(Neuf heures quarante minutes)
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Alors, bon jeudi à tous et toutes.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Vous pouvez
prendre place, puisque nous allons débuter notre séance avec la rubrique des
déclarations de députés. Et je me tourne vers M. le député de Côte-du-Sud.
Rendre hommage à M.
Raymond Drouin, récipiendaire de la
Médaille du lieutenant-gouverneur pour les aînés
M. Norbert Morin
M. Morin : Merci,
Mme la Présidente. Ce matin, je tiens
à féliciter M. Raymond Drouin, un grand bienfaiteur de la Côte-du-Sud,
qui s'est récemment vu décerner la Médaille du lieutenant-gouverneur pour les
aînés. Cet honneur lui a été attribué pour son dévouement inébranlable
envers la municipalité de Saint-Just-de-Bretenières.
Ne comptant
pas ses heures de bénévolat, cet administrateur engagé s'est illustré notamment
par l'organisation de plusieurs
événements communautaires de grande qualité au fil des années. Étant également
grandement impliqué dans le conseil
de la fabrique de sa municipalité, M. Drouin a veillé à la réalisation de
nombreux travaux dont l'église avait besoin.
De plus, il a participé à l'agrandissement du cimetière, le tout, en plus
d'assurer la collecte de dons rendant possibles ces remises à neuf. Il
est ainsi devenu un bénévole indispensable au sein de sa communauté.
M. Raymond, vous pouvez être fier de tout ce que
vous avez accompli. Mille, mille mercis!
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le député de
Côte-du-Sud. Et, pour la prochaine déclaration, je vais reconnaître M.
le député de Portneuf.
Féliciter M. Dave
Welsh, fondateur
de l'entreprise Défi-Évasion inc.
M. Michel Matte
M. Matte : Merci, Mme la Présidente.
Je tiens aujourd'hui à souligner l'entrepreneurship d'un jeune homme originaire
de Saint-Marc-des-Carrières, Dave Welsh, qui a fait découvrir aux Québécois un
tout nouveau concept de divertissement :
Défi-Évasion. En février dernier, il a été retenu finaliste dans le cadre du
concours de la bourse Jeune Entreprise
organisé par la Jeune Chambre de commerce de Québec. Depuis ses récents débuts,
cette entreprise a accueilli plus de 45 000 personnes dans une
aire de jeu de 3 500 pieds carrés. Vu leur popularité croissante,
M. Welsh a tout récemment investi dans
un tout nouveau décor. Un projet est aussi en cours de développement afin
d'offrir leurs services en collaboration avec certains festivals
reconnus.
Je tenais donc aujourd'hui à souligner et à
encourager la relève et l'innovation. Bonne chance, M. Welsh!
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie, M. le
député de Portneuf. Et, pour la prochaine déclaration, je cède la parole
à M. le député de Jonquière.
Souligner la victoire de l'équipe de hockey Les
Marquis
de Jonquière à la coupe Vertdure
M. Sylvain Gaudreault
M. Gaudreault :
Oui. Merci, Mme la Présidente. Permettez-moi de souligner la victoire
retentissante des Marquis de
Jonquière, qui ont décroché la coupe Vertdure de la Ligue nord-américaine de
hockey pour la troisième fois de leur histoire.
Après avoir
remporté 30 de leurs 40 rencontres en saison régulière, l'équipe
jonquiéroise a triomphé en série finale en remportant quatre matchs à zéro
face à l'Assurancia de Thetford Mines. C'est certainement l'esprit d'équipe qui
anime les joueurs des Marquis, de même que
le support indéfectible des partisans de Jonquière qui leur a permis de se
maintenir au sommet de la ligue tout au long
de la saison régulière et des séries. Je tiens également à souligner le travail
de l'entraîneur-chef de l'équipe, Richard
Martel, qui ajoute ce championnat à ses nombreux autres succès dans le monde
du hockey.
Bravo à tous
les membres de l'équipe, qui se sont démarqués par leurs efforts et leur
détermination lors de cette véritable
saison de rêve! Vous êtes des modèles pour plusieurs de nos jeunes et
d'excellents ambassadeurs de l'activité physique. Les citoyens et
citoyennes de Jonquière sont fiers de vous. Bravo aux Marquis de Jonquière!
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci, M. le député de
Jonquière. Et, pour nous présenter sa déclaration d'aujourd'hui, je cède
la parole à M. le député de Borduas.
Souligner le succès du
Défi 5 km en couleurs de l'organisme
Prévention des dépendances L'Arc-en-Ciel
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : Merci, Mme la Présidente. Permettez-moi tout
d'abord de vous présenter L'Arc-en-Ciel, un organisme de La Vallée-du-Richelieu qui s'est donné comme mission
d'oeuvrer à la prévention des dépendances et de faire la promotion des
saines habitudes de vie. Par le biais d'activités dans les écoles et de
conférences pour les adultes, L'Arc-en-Ciel
sensibilise la population à l'alcoolisme, à la toxicomanie et à la
cyberdépendance. L'Arc-en-Ciel encourage du même coup les citoyens à faire de bon choix, à avoir de bonnes
habitudes alimentaires et à faire de l'activité physique.
Mme la Présidente, la fin de semaine dernière,
l'équipe de L'Arc-en-Ciel organisait la deuxième édition du Défi 5 km en couleurs, une course familiale à
caractère familial. En à peine deux ans, M. Frédérick Fortier et son
équipe ont réussi à mettre sur pied
un événement auquel près de 3 000 personnes ont participé. Je tiens
aujourd'hui à les féliciter car, en plus d'accomplir un travail
remarquable, je suis convaincu que le Défi 5 km en couleurs de
L'Arc-en-Ciel deviendra année après année un rassemblement incontournable pour
tous les gens de La Vallée-du-Richelieu.
Donc, Mme la
Présidente, vous me permettrez de dire un gros bravo à Frédérick, aux bénévoles
ainsi qu'à tous les participants de la course.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie, M. le
député de Borduas.
Maintenant, je cède la parole à M. le député de Marguerite-Bourgeoys
pour sa déclaration. Merci.
Rendre hommage à Mme
Annette Blanchard et à M. Edmond Blanchard
pour leur engagement bénévole dans l'organisme Vélo Plaisir 2010
M. Robert Poëti
M. Poëti : Merci,
Mme la Présidente. C'est avec une
grande fierté que j'aimerais souligner l'apport exemplaire de deux bénévoles, Mme Annette Blanchard et M.
Edmond Blanchard, qui font partie de Vélo Plaisir, un organisme sans but lucratif de ma circonscription.
J'aimerais porter à votre attention que cet
organisme fête ses 25 ans, 25e année d'anniversaire, et que M. et Mme Blanchard en sont membres depuis le début de
leur création. Ils ont contribué, par leur implication, à la réalisation de la mission, qui est d'inculquer
aux jeunes les bons comportements à avoir à vélo en milieu urbain. Le souci de
la prévention routière reste et demeurera toujours une priorité essentielle
pour la sécurité de nos jeunes.
Joyeux
25e anniversaire à Vélo Plaisir et félicitations à des bénévoles émérites
et impliqués dans mon comté! Merci,
Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci, M. le député de Marguerite-Bourgeoys. Je cède maintenant
la parole à M. le député de Bourget.
Souligner le 30e
anniversaire du parc de la Promenade-Bellerive
M. Maka Kotto
M. Kotto : Mme la
Présidente, il y a
de cela 30 années aujourd'hui, un comité formé de citoyens
et d'organismes de Bourget,
à l'heureuse initiative de M. Yoland Bergeron, que je salue amicalement,
a réussi à développer l'extraordinaire
potentiel récréatif et touristique du parc de la Promenade-Bellerive. En
bordure du grand fleuve Saint-Laurent, ce magnifique
parc urbain est un exceptionnel havre de verdure sous la gouverne de la Société
d'animation de la Promenade Bellerive
et de sa dynamique équipe sous la direction de Mme Carole Castonguay. En cette
année du 375e anniversaire de Montréal, le parc de la
Promenade-Bellerive sera aussi le théâtre d'activités à caractère historique.
Je tiens à
saluer celles et ceux qui ont doté la circonscription de Bourget de ce véritable joyau. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci, M. le député de Bourget. Maintenant, nous sommes toujours à la rubrique des déclarations de députés, et je cède la
parole à M. le député de Chambly.
Rendre hommage à M. Eugène
Jankowski, sculpteur sur pierre
M. Jean-François
Roberge
M.
Roberge : Merci, Mme la Présidente. Le 24 juin prochain sera une journée bien
spéciale évidemment pour l'ensemble des Québécois, qui célébreront leur fête nationale,
mais ce sera aussi une journée particulière pour M. Eugène Jankowski, de Saint-Basile-le-Grand. À
cette date se déroulera le gala de remise des prix de la Société académique des arts, sciences et lettres de Paris.
Pour l'occasion, M. Jankowski se verra décerner par la société
le prestigieux diplôme de Médaille d'étain en guise de reconnaissance
pour l'ensemble de son oeuvre.
Sculpteur sur pierre
de talent, M. Jankowski avait déjà reçu le prix Stanké dans le cadre de
l'événement la Rencontre des arts en 2012.
Cet artiste reconnu est notamment le fondateur de l'Association des sculpteurs sur
pierre de Montérégie ainsi que le cofondateur de l'Académie
Stanley-Lewis, à Montréal.
En
terminant, Mme la Présidente, permettez-moi d'adresser encore une fois toutes mes félicitations à M. Jankowski pour sa distinction
méritée, mais aussi mes plus sincères remerciements pour faire rayonner
Saint-Basile-le-Grand au Québec et à travers le monde.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le député de Chambly. Maintenant,
Mme la députée d'Outremont, à votre tour de faire votre déclaration.
Souligner le 40e anniversaire du Centre communautaire
de loisir de la Côte-des-Neiges
Mme Hélène David
Mme
David : Merci, Mme la Présidente. Je souhaite féliciter aujourd'hui le Centre communautaire de loisir de la
Côte-des-Neiges à l'occasion de son 40e anniversaire. Au cours des quatre
dernières décennies, le centre communautaire a toujours offert aux résidents de la Côte-des-Neiges un milieu de vie
rassembleur, harmonieux et participatif. Grâce à son équipe dévouée, le centre offre aux citoyens un
lieu d'épanouissement et de développement, et ce, par le loisir, l'éducation
et l'action communautaire. Le centre est
reconnu dans la communauté pour son offre de service de qualité dans le respect
et l'ouverture. Il s'agit d'un acteur essentiel bien implanté dans le comté.
C'est
donc avec joie que je tiens aujourd'hui à féliciter toute l'équipe de
bénévoles, les employés, la directrice, Mme Denise Beaulieu, la présidente, Mme Josée Bélanger, ainsi que tous
les membres du conseil d'administration pour les 40 ans du Centre communautaire de loisir de la Côte-des-Neiges. Je
vous souhaite une année remplie de célébrations.
• (9 h 50) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la députée
d'Outremont. Maintenant, pour clore cette rubrique de déclarations de
députés, je cède la parole à M. le député de Jacques-Cartier.
Souligner le 40e anniversaire de l'organisme
communautaire Chez Doris
M. Geoffrey Kelley
M.
Kelley : Merci, Mme la Présidente. À mon tour. Cette année,
l'organisme communautaire Chez Doris fête ses 40 ans au service des femmes vulnérables à Montréal. Situé au
centre-ville, cet organisme offre un grand éventail de services pour les femmes dans le besoin. Les
femmes ont accès à des conseils juridiques, à des travailleurs sociaux, à de
l'assistance pour trouver un logement, et la
cuisine offre des repas chauds à tous les jours. On note aussi que 25 % de
la clientèle Chez Doris est autochtone, notamment Inuite.
Récemment,
l'organisme a rendu hommage à soeur Elisabeth Coulombe et à la travailleuse
sociale Sheila Baker, tous les deux cofondatrices
du centre dans les années 70. L'ouverture du refuge de jour a été inspirée
par le témoignage d'une femme, Doris, qui tentait sans succès de
survivre dans les rues à Montréal.
Thank you to the executive director,
Marina Boulos-Winton, to the president, Talar Dikijian, to the employees, to the volunteers and as well
the Makivik Corporation, which has a grant to hire a social worker there. All the best for your future endeavours.
Merci beaucoup, Mme
la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Merci, M. le député de Jacques-Cartier.
Alors, ceci met fin à
la rubrique des déclarations de députés. Et je suspends nos travaux quelques
instants.
(Suspension de la séance à
9 h 51)
(Reprise à 10 h 1)
Le Président :
Mesdames messieurs, nous allons nous recueillir quelques instants.
Merci. Veuillez vous
asseoir.
Nous poursuivons les
affaires courantes aujourd'hui.
Il n'y a pas de
déclarations ministérielles.
Présentation
de projets de loi
À la rubrique Présentation de projets de loi, M.
le leader de l'opposition officielle.
M.
Bérubé : M. le Président, veuillez appeler l'article a
de notre feuilleton, s'il vous plaît.
Projet
de loi n° 894
Le
Président : Et ça va me faire plaisir de le faire. Alors, M. le
leader de l'opposition officielle, à l'article a du feuilleton, M. le député de Saint-Jean présente le
projet de loi n° 894, Loi modifiant la Loi sur le drapeau et les emblèmes
du Québec afin que le papillon amiral soit reconnu comme insecte emblématique
du Québec. M. le député.
M.
Dave Turcotte
M.
Turcotte : Merci, M. le Président. Vous me permettrez de saluer les représentants
de la Société d'entomologie du Québec qui sont avec nous aujourd'hui pour le
dépôt du projet de loi n° 894, Loi modifiant la Loi sur le drapeau et les emblèmes du Québec afin que le papillon amiral
soit reconnu comme insecte emblématique du Québec. Et, d'ailleurs, le
voici pour la culture de tous.
Ce
projet de loi a pour objet d'établir un insecte emblématique du Québec pour
permettre la promotion des insectes, la
valorisation du patrimoine entomologique, la sensibilisation à l'importance de
la conservation des habitats fauniques pour
la sauvegarde de la biodiversité et du patrimoine entomologique ainsi que la
reconnaissance du rôle essentiel des insectes dans les écosystèmes.
Pour ce faire, ce
projet de loi modifie la Loi sur le drapeau et les emblèmes du Québec afin de
prévoir que le papillon amiral est insecte
emblématique du Québec dans le cadre de l'année où le thème de la fête
nationale porte sur les emblèmes du Québec, M. le Président.
Mise
aux voix
Le
Président : Est-ce que l'Assemblée
accepte d'être saisie de ce projet de
loi? Bien sûr. Alors, c'est donc adopté. Et je suis tout à fait d'accord
avec vous, c'est un très beau spécimen, le papillon amiral. C'est pas mal mieux
pour les amateurs de pêche aussi. En tout cas, c'est mieux que les mouches
noires, c'est mieux que...
Alors, présentation
de projets de loi. M. le leader du deuxième groupe d'opposition.
M.
Caire :
Merci, M. le Président. Pourriez-vous appeler l'article b, s'il vous
plaît?
Projet
de loi n° 898
Le
Président : Je peux
faire ça aussi, appeler l'article b. Alors, à l'article b du
feuilleton, M. le député de Chambly
présente le projet de loi n° 898, Loi modifiant la Loi sur l'instruction publique
pour permettre aux parents d'inscrire leur enfant dans l'école de leur
choix. M. le député de Chambly.
M.
Jean-François Roberge
M.
Roberge : Merci, M. le Président. Ce projet de loi modifie la Loi sur l'instruction publique pour permettre aux parents ou à l'élève majeur de choisir l'école
qui répond le mieux à leur préférence sans être assujettis aux limites
territoriales d'une commission scolaire.
À
cette fin, le projet supprime la disposition qui prévoit que le droit des
parents ou de l'élève majeur de choisir une école est limité aux écoles situées sur le territoire de la
commission scolaire qui couvre le lieu de résidence de l'élève.
Également,
ce projet de loi prévoit que, dans le cas où le nombre de demandes
d'inscription dans une école excède la
capacité d'accueil de l'école, les critères d'inscription déterminés par la
commission scolaire doivent donner la priorité aux élèves dont le lieu de résidence est le plus rapproché des locaux de
l'école et à ceux dont une soeur ou un frère fréquente cette école.
Enfin,
ce projet de loi modifie d'autres dispositions de la Loi sur l'instruction
publique afin de préciser que, pour la
dispense des services de l'éducation préscolaire et des services d'enseignement
primaire et secondaire, une personne peut relever de la compétence
d'une commission scolaire sans résider sur son territoire si elle bénéficie de
ses services éducatifs.
Mise
aux voix
Le Président :
Est-ce que l'Assemblée accepte d'être saisie de ce projet de loi? Alors, c'est
adopté.
Dépôt
de documents
À la rubrique Dépôt
de documents, M. le ministre des Finances.
Rapport
annuel de l'Autorité des marchés
financiers sur les institutions financières
M.
Leitão : Merci, M. le Président. Alors, je dépose le rapport annuel
sur les institutions financières pour l'année 2016 de l'Autorité des
marchés financiers.
Le Président :
Alors, ce document est déposé. Aujourd'hui, M. le leader du gouvernement, vous
n'êtes pas en congé, vous avez donc un document à déposer.
Réponse
à une pétition
M.
Fournier : Oui, je vais faire ma contribution, M. le Président. Je
dépose la réponse du gouvernement à la pétition présentée par le député
de Lévis le 11 mai 2017. Voilà, c'est fait.
Décisions
du Bureau de l'Assemblée nationale
Le
Président : Alors, ce
document est déposé. Et, pour ma part, je dépose six décisions du Bureau de
l'Assemblée nationale.
Dépôt
de rapports de commissions
À
la rubrique Dépôt de rapports de commissions, Mme la présidente de la
Commission de la culture et de l'éducation et députée de Jeanne-Mance.
Mme
Rotiroti :
Viger. C'est Jeanne-Mance—Viger,
M. le Président.
Le Président :
Vous avez raison.
Auditions
et étude détaillée du projet de
loi n° 228 et du projet de loi
n° 229
Mme
Rotiroti :
Alors, je dépose le rapport de la Commission de la culture et de l'éducation,
qui a siégé le 14 juin 2017 afin d'entendre les intéressés et de procéder à l'étude
détaillée des projets de loi d'intérêt privé suivants :
le projet de loi n° 228, Loi concernant la copropriété Le 221
St-Sacrement, et le projet de loi n° 229, Loi concernant certaines aliénations relatives à l'édifice de la
Unity Building. La commission a adopté les textes de ces projets de loi sans
amendement.
Mise
aux voix des rapports
Le
Président : Alors, ces rapports sont-ils adoptés? Parce qu'il
s'agit de deux rapports, on a deux projets de loi. Adopté?
Des voix :
Adopté.
Le
Président : Adopté. Alors, M. le président de la Commission des
finances publiques et député de Montmorency.
Auditions
et étude détaillée du projet de loi n° 226
M. Bernier :
Merci, M. le Président. Je dépose le rapport de la Commission des finances
publiques, qui, le 14 juin 2017, a procédé à
l'audition des intéressés et à l'étude détaillée du projet de loi d'intérêt
privé n° 226, Loi concernant La Société des éleveurs de porcs du
Québec. La commission a adopté le texte du projet de loi avec un amendement.
Mise
aux voix du rapport
Le Président :
Alors, ce rapport est-il adopté? Adopté?
Des voix :
Adopté.
Dépôt
de pétitions
Le
Président : Adopté. Nous en sommes donc rendus... Ah! oui, nous
sommes au dépôt des pétitions, et, avant de céder la parole au premier député, je voudrais signaler le fait que
notre collègue de Rimouski, qui ne peut être avec nous aujourd'hui, demande de pouvoir reporter à demain
une pétition qu'il aurait déposée aujourd'hui. Et c'est la date limite
pour son dépôt aujourd'hui. On s'entend pour faire en sorte de lui permettre de
le déposer demain?
Des voix :
Consentement.
Le Président :
Alors, consentement. Alors, j'ai reçu une demande de M. le député de Côte-du-Sud
pour la présentation d'une pétition qui est non conforme. Est-ce que j'ai un
consentement pour le dépôt?
Des voix : Consentement.
Le
Président : M. le député de Côte-du-Sud.
Augmenter le contenu
local dans les projets d'infrastructures de transport
et réviser la décision de l'Agence métropolitaine de transport
relativement à l'achat de voitures de trains de banlieue
M. Morin :
Merci, M. le Président. Je tiens à saluer M. Mario Guignard, qui est le
président du syndicat de Bombardier à La Pocatière, ainsi que M. Sylvain Hudon,
maire de La Pocatière.
Je
dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée
par 974 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Attendu
que l'Agence métropolitaine de transport a octroyé un contrat à l'entreprise
chinoise CRRC pour l'achat de 24 voitures de trains de banlieue;
«Attendu
que ces voitures de trains de banlieue fabriquées presque entièrement à l'étranger seront payées à 100 % par nos taxes et nos
impôts;
«Attendu
que le requis de contenu canadien pour cet appel d'offres a été abaissé sans
explication de 25 % à 15 %;
«Attendu
que jamais une voiture de trains de banlieue roulant au Québec
n'a été construite avec si peu de contenu canadien et de retombées économiques;
«Attendu
que les exigences de contenu local soutiennent des milliers d'emplois
industriels au Canada et génèrent des
retombées économiques de plusieurs centaines de millions de dollars pour les
fournisseurs canadiens et québécois;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous,
soussignés, considérons que l'abaissement de requis de contenu canadien dans
nos projets d'infrastructures représente
un risque éminent pour notre industrie manufacturière. En soutien aux
travailleurs du Québec et du Canada, afin
de générer des retombées économiques pour nos communautés, nous demandons au
gouvernement du Québec de revoir dans l'immédiat cette décision de l'AMT
et d'exiger dans l'avenir plus de contenu local dans tous nos projets
d'infrastructures de transport.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition.
Le
Président : L'extrait de cette pétition est déposé. Et je suis
certain que le député de Côte-du-Sud apprécie tous ces applaudissements.
Dépôt
de documents
Et
je voudrais revenir sur un point. Le ministre des Ressources naturelles a un
dépôt de document à faire, et je voudrais lui permettre de faire son
dépôt. M. le ministre des Ressources naturelles.
Décret
concernant les orientations et les objectifs généraux que doit
poursuivre Transition énergétique Québec et les cibles
à atteindre en matière énergétique
M.
Arcand :
M. le Président, conformément à la loi sur la transition énergétique du Québec,
l'article 9, je dépose le décret qui
concerne les orientations, les objectifs généraux que doit poursuivre
Transition énergétique Québec et les cibles à atteindre en matière
énergétique.
• (10 h 10) •
Le Président :
Alors, ce rapport est déposé.
Dépôt de pétitions
Et
j'ai une demande de dépôt d'une pétition qui est non conforme. Est-ce que j'ai
un consentement pour permettre au député de Pontiac de déposer sa
pétition? Consentement. M. le député de Pontiac.
Augmenter le contenu
local dans les projets d'infrastructures de transport
et réviser la décision de l'Agence métropolitaine de transport
relativement à l'achat de voitures de trains de banlieue
M.
Fortin (Pontiac) : Merci, M. le Président. Je
dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée
par 508 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du
Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considering that [the] Agence
métropolitaine de transport awarded a contract to Chinese company CRRC for the purchase of 24 commuter railcars;
«Considering
that these commuter foreign-built railcars will be entirely paid with our
taxes;
«Considering that the required
Canadian content for this call for tender was reduced, without explanation,
from 25% to 15%;
«Considering
that no commuter railcar in service in Canada has ever been built with so
little Canadian content and local economic benefits;
«Considering that local
content requirements support thousands of industrial jobs in Canada and
generate hundreds of millions of dollars in economic
benefits for Canadian suppliers;
«Et
l'intervention réclamée se résume ainsi :
«We, undersigned, consider that the
reduction of Canadian content requirements in our infrastructure projects represents an imminent threat to
our manufacturing industry. In support of workers in Canada, in order to generate higher economic benefits for
communities, we demand that the Government of Québec immediately reconsider AMT's decision and call in the future for more local content in all of our
transportation infrastructure projects.»
Je
certifie que cet extrait est conforme à l'original de la pétition.
Le Président :
Alors...
Des voix :
...
Le
Président : S'il vous plaît! L'extrait de cette pétition est déposé. M. le député de Côte-du-Sud, votre collègue de Pontiac est dans le club avec vous ce matin
pour les députés applaudis.
Alors,
nous avons aussi une troisième demande de dépôt de pétition par M. le député de Saint-Jérôme, et qui a une pétition qui est non conforme. Est-ce que j'ai un consentement pour le dépôt de cette pétition? Consentement. M. le député de Saint-Jérôme, c'est à vous
la parole.
Mettre
en application les quatre mécanismes de prévention prévus
à la Loi sur la santé et la sécurité du travail pour les travailleurs
de tous les secteurs d'activité économique
M.
Bourcier : Alors, M. le Président, je dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par 1 347 pétitionnaires. Désignation : citoyens
et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Attendu
que la Loi sur la santé et la sécurité du travail a été adoptée en 1979, il y a
maintenant plus de 35 ans;
«Attendu
que des secteurs d'activité économique ont été répartis en six groupes aux
fins de l'application de la loi;
«Attendu
qu'actuellement seuls les groupes prioritaires I, II et une partie du III sont
soumis à l'application de l'ensemble de la loi, dont les articles les plus
efficaces pour assurer des milieux de travail sécuritaires;
«Attendu
que, pour les groupes non soumis à l'ensemble des dispositions de la loi, la
seule manière d'assurer des milieux de travail plus sécuritaires est de
négocier des clauses similaires à la loi dans les conventions collectives;
«Attendu que plus de
80 % des travailleuses et [des] travailleurs sont toujours exclus de la
pleine application de la loi;
«Attendu
que des milliers d'accidents, de lésions, de maladies et de décès sont déclarés
tous les ans dans l'ensemble des groupes prioritaires;
«Attendu que cette
situation est inacceptable dans notre société puisqu'une partie des
travailleuses et des travailleurs est discriminée sur la base du secteur
d'activité où elle oeuvre;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous,
soussignés, demandons que le gouvernement mette en application les quatre
mécanismes de prévention prévus à la
Loi sur la santé et la sécurité au travail — comité de santé-sécurité, représentant à la
prévention, programme de santé,
programme de prévention — et
ce, pour toutes les travailleuses et tous les travailleurs de l'ensemble des
secteurs d'activité économiques du Québec.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition.
Le Président :
Alors, l'extrait de cette pétition est déposé.
Il
n'y a pas de réponses orales aux
pétitions ni d'interventions portant sur une question de droit ou de privilège.
Questions
et réponses orales
Nous
en sommes donc à la période de questions
et de réponses orales. Je cède la
parole à Mme la députée de Chicoutimi.
Allègement
réglementaire pour les petites et moyennes entreprises
Mme
Mireille Jean
Mme
Jean : Merci, M. le Président. Les entreprises du secteur de la construction et
leurs fournisseurs, que nous avons
rencontrés lors de notre tournée Priorité PME, subissent des pertes annuelles
de près d'un milliard de dollars en raison
de trop longs délais de paiement. Pour des milliers de PME québécoises,
quand un donneur d'ouvrage paie en retard, ça a des graves conséquences : des frais d'intérêts,
des pertes de productivité et des pertes de rendement de capitaux. C'est
important. Même la commission Charbonneau recommandait l'adoption d'une norme
sur les délais de paiement.
Au
printemps 2016, le ministre des
Finances s'était engagé à ce sujet,
et je le cite : «Ce sont de nouvelles règles qu'il faut préparer.» Il a même ajouté : «L'échéancier pour cela,
c'est d'ici un an que nous allons le faire.»
Je demande à la vice-première
ministre, qui est aussi responsable des PME : Qu'attend-elle pour agir et
faire déposer, tel qu'attendu par nos entrepreneurs, le projet de loi sur le
paiement rapide?
Le
Président : M. le président du Conseil du trésor.
M.
Pierre Moreau
M.
Moreau : Alors, M. le Président, c'est une question que nous avons prise tellement au sérieux que nous
avons déposé un programme qui
s'appelle Passeport entreprises. C'est une politique qui prévoit 24
mesures. 21 de ces 24 mesures sont déjà
mises en oeuvre, et, de concert avec mon collègue le député de
Marguerite-Bourgeoys, qui a effectivement, lui aussi,
fait un travail extraordinaire auprès des petites et moyennes entreprises,
nous visons à mettre en place le marché qui fera en sorte qu'un plus grand nombre de petites entreprises
vont avoir accès au marché public, d'une part. Et un des éléments qui a
été souligné par mon collègue dans le rapport qui a été produit est précisément
des mesures qui visent à réduire le délai de
paiement pour les entreprises qui font affaire avec l'État.
Alors, c'est une situation qui fait partie de nos préoccupations quotidiennes, et, Mme la députée, vous pouvez
informer les gens qui sont à l'origine de cette question que c'est une
question que nous prenons très au sérieux.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député... Pas en complémentaire?
Une voix :
...
Le Président :
En complémentaire, M. le député de René-Lévesque.
M.
Martin Ouellet
M. Ouellet : Merci beaucoup, M. le Président. Toujours concernant nos PME,
le gouvernement a annoncé hier nous disait qu'il vise l'horizon 2017 pour sa mise en vigueur.
L'Association des restaurateurs le veulent rapidement, et c'est ce
qu'ils nous ont tous dit lors de notre rencontre Priorité PME.
Est-ce
que la vice-première ministre et la ministre
des PME s'engage à ce que le permis
d'alcool unique soit mis en vigueur d'ici l'automne?
Le Président :
M. le ministre de la Sécurité publique.
M.
Martin Coiteux
M.
Coiteux : M. le Président, le député de René-Lévesque sait que mon collègue le député
de Jean-Lesage a fait un exercice absolument remarquable
de consultation auprès de tous les membres de l'industrie, et, hier, justement,
il annonçait — et j'ai
participé avec lui à cette annonce — effectivement, que le gouvernement entendait
aller de l'avant avec un projet de
règlement, là, qui va être publié à la Gazette officielle du Québec avec
les délais normaux pour mettre en oeuvre le permis unique dès cet
automne.
Alors,
je tiens à saluer, encore une fois, l'exceptionnelle contribution de mon
collègue le député de Jean-Lesage.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Sanguinet.
M.
Alain Therrien
M.
Therrien :
Merci, M. le Président. Quand on parle de délais de paiement, de permis
d'alcool unique, du cafouillage triste,
bureaucratique, qui a mené à la fermeture de Oriens Technologies de Bécancour,
ou l'attitude agressive de Revenu Québec, il y a une personne qu'on
n'entend jamais, c'est la ministre déléguée aux PME et à l'Allègement
réglementaire, elle reste toujours muette.
Est-ce
que la ministre déléguée aux PME et à l'Allègement réglementaire peut nous
indiquer si son poste l'intéresse encore ou elle attend un remaniement
ministériel?
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît! Mme la ministre déléguée aux Petites entreprises.
Mme
Lise Thériault
Mme
Thériault : Merci, M. le Président, mais c'est responsable aussi de l'Allègement réglementaire, et je tiens à rappeler à mon
collègue ici qu'on parle d'un plan d'action gouvernemental où tous les ministères sont engagés. Et
mes collègues, puisqu'ils
travaillent en étroite collaboration avec moi, ont fourni les réponses pour leurs
ministères respectifs.
Mais,
M. le Président, ce que mon collègue oublie de mentionner, c'est que le
gouvernement du Québec a tellement bien
travaillé sur l'allègement réglementaire que la fédération canadienne des
entreprises indépendantes nous a décerné un Coupe-paperasse d'or
spécial, M. le Président, et que nous nous classons première province au Canada
pour avoir coupé dans la paperasse. Et, M. le Président, je pense que
c'est 303 millions d'économie pour nos PME...
• (10 h 20) •
Le Président :
En terminant.
Mme Thériault : C'est le
bilan de notre gouvernement, M. le Président.
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît! Principale, M. le député de Rousseau.
Réforme du secteur financier
M. Nicolas Marceau
M. Marceau : M. le Président, parce
que le ministre des Finances est incapable de livrer la marchandise, les
épargnants québécois sont mal protégés, et le développement de notre secteur
financier est freiné.
Alors que le FMI a déjà indiqué que
l'encadrement de Desjardins était déficient et alors que le fédéral salive à l'idée d'encadrer Desjardins à la place du
Québec, le ministre des Finances se tourne les pouces, M. le Président. Alors
que les épargnants du Québec ne sont
essentiellement jamais indemnisés lorsqu'ils sont victimes de fraude, le
ministre des Finances persiste et
continue à se tourner les pouces. M. le Président, alors qu'on parle de
l'emploi de dizaines de milliers de
planificateurs, de courtiers en assurance, en valeurs mobilières, le ministre a
développé une entorse aux pouces, M. le Président.
Alors, après
deux ans de promesses et de reports, qu'est-ce que le ministre des Finances va
nous sortir aujourd'hui comme raison
pour justifier son laxisme et le énième report de la réforme du secteur
financier qui est attendue par tout le monde?
Alors, peut-il nous dire pourquoi il est incapable de protéger correctement nos
épargnants et développer notre secteur financier?
Le Président : M. le ministre
des Finances.
M. Carlos J. Leitão
M. Leitão :
Bon, M. le Président, écoutez, tout d'abord, je veux rassurer tout le monde,
les épargnants québécois, les
investisseurs ne sont pas menacés. Les autorités réglementaires sont toujours
en activité, l'AMF existe toujours, donc il n'y a pas de péril dans la
demeure.
Par contre,
depuis 2014 et même un peu avant, nous savons tous qu'on a besoin de mettre à
jour, de moderniser notre
réglementation sur le système financier. Nous y travaillons depuis 2014. Comme
le collègue le sait très bien, ce n'est pas simple. Ce n'est pas un projet de loi qui soit si simple que ça, il
y a neuf lois qui ont besoin d'être modernisées et qui sont toutes
interconnectées. On pensait être capables de déposer le projet de loi cette
session. Ça ira à la session de l'automne,
j'espère. J'espère à ce moment-là, puisque le collègue a soulevé l'urgence de
le faire, et j'espère, à ce moment-là, qu'on
aura la coopération des deux partis d'opposition pour qu'une fois le projet de
loi bien réfléchi a été déposé qu'on puisse l'adopter rapidement.
Le Président : Alors,
première complémentaire, Mme la députée de Marie-Victorin.
Mme Catherine Fournier
Mme Fournier :
Même si nous connaissons les conséquences économiques et sociales d'un manque
de surveillance dans le domaine
financier, le ministre a déjà confié son souhait de voir disparaître
l'institution qui encadre les 32 000 conseillers
financiers dans son projet de loi. Puisqu'il ne le déposera pas, l'inquiétude
est l'incertitude sont encore plus grandes. Dois-je rappeler Norbourg,
9 200 épargnants ruinés; Mount Real,
1 600 investisseurs floués; Norshield, 1 900 investisseurs
floués?
Le ministre peut-il s'engager à ne pas
démanteler le système de protection des épargnants?
Le Président : M. le ministre
des Finances.
M. Carlos J. Leitão
M. Leitão :
Mais, M. le Président, bien sûr que ce qu'on fait, ce qu'on va faire avec notre
projet de loi quand il va être déposé
en septembre, c'est de renforcer, et de mettre à jour, et de moderniser notre
système de réglementation. En passant,
notre système de réglementation fonctionne toujours. Il a besoin d'être
modernisé, mais il fonctionne toujours. Et je veux, encore une fois, encore une fois, rappeler à tout le monde
que notre épargne et nos investissements ne sont pas en péril, le système
fonctionne. Il peut fonctionner mieux, et c'est pour ça qu'on va déposer ce
projet de loi très complexe, on va le faire à l'automne, et on va
l'améliorer. On ne va pas diluer la réglementation, on va améliorer la
réglementation en renforçant le rôle de l'AMF.
Le Président : Deuxième
complémentaire, Mme la députée de Marie-Victorin.
Mme Catherine Fournier
Mme Fournier :
Le 31 mai dernier, le ministre admettait ici même que, pour protéger les
victimes de fraude financière, il fallait
mettre en place des mesures législatives pour mieux administrer le fonds d'indemnisation. Il assurait que ces mesures viendraient dans les plus brefs
délais. Visiblement, le ministre a failli à ses responsabilités. Ça fait deux
ans, deux ans que les victimes de fraude financière sont également
victimes du laxisme du ministre.
Comment
peut-il se justifier aux Québécois floués qui n'ont pas pu être indemnisés en
raison de son inaction?
Le Président :
M. le ministre des Finances.
M.
Carlos J. Leitão
M. Leitão :
J'invite la collègue peut-être à réfléchir avec son collègue de Rousseau sur la
complexité de la réglementation des marchés financiers.
D'abord, la
réglementation, elle existe aujourd'hui. Elle peut être améliorée, et nous
allons l'améliorer en renforçant — et je répète, en renforçant — le rôle et les pouvoirs de notre régulateur
intégré qui est l'AMF. Donc, l'objectif de notre projet de loi, quand il sera déposé... On ne va pas commencer à
révéler ici les détails à la pièce, mais l'objectif, c'est de renforcer le rôle et l'efficacité de
l'AMF pour mieux protéger les épargnants québécois. Qui sont déjà bien protégés,
mais on veut mieux les protéger, et c'est
ça, l'objectif de notre projet de loi, qui sera déposé dans les plus brefs
délais, à la reprise de nos travaux en septembre.
Le Président :
Principale, M. le député de Labelle.
Passerelle
de l'échangeur Turcot
M.
Sylvain Pagé
M.
Pagé : Merci, M. le Président. La CRE de Montréal, Équiterre,
Vivre en ville, l'Ordre des architectes du Québec, Vélo Québec, Piétons
Québec, Association pour la santé publique, Sylvie Bernier pour un Québec en
santé, le maire Russell Copeman, nombreux
autres élus et partenaires unissent leurs voix afin de réclamer une fois de
plus le projet de la dalle-parc à l'échangeur Turcot, sans oublier que
le maire Denis Coderre a déjà donné son appui au projet.
Je
tiens, d'ailleurs, à souligner... et à vous remercier, M. le Président, pour le message que vous m'avez permis de livrer à titre de
député de Westmount—Saint-Louis,
à savoir — et
je vous cite — qu'il
est bien évident que tant cyclistes que piétons doivent avoir leur place dans
ce futur carrefour. Clairement, ce projet transcende les partis politiques, et
je vous informe que d'autres collègues du gouvernement m'ont confié la même
volonté en faveur de la dalle-parc.
Maintenant
que le projet fait l'unanimité, est-ce que le ministre des Transports et de
la Mobilité durable peut nous confirmer que le projet se réalisera
simultanément à la construction de l'échangeur Turcot?
Le Président :
M. le ministre des Transports.
M.
Laurent Lessard
M.
Lessard : Oui, M. le Président. Donc, j'ai eu l'occasion de répondre à maintes reprises concernant la
dalle-parc dans le projet qui avait
été lancé il y a quelques années pour la reconstruction de Turcot, qui
vise aussi la réduction de l'empreinte
carbone, donc, et un aménagement plus respectueux, donc, des communautés
pour lesquelles cet ouvrage est en place.
Lorsque les travaux
initiaux ont été lancés, nécessairement, la dalle-parc en faisait partie, de la
connexion nord-sud, dont ma collègue de NDG
me parle régulièrement. Lorsque le
projet a été annoncé, par la suite, donc, il a été évalué à 40 millions de
dollars. Donc, avec la ville de Montréal, ils ont décidé de compenser le fait
qu'ils ne pouvaient pas réaliser
cette infrastructure-là à ce coût-là, et d'aménager plutôt le boulevard Pullman
et d'autres, et de faire l'intégration de paysages le long de la côte
Saint-Jacques.
Donc,
nous sommes toujours
déterminés à réaliser la dalle-parc, mais sous un autre mode. Donc, les
solutions, ce n'est pas si ça va se
faire, c'est comment ça va se faire. Et j'ai rencontré la plupart de mes collègues
qui sont intéressés, dont NDG et Sainte-Marie—Saint-Jacques, donc, qui, donc, m'ont parlé... Ce n'est pas Sainte-Marie—Saint-Jacques, c'est Saint-Henri... donc,
pour cette connexion. Parce qu'il y a
une piste cyclable juste l'autre côté, du long de la rivière, donc la
plupart veulent...
Le Président :
En terminant.
M.
Lessard :
...aller là, veulent prendre les moyens. Il s'agit de se donner le meilleur...
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Labelle.
M.
Sylvain Pagé
M. Pagé :
M. le Président, la saga autour de ce projet, c'est que le gouvernement, en
2010, a présenté et vendu le projet
avec la dalle-parc, et que, par la suite, elle est disparue. Voilà pourquoi
François Cardinal, hier, dans la La Presse, titrait un titre que je ne peux même pas répéter
ici même, en Chambre. Le ministre a le pouvoir de corriger cette grave erreur, cette cicatrice au coeur de Montréal. Le
temps est venu de rassurer les citoyens, les élus, qui voient leur ville coupée
en deux.
Quand le ministre va-t-il annoncer le projet de
la dalle-parc?
Le Président : M. le ministre
des Transports.
M. Laurent Lessard
M.
Lessard :
Donc, c'est sûr qu'on n'attend pas les articles pour le faire, donc, pas plus
que les péquistes en ont mis quand...
Quand il y a eu la question de votre part, quand Mme Marois avait annoncé... la
première ministre Marois avait annoncé de l'argent additionnel, ils
n'avaient pas plus intégré la dalle-parc. L'ancien ministre des Transports du
côté du Parti québécois le sait. La seule affaire, c'est : cet objectif-là
de faire du transport actif dans un projet aussi important de transport en
général, d'infrastructure, de route, ça doit en faire partie. La seule façon
qu'il faut trouver maintenant, c'est comment
et à quel coût. À 40 millions, tout le monde se sont dit... Même j'ai
rencontré des représentants de Trainsparence la semaine passée lors de
la consultation publique sur le REM, ils ont dit : Non, non,
M. Lessard...
Le Président : En terminant.
M.
Lessard : ...on ne
cherche pas un projet à 40 millions, on veut passer du nord au sud...
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le député de Labelle.
M. Sylvain Pagé
M. Pagé :
M. le Président, dimanche, tous les partenaires... personne ne cherchait les
coupables, tout le monde cherchait des solutions. Vous savez, M. le
ministre, on ne peut pas déposer de politique de prévention, on ne peut pas
déposer de politique d'activité physique, on ne peut pas préparer une politique
de mobilité durable et penser à une infrastructure digne des années 50.
M. le
Président, je vous demande, s'il vous plaît, M. le ministre... et vous devez
donner votre engagement pour réaliser ce projet de la dalle-parc. Je
pense que c'est essentiel.
Le Président : M. le ministre
des Transports.
M. Laurent Lessard
M.
Lessard :
...comment on va le faire à un coût raisonnable. Ça fait partie même
pratiquement d'un legs du transport actif au nom d'un transport de
réaménagement urbain. Alors donc, toutes les initiatives des... Les groupes travaillent à comment l'aménager pendant que les
travaux... Donc là, les travaux sont en train de s'exécuter, mais l'ambition
de le faire, puis on peut presque dire...
c'est presque une oeuvre culturelle au nom... Donc, s'il y avait quelque chose
à dédier, c'est vraiment le
transport actif pour cette infrastructure-là, c'est l'engagement qu'on prend.
• (10 h 30) •
Le Président : Principale, M.
le chef du deuxième groupe d'opposition.
Exigences en matière de
contenu local dans les appels d'offres publics
M. François
Legault
M. Legault :
M. le Président, le ministère des Transports exige un contenu local de
20 % lorsqu'il lance des appels d'offres
sur des autobus financés par le gouvernement, mais, dans le projet de train de
la Caisse de dépôt, il n'y a aucune exigence de contenu local.
Je
rappelle qu'aux États-Unis, dans tous les transports... des projets de
transport collectif, il y a une exigence de 60 %. Je rappelle que, dans le projet de train à Ottawa
dernièrement, le gouvernement de l'Ontario a exigé 25 % de contenu local.
Pourquoi tous
les gouvernements font ça? Parce que ça amène des emplois manufacturiers qui
amènent des revenus additionnels aux gouvernements.
Donc, est-ce
que le ministre des Transports peut nous expliquer sans se fâcher, là, est-ce
qu'il peut nous expliquer pourquoi il exige du contenu local pour les
autobus mais pas pour les trains?
Le Président : Fâchez-vous
pas, là! Alors, M. le ministre des Transports, fâchez-vous pas, là. C'est à
vous la parole.
M. Laurent Lessard
M. Lessard :
Alors, M. le Président, donc, dans la question qui est posée, donc, mon
collègue reconnaît qu'il y a un contenu obligatoire de 20 % pour les
autobus, de 25 % pour les trains dans l'AMT. D'ailleurs, dans l'appel
d'offres... Puis là je tiens à le
rappeler, quand même. On est... tout le monde ici, il faut se le rappeler, il y
a eu un appel d'offres pour construire
une vingtaine de wagons, dans lequel le seul soumissionnaire a été Bombardier
avec le contenu, sauf qu'il n'était pas conforme.
Grande
déception, M. le Président. D'après moi, chez Bombardier, il doit y avoir
quelqu'un qui s'est regardé en disant :
Comment est-ce qu'on a réussi à ne pas être conformes pour une fois qu'il y a
un contenu aussi important? On est le seul soumissionnaire, on réussit à ne pas
être conforme. Ça, c'est très décevant, M. le Président. Et c'était le seul qui
a appliqué.
Donc,
dans peu de concurrence, on vient de se faire taxer, dans le rapport du
Vérificateur, que, quand il n'y a pas de concurrence, attention, il faut donc mettre en concurrence les
entreprises. Ils ont baissé le contenu canadien. Ils ont encore un contenu canadien à 15 %. Cette fois-là,
ils n'ont pas gagné le contrat. Donc, en général, c'est 25 %, puis c'est
20 % pour les autobus. Puis, en particulier lorsqu'il n'y a pas de
concurrence, ils ont réduit le contenu...
Le Président :
En terminant.
M. Lessard :
... et là ils n'ont pas gagné le contrat. C'est très décevant, M. le Président.
Le Président :
Première complémentaire, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M. François Legault
M. Legault :
Avez-vous entendu une réponse? M. le Président, dans le contrat du REM,
0 % qui est exigé de contenu local.
Pourquoi
le ministre des Transports exige 20 % dans le cas des autobus, 15 %
dans le cas de l'AMT, mais 0 % dans le contrat du REM? Pourquoi?
Est-ce qu'il peut nous expliquer?
Le Président :
M. le ministre des Transports.
M. Laurent Lessard
M. Lessard :
Donc, on respecte des accords internationaux aussi. On dit : Quand on
contrôle les programmes, c'est des
programmes. On finance du transport collectif dans... pour les autobus, pour
les wagons, la prochaine ligne bleue, hein, mes collègues... la
prochaine ligne bleue, il y aura le contenu canadien à 25 %.
Quand on a créé la
Caisse de dépôt Infra, est-ce qu'ils ont soumis une modification pour permettre
d'avoir le contenu canadien? Non. Quand la
Caisse de dépôt Infra a été construite, c'est de ne pas mettre les mains
dedans. On aurait souhaité que la
caisse exige, selon les règles internationales, donc, des contenus. Ils ne
l'ont pas fait. Puis, si on avait exigé de ce contenu-là, en fait, ça
aurait contaminé ce que la caisse...
Le Président :
En terminant.
M. Lessard :
...est en train de faire, et on nous aurait taxé d'enlever l'indépendance...
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M. François Legault
M. Legault :
C'est quand même important, ce qu'on vient d'entendre. Le ministre des
Transports du Québec dit : J'aurais souhaité que la Caisse de dépôt
mette des exigences de contenu local.
On
met, comme gouvernement, 2 milliards dans le projet, à la caisse. Pourquoi
on ne demandait pas en échange de mettre 25 % d'exigence locale?
Pourquoi?
Le Président :
M. le ministre des Transports.
M. Laurent Lessard
M. Lessard :
C'est un vieux rêve de vouloir se mettre la main puis l'ingérence dans la
Caisse de dépôt. Puis, quand tu te mets les mains dedans, bien, c'est le
premier à se lever en Chambre puis à taxer le gouvernement d'essayer de
contrôler la Caisse de dépôt.
C'est difficile, ce
débat-là, parce qu'on souhaite tous d'avoir le maximum de travail au Québec et
que nos Québécois aussi puissent investir à
l'étranger, pas seulement du contenu québécois quand les travaux sont au Québec,
mais du contenu québécois quand on investit
aussi à l'étranger, ce que le PQ a manqué comme bonne occasion hier, de
voter pour l'accord européen de nos échanges.
Le Président :
Principale, Mme la députée de Repentigny.
Soutien aux maisons d'hébergement pour les
femmes victimes de violence conjugale
Mme Lise
Lavallée
Mme Lavallée : M. le Président, en janvier dernier, le
gouvernement d'Ottawa a transféré à Québec 22,2 millions de dollars pour venir en aide aux maisons
d'hébergement pour les femmes victimes de violence conjugale. L'entente a
comme objectif de soutenir la construction et la rénovation des centres
d'hébergement et de maisons de transition.
M. le
Président, c'était beaucoup trop simple pour le gouvernement du Québec, qui a
décidé d'ajouter des critères bureaucratiques
de son cru. Par exemple, M. le Président, une maison d'hébergement qui voudrait
refaire ses planchers, repeinturer
ses murs, changer les moulures de ses portes verrait ses travaux financés par
le programme du gouvernement. Par
contre, cette même maison d'hébergement qui voudrait agrandir ses locaux pour
offrir des meilleurs services à ses pensionnaires, par exemple, en
ajoutant une salle de bains, ne peut pas.
M. le
Président, est-ce que la ministre de la Condition féminine se rend compte de
l'absurdité de la situation et est-ce
qu'elle entend défendre les maisons d'hébergement et s'assurer que les critères
seront plus simples et modifiés?
Le Président : M. le ministre
des Affaires municipales.
M. Martin
Coiteux
M. Coiteux :
Oui, bien, M. le Président, regardez, déjà depuis de nombreuses années, la
Société d'habitation du Québec, à
travers deux programmes, soutient directement les maisons d'hébergement. Il y a
le Programme d'amélioration des
maisons d'hébergement puis il y a AccèsLogis aussi qui est utilisé dans son
volet III. Alors, lorsque le gouvernement fédéral a annoncé des sommes, ce
qu'on a fait, ce qui est la façon de
faire, d'ailleurs, c'est qu'on a immédiatement négocié une
entente avec le gouvernement fédéral. Et savez-vous quoi? Les 14,8 millions qui
étaient prévus pour la première année
sont déjà totalement engagés dans des projets. Et, en ce qui concerne
les 7,4 millions de l'année financière en cours, on a des projets déjà qui sont pour plus de
3 millions qui nous ont été soumis. Donc, ça va bon train. Il y a des
projets dans presque toutes les
régions du Québec actuellement, qui sont financés avec nos programmes et qui
engagent la totalité des sommes fédérales qui ont été mises à
disposition.
Le Président : Première
complémentaire, Mme la députée de Repentigny.
Mme Lise
Lavallée
Mme Lavallée : De toute
évidence, avec ce qu'on lit ce matin, ce n'est pas si simple que ça. La maison Multi-Femmes de Montréal souhaite procéder à
des travaux d'agrandissement. Actuellement, elle ne dispose que d'une salle de bains pour répondre à 15 femmes
qu'elle accueille. Les barèmes actuels fixés par les programmes et les dédales
administratifs font en sorte qu'elles n'arrivent pas à obtenir le soutien
financier nécessaire. D'autres maisons vivent actuellement le même problème.
Est-ce que la ministre de la Condition féminine
reconnaît que ces critères bureaucratiques sont totalement déconnectés des
besoins des maisons de femmes pour...
Le Président : M. le ministre
des Affaires municipales.
M. Martin
Coiteux
M. Coiteux : C'est vrai que des fois, quand on lit l'article
le matin, peut-être qu'il y a des éléments qui ne sont pas rapportés ou qui, s'ils étaient rapportés,
n'ont pas été totalement compris, mais les faits sont là. Toutes les
sommes qui ont été mises à disposition du gouvernement sont engagées
dans les projets, puis d'ailleurs les organismes qui les réalisent en sont extrêmement heureux. Il y a
des projets au Saguenay—Lac-Saint-Jean, par exemple, la Maison de l'espoir, c'est un projet
qui est directement soutenu par les programmes avec du financement fédéral. Il
y en a un en Abitibi-Témiscamingue qui s'appelle Alternative pour elles, ça
fonctionne très bien également.
À Montréal, La Maison du
réconfort, et il y en a plein
d'autres. Alors, la question est légitime. On nous demande si ça fonctionne.
Bien, la réponse, elle est là, ça fonctionne très bien. Il y a des
projets qui nous sont soumis, puis on va de l'avant.
Le Président : Deuxième
complémentaire, Mme la députée de Repentigny.
Mme Lise
Lavallée
Mme Lavallée : On parle de 22,2 millions qui ont été versés
au début de l'année. 2,2 millions ont été dépensés jusqu'à maintenant.
Les maisons membres de la Fédération des maisons d'hébergement pour femmes
doivent refuser jusqu'à 10 000 demandes par année, faute de place. Il
est urgent d'agir.
Est-ce
que la ministre de la
Condition féminine va poser des
gestes qui s'imposent afin de s'assurer de répondre aux besoins des maisons d'hébergement venant en
aide aux femmes victimes de violence conjugale et s'assurer que les
sommes versées par Ottawa seront utilisées en totalité?
Le Président : M. le ministre
des Affaires municipales.
M. Martin
Coiteux
M. Coiteux :
Les regroupements de maisons d'hébergement,
puis il y en a deux principaux au Québec, sont
d'excellents partenaires du gouvernement, pas seulement dans le domaine de l'habitation ici, mais également dans le domaine
de la sécurité publique. Puis
on travaille étroitement. D'ailleurs, on les a rencontrés, les gens de mon cabinet,
d'ailleurs, cette semaine là-dessus.
Ce que je
peux dire, c'est que, oui, il y a des besoins qui sont grands, puis, parce qu'il y a des besoins qui sont grands, on a créé, à la Société d'habitation du
Québec, deux programmes à travers lesquels on les soutient directement.
Et, en ce qui
concerne les 22 et quelques millions de dollars que le gouvernement fédéral a
mis à la disposition du gouvernement
du Québec pour en faire encore davantage, bien, on l'a mis totalement, on l'a
engagé totalement pour l'année financière passée et l'actuelle. On va
bon train pour engager la totalité. Puis l'engager, ça veut dire...
Le Président : En terminant.
M. Coiteux : ...financer
concrètement des projets, là. Il y a des projets qui vont...
• (10 h 40) •
Le Président : Principale,
Mme la députée de Marie-Victorin.
Financement du programme
AccèsLogis
Mme Catherine
Fournier
Mme Fournier : Merci,
M. le Président. Avec l'austérité
permanente du Parti libéral, le logement social vit une crise sans précédent. 607 personnes sont sur la
liste d'attente pour un loyer à prix modique en Chaudière-Appalaches, 1 163
dans le Bas-Saint-Laurent et en Gaspésie, 1 825 dans la région de Québec,
plus de 2 000 à Longueuil et, tenez-vous bien, 25 351 à Montréal. M. le Président, c'est l'ensemble des
régions du Québec qui n'arrivent pas à répondre à la demande.
Depuis son élection, le gouvernement libéral a
coupé de moitié les nouvelles unités de logement social, passant de 3 000 à 1 500. Cette année,
le gouvernement a enfin décidé de revenir à 3 000, mais le programme est
bloqué, et les listes d'attente continuent de s'allonger.
Est-ce que le ministre est conscient qu'il y a
des Québécois qui n'ont pas les moyens d'attendre la moyenne de 43 mois
pour avoir accès à un logement abordable?
Le Président : M. le ministre
des Affaires municipales.
M. Martin
Coiteux
M. Coiteux :
J'ai bien entendu que la députée de Marie-Victorin a dit «enfin»? Enfin.
Donc, elle a entendu le message du ministre des Finances lors du dépôt
du budget, où il a annoncé effectivement que le gouvernement allait construire 3 000 nouvelles unités au
cours des prochaines années, tout en maintenant le programme de supplément de
logement qu'on a mis en place aussi pour
pallier à des difficultés très concrètes, pour permettre à des gens d'avoir
accès à du logement abordable dans les cas où le logement social n'était
pas l'alternative immédiate.
Ce que n'a pas mentionné la députée de
Marie-Victorin, c'est la tournée qu'a faite mon collègue le député de Côte-du-Sud partout au Québec. Et les gens nous
ont dit : Le programme AccèsLogis, on y tient, mais il faut y apporter...
Des voix : ...
Le Président : Chut!
M. Coiteux :
...mais il faut y apporter des modifications. Et on va y apporter des
modifications justement pour faire en sorte que les projets se réalisent
plus rapidement et correspondent davantage aux besoins. On est totalement
engagés, M. le Président, dans ce secteur-là puis on va aller très loin.
Le Président : Première
complémentaire, Mme la députée de Marie-Victorin.
Mme Catherine
Fournier
Mme Fournier :
Le programme est bloqué, et le ministre sait pertinemment que la première
action à poser pour débloquer la construction de nouvelles unités de
logement social serait d'indexer les coûts maximums admissibles des projets. C'est
d'ailleurs ce que nous proposons, au Parti québécois, parce que c'est
complètement irréaliste de croire qu'on peut construire des unités sur
la base des coûts de construction de 2009, qui avoisinaient les
130 000 $, alors qu'aujourd'hui ils sont d'environ
200 000 $.
Le ministre va-t-il
enfin voir la réalité en face et annoncer l'indexation?
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît! M. le ministre des Affaires municipales.
M. Martin Coiteux
M. Coiteux : Écoutez, M. le
Président, on va annoncer une
révision bien plus profonde du programme, bien plus profonde que la seule question de l'indexation. Ce n'est pas ça, le seul enjeu.
Le programme est normé de façon telle que, parfois, ça ne correspond pas aux besoins des Îles-de-la-Madeleine ou ça ne correspond pas aux besoins de Montréal. Alors, nous, on est prêts à modifier les paramètres du programme
pour qu'il s'adapte aux besoins et non pas demander aux régions de s'adapter au programme. C'est exactement
la démarche dans laquelle on est engagés. Et nos partenaires, que ce soient
les groupes de ressources
techniques et d'autres partenaires
dans le milieu, nous font confiance parce qu'on les a impliqués dans la
démarche et on fait cette démarche avec eux. Et cette démarche...
Le Président :
En terminant.
M. Coiteux :
...elle va aboutir dans des changements qui vont effectivement faire en sorte
que les programmes... le programme...
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la députée de Marie-Victorin.
Mme Catherine Fournier
Mme Fournier :
Les partenaires, ils demandent justement l'indexation. M. le Président, il y a
des milliers de familles, d'aînés, de personnes handicapées et
itinérantes en attente. Il y a des très beaux projets un peu partout au Québec, mais
ceux qui les portent n'arrivent pas à les concrétiser parce que
le ministre refuse de comprendre ce qui est pourtant l'évidence. Construire un logement en 2017, ça
coûte plus cher qu'en 2009. Il faut réviser les coûts maximums
admissibles et il faut le faire maintenant.
Quand est-ce que le ministre
s'engagera-t-il enfin?
Le Président :
M. le ministre des Affaires municipales.
M. Martin Coiteux
M. Coiteux :
Honnêtement, tous les signaux, tous les clignotants sont au vert, là, sont au
vert. Le budget a annoncé qu'on faisait davantage
d'unités. Le député de Côte-du-Sud a fait une tournée, pas une tournée qui va rester lettre morte, là,
on est déjà en train de travailler sur une modification profonde du programme
AccèsLogis.
Alors,
le ministre des Finances nous permet de faire plus, et les suites qu'on va
donner au rapport du député de Côte-du-Sud vont nous permettre de faire
mieux. Alors, on va faire plus et mieux.
Le Président :
Principale, M. le député de Mercier.
