(Treize
heures quarante minutes)
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, chers collègues, je vous souhaite une très bonne séance.
Veuillez vous asseoir.
Affaires
courantes
Déclarations
de députés
Nous en sommes à la
rubrique de la déclaration des députés, et je cède la parole à M. le député de
Papineau.
Rendre
hommage à Mme Ginette Leduc et à M. Bryan Giles
pour leur travail au Salon des jeunes de Thurso
M. Alexandre
Iracà
M. Iracà : Merci, M. le Président. J'aimerais souligner l'engagement de
Mme Ginette Leduc et M. Bryan Giles dans leur communauté et
surtout pour leur implication au Salon des jeunes de Thurso.
Les jeunes qui
frappent à la porte sont accueillis dans un lieu chaleureux, où ils retrouvent
soutien, entraide ainsi que des moyens pour
agir ou pour réaliser des projets. Depuis 20 ans, Mme Ginette Leduc est
responsable du Salon des jeunes de
Thurso. On la considère comme une deuxième mère puisqu'elle est présente tous
les soirs pour être à l'écoute des
adolescents qui vivent parfois des moments difficiles. Quant à M. Giles,
il est l'homme qui s'occupe des réparations du salon, des commissions et
du transport.
Mme Leduc
et M. Giles ont décidé de prendre leur retraite. Je tiens à les remercier
pour leur dévouement et leur grande contribution au Salon des jeunes de
Thurso. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député de Papineau. Mme la
députée de Taillon,
pour votre déclaration.
Souligner
le Mois de la jonquille
Mme Diane
Lamarre
Mme Lamarre : Merci,
M. le Président. Tout le monde au Québec connaît le Mois de la jonquille. Depuis 60 ans,
la Société canadienne du cancer assure une présence qui
contribue à des résultats tangibles. 60 ans de bénévolat, d'action communautaire, de campagnes de financement, de sensibilisation du public pour financer la recherche, cela donne des résultats.
Le
taux de survie du cancer est passé d'environ 35 %, dans les années 1950, à plus de 60 % aujourd'hui. Dans les
années 50, environ la moitié des Canadiens
fumaient contre environ 18 % aujourd'hui. De nombreuses découvertes
médicales ont permis d'améliorer les
taux de survie des patients. Les lois et les politiques que nous adoptons comme
parlementaires ont un impact réel, tout comme l'implication de ces
milliers de bénévoles travaillant pour cette cause.
Cet engagement est
celui de tous, celui de notre époque. Il nous faut donc soutenir la Société
canadienne du cancer et démontrer notre
solidarité envers les personnes atteintes de cancer et leurs proches. Ensemble,
sauvons plus de vies. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, Mme la députée
de Taillon. Mme la députée de Hull, vice-présidente, je vous cède la
parole.
Rendre
hommage au Centre d'action bénévole de Hull dans le
cadre de la Semaine québécoise des popotes roulantes
Mme Maryse
Gaudreault
Mme Gaudreault :
Merci, M. le Président. Alors, dans le cadre de la semaine des popotes
roulantes, j'ai récemment vécu le quotidien de ces organismes en
participant à la livraison de repas chauds avec l'équipe du Centre d'action
bénévole de Hull.
Je
tiens aujourd'hui à souligner le travail extraordinaire de Mme Yohari
Kaboy, coordonnatrice des services du centre,
et de MM. Bernard Miquelon et Pierre Fortin, deux grands, très grands
bénévoles qui ont généreusement accepté de partager leur quotidien avec
moi. Quelle expérience mémorable! C'était beau et c'était très touchant. Beau
temps, mauvais temps, ce sont plus de 150
bénéficiaires, dans le comté de Hull, qui sont visités par des hommes et des
femmes d'exception qui souhaitent tout simplement donner au suivant.
Les popotes roulantes sont un marqueur
de société essentiel. Elles sont nos yeux et nos oreilles car elles entrent
quotidiennement dans l'intimité de nos plus
vulnérables. Longue vie aux popotes roulantes et surtout merci aux nombreux
bénévoles qui réchauffent les coeurs toute l'année durant! Merci, M. le
Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, Mme la députée
de Hull. M. le député de Drummond—Bois-Francs.
Rendre
hommage à MM. Laurent et Alain Lemaire, intronisés
au Temple de la renommée des affaires de La Chambre
de commerce et d'industrie de Drummond
M.
Sébastien Schneeberger
M. Schneeberger :
Oui. Merci, M. le Président. Alors, c'est avec une immense fierté que je
souligne l'intronisation de Laurent
et Alain Lemaire à titre de Bâtisseurs 2017 au Temple de la renommée des
affaires de La Chambre de commerce et
d'industrie de Drummond. Alain et Laurent ont ainsi rejoint leur frère aîné
Bernard à titre d'entrepreneurs d'un calibre mondial reconnus par le
milieu dont ils sont issus.
Je m'associe à
l'hommage qui leur a été rendu pour leur contribution à la société québécoise
et, à travers eux, à l'ensemble des employés
de Cascades. Ces géants centricois resteront pour toujours des modèles d'audace
et d'innovation. Ce sont des
pionniers du respect de l'humain et de l'environnement au Québec. Leur gestion,
fondée sur l'équipe, l'initiative et
la concertation, a tracé la voie. Leurs qualités de travailleurs inlassables,
de visionnaires passionnés et chefs de file charismatiques tirent vers
le haut les générations montantes.
Merci
à La Chambre de commerce et d'industrie de Drummond pour les avoir réunis au
Temple de la renommée des affaires!
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député de
Drummond—Bois-Francs.
M. le député de La Prairie.
Rendre
hommage à Mme Michelle Fournier, directrice générale
de la commission scolaire des Grandes-Seigneuries
M. Richard
Merlini
M. Merlini :
Merci, M. le Président. Le 14 avril prochain nous dirons tous merci et au
revoir à Mme Michelle Fournier,
qui prendra une retraite bien méritée après une brillante carrière de 34 ans
dans le milieu de l'éducation, dont sept à titre de directrice générale
à la commission scolaire des Grandes-Seigneuries.
Michelle
a su relever les nombreux défis qui se sont présentés au fil des années. Grâce
à son leadership exemplaire et la
complicité de commissaires scolaires dévoués, Michelle a définitivement marqué à sa façon la communauté éducative.
Je veux noter son travail extraordinaire
dans la concrétisation d'une nouvelle
école spécialisée à vocation régionale pour les élèves lourdement handicapés à Châteauguay. Cette école leur
offrira un environnement sécuritaire, adapté à leurs besoins, tout
en stimulant leur épanouissement.
M. le Président, je
désire donc aujourd'hui remercier Mme Michelle Fournier pour son
incroyable travail accompli et son
dévouement qui ont permis l'avancement de la réussite éducative à la commission
scolaire des Grandes-Seigneuries. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député de La Prairie. M. le
député de Saint-Jean, pour votre déclaration.
Souligner
le Mois de l'autisme
M. Dave
Turcotte
M. Turcotte : Le 2 avril a été déclaré, par l'Organisation des Nations unies, comme étant la Journée mondiale de
sensibilisation à l'autisme, une date coïncidant avec le début du Mois de
l'autisme, qui permet de sensibiliser et d'informer la population sur le
trouble du spectre de l'autisme.
Lors
de cette journée, mes collègues du Parti
québécois et moi avons fièrement
appuyé la campagne Faites briller le Québec en bleu. Suivant le mouvement international, plusieurs immeubles publics à
travers le Québec se sont illuminés en bleu. Chez nous, on
pense au cégep et à l'hôtel de ville.
Je
profite également de ce moment pour rendre hommage à tous ces
parents dévoués ainsi qu'à tous les acteurs concernés qui jouent un rôle au quotidien, un rôle essentiel afin
d'offrir la meilleure qualité de vie aux personnes vivant avec cette
réalité.
À tous mes collègues
de l'Assemblée nationale, travaillons tous ensemble pour améliorer les services
offerts à ces personnes ainsi qu'à leurs
familles. Agissons pour que chaque personne puisse développer son plein
potentiel. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Ouimet) : Merci,
M. le député de Saint-Jean.
Mme la députée de Chauveau, pour votre déclaration.
Souligner
la Semaine québécoise des
éducatrices et éducateurs spécialisés
Mme Véronyque
Tremblay
Mme Tremblay :
M. le Président, j'aimerais souligner qu'il s'agit cette semaine de la première
édition de la Semaine québécoise
des éducatrices et éducateurs spécialisés. L'objectif de cette initiative,
qui a été mise sur pied par l'Association des éducatrices et éducateurs
spécialisés du Québec, est de mettre en lumière le travail de ces quelques 20 000
intervenants des milieux des services sociaux et de l'éducation.
Les
éducateurs et éducatrices
interviennent auprès de personnes qui ont des difficultés d'adaptation, notamment en
ce qui concerne la délinquance, la toxicomanie, la déficience intellectuelle et
l'isolement social. Ils aident ces personnes à s'épanouir dans leur vie personnelle, et, sur le plan social, les
accompagnent au quotidien, et favorisent leur intégration dans la communauté.
Cette semaine
thématique est donc une belle occasion pour nous de saluer leur dévouement,
leurs qualités d'écoute et leur contribution au mieux-être des personnes
qu'elles accompagnent. Certains d'entre eux sont d'ailleurs aujourd'hui dans
nos tribunes, je tiens à les saluer. Merci beaucoup, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, merci à vous, Mme la députée de Chauveau.
Mme la députée de Nicolet-Bécancour, je vous cède la parole.
Rendre
hommage à M. Yves Bourque, paralympien,
pour son courage et sa détermination
M. Donald
Martel
M. Martel :
Merci, M. le Président. J'ai le plaisir aujourd'hui de saluer les réalisations
d'un athlète hors du commun, le paraskieur Yves Bourque.
Ce
citoyen de Bécancour, né sans jambe et aujourd'hui âgé de 51 ans, pratique
le ski de fond depuis plus de 30 ans. En 2011, il se fixe l'objectif de participer aux Jeux paralympiques
d'hiver de 2014 à Sotchi et parvient finalement à se tailler une place au sein de l'équipe. Yves
récolte également trois médailles de bronze aux Jeux du Canada de 2011 ainsi
que quatre médailles, une d'or, deux
d'argent, une de bronze, lors des Championnats nationaux de 2013 à Whistler, en
Colombie-Britannique. M. Bourque
revient tout juste d'une première Coupe du monde en Corée, où il a encore une
fois enregistré des résultats plus que satisfaisants.
Je
souhaite donc rendre hommage au courage et à la détermination de M. Yves
Bourque et surtout le remercier pour son ardeur à transmettre sa passion
autour de lui. Bravo, Yves!
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci, M. le député de
Nicolet-Bécancour. Mme la députée de Soulanges, alors, c'est à votre
tour maintenant.
Féliciter
les élèves de l'école secondaire Soulanges, lauréats
du concours Reproduction d'un objet historique datant
de la période de la Nouvelle-France
Mme Lucie
Charlebois
Mme Charlebois :
Merci, M. le Président. Au cours de l'année 2015‑2016, l'école secondaire
Soulanges a offert la possibilité aux
élèves de troisième année de participer à la compétition de reproduction d'un
objet historique datant de la Nouvelle-France.
Quatre
élèves, inspirés par leur enseignement, M. Stéphane Couture, ont relevé ce
défi. Leurs objets ont été exposés au
musée de la découverte, dis-je, à Québec, et leurs créateurs ont remporté des
prix décernés par l'organisme histoire Canada.
J'offre mes
félicitations à Arielle Fournier-Blais et Félicia Latreille, qui ont remporté
le deuxième prix dans la catégorie outils amérindiens, Jérémie Guénette, qui
remporte le premier prix dans la catégorie Reproduction d'objets usuels et divers, et Sandrine Ducharme, qui gagne le premier
prix dans la catégorie engagement et excellence.
M.
le Président, je désire féliciter les étudiants mais aussi l'enseignant qui a
su motiver ses étudiants à s'accomplir. Alors, bravo et merci pour leur
intérêt à notre histoire!
• (13 h 50) •
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, Mme la
députée de Soulanges. M. le député de Mont-Royal, à vous la parole.
Souligner le 45e anniversaire de l'Organisation d'éducation
et d'information logement de Côte-des-Neiges
M. Pierre
Arcand
M. Arcand :
M. le Président, en tant que député de Mont-Royal, il me fait plaisir de
souligner en cette Chambre le 45e anniversaire de l'Organisation
d'éducation et d'information logement Côte-des-Neiges, communément appelée
l'OEIL.
Depuis plus de quatre
décennies, cet organisme a comme mission, d'une part, d'améliorer les
conditions de logement dans le quartier
Côte-des-Neiges en informant et en soutenant les plus démunis et, d'autre part,
à lutter contre la pauvreté. Dans un
quartier où 85 % des citoyens habitent dans les logements locatifs, les
interventions et les services offerts par cet organisme sont
indispensables.
Alors,
bravo pour cet accompagnement et ce soutien remarquables! Je tiens à féliciter
toute l'équipe, que ce soient les coordonnateurs, les travailleurs
sociaux, pour leur contribution à améliorer la qualité de vie des résidents de
ma circonscription. Encore joyeux 45e anniversaire et bons succès dans vos
activités futures! Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le
député de Mont-Royal. Y a-t-il consentement pour permettre la présentation
d'une 11e déclaration de députés par M. le député de Matane-Matapédia?
Consentement. Allez-y, M. le député.
Souligner
le 50e anniversaire de l'entreprise Les Fruits
de mer de l'Est du Québec (1998) ltée
M. Pascal
Bérubé
M. Bérubé :
M. le Président, cette année, Les Fruits de mer de l'Est du Québec, une
importante entreprise de Matane, célèbre
son 50e anniversaire. Cette entreprise de transformation fait rayonner un
produit emblématique de notre ville, soit la très populaire crevette de
Matane.
Propriété
de Royal Greenland, l'entreprise compte plus de 150 employés et produit
annuellement 13 millions de livres
de crevettes. Bien implantée sur les marchés nationaux et mondiaux, elle occupe
une place importante de l'économie de
La Matanie. Toujours soucieux de répondre aux exigences des consommateurs, les
dirigeants n'hésitent pas à innover et
investir afin de demeurer un joueur majeur du secteur de la transformation des
produits de la mer. À titre d'exemple, cette
année, c'est près de 1 million de dollars qui sera investi afin de
moderniser les équipements de l'usine de Matane.
À
tous les dévoués employés, aux dirigeants et partenaires des Fruits de mer de
l'Est du Québec, je vous souhaite un très
joyeux 50e anniversaire et beaucoup de succès pour la suite de l'aventure.
Longue vie aux Fruits de mer de l'Est du Québec!
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député de
Matane-Matapédia.
Voilà
qui met un terme à la rubrique Déclarations de députés, et je suspends les
travaux de l'Assemblée quelques instants.
(Suspension de la séance à
13 h 53)
(Reprise à 14 heures)
Le Président :
Mesdames messieurs, nous allons nous recueillir quelques instants.
Merci. Je n'ai pas
dit de vous asseoir, j'ai juste dit merci.
Présence
d'une délégation du Groupe interparlementaire d'amitié
France-Québec présidée par M. Jean-Claude Carle
Alors,
à l'occasion de la 11e réunion annuelle du Sénat français et de l'Assemblée nationale du Québec,
j'ai le plaisir de souligner la
présence, dans nos tribunes, d'une délégation du Groupe interparlementaire
d'amitié Québec-France présidée par le sénateur de la Haute-Savoie, M.
Jean-Claude Carle.
Présence
de l'ambassadeur des Émirats arabes unis,
M. Mohammed Saif Helal Mohammed Al Shehhi
J'ai également le
plaisir de souligner la présence de l'ambassadeur des Émirats arabes unis, Son
Excellence M. Mohammed Saif Helal Mohammed Al Shehhi.
Présence
de MM. Jean-Pierre Charbonneau et Roger Bertrand,
ex-parlementaires de l'Assemblée nationale
Et enfin je
souligne la présence de deux anciens présidents de l'Assemblée nationale, M.
Jean-Pierre Charbonneau, ancien député de Verchères et puis de Borduas,
et M. Roger Bertrand, ancien député de Portneuf.
Nos collègues sont ici
pour une... d'abord, parce qu'ils sont heureux d'être ici, je pense, mais
aussi, comme parlementaires, nous vivons
aujourd'hui une journée bien particulière. En effet, nous célébrons le
225e anniversaire de nos
institutions parlementaires, et ce n'est pas tous les jours que nous pouvons
nous rappeler à quel point l'Assemblée nationale,
son autorité, ses champs de compétence et ses pouvoirs sont largement
redevables à ce qui s'est joué chez nous il y a 225 ans.
Sachant que cette année viendrait, j'avais
demandé à un groupe de travail de parlementaires, présidé par le vice-président
et député d'Abitibi-Ouest, M. François Gendron... de présider un groupe de
travail qui nous amènerait à des activités
au cours de l'année. Je voudrais remercier ce comité, le comité de
commémoration, qui était composé aussi de
Guy Bourgeois, député d'Abitibi-Est, de Sylvain Gaudreault, député de
Jonquière, de Guy Hardy, député de Saint-François, de Mathieu Lemay, député de Masson, de Claire
Samson, députée d'Iberville, et de Sylvain Roy, député de Bonaventure. Depuis ces années, les parlementaires de tous les
partis... J'ai demandé à François Gendron parce que c'était le seul qui
connaissait ça depuis le début de 1792. Alors, il était là, lui. Alors, depuis,
les parlementaires de tous les partis défendent les valeurs
démocratiques, apportant ainsi une crédibilité toujours plus grande à notre
Parlement.
Cet après-midi,
nous lancerons les festivités entourant cette année commémorative. Parmi les
activités-phares, une exposition, 1792. La naissance d'un Parlement,
et un recueil de bandes dessinées, 1792 : à main levée, que vous
retrouverez d'ailleurs sur votre pupitre, qui est le fruit d'une collaboration
entre des experts de l'Assemblée et quatre bédéistes
talentueux. Chacun des exemplaires que vous avez reçus vient d'une édition
particulière de 125 exemplaires.
Cet ouvrage
recrée de manière fort originale les premières élections générales de 1792, le
débat sur les langues, l'engagement
politique de Pierre-Stanislas Bédard et l'adoption des 92 résolutions. Si
vous souhaitez obtenir une dédicace sur
votre exemplaire, cela sera possible, puisque les quatre bédéistes se rendront
disponibles pour une séance de signature lors du lancement des festivités, tout de suite après la période des
questions et de réponses orales, dans le hall principal. Encore une
fois, j'aimerais remercier le comité de commémoration.
Et maintenant nous allons passer aux affaires du
jour...
Alors, nous poursuivons les affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a pas de déclarations ministérielles.
Présentation de projets de loi
À la rubrique Présentation de projets de loi, M.
le leader de l'opposition officielle.
M.
Bérubé : M. le
Président, pouvez-vous appeler l'article a de notre feuilleton?
Projet de loi n° 794
Le
Président : Alors, à l'article a du feuilleton, Mme la
députée de Taillon présente le projet de loi n° 794, Loi encadrant l'utilisation de l'état de santé comme
facteur de détermination de risque dans les contrats d'assurance. Mme la
députée de Taillon.
Mme Diane Lamarre
Mme
Lamarre : Merci, M. le Président. La vie parlementaire nous permet de
vivre de grands moments, celui du
dépôt de ce projet de loi en est un. Alors, projet de loi n° 794, Loi
encadrant l'utilisation de l'état de santé comme facteur de
détermination de risque dans les contrats d'assurance.
