiens, on va aller en chercher un petit peu plus dans les poches des
automobilistes, les 134 $ qu'on est allés chercher dans leurs poches. Les taxes scolaires, on n'a qu'à se
souvenir aussi du montant que les commissions scolaires sont venues chercher
dans les poches des propriétaires fonciers,
on parle de 120 $, encore une fois des augmentations qui ont été plus
élevées que l'inflation.
• (15 h 20) •
Autres
taxes et tarifs, je vous fais grâce, et, comme je le mentionnais tantôt, un
montant qui a été réduit d'à peu près
500 $ par le gouvernement dans les deux dernières années pour répondre
minimalement à cette fameuse taxe santé qui avait été mise en place par Raymond Bachand en 2010 et qui, pour
moi, n'avait pas sa place, on avait déjà... déjà que l'on taxait et imposait énormément le contribuable
québécois pour financer le système de santé. Je l'ai maintes et maintes fois dit, dans une société moderne comme la nôtre,
d'attendre 12, 14, 15 heures pour aller à l'urgence, pour moi, c'est
inacceptable. De ne pas être capable d'avoir
un médecin de famille pour à peu près le quart de la population, 25 %,
c'est inacceptable. Quand la moitié de tes impôts, la moitié de tes
impôts à peu près vont dans le système de santé, tu dis : Comment ça se fait que, si j'ai un médecin de
famille, si j'ai la chance d'en avoir un, je ne suis pas capable de voir ce
fameux docteur soit parce que mon fils est
malade le samedi matin ou le dimanche soir? Immense problématique d'accès
pour ces médecins de famille.
Mais,
au-delà de tout ça, quand cette taxe santé a été mise en place par Raymond
Bachand et le Parti libéral, pour moi,
c'était indécent de voir jusqu'à quel point on prenait les Québécois pour des
guichets automatiques en disant :
On va aller en chercher un petit peu plus dans leurs poches. Et je peux... On se réjouit parce que
je l'ai répété année après année,
que cette taxe n'avait pas sa place, cette
fameuse taxe santé qui même avait été augmentée à près de 800 $, à 1 000 $ pour les plus
fortunés, et aujourd'hui, bien, cette taxe a été abolie. Tant mieux! Tant
mieux! Mais il reste qu'aujourd'hui, aujourd'hui,
on en arrive à un portrait où, si je prends toutes ces augmentations des
dernières années versus... — et la lumière fut, M. le
Président! — et,
si on prend toutes...
Des voix :
...
M. Bonnardel :
Moi, j'aimais mieux quand c'était plus tamisé. Hein, il me semble qu'on se
sentait... Il manque juste une petite neige qui nous tombe dans...
Bon,
on revient à nos moutons. Mais, bon, je disais, suite à cette augmentation et
la baisse de la taxe santé : Il y a encore, aussi, aujourd'hui, un montant de 800 $, ou à peu près,
qu'on est allés chercher dans les poches des contribuables québécois, des familles depuis 2014. Et là le
gouvernement nous dit : Ça n'existe pas, ce montant; ce n'est pas vrai. Le
ministre des Finances n'a jamais pu prouver le contraire, à savoir que ces
montants sont véridiques.
Ces augmentations ont
été mises en place par les libéraux. Et ça amène quoi? Ça amène un portrait...
Et j'ai trouvé ce papier, le
6 avril 2017, quelques jours après le dépôt du budget, Jean-Michel
Genois Gagnon, qui disait : Sombre diagnostic pour les Québécois. Malheureusement, c'est une statistique qui
revient année après année, où on dit... Il disait : «Les Québécois
nés pour un petit pain? La province est bonne dernière au pays en matière de
revenu disponible.»
Il faut se souvenir,
M. le Président, vous étiez ici quand Jean Charest était au pouvoir,
2003...
Une voix :
...
M. Bonnardel :
... — le
premier ministre Charest, excusez-moi, d'habitude, je ne me trompe pas
sur... — le
premier ministre Charest était au pouvoir, le premier ministre lui-même, nous
étions sixièmes de toutes les provinces canadiennes.
Eh bien, 10 ans plus tard, on est derniers pour ce qui est du revenu
disponible par habitant, en queue de peloton aussi pour le produit intérieur brut par habitant. En moyenne, selon
HEC Montréal, un Québécois dispose annuellement de 26 800 $ dans son portefeuille pour
consommer ou épargner. C'est 4 123 $ de moins qu'un Ontarien. Si on
se compare à l'Alberta, M. le Président, c'est 13 847 $ de
moins que nous avons dans nos poches comparativement à une famille albertaine, 4 123 $ si on se compare à
une famille ontarienne. Et je vous fais grâce du PIB par habitant, M. le
Président, où le niveau de vie du Québec n'a rien pour faire rougir les
autres provinces.
Et ça, bien, c'est un
constat qui dure depuis trop longtemps. On a rigolé maintes et maintes fois du
côté du gouvernement quand mon chef a
mentionné, dans les trois dernières années, qu'on pouvait faire mieux, qu'on
était 57e sur 61 États et provinces en Amérique du Nord. Bien, ce
constat n'a toujours pas changé, M. le Président. On est toujours en queue de peloton. Et, même si on se compare,
là, même si on se compare versus coût de la vie, versus les acquis sociaux
que nous avons aujourd'hui, on est capables
de faire mieux. Et mon chef l'a mentionné maintes et maintes fois. Et, pour
nous, il était important d'en arriver à une chose : de baisser les impôts.
