(Treize heures quarante minutes)
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, chers collègues, je vous souhaite une très bonne séance.
Veuillez vous asseoir.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Nous en
sommes à la rubrique de la déclaration de députés, et je cède la parole à M. le député de Mégantic pour sa déclaration. M. le député.
Souligner le 10e anniversaire de la Réserve internationale
de ciel étoilé du Mont-Mégantic
M. Ghislain Bolduc
M. Bolduc : Merci, M. le
Président. Il me fait plaisir de prendre parole en cette Chambre afin de
souligner le 10e anniversaire de la Réserve internationale de ciel étoilé du
Mont-Mégantic.
Je tiens à remercier l'apport inestimable des 35
municipalités réparties dans la MRC du Granit et dans la MRC du Haut-Saint-François ainsi qu'à la ville de Sherbrooke
et à tous les intervenants pour avoir mis au monde la première réserve internationale de ciel étoilé certifiée
par la International Dark-Sky Association. Cette grande mobilisation régionale
a permis de mettre de l'avant l'enjeu de la
pollution lumineuse et a contribué à la protection des paysages nocturnes d'ici
et d'ailleurs.
D'une
superficie de près de 5 275
kilomètres carrés, la Réserve internationale du ciel étoilé du Mont-Mégantic
a permis de mettre en lumière notre région, relevant nos plus beaux joyaux.
Merci.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le
député de Mégantic. M. le député de Rimouski, à vous la parole.
Rendre hommage à M. André Lepage pour sa
contribution à la lutte contre la pauvreté
M. Harold LeBel
M. LeBel : Merci, M. le Président.
Dans le cadre de la journée de lutte contre la pauvreté, je tiens à rendre hommage à mon ami André Lepage, qui prend sa
retraite après 27 années à la barre de l'Auberge du coeur Le Transit de
Rimouski.
Dans mon coin
de pays, André et l'Auberge du coeur sont des acteurs importants dans la lutte
à la pauvreté. André, merci pour ce que tu as apporté aux gens de notre région,
merci pour ce capital humain extraordinaire d'estime et de dévouement. Tu
as réalisé le plus beau des défis, soit d'être dans le quotidien des jeunes
adultes qui ont frappé à ta porte. Tu
as agi en leur assurant un gîte et un couvert afin qu'ils puissent reprendre du
pouvoir sur leur vie et sortir de la pauvreté. Homme engagé et solidaire, André a été énormément impliqué auprès du
Regroupement des Auberges du coeur du Québec et des organismes communautaires
du Bas-du-Fleuve.
Nous te
souhaitons une retraite bien méritée, cher André, et merci pour tout ce que tu
as accompli. Et, à travers toi, permets-moi
de remercier tous ceux et celles qui, comme toi, s'engagent quotidiennement à
travers le pays à lutter contre la pauvreté et à croire en la dignité
humaine. On va se voir à la Nuit des sans-abri, mon cher André. Salut!
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le
député de Rimouski. Mme la députée de Hull et vice-présidente de l'Assemblée,
à vous la parole.
Souligner le 20e anniversaire de l'entreprise
Macadamian Technologies inc.
Mme Maryse Gaudreault
Mme Gaudreault :
Merci, M. le Président. Alors, située au coeur du comté de Hull, Macadamian
Technologies se spécialise dans la
conception et le développement d'applications logicielles mobiles, bureautiques
et pour le Web. Son fondateur,
Frédéric Boulanger, ainsi que toute son équipe célèbrent cette année deux
décennies d'innovation technologique.
La vision de l'entreprise est celle d'un monde
où les logiciels habilitent les gens et améliorent les vies. Cette entreprise se démarque pour son service à la
clientèle et pour son soutien au développement personnel et professionnel
de ses 200 employés établis en
Outaouais, en Roumanie et en Arménie. Macadamian Technologies a déjà reçu le
prix du Meilleur
employeur au Québec, s'est classée parmi les 50 meilleurs employeurs au
Canada et, en 2014, elle a reçu le Prix
d'excellence du regroupement des gens d'affaires de la région de la Capitale-Nationale.
Avec plus de 1 000 projets complétés
depuis sa création, l'entreprise fait rayonner la ville de Gatineau, le Québec
et le Canada bien au-delà de nos frontières.
Félicitations
à Macadamian Technologies pour 20 années de beaux succès et d'innovation!
Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, Mme la
députée de Hull. M. le député des Chutes-de-la-Chaudière, à vous la
parole.
Souligner le succès de l'entreprise
Maison hantée de Saint-Étienne
M. Marc Picard
M. Picard :
Merci, M. le Président. Les 28 et 31 octobre prochains, jeunes et moins
jeunes auront le plaisir d'avoir peur, d'avoir peur à l'occasion de
l'Halloween en visitant le parcours de la Maison hantée de Saint-Étienne.
L'origine de cette activité remonte au
31 octobre 2006, lors d'une soirée d'amis. Depuis, année après année, l'événement prend de l'ampleur, et les thématiques
changent au gré de l'imagination des organisateurs. 11 ans plus tard, de nombreux bénévoles passionnés par le projet se
sont ajoutés à l'équipe afin de créer des personnages, des costumes et des décors de plus en plus
impressionnants et terrifiants. Le succès d'un tel événement
est attribuable également à la générosité de tous les partenaires
financiers, et je les remercie pour leur contribution.
Aussi je
félicite les créateurs et toutes les personnes qui, bénévolement, mettent leur
imagination et leur talent au service de cette belle activité familiale.
Frissons garantis, M. le Président! Merci.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député des Chutes-de-la-Chaudière. M. le
député de Mercier,
à vous la parole.
Souligner le 10e anniversaire de la Librairie Le Port de
tête inc.
M. Amir Khadir
M. Khadir : Merci,
M. le Président. Je voudrais
féliciter la librairie indépendante Le Port de tête, qui soulignait, vendredi dernier, ses 10 ans. Grâce à ses
deux fondateurs, Éric et Martin, Le Port de tête a réussi à se faire une place
dans la vie de mon quartier, et ce,
même à l'ombre d'un géant nommé Renaud-Bray, qui est juste au coin de la rue,
pas très loin.
Dans le contexte d'intégration verticale et de
concentration des entreprises du livre, pensons à la récente acquisition de
Prologue par Renaud-Bray, les librairies indépendantes, dans ce contexte, n'ont
d'autre choix que de proposer des activités toujours plus créatives et
différentes. La coopérative des libraires indépendants, des librairies indépendantes du Québec, a suivi le rythme en
se dotant de la plateforme numérique d'achat en ligne www.leslibraires.ca.
Cependant, des sociétés étrangères comme Amazon exercent une concurrence
déloyale en ne percevant pas des taxes. Nous devrions, afin de permettre aux plus petits joueurs de tirer leur
épingle du jeu, adopter une politique de réglementation
du prix des livres et contraindre les plateformes numériques étrangères à se
conformer.
Bon anniversaire, Port de tête!
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Merci, M. le député de Mercier. M. le
député de Maskinongé,
je vous cède la parole.
Souligner le 75e anniversaire de L'Ordre des Filles
d'Isabelle,
Blanche de Castille, Cercle n° 671
M. Marc H. Plante
M. Plante : Merci
beaucoup, M. le Président. Donc, aujourd'hui, je désire souligner le
75e anniversaire de fondation du cercle Blanche de Castille des
Filles d'Isabelle de Louiseville.
Créé en 1942 par Mme Margot Dalcourt,
accompagnée de 64 pionnières, le cercle compte aujourd'hui plus de
300 membres réparties dans une quinzaine de municipalités de la
MRC de Maskinongé. Ces femmes dévouées se distinguent grâce à leur bénévolat et leur appui à diverses causes. Je
cite en exemple les campagnes de souscription pour le cancer, la paralysie cérébrale, le Noël du
pauvre, la sclérose en plaques, le Festival de la galette de sarrasin, sans
oublier les visites au quotidien pour les gens malades et l'aide aux
personnes dans le besoin.
Aux membres
du cercle Blanche de Castille des Filles d'Isabelle de Louiseville, je souhaite
un bon 75e anniversaire de
fondation et vous remercie pour toutes les années d'implication auprès de notre
communauté. Merci et bon anniversaire!
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député de
Maskinongé. Mme la députée de Mirabel, à vous la parole.
Remercier
l'organisme La Petite Maison de Pointe-Calumet
pour sa contribution à la communauté de Mirabel
Mme Sylvie D'Amours
Mme D'Amours :
Merci, M. le Président. À Pointe-Calumet, nous avons la chance d'avoir La
Petite Maison, qui est un organisme communautaire venant en aide aux
familles, aux enfants, aux personnes âgées dans un esprit de rassemblement,
d'entraide, de respect.
J'aimerais tout
particulièrement les remercier pour l'aide qu'elle nous a apportée pendant les
inondations du printemps dernier. N'hésitant
pas un instant, La Petite Maison s'est mise à la disposition des sinistrés en
leur apportant soutien et réconfort
dans ces temps durs. Ayant comme mission d'améliorer la qualité de vie des
familles de Pointe-Calumet et des
environs en favorisant l'entraide et le support entre celles-ci dans un esprit
de prévention, La Petite Maison fait un travail qui est essentiel dans notre
région. Cette mission, elle le fait par l'entremise d'employés dévoués et des
bénévoles généreux.
À Diane, Louis,
Priscillia et tous ceux qui donnent de leur temps, je vous remercie du fond du
coeur! Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, Mme la députée de Mirabel. M. le député de Jean-Talon,
je vous cède la parole pour votre déclaration.
Souligner la Semaine
québécoise des directions d'établissement scolaire
M. Sébastien Proulx
M. Proulx :
Merci, M. le Président. J'aimerais profiter de la minute qui m'est accordée
pour souligner la Semaine québécoise des
directions d'établissement scolaire, qui se déroule du 16 au 20 octobre. Je
veux souligner d'ailleurs la présence
dans les tribunes des représentants des quatre associations qui rassemblent les
centaines de personnes oeuvrant dans les directions d'école et
d'établissement scolaire. Bienvenue!
Cette semaine se veut
une occasion privilégiée de reconnaître et de valoriser la contribution
essentielle des directeurs et directrices pour la réussite éducative de nos
élèves, qu'ils soient jeunes ou adultes. C'est une semaine thématique aussi qui est l'occasion de rappeler
notre vision commune, qui est de mettre l'élève au coeur de nos préoccupations,
de rendre l'accessibilité à tous et de favoriser la réussite éducative du plus
grand nombre.
Alors,
en cette Semaine québécoise des directions d'établissement scolaire, j'invite
donc mes collègues parlementaires à
se joindre à moi pour les remercier de leur dévouement et de leur travail
indispensable qu'ils effectuent au quotidien auprès des centaines de
milliers d'élèves. Puis je vous remercie de votre attention. Merci, bravo à
vous!
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député de
Jean-Talon. Enfin, M. le député de Rousseau, pour votre déclaration, je vous
cède la parole.
Souligner le
40e anniversaire de la Coopérative
de services multiples de Lanaudière
M. Nicolas Marceau
M. Marceau : Oui. Merci, M. le Président. Alors, située à
Saint-Julienne depuis sa fondation, le 19 novembre 1977, la Coopérative de services multiples de
Lanaudière dessert principalement les gens à faibles revenus et peu scolarisés
des MRC de Montcalm et Matawinie.
Sa
mission première est l'alphabétisation. Elle offre également des formations
selon les besoins individuels et collectifs
des citoyens tels que l'initiation à l'informatique. On y retrouve aussi la
joujouthèque, un service de jouets et jeux, ainsi qu'un comptoir
vestimentaire accessible à toute la population.
Je
tiens à remercier les employés et les nombreux bénévoles pour leur dévouement
au mieux-être de la collectivité, plus particulièrement la présidente du
conseil d'administration, Mme Colette Brunet, ainsi que la directrice
générale, Mme Francine Lafontaine. M.
le Président, 40 ans, ça se souligne. Félicitations et merci pour toute
l'implication des gens de la coopérative! Merci.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député de
Rousseau pour cette déclaration.
Voilà qui met un
terme à la rubrique Déclarations de députés. Et je suspends les travaux de
l'Assemblée quelques instants.
(Suspension de la séance à
13 h 50)
(Reprise à 14 h 1)
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, veuillez vous asseoir. Nous allons se recueillir quelques
instants avant de s'asseoir.
Alors,
je vous remercie, veuillez vous asseoir.
Dépôt des lettres de
nomination de la whip en chef du gouvernement
et de la présidente du caucus du Parti libéral
Alors,
je vous souhaite un bon mardi. Mais, avant de poursuivre les affaires courantes, je dépose les lettres qui ont été transmises au président de l'Assemblée
nationale par M. le premier ministre et dans lesquelles il informe des
nominations suivantes : Mme la députée de Laporte à la fonction de whip en
chef du gouvernement en remplacement de M. le député de Huntingdon; Mme la
députée de Jeanne-Mance—Viger
à la fonction de président du caucus... de présidente,
pardon, du caucus du gouvernement en remplacement de Mme la députée de Laporte.
Ces nominations prenaient effet le 11 octobre 2017, et je les dépose.
Dépôt d'une lettre du
Directeur général des élections accompagnée d'un
avis proclamant Mme Geneviève Guilbault candidate élue dans
Louis-Hébert à l'élection partielle du 2 octobre 2017
Je
vous avise également que le Directeur
général des élections a fait parvenir au secrétaire général de l'Assemblée
nationale une lettre datée du
10 octobre 2017, dont je vous lis l'extrait suivant : «Conformément à
l'article 380 de la Loi électorale,
nous vous transmettons le nom de la candidate proclamée élue dans la
circonscription électorale de Louis-Hébert à la suite de l'élection partielle du 2 octobre 2017. Cette
élection a été tenue en vertu du décret du gouvernement pris en date
30 août 2017.» Et c'est signé M. Pierre Reid, Directeur général des élections.
Je dépose cette lettre, accompagnée
d'un avis proclamant Mme Geneviève Guilbault candidate élue dans la
circonscription électorale de Louis-Hébert.
Accueil de la nouvelle députée
de Louis-Hébert, Mme Geneviève Guilbault
J'invite
maintenant, comme c'est la coutume, M. le chef et M. le whip du deuxième groupe
d'opposition à accueillir la nouvelle députée de Louis-Hébert, Mme
Geneviève Guilbault.
(Applaudissements)
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, nous procéderons maintenant, comme c'est aussi la coutume, aux allocutions
pour l'accueil de la nouvelle députée de
Louis-Hébert. Et je reconnais M. le chef du deuxième groupe d'opposition pour son allocution.
M. le chef, à vous la parole.
M. François Legault
M.
Legault : Oui. Merci, M. le Président. C'est toujours un beau
moment d'accueillir une nouvelle collègue. Donc, on accueille la
nouvelle députée de Louis-Hébert.
Geneviève,
c'est une professionnelle compétente qui, malgré son jeune âge, a déjà beaucoup
d'expérience. Elle a été responsable des communications au Bureau du
coroner, donc elle a eu à gérer des moments difficiles, entre autres à Lac-Mégantic, à L'Isle-Verte, la fusillade de la
mosquée à Québec. Donc, une femme d'expérience qui a réussi à séduire
les électeurs de Louis-Hébert avec sa fougue, son intelligence, son éloquence.
C'est
une femme remarquable, déterminée. Évidemment, une de ses priorités, puis elle
pourra nous le dire tantôt, c'est
d'aider la vie des familles. Et d'ailleurs c'est le portefeuille qu'on lui a
confié de s'occuper, défendre les familles du Québec. C'est une femme aussi qui
souhaite défendre les valeurs québécoises. C'est une femme qui s'est engagée à
représenter les Québécois, les Québécoises de son comté avec dignité, avec
intégrité.
Les
électeurs de Louis-Hébert l'ont élue avec un taux de participation de plus de
50 %, ce qui est quand même spécial
dans une élection partielle, mais surtout — et puis ça va rendre jaloux beaucoup de gens
ici — avec une
majorité absolue de 51 %, donc,
des voix dans Louis-Hébert. J'en profite d'ailleurs pour remercier son homme,
comme elle l'appelle, son père, sa mère, ses deux frères, toute sa
famille, tous les bénévoles qui ont travaillé durant sa campagne électorale à défendre ses idées, à mieux la faire connaître
dans Louis-Hébert, là où elle habite. Donc, elle a maintenant un privilège
qui est accordé à très peu de personnes, à 125 personnes, et ce privilège, elle
l'a gagné avec panache, dans un bastion adverse, donc ce n'est pas rien.
Et
donc je veux, en terminant, vous dire que je suis très fier de notre nouvelle
députée. Elle incarne le changement. Je
veux lui souhaiter, bien sûr, plusieurs années comme députée. Je veux lui
souhaiter aussi une belle vie de maman, qu'elle va commencer à vivre dans les prochains mois, et la meilleure des
bienvenues ici, à l'Assemblée nationale. Bienvenue!
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Je vous remercie, M. le chef du deuxième
groupe. Je cède maintenant la parole à M. le premier ministre du Québec.
M. le premier ministre, à vous.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : Merci, M. le
Président. C'est un beau moment, le moment où on accueille un nouveau collègue,
une nouvelle collègue dans cette Chambre aujourd'hui, une nouvelle collègue
pour le comté de Louis-Hébert. Donc, bienvenue, Mme la députée de Louis-Hébert.
Vous savez, et vous le savez
maintenant, être élu, oui, c'est un honneur, mais c'est un privilège également.
Peu de personnes au Québec ont
l'honneur de siéger dans cette Chambre. Je pense que, déjà, vous devez vous
sentir imprégnée de l'histoire qui
s'est déroulée ici et des décisions qui auront été prises dans l'intérêt
supérieur des Québécois, pour raison de
prise en compte des impacts individuels et collectifs également des décisions
qu'on prend ici. Elle vient, cette charge, avec beaucoup de responsabilités, à cause de cet impact, ce qui m'amène
à dire qu'être député ce n'est pas un emploi, c'est une fonction, et il y a une différence importante entre les deux.
C'est avec grande fierté que moi, j'exerce cette fonction, et je suis
convaincu que c'est le cas pour tous les collègues de toutes les formations
politiques ici.
Bien
sûr, on va le constater, en politique, la question partisane est inévitable.
Elle va se présenter, bien sûr, pour chacun,
chacune d'entre nous. Mais je suis convaincu, par contre, que les citoyens ne
nous élisent pas pour qu'on se chicane au
quotidien. Par contre, ils aiment voir les différences d'opinions et les
différentes options, les différentes politiques qu'on va leur présenter, et
c'est notre tâche de le faire, en
respect mutuel, bien sûr, et toujours
avec la préoccupation de transmettre cette intention à la population.
Votre
chef, Mme la députée, vous a attribué, sauf erreur, le mandat des familles.
Vous aurez donc l'occasion de travailler
avec le nouveau ministre de la Famille, qui bientôt attend aussi son quatrième
enfant. Donc, vous aurez des enjeux communs
à discuter quant à l'impact sur les familles des pressions de la vie
quotidienne que nous connaissons de plus en plus dans notre monde moderne. Je suis certain qu'entre vous... et c'est
une chose que vous découvrirez et qu'on a tous découverte, outre la période de questions, il y a des moments de grande
collaboration, des moments d'échange où on se fait des suggestions mutuellement qui parfois et
souvent mènent même à des améliorations de la législation qu'on adopte ici.
Vous me permettrez
cependant également de saluer le travail de notre candidate, Mme El Ghernati.
On aurait bien sûr souhaité pour elle un résultat différent, mais elle s'est
dévouée pour parler au nom des concitoyens de votre circonscription. Je vais également
avoir une pensée pour les autres candidats. Il y avait huit autres
candidats et candidates et des
centaines de bénévoles qui ont pris de leur temps pour s'impliquer dans cette
élection. Il faut saluer leur contribution à la démocratie du Québec.
Donc,
Mme la députée de Louis-Hébert, c'est un plaisir de vous accueillir, et
j'anticipe avec bonheur de collaborer avec vous. Merci beaucoup.
• (14 h 10) •
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, merci, M. le premier ministre. Je cède maintenant la parole au chef de l'opposition officielle. À vous, M. le chef de
l'opposition officielle.
M. Jean-François Lisée
M. Lisée :
M. le Président, au nom de l'opposition officielle, je joins ma voix à celle du
deuxième groupe d'opposition, le chef de la
CAQ et du premier ministre pour souhaiter la bienvenue à la nouvelle députée de
Louis-Hébert et la féliciter de sa victoire convaincante, victoire
convaincante qui a eu beaucoup d'effets dans le monde politique
depuis. Et d'ailleurs plusieurs nouveaux ministres doivent leur nomination à la qualité de votre
victoire. Je pense que vous avez ici
un certain nombre d'«I owe you», comme disait Shakespeare, qui vous seront peut-être
utiles pour faire avancer quelques dossiers
dans votre circonscription. D'ailleurs, nous avions pris, avec notre candidat, des engagements,
vous les aviez pris aussi, et le premier ministre s'était empressé d'en prendre un certain nombre, et il nous a assuré par la suite qu'il allait les réaliser
dans les 12 mois qui viennent. Alors, nous allons partager une certaine
vigilance, vous et nous, et probablement
les nouveaux ministres qui sont là un peu
grâce à vous. Je voudrais aussi saluer les membres de votre famille qui sont
présents dans les tribunes et l'autre membre
de votre famille qui est présent avec vous en ce moment et dont on suivra
les progrès au cours des mois qui viennent.
Alors, Mme la députée,
votre arrivée porte à 36 le nombre de femmes élues à l'Assemblée nationale. Et
donc nous tous, qui sommes pour la plupart
féministes — et je notais que la nouvelle ministre de la
Condition féminine s'est dite
féministe aussi tout à l'heure, j'espère que c'est aussi votre cas — enfin, tous les féministes qui sont dans cette Assemblée sont contents à chaque fois que nos statistiques
vont dans la bonne direction. Et, en ce sens, vous y contribuez, et les chefs
de partis sont appelés, d'ici la prochaine élection, à y contribuer encore davantage.
Évidemment,
je souligne l'engagement des neuf autres candidats et candidates, avec une
mention spéciale pour Normand
Beauregard, du Parti québécois, qui a mené vraiment une vaillante
campagne. On le remercie. Je tiens d'ailleurs à remercier les militants du Parti
québécois pour leur implication et
les militants de tous les partis. Le militantisme politique est
souvent associé à l'organisation, aux listes de pointage, à la mobilisation
terrain, et c'est essentiel. Mais, on ne le dit pas assez souvent, militer, c'est aussi travailler de manière assidue à
faire éclore des idées puis à les transformer pour en faire des propositions solides, cohérentes, en
adéquation avec les valeurs de sa formation
politique et des besoins et des
aspirations des Québécoises et des Québécois.
Alors,
vous faites votre entrée avec l'important dossier de la famille. Et j'étais
très heureux, parce que, dans les mois
à venir, d'ici 12 mois, les Québécois auront à prendre une décision : Quel sera le
parti le mieux à même de défendre les familles? Votre parti tient un
discours important à ce sujet; on a entendu le premier ministre prononcer
12 fois le mot «famille» la semaine
dernière. Et le Parti québécois, ayant créé les services de garde, ayant
proposé l'équité salariale, ayant proposé et réalisé la perception automatique
des pensions alimentaires, est pour quelque
chose dans le fait qu'au Québec
les familles sont particulièrement bien dotées.
Et
les débats que nous aurons sont importants. Et je tiens à vous remercier,
madame, d'avoir campé dès hier votre position en disant que votre priorité,
c'étaient les garderies privées non subventionnées. Je pense qu'il est important d'être clair dans nos débats. Et ce sera intéressant
d'avoir ce débat avec notre porte-parole
de la famille, la députée
de Joliette, qui,
elle, vous dira — et
ce sera intéressant de voir ce débat — que
l'important, ce n'est pas tant la propriété ou le modèle d'affaires,
comme vous l'avez dit, mais l'important, c'est la qualité.
Or, les dernières données disponibles
nous indiquent que seulement 4 %
des CPE donnent une qualité insatisfaisante,
alors que 35 % des garderies privées donnent une qualité insatisfaisante.
Alors, nous pensons être du bon côté de ce débat, mais nous ne vous demandons
pas de changer de position. Si c'est la vôtre, défendez-la, et les Québécois
verront en fin de parcours.
Alors,
vous le voyez, je voulais vous indiquer que vous êtes maintenant dans l'arène
et que ces idées sont importantes, les
débats sont importants et qu'à la fin, comme vous l'avez démontré, ce sont les
électeurs qui choisiront. Dans Louis-Hébert, ils ont choisi de faire un changement et ils ont choisi, pour ce faire,
le véhicule qu'était la CAQ, que vous représentiez. Dans Marie-Victorin et dans Saint-Jérôme, ils avaient choisi, pour faire ce changement, le
véhicule du Parti québécois. La question
est ouverte pour le 1er octobre 2018. Je sais qu'on se retrouvera souvent
sur le chemin. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Alors, merci, M. le chef de l'opposition officielle.
Des voix :
...
Le
Vice-Président (M. Gendron) : S'il vous plaît! On n'a pas suspendu,
là. Alors, on aimerait poursuivre, et je cède la parole à Mme la députée
de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
À vous.