Conséquences
de la restructuration du réseau
de la santé et des services sociaux
M. Amir Khadir
M. Khadir :
M. le Président, je vais m'adresser au ministre de la Santé. C'est un homme
franc, alors je vais aller droit au
but. Je voudrais lui expliquer pourquoi je lui demanderai aujourd'hui, dans un
geste noble, dans l'intérêt du système de santé du Québec, de donner sa
démission. Nombre de mes collègues, je crois...
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît! M. le député de Mercier, c'est à vous la parole.
M. Khadir :
Je crois que la démonstration a été amplement faite ici, par moi-même et mes collègues,
de tout ce qui va mal dans le réseau
de la santé. Ce matin, j'ai appris la démission du DSPH de Mont-Laurier, le
chef de médecine familiale adjoint également, une retraite à
Mont-Laurier directement... où on nomme directement le ministre comme responsable de ce départ à la retraite précipitée.
À Larouche, la même chose, trois médecins qui nomment, dans leur lettre
de démission, le ministre pour cette raison. Je pratique dans le réseau, le
réseau est devant un désastre.
J'aimerais que le ministre, je sais
qu'il est bien intentionné, nous indique qu'il va donner sa démission dans
l'intérêt du système de...
Le Président :
En tout cas, pour l'instant, M. le ministre de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M. Barrette :
Alors, je vais être franc, M. le Président, je ne la donnerai pas. Ça fait que
ça vient de régler ça. Et je trouve
ça très amusant, M. le Président, que le... je ne sais pas s'il est
encore porte-parole, là, de Québec solidaire... me parle de franchise. Je pense qu'il ne l'est plus,
porte-parole. Je lui rappellerai qu'il est le parti des ententes secrètes.
Ça fait que, du côté de la franchise, on repassera. Et, pour ce qui est, M. le
Président...
Des voix :
...
M. Barrette :
Bien, c'est comme ça, hein? C'est parce que c'est de même. Quand on fait des
ententes secrètes, c'est qu'on n'est
pas franc. Et, quand on fait des ententes secrètes, M. le Président, quand on
fait des ententes secrètes face à un
enjeu aussi important, qui est celui de la démocratie, c'est-à-dire de dire à
la population ce qu'on a à leur offrir de
réel, de tangible, nos intentions pour transformer la vie de nos concitoyens,
il me semble que le premier devoir d'un politicien est d'être franc. Alors, je suis content que mon collègue
dise que j'ai rempli mon premier devoir, qui est celui d'être franc
envers la population.
Le Président :
En terminant.
M. Barrette :
Merci beaucoup, M. le Président.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Mercier.
M. Amir Khadir
M. Khadir :
M. le Président, je ne remets pas en doute la bonne foi du ministre. Il a bien
des qualités et, comme tous nous autres, bien des défauts.
Il n'a pas répondu à
ma question. Il sait à quel point l'heure est grave. Il sait à quel point...
Des voix :
...
M. Khadir :
Non, c'est-à-dire le réseau de la santé, l'état. Dans une lettre récente, ma
collègue Bellon dit que «la pratique
médicale en hôpital communautaire» se détériore. «Des omnipraticiens engagés et
compétents sont forcés [de] quitter l'hôpital.» Je n'en peux plus, je
dois quitter. Il connaît la situation du réseau, est-ce qu'il peut nous aider?
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M. Barrette :
M. le Président, je ne peux pas commenter des documents dont je n'ai pas eu
connaissance. Et, pour ce qui est de
l'état de la situation du réseau, bien, on peut constater que le réseau
n'arrête pas de s'améliorer, M. le Président. Et on va commencer par les 710 000 personnes qui,
actuellement, ont accès à un médecin de famille, qu'ils n'avaient pas
avant notre arrivée. On va commencer par la diminution des listes d'attente en
chirurgie qui n'arrêtaient d'augmenter précédemment,
notamment parce que le Parti québécois, au pouvoir, avait coupé les budgets en
chirurgie pour revenir à l'équilibre
budgétaire. Et je ferai remarquer...
Le Président :
En terminant.
M. Barrette : ...à la population que nous sommes revenus à l'équilibre budgétaire en baissant les listes d'attente...
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Mercier.
M. Amir Khadir
M. Khadir :
M. le Président, tout le monde sait à quel point j'ai déjà été virulent dans le
passé dans mes critiques de Lucien Bouchard
et le désastre qu'il a occasionné au système de la santé à l'époque où il était
premier ministre. Mais, quand Lucien Bouchard, et Québec solidaire, et
nous, on est d'accord sur un diagnostic, et ce diagnostic est que le réseau de la santé québécois, actuellement, est
devant un désastre annoncé, je pense que le ministre devrait s'inquiéter
pour le bien de la population parce que, je sais, il a fait cette profession de
foi, il tient au système de santé publique.
Pour le système de santé publique, peut-il
donner sa démission?
Le
Président : M. le ministre de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M. Barrette :
Bien, puisqu'on est dans les annonces, M. le Président, moi, je vous annonce
que le système de santé va s'améliorer et qu'il est en train de le
faire.
Le Président :
Principale, M. le député de Chambly.
Projet
de loi pour permettre aux parents d'inscrire
leur enfant dans l'école de leur choix
M. Jean-François Roberge
M. Roberge :
M. le Président, le 13 avril dernier, des parents du quartier
Pointe-Saint-Charles à Montréal sont venus ici pour demander l'aide du
ministre pour pouvoir envoyer leurs enfants à l'école la plus proche de chez
eux, l'école Monseigneur-Richard. Le ministre les a écoutés bien gentiment,
mais il n'a rien fait pour changer les choses. Résultat : comme plusieurs autres commissions scolaires, la CSDM
continue de prendre les élèves en otages en les empêchant de sortir de
son territoire.
Pourquoi
leur refuser l'accès à une école où vont déjà leurs frères et soeurs, une école
où il y a de la place? Il n'y a pas
de bonne raison, M. le Président. Pour régler ce problème une fois pour toutes,
j'ai déposé aujourd'hui un projet de loi qui permettra aux parents de faire fi du territoire des commissions
scolaires s'il y a de la place dans l'école choisie et si les parents
sont prêts à assumer le transport ou, encore mieux, si les enfants peuvent se
rendre à pied à l'école.
Le ministre est-il d'accord pour dire que les
parents devraient avoir davantage de pouvoir dans le choix d'école de
leurs enfants?
• (10 h 50) •
Le Président :
M. le ministre de l'Éducation.
M. Sébastien Proulx
M. Proulx : Merci beaucoup, M. le
Président. D'abord, je veux effectivement rappeler, moi aussi, que nous avons eu cette discussion-ci à la période
de questions il y a
un certain temps. Et j'avais d'ailleurs rencontré les parents avec le député de Chambly par la suite.
J'avais
également rappelé, M.
le Président, que les règles
actuelles sont celles qu'il a évoquées, les articles de loi sont là pour le prouver, et qu'il fallait prendre
en compte les intérêts des enfants et ne pas en faire des otages de
procédure administrative. J'en suis.
Je
vais prendre le temps de regarder le projet de loi, M. le Président. Il a été
déposé ce matin. J'aurai l'occasion de lui
revenir, comme je le fais à chaque fois, M. le Président. À chaque fois que le
collègue me propose une discussion, j'ai toujours répondu présent, M. le
Président.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Chambly.
M. Jean-François Roberge
M. Roberge :
M. le Président, je constate que le ministre semble ouvert et relativement
d'accord avec le principe, mais
tantôt j'ai donné l'exemple des parents du quartier Pointe-Saint-Charles. La
Fédération des comités de parents nous dit que ce problème est
généralisé. C'est à croire qu'en ce moment ça prend un visa ou un passeport
pour changer de commission scolaire. Ça n'a pas de bon sens!
Est-ce
que le ministre est d'accord pour changer les choses rapidement,
pour appeler le projet de loi cet automne et régler ce problème avant
Noël?
Le Président :
M. le ministre de l'Éducation.
M. Sébastien Proulx
M. Proulx : M. le Président, je pense avoir fait preuve d'une grande
ouverture en disant que j'étais pour étudier le projet de loi et le regarder,
voir s'il est applicable, et voir quelles sont les conséquences d'un tel projet et si des modifications comme celles-là sont possibles. Je ne vais pas
m'engager à appeler un projet de loi parce que, d'abord, je n'appelle pas de
projet de loi, c'est le gouvernement, par son leader, qui le fait. Et,
dans un deuxième temps, M. le Président, vous me permettrez de faire ce que je dois faire, c'est-à-dire faire des vérifications,
avoir ces discussions, peut-être parler avec mon collègue cet été, et on
verra pour la suite. Mais je comprends que nous aurons des discussions cet
automne.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Chambly.
M. Jean-François Roberge
M. Roberge :
Merci, M. le Président. Pour bien démontrer à quel point les choses ne peuvent
pas continuer comme en ce moment, je
veux rappeler que Mme Le Saux est venue ici le 13 avril dernier. Sa fille
est une enfant athlète, et elle voudrait
qu'elle puisse fréquenter une école sport-études dans la commission scolaire
juste à côté. Bien, ça lui a été refusé et doublement : au téléphone et par papier. D'ailleurs, je dépose
la lettre de refus de la commission scolaire des Patriotes pour que l'enfant
puisse aller à l'école juste à côté, dans l'autre commission scolaire, et vivre
son rêve.
J'espère que le
leader va appeler le projet de loi pour que les choses changent.
Document déposé
Le Président :
Est-ce qu'il y a un consentement pour le dépôt du document du député de
Chambly? Alors, consentement pour le dépôt. M. le député... M. le ministre de
l'Éducation.
M. Sébastien Proulx
M. Proulx :
Rapidement, M. le Président, les exemples qu'il a donnés, je les connais. J'ai
d'ailleurs exprimé beaucoup d'intérêt pour le cas de la dame en question.
Ce
que je veux dire, M. le Président, c'est qu'il faut aussi prendre en compte
l'intérêt général et aussi le fonctionnement de notre système, et c'est
dans ce contexte-là qu'il faut voir ce qu'il est possible de faire.
Alors,
des règles, il y en aura toujours, une bureaucratie, il y en aura toujours
parce que ça vient en soutien des services.
Ce que je dis toujours et à chaque fois, M. le Président, c'est que la
bureaucratie ne doit pas nuire aux services. Et on doit toujours travailler dans l'intérêt des élèves, mais on doit
fonctionner dans un système. Alors, on va voir ce qu'on peut faire. Nous en discuterons. Et, jusqu'à
maintenant, je pense avoir fait la démonstration qu'on est là pour améliorer
notre système d'éducation, M. le Président.
Le Président :
Principale, Mme la députée de Duplessis.
Gestion
de la pêche sur la rivière Moisie
Mme Lorraine Richard
Mme Richard : Merci, M. le Président. M. le Président, samedi
dernier, une trentaine de membres de la communauté Uashat mak Mani-Utenam se sont rassemblés près de la pourvoirie du club
Adams sur la rivière Moisie. Leur objectif
était de rappeler au gouvernement leurs demandes. Les manifestants ont été présents, ça s'est déroulé
dans le calme, mais, de plus en plus, la situation sur la rivière est
explosive.
Depuis
trois ans, il ne se passe rien. Présentement, la tension monte entre les pêcheurs autochtones
et allochtones sur la rivière. Une autre manifestation est prévue cette
semaine.
J'ai
personnellement, M. le
Président, fait part de la tension
qui se vivait présentement au ministre des Affaires
autochtones, à son chef de cabinet, j'en ai
parlé à plusieurs reprises. Rien n'a été fait dans ce dossier depuis trois ans.
La paix sociale est menacée présentement dans la région de Sept-Îles.
Qu'entend faire le
ministre des Affaires autochtones aujourd'hui?
Le Président :
M. le ministre des Affaires autochtones.
M. Geoffrey Kelley
M. Kelley :
Merci beaucoup, M. le Président. Premièrement, je dois corriger quelques faits
dans la question parce que nous avons
négocié une entente sur la gestion de la rivière l'année passée. Alors, il y
avait des ententes jusqu'à l'an passé.
Maintenant,
on est en train de trouver une façon qu'on peut assurer la gestion de la
rivière aux saumons, la Moisie. Il y
avait un échange de lettres avec mon collègue le ministre responsable de Forêts,
Faune et Parcs. On a accepté qu'on va
aller rencontrer le leadership de la communauté Uashat mak Mani-Utenam dans les
prochains jours, on est en train de fixer la rencontre.
Il
y a plusieurs enjeux. Il y a la question du club Adams, il y a également une
autre pourvoirie qui, potentiellement, est
à vendre. Il y a le statut de la rivière parce qu'elle est déjà désignée d'une
façon temporaire comme une réserve aquatique, c'est quelque chose... on va regarder les conséquences, si on peut
rendre ce statut permanent. Alors, il y a beaucoup de choses qui sont en
discussion. Moi, je suis confiant, on va trouver une solution pacifique sur
cette question.
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée de Duplessis.
Mme Lorraine Richard
Mme Richard : M. le Président, ce n'est pas nouveau, le
gouvernement, là, il se traîne les pieds dans ce dossier-là. Ça fait trois ans. Cette semaine, le ministre des
Affaires autochtones a dit lundi : Je vais rencontrer le conseil de bande
mercredi. Mercredi, c'était hier. La situation sur la Côte-Nord, c'est
difficile. La paix sociale est menacée.
Moi,
ce que je demande au ministre, là, c'est : Aujourd'hui, il est-u capable,
aujourd'hui, d'appeler le conseil de bande,
de céduler une rencontre? Ça fait trois ans qu'il étudie le dossier, il connaît
les demandes du conseil de bande. Vous engagez-vous, M. le ministre,
aujourd'hui à fixer...
Le Président : M. le ministre
des Affaires autochtones.
M. Geoffrey
Kelley
M. Kelley :
Encore une fois, je veux corriger la situation : il y avait une entente
l'an passé sur la gestion de la rivière, qui a été signée par le conseil
de bande. Alors, de dire que rien n'a été fait pendant trois ans, ce n'est pas
vrai, M. le Président. Je dois corriger cette impression.
Oui, il y a
des discussions. On est en train de fixer la rencontre entre mon cabinet et le
cabinet de mon collègue le ministre des Forêts, Faune et Parcs, on est
disponibles pour faire la rencontre. Qu'est-ce que le conseil de bande a demandé était une réponse avant mercredi. Mon
collègue et moi, on a répondu mardi par écrit qu'on accepte l'idée de faire une rencontre. On est maintenant dans les
détails. Il y a également la fin de la session. Nous devons coordonner tout
ça aussi. Mais on va faire la rencontre dans les meilleurs délais.
Le Président : Deuxième
complémentaire, Mme la députée de Duplessis.
Mme Lorraine
Richard
Mme Richard : M. le Président, je suis désolée, mais je dois
corriger le ministre. Il connaît la situation, il connaît le dossier depuis trois ans, il connaît les
revendications des autochtones par rapport au club Adams. Ça fait trois ans
qu'ils ont ce dossier-là. Ça fait
quelque temps qu'il y a juste des discours téléphoniques où il dit : Je
vais vous fixer une rencontre. Non,
là, je vais peut-être monter... je vais peut-être vous faire venir à Québec. On
est en discussion. Ça va peut-être être moi, ça va peut-être être mon collègue.
La situation est explosive. Ils ont déjà
annoncé qu'il allait y avoir une manifestation.
Est-ce que le ministre peut s'engager aujourd'hui,
avec une date, une rencontre, avec le conseil de bande...
Le Président : M. le ministre
des Affaires autochtones.
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît! S'il vous plaît! M. le ministre des Affaires autochtones.
M. Geoffrey
Kelley
M. Kelley : M. le
Président, une des responsabilités fondamentales du ministre responsable des Affaires autochtones, c'est d'assurer la paix sociale.
Alors, moi,
je suis disponible en tout temps. On est en train de fixer un moment où
on peut aller les rencontrer. J'ai d'autres responsabilités comme ministre.
Il y avait une rencontre du Conseil des ministres, hier, qui était très importante,
mais je suis très disponible dans les prochaines heures. On va fixer un moment
pour faire la rencontre. Je suis très soucieux à l'importance de la paix
sociale et d'avoir les bonnes relations, les relations harmonieuses entre les
Premières Nations du Québec et le gouvernement. Je suis toujours disponible
pour faire mes devoirs comme ministre responsable des Affaires autochtones.
Le Président : Principale, M.
le député de Borduas.
Modernisation du régime
québécois d'adoption
M. Simon
Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : M. le
Président, nous terminons ce matin l'étude détaillée du projet de loi n° 113 sur l'adoption. La ministre de la
Justice refuse de permettre aux
personnes adoptées d'avoir accès d'office aux antécédents médicaux de leurs parents biologiques. Pour y avoir accès,
les personnes adoptées devront prouver qu'un préjudice leur sera causé. Cela
signifie, M. le Président, que les personnes adoptées devront attendre
d'avoir le cancer ou une maladie avant d'avoir accès aux données sur
l'existence de maladies génétiques ou à caractère familial de leurs parents
biologiques.
Les personnes
qui ont été confiées à l'adoption ne l'ont pas choisi. Ce n'est pas leur choix
de ne pas connaître leur historique familial. Pourtant, avec le refus de
la ministre de modifier le projet de loi n° 113, elle impose un traitement discriminatoire aux personnes adoptées.
La ministre choisit de faire primer la protection des renseignements plutôt que le droit à la
vie.
M. le Président, est-il normal qu'une personne adoptée ne puisse pas avoir accès aux
antécédents médicaux de sa famille d'origine, alors qu'il en est tout
autre pour les personnes qui ont vécu dans leur famille biologique?
Le Président : Mme la
ministre de la Justice.
Mme Stéphanie Vallée
Mme Vallée : M. le
Président, on a eu la chance... C'est
dommage, parce que j'ai environ une minute pour répondre à une question éminemment sensible, qui est quand même
complexe, qui amène des enjeux complexes, qui amène des enjeux de respect de la vie privée aussi pour ceux
et celles qui, à une époque, ont choisi de confier leur enfant à l'adoption.
• (11 heures) •
Je réfère les
collègues de l'Assemblée intéressés par les explications
et ceux qui nous écoutent à revoir nos débats parce qu'on a eu la chance d'en parler, je crois, pour au
moins 45 minutes, si ce n'est une heure. Il y a des enjeux importants
qui sont soulevés par la question de mon collègue.
Il y a aussi des réponses beaucoup plus nuancées que celles présentées par la question. On peut choisir de prendre la
question et tenter d'instrumentaliser certaines questions, certains enjeux,
mais il faut vraiment prendre le soin d'analyser cette affaire-là avec beaucoup
de respect.
Et, je dois
vous dire, le projet de loi n° 113, c'est un projet de loi qui change
substantiellement ce qui existait, qui vient modifier, de façon
positive, le droit des adoptés, tout en respectant le pacte social qui
existait, le droit...
Le Président : En terminant.
Mme Vallée : ...à la vie privée, et qui vient reconnaître
l'adoption coutumière autochtone, ce qui est une première, ici, monsieur...
Le Président : Première
complémentaire, M. le député de Borduas.
M. Simon Jolin-Barrette
M.
Jolin-Barrette : En réalité,
M. le Président, c'est que les personnes qui ont été confiées à l'adoption, il
va falloir qu'elles attendent d'être
rendues dans le cabinet du médecin avant d'avoir accès à leurs antécédents
médicaux. Mais, un coup qu'ils sont
rendus dans le cabinet du médecin, c'est beaucoup trop tard : ils sont
déjà malades, ils ont déjà un cancer, ont déjà une maladie. Est-ce que
c'est ça qu'on veut?
Les gens qui
ont été confiés à l'adoption ont le droit de savoir quels étaient les
antécédents médicaux de leur famille d'origine :
parce que les gens qui ont grandi dans leur famille biologique, ils savent que
mon oncle Harold, mon oncle Charlie
ou leur mère étaient malades, ils ont été à l'hôpital, ils ont eu un cancer,
ils le savent. Dans le cas des personnes adoptées, elles ne le savent
pas. Il faut rectifier ça.
Le Président : Mme la
ministre de la Justice.
Mme Stéphanie Vallée
Mme Vallée :
M. le Président, ce n'est pas aussi simple que le présente notre collègue de
Borduas; ce n'est pas si simple que
ça. Et ce n'est pas tout à fait exact de prétendre que les gens qui sont issus
de familles et qui n'ont pas été adoptés ont accès sans limites à toute
cette information. Ce n'est pas tout à fait exact.
Il y a des
modifications importantes qui sont apportées au Code civil, qui sont apportées
et qui vont permettre aux gens
d'avoir accès à de l'information dont ils ne pouvaient avoir accès auparavant.
Le projet de loi n° 113, c'est une avancée majeure, M. le
Président, en matière d'adoption, tant pour les allochtones que pour les
autochtones. Nous franchissons...
Le Président : En terminant.
Mme Vallée : ...un pas important,
et j'espère... et j'invite mon collègue, en votant...
Le Président : Cela met fin à
la période de questions et de réponses orales.
Motions sans préavis
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, puisqu'il n'y a pas de vote reporté, nous allons passer à la
rubrique des motions sans préavis.
Et, en fonction de nos règles et de l'ordre de présentation, je vais céder la
parole à Mme la députée de Repentigny.
Mme
Lavallée : Mme la Présidente,
je demande le consentement pour déposer la motion suivante conjointement
avec le député de Chicoutimi,
le député de Gaspé, le député de Groulx
et la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques :
«Que
l'Assemblée nationale reconnaisse que les centres d'hébergement pour femmes
victimes de violence n'ont pas reçu de
rehaussement de leur financement depuis plus de dix ans et peinent à développer
leurs projets menant à l'amélioration de leurs services;
«Qu'elle
demande au gouvernement d'assouplir ses restrictions bureaucratiques afin
que les centres puissent avoir accès à l'entièreté de l'enveloppe de
22,2 millions de dollars octroyés par le gouvernement fédéral pour tout
projet structurant visant à l'amélioration des services offerts aux femmes
victimes de violence conjugale.»
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie, Mme la
députée. Maintenant,
y a-t-il consentement pour
débattre de cette motion? Il n'y a pas de consentement.
Pour la
prochaine motion, je vais céder la parole à Mme la ministre responsable des
Aînés et de la lutte contre la maltraitance.
Souligner la Journée
mondiale de sensibilisation
à la maltraitance des personnes âgées
Mme
Charbonneau : Merci,
Mme la Présidente. C'est la lutte
contre l'intimidation, mais il n'y a pas de souci, Mme la Présidente.
Je sollicite le consentement afin de présenter la
motion suivante, et ce, conjointement avec le député de Saint-Jean, le
député de Lévis, le député de Mercier, le député de Laurier-Dorion ainsi que le
député de Gaspé :
«Que
l'Assemblée nationale souligne la journée mondiale de la lutte contre la
maltraitance des personnes aînées, qui se tient chaque année, le
15 juin;
«Qu'à cette occasion, elle réitère sa volonté de
lutter contre les différents types de maltraitance à l'égard des personnes
aînées;
«Qu'elle
souligne les nombreuses activités et évènements organisés dans toutes les
régions du Québec pour parler du phénomène de la maltraitance;
«Enfin, que
la population se joigne au mouvement en portant le ruban mauve, symbole de [la]
solidarité dans cette lutte pour
contrer [le comportement inadmissible] envers nos aînés puisqu'ensemble, on est
plus forts que la maltraitance.»
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la ministre.
Alors, y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Tanguay : Oui, Mme
la Présidente. Nous proposons des
interventions d'une durée maximale de deux minutes par intervenant et, selon les informations reçues, dans l'ordre suivant : d'abord, la ministre responsable des Aînés, suivie des collègues de Saint-Jean, Lévis et Mercier.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Alors, je vous remercie. Sans plus tarder, je vous cède la parole, Mme la
ministre.
Mme Francine
Charbonneau
Mme
Charbonneau : Merci,
Mme la Présidente. Il me fait vraiment
grand plaisir et honneur de pouvoir me lever en ce 15 juin pour souligner cette journée et en parler, cette journée
mondiale de lutte contre la maltraitance des personnes
aînées. Le 15 juin est une journée importante pour l'ensemble
de la population, puisque chacun d'entre nous peut poser le
ruban mauve sur son veston, comme on le fait, nous, aujourd'hui. Vous allez
voir, Mme la Présidente, on fait un peu entrave,
mais on le porte avec honneur, le temps de la motion, pour pouvoir souligner ce
geste de solidarité auprès de nos aînés.
On se
rappelle de l'importance d'agir
collectivement pour prévenir et contrer tous les comportements inadmissibles
envers les aînés. Au cours des derniers
mois, de concert avec les différents partenaires, notre gouvernement a posé
plusieurs gestes tangibles pour accentuer la lutte contre la
maltraitance dans les différents milieux de vie.
Nous avons eu
un moment magique dans cette Assemblée, où nous avons adopté à l'unanimité une
loi, la première Loi visant à lutter
contre la maltraitance envers les aînés et toute autre personne majeure en
situation de vulnérabilité. Cet après-midi, nous faisons un pas de plus avec le
lancement d'un deuxième Plan d'action gouvernemental pour contrer la maltraitance envers les personnes aînées, qui
couvre les années 2017‑2022. Ainsi, nous pourrons encore mieux protéger
les personnes aînées du Québec. Nos actions
combinées avec celles des acteurs qui travaillent au mieux-être des aînés, tels
que vous, contribueront à bâtir un Québec où chacun peut vieillir dans la
dignité.
Aujourd'hui, très chers aînés, nous, gens de
l'Assemblée nationale qui représentons l'ensemble du Québec, souhaitons vous
laisser un seul message : Ensemble, on est plus forts que la maltraitance.
Bonne journée.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie, Mme la
ministre responsable des Aînés et de la Lutte contre l'intimidation. Et
maintenant je cède la parole à M. le député de Saint-Jean.
M. Dave Turcotte
M.
Turcotte :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Nous allons souscrire à cette motion, bien
entendu. Cependant, il faut aussi se
rappeler que, dans le texte de la motion, il est mentionné : Qu'elle
«réitère sa volonté de lutter contre les [différentes formes] de
maltraitance à l'égard des personnes aînées». Et, à ce sujet, nous aurions aimé
aussi inclure dans la motion la maltraitance institutionnelle, qui existe bel
et bien au Québec. D'ailleurs, nous avons fait... tenté de reconnaître cette notion par notre collègue le
député de Rimouski lors de l'étude du projet de loi n° 115, mais malheureusement le gouvernement a refusé, même si
la Chaire de recherche sur la maltraitance et tous les acteurs du milieu
reconnaissent amplement l'existence de ce problème.
On se doit
d'être plus vigilants. On ne peut plus tolérer ces histoires d'horreur que l'on
entend jour après jour des aînés
qui ne reçoivent pas de bain. On en a eu encore la preuve ce mardi. Des aînés à
Drummondville, il y en a eu une dizaine qui ont
été privés de bain en raison du manque de personnel. Les préposés sont à bout
de souffle. L'austérité permanente du gouvernement libéral a créé un manque de ressources qui crée la maltraitance et qui crée ce
climat malsain.
Mme la Présidente, ce qui est d'autant plus malsain, c'est qu'encore aujourd'hui, en cette journée de lutte contre la maltraitance, le gouvernement
refuse de le reconnaître. Il refuse de reconnaître l'évidence même de ses
coupures. Mme la Présidente, on pourrait parler des loisirs qui ont été
coupés. Quand on est rendus à couper le bingo dans les CHSLD, Mme la Présidente, il y a un problème. Cependant, je sais que ça fait réagir nos collègues
d'en face, je crois que nous devons...
Une voix :
...
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Oui?
M. Bérubé :
...qu'on respecte le droit de parole de Saint-Jean comme on a respecté le droit
de parole...
• (11 h 10) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, c'est très bien. J'aimerais que tout le monde puisse entendre
l'intervention de M. le député de Saint-Jean. Je vous invite à poursuivre.
M. Turcotte : Donc, Mme
la Présidente, j'invite l'ensemble
des aînés à signer la pétition de notre collègue le député de Rimouski pour tenir des états généraux sur la condition de vie des personnes aînées au Québec
pour faire en sorte que nous puissions avoir un véritable débat pour les
aînés du Québec, qui le méritent bien, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie, M. le
député de Saint-Jean.
Maintenant, je
cède la parole à M. le député de Lévis.
M. François Paradis
M. Paradis (Lévis) : Merci,
Mme la Présidente. Alors, aujourd'hui, je souligne la journée mondiale de lutte contre la maltraitance des personnes
aînées qui se tient, à chaque année,
le 15 juin. J'invite également la population à se joindre au mouvement en portant ce
ruban mauve.
Mme la Présidente, aujourd'hui, je le porterai avec fierté, ce ruban, parce qu'il symbolise notre solidarité et notre volonté
à changer les choses, parce qu'il nous rappelle que, lorsqu'on maltraite un aîné, on se maltraite tous. Je le porterai,
Mme la Présidente, fièrement parce que le
phénomène existe encore et que la maltraitance se décline malheureusement
de plusieurs façons, parce que ce ruban nous
rappelle notre devoir, notre devoir de vigilance, parce que, lorsqu'on
s'attaque à la maltraitance, on doit
le faire main dans la main. Je le porterai parce qu'aujourd'hui quelque part il
y a un aîné qui se fait bousculer. Je le porte parce qu'aujourd'hui
quelque part un aîné se fait consoler.
Dans
la symbolique des couleurs, on dit du mauve qu'il est la couleur de la douceur,
de la courtoisie et de la paix.
On dit de cette couleur qu'elle est
rassurante. Alors, je le porterai fièrement, ce ruban mauve, avec et pour les
aînés, parce qu'ensemble, en cette
journée et davantage, Mme la Présidente, nous devons être plus forts que la
maltraitance. Merci.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci, M. le député de Lévis. Alors,
j'aimerais maintenant inviter M. le député de Mercier à faire
son intervention.
M. Amir Khadir
M. Khadir : J'aimerais féliciter la digne éloquence de mon
collègue de Lévis qui vient de parler de maltraitance partout où il y a
abus de pouvoir, partout où il y a des personnes qui profitent de la vulnérabilité de d'autres, par mégarde ou par mauvaise intention, dont le
résultat est d'infliger la souffrance, surtout à nos aînés.
Mais
cette éloquence peut être parfaitement compatible avec les préoccupations de mon collègue de Saint-Jean, et je crois que tout le monde, en
Chambre, on n'a pas besoin... Je pense qu'il ne faut pas le prendre personnel.
Il y a des problèmes systémiques, il y a des problèmes
institutionnels, ça ne relève pas individuellement de nos responsabilités. Et moi, je suis persuadé
que tous les collègues ici, à l'Assemblée
nationale, sont tout autant
préoccupés, et je les invite... Il y
a certains d'entre nous, comme moi,
qui pratiquons à l'hôpital, j'ai accès aussi à notre CHSLD, et il y a
matière pour nombre d'entre nous d'aller voir comment, par la force des
choses, parce que, pendant maintenant les 30 dernières années, on a
sous-financé nos services publics, y compris aujourd'hui, on a créé des situations
de vulnérabilité. Lorsqu'il y a des possibilités de maltraitance, ces possibilités se trouvent à être multipliées lorsque nos institutions n'ont pas les ressources nécessaires d'assurer la bonne
protection, d'assurer des traitements qui minimisent les risques, les
traitements et l'encadrement qui minimisent les risques de maltraitance.
Donc,
lorsqu'il y a des interventions comme de la part de mon collègue de
Saint-Jean-sur-Richelieu, je pense que c'est
tout aussi noble que les paroles éloquentes de mon collègue de les accepter,
d'en prendre une responsabilité collective et d'apporter des solutions. Et je crois que c'est là que notre motion
trouve sa valeur, parce que juste des voeux pieux... Je suis sûr que ça heurte autant l'intelligence de mes
collègues libéraux que nous, parfois, de passer ici des motions, d'en débattre, mais toujours une espèce, disons, de profession de foi, des belles promesses,
mais qui ne sont pas accompagnées des
gestes volontaires dont on est responsables. Dans cet esprit-là, je nous invite
à tous nous lever et à féliciter la ministre et aussi tous ceux qui sont
intervenus sur le sujet aujourd'hui.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Alors, je vous remercie, M. le député de Mercier.
Mise
aux voix
Alors, cette motion est-elle adoptée? Adopté.
Maintenant, pour la prochaine motion sans
préavis, je vais céder la parole à M. le député de Sanguinet.
M.
Therrien : Merci,
Mme la Présidente. Je sollicite le consentement des membres de cette Assemblée afin de présenter, conjointement
avec le député de Johnson et le député de Gaspé, la motion suivante :
«Que l'Assemblée nationale exige que l'appel d'offres pour le matériel [...] du Réseau électrique métropolitain
contienne une clause prévoyant un minimum significatif de contenu local.»
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci, M. le député. Y
a-t-il consentement pour débattre de cette motion? Il n'y a pas de
consentement.
Maintenant, pour la prochaine motion sans
préavis, je vais céder la parole à M. le député de Groulx.
M. Surprenant : Mme la Présidente,
je sollicite le consentement de l'Assemblée afin de présenter la motion
suivante conjointement avec le député de Deux-Montagnes et le député de
Sanguinet :
«Considérant
que l'ouest, le sud et l'est du Grand Montréal sont actuellement ou en voie
d'être desservis par un réseau de
transport collectif et des axes routiers étant de nature à offrir un service
supérieur à ce qui est offert dans les Basses-Laurentides;
«Considérant que le réseau routier des
Basses-Laurentides, région qui affiche et qui continuera d'afficher la plus
forte croissance démographique au Québec, est le plus congestionné du Grand
Montréal;
«Que
l'Assemblée nationale reconnaisse que, malgré les demandes répétées des députés
de la couronne nord, la situation se
dégrade, privant les citoyens des Basses-Laurentides de leur qualité de vie et
affectant le dynamisme économique de la région, engendrant des pertes de
plus d'un milliard de dollars annuellement;
«Que l'Assemblée
nationale exige du gouvernement qu'il prenne acte de l'importance de la
situation, qu'il prenne rapidement les mesures nécessaires à
l'amélioration de la mobilité des citoyens de la couronne nord.»
Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie. Y a-t-il
consentement pour débattre de cette motion?
M. Tanguay : Mme la
Présidente, nous n'avons jamais reçu la motion. Alors, non, jamais reçu la
motion, Mme la Présidente. Est-ce qu'on peut suspendre quelques instants, Mme
la Présidente?
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Oui. Alors, nous allons suspendre
quelques instants, le temps de distribuer ladite motion.
(Suspension de la séance à 11 h 18)
(Reprise à 11 h 21)
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Nous allons reprendre nos travaux. Nous en sommes toujours à la rubrique des
motions sans préavis. Et je cède la parole à M. le député de Groulx.
M.
Surprenant : Mme la Présidente, j'entends le gouvernement qui indique qu'il n'a pas reçu la motion, ils
n'ont pas pu en discuter au caucus. Donc, je propose de la reporter à
demain, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, c'est très bien, M. le
député de Groulx.
Alors, si je comprends bien, il y a consentement pour permettre à M. le député de Groulx de présenter sa motion demain, même s'il y a
déjà un autre député indépendant qui va proposer une motion?
Des voix : ...
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, demain, il y a aura deux motions sans préavis qui viendront des
députés indépendants.
Une voix : ...
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, il y a consentement
pour faire cette démarche? Alors, merci beaucoup.
Alors, s'il n'y a
pas d'autre motion sans préavis des
groupes des oppositions, une motion sans préavis ayant déjà été présentée par
le groupe parlementaire formant le gouvernement, je vous demande s'il y a
consentement pour déroger à l'article
84.1 de notre règlement afin de permettre la lecture de deux autres motions
sans préavis : Y a-t-il consentement?
Des voix :
...
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Consentement. Alors, M. le leader adjoint du gouvernement.
Procéder à des
consultations particulières
sur le projet de loi n° 144
M. Tanguay :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Je vais d'abord y aller en deux étapes et
vous lire la première des deux motions dont nous pourrons disposer.
Alors,
Mme la Présidente, je fais motion, conformément à l'article 146 du règlement de
l'Assemblée nationale, afin :
«Que la
Commission de la culture et de l'éducation, dans le cadre de l'étude du projet
de loi n° 144, Loi modifiant la
Loi sur l'instruction publique et d'autres dispositions législatives concernant
principalement la gratuité des services éducatifs et l'obligation de fréquentation scolaire, procède à des
consultations particulières et tienne des auditions publiques les 5, 6
et 7 septembre 2017; et
«Qu'à cette fin, la commission entende les
organismes suivants : la Fédération des commissions scolaires du Québec, l'Association des commissions scolaires
anglophones du Québec, la Fédération des établissements d'enseignement privés, l'Association des écoles juives, le
Collectif Éducation sans frontières, l'Association québécoise de l'éducation
à domicile, l'Association chrétienne des
parents-éducateurs du Québec, l'Association éducative juive pour l'enseignement
à la maison, Centrale des syndicats du
Québec, Fédération autonome de l'enseignement, l'Association montréalaise des
directions d'établissement scolaire, Mme
Christine Brabant, chercheure Université de Montréal, Mme Sivanne Hirsch,
chercheure [à] l'Université du Québec à Trois-Rivières, la Fondation
Paul-Gérin-Lajoie, M. Julien Prud'homme, de l'Université du Québec à Montréal,
l'Association des comités de parents anglophones, l'Association québécoise du personnel de direction des écoles, la Fédération
des comités de parents du Québec, la Fédération québécoise des directions
d'établissement d'enseignement;
«Qu'une
[durée] de 12 minutes soit prévue pour les remarques préliminaires, répartie de
la manière suivante : 6 minutes
au groupe parlementaire formant le gouvernement,
3 minutes 30 secondes au groupe parlementaire formant
l'opposition officielle et 2 minutes 30 secondes au deuxième
groupe d'opposition;
«Que la durée
maximale de l'exposé de chaque organisme soit de 10 minutes et l'échange
avec les membres de la commission
soit d'une durée maximale de 50 minutes partagées ainsi :
25 minutes pour le groupe parlementaire formant le gouvernement,
15 minutes pour l'opposition officielle et 10 minutes pour le
deuxième groupe d'opposition;
«Que — enfin — le ministre de l'Éducation, du Loisir et du
Sport soit membre de ladite commission pour la durée du mandat.»
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Alors, y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
Des voix : ...
Mise aux voix
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Oui, alors... Non? Et cette motion est adoptée?
Des voix : Adopté.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Adopté. Maintenant, pour la prochaine motion.
Procéder à des
consultations particulières
sur le projet de loi n° 133
M. Tanguay : Merci, Mme la
Présidente. Je fais motion, conformément à l'article 146 du règlement de
l'Assemblée nationale, afin :
«Que la Commission des institutions, dans le
cadre de l'étude du projet de loi n° 133, Loi obligeant le
port de l'uniforme par les policiers et les constables spéciaux dans l'exercice
de leurs fonctions, procède à des consultations particulières et tienne
des auditions publiques le 6 septembre 2017;
«Qu'à cette
fin, elle entende les organismes suivants : la Fraternité des policiers de
Montréal, l'Association des policiers
provinciaux du Québec, le Syndicat des constables spéciaux, la Sûreté du
Québec, la ville de Montréal, le Service de police de la ville de Montréal, l'Union des municipalités du Québec
[et] l'Association des directeurs de police du Québec;
«Qu'une période de 12 minutes soit prévue pour les
remarques préliminaires, répartie de la manière suivante : 6 minutes au groupe parlementaire formant le gouvernement, 3 minutes 30 secondes au groupe parlementaire formant
l'opposition officielle et 2 minutes 30 secondes au deuxième
groupe d'opposition;
«Que la durée maximale de l'exposé de chaque organisme
soit de 10 minutes et l'échange avec les membres de la commission
soit d'une durée maximale de 50 minutes partagées ainsi :
25 minutes pour le groupe
parlementaire formant le gouvernement,
15 minutes pour l'opposition officielle et 10 minutes pour le deuxième
groupe d'opposition;
«[Et qu'enfin, Mme la Présidente,] le ministre
de la Sécurité publique soit membre
de ladite commission pour la durée du mandat.»
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie, M. le leader adjoint du gouvernement. Y
a-t-il consentement pour débattre de cette motion? Consentement.
Mise aux voix
Alors, cette motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Adopté.
Avis touchant les
travaux des commissions
Nous en
sommes maintenant à la rubrique des avis touchant les travaux des commissions. Et, s'il n'y a pas de demande, je vais céder la parole à M. le
leader adjoint du gouvernement.
M. Tanguay : Oui. Alors, sur les travaux des commissions,
Mme la Présidente, j'avise cette Assemblée que la Commission des institutions poursuivra l'étude détaillée à l'égard du projet de loi n° 113, Loi
modifiant le Code civil et d'autres
dispositions législatives en matière d'adoption et de communication de
renseignements, aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à 13 heures et, si nécessaire,
de 15 heures à 18 heures et de 19 h 30 à 22 h 30,
à la salle Louis-Joseph-Papineau;
La Commission des transports et de l'environnement poursuivra l'étude détaillée à l'égard du projet de loi n° 137, Loi
concernant le Réseau électrique métropolitain, aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à
13 heures, à la salle du
Conseil législatif;
La Commission de la santé et des services sociaux poursuivra l'étude détaillée à l'égard du projet de loi n° 99, Loi modifiant la Loi sur la protection
de la jeunesse et d'autres dispositions, aujourd'hui, après les affaires
courantes jusqu'à 13 heures, à la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine;
Cette même commission
poursuivra l'étude détaillée à l'égard du projet de loi n° 130, Loi modifiant certaines dispositions
relatives à l'organisation clinique et à la gestion des établissements de santé
et de services sociaux, aujourd'hui, de 15 heures à 18 heures, à la
salle Louis-Hippolyte-La Fontaine.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Merci, M. le leader adjoint du gouvernement.
Et nous en sommes maintenant à la rubrique des renseignements
sur les travaux de l'Assemblée.
Affaires du jour
S'il n'y a pas de demande de renseignements, la
période des affaires courantes étant terminée, nous allons maintenant passer
aux affaires du jour. Et je vais céder la parole à M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Tanguay : Oui, Mme la
Présidente. Je vous prierais d'appeler l'article 30.
Projet de loi
n° 122
Adoption
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
L'article 30. Alors, à l'article 30 du feuilleton, M. le ministre des
Affaires municipales et de
l'Occupation du territoire propose l'adoption
du projet de loi n° 122, Loi
visant principalement à reconnaître que les municipalités sont des
gouvernements de proximité et à augmenter à ce titre leur autonomie et leurs
pouvoirs. Et je vais céder la parole à M. le ministre des Affaires municipales
et de l'Occupation du territoire.
M. Martin Coiteux
M.
Coiteux : Oui, merci, Mme la Présidente. Alors, mes chers collègues, notre gouvernement est arrivé en avril 2014, et, depuis les tout débuts de notre gouvernement,
nous traitons les municipalités comme les gouvernements de proximité qu'elles sont, on les a traitées comme
telles avant même de proposer l'adoption du projet
de loi n° 122. Et ça, ça
veut dire que nous les traitons en partenaires, dans le respect de leurs
compétences. Toute notre attitude, depuis avril
2014, est teintée par cette attitude de respect des compétences des municipalités et d'acceptation que les municipalités
constituent des gouvernements de proximité.
• (11 h 30) •
Pour
qu'on se comprenne bien, je vais vous citer quelques extraits du discours
inaugural du premier ministre. Le premier
ministre disait, concernant les
régimes de retraite des employés municipaux...
il parlait de proposer «un projet de
loi qui cherchera à régler le problème de solvabilité des régimes de retraite
municipaux», Mme la Présidente, engagement tenu par la loi n° 15. Le premier ministre, se référant à la
question des relations de travail dans le secteur municipal, disait
«donner toute la chance à la négociation, tout en prévoyant un mécanisme pour
trancher lorsque ce sera nécessaire». Mme la Présidente, engagement tenu par l'adoption
du projet de loi n° 110. Le premier ministre disait «reconnaître nos
principaux moteurs économiques et
culturels», soumettre à l'Assemblée nationale «un projet de loi sur la ville de
Montréal et un autre sur notre
capitale nationale». Mme la Présidente, encore une fois, engagement tenu par l'adoption du projet
de loi n° 109 concernant le statut de capitale nationale de Québec, en décembre dernier, et par l'étude prochaine du projet de loi
n° 121 consacrant le statut de
métropole de Montréal. Et le premier
ministre disait, je dirais, encore
plus fondamentalement, dans
son discours inaugural, Mme la
Présidente : «...refonder le
partenariat entre Québec et les municipalités [et] bannir le terme "créature" et envisager l'avenir sur la base de deux
ordres de gouvernement, qui ont leurs responsabilités propres
et qui travaillent ensemble
au service du même contribuable.» Engagement tenu, Mme
la Présidente, par le débat que nous
avons maintenant sur l'adoption du projet de loi n° 122.
Et
je passe ici rapidement sur la question du rapport Perrault, parce qu'on s'est engagés aussi, lorsque nous
avons signé avec les municipalités un pacte, on s'est engagés également
à voir avec elles comment on pouvait réduire leur fardeau administratif et réglementaire. Et on a donné des suites
concrètes au rapport Perrault, et plusieurs de ces suites concrètes se trouvent dans ce projet de loi
n° 122 dont nous proposons l'adoption. Alors, tout cela, Mme la
Présidente, en guise d'introduction,
mais ça veut dire une chose qui est fort importante pour les citoyens du
Québec : ce qu'on dit qu'on fait, on le fait. Promesse tenue.
Alors,
je reviens maintenant sur le projet de loi n° 122 de manière plus
spécifique. Je pense que c'est important de se rappeler la philosophie qui anime ce projet de loi. D'abord, ce
projet de loi, Mme la Présidente, représente la plus grande décentralisation de pouvoirs du
gouvernement du Québec vers les municipalités de notre histoire, la plus grande
décentralisation. C'est un projet de loi qui
accorde le plus grand respect aux compétences des municipalités. C'est une
chose, d'avoir des compétences, c'est une
autre chose, de se les voir respectées. Et, lorsque le gouvernement lui-même
met de multiples entraves, de multiples
entraves à l'exercice des compétences des municipalités, ces compétences
deviennent, vous me permettrez de dire, un peu théoriques. Mais nous, on
va reconnaître, en adoptant le projet de loi n° 122, les compétences des
villes de façon... en pratique.
Alors,
c'est ça que ça veut dire, la fin du temps des créatures auquel faisait
référence le premier ministre. Ça veut dire
la fin du paternalisme. Ça signifie la fin du temps où le gouvernement disait
aux villes quoi faire, quand le faire et comment le faire. Alors, c'est un projet de loi qui reflète un
engagement gouvernemental très ferme d'appliquer les grands principes de
subsidiarité et de respect de la démocratie locale. C'est un projet de loi qui
fait en sorte que les citoyens vont s'adresser davantage à leurs élus
locaux lorsqu'il s'agit d'enjeux de proximité plutôt que venir loin de leur
région, de leur village et de leur ville
pour s'adresser aux élus de l'Assemblée nationale, qui, eux, ont à s'occuper
d'autres enjeux que des enjeux de
proximité. C'est un projet de loi qui fait en sorte que les élus locaux vont
être redevables davantage vis-à-vis de leurs citoyens, et conséquemment
moins vis-à-vis les ministères et les organismes du gouvernement.
Alors,
notre souhait, puis j'ai l'intime conviction que ça va être le résultat de
l'adoption du projet de loi n° 122, notre souhait, c'est que ce projet de loi, une fois adopté, change la
donne en matière de relations avec les municipalités, pas pour une année, deux années ou cinq années,
pour des décennies, Mme la Présidente. C'est ça que propose le projet de loi n° 122, pour que, désormais, pour la
suite des choses, les relations entre le gouvernement du Québec et les municipalités soient basées sur la confiance
réciproque, le partenariat et la confiance réciproque. Parce que c'est comme
ça ultimement qu'on rend les services
auxquels s'attendent de nous nos citoyens. Nos citoyens, ils ont des besoins,
ils ont des attentes à l'égard des gouvernements. Et, peu importe quel est
l'ordre de gouvernements, ils souhaitent, nos citoyens, que ces ordres de gouvernement se respectent et
travaillent ensemble à leurs services. C'est ce que propose le projet de
loi n° 122.
Et savez-vous quoi?
Ça ne va pas seulement changer la relation comme telle, ça va transformer,
petit à petit, l'attitude de l'ensemble des
organismes et des ministères du gouvernement du Québec. Ils vont devoir
s'imprégner de cette nouvelle façon
de voir les choses. Ils ont déjà commencé, mais là ça va avoir force de loi.
Moi, je suis convaincu qu'un
ministère aussi important, historique, du gouvernement du Québec, qu'est le
ministère des Affaires municipales va se
transformer profondément au fur et à mesure qu'on va mettre en application
les différentes dispositions, les attitudes et les manières de faire proposées par le projet de loi n° 122. Et
ça va en faire un ministère qui va être encore davantage au service de
la démocratie locale, dans le meilleur intérêt des citoyens et des villes.
Alors,
pour faire de tels changements, il faut croire au changement, il faut vouloir
incarner le changement. Mme la Présidente, depuis avril 2014, notre gouvernement
est le gouvernement du changement, et on le montre ici très clairement
avec le projet de loi n° 122.
Alors,
le projet de loi n° 122, il fait beaucoup de choses. Je ne veux pas aller
dans tous les détails, mais je vais vous
relater un certain nombre des aspects importants, traiter d'un certain nombre
des aspects importants. Évidemment, la
reconnaissance du statut de gouvernement de proximité, et elle est bien plus
qu'une question symbolique, elle se reflète par des gestes concrets, notamment le projet de loi officialise la
composition de la Table Québec-Municipalités, laquelle doit être
présidée désormais au moins une fois par année par le premier ministre. Et
d'ailleurs cette Table Québec-Municipalités
présidée par le premier ministre s'est déjà réunie le 7 juin dernier avec
l'UMQ, la FQM, les villes de Montréal et
les villes de Québec, directement avec le premier ministre, pour discuter des
grands enjeux du monde municipal, parce qu'on est des gouvernements qui travaillons ensemble, les gouvernements
de proximité et le gouvernement du Québec.
Le
projet de loi n° 122 contient beaucoup de dispositions qui concernent
l'aménagement du territoire. De façon générale,
le projet de loi n° 122 leur donne plus de latitude dans la gestion de
leur territoire. Elles ont, par exemple, des pouvoirs accrus en matière d'urbanisme. Surtout, encore plus important,
ceux-ci sont rédigés en termes généraux afin de laisser une marge de manoeuvre aux municipalités pour exercer leurs
compétences en matière d'aménagement du territoire en fonction de leurs
besoins et de leur réalité.
Le projet de
loi, aussi en matière d'aménagement du territoire, simplifie le processus et
réduit les délais en matière de
gestion du territoire agricole, pas pour cesser de protéger le territoire
agricole, bien au contraire, mais pour permettre notamment aux agriculteurs, particulièrement aux
agriculteurs de pouvoir profiter de leurs terres pour d'autres usages, parfois
ouvrir un bureau, parfois ça donnait des activités d'agrotourisme, hein, on
veut favoriser l'agrotourisme sans nécessairement passer par le long
processus d'autorisation de la Commission de protection du territoire agricole
du Québec. Et savez-vous quoi? La Commission de protection du territoire
agricole du Québec est d'accord avec cette approche.
Elle est d'accord parce que, même si le processus était long, normalement elle
acceptait de telles demandes. Alors,
pourquoi aller dans un processus long qui est lourd pour tout le monde
lorsqu'on peut le faire plus simplement et plus rapidement? C'est ce que
propose de faire le projet de loi n° 122. C'est un exemple parmi d'autres.
En matière de
développement économique, le projet de loi accorde aux élus municipaux de
meilleurs outils de développement, et
ça, ça s'inscrit dans notre vision de l'occupation et de la vitalité de nos
territoires, bien entendu. On ne fait
pas tout par voie législative, mais, là aussi, par voie législative, on essaie
d'appuyer davantage sur la vitalité de nos territoires. Alors, le projet de loi donne le pouvoir aux municipalités
régionales de comté de gérer elles-mêmes un fonds de développement économique. Imaginez-vous, elles
n'avaient pas le droit de le faire. Elles ne pouvaient pas gérer un fonds de développement économique. Le projet de
loi leur permet désormais de le faire. Et le projet de loi rehausse la valeur maximale de l'aide aux entreprises qui peut
être versée également par les municipalités. Alors, ce sont des nouveaux
pouvoirs en matière économique. Je n'en ai cité que deux ici, mais il y en a d'autres.
• (11 h 40) •
C'est un
projet de loi sur la transparence et sur l'information rendue accessible de
façon lisible et compréhensible aux
citoyens. Ça prévoit une reddition de comptes beaucoup plus transparente des
villes, des élus municipaux vers leurs citoyens.
J'ai souvent dit qu'on inversait la direction de la reddition de comptes. Je ne
dis pas qu'il n'y aura jamais de reddition
de comptes vis-à-vis du gouvernement, il continuera à y en avoir une, c'est
normal. Mais très souvent ce que permet
de faire le projet de loi, dans différentes dispositions, c'est de faire en
sorte que les municipalités, lorsqu'elles rendent des comptes, elles les rendent davantage à leurs
citoyens et moins au gouvernement. C'est un allègement administratif pour les villes, mais c'est surtout un retour à
une normalité. Ce sont des élus imputables devant leurs citoyens. Pourquoi
ils doivent toujours être imputables d'abord
devant le gouvernement, puis ensuite le citoyen demande au gouvernement si ses
élus locaux ont bien agi? Je pense
que c'est le lien direct, là, favorable à la démocratie locale, il doit être valorisé, et c'est exactement
ce que fait le projet de loi n° 122.
Il y a désormais,
avec ce projet de loi, la possibilité de publier les avis publics sur Internet.
Ce n'était pas permis, il fallait publier de façon écrite. Il y a des dispositions
pour favoriser la diffusion d'une information complète et compréhensible pour le citoyen.
Il y a l'obligation de précéder l'adoption de tout règlement
par un projet de règlement à une séance précédente, il faut savoir sur quoi
on vote, et les citoyens auront accès aussi à l'information pour questionner leurs
conseillers, pour que les conseillers puissent prendre le pouls aussi. Et il y a
un allègement du fardeau administratif
des municipalités en procédant à une réforme
importante du rapport financier des municipalités. On fait tout ça et bien
d'autres choses encore en matière de
transparence, d'information aux citoyens, et en même temps en matière
d'allègement du fardeau administratif et aussi financier. Ça a des
coûts, le fardeau administratif.
En matière de
fiscalité et finances municipales, le projet de loi assouplit et simplifie
beaucoup de règles relatives à l'impôt foncier et aux finances
municipales, notamment en permettant d'établir jusqu'à cinq catégories
d'immeubles non résidentiels pour la durée
d'un rôle, en assouplissant la mesure d'étalement de l'évolution des valeurs
foncières et de dégrèvement, en octroyant aux municipalités un pouvoir
général de taxation et le pouvoir de lever des redevances réglementaires, ce qui permet aux municipalités
non pas d'aller chercher plus de revenus, mais de diversifier les sources
de revenus et de dépendre moins
qu'auparavant des impôts fonciers, qui ont, oui, certaines vertus, mais qui ont
également un certain nombre de défauts. Alors, c'est une diversification des
sources de revenus qui est permise, et ce n'est pas dans un esprit de taxer les citoyens, c'est dans un
esprit d'avoir une fiscalité qui est beaucoup plus compétitive, qui est
beaucoup plus équilibrée entre
différentes possibilités. Et ça permet d'ailleurs, aussi, dans certains cas, de
faire des liens intéressants avec l'aménagement du territoire, et ça, on
a eu l'occasion d'en discuter.
Il y a
différentes dispositions qui touchent la gouvernance et les pouvoirs de la
municipalité. Par exemple, le projet de
loi, de façon générale, rend les municipalités beaucoup plus autonomes dans
leur mode de fonctionnement, beaucoup plus autonomes dans les relations
qu'elles établissent avec leurs citoyens. Et là il y a différents exemples,
d'abord le pouvoir des municipalités de
déterminer via un règlement sur la gestion contractuelle les modes
d'adjudication des contrats de moins
de 100 000 $. Et là, ici, une des choses qu'on a faites, on a corrigé
une anomalie, Mme la Présidente, aussi. Les organismes publics même les plus petits, les commissions scolaires
aussi, étaient assujettis à des règles générales qui sont les mêmes que
celles du gouvernement. Mais les municipalités, elles, avaient des règles
exceptionnellement plus contraignantes, les
empêchant de disposer des mêmes outils que le reste du secteur public. Alors,
dans un projet de loi qui les reconnaît comme des gouvernements de proximité,
dans un projet de loi qui s'inscrit dans une philosophie de nous travaillons en partenaires sur une base de
confiance réciproque, nous sommes, tous les deux ordres de gouvernement,
au service des mêmes citoyens, pourquoi
devrait-on, dans un contexte comme celui-là, faire en sorte que les villes ne
puissent pas avoir accès à l'ensemble des outils qui sont les outils
disponibles pour le secteur public? Alors, on a fait ça.
On a aussi
exempté... Par le projet de loi, on exempte aussi l'approbation référendaire
des règlements d'emprunt dans certaines
circonstances lorsque ce sont des travaux d'infrastructure essentiels. Lorsque
c'est subventionné directement par
des programmes gouvernementaux, pourquoi, à ce moment-là, aller en processus
d'approbation référendaire? C'est long, c'est coûteux pour arriver finalement au résultat qu'il faut
l'infrastructure, que le programme est là pour aider la municipalité.
Et c'est bien
plus que symbolique, hein, ça montre à quel point il y avait quelque chose qui
ne fonctionnait pas dans notre relation avec les municipalités : il y
avait encore un pouvoir de désaveu du ministre des Transports à l'égard des limites de vitesse à l'intérieur des villes. Bien,
avec le projet de loi n° 122, ce pouvoir de désaveu disparaît. C'était
vraiment ça, hein, l'un des aspects du paternalisme dont j'ai parlé tout à l'heure, bien, il est aboli par le projet
de loi n° 122.
La participation des citoyens,
maintenant, particulièrement la participation des citoyens
en matière d'urbanisme, dans le fond en matière de quelle sorte de
ville je veux avoir, quelle sorte de quartier je veux avoir, comment je peux m'impliquer pour avoir un milieu de vie agréable,
dans lequel toute la communauté puisse se développer, comment faire participer les citoyens, c'est un aspect
majeur de ce projet de loi, ce que nous proposons. C'est très, très, très important, puis il
faut que ça soit apprécié à sa juste valeur.
Actuellement, on a un
système qui est basé sur la possibilité de s'opposer à des projets. On n'incite
pas une participation des citoyens
pour dire : Comment pourrait-on avoir le meilleur projet au service de
notre communauté? Non. On mobilise
les opposants. C'est ce qu'on fait souvent. C'est ça que notre système actuel
fait. Le projet de loi n° 122 propose une avenue bien plus constructive, bien plus constructive, bien plus
moderne. Et ça a toujours été notre objectif, dès le départ, dès le départ, de faire en sorte que les
citoyens puissent participer davantage en amont, avant que les projets ne se
réalisent, de façon constructive, dans l'intérêt collectif. Ça a toujours été
notre intention.
Alors,
ce que fait le projet de loi, c'est qu'il propose de permettre aux municipalités qui adopteraient une politique
de participation publique en matière
d'aménagement du territoire, en matière d'urbanisme, d'être désormais
exemptées du mécanisme d'ouverture des registres et de vote des
opposants que permet le mécanisme actuel d'approbation référendaire. Donc, les villes qui se dotent d'une politique
pourront être exemptées de l'exemption... seront exemptées de
l'obligation référendaire. Mais on va faire ça dans l'esprit même qui anime ce projet
de loi, dans l'esprit même d'animer cette
participation citoyenne positive, cette valorisation de la démocratie municipale que nous souhaitons tous.
