(Treize
heures quarante minutes)
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, chers collègues, je vous souhaite une très bonne séance. Veuillez vous asseoir.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Nous
en sommes à la rubrique de la déclaration des députés, et je cède la parole à M. le député de Vanier-Les Rivières.
Souligner le 100e anniversaire d'Altrusa International
M. Patrick Huot
M. Huot :
Merci beaucoup, M. le Président. J'aimerais souligner, par cette déclaration,
le 100e anniversaire d'Altrusa
International, un organisme dont le but est de promouvoir le service
communautaire et développer les qualités de leadership de ses membres.
Fondé
par Mamie L. Bass et un groupe des femmes d'affaires, il est le premier
organisme de services pour les femmes
dévoué à une philosophie de service et d'accomplissement personnel. Aujourd'hui, Altrusa International compte quelque 400 clubs à travers le
monde et près de 10 000 membres.
Plus
près de chez nous, le Club Altrusa de Québec a été fondé en 1948 par Mme Irène Auger, un
groupe d'une vingtaine de femmes d'affaires dynamiques et actives. Il
est le seul club de langue française du groupe Altrusa. Le club Altrusa de Québec a surtout concentré ses actions auprès des femmes en difficulté,
leurs enfants, des familles moins bien nanties et auprès des jeunes et
des aînés.
Le
club est, entre autres, très impliqué à la Maison Zoé-Blais de Vanier, un
organisme qui oeuvre auprès des femmes et
des familles qui en ont le plus besoin. Le club de Québec sera d'ailleurs
fièrement représenté par trois de ses membres lors d'un événement qui soulignera officiellement le
100e anniversaire d'Altrusa International à Nashville en juillet prochain.
Donc,
M. le Président, j'aimerais souhaiter un très joyeux 100e anniversaire aux clubs Altrusa et saluer quelques
membres qui sont ici avec nous aujourd'hui.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, merci à vous, M. le député de Vanier-Les Rivières. Mme la
députée d'Hochelaga-Maisonneuve, à vous la parole.
Féliciter les participants du Défi Cyclo-myélome
Mme Carole Poirier
Mme Poirier : Merci,
M. le Président. Je veux souligner à
mon tour les formidables efforts des participantes et participants de la cinquième édition du Défi
Cyclo-myélome, qui a eu lieu dans la région de Lanaudière le 27 mai dernier.
Fondé en 2013 par
deux survivantes du myélome multiple, Maryse Bouchard et Francine Ducas, le
Défi Cyclo-myélome permet à des centaines de personnes atteintes du cancer de
la moelle osseuse de faire un pied de nez à
cette maladie incurable. Par la même occasion il sert de levier chaque année
pour amasser des fonds au bénéfice de la Chaire Myélome Canada sur le myélome
multiple de l'Université de Montréal à l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont.
Les
participants et participantes de la cinquième édition du défi ont parcouru
93 kilomètres, M. le Président, sous un soleil radieux et ont amassé près de 70 000 $. Voilà qui
donne espoir. À l'heure où la recherche est nécessaire pour venir enfin à bout du cancer de la moelle osseuse,
je nous invite à saluer les performances athlétiques des cyclistes du
Défi Cyclo-myélome et à appuyer leur combat. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, Mme la députée d'Hochelaga-Maisonneuve. M. le
député de Saint-Maurice, à
vous la parole.
Féliciter Mme Lise Landry, nommée personnalité Coup
de coeur au
Gala reconnaissance Tête d'affiche Radio-Canada/Le Nouvelliste
M. Pierre Giguère
M. Giguère : Merci,
M. le Président. Après avoir dirigé
en tant que mairesse la ville de Shawinigan pendant 15 ans et accompagné son mari dans sa maladie jusqu'à
la fin, c'est avec grand plaisir que je tiens à féliciter Mme Lise Landry,
qui a été couronnée personnalité Coup de
coeur à la 16e soirée reconnaissance Tête d'affiche du journal Le
Nouvelliste.
Mme Landry,
femme de tête et de coeur, a su démontrer son dévouement et sa détermination
dans les démarches permettant l'ouverture de La Maison des Trois
Colombes, maison de soins palliatifs à Shawinigan qui accueillera les premiers
patients en fin de vie l'année prochaine. Une des particularités de cette
résidence est qu'elle possédera une chambre dédiée aux enfants, ce qui est une
première en région.
Je la remercie et
l'encourage à poursuivre dans cette voie. Félicitations, Mme Landry!
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député de Saint-Maurice. Mme la
députée de Mirabel,
je vous cède la parole.
Remercier les travailleurs
de la construction qui
ont aidé les sinistrés de Pointe-Calumet
Mme Sylvie D'Amours
Mme D'Amours : Merci,
M. le Président. Nous avons été
témoins la semaine dernière d'un très bel acte d'entraide et de don de soi alors que plus de 125 travailleurs de la construction en grève ont visité la municipalité de Pointe-Calumet et ont agi bénévolement pour aider les
sinistrés des récentes inondations.
Pendant toute
la journée, les travailleurs se sont affairés à sortir des matériaux des sous-sols
inondés, à rétablir les accès aux
maisons afin de pouvoir rebrancher l'électricité et à retirer de nombreux sacs
de sable érigés en digue. Je tiens à féliciter
ces travailleurs qui se sont élevés au-dessus des circonstances
qui les frappent pour venir en aide à des gens dans le besoin. Ils ont traité les sinistrés comme si
c'étaient des membres de leur famille, et, pour cela, je les remercie du fond
du coeur.
Continuons de rester forts et de nous entraider.
C'est ensemble que nous passerons à travers ces événements. Merci, M. le
Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, Mme la députée de Mirabel. M. le
député de Portneuf,
je vous cède la parole pour
votre déclaration.
Rendre hommage à
M. Robert Drolet pour avoir sauvé la
vie d'un homme lors d'un glissement de terrain
M. Michel Matte
M. Matte : Merci,
M. le Président. J'aimerais souligner
la bravoure et l'engagement personnel de M. Robert Drolet, qui, à la suite d'un glissement de terrain à
Donnacona survenu le 7 avril dernier, a su faire preuve d'un courage exemplaire
en sauvant la vie d'un homme emporté par l'affaissement de terrain.
Celui-ci
était coincé dans la terre et les branches et avait subi des blessures aux
jambes. Grâce à sa vivacité d'esprit, M. Drolet
a pu sauver l'homme de sa fâcheuse position. En reconnaissance du rôle
déterminant qu'il a joué lors de cet événement, je tiens à féliciter M. Drolet au nom de
tous les Portneuvois pour cet acte de civisme digne d'un citoyen modèle.
Je tiens à saluer M. Drolet et sa
conjointe, qui sont dans la tribune, ici.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le
député de Portneuf.
M. le député de Saint-Jean, à vous la parole.
Souligner le 125e
anniversaire de Saint-Blaise-sur-Richelieu
M. Dave Turcotte
M. Turcotte :
C'est en 1892, à la suite du détachement de plusieurs paroisses du
Haut-Richelieu, que Saint-Blaise-sur-Richelieu
fut fondée. 125 ans plus tard, cette magnifique municipalité de la Montérégie vibre, depuis janvier dernier, au rythme
des festivités de son anniversaire de fondation.
Nommée en l'honneur de Blaise de Sébaste, évêque
et martyr invoqué pour la guérison des maux de gorge, Saint-Blaise fut connue pour être un lieu de différents pèlerinages.
Elle est maintenant devenue, au fil du temps, un lieu de
pratiques agricoles et de nautisme.
À titre de député de
Saint-Jean et fier ambassadeur de la circonscription, je tiens à vous inviter chaleureusement
à profiter des vacances estivales pour venir
découvrir l'histoire des pionniers de Saint-Blaise, berceau du protestantisme
francophone en Amérique et haut lieu d'histoire des Patriotes. Par l'ensemble
Feller, le camp n° 44, son vignoble, la marina, Saint-Blaise vit au rythme de son 125e
anniversaire, et on vous invite tous à en profiter. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le
député de Saint-Jean. M. le député de Trois-Rivières, à vous la parole.
Souligner le 100e
anniversaire du Groupe scout premier Trois-Rivières
M. Jean-Denis Girard
M. Girard :
Merci, M. le Président. Aujourd'hui, je prends la parole pour souligner le 100e
anniversaire d'un mouvement bien spécial et très bien implanté chez
nous, à Trois-Rivières, un mouvement ayant pris de l'ampleur et n'ayant jamais cessé d'évoluer durant tout un siècle, un
mouvement devenu un incontournable pour nos jeunes. Ce mouvement, c'est celui des scouts trifluviens, qui ont souligné,
vendredi dernier, leur 100e anniversaire de création par le dévoilement
d'une plaque commémorative dans le parc Jean-Béliveau.
L'acte
de création fut en effet signé le 17 novembre 1917 sous la présidence de
M. Charles Ross Whitehead, alors P.D.G.
de la Wabasso à Trois-Rivières. Le
mouvement scout a su s'adapter de
façon impressionnante à la société.
Il n'a cessé de se transformer depuis
un siècle, notamment en admettant les filles et les femmes dans l'organisation. Le fondateur du mouvement
scout serait aujourd'hui fier de voir à quel point des femmes et des
hommes s'impliquent activement pour notre belle jeunesse chez nous, à Trois-Rivières.
Je
veux donc saluer tous ceux et celles qui s'impliquent chaque jour auprès de nos
jeunes en leur enseignant de belles valeurs essentielles à leur
développement. Bravo et longue vie au Groupe scout premier Trois-Rivières!
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député de
Trois-Rivières. M. le député de Borduas, de votre nouvelle place, je
vous cède la parole.
Souligner le 20e anniversaire du Choeur
de la montagne de Saint-Hilaire
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : Merci, M. le Président. Le Choeur de la montagne
est un ensemble vocal né d'un rêve un peu
fou de deux femmes, Mme Francine Lacroix et
Mme Lise-Marie Côté, qui se sont donné comme projet de fonder,
dans La Vallée-du-Richelieu, une chorale formée de 100 voix.
M.
le Président, cette année, cet ensemble vocal célèbre ses 20 ans et compte
maintenant près de 120 choristes. Pour souligner son
20e anniversaire, le Choeur de la montagne s'offre, cet été, une tournée
en France et en Italie, où il sera
d'ailleurs la tête d'affiche dans un festival à Seyne-sur-Mer, en Provence.
Pendant ce voyage, le choeur présentera, entre autres, des pièces de grands auteurs d'ici comme
Alexis Contant, Félix Leclerc et Gilles Vigneault, une belle
carte de visite pour notre province en général et pour ma région en
particulier, pour La Vallée-du-Richelieu.
Pour
terminer, M. le Président, je tiens à remercier et à féliciter
Mme Francine Lacroix, cofondatrice et directrice générale, qui année après année, spectacle après
spectacle, continue de nous offrir toute son expertise et sa passion pour
faire du Choeur de la montagne l'ensemble
vocal de haut niveau qu'il est aujourd'hui. Bravo pour ces 20 ans et bonne
tournée en Europe! Et félicitations à tous les choristes! Merci.
• (13 h 50) •
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député de
Borduas. M. le député de Côte-du-Sud, je vous cède la parole pour votre
déclaration.
Souligner les performances du Mélojazz et du Musiquande de
l'école
polyvalente La Pocatière au Festival des harmonies et orchestres
symphoniques du Québec et aux Festivals of Music
M. Norbert Morin
M. Morin : M. le Président, je tiens à souligner les récentes
performances incroyables des ensembles musicaux de l'école polyvalente de La Pocatière. Lors du 89e Festival
des harmonies et orchestres symphoniques du Québec, qui rassemblait plus de 8 000 participants,
le «stage band» de l'école, Mélojazz, ainsi que l'harmonie Musiquande ont fait
bonne figure en ramenant chacun une Note d'or et en se classant à la deuxième
et à la quatrième de leurs catégories respectives.
Également, les élèves
de La Pocatière se sont illustrés de brillante façon quelques semaines
auparavant en remportant les trophées d'excellence lors du Festivals of Music,
qui se tenait à New York. D'ailleurs le prix le plus prestigieux de la compétition, qui se nomme Esprit de Corps, leur a été
décerné ainsi qu'à leur directeur musical,
M. Christian Roussel.
Je
suis extrêmement emballé de voir ces jeunes ainsi que les gens qui gravitent
autour d'eux s'investir dans leur passion
et de voir leur détermination et leurs efforts récompensés avec les grands
honneurs. Je leur lève mon chapeau!
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Merci, M. le député de Côte-du-Sud.
Alors, voilà qui met
un terme à la rubrique Déclarations de députés. Je suspends les travaux de
l'Assemblée quelques instants.
(Suspension de la séance à
13 h 51)
(Reprise à 14 h 1)
Le Président :
Mmes, MM. les députés, nous allons nous recueillir quelques instants.
Présence
du président de l'Assemblée nationale du Burkina Faso,
M. Salifou Diallo, accompagné d'une délégation de parlementaires
Merci. J'ai le plaisir de souligner la présence
dans nos tribunes du président de l'Assemblée nationale du Burkina Faso, M.
Salifou Diallo, accompagné d'une délégation de parlementaires.
Présence de M. André
Boisclair, ex-parlementaire de l'Assemblée nationale
Et j'ai remarqué aussi notre ancien collègue,
André Boisclair, l'ancien député de Gouin, qui est avec nous.
Je ne pense pas en manquer d'autres, là, en tout
cas.
Alors, nous poursuivons les affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a pas de déclarations
ministérielles.
À la rubrique Présentation...
Des voix : ...
Le
Président : S'il vous plaît! S'il vous plaît! Je suis conscient que ça a été plus long ce matin que normalement, mais nous allons essayer de quand même commencer
et continuer cette période de questions dans la sobriété et le calme.
Alors, nous poursuivons les affaires courantes. Aujourd'hui,
il n'y a pas de déclarations ministérielles.
Présentation de projets
de loi
À la rubrique Présentation de projets de loi, M.
le leader du deuxième groupe.
M.
Bonnardel : M. le
Président, je vous demande d'appeler l'article a, s'il vous plaît.
Projet de loi
n° 797
Le
Président : À l'article a du feuilleton, M. le député de
Borduas présente le projet de loi n° 797, Loi modifiant le Code civil afin que le lien de filiation du
conjoint de fait décédé avant la naissance de son enfant soit reconnu. M. le
député de Borduas, je vous ai retrouvé.
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : Merci, M. le
Président. Alors, Loi modifiant le Code civil afin que le lien de filiation du
conjoint de fait décédé avant la naissance de son enfant soit reconnu.
Ce projet de
loi modifie les règles relatives à la déclaration de filiation afin que le
conjoint de fait survivant puisse déclarer la filiation de son enfant à l'égard
de son conjoint de fait décédé avant la naissance.
Ce projet de
loi modifie également les règles relatives à l'établissement de la filiation
prévues au Code civil du Québec. Il
étend la présomption de paternité prévue au Code civil du Québec à l'enfant né
dans les 300 jours après la fin de l'union de fait dans les cas où
le conjoint de fait est décédé avant la naissance.
Ce projet de
loi prévoit également que l'enfant issu par procréation assistée d'un projet
parental entre conjoints de fait qui
est né dans les 300 jours après la fin de l'union de fait est présumé
avoir pour autre parent l'ex-conjoint de fait de la femme qui lui a
donné naissance si cet ex-conjoint est décédé avant la naissance. Merci, M. le
Président.
Mise aux voix
Le Président : Est-ce que
l'Assemblée accepte d'être saisie de ce projet de loi?
Des voix : Adopté.
Le Président : Adopté.
Dépôt de documents
À la rubrique Dépôt de documents, M. le ministre
de l'Éducation.
Directive du ministre
de l'Éducation, du Loisir et du Sport
concernant l'évaluation des apprentissages des élèves
M.
Proulx : Merci, M. le
Président. Permettez-moi de déposer la directive concernant l'évaluation des
apprentissages des élèves.
Le Président : Ce document
est déposé. M. le ministre des Finances.
Rapports annuels de l'Organisme
d'autoréglementation du courtage immobilier
et du Fonds d'assurance responsabilité professionnelle du courtage immobilier
M.
Leitão : M. le Président, permettez-moi de déposer les rapports
annuels 2016 de l'Organisme d'autoréglementation du courtage
immobilier du Québec et du Fonds d'assurance responsabilité professionnelle du
courtage immobilier du Québec.
Le Président :
Ce document est déposé. M. le ministre de la Sécurité publique.
Entente de financement
complémentaire pour la prestation des services policiers dans la
communauté de Pessamit et ententes relatives au versement d'une aide financière
dans
le cadre du programme de financement Prévention jeunesse 2016-2019 au Conseil
de la nation Anishnabe de Lac-Simon et à Pekuakamiulnuatsh Takuhikan
M. Coiteux :
Oui. M. le Président, conformément à l'article 92 de la Loi sur la police,
je dépose l'entente de financement
complémentaire pour la prestation des services policiers dans la communauté de
Pessamit pour la période du 1er avril
2016 au 31 mars 2018 et les ententes relatives au versement d'une aide
financière dans le cadre du programme de
financement Prévention jeunesse 2016‑2019 entre le gouvernement du Québec et le
Conseil de la nation Anishnabe de Lac-Simon et Pekuakamiulnuatsh
Takuhikan.
Le Président :
Est-ce que vous pourriez répéter le dernier? J'ai mal compris.
Alors, ces documents
sont déposés. M. le leader.
Réponses à des pétitions
M.
Fournier : Oui, merci, M. le Président. Je dépose les réponses du gouvernement aux pétitions présentées par le député de
Deux-Montagnes le 25 avril 2017, le député de
Masson le 25 avril et le 2 mai, le député de Verchères le 2 mai et le député de Bonaventure
le 2 mai 2017.
Réponse à une question inscrite au feuilleton
Je
dépose également la réponse du gouvernement à la question
inscrite au feuilleton présentée par la députée de Mirabel le 3 mai 2017.
Le Président :
Alors, ces documents sont déposés.
Nouveau diagramme de l'Assemblée
Pour
ma part, je dépose le diagramme de l'Assemblée en date d'aujourd'hui. Il semble que je vais en avoir un autre la semaine prochaine.
Préavis d'une motion des députés de l'opposition
J'ai
reçu préavis d'une motion qui sera inscrite dans le feuilleton
de demain aux affaires inscrites par les députés de l'opposition. Conformément à l'article 97.1 du règlement,
je dépose copie du texte de ce préavis.
Dépôt de rapports de commissions
À la rubrique Dépôt
de rapports de commissions, M. le président de la Commission des finances
publiques.
Auditions et étude détaillée du projet de loi n° 223
M.
Bernier : Merci, M. le Président. Je dépose le rapport de la Commission
des finances publiques qui, le 30 mai 2017, a procédé à l'audition des
intéressés et à l'étude détaillée du projet
de loi d'intérêt
privé n° 223, Loi
concernant la continuation de Sous
les Auspices de l'association des éleveurs de bétail du district de Beauharnois
inc. La commission a adopté le texte du projet de
loi avec un amendement.
Mise aux voix du rapport
Le Président :
Puisqu'il s'agit d'un projet de loi d'intérêt privé, je me dois de vous
demander s'il est adopté. Adopté?
Des voix :
Adopté.
Le Président : Adopté. M. le
président de la Commission des institutions et député de Chomedey.
Étude détaillée du projet de loi
n° 98
M.
Ouellette : Merci, M. le Président. Je dépose le rapport de la
Commission des institutions qui, les 15, 16, 21, 22 et 23 février, les 14,
15, 16, 21, 22, 23, 28, 29 et 30 mars, les 4, 5, 6, 11 et 12 avril
ainsi que les 10, 11, 16 et 18 mai
2017, a procédé à l'étude détaillée du projet de loi n° 98, Loi modifiant
diverses lois concernant principalement l'admission aux professions et
la gouvernance du système professionnel. La commission a adopté le texte du
projet de loi avec des amendements.
Le Président :
Alors, ce rapport est déposé.
Dépôt de pétitions
À la rubrique Dépôt
de pétitions, M. le député de Labelle.
Maintenir les opérations de la station piscicole de
Lac-des-Écorces
M.
Pagé : Oui, M. le Président. Je dépose l'extrait, aujourd'hui,
d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par
1 033 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du
Québec.
«Les
faits invoqués sont les suivants :
«Considérant que la
station piscicole de Lac-des-Écorces produit 75 % de la production
[gouvernementale] québécoise en salmonidés;
«Considérant
l'impact de sa perte pour le Québec sur les parcs, les réserves, les zecs, les
pourvoiries et la qualité de la pêche récréative;
«Considérant qu'elle
est un atout unique pour les régions des Hautes-Laurentides et du nord de
l'Outaouais;
«Considérant que ces
régions vivent sur une économie basée en grande partie sur la chasse et la
pêche;
«Considérant qu'elle
produit la majorité des poissons pour la Fête de la pêche partout au Québec;
«Considérant
l'expertise importante des employés de cette station;
«Considérant
que le ministre veut fermer la station pour des raisons de sécurité liées à
l'affaissement du terrain, mais que la démonstration n'a jamais été
faite et que [celle-ci] est stable depuis près de 40 ans;
«Considérant qu'il
n'a présenté aucune évaluation des coûts de la fermeture et qu'il n'a pas
répondu [aux] nombreuses questions soulevées par les élus de la MRC
d'Antoine-Labelle;
«Considérant
que les coûts pour le transfert de la station de Lac-des-Écorces à la station
de Baldwin seraient au moins deux
fois plus élevés que de procéder à la réfection [du Lac-des-Écorces], en plus
de présenter une bien [moins] grande capacité de production;
«Considérant que la
fermeture de cette station piscicole serait au détriment du bien-être de la
pêche sportive au Québec;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous,
soussignés, demandons au gouvernement du Québec de maintenir les opérations de
la station piscicole [du] Lac-des-Écorces et [de réaffecter] les
investissements nécessaires afin d'assurer sa pérennité.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à la pétition.
• (14 h 10) •
Le Président :
Alors, l'extrait de cette pétition est déposé. M. le député de Jonquière.
Augmenter
l'accessibilité à des logements locatifs privés abordables
M.
Gaudreault : Oui, merci, M. le Président. Je
dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée
par 42 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du
Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant que les
subventions sont insuffisantes pour soutenir le marché locatif;
«Considérant que la
construction de logements sociaux n'est pas une formule unique qui convient à
tous;
«Considérant
que le marché locatif québécois connaît une crise qui prend de l'expansion à
chaque année, que les taux
d'inoccupation de logements augmentent sans cesse selon les territoires et
qu'en plus ce taux est plus élevé en région;
«Considérant
que les propriétaires ont aussi à coeur d'investir dans la qualité de vie des
citoyens et d'aider les clientèles à moindres revenus en plus d'offrir
des logements abordables et de qualité;
«Considérant
le désir d'implication des propriétaires de logements privés qui souhaitent
travailler en partenariat avec le gouvernement du Québec dans la mise en
place de solutions durables en matière de logement abordable;
«[...]l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous, soussignés,
demandons au gouvernement du Québec :
«Qu'une aide
financière récurrente soit allouée aux propriétaires ou encore aux personnes en
situation de vulnérabilité tant que durera la location du logement;
«Que le
gouvernement adopte des changements législatifs et encourage les
investissements pour mettre à niveau les immeubles;
«Que les
propriétaires fassent partie des processus et prises de décision en matière d'offre
de logements abordables et de qualité selon les besoins spécifiques du
milieu.»
Je certifie que cet extrait est conforme à
l'original de la pétition.
Le Président :
Alors, l'extrait de cette pétition est déposé. J'inviterais maintenant M. le
député de Mercier.
Établir des règles
relatives au prix des loyers
M. Khadir : Bonjour, M. le Président. Merci. Je
dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée
par 64 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués sont les suivants :
«Considérant que les gens à plus faibles revenus
sont souvent locataires;
«[...]que le prix des loyers actuel affaiblit le
pouvoir d'achat des Québécois;
«[...]que le prix des loyers actuel ainsi que
leur augmentation favorisent l'appauvrissement de la population;
«Considérant que les montants des loyers
s'ajoutent au revenu des propriétaires;
«Considérant que [les] logements doivent de
toute façon être logeables, propres et en bon état;
«Considérant que la Régie du logement a pour
compétence la fixation du loyer;
«[...]l'intervention réclamée se résume
ainsi :
«Nous,
soussignés, demandons au gouvernement du Québec que tous les loyers québécois
soient établis à 100 $ par pièce, par mois, sans aucune augmentation
possible.»
Je certifie, M. le Président, que cet extrait
est conforme à l'original de la pétition.
Le
Président : Alors,
l'extrait de cette pétition est déposé. Vous avez une autre pétition, M. le député de Mercier.
S'opposer à l'amputation
des heures allouées au cours
Monde contemporain en cinquième secondaire
M. Khadir : Oui. Merci, M. le
Président.
Je dépose... Excusez-moi. M. le Président, je
l'ai trouvée.
Je dépose
l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par
961 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du
Québec.
«Les faits invoqués sont les suivants :
«Considérant
que le cours obligatoire de cinquième secondaire Monde contemporain est le seul
à traiter des enjeux internationaux dans le cursus scolaire;
«Considérant
que ce cours permet aux élèves de s'outiller culturellement et
intellectuellement de façon à ce qu'ils puissent mieux comprendre la nature et la complexité de ces enjeux, les
préparant ainsi à participer pleinement à la vie démocratique;
«Considérant
que ce cours permet le développement de la pensée critique, notamment en ce qui
a trait à départager faits, opinions, intérêts ainsi qu'à vérifier la
validité des sources d'information;
«Considérant
que ce cours préconise une approche pluridisciplinaire efficace :
géographie, histoire, économie et politique;
«Considérant
que les enseignants du Québec se retrouveront désarmés devant le choix des
thèmes à traiter, passant de cinq à deux;
«Considérant
que le cours d'éducation financière proposé est fondé sur des notions de
microéconomie qui sont foncièrement
complémentaires à celles du cours Monde contemporain qui traite en bonne partie
d'éléments de macroéconomie;
«Considérant que le choix d'amputer le cours
Monde contemporain de moitié s'est fait dans la précipitation et en l'absence
de véritable consultation ou discussion digne de ce nom...»
(Interruption)
M. Khadir : «Et
l'intervention réclamée — après
le coup de téléphone — se
résume ainsi :
«Nous, soussignés, demandons au gouvernement du
Québec :
«De surseoir
à l'amputation du cours Monde contemporain afin que les 100 heures
prescrites dans le programme ministériel demeurent intactes;
«De trouver
la plage horaire pour le cours d'éducation financière ailleurs dans la
grille-matières du secondaire;
«D'ouvrir des
discussions et ainsi permettre aux intervenants des différents milieux
scolaires d'être fin prêts en temps et lieu.»
M. le Président, je confirme que cet extrait est
conforme à l'original de la pétition.
Le
Président : L'extrait de cette pétition est déposé. Puis, pour
le téléphone, bien, c'était un «remake» de Septième nord.
Alors, Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Alors, ça donne une idée mon âge, hein? Oui.
Retirer les mesures de réduction de rente du projet
de loi n° 126
sur le Régime de retraite du personnel d'encadrement
Mme
Massé : Merci, M. le Président. Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par 2 205 pétitionnaires.
Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués sont les suivants :
«Considérant que le projet
de loi n° 126 résultant d'une
entente entre le gouvernement du
Québec et les cadres actifs
réduit les bénéfices du Régime de retraite du personnel d'encadrement — [le]
RRPE;
«Considérant [...] les cadres traités n'ont jamais
donné leur aval à cette entente;
«Considérant qu'une prestation de retraite est une créance
prévue dans le contrat de travail et que personne ne peut en dépouiller
les bénéficiaires sans leur consentement;
«Considérant que ce projet de loi apporte des modifications
importantes à l'indexation des prestations de retraite, diminuant ainsi le
pouvoir d'achat des retraités cadres de l'État;
«Considérant que, pendant sa vie active, chacun des cadres
retraités a cotisé sa juste part à son fonds de retraite selon les
montants déterminés par le gouvernement;
«Considérant que, dans les régimes de retraite à prestations déterminées, l'employeur doit
renflouer la caisse de retraite si le fonds est insuffisant pour couvrir
les engagements pris envers les retraités;
«Considérant
que le gouvernement du Québec est seul responsable de la gestion du RRPE créé
spécifiquement pour ses cadres en 1998;
«Considérant
que ce projet de loi porte atteinte à la sécurité financière des retraités et
leurs conjoints survivants;
«Considérant
que la modification rétroactive et unilatérale de l'indexation en vigueur
depuis 35 ans est un précédent menaçant [pour] tous les
travailleurs et travailleuses et retraités du Québec;
«[...]l'intervention réclamée se résume
ainsi :
«Nous,
soussignés, demandons au gouvernement du Québec de retirer du projet de loi
n° 126 les mesures rétroactives, discriminatoires et injustes
réduisant la rente des retraités du RRPE et de leurs conjoints survivants.»
Je certifie que cet extrait est conforme à
l'original de la pétition.
Le
Président : L'extrait de cette pétition est déposé. Je pense
que vous avez une deuxième pétition, Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
C'est ça?
Créer des programmes favorisant l'insertion sociale
des jeunes
de 18 à 25 ans ayant vécu un placement en centre jeunesse
Mme
Massé : Oui. Merci, M. le Président. Je dépose l'extrait d'une
pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par
233 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués sont les suivants :
«Considérant
que les conditions qui ont mené les jeunes à un placement représentent déjà des
facteurs vulnérabilisants, tant au plan personnel que social;
«Considérant
que l'absence de suivi après 18 ans est l'un des facteurs déterminants qui
nuit à l'insertion sociale des jeunes ayant vécu en centre jeunesse;
«Considérant
[...] les difficultés liées à la recherche d'emploi, au logement et à la
création d'un réseau social ont pour
effet une surreprésentation en itinérance, dans les prisons ou réseaux
criminels, dans les institutions
psychiatriques et augmentent le taux d'inactivité;
«Considérant
que certains projets pilotes, tels que le programme Qualification des jeunes,
proposant des plans d'intervention alternatifs ont démontré que le
manque de soutien à la sortie des centres jeunesse représente un facteur
limitant le maintien et l'application des aptitudes et des apprentissages
acquis lors de ces initiatives;
«Considérant que, à long terme, les coûts en
santé et services sociaux liés à l'absence de suivi dépassent largement ceux engendrés par l'adoption d'un
[rapport] systématique des 18 à 25 ans tel que suggéré par le rapport de
la Vancouver Foundation;
«Et l'intervention réclamée se résume
ainsi :
«Nous,
soussignés, demandons au gouvernement du Québec de mettre en place des
programmes favorisant l'insertion sociale des jeunes ayant vécu un
placement en améliorant le soutien au logement, aux études et à l'emploi de 18 à 25 ans. Nous demandons au
gouvernement d'améliorer le financement des organismes communautaires afin
qu'ils puissent développer et assumer les tâches relatives à ce
soutien.»
Je certifie que cet extrait est conforme à
l'original de la pétition.
• (14 h 20) •
Le Président : L'extrait de
cette pétition est déposé.
Il n'y a pas
de réponses orales aux pétitions ni d'interventions portant sur une question de
droit ou de privilège.
Questions et réponses
orales
Nous en
sommes donc rendus à la période de questions et de réponses orales, et je cède
la parole à M. le chef de l'opposition officielle.
Arbitrage du
conflit dans le secteur de la construction
M. Jean-François Lisée
M. Lisée :
M. le Président, la bonne nouvelle, c'est que, demain, les chantiers au Québec
vont être rouverts. La deuxième bonne
nouvelle, c'est que la négociation va reprendre. Mais ça s'arrête là parce que
le gouvernement, après avoir échoué à empêcher la crise, a échoué à proposer une loi spéciale
équitable. Les cours sont claires : lorsqu'on enlève un droit constitutionnel à un groupe, le droit de
grève à des travailleurs, il faut leur donner en échange l'assurance d'avoir
un mécanisme équitable. C'est ce que nous
avons travaillé toute la nuit à essayer de convaincre les deux partis
antitravailleurs, le PLQ et la CAQ, à
mettre dans la loi. Toute la nuit, on leur a dit : Quand on enlève un
droit constitutionnel aux travailleurs, on ne peut pas voter une loi biaisée. Or, cette loi qu'a proposé et
concocté le gouvernement dit que le gouvernement va choisir les thèmes que l'arbitre va décider,
choisir les thèmes, donc va s'arroger le droit d'enlever des sujets à
l'arbitre, des sujets protravailleurs s'il le désire, d'autant qu'il est
lui-même le premier donneur d'ordres en construction.
Alors, je
demande au premier ministre de renoncer officiellement aujourd'hui d'enlever à
l'arbitre quelque sujet que ce soit que lui aura recommandé le
médiateur.
Le Président : M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : M. le Président, effectivement, mon collègue a commencé par les bonnes nouvelles,
et ce sont effectivement de bonnes nouvelles, que la grève va cesser sur
les chantiers de construction — je
crois qu'il y a beaucoup
de travailleurs, en passant, qui en sont très heureux — et
également qu'on ait une démarche qui nous amène vers une résolution du conflit,
on le souhaite, par une entente négociée et, si ce n'est pas le cas, par un
arbitrage.
Maintenant,
il faudrait quand même corriger un peu ce qui a été mentionné. Le gouvernement,
dans l'éventualité où on en
arriverait là, aurait à étudier les recommandations du médiateur et à consulter
les parties, bien sûr. On ne prendra pas ça, ce genre de décision là, dans un
bureau fermé. Il s'agit de laisser une marge de manoeuvre à toutes les parties
pour faire les ajustements qui pourraient
encore se produire dans les derniers jours avant qu'entre en vigueur la période
d'arbitrage.
Alors, moi,
je pense que la médiation qui va être là pour les quatre tables va être très
utile. Je crois qu'il est encore possible d'espérer d'avoir des ententes
négociées, parce que ce n'est quand même pas anodin de remarquer que, sur les sept mois, ce qu'on entendait hier, sur les
sept mois possibles de négociation, il n'y a que cinq mois... il y a cinq mois
qui n'ont pas été employés à négocier, ce
qui montre qu'il y avait peut-être là quelque part, de la part des deux
parties — je
ne blâme pas une partie plus qu'une
autre — le désir
de voir quelqu'un d'autre prendre la décision. Mais là la balle est
retournée dans leur camp. C'est à eux, à elles de s'asseoir à la table de
négociation et de conclure une entente. C'est la
seule façon dont ils vont pouvoir garder le contrôle sur le processus final. À
partir du moment où c'est dans les mains d'un arbitre, ça devient imprévisible. Si j'étais eux, elles, M. le
Président, je m'assoirais à la table et je réglerais par entente
négociée.
Le Président : Première
complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M. Jean-François Lisée
M. Lisée : Soit le premier
ministre fait semblant de ne pas connaître sa propre loi, soit il ne la
comprend pas. Il a été obligé de demander à
la ministre : C'est-u vrai, ce qu'il dit, là, le chef de l'opposition?
Oui, c'est l'article 23.1°, la
ministre peut déterminer «les matières devant faire l'objet de l'arbitrage».
Contrairement à ce qu'il vient de
dire, ce n'est pas une incertitude,
ce que l'arbitre va dire, puisqu'il s'arroge le droit de dire à l'arbitre de ne pas
regarder certaines matières.
S'engage-t-il aujourd'hui à ce que l'arbitre
prenne toutes les matières recommandées par le médiateur?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : Bien sûr
que non. C'est, encore une fois, une démonstration de la mauvaise compréhension du
rôle d'un gouvernement élu dans une société démocratique. Il faut qu'il reste un espace de
décision pour les gens auxquels la population a confié le mandat de
gouverner.
On va, bien sûr,
s'entendre... consulter les parties, on sera en contact avec les parties tout
le long du processus. Et ce que je souhaite, ce qu'on souhaite tous,
c'est qu'on n'ait pas à arriver à l'étape de l'arbitrage...
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît!
M. Couillard : ...qui devrait cependant
agir comme un incitatif puissant, pour les parties, à régler.
Alors, encore une fois, c'est une bonne nouvelle qu'on n'ait pas à souffrir d'arrêt de travail
dans le milieu de la construction, mais je crois qu'on doit s'engager maintenant
en direction de la résolution du conflit et en direction d'ententes négociées.
On va faire tous les efforts qu'il faut pour que ce soit le cas, M. le
Président.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M.
Jean-François Lisée
M. Lisée :
Le premier ministre, qui, clairement, ne connaît pas le dossier, doit savoir
que l'arrêt Saskatchewan lui interdit d'intervenir dans le processus
d'arbitrage. C'est pourquoi, peut-être apprend-il à l'instant, que les parties syndicales vont remettre en cause la légalité de
sa loi. Il vient de donner des arguments à la cause contre sa loi parce qu'il
vient de dire qu'il veut garder, lui, le gouvernement, une marge de manoeuvre
décisionnelle dans l'arbitrage. Il fait le contraire de ce que lui ordonne la
Cour suprême.
Le Président : M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : Je suis content
de voir le respect renouvelé de mon collègue envers la Cour suprême du Canada,
M. le Président. Je pense que, sur l'ensemble
de leurs décisions, on aurait avantage à s'en souvenir, le cas échéant. Maintenant,
encore une fois, ma collègue m'indique qu'il y a un amendement qui a été déposé
et adopté, qui fait en sorte que les
parties seraient consultées. C'est la moindre des choses.
Il n'y a
absolument rien d'étrange dans ce qui est là. C'est, au contraire, une démarche
qui est sage, une démarche qui est
réfléchie, une démarche qui est équilibrée. Et je vais répéter, encore une
fois, M. le Président, ma recommandation, mon conseil aux parties : Venez-en à une entente négociée, l'issue
sera beaucoup plus favorable pour vous, vous aurez le contrôle du processus jusqu'à la fin. À partir du
moment où c'est l'arbitre qui l'a en main, ce n'est plus la même situation.
Le Président : En terminant.
M. Couillard : Je pense que tout le
monde peut comprendre ça.
Le Président : Troisième
complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M. Jean-François Lisée
M. Lisée :
Alors, le premier ministre vient d'apprendre qu'il y a eu un amendement qui
oblige la ministre, avant d'être
partiale, de demander son opinion aux parties. Ah oui! Bravo! Le despote
éclairé va demander l'opinion des uns et des autres avant d'utiliser son
arbitraire.
Alors, je lui
demande, une fois de plus, de s'engager à ne pas intervenir dans les matières
que l'arbitre aura à décider.
Le
Président : M. le chef de l'opposition, oui, «éclairé», c'est
pas mal, c'est le mot avant qui était un peu... Je vous demanderais de
le retirer, s'il vous plaît. Retiré. M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : M. le Président, quand même, il a mis «éclairé», alors c'est bien. C'est
bien. Mais c'est peut-être les débats,
M. le Président, de l'opposition
officielle sur des questions
essentielles à l'avenir du Québec, tel que le rôle d'un politburo dans la démocratie du Québec, qui l'amène à faire ce genre d'intervention. Je
l'amènerais à un peu plus de sagesse et
de retenue quand il commente la façon dont ses collègues s'acquittent de leurs
tâches de chef de parti. Je pense que, de
ce côté-là, on s'en acquitte le mieux possible. On peut toujours faire mieux,
mais il y a certaines dérives, de son côté également, sur lesquelles il
y aurait matière à réflexion.
Le Président : Principale, M.
le député de Berthier.
Traitement des demandes
d'accès à l'information
M. André Villeneuve
M. Villeneuve : Depuis
plusieurs semaines, les médias font état du manque flagrant de transparence
dans le traitement des demandes d'accès à
l'information. Les exemples s'accumulent. Au ministère de la Santé, on bloque
une demande d'accès, pendant plusieurs
jours, sur les chirurgies effectuées au Dix30. Au ministère de la Forêt et des
Parcs, on refuse une demande d'accès
à un journaliste et on l'empêche de contacter le responsable de l'accès à
l'information. Au ministère de la
Justice, il faut attendre l'autorisation de la chef de cabinet pour qu'un
journaliste obtienne l'information.
Aujourd'hui,
M. le Président, on en rajoute. En
fait, le gouvernement en rajoute. En effet, nous apprenons qu'à
la suite d'une demande d'accès à
l'information soumise par LeJournal de Montréal, sur neuf vice-présidents actuels ou passés de la SAQ, la société d'État a fourni des comptes de dépenses lourdement caviardés. Selon Le Soleil, les demandes d'accès à l'information des journalistes
pourraient même être placées sous surveillance.
Est-ce que la ministre de l'Accès à
l'information condamne ces pratiques?
Le Président : M. le ministre
des Finances.
M.
Carlos J. Leitão
M.
Leitão : M. le Président, puisqu'il est question de la SAQ, permettez-moi, donc, de répondre à
la question du collègue, et je répondrais en commençant par dire que la
SAQ est transparente. Ça semble surprendre nos amis de l'opposition, mais c'est vrai,
la SAQ est très transparente. La SAQ publie trimestriellement les comptes de
dépenses de ses cadres, de ses cadres
supérieurs. L'information est disponible dans le site Web de l'organisme. Nous n'avons pas l'intention
ni la tradition de nous immiscer dans le
processus d'analyse et de réponse aux demandes d'accès à l'information. Ce
n'est pas à nous, ce n'est pas au ministère des Finances, ce n'est au
ministère des Finances de se mêler de ces choses-là.
Pour ce qui
est du cas très spécifique de la SAQ, M. le Président, ce qu'il y a aussi dans
la façon dont la SAQ a transmis cette
information aux journalistes, c'est que la SAQ respecte à la lettre qu'il y a
un jugement de la Commission d'accès à l'information de 2007. C'est la
Commission d'accès à l'information qui a ordonné à la SAQ...
Le Président : En terminant.
M. Leitão : ...de ne pas transmettre
ces informations-là. Bien oui, c'est difficile à croire.
Le Président : Première
complémentaire, M. le député de Berthier.
M. André Villeneuve
M.
Villeneuve : M. le Président, transparence libérale, c'est à ça que ça ressemble, 150 pages de
transparence libérale.
Comment la ministre de l'Accès à l'information
explique-t-elle que le gouvernement empêche la divulgation des renseignements relatifs aux dépenses des vice-présidents de la SAQ alors qu'elle permet la diffusion proactive de ces renseignements
pour le P.D.G. de la SAQ? Alors qu'est-ce qu'il y a à cacher dans ce
dossier-là, M. le Président?
Le Président : M. le ministre
des Finances.
M. Carlos J. Leitão
M.
Leitão : Je commence à
trouver ça assez particulier, la ligne de questionnement de nos collègues
de l'opposition officielle.
La SAQ ne cache absolument rien. La SAQ respecte à la lettre, respecte à la
lettre les indications, le jugement de
la Commission d'accès à l'information, qui a statué en 2007... et je pourrais, M. le Président, déposer, pour rappeler à nos
collègues, ce jugement de 2007 qui a donc ordonné à la SAQ
de ne pas divulguer cette information-là parce
que ça contrevient aux règles de protection de la confidentialité. Toute l'information est disponible : combien chaque personne a payé un
stationnement, un billet d'avion au Québec, à l'étranger, à l'hôtel. Quoi
d'autre voulez-vous? Voyons.
Document déposé
Le Président : Est-ce que
j'ai un consentement pour un dépôt du document? Consentement.
Une voix : ...
• (14 h 30) •
Le Président : On verra ça
plus tard. Deuxième complémentaire, M. le député de Berthier.
M. André Villeneuve
M.
Villeneuve : M. le Président, force est de constater que ce manque de transparence, il n'est pas seulement
à la SAQ. Alors, ce serait intéressant que la ministre responsable se
lève et explique pourquoi les journalistes ont tant de difficultés à obtenir de l'information? C'est elle qui est la
responsable, c'est elle qui forme et accompagne tous les responsables de
l'accès.
Pourquoi, M.
le Président, cette opacité? J'aimerais que la ministre se lève pour expliquer
ceci, M. le Président, que je dépose, d'ailleurs, si les parlementaires
sont d'accord.
Document déposé
Le
Président : Vous voulez le déposer? Alors, dépôt? Est-ce qu'il
y a consentement pour le dépôt du document du collègue? Dépôt? Alors, le
dépôt est fait.
Mme la ministre responsable de l'Accès à
l'information.
Mme Rita Lc de Santis
Mme de
Santis : D'abord, depuis 2014, il y a eu du progrès énorme quant à la
transparence et la diffusion proactive. J'ai simplement à rappeler à mes collègues que le règlement sur la
diffusion proactive a été modifié en 2015, et aujourd'hui les ministères et les
autres dirigeants des organismes et ministères doivent proactivement divulguer
leurs dépenses, leurs compensations, etc.
Suite
à ça, on a mis sur pied des comités de travaux pour qu'on applique des règles
similaires à la Santé et Services sociaux, Éducation, aux ordres
professionnels et les municipalités.
Le Président :
En terminant.
Mme de
Santis : On est en train de travailler là-dessus pour accroître la
transparence.
Le Président :
Principale, Mme la députée de Joliette.
Disposition
de dérogation pour contrer l'arrêt Jordan
Mme
Véronique Hivon
Mme
Hivon : Le 19 mai dernier, un troisième meurtrier
allégué a été libéré pour cause de délai déraisonnable. Quelques semaines auparavant, c'était un accusé
d'agressions sexuelles répétées sur une mineure. Depuis plusieurs mois, le Québec est le témoin impuissant de la
libération de centaines d'accusés des suites de l'application de l'arrêt
Jordan. Hier, le juge Jean-Louis
Lemay, qui dirige les procédures dans le procès d'Alexandre Bissonnette, accusé
de la tuerie à la grande mosquée de
Québec, a exprimé lui-même son inquiétude quant aux risques encourus face aux
délais imposés par l'arrêt Jordan.
La
ministre de la Justice croit-elle que les Québécois vont s'habituer à de tels
dénis de justice? Est-ce qu'elle croit que
les victimes et que leurs familles vont accepter d'être carrément abandonnées
par le système? Combien faudra-t-il encore
d'accusés de meurtre libérés, de fraudeurs libérés, d'accusés de voies de fait,
d'accusés d'agression sexuelle libérés avant que la ministre n'invoque
la clause dérogatoire?
Le Président :
Mme la ministre de la Justice.
Mme Stéphanie Vallée
Mme
Vallée : M. le Président, ce n'est pas la première fois que je
me lève, ce n'est pas la dernière fois que je vais me lever en cette Chambre pour expliquer à nos collègues tout ce qui
a été fait depuis les derniers mois, presque les 12 derniers mois, suite à l'arrêt Jordan, pour intervenir et pour
changer la culture dans notre système de justice parce que c'est le signal qui a été lancé par la Cour suprême dans l'affaire
Jordan, c'est cette nécessité de changer nos façons de faire, de changer les pratiques, et c'est dans cette
voie-là dans laquelle nous sommes engagés.
La
clause dérogatoire démotiverait ceux et celles qui sont engagés dans cette
voie. La clause dérogatoire n'a pas d'effet
rétroactif, M. le Président, pour tous les dossiers qui sont pendants et
auxquels la collègue fait référence, et elle le sait très bien.
La clause dérogatoire, c'est une fausse bonne idée, M. le Président.
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée de Joliette.
Mme
Véronique Hivon
Mme
Hivon : Alors, si
j'ai une fausse bonne idée, j'aimerais savoir ce qu'on dit aux victimes, ce
qu'on dit à tous les Québécois
qui sont indignés, qui perdent carrément confiance dans notre système
de justice. Parce que les gestes qui sont
posés, ils n'ont pas pour effet de remettre en ordre la maison dès aujourd'hui. Vous savez, M. le Président, on est rendu
à près de 900 requêtes en ce
moment en arrêt des procédures, près
de 150 du DPCP lui-même, qui a abandonné lui-même les arrêts de
procédures.
Pourquoi la ministre
refuse d'invoquer la clause dérogatoire?
Le Président :
Mme la ministre de la Justice.
Mme
Stéphanie Vallée
Mme
Vallée : M. le Président, on a ajouté des ressources, 175 millions. 175,2 millions
de dollars ont été ajoutés dans notre système de justice, 573 ressources humaines, des ajouts de juges, des ajouts de procureurs, du personnel, des
greffiers, des responsables de la sécurité. Notre système a reçu une injection
sans précédent. À ça s'ajoutent les interventions et les mesures mises de
l'avant par la Table Justice parce que la modification de notre système, de nos
façons de faire ne passe pas seulement par les investissements et des actions posées par le ministère
de la Justice, M. le Président, elle passe par une collaboration
de l'ensemble des intervenants du système.
La clause dérogatoire...
Le Président :
En terminant.
Mme
Vallée : ...je l'ai mentionné, n'a pas d'effet rétroactif, et
ma collègue le sait très bien.
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la députée de Joliette.
Mme
Véronique Hivon
Mme
Hivon :
Visiblement, M. le Président, ce qui est fait par la ministre de la Justice, ça ne règle pas les choses parce qu'un troisième accusé de meurtre a été libéré.
On est rendu à des centaines de procès avortés. Le 9 avril, on lui demandait formellement avec des victimes
d'invoquer la clause dérogatoire. Le 11 avril, Québec solidaire emboîtait
le pas. Finalement, le 18 mai, la Coalition avenir Québec s'est
rangée à nos arguments.
Est-ce
que la ministre peut se rendre compte du consensus des oppositions, du
consensus de la population et de, finalement, invoquer la clause
dérogatoire pour que ce déni de justice cesse?
Le Président :
Mme la ministre de la Justice.
Mme
Stéphanie Vallée
Mme
Vallée : M. le Président, depuis décembre dernier, je parle de
l'effet d'encombrement que l'utilisation de la clause pourrait avoir parce qu'elle serait contestée, la clause
dérogatoire. Et je rappelle à ma collègue, qui est juriste, et qui sait très
bien, et qui connaît très bien les enjeux qui ont été soulevés, notamment en
2008 dans la foulée des contestations judiciaires
qui ont fait suite au projet de loi C-2, alors il y a près de
20 000 dossiers qui ont été congestionnés dans l'attente d'une décision de la Cour suprême, notamment dans
les affaires Saint-Onge. Est-ce que c'est ça que ma collègue veut,
congestionner davantage le système de justice? C'est ça qu'elle veut
pour les victimes? Je ne pense pas...
Le Président :
En terminant.
Mme Vallée :
Moi, ce n'est pas ce que je veux.
Le Président :
Principale, M. le député de Borduas.
Arrêt des procédures pour certains dossiers criminels
M.
Simon Jolin-Barrette
M.
Jolin-Barrette : M. le Président, quatre mois après les tristes
événements de la mosquée de Québec, le juge
Jean-Louis Lemay se dit inquiet des délais qui s'accumulent dans le dossier
d'Alexandre Bissonnette. L'inquiétude du
juge est telle qu'il n'a pas hésité à rappeler que l'arrêt Jordan permet
désormais à la défense de faire une requête pour arrêt des procédures en cas de délais déraisonnables. M. le Président, la justice québécoise est confrontée à
une crise sans précédent. Les arrêts
de procédures se multiplient, les libérations d'accusés de crime grave
s'accumulent, et la confiance de la population envers son système de
justice ne cesse de diminuer.
J'ai récemment déposé
le projet de loi n° 890, qui permettrait de suspendre les effets de
l'arrêt Jordan durant une période temporaire
et limitée pour répondre à l'incurie du gouvernement libéral durant
les 15 dernières années. De cette
manière, les accusés de crime grave ne pourront pas s'en sortir en invoquant
uniquement des délais déraisonnables.
Est-ce
que la ministre peut s'engager à appeler notre projet de loi, à l'étudier sérieusement de façon à rétablir notre système de justice, à le
remettre sur pied pour les victimes et pour les familles des victimes?
Le Président :
Mme la ministre de la Justice.
Mme
Stéphanie Vallée
Mme
Vallée : Je m'attendais à une question du collègue.
Généralement, lorsque notre collègue de Joliette se lève, le collègue de
Borduas suit dans la même lignée.
Ceci étant dit, M. le
Président, le projet de loi déposé par notre collègue soulève des lacunes au
point de vue constitutionnel. Ce n'est pas
seulement moi qui le dis. Notamment, l'éminent juriste Jean-Claude Hébert en a
fait état le week-end dernier. Le Québec, en utilisant la clause
dérogatoire, serait un partenaire de cet encombrement du système de justice, comme je l'ai mentionné tout à l'heure,
et ce n'est pas ce que nous souhaitons de faire. Nous ne souhaitons pas faire l'utilisation de la clause
dérogatoire, qui, constitutionnellement, soulève un enjeu et qui n'aurait pas
d'effet rétroactif.
Je
le répète, nous ne souhaitons pas multiplier les délais, encombrer davantage
notre système judiciaire, et nous souhaitons plutôt miser sur les
mesures novatrices qui sont mises de l'avant et les initiatives mises de
l'avant par les différents intervenants du système de justice.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Borduas.
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : M. le Président, c'est quoi, le plan de la ministre, demain matin, là,
pour qu'il n'y ait pas un autre arrêt des procédures? Il n'y en a pas. On a
beau injecter de l'argent, ça prend le recours à la clause dérogatoire pour
les victimes, pour les familles des victimes.
Nous,
on agit proactivement. Le projet de loi peut être amélioré, peut être bonifié.
Étudions-le pour les familles des
victimes. On ne veut pas se retrouver encore une fois à avoir un autre accusé
qui ne subisse pas son procès uniquement pour une question de délai. Il y a plusieurs auteurs, il y a plusieurs
juristes qui disent que ça peut
s'appliquer, la clause
dérogatoire. Appelez le projet de loi et...
Le Président :
Mme la ministre de la Justice.
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît!
Mme
Stéphanie Vallée
Mme Vallée : M. le
Président, il y a quelque chose qu'on doit aussi faire ici. Des arrêts de procédures, il y en avait avant Jordan, il y en a eu
avant Jordan, il y en a eu alors que le PQ était au pouvoir, c'est une réalité.
