(Neuf
heures quarante minutes)
Le
Vice-Président (M. Gendron) : On vous souhaite un bon mercredi... un bon jeudi, pardon. Assoyez-vous.
Affaires
courantes
Déclarations
de députés
Nous
allons procéder à la rubrique Déclarations
de députés. Et je suis prêt à
entendre la première ce matin, et c'est M. le député des Îles qui va
nous la faire. À vous, M. le député.
Souligner la Journée de la
Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine
M. Germain
Chevarie
M. Chevarie : Merci,
M. le Président. Mon collègue
ministre responsable de la région Gaspésie—Îles-de-la-Madeleine se joint à moi pour
souligner aujourd'hui la Journée de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine.
Chaque
année, c'est une tradition à l'Assemblée
nationale de porter le bleu pour
célébrer cette journée particulière
où les Gaspésiens et les Madelinots sont à
l'honneur. Le bleu évoque le symbole de la relation privilégiée avec la mer.
En Gaspésie et aux Îles, le développement se
fait par le dynamisme, le travail passionné, la créativité et la ténacité de
ses habitants, de ses entrepreneurs,
de ses organismes sociaux et communautaires et des différents acteurs
socioéconomiques.
La
Gaspésie et les Îles ont ceci en commun : bien que deux territoires
distincts, ils sont les composantes d'une région précieuse pour l'ensemble du Québec, qu'il nous fait plaisir de
fêter aujourd'hui. Bonne journée aux Gaspésiens et Madelinots!
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Merci, M. le député, de votre déclaration. Je cède
maintenant la parole à Mme la députée de Taillon pour sa déclaration de ce
matin. À vous, Mme la députée.
Souligner le 40e anniversaire
de l'Association
Québec-France Montérégie
Mme Diane
Lamarre
Mme Lamarre :
M. le Président, merci. Aujourd'hui, je tiens à souligner le 40e anniversaire
de l'Association Québec-France Montérégie. Ce regroupement s'est donné comme
mission de développer une relation franco-québécoise directe et
privilégiée dans les secteurs culturel, social et économique.
Que ce soit par ses programmes
d'échange où de jeunes Français viennent récolter des pommes alors que nos cégépiens se lancent à l'assaut des vignobles
français, que ce soit par des facilités d'hébergement, des activités
sur les thèmes de la culture, de la
gastronomie ou de l'histoire ou encore des programmes favorisant
l'intégration ou le goût de la langue
française, les idées, comme vous pouvez le voir, ne manquent pas pour faire
grandir ce lien d'amitié qui nous unit à la France.
Félicitations
à sa présidente, Mme Suzanne Lachance, aux présidents passés, ainsi qu'à
M. Robert Lemay, membre depuis
1978! Merci pour ce fabuleux projet de retrouvailles pour le plaisir complice
de célébrer, chaque 14 juillet, notre inaltérable soif de liberté,
d'égalité et...
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Merci, Mme la députée, pour votre déclaration. Je cède maintenant la parole à Mme en bleu
de Chauveau. Alors, Mme en bleu de Chauveau, à vous la parole ce matin.
Féliciter Mme Laurie Blouin, championne
du monde de slopestyle
Mme Véronyque
Tremblay
Mme Tremblay :
Merci, M. le Président. Permettez-moi de féliciter une athlète de Stoneham, la
nouvelle championne du monde de slopestyle,
Laurie Blouin, qui est montée sur la plus haute marche du podium aux
Championnats du monde de surf des neiges, tenus en Espagne en mars
dernier.
Quatre
ans après son titre mondial junior, Laurie a récidivé. L'athlète de 21 ans
s'est imposée rapidement et a prouvé qu'elle a accompli de gros progrès cette saison dans des compétitions
internationales de niveau très relevé. Ce titre mondial confirme une
série de bons résultats en coupe du monde, lui permettant ainsi une sélection
pour les Jeux olympiques de 2018 à
Pyongyang. Audacieuse, déterminée, Laurie ne baisse jamais
les bras et poursuit ses rêves un entraînement à la fois, une
compétition à la fois.
Je salue donc
chaleureusement Laurie Blouin pour son travail acharné et sa grande
détermination, un bel exemple d'inspiration pour nos jeunes planchistes de tout
le Québec. Bravo, Laurie! Et continue ta poursuite vers
l'excellence. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Alors,
merci, Mme la députée, de votre déclaration. Je cède maintenant la parole à M. le député de Drummond—Bois-Francs
pour sa déclaration de ce matin. À vous.
Souligner le 20e anniversaire
du Tournoi provincial
de hockey balle pour les personnes ayant une
déficience intellectuelle Drummondville
M.
Sébastien Schneeberger
M. Schneeberger : Merci, M.
le Président. Alors, c'est avec un
plaisir que je souligne le 20e anniversaire du tournoi provincial de
hockey balle de Drummondville à l'intention des personnes vivant une déficience
intellectuelle.
Cette
année, un nombre record de 17 équipes en provenance des quatre coins de la
province ont participé à cette compétition unique au Québec qui a réuni
400 athlètes, entraîneurs et bénévoles. Cet événement, dont la popularité augmente tous les ans, va bien au-delà de l'activité
physique. En effet, il démontre que le sport aide aussi à s'affirmer
dans la société et à développer des
rapports sociaux. Le sport peut être aussi un puissant moyen d'intégration. Les
participants ne jouent pas seulement
pour eux-mêmes, ils sont très attachés à leur équipe respective. Ils jouent également pour
leur famille, leurs amis et le public. Ils ressentent d'intenses émotions et
font vivre de merveilleux moments à leur entraîneur, leurs
accompagnateurs, leur famille et spectateurs.
Je lève mon chapeau
au comité organisateur et aux bénévoles du Tournoi provincial de hockey balle!
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Merci pour votre déclaration. Je cède maintenant la parole à M. le député de D'Arcy-McGee pour votre déclaration de ce matin.
Rendre hommage à
Mme Lillian Vineberg pour son engagement
communautaire dans la circonscription de D'Arcy-McGee
M. David
Birnbaum
M. Birnbaum :
Merci, M. le Président. I
pay tribute today to a woman who has been a pillar in the communities I serve within the riding of
D'Arcy-McGee, and beyond. Lillian Vineberg has charted a path for individual
and community empowerment, through higher education, cultural enrichment
and health and well-being, and she continues to do so.
La première femme présidente du conseil d'administration de l'Université
Concordia, première femme membre du
conseil municipal de Hampstead, où elle a servi pendant un quart de siècle,
Mme Vineberg est également une ancienne présidente de Hope &
Cope, un organisme qui est une source d'inspiration à l'appui des survivants du
cancer.
She was the first to suggest a
commemorative exhibit on the 50th anniversary of the Israel Pavilion at Expo 67,
hosted at the Israel Architecture Archive in Tel-Aviv, which I had the privilege
of visiting along with our Premier just last week.
For a life well lived, for your
continued and honorable service to so many, Lillian, may you continue to go
from strength to strength.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Merci, M. le député de D'Arcy-McGee, pour votre
déclaration. Je cède maintenant la parole à M. le député de Rimouski pour sa
déclaration de ce matin. À vous, M. le député.
Rendre hommage à Mme Luce
Balthazar, directrice générale du
Conseil régional de l'environnement du Bas-Saint-Laurent
M. Harold
LeBel
M.
LeBel : Merci, M. le Président. Je souhaite rendre hommage à
Mme Luce Balthazar pour ses 25 ans à la direction du Conseil
régional de l'environnement du Bas-Saint-Laurent.
Personne engagée et
passionnée par les causes environnementales, Luce Balthazar a joué un rôle
crucial dans plusieurs grands dossiers
environnementaux de la région tels que la protection du béluga, l'opposition au
projet d'un port méthanier et pétrolier, à l'encadrement de l'expansion
des élevages porcins, aux dossiers concernant la forêt, depuis l'épandage de
pesticides chimiques jusqu'à l'implantation de l'aménagement écosystémique. Son
implication dans le processus de consultation régionale sur les aires protégées
a d'ailleurs permis d'aboutir à une entente.
Tournée
vers l'avenir, elle a su poser des jalons importants qui contribuent à ce que
le Bas-Saint-Laurent pose des actions
concrètes et structurantes pour la réduction de consommation de pétrole et la
transition énergétique. Son travail est hautement respecté et reconnu dans ma région. Pour cette raison, Luce
peut aisément mobiliser les acteurs du développement dans la réalisation de projets communs ainsi que
pour sensibiliser la population à adopter des pratiques respectueuses de
l'environnement.
Par sa crédibilité et
son dynamisme, il ne fait aucun doute que Luce Balthazar possède un leadership
plus qu'important en matière d'environnement
dans le Bas-Saint-Laurent, ce que je voulais absolument saluer aujourd'hui.
Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Merci, M. le député de Rimouski,
pour votre déclaration. Je cède maintenant la parole à M. le député de
Mont-Royal pour sa déclaration de ce matin. À vous, M. le député.
Souligner le Mois de sensibilisation à la
sclérose latérale amyotrophique
M. Pierre Arcand
M. Arcand : M. le Président,
j'aimerais souligner en cette Chambre le début du Mois de la sensibilisation de
la sclérose latérale amyotrophique,
également appelée la maladie de Lou Gehrig. Il s'agit d'une maladie neurodégénérative
qui s'attaque aux neurones moteurs du corps
et qui entraîne progressivement la paralysie. Malheureusement, l'espérance
de vie d'une personne atteinte varie de deux
à cinq ans. À ce jour, il n'existe aucun traitement efficace pour l'arrêter.
Située à Mont-Royal, dans ma
circonscription, SLA-Québec est le seul organisme au Québec qui offre
gratuitement une source d'information et un soutien psychologique,
financier et technique aux familles touchées.
Au cours de
la dernière année, nous avons tous pu constater les ravages qu'occasionne cette
maladie. Un collègue fédéral, M. Mauril Bélanger, en est décédé en
août dernier. Et, quelques mois plus tard, le Québec perdait
l'auteur-compositeur-interprète Luc Cousineau. Ces deux êtres d'exception oeuvraient
dans des domaines différents, mais ils partageaient le même désir de faire
connaître les répercussions de cette maladie. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : En vous remerciant, M. le député,
de votre déclaration, je cède maintenant la parole à Mme la députée de
Saint-Hyacinthe pour sa déclaration de ce matin. À vous.
Souligner le 185e anniversaire du Corps de cadets n° 1
Mme Chantal Soucy
Mme Soucy :
Merci, M. le Président. Aujourd'hui, je désire rendre hommage au Corps de
cadets n° 1 de Saint-Hyacinthe, qui célèbre cette année son
185e anniversaire.
Depuis 1867,
le Corps de cadets n° 1 inculque aux jeunes de la région de
Saint-Hyacinthe les valeurs de respect, de discipline et d'entraide. En leur offrant une multitude d'activités
variées, à la fois culturelles, sportives et militaires, le Corps de
cadets n° 1 contribue à former des jeunes responsables et engagés dans
leur communauté.
Aujourd'hui,
cinq représentants sont parmi nous, et je tiens à les remercier. Vous, ainsi
que vos prédécesseurs, façonnez
l'histoire du Corps de cadets n° 1 de Saint-Hyacinthe. C'est en grande
partie grâce à votre implication et à votre dévouement qu'il est encore
bien vivant après 185 ans d'activité.
Félicitations
et longue vie au Corps de cadets n° 1 de Saint-Hyacinthe! M. le Président,
j'invite tous les parents du Québec à initier leurs enfants au corps de
cadets de leur région pour en faire des citoyens engagés. Merci.
• (9 h 50) •
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Alors, on vous remercie de votre
déclaration. On souhaite la bienvenue au corps de cadets, qui sont
présents ici. Alors, bienvenue à l'Assemblée nationale.
Je cède
maintenant la parole à M. le député de Jean-Talon pour sa déclaration de ce
matin. M. le député, à vous la parole.
Souligner la Journée mondiale des parents
M. Sébastien Proulx
M. Proulx : Merci, M. le Président. J'invite donc cette
Assemblée à souligner avec moi la tenue de la Journée mondiale des parents, célébrée le 1er juin de
chaque année. C'est une journée qui met en lumière le rôle essentiel que jouent
les parents dans l'éducation, la protection et le développement global des
enfants.
Un
environnement sain et harmonieux est nécessaire pour permettre à tous les
membres de la famille de s'épanouir pleinement.
C'est pourquoi je tiens à réitérer l'engagement de notre gouvernement de
soutenir les parents, notamment dans l'atteinte d'un équilibre entre
leurs nombreuses responsabilités.
J'invite les
membres de cette Assemblée à joindre leur voix à la mienne pour rendre hommage
au dévouement des parents québécois
qui mettent tout en oeuvre pour assurer la réussite éducative de leurs enfants.
Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Alors, on vous remercie, M. le
député de Jean-Talon, de votre déclaration. Je cède maintenant la parole à M. le député de Bonaventure pour sa
déclaration de ce matin. À vous la parole, M. le député.
Souligner la Journée de la Gaspésie et des
Îles-de-la-Madeleine
M. Sylvain Roy
M. Roy :
Merci, M. le Président. Aujourd'hui, je porte le bleu au salon bleu car, en ce
1er juin, c'est la Journée de la Gaspésie et des
Îles-de-la-Madeleine.
Depuis 11 ans, les Gaspésiens et
les Madelinots d'origine, d'adoption et de coeur expriment, le premier jeudi de
juin, leur fierté envers la région. Cette
journée où l'on invite les participants à porter du bleu a été initiée par la
Commission jeunesse Gaspésie—Îles-de-la-Madeleine. La fierté, c'est
important, être fiers de qui nous sommes et d'où l'on vient.
Devant les
catastrophes naturelles, les fermetures d'usine, l'exil de nos jeunes et les
impacts sournois des gouvernements austères,
les Gaspésiens et Madelinots sont restés et resteront debout, droits comme des
piquets de cèdre. La résilience, on connaît. Le grand Félix Leclerc a
déjà dit :
«La Gaspésie, pays
intérieur de chacun de nous.
Le cri qui fera peur
à tout le monde, c'est d'ici qu'il viendra.»
Bonne Journée de la
Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine!
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Alors, je vous remercie, M. le député, de votre
déclaration de ce matin.
Et cette dernière
déclaration met fin à la rubrique Déclarations des députés. Les travaux sont
suspendus pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 9 h 52)
(Reprise à 10 h 1)
Le Président :
Mmes, MM. les députés, nous allons nous recueillir quelques instants.
Merci.
Présence du président du Sénat
de la République d'Haïti,
M. Youri Latortue, accompagné de sénateurs
J'ai
le plaisir de souligner la présence, dans nos tribunes, du président du Sénat
de la République d'Haïti, M. Youri Latortue. Il est accompagné de plusieurs
sénateurs.
Présence d'ex-parlementaires
de l'Assemblée nationale
J'ai
également le plaisir de souligner, dans nos tribunes, la
présence d'anciens parlementaires : Mme Fatima Houda-Pepin,
M. Pierre Corbeil, Mme Lucille Méthé et Mme Danielle Doyer.
Nous poursuivons les
affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a
pas de déclarations ministérielles.
Présentation de projets de loi
À la rubrique Présentation
de projets de loi...
Des voix :
...
Le
Président : S'il vous plaît! À la présentation de projets
de loi, M. le leader du deuxième groupe d'opposition.
M.
Bonnardel :
M. le Président, je vous demande d'appeler l'article a, s'il vous plaît.
Projet de loi n° 897
Le
Président : À l'article a
du feuilleton, M. le député de Chambly présente le projet de loi n° 897, Loi modifiant
la Loi sur la protection de la jeunesse afin de garantir le droit à
l'éducation. M. le député.
M. Jean-François Roberge
M. Roberge : Merci, M. le
Président. Il me fait plaisir de présenter le projet de loi n° 897, Loi
modifiant la Loi sur la protection de la jeunesse afin de garantir le
droit à l'éducation.
Ce projet de loi vise à garantir le
droit à l'éducation. À cette fin, il modifie la Loi sur la protection de la
jeunesse pour permettre au directeur
de la protection de la jeunesse de considérer qu'un enfant est dans une
situation de négligence qui compromet
sa sécurité ou son développement dans les cas où les parents ou la personne qui
en a la garde ne prennent pas les
moyens nécessaires pour que l'enfant remplisse son obligation de fréquenter
l'école, sauf dans les cas où l'enfant en est dispensé conformément à la
Loi sur l'instruction publique.
Mise aux voix
Le
Président : Est-ce que l'Assemblée accepte d'être saisie de ce
projet de loi? Adopté.
Dépôt de documents
À la rubrique Dépôt
de documents, Mme la ministre de l'Économie.
Accord économique et commercial global entre le Canada
et l'Union européenne, et note explicative
Mme Anglade : M. le Président, en vertu de
l'article 22.2 de la Loi sur le ministère des Relations internationales,
je dépose, au nom de la ministre des
Relations internationales et de la Francophonie, à titre de documents,
l'engagement international important suivant ainsi qu'une note
explicative sur le contenu et les effets de cet engagement : l'Accord économique et commercial global entre le Canada et
l'Union européenne, signé le 30 octobre 2016 et approuvé par le
Parlement européen le 15 février 2017. Merci, M. le Président.
Le Président : Ces documents sont
déposés. Mme la ministre de l'Économie, de la Science et de l'Innovation,
alors, au nom de la ministre des Relations internationales.
Motion proposant d'approuver l'accord
Mme
Anglade : Merci à nouveau, M. le Président. En vertu de
l'article 22.3 de la Loi sur le ministère des Relations internationales,
je fais motion, au nom de la ministre des Relations internationales et de la
Francophonie, pour que l'Assemblée nationale
approuve l'engagement international important que je viens de déposer, à savoir
l'Accord économique et commercial
global entre le Canada et l'Union européenne, signé le 30 octobre 2016 et
approuvé par le Parlement européen le 15 février 2017. Merci.
Le Président : Je vous avise qu'en vertu
de l'article 22.3 de la Loi sur le ministère des Relations internationales
la motion est présentée mais ne pourra être débattue avant 10 jours.
Alors, il n'y a pas
de dépôt de rapports de commissions.
Dépôt de pétitions
À la rubrique Dépôt de pétitions, j'ai reçu une demande de
M. le député de Marquette pour la présentation d'une pétition non
conforme. Est-ce qu'il y a consentement pour le dépôt de cette pétition?
Consentement. M. le député de Marquette.
Reconnaître la fête du Norouz, Nouvel An persan,
comme fête nationale
M.
Ouimet : Alors, M. le Président, en
votre nom, je dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale,
signée par 1 672 pétitionnaires. Désignation : citoyens et
résidents permanents du Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Whereas
Nowruz, the most important Iranian holiday, is now considered a global festival
as it was officially recognized and inscribed on the UNESCO Representative
List of the Intangible Cultural Heritage of Humanity in 2009;
«Whereas
the UN General Assembly recognized March 21st as the International Day of
Nowruz in 2010, describing it as a spring festival of
Persian origin which has been celebrated over thousands of years;
«Whereas Nowruz is one of the
most prominent traditions of the Persian culture and Iranian civilization, as
it represents the glory and the magnificence
of ancient Iran and manifests a sense of national pride and dignity for Iranians around the
world;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«We, the citizens and permanent
residents of the Province of Québec, petition
the National Assembly of Québec to recognize
Nowruz, the Persian New Year, as a national holiday in the Province of Québec.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition.
Le Président : Alors,
l'extrait de cette pétition est déposé.
J'ai reçu une
demande de M. le député de Labelle pour la présentation d'une pétition non conforme.
Est-ce que j'ai un consentement
pour le dépôt? Consentement. M. le député de Labelle.
Maintenir les opérations de la station piscicole de
Lac-des-Écorces
M.
Pagé : Merci, M. le Président. Je
dépose donc l'extrait — une deuxième cette semaine sur le même sujet — d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par 3 044 pétitionnaires.
Désignation : citoyens et
citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués sont les suivants :
«Considérant
que la station piscicole de
Lac-des-Écorces produit 75 % de
la production québécoise [de] salmonidés;
«Considérant
l'impact de sa perte pour le Québec sur les parcs, les réserves, les zecs, les
pourvoiries et la qualité de la pêche récréative;
«Considérant qu'elle est
un atout unique pour les régions des Hautes-Laurentides et du nord de
l'Outaouais;
«Considérant que ces régions vivent sur une
économie basée en grande partie sur la chasse et la pêche;
«Considérant qu'elle produit la majorité des
poissons pour la Fête de la pêche partout au Québec;
«Considérant l'expertise importante des employés
de cette station;
«Considérant
que le ministre veut fermer la station pour des raisons de sécurité liées à
l'affaissement du terrain, mais que la démonstration n'a jamais été
faite et que celui-ci est stable depuis près de 40 ans;
«Considérant
qu'il n'a présenté aucune évaluation des coûts de la fermeture et qu'il n'a pas
répondu à de nombreuses questions soulevées par les élus de la MRC
d'Antoine-Labelle;
«Considérant
que les coûts pour le transfert de la station de Lac-des-Écorces à la station de Baldwin seraient au moins deux fois plus élevés que de procéder à la
réfection, en plus de présenter une bien plus grande capacité de production;
«Considérant que la fermeture de cette station
piscicole serait au détriment du bien-être de la pêche sportive au Québec;
«Et l'intervention réclamée se résume
ainsi :
«Nous,
soussignés, demandons au gouvernement
du Québec de maintenir les opérations
de la station piscicole de Lac-des-Écorces et d'y [affecter] les investissements
nécessaires afin d'assurer sa pérennité.»
Je certifie que cet extrait est conforme à
l'original de la pétition.
Le Président : Alors,
l'extrait de cette pétition est déposé.
Il n'y a
pas de réponses orales aux pétitions ni d'interventions
portant sur une question de droit ou de privilège.
Je vous avise
qu'après la période de questions et de réponses orales sera tenu le vote
reporté sur la motion du député de Borduas débattue hier aux affaires
inscrites par les députés de l'opposition.
Questions et réponses orales
Nous en
sommes maintenant rendus à la période de questions et de réponses orales, et je
cède la parole à M. le chef de l'opposition officielle.