Le
gouvernement va établir le cadre général par règlement, mais on ne veut pas du
mur-à-mur partout. La réalité n'est
pas la même dans une plus petite communauté en région que dans une ville comme
Montréal, par exemple, et la réalité
à Sherbrooke peut être différente de la réalité de Gatineau — je pense, Mme la Présidente, que vous le
savez. Et donc il faut que les politiques puissent s'adapter aussi aux
réalités locales.
Par contre, là où les
politiques ne peuvent pas s'écarter d'une norme commune, c'est une norme de
qualité de la participation des citoyens. Et là, écoutez, ce qu'on propose,
c'est un changement extrêmement important, un changement extrêmement important.
Le cadre que nous proposons pour mobiliser non pas les opposants à des projets constructifs, mais au contraire de mobiliser ceux
qui veulent faire des beaux projets pour leur communauté, ce cadre-là, qui va donner lieu à des politiques de
participation citoyenne qui seront adoptées dans les villes qui voudront bien
le faire, puis moi, je pense que la
plupart des villes vont vouloir s'engager dans cette voie, va obéir à des
principes qui font l'unanimité, à des
principes qui font l'unanimité parce que ce sont les principes du rapport du
regretté maire L'Allier et de ses collaborateurs dans cet exercice.
Ces
politiques vont reposer sur les principes suivants : la transparence du
processus décisionnel, la consultation des citoyens en amont de la prise de décision, la diffusion d'une
information complète, compréhensible et adaptée aux circonstances, l'attribution aux citoyens d'une
réelle capacité d'influence, la présence active des élus dans le processus
de consultation, la fixation des délais adaptés aux circonstances suffisants et
permettant aux citoyens de s'approprier l'information,
la mise en place de procédures permettant l'expression de tous les points de
vue et favorisant la conciliation des
différents intérêts, la modulation des règles en fonction notamment de l'objet
de la modification, de la participation des citoyens ou de la nature des commentaires formulés, la mise en place
d'un mécanisme de reddition de comptes à l'issue du processus.
• (11 h 50) •
Écoutez,
c'est pas mal plus intéressant de mettre ça en oeuvre dans nos villes et dans
nos quartiers que de faire signer des
registres. C'est beaucoup plus constructif. C'est beaucoup plus moderne. Bien,
c'est ça que propose le projet de loi
n° 122. Et c'est pour ça que je dis que c'est un profond exercice de
reconnaissance de l'imputabilité des élus qui, ultimement, prendront les décisions. Oui, c'est de reconnaître les
compétences, oui, c'est plus de flexibilité, oui, mais en même temps la place du citoyen, elle est centrale,
elle est centrale dans l'exercice. Parce
que, cet exercice de décentralisation
des pouvoirs, les villes comme le gouvernement du Québec, deux partenaires qui se font confiance, le
veulent tous les deux pour donner de
meilleurs services aux citoyens. C'est ça, l'objectif ultime, c'est ça
que vient accomplir le projet de
loi n° 122.
Maintenant,
dans l'intervalle, dans l'intervalle, puisque ces politiques
de participation devront être adoptées, dans l'intervalle et au cas où
certaines villes n'adopteraient pas un tel cadre, bien, le processus
d'approbation référendaire demeure. Mais
néanmoins nous l'avons amélioré, nous l'avons amélioré en relevant le seuil nécessaire
pour déclencher un éventuel
référendum, d'une part, on a relevé les seuils, et, d'autre part, si un tel
référendum doit avoir lieu, les seuils pour
rendre la consultation valable. Alors, le seuil, le nouveau seuil sera
de 10 % pour tous, alors qu'avant on avait des régimes à vitesse... à géométrie variable,
10 % pour tous avec un maximum de 30 000 personnes
habilitées à voter. D'ailleurs, on a retranscrit ce principe-là dans un
projet de loi d'intérêt privé concernant Gatineau, en adoptant un projet de loi
d'intérêt privé, hier, là-dessus. Alors, voilà, c'est ce qu'on fait.
Alors,
écoutez, j'en aurais long encore, mais je ne veux pas prendre tout le temps.
Les collègues aussi vont vouloir s'exprimer,
parce que c'est un projet de loi important, c'est un projet de loi historique,
qui doit être apprécié à sa juste valeur. Mais je vous dirai la chose
suivante : J'ai la conviction profonde que le projet de loi n° 122 va
contribuer à améliorer la vie démocratique
municipale, j'en ai la conviction, parce que les municipalités vont voir leurs
compétences reconnues, parce qu'il y aura moins d'entraves à l'exercice
de leur rôle de gouvernement de proximité, parce que la reddition de comptes sera davantage dirigée vers le citoyen et moins
vers le gouvernement du Québec, parce qu'elles auront davantage d'outils pour se développer et
prospérer, parce qu'il y aura une nouvelle dynamique de participation citoyenne
qui sera valorisée. Je pense même que nos
amis des médias, qui nous écoutent peut-être, vont s'intéresser encore plus à
la vie politique municipale lorsque tous ces outils-là seront à la
disposition des citoyens et de leurs élus.
Alors, c'est
important, là, aujourd'hui, ce qu'on va faire. On va permettre, là, que la
prochaine campagne électorale municipale puisse se faire dans un
contexte où on se dit : Tiens, l'Assemblée nationale du Québec nous a
reconnus comme
gouvernement de proximité. Lorsqu'un ou une candidate — puis on espère qu'il y aura beaucoup de
candidates — va
se présenter, ils vont savoir, là, qu'ils
vont être reconnus et respectés par le gouvernement du Québec, qu'ils auront
des outils pour développer davantage
leurs communautés. Et les citoyens et les citoyennes qui vont prendre part au
vote vont savoir que c'est un geste important qu'ils vont poser et
qu'ils pourront, même entre les élections, s'engager dans une dynamique de
participation citoyenne pour améliorer leurs quartiers, pour améliorer leurs
villes, pour faire avancer le développement économique et social de leurs
communautés. C'est ça, le projet de loi n° 122.
Je
pense que, personnellement, avec le gouvernement, nous en sommes très fiers.
Mais je pense que tous les élus de
l'Assemblée nationale pourraient en être très fiers en votant aujourd'hui en
faveur du projet de loi n° 122. Ça se peut, là, qu'ils vont dire : Ah! on l'aurait fait un peu différemment ici
ou là. Mais regardons l'oeuvre d'ensemble. C'est une belle oeuvre d'ensemble. Et on pourrait tous voter
en faveur du projet de loi n° 122, ce à quoi j'invite mes collègues de
l'opposition officielle et de la deuxième opposition. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie, M. le
ministre des Affaires municipales et de l'Occupation du territoire. Maintenant, pour la suite de ce débat, je
vais céder la parole à M. le député de René-Lévesque, qui est aussi le
porte-parole en matière d'affaires municipales pour l'opposition officielle.
M. Martin Ouellet
M. Ouellet : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Donc, à mon tour de prendre la
parole sur l'adoption du projet de
loi n° 122. Le ministre a qualifié le projet de loi d'«historique» et a
fait mention de l'histoire récente du gouvernement libéral, depuis 2014, dans une chronologie
subséquente d'événements, qui, à leur avis, était satisfaisante pour les enjeux
avec lesquels les gens, les villes faisaient
face. Dans cette genèse, Mme la Présidente, il y a quelques détails que j'aimerais remettre en perspective, qui vont nous amener à
pourquoi est-ce qu'on est aussi aujourd'hui au projet
de loi n° 122, et qu'est-ce qui fait qu'on a des dispositions qui nous
plaisent, et qu'est-ce qui fait, Mme la Présidente, qu'il nous manque
des choses dans le projet de loi en question.
Donc,
la genèse de 2014, elle est bien simple, elle commence tout d'abord par un
pacte fiscal qui va priver les municipalités
de 1,2 milliard de dollars dans les quatre prochaines années à la
signature de ce pacte. Donc, les municipalités, se voyant amputées, ont assurément eu des discussions avec le
gouvernement, et des moyens subséquents ont été proposés pour faire...
leur offrir une contrepartie. La première contrepartie qui leur a été offerte,
c'est de venir jouer dans les régimes de
retraite, ce qu'on a voulu appeler un rééquilibrage des sommes investies entre
les salariés et les villes à l'intérieur même des régimes de retraite. Je ne veux pas refaire le débat du projet
de loi, mais la finalité, c'est que, dans un processus de négociation avec lequel les salariés s'étaient
entendus, dans un processus de négociation dans lequel les salariés avaient
laissé sur la table des augmentations de salaire ou autres conditions en
contrepartie d'un régime de retraite plus favorable, bien, on est venus leur dire, dans un nouveau
projet de loi : Ce que vous avez convenu par le passé ne tient plus. On a
permis et on permet encore, dans le fond, dans le projet de loi en question, de
venir jouer dans ce qui avait été négocié pour venir recalibrer ce
débalancement qui avait été évoqué par les différents maires, et surtout ce
débalancement qui semblait causer, je vous
dirais, des sommes astronomiques à payer pour les municipalités. Alors, on a
voulu faire du mur-à-mur, alors que,
dans plusieurs municipalités du Québec, on était prêt à s'entendre avec les
groupes et on n'avait pas à faire ce calibrage-là. Donc, 2014, on est
venu jouer dans la libre négociation une première fois.
Deuxième
chose que les élus sont venus susciter aux oreilles du gouvernement, c'est que
le processus de négociation, tel
qu'on le connaissait pour les policiers et pompiers, les cols blancs, coûtait
cher aux municipalités. Et donc, si
on veut offrir aux municipalités une contrepartie d'une ponction de
1,2 milliard, il fallait trouver des moyens sur lesquels on
avait... des leviers sur les enjeux financiers. Et là on a adopté — pour
lequel nous, on a voté contre — le projet de loi n° 110, qui est venu changer diamétralement la façon dont
négocient policiers, pompiers et cols blancs. Et là le ministre disait
tout à l'heure : Écoutez, on a laissé la place à la libre négociation. Ce
n'est pas véritablement ce qui s'est passé, Mme la Présidente. On est venu
baliser un temps, et, quand on vient mettre une date d'échéance à une
négociation, Mme la Présidente, ce n'est pas
de la libre négociation. Et on l'a vu dernièrement, on a eu des lois spéciales
pour ce qui est des juristes, on en a
eu dans le cas de la construction, qu'on vient de mettre... on vient de fixer
un moment pour mettre fin à une
négociation. Ce n'est pas ça, librement négocié. Librement négocié, Mme la
Présidente, c'est d'avoir l'opportunité d'exercer son droit de grève, d'exercer des moyens de pression pour
faire reconnaître la légitimité de nos moyens et faire reconnaître aussi
pourquoi on croit juste ce qu'on demande, et de le faire comprendre aussi à
l'ensemble des concitoyens.
Donc, on est venu
changer ça dans le projet de loi n° 110 et, en plus, on est venu
introduire de nouveaux mécanismes... qui, et
on l'a dit en commission parlementaire, est maintenant entre les mains du
ministre à ce sujet, dans la nomination
du comité en question, le comité des différends, mais aussi dans la nomination
d'un mandataire spécial, et qui pourrait,
ultérieurement, nous amener à décréter les conditions de travail dans le
secteur municipal. Alors, on ne me ferait pas croire, Mme la Présidente, que, dans les promesses du gouvernement
de plus d'autonomie, de venir jouer dans la libre négociation et dans
ses mécanismes, c'est ça, donner de l'autonomie.
Ce qui nous
amène aujourd'hui au projet de loi n° 122, et donc une troisième
contrepartie au pacte fiscal. Puis là on a dit : Écoutez, qu'est-ce
qu'on pourrait faire pour améliorer le sort de la municipalité? Et, vous allez
le voir tout à l'heure, Mme la Présidente,
il y a effectivement des choses, dans le projet de loi en question, qui
s'adressent à ça. Il y a des choses
qu'on a améliorées dans le monde municipal, mais il y a des choses aussi qui
avaient une incidence financière, et
j'en ferai la démonstration tout à l'heure, qui, pour nous... on se demande
c'était quoi, la visée finale. Si c'est plus de transparence, une meilleure communication au sein des citoyens, il y a,
dans certaines mesures, une incidence financière, et cette incidence financière, c'est des revenus
soit supplémentaires, aux municipalités, mais aussi des dépenses moindres,
qui fait qu'avec le pacte fiscal on est
capable de compenser une perte par de nouveaux revenus ou des dépenses
moindres.
• (12 heures) •
Alors donc, Mme la Présidente, cette
histoire-là, elle est importante. Et là on est dans le chapitre du projet de loi n° 122. Et, Mme la Présidente, dans le
projet de loi n° 122, même s'il n'y a pas, je vous dirais... il a occupé un lieu dans l'espace public. Il y a beaucoup
de personnes qui ont parlé, beaucoup de personnes sont venues nous interpeler par rapport à ce projet
de loi, mais je ne suis pas
convaincu, Mme la Présidente, que l'ensemble des citoyens et citoyennes sont
en mesure, aujourd'hui, d'évaluer l'ensemble des impacts que ça
aura, oui, dans les prochaines élections municipales, mais quels seront ces impacts dans leur vie
quotidienne dans les années subséquentes. Parce que le ministre
nous a fait mention tout à l'heure qu'effectivement c'est un projet
de loi qui change la façon de faire dans le monde municipal, et cette façon de faire là pourrait
perdurer dans le temps.
Et c'est pour
ça, Mme la Présidente, qu'on a pris tout le temps nécessaire
pour proposer des amendements et trouver une façon d'améliorer le projet
de loi, et je pense
qu'à certains égards, Mme la
Présidente, on a réussi. Et c'est ça
qu'il est important de dire parce que,
malheureusement, dans cet espace public, on a, dans certains cas,
essayé d'apposer les besoins des maires versus les besoins des citoyens,
alors que le véritable enjeu dans ce projet
de loi là, Mme la Présidente, était la démocratie citoyenne. Oui, plus de pouvoirs aux élus. Oui,
plus d'autonomie aux élus. Oui, plus de reddition de comptes aux citoyens. Mais la trame de fond, Mme la Présidente, c'était la démocratie municipale et citoyenne. Et ce qu'on a essayé de faire dans l'étude article
par article, et par les différentes représentations qu'on a faites, et par les
différents groupes qu'on a rencontrés, c'est de retrouver un certain
équilibre dans ce projet de loi là.
Ce que nous
avons été, Mme la Présidente, dans ce projet de loi à titre de Parti québécois,
on a été très collaborateurs. Je vous
dirais, moi, mais aussi ma collègue d'Hochelaga, ma collègue de Taschereau, le
collègue de Berthier, lors de l'étude
article par article, nous avons, effectivement, voulu proposer des amendements
ou des façons différentes de voir les
intentions portées dans le projet de loi pour toujours trouver ce fameux
équilibre là, Mme la Présidente. Et on l'a fait avec plusieurs amendements. On
a déposé tout près de 18 amendements, et, là-dessus, il y en a sept, Mme
la Présidente, qui ont été redéposés
par le Parti libéral et pour lesquels on était en accord, et pour lesquels on
trouvait que c'était la bonne chose à faire.
Alors, la
formation politique, Mme la Présidente, qui a travaillé à améliorer le projet
de loi, qui a fait un travail constructif,
qui a amendé, qui a débattu, c'est notre formation politique. On a pris notre
temps, on a pris le temps qu'on avait
à prendre, mais on a surtout proposé des solutions. Alors, j'ai été surpris
d'apprendre, Mme la Présidente, la semaine passée... la deuxième opposition se galvauder dans les communiqués de
presse en disant qu'ils avaient mené des combats épiques et que, grâce à eux, les avis publics avaient eu un écho, mais,
malheureusement, que le projet de loi n'avait pas donné suite à leurs
propositions.
La deuxième opposition, Mme la Présidente, a
seulement déposé cinq amendements, cinq, et, à plusieurs reprises — et vous pourrez lire les verbatim, Mme la
Présidente — le
député de Blainville nous a dit, bien, qu'il ne voulait pas trop
débattre parce que les unions municipales allaient l'appeler, puis qu'ils
allaient faire des pressions, puis que, malheureusement,
bien, ce n'était pas comme ça qu'il voulait travailler. Donc, à plusieurs
moments, il nous a dit : Écoutez, moi, je ne veux pas ralentir le
projet.
Nous, Mme la
Présidente, ce n'était pas de ralentir le projet, notre enjeu. Notre enjeu,
c'était de trouver le meilleur projet
de loi possible. Si c'est débattre avec la collègue de Taschereau, qui
représente la capitale, si c'est débattre avec la collègue d'Hochelaga-Maisonneuve, qui représente pour nous la
métropole, et, si c'est débattre avec le collègue de Berthier, qui représente l'agriculture, c'était d'arriver
avec des amendements et d'essayer de faire comprendre à la partie gouvernementale qu'on était sincères dans notre
volonté de travailler, de collaborer, puis qu'on était sincères aussi dans
notre volonté de voir ce projet de loi là arriver rapidement au sein du milieu
municipal.
Parce qu'il
ne faut pas se le cacher, ça aussi, c'est venu interférer un peu dans nos
travaux. Plusieurs élus, plusieurs unions,
plusieurs groupes d'élus à l'intérieur des unions ont fait des représentations
dans la presse nous disant d'accélérer le
travail pour une adoption, donc, avant la fin de session, mais surtout une
adoption pour que les enjeux soient connus pour les élections qui s'en
viennent. Alors, sans promettre de délai, Mme la Présidente, on a promis des
débats, on a promis une collaboration, et on
est même allés jusqu'à l'Union des municipalités. Donc, mon chef, le député de
Rosemont, contrairement au chef de la
deuxième opposition, s'est présenté à l'UMQ, est venu dire qu'est-ce qu'on
aimait dans le projet de loi en
question, qu'est-ce qu'on n'aimait pas et qu'est-ce qu'on voulait travailler
avec la partie gouvernementale pour
en faire un meilleur projet. Alors, on est allés. On est allés exposer nos valeurs,
puis je vous dirais, Mme la Présidente, qu'effectivement, à certains moments, sur certains enjeux, on n'était
pas à la même place, mais les élus municipaux ont compris ce qu'on voulait mettre de l'avant, et ce
qu'on voulait débattre, et la nécessité de le faire, et, dans certains cas, la
légitimité, pour la formation que je
représente, le Parti québécois, d'avoir ces positions-là fermes sur des enjeux
que, pour nous, il était essentiel de maintenir et de défendre.
Alors, Mme la Présidente, je le disais tout à
l'heure, on a déposé 18 amendements, et sept ont été repris par le
gouvernement. Une des plus fondamentales — et c'est tout de suite en
commençant le projet de loi en question — le gouvernement a à établir ses orientations gouvernementales en aménagement
du territoire, mais on a trouvé essentiel, dès le départ, déjà, de marquer le ton en impliquant la société civile dans
ces discussions-là, dans ces orientations-là. Ce qu'on voulait — et c'est ce qu'on veut toujours, Mme la
Présidente — c'est
qu'il y ait le maximum de personnes qui participent au processus démocratique, qui participent au
développement de leur territoire, à son aménagement, et la façon d'inscrire
ça dans le débat tout de suite en
commençant, c'était de discuter et de voir inscrire cette possibilité-là.
Alors, on s'en réjouit, Mme la
Présidente, elle est inscrite maintenant, et le ministre pourra consulter les
sociétés civiles ou d'autres groupes jugés pertinents sur les enjeux
avec lesquels on voudra trouver des solutions.
Le
deuxième enjeu, Mme la Présidente — et ça a, effectivement, emmené des débats
enflammés de part et d'autre sur les
différentes tribunes — c'est tout ce qui était relatif aux référendums. Évidemment — puis je le disais hier lors de la prise en considération — le projet de loi, 256 articles, Mme la
Présidente, 152 amendements au total apportés, donc tout près de
60 % des articles ont été amendés, on comprend, Mme la Présidente — et je
suis convaincu que vous en avez déjà vu
plusieurs — qu'on
n'a pas le même projet de loi qu'on avait au départ, et donc il y a eu une
évolution entre ce qui était écrit, donc une abolition totale des
référendums à Québec, une abolition totale des référendums à Montréal sans contrepartie, et qu'une nouvelle procédure pouvait
être mise en place dans les autres municipalités, c'est-à-dire qu'on pouvait requalifier une zone d'urbanisme et la
soumettre à une consultation ou à une politique d'information — qui était, à notre avis, bien
peu — qui
devait être faite de ce côté-là.
Alors, avec
le gouvernement, avec ses amendements sur la politique de la participation
publique, il y a un point majeur pas
qui nous a surpris, mais qui nous a satisfaits. Parce qu'on en avait fait
mention dans toutes les démarches qu'on avait faites, Mme la Présidente, que ce
soit en motion de scission ou en motion de report, le rapport L'Allier, feu
M. L'Allier, était exemplaire sur des
critères à inscrire dans la loi, et je veux juste vous rappeler, Mme la
Présidente, qu'au départ c'était par règlement, la consultation. Bon, il
y avait quelques critères, et le gouvernement pouvait venir, par règlement, colliger certaines données. Là, M. le
ministre a, effectivement, fait inscrire dans la loi ces neuf critères — qu'il nous a lus tout à l'heure — dans le rapport L'Allier. Donc, on a
maintenant un cadre législatif très solide qui va venir baliser qu'est-ce qu'une politique de participation
publique devrait être et qu'est-ce qui fait que les citoyens et citoyennes du
Québec qui en auront une voudront y adhérer et y participer.
Deuxième
enjeu aussi qu'on s'est toujours posé comme question et qu'on a eu la réponse
lors des amendements du ministre,
avec les discussions que nous avons eues, c'est : Est-ce que c'est à
l'Assemblée nationale, Mme la Présidente, de retirer le droit des citoyens d'avoir le mécanisme d'approbation
référendaire? Et ça, Mme la Présidente, effectivement, lorsqu'on voit les amendements qui ont été déposés
par le ministre aux différents articles 80.1, 80.2, 80.3, 80.4, bien, ça se
fera dans les conseils municipaux. Donc, la
séquence, elle est très simple, là. On adopte le projet de loi aujourd'hui ou
demain, il y a un comité de travail formé de l'UMQ, de la FQM, de
l'Institut du Nouveau Monde, de Vivre en ville, de Québec et Montréal, qui sont
en train de cogiter sur des mécanismes et qui vont faire rapport au ministre.
Suite à ce travail-là, le ministre va
établir le règlement qui va venir baliser les critères tels qu'indiqués dans la
loi. Une fois que ces critères-là vont être connus, les municipalités
vont pouvoir élaborer leur propre politique. Ils devront la déclarer conforme dans les conseils municipaux. Donc, par
règlement, ils devront voter cette politique-là et pourront, s'ils le désirent,
effectivement, ne plus être sujets à l'approbation référendaire.
• (12 h 10) •
Ce qu'on a
toujours voulu, Mme la Présidente, c'est qu'il se fasse plus de politique de
participation publique, mais que les mécanismes référendaires restent. Et ça,
au projet de loi, ça va être possible. Donc, il y a des municipalités qui
vont pouvoir s'inspirer du modèle L'Allier, s'inspirer des bonnes pratiques
issues des discussions que l'Institut du Nouveau
Monde aura eues et que Vivre en ville aura pour bâtir leur propre politique de
participation publique. Parce que, oui, comme le ministre en fait
mention, on veut que les gens participent davantage à améliorer leur
environnement, participent davantage, par leurs connaissances, par leur vécu,
par leurs compétences, à améliorer l'aménagement du territoire, qui touche leur vie quotidienne. Et, dans certains cas, ceux
et celles qui le feront, bien, dans
les municipalités, on
pourra garder l'approbation référendaire
parce que ça devient aussi un moment où est-ce que la population peut être
saisie d'un enjeu et décider si la finalité
qui a été présentée est celle qui convient. Dans toutes les discussions qu'on
aura eues à travers la participation citoyenne, et les rapports, et les
contre-expertises, tout ce qui aura été fait, il existera toujours cette
particularité-là.
Et la
participation citoyenne, elle est évolutive, alors elle pourra être bonifiée.
Mais, dans certaines municipalités du Québec — et ça
je tiens à le rappeler, Mme la Présidente — tout dépendamment du vécu ou
de la façon dont la dynamique sera opérée...
Parce qu'on a une certitude aujourd'hui, on connaît tous les élus du Québec qui
sont assis dans les différents sièges
dans les conseils municipaux. On n'a pas cette photo-là, puisqu'il y aura des
élections à l'automne. Elle devrait
changer, je présume, mais ça ne sera pas la même photo, Mme la Présidente, en
2021, puis ça ne sera pas la même
photo en 2025. Donc, les conseils municipaux, après avoir fait naître cette
politique-là, après l'avoir vécue, l'avoir améliorée ou bonifiée, pourront décider, s'ils le veulent, aussi de
revenir au modèle de l'approbation référendaire. Donc, ce processus-là, il est réversible. Donc, il n'est
pas dans le ciment pour la suite. Alors, c'est quelque chose avec lequel
on était d'accord. Donc, je le répète, on
vote l'abolition de l'approbation référendaire dans les municipalités. Et, si,
dans le temps, avec l'historique
vécu, on décide de revenir à un modèle qui est plus satisfaisant selon ce qui
aura été discuté autour du conseil de ville, bien, cette possibilité-là
existe toujours.
Un autre point
important, Mme la Présidente — parce que j'en faisais mention, du pacte
fiscal, en début d'exposé — on a vu disparaître, dans plusieurs
municipalités du Québec, dans les MRC, les CLD. Donc, on a vu disparaître
cette unité, cette matière grise de
bénévoles qui aidait les entrepreneurs à faire des investissements judicieux,
qui les aidaient à faire grandir...
Alors, on a eu des discussions et on a proposé des amendements qui ont été
retenus et redéposés par la partie
gouvernementale. Parce que, dans le projet de loi, Mme la Présidente, on va
pouvoir recréer des fonds d'investissement, les MRC vont pouvoir mettre des sommes pour aider les entreprises à
croître et même à naître dans certains cas, et on a permis dans cet amendement-là qu'il y ait des
comités consultatifs formés de gens d'affaires et d'autres acteurs issus de la
société civile que les élus trouveront
importants pour venir alimenter la discussion et même, dans certains cas,
recommander quels genres d'investissements qui devraient être faits, là,
dans les municipalités.
Donc, sans recréer les CLD, Mme la Présidente,
on a quand même fait réapparaître la possibilité d'avoir cette matière grise, ces bénévoles, hommes et femmes,
qui ont, pour la plupart, bâti une entreprise, racheté une entreprise, fait
grandir une entreprise, vécu des difficultés
en entreprise. Et moi, pour avoir eu une entreprise avec ma conjointe, je peux
vous en parler, des
différents cycles du monde entrepreneurial. Bien, dorénavant, les élus pourront
susciter la connaissance, l'expertise de ces gens issus du milieu des
affaires pour bonifier leur intervention et de s'assurer qu'elles auront les
retombées qui sont souhaitées.
On a déposé,
Mme la Présidente, d'autres amendements aussi concernant des documentations soumises
à l'avance. Et ça, là, je vous
dirais, Mme la Présidente, on n'en a pas discuté longtemps. Je pense que le
ministre a rapidement compris c'était
quoi, notre intention. Nous avons reçu plusieurs groupes, plusieurs conseillers
indépendants qui nous disaient que ça n'avait pas de bon sens, qu'on
veut améliorer la démocratie municipale, on veut donner plus d'autonomie et
plus de pouvoirs, mais que je n'ai pas les
documents pour prendre ces décisions-là. Et il y a des élus qui sont venus nous
voir, que j'ai rencontrés même en
«off-congrès» de l'UMQ, qui sont venus nous dire qu'ils obtenaient les
documents en séance tenante, mais
même, dans certains cas, quand venait le temps de voter sur le budget, qui,
dans certains cas est une énorme brique et qui a sa propre procédure,
hein, Mme la Présidente, il y a une séance spéciale dédiée au budget, il y a
une procédure pour envoyer les avis, donc
tout ça est tout normé, mais il n'y avait rien qui disait le moment où est-ce
que les documents devaient être rendus disponibles.
Donc, suite
aux discussions avec le ministre, dorénavant, maintenant, dans toutes les
municipalités du Québec, lorsqu'il y
aura les circonstances... je dis exceptionnelles, on comprend que ça pourrait
être expliqué, mais majoritairement et, on l'espère, unanimement, les
documents seront disponibles 72 heures à l'avance pour l'ensemble des
conseillers municipaux. Et, dans le cas du
budget, donc la procédure spéciale, lors du dépôt de l'avis, huit jours avant,
les informations relatives à la situation financière, à la situation de
la municipalité seront aussi disponibles.
Alors, ça,
c'est un grand pas qu'on est fiers d'avoir collaboré, Mme la Présidente, parce
que je pense qu'avec ça on a amélioré le rôle des différents conseillers
municipaux qui sont au sein de la table et qui sont, dans certains cas, dans
l'opposition ou du moins... Parce que, dans certaines municipalités du Québec, Mme
la Présidente, il n'y a pas de partis politiques. Surtout dans les petites municipalités,
d'ailleurs, qui ne peuvent pas en former, bien, les conseillers sont, dans certains cas, indépendants, votent, dans le fond, majoritairement avec le maire en place. Mais ils peuvent avoir
des dissidences, et, des fois, ces dissidences-là peuvent, effectivement, créer
une barrière entre l'administration et le conseiller,
et par... on va dire les vraies
affaires, là, par effet, je vous dirais... sans punir, là, mais, par effet
contraire, bien, on prive les
conseillers municipaux de d'autres documents pour, bon, les empêcher de
faire... C'est le genre de chose qu'on nous
a conté et c'est le genre de chose qu'on est contents de voir apparaître comme
étant une chose qui sera derrière nous dans le projet de loi en
question, Mme la Présidente.
On a eu des discussions aussi sur les terres
agricoles. Le collègue de Berthier aurait dû être ici aujourd'hui, malheureusement il est dans son comté. Mais c'est
sûr que ce qui avait été présenté dans le projet de loi et les intentions
du ministre étaient totalement... sans dire
différents, mais on sentait qu'il y avait, effectivement, des enjeux qui
n'étaient pas nécessairement bien
décrits dans le projet de loi. Alors, le gouvernement a proposé des amendements
qui étaient en accord avec ce que la
commission de protection des terres agricoles voulait, ce que l'UPA voulait,
avec lesquels on était en accord. Alors,
je suis assez d'avis, Mme la Présidente, qu'on a amélioré la façon de faire
lorsque ça touche les terres agricoles, mais on aurait pu aller un petit
peu plus loin, je vous le dirai un peu plus tard dans mon intervention.
Autre
chose — et, oui,
ça, c'est important aussi — on a déposé des amendements qui ont été repris par le gouvernement
aussi. Parce qu'on a parlé beaucoup de
participation citoyenne, mais l'approbation référendaire, elle avait ses
défauts. Et, comme le ministre l'a
dit tout à l'heure, on a travaillé ensemble à rehausser les seuils pour que ce
qu'on a eu comme historique dans certains cas où est-ce qu'il y avait
des minorités de blocage qui exerçaient leurs droits... Bien, ça ne servait pas totalement l'intérêt collectif. Donc,
deux modifications majeures dans le projet de loi en question. Donc, on rehausse les seuils pour les référendums — donc, le ministre le disait tout à
l'heure — maintenant
à 10 %; maximum, 30 000
pour la validité du référendum. Ça fait que, ça, on était tout à fait à l'aise
avec ça parce qu'il fallait le changer. Puis ça, tout le monde était
d'accord avec ça. Les citoyens étaient d'accord avec ça, les conseillers
indépendants, les différents groupes d'opposition aussi. Alors, quand on a
adopté cette mesure-là, je vous dirais qu'on n'a eu que du positif suite à ce
retour-là et très peu... et pas de négatif pour l'instant.
Et la
deuxième chose, on a fait retirer des équipements, Mme la Présidente, ou des
projets, comme des écoles, qui ne
sont pas soumis à l'approbation référendaire. Donc, quand c'est des
infrastructures qui touchent le bien public, on trouvait tout à fait aberrant, Mme la Présidente, qu'il pouvait y
avoir une approbation référendaire et, donc, un vote contre
l'établissement d'une école dans un quartier. Alors, quand on parle de
vitalité, on parle d'aménagement du territoire
et de collectivité, on trouvait tout à fait aberrant que ça continue d'exister.
Donc, on a voté pour cet amendement-là parce qu'on trouve que c'était
une bonne chose à faire à ce sujet.
Il y a
plusieurs choses qu'on a réussi à amender. Je ne veux pas prendre trop la
parole parce que la collègue de Taschereau,
la collègue d'Hochelaga-Maisonneuve auront des choses à dire aussi qui touchent
la métropole, mais qui touchent aussi
le travail avec lequel on a collaboré dans le projet de loi en question. Mais
il y a des choses, Mme la Présidente, qui nous ont laissés sur notre faim, et c'est pour ça que, je vous dis, on a
essayé de trouver un juste équilibre, Mme la Présidente, entre le besoin d'autonomie, et le besoin de plus
de pouvoirs dans les municipalités, donc, confiés aux différents conseillers,
conseillers municipaux, et les maires en
question, et la reddition de comptes envers les citoyens et citoyennes du
Québec issus de toutes les municipalités.
Les avis
publics, on a mené un débat, on a amendé. Nous, Mme la Présidente, on n'était
pas contre le fait que les avis
publics soient maintenant disponibles sur Internet, sur les différentes
plateformes qu'on utilise tous, tablette, téléphone, ordinateur, mais on trouvait essentiel et
fondamental, Mme la Présidente, que ces avis publics là demeurent disponibles
et transcrits dans les médias écrits,
puisque c'est le média qui rejoint, Mme la Présidente, le plus de gens, surtout
dans les petites collectivités, les petites communautés.
• (12 h 20) •
On
le voit présentement, là, il y a des consortiums qui sont en train de se
fragiliser, il y a des parutions qu'on avait l'habitude... Et, sans le
nommer, La Presse va maintenant terminer sa parution du samedi. Donc, on
est conscients, Mme la Présidente, que, dans
les médias écrits, il y a, effectivement, une turbulence qui se vit. Mais, dans
le cas des médias régionaux, Mme la
Présidente, c'est le premier média consulté, c'est dans ces médias-là que les
gens s'informent de ce qui se passe dans leur vie publique, dans leur vie
quotidienne. Ce n'est pas en lisant Le Journal de Montréal, en
lisant Le Soleil, ce n'est pas en lisant La Presse+, ce
n'est pas en lisant ces grands quotidiens nationaux, puisque, selon une étude,
Mme la Présidente, moins de 1 % des nouvelles régionales se rendent au national.
Et les gens se nourrissent de quoi, Mme la
Présidente? De nouvelles régionales,
de qu'est-ce qui se passe dans mon quartier, dans la MRC, qu'est-ce qui touche ma région. Et ça, Mme la Présidente, ce sont les médias régionaux qui nous le donnent, et c'est pour ça
qu'on était convaincus que les avis
écrits... Puis on est convaincus aussi qu'ils n'étaient pas parfaits, là, et la
collègue de Taschereau a
proposé des amendements, justement, pour s'assurer que tout ce qui sera maintenant
diffusé par les villes soit plus compréhensible,
qu'ils soient plus adaptés au message en question et donc qu'il y ait
une portée vraiment plus grande sur les citoyens. Mais on
voulait que les avis écrits demeurent dans les avis publics.
Et là, avec
le projet de loi, ça va devenir des avis de recherche. Concrètement, Mme la Présidente, là, je vais ouvrir mon journal et, si je veux être informé sur ce qui
se passe, là, sur l'aménagement du territoire, sur les avis publics, sur les dérogations, et tout ça, je devrai consulter
un site Internet, je devrai le trouver. Puis, pour en avoir consulté
quelques-uns, Mme la Présidente, là,
ce n'est pas toutes les municipalités du Québec qui sont à la page en termes de qualité de site
Web, mais surtout de façon de trouver
l'information. Alors, nous, on est convaincus que le citoyen
y perd, le citoyen y perd parce
que, dans le journal, il y avait une procédure, il y avait une façon de
fonctionner. Et, comme je disais tout
à l'heure, ce n'était peut-être pas la bonne information, la façon dont
elle était écrite n'était peut-être pas digeste, mais il s'agissait de la rendre digeste pour qu'elle soit
mieux comprise. Bien là, on va s'y perdre. Donc, nos avis écrits vont devenir
des avis de recherche, et, malheureusement,
ça risque de fragiliser assurément la suite et la survie de nos quotidiens dans
nos régions du Québec.
Et ça, on l'a
entendu et on l'a entendu, puisque qui dit quotidien dit aussi salle de presse,
et qui dit salle de presse dit
journalistes, et qui dit journalistes dit questions à des élus. Moi, le
premier, Mme la Présidente, première chose qu'on va faire lorsqu'on va
arriver en circonscription — je
suis convaincu, pour vous aussi, d'ailleurs vous avez déjà été questionnée sur le projet de Gatineau — première chose qu'on va faire en arrivant en
circonscription... les journalistes vont
nous courir après : Quel est le bilan que vous faites de votre session?
Quels ont été vos gains? Sur quels dossiers vous travaillez? Notre
crainte, c'est que, si on n'a plus une presse écrite active et fonctionnelle,
on n'aura plus cette possibilité-là de
répondre à nos commettants à travers les médias, mais aussi d'être questionnés
sur des sujets que, dans certains cas, on ne veut pas être questionnés,
mais qu'il faut être questionnés.
Alors, ce
devoir démocratique là des journalistes, on risque peut-être de le perdre. Et
la collègue de Taschereau aura sûrement des choses à dire là-dessus,
mais, juste pour terminer sur les avis publics, on a soumis l'hypothèse au
gouvernement... Parce que le gouvernement fait plusieurs investissements dans
les médias, sur les différentes programmations,
les programmes à venir, et tout ça, et souvent on voit ces programmations-là
dans les grands médias nationaux. On
a dit : Écoutez, vous pourriez commencer peut-être à faire ces
programmations-là de façon plus intensive dans les médias écrits. Si
votre intention, c'est de soustraire les avis écrits et de mieux communiquer...
Le Web, c'est peut-être bon, mais, comme
c'est des journaux qui sont très lus, vous devriez, en contrepartie, mettre
plus de moyens dans les médias
régionaux que vous en mettez dans les médias nationaux. On n'a pas eu
d'engagement. On a senti une intention, mais on n'a pas eu d'engagement
ferme à savoir que ce genre de chose là pourrait arriver.
Dernier point d'achoppement, Mme la Présidente,
c'est assurément les contrats de gré à gré. Puis je le dis, Mme la Présidente, on a cherché un équilibre dans
ce projet de loi là, et, les contrats de gré à gré, on était d'accord pour
les municipalités de plus de 100 000 habitants, on était d'accord,
Mme la Présidente, parce que, pour la... bien, pour la plupart, tous ont des vérificateurs généraux, tous ont une
infrastructure administrative qui permet, effectivement, d'avoir des équipes qui épluchent puis qui voient ce qui
se passe, puis ce n'est pas partout pareil dans toutes les municipalités
du Québec, Mme la Présidente. Alors, le ministre disait : Écoute, ça prend
plus d'autonomie, les municipalités, elles devraient être traitées comme une
commission scolaire, donc des contrats en bas de 100 000 $ devraient
être donnés de gré à gré. Je m'excuse, Mme
la Présidente, mais une commission scolaire, ce n'est pas une municipalité, et
nous non plus, là. Je peux bien
comprendre que les municipalités veulent être traitées comme des gouvernements
de proximité. Nous, nous sommes un
gouvernement, Mme la Présidente, mais on a un commissaire au lobbyisme, on a un
commissaire aux plaintes, on a un
conseiller à l'éthique, on a un vérificateur général, on a l'UPAC. Bref, on a
plein de mesures qui assurent les
citoyens que, s'il se passe quelque chose qui est illégitime, nous avons les
moyens de le détecter et, par la suite, on a les moyens de l'enquêter
et, dans certains cas, de le punir.
Ce n'est pas
le cas, Mme la Présidente, pour les municipalités de moins de
100 000. Tout d'abord, elles n'ont pas de vérificateur général, elles
n'ont pas de commissaire au lobbyisme, elles n'ont pas de commissaire non plus
à l'éthique. Bref, on s'est donné les
moyens à l'Assemblée nationale qu'on n'a pas encore dans les municipalités. Alors, quand je vous disais
tantôt qu'on a cherché l'équilibre, on aurait aimé, Mme la Présidente, d'avoir des moyens supplémentaires offerts aux municipalités
pour faire ce contrepoids. Je ne suis pas en train de dire, là, qu'en donnant
ce pouvoir-là aux élus, Mme la Présidente, tout le monde va se mettre les deux
plats dans le main de bonbons, puis on va faire un retour à la collusion puis à la corruption. Mais, si on n'a
pas de mécanisme qui peut emmener une dissuasion,
est-ce que la tentation peut encore
exister? Notre prétention, Mme la Présidente, c'est oui. Et cette tentation-là
ne peut peut-être pas exister du côté des élus, mais peut-être qu'elle existera
du côté des entreprises, et c'est ce qui nous fait craindre pour la suite.
Alors, ce
qu'on aurait aimé, Mme la Présidente — et on a déposé des amendements dans ce
sens — on
aurait aimé une gradation. Alors, ce
qu'on se disait, nous... Puis on a pris les exemples des municipalités qui
donnaient des contrats de gré à gré en bas de 25 000 $, si, maintenant, elles les
donneraient en bas de 100 000 $, et, dans certains cas, ça
représentait 60 %, 65 %,
jusqu'à 70 % des contrats qui seront dorénavant donnés de gré à gré.
Alors, nous, on avait une barrière. On s'est
dit : On pourrait faire un premier pas, 50 000 $. Les
municipalités pourront donner des contrats de gré à gré à 50 000 $.
On pourrait se bâtir un historique, et, si,
effectivement, le fait dissuasif est là et que — je vais en parler un peu plus tard — on aura des nouveaux mécanismes, on
pourra faire une étape supplémentaire.
On
ne s'est pas rendus là, Mme la Présidente, assurément pas, le gouvernement a
été intraitable là-dessus. Pour lui, pleine autonomie, donc c'est moins
de 100 000 $ de gré à gré. Je comprends qu'ils vont devoir convenir
d'une politique par règlement contractuelle
sur la façon dont ils vont faire ça. Puis je comprends aussi qu'ils vont devoir
divulguer les contrats sur Internet
aussi, mais la tentation demeure, Mme la Présidente. Et c'est malheureux, mais
présentement on est dans une ère
post-commission Charbonneau, et vous comprendrez, Mme la Présidente, que les
médias nous alimentent encore de
situations qui sont similaires à ce qu'on a déjà vécu. Alors, le ménage n'est
pas totalement fait. Alors, ça nous fait craindre le retour d'une
tentation possible à ce sujet.
Mme
la Présidente, dans ce chapitre du projet de loi n° 122, qui se veut un
projet de loi historique, il nous manque des pages, à nous, pour pouvoir le qualifier d'oeuvre complète. Et les
pages qui nous manquent, Mme la Présidente, je vous ai parlé des avis publics, des contrats de gré à gré, on aurait
aimé... Et j'ai essayé à plusieurs reprises — projet de loi n° 83, projet de loi n° 110 et, cette fois-ci, dans le
projet de loi n° 122 — qu'on adresse de nouvelles dispositions pour le
Vérificateur général. Je me suis fait dire : Pas tout de suite — une
troisième fois — dans
un omnibus municipal.
Lanceurs d'alerte. Ma
collègue députée de Pointe-aux-Trembles a eu de longues discussions avec le
ministre responsable du Conseil du trésor,
et, à toutes les fois qu'on parlait des lanceurs d'alerte dans les
municipalités, on se faisait répondre :
Bien, ce sera traité dans le monde municipal dans un projet de loi. On était
convaincus, Mme la Présidente, dans
le train d'amendements, les 152 qu'on a eus, qu'on aurait eu quelque chose qui
allait toucher les lanceurs d'alerte parce
qu'on est dans le sujet du jour, hein, les lanceurs d'alerte, qui sont pour les
marchés publics, dans d'autres sphères, mais, dans les municipalités, on n'y a pas touché. Non, on s'est fait
dire : Dans un prochain projet de loi subséquent, qui arrivera
ultérieurement, peut-être à l'automne.
J'ai
eu des discussions avec le ministre aussi pour une situation vécue dans ma
circonscription, municipalité de Baie-Trinité,
qui pourrait se répéter ailleurs au Québec. On avait réussi à trouver certaines
modifications dans le projet de loi
n° 83, mais il restait encore quelques brèches à colmater. Je suis arrivé
avec une proposition pour permettre au ministre de suspendre avec salaire, donc il n'y aurait pas de préjudice pour la
personne en question qui est accusée, qui est reconnue coupable, mais qui est encore en procédure
juridique, de ne plus jouer le rôle de conseiller municipal ou même d'élu, de
maire dans une municipalité. On m'a dit
qu'il était trop tôt ou, du moins, que ça prenait une réflexion plus grande,
donc que ce n'était pas le moment
d'en parler là, que ce serait peut-être ultérieurement et qu'il y aurait des
enjeux sur la loi, les chartes et
libertés du Québec. Alors, ça m'a, effectivement, bien déçu à ce sujet-là.
Donc, il nous reste encore du travail à faire.
• (12 h 30) •
On a proposé de
permettre — pas
exiger, là, permettre — aux
municipalités d'introduire le colistier dans les élections municipales. Certaines villes l'utilisent, mais il y a, dans
les dispositions... Tel que prévu dans la loi, ça prend un certain nombre
d'habitants pour pouvoir y aller. Je pense que c'est 100 000, de mémoire,
Mme la Présidente. Alors, on aurait
aimé descendre ce seuil-là un peu plus bas et permettre aux citoyens et
citoyennes du Québec d'introduire ça à l'intérieur
de leurs élections municipales. Puis on trouve que c'est une bonne chose parce que
les différents élus qu'on rencontre,
les élus municipaux, ils disent : Bien, écoutez, j'aime mon rôle de conseiller.
Il y a un élu qui est quand même assez
fort dans ma ville, mais j'aimerais me présenter comme maire parce que j'aurais
des positions différentes, j'aimerais les
mettre sur la table. Mais, si je perds, je ne serai plus conseiller. Et donc
mon travail de conseiller me tient à coeur, mais les dossiers que je porte aussi. Donc, le principe de colistier aurait
pu exister dans les prochaines élections municipales... on nous a dit
que ce n'était pas le moment, qu'il ne fallait pas chambouler tout ça avant
l'élection municipale.
Donc, ça, on aurait
aimé ça parce que ça aurait effectivement amélioré la démocratie. Puis
probablement, Mme la Présidente, là, sans prétention, le fait d'avoir eu des
colistiers, peut-être ça aurait intéressé plus de conseillers municipaux à se présenter au poste de maire, et
donc on aurait eu... puis j'ai hâte de voir le portrait final, là, mais
peut-être moins de maires élus par
acclamation. Parce que les gens font un choix, leur poste de conseiller ou leur
poste de maire : Là, si je
perds, bon, je vais rester conseiller. Donc, je suis convaincu, on aurait fait
un exercice puis on aurait vu qu'il y aurait eu moins de maires par acclamation, puis il y aurait plus de conseillers
indépendants qui seraient présentés avec un colistier, et qu'il y aurait
effectivement eu un débat démocratique à ce sujet.
Dernier
point, Mme la Présidente, mais ça, ça a été retiré du projet de loi et ça nous
a un peu déçus, les contrats emphytéose,
ces fameux contrats qui permettent à une municipalité de confier la gestion
d'un équipement pendant 25 ans puis après ça elle revient propriétaire
du bâtiment en question. Il y avait des dispositions, Mme la Présidente, pour
permettre que ces contrats-là soient maintenant des contrats donnés
publiquement. Et on a, dans les médias, dans les dernières années, eu des situations où est-ce que ce genre de procédure
là de mettre en emphytéose a causé bien des tracas; certains ont été
même enquêtés par l'UPAC.
Bref,
on avait là un moyen de colliger cette situation-là et de permettre une plus
grande transparence. On a retiré cette
disposition-là en nous disant qu'il y avait des impacts qui étaient... je ne
veux pas dire qu'ils n'avaient pas été évalués, mais il y avait des impacts qui auraient eu... qui devraient être pris
en considération, qui fait que, si on avait juste adopté ces
dispositions-là, on était peut-être en train de créer quelque chose de plus
grave ou de plus grand. J'ai essayé de comprendre
qu'est-ce qui était plus grave et plus grand. Je vais être honnête avec vous,
je n'ai pas réussi à trouver cette réponse.
Mais on nous a dit qu'ultérieurement on toucherait à ça dans un avenir
subséquent, peut-être dans un omnibus municipal.
Bref, Mme la
Présidente, pour terminer ce chapitre 122 et cette histoire du monde municipal,
il nous manque des pages fondamentales
à notre histoire, pour nous. Et je le disais tout à l'heure : On a
toujours cherché à faire un juste équilibre. Et présentement, même si on a réussi à
améliorer le sort dans le monde municipal, même si les fédérations, les unions
sont très satisfaites du projet de loi en question... plus que
satisfaites, je pense qu'ils l'ont applaudi. Ils sont satisfaits du travail qui a été fait aussi par
l'ensemble des parlementaires, puisqu'on va voter l'adoption, si ce n'est pas
aujourd'hui, ce sera demain, sur ce projet de loi là.
Il
est devenu évident pour nous, Mme la Présidente, qu'il nous en manque
suffisamment pour annoncer que nous allons
être contre ce projet de loi n° 122. Je vous dis, Mme la Présidente, là,
cette fameuse liste, là, puis je la montrais au ministre pendant les
commissions parlementaires, c'est : j'ai 10 travaux à faire dans le monde
municipal, dans un prochain omnibus. Je vous
dis, Mme la Présidente, si on avait réussi à s'entendre sur plusieurs de ces
mesures-là, de mettre ce... je ne
veux pas parler de contrepoids, mais permettre d'atténuer cette zone de
tentation, permettre aux organisations municipales
d'avoir les mêmes outils que l'Assemblée nationale a, les mêmes outils que les
villes de plus de 100 000 habitants ont, je pense que ça aurait donné confiance aux électeurs pour
dire : On fait un virage, mais on est outillés pour le faire. Alors, considérant l'ensemble de ces enjeux-là, il
y aura peut-être une fin à cette histoire, mais, pour nous, l'histoire du
projet de loi n° 122 se finira par un vote contre. Merci, Mme la
Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie, M. le
député de René-Lévesque. Et maintenant je vais céder la parole à M. le
député de Blainville, qui est aussi le porte-parole en matière d'affaires
municipales et d'occupation du territoire pour le deuxième groupe d'opposition.
M. Mario Laframboise
M.
Laframboise : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Il me fait plaisir de
prendre la parole, au nom de la Coalition
avenir Québec, sur le projet de loi n° 122. Et le ministre a raison de
dire que c'est un projet de loi historique. Évidemment, moi, à titre
d'ancien président de l'Union des municipalités du Québec, je peux vous dire
que ça fait... en tout cas, j'étais
président entre 1997 et 2000, et c'étaient des demandes qui étaient faites par
le milieu municipal, à ce moment-là,
pour plusieurs d'entre elles. Mais évidemment, depuis ce temps-là, j'ai changé,
c'est-à-dire que, maintenant, je suis
passé de l'autre côté de la force, dans le sens où, maintenant, ma
responsabilité, ici, à l'Assemblée nationale, comme celle de mes
collègues de la Coalition avenir Québec, c'est de défendre les citoyens.
Et
c'est pourquoi, dès le départ, j'ai
dit oui à l'autonomie municipale. Il ne faut jamais oublier que la Coalition avenir
Québec a été le premier parti à
déposer un projet de loi en cette Chambre, sous l'ancienne législature, le
député de Beauce-Nord, pour l'autonomie municipale. Donc, tu sais, on n'est pas obligés de nous
convaincre, il faut que les villes soient
de plus en plus autonomes, mais à une condition, celle que j'ai toujours
énumérée, et je le redis, parce que je l'ai répété à plusieurs fois en séance
de commission : Dans le respect et à l'avantage des citoyens.
Donc,
notre intention a toujours été, depuis le tout début... et les unions municipales
étaient bien au fait, on était là sur
le projet de loi n° 122, on n'était pas là pour défendre le
corporatisme municipal. J'aurais pu le faire en tant qu'ancien président de l'Union des municipalités du Québec, je ne l'ai pas fait. On était la conscience citoyenne.
On l'a toujours été, de la première minute où je me suis levé en
cette Chambre, à aller jusqu'à la dernière minute, où est-ce que je... tantôt,
vous allez comprendre, on défend la... Est-ce que
le citoyen y trouve son compte? Parce que
finalement, le projet
de loi n° 122, je suis convaincu, là, pour... j'ai parlé à mes
collègues de la Coalition avenir
Québec puis je n'ai pas parlé aux
collègues des autres partis, mais
vous n'avez pas eu... moi, je n'ai pas eu un citoyen qui m'a appelé pour me
dire qu'il avait besoin du projet de loi n° 122. Les élus municipaux,
par exemple, oui, mais des citoyens, non, des citoyennes, non.
Donc, quand c'est ça,
la réalité, bien, c'est un projet de loi corporatiste. Donc, c'est une demande
des unions municipales qui fait suite au dernier pelletage de 300 millions du gouvernement. Peu importe, là, le résultat, là, il y avait
des demandes et les élus étaient en demande. Donc, parfait. Là, le problème,
c'est quand on fait des demandes, bien, il
faut qu'il y ait... à quelques endroits, il faut essayer que le citoyen,
lui, voit l'avantage, et c'est ça qu'on a fait depuis les tout débuts. Et évidemment, depuis les tout
débuts... puis j'apprends aujourd'hui que le Parti
québécois va être contre le projet de loi, parce que... je l'apprends aujourd'hui, là... bien, c'est
parce que tout au long, là, ils semblaient être en accord
avec le projet de loi, mais là, aujourd'hui, ils ont décidé d'être contre. Ça, c'est parfait, c'est un choix, mais
nous, depuis tous les...
Une voix :
...
M. Laframboise : Oui, on a voté pour le principe, puis vous avez raison, pour la simple
et bonne raison que le principe était bon. Le résultat n'est pas bon.
C'est ça, la réalité.
Comme, tantôt, M. le
ministre a mentionné sur le projet de loi sur les retraites, le projet de loi
n° 3 qui est devenu la loi 15 sur le
régime de retraite des employés municipaux, on était en faveur du projet de loi
comme la plupart des citoyens du
Québec étaient en faveur de ça. Et le Parti québécois a voté contre, donc,
évidemment, encore du corporatisme du
Parti québécois, mais c'est ça, la réalité. Parce que là, il faut comprendre.
Quand un projet de loi est déposé à
l'Assemblée nationale, il faut regarder ça comme citoyen, regarder les forces
en présence. Vous avez un Parti libéral usé par 15 ans de pouvoir puis un Parti québécois dépassé, là, carrément
dépassé, là, par tous les événements, là, que ce soit à gauche, au centre ou
que... donc, le Parti québécois est dépassé. Donc, ces partis-là essaient de se
faire des amis. Donc, évidemment... et ça, c'est une réalité. Le monde
municipal est intéressant, je le sais, j'en proviens, du monde municipal, du milieu municipal, et c'est
intéressant, donc... mais, par contre, pas à n'importe quel prix. Et, dès le
départ, ce qu'on a dit aux unions municipales : Nous, on va essayer
de défendre le citoyen tout au long du débat.
Donc,
évidemment, il y a trois grands pans, puis là le ministre a raison, il y a,
dans ce projet de loi là, évidemment, de
plus de 250 articles, là — il y en a 257 — donc, oui, il y a des choses intéressantes.
Oui, administrativement, il y a des décisions, il y a des dédoublements de rapports,
il y a plein d'articles du projet de loi qui sont intéressants puis qui vont
soulager le milieu municipal, puis on est
d'accord avec ça. C'est pourquoi on avait six amendements, Mme la Présidente, dont
un qui était préparé par le gouvernement, là, pour... ce qui fait qu'on en a
cinq, là. Donc, dès le départ, notre intention,
c'était de parler aux endroits où on pensait que le citoyen n'y trouvait pas
son compte. C'est ce qu'on a fait.
Puis
il y a trois grands pans dans ce projet de loi là... Les référendums. Ça a
commencé par l'article 3 du projet de
loi, et là, encore une fois, j'ai dit que c'était la plus mauvaise pièce
législative qu'il m'ait été donné de voir. Puis je le maintiens, là,
pour la simple et bonne raison... d'abord, il y a eu 152 amendements, la grande
majorité déposée par le gouvernement. Donc,
ça, ça veut dire... quand le gouvernement dépose des amendements à son propre
projet de loi, il y a un grand problème, là.
• (12 h 40) •
Mais
c'était une pièce législative mal conçue dès le départ. Ça, c'est un choix.
Est-ce que c'est la grève des juristes? Il y a plein de facteurs qui font que... Mais il y a aussi la pression
des maires qui voulaient que ça soit adopté avant la fin de la session puis avant les prochaines élections.
Donc, beaucoup de pression qu'a subie le Parti québécois, parce que vous les
avez vus avancer, reculer, là, puis qu'on a subie nous-mêmes, là, tu sais.
Tantôt, c'est vrai, mon collègue a mentionné que notre chef n'était pas
allé au congrès de l'Union des municipalités du Québec. Bien, dites-vous, il y
a des raisons à ça, quand on n'y va pas.
D'abord, c'est parce qu'on est invités, dans ce cas-là, sur le... tellement
tard qu'il y avait d'autres événements. Puis, moi, bien, pour la
première fois de ma vie, je n'avais pas reçu l'invitation au congrès de l'UMQ
en tant qu'ancien président. Il a fallu que
je m'invite moi-même. Donc, il y avait des forces en présence, là, sous
pression peut-être du gouvernement,
là, qui ne voyaient pas l'intérêt à ce qu'il y ait des participations. Donc, on
l'a fait, on s'est présentés, Mme la Présidente, mais c'est une réalité
politique qu'il faut vivre tout au long du projet de loi.
Et
donc, par rapport aux référendums, évidemment, le grand principe, c'est de
dire : On remplace le processus référendaire
par un système de consultations publiques. Le problème, c'est que le processus
de consultations publiques n'est pas
connu. Donc, dès le départ, la grande question qu'il faut se poser, en tant que
parti d'opposition : Est-ce qu'on fait
confiance au gouvernement? Donc, poser la question, c'est y répondre, là.
Demandez, dans des sondages, si vous faites confiance au Parti libéral
présentement, là. Tu sais, Mme la Présidente, beaucoup de respect que j'ai,
vous allez avoir le résultat de la
population. Donc, inévitablement, est-ce qu'on peut faire confiance au
gouvernement? Je pense que c'est non.
Et là le gouvernement, pour nous rassurer, dit : Bien, oui... bien, parce
que la pression du milieu municipal, qui veut que ce soit adopté avant la fin de la session, bon : Faites-nous
confiance, vous allez voir, il y a un comité qui va travailler puis qui
va rendre son résultat, là, d'ici le 1er juillet, et un comité formé,
évidemment, des unions municipales, des représentants du gouvernement, mais
aussi de Vivre en ville et de l'Institut du Nouveau Monde.
Bien,
sauf que, quand on lit... Puis là je vais prendre le temps de lire les conclusions,
parce que... Vivre en ville a comparu devant notre commission
parlementaire, l'Institut du Nouveau Monde a comparu devant notre commission parlementaire. Évidemment, ils se sont vu confier
un mandat, c'est-à-dire qu'ils ont été payés par le gouvernement, ou je ne sais pas, là, donc ils ont un mandat pour être
capables... Mais, moi qui les ai entendus en commission parlementaire...
Puis, quand je vois là...
L'Institut
du Nouveau Monde, à la page 11, donc, nous dit : «Cette polarisation — bien, quand on parle, là, de tout le débat référendaire et enlever les référendums
ou pas, là — démontre
que l'abolition de cet outil de participation ne doit pas être précipité. Avant de statuer sur
l'abolition [et] le maintien de ce processus, l'Institut du Nouveau Monde
appelle donc à la prudence. Cette
décision doit s'appuyer sur des connaissances scientifiques solides et
actuelles.» Donc, ça, c'est ce qu'ils sont venus nous dire.