Ce projet de
loi introduit l'interdiction de prendre en considération comme facteur de
détermination de risque dans un
contrat d'assurance le fait d'avoir été atteint d'une maladie visée par
règlement à compter d'un certain délai suivant la fin du protocole
thérapeutique.
Il instaure
un droit à l'oubli pour les personnes victimes de pathologies cancéreuses ou de
certaines pathologies chroniques à
compter d'un certain délai suivant la fin du protocole thérapeutique. Dans ces
cas, l'utilisation de l'état de santé
comme facteur de détermination de risque constitue une discrimination. De plus,
le preneur de l'assurance de même que
l'assuré sont exemptés de l'obligation de déclaration précontractuelle prévue à
l'article 2408 du Code civil du Québec.
Ce projet de
loi instaure également un droit à l'information de cette interdiction pour les candidats à l'assurance. Merci.
Mise aux voix
Le Président : Est-ce que
l'Assemblée accepte d'être saisie de ce projet de loi? Adopté.
Dépôt de documents
À la rubrique Dépôt de documents, M. le leader
du gouvernement.
Réponses à des pétitions
M.
Fournier : Merci, M. le Président. Je dépose les réponses du gouvernement aux pétitions présentées par le député de Granby le 14 février 2017 et le député de Rimouski
le 15 mars 2017.
Le Président :
Alors, ces documents sont déposés.
Rapport du Directeur général des élections intitulé
Financement politique : Bilan et perspectives
Pour ma part, je dépose le rapport sur
l'application des règles de financement pour l'année 2016 du Directeur
général des élections du Québec intitulé Financement politique : Bilan
et perspectives.
Prévisions budgétaires et rapport financier préliminaire
du
Directeur général des élections et de la Commission
de la représentation électorale
Je dépose les
prévisions budgétaires 2017-2018 et le rapport financier préliminaire 2016-2017
du Directeur général des
élections du Québec et de la Commission de la représentation électorale du
Québec.
Nouveau diagramme de l'Assemblée
Je dépose également le nouveau diagramme de
l'Assemblée en date d'aujourd'hui.
Préavis d'une motion des
députés de l'opposition
Et finalement
j'ai reçu avis d'une motion qui sera inscrite dans le feuilleton
de demain aux affaires inscrites par les députés d'opposition, conformément
à l'article 97.1 du règlement. Je dépose copie du texte de ce préavis.
Je rappelle
que les affaires inscrites par les députés de l'opposition ont été réparties
au tout début de la législature et
que, selon cette répartition, il ne peut y avoir qu'une seule motion du
mercredi présentée par les députés indépendants au cours d'une année parlementaire.
Je rappelle
que la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques m'a informé dès le 14 mars 2017 de son intention de s'en prévaloir et que ce débat aurait normalement eu lieu demain. Toutefois, puisqu'il est peu probable que le premier volet de
13 h 30 min du débat sur le discours du budget se déroulant à
l'Assemblée soit terminé à temps demain pour que se tienne un débat
d'une durée de deux heures sur une motion du mercredi, j'entends préserver les
droits des députés indépendants de Québec
solidaire en reportant le moment qui avait été indiqué pour débattre de leur
motion à la séance du
12 avril 2017. Conséquemment, s'il y a suffisamment de temps demain
pour tenir un débat aux affaires inscrites par les députés de l'opposition, même s'il est de moindre
durée, celui... portera sur la motion inscrite par le député de Sanguinet.
Il n'y a pas de dépôt de rapports de commissions
ni de dépôt de pétitions.
Il n'y a pas
de réponses orales aux pétitions ni d'interventions portant sur une violation
de droit ou de privilège.
Questions et réponses orales
Nous en
sommes donc rendus à la période de questions et de réponses orales. Je cède la
parole à M. le chef de l'opposition officielle.
Salaires
des dirigeants de Bombardier inc.
M. Jean-François Lisée
M. Lisée : M. le
Président, une très grande entreprise
québécoise qui s'appelle Bombardier est chère au coeur
de l'ensemble des Québécois.
Dans un grand nombre de cas, nous avons été heureux de voir Bombardier rayonner
dans le monde entier et nous nous en
sentions propriétaires avant même que le premier ministre décide d'y
investir 1,3 milliard de
dollars.
Et c'est donc
parce qu'une décision inexplicable et inacceptable
d'augmenter la rémunération de près de 50 % à un moment où il y a
eu 5 000 emplois sacrifiés et au moment où l'entreprise est toujours
en difficulté... que nous nous attendions du premier ministre qu'il dise aux dirigeants de Bombardier que leur
décision était mauvaise et qu'ils devaient l'annuler.
Pourquoi le premier ministre, lorsqu'il a parlé
aux dirigeants de Bombardier, n'a-t-il pas simplement relayé l'opinion de l'immense majorité des Québécois en
disant que ces augmentations nuisaient à la réputation de Bombardier, nuisaient à l'attachement que les Québécois ont
pour Bombardier et que la seule solution possible était de faire comme le président, Pierre Beaudoin, qui venait de
renoncer à son augmentation, et de faire de ce renoncement la décision de
l'ensemble? Pourquoi le premier ministre n'a-t-il pas ainsi relayé la volonté
des Québécois?
• (14 h 10) •
Le Président : M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : M. le Président,
je suis en accord avec une bonne partie de l'intervention de mon collègue, bien
sûr pas toute, comme on peut le soupçonner,
mais effectivement il y a un lien de fierté qui unit les Québécois à Bombardier
depuis bien des
années. On est très fiers lorsqu'on voit leurs trains vendus à l'autre bout du
monde, lorsqu'on voit leurs avions
porter les couleurs des autres compagnies aériennes dans le monde entier. On
est très fiers d'avoir la plus grande compagnie industrielle du Canada
chez nous, avec son siège social chez nous.
Mais, à
partir de jeudi, ce lien de confiance et, je dirais même, d'affection a été
fragilisé, très fragilisé, ce qui nous rappelle
qu'une grande entreprise, quelle qu'elle soit, ne peut jamais perdre le contact
avec son environnement social, la communauté
qui l'a vue naître et la communauté qui la soutient encore aujourd'hui. Et on
va continuer à soutenir l'entreprise et,
au-delà de l'entreprise, M. le Président, les 40 000 emplois, les
40 000 emplois du secteur aéronautique, en se souvenant toujours que Bombardier, c'est le socle du
secteur aéronautique.
Maintenant,
on a effectivement communiqué cette grande déception, cette
frustration à la direction de Bombardier. Ils avaient déjà posé un
geste, qui n'était pas suffisant. Le deuxième geste l'est. Pourquoi l'est-il? Parce
que les augmentations qui ont été annoncées ne seront versées que si
et seulement si l'entreprise accroît ses activités, par exemple passe son chiffre d'affaires de 16 à 25 milliards. Et, si ça
arrive, tout le monde est gagnant : plus d'argent
qui rentre dans Bombardier, plus
d'impôt pour payer nos services publics, plus d'avions vendus, fabriqués, plus
d'emplois chez nous, et, bien sûr, l'investissement, et non pas la subvention, l'investissement que le gouvernement du Québec a fait devient rentable.
Donc, si ce
n'est pas rentable pour les Québécois, il n'y
aura pas d'augmentation pour les dirigeants. Ça a été bien
expliqué, c'était la chose qu'il fallait faire. Moi, je souhaite maintenant que Bombardier atteigne ses objectifs.
Je souhaite qu'ils atteignent leurs objectifs...
Le Président : En terminant.
M. Couillard : ...et on va les
appuyer pour ça, M. le Président.
Le Président : Première
complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M. Jean-François Lisée
M. Lisée : Bon, on a entendu
le fond de la pensée du premier ministre, qui n'a pas demandé l'annulation des augmentations de 50 %, il ne l'a pas
demandée, et il pense que, si l'augmentation se fait avec un an de retard, tout
le monde est gagnant. Ce n'est pas le cas. Les 5 000 personnes
qui ont perdu leurs emplois ne retrouveront pas leurs emplois. Seulement ceux
qui vont avoir 9 millions de dollars par année vont être gagnants.
C'est combien, trop, pour le premier ministre?
C'est combien, trop?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : Moi, ce que je
sais également, M. le Président, c'est que les personnes, les familles dont
l'emploi, le gagne-pain dépend de l'aéronautique et largement de
Bombardier — je
pense à la région de Mirabel, la région de Saint-Jérôme,
les Basses-Laurentides — savent très bien que, n'eût été de l'intervention stratégique et à
point du gouvernement du Québec,
leurs emplois auraient été très menacés et potentiellement perdus, avec un
effet de cascade sur tout le secteur aéronautique.
On a donc agi
pour préserver et créer plus d'emplois. Parce que le secteur aéronautique,
c'est le secteur de la série C, il
n'y a pas eu de perte d'emploi là. On veut faire croire que... les emplois dans
ce secteur-là. Et ensuite on va continuer, bien sûr, à développer ces actions-là avec l'entreprise, au profit des travailleurs.
Et je vais répéter : Si les objectifs sont atteints, c'est une très
bonne nouvelle pour tout le monde...
Le Président : En terminant.
M.
Couillard : ...et ça prend
une bonne nouvelle pour les Québécois, il faut qu'il y ait des bonnes nouvelles
pour les dirigeants.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M. Jean-François Lisée
M. Lisée :
Le premier ministre a très bien intégré l'argumentaire du 1 % : du
1 % le plus riche pour qui ce n'est jamais trop. Ce n'est jamais
trop. Et d'ailleurs, il y a quelques semaines, il a lui-même augmenté le revenu
de ces hypermillionnaires en modifiant sa...
Des voix : ...
M. Lisée :
... — s'il
vous plaît! — en
modifiant sa règle fiscale sur l'imposition de la vente d'actions. Il donne un
demi-million de dollars de plus aux cinq
personnes dont il approuve l'augmentation de rémunération. C'est ça que tout le
monde gagne?
Le
Président : D'abord, premièrement, j'aurais préféré qu'on
n'indique pas le nom du premier ministre, comme vous l'avez fait sur votre document, qui n'a peut-être pas autant
d'intérêt didactique qu'on aurait pu le souhaiter dans notre règlement.
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : Alors, M. le Président, le problème, quand on fait de la
tactique quotidienne, c'est qu'on perd contact avec ses propres paroles et ses propres idées. Alors, ce que le collègue
vient de nous montrer, c'est effectivement parti des mesures annoncées pour conserver et attirer des sièges sociaux au
Québec. Et, comme disait Alain Dubuc ce matin : Coudon, on en veut-u, des sièges sociaux, au
Québec? Nous, on en veut, des sièges sociaux, puis on veut les garder et en
faire venir d'autres.
Maintenant,
le député de Rousseau, le 3 février 2016, nous disait, en toute... et
je vais le citer : «Le gouvernement du Parti québécois avait déposé un rapport produit par [les] experts
indépendants respectés[...], dont Claude Séguin et Monique
Jérôme-Forget[...]. Ce rapport a été tabletté par les libéraux. [Mon nom] doit
pourtant mettre en oeuvre les recommandations faites par le groupe de travail,
et ce, sans tarder.»
Ce que le collègue a montré, le tableau, c'est
la mise en place du rapport...
Le Président : En terminant.
M. Couillard : ...que le député de
Rousseau demandait de voir appliquer.
Le Président : Troisième
complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M. Jean-François Lisée
M. Lisée :
Alors, évidemment, le premier ministre est mal informé. Lors de la réception du rapport, nous avions
spécifiquement dit que cette recommandation n'était pas acceptable. C'est la
seule qu'il a prise.
Mais je vais
lui donner un exemple. Quand Barack Obama a sauvé l'industrie automobile
américaine, il a dit : Pendant qu'on vous sauve, la rémunération
des dirigeants sera de 500 000 $ par année, pas plus.
Est-ce que
c'était irresponsable de la part de Barack Obama ou est-ce que ce n'est pas ce
qu'il aurait dû faire, lui, avec Bombardier en le sauvant de la
faillite?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : On fait des
progrès parce que, là, je viens d'entendre le chef de l'opposition officielle
reconnaître qu'on avait sauvé
l'entreprise de la faillite. Le président de l'entreprise l'a dit longtemps,
mais, si on relit les remarques qui
avaient été faites par les deux oppositions, où, à l'époque, on était les seuls
dans cette salle, M. le Président, à défendre Bombardier et les emplois reliés
au secteur aéronautique, on va être frappés par l'immense contradiction qui est
apparente aujourd'hui.
Alors, il
y a une chose également qu'il faut ajouter, M. le Président... rappeler d'abord
qu'il n'y aura pas d'augmentation de
ce niveau-là sans atteindre des objectifs qui sont bons pour tous les
Québécois. Mais là il y a une question de principe. Nous, on ne croit pas... Je comprends qu'il y a
une convergence PQ-Québec solidaire, là, mais on ne croit pas... et CAQ peut-être, même, d'après ce que j'ai lu, mais on
ne croit pas que c'est le rôle du gouvernement... on ne croit pas que c'est
le rôle du gouvernement de s'infiltrer dans la gestion interne des entreprises
et de nationaliser une entreprise...
Le Président : Principale, M.
le député de Rousseau.
Bonification de la déduction pour option d'achat de titres
M. Nicolas Marceau
M.
Marceau : M. le Président, 93 % des Québécois convergent,
effectivement, puis ils sont en colère. En février dernier, donc, après avoir déclaré que de vouloir
protéger nos sièges sociaux, c'était de vouloir bâtir un mur autour du Québec, le premier ministre a déposé son plan
d'action pour favoriser une économie de dirigeants. Son plan contenait
un beau cadeau de 45 millions aux ultrariches, une baisse d'impôt sur les
options d'achat des dirigeants des grosses entreprises cotées en bourse.
Si on prend
l'exemple des six plus hauts dirigeants de Bombardier, qui se sont partagé
32 millions de dollars en rémunération, ces personnes cumulaient
8,8 millions en options d'achat en 2016. Alors, vous pouvez calculer, M.
le Président, pour ces six personnes, le
plan libéral, ça représente un cadeau de près de 600 000 $. Alors,
d'un côté, il y a le 600 000 $
en cadeau aux ultrariches dans une entreprise qui a été sauvée par des fonds
publics et, de l'autre côté, il y a le budget avec 55 $ par
contribuable, M. le Président, 55 $. Ça, c'est les choix du gouvernement
actuel.
Alors, qu'attend-il, M. le Président...
Le Président :
M. le ministre des Finances.
M. Carlos J. Leitão
M.
Leitão : M. le Président, il y a plusieurs choses, là, plusieurs
éléments dans la question. Je pense qu'on n'aura pas le temps de tout faire, on reviendra, mais je commencerais par la
fin. Ce n'est pas seulement 55 $. Je sais qu'il partage le point de vue de la CAQ, mais, les deux, je vous
invite à aller un peu plus loin, c'est 550 $. Il y a un zéro de plus,
là... pardon, 510 $, 510 $
d'allègement fiscal. La taxe santé, c'était une surtaxe sur le revenu. On l'a
éliminée, la taxe santé. L'élimination
de la taxe santé est rétroactive, plus l'abattement fiscal général que nous
avons annoncé, c'est 500 $, 510 $ pour une famille de la
classe moyenne, pas 55 $, 510 $.
Deuxième
question, deuxième élément, les sièges sociaux. Ça me réconforte de voir que le
Parti québécois est aussi en faveur de maintenir les sièges sociaux au
Québec. Ils sont en faveur du principe, mais, quand ils arrivent aux moyens qu'on utilise pour le faire, là ce n'est
plus tellement bon. Alors, ce qu'on a annoncé, entre autres la mesure qui
semble préoccuper beaucoup, c'était la
mesure-phare du rapport Séguin. Alors, ils voulaient qu'on l'applique, le
rapport Séguin...
Le Président : En terminant.
M. Leitão : ...c'est ce qu'on a
fait, M. le Président.
Le Président : Première
complémentaire, M. le député de Rousseau.
M. Nicolas Marceau
M. Marceau :
M. le Président, le ministre des Finances peut-il nous dire comment de faire un
cadeau de 600 000 $ aux
dirigeants de Bombardier, ça va aider nos sièges sociaux? Comment ça va les
aider? M. le Président, 93 % des Québécois sont en colère. Ils ne
veulent plus que l'État donne des cadeaux aux ultrariches.
Maintenant que vous avez constaté la colère des
Québécois, maintenant que vous avez constaté votre erreur, qu'attendez-vous pour annuler cette mesure, cette
mesure qui est complètement injuste quand on la compare au 55 $ qui
a été donné aux contribuables du Québec?
Le Président : M. le ministre
des Finances.
M. Carlos J. Leitão
M.
Leitão : 510 $ de réduction d'impôt, il faut quand même répéter
souvent, 510 $, pas 55 $. Maintenant, je vais aussi soulever la question... Parce qu'on parle
d'erreur, petite erreur méthodologique dans le calcul de nos collègues de
l'opposition officielle. Comme M. le premier
ministre l'a bien mentionné, la rémunération des dirigeants de Bombardier,
elle est différée dans le temps, elle est payable à la fin, en 2020, si en
effet les résultats sont là. Donc, aujourd'hui, aujourd'hui, il n'y a pas d'exercice d'options d'achat, M. le Président,
l'exercice de ces options-là va se faire plus tard, en 2020, si et
seulement si les objectifs financiers sont atteints...
Le Président : En terminant.
M. Leitão : ...ce qui est un facteur
fondamental. Mais notre mesure de sièges sociaux ne s'adresse...
• (14 h 20) •
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le député de Rousseau.
M. Nicolas Marceau
M. Marceau :
M. le Président, le ministre des Finances ne répond pas. De quelle manière
donner 600 000 $ de plus, là,
ce crémage que vous avez ajouté sur le gâteau, de quelle manière ça va aider à
garder le siège social de Bombardier ici? Répondez à cette question très simple. Et, je répète, les Québécois sont
en colère. Ils ne veulent plus de ce genre de cadeau.
Qu'attendez-vous pour annuler cette mesure
fiscale qui n'a aucune efficacité démontrée?
Le Président : M. le ministre
des Finances.
M. Carlos J. Leitão
M.
Leitão : M. le Président, oui, en effet, il me semble qu'il y a déjà
une certaine convergence, il y a une espèce de dérapage à gauche, là, qui commence à être préoccupante. À mon avis,
c'est très préoccupant de voir le dérapage à gauche où le Parti
québécois voudrait s'immiscer dans la gestion des entreprises privées, bon.
Mais la
mesure que nous avons annoncée, les mesures, il y avait toute une série de
mesures qu'on a annoncées en février,
c'est pour la protection et le développement des sièges sociaux au Québec.
Bombardier, c'est une entreprise québécoise, oui, mais il y en a plein d'autres. Ce
n'est pas une mesure qui s'adresse à Bombardier.
C'est bien qu'on aime refaire
l'histoire des choses, le révisionnisme historique, c'est la spécialité de nos
amis de l'opposition, mais c'est une mesure qui s'applique à
toutes les entreprises du Québec...
Le Président :
En terminant.
M. Leitão :
...ce n'est pas une mesure Bombardier. Soyons quand même un peu...
Le Président :
Principale, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
Rémunération des dirigeants de
Bombardier inc.
M.
François Legault
M.
Legault : M. le Président, on a appris la semaine dernière qu'Alain Bellemare, président de
Bombardier, veut augmenter son
salaire, pour 2016, de 8,5 millions
de dollars par année à 12,5 millions de dollars par année si — et ça,
c'est la clause du dimanche soir — si certains objectifs sont atteints d'ici
2020. Moi, je trouve ça complètement exagéré, indéfendable. Le premier
ministre vient de nous le dire, lui, il est d'accord avec ça.