Le
portrait financier du gouvernement s'est amélioré dans une certaine mesure où
on a vu, dans la dernière année, un
surplus important. Qui s'est fait sur le dos de qui? On a un contrôle des
dépenses, d'un côté... Parce qu'un budget, ce sont des revenus, des
prévisions, si on en reçoit plus, l'économie va peut-être mieux, de l'autre
côté, un contrôle des dépenses. Mais, quand
on en arrive, M. le Président, à avoir des surplus comme on a connu dans les
deux dernières années, minimalement,
bien, c'est peut-être le temps de se dire que, les contribuables québécois, qui
ont fait leur part de façon substantielle, bien, de baisser les impôts,
c'est le moment.
On nous dit, certaines rumeurs nous disent que, la
mise à jour économique la semaine prochaine, le ministre des Finances va annoncer une baisse d'impôt. Vous le savez, on
était les seuls, les seuls dans notre camp en disant, depuis deux ans, minimalement, qu'il faut baisser les impôts des
Québécois de 500 $ par personne, de 1 000 $ par famille. Jamais
on n'a entendu le Parti québécois nous dire qu'il fallait baisser les impôts.
Pour le PQ, tout comme pour Québec solidaire, on taxera toujours plus le
contribuable. Toujours plus. Ça, c'est indéniable. On a fait la même chose du
côté du Parti libéral dans les trois dernières années. On a vu le
constat : un pouvoir d'achat qui a continué de baisser, des banques
alimentaires qui voient les demandes qui explosent année après année, je l'ai
mentionné aussi, ça, dans les deux derniers budgets. On n'a qu'à voir, là,
malheureusement, à la période des fêtes, où les familles qui sont dans le
salaire moyen, là, qui ne sont pas à 11,50 $, là, de taux horaire, là, qui
ont besoin d'aide parce qu'ils ne
peuvent arriver ou boucler leur fin de mois. Bien, c'est à ça qu'on veut
répondre, M. le Président, c'est à ces
familles qui ont supporté, ont fait
les frais de ce retour à l'équilibre budgétaire, dans une certaine mesure, en
leur disant : Bien, aujourd'hui, c'est votre tour. Et, si, cette dernière
mesure, qui est de baisser les impôts, comme on le demande depuis deux ans au moins, le ministre des Finances
l'applique... on a peut-être créé un trésor de guerre, du côté du Parti
libéral, mais on applaudira. On applaudira si on baisse les impôts, parce que,
pour nous, c'est extrêmement important de le faire immédiatement.
Quand on va
baisser les impôts, si on le fait, puis qu'on en arrive à baisser les impôts de
1 000 $ par famille, c'est une
mesure qui coûte 1,7 milliard, bien, dans une autre mesure, on va hausser
le PIB aussi. On va nécessairement, et on le souhaite... Puis on en est
persuadés, qu'en redonnant un peu d'oxygène et d'argent dans les poches des
contribuables, leur pouvoir d'achat qui va augmenter, bien,
nécessairement ça aura un impact sur le PIB de la province.
Donc, M. le
Président, pour nous, c'était important de mentionner et de faire le portrait
de ce projet de loi, même si c'est un
projet de loi budgétaire, avec des mesures qui ont déjà été mises en place,
mais qui seront appliquées officiellement
par l'adoption de cette loi dans les prochaines semaines, prochains jours, si
on le veut bien. Bien que cette loi,
pour moi, à la base... Pour nous, à la base, nous avions voté contre ce projet
de loi... le dépôt du budget au mois de mars dernier. Donc, vous
comprendrez que notre position ne changera pas aujourd'hui. Je vais voter et ma
formation politique va voter contre ce
projet de loi, le projet de loi n° 146. Mais on va essayer, de façon
constructive, d'améliorer certaines
choses dans cette loi, qui sera nécessairement amenée à être étudiée en étude
détaillée dans les prochains jours.
Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député
de Granby, pour cette intervention. Y a-t-il d'autres intervenants sur
le principe du projet de loi n° 146?
Mise aux voix
Sinon, le
principe du projet de loi n° 146, Loi donnant suite principalement à des
mesures fiscales annoncées à l'occasion du discours sur le budget du 28
mars 2017, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Adopté. Pour la suite des choses,
Mme la leader adjointe du gouvernement.
Renvoi à la Commission
des finances publiques
Mme Vien :
Merci beaucoup, M. le Président. Alors, je vous demanderais de déférer à la
Commission des finances publiques pour étude détaillée ce projet de loi,
s'il vous plaît.
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Alors, cette motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Adopté. Mme la leader adjointe du gouvernement.
Mme Vien :
J'ai été informée, M. le Président, qu'il y a trois débats de fin de séance.
Donc, je vous demanderais de suspendre nos travaux jusqu'à
18 heures, s'il vous plaît.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien.
Alors, les
travaux de l'Assemblée sont suspendus jusqu'à 18 heures.
(Suspension de la séance à 15 h 29)
(Reprise à 18 heures)
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, tel qu'annoncé
précédemment, nous allons maintenant procéder aux trois débats de fin de
séance.