Mme Manon Massé
Mme
Massé : Merci, M. le Président. Alors, ça me fait vraiment plaisir,
comme co-porte-parole féminine de ma formation politique, de vous
souhaiter la bienvenue, parce qu'arriver en cette Chambre il y a toujours un
peu quelque chose d'impressionnant. On voit
comment ça peut se passer des fois. Pour les femmes, des fois, ça peut être particulièrement
intimidant, mais je pense qu'entre femmes on
a appris à se soutenir et à se rappeler que, dans le fond, on était ici, bien
sûr, pour faire de la politique, mais surtout pour essayer de faire de la
démocratie, et la démocratie, c'est le débat, et les débats, c'est les idées. Et on sait bien que votre
formation et la mienne, il y a un certain nombre d'idées qui nous séparent,
mais ça ne nous empêchera jamais de
débattre, et je suis heureuse de voir que Louis-Hébert a privilégié une femme.
C'est sûr que je suis attristée parce que notre candidat, Guillaume
Boivin, qui en était à sa quatrième fois où il se représentait dans la même circonscription, démontrait plusieurs
aptitudes, et j'ai hâte au jour où il viendra s'asseoir aussi à mes côtés. Mais,
ceci étant dit, la démocratie a tranché, et
vous avez réussi à convaincre les gens de Louis-Hébert que vous seriez une
digne représentante, ce que je ne doute point.
Ceci
étant dit, rappelons-nous que c'est un privilège, on l'a entendu à plusieurs
moments, mais je vous dirais que nouvelle...
mais pas tout à fait nouvelle après trois ans, là, comme nouvelle députée, je
sens beaucoup plus la responsabilité que
le privilège, et, dans ce sens-là, soyez assurée qu'on pourra toujours avoir
des bons échanges, des bons débats et que, comme féministe, je suis
vraiment heureuse qu'une femme de plus vienne joindre nos rangs.
Et sur la question de
la famille, on aura largement le temps d'en discuter. Le plus important, c'est
que vous commenciez à rentrer dans votre
rôle et que... comme vous avez été entourée, toute votre vie, de votre famille,
de vos amis, des gens qui croient en
vous, c'est ce qui fait qu'on arrive ici, c'est parce qu'il y a des gens qui
croient en nous. Je leur lève mon
chapeau parce que... je vous lève aussi mon chapeau, mais on sait aussi que
c'est l'environnement, c'est les militants, militantes. Il y en a eu plusieurs, des candidats, candidates, mais
plein de petites fourmis qui ont fait en sorte que, dans Louis-Hébert, il a pu y avoir des débats. Il y a
eu, des moments donnés, une danse un
peu particulière, mais aujourd'hui on est rendus à avoir une nouvelle collègue
à Louis-Hébert. Puis, au nom de ma formation
politique, je vous souhaite la bienvenue.
• (14 h 20) •
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Alors, je vous remercie, Mme la députée. Maintenant,
comme le veut la tradition, je cède la parole à Mme la députée de Louis-Hébert, qui prendra quelques minutes pour
s'adresser à l'Assemblée. Je lui cède donc la parole. À vous, Mme la
députée de Louis-Hébert, pour votre droit de parole.
Mme Geneviève Guilbault
Mme
Guilbault : Alors, merci, M. le Président. Je ne saurais amorcer cette première prise de parole officielle
sans adresser mes premiers mots, évidemment,
aux électeurs de Louis-Hébert, aux gens de Cap-Rouge, de Saint-Augustin,
de Jouvence, de Pointe-de-Sainte-Foy qui
m'ont élue pour les représenter ici, à l'Assemblée
nationale, pour défendre leurs
intérêts, qui m'ont gratifiée de leur confiance et qui fondent sur l'élection
d'une députée caquiste leur espoir de changement. Alors, à vous tous, soyez assurés que vous êtes ma
priorité, que je vais travailler de toutes mes forces pour être digne de la
confiance que vous m'avez accordée. Vous
avez initié ce qu'on espère devenir un processus de changement vaste dans
tout le Québec. Et c'est un honneur
pour moi de représenter notre merveilleuse circonscription et les
électeurs qui l'habitent.
Je
remercie aussi sincèrement mes nouveaux collègues députés, qui tous et
chacun sont venus, soir, fin de
semaine, heures ouvrables ou non,
m'aider dans notre belle circonscription de Louis-Hébert pour faire campagne. Alors, un grand merci à vous tous. Merci à mon chef, le député de
L'Assomption, pour sa confiance, et à son épouse aussi, votre épouse,
qui n'est pas des nôtres, mais dont l'ardeur de l'appui nous a beaucoup aidés
aussi. Merci de m'avoir choisie, d'être inspirants
puis d'être venu m'appuyer si souvent dans la belle circonscription de Louis-Hébert. Merci également à toute la belle et nombreuse équipe qui m'a appuyée tout au long de la campagne,
les bénévoles, les candidats, etc. Alors, comme vous l'avez presque tous
souligné, c'est un ensemble de gens qui permettent une victoire comme ça, les
militants, les bénévoles, les gens qui croient
en nous, qui croient en notre parti, qui croient en notre cause politique.
Alors, merci à tous ceux qui sont venus aider dans Louis-Hébert.
Je veux terminer ce volet reconnaissance, évidemment, en soulignant encore une fois la part de mes
proches, dont plusieurs sont ici
aujourd'hui. Alors, bonjour à tous. Je veux faire une mention spéciale,
évidemment, pour mon conjoint Martin,
qui, depuis le début, m'épaule chaleureusement et qui le fera encore longtemps,
je le souhaite, du moins. C'est le
message que je lui passais hier, lors de l'assermentation. Donc, merci à mes
amis, à ma famille immédiate, à mon père, sa conjointe, qui se sont beaucoup impliqués dans ma campagne, merci à
ma mère, à son conjoint, ma grand-mère, mes frères, ma belle-famille aussi. C'est vraiment un projet familial chez nous, la politique.
Alors, merci à tous ceux qui ont contribué
de près ou de loin à ce que nous soulignons aujourd'hui. C'est vraiment
à tout ce précieux entourage professionnel et personnel que je dois la belle aventure qui débute ici, et donc que
je dois le dénouement heureux de l'élection, alors je tiens à les en
remercier très, très chaleureusement.
Je
veux par ailleurs réitérer mes salutations sincères aux neuf autres personnes.
Vous l'avez soulignée, M. le député
de... M. le premier ministre... le
souligner aussi, l'importance des autres personnes qui se sont portées
candidates lors de cette élection-là.
Alors, il y en avait neuf autres. C'est une élection qui a été assez
rocambolesque, on l'a dit souvent. Puis ce n'est jamais facile, de toute façon, une élection. Donc, on a défendu chacun nos idées, nos valeurs, nos
convictions. Je pense qu'on l'a fait,
somme toute, dans le respect. Et l'engagement politique, on le sait, c'est exigeant, c'est méritoire,
donc je tiens à les en féliciter.
J'endosse
donc aujourd'hui mes fonctions parlementaires, symbole
consacré d'une société démocratique dans laquelle chaque citoyen
a droit de parole à travers la représentativité de l'Assemblée législative. Je
suis extrêmement honorée de devenir un
membre actif de cette institution qu'est l'Assemblée
nationale du Québec,
un mandat que j'aborde néanmoins avec une respectueuse humilité.
La confiance envers des élus dignes de leur charge
est au coeur d'une démocratie
vivante. Je m'efforcerai donc par
tous les moyens d'être à la hauteur du privilège qui m'a été accordé de siéger
parmi vous en plaçant constamment le bien commun et la transparence au
centre de mon engagement et de mes actions politiques.
Sur
une note plus personnelle, la modernité et la représentation des femmes dans
toutes les sphères d'activité de la société et la conciliation travail-famille sont toutes des valeurs qui me
sont précieuses et que j'ai vigoureusement défendues tout au long de ma campagne. Je suis donc particulièrement heureuse de pouvoir désormais les incarner en me joignant au groupe restreint des 35 autres femmes
qui siègent en cette Assemblée. Mesdames, au-delà des allégeances,
votre présence ici est importante
et symbolique, et sachez que ma plus solidaire collaboration vous est
acquise, dans la mesure du possible, bien sûr.
Je
tiens également à évoquer ma fierté face à l'ouverture d'esprit
des gens de Louis-Hébert et des Québécois en
général qui, à en juger par le résultat
de l'élection et par les nombreux témoignages et réactions qu'on m'a manifestés
depuis, considèrent majoritairement que le fait de fonder une famille doit être
vu comme un atout et non comme une entrave à la volonté de s'impliquer et de faire en sorte d'améliorer la société. J'ajoute que je fais le souhait que ce
message soit un signal positif pour toutes les femmes et pour toutes les
familles du Québec.
Tel
que je m'y suis abondamment engagée durant les dernières semaines, je serai une
députée intègre, à l'écoute et très présente auprès de mes concitoyens.
La nature des responsabilités parlementaires d'une députée, de même que les
objectifs de service public qui m'animent, vont de pair avec la capacité
de transcender, lorsque nécessaire, les intérêts partisans et de collaborer harmonieusement avec les élus de tous les
partis. C'est précisément ce que je m'engage à faire pour le bien de
tous les citoyens du Québec, entre autres ceux de Louis-Hébert.
Je
m'emploierai notamment à le faire à travers mes fonctions de porte-parole du deuxième
groupe d'opposition en matière de
famille. Je remercie d'ailleurs mon chef de m'avoir attribué ce rôle, que
j'embrasse bien sûr avec le plus grand intérêt et qui rejoint
parfaitement mes objectifs, soit d'améliorer la qualité de vie des familles du
Québec et évidemment celles de Louis-Hébert.
Dans les jours et les
semaines qui viennent, j'aurai l'occasion d'approfondir ma connaissance des
enjeux qui concernent les familles, mais je
peux d'ores et déjà souligner la volonté de ma formation politique de réduire
leur fardeau fiscal ou, comme le dit notre chef, de remettre de l'argent
dans le portefeuille des familles.
Ce
que je voudrais accomplir avec mes collègues, c'est leur faciliter la vie dans
tous les domaines, en matière de transports,
dans leurs relations avec l'État, dans les systèmes de garde et d'éducation
dont nous saluons la mixité et la diversité.
Elles constituent le socle de notre société et préparent notre avenir. Les
familles du Québec peuvent compter sur moi et sur l'équipe de la CAQ.
Je
termine comme j'ai commencé en remerciant les citoyens de Louis-Hébert. Je
suis, depuis hier, officiellement dépositaire
de la volonté du changement et d'amélioration qu'ils ont largement manifestée.
Sachez que je vous ai entendus, que je serai la députée de toutes et de
tous et que ma porte vous sera toujours grande ouverte.
Encore
une fois, je suis très, très fière d'avoir le privilège de vous représenter au
sein de cette Assemblée et je m'engage de nouveau à le faire dignement
et dans la plus grande intégrité. Merci.
Le
Vice-Président, M. François Gendron
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
La présidence institutionnelle, ça veut dire le président qui, pour d'autres
raisons, est absent aujourd'hui, mais les trois vice-présidents, la présidence
institutionnelle vous souhaite la plus cordiale
bienvenue, Mme la députée de Louis-Hébert, et vous assure de l'entière collaboration de ses collaborateurs qui est la table des députés, et vous
serez toujours la bienvenue pour quelque renseignement que ce soit au niveau de
la présidence.
Sur ce, nous allons
poursuivre les affaires courantes.
Il n'y a pas de
déclarations ministérielles ni de présentation de projets de loi.
Dépôt
de documents
À
la rubrique Dépôt de documents, je cède maintenant la parole à Mme la... (panne de son) ...Justice pour
la présentation de documents. Mme de la Justice, à vous.
Rapports annuels de la Direction de l'indemnisation des
victimes d'actes criminels,
du Tribunal administratif du Québec et de l'Office des professions
Mme Vallée : M. le
Président, j'ai le plaisir de déposer
le rapport annuel d'activité 2016
de l'lndemnisation des victimes
d'actes criminels, le rapport annuel de gestion 2016‑2017 du Tribunal
administratif du Québec et le rapport annuel de gestion 2016‑2017
de l'Office des professions du Québec.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Alors, ces documents sont déposés.
Je cède maintenant la parole à Mme la ministre des Relations
internationales et de la Francophonie. À vous.
Rapport annuel des Offices
jeunesse internationaux
Mme St-Pierre :
Merci, M. le Président. Permettez-moi de déposer le rapport annuel 2016‑2017
des Offices jeunesse internationaux du Québec.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Ce document est déposé. Je cède la
parole maintenant à M. le ministre des Affaires municipales et de
l'Occupation du territoire et ministre de la Sécurité publique. M. le ministre,
à vous.
Rapports annuels de la
Commission municipale, du Bureau de la
sécurité privée et du Comité de déontologie policière
M. Coiteux :
Oui. M. le Président, je dépose aujourd'hui le rapport annuel de gestion de la
Commission municipale du Québec, le
rapport annuel 2016‑2017 du Bureau de la sécurité privée et le rapport
annuel de gestion 2016‑2017 du Comité de déontologie policière.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Merci. Ce document est déposé. Je
cède maintenant la parole à M. le ministre de la Santé et des Services
sociaux, et il en a quelques-uns. Alors, à vous, M. le ministre.
Rapports annuels de certains
CISSS, de certains CIUSSS, du CUSM, de l'Institut de cardiologie de
Montréal, de la Régie régionale de la santé et des services sociaux du Nunavik,
du Conseil cri de la
santé et des services sociaux de la Baie-James et du CRSSS—Baie-James,
de l'Institut Philippe-Pinel
de Montréal et du CHUM et rapports sur l'application de la procédure d'examen
des plaintes
du CRSSS—Baie-James,
du CUSM, de l'Institut de cardiologie de Montréal, du CHUM,
de l'Institut Philippe-Pinel de Montréal, de certains CISSS et de certains
CIUSSS
M. Barrette :
Oui. Oui, M. le Président, j'en ai quelques-uns. Alors, nous allons faire le
tour du Québec.
Alors,
je dépose, M. le Président, les rapports annuels de gestion 2016‑2017 des
centres intégrés de santé et de services sociaux de la Montérégie-Est,
Centre et Ouest, du Bas-Saint-Laurent, de la Gaspésie, des Laurentides, de l'Abitibi-Témiscamingue et de Lanaudière; les
rapports annuels de gestion 2016‑2017 des centres intégrés universitaires
de santé et de services sociaux du Saguenay—Lac-Saint-Jean, de l'Est, du Nord, du Centre-Sud,
du Centre-Ouest et de l'Ouest-de-l'île-de-Montréal,
l'Estrie, Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke, de la
Capitale-Nationale, également, M. le
Président, de l'Institut de cardiologie de Montréal, de la Régie régionale de
la santé et des services sociaux du Nunavik, du Conseil cri et du Centre régional de santé et de services sociaux de
la Baie-James, de l'Institut Philippe-Pinel de Montréal et du CHUM; les rapports annuels 2016‑2017
sur l'application de la procédure d'examen des plaintes et de l'amélioration
de la qualité des services du Centre
régional de santé et de services sociaux de la Baie-James, du CUSM, de
l'Institut de cardiologie de
Montréal, du CHUM, de l'Institut Philippe-Pinel de Montréal, des centres
intégrés de santé et de services sociaux
de Lanaudière, du Bas-Saint-Laurent, de la Gaspésie, des Laurentides, de la
Montérégie-Est et des centres intégrés universitaires
de santé et de services sociaux du Nord-de-l'Île-de-Montréal, de l'Estrie, du
Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke et du
Centre-Sud-de-l'Île-de-Montréal. Merci.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Alors, ces documents sont déposés.
Je cède maintenant la parole à Mme la ministre du Tourisme.
Rapport annuel de la Société
du Palais des congrès de Montréal
Mme Boulet :
Bonjour, M. le Président. Je dépose aujourd'hui le rapport annuel 2016‑2017
de la Société du Palais des congrès de Montréal.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Ce document est déposé. Je cède
maintenant la parole à Mme la ministre de la Protection des
consommateurs et de l'Habitation. Mme la ministre, à vous.
Rapport
annuel de la Régie du bâtiment
Mme Thériault :
Merci, M. le Président. Avec votre permission, je dépose le rapport annuel de
gestion 2016‑2017 de la Régie du bâtiment du Québec.
• (14 h 30) •
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Ce document est déposé. M. le leader du
gouvernement.
Réponse à une pétition
M. Fournier :
Merci, M. le Président. Je dépose la réponse du gouvernement à la pétition
présentée par la députée de Montarville le 7 juin 2017.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Merci, le document est déposé.
Lettre
de démission de la députée de Jeanne-Mance—Viger, Mme Filomena Rotiroti,
à titre de présidente de la Commission de la culture et de l'éducation
Pour ma part, je
dépose une lettre qu'a adressée au président de l'Assemblée nationale Mme la
députée de Jeanne-Mance—Viger, dans laquelle elle l'informe de sa
démission à titre de présidente de la Commission de la culture et de
l'éducation. Cette démission prenait effet le 11 octobre dernier. Et je
dépose le document.
Nouveau
diagramme de l'Assemblée
Je dépose également
le nouveau diagramme de l'Assemblée en date d'aujourd'hui. Alors, dépôt.
Préavis
d'une motion des députés de l'opposition
Enfin,
j'ai reçu un préavis d'une motion qui sera inscrite dans le feuilleton de
demain aux affaires inscrites par les députés de l'opposition,
conformément à l'article 97.1 du règlement. Je dépose copie du texte de ce
préavis.
Il n'y a pas de dépôt
de rapports de commissions.
Dépôt
de pétitions
À
la rubrique Dépôt de pétitions, je cède maintenant la parole à M. le député de
Lévis pour le dépôt de sa pétition. À vous, M. le député.
Assurer
la présence d'un médecin de famille à L'Isle-aux-Coudres
M. Paradis (Lévis) : Merci, M. le Président. Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à
l'Assemblée nationale, signée par 699 pétitionnaires. Désignation:
citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant le
départ à la retraite du médecin de famille résidant à L'Isle-aux-Coudres, le
16 juin 2017;
«Considérant que ce
départ était connu depuis cinq ans;
«Considérant qu'il
n'y a plus de médecin de famille qui réside sur l'île depuis ce temps;
«Considérant que plus
de 900 habitants de l'île n'ont plus accès à un médecin de famille depuis
ce départ;
«Considérant
que le transport vers l'hôpital le plus près est d'au moins 50 minutes et
beaucoup plus en période hivernale;
«Considérant
que l'arrêt du service du traversier pour le retour sur l'île à
23 h 30 empêche les insulaires, suite à une consultation tardive à l'urgence, de retourner à
la maison et que cela pourrait aggraver l'état des personnes qui n'ont pas de
ressource leur permettant d'être hébergées pour la nuit à l'extérieur de l'île;
«Considérant le
statut particulier d'insulaire de la population de L'Isle-aux-Coudres;
«Considérant
l'état de santé de plusieurs habitants de l'île qui pourrait s'aggraver et
nécessiter un suivi médical;
«Considérant
que la population de L'Isle-aux-Coudres n'a pas été informée du nom des
médecins à contacter en cas de suivis médicaux;
«Considérant
que l'absence d'un médecin de famille à L'Isle-aux-Coudres ne permet pas
d'assurer un suivi médical adéquat à la population insulaire;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous, soussignés,
demandons au gouvernement du Québec de prendre les mesures nécessaires afin
qu'un médecin de famille soit nommé dans les
meilleurs délais et que celui-ci assure une présence constante auprès de la
population de L'Isle-aux-Coudres afin d'assurer un suivi médical
adéquat.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Alors, cet extrait de pétition est déposé.
J'ai
également reçu une demande de Mme la députée d'Hochelaga-Maisonneuve pour la
présentation d'une pétition non conforme. Est-ce que j'ai le
consentement pour qu'on fasse le dépôt?
Des voix :
Consentement.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Il
y a consentement. Mme la députée, allez.
Ouvrir une nouvelle clinique
et embaucher de nouveaux
médecins dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve
Mme
Poirier : Alors, je dépose l'extrait d'une pétition adressée à
l'Assemblée nationale, signée par 8 361 pétitionnaires.
Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués sont les suivants :
«Considérant que, dans Hochelaga-Maisonneuve,
les 56 280 citoyens et citoyennes ont accès à seulement deux médecins
dans les cliniques du quartier pour le service sans rendez-vous;
«Considérant que les services sans rendez-vous
sont offerts de façon discontinue, que le nombre de places est restreint et que
les personnes doivent se déplacer à l'extérieur du quartier pour consulter un
médecin;
«Considérant
que les huit médecins de famille du territoire se partagent
10 000 inscriptions, qu'aucun d'entre eux n'accepte de
nouveaux patients et que trois médecins prendront leur retraite d'ici la fin de
l'année 2017;
«Considérant
que 45 % de la population d'Hochelaga-Maisonneuve est inscrite auprès d'un
médecin de famille, qu'il reste
22 735 patients à inscrire pour atteindre la cible de la Régie de
l'assurance maladie du Québec et que seulement 5 136 patients
sont inscrits au Guichet d'accès à un médecin de famille;
«Considérant que les besoins sont également
importants pour des médecins spécialisés tels que [...] pédiatres,
[...]orthophonistes, [...]gérontologistes et [...] radiologistes;
«Considérant que de nombreux médecins sont
réticents à venir pratiquer dans Hochelaga-Maisonneuve;
«Considérant
que les cliniques actuelles peinent à attirer de nouveaux médecins afin de
combler les départs à la retraite;
«L'intervention réclamée se résume ainsi :
«Nous, soussignés, demandons au ministre de la
Santé et des Services sociaux :
«L'ouverture d'une clinique médicale avec de
nouveaux médecins de famille — GMF-Réseau;
«L'embauche de médecins pour combler les départs
à la retraite.»
Et je certifie, M. le Président, que cet extrait
est conforme à l'original de la pétition.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Cet
extrait de pétition est déposé.
Puis il n'y a
pas de réponses orales aux pétitions ni d'interventions portant sur une
violation de droit ou de privilège.
J'ai été avisé qu'après la période de questions
et de réponses orales il pourrait y avoir un vote requérant l'approbation des
deux tiers des membres de cette Assemblée.
Questions et réponses orales
Nous en sommes
maintenant à la période de questions et de réponses orales, et je cède la
parole au chef de l'opposition officielle pour sa question. À vous, M.
le chef de l'opposition officielle.
Partenariat pour le développement
des CSeries
M. Jean-François Lisée
M. Lisée :
M. le Président, aujourd'hui, c'est un jour noir pour le nationalisme
économique québécois, pour la capacité
des Québécois de créer des entreprises, des produits innovants et d'en garder
la propriété. Lorsqu'on fera la triste histoire
du gouvernement libéral actuel, on pourra dire que le premier ministre et son
gouvernement ont fait en sorte...
ou ont laissé faire lorsque
les Québécois ont perdu la propriété de St-Hubert, du Cirque du
Soleil, de RONA et finalement,
hier, du plus beau de leurs enfants technologiques, la série C. Il y a deux ans,
lorsque le premier ministre s'est engagé personnellement dans le dossier, on disait que Bombardier, et la série
C, prendrait sa place parmi les géants de l'aéronautique. Aujourd'hui, on doit constater qu'après deux ans
de gestion de ce dossier par le premier ministre, la série C n'est plus
qu'une filiale d'une compagnie étrangère et que, dans sept ans, 100 % de
la propriété pourra passer à l'étranger.
Est-ce que le
premier ministre peut reconnaître aujourd'hui que sa stratégie nous a conduits
à l'échec? Peut-il nous dire qu'est-ce qu'il considère être sa
responsabilité personnelle dans cette triste nouvelle?
Le Vice-Président (M. Gendron) : M.
le premier ministre, à vous.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : Alors, M. le
Président, depuis deux ans, ce qu'on a fait, c'est chose simple : on a
littéralement préservé l'existence du
secteur aéronautique de Montréal, préservé l'existence du programme de la série
C et, indirectement, de l'entreprise
Bombardier elle-même. Il est clair que la situation actuelle était devenue très
difficile avec deux grands géants de part et d'autre, dont un qui, de
façon arrogante et injustifiée, a, de façon très regrettable, tenté
littéralement d'expulser un concurrent du
marché. Aujourd'hui, ils ont perdu la bataille. Aujourd'hui, l'action de
Bombardier est en hausse, celle d'Airbus est en hausse, celle de Boeing va vers le bas.
C'est la réponse du Québec à ceux qui veulent freiner la créativité québécoise. Mais, au-dessus de tout
ça, c'est des emplois dont il s'agit. C'est des gens de Laval, des Basses-Laurentides qui, depuis notre intervention
nécessaire et indispensable tant par rapport à sa quantité qu'à sa forme,
ont vu leur emploi se préserver et qui,
aujourd'hui encore, grâce aux efforts de leur gouvernement et de ses
partenaires, comptent sur des emplois
de grande qualité pour de nombreuses années à venir. C'est ça, la réalisation
du gouvernement, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Première complémentaire, M. le chef de l'opposition
officielle.
M.
Jean-François Lisée
M.