Relance du débat constitutionnel
M. Jean-François Lisée
M. Lisée : M. le Président,
au-delà des débats partisans que nous pouvons avoir et des familles politiques auxquelles nous appartenons, le fait est que la
nation québécoise existe et qu'elle est, pour l'instant, dans une fédération
qui devrait reconnaître son existence et lui
reconnaître une autonomie plus grande. C'est le combat qui est mené au Québec
depuis l'existence de la fédération.
Certains pensent que ce n'est pas possible et proposent l'indépendance,
certains pensent que c'est possible et tentent d'y arriver. C'est
pourquoi j'ai salué ce matin la décision du premier ministre d'affirmer qu'il y avait quelque chose de brisé dans la
Constitution canadienne qu'il devait réparer, et donc je salue cette lucidité.
J'allais lui
poser des questions sur la mécanique, comment il va s'y prendre, mais un
événement important s'est produit.
Quatre heures avant le dépôt officiel de la proposition du premier ministre, le
premier ministre du Canada, d'une façon inélégante, en chemise, en
marchant, en répondant à une question sans s'arrêter, a dit au premier ministre
de la nation québécoise : Il n'en est pas question. Il a dit : Vous
connaissez ma position, on ne rouvre pas la Constitution.
J'aimerais entendre le premier ministre sur ce mur
de refus de dialogue, cette absence de reconnaissance que quelque chose doit être réparé, sur l'attitude du
premier ministre du Canada, qui refuse même d'attendre les suggestions
du chef de la nation québécoise.
• (10 h 10) •
Le Président : M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : Merci, M. le
Président. Sur un sujet semblable, je crois et j'espère que, sur beaucoup
d'enjeux, nous serons capables de
faire l'unité ici, dans cette Chambre. Là où on différera, c'est probablement
l'objectif ultime, bien sûr, on aura l'occasion d'échanger là-dessus
aussi.
Je voudrais
dire également qu'avant de juger des réactions on va attendre que les gens
aient lu le document. Je pense que c'est la moindre des choses, de lire le document,
d'en voir les détails, la logique. C'est un document qui a pris deux ans de travail, deux ans de travail, qui
est présenté aujourd'hui, et je pense qu'il mérite le respect d'une lecture,
par tous et toutes, approfondie et respectueuse, même s'il peut y avoir des
différences.
Je dis, M. le
Président, aux Québécois aujourd'hui qu'avec ce document nous faisons une
déclaration d'affirmation du peuple
québécois et voulons enclencher une démarche. Quelle est cette déclaration?
C'est que nous formons une nation et que la conscience que nous avons
d'être une nation, en fait, est antérieure à 1867. Tous les événements de types
gouvernementaux ou quasi constitutionnels
qui se sont déroulés après la Conquête britannique de 1759 ont eu comme point central l'existence d'une communauté spécifique différente de langue française en Amérique du Nord. Donc, ça prédate, ça existait avant la fédération canadienne.
Notre nation
est démocratique, elle est libre de ses choix, elle a déjà
exercé ses choix à quelques reprises. Elle est à majorité
francophone, bien sûr, et c'est son caractère principal, mais elle donne toute
la place aux Québécois et Québécoises de langue anglaise
dans le plus grand respect de leurs droits, leur contribution historique et de
leurs institutions. Elle veut également
donner toute la place aux Premières Nations, qui, avec les peuples de langue
française et de langue anglaise,
auraient dû figurer au niveau du
pacte... dans le pacte fondateur qui a donné naissance au Canada. Alors, voici
ce que nous disons aujourd'hui.
Le Président : En terminant.
M. Couillard : Nous le disons au
Québec, c'est fait par les Québécois pour les Québécois.
Le Président : Première
complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M. Jean-François Lisée
M. Lisée : Le premier
ministre a raison de dire que, lorsque
le gouvernement du Québec formule des demandes au Canada, cela mérite le respect. Ce n'est pas du respect
qu'on a eu ce matin de la part du premier
ministre du Canada, c'est
du mépris, c'est du refus. Je sais que le ministre des Affaires canadiennes avait informé plusieurs de ses
collègues du Canada, les ministres.
Comment le premier ministre du Québec
explique-t-il ce mépris de Justin Trudeau envers sa proposition?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : M. le Président,
je ne reprendrai pas les paroles de mon collègue, je lui en laisserais la
propriété, mais je vais me permettre
d'attendre que M. Trudeau, et son équipe, et les autres partis fédéraux, et les
gouvernements des autres provinces et
territoires canadiens aient lu le document, qui est publié aujourd'hui de façon
simultanée en langue française et en langue anglaise, pour que tout le
monde en ait la même compréhension au même moment.
Je vais également compléter mes paroles, les
paroles prononcées il y a quelques instants, en disant que notre allégeance
fondamentale, c'est d'être Québécois et Québécoises. Si on me demandait :
Vous êtes quoi, vous? Je suis Québécois.
C'est la conscience de cette allégeance au Québec qui me permet d'y ajouter
l'appartenance canadienne. Et c'est d'ailleurs le choix d'une majorité
de la population de Québécois et de Québécoises...
Le Président : En terminant.
M. Couillard : ...qui nous permet de
dire haut et fort : Être Québécois, c'est notre façon d'être Canadiens.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M. Jean-François Lisée
M. Lisée :
Bien, le premier ministre a eu deux fois l'occasion, depuis le début de cet
échange, de dire que la réaction du
premier ministre du Canada n'était pas à la hauteur du geste qu'il veut poser
aujourd'hui. Il ne l'a pas lu, il ne veut pas le lire, il ne veut même
pas engager la conversation.
Est-ce que le
premier ministre peut nous dire s'il trouve ça bien ou mal et pourquoi il ne
veut pas réagir à cette gifle qu'il vient d'avoir du premier ministre du
Canada?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : Alors,
malheureusement, mon collègue, avec la hauteur des propos, cependant, que je
reconnais dans son intervention, veut
engager la joute sous forme d'une chicane ou d'un conflit entre le premier
ministre du Canada, le premier ministre du Québec et les parlementaires
de l'Assemblée nationale.
Je vais encore répéter ce que j'ai dit il y a
quelques instants. Tout le monde va lire le document de façon approfondie et sérieuse, j'espère, et par la suite
on aura probablement des commentaires qui seront plus approfondis sur ce
que nous annonçons aujourd'hui ou ce que nous proposons aujourd'hui aux
Québécois.
Je vais, M. le Président, également redire
encore une fois que, pour nous, pour les Québécois...
Des voix : ...
M. Couillard : Est-ce qu'on pourrait écouter? C'est un moment
important, je crois, qu'on vit actuellement. Alors, pour les Québécois,
c'est une occasion de réaffirmer à nos compatriotes canadiens...
Le Président : En terminant.
M. Couillard :
...que le Québec... le Canada demeure un pacte...
Le Président : Troisième
complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M. Jean-François Lisée
M. Lisée :
J'ai félicité ce matin, et je réitère, le premier ministre et son gouvernement
de reconnaître, dans des mots très
durs, que, sans la signature du Québec dans la Constitution, les
Québécois — et je
les cite — sont des
exilés à l'intérieur de leur propre pays. Maintenant, il faut reconnaître
aussi, lorsque le Canada nous dit non... Et le premier ministre du Canada vous a dit non ce matin sans
même vouloir vous lire. Alors, on s'attendrait à un peu plus de colonne vertébrale et de dire que peut-être le premier
ministre du Canada n'est pas le seul à parler pour le Canada et lui demander
de le lire.
Le Président : M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : Bien, c'est exactement ce que je viens de dire.
Et puis j'ajouterais également, M. le Président, que le Canada ne se résume pas à la personne du premier ministre du
Canada ni même au gouvernement actuellement à Ottawa ou au parti politique formant le gouvernement. Le Canada, c'est
des dizaines de millions de citoyens et de citoyennes dans les
différentes provinces et territoires.
Et,
encore une fois, ce que nous proposons aujourd'hui, en passant, ce n'est pas
une démarche constitutionnelle — ça, c'est
la destination ultime — c'est d'abord une démarche de reprise du dialogue et de la
compréhension entre les peuples qui
ont formé ce pays. Nous disons : Nous sommes Québécois, notre nation est
fondatrice du pays. Nous allons engager le dialogue avec les autres Canadiens et les autres Canadiennes. Et, pour
ce qui est de la réaction du premier ministre du Canada, il aura
l'occasion, je crois, de reprendre lorsqu'il aura lu le document.
Le Président : Principale, M.
le député de Rousseau.
Lutte contre l'évasion fiscale
M. Nicolas Marceau
M. Marceau : M. le
Président, le gouvernement fédéral a annoncé qu'il ouvrait un nouveau paradis
fiscal aux îles Cook. Il va donc désormais être possible pour des
multinationales de rapatrier des profits des îles Cook sans qu'ils soient imposés par le gouvernement fédéral.
Vous savez que Justin Trudeau avait promis de lutter contre les paradis fiscaux, mais là il choisit d'ouvrir un nouveau
paradis fiscal aux îles Cook. Et ce que nous nous demandons ici, c'est :
Est-ce que les promesses du gouvernement du
Québec de lutter contre les paradis fiscaux sont équivalentes à celles de
Justin Trudeau?
Alors, ma
question est très simple : Est-ce que le ministre des Finances va suivre
le gouvernement fédéral et offrir le même statut fiscal aux îles Cook,
oui ou non?
Le Président : Vous voulez
répondre? M. le ministre des Finances.
M. Carlos J. Leitão
M. Leitão :
Merci, M. le Président. Écoutez, c'est aussi très bientôt — je pense, la semaine prochaine — que le Canada va formellement signer
l'entente de l'OCDE concernant le fameux BEPS, Base Erosion and Profit
Shifting, une convention internationale qui va limiter beaucoup l'évasion
fiscale et la capacité des compagnies
multinationales d'évader leurs
obligations fiscales. Maintenant, pour ce qui est de ce que le gouvernement fédéral vient de faire ou pas faire avec les îles Cook, écoutez, je n'ai
pas de commentaire à faire là-dessus.
Je peux aussi
ajouter que, dans deux semaines, le 18 et le 19 juin, il va y avoir une
réunion fédérale-provinciale des ministres des Finances avec plusieurs sujets à
l'ordre du jour. Un de ces sujets-là, c'est justement l'évasion fiscale
et qu'est-ce que nous, Canadiens, ensemble, provinces et gouvernement fédéral,
pouvons faire pour mieux contrer ce phénomène-là.
Le Président : Première
complémentaire, M. le député de Rousseau.
M. Nicolas Marceau
M. Marceau :
M. le Président, le gouvernement du Québec a une décision à prendre. Est-ce
qu'il va choisir de s'harmoniser avec
le gouvernement fédéral? Est-ce qu'il va choisir d'offrir aux îles Cook le même
statut fiscal que celui qui a été offert par le gouvernement fédéral?
C'est votre décision.
Est-ce que,
oui ou non, vous allez vous harmoniser? Est-ce que vous allez offrir le même
statut fiscal aux îles Cook?
Le
Président : M. le ministre des Finances.
M. Carlos J. Leitão
M.
Leitão : Nous avons, au Québec,
toute la latitude nécessaire pour prendre ces décisions-là. On le fera en
temps et lieu. Ce que je répète, ce
que je répète, M. le Président, c'est que, la semaine prochaine, le Canada
va signer l'entente concernant le
BEPS, ce qui est très important, il ne faut pas minimiser son ampleur, et la
semaine d'après il y aura une
réunion fédérale-provinciale où on discutera de ces enjeux-là. On prendra nos
décisions en temps et lieu.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Rousseau.
M. Nicolas Marceau
M.
Marceau : M. le Président, la décision fédérale, elle est
prise. Le gouvernement du Québec doit prendre une décision. Est-ce que vous voulez ajouter un
nouveau paradis fiscal à la liste déjà très longue que le gouvernement fédéral
accepte? Nous, on pense qu'il faut arrêter. Il faut arrêter, il faut dire non
aux paradis fiscaux, il faut ne pas signer de convention fiscale de cette
nature-là.
Est-ce
que vous allez vous engager pour de vrai à lutter contre les paradis fiscaux ou
vous allez faire semblant comme vous le faites depuis le début?
• (10 h 20) •
Le Président :
M. le ministre des Finances.
M. Carlos J. Leitão
M.
Leitão : On ne fait pas semblant. Voyons! C'est un peu de... Écoutez,
ce n'est pas gentil. La question, par contre, est très pertinente et très importante. Il ne faut pas minimiser
l'ampleur de cette signature de l'accord des BEPS. C'est quoi, le BEPS? C'est
un accord international où les différentes juridictions à l'intérieur de l'OCDE
adoptent des pratiques communes pour empêcher les compagnies multinationales de
changer leur localisation des profits de l'endroit où les profits ont
été générés. Donc, avec cet accord-là, l'utilisation des paradis fiscaux comme
les îles Cook...
Le Président :
En terminant.
M. Leitão :
...et les autres devient inutile parce qu'il y a un accord international.
Le Président :
Principale, M. le député de Sanguinet.
Investissement gouvernemental
dans le développement des CSeries
M. Alain Therrien
M.
Therrien : M. le Président, ce gouvernement, en 2015, a donné à la série C 1,3 milliard contre de l'équité. Ça, c'est
en 2015. On attendait, à partir de ce moment-là, l'aide du fédéral. En février
dernier, on a appris que le fédéral prêterait,
donc un prêt remboursable de 125 millions. On est loin du 1,3 milliard. Le premier ministre, à l'époque, s'était montré
satisfait. Le P.D.G. de Bombardier a dit qu'il était aussi satisfait, compte tenu
que la situation financière s'était améliorée.
Mais,
surprise, la semaine passée, on apprenait que Bombardier est à la recherche
d'investisseurs et qu'ils ont même
approché une entreprise chinoise qui, justement, est intéressée. Alors donc, on est prêt à diluer
l'investissement des Québécois, à partager les brevets avec une
entreprise d'État chinoise qui salive à l'idée de partir avec des années de
développement payé par les contribuables.
Ma question est
simple, M. le Président : Comment ça se fait que le petit prêt de
125 millions du fédéral était supposément suffisant mais qu'aujourd'hui on
est en train de négocier avec des investisseurs de Chine?
Le Président :
Mme la ministre de l'Économie.
Mme Dominique Anglade
Mme
Anglade : Merci, M. le Président. Comme vous le savez, ce qui est
important pour nous, c'est les 40 000 emplois que nous avons dans le secteur de l'aérospatiale.
Ce qui est important pour nous, c'est de nous assurer qu'on soit capables d'innover
au Québec et de défendre les 40 000 familles qui dépendent des
emplois dans le domaine de l'aérospatiale.
Bombardier
est une ancre, et il nous faut, à ce moment-là, nous assurer de la croissance
de l'entreprise. Je sais que le député de l'opposition fait des
commentaires par rapport à des suppositions de discussions. Nous, ce qui nous importe, c'est quoi, M. le Président? C'est de
nous assurer que les emplois soient ici, que le siège social soit ici et que,
s'il y a des gens qui sont intéressés à se
joindre à la CSeries, s'il y a des gens qui sont intéressés à se joindre à
Bombardier, nous allons regarder ça.
Et il faut se rappeler d'une chose, c'est que le Québec a un droit de veto sur
toutes les décisions quand il s'agit du CSeries. Merci, M. le Président.
Le
Président : Première complémentaire, M. le député de Sanguinet.
M. Alain Therrien
M.
Therrien :
Écoutez, quand on a entendu la rumeur par rapport à la Chine, le premier
ministre était ouvert à cette possibilité-là. Je vais vous lire quelque
chose là-dessus : «Selon le professeur Mehran Ebrahimi, directeur [des ressources] du groupe d'études en management des
entreprises en aéronautique[...] — il dit — COMAC serait le "pire
partenaire" à accueillir. Nous allons mettre les technologies les plus
avancées ainsi qu'un savoir-faire sur un plateau d'argent et l'offrir à des
gens qui en ont bien besoin.»
Alors, quand
vous dites que vous voulez protéger les emplois, qu'est-ce que vous allez faire
pour éviter ce piège-là?
Le Président : Mme la
ministre de l'Économie.
Mme Dominique Anglade
Mme
Anglade : M. le Président, on a une opposition qui ne voulait pas que
le gouvernement s'implique. On a une opposition qui ne voulait pas que
le gouvernement aide Bombardier et, en fait, qu'on milite pour s'assurer que
les 40 000 emplois persistent et qu'on ait encore une croissance dans le
domaine de l'aérospatiale au Québec.
Aujourd'hui,
ils nous disent : Ah! bien là, qu'est-ce que va faire le gouvernement? Ce
que veut faire le gouvernement, c'est
de nous assurer que nous avons ces 40 000 emplois préservés et que
nous ayons une croissance dans ce domaine. C'est ça que nous allons
faire. C'est donc ce que nous allons continuer à faire.
Le Président : Deuxième complémentaire,
M. le député de Sanguinet.
M. Alain Therrien
M.
Therrien : Elle ne répond pas à la question,
elle revient sur le deal avec Bombardier. Nous, on n'a rien contre l'idée, sauf qu'on aurait fait un deal
intelligent, nous autres. Ce n'est pas la même chose, là, il ne faut pas
confondre, là.
Quand on
parle de la menace chinoise qui pèse lourd actuellement, qu'est-ce
qu'elle va faire pour empêcher que ça
se réalise, pour protéger les emplois du Québec, pour faire en sorte que
la recherche et développement reste au Québec? Elle ne répond pas à cette question-là, M.
le Président. On a 1,3 milliard au bat actuellement, là.
Est-ce qu'elle va réagir et nous donner une idée
de ce qu'elle va faire?
Le Président : Mme la ministre
de l'Économie.
Mme Dominique Anglade
Mme
Anglade : Le timbre de voix du député de l'opposition est inversement
proportionnel à ses propos, M. le Président.
La réalité, là, c'est que, les 40 000 emplois, la raison, depuis le
début, pour laquelle on a décidé de s'impliquer, c'est justement pour
protéger les 40 000 emplois, c'est justement pour faire de la
recherche et développement, c'est justement
pour avoir un siège social ici. S'il y a un gouvernement qui s'est levé pour
défendre le secteur de l'aérospatiale, c'est
bien ce gouvernement-ci. On va continuer à le faire, et toutes les décisions
que nous allons prendre, c'est pour nous assurer que le siège social et
que les emplois sont préservés ici. Merci, M. le Président.
Le
Président : M. le chef du deuxième groupe d'opposition, en
principale, et à qui je souhaite un joyeux anniversaire.
Exigences en matière de contenu local
dans certains appels d'offres
M. François Legault
M. Legault :
M. le Président, le problème de notre économie, c'est que le salaire moyen au
Québec est beaucoup plus bas que
celui de nos voisins, et le principal défi qu'on a, c'est d'attirer plus
d'emplois à 30 $, 40 $ de l'heure, des emplois, entre autres,
qu'on retrouve dans le secteur manufacturier.
Une des
divisions les plus prometteuses de Bombardier, c'est la division Transport,
celle qui fabrique des voitures de métro, de train, et la compagnie,
d'ailleurs, allemande Siemens rêve depuis longtemps d'acheter cette division Transport de Bombardier. Or, on apprend qu'un
organisme financé par le gouvernement du Québec, l'AMT, a réduit le contenu
local exigé dans un appel d'offres. Résultat : les wagons de métro, de
train vont être fabriqués à l'extérieur du Québec.
Quand on regarde aux États-Unis, on a le Buy
America Act où, dans les contrats, les appels d'offres pour du transport en
commun, on exige un contenu local de 60 %. Nous, à l'AMT, on passe de
25 % à 15 %.
Est-ce que le premier ministre cautionne ces
façons de faire de l'AMT?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : J'espère, M. le
Président, que mon collègue était heureux de l'annonce de la création de 150 emplois, justement, à l'usine de
La Pocatière. Je pense que le monde du Bas-Saint-Laurent, eux autres, ils
étaient pas mal contents de ça. C'est lié aux wagons du métro.
Maintenant,
M. le Président, il est exact qu'en vertu des accords commerciaux on peut
demander jusqu'à 25 % de contenu
local pour les véhicules roulants, le matériel roulant. L'AMT a décidé de
diminuer ce pourcentage pour bénéficier d'une concurrence plus grande.
Je ne pense pas qu'il puisse s'objecter au fait qu'il y ait une concurrence
pour les appels d'offres. Un bon appel
d'offres, en général,
ça survient lorsqu'il y a de la
concurrence. Il y a maintenant un marché qui existe pour ça. L'AMT a
pris sa décision, on verra quel est le résultat par la suite.
Il y aura
d'autres décisions à prendre également pour le REM, et c'est la Caisse de dépôt
qui gère ce dossier. Et M. Sabia
a déjà indiqué qu'il aurait un appel d'offres complètement ouvert et
international pour avoir le plus de compétition possible et les
véhicules de meilleure qualité possible au meilleur prix pour les Québécois.
Le Président : Première
complémentaire, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M. François Legault
M. Legault :
M. le Président, le premier ministre devrait comprendre que, lorsqu'on donne un
contrat avec une exigence de
25 % de contenu local puis que c'est des emplois payants, il rentre plus
de revenus au gouvernement du Québec. Donc,
s'il rentre plus de revenus, même s'il y a une différence de prix, on peut être
gagnants. Ce que le premier ministre vient
de nous dire, c'est qu'il est d'accord avec le fait que l'AMT réduise à
15 %, qu'il est d'accord que la Caisse de dépôt, avec le REM, soit
à 0 %.
Quand va-t-il faire preuve de leadership?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : D'abord, M. le
Président, moi, je ne dirai pas à la Caisse de dépôt quoi faire. Et je
comprends que, de façon répétée, mon
collègue veut qu'on s'immisce dans la gestion de la Caisse de dépôt, qu'on leur
dise où investir et quoi faire. La
Caisse de dépôt, c'est le leader du projet. Ils décideront eux-mêmes, elles-mêmes,
avec la grande compétence qu'on leur
connaît, comment structurer l'appel d'offres. Et je pense qu'en général — je vais répéter ça — en général, on a intérêt à ce qu'il y
ait le plus de compétition possible dans ces appels d'offres là.