Débats
de fin de séance
Négociation avec les
ingénieurs de l'État
Le premier
débat, qui se fera entre M. le ministre des Finances et M. le député de
René-Lévesque, et je vous rappelle que
le débat concerne le conflit de travail avec les ingénieurs de l'État... Je
vous rappelle que, conformément à l'article 310 du règlement, le député qui a soulevé le débat et le
ministre qui lui répond ont chacun un temps de parole de cinq minutes, et le député a ensuite droit à une réplique de
deux minutes. Alors, M. le député de René-Lévesque, je vous cède la parole
pour une durée de cinq minutes.
M. Martin Ouellet
M. Ouellet : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Donc, ce
matin, lors de période de questions, on a questionné le ministre, le Conseil du trésor, pour comprendre
quelle était la logique derrière cette loi spéciale, qui, si je regarde le
temps, Mme la Présidente, va
commencer son débat vers 7 heures. Quelle était la logique, puisque ce
qu'on a appris dernièrement dans les
médias, c'est que, lorsque les ingénieurs se sont présentés à la table des
négociations à 2 heures, ils ont déjà annoncé à la partie patronale
qu'ils suspendaient leurs moyens de pression.
Alors, toute
la semaine, le ministre des Transports, le ministre responsable du Conseil du
trésor nous ont annoncé une hécatombe
de trafic pour ce qui est de Montréal et de Québec, des congestions monstres,
bref, un vrai bordel sur les routes
si, effectivement, il n'y avait pas entente avec les ingénieurs. Et ce qu'il
faut comprendre, c'est que les ingénieurs avaient, comme moyen de pression, suspendu leurs façons de répondre à la
demande par des heures supplémentaires. Bon, il y avait — puis
on a appris ça ces derniers temps aussi — certaines ententes pour
certaines interventions, et, bref, les ingénieurs
de l'État s'étaient entendus ou, du moins, avaient offert au gouvernement
l'opportunité de faire des inspections très
stratégiques pour assurer la sécurité et la viabilité des infrastructures et ne
pas faire l'inspection totale pour permettre, effectivement,
ultérieurement à revenir compléter.
Donc, les
ingénieurs nous disent : On suspend les moyens de pression. C'est la
troisième fois, je crois, Mme la Présidente, qu'ils suspendent leurs
moyens de pression. Donc, quelle est l'urgence aujourd'hui? Quelle est
l'urgence, Mme la Présidente, de ramasser
tous les députés, de les mettre au salon bleu à partir de 19 heures, ce
soir, et de passer une nuit pour
faire un débat sur une loi spéciale forçant le retour au travail des
ingénieurs, suspendant leur droit de faire des moyens de pression, et, à mon humble avis, comme on l'a déjà vu par
le passé, mettant un cadre temporel à la future négociation, et, peut-on présumer, Mme la Présidente, la fixation de
conditions de travail pour les ingénieurs et les ingénieures du Québec?
Alors, ma
question dans ce débat de fin de séance : C'est quoi, la logique? Je veux juste essayer de comprendre pourquoi tout le monde est mobilisé ici ce soir
pour une loi spéciale. Quelle est la logique? Quelle est l'urgence? Je sais
que le ministre nous a dit ce
matin : Écoutez, ça fait 36 mois que les gens n'ont pas
réglé, ça traîne. C'est ça, la négociation, Mme la
Présidente. Une négociation, ça prend du temps. Il y a des gains, il y a des pertes. On retourne
à la table, on regarde ça d'un oeil
externe. On revient, on consulte nos membres. Bref, ça prend du temps. Mais, à
la finale de la journée, Mme la
Présidente, ce que tout le monde cherche,
c'est une entente négociée, acceptée par tous. Ce qui risque d'arriver, Mme la
Présidente, si on continue le débat et si on
adopte la loi spéciale demain matin, on vient complètement d'annuler cette
possibilité-là.
Et pourquoi
je cherche encore cette logique, Mme la Présidente? Bien, on n'arrête pas de
dire que les ingénieurs sont importants. La Vérificatrice générale nous
dit qu'on est à risque à l'expertise du ministère des Transports. Alors, j'aimerais comprendre, de la part du ministre,
quelle est sa stratégie derrière la loi spéciale pour intéresser les ingénieurs
à venir travailler au gouvernement ou pour
le gouvernement, quelle est cette stratégie derrière la loi spéciale pour
retenir nos plus anciens avec toute l'expérience et le savoir-faire, de
quelle façon une loi spéciale qui vient casser le lien de confiance entre l'employeur et les salariés vient
donner un momentum supplémentaire à l'accueil de nouveaux ingénieurs et
surtout à leur rétention.
Mme la
Présidente, je pense que les ingénieurs étaient légitimes dans leurs demandes,
puisque la VG a mentionné cette
possibilité-là qu'on pouvait perdre de l'expertise. Et je pense que tout le
monde au Québec, après ce qu'on a vécu dernièrement,
avec tous les scandales autour des firmes d'ingénierie... je pense que les
gens, aujourd'hui, leur capacité de
payer, elle est respectée. Parce que, depuis qu'on est arrivés au pouvoir en...
mon collègue de Jonquière a déjà apporté plusieurs modifications qui font qu'heureusement il s'est passé moins de
collusion dans le milieu de la construction et, surtout, autour des
différents chantiers que le gouvernement peut offrir à travers le ministère des
Transports.