M. le Président,
encore aujourd'hui, les Québécois sont en colère, et, plutôt que de défendre
les Québécois, le premier ministre leur
dit : Vous n'avez pas raison de vous indigner, vous n'avez pas raison de
vous indigner. Taisez-vous, vous allez nuire à Bombardier.
M.
le Président, quand le premier ministre va-t-il enfin écouter la colère des
Québécois puis exiger que les salaires des hauts dirigeants de
Bombardier soient révisés?
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît! M. le premier ministre.
M.
Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président, je constate également la convergence CAQ-Québec
solidaire, qu'on avait déjà vue autour des impôts. Le collègue voulait
augmenter les impôts, à un moment donné, puis il a rapidement sonné le clairon
de la retraite, là.
Alors
là, il veut qu'on intervienne dans les politiques internes d'une entreprise au
Québec, une grande entreprise, la plus grande entreprise industrielle, avec son
siège social chez nous, c'est ça qu'il veut, là. Nous, on dit qu'effectivement
on était fâchés aussi, on a transmis la colère et l'indignation des Québécois,
et le geste qui a été posé est le bon geste.
Maintenant, qu'il réfléchisse un peu. Qui dans
cette Chambre, ici, a le plus nui, au cours des derniers mois, à Bombardier? De quelles paroles les concurrents de Bombardier
se délectent-ils? De quelles paroles les gens hors Québec, au Canada, se
délectent-ils lorsqu'ils veulent noircir le Québec à travers Bombardier? De ses
paroles, M. le Président.
Le Président :
Première complémentaire, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M.
François Legault
M.
Legault : M. le Président, celui qui nuit à Bombardier, c'est
celui qui a mal négocié l'entente avec Bombardier. Puis, oui, quand on
investit 1,3 milliard dans une entreprise, on devrait pouvoir participer
aux décisions importantes.
Quand
va-t-il commencer à défendre les Québécois, à comprendre les Québécois? Quand
va-t-il descendre de sa tour d'ivoire?
Le Président :
M. le premier ministre.
M.
Philippe Couillard
M. Couillard : ...c'est au contraire parce que je suis très proche du monde et des
travailleurs que je répète ici que nous,
on a toujours voulu être du côté des travailleurs de l'aéronautique, des gens
des Laurentides, des gens de Saint-Jérôme, des gens de Mirabel, des gens du nord de Montréal qui travaillent tous
les jours chez Bombardier et dont certains propos ici ont menacé directement l'emploi. Et je pense qu'on va
le répéter, et on devra le répéter encore une fois.
Maintenant,
nous, on va rappeler des choses évidentes, qui devraient être évidentes pour le
collègue pourtant. On n'a pas investi dans l'entreprise. On n'a pas investi dans Bombardier. On a investi spécifiquement dans un programme, le plus grand programme d'innovation
au Canada actuellement, qu'est le programme de la série C. Il y a déjà
370 commandes fermes. Ce n'est pas rien, ça. Et il y en aura plus.
Le Président :
En terminant.
M.
Couillard : On veut qu'il y
en ait plus. Et, si les objectifs sont atteints, les gens seront mieux payés.
Tant mieux pour eux.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M. François Legault
M. Legault : M. le
Président, les Québécois
trouvent ça indécent qu'en 2016 l'entreprise Bombardier ait perdu 1 milliard puis que son président veuille avoir un salaire
de 12,5 millions à condition que certains objectifs
soient atteints d'ici 2020. Ça ne tient pas debout.
Quand le premier ministre va-t-il cesser d'agir comme spectateur, d'agir comme un groupie qui
applaudit sur le bord des lignes tout ce que font...
Le Président : M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : Alors, M. le Président, quand j'ai vu un avion de la série C avec les couleurs de Delta prendre
l'air, quand je vois dans les avions de
Swiss Air Lines la publicité de l'entreprise faite avec les avions du Québec,
oui, je suis fier. Je suis fier puis
j'applaudis parce que c'est le génie du Québec qui rayonne partout
dans le monde, M. le Président.
Et, s'il dit
que quelqu'un ici a nui à Bombardier, bien, qu'il aille
rencontrer la direction de Bombardier puis qu'il nous parle de sa
conversation après.
Le Président : Principale, M.
le député d'Arthabaska.
Composition du conseil
d'administration de Bombardier inc.
M. Éric Lefebvre
M.
Lefebvre : Merci, M. le Président. En septembre 2015, le gouvernement a donné 1,3 milliard à Bombardier. À la CAQ, on a toujours dit que le gouvernement devait soutenir
Bombardier. Malgré l'ampleur de l'investissement...
Des voix : ...
Le Président : Bon! Ça va!
Des voix : ...
Le Président : Ça va! S'il
vous plaît!
Des voix : ...
Le
Président : S'il vous plaît! D'un côté comme de l'autre, là. Il n'y a qu'une personne qui a
le droit de parole ici, c'est
le député d'Arthabaska. M. le député, continuez.
M. Lefebvre : Merci, M. le
Président. Malgré l'ampleur de l'investissement de l'argent des Québécois et Québécoises, les informations disponibles sur
l'entente ont été très minces, un grave manque de transparence. Mais on sait une chose, ça a été un mauvais deal
d'affaires : aucune garantie d'emploi pour le Québec, aucun représentant
sur le conseil d'administration de Bombardier.
Le résultat,
un an et demi plus tard? 4 000 emplois perdus, perte de
1 milliard pour Bombardier en 2016, et on offre des augmentations
de salaire de 48 % aux hauts dirigeants avec l'argent des Québécois.
Question
simple : Oui ou non, est-ce que le premier ministre va corriger son erreur
et exiger une place au conseil d'administration de Bombardier?
Le Président : Mme la ministre
de l'Économie.
Mme Dominique Anglade
Mme
Anglade : Merci, M. le Président. Alors, j'entends la question de mon collègue de l'opposition qui a des... et que je
comprends très bien comme question. En fait, je connais également
mon histoire, et il y en a qui ont la... qui sont des révisionnistes, qui pensent que le parti d'opposition a soutenu l'investissement de Bombardier initialement, alors que ce n'était pas vrai, les deux oppositions
s'étaient opposées à ce que le gouvernement soutienne l'entreprise Bombardier.
Cela dit,
j'aimerais remettre en perspective, M.
le Président, le fait que tout le monde... Je pense qu'il n'y a pas un député dans cette Assemblée qui n'a
pas reçu des appels, qui n'a pas entendu l'indignation des Québécois pendant les derniers jours,
depuis mercredi, personne. On a tous été sensibilisés par cette question-ci, on
a tous été interpellés par nos concitoyens.
Cela
dit, M. le Président, sur toute la question qui a été annoncée, sur
toute la position de Bombardier, ils ont déjà... ils ont posé un geste, un geste qui fait en sorte que les bonis ne
seront pas versés si les Québécois ne font pas d'argent, premièrement.
Deuxièmement, quand on parle de la négociation du contrat avec Bombardier, il faut se rappeler une chose : il y a eu des garanties qui ont été
données, on a un siège social ici.
Le Président :
En terminant.
Mme
Anglade : L'ingénierie,
c'est ici que ça se fait. La recherche et le développement, c'est ici que
ça se fait.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député d'Arthabaska.
M.
Éric Lefebvre
M.
Lefebvre : Ce gouvernement, le gouvernement du Québec, la Caisse
de dépôt ont investi 3 milliards de dollars, 3 milliards. Avec un aussi gros investissement, la population du Québec est devenue des partenaires d'affaires avec
Bombardier. Ça
devrait être la moindre des choses que le gouvernement ait un siège au conseil d'administration de la société mère.
Est-ce que
la ministre est prête à réfléchir à la proposition de la CAQ? Est-ce qu'elle va demander une place au conseil
d'administration de Bombardier?
Le Président :
Mme la ministre de l'Économie.
Mme
Dominique Anglade
Mme
Anglade : M. le Président, on peut refaire l'histoire, mais la volonté du gouvernement était de quoi? Était d'investir dans la CSeries, était
d'investir dans le projet d'innovation qui allait faire en sorte que nous
allions pouvoir continuer à croître au niveau de l'aérospatiale au Québec.
Hier,
M. le Président, j'étais à la semaine de l'aérospatiale ici, au Québec,
avec des dirigeants de partout dans le monde qui sont venus voir l'importance
de l'aérospatiale ici, et ce qu'ils disent, c'est qu'on a vraiment une force,
et c'est ce qu'on voulait continuer avec la
CSeries. C'est pour ça qu'on a investi là-dedans, pour l'innovation, mais pour
les travailleurs, pour les
40 000 familles qui
dépendent de l'industrie de l'aérospatiale. C'est pour ça qu'on a posé ce
geste, M. le Président.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député d'Arthabaska.
M.
Éric Lefebvre
M.
Lefebvre : M. le Président, c'est exactement de ça que la population est tannée.
J'écoute la réponse de la ministre : aucune réponse, aucune réponse à la question.
Comme élus, là, nous sommes la voix des Québécois et Québécoises,
et, depuis une semaine, ils nous
disent qu'ils sont furieux de la décision de Bombardier, mais surtout de
l'inaction du gouvernement.
Notre
proposition est simple, est concrète,
comparativement aux réponses évasives de la ministre. Je lui répète une
dernière fois ma question : Est-ce que la ministre va demander que le gouvernement
ait un siège sur le conseil d'administration...
• (14 h 30) •
Le Président :
Mme la ministre de l'Économie.
Mme Dominique Anglade
Mme
Anglade : Merci, M. le Président. Alors, je répète un peu ce que j'ai dit tout à l'heure parce que je
pense que ça n'a pas été bien compris du côté de l'opposition. Ça n'a
pas été bien compris.
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît!
Mme
Anglade : Nous avons investi
dans la CSeries, donc un conseil
d'administration de la CSeries, pas
de la société mère. Mais ce qui est important, M. le Président, ce... M.
le Président...
Des voix :
...
Mme Anglade : Je réponds à la question,
M. le Président.
Des voix : ...
M.
Bonnardel : 79, la ministre ne doit pas répéter ce qu'elle vient de dire.
Parce que la question était précise.
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît! Mme la ministre, veuillez continuer, s'il vous plaît.
Une voix :
...
Le Président :
Bien, oui, oui. On perd notre temps, ce n'est pas une question de règlement.
Une voix :
...
Le
Président : Non, ce
n'est pas une question de règlement. Mme la
ministre, s'il vous plaît, veuillez continuer. Mme la ministre.
Mme
Anglade : Nous avons décidé
de l'investir dans la CSeries, dans le conseil
d'administration de la CSeries,
et non dans le conseil de la compagnie mère.
Alors, exiger à un conseil
d'administration, alors que ce n'est
pas là qu'on a investi ne serait pas l'avenue à prendre. Ce qui est important,
c'est que les Québécois fassent de l'argent. Ce qui est important, c'est que les Québécois
aient du travail dans le domaine aérospatial, qu'on continue à faire croître
les emplois. C'est ça qui est important et c'est sur ça que... Vous, ce
que vous faites, ce que vous prenez...
Le Président :
En terminant.
Mme Anglade :
...c'est du nationalisme économique de façade. Merci, M. le Président.
Le Président :
Principale, M. le député de La Peltrie.
Rôle de M. Marc-Yvan Côté dans l'organisation de
la course à la direction du Parti libéral
M. Éric Caire
M.
Caire : Merci, M. le Président. 2005, Marc-Yvan Côté banni à vie du Parti libéral du Canada. 2007, 2008 et
2009, il devient officiellement collecteur de fonds pour le Parti libéral du
Québec. Mars 2009, le premier ministre le remercie
personnellement de l'avoir remplacé comme président d'honneur d'une activité de
levée de fonds. En septembre 2012, on
le sollicite pour trouver des délégués pour voter pour le leadership du premier
ministre. En décembre de la même année, il est invité à un cocktail très
restreint où sera présent le premier ministre. En mars 2013, Lise Grondin le
remercie pour son travail dans
l'ombre. En mars de la même année, Josée Lévesque, du bureau du premier
ministre, souhaite lui parler. Et la cerise sur le sundae, en février
2014, la SQ trouve 19 reçus de contributions et adhésions à son domicile.
Devant tous ces
faits, comment le premier ministre peut-il nier l'implication de Marc-Yvan Côté
au sein du Parti libéral? Comment peut-il refuser qu'une commission
parlementaire fasse toute la lumière sur cette implication?
Le Président :
M. le leader du gouvernement.
M. Jean-Marc Fournier
M.
Fournier : Oui. Merci, M. le Président. Peut-être pour rappeler, je
crois que le collègue s'inspire du reportage qu'il y avait dans Le
Journal de Québec, je crois, la semaine dernière. Et il faut rappeler qu'un
des éléments dans ce reportage-là, il n'en a
pas fait mention parce qu'il insinue quand même l'influence de Marc-Yvan Côté.
J'ai noté que, dans un des éléments,
on voyait que M. Côté, notamment, souhaitait que se termine l'ère de Daniel
Johnson, M. le Président. Et, si j'ai
bien compris ce qui s'est passé par la suite, c'est qu'il n'a pas été écouté.
Mon collègue de Châteauguay racontait la semaine dernière que, dans le même reportage, M. Côté souhaitait qu'il
puisse être le chef de l'opposition officielle. Il nous a dit qu'il n'en
avait pas de souvenir, et je m'en souviens, qu'il n'avait pas de souvenir, M.
le Président.
Tout
ça pour dire qu'il me semble assez
évident que, tout ce qui est insinué pour dire que Marc-Yvan Côté se cacherait
derrière ces banquettes et serait en train de diriger le gouvernement, le propre reportage auquel il réfère fait exactement la preuve contraire, M. le
Président. Alors, comment en dire plus que ce que le premier ministre lui-même
a dit? Il a directement écarté M. Côté.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de La Peltrie.
M. Éric Caire
M.
Caire : M. le
Président, le premier ministre du Québec nous a dit qu'il avait, au début de sa course au
leadership, rencontré personnellement
Marc-Yvan Côté pour lui demander de ne pas s'impliquer dans sa campagne. C'est
rare qu'on rencontre des gens pour leur dire : Implique-toi pas,
s'il te plaît. C'est assez rare.
Est-ce que le premier ministre peut nous dire qu'est-ce qu'il a vu, qu'est-ce qu'il a entendu,
qu'est-ce qu'il a su qui lui ont commandé de rencontrer Marc-Yvan Côté
pour lui demander de ne pas s'impliquer dans sa campagne?
Le Président :
M. le leader du gouvernement.
M. Jean-Marc Fournier
M.
Fournier : Alors, finalement,
M. le Président, quand le premier ministre fait la bonne
chose, il dit : Ah! ce n'est pas
possible qu'il ait fait la bonne chose, je ne veux pas qu'il ait fait la bonne
chose. Ça ne se fait pas, faire la bonne chose. C'est ce qu'il est en
train de nous dire.
Le
premier ministre a indiqué qu'il a directement, personnellement dit à M. Côté de ne pas s'impliquer, c'est ça qui s'est passé. Alors, moi, je n'y peux rien. Je sais
bien qu'il n'aime pas ça puis qu'il veut changer l'histoire parce que ça ne
joue pas dans son histoire, mais c'est ça qui est arrivé.
Dans
le reportage auquel il réfère, M. Côté a des espoirs, et ils sont tous déçus.
Il ne veut pas en parler, de ça, non plus.
Dans ce reportage, on fait état de l'association de comté dans Charlevoix, il n'y a absolument
rien avec l'organisation du premier
ministre, mais il croit qu'il peut encore faire un peu de millage par
association...
Le Président :
En terminant.
M. Fournier :
...je crois qu'il va encore en faire.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député La Peltrie.
M. Éric Caire
M.
Caire : M. le Président, les faits ont la vie dure,
là, les faits ont la vie dure. Le reste, ça relève de la magie du leader
du gouvernement et le bouclier humain du premier ministre.
Mais
je vais lui reposer la question à lui : Pourquoi on va rencontrer
quelqu'un pour lui demander de ne pas s'impliquer dans sa campagne? Qu'est-ce que le premier
ministre a entendu? Quelle information est arrivée à lui qui a fait en sorte
qu'il s'est dit : Il faut que j'aille voir
Marc-Yvan Côté puis que je lui dise : Surtout, ne t'implique pas dans sa
campagne? Qu'est-ce qui s'est passé pour justifier un geste aussi,
disons, questionnable, M. le Président?
Le Président :
M. le leader du gouvernement.
M. Jean-Marc Fournier
M.
Fournier : Les faits
ont la vie dure, effectivement. Le premier
ministre lui a dit de ne pas
s'impliquer. Est-ce que mon collègue
souhaite le contraire? Est-ce qu'il aurait dû lui demander de s'impliquer? Et,
s'il lui avait demandé de s'impliquer,
je crois, je pense que la gageure n'est pas compliquée, je crois qu'il s'en
serait offusqué, qu'à cette époque il l'ait fait comme cela.
Alors,
il a personnellement, directement demandé à M. Côté de ne pas s'impliquer. Et
le reportage auquel il réfère fait exactement
le contraire de la preuve qu'il veut tenter de faire, d'insinuer que
M. Côté serait caché derrière nos banquettes à tirer toutes les
ficelles du gouvernement.
Le Président :
En terminant.
M. Fournier :
C'est exactement le contraire que dit le reportage.
Le Président :
Principale, M. le député de Verchères.
Projet d'optimisation des laboratoires de biologie
médicale
M. Stéphane Bergeron
M.
Bergeron : M. le Président, économie
incertaine, possibilité de perte d'échantillons, allongement des délais d'analyse. Envers et contre tous, le ministre de la Santé continue de s'entêter avec le
projet Optilab. À Saint-Hyacinthe, les élus dénoncent ce projet : «Le
déploiement projeté se fait sans tenir compte des enjeux propres à chaque
région», disent-ils. Ils s'inquiètent
également des pertes d'emploi : au moins 35 emplois de professionnels
et de techniciens de laboratoire pourraient disparaître au profit de
l'Hôpital Charles-Le Moyne.
M.
le Président, le ministre est-il à ce point insensible à la réalité sur le
terrain pour ne pas comprendre que son empressement dans le dossier
Optilab va nuire à la qualité des soins et à des milieux comme Saint-Hyacinthe?
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : Je suis tellement, M. le Président, préoccupé par l'intérêt
des gens sur le terrain que l'essence même de l'exercice Optilab est une
économie à réinjecter en soins de santé pour le bénéfice des citoyens. Parce
que, de notre côté, M. le Président, comme
nous avons une culture de saine gestion des deniers publics, on s'assure de
dégager le maximum de chaque dollar
payé en impôts et en taxes des citoyens. Et, quand on regarde le dernier
sondage à la suite de notre dernier budget, ça a bien l'air que la
population est d'accord avec nous autres.
Alors, M. le
Président, la réalité, elle est simple, Optilab, à l'image de tout secteur
économique et surtout technologique, offre
l'opportunité d'avoir des gains d'efficience. L'État doit-il passer à côté
d'une opportunité technologique qui
générera des économies à être réinvesties dans notre système de santé et de
services sociaux au bénéfice des patients les plus vulnérables? Ce à quoi nous invite le député de Verchères,
c'est le statu quo, qui, lui, est à l'image de son parti.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Saint-Jean.
M. Dave Turcotte
M.
Turcotte :
Optilab, c'est aussi la mauvaise gestion des deniers publics. Le gouvernement
du Québec paie 109 millions pour
agrandir l'Hôpital du Haut-Richelieu, dont le laboratoire suspend ses travaux.
Le troisième étage est donc libre,
mais, à côté, on va mettre des millions pour agrandir le laboratoire de
Charles-Le Moyne. Cherchez l'erreur, M. le Président.