Lisée : Le président d'Airbus, dans le Financial Post :
«This puts us in an excellent position... with no cost, with no risk.» Pour Airbus, pas de coût, pas de
risque. On a donné la maison pour sauver les meubles. La ministre a dit tout
à l'heure que le gouvernement du Québec,
dans la négociation, s'était battu pour le prolongement des emplois jusqu'en
2041. Qu'est-ce que le premier
ministre a essayé d'avoir de plus que ça qu'il n'a pas eu? Parce qu'il en
manque un grand bout.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : M. le premier ministre.
M.
Philippe Couillard
M. Couillard : Alors, M. le Président, je vais être obligé de rappeler que, si on
avait écouté les deux oppositions, il
n'y aurait plus d'emploi de la série C déjà, à Mirabel, depuis très longtemps,
et ça, c'est clair. Puis, s'ils ne sont pas sûrs de ça, bien, qu'ils aillent parler à la direction de
Bombardier, qui leur a déjà dit, en passant, exactement ce que je viens de
dire, c'est que c'est la forme
d'investissement qui a permis la survie du programme de la série C et du
secteur aéronautique à Montréal. Ça, c'est clair.
Effectivement,
les travailleurs de Laval, des Basses-Laurentides savent maintenant que leur
emploi va perdurer jusqu'en 2041.
C'est une bonne nouvelle, et ce qu'on a avec Airbus, c'est une force de vente
extraordinaire. Voilà la réponse à
Boeing et leur arrogance. On s'allie à une entreprise qui a 6 900, presque
7 000 avions sur son carnet de commandes. Voilà ce qui est
devant nous, voilà ce qui va nous permettre...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : En terminant.
M.
Couillard : ...de dominer le monde dans l'innovation aéronautique.
• (14 h 40) •
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Merci. Nous en sommes à la deuxième
complémentaire, M. le chef de l'opposition officielle.
M.
Jean-François Lisée
M.
Lisée : ...c'est ce qui va nous permettre de dominer le monde?
On vient de donner la propriété de la série C à Airbus pour zéro dollar, zéro euro, zéro cent. On
vient de leur donner. On ne s'est pas alliés à eux, on leur a donné 51 %.
Alors, qu'il arrête de fanfaronner, on a donné notre avoir le plus précieux.
Ce
que je lui demande à lui : Est-ce qu'il a essayé de maintenir le contrôle
québécois au-delà de 2023? Est-ce qu'il a essayé de protéger au moins la
part du Québec dans le capital au-delà de 2023?
Le Vice-Président
(M. Gendron) : ...un instant, mais faites attention aux propos. M. le
premier ministre...
Une voix :
...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : «Fanfaronner». M. le premier ministre.
Une voix :
...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Non, non. On va présider. M. le premier ministre, à
vous.
M.
Philippe Couillard
M. Couillard : En fait, les deux partis d'opposition font la même erreur malgré
l'évidence qui est devant eux. Malgré
ce qui leur est dit par les gens du secteur, ils ne se rendent pas compte que,
littéralement, c'est cette transaction initiale
et celle d'aujourd'hui qui permettent de garantir et de maintenir les emplois
dans notre secteur aéronautique. Parce que,
disons-le clairement, pas de transaction il y a deux ans, pas de débat
aujourd'hui. Pourquoi? Parce qu'il n'y a pas de série C puis pas de job aujourd'hui en aéronautique. Et ça, c'est
la réponse également qu'on a apportée hier à cette bonne nouvelle.
Maintenant,
je vais lui donner un petit devoir. Parce qu'il dit : Il aurait fallu
garder le contrôle québécois, dit-il, de la série C. Alors, voilà le devoir à faire, puis vous pourrez
donner vos copies dans quelques jours : on a déjà investi
1,3 milliard de fonds publics. Combien de plus...
Le Vice-Président (M.
Gendron) : En terminant.
M. Couillard : ...faudrait-il
investir pour maintenir le contrôle québécois?
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Merci...
Des voix : ...
Le
Vice-Président (M. Gendron) : S'il vous plaît! S'il vous plaît! Il y a
une personne qui avait la parole, il n'y en a pas d'autres. Troisième
complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M. Jean-François Lisée
M. Lisée :
On vous a dit exactement quoi faire il y a deux ans. On vous a dit
exactement... M. le Président, ce que des analystes vous ont dit, ce
n'est pas de laisser vous faire prendre par Bombardier qui voulait vous amener
à investir dans un seul avion. Il fallait
rester dans le consortium et il fallait faire en sorte qu'avec votre majorité
vous mettiez 1,3 milliard dans
le CSeries. C'était possible, c'est ce que Pierre Karl vous a dit de faire,
c'est ce que d'autres analystes vous ont dit de faire. Vous ne l'avez
pas fait, vous avez...
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Terminé. M. le premier ministre...
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Gendron) :
S'il vous plaît!
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Non, s'il vous plaît! Quand on n'a plus permis les applaudissements... On ne
peut pas faire indirectement la même chose avec d'autre chose. M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : Je salue la
force de l'argument, mais il n'y a pas de réponse à la question parce qu'il n'y en a pas, de réponse. Qu'est-ce qu'il faudrait investir?
Combien d'argent public des contribuables faudrait-il investir pour arriver à
l'objectif qu'il souhaite? Ce qu'ils
refusent d'accepter, lui et son collègue... Et, si, encore une fois, il parle
aux gens qui connaissent ça un peu,
il va se faire dire que n'eut été de l'intervention du gouvernement il y a deux
ans et de la forme de l'intervention
du gouvernement, il n'y aurait plus de série C. Pourquoi? Parce qu'un
investissement dans la société mère, comme
on dit, aurait été tellement minoritaire, sans aucun levier, aucune influence,
qu'on a pu exercer cette fois pour préserver les emplois chez nous. Les
gens de Mirabel le savent, on va aller leur dire, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Question principale, Mme la députée de Joliette. À vous.
Enquête concernant la Commission des droits
de la personne et des droits de la jeunesse
Mme Véronique Hivon
Mme
Hivon : Encore une
fois, ce matin, la crise qui secoue la Commission des droits de la personne
fait la manchette. On en est rendus à voir
des commissaires lancer eux-mêmes, sous le couvert de l'anonymat, des appels à
l'aide à des journalistes tellement la situation est grave.
On sait
qu'une enquête de la Protectrice du citoyen, qui a reçu des plaintes notamment
pour abus d'autorité et mauvaise
gestion de la présidente, est en cours depuis des mois. Et ce matin la ministre
de la Justice a enfin posé un geste et
annoncé l'envoi d'un vérificateur au sein de l'organisation. La présidente fait
donc l'objet maintenant non pas d'une, mais de deux enquêtes.
Au nom du
maintien de la confiance du public dans cette institution fondamentale, nous
demandons à la présidente de la
commission de se retirer de ses fonctions pendant la durée des enquêtes. Est-ce
que le gouvernement peut appuyer notre demande?
Le Vice-Président (M. Gendron) : Mme
la ministre de la Justice.
Mme Stéphanie Vallée
Mme Vallée :
M. le Président, il y a actuellement... Les médias ont fait état ce matin de
certains éléments qui sont effectivement
préoccupants : des départs en congé de maladie de membres de l'équipe des commissaires,
de membres du
personnel. Suite à ça, suite à la publication de cet article, je me suis
entretenue avec la présidente, et, d'un commun accord, nous avons convenu qu'il y aurait des experts, un expert mandaté
pour faire un diagnostic organisationnel au sein de la commission des droits de la personne, de la jeunesse, qui a un
mandat fort important, qui jouit d'une indépendance et qui doit pouvoir
mener à bien son mandat sans être aux prises avec des intrigues à l'interne.
Ceci
dit, M. le Président, la situation actuelle fera l'objet d'une évaluation, fera
l'objet de recommandations, et
permettons à ceux et celles...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : En terminant.
Mme Vallée :
...de faire leur travail, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Merci, Mme la ministre. Mme la députée de Joliette.
Mme Véronique Hivon
Mme
Hivon : Comment la
ministre peut-elle qualifier d'intrigue ce qu'on lit ce
matin et qui est tellement grave qu'il
y a en ce moment deux enquêtes en cours? Ce n'est pas un téléroman
qu'on est en train de regarder en ce
moment. Comment peut-elle prétendre que la confiance est maintenue?
Comment peut-elle prétendre... Comment peut-elle prétendre une telle chose quand des commissaires eux-mêmes disent que
rien ne marche à l'interne et qu'ils lancent des appels à l'aide?
Comment même la présidente peut-elle encore avoir l'autorité d'exercer son
mandat?
Peut-elle appuyer
notre demande que la présidente se retire de ses fonctions?
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Mme la ministre de la Justice.
Mme Stéphanie Vallée
Mme
Vallée : M. le Président, avant de dresser des constats comme
le fait notre collègue de Joliette, il est important d'aller au fond des choses, d'obtenir de la part
de quelqu'un, d'un expert complètement indépendant, un diagnostic de la situation au sein de la commission des droits de la
personne et de la jeunesse. C'est ce à quoi nous nous affairons actuellement
pour déterminer les causes du malaise et permettre également d'apporter le bon
remède.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Deuxième complémentaire, Mme la députée d'Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Carole Poirier
Mme
Poirier : Merci, M. le Président. Alors, une des premières choses que le nouveau ministre de l'Immigration nous a dites en entrant en poste la semaine
passée, c'est que la consultation sur la discrimination systémique devra être
digne, sobre et respectueuse. On le voit bien, nous ne sommes pas dans un
climat sobre, digne et respectueux.
Est-ce que le
ministre va enfin mettre fin à ce cirque et à ce procès des Québécois?
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Mme la ministre.
Mme Stéphanie Vallée
Mme Vallée :
M. le Président...
Des voix :
...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : S'il vous plaît! S'il vous plaît!
Une voix :
...
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
On n'a pas à décider qui donne la réponse. Alors, Mme la ministre, à vous.
Mme
Vallée : M. le Président, comme je l'ai mentionné précédemment, avant de sauter aux conclusions, avant de prétendre qu'une institution comme la commission des droits de la personne et de la
jeunesse n'est pas à même de remplir son
mandat, permettons-nous d'aller au fond des choses, de ne pas travailler
exclusivement avec des bribes provenant des médias, mais d'obtenir une
information éclairée, adéquate sur la nature du malaise afin de permettre
d'apporter des solutions qui seront dans le
meilleur intérêt de la commission des droits de la personne et de la jeunesse
et de ceux et celles pour qui elle a été créée.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : M. le chef du deuxième groupe parlementaire, en
principale, à vous.
Investissement
gouvernemental dans le développement des CSeries
M. François Legault
M. Legault :
M. le Président, l'année dernière le gouvernement libéral a investi
1,3 milliard de notre argent dans la division très risquée de la
série C sans exiger aucune garantie sur les autres actifs de Bombardier.
Hier, le même gouvernement libéral a donné une option à Airbus, en 2023, de
racheter ce placement de 1,3 milliard, selon la valeur marchande, sans
aucun prix plancher.
La question que tout le monde se demande
aujourd'hui, c'est : Quelle est la valeur marchande de notre placement de 1,3 milliard? Les Québécois ont
le droit de savoir combien ils ont perdu dans cette aventure parce que le
premier ministre n'a pas demandé de garantie sur les autres actifs de
Bombardier.
Donc, j'ai
une demande précise à faire au premier ministre ce matin. Est-ce qu'il pourrait
mandater la Vérificatrice générale pour évaluer la valeur marchande
aujourd'hui de notre placement de 1,3 milliard de dollars?
Des voix : ...
Le
Vice-Président (M. Gendron) : S'il vous plaît! Toujours la même chose,
dans l'ordre. M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : Oui, merci, M.
le Président. Alors, la Vérificatrice générale, il y a trois mois, a fait cet
exercice-là et a confirmé la valeur de l'investissement.
Maintenant,
aujourd'hui, la situation a changé, et on se trouve, en fait, avec beaucoup
plus de chances devant nous de faire
du bénéfice sur notre placement. Je vais lui expliquer de façon simple :
vendre des avions, ça fait faire de l'argent. Ne pas vendre d'avion, ça ne fait pas faire d'argent. Puis on n'en
vendait pas depuis un certain temps, s'il l'a remarqué, et la seule
façon dont on pouvait récupérer l'accès au marché, c'est de s'allier à un
partenaire stratégique. Ce n'est pas compliqué,
il y en a trois : Boeing, Airbus ou les Chinois. Lequel il aurait choisi?
Je vais lui poser la même question qu'à mon collègue : Combien pense-t-il qu'il aurait fallu injecter dans
cette entreprise pour en garder le contrôle? Mais il ne parle pas de ça,
donc je reconnais qu'il reconnaît lui aussi que c'est un scénario insensé.
Mais ce que
je veux lui dire, M. le Président, également, c'est que, n'eut été de notre
intervention, qu'il a peinte de façon noire depuis le début, il n'y
aurait plus de série C, il n'y aurait plus de job dans le comté de sa
députée de Mirabel. Et c'est parce qu'on est
intervenus de la façon dont on est intervenus qu'il y a des emplois aujourd'hui
et qu'il y en aura jusqu'en 2041. Je peux vous dire que le monde de
Mirabel, ils le savent très bien, et on va le leur rappeler.
• (14 h 50) •
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Première complémentaire, M. le chef du deuxième groupe.
M. François Legault
M. Legault :
M. le Président, le premier ministre essaie de réécrire l'histoire. Il devrait
se rappeler que la CAQ a demandé
d'aider Bombardier avant même que lui lève le petit doigt, avant même que lui
lève le petit doigt. Mais il y a une différence, par contre : la CAQ
aurait demandé des garanties sur l'ensemble des actifs de Bombardier.
Je répète ma question. Ça vaut combien, notre
placement aujourd'hui?
Le Vice-Président (M. Gendron) : M.
le premier ministre, en réponse à la question.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : Avec la suggestion de
la CAQ, ça vaudrait zéro, zéro, parce qu'il n'y aurait plus de série C, il
n'y aurait plus d'emploi, il n'y aurait plus
de vente d'avions. Ça, on sait ça, puis sa députée de Mirabel, elle sait ça
aussi. Puis le monde dans le secteur
aéronautique, ils savent ça aussi. D'ailleurs, ils sont très surpris de voir le
chef de la CAQ revenir constamment
avec la même idée, qui clairement témoigne d'une mauvaise connaissance du
marché aéronautique malgré ses antécédents dans Air Transat. Je suis
surpris moi-même.
Maintenant,
je vais lui répéter encore une fois que, si on avait investi dans la société
mère, on n'aurait eu aucun contrôle,
aucun levier sur l'avenir de la série C. On n'aurait pas été partie de la
conversation. Personne n'aurait pu, comme on l'a fait, garantir aux
gens, aux hommes et aux femmes de Mirabel et de Laval, leur emploi aéronautique
de qualité jusqu'en 2041. C'est la réussite du gouvernement et c'est l'échec de
la CAQ.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Deuxième complémentaire, M. le chef du
deuxième groupe... S'il vous plaît!
M. François Legault
M. Legault :
M. le Président, le premier ministre, il est difficile à dire. Il nous
dit : On n'aurait pas eu aucun levier sur la série C. On n'en a plus de levier. Si on avait acheté des actions
de Bombardier, il vient de le dire, les actions ont monté, de
Bombardier, donc ça aurait été bon pour nous autres.
Je
répète ma question au grand donneur de leçons, là. Est-ce qu'il peut être un
peu plus humble puis reconnaître qu'il a fait erreur? Combien on a perdu
de notre 1,3 milliard?
Des voix : ...
Le
Vice-Président (M. Gendron) : S'il vous plaît! Ce qui est majeur,
c'est de respecter le décorum puis de laisser...
Des voix : ...
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Un instant! C'est ce qui arrive quand on
ne suit pas le quorum... le décorum, pardon. Alors, M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : C'est très
utile, c'est très utile parce que les Québécois peuvent juger, je l'ai dit déjà
à quelques reprises, de la façon de
faire de la politique du chef du deuxième groupe d'opposition. Sa nouvelle
collègue vient de se rendre compte dans quel groupe qu'elle est rentrée.
Et elle va le voir de plus en plus au cours des prochains mois.
Alors, je
vais répéter encore une fois. Je vais répéter encore une fois, M. le président,
que, sans la transaction, sans l'investissement
du gouvernement, les questions du collègue ne s'appliqueraient même pas
puisqu'il n'y aurait plus de job
série C, parce qu'il n'y aurait pas de série C puis il n'y aura plus de
Bombardier non plus. Alors, je vais répéter très clairement... Et, s'il
veut, qu'il aille donc rencontrer encore M. Bellemarre. Il m'a dit qu'il
avait beaucoup aimé sa rencontre avec lui.
Bien, qu'il lui parle encore, il va lui expliquer, il va lui expliquer, il va
lui expliquer, puis il va pouvoir comprendre peut-être un jour,
peut-être un jour, qu'on a posé les bons gestes au bon moment.
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Question principale, M. le député de Borduas.
Gestion de la Commission des
droits de la
personne et des droits de la jeunesse
M. Simon Jolin-Barrette
M.
Jolin-Barrette : M. le
Président, rien ne va plus à la commission des droits de la personne. La
commission est en crise depuis
plusieurs mois et le personnel est en situation de survie. Les allégations sont
nombreuses : climat de travail malsain, atmosphère de suspicion et
de terreur, intimidation et attitude méprisante de la part de la présidente,
trois plaintes pour abus de pouvoir, mauvaise gestion et attitude
irrespectueuse déposées au Protecteur du citoyen, détresse psychologique, souffrance, maladie et départs à répétition.
Huit postes sur 15 sont vacants à la haute direction. Il y a plus de x rouges que de personnes.
Plusieurs employés ont quitté la commission depuis la nomination de la nouvelle
présidente, notamment son adjoint et ses deux secrétaires de direction.
Aujourd'hui,
trois commissaires font état que rien ne va plus à la commission. Ils lancent
un appel à l'aide dans l'espoir que
quelqu'un fera quelque chose. M. le Président, la ministre de la Justice ne
doit pas uniquement envoyer un enquêteur
indépendant. La ministre de la Justice doit prendre action afin de suspendre la
présidente de la commission, le temps que l'enquête se termine.
M. le Président, est-ce que la ministre va
laisser le climat de harcèlement perdurer?
Le Vice-Président (M. Gendron) : Mme
la ministre, en réponse à la question.
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Gendron) :
S'il vous plaît!
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Non, ça ne marche pas, ça.
Une voix : ...
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Non, vous ferez vos commentaires
ailleurs. En période de questions, il y en a un qui questionne, puis
l'autre répond. Ce n'est pas compliqué. Mme la ministre de la Justice.
Mme Stéphanie Vallée
Mme Vallée :
M. le Président, exactement, je vais répondre à mon collègue la même chose que
j'ai répondue à ma collègue de
Joliette. C'est un dossier important. C'est certain que, lorsque l'on prend
connaissance de faits tels que ceux qui sont rapportés dans les médias
ce matin, on a tout à fait raison de s'inquiéter et d'être préoccupé.
Ceci dit, M. le Président, je pense
qu'il nous appartient de faire un pas de plus et de s'assurer d'obtenir un état
juste et éclairé des causes de ces
absences, des causes de ces départs, et d'amener à comprendre la problématique
qui pourrait avoir lieu à l'interne,
plutôt que d'identifier préalablement des causes, comme le fait notre collègue,
qui semblent faire porter le blâme à
une personne ou à des individus. Je ne souhaite pas faire ça. Je pense qu'avant
de le faire il est important d'avoir un état des lieux...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : En terminant.
Mme Vallée :
...et c'est sur quoi nous travaillons, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Première complémentaire, M. le député de Borduas.
M.
Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : M. le Président, ça fait depuis le 30 août, depuis cet été qu'il y a
des allégations relativement à un
climat de terreur, un climat de suspicion, à un climat de harcèlement à la
Commission des droits de la personne. La ministre le sait très bien, et il en va de sa responsabilité. Elle ne
peut pas tolérer qu'un climat de harcèlement envers les employés de la
commission, envers les membres de la commission, ait lieu.
Alors, je lui repose la question : Va-t-elle
prendre action pour suspendre l'ensemble... pour suspendre la présidente
de la Commission des droits de la personne, le temps que l'enquête se fasse?
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Mme la ministre.
Mme
Stéphanie Vallée
Mme
Vallée : M. le Président, encore une fois, je pense qu'il est
important de faire la part des choses. Mon collègue fait référence à une
situation qui a été mise en lumière cet été, qui fait suite à une plainte formulée
par un membre du personnel, conformément à
des dispositions législatives que nous avons adoptées ici, à cette Assemblée.
Une enquête est en cours conformément
à ces dispositions législatives
là, et il ne faudrait pas se substituer au Protecteur du citoyen et en
venir à des conclusions trop hâtives.
Ceci dit, M. le
Président, en parallèle à cette situation ont été portés à mon attention et à
notre attention à tous d'autres faits. J'ai demandé qu'un diagnostic soit fait...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : En terminant.
Mme Vallée :
...sur la cause du problème...
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Merci. Deuxième complémentaire, à
vous, Mme la députée de Montarville.
Mme
Nathalie Roy
Mme Roy :
Merci beaucoup, M. le Président. Écoutez, c'est grave. Ce qu'il faut comprendre
ici, là, c'est que les citoyens
seront donc mis au banc des accusés, oui, devant cette problématique Commission
des droits de la personne et que la problématique présidente de cette
commission, contre qui pèsent des plaintes d'abus d'autorité et d'attitude
irrespectueuse, bien, c'est cette femme qui doit piloter la problématique
consultation sur le racisme systémique.
Alors,
je pose ma question au ministre de l'Immigration, le tout nouveau ministre.
Vous ne trouvez pas que ça fait beaucoup
de problèmes? De grâce, allez-vous annuler cette consultation sur le racisme
systémique? Ça n'a plus de bon sens.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Mme la ministre de la Justice.
Mme Stéphanie Vallée
Mme Vallée :
M. le Président, je vais encore répéter, parce qu'on semble avoir un
copier-coller des réponses... des
questions qui ont été posées précédemment par le Parti québécois. Mais, ceci
dit, M. le Président, permettons d'abord de déterminer la source du problème plutôt que d'identifier en amont un
responsable. Notre collègue de Montarville semble avoir ciblé une
responsable. Je l'invite à la prudence.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Question principale, M. le député de
La Peltrie.
Plans stratégiques des
ministères et organismes publics
M. Éric Caire
M.
Caire :
Merci, M. le Président. On savait déjà que l'efficacité de gestion, dans de
trop nombreux ministères, faisait
problème. Et voici qu'un article récent dans L'Actualité dresse un
portrait désastreux de la situation : une majorité de ministères sans plan
stratégique ou des plans imprécis, sans cible ou des cibles impossibles à
évaluer et, surtout et pire que tout,
où personne n'est responsable et imputable de quoi que ce soit. Conséquence, on
gère dans le brouillard. On fait des
choses sans savoir si on fait la bonne chose. Pire que ça, on fait des choses
sans savoir si c'est nécessaire. M. le Président, le président du Conseil du trésor appartient à
l'entreprise privée et il sait très bien que, si on gérait une entreprise comme
ça, elle ferait faillite.
Alors, la
question, c'est : Est-ce qu'il admet le problème? Est-ce qu'il est
conscient de l'ampleur du problème? Et surtout est-ce qu'il pense que
c'est urgent de régler le problème?
• (15 heures) •
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, M. le président du Conseil du trésor.
M. Pierre Arcand
M. Arcand : M. le Président,
nous avons pris connaissance avec beaucoup d'intérêt de l'étude qui a été
publiée par le magazine L'Actualité
sur cette situation qui prévaut au niveau, entre autres, des plans
stratégiques. C'est de ça surtout dont on parle, les plans stratégiques
qui sont faits par les différents ministères et organismes. On parle de plus
d'une soixantaine d'organisations, y incluant nos ministères.
Maintenant,
il est clair, M. le Président, qu'on part de quand même assez loin. Pendant des
années, il n'y a pas eu un contrôle
aussi efficace qu'on le voudrait sur ces questions-là. Il est évident, M. le
Président, qu'il faut que les cibles soient
atteintes. Il faut également que les cibles soient ambitieuses, qu'elles soient
mesurables également pour que les résultats
en ce sens-là soient concrets. Alors, M. le Président, le Conseil du trésor
travaille actuellement avec plusieurs ministères
et surtout, évidemment, ceux qui ont besoin d'avoir un appui spécifique pour
faire en sorte, justement, qu'on ait des
plans stratégiques, M. le Président. Et notre objectif, c'est que, d'ici la fin
de l'année financière, tous les ministères et organismes...
Le Vice-Président (M. Gendron) : En
terminant.
M.
Arcand : ...auront
des plans stratégiques précis, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Première complémentaire, M. le député de La Peltrie.
M.
Éric Caire
M.
Caire :
Bien, M. le Président, j'ai retrouvé beaucoup d'éléments de réponse dans la
réponse du ministre qui expliquaient
pourquoi, il y a 17 ans, on a adopté cette loi-là. Et, après 15 ans
de gouvernance libérale, le bulletin est arrivé, et c'est un échec, M.
le Président, c'est un échec.