Suspendre des droits,
est-ce que c'est vraiment l'idée... est-ce que c'est vraiment l'outil nécessaire,
mettre en place une clause
dérogatoire qui amènerait son lot de
contestations, qui viendrait encombrer les dossiers, comme on l'a vécu il
y a quelques années avec l'affaire
St-Onge? Est-ce que c'est vraiment ça qu'on souhaite, tout en sachant très bien, M. le Président, qu'une clause dérogatoire n'aurait pas d'effet rétroactif
pour tous les dossiers auxquels on fait référence?
• (14 h 40) •
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Borduas.
M.
Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : M. le Président, de ce côté-ci de la Chambre, on
propose des solutions concrètes. L'ensemble des oppositions disent à la ministre de la Justice : Utilisez la
clause dérogatoire, vous avez le devoir de protéger les victimes, de protéger les familles des victimes qui ont subi
des crimes. M. le Président, actuellement, tout ce qu'on dit, c'est : On
n'utilisera pas la clause dérogatoire. On a
fait des mesures, mais ça ne marche pas. Concrètement, demain, après-demain,
dans deux semaines, c'est possible qu'il y
ait des accusés qui bénéficient d'un arrêt des procédures pour délai
déraisonnable.
Quand est-ce que ça
va cesser? Quand allez-vous agir?
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît! Mme la ministre de la Justice.
Mme
Stéphanie Vallée
Mme Vallée :
Avec la solution préconisée par notre collègue et la députée de Joliette,
demain et après-demain, ce serait la
même chose, il y en aurait, des arrêts de procédures, il y en aurait, des
contestations, et il y en aurait, des délais, parce que cette utilisation-là...
cette clause-là comporterait son lot de contestations, M. le Président.
On
est en train de changer la culture. C'est ça, le message que la Cour suprême
nous a lancé. Et on est également intervenu
dans l'arrêt Cody, nous attendons la décision de la Cour suprême pour venir
préciser les paramètres de Jordan.
Et je tiens aussi à
rappeler à mon collègue que des requêtes en vertu de Jordan, il y en a
plusieurs qui ont également été rejetées. C'est faux de prétendre qu'elles sont
toutes accueillies.
Le Président :
Principale, M. le député de Granby.
Accès
aux documents dans les organismes publics
M.
François Bonnardel
M. Bonnardel :
M. le Président, en près de 15 ans au pouvoir, le gouvernement libéral a
érigé un système opaque de contrôle
de l'information. On en a eu un autre exemple ce matin dans Le Journal de
Montréal, la SAQ a censuré une demande
d'accès à l'info. La requête était pourtant légitime, le journal voulait
obtenir des détails sur les comptes de dépenses des hauts dirigeants de
la société d'État. Rien ne peut justifier qu'on cache ces informations quand
les dépenses des dirigeants de la SAQ sont
payées par des fonds publics. M. le Président, on parle de Daniel Trottier, des
dépenses de 28 800 $; de Jacques Farcy, des dépenses de
27 000 $; Catherine Dagenais, 20 000 $ de dépenses.
M. le
ministre, vous vous faites le complice de cette opacité, de ce monopole d'État,
et, M. le Président, je m'attends à
ce que le ministre des Finances nous dise que ce n'est pas acceptable que la SAQ ne donne pas les informations que la population du Québec, les journalistes et les parlementaires
ont besoin pour faire leur travail.
Le Président : M. le
député, je vous ai laissé terminer
votre petite question, mais je vais vous demander de revenir sur une partie de votre question. L'aspect du mot «complice», je vais vous demander de le retirer de vos propos.
Vous le retirez? M. le ministre des Finances.
M.
Carlos J. Leitão
M.
Leitão : Très bien,
M. le Président. Alors, on revient aux questions
de la SAQ, et je répète, comme je l'ai dit tantôt, que la SAQ est très transparente. L'information qui est demandée, elle est fournie. Les éléments de réponse qui sont caviardés le sont parce que
la SAQ suit les règles, suit la loi, le jugement de 2007 qui a été rendu par la
Commission d'accès à
l'information, qui lui dit de faire ce qu'elle fait.
Et, peut-être, je
pourrais lire un passage, je pense, qui est très important et que ça peut
rétablir un certain nombre de faits. Alors,
le jugement, à la page 17, donc, dit qu'«il m'apparaît que la distinction
faite par la Cour suprême entre, d'une part, le poste ou la fonction et,
d'autre part, les renseignements
concernant la personne ou la manière dont elle choisit d'accomplir une tâche, s'impose». Bon. «Les renseignements qui concernent la manière dont les cadres
choisissent d'accomplir leurs fonctions sont donc des renseignements
personnels qui sont confidentiels.
«Par conséquent, je suis d'avis qu'en l'espèce, de
façon générale, les informations telles que le nom et l'adresse des établissements où les dépenses sont encourues,
de même que le service [qu'ils ont] obtenu sont [...] personnels [et]
confidentiels.»
Le Président :
En terminant.
M. Leitão :
«Ces renseignements ne doivent pas être communiqués.» La SAQ ne peut pas...
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Granby.
M.
François Bonnardel
M.
Bonnardel : M. le Président, le ministre des Finances rit
des parlementaires, rit des Québécois, il se cache derrière une décision
de la Commission de l'accès. M. le Président, il y a des dépenses de
9 000 $ pour un voyage d'un V.P.
qui est peut-être allé aux États, en Europe, puis ce n'est pas grave de savoir
s'il s'est payé une chambre d'hôtel à 500 $, des soupers à
250 $, une première classe, on s'en fout, du côté du ministre des
Finances.
Pourquoi ne pas
donner la vérité et dire à la SAQ : On a besoin de ces infos?
Le
Président : Je vous arrête là, là. Il y a trois éléments dans
votre question qui feraient en sorte que je devrais vous retirer votre
question, mais je ne vous demanderai pas de retirer votre question. Mais prenez
quelques secondes, quelques secondes — il vous reste d'ailleurs quatre, cinq
secondes — pour
affirmer et nous redire c'est quoi, votre question, mais en respectant
le règlement, M. le député, s'il vous plaît. O.K.? Allez-y, cinq secondes.
M.
Bonnardel : M. le Président, je m'attends à ce que le
ministre des Finances nous dise que la SAQ doit être plus transparente
pour les informations que les journalistes et les parlementaires...
Le Président :
Merci. M. le ministre des Finances.
M.
Carlos J. Leitão
M.
Leitão : M. le Président, la SAQ est très transparente dans les
informations, qu'elle rend disponibles trimestriellement.
Trimestriellement, ces informations sont disponibles sur le site Web de la
Société des alcools du Québec. Ces informations comprennent les montants
très détaillés, combien on a coûté l'hôtel, combien on a coûté de stationnements, combien on a coûté de restaurants.
Ce qui n'est pas indiqué, c'est le nom de l'hôtel. Mais à quoi ça vous
arrange, savoir le nom de l'hôtel? On sait le montant, on sait l'endroit.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député...
Des voix :
...
Le
Président : S'il vous plaît! La nuit a été courte. Deuxième complémentaire, M. le député de Granby. Et je vous demande, évidemment, autant
d'attention pour la deuxième question.
M.
François Bonnardel
M.
Bonnardel : M. le Président, le ministre des Finances, voilà un mois, avec Alain Brunet, était assis aux
études de crédits. On m'a promis qu'on allait rendre publics les baux de
George Gantcheff et de Marc Bibeau voilà un mois, toujours rien eu. À huis
clos, on devait les avoir.
Pourquoi
un manque de transparence encore aussi important sur ces baux que
vous déviez dévoiler en Commission
des finances publiques?
Le
Président : M. le ministre des Finances.
M.
Carlos J. Leitão
M.
Leitão : M. le Président, je me rappelle très bien, en effet, oui, nous avions discuté, nous
avions discuté de cet enjeu-là, et on
s'était engagés, oui, à faire ça. Entre-temps, c'était le collègue de Granby
lui-même, avec l'opposition
officielle, qui nous ont demandé, au gouvernement, que le Vérificateur général
investigue tous les baux de la SAQ.
Alors, laissons le Vérificateur
général faire son travail. C'est ce que vous vouliez. C'est ce que vous
vouliez.
Le Président :
Principale.
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît! Principale, M. le député de Rousseau.
Gouvernance
de la Banque de l'infrastructure du Canada
M.
Nicolas Marceau
M.
Marceau : M. le Président, on a droit à un nouvel assaut du
gouvernement fédéral contre les lois québécoises. Enfoui dans les 308 pages du projet de loi
mammouth C-44, il y a un article qui crée la Banque de l'infrastructure du
Canada et qui prévoit que, par simple décret, Ottawa va pouvoir faire de
la banque un mandataire de Sa Majesté la reine.
Ce
que ça veut dire, c'est que, par simple décret d'Ottawa, n'importe quel projet
de la banque pourra ignorer nos lois
et règlements. Donc, si le fédéral le décide, un promoteur privé commandité par
la banque pourra faire fi de la loi sur l'environnement, du zonage
municipal, de la Loi sur la protection du territoire agricole, du BAPE, et j'en
passe. Un investisseur privé pourra même
avoir le pouvoir d'expropriation. Alors, le député fédéral Gabriel Ste-Marie a
déposé un amendement au projet de loi
pour retirer ces pouvoirs exorbitants conférés à la Banque de l'infrastructure
du Canada et il a été battu par les libéraux.
Alors, ma question au
gouvernement : Qu'allez-vous faire? Est-ce que vous allez exiger du
gouvernement fédéral qu'il retire à la banque ces pouvoirs exorbitants
d'ignorer les lois...
Le Président :
M. le leader du gouvernement.
M.
Jean-Marc Fournier
M. Fournier :
Je veux être très clair — je
remercie mon collègue de la question qui est posée — les lois du Québec s'appliquent à tout le monde, M. le
Président, qu'on soit mandataire ou pas, qu'on soit le gouvernement fédéral
ou pas, qu'on soit le gouvernement d'une
autre province ou pas. Les lois du Québec s'appliquent, et on va s'assurer
qu'elles soient appliquées et qu'elles soient respectées.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Rousseau.
M.
Nicolas Marceau
M. Marceau :
M. le Président, le projet de loi C-44 prévoit exactement l'inverse de ce que
le ministre des Relations canadiennes vient
de nous dire. Alors, est-ce qu'il va exiger du gouvernement fédéral qu'il
retire les dispositions conférant des
pouvoirs exorbitants à cette Banque de l'infrastructure du Canada? Je vous
rappelle que ça, il va y avoir les mêmes pouvoirs, par exemple, que le port de
Québec qui permet de la poussière rouge dans les rues de Limoilou, c'est
la même chose qui va se passer.
Est-ce que vous allez
vous assurer que la banque n'ait pas ces pouvoirs-là?
Le Président :
M. le leader du gouvernement.
M.
Jean-Marc Fournier
M. Fournier :
C'est un bon exemple parce que c'est devant les tribunaux, parce qu'on n'a pas
l'intention, justement, que nos compétences
ne soient pas respectées, que nos lois ne soient pas respectées. On va toujours
se lever debout pour défendre les
juridictions des provinces, notre juridiction à nous. Ce qui est important pour
nous au Québec va être respecté. Vous
pouvez décider qu'Ottawa décide et a raison. Ce qu'Ottawa décide, il le décide.
Ce qu'on décide, on le décide et on
défend nos décisions. Et, à cet égard-là, je vous réaffirme à votre
question : Tout va être mis de l'avant pour que les lois du Québec
soient respectées.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Rousseau.
M.
Nicolas Marceau
M.
Marceau : M. le Président, le ministre des Relations canadiennes est
mêlé, là. Ce n'est pas devant les tribunaux, c'est présentement à l'étude au Parlement fédéral. Et là on a le même
stratagème que celui qui avait été utilisé pour retirer aux banques
l'obligation de respecter la Loi sur la protection des consommateurs au Québec,
c'est la même chose.
Cette
fois-ci, c'est les projets privés, à travers la Banque de l'infrastructure du
Canada, qui obtiendront des pouvoirs exorbitants
de ne pas respecter les lois québécoises, même un pouvoir d'expropriation.
C'est maintenant qu'il faut agir. N'attendez pas une semaine, puis que
le monde se lève, faites-le maintenant, écrivez...
• (14 h 50) •
Le Président : M. le leader
du gouvernement.
M. Jean-Marc Fournier
M.
Fournier : Je ne veux pas dire à mon collègue ce qu'il dit de moi,
mais je pense qu'il est mélangé un peu. On parlait des poussières rouges. Sur les poussières rouges, oui,
effectivement, c'est devant les tribunaux. Il est déjà arrivé d'autres occasions... la Commission des valeurs
mobilières, M. le Président, ils ont beau faire des projets de loi, on les
amène devant les tribunaux et on gagne. On
va continuer de faire la même chose parce que les lois du Québec doivent
s'appliquer partout, M. le Président.
Le Président : Principale, M.
le député de Labelle.
Fermeture de la station
piscicole de Lac-des-Écorces
M. Sylvain Pagé
M. Pagé :
M. le Président, aujourd'hui, le journal local de la région de Mont-Laurier
titre : La région bloque la 117 pour sauver ses emplois.
Hier, les leaders, les élus des 17 municipalités de la MRC ont signifié
clairement leur ras-le-bol des
décisions prises à Québec sans considération pour la population locale, et
souvent pour des raisons obscures, ce qui est le cas pour la fermeture injustifiée de la station piscicole de
Lac-des-Écorces au profit de celle de Baldwin, en Estrie. Au début mai, la préfète a écrit au ministre afin
de lui demander de justifier sa décision, sans quoi le milieu enclencherait
des moyens de pression. La semaine suivante,
le ministre m'a dit : Tu peux les rassurer, Sylvain, je vais leur répondre
pour le 15 mai. Devant son mutisme, les élus ont décidé d'agir. Assez,
c'est assez.
Aujourd'hui,
je demande au ministre de déposer les réponses aux questions des élus de la
MRC. Je demande au ministre de reconnaître que cette décision est non
fondée, qu'il doit faire marche arrière et respecter les élus des
Hautes-Laurentides.
Le Président : M. le ministre
des Forêts et de la Faune.
M. Luc Blanchette
M.
Blanchette : Alors, merci, M. le Président. Quelques messages importants. D'abord,
rassurer la population. En matière d'ensemencement des lacs et des cours
d'eau qui sont approvisionnés par la pisciculture Lac-des-Écorces, ça va continuer à se faire. C'est la première
nouvelle. Maintenant, on ne ferme pas Lac-des-Écorces demain, il y aura une
période de transition sur une période de
trois ans. Il est dans notre intérêt de transférer les choses à Baldwin, je
tiens à le mentionner.
En ce qui
concerne la station Lac-des-Écorces en tant que telle, avec des équipements en
fin de vie et des processus de production
désuets, il est, effectivement, pris comme décision de faire ce transfert-là.
Et, en raison aussi des mises aux normes environnementales, qui seraient très
dispendieuses — on parle
de quelques millions aussi — la décision a été prise de faire ces
transferts-là dans une optique de consolidation.
Maintenant, en ce qui concerne les six emplois,
c'est-à-dire les trois emplois permanents et les trois emplois à temps partiel, il y aura un accompagnement qui
se fera, individualisé, auprès de ces individus-là et, honnêtement, il y aura
du reclassement qui pourra se faire.
Le Président : En terminant.
M. Blanchette : Maintenant, les
opérations vont se poursuivre à Lac-des-Écorces dans cette période de
transition là...
Le Président : Première
complémentaire, M. le député de Labelle.
M. Sylvain Pagé
M. Pagé :
M. le Président, «transition», là, ça veut dire «fermeture», ça veut dire pertes
d'emploi pour la région. Le ministre,
ce qu'il nous a dit quand il est venu nous rencontrer, là, c'est parce qu'il y avait de
l'affaissement de terrain. Il y a deux semaines, je lui ai fait parvenir le rapport
qui prouve qu'en 2015 il n'y a pas d'affaissement de terrain. C'est donc
sur des fausses raisons, sur des fausses prétentions.
Alors, moi, aujourd'hui, je lui dis : Est-ce
qu'il a lu le rapport? Va-t-il
décréter un moratoire sur cette mauvaise décision?
Le Président : M. le ministre
des Forêts.
M. Luc Blanchette
M.
Blanchette : M. le Président, de ce côté-ci, on n'est pas très moratoire, je tiens à le
mentionner. J'ai personnellement rencontré la vingtaine de personnes,
d'intervenants autour de la station Lac-des-Écorces lors de mon passage à Mont-Laurier. Ces gens-là ont été
rencontrés, on a échangé, et j'ai même pris la position officielle qu'on ferait
ce transfert-là.
Maintenant,
en ce qui concerne les six employés, on va leur accorder un accompagnement
individualisé. Puis c'est important, c'est
dans une période... Ce n'est pas demain matin, c'est sur une période de trois
ans. Donc, il y aura de l'accompagnement de fait auprès de
ces individus-là.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le député de Labelle.
M. Sylvain Pagé
M. Pagé : M. le Président, si le ministre persiste et signe, comment pourra-t-il justifier
que les coûts d'aménagement de Baldwin vont être à 10 millions et plus quand on pourrait faire la réfection de Lac-des-Écorces à moins
de 5 millions, et pour produire le triple, pour produire le
triple? Alors, trouvez l'erreur. Est-ce
que c'est parce que
la station piscicole de Baldwin est
dans la circonscription d'un de ses collègues? Alors, c'est une décision
qui est injustifiée. Il doit écouter les professionnels qui sont là
depuis 30 ans et qui lui disent que cette décision-là n'a pas d'allure.
Le Président : Monsieur...
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît! M. le ministre des Forêts.
M. Luc Blanchette
M.
Blanchette : M. le Président, je dirais que c'est «cheap shot». Puis,
en même temps, je fais comme l'opposition, je retire mes paroles tout de
suite, c'est fait. Mais, au moins, c'est enregistré.
Maintenant, maintenant, je tiens à lui
rappeler...
Des voix : ...
Le Président : Le ministre
est plus vite que Lucky Luke. Allez-y.
M.
Blanchette : Écoutez, M. le Président, je pense qu'on fait de la
mauvaise politique. Il reste trois piscicultures gouvernementales au Québec. Il y a celle de Baldwin, celle de
Lac-des-Écorces et celle de Tadoussac. À ce que je sache, celle de
Tadoussac est dans un comté péquiste, et on maintient, pour des raisons de
consolidation de pisciculture, deux piscicultures : celle de Tadoussac
dans un comté péquiste et celle de Baldwin dans un comté libéral.
Mais celle de Lac-des-Écorces, elle est désuète,
ça exigerait trop une reconfiguration de l'ensemble de cette pisciculture-là...
Le Président : En terminant.
M. Blanchette : ...ce qu'on a refusé
de faire. Maintenant, la lettre va rentrer sous peu.
Le Président : Principale, M.
le député de Lévis.
Avenir de la coopérative de
santé d'Ayer's Cliff
M. François Paradis
M. Paradis
(Lévis) : Merci, M. le
Président. La communauté d'Ayer's Cliff, située en Estrie, et 20 autres
petites communautés rurales
environnantes se sont mobilisées afin de mettre sur pied une coopérative de
santé qui est financée à 100 % par ses 1 600 membres. La
coopérative ne coûte rien à l'État. Depuis deux ans, le Centre de santé de la
vallée Massawippi a accueilli 8 000
patients, et ce, malgré qu'elle n'est formée que d'infirmières et de seulement
un médecin à
temps très partiel, qui travaille trois demi-journées par deux semaines. Pour
assurer sa viabilité et offrir des soins de proximité à des milliers de patients, la coopérative veut attirer un
autre médecin de famille, mais ni le ministère de la Santé, ni le CIUSSS de l'Estrie n'ont considéré les
besoins de la coopérative, qui risque de fermer ses portes sous peu. Ce serait
une catastrophe, M. le Président, pour les patients et la communauté.
Est-ce que le
ministre de la Santé peut s'engager à ce que les besoins pour un nouveau
médecin de famille dans la communauté d'Ayer's Cliff soient enfin
considérés?
Le Président : M. le ministre
de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : Alors, M. le Président, non seulement je peux m'engager à
tout faire en mon pouvoir pour que ce besoin soit comblé, mais je vais
me permettre d'indiquer à notre collègue de Lévis que je l'ai déjà fait.
Et je vais
rappeler le fonctionnement de notre système de santé, M. le Président, à notre
collègue pour lui indiquer que les
gestes professionnels posés dans le cadre de l'assurance maladie dans toute
coopérative au Québec sont à la charge du
gouvernement du Québec. Alors, une coopérative offre un environnement de son
choix, et c'est tout à fait correct, mais les services de santé sont à
la charge de l'État, et non de la coopérative, qui ne procure qu'un
environnement.
Maintenant,
dans cette région, M. le Président, dans les deux dernières années, nous avons
même modifié nos règles pour faire en
sorte qu'on puisse diriger des médecins là où les besoins sont les plus importants, et ça fait partie des sous-régions où on a envoyé des médecins. Dans les
deux dernières années, nous avons envoyé sept médecins de famille dans cette région-là, mais nous n'avons pas
le pouvoir de forcer ou de déterminer l'adresse où pratiqueront...
Le Président : En terminant.
M. Barrette : ...ces médecins, M. le
Président.
Le Président : Première
complémentaire, M. le député de Lévis.
M. François Paradis
M. Paradis (Lévis) : Merci, M. le
Président. Bien, assurément, le message ne passe pas. La coopérative, les professionnels
de la santé, les patients ont organisé une conférence de presse ce matin même
en Estrie pour dénoncer le manque
d'écoute du ministère de la Santé et du CIUSSS de l'Estrie. La CAQ croit que le
besoin pour un nouveau médecin
de famille à Ayer's Cliff aurait dû être considéré et qu'il faut supporter les
initiatives locales plutôt que d'imposer un modèle centralisé et
uniforme.
Pourquoi
le ministre de la Santé ne veut-il pas considérer les besoins de cette
coopérative de santé? Les gens le réclament. Les gens ne comprennent
pas.
Le Président : M. le ministre
de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : M. le Président, il me vient à l'esprit une idée. Nous amenons des médecins dans cette
région, et, évidemment, les
différents groupes qui sont sur place ont à faire des négociations ou des représentations pour
amener les gens.
Bien là, j'aurais une question à poser...
évidemment que je ne peux pas le faire, mais une réflexion à suggérer à notre collègue de Lévis : Est-ce qu'il peut
m'indiquer où dans la région, dans le Magog-Orford, on devrait enlever un
médecin pour l'envoyer là? Ou est-ce qu'il
préférerait que j'utilise mon pouvoir, qu'il me reproche de trop avoir, pour en
enlever un dans son comté? Nous avons envoyé sept médecins, M. le Président. Et
les médecins vont...
Le Président : En terminant.
M. Barrette : ...là où ça leur
apparaît le plus approprié.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le député de Lévis.
M. François Paradis
M. Paradis
(Lévis) : M. le Président,
je comprends que le ministre préfère la fermeture de la coopérative dans
son explication et sa logique. La fermeture de la coopérative signifie que des
patients qui ont besoin de prélèvements sanguins,
d'une consultation avec médecin de famille devront entreprendre un parcours du
combattant pour obtenir un rendez-vous
dans d'autres établissements de santé à Magog, ce qui va générer des coûts pour
l'État. La coopérative est financée à 100 %, je le rappelle, par
ses membres.
Le ministre est-il conscient des conséquences à
venir, là, de la fermeture possible de la coopérative de santé d'Ayer's Cliff
et de l'inquiétude de la communauté manifestée encore ce matin et depuis déjà
plusieurs semaines?
Le
Président : M. le ministre de la Santé.
M.
Gaétan Barrette
M.
Barrette : J'invite, M. le Président... Puisque je connais très bien
la région pour y avoir habité longtemps, je lui invite à prendre son téléphone cellulaire et de regarder sur
Google où sont les GMF qui sont avoisinants, et il va constater qu'on
parle de moins de 10 minutes, là, M. le Président, là.
Maintenant,
ça ne veut pas dire que cette coopérative-là n'a pas tous les droits et toutes
les possibilités de faire en sorte que des gens viennent là. Mais,
encore une fois, M. le Président, l'année dernière et l'année d'avant nous
avons dirigé volontairement, parce qu'il y
avait des besoins dans cette région, sept médecins de famille. Je peux même
vous assurer, M. le Président, que l'année prochaine on va en envoyer d'autres.
Je souhaite...
• (15 heures) •
Le Président :
En terminant.
M. Barrette :
...moi, que la coopérative se développe, mais je n'ai, encore une fois, pas le
pouvoir de...
Le Président :
Principale, Mme la députée de Taillon.
Services
offerts au CLSC de Pohénégamook
Mme Diane Lamarre
Mme Lamarre :
M. le Président, les gens de Pohénégamook, au Témiscouata, sont inquiets. Dès
la mi-juin, l'unique infirmière qui travaille au CLSC la nuit devra assumer des
fonctions supplémentaires, soit la réalisation de différents tests de laboratoire. Ces tests-là étaient faits auparavant
par une collègue infirmière. Travailler seule la nuit dans une urgence, c'est plus risqué si un cas grave
survient. C'est plus risqué aussi si deux patients arrivent en même temps.
Travailler à deux infirmières dans une
urgence la nuit, c'est donc une question de sécurité pour les patients et c'est
le gros bon sens. Le porte-parole du
comité de santé du Transcontinental, Mme Louise Lemieux dit, et je la
cite : «Pour nous, c'est mettre les patients, et le CLSC, en
danger.»
Est-ce que le ministre
va intervenir pour renverser cette coupe de services qui nuit à la sécurité des
gens du Témiscouata?
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : M. le Président, loin de moi l'idée de vouloir diminuer l'importance
de ce point de service, mais par
contre je rappellerai à notre collègue, comme je l'ai fait il y a quelques
instants avec celui de Lévis, M. le Président, que notre collègue s'est
acharnée à demander à ce que les décisions soient les plus décentralisées
possible. Et, encore aujourd'hui, notre collègue se lève pour que je vienne
contester une décision qui a été prise par l'administration locale.
Et
j'ose espérer, M. le Président... en fait, je n'ose pas espérer, je suis
convaincu que la décision a été basée sur le volume d'activité et aussi sur la sécurité et du personnel et des
patients. Je ne peux pas croire et personne ne me fera croire que cette
décision-là a été irréfléchie. Il m'apparaît donc assez clair qu'il y a des
gens dont c'est la responsabilité de
prendre ce genre de décision là. Et, encore une fois, comment notre collègue
peut-elle se lever un jour, me reprocher une chose...
Le Président :
En terminant.
M. Barrette :
...et le lendemain me demander de faire le contraire?
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée de Taillon.
Mme Diane Lamarre
Mme
Lamarre : C'est le ministre qui impose des coupes de financement dans
les CISSS. C'est lui qui les impose, c'est
lui qui les coupe. Alors, au CISSS Bas-Saint-Laurent, il y a un phénomène
vraiment curieux, parce que la population constate des coupes, les infirmières constatent des coupes, les médecins
constatent des coupes également, 5 000 personnes sont sorties dans les rues pour protester contre
ces coupes, tout le monde voit les coupes, sauf trois personnes : le
ministre de la Santé, les députés libéraux de Rivière-du-Loup et de
Côte-du-Sud.
Est-ce que le
ministre confirme qu'il va supprimer ce poste définitivement?