Le
ministre peut-il se rendre à l'évidence et redonner le laboratoire à la
population du Haut-Richelieu-Rouville?
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : Alors là, on mélange ici un certain nombre de concepts et
on donne une histoire partielle, et je vais vous donner l'histoire
complète.
Lorsqu'il était une
fois que nous décidions de construire un laboratoire, nous construisâmes des
locaux dans lesquels eut été prévu, à un
moment donné, M. le Président, d'y installer de l'équipement. Or, il se trouve,
M. le Président, qu'à partir du
moment où on construit des locaux, avant qu'on y investisse ou installe des
équipements, il n'y a pas de dépense
de faite. Ils ne sont pas achetés, ces équipements-là. Conséquemment, ces
locaux-là sont utilisables à d'autres escients, et l'enjeu ici est de
faire en sorte que les locaux soient utilisés...
Le Président :
En terminant.
M.
Barrette : ...correctement, et ce, sur une cohorte parce que nous
n'avons pas acheté d'équipement encore.
• (14 h 40) •
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Jonquière.
M. Sylvain Gaudreault
M.
Gaudreault : À Jonquière, la clinique d'anticoagulothérapie va fermer
à cause d'Optilab. Pour M. Claude Munger, son état de santé exige
d'avoir des résultats sans délai, Optilab va les retarder. En plus, il attend
toujours une lettre l'informant du transfert
de son dossier vers une pharmacie où chaque test va coûter désormais 5 $
plus taxe. Mme Ginette Boulianne n'a
toujours pas reçu, elle aussi, sa lettre pour l'informer du transfert de son
dossier. Elle s'inquiète que les tests dans les pharmacies soient moins
précis que les tests de laboratoire des hôpitaux. Qu'est-ce que le ministre a à
répondre à ces gens?
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : Bien, je tiens, évidemment, à rassurer la dame à laquelle
fait référence notre collègue, évidemment que les tests vont être aussi précis que les autres tests, puisque c'est
un test extrêmement simple, sur le plan technologique, qui ne nécessite
pas une infrastructure particulière.
Par
contre, je vais inviter le collègue à avoir une conversation avec sa collègue
de Taillon, qui, elle, dans le passé, a
fait une grande promotion — et qui en fait encore une grande — de l'importance de l'implication des
pharmaciens dans l'accès à certains services de première ligne,
notamment à certains tests diagnostiques. Je l'invite...
Le Président :
En terminant.
M.
Barrette : ...à aller réécouter nos commissions parlementaires pour
s'informer, ça va l'intéresser beaucoup.
Le Président : Principale, M.
le député de Saint-Jérôme.
Stratégie d'électrification des
transports
M. Marc Bourcier
M.
Bourcier : M. le Président, en 1987, les deux gouvernements du Québec
et du Canada ont consenti chacun la moitié d'un prêt sur 30 ans de
220 millions de dollars à General Motors pour son usine de Boisbriand, au
sud de Saint-Jérôme. À l'époque, GM
s'engageait à maintenir l'usine ouverte jusqu'au moins en 1994, mais l'usine
sera finalement fermée en 2001. En
2011, Investissement Québec a confirmé que l'obligation de rembourser le prêt
demeurait toujours exécutoire et que GM avait jusqu'au 1er avril 2017
pour rembourser le gouvernement.
Nous
sommes maintenant le 4 avril 2017. Bien des choses ont changé depuis 1987, et
l'électrification des transports représente
l'avenir du Québec et un enjeu majeur pour toute une région. Que fera le
gouvernement du Québec avec cette somme
de 110 millions officiellement disponible? Le réinvestira-t-il en
électrification des transports dans les régions des Basses-Laurentides
et à Saint-Jérôme?
Le Président :
Mme la ministre de l'Économie.
Mme Dominique Anglade
Mme
Anglade : Merci, M. le Président. Alors, il y a environ deux semaines,
j'ai eu la chance d'annoncer que nous allons
créer une grappe, nous allons créer une grappe, justement, sur la question de
l'innovation et des véhicules innovants. Alors, je pense que le collègue de l'opposition va être intéressé à
savoir que nous allons mobiliser les forces dans ce domaine pour nous
assurer qu'il y ait tout un travail qui se fasse en matière d'innovation.
Lundi
prochain, M. le Président, il y a un événement, un forum. J'invite mon collègue
de l'opposition à y participer. Lors
de ce forum-là, nous allons avoir des gens qui travaillent dans le milieu de
l'automobile et qui travaillent dans le milieu de l'énergie, qui travaillent dans le milieu de l'innovation. Ils
vont tous se réunir, justement, pour voir quel va être l'avenir et comment, de manière concrète, nous
allons pouvoir répondre à la question du député de l'opposition. Alors,
je l'invite à participer, il est très bienvenu. Merci, M. le Président.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Saint-Jérôme.
M. Marc Bourcier
M.
Bourcier : Merci beaucoup pour l'invitation. Le gouvernement fédéral
prévoit investir 62,5 millions pour installer plus de 280 bornes de recharge de véhicules
électriques à travers le Canada. Un projet en Ontario vient déjà de bénéficier
de 800 000 $ pour financer
la moitié de l'achat et l'installation de 25 bornes de recharge le long de
l'autoroute 401. Avec 110 millions dans la grappe, c'est beaucoup de bornes de recharge que le
gouvernement du Québec pourrait installer sur son territoire.
Est-ce que le
gouvernement du Québec va réinvestir la somme...
Le Président :
M. le ministre des Transports.
M. Laurent Lessard
M.
Lessard : Merci, M. le Président. Donc, la question est
intéressante, sur l'électrification des transports, puisque le gouvernement du Québec a déposé sa stratégie
pour laquelle il y a une enveloppe de 480 millions qui est financée en
grande partie, à 80 %, à même les
crédits carbone, donc le Fonds vert, donc, qui nous donne une source
d'investissement. Faut-il rappeler pour tous les téléspectateurs, donc, qui
nous écoutent, quand même que le Québec détient... donc, l'endroit au Canada où il se vend le plus grand
nombre de véhicules électriques, donc, par différentes initiatives qui ont été
prises par mon collègue de l'Environnement, la ministre de Développement
économique, plus notre stratégie, donc, d'installer partout au Québec, donc,
des bornes dans le grand Québec au complet. L'autoroute 40 a été priorisée...
Le Président :
En terminant.
M.
Lessard :
...l'autoroute 20 cette année. Donc, on travaille avec l'ensemble pour
donner le maximum...
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Saint-Jérôme.
M. Marc Bourcier
M.
Bourcier : Alors, M. le Président, deux ministres, pas de réponse.
Plusieurs études l'ont confirmé, la pollution émise par les autobus scolaires à combustion fossile affecte la santé
respiratoire des enfants qui l'utilisent. Il y aura un important coût
social à payer si on continue dans cette voie.
Qu'advient-il
de cette contribution du gouvernement à la filière industrielle de
l'électrification des transports en allongeant les termes des emprunts
pour l'achat d'autobus électriques pour les transporteurs scolaires?
Le Président : M. le ministre
de l'Environnement.
M.
David Heurtel
M.
Heurtel : Merci, M. le Président. Je suis intéressé par la question du
député de Saint-Jérôme parce que, lorsqu'on parle d'autobus scolaires électriques, c'est justement grâce aux
politiques de notre gouvernement, grâce au Fonds vert, grâce à la lutte
contre les changements climatiques que nous investissons dans les autobus
électriques scolaires eLion à Saint-Jérôme.
Chaque autobus scolaire électrique qui est rendu possible grâce au Fonds vert
nous permet d'éliminer un autobus qui
consomme 8 250 litres de diesel
par année. Maintenant, grâce au Fonds vert, grâce à nos efforts, cette
compagnie-là, on a des autobus eLion de Saint-Jérôme qui roulent dans les commissions
scolaires partout au Québec
et qui roulent, et qui vont rouler en Californie notamment, M. le
Président.
Le Président : En terminant.
M. Heurtel : C'est ça, notre politique
d'électrification des transports.
Le Président : En principale,
M. le député de Deux-Montagnes.
État du réseau routier
M. Benoit Charette
M.
Charette : Merci, M. le Président. Selon les informations contenues dans le
budget déposé la semaine dernière,
pas moins de 50 % des routes du Québec sont dans un mauvais
état. C'est écrit noir sur blanc dans le PQI, on parle d'un déficit d'entretien de 6,3 milliards de
dollars. C'est 1 milliard de plus que l'année dernière, donc une
augmentation effroyable de 20 %.
En 2007, le gouvernement libéral, dont faisait partie le ministre des
Transports, a lancé en grande pompe un vaste chantier de réfection. 10 ans plus tard, manifestement, c'est un
échec lamentable et c'est un échec proprement libéral. Devant ce constat, le ministre répond en
multipliant les banalités, comme quoi c'est un effort que son gouvernement fait,
que c'est une priorité, mais, en bout de ligne, c'est la même vieille cassette.
Est-ce que le
ministre peut nous répondre et nous dire pourquoi les routes du Québec sont
dans un aussi mauvais état? Pourquoi n'en fait-il pas une priorité?
Le Président : M. le ministre
des Transports.
M. Laurent Lessard
M.
Lessard :
Pas drôle d'entendre ça, M. le Président, alors que le gouvernement déploie des
efforts colossals, donc, dans le but
d'investir massivement dans les routes du Québec, partout pour l'amélioration
des chaussées, des ponts, des
ponceaux. Partout au Québec, c'est le cône orange. Il doit bien avoir quelque
chose qui s'améliore, on en met dans toutes
les régions. On a annoncé 4,6 milliards de dollars, principalement, à
90 %, pour l'amélioration de la qualité de la chaussée, la sécurité
des individus. 30 rapports...
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît!
M.
Lessard :
...de coroners ont été mis en application pour corriger les routes du Québec.
30 milliards de dollars sont
destinés, sur 90 milliards, au Plan québécois d'infrastructures,
principalement 18 milliards juste pour les routes du Québec, M. le Président, 7 milliards pour le
transport collectif, 2,7 milliards pour le transport ferroviaire, aérien
et maritime.
On met des
efforts significatifs. On les utilise, les routes du Québec, on les voit, les
changements. Il en reste à faire, M. le Président. Donc, j'invite les citoyens
à communiquer avec nous autres pour nous le témoigner. Je l'entends
partout. Hier, j'étais au congrès de l'agence des transports, donc, du Québec...
Le Président : En terminant.
M.
Lessard : ...où
différents intervenants sollicitent, donc, les investissements et ils en ont...
Une voix : ...
Le
Président : Oui, oui, ça s'en vient. Ne soyez pas inquiet, je
pense que ça va arriver. Première complémentaire, M. le député de
Deux-Montagnes.
M. Benoit Charette
M. Charette : M. le Président, il y
a les chiffres, il y a la réalité. Et cette réalité, elle est drôlement dure
pour les suspensions des automobilistes et pour le dos de bon nombre
d'automobilistes également. M. le Président, le ministre
a la responsabilité d'un fonds, le Fonds des réseaux de transport
terrestre. Et, encore une fois, ce fonds est doté d'un surplus de 3,3 milliards
de dollars.
Donc,
plutôt que de faire dormir cet argent, pourquoi il ne l'utilise pas pour rendre
de façon plus sécuritaire et carrossable les routes du Québec?
Le Président :
M. le ministre des Transports.
M. Laurent Lessard
M.
Lessard :
2 000 projets d'ici l'an prochain dans toutes les régions du Québec,
2 000 projets pour faire le Québec...
améliorer les infrastructures du réseau supérieur, du réseau inférieur avec les
municipalités du Québec. En fait, il
faut faire attention, M. le Président, parce que, quand on en lance trop, ils
disent qu'il y a une surchauffe dans l'industrie, les prix montent, on peut faire moins de projets
puis on double sur la compétition. Actuellement, on a lancé des travaux hâtifs... de permettre, dans l'ensemble du Québec,
d'avoir le maximum de mois possible pour réaliser ces travaux puis éviter une surchauffe des prix qui ferait en sorte
que les Québécois en auraient moins pour leur argent. On est soucieux de
ça...
Le Président :
En terminant.
M.
Lessard :
Ils nous ont déjà taxés de ça, d'en faire trop. Aujourd'hui, on investit
annuellement de façon...
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Deux-Montagnes.
M. Benoit Charette
M.
Charette : Manifestement, le ministre agit en spectateur, et je pense
que le cône orange se retrouve devant nous au moment de la période de
questions.
M.
le Président, ce fonds est constitué d'un surplus de 3,3 milliards de
dollars qui est pigé à même les poches des automobilistes à travers leur permis
de conduire, à travers les frais d'immatriculation, à travers également la taxe
sur le carburant.
Pourquoi laisse-t-il
dormir cet argent pigé dans les poches des contribuables plutôt que...
Des voix :
...
• (14 h 50) •
Le
Président : En fait, la seule personne qui est devant vous,
c'est moi. Je n'ai pas l'impression de ressembler à un cône orange. M.
le ministre des Transports.
M. Laurent Lessard
M.
Lessard : Ça m'étonne toujours de voir que, quand son
argument ne passe pas, il se met à insulter le monde, hein, en se disant que cette valeur-là, qui doit
coller à la CAQ... Ça doit être comme ça que sont bâties les valeurs de la
CAQ : Si ça ne marche pas, essaie de le démolir, hein, essaie de
l'insulter, essaie de le faire choquer.
S'il
y a quelqu'un au Québec qui est bien témoin des investissements massifs qui
viennent du gouvernement, c'est la
population du Québec qui utilise ces routes-là, hein, qui nous demande, un,
oui, de continuer de les maintenir en bon état, de voir à la sécurité des usagers, de voir que, le soir, ils
peuvent retourner à la maison, puisqu'ils ont été sécuritaires. On le
fait partout, dans toutes les régions du Québec. Je pourrais nommer toutes les
routes...
Le Président :
En terminant.
M.
Lessard : ...qui vont recevoir de l'investissement cette
année. Vous avez rien qu'à poser à la prochaine question.
Le Président :
Principale, M. le député de Gaspé.
Heures d'ouverture du Centre local de services
communautaires de l'Est aux Îles-de-la-Madeleine
M. Gaétan Lelièvre
M.
Lelièvre : M. le Président, les élus des Îles-de-la-Madeleine sont
mobilisés pour dénoncer la fermeture du CLSC de l'Est des Îles sur les fins de semaine. Que ce soit la mairesse
de Grosse-Île, Mme Rose Elmonde Clarke, que ce soit le maire
de la communauté maritime, Jonathan Lapierre, le conseiller municipal
Gaétan Richard, tout le monde se mobilise
pour dénoncer cette décision qui fera passer le délai d'intervention de cinq à 10 minutes actuellement à plus de 45 minutes. Est-ce que c'est ça,
reconnaître le caractère insulaire des Îles-de-la-Madeleine? On souhaite que
non.
M. le Président, toutes
les îles sont mobilisées et demandent carrément au ministre, aujourd'hui,
d'annuler cette coupe de services. Va-t-il
les écouter et maintenir le CLSC de l'Est ouvert les fins de semaine pour la santé et la sécurité de la population de l'est des Îles-de-la-Madeleine?
Le Président : M. le ministre
de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : Je dois avouer, M. le Président, que c'est une question qui est très pertinente, je vais y revenir dans
un instant, mais je tiens quand même à souligner qu'aux Îles-de-la-Madeleine on a
considéré que les actions que nous avons posées pour reconnaître
l'insularité des Îles-de-la-Madeleine ont été reconnues comme étant quelque
chose d'extrêmement positif. Et je cite ici au texte : «L'insularité nordique, c'est payant.» Alors, je
pense qu'ils ont une excellente
opinion de notre gouvernement.
Ceci dit, M. le Président, j'ai été informé ce matin de cette décision-ci et je vais, évidemment, y porter une attention particulière.
Mais je tiens à souligner auprès de notre Assemblée que ce que le député de
Gaspé me demande, c'est de faire exactement
ce qu'il me reproche. Le député de Gaspé me demande, en tant que ministre de la Santé et des Services sociaux,
d'intervenir avec mon pouvoir, qualifié comme étant excessif de façon répétée
par les oppositions, à propos d'une décision qui a été prise
par l'organisation locale. Quand allez-vous cesser, vous, là, de contredire vos
positions?
Le Président : Première
complémentaire...
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît! Première complémentaire, M. le député de Gaspé.
M. Gaétan Lelièvre
M. Lelièvre : M. le Président, je
rappellerais au ministre que la déclaration que je viens de citer remonte au 30 mars, donc est postérieure à l'annonce du
budget. Très important. Et, pour ce qui a trait au rôle, on s'attendait
que ça soit la réponse, bien sûr... En ce qui a trait au rôle des CISSS, je citerais le président du conseil
d'administration du CISSS de la Gaspésie, le 11 novembre dernier, qui
citait, sur les ondes de Radio Gaspésie : «Vous savez, depuis la loi n° 10,
le rôle des conseils d'administration, ce n'est plus du tout pareil. La force politique
des conseils d'administration, elle est fortement banalisée. Le conseil
d'administration est devenu...»
Le Président : M. le ministre
de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : Bien, je comprends de l'intervention de notre collègue qu'il demande quand même que j'intervienne,
ce qui est contraire à la position que son parti a prise depuis qu'on a
prononcé le mot «loi 10», M. le Président.
Ceci dit, je
tiens à souligner l'intervention de mon collègue le député
des Îles, qui, lui, là, mon collègue,
là, ce matin, il est venu me voir
puis il m'a dit : Il semble y avoir un problème, peux-tu t'organiser pour
regarder ça? Puis je lui ai
dit : Certainement que je vais le regarder, M. le Président. Parce qu'ils ont un excellent député
qui est là à tous les jours pour défendre leur intérêt, et leur intérêt,
c'est ça que ça donne.
Le Président : En terminant.
Alors, cela met fin à la période de questions et de réponses orales.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Alors, il n'y a pas de votes reportés.
Motions sans préavis
Nous en
sommes à la rubrique des motions sans préavis, et je cède la parole à Mme la
ministre... M. le ministre? C'est le
ministre de la Santé et des Services sociaux. Vous avez une motion sans préavis
à présenter? Je vous cède la parole.
Souligner le Mois de la
jonquille
M.
Barrette : Vous me prenez
dans l'effervescence parlementaire. Alors, M. le Président, je sollicite le
consentement de cette Assemblée afin
de présenter la motion suivante conjointement avec la députée de Taillon, le
député de Lévis, la députée de
Sainte-Marie—Saint-Jacques,
le député de Laurier-Dorion, et la députée de Vachon, et le député de
Groulx :
«Que
l'Assemblée nationale souligne le mois d'avril comme étant le Mois de la
jonquille et de la sensibilisation au cancer;
«Qu'elle rappelle que le cancer est la première cause de
mortalité au Canada, représentant plus du tiers des décès;
«Qu'elle rappelle qu'annuellement, 55 000 Québécoises et Québécois reçoivent
un diagnostic de cancer et que près de 21 000 personnes en
décèdent;
«Qu'elle
souligne le travail de la Société canadienne du cancer qui cette année, en est
à 60e édition du Mois de la jonquille;
«Qu'elle
encourage la population à participer à ce mois, que ce soit par le port de
l'épinglette, l'achat de jonquilles ou de dons.»
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le
ministre, pour cette motion. Y a-t-il consentement pour débattre de la
motion? M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Tanguay : M. le Président,
nous proposons de l'adopter sans débat.
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Très bien. Alors, cette motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Adopté. Je cède maintenant la
parole à M. le chef de l'opposition officielle.