Maintenant,
au lieu d'être défensives, nos entreprises, au contraire, devraient dire :
Voilà l'occasion, encore une fois, de
démontrer que je suis meilleure, même, que mes compétiteurs étrangers. Moi,
j'aime mieux des Québécois à la conquête que des Québécois sur la
défensive, et c'est ce qu'on va vouloir encourager, M. le Président.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M. François Legault
M. Legault : M. le Président,
les Américains exigent 60 % de contenu local, l'Ontario exige 25 %.
Même l'adversaire du premier ministre, Raymond Bachand, dans un appel d'offres
semblable, avait exigé 60 %.
Pourquoi le
premier ministre refuse d'exiger 25 %? Je comprends qu'il ne veut pas
savoir ce qu'il se passe à la Caisse. Quand va-t-il montrer un peu de
leadership?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : C'est là, le
problème, M. le Président. Le jour où le gouvernement du Québec, clairement, se
place en situation de s'immiscer dans
la gestion de la caisse, dans les choix de la Caisse de dépôt, immédiatement la
Caisse de dépôt est décotée, immédiatement sa réputation d'investisseur est
diminuée. Il dit : Ce n'est pas vrai. Il sait très bien que c'est
vrai. Qu'il demande donc à son ancien collègue M. Dubé, qu'il demande donc...
Des voix : ...
• (10 h 30) •
Le Président : S'il vous
plaît!
M.
Couillard : M. le Président,
mon collègue n'a que l'insulte à la bouche. C'est sa façon de faire la politique, ce n'est pas la mienne.
Le Président : Principale, M.
le député de Chambly.
Écoles
ne détenant pas de permis du ministère
de l'Éducation, du Loisir et du Sport
M. Jean-François Roberge
M.
Roberge : M. le Président, les écoles religieuses illégales ou clandestines inquiètent les Québécois
à juste titre. Pourtant, après
15 ans au pouvoir, la seule solution du Parti libéral, c'est de
conclure des ententes avec ces écoles illégales pour les transformer en lieu de culte. Ce n'est pas suffisant. Sa
solution, c'est de confier la scolarisation des jeunes à leurs parents en espérant que ceux-ci enseigneront
adéquatement le programme. Je rappelle qu'en ce moment rien n'oblige les
parents à collaborer et à enseigner le programme
au complet. Ni les écoles, ni les commissions
scolaires, ni même la DPJ ne peuvent intervenir à l'heure actuelle. Ce matin,
on dépose donc un projet de loi pour lier la Loi sur l'instruction publique et la Loi sur la protection de la jeunesse pour
permettre à la DPJ d'intervenir en situation de négligence ou quand le droit à
l'éducation est bafoué.
Est-ce que le
ministre accepte d'appeler ce projet de loi pour qu'ensemble on trouve une
solution, s'assurer qu'il n'y ait plus aucun
jeune qui est victime de négligence et s'assurer que tous les jeunes recevront
un diplôme reconnu?
Le Président :
Mme la ministre déléguée à la Réadaptation.
Mme Lucie Charlebois
Mme
Charlebois : Bien, il faut savoir, M. le Président, que la
Loi de la protection de la jeunesse relève de mon ministère, et je veux, d'entrée de jeu, dire que
nous travaillons conjointement, le ministre de l'Éducation et moi, et de façon
concertée, justement, pour faire en sorte d'intervenir dans les cas de
non-fréquentation scolaire. Et on le sait, on est préoccupés par la situation,
on a...
Je
note que le collègue va donc travailler avec nous dans le projet de loi
n° 99, que j'ai déjà déposé et que nous allons étudier
prochainement. Il va donc collaborer à faire en sorte que nous puissions...
Quand nous allons présenter les amendements,
il va collaborer à faire en sorte que nous aurons la facilité à adopter le
projet de loi n° 99, puisqu'il est prévu que nous allons, justement,
apporter des modifications législatives qui vont permettre de faire en sorte
que la non-fréquentation scolaire soit un motif de compromission.
Et je veux rappeler
que c'est un sujet qu'on ne travaille pas chacun de notre côté, on l'a
travaillé ensemble, le ministre de
l'Éducation et moi. Et c'est des solutions qui, oui, peuvent paraître prendre
un certain temps, mais, quand on veut
prendre les bonnes solutions, on dépose un projet de loi, on apporte des
amendements, on en discute, on améliore, on bonifie les projets de loi.
Le Président :
En terminant.
Mme
Charlebois :
C'est fait à la suite des consultations publiques, et 99 a plus...
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Chambly.
M.
Jean-François Roberge
M.
Roberge : M. le Président, ça fait 15 ans qu'ils sont là, il ne
s'est rien passé. Ça fait trois ans que je me lève. Je pense que c'est la troisième ou quatrième
ministre de l'Éducation qui nous dit : Ah oui! ça nous préoccupe. Ça nous
préoccupe. En juin dernier, la DPJ est
entrée dans une école illégale, en est ressortie en disant : Finalement,
on ne peut rien faire. La
non-scolarisation, ce n'est pas vraiment un motif de négligence. Ici, on a un
projet de loi très, très clair qui propose de lier la Loi sur la
protection de la jeunesse et la Loi sur l'instruction publique.
Est-ce que la
ministre s'engage à lier ces deux lois dans son projet de loi?
Le Président :
M. le ministre de l'Éducation.
M. Sébastien Proulx
M. Proulx :
Oui, M. le Président. Je vais d'abord ajouter à ce que dit ma collègue, mais je
vais partager les préoccupations du collègue de Chambly en lui disant que j'ai
dit à plusieurs occasions que nous étions pour déposer un projet de loi. Alors, le projet de loi, il est prêt. Il est
actuellement dans les différents comités, il sera déposé très bientôt. Il portera, en fréquentation scolaire, sur trois
sujets : l'encadrement des établissements illégaux, la scolarisation à la
maison et les sans-papiers, dont on a
discuté ici à plusieurs occasions. On va modifier la Loi sur l'instruction
publique, on va modifier la Loi sur
l'enseignement privé. On va modifier également, par l'entremise de ma collègue,
la Loi sur la protection de la jeunesse.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Drummond—Bois-Francs.
M.
Sébastien Schneeberger
M. Schneeberger :
Oui. Merci, M. le Président. Alors, en réponse à l'inaction du gouvernement
dans ce dossier, nous présentons ce
matin un projet de loi qui est une solution viable au problème des écoles
illégales. Alors, aujourd'hui, je
tends la main au gouvernement et je propose à la ministre d'intégrer des
amendements au projet de loi n° 99, loi qui est actuellement à l'étude. J'aimerais, M. le Président, pour l'intérêt
supérieur de nos enfants, que la ministre s'engage à intégrer nos
amendements de notre projet de loi à son projet de loi afin de solutionner le
problème.
Le Président :
Mme la ministre déléguée à la Réadaptation.
Mme Lucie Charlebois
Mme Charlebois :
M. le Président, le projet de loi n° 99, comme je l'ai dit, aura des
modifications, il y aura des amendements d'apportés. Alors, je vais
demander au collègue sa collaboration, et, dès que nous aurons déposé nos amendements, on pourra discuter en commission
parlementaire. Suivons le processus parlementaire tel qu'il est établi ici, à l'Assemblée nationale, et je m'engage à
faire en sorte que nos enfants, au Québec, aient le maximum de services
dont ils ont besoin et auxquels ils ont droit. Merci, M. le Président.
Le Président :
Principale, M. le député de Bonaventure.
Implantation d'installations
éoliennes sur
les terres du domaine de l'État
M. Sylvain Roy
M. Roy :
M. le Président, le gouvernement du Québec a décidé d'ouvrir les terres
publiques à des projets éoliens qui
serviront à l'exportation, et ce, sans tenir compte des communautés locales, ce qui veut dire qu'une compagnie étrangère pourra répondre à un appel d'offres américain, installer ses éoliennes sur nos terres publiques et repartir
avec tous les profits.
Les
communautés refusent ce scénario et se sont unies pour
demander au gouvernement que l'utilisation des terres publiques soit uniquement
permise pour des projets où la participation financière sera établie à parts
égales entre le milieu communautaire et
privé. Le ministre des Ressources naturelles fait la sourde oreille à leurs
demandes et refuse de les rencontrer. Des élus sont avec nous
aujourd'hui dans les estrades.
Est-ce
que le ministre des Ressources naturelles va s'assurer que les projets éoliens
voués à l'exportation sur nos terres publiques soient des projets avec 50 %
des profits qui reviennent aux citoyens du Québec?
Le Président :
M. le ministre des Ressources naturelles.
M. Pierre Arcand
M. Arcand :
Merci, M. le Président. D'abord, je remercie le député pour sa question parce
que je tiens à rappeler que nous
avons récemment modifié le Programme d'attribution des terres du domaine de
l'État, justement, pour l'exportation d'éoliennes,
et ce, pour l'élargir, d'ailleurs, aux projets dont l'électricité produite va
être destinée à l'exportation. Et nous aurons,
M. le Président, d'ailleurs, des appels d'offres très prochainement aux États-Unis, et on espère que le Québec pourra, bien sûr, être gagnant.
Je
rappelle également que nous avons annoncé en janvier dernier la plus
importante création d'emplois en Gaspésie grâce à cette croissance de la filière éolienne,
entre autres le projet d'expansion de LM Wind Power, qui s'est ajouté au
projet de Fabrication Delta à New Richmond.
Et également, bien
sûr, ça a des effets en Mauricie avec
l'entreprise Marmen, qui, aussi, bénéficie de
l'ensemble de ces projets.
Alors, M. le
Président, je rappelle que nous travaillons de concert à favoriser le développement
de l'industrie éolienne au Québec. Nous sommes en constante discussion avec les
entreprises, et, bien sûr, tout projet...
Le Président :
En terminant.
M.
Arcand :
...d'exportation intéressant sera, bien sûr, possible.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Rimouski.
M.
Harold LeBel
M.
LeBel : La Fédération
québécoise des municipalités appuie cette idée de donner 50 % aux communautés. L'Union des municipalités du Québec appuie aussi. Dans le
fond, ce qu'ils demandent, les gens, c'est... On dit : C'est chez nous,
vous développez des choses chez nous, de l'éolien chez nous, on aimerait ça
garder 50 % de nos revenus chez nous pour
pouvoir développer nos communautés sans être obligés de venir faire des
salamalecs puis des courbettes au gouvernement à
chaque fois pour avoir un peu d'argent. On veut développer nos ressources,
prendre cet argent-là et développer nos
communautés rurales, entre autres. C'est de l'autonomie. C'est de l'autonomie.
Un peu d'indépendance dans nos
communautés pour faire notre développement, c'est de ça qu'on a besoin,
50 % des profits de ce qui se fait chez nous pour nous autres.
Le Président :
M. le ministre des Ressources naturelles.
M. Pierre Arcand
M.
Arcand :
M. le Président, je pense que, d'abord, quand on parle d'autonomie, je pense
que ce serait important, d'abord,
qu'on travaille tous ensemble à adopter le projet de loi n° 122. Ça, je
pense que c'est quelque chose d'extrêmement important.
Deuxièmement, ce que
j'aimerais rajouter, pour ce qui est des municipalités, il y a des projets
éoliens qui impliquent déjà les
municipalités. Les municipalités ont toute la marge de manoeuvre nécessaire
pour participer à des projets éoliens qui vont viser principalement le marché
de l'exportation. Alors, je pense que ça, on est tous d'accord avec ça. S'ils
réussissent à s'entendre avec les entrepreneurs, ils peuvent sans problème
participer, justement, à tous ces projets d'exportation...
Le Président :
En terminant.
M.
Arcand :
...qui seront bénéfiques pour l'ensemble des Québécois, M. le Président.
Le Président :
M. le député de Matane-Matapédia.
M. Pascal Bérubé
M.
Bérubé : M. le Président, j'invite le gouvernement à faire
confiance aux communautés. On a une proposition concrète. La demande des communautés sur l'éolien ou à l'exportation,
elle s'inscrit parfaitement dans la reconnaissance des municipalités
comme partenaires de proximité. Le gouvernement doit passer de la parole aux
actes et réserver l'utilisation de nos terres publiques aux projets à parts
égales entre les communautés et le privé.
Est-ce que le
ministre des Affaires municipales peut répondre positivement à cette demande
positive pour les communautés du Québec?
Le Président :
M. le ministre des Ressources naturelles.
M. Pierre Arcand
M.
Arcand :
M. le Président, encore une fois, les municipalités ont tout le loisir de
pouvoir travailler de concert avec des entrepreneurs, et de discuter avec eux
des projets qui seront éventuellement présentés à Hydro-Québec, et de
favoriser ainsi les exportations.
Ce que je comprends
du Parti québécois actuellement, c'est que le Parti québécois voudrait qu'on
force les entrepreneurs à s'adjoindre les
municipalités de façon obligatoire. Pour nous, ça nous apparaît des critères
excessifs parce que les municipalités peuvent très bien le faire sans
qu'on soit obligé de les forcer, M. le Président.
Le Président :
M. le député de Sanguinet, en principale.
Entente entre Uber et le gouvernement
M. Alain Therrien
M.
Therrien : M. le Président, on le sait, le gouvernement est
prêt à tout pour favoriser les activités d'Uber au Québec. Il est même prêt à fermer les yeux sur le
mépris que porte Uber envers nos lois et envers notre ministre des Transports,
qui n'a jamais réussi à s'imposer face à cette entreprise.
Nous avons appris, le
16 mai dernier, que les vérifications d'antécédents criminels effectuées
par Uber ne sont pas à la hauteur, puisqu'imaginez, là, un individu avec un
casier judiciaire a travaillé pendant deux ans dans la région de Québec. Ça, c'est deux poids, deux mesures, M. le Président. Et
ça, ça allonge la liste des infractions d'Uber.
Et
là, si je regarde l'entente, le projet pilote, la clause 5, que vous
connaissez... Je vais vous la lire : «Advenant le défaut de se conformer à toutes les règles ou à
l'une ou l'autre de celles-ci, l'entente prendra fin automatiquement et Uber
devra cesser l'ensemble de ses opérations au Québec, sans autre préavis.» C'est
écrit dans le projet pilote.
Qu'est-ce que le
ministre attend pour déchirer l'entente?
• (10 h 40) •
Le Président :
M. le ministre des Transports.
M.
Laurent Lessard
M.
Lessard :
...notre collègue de l'opposition a pu noter, oui, il y a un projet pilote au
Québec, oui, il y a des règles qu'on a imposées concernant les antécédents
judiciaires, la vérification automobile, l'obligation de détenir un permis de
classe 4C, d'être en règle fiscalement, et donc nous faisons un suivi
régulier des activités d'Uber.
Concernant
la dénonciation de la personne qui n'aurait pas fait l'inspection ou qui aurait
pu conduire sans avoir les
habilitations sécuritaires, nous avons ouvert, donc, une vérification sur cet
élément-là, elle est actuellement en train de se documenter, et, oui, si Uber ne respecte pas en général les
obligations, donc il s'expose à la sentence de mettre fin à son projet
pilote.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Sanguinet.
M. Alain Therrien
M.
Therrien : Merci, M. le Président. Les bras m'en tombent.
Écoutez, il y a l'explosion illégale des tarifs en cas de force majeure : infraction. À l'épisode
des lanternons illégaux : infraction. Aux services illégaux des
aéroports : infraction encore.
La liste est longue. Je ne les ai pas avec moi au complet. Je l'ai déjà lue, la
liste des infractions, puis il l'a bien écoutée, il l'a bien entendue.
Là,
là, vous me dites que vous ne voulez pas déchirer cette entente-là. Moi, je me
demande, là, qu'est-ce que ça vous prend.
Ce n'est pas dur, déchirer une entente quand ça le prévoit, il y a une clause
expressément pour ça. Le projet pilote qui s'adresse à l'ensemble du
Québec, là, il est temps qu'on mette fin à ça, M. le ministre.
Le Président :
M. le ministre des Transports.
M. Laurent Lessard
M.
Lessard : Alors, on a bien entendu que le Parti québécois
était contre Uber. Ça, ça a été souvent exprimé. Le Québec, dans sa modernité, a décidé de faire un choix
sur un projet pilote concernant l'ouverture à une nouvelle technologie, une nouvelle desserte dans
le transport collectif, il est donc sous expérimentation. Et, quand les
conducteurs d'Uber ou les conducteurs
de n'importe quel taxi traditionnel ne respectent pas les lois, les chauffeurs
sont sanctionnés, pénalisés avec des
pénalités, donc, qui sont imposées de l'ordre de 750 $ pour le conducteur et plus de 1 100 $
pour l'entreprise. Maintenant, donc,
comme toutes les autres entreprises, elle s'expose aux pénalités. Mais, dans
l'ensemble, s'ils ne respectent pas...
Le Président :
En terminant.
M.
Lessard :
...leurs obligations, ils s'exposent à terme de...
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M. Jean-François Lisée
M. Lisée :
Bien, on va s'adresser à la personne qui défend Uber envers et contre tous,
c'est-à-dire le premier ministre du Québec.
Une entente a été signée disant que, s'il y avait une seule infraction, elle
allait prendre fin. C'est une entente qui enlève leur gagne-pain à des
milliers de citoyens québécois, pour beaucoup des Québécois d'adoption.
Alors,
maintenant, il y a des tas d'infractions. Est-ce que la modernité, c'est de ne
pas payer ses impôts et de ne pas respecter les ententes? Est-ce que
c'est ça, la modernité qui est appuyée par le premier ministre du Québec?
Le Président :
M. le ministre des Transports.
M. Laurent Lessard
M.
Lessard : On a beau avoir le droit de parole ici, à
l'Assemblée, M. le Président, on peut avoir le droit de parole, ça ne permet pas de dire n'importe quoi.
L'organisme Uber, actuellement, a conclu une entente fiscale dans laquelle ils
font le prélèvement à la source, ils le remettent, donc, pour les fins
du fonds de diversification, qui sera à l'usage de l'ensemble de la flotte de
taxis au Québec.
Deuxièmement,
je veux mettre... le texte le dit, une seule infraction, ils doivent respecter
les ententes, ils doivent donc... Et
les chauffeurs, s'ils ne respectent pas la réglementation en vigueur, ils sont
exposés à des pénalités comme tous les chauffeurs du Québec, on ne
retire pas les licences aux détenteurs de permis de taxi qui commettent une
infraction.
Le Président :
En terminant.
M.
Lessard : Alors donc, dans l'ensemble, le projet pilote est en
cours, il respecte les obligations, et on vérifie...
Le Président : En principale,
M. le député de Granby.
Production
des déclarations de revenus
des contribuables et des entreprises
M. François Bonnardel
M.
Bonnardel : M. le Président, la Vérificatrice générale a
révélé hier que 238 000 particuliers n'ont pas produit leur déclaration de revenus en 2015, et le rapport
indique aussi que 74 000 sociétés n'ont pas fait de déclaration depuis
24 mois. Revenu Québec n'a fait aucun
suivi auprès de ces contribuables, même si produire sa déclaration d'impôt est
obligatoire. Ces gens ne font pas l'objet
d'un suivi parce que la rentabilité de leurs dossiers n'est pas jugée
suffisante ou qu'une somme pourrait
leur être due, peut-on lire dans le rapport de la Vérificatrice générale. Il y
a deux poids, deux mesures. Quand un
client est payant, la police de l'impôt peut déployer des efforts démesurés
pour obtenir son dû. Mais, quand le solde à payer est plus faible ou que
c'est l'État qui doit de l'argent, Revenu Québec ne fait pas son travail.
Est-ce que le
ministre des Finances va apporter des changements face à ce laxisme de Revenu
Québec?
Le Président :
M. le ministre des Finances.
M. Carlos J. Leitão
M.
Leitão : Merci, M. le Président. Alors, il n'y a pas de laxisme de la
part de Revenu Québec, et je trouve... je ne
sais pas, peut-être c'est juste moi, mais je trouve les propos du collègue
contradictoires. Il n'y a pas si longtemps, ici, dans cette Chambre, le collègue et d'autres collègues critiquaient
sévèrement Revenu Québec, et avec raison, que Revenu Québec était trop agressive envers certains
contribuables. Là, maintenant, on est en train de nous dire que Revenu Québec
n'est pas assez agressive? C'est un peu contradictoire.
La
réalité, la réalité qui a été relevée par la Vérificatrice générale, c'est
qu'il y a, en effet, 238 000 contribuables qui n'ont pas fait de déclaration sur un nombre
plus élevé que 4,5 millions, donc quand même un pourcentage nécessairement petit. Et il y a beaucoup de cas
très spécifiques, M. le Président. Justement pour ne pas alourdir le système
et justement pour ne pas aller après des personnes qui sont très désorganisées
qui n'ont pas produit de déclaration, Revenu a fait le choix de ne pas
poursuivre ces personnes-là. Ça ne veut pas dire que Revenu Québec ne fait pas
de constantes vérifications sur des moyens d'éviter de payer des impôts.
Le Président :
En terminant.
M. Leitão :
Ça, c'est différent de l'évitement fiscal.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Granby.
M. François Bonnardel
M.
Bonnardel : M. le Président, j'ai vraiment entendu le
ministre des Finances dire que, Revenu Québec, il n'y a pas de laxisme? Voilà quatre ans, Michel Samson,
dans son rapport, disait qu'il y avait huit recommandations qui devaient
être appliquées. Quatre ans plus tard, il y
en a seulement deux. 312 000 personnes et sociétés qui ne font pas
leur déclaration d'impôt. Vous êtes
le ministre des Finances, vous dites à tout le monde : Il n'y a pas de
laxisme, ce n'est pas grave. L'honnête citoyen, lui, paie ses impôts,
puis, l'autre qui ne le fait pas, bien, on n'ira pas chercher le dû.
M. le ministre des
Finances, est-ce que vous allez imposer un échéancier à Revenu Québec pour tous
les Québécois et les entreprises...
Le Président :
M. le ministre des Finances.
M. Carlos J. Leitão
M.
Leitão : M. le Président, dans la vie, il faut être réaliste, il faut
être pratique, il faut avoir le bien commun bien en tête. Pour la plupart de ces personnes qui ne sont pas capables de
produire leur déclaration d'impôt, c'est en grande partie parce qu'elles ne sont pas capables de le
faire. Ce sont des personnes qui sont désorganisées, ce sont des personnes qui
n'ont pas les compétences nécessaires pour le faire. À cet égard-là, Revenu
Québec, d'accord avec l'Agence du revenu
du Canada, ont mis en place un programme, qui peut être bonifié et qui sera
bonifié, pour faciliter la préparation de
rapports d'impôt à travers des groupes de bénévoles. On va bonifier ce
programme-là pour que les bénévoles puissent mieux aider les
personnes...