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : M. le Président, je suis tellement heureux que notre
collègue fasse référence aux 5 000 personnes qui sont
descendues dans la rue pour parler de coupes qui n'existaient pas. D'ailleurs,
M. le Président, je suis allé en personne avec mon collègue le député de
Côte-du-Sud pour rencontrer, justement, la population, la population qui pensait... Parce qu'il y avait des gens au
comportement un peu agitateur qui faisaient croire qu'il y avait des coupes,
mais il n'y en a pas. Et non
seulement il n'y en a pas, je suis allé en personne en faire la démonstration.
Alors, M. le Président, je veux bien, là, répondre aux questions très
théoriques...
Le Président :
En terminant.
M. Barrette :
...mais je réponds par la pratique. Il n'y a pas de coupe dans...
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la députée de Taillon.
Mme Diane Lamarre
Mme Lamarre :
M. le Président, je suis outrée, parce que j'étais avec ces gens-là quand ils
ont rencontré le ministre, et ce sont loin
d'être des agitateurs. Ce sont des témoins de ce qui se passe sur le terrain de
leur population, des citoyens qui
souffrent, qui sont préoccupés puis qui voient à chaque jour le ministre couper
de plus en plus, par ses mesures, des
services essentiels qui s'offrent en région. Pour le ministre, ce n'est rien,
10 minutes de déplacement, mais, quand on a 80 ans, c'est
énorme. Alors, le ministre, il doit le dire actuellement. Après
La Pocatière, après Pohénégamook...
Est-ce qu'à
Pohénégamook il va couper les services?
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : Bien, M. le Président, je vais reprendre les paroles de notre collègue. Elle nous a clairement
dit que les services étaient
maintenus. Alors, ils ne peuvent pas être maintenus et coupés en même temps.
Elle n'a pas fait référence au fait qu'il
y avait des coupures, elle a fait
référence, M. le Président, à la distribution du personnel. Pour ce qui est de La Pocatière, une ou deux
personnes ont laissé courir une rumeur à
l'effet qu'il y aurait
des coupures de services. Je suis
allé sur place faire la démonstration claire, nette, et précise, et rapportée
dans les journaux. J'ai rencontré les élus, qui ont compris qu'il n'y avait
pas de coupure, et c'est juste qu'il n'y en aura pas.
Le Président :
Alors, cela met fin à la période de questions et de réponses orales.
Votes reportés
Adoption du projet de loi n° 115
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Et nous en sommes à la rubrique des votes
reportés. Et, comme annoncé précédemment,
nous allons maintenant procéder au vote reporté sur la motion de Mme la ministre responsable des Aînés et de
la Lutte contre l'intimidation proposant que le projet de loi n° 115, Loi visant à lutter contre la maltraitance envers
les aînés et toute autre personne majeure en situation de vulnérabilité, soit
adopté.
Alors, que les
députés en faveur de cette motion veuillent bien se lever.
Le
Secrétaire adjoint : M. Couillard (Roberval), M. Fournier
(Saint-Laurent), Mme Thériault (Anjou—Louis-Riel), M. Blais
(Charlesbourg), Mme Charbonneau (Mille-Îles), M. Leitão
(Robert-Baldwin), Mme Anglade (Saint-Henri—Sainte-Anne), M. Coiteux (Nelligan),
Mme David (Outremont), M. Proulx (Jean-Talon), M. D'Amour
(Rivière-du-Loup—Témiscouata),
M. Huot (Vanier-Les Rivières), M. Kelley (Jacques-Cartier),
Mme Vallée (Gatineau), M. Lessard (Lotbinière-Frontenac),
M. Barrette (La Pinière), M. Drolet (Jean-Lesage),
M. Blanchette (Rouyn-Noranda—Témiscamingue), Mme Charlebois
(Soulanges), M. Moreau (Châteauguay), M. Heurtel (Viau), Mme Vien (Bellechasse), M. Billette
(Huntingdon), M. Fortin (Sherbrooke), M. Reid (Orford), M. Morin
(Côte-du-Sud), Mme Nichols (Vaudreuil), M. Bernier
(Montmorency), M. Ouellette (Chomedey), Mme de Santis
(Bourassa-Sauvé), Mme Weil (Notre-Dame-de-Grâce), Mme Ménard
(Laporte), M. Tanguay (LaFontaine), Mme Boulet (Laviolette), Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger), M. Carrière (Chapleau), M. Poëti
(Marguerite-Bourgeoys), M. Girard (Trois-Rivières),
M. Chevarie (Îles-de-la-Madeleine), M. Auger (Champlain),
Mme Vallières (Richmond), M. Rousselle (Vimont), M. Iracà (Papineau), M. Bolduc
(Mégantic), M. Simard (Dubuc), M. Matte (Portneuf), M. Birnbaum
(D'Arcy-McGee), M. Boucher (Ungava), M. Bourgeois
(Abitibi-Est), M. Fortin (Pontiac), M. Giguère (Saint-Maurice),
M. Habel (Sainte-Rose), M. Hardy
(Saint-François), M. Merlini (La Prairie), Mme Montpetit (Crémazie),
M. Plante (Maskinongé), M. Polo
(Laval-des-Rapides), Mme Simard (Charlevoix—Côte-de-Beaupré), M. St-Denis (Argenteuil),
Mme Tremblay (Chauveau), M. Busque (Beauce-Sud),
Mme Sauvé (Fabre), Mme Melançon (Verdun).
M. Lisée
(Rosemont), M. Bérubé (Matane-Matapédia), Mme Hivon (Joliette),
M. Marceau (Rousseau), M. LeBel (Rimouski), Mme Maltais
(Taschereau), Mme Lamarre (Taillon), M. Bergeron (Verchères),
M. Leclair (Beauharnois),
Mme Richard (Duplessis), M. Rochon (Richelieu), Mme Poirier
(Hochelaga-Maisonneuve), M. Cloutier (Lac-Saint-Jean),
M. Therrien (Sanguinet), M. Gaudreault (Jonquière), M. Pagé
(Labelle), M. Cousineau (Bertrand), M. Bourcier
(Saint-Jérôme), Mme Jean (Chicoutimi), M. Ouellet (René-Lévesque),
M. Villeneuve (Berthier), Mme Fournier (Marie-Victorin),
M. Traversy (Terrebonne), M. Kotto (Bourget), M. Turcotte (Saint-Jean),
M. Roy (Bonaventure).
M. Bonnardel (Granby),
M. Caire (La Peltrie), M. Jolin-Barrette (Borduas),
M. Picard (Chutes-de-la-Chaudière), M. Charette
(Deux-Montagnes), M. Martel (Nicolet-Bécancour), Mme Roy
(Montarville), Mme Samson (Iberville), M. Roberge
(Chambly), M. Laframboise (Blainville), M. Lefebvre (Arthabaska),
M. Lemay (Masson), Mme Lavallée (Repentigny), Mme D'Amours (Mirabel), Mme Soucy
(Saint-Hyacinthe), M. Spénard (Beauce-Nord), M. Paradis (Lévis).
Mme Massé
(Sainte-Marie—Saint-Jacques),
M. Surprenant (Groulx), M. Lelièvre (Gaspé), Mme Ouellet
(Vachon), M. Sklavounos (Laurier-Dorion).
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Que les députés contre cette motion
veuillent bien se lever. Y a-t-il des abstentions? Sinon, pour le
résultat du vote, M. le secrétaire général.
Le
Secrétaire : Pour : 111
Contre :
0
Abstentions :
0
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : En conséquence, la motion est adoptée.
(Applaudissements)
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Très bien. Alors, je vous remercie.
Motions sans préavis
Nous
en sommes maintenant à la rubrique des motions sans préavis. Et, en fonction de l'ordre de présentation et de nos règles, je cède la parole maintenant
à Mme la députée de Mirabel.
Mme
D'Amours : Merci, M. le Président. Je demande le consentement pour déposer la
motion suivante conjointement avec le député de Bertrand, la députée de Vachon,
le député de Groulx :
«Que, suite aux inondations des dernières semaines, l'Assemblée nationale demande au gouvernement d'attribuer aux MRC de Deux-Montagnes et [d']Argenteuil
la mention Zone d'intervention spéciale au même titre que les MRC de La
Vallée-du-Richelieu, du Haut-Richelieu, de Brome-Missisquoi et de Rouville.»
• (15 h 10) •
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Merci, Mme la députée de Mirabel. M. le leader
adjoint du gouvernement, y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Tanguay :
Pas de consentement.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Il n'y a pas de consentement. M. le
député de Laval-des-Rapides. Laval-des-Rapides, c'est
bien vous? Alors, je vous cède la parole pour la présentation de votre motion
sans préavis.
Souligner que le Québec
est la province qui accueille le plus de personnes
d'origine latino-américaine et reconnaître l'apport social, économique,
politique et culturel de cette communauté
M.
Polo : Merci. Merci beaucoup, M. le Président. Permettez-moi un petit aparté avant de
commencer. Le 21 mai dernier
était célébrée mondialement la Journée mondiale pour la diversité culturelle et
pour le dialogue et le développement. Il me fait grand plaisir aujourd'hui de
présenter la motion suivante.
Je
sollicite le consentement afin de présenter la motion suivante, et ce,
conjointement avec la députée
d'Hochelaga-Maisonneuve, la députée
de Montarville, le député de
Mercier, le député de Laurier-Dorion, la députée
de Vachon ainsi que le député
de Groulx :
«Que l'Assemblée nationale souligne que le Québec est devenu, depuis 2012, la province canadienne
à accueillir le plus [grand nombre] d'immigrants d'Amérique centrale et
[d'Amérique] du Sud;
«Qu'elle souligne que
le Québec compte à ce jour plus de 150 000 [Québécois d'origine
latino-américaine] s'identifiant [à cette identité];
«Qu'elle
reconnaisse aujourd'hui les apports sociaux, économiques, politiques [...]
culturels considérables de la communauté
latino-américaine à la société québécoise et que ces nombreuses contributions
sont partie intégrante d'un patrimoine collectif;
«Enfin, que
l'Assemblée nationale reconnaisse que l'expression des pluralités d'identité et
la promotion de la culture latino-américaine
au Québec ont bénéficié et bénéficient encore à ce jour à l'ensemble de la
société québécoise, et constituent une richesse collective qui participe
au succès du vivre-ensemble.»
J'aimerais, M. le Président, souligner la
présence de quelques membres de la communauté latino-américaine avec nous
aujourd'hui. Merci beaucoup, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Très bien. Alors, merci à vous, M. le député de Laval-des-Rapides. Y a-t-il
consentement pour débattre de cette motion? M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Tanguay :
Nous proposons de l'adopter sans débat.
Mise aux voix
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, cette motion est-elle adoptée?
Des voix :
Adopté.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : La motion est adoptée. Je cède maintenant la
parole à Mme la députée d'Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Poirier :
Merci, M. le Président. Je sollicite le consentement des membres de cette
Assemblée afin de présenter, conjointement
avec la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques et la députée de Vachon, la motion suivante :
«Que l'Assemblée
nationale reconnaisse le problème de discrimination à l'embauche des personnes
issues de l'immigration;
«Qu'elle demande au
gouvernement du Québec d'agir immédiatement pour corriger [la] situation;
«Qu'elle lui demande
de mettre sur pied des projets pilotes de C.V. anonymes;
«Qu'elle lui demande
également d'interdire la condition de première expérience de travail
[canadienne].»
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Merci à vous, Mme la députée
d'Hochelaga-Maisonneuve. Alors, y a-t-il consentement pour débattre de cette
motion?
M. Tanguay :
Pas de consentement.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Il n'y a pas de consentement.
Mme la députée de
Vachon, vous avez une motion sans préavis?
Des voix :
...
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Un instant, s'il vous plaît! Mme la députée de
Vachon.
Mme Ouellet : Merci, M. le Président. En lien avec la motion adoptée à l'unanimité le
4 décembre 2012 sur la création
d'un État palestinien, je demande le consentement de la Chambre pour débattre
de la motion suivante conjointement avec le député de Mercier :
«Que l'Assemblée nationale constate, à quelques
jours du 50e anniversaire de l'occupation des territoires palestiniens,
que cette occupation se poursuit toujours actuellement;
«Qu'elle souligne que cette occupation contrevient
aux résolutions 242 [de] 1967, 338 [de] 1973 et 2334 [de] 2016 du Conseil de sécurité des Nations unies et met en
péril la viabilité de "la solution à deux États" fondée sur les
frontières de 1967;
«Qu'elle
rappelle que la création d'un État palestinien démocratique et cohabitant
pacifiquement avec son voisin israélien
devait découler des accords d'Oslo en 1993, et ce, au nom du droit inaliénable
des peuples à disposer d'eux-mêmes;
«Qu'elle
prenne note que l'État palestinien est reconnu par 136 États sur les
193 membres que compte l'Organisation des Nations unies à l'instar
de la Suède, du Portugal et de l'Islande;
«Qu'elle
rappelle que la politique étrangère canadienne "reconnaît le droit des
Palestiniens à s'autodéterminer et
appuie la création d'un État palestinien souverain, indépendant, viable,
démocratique et doté d'un territoire d'un seul tenant, dans le cadre
d'un règlement de paix global, juste et durable";
«Que l'Assemblée
nationale demande au gouvernement canadien de reconnaître la Palestine comme un
État indépendant.»
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, Mme la députée de
Vachon, pour cette motion. Y a-t-il consentement pour débattre de la
motion?
M. Tanguay :
Pas de consentement, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Il n'y a pas de consentement.
Avis touchant les travaux des commissions
S'il
n'y a pas d'autres motions sans préavis, nous allons maintenant passer à la
rubrique des avis touchant les travaux des commissions. M. le leader
adjoint du gouvernement, je vous cède la parole.
M. Tanguay : Oui.
Merci beaucoup, M. le Président. Alors, j'avise cette Assemblée que la
Commission de l'aménagement du territoire poursuivra l'étude détaillée à
l'égard du projet de loi n° 122, Loi visant principalement à reconnaître que les municipalités sont des
gouvernements de proximité et à augmenter à ce titre leur autonomie et leurs
pouvoirs, aujourd'hui, après les affaires
courantes jusqu'à 18 heures et de 19 h 30 à 21 h 30, à
la salle Louis-Joseph-Papineau;
La
Commission de la santé et des services sociaux poursuivra l'étude détaillée à
l'égard du projet de loi n° 130, Loi
modifiant certaines dispositions relatives à l'organisation clinique et à la
gestion des établissements de santé et de services sociaux, aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à
18 heures et de 19 h 30 à 21 h 30, à la salle des
Premiers-Ministres de l'édifice Pamphile-Le May;
La Commission des
institutions procédera aux consultations particulières à l'égard du projet de
loi n° 138, Loi modifiant le Code de
procédure pénale et la Loi sur les tribunaux judiciaires afin de favoriser
l'accès à la justice et la réduction des délais en matière criminelle et
pénale, dès maintenant pour une durée de 2 h 30 min, à la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine. Cette même commission entreprendra l'étude
détaillée à l'égard du projet de loi n° 113, Loi modifiant le Code civil et d'autres dispositions législatives en matière
d'adoption et de communication de renseignements, aujourd'hui, de
19 h 30 à 21 h 30, à la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine;
La Commission des
transports et de l'environnement entreprendra les consultations particulières à
l'égard du projet de loi n° 137, Loi
concernant le Réseau électrique métropolitain, dès maintenant, pour une durée
de 2 h 15 min et de 19 h 30 à
20 h 30, à la salle du Conseil législatif;
Et
finalement, M. le Président, la Commission de l'aménagement du territoire
entendra les intéressés et procédera à
l'étude détaillée du projet de loi d'intérêt privé n° 227, Loi concernant
le projet d'aréna et de glaces communautaires de la Ville de Gatineau, mercredi 7 juin 2017, à compter de
19 h 30 jusqu'à 22 h 30, à la salle Louis-Joseph-Papineau.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Merci, M. le leader adjoint, pour ces avis.
Pour
ma part, je vous avise que la Commission de la santé et des services sociaux se
réunira en séance de travail aujourd'hui, de 18 heures à
19 heures, à la salle RC.161, afin de statuer sur la possibilité que
la commission se saisisse des deux mandats suivants : un mandat
d'initiative sur les soins de fin de vie et l'application des cas des personnes
atteintes de démence et d'Alzheimer
sévère; et une pétition concernant le soutien financier pour les parents
d'enfants malades ou handicapés d'âge majeur.
Je vous avise
également que la Commission des finances publiques se réunira en séance de
travail demain, à 8 heures pour une
durée de 30 minutes, à la salle RC.161, afin de statuer sur la
possibilité que la commission se saisisse d'un mandat d'initiative
concernant la rémunération des hauts dirigeants.
Renseignements sur les travaux de l'Assemblée
Avis de sanction du projet de loi n° 115
À
la rubrique, maintenant, des renseignements sur les travaux de l'Assemblée, je
vous informe qu'aujourd'hui, à 16 h 30,
au bureau de son Honneur le lieutenant-gouverneur, aura lieu la sanction du
projet de loi n° 115, Loi visant à lutter contre la maltraitance
envers les aînés et toute autre personne majeure en situation de vulnérabilité.
Je
vous informe également que demain, lors des affaires inscrites par les députés
de l'opposition, sera débattue la motion inscrite par M. le député de
Borduas. Cette motion se lit comme suit :
«Que
l'Assemblée nationale prenne acte de la libération de plus en plus fréquente de
personnes accusées au criminel suite à des arrêts de procédures
justifiés par l'arrêt Jordan;
«Qu'elle
déclare que la protection des victimes et de la confiance de la population
envers le système de justice doit être une priorité;
«Qu'elle demande à
ses membres d'adopter dans les plus brefs délais le projet de loi n° 890.»
Affaires du jour
Alors,
la période des affaires courantes étant terminée, nous allons maintenant
passer aux affaires du jour, et je
cède la parole à M. le leader adjoint du gouvernement.
• (15 h 20) •
M. Tanguay :
Oui, merci beaucoup, M. le Président. Je vous prierais d'appeler l'article 13.
Projet de loi n° 132
Adoption du principe
Le Vice-Président (M.
Ouimet) : À l'article 13 du feuilleton, M, le ministre du
Développement durable, de l'Environnement et
de la Lutte contre les changements climatiques propose l'adoption du principe du projet de loi n° 132,
Loi concernant la conservation des milieux
humides et hydriques. Alors, M. le ministre, vous êtes debout, vous prenez la parole, je vous la cède.
M. David Heurtel
M.
Heurtel : Merci, M. le Président. Alors, ce projet de loi sur la protection
des milieux humides et hydriques, et le mot est faible, c'est un projet
de loi qui était très attendu. Je ne
ferai pas tout l'historique, sauf que de dire, M. le Président, que nous avions un régime de protection des milieux
humides et hydriques au Québec
qui est, jusqu'à ce jour, pour le moins imparfait et qui
méritait une sérieuse réforme. Ce régime a même été invalidé par les tribunaux.
Et, suite à deux lois qui ont prolongé ce
régime pour éviter qu'il y ait vide
juridique, il était grand temps que nous arrivions à un régime moderne qui allait non seulement
reconnaître l'importance des milieux humides et hydriques dans un contexte
de lutte contre les changements climatiques,
dans un contexte de services écologiques et économiques très important que
les milieux humides et hydriques nous donnent,
mais également, M. le Président, avoir un régime beaucoup plus optimisé,
beaucoup plus clair et en phase avec la
modernisation du régime d'autorisation environnementale que nous avons complété
avec l'adoption du projet de loi n° 102, au mois de mars dernier, qui nous
donnait un régime général d'autorisation environnementale
beaucoup plus optimisé, beaucoup plus clair, plus prévisible, et qui va réduire
les délais d'autorisation d'une façon importante, tout en maintenant les
plus hauts standards environnementaux.
Alors, quels
sont les grands principes du projet de loi n° 132, M. le Président?
Premier principe, principe qui était fondamental,
c'est le principe de zéro perte nette. Au cours des 15 dernières années,
M. le Président, malgré les meilleurs efforts,
notre bilan en termes de conservation des milieux humides n'est pas reluisant,
il faut le dire. Et ce n'est qu'avec ce principe de zéro perte nette que nous
pourrons donc s'assurer qu'en matière de protection des milieux humides
on va pouvoir faire en sorte, avec ce projet de loi, s'il y a atteinte à un
milieu humide, suivant la procédure prévue au projet de loi n° 132, bien, qu'il devra y avoir une forme de compensation.
Et non seulement une forme de compensation, qui était auparavant basée sur des ratios un peu difficiles à suivre,
parfois, de compensation en terrain... et, dépendant d'une direction
régionale à l'autre, on se retrouvait avec des compensations immobilières de
deux pour un, trois pour un, quatre pour un. Non, ça ne sera pas basé sur de
tels ratios.
Le principe de zéro perte nette va d'abord
s'asseoir sur une définition claire de ce qu'est un milieu humide et hydrique. M. le Président, c'est quelque chose qui
nous manquait auparavant. Alors, non seulement ça menait à des définitions
qui pouvaient varier d'une direction
régionale du ministère de l'Environnement à l'autre, mais aussi mener à
énormément de litiges devant les
tribunaux. Et souvent on se retrouvait devant le fait que, si on voulait tenter
de définir un milieu humide ou hydrique,
il fallait s'en remettre à la jurisprudence plutôt qu'à la législation. Or, le
projet de loi n° 132, pour renforcer et appuyer le principe de zéro perte nette, définit les milieux humides
et hydriques de façon claire et prévisible, et ça, c'est un pas en avant
majeur.
Autre
innovation, c'est que le régime d'autorisation environnementale général adopté lors de l'adoption du projet
de loi n° 102, auquel je faisais référence tout à l'heure, va également s'appliquer aux milieux humides. Conséquemment,
des projets touchant aux milieux humides, affectant les milieux humides de façon
faible ou négligeable, donc à risque faible
ou négligeable, feront l'objet soit d'une déclaration de conformité environnementale en vertu du nouveau régime d'autorisation basé sur le
risque environnemental adopté en vertu de 102 ou ne feront pas l'objet d'autorisation
environnementale. Donc, déjà là, plus de prévisibilité, plus de clarté, car ce
type de travaux se retrouveront dans la réglementation qui sera adoptée au cours des prochains mois au soutien du projet de loi n° 102 que nous avons adopté.
Également, M. le Président, ce projet de loi
enchâsse d'une façon très claire la nécessité de gérer par bassin versant. Et
on peut dire que c'est une coïncidence — il y en a d'autres qu'il n'y
a jamais de coïncidence dans la vie, M. le
Président — que nous
parlions de ce projet de loi et de la protection des milieux humides et
hydriques après — et
certains diront même durant — les inondations massives de ce printemps que plusieurs de nos concitoyens et concitoyennes ont
subies, ont vécues et vivent encore.
On reconnaît également
la contribution très importante des milieux humides et hydriques dans la
gestion de nos cours d'eau, dans la
gestion de nos crues printanières et le service de rétention d'eau et de
régularisation des cours d'eau que les milieux humides et hydriques nous
rendent. Mais, pour bien protéger les milieux humides, il faut intégrer la notion de gestion par bassin versant. Et c'est
donc également dans ce projet
de loi là qu'on fait une autre
innovation, c'est de reconnaître cette gestion par bassin versant,
reconnaître le rôle également très important des organismes de bassin versant,
le rôle des plans directeurs de l'eau, le rôle d'autres organismes, comme
Canards illimités, pour venir prêter main-forte
tant au ministère de l'Environnement qu'aux autorités municipales dans la
préservation, la conservation et le renouvellement de nos milieux
humides.
Concernant les municipalités, également, M. le
Président, ce projet de loi propose de travailler de façon collaborative avec nos gouvernements de proximité, donc de s'assurer que ce soit au niveau municipal... que
la planification, les plans de protection de milieux humides
soient faits au niveau municipal, de concert avec les organismes experts
auxquels je viens de faire référence.
Donc, c'est vraiment
un travail d'équipe ici qu'on propose avec le projet de loi n° 132
et donc, dans une optique de gestion
par bassin versant, de travailler avec les MRC, travailler avec les organismes
experts sur le terrain pour faire une
planification de conservation des milieux humides, et — là encore, une autre innovation de ce projet
de loi — suivre
le principe d'éviter, minimiser, compenser, qui est un principe bien établi en
matière de conservation, et de s'assurer qu'avant
même qu'on considère autoriser un projet qui affecte les milieux humides on ait
appliqué ce principe, qui est celui
d'abord de voir si on peut éviter l'atteinte aux milieux humides. Parce
qu'encore une fois il faut donner des dents au principe de zéro perte nette. Alors, si on peut éviter l'atteinte à un
milieu humide, première priorité. Si on doit absolument le faire, bien,
minimisons cette atteinte.
• (15 h 30) •
Et finalement
un troisième principe, c'est que, s'il y a atteinte, il faut absolument qu'il y
ait une compensation. Et un des
grands problèmes du régime précédent, c'était le régime de compensation, qui,
en plus de mener à l'arbitraire ou du
moins au discrétionnaire, d'avoir des interprétations difficiles à suivre d'une
direction régionale à l'autre...
l'effet, c'est qu'on remettait au
promoteur, donc à l'entité qui
voulait développer un projet, le soin de faire la planification, de prévoir
les méthodes de conservation. Or, c'est très rare qu'un promoteur immobilier
indépendant a ce genre d'expertise là.
Donc, avec les dispositions prévoyant
que la planification de la protection, de la conservation, du maintien, du
développement des milieux humides et
hydriques soit remise entre les mains des gouvernements de proximité, bien là
on s'assure d'avoir les bonnes
expertises, d'avoir une bonne qualification, également de faire référence aux
organismes experts sur le terrain qui pourront déterminer quels seront
les meilleurs projets à développer pour soit conserver des milieux humides existants, en développer des nouveaux et
le faire dans une perspective de gestion par bassin versant, mais également
c'est qu'on sort du système cette notion de compenser immédiatement avec
d'autres terrains.
L'innovation, une
autre de ce projet de loi là, c'est de clarifier le principe de compensation en
établissant une formule prédéterminée de
compensation financière, monétaire, basée sur des critères objectifs. Et donc
les promoteurs de projets qui seront
passés à travers toute la méthodologie d'autorisation, donc passés à travers la
définition, le régime d'autorisation adopté en vertu de 102, qui seront
passés à travers le principe d'éviter, minimiser, compenser, bien, ultimement, la formule de compensation financière
qui s'appliquera, ça sera une formule qui est déjà prédéterminée dans le
projet de loi. Et donc le promoteur saura à l'avance que, pour son projet, s'il
veut aller de l'avant, si c'est autorisé, bien,
il devra y avoir une compensation financière. Cette compensation financière là
devra ensuite être versée au Fonds de
protection de l'environnement, et cet argent-là sera ensuite redistribué par le
ministère de l'Environnement aux pouvoirs municipaux ou aux organismes experts pour mettre en oeuvre une
planification de conservation, de renouvellement et de création en milieu humide ou hydrique, toujours
dans l'optique d'atteindre l'objectif de zéro perte nette de milieux humides.