J'ai eu le
privilège de déposer, au nom de ma formation politique, un projet de loi pour
rendre les sous-ministres plus
imputables, les hauts dirigeants plus imputables. Est-ce que le président du
Conseil du trésor est au moins, lui, ouvert à en discuter?
Le Vice-Président (M. Gendron) : M.
le président du Conseil du trésor, à vous.
M.
Pierre Arcand
M.
Arcand : Bien, M. le
Président, j'écoutais tout à l'heure les questions du chef de la seconde
opposition, puis c'est une tendance
actuellement à la Coalition avenir Québec, celui qui va diriger le Québec, ce
n'est pas le gouvernement, c'est le
Vérificateur général, M. le Président. Et le rôle du Vérificateur général,
c'est bien sûr de faire de l'«auditing», de faire ce genre d'activité là, mais la direction des affaires de l'État,
ce sont les élus qui l'ont, et c'est ce qui devrait être fait, M. le Président. Alors, nous allons continuer à
travailler pour faire en sorte qu'on ait des plans structurés et qui fassent
en sorte qu'on puisse travailler tous ensemble...
Le Vice-Président (M. Gendron) : En
terminant.
M.
Arcand : ...pour
avoir vraiment une efficacité administrative.
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Merci. Deuxième complémentaire, M. le député de La Peltrie.
M.
Éric Caire
M.
Caire :
Moi, je ne sais pas ce que le président du Conseil du trésor a contre la
Vérificatrice générale, mais ce que je sais, moi, c'est qu'après 15 ans de
gouvernance libérale — je veux dire, on le voit, là, qu'il le lise correctement — c'est un désastre, c'est un désastre. Le ministère du Tourisme n'a pas de plan
stratégique depuis 10 ans, 10 ans sans plan stratégique. Peut-être que la ministre n'est pas au courant,
mais elle n'a pas de plan stratégique. Ça, c'est la preuve que le contrôle
ne se fait pas par le gouvernement libéral.
Pourquoi ne pas rendre les sous-ministres et les
dirigeants imputables, comme nous le...
Le Vice-Président (M.
Gendron) : M. le président du Conseil du trésor.
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Gendron) :
S'il vous plaît!
M.
Pierre Arcand
M.
Arcand : M. le Président, il
décrit la situation, n'est-ce pas, comme étant désespérée, M. le Président.
Alors, je vais vous donner les vrais
chiffres sur ces questions-là.
D'abord, si on regarde l'ensemble des ministères et aussi des organismes gouvernementaux, déjà près des deux tiers ont une
planification stratégique qui est faite. Il y en a certains qui sont en
train de la faire au moment où on se parle, très peu ne sont pas encore dans le
processus.
Et, encore
une fois, M. le Président, je l'ai dit et je l'ai répété à plusieurs reprises,
il va falloir qu'il y ait encore une
amélioration de la rigueur gouvernementale. Le Conseil du trésor est là pour
appuyer, justement, ces ministères...
Le Vice-Président (M. Gendron) : En
terminant.
M.
Arcand : ...et
parfois des petits organismes qui ont besoin d'aide, et, d'ici mars...
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Merci. M. le député du Lac-Saint-Jean,
pour votre question principale. À vous.
Scolarisation
à la maison
M.
Alexandre Cloutier
M.
Cloutier : Oui, M. le Président. Alors, on étudie présentement en
commission parlementaire un projet de loi concernant l'école à la maison. Alors, à l'heure actuelle, si un parent
désire instruire son enfant à la maison, il doit l'inscrire à une commission scolaire dans le respect des
dispositions de la loi 101. Or, le ministre a déposé un amendement qui
permet de contourner la loi 101
afin d'offrir aux parents le choix de n'importe quelle commission scolaire pour
les suivis liés aux apprentissages.
Bref, M. le Président, dorénavant un parent pourrait décider que les
rencontres, les évaluations, le matériel pédagogique soient en langue
anglaise, une brèche évidente aux dispositions de la loi 101.
Mais, M. le Président, ce qu'il y a de plus
surprenant, savez-vous c'est quoi? C'est qu'il n'y a personne en commission
parlementaire qui a réclamé une telle modification. Le seul qui le veut, c'est
le ministre de l'Éducation.
Je me tourne
donc vers la nouvelle ministre responsable de la Charte de la langue française,
est-elle d'accord sur une telle brèche à la loi 101?
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, M. le ministre de l'Éducation.
M.
Sébastien Proulx
M.
Proulx : Oui. Merci, M. le
Président. D'abord, on aura l'occasion de poursuivre l'étude du projet de loi aujourd'hui et ce soir. J'aurai l'occasion de
discuter avec mes collègues, M. le Président. Je vais les convier à peut-être
une petite rencontre avant le début. Pourquoi? Pour pouvoir discuter de cette
question-là.
Deux choses.
La première, c'est qu'il n'y a personne qui veut ouvrir de brèche dans la loi,
M. le Président. On veut de
l'enseignement en classe en français proprement dit, comme le disent la
loi 101, la Charte de la langue française et la Loi sur
l'instruction publique, puis on veut également que l'esprit soit respecté
lorsqu'il est question d'école à la maison.
Alors, il y a un petit défi d'interprétation de part et d'autre. J'ai fait, moi
aussi, quelques vérifications cette semaine, M. le Président. J'aurai
l'occasion de proposer certaines choses aux collègues qui, je pense, vont faire
en sorte qu'on pourra continuer d'avancer dans ce projet.
Mais je veux
répéter, réitérer, M. le Président, qu'il n'est pas question d'aller là où les
collègues pensent qu'on pourrait aller, c'est-à-dire d'ouvrir la
loi 101 de quelque manière que ce soit.
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Première complémentaire, M. le député de Lac-Saint-Jean.
M.
Alexandre Cloutier
M. Cloutier : Oui. M. le Président,
il n'y a pas de «on pense que le gouvernement pourrait aller», il n'y a
pas une question d'interprétation. La
Fédération des commissions scolaires est sortie en disant que l'amendement
proposé par le gouvernement, ça
n'avait pas de bon sens. La présidente de la commission scolaire de Montréal est sortie en disant que la
brèche qui était proposée par le ministre allait faire en sorte que les jeunes
allaient avoir le suivi dans la langue anglaise,
ceux qui auraient ce suivi-là ne pourraient pas, après, retourner à l'école
publique en français. L'amendement
que vous avez proposé est un amendement qui ouvre une brèche.
Je me tourne
vers la nouvelle ministre responsable de la Charte de la langue française,
est-elle d'accord avec son collègue?
Le
Vice-Président (M. Gendron) : M. le ministre de l'Éducation.
M. Sébastien Proulx
M. Proulx :
Bien, M. le Président, il ne faut pas présumer de l'adoption. Ce n'est
pas adopté, c'est en discussion.
Il y a des amendements sur la table.
On
a dit, lorsqu'on a quitté la semaine dernière, M. le Président, que nous
étions pour poursuivre ces discussions et
j'ai dit au collègue que j'étais pour faire des vérifications. J'aurai
l'occasion d'en parler tout à l'heure, il y a
plusieurs écoles de pensée à l'égard
de l'application de la Charte de la langue française et de l'école
à la maison. Certains disent qu'il n'y a
aucune application, certains disent qu'il devrait y avoir une
certaine application. J'aurai l'occasion d'en parler avec les collègues tout à
l'heure, mais une chose est claire,
on veut promouvoir la langue française, on veut promouvoir l'enseignement
en français et on va faire en sorte de ne pas créer de brèche dans la langue...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : M. le député de Bourget, pour votre deuxième
complémentaire. À vous.
M. Maka Kotto
M.
Kotto : M. le Président, ma question s'adresse spécifiquement à la nouvelle ministre responsable de la
Charte de la langue française et de
la Culture. Est-ce qu'elle appuie son collègue dans sa volonté de créer cette nouvelle brèche
à la loi 101, à savoir que, si une fois
adoptée — ils ont une majorité — cette loi pourra permettre à un parent qui
instruit son enfant à la maison de le faire en anglais?
Le Vice-Président
(M. Gendron) : M. le ministre.
M. Sébastien Proulx
M. Proulx :
Oui, M. le Président. Comme le disent mes collègues, le gouvernement parle
d'une seule voix — et
je suis convaincu que ma collègue est
solidaire avec moi sur cette interprétation — il n'est pas question d'ouvrir de brèche,
il n'y aura pas de brèche dans la loi 101,
M. le Président. J'espère que mes collègues ne veulent pas aller régir ce qui
se fait et comment on parle à ses enfants à la maison. Ce n'est pas de
ça dont il est question.
Alors, dans le
contexte actuel, on va s'assurer que le principe qui s'applique, M. le
Président, à l'égard d'une commission
scolaire compétente, par exemple, sera appliqué tout au long du processus.
J'aurai l'occasion de présenter un amendement intéressant aux collègues
tout à l'heure.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Question principale, M. le député de Saint-Jean.
Aide financière aux parents d'enfants lourdement
handicapés
M. Dave Turcotte
M.
Turcotte :
On se rappelle tous ici du combat du mouvement Parents jusqu'au bout!. Après un
passage remarqué à Tout le monde en parle,
le ministre de la Santé a fini par dire que, oui, il allait faire quelque chose
pour régler cette situation terrible.
Son collègue de la Famille a trouvé 10 millions de dollars, a bricolé un
programme pour rentrer dans ce 10 millions de dollars là sans tenir
compte des réels besoins des enfants et des familles.
M.
le Président, je pourrais donner l'exemple d'Isabelle, de Sorel-Tracy, en
Montérégie.Elle est mère d'un adolescent
de 15 ans lourdement handicapé qui a besoin d'aide pour s'alimenter. Né
prématurément à 27 semaines, il souffre
de paralysie cérébrale, ne marchera jamais et peine à exprimer ses besoins.
Isabelle est constamment sollicitée pour le moucher, l'amener à la salle
de bain et même remplacer sa rotule qui débarque.
Est-ce
que le ministre de la Famille, le nouveau ministre de la Famille, trouve ça
normal, ce qui arrive à Isabelle,
de Sorel-Tracy?
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Alors, monsieur...
Une voix :
...
• (15 h 10) •
Le Vice-Président
(M. Gendron) : S'il vous plaît! M. le ministre de la Famille, à
vous.
M. Luc Fortin
M. Fortin
(Sherbrooke) : Merci beaucoup, M. le Président. Je veux saluer le
collègue de Saint-Jean pour sa question.
C'est une question très importante. Évidemment, plusieurs d'entre nous ici
sommes des parents, et nous sommes très
touchés par les situations que vivent les parents et les enfants vivant avec un
handicap, et on doit leur témoigner toute notre sympathie et toute notre
solidarité.
Ceci étant dit, M. le Président, il faut
comprendre comment fonctionne le supplément pour enfant handicapé nécessitant des soins exceptionnels. Ce ne sont
pas des fonctionnaires, ce ne sont pas des élus qui ont fait les paramètres,
mais bien des
spécialistes du domaine de la santé, et les enfants sont également évalués par
ces mêmes spécialistes là. Et, M. le
Président, ce que je peux vous dire ici, c'est que tous les enfants qui ont
besoin de cette mesure pour les soins exceptionnels
la reçoivent. Le député de Saint-Jean nous parle de 10 millions de
dollars, mais moi, je veux réitérer à la Chambre qu'il n'y a pas de plafond à l'enveloppe pour ce programme-là.
Ce n'est pas une enveloppe fermée, tous les enfants qui rencontrent les critères du programme
reçoivent cette mesure-là. Et tous les enfants sont évalués de manière juste et
équitable, et c'est comme ça qu'on va continuer de fonctionner, M. le
Président.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Première complémentaire, M. le député de
Saint-Jean.
M. Dave Turcotte
M. Turcotte :
M. le Président, le nouveau ministre de la Famille répète la même chose que
l'ancien ministre de la Famille. Ils
peuvent bien avoir fait un remaniement, mais ça ne change rien pour les
familles du Québec. Le problème, c'est
les critères du programme. On le dit depuis le début, il faut ouvrir le
programme, faire en sorte qu'on puisse aider les personnes qui ont
réellement besoin d'aide. Et, pour ça, oui, il faut que le gouvernement
investisse des sommes.
Est-ce que le
ministre est en train de dire que l'enfant d'Isabelle, à Sorel, il n'a pas
besoin d'aide? Est-ce que Samuel Bruneau,
dans le journal ce matin, qu'on a vu en Beauce, n'a pas besoin d'aide? M. le
Président, le ministre doit agir.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : M. le ministre de la Famille, à vous.
M. Luc Fortin
M. Fortin
(Sherbrooke) : Bien, M. le Président, le jugement qu'est en train de
faire le député de Saint-Jean, c'est sur
les professionnels de la santé qui ont mené à terme ce programme-là, qui ont
construit les paramètres de ce programme-là. Moi, je ne suis pas un
spécialiste des soins de santé. À ma connaissance, il n'en est pas un non plus.
Alors,
ceci étant dit, M. le Président, on doit se fier au bon jugement des
professionnels de la santé et, oui, offrir toute notre compassion à ces familles-là. Et je le répète, M. le Président,
ce n'est pas une question d'argent, ce n'est pas une enveloppe fermée,
tous les enfants qui rencontrent les critères vont avoir droit à cette
mesure-là.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Deuxième complémentaire, M. le député de
Saint-Jean.
M. Dave Turcotte
M. Turcotte :
M. le Président, moi, je crois que le ministre a une responsabilité comme
ministre. Il arrive, je comprends, mais il
peut aussi prendre la responsabilité qui lui a été confiée par le premier
ministre et revoir le programme. Et
ce n'est pas normal, le temps de traitement des demandes, parce que la moitié
des gens qui font une demande sont refusés, mais, pour ça, ça prend
pratiquement un an avant qu'ils reçoivent la réponse, M. le Président. Ça, ce
n'est pas les spécialistes du système de santé qui ont décidé que ça
prenait un an pour traiter le programme.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : M. le ministre de la Famille, à vous.
M. Luc Fortin
M. Fortin
(Sherbrooke) : Bien, justement, sur la question des délais de traitement,
il devrait savoir, le député, il y a
4 000 demandes qui ont été acheminées à Retraite Québec. Jusqu'à présent, il y en a 3 500 qui ont été
évaluées. Et, peu importe le moment
où la demande, elle est évaluée, la mesure, elle est rétroactive au 1er avril
2016. Alors, les enfants qui en ont
droit et les parents qui ont droit à cette mesure-là ne sont pas pénalisés, justement, par les délais de traitement. C'est
une mesure sérieuse qui a été évaluée rigoureusement, et on va continuer à
faire notre travail de manière rigoureuse, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
S'il vous plaît! La période
de questions n'est pas terminée. M. le député de Deux-Montagnes, à vous pour votre question principale.
État de situation concernant les inondations printanières
de 2017
M. Benoit Charette
M.
Charette : Merci, M. le Président. La ville de Deux-Montagnes a été
sévèrement touchée par les dernières crues
printanières. Près de 300 demeures y ont été affectées. Quelques dizaines
d'entre elles devront d'ailleurs être démolies.
On
le sait, le gouvernement a lamentablement échoué dans son devoir de venir en aide dans un délai raisonnable aux
sinistrés. Un gouvernement responsable ferait cependant tout en son pouvoir
pour éviter que pareil cauchemar se reproduise
dans l'avenir. Mais non, le gouvernement fait la sourde oreille et tarde à
mettre en place des mesures qui sont pourtant nécessaires.
La ville de
Deux-Montagnes demande depuis des mois les autorisations nécessaires pour
prolonger une digue de façon à
protéger des quartiers qui ont été durement touchés. La réponse du gouvernement
prend la forme d'un silence navrant.
Le ministre de la Sécurité publique
peut-il s'engager à ce que les permis nécessaires soient octroyés sans délai
afin que la digue puisse être érigée avant l'hiver?
Le Vice-Président
(M. Gendron) : M. le ministre de la Sécurité publique.
M. Martin Coiteux
M.
Coiteux : Le député, ici, de la CAQ parle d'une digue, mais son
préambule parlait surtout des citoyens, puis c'est ça qui m'importe le
plus. C'est ça qui importe le plus au gouvernement.
Alors,
dans le sillage des inondations printanières, je rappellerai qu'il y a
5 000 résidences qui ont été touchées dans plusieurs régions du Québec, dont, effectivement, Deux-Montagnes,
et qu'on a bonifié largement, mais très largement le programme d'indemnisation, qu'on a accéléré, et
notamment on a embauché du personnel pour accélérer l'évaluation des dommages. Et, y compris à Deux-Montagnes, se
sont tenues récemment des réunions sous un même toit où tout le monde était réuni. C'est-à-dire pas seulement les
gens de la sécurité publique qui sont responsables des indemnisations, pas seulement le ministère des Affaires
municipales, qui travaille étroitement avec les municipalités, mais, en même
temps, les responsables des
municipalités qui donnent les permis pour permettre les travaux. Et chaque
citoyen touché, chaque sinistré a
reçu également une lettre pour lui indiquer tous les travaux, là, immédiats qui
pouvaient être faits. Et, dans sa région
comme dans toutes les régions touchées du Québec, il y a des millions de
dollars qui ont été versés depuis le début, mais tout particulièrement
au cours des dernières semaines, des millions de dollars qui ont été versés pour
que les citoyens...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : En terminant.
M. Coiteux :
...soient capables immédiatement de faire les travaux nécessaires.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Première complémentaire, M. le député de Deux-Montagnes.
M. Benoit Charette
M.
Charette : J'aimerais que le ministre évoque éventuellement la
question de la digue, mais, pour accélérer le processus, la ville de
Deux-Montagnes a elle-même retenu les services de firmes spécialisées en
environnement pour faire une analyse des
impacts, évaluer la faisabilité du projet. Plus de 2 000 citoyens de
Deux-Montagnes ont signé une pétition
pressant le gouvernement de faire le nécessaire pour son aménagement. C'est de
leur sécurité et de leur tranquillité d'esprit dont il est question.
Est-ce
que le ministre peut enfin aborder la question de la digue et s'assurer que les
travaux pourront être réalisés avant l'hiver?
Le Vice-Président
(M. Gendron) : M. le ministre de la Sécurité publique.
M. Martin Coiteux
M.
Coiteux : Bien, d'abord et avant tout, M. le Président, ce qui nous
importe, ce sont les citoyens. On a mis tous les moyens en oeuvre, tous les moyens en oeuvre nécessaires pour venir
en aide directement aux citoyens et leur apporter la réponse le plus rapidement possible pour qu'ils
puissent retourner dans une maison reconstruite, lorsque c'est nécessaire,
réparée et également dans des conditions aussi de salubrité. Alors, c'est
là-dessus qu'est la priorité.
En ce qui concerne
les grandes infrastructures municipales et les infrastructures de protection,
qui nécessitent d'autres types d'investissements qui sont des investissements
pour l'avenir, bien, il y a toute la réflexion qu'on fait actuellement avec nos partenaires municipaux. Il y
a eu un forum qui s'est tenu, d'ailleurs, récemment. C'est là-dessus, notamment, qu'ont porté les discussions, comment
on va gérer ces infrastructures-là pour l'avenir, mais comment on va le
faire pas seulement pour Deux-Montagnes...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Merci. Deuxième complémentaire, M. le député de
Deux-Montagnes.
M. Benoit Charette
M.
Charette : Merci, M. le Président. La ville de Deux-Montagnes a fait
ses devoirs, et je salue, d'ailleurs, le leadership de son maire, qui est présent avec nous dans les tribunes. Et
ce qu'il fait aujourd'hui essentiellement, c'est porter la voix de ses
citoyens, qui sont inquiets.
Le ministre
accepterait-il de le rencontrer après la période de questions afin qu'il puisse
aborder les questions précises de digue pour
protéger d'éventuelles crues qui pourraient survenir aussi tôt que le printemps
prochain, et tous les millions investis n'auraient servi à rien dans
cette éventualité?
Le Vice-Président
(M. Gendron) : M. le ministre de la Sécurité publique, pour la
réponse.
M. Martin Coiteux
M.
Coiteux : Je rencontre — et ça me fera plaisir de rencontrer
également le maire de Deux-Montagnes — tous les élus qui sont concernés
lorsqu'ils ont besoin de nous rencontrer. Il y a une révision actuellement des
programmes d'investissement en infrastructures. C'est justement pour faire
appel à des nécessités d'aujourd'hui qui n'étaient pas nécessairement considérées de la même façon il y a 20 ans ou il y a
30 ans. Certainement, on est en train de faire ça, mais, bien honnêtement, là, dans l'échelle des
priorités, actuellement, avec les milliers de citoyens touchés, c'est de
s'assurer que les citoyens de
Deux-Montagnes, comme de toutes les régions touchées au Québec, puissent
rentrer à la maison, dans une maison
salubre, qu'ils soient capables de revivre une vie normale le plus rapidement
possible. C'est là-dessus qu'on met
le gros de nos efforts, puis, pour l'avenir, on va travailler avec les villes,
comme on le fait toujours parce qu'on les considère comme des
partenaires.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Question principale, oui, Mme la députée
de Taillon, pour votre question.
Compressions
budgétaires en santé en Abitibi-Témiscamingue
Mme
Diane Lamarre
Mme
Lamarre : 30 millions de coupes en santé en Abitibi-Témiscamingue
pour 2017‑2018, c'est la goutte qui a
fait déborder le vase. Une coalition de 27 organismes s'est formée en
réaction à ces coupes insensées, des organismes qui écoutent les citoyens, qui parlent pour les citoyens, des
travailleurs de la santé, les retraités, les organismes de défense des aînés, les groupes de femmes, la chambre de
commerce du Centre-Abitibi, les organismes communautaires, le préfet du Témiscamingue, les enseignants, les producteurs
agricoles, la Société de l'autisme, 27 organismes. Quelle a été la
réaction du ministre régional face à
cette mobilisation générale? Je le cite, écoutez bien sa réponse
insensible : «...honnêtement, je n'ai pas vu grand libéraux là.»
Ma question
au ministre régional : Où étaient les deux députés libéraux d'Abitibi-Est
et de Rouyn-Noranda—Témiscamingue
pendant que leur région se levaient pour demander d'arrêter des coupes de
30 millions en santé chez eux?
Le Vice-Président (M. Gendron) : M.
le ministre de la Santé.
M.
Gaétan Barrette
M.
Barrette : Alors, M. le Président, la question de mon collègue était,
effectivement, quand même pertinente, et
je vais quand même rajouter ceci. Dans le Centre intégré de santé et de
services sociaux de l'Abitibi-Témiscamingue, il y a des gens qui travaillent très fort. Il y a l'administration, qui
est très responsable, qui fait en sorte qu'il y a une gestion qui est la
plus optimale possible pour donner des services de la meilleure qualité
possible à la population locale.
Et, quand
on regarde, M. le Président, les développements qu'il y a dans la région, il
n'y a que ça, des développements. La
collègue va, sans aucun doute, être très malheureuse dans les prochaines
semaines parce qu'il y aura d'autres développements d'annoncés, M. le Président. Pourquoi? Parce qu'on
y fait une bonne gestion. Pourquoi? Parce qu'on s'occupe des soins de
proximité.
Je vais vous donner un exemple...
Des voix : ...
M.
Barrette : Bien, la réalité, M. le Président, elle est celle-là. Il y
a des gens en Abitibi qui se lèvent pour des raisons politiques. C'est
correct, ça s'appelle la démocratie, M. le Président. Mais la réalité, elle est
très claire, on la voit à tous les jours, il
y a une excellente organisation des soins par une direction qui rentre dans son
budget et qui livre les soins de proximité qui sont requis par la
population.
Le Vice-Président (M. Gendron) : En
terminant, M. le ministre.
M. Barrette : Moi, je pense, M. le
Président, que c'est une excellente nouvelle.
• (15 h 20) •
Le Vice-Président (M. Gendron) : En
question principale, M. le député de Saint-Jean.
Avenir
de la Résidence Entre-deux pour personnes handicapées
M.
Dave Turcotte
M.
Turcotte :
Les problèmes financiers de la résidence pour personnes handicapées
l'Entre-deux, à Trois-Rivières, en
Mauricie, sont connus. Ce vendredi, les 24 résidents sont confrontés à un
choix déchirant : soit porter eux-mêmes le fardeau de
l'administration de leur propre résidence soit accepter la fermeture de leur
résidence et être déménagés ailleurs,
vraisemblablement dans un CHSLD. Comprenons-nous bien, M. le Président, les
résidents sont pris devant un choix : soit qu'ils gèrent eux-mêmes
leur résidence sans ressources supplémentaires ou soit qu'ils sont sur une
liste d'attente dans
un CHSLD. M. le Président, eux-mêmes, les 24 résidents demandent de l'aide
parce qu'ils veulent rester dans un milieu de vie qui répond à leurs
réels besoins.
Le
ministre s'est engagé à déposer un plan pour les personnes adultes vivant en
CHSLD. Est-ce qu'il va déposer ce plan et régler le problème de la
résidence l'Entre-deux, à Trois-Rivières, en Maurice?
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Mme la ministre déléguée à la Santé et
Services sociaux, à vous pour la réponse.