Le Président :
En terminant.
M. Leitão :
...pour qu'elles puissent remplir leur...
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Granby.
M. François Bonnardel
M.
Bonnardel : M. le
Président, on ne collecte pas les impôts de ceux qui ne paient pas pour des
raisons humanitaires? Revenu Québec, c'est Vision Mondiale maintenant? M. le
Président, Québec
peine à récupérer 718 millions,
dont 500 millions seraient
récupérables. On manque d'argent dans nos écoles, pas de médecins de famille,
les Québécois veulent des baisses d'impôt.
Qu'est-ce que le ministre va mettre en place
pour récupérer ces sommes d'argent?
Le Président : M. le ministre
des Finances.
M. Carlos J. Leitão
M.
Leitão : Si je comprends bien, M. le Président, le
député de Granby
suggère fortement que Revenu Québec
redevienne extrêmement agressive avec tous les contribuables qui n'ont...
Des voix : ...
M. Leitão : Mais c'est ça. Mais
c'est ça, ce que vous voulez.
Le Président : M. le ministre
des Finances.
M.
Leitão : Alors donc, dans ce cas-là, M. le Président, la prochaine fois qu'il y aura un article
de journal qui va critiquer l'action
de Revenu Québec qui a été trop agressive avec les contribuables,
ils vont se rappeler de ce qu'il vient de dire maintenant. C'est difficile de se rappeler, la mémoire
est courte. La mémoire, de la
part de l'opposition, est courte.
Revenu Québec a mis en place un programme de soutien aux groupes de bénévoles pour qu'ils
puissent aider les personnes qui sont désorganisées et qui n'ont pas
accès à des moyens informatiques...
Le Président : En terminant.
M. Leitão : ...de bien remplir leur déclaration
fiscale, M. le Président. C'est ça...
Le Président : Principale, M.
le député de Jonquière.
Sécurité des barrages sous la responsabilité du ministère
du
Développement durable, de l'Environnement et de la
Lutte contre les changements climatiques
M. Sylvain Gaudreault
M.
Gaudreault : Oui, M. le Président. On lit, dans une note interne d'ingénieurs du ministère de l'Environnement datée de décembre 2016, que 42 barrages en mauvais
état risquent de ne pouvoir jouer leur rôle de contrôle des niveaux d'eau. Cette note parle de défaillances majeures
qui compromettent la fonction des barrages en période de crue. Imaginez,
des vannes dysfonctionnelles, des systèmes
de chauffage qui ne marchent pas, des systèmes électriques et hydrauliques qui ne marchent pas non plus. Une situation
urgente qui pourrait entraîner des inondations ou encore assécher des prises
d'eau potable.
Le ministère
refuse de donner suite aux demandes de l'auteur de la note interne du ministère
qui recommandait l'embauche d'une
trentaine d'ingénieurs pour effectuer des inspections urgentes et assurer
l'entretien des 760 barrages sous
l'autorité de cette direction du ministère. L'auteur de la note va même jusqu'à
informer cette direction qu'à défaut des ressources supplémentaires il n'y aura pas d'autre choix que de recommander d'arrêter
l'exploitation de certains barrages.
Comment le ministre de l'Environnement peut-il expliquer que la sécurité des barrages et
la santé publique n'est pas sa priorité?
• (10 h 50) •
Le Président : M. le ministre
de l'Environnement.
M. David Heurtel
M.
Heurtel : Merci, M. le Président. Tout
d'abord, il est important d'affirmer
que l'état de nos barrages au Québec est sécuritaire et
qu'ils n'ont pas été fragilisés par les récentes inondations que nous avons
vécues à l'échelle du Québec. Au cours des deux dernières années, donc les
années 2015-2016 et 2016-2017, il y a eu plus de 700 inspections de barrages au Québec, et ce nombre respecte à 100 % le Règlement sur la sécurité des barrages.
De plus, il y a plus de 2 500 visites qui sont faites sur nos
installations, sur nos barrages pour s'assurer de leur sécurité.
Le budget en
2016-2017 pour l'entretien de nos barrages était de 22 millions de
dollars. Cette année, il sera de 27 millions
de dollars. Nous mettons les ressources nécessaires, nos barrages sont
sécuritaires. En 2015, nous avons mis en place un plan d'action pour mettre en oeuvre les recommandations du
Vérificateur général pour augmenter notre capacité de maintenir nos barrages. Et, comme nous l'avons
vu lors des récentes inondations, les barrages contrôlés par le ministère
de l'Environnement, tout comme ceux d'Hydro-Québec...
Le Président :
En terminant.
M. Heurtel :
...ont fait le travail pour les Québécois et les Québécoises.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Jonquière.
M. Sylvain Gaudreault
M.
Gaudreault : Oui, M. le Président. La note interne du ministère,
signée par des ingénieurs qui connaissent ça, qui sont spécialistes,
parle de 42 barrages avec des déficiences majeures. On a des risques
reliés aux inondations.
Qu'est-ce qu'attend
le ministre pour mettre les ressources nécessaires, financières, les ressources
humaines et professionnelles pour sécuriser les barrages au lieu de limiter les
dépenses?
Le Président :
M. le ministre de l'Environnement.
M. David Heurtel
M.
Heurtel : M. le Président, le taux de conformité de nos inspections en
vertu du Règlement sur la sécurité des barrages en 2015-2016 et
2016-2017 est de 100 %. Plus de 700 inspections par année, 2 500 visites,
les budgets ont été augmentés. Plan d'action, justement, pour s'assurer qu'on ne se rende pas à des étapes
où la sécurité des barrages est en jeu.
Les barrages ne sont pas fragilisés par les récentes inondations. Et, comme on
l'a vu durant les récentes inondations, les barrages de l'État...
Le Président :
En terminant.
M. Heurtel :
...ont prévenu des dégâts plus importants dans plusieurs régions québécoises.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Jonquière.
M. Sylvain Gaudreault
M.
Gaudreault : Oui. C'est qu'il y a eu une accumulation, M. le
Président, parce que, déjà en juin 2015, le Commissaire
au développement durable dénonçait dans un rapport la mauvaise gestion des
barrages québécois. Là, en décembre
dernier, ce sont des ingénieurs, dans une note interne au ministère, qui font
la même chose, qui dénoncent pour 42 barrages en particulier.
Est-ce
que le ministre pourrait arrêter de nous parler de plans d'action, là, qu'il
travaille depuis plusieurs mois puis
passer immédiatement à l'action pour s'assurer de la sécurité des citoyens,
surtout dans un contexte d'inondations?
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît! M. le ministre de l'Environnement.
M. David Heurtel
M.
Heurtel : M. le Président, 700 inspections, 100 % de
conformité au Règlement de la sécurité des barrages, c'est de l'action.
2 500 visites à tous les barrages, c'est de l'action. Faire passer le
budget d'entretien des barrages de 22 millions
de dollars à 27 millions de dollars, c'est de l'action. Ce qu'on a vu
durant les inondations et le travail de nos barrages, c'était de
l'action, M. le Président.
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît! Principale, M. le député de La Peltrie.
Nature des relations entre le
premier
ministre et M. Marc-Yvan Côté
M.
Éric Caire
M.
Caire :
M. le Président, hier, le premier ministre du Québec nous a dit que le courriel
qu'il avait envoyé à Marc-Yvan Côté au mois
d'avril était un geste humanitaire, hein? L'inconsolable Marc-Yvan Côté devait
avoir une épaule attentive, et celle du
premier ministre était à sa disposition. Mais il a bien affirmé que c'était une
relation : Je le connaissais,
mais ce n'était pas plus que ça.
On apprend aujourd'hui que ce n'était pas la première invitation qui était faite à Marc-Yvan
Côté de la part du futur chef du Parti libéral du Québec. Au mois de mars, pour son
anniversaire, il aurait été invité par le premier ministre à venir
célébrer ça avec son ami.
M.
le Président, ça va prendre combien de nouvelles révélations pour que le
premier ministre nous dise exactement qui est Marc-Yvan Côté pour lui?
Le Président :
M. le leader du gouvernement.
M. Jean-Marc Fournier
M. Fournier :
Puisqu'on est un peu dans le même film qu'hier, M. le Président, vous ne serez
pas surpris d'apprendre que la conclusion du
film se termine de la même façon. Le premier ministre n'a jamais nié qu'il
connaissait M. Côté. Il n'a
jamais été nié... Le seul problème, c'est que l'opposition tente d'inférer, du
fait qu'il le connaît, qu'il est responsable
de tous les actes que M. Côté a posés. Ce n'est pas le cas. Ce n'est pas
comme ça que ça fonctionne, et il n'y a jamais eu de négation de la part
du premier ministre.
Alors,
il n'y a pas vraiment de nouvelle dans ce qui est amené ici. C'est le même film,
et puis la même conclusion, qui fait en sorte que le premier ministre et
l'ensemble du gouvernement vont continuer de travailler au progrès du Québec, économique, social, culturel et même à sa
place dans le Canada avec toute la dimension de son identité. C'est vers ça qu'on va travailler et, j'espère, avec
votre appui et ceux des autres partis, quoique, parfois, je peux avoir un petit
doute. Merci, M. le Président.
Le Président :
Alors, je pense que cela met fin à la période de questions et de réponses
orales.
Votes reportés
Motion proposant que
l'Assemblée prenne acte de la libération de plus en plus
fréquente de personnes accusées au criminel suite à des arrêts de procédures
justifiés par l'arrêt Jordan et qu'elle demande à ses membres d'adopter
le projet de loi n° 890 sur l'administration de la justice
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, nous en sommes à ce qui a été annoncé, un
vote reporté, et je voudrais attirer
votre attention. Depuis une semaine ou deux, là, les gens qui nous accompagnent
pour le vote nominal indiquent qu'il
y a passablement de discussions et de bruit, et ça devient difficile pour le ou
la concerné qui fait l'appel nominal. Alors,
j'en appellerais à votre respect. Et, pour fin de décorum, pour rendre plus
facile, bien, ça existe, ça, un peu plus de silence.
Alors,
tel qu'annoncé précédemment, on va maintenant procéder au vote reporté sur la
motion de M. le député de Borduas débattue hier aux affaires inscrites
par les députés de l'opposition et qui se lit comme suit :
«Que
l'Assemblée nationale prenne acte de la libération de plus en plus fréquente de
personnes accusées au criminel suite à des arrêts de procédures justifiés par
l'arrêt Jordan;
«Qu'elle déclare que la protection des
victimes et de la confiance de la population envers le système de justice
doit être une priorité; et
«Qu'elle demande à
ses membres d'adopter dans les plus brefs délais le projet de loi 890.»
Que les députés en
faveur de cette motion veuillent bien se lever.
Le Secrétaire adjoint :
M. Legault (L'Assomption), M. Bonnardel (Granby), M. Caire
(La Peltrie), M. Jolin-Barrette (Borduas), M. Picard
(Chutes-de-la-Chaudière), M. Charette (Deux-Montagnes), M. Martel
(Nicolet-Bécancour), Mme Roy
(Montarville), Mme Samson (Iberville), M. Roberge (Chambly),
M. Laframboise (Blainville), M. Schneeberger (Drummond—Bois-Francs), M. Lefebvre (Arthabaska),
M. Lemay (Masson), Mme Lavallée (Repentigny), M. Lamontagne
(Johnson), Mme D'Amours (Mirabel),
Mme Soucy (Saint-Hyacinthe), M. Spénard (Beauce-Nord),
M. Paradis (Lévis)...
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Que les députés contre cette motion...
Excusez, oui.
Le
Secrétaire adjoint : ...M. Surprenant (Groulx).
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Alors, que les députés contre cette
motion veuillent bien se lever.
Le
Secrétaire adjoint : M. Couillard (Roberval),
M. Fournier (Saint-Laurent), Mme Thériault (Anjou—Louis-Riel),
M. Blais (Charlesbourg), M. Leitão (Robert-Baldwin), Mme Anglade
(Saint-Henri—Sainte-Anne),
M. Coiteux (Nelligan), Mme David
(Outremont), M. Proulx (Jean-Talon), M. D'Amour (Rivière-du-Loup—Témiscouata), M. Huot (Vanier-Les Rivières), M. Kelley
(Jacques-Cartier), Mme Vallée (Gatineau), M. Lessard
(Lotbinière-Frontenac), M. Barrette
(La Pinière), M. Drolet (Jean-Lesage), M. Blanchette
(Rouyn-Noranda—Témiscamingue),
Mme Charlebois (Soulanges), M. Moreau (Châteauguay),
M. Heurtel (Viau), M. Arcand (Mont-Royal), Mme Vien
(Bellechasse), M. Billette (Huntingdon), M. Fortin (Sherbrooke),
M. Reid (Orford), M. Morin (Côte-du-Sud), Mme Nichols
(Vaudreuil), M. Bernier (Montmorency), M. Ouellette (Chomedey),
Mme de Santis (Bourassa-Sauvé), Mme Ménard (Laporte),
M. Tanguay (LaFontaine), Mme Boulet (Laviolette), Mme Rotiroti
(Jeanne-Mance—Viger),
M. Carrière (Chapleau),
M. Poëti (Marguerite-Bourgeoys), M. Girard (Trois-Rivières),
M. Chevarie (Îles-de-la-Madeleine), M. Auger (Champlain),
Mme Vallières (Richmond), M. Rousselle (Vimont), M. Iracà
(Papineau), M. Bolduc (Mégantic), M. Simard (Dubuc), M. Matte
(Portneuf), M. Birnbaum (D'Arcy-McGee), M. Bourgeois (Abitibi-Est),
M. Fortin (Pontiac), M. Giguère (Saint-Maurice), M. Habel
(Sainte-Rose), M. Hardy (Saint-François), M. Merlini (La Prairie), Mme Montpetit (Crémazie), M. Polo
(Laval-des-Rapides), Mme Simard (Charlevoix—Côte-de-Beaupré), M. St-Denis
(Argenteuil), Mme Tremblay (Chauveau), Mme Sauvé (Fabre),
Mme Melançon (Verdun).
M. Sklavounos
(Laurier-Dorion).
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Y a-t-il des abstentions?
Le
Secrétaire adjoint : M. Lisée (Rosemont), M. Bérubé
(Matane-Matapédia), Mme Hivon (Joliette), M. Marceau (Rousseau), M. LeBel (Rimouski), Mme Maltais
(Taschereau), Mme Lamarre (Taillon), M. Bergeron (Verchères), Mme Richard (Duplessis),
M. Rochon (Richelieu), Mme Poirier (Hochelaga-Maisonneuve),
M. Therrien (Sanguinet), M. Gaudreault (Jonquière),
M. Pagé (Labelle), M. Cousineau (Bertrand), M. Bourcier
(Saint-Jérôme), Mme Jean (Chicoutimi), M. Ouellet (René-Lévesque),
M. Villeneuve (Berthier), Mme Fournier (Marie-Victorin),
M. Kotto (Bourget), M. Turcotte (Saint-Jean), M. Roy (Bonaventure).
M. Khadir (Mercier),
Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques), M. Lelièvre (Gaspé), Mme Ouellet (Vachon).
• (11
heures) •
Le
Vice-Président (M. Gendron) : M. le secrétaire général, pour le
résultat du vote.
Le
Secrétaire : Pour : 21
Contre : 60
Abstentions : 27
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Alors, la motion est rejetée.
Motions sans préavis
Et
nous en sommes maintenant à la rubrique des motions sans préavis, et
j'appelle maintenant un membre du groupe formant l'opposition officielle, et je reconnais M. le député
de Rousseau pour la présentation de sa motion.
M.
Marceau : M. le Président, je sollicite le consentement des membres de cette Assemblée
afin de présenter, conjointement avec le député de Mercier, le député de
Gaspé et la députée de Vachon, la motion suivante :
«Que
l'Assemblée nationale exige que toute tentative de faire adhérer le Québec à
la Constitution canadienne soit soumise à l'approbation des Québécois,
par référendum.»
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Alors, y a-t-il consentement pour débattre de cette
motion?
M. Tanguay :
Pas de consentement.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Il n'y a pas de consentement. Un membre du deuxième groupe d'opposition. Je
reconnais maintenant Mme la députée de Repentigny pour la présentation de sa motion. Mme la députée, à vous la parole.
Mme
Lavallée : Merci, M. le Président. Je demande le consentement pour déposer la motion suivante conjointement avec
le député de Matane-Matapédia, la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques
et le député de Groulx :
«Que
l'Assemblée nationale demande au Service de police de Laval d'offrir
ses excuses à Mme Monic Néron concernant des propos déplacés et
sexistes tenus à son égard et mettant en doute son travail.»
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Tanguay :
Pas de consentement.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Il n'y a pas de consentement.
Des voix :
...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : S'il vous plaît! Il n'y a pas de consentement.
Un
membre du groupe formant le
gouvernement. M. le ministre des Affaires municipales et de l'Occupation du territoire, à
vous la parole pour la présentation de votre motion.
Souligner le 375e anniversaire de Montréal
M. Coiteux : Alors, M. le Président,
je sollicite le consentement afin de présenter la motion suivante, et ce,
conjointement avec la députée d'Hochelaga-Maisonneuve, le député de Blainville,
le député de Mercier, le député de Laurier-Dorion, la députée de Vachon ainsi
que le député de Groulx :
«Que l'Assemblée nationale
souligne le 375e anniversaire de Montréal;
«Qu'elle
reconnaisse le rôle essentiel de Montréal dans l'histoire et l'évolution de la société québécoise
et de sa culture, ainsi que la participation cruciale de tous ceux et
celles qui ont contribué à façonner la ville, notamment les Premières Nations dont la présence précède la
fondation de la ville, les francophones qui ont fondé la ville, la communauté anglophone, dont l'histoire est intimement liée à celle de la ville, et
tous les nouveaux arrivants qui ajoutent à sa riche diversité;
«Qu'elle
reconnaisse son statut de grande métropole francophone en Amérique et affirme
sa volonté de le protéger et de le faire rayonner;
«Qu'enfin, elle
rappelle le caractère rassembleur des legs et des festivités liés à cet
anniversaire.»
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Tanguay :
Oui, tout à fait, M. le Président. Nous proposons des interventions d'une durée
maximale de deux minutes par intervenant et selon l'ordre suivant : d'abord, le ministre
responsable de Montréal, suivi par les collègues d'Hochelaga-Maisonneuve,
Blainville, Mercier et Vachon.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, tel qu'indiqué, je fais juste rappeler, autant que possible, on s'en
tient au temps imparti parce que, si
on décide de le limiter, bien, il faudrait le suivre un tant soit peu. Alors, M. le ministre, à vous la parole.
M. Martin Coiteux
M.
Coiteux : Oui, merci, M. le Président. Alors, le 17 mai 1642,
Paul de Chomedey de Maisonneuve et Jeanne Mance,
accompagnés de plusieurs colons français, sont allés à la rencontre des
Premières Nations et fondèrent ce que nous connaissons
aujourd'hui comme Montréal. Ce moment fut déterminant pour l'histoire de Montréal,
du Québec et du Canada.
Le gouvernement l'a d'ailleurs reconnu comme un événement
historique, soulignant du coup le caractère fondamental de cet instant. Dès la fondation de la ville et au
fil de son évolution, les peuples autochtones ont joué un rôle déterminant. Nous devons
reconnaître leur contribution unique dans notre histoire collective.
Cette
fondation découlait d'un idéal, d'un rêve qu'entretenaient ces pionniers. Dès
ses débuts, Montréal a connu sa
part de difficultés. Cet idéal a pourtant permis aux colons de
garder espoir et de faire preuve d'une résilience hors du commun. Pensons notamment à la crue des eaux
de 1642 qui a conduit De Maisonneuve à ériger une croix sur le mont Royal.
Montréal,
dont la croix est encore un symbole aujourd'hui, s'est enrichie et transformée
grâce aux apports des différentes
cultures. Modèle d'ouverture et de tolérance, elle peut être fière de sa diversité
et de son caractère fondamentalement accueillant. Elle a aussi acquis à travers
les siècles le statut de lieu de rassemblement et de phare de liberté
dans un monde souvent incertain.
Cette
année, nous célébrons l'histoire de Montréal et ce qu'elle est devenue, mais nous célébrons
aussi son avenir, que nous pouvons
contempler avec optimisme. Nous pouvons donc être fiers de ce que Montréal
a accompli en 375 ans d'histoire,
mais ensemble nous construisons l'avenir de Montréal
et ensemble nous pourrons être fiers de ses prochains
jalons, que ce soit lors du 400e et même du 500e anniversaire de Montréal.
Vive Montréal!
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, merci, M. le ministre, de votre intervention sur cette motion.
Je cède maintenant la parole à Mme la députée d'Hochelaga-Maisonneuve
pour son intervention. À vous, Mme la députée.
Mme Carole Poirier
Mme Poirier :
Merci, M. le Président. Alors, notre métropole québécoise fut cofondée par une
femme, Jeanne Mance. Ce n'était pas rien en
1642. Jeanne Mance a su innover, a su se démarquer malgré les multiples
barrières que la vie de l'époque lui imposait.
J'aimerais
également souligner l'apport de Maisonneuve — comme députée d'Hochelaga-Maisonneuve, vous
comprenez que j'en ai une fierté — alors Maisonneuve qui a contribué aussi à
la fondation de notre ville. Sans ces deux personnages qui ont bâti notre ville
et sans l'apport de millions de citoyens, au fil des époques, qui ont choisi de
s'y établir, Montréal ne serait pas ce qu'elle est aujourd'hui.
Je
ne peux également passer sous silence l'apport des différentes communautés
autochtones. Oui, nous disons que
Montréal a 375 ans, mais en réalité elle est beaucoup plus vieille que
cela. Mon souhait pour l'avenir est que l'on trouve le moyen de créer
des ponts et de coopérer, malgré l'histoire et malgré nos différences.