Donc, si on
n'en avait pas pour notre argent par le passé et que la capacité des citoyens
et citoyennes de payer des extras
supplémentaires qui, malheureusement, ne respectaient pas leur portefeuille...
aujourd'hui, on est rendu à un niveau
tel que je pense que les gens reconnaissent l'importance d'une expertise
interne et propre au ministère des Transports, et leur capacité de payer, c'est d'avoir des infrastructures au juste
coût, sécuritaires et rentables sur plusieurs années. Et les meilleures personnes pour le faire, Mme la
Présidente, nous croyons que ce sont les ingénieurs de l'État avec leur
expertise, avec leur expérience et
avec leur savoir-faire. Et la meilleure façon de l'avoir, Mme la Présidente,
c'est en négociant, et surtout pas en mettant une loi spéciale pour imposer un
cadre temporel de négociation et, à la fin, des conditions de travail
non négociées. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie, M. le
député de René-Lévesque. Maintenant, je
cède la parole à M. le ministre des Finances, et je vous rappelle que vous
disposez d'un temps de parole de cinq minutes.
M. Carlos J. Leitão
M. Leitão :
Très bien, Mme la Présidente. Merci beaucoup. Alors, nous aussi, nous
souscrivons au point du collègue, dans le
sens que nous avons besoin des ingénieurs au travail. Nous avons besoin que les
ingénieurs soient sur place, soient
au travail parce que l'économie du Québec, l'avancement de nos importants
travaux d'infrastructure ont besoin de leur participation. Et nous
estimons beaucoup les ingénieurs de l'État.
Comme
vous le savez, Mme la Présidente, moi, j'ai aussi été au Trésor pendant une
bonne partie de l'année 2016. J'avais
déjà, à ce moment-là, été bien au courant de ce dossier. Et, depuis le début,
nous avons indiqué que nous voulions négocier
avec nos ingénieurs pour trouver une entente, et c'est toujours notre souhait,
c'est toujours notre objectif d'avoir une entente négociée, signée avec
les ingénieurs de l'État.
D'ailleurs, Mme la
Présidente, nous sommes toujours au travail. Nous sommes toujours,
présentement, au moment où on se parle, en
train de négocier avec nos ingénieurs. Donc, ça avance, et nous souhaitons, en
effet, arriver à une entente. Ça fait
déjà maintenant trois ans de négociations. Alors, à un moment donné, Mme la
Présidente, pour répondre au
collègue, quelle est l'urgence? Bien, à un moment donné, après trois ans de
négociations, il faut arriver à une finalité. Cette finalité doit être trouvée à l'intérieur de la capacité de payer
des contribuables québécois et aussi, et surtout, doit être trouvée aussi dans un esprit d'équité. Nous
avons signé des ententes avec la vaste majorité des employés de l'État, du
front commun. C'est aux alentours de
500 000 travailleurs, employés de l'État avec qui nous avons signé
des ententes et négocié des contrats,
les conventions collectives. Et donc, maintenant, dans un souci d'équité, nous
ne pouvons pas, maintenant, avec un
groupe, offrir quelque chose de complètement différent de ce qui été offert aux
autres. Donc, c'est dans un souci
d'équité que nous devons arriver à une entente avec les ingénieurs. Et c'est
tout, Mme la Présidente. Merci beaucoup.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie, M. le
ministre des Finances. Maintenant, M. le député de René-Lévesque, je
vous cède la parole pour votre droit de réplique de deux minutes.
M. Martin Ouellet (réplique)
M. Ouellet : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Ce que les ingénieurs cherchent,
c'est d'être reconnus à leur juste
valeur. Et, malheureusement, on sait que leurs conditions salariales sont de
20 % inférieures pour la même classe d'emploi ailleurs au Québec et même ailleurs au Canada. Et j'entendais
le ministre, tout à l'heure, parler de la capacité de payer, écoutez, Mme la Présidente, quand il est
venu le temps de donner des rémunérations supplémentaires aux médecins, on s'est dit, au Québec, que c'était important que
nos médecins soient bien payés, mais on s'est aussi dit qu'il fallait être
compétitifs selon ce qui était donné ailleurs au Québec.
Alors,
si c'est bon pour notre corps professoral... Puis je vous le dis, Mme la
Présidente, ils sont importants, nos
médecins, mais nos ingénieurs qui
conçoivent, et qui inspectent, et qui surveillent nos infrastructures le sont
tout autant. Alors, pourquoi
refuser à nos ingénieurs la même, même, même base de comparaison? C'est-à-dire qu'on est dus pour un rattrapage,
et ce rattrapage va faire que ces ingénieurs auront des conditions beaucoup
plus attrayantes pour permettre à nos
finissants, finissantes des différents baccalauréats et maîtrises en ingénierie
de venir travailler pour le gouvernement,
mais surtout de permettre à nos plus
anciens, qui ont tout le savoir-faire et qui sont capables de le transmettre directement à nos plus jeunes qui viennent d'arriver, de rester à l'emploi du gouvernement, et non pas aller du côté de l'entreprise privée.