Et
là, évidemment, ils nous disent qu'eux ils ne sont pas... puis tout le long,
là... Donc, ils nous disent : «Nous recommandons donc l'élaboration
d'une étude qui documenterait le cas de référendums consultatifs et approbatifs
au Québec et évalueraient de façon
[systémique] les impacts positifs et négatifs de ces procédures, et ce, autant
sur l'aménagement du territoire que sur les autres aspects de la vie
municipale.»
Ça,
c'est l'Institut du Nouveau Monde qui vient nous dire : Aïe! N'adoptez
rien sans qu'on sache c'est quoi, hein? Bon. Là, ils ont eu un mandat,
bon. Là, évidemment, eux, peut-être qu'ils savent... au moment où on se parle,
ils ont certainement une idée de ce qui s'en
vient. Sauf que nous, les législateurs puis les représentants de la population
puis les défenseurs des citoyens, nous, on ne le sait pas.
Vivre en ville, elle,
est venue nous dire : «Conserver, tel que le prévoit le projet de loi 122,
le mécanisme d'approbation référendaire en
dehors des zones de requalification.» Donc, ils veulent conserver le processus
référendaire et évidemment en dehors
des zones de requalification, parce que, dans la première version, là, Montréal
et Québec n'avaient pas de référendum
et puis les autres municipalités conservaient le référendum à l'extérieur des
zones de requalification. C'est tout
disparu, Mme la Présidente, là. Le gouvernement a tout enlevé ça, donc il n'y
en a plus, de zone de requalification, mais, quand même, Vivre en ville
nous dit : Conserver le processus référendaire puis où il n'y en avait
pas. Donc, ils voulaient qu'on modifie le
processus référendaire. Parce que Montréal, dans la loi actuelle, a une façon
de contourner le référendum, c'est
l'article 89 de la Loi sur la Charte de la Ville de Montréal. Ils nous
demandaient de moderniser ça, de regarder ça.
Donc,
les deux organismes qui font partie du panel d'invités du ministre nous
recommandaient, en commission parlementaire,
de maintenir le processus référendaire. Ou bien donc, si on le change, de faire
une analyse approfondie. Donc,
inévitablement, ça, ça voulait dire qu'ils ne voulaient pas qu'on vote le projet
de loi sans connaître le processus. Donc,
nous, comme on est les défenseurs et la conscience citoyenne tout au long du
projet de loi, bien, on maintient cette position-là tant qu'on ne connaît pas le processus référendaire. Et là
le processus référendaire, le questionnement qu'on a eu, surtout
provenant du milieu municipal...
Parce que
ce n'est pas vrai que toutes les municipalités étaient unanimes par rapport aux
positions, là. Tu as Gatineau, qui
est venue nous livrer un témoignage, qui a déposé un mémoire pour dire :
Moi, là, les référendums, je veux les maintenir, même dans les zones de requalification — parce qu'on parlait toujours de la première
version. Et le questionnement, pour moi,
était simple, au maire de Gatineau : Mais vous êtes voisin d'Ottawa et, en
Ontario, ils n'en ont pas, de processus référendaire. Sauf que, pour lui, pour le maire de Gatineau — Mme la Présidente, ça vous intéresse, c'est
le maire de votre ville... de votre
circonscription — donc, le
maire de Gatineau, il voulait conserver le processus référendaire. Malgré le
fait qu'en Ontario il n'y en ait pas, pour
lui, c'était la façon la plus facile, la plus simple, la plus compréhensible
pour le citoyen.
Mais il
voulait une modernisation du processus, ce que le gouvernement a fait sur le
tard, mais il l'a faite, tu sais, la
modernisation qu'on a connue dans le projet de loi n° 227. Et c'est encore
surprenant, parce que le gouvernement qui veut abolir le processus
référendaire, dans le projet de loi n° 227 pour la ville de Gatineau qu'on
a adopté hier, maintient, a adopté un
amendement pour conserver le processus référendaire à Gatineau, pour qu'il y
ait un processus référendaire. Donc, il est difficile à suivre. Depuis
les tout débuts que le gouvernement est difficile à suivre.
Mais qu'à cela ne tienne. Nous, on a décidé de
jouer la partie et de déposer le seul amendement... Parce que, quand on regarde l'Ontario — puis ça, il faut prendre la peine de voir ce
qui se passe en Ontario — c'est que l'Ontario, elle,
il n'y a pas de processus référendaire, mais un citoyen qui se plaint peut
adresser une plainte à la Commission des affaires municipales de l'Ontario, la
CAMO, le pendant de la Commission municipale du Québec. Et là, dans le mandat
de la CAMO... puis je le lis parce que c'est
sur le site Internet du ministère des Affaires municipales de l'Ontario :
«La CAMO est un tribunal d'arbitrage
indépendant assujetti aux règles de [...] justice [...] et aux exigences de la
Loi sur l'exercice des compétences légales.»
«La Commission des affaires municipales de
l'Ontario entend des appels et des requêtes visant une variété de questions
touchant les affaires municipales en matière de planification, de finances et
d'aménagement du territoire, notamment les plans officiels, les règlements de
zonage, les plans de lotissement...»
Donc, évidemment, on comprend qu'un citoyen ou
une citoyenne qui aurait un problème, en Ontario, avec le processus, parce qu'ils ont un processus de
consultation publique puis une façon de... il y a des changements de zonage,
le citoyen, la citoyenne peut s'adresser à
la Commission des affaires municipales de l'Ontario, qui devient un tribunal
administratif pour ce faire. Et la preuve, puis là je vous en donne... Le
rapport annuel 2015‑2016 de la CAMO, il y a eu
143 cas de règlements de zonage qui ont été déposés devant la Commission
des affaires municipales. Donc, 143 cas, quand même, ce n'est pas
rien, là. Bon, la population de l'Ontario est peut-être deux, trois fois la
population du Québec, mais il y a quand même
des plaintes qui sont déposées. Et là, à ce moment-là, le pouvoir de la
Commission des affaires municipales
de l'Ontario, c'est que, si tu es en processus d'adoption référendaire, puis
qu'il y a un problème, puis qu'elle
juge vraiment, là, que les lois n'ont pas été respectées, là, à ce moment-là,
ils peuvent suspendre l'application du règlement.
Là, moi, ce
que j'ai fait, parce qu'il y avait une commission parlementaire durant nos
travaux — parce
que ça dure depuis le mois de
décembre, là, notre projet de loi n° 122 — je suis allé à la Commission parlementaire
des institutions publiques, où
comparaissait la présidente de la Commission municipale du Québec, pour lui
demander : Est-ce que vous avez
le pouvoir... Présentement, là, avec le nouveau projet de loi n° 122, là,
si jamais une citoyenne, un citoyen n'était pas satisfait du processus de consultation publique, après ça le
processus d'adoption du règlement, puis qu'il trouvait vraiment qu'il y avait une injustice flagrante, là, est-ce
qu'il peut déposer une plainte à la Commission municipale du Québec? Elle
m'a répondu : Non, on n'a pas les
pouvoirs. Ce qu'on va conseiller à la personne, c'est de déposer à la Cour
supérieure du Québec. Donc,
évidemment, la Cour supérieure du Québec, ça veut dire de l'argent, vous
comprenez, là, donc, à quelque part,
ça, c'est quelque chose qui va décourager. Et même le ministre ne s'est pas
caché, en commission parlementaire, il nous l'a dit.
Par contre,
il nous a dit : Les citoyens peuvent déposer des plaintes au ministère des
Affaires municipales et au commissaire
aux plaintes. Bien là, c'est de toute beauté, parce que j'ai sorti ce matin le
site Internet du commissaire aux plaintes
qui est aux Affaires municipales et Occupation du territoire, et puis c'est
dit, au commissaire aux plaintes... bon, ce qu'il nous dit : «Le
bureau du commissaire aux plaintes ne traite pas les plaintes :
«Lorsqu'elles concernent l'application et le
respect d'un règlement adopté par un organisme municipal conformément aux lois.
Exemple : l'application du règlement de zonage...»
Donc, bon, le ministre nous a dit... Et là,
après ça, il a avoué, quand je lui ai lu séance tenante, je lui ai lu le site — puis il n'a pas été modifié depuis ce
temps-là, Mme la Présidente, je l'ai imprimé ce matin — il a dit : Bon, bien là, il
faudrait peut-être que, dans un prochain bill omnibus... bon, il faudrait lui
donner ce droit-là, bon, en quelque part, pour
que le citoyen ou la citoyenne puisse se plaindre. Mais moi, aujourd'hui, là,
qui est là, qui est la conscience des citoyens puis qui est là pour adopter un
projet de loi au nom de l'autonomie municipale, dans le respect et à l'avantage
des citoyens, bien, évidemment, je n'y
trouve pas mon compte, là. C'est sûr que le citoyen... la citoyenne, là, elle
qui déjà se pose des questions : Qu'est-ce que je vais faire...
Puis la
modification, là, dites-vous que c'est vrai que c'est historique puis c'est la
chose la plus importante, là. Quand
on décide... Parce que le processus référendaire, au Québec, c'est connu, ça
existe dans les lois du Québec depuis que
les lois sur les affaires municipales existent. Donc, les citoyens savent. S'il
y a un problème, on ouvre les registres puis on peut signer. Qu'on
aime...
• (12 h 50) •
Puis là, au
début, le gouvernement ne le modernisait pas. Là, maintenant, le gouvernement a
accepté de moderniser, puis on a...
c'est 10 %, maintenant, la signature du registre, pour être capable de
savoir si on va en référendum ou pas, donc ce qui est intéressant.
Mais, dès le
départ, là, le gouvernement ne voulait pas en parler. Pourquoi? Parce qu'au
même dire du ministre lui-même, là,
parce qu'il voulait... puis il me l'a dit en privé, là, puis je le
sais qu'il est... bon, tu sais, il voulait que son processus soit le plus... il voulait donner le
plus de chances possible à son processus. C'est pour ça que l'amendement
du Parti québécois qui avait été déposé
était très intéressant puis, en quelque part, pour lequel ils ont reculé, là,
mais c'était intéressant parce que leur amendement disait carrément à
80.2 : «Lorsque la politique de participation publique de la municipalité respecte les exigences du
règlement...» L'article actuel disait : «...aucun acte adopté par le
conseil de celle-ci en vertu de la
présente loi n'est susceptible d'approbation référendaire», puis il voulait
remplacer ça par... enlever «aucun acte»; «elle peut contenir une disposition abolissant l'approbation
référendaire». Donc, le fardeau de la preuve était sur le dos de la
ville. Comprenez-vous? Et c'était très intéressant.
Évidemment,
ça a occasionné un engorgement, hein? Quand on défend nos positions, quand
on est l'opposition... et là il y avait,
disons, beaucoup de discussions qui avaient lieu, et là il y a
eu beaucoup de pressions politiques, hein? C'est
là que la pression politique
s'est faite sur le Parti québécois, et ils ont accepté, en négociant avec le gouvernement, une modification, puis je ne la relirai pas, là, ils se
défendront, là, mais ça leur permettait de se sortir de l'impasse et d'être
capable de montrer aux élus municipaux que,
bon, finalement, quand on est un parti qui est dépassé, on essaie
de se trouver des amis, donc à essayer de... Bon.
Inévitablement, bon, ça a débloqué. Mais ils ont fait deux conférences de presse pour
s'attribuer le déblocage. Le problème,
c'est qu'ils se sont débloqués eux-mêmes. C'est ça qui est arrivé, là.
La réalité, c'est qu'ils se sont débloqués eux-mêmes. Mais ça, c'est correct, ça fait partie de la joute politique,
là. Et c'est ça, le problème pour le citoyen qu'on défend, nous. C'est qu'on a un parti libéral qui est usé par 15 ans de pouvoir puis un parti québécois dépassé. Puis nous, évidemment, on ne change pas de ligne. Depuis les tout
débuts, on n'a jamais changé, ni avec les unions municipales ni
avec le gouvernement. On a toujours dit qu'entre autres les référendums,
c'était un problème pour nous de ne pas connaître quel sera le processus de consultation
publique pour que le citoyen... Puis peut-être qu'il va être correct. Le problème, c'est que je ne peux pas faire confiance
au gouvernement aujourd'hui puis c'est pour ça qu'on a dit qu'on voterait
contre tout simplement par rapport à ça.
Nous
amène le deuxième point d'achoppement, les avis publics, l'article 51 de la
loi. Présentement, un changement de
zonage — puis il
y a d'autres avis publics, dont le rapport du maire, et tout ça — doit être donné dans un journal distribué sur le territoire de la municipalité, et donc un
journal étant un écrit qui relate les faits. Donc, c'est pour ça que plusieurs
municipalités ont des petits bulletins municipaux qui remplacent
évidemment les avis publics dans les journaux. Mais c'est toujours le principe
de l'information qui doit être donnée et rendue, distribuée dans la
municipalité.
Là,
ce que le gouvernement nous propose, c'est carrément l'effet contraire. C'est
que maintenant, l'obligation, ce sera
Internet. Ça, ça veut dire que le fardeau est sur le citoyen. Maintenant,
il doit, lui, chercher l'information. C'est un changement majeur, là. Les avis publics, là, souvenez-vous, là, c'était
sur le perron de l'église — déjà, là, ça a changé, là — mais, après ça, c'est... Donc, quand on
change ce processus-là, ce n'est pas juste le fait qu'il va y avoir des pertes
pour les hebdos. Moi, quand je défends le citoyen, quand les députés de la
Coalition avenir Québec se lèvent en cette Chambre
pour défendre les citoyens, moi, là, ce qui m'intéresse... Quand le citoyen va
m'interpeler puis va dire : Il y a eu un changement de zonage dans ma municipalité, j'ai été affecté, je n'ai
pas été mis au courant, là, aujourd'hui, je peux lui dire : Bien, tu as reçu ton hebdo. Si tu n'as
pas lu, tu sais... Puis, dans la plupart des régions du Québec, le taux de
pénétration des hebdos, c'est 100 %, là. C'est comme ça, là, ça entre par
le Publi-Sac ou autrement, n'importe... ça entre dans les foyers. Donc,
inévitablement, la personne, si elle ne veut pas le lire, c'est son problème.
Mais là, aujourd'hui,
là, quand elle va me dire ça, je vais dire : Es-tu allé sur Internet? Puis
êtes-vous allée, Mme la Présidente? Moi,
j'en ai fait 32 durant le temps de la commission, là, sites Internet pour aller
voir. Quand tu veux avoir le dossier
urbanisme, là, aïe, écoute, il faut que tu saches comment ça marche, là, tu
sais, pour être capable d'aller chercher
sur le site de la ville puis aller... Parce qu'eux, le site de la ville, là,
ils montrent tout ce qui est beau, puis il est fin, puis c'est correct, ils sont bien, c'est gentil.
Mais là, quand tu veux les avis, il faut que tu ailles sur Urbanisme, puis là
tu cliques sur Urbanisme, il faut que tu ailles voir les avis.
Donc,
c'est ça, la réalité, Mme la Présidente, là. Et ça, donc, c'est tout un
fardeau, là, d'information. On change carrément l'information. Puis nous, là,
dès le départ, on a été contre, c'est clair. Le citoyen, lui, n'a pas demandé
ça. Les maires, pour sauver des sous... Puis je vous dirais qu'hier j'ai eu la
chance, là... Il y en a un qui nous a interpelés pour dire : Bon, bien, moi, tu sais... parce que le petit bulletin
municipal, là, lui, il ne passe pas ses avis. Il passe dans les bulletins
municipaux, dans son petit bulletin, puis, son petit bulletin, il trouve qu'il
lui coûte cher. Mais là, encore là, c'est l'information que tu donnes à ces citoyens. Moi, quand j'étais maire, j'en
ai mis un en place, un bulletin, puis je le trouvais intéressant. C'est sûr que l'administration trouvait ça lourd
de toujours écrire le bulletin, mais moi, en tant qu'élu, ça
m'intéressait. Mais là, le problème, aujourd'hui, c'est que les élus, ça ne les
intéressait pas.
Puis là, là-dessus, je suis capable de saluer le
Parti québécois. Parce que les maires demandaient à ce que le discours du maire, qui, lui, était distribué aussi dans
chacun des foyers, là, dans un journal, qu'ils n'aient plus à le faire. Puis là
le Parti québécois est intervenu,
puis c'est correct, puis on les a appuyés là-dedans. Puis là le gouvernement a
reculé. Mais, imaginez-vous, même les maires demandaient à ce que leurs
discours ne soient plus publiés. Donc, on fait quoi, là, quand on est maire, on ne veut plus informer les
citoyens? Ça ne nous intéresse plus? S'ils ne sont pas... Tu sais : Qui
m'aime me suive; puis qu'ils viennent au
conseil municipal; puis, s'ils ne viennent pas, bien, ça veut dire que tout le
monde est heureux, tout le monde est content.
Le
problème, quand on ajuste ça au zonage municipal, Mme la Présidente, c'est que,
dans deux élections, le visage d'un
quartier ou d'une ville peut changer. Entre deux élections, dans quatre ans.
Donc, ça, ça veut dire qu'en donnant les pleins pouvoirs aux élus...
Puis là je le sais qu'ils m'écoutent, là. Correct. Vous avez besoin
d'autonomie, mais vous donnez les pleins
pouvoirs. Puis là vous allez dire : Bien, la population... Puis il y en a,
des élus, qui l'ont dit, là : Bien, ils m'ont élu, qu'ils vivent
avec puis ils me battront dans quatre ans. Ce n'est pas de même que ça marche,
là. La démocratie municipale, entre quatre
années d'élection, là, il y a beaucoup de choses qui se passent, il y a
beaucoup de demandes, il y a des entrepreneurs... Et là, encore une
fois, on est dans cette réalité-là, Mme la Présidente.
Donc, nous, on ne peut pas, nous, être
assis ici, à l'Assemblée nationale, puis défendre le citoyen — parce que c'est notre mandat d'élus
provinciaux — puis
dire, au nom de l'autonomie, comme le fait le ministre des Affaires municipales : C'est des gouvernements
carrément autonomes. Puis n'oubliez pas, Mme la Présidente, il y a
1 134 municipalités au Québec,
là. 1 134. Et la réalité, elle est là. Donc, c'est 1 134 gouvernements
autonomes qui vont pouvoir avoir des... Puis chacun choisira la façon dont il veut, lui, rendre publics ses avis,
avoir un processus pour lequel... Puis ça vaut la peine, parce qu'évidemment... Je ne sais pas si j'ai le
temps, là, avant-midi, parce que j'aurai le temps après midi, après le dîner,
Mme la Présidente. Mais c'est juste... Parce que là, maintenant, les
municipalités vont pouvoir... c'est elles, c'est elles-mêmes... C'est que l'amendement qu'a accepté le Parti québécois,
c'est, en plus... c'est que la municipalité elle-même, c'est elle qui s'autoévalue si elle respecte le
règlement. C'est elle-même, dans le règlement qu'elle va adopter, qu'elle
va dire : Je suis conforme à la loi
provinciale. Je veux dire, c'est de toute beauté, là. Ça, c'est l'autonomie
plus, là, extra, là. Tout qu'est-ce qu'on peut demander.
Et
d'ailleurs je sais que le président de l'UMQ m'écoute. Quand je lui ai
dit : Il t'a tout donné, il s'est mis à rire. Il a compris. Ils lui ont tout donné, il n'y a pas de problème.
Moi, je n'ai rien contre ça. Tu sais, «sky is the limit», il n'y a aucun problème avec ça, là. Le problème, c'est
qu'à quelque part est-ce que le citoyen, lui, pour lequel, nous, on est ici
puis qu'on a été élus, est-ce que lui, il trouve son compte?
Puis,
tu sais, comme je vous disais au début, ce n'est pas lui qui nous a demandé ce
projet de loi là. Je vous mets au
défi, là, allez regarder vos courriels, là. Si vos citoyens vous ont demandé
quelque article que ce soit... peut-être quelques exceptions près, là. Mais,
dans ce qui est dans n° 122, ce n'est pas le citoyen qui l'a demandé, ce
sont des élus municipaux qui l'ont
demandé. Puis, nous, notre devoir, c'est de nous assurer : Est-ce que le
citoyen, lui... Puis je vous répète
ce que j'ai dit au tout début : De l'autonomie municipale dans le respect
et à l'avantage des citoyens. Ça, c'est ce que j'ai dit en commission
parlementaire, je le redis aujourd'hui.
La Coalition avenir
Québec sera toujours logique avec elle-même. Depuis les tout débuts, nous, on
sait où est-ce qu'on s'en va. Le Parti
libéral, c'est un parti usé par 15 ans de pouvoir; le Parti québécois est
un parti dépassé; mais nous, on sait où est-ce qu'on s'en va et on
défendra le citoyen tout au long du projet de loi n° 122. Soyez assurée,
Mme la Présidente, c'est ce qu'on va faire.
Et
je vais, après... au retour... je vais juste en profiter pour parler évidemment
de l'autre partie de la loi, qui est les contrats de gré à gré. Parce que là, Mme la Présidente, dans les
contrats de gré à gré... il y a quand même tout un historique qu'il faudra voir par rapport aux contrats de gré
à gré, et ça... Évidemment, Mme la Présidente, je peux commencer, là. Je
sais que j'ai un peu de temps.
Là,
les contrats de gré à gré, il faut comprendre que les contrats de gré à gré,
maintenant de 100 000... Le minimum était de 25 000 au moment où la loi... avant que la loi soit
modifiée. Maintenant, le minimum... c'est-à-dire le maximum pour lequel
les contrats sont... Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie, M. le
député de Blainville. Alors, je comprends que vous souhaitez poursuivre
à 15 heures.
Alors, compte tenu de
l'heure, je vais suspendre les travaux jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à
13 heures)
(Reprise à 15 h 1)
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, veuillez prendre place. On va poursuivre là où nous en étions. Et, selon
mes informations, c'est M.
le député de Blainville
qui avait la parole et il n'a pas terminé son intervention. Alors, veuillez
poursuivre votre intervention.
M. Laframboise : Merci beaucoup, M. le
Président. Donc, peut-être
juste un petit résumé de mon intervention
de ce matin, d'abord pour dire qu'outre le fait que nous étions en accord avec
le principe du projet de loi... Parce que souvenons-nous
que la Coalition avenir Québec a été le premier parti politique à déposer en
cette Assemblée, sous l'ancienne législature, par l'intermédiaire de mon collègue
de Beauce-Nord, un projet
de loi sur l'autonomie municipale.
Donc, on était en accord avec le principe du projet de loi. L'autonomie municipale,
ça fait partie de nos gènes, évidemment.
Par contre, il faut
voir le produit. Et là, le produit, M. le Président, j'ai eu la chance de le
dire ce matin, c'est probablement la pièce de législature, en tout cas, j'ai fait 11 ans à Ottawa, quatre ans ici, à Québec... trois ans maintenant à Québec... la plus mauvaise
pièce de législature. Je parle juste de la façon dont elle est...
la logistique est faite, puis qu'elle a
été faite tout au long. Puis j'en prends... C'est tellement
difficile, le gouvernement a été tellement difficile à suivre — puis je
vais vous donner un exemple — par rapport aux référendums, parce
que c'était un des points de ce
matin, tellement que, le 4 avril 2017, deux médias titraient de façon
contraire, donc tu avais La Presse qui titrait Les référendums
à Montréal et à Québec sont là pour de bon, et le même jour, Le Devoir, Les référendums
municipaux seront bel et bien abolis. Donc, il
faut le faire, là. Quand le gouvernement est prêt, dans la même journée, à ce qu'il y ait
une sortie médiatique qui dit qu'ils
vont rester puis qu'ils ne resteront pas, ça, ça veut dire que... En tout cas, il y a un problème là, hein, par rapport au message.
Et ça a été
comme ça tout le long du projet de
loi, M. le Président, peut-être
pour toutes sortes de raisons. Il y a eu 152 amendements. Certains diront que la grève des légistes a été
une partie importante de ça. Mais il reste quand même qu'il y avait cette volonté gouvernementale
d'agir, sous pression du milieu municipal, avant la fin de la session parlementaire. C'était ça, là, la vraie réalité. Donc, un projet de loi qui était couci-couça et qui a dû... donc 152 amendements.
Et, je le répète, la Coalition avenir Québec, depuis le tout début, par rapport au message qu'on a livré, il a toujours
été le même : Les référendums,
le processus de consultation
publique, on veut le connaître avant
d'adopter le projet de loi. On n'a jamais changé d'idée.
Par rapport aux avis publics, on ne peut pas changer la méthode de livraison de l'information au Québec. Depuis que
le ministère cogite par
rapport aux changements de zonage...
Quand tu changes ton zonage, tu donnes un avis. Puis, cet avis-là, déjà
avant que le gouvernement fasse ça, souvenez-vous, il y avait
des avis sur le perron de l'église. C'était ça, là, les avis municipaux, c'était sur le perron de l'église. Mais ça a
changé à un moment donné. Donc, l'avis doit être publié dans un
journal qui est distribué sur le territoire de la municipalité. Et un journal,
ce n'est pas nécessairement un hebdo, payer
une annonce dans un média, là, ça peut être un écrit qui est distribué par la
ville, fait par la ville. Il y a
beaucoup de municipalités qui ont un bulletin municipal
puis qui distribuaient dans chacun des foyers l'avis. Donc, c'était ce
que...
Là,
ce qu'on fait, on change de façon importante, M. le
Président. C'est que le citoyen,
plutôt que de recevoir de l'information, il devra aller à la recherche de l'information. Donc, l'obligation, c'est de l'avoir sur Internet, le reste n'est plus obligatoire. Donc, ça fait un changement très important
pas juste pour l'industrie, évidemment, des hebdos, qui sont venus nous dire en commission parlementaire que ça l'affecterait, mais pour nous, qui
sommes les grands défenseurs... Puis
je vous l'ai dit depuis les tout débuts, notre seul intérêt, nous, c'est, oui,
pour l'autonomie municipale, dans le respect des citoyens. Tout simplement, là, c'était ça, notre intérêt, la
Coalition avenir Québec, on l'a toujours dit, puis ça aurait été facile pour moi de faire une opération
corporatiste, en tant qu'ancien président de l'UMQ, puis dire que, bon, c'est
parce que...
M.
le Président, je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais j'ai fait le tour de
mes collègues, il n'y a pas de citoyen qui
a demandé... moi, je n'ai pas eu de courriel — pourtant, je suis le porte-parole — de citoyens qui demandaient le projet
de loi n° 122. Des élus municipaux, par
exemple, il y en a eu beaucoup. Donc, ça, évidemment, là, dans ce temps-là,
c'est un projet de loi corporatiste,
une organisation, qui sont les représentants des élus, qui sont les unions
municipales, et tout ça. Puis c'est
correct, ça, ils ont le droit de faire ça puis au nom de l'autonomie
municipale. Mais nous, ici, à l'Assemblée nationale, M. le Président... en tout cas, pour les députés de la
Coalition avenir Québec, notre seul intérêt, c'est les citoyens. Donc,
est-ce que les citoyens trouvent leur compte dans le projet de loi n° 122?
Donc, sur les
référendums, force est d'admettre que le fait que le processus de consultation
publique ne soit pas connu avant qu'on
adopte le projet de loi, c'était majeur. Même Vivre en ville puis l'Institut du
Nouveau Monde, qui sont les deux organismes
qui maintenant travaillent pour le gouvernement puis les organisations pour
être capables de livrer un produit
d'ici la fin du mois de juin, d'ici le 1er juillet, ces organismes-là nous
disaient : On n'adopte pas de projet de loi sans avoir fait une étude approfondie sur la consultation
publique puis avant de se départir du processus référendaire.
Donc,
nous, on est logiques, on l'a dit au gouvernement et on a eu une fin de
non-recevoir. Donc, le gouvernement a été
clair, aussi : Non, on ne bouge pas là-dessus, on ne recule pas. Ils sont
prêts à moderniser les référendums, ils l'ont fait, ils sont prêts à des ajustements, mais, sur le
fait de connaître le processus de consultation publique, au moment où on se
parle, quand on va voter, aujourd'hui, puis
les collègues, les ex-collègues, les gens du milieu municipal qui nous
écoutent, ne soyez pas inquiets, le
projet de loi va être adopté aujourd'hui, donc, inévitablement, il n'y a pas de
problème, sauf qu'on ne connaîtra pas le processus de consultation
publique qui remplacera tout le processus référendaire. Donc, c'est un problème
important.
Par
la suite, les avis. Les avis publics, bien, M. le Président... D'abord, pour
revenir en terminant sur les référendums, ce que
je vous disais cet avant-midi, c'est que le citoyen n'y trouve même pas plus compte, c'est-à-dire qu'il ne peut pas déposer une
plainte. Je vous ai fait tous les détails, je ne recommencerai pas, mais il ne
peut pas déposer une plainte à la Commission
municipale du Québec,
puis il ne peut pas déposer de
plainte au Commissaire aux plaintes au ministère des Affaires municipales. Si un citoyen trouve qu'il y a problème
dans le processus référendaire, même
dans le processus de consultation
publique, il devra s'adresser à la Cour supérieure pour être capable de se
faire entendre. Et le gouvernement ne
s'est pas caché là-dessus. Donc, ça, ça coûte de l'argent aux citoyens. Le
ministre nous a dit qu'il était prêt
à revoir ça dans un prochain, bon, bill omnibus puis pour lequel... je vais
vous en parler tantôt, là, dans un prochain projet de loi qui pourrait arriver à l'automne, mais, encore une fois,
là, si on se fie au groupe Vivre en ville puis l'Institut du Nouveau
Monde, on ne devrait pas adopter ce projet de loi là sans connaître le
processus.
Donc,
on ne le connaît pas. Et, pour la protection de nos citoyens, on a déposé un
amendement qui voulait que... L'amendement qu'on a déposé, c'est
d'ajouter un 10e attendu, à l'article 80.3, qui était de «confier à la
Commission municipale du Québec la mise en place d'un mécanisme de règlement
des différends».
Ça
fait qu'on a essayé de déposer un amendement, un des six amendements, les cinq
qu'on a déposés, dont un que le
gouvernement a déposé à notre place, mais ça a été battu. Donc, inévitablement,
ce n'est pas parce qu'on n'a pas voulu, on a voulu essayer de faire comprendre au gouvernement qu'il faudrait
que le citoyen puisse se plaindre directement à la Commission municipale
du Québec, ce qui nous a été refusé.
Par
rapport aux avis, évidemment, publics, bien, le débat, comme je vous disais, M.
le Président, c'est plus sur le
changement, le nouveau processus. Maintenant, le citoyen devra aller
s'informer. Puis je le répétais, je l'ai dit ce matin : Essayez, M. le Président, vous-même, là, j'en ai
fait 32, municipalités, d'aller chercher juste l'icône Urbanisme sur un site d'une municipalité. Vous allez comprendre
que ce n'est pas la première page, ce n'est pas la page d'accueil, là, hein? La page d'accueil, c'est les bons coups de
la ville puis, bon, bien, au moment où on se parle, c'est tout le plaisir
cet été, puis tous les événements, les
festivals, puis c'est correct, là. Donc, pour eux, ils n'ont pas avantage à
publiciser les avis.
• (15 h 10) •
Donc, c'est
tout un changement, puis un changement important. Parce que, M. le Président,
hier, là, j'avais fait... bon, dans Le
Journal de Québec, il y avait deux pages, la page 34 et la page 35, c'étaient
deux pages d'avis publics, donc,
par la ville de Québec
puis la ville de Saguenay. Donc, c'étaient des changements de zonage et des
modifications. Donc, évidemment, tu
avais l'information, c'est un journal qui est distribué sur le territoire de la
municipalité concernée. Donc, encore
une fois, le citoyen qui voudrait se plaindre, bien, hier, là, s'il appelait à
un bureau député, là, pour une modification au zonage, je veux dire, écoute,
là, tu le vois, là, bon, c'est dans le journal, puis ton avis a été donné.
Puis, si un jour tu te plains, bien,
c'est parce que tu ne l'as pas lu, puis tu n'as pas voulu le regarder, puis
tout ça. Sans compter les hebdos, qui,
souvent... les hebdos locaux ont des taux de pénétration jusqu'à 100 %.
Ils sont distribués par Publi-Sac. Vous le savez, là, vous avez vu tout ça.
Puis je donne toujours comme exemple, M. le Président : essayez de
faire une campagne électorale provinciale
sans hebdo, là. S'il fallait qu'ils décident de ne pas nous couvrir, là, on
trouverait le temps long, là, tu sais, à quelque part, là, parce que
c'est eux qui distribuent l'information, souvent, dans les régions.
Et
la même chose pour les élections municipales. S'il fallait que les hebdos
décident de ne pas s'occuper d'élections municipales, bien, il y aurait des candidats qui seraient dans l'oubli
pas à peu près puis longtemps, là. Donc, inévitablement, je pense que ce sont des outils pour lesquels, ne
serait-ce que pour la diffusion de l'information, bien, c'est tout un
changement que le gouvernement nous demande.
Et
nous, on avait carrément demandé de retirer l'article 51, qui était
l'article qui faisait que tu n'es plus obligé de le distribuer dans un
journal puis que maintenant l'obligation, c'est sur Internet. Puis pourquoi le
retirer? Parce que c'était la seule
solution. Il n'y en avait pas d'autre, solution. Mais, compte tenu... Puis hier
Québec solidaire a déposé un amendement
semblable, ici, sur le parquet. Donc, ça n'a pas été jugé recevable. Le mien
non plus n'a pas été jugé recevable, mais
j'ai demandé le consentement unanime, parce que, par consentement unanime, en
commission parlementaire, on peut
tout faire, ce qui m'a été refusé. Donc, on n'a même pas voulu en discuter non
plus de la part du côté gouvernemental. Donc, c'est signe de la teneur
des débats qu'on a eus.
Le troisième point
que je vais vous adresser cet après-midi, évidemment, que je n'ai pas traité ce
matin, c'est le point des contrats de gré à
gré, M. le Président. Et là il n'y avait pas 25... D'abord, les contrats de gré
à gré, M. le Président, au moment où
on se parle, c'est 25 000 et moins. Une municipalité peut donner des
contrats de gré à gré de 25 000 et moins. Le projet de loi fait passer de
25 000 à 100 000. En image, là, dans les 35 plus grandes villes
au Québec, si je prends la 17e, là,
puis là je ne veux pas la nommer, parce que je l'ai nommée une fois, puis le
maire était bien enragé, je ne veux pas le... Puis ce n'est pas parce que ça... C'est juste... C'est une image, là,
hein? Donc, c'est 52 % des contrats qui seront maintenant donnés de gré à gré dans une ville qui est parmi
les 35 premières du Québec. Il y en a 1 134. Donc, imaginez-vous les
autres, là.
Donc,
plus tu descends, bien, plus que le pourcentage augmente. Donc, de plus en plus
de municipalités pourront donner des
contrats de gré à gré. Bon. Ce que les villes vont dire, bien, c'est :
C'est un problème, c'est des appels d'offres, puis c'est compliqué, puis on n'a pas le personnel nécessaire. Mais
nous, notre problème... Puis je vais vous dire franchement, M. le Président, nous, on a décidé, comme parti
politique, de faire des choix. Puis évidemment un de ces choix-là, c'est
de courtiser une dame, Me LeBel, qui
est Sonia LeBel, qui était à la commission Charbonneau, qui est maintenant
parmi notre personnel. C'est un choix qu'on a fait. C'est un choix
politique qu'on a fait pour dire : Écoutez, comment on peut faire? On peut changer l'administration
publique puis essayer de faire que ce soit beaucoup plus ouvert, beaucoup
plus conforme à ce que les citoyens veulent,
puis surtout au travail qu'a fait la commission Charbonneau. Et la recommandation 26 de la commission
Charbonneau, je prends la peine de vous la lire : «D'ajouter les
municipalités de moins de
100 000 habitants au champ de compétences du Vérificateur général du
Québec afin qu'il puisse y mener des vérifications et en faire rapport
aux conseils municipaux concernés.»
Donc, le problème, il
est là, les villes de 100 000 habitants et moins. Les 100 000 et
plus ont un vérificateur indépendant. Ils
sont 11 municipalités au Québec. Donc, ce n'est pas... Il y en a
1 134. Donc, les autres, qu'est-ce qu'on fait avec? Là, évidemment,
le problème par rapport à la commission Charbonneau, c'est entre autres les
contrats de gré à gré qui sont donnés. Donc
là, tu fais passer le seuil de 25 000 à 100 000. Donc, je vous le
disais, une des grandes villes, qui
est la 17e en importance, aura 52 % de ses contrats donnés de gré à gré.
Imaginez-vous les autres. Mais tu ne mets
pas la balise de la commission Charbonneau, qui est de soumettre à la
Vérificatrice générale du Québec la vérification de ces
municipalités-là.
Donc,
comment on peut, nous, comme parti politique qui avons fait un... quant à moi,
je pense qu'on a fait un bon coup,
d'aller recruter Sonia LeBel, qui va nous aider à comprendre comment ça
fonctionnait, le système, puis comment éviter que ça se passe... Puis là, là,
je veux que les élus qui nous écoutent comprennent bien, là. Il n'y a pas
personne qu'on accuse là-dedans.
Absolument pas. Personne, là, de l'administration. Les accusations ont été
portées sous les anciennes administrations.
Mais,
comme responsables de la protection des intérêts de citoyens — nous, on a décidé qu'on serait la conscience
des citoyens sur le projet de loi
n° 122 — est-ce
qu'on peut se permettre de permettre aux villes de donner des contrats de gré à gré 100 000 et moins — donc, pour plusieurs d'entre elles, ça sera
au-dessus de 60 % de leurs contrats — sans qu'il y ait le garde-fou de la Vérificatrice générale du Québec? C'est
impensable. Je vous le dis, là. Puis nous, en plus, on a eu les informations, on a eu la formation,
Me LeBel nous a expliqué comment... Donc, on ne peut pas, là, je vous dis, M. le Président, c'est impossible, on ne peut pas adopter un projet de loi puis accepter ce que le ministre nous dit : Ce sera dans un prochain
bill omnibus, ce sera dans un prochain...
Mais là, un prochain
bill omnibus, on parle de l'automne, mais, d'ici à l'automne, on va sûrement
avoir un remaniement ministériel. En tout cas, il y a beaucoup de gens, là, en
tout cas, qui ont l'air à le souhaiter, là, dans les médias, qu'il y ait un...
Donc, est-ce que le ministre va... Peut-être qu'il ne sera plus là.
Il
va-tu y avoir des élections provinciales? On ne le sait pas. Le premier ministre a... Tu sais, les élections à date fixe, le premier ministre, lorsqu'il était dans les autres pays, là, a dit :
Bien, c'est une loi, mais ce n'est pas une obligation, donc, de respecter
la date, ce n'est pas une obligation. Puis c'est vrai, la loi est faite comme ça, puis
là tu as plein de... Aujourd'hui, vous avez juste à lire les entrevues
dans les médias. Bon, ils sont en train de se préparer.
Donc,
on ne sait pas ce qui peut se passer. Mais une chose qu'on sait, par exemple, c'est qu'aujourd'hui le projet
de loi va être adopté, puis les villes vont
pouvoir donner des contrats, 100 000 $ et moins, de gré à gré, sans
qu'il y ait le garde-fou de la Vérificatrice générale du Québec.
Et, encore
une fois, pour les maires qui vont me dire : Il faut que tu nous fasses
confiance, là, on vous fait confiance, en
grande majorité, mais où il y a de l'homme il y a de l'hommerie, puis il risque
d'arriver des choses. C'est ça qu'on veut
éviter, pour ne pas être obligés de revenir, puis modifier la loi, puis
dire : Écoutez, on aurait dû adopter cette loi-là.
Donc, encore
une fois, tu sais, c'est dur, là, de voir le Parti libéral, là, qui a été... — tu sais, puis les deux vieux partis
ont eu leurs nominations, là, à la commission Charbonneau — d'essayer
de... Là, le Parti québécois a déposé l'amendement pour faire réduire ça de 100 000 $
à 50 000 $, là, puis pour lequel on a adopté. On n'a pas déposé d'amendement, parce que le Parti
québécois a dit : On devrait
faire réduire le montant de 100 000 $
à 50 000 $, puis c'est correct,
on les a appuyés par rapport à ça. Ça évitait... Mais, le fait qu'il n'y ait
pas le garde-fou de la Vérificatrice générale, on a un malaise avec ça.
Donc, ça, on
ne peut pas être post-Charbonneau puis, les maires, nous rencontrer puis
dire : Faites-nous confiance, puis : Il n'y a rien qui va se passer.
Il y en a 1 134, municipalités au Québec. Puis nous, on veut faire
confiance à tout le monde puis on veut s'assurer que tout le monde, là,
n'a pas... Puis ça, ça se fait à quelques semaines des élections municipales, là, tu sais, en termes... c'est des
semaines, là, les élections sont à l'automne, là. Ça fait qu'imaginez-vous,
là, les contrats vont être donnés de gré à gré, les amis que les organisations municipales vont avoir, tu sais, tout le... Puis, encore une
fois, je n'accuse pas personne, là, mais ça porte à ouverture à ça. Il va y
avoir des contrats, maintenant, de 100 000 $ et moins de donnés de gré à gré
dans plusieurs municipalités, donc il va y avoir beaucoup d'amis des administrations municipales qui vont vouloir être fins avec eux autres, puis c'est correct, là,
mais, encore une fois, si tu avais la balise pour dire :
Bien oui, tu vas être fin, mais fais attention, parce que la Vérificatrice
générale peut rentrer dans la municipalité, faire n'importe quoi, donc là...
Là, présentement, c'est : Non, tu peux être fin, puis finalement il n'y
aura jamais... Tu sais, c'est juste ça, là, qui est difficile, M. le Président.
Puis c'est dur parce que les villes nous font
des pressions, là, pour qu'on adopte ce projet de loi là puis nous disent : Aïe! écoute, là, nous autres, là, il n'y a
aucun problème avec ça, là. Bon, peut-être qu'eux autres ils n'en ont pas, de problème, mais nous, on en a un, puis les
citoyens, sûrement, tous ceux qui ont écouté la commission
Charbonneau, ils en ont un. Puis, si
on avait les moyens — parce que, vous savez, les partis
politiques, on n'a pas beaucoup d'argent, là — puis on
faisait un sondage, puis on demandait à la population, là, est-ce qu'ils veulent que, dans le cas où on donne les contrats de gré à gré, les municipalités soient supervisées par la Vérificatrice
générale, moi, je serais bien surpris
du résultat, ce ne serait pas... il y aurait
beaucoup de gens qui seraient très favorables à ça puis...
Donc, encore une fois, c'est
ça, la réalité.
Des voix : ...
M.
Laframboise : Bien, c'est ça.
Donc là, nous, on est devant un fait accompli. On a un parti, je vous ai dit ce
matin, un Parti libéral usé qui à
quelque part veut essayer de redorer son image auprès du milieu municipal,
hein? Quand tu puises 300 millions dans les poches des gens, puis les villes ont augmenté, pour plusieurs,
les taxes municipales, tu essaies de leur donner des compensations. Mais
ce n'est pas à n'importe quel prix qu'il faut faire ça. Tout ça, il faut toujours
tenir compte du citoyen.
Là, le Parti québécois, qui est dépassé par les événements, M. le
Président, pour toutes sortes de
raisons, là, ils ont louvoyé tout le
long de la commission parlementaire, puis on le sent dans la façon dont le Parti québécois se comporte, mais en tout cas c'est eux, ils vivront avec ça, mais c'est ça,
là. Évidemment, il y avait un seul parti qui, dans cette commission parlementaire là, savait où il s'en allait, sur des bases
solides. On a Sonia LeBel qui nous conseillait. Nous, on savait où on s'en va par rapport au projet de loi n° 122, tout
simplement, et depuis les tout
débuts, M. le Président, on a dit qu'on voterait contre, parce
que le ministre nous a dit non à tout
ça. Tu sais, c'est ça, la réalité. Et aujourd'hui j'ai appris
que le Parti québécois voterait
contre, je l'ai appris aujourd'hui, parce
que, tout le long de la commission parlementaire, j'étais
bien convaincu qu'il était pour voter pour, il y avait tellement
de connivence entre les deux vieux partis. C'est ça, la réalité, là. Mais, encore une fois, aujourd'hui, on
vit cette situation-là, et ça nous amène, ça nous amène...
Une voix : ...
• (15 h 20) •
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Oui, M. le
leader adjoint. Un instant, M. le
député de Blainville.
Question de règlement?
M.
Rochon : Oui. Article 35,
M. le Président. J'ai beaucoup laissé aller le collègue de la deuxième
opposition, mais je veux vous faire
remarquer qu'il utilise un langage extrêmement discutable, propos blessants, imputation de
motifs. Je vous appelle simplement, là, à le considérer pour la suite
des choses, bien qu'elle achève.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Un instant, M. le député, ce ne sera pas long, un instant. Manifestement,
là, je trouvais qu'on y allait un peu loin, parce que c'est sûr que,
dans votre dernière expression, «connivence»... Je vous appelle à la prudence. «Connivence», ce n'est pas un jugement... C'est
limite, en tout cas, dans le règlement. Il y a là un... Oui, il
y a un jugement vraiment
qui est porté. Alors, faites attention aux termes utilisés. Vous avez une bonne
expérience, vous êtes habitué, alors, autant que possible, pas de
jugement aussi pro domo. Alors, veuillez poursuivre en faisant attention.
Une
voix : ...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Oui?
M.
Caire : ...je
vous ai entendu très souvent, sur des propos même un peu plus musclés, appeler
à l'opinion des députés dans cette
Chambre. Là, j'ai un petit peu de difficulté à suivre, parce que
mon collègue n'a pas été ni blessant ni méprisant, a parlé de partis politiques,
n'a pas ciblé...
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Bien, juste une minute. Très respectueusement, quand on dit «vous ne les
avez pas vus de connivence avec le gouvernement», si ce n'est pas un jugement de valeur fort, je ne comprends plus
rien, là. Alors, moi, j'aimerais tout simplement faire attention au vocabulaire utilisé, parce que là c'est de porter
un jugement sur des choses qui ont été passées ailleurs.
Mais je vous invite à
poursuivre. Vous êtes capable de faire ça comme l'expérience vous le permet.
Veuillez poursuivre.
M. Laframboise : Merci beaucoup, M. le
Président. Ça m'amène à la dernière
partie de ma présentation. Il y a un amendement pour lequel le gouvernement...
Puis je tiens à le faire ici, à l'Assemblée nationale, parce que je l'ai fait en commission
parlementaire, et l'amendement 71.1... c'est-à-dire que mon collègue de Borduas...
ce qu'on appelle «jouer dans les
rues». Il y a un projet
de loi qui était pour jouer dans les
rues, permettre aux villes de fermer des tronçons de rue pour permettre les jeux, puis avec une certaine
amende si jamais il y en avait qui perturbaient ou quoi que ce
soit. Parce que
c'est un choix, hein? Si on veut que nos jeunes jouent dans les rues puis qu'on
veut s'amuser... Puis souvenons-nous, quand
on était plus jeunes, il y avait du hockey qui se jouait dans les rues l'hiver,
et tout ça. Là, maintenant, il y a plus de
population, M. le
Président, donc, évidemment,
on sent le besoin. Puis, à la ville de Beloeil, bien, ils avaient adopté
cette modification-là.
Je
vous le dis parce que je vais l'encadrer. Ça, c'est quelque chose, dans l'histoire du
parlementarisme, là, que j'ai vécu
puis que je ne veux plus jamais vivre, mais ça, je veux qu'on le partage. Parce
que ce projet de loi là, on l'avait... d'abord,
mon collègue en avait envoyé copie de son amendement au gouvernement quelques
semaines avant que ce soit étudié en
commission parlementaire. Donc, le gouvernement était au courant. Et c'est une
volonté de mon collègue de Borduas qui aurait voulu l'insérer dans ce
projet de loi là.
Et
est arrivé une drôle de situation durant les débats en commission
parlementaire, c'est-à-dire que le projet de loi, bon, le gouvernement est venu nous dire que, oui,
peut-être que cet amendement-là pourrait être étudié. Il y aurait peut-être
des modifications à faire. C'est correct. Et
est arrivé un événement. Mon collègue de Borduas reçoit le téléphone d'un
des vice-présidents de l'Union des
municipalités pour lui dire : J'ai été appelé par le cabinet du ministre,
ils veulent notre autorisation sur
cet amendement-là, «jouer dans les rues». Et, bon, il voulait savoir beaucoup
de détails sur comment ça fonctionnait
puis c'était quoi, le but, mais surtout pour déblatérer contre le porte-parole
de la Coalition avenir Québec. Ça,
vous comprenez, on est habitués, on est grands, on a déjà vu, et pour finir en
disant : Pas sûr que... on ne sait pas encore si on va l'appuyer ou
pas puis si on va faire notre recommandation.
Sur
l'heure du dîner, mon collègue de Borduas me fait part de la conversation
téléphonique qu'il a eue, et, lorsque je
suis revenu, le représentant du cabinet du ministre vient nous dire : Bien
là, avec l'amendement écrit par le gouvernement... tu sais, parce qu'il l'avait corrigé, puis c'est
le gouvernement qui l'avait rédigé puis qui l'avait écrit en disant : Bien
là, ne le présentez pas là parce que, si vous le présentez, on ne
l'adoptera pas, mais, à la fin, si le projet de loi est terminé pour
lundi — en
parlant de lundi de cette semaine — là, vous allez l'avoir. Ça
fait que là, imaginez-vous, là.
Ça,
bon, on peut appeler ça comme on veut, là, puis je vais faire attention parce
qu'il y a des mots qui ne sont pas permis
ici, là, mais c'est... Donc, cette situation-là, je l'ai dit en commission
parlementaire, M. le Président, parce que je ne veux plus jamais qu'on ait à vivre ça : de la pression politique
pour essayer d'avoir un amendement pour lequel... Et je vous dirais que même mon collègue de Borduas s'est
fait dire par après... pour dire : Bien là, vous allez voter contre le
projet de loi. On vous a donné votre
amendement, puis vous allez voter contre le projet de loi, puis on vous a donné
un amendement. La Coalition avenir Québec, M. le Président, on ne marche
pas comme ça.
Évidemment,
j'aurais aimé que ma collègue de Taschereau soit là parce que je sais qu'elle
nous aurait défendus. Son collègue a
moins d'expérience, là, mais c'est des choses qui ne se font pas, M. le
Président, puis je tiens à le dire,
parce que... je vais l'encadrer, parce qu'évidemment
j'avance dans l'âge un peu, là, puis j'en ai plus de passé que j'en ai à venir, mais il reste que c'est un moment du parlementarisme qui n'est pas valorisant pour
personne. Nous aussi, on fait notre
travail de façon... D'abord, premièrement, on n'est pas là pour... Nous, on
l'avait dit, là : Si on avait voulu retarder le débat à l'Assemblée nationale, on a droit à deux
porte-parole en commission parlementaire, on aurait pu le faire; toujours
un seul porte-parole, on a utilisé le temps
qu'on avait de besoin pour faire ça. Mais subir des pressions... Puis je
comprends, là, pourquoi le Parti
québécois a fait une petite danse de cha-cha, là, parce qu'il y avait beaucoup
de pressions politiques qui se
faisaient, ils l'ont vécu à leur façon, là, mais nous, on l'a vécu de cette
façon-là. Et ça, cette pression-là, je vous le dis, M. le Président, on n'en a pas de besoin, qu'elle soit des élus
municipaux ou de n'importe qui au Québec. Nous, en tout cas, la Coalition avenir Québec, on a une
seule parole et on la tient jusqu'au bout, et jamais on ne pliera sous la
pression. Merci beaucoup.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, moi, je suis prêt à entendre le prochain intervenant ou intervenante. Alors, Mme la députée de Taschereau, à vous la parole pour
votre intervention sur le projet de loi n° 122. À vous.
Mme Agnès Maltais
Mme
Maltais : Je n'ai que 10 minutes, M. le Président. J'aurais pris
une heure, parce que ça a été un très long projet de loi à étudier, il y avait quand même 256 articles et
152 amendements, ce qui montre que véritablement le gouvernement
n'était pas prêt.
Puis
je suis très heureuse d'intervenir après mon collègue parce qu'il vient de dire
exactement ce dont j'allais parler. Ils
ont cédé au chantage, la CAQ a cédé au chantage, ils n'ont pas déposé un
amendement parce qu'ils ont reçu un appel de l'UMQ et parce qu'ils ont eu des pressions du gouvernement libéral.
Nous, on a déposé des amendements, il n'y a rien qui nous a arrêtés, qui nous a empêchés d'essayer d'améliorer cette loi.
Une partie de ces amendements a été acceptée, l'autre partie a été rejetée, mais jamais un appel de l'UMQ, jamais une
pression du gouvernement ne nous auront fait reculer pour déposer un
amendement ou ne nous auraient fait reculer.
Et
je trouve ça dommage pour le collègue qui a eu des pressions de la part du
gouvernement libéral. Effectivement, je
l'aurais défendu. Mais ce que je trouve encore plus dommage pour le collègue de
Borduas, c'est que son parti ait décidé de ne pas déposer un amendement auquel il tenait véritablement. Je ne comprends
pas. C'est facile, vous allez voir le jeudi soir... 7 juin, jeudi après-midi, 7 juin, de 1 h 33
à 1 h 37, vous allez voir — en minutes, 33 minutes,
37 minutes — vous
allez voir le collègue qui dit : Je ne
déposerai pas un amendement, j'ai eu trop de pressions. Quel dommage! Nous, on
ne travaille pas comme ça. Nous, on travaille de façon très logique.
Nous
avons été contre le principe de cette loi dès le départ et nous sommes encore
contre le principe, parce que le
principe de départ, c'est l'abolition des référendums municipaux. Si on avait
voté pour le principe comme l'ont fait les deux partis, le Parti libéral et la CAQ, si nous avions voté pour le
principe de l'abolition des référendums municipaux, là on serait dans le trouble aujourd'hui. Mais on
n'est pas dans le trouble, on a voté contre ce principe, et aujourd'hui nous
allons encore voter contre l'abolition des référendums municipaux.
Toutefois,
grâce au travail qu'on a fait, parce qu'on a fait de nombreuses sorties, parce
qu'on a discuté, parce qu'on croit à
un travail sérieux, on a réussi à obtenir à tout le moins qu'il y aura une
politique de participation publique, ce qui est dans le rapport L'Allier va être dans la loi. Et surtout ce que nous
avons réussi à obtenir et ce dont nous sommes fiers, c'est que cette
politique de participation publique qui devra correspondre au rapport Lallier
sera adoptée en conseil municipal. Nous
remettons donc entre les mains des conseils municipaux la possibilité ou non
d'abolir les référendums municipaux, mais
à tout le moins nous avons évité que ça se passe ici, à l'Assemblée nationale.
Ce n'est pas à nous à faire ça. Nous,
on veut qu'ils restent, les référendums municipaux, mais, devant une majorité
gouvernementale, nous ne pouvions que faire notre possible. Nous l'avons
fait et bien fait, c'était notre travail.
• (15 h 30) •
Mais
ce dont je veux surtout parler, c'est de la disparition des avis publics dans
les hebdos locaux et régionaux. À partir
de la journée, du moment où on va adopter le projet de loi n° 122, nous
craignons, nous craignons que les municipalités n'abandonnent leurs
publications dans les hebdos locaux et régionaux.
L'information,
en région, c'est majeur, c'est très important. On sait que la disponibilité
d'information régionale est passée de
8 % à 1 % dans les dernières années. C'est terrible. On sait aussi
que les hebdos locaux et régionaux couvrent beaucoup l'actualité municipale, ils sont présents dans les conseils de
ville. Ils ont des petites salles de presse, ils suivent, ils ont des journalistes. Quand on va en région,
M. le Président, on fait des activités de presse, il y a présence à chaque
fois des hebdos locaux et régionaux qui
couvrent l'actualité régionale. Or, ils ont très peu de moyens. Il faut qu'ils maintiennent des salles de presse avec très peu de
moyens. Il y avait 20 millions de dollars qui provenaient des
municipalités qui allaient dans les poches des hebdos locaux et
régionaux pour maintenir ces salles de presse. Ils n'y seront plus.
Le
malheur, c'est que le gouvernement ne compense pas, par ailleurs. Il a mis de
l'argent dans la numérisation, mais
ça va servir surtout les grands hebdos. Les petits hebdos, ceux et celles qui
nourrissent les communautés d'information, d'échanges, sont en danger. C'est ça, le problème, actuellement. Et ça,
on l'a dit dès le départ. On a déposé des amendements un après l'autre en essayant de convaincre le
gouvernement d'appuyer nos hebdos locaux, de conserver ça. Au moins, à tout le moins, avant de faire disparaître ça,
d'adopter une stratégie pour essayer qu'on maintienne en vie l'information
régionale, les salles de presse régionales.
Malheureusement, ça nous a été refusé, et je pense que c'est un des grands
défauts du projet de loi n° 122.
À
force de discuter, on a réussi à faire dire au ministre des Affaires
municipales qu'il parlera avec le ministre de la Culture et des Communications du problème que ça signifie pour la survie
des hebdos locaux et en région. C'est d'abord un aveu, à mon sens, puisqu'il a émis cette opinion. Deuxièmement, je
pense qu'on va attendre des résultats. Je pense qu'on va s'attendre à ce qu'il y ait ensuite des retombées de ces
échanges que nous avons voulus entre le ministre des Affaires municipales et le ministre de la Culture
et des Communications. Il y a danger de voir disparaître l'information régionale, et c'est extrêmement important.
Là-dessus, nous nous sommes tenus debout, comme la deuxième opposition
d'ailleurs.
Il
y a aussi un problème avec les contrats de gré à gré. Ce que nous avons proposé...
Plutôt que cette idée qu'a eu le
gouvernement que les contrats de gré à gré ne puissent se faire que pour les
contrats en bas de 25 000 $, on va passer à : contrats de gré à gré peuvent se faire à
tout contrat en bas de 100 000 $, quelle que soit la grandeur de la
municipalité. C'est là qu'est le
problème, sur la grandeur de la municipalité. Ça veut dire qu'une petite
municipalité de 1 000 habitants, dont parfois 80 % des contrats sont en bas de 100 000 $,
pourrait passer à peu près tous ses contrats de gré à gré, puis elle est
traitée comme les grandes municipalités, qui, elles, ont beaucoup de contrats à
beaucoup plus grande échelle.
Alors, ce qu'on
proposait, nous, c'était de faire une modulation. On aurait accepté, mettons, à
50 000 $, pour certains, de monter le plafond selon à peu près
l'indice du coût de la vie, depuis que cette mesure avait été adoptée à 25 000 $, pour se rendre entre
35 000 $ et 50 000 $ pour certains types de municipalités,
puis passer à 100 000 $ là où des municipalités auraient eu des
politiques de gestion contractuelle. Mais le problème, c'est qu'on a tout mis
dans le même paquet.
Alors, après la commission
Charbonneau, alors qu'encore aujourd'hui des maires sont devant des cours de
justice à cause de contrats qui ont
été donnés de gré à gré, je ne pense pas que ce soit une bonne idée que d'avoir
accepté de monter d'une façon
unilatérale pour toutes les municipalités le gré à gré à en bas de
100 000 $. Ce n'est pas une bonne idée. En tout respect pour les municipalités, à un moment
donné, il y a quelque chose qui est trop près de nous encore, ça s'appelle
la commission Charbonneau; ça s'appelle les
débats ici qu'on a eus dans cette Assemblée nationale autour de l'éthique
et de l'intégrité ici, dans les partis
politiques. On prend notre bout aussi, là; puis il y a un parti qui peut en
prendre un gros bout. Mais ici ça a fait partie de nos débats à l'Assemblée
nationale; ça a fait partie aussi des débats dans les municipalités.
Nous
n'accepterions pas, à l'Assemblée nationale, de reculer sur les valeurs
éthiques ou sur les mécanismes que nous avons pour empêcher la collusion
et la corruption. Comment peut-on y aller de cette façon-là dans le projet de loi n° 122 et d'augmenter les possibilités de
corruption et de collusion? Mon collègue disait : Là où il y a de l'homme,
il y a de l'hommerie. Et c'est la
vérité. Donc, je trouve qu'on avait là, nous, proposé une mécanique qui aurait
été intéressante. Malheureusement, le gouvernement l'a refusée.