Alors,
vous voyez, M. le Président, c'est véritablement un projet de loi qui innove,
un projet de loi qui assoit d'une façon
claire, et précise, et intégrée la notion de protection de milieux humides et
hydriques dans le cadre d'un régime plus général de protection de
l'environnement qui intègre les principes fondamentaux, M. le Président, de
lutte contre les changements climatiques et
de reconnaissance des services écologiques et économiques, il faut le dire, que
nous rendent nos milieux humides et hydriques.
Alors,
M. le Président, nous avons complété, il y a quelques semaines, les
consultations particulières sur ce projet de loi. Alors, déjà, je tiens à
remercier tous les groupes — près d'une vingtaine de groupes sont venus
en commission parlementaire — je remercie mes collègues de
l'opposition, du deuxième groupe d'opposition également pour leur travail ainsi que leurs équipes, l'équipe du
ministère de l'Environnement évidemment et le président de la commission
ainsi que le personnel de la commission. Consultations particulières très
intéressantes.
Mais
on a reçu des groupes représentant plusieurs différentes facettes de notre
société, M. le Président. On a reçu des
groupes environnementaux, on a reçu des groupes issus plus du monde des
affaires, des promoteurs immobiliers, par exemple, on a reçu également le monde municipal. Et je vais me
permettre, M. le Président, de citer quelques commentaires qui ont été
faits durant cette consultation particulière, lors de nos échanges.
Alors,
d'abord Canards illimités, qui est un des principaux groupes, je dirais,
expert, qui est reconnu et très respecté dans le domaine de la conservation des milieux humides non seulement au
Québec, mais à travers le Canada. Et un premier commentaire : «C'est une loi qui, si elle est adoptée sans trop de
modifications, va faire en sorte de faire passer le Québec comme étant
dernier de classe à premier de classe en termes d'outils législatifs.» Alors,
ça, c'est Canards illimités qui nous dit ça.
La
ville de Montréal nous dit : «La ville de Montréal appuie fortement les objectifs et les principes qui sont mis de
l'avant dans l'actuel projet de loi. Le projet de loi n° 132 confirme la
contribution du municipal à l'exercice de planification du territoire. La ville est également favorable à l'approche
d'une planification qui est mise de l'avant dans le projet de
loi.»
Le
Centre québécois du droit de l'environnement, je cite : «Le CQDE accueille
avec enthousiasme et soutient le projet de loi n° 132. On est d'avis que le projet de loi n° 132 est ni plus ni moins qu'une réforme en
profondeur de notre approche en
aménagement du territoire puis nous tenons à souligner que c'est
excellent.» Une autre citation du Centre québécois du droit de
l'environnement : «Une fois que ce sera adopté, nous serons en mesure de
mettre en oeuvre le régime que vous proposez, qui, encore une fois, on le
répète, est un excellent régime.»
La
Fédération québécoise des
municipalités, M. le Président : «D'entrée de jeu, M. le ministre, je réitère aujourd'hui que la FQM accueille favorablement ce projet de loi sur les milieux
humides et hydriques.» Alors, encore
une fois, le monde municipal.
Donc, on a entendu le monde environnemental, le monde municipal.
Réseau
Environnement, M. le Président : «Nous saluons également l'inclusion du
concept d'aucune perte nette, qui constitue un grand pas en avant.»
Réseau Environnement, M. le Président.
Finalement,
notre groupe de recherche scientifique en matière de lutte contre les
changements climatiques, Ouranos, est
venu devant nous et nous dit : «Ouranos se réjouit de voir la nouvelle
loi, et aussi des lois qu'elle modifie, qui met de l'avant la conservation des milieux et reconnaît spécifiquement et
prend en considération l'importance des services écologiques et leurs bénéfices pour la société. Dans le contexte des
changements climatiques, la conservation des milieux humides doit être privilégiée dans la stratégie
gouvernementale dans la lutte contre les changements climatiques, autant dans une perspective d'adaptation systématique aux
risques climatiques que de réduction d'émissions à gaz à effet de serre.»
Finalement,
le monde de la construction. On en a beaucoup parlé au cours des derniers
jours, mais cette fois-ci l'Association
des professionnels de la construction et de l'habitation du Québec est venue
participer à nos consultations particulières et elle dit :
«L'Association des professionnels de la construction et de l'habitation du
Québec accueille favorablement le projet de
loi n° 132.» Ça, c'est un organisme qui représente, finalement, les
entreprises qui construisent des habitations au Québec.
Finalement,
les chercheurs du Centre de la science sur la biodiversité du Québec :
«Les milieux humides ont un rôle
majeur au niveau des bassins versants sur le contrôle des débits et rivières.
Ouranos a démontré que, pour Bécancour et la Yamaska, si on détruit les
milieux humides, on va hausser les débits en période de crue, les crues de
récurrence deux ans, de 14 % à 18 %.»
• (15 h 40) •
Alors,
on reconnaît le service essentiel des milieux humides et hydriques en matière
de gestion notamment des périodes de
crue, donc un service important lorsqu'on parle d'inondations printanières.
Mais vous voyez ici... Et ça, ce n'est
pas qu'une sélection rapide des extraits qu'on a entendus en consultation
particulière. Vous voyez, que ce soit du côté du monde municipal, que ce soit du côté économique, que ce soit du
côté environnemental, ce que propose le projet de loi est très bien
reçu. Et donc nous espérons... Parce que je sais que, tant du côté de
l'opposition officielle que du deuxième
groupe d'opposition, on voulait voir ce projet de loi rapidement. On nous l'a
rappelé très clairement lorsqu'on était
ici pour l'adoption du projet de loi n° 131, qui nous permettait de
prolonger quelque temps la clause crépusculaire qui gardait le régime actuel en place pour nous donner le temps de
débattre sur le projet de loi n° 132. Et mes collègues de
l'opposition, des deux oppositions, ont dit à plusieurs reprises qu'il y avait
urgence d'agir, que nous nous devions d'adopter
un régime, un nouveau régime de protection des milieux humides et hydriques. Et
plusieurs des principes qu'ils réclamaient
pour un nouveau régime législatif se retrouvent dans le projet de loi
n° 132 : le principe de zéro perte nette, une définition claire, une formule compensation
claire, une reconnaissance de gestion par bassin versant, une reconnaissance
également des services écologiques,
particulièrement en matière de lutte contre les changements climatiques. Alors,
ce projet de loi là répond aux
besoins nécessaires que nous avons pour mettre en place un régime moderne,
clair, optimisé et prévisible en matière de protection des milieux
humides et hydriques.
Ce projet de loi n° 132, M. le Président,
est bien reçu par les principaux acteurs en matière de protection des milieux
humides et hydriques. Et donc nous espérons pouvoir compter sur la
collaboration des deux oppositions pour passer
rapidement de l'adoption du principe à l'étude détaillée et, finalement, à une
adoption finale de ce projet de loi là, qui est nécessaire pour justement passer à une autre étape dans cet
effort global de modernisation de nos mesures en matière de protection de l'environnement, nos mesures en
développement durable, nos mesures en lutte contre les changements climatiques; qui s'ajoute à ce que nous avons
fait, des changements majeurs, M. le Président, durant les trois dernières
années, la liaison de notre marché du carbone à celui de la Californie, qui
nous a permis, lors de la dernière vente aux enchères
commune, de générer 165 millions de dollars, résultat annoncé la semaine
dernière, qui s'ajoute et qui maintenant nous permet de dépasser le cap
de 1,6 milliard de dollars générés, qui sont entièrement réinvestis dans
l'économie québécoise pour favoriser les mesures de notre plan d'action sur les
changements climatiques, et effectuer une réelle transition vers une économie sobre en carbone, et baisser nos émissions
de gaz à effet de serre, marché du carbone auquel se joindra l'Ontario, marché du carbone auquel
d'autres juridictions, comme le Mexique, veulent explorer une liaison, mais d'autres mesures comme la Loi sur les
véhicules zéro émission que nous avons adoptée, qui va nous permettre de
contribuer à notre effort en matière de transport et d'électrification des
transports, et évidemment la pièce maîtresse, la
modernisation du régime d'autorisation environnementale et de réforme de la
gouvernance du Fonds vert, le projet de loi n° 102, qui, encore là, met en place des éléments structurants,
majeurs, modernes en matière de lutte contre les changements
climatiques.
Et voici une autre pièce très importante qui,
dans le contexte dans lequel nous vivons, d'inondations et de la nécessité d'une réflexion majeure sur comment on
gère nos bassins versants, sur comment on planifie notre territoire, devant des événements comme ceux que nous avons
vécus et que nous vivons, ces événements qui nous forcent à repenser nos façons de faire et valoriser, justement, la
gestion de nos bassins versants, bien, il y a également la valorisation de la
gestion de nos milieux humides et hydriques.
Et ce projet
de loi, le projet de loi n° 132, ce qu'il fait, c'est qu'il nous donne les
outils non seulement de préserver nos milieux humides et hydriques, mais
de les valoriser, de le conserver, de reconnaître leur service essentiel non seulement à notre écologie, mais à notre économie,
et finalement contribuer, comme toutes les autres pièces que nous
mettons en oeuvre depuis les trois dernières
années en matière de lutte contre les changements climatiques, M. le Président,
à laisser aux générations futures un Québec
en santé environnementale et propice à un développement durable du
XXIe siècle. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le
ministre, pour cette intervention. Je cède maintenant la parole à M. le
député de Jonquière, porte-parole en pareille matière, pour son intervention.
M. le député.
M. Gaudreault : Oui, merci, M.
le Président. Alors... Oui?
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Désolé, un petit oubli de ma
part. Je ne veux pas vous interrompre, mais je dois informer les
parlementaires d'un débat de fin de séance.
Alors, je
vous informe qu'un débat de fin de séance se tiendra aujourd'hui sur une
question adressée par M. le député de Labelle au ministre des Forêts, de
la Faune et des Parcs concernant la fermeture de la pisciculture de
Lac-des-Écorces. Voilà pour cette annonce.
Désolé, M. le député de Jonquière. Je vous cède
maintenant la parole.
M. Sylvain Gaudreault
M. Gaudreault :
C'est très important parce que les débats de fin de séance sont toujours des
moments privilégiés pour
l'opposition. Alors, évidemment, je ne serai pas celui qui va contester le fait
qu'il y aura un débat de fin de
séance ce soir. Vous savez comment le
droit de parole des députés, particulièrement les députés de l'opposition, est
certainement notre plus grande richesse.
Alors,
justement, ça me fait plaisir d'intervenir sur le débat de l'adoption de
principe du projet de loi n° 132, la Loi concernant la conservation des milieux humides et hydriques, qui,
enfin — enfin,
enfin — a été
déposé par le ministre de l'Environnement, du Développement durable et de la Lutte contre les
changements climatiques, parce que ça fait longtemps que, de ce côté-ci de la Chambre à tout le moins,
nous réclamons ce projet de loi visant à encadrer et à moderniser le régime
autour de la préservation des milieux humides et hydriques, M. le Président.
Vous savez
que le système actuel, le système actuel qu'on a pour encadrer les milieux
humides et hydriques est nettement
insuffisant. Depuis 2012, nous sommes dans ce qu'on appelle un régime
transitoire qui découle de deux lois qui ont été amenées pour avoir
cette espèce de zone floue sur la gestion des milieux humides. Nous aurions
souhaité évidemment que ce projet de loi que
nous étudions présentement soit déposé avant le 24 avril et, même, adopté avant
le 24 avril dernier. C'est ce que disait la loi n° 32 qu'on avait
adoptée, en 2015, et qui prolongeait le régime transitoire de deux ans et qui nous menait donc au 24 avril
2017. Mais malheureusement le gouvernement s'est traîné les pieds et n'a
pas déposé à temps, avant la fin de ce
régime transitoire, un projet de loi pour l'encadrement général et permanent
des milieux humides.
Donc, c'est
pour ça — le
ministre y a fait allusion tout à l'heure — qu'il y a quelques semaines on a été obligés
d'adopter une autre loi transitoire, la loi n° 131, et on est encore, au
fond, sous le régime de cette loi transitoire. Au moins, là, on a un dépôt de projet de loi pour encadrer de façon
permanente et conserver les milieux humides et hydriques, mais qui arrive tardivement, à notre point de vue.
On pense que, considérant qu'à l'époque où nous étions au gouvernement nous avions commencé le travail de fond là-dessus,
le gouvernement, depuis les trois dernières années, aurait certainement pu aller plus rapidement pour déposer le projet de
loi sur les milieux humides. Mais enfin nous l'avons maintenant, et c'est là-dessus que nous allons nous prononcer et
faire le travail sérieux que vous êtes habitué de connaître, du côté de
l'opposition officielle, M. le Président.
D'abord, il
faut savoir de quoi on parle. Quand on parle de milieux humides et hydriques,
vous savez, souvent ça fait l'objet
de certains stéréotypes. Je me souviens quand j'étais jeune, M. le
Président — puis je
ne vous parlerai pas de mon oncle qui
avait un chalet — mais,
quand j'étais jeune, on avait des milieux humides, mais c'était vu un peu
comme : Ah! c'est de la swompe,
c'est de la bouette, c'est un marais, on va le renflouer. Il y en avait même
un, derrière, pas loin de chez moi.
Vous savez,
au Saguenay, on a beaucoup de coulées, c'est assez réputé, c'est la formation
géologique de la région du Saguenay
qui fait qu'on a des coulées en plein milieu de la ville, et des coulées, dans
le fond, des coulées, qu'est-ce qu'il
y a, il y a souvent des marais, des milieux humides, et les coulées, en tout
cas quand j'étais jeune, puis je ne suis quand même pas Mathusalem, c'étaient des lieux où on allait... c'étaient
des dumps, littéralement. Ça veut dire qu'on jetait nos vieux pneus, nos vieilles voitures cabossées dans le fond des
coulées, dans ce qu'on appelle aujourd'hui des milieux humides, au fond, et hydriques, qui sont, je vais en parler tout
à l'heure, des puissants vecteurs de lutte contre les changements
climatiques.
Il ne faut
pas oublier qu'il n'y a pas longtemps on était dans cet état d'esprit où les
milieux humides, on a juste à renflouer
ça, mettre de la terre de remplissage, trois, quatre vieux morceaux de béton,
un peu de bois puis on va construire des
condos ou des maisons là-dessus. C'était ça. Puis, encore une fois je vous le
dis, je ne suis pas un ancêtre, là, puis je me souviens de ça.
• (15 h 50) •
Alors,
c'était une autre époque. Maintenant,
bien, notre responsabilité, comme parlementaires, c'est d'avoir un système
d'encadrement beaucoup plus sérieux, qui correspond, au fond, à la
réalité d'aujourd'hui, mais surtout d'en faire un outil de contrôle... de lutte d'abord contre
les changements climatiques, mais aussi de contrôle et d'adaptation aux
impacts de ces changements climatiques.
Puis il y a
un drôle de — «drôle»,
ça ne veut pas dire que c'est comique, là — un drôle de hasard d'aborder cette question du projet de loi n° 132 au
moment même où une bonne partie du sud du Québec est soumis à des
inondations, qui ne sont peut-être
pas le résultat direct des changements
climatiques, mais qui en sont certainement les conséquences après plusieurs effets directs de ces changements
climatiques. Si, par exemple, il y a des événements extrêmes durant l'hiver — au lieu d'avoir de la neige, on a de la
pluie — bon,
bien, c'est sûr que ça augmente le niveau des rivières, ça augmente les
risques, et après il y a des inondations. Et là on constate que la nature
reprend ses droits.
Quand on a une rivière — on
aura l'occasion d'en reparler tout à l'heure — qui coule dans son lit, quand
elle déborde, elle prend un cours naturel,
elle s'écoule dans un milieu... ce que des biologistes nous ont dit, quand on
était en audition sur ce projet de loi, c'est son espace de liberté.
C'est une belle expression. Nous, on aime bien l'utiliser d'un point de vue politique, mais les biologistes
l'utilisent aussi pour les rivières. La rivière prend son espace de liberté.
Moi, je veux que le Québec soit comme
une rivière, qu'il prenne son espace de liberté. C'est une autre question, mais
une rivière, c'est ça. Donc, on
devrait en tirer politiquement des leçons, de ces rivières qui prennent leurs
espaces de liberté quand elles débordent. Mais, en ayant construit sur des
milieux humides et hydriques, bien là l'espace de liberté inonde des maisons, inonde des terrains et fait des dommages
importants avec des coûts importants, M. le Président. Donc, c'est pour ça qu'il faut avoir un système pour bien encadrer
l'exploitation et... l'utilisation, plutôt, des milieux humides et hydriques.
Juste pour
vous donner quelques données sur les pertes des milieux humides, le rapport
Pellerin-Poulin — et on a
rencontré Mmes Pellerin et Poulin à l'occasion de cette commission
parlementaire — le
rapport Pellerin-Poulin fait état que, sur les 2 870 hectares de
milieux humides perturbés ou perdus, tels que recensés par la comptabilisation
des demandes de certificat d'autorisation
entre 2006 et 2010 — autrement
dit, entre 2006 et 2010, il y a 2 870 hectares de milieux
humides perturbés ou perdus — seulement 15 hectares, imaginez,
15 hectares sur quasiment 2 900, si on fait un chiffre rond, ont été compensés par la restauration et la création de
milieux humides. Ça veut dire que la perte nette est à 99 %, parce
qu'on a juste restauré 15 hectares sur 2 900.
Alors, quand
le gouvernement dit dans son projet de loi... puis le ministre en parlait tout
à l'heure, du principe zéro perte nette, vous imaginez tout le travail
qui reste à faire et qui est à faire. Donc, dans ce sens-là, moi, je suis heureux de voir qu'il y a
le principe qui sera enchâssé dans cette loi de zéro perte nette. Mais le
rapport Pellerin-Poulin nous démontre à quel point c'est un objectif qui
est ambitieux, mais que nous allons évidemment partager.
Autres
données. Les milieux humides subissent des pertes et des perturbations
importantes. Et les deux grosses industries
qui affectent les milieux humides — puis ce n'est pas un jugement que je porte à
l'égard de ces industries-là, c'est
simplement une réalité — c'est au profit de l'agriculture, de l'ordre de 44 %, et de
la foresterie, de l'ordre de 26 %. Donc, c'est sûr que les exploitations agricoles, les exploitations
forestières, par définition, ont un impact, d'abord et avant tout, au sein des milieux humides et hydriques.
20 % des milieux humides ont été détruits au Québec entre 1990 et 2011,
qui est un rythme approximatif de destruction de 1 % par année.
Alors, vous
voyez, M. le Président, c'est un dossier qui est important, c'est un projet de
loi, donc, qui a un impact absolument fondamental pour préserver nos
milieux humides et hydriques.
Donc, le
ministre y a fait allusion, mais je veux quand même y revenir. Dans notre
esprit à nous — puis je
pense que ça correspond globalement à
l'analyse puis à la présentation aussi qu'en a faite le ministre — le projet de loi n° 132 a quatre principes fondamentaux, il amène quatre
éléments, quatre enjeux importants. D'abord, la reconnaissance comme telle de la fonction écologique des milieux humides
et hydriques. Ce n'est plus rien qu'une question de dompe comme quand nous étions jeunes, M. le Président, mais on reconnaît, au contraire, la fonction écologique
des milieux humides et
hydriques.
Le groupe
Ouranos, que vous connaissez bien, qui est un groupe universitaire à Montréal, concentré sur l'adaptation aux changements
climatiques, nous a dit — et
là je cite leur mémoire à la page 2; en fait, c'est un recto verso,
mais je vais vous citer leur mémoire — ils
nous disent : «Les milieux
humides font partie intégrante des infrastructures vertes, de plus en plus
préconisées dans les grandes villes comme une mesure d'adaptation aux changements climatiques. Il a été démontré que la présence de milieux humides améliore significativement la
qualité des eaux de surface et souterraines du bassin versant et permet aux villes d'avoir accès à une eau potable de
meilleure qualité, et donc à moindre coût pour le traitement de l'eau.»
Le même
groupe Ouranos nous dit également : «La préservation des milieux humides
contribue au renforcement de la
connectivité écologique et hydrique — on parle de corridors écologiques ou de
ceintures vertes et bleues — reconnue comme une des solutions les plus efficaces pour maintenir la résilience
des écosystèmes face aux changements climatiques et à leurs effets
cumulatifs.»
Autrement
dit, la préservation des milieux humides contribue à solutionner et à aider la
résilience des écosystèmes face aux changements climatiques et leurs
effets cumulatifs. Alors, c'est très, très important de préserver les milieux humides et de les conserver dans un contexte de
lutte contre les changements climatiques. Et ce n'est pas juste nous, là, qui le disions, c'est évidemment les spécialistes,
les spécialistes entre autres qui travaillent au sein du groupe Ouranos.
Donc, premier principe, c'est ça, c'est la
reconnaissance de la fonction écologique des milieux humides et hydriques. Très important. Deuxième principe,
c'est ce qu'on pourrait appeler plus globalement la gouvernance de la gestion,
donc, des milieux humides et hydriques avec
l'aspect suivant, c'est que le projet de loi apporte l'obligation de faire des
plans régionaux de milieux humides et
hydriques confiés entre autres aux MRC et à la Communauté métropolitaine de
Montréal. On aura l'occasion d'y revenir
tout à l'heure, mais c'est un volet important du projet de loi où il y aura
peut-être le plus de discussion lorsqu'on arrivera à l'étude détaillée.
Troisième
principe — j'aurais
pu le mettre en premier, là, mais je les dis un peu dans le désordre, ces
quatre principes, il est sûrement
équivalent — c'est le
principe de zéro perte nette, comme je vous disais tout à l'heure, avec quand
même les chiffres que je vous
donnais, là, à l'effet qu'il y a eu des pertes nettes de 99 % de milieux
humides et hydriques qui ont été
affectés, là, dans les années 2006 à 2010. Donc, le principe zéro perte
nette est un principe extrêmement important qui se trouve amené,
enchâssé dans ce projet de loi.
Et le quatrième principe, c'est la séquence
suivante, c'est comme une espèce d'entonnoir pour être capable d'arriver finalement à une gestion qui vise la
préservation, l'encadrement des milieux humides, c'est la séquence :
éviter, minimiser et compenser. Donc,
premier principe de cette séquence, premier élément : on doit éviter
évidemment d'empiéter ou de perturber
des milieux humides, sinon on doit minimiser cet empiètement ou cette
perturbation, ou sinon, encore une
fois, donc le goulot d'étranglement de l'entonnoir, c'est de compenser ladite
perturbation, là, des milieux humides et hydriques dont il est question.
Une fois
qu'on dit ça, une fois qu'on a le contexte, une fois qu'on a les principes
généraux, une fois qu'on a regardé les
quatre éléments au coeur du projet de loi n° 132, quels sont les enjeux
qui en découlent et sur lesquels nous aurons à nous pencher davantage? D'abord, le projet de loi amène une méthode de
calcul pour une éventuelle compensation des milieux humides et hydriques. Alors, entre autres, une annexe, là, à
l'intérieur du projet de loi, où on devra ressortir nos règles d'algèbre, là, c'est la méthode de calcul
d'une contribution financière durant la période transitoire, entre autres,
l'annexe 1. Alors, il y a une méthode de compensation.
• (16 heures) •
On a eu
différentes représentations entre autres sur la question de la valeur foncière
des terrains affectés. Mais il y a un
élément aussi qui nous a été présenté par des groupes qui sont venus nous
rencontrer aux auditions publiques, qui
est d'ajouter un critère qualitatif. Donc, ce n'est pas que quantitatif pour
évaluer la compensation des milieux humides, mais il y a aussi un côté qualitatif. Un côté qualitatif, donc la
qualité des milieux humides. Si on va
vers un remplacement, alors il
faut que ça soit de même qualité que le milieu qui a été perturbé. Et là-dessus
on peut s'inspirer d'exemples internationaux. Des spécialistes, en commission
parlementaire, des biologistes entre autres, nous ont mentionné des exemples qui viennent de l'Australie qui visent
justement une compensation non pas que d'un point de vue quantitatif, mais aussi d'un point de vue qualitatif sur les
milieux humides. Alors, nous, c'est sûr qu'on va essayer d'aller plus loin
en commission parlementaire sur cet élément-là.
Le
deuxième enjeu, M. le Président, c'est l'endroit où on doit restaurer. Alors
là, il y a tout un débat. Entre autres, les représentants des milieux municipaux nous parlent de restaurer des
milieux humides sur le territoire d'une municipalité locale ou d'une MRC qui est affecté, alors que
d'autres représentants nous parlent de tenir compte davantage du bassin
versant comme tel qui est affecté.
Moi, ce sur quoi je reviens constamment, et j'ai
eu l'occasion de l'exprimer en commission parlementaire, en auditions publiques aux groupes qui sont venus
nous rencontrer, notamment les groupes issus du monde municipal, c'est qu'on est ici dans une logique, le projet de loi
n° 132, qui est une loi concernant la conservation des milieux humides et
hydriques. Ce n'est pas une loi sur la
gouvernance des municipalités, ce n'est pas une loi sur la décentralisation, ce
n'est pas une loi sur la gestion
municipale. Et, bien que je reconnais, évidemment, le rôle extrêmement
important et central des
municipalités et des instances municipales, mais nous sommes dans une loi sur
la conservation des milieux hydriques et
humides, on est dans une loi sur le travail concernant les milieux humides et
hydriques. Et moi, en tout cas, j'invite les parlementaires, j'invite les groupes qui forment ici l'Assemblée
nationale à réfléchir sur la base de ce que j'appelle une grille d'analyse de milieux humides et
hydriques. C'est juste ça qui doit nous préoccuper. Et, dans cet esprit, bien,
il m'apparaît que ce dont je parlais tout à
l'heure, c'est-à-dire l'écoulement naturel de la rivière, son espace de liberté
et, évidemment, le bassin versant de
la rivière, doit être le territoire de base. Et, s'il s'avère qu'un territoire
de bassin versant touche plusieurs MRC, il peut arriver qu'une MRC qui
se voit affectée par la perte d'un milieu humide on ne verra peut-être pas nécessairement la mesure de
restauration, ou de conservation, ou de compensation dans la même MRC, si on
est dans une logique, évidemment, de bassin
versant, dans une logique d'écoulement naturel d'une rivière, par exemple,
ou d'un milieu humide. Alors, il faut
vraiment avoir une optique, et c'est dans cet esprit-là, moi, que je vais
travailler... une optique de milieux
humides dans une optique d'écoulement naturel des eaux, tel que le prévoient,
évidemment, les bassins versants.
L'autre
élément, comme je vous le disais tout à l'heure, ça concerne l'agriculture.
Considérant que l'agriculture est
certainement, avec le milieu forestier, le secteur industriel où il y a le plus
de pertes ou de perturbations de milieux humides, donc, il y aura un arrimage à faire avec la Loi sur la
protection du territoire agricole, la LPTA. L'UPA est venue nous le dire. J'ai senti, du côté des producteurs
agricoles, des gens extrêmement sensibles à la préservation des milieux humides. Ils ont des enjeux souvent reliés à
l'irrigation de leurs terres agricoles, donc c'est évident qu'on aura à
s'assurer d'un arrimage étroit avec la Loi sur la protection du
territoire agricole pour faire en sorte qu'on puisse, évidemment, préserver, protéger l'industrie, les productions,
les différentes productions agricoles, notamment des canneberges, mais
aussi de nous assurer d'avoir évidemment à la base un respect et une
préservation des milieux humides et hydriques.