Le
passé de Montréal est glorieux et reconnu mondialement : Jeux olympiques,
Expo 67, 24 coupes Stanley des Canadiens. Souvenons-nous de notre ville comme étant celle qui a permis
à Jackie Robinson, premier joueur noir des ligues majeures de baseball,
de briser les barrières raciales.
Son
avenir est également assuré. Montréal est aujourd'hui et année après année
nommée première ville universitaire au monde, forte de ses quatre
grandes universités.
Mais,
au final, ce qui fait le charme de Montréal, c'est d'abord et avant tout
qu'elle est une ville internationale. Elle
reflète mieux le Québec d'aujourd'hui que quiconque de par sa joie de vivre,
son innovation, son cosmopolitisme et, bien
sûr, sa culture francophone. C'est remarquable, tout ce que cette ville a pu
accomplir en demeurant francophone au milieu
d'une marée anglophone en Amérique du Nord. Dans le monde, il y a très peu
d'exemples aussi remarquables de combativité, de persistance et
d'entêtement à exister, à s'affirmer.
Je profite de cette courte
intervention pour l'affirmer haut et fort : La métropole doit demeurer
francophone. Il ne faut pas prendre
les choses à la légère. La situation est urgente, et nous devons agir. Se
fermer les yeux, c'est condamner le français à une éventuelle
minorisation. Ce serait terrible pour Montréal et destructeur pour le Québec.
J'aimerais
vous citer un petit poème de Gérald Godin, un amoureux des néo-Québécois, un
amoureux de sa ville et un amoureux du Québec :
«Sept heures et demie
du matin métro de Montréal
C'est plein
d'immigrants
Ça se lève de bonne
heure
Ce monde-là.
«Le vieux coeur de la
ville
Battrait-il donc
encore
Grâce à eux.
«Ce vieux coeur usé
de la ville
Avec ses spasmes
Ses embolies
Ses souffles au
coeur.
«[...]Et toutes les
raisons du monde qu'il aurait
De s'arrêter
De renoncer.»
Montréal ne renonce
pas, elle se renouvelle. Elle est ouverte de culture, et ses citoyens et ses
citoyennes en sont fiers.
• (11 h 10) •
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Merci, Mme la députée, de votre
intervention. Je cède maintenant la parole à M. le député de Blainville
pour la sienne, son intervention.
M. Mario Laframboise
M. Laframboise : Merci, M. le Président. À Montréal, l'été, c'est déjà la fête tous les
jours, alors imaginez ce que ce sera
cette année pour le 375e. Je suis très heureux de me lever aujourd'hui pour
dire au nom de la Coalition avenir Québec mais aussi au nom de tous les
Québécois et de toutes les Québécoises : Bonne fête, Montréal!
Bien sûr, Montréal,
c'est plus qu'une ville. Montréal, c'est d'abord un carrefour international, un
carrefour économique de création et d'innovation. Le monde entier, depuis
l'Expo 67, se retrouve à Montréal pour échanger et réinventer le monde. L'événement C2 Montréal, qui se déroulait la semaine dernière, est un exemple parmi tant d'autres. En fait, notre métropole est au premier rang nord-américain quant au nombre de congrès
internationaux qu'elle accueille. Ce n'est pas rien.
Montréal
est aussi la deuxième ville consulaire en Amérique du Nord après New York et
l'une des trois villes onusiennes du
continent avec New York et Washington. Montréal, c'est une ville d'affaires, le
vaisseau amiral de notre économie,
l'une des trois capitales mondiales de l'aéronautique, un haut lieu pour les
sciences de la vie et pour les hautes technologies,
notamment l'intelligence artificielle. Montréal a déjà tout ce qu'il faut pour
que nous soyons des leaders mondiaux, et ce, dans plusieurs domaines.
Soyons plus ambitieux pour Montréal, elle le mérite.
Montréal
est aussi une ville de savoir, en plus d'une ville où les jeunes se sentent
libres d'être eux-mêmes. Pas surprenant
donc que Montréal soit la première ville universitaire du monde et évidemment
une ville de jeunes brillants, allumés. C'est pour ça aussi que Montréal
est si spéciale pour le dynamisme de sa jeunesse.
Pour
moi, la force d'attraction de Montréal réside dans son élégance décontractée.
De Montréal émane une énergie qui
suscite les rencontres et les rapprochements entre les cultures. Ainsi, elle
est l'une des principales plaques tournantes culturelles à l'échelle de l'Amérique, une métropole culturelle qui a
réussi à se définir une identité propre et inimitable quelque part entre Paris et New York, distinguée
et rebelle à la fois. Quelque 75 festivals et événements culturels chaque
année font sa marque de commerce et aussi sa
folie. C'est une ville qui cultive l'art de vivre par un art de vivre mondain,
mais... pas un art de vivre mondain, mais un
art de vivre authentique ancré dans les bonheurs simples de la vie, les bonnes
tables, les amis, les terrasses, le smoked
meat aussi, la poutine au foie gras, la bonne bière. Ne boudons pas nos plaisirs
coupables, M. le Président.
Il y a tellement de
raisons d'être fiers de Montréal que nous pourrions y passer la journée. Je
lance plutôt, en terminant, l'invitation à
tous les Québécois et toutes les Québécoises d'aller cet été à la rencontre de
Montréal pour la découvrir ou la
redécouvrir. Montréal, c'est notre métropole à tous. Bonne fête, Montréal! Bon
375e! Et, comme on le disait en 1642...
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Merci, M. le député de Blainville,
de votre intervention. Je cède maintenant la parole à M. le député de
Mercier.
M. Amir Khadir
M. Khadir :
Merci, M. le Président. C'est à mon tour, au nom de ma collègue, de moi-même et
de Québec solidaire, de souhaiter bonne fête, bon 375e à toutes les
Montréalaises et les Montréalais.
C'est
ma ville, c'est la ville où j'ai vécu le plus longtemps de ma vie... les quatre
cinquièmes de ma vie, en plus d'être,
disons, tout ce qu'on vient de dire, une espèce de carrefour incroyable de
plusieurs cultures, de deux cultures... trois cultures, en fait, fondatrices : évidemment, les Premières
Nations, qui ont vécu ici, les autochtones, les francophones et ensuite
les anglophones, mais maintenant de toutes ces cultures.
Mais c'est
aussi... Montréal, c'est l'histoire d'une immigration réussie. Alors, vous me
permettrez, M. le Président, en tant
qu'immigrant... parce que, bien que je sois Québécois, je suis toujours un peu
immigrant, n'est-ce pas? Et donc c'est
l'histoire d'une immigration réussie avec tous ses hauts et ses bas, ses côtés lumineux
et ses côtés sombres. Parce que, bien
sûr, avant nous, à la fondation de Montréal en 1642, il y avait déjà ici des
premières nations. On a dit Hochelaga, que rencontrera, hein, dans
son périple, Jacques Cartier lors de son deuxième voyage en 1535.
Depuis donc cette fondation de 1642, il a
toujours été question, bien sûr, dans la vision historique un peu patriarcale du passé, de Paul Chomedey
de Maisonneuve. Mais heureusement, depuis maintenant plusieurs années, on
a reconnu le rôle fondamental de Jeanne Mance.
C'est sûr que ça fait un plaisir tout à fait particulier pour le parti
féministe que nous sommes et surtout
un parti de justice sociale, étant donné le rôle absolument central qu'a joué
Jeanne Mance en ces matières.
Mais Jeanne Mance, c'était aussi, rappelons-le, l'équivalent de ce qu'on
pourrait appeler aujourd'hui la ministre des Finances. Elle s'occupait
du budget. C'est elle qui a fait venir tant de colons avec sa vision et son
organisation.
Finalement,
je voudrais juste mentionner qu'il y a peut-être une manière de bien... pour
moi, le député de Mercier, au coeur
de Montréal, d'inviter l'Assemblée nationale à accueillir ce 375e anniversaire. Compte tenu de ce que je viens
de dire sur le rôle de Jeanne Mance,
j'apprécierais et je fais appel à mes collègues d'accueillir favorablement une initiative
que je vais prendre dans les prochains mois pour que le comté de Mercier puisse
dorénavant s'appeler le comté de Mercier—Jeanne-Mance pour reconnaître le
rôle historique de Jeanne Mance, comme on l'a fait avec Hochelaga-Maisonneuve. Merci,
M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Je vous remercie, M. le député. Je reconnais maintenant Mme la députée de Vachon pour son intervention.
Mme Martine Ouellet
Mme
Ouellet : Merci, M. le
Président. Montréal la belle, Montréal la grande, Montréal la vibrante, la
colorée, l'éclatante, la lumineuse, bonne fête!
Pôle de
développement, moteur culturel, économique et social, Montréal est au coeur de
ce que le Québec a été, de ce qu'il
est et de ce qu'il sera. Métropole francophone en Amérique, elle doit conserver
ce statut unique. Accueillante, ouverte sur le monde, elle est aussi
l'ambassadrice privilégiée de notre langue et de notre culture.
Et, comme la
philosophe de l'architecture et de l'urbanisme Jane Jacobs l'avançait dans ses
analyses, la nécessité pour le Québec d'avoir en Montréal une métropole
internationale implique que le Québec devienne un État indépendant.
Alors, pour tes 75 ans, Montréal, je te souhaite de devenir la métropole
du pays du Québec.
Mise aux voix
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Alors, merci, Mme la députée de Vachon.
Est-ce que cette motion est adoptée?
Des voix : Adopté.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Alors, nous en sommes toujours à la
rubrique des motions sans préavis, et je cède maintenant la parole à Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques pour la présentation de sa motion. À
vous, Mme la députée.
Mme Massé : Merci, M. le Président.
Je demande le consentement de la Chambre pour débattre de la motion suivante
conjointement avec la députée d'Hochelaga-Maisonneuve et la députée de
Vachon :
«Que l'Assemblée nationale souligne la mise en
place de l'Autorité régionale de transport métropolitain;
«Qu'elle
prenne acte de la déclaration commune de 17 organismes demandant une
consultation métropolitaine sur le tarif des transports en commun; et
«Qu'elle
demande à l'ARTM de geler le tarif et de procéder à une consultation publique
sur la tarification sociale.»
Le Vice-Président (M. Gendron) : Y
a-t-il consentement de débattre de cette motion?
M. Tanguay : Pas de consentement, M.
le Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Il n'y a pas de consentement. Ça met fin
à la présentation des motions sans préavis.
Avis touchant les
travaux des commissions
Je cède la parole à M. le leader adjoint du
gouvernement pour les avis touchant les travaux des commissions. M. le leader,
à vous.
M. Tanguay :
Merci beaucoup, M. le Président. Alors, j'avise cette Assemblée que la
Commission de l'aménagement du territoire poursuivra l'étude détaillée à
l'égard du projet de loi n° 122, Loi visant principalement à reconnaître
que les municipalités sont des gouvernements de proximité et à augmenter à ce
titre leur autonomie et leurs pouvoirs, aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à 13 heures et de
15 heures à 18 heures, à la salle Louis-Joseph-Papineau, ainsi que le
mardi 6 juin 2017, de 10 heures à midi, à la salle des Premiers-Ministres
de l'édifice Pamphile-Le May;
La
Commission des transports et de l'environnement entreprendra l'étude détaillée
à l'égard du projet de loi n° 132, Loi concernant la conservation
des milieux humides et hydriques, aujourd'hui, après les affaires courantes
jusqu'à 13 heures et de 15 heures
à 18 heures, à la salle du Conseil législatif, et poursuivra ladite étude
le lundi 5 juin 2017, de 14 heures à 18 heures, à la
salle Louis-Hippolyte-La Fontaine;
Cette
même commission poursuivra les consultations particulières à l'égard du projet
de loi n° 137, Loi concernant le Réseau électrique métropolitain,
le mardi 6 juin 2017, de 10 heures à midi, à la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine;
Et
finalement, M. le Président, la Commission des institutions poursuivra l'étude
détaillée à l'égard du projet de loi
n° 113, Loi modifiant le Code civil et d'autres dispositions législatives
en matière d'adoption et de communication de renseignements,
aujourd'hui, de 15 heures à 18 heures, à la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine.
Renseignements sur les
travaux de l'Assemblée
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Alors, merci.
À la rubrique,
maintenant, Renseignements sur les travaux, est-ce qu'il y en a? Je ne vois pas
de demande.
Je
vous rappelle cependant que, lors de l'interpellation prévue pour demain,
vendredi 2 juin 2017, c'est M. le député de Jonquière qui s'adressera à M. le ministre responsable de la région
de l'Estrie sur le sujet suivant : La région de l'Estrie négligée
par le gouvernement libéral.
Affaires du jour
La
période des affaires courantes étant terminée, nous allons maintenant procéder
aux affaires du jour, et je cède la parole à Mme la leader adjointe du
gouvernement. Mme la leader, à vous.
• (11 h 20) •
Mme Vien :
Bonjour, M. le Président. Alors, merci d'appeler l'article 17, s'il vous
plaît.
Projet de loi n° 138
Adoption du principe
Le
Vice-Président (M. Gendron) : À l'article 17 du feuilleton
d'aujourd'hui, c'est Mme la ministre de la Justice qui propose l'adoption du principe du projet de
loi n° 138, Loi modifiant le Code de procédure pénale et la Loi sur les
tribunaux judiciaires afin de favoriser l'accès à la justice et la réduction
des délais en matière criminelle et pénale.
Et je suis prêt à
entendre les premières interventions, et je reconnais Mme la ministre de la
Justice pour son intervention. À vous.
Mme Stéphanie Vallée
Mme
Vallée : Merci, M. le Président. Alors, comme vous le savez, on en a parlé hier, on en parle régulièrement en cette Assemblée, le gouvernement
du Québec, en collaboration avec ses
partenaires du milieu de la justice, a réalisé, au cours des 12 derniers mois, de nombreuses
actions pour favoriser la réduction des délais en matière criminelle et pénale.
En décembre dernier,
j'annonçais un investissement de 175,2 millions de dollars dans le cadre
de la Stratégie d'action gouvernementale
visant à contribuer à la réduction des délais en matière criminelle et pénale, une stratégie qui nous permet d'ajouter 573 ressources additionnelles, dont 16 juges à la Cour du Québec,
63 procureurs supplémentaires au DPCP, 327 effectifs de soutien à
la Justice et à la Sécurité publique, et ce qui nous a permis également
d'ouvrir sept nouvelles salles d'audience.
La
Table Justice-Québec, dont font notamment partie le juge en
chef de la Cour supérieure, la juge en chef de la Cour du Québec, le DPCP, le gouvernement du Québec, des représentants des associations d'avocats de la défense et le Barreau, a lancé en
octobre dernier le plan d'action 2016‑2017 Pour une justice en temps utile en matières
criminelle et pénale. C'est un plan
qui établit clairement la volonté de tous de travailler ensemble
pour transformer l'actuelle culture du
système de justice et passer d'une culture des délais à une culture
d'efficience, tout ça à travers de solutions pérennes.
Au-delà
de ces changements, nous continuons à travailler à la mise en place de modifications et d'ajustements
à nos façons de faire qui permettront
ultimement d'atteindre les cibles fixées par l'arrêt Jordan et assurer le
traitement des dossiers en temps utile.
Le
projet de loi que j'ai déposé le 10 mai dernier, soit la Loi modifiant le
Code de procédure pénale et la Loi sur les tribunaux judiciaires afin de
favoriser l'accès à la justice et la réduction des délais en matière criminelle
et pénale, s'inscrit dans cette démarche. Je
demande aujourd'hui l'appui de cette Assemblée afin que le principe de ce
projet de loi soit adopté, projet de loi tout simple qui comporte deux
mesures, M. le Président.
La première,
elle vise à prévoir de nouvelles compétences concurrentes entre certains
districts judiciaires. Il y a à l'heure actuelle, dans plusieurs
municipalités ou territoires de la province de Québec, un exercice d'une
compétence concurrente entre deux ou
plusieurs districts judiciaires. Ça signifie que, lorsqu'une poursuite ou une
demande en justice peut être intentée ou introduite sur le territoire où s'exerce la
compétence concurrente, elle peut l'être dans l'un ou l'autre des districts judiciaires qui y est associé.
Essentiellement, dans le cadre de la question des délais en matière criminelle
et pénale, la compétence concurrente permet
au poursuivant d'intenter sa poursuite dans un district judiciaire concurrent
moins achalandé, favorisant du même coup une
utilisation optimale des ressources judiciaires et une diminution des délais.
À cet effet,
depuis plusieurs mois, les intervenants de la région de Montréal font état de
délais judiciaires importants dans la
région, dans la ceinture nord, ceinture sud du Grand Montréal. Donc, afin de
diminuer ces délais, le projet de loi propose
que la Loi sur les tribunaux judiciaires soit modifiée afin de prévoir de
nouvelles compétences concurrentes entre les districts judiciaires de
Laval et de Terrebonne sur le territoire de la municipalité de Pointe-Calumet
ainsi que des villes de
Sainte-Marthe-sur-le-Lac, Saint-Eustache, Deux-Montagnes, Boisbriand, Rosemère,
Lorraine et Bois-des-Filion. Il est
également proposé de redéfinir le territoire où s'exerce une compétence
concurrente entre les districts judiciaires de Longueuil et d'Iberville. Donc, avec ces nouvelles compétences
concurrentes, les poursuivants auront plus de latitude d'introduction d'une poursuite ou d'une demande,
ce qui va contribuer à réduire la pression sur les districts les plus occupés,
puisque ces mesures permettront une
meilleure gestion des infrastructures judiciaires par une meilleure répartition
des dossiers.
La deuxième
mesure concerne l'instruction des dossiers pour lesquels le défendeur est
réputé avoir transmis un plaidoyer de
non-culpabilité. Donc, en vertu du Code de procédure pénale, un défendeur qui
ne transmet ni plaidoyer ni la totalité
de l'amende et des frais qui lui sont réclamés dans un constat d'infraction est
réputé avoir transmis un plaidoyer de non-culpabilité. Dans un tel cas,
le code prévoit que le dossier procède par défaut, c'est-à-dire sans la
présence du défendeur. Le code prévoit alors
que les poursuites sont instruites par un juge du district judiciaire où a eu
lieu l'infraction ou par un juge du district judiciaire où est situé
l'endroit où faire parvenir le plaidoyer.
Le projet de
loi vise à prévoir que, dans de telles situations, la poursuite pourrait aussi
être instruite et le jugement rendu
par un juge d'un autre district judiciaire si le juge en chef, le juge en chef
associé ou le juge coordonnateur estime que cela est dans l'intérêt de la justice. Le choix d'un autre district
pourrait notamment être motivé par le respect du droit de toute personne d'être
entendue dans un délai raisonnable. Cette mesure permettant de transférer
l'instruction de dossier dans les
districts où les délais ne causent pas de problème contribuera à accélérer le
traitement des dossiers et à réduire la
pression dans les districts les plus occupés. Encore une fois, c'est une
question d'optimiser l'utilisation des ressources judiciaires.
Ceci étant dit, M. le Président, et je l'ai
mentionné lors des consultations qui se sont déroulées mardi dernier, l'objectif n'est pas d'obliger le défendeur qui
souhaite être relevé du défaut à se déplacer. Dans un tel cas, l'audition sera
administrée dans le district d'origine, donc
ce ne sont que les dossiers dans lesquels il n'y a eu aucune manifestation
de la part des défendeurs qui seront traités à l'extérieur du district.
Je tiens par ailleurs à remercier le Barreau du Québec et l'association des
avocats et avocates de défense du Québec, qui ont participé à nos
consultations.
Donc, ce projet de loi propose donc des mesures toutes simples qui donneront certainement au système de justice la flexibilité pour permettre un traitement plus
optimal des dossiers. Ce faisant, il permettra de réduire la pression
qui est exercée actuellement sur certains districts judiciaires. Je suis donc persuadée que mes
collègues des autres formations verront,
eux aussi, les bénéfices que les mesures proposées apporteront au système
judiciaire et je les invite à voter en faveur du principe de ce projet
de loi. Je vous remercie.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, je vous remercie, Mme la
ministre de la Justice, de votre
intervention. Et je cède maintenant
la parole à la porte-parole de l'opposition
officielle en ces matières, Mme la députée de Joliette. À vous la
parole.
Mme Véronique Hivon
Mme
Hivon : Merci
beaucoup, M. le Président. Alors, la ministre de la Justice a fait le tour, là, de ce projet de loi, qui n'est pas très compliqué, qui contient trois articles. Simplement
lui dire que l'opposition officielle va voter en faveur du principe de ce projet
de loi. Nous sommes en faveur de toutes les mesures qui peuvent améliorer notre
système de justice, bien sûr.
Et une de celles-là, comme nous en avons parlé longuement hier, ce serait, pour
une période limitée de temps, d'avoir
recours à la clause dérogatoire pour s'assurer que cesse l'hécatombe, le temps
que nous puissions remettre en ordre
notre système de justice, et s'assurer que justice soit rendue pour l'ensemble
de la population et, bien
sûr, pour les victimes. Mais nous avons eu un long débat
hier. Alors, aujourd'hui, l'objet, bien sûr, de nos travaux,
c'est de se pencher sur le projet de loi n° 138.
La ministre a expliqué qu'essentiellement ça
porte sur deux modifications, une première pour permettre que, lorsqu'on fait face à des jugements par
défaut — donc, on
est en matière pénale, on est en matière de contravention — si vous
n'avez pas enregistré de plaidoyer, vous allez pouvoir, donc, transférer, le
jugement par défaut va pouvoir être rendu dans un autre district, l'idée derrière ça étant, bien sûr, de permettre
de désengorger certains districts qui peuvent être aux prises avec des nombres beaucoup plus imposants de
jugements par défaut que d'autres, et le jugement va quand même être réputé avoir été rendu dans le district du
défendeur, de la personne, donc, qui fait l'objet de la poursuite. Donc, ça, on
n'a vraiment pas de problème avec ça. C'est la
cour qui va pouvoir déterminer, là, avec le juge en chef, de ce qui est le
plus opportun pour la saine administration de la justice.