Alors,
j'essaie de comprendre, mais je vois que c'est un deux poids, deux mesures. Si,
pour les médecins, c'était important de rattraper la courbe qui était
celle qui était ailleurs au Canada pour éviter ce grand écart de comparaison salariale et, surtout, de traitement des
avantages, alors pourquoi on ne peut pas, pour la même raison, pour une
capacité de payer, on ne peut pas
appliquer ce même principe à nos ingénieurs et ingénieures de l'État? Moi, je
vous le dis, Mme la Présidente, là, ils nous écoutent ce soir et ils se
demandent pourquoi une différence de traitement, car, pour nous, les deux sont aussi importants. Je soigne des malades,
mais aussi je m'occupe de mes infrastructures. Merci, Mme la Présidente.
• (18 h 10) •
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup, M. le député de
René-Lévesque.
Grève des ingénieurs de l'État
Nous
allons maintenant procéder au second débat entre M. le député de Beauharnois et
M. le ministre des Finances concernant
le conflit de travail avec les ingénieurs de l'État. M. le député de
Beauharnois, la parole est à vous et vous disposez d'un temps de parole
de cinq minutes.
M. Guy Leclair
M. Leclair : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, Mme la Présidente,
malheureusement, ce soir, nous faisons face,
encore une fois, à une non-négociation de la part du gouvernement. On a eu
plusieurs dossiers, on l'a entendu au courant de la période de questions
plus tôt aujourd'hui, que ça soit dans le domaine de la construction, dans
plusieurs domaines, on sort des lois spéciales. On a toujours, aujourd'hui, les
ambulanciers, trois ans et demi de négociations.
Le
ministre nous dit : On est en train de négocier en ce moment, encore à
l'heure qu'on se parle, puis on a rappelé la Chambre pour dans une heure. Alors, pourquoi, si c'est si important,
on attend la dernière journée à débalancer la table de négociation puis à dire : Voici un projet
de loi spéciale? On le sait depuis hier soir, qu'il y a un projet de loi
spéciale. Alors, on est assis à la table de négociation.
Je ne peux pas taxer le ministre... de
dire que tout est entièrement de sa faute. Mais, bien entendu, je vais taxer
le gouvernement, le gouvernement actuel,
qui, depuis déjà plusieurs années, ne s'assoit pas avec les ingénieurs. On
arrive à la date limite, à l'heure
limite pour négocier avec un projet de loi spéciale qui est déposé à
l'Assemblée nationale. On a le
rapport de la Vérificatrice générale, qui nous dit depuis déjà plusieurs mois,
si ce n'est pas des années... on nous dit qu'on perd notre expertise. On va se souvenir, malheureusement, Mme la Présidente, il y a plusieurs années, des ponts qui s'effondrent, mauvaise inspection, mauvais suivi. Est-ce qu'on attend encore ça? Qu'est-ce que ça
prend pour s'assurer que nos
ingénieurs aient les outils pour bien travailler, aient les gens en nombre
suffisant pour faire lesdites inspections? On parle de milliers de vies,
de risque de vies humaines.
Aujourd'hui,
bien entendu, on peut regarder juste la convention collective et dire :
Malheureusement, malheureusement, on
ne s'entend pas, puis on va mettre un projet de loi spéciale, puis on va
encadrer le salaire, et tout. Les ingénieurs le disent depuis longtemps, nous voulons juste que ça soit équitable, on
veut rejoindre l'équilibre de tous les ingénieurs des États, que ce soit
des autres provinces... Ils voient qu'ils sont moins payés.
Mon
collègue le spécifiait tantôt, lorsqu'on a été de passage au gouvernement
minoritaire pendant trop peu de temps, Mme la Présidente, on a donné un petit
coup de barre pour engager un petit peu plus d'ingénieurs. Bien entendu,
16 mois au pouvoir n'ont pas suffi pour rétablir le tout, ça n'a pas suffi
pour rétablir le tout.
Mais,
depuis les quatre dernières années... ce soir, on se pavane à dire : Bien
là ça fait trois ans, puis on veut s'assurer que c'est équitable. Bien entendu, mon collègue, il le répétait,
pourquoi on donne toute la caisse, tout l'argent qu'on avait de disponible aux médecins, puis on oublie, on
oublie les ingénieurs, les juristes? On a oublié tout le monde. On s'est
dit : Bon, bien, là, là, on va cadrer avec les médecins.
Les
ingénieurs de l'État, Mme la
Présidente... Après ça, on va taxer nos ingénieurs... de dire : Ils vont créer un surplus de trafic. On sait déjà
qu'on est en manque de personnel, on est en manque de qualification, on perd
l'expertise. Ce n'est pas l'opposition qui le dit simplement, la Vérificatrice
générale nous le dit, on est en train de perdre notre expertise. C'est vrai avec les ingénieurs
de l'État, c'est vrai dans tous les
services ordinés. Les gens qui sont nos experts sont rendus des
sous-traitants.
On
voit ce qui se passe dans les journaux. Ah! c'est facile pour l'opposition, en ce moment, dans les
dernières 24 heures, de
dire : Les histoires de M. Bibeau, et tout. C'est ça que le
gouvernement veut. Mais il faut être plus sérieux que ça, il faut être plus sérieux que ça, il y a
des gens qui nous écoutent, il y a des professionnels au travail. Les professionnels nous disent : Donnez-nous les
outils nécessaires, le salaire adéquat. Peut-être pas d'en donner, du salaire
plus haut que qu'est-ce qu'ils demandent, bien entendu, mais je pense qu'il y a
une place qu'on peut se rejoindre, définitivement.