Le quatrième
enjeu, qui est plus... qui a un impact économique important, en tout cas, je ne
suis pas sûr d'avoir entendu le ministre en parler tout à l'heure dans son
allocution, c'est sur la question de la relation entre les milieux humides et hydriques et les droits ou les permis
miniers et gaziers qui ont été accordés ou qui sont accordés en fonction
de la loi sur les hydrocarbures ou la Loi
sur les mines. Alors là, évidemment, c'est tout un enjeu, parce qu'au fond ce
que la loi, le projet de loi
n° 132, vient nous dire, c'est qu'il y a une préséance des droits et des permis miniers et
gaziers qui ont été accordés. Vous
comprenez, M. le Président, que, nous, ça nous préoccupe extrêmement, de ce côté-ci de la Chambre, et qu'on va poser les bonnes questions, on va aller chercher également
les garanties quant à l'impact comme tel de l'article. Et là on parle...
je crois que c'est l'article, de mémoire... oui, c'est l'article 8
du projet de loi, qui introduit l'article 15.2, alinéa deux, paragraphe 3°, où on dit
qu'«un plan d'action qui présente une liste d'interventions à réaliser pour
certains milieux identifiés et
l'échéancier envisagé pour leur réalisation, lequel tient compte des droits
accordés par l'État en vertu de la Loi sur les mines et de la loi sur
les hydrocarbures ou des demandes présentées pour obtenir de tels droits».
Alors, évidemment,
à l'étude détaillée, on aura à détailler, c'est le cas de le dire, l'interprétation et la compréhension qu'on
doit accorder à cet article-là. Est-ce
que cet article,
en ce qui concerne les droits miniers, les hydrocarbures, vient
cristalliser, au fond, la préséance des droits miniers, des droits des hydrocarbures
sur les milieux humides? Comment on peut
concilier, M. le Président, avec le fameux principe de zéro perte nette
auquel le ministre semble tenir, en tout cas? Donc, s'il y tient, il va falloir qu'il y tienne
pour vrai. Et là il y a un impact, évidemment, avec les droits
accordés en fonction des lois
sur les mines et des hydrocarbures. Alors, pour nous, ça, ça sera un enjeu
fondamental à examiner.
Du côté des
acteurs que nous avons rencontrés, ils sont extrêmement positifs, de façon
générale, à l'égard du projet
de loi n° 132, évidemment, parce
que la plupart d'entre eux partagent notre point de vue à l'effet que c'était
trop tard, et qu'on est depuis 2012
dans des régimes transitoires qui se succèdent, et qu'il faut avoir un régime
général. Même, par exemple, ceux qui
sont plus critiques à l'égard d'une compensation ou du principe zéro perte
nette — je pense
aux promoteurs immobiliers, je pense
même à un point de vue, là, du côté des municipalités, qui peut
s'exprimer — bien,
ils disent : Écoutez, au moins,
on veut avoir de la prévisibilité, savoir où on s'en va. Présentement, le
régime transitoire ne permet pas ça.
Donc, les
différents acteurs qui sont venus nous rencontrer en commission parlementaire,
il y en a une vingtaine, effectivement,
qui sont venus nous dire que, globalement, le projet de loi leur convient. Ils
ont apporté beaucoup d'éléments, cependant,
de modification, de bonification, notamment sur la question de la définition.
On pourra y revenir tout à l'heure. Je
pense à : Canards illimités; au Regroupement des organismes de bassins
versants du Québec; le ROBVQ, qui est un organisme qui regroupe les
organismes de bassin versant — les organismes de bassin versant, M. le
Président, sont extrêmement importants dans
ce projet de loi parce qu'ils sont les premiers acteurs concernés par la
gestion des milieux humides et
hydriques dans l'espace qu'on appelle le bassin versant de chacune des
rivières; le Regroupement national des
conseils régionaux de l'environnement du Québec aussi; l'association — l'APCHQ — des propriétaires et des constructeurs
en habitations du Québec; l'UPA; Réseau Environnement; la Fédération québécoise
des municipalités; l'Union des municipalités
du Québec; la Fédération des producteurs forestiers, M. le Président, qui sont
venus nous rencontrer pour nous parler de l'importance d'avoir une bonne
définition.
Les producteurs forestiers, dans le
fond, c'est les propriétaires de l'eau privée, de l'eau forestière privée, qui
se retrouvent souvent avec quand même des bonnes dimensions de terrains
dans lesquels il y a des milieux humides et hydriques.
C'est des gens de bonne foi qui exploitent soit pour une érablière soit à des
fins de villégiature, de loisir, parfois aussi à des fins industrielles, parce qu'ils vendent leur bois, ces
propriétaires de l'eau privée, ils vendent leur bois à des scieries, par
exemple. Donc, ils ont à faire face à une gestion de milieux humides et
hydriques.
Et
c'est eux... ce sont eux, c'est-à-dire, qui nous ont le plus allumés ou
interpelés sur l'importance d'avoir une définition claire et facilement compréhensible. Nature Québec est venu
nous voir également; Ouranos, j'en ai parlé tout à l'heure;
l'Association des biologistes du Québec, extrêmement intéressant; le Conseil
patronal en environnement du Québec;
l'Association des aménagistes régionaux, qui seront souvent, une fois que cette
loi sera adoptée, les premiers au front,
hein, ça sera les premiers acteurs, les aménagistes régionaux — considérant les responsabilités que le
projet de loi va accorder aux MRC,
aux municipalités locales, les aménagistes régionaux seront au front, seront
les premiers soldats à tenir compte de cette loi-là dans la gestion de
l'aménagement du territoire et des schémas d'aménagement des MRC; le Centre québécois du droit de l'environnement,
la ville de Montréal, la ville de Québec, la ville de Laval — la ville de Laval, vous le savez, extrêmement interpelée par les milieux
humides — et aussi
le Centre de la science de la biodiversité du Québec, relié à l'Université Laval, qui sont venus nous voir
également et qui ont tous appuyé le projet de loi n° 132, mais en
apportant des nuances importantes.
• (16 h 10) •
L'UMQ
a été sévère — c'est peut-être le groupe qui a été le plus sévère — parce qu'ils souhaitent, avec la ville
de Québec d'ailleurs... Avec la ville de
Québec, ils souhaitent avoir davantage de responsabilités sur la question de la
gestion des milieux humides. Nous ne
sommes pas contre, évidemment, les pouvoirs accordés aux municipalités, mais il
faudra évidemment tenir compte de ce
principe dont je vous parlais tout à l'heure, qui est celui d'une gestion en
fonction de milieux humides et non pas en fonction d'administrations
municipales.
Vous savez, au fond,
tout cela — puis
je fais une parenthèse — pose
peut-être la question plus globale des ressources financières des municipalités.
Pourquoi il y a cette tension, qu'il ne devrait pas y avoir, au fond, entre les
municipalités et la gestion, la protection
des milieux humides et hydriques? C'est parce qu'historiquement et
législativement, je dirais, si vous
me permettez, les municipalités sont dépendantes, extrêmement dépendantes,
voire quasi uniquement dépendantes,
sur le plan des revenus, du foncier, des revenus fonciers. Donc, ils ont une
pression — puis il
faut comprendre les élus
municipaux — à faire du développement résidentiel qui
empiète parfois sur des milieux humides et hydriques. Donc, protéger des milieux humides et hydriques,
d'un strict point de vue fiscal, peut être vu comme étant une perte de
revenus potentielle, parce qu'on sait que, par exemple, des résidences ou des immeubles d'habitation sur
le bord d'un plan d'eau peuvent être très, très riches en revenus
fiscaux pour les municipalités. Donc, il y a cette tension-là.
Alors,
si on adopte un régime sur l'encadrement des milieux humides et hydriques, il ne faut pas
le voir comme un empiètement sur les
revenus des municipalités, mais ça doit nous amener plutôt à réfléchir...
Puis j'espère que le gouvernement
le fera dans un second temps, mais en tout cas, en ce qui nous concerne, on a
déjà commencé à réfléchir largement là-dessus, du côté de notre formation
politique, j'avais eu l'occasion de le faire également quand j'ai été ministre
des Affaires municipales, mais sur la diversification des sources de
revenus des municipalités. On ne pourra pas éternellement, si on croit réellement au pouvoir, et à la décentralisation, puis à l'autonomie des
municipalités, juste faire dépendre leurs revenus du régime foncier. Il va falloir penser à d'autres sources de
revenus, ce qui va permettre de baisser la pression sur les
perturbations sur les milieux humides et hydriques. Alors, ça, c'est important
comme notion.
Vous
savez, au fond, le développement durable, c'est ça, hein? C'est de tenir compte de l'ensemble de facteurs,
d'une vision plus large, une vision d'ensemble, lever un peu le niveau de
l'hélicoptère, comme on dit, pour regarder l'ensemble des enjeux. Et, quand on est dans une vision
étroite des choses où, par exemple, les revenus des municipalités dépendent essentiellement, essentiellement des revenus fonciers, bien là, on ne tient pas
compte, à ce moment-là, de la protection ou de la conservation des
milieux humides et hydriques.
Donc,
il va falloir que le gouvernement ou les gouvernements futurs se penchent sérieusement là-dessus parce
que
la même question se pose quand ça vient le temps de faire, par exemple, du transport collectif, entre
autres à Montréal. La
même question se pose quand on veut faire de la protection plus
large d'une ceinture verte, par
exemple, d'une forêt ou même en
matière de patrimonial, si on sort un peu du cadre strict de
l'environnement. Donc, les municipalités, étant très dépendantes du
foncier, doivent composer avec une réalité qui les dépasse, finalement, parce
qu'elles sont les premières actrices sur le
terrain quand il arrive, par exemple, des débordements ou des inondations, et
malheureusement ils n'ont pas
nécessairement tous les moyens qu'elles pourraient, ou qu'elles devraient, ou
qu'elles mériteraient d'avoir, et ça, c'est relié au fait qu'elles sont
très dépendantes du foncier.
Donc, les acteurs qui
sont venus nous rencontrer, de façon générale, ont été très, très positifs sur
le projet de loi n° 132. En ce qui nous
concerne de ce côté-ci de la Chambre, nous sommes pour le principe du projet de
loi n° 132, Loi concernant la
conservation des milieux humides et hydriques. Nous avons l'intention, je dirais, de travailler fortement,
avec toute la rigueur que vous nous
connaissez, à l'étude article par article. On aura sûrement des questions à
poser, mais peut-être même des
amendements à apporter dans cet esprit d'un travail rigoureux et sérieux
concernant l'arrimage sur la
gouvernance, ce dont je vous parlais tout
à l'heure, par les municipalités, versus les organismes de bassin versant, qui, eux-mêmes,
font déjà, par bassin versant, ce qu'on appelle des PDE, les...
Vous savez, on est dans un monde d'acronymes, alors en voici un autre,
le PDE, qui est le plan directeur de l'eau.
Alors,
si les OBV, les organismes de bassin versant, font déjà des
plans directeurs de l'eau, il me semble que, dans la construction, ou dans la rédaction, ou dans la planification d'un plan régional de gestion des milieux humides et hydriques,
il faudrait tenir compte de ce qui se fait déjà.
Puis les OBV travaillent très bien en faisant leurs plans directeurs de l'eau.
Donc, il va falloir s'assurer dans la loi
d'avoir cet arrimage extrêmement important, pertinent, conséquent, je dirais,
entre la gestion de l'eau des milieux humides et les plans directeurs de
l'eau.
Deuxième
élément, je le répète, je l'ai dit tout
à l'heure, meilleur arrimage également
avec la Loi sur la protection du territoire agricole. Il faudra poser toutes les questions
nécessaires aussi et voir à amener des amendements
sur le meilleur encadrement
concernant les droits, mais la préséance des droits miniers et la préséance des
droits sur les hydrocarbures... les permis d'hydrocarbures qui ont été
accordés. Alors, si on croit réellement —il va falloir que le ministre nous
le dise, là — le principe zéro perte nette, bien, il faut qu'il
s'incarne. Alors, quand il y a des conflits de juridiction, bien là, il
va falloir qu'il nous exprime clairement ce que ça veut dire.
Et aussi bien travailler sur la définition qui
est apportée par le projet de loi en ce qui concerne les milieux humides et hydriques, qui sont... C'est-à-dire, la
définition est apportée à l'article 24 du projet de loi n° 132, qui
introduit l'article 46.0.1. Alors, dans cet article-là, c'est la
définition qui est donnée aux milieux humides et hydriques. Je vous rappelle ce que je disais tout à l'heure, les
producteurs forestiers, l'association des producteurs forestiers est venue nous
voir pour nous dire qu'ils veulent avoir une bonne définition, une définition
claire, compréhensive, qui va avoir une application
concrète sur le terrain, c'est le cas de le dire, parce que les producteurs
forestiers privés ont des terrains avec la présence de milieux humides
et hydriques.
Donc,
globalement, M. le Président, je pense avoir fait un bon tour de la situation
sur ce projet de loi. Évidemment, nous
allons collaborer, évidemment nous allons le bonifier, évidemment nous allons
faire des interventions. Nous souhaitons avoir la collaboration du ministre. Tout à l'heure, il a terminé son
allocution en disant qu'il souhaitait la collaboration des groupes d'opposition, comme nous l'avons
donnée d'ailleurs lors de l'étude de la loi n° 102 modifiant la Loi sur la
qualité de l'environnement. Il sait qu'on est
capables de collaborer, qu'on est ouverts, mais il va falloir que cette collaboration-là soit à double sens, non pas à
sens unique. Et nous, on est prêts à collaborer, mais il va falloir qu'on le
fasse dans un seul souci, qui est celui de conserver et de préserver les
milieux humides et hydriques, M. le Président.
Je termine en
remerciant l'équipe qui travaille avec moi. Et souvent une équipe du côté de
l'opposition officielle, c'est composé d'une personne, qui est Étienne
Pomerleau-Landry, recherchiste à l'aile parlementaire du Parti québécois,
qui a fait un travail absolument
extraordinaire, comme on est habitués de le voir. Et il s'adonne que, cette
session-ci, je suis extrêmement
chanceux, M. le Président. Vous connaissez la Fondation Jean-Charles-Bonenfant?
Je suis moi-même issu de cette
créature. Ça donne des bons résultats, comme vous le voyez. Et j'ai la chance
d'avoir à mes côtés un boursier, un stagiaire
de la Fondation Jean-Charles-Bonenfant, Geoffroy Boucher, qui a énormément
travaillé, qui continue de le faire encore
à ce moment-ci, pour préparer le travail article par article qui nous attend
dans les prochains jours, dans les prochaines semaines. Donc, je veux remercier tout le monde. Soyez assuré, M. le
Président, de la collaboration de l'opposition officielle pour avoir la
loi qui va le mieux protéger les milieux humides et hydriques. Merci.
• (16 h 20) •
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député de
Jonquière, pour cette intervention. Et je cède maintenant la parole à M. le député de Masson, porte-parole en matière
d'environnement pour la deuxième opposition. M. le député de Masson.
M. Mathieu Lemay
M. Lemay : Merci, M. le Président.
Donc, à mon tour de prendre la parole sur le projet de loi n° 132, la Loi
concernant la conservation des milieux humides et hydriques.
Donc, M. le
Président, vous le savez, l'actualité récente, elle a été marquée par des
inondations qu'on a subies récemment dans la vallée du Saint-Laurent. Donc,
plusieurs personnes ont été touchées par ces inondations. Donc, ça a marqué la population cette année. Et on l'a vu,
là, au cours des dernières années, là, c'est quelque chose qui est de plus
en plus frappant lorsqu'on le vit dans nos comtés respectifs.
Donc, la question de relation entre les milieux
humides puis la sécurité publique, elle a été abordée dans une actualité très
récente, M. le Président, et mes pensées vont pour les victimes, justement, qui
sont en train de faire la reconstruction
présentement, ainsi qu'à leurs familles. Donc, ma formation politique et
moi-même, on tient à remercier chacune
des personnes qui sont intervenues puis qui ont prêté main-forte aux sinistrés
ainsi que ceux qui vont mettre la main à la pâte dans les prochaines
semaines pour la reconstruction.
M. le
Président, vous savez, la loi sur les milieux humides, elle est attendue depuis
très longtemps. Déjà en 2012, dans la
foulée d'un jugement de la Cour supérieure qui était défavorable, justement,
bien, le gouvernement libéral, il avait fait adopter en catastrophe le projet de loi n° 71. C'était un
projet de loi qui instaurait, dans le fond, la Loi concernant des mesures
de compensation pour la réalisation de projets affectant un milieu humide ou
hydrique, et donc on y prévoyait, à ce
moment-là, une clause crépusculaire qui rendait temporaire, puis on nous le
mentionne ici, temporaire, là, un programme de compensation des milieux
humides, puis le ministre, à ce moment-là, il s'accordait un pouvoir, en cas de
demande d'autorisation, de pouvoir exiger, puis on le répète ici, des mesures
de compensation. Bien, M. le Président, cette loi temporaire là, elle devait prendre fin en 2015, et puis, en 2015, bien,
dans le fond, le ministre de l'Environnement, il a prolongé les mesures temporaires jusqu'en
avril 2017. Et là, en avril 2017 — ça, c'était le projet de loi
n° 32 — bien, on
a fait un nouveau copier-coller du projet de
loi n° 32 avec le projet de loi n° 131, qu'on a adopté récemment, M.
le Président, ça ne fait même pas
quelques mois. Donc, le projet de loi n° 131, c'est notre mesure
temporaire qui est en vigueur pour la
prochaine année, le temps qu'on étudie le projet de loi n° 132. Et là le
projet de loi n° 132, c'est le réel projet de loi qui est attendu depuis maintes années, c'est la
loi qui modifie la Loi concernant des mesures de compensation pour la réalisation de projets affectant un milieu humide
ou hydrique, puis, bien, en fait, ça, ça va permettre au ministre de respecter
son engagement.
Donc,
maintenant, on est rendus, après cette étape-ci, à débuter l'étude détaillée.
Et, dans le fond, on a eu plusieurs discussions
en consultations particulières avec les divers groupes qui sont venus nous
rencontrer. Et, des discussions, on en avait déjà eu au
préalable avec le projet de loi n° 132, en 2015, M. le Président. Mais,
bref, les groupes qui sont venus nous
rencontrer nous ont tous exprimé une vision claire et commune, quand on veut
avoir un objectif commun... puis c'est bien
énoncé dans le projet de loi, c'est l'objectif d'avoir zéro perte nette. Puis
on veut les remercier pour tous les mémoires qui ont été acheminés, là,
il y a plusieurs groupes aussi qui ont acheminé des mémoires pour lesquels ils
n'ont pas été entendus, mais qu'on en a fait
la lecture, qui va nous permettre de faire une meilleure analyse détaillée
article par article. Donc, c'est un
réel consensus. Et même la Vérificatrice générale et le Commissaire au
développement durable nous l'avaient dit en 2015 qu'il y a une réelle
urgence d'agir.
Alors,
c'est sûr qu'il y a plusieurs moyens pour parvenir à nos fins d'avoir zéro
perte nette, puis c'est ce qu'on va
trouver dans le projet de loi via des amendements, mais moi, je peux soutenir
qu'on est d'accord avec l'esprit qui est proposé. Ce n'est peut-être pas exactement le chemin qu'on prendrait,
mais, bref, l'important, c'est... Maintenant, on va parler aussi de conserver les milieux humides, on
ne parle plus simplement de les protéger, donc c'est quand même une bonne avancée. Puis ça reste un outil primordial
pour le développement durable au Québec puis ça s'articule justement
dans l'esprit d'aucune perte nette.
Donc,
cet exercice va être cerné avec une planification du territoire qu'on devra
décider comme législateurs, puis c'est là que ça revient aux municipalités de
le faire ou aux organismes de gestion de l'eau intégrée. Donc là, la question,
ça va être là-dessus. Est-ce que c'est les municipalités, les MRC? Est-ce que
c'est les organismes de bassin versant? Il y
aura sûrement des amendements à apporter parce que, lors des consultations
particulières, ce thème-là a été repris par plusieurs groupes, et je
crois qu'il y aurait place, justement, à modification dans le projet de loi
pour avoir un meilleur ciblage.
On peut aussi
souligner que le projet de loi n° 132, il propose une définition des
termes de milieu humide et hydrique au sein
de la Loi sur la qualité de l'environnement, loi qu'on vient de réviser après
45 années, M. le Président, et que, là, on va réouvrir pour
justement introduire une nouvelle section sur les milieux humides. Mais ça, ça
devrait rendre la question des milieux
humides et hydriques plus prévisible dans le projet de loi, c'est ça qui est
intéressant, parce que c'est intéressant
pour les entreprises, c'est intéressant pour les promoteurs. Mais il y a une
inquiétude, par contre, qui subsiste,
M. le Président, puis c'est une inquiétude qui est quant à l'atteinte du droit
de propriété. Puis plusieurs sont venus
nous en parler en commission parlementaire, ils nous ont dit... ils nous ont
partagé leurs craintes. Dans le fond, ils nous ont dit : On a peur que ce soit une expropriation déguisée. Et puis, en effet, s'il y a une partie ou l'entièreté d'un
terrain qui est déclarée comme milieu
humide ou hydrique à conserver, bien, il y a un propriétaire qui pourrait subir
une dévaluation foncière de son terrain. Puis là il va falloir qu'on
prévoie des mécanismes pour qu'une telle chose n'arrive pas.
On
a juste à penser à un exemple concret, M. le Président, avec le parc industriel
de Nicolet-Bécancour. Il y a plusieurs projets,
le parc est encore à développer. C'est un parc national, mais on sait qu'il y a
aussi présence de milieux humides. On veut voir ça va être quoi, la
conséquence sur le développement du parc industriel de Bécancour. Donc, on aura
assurément des questions qu'on va poser au ministre lors de l'étude détaillée
pour bien s'assurer que, lorsqu'il y a déclaration
de milieu humide sur un terrain, le propriétaire, il ne soit pas... on n'ait
pas fait une expropriation déguisée puis
qu'on puisse avoir quand même un mécanisme, là, de compensation en place, là.
Bref, on sait c'est quoi, la séquence, là,
de minimiser, compenser, en fait atténuer, donc on veut s'assurer de bien
travailler sur la loi sur les milieux humides.
Donc,
le projet de loi n° 132, il prévoit aussi... bien, c'est ce que je viens
de dire, là, la séquence d'atténuation, là, qui était d'éviter, minimiser puis compenser. Puis, bien, on est heureux
de constater que cette séquence-là, elle va être incluse dans la loi.
Puis c'est important parce que ça prend tout son sens.
Puis
aussi une autre inquiétude qu'on a, c'est en ce qui a trait avec
l'internalisation des coûts. Puis on l'a vu dans le projet de loi n° 102
sur la révision de la Loi sur la qualité de l'environnement, l'internalisation
des coûts a été au coeur de la
révision de la LQE. Puis on sait, avec les milieux humides, qu'il y aura aussi
internalisation des coûts. Donc, on veut s'assurer que ce système de compensation là soit bien en place puis
qu'il soit bien utilisé pour justement qu'on n'ait pas à surtaxer nos
entreprises ou les promoteurs qui veulent faire des projets.
Et
une autre préoccupation que nous avons — puis il y a plusieurs autres acteurs du
milieu qui sont préoccupés — c'est comment on va utiliser les
sommes qui vont être destinées au nouveau Fonds de protection de
l'environnement et du domaine hydrique de l'État. Puis on voudrait s'assurer
aussi, là, que ça ne soit pas juste des sommes qui vont être utilisées pour les frais d'administration ou
éponger les coûts d'administration élevés qu'il pourrait y avoir, mais que ça
va vraiment être des sommes qui vont être utilisées pour la compensation
puis la restauration de milieux humides.
Puis pourquoi qu'on est inquiets, M. le Président?
C'est parce qu'encore une fois il n'y a aucune étude d'ordre économique
qui est disponible pour nous rassurer sur la question. Donc, c'est sûr qu'on va
demander au ministre de nous fournir le
résultat d'une telle étude pour s'assurer, justement, qu'on va pouvoir bien
utiliser les fonds qui vont être dans le Fonds de protection de
l'environnement et du domaine hydrique de l'État.
Une
autre demande qu'on va avoir, lors de l'étude détaillée, au ministre, puis
c'est comme on l'a fait d'ailleurs lors
de la révision sur la Loi de la qualité de l'environnement, ça va être qu'il
nous présente ses intentions réglementaires. Parce que c'est important d'obtenir les intentions réglementaires parce
que ça fait une partie intégrante de son projet de loi, et c'est une partie qui... Sans qu'on les voie, c'est
comme si on étudie à l'aveugle une loi. Parce qu'il nous dit : Bien, cette
section-là, on va le voir, ça va être
déposé via un règlement. Mais, si on n'a pas les intentions réglementaires, le
règlement, on ne l'a pas vu non plus. Il nous demande de faire
l'adoption d'un projet de loi sur la bonne foi que ça va être inclus dans un règlement éventuel. Donc, ça devient un
peu difficile de pouvoir bien étudier le projet de loi qui est devant nous.
Donc, avec les intentions réglementaires, au
moins on est en mesure de savoir un peu à quoi on va s'attendre dans les futurs
règlements. On ne demande pas au ministre de
nous déposer ses règlements en entièreté. On demande juste qu'il nous
donne ses grandes lignes, donc ça va nous permettre de faire un meilleur
travail.
Et ce que j'aimerais aussi souligner, M. le
Président, c'est la présence, lors des consultations particulières, de Mme Poulin. Parce que Mme Poulin, c'était une des
auteurs du fameux rapport Pellerin-Poulin, puis ça, on peut dire que c'est une véritable bible
de référence pour l'étude du projet de loi. On l'a utilisé à maintes reprises.
Et je l'avais mentionné, justement,
lors de la période d'échange en consultations particulières, on l'avait devant
nous, puis là j'avais dit : Mme Poulin, vous connaissez 100 fois plus que nous sur le sujet. Puis, à ce
moment-là, mon collègue député de Jonquière avait dit : Non, non, mille fois plus. Mais, oui, c'est vrai,
l'immensité des connaissances de nos experts, elle est grandiose ici, au
Québec. Donc, c'est un privilège, en tant que parlementaires, justement, de
pouvoir bénéficier du savoir des experts.
• (16 h 30) •
Et puis, dans
ce cas précis, au rapport Pellerin et Poulin, ils avaient confirmé que le
Québec, il n'arrivait pas à freiner
la destruction des milieux humides dans la province. Ils recommandaient
justement, entre autres, d'appliquer une politique de zéro perte nette pour les basses terres du Saint-Laurent,
puis ils définissaient d'ailleurs très bien le concept.
Et maintenant
je devrais vous saluer, Mme la Présidente. Donc, je vais vous faire une
citation, justement. C'est : «Une
politique d'aucune perte nette vise le maintien d'une superficie globale
constante en milieux humides, ce qui implique que les pertes devront
être obligatoirement compensées par la restauration ou la création de milieux
humides.»