Enfin,
une dernière chose : les référendums sont toujours abolis. Nous
n'accepterons pas cela. Nous avons au moins permis que la politique de participation publique soit discutée aux
prochaines élections municipales,
qu'elle soit dans les cartons des
partis politiques, qu'ils prennent leur choix, que les citoyens et citoyennes
qui iront en élection la prochaine fois
sachent quelle est l'intention de leur parti politique, de leur maire, de leur
mairesse, face à cet enjeu, et que cet enjeu leur appartienne, à eux et
à elles, puisque le gouvernement avait décidé qu'il devait disparaître.
Alors,
nous voterons, bien sûr, contre cette loi, M. le Président. Nous ne sommes
pas... Nous avons fait notre travail correctement,
tranquillement. On a déposé tous les amendements nécessaires, mais jamais, M.
le Président, jamais, ô grand jamais, sur un simple appel de l'UMQ ou sur une
pression du gouvernement, nous n'aurions refusé, nous n'aurions décidé,
de notre propre chef, de notre propre aloi, de déposer un amendement en lequel
nous aurions cru... ce n'est pas de ça, M. le Président, ce n'est pas de cette
manière-là que nous nous gouvernons. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Alors, je vous remercie, Mme la députée
de Taschereau, de votre intervention. Et
je reconnais Mme la députée d'Hochelaga-Maisonneuve pour son intervention sur
le projet de loi. Alors, vous avez 10 minutes.
Mme Poirier :
Merci...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : À vous.
Mme Carole Poirier
Mme
Poirier : Merci, M. le Président. Alors, à mon tour d'intervenir
en lien avec le projet de loi n° 122 qui vient reconnaître plus d'autonomie aux municipalités. Je
nous rappellerai, M. le Président, qu'en cette Chambre la présidence avait reconnu qu'il y avait un principe différent,
dans ce projet de loi là, et avait accepté une motion de scission. Pourquoi?
Pourquoi la présidence avait accepté cette motion de scission?
Tout
simplement parce que tout le chapitre, tous les articles qui concernaient les
référendums et qui venaient abolir les référendums, donc le droit des
citoyens d'exprimer leur opposition à certains projets, eh bien, M. le
Président, la présidence l'a reconnu qu'il y
avait là un principe différent du reste du projet de loi. Et, si le
gouvernement avait — et je
vais le dire comme je le pense sincèrement — bien fait son travail, bien, il aurait pu
sortir cet élément du projet de loi et arriver
avec quelque chose de beaucoup mieux structuré et beaucoup mieux attaché. Et la
preuve, M. le Président, c'est que le ministre a débuté les travaux en
étude détaillée en introduisant un amendement, l'article 2.1, qui introduit une
politique de consultation publique auprès
des municipalités. Mais, si vous, vous savez la moindre chose de ce que seront
ces politiques, bien, vous êtes bien chanceux.
Parce
que le ministre doit déposer un règlement, probablement cet automne, qui va
donner les paramètres dans lesquels
les municipalités se gouverneront. Alors, on s'en va en élections municipales,
M. le Président. Les municipalités vont
prendre des engagements, mais à partir d'un règlement qu'elles ne connaissent
pas, à moins que le ministre dépose le
règlement rapidement. Parce que le déclenchement des élections, c'est en
septembre, pour les municipalités. Alors, le ministre finalement devrait, d'ici septembre, déposer un règlement qui
va venir encadrer l'élaboration des politiques de consultation publique
des municipalités. Eh bien, j'en doute, M. le Président.
• (15 h 40) •
J'en
doute sincèrement. Et, à la face même de ces éléments-là, la décision de la
présidence se justifiait, et se justifiait du fait qu'on est dans un vague... on est totalement, là, dans le
brouillard total parce que le ministre nous annonce des politiques, dans les municipalités, pour
lesquelles personne ne sait de ce dont on parle. Il nous parle d'un règlement à
partir de certains critères qui sont
dans la loi, mais personne n'a vu le règlement. Et là on nous demande un chèque
en blanc, aujourd'hui. On nous
dit : Donnez-nous un chèque en blanc
pour un règlement que personne ne sait qu'est-ce que c'est et pour des politiques
éventuelles dont on ne sait pas du tout ce que c'est. Et ce que l'on dit :
Mais donnez l'autonomie municipale. Bien, l'autonomie municipale,
elle vient avec des responsabilités aussi. Et nous, tant qu'on n'a pas vu le règlement,
tant qu'on n'a pas vu les politiques de consultation
publique des municipalités, on ne peut pas donner ce chèque en blanc là.
À Montréal tout particulièrement, on a l'office
de consultation de Montréal. Le ministre est même venu confirmer, durant nos travaux, qu'il y aurait des modifications en lien
pour l'office de consultation, pour donner plus de pouvoirs. Ça, c'est dans l'autre projet de loi,
n° 121. Alors, je m'attends, parce qu'on a annoncé les travaux du projet
de loi n° 121 pour le mois
d'août, je m'attends que le ministre nous arrive avec des amendements pour
l'office de consultation.
Alors, aujourd'hui, on me demande de
me prononcer sur un projet de loi qui détermine l'autonomie municipale,
particulièrement sur les consultations auprès des citoyens, on enlève les
pouvoirs aux citoyens, mais je ne sais pas qu'est-ce
qu'il y a en contrepartie, je ne le
sais pas. Et ça, M. le Président, comme législateurs, on serait des irresponsables, des
irresponsables.
Sur
un autre thème, le ministre a refusé nos amendements concernant les
plafonds de contrat de gré à gré. Non, mais
on n'est pas tannés, là? La commission
Charbonneau, ça a servi à quoi? Il y a
des maires qui sont en prison présentement.
Il y a quelqu'un qui n'a pas compris, là.
Et
là on vient hausser les plafonds mais pour tout le monde. Qu'on vienne
hausser le plafond à 100 000 $
pour une ville de 1,5 million
d'habitants comme Montréal, je comprends, mais pour toutes les municipalités,
quand pour certaines de ces
municipalités-là c'est 70 %, 75 % de leurs contrats qu'ils pourront
faire de gré à gré dorénavant... Non, mais la commission Charbonneau, c'est
exactement le contraire qu'elle nous a dit de faire. Alors, le gouvernement
est, à mon avis, irresponsable en allant dans ce sens-là.
Il y a un sujet sur
lequel je dois me réjouir et je dois remercier le ministre. Alors, j'ai déposé
un projet de loi il y a plus d'un an. Mais
ce gouvernement-là a une habitude qui est de ne pas appeler nos projets de loi
mais de les introduire dans leurs projets
de loi. Moi, c'est mon troisième, alors il y a comme habitude de prise — alors, ça ne devait pas être si mauvais que ça — trois projets, et deux avec le même
ministre, alors le projet de loi n° 194 qui permettait, dans le fond,
un pouvoir habilitant aux municipalités d'avoir des politiques d'inclusion. Ça
veut dire quoi, dans les faits, ça, M. le Président? Bien, ça veut dire que,
lorsqu'une municipalité octroie un permis à un promoteur immobilier pour... par
exemple, à Montréal, on a quelques
arrondissements qui ont des politiques d'inclusion, c'est d'être capable de
fixer un pourcentage pour faire du
logement social, du logement abordable ou destiner des logements famille.
Alors, le ministre a introduit dans son projet de loi mon projet de loi,
il a reconnu qu'il y avait là quelque chose d'intéressant. C'est un pouvoir habilitant, il n'y a pas d'obligation. Les
municipalités qui en veulent, elles le prennent; celles qui n'en veulent
pas, elles ne le prennent pas.
Mais
ce matin, dans les journaux, M. le Président, on annonçait que la Tour du
Canadien avait refusé de faire les 45 logements
sociaux qui devaient être faits dans sa tour, mais, en échange, ce qu'ils ont
fait, c'est qu'ils ont donné un terrain pour pouvoir faire les logements
sociaux. Ça, c'est de l'inclusion, et c'est pour ça que c'est important d'avoir
ce type de politique dans les municipalités
au Québec. Mais en échange il va falloir aussi des budgets pour faire du
logement social et il va falloir avoir les bons budgets. Et j'entends
encore le ministre, à la période de questions ce matin, nous dire que tout va bien,
Madame la Marquise. Non, ça ne va pas bien. Moi, quand je vais chez
RONA, M. le Président, le deux-par-quatre, là, je le paie le prix de
2017, pas le prix de 2009, et on demande aux gens du logement social, actuellement, de payer le prix de 2009. Alors, il
va falloir, un jour, là, que gouvernement ramène les budgets à leur juste
niveau.
En
terminant, deux derniers sujets, M. le Président. Les avis par Internet, moi,
j'ai vraiment des problèmes. J'ai déposé ici une pétition, il n'y a pas
si longtemps, sur la fracture numérique. Vous savez, M. le Président, la
fracture numérique, là, c'est le fait qu'il
y a des gens au Québec encore qui ont de la misère à aller au guichet
automatique parce qu'ils ne
comprennent pas ça, l'électronique, ils ne comprennent pas ça, l'informatique,
ils ne comprennent pas ça, ce monde
numérique là, et qui, pour certains, n'ont même pas accès, en tant que tel.
Alors, dorénavant, au lieu d'ouvrir mon journal local, que je reçois gratuitement chez moi, à ma porte, bien, il
va falloir que j'aille sur le site de la municipalité. Alors, ça, ça veut déjà dire avoir des habiletés
pour aller sur le site de la municipalité, aller consulter des avis qui, je dois vous l'avouer, même s'ils
sont dans le journal aujourd'hui, sont totalement illisibles. S'il y a quelqu'un
qui est capable de déchiffrer ce qui est
écrit dans un avis public, c'est un juriste, parce que c'est totalement
illisible. Et, dans la réforme que le
ministre propose, il n'y a pas ça, de rendre ces avis-là
plus lisibles. Alors, pour moi, tout ça n'est vraiment... Non, ce
n'est pas assez, M. le ministre.
Et, en conclusion, M.
le Président, en conclusion, les attaques de la seconde opposition qu'on entend
depuis le début de l'adoption
de la loi sont totalement inadmissibles, et surtout par son porte-parole. Moi, son porte-parole, je le connais
très bien parce que j'ai négocié un pacte fiscal avec lui il y a plusieurs
années. Il était président de l'UMQ dans ce temps-là. Et les propos
qu'il a tenus sont totalement inadmissibles.
Les
collègues de l'opposition officielle ont fait des travaux importants,
ont tenu la ligne. On a été chercher des gains importants dans cette loi-là, ne serait-ce que le mot
«adopté», que ma collègue a proposé pour que les politiques de consultations publiques soient adoptées par les municipalités. Ça change tout.
Je vais vous dire, M. le Président, je n'ai pas vu, à part que des critiques, à part que, justement, des propos totalement
inadmissibles de la CAQ... on n'a rien vu de positif.
Alors, oui, on va
voter contre, mais on est fiers d'avoir fait le travail qu'on a fait en commission.
Merci.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, je vous remercie, Mme la
députée d'Hochelaga-Maisonneuve. Je ne vois
pas d'autre intervenant. En conséquence, est-ce que le projet de loi n° 122, Loi visant
principalement à reconnaître que les
municipalités sont des gouvernements de proximité et à augmenter à ce titre
leur autonomie et leurs pouvoirs, est adopté?
Des voix :
...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Madame? Adopté?
Une voix :
...
Le Vice-Président (M.
Gendron) : Alors, le vote par appel nominal étant demandé, que l'on
appelle les députés.
Les travaux sont
suspendus temporairement.
(Suspension de la séance à
15 h 47)
(Reprise à 16 heures)
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Alors, je suis content qu'il y ait des collègues, des
fois, qui invitent la présidence à rappeler sur quoi on vote. Alors, je
l'indique pour ceux qui n'étaient pas avec nous.
Mise aux voix
Lorsqu'on
a suspendu pour faire un vote par
appel nominal, c'était pour adopter
ou pas le projet de loi n° 122,
Loi visant principalement à reconnaître que
les municipalités sont des gouvernements de proximité et à augmenter à ce
titre leur autonomie et leurs pouvoirs.
Est-ce que ce projet
de loi là est adopté? Ceux qui sont favorables.
La
Secrétaire adjointe : M. Fournier (Saint-Laurent),
Mme Thériault (Anjou—Louis-Riel),
M. Leitão (Robert-Baldwin),
M. Coiteux (Nelligan), Mme David (Outremont), M. Proulx
(Jean-Talon), M. D'Amour (Rivière-du-Loup—Témiscouata),
M. Huot (Vanier-Les Rivières), M. Kelley (Jacques-Cartier),
Mme Vallée (Gatineau), M. Barrette (La Pinière),
M. Blanchette (Rouyn-Noranda—Témiscamingue), M. Heurtel (Viau),
M. Arcand (Mont-Royal), Mme Vien (Bellechasse), M. Reid
(Orford), M. Morin (Côte-du-Sud), Mme Nichols (Vaudreuil),
M. Bernier (Montmorency), M. Ouellette
(Chomedey), Mme de Santis (Bourassa-Sauvé), Mme Weil
(Notre-Dame-de-Grâce), Mme Ménard (Laporte), M. Tanguay (LaFontaine), Mme Rotiroti
(Jeanne-Mance—Viger),
M. Carrière (Chapleau), M. Poëti (Marguerite-Bourgeoys),
M. Girard (Trois-Rivières), M. Chevarie (Îles-de-la-Madeleine),
M. Auger (Champlain), Mme Vallières (Richmond), M. Rousselle (Vimont), M. Iracà
(Papineau), M. Bolduc (Mégantic), M. Matte (Portneuf),
M. Birnbaum (D'Arcy-McGee), M. Boucher
(Ungava), M. Bourgeois (Abitibi-Est), M. Fortin (Pontiac),
M. Giguère (Saint-Maurice), M. Habel (Sainte-Rose),
M. Hardy (Saint-François), M. Merlini (La Prairie),
Mme Montpetit (Crémazie), M. Polo (Laval-des-Rapides), Mme Simard (Charlevoix—Côte-de-Beaupré), M. St-Denis (Argenteuil),
M. Busque (Beauce-Sud), Mme Sauvé (Fabre), Mme Melançon
(Verdun).
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Quels sont ceux qui sont contre?
La
Secrétaire adjointe : M. Lisée (Rosemont), M. Bérubé
(Matane-Matapédia), Mme Hivon (Joliette), M. Marceau (Rousseau),
Mme Léger (Pointe-aux-Trembles), M. LeBel (Rimouski),
Mme Maltais (Taschereau), Mme Lamarre
(Taillon), Mme Richard (Duplessis), M. Rochon (Richelieu),
Mme Poirier (Hochelaga-Maisonneuve), M. Therrien (Sanguinet), M. Gaudreault
(Jonquière), M. Pagé (Labelle), M. Bourcier (Saint-Jérôme),
Mme Jean (Chicoutimi), M. Ouellet
(René-Lévesque), Mme Fournier (Marie-Victorin), M. Turcotte
(Saint-Jean), M. Roy (Bonaventure).
M. Legault (L'Assomption),
M. Caire (La Peltrie), M. Jolin-Barrette (Borduas),
M. Picard (Chutes-de-la-Chaudière), M. Charette
(Deux-Montagnes), M. Martel (Nicolet-Bécancour), Mme Roy
(Montarville), Mme Samson (Iberville), M. Roberge
(Chambly), M. Laframboise (Blainville), M. Schneeberger (Drummond—Bois-Francs), M. Lemay (Masson),
Mme Lavallée (Repentigny), M. Lamontagne (Johnson), Mme D'Amours
(Mirabel), Mme Soucy (Saint-Hyacinthe), M. Spénard (Beauce-Nord),
M. Paradis (Lévis).
Mme Massé
(Sainte-Marie—Saint-Jacques),
M. Nadeau-Dubois (Gouin), M. Lelièvre (Gaspé), Mme Ouellet
(Vachon).
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Y a-t-il des abstentions? Je n'en
vois pas. M. le Secrétaire général.
Le
Secrétaire : Pour : 50
Contre : 42
Abstentions :
0
Des
voix : ...
Le
Vice-Président (M. Gendron) : S'il vous plaît! Le projet de loi
est adopté.
Des
voix : ...
Le
Vice-Président (M. Gendron) : S'il vous plaît! Je cède la parole
maintenant à Mme la leader adjointe du gouvernement. À vous.
Mme Vien :
Ceci étant fait, M. le Président, veuillez appeler l'article 31, s'il vous
plaît.
Projet de loi n° 132
Adoption
Le Vice-Président (M. Gendron) : À
l'article 31 du feuilleton d'aujourd'hui, c'est M. le ministre du
Développement durable, de l'Environnement et de la Lutte contre les
changements climatiques...
Des voix :
...
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, on
va suspendre les travaux quelques minutes parce qu'on ne peut pas
procéder là-dedans, là.
(Suspension de la séance à
16 h 5)
(Reprise à 16 h 6) 1423
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Avec le retour de la caméra, là, je tentais de dire que c'est M. le ministre du Développement durable, de l'Environnement et de la Lutte contre les
changements climatiques qui propose l'adoption du projet de loi
n° 132, Loi concernant la conservation des milieux humides et hydriques.
Et je suis prêt à entendre les interventions et
je cède la parole à M. le ministre pour son intervention. À vous, M. le
ministre.
M. David Heurtel
M. Heurtel :
Merci, M. le Président. Alors, nous sommes à l'avant-dernière étape dans le
processus de l'adoption d'un projet
de loi majeur, le projet de loi n° 132 sur la conservation des milieux
humides et hydriques. Je ne prendrai pas beaucoup de temps, M. le Président, parce que, quand même, les dernières
étapes de l'adoption se sont faites de façon très rapide, relativement, M. le Président, mais quand même... et dans
un espace-temps quand même limité. Alors, je crois qu'on redit sensiblement les mêmes choses quelques
fois depuis l'adoption du rapport de la commission, suite à l'étude
article par article et son adoption qu'on a faite la semaine dernière.
Alors, M. le
Président, ce que je vais dire, c'est que ce projet de loi est une première au
Québec. C'est la première fois qu'on
adopte un projet de loi spécifique pour la protection et la conservation des
milieux humides et hydriques au Québec, projet de loi majeur parce qu'il
reconnaît des principes très importants. Premièrement, le service inestimable
des milieux humides et hydriques à la lutte contre les changements climatiques.
Donc, le principe, la contribution à la
lutte contre les changements climatiques des milieux humides et hydriques, est
intégré au projet de loi. Également, le principe essentiel de la gestion
par bassin versant, qui également nous permet justement de mieux gérer nos
milieux humides et hydriques sur une base
scientifique, sur une base intégrée, sur une base territoriale cohérente. Mais
tout ça dans quel but? Le but d'atteindre l'objectif de zéro perte
nette, M. le Président, et ça, c'est une innovation majeure.
Alors, malgré tous nos meilleurs efforts, au
cours des dernières années, 15 dernières années, on a tenté, avec un régime de protection des milieux humides et
hydriques tout à fait imparfait, de protéger nos milieux humides et hydriques,
mais le résultat, c'est qu'au net on en a perdu. Et non seulement il ne faut
pas qu'on en perde, mais il faudrait qu'on
en ajoute, M. le Président, à cause de tous les services écologiques et même
économiques que nous rendent ces milieux humides et hydriques.
Donc, le
principe de zéro perte nette est codifié maintenant dans le droit
environnemental québécois. Également, on
a une définition claire de ce qu'est un milieu humide et hydrique, ce qu'on
n'avait pas avant. Notre définition de ce qu'était un milieu humide et hydrique, il fallait s'en remettre à la
jurisprudence, donc aux tribunaux. Maintenant, le projet de loi prévoit une définition claire. Nous avons
aussi intégré une formule de compensation claire, prévisible, ce que nous
n'avions pas avant.
• (16 h 10) •
Nous avons également remis entre les mains des
MRC la tâche de faire la planification de la conservation des milieux humides et hydriques. Donc, le partenariat
avec les gouvernements de proximité, qui est un des principes de notre gouvernement, pas seulement en environnement, mais
dans plusieurs autres domaines, est réaffirmé ici, et la collaboration entre le gouvernement, dans ce cas-ci le ministère
de l'Environnement, et les MRC va être approfondie. Le financement de ces plans de conservation va venir justement des
compensations, et ces compensations-là vont servir à mettre en oeuvre ce plan de conservation mais dans une optique
territoriale municipale mais également de bassin versant. Donc, l'argent qu'on va
obtenir, bien, il va être réinvesti là où il a été généré, dans une logique, évidemment,
du principe éviter-minimiser-compenser.
C'est qu'on ne va pas aller directement à l'étape de compenser, avant on va vouloir
s'assurer qu'on peut éviter
l'atteinte aux milieux humides et
hydriques, qu'on peut minimiser cette
atteinte-là, si éviter est impossible, et
ce n'est qu'après avoir démontré qu'on a rigoureusement analysé les deux
premières étapes, éviter, minimiser, qu'on pourra passer à la formule
compenser.
Donc, M. le Président, un travail important qui a été fait au cours des derniers mois avec plusieurs
partenaires, les consultations particulières, l'opposition. Je ne
répéterai pas l'ensemble du travail qui a été fait, mais c'est un travail
important, c'est un travail majeur qui a été fait. Et ce projet de loi s'inscrit
dans une démarche de modernisation de l'approche québécoise en
matière de protection
de l'environnement qui intègre la lutte contre les changements climatiques, comme je l'ai dit. Nous avons commencé l'automne
dernier avec la loi sur les véhicules zéro émission, qui a été sanctionnée
en octobre 2016. Nous avons poursuivi
le travail avec la plus importante réforme et modernisation du régime
d'autorisation de la Loi sur la
qualité de l'environnement, avec le projet
de loi n° 102, qui a été
sanctionné le 23 mars dernier. Et maintenant
nous ajoutons cette pièce fondamentale additionnelle qui est le projet
de loi n° 132, qui vient enfin
amener un régime clair, prévisible, optimisé de protection et de conservation
de nos milieux humides et hydriques.
Et je
terminerai, M. le Président, en citant un groupe respecté, qui a une
expertise indéniable en matière de milieux
humides et hydriques, Canards illimités, qui, en réagissant au dépôt
du projet de loi n° 132, a affirmé qu'avec cette loi le Québec
passait de dernier de classe au Canada, en matière de protection et de
conservation des milieux humides et hydriques, à premier de classe. Et c'est ce
que nous faisons. Et nous le faisons dans une dynamique équilibrée de développement
durable, autant d'un point de vue environnemental, d'un point de vue municipal,
d'un point de vue économique. Nous trouverons une façon d'avancer et de
réussir à bien protéger, non
seulement pour nous, mais pour les
générations futures, un élément important de notre environnement, qui va nous
rendre des services non seulement maintenant, mais pour l'avenir. Merci
beaucoup, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Alors, on vous remercie, M.
le ministre de l'Environnement, de votre intervention. Je cède maintenant la parole à M. le député de
Jonquière, porte-parole de l'opposition officielle en ces matières. M. le
député, vous avez la parole.
M. Sylvain Gaudreault
M. Gaudreault : Oui, merci, M.
le Président. Alors, moi aussi, ça me fait plaisir d'intervenir sur le projet
de loi n° 32, loi concernant les milieux humides et hydriques.
Écoutez, on a
eu l'occasion d'intervenir à plusieurs reprises, que ce soit lors de l'adoption
du principe, que ce soit lors des
remarques préliminaires ou des remarques finales, lors des auditions, à
l'occasion également de la fin de l'étude détaillée, mais également lors de la prise en considération du rapport
de la Commission sur les transports et l'environnement, il y a quelques jours seulement, donc je ne veux
pas répéter indûment ce qu'on a déjà eu l'occasion d'exprimer ici, ce que le ministre a eu l'occasion déjà d'exprimer et
ce que le député de Masson, entre autres, a eu l'occasion d'exprimer également. Simplement rappeler, de notre côté,
qu'on trouvait important de passer rapidement à l'adoption d'une loi-cadre, une loi d'encadrement — c'est peut-être plus juste de l'appeler
ainsi — sur les
milieux humides et hydriques, parce que nous étions dans une zone floue depuis 2012, à la suite d'un jugement de
la Cour supérieure en cette matière, de sorte qu'on a dû avoir un régime transitoire depuis 2012, prolongé par une loi
en 2015, prolongé de nouveau par la loi n° 131 qu'on a adoptée récemment. Alors, le gouvernement
tardait à présenter un régime d'encadrement solide, rigoureux, qui propulsait le Québec à l'avant-plan des
législations en matière de protection et de conservation des milieux humides.
Alors, enfin, le gouvernement a
présenté ce projet de loi, sur lequel nous avons travaillé, sur lequel
évidemment nous avons offert notre collaboration, comme formation
politique et comme opposition officielle.
Quatre grands
principes : la reconnaissance de la fonction écologique des milieux
humides et hydriques, c'est quand même un pas majeur, une avancée
majeure; également le fait de confier aux municipalités régionales de comté la responsabilité de faire des plans régionaux sur
les milieux humides et hydriques, mais avec évidemment la préoccupation des bassins versants, qui est le territoire
naturel d'écoulement, je dirais, de nos rivières et qui a un impact évidemment
sur les milieux humides et hydriques; troisième principe, le principe du zéro
perte nette ou aucune perte nette, évidemment
auquel nous avons adhéré rapidement; et la séquence éviter, minimiser et
compenser, dont le ministre a parlé tout
à l'heure. Évidemment, j'aurais le goût de vous dire : Idéalement, ce
serait juste la séquence éviter, mais il y a parfois des situations qui peuvent faire en sorte que nous
devons minimiser, et voire même compenser. Donc, c'est quand même une séquence qui met au sommet de la pyramide le
principe d'éviter d'avoir des impacts de perturbation sur les milieux
humides et hydriques.
On a fait un
travail absolument rigoureux, que ce soient tous les parlementaires qui étaient
présents, que ce soient évidemment les fonctionnaires du ministère du
Développement durable, de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, que je salue. Je profite
de l'occasion pour saluer leur effort, leur travail. Je sais qu'ils
travaillaient sur ce type de projet
de loi depuis déjà plusieurs mois, voire des années, mais enfin, diront-ils...
s'ils nous écoutent, ils vont sûrement saluer l'adoption enfin de ce
projet de loi. Je veux évidemment aussi saluer les groupes. Il y en a une vingtaine qui sont venus nous rencontrer en
audition, des groupes de toute origine, de toute provenance, de toute nature,
que ce soient des groupes environnementaux,
des groupes qui, par exemple, touchent le monde municipal, du monde des
affaires, des groupes qui regroupent des professionnels aussi, des
scientifiques, des universitaires, donc vraiment une multitude de groupes qui
sont venus nous rencontrer et qui, tous, globalement, disaient : Oui, ça
nous prend une loi d'encadrement sur les
milieux humides et hydriques. Et je pense qu'ensemble, tous les parlementaires,
on a été capables de trouver la bonne
piste d'atterrissage pour enfin avoir un régime responsable, un régime
d'encadrement des milieux humides et hydriques.
Évidemment,
je répète et je veux saluer le fait que les collègues de la deuxième
opposition, mais du gouvernement quand
même, après pourtant plusieurs refus... mais on est ici pour faire un travail
de conviction, M. le Président, comme députés,
c'est de persister, de sortir des arguments, d'intervenir, d'utiliser des
stratégies non pas dans un sens péjoratif ou dans un sens, je dirais, de
travestir nos idées, mais plutôt dans un sens d'arriver à des résultats. Donc,
on a utilisé plusieurs stratégies et
arguments pour reconnaître que le mois de juin sera, à partir de l'adoption de
cette loi, au fond, le Mois de l'eau,
M. le Président. Je sais que, dans votre coin, en Abitibi, il y a beaucoup de
lacs, il y a beaucoup de rivières. C'est un territoire de lacs et de rivières. Vous
allez pouvoir le célébrer avec vos commettants d'Abitibi-Ouest. Puis je regarde
les collègues qui sont ici présents, on a
tous et toutes des lacs et des rivières dans nos circonscriptions. Peut-être un
peu moins à Viau, c'est assez central, là, mais...
Une voix :
...
• (16 h 20) •
M. Gaudreault :
Oui, mais il ne passe pas directement dans Viau, mais, quand même, il y a quand
même de l'eau partout et des milieux... il y a quand même de l'eau
partout, et on vit tous évidemment de cette ressource absolument essentielle et fondamentale, qu'on soit dans Viau,
ou qu'on soit dans Masson, ou qu'on soit à Jonquière, ou qu'on soit partout. Et c'est important de bien préserver...
d'abord, d'apprécier l'eau, sa rareté sur la planète, le fait que le Québec
en est merveilleusement bien doté, et je
pense... d'autant plus que les événements récents, malheureux, dans le sud du
Québec, notamment avec les inondations, nous
le rappellent. C'est d'autant plus important de célébrer et de souligner
ce Mois de l'eau que sera le mois de juin. Et, à travers un amendement, on a
donc fait en sorte que, par le projet de loi n° 132, on va désormais
célébrer le Mois de l'eau.
Et
hier j'étais dans un événement, M. le Président, avec Nature Québec, à un
cocktail de financement d'un... c'est un
organisme extrêmement important, qui est venu, d'ailleurs, témoigner lors des
auditions sur le projet de loi n° 132. Et il y avait plusieurs personnes qui étaient présentes à ce cocktail,
et ils venaient vers moi pour me souligner le fait qu'ils appréciaient, oui, l'adoption très, très prochaine
du projet de loi n° 132, mais aussi le fait qu'il y avait cet événement et
le fait qu'on va souligner au Québec,
désormais, le Mois de l'eau. Alors, les gens étaient extrêmement contents. Ils
avaient déjà, même, des idées. Le
Regroupement des organismes de bassins versants du Québec, le ROBVQ, déjà,
hier, en jasant, comme ça,
autour d'un verre d'eau, me suggérait déjà des idées d'activités potentielles.
Par
exemple, vous savez, il y a plusieurs résidents du Québec, puis je suis sûr
qu'il y en a beaucoup à Abitibi-Ouest, M. le
Président, parce que c'est une... il y a beaucoup de milieux de villégiature,
des milieux ruraux qui prennent leur eau dans des puits artésiens, bon,
alors, de différentes profondeurs, ou des puits de surface également. Alors, pourquoi pas, durant le Mois de l'eau, il
pourrait y avoir des associations, comme les organismes de bassin versant,
qui offriraient aux citoyens des tests de
qualité de leurs puits artésiens, gratuits, dans le mois de juin. Ça serait une
belle activité, ça, pour souligner l'importance de préserver l'eau. C'en
est une, belle activité.
Alors,
c'est un bel exemple, parce que c'est plus difficile à distribuer... Moi,
durant le Mois de l'arbre, au mois de mai,
je distribue des arbres aux citoyens de Jonquière. Distribuer de l'eau, c'est
embêtant. Mais on pourrait trouver d'autres types d'organisations comme ça, et faire des liens également avec le
ministère de l'Éducation, de l'Enseignement supérieur, également, pour que, dans nos institutions
scolaires, du primaire à l'université, on puisse avoir des activités pour
célébrer le mois de juin comme le Mois de l'eau.
Alors,
nous sommes très heureux, de ce côté-ci — puis pas rien que de ce côté-ci, je sais que
c'est la même chose dans les autres
côtés de la Chambre — d'avoir
proposé cet amendement pour faire du mois de juin le Mois de l'eau. Alors,
j'avais déposé le projet de loi n° 795. Je ne sais pas comment il va se
retrouver dans les limbes parlementaires, une fois que, finalement, il devient
un peu obsolète... mais, en fin de compte, il restera là. Et ce qui compte,
c'est le résultat, c'est d'avoir le
mois de juin qui sera le Mois de l'eau, et c'est à la suite d'une proposition
d'amendement que j'ai faite que ce
sera maintenant réalité, évidemment avec l'adhésion du ministre, du
gouvernement et des députés, également, de la deuxième opposition.
Je
m'en voudrais, M. le Président, de terminer sans mentionner l'apport
extraordinaire, extrêmement compétent, rigoureux,
dédié, dévoué, loyal et connaissant d'Étienne Pomerleau-Landry, qui est le
recherchiste affecté au dossier de l'environnement,
et qui travaille étroitement avec moi, et qui a travaillé lors du projet de loi
n° 132, comme il a travaillé aussi
sur le projet de loi n° 102, comme il travaille sur tous les projets de
loi qui touchent l'environnement, en plus des autres dossiers. Alors, une compétence extrême, une conviction, un
militantisme non pas dogmatique, mais toujours tourné dans le but de favoriser la protection de
l'environnement. Également, le stagiaire de la Fondation
Jean-Charles-Bonenfant, M. Geoffroy Boucher, qui a été à mes côtés
durant la présente session et qui m'a donné un solide coup de main pour la préparation également, en faisant des tableaux
d'analyse des mémoires qui nous ont été présentés. Alors, pour moi, c'était beaucoup plus facile de travailler avec
ces outils-là. Alors, les deux, je tiens à les remercier tout à fait... de
façon importante et sincère.
Et
remercier évidemment tous les gens qui sont venus témoigner, qui ont voulu
contribuer d'une manière ou d'une autre,
par leurs lumières, par leurs connaissances, par leur éclairage, à l'étude et à
l'adoption de ce projet de loi absolument fondamental. Parce que les milieux humides et hydriques sont essentiels,
oui, pour la qualité de l'eau, mais jouent un rôle également dans la
lutte contre les changements climatiques, et je pense qu'il faut l'apprécier et
le souligner.
Alors,
M. le Président, je termine en vous disant que nous allons évidemment voter favorablement
pour ce projet de loi, le projet de
loi n° 132, et c'est tout le Québec, en bout de ligne, qui va gagner
d'avoir enfin une loi d'encadrement sur la conservation et la protection
des milieux humides et hydriques. Merci.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Je vous remercie, M. le député de
Jonquière, de votre intervention. Et, pour la poursuite du projet de
loi, toujours sur le n° 132, je cède maintenant la parole à M. le député
de Masson pour son intervention. M. le député de Masson, à vous la parole.
M. Mathieu Lemay
M.
Lemay : Alors, merci, M. le Président. Donc, à mon tour de prendre la
parole sur l'adoption finale de la Loi concernant la conservation des
milieux humides et hydriques, le projet de loi n° 132.
Tout d'abord, M. le Président, je veux commencer, moi, pour ma part, par remercier
le travail qui a été fait en commission, autant de la partie
ministérielle, avec les députés formant le gouvernement, ainsi que notre
collègue de Jonquière, parce qu'il y a eu
une réelle collaboration sur ce projet de loi, M. le Président. Je crois que
c'est un consensus unanime de la nécessité d'adopter rapidement le projet de
loi n° 132 qui a fait... on laissait une série de reports dans le temps, avec des projets de loi spéciaux, qui
faisaient en sorte qu'on faisait une extension des délais, avant l'entrée en
vigueur d'une telle loi. Je veux
remercier aussi le travail qui a été fait par le sous-ministre Beauchesne,
parce qu'il est venu en commission
parlementaire et il nous a... par les réponses qu'il a faites aux questions
qu'on lui posait, ça nous a permis de
bien avancer dans l'étude détaillée du projet de loi. On a aussi nos juristes
de l'État qui étaient avec nous aussi dans le projet de loi n° 102 sur la Loi sur la qualité de
l'environnement, Me Grignon, Me Lessard et Me Auger-Giroux, qui
ont aussi collaboré et qui nous ont permis
de pouvoir avancer dans le projet de loi. Puis, pour ma part, j'aimerais aussi
remercier notre recherchiste, Fanny Cantin,
dans notre formation politique, qui est affectée au dossier de l'environnement,
qui, encore une fois, a su assurer avec un travail remarquable.
Vous
savez, M. le Président, on a fait déjà nos remarques plus étoffées lors de la
prise en considération du rapport de
la commission. Pour ce qui est de l'adoption finale, je serai un petit peu plus
bref. Mais je veux quand même mentionner... En ce qui concerne le fait que ce soit un réel consensus dans tout ce
qui a trait avec les milieux humides et hydriques, c'est plusieurs groupes... on le sait, on a eu une
vingtaine de groupes qui sont venus nous rencontrer en consultations
particulières, mais notamment le
CSBQ, avec Mme Pellerin et Mme Poulin, des réelles sommités en la
matière. On a aussi Canards illimités
qui sont venus nous rencontrer, ainsi que le ROBVQ. Vous savez, dans le passé,
la Vérificatrice générale du Québec ainsi
que le Commissaire au développement durable avaient mentionné, dans des
rapports précédents, qu'il y avait une réelle urgence d'agir dans
l'adoption d'une loi sur les milieux humides et hydriques, et c'est ce qui a
été fait avec le projet de loi n° 132. Il a été déposé le
6 avril 2017. Nous sommes tout près, le 15 juin. Donc, ça s'en
vient. J'imagine qu'il y aura un vote final
après ces allocutions... ou peut-être qu'il sera reporté à demain, on ne le
sait pas, mais, bref, en dedans de deux mois, on aura réussi à traiter
ce projet de loi qui était tant attendu.
Pourquoi
qu'il était si attendu? C'est parce qu'il répond au principe de zéro perte
nette, et c'est ce qui était demandé par tous les acteurs du milieu. On
le sait, c'est d'une importance écologique mais aussi économique pour les
milieux humides et hydriques. Puis ce qu'il
est important de comprendre, c'est que ça répond aux préoccupations des promoteurs,
parce que, là, ils vont avoir une
prévisibilité, puis ça leur donne une certaine sécurité dans l'élaboration de
leurs projets, parce qu'ils vont devoir se conformer à la fameuse
séquence d'atténuation qui est... Dans le fond, on l'a mentionné à maintes reprises, mais, au début, on doit éviter
de toucher à un milieu humide et hydrique. Si ce n'est pas possible, on va
vouloir minimiser l'impact qu'on va avoir
et, en dernier lieu, on va devoir compenser. Et là on a des règles claires, et
nettes, et précises qui donnent de la
prévisibilité pour savoir comment les promoteurs vont devoir compenser, si
jamais ils ont à se rendre à cette étape.
Une
seule problématique puis une déception, par exemple, c'est le fait que notre
amendement sur l'atteinte du droit de
propriété, ce qu'on appelle une restriction du droit... C'est une crainte qui
était partagée par beaucoup d'acteurs du milieu, notamment les agriculteurs aussi. Et c'est un amendement qu'on
avait déposé pour garantir une compensation dans le cas qu'il y avait
une perte de jouissance sur une terre privée. Mais il a été rejeté, on n'a pas
pu avoir cette bonification dans le projet
de loi. Donc, ça, c'est notre déception, M. le Président. Mais, bref, je
voulais vous le mentionner, je trouvais important de le mentionner à
cette étape-ci.
Une
autre chose qu'on va devoir suivre, tout comme on l'a fait avec le projet de
loi n° 104 et le projet de loi n° 102, ça se répète avec le projet de loi n° 132, c'est le fait qu'on n'a
pas eu les intentions réglementaires. Donc, on va devoir attendre le dépôt des règlements pour pouvoir bien
analyser est-ce que les règlements qui vont être déposés dans le futur par le ministre répondent aux préoccupations, aux
questions qu'on a eues et aux groupes qui sont venus nous rencontrer en
consultations particulières, pour bien s'assurer que le projet de loi, il est
bouclé. Parce que, tant qu'on n'a pas ces fameux
règlements là, bien, on doit faire confiance au ministre que, dans ces
règlements, on aura les éléments qu'on a discutés lors de nos
discussions de l'étude détaillée, M. le Président.
• (16 h 30) •
Bref, ce projet de
loi respecte les principes de développement durable, et c'est très bien ainsi,
tant au niveau environnemental, social et
économique. Puis c'est cet équilibre qui assure l'équité entre les générations
dans le futur, donc c'est très important qu'on respecte ça.
Puis
j'aimerais vous mentionner... faire une petite lecture d'un passage du mémoire
du CSBQ qui résume très bien la
raison pour laquelle ce projet de loi fait un consensus et une unanimité. Et je
vais lire l'extrait de Mmes Pellerin et Poulin. Dans le fond, ce qu'elles mentionnent, c'est que
«l'adoption d'une loi, comme le propose le projet de loi n° 132, qui
puisse permettre d'assurer l'objectif
d'aucune perte nette de milieux humides et hydriques dans la province, est
nécessaire et salué.
«D'autre part, le
développement économique du Québec ne peut se faire sans une certaine
prévisibilité et une certaine sécurité
juridique. Les promoteurs de projets de développement doivent avoir une vision
claire des obligations qui leur incombent pour leurs projets réalisés
dans de tels milieux.»
Et,
en fait, c'est ce qui est arrivé avec les amendements qui ont été déposés par
le ministre. Le ministre a bien écouté les
groupes qui sont venus nous rencontrer en consultation. Si le ministre n'avait
pas déposé une certaine série d'amendements, nous étions prêts à les déposer. Ils étaient préparés, mais, puisque le
ministre avait décidé de collaborer de ce côté-là, on a pris les
amendements de la partie ministérielle et on a eu un projet de loi bonifié, M.
le Président.
Donc,
nous sommes prêts à passer à l'adoption finale du projet de loi n° 132. Ça
fait unanimité. Merci beaucoup, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Alors, je vous remercie, M. le député de Masson, de
votre intervention. Je cède la parole à Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques
pour son intervention. À vous, Mme la députée.
Mme Manon Massé
Mme
Massé : Merci, M. le Président. Alors, nous sommes ici réunis
aujourd'hui pour l'adoption du projet de loi n° 132, Loi concernant la
conservation des milieux humides et hydriques. Je ne vous referai pas toute
l'histoire. Je nous rappelle
seulement que, du jugement de la Cour supérieure du Québec en 2012 aux
différentes lois temporaires qui ont
été développées en attendant que nous mettions en place un véritable régime de
protection des milieux humides, il s'est quand même passé plusieurs
années.
Selon une
étude commandée par le ministère de l'Environnement, entre 2006 et 2010, le
Québec a perdu 2 870 hectares
de milieux humides. C'est énorme. Combien d'hectares ont été compensés?
Seulement un maigre 15 hectares, M.
le Président. Alors, heureusement, le projet de loi qu'on a devant nous
aujourd'hui, tant attendu, vient mettre un terme à la destruction irréversible des milieux humides et hydriques du
projet. En effet, le projet de loi a été déposé au début du mois d'avril et a traversé l'ensemble des
étapes sans embûche. Plus d'une cinquantaine d'articles, une vingtaine de
groupes dans le cadre des consultations
particulières, une seizaine d'heures d'étude détaillée, bref on en arrive à un
projet de loi qui tient la route, et
je remercie d'ailleurs mes collègues d'avoir fait tout ce travail et de le
rendre acceptable. Il était déjà pas mal bon en partant, je l'avais déjà
dit.
Alors, je
nous rappelle les trois principes majeurs qui vont assurer la protection des
milieux humides et, je dirais, de
façon plus globale, de la biodiversité. Premièrement, cette idée d'aucune perte
nette. Alors, ce n'est pas anodin d'avoir inscrit comme objectif qu'il n'y aura désormais aucune perte nette. Il
ne faut pas oublier que jusqu'à 80 % des milieux humides ont disparu, M. le Président, dans les
basses terres du Saint-Laurent depuis la colonisation, et cette proportion
atteint même, dans ma région, la grande région de Montréal, 85 %. C'est
énorme. Ces bassins qui jouent un rôle important dans la rétention d'eau, au niveau de la faune, de la flore, de la
purification de l'eau, c'est important quand on pense qu'une région
comme la grande région de Montréal a perdu 85 % de ses milieux humides.
Le Québec, en
moyenne, perd 1 % chaque année. C'est un rythme effarant. C'est un rythme
effarant sachant que des humains occupent ce coin de planète, ce coin de terre,
ce petit bout de terrain qu'est le Québec depuis déjà plusieurs millénaires. 1 % de milieux humides chaque
année. En deux décennies, c'est près d'un cinquième des milieux humides
qui ont été perturbés.
Alors, ce
projet de loi là, avec son principe d'aucune perte nette vient mettre fin, nous
en sommes convaincus, vient mettre
fin à la destruction des milieux humides et, je dirais, des milieux qui ont une
valeur inestimable pour la planète et
pour la biodiversité. Et bien sûr, M. le Président, pour plusieurs générations
futures, pas seulement dans 50 ans, 100 ans, mais on se souhaite encore
plusieurs millénaires.
Le deuxième
principe superimportant, c'est la reconnaissance, justement, du rôle et de
l'importance des milieux humides et
hydriques. Le projet de loi vient affirmer cette importance pour la biodiversité, bien sûr
pour la population, la planète,
mais pour la biodiversité. Autant nous avons à lutter contre les changements climatiques si nous voulons pouvoir offrir une planète à nos générations futures, autant nous
avons la responsabilité de maintenir la biodiversité si nous voulons
offrir une planète aux générations futures.
Alors, d'ailleurs, le préambule du projet de loi
rappelle clairement l'apport des milieux humides en matière de gestion de quantité — hein,
c'est des formes de bassins de rétention — de quantité, mais aussi, M. le Président, de qualité de l'eau. C'est
pour ça qu'il faut les préserver, c'est pour ça qu'il ne faut pas en perdre.
Conservation de la biodiversité et... bien sûr, un rôle majeur en
matière de lutte aux changements climatiques.
Je pense entre autres, et je nous le rappelle parce
qu'on n'en parle pas souvent, de ce coin de bout de terre sur l'île de Montréal
qu'il reste, qui s'appelle l'anse à l'Orme, un magnifique milieu humide où ses
terres, les boisés, les marécages abritent un écosystème très particulier à
haute valeur écologique.
M. le Président, sur ce coin... qui constitue 365 hectares, là! C'est grand. Juste
pour se donner une vision, ça
représente, grosso modo, le parc du mont Royal. Alors, c'est énorme comme
espace. Et les espèces, considérant du développement, de l'urbanisation autour, sont des espèces extrêmement vulnérables. L'enjeu, c'est que cet écosystème de l'anse à l'Orme est présentement menacé par un
grand projet de développement immobilier soutenu par l'administration du
maire Coderre.
En plus de Québec solidaire, la préservation de
ce site est une priorité importante pour plusieurs groupes écologiques, je
pense à la fondation Suzuki, au Mouvement Ceinture verte, un mouvement
important à Montréal, le CRE de Montréal, le
Sierra Club, la coalition Sauvons l'Anse-à-l'Orme, des citoyens et citoyennes
extrêmement engagés dans la
préservation de l'environnement et, de façon toute particulière, la
biodiversité de ce site qu'est l'anse à l'Orme. On est très heureux et heureuses, dans ma formation
politique, de voir le projet de loi n° 132 arriver, notamment pour pouvoir
préserver ce joyau qu'est un des bouts de l'île de Montréal.
Le troisième
élément, et ça, je pense que M. le ministre s'était grandement inspiré dans la
logique des 3RV qu'on a développée en matière de protection de l'environnement,
c'est-à-dire de s'assurer qu'en matière de protection et de compensation des milieux humides, il y a des
étapes, il y a une séquence qui doit être respectée. C'est-à-dire,
premièrement, éviter de bouleverser, voire même d'éliminer des milieux humides.
Le premier objectif, c'est éviter. Comme dans les 3RV, la réutilisation arrive avant le recyclage. C'est
une logique. Le milieu humide est là, on doit le préserver, et la meilleure
façon, c'est d'éviter de l'éliminer. La deuxième étape, si on n'y arrive pas
pour toutes sortes de raisons, c'est de minimiser. Alors donc, c'est de trouver des mesures pour minimiser
l'impact humain dans ces milieux de biodiversité. Et finalement
compenser. Compenser, bien ça veut dire trouver un autre endroit où on aurait un
milieu humide qui pourrait compenser pour le milieu humide détruit.
En fait, il y a un changement de paradigme. Et,
là-dessus, je lève mon chapeau au projet de loi. Changer de paradigme, c'est souvent très difficile, et, dans
ce projet de loi là, on évite les erreurs du passé où, avant, c'était beaucoup
plus... facilement
l'idée de compenser ou voire même de tout simplement ne pas s'en préoccuper et
de passer à une autre étape.
• (16 h 40) •
Quelques points, dans
les minutes qu'il me reste, que j'aimerais porter à l'attention, parce qu'il y
a eu des amendements assez intéressants qui ont été déposés et qui,
malheureusement, n'ont pas été accueillis par le ministre, notamment de créer un comité de concertation pour
la gestion de l'eau. On le sait que nos organismes de bassins versants ont tous une expertise que malheureusement
plusieurs municipalités n'ont pas. Ça aurait pu servir de levier intéressant.
Je
vais passer les autres parce qu'avant
de conclure j'aimerais souligner une contradiction qui m'apparaît... parce
qu'aujourd'hui ou demain nous allons adopter
ce projet de loi là qui, je pense, fait consensus ici, en Chambre, alors que,
parallèlement, on a un règlement du
prélèvement des eaux et de leur protection qui porte un flanc terriblement
vulnérable à la fracturation hydraulique comme méthode d'extraction des
hydrocarbures. Je dis qu'il y a une contradiction parce qu'on le sait, que la fracturation hydraulique... même si le règlement
parle du forage en profondeur, on sait que la fracturation hydraulique, ça agit différemment selon la
composition du sol et, en plus, bien, ça agit aussi horizontalement, puisque
c'est les techniques.
J'espère
réussir à convaincre le ministre que c'est tout aussi important de préserver...
à travers des règlements plus contraignants, voire même, à mon sens et
au sens de ma formation politique, à l'interdiction de l'utilisation de la
fracturation hydraulique, parce que l'eau, c'est la vie et, sans eau, nous ne
vivrons pas. Et, dans ce sens-là, vous comprendrez
bien que, malgré ces déceptions, nous allons, bien sûr, unir notre voix pour
adopter le projet de loi n° 132. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, Mme la
députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Y a-t-il d'autres intervenants sur l'adoption du projet de loi
n° 132? S'il n'y en a pas, je vais le mettre aux voix. Est-ce que le
projet de loi n° 132, Loi concernant la conservation des milieux humides
et hydriques, est adopté?
Mme Vien :
M. le Président?
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Mme la leader adjointe du gouvernement.
Mme
Vien : Alors, je vous demanderais un vote par appel nominal.
Et, conformément aux dispositions de l'article 223 de notre règlement,
je vous demande de le reporter à demain, vendredi le 16 juin, s'il vous plaît.
Vote reporté
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, conformément à
votre demande, le projet de loi sera soumis au vote demain. Pour la
suite des choses, Mme la leader adjointe.
Mme Vien :
Merci, M. le Président. Je vous demanderais d'appeler l'article 1, s'il vous
plaît.
Débats sur les rapports
des commissions
Prise en considération
du rapport de la commission qui a procédé à
l'audition de certains sous-ministres et dirigeants d'organismes
en vertu de la Loi sur l'administration publique
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : L'article 1 du feuilleton.
L'Assemblée prend en considération le rapport de la Commission de l'administration publique qui, les 8,
14 et 22 février, les 15 et 29 mars, les 5 et 11 avril ainsi que le 10 mai 2017, a procédé aux auditions des
sous-ministres et des dirigeants d'organismes publics portant sur : le
rapport annuel de gestion 2015‑2016
et les engagements financiers du Vérificateur général du Québec; la gestion
administrative du Centre de services
partagés du Québec et les chapitres 2 et 9 du rapport du printemps 2016 du
Vérificateur général du Québec,
intitulés respectivement Vérification particulière (partie 2) — Contrats d'achats regroupés en technologies
de l'information et Suivi d'une vérification de l'optimisation
des ressources — Centre
de services partagés du Québec : acquisitions de biens et de services; le suivi de la recommandation 8.4 du 34e rapport de la Commission de
l'administration publique; le rapport du printemps 2015 du Commissaire au
développement durable intitulé La Financière agricole du Québec : mesures d'évaluation de
l'efficacité et de la performance;
le rapport de juin 2016 du Vérificateur général du Québec intitulé Aide financière accordée à Premier Tech;
le rapport de l'automne 2016 du Vérificateur général du Québec intitulé Services
correctionnels : réinsertion sociale; le rapport de l'automne 2016 du
Vérificateur général du Québec intitulé Hydro-Québec :
processus d'approvisionnement en travaux et en services spécialisés; et
enfin la gestion administrative et
les engagements financiers de la Commission municipale du Québec. Ce rapport,
qui a été déposé le 14 juin 2017, contient 22 recommandations.
Je
vous rappelle que, conformément aux dispositions de l'article 95 du règlement,
la prise en considération du rapport donne lieu à un débat restreint
d'au plus deux heures et qu'aucun amendement n'est recevable.
Je
vous rappelle également que, en vertu du deuxième alinéa de l'article 95, ce
débat n'entraîne aucune décision de l'Assemblée.
Conformément
à ce qui a été annoncé par la présidence, la répartition des temps de parole
dans le cadre de ce débat s'effectuera
comme suit : 55 minutes sont allouées au groupe parlementaire formant
le gouvernement; 32 min 5 s sont allouées au groupe parlementaire formant
l'opposition officielle; 22 min 55 s sont allouées au deuxième
groupe d'opposition; 10 minutes
sont allouées aux députés indépendants; six minutes sont réservées aux trois
députés de Québec solidaire et la
présidence répartira le reste de cette enveloppe de temps entre les députés de
Groulx, de Vachon et de Gaspé, selon
le nombre de députés qui se seront manifestés, et sous réserve d'un maximum de
deux minutes chacun. Dans ce cadre,
le temps non utilisé par les députés indépendants ou par l'un des groupes
parlementaires sera redistribué entre les groupes parlementaires selon
les proportions établies précédemment. Enfin, les interventions ne seront
soumises à aucune limite de temps.
Alors, je
suis prêt à céder la parole à un premier intervenant et je reconnais M. le
député de Jonquière pour cette première intervention. M. le député.
M. Sylvain Gaudreault
M.
Gaudreault : Oui. Merci beaucoup, M. le Président. Évidemment, c'est à
titre de président de la Commission de
l'administration publique que je prends la parole cet après-midi pour ce
36e rapport sur l'imputabilité, M. le Président, que j'ai déposé hier ici, à l'Assemblée nationale.
Alors, c'est toujours avec fierté, avec une certaine satisfaction quant
à notre sens des responsabilités comme
parlementaires que j'interviens dans ce débat sur le dépôt du rapport sur
l'imputabilité de la Commission de
l'administration publique, parce que c'est une commission qui est extrêmement
importante. D'ailleurs, je tiens à
saluer les collègues qui sont ici et qui en sont membres, de cette commission
parlementaire, M. le Président.
Peut-être
vous rappeler simplement nos mandats, qui sont accordés à cette commission, et
vous rappeler — puis
j'aurai l'occasion d'y revenir plus tard — que cette année, justement,
c'est le 20e anniversaire de la Commission de l'administration publique. Alors, elle est encore toute jeune mais avec
beaucoup d'expérience. Et elle n'est pas née d'une feuille de chou, là, parce que ça découle quand
même d'une longue tradition parlementaire, sur laquelle j'aurai l'occasion
de revenir tout à l'heure.
Donc, les
mandats qui nous sont attribués, M. le Président, d'abord, bien, il y en a
trois, mandats, grosso modo : la vérification des engagements
financiers de 25 000 $ et plus de tous les ministères et organismes,
que nous avons l'occasion d'examiner, à la
Commission de l'administration publique. Et je suis très heureux, parce qu'il y
a quelques années on a fait, quand
même, un processus pour être capables d'être plus efficaces dans l'examen de
nombreux engagements financiers. Imaginez l'administration publique du
gouvernement du Québec. Ce n'est pas une municipalité, ce n'est pas une petite entreprise, c'est une grosse
organisation. Quand on parle de 100 milliards de budget annuel, vous
imaginez l'ensemble des engagements financiers qui peuvent en découler.
Donc, vérification des engagements financiers des ministères et organismes. On travaille également pour faire le suivi,
les auditions de rapports du Vérificateur général, et j'aurai l'occasion d'y revenir également tout à
l'heure, sur les relations étroites que nous avons avec le Vérificateur général.
Donc, on a le mandat de faire le suivi de
rapports du Vérificateur général. Et le troisième mandat, c'est la surveillance,
les auditions, la reddition de comptes sur la gestion administrative des
sous-ministres et des dirigeants des ministères et organismes du gouvernement
du Québec.
• (16 h 50) •
Alors, vous
voyez qu'au fond, M. le Président, la Commission de l'administration publique
est un outil puissant, je le répète,
un outil puissant de reddition de comptes de l'administration publique face au
Parlement, c'est un principe fondamental
de notre démocratie parlementaire. Et je n'insisterai jamais assez, comme
président, pour dire qu'il faut aller au-delà
des apparences de notre travail parlementaire, qui est souvent, dans l'opinion
publique, malheureusement, perçu comme si nous n'étions qu'à la période
des questions, et la période des questions, c'est trois quarts d'heure d'une journée parlementaire et avec un temps très
limité, une minute pour poser la question, 1 min 30 s à peu près
pour répondre, avec tout ce qui
s'ensuit comme attitude partisane; pas de ce côté-ci de la Chambre, évidemment,
M. le Président, évidemment des
autres côtés de la Chambre, mais des attitudes parfois partisanes, qui font en
sorte que ça contamine une véritable réponse.
Mais, quand on parle de la reddition de comptes,
c'est beaucoup plus profond. Ce Parlement a une fonction intrinsèque de
reddition de comptes, et un des outils principaux de reddition de comptes,
sérieux, rigoureux, c'est la Commission de l'administration
publique. Alors, la Commission de l'administration publique fait un travail de
reddition de comptes, et on ne le
répétera jamais assez. D'ailleurs, moi, je suis un des partisans d'une couverture plus large, de la
part des médias, du travail qu'on fait, non
pas parce qu'on veut des effets de toge, non pas parce qu'on cherche à avoir notre face
dans le journal, comme on dit, mais parce
qu'il faut que ça soit connu
publiquement. Peut-être quand on aura des nouvelles salles à la suite des travaux, ça sera encore plus facile,
parce que les caméras seront partout, alors qu'on se
réunit souvent dans la 1.38 où il n'y a
pas de caméras, il y a juste l'audio. Quand il y a
des caméras, parfois ça aide à la diffusion des travaux et à la connaissance
de nos travaux parlementaires.
Donc, c'est
un travail de reddition de comptes absolument fondamental et qui est dans un esprit de collaboration, non pas dans un esprit de partisanerie, mais dans un esprit de collaboration, où on reçoit non pas les élus, mais on reçoit les dirigeants,
les sous-ministres des ministères et organismes.
Donc, on
fonctionne dans un climat non partisan, dans un climat de collaboration, où on ne questionne pas l'opportunité
d'une mesure politique ou d'une mesure gouvernementale. Ça, il y a
d'autres tribunes pour le faire : la période des questions, l'étude des crédits, les médias, le
travail politique au sens large. La Commission de l'administration publique...
Une fois que le gouvernement a fait le choix d'une politique
ou d'une mesure, la Commission de
l'administration publique est là pour vérifier la bonne gestion, par
l'appareil gouvernemental, de cette politique ou de cette mesure.
Donc, c'est
un rôle absolument fondamental et c'est pour ça qu'on le fait aussi dans un esprit
de collaboration et non partisan. Parce que, sinon, ce serait
difficile de travailler dans une optique d'amélioration de l'efficacité de
l'appareil public du gouvernement du Québec. Et je suis très heureux, parce que
je constate de fois en fois, d'une audition à l'autre, une très grande adhésion,
je dirais, des parlementaires qui sont membres de la Commission de l'administration publique aux
principes de cette commission et au goût de travailler à l'intérieur de cette commission
pour faire avancer la reddition de comptes, faire avancer l'administration publique du Québec.
Alors, moi, je suis fondamentalement un pro-CAP, un pro-Commission de
l'administration publique. Je sais qu'il y en a plusieurs ici qui partagent ce point
de vue.
Donc, ça,
c'est la mise en contexte général de la Commission de l'administration publique. Et on dépose, à chaque fin
de session, un rapport. Là, on est rendus au 36e rapport sur l'imputabilité. Juste pour vous dire, M. le
Président, qu'on ne travaille pas à peu près. On travaille fort.