Mais
qu'on arrive à la dernière heure et que le ministre se lève encore en Chambre
ce soir pour nous dire : On
négocie actuellement, ça fait deux jours
qu'on négocie... Ah! ça fait trois ans depuis le début des négociations. Quel
vrai intérêt qu'on y a mis?
Permettez-moi d'y douter, Mme la Présidente. Permettez-moi d'y douter parce qu'aujourd'hui
on se retrouve encore avec une loi spéciale. On bafoue les droits du
travail, on dit à ces gens-là : Vous n'aurez pas droit de revendication, non, on va vous donner une loi
spéciale, on va vous dicter qu'est-ce qu'on peut vous donner. Puis là le
gouvernement nous dit : On a des
surplus dans la caisse. Bien entendu, une année d'élection l'an prochain, on va
voir le nouveau budget, heureusement
ou malheureusement, je sens que les sous vont pleuvoir dans tous les domaines.
Pourquoi? Pourquoi qu'on ne respecte
pas nos gens, nos ingénieurs, de s'assurer qu'on garde l'expertise? C'est
fondamental pour une institution de garder notre expertise avec nous, et
non d'aller à la sous-traitance et d'en être dépendants.
Alors,
j'ose espérer que le ministre comprend ce bout-là, va mettre, dans les mois
prochains, les efforts nécessaires pour rapatrier l'expertise pour que
ça reste...
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci, M. le député de Beauharnois.
Maintenant, je cède la parole à M. le ministre des Finances, et vous
disposez, vous aussi, d'un temps de parole de cinq minutes.
M. Carlos J. Leitão
M.
Leitão : Très bien. Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, écoutez,
on oublie tout le monde... Non, on n'oublie
pas tout le monde. En fin de compte, Mme la Présidente, nous avons négocié de
bonne foi avec nos employés, avec les
syndicats de Front commun, presque 500 000 employés représentés par
des syndicats, et nous avons négocié des ententes collectives avec eux. Même les autres syndicats qui ne sont pas
membres du Front commun, nous avons aussi négocié des ententes avec ces syndicats, que ce soient les policiers,
que ce soient les agents correctionnels. Nous avons réussi à trouver des ententes avec la grande
majorité, avec 96 % des employés de l'État. On a réussi à trouver une
entente négociée avec ces employés-là, Mme la Présidente.
Alors, oui, on
respecte notre monde, oui, on apprécie le travail de ces spécialistes, de ces
professionnels-là, Mme la Présidente. Mais,
comme j'ai dit tantôt à l'autre collègue, c'est une question d'équité de base.
Nous avons négocié ces conventions
collectives avec 96 %... employés de l'État québécois et nous ne pouvons
pas, nous ne pouvons pas, au nom de
l'équité, maintenant déroger du cadre financier global que nous avions négocié
avec tout ce monde-là pour donner quelque chose de complètement
différent à un groupe comme les ingénieurs, que nous apprécions beaucoup.
Et nous avons besoin
des ingénieurs pas en grève, mais au travail, Mme la Présidente. Déjà, au mois
de juin dernier, nous avions fait une offre
qu'on avait dite finale, mais, quand même, on a continué de négocier. Mais ça
prend toujours deux parties pour
négocier, on ne peut pas négocier tout seul. Alors, c'est pour ça qu'on se
trouve ici maintenant, parce que,
depuis le mois de juin, ça n'a pas avancé d'un millimètre. Et, à un moment
donné, Mme la Présidente, un État doit prendre ses responsabilités, et
c'est ce que nous faisons aujourd'hui. Merci beaucoup.
• (18 h 20) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le ministre
des Finances. Maintenant, je vous recède la parole, M. le député de Beauharnois,
pour votre réplique de deux minutes.
M. Guy Leclair
(réplique)
M. Leclair : Merci,
Mme la Présidente. Alors, en conclusion,
c'est encore triste d'entendre ça ce soir, de dire qu'on a négocié avec tout le monde, puis 96 % des gens sont heureux. Parfait, ceux qui
ont réussi à négocier pas avec un fusil sur la tempe, pas avec une masse au-dessus de la tête comme un projet de
loi spéciale. Lorsqu'on apporte une loi spéciale, on ne négocie plus, on dit : Si vous n'êtes
pas fiers, on va se retrouver à telle date avec une loi spéciale. C'est ça
qu'on fait dans le dernier 24 heures,
on négocie... on ose espérer qu'on négocie, qu'on donne un dernier petit coup
de barre, mais avec un projet de loi spéciale en main. Donc, on sait
bien que ce n'est pas de la négociation, c'est de déséquilibrer complètement
les deux côtés de la table.
Alors, le
ministre nous dit : Bien, la plupart des gens se sont entendus. On dirait
qu'il oublie les médecins. Les médecins
n'ont pas eu le proportionnel que les autres employés de l'État ont eu, ont eu
beaucoup, beaucoup, beaucoup plus.
Est-ce que... parce que le premier ministre est médecin? C'est quoi, la vraie
cause? Je pense que le groupe d'ingénieurs du Québec sont des gens qu'on doit respecter. C'est le nerf de la
guerre. Qu'on fasse juste les calculs de sous-traitance que l'on donne pour remplacer ces gens-là, puis je
crois qu'on ne parlerait plus de salaire aujourd'hui, les coûts que ça nous
«occure» comme gouvernement avec ces
gens-là. Puis on voit ce que ça a donné, là, les gens qui ont fait à moitié
leurs tâches pour voir des ponts s'effondrer. Bien, je pense qu'on n'est
pas sérieux face à nos ingénieurs.