L'autre
élément que la ministre expliquait également, c'est de créer, en fait, de
nouveaux districts concurrents, ce qui
fait en sorte que désormais il y aurait une concurrence de compétence pour les
districts de Terrebonne et de Laval et aussi
qu'on étendrait un peu cette concurrence de compétence pour les districts de
Longueuil et d'Iberville. À première vue,
c'est sûr que ça peut avoir l'air d'une bonne idée, parce que ça donne plus de
flexibilité, mais en même temps il faut se
rappeler que les districts existent pour une raison, c'est pour faire en sorte
que, bien sûr, chaque région soit dotée convenablement des outils, des palais
de justice, des mécanismes qui font en sorte qu'on peut rendre justice dans le district où la personne intente soit son recours
ou est poursuivie, et ici on parle autant des matières criminelles, pénales
que civiles. Donc, bien sûr, c'est un changement important, ce qui veut dire,
par exemple, qu'une personne qui vit à Saint-Jérôme
ou à Lachute, qui, donc, appartient au district de Terrebonne, pourrait
désormais être jugée dans le district de
Laval. Donc, c'est certain que ce n'est pas le monde idéal, les gens préfèrent
pouvoir être jugés dans leur district, parce que ça peut encourir des frais supplémentaires, des déplacements
d'avocats, de témoins qui peuvent être, bien sûr, à la charge de la
personne qui soit a intenté la poursuite ou est poursuivie.
• (11 h 30) •
Nous aurions
aimé, lors des auditions, pouvoir avoir un éclairage plus précis des gens qui
sont sur le terrain dans ces
districts-là, notamment les bâtonniers de section, notamment les... donc les
gens qui sont plus au fait de ce que ça peut représenter et de comment c'est reçu sur le terrain, parce que je dois
vous dire, M. le Président, qu'il y a quand même toujours une sensibilité, parce qu'on veut que notre justice continue à
être présente, et à être adaptée, et à être accessible partout au Québec, donc, dans les différentes
régions, et, bien évidemment, plus il y a de ces districts concurrents, de ces
compétences concurrentes, plus ça peut faire
en sorte d'amener, par exemple, une ministre de la Justice... je ne dis pas que c'est le cas, mais, par
exemple, à donner des ressources à un endroit plutôt qu'à un autre parce qu'on
est comme dans une logique de vases
communicants. Et, bien sûr, les régions, les districts judiciaires, les
bâtonniers régionaux sont très, très
sensibles à cette réalité-là parce qu'on ne veut pas faire en sorte de voir un
exode des ressources, donc du nombre de
juges nommés, des ressources qui sont données à un district précis, pouvoir
s'en aller vers un autre, comme on l'a vu quand la ministre a procédé
aux nominations à la suite de son plan d'action et de son réinvestissement. Il
y a eu des nominations de juges à Montréal,
à Laval, mais il n'y en a eu aucune à Saint-Jérôme, par exemple, à Joliette,
par exemple, qui sont pourtant des districts qui sont très occupés.
Alors, c'est certain qu'il y a cette
préoccupation-là qu'un tel changement ne fasse pas en sorte qu'on puisse maintenant, je dirais, un peu se laver les mains
d'octroyer des ressources dans l'ensemble des districts, donc dans l'ensemble
des régions parce que cette justice-là de proximité, cette accessibilité-là
demeure excessivement importante.
Donc, nous
l'annonçons, là, je pense que la ministre, ce ne sera pas une grande surprise
parce qu'on a posé des questions lors
des consultations aussi à cet égard-là, on va vouloir avoir des précisions,
donc vraiment pouvoir avoir des commentaires
des barreaux locaux. Nous avions demandé de les entendre en commission
parlementaire. Le gouvernement a dit
que la bâtonnière du Québec, représentant l'ensemble, donc, des membres du
Barreau, pourrait venir faire part des positions
des barreaux locaux. Malheureusement, ça n'a pas été le cas, on n'a pas eu,
donc, ce son de cloche là. Alors, c'est
quelque chose, bien sûr, qu'on va rechercher avant de pouvoir, là, statuer
définitivement sur cette disposition-là plus précisément. Alors, je vous
remercie, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Alors, je vous remercie, Mme la
députée de Joliette, de votre intervention sur ce principe du projet de loi. Je cède maintenant la parole à M. le
député de Borduas pour son intervention sur toujours le même projet de
loi. À vous, M. le député de Borduas.
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : Oui. Merci, M. le Président. Alors, ça me fait
plaisir d'intervenir sur l'adoption de principe du projet de loi n° 138. Essentiellement, les deux mesures qui sont
dans le projet de loi, c'en est une au niveau des jugements par défaut, le fait de pouvoir déplacer où seront
entérinés, en fait, les jugements par défaut dans d'autres districts. Également,
on vient modifier la Loi sur les tribunaux
judiciaires de façon à faire en sorte qu'on va pouvoir porter des accusations
dans un autre district d'où le crime
a été commis ou d'où l'infraction a été commise. Pour Longueuil, ça va être
possible d'aller au palais de justice de Saint-Jean, et également, sur
le territoire de Terrebonne et Laval, ça va être des juridictions concurrentes, M. le Président. Ce sont de bonnes
mesures qui vont permettre d'améliorer l'efficacité du système judiciaire.
On ne peut pas être contre ça.
Mais une
chose qu'il faut dire, M. le Président, c'est que c'est un petit pas, mais ce
n'est pas suffisant. Puis je pense qu'hier,
M. le Président, je l'ai très bien exposé, quel est l'outil que l'on doit
utiliser vraiment pour donner un coup de pouce au système de justice, soit l'utilisation de la clause dérogatoire
dans le projet de loi n° 890. J'ai constaté ce matin que le Parti libéral a voté contre cette
proposition-là, proposition qui aurait fait en sorte que nous aurions réussi à
donner le coup de pouce qui manque au système de justice pour limiter
les cas où l'arrêt Jordan est invoqué, M. le Président.
Donc,
écoutez, ma formation politique va appuyer le projet de loi n° 138. Nous
allons travailler avec célérité de façon
à faire en sorte que le projet de loi soit en vigueur d'ici la fin de la
session. Donc, je vous remercie, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, je vous remercie, M. le député de Borduas, de votre intervention.
Mise aux voix
Je ne vois
pas d'autre demandeur de parole. Est-ce à dire que le principe du projet de loi
n° 138, Loi modifiant le Code de
procédure pénale et la Loi sur les tribunaux judiciaires afin de favoriser
l'accès à la justice et la réduction des délais en matière criminelle et
pénale, est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Adopté. Mme la leader adjointe du gouvernement, à
vous la parole.
Renvoi à la Commission
des institutions
Mme Vien :
Oui, M. le Président. Alors, je fais motion, conformément à l'article 243
de notre règlement, pour que ce projet de loi soit déféré à la
Commission des institutions pour étude détaillée, s'il vous plaît.
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Cette motion de renvoi est-elle acceptée... adoptée?
Des voix : Adopté.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Adopté. Alors, cette motion de
renvoi étant adoptée, je vous cède à nouveau la parole, Mme la leader
adjointe du gouvernement.
Mme Vien : Merci, M. le
Président, d'appeler l'article 29, s'il vous plaît.
Projet de loi
n° 98
Adoption
Le
Vice-Président (M. Gendron) : À l'article 29 du feuilleton de ce
jour, c'est aussi Mme la ministre de la Justice qui propose l'adoption
du projet de loi n° 98, Loi modifiant diverses lois concernant
principalement l'admission aux professions
et la gouvernance du système professionnel. Et je suis prêt à entendre des
interventions, s'il y en a. Je reconnais Mme la ministre responsable des
ordres professionnels pour son intervention. À vous, Mme la ministre.
Mme Stéphanie Vallée
Mme Vallée :
Merci, M. le Président. Alors, je vous dirais : Enfin, on en est rendus à
cette ultime étape, qui est celle de l'adoption du projet de loi
n° 98, avec laquelle on achève un périple qui a été considérable. C'est le
point d'aboutissement d'un processus de
réforme qui touche nombre d'institutions : les 46 ordres
professionnels, le Conseil interprofessionnel, l'Office des professions
du Québec.
J'y
reviendrai, M. le Président, mais il y a dans les tribunes des gens fort
intéressés, des représentants de l'office, le président de l'office. Alors, on aura la chance d'y revenir avec une
touche plus personnelle, mais je tiens à souligner leur présence parce que ce sont des gens qui ont
travaillé énormément au cours des derniers mois, au cours des dernières
années, pour cette finalité, qui est celle pour laquelle je prends parole cet
avant-midi.
Ça touche également, cette réforme, plusieurs
ministères et organisations. 380 000 professionnels exercent 54 professions réglementées au Québec. Et, au
bout du compte, ce sont l'ensemble des Québécois et des Québécoises que le système professionnel a pour mission de
protéger. Tout ça indique déjà qu'il s'agit de quelque chose de très important
dans notre société.
Au stade de
l'adoption de principe, j'ai longuement décrit à cette Assemblée les principaux
objets du projet de loi. Il s'agit de la gouvernance des ordres, de l'Office des professions, de même que la mise au
point des dispositions concernant l'admission et la reconnaissance des
qualifications professionnelles obtenues ailleurs ou hors du système. Il s'agit
également de répondre à certains
constats et recommandations de la Commission d'enquête sur l'octroi et la
gestion des contrats publics dans l'industrie de la construction, la
commission Charbonneau.
Je ne
répéterai pas dans le détail ce que j'avais décrit en cette Chambre lors de
l'adoption du principe. Je sais que la répétition est un principe fort prisé en
pédagogie et en politique, mais il ne faut pas en abuser, quand même. Alors,
pour caractériser un petit peu la démarche qui a été la nôtre depuis trois ans
dans le dossier, je vous dirais qu'il s'agit d'un exercice que le gouvernement, l'Office des professions et cette
Assemblée font tous les quatre ou cinq ans en collaboration avec les ordres professionnels, le Conseil
interprofessionnel, pour apporter à notre système professionnel les adaptations
qui sont rendues nécessaires.
Cela étant, le projet de loi n° 98 ne
contient rien d'une transformation complète du système. Notre système professionnel reste fondé sur la priorité
fondamentale de protection du public et d'une autonomie des ordres
professionnels qui sont chargés en
première ligne d'assurer au public la compétence et l'intégrité des quelque
380 000 professionnels que compte le Québec.
Il faut se
rappeler que le Code des professions a bientôt 45 ans. Le projet de loi
n° 98 fait donc partie de ces trains d'adaptation que nous mettons sur les rails tous les cinq ou 10 ans
pour le garder adapté et performant, d'où un paradoxe : pour garder le cap sur une si longue période, pour
que le système professionnel reste le même quant à sa finalité sociale,
à ses principes fondamentaux, il faut qu'il évolue dans une société qui change
perpétuellement elle-même. Il faut donc adapter
et même changer nos outils et nos façons de faire et de voir. Autrement dit,
pour rester dans la course, il faut accepter de changer.
Lors de
l'adoption du principe, je m'étais ouverte à vous sur les défis du changement
et sur les attitudes que ça suppose pour relever ces défis. La fidélité
de l'objectif initial du système commande aussi d'accueillir non seulement la nécessité du
changement, mais aussi les occasions de s'adapter. Sans revenir sur mes
questionnements à cet égard, je me
réjouis finalement de voir que les uns et les autres ont bien voulu participer
à cet exercice avec leurs espoirs et leurs craintes. Puisque nous sommes sur le point d'adopter le projet de loi
n° 98, que ceux et celles qui ont bien voulu se tourner avec moi
vers l'avenir acceptent ma reconnaissance pour leur enthousiasme, leur vision
ou leurs efforts.
Comme
je vous le disais lors de la prise en considération du rapport de la Commission
des institutions, le projet de loi
n° 98 s'est considérablement enrichi. Il est passé de 112 à plus de
150 articles. Rassurez-vous, je ne vous assommerai pas en vous faisant la lecture détaillée de
chacune des dispositions. Je tiens toutefois à vous souligner que nous avons
été à l'écoute des ordres, mais aussi
de la société, et que plusieurs de ces amendements découlent justement des
commentaires reçus ou entendus.
Grosso modo, je vous
entretiendrai de ce projet de loi sous trois angles principaux : qu'est-ce
que le projet de loi n° 98 apporte au
système professionnel, au public, ultime destinataire des bienfaits du système,
et au Québec en général.
Encore
une fois, il aurait été un peu abusif de s'attendre à ce qu'un ensemble
organisationnel imaginé avant le téléphone
cellulaire et Internet se soit rendu jusqu'en 2017 tel qu'il était en tous
points à l'époque de sa création. Bien heureusement, les gens qui se sont succédé
dans le système ont eu à coeur de le maintenir à jour par des adaptations
au fil de l'évolution de notre société, de l'observation et de l'expérience.
• (11 h 40) •
Point
de révolution ou de métamorphose, donc, depuis 40 ans mais des
modifications, des adaptations, des modernisations opportunes ou
nécessaires, selon le cas.
D'abord,
avant de parler des bénéfices de ce projet
de loi pour le système
en général, convenons que la conjoncture nous commandait de répondre d'abord aux constats et aux recommandations de la commission Charbonneau. Cette priorité correspondait d'ailleurs à la tradition de l'Office des professions, qui s'attache non seulement à anticiper les situations,
mais aussi, en l'occurrence, à répondre de façon pragmatique aux problèmes
rencontrés au fil du temps.
Cette
fois, la révélation de certaines problématiques est venue d'une commission d'enquête externe,
la commission Charbonneau. De
manière générale, cette commission d'enquête a permis de signaler des occasions
de réflexion et d'ajustement sur les
mécanismes de protection du public, notamment dans le domaine professionnel.
Voilà pourquoi, en préparant un
projet de loi sur la modernisation du Code des professions, l'office a voulu
traiter des préoccupations soulevées par
la commission en ce qui a trait au système professionnel. Nous nous sommes donc
attachés à répondre sans tarder aux recommandations de la commission.
Tel était l'engagement de notre gouvernement.
Quelques
mots, donc, sur ces recommandations. La recommandation n° 29
consiste, pour résumer, à imposer une formation
en éthique et en déontologie aux membres des ordres professionnels. La réponse
que nous avons donnée dans ce projet
de loi consiste donc à confier aux conseils d'administration des ordres la
responsabilité de veiller à ce que des cours
ou des stages de formation continue, notamment en éthique et en déontologie,
soient offerts aux membres des ordres et l'obligation pour l'ordre de
rendre compte sur cette offre de formation. Par ailleurs, chaque ordre devra désormais
adopter un règlement afin de prévoir l'obligation de réussir une formation en
éthique et en déontologie si une telle formation n'est pas offerte en formation
initiale par les établissements d'enseignement.
Dans le même esprit,
la recommandation n° 30 vise à améliorer la formation des
administrateurs des ordres professionnels.
Là encore, le conseil d'administration imposera à ses membres l'obligation de
suivre une formation sur le rôle d'un
conseil d'administration d'un ordre professionnel, notamment en matière de
gouvernance et d'éthique. L'ordre devra s'assurer que cette formation
soit disponible.
Par
ailleurs, l'ordre devra aussi adopter un code d'éthique et de déontologie
applicable, cette fois, aux administrateurs
et administratrices de son conseil d'administration. De façon corollaire, le
projet de loi prévoit que l'Office des
professions déterminera par règlement et en amont de tout ça des normes
éthiques et de déontologie applicables aux administrateurs et administratrices des ordres professionnels ainsi que
les sanctions appropriées en cas de contravention.
De
façon complémentaire, nous répondons également à la
recommandation n° 37 de la commission Charbonneau en allongeant les délais de prescription de
certaines poursuites pénales afin de permettre aux enquêtes, souvent complexes,
de parvenir à terme.
Enfin,
nous avons répondu à la recommandation n° 9, qui consiste à permettre
aux syndics des ordres d'accorder une immunité disciplinaire aux témoins
repentis dans l'esprit, évidemment, d'optimiser l'efficacité de leurs
enquêtes. Il s'agit, par exemple, d'accorder certaines immunités à des témoins
ayant pris part à certaines infractions en échange d'informations cruciales, compte tenu, toutefois, des enjeux pour la
protection du public et surtout de la gravité de l'infraction commise par le témoin. En complément de cette
immunité, des amendements ont été apportés au projet de loi pour protéger
certains témoins de représailles possibles, notamment lorsqu'ils sont des
employés d'un professionnel fautif.
Quant
à certaines autres recommandations, d'importants travaux ont déjà été entrepris
par l'office pour y donner suite
aussi rapidement que possible, notamment en réponse à la
recommandation n° 28, qui enjoint les ordres à assujettir les
firmes professionnelles aux pouvoirs d'encadrement qu'ils exercent, et ce, afin
de mieux protéger le public.
La
commission Charbonneau s'est exprimée sur une insuffisance des outils de
détection de l'Office des professions. Voilà
donc pourquoi, dans le projet de loi, on renforce la fonction de vérification
de l'office relativement au fonctionnement des divers mécanismes mis en place au sein des ordres pour assurer la
protection du public. Pour répondre à cette préoccupation, plusieurs
dispositions ont été présentées. Si l'office l'estime nécessaire pour la
protection du public, il pourra requérir
d'un ordre qu'il apporte des mesures correctrices, effectuer des suivis
adéquats et pourra soumettre un ordre
à toute mesure qu'il détermine, dont les mesures de surveillance et
d'accompagnement. L'autorisation de la ministre ne sera plus nécessaire
pour que l'Office des professions puisse procéder à une enquête sur un ordre
qui présente une situation financière
déficitaire ou dont les revenus sont insuffisants pour remplir ses devoirs. Il
en va de même, évidemment, pour tout
ordre qui ne remplit pas les devoirs qui lui sont imposés par le Code des
professions ou, le cas échéant, sa loi constitutive.
Comme
nous le disions un peu plus tôt, les grands ensembles comme le système
professionnel doivent évoluer avec le
temps. Sans tout chambouler, il faut savoir faire place à l'évolution des
valeurs et des façons de faire. Là se trouve le leadership dont un grand ensemble a besoin. Les attentes du public
sont de plus en plus explicites en matière de transparence et de gouvernance. Dans ce contexte, les ordres
professionnels n'échappent pas à cette pression morale d'exemplarité.
Pour certains
éléments, des modifications au Code des professions s'avéraient nécessaires.
Bien que certains ordres aient déjà adopté des pratiques avancées en
matière de gouvernance et que d'autres aient déjà entrepris une réflexion sur
leur façon de se gouverner, des écarts
subsistaient. Tous n'en sont pas au même stade. Ça rejoint le concept de croissance
organisationnelle individualisé.
Encore
faut-il qu'à la tête du système on ait le souci de la cohérence, ce que nous
devons garder à l'esprit lorsqu'on gère
de grands ensembles, avec comme résultat qu'il était nécessaire
de modifier le Code des professions et certaines lois particulières afin
que les principes de base en termes de saine gouvernance puissent être
appliqués au bénéfice non seulement de l'office, mais de l'ensemble des ordres
professionnels pour optimiser leur performance au service des Québécoises et
des Québécois.
Quelques
exemples dans ce volet de la législation. Le rôle du conseil d'administration d'un ordre sera dorénavant axé sur la
surveillance générale des affaires de l'ordre. Certaines responsabilités précises lui ont également été confiées : veiller à la poursuite de la mission de l'organisation, fournir des orientations stratégiques, statuer sur le choix stratégique,
adopter des prévisions budgétaires et, chose importante, se doter de politiques
de pratiques de gouvernance efficaces, efficientes et transparentes.
Chaque ordre
professionnel devra adopter un code d'éthique et de déontologie applicable aux
administrateurs du conseil
d'administration de l'ordre, et ce,
en tenant compte de la mission de l'ordre, des valeurs qui sous-tendent son
action et ses principes généraux de
gestion. Chose importante, la fonction de direction générale d'un ordre
sera dorénavant inscrite au code. De plus, les rôles des directeurs
généraux et des présidents seront distingués. Ces fonctions ne sont plus
cumulables. Le nombre de mandats à la
présidence d'un ordre sera limité à trois. En effet, les pratiques en matière
de saine gouvernance préconisent
habituellement de limiter le temps que peut passer un président à la barre
d'une telle organisation. Par contre, la
durée minimale d'un mandat pour tout administrateur sera portée à deux ans.
Quant à la taille des conseils d'administration,
la tendance en matière de saine gouvernance est actuellement qu'ils soient
constitués à partir d'un nombre plus restreint de membres. On verra
également à interdire le cumul des fonctions d'administrateur à l'ordre et de dirigeant dans des structures à mission
associative ayant pour objet la promotion des droits ou la défense des intérêts
des membres de l'ordre ou des professionnels en général.
Mais, en même
temps que nous mettons les conseils d'administration des ordres sur la voie
d'une cure minceur, nous augmentons à
au moins 25 % la représentation du public. En effet, l'expérience qu'on
appelle des administrateurs nommés
par l'office pour représenter le public est un succès depuis l'adoption du
code. Au sein des ordres, les administrateurs nommés jouent un rôle délicat mais essentiel, et le projet de loi vient
renforcer ce rôle. Ainsi, ces administrateurs prendront désormais part à l'élection du président de
l'ordre puisque ce dernier est élu par les membres du conseil d'administration.
Ils voteront aussi pour la nomination
d'administrateurs en cas de vacance à un poste ou, s'il n'y en a pas, d'un
administrateur de 35 ans et
moins, soit le membre jeunesse. Notons également que ces administrateurs seront
soumis aux mêmes règles d'éthique et de déontologie applicables aux
administrateurs élus, tant celles qui seront adoptées par l'office que celles
du code de déontologie qu'adoptera
l'ordre. Conscient de l'influence que cela donne, l'Office des professions les
invite à travailler en collégialité
en toute lucidité avec l'ensemble du conseil d'administration de l'ordre.
Enfin, ils apportent un regard
externe très précieux au sommet d'une profession essentiellement autogérée.
Voilà pourquoi nous augmentons notamment leur proportion au sein des
conseils d'administration des ordres.
Dans un
autre ordre d'idées, nous ajoutons des dispositions qui favoriseront l'arrivée
dans les conseils d'administration des
ordres de membres âgés de 35 ans et moins. Notre relève est importante, M.
le Président. Le conseil d'administration est le lieu où se conçoivent les règles et les formes d'organisation de
demain pour après-demain. L'avenir doit donc avoir une voix plus visible
et plus représentée dans ces structures.