Il n'y a presque pas une semaine... Évidemment, les
semaines de travail en circonscription, ou quand on n'est pas à l'Assemblée nationale, on ne siège pas, mais, durant les sessions parlementaires, il n'y a quasiment pas une semaine où on ne siège pas. Il n'y a
quasiment pas une semaine au moins où on ne s'est pas réunis, soit en comité directeur, soit en séance
de travail avec les membres de la commission, soit en séance de travail avec le Vérificateur
général pour écouter les
présentations sur son rapport. Alors, on travaille très, très fort à la Commission de l'administration publique.
Et je vais
juste vous dire, les auditions qu'on a faites cette session-ci, de janvier, au
fond, à maintenant, à juin, les
auditions qu'on a faites... On a fait une audition sur la gestion administrative et les engagements financiers du
Vérificateur général. Parce que je
suis sûr qu'il y a bien des gens, dans le fond, qui se disent : Le
Vérificateur général, qui le vérifie? Ce
n'est pas une mise en abîme, là, ou une tautologie de dire : Qui vérifie
le vérificateur? Bien, c'est la Commission de l'administration publique. Je dis «vérifie», mais là on ne se prend pas
pour un autre, là, quand je dis ça, parce qu'évidemment on n'est pas tous
comptables, on n'a pas tous les compétences des gens auprès du Vérificateur
général. Mais ce que je veux dire,
c'est que le système qu'on a au Québec fait en sorte qu'il y a comme une
boucle. Il n'y a pas une fin en soi ou un précipice qui fait en sorte que le Vérificateur général, lui, pourrait
donner ses recommandations, faire ses vérifications, puis ça tomberait dans le vide. Puis le Vérificateur
général, il a des enjeux aussi qui sont propres à son organisation. C'est
extrêmement important que le Vérificateur
général, un peu comme le système de justice, soit indépendant, qu'il ait les
outils pour faire son travail.
Encore cette
semaine, on a eu un rapport du Vérificateur général sur la gestion du ministère
des Transports. Une chance qu'on l'a,
le Vérificateur général. Puis je ne veux pas intervenir sur le fond des choses,
mais sur la mécanique. J'étais en mission avec des collègues, il y a
quelques semaines, en Belgique, Luxembourg, où on a eu l'occasion de rencontrer la Cour des comptes de l'Union
européenne et la Cour des comptes de la Belgique. Bien, la Cour des comptes,
c'est l'équivalent du Vérificateur général, ils appellent ça la Cour des
comptes, en Europe. Puis ce n'est pas pour rien — puis je vois le député
de Drummond—Bois-Francs,
qui était justement de cette mission, M. le Président, puis il y avait le député de La Prairie également — ce n'est pas pour rien que ça s'appelle «la
cour», parce qu'une cour, par définition, une cour de justice — et là
c'est la Cour des comptes — c'est
indépendant de l'appareil gouvernemental, indépendant de l'appareil politique.
Alors, le vérificateur général, au fond, du côté européen, on l'appelle la Cour
des comptes, et il jouit d'une extrême autonomie, d'une extrême indépendance et
des moyens qui vont avec.
Alors, nous,
on reçoit le Vérificateur général, qui nous explique comment il fonctionne, qui
nous explique ses enjeux, qui doit
aussi nous expliquer c'est quoi, ses dépenses qu'il a faites, comment il paie
son monde, comment lui coûte son
local, c'est quoi, les sorties, etc., les... Et une des recommandations, entre
autres, du Vérificateur qu'on a faite, parce qu'on fait des recommandations, on
en a 22, vous l'avez dit tout à l'heure, M. le Président, une des
recommandations qu'on a faites à la suite de
l'audition du Vérificateur général, c'est la 1.3 dans notre rapport,
c'est : «Que le Bureau de l'Assemblée
nationale examine les demandes du Vérificateur général du Québec en matière de
politique salariale. Que différents
scénarios soient étudiés afin de trouver une solution durable — durable — au problème de recrutement et de
rétention du personnel au sein de l'entité.»
C'est
majeur — ça a
sorti tout seul — c'est
majeur comme recommandation, M. le Président, parce que, là, de là découle l'indépendance du Vérificateur général.
Quand le Vérificateur général envoie ses comptables, son personnel dans une entité, chez Hydro-Québec ou ailleurs, qui ont
beaucoup de moyens... Puis, s'ils sont bons — puis ils sont bons — bien là il y a un peu de maraudage qui peut se faire, puis il y a des offres
qui se font, puis les gens qui sont au Vérificateur général, bien, ils peuvent dire : Bien là, regardez,
j'ai une belle proposition puis... Alors, il y a une expertise qui peut se
perdre, à la longue, puis une difficulté de recrutement. Puis il y a la
compétition du privé aussi. Alors, si on veut avoir des bons vérificateurs, si on veut avoir une entité
indépendante réelle comme la Cour des comptes en Europe, les cours des comptes
en Europe, parce qu'il y en a plusieurs,
bien, on doit avoir du personnel compétent, du personnel bien payé, du
personnel qui est solide, qui a une
expérience et une expertise. Alors, il faut que le Bureau de l'Assemblée
nationale, qui a la... Bien, en fait,
l'Assemblée nationale a la responsabilité, comme vous le savez, de nommer le
Vérificateur général. Donc, c'est une
entité indépendante, mais qui dépend de l'Assemblée nationale. Bien, il faut
examiner le budget, évidemment, et les ressources du Vérificateur
général pour s'assurer d'avoir des ressources et une expertise tout à fait
compétentes.
Donc, ça, c'est une des auditions qu'on a
faites. On a également fait l'audition du Centre de services partagés concernant sa gestion administrative, les contrats
d'achats regroupés en technologies de l'information et les acquisitions de biens et services. Alors, c'est extrêmement
important, le Centre de services partagés. Ça le dit, c'est un centre qui
partage des services pour les
différents ministères et organismes du gouvernement du Québec. Alors, vous
savez le principe, ce serait qu'il
devrait y avoir des économies d'échelle, par exemple, pour l'achat de systèmes
informatiques. On s'aperçoit que ce n'est pas toujours le cas, M. le
Président, alors on a fait cette audition du Centre de services partagés.
On a
également entendu le ministère des Transports, de la Mobilité durable et de
l'Électrification des transports en suivi de la recommandation 8.4 du
34e rapport de la Commission de l'administration publique. Vous vous
souvenez du 34e rapport? Ça fait
un an. Il y avait eu des auditions assez fortes, je dirais, et très importantes
du ministère des Transports. Alors,
une des recommandations, c'était de les reconvoquer, ce que nous avons fait, il
faut qu'on respecte nos propres
recommandations, et on les a entendus sur leur gestion en raison de la
situation de l'année passée. Il y a eu beaucoup de
changements à l'intérieur du ministère, pas juste au niveau politique mais
également au niveau administratif, les sous-ministres.
Donc, c'est un ministère qui a été pas mal dans la tourmente. On a convenu, la
recommandation 3.1, qu'on va les convoquer de nouveau à la CAP à
l'hiver 2018, alors on s'assure de faire un suivi étroit, serré, de la gestion
administrative du MTQ.
• (17 heures) •
Même chose, la recommandation 3.2 :
«Que le ministère [...] transmette à la Commission de l'administration publique, au plus tard le 30 septembre 2017,
un état de situation de la mise en place des actions prévues dans son plan
de transformation organisationnelle.» Le
ministère... pas le ministère mais le Vérificateur général a été très sévère.
Vous savez, on dit souvent ici :
Ah! c'est la culture organisationnelle du MTQ, c'est la culture
organisationnelle du ministère. C'est
des cultures fortes, c'est des... Le ministère des Transports, si on compte
l'ensemble de l'oeuvre dans le temps qu'il s'appelait le ministère de la Voirie, et ainsi de suite, a eu
100 ans en 2012. Donc, c'est une organisation forte, c'est le plus grand donneur d'ouvrage au Québec, et on parle
souvent, en pointant du doigt, de la culture organisationnelle du MTQ, mais ça devient un peu comme surréel, là. C'est
quoi, ça, la culture organisationnelle du MTQ? Un peu comme le monstre du Loch Ness, là, tout le monde en parle, mais il
n'y a jamais personne qui l'a vu. Bon, bien là, la culture organisationnelle
du MTQ... puis je pourrai peut-être en
témoigner en passant, M. le Président. Je vais en Écosse cet été. Alors, je
vais aller voir si le monstre du Loch
Ness existe. Alors, je vais voir si c'est comme la culture organisationnelle du
MTQ, si tout le monde en parle, mais personne ne l'a vue.
Alors là, je
trouve que le Vérificateur général, dans ce rapport-là, a vu le monstre du Loch
Ness. Il nous le décrit, c'est quoi, la culture organisationnelle du
MTQ, le fait que, quand on cible un problème, un trou, une cheville... Ma grand-mère disait ça : Il y a un trou, on va
mettre une cheville. Donc, le MTQ cible un problème puis, hop! il propose
un plan d'action. Oh! il y a un problème là? Hop, un autre plan d'action! Un
problème, là, on nomme un directeur, un problème
là, on remet une panoplie de mesures, mais c'est comme s'il n'y avait pas
d'uniformité et de vision d'ensemble. C'est
un des éléments que la VG nous a dévoilés dans son rapport, son premier rapport
sur le MTQ. Alors, nous, on dit : Bien,
il faut qu'il y ait un plan de transformation organisationnelle — ça, c'est la recommandation 3.2 — et qu'il faut que ce soit déposé à la CAP le 30 septembre 2017. C'est un bel
exemple, ça, de reddition de comptes que les parlementaires ont exigée
et vont continuer d'exiger, M. le Président.
Je poursuis.
On a également auditionné, oui, La Financière agricole du Québec
concernant les mesures d'évaluation de l'efficacité et de la performance. On a
fait également des auditions portant sur les services correctionnels et la
réinsertion sociale. Alors, vous
voyez comment on touche différents sujets. Entre autres, là-dessus, on a
demandé que le ministère de la
Sécurité publique calcule le taux de récidive et qu'il en informe la Commission
de l'administration publique, alors le taux
de récidive dans les services après qu'un contrevenant, par exemple, est passé
à travers les services correctionnels et
de réinsertion sociale. Donc, c'est une préoccupation sociale qu'on a, que les
membres de la commission partagent.
J'étais très
heureux également, on a passé en audition Hydro-Québec concernant le processus
d'approvisionnement en travaux et en
services spécialisés, et la Commission de l'administration publique a exigé que
le P.D.G. d'Hydro-Québec vienne.
Alors, le P.D.G. d'Hydro-Québec, il a bien des choses à régler, il a bien des
choses à gérer, puis c'est correct comme ça, c'est son mandat, puis il a un bon
salaire pour ça. Mais là c'est les parlementaires qui ont dit : Sur ce rapport
concernant le processus
d'approvisionnement en travaux et en services spécialisés, on veut entendre
directement le P.D.G., M. Martel.
Ça a été très
bien, on a fait une belle audition. Et une des recommandations — évidemment, je ne vous lis pas toutes les 22, là, j'en ai ciblé quelques-unes qui
m'apparaissent peut-être plus stratégiques — la 7.3 : «Qu'Hydro-Québec prenne des mesures pour atténuer la portée des
regroupements d'acquisitions sur les fournisseurs régionaux et locaux.
Qu'elle rende compte à la CAP des efforts consentis à cet égard le
31 octobre 2017.»
Donc,
nous, on fixe des dates, on a des recommandations précises. Et, dans ce cas-là
du processus d'approvisionnement d'Hydro-Québec,
il y a des procédures, par exemple, pour centraliser et pour avoir des
meilleurs prix pour Hydro-Québec, ce qui est correct en soi, sauf que
nous, comme députés, on est peu le ciment entre les briques, hein, qui fait que
ça se tient, puis les briques étant, d'un
côté, la population, de l'autre côté, l'administration publique. Entre les
deux, c'est qui? C'est le ciment qui
fait que ces deux briques-là se tiennent, puis, le ciment, bien, il s'adonne
que c'est nous, les parlementaires.
Alors, moi,
je sais que la plupart d'entre nous ici, les parlementaires, quand on se
promène dans nos circonscriptions, il
y a des gens qui viennent nous voir, puis ils disent : Bien, M. le député,
Hydro-Québec, avant, ils venaient acheter leurs bottes de sécurité pour les monteurs de lignes dans le magasin de la rue
principale; ils ne viennent plus depuis quelques années, ou : M. le Président, moi, comme contracteur, avant,
j'étais un sous-contractant d'Hydro-Québec puis là, maintenant,
Hydro-Québec a changé ses pratiques.
Alors, on a
questionné là-dessus, savoir c'était quoi, l'impact des politiques
d'acquisitions d'Hydro-Québec sur nos commerçants
régionaux. Alors là, on a dit : Bien, on veut avoir un suivi de ça, on
veut savoir comment vous allez vous assurer
d'atténuer la portée. Hydro-Québec, pas juste dans l'édifice Jean-Lesage du
boulevard René Lévesque à Montréal, Hydro-Québec,
c'est partout. L'électricité, elle ne vient pas des murs, elle vient des
barrages. Il s'adonne que les barrages sont souvent dans les régions,
les centrales hydroélectriques. Donc, il faut qu'Hydro-Québec ait un impact
partout au Québec. Donc, nous, comme députés, on est préoccupés et
responsables, et on pose des questions, à la CAP.
On a
également fait une audition sur la gestion administrative et sur les
engagements financiers de la Commission municipale du Québec. Ça, ça a été la dernière. Donc, ça, c'est les
auditions que nous avons faites, M. le Président. Vous voyez, c'est
beaucoup de travail. Tout ça, c'est de janvier à mai.
Et, en plus,
vous allez le retrouver au chapitre 9, on a fait l'examen de rapports
annuels de gestion de ministères et
d'organismes publics en vertu des dispositions de la Loi sur l'administration
publique. Parce qu'évidemment, la Commission de l'administration publique, on ne peut pas la comprendre, on ne peut
pas l'imaginer sans son adéquation intime, je dirais, avec la Loi sur l'administration publique. La
Commission de l'administration publique travaille étroitement avec la Loi sur
l'administration
publique. La Loi de l'administration publique, évidemment, qui impose des obligations,
qui impose des procédures, qui impose des plans stratégiques, qui impose
des plans d'action, des rapports annuels aux ministères et organismes du
gouvernement du Québec.
Alors, nous,
on s'est donné une procédure pour passer au travers la liste des ministères et
organismes du gouvernement du Québec
au bout de quatre ans, puis là, woups! on recommence le cycle. Parce qu'il y en
a, des organismes puis des
ministères, puis le gouvernement en crée des nouveaux, en plus. Il y a eu un
grand ménage, en 2010, où on en a éliminé
plusieurs. Mais, depuis ce temps-là, on a reparti la balance, puis il s'en est
recréé d'autres, des organismes et des ministères.
Donc, on les
reçoit puis là... c'est-à-dire on étudie leurs rapports annuels. Donc, les
ministères qui pensent que faire un rapport annuel dort sur une
tablette, puis il n'y a plus personne qui lit ça, faux. Nous, on les lit, nous,
on les regarde, puis on a une équipe qui est là-dessus et qui nous fait des
comptes rendus.
Alors, on a
examiné... c'est-à-dire on a passé en revue les rapports annuels de
gestion 2015-2016 de la Commission d'accès à l'information, de la Corporation d'urgences santé, le
Directeur des poursuites criminelles et pénales, le ministère des Finances, le ministère des Forêts, de la Faune
et des Parcs, le ministère du Tourisme, le ministère du Travail, de l'Emploi
et de la Solidarité sociale, l'Office des
personnes handicapées du Québec. Alors, on a étudié ces rapports annuels de
gestion, puis là on fait un certain nombre de recommandations.
On ne les reçoit pas en auditions. On pourrait
le faire éventuellement. Ça risque d'arriver — M. le Président, je vous donne un scoop — qu'à la prochaine session parlementaire on
va avoir, dans cette liste-là, là... Il y en a qu'on a dit : Woups! Le rapport annuel de gestion
nous éveille un peu, là... un feu jaune, puis on va les entendre à la prochaine
session. Ça fait qu'on en cible, on fait des
suggestions au comité directeur. On rencontre en séance de travail les
collègues, puis on fait des propositions,
puis c'est accepté. Donc, il y en a là-dedans qu'on va entendre parce que ça
nous a éveillé des cloches. Puis il y
en a d'autres qu'on va suggérer à des commissions sectorielles, dire :
Bien, allez plus loin, avant que la
CAP s'en saisisse, il y a des commissions sectorielles qui ont le goût de
l'étudier ou de les entendre, bien, qu'ils peuvent le faire. Donc, ça,
c'est ce que nous allons faire, M. le Président, après avoir examiné les
rapports annuels de gestion de ces
organismes et ministères dont je vous ai parlé tout à l'heure. Donc, c'est
ainsi que nous travaillons et c'est ainsi
qu'on réussit à faire notre travail de façon absolument rigoureuse et de façon
importante pour le bien des Québécois.
Moi,
j'explique souvent... Vous savez, quand il y a quelqu'un qui nous arrête sur la
rue puis il dit : Ah! j'ai vu, là, dans ta biographie ou dans tes fonctions, tu es président de la Commission de
l'administration publique, ça mange quoi en hiver, ça? Bien, moi, je
réponds : Ça s'assure que nos taxes et nos impôts sont bien dépensés. Dans
le fond, c'est ça. Quand on entend
les ministères, les sous-ministres, on s'assure, dans le fond, que l'argent de
nos taxes et de nos impôts est bien
dépensé, et ça, bien, ça intéresse pas mal les gens. Donc, c'est le travail que
nous avons fait cette année. Je vous recommande, M. le Président, de
lire attentivement ce 36e rapport de la CAP.
Je veux
maintenant parler de nos relations avec le Vérificateur général, qui est, dans
le fond, vous le savez, une Vérificatrice
générale, Mme Leclerc, et toute son équipe, que je tiens à saluer pour
leur professionnalisme, leur disponibilité. Moi, je suis particulièrement impressionné de cette grande
disponibilité. La Commission de l'administration publique serait
incapable de faire son travail sans la présence du Vérificateur général et de
l'équipe du Vérificateur général. Donc,
Mme Leclerc, les membres de son équipe sont avec nous souvent, viennent
nous présenter en séance de travail leurs rapports avant qu'on arrive en
auditions publiques, viennent nous présenter leurs rapports, les principaux
points.
• (17 h 10) •
Le Commissaire
au développement durable également, qui est, je dirais, une direction ou une
branche du Vérificateur général, M. Lanoie, vient nous rencontrer,
nous présenter leurs rapports. Et on peut, avec eux en séance de travail, donc, de façon... à huis clos, là,
échanger, voir un peu c'est quoi, les points les plus sensibles, qu'est-ce
qu'ils ont vu dans leurs
vérifications ou dans leurs audits, dans leur optimisation des ressources du
ministère ou de l'organisme X, comment
on peut aller plus loin. Ça fait que nous, quand on arrive après ça en
auditions, bien, c'est beaucoup plus facile de poser des questions,
d'aller au fond des choses.
Et ça,
c'est grâce au travail de la Vérificatrice générale et de son équipe. Donc,
c'est un pilier. On ne peut pas imaginer... Je vous disais tantôt, là : La CAP ne peut pas fonctionner sans la
Loi sur l'administration publique. Bien, la CAP ne peut pas fonctionner non plus sans la présence du
Vérificateur général. C'est impensable. Et c'est pour ça... Puis là vous allez
dire que je me répète, mais c'est pour ça
qu'il faut que le Vérificateur général ait les ressources pour être
indépendant. C'est pour ça qu'il faut que le Vérificateur général ait les
moyens de garder son monde puis son expertise qu'il envoie dans les
ministères et organismes. Donc, le Vérificateur général, extrêmement important.
L'autre
élément, et je suis heureux de le souligner, cette année, M. le Président — car vous allez être invité aux feux d'artifice — c'est les 20 ans de la Commission de
l'administration publique. Vous allez me dire : Ça n'a pas de bon
sens, ça fait juste 20 ans. On est en 2017. 1997, c'est récent, 1997. Mais
c'est parce qu'elle a pris un autre nom.
Il existe de
façon séculaire, dans la tradition britannique, les Public Accounts Committee,
les comités de comptes publics.
D'ailleurs, c'est le Comité des comptes publics qui, en 1936, a vu la chute ou
a provoqué la chute du gouvernement Taschereau avec la fameuse histoire
des culottes à Vautrin, M. le Président — je sais que vous connaissez
votre histoire — où il y avait eu beaucoup de copinage, il y
avait eu beaucoup d'argent dépensé par le ministre de la Colonisation de l'époque, qui était Vautrin. Puis il s'était
acheté des culottes avec l'argent du public. Alors, au Comité des comptes
publics, le député de Trois-Rivières,
Maurice Duplessis, avait fait toute une histoire avec ça, et ça avait entraîné
la chute du gouvernement Taschereau. Bien, ça, ça vient d'où, au fond?
De la Commission de l'administration publique de l'époque, qui était le Comité
des comptes publics.
Mais, comme
son nom le dit, puis comme c'est vrai dans les autres Parlements de tradition
britannique, le Comité des comptes
publics était spécifiquement dédié aux comptes publics. Mais, en 1997, avec
l'adoption de la Loi de l'administration
publique, les parlementaires ont dit : On va, au fond, transformer ce Comité de comptes
publics, cette Commission de comptes
publics en Commission de
l'administration publique pour avoir un rôle plus large, comme celui que
j'explique depuis tout à l'heure, qui est d'entendre l'administration
publique.
Et, pour les
visuels qui sont amateurs d'histoire ou pour les amateurs d'histoire qui sont
visuels — prenez-le
dans le sens que vous voulez — à la page 73 du rapport, du
36e rapport, on a une ligne du temps. Alors, c'est facile à comprendre,
de 1867 jusqu'à l'adoption de Loi sur
l'administration publique, en 2000, vous voyez comment la commission a
procédé... ou comment la commission a
plutôt évolué à travers le temps : de la Commission des comptes publics,
créée en 1867, à, en 1969, imaginez,
la création de la Commission des engagements financiers, donc un 102 ans
plus tard. Ça a été rattaché au
Vérificateur général du Québec en 1970. Abolition de la Commission des comptes
publics en 1972, donc là ils travaillaient seulement avec la Commission des engagements financiers. 1984, création
de la Commission du budget et de l'administration. En 1993, adoption de la Loi sur la réduction du
personnel dans les organismes publics et l'imputabilité des sous-ministres
et des dirigeants d'organismes publics qui a
amené, en 1997, la création de la Commission de l'administration publique
et, en 2000, l'adoption de la Loi sur
l'administration publique, qui est venue compléter le portrait. Alors, vous
avez cette ligne du temps à la page 73 du rapport.
Vous avez
également toute une évolution, dans ce chapitre de l'histoire, de la Commission
de l'administration publique. C'est
extrêmement bien fait, extrêmement intéressant, et ça nous permet de se
rappeler comment cette commission est extrêmement importante et a eu un
rôle aussi dans l'histoire du Québec.
Alors, pour
le 20e anniversaire, vous savez, on est frugal à la Commission de
l'administration publique, parce qu'on examine
les comptes publics puis on veut s'assurer de la bonne gestion de l'argent des
Québécois et des Québécoises, donc on
va faire une célébration, mais de façon modeste. Mais on aura à l'occasion de
la rentrée parlementaire à vous proposer
des activités, des articles de revues scientifiques du côté du droit
parlementaire, de l'histoire parlementaire, mais aussi un petit gueuleton, M. le Président, où on pourra échanger avec les
anciens présidents de la Commission de l'administration publique et nous
pourrons échanger sur les bienfaits de cette commission.
Je veux
terminer parce que je vois le temps qui file puis il me reste peu de temps pour
faire des remerciements, évidemment,
aux députés membres de la Commission de l'administration publique. J'en vois
plusieurs qui sont ici, des membres
permanents de la Commission de l'administration publique. J'en vois plusieurs
du côté du gouvernement, mais du côté
de l'opposition également, des deux groupes d'opposition, l'opposition
officielle, le deuxième groupe d'opposition. Du côté de l'opposition officielle et du deuxième groupe d'opposition,
il y a souvent des remplacements selon les sujets. Alors, il y a des
membres permanents, mais qui se font remplacer. Si, par exemple, on reçoit
Hydro-Québec, bien là, je vois le député de
Richelieu qui est porte-parole en énergie, mais il n'est pas membre permanent
de la Commission de l'administration
publique, mais il remplace un membre permanent parce que c'est un sujet qui le
passionne et qui l'intéresse particulièrement, considérant ces sujets
qu'on aborde.
Donc, merci à
l'ensemble des collègues. Merci de votre collaboration, merci de votre
participation et de partager cette mission de la Commission de
l'administration publique, qui est un travail non partisan et parlementaire
dans son sens le plus strict du terme. Je veux remercier le secrétariat de la
commission, composé de Pierre-Luc Turgeon, Marie-Claude
Monnerat. Je veux remercier évidemment la recherche, sans qui il serait
impossible de faire tout ça et d'avoir tout notre travail qui nous permet
d'alimenter nos réflexions, de poser nos questions. Si vous saviez, M. le
Président, tout le travail que fait le
service de recherche, moi, ça m'impressionne, là, et toujours
de façon très rigoureuse. Parfois, même,
il faut qu'ils nous poussent dans le dos pour qu'on donne nos réponses le plus rapidement
possible. On a plein d'autres choses
à gérer, mais on le fait. Alors, je veux remercier Hélène Bergeron, Sophie
Jacques-Barma, Richard L'Hérault, Julie
Paradis, qui est constamment avec nous, qui est vraiment la recherchiste
dédiée à la Commission de
l'administration publique, Jules Racine Saint-Jacques, Danielle Simard, ce
qui me donne l'occasion de remercier une autre Danièle Simard — il y
en a deux à l'Assemblée nationale — qui est mon adjointe, qui contribue beaucoup
aussi aux travaux par sa disponibilité pour me permettre d'assister et
de faire mon travail.
Donc, je veux remercier particulièrement aussi
les deux vice-présidents qui m'accompagnent, le député de Trois-Rivières, que je vois ici, et le député de
Deux-Montagnes, donc, de chaque groupe parlementaire, qui m'accompagnent
au sein du comité directeur. Et je veux
remercier encore une fois tous les parlementaires présents pour leur travail
durant cette session. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député de
Jonquière, pour cette intervention. Alors, je cède la parole,
maintenant, à M. le député de Trois-Rivières. M. le député.
M. Jean-Denis Girard
M.
Girard : Merci beaucoup, M. le Président. Donc, je vous salue, M. le
Président, et je salue également l'autre président, le président de la Commission de l'administration publique,
qui vient tout juste de prendre la parole. Je veux saluer le travail de notre président. Vous savez,
à la Commission de l'administration publique, il y a eu certains changements
de président au fil des années, et le député
de Jonquière a dû quitter, il est maintenant de retour, donc on est fiers de le
revoir avec vous. Et nous avons un président
qui fait un excellent travail, à la commission, un président qui a une belle
collégialité, qui travaille avec l'ensemble
des membres, avec qui c'est facile de travailler. Donc, je vois que... je ne
veux pas être trop... que mon
collègue s'enfle trop la tête, mais effectivement il fait un bon travail, et je
pense que, de notre côté, on veut le remercier du travail qu'il fait.
36e rapport,
M. le Président, de la Commission de l'administration publique, un rapport dont
je suis fier à titre de vice-président,
un rapport qui a été rédigé de main de maître par l'équipe de la recherche qui
nous donne un bon coup de main au niveau de la
commission, mais un rapport qui reflète vraiment le travail des gens de la
commission, les gens de la commission
qui ont un mandat de gardiens de l'argent et des finances des différents
ministères et organismes, donc on se
doit, comme commission, d'être présents et de s'assurer que l'argent de nos
contribuables, l'argent de nos taxes et de nos impôts est bien investi, est bien réparti, est bien administré
par nos différents ministères et organismes. Donc, un rapport dans
lequel nous avons plusieurs recommandations, un rapport dans lequel nous
retrouvons 10 chapitres.
M. le
Président, habituellement, on lit un rapport du début, la page 1, jusqu'à
la fin. Aujourd'hui, je vais faire un peu
l'inverse, parce que le chapitre 10, le dernier chapitre du rapport de la
Commission de l'administration publique, du 36e rapport, parle du 20e anniversaire de la commission, mon
collègue en a parlé tout à l'heure. Donc, 20 ans déjà de la commission, mais la commission sous la forme que
l'on connaît aujourd'hui, parce que la commission existe depuis fort longtemps,
Comité des comptes publics, il y a eu plusieurs appellations.
• (17 h 20) •
Personnellement, je suis membre de la Commission
de l'administration publique depuis un peu plus d'un an. Auparavant, j'ai travaillé à l'allègement réglementaire
avec les PME, donc je faisais un travail près des gens pour aider nos entreprises. Maintenant, à titre de vice-président
de la Commission de l'administration publique, je fais un travail qui est
différent mais tout aussi important, important pour vraiment s'assurer que nos
argents sont bien gérés.
Donc, je vais prendre la première portion de mon
intervention pour parler un peu de l'historique de cette commission, d'où ça vient, la Commission de l'administration
publique, comment ça a vu le jour et depuis quand. Mon collègue en a parlé un petit peu tout à l'heure et
il a parlé de la ligne du temps que l'on retrouve au niveau du rapport, dans le chapitre 10, qui explique vraiment
l'histoire de la commission. J'invite les gens, d'ailleurs, à lire le rapport,
qui se retrouve sur le site de l'Assemblée, et à lire le
chapitre 10 qui nous donne une bonne idée de la commission.
M. le
Président, l'un des rôles des députés, c'est d'agir en tant que contrôleurs de
l'action gouvernementale. On le sait,
dans un système parlementaire de type britannique, plus particulièrement
l'Assemblée nationale du Québec ici, de nombreux moyens s'offrent aux élus pour s'acquitter de cette fonction,
cette fonction de bien contrôler les actions des différents ministères et organismes, les actions de l'État, les actions
gouvernementales. Bien sûr, les gens à la maison, le public, connaissent la période de questions. Je
crois que c'est la période, à l'Assemblée nationale, qui est le plus médiatisée,
qui est le plus populaire auprès des
Québécois. Donc, c'est une façon, pour l'opposition, de poser des questions au
gouvernement, d'avoir des réponses sur l'administration, sur les
politiques en cours.
Bien sûr, on
retrouve également les débats de fin de séance, les débats de fin de
séance, sur des sujets précis, qui vont
permettre aux groupes de l'opposition, encore là, de poser des questions à un
ministre en particulier sur différentes décisions, sur différentes politiques. On en a vu récemment beaucoup sur
les régions du Québec, comment on développe les régions, etc.
Bien sûr, il y a également toutes les
commissions parlementaires, tous les travaux qui se font en commission parlementaire, entre autres avec l'étude des
crédits. Bien sûr, encore faut-il déposer des crédits, ce que l'on fait depuis
notre élection, mais l'étude des crédits
permet aux différents groupes d'opposition de poser des questions au
gouvernement sur la gestion des finances publiques.
Il y a
également le Vérificateur général qui fait un travail très important pour bien
s'assurer... Il est mandaté, par nous, comme parlementaires, d'aller dans les
ministères et organismes pour s'assurer d'une bonne gestion des finances
publiques. Donc, toutes les commissions
parlementaires, le Vérificateur général, tous ces gens-là participent à un
exercice de contrôle parlementaire.
Mais il existe à l'Assemblée nationale une
commission, une commission qui est spécialisée en matière de contrôle, et c'est la Commission de l'administration
publique, pour laquelle nous déposons le rapport aujourd'hui. La plupart
des Parlements de type britannique confient un mandat central de contrôle
parlementaire à une commission, ce qu'on appelle
souvent, dans les différentes législatures, les commissions de comptes publics,
dont le rôle est essentiel, et le rôle est
d'assurer un bon usage par les ministères et organismes publics des crédits
budgétaires qui sont votés par les députés.
Dès 1867, le
Québec possédait déjà une telle commission, Comité des comptes publics, qui
était alors, à l'époque... et, quand
même, n'était pas très actif. Il a été inactif pendant plusieurs années,
jusqu'au moment où, comme mon collègue l'a mentionné, le député de
Trois-Rivières de l'époque, M. Maurice Duplessis, qui était alors chef de
l'opposition, l'utilise, l'utilise, à ce
moment-là, ce comité, pour talonner le gouvernement qui était en place. Et mon
collègue a bien parlé de ce qui s'est
passé par la suite. Et le Comité des comptes publics a repris naissance un peu
dans ces années-là. Donc, de 1936 à
1939, alors que M. Duplessis est devenu premier ministre, l'utilisation de ce
comité pour vérifier la gestion des
comptes publics a été réutilisée dans ces années-là. Ça s'est poursuivi sous le
règne Godbout et Duplessis, mais pas beaucoup
de séances ont été tenues dans les années 30, 40, jusqu'en 1963, où le
comité a repris les activités de façon plus importante.
En 1969,
l'Assemblée créait une nouvelle commission parlementaire, la Commission des
engagements financiers. Le rôle était
la vérification des engagements de chacun des ministères et organismes. Il
s'agissait d'une fonction unique dans le monde du parlementarisme de type
britannique. Encore aujourd'hui, au Québec, on se distingue à cet égard sur
la façon dont on travaille avec les comptes publics.
Autre
événement marquant pour le contrôle parlementaire, en 1970 le Vérificateur
général du Québec était rattaché à l'Assemblée
nationale, et ses fonctions d'alors étaient limitées à ce qu'on appelle
l'après-paiement. Donc, son rôle allait devenir incontournable pour la vérification du respect des conventions
comptables dans les ministères et les organismes.
En 1972, une réorganisation des commissions
parlementaires abolissait la Commission des comptes publics. Par contre, l'une des commissions permanentes
couvrait le champ d'expertise des finances, et des comptes publics, et du
revenu et avait pour tâche, à l'époque,
d'entendre chaque année, entre autres, le Vérificateur général au sujet de son
rapport annuel, ce que l'on fait d'ailleurs encore aujourd'hui à la
Commission de l'administration publique.
En 1984, une réforme parlementaire
supprimait la Commission des finances et des comptes publics et confiait
un mandat à la Commission du budget et de
l'administration, donc, toujours le mandat d'entendre le Vérificateur général
et de continuer à gérer les comptes publics.
Il a fallu attendre
la Loi de la réduction du personnel dans les organismes publics et
l'imputabilité des sous-ministres et des
dirigeants d'organismes publics en 1993 pour que les hauts fonctionnaires
puissent alors être convoqués par une
commission parlementaire afin d'examiner leur gestion. La responsabilité à cet
égard a été alors répartie entre les
commissions sectorielles, et l'idée de confier un mandat horizontal d'examen de
gestion gouvernementale s'est imposée et
a mené à la création, en 1997, de la Commission de l'administration publique
telle qu'on la connaît aujourd'hui et dont on a l'honneur de fêter les 20 ans. C'est à cette commission — j'oserais dire «à notre commission» — qu'il revenait dorénavant d'entendre le
Vérificateur général sur son rapport annuel, d'examiner, en présence des
sous-ministres et des dirigeants d'organismes, les différents dossiers
qui sont contenus dans le rapport.
La
Loi sur l'administration publique adoptée en 2000 a par ailleurs instauré de
nouveaux mécanismes de reddition de comptes. La Commission de l'administration
publique a un rôle important à jouer dans ce domaine, étant toujours la
commission la plus compétente pour entendre les sous-ministres et les
directions d'organismes sur leur gestion.
En mars 2004,
dans un effort de rattrapage important et pour rendre l'exercice plus efficace,
la commission a réformé en profondeur son
mode de fonctionnement et ses outils de travail. Le mandat d'entendre le
Vérificateur général sur son rapport annuel est en quelque sorte la raison
fondamentale de la naissance de la Commission de l'administration publique. Et, en vertu de la Loi sur
l'imputabilité des sous-ministres et dirigeants d'organismes publics, la
Commission de l'administration
publique a le loisir maintenant d'examiner plus en détail les chapitres du
rapport annuel du Vérificateur général
et, suite au rapport annuel du Vérificateur général, tenir des auditions pour
questionner plus en profondeur les dirigeants
des organismes et les sous-ministres. Donc, la commission examine ainsi
annuellement le rapport annuel du VG, vérifie
ses engagements financiers, mais discute également avec le VG afin de
s'acquitter du mandat qui lui est
donné, à la commission, de pouvoir auditionner, suite au rapport du VG,
les ministères et les organismes.
Donc,
la Loi sur l'administration publique a été adoptée en 2000, a consacré ce
principe de reddition de comptes et a précisé l'objet et l'étendue, la portée de
notre commission. Et aujourd'hui c'est la commission comme on la connaît, la Commission de
l'administration publique.
Donc,
nous avons le rapport qui nous est déposé aujourd'hui. Et, oui,
j'oubliais, je veux mentionner également
que la Commission de l'administration publique fait partie du conseil canadien des comptes publics. Le Conseil
canadien des comités de comptes
publics est un organisme qui regroupe tous les comités de comptes publics
des différentes provinces au Canada
ainsi que le comité de comptes publics à la Chambre des communes. En
faisant partie d'un tel comité, il y a des rencontres annuelles où on
peut échanger sur nos pratiques, sur nos façons de faire et améliorer nos procédures,
améliorer nos processus et échanger sur les façons dont on fonctionne dans les
différentes provinces du Canada pour, bien
sûr, être en mesure de voir à la
bonne gestion des finances publiques à travers le pays. Ce qui se fait au niveau
du Conseil canadien des comités de
comptes publics, dans le travail, il
y a un travail qui est fait pour
faciliter les échanges entre les
provinces, améliorer la qualité de la performance de chacun des comités de
comptes publics dans chacune des provinces,
s'assurer que les contribuables en retirent pleine et entière satisfaction,
travailler avec les vérificateurs
généraux des différentes provinces, bien sûr.
Le
mandat également est d'éduquer les membres, les élus, les médias, le public en
général sur les buts et les activités des
comités de comptes publics. Donc, c'est pour ça aujourd'hui que je m'attarde un
peu sur ce dossier, pour que les gens soient conscients de ce que c'est
que la Commission de l'administration publique, comment c'est important dans
une législature, comment c'est important à
l'Assemblée nationale d'avoir une commission comme celle-là, qui travaille au
bénéfice des citoyens, qui est un peu le gardien des citoyens face à la
gestion.
«La raison
fondamentale de notre existence est...» Et je cite ici un article du
Conseil canadien des comités de comptes publics : «La
raison fondamentale de notre existence est de bâtir une plus grande confiance à
l'égard des comités de comptes
publics; d'accroître nos propres connaissances; d'améliorer l'image des
comités; [...]d'échanger [nos] vues, [nos]
idées. [...]d'améliorer nos propres comités [...] leur fonctionnement et de
s'assurer que les contribuables en ont pour leur argent.»
C'est
cette dernière phrase qui m'incite le plus à continuer le travail et à faire ce
travail-là de façon quotidienne, de
travailler à la préparation des rapports, de travailler à la préparation des
auditions, pour s'assurer que les contribuables puissent en avoir pour leur argent au sein de l'Administration
gouvernementale. Donc, M. le Président, c'est une fierté pour moi de
faire partie de cette commission et d'avoir un rôle face à cette commission.
Maintenant,
je vais prendre quelques minutes pour vous parler du 36e rapport. Mon collègue
en a fait mention tout à l'heure, c'est un rapport qui est quand même
important. Plusieurs auditions ont été réalisées dans la dernière session, huit
auditions publiques tenues depuis le mois de février 2017, dont l'audition
de la Vérificatrice générale, Mme Guylaine
Leclerc. Eh oui, il faut vérifier le Vérificateur
général, parce que
le Vérificateur général fait un travail, mais on a comme rôle, à la commission, de s'assurer que le Vérificateur général fait le travail comme il lui est demandé.
• (17 h 30) •
Donc,
nous avons auditionné la Vérificatrice
générale sur son rapport annuel de gestion, sur sa gestion de son
entité et également nous avons
auditionné neuf ministères et organismes publics. Là, vous allez dire : Il
y a une erreur de chiffres parce que
j'ai parlé de huit auditions, le Vérificateur général et neuf ministères. C'est
que, dans certaines auditions, nous avons auditionné deux ministères et
organismes lors de la même audition. Dans certains cas, il y a des ministères
et organismes qui se chevauchent ou qui ont
à travailler vraiment ensemble, donc il arrive quelquefois à la commission que
nous pouvons auditionner deux entités lors de la même audition.
Donc, je vais
donner les grandes lignes de chacun des chapitres du rapport qui est déposé
aujourd'hui. Le chapitre 1, Audition de la gestion administrative et les
engagements financiers du Vérificateur général, donc de s'assurer que le Vérificateur général
prépare, à chaque année, dans les recommandations qu'on a faites, prépare un
bilan sur l'optimisation des
processus d'audit interne au gouvernement du Québec. Il y a des processus
d'audit interne, et il y a toujours place à amélioration. Donc, l'une des recommandations, le travail qu'on a fait
avec le Vérificateur général, c'est de travailler à améliorer les
processus de nos audits internes.
Comme
autre recommandation, on lui a demandé de porter une attention particulière au
suivi de ses recommandations. Nous
avons un défi au sein de la commission, mais également au sein du Vérificateur
général, c'est qu'on fait des observations, on fait des recommandations. C'est bien de faire une recommandation à un
ministère, à un organisme dans un but d'amélioration, mais il faut être
en mesure de suivre par la suite dans les mois, les années à venir :
Est-ce que les recommandations ont été
appliquées? Qu'est-ce qui a été mis en place? Quel est le plan d'action? Quels
sont les résultats que le ministère
ou l'organisme a pu atteindre suite aux recommandations qui ont été faites?
Donc, il faut porter une attention particulière
au suivi de nos recommandations et s'assurer que ces recommandations-là sont
vraiment exécutées, sont mises en place.
Bien sûr, on
a parlé également avec le Vérificateur général de différents scénarios qui
peuvent être étudiés afin de trouver une solution durable au problème de
recrutement et de rétention du personnel au sein de l'entité. Nous avons remarqué qu'au niveau du Vérificateur général
c'est des employés très spécialisés, des employés extrêmement compétents,
mais souvent ces gens-là sont sollicités par
d'autres entités, que ce soit au niveau du gouvernement ou ailleurs dans le
privé, ce qui cause un défi de
main-d'oeuvre au niveau du Vérificateur général. On le sait, au Québec, le taux
de chômage étant à son plus bas, le plus bas de l'histoire du Québec, avec les
derniers chiffres qu'on a eus il y a quelques semaines, le défi, maintenant, c'est un défi de main-d'oeuvre. Et
même au niveau du Vérificateur général, il y a un défi de main-d'oeuvre
pour avoir des employés qualifiés.
Le
chapitre 2 du rapport, Audition
du Centre de services partagés concernant sa gestion administrative, les
contrats d'achats regroupés en technologies de
l'information et les acquisitions de biens et de services. Donc, le principal
des recommandations qui ont été faites au
niveau du chapitre 2, c'est de poursuivre les travaux d'évaluation des
économies générées par les opérations du CSPQ. Donc, on a un centre de
services partagés qui doit nous fournir des économies, qui devraient générer des économies substantielles pour le gouvernement.
Donc, on a demandé à ce que certains travaux soient faits pour mieux évaluer ces économies. Également, on a parlé de
gestion des risques, 11 risques qui sont recensés, et les mesures de mitigation appliquées ou en voie
de l'être, on veut avoir des détails pour savoir comment on va vraiment s'attaquer à ces risques. Et, au niveau du CSPQ
également, nous avons parlé du tableau de bord de gestion pour l'acquisition de
biens et services. Ces organismes ont souvent un tableau de bord pour faire un
suivi, et nous avons eu certains questionnements au niveau du tableau de bord
afin de pouvoir l'améliorer.
Chapitre 3,
Audition du ministère des Transports,
de la Mobilité durable, l'Électrification des transports en suivi des recommandations du... 8.4 du
34e rapport de la commission. On ne repassera pas à travers tout ce qui s'est
passé au niveau du ministère des Transports, on en a quand
même parlé beaucoup.
Le mandat de la commission, c'est de s'assurer qu'on met en place des meilleures façons de faire. Donc, dans
les recommandations, en
termes de suivi, nous avons émis
une recommandation de convoquer en audition le ministère des Transports à
l'hiver 2018 pour pouvoir faire un suivi. Également,
dans les recommandations, on veut qu'un état de situation
soit mis en place pour les actions prévues dans un plan de transformation
organisationnelle. Donc, il y a des problèmes organisationnels. On veut avoir vraiment
un état de situation et un plan de mise en place des actions ainsi qu'un plan
stratégique qui va refléter la concrétisation d'une démarche visant une performance accrue comprenant un cadre de
gouvernance renforcé qui va pouvoir s'appuyer sur une équipe mobilisée. Donc, malgré certaines difficultés
au ministère des Transports, on voit que nos recommandations sont
dans un sens d'améliorer les processus, d'améliorer ce qui se fait dans nos ministères
et organismes.
Au niveau du
chapitre 4, Audition de La Financière
agricole du Québec concernant les
mesures d'évaluation de l'efficacité et de la performance, parmi les recommandations, on veut que La Financière
agricole puisse transmettre à la
Commission de l'administration publique l'état d'avancement de la mise en oeuvre des recommandations du Groupe
de travail sur la sécurité du revenu agricole au Québec, qui est un
enjeu important, et on veut avoir le dépôt de cet état d'avancement et, également, on désire que La Financière agricole du Québec poursuive ses efforts en vue de clarifier et de réduire le nombre d'indicateurs mesurés dans son
tableau de bord de gestion. Il y avait une quantité, je dirais, industrielle d'indicateurs. Trop d'indicateurs, c'est comme pas
assez, ça devient difficile à suivre. Donc, on a demandé à avoir des indicateurs qu'on appelle d'effet impact, donc des
indicateurs qui vont vraiment avoir un impact sur la gestion, de réduire
les indicateurs, de prendre les meilleurs,
et de revoir à faire le tableau de bord, et de nous tenir au courant sur ce
nouveau tableau de bord au plus tard le 15 octobre 2017.
Au niveau du
chapitre 5, Audition du ministère de
l'Économie, de la Science et de l'Innovation et d'Investissement Québec.
Donc, on voit ici, on a le ministère
de l'Économie et Investissement Québec, donc deux entités lors de la même
audition, deux entités qui ont à travailler
ensemble. Au niveau de ce chapitre, au niveau de cette audition, aucune recommandation, comme quoi, dans certains
ministères et organismes, les gens font un bon travail. Nous avons eu certaines
interrogations. La commission fera preuve de
vigilance sur l'efficacité des actions à l'égard de la gestion d'Investissement
Québec et du ministère, un examen attentif
des constats qui seront formulés par le VG. C'est sûr que le Vérificateur
général va continuer à faire son
travail, nous allons être attentifs. Mais il n'y a eu aucune recommandation de formulée au niveau de ce chapitre.
• (17 h 40) •
Chapitre 6, Audition portant sur les services
correctionnels et la réinsertion sociale. Donc, nous avons reçu le sous-ministre de la Sécurité publique ainsi que la présidente de la Commission québécoise
des libérations conditionnelles. Encore là, deux entités lors d'une même
audition, des gens qui ont à travailler ensemble régulièrement, et, pour la commission, c'est beaucoup plus facile aussi,
des questions qui sont connexes, des questions qui peuvent être posées, les
mêmes questions, aux
deux entités. Donc, de les avoir ensemble dans une même commission, ça facilite
le travail et ça nous permet d'avoir
des recommandations qui vont être encore plus efficaces. Dans les recommandations, on demande au ministère de la Sécurité publique de calculer annuellement le taux de récidive lorsqu'il
connaîtra les prochaines mesures, parce
qu'on met des nouvelles mesures en
place. Et ce qu'on a remarqué au
niveau de la commission,
c'est que le taux de récidive était relativement élevé au niveau de la Sécurité publique. Donc, de voir comment,
comme société, on peut diminuer le taux de récidive,
comment on peut améliorer ce taux de récidive pour que nos gens puissent être
mieux réhabilités...
Et bien sûr, au niveau de la Sécurité publique,
on leur a demandé de détailler les étapes et l'échéancier d'un projet
informatique, le projet DACOR 2.0, ainsi que leur plan d'action qui
s'ensuit. Et, au niveau de la Commission québécoise
des libérations conditionnelles, on leur demande de documenter davantage l'état
des reports d'audience dans son
rapport de gestion annuel. Parce qu'on sait qu'il y a eu énormément de reports
d'audience. Et nous n'avions pas assez d'information au niveau du
rapport annuel. Donc, on veut les principaux motifs de report, leur fréquence,
et on leur a demandé d'avoir plus d'information à ce niveau.
Audition
d'Hydro-Québec. Mon collègue en a parlé tout à l'heure concernant le processus
d'approvisionnement en travaux et en services spécialisés. Donc, c'est
important pour les parlementaires de s'assurer qu'Hydro-Québec s'approvisionne
le plus possible au Québec. Donc, nos recommandations ont été dans ce sens,
bien sûr.
Le
chapitre 8, Audition sur la gestion administrative et sur les engagements
financiers de la Commission municipale du
Québec. Au niveau de la Commission municipale, là aussi, quelques
recommandations. On s'est attardés sur la réflexion et les résultats qui découlent de la démarche de
la modernisation de la loi constitutive, donc traitement des plaintes, éthique
et déontologie municipale. Ça a été un gros
sujet. Ce qu'on s'est rendu compte, c'est que ce n'est pas uniforme. Les codes
d'éthique des municipalités peuvent
différer. Ça fait qu'on demande à la commission de se pencher sur
l'uniformisation des différents codes
d'éthique municipaux, qu'elle amorce une réflexion sur la façon de sensibiliser
les candidats et les élus municipaux
aux règles d'éthique et de déontologie. On n'est pas sans savoir tout ce qui
s'est passé en termes d'éthique et de
déontologie au niveau municipal dans les dernières années. Donc, c'est du rôle
de la commission de travailler à ce niveau.
Et nous avons le souci d'améliorer l'éthique et la déontologie pour nos élus
municipaux. Et, comme Commission de
l'administration publique, on se doit de bien suivre la Commission municipale
du Québec afin que celle-ci mette en place
des processus efficaces pour pouvoir améliorer et bien gérer les codes
d'éthique et les uniformiser dans les différentes municipalités.
Chapitre 9.
Dans le chapitre 9, c'est l'examen des rapports annuels de gestion des
ministères et organismes en vertu des dispositions de la Loi sur
l'administration publique. Donc, nous avons analysé plusieurs rapports annuels
de gestion : Commission d'accès
à l'information, Corporation d'urgences-santé, Directeur des poursuites
criminelles et pénales, le DPCP, le
ministère des Finances, ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs,
ministère du Tourisme, ministère du Travail, de l'Emploi et de la
Solidarité sociale et ainsi que l'Office des personnes handicapées du Québec.
Le travail
qui se fait à ce moment-là, c'est vraiment avec les recherchistes qui nous
présentent les rapports annuels et
nous font ressortir des lacunes ou des lumières jaunes qui nous disent où il y
a peut-être des problématiques. Et ce que l'on fait par rapport à ces rapports de gestion, c'est de cibler dans
les organismes et les ministères que je viens de nommer, lesquels nous
allons auditionner lors de la prochaine session pour en savoir plus et aller
plus loin pour s'assurer de la bonne gestion.
Et bien sûr,
bien sûr, le chapitre 10 sur les 20 ans de la Commission de
l'administration publique. Donc, M. le Président, 20 ans d'une commission
qui est nécessaire, qui est essentielle, essentielle à la bonne gestion de nos
finances publiques. J'y participe avec plusieurs de mes collègues et
c'est une fierté de faire ce travail, de faire ce travail pour l'ensemble
de nos citoyens. Ça fait partie de notre rôle, face au public,
de s'assurer de la bonne gestion, et on le fait, et on le fait dans une
belle collaboration, dans une belle collégialité. Toutes les recommandations
qui figurent au niveau du rapport et au
niveau des rapports précédents sont toujours acceptées de façon unanime, à la
commission, ou presque, mais, je dirais, à 99.9 %, toujours de
façon unanime. Il y a une belle collaboration au sein des différents
participants.
Je voudrais
souligner également l'excellente collaboration de la Vérificatrice générale,
Mme Guylaine Leclerc, qui fait, elle aussi, un excellent travail et
qui nous guide de façon essentielle pour nos auditions. Les rapports de la vérificatrice ainsi que ce qu'elle nous apporte
comme information est essentiel au travail de notre commission pour bien
préparer nos auditions, pour s'assurer de
rencontrer les bons ministères, les bons organismes, et de bien s'orienter pour
nos recommandations et de faire le suivi de nos recommandations.
Je veux
saluer également le travail des employés de la recherche, au niveau de l'Assemblée
nationale, les employés de la
commission aussi qui travaillent avec nous, principalement deux personnes avec
qui j'ai à travailler régulièrement : Pierre-Luc Turgeon, le secrétaire de la commission, et Julie Paradis, au
niveau du service de recherche, Julie qui est en charge de toutes les analyses des rapports annuels de gestion, qui nous
fait les présentations, lors des séances de travail, qui fait un travail incroyable. Donc, je veux
vraiment souligner l'apport de Julie dans notre travail d'élus, elle nous
facilite la vie grandement avec les résumés, avec les tableaux, avec la
façon dont elle nous apporte l'information.
Je veux saluer également, je l'ai dit tout à
l'heure, le travail du président et du vice-président. On sait que la Commission de l'administration publique, depuis
les 20 dernières années, son fonctionnement, fonctionne de façon telle
à ce que le président, c'est toujours un
membre de l'opposition officielle; les deux vice-présidents, un membre du
gouvernement et un membre de la deuxième opposition, et il y a
belle collaboration, une belle collégialité entre le président et les deux vice-présidents, donc mon collègue le député
de Jonquière, qui agit comme président, et le député de Deux-Montagnes,
qui agit à titre de vice-président. Le comité directeur se réunit
régulièrement, et c'est un plaisir de travailler avec eux.
Je veux
également saluer les membres permanents de la commission. Il y a beaucoup de
remplacements, on ne nommera pas tous les remplaçants qu'on a au fil des
différentes auditions, mais les membres permanents : du côté de la deuxième opposition,
le député de La Peltrie, qui est un membre permanent; du côté de
l'opposition officielle, le député de
René-Lévesque, la députée de Chicoutimi et le député de Berthier; et, bien sûr,
du côté du gouvernement, mes collègues le
député de Montmorency, le député de Jean-Lesage, le député d'Orford, le député
de Mégantic, le député de Chomedey et le député de Saint-Maurice.
Et
finalement j'aimerais saluer la préparation des ministères et des organismes
lors des rencontres. Souvent, on les oublie, mais, pour ces gens-là qui
viennent en audition devant la Commission de l'administration publique, il y a
un travail de préparation très
important : ils doivent répondre à certaines demandes, ils doivent
répondre à des suivis, à des recommandations,
nous fournir la documentation, répondre à nos questions. Devant les caméras, de
rendre ça public, ce n'est pas
toujours facile pour certains ministères et organismes. Et, dans la majorité
des cas, ces gens-là arrivent très bien préparés, répondent à nos
questions de façon ouverte, de façon concise. Donc, je veux remercier tous les
ministères et organismes qui ont à venir auditionner devant nous, à la
commission, et c'est un travail de collaboration.
Le travail de la
commission, oui, c'est un travail qu'on dit, entre guillemets, de chien de
garde pour vraiment s'assurer d'une bonne
gestion, mais je dirais que notre travail est plus un travail d'amélioration.
Notre objectif, lorsqu'on rencontre
un ministère ou organisme, c'est d'améliorer la gestion des finances publiques,
c'est d'améliorer la prise de décision,
c'est d'améliorer la façon dont on va gérer l'argent de nos concitoyens, et ça,
on le voit dans une collégialité de dire :
Bien, notre commission est là pour vous amener sur des pistes de solution, vous
amener à faire peut-être des efforts supplémentaires. Mais, dans un but
d'améliorer notre gestion publique, on va pouvoir continuer, au bénéfice des
contribuables de chacune de nos
circonscriptions, à améliorer la façon dont on investit et dont on dépense
l'argent de nos Québécois, de nos contribuables.
Donc,
M. le Président, bien fier de ce 36e rapport, et soyez assuré qu'avec les
membres permanents de la commission,
avec le comité directeur, nous allons continuer à travailler de façon
extrêmement consciencieuse afin d'améliorer, session après session,
l'administration de nos ministères et de nos organismes du gouvernement du
Québec. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député de
Trois-Rivières. Alors, M. le député de La Peltrie, je vous cède la
parole. Votre formation politique dispose de 25 minutes.
M. Éric Caire
M.
Caire : Merci, M. le Président. Très heureux, moi aussi, de
prendre la parole aujourd'hui sur ce 36e rapport. Je commencerai peut-être, à l'inverse de mes
collègues, par le rapport lui-même, pour finir sur quelques commentaires
sur la Commission de l'administration publique.
Brefs
commentaires sur le rapport, parce que je dois dire que notre estimé président
et mon collègue le vice-président de la commission ont été assez
exhaustifs, mais je m'en voudrais de ne pas souligner quelques recommandations particulières auxquelles je tiens à joindre ma
voix. Le député de Jonquière, notre président, et le vice-président, député
de Trois-Rivières, l'ont souligné dans leurs
interventions, M. le Président, mais la recommandation 1.3 de ce rapport, elle
est extrêmement importante, à mon avis. Vous savez, M. le Président, j'ai eu
l'occasion de travailler avec trois vérificateurs généraux différents, Renaud Lachance, Michel
Samson et Mme Guylaine Leclerc, et, s'il y a un problème qui se manifeste
de façon récurrente au bureau du
Vérificateur général, c'est la difficulté à retenir les ressources. Le problème
de rétention, il est récurrent, et je
pense que les collègues vont être d'accord pour dire que, dans les dernières
années, il s'est peut-être accéléré un peu. Et notre président le
soulignait tout à l'heure, M. le Président, à quel point, pour cette
institution-là, l'expertise est vitale, et pas simplement l'expertise, M. le
Président, je dirais aussi la mémoire institutionnelle.
• (17 h 50) •
Évidemment,
quand des gens travaillent, des gens évidemment de grandes compétences,
travaillent depuis un certain temps dans une organisation, non seulement
la compétence est-elle au rendez-vous, mais ces gens-là ont la mémoire institutionnelle de l'organisation. Donc,
ils se souviennent des vérifications qui ont été faites; ils se souviennent des
dossiers qu'ils ont eu à gérer, et ça rend
l'institution d'autant plus efficace, et le travail du Vérificateur général,
nous en convenons tous, il est
essentiel pour le travail des parlementaires de l'Assemblée nationale. Donc,
cette recommandation, M. le
Président, devrait faire l'objet d'une attention particulière, et je joins ma
voix à celle de mes collègues pour demander évidemment au Bureau de
l'Assemblée nationale d'y porter cette attention particulière.
Autre
recommandation qui m'apparaît assez fondamentale, M. le Président, suite aux
deux derniers rapports de la Vérificatrice
générale sur le ministère des Transports, et le député de Trois-Rivières le
soulignait, il y a un plan d'action qui
a été déposé, mais, compte tenu du contexte et de l'historique du ministère des
Transports, de revoir cette organisation-là assez rapidement m'apparaît
une priorité pour la Commission de l'administration publique, parce qu'il y a
des organismes où les choses vont
relativement bien, je pense, dans les entités qui ont été vérifiées, pour
lesquelles le suivi peut être espacé,
là. On se rend compte que ça va bien puis je ne crois pas que la CAP doive
mobiliser ses ressources sur des
organisations qui vont bien. Ce n'est pas le cas du MTQ. Le ministre des
Transports a dit : Bon, on a mis huit chantiers en place. Je pense que la CAP a le devoir, compte
tenu du contexte et des travaux qui ont été faits par la Vérificatrice générale,
de faire un suivi très, très serré et dans
des délais très restreints, pour s'assurer, évidemment, que chacune de ces
étapes-là soit suivie et qu'on voie une progression rapide.