Alors, j'ose
espérer, j'ose espérer que, le projet de loi, on sera capables de le modifier
pour rassurer ces gens-là parce que,
dès demain matin, ils vont être au travail pour nous, pour l'État québécois et
pour l'ensemble des Québécois et
Québécoises. Alors, j'ose espérer qu'on ne les choquera pas trop avec un projet
de loi spéciale où est-ce qu'on va leur enlever toute leur espérance et
leur espoir de garder leur expertise dans leur domaine. Merci, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Alors, je vous remercie, M. le député de Beauharnois.
Encadrement législatif
du cannabis
Et nous allons maintenant procéder au troisième
débat, entre M. le député de Rousseau et M. le ministre des Finances concernant la taxation sur le cannabis.
Alors, M. le député de Rousseau, vous disposez d'un temps de parole de
cinq minutes.
M. Nicolas Marceau
M.
Marceau : Merci, Mme la Présidente. Alors, écoutez, ce matin, j'ai
interrogé le ministre au sujet de la légalisation
du cannabis, et, tel que stipulé dans le projet de loi n° 157 qui a été
déposé ce matin, à l'article 3, là, on fait l'énoncé de la mission de la Société québécoise du cannabis, et, dans
cette mission, il y a le fait de sortir les consommateurs des griffes du crime organisé, donc de transférer
les achats de cannabis dans le monde
légal. Et, évidemment, pour nos enfants, pour nos jeunes, c'est
fondamental d'y parvenir.
Une difficulté,
c'est que, pour que cela arrive, il faut que le prix du cannabis ne soit pas
trop élevé, puisque, s'il est trop
élevé, les consommateurs vont continuer à aller du côté du crime organisé, du
côté du marché noir, du marché illégal, dans la mesure où les produits là-bas sont moins chers. Alors, la question
des prix est une question fondamentale, et il y a une inquiétude — en tout cas, certainement de notre part — qui découle de ce que le gouvernement fédéral a annoncé son intention de
mettre en place une taxe d'accise de 10 %
qui pourrait faire augmenter le prix à des niveaux qui sont trop élevés
puis qui risquent de nous faire rater l'objectif de transférer les achats du
secteur illégal vers le secteur légal.
Alors, j'ai
demandé au ministre des Finances de nous donner plus d'informations sur ce
qu'on pourrait appeler le scénario
économique qui est sous-jacent à la Société québécoise du cannabis. Ce matin,
je n'ai pas eu de réponse véritablement.
Enfin, peut-être que le ministre n'en avait tout simplement pas, mais je n'ai
aucune information, aucun scénario économique, peu d'informations.
Quand même,
dans les minutes qui ont suivi, il y a eu un tweet d'un journaliste qui nous
apprenait que le prix de vente
envisagé se situe dans la fourchette 7 $ à 10 $. Et on apprenait
aussi en même temps, là, pendant que le ministre ne me répondait pas ce matin, en tout cas, avec des informations
précises... pendant ce temps-là, le journaliste Sébastien Bovet disait aussi qu'il allait y avoir un certain
nombre de revenus, une quantité de revenus, je pense qu'il disait
500 millions. Et on a appris un
peu plus tard aussi dans le briefing qu'il y aurait 15 points de vente en
juillet prochain et, éventuellement, 150 d'ici deux ans.
Mme la
Présidente, je ne pense pas qu'on puisse fournir des chiffres comme la fourchette
de 7 $ à 10 $, ou bien le nombre
de points de vente de 15 en juillet, ou le nombre de points de vente de 150
dans deux ans sans s'asseoir sur un raisonnement,
hein? Ce n'est pas tiré d'un chapeau, là, j'imagine qu'il y a des analyses qui
ont été menées au ministère des
Finances. Moi, j'aimerais que le ministre des Finances nous dépose un scénario
économique, qu'il nous dise quel va être le prix de revient pour la société
québécoise, qu'il nous dise quel genre de résultats il s'attend pour la société
d'État en question.
Puis, Mme la
Présidente, c'est important, puisque je lisais ici un commentaire qui a été
formulé par Alain Brunet, qui dirige
la SAQ — puis
vous savez, Mme la Présidente, que la Société québécoise du cannabis va être
une filiale de la SAQ — il disait, M. Brunet,
aujourd'hui : «Il y a beaucoup d'investissements à faire, de structures à mettre en place.» Alors, M. Brunet nous dit :
Pour réaliser ce qu'on nous demande, le mandat qui nous est confié par le gouvernement,
il y a des investissements à faire, des structures à mettre en place. Les questions que ça pose, Mme la Présidente — là, juillet, c'est demain matin, là — c'est :
Combien d'investissement? Qu'est-ce qui va être réalisé d'ici là? Et,
pour arriver à des réponses à ces questions-là... bien, enfin, pour
arriver à répondre aux questions que je pose, il faut répondre aux questions
préliminaires que j'ai posées ce matin et puis que je repose maintenant : Quels sont les scénarios économiques sur
lesquels le ministre s'appuie pour dire à la SAQ : Vous devez en
construire 15 d'ici le mois de juillet? Puis d'où ça vient, ce 7 $
à 10 $?