M. Lisée : M. le Président,
je sollicite le consentement des membres de cette Assemblée afin de présenter, conjointement avec le chef du deuxième groupe
d'opposition, le député de Mercier, la députée de Vachon et le député de
Groulx, la motion suivante :
«Que l'Assemblée nationale rappelle que
l'entreprise Bombardier est un fleuron de l'industrie québécoise;
«Qu'elle
indique que l'importante aide financière de l'État à l'entreprise aurait dû
limiter l'octroi de bonis aux dirigeants;
«Qu'elle demande à tous les dirigeants de
Bombardier de renoncer à l'augmentation de leur rémunération pour 2016;
«Qu'elle invite le premier ministre à faire une
demande formelle en ce sens à la direction de l'entreprise.»
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le chef de
l'opposition officielle. Y a-t-il consentement pour débattre de cette
motion?
M. Tanguay : Pas de
consentement, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Il n'y a pas de consentement. Je cède la parole maintenant à M. le député
d'Arthabaska.
M.
Lefebvre : Merci, M. le Président. Je demande le consentement pour
déposer la motion suivante conjointement avec le député de Rousseau, la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques, le député de Groulx et la députée
de Vachon :
«Que
l'Assemblée nationale rappelle l'investissement historique de 1,3 milliard
de dollars du gouvernement du Québec dans le projet C-Series de
l'entreprise Bombardier;
«Que, suite à cet investissement, l'Assemblée
nationale demande au premier ministre du Québec de réclamer expressément la présence d'un membre désigné par
le gouvernement au sein du conseil d'administration de
Bombardier.»
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci, M. le député d'Arthabaska. Y
a-t-il consentement pour débattre
de cette motion?
M. Tanguay : Pas de consentement,
M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Il n'y a pas de consentement. M. le
député de Mercier,
pour la présentation d'une
nouvelle motion sans préavis.
M. Khadir : M. le Président, je vais présenter
une motion qui, je suis sûr, va avoir l'approbation de mes collègues
libéraux. La motion se lit comme suit :
«Que
l'Assemblée nationale rappelle que la population québécoise est en faveur d'une
utilisation responsable, prudente et
consciencieuse des fonds publics pour développer l'économie québécoise et
favoriser la création d'emplois;
«Qu'elle
constate néanmoins le refus catégorique de la population québécoise à ce que
les dirigeants d'entreprises qui bénéficient de fonds publics se versent
une rémunération déraisonnable;
«Que
l'Assemblée nationale presse donc le gouvernement de rendre toute aide
conditionnelle à la préservation des emplois et à un plafonnement des
salaires de ses dirigeants.»
Conjointement
avec la députée de Vachon, je m'excuse, M. le Président, je n'avais pas la
version finalisée. Donc, conjointement avec ma collègue la députée de
Vachon.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, merci, M. le
député de Mercier. Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M.
Tanguay : Pas de consentement, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Il n'y a pas de consentement. Sur
une question de règlement, M. le leader adjoint du gouvernement?
M. Rochon :
Non, M. le Président. Je demande le consentement pour déposer une deuxième
motion, là, que le député d'Abitibi...
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, je pense que M.
le député d'Abitibi-Ouest souhaite présenter une nouvelle motion. Y a-t-il
consentement pour qu'il puisse présenter cette nouvelle motion? M. le leader
adjoint du gouvernement.
M. Tanguay : M. le Président, nous sommes disposés exceptionnellement,
oui, tout à fait, à donner notre consentement pour la présentation d'une
deuxième motion, qui sera présentée par le troisième vice-président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, M. le député
d'Abitibi-Ouest et vice-président de l'Assemblée nationale.
Souligner le 225e anniversaire des institutions parlementaires
québécoises
M.
Gendron : Alors, merci, M. le Président. Je remercie
l'ensemble des collègues de donner le consentement pour cette deuxième
motion. Je souhaite :
«Que
l'Assemblée nationale souligne cette année le 225e anniversaire des institutions
parlementaires québécoises;
«Qu'elle
célèbre cet événement marquant de notre démocratie et qu'elle lance,
aujourd'hui même — tout de
suite après la période de questions — les festivités de cet
important anniversaire;
«Qu'elle
rappelle que les premières élections du Bas-Canada ont eu lieu en 1792 et que
le mouvement de réformes qui a animé
les députés bas-canadiens constitue, encore aujourd'hui, l'essence même de nos
pratiques parlementaires;
«Qu'elle encourage
les parlementaires et l'ensemble de la population à visiter [l'extraordinaire
exposition] 1792 — ici
même, à cette Assemblée — La naissance d'un Parlement dans le
centre des visiteurs de l'hôtel du Parlement, à se procurer le recueil de bandes dessinées» que le président a eu
la délicatesse de vous remettre à chacun sur vos bureaux, extraordinaire
document historique quand vous en prendrez connaissance.
Et
cette motion est présentée conjointement avec Mme la ministre responsable de
l'Accès, M. le député de Borduas, Mme
la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques, députée de Vachon, député de Laurier-Dorion et le député
de Groulx. Mais je voudrais avoir l'occasion de parler deux minutes sur
la motion.
• (15 heures) •
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, merci, M. le
député d'Abitibi-Ouest. Y a-t-il consentement pour débattre de cette
motion, M. le leader adjoint du gouvernement?
M. Tanguay :
Oui, M. le Président. Pour faire écho au souhait exprimé par le collègue
d'Abitibi-Ouest, oui, très certainement, d'une durée maximale de deux minutes,
tout à fait, par intervenant, selon l'ordre suivant : collègue d'Abitibi-Ouest d'abord, suivi des collègues de
Borduas, Sainte-Marie—Saint-Jacques,
Vachon et par la ministre responsable de l'Accès à l'information et de
la Réforme des institutions démocratiques.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, je comprends
qu'il y a consentement pour permettre quelques intervenants pour une
durée maximale...
M.
Gendron :
...
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : ...environ maximale de deux minutes?
Une voix :
...
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, M. le député d'Abitibi-Ouest.
M. François Gendron
M.
Gendron : ...dis tout de suite, je n'ai pas le temps de
corriger les fausses interprétations. Non, je n'étais pas là au début.
Alors, entouré de
tous les collègues parlementaires, je suis très heureux de souligner le
225e anniversaire des premières
élections générales au Québec qui marque la naissance de nos institutions
parlementaires. C'est en 1792 que les premiers
députés de notre histoire ont siégé, à quelques rues d'ici, là, sur la côte de
la Montagne. Les députés ont, depuis lors,
débattu des grands enjeux de notre société. Ensemble, ils ont dessiné les
pourtours de ce qui allait devenir la démocratie québécoise.
Fidèles
à notre devise, Je me souviens — ça, ça serait questionnable, mais c'est ça
quand même, notre devise — il est de notre devoir
de se souvenir des actions posées par la majorité des députés de la Chambre
d'assemblée du Bas-Canada. Si notre système parlementaire est ce qu'il
est aujourd'hui, c'est-à-dire un système où le Parlement est à même de contrôler les actions du gouvernement, c'est parce
que les élus de l'époque ont réclamé, avec raison, les privilèges requis
que nous avons maintenant pour faire notre travail.
225 ans de
démocratie québécoise, c'est 225 ans d'avancées et de succès. Pensons
uniquement à la question du vote des femmes. Mais 225 ans de
démocratie, ça ne veut pas dire de s'asseoir sur nos mains. Bien au contraire,
la promotion et la défense de notre
démocratie, c'est un exercice continu qui ne s'arrêtera jamais. Nous n'avons
qu'à voir ce qui se passe, un peu
partout sur la planète, pour constater que notre démocratie, elle est fragile
et elle n'est jamais acquise. Nous
devons donc tous, nous, les parlementaires de l'Assemblée nationale, prendre
conscience de la responsabilité qui nous
incombe. À l'image de nos prédécesseurs, nous devons user de nos privilèges
parlementaires et les transmettre à la génération qui nous suivra pour
assurer la pérennité de nos institutions démocratiques du Québec.
Pour faire
découvrir cette importante page d'histoire, j'ai eu l'honneur, à la demande du
président, de présider un comité de
députés chargé de proposer une programmation originale et très diversifiée.
Aujourd'hui, nous pouvons dire mission accomplie. Je veux remercier les
parlementaires membres de ce comité. Ils ont été mentionnés tantôt, mais je le
rappelle à nouveau : le député d'Abitibi-Est, le député de Bonaventure, la
députée d'Iberville, le député de Jonquière, le député de Masson et le
député de Saint-François.
Je remercie
également — quelques
secondes — tout le
personnel de l'Assemblée nationale pour le travail réalisé. Ils ont fait un travail extraordinaire,
gigantesque, dans l'ombre, pendant des mois, mais nous avons une programmation
de qualité et je suis convaincu que les
témoignages des gens qui la visiteront seront de même nature. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Bravo! Alors, merci...
Des voix : ...
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : ...merci à vous, M. le député
d'Abitibi-Ouest. Je cède maintenant la parole à M. le député de Borduas.
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : Merci, M. le
Président. Cette année sonne les 225 ans des institutions parlementaires québécoises. C'est sûr, M. le Président, en tant
que parlementaires, cet anniversaire représente quelque chose d'important
puis pour tout le monde ici, en cette
Chambre. Et, vous savez, à toutes les fois, M. le Président, qu'on siège, on a
le tableau de Charles Huot qui est devant nous, qui nous rappelle les
débuts de la Chambre d'assemblée, hein?
On voit que,
dans ce tableau-là, ça transparait l'idéal de la mission de l'Assemblée, le
poids de l'histoire, puis ça souligne
surtout les origines et on voit que ce n'est pas nouveau que les séances de
l'Assemblée sont animées. Déjà, lors
de la première séance d'Assemblée où on décidait de la langue des débats qui
allait être inscrite et qu'on allait pouvoir utiliser, on voyait que c'était extrêmement animé, et, dans le fond,
c'est important de se rappeler, à toutes les fois, qu'on se bat pour nos
convictions puis c'est toujours fondamental d'y rester attachés.
Donc, il y a
225 ans, il y avait des hommes qui vivaient un moment historique, qui
étaient présents. Heureusement, M. le
Président, ça a évolué et maintenant, à l'Assemblée nationale, les femmes
peuvent être élues. Également, le droit de vote est survenu en 1940. Je dois répéter que parfois on est une des
institutions qui tardent, M. le Président, parce qu'on a été la dernière province à accorder le droit de
vote aux femmes, mais il y a une chose qui est certaine, M. le Président,
c'est que durant 225 ans il y a eu de
l'évolution qui a été faite au sein de nos institutions parlementaires, et
cette évolution-là ne doit jamais cesser, M. le Président.
Et, vous
savez, on siège ici notamment et le gouvernement rend des comptes aujourd'hui
grâce à la lutte d'individus, à la
lutte de patriotes qui se sont battus pour l'obtention d'un gouvernement
responsable, M. le Président. Et ça, il ne faut pas l'oublier. Parce que, malgré le fait qu'on a commencé à siéger en 1793,
bien, ça a pris quand même une soixantaine d'années, jusqu'en 1848,
avant d'obtenir ce gouvernement responsable là qui donne l'imputabilité au
gouvernement qui doit répondre à la population quotidiennement. Et c'est une
chose qui est importante de se rappeler dans nos institutions, M. le Président, et on doit toujours continuer de lutter
pour obtenir ce qu'on souhaite pour la démocratie et surtout pour la
nation québécoise.
Il y a eu
plusieurs évolutions, notamment l'abolition du double mandat. Et je vous
dirais, M. le Président, pour citer
Wilfrid Laurier... il disait que le double mandat nuit aux travaux de
l'Assemblée législative et à son indépendance. Il nous disait en 1871 : «Avec le simple mandat, Québec est Québec;
[et] avec le double mandat, ce n'est plus qu'un appendice d'Ottawa.»
Donc, on devrait toujours réfléchir à ça aussi quand c'est une question
d'actualité, M. le Président.
Tout ça pour
vous dire que ma formation politique est heureuse de participer, de
souligner... au 225e anniversaire des
institutions parlementaires du Québec. Et surtout nous devons continuer à
réformer, toujours à progresser et à améliorer nos institutions.
Je souhaite
profiter de l'occasion également, M. le Président, pour remercier le personnel
de l'Assemblée nationale qui contribue
à nos travaux et qui, sans eux, ça ne serait pas possible de réaliser le
travail qu'on fait. Mais surtout rappelons-nous
que les institutions parlementaires sont là pour représenter les Québécois et
les Québécoises, et qu'on est la voix
des Québécois et des Québécoises, et que c'est important de les entendre, de
les écouter et de gouverner en fonction de leur seul et unique intérêt,
M. le Président. Merci.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Alors, merci à vous, M. le député de Borduas, pour cette intervention. Mme la
députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques,
je vous cède la parole.
Mme Manon Massé
Mme
Massé : Merci, M. le Président. C'est rare qu'on a l'opportunité de
fêter un 225e anniversaire, et je suis très honorée de faire partie de cette Assemblée, cette Assemblée
nationale qui a pris naissance il y a de ça... on peut dire même
quelques siècles.
Écoutez,
une des choses à se rappeler, c'est que la démocratie, ça ne se fait pas tout
seul. La démocratie, y incluant celle
de l'Assemblée nationale du Québec, du Parlement, historiquement du Parlement
du Bas-Canada, est née, elle s'est construite, cette démocratie, et elle
est un projet qui demeure inachevé. Pensons par exemple en 1936, lorsqu'enfin on a aboli le critère de possession pour permettre
aux gens de voter; ensuite, le vote des femmes; ensuite, en 1969, le vote des
autochtones, hein? Parce qu'avant 1969 ils
n'avaient pas le droit de vote ici, au Québec. Alors, c'est pour vous
démontrer, M. le Président, comment
les institutions démocratiques, c'est en changement, c'est en développement,
c'est en cheminement. C'est bien sûr
grâce aux luttes de la Chambre de l'Assemblée du Bas-Canada avec ses
92 Résolutions où on a mis le principe central de notre Assemblée ici même, c'est-à-dire que le peuple est la
source légitime du pouvoir. C'est ça, la beauté de notre Parlement, de
notre Assemblée nationale.
Alors,
en célébrant cette année la naissance de nos institutions démocratiques,
l'Assemblée nationale souligne du même souffle le mouvement de réforme
qui a animé les députés bas-canadiens dont l'influence est encore palpable
aujourd'hui.
Si
le contrôle des actions du gouvernement par les députés de l'Assemblée
nationale est l'essence même de notre pratique
parlementaire, parfois peut-être un peu boiteuse, mais quand même, c'est parce
qu'hier des députés du Bas-Canada ont
exigé ces droits sans jamais courber l'échine. Et, puisque le peuple est la
source légitime du pouvoir et puisque notre projet démocratique n'est toujours pas achevé, il n'en tient qu'à nous,
M. le Président, que, dans l'avenir, chaque vote compte.
Je
remercie tous les employés, toutes les travailleuses du Parlement et aussi les
gens qui font que cette vie démocratique est possible, même pour des
députés indépendants. Merci, M. le Président.
• (15 h 10) •
>857 Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci, Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques. Mme la députée de Vachon, je vous cède la parole.
Mme Martine Ouellet
Mme Ouellet : Oui, merci, M. le Président. Il y a 225 ans, en 1792, l'élection s'est gagnée
avec une bande dessinée. On pourrait
dire que la bande dessinée est l'ancêtre des réseaux sociaux comme moyen de
communication directe avec la population. La première bande dessinée
francophone et les premières élections québécoises ont donc le même âge.
La première bande dessinée francophone connue a
pour sujet les élections de 1792; elle avait donc pour objectif
de soutenir la candidature des marchands dans la circonscription de la
Haute-Ville de Québec. Deux candidats étaient à l'origine de cet imprimé. Ça
semble avoir assez bien fonctionné, puisqu'ils
ont tous deux été élus dans cette première cohorte de députés à
l'Assemblée nationale législative du Bas-Canada.
225 ans plus tard, l'Assemblée nationale du
Québec, en partenariat avec Les Publications du Québec, souligne ce double anniversaire en publiant un recueil de
bandes dessinées originales qui se veut un clin d'oeil aux événements du
Bas-Canada : un, les premières élections générales; deux, le débat sur la
langue; trois, l'engagement politique de Pierre-Stanislas
Bédard; quatre, l'adoption des 92 Résolutions. Et, M. le Président, j'ai
bien hâte qu'on puisse publier le cinquième, l'indépendance du Québec.
Une belle idée de l'Assemblée nationale. Bravo! Et joyeux anniversaire!
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, Mme la
députée de Vachon, pour cette intervention. Je cède maintenant la parole
à Mme la ministre responsable de la Réforme des institutions démocratiques.
Mme Rita Lc de Santis
Mme de
Santis : Merci, M. le Président. En tant que ministre responsable de
l'Accès à l'information et de la Réforme des
institutions démocratiques, c'est
avec énormément de fierté que je tiens à souligner le
225e anniversaire des institutions parlementaires québécoises. Tel que l'a énoncé mon collège d'Abitibi-Ouest dans sa motion, il s'agit d'un événement marquant de notre démocratie, auquel je tiens à
participer activement en tant que parlementaire et citoyenne québécoise.
Les
institutions parlementaires québécoises font partie des plus vieilles institutions présentes au monde, les premiers députés étant rassemblés pour la
première fois en 1792. À titre de
comparaison, le Parlement de la Grande-Bretagne a été formé en 1707, à la suite des actes d'union des
Parlements d'Angleterre et d'Écosse. Nous avons donc toutes les raisons
de nous réjouir, car notre démocratie a su traverser les siècles.
En effet,
dans les moments marquants de l'histoire de notre Parlement, il y a
eu, entre autres : l'adoption, le 23 janvier 1793, d'une résolution
permettant que le français et l'anglais soient dorénavant considérés comme les
deux langues officielles de la législation;
l'adoption, le 18 avril 1940, de la loi accordant aux femmes le droit de
vote; la nomination du premier
Protecteur du citoyen le 17 mars 1969, Me Louis Marceau; ainsi que l'adoption à l'unanimité de la Charte des droits et libertés de la personne le
27 juin 1975.
La
démocratie étant au coeur de notre société
québécoise, il est primordial d'en
rappeler l'importance. Au fil des années, ce sont les travaux effectués par les
députés qui ont permis de la garder moderne, vivante et véritablement
représentative des Québécoises et Québécois.
Aujourd'hui, nous tentons de devenir un gouvernement de plus
en plus ouvert et transparent. Je
suis heureuse que les nombreuses activités
organisées par l'Assemblée nationale permettront, entre autres, de faire connaître à
l'ensemble de la population le travail accompli au quotidien par les
membres de l'Assemblée nationale.
Merci, M. le Président, et merci aux collègues députés et à tous ceux et celles qui
travaillent avec nous de contribuer chaque
jour au dynamisme de nos institutions parlementaires en accomplissant leurs responsabilités avec fierté et engagement.
Merci.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Alors, merci à vous, Mme la ministre, pour cette intervention.
Mise aux voix
La motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Adopté.
Avis touchant les
travaux des commissions
Nous en
sommes maintenant à la rubrique des avis touchant les travaux des
commissions. Et, M. le leader adjoint
du gouvernement, je vous cède la parole.
<11789
>11789 M. Tanguay : Oui. Merci beaucoup, M. le
Président. J'avise cette Assemblée que la Commission des institutions
poursuivra l'étude détaillée à l'égard du projet de loi n° 98, Loi
modifiant diverses lois concernant principalement l'admission aux professions et la gouvernance du système professionnel,
aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à 17 h 45 et
de 19 h 30 à 21 h 30, à la salle Louis-Joseph-Papineau; et
La Commission
des finances publiques poursuivra l'étude détaillée à l'égard du projet de loi n° 126,
Loi favorisant la santé financière et
la pérennité du régime de retraite du personnel d'encadrement et modifiant
diverses dispositions législatives, aujourd'hui, après les affaires
courantes jusqu'à 17 h 45, à la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Très bien. Alors, merci, M. le leader adjoint, pour ces avis.