Tout
à l'heure, le député de Jonquière parlait de la culture, disait que c'est un
problème de culture. Effectivement, Mme
Leclerc, dans son rapport, a bien détaillé les différentes problématiques qu'on
rencontre au ministère des Transports, mais
je pense qu'il appartient au chien de garde de l'Assemblée nationale, la
Commission de l'administration publique, de s'assurer que les mesures qui ont été mises en place sont efficaces et
qu'elles le sont rapidement. Donc, une recommandation, je pense, qui
devra être suivie de façon particulière, M. le Président.
Le Centre de services partagés du
Québec, bon, on a fait la vérification. Je vois mon collègue de Trois-Rivières
sourire. Je ne peux pas m'empêcher, M. le
Président, de penser que cette organisation-là a un rôle qui est névralgique.
Et, quand on a auditionné l'organisation, M.
Jean en était le P.D.G.; maintenant, M. Jean a été appelé à d'autres fonctions,
a été remplacé. N'en demeure pas moins, M. le Président, que l'organisation,
depuis 10 ans, connaît des problèmes extrêmement
importants et n'avait pas de plan d'action à déposer, avait un plan de
restructuration générale, mais n'avait pas
de plan d'action, ce qui normalement est une obligation... bien, pas
normalement, c'est une obligation légale, mais, bon, les circonstances font en sorte que le CSPQ n'a pas déposé ce plan
d'action là. Donc, je pense qu'il sera important aussi pour la Commission de l'administration publique d'assurer un suivi
serré. Écoutez, il y a tellement d'argent, il y a tellement d'opérations
névralgiques pour le gouvernement qui sont de la responsabilité du CSPQ, je
pense que les recommandations que nous avons faites en ce sens-là devront être
suivies.
M. le Président,
compte tenu du temps qu'il reste avant la suspension des travaux, je voudrais
aussi faire mes commentaires sur la Commission de l'administration publique,
parce que c'est une commission qui est extrêmement importante pour l'Assemblée nationale et j'en veux pour preuve un
commentaire que la Vérificatrice générale nous a fait, pas à la dernière présentation, mais à
l'avant-dernière présentation, au mois de mars, premier rapport sur le MTQ, où
la vérificatrice, dans sa
présentation, nous a dit : Ce qu'on constate, c'est que les entités qui
font l'objet d'une vérification de la
VG et de recommandations de la VG, ces recommandations-là, dans un plus grand
pourcentage, vont être suivies et appliquées par les entités quand les
entités savent qu'elles devront venir rendre des comptes à la Commission de l'administration publique. Donc, on voit l'impact
de la CAP sur les organismes qui ont fait l'objet d'une vérification, pour
lesquels on a soulevé des problématiques,
pour lesquels la VG a fait des recommandations et qui savent qu'ils devront
rendre des comptes de cette application-là des recommandations ou non devant la
CAP.
La
Vérificatrice générale nous l'a dit : La différence, elle est marquée. Et
ça, ça nous dit quoi? Ça nous dit que le
travail que la CAP fait fonctionne, mes collègues l'ont dit. Il y a un travail
de collégialité, je pense qu'on peut s'en féliciter, mais il y a aussi
un travail de grande complicité avec la Vérificatrice générale.
Et, pour ses 20 ans, je pense que la CAP pourrait
s'offrir en cadeau une réflexion sur la façon dont elle pourrait faire
évoluer son rôle. La Commission de l'administration publique, M. le Président,
est une commission qui se veut non partisane
et dont l'objet est de s'assurer de l'efficacité et de l'efficience de nos administrations, de nos organisations. Ce
n'est pas rien que juste une question de savoir est-ce qu'on dépense bien les
deniers publics. Je pense qu'on peut aller plus loin et s'assurer est-ce
qu'on est vraiment
non seulement efficaces, mais est-ce qu'on est efficients. Est-ce que
c'est bien dépensé? Est-ce que
les organisations sont vraiment efficaces? Et de renforcer ces liens-là avec la Vérificatrice générale et les mandats que
la CAP pourrait se donner, je pense que c'est une réflexion qu'on pourrait
faire.
Et
on le voit, la vérificatrice nous l'a dit, si la CAP audite ces organisations-là, les organisations vont avoir tendance à être plus
rigoureuses dans le suivi des recommandations. Et mon collègue de Trois-Rivières,
tout à l'heure, le disait, et à juste titre : Ces organisations-là ont
aussi le réflexe de bien se préparer quand il est prévu qu'elles soient auditionnées par la CAP. Ce que ça veut dire, c'est
que les sous-ministres, les administrateurs publics qui seront
auditionnés par la CAP prennent ça au
sérieux, prennent la CAP au sérieux, parce
que je pense que le travail qui est
fait par la CAP est un travail qui est rigoureux, qui est sérieux et qui
a des conséquences aussi, M. le Président.
Et je pense qu'il
serait intéressant, comme je le disais tout à l'heure, pour les 20 ans de
la Commission de l'administration publique, qu'on ait cette réflexion-là. Est-ce
que l'Assemblée nationale pourrait accroître le rôle de la CAP? Est-ce que l'Assemblée
nationale pourrait élargir le mandat
de la CAP? Est-ce que l'Assemblée
nationale pourrait augmenter les pouvoirs de la CAP? Je sais, et mon collègue
d'Orford et moi avons eu une discussion sur ce sujet-là,
une divergence d'opinions, mais, quand on parle d'un pouvoir d'enquête,
bien, on sait que les pouvoirs d'enquête d'une commission sont reconnus dans la
constitution. Maintenant, comment pourraient-ils s'appliquer? Et là je ne parle
pas d'enquêteur au sens, là, avec une badge de police puis aller chercher...
mais simplement d'enquête dans le sens de la recherche
de la vérité, la recherche de l'efficacité, la recherche de l'efficience par le
travail qu'on fait. Et, au fond, qu'est-ce qu'on fait? On reçoit des administrateurs publics, on leur pose des
questions et on s'assure que le travail qui est fait est fait dans les
meilleurs intérêts de nos concitoyens. Ce n'est pas si distant que ça, M. le
Président, de ce qu'on peut appeler un travail d'enquête.
Ceci étant dit, M. le
Président, je voulais simplement attirer l'attention de l'Assemblée sur le fait
qu'on a une Commission de l'administration publique qui a un rôle important
déjà, actuellement, au moment où on se parle, qui fonctionne bien. C'est reconnu par la Vérificatrice générale.
Maintenant, est-ce qu'on est capables d'aller un peu plus loin dans ce
rôle-là? Je soulève la question.
Je
vais terminer, M. le Président, en remerciant effectivement l'ensemble du
personnel de la Vérificatrice générale, une complicité extraordinaire, des gens d'une grande compétence, dévoués
évidemment à leur travail, extrêmement efficaces et aussi, comme l'ont fait mes collègues, l'ensemble du personnel de la
commission, le service de recherche, qui fait un travail de moine, qui est toujours en soutien de notre travail, et avec
qui on a une belle complicité, et sans qui, évidemment, on serait
sourds, muets et aveugles. Donc, merci et félicitations à tous ces gens-là!
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, merci à vous, M.
le député de La Peltrie. Malheureusement, compte tenu de l'heure, M. le député de Mégantic, votre intervention va
devoir attendre après la suspension de nos travaux, à 19 h 30.
Donc, je suspends les
travaux de l'Assemblée jusqu'à 19 h 30.
(Suspension de la séance à
18 heures)
(Reprise à 19 h 31)
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, bonsoir à tous et toutes. Vous pouvez prendre place. Et nous
allons poursuivre le débat sur le rapport de la Commission de l'administration publique,
et je vais céder la parole à M. le député de Mégantic, tout en vous indiquant que votre formation
politique dispose d'un temps de parole de 30 minutes.
M. Ghislain Bolduc
M.
Bolduc : Merci, Mme la Présidente. Il me fait très plaisir ce soir de prendre la
parole dans le cadre du débat
sur le 36e rapport d'imputabilité de la Commission d'administration
publique. Comme membre de cette Commission d'administration
publique, Mme la Présidente, je suis très fier de suivre l'ensemble de nos
travaux et de vous donner une image de ce que je vois à l'intérieur de
cette commission-là.
Je voudrais
tout d'abord remercier l'ensemble de mes collègues, autant du gouvernement que des oppositions, avec
lesquels nous travaillons de façon très cohérente en politique et de façon
à maintenir un climat de travail intéressant
et productif. Je remercie aussi tout le
personnel, la Vérificatrice générale et son personnel aussi, parce que
l'ensemble de ces intervenants-là, avec lesquels nous travaillons sur une base
régulière, constituent vraiment un
noyau qui nous permet, finalement,
d'avoir, premièrement, les informations pertinentes, deuxièmement, les analyses
qui nous servent à voir les situations qui se déroulent dans les
différents ministères et organismes, et, troisièmement, nous disposons, grâce
aux personnes de la recherche et de
l'administration de la commission, d'information complémentaire qui nous aide à
pointer sur les différents éléments d'analyse et leur pertinence.
Donc, je
voudrais commencer mon débat en parlant, sur une base générale, finalement, des
critères d'appréciation de la performance sur lesquels la Commission de
l'administration publique se base. Donc, l'article 2 de la Loi sur
l'administration publique précise que le cadre de gestion doit concourir à une
reddition de comptes qui porte sur la performance
dans l'atteinte des résultats. Le Secrétariat du Conseil du trésor définit
ainsi la performance — et c'est un élément
important : «La performance désigne ici une intégration de plusieurs paramètres
propres à un ministère ou à un organisme. Être performant, c'est
s'acquitter de sa mission en atteignant les objectifs stratégiques et les
objectifs de qualité de services aux
citoyens, en utilisant de manière judicieuse les ressources, en maintenant un
climat de travail adéquat et en
offrant des produits et services de qualité dans le respect des lois et
règlements qui s'appliquent, tout en assurant la continuité des
opérations.»
Donc, en
s'inspirant de cette définition, Mme la Présidente, la Commission de
l'administration publique considère que,
pour être jugée performante, une organisation doit : réaliser les
activités qui couvrent l'ensemble de sa mission. Donc, l'organisation doit s'acquitter de sa mission. Les
activités et les ressources consacrées aux différents éléments de la mission
permettent d'apprécier dans quelle mesure l'ensemble de la mission est assumé.
Deuxièmement,
atteindre ses objectifs stratégiques. L'appréciation de la performance doit
prendre en considération l'atteinte des objectifs qui découlent de la
planification stratégique.
Troisièmement,
produire des services aux citoyens de qualité. L'une des finalités de la Loi
sur l'administration publique est
aussi de contribuer à l'amélioration de la qualité de services aux citoyens. La
performance à cet égard s'évalue donc
par le respect des engagements contenus dans la déclaration de services aux
citoyens. Elle peut aussi s'apprécier par les mesures de la satisfaction
de la clientèle et des partenaires et par les plaintes et leur traitement.
Quatrièmement,
exercer une gestion adéquate de ses ressources. L'article 2 de la Loi sur
l'administration publique établit également que le cadre de gestion
gouvernementale doit contribuer à une utilisation optimale des ressources
de l'administration gouvernementale. La
performance des organisations devrait être appréciée selon la qualité des
gestions des ressources humaines. Les
éléments à prendre en compte sont notamment la planification de l'effectif et
des compétences, la qualité du climat de travail, les efforts de
développement et la rétention du personnel. Il faut également évaluer la
capacité de gérer adéquatement les ressources financières confiées aux
organisations. Une utilisation judicieuse des ressources
devrait se refléter dans le respect du cadre budgétaire et dans l'évolution des
coûts de revient. La gestion des ressources
informationnelles doit aussi être mesurée. Dans ce cas, la performance de
l'organisation se manifeste dans sa gestion de ces principaux projets,
notamment dans le respect des budgets et des échéanciers.
Enfin, les résultats des travaux d'évaluation de
programmes ou de vérification d'optimisation des ressources apportent un
éclairage supplémentaire et plus approfondi sur l'ensemble de la gestion des
ressources.
L'évaluation
de la performance sous ces quatre critères n'est possible que si l'information
présentée dans le rapport annuel de
gestion est complète et rigoureuse. À
ce titre, et au-delà des exigences du Secrétariat
du Conseil du trésor, le rapport annuel de gestion doit contenir une information présentant les qualités suivantes : être cohérente avec les autres
documents, présenter les résultats
atteints et leur mise en contexte, révéler le degré de satisfaction de la clientèle, faire état
des correctifs ou des solutions de rechange et finalement expliquer les liens
entre les coûts, les activités, les produits et services et les résultats.
Donc, Mme la Présidente, ceci constitue le nerf de l'évaluation de la Commission
de l'administration publique en se
basant sur la Loi de l'administration
publique. On a ici vraiment
un ensemble de paramètres sur lequel nous travaillons dans l'analyse des rapports de la Vérificatrice générale et des rapports qui nous sont soumis par les sous-ministres et les dirigeants des ministères et organismes auxquels nous
faisons face.
Dans le
36e rapport, nous avons regardé en fait beaucoup de... en fait, neuf
différentes situations. Le chapitre 1 tenait sur l'audition sur la
gestion administrative et les engagements
financiers du Vérificateur général du Québec. Le chapitre 2 tient
compte de l'audition du Centre de services partagés concernant sa gestion
administrative, les contrats d'achats
regroupés en technologies de l'information et les acquisitions de biens et
services. Le chapitre 3 traite de l'audition du ministère des Transports, de la Mobilité
durable et de l'Électrification des transports en suivi de la
recommandation 8.4 du 34e rapport de la Commission de
l'administration publique, qui est donc un suivi. Le chapitre 4 était
l'audition de La Financière agricole du
Québec concernant les mesures d'évaluation de l'efficacité et de la
performance. Le chapitre 5 traitait
de l'audition du ministère de l'Économie, de la Science et de l'Innovation,
d'Investissement Québec portant sur l'aide
financière accordée à Premier Tech. Le chapitre 6 portait sur l'audition
portant sur les services correctionnels et la réinsertion sociale. Le chapitre 7 portait... l'audition
d'Hydro-Québec concernant le processus d'approvisionnement en travaux et en services spécialisés. Le
chapitre 8 portait sur l'audition sur la gestion administrative et sur les
engagements financiers de la
Commission municipale du Québec, et finalement le chapitre 9, examen sur
le rapport annuel de gestion des ministères et organismes publics en
vertu des dispositions de la Loi sur l'administration publique.
• (19 h 40) •
Donc, Mme la
Présidente, on a vu tout à l'heure les critères d'évaluation dans le cadre de la Loi de l'administration publique, l'ensemble des éléments principaux, et
voici les sujets sur lesquels nous avons travaillé durant la session d'hiver,
soit de janvier à mai 2017. Comme vous
le voyez, ça constitue quand même un ensemble d'informations extrêmement importantes. Il y a une très large complexité dans l'analyse de ces
documents quand on considère que, la plupart du temps, on traite de 20, 30, 40 pages de documentation à chaque fois et qu'il y a une série de paramètres. Et, pour moi, une
des questions fondamentales qu'il faut toujours se poser : Quelle
est la validité ou la précision de ces paramètres-là? Entre autres, est-ce qu'ils
sont vérifiables? Est-ce qu'ils sont mesurables ou on pourrait les répéter dans
leur analyse? Il y a là des questions vraiment fondamentales sur
lesquelles il faut se poser chaque fois... Et je vais passer en résumé relativement rapidement l'ensemble de ces
dossiers-là, juste pour se donner une idée sur le travail qui doit être
accompli, et finalement je
terminerai mon exposé en regardant l'ensemble des 22 recommandations qui
avaient été tirées de l'analyse des neuf analyses que nous avions faites.
Donc,
l'audition sur la gestion administrative
et les encadrements financiers du Vérificateur général, en fait, c'est
vraiment intéressant parce que, finalement, c'est le travail de la
vérificatrice, qui, elle, fait l'analyse des ministères et organismes, et il y a quand même des choses un peu
fascinantes là-dedans. Entre autres, on dit ici que 46 % des cibles sont
maintenant atteintes quant au rapport de son
plan stratégique, mais on n'a jamais atteint encore la cible de 70 %. Il y
a un processus évolutif ici qui se
développe et qui demande énormément d'énergie, et on voit que le processus est
en évolution, et nous avons vraiment à suivre ce dossier de près.
Dans le
cas des ressources humaines, il y a là une préoccupation parce qu'il y a
beaucoup de pression sur le personnel de
la vérificatrice pour être embauché dans les autres ministères et organismes
qui, eux, veulent se procurer du personnel d'audit de qualité et, comme ça, mieux se préparer dans la vérification
générale, etc. Donc, il y a là un défi pour la vérificatrice pour
s'assurer que leur personnel se maintient en poste.
Et elle nous
dit ici qu'il faut redoubler d'efforts du côté des directions de vérification
interne des ministères et organismes, ce qu'elle recommande aux
ministères et organismes, donc, ce qui lui met de la pression sur ses propres ressources. Donc, on a une espèce de défi ici qui
se porte entre les ministères et organismes et la Vérificatrice générale.
Donc, c'est quelque chose sur lequel il faut
faire attention parce que la formation d'auditeur performant demande quand
même des années de formation, demande quand
même une capacité d'analyse et une capacité à voir... souvent à regarder
entre les lignes ce qui se passe et de tirer des conclusions valides.
Donc, elle précise que ses ressources les plus
vulnérables sont les professionnels expérimentés, et, selon elle, la rémunération demeure non compétitive par
rapport à celle accordée par les sociétés d'État et les municipalités. Donc,
vous voyez qu'on a des défis à l'interne, et
il va falloir travailler sur ce genre de dossier là pour nous permettre de
pouvoir protéger le personnel qui
nous est critique et qui, pour l'administration publique, constitue finalement la base de nos analyses.
Ensuite, nous
allons passer à l'audition du Centre
de services partagés concernant sa gestion administrative, les achats
regroupés en technologies de l'information et les acquisitions de biens et
services. Là, ici, on retrouve un autre type de débat et on est toujours en
conflit, en fait, entre des demandes de service avec soumission ou des contrats
de gré à gré. Et un des défis, en fait, est
lié avec le travail qui se poursuit en séquences à partir d'événements de
développement. Et, si on ne fait pas
le... on ne maintient pas les mêmes fournisseurs, bien, il y a une qualité
d'information qui est perdue et un
travail qui doit être dédoublé. Donc, il y a ici un compromis qui doit être bien
fait pour s'assurer qu'on ne dépense pas
trop d'argent pour refaire des boucles de travail à répétition et, de l'autre
côté, de donner des contrats de gré à gré qui ne satisfassent jamais vraiment sur le plan du coût. Parce que est-ce
qu'on a vraiment le coût minimal pour l'acquisition de services à
l'intérieur de ça?
Les activités
de continuité en ressources informationnelles au Centre de services partagés
s'élèvent à 344 millions en 2015-2016. Donc, il y a quand même là
des sommes considérables, et il faut y mettre beaucoup d'attention.
On relève une
série de paramètres... ou de situations dans lesquelles il y a parfois des
évaluations un peu compliquées quant
à l'appel d'offres et la valeur des prix payés, entre autres on nous relève le
cas d'un produit qui a été acheté — il y a des soumissions — qu'on pouvait acheter dans un magasin ici,
en ville, à moindre coût. Donc, comment on arrive avec ce genre de situation là est souvent basé ou reflété sur
le contrat ou les critères qui ont été mis dans le devis d'achat.
Aussi, on
trouve que, dans le plan d'action, il y avait 12 recommandations qui
avaient été faites, et on avait tiré l'ensemble
de ces recommandations-là sur le dossier, puis on a divisé ça en
20 recommandations qui couvraient deux axes : 11 portaient sur
les processus d'acquisition et neuf, sur la gouvernance en matière
d'acquisition.
Donc, ça, ça
représente un des éléments importants, parce que le service partagé, comme vous
le savez, Mme la Présidente, donne
des milliers de contrats par année, et il est très important qu'on fasse un
suivi au Centre de services partagés du Québec. Et ils ont fait un plan
stratégique de 2015 à 2018, ainsi le centre s'engage à bonifier sa reddition
de comptes. Donc, il y a quelque chose ici
d'important. Et le directeur mène des travaux en matière de gestion
contractuelle et
rappelle que certains documents nous seront fournis dans le futur.
L'introduction de mécanismes aussi, de nouveaux mécanismes suite à
l'audit permettra de resserrer la gestion contractuelle.
Donc,
on a aussi les calculs, ici, où on regardait les milliers de contrats, et je
vous donne un exemple. Les députés, on
a abordé la question des économies générées par les opérations du centre, et
ils notent qu'après une décennie, on
nous dit qu'elles sont de l'ordre de
1,2 milliard de dollars par année. Donc, ça représente des
sommes extrêmement considérables, et nous avons demandé au président-directeur
général de nous expliquer comment ce
calcul a été établi, et c'est devenu très
obscur, en fait, dans la démonstration
ou la mesure du vérifiable de ces données-là, et il va falloir avoir des
données complémentaires pour valider,
en fait, comment le calcul des ressources ou des économies financières s'est
établi dans le temps. Comme vous
voyez, on a deux chapitres de fait puis on se retrouve avec des paramètres qui
ne sont pas toujours très clairs.
Il
faut aussi dire que le Centre de services partagés est le troisième plus grand
donneur d'ouvrage de l'appareil gouvernemental et le premier en
technologies de l'information. Et un exercice de révision avait révélé
11 risques organisationnels. Donc, il y
avait aussi beaucoup de contrats, en fait tous les contrats au-delà de
1 million de dollars avaient été
vérifiés par le Comité de vigie contractuelle, et, en collaboration avec
l'Unité permanente anticorruption, le centre avait entrepris une démarche d'évaluation de ses propres risques pour
permettre de corriger des défaillances et des faiblesses du système. Donc, les députés voulaient savoir
comment on assurait la sécurité des systèmes informatiques, et ensuite
on a demandé... On a suivi les
recommandations de la Vérificatrice générale, et l'organisme avait adopté, en
décembre 2016, un processus de référence en gestion contractuelle
qui comportait 10 étapes à suivre de la définition du besoin à la fermeture du contrat. Et on a identifié des
nouveaux indicateurs. Le processus comprenait 50 indicateurs, qui seront
mis en oeuvre progressivement. Donc, ça vous donne une mesure de la
complexité de ce genre de document là.
• (19 h 50) •
On
va passer... En fait, le centre aussi donne plus de 2 000 contrats
par année. Donc, encore là, un autre niveau de complexité, et le centre
investit 1,2 % de sa masse salariale en formation.
Maintenant,
nous allons passer à l'audition du ministère des Transports, de la Mobilité
durable et de l'Électrification des
transports. Comme vous le savez, Mme la Présidente, il y a eu énormément de
débats sur cet enjeu dans les deux dernières années, et, après une multitude d'audits... en fait nous avons,
dernièrement, fait un troisième audit qui nous a permis de prendre la situation d'un enjeu complexe et de
progressivement l'amener à une situation où une série de paramètres ont été
évalués. Le ministère a dû faire des
réorganisations. Le sous-ministre en titre a été remplacé, et il y a eu des
changements majeurs dans la
réorganisation. Et nous avons, avec cet audit-là, rencontré le nouveau
sous-ministre, qui nous a démontré son nouveau plan d'affaires. Parce
que le ministère des Transports constitue sans nul doute le plus gros donneur d'ouvrage au Québec. Et, à titre d'exemple, le
ministère avait reçu... en 2015-2016, il avait reçu 8 814 plaintes, comparativement à 6 144 en 2012-2013. Au
31 décembre 2016, 6 172 personnes étaient en poste, et une
hausse de 51,4 % du nombre
d'ingénieurs depuis 2011-2012 est observable. La raison pour laquelle je
mentionne ce chiffre, Mme la Présidente,
c'est parce que, comme vous l'avez vu à l'intérieur de l'Assemblée dans les
dernières semaines, il y a eu des enjeux
considérables, justement, sur le nombre d'ingénieurs que nous avions engagés.
Donc, vous avez ici la donnée réelle : depuis 2011-2012, au
31 mars 2016, il y avait eu une croissance de 51,4 % du nombre
d'ingénieurs. Donc, un chiffre à se rappeler.
Donc,
le plan de transformation du ministère des Transports avec le nouveau
sous-ministre précise trois axes de transformation triennale qui vont
permettre, nous l'espérons, d'amener le ministère des Transports à un autre
niveau de contrôle et de performance dans le temps, performance et
développement que nous allons suivre de près.
Le sous-ministre nous rappelle que 75 % des
employés du ministère se trouvent dans les directions territoriales, ce qui complexifie grandement la gestion
organisationnelle, parce que l'ensemble du personnel est distribué dans toutes
les régions du Québec et constitue
des ministructures avec leurs différences régionales et leurs propres appareils
d'opération.
Donc,
les membres de la Commission de l'administration sont très conscients du
bouleversement qui a été causé au
ministère des Transports par les conclusions de l'audit qui avait été tenu en
mai 2016. Mais le nouveau sous-ministre est prêt à relever le défi
de la réorganisation et il s'appuie sur les forces du ministère pour les faire
évoluer.
Malheureusement,
Mme la Présidente, je réalise que je vais manquer de temps dans mon
élaboration. Mon élan n'est pas assez
fort pour procéder rapidement. Je vais essayer de procéder un peu plus
rapidement. Le prochain organisme que nous avons rencontré est
La Financière agricole. Je dois dire que c'est un organisme qui faisait
belle figure quant à la gouvernance, quant au plan stratégique, quant à la
gestion du personnel et la gestion des budgets. Il représente un organisme qui avait vraiment une belle structure
et qui semblait avoir mis les éléments d'opération en contrôle. Chacun des 10 objectifs stratégiques sont jaugés par
au moins un indicateur d'effets-impacts. Et La Financière semblait vraiment
suivre de très près les variables et
paramètres d'assurance récolte sur lesquels, finalement, les déboursés qui sont
nécessaires pour compenser les agriculteurs dans leur performance sont
mesurés et suivis de près.
Donc,
La Financière agricole du Québec porte essentiellement sur l'information
transmise au conseil d'administration, les
indicateurs de tableau de bord, les cibles et les résultats, l'étalonnage et le
rapport du Groupe de travail sur la sécurité de revenu en agriculture au Québec. Les membres de la commission
remarquent que La Financière agricole avait mis en place dans le
passé 218 indicateurs de suivi de la performance. Tout un défi, madame,
juste de suivre l'ensemble de ces indicateurs-là. Et ce nombre a été diminué considérablement dans les années
subséquentes parce que le conseil recevait beaucoup trop d'information et beaucoup trop de détails de gestion, ce
qui rendait la tâche du conseil d'administration très difficile.
Donc,
encore ici, vous pouvez noter un des objectifs : quand la Commission de
l'administration publique, qui écoute les
audits et qui reçoit les rapports du Vérificateur général, doit prendre ce
genre de paramètre, l'analyser et de
faire des recommandations pertinentes pour aider l'organisme à se
développer, ça représente parfois un défi.
Ici, on nous disait aussi que plusieurs des
résultats atteignaient et même excédaient les cibles. Donc, il faut aussi se
poser la question : Est-ce
que les cibles étaient réalistes ou
un peu trop faciles? Donc, il y avait ici des questions à se poser à un autre niveau.
Dans le cas de ressources humaines, l'atteinte des
cibles dépendait aussi de l'âge des employés, et La Financière doit définitivement garder des sommes
considérables en réserve, et ce qui fait qu'elle a des états financiers
relativement différents des autres organismes, parce que la couverture
d'assurance qui est demandée doit toujours être, si on veut, en main, pour
pouvoir fournir le personnel.
Donc, je vais
passer à la prochaine, et la prochaine est l'audition du ministère de
l'Économie, de la Science et de l'Innovation,
qui portait sur l'aide financière accordée à Premier Tech. Je vais passer
rapidement parce que, ce dossier-là, je pense qu'il a été expliqué très
largement, et ce que nous avons vérifié, c'est s'assurer que les informations
qui avaient été là-dedans et ce qui s'était passé étaient clairs. Il y avait
eu, fondamentalement, une erreur dans l'évaluation des rendements quant au personnel qui était relié à l'investissement, et
c'était peut-être un des points majeurs, et on s'est assurés que, dans
les recommandations, ce type d'événement là ne se reproduirait pas.
Je vais
passer ensuite au prochain élément, qui était l'audition sur les services
correctionnels et la réinsertion sociale. Celui-là avait des
particularités vraiment intéressantes, parce que, fondamentalement, il y a deux
paramètres ici, Mme la Présidente, que je voudrais souligner, qui en faisaient
un cas un peu unique. En fait, dans le cas des services correctionnels, un des paramètres curieux, je dirais, c'était que près
de la moitié des prisonniers qui étaient éligibles à la libération conditionnelle refusaient leur
libération conditionnelle. Donc, on a définitivement posé beaucoup de questions
là-dessus : Pourquoi? Comment ça se passe, etc.?
Et le deuxième paramètre était la gestion des
dossiers des prisonniers, parce que les services correctionnels déménageaient 30 000 prisonniers d'une
prison à l'autre. On se demandait comment les dossiers des prisonniers suivaient
l'ensemble des paramètres, et il y avait des
particularités suffisamment intéressantes. Et, de plus, cet organisme-là était
aussi en train de construire des structures
informatiques pour gérer les dossiers du personnel, et il y avait plusieurs
questions quant à la formation de ces paramètres-là. Donc, ça, c'était
le dossier des services correctionnels.
Donc, après
on s'en va vers l'audition d'Hydro-Québec, qui concernait les processus
d'approvisionnement, une autre
entreprise, une autre organisation qui, elle, est aussi un donneur de travail
très important. Elle a donné, l'an dernier... En fait, les données relevaient de... Elle a effectué des achats de
3 milliards de dollars en 2014-2015, et ça en fait un acteur économique et un donneur d'ouvrage de premier
plan. Il y avait eu pour 1 410 000 $ de travaux qui avaient été
donnés dans les contrats de construction et de réfection de barrage
et de ligne. Et il y avait pour 359 millions de dollars de services
spécialisés.
Donc, ici,
les principaux constats qu'on a eus, c'était l'approvisionnement stratégique qui
avait des dossiers qui étaient analysés et qui pouvaient faire l'objet
de regroupements, mais c'était toujours difficile d'évaluer ça parce qu'il y a des travaux qui sont faits dans toutes
les régions du Québec. Et, si je donne un exemple, il est très difficile, par
exemple, de regrouper des contrats dans Lanaudière avec des services sur la
Côte-Nord et des choses de ce genre-là. Et
il y avait quand même une variabilité au niveau des écarts qui étaient observés
entre le coût d'acquisition et la plus basse
soumission estimée. Donc, il y avait une série de paramètres, là aussi, où on
travaillait pour corriger la situation, pour essayer de bien comprendre
et d'améliorer l'opération et la gestion des services et des biens
d'Hydro-Québec.
Malheureusement,
Mme la Présidente, je réalise que je n'aurai pas le temps de passer à travers
mes 22 recommandations. J'aurais
dû figurer un temps beaucoup plus considérable pour l'analyse de ces
dossiers-là. Donc, on avait aussi... je vais passer très rapidement. Il
me reste combien de temps, Mme la Présidente?
• (20 heures) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Vous avez terminé, M. le
député de Mégantic. Toutefois, toutefois, est-ce qu'il y aura des
interventions...
Une voix : ...
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Oui, un instant! Alors,
toutefois, y aura-t-il des interventions du côté du deuxième groupe
d'opposition?
Une voix : ...
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Sur le même sujet. Non. Alors,
il reste un temps de parole de 16 min 20 s qui pourrait
vous être octroyé pour poursuivre votre intervention.
Des voix : ...
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, il n'y aura pas d'autre
intervention. Alors, cela met fin au débat sur le rapport de la
Commission de l'administration publique.
Pour la suite des choses, M. le leader adjoint
du gouvernement.
M. Tanguay : Oui. Je
vous prierais d'appeler l'article 2, s'il vous plaît.
Prise en considération
du rapport de la commission qui a procédé
à l'examen des orientations, des activités et de la gestion
administrative de la Régie du bâtiment du Québec
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, à l'article 2 du
feuilleton, l'Assemblée prend en considération le rapport de la Commission de l'économie et du travail qui, le
16 février 2017, a procédé à l'examen des orientations des activités et de la
gestion administrative de la Régie du bâtiment du Québec. Ce rapport, qui a été
déposé de 14 juin 2017, contient une recommandation.
Je
vous rappelle que, conformément aux dispositions de l'article 95 du
règlement, la prise en considération du rapport donne lieu à un débat restreint d'au plus deux heures et
qu'aucun amendement n'est recevable. Je vous rappelle également qu'en
vertu du deuxième alinéa de l'article 95, ce débat n'entraîne aucune
décision de l'Assemblée.
Et,
conformément à de qui a été énoncé par la présidence, la répartition des temps
de parole dans le cadre de ce débat
s'effectuera comme suit : 55 minutes sont allouées au groupe
parlementaire formant le gouvernement; 32 min 5 s sont
allouées au groupe parlementaire formant l'opposition officielle;
22 min 55 s sont allouées au deuxième groupe d'opposition; 10 minutes sont allouées aux
députés indépendants; six minutes sont réservées aux trois députés de Québec
solidaire; et la présidence répartira le
reste de cette enveloppe de temps entre les députés de Groulx, de Vachon et de
Gaspé selon le nombre de députés qui
se seront manifestés et sous réserve d'un maximum de deux minutes chacun. Dans
ce cadre, le temps non utilisé par
les députés indépendants ou par l'un des groupes parlementaires sera
redistribué entre les groupes parlementaires selon les proportions
établies précédemment.
Et
enfin les interventions ne seront soumises à aucune limite de temps. Et je suis
prête à céder la parole au premier intervenant, et il s'agit de M. le
député de Champlain.
M. Pierre Michel Auger
M. Auger :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Donc, c'est avec plaisir que j'interviens ce
soir sur le rapport de la Commission de l'économie et du travail concernant
l'examen des orientations, des activités et de la gestion administrative de la Régie du bâtiment du Québec
et audition du Regroupement des activistes pour l'inclusion au Québec.
D'entrée de jeu, Mme
la Présidente, j'aimerais souligner le travail en commission des membres et de
tous les députés qui ont participé. Ça s'est
fait de façon très collaborative, des échanges dans le respect, des échanges
positifs, bien sûr, la présidente, la députée de Duplessis, Mmes les
députées de Fabre et de Charlevoix—Côte-de-Beaupré, MM. les députés de Saint-Jérôme, Jean-Lesage, Trois-Rivières,
Saint-François, Beauharnois, Laval-des-Rapides, Richelieu, Drummond—Bois-Francs,
Argenteuil, Groulx, Sanguinet et Saint-Jean.
J'aimerais également,
Mme la Présidente, souligner d'importants collaborateurs également pour leur
travail acharné au cours de cet exercice,
soit la secrétaire de la commission, Mme Laplante, au niveau de la
recherche, M. Jules Racine St-Jacques et, bien sûr, David Boucher
pour la recherche et l'écriture du rapport.
Petit
rappel concernant, en fait, le mandat. Le 7 juin 2016, la Commission de
l'économie et du travail se saisissait de deux mandats de sa propre initiative.
Ils avaient pour objet de faire, premièrement, l'examen des orientations,
des activités et de la gestion
administrative de la Régie du bâtiment du Québec et de procéder à l'audition,
au préalable, du Regroupement des activistes pour l'inclusion au Québec.
Ainsi,
M. Stéphane Labrie, P.D.G., donc, président-directeur général de la Régie
du bâtiment, a été entendu lors d'une
audition publique, le 16 février 2017. Son audition a été précédée de celle
de représentants d'organismes de défense des droits des personnes à capacité physique restreinte, soit
Mme Linda Gauthier et M. Steven Laperrière, respectivement
présidente et vice-président du Regroupement des activistes pour l'inclusion au
Québec, donc le RAPLIQ, M. Olivier
Collomb-D'Eyrames — j'espère
que je prononce correctement son nom — directeur général du Regroupement des
organismes de personnes handicapées de la région 03,
M. Charles-Olivier Mercier, directeur général de la Société de développement commercial de l'avenue du Mont-Royal
et secrétaire-trésorier de l'Association des sociétés de développement
commercial de Montréal, M. André Leclerc, P.D.G. de Kéroul, Michel Trudel,
conseiller à ce même organisme de promotion de tourisme et de culture
inclusifs. Ces intervenants s'exprimaient au nom du Regroupement en faveur de
l'accessibilité des établissements commerciaux et d'affaires du Québec.
Rappelons
que ce fut deux auditions qui se sont succédé, mais avec des sujets assez
distincts d'une à l'autre. Je vais, moi, dans mon cas, Mme la
Présidente, m'arrêter à l'audition de la Régie du bâtiment du Québec. Vous
savez, Mme la Présidente, que pour moi, c'est toujours un plaisir de reparler
de la Régie du bâtiment.
Donc,
le P.D.G., M. Labrie, P.D.G. de la Régie du bâtiment du Québec, fait un
bref historique sur la Loi sur le bâtiment afin de mettre en perspective
les activités de l'organisme et sa mission. Celles-ci consistent principalement
à assurer la qualité des travaux de
construction et la sécurité des personnes qui accèdent à un bâtiment ou à une
installation qui est assujettie.
En
passant, Mme la Présidente, lorsqu'on parle de la Régie du bâtiment, bien
souvent, les gens pensent que tous les bâtiments
sur le territoire du Québec sont assujettis, mais ce n'est pas le cas. Donc, je
vais apporter un peu d'information pour
nous-mêmes et pour les personnes qui nous regardent ou qui nous écoutent. Donc,
les bâtiments assujettis, tout ce qui
est la santé, l'éducation, les édifices publics ne sont pas assujettis. Tout ce
qui est agricole n'est pas assujetti à la Régie du bâtiment. Et, lorsqu'on
parle des... les bâtiments de quatre étages et plus sont assujettis, les trois
étages et moins, ça dépend... c'est sous la responsabilité, pardon, de la
municipalité ou des municipalités.
La
Régie du bâtiment, donc, je rappelle, c'est de s'assurer de la qualité des
travaux de construction et la sécurité des personnes qui fréquentent des
bâtiments ou encore des équipements, et ce, dans 10 domaines d'intervention,
Mme la Présidente, donc en bâtiment, en électricité, en plomberie, en gaz, en
équipement pétrolier, en appareil sous pression,
appareil d'élévateur, ascenseur, remontée mécanique, jeux et manèges et lieux
de baignade. Et les activités de la Régie du bâtiment sont dans quatre secteurs
d'activité : premièrement, la réglementation, donc élaboration et mise
à jour de la réglementation contenue
notamment dans le Code de construction et du Code de sécurité adapté en
fonction de la Loi du bâtiment. Donc,
vous avez la Loi du bâtiment. Découlent de ça, deux codes : le Code de
sécurité et le Code de construction. Lorsqu'on
parle du Code de sécurité, c'est qu'on s'adresse aux bâtiments qui sont
existants et, lorsqu'on parle du Code de construction, on s'adresse aux
bâtiments neufs ou en voie d'être construits.
Deuxième grand secteur
d'activité, la qualification professionnelle des entrepreneurs de construction
ou des constructeurs propriétaires. On évalue les compétences, la probité des
candidats et on délivre également les licences appropriées, dépendamment des différents secteurs d'activité. La
surveillance, donc les inspections, les vérifications, les enquêtes des
entrepreneurs. Les garanties financières, donc le quatrième grand secteur
d'activité : protection des acheteurs de maisons neuves en encadrant l'administration du plan de garantie des
bâtiments résidentiels neufs et par le cautionnement des licences pour
les travaux effectués par un entrepreneur licencié.
• (20 h 10) •
La RBQ, par contre, ne travaille pas seule. En
effet, la qualité des travaux et la sécurité du public sont des responsabilités
partagées avec les entrepreneurs, les propriétaires de bâtiments assujettis,
les ordres professionnels du domaine du bâtiment ainsi que les différentes municipalités
du Québec.
Donc, les
échanges qu'il y a eu entre la Régie du bâtiment et les membres de la
commission lors de l'audition... En
fait, plusieurs sujets ont été abordés lors de la période d'échange. Il fut
notamment question des résultats de la Régie à l'égard de ses
orientations stratégiques, de ses activités, de l'accessibilité des bâtiments,
du service à la clientèle et de l'entretien
des ascenseurs. Donc, il y a eu des questions sur le Code de sécurité — je rappelle que le Code de sécurité, c'est en fonction des bâtiments existants, oui,
exactement — sur la
surveillance de l'industrie de la construction, donc lorsqu'on parle des enquêtes, des inspections;
programme de garantie; l'accessibilité, j'y reviendrai un petit peu plus tard;
sur le service à la clientèle, mais deux secteurs spécifiques, soit la capacité
téléphonique du service à la clientèle; la délivrance
des licences; et sur l'entretien des ascenseurs. Et ça aussi, j'y reviendrai
parce qu'on avait une interrogation. Un
de mes collègues avait une interrogation, avait des doléances sur la rareté
relative des entreprises spécialisées dans l'entretien d'ascenseur et la
pénurie d'effectifs dans ce secteur de l'industrie.
J'aimerais
également faire une distinction lorsqu'on parle de la CCQ et de la RBQ, donc la
CCQ, la Commission de la construction du Québec, et la RBQ, la Régie du
bâtiment. La Régie du bâtiment délivre des licences pour les entrepreneurs. La
CCQ, c'est : on certifie des employés qui vont éventuellement travailler
pour des entrepreneurs en construction.
Donc, j'ai
dit que je reviendrais, premièrement, sur l'accessibilité des bâtiments et sur
le rôle de la RBQ en matière d'ascenseur
et d'autres appareils de levage. Concernant l'accessibilité des bâtiments, bien
sûr, le gouvernement est très sensible
à la question de l'accessibilité des personnes handicapées ou encore à capacité
restreinte. Bien que, dans le dernier budget,
on a un programme qui a été annoncé de 8 millions de dollars, justement,
pour permettre à des propriétaires de commerce
de pouvoir rendre accessible leur commerce, il y a également autre chose qui se
fait en parallèle à tout ça. La ministre
du Travail, bien sûr, toujours travaille étroitement avec Kéroul, toujours avec
l'APCHQ, il y a
des rencontres, il y a de la collaboration qui se fait.
Il y a également
une réglementation, au Québec, qui prévoit des normes d'accès pour les édifices
publics construits avant 1976.
Rappelons également que le Québec s'est doté, en décembre 2004, de la Loi assurant
l'exercice des droits des personnes
handicapées en vue de leur intégration scolaire, professionnelle et sociale,
et, toujours en lien avec cette loi, on se penche sur une nouvelle réglementation qui
viendrait obliger les propriétaires d'édifices publics construits avant 1976
à assurer eux aussi un meilleur accès pour les personnes à mobilité restreinte.
Il faut comprendre que c'est complexe. Ce sont
des longs travaux. Ça prend un certain temps pour réaliser les modifications législatives. Et il y a beaucoup
de consultations à faire, bien sûr, d'intervenants, que ce soient les ministères, les organismes, les municipalités. Et, au Québec,
c'est un parc immobilier qui a des particularités, notamment
lorsqu'on parle de patrimoine. Donc, c'est plus compliqué qu'on peut,
là, penser de faire des modifications.
Troisièmement, la RBQ travaille toujours sur une réforme de la Loi sur le bâtiment. Donc,
le but, c'est d'avoir un plus grand
nombre de bâtiments qui, désormais, assurent un meilleur accès aux personnes à
mobilité réduite, par exemple, les
plus petits commerces 300 mètres carrés et moins. Finalement,
l'accessibilité est une responsabilité qui doit être partagée par l'ensemble de
la société, et les propriétaires d'immeubles sont également responsables de
faire en sorte de rendre accessibles leurs commerces au Québec.
Au niveau du rôle de la RBQ en matière
d'ascenseurs et d'autres appareils élévateurs, premièrement, la responsabilité
des entrepreneurs, constructeurs et des propriétaires, évidemment, ça relève de
ceux qui exécutent les travaux et ceux qui
ont conçu les travaux. Ils ont la responsabilité de se conformer aux deux codes, donc ce qu'on
appelle le Code de sécurité et le Code de construction, bâtiments existants
et les bâtiments neufs.
Ensuite, je
crois qu'il est important à rappeler qu'en matière d'inspection la RBQ, dans
tous ses domaines, j'ai parlé
de 10 domaines d'intervention, tout à
l'heure, qu'elle couvre, est
basée sur la responsabilisation des intervenants
et en fonction de la gestion du risque.
Donc, je crois qu'il est important qu'en matière... pardon. Pour les
ascenseurs, les entrepreneurs doivent notamment, premièrement,
construire les ascenseurs en fonction du Code de construction, effectuer des essais et vérifications avant la
mise au service selon les prescriptions du Code de construction, déclarer tous
les travaux à la Régie du bâtiment du Québec. Les déclarations des travaux à la
régie sont des éléments essentiels dans le cadre de la gestion du risque
pour les inspections de la régie.
Quant aux
propriétaires, ceux-ci doivent assurer l'entretien de leurs appareils
conformément aux prescriptions du
Code de sécurité ou de la norme. D'ailleurs, la Régie du bâtiment a un guide
accessible pour faire en sorte d'aider les propriétaires de bâtiments ou
les gestionnaires d'immeubles.
Quelles sont
les principales exigences du Code de sécurité lorsqu'on parle d'ascenseurs ou
d'appareils de levage? Premièrement,
le propriétaire de l'immeuble doit avoir un programme d'entretien adapté qui
doit être établi pour chacun des
appareils parce que chacun les appareils n'ont pas nécessairement la même
fonction. Donc, on doit avoir un programme d'entretien pour chacun des
appareils. L'appareil doit être utilisé aux fins pour lesquelles il a été
conçu. Si c'est un monte-charge, il doit
être utilisé pour un monte-charge et non pas pour des personnes à capacités
restreintes. L'appareil doit être maintenu en bon état de fonctionnement et de sécurité. Les
correctifs nécessaires doivent être apportés à un appareil dès l'apparition de conditions de fonctionnement
dangereuses, et un registre des renseignements concernant l'entretien de
l'appareil ainsi que les schémas électriques, à jour, doit être conservé dans
un local spécifique.
J'apporte ces informations-là parce que, lors
des séances de travail, il y avait des interrogations que l'on avait par rapport aux ascenseurs, aux appareils de
levage, et je veux venir ici faire en sorte que mon collègue puisse être
rassuré, de rassurer la population de
l'importance que l'on accorde, à la Régie du bâtiment, en fonction des
appareils de levage et des ascenseurs. Bien entendu, le propriétaire
doit confier l'entretien de ses appareils à un entrepreneur spécialisé qui
possède la licence requise pour effectuer les travaux.
J'ai un collègue qui avait demandé de l'information
à la Régie du bâtiment pour faire un lien entre le nombre d'entrepreneurs spécialisés dans le temps versus
le nombre d'appareils de levage, qui, selon lui, avait augmenté dans le temps.
Donc, j'ai fait une petite recherche dans
le temps. Donc, lorsqu'on parle d'entrepreneurs pour les ascenseurs et autres appareils élévateurs, il y a trois
sous-catégories, donc la 14.1, 14.2 et la 14.3. 14.1, entrepreneur en ascenseurs
et monte-charges, 14.2, entrepreneur en appareils élévateurs pour
personnes handicapées, 14.3, entrepreneur en autres types d'appareils
élévateurs. Donc, vous pouvez avoir la catégorie 14.1, 14.2 et 14.3, vous
pouvez avoir également la 14.1, 14.2, etc.
Donc, il
y a, au Québec — j'ai un
recensement — entre
2010 et 2016... Donc, en 2009‑2010, il y avait 390 entrepreneurs spécialisés au Québec et, en 2016, il y en avait
1 113. Donc, entre 2010 et 2016, il y a une augmentation de
700 entrepreneurs pour une
augmentation de 275 % du nombre d'entrepreneurs spécialisés dans le
domaine. En comparatif à ça, versus le nombre
d'ascenseurs, au Québec, répertoriés entre 2009 et 2017, donc, en 2009, on
avait 24 249 ascenseurs ou appareils de levage et, en 2017, 33 313. Donc, entre 2009 et 2017, il y a eu
une augmentation d'à peu près 7 100 équipements, donc pour une
augmentation de 37 %. Donc, je tiens à rassurer mon collègue qu'il y a eu
une augmentation de 37 % des appareils,
contrairement à une augmentation de 275 % des entrepreneurs spécialisés
dans le domaine des appareils de levage et des ascenseurs.
Je reviens
aux recommandations du rapport. Donc, les membres semblaient très satisfaits
des interventions, que ce soit par la Régie du bâtiment, également par
la RAPLIQ, mais, en ce qui me concerne, c'est au niveau de la Régie du bâtiment. Ce qui était demandé, en fait, c'est
qu'on ait un portrait pour l'ensemble du Québec en ce qui concerne tous les appareils... pas les appareils, mais
l'accessibilité aux différents commerces de détail pour l'ensemble de la
province. Donc, meilleur étant le
portrait, on peut se faire un bilan, de prendre des décisions éventuelles en
fonction de la situation concrète.
Donc, les
recommandations de la commission sont, premièrement, que l'Office des personnes
handicapées du Québec dresse le portrait de l'accessibilité aux
commerces de proximité au Québec et qu'il cerne les principaux défis à relever;
que l'Office des personnes handicapées du Québec soit appuyé par toutes les
organisations détentrices de renseignements
à ce sujet, et je pense qu'il y en a plusieurs sur lesquelles il pourra
compter. Donc, on peut penser à la Commission
des droits de la personne et des droits de la jeunesse. Il y a également les
municipalités qui peuvent venir en
aide, l'association de défense de personnes à capacité physique restreinte, et
les gens d'affaires et de... propriétaires, la Régie du bâtiment, bien sûr, il peut y avoir la FADOQ. Donc, il y a une
multitude d'organismes qui peuvent venir en aide afin que l'OHPQ puisse remplir son mandat de dresser un bilan complet
pour l'ensemble du Québec. Troisième recommandation : que l'Office des personnes handicapées du Québec
fasse rapport à ce sujet à la Commission de l'économie et du travail avant le 1er février 2018, et, bien sûr, par la
suite, que la Commission de l'économie et du travail étudie ce rapport. Merci,
Mme la Présidente.
• (20 h 20) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie, M. le député de Champlain. Maintenant, je
suis prête à reconnaître le prochain intervenant, et ce sera M. le
député de Saint-Jérôme.
M. Marc Bourcier
M. Bourcier : Alors, bonsoir,
Mme la Présidente. Je voudrais premièrement souhaiter la bienvenue à tous les
collègues qui sont ici présents ce soir. Je ne veux pas scooper M. le député de
Champlain, mais, pour les salutations multiples, si je vous oublie par mégarde,
alors considérez-vous comme personnellement salués.
Le
16 février dernier, la Commission de l'économie et du travail a procédé,
donc, à l'audition du RAPLIQ et de la RBQ. Je tiens à remercier toutes
les personnes qui ont pris part à cet exercice, qui ont pris de leur temps pour
nous sensibiliser aux problématiques au
niveau de l'accessibilité rencontrées par les personnes ayant une mobilité
réduite. En ce qui concerne le
domaine du bâtiment, le RAPLIQ est venu nous faire part de ses préoccupations
face aux problèmes d'accès des
personnes en situation de handicap dans les lieux publics. La RBQ est aussi
venue faire un acte de présence, et
on constate que ce problème d'accès ira en s'amplifiant avec le vieillissement
de la population. Lors de ces auditions, nous avons pu constater qu'en 2017 une majorité de lieux ouverts au
public reste inaccessible à une partie de la population, et des
situations de discrimination en émanent.
Mme la
Présidente, je veux prendre quelques minutes pour parler de l'audition de la
Régie du bâtiment, qui nous a permis de constater la volonté de la régie
de s'adapter aux nouvelles réalités et d'améliorer ses façons de faire. À ce
sujet, permettez-moi de faire un léger retour historique à propos de la
modification du Code de construction pour l'accessibilité aux bâtiments, mais
je serai bref.
En 1976, le
Québec incluait au Code de construction l'accessibilité pour les personnes
handicapées, essentiellement celles utilisant un fauteuil roulant. Déjà
à l'époque se posaient trois enjeux : les bâtiments construits avant 1976,
les bâtiments de moins de quatre étages et
les besoins liés à d'autres limitations. Ces questions se réglaient, sur le
papier, dès 1984,
avec les engagements de la politique À part égale. En 2004, face au non-respect
de ces engagements, la Loi assurant l'exercice des droits des personnes
handicapées imposait au ministre du Travail de déterminer par règlement, avant décembre 2007, les catégories d'immeubles
devant être rendus accessibles aux personnes handicapées et les normes à respecter. Près de 40 ans après la
modification du Code de construction, plus inclusif, 30 ans après les
engagements de la politique À part
égale, 10 ans après le rafraîchissement de la Loi assurant l'exercice des
droits des personnes handicapées, aucun règlement à l'horizon, à part le
début d'un renouveau ce soir.
La
Régie du bâtiment et l'Office des personnes handicapées du Québec travaillent
depuis sept ans à préparer un projet
d'articles qui satisfassent à la fois les constructeurs d'habitations et le
milieu des personnes handicapées. Lors de son audition, le président de la Régie du bâtiment du Québec nous a parlé,
entre autres, de l'exercice de révision de ces activités dans laquelle la régie est engagée. Maintenant,
M. Labrie, justement la personne de qui je parlais précédemment, qui est
président-directeur général de la Régie du
bâtiment, nous a parlé que celle-ci certifie la qualification professionnelle
des entrepreneurs de construction et des constructeurs propriétaires du
Québec.
Les
activités de la régie couvrent quatre grands secteurs : la réglementation,
la qualification, l'inspection et les enquêtes. À cela s'ajoute
l'encadrement d'un plan de garantie des maisons neuves. Et M. Labrie nous
a présenté les principales activités dans chacun de ces secteurs.
En
ce qui concerne les échanges entre M. Labrie et la commission, plusieurs
sujets ont été abordés lors de cette période
d'échange. Il était question, entre autres, et ce qui nous intéresse ce soir,
de l'accessibilité des bâtiments, du service à la clientèle, évidemment, de l'entretien des ascenseurs. Je résume un
petit peu en vous disant, Mme la Présidente, que M. Labrie, selon ce qu'il nous a affirmé... la régie exerce
désormais un contrôle beaucoup plus serré des pratiques dans l'industrie
de la construction.
En écho à l'audition
précédente, qu'il y avait eu auparavant, la question de l'accessibilité des
commerces aux personnes à capacités physiques restreintes soulève quelques
interrogations chez les membres, les membres de la commission. À cet égard, M. Labrie nous a souligné que le chapitre
«Bâtiment» du Code de construction prévoit une série d'exclusions,
notamment le bâtiment commercial de 300 mètres carrés et moins et de deux
étages et moins.
On
nous a parlé aussi du service à la clientèle et, justement, du nombre d'appels
téléphoniques rejetés ou détournés par
la régie au cours des dernières années. Des membres se questionnent ou se
questionnaient, plutôt, sur la capacité de répondre adéquatement aux demandes qu'elle reçoit. Et
M. Labrie, ce soir-là, nous a expliqué son insatisfaction, justement,
à ce sujet.
Pour ce qui est de
l'entretien des ascenseurs, qui est la préoccupation de mon collègue de la
Coalition avenir Québec, je peux vous dire
toutefois que les coûts jugés prohibitifs de l'entretien des ascenseurs ont été
justement au niveau de certaines doléances des commettants. La régie est
au courant de plaintes sur la rareté des entreprises spécialisées. Et je mentionnais à mon collègue tout à l'heure
que ce genre de situation m'est déjà arrivé à l'école où j'enseignais et
que, lorsqu'on s'était fait installer un ascenseur, les équipes de réparation
variaient d'une année à l'autre.
Alors,
la régie n'avait pas toutefois documenté les problèmes reliés à la pénurie de
main-d'oeuvre dans ce domaine. J'ai
toutefois reçu, ainsi que les autres membres de la commission, des statistiques
concernant les ascenseurs et les autres types d'appareils élévateurs.
Alors, en réponse à la demande de la commission au 31 mai 2017, j'avais
une petite statistique à vous mentionner à
propos de ça. On disait qu'au 20 février 2017, par rapport à l'année
précédente, on avait une augmentation
des ascenseurs qui étaient installés au Québec, donc on avait une augmentation
de 20 % et, des autres appareils
élévateurs, on avait une augmentation de 27 %. Mais par contre, pour les
mêmes années, mais une année antérieure aussi, pour 2015‑2016, on avait une baisse du nombre d'inspections de
10 % pour les ascenseurs et de 16 % pour les autres appareils
qui sont des appareils élévateurs, ce qui m'inquiète quelque peu.
Également, selon les
observations, les conclusions ou les recommandations de la commission, on a
aussi pu prendre la mesure des enjeux au
sujet de l'accessibilité aux commerces de proximité. Les membres de la
commission ont pris acte de la création, lors du plus récent budget de
8 millions, d'un programme visant à améliorer l'accès pour les personnes
ayant une mobilité réduite aux petits centres d'affaires, commerciaux et
communautaires qui ne sont pas actuellement soumis à une obligation légale en
matière d'accessibilité aux personnes handicapées.
En
résumé, Mme la Présidente, ce fut un exercice de révision nécessaire,
30 ans après l'adoption de la Loi sur le bâtiment, des moyens mis en place
au Québec pour assurer la qualité de la construction et la sécurité du public.
La régie est venue nous dire que certains des moyens prévus à
la Loi sur le bâtiment pour atteindre ses objectifs requièrent d'être revisités. La disparité des règlements
municipaux encadrant la sécurité a notamment été utilisée à titre d'exemple. Dans ce contexte, la Régie du bâtiment du Québec a analysé diverses pistes de solution afin
d'améliorer la qualité de la construction et de la sécurité du public.
M. Labrie
nous a fait part aussi des pistes de solution proposées par la régie. Alors, on
y parlait d'uniformiser la réglementation
en construction et en sécurité au Québec, de simplifier le partage des responsabilités quant à l'application de la réglementation en construction et en
sécurité. On y a parlé également de la nécessité de responsabiliser davantage
les intervenants à l'égard de la qualité de
la construction et de la nécessité d'accroître la surveillance des travaux. On
y a parlé également de la nécessité
de réviser et d'alléger les mécanismes de validation de la qualification
professionnelle des entrepreneurs, et
finalement de la nécessité d'améliorer la protection des consommateurs par
l'élargissement du plan de garantie des bâtiments résidentiels neufs aux
grands bâtiments résidentiels, également aux travaux de rénovation et à
l'autoconstruction.
La
régie devrait proposer des modifications d'ordre réglementaire ou législatif
pour permettre la mise en oeuvre de
certains des changements qu'elle envisage. J'espère que ma collègue la ministre
du Travail aura une oreille attentive et
agira avec responsabilité et diligence dans ce dossier. Nous ferons un suivi
attentif également des actions qui seront entreprises par le gouvernement au niveau des programmes de garantie,
notamment avec la pyrrhotite et les dommages causés par différents
champignons, dont la mérule pleureuse.
• (20 h 30) •
Mme
la Présidente, le gouvernement a débloqué 8 millions dans son dernier
budget afin d'aider les commerçants à
rendre leur bâtiment plus accessible aux personnes à mobilité restreinte, mais
il reste beaucoup d'autres bâtisses qui ne sont pas assujetties aux normes. D'ailleurs, j'ai été chercher, Mme
la Présidente, la définition de «assujetti» pour les personnes qui nous écoutent et peut-être pour ceux
qui ne le savent pas et j'ai trouvé, exemple, un cheval qui... on peut le
conduire de manière à ce que les épaules et
les hanches ne sortent point de la piste, ce qui impose une certaine discipline.
Alors, évidemment, on parle
d'assujettissement, d'une obligation, et à l'application, ici, des normes de la
Régie du bâtiment, et non pas appliquées sur le cheval, bien sûr.