Et on pouvait
également lire ce passage, Mme la Présidente : «Une gestion durable des
milieux humides ne peut être atteinte que par l'établissement de normes
encadrant notamment les mesures et les mécanismes d'attribution de certificats d'autorisation, d'élaboration des
compensations, de suivi des opérations exigées et d'évaluation du succès des
projets de compensation.»
Donc, ces
termes définissent clairement c'est quoi, la vision, c'est quoi, l'esprit qu'on
doit retrouver, et j'espère que, lors
de l'étude détaillée, on va pouvoir retrouver ces termes-là, qu'on va pouvoir,
via les amendements, via toutes les consultations
qu'on a eues avec les groupes en commission parlementaire... Et ça
va être important, la notion de
suivi. Puis ils le mentionnent, puis ça, c'est un élément qu'on a vu
puis qu'on a entendu quand les groupes sont venus nous rencontrer en consultations
particulières, c'est comment on va
opérer le suivi. Donc, ça va être important. On ne peut pas juste se contenter d'un projet de loi qui va jeter les bases d'un nouveau régime sans s'assurer de son succès
puis d'avoir un bon suivi. Puis, dans
le cas contraire, bien, il serait inopportun de parler de zéro perte nette.
Donc, le suivi va vraiment
avoir toute sa place à jouer si on veut s'assurer d'avoir zéro perte nette.
Et, dans le fond, le suivi, bien, qui devra faire le suivi? Bien, assurément, c'est une
certaine expertise qu'on a dans l'évaluation des milieux humides et hydriques. Donc, on croit
que ce sont les organismes en gestion intégrée de l'eau qui devraient
être les responsables de cette étape cruciale. En effet, là, ce sont des
véritables gardiens de l'eau, Mme la Présidente. Donc, ils sauront s'occuper de ce mandat. Notamment,
on parle de qui, dans le fond? On parle d'organismes tels que les organismes de bassins versants et,
entre autres, Canards illimités. Ça sera à déterminer, mais ça sera assurément
partie de nos discussions.
Donc, en conclusion, Mme la Présidente, moi, je peux vous mentionner que j'appuie le
principe du projet de loi, la Loi concernant la conservation des
milieux humides et hydriques. Cependant, je juge qu'il reste encore des
questions pertinentes à approfondir puis que le ministre va devoir nous fournir
beaucoup d'explications en étude détaillée. Des décisions sur le rôle respectif des acteurs de l'eau, il reste encore à
prendre, puis on devrait être certains d'aborder tous les impacts
relatifs à celles-ci. Et on le sait tous, là, les milieux humides et hydriques,
bien, c'est une réelle richesse collective,
on doit en assurer leur conservation en plus de leur protection. On doit
s'assurer que leur fonction écologique puisse
être remplie correctement, non
seulement aujourd'hui, mais pour le futur. Puis il
s'agit, dans le fond, de respecter les principes de développement durable et, surtout,
la notion d'équité intergénérationnelle.
À mon tour, Mme la Présidente, j'aimerais aussi
saluer le travail colossal qui est fait par notre équipe à la Coalition avenir
Québec, et notamment notre recherchiste Fanny Cantin, sur laquelle on peut
s'appuyer pour faire toutes les recherches
et les démarches dans les projets de
loi qui ont trait à l'environnement. Merci beaucoup, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie, M. le
député de Masson.
Et maintenant je vais céder la parole à Mme la députée
de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Mme Manon Massé
Mme
Massé : Merci, Mme la Présidente. Alors, bonjour, tout le monde. Je suis très
heureuse de pouvoir intervenir à cette
étape d'adoption de principe du projet de loi n° 132
sur les milieux humides et hybrides, projet
de loi tant attendu et
qu'enfin nous allons prendre à bras-le-corps pour nous assurer qu'il arrive à
bon port.
Depuis cinq
ans, nous le savons, nous attendons une loi sur la protection des milieux
humides, et nous y voilà avec un
travail... Je dois dire que je considère que le ministre a fait un bon
travail. Il a été, je pense, à l'écoute de ce que les groupes ont dit, à l'écoute à travers ces cinq
années-là où nous étions en attente d'un projet de loi permanent. Et,
dans ce sens, la base de travail avec
laquelle on enclenche aujourd'hui... bien, pas aujourd'hui, c'est le
principe, mais qu'on va enclencher
ces travaux-là, est vraiment une base de travail fort intéressante qui va nous
permettre d'aller, je pense, plus loin et d'assurer une réelle
protection à nos milieux humides et hydriques.
Je ne dis pas
que le projet de loi est parfait, Mme la Présidente, il reste un
certain nombre d'éléments à perfectionner. Il y a des éléments qui sont
proposés à arriver sous forme de règlements, il faut éviter ça en matière d'environnement, c'est
superimportant. Pourquoi? Parce
que, des fois, l'esprit de la loi s'y
perd, dans le règlement, alors que c'est essentiel si on veut
protéger un bien qui n'appartient pas au gouvernement du Québec, qui
n'appartient pas aux individus, qui n'appartient pas aux entreprises, mais qui
appartient à l'ensemble des Québécois et Québécoises.
Et je veux
mettre, d'entrée de jeu, quatre éléments qu'on était contents, chez nous, de
voir apparaître dans ce projet de loi là, puisqu'ils reprenaient les
préoccupations souvent portées par les experts, donc des gens qui maîtrisent
sur le terrain cette
réalité que sont les milieux humides. D'une part, l'objectif d'aucune perte
nette était exactement ce que nous avions
besoin. Pourquoi? Parce qu'un milieu humide, c'est un milieu qui permet à la
planète, qui permet à la Terre mère de
se réguler. Ça joue un rôle important au niveau de la biodiversité, au niveau
de la faune, de la flore. On ne peut pas indéfiniment perpétuer le
déséquilibre en faisant disparaître carrément ces milieux si importants pour
l'humain. D'ailleurs, on le sait, Mme la
Présidente, le Québec perd, en moyenne, 1 % de ses milieux humides à
chaque année. 1 %, c'est énorme,
d'autant plus qu'il y a déjà 80 % des milieux humides qui ont disparu sur
les basses terres du Saint-Laurent depuis
la colonisation. Alors, on a une grande responsabilité par rapport, bien sûr, à
aujourd'hui, mais aussi à demain pour nos enfants.
Alors donc,
ce projet de loi là vient confirmer que, collectivement, nous choisissons de
mettre fin à la destruction de ces
trésors naturels que sont les milieux humides, mais surtout une valeur
inestimable. Et je prendrais un exemple très précis, puisque c'est... Ce n'est pas dans ma circonscription, mais
c'est sur l'île de Montréal, je pense à l'anse à l'Orme. L'anse à l'Orme, Mme la Présidente, c'est un
ensemble de terres qui est situé au bout de l'île de Montréal, dans le coin de
Pierrefonds, qui est, dans le fond, un vaste
espace vert... à part le Mont-Royal, là, mais le seul qui reste dans
l'Ouest-de-l'Île et qui est un poumon
pour notre île de Montréal, qui est largement bétonnée, qui est une éponge pour
absorber, puisque Montréal est une île... Et on l'a vu avec les
inondations dernièrement, c'est important d'avoir ces lieux qui servent de régulation lorsque, justement, le ciel nous tombe
sur la tête. Juste pour vous donner une image, là, ce vaste espace vert là
a une superficie de 365 hectares. Pour
vous donner une image, c'est l'équivalent de tout le parc du Mont-Royal. Alors,
c'est immense, l'anse à l'Orme.
L'anse abrite
une faune, une flore, 270 espèces différentes, mais très vulnérables parce
qu'entourées de béton, entourées de condos, entourées de vie humaine, qui fait
en sorte que l'écosystème de l'anse à l'Orme est fragilisé depuis longtemps. Malheureusement, il le sera
encore plus, puisque l'administration du maire Coderre a, je dirais, acquiescé
à un développement immobilier, un
développement immobilier qui va venir... Bon, initialement, c'était l'ensemble
de l'anse, maintenant le maire a
précisé que ce serait la moitié. Mais bref, encore une fois, au nom du
développement, on vient s'accaparer un élément de biodiversité essentiel
que représentent les milieux humides, dont notamment l'anse à l'Orme, dont je
vous parlais.
• (16 h 40) •
Alors, cette
loi-là, elle est importante parce qu'on se donne comme objectif aucune perte
nette. Alors, bien là, on se dit,
bien, s'il n'y a aucune perte nette, comment l'anse à l'Orme va pouvoir concilier
ce que le maire de Montréal veut enligner
comme développement? Et c'est là qu'on voit apparaître dans le projet de loi,
Mme la Présidente, une séquence d'atténuations.
Et ça, c'est intéressant parce qu'il y a une forme de hiérarchisation dans
cette séquence. Premièrement, on doit
éviter d'éliminer les milieux humides et hydriques. Deuxièmement... En dessous,
là, c'est une hiérarchisation, on
doit, premièrement, essayer d'éviter,
sinon minimiser et, ultimement, compenser. Et ça, ça nous apparaît quelque chose de fondamental dans ce
projet-là. Pourquoi? Bien, c'est parce que, si on considère que, dans le fond,
l'anse à l'Orme, j'ai juste à payer pour sa
valeur marchande, je vais mettre ça dans un fonds, puis ça va
être tout, ça ne remplace pas le rôle
majeur que joue cette terre humide dans la biodiversité et l'équilibre au niveau environnemental. Alors, c'est
pourquoi que cette hiérarchisation-là, elle est superimportante.
Et, par exemple, quand le ministre, dans son
projet de loi, dit qu'éviter est la grande priorité... Parce qu'il dit «qu'il n'y a pas, pour les fins du projet,
d'espace disponible ailleurs». Alors, s'il n'y a pas d'espace disponible
ailleurs, bien, il faut s'y mettre, il faut éviter, puis là peut-être
qu'on va aller à minimiser.
Minimiser,
encore là, c'est intéressant parce qu'on ne dit pas qu'on va faire un chèque,
que le promoteur va faire un chèque,
il va régler ça par de l'argent. Non, ce qu'on dit, c'est : Cet espace-là,
on en a besoin, et donc il faut tout faire, soit par l'utilisation de matériaux, soit par élargissement, etc., on
doit tout faire pour minimiser les impacts face à ce milieu humide là.
Et, ultimement, si on n'y arrive pas, bien, il y a cette notion de
compensation.
Mais, avant
d'arriver... j'ai oublié de vous parler, Mme la Présidente, dans le
«minimiser», il nous apparaît, là, que,
dans le projet de loi tel qu'écrit, on aura à, je dirais, améliorer pour
s'assurer que les modalités qui nous amènent à choisir de minimiser au lieu d'éviter soient plus précises pour
s'assurer que ça n'arrive pas seulement par les règlements parce que, là, les règlements, nous, comme
législateurs, on n'a pas vraiment de pouvoir sur les règlements, alors que, sur
le sens de la loi, sur l'esprit de la loi on en a. Donc, on va travailler
à nous assurer que les modalités soient précisées.
Alors, je
termine avec le «compenser» de ce point-là. Le «compenser», ce qui est
intéressant, c'est l'idée d'aucune perte
nulle, c'est que ce n'est pas la première chose qu'on fait, c'est la dernière.
Et, dans le «compenser», ce qu'on voit, c'est cette idée où, on voit, le
projet de loi reconnaît l'importance que la compensation ne soit pas faite à
200 milles, à 300 milles... on
devrait plutôt parler de kilomètres, ça parle de mon âge, à 300 kilomètres
du lieu où le milieu humide aura été
soustrait de son écosystème, hein? Il faut demeurer dans les mêmes paramètres,
donc qu'un projet de restauration, de
valorisation d'un milieu humide doit se faire dans une proximité qui permet à
la biodiversité, qui permet à l'écosystème de ne pas être trop amoché,
si vous me permettez l'expression.
Et, dans ce sens-là, il est clair que toute la
question des bassins versants joue un rôle majeur. Parce que, par définition, c'est ça, les milieux humides, ça fait
partie d'un ensemble qui s'appelle les bassins versants. Et nous avons
d'excellents spécialistes, d'excellentes spécialistes aussi au Québec qui
maîtrisent... D'ailleurs, les organismes de bassins
versants sont des organismes qui ont un mandat du gouvernement du Québec pour
s'assurer... Parce qu'on a compris avec
le temps qu'une intervention en amont a des impacts en aval, et donc, à partir
de ce moment-là, il en est de même pour les écosystèmes concernant les
milieux humides.
Il y a la
question de la compensation financière. Là, je pense qu'on va avoir un petit
travail à faire pour nous assurer... Parce que, vous savez, Mme la Présidente,
un écosystème, là, ce n'est pas juste une valeur marchande. Ça, c'est comment
on l'a traité durant les décennies, voire même les siècles antérieurs, hein, on
pouvait s'acheter un bout de terre : Ah! il doit être moins cher, il y a un bout de
terre humide dessus, hein, c'était comme quasiment pas important. Aujourd'hui,
avec les connaissances que nous avons, avec
le réchauffement climatique, les impacts d'épisodes extrêmes, notamment
comme nous avons eu au niveau des
inondations, je pense que collectivement, maintenant, nous savons que ces
milieux humides sont plus qu'une valeur marchande. En fait, ils n'ont
pas de prix, tellement ils sont précieux.
Alors, ça va être
important pour nous que, dans le projet de loi, on améliore un peu les articles
pour s'assurer, encore là, que ça n'arrive
pas par règlement, mais nous assurer qu'à l'intérieur même on inscrit cet
esprit de la valeur réelle de cet
espace qui nous est essentiel à nous, humains, pour survivre, et à plusieurs
espèces animales, de la faune et de la flore. Alors donc, il va falloir
que la méthode de calcul de compensation, de contribution reflète les coûts
réels de la restauration et, dans ce
sens-là... va pouvoir être investi pour restaurer, encore là, dans le bassin
versant le plus proche de l'endroit où le milieu humide aura été
affecté.
Bien,
je dirais, le troisième élément... Je vous ai parlé de l'élément d'un objectif
de perte nette, je vous ai parlé de
la séquence d'atténuation. Maintenant, il y a un autre élément bien important
dans le projet de loi — et le ministre en est — c'est cette idée que la conservation de nos
écosystèmes, milieux humides ou la compensation doivent se faire dans une perspective de municipalité régionale de
comté, ça ne peut pas... Et ça, nous avons ici parce que nous... Bien, moi,
parce que je suis sur l'île de Montréal,
mais, quand même, il va falloir que j'aille parler avec M. Coderre. Mais
nous avons tous et toutes des
municipalités qui résistent à cette idée que cette responsabilité-là devrait
être vue dans une perspective plus
régionale, en fait dans une perspective accolée aux bassins versants. Et c'est
essentiel parce qu'on ne peut pas traiter ça à la pièce. Bien sûr, l'expertise de la base est essentielle, mais il
faut le travailler de façon concertée. Et c'est ce que, d'ailleurs, les responsables des bassins versants
sont venus nous répéter dans plusieurs projets de loi qu'on a étudiés avec
eux et elles, c'est cette interdépendance
entre... et c'est d'ailleurs pourquoi les bassins versants existent... bien,
pas pourquoi ils existent, mais
pourquoi on a reconnu leur pertinence dans notre compréhension des enjeux,
c'est que l'interdépendance de tout ça doit se coordonner au niveau des
municipalités régionales de comté.
Mais
il y a un enjeu. C'est-à-dire que, les plans régionaux que devront développer
les municipalités régionales de comté,
bien sûr, il faut leur donner le temps de le faire correctement, hein? C'est
l'avenir, là, ça. Ce projet de loi là va nous permettre d'agir sur l'avenir de
plusieurs décennies devant nous, alors c'est normal que le projet de loi donne
aux municipalités régionales de comté
cinq ans pour réaliser leurs plans régionaux de milieux humides et hydriques.
L'enjeu, notre crainte... Et on va
vouloir en discuter avec le ministre pour être capable de trouver un filet de
sécurité, et je pense que les
organismes de bassins versants vont être très utiles. Mais l'enjeu, c'est qu'il
ne faudrait pas qu'entre maintenant, où nous discutons de la loi, et le
cinq ans où les municipalités régionales de comté ont pour dresser leurs plans régionaux de milieux humides on se mette à scraper
tous les milieux humides qui existent à une vitesse folle en se disant :
Ah! mais là il faut qu'on fasse vite parce qu'il y a un parc industriel là,
parce qu'il y a un projet de développement là, parce que ci, puis faisons-le là
parce que sinon, après ça, ça va nous coûter cher.
Ce serait
contre-productif, et c'est d'ailleurs pourquoi on va essayer de convaincre le
ministre que, durant ces cinq années-là, il
y ait une forme de moratoire, une forme de... Bon, je sais qu'il n'aime pas
beaucoup le mot «moratoire», mais
comprenez l'esprit, là. Moi, ce n'est pas le mot qui m'intéresse, c'est
l'esprit. Durant ce cinq ans-là de vulnérabilité, il faut protéger les
milieux humides parce que déjà depuis des décennies on ne les protège pas
assez, qui fait qu'on se retrouve dans la
situation qui est la nôtre actuellement. Et je vous le mentionnais, la perte de
1 % par année, c'est quand même très important. Donc, dans ce
sens-là, on va discuter avec le ministre et on va voir ce qu'il est possible de
voir.
• (16 h 50) •
Le
dernier élément que je voulais porter à notre attention, c'est celui de la
préséance des lois sur les hydrocarbures et sur les mines sur à peu près
tout au Québec. Bien, pas à peu près tout, maintenant, avec l'adoption qu'on a
eue, on peut dire sur tout. Écoutez, je
pense que, si on reconnaît qu'il faut... Et c'est ça que fait le projet de
loi... Et je lève mon chapeau au ministre, il a pris le taureau par les
cornes. Ce n'est pas un projet de loi qui fait à semblant de protéger les milieux humides, c'est un projet de loi qui assume
ses responsabilités de... bien sûr, responsable de l'Environnement, du
Développement durable et des Changements climatiques. Parce que, hein, ici, on
pourrait parler aussi de captation de carbone,
etc., mais, là où il y a une incohérence importante, c'est qu'on ne voit à
nulle part dans ce projet de loi là l'exclusion des mines et des
hydrocarbures comme étant inacceptables pour détruire des milieux humides.
Alors,
dans ce sens-là, Mme la Présidente, si on veut être en cohérence et puisque
nous devons nous en sortir, de ces
hydrocarbures-là, je pense qu'il faut absolument qu'on soumette la Loi sur les
mines et sur les hydrocarbures aux mêmes
exigences que le projet de loi va donner aux autres développeurs, si je puis
dire. Bon, vous savez bien qu'on est totalement contre le développement
des hydrocarbures, mais, minimalement, ce qu'on va... Et je sais que, du côté
gouvernemental, au contraire, on a encadré pour permettre le développement des
hydrocarbures, mais il va falloir soumettre
les milieux humides aux mêmes responsabilités face au développement des
hydrocarbures, donc que les entreprises ne fassent pas ça sur notre dos.
Alors,
en conclusion, vous le voyez, plutôt positive, on pense qu'on va y arriver.
J'en suis convaincue, d'ailleurs. Je suis contente que ce projet de loi
là soit là, qu'on y arrive, malgré les années de retard. Et je pense que le
travail représente une bonne alternative au
régime actuel de protection, qui était, bien sûr, un régime transitoire, mais
on va travailler à s'assurer que le
projet de loi soit le meilleur parce que ce type de projet de loi là est la
preuve... Même si la cour nous avait
indiqué qu'il fallait le faire, même si, cinq ans plus tard, on est là où nous
en sommes aujourd'hui, ce projet de loi là va être adopté pour
longtemps. Et, pour longtemps, bien, ce doit être pour le bien de l'ensemble
des générations futures. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup, Mme la
députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Et maintenant, toujours dans le cadre du
débat sur l'adoption du principe du projet de loi n° 132, je vais céder la
parole à M. le député de Mégantic.
M.
Ghislain Bolduc
M.
Bolduc : Merci, Mme la Présidente. Comme vous venez de le mentionner,
nous sommes ici pour discuter sur l'adoption du principe du projet de
loi n° 132, Loi concernant la conservation des milieux humides et
hydriques. Et ces deux mots-là, «humides» et
«hydriques», sont bien importants ici. Et, d'ailleurs, c'est un projet de loi,
comme vient de le mentionner ma
collègue de Sainte-Marie—Saint-Jacques,
qui est attendu depuis très longtemps et qui a fait l'objet de projets de loi intermédiaires dans le cadre de
la préparation de la loi n° 102, qui nous a permis de moderniser la Loi de
la qualité de l'environnement et qui va nous permettre aujourd'hui de mieux
concerter et faire le tour du projet de loi concernant les milieux humides et
hydriques.
Fondamentalement,
ce projet-là a pour objectif de protéger les milieux humides au Québec. Et nous
savons que plusieurs de ces
milieux-là ont été affectés dans le passé, principalement pour des raisons de
développement, mais pas exclusivement. Je dirais que, dans beaucoup,
beaucoup de cas, Mme la Présidente, les altérations qui ont été faites l'ont été sur une base d'ignorance. Les gens ne
voyaient ni l'utilité ni ne comprenaient
la valeur environnementale des milieux humides. Puis je crois qu'il
faut parler de ça un petit peu parce que, dans les milieux ruraux, d'où je
viens, l'environnement, c'est une préoccupation. On en connaît
la richesse, on en connaît la valeur, mais les gens, dans leurs façons de
faire, avaient comme habitude d'essayer de développer tout le potentiel qu'ils pouvaient parce que la vie n'était
pas facile dans l'agriculture et dans la forêt historiquement. Aujourd'hui,
c'est un peu mieux, ce qui nous permet peut-être d'avoir des
considérations que nous n'avions pas.
Donc, le
projet de loi a pour objectif, vraiment, de protéger les milieux humides, et
ces milieux humides là ont une interaction
très fondamentale avec les bassins versants. Et je suis particulièrement
sensible à ça parce que je suis en amont des bassins versants. Donc, j'ai deux bassins versants qui partent du
comté de Mégantic et qui, pour moi, sont très, très fondamentaux parce que ces bassins versants là
sont vraiment gérés par l'importance des milieux humides et gèrent... puis
on l'a vu dans les saisons qui ont précédé, dont particulièrement le printemps
dernier, absorbent les volumes d'eau et contribuent
à une régularisation des bassins versants de façon dramatique. Les lacs sont,
très évidemment, des réservoirs très
importants, mais la somme des milieux humides qui alimentent ces lacs-là et qui
alimentent les rivières qui s'en vont dans les bassins versants en aval,
principalement dans la vallée du Saint-Laurent, créent une vulnérabilité.
J'ai déjà
mentionné, il y a quelques années, sur un autre projet de loi ici, que j'avais
observé, entre le moment où j'ai
parti du Québec et revenu, il y a quelques décennies de différence, une
variabilité très significative dans les étiages, dans les extrêmes entre
les bas niveaux d'été et les crues du printemps, où les volumes d'eau avaient
changé de façon dramatique, et un de ces effets-là provient des modifications
qui ont été faites dans les milieux humides.
Je ne
m'embarquerai pas dans le débat de la valeur des écosystèmes des milieux
humides, mais je dirai que ces milieux
humides là ont une contribution sur deux variables très fondamentales. La
première, les débits hydriques qui sont occasionnés vers les écoulements de nos bassins versants. Et la deuxième
chose, qui est très fondamentale, c'est l'hydrogéologie. L'hydrogéologie en est encore un peu à ses
balbutiements au Québec, contrairement, un peu, à l'Europe, qui a beaucoup plus de connaissances. Mais les
réseaux hydrogéologiques sont principalement alimentés par les milieux
humides, qui permettent une percolation lente dans le sol et permettent
d'alimenter les réseaux souterrains.
Il est très
clair que beaucoup, beaucoup de municipalités au Québec sont alimentées en eau
de qualité via les puits artésiens,
qui, eux, utilisent cette richesse collective que nous avons de l'eau
souterraine. Et il est toujours, pour moi, très étonnant de considérer que ces milieux humides là, qui agissent comme
poumon, autant au niveau surface qu'au niveau souterrain, que la
percolation qui donne à l'eau sa qualité souterraine et sa sécurité
d'approvisionnement, comme on l'a vu très
souvent, l'eau souterraine pourrait être contaminée et créer des problèmes. Il
est donc très, très important pour nous
de s'assurer que les milieux humides vont être protégés adéquatement et
permettre cette continuité de développement des milieux humides et les
deux principales tâches qu'ils accomplissent pour notre société.
• (17 heures) •
Nous avons
parlé très abondamment de deux sujets durant les réunions de consultation. Une
première, je pense, qui s'est dégagée
dans l'ensemble des consultations, un consensus que les MRC devraient être
responsables de la gestion des milieux humides. Il y avait eu quelques variations,
mais, essentiellement, l'ensemble des intervenants nous ont indiqué que les MRC semblaient être probablement un des pôles fondamentaux pour la gestion et la surveillance de gestion
des milieux humides.
Donc ça,
c'est une variable qui est très importante, surtout dans mon secteur, où l'agriculture et la forêt, qui sont les deux principaux utilisateurs du territoire,
peuvent travailler de façon concertée avec les MRC. Et je dis ça en opposition
avec, par exemple, gestion par municipalité,
où, au niveau de l'agriculture et au niveau de la foresterie, pour d'autres
raisons fonctionnelles, dans d'autres
projets de loi, pour entre autres les coupes forestières, la gestion de l'agriculture,
les plans de fertilisation, les PDZA
et toute une série de contrôles qui font que ces groupes-là... l'UPA, la
foresterie, etc., sont très sensibles
au fait que, s'il y a des variations de gestion par municipalité, ça devient
des projets qui sont très difficiles à gérer et que les MRC constituent des cadres beaucoup plus cohérents et qui
permettent aux organisations qui interviennent dans ces milieux-là
d'avoir une efficience économique tout en comprenant les enjeux qui sont reliés
à chacun des milieux.
Donc, le projet de loi n° 132, c'est un
projet de loi qui est très attendu. C'est un projet de loi qui va avoir une
interaction très, très considérable sur les enjeux du milieu, qui va nous
permettre de protéger adéquatement tous nos milieux
humides, mais aussi nous permettre de mieux définir. Parce que souvent, dans le
travail sur nos territoires, il est très difficile de comprendre est-ce
que ça, c'est un milieu humide, est-ce que ce n'en est pas, comment on le
définit. Je crois que le projet de loi
n° 132 va très bien définir cet environnement, qu'il va permettre à tout
le monde d'avoir une clarté, d'avoir confiance dans le travail qu'ils
vont avoir à faire et permettre à la fin d'augmenter la productivité et de
mieux protéger l'environnement des milieux humides et hydriques.
Finalement,
je voudrais dire que, pour moi, il était très important de réaliser que la FQM,
que l'agriculture, que la foresterie, sur les principes, sont bien en
faveur de l'ensemble du projet. Il va y avoir des petites particularités qui
vont devoir être regardées et vues, par exemple les gens ou les territoires
protégés, comment les gens vont s'ajuster, comment
le gouvernement va devoir voir à réglementer ça de façon uniforme et permettre
aux propriétaires et utilisateurs de maintenir un état qui est
absolument impeccable pour la survie de ces milieux à long terme.