Dans le but
de renforcer le message suivant lequel la principale mission d'un ordre est la
protection du public et non la défense des intérêts des membres d'une région
donnée, le projet de loi prévoit de mentionner expressément que les administrateurs élus n'y représentent pas les
professionnels de la région dont ils sont issus. L'office n'échappe pas à une
révision de sa gouvernance. Le projet de loi
prévoyait déjà des ajustements à la composition de l'office, et des amendements
sont venus bonifier les règles entourant
cette composition. Ainsi, les nominations au sein de l'office se feront
désormais suivant des profils de
compétence et d'expérience et elles devront tenir compte de la parité entre les
hommes et les femmes ainsi que la diversité culturelle de la société
québécoise. Comme je vous l'ai mentionné, un membre de l'office devra également
être un jeune de moins de 35 ans.
• (11 h 50) •
Le système professionnel est là pour la
protection du public. On l'a vu encore à l'occasion de la commission
Charbonneau, la vitesse de réaction, elle est cruciale. Et voilà pourquoi,
lorsqu'une poursuite est intentée contre un professionnel
pour une infraction punissable de cinq ans d'emprisonnement ou plus, un syndic pourra requérir du conseil de discipline qu'il impose immédiatement à un professionnel une suspension ou une limitation provisoire de son droit d'exercer les activités professionnelles
ou d'utiliser le titre réservé aux membres de l'ordre, soit les conditions
suivant lesquelles il pourra continuer d'exercer la profession ou
d'utiliser son titre réservé.
Par ailleurs, dans le droit fil des observations faites dans le système depuis plusieurs
années, la loi permettra aux syndics de se parler d'un ordre à un autre,
d'échanger de l'information.
Dans le domaine disciplinaire, c'est dans la
logique des choses, nous augmentons sensiblement les amendes disciplinaires ou
pénales qui sont prévues au Code des professions.
On
le voit, les institutions du système reçoivent, avec le projet de loi
n° 98, un outil de gouvernance et d'exécution qui permet de mieux affronter les exigences du
temps. Il ne vous aura pas échappé que nous favorisons des bons fonctionnements,
des résultats propres à nous rendre plus
près du besoin du public et des façons de faire de notre époque. Il ne s'agit
pas là de changer pour changer, mais,
il faut se rendre à l'évidence, au-delà des modes, une institution qui
refuserait d'évoluer se présenterait
aux nouvelles générations avec le même succès que les parents qui offriraient
aux enfants d'aujourd'hui un lecteur
VHS ou un Commodore 64. Il ne s'agit pas d'une mode. Les nouvelles
technologies de même que les nouvelles connaissances en gestion nous
offrent l'occasion d'une meilleure pertinence, d'une meilleure efficacité.
En ce qui
nous concerne, je persiste à propager dans l'ensemble du système professionnel
l'idée qu'une réponse proactive aux
changements ambiants, c'est un devoir. Je souhaite au système de se positionner
avec moins d'hésitation face à ce changement.
La commission
Charbonneau n'est pas un accident auquel on peut se contenter de répondre pour
revenir à des certitudes
confortables. Un tel exercice, c'est le signal d'un besoin de revisiter nos
choses. Autrement dit, la réponse à de telles recommandations ne saurait
épuiser la liste de ce qu'il faut faire pour le bénéfice... pour que le public,
pardon, bénéficie, en 2017, d'un système qui
lui garantisse non seulement la compétence et l'intégrité de ses membres, mais
aussi que les règles et les processus mis en place ne privent pas les
Québécois et Québécoises de l'accès à des services professionnels dont ils ont
besoin. La législation devant nous est justement l'occasion non seulement de
régler les problèmes du présent, ce qui est
la moindre des choses, mais de se projeter dans l'avenir pour la protection du
public de demain. Je souhaiterais que cette expérience nous rende plus
proactifs, plus visionnaires. Ça veut dire un meilleur fonctionnement, une attitude renouvelée hors de toute routine, exempte
de toute crispation face à l'évolution. C'est ainsi que j'avais invité l'ensemble du système à
collaborer ouvertement avec l'Office des professions, sans ne voir dans cette
institution qu'une simple contrainte imposée
par l'État mais également un observateur proactif et très utile pour l'ensemble
du système.
Nous savons
depuis plusieurs années que la société québécoise a de très grandes attentes,
voire des exigences quant à la reconnaissance des compétences pour les
professionnels qui sont formés hors Québec ou qui ont des parcours de formation
atypiques. Ce projet de loi comporte des retombées significatives dans cet
important domaine.
Vous connaissez les enjeux, M. le Président. Le
gouvernement, depuis 2007, a demandé l'accélération et l'ouverture du système en matière de reconnaissance des compétences
acquises hors du Québec, hors du système. On le sait, de notre côté, la mobilité de nos propres
professionnels québécois est la clé pour leur accueil dans des marchés plus
larges à l'extérieur du Québec. La
seule logique des accords passés par le Québec dans ce domaine nous engage à
une réciprocité sincère et dynamique.
Tout ça suppose une vision claire, au niveau gouvernemental, de nos règles, de
nos stratégies globales ici, au
Québec, pour l'ensemble des professions et leurs partenaires essentiels, soit
l'immigration, l'éducation, la santé, le travail, les relations internationales. Voici ma responsabilité
aujourd'hui, M. le Président, et ce à quoi mènent les aménagements
importants proposés dans le projet de loi n° 98.
L'admission
aux professions est, on vient de le rappeler, une fonction fondamentale du
système professionnel, elle s'assure de la compétence des professionnels pour
prévenir les risques de préjudice associés à l'exercice de leurs activités. L'admission est un levier pour assurer
la protection du public. Elle a toutefois des zones plus complexes, car elle
concerne des personnes d'ici et d'ailleurs qui ont le désir légitime de faire
carrière dans une profession réglementée. Il
faut s'assurer de les traiter équitablement et aussi, point important, que les
Québécois et Québécoises aient accès, pour leur santé notamment, à des ressources professionnelles suffisantes.
Dans le même esprit, il faut que notre économie dispose de la main-d'oeuvre nécessaire à notre
développement collectif, compte tenu notamment de nos enjeux démographiques.
En 2009, en
réponse à une recommandation de la commission Bouchard-Taylor, une loi de
l'Assemblée nationale a institué le
Commissaire aux plaintes concernant le mécanisme de reconnaissance des
compétences professionnelles, qui
examine particulièrement les plaintes des candidates et des candidats à une
profession, mais au profil atypique, du Québec ou de l'étranger. La
loi de 2009 a aussi confié à l'Office
des professions une responsabilité particulière, celle de prendre
des mesures pour améliorer la collaboration entre les ordres professionnels et les établissements d'enseignement quant
à l'accès à la formation d'appoint et aux stages prescrits par les ordres.
C'est un enjeu d'efficacité de nos mécanismes
d'admission où la responsabilité est partagée par plusieurs acteurs. La coordination, ici, est une condition
de succès. Dans le cadre de ce nouveau rôle qui lui fut confié par le
législateur, l'office a rapidement mis sur pied le pôle de coordination pour l'accès
à la formation, composé de représentants du monde professionnel, du monde de l'éducation, de l'immigration et de la santé. Au fil des ans, l'expérience du
commissaire aux plaintes et du pôle
de coordination nous a permis de mieux connaître les enjeux de la fonction de
l'admission et les limites des outils
mis en place en 2009. Nous découvrons que nous devons élargir notre connaissance des problématiques, nous donner une vision plus large, des moyens cohérents de formation pour un
assemblage plus performant des compétences menant à l'admission en
général. Voilà pourquoi le projet
de loi présenté est venu apporter des
ajustements aux outils déjà en place.
En ce qui concerne l'admission aux professions, le projet
de loi modifie le Code des professions
pour ajuster le rôle de l'actuel
Commissaire aux plaintes concernant les mécanismes de reconnaissance des
compétences professionnelles. Il portera dorénavant son regard sur
l'ensemble de la fonction d'admission aux professions, sur ses processus et sur
les divers intervenants en vue d'une vision plus spectrale du dossier
admission. C'est de cette vision d'ensemble dont le gouvernement et l'office
ont besoin. Le commissaire devient donc le Commissaire à l'admission aux professions.
Le projet de loi institutionnalise au code le pôle de coordination et encadre mieux
l'action des acteurs sur l'enjeu de
l'accès à la formation d'appoint et aux stages, souvent source de blocage dans
le cheminement des candidats et des candidates à une profession et ainsi
à une intégration réussie.
J'invite ceux
et celles pour qui le pôle recèle encore des mystères à comprendre que, dans le
foisonnement des règles et des intervenants jaloux de leur autonomie, il est
évident qu'un forum tel le pôle devient un lieu de cohérence et
d'engagement, bref une chance de réussite. Pensons-y bien, M. le Président, ce n'est pas une énième structure, c'est un mécanisme mis en place par la loi avec la
légitimité d'une entité rassemblant des autorités nommées par le gouvernement. De plus, la loi lui donne à la fois une force et une imputabilité qui seront utiles pour éclaircir et arbitrer les débats sur le
quoi faire, comment faire pour fonctionner avec l'efficience nécessaire et
surtout avec les résultats attendus.
Certaines questions
ont été soulevées quant aux motifs, aux contours et à l'effet des modifications législatives proposées.
Le travail législatif a été considérable pour s'assurer que tous et
toutes aient eu les meilleures occasions de comprendre ce qui était et est toujours une priorité gouvernementale face à un état de
fait devenu incontournable. Tout comme
pour les autres sujets, ce que les divers intervenants nous ont communiqué sur
les mesures relatives à l'admission nous
a permis d'aller plus loin. À titre d'exemple, elle exigera que les processus
relatifs à l'admission soient équitables, objectifs, impartiaux,
efficaces et transparents.
Dans le même
esprit, les ordres devront adopter une déclaration de services où on trouvera une série
d'engagements concernant le traitement des demandes d'admission. Quant à
leurs ressources humaines, les ordres devront s'engager à former certains de leurs employés à la gestion de la diversité
ethnoculturelle et, d'une manière plus spécifique, ils devront former
des responsables à l'admission et à l'évaluation des qualifications professionnelles.
Enfin, on
accordera plus de souplesse aux ordres
professionnels pour mettre en place des solutions de rechange aux
documents requis au soutien d'une demande d'admission. Ne
serait-ce que sur ce sujet, nous n'avons ménagé aucun effort pour
entraîner les acteurs du système vers une compréhension et un engagement utile
pour progresser dans le règlement de cette problématique.
J'en profite
pour remercier à nouveau Me Jean Paul Dutrisac, président de l'office,
pour la détermination, la patience bienveillante
et, en fin de compte, efficace, qui nous a permis de faire avancer les choses
dans ce domaine, entre autres. Je voulais
mentionner qu'au-delà de la précieuse et soutenue collaboration de l'office j'ai pu compter également sur celle des
ordres et sur celle du Conseil interprofessionnel.
Bien sûr,
le système existe d'abord pour le public via le professionnalisme
bien compris. Un ordre bien gouverné, axé
sur sa mission de protection du public, bien financé, tout cela concourt à la protection
du public. Mais, au-delà de ce que
nous venons d'évoquer, ce projet de
loi amène concrètement des modifications législatives touchant explicitement le public, lesquelles auront des retombées
significatives et directement bénéfiques aux Québécoises et aux Québécois.
Qu'on pense, par exemple, à la communication plus efficace entre syndics, à l'amélioration du fonctionnement du système disciplinaire,
d'une manière générale le public sera mieux servi et mieux protégé par un système professionnel
efficace adapté à son temps.
• (12 heures) •
Les dispositions concernant la reconnaissance des compétences des professionnels
formés hors Québec concourent également à un meilleur
service pour le public. En effet, la compétence et l'intégrité sont une chose,
mais l'accès concret aux services
professionnels est aussi crucial pour la population. Quand bien même
que le public serait assuré de la compétence et de l'intégrité des médecins membres en règle de leur ordre professionnel, si l'accès à un médecin de
famille ou aux services d'un médecin spécialiste est gêné par une
pénurie, le public ne sera nullement consolé de savoir qu'il existe des médecins immigrants qualifiés qui attendent qu'on
reconnaisse leur qualification. Voilà pourquoi le gouvernement, et moi-même,
et l'office avons tellement tenu à ce que ces questions trouvent des
réponses réalistes dans le projet de
loi.
Certains amendements
touchent également des situations malheureuses, inacceptables, vécues directement par le public. Plusieurs
amendements concernent un renforcement des règles et des
mécanismes de surveillance et d'encadrement
applicables en matière d'inconduite sexuelle. Pour résumer, le professionnel
déclaré coupable d'inconduite sexuelle sera
condamné à une amende minimum de 2 500 $ et sera radié de
son ordre pour une période d'au moins cinq ans, à moins qu'il fasse la preuve que cette période devrait
être moindre. Une fois la période de la radiation passée, il devra à nouveau
se présenter devant le conseil de discipline
pour obtenir une recommandation qui guidera le conseil d'administration de
l'ordre dans sa décision de le réinscrire ou non au tableau.
De plus, des
dispositions nouvelles prévoient des mécanismes de formation pour les personnes
plus directement concernées, tels les
syndics et les membres des comités de discipline, pour mieux comprendre les
réalités que vivent les victimes de ces inconduites sexuelles. D'autres
amendements répondent à des besoins très pratiques, exprimés par le milieu de la santé, vécus par le public :
l'autorisation, par exemple, pour des non-professionnels d'administrer des
médicaments par voie nasale, voie
entérale à des personnes qui ont besoin de ces soins et qui demeurent notamment
dans des ressources intérimaires ou de type familial.
Le projet de
loi n° 98, M. le Président, on l'a vu, livre au Québec tout entier un
système professionnel mieux adapté à
son époque, lui permettant une efficacité dont tout le monde bénéficiera, mais
également une facilité pour ceux et celles qui s'adressent au système, qui ont des besoins de services
professionnels et de l'accompagnement des ordres, et aussi au bénéfice de ceux et celles qui aspirent à devenir
membre d'un ordre pour légitimement exercer leur profession et servir
les Québécoises et les Québécois avec compétence et intégrité quelle que soit
leur origine.
Encore une
fois, je n'irai pas trop dans le détail, notre Assemblée a eu l'occasion de
passer tout ça au crible en commission
lors des 80 heures d'étude détaillée. Vous savez, M. le Président, ce type
de législation est également l'occasion de faire des retouches techniques à des dispositions moins techniques du
Code des professions et des lois professionnelles. Vous comprendrez que je n'abuserai pas du temps
limité de cette fin de session en énumérant les dispositions techniques.
Je tiens à
ajouter tout de suite que le train de réformes ne s'arrête pas au projet de loi
n° 98, l'office est déjà à pied d'oeuvre pour la phase 2 de la
réforme du code concernant la justice disciplinaire et l'encadrement de
l'exercice des professions en société. Je suis encouragée de voir non seulement
la capacité de l'office et des ordres professionnels à produire des propositions de cette qualité, mais aussi de voir le
travail parlementaire considérable qui prolonge avec succès et avec un
grand sérieux tous ces efforts.
Bien sûr, le travail n'est pas fini,
chacun, dans le système, devra intégrer les dispositions nouvelles à ses
processus, mais aussi à sa culture
organisationnelle. Je sais que, pour ça, une fois encore, nous pourrons compter
sur le bienveillant accompagnement de
l'Office des professions. Vous n'avez pas idée, M. le Président, de la somme
des collaborations, des analyses, des
consultations, des efforts de rapprochement qui étaient en amont du produit que
nous avons devant nous aujourd'hui.
Je tiens à remercier tous ceux et celles qui, depuis plus de trois ans, ont
travaillé d'arrache-pied pour moderniser le système professionnel, le
tirer vers l'avant.
Une
indication... Et j'aimerais souligner la présence, dans les tribunes, tout le
personnel : d'abord, le président, Me Dutrisac, la directrice des
affaires juridiques, Me Guylaine Couture, Me Patrick Nolin, qui a vu à évaluer
chaque proposition d'amendement des
oppositions — et Dieu
sait qu'il y en a eu! — Me Julie Adam, Me Laurianne Rochefort, Me Caroline Desjardins, Me Jean-Luc Hunlédé, Me
Antoine Garnier, Michel Ducharme, Gabriel Fontaine, Céline Moura. Merci
à vous tous. Vous avez été incroyables.
Et
une indication plus personnelle, si vous me permettez : le président de
l'Office des professions, Me Dutrisac, va terminer son second mandat à
la tête de l'office cette année. C'est une occasion exceptionnelle de le
remercier publiquement et personnellement.
Jean Paul, non seulement tu as su maintenir l'Office des professions à la
hauteur de sa réputation, mais je
dois souligner la qualité inestimable de ton accompagnement : un être
patient, compétent et rassurant. Ton
appui à mes côtés depuis le début de mon mandat, dès le départ du projet, a été
inspirant. Somme toute, je te remercie,
Jean Paul, et, ce projet de loi, il y a beaucoup de toi là-dedans, beaucoup de
patience, beaucoup d'appels, de courriels, d'échanges. Merci beaucoup.
Finalement,
je tiens à remercier, M. le Président, parce que tout ça, ce n'est pas possible
sans la collaboration des partenaires,
sans la collaboration des collègues, la députée de Chicoutimi, qui en était à
son premier projet de loi en étude article par article, le député de
Borduas. Ils ont su par moment mettre ma patience à l'épreuve...
Une voix :
...
Mme Vallée :
Oui, je le sais. Mais, somme toute, je pense que nous sommes arrivés à un
projet de loi bonifié dans le
meilleur intérêt des Québécois et des Québécoises. Et je tiens à remercier les
collègues de la Commission des institutions qui ont été là patiemment, la collègue de Verdun, qui a proposé des
amendements, qui en était, elle aussi, je pense, à sa première étude article par article, et
l'ensemble... le président, notre collègue de Chomedey, bref, l'ensemble des
collègues qui ont participé à cet exercice, le personnel de la commission, le
secrétaire de la commission. Ultimement, on ne savait pas si un jour on
aboutirait à ce moment, mais je dois vous dire que je suis bien heureuse. Je
pense qu'on a fait un travail sérieux, solide et qui sera surtout
pérenne. Merci.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Alors, je vous remercie. Je vous
remercie, Mme la ministre, de votre intervention. Et, avant de céder la
parole à la porte-parole, on salue... Ça fait du bien pour les parlementaires
d'avoir l'occasion de voir ceux qui,
concrètement tous les jours, sont directement des collaborateurs. Alors, vous
êtes les bienvenus à l'Assemblée nationale.
Je cède maintenant la
parole à la porte-parole de l'opposition officielle en ces matières, Mme la
députée de Chicoutimi, pour son intervention. À vous la parole.
Mme Mireille Jean
Mme Jean :
Oui. Merci, M. le Président. Je salue d'ailleurs tout le monde même si je n'ai
pas l'occasion de les voir. Je suis juste en dessous d'eux. Je les salue
personnellement.
M.
le Président, je suis heureuse d'être ici aujourd'hui dans cette étape ultime
de l'adoption du projet de loi n° 98, un projet de loi qui est important, qui va influencer la vie des membres
des ordres professionnels et aussi qui s'adresse à l'ensemble du public,
vu que ça assure la protection du public.
D'entrée
de jeu, je vous dirai que nous sommes d'accord avec l'adoption du projet de loi
n° 98. Ce projet de loi constitue,
comme le disait la ministre tout à l'heure, un premier volet à la modernisation
du Code des professions, qui date déjà de plus de 40 ans. Une
modernisation qui était attendue et par les professionnels et par le public.
La
ministre a donné beaucoup de détails sur, justement, le processus qui a mené à
l'élaboration du projet de loi en tant
que tel, donc je ferai fi de ces détails-là, vu qu'ils ont été donnés vraiment
avec beaucoup de précision et clarté. Je mentionnerai tout simplement deux éléments importants, c'est que ce
projet de loi là traitait de deux enjeux importants, c'est-à-dire
l'admission aux professions, et plus particulièrement par les nouveaux
arrivants, il y a des avancées vraiment importantes à ce niveau-là. Et, le
deuxième, c'est que ça touchait la gouvernance du système professionnel.
Sur les deux
avancées... sur les deux sujets, plusieurs avancées ont été faites, des
avancées significatives. Certaines de ces
avancées reviennent à la ministre et à son équipe. D'autres découlent
directement des échanges qu'on a eus
lors de l'étude détaillée du projet de loi. M. le Président, permettez-moi
aujourd'hui de vous en souligner quelques-unes, de ces avancées, que
nous avons faites ensemble.
La
première que je soulignerais, c'est au niveau de la composition des conseils
d'administration. Donc, il y a des directives qui ont été données à ce
niveau-là. Un conseil d'administration est un lieu qui est influent et qui a
des pouvoirs importants. Il est important que ces conseils
d'administration là soient composés à l'image de la communauté qu'ils représentent, puis ça, c'est une notion générale
pour un conseil d'administration, et cette notion générale là a été tenue
compte, si je peux m'exprimer ainsi, dans les directives qui sont émises dans
le projet de loi n° 98.
Donc, une des directives ou un des éléments qui
a été mentionné ou qui a été émis dans le projet de loi, c'est d'abord favoriser la présence des jeunes auprès
des conseils d'administration. Par exemple, on a un article qui dit que,
lorsque... à la suite
d'une élection du conseil d'administration, s'il ne comprend pas au moins un
administrateur élu âgé d'au moins
35 ans, le conseil d'administration en nommera un. Je pense que c'est un
élément important et pour les conseils d'administration
des ordres professionnels et comme message général qu'on donne à l'ensemble de
la population pour que ce soit
important que les jeunes soient aussi présents et qu'ils aient leur place sur
les postes de décision comme les conseils d'administration.
• (12 h 10) •
On a aussi
fait des avancées au niveau de la présence des femmes, au niveau de la parité des femmes au niveau des conseils d'administration, une avancée
significative au niveau de la composition de l'Office des professions, soit de
tendre vers la parité des hommes et des
femmes sur la composition de l'Office des professions. Mais on est allés aussi
un peu plus loin, parce qu'en général on a étendu cette idée jusqu'à ce que l'identité
culturelle de l'ensemble des membres d'un
conseil reflète la différence des composantes de la société québécoise. Là, à
ce moment-là, c'est-à-dire qu'il y a un effort précis ou exprès de fait pour que l'ensemble des représentants
culturels du Québec puissent être représentés dans les instances des ordres professionnels. Des longues
discussions ont permis cette petite avancée dans l'atteinte de la parité
des hommes et des femmes sur les conseils
d'administration. Malheureusement, cet élément-là de la parité hommes-femmes
n'a pas été retenu pour les conseils
d'administration des ordres professionnels en tant que tels. On passe le
message, mais on ne l'a pas vraiment inclus dans le projet de loi,
malheureusement.