Alors, j'aimerais bien avoir des réponses, Mme
la Présidente. Je ne doute pas de la bonne foi du ministre des Finances, je sais qu'il a à coeur la santé des
Québécois et il ne veut pas qu'il y ait de consommation excessive, et ainsi
de suite, je suis convaincu de ça. Mais il
nous propose un modèle, la Société québécoise du cannabis, et, pour que nous
puissions juger adéquatement de ce
modèle-là, nous devons savoir le scénario économique sous-jacent. Alors,
j'invite le ministre à la transparence et je lui demande de nous déposer
les informations, Mme la Présidente. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci, M. le député de
Rousseau. Maintenant, je me tourne vers M. le ministre des Finances. Et
vous avez la parole pour une durée de cinq minutes.
M. Carlos J. Leitão
M. Leitão :
Merci, Mme la Présidente. Alors, comme on avait dit ce matin, et je le répète,
nous sommes presque entièrement
d'accord, moi et le député de Rousseau. Comme lui, nous aussi, notre objectif
est de faire tout ce qu'on peut pour éliminer le marché noir. Donc, nous
voulons encadrer ce produit, qui va devenir légal bientôt, en juillet 2018, bien encadrer pour bien le contrôler, pour bien
protéger nos jeunes et les moins jeunes, pour bien protéger la population.
Alors, c'est pour cela que nous avons opté
pour un modèle de distribution qui passe par une société d'État, une filiale de
la SAQ, et aussi la vente en ligne de ce produit-là.
Alors, bien
sûr, au ministère des Finances, nous avons fait, comme je l'avais dit ce matin,
plusieurs scénarios, plusieurs
modélisations, plusieurs simulations, mais tout ça demeure très préliminaire,
Mme la Présidente. Donc, c'est pour
ça que ce n'est pas approprié pour nous de déposer publiquement des résultats
de ces simulations-là, qui sont très préliminaires.
Les paramètres qui ont mené à ces simulations-là, ces paramètres sont encore
préliminaires pour ce qui est du
prix. Bien, justement, on ne sait pas encore quel va être le prix final du
produit. Pour ce qui est de la taxation, la division
fédérale-provinciale, c'est loin d'être réglé, cette question-là. Alors, toutes
ces choses vont être analysées et vont être déterminées
dans les semaines et les quelques mois à venir. On va mettre en place la SQC,
la Société québécoise du cannabis, on la met en place maintenant.
Donc, soyez
assurée, Mme la Présidente, que le moment venu, nous aurons les réponses
précises à ces questions. Seulement,
maintenant, nous ne pouvons pas improviser, ça ne s'improvise pas. Alors, nous
allons continuer notre travail, et ça passe par une négociation avec le
gouvernement fédéral. Aussi, il nous faut une certaine «market intelligence»
pour voir quel sera le prix adéquat
pour déjouer le marché noir. Une chose que je peux aussi vous dire, c'est que,
quel que soit ce prix-là le 1er juillet, fort probablement que, le 1er octobre,
il va être un peu différent parce qu'il va falloir s'ajuster. Donc, notre projet de loi, évidemment, est un
projet de loi qui, par sa définition même, est flexible. Il faut qu'on soit
capables de s'adapter aux conditions
de marché, et, en temps et lieu, on aura des chiffres plus précis à fournir à
tout le monde. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le ministre
des Finances. Et maintenant, pour votre réplique, M. le député de
Rousseau, vous disposez de deux minutes.
M. Nicolas Marceau
(réplique)
M. Marceau : Merci. Merci,
Mme la Présidente. Écoutez, je comprends très bien la réponse du ministre et je
comprends sa prudence, mais, en même temps, il doit se rendre compte que, dans
ce Parlement, les législateurs vont devoir
prendre une décision quant à la Société québécoise du cannabis. Et la
robustesse du modèle qui a été choisi par le gouvernement, hein, le fait que ce soit un modèle adéquat, ça dépend de
sa performance, et cette performance va dépendre d'un certain nombre de paramètres économiques que nous devons avoir à
notre disposition pour prendre la mesure de la qualité du modèle retenu.
Alors, moi,
j'invite le ministre à la transparence. J'ai peine à imaginer qu'on puisse, en
tant que parlementaires, adopter un
projet de loi créant la Société québécoise
du cannabis sans avoir plus d'information sur les scénarios économiques sous-jacents. Je pense que le ministre
va devoir mettre sur la table un certain nombre de chiffres et d'informations. Autrement, on n'arrivera pas à s'entendre. Moi, une fois qu'on aura
les chiffres, une fois qu'on comprendra de quel genre de volume de consommation on parle, de quel genre
de prix, de combien de succursales il
y aura, et ainsi de suite, on sera en mesure de mieux voir les impacts de ce modèle-là sur la
consommation de cannabis, sur la capacité à éradiquer le crime organisé
dans ce secteur-là.
Alors, je
l'appelle à la transparence et je l'invite à demander à ses fonctionnaires dès maintenant : Préparez des documents
informatifs avec des scénarios économiques pour l'opposition aux fins de l'étude du projet de loi en temps et lieu.
Merci.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Alors, merci beaucoup, M. le député de Rousseau.
Ajournement
Alors, compte tenu de l'heure et de la
convocation en séances extraordinaires, j'ajourne nos travaux jusqu'à 19 heures
pour la tenue de cette séance.
(Fin de la séance à 18 h 30)