Renseignements sur les
travaux de l'Assemblée
Nous en
sommes maintenant à la rubrique des renseignements sur les travaux de
l'Assemblée. Conformément à ce qui a
été mentionné précédemment par le président, je vous informe que demain, lors
des affaires inscrites par les députés de
l'opposition, sera débattue, le cas échéant, la motion inscrite par M. le
député de Sanguinet. Cette motion se lit comme suit :
«Que
l'Assemblée nationale demande aux dirigeants de Bombardier de renoncer à la
hausse de leur rémunération pour 2016.»
Affaires du jour
Alors, la période des affaires courantes étant
terminée, nous passons maintenant aux affaires du jour.
Affaires prioritaires
Reprise du débat sur la
motion du ministre des Finances proposant que
l'Assemblée approuve la politique budgétaire du gouvernement
et sur les motions formulant un grief
Et, aux
affaires du jour, aux affaires prioritaires, à l'article 1 du feuilleton,
l'Assemblée reprend le débat ajourné le 30 mars 2017 sur la motion de M. le ministre des Finances proposant
que l'Assemblée approuve la politique budgétaire du gouvernement ainsi que les motions formulant un grief présentées par
M. le député de Rousseau, M. le député de Granby, Mme la députée de
Sainte-Marie—Saint-Jacques,
Mme la députée de Pointe-aux-Trembles, M. le député de Matane-Matapédia, M. le
député de René-Lévesque, M. le député de Saint-Jean et M. le député de
Berthier.
Avant de donner
la parole au prochain intervenant, je vous informe qu'il y a
6 h 5 min 56 s d'écoulées à la première étape du débat. Il reste donc un total de
7 h 24 min 4 s, réparties comme suit :
3 h 40 min 33 s au groupe parlementaire formant le gouvernement, 1 h 48 min 41 s
au groupe parlementaire formant l'opposition officielle,
1 h 36 min au deuxième groupe d'opposition, 8 min 49 s au député de Mercier,
10 minutes à la députée de Vachon et 10 minutes au député de Groulx.
Alors, je
suis prêt à céder la parole au prochain intervenant et je cède la parole à M.
le ministre de la Culture et des Communications.
M.
Luc Fortin
M. Fortin
(Sherbrooke) : Merci beaucoup, M. le Président. Alors, très heureux de
prendre part à ce débat sur le budget, puisque, cette année encore, notre
gouvernement prend des engagements budgétaires illustrant que la culture, les
communications et la langue française sont de véritables leviers de
prospérité et de fierté pour le Québec.
Je le répète
souvent, M. le Président, l'argent investi en culture n'est pas une dépense,
c'est un investissement. La culture,
c'est un agent de cohésion sociale et c'est le lexique de notre identité. Notre
gouvernement le sait, et nous prenons les moyens pour la soutenir.
Je veux
prendre un moment pour saluer très chaleureusement le ministre des Finances,
qui nous a démontré, lors de son
discours sur le budget, que la culture demeure une priorité pour notre
gouvernement. En ce sens, une augmentation des crédits du portefeuille ministériel de l'ordre de 19 millions
de dollars est prévue dès cette année, M. le Président. Au total, ce sont 113 millions de dollars qui
seront investis au cours des cinq prochaines années pour assurer le dynamisme
et l'essor de l'industrie culturelle ainsi
que le développement et la promotion à l'étranger des produits culturels
québécois. Notre gouvernement apporte
ainsi un appui majeur à la presse écrite, à la production cinématographique et
télévisuelle, aux institutions muséales et à la protection du
patrimoine.
Ma collègue
la députée de Taschereau, qui est aussi la porte-parole du Parti québécois en
matière de culture, a brièvement
parlé des éléments culturels de ce budget. Rassurez-vous, M. le Président, j'en
parlerai longuement, car notre gouvernement ne manque pas d'accomplissements
en cette matière.
Je veux déjà
lui dire que non seulement les crédits sont au rendez-vous, mais que notre
gouvernement soutient le CALQ et la SODEC dans leur mission. Le
financement des institutions muséales, via le PAFIM, est aussi maintenu, M. le Président, et j'y reviendrai. Il me fera
plaisir d'en discuter avec la députée de Taschereau et avec les autres membres
de la Commission de la culture et de l'éducation lors de l'étude des crédits.
• (15 h 20) •
M. le
Président, l'évolution des technologies numériques transforme la façon de
créer, de diffuser et de consommer la
culture. À cet égard, j'estime que le budget 2017‑2018 de notre
gouvernement fait preuve d'innovation. Par exemple, il compte,
parmi ses initiatives proactives, une mesure d'appui inédite pour la presse
régionale. Afin d'aider les entreprises de la presse à s'adapter aux nouvelles
réalités numériques, le budget prévoit une somme de 36 millions de dollars
sur cinq ans qui se déclinera ainsi :
12 millions de soutien à RecycleMédia pour la collecte
sélective, 24 millions pour soutenir et encourager les entreprises de presse à prendre le virage numérique et pour
renforcer l'information locale diffusée par les médias
communautaires.
De plus,
notre gouvernement optimise l'aide aux productions
cinématographiques, télévisuelles et numériques, afin de pouvoir continuer de compter sur des créations nationales
originales qui rayonnent au Québec et à travers le monde. Ainsi, le budget de
notre gouvernement prévoit un ajustement à la hausse pouvant aller de 8 %
à 16 % du taux des bonifications
relatives aux crédits d'impôt pour les productions cinématographiques ou
télévisuelles, une majoration de 8 %
à 10 % du taux de la bonification pour effets spéciaux et animation
informatique, une augmentation de 8 % à 10 % et de 16 % à 20 % des taux de la
bonification régionale selon le type de production. Ces trois bonifications
représentent une aide fiscale de 20 millions de dollars au cours
des cinq prochaines années.
Notre
gouvernement accorde aussi un appui additionnel de 10 millions de dollars
sur cinq ans à Télé-Québec pour encourager la création d'oeuvres conçues
et tournées au Québec. L'organisme a notamment pour mission d'offrir des
contenus éducatifs et identitaires aux enfants, en plus de promouvoir la vie
artistique et culturelle, et ce, tout en étant accessible gratuitement dans toutes les régions du Québec. Je remercie
d'ailleurs la collègue de Taschereau d'avoir souligné ce point positif
du budget. Nous connaissons tous les deux l'importance de Télé-Québec.
M. le
Président, des crédits additionnels de 5 millions sur deux ans sont
accordés au ministère de la Culture et des Communications pour soutenir le secteur de la musique québécoise afin de
permettre à l'industrie d'adapter son modèle d'affaires et de poursuivre son développement. Notre gouvernement
prévoit également mener un projet pilote de stimulation des productions de trames sonores afin de donner
un meilleur accès à nos musiciens et compositeurs à ce volet de leur profession. Étalé sur deux ans, ce projet sera
administré par la SODEC. Nécessitant des crédits additionnels de 1 million
de dollars, il encouragera l'engagement de musiciens et de compositeurs
québécois.
Notre
gouvernement est également heureux d'accorder un soutien additionnel de
37 millions de dollars pour le patrimoine
et les institutions muséales du Québec. Notre gouvernement souhaite léguer aux
générations futures un héritage historique architectural et artistique
qui contient l'ADN du Québec. Nous voulons assurer la pérennité de ces lieux et
préserver leur valeur patrimoniale et architecturale.
À cet effet,
les versements au Fonds du patrimoine culturel seront prolongés jusqu'en 2021‑2022,
ce qui représente une bonification de
10 millions de dollars, pour 2020‑2021, et de 15,5 millions de
dollars, pour 2021‑2022. Mis en place en
2006, le Fonds du patrimoine culturel québécois est affecté au soutien
financier de mesures favorisant la connaissance, la protection, la mise
en valeur et la transmission du patrimoine culturel.
M. le Président, la maîtrise du français est
incontournable pour assurer la participation de tous à la société québécoise. C'est pourquoi le mandat de protection
et de promotion de la langue française est central dans mes responsabilités.
C'est pour consolider la place de notre
langue qu'un montant de 3 millions de dollars est reconduit, en 2017‑2018,
pour les dépenses consacrées à la
promotion et à la valorisation de la langue française. Cette somme permettra de
poursuivre les actions mises en place
par notre gouvernement afin de renforcer le sentiment de fierté des Québécois
de toutes origines envers notre langue, le français.
M. le
Président, un montant de 14,2 millions de dollars est maintenu, en 2017‑2018,
pour le Plan culturel numérique du Québec.
Depuis septembre 2014, le Plan culturel numérique du Québec a permis de mettre
en oeuvre plus de 50 mesures concrètes visant à donner aux acteurs du milieu
culturel les moyens de créer, d'innover et de favoriser la diffusion de la
culture québécoise au plus grand nombre sur les marchés locaux, nationaux et
internationaux. Notre gouvernement pose des gestes concrets pour s'assurer
d'infrastructures artistiques et culturelles de qualité. Les investissements en
immobilisations pour le secteur culturel demeurent
élevés pour répondre aux besoins du Québec, soit 1,5 milliard de dollars
sur 10 ans. Les équipements culturels
facilitent la démocratisation de la culture, l'accès au savoir et à la
connaissance, l'expression de l'identité et l'intégration sociale.
Ce budget est
également le budget des régions, notamment celle de l'Estrie, dont je suis le
ministre responsable. Les exemples
sont nombreux. En investissant dans le transport collectif à hauteur de
333 millions de dollars au cours des cinq prochaines années, notre gouvernement n'aide pas moins de neuf
sociétés de transport, dont la Société de transport de Sherbrooke. Je me réjouis aussi de constater
qu'une aide financière de 25 millions de dollars est prévue en faveur du
transport adapté et du transport collectif régional.
Le secteur
universitaire et celui de la recherche sont très importants à Sherbrooke, car,
comme vous le savez, M. le Président,
Sherbrooke est une ville universitaire. La Chaire de recherche en fiscalité et
en finances publiques de l'Université de
Sherbrooke recevra 4 millions de dollars au cours des cinq prochaines
années pour maintenir une expertise québécoise en matière de politique
fiscale et de droit fiscal. C'est donc une excellente nouvelle pour
l'Université de Sherbrooke.
Le budget
annonce également la création du Fonds d'appui au rayonnement des régions, le
FARR, qui sera doté d'une somme de
310 millions de dollars d'ici cinq ans. Déjà, en Estrie, un peu plus de
2 millions de dollars seront disponibles
dès cette année; à terme presque 7 millions de dollars en soutien à des
projets régionaux analysés et priorisés par les élus municipaux de l'Estrie. Jamais les élus municipaux
n'auront-ils eu un levier financier aussi important dans ma région.
Je me réjouis aussi de retrouver au Plan
québécois des infrastructures 2017‑2027 l'inscription de projets structurants pour l'Estrie. Tout d'abord, la
construction du centre mère-enfant et de l'urgence de l'hôpital de Fleurimont,
Centre hospitalier universitaire de
Sherbrooke, un dossier sur lequel mon collègue le député de Saint-François a
travaillé extrêmement fort, M. le
Président. Également, le volet 2 du contournement sud de Sherbrooke pour
le prolongement de l'autoroute 410.
M. le
Président, à n'en pas douter, ce budget est bon pour l'ensemble des Québécoises
et des Québécois; il est bon pour les Estriennes et les Estriens; il est
bon pour les Sherbrookoises et les Sherbrookois.
M. le
Président, le discours du budget du ministre des Finances est porteur
d'excellentes nouvelles pour la culture, les communications et la langue française. Il contient des mesures ayant
un impact positif et immédiat sur les créateurs de même que les clientèles des arts et des lettres.
C'est pourquoi, M. le Président, j'invite tous mes collègues de l'Assemblée
nationale à appuyer le budget afin de
contribuer à léguer un Québec culturel vivant, innovant et accessible à tous.
Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, M. le ministre, pour
cette intervention. M. le député de Lévis, je vous cède la parole.
M. François Paradis
M. Paradis
(Lévis) : Merci, M. le
Président. Il est quoi, ce budget? Et comment est-il reçu par l'ensemble des
Québécois et des Québécoises? Et avant d'aborder la question de notre système
de santé, parce que je m'y attarderai, M. le
Président, je suis obligé de rappeler ce que j'ai entendu au cours des derniers
jours : des gens qui recevront, par le biais du budget, qui recevront une diminution de leur fardeau fiscal de
l'ordre de 55 $. Et là je sais que le gouvernement a dit et, j'entends, répété : C'est
510 $. C'est 55 $, la réalité. La diminution du fardeau fiscal, c'est
55 $. Le 510 $, l'abolition de
la taxe santé, est une créature qui avait été créée par le gouvernement
libéral; s'apercevant de son erreur, maintenant on la retire. Mais, dans
les faits, on redonne 55 $ aux Québécois et aux Québécoises.
Et même
au-delà de ça, si on se rendait au 510 $, on a un manque à gagner de
800 $. Et ça, ces chiffres-là ne sont pas contestés. On est venus chercher dans les poches des contribuables
québécois, des citoyens et des citoyennes, 1 300 $. Aujourd'hui, dans le meilleur des mondes, on dit
qu'on leur redonne 510 $. Le manque à gagner est de 800 $, et c'est
ça qu'on entend, et c'est ça qui
choque les Québécois et les Québécoises, et c'est là aussi, l'iniquité. Alors,
soyons clairs dans les faits,
regardons ce qui reviendra dans la poche des contribuables et faisons ce calcul
simple. Les contribuables québécois et québécoises sont perdants.
• (15 h 30) •
Il est fait
pour quoi? C'est fait pour qui, un budget comme celui-ci? Laissez-moi vous
raconter une histoire, celle de
Malcolm. Malcolm avec Marie-Claude et Stéphane sont venus me rencontrer la semaine dernière à mon
bureau, ici, à l'Assemblée nationale. Malcolm, M. le Président, il a
17 jours aujourd'hui. Il en avait 12 la semaine dernière. C'est
pour des Malcolm de ce monde qu'un budget
doit être mis en place, pour faire en
sorte qu'on puisse assurer sa qualité de vie, à ses parents d'abord,
à lui ensuite, de lui donner tous les moyens possibles imaginables pour bien se
développer. Alors, un budget comme celui-là, c'est de l'éducation, c'est
de la santé, c'est de la culture, mais c'est en pensant à lui.
Savez-vous
quoi? Malcolm aurait pu ne jamais voir le jour. Pourquoi? Parce que,
dans la loi n° 20 dont on parle abondamment, le gouvernement
a décidé de mettre une croix sur la gratuité du programme québécois de
procréation assistée. Marie-Claude et
Stéphane souhaitaient fonder une famille, avoir un enfant. Dans la loi n° 20,
on a mis une croix sur ce programme,
un programme sur lequel ils comptaient. Il y avait
une mesure transitoire concernant ce programme de procréation assistée qui permettait à des
parents qui avaient déjà commencé, entamé des activités
de fécondation in vitro de poursuivre leurs démarches sans avoir à payer
les frais de leurs poches, ce qui n'est plus le cas pour ceux et celles qui
souhaiteraient pouvoir
se prévaloir de ce même programme qui n'existe plus et qui pourtant faisait la
fierté, la fierté du Québec à travers le pays, à travers la planète. Il
était reconnu, ce programme.
Le problème
de Marie-Claude et Stéphane, c'est qu'ils n'avaient pas une facture de
médicaments prouvant qu'ils s'étaient
procuré ce dont ils avaient besoin pour la suite de l'application du programme. Une simple facture de pharmacie les empêchait de vivre ce rêve qu'ils souhaitaient
de fonder une famille. Eh bien, il a fallu qu'on intervienne. Il a fallu
que Marie-Claude parle, que Stéphane parle,
que nous parlions, que la CAQ parle, que la CAQ s'en mêle pour faire en sorte qu'on puisse aller chercher une réponse à cette
douleur que nous exprimaient ces parents. Fort heureusement, ils ont
parlé. Et aujourd'hui, bien, ce petit bonhomme là est là. Il a 17 jours aujourd'hui.
Il est
comment, notre réseau de la santé? Dans le budget, on prévoit, cette
année, des investissements de l'ordre de 4,2 %. Mais il ne faut
pas oublier qu'au précédent budget on était en sous-financement, que ce
montant-là, que cet argent-là, c'est
la première fois en quatre budgets Leitão que le gouvernement atteint la cible
de 4 % après des années de diminution de services. Et on aura beau nous dire qu'il n'y en a pas, de diminution
de services, puis qu'il n'y en a pas, de coupures, puis qu'il n'y en a pas, d'effets dans le réseau
de la santé, ce n'est pas la réalité. Ce n'est pas celle que nous rapportent
ceux et celles qui nous parlent, ceux pour
qui nous sommes des porte-voix aujourd'hui. Encore faut-il savoir les écouter.
Alors, faisons le portrait de ce système de
santé, de ce réseau que l'on souhaite tous meilleur, plus efficace et accessible. C'est notre volonté commune. Mais les
résultats sont lesquels? Ça donne quoi aujourd'hui, à l'heure que l'on
se parle, en ce mardi?
Je vous
raconte une autre histoire, celle d'une jeune femme qui, la semaine dernière,
avait des douleurs à l'abdomen, s'est
rendue dans un centre hospitalier de la grande région pour tenter de savoir ce
qui se passait. Arrivée à 17 heures dans un centre hospitalier, à 22 heures on constatera que potentiellement
il y a peut-être un risque d'appendicite. À 22 heures, on la transférera dans un autre centre hospitalier
pour investigation. Elle arrivera à 22 heures sans les documents, qui
n'avaient pas été transférés. Donc,
on repasse par la notion du triage. Entre 22 heures et 13 heures le
lendemain, 22 heures et 13 heures, elle sera sur une civière à l'urgence pour ensuite se faire dire :
On va t'opérer, c'est effectivement ça. À 13 heures, on la
transfère dans une chambre à trois. À 20 h 30, on l'opérera.
38 heures.
38 heures
sur une civière dans une urgence. Une appendicectomie. 38 heures. Normal
ou pas? En tout cas, pour le moins
inquiétant. Ce n'est pas le réseau de santé que je souhaite, mais c'est la
réalité que nous rapportent ceux et celles qui nous parlent.
Ce n'est pas
des cas isolés, ce n'est pas des cas d'exception, ce ne sont pas des chialeux
puis des chialeuses, ce sont des gens
qui souhaiteraient avoir droit à un système de santé qu'ils souhaitent
meilleur, plus efficace, plus accessible. 38 heures.
Les urgences. Quel est le portrait? Les urgences
débordent toujours 13 ans après la promesse du Parti libéral de faire en sorte que les choses ne soient plus jamais
semblables. De 2003 à 2016, on a
réduit le temps d'attente de moins d'une
heure. Ça a pris 13 ans, 13 ans pour réussir à diminuer un peu. Ah! vous me
direz qu'un peu, c'est mieux que rien. Le
problème, c'est que la réduction de l'attente, elle se fait dans six régions,
mais elle augmente dans neuf. Ça fait que le calcul nous permet de constater qu'il n'y a pas grand-chose qui a
changé. De mars 2016 à novembre 2016... puis encore heureux qu'on ait cherché ces données-là, pas pour
détruire, pour construire, pour se rendre compte qu'il y a des choses
qui n'ont pas d'allure, qu'on devra agir autrement, qu'on devra investir
davantage.