Mme Lucie Charlebois
Mme
Charlebois : Alors, merci, M. le Président. Tout d'abord,
remercier les collègues pour tous les bons mots que j'ai reçus depuis hier concernant l'incident qui m'est arrivé hier
soir. Mais je veux vous rassurer, je suis en pleine forme.
Alors, je vais
répondre, donc, à votre question et vous dire que la résidence l'Entre-deux,
comme vous faites mention, est un organisme communautaire qui est financé par le
CIUSSS—Mauricie-Centre-du-Québec
et pour lequel le CIUSSS—Mauricie-Centre-du-Québec est très, très, très
concerné, et nous sommes tous touchés par ce qui arrive à ces personnes-là. Évidemment, M. le Président, qu'ils
sont accompagnés. En ce moment, il y a un conseil d'administration qui gère les finances de cet établissement, qui a
convenu lui-même... la présidente a convenu elle-même qu'il y avait eu certaines lacunes au niveau administration, mais le
CIUSSS va les accompagner, il va leur donner tout le soutien possible et nécessaire pour la suite des choses.
Maintenant, ils ont des choix à faire. Il y aura une prochaine assemblée le 20
octobre avec le CIUSSS concernant la
résidence l'Entre-deux, mais sachez, M. le député de Saint-Jean et M. le
Président, que la résidence va être accompagnée, et on va leur offrir
tout le soutien dont on peut leur offrir.
Des voix :
...
Le
Vice-Président (M. Gendron) : On n'applaudit pas en période de
questions. Cette dernière réponse met fin à la période de questions.
Motions sans préavis
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, nous en sommes à la
rubrique des motions sans préavis. M. le premier ministre, on me signale que vous auriez une motion sans préavis à
présenter aux députés de cette Chambre. Je vous cède la parole.
Nommer M. Jean-François Routhier Commissaire au lobbyisme
M.
Couillard : Oui, M. le Président, merci. Je fais la motion :
«Que, conformément
aux articles 33 et 34 de la Loi sur la transparence et l'éthique en matière de
lobbyisme, Me Jean-François Routhier,
sous-ministre associé au ministère de la Justice, soit nommé Commissaire au
lobbyisme pour un mandat de cinq ans
à compter du 23 octobre 2017 et que ses conditions de travail soient celles
déposées en annexe.»
Document déposé
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, merci, M. le
premier ministre. Je rappelle aux membres de l'Assemblée que, pour être adoptée, cette motion doit être approuvée par
au moins les deux tiers des membres de l'Assemblée. Elle doit donc être
suivie d'un vote par appel nominal.
Mise aux voix
Je mets donc aux voix
la motion de M. le premier ministre telle que lue précédemment. Que les députés
en faveur de cette motion veuillent bien se lever.
(Panne de
son)
Le Secrétaire
adjoint : ...M. Poëti (Marguerite-Bourgeoys), M. Heurtel
(Viau), Mme Vien (Bellechasse), Mme Ménard (Laporte), M. Fortin
(Pontiac), Mme Tremblay (Chauveau), M. Fortin (Sherbrooke),
M. Reid (Orford), Mme Nichols
(Vaudreuil), M. Morin (Côte-du-Sud), M. Bernier (Montmorency),
Mme Montpetit (Crémazie), Mme Boulet (Laviolette),
Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger),
M. Tanguay (LaFontaine), Mme Melançon (Verdun), M. Blais
(Charlesbourg), Mme Charbonneau (Mille-Îles), M. Ouellette
(Chomedey), M. Drolet (Jean-Lesage), Mme de Santis (Bourassa-Sauvé), M. Iracà (Papineau),
M. Bolduc (Mégantic), M. Simard (Dubuc), M. Matte (Portneuf),
M. Chevarie (Îles-de-la-Madeleine), M. Carrière (Chapleau),
M. Girard (Trois-Rivières), M. Rousselle (Vimont), Mme Vallières
(Richmond), M. Auger (Champlain),
M. Birnbaum (D'Arcy-McGee), M. Boucher (Ungava), M. Bourgeois
(Abitibi-Est), M. Giguère (Saint-Maurice), M. Habel
(Sainte-Rose), M. Hardy (Saint-François), M. Merlini (La Prairie),
M. Plante (Maskinongé), M. Polo
(Laval-des-Rapides), M. St-Denis (Argenteuil), Mme Simard (Charlevoix—Côte-de-Beaupré), M. Busque
(Beauce-Sud), Mme Sauvé (Fabre).
M. Lisée (Rosemont), M. Bérubé (Matane-Matapédia),
Mme Hivon (Joliette), M. Marceau (Rousseau), Mme Léger
(Pointe-aux-Trembles), M. LeBel (Rimouski), Mme Maltais (Taschereau),
Mme Lamarre (Taillon), M. Bergeron (Verchères), M. Leclair (Beauharnois),
Mme Richard (Duplessis), M. Rochon (Richelieu), M. Cloutier
(Lac-Saint-Jean), M. Therrien
(Sanguinet), M. Pagé (Labelle), M. Cousineau (Bertrand),
M. Bourcier (Saint-Jérôme), Mme Jean (Chicoutimi), M. Ouellet (René-Lévesque), Mme Fournier
(Marie-Victorin), M. Traversy (Terrebonne), M. Kotto (Bourget),
M. Turcotte (Saint-Jean).
M. Sklavounos
(Laurier-Dorion).
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Que les députés contre cette
motion veuillent bien se lever.
Le
Secrétaire adjoint : Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques),
M. Nadeau-Dubois (Gouin), M. Khadir (Mercier).
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Y a-t-il des abstentions?
Le
Secrétaire adjoint : M. Legault (L'Assomption), M. Bonnardel
(Granby), M. Caire (La Peltrie), M. Jolin-Barrette (Borduas),
M. Picard (Chutes-de-la-Chaudière), M. Charette (Deux-Montagnes),
M. Martel (Nicolet-Bécancour),
Mme Roy (Montarville), Mme Samson (Iberville), M. Roberge
(Chambly), M. Laframboise (Blainville),
M. Schneeberger (Drummond—Bois-Francs), M. Lefebvre (Arthabaska), M. Lemay (Masson),
Mme Lavallée (Repentigny),
M. Lamontagne (Johnson), Mme D'Amours (Mirabel), Mme Soucy
(Saint-Hyacinthe), Mme Guilbault (Louis-Hébert), M. Paradis
(Lévis), M. Spénard (Beauce-Nord).
M. Surprenant
(Groulx), Mme Ouellet (Vachon).
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : M. le leader de l'opposition
officielle.
M.
Bérubé :
M. le Président, avec votre permission, nous aimerions inscrire le vote de la
députée d'Hochelaga-Maisonneuve.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, y a-t-il
consentement? Consentement. Mme la députée.
Le
Secrétaire adjoint : Mme Poirier (Hochelaga-Maisonneuve).
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, pour le résultat
du vote, M. le secrétaire général.
Le
Secrétaire : Pour : 90
Contre :
3
Abstentions : 23
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : En conséquence, la motion est
adoptée.
Nous sommes toujours à la rubrique des
motions sans préavis, et je cède la parole à M. ministre de l'Emploi et de
la Solidarité sociale pour la présentation d'une autre motion sans préavis. M.
le ministre.
Souligner la Semaine de la solidarité et la Journée
internationale pour l'élimination de la pauvreté
M. Blais : Merci beaucoup,
M. le Président. Alors, je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de
présenter la motion suivante conjointement avec le député de Rimouski,
le député de Drummond—Bois-Francs,
la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques, le député de Laurier-Dorion, le
député de Gaspé, la députée de Vachon et le député de Groulx :
«Que l'Assemblée nationale souligne la
Semaine de la solidarité, qui a lieu cette année du 16 au 22 octobre, de
même que la Journée internationale pour l'élimination de la pauvreté, qui se
tient annuellement le 17 octobre;
«Qu'elle
rappelle l'importance de faire preuve de solidarité les uns envers les
autres, et particulièrement à
l'égard des personnes en situation de pauvreté et d'exclusion sociale.»
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, merci,
M. le ministre. Y a-t-il
consentement pour débattre de la motion? M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Tanguay :
Oui. M. le Président, nous proposons de l'adopter sans débat.
Mise
aux voix
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Très bien. Alors, cette motion est-elle adoptée?
Des voix :
Adopté.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Adopté. Mme la députée de Joliette, pour une
autre motion sans préavis.
Mme
Hivon :
Oui. M. le Président, je sollicite le consentement des membres de cette
Assemblée afin de présenter, conjointement avec le député de Gouin, le
député de Gaspé et la députée de Vachon, la motion suivante :
«Que
l'Assemblée nationale souligne les 20 ans d'existence du réseau québécois des
centres de la petite enfance;
«Qu'elle
rappelle que leur création a été la pierre angulaire d'une politique familiale
maintes fois reconnue, qui aura
permis l'accès à des services de garde éducatifs et l'égalité des chances pour
les tout-petits, l'accès au travail de milliers de Québécoises et le
recul de la pauvreté;
«Qu'elle
rappelle les nombreuses études démontrant la qualité des services éducatifs
significativement plus élevée dans les CPE que dans les garderies
privées à but lucratif.»
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci, Mme la députée de
Joliette. Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion? Il n'y a pas de consentement. Je cède la parole
maintenant à M. le député de Lévis pour une autre motion sans préavis.
M. le député.
M. Paradis
(Lévis) : Merci, M. le Président. Je demande le consentement pour
déposer la motion suivante, conjointement
avec la députée de Taillon, le député de
Groulx, la députée de Vachon, le député
de Mercier et le député de Gaspé :
«Que
l'Assemblée nationale reconnaisse que les contribuables québécois
paieront pour la hausse de la rémunération
des omnipraticiens;
«Qu'elle
demande donc au gouvernement du
Québec de dévoiler immédiatement l'entente de principe conclue avec
la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec dans le cadre des négociations collectives des secteurs
publics et parapublics.»
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci, M. le député de
Lévis. Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion? Il n'y a pas
de consentement. M. le député de Mercier, à vous la parole.
• (15 h 30) •
M. Khadir :
M. le Président, j'espère obtenir le consentement du gouvernement et du reste
de la Chambre pour débattre de la
motion suivante conjointement avec le député de Sanguinet, le député de
Johnson, la députée de Vachon et le député de Groulx :
«Que
l'Assemblée nationale demande au gouvernement de dévoiler les obligations légales d'Airbus et de Bombardier qui garantissent le maintien du siège social ainsi que le maintien et la création d'emplois de la CSeries au Québec;
«Que l'Assemblée
nationale demande au gouvernement de justifier la baisse de la part du gouvernement relativement à celle de Bombardier dans la
compagnie détenant la CSeries.»
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, merci,
M. le député de Mercier.
Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion? Il n'y a
pas de consentement.
Y a-t-il d'autres
motions sans préavis? M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Tanguay :
Oui, M. le Président. J'aurais des motions de modification d'auteur et de titre
de projet de loi.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Très bien. Alors, consentement. Veuillez
procéder, M. le leader adjoint du gouvernement.
Substituer les noms de certains ministres
comme parrains de projets de loi
M.
Tanguay : Alors, M. le Président, il y aura donc cinq éléments sur lesquels j'aimerais attirer cette
Assemblée, et je vous en fais la lecture donc, desdits cinq
éléments :
«[D'abord,] que le nom de M. Luc Fortin
soit substitué à celui de M. Sébastien
Proulx à titre de parrain du projet de
loi n° 27, Loi sur l'optimisation des services de garde
éducatifs à l'enfance subventionnés,
du projet de loi n° 96, Loi
modifiant le Code civil, le Code de
procédure civile et la Loi sur le curateur public en matière de protection des
personnes, ainsi que du projet de loi n° 143, Loi visant à améliorer la qualité éducative et à
favoriser le développement harmonieux des services de garde éducatifs à
l'enfance;
«[Par
ailleurs,] que le nom de M. Pierre
Moreau soit substitué à celui de M. Pierre Arcand à titre de parrain du projet
de loi n° 49, Loi assurant la mise en oeuvre de l'Accord entre
le gouvernement du Canada et le gouvernement du Québec sur la gestion
conjointe des hydrocarbures dans le golfe du Saint-Laurent;
«Que le nom de Mme Kathleen Weil soit
substitué à celui de Mme Rita [...]
de Santis à titre de marraine du projet de
loi n° 56, Loi sur la transparence en matière de lobbyisme et du projet
de loi n° 79, Loi donnant suite au rapport du comité
indépendant L'Heureux-Dubé et prévoyant les conditions de travail des membres
de l'Assemblée nationale à compter de la 42e législature;
«Que le nom de M. Robert Poëti soit substitué
à celui de M. Pierre Moreau à titre de parrain du projet de loi n° 108, Loi
favorisant la surveillance des contrats des organismes publics et instituant
l'Autorité des marchés publics et du projet
de loi n° 135, Loi renforçant la gouvernance et la gestion des
ressources informationnelles des organismes publics et des entreprises
du gouvernement, et que le titre de l'auteur de ces projets de loi soit
remplacé par "ministre délégué à l'Intégrité des marchés publics et aux
Ressources informationnelles";
«[Finalement,
M. le Président,] que le nom de Mme Lise Thériault soit
substitué à celui de Mme Stéphanie
Vallée à titre de marraine du projet de loi n° 134, Loi visant
principalement à moderniser des règles relatives au crédit à la consommation et
à encadrer les contrats de service de règlement de dettes, les contrats de
crédit à coût élevé et les programmes de fidélisation, et que le titre de
l'auteur de ce projet de loi soit remplacé par "ministre responsable de la
Protection des consommateurs et de l'Habitation".»
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Très bien. Alors, merci, M. le leader adjoint du gouvernement.
Mise aux voix
Cette motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Adopté. Toujours à la rubrique des motions sans préavis, Mme la
whip en chef du gouvernement.
Modifier la composition
de certaines commissions parlementaires
Mme Ménard :
Merci, M. le Président. Alors, conformément à l'article 129 de notre
règlement, je fais motion afin :
«Que la
députée de Vaudreuil soit nommée membre permanent de la Commission de la santé
et des services sociaux;
«Que le député des Îles-de-la-Madeleine soit
nommé membre permanent de la Commission de la santé et des services sociaux;
«Que la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré
soit nommée membre permanent de la Commission de la santé et des services
sociaux;
«Que le
député d'Argenteuil soit nommé membre permanent de la Commission de la santé et
des services sociaux;
«Que le
député de Dubuc soit nommé membre permanent de la Commission de la santé et des
services sociaux, en remplacement de la députée de Fabre;
«Que la députée de Fabre soit nommée membre
permanent de la Commission des relations avec les citoyens;
«Que la députée de Vaudreuil soit nommée membre
permanent de la Commission des institutions;
«Que le
député de Maskinongé soit nommé membre permanent de la Commission des
institutions, en remplacement du député d'Argenteuil;
«Que le député d'Orford soit nommé membre
permanent de la Commission des institutions;
«Que la députée de Fabre soit nommée membre
permanent de la Commission de la culture et de l'éducation;
«Que ces changements prennent effet
immédiatement.»
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Alors, merci, Mme la whip en chef du gouvernement.
Mise aux voix
Cette motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Adopté. Pour, à nouveau, des
motions sans préavis, Mme la whip en chef de l'opposition
officielle.
Modifier la composition
de la Commission
des transports et de l'environnement
Mme
Poirier : Merci, M. le Président. Alors, conformément à
l'article 129 de notre règlement, je fais motion afin :
«Que le
député de René-Lévesque soit nommé membre de la Commission des transports et de
l'environnement en remplacement du député de Sanguinet;
«Que ce changement prenne effet immédiatement.»
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Très bien. Alors, merci, Mme la whip en chef de l'opposition officielle.
Mise aux voix
Cette motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Adopté. M. le whip de la
deuxième opposition.
Modifier la composition de certaines commissions
parlementaires
M.
Martel :
Merci, M. le Président. Conformément à l'article 129 de notre règlement,
je fais motion afin :
«Que
le député de Nicolet-Bécancour soit nommé membre de la Commission des
transports et de l'environnement en remplacement du député de
Deux-Montagnes;
«Que
la députée de Mirabel soit nommée membre de la Commission de l'agriculture, des
pêcheries, de l'énergie et des ressources naturelles en remplacement du
député de Nicolet-Bécancour;
«Que la députée de
Louis-Hébert soit nommée membre de la Commission des relations avec les
citoyens en remplacement de la députée de Mirabel;
«Que ces changements
prennent [en] effet immédiatement.»
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, merci, M. le whip de la deuxième
opposition.
Mise aux voix
Cette motion est-elle
adoptée?
Des voix :
Adopté.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Adopté. Y a-t-il d'autres motions sans préavis?
Avis touchant les travaux des commissions
S'il n'y en a pas,
nous allons passer aux avis touchant les travaux des commissions. M. le leader
adjoint du gouvernement.
M.
Tanguay : Oui, M. le Président. Alors, j'avise cette Assemblée que la Commission de la culture et de l'éducation poursuivra l'étude détaillée à l'égard du projet de loi n° 144, Loi
modifiant la Loi sur l'instruction publique et d'autres dispositions
législatives concernant principalement la gratuité des services éducatifs et
l'obligation de fréquentation
scolaire, aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à 18 heures et de
19 h 30 à 21 h 30, à la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine;
Enfin, la Commission
de la santé et des services sociaux poursuivra l'étude détaillée à l'égard du projet
de loi n° 130, Loi modifiant certaines dispositions relatives à
l'organisation clinique et à la gestion des établissements de santé et de services sociaux, aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à 18 heures et
de 19 h 30 à 21 h 30, à la salle Louis-Joseph-Papineau.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le leader adjoint du gouvernement.
Pour ma part, je vous
avise que la Commission de l'administration publique se réunira en séance de
travail aujourd'hui, de 17 heures à
18 h 30, à la salle RC.161, afin de préparer les auditions
d'Investissement Québec et de la Commission de la fonction publique.
Je
vous avise également que la Commission des institutions se réunira en séance de
travail aujourd'hui, à 18 h 15 pour une durée de 45 minutes, à la salle RC.171, afin de discuter de
l'opportunité d'assigner certains groupes à comparaître devant la commission dans le cadre des
consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi
n° 107, Loi visant à accroître la compétence et l'indépendance du
commissaire à la lutte contre la corruption et du Bureau des enquêtes indépendantes ainsi que le pouvoir du
directeur des poursuites criminelles et pénales d'accorder certains avantages
à des témoins collaborateurs, et ce,
conformément aux dispositions de l'article 51 de la Loi sur l'Assemblée
nationale.
Renseignements sur les travaux de l'Assemblée
À
la rubrique, maintenant, Renseignements sur les travaux de l'Assemblée, je vous
informe que demain, lors des affaires inscrites par les députés de
l'opposition, sera débattue la motion inscrite par Mme la députée de Taillon.
Cette motion se lit comme suit :
«Que
l'Assemblée nationale donne le mandat au Vérificateur général du Québec de
faire une vérification de l'optimisation des
ressources de la plus récente entente de principe entre la Fédération des
médecins omnipraticiens du Québec et
le Conseil du trésor au sujet du renouvellement de l'accord-cadre régissant les
conditions de travail des médecins omnipraticiens;
«Que le Vérificateur général fasse
tout en son pouvoir pour remettre son rapport à l'Assemblée d'ici le 6 février
2018.»
Affaires du jour
Alors, la période des affaires
courantes étant maintenant terminée, nous passons aux affaires du jour, et M.
le leader... ou Mme la leader adjointe du gouvernement, je vous cède la
parole.
• (15 h 40) •
Mme
Vien : Alors, bon après-midi, M. le Président. Merci d'appeler
l'article 24, s'il vous plaît.
Projet de loi
n° 62
Adoption
Le Vice-Président (M. Ouimet) : À
l'article 24 du feuilleton, Mme la ministre de la Justice propose l'adoption du projet
de loi n° 62, Loi favorisant le respect de la neutralité
religieuse de l'État et visant notamment à encadrer les demandes
d'accommodements pour un motif religieux dans certains organismes. Alors, je
cède la parole maintenant à Mme la ministre de la Justice pour son intervention.
Mme Stéphanie Vallée
Mme Vallée : Merci, M.
le Président. Il me fait vraiment
plaisir de prendre part aujourd'hui à cette importante étape dans le
cheminement du projet de loi n° 62.
Vous savez,
l'histoire du Québec, c'est celle d'un cheminement quatre fois
séculaire vers l'affirmation des valeurs particulières et la quête d'une vie meilleure d'une société
qui est unique au monde. Une génération
après l'autre a éclairé le chemin à la lueur de notre fierté dans le
passé et de notre espoir dans l'avenir. En cours de route, des hommes, des femmes, des familles entières venus de tous les
horizons du monde se sont joints à nous, pas parce que leurs coutumes, leurs cultures ou leurs religions étaient
identiques aux nôtres. En fait, elles en étaient souvent très différentes. Ils
ont mis leurs pas dans les nôtres et adopté notre pays parce qu'ils
partageaient notre but, notre destination. Comme nous, ils rêvaient pour leurs enfants de sécurité, de
prospérité, d'égalité et de liberté. Pour la plupart d'entre nous, ce rêve est
devenu le Québec moderne, dynamique, ambitieux et ouvert sur le monde.
Aujourd'hui,
M. le Président, je vous propose de faire ensemble un autre bout de chemin vers
la cohésion sociale, indispensable à notre réussite commune, en adoptant
un projet de loi qui va contribuer à clarifier notre vision de la neutralité
religieuse et à aplanir certaines difficultés qui ont pu surgir entre certaines
communautés québécoises, car, M. le
Président, c'est de cohésion sociale qu'il s'agit. Le respect des cultures ne
peut porter de fruit que s'il est réciproque et que si le rôle de notre
État commun est aussi respecté.
Ce projet de
loi, vous le savez très bien, s'est, en fait, imposé par près de 10 ans de
débat, au sein de la société québécoise,
sur la question des accommodements pour motif religieux. Beaucoup de ces débats
ont résonné dans cette enceinte, et
on en entend encore les échos. Le projet de loi lui-même, soumis à cette
Chambre il y a deux ans, a parfois provoqué de fortes réactions. Ces
débats ont-ils été invariablement sereins? Ont-ils débouché sur la mise en
équilibre parfaite des droits, des
aspirations et des croyances de chaque Québécoise, de chaque Québécois? Vous
savez, c'est sûr que non. Et je ne
m'imagine pas non plus qu'après avoir adopté le projet de loi n° 62 tous
les députés vont bondir de leurs Nous vivrons dorénavant dans la paix
québécoise.
Non. Le but
de ce projet de loi, M. le Président, est plus modeste. Son titre même indique
bien, je pense, que son objet est limité, précis. Il s'agit de favoriser
le respect de la neutralité religieuse de l'État et d'encadrer les demandes d'accommodements religieux dans certains
organismes. Comme toutes les questions liées au vivre-ensemble, à l'identité,
à nos relations avec les autres, il s'agit
de sujets sensibles, parfois même explosifs. Que nous soyons du gouvernement
ou de l'opposition, nous devons les aborder avec détermination, certes, mais
aussi avec doigté, j'ajouterais même «avec humilité»,
car, si nous sommes, bien sûr, des législateurs et que cette Chambre soit en
quelque sorte une machine à faire des
lois qui fonctionne depuis 1792, il en demeure que certaines décisions prises
ici ont infiniment plus de résonnance dans la population que beaucoup
d'autres.
Le projet de
loi n° 62 fait partie de ces mesures que va analyser, soupeser et juger la
majorité des citoyens et des citoyennes
du Québec, et même d'ailleurs. Son succès repose autant dans les mains de la
population qui le recevra que dans
celles de ceux et de celles qui en feront une loi. C'est pourquoi notre travail
de parlementaire ne sera pas véritablement terminé après le vote qui va suivre. Il nous restera à expliquer la
décision que nous aurons prise. Et j'espère surtout que nous pourrons tous dire que la première intention
de ce projet de loi est de nous rassembler tous et toutes, de mettre fin, en
fait, à des divisions dangereuses qui ne sont pas inévitables.
Ce projet de
loi s'inscrit dans le cadre d'une société démocratique, pluraliste, inclusive
qui favorise des relations interculturelles harmonieuses. C'est un
projet de loi qui est solide, car il est fondé sur le respect des droits et
libertés fondamentaux, dont les libertés de
conscience, la liberté de religion, la liberté d'opinion et la liberté d'expression.
Mais n'oublions pas que la fondation
de la justice, selon Cicéron, et c'est un petit clin d'oeil à notre collègue le
député de Gouin, c'est la bonne foi.
L'acceptation de ce projet de loi dépendra, dans une large mesure, de la bonne
foi de ceux et celles qui auront à l'expliquer et ceux et celles qui
auront à l'appliquer.
Ce projet de loi s'articule sur trois grands
axes : l'affirmation du principe de la neutralité religieuse de l'État, l'affirmation du principe selon lequel les
services sont donnés et reçus à visage découvert et l'encadrement des demandes
d'accommodement fondées sur un motif religieux.