Il faudrait savoir combien il y a de ces
endroits qui sont non conformes. Ça prend un inventaire, mais pour tout le Québec, autant en ville, qui ont une
réalité, qu'en région, qui en ont une autre, sinon on va se ramasser encore
avec plus de poursuites devant les
tribunaux pour des accidents ou des installations qui y sont tout simplement
inexistantes. Ça, c'est beaucoup de
problèmes en plus des téléphones de plaintes logées à la Régie du bâtiment du
Québec. Et il y a beaucoup d'appels.
En 2016, le seuil maximal de 80 000 appels a été dépassé, et on a été
obligés de faire de l'engagement de ressources supplémentaires. Alors,
imaginez le volume d'appels si on tolère des nouvelles bâtisses non
assujetties.
Mme la
Présidente, avec tout le respect que je vous porte, voici un portrait, un
espoir de solution. J'espère que, lorsqu'on
l'aura, ce sera un premier pas vers des mesures d'impact importantes pour les
personnes à capacité physique restreinte. Des idées, on en a ici, dans
l'opposition officielle, et les groupes qui nous ont contactés en ont aussi.
Alors, voici
mes voeux, Mme la Présidente, et ceux des groupes qui nous ont interpellés :
Que le gouvernement mette en place un processus d'évaluation pour la
mise en accessibilité lors de l'octroi de permis pour les travaux de rénovation,
de reconstruction ou de construction. Je l'ai proposé et j'ai essuyé un refus.
Mais je suis une personne persévérante et, malgré ma déception, je
reviendrai à la charge.
J'aimerais aussi que le gouvernement produise
une étude d'impact sur l'assujettissement d'établissements commerciaux de plus petite surface au Code de
construction en ce qui a trait à l'accessibilité des bâtiments publics. C'est une proposition
que le Parti québécois a faite. Et on a en a plein d'autres, on espère qu'elles
seront considérées.
J'aimerais également
que le gouvernement dépose un plan pour renforcer l'application du Code du bâtiment dans ce
dossier, entre autres. La ministre
du Travail aurait un beau défi à
relever ici. Alors, va-t-elle entendre ma voix, celle des gens qui
attendent une solution à cette problématique?
J'aimerais
que le gouvernement, également, consacre des efforts à la responsabilisation des intervenants — et là je parle ici des promoteurs,
des concepteurs, des propriétaires et des entrepreneurs — à
l'égard de la qualité de la construction,
notamment par une plus grande surveillance des travaux et, surtout, par une
attestation de conformité aux normes
en vigueur délivrée par un professionnel au terme de la construction. On parle
ici d'imputabilité. C'est une suggestion, on l'a entendue de groupes impliqués maintes et maintes fois. Est-ce que
la ministre du Travail va également agir à ce sujet?
Mme la
Présidente, on a écrit à ce sujet, finalement, dans Le Devoir de
Québec ce matin, une journaliste du nom d'Isabelle Porter. Alors, Mme la Présidente, cette journaliste a bien
fait son travail. Je ne reprendrai pas ses propos, puisqu'ils sont exactement les miens. Et les attentes sont
grandes, espérons que le gouvernement livrera la marchandise et écoutera
les demandes de l'opposition officielle pour
le plus grand bien et la sécurité de toutes les parties impliquées dans ce
dossier, qui est loin d'être terminé, Mme la Présidente. Merci beaucoup.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup, M. le député
de Saint-Jérôme. Et, M. le député de
Drummond—Bois-Francs,
habituellement nous avons l'alternance, alors je vais devoir céder la parole à
M. le député d'Argenteuil.
M. Yves St-Denis
M.
St-Denis : Alors, merci, Mme la Présidente. Merci, chers collègues.
Alors, c'est avec plaisir que je prends la parole ce soir afin de me
prononcer sur la Régie du bâtiment du Québec, ses activités et son
fonctionnement.
La Régie
du bâtiment du Québec a vu le jour le 1er février 1992 grâce à
l'initiative du Parti libéral de Robert Bourassa. La mise sur pied de cet organisme a été faite en
vertu de la Loi sur le bâtiment avec le mandat, toujours actuel, de veiller
à la qualité des travaux de construction et à la sécurité du public.
Il y a 10 domaines dans lesquels la RBQ a
l'expertise pour intervenir : bâtiments, électricité, plomberie, gaz, appareils sous pression, remontées mécaniques,
jeux et manèges, lieux de baignade, équipements pétroliers depuis 2007, ascenseurs et autres appareils de levage. Tout ça
pour vous dire que la RBQ, Mme la Présidente, bien, elle ne fait pas dans
le cornichon, hein, elle travaille fort puis elle fait des bons dossiers.
Alors,
parlant des ascenseurs et autres appareils de levage, la ministre responsable
du Travail a fait une modification à la loi, sur la loi R-20, à
l'article R-8, et R-20, à l'article R-5. Ces modifications assurent
une formation professionnelle particulière
pour les constructeurs et le personnel d'entretien des appareils de levage dans
l'optique d'assurer un bon suivi et une qualité supérieure en ce qui a
trait aux infrastructures de levage.
L'ajout des
équipements pétroliers au domaine d'expertise de la RBQ et la modification à la
loi R-20 par la ministre responsable
du Travail démontrent qu'à la fois le ministre et la RBQ font preuve de
proactivité dans leur approche pour favoriser
les meilleures pratiques dans le domaine de la construction de bâtiments, entre
autres pour la sécurité du public.
En plus des
10 domaines de la construction où l'expertise de la Régie du bâtiment est
mise de l'avant, les activités de la
régie sont divisées en quatre grands secteurs : la réglementation, la
qualification professionnelle, la surveillance et la garantie
financière.
En ce qui a
trait à la réglementation, le mandat de la Régie du bâtiment du Québec est
d'élaborer et de mettre à jour la réglementation contenue, entre autres, dans
le Code de construction et aux codes de la sécurité qui sont adoptés en vertu de la Loi sur le
bâtiment. L'ajout des équipements pétroliers au mandat de la Régie du bâtiment,
précédemment mentionné, en est un excellent exemple.
La RBQ a aussi
le mandat de régir la qualification professionnelle des entrepreneurs en
construction et des constructeurs
propriétaires afin d'assurer l'homogénéité des constructions partout au Québec.
De plus, elle a le mandat d'évaluer les compétences et la probité des
candidats en vue de la délivrance des licences appropriées lorsque les entrepreneurs
répondent aux exigences de la Régie du bâtiment.
Pour ce qui est de la surveillance, la Régie du
bâtiment a le mandat d'inspecter, de vérifier et d'enquêter les nouvelles constructions. Pour ce faire, la Régie
du bâtiment ne fait pas systématiquement des inspections à l'intérieur des
10 domaines d'expertise qui lui sont propres
en raison, entre autres, de la lourdeur bureaucratique et des délais supplémentaires qui seraient impliqués par une
telle pratique. La méthode d'inspection est donc axée sur la confiance des acteurs de la construction, autant les
constructeurs de bâtiments que ceux qui oeuvrent dans le milieu des appareils
de levage. Le mécanisme est simple.
Lorsqu'il y a une inspection faite sur un chantier, l'entrepreneur est scruté à
la loupe. Si les pratiques de
l'entrepreneur sont conformes aux normes établies par le Code de la
construction et le code de sécurité, la
cote de l'entrepreneur s'améliore. Dans le cas de non-conformité, la cote se
détériore. Les entrepreneurs avec les moins bonnes cotes sont plus susceptibles d'être inspectés que les
entrepreneurs ayant une cote plus élevée. Lorsque la conformité n'est pas observée et que la faute est grave, la
Régie du bâtiment a le pouvoir de retirer la licence de pratique d'un
entrepreneur.
Afin d'améliorer ses pratiques, la Régie du
bâtiment a procédé à la nomination de deux régisseurs qui ont le mandat particulier d'émettre, de suspendre ou de
retirer des licences aux entrepreneurs. De cette façon, les entrepreneurs
ont intérêt à se conformer aux normes en vigueur dans le Code de la
construction et dans le code de la sécurité.
Les garanties financières accordées par la Régie
du bâtiment s'appliquent essentiellement à la protection des acheteurs de maisons neuves. En ce sens, cette
garantie ne s'applique pas dans tous les domaines d'expertise de la régie.
Il faut noter que la régie travaille de pair
avec les entrepreneurs et les ordres professionnels de l'industrie de la
construction afin d'assurer la qualité des bâtiments qui sont construits
ainsi que la sécurité du public autour de ces constructions.
Depuis 2013, la RBQ s'est munie d'un plan
stratégique afin de parfaire ses pratiques. Le plan stratégique s'appliquait d'abord pour un horizon de trois ans,
mais il a été reconduit pour une quatrième année. Ce plan stratégique est axé sur quatre orientations jugées importantes
pour l'amélioration des pratiques de la régie. Il s'agit d'évaluer les cadres
d'intervention en tenant compte des enjeux
socioéconomiques, d'assurer une gouvernance exemplaire, de la mise sur pied
d'un personnel compétent, mobilisé et au service de la clientèle et augmenter
sa visibilité et son influence.
Afin de
favoriser la mise en oeuvre de ces orientations, 70 projets ont été
ciblés. De ces 70 projets, 60 ont été réalisés avant le 30 septembre dernier, ce qui
témoigne d'un engagement véritable et efficace de la part de la régie.
L'objectif de ces orientations est
d'optimiser le processus, entre autres
en augmentant la capacité de travail et la diminution des délais
de traitement.
Bien que les objectifs
initiaux de la Loi sur le bâtiment soient toujours d'actualité, la Régie du bâtiment estime que les moyens mis en place au Québec méritent
d'être revus. En ce sens, nous voyons bien que la recherche constante de
meilleures pratiques à la Régie du bâtiment
est au coeur de l'activité de celle-ci. Ceci témoigne d'une bonne gouvernance
et d'un grand leadership au niveau des cadres de l'organisme. C'est pourquoi,
Mme la Présidente, je ne peux que saluer les efforts et la capacité de la Régie du bâtiment du Québec de se
renouveler constamment. Elle représente un exemple en la matière. Merci,
Mme la Présidente.
• (20 h 40) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci, M. le député
d'Argenteuil. Maintenant, je cède la parole à M. le député de Drummond—Bois-Francs.
M. Sébastien
Schneeberger
M.
Schneeberger :
Merci, Mme la Présidente. Alors, permettez-moi, à mon tour, de dire quelques
commentaires sur ce débat ce soir. Malgré que le mot «débat» est un peu
fort, étant donné qu'on a des positions quand même assez similaires, et c'est
des conclusions.
En juin 2016, alors, il y a un peu plus d'un an
déjà, la Commission de l'économie et du travail s'est saisie de deux mandats de sa propre initiative, soit celui
de la RBQ et de la RAPLIQ. J'ai eu l'occasion d'y participer, à l'ensemble
de ces dépôts et de ce rapport. Pour mener à terme le mandat, nous avons eu la
chance d'entendre en février 2017 les représentants
du Regroupement activistes pour l'inclusion au Québec. Cette audition nous a
permis de comprendre les défis des personnes à mobilité réduite
lorsqu'elles souhaitent accéder aux commerces de proximité.
Dans ce dossier, j'ai trouvé très intéressant de
constater que tant les propriétaires de commerce que les personnes à capacité physique restreinte
souhaitent en arriver à la même solution et conclusion. Pour les gens
d'affaires, il est essentiel que leur
clientèle puisse avoir accès à leurs commerces. Actuellement, comme la Loi sur
le bâtiment comporte des exceptions,
plusieurs commerces ne sont pas tenus de respecter la Charte des droits et
libertés, qui assure des droits fondamentaux aux personnes à mobilité
réduite.
Et là, Mme la Présidente, je voudrais faire un
aparté, c'est que, quand on parle de commerces, ce n'est pas nécessairement les commerçants, qui, souvent, ne
sont pas propriétaires des bâtiments. Alors, il faudrait expliquer aux
citoyens que, souvent, ce n'est pas le commerçant lui-même qui ne fait pas les
efforts, au contraire.
Et ce que
j'ai aussi surtout remarqué, c'est que, souvent, on pourrait se demander avec
les belles discussions, les beaux
échanges qu'on a eus avec ces regroupements-là... C'est que nous, dans la vie
de tous les jours, on fait nos achats, et
autres, et on ne pense pas vraiment, mais mettez-vous à leur place, faites
juste vous promener dans des centres-villes, et autres, il y a énormément de places, encore aujourd'hui, qu'il n'y a
pas d'accessibilité. Des fois, ce n'est pas évident. Des fois, vous avez des bâtisses patrimoniales. On
en a beaucoup ici, dans le Vieux-Québec, mais il y en a à peu près partout,
dans tous les centres-villes, et ce n'est
pas évident d'être conforme à ces normes-là. Même moi, chez nous, lorsque j'ai
repris le bureau de l'ancien député à mon
retour, en 2012, il y avait un ascenseur, mais pour deux marches à l'extérieur,
ce qui faisait en sorte qu'une personne en chaise roulante ne pouvait pas
accéder à mon bureau.
Et j'ai entrepris des travaux avec la ville pour
avoir les permis, et autres, et puis ce n'est pas toujours évident parce que le voisin peut refuser l'accès
dépendamment, l'extérieur, comment les lieux sont faits. Alors, après deux,
trois mois, quatre mois, ce n'était
pas réglé. Alors, ce n'est pas évident. Et c'est pour ça, des fois, qu'on
pourrait se dire que ça se fait en claquant des doigts, eh non, c'est,
des fois, pas mal plus complexe qu'on peut l'entendre, et c'est pour ça que
c'est important de donner suite à ces recommandations.
À la suite de ces représentations, nous avons eu
l'occasion d'avoir des échanges enrichissants avec plusieurs regroupements. Ensuite, nous avions également
le mandat d'entendre les représentants de la Régie
du bâtiment à propos de ses orientations, ses activités et gestion administrative. Lors de ces
auditions, en plus de ces sujets, nous avons questionné sur l'accessibilité
de ces commerces pour les personnes à capacité restreinte. Cela nous a amenés à
des observations intéressantes au cours de nos séances de travail.
Nous avons constaté qu'au Québec il n'existe pas
de portrait clair sur l'accessibilité aux commerces par les personnes à
mobilité réduite. Il est donc difficile de pouvoir convenir des mesures pour
améliorer la situation tant que nous n'avons
pas de portrait global. Il est impératif d'avoir ce portrait afin de pouvoir
orienter nos prochaines actions. Pour
cette raison, nous demandons à l'Office
des personnes handicapées du Québec
de dresser un portrait sur l'accessibilité.
Nous pensons qu'ils sont les mieux placés
afin de nous donner un éclairage réaliste de la situation. Alors, nous
demandons donc à l'Office des personnes handicapées de nous aider à
mieux cibler ce phénomène.
Nous avons
accompli une partie du travail, mais il reste encore certains éléments à
clarifier. Le travail que nous avons
fait à la Commission de l'économie et du travail est important, surtout dans ce
dossier, considérant le vieillissement de la population et le défi que le
Québec aura à relever dans les prochaines années dans ce domaine précis. La
question de l'accessibilité se posera de plus en plus, et nous devons
agir dès maintenant pour en assurer un accès égal à tous.
En terminant,
je voudrais faire un aparté, justement, sur le domaine où est-ce qu'on a
questionné au niveau de la RBQ. Bon,
il y avait, premièrement, au niveau du Code de sécurité et puis au niveau du
plan stratégique de sécurité de 2013-2017. Ce code visait donc que
50 % des citoyens qui vivent au Québec dans une municipalité ayant adopté
un règlement basé sur le code de sécurité de
la Régie du bâtiment... Au moment de l'audition, malheureusement, seulement
17 % de la population est touchée par
de telles réglementations, et il faut comprendre qu'à ce niveau-là les
municipalités le font sur une base
volontaire. Alors, c'est sûr que, pour la régie, ce n'est pas évident de
soumettre 50 % de la population à
ce code, mais je pense que, comme parlementaires et puis... on peut faire les changements ultérieurement, mais aussi de demander ou
faire des actions auprès des municipalités pour, justement, émettre que 50 % de ces objectifs soient visés.
En tant que
parlementaire, j'ai aussi, justement, questionné la RBQ au niveau des
ascenseurs parce que moi, j'ai eu plusieurs personnes, plusieurs
commettants qui sont venus me voir qui me questionnaient, justement, eux-mêmes dans le domaine, qui se posaient des questions.
Alors, pour moi, c'était un devoir, vraiment, d'aller au fond des choses.
Le député de Champlain, tout à l'heure, nous
a mentionné plusieurs chiffres. Je lui en remercie. Par contre, moi, il m'en
manquait un. Alors, je l'ai pris en note soigneusement puis, comme ça, je
pourrai faire mes propres constatations.
Alors, là-dessus,
compte tenu de l'heure — et je pense que pas mal tout a été dit — alors,
je termine là-dessus, Mme la Présidente, et je vous souhaite
une belle fin de soirée.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci. Je vous souhaite une bonne fin de soirée à vous aussi,
M. le député de Drummond—Bois-Francs. Y a-t-il d'autres interventions sur le rapport de cette commission?
Alors, cela met fin au débat sur le rapport de la Commission de
l'économie et du travail.
Pour la suite, M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Tanguay : Oui, Mme la
Présidente. Je vous prierais d'appeler l'article 3, s'il vous plaît.
Prise en considération
du rapport de la commission qui
a procédé à l'audition du Regroupement des
activistes pour l'inclusion au Québec
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, à
l'article 3 du feuilleton, l'Assemblée prend en considération le rapport de la Commission de l'économie et du travail qui, le 16 février 2017, a procédé à l'audition du Regroupement des activistes pour l'inclusion au Québec. Ce rapport, qui a été
déposé le 14 juin 2017, contient une recommandation.
Je vous
rappelle que, conformément aux
dispositions de l'article 95 du règlement, la prise en considération du rapport
donne lieu à un débat restreint d'au plus deux heures et qu'aucun amendement
n'est recevable. Je vous rappelle également qu'en vertu du deuxième
alinéa de l'article 95 ce débat n'entraîne aucune décision de l'Assemblée.
Conformément
à ce qui a été énoncé par la présidence, la répartition des temps de parole
dans le cadre de ce débat s'effectuera
comme suit : 55 minutes sont allouées au groupe parlementaire formant
le gouvernement; 32 min 5 s sont allouées au groupe parlementaire formant l'opposition officielle;
22 min 55 s sont allouées au deuxième groupe d'opposition;
10 minutes sont allouées aux députés
indépendants; six minutes sont réservées aux trois députés de Québec solidaire.
Et la présidence répartira le reste de cette enveloppe de temps entre
les députés de Groulx, de Vachon et de Gaspé selon le nombre de députés qui se seront manifestés et sous réserve d'au maximum
de deux minutes chacun. Dans ce cadre, le temps non utilisé par les députés indépendants ou par l'un des groupes
parlementaires sera redistribué entre les groupes parlementaires
selon les proportions établies précédemment. Et, enfin, les interventions ne
seront soumises à aucune limite de temps.
• (20 h 50) •
Je suis prête à reconnaître la première
intervenante, et ce sera Mme la députée de Fabre.
Mme Monique Sauvé
Mme
Sauvé : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. C'est un grand plaisir d'être ici ce soir pour vous parler, bien
sûr, du rapport de la Commission de
l'économie et du travail sur l'examen des orientations, des activités, de la
gestion administrative de la Régie du
bâtiment du Québec et auditions du Regroupement des activistes pour l'inclusion
au Québec.
Ce fut
un grand plaisir, avec l'ensemble des collègues de la commission, de pouvoir
entendre, bien sûr, les différents acteurs
qui ont été présents à l'audition publique le 17 février. Vous me permettrez,
Mme la Présidente, de porter mon
propos davantage sur la présentation qui a été faite par le Regroupement des
activistes pour l'inclusion au Québec. Vous
me permettrez aussi, pour la suite de mon propos, d'utiliser l'acronyme, alors
donc l'acronyme RAPLIQ, pour parler de ses représentants.
Ce fut un privilège de pouvoir discuter de cette
réalité de l'accessibilité des personnes qui ont, bien sûr, des réalités de mobilité réduite, et je peux vous dire
d'entrée de jeu qu'il y a eu des débats très constructifs, mais aussi une
grande sensibilité par rapport à la réalité des personnes dans leur réalité
quotidienne. Alors, allons-y, on se lance.
Alors, je
vais vous faire une petite mise en contexte tout d'abord. Je vais essayer,
comme il est tard et que nous sommes
tous un peu fatigués, je vais essayer d'être très dynamique. Alors, c'est le
mandat que je me donne aussi. Donc, dans
les éléments de contexte, le 7 juin 2016, la commission se saisit de deux
mandats de sa propre initiative. Donc, mon accent, je le dis, sera mis
sur l'audition du RAPLIQ. Il y eu l'audition le 16 février; séance de travail
le 17 mai; le 13 juin, discussion,
bien sûr, des grands enjeux pour la rédaction du rapport
préliminaire et, bien sûr, la suite que l'on connaît.
Le député de
Champlain, précédemment,
a nommé l'ensemble des personnes qui étaient présentes lors de cette audition, mais ce qui est fort intéressant, et là
c'est là où je prends mon élan... ce qui était fort intéressant, c'était, oui,
d'avoir devant nous des gens qui
étaient dans la défense des droits de ces personnes. Je veux nommer les
représentants du RAPLIQ et aussi du
Regroupement des organismes de personnes handicapées de la région de la
Capitale-Nationale. Mais il y avait aussi des représentants des gens
d'affaires, il y avait l'Association des sociétés de développement commercial
de Montréal, aussi le Kéroul. Alors, il y
avait cette concertation, ce partenariat qui faisait en sorte que les deux
points de vue étaient devant nous, la
réalité des gens d'affaires et la sensibilité au niveau de la réalité des
personnes à mobilité réduite. Alors
donc, je vous dirais que cette concertation était très rafraîchissante, très
inspirante aussi pour la suite de nos débats.
Ces
intervenants s'exprimaient au nom du Regroupement en faveur de l'accessibilité
des établissements commerciaux et
d'affaires du Québec. Alors, je vais revenir toujours un petit peu dans mon
intro et dans mon contexte, revenir un peu... il y a des éléments qui
ont déjà été nommés par mes prédécesseurs, mais je veux renommer un peu la
situation de l'accessibilité, les bâtiments
pour les personnes handicapées. Depuis 1976, le Code de construction du Québec
a introduit des normes d'accessibilité pour les personnes handicapées dans
les nouveaux bâtiments. Par la suite, les normes d'accessibilité exigées pour les nouvelles constructions ont progressé
de façon très significative, mais il y a toujours des difficultés qui existent — on nous les a nommées — en termes d'assurer l'accessibilité aux
personnes handicapées à des petits
centres d'affaires, des petits centres commerciaux et communautaires, qui sont
exemptés de l'application du Code de construction.
Les incapacités liées à la mobilité touchent 13 % de la population et sont
surtout répandues chez les aînés.
Alors, voilà
un peu l'élément d'introduction de contexte que je voulais bien camper, donc
nos travaux, les séances de travail,
les personnes présentes avec cette belle concertation et l'état de situation
pour les bâtiments pour les personnes handicapées.
Dans mon élan de dynamisme, je vous propose une structure de mon propos en cinq
temps. Premièrement, qui est le
RAPLIQ? Deuxièmement, qui est le Regroupement en faveur de l'accessibilité des
établissements commerciaux et d'affaires
du Québec? Ensuite, je vous invite à se promener à travers les discussions que
nous avons eues, à travers des extraits
du rapport et aussi le verbatim du Journal des débats par rapport à ces
discussions que nous avons eues entre nous. Et, question de briser un peu le suspense, les enjeux qui ont ressorti
nous ont amenés vers deux priorités. Bien sûr, l'élément du soutien financier, donc j'en parlerai. Et
surtout, surtout l'élément qui fait partie des recommandations du rapport, le
portrait, le caractère essentiel d'avoir un portrait.
Alors, qui
est le RAPLIQ? Premier bloc. Bien sûr, c'est un regroupement qui vise la
défense et les revendications des
droits des personnes en situation de handicap. D'ailleurs, dans le rôle de
défense de droits, ils sont, bien sûr, dans des actions de résolution de conflits, des sessions d'information, de la
formation continue pour les membres, donc un regroupement très, très
actif.
Maintenant,
qui est le Regroupement en faveur de l'accessibilité des établissements commerciaux
et d'affaires du Québec? Je vous ai dit plus tôt que, lors de l'audition
publique en février, il y avait des représentants des gens d'affaires, donc, entre autres, l'Association des sociétés de
développement commercial de Montréal. C'est plus de 15 000 places
d'affaires sur les principales artères
commerciales de l'île de Montréal qui sont donc représentées par cette
association. Et, lors de notre
audition publique en février, un des représentants de cette association a dit
ceci : «Ma présence aujourd'hui peut
étonner certaines personnes, mais les gens d'affaires sont rendus là, à
travailler avec les organismes de défense des personnes à mobilité
réduite parce qu'on vit des situations et des enjeux communs.» C'est ce que je
vous disais précédemment, Mme la Présidente,
qu'il y a cette communauté d'acteurs à travailler ensemble à ces enjeux qu'on a
pu, bien sûr, voir devant nous, et nous en avons été témoins.
Allons
maintenant vers mon troisième bloc. On va se promener dans les échanges, voir
un peu ce qui est ressorti de nos
différentes discussions. Tout d'abord, il y a les deux enjeux qui sont liés à
l'accessibilité des personnes à mobilité réduite, un enjeu social, un enjeu économique.
Dans le rapport on dit ceci : Les commerçants sont solidaires, bien sûr, de la cause des personnes à capacité physique...
L'enjeu social, il est fondamental, mais aussi l'occasion d'affaires, non
négligeable. On a nommé précédemment le vieillissement de la population qui est
un enjeu, bien sûr, très important, et il faut faire en sorte que les commerces de proximité soient accessibles
aux personnes à capacité physique restreinte afin de les maintenir compétitifs envers, bien sûr, les
magasins à grande surface, qui sont plus accessibles parce qu'ils sont
soumis aux normes sur la Loi sur le bâtiment.
Alors, lors
de l'audition, toujours en février, un des représentants des gens d'affaires
mentionnait, d'ailleurs, parler de deux types d'enjeux. L'enjeu social,
auquel on adhère totalement, mais on veut répondre à ces gens-là, accueillir
l'ensemble de la population des personnes handicapées. Alors donc, très, très,
très important.
Je veux vous
parler de l'enjeu aussi, bien sûr, qui a été nommé à travers nos discussions et
qui est l'aspect du soutien financier.
On en parle dans le rapport, et ce qu'on dit, c'est que, bien sûr, il y a une
importance au niveau du soutien financier
pour faciliter pour les commerçants l'accessibilité, donc les travaux
nécessaires à favoriser l'accessibilité aux personnes. Alors, il faut
que l'accès au financement, il soit simple, efficace, avec peu de formalités
administratives.
Mme la
Présidente, il y a une très bonne nouvelle par rapport à cet enjeu-là. Bien
sûr, il y a eu — et là
j'amène mon quatrième point de mon
propos — l'action
gouvernementale, le soutien financier, où, au budget de mars dernier, on
disait ceci : Donc, les crédits
additionnels annoncés de 8 millions de dollars qui vont permettre
d'améliorer l'accès, l'accès aux
bâtiments pour les personnes handicapées. Grâce à ces crédits, un nouveau
programme soutiendra financièrement les petits commerces qui souhaitent
améliorer leur accessibilité aux personnes à mobilité réduite.
• (21 heures) •
Alors,
concrètement, concrètement... Et on a posé la question, les membres de la
commission ont posé la question, ils
voulaient en savoir un peu plus sur ce programme. Alors, le plan économique du
Québec prévoit, effectivement, la création d'un programme pour cette
amélioration de l'accès. Et il y a certains paramètres qui vont être précisés ultérieurement, mais déjà on sait que les
destinataires de ce programme seront les propriétaires et les locataires de
bâtiments servant de lieux
d'affaires, commerciaux ou communautaires. Alors, la subvention pourra aller
jusqu'à 75 % du coût des travaux
admissibles, pour un montant maximal
de 20 000 $, donc l'aide
pourrait être de 15 000 $. Donc, voilà une bonne nouvelle en
lien directement avec les enjeux qui ont été énoncés au cours de nos travaux.
Il faut savoir que ce soutien gouvernemental est complémentaire des aides déjà
existantes.
Maintenant, j'aimerais vous parler de mon
dernier point, qui est au coeur des recommandations du rapport, le portrait de
la situation. Quand on regarde le verbatim de l'audition publique, il y a un
des intervenants qui a dit ceci : «...c'est
une des demandes, d'avoir un portrait, d'avoir une enquête, d'être capable de
se doter d'une lecture», parce que le portrait,
il est incomplet, parce que l'information, elle n'est pas exhaustive d'aucune
façon, quels que soient les secteurs.
D'ailleurs,
j'ai posé une question, Mme la
Présidente, à ce sujet, lors de la présentation, et j'ai nommé ma préoccupation face aux données qui sont non complètes. J'ai demandé quelles démarches
avaient été faites par les différents acteurs pour obtenir davantage de
données pour avoir un portrait un peu plus complet.
Alors, les
enjeux qui sont ressortis de nos discussions, c'est d'abord cette réalité sociale, cette réalité économique, oui, l'importance de favoriser l'accessibilité
aux personnes à mobilité réduite à mobilité réduite pour les commerces, les petits commerces. On voit que, dans cet enjeu
de soutien financier, il y a déjà une action gouvernementale très, très
intéressante, mais il manque le portrait, la première étape, tout ce qui va
permettre de préciser les actions à venir. Et présentement
tous les acteurs sont détenteurs d'une certaine information, mais qui ne
complète pas l'ensemble du portrait.
Alors, on
s'est posé la question, les membres de la commission : Oui, il y a
consensus pour que le portrait devienne essentiel et au coeur de nos recommandations, mais qui sera le porteur?
Qui sera le véritable porteur de ce portrait, de ce partenariat, faire les liens avec tous ceux qui
détiennent de l'information? Alors voilà qu'apparaissent les recommandations
en lien avec la désignation d'un acteur,
l'Office des personnes handicapées du Québec, que l'on reconnaît pour
l'expertise, l'ampleur de l'information qu'ils détiennent et leur
capacité de partenariat.
Les
recommandations du rapport sont claires : «Que l'Office des personnes
handicapées du Québec dresse le portrait de l'accessibilité aux
commerces de proximité au Québec et qu'il cerne les principaux défis à relever.
«Que [cet] office [...] soit appuyé par toutes
les organisations détentrices de renseignements à ce sujet.
«[Qu'il] fasse rapport [...] à la Commission de
l'économie et du travail avant le 1er février 2018. Et
«Que la Commission [...] étudie ce rapport.»
Mme la
Présidente, voilà mon appréciation du travail que nous avons fait ensemble et
de ce rapport. Merci beaucoup.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie,
Mme la députée de Fabre. Maintenant, je cède la parole à M. le
député de Saint-Jean.
M. Dave Turcotte
M. Turcotte :
Merci, Mme la Présidente. Tout d'abord, j'aimerais souligner la brillante
performance de notre collègue, la députée de Fabre, qui, je trouve, a
très bien résumé...
Des voix : ...
M. Turcotte : Je
trouve qu'elle a très bien résumé nos travaux concernant l'audition du RAPLIQ
lors de la rencontre de la Commission de l'économie et du travail. Cependant,
je vais amener un certain nombre d'éléments qui ont été amenés par notre collègue la députée de
Fabre, mais que je trouve intéressant d'amener
une certaine, aussi, opinion par rapport à tout ça, et des souhaits, bien
entendu, Mme la Présidente.
Donc, nous
avons, bien entendu, entendu, lors de ces travaux, des représentants
d'organismes de défense des droits des
personnes à capacité physique restreinte, on le voit dans le rapport.
Mme Gauthier, M. Steven Lapierre, respectivement, présidente et vice-président du Regroupement des
activistes pour l'inclusion au Québec, M. Olivier Collomb d'Eyrames, directeur
général du Regroupement des organismes de personnes handicapées région 03, M.
Charles-Olivier Mercier, directeur général de
la Société de développement commercial de l'avenue du Mont-Royal et
secrétaire-trésorier de l'Association
des sociétés de développement commercial de Montréal, M. André Leclerc, président-directeur
général de Kéroul, M. Michel Trudel, conseiller à ce même organisme
de promotion du tourisme et de la culture inclusifs, des intervenants s'exprimant au nom du regroupement en
faveur de l'accessibilité des établissements commerciaux et d'affaires
du Québec.
Mme la
Présidente, lors de cette rencontre, lors de cette audition, un différent
nombre de commentaires a été amené par
les représentants des organismes que j'ai mentionnés. On peut parler sur la
question du nombre de plaintes important par rapport aux commerces de proximité qui, malheureusement, ne sont pas
accessibles pour l'ensemble de la population, donc pour les personnes à mobilité réduite. Et souvent, malheureusement,
ça amène des frustrations ou des tensions inutiles qui pourraient être résolues ou amoindries si un
plus grand nombre de commerces de proximité, ou de lieux commerciaux, ou
même de lieux publics seraient... s'ils avaient l'accessibilité universelle.
Et, à ce titre, Mme la Présidente, il y a eu une
question d'une de nos collègues, la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré, qui avait demandé d'avoir...
est-ce qu'il y avait une différence entre les milieux ruraux et les milieux
urbains. Et, à ça, les organismes ont été
obligés de constater qu'il n'y avait pas d'état de situation ou un état des
lieux à travers le Québec pour les places d'affaires, les lieux publics, sur le
plan de l'accessibilité universelle. Et c'est une des raisons qui a milité pour la recommandation
majeure, une des plus grandes recommandations, là, du rapport, c'est-à-dire de
demander à l'Office des personnes
handicapées du Québec d'élaborer cedit plan. Et je reviendrai par la suite, Mme
la Présidente, sur cette question-là, sur les recommandations proprement
dites.
Il a aussi été
mention, par les représentants des organismes, de l'absence de projet... pas de
projet mais de programme pour
financer, pour accompagner les commerces qui désirent rendre accessible leur
place d'affaires, donc leurs locaux
commerciaux. Et, entre-temps, suite à cette audition-là, je ne sais pas si
c'est ce qui a motivé le ministre des Finances, mais, lors du dernier budget,
le ministre des Finances a inclus, dans son budget, un programme pour soutenir
justement les commerces pour l'accessibilité universelle. Donc, ce programme a
été constaté par les membres de la commission
parlementaire. Nous en avons fait le constat suite aux auditions des deux
groupes, parce que le budget a été déposé par la suite. Donc, nous n'avons
pas pu questionner les groupes à savoir leur appréciation dudit programme, à savoir est-ce qu'il est complet, est-ce qu'il
répond aux besoins réels, le montant prévu pour ce programme-là, qui est de
8 millions, si je me souviens bien,
est-ce qu'il est suffisant ou non. Nous n'avons pas eu cette occasion-là, mais
avec les recommandations qui sont
inscrites dans le rapport, nous aurons l'occasion, suite à l'état des lieux qui
sera produit ou du moins que nous
demandons à l'Office des personnes handicapées du Québec de produire, nous
pourrons constater l'ampleur des besoins et nous espérons qu'à la
lecture de cet état des lieux nous pourrons amener des recommandations ou des constats et que ça pourra bonifier le travail pour
le ministre des Finances pour un éventuel budget. C'est un point que je voulais mentionner, la création de ce programme,
qui est un pas dans la bonne direction, je dois l'avouer, Mme la Présidente.
Et je crois qu'il faut quand même souligner lorsque le gouvernement fait des
bons coups.
• (21 h 10) •
Deuxième
chose que je voulais mentionner, Mme la Présidente, c'est sur la question des
normes d'accessibilité sur les
bâtiments qui sont exclus du code de construction. Donc, il y a un certain
nombre d'édifices qui ne sont pas inclus dans le code, ce qui fait en sorte qu'il n'y a pas de règles pour...
lors de la construction de ces édifices ou lors de la rénovation de cet édifice-là, ce qui fait en sorte que,
malgré la volonté de plus en plus exprimée par un grand nombre de la population
de rendre davantage accessibles les lieux
publics, malgré que le parc immobilier se rénove, se modernise, bien,
malheureusement, pas l'ensemble de ce parc-là est accessible parce qu'il
y a un certain nombre, là, d'édifices qui peuvent
échapper aux règles déjà existantes. Donc, il y a eu ce plaidoyer-là de la part
des représentants des organismes, Mme la Présidente, pour un élargissement du
code et faire en sorte que l'ensemble des lieux publics, là, des lieux commerciaux, des lieux publics aussi, qui peuvent
appartenir au gouvernement ou des municipalités, lors de nouvelles
constructions ou lors de rénovations, bien, on devrait avoir en tête toujours
d'inclure la question de l'accessibilité.
À ce sujet, Mme la Présidente, dans ma
circonscription, le ministre de la Culture a annoncé récemment un
investissement pour la rénovation de deux bibliothèques. Et une d'elles n'était
pas accessible, et la ville de Saint-Jean-sur-Richelieu me mentionnait qu'ils
avaient l'intention justement de prendre une partie de cette subvention du ministère de la Culture pour rendre cette bibliothèque-là
accessible, une bibliothèque... je m'en allais dire en milieu rural. À l'époque, c'était un milieu rural, maintenant,
ça devient de moins en moins rural, mais, quand même, une partie, un secteur
qui n'est pas dans le centre-ville de Saint-Jean-sur-Richelieu. Donc, je trouve
que c'est le genre d'initiative qui pourrait être élaborée ou réfléchie de la
part du gouvernement. Lorsque le gouvernement octroie des subventions pour
des lieux culturels ou des lieux publics ou
des édifices publics, il pourrait aussi y avoir un aspect par rapport à
l'accessibilité et rendre obligatoire
l'accessibilité parce que c'est quand même... On se le dit, Mme la Présidente,
ce n'est pas normal que nos lieux
publics, les lieux commerciaux, on pourra y revenir, mais les lieux publics,
ceux qui appartiennent au
gouvernement ou ceux qui... le gouvernement a des locaux dans ces
édifices-là, ne soient pas tous accessibles.
D'ailleurs, si je posais la question aux
collègues députés ici, à l'Assemblée nationale, je ne suis pas certain, malheureusement, que l'ensemble de nos bureaux de
circonscription sont accessibles à 100 %. On le tente, mais, avec les
budgets que nous avons à l'Assemblée nationale, rendre accessible un bureau de
circonscription, c'est très difficile. Et, dans certains cas, bon, les propriétaires
l'ont fait, mais ce n'est pas toujours possible ou ce n'est pas toujours le cas.
Donc, je crois qu'on a encore un grand travail à faire à ce sujet.
J'ajouterais
aussi entre parenthèses, Mme la Présidente, à chaque année, en fin d'année, je
présente un rapport annuel, un bilan
de mes réalisations. Donc, chaque campagne électorale, on cumule nos
engagements électoraux et, à chaque fin
d'année, l'État d'avancement de ces engagements électoraux. Et j'invite les
organismes communautaires, la population, à assister à cette présentation. Et, il y a de ça quelques années, la
table des organismes représentant les personnes handicapées de la région m'avait écrit en me disant :
Bien, M. le député, on aimerait ça pouvoir participer ou nos membres aimeraient
ça pouvoir y participer, mais le lieu où
vous faites votre dévoilement de bilan, ce n'est pas accessible. Et là je me
suis mis à chercher une salle capable de recevoir un tel événement au
coeur du centre-ville de Saint-Jean-sur-Richelieu, partie circonscription de Saint-Jean et non pas partie
circonscription d'Iberville, parce que notre centre-ville est divisé entre
les deux circonscriptions. Et ça a été
difficile d'en trouver accessible, et il n'y en avait pratiquement pas. Donc on
a été obligé de sortir du
centre-ville, donc du Vieux—St-Jean, et d'aller dans une salle de spectacle, ce qui m'amène à dire
que, pour une ville comme
Saint-Jean-sur-Richelieu, 11e plus grande ville du Québec, on n'est
certainement pas la seule ville qui a
cette situation-là, on a encore beaucoup de travail à faire. Et le programme
qui a été annoncé par le gouvernement, je
crois que c'est, comme je l'ai mentionné, un bon pas dans la bonne direction.
On a encore beaucoup de travail à faire.
Je pourrais parler
des services de transport collectif. Récemment, on rencontrait, lors de notre
rencontre de caucus des députés du
Parti québécois de la région de la Montérégie, des représentants d'organismes
de personnes handicapées sur la question du métro. Donc, exemple,
Longueuil, les stations de métro ne sont pas accessibles pour les personnes handicapées. Donc, les personnes handicapées de la
Rive-Sud ou de la Montérégie qui veulent avoir accès à Montréal, bien, c'est difficile. Dans les faits, on ne peut
pas se rendre. Quand on est une personne handicapée en fauteuil roulant,
on ne peut pas se rendre à Montréal autre que pour des raisons médicales ou à
moins que nous sommes autonomes, c'est-à-dire
d'avoir notre propre véhicule ou d'avoir quelqu'un, dans notre famille ou dans
notre entourage, qui est capable de
nous amener, mais, par le transport adapté, c'est pratiquement impossible de se
rendre sur l'île de Montréal, ce qui fait en sorte que notre population devient un peu captive et ne peut pas
profiter des lieux culturels, des lieux touristiques, des lieux de
savoir de l'île de Montréal.
Et pourtant,
dans certains cas de ces personnes, bien, elles peuvent aussi contribuer
financièrement aux services publics
ou à ces constructions-là, soit par leurs taxes, lorsqu'ils achètent des biens
de consommation, ou par leur impôt dans le cas de certaines personnes
qui travaillent, ce qui fait en sorte que, pour elles, elles ont l'impression
d'être des citoyens de seconde zone. Et je
crois qu'on a, comme société, à réfléchir à cette question-là et d'avoir en
tête, lors de choix dans la... je
parlais dans la construction, mais aussi, dans ce cas-ci, pour le transport collectif, bien, d'avoir au moins
la station de Longueuil, de métro,
accessible, pour permettre aux gens de la Rive-Sud de pouvoir se rendre à Montréal.
Et un coup rendu sur l'île, par la
suite, on peut avoir accès à d'autres stations de métro. C'est un exemple
que je mentionnais.
Je pourrais
parler du tourisme. Lors de notre rencontre, il y avait des représentants qui ont abordé cette question, beaucoup de lieux touristiques au Québec
ne sont pas accessibles. Donc, ça devient compliqué, pour les personnes handicapées, de pouvoir voyager au Québec,
de pouvoir visiter nos lieux touristiques, nos lieux historiques. Souvent les
lieux historiques étant construits à
d'autres époques avec, bien entendu, pas les normes d'aujourd'hui, ce n'est pas tous ces lieux-là, malheureusement, qui sont
accessibles. Je pourrais parler aussi des lieux de loisirs, c'est aussi un
enjeu.
Mais je vais
m'attarder, Mme la Présidente, si vous me permettez, sur les commerces de
proximité. On favorise, comme députés, pour beaucoup d'entre nous, l'achat
local, faire en sorte qu'on consomme, qu'on achète dans nos commerces de proximité, dans notre circonscription, dans notre région, plutôt que de favoriser des entreprises,
des chaînes à grande... des supermarchés ou des chaînes multinationales
ou autres, pour ne pas les nommer. Mais souvent nos commerces de proximité, malheureusement, ne sont pas accessibles, pas parce qu'ils ne
veulent pas. Bien, la question
financière, le programme
du gouvernement va aider un certain nombre de ces commerces-là,
mais je crois que, sur le plan économique — c'est ce que les groupes nous ont fait
part — c'est un
enjeu économique de pouvoir rendre accessibles nos commerces de proximité pour permettre aux personnes handicapées de
pouvoir elles aussi aller acheter leur pain frais, aller à la fromagerie, de pouvoir aller à la
pâtisserie, de pouvoir aller acheter, là, leurs fruits ou leurs légumes au
marché dans certains cas quand ils ne
sont pas accessibles. Donc, en rendant nos commerces de proximité accessibles,
on favorise l'économie locale, faire
en sorte que ça soit des entreprises, des petites entreprises, des PME de notre
circonscription, de notre région, qui
vont en sortir gagnantes. Donc, c'est aussi un axe économique, c'est aussi un
choix économique de rendre accessibles nos commerces de proximité, comme
je le mentionnais, Mme la Présidente.
Sur cette
question, j'ai abordé, lors de la consultation, les installations amovibles. On
a vu, à Montréal ou dans certains
quartiers, une volonté d'avoir des rampes amovibles pour avoir accès à certains
commerces. Donc, le commerce achète
une rampe et l'installe quand la personne arrive. Donc, elle installe la rampe,
la personne peut, en fauteuil roulant, entrer
dans le commerce quand il y a une marche ou deux marches. Donc, elle peut le
faire. Mais il y a eu des enjeux de sécurité
parce que, des fois, on laisse la rampe sur le trottoir, les gens peuvent
s'enfarger, ça incommode, ça prend une partie
du trottoir aussi, la personne, elle doit pouvoir appeler ou faire signe par la
vitrine : Youhou! Youhou! Je suis là, venez installer la rampe.
Donc, les
gens nous ont dit : Pour la dignité de la personne... c'est sûr que c'est
un pansement, là, on met ça puis c'est
sûr que ça aide un certain nombre de personnes, mais, sur le plan de la
dignité, c'est à revoir, et, sur le plan de la sécurité, c'est aussi à revoir. Donc, c'est pour ça que ça doit être vu
davantage comme transitoire entre une installation permanente que le
programme pourrait aider et pourra aider.
• (21 h 20) •
Donc, Mme la
Présidente, j'aimerais vous amener aux recommandations qui sont mentionnées
dans le rapport, qui, bon, comme
notre collègue l'a mentionné : «Que l'Office des personnes handicapées du
Québec dresse le portrait de l'accessibilité aux commerces de proximité au Québec et qu'il cerne
les principaux défis à relever», ce qui va nous permettre d'avoir un portrait
du Québec, mais aussi de voir c'est quoi, l'ampleur, qu'est-ce qu'on devrait prioriser, est-ce qu'il y a des régions plus problématiques que
d'autres, est-ce qu'il y a des types de commerces plus problématiques que
d'autres et est-ce qu'on devrait investir
davantage ou à quelle fréquence. Et le montant de la subvention par commerce,
est-ce qu'elle est suffisante? Donc, ça va nous permettre d'avoir un certain
nombre d'informations à ce sujet.
«Que l'Office des personnes handicapées du Québec
soit appuyé par [tous les organismes] détentrices de renseignements à ce sujet» parce qu'il n'y a pas un organisme qui a
l'ensemble de l'information, parce qu'il peut y avoir les villes, il peut y avoir les chambres de
commerce, il peut y avoir un certain nombre d'organismes ou de regroupements
qui peuvent aider l'Office dans cette matière.
«Que l'Office
des personnes handicapées du Québec fasse rapport à ce sujet à la Commission de
l'économie et du travail avant le 1er
février 2018.» Je tenais beaucoup à ce qu'il y ait une date et qu'on mentionne
1er février 2018 pour avoir un peu de
temps avant le prochain budget du gouvernement pour faire en sorte que, bon, le
ministre des Finances puisse tenir compte de l'état des lieux pour une
éventuelle bonification du programme, par exemple. Et :
«Que la
Commission de l'économie et du travail étudie ce rapport.» Donc, qu'on puisse
se réunir de nouveau, les parlementaires qui ont étudié cette question,
pour pouvoir bonifier notre travail ou non.
En terminant,
Mme la Présidente, je dirais que c'est un enjeu important pour notre
population, pour la population des
personnes vivant avec un handicap. Ce n'est déjà pas facile pour eux. Donc, on
doit leur faciliter l'accès et s'assurer que, pour eux, leur dignité soit respectée, leur liberté, leur liberté
comme consommateurs, comme amateurs de culture, comme voyageurs, comme citoyens à part entière. Et aussi, avec le
vieillissement de la population comme on entend de plus parler, Mme la
Présidente, bien, aussi avoir en tête que, malheureusement, dans un grand
nombre de cas de ces personnes, ils doivent
davantage vivre, bon, soit avec des équipements qui leur permettent d'avoir une
mobilité meilleure, mais qui est
quand même rudimentaire. Donc, on doit aussi avoir en tête cette situation-là
pour l'ensemble des personnes pour qu'on n'exclue pas de citoyens au
Québec.
Donc,
c'est les constats, les recommandations du rapport. C'est un peu le bilan des
travaux, qui ont été très intéressants. Et je crois, Mme la Présidente, qu'on devrait favoriser ce genre
d'échange entre parlementaires mais aussi avec des groupes pour traiter de questions qui ne se font pas la
une, qui ne sont pas toujours dans les médias, qui ne sont pas toujours à la période de questions, mais qui ne sont pas moins
intéressantes pour autant. Et là-dessus je vous remercie, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup. Merci,
M. le député de Saint-Jean. Et maintenant, je vais céder la parole à
M. le député de Jean-Lesage.
M. André Drolet
M. Drolet :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Mes salutations aux collègues ici présents
ce soir. Salutations, naturellement, à toute l'équipe de la commission.
C'est avec un
grand plaisir que je me présente devant vous ce soir pour discuter du mandat
que nous nous sommes donné, la
Commission de l'économie et du travail, en juin 2016, de recevoir la Régie du
bâtiment du Québec et le Regroupement des activistes pour l'inclusion au
Québec.
Vous
comprendrez, Mme la Présidente, que, lors de cette audition, deux groupes, nous
étions tous et toutes très attentifs et intéressés au message qu'ils
avaient à nous présenter. Nous avons par la suite mené une réflexion sur les propos entendus, ce qui nous a menés à la
présentation d'une recommandation votée le 17 mai 2017 et confirmée le 13 juin
2017.
L'un des
éléments soulevés par les deux groupes — Régie du bâtiment du Québec, Regroupement
des activistes pour l'inclusion au
Québec, Regroupement des organismes de personnes handicapées de la région 03,
l'Association des sociétés de développement commercial de Montréal et de
Kéroul — rencontrés,
était l'accessibilité aux commerces pour les
personnes à mobilité réduite. Vous comprendrez, Mme la Présidente, que nous
sommes tous très sensibles pour l'accessibilité
aux personnes de mobilité réduite, et cela, dans toutes les régions du Québec,
mais vous comprendrez bien qu'à certains endroits déjà existants c'est
un grand défi.
Notre
recommandation traduit un consensus au sein de la commission. Un état de
situation exhaustif pourrait nous permettre
d'évaluer la marche à suivre dans le futur. Nous sommes tous très sensibles,
comme je le disais, et regardons cet enjeu avec beaucoup d'intérêt et de
prudence. Ce n'est pas une question simple parce que chacun de nous sommes
touchés de près dans nos familles, nos amis, nos citoyens de notre comté.
Ma collègue
la députée de Fabre a fait une revue approfondie d'un programme que notre
gouvernement a mis en place dans le
présent budget. Ce programme a pour but de favoriser l'accessibilité pour
160 commerces par année pour les cinq prochaines années. Une
enveloppe supplémentaire de 8 millions de dollars y sera accordée. Vous
comprendrez, Mme la Présidente, que
l'importance du retour à l'équilibre budgétaire, pour cette somme, a été très
importante. Alors, c'est à
reconnaître, les efforts de notre gouvernement pour reconnaître les besoins de
ces gens à mobilité restreinte, car ce programme n'est pas le premier
effort déployé par notre gouvernement du Québec pour améliorer l'accessibilité
aux personnes à mobilité réduite. Un rapide
historique s'impose de lui-même pour comprendre où le Québec se situe aujourd'hui
à propos de cet enjeu.
D'abord,
une réglementation déjà en vigueur au Québec prévoit des normes d'accès pour
les édifices publics construits en
1976. En 2004, le Québec s'est doté d'une loi assurant l'exercice des droits de
personnes handicapées en vue de leur intégration
professionnelle et sociale... scolaire et sociale, pardon. Depuis l'adoption de
cette loi, on regarde activement à étendre
le règlement pour les bâtiments construits avant 1976. Vous comprendrez, Mme la
Présidente, qu'un tel exercice est particulièrement ardu et minutieux
puisqu'il y a un nombre important d'investissements touchés par l'étendue du règlement, par exemple les ministères et organismes publics,
RBQ, mais aussi les Affaires municipales. De plus, le gouvernement s'est entendu avec l'office de la protection des personnes
handicapées pour que, d'ici 2017, ces travaux soient mis en vigueur pour
les bâtiments construits avant 1976.
La
RBQ est présentement à travailler sur une réforme de la Loi sur le bâtiment
afin de rendre ceux-ci plus accessibles
pour les personnes à mobilité réduite. C'est un enjeu sociétal non trivial, et
c'est pourquoi nous demandons un effort
aux commerçants afin d'améliorer l'accessibilité à leurs locaux. Vous
comprendrez, Mme la Présidente, que c'est un grand défi et que cela,
sans mauvaise volonté de leur part, ce n'est pas toujours évident, mais nous y
parviendrons.
En
ce sens, afin de favoriser de telles démarches par les commerçants, comme je
l'ai mentionné, le gouvernement a
annoncé un investissement supplémentaire de plus de 8 millions de dollars
sur cinq ans pour améliorer l'accessibilité pour les personnes avec un handicap. Cet investissement supplémentaire
vise plusieurs établissements à la grandeur du Québec, on parle donc
d'un coup de main non négligeable.
Parlant
des PME, nous ne croyons pas, Mme la Présidente, que les PME n'ont pas
d'incitatifs pour aménager leur commerce
de façon à permettre un accès aux personnes à mobilité réduite. Comme les
représentants des commerces l'ont si
bien fait valoir lors de leurs auditions devant la commission, l'accessibilité
restreinte affecte négativement les recettes de petites entreprises au
profit de magasins à grande surface. Voilà un grand défi monétaire des petites
industries du commerce au détail, Mme la Présidente.
En
tant qu'adjoint parlementaire de la ministre responsable des Petites et
Moyennes Entreprises, c'est évidemment un
enjeu qui me touche. Vous savez probablement, Mme la Présidente, que j'ai
moi-même oeuvré dans le milieu commercial avant de faire le saut en politique, et je serai avec eux pour bien les
diriger, pour donner le plus possible l'accessibilité à nos citoyens qui
en ont vraiment besoin.
Ne pensez pas que ces
commerçants ne se sentent pas interpellés par cet enjeu, et de plus d'une
façon. Non seulement ils savent que c'est une réalité très difficile
pour les gens à mobilité réduite, mais en plus ils savent pertinemment ce que ça implique pour leur commerce : moins
de profits à court terme et à moyen terme. Cela dit, les coûts de rénovation afin de permettre l'accès aux personnes à mobilité réduite sont élevés,
et ça, lorsqu'il y a déjà une possibilité de le faire.
Mme la Présidente, ce n'est pas toujours une mauvaise volonté, mais nos PME sont
confrontées avec cette réalité qui
n'est pas toujours facile à régler. Un grand nombre de petites entreprises
à 300 mètres carrés et moins se trouvent dans des secteurs patrimoniaux des villes, ce qui
complique de beaucoup les projets de rénovation. Prenons, par exemple, le Vieux-Québec. Plusieurs commerces sont très près l'un de l'autre lorsqu'ils
ne sont pas collés, ce qui rend, en pratique, impossible l'ajout d'appareil de levage adéquat. Rappelons-nous que l'on
parle de commerces de moins de 300 mètres carrés. L'ajout d'un
appareil de levage à l'intérieur d'un tel commerce compromet sérieusement
l'espace disponible pour les marchandises, et
donc ça implique des pertes de profits pour les commerçants. Notons que les
commerces de 300 mètres carrés et moins ne sont généralement pas
des commerces roulant sur l'or.
Voilà, Mme la
Présidente, un constat de cette réalité que chacun de nous, comme députés,
avons à vivre dans chacun de nos comtés. Merci beaucoup.
• (21 h 30) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie, M. le
député de Jean-Lesage. Maintenant, je recède
la parole à M. le député de Saint-Jérôme.
M. Marc Bourcier
M. Bourcier :
Merci, Mme la Présidente. Je vais être bref. À l'issue de ces auditions...
Des voix :
...
M. Bourcier :
Merci. Je vais être un peu moins bref que ça, Mme la Présidente.
Alors,
je sais que les membres de la
commission se sont entendus sur la
fameuse recommandation de l'accessibilité
aux commerces de proximité, que l'Office des personnes handicapées dresse le portrait de tout ça et que ce soit en
place possiblement et référé le 1er février. Donc, la question que je me
pose, c'est : Pourrait-on le bonifier?
C'est
une recommandation importante qui permettrait de documenter le problème
d'accessibilité aux commerces de
proximité et qui pourra clarifier, finalement, un flou organisationnel. Le
portrait qui serait ainsi dressé par l'Office des personnes handicapées du Québec sera le premier
pas vers la résolution de la problématique. Le gouvernement n'aura plus
d'excuse, il devra agir.
Mais,
malgré l'adoption de cette recommandation qui, si elle est suivie d'une réelle
volonté politique, pourrait avoir un
impact important dans le quotidien des nombreux Québécois et Québécoises ayant
une mobilité réduite, bien sûr, je ne peux pas passer sous silence, Mme
la Présidente, une occasion manquée, un rendez-vous raté.
Lors des séances de
travail de la commission qui ont suivi les auditions, j'ai proposé deux
recommandations supplémentaires qui visaient
à accroître l'accessibilité, deux recommandations qui, malheureusement, comme
la pluie, ont été balayées du revers de la main par les députés du parti
gouvernemental.
Premièrement,
la première proposition était que le gouvernement clarifie la notion
d'imputabilité quant à la mise en
accessibilité des bâtiments lors de leur construction ou de travaux de
rénovation en collaboration avec les municipalités. Lors des auditions, les regroupements nous ont dit
qu'au niveau de l'imputabilité il y a un manque, il y avait un vide. Qui est
responsable de quoi, Mme la Présidente? Qu'une des choses qui pourrait aider à
faire avancer évidemment les événements,
c'est savoir à qui revient l'imputabilité si un commerce est non accessible.
Est-ce que c'est l'arrondissement? Est-ce
que c'est la ville? Est-ce que c'est l'architecte qui a fait le design ou qui
va faire le design, dans le cadre d'un nouveau building? Est-ce que
c'est le promoteur, le propriétaire, le locataire?
Donc,
Mme la Présidente, la nécessité de trouver dans la chaîne d'accessibilité puis
dans la chaîne d'imputabilité la
personne ou l'ordre professionnel qui est responsable de mettre en
accessibilité un nouveau bâtiment ou lorsqu'il y a une réparation, une
rénovation, à un bâtiment existant est très importante.
Deuxièmement,
ce que j'avais proposé et qui a été refusé est que le gouvernement mette en
place un processus d'évaluation pour
la mise en accessibilité lors de l'octroi de permis pour les travaux de
rénovation ou de construction. Deux
recommandations qui venaient répondre aux demandes formulées lors des
auditions. Deux recommandations qui n'avaient
pas de réelles incidences financières pour le gouvernement, mais qui auraient
eu un impact certain dans la vie de milliers
de personnes. Deux recommandations, Mme la Présidente, malheureusement
refusées, car elles ont été jugées trop prématurées.
Mais ce n'est jamais assez rapide pour ceux qui
sont dans le besoin et ceux qui en ont besoin. C'est à eux que je pense ici, Mme la Présidente, à leur qualité de
vie. En tant que législateur, c'est mon devoir ultime de revenir à la charge
au sujet de ces deux recommandations. Et,
sur ce, Mme la Présidente, et à tous, je vous souhaite une bonne fin de soirée.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, y a-t-il d'autres
interventions sur le rapport de la Commission de l'économie? Alors, cela
met fin aux débats sur le rapport de la Commission de l'économie et du travail.
Et, pour la suite des choses, M. le leader
adjoint du gouvernement.
M. Tanguay :
Oui, Mme la Présidente, je fais motion pour ajourner nos travaux au vendredi 16
juin 2017, à 9 h 40.
Ajournement
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, est-ce que cette motion est adoptée?
Des voix : Adopté.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Adopté. Alors, en conséquence, j'ajourne nos
travaux au vendredi 16 juin, à 9 h 40.
(Fin de la séance à 21 h 34)