Un autre
volet qui a quand même connu des avancées intéressantes, c'est au niveau de la
gouvernance, l'éthique et la
déontologie. Le projet de loi n° 98 présente une avancée significative en
soumettant les conseils d'administration d'un ordre professionnel aux normes d'éthique et de déontologie
déterminées par l'office. Ainsi, il y aura un encadrement précis qui sera fait, qui est... L'Office des
professions va présenter un cadre. Et les ordres professionnels devront adopter
un code de déontologie. Et ça, c'est
vraiment important. Et l'autre élément qui est important aussi, qui a été
apporté, c'est que ce code-là va devoir être aussi publicisé et mis public.
Donc, il ne sera pas seulement que mis à l'interne. Le public en général et les membres de la profession
vont être aussi au courant de quel code d'éthique et de déontologie le
conseil d'administration est soumis.
On a aussi
indiqué dans le projet de loi, et ça a été proposé puis ça a été accepté, d'intégrer
dans la gestion des gouvernances que
les... des ordres professionnels et des conseils d'administration, que ceux-ci
se fassent selon les saines pratiques
de gouvernance. Donc, selon l'évolution des saines pratiques de gouvernance,
les ordres professionnels devront s'adapter, ce qui pourrait éviter
certains dérapages qu'on a déjà vus dans le passé.
J'aimerais
noter que l'obligation d'adopter un tel code de déontologie, malheureusement,
ne s'applique pas aux syndics. On a
présenté un amendement qui a été... qui se lisait ainsi : «Que l'office,
par règlement, détermine les normes d'éthique
et de déontologie applicables aux membres des bureaux des syndics.» De faire
ça, ça aurait été une avancée. Ça
aurait été intéressant que les syndics, déjà, puissent être soumis à un code de
déontologie et d'éthique. Malheureusement, ça va être reporté à plus tard. La ministre a indiqué que cette
obligation sera incluse dans le volet 2 de la modernisation du Code des professions et que des efforts seront mis
pour que ce soit dans les plus brefs délais. Bref, la ministre en a parlé tout à l'heure, effectivement, donc on parle d'un
premier volet du code... de la révision du Code des professions. Dans le
second volet, ce sujet-là va être encadré ou
traité, ce qui va être très important, et ce qui est attendu aussi par
plusieurs personnes.
Un autre volet qui a été intéressant, c'est
qu'on a parlé beaucoup, dans les années passées et récemment, de l'établissement des cotisations, justement, auprès
des membres des professions. Donc, il y a eu des éléments qui ont été discutés à ce sujet-là. Ça a été mentionné, je
pense, par la ministre, comme quoi c'est maintenant le conseil d'administration
qui déterminera les cotisations annuelles que les membres auront à payer.
Par contre,
ce qu'on a mis dans le projet de loi, et ce qui est quand même une avancée
intéressante à ce niveau-là, c'est que l'AGA ne sera pas complètement
éliminée. Moi personnellement, j'aurais préféré conserver ce pouvoir-là auprès de l'assemblée générale des membres. Mais,
faute d'avoir conservé ce pouvoir-là, ce qui va être fait maintenant, c'est que les membres de corporation
professionnelle recevront à l'avance, 30 jours à l'avance d'une assemblée
générale, des informations qui vont
leur permettre de porter un jugement sur ce qui sera demandé par le conseil
d'administration au niveau de la
cotisation, et autres sujets. Par exemple, ils recevront, 30 jours à
l'avance, les prévisions budgétaires que le conseil d'administration prévoit pour l'année à venir et surtout la
ventilation de la rémunération des administrateurs et officiers sur
lesquels ils auront un droit de regard et un droit aussi de détermination. Et
ils recevront aussi le rapport annuel. Ceci
permettra aux membres de l'ordre de mieux comprendre la situation... et aura le
temps de réagir selon le cas et selon les informations qui seront
données dans ces documents-là.
Ils seront
aussi consultés lors du changement du montant de la cotisation annuelle. Donc,
pendant ce... 30 jours avant la
tenue de l'assemblée, M. le Président, les... Ça prend une forme de
consultation lorsque la cotisation annuelle a été modifiée. Donc, cette
consultation-là, elle est importante. Le secrétaire va ramasser les
informations. Et, lors de la tenue de
l'assemblée générale, eh bien, les membres seront tenus au courant de,
justement, le résultat de la consultation. Et, à ce moment-là, chacun pourra en tenir compte de ce dossier-là lors
de l'assemblée générale. Bref, un processus qui permet, en fait, d'avoir de l'information préalable, de ne pas avoir des
nouvelles, ou des informations, ou des choses qui vont se faire la journée même de l'assemblée
générale, de manière à ce que les membres qui sont plus ou moins... d'accord
ou pas d'accord auront une période de temps,
un, pour analyser, poser des questions ou, encore, faire des démarches pour
émettre leurs réserves ou leurs contestations.
Un élément
particulier qui a été soulevé lors du projet de loi n° 98, c'est le nombre
de tenues de rencontres du conseil
d'administration. On voit avec le projet de loi n° 98 comme quoi les
pouvoirs du conseil d'administration sont élargis, sont beaucoup plus grands, parce qu'on a revu, avec la
nomination d'un directeur général, directrice générale, la répartition des pouvoirs entre directions générales,
la présidence et le conseil d'administration. Et le conseil d'administration
se retrouve avec des pouvoirs vraiment importants, et, à
ce niveau-là, il semblait important aussi de faire en sorte qu'il y ait une obligation minimale de se
rencontrer. Avant le projet de loi, le nombre minimal de rencontres prévues par
une corporation... par un conseil
d'administration était de trois, et on le monte à six. On se dit qu'à trois ce
n'est pas beaucoup et, en regardant
les statistiques, on avait aussi noté que même le Collège des médecins, qui est
une corporation extrêmement grande,
se rencontrait seulement que trois fois par année. Donc là, au moins, à tous
les deux mois, au moins six fois par année,
le conseil d'administration va se réunir et, à ce moment-là, faire... pouvoir
remplir les devoirs qui lui sont attribués.
Un
autre élément : la transparence dans la gouvernance au niveau des
informations. L'office produit annuellement des états financiers et un rapport d'activité. Vous savez, l'office
aussi fait des enquêtes, et l'information requise aux enquêtes n'était pas nécessairement rendue publique. Là,
maintenant, les travaux faits autour d'une enquête et les résultats finaux
de l'enquête ainsi que les enquêtes qui
seront en cours seront inclus dans le rapport annuel de l'Office des
professions. Et ça, c'est une avancée
importante, parce que... d'autant plus que le rapport annuel va être déposé à
l'Assemblée nationale. Donc, à ce moment-là, toutes les informations qui
sont dans le rapport annuel, dont les budgets prévisionnels, etc., et l'information qui touche ce dont je viens de
parler, vont se retrouver disponibles pour l'ensemble des membres des ordres
professionnels, mais aussi pour la population en général. Donc, à notre avis,
c'est une avancée importante sur la transparence au niveau de la gouvernance
des ordres professionnels.
Le
projet de loi n° 98 visait aussi à faciliter l'accès aux professions par
les nouveaux arrivants. Donc, je n'énumérerai
pas tous les éléments qui sont autour de ça, dont le Commissaire aux plaintes
qui devient le Commissaire à
l'admission, le pôle de coordination, c'est des éléments, je pense, qui vont
être très utiles et très importants ou facilitants pour l'entrée, ou
l'arrivée, ou l'adhésion des nouveaux arrivants aux ordres professionnels.
Il
y a eu une proposition... ou il y a un élément spécial qui est arrivé dans le
projet de loi n° 98 que je trouve vraiment intéressant, c'est que... Comment je vous dirais ça? C'est que l'accès
de l'ordre... Il y a deux ordres professionnels avec lesquels... on attribue le pouvoir à ces ordres
professionnels là de pouvoir émettre des permis pour des spécialités. Donc,
si on prend, par exemple... Et les deux
ordres professionnels qui ont ce pouvoir-là maintenant, c'est l'Ordre des dentistes
et l'Ordre des médecins vétérinaires. Donc, il y a six ordres professionnels
qui ont des spécialités, et ces deux ordres-là pourront, ils ont l'opportunité, ils n'ont pas l'obligation, de pouvoir
émettre des permis pour des spécialités lorsqu'un nouvel arrivant qui
est... qui arrive au Québec, qui a de la formation ou de l'expérience très
pointue sur une spécialité, mais qu'il n'y a
pas nécessairement la formation générale, qui fait en sorte qu'il n'aurait pas
nécessairement le permis général de
pratiquer la profession, aura, par exemple, dorénavant, la possibilité
d'exercer sa profession sur un élément particulier, sur une spécialisation ou une hyperspécialisation
que le nouvel arrivant pourrait avoir. À mon avis, ça, c'est une avancée
vraiment intéressante pour, justement,
l'accès aux professions, mais aussi pour le public en général, qui pourra avoir
accès à des spécialistes plus facilement.
• (12 h 20) •
Il
y a une grande question, par exemple, qui me revient en tête, c'est :
Pourquoi les autres ordres professionnels, qui demandent souvent d'avoir
le plus d'indépendance possible et le plus de pouvoirs possible, le plus de
pouvoirs d'action possible, les autres ordres professionnels ne l'ont pas
demandé? Ça, c'est une question à laquelle on n'a pas eu de réponse, et je pense que la question mérite d'être posée :
Est-ce qu'on leur a... Puis il y a une question qu'on n'a pas posée lors des échanges et que je me permets
de poser aujourd'hui, et, si on pouvait avoir la réponse, ça pourrait être
intéressant : Est-ce qu'il y a des ordres professionnels qui ont demandé à
ne pas avoir ce privilège-là? Parce que c'est vraiment
un privilège important et intéressant à avoir. Donc, il serait... Ça demeure
encore en suspens, ça demeure encore surprenant
que ces ordres-là n'ont pas fait la demande ou ne seraient pas embarqués dans
cette possibilité-là du pouvoir d'émettre des permis pour des
spécialités lorsqu'un nouvel arrivant arrive avec des hyperspécialités.
Un
autre élément qui a été discuté assez longuement et auquel on est restés un peu
sur notre faim, c'est que le projet de
loi n° 98 aurait pu être l'occasion de corriger une iniquité quant à la
possibilité des médecins de s'incorporer, malgré qu'ils n'aient que le gouvernement comme employeur. Donc, en ayant cette
possibilité... C'est un sujet d'actualité, c'est un sujet qui se parle beaucoup, les médecins qui s'incorporent, et, en
s'incorporant, profitent, en fait, d'avantages fiscaux, sans avoir à avoir la contrepartie, normalement,
d'une incorporation, c'est-à-dire du risque financier, de la recherche de
clientèle, etc. Donc, on aurait pu profiter
de l'occasion pour... lors du projet de loi n° 98, de corriger cette
situation-là. Malheureusement, la proposition, l'amendement qui a été
proposé n'a pas été retenu.
En
justice. J'aimerais souligner l'avancée en justice du projet de loi n° 98
avec un article qui permet la suppression ou la limitation d'un permis d'exercice lorsqu'il est d'avis qu'une
poursuite intentée contre un professionnel pour une infraction punissable de cinq ans d'emprisonnement
ou plus... le professionnel peut se retrouver avec une suppression ou
une limitation de son exercice. Je trouve que c'est une avancée parce que c'est
extrêmement important pour la confiance du
public et aussi la confiance des utilisateurs de services professionnels de se
retrouver avec une protection lorsqu'un
des professionnels se retrouve justement à faire face à des accusations de
faute grave. Lorsqu'on parle d'une infraction
punissable de cinq ans d'emprisonnement, on parle de faute grave. Donc, nos
professionnels doivent être des exemples et doivent aussi suivre, je
vous dirais, les conséquences d'une infraction de cet ordre-là.
Je voulais juste
souligner que je regrettais, par exemple, un petit... un élément. Parce qu'on a
précisé que ceci s'appliquerait lorsque le
professionnel fait une infraction qui est en lien avec l'exercice de sa
profession. Cet élément-là qui a été
rajouté limite l'étendue du pouvoir qui, à mon avis, aurait dû s'appliquer. Le
fait de limiter, justement, à l'exercice de la profession, ça fait en sorte que peut-être certaines infractions
... qui est punissable de cinq ans ou plus, ne fera pas en sorte que le professionnel aura une suspension ou
aura une limitation dans l'exercice de sa profession ou de son permis, ce
qui est dommage, parce qu'à notre avis, à
mon avis, ça assure moins l'honneur et l'intégrité de la profession, qui est
quelque chose d'important et, en
conséquence, peut aussi avoir une... peut avoir un effet sur le niveau de confiance
que le public peut avoir au niveau
des ordres professionnels. Donc, il aurait été intéressant de le garder tel
qu'il était prévu initialement, c'est-à-dire de ne pas limiter lorsque
l'infraction est en lien avec l'exercice de la profession.
Un
dernier élément, je vous dirais, qui est arrivé après — puis je me permets de le souligner ici,
parce que ça peut être
important — un
élément qui est arrivé après la terminaison de l'étude détaillée, l'Ordre des
infirmières soulève, par une lettre qui a été transmise à la ministre,
d'importantes craintes quant à la possibilité pour les non-professionnels d'administrer des médicaments par voie nasale et
entérale. L'ordre s'inquiète de la sécurité du public à ce niveau-là, car
ces non-professionnels n'auraient peut-être
pas nécessairement reçu la formation adéquate pour de tels actes. En n'ayant
pas reçu la formation, ils peuvent se retrouver en face... et mettre en danger
le public, ce qui est l'inverse d'un ordre professionnel.
Sans aller dans les détails, qui sont bien documentés dans la lettre en
question, je préciserais seulement que l'ordre suggère deux actions, que
j'invite la ministre à considérer dans les semaines qui viennent :
d'apporter une modification au projet de loi pour rendre obligatoire l'adoption
des conditions et modalités par voie de règlement et ajouter une disposition transitoire en vertu de laquelle les articles
touchés par le projet de loi n° 98 n'entreraient en vigueur qu'au
moment où le projet de règlement serait terminé et prêt à être adopté, dès
l'entrée en vigueur de la loi. Donc, le message est lancé, j'invite la ministre
à y penser.
Tout ça pour
dire, M. le Président, que l'exercice de l'analyse du projet de loi n° 98
a été, je pense, intéressant, et a
permis... Le projet de loi est intéressant en tant que tel et devait arriver, a
permis de faire des avancées intéressantes, qu'on parle au niveau de la gouvernance, des cotisations, de l'adoption
du code d'éthique, qu'on parle de transparence, d'accueil de nouveaux arrivants ou même de justice. J'ai oublié de
parler aussi de l'ajout des conséquences importantes que peut avoir un
professionnel lorsqu'il s'avérait à faire des actes à caractère sexuel. Donc,
la ministre en a parlé tout à l'heure dans
son allocution. C'est un élément extrêmement important et auquel on salue, je
salue personnellement cet ajout-là au
projet de loi n° 98, bref, en justice, au niveau de la suppression des
permis ou lors d'activités à caractère sexuel qui sont déplorables.
Bref, ce
projet de loi là, pour nous, est un projet de loi qui permet des bonnes
avancées, qui était attendu. On vote pour. Et je voulais juste mentionner que,
oui, pour une première étude détaillée, ce fut fort intéressant et je pense que
c'est un exercice qui en vaut la peine. Ça m'a permis de connaître
davantage le processus.
Et, pour
terminer, je voudrais féliciter et remercier tous ceux et celles qui ont
participé de près ou de loin à cet exercice
qui nous a donné aujourd'hui le projet de loi n° 98, en particulier avec
les personnes qui étaient presque toujours à l'Assemblée nationale lors de nos rencontres, donc le président de
l'office, M. Jean Paul Dutrisac, et aussi je soulignerais les apports de M. André Gariépy, qui est
Commissaire aux plaintes et qui deviendra le Commissaire à l'admission. Donc,
merci à tous ceux et celles qui ont permis ça et merci à mon équipe aussi, qui
m'a secondée dans ce travail et cette aventure. Merci beaucoup.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Alors, merci, Mme la députée de
Chicoutimi, de votre intervention. Et, pour la poursuite du débat sur
l'adoption du projet de loi, je cède maintenant la parole à M. le député de
Borduas pour son intervention. À vous, M. le député.
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : Merci, M. le
Président. C'est plus serré qu'avant, M. le Président.
Alors, M. le
Président, ça me fait plaisir d'intervenir sur l'adoption finale du projet de
loi n° 98. On a travaillé fort au
cours des derniers mois, M. le Président. Je ne referai pas tous les
commentaires que j'ai faits hier, lors de la prise en considération du rapport de la commission. Mes
propos pourraient être versés ici pour la période de... en fait, l'étude...
l'adoption finale, en fait, M. le Président.
Simplement vous rappeler, M. le Président, que le projet de loi en général,
c'est un projet de loi qui amène des
avancées. C'est un projet de loi qui modernise le système professionnel. Est-ce
qu'il est parfait comme nous voulions
qu'il le soit? Non. Par contre, il y a du positif dans le projet de loi, et
éventuellement peut-être qu'on pourra remodifier le Code des
professions, lorsque l'occasion viendra, d'autant plus que la ministre nous
avait annoncé que c'était une première étape
de trois étapes au niveau de la modernisation du Code des professions. Donc,
nous attendrons très certainement cet automne la prochaine tranche de la
modification du Code des professions.
Cela étant
dit, M. le Président, je tiens à remercier tous les acteurs qui ont participé,
en premier lieu la ministre, la collègue de Chicoutimi, la collègue de Taillon, l'ensemble des parlementaires qui
étaient à la Commission des institutions, les équipes de la ministre, le secrétariat, l'ensemble des gens qui nous
ont supportés. Et un merci très particulier, M. le Président, aux gens de l'office, à ce premier
titre le président, Jean Paul Dutrisac, les gens qui sont dans les tribunes
également aujourd'hui : Me
Guylaine Couture, Me Patrick Nolin, Me Julie Adam, Me Laurianne Rochefort, Me
Caroline Desjardins, Me Jean-Luc
Hunlédé, Me Antoine Garnier, M. Michel Ducharme, M. Gabriel Fontaine, Mme
Céline Moura, ainsi que Me André
Gariépy, qui s'est joint pour une bonne partie des travaux à la commission. Et
d'ailleurs je pense que la ministre voulait
également souligner et remercier Me Gariépy d'avoir contribué aux travaux lors
de l'étude détaillée du projet de loi n° 98.
Donc, c'est
important, M. le Président, de les remercier parce qu'ils font un très grand
travail. Sans eux, on ne pourrait pas
fonctionner. Et, vous savez, lorsqu'on étudie en étude détaillée, M. le
Président, on a souvent beaucoup de questions,
dans l'opposition, et je le sais, qu'ils aident la ministre à nous donner les
bonnes réponses et à nous renseigner, parce
qu'on n'est pas des experts dans tous les domaines, et le travail qu'ils font
est très important, notamment au niveau légistique, pour savoir que les
articles qu'on leur donne vont bien s'insérer et qu'ils vont avoir une clarté
pour que... lorsque les gens vont se référer
au Code des professions, au niveau de l'interprétation, bien, ce sera clair.
Donc, on apprécie grandement leur travail et on souhaite les remercier.
• (12 h 30) •
Donc, M. le
Président, ce seront mes commentaires pour le projet de loi n° 98. Mais, comme je l'ai dit hier, nous attendrons du gouvernement les modifications suivantes qui doivent s'imposer, et tout en rappelant aux membres des ordres professionnels qu'il est important de s'impliquer dans la vie de leurs ordres professionnels pour assurer que... bien, en fait, pour
assurer que la gestion de l'ordre professionnel leur convient, et surtout, pour
assurer la protection du public, le rayonnement des ordres professionnels doit
se faire par leurs membres.
Et la mission
des ordres professionnels, M. le
Président, est la protection
du public. Cette protection du public là doit s'exercer avec rigueur,
et les moyens pour assurer la protection du public aussi doivent être utilisés
d'une façon efficiente, avec la cotisation
des membres. Et ce n'est pas tout qui est de la protection du public, et
j'invite parfois certains ordres à
faire une réflexion quant à leurs campagnes de publicité. L'objectif
premier doit être la protection du public et non pas une démarche de
promotion d'une profession, M. le Président.
Donc, je vous remercie, M. le Président, je remercie la ministre, la collègue
de Chicoutimi également. Ça a été un plaisir durant tous ces mois,
et on va continuer avec d'autres projets de loi, M. le Président. Merci.
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, je vous remercie, M. le député de Borduas.
Et je ne vois
pas d'autres demandes d'intervention. Alors, est-ce à dire que le projet de loi n° 98, Loi
modifiant diverses lois concernant
principalement l'admission aux professions et la gouvernance du système
professionnel, est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, adopté.
Mme Vien : M. le
Président, je vous demanderais un
vote par appel nominal sur ce projet
de loi là et, conformément à notre règlement, à l'article 223,
de le reporter au mardi 6 juin 2017.
Vote reporté
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, ça va, vous pouvez le demander parce qu'on a le nombre suffisant, on a une disposition qui vous permet de faire ce
que vous venez de faire. Alors, est-ce qu'il... Je n'ai pas besoin de consentement, c'est réglé, le vote est reporté, et
on donnera suite à votre volonté, Mme la leader adjointe du gouvernement.
Pour la poursuite de nos travaux, avez-vous
d'autres choses à nous dire?
Ajournement
Mme Vien : Je fais motion
pour ajouter nos travaux au mardi 6 juin 2017, à 13 h 40,
M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Ah! un instant. Ça, il faut que cette
motion-là soit adoptée. Est-ce que cette motion-là est adoptée?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, la motion étant adoptée, nos travaux sont ajournés tel qu'indiqué.
(Fin de la séance à 12 h 33)