S'agissant du premier principe, nous avons
l'occasion de créer un précédent qui pourra être bénéfique aux générations futures. La valeur de la neutralité
religieuse de l'État a, en effet, été reconnue par plusieurs tribunaux, mais
elle n'est encore consacrée dans aucun texte
de loi. Ce principe de la neutralité religieuse de l'État, c'est le
prolongement naturel de la séparation
de l'État et des institutions religieuses déjà en vigueur au Québec. Il
comprend notamment le devoir pour les
membres du personnel des organismes publics d'agir, dans l'exercice de leurs
fonctions, de façon à ne favoriser ni à défavoriser une personne en raison de l'appartenance ou non de cette
dernière à une religion ni en raison de leurs propres convictions ou
croyances religieuses.
Comme le rappelait la
Cour suprême en 2015 dans la cause opposant le Mouvement laïque du Québec à la
ville de Saguenay : «En n'exprimant aucune préférence, l'État s'assure de
préserver un espace public neutre et sans discrimination
à l'intérieur duquel tous [et toutes] bénéficient également
d'une véritable liberté de croire ou [de] ne pas croire, en ce que tous sont également valorisés.» La cour ajoutait : «...un espace
public neutre ne signifie pas l'homogénéisation des acteurs privés qui s'y trouvent. La neutralité est celle des institutions et de l'État, [et] non celle des individus. Un espace public neutre, libre de contraintes, de pressions
et de jugements de la part des pouvoirs publics en matière de spiritualité
tend au contraire à protéger la liberté et
la dignité de chacun.» En fait, comme l'a dit d'ailleurs la juge Deschamps,
«la neutralité de l'État
est assurée lorsque celui-ci ne favorise ni ne défavorise aucune
conviction religieuse; en d'autres
termes, lorsqu'il respecte toutes les positions à l'égard
de la religion, y compris celle de n'en avoir aucune, tout en prenant en
considération les droits constitutionnels concurrents des personnes affectées».
L'exigence
imposée par le projet de loi que les services publics soient donnés et reçus à
visage découvert répond par ailleurs
au souci légitime du gouvernement et de ses organismes ou agences de maintenir
la qualité des communications avec
les citoyens et les citoyennes, de permettre la vérification de l'identité de
ceux-ci et d'assurer une sécurité optimale de la population. Ce n'est
pas faire preuve de mauvaise foi de vouloir savoir qui nous donne un service ou
de savoir à qui il a été accordé. C'est une
condition élémentaire d'efficacité et de justice. Vous savez, il ne s'agit
nullement de porter atteinte aux principes religieux d'un groupe de
citoyens. Ça serait d'ailleurs contraire aux principes contenus dans la première partie du projet de loi. On trouvera,
dans le projet de loi, la nomenclature des membres du personnel des organismes
publics et de certains autres organismes
devant faire preuve de neutralité religieuse et ceux qui seront assujettis à
travailler à visage découvert et dans quelles circonstances ils
pourraient en être exemptés.
Je pense donc que
l'équilibre délicat mais nécessaire entre les droits et libertés de chacun et
la possibilité de permettre à tous d'obtenir
les services de qualité de ces organismes étatiques sans discrimination est
respecté. Cet équilibre n'empêchera
pas que, dans certaines circonstances, un aménagement puisse être permis afin
de respecter les différences individuelles
et la diversité culturelle dans la mesure où ces différences découlent d'un
droit ou d'une liberté fondamentaux protégés par nos chartes.
• (15 h 50) •
Le
troisième et le dernier axe, quant à lui, vise à énoncer les critères devant
être pris en compte dans le traitement des
demandes d'accommodement pour motif religieux. Nous en convenons, ces demandes
ont parfois suscité beaucoup de
controverses. C'est précisément pourquoi nous considérons qu'il est important
d'encadrer plus clairement l'analyse de ce type de demande et d'aider ceux
et celles qui en sont saisis.
Je
crois que nous devons reconnaître au premier
ministre la clairvoyance et le
courage d'avoir voulu lever cette hypothèque
sur notre avenir en me chargeant de proposer un projet de loi sur lequel nous
devons nous prononcer aujourd'hui. Vous savez, M. le Président, sans doute
aurait-il été plus facile de balayer toute cette question sous le tapis,
de la repousser aux calendes grecques. Mais
nous avons déjà consacré bien suffisamment de temps et
d'énergie à cet enjeu. Il est grand
temps de trancher ce noeud gordien et de nous tourner vers des priorités plus
immédiates, dont le développement
de notre économie ou encore, en ma
qualité de ministre de la Justice, à l'accessibilité et à l'efficacité du système de justice.
Comme
il se doit, certains amendements ont été adoptés lors des travaux en commission parlementaire pour clarifier les objectifs poursuivis par le projet de loi, pour indiquer
dans quel contexte celui-ci s'appliquera et pour accompagner les organismes
publics afin d'assurer la mise en oeuvre harmonieuse du projet de loi.
En
outre, un amendement a été adopté, qui vient clarifier le rôle et les responsabilités des autorités des organismes
visés par le projet de loi de s'assurer de
prendre les moyens nécessaires pour assurer le respect des mesures proposées.
Nous préconisons, par exemple, la désignation, au sein des ressources de
l'organisme, d'un répondant en matière d'accommodements
qui formulera des recommandations sur ces questions aux membres du personnel
qui auront à traiter ces demandes
dans un souci de cohérence et d'équité. Pour guider les organismes dans cette
démarche, il a été convenu que des
lignes directrices seraient émises et que leur première mouture ferait l'objet
d'une présentation en commission parlementaire.
C'est tout à fait conforme à notre volonté de travailler en collaboration avec
l'ensemble des parlementaires.
D'un commun accord,
il a été aussi convenu que le projet de loi s'appliquerait aux municipalités en
vertu des mêmes principes et pour instituer une cohérence dans l'application
des objectifs poursuivis.
De
façon générale, le projet de loi, tel qu'amendé, en plus de respecter les
droits garantis par nos chartes, représente donc le consensus défini entre les partis politiques. Il répond aussi à
la volonté, maintes fois exprimée par la majorité des Québécois et des Québécoises, de faire valoir la
neutralité religieuse et de clarifier les accommodements s'y rapportant.
Je tiens à remercier
tous ceux et celles qui se sont exprimés sur le projet de loi, particulièrement
les collègues de l'opposition avec qui nous
avons eu des discussions franches et fructueuses qui ont permis de bonifier le
projet de loi. Je salue en particulier mes collègues parlementaires qui
ont participé à l'étude détaillée à compter du 15 août dernier, 37 heures d'échange, de débat qui auront
donné le ton à la mouture finale de ce qui vous est présenté. Merci à la
députée de Taschereau, au député de
Saint-Jérôme, à la députée de Montarville, à son collègue de Borduas et au
député de Gouin, qui en était à sa
première étude détaillée, à son collègue de Mercier. Et là je ne peux passer
sous silence la complicité de mes
collègues de Vimont, d'Ungava, de La Prairie, de Verdun, de Crémazie, de
Papineau, de Saint-François et, le dernier mais non le moindre, du
président de la Commission des institutions, notre collègue le député de
Chomedey.
Je
crois qu'il est aussi tout à fait à propos de féliciter et de remercier la
quarantaine de groupes, d'individus qui ont participé aux consultations au cours de l'automne 2016 pour leur
participation à notre vie démocratique. C'est un exercice qui, lui seul,
s'est échelonné sur plus de 30 heures.
Un projet de loi, M. le Président, c'est aussi
le fruit d'un travail d'une équipe qui travaille trop souvent dans l'ombre. Alors, je tiens à transmettre un merci
bien sincère, bien senti à l'équipe du ministre de la Justice, Me Michèle Durocher, Me Marie-Ève Beaulieu,
Me Élise Labrecque, Me Vincent Roy, Me Kathye Pomerleau,
Me Amélie Pelletier, Me Sophie Hein, une équipe dévouée, dédiée,
travaillante et que j'apprécie énormément.
Le projet de
loi final qui est présenté aujourd'hui fait suite aux suggestions productives,
fait suite à un choc des idées qui
ont dégagé un consensus au sein de la
population, au sein des différentes formations politiques. Et là je sais que certains aimeraient aller plus loin, même beaucoup plus loin, d'autres
nous critiquent déjà d'aller trop loin. J'y vois un signe de l'équilibre qui est retrouvé, cet équilibre
délicat entre le respect des libertés individuelles et le besoin d'établir,
dans une société libre et démocratique, des règles du vivre-ensemble nécessaires
à une saine cohésion sociale.
Je suis fière
de proposer ce projet de loi, qui, j'en suis assurée, saura défendre et
illustrer nos valeurs et nos vertus. Nous,
Québécoises et Québécois, savons d'expérience combien puissante peut être
la solidarité qui nous unit. Nous savons que nous avons besoin, pour grandir et prospérer,
d'un gouvernement qui veut et qui peut incarner nos aspirations et
notre personnalité distincte, mais
nous savons aussi qu'on ne protège pas nos droits en menaçant ceux des autres,
pas plus qu'on devient plus forts en voulant affaiblir les autres.
En terminant, vous me permettrez de citer un
autre grand premier ministre, Honoré Mercier, qui a dit : «Je ne demande pas à mes alliés d'où ils viennent, mais
où il veulent aller.» Et je souhaite de tout coeur que nous, Québécois et
Québécoises de toute origine, de toute culture, puissions
poursuivre notre route ensemble dans l'harmonie
et la fierté partagées. Merci.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Alors, merci à vous, Mme la ministre de la Justice.
Avant de
céder la parole à Mme la députée de Taschereau, j'ai le plaisir de vous
informer que deux débats de fin de séance se tiendront aujourd'hui : le
premier, sur une question adressée par Mme la députée d'Hochelaga-Maisonneuve
au ministre de l'Immigration, de la
Diversité et de l'Inclusion, concernant la consultation sur la discrimination
systémique et le racisme; le second,
sur une question adressée par M. le député de Bourget à la ministre responsable
de la Protection et de la Promotion
de la langue française, concernant l'application de la Charte de la langue
française à l'école à la maison.
Mme la députée de Taschereau, à vous la parole.
Mme Agnès Maltais
Mme
Maltais : Merci, M. le
Président. Je ne veux pas avoir fait un crime de lèse-présidence du même type
que lèse-majesté si je suis restée
debout, mais je me suis blessée à un genou, alors je pratiquais mon élasticité
du ménisque.
Alors, M. le Président, je vais, encore une fois, débattre
de laïcité et de neutralité religieuse dans cette enceinte. Ça fait plusieurs années qu'on en débat. J'étais
ici quand nous débattions de la commission Bouchard-Taylor. J'étais ici quand on débattait du projet de loi n° 94,
dit la loi sur le visage découvert, qui avait à peu près seulement quatre
articles. J'étais ici quand on a
présenté le projet de loi n° 60 de notre gouvernement, du gouvernement du
Parti québécois, appelé à l'époque la charte des valeurs. J'étais ici et j'ai
débattu, pendant un an et demi à peu près, avec la ministre de la
Justice, du projet de loi n° 59, à
l'époque, qui atteignait la liberté d'expression et qui la restreignait, et je
suis aujourd'hui en train de parler avec vous du projet de loi
n° 62 sur la neutralité religieuse de l'État.
L'impression qu'a pu donner le discours de la ministre de la
Justice, c'est que le débat était clos et qu'il y avait consensus. Elle a d'ailleurs, au cours des jours,
exprimé, depuis un bout de temps, qu'on était arrivés à un consensus et que chacun ensuite pourrait aller plus loin s'il
le voulait. Il n'y a pas de consensus autour du projet de loi n° 62, M. le
Président. Nous voterons contre cette
loi, contre. Elle ne nous plaît pas, cette loi, M. le Président, justement
parce qu'elle ne règle pas de
problème. Ce que fait cette loi, en pratique, c'est de prendre la jurisprudence
issue du multiculturalisme canadien et qu'elle l'imprime dans une loi au
Québec et en fait donc une des bases de la discussion que nous aurons désormais
concernant la laïcité et la neutralité
religieuse de l'État, qui sont deux concepts qui peuvent être vus ensemble. La
laïcité intègre la neutralité
religieuse de l'État, mais la neutralité religieuse de l'État n'est pas la
laïcité, et le Québec est prêt pour la laïcité inscrite dans ses lois.
Le Québec est laïque.
• (16 heures) •
La mention même de la laïcité a été rejetée maintes et
maintes fois par le gouvernement libéral, par la ministre de la Justice, qui parlait au nom du gouvernement
libéral. Il n'y a personne qui a défendu la laïcité, au gouvernement actuel,
soit dans les parlementaires présents, soit la ministre, personne. La laïcité
n'est pas dans cette loi. Elle n'est dans aucun texte du corpus législatif du Québec, aucun, ce mot-là est absent,
et on nous a refusé de l'inscrire, ne serait-ce que pour reconnaître sa présence comme signe de
l'évolution historique du Québec, présence de l'avancement historique du
Québec vers la laïcité.
Pourquoi ce
mot fait-il si peur au gouvernement libéral? Pourquoi? Je n'ai toujours pas la
réponse. La seule réponse que j'ai
eue, c'était que les oppositions avaient des opinions différentes de la
laïcité. Et les oppositions, pour répliquer à la ministre, se sont alliées à une position du... un amendement que le
Parti québécois proposait, qui intégrait une vision de la laïcité qui correspondait à Bouchard-Taylor, au
rapport Bouchard-Taylor; il y avait union, du côté des oppositions. Mais
le gouvernement libéral a refusé d'inscrire la laïcité dans le corpus
législatif de l'État.
Je ne comprendrai jamais, jamais pourquoi on a
échappé ce moment historique, de l'autre côté, jamais. Le moment était là. La définition n'était pas plus
engageante que ce que M. Bouchard et M. Taylor avaient concocté
ensemble comme solution, pas plus. De
Québec solidaire à nous, qui avons des positions qu'on peut considérer comme
assez opposées parfois, en matière
d'accommodements religieux par exemple, on avait complètement éliminé la
différence en s'entendant sur une
définition de la laïcité. Mais le gouvernement l'a refusée pourquoi? Parce que
la laïcité n'est pas non plus dans la vision
du multiculturalisme canadien. Il y a une acceptation totale, du côté du
gouvernement actuel, du multiculturalisme canadien. Cela est porté au premier chef par le premier ministre, qui en
ce sens nie l'identité du Québec, l'identité québécoise, nie son évolution historique, portée
par plusieurs gestes, cette évolution historique qui a été amenée par plusieurs
gestes fondateurs du Québec, il y a eu
plusieurs gestes dans l'histoire du Québec qui nous ont amenés vers cette
laïcité. Mais le premier ministre
actuel et celle qui parle en son nom et au nom du gouvernement actuel, la
ministre de la Justice, nous ont refusé cette avancée historique. Je ne
comprendrai jamais pourquoi.
Donc, le
multiculturalisme canadien, maintenant, et toute sa jurisprudence vont se
retrouver dans une loi du Québec, ils
vont être figés là dans le temps, et c'est à partir de ça qu'on va juger
maintenant de la discussion sur la laïcité, on va partir de la
neutralité religieuse de l'État. C'est dommage. Donc, pas de consensus, une
avancée historique échappée.
Je vais vous
montrer le genre de situation que ça va donner. Il y a un article dans La Presse
aujourd'hui qui dit... qui se titre comme ceci : Le projet de
loi 62 est «raciste», affirme Mitch Garber. Bien... «"Le projet de loi
n° 62 du gouvernement [...] sur la
neutralité religieuse de l'État est ‘raciste' et contre les femmes
musulmanes", a soutenu mardi l'homme d'affaires Mitch Garber.» Il
l'a fait ce midi devant les convives de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain. «L'homme d'affaires, qui a souligné
son origine juive, a qualifié ce projet de loi de "raciste" en
affirmant qu'il en était même
"gêné", embarrassé, parce que les Québécois ne sont pas racistes.»
Écoutez, nous aurions pu concocter une
loi tous et toutes ensemble, et nous nous serions portés à la défense du projet
de loi, et nous nous serions ensemble... toute l'institution, tous les partis politiques de l'Assemblée nationale
se seraient portés à la défense de la ministre de la Justice aujourd'hui en
disant : Non, non, non, on sait ce qu'on fait, puis on a travaillé, puis
on a entre nous une nouvelle mouture de la loi qui nous permet de plaider pour
dire : Non, non, non, au contraire, il y a un immense respect des communautés culturelles et ethniques, mais il y a
un besoin pour la société québécoise de baliser sa laïcité, sa façon de
faire, son vivre-ensemble général. Nous avons échappé cette occasion.
Je remarque
que maintenant la ministre va vivre avec le type d'accusations que nous avons
reçues à l'époque lors de la charte des valeurs. Mais nous ne nous porterons
pas à sa défense parce que ce projet de loi là est, pour nous, d'abord
multiculturaliste. Il n'intègre pas la laïcité, j'en ai déjà parlé.
L'autre grand manquement de cette loi est que
l'autre consensus qui était possible sur les signes religieux, qui
était qu'on interdise aux agents de l'État en situation de coercition de porter
des signes religieux, simplement ça, là, exactement
ce que proposait Bouchard-Taylor, a été rejeté. C'était porté, encore une fois,
par toutes les oppositions. Donc, encore
une fois, les mêmes joueurs qui avaient souvent, au fil du temps, soulevé des
interrogations sur les positions les uns des autres en étaient venus au
même point, Bouchard-Taylor, mais ça a encore une fois été refusé.
Quand je
parle de multiculturalisme canadien et de jurisprudence, je réfère beaucoup,
beaucoup, beaucoup à ces balises sur
les accommodements pour motif religieux parce que c'est comme ça qu'on va les
nommer. Il y avait accommodement
raisonnable, accommodement religieux; on appelle ça maintenant accommodement
pour motif religieux, ce que je
trouve juste tout à fait, c'est bien. Mais ces balises comprennent la notion de
contrainte excessive, contrainte excessive
qui vient du Canada, qui vient de l'identité canadienne, du multiculturalisme
canadien. Cette idée qu'il ne doit pas
y avoir de contrainte excessive ne fait pas l'unanimité dans un contexte
nord-américain. Aux États-Unis, on parle de contrainte plus que minimale. Ici, au Québec, je crois qu'on aurait pu
s'entendre autour du concept «plus que minimale», ce qui dégageait un
espace pour refuser de façon plus rapide certaines demandes pour accommodement
pour motif religieux et aurait permis peut-être de dégager des institutions qui
à l'heure actuelle sont débordées par des demandes d'accommodement pour motif religieux, sont débordées. Je rappelle qu'il
y en avait au-delà de 500 par année dans le monde scolaire. Quant à la présidente de la Fédération
des médecins spécialistes du Québec, elle est venue nous dire qu'il y en
avait dans tous les établissements
hospitaliers et que c'était extrêmement difficile à gérer et à vivre. Est-ce
que ce projet de loi leur apporte des
solutions? Non. Est-ce que l'idée de le rendre québécois, de le forger selon
notre identité en demandant contrainte plus que minimale aurait apporté
des solutions? Oui. Mais tout ce que l'on fait, actuellement, tout ce que l'on fait, c'est de baliser en fonction du
multiculturalisme canadien, selon la jurisprudence du Canada. On va donc se
retrouver dans le même univers,
exactement dans le même univers, et c'est dommage, parce que, là, il y a une
occasion manquée.
Enfin, sur le
visage découvert, nous aurions aimé plus de clarté afin que cela soit plus
facilement gérable. Bien sûr qu'on est
contents de voir qu'enfin c'est écrit à quelque part dans une loi que les
services doivent être rendus et reçus à visage découvert, mais une petite phrase nous aurait bien aidés, une
petite phrase qui aurait dit : Aucun accommodement n'est possible à cette règle, sauf motif de santé
ou de sécurité impératif et avéré, ce qui aurait réglé le problème qui est
soulevé à l'heure actuelle par toutes sortes de journalistes de la dame qui
arrive avec un niqab, avec ses deux enfants, il
fait moins 25°, puis elle veut rentrer dans l'autobus. Peut-être qu'elle aurait
pu dire... ou que le chauffeur aurait pu penser : Ah! on va la laisser passer, il fait moins 25°,
c'est un motif de sécurité puis c'est un motif de santé, ça se serait passé.
Puis peut-être qu'il aurait
dit : Bien, la prochaine fois, madame, faites attention, portez-le pas si
vous êtes... pensez-y, vous, il y
aurait eu une discussion, mais ça se serait géré, il y aurait eu une balise
claire. Moi, pour moi, là, il y avait une balise claire. Là, c'est : Aucun accommodement possible, mais, si la
personne fait une demande d'accommodement, dit : Je veux un accommodement, elle s'en va devant les
tribunaux, alors ça va se régler encore une fois devant les tribunaux, ça va se
régler devant les tribunaux avec les
balises qu'on a là, contrainte excessive, et avec la balise de la jurisprudence
canadienne. Moi, j'aurais préféré ce qu'on proposait.
• (16 h 10) •
Maintenant,
est-ce qu'un accommodement pour motif religieux ou visage découvert est
toujours possible? Il est possible de
le demander, nous dit la ministre, mais ça ne veut pas dire nécessairement
qu'il va être accordé. On va voir à
l'usage, on va voir à l'usage, mais, si
c'est le seul gain qu'on a fait — et,
pour nous, c'est à peu près le seul gain qu'on a fait dans cette loi — ce n'est pas beaucoup, ce n'est pas assez.
C'est-à-dire non pas dans cette loi, mais dans ce que cette
loi apporte à la législation,
à la façon d'entrevoir le dossier, à la façon de faire avancer le dossier,
est-ce que ça fait avancer véritablement le Québec, si c'est tout ce que ça fait avancer? Bien, je
pense que ce n'est pas assez, on ne peut pas se satisfaire de ça, on ne
peut pas voter pour ça, ce n'est vraiment pas assez.
Alors,
on a bien des raisons de ne pas adhérer à cette loi libérale. La ministre de la Justice... je ne veux pas que personne s'offusque, là, la ministre
de la Justice, d'entrée de jeu, nous a dit : C'est une loi libérale, elle est inscrite dans l'ADN libéral — c'est dans les galées, vous irez voir — c'est
une loi libérale. Bien, ça reste une loi libérale. On aurait aimé pouvoir dire : C'est une loi à laquelle
adhèrent les autres partis de l'Assemblée
nationale. Sur le vivre-ensemble,
il était temps d'avoir une position commune.
Sur le vivre-ensemble, il était temps de chercher l'unanimité. Sur le vivre-ensemble, il
était temps de répondre aux appréhensions des Québécois et Québécoises de
toutes origines, de toutes les tendances. Eh bien, cette occasion, elle
est ratée.
Oui, à la
prochaine élection générale, nous ferons nos propositions, qui seront, à notre
avis, beaucoup plus proches, beaucoup plus proches que ce
que propose le projet de loi n° 62, beaucoup plus proches de la position des Québécois,
là où ils sont rendus, mais vous réentendrez parler de laïcité, vous
réentendrez parler des accommodements pour motif religieux, vous réentendrez parler de Bouchard-Taylor, du fait que
des agents en position de coercition, les agents de l'État, ne devraient pas porter de signe religieux. Cela
va revenir, le débat n'est pas terminé. Il va se perpétuer dans le respect,
dans le respect, parce que
le ton de cette discussion autour du projet de loi était extrêmement respectueux, extrêmement... mais
c'est revenu parce que le consensus que nous avons proposé au gouvernement a été rejeté. Il était temps de mettre fin pour un bon bout de
temps au débat, mais ça a été rejeté. C'est dommage. C'est dommage, M. le
Président.
Alors, je me
permets de dire, puisque je viens de l'aborder, que le débat s'est bien fait,
on a travaillé de longues heures
ensemble, je pense à la ministre de
la Justice, les parlementaires
libéraux, de l'opposition, la députée de Montarville
qui était là encore, le député de Gouin
qui a participé à ces travaux, c'était la première fois que je travaillais avec
lui; de beaux débats, de bons
débats, respectueux, mais qui ne sont pas porteurs d'avenir pour le Québec, à
notre avis. Mes collègues qui ont été
extraordinaires. Je pense à mon collègue de Saint-Jérôme, qui m'a apporté tout
un coup de main, particulièrement sur le dossier de l'inscription ou non
des élus de l'Assemblée nationale dans le projet de loi, il a fait un formidable travail. Merci, cher collègue de
Saint-Jérôme. Mon collègue de Berthier qui est venu donner un bon coup de main au début. On ne savait pas dans quelle
direction la loi irait, ça fait que j'avais besoin de beaucoup de renfort au
début pour bien comprendre les enjeux.
Travailler avec plusieurs collègues, c'est toujours utile en commission
parlementaire. Merci au député de
Berthier. Mon collègue qui est député de Saint-Jean-sur-Richelieu... non,
pardon, de Richelieu, je suis toujours
mêlée, député de Richelieu, leader adjoint, qui est venu donner un coup de main
dans les débuts. Merci beaucoup. Et
un recherchiste extraordinaire, Martin Blanchette, qui a fait toute la séquence
dont je viens de vous parler, 59, 62, toute cette discussion sur la laïcité de l'État, la liberté d'expression.
C'est devenu un... Ça l'était déjà, mais c'est encore plus un
spécialiste de la Charte des droits et libertés de la personne.