Donc, Mme la
Présidente, le projet de loi n° 132, c'est un projet de loi que je
considère comme un projet de loi moderne, efficace et qui va permettre à
notre société d'évoluer positivement. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie, M. le
député de Mégantic.
Je vais maintenant céder la
parole à M. le député d'Ungava.
M. Jean Boucher
M. Boucher : Alors, bonne fin d'après-midi,
Mme la Présidente. C'est pour moi un plaisir puis un honneur aujourd'hui
d'intervenir concernant l'adoption du principe du projet de loi n° 132, projet
de loi, bon, concernant les milieux humides et hydriques.
Vous savez, Mme la Présidente, bon, c'est un projet de loi qui vient dans une séquence. On a vécu, au cours
des dernières semaines, l'adoption
du projet de loi qui constituait la modernisation de la Loi sur la
qualité de l'environnement, puis je pense qu'avec ça on a fait un grand pas
en avant, une loi qui méritait d'être dépoussiérée, modernisée puis mise
au goût du jour, pas simplement pour une
question de mode, mais pour une question de pratiques de... une loi qui vraiment atteint ses objectifs tout en
diminuant au maximum les irritants qu'il pouvait avoir autrefois.
Maintenant,
voici une loi complémentaire, le projet
de loi n° 132, concernant la
protection des milieux humides et
hydriques. Vous savez, bon, autrefois, on peut dire que les milieux humides et
hydriques, ça a été pendant des années les
mal-aimés de l'environnement. On appelait ça une swompe, un marécage. Il n'y a
rien à faire avec ça. On ne peut pas aller
en bateau dans ça, on ne peut pas construire dans ça, je veux dire, on ne peut
même approcher du cours d'eau, parce
que
ça fait comme une zone tampon, donc l'eau libre est comme éloignée. Ça fait
que, qu'est-ce qu'on faisait avec ça? On prenait du ciment
cassé, des vieux tires, je vais te dire, des vieux tires... Tous les débris
qu'on pouvait trouver, on dumpait ça puis on
égalisait ça avec un bull, puis là ça faisait du beau terrain prêt à bâtir.
Bon, il y avait peut-être des petites grenouilles puis deux, trois couleuvres qui devaient se chercher une
nouvelle maison, mais ce n'était rien à côté du beau quartier qu'on pouvait
développer sur le bord du lac ou sur le bord du fleuve, puis c'était comme ça,
puis, je veux dire, personne ne faisait ça pour mal faire, là, c'était
bien comme ça.
Aujourd'hui, bon, on l'a vu avec les inondations dans la région de Montréal
puis un peu partout dernièrement, les milieux humides, comme disait Yvon
Deschamps, qu'ossa donne, hein? Ça donne quoi de protéger ça?
Ça agit comme une éponge, hein, qui retient une
masse d'eau qui arrive subitement, soit suite à une fonte des neiges ou des pluies importantes, et puis ça la
relâche tranquillement, donc au courant de l'été, plutôt qu'avoir une masse
d'eau qui passe d'un coup, puis après ça,
bien, c'est fini, c'est fini, puis on se ramasse au mois de juillet, là, avec
plus d'eau dans le fleuve, plus d'eau dans les lacs, à casser les pieds de
moteur. Pour ceux qui sont des amateurs de bateaux, ils vont comprendre de quoi je parle. Ça agit
comme un régulateur, là, de la charge d'eau qui arrive souvent dans les bassins
versants puis un peu plus haut.
Ça agit
aussi comme un filtre naturel, parce
que cette eau-là, bon, est souvent
contaminée de toutes sortes de choses, ça
s'en va vers la nappe phréatique, là, par percolation. Ça agit comme un filtre
naturel, là, pour améliorer la qualité de l'eau, puis je pense que c'est très important. Chez nous, bon, dans
l'Ungava — je
vous casse souvent les oreilles avec la
beauté et la grandeur de mon comté, plus grand que bien des pays, plus grand
que la France — chez
nous, ce n'est pas les milieux
humides qui manquent, c'est les milieux secs. Je me souviens... Je pense qu'il n'y a pas une journée que je passe ici à Québec que je ne m'ennuie pas
des longues marches que je faisais dans la toundra, là, où souvent, bon, ça semble être du terrain bien solide, puis tu mets
ton pied puis tu cales jusqu'à la moitié de la cuisse. Je veux dire, c'est des milieux humides, et puis c'est vraiment
quelque chose, là, qui agit comme tampon, encore une fois, pour régulariser le courant des eaux.
Au Québec, par exemple, on estime que — pas
rien qu'au Québec, partout dans le monde, mais je vais vous parler
du Québec — ça séquestre aussi le carbone, hein? Le
carbone, séquestration du carbone, je veux dire, voilà cinq ans, même, on n'entendait pas parler de ça. C'est quoi, la
séquestration du carbone? Ce n'est pas une nouvelle mode, ce n'est pas un
nouveau dada, c'est un objectif à
poursuivre, parce qu'on sait que, bon, quand même qu'on arrêterait toute
activité humaine demain matin, toute
activité industrielle, tout transport, tout moteur à combustion interne, il y a
quand même du carbone, là, qui est
émis dans l'atmosphère. Puis ça, on
ne peut pas le prendre, l'attraper, là, puis le mettre dans nos poches, la
seule façon de le retenir, c'est de
diminuer et/ou cesser les émissions et de séquestrer ce carbone-là soit dans
des plantes, dans des arbres, etc.
Les milieux
humides sont un bon séquestrateur de carbone... je ne sais pas si c'est un mot
qui se dit, mais, en tout cas, je
vais le dire, un bon séquestrateur de carbone. Au Québec,
on estime que présentement les milieux humides retiennent en carbone l'équivalent de 478 années
d'émissions de gaz à effet de serre, au rythme actuel où les émissions québécoises
se font. Donc, je peux vous dire que, si,
demain matin, vous enlevez tous les milieux humides du Québec,
on va être dans les gros problèmes, les problèmes profonds. Donc, c'est important
de protéger ça.
Donc, les
milieux humides, comme je vous dis, ça retient l'eau, ça la filtre, ça
contribue à conserver la biodiversité
puis l'agriculture. Je faisais des
blagues tantôt sur les petites grenouilles, mais, vous savez,
toute espèce créée puis qui existe
sur terre a son utilité et sa raison d'être, et puis, quand une grenouille
disparaît, quand une autre espèce animale disparaît, bien, dites-vous qu'on approche de la
liste, nous autres aussi, là, notre tour s'en vient. Donc, ce n'est pas vrai,
là, que, bon, peu importe, là, on peut enterrer ça puis faire comme si
de rien n'était, il n'y a pas de problème.
Donc,
avec le projet de loi n° 102, bon, qui était la Loi sur la qualité de
l'environnement, qui était clarifiée avec une meilleure prévisibilité, une meilleure optimisation, le projet de
loi n° 132 vient compléter ce tableau-là, puis qui place les milieux humides, bon, au centre des
préoccupations. Ce n'est plus le mal aimé, ce n'est plus l'empêcheur de
développer, ce n'est plus...
Autrefois,
bon, il y avait un système de remplacement où un promoteur qui dit : Bien
là, moi, je veux faire un beau projet
ici, mais c'est un milieu humide, donc je dois le remplacer, mais moi, je suis
un constructeur de condos, je ne suis pas
un biologiste, je ne suis pas un spécialiste en environnement, alors comment
créer un milieu humide pour remplacer? C'était
compliqué, c'était difficile à manager, comme on dit en français. Donc,
maintenant, il y a un système de zéro perte nette, puis la personne devra payer, verser un montant, dire :
Bien, voici, là, je détruis un milieu humide moyennant certaines conditions, je vais compenser monétairement, puis
des experts, à travers un fonds, vont s'occuper de soit recréer ou de
revitaliser un milieu humide qui était déjà existant.
• (17 h 10) •
Donc,
c'est quoi, les bénéfices pour la population? Bien, ça améliore la qualité de
l'environnement, ça identifie la
protection des milieux humides et hydriques, qui sont remarquables au Québec.
Il y en a, bon, qui sont peut-être de moindre importance, mais il y en a
qui sont vraiment remarquables.
Côté
du secteur agricole, bien, ça amène une clarté puis une... voyons...
prévisibilité... Il est tard un petit peu. Il y a quelques heures à peine, on était encore à siéger
ici, puis là, bien, une douche, quelques heures de sommeil, deux oeufs tournés font le miracle qui fait que... à
quatre heures du matin, on était ici, puis à cinq heures de
l'après-midi, on est encore ici, puis on continue. Je vous ai livré le
secret de mon succès, répétez-le pas à personne.
Donc,
présentement, les agriculteurs sont tenus de faire une demande d'autorisation
en vertu de l'article 22 de la LQE pour des travaux en milieux
humides, avec le régime qui est modulé selon le risque, qui est très
certainement introduit dans la nouvelle Loi
sur la qualité de l'environnement, s'appliquerait également aux milieux humides
et hydriques.
Donc, si une activité
projetée devait se dérouler dans un milieu comme ça, elle serait classée selon
un des quatre niveaux de risque touché,
lequel déterminerait quel type d'encadrement devrait s'appliquer. Avec une
définition claire qui exclut les
fossés, par exemple, qui facilite l'identification des milieux humides et hydriques, la publication des milieux humides et hydriques remarquables à l'échelle provinciale va faciliter
la planification du développement agricole à proximité de ces milieux-là.
Donc,
on peut dire que la présence de ces milieux-là renforce aussi la résilience des
terres agricoles et des forêts. Ça
retient l'eau à des fins d'irrigation, ça maintient la qualité de l'eau puis
aussi la quantité de l'eau. Ça régularise les nutriments, ça aide à la
fertilité des sols, la rétention des produits toxiques, les micropolluants, et
ça aide aussi à la pollinisation. Ça a un
rôle majeur comme puits de carbone, je vous le disais tantôt, concernant la... la
séquestration — pardon,
j'ai de la misère avec ce mot-là — du carbone, ce qui est très important aujourd'hui.
Côté des municipalités,
bon, je vois le temps qui file, je vais me dépêcher, ça donne aux municipalités,
bon, comment dire, de mieux pouvoir planifier leurs interventions, normalement
celles permettant la conservation de tels milieux en élaborant des plans
régionaux des milieux humides et puis hydriques par les instances municipales
et régionales comme les MRC, bon, les communautés métropolitaines, etc., avec une
meilleure planification des travaux par la MRC et une cohérence
régionale grâce au plan de conservation et de restauration.
Donc,
Mme la Présidente, évidemment, bien, vous vous en doutez un peu, de la
conclusion, je vais voter en faveur. Et puis je pense qu'on n'est pas
les seuls en faveur. J'écoutais tantôt le discours de ma collègue de
Sainte-Marie—Saint-Jacques, je pense, qui m'a chuchoté à
l'oreille. Elle a dit : Je suis désolée, elle dit, le ministre n'était pas
là pendant ma présentation. Mais
transmets-lui le message que je suis en faveur puis que je suis très heureuse
de ce projet de loi là. Donc là, ma
mission est accomplie. Donc, Mme la Présidente, merci beaucoup pour votre
attention. Bonne fin d'après-midi.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup, M. le député
d'Ungava. Alors, y a-t-il d'autres interventions? Alors, il n'y en a
pas.
Est-ce
que le principe du projet de loi n° 132, Loi concernant la conservation des
milieux humides et hydriques... est-il adopté?
M. le leader adjoint
du gouvernement.
M.
Tanguay : Oui, Mme la Présidente. Je vous demanderais un vote
par appel nominal et, conformément aux dispositions de
l'article 223 du règlement, de le reporter à la séance du 31 mai
2017.
Vote reporté
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, c'est très bien. Tel que
demandé, le vote est reporté à demain lors de notre séance.
Maintenant, compte
tenu de l'heure, je vais suspendre nos travaux afin de permettre la tenue d'un
débat de séance qui a été annoncé précédemment. Et ce débat aura lieu à
18 heures. Alors, merci.
(Suspension de la séance à
17 h 15)
(Reprise
à 18 h 3)
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, nous allons reprendre nos travaux et, comme annoncé précédemment, nous allons maintenant
procéder au débat de fin de séance qui se fera entre M. le député de Labelle et M. le ministre des Forêts, de la Faune
et des Parcs concernant la fermeture de la pisciculture de Lac-des-Écorces.
Débats de fin de séance
Fermeture de la station
piscicole de Lac-des-Écorces
Je
vous rappelle que, conformément à l'article 310 du règlement, le député qui a
soulevé le débat et le ministre qui
lui répond ont chacun un temps de parole de cinq minutes, et le député a
ensuite droit à une réplique de deux minutes.
Alors, M. le député
de Labelle, je vous cède la parole.
M. Sylvain Pagé
M. Pagé :
Oui, je vous remercie, Mme la Présidente. Et, d'entrée de jeu, je veux dire au
ministre une chose bien précise.
Quand j'ai fait allusion, dans ma dernière question aujourd'hui, du fait
qu'est-ce que c'est parce que la pisciculture de Baldwin est dans la circonscription d'un de ses collègues de sa
formation politique qu'on ne réussit pas à avoir des réponses, bien, il n'a pas apprécié la question,
puis je n'aime pas faire ce genre de question là. Honnêtement, là, j'étais
mal à l'aise à dire cela, mais la raison
pour laquelle je l'ai dit, monsieur... Mme la Présidente, puis, M. le ministre,
je vous vous interpelle via Mme la présidente, c'est qu'on ne trouve pas
de réponse logique à cette décision.
En
1991, on a voulu fermer cette pisciculture. Le député à l'époque, Jacques
Léonard, avait mis le pied à terre, avait
rencontré le ministre, parce qu'on était dans l'opposition à l'époque, et
finalement on s'était dit : Non, on ne fermera pas la pisciculture
parce qu'on la ferme sur de mauvaises prétentions. En 2011, la même chose. On a
même offert à la municipalité de
Lac-des-Écorces de la vendre pour 1 $, là, hein? Il y a eu des
conversations qui ont eu lieu. Et, en 2011, c'est moi qui étais là. Nous nous sommes assis avec la direction
régionale. On a regardé la situation, puis finalement on nous a
dit : Non, c'est vrai, ça n'a pas de bon sens, on ne la fermera pas.
Et
là on arrive à la même conclusion qu'on avait en 1991, en 2011, et, encore une
fois, on veut la fermer, mais pour des prétentions qu'on ne peut pas
comprendre. Le ministre m'avait dit il y a deux ou trois semaines : Bien,
il y a toujours de l'affaissement. Bien non,
il n'y en a pas, d'affaissement. Les gens qui sont là depuis 40 ans savent
qu'il y a eu de l'affaissement à la
fin des années 70, mais ça n'a jamais bougé. Les gens qui travaillent là depuis
30 ans, 40 ans peuvent vous le confirmer.
Je
sais que le ministre est venu à Mont-Laurier. Malheureusement, il n'a pas eu le
temps de se rendre sur place. On lui
a montré des photos. On a procédé à la réfection de bâtiments il y a quelques
années à peine. 2, 3 millions qui ont été mis. On lui a montré que tous les bâtiments sont en très, très bon
état. Donc, pour procéder à la réfection de la pisciculture, il en coûterait à peu près 5 millions. Et la
prétention que le tuyau qui est brisé, là, en amont, au lac, ça n'a aucun
rapport avec l'affaissement qui a eu lieu il y a une quarantaine
d'années. Et, pour en faire la démonstration, on a découvert qu'il y a un rapport qui a eu lieu, d'une firme
d'ingénierie sérieuse, une firme indépendante, en 2015. C'est récent. Je vous
l'ai fait envoyer, M. le ministre, le rapport il y a deux semaines, et ce
rapport fait la démonstration qu'effectivement il n'y a aucun lien entre le
tuyau qui est à remplacer et le supposé affaissement, qui n'existe pas.
Alors,
on essaie de comprendre pourquoi qu'on veut fermer la pisciculture quand il en
coûterait 5 millions pour réparer
le tuyau, régler le traitement des eaux, parce qu'effectivement il faut régler
le traitement des eaux, quand, a contrario, on nous dit : Nous allons déménager les opérations, et, pour
produire trois fois moins, c'est important, là, pour produire trois fois moins, l'aménagement à Baldwin va
coûter plus de 10 millions. Trouvez l'erreur. Je vous vois sourciller, là.
On va produire trois fois moins pour payer deux fois plus.
Et si au moins on
nous répondait. Ces questions-là, que je soulève, la préfète de la MRC
d'Antoine-Labelle les a envoyées au début
mai, quand on a vu cette nouvelle dans le discours du budget. Rapidement, les
élus locaux se sont penchés sur la question et ont dit : On va
écrire au ministre puis on va lui demander une réponse. Bon, on veut une réponse rapide parce que, là, il y a tellement de
fermetures qui arrivent sur le territoire, là, que, là, on sait qu'une fois que
c'est parti on ne peut plus revenir en
arrière. Alors, il y a des questions qui ont été soumises au ministre, et, très
gentiment, le ministre m'a dit :
Oui, on va donner des réponses incessamment, au cours du mois de mai.
Malheureusement, on ne les a pas eues encore.
Alors,
vous comprendrez l'exaspération du milieu quand il y a de l'incertitude au
niveau du bois, la centralisation sur
le CISSS, qui nous a fait perdre 33 postes importants, le centre de
distribution de Pepsi. Je sais que c'est du privé, mais 21 emplois plus CISSS, une cinquantaine.
Présentement localement, là, je vais vous dire que la population, elle est
exaspérée. Alors, quand on ajoute à
cela le fait qu'on prend une décision, qu'on n'est pas capable de la justifier
de façon rationnelle... Si on avait
des réponses de façon très rationnelle, on pourrait s'asseoir, on pourrait
comprendre. Mais, après qu'on fait cette démonstration, et c'est ce qu'on a
fait avec le ministre quand il est venu gentiment nous rencontrer à
Mont-Laurier... Oui, nous étions 15,
20. On l'a rencontré. On a fait une présentation pendant 20, 25 minutes, firmes
indépendantes, rapports, et on a
soulevé plusieurs questions. Et la réponse, j'ai été très déçu, ça a été :
On va bien s'occuper de replacer les gens. Bien, ce n'est pas une réponse, ça. Ce n'est pas une réponse, ça. La
réponse, on veut savoir pourquoi une installation qui coûterait 5 millions à rendre trois fois plus
productive et à moitié coût de ce qu'on va transférer à Baldwin... pourquoi
on veut faire cela.
Alors, aujourd'hui, je repose la question et
j'espère que j'aurai enfin une réponse, s'il vous plaît.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie,
M. le député de Labelle. Et maintenant je vais céder la parole à M. le ministre des Forêts, de la
Faune et des Parcs, tout en vous indiquant que vous disposez, vous aussi, d'un
temps de parole de cinq minutes.
M. Luc Blanchette
M. Blanchette :
Alors, merci, Mme la Présidente, chers collègues. Écoutez, dans un premier
temps, je tiens à rassurer la population de la région des Laurentides et
tous les amateurs de pêche qui sont inquiets de trois choses. Un, on va continuer d'ensemencer les lacs et les cours d'eau
des Laurentides, comme il est prévu au plan
de production gouvernemental. Deux,
il n'y aura aucun coût supplémentaire, parce que
les pêcheurs, les amateurs de pêche sont inquiets, donc il n'y aura
aucun coût supplémentaire attaché à la
provenance des poissons pour l'ensemencement. Et trois, plus spécifiquement,
la production du touladi continuera d'être
produite, il pourra être ensemencé dans les cours d'eau. On sait que c'est un
enjeu important.
Dans la
décision du Lac-des-Écorces, là, on a pris une décision responsable, basée sur
des faits objectifs. La station piscicole de Lac-des-Écorces est désuète, avec des équipements en fin de
vie utile et plusieurs problématiques majeures qui seraient très dispendieuses à adresser. Puis là j'explique. Dans
l'état actuel, la station de Lac-des-Écorces compromet la capacité du ministère à produire des
poissons requis en vertu de ses mandats. Il n'y a pas cette capacité-là
d'augmentation du volume requis. Pour pallier à la problématique, qui requiert une attention immédiate à la pisciculture, on estime — et
là les coûts sont un peu similaires — à
un minimum de 5,4 millions pour ce qu'on appelle la mise à niveau, qu'on n'a
pas actualisée parce que les prix remontent à 2013, mais, essentiellement,
c'est 5,4 millions qu'il faudrait réinjecter.
• (18 h 10) •
Réinjecter
dans quoi? Il y en a aurait 3,6 millions dans le
traitement des eaux usées de la station puisque, sur le plan environnemental, ce qu'on rejette d'eaux usées, donc à partir des eaux dans
lesquelles les poissons peuvent faire...
et je m'arrête là, vous savez quoi, les excréments, là, disons-le.
C'est-u un mot accepté ici, ça? Non? Enfin, on va laisser passer. C'est les eaux usées. Ça nous prendrait une usine
pour traiter ça. Et les normes environnementales nous obligent à faire cette mise à
niveau là.
Or, une
grande portion de la tuyauterie est située sous le bassin d'élevage, qui est en
béton, donc ce qui rend ces travaux
complexes, voire en partie irréalisables. Il faudrait tout casser les dalles de
béton pour aller refaire la tuyauterie sous
la pisciculture. Il faut aussi remplacer la conduite à laquelle mon collègue a
fait référence, c'est tout à fait vrai, la conduite
d'amenée d'eau froide sur une longueur de plus d'un kilomètre.
Donc, tout ça s'en va à peu près dans des coûts de l'ordre de 5,4 millions.
Maintenant, en réalisant au minimum ces travaux,
et ce, même sans les moderniser, si on devait faire du développement durable de
l'ensemble de cette pisciculture-là, il faudrait rajouter, au-delà de
ce 5,4 millions là, quelques millions. Je n'ose pas donner un chiffre, mais on est dans
la fourchette du 10 millions. C'est un approximatif qu'on a évalué. Et ça, ce serait effectivement dans l'ordre. Ça
peut être moins, ça peut être plus, mais on parle de l'ordre de 5,4 en mise à
niveau et un investissement en ajout pour la modernisation ou l'optimisation du
processus.
Il faut
rappeler que ces investissements ne génèrent aucune garantie, étant donné qu'il existe une problématique d'instabilité
des sols, auxquels mon collègue a fait référence, puisque la station a été construite
sur de la terre de remplissage. Donc,
il y a un risque à vouloir refaire. La terre de remplissage, Mme la Présidente, c'est vraiment dans l'industrie de la construction
quand il y a des surplus de glaise, de roches et toutes autres sortes. Donc, c'est
ce type de terre là auquel on fait référence.
La décision a
donc été réfléchie et responsable...
de prise, que la production de la station de Lac-des-Écorces sera transférée à la station gouvernementale de
Baldwin-Coaticook. On parle d'un investissement de l'ordre de 11 millions,
2,4 millions à Tadoussac, dans le comté
de René-Lévesque. Donc, un, c'est le comté de René-Lévesque, l'autre, c'est
effectivement un comté libéral. Ces agrandissements, à Baldwin, permettront de
doubler la capacité de production actuelle
que faisait historiquement la station piscicole de Lac-des-Écorces. Donc, on
est quand même en bonne situation. Les
installations de Baldwin ont été rénovées en 2008. C'est une station moderne,
polyvalente et efficace, et c'est le choix qu'on fait.
Donc, je
tiens à rassurer le député et la population, comme je vous ai déjà mentionné,
qu'on était pour s'occuper des
membres du personnel, c'est-à-dire des trois employés permanents, qui vont
probablement être relocalisés au ministère de la Forêt, de la Faune et des Parcs, dans le même coin des
Laurentides, autant que pour les trois employés à temps partiel. Donc, les opérations vont se poursuivre dans les
trois prochaines années puisqu'il faut d'abord construire et augmenter
la capacité à Robert-Baldwin, et ça, on parle d'un horizon de trois ans.
En terminant,
je tiens à réitérer que nous avons pris la meilleure décision possible. Cette
décision est celle qui permet le
mieux au MFFP d'assurer son mandat. Et, oui, la lettre, on est en train d'y
répondre, ça devrait suivre sous peu.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie,
M. le ministre. Maintenant, M. le député de Labelle, vous avez
droit à une réplique de deux minutes.
M. Sylvain Pagé
(réplique)
M. Pagé :
Je vais tout faire pour rester calme et poli, mais je vais vous dire que je
dois me retenir beaucoup parce que je
n'en reviens pas d'entendre ça parce que le ministre, finalement, il confirme
ce que des gens lui ont écrit. Mais, si lui-même avait mis le nez dans les derniers rapports qu'on lui a
produits, des rapports indépendants, il a parlé du rapport de 2013... un rapport de
2015 confirme encore les coûts, là. On est autour de 5 millions. Et il
confirme, cet après-midi, que ça va
coûter 11 millions à Baldwin. Ça va donc coûter le double. Et il ne dédit
pas, hein, il ne dément pas le fait qu'on va produire beaucoup moins
qu'au Lac-des-Écorces.
Donc, il y a
un non-sens là-dedans. Quand on dit : On va continuer à ensemencer, on le
sait, qu'on peut continuer à ensemencer
à partir d'ailleurs. On le sait, qu'on souhaite relocaliser les gens de
Lac-des-Écorces ailleurs, mais, nous, ce qu'on veut, c'est garder des emplois localement dans la première région
touristique pour la pêche touristique au Québec, c'est la région des
Laurentides.
Le ministre
devrait aussi reconnaître que, juste pour traiter l'eau à Baldwin, parce
que c'est une région qui est en
surplus de phosphore, il devrait le savoir, ça va coûter un coût énorme pour
Baldwin. Juste pour la recirculation de l'eau, parce que c'est un système
qui est très différent de celui de Lac-des-Écorces, ça va coûter beaucoup plus
cher.
Il y a
une foule de facteurs auxquels il ne tient pas compte. Moi, je lui
demande : Est-ce qu'il pourrait, est-ce qu'il pourrait... S'il ne veut pas décréter un moratoire tout
de suite, est-ce qu'il pourrait, lui-même, qu'il choisisse la firme, mais aller choisir une firme indépendante qui
fasse un vrai rapport autre que ce que les fonctionnaires lui disent
depuis un certain temps parce que, on le sait, il y a des gens qui veulent la fermer, cette
pisciculture-là, depuis 30 ans. Alors, est-ce qu'on pourrait avoir une firme indépendante? Je lui
demande bien amicalement qu'il fasse affaire avec une firme indépendante. Et, si on a des réponses, vraiment,
qui font la démonstration que c'est le meilleur choix, bien, ça sera le choix qui sera décidé. Mais, pour l'instant, là,
manifestement, il n'a pas les réponses à ces questions, et ça, ça nous
désole beaucoup.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie, M. le député de Labelle.
Ceci met fin
à ce débat de fin de séance. Et, pour la suite des choses, je vais céder la
parole à M. le ministre des
Forêts, de la Faune et des Parcs.
Ajournement
M. Blanchette : Alors, Mme
la Présidente, je fais motion pour
ajourner nos travaux au mercredi 31 mai 2017, à 9 h 40.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, c'est très bien. Est-ce que cette
motion est adoptée?
Des voix : Adopté.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Adopté. Alors, en conséquence, j'ajourne nos
travaux au mercredi 31 mai, à 9 h 40.
(Fin de la séance à 18 h 17)