De mars 2016
à novembre 2016, il y a eu une hausse de l'attente dans 48 urgences sur 119,
40 % d'entre elles, une hausse
de l'attente. Laval, Baie-Comeau, Sacré-Coeur de Montréal, plus une heure.
Maria, plus cinq heures, des gens de
Suroît qui nous écoutent, plus trois heures. Granby, Drummondville, on a
récemment détourné des ambulances parce que l'urgence débordait trop. C'est la
réalité. On doit faire mieux. Est-ce qu'on pourrait, de temps en temps, une
fois de temps en temps, faire mieux
avec plus? On a toujours tendance à dire : on va faire mieux avec moins.
On est en train de faire des miracles. Est-ce qu'on pourrait avoir un
gouvernement qui décide d'investir davantage pour respecter ceux et celles qui
souhaitent le mieux, le meilleur, faire mieux avec plus? C'est impossible. Ça
me semble être logique.
M. le Président, les CHSLD, on en parle souvent.
Les soins à domicile, on en parle souvent. Tiens, les soins à domicile. Parce
que les citoyens comprennent aussi, comprennent qu'il y a moyen de faire
différent et d'épargner collectivement. Les
soins à domicile, c'est une réponse à une problématique concernant nos
établissements pour les aînés.
Tous rêvent
d'avoir un vrai milieu de vie. Tous les aînés qui nous écoutent et nous
regardent souhaiteraient pouvoir continuer
à la maison. Évidemment, l'état de santé provoquera souvent des décisions pas
faciles. C'est pour ça qu'il faut s'attarder à ce que l'entrée en
établissement permette aux aînés d'avoir un reflet du milieu de vie qui était
le leur. Est-ce que c'est la réalité?
100 000 aînés n'auront pas de soins à domicile, des gens qui en ont
besoin. 100 000 aînés n'en auront pas.
Dans son
dernier rapport publié en septembre 2015... dans un de ses derniers rapports,
le Protecteur du citoyen dénonçait
que le ministère ne possédait pas un portrait complet de l'offre réelle de
services à domicile, notamment aussi les délais d'attente. Ça, c'était
trois années après un autre rapport dévastateur sur les services à domicile en
2012.
Alors, en
mars 2016, encore une fois, la CAQ a décidé d'aller voir quel est le portrait
de ceux et celles qui souhaitent davantage
de services. Est-ce qu'actuellement les investissements du gouvernement vont
nous permettre de combler ce manque,
de répondre à des attentes? Mars 2016, on a demandé aux CISSS, aux CIUSSS,
cette mégamachine qui dérange aussi,
une réforme dérangeante, parce qu'elle s'éloigne du citoyen... Et je vous le
dirai dans un instant par la voix d'une dame qui est aussi en CHSLD.
Alors, à
cette époque, selon les données compilées par la CAQ, 16 500 patients
étaient alors sur une liste d'attente pour
obtenir des soins à domicile, 16 500. Et là il y avait des attentes. Pas
facile à obtenir, comme chiffre. Jusqu'à 200 jours d'attente pour obtenir des services à domicile
notamment, CLSC de Saint-Hyacinthe et Beloeil, 200 jours pour des soins en ergothérapie, 191 jours pour des services
psychosociaux. Puis il faut savoir, à travers ça... et je vous le disais :
Pas facile de
savoir, parce qu'il y a bien des endroits où on ne comptabilise pas ces
données-là. Pourtant, elles sont essentielles. Si on veut planifier, si on veut être visionnaires, si
on veut améliorer, encore faut-il qu'on ait un portrait de la situation. Et là
je vous dis ça puis je pense aux 36 000 Québécois et Québécoises
qui, au moment où l'on se parle, attendent pour un rendez-vous avec un
dermatologue, des endroits où on attend jusqu'à trois ans, des temps d'attente
jusqu'à trois ans.
• (15 h 40) •
Il est
comment, notre système de santé? La situation est inquiétante concernant les
soins à domicile parce qu'en janvier
2017 on apprenait par le ministre de la Santé que 100 000 personnes âgées de
plus n'auront pas accès à des soins à domicile, disait-il, à ce
moment-là, si les transferts fédéraux en santé n'étaient pas suffisants. Et là
je le cite. Il disait : «Ce que propose
le gouvernement fédéral [d'ici] l'année prochaine, c'est
100 000 personnes âgées de plus qui n'auront pas accès à des soins à domicile parce que le
fédéral, plutôt que de proposer au Québec 230 millions [...] en soins à
domicile, propose aujourd'hui
65 millions.» Question donc : Est-ce qu'on va multiplier le nombre de
personnes âgées en attente de soins,
ce que l'on sait être économiquement plus intéressant pour l'ensemble de la
population et pour la qualité de vie? Bien
oui, ce sera ça, parce qu'en contrepartie on n'investit pas davantage. Alors,
il y a des gens qui nous écoutent, qui nous regardent, qui attendront
encore pour des services plus importants, pour de petits services, mais qui
font toute la différence et qui évitent aussi des situations pas faciles,
celle, un jour, de prendre la décision de se retrouver dans un établissement où on doit prendre soin des
individus au meilleur de nos connaissances. Et là je sais que les préposés, les
infirmières, les infirmières auxiliaires,
les médecins traitants font un travail colossal, colossal et reconnu par tous
ceux et celles qui reçoivent ces services, mais il y a, encore là, des
manques.
Elle
s'appelle Chantal, signée de la main de Mylène Moisan, dans Le Soleil,
récemment. C'est drôle parce que, lorsque
j'ai lu ce document-là, le lendemain matin, alors qu'il paraissait, donc, le
matin même, je me rendais à l'ouverture d'un salon sur l'autisme, Mme Moisan en était la présidente d'honneur et
on a échangé un peu sur cette rencontre marquante qu'elle a eue de Chantal, qui, il y a quatre ans et
demi, a dû se résigner, parce qu'enfant prématurée, atteinte de paralysie
cérébrale, a dû se résigner à se retrouver
dans un centre d'hébergement de soins de longue durée. Quatre ans et demi
qu'elle attendait. Quatre ans et
demi. Le téléphone a sonné, c'était un dimanche matin. Mais le plus surprenant,
c'est que cette histoire-là m'a été
racontée par une autre famille, qui a vécu à peu près la même chose, sur la
rapidité à laquelle il faut réagir.
Dimanche matin, le téléphone sonne : On a une place pour Chantal, tu as
24 heures pour décider, sinon tu perds ton tour. Ce n'est pas un cas isolé, là. Des gens sont venus me voir
pour la même chose. Quelqu'un qui était en centre d'hébergement transitoire, qui a réussi à avoir sa
place de premier choix, mais à qui on dit, deux ans plus tard : Si tu ne
te décides pas dans l'avant-midi, tu passes ton tour. Ce sont des
réalités. Chantal attendait donc depuis quatre ans, puis elle a dit : Oui, j'y vais. Ce n'est pas
toujours des décisions faciles. Elle dit : Mon CHSLD, c'est devenu ma
maison. C'est ça, l'objectif, c'est
que ce soit un milieu de vie qui réponde aux attentes de ceux et celles qui s'y
trouvent. Mais elle dit : Attention, c'est sûr que je ne me
rappelle pas du dernier bain que j'ai eu — oup, les bains, il faudra
qu'on revienne là-dessus aussi — je ne me rappelle pas du dernier bain que
j'ai eu, mais on me lave, c'est correct, mais elle dit, la joie, ce
n'est pas dans l'offre de services du CHSLD. C'est ce qu'elle dit. La joie, ce
n'est pas dans l'offre de services.
Elle raconte
à Mme Moisan : Ce soir, ils sont juste deux pour 26 cas très lourds.
Des fois, quand je sonne, ça peut prendre
une heure avant qu'ils aient le temps de venir me voir. Savez-vous quoi?
Chantal, là, elle est déçue, elle est triste, elle se résigne, puis elle a entrepris une grève de la faim. Pas drôle!
Elle a entrepris une grève de la faim, il n'y a personne qui s'en est aperçu! M. le Président, personne ne
s'en est aperçu, ça vient porter le plateau, ça vient rechercher le plateau,
elle n'a rien mangé, personne ne s'en
aperçoit! Ce n'est pas la joie. Et là il aura fallu quelqu'un pour prendre
cette histoire-là et nous la raconter. Il est comment, notre système de
santé? Ah! les soins d'hygiène, M. le Président.
L'enquête
demandait deux choses bien simples, là. Ce n'était pas extravagant, là. Deux
choses : de répondre d'abord à
une demande exprimée à plusieurs reprises au niveau du plan alimentaire des
aînés, c'est 2,14 $ pour l'achat d'aliments pour les repas de nos aînés : 2,14 $. Ça ne bouge pas. Je
défie qui que ce soit faire pour tous les repas de la journée des repas sains, nutritifs, avec de la variété — avec de la variété — avec des vitamines. Bien oui, encore une
fois, on se dira : Les gens qui
travaillent, là, au plan alimentaire de nos aînés, ils font des miracles. Je
suis content qu'ils fassent des miracles, j'aimerais ça leur faciliter la tâche. Ma notion du début : Est-ce
qu'on peut faire mieux avec plus? Alors, on demandait 2 $ de plus,
2 $ de plus pour le plan alimentaire, l'achat d'aliments pour le repas de
nos aînés. Il n'y a rien. Il n'y a rien.
François
Marcotte, 43 ans, a fait, il n'y a pas bien, bien longtemps — et ça fait, ça aussi, l'actualité, ça fait
l'actualité parce que ça mérite de
faire l'actualité — une campagne
de sociofinancement pour avoir droit à trois soins d'hygiène, trois
douches, parce qu'à 43 ans il est aussi dans un centre d'hébergement et de
soins de longue durée. Ça a reparti le questionnement
sur la notion des soins d'hygiène. M. le Président, ce que l'on dit et ce que
l'on réclame, c'est que nos aînés qui
le veulent et qui le peuvent puissent avoir au moins deux bains par semaine.
Est-ce que c'est une pensée qui ne tient pas la route? Pour ceux qui le peuvent
et qui le veulent; je suis obligé de le répéter, parce qu'il y a des gens
qui disent : Bien, là, vous voulez
baigner tous ceux et celles qui ne peuvent pas. Pas du tout. Un milieu de vie,
c'est ça aussi.
C'est Chantal qui fait la grève de la faim parce
qu'elle dit : Il n'y a pas personne qui a le temps de me parler. Ce n'est pas parce que les préposés ne veulent
pas, c'est parce qu'ils en ont trop sur les épaules. Dans son récit, deux
préposés pour 26 cas lourds... et là
le ministre nous dira : Bien, oui, mais, dans ces budgets-là, on a investi
pour engager davantage, pour ouvrir
davantage de lits. Allez vous promener, M. le Président, allez jeter un oeil,
parlez aux gens. Parlez aux gens qui
encore aujourd'hui attendent d'avoir un médecin de famille, qui, malgré la
notion du 85 % établie par le ministre selon laquelle tous les
Québécois auront leur médecin de famille par le fameux guichet d'accès, vous
vous rendrez compte qu'il y a des saprés
problèmes. Il y a des problèmes, parce que, même atteint, cet objectif-là va
laisser des patients orphelins. On en a fait la démonstration
mathématique.
M. le
Président, c'est sans parler des 55 % de demandes d'aide de parents
d'enfants lourdement handicapés qui sont refusées systématiquement dans
un programme qui se voulait un phare, une lumière au bout du tunnel, avec l'intervention médiatique
solide de la part du ministre de la Santé dans une émission à fortes cotes
d'écoute. On a lancé un programme; 55 % des demandes sont refusées.
Bien là, il y a un problème. Ou les gens ne comprennent pas le programme ou
bien le programme n'est pas assez souple. Il y a des gens, encore une fois, qui
nous écoutent et nous regardent qui se disent : On vient de décider que
mon enfant était très handicapé mais pas assez très handicapé.
M.
le Président, des demandes simples qui auraient pu être répondues... Le
sous-investissement, le sous-financement aura causé des torts majeurs. Nous le constatons à tous les jours. Et
moi, savez-vous, M. le Président, je salue ceux et celles qui décident de nous raconter ces histoires, qui
nous permettent de corriger ce qui doit être corrigé, d'investir comme on
devrait investir, de se doter d'un réseau de la santé qui ressemble à celui que
l'on souhaite et que l'on veut.
Motion formulant un grief
M.
le Président, en terminant, je suis obligé, je déposerai une motion en regard
de ce budget. Je vous en fais la lecture, M. le Président :
«Que
l'Assemblée nationale blâme sévèrement le gouvernement libéral pour son abandon
des aînés en ne planifiant aucun
investissement pour augmenter le budget des repas en CHSLD et pour offrir de
bains et de douches en CHSLD.»
Merci, M. le
Président.
• (15 h 50) •
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député
de Lévis. Bien sûr, votre motion, elle est déposée sous réserve de sa
recevabilité.
Je cède maintenant la
parole à M. le député de Pontiac. M. le député.
M. André Fortin
M.
Fortin (Pontiac) : Merci, merci, M. le Président. Vous savez, M. le Président, c'est toujours
plaisant d'intervenir dans le cadre
du débat sur le budget parce que c'est un des débats les plus importants
qu'on a à chaque année, ici, à l'Assemblée
nationale.
C'est
donc la quatrième fois que j'ai la chance de le faire pour parler d'un des
budgets de mon collègue le ministre
des Finances et, privilège de ma fonction d'adjoint parlementaire, c'est le
troisième budget pour lequel j'ai l'occasion de collaborer avec le
ministre, tant pour les consultations que pour l'écriture de son budget.
J'en
profite d'ailleurs, M. le Président, pour souligner que cette année, c'était la
première fois que le gouvernement
du Québec menait une consultation aussi vaste dans le cadre de l'élaboration de
son budget, incluant une tournée régionale importante. J'ai moi-même
visité plusieurs régions, incluant l'Abitibi, Laval, l'Outaouais — chez
moi — j'ai accompagné le ministre à Québec, lui s'est promené en
Mauricie, en Estrie, donc on a entendu ce que désiraient les Québécois avant
l'élaboration du budget.
Et,
je dois vous dire, après ces quatre budgets, je vais vous faire une confidence,
M. le Président, même si j'ai lu
plusieurs des analyses qui disent — et qui ne se gênent pas pour dire — que c'est probablement le budget le plus
complet que nous avons présenté
depuis le début de notre mandat, dans le sens où ça demeure un budget équilibré, dans le sens où
on investit de façon importante dans des priorités ciblées comme la santé, l'éducation,
dans le sens où on continue de contribuer au
Fonds des générations et où on donne un peu d'air au contribuable en baissant
ses impôts, même si, M. le Président,
l'analyse de notre proposition budgétaire semble particulièrement positive, c'est important de se souvenir que
c'est le travail des dernières années qui
permet aujourd'hui au gouvernement d'investir dans nos priorités, dans les priorités
des Québécois et des Québécoises.
M. le Président, si
dans son premier budget ou si dans ses premiers budgets le ministre des
Finances avait simplement continué dans la
voie pavée par le Parti québécois... et là je ne veux pas raconter d'histoires, M. le Président, mais, même si le ministre
avait suivi la voie pavée par le PQ, ce n'est pas ça qui aurait empêché
d'investir en santé et en éducation,
M. le Président, on aurait pu, un gouvernement peut toujours investir s'il le désire; ce n'est pas ça qui
aurait empêché de réduire les impôts,
on aurait pu, le gouvernement peut toujours le faire. Mais on ferait ça en pelletant par en
avant pas à peu près, M. le Président, en demandant à nos enfants, qui déjà, déjà vont payer pour les excès
de toutes les générations qui sont
venues avant eux, en leur demandant de payer encore plus pour nos dépenses d'aujourd'hui. Et ça, dans la situation
fiscale actuelle, dans la situation financière actuelle, M. le Président, c'était impensable et irresponsable.
M. le Président, le ministre des Finances a qualifié son budget de budget de l'espoir
retrouvé. Je suis bien d'accord
avec lui, il a raison. Mais il s'agit
aussi du budget des bonnes priorités, parce
que, pour moi, pour les électeurs de
chez nous — et je leur ai parlé ce week-end, M. le
Président — elles
sont claires, ces priorités-là : santé, éducation, développement
économique. Ce n'est pas beaucoup plus compliqué que ça.
En
santé, M. le Président, le gouvernement propose 4,2 % d'augmentation de
budget pour l'année 2017‑2018, donc un financement additionnel de
742 millions cette année et de 1,2 milliard l'an prochain. Mais, M.
le Président, ce qui est important, c'est que
ces sommes-là vont aller directement aux services offerts à nos citoyens, et
c'est écrit, c'est écrit noir sur
blanc ici, dans le budget. Alors, si je regarde la liste, M. le Président, la
liste dans les documents budgétaires, on parle de financement additionnel
pour les établissements de santé. Ça, M. le Président, nos établissements
savent exactement comment aller investir.
Chacune de nos régions... je suis certain que le CISSS au Saguenay—Lac-Saint-Jean ou celui... le CIUSSS en Mauricie, autant que le CISSS en Outaouais,
chez nous a des projets qui pourraient bénéficier de ce financement-là. Les gens du Pontiac ne font pas
exception, M. le Président, on a un projet de dialyse sur la table
depuis quelques années déjà.
Mais je
continue : réduction des délais d'attente dans les hôpitaux; soutien à
l'autonomie des personnes âgées; CHSLD.
On en parlait. Ce dont le député de Lévis parlait plus tôt, il a raison, il y a
un impact qui s'en vient, un impact qui va avoir un réel, un concret impact sur la vie
des gens en CHSLD. Chez nous, dans le CHSLD Pontiac, ça veut dire 18 nouveaux emplois pour une population
totale de 20 000 personnes dans la région, M. le Président. 18
emplois à temps plein, ce n'est pas à négliger.
Si je
continue : soutien aux personnes ayant un trouble du spectre de l'autisme,
M. le Président. M. le Président, hier,
j'ai rencontré, dans mon bureau de comté, une mère, Anne, et son fils Philippe.
Philippe a un trouble du spectre de l'autisme,
M. le Président, et, vous le savez, nous le savons, là, à chaque fois qu'on
rencontre des familles dans une situation comme la leur, c'est des
rencontres qui sont souvent très touchantes, souvent très inspirantes pour les
députés, et ces gens-là savent exactement ce dont ils ont besoin comme
services. Alors, quand on parlé hier de la possibilité d'avoir un intervenant pivot, M. le Président, je crois que c'est exactement ce dont ces familles-là recherchent, et le plan
que la ministre a déposé récemment va exactement
dans ce sens-là. M. le
Président, les sommes qui sont
accordées dans le budget, elles doivent faire une différence, elles vont
faire une différence pour des familles comme celle d'Anne et Philippe.
En éducation,
M. le Président, on présente des orientations en vue de la
toute première politique de la réussite éducative en investissant 1,8 milliard en sommes additionnelles pour le préscolaire,
pour le primaire, pour le secondaire. Et pour un parent comme moi qui,
en septembre, va aller porter son enfant à la maternelle pour la première fois,
c'est rassurant de savoir que le gouvernement met les ressources que nos enfants ont besoin pour avoir toutes les
chances de leur côté, M. le Président. Ce que le ministre des Finances et ce que le ministre
de l'Éducation nous disent, c'est qu'il
y aura, cette année, à la rentrée, 1 500 personnes
additionnelles pour offrir des services directs à nos enfants, 1 500 professionnels
pour les aider dans leur réussite scolaire.