Alors, M. le Président, eh bien, je pense que
vous avez compris que nous serons contre ce projet de loi, nous voterons contre, et que nous reviendrons
effectivement à la prochaine élection générale avec des propositions qui, je
crois, iront un peu mieux affirmer le
consensus québécois et permettront un peu mieux de baisser la pression dans ce
dossier et de refléter enfin, refléter enfin, M. le Président, ce qu'est
notre identité québécoise, notre façon de gérer notre vivre-ensemble, et va nous permettre à tous et à toutes, de toutes
origines, peu importe... ou la communauté à laquelle ils se sentent,
communauté d'appartenance, de trouver tous ensemble cette immense fierté qui,
je trouve, disparaît.
Je pense au texte de Boucar Diouf en fin de semaine, cette fierté d'être des Québécois et des Québécoises, cette différence qui fait de nous un
peuple accueillant, ouvert, généreux, chaleureux. La fierté d'être des Québécois
et des Québécoises, il
faut la retrouver, je trouve qu'elle
disparaît. Quand on se fond dans l'ensemble canadien, quand on se fond dans le multiculturalisme canadien, on oublie qui
nous sommes, on oublie ce qui nous porte. Et, quand je dis «qui nous sommes», ce «nous» comprend les gens de toutes
origines. C'est nous qui bâtissons ce pays aujourd'hui ensemble,
tous et toutes ensemble qui bâtissons ce pays.
Alors, cette discussion était intéressante, et
je pense que, si elle est porteuse pour l'avenir, c'est dans le ton respectueux que nous avons tous et toutes adopté,
mais nous reviendrons, M. le
Président, avec des propositions porteuses pour l'avenir. Merci.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, Mme la
députée de Taschereau, pour cette intervention. Je cède maintenant la parole à Mme la
députée de Montarville.
Mme Nathalie Roy
Mme Roy : Merci
beaucoup, M. le Président. Écoutez, je serai relativement brève, directe, précise,
comme toujours, je n'irai pas dans tous les tenants et les
aboutissants des motifs pour lesquels nous voterons contre le projet de loi n° 62. Nous
l'avons dit d'ailleurs à la première étape, qui était l'adoption
de principe. Nous l'avons dit également à la prise en considération, que nous
allons voter pour.
Mais je me
permettrai, à ce stade-ci des débats, c'est-à-dire à l'adoption
finale, de faire une seule lecture et une lecture qui est extrêmement importante.
Et je tiens à faire cette lecture
parce qu'elle sera dans les galées, parce qu'elle se trouvera dans les annales de l'Assemblée nationale, du Parlement. Et c'est un texte qui a été écrit par une
juriste pour qui j'ai beaucoup
de respect, qui est venue d'ailleurs témoigner devant la commission,
qui est une femme très articulée sur
la question et qui a pris la peine de porter un regard sur le
projet de loi n° 62 mais après tous les amendements. Donc, c'est la première juriste qui s'exprime de fond en comble
sur la dernière mouture, donc celle qui sera adoptée par le gouvernement, qui
est majoritaire. Le texte a été publié dans Le Devoir, une lettre
ouverte du 10 octobre dernier. Mme la ministre
l'a sûrement lu, les gens du gouvernement également, mais moi, je vais en faire la lecture pour les
gens qui nous écoute. Il est
technique, mais il soulève beaucoup d'inquiétudes. Et le texte s'intitule : Le
projet de loi n° 62 sur la
neutralité religieuse doit refléter l'état du droit. Me Julie Latour, avocate,
ex-bâtonnière du Barreau de Montréal 2006-2007.
«Le projet
de loi n° 62 constitue la
troisième tentative du législateur québécois depuis une décennie de donner corps aux principes de laïcité et de neutralité
religieuse de l'État et d'encadrer les demandes d'accommodements religieux
dans les organismes étatiques, après les
chantiers infructueux que furent les projets
de loi n° 94 de 2010 et n° 60
de 2013, sans compter le projet de loi n° 491 présenté en 2014 par l'ex-députée Fatima Houda-Pepin et, bien sûr, la
commission Bouchard-Taylor de 2007‑2008.
«Vu l'urgent
besoin de clarté juridique en ce domaine et l'ampleur des forces vives de la
société civile mobilisées à cette fin
depuis 10 ans, le projet de loi n° 62 doit faire oeuvre utile pour
l'avenir. Il doit donc minimalement refléter l'état du droit au sujet du devoir de neutralité de
l'État, clarifié par la Cour suprême du Canada dans l'important arrêt Mouvement
laïque québécois de 2015, qui invalide le
règlement sur la récitation de la prière au conseil municipal de la ville de
Saguenay. Or, c'est loin d'être le
cas dans la teneur proposée du projet de loi n° 62, tandis que s'achève
bientôt son étude détaillée devant la Commission des institutions.»
• (16 h 20) •
Aucune
définition de la neutralité religieuse de l'État. «Dans ce jugement
unanime, la Cour suprême définit la neutralité
attendue de l'État comme étant une "neutralité réelle" — par opposition à une neutralité
bienveillante — dotée de
deux composantes distinctes : "La neutralité réelle exige que l'État
ne favorise ni ne défavorise aucune religion et s'abstienne de prendre position sur [le] sujet." Ainsi, l'État doit
non seulement faire preuve d'autonomie — neutralité — à l'égard
des religions, mais la puissance publique doit aussi respecter une obligation
positive d'abstention — séparation — à
l'égard des croyances. De ce fait, la cour rejette le statu quo de la laïcité
ouverte.
«Alors que l'article 1
tel qu'amendé du projet de loi énonce que "la présente loi affirme la
neutralité religieuse de
l'État", cette notion de neutralité, qui est l'essence même de la loi, n'y
est définie nulle part. Que peut-on alors penser de l'utilité de
l'exercice?
«Mais il
y a plus. Avant de préciser les contours précités de la neutralité de l'État,
la Cour suprême note [explicitement]...»
Je reprends, vous me permettrez : «Mais il y a plus. Avant de préciser les contours
précités de la neutralité de l'État, la Cour suprême note clairement cette omission législative : "Ni la
charte québécoise ni la charte
canadienne n'énoncent explicitement
l'obligation de neutralité religieuse de l'État." C'est donc au niveau
hiérarchique supralégislatif des chartes des droits que le plus haut tribunal anticipe la présence de cette
définition, ce que ne fait évidemment pas non plus le projet de loi
n° 62, et cela pour aucun des éléments de la loi. Une proposition qui
visait à amender le préambule de la charte québécoise
et à y ajouter deux articles définissant la laïcité et neutralité de l'État,
entérinée par les trois [oppositions], fut
rejetée par les représentants de la majorité gouvernementale. Avons-nous un
gouvernement qui aspire à réunir ou à diviser?
«Enfin, dans
l'affaire Mouvement laïque québécois, la Cour suprême énonce que la neutralité
religieuse de l'État doit s'incarner clairement dans ses représentants.
Elle explique que "quand, dans l'exercice de leurs fonctions, les représentants de l'État professent, adoptent ou
favorisent une croyance à l'exclusion des autres", il y a entrave au
devoir de neutralité réelle de l'État.
«Or, cette
obligation minimale de neutralité et le devoir de réserve en matière
d'expression religieuse qui en est le corollaire
ne sont pas énoncés à l'article 4 proposé du projet de loi. En outre, cet
article omet le second critère fort important de l'abstention de prendre position dans l'exercice de leurs fonctions,
qui donne pourtant consistance au devoir de neutralité, afin que "l'État demeure — en fait et en apparence — ouvert à tous les points de vue, sans égard
à leur fondement spirituel".»
La
neutralité de l'État : condition première du pluralisme. «La
neutralité de l'État ne s'inscrit pas à l'encontre de la liberté de religion et de conscience, elle en
est une "conséquence nécessaire", nous dit la Cour suprême. "En n'exprimant aucune préférence, l'État s'assure de
préserver un espace public neutre et sans discrimination à l'intérieur
duquel tous bénéficient également d'une véritable liberté de croire ou ne pas
croire, en ce que tous sont également valorisés."
La laïcité vise l'égalité de tous les citoyens et leur émancipation
personnelle, fondements d'un État libre et démocratique. Ajoutons que la neutralité de l'État s'avère au bénéfice
de toute la collectivité, et non de la seule majorité.
«Le projet de loi n° 62 soulève une
question de principe, de principe fondamental, et aurait dû être vu comme un
instrument de prévision et de prévention, et non simplement comme un remède.
«Pour
employer une métaphore médicale, domaine qui semble avoir une résonance chez
ceux qui nous gouvernent, le projet
de loi n° 62 actuel équivaut à ouvrir un patient, alors qu'une chirurgie
cardiaque serait requise, et à le refermer immédiatement ensuite sans procéder à l'acte médical qui s'impose, ce
qui s'avère une démarche inutile, sinon même dangereuse. Comme il s'agit ici d'une loi fondamentale, qui touche au
coeur même de l'avenir de la nation, voilà une autre cicatrice dans le
tissu social qu'il aurait pourtant été impératif de guérir et de raccommoder.
«En réduisant
la laïcité et la neutralité religieuse de l'État à une peau de chagrin, le
projet de loi n° 62 ne réglera rien
pour l'avenir, ce qui entrave l'ingénierie constitutionnelle et politique
essentielle à une société démocratique.» Fin de la lettre de Me Julie Latour. Et je joins ma voix aux propos de
Me Julie Latour, cette avocate et ex-bâtonnière du Barreau de
Montréal.
Alors, pour
toutes ces raisons et plusieurs autres, naturellement, nous voterons contre. Et
j'ai sursauté, tout à l'heure, lorsque
j'ai entendu la ministre nous dire qu'il y a eu consensus. M. le Président, il
n'y a pas de consensus, il n'y a jamais eu de consensus, et aucun, je dis bien aucun des amendements que nous
avons proposés n'a été accepté, malheureusement.
Et Me Latour, si je vous la cite, ce n'est
pas pour rien, elle fait partie, entre autres, des Juristes pour la laïcité et
la neutralité religieuse de l'État,
qui sont venus plaider leur cause et nous dire jusqu'à quel point il était important,
entre autres, d'introduire le terme «laïcité» dans la loi. Mais ça n'a
pas été fait, vous le savez, nous l'avons répété plus d'une fois.
Alors, pour l'ensemble de ces motifs, nous
allons voter contre le projet de loi n° 62. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, Mme la députée de Montarville, pour cette intervention. M. le député de Mercier, je vous cède la
parole. À vous.
M.
Amir Khadir
M. Khadir : Merci, M. le Président. Nous allons, Québec solidaire... Comme
d'autres députés de l'opposition
dans l'Assemblée nationale, on va
voter contre le projet de loi présenté par la ministre, mais cependant pas
suivant la même ligne d'analyse
que présenté par mes deux dernières collègues, bien que nous puissions partager certaines préoccupations qui sont communes.
Et c'est bien
malheureux qu'on en soit rendu là, ce n'est pas faute
d'avoir essayé. M. le Président, il est bon de rappeler à ceux et celles qui nous écoutent en ce moment que déjà en 2013 pour la première fois, au Québec,
un parti déposait un projet de loi portant explicitement sur la laïcité,
en fait c'était le projet de loi n° 398 pour une charte de la laïcité de l'État québécois. Pourquoi pensions-nous que
c'était important d'agir ainsi? Pourquoi nous avons voulu, en
réponse à un projet malheureux porté par le gouvernement de l'époque,
c'est-à-dire le gouvernement du Parti québécois, sur la charte des valeurs québécoises, qui envenimait le débat alentour des
questions à la fois d'accommodement, à la fois de la place de la
religion dans nos institutions, y compris le crucifix qui se trouve actuellement,
Mme la Présidente, puisque vous prenez le
relais de la présidence de cette Assemblée... Y compris le crucifix qui se
trouve au-dessus de votre siège et
qui, en démocratie moderne, laïque, n'a aucune place, surtout connaissant
l'origine de ce crucifix, qui scellait l'alliance
néfaste, inadmissible pour un État laïque entre l'Église omnipotente,
omnipuissante de l'époque et à maints égards l'Église obscurantiste de l'époque et un gouvernement conservateur et à
maints égards également obscurantiste, qui était le gouvernement de
Duplessis. Et aujourd'hui on en est rendu, plus de 50 ans plus tard,
devant plusieurs partis qui se refusent à
admettre les fondamentaux d'un véritable approfondissement et aboutissement de
tout ce qui a émergé bien avant la
Révolution tranquille, et qui s'est accéléré au cours de la Révolution
tranquille, mais qui devait un jour aboutir à une modernisation de nos
institutions afin que l'État québécois dispose d'une véritable charte de la
laïcité, tel que le recommandait d'ailleurs le rapport Bouchard-Taylor.
• (16 h 30) •
Je pense que
tous mes collègues qui interviennent ici devraient lire l'entrevue accordée par
M. Taylor et M. Bouchard à
la journaliste commentatrice de La Presse Mme Rima
Elkouri. Les problèmes qui ont été les problèmes d'il y a 10 ans demeurent malheureusement en grande partie
irrésolus encore aujourd'hui en raison des opportunités ratées, comme le souligne à plusieurs reprises Gérard
Bouchard, à cause de l'inaction des gouvernements qui ont été là et surtout
l'inaction du gouvernement actuel, qui s'est refusé à chaque fois, disons, de
répondre à la dynamique positive qui avait
été, par exemple, au départ, le résultat du compromis historique qu'était le
rapport de la commission Bouchard-Taylor. Cette observation était valable en 2008, à la sortie de ce rapport, à la
fin du dépôt de ce rapport. Ce constat, bien malheureusement, était encore valable en février 2017, à la suite
de l'attentat meurtrier de Québec, où en raison d'une... je dirais, des
consciences ébranlées parmi
l'ensemble des citoyens, y compris de leurs représentants politiques, il y
avait enfin, du côté de l'opposition, un
consensus pour qu'on réussisse à formuler un projet commun, transpartisan qui
puisse partir et reposer sur le consensus obtenu dans le rapport Bouchard-Taylor, et malheureusement le premier
ministre du Québec a refusé cette opportunité, une autre occasion ratée
10 ans plus tard.
La laïcité,
encore aujourd'hui, n'est pas inscrite dans le coeur du projet de loi. Non
seulement il n'y a pas de laïcité, il n'y a même pas, comme le
souhaitait le rapport Bouchard-Taylor, un livre blanc sur l'interculturalisme
qui aurait permis peut-être, par la bande à côté, de définir des principes qui
touchent à l'importance de non seulement assurer la neutralité religieuse de l'État, mais parfaitement séparer entre l'État
et la religion, ce qui veut dire la fin de la présence de ce crucifix sur le siège du président ou de la
présidente de l'Assemblée nationale, mais également la fin des subventions,
par exemple, aux écoles religieuses, qui
vont continuer. Donc, malheureusement, Québec solidaire ne sera pas en mesure,
malgré le fait qu'on en sent encore,
10 ans plus tard, le besoin de manière aiguë, d'appuyer les faibles
avancées occasionnées par ce projet de loi, parce qu'il y en a
quelques-unes.
En matière d'encadrement des accommodements, il
y a certaines balises. Souhaitons que ces règles puissent permettre d'y voir un peu plus clair. Il y a des
lignes directrices qui seront, heureusement, étudiées par les parlementaires
en séance publique dans la Commission des institutions. Nous allons être
présents à ce moment-là. Les demandes d'accommodement
seront traitées, comme nous l'avions
espéré, comme nous l'avions exprimé, de
la même manière dans les écoles publiques comme dans les écoles
privées. Oui, mais c'est trop peu et trop peu, trop peu et trop maigre devant
les attentes après 10 ans de débats, et
de contributions importantes, et surtout d'événements malheureux qui auraient
dû nous emmener à être à la hauteur
des responsabilités, des hautes responsabilités de l'État
en ces matières et qui, malheureusement,
ont été échappés par le gouvernement actuel et son premier ministre.
Donc, la
laïcité, malheureusement, ne sera pas inscrite dans le projet de loi. On n'a pas réussi à faire le consensus que nous étions capables de dégager, puisque l'opposition s'était ralliée. Là, je ne veux pas nommer, blâmer, etc. Ce qu'il
faut retenir, c'est qu'en février de cette
année, il y a donc huit mois, il y avait un succès
historique qui était à portée de la main,
et malheureusement le premier
ministre du Québec n'y a pas répondu de manière positive, notamment l'interdiction
des signes religieux pour les employés ayant
un pouvoir de coercition. Plusieurs dizaines de millions de dollars vont encore
continuer à être consacrés à subventionner
des écoles privées confessionnelles. Donc, il n'y a pas de séparation réelle
entre l'État et l'Église, l'État et la religion. Et le crucifix, comme je l'ai
mentionné, va, bien entendu, continuer à trôner au-dessus du siège de la
présidence.
En plus, Mme la Présidente, que va être le devenir de ces villes où certains maires — oui,
je vois — vont
continuer à vouloir alimenter,
disons, les lignes de fracture alentour de ces questions, maintenir la prière
dans les séances municipales? Ou
comment on va appliquer simplement le projet
de loi dans les villes comme Montréal
et Québec, notamment sur la question du visage découvert? Donc,
l'application de ce projet de loi, en l'absence des fondamentaux que nous avons
mentionnés, va malheureusement entraîner son lot d'arbitraire.
Ceci étant dit, souhaitons quand même
de pouvoir tourner la page pour quelques moments sur ce débat qui s'étire
depuis trop longtemps au Québec.
Il est maintenant temps de s'occuper des problèmes concrets et
réels auxquels font face... parce
qu'au lendemain de l'adoption de ce projet de loi là les nouveaux arrivants
n'auront pas davantage de possibilités, de moyens de faire reconnaître
leur diplôme. Il n'y aura pas plus d'argent, ni d'institutions, ni de
programmes réels d'intégration en milieu de travail, mais également, également, au
sein de la société à travers des projets culturels, à travers des programmes d'immersion dans des contextes
sociaux, par exemple, des familles de parrainage, etc. Donc, souhaitons
qu'on puisse enfin s'occuper de ces enjeux réels.
Donc, pour toutes ces
raisons, Mme la Présidente, en dépit du fait qu'on aurait souhaité faire
autrement, nous sommes dans l'obligation de
dire au gouvernement que, non, malheureusement, ce n'est pas à la hauteur de ce
que nous pouvons appuyer. Donc, nous allons voter contre ce projet de
loi.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le député
de Mercier. Maintenant, je suis prête à reconnaître le prochain
intervenant et je crois que ce sera M. le député de Saint-Jérôme.
M. Marc Bourcier
M. Bourcier :
Mme la Présidente, le gouvernement libéral, avec son projet de loi n° 62,
a terminé l'étape de la commission parlementaire.
Il porte sur la neutralité religieuse et non sur la laïcité, que nous, du Parti
québécois, avons toujours demandée.
La
neutralité fait partie de la laïcité, mais, en dehors du champ de la laïcité,
la neutralité religieuse est orpheline et sans grande portée. La laïcité
n'accorde aucune faveur à aucune religion en les considérant sur le même pied
que n'importe quel autre système idéologique. C'est cette laïcité que le Parti
québécois a proposée, du début à la fin de la commission parlementaire, au
gouvernement libéral, et elle a été ignorée. La neutralité religieuse sèmera le
chaos, la multiplication des situations à
analyser, et accordera à chaque vision du monde, religieuse ou séculière, les
mêmes faveurs, et sera toujours discriminatoire envers les faibles
minorités laissées pour compte.
Parlant
du Canada, j'ai posé à plusieurs reprises la question suivante à Mme la
ministre : Est-ce que les organismes fédéraux sont tenus de respecter la loi n° 62? Et, à chaque fois,
je le répète, sa réponse était non. Donc, il y aura des exceptions partout au Québec en termes d'application de sa
propre loi. Il semble bien que nous serons encore coincés par des lois fédérales qui briment la volonté des Québécoises
et des Québécois, qui créeront des brèches, des exceptions partout au
Québec. Encore une fois, le gouvernement fédéral bénéficie d'une immunité dans
ses institutions.
Tant que nous ne
serons pas maîtres de nos propres lois, il y aura, tant que nous ferons partie
du Canada, des organismes fédéraux qui
pourront se soustraire à l'application du projet de loi n° 62. Les
banques, les postes, l'armée, les parcs,
la navigation, l'aviation et notre gouvernement ainsi que la ministre acceptent
ce principe. C'est la pensée libérale, Mme
la Présidente, drapée dans l'unifolié, de se satisfaire de voir le Québec forcé
de gérer des exceptions accommodantes plutôt que de s'imposer. On est
bien fins, Mme la Présidente. «Mange ton blé d'Inde», le chantait Robert
Charlebois.
Notre
intervention en commission, le 24 août dernier, a toutefois décelé une
faille dans le projet de loi de la ministre de la Justice. Elle voulait, par un amendement, soumettre les députés de
tous les partis politiques, dont le sien, à son projet de loi sur la neutralité religieuse. Je lui avais
fait remarquer avec justesse qu'à cause de son amendement un député ne pourrait plus refuser de rencontrer, à son bureau
de circonscription, un organisme religieux sur la base qu'il désapprouve ce
mouvement sectaire. À titre d'exemple, l'Église de scientologie, le mouvement
raëlien, les adeptes du monstre en spaghettis
volant, que je salue, ne sont qu'une partie de ces groupes religieux faisant
partie des 1 636 dûment enregistrés.
L'amendement
proposé par la ministre aurait pu faire perdre leur liberté politique aux
députés de leur choix de rencontrer
ou pas de ces groupes. Ainsi, en accueillir un aurait pu être interprété par
certains comme un cautionnement tacite
de leur idéologie, par exemple, le traitement fait aux femmes ou une idéologie
contraire à la Charte des droits et libertés.
Le député aurait pu même subir un blâme médiatique, électoral et judiciaire si
de telles rencontres avaient été mal interprétées. Même chose dans les
demandes d'aide au soutien bénévole, qui auraient pu leur être refusées.
La
ministre a heureusement, suite à nos doléances, nos argumentaires et nos
plaidoyers, retiré son amendement. Les
députés de son propre parti lui ont assurément fait part des mêmes
appréhensions que nous face à cet amendement. Je tiens à saluer son
geste au nom de tous les députés de l'Assemblée nationale, dont ses propres
collègues.
• (16 h 40) •
Les
parents des enfants des écoles du Québec s'attendent à de l'éducation
impartiale et laïque. Or, il semble bien qu'avec le projet de loi n° 62 il y aura beaucoup de demandes
d'accommodement. En plus d'avoir des tâches augmentées souvent au-delà
de ce qu'ils peuvent accomplir et de manquer de ressources éducatives en classe
suite aux mesures d'austérité libérales
depuis trop longtemps, voilà qu'ils auront des demandes d'accommodement des
élèves et/ou de leurs parents,
demandes qui seront acheminées à des monsieurs ou madames Accommodement qui
seront basés soit dans leur école ou
à leur commission scolaire. Par exemple, absence invoquée, pour fête
religieuse, à un examen, refus de participer à la fête d'Halloween ou au spectacle de Noël, de chanter ou écouter une
chanson, de faire un devoir, de lire un livre, et bien d'autres encore.
Aura-t-on, Mme la Présidente, une ligne
directe chaque matin pour les enseignants et les directions d'école du style infoaccommodements? Quelles balises y seront
mises en place? Quel sera l'effet de ces décisions sur le fonctionnement
de leurs classes? Je leur souhaite bonne
chance, Mme la Présidente. Je m'inquiète beaucoup pour mes anciens collègues
enseignants et enseignantes de Saint-Jérôme et de tout le Québec et je déplore que ces nouvelles situations
ne feront que rendre leur tâche plus lourde, complexe et difficile. La laïcité
aurait été si simple.
Dans son
ensemble, même avec son amendement concernant les députés retirés et de quelques
autres changements mineurs, ce projet de loi est néfaste car il ouvre la porte à l'arbitraire, au chaos. Un fonctionnaire zélé pourra toujours refuser un
accommodement sous prétexte qu'il s'agit d'un problème relevant de la
sécurité, de l'identification ou du
niveau de communication requis. Tout cela s'inscrit dans ce vaudeville
écrit par le gouvernement libéral pour unifier nationalistes de droite et
les ultramulticulturalistes. Aux premiers, il propose le projet de loi
n° 62, aux seconds, il démarre sa commission d'enquête sur le
racisme systémique.
La neutralité sans la
laïcité nous donnera un État qui n'a pas de religion officielle, mais qui
conserve des liens privilégiés avec les
religions et qui leur accorde des passe-droits. Il faut, à mon avis, sortir
l'État des religions. C'est ce que
les Québécoises et les Québécois veulent. Je le répète, ils sont prêts pour ça,
mais pas le Parti libéral avec son
projet de loi n° 62. Le progrès des droits humains s'est toujours accompli
à l'encontre des religions, et c'est pourquoi il faut toutes les soumettre aux
lois civiles. Un Québec souverain et indépendant des religions pourrait agir
comme moteur de progrès social. La notion de neutralité religieuse sans la laïcité
est, au mieux, incomplète et ambiguë, au pire, dangereuse pour notre
démocratie.
L'une
des principales dispositions du projet de loi n° 62 vise à ce que les
services publics soient donnés et reçus à visage découvert. Cet article étant le seul à avoir une réelle portée,
faut-il conclure qu'il s'agit bel et bien d'un projet de loi sur le vêtement et, par surcroît, sur un
vêtement religieux? Il ne reposerait que sur la sécurité, l'identification et
la communication.
Je
souhaite donc, en tant que député du Parti québécois, le retrait du projet de
loi n° 62, c'est-à-dire son retrait pur et simple et son remplacement par une véritable loi sur la laïcité
de l'État. Entendez-nous, Mme la ministre. Entendez les Québécois. Le projet de loi n° 62
entretiendra la confusion tout en restant bien en deçà des recommandations du
rapport Bouchard-Taylor.
Mme la Présidente, les lois doivent être changées pour
tout le monde et non pas seulement cas par cas, en fonction d'une appartenance
religieuse. Je considère que c'est un recul par rapport à l'histoire du Québec
moderne. On a pourtant enlevé la religion de nos écoles. J'ai vécu cette
époque. J'étais là. Je le répète, la laïcité correspond aux attentes des Québécoises et des Québécois. Ils sont prêts et
n'en attendaient pas moins, Mme la Présidente. Ils seront certainement très déçus du projet de loi n° 62, qui, je le
répète, est totalement muet sur la nécessaire séparation de l'État et les
religions, pourtant la base même d'un
État laïque et neutre. Refuser, comme le Parti libéral, d'affirmer cette
séparation, c'est condamner la société québécoise à être encore placée
dans toutes sortes de situations.
Mme la Présidente,
les Québécois et les Québécoises auront à se dépêtrer avec un vulgaire
compromis, un sous-produit, le projet de loi
n° 62 sur la neutralité du gouvernement libéral. Cette neutralité n'est
pas la laïcité, et pourtant celle-ci
est voulue par une majorité de citoyennes et de citoyens du Québec. Les
sondages l'ont confirmé à plus d'une reprise
qu'ils sont prêts à aller assez loin pour assurer la laïcité de l'État
complètement, sans exception. La laïcité n'aura rien... Excusez-moi. Sur cette laïcité, plutôt, on n'aura rien réglé.
C'est une loi mal préparée et mal conçue, somme toute un recul pour le Québec. Une grande occasion
manquée, Mme la Présidente, car on refuse d'y parler de laïcité, alors que
c'est bien de cela qu'il s'agit.
Cibler
une partie de la population avec des interdits, ce n'est pas la meilleure façon
d'assainir les relations dans notre société. Alors que le Québec... Alors, le Québec, plutôt,
devra subir le projet de loi n° 62 parce
que c'est le choix du gouvernement
libéral, selon lui, pour ne pas perdre pas des votes et essayer de plaire à sa
base jusqu'à ce qu'un gouvernement élu du Parti québécois vienne corriger la situation
à partir d'octobre 2018.
En
terminant, Mme la Présidente, je tiens à remercier les membres de la commission
et saluer l'expertise de ma collègue, députée
de Taschereau. Je salue cette
femme de conviction, une vraie démocrate, elle qui travaille pour le bien-être
des Québécoises et des Québécois, pour la justice et l'avancement du Québec. Merci,
Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le
député de Saint-Jérôme. Alors, y a-t-il d'autres interventions? Mme la ministre.
Alors, vous avez droit à une réplique de 20 minutes.
Mme Stéphanie Vallée (réplique)
Mme Vallée : Merci, Mme
la Présidente. Je n'entends pas
prendre 20 minutes de droit de réplique, mais j'aimerais quand même
relever certaines contradictions dans les discours.
On
reproche au gouvernement d'adopter des principes qui ont fait l'objet de déclarations, ici au cours des dernières années,
en faveur du projet
de loi. Et je vais encore revenir en
2016, en octobre 2016. Il y a à peu
près un an, en fait presque un an jour pour jour, le chef de l'opposition pressait le gouvernement d'adopter le projet de loi n° 62, lors
de la course à la chefferie, mentionnait qu'il était prêt à appuyer le projet
de loi n° 62, mentionnait qu'il n'avait pas l'intention d'en empêcher l'adoption
et qu'il était mieux de faire un petit pas que de ne pas faire de pas du tout.
Ce
que j'entends cet après-midi, Mme la
Présidente, ce ne sont pas des collègues
qui sont en désaccord avec les principes
du projet de loi. On n'est pas en désaccord avec le principe de la
neutralité religieuse de l'État. On souhaite la laïcité, la laïcité
plus rigide, mais on n'est pas en désaccord avec la neutralité, on n'est pas en
désaccord avec l'encadrement et les
balises pour les demandes, pour l'analyse des demandes d'accommodement pour motifs
religieux. On nous dit : Les organismes sont aux prises avec des
demandes et doivent avoir un soutien. Voilà un projet de loi qui en offre, qui
les établit, et des balises établies suite à des discussions en commission
parlementaire, entre nous, des balises qui ont été bonifiées, même, grâce à
l'apport des collègues.
On n'en a pas
non plus contre l'obligation de la prestation et de la réception de services à
visage découvert. Je me souviens très bien de ma collègue de Taschereau,
qui me disait : Il ne devrait y avoir aucun accommodement. Je me souviens de ma collègue de Montarville, qui disait : Il ne doit y avoir aucun accommodement. On nous demandait d'aller plus
loin, on nous demandait d'aller plus loin, Mme la Présidente, pour
interdire le port de signes religieux à des employés de l'État.
Notre
collègue de Saint-Jérôme nous dit : On vient brimer les droits des
citoyens. Je lui pose la question : Vous ne croyez pas que les propositions d'amendement brimaient le droit des individus qui travaillent
au sein de l'État, à la liberté de
croyance, à leur liberté de religion? Bien oui, Mme la Présidente, ce qui a
été proposé par les collègues allait à l'encontre de la liberté de croyance, de la liberté de religion. C'est
pour ça qu'on n'y a pas souscrit, Mme
la Présidente. Lorsque
les collègues nous demandaient : On ne veut pas d'accommodement, empêcher les accommodements va l'encontre même de la liberté de
croyance et de la liberté de religion. Mais là, aujourd'hui, soudainement, en
raison d'une sortie médiatique, on nous
dit : Ah non! Non, nous, on n'est pas tout à fait d'accord avec ce projet de loi là, alors que tout le monde ici, dans cette enceinte, reconnaît l'importance d'assurer certaines balises. Et les
principes qui sont contenus au projet de loi n° 62 constituent des
consensus.
• (16 h 50) •
Que pour des
raisons plus politiques on souhaite aller voter à l'encontre parce qu'on
souhaite aller plus loin, c'est une
chose, mais reconnaissons à tout le moins que nous sommes en accord avec ce qui
est contenu. Les collègues ne sont pas en désaccord avec l'obligation de
la prestation de services et la réception de services à visage découvert.
Je me
souviens, il y a deux ans, d'une question de la collègue
de Taschereau, dans le
cadre de la campagne électorale, qui disait : C'est épouvantable qu'on permette
à des gens de voter à visage couvert. Et je disais : Notre Loi électorale
ici, au Québec, prévoit déjà la prestation, prévoit déjà que l'obligation est à
visage découvert. Et je l'invitais à
assurer l'adoption et à maintenir le rythme de l'adoption du projet de loi
n° 62 pour assurer le principe de la prestation des services et de la réception de services à visage
découvert. On s'entend là-dessus. Et c'est d'ailleurs pour ça, si ma mémoire
est bonne, qu'il y a un an notre collègue de
Taschereau disait : On souhaite que les villes, les municipalités soient
assujetties au projet de loi parce qu'on ne souhaite pas avoir des
gruyères un peu partout sur le territoire du Québec.
Qu'on
souhaite aller plus loin, qu'on souhaite, du côté des oppositions, pousser le
débat de la laïcité plus loin pour une
laïcité peut-être plus près de ce que l'on retrouve en Europe, c'est une chose,
c'est leur vision. Moi, je suis pour un principe de neutralité. Mais de dire qu'on ne reconnaît pas le principe
de la neutralité religieuse, qu'on ne reconnaît pas l'importance d'assurer que la prestation de
services soit reçue et donnée à visage découvert pour les motifs que nous avons
indiqués, de communication, de saine
communication, pour des motifs d'identification et de sécurité, pour des règles
de base, de cohésion sociale, tous
les collègues ici s'entendent sur cette question-là, Mme la Présidente. Mais
là, aujourd'hui, on va dire : Non, on ne reconnaît pas l'importance
de cet élément-là du projet de loi. Je suis étonnée. Je suis vraiment étonnée,
Mme la Présidente.
Je comprends
qu'on ait souhaité aller plus loin, qu'on ait proposé des amendements pour
aller plus loin, qu'on ait souhaité que les membres de la magistrature,
que les policiers soient assujettis à certaines obligations bien précises, on en a fait des discussions en commission
parlementaire, j'ai expliqué pourquoi on ne retenait pas cette proposition-là.
Ceci étant, ce que j'entendais des
collègues, c'est ce souhait de le pousser plus loin. Et on nous a reproché pendant
toutes ces années de ne pas aller
assez loin, et là, soudainement, on prend l'argument d'une déclaration publique
rendue ce midi et on dit : Ah! nous, on se distance du projet de
loi n° 62. Voyons! Le projet de loi n° 62, c'est un projet de loi qui
est respectueux des droits et libertés. Et
j'invite, j'invite les gens à lire le préambule du projet de loi n° 62.
J'invite les gens à lire le projet de loi n° 62. C'est un projet de
loi respectueux des libertés individuelles.
Et à notre
collègue de Mercier, qui a amené aussi dans le débat la reconnaissance des
diplômes, l'intégration des immigrants à la société québécoise, eh bien,
il a manqué un très beau rendez-vous jeudi dernier parce que, justement, tous les acteurs du milieu, les ordres professionnels,
le milieu de la santé et le milieu universitaire, se sont rencontrés pour
une rencontre historique justement pour
faciliter la reconnaissance des diplômes de ceux et celles qui sont formés à
l'étranger.
Donc, vous voyez, Mme la Présidente, nous
travaillons en parallèle. Ces deux dossiers sont distincts, mais nous y voyons parce que, oui, nous devons assurer
de pouvoir compter sur toutes les compétences. Ici, au Québec, nous avons besoin de main-d'oeuvre qualifiée et nous
faisons tout en notre mesure pour mieux accueillir et assurer que ceux et
celles qui arrivent au Québec puissent participer à la vie économique.
Ceci dit, le
projet de loi n° 62 est un projet de loi qui est respectueux. Il ne
discrimine pas, il n'empêche aucunement, contrairement à certains amendements, à des gens de travailler au sein
de la fonction publique, de travailler au sein des organismes gouvernementaux tout en pouvant
manifester leurs croyances parce que c'est ça, la neutralité religieuse de
l'État. C'est la neutralité de l'État, de ses institutions, mais le respect
aussi des individus qui, eux, individuellement, ne sont pas neutres et à
qui on doit reconnaître le droit à la liberté de croyance et à la liberté de
non-croyance.
La liberté de
religion, parfois, elle s'extériorise et elle s'accompagne d'une
extériorisation que l'on ne retrouve pas nécessairement chez ceux et
celles qui sont non croyants. Assurons que tous et toutes soient sur un même
pied d'égalité. Mme la Présidente, le projet de loi n° 62 le permet et permet de mettre en place des
règles du vivre-ensemble qui, je l'espère et j'en suis persuadée, sauront
aider et améliorer nos relations ici, au Québec, et mettons de côté les
débats qui ont malheureusement stigmatisé trop de femmes et d'hommes au
cours des dernières années.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie, Mme
la ministre de la Justice. Alors, ceci met fin à ce débat.
Alors, est-ce que le projet de loi n° 62,
Loi favorisant le respect de la neutralité religieuse de l'État et visant notamment à encadrer les demandes d'accommodements
pour un motif religieux dans certains organismes... est-il adopté? Mme
la leader adjointe du gouvernement.
Mme Vien :
Alors, en respect de notre règlement, Mme la Présidente, je vous demanderais un
vote nominal et, conformément à
l'article 223 de notre règlement, de le reporter à demain, lors de la période
des affaires courantes, donc demain, 18 octobre 2017, s'il vous plaît.
Vote
reporté
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, c'est très bien. Il y
aura la tenue d'un vote par appel nominal demain, tout de suite après
les affaires courantes.
Alors, pour la suite des choses, Mme la leader
adjointe du gouvernement.
Mme Vien :
Je crois savoir, Mme la Présidente, qu'il y a des débats de fin de séance à 18
heures. Alors, suspendons nos travaux jusqu'à 18 heures.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, c'est très bien. Je suspends nos travaux
jusqu'à 18 heures.
(Suspension de la séance à 16 h 57)
(Reprise à 18 h 3)
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, tel qu'annoncé précédemment, nous allons maintenant
procéder aux deux débats de fin de séance.
Débats de fin de séance
Consultation sur la
discrimination systémique et le racisme
Et le premier
débat, qui se fera entre Mme la députée d'Hochelaga-Maisonneuve et Mme la
ministre de la Justice, concerne la consultation sur la discrimination
systémique et le racisme.
Je vous
rappelle que, conformément à l'article 310 du règlement, le député qui a
soulevé le débat et le ministre qui lui répond ont chacun un temps de
parole de cinq minutes, et le député a droit, par la suite, à une réplique de deux minutes. Alors, Mme la députée
d'Hochelaga-Maisonneuve, je vous cède la parole pour une période de cinq
minutes.
Mme Carole Poirier
Mme Poirier : Merci, Mme la
Présidente. Alors, ce soir, au débat que nous avons avec... Je vois que c'est
la ministre de la Justice qui représente le
gouvernement. Nous aurions souhaité avoir le nouveau ministre de l'Immigration
puisque ce débat était adressé, suite à la
question que j'ai posée à la période de questions, au ministre de l'Immigration
nouvellement nommé par le gouvernement, mais je suis bien heureuse de voir que
la ministre de la Justice est là. L'organisme
duquel on parle est la commission des droits de la personne et de la jeunesse,
qui relève de la ministre qui... la ministre est... dont elle est
titulaire responsable. Mais mon plaidoyer, vous comprenez, Mme la Présidente,
est sur le lien que la Commission des droits
de la personne... suite au mandat donné, par l'ex-ministre de l'Immigration et
de la Diversité, à la commission de tenir une consultation sur la
discrimination systémique et le racisme.
Alors,
puisque c'est un mandat donné par, maintenant, le ministre de l'Immigration,
j'aurais souhaité avoir un échange
avec lui et comprendre l'orientation qu'il veut donner, puisque le ministre,
dès sa nomination, Mme la Présidente, nous
a dit, dans sa façon de nous le dire, parce qu'on connaît sa façon
d'être, alors il nous a dit que la consultation devra être digne, sobre et respectueuse. Alors, comment
vous voulez que cette consultation soit digne des Québécois, sobre après
un dépassement de coûts, et respectueuse quand c'est le procès des Québécois?
Alors, moi, j'aurais aimé que le ministre puisse
nous expliquer comment il pouvait s'exprimer de telle sorte quelques minutes après sa nomination, mais surtout
en sachant... et aujourd'hui éclate encore plus le scandale... c'est que la Commission des droits de la personne, qui a été
mandatée par le gouvernement de tenir les consultations, eh bien, on voit qu'actuellement cette commission-là, ça ne
fonctionne plus, Mme la Présidente. La commission est dysfonctionnelle.
Dysfonctionnelle,
pourquoi? Bien, dans un premier temps, depuis la nomination de la nouvelle
présidente, il y a des départs en
congé de maladie, des gens qui font des burn-out. Et là, comble de tout ce qui
pouvait arriver, ce qu'on ne voit
jamais, Mme la Présidente, des commissaires nommés par l'Assemblée nationale
qui vont s'exprimer dans les médias
pour dénoncer l'attitude de la présidente et tout particulièrement le manque de... excusez-moi, de... je vais le
dire, le manque de travail d'équipe à l'intérieur de la commission. Parce
que vous savez que le groupe des
commissaires, avec la présidente, avait l'habitude de se réunir et
d'organiser les travaux ensemble. Depuis la nomination de la nouvelle
présidente, absence de rencontres, il n'y a plus de coordination — le
voilà, le mot que je cherchais — il n'y a plus de coordination des
travaux.
Alors, Mme la Présidente, vous comprenez bien qu'on ne peut pas accepter que la Commission
des droits de la personne puisse
continuer d'avoir un mandat sur la discrimination systémique
et le racisme, puisque cette commission n'est pas fonctionnelle.
En plus de
cette dynamique des commissaires qui remettent en question la présidente en
tant que telle et surtout ses
compétences et son leadership à l'intérieur de la boîte... parce
qu'actuellement il y a la moitié des commissaires qui ne sont plus là, et l'autre moitié des commissaires
qui sont encore là sont insatisfaits, alors que ça ne va vraiment pas bien,
eh bien, imaginez qu'il y a un groupe de... il y a 13 organismes de femmes
qui ont déposé une demande cet été que la commission
puisse se pencher sur le harcèlement sexuel. Et je le sais, Mme la Présidente,
c'est un sujet qui vous préoccupe, et je suis persuadée que la ministre de la Justice,
qui a été ministre de la Condition féminine aussi, ça la préoccupe. Alors,
comment on peut accepter que ce mandat, demandé justement par les groupes de
femmes, sur le harcèlement sexuel, aujourd'hui
en plus, où on voit cette campagne de #moiaussi émerger encore une fois...
Comme à toutes les années, on voit ces campagnes qui sortent dans les
médias par des femmes qui se disent victimes de harcèlement, de violences sexuelles, eh bien que la commission n'ait même
pas, n'ait même pas envoyé un accusé de réception à ces groupes de femmes pour entendre et avoir un avis sur
l'importance de ce sujet dans notre société parce que la commission est trop
occupée à, justement, faire en sorte de
s'occuper du racisme systémique... Alors, ce que je demande, ce que je demande
à la ministre, c'est de demander à la
présidente de se retirer de ses fonctions de façon temporaire. Merci, Mme la
Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie, Mme
la députée d'Hochelaga-Maisonneuve. Maintenant,
je vais céder la parole à Mme la ministre de la Justice. Et je vous précise que
vous disposez, vous aussi, d'un temps de parole de cinq minutes.
Mme Stéphanie Vallée
Mme Vallée :
Merci, Mme la Présidente. Alors, il me fait plaisir d'être ici ce soir pour
donner suite à l'interpellation de ma collègue dans le cadre de ce débat
de fin de séance. Vous savez, ce matin, on a tous, je crois, été interpelés par
l'article Des commissaires lancent un
appel à l'aide, un article tiré de La Presse. Et, suite à cet article, il a été convenu
qu'une personne, un expert neutre, indépendant serait nommé pour effectuer un
diagnostic organisationnel, donc un diagnostic
de l'organisation, parce
que je crois qu'il faut faire preuve
de prudence avant de cibler des responsables précis, dans une situation
telle que celle qui nous a été présentée dans les médias ce matin. Donc, il est
important de faire un diagnostic de la situation
au sein de la commission des droits de la personne et de la jeunesse, qui
est une entité indépendante, une
entité qui a un mandat extrêmement important, qui a le mandat d'assurer le respect des droits
et libertés garantis par nos chartes
ici, au Québec, et dans les interactions entre les citoyens.
Donc, je considère que cette institution, qui est la commission des droits de la personne et de la jeunesse, qui
a été, au fil des ans, malmenée par certaines personnes qui peut-être
questionnent parfois ses interventions — je
n'en suis pas — je
considère que, même si parfois la commission
des droits de la personne et de la jeunesse pose un regard critique, il en est
de son devoir de poser un devoir critique.
• (18 h 10) •
Ceci étant,
Mme la Présidente, de retenir la proposition qui est formulée par notre
collègue, qui a été également formulée
par notre collègue de Montarville lors de la période de questions cet
après-midi, c'est prématuré parce qu'actuellement
nous ne savons pas. Nous avons des bribes d'information, à savoir que certains
membres de l'organigramme, certains membres de la structure
administrative sont en congé, congé de maladie. Toutes sortes de rumeurs
semblent circuler. Allons voir de près ce
qu'il en est, tentons de comprendre et surtout de rectifier la situation pour
permettre le plus rapidement possible à cette organisation, à cet organisme de
pouvoir mener à bien le mandat qui est le sien, et c'est à ça que nous
nous affairons.
Soyez assurée, Mme la Présidente, que d'aucune
façon on ne banalise l'information qui a été portée à notre attention, mais on ne voudrait pas, d'une part,
faire le procès de la présidente sur la place publique. C'est un organisme
indépendant, et laissons le soin à l'expert
d'établir les raisons des problématiques qui sont portées à notre connaissance,
d'expliquer dans quel contexte tout ça
s'inscrit, et que pouvons-nous faire pour redresser la situation le plus
rapidement possible.
Maintenant, en parallèle de tout ça, Mme la Présidente, mon collègue a eu l'occasion de le mentionner, il y a des
discussions qui doivent alors lieu, qui peuvent avoir lieu au Québec. Je pense
qu'on a eu l'occasion, au fil des ans, d'avoir
de grandes discussions de société qui ont permis au Québec d'avancer. Je connais
notre collègue d'Hochelaga. Je sais
qu'elle a à coeur l'intégration des immigrants, des immigrantes. Je sais
qu'elle a à coeur leur pleine participation à la société du Québec. C'est une préoccupation que nous
partageons, et il est important d'avoir une discussion saine, sereine. Et c'est à quoi mon collègue ministre
responsable de l'Immigration, de la Diversité et de l'Inclusion s'affaire et il
va continuer de s'affairer au cours des prochains jours, au cours des
prochaines heures.
Mais je tiens
à rassurer ma collègue, nous avons eu un échange fort intéressant jeudi dernier, dans le cadre des grandes rencontres, parallèle, mais c'est l'intégration et la reconnaissance des diplômes de ceux et celles qui sont formés à l'étranger. C'est une première. C'est la première
fois que les ordres professionnels, les maisons d'enseignement, le milieu de la santé et les
représentants des ministères se regroupaient pour trouver des façons de mieux
faire les choses. Moi, je pense que nous progressons et continuons de
progresser ensemble.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la ministre
de la Justice. Maintenant,
pour votre réplique, Mme la députée d'Hochelaga-Maisonneuve, vous
disposez d'un temps de parole de deux minutes.
Mme Carole Poirier
(réplique)
Mme
Poirier : Merci, Mme la Présidente. Alors, bien, j'aime bien ce que j'entends de la ministre de la Justice qui reconnaît que
c'est par l'intégration des personnes immigrantes qu'on va réussir à faire en
sorte qu'on forme une société tous ensemble, une société québécoise qui se reconnaisse entre les personnes
et qui forme vraiment une société
d'avenir. Mais cependant, quatre consultations dans les 10 dernières années, Mme
la Présidente, on n'en a pas besoin d'une
quatrième. On n'en a pas besoin. On a les moyens. La ministre
vient de le dire, la rencontre qu'il y a eu vendredi dernier, c'est une rencontre importante.
C'est une rencontre qui... on est dans l'action. Ce qu'on demande depuis le
mois de
février... On a déposé 20 propositions au gouvernement, 20 propositions que le gouvernement a l'air à rejeter du côté de la
main. Ce qu'il a fait, la réunion de vendredi, c'est une des propositions qu'on faisait en tant que tel. Alors, le gouvernement peut bien dire que tout va bien sous le soleil, mais
ce n'est pas vrai, Mme la Présidente.
Je vous rappellerais que, depuis le mois d'août, il y a
un climat... il y a vraiment des problèmes à la Commission des droits de la
personne. Il y a 15 postes de direction; il y en a
huit qui sont actuellement avec des chaises vides; il y a
trois autres personnes qui sont encore en détresse psychologique dans
les dernières semaines.
Alors, la Protectrice du citoyen s'intéresse au dossier, est en train d'étudier
une plainte. La ministre a nommé un vérificateur externe. Il semble que la moindre des choses, Mme la
Présidente, c'est que la présidente se retire de ses fonctions durant ces enquêtes et que l'on mette en suspens
la commission sur la discrimination systémique et le racisme puisqu'il n'y a plus personne à bord de la commission pour
justement faire en sorte d'assurer une commission qui aurait de l'équilibre.
Nous, on est
contre cette commission, on pense que c'est de l'action que ça prend. Et là
celle qui devrait diriger cette
commission-là, on voit bien, elle n'est pas en mesure de diriger dans un
climat, comme l'a dit le ministre, sobre, digne et respectueux. Merci,
Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie, Mme la
députée d'Hochelaga-Maisonneuve.
Maintenant, M. le député de Bourget m'informe qu'il
retire sa demande de débat de fin de séance. Alors, en conséquence, Mme la ministre de la Justice, je vous cède la parole pour
que vous nous informiez de la suite de nos travaux.
Ajournement
Mme Vallée :
Alors, Mme la Présidente, je fais motion pour ajourner nos travaux au mercredi
18 octobre à 9 h 40.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Alors, est-ce que cette motion est adoptée?
Des voix : Adopté.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Adopté. Alors, en conséquence, j'ajourne nos travaux au mercredi
18 octobre à 9 h 40.
(Fin de la séance à 18 h 16)