On economic development, Mr. Speaker, the list is long, but I want to
talk specifically about one sector that's of vital importance to Pontiac and that is agriculture. This budget allows for a 159 million in additional dollars to foster investment in growth and agriculture. More
specifically, we're going to launch a program to allow farms to modernize and renovate their buildings, and no matter what time of farm you have,
Mr. Speaker, investing in your buildings is vitally
important. But farmers in my area have told me getting the cash flow it
requires is not always easy, and we want to help the ag community with
this investment. We're also putting forward additional help for biofarms, for
young farmers, for food transformation, we will help the development of the
green house industry by offering a reduction in hydro rates.
And
finally, Mr. Speaker, we are adding 34 MRCs to the list of MRCs where help for
drainage of farmland is available and we're adding expenses related to liming
to that program as well. And it's in black and white in the budget, under the list of newly eligible MRCs, the MRC Pontiac and the MRC
Les Collines-de-l'Outaouais.
Enfin, M. le Président, pendant que je parle de
l'Outaouais, je tiens à mentionner que, dans le Plan québécois des
infrastructures, on trouve l'ajout des améliorations à faire à l'autoroute 50,
mais on trouve aussi l'engagement du gouvernement
envers le projet de transport en commun vers l'ouest de Gatineau, vers le
secteur Aylmer. M. le Président, on attend toujours les détails du
projet de la Société des transports de l'Outaouais, mais le gouvernement du
Québec sera financièrement au rendez-vous pour cet important projet, il est
inscrit au Plan québécois des infrastructures.
M. le
Président, dans l'élaboration de son budget, le ministre des Finances avait
plusieurs options sur la table. Il aurait pu prendre l'approche
privilégiée par le Parti québécois. Le Parti québécois aurait aimé qu'on
dépense de façon démesurée, le Parti québécois aurait aimé qu'on ne diminue pas
les impôts des contribuables. Je vous rappelle, M. le Président, que, si nous, on a présenté une réduction d'impôt
rétroactive, le député de Rousseau, quand il était ministre des Finances, avait parlé d'une augmentation
d'impôt rétroactive. Le Parti québécois aurait aimé qu'on oublie le Fonds
des générations et, même s'ils ne le diront pas clairement, M. le Président,
convergence oblige, je doute que le Parti québécois aurait été fâché de voir un
déficit.
On aurait
aussi pu prendre l'approche, M. le Président, de la Coalition avenir Québec, on
aurait pu aller piger dans le Fonds
des générations, parce que, comprenons-nous bien, c'est ça que la CAQ
proposait, de piger dans le Fonds des générations, M. le Président...
Là, maudit, le Fonds des générations, c'est le fonds de nos enfants, alors on
est mieux d'avoir toute une raison pour
aller piger là-dedans. Alors, pourquoi ils voulaient ça, M. le Président? Ils
vont vous dire que c'est parce qu'ils
voulaient des baisses d'impôt, mais, si vous regardez l'ensemble de ce que
leurs porte-parole ont demandé au
cours des dernières années, l'ensemble de ce qu'ils vont vous demander dans ce
débat-ci, M. le Président, bien,
j'espère que vous avez du temps devant vous, parce que la liste est longue.
Vous comprendrez qu'eux aussi voulaient dépenser de façon démesurée. Ce qu'ils proposaient, M. le Président,
c'est un buffet de mesures à gauche et à droite, sans aucun égard à combien ça coûtait. Ce qu'ils
voulaient, M. le Président, ça ne faisait aucun sens dans la situation actuelle.
Vous ne pensez pas, M. le Président, que nos
enfants, nos enfants qui se sont réveillés à matin avec une dette de
206 milliards, qui se sont réveillés ce matin avec une dette brute
de 24 620 $ par personne, vous ne pensez pas qu'ils méritaient mieux
qu'on ajoute à leur fardeau? Oui, M. le Président, le plan des générations, ça
fonctionne, mais ça ne fonctionne pas si tu te mets à piger dedans n'importe
quand, pour n'importe quoi.
Alors, M. le
Président, j'ai juste à regarder les revenus de placement du Fonds des
générations. Il y a deux ans, c'était 298 millions; l'an passé,
472; cette année, 626; et, dans quatre ans, ça va être
1 522 000 000 $, en 2021‑2022. M. le Président, cette
tendance-là est gagnante pour les Québécois, mais n'est pas garantie. Si tu te
mets à piger dans le Fonds des générations,
si tu sors de l'argent du fonds, tu bloques net la progression de ce
rendement-là. Et on sait tous ici que la CAQ aime nous trouver des statistiques
qui nous disent que le Québec est dernier, mais, au niveau de la dette
par PIB, on est avant-derniers, juste devant Terre-Neuve. Alors, si on se met à
piger dans le Fonds des générations, inquiétez-vous pas, on va se retrouver
bons derniers, ça ne prendra pas de temps.
Mais je vous le dis, M. le Président : On
ne laissera pas la CAQ ou n'importe qui d'autre piller le Fonds des générations, on va continuer d'investir dans le
Fonds des générations, on va garder nos finances publiques en ordre, on va continuer d'investir dans nos priorités, en
santé, en éducation, on va poursuivre
notre appui au développement économique des régions. On va continuer à être responsables
et on va appuyer le plan présenté par le ministre des Finances. Merci,
M. le Président.
• (16 heures) •
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député de Pontiac, pour cette intervention. Je cède maintenant la
parole à M. le député de Bertrand.
M. Claude Cousineau
M.
Cousineau :
Alors, merci, M. le Président. M. le Président, c'est le rôle de l'opposition
de critiquer et de questionner le budget du
gouvernement, mais, afin de le faire adéquatement, il faut prendre le temps de
bien étudier les paramètres qui ont
conduit à sa préparation. Pourquoi le ministre des Finances peut-il aujourd'hui
distribuer, pour ne pas dire
saupoudrer, des centaines de millions de dollars dans différentes sphères
d'activité? Pour répondre à cette question, M. le Président, il faut
revenir en arrière et scruter les actions des trois premières années du
gouvernement libéral, trois années de
coupures dans différents secteurs : la santé, l'éducation,
l'environnement, les régions, les affaires municipales, les PME, les organismes communautaires. Tous y ont
goûté. La classe moyenne a vu les services de base à la population être drastiquement coupés. Les familles, les
infrastructures, les petites entreprises ont subi le même sort pendant trois
ans. Les tarifs n'ont cessé
d'augmenter, réduisant de plus en plus le pouvoir d'achat des contribuables
québécois. Leur fardeau fiscal n'a cessé de s'alourdir. Tout cela sous
le couvert de l'austérité.
M.
le Président, aujourd'hui, le ministre des Finances nous présente le budget de
l'espoir retrouvé, selon ses dires. Devons-nous
comprendre que, pendant trois ans, il a fait vivre le désespoir de l'austérité
aux Québécois en leur faisant croire
que le gouvernement précédent avait laissé un déficit de 7 milliards? Sur
ce point, le Vérificateur général a vite fait de désamorcer cette prétention après le premier budget, parlant
plutôt de 2 milliards. D'ailleurs, à la page 4 de son discours, le ministre dit, et je cite : «Il y
a trois ans, la situation des finances publiques était extrêmement difficile.
Nous faisions face à un [potentiel déficit] de 7 milliards de
dollars.» Potentiel n'est pas réel. Par cette affirmation dans son récent budget, le ministre avoue son erreur. C'est
clair que, dans tout budget, si les dépenses sont mal contrôlées, surtout
pour des projections sur cinq ans comme la
plupart des annonces du budget actuel, le mot «potentiel» prend tout son sens.
Sur ce point, M. le
Président, rappelons que les libéraux, sauf les deux ans du gouvernement
Marois, sont au pouvoir depuis 2003. C'est
donc 14 ans de gestion libérale dans les deux dernières décennies. Ils
sont sûrement responsables, c'est une
évidence, de l'augmentation fulgurante de la dette québécoise, des tarifs et
des fardeaux fiscaux des contribuables du
Québec. M. le Président, par exemple, prenons la taxe santé qui a
tellement été décriée, contestée. Eh bien, cette taxe, rappelons-le, a été mise en place par un ministre
libéral du gouvernement Charest. Aujourd'hui, en grande pompe, on nous annonce sa disparition rétroactive depuis 2016.
D'applaudir à tout rompre du côté gouvernemental, c'est de reconnaître
que cette taxe était une mauvaise taxe, une taxe injuste, la même pour tous,
sans modulation, et qu'elle a contribué à appauvrir les contribuables du Québec.
M.
le Président, le ministre annonce sans gêne dans son budget des baisses
d'impôt, mais en y regardant de près, on
s'aperçoit que le Parti libéral a augmenté le fardeau fiscal des familles,
surtout de la classe moyenne, de 1 500 $ par année. Résultat, des coupures et des augmentations
de tarifs de toutes sortes : électricité, permis de tous genres. Par ce
budget, le ministre ne leur remet que le
tiers de ce qu'il leur a enlevé, principalement dû à l'abolition de la taxe
santé. C'est donc, M. le Président,
1 000 $ par année qu'il continue à prendre dans les poches des
familles. J'ai soulagé ton portefeuille de 1 500 $ l'année dernière, je t'en remets 500 $, je
veux en garder 1 000 $. Tu vois comme je suis gentil et généreux.
C'est le message subliminal que le ministre envoie à la classe moyenne.
M.
le Président, le gouvernement libéral a coupé, dans les trois dernières années,
300 millions de dollars dans les services de garde, dans les
centres de la petite enfance. Aujourd'hui, dans le budget, nous y lisons un
très modeste réinvestissement de moins de la
moitié, c'est-à-dire autour de 130 millions sur cinq ans, ce qui donne
26 millions par année, dont 12
pour la qualité des services. Cela représente 52 $ par enfant
annuellement. Je rappelle, M. le Président, qu'une des principales recommandations de la Commission
sur l'éducation à la petite enfance, rapport déposé il y a quelques semaines, est à l'effet qu'il est extrêmement
important d'investir massivement dans la qualité des services éducatifs, dans
les services de garde. Ce que cela signifie,
M. le Président, c'est qu'il faut injecter des sommes importantes pour
l'amélioration des programmes
éducatifs, soutenir la formation continue et la formation des éducatrices. Pour
compléter le réseau public des centres de la petite enfance, offrir un
tarif universel permet d'atteindre l'égalité des chances pour tous nos petits Québécois et nos petites Québécoises, lesquels
sont l'avenir de notre société. M. le Président, 52 $ par enfant par
année, c'est nettement insuffisant,
voire même blessant pour les professionnels qui oeuvrent tous les jours sans
relâche, avec acharnement pour le bien-être de nos tout-petits.
Le
ministre responsable de la petite enfance expliquait il y a quelques semaines,
avant la présentation de ce budget, que,
pour contrer la croissance du nombre d'élèves en difficulté au primaire et au
secondaire, la solution doit provenir de
tous les maillons de la chaîne, y compris la petite enfance. L'important, c'est
de se concentrer sur l'action précoce, disait
le ministre. M. le Président, c'est paradoxal. C'est que, dans son discours du
budget, le ministre des Finances vante allègrement les centres de la
petite enfance, lesquels, rappelons-le, ont été malmenés par le gouvernement
libéral depuis qu'ils ont pris le pouvoir, et il dit, et je cite : «Le
réseau des CPE permet à des milliers de parents d'avoir accès à des services de garde de qualité. Les CPE visent à stimuler le
développement des enfants sur tous les plans, de leur naissance à l'entrée à l'école,
puisqu'il est important d'intervenir dès la petite enfance», peut-on y lire. La
réalité, M. le Président, est toute autre. Le budget déposé la semaine
dernière prévoit des sommes nettement insuffisantes concernant la petite
enfance.
Depuis deux
ans, le gouvernement a coupé l'équivalent de 110 millions de dollars par
année dans le réseau des CPE. Depuis
10 ans, M. le Président, les compressions atteignent 500 millions. Les
services ont souffert, des activités de stimulation pour les enfants ont été éliminées.
Des tout-petits qui s'apprêtent à intégrer la maternelle n'ont pas eu les mêmes
chances que leurs prédécesseurs. Que disait
le premier ministre en 2016? Je cite : «Dans notre société, tout le monde
ne part pas avec la même chance. La
différence dans la quantité des mots que l'enfant entend s'il est dans un
milieu aisé par rapport à un milieu
défavorisé, c'est incroyable. L'État doit jouer un rôle pour combler cet
écart.» Malheureusement, le budget ne soutient pas ces propos du premier
ministre.
M.
le Président, le réseau des CPE a été mis en place il y a 20 ans justement pour
atteindre ces objectifs, l'égalité des
chances. Le ministre des Finances aurait dû investir massivement dans les
services publics de la petite enfance. Le rattrapage nécessaire n'est
pas au rendez-vous dans ce budget. Le ministre avait une belle occasion, dans
son énoncé budgétaire, de corriger la
situation en rehaussant substantiellement les budgets alloués aux services
publics de la petite enfance.
M.
le Président, le budget provincial, la semaine dernière, par le gouvernement
libéral n'a rien d'un budget de l'espoir
pour les organismes communautaires et pour les services publics. Linda Déry,
coordonnatrice du ROCL, affirme que
les 4 milliards de coupures et de mesures d'austérité depuis trois ans ont
laissé des traces, des plaies profondes dans le réseau de la solidarité et de la justice sociale. Je cite Mme
Déry : «Disons qu'avec ce budget les saignées à répétition sont
terminées, mais ce n'est pas avec les investissements annoncés que l'hémorragie
va cesser...»
Alors,
M. le Président, j'ai relevé 42 pages... j'ai relevé sur 42 pages
dans le budget 31 fois ou le ministre nous dit : J'annonce. J'annonce, mais c'est toujours
j'annonce sur cinq ans. Alors, lorsqu'on distribue ça par année, bien, ça
réduit de beaucoup les sommes qui sont allouées.
Alors,
je terminerais peut-être en disant, M. le Président, que moi
aussi, j'annonce que le gros des décaissements pour les années à venir
va se faire l'année prochaine, parce que c'est une année électorale. Merci, M.
le Président.
• (16 h 10) •
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le
député de Bertrand, pour cette intervention. M. le député de Trois-Rivières,
à vous la parole.
M. Jean-Denis Girard
M.
Girard : Merci, M. le Président. Donc, c'est un honneur pour moi d'intervenir aujourd'hui pour parler aux citoyens du Québec, parler
également aux citoyens de ma circonscription, Trois-Rivières, sur ce budget qui
est, selon moi, un des meilleurs
budgets depuis fort longtemps au gouvernement du Québec. Mon collègue, ministre
des Finances, l'a dit d'entrée de jeu
lors du discours du budget, ce budget est pour aujourd'hui et pour demain.
Donc, on en a entendu parler beaucoup de guerres de chiffres depuis le
début des débats sur le budget. Je ne veux pas m'attarder sur les chiffres.
Parce que là, des milliards, 2, 3, 4 milliards, ça ne parle pas beaucoup
aux gens.
Aujourd'hui,
moi, je veux parler aux gens, aux gens qui nous écoutent et surtout aux jeunes.
Je l'ai mentionné lorsque je me suis lancé en politique, au risque de me
répéter, j'ai deux enfants et maintenant trois petits-enfants, le troisième qui est arrivé le 4 janvier dernier, et
je me suis lancé en politique pour eux, pour les jeunes du Québec. Aujourd'hui
je veux parler de l'avenir de nos jeunes et
comment ce budget de notre gouvernement va avoir un impact sur l'avenir de
nos jeunes au Québec.
Dans
un premier temps, on parle d'éducation. Oui, l'éducation, plusieurs milliards
d'investis, mais qu'est-ce que ça va
donner pour nos gens sur le terrain? On commence avec la petite enfance, le
primaire, le secondaire, le collégial, l'enseignement
professionnel, le milieu universitaire. Autant le ministre de l'Éducation que
la ministre de l'Enseignement supérieur
vont travailler de concert avec nos maisons d'enseignement pour améliorer nos
formations, s'assurer que les formations
que l'on va donner à nos jeunes sur le terrain sont en lien avec les besoins de
notre société, sont en lien avec les
besoins de nos entrepreneurs, de nos PME, de nos entreprises. Pourquoi, M. le
Président? Pour donner des bons emplois à nos jeunes, pour assurer un
bel avenir à nos jeunes.
Donc,
quand on parle d'investissements en éducation, outre les milliards, c'est un
avenir pour nos jeunes sur le terrain,
c'est des emplois de qualité pour nos jeunes, ce sont des rémunérations
intéressantes, ce sont des jeunes qui vont fonder des familles et qui vont être capables de travailler ici au
Québec, qui vont travailler dans des belles entreprises.
M.
le Président, on parle aussi dans le budget d'entrepreneuriat. On le sait, nous
avons un défi de société en raison de
la démographie. La population du Québec est vieillissante, nous avons beaucoup
d'entrepreneurs au Québec qui sont près
de la retraite. Il faut encourager nos jeunes à devenir entrepreneurs. Oui,
démarrer des nouvelles entreprises, mais également reprendre des entreprises existantes. Beaucoup d'entrepreneurs
vont prendre leur retraite et on va devoir avoir des jeunes qui vont reprendre ces entreprises-là pour garder les
entreprises chez nous au Québec, garder les emplois ici au Québec,
garder la profitabilité de ces entreprises-là ici chez nous pour nos jeunes.
Donc,
nous allons investir également en entrepreneuriat, en entrepreneuriat au niveau
des écoles, au niveau du transfert
aussi des entreprises. On a réduit le fardeau fiscal lorsqu'on va transférer
des entreprises des parents vers les enfants pour permettre aux enfants de reprendre l'entreprise familiale et de
perpétuer ces belles entreprises là, qui font la fierté des Québécois de
partout au Québec et dans toutes les régions du Québec, M. le Président.
Bien
sûr, outre l'éducation et l'entrepreneuriat, ma collègue, la ministre de
l'Économie, investit beaucoup dans le manufacturier innovant et dans
l'innovation. Encore beaucoup d'argent qui va être investi au niveau de
l'innovation. On le sait, au Québec,
et je l'ai mentionné souvent, vous savez, M. le Président, lorsque j'ai
été ministre délégué aux PME, j'ai
parcouru le Québec et j'ai rencontré des entrepreneurs et ce qui fait que le
Québec se démarque, c'est notre innovation, c'est nos qualités de trouver des nouveaux produits, de trouver des
avancements technologiques, de trouver des améliorations dans notre
fabrication et, de cette façon, nous allons pouvoir avoir des emplois de
qualité.
Excusez l'anglicisme, mais on parle souvent de
«mass production», on parle, en Chine, de la production de masse des articles que l'on trouve dans des
magasins à grande surface, des petits articles qui sont vendus avec des marges
de profit très
faibles. Ce n'est pas là que le Québec va compétitionner. C'est dans
l'innovation, c'est dans l'ingénierie. Bon,
on parle beaucoup d'aéronautique dans les derniers temps, pas nécessairement
pour les bonnes raisons, mais l'aéronautique est un fleuron au Québec. C'est de la technologie de pointe. On parle de
jeux vidéo, on parle d'animation vidéo, on en fait de plus en plus au Québec, on est reconnus pour
faire des effets spéciaux dans des films
de grande envergure à travers le
monde, et ce sont des Québécois qui font ce travail-là. Donc, il faut continuer à
travailler à l'innovation, il faut continuer à améliorer notre manufacturier innovant pour pouvoir exporter, parce que
l'exportation nous crée des revenus, nous crée de la richesse.
À cet effet,
récemment, les Manufacturiers Mauricie—Centre-du-Québec, une association de
manufacturiers dans ma région,
ont lancé un nouveau créneau, un créneau fabrication de machines. Il y a beaucoup
de machines qui se fabriquent dans la région
Mauricie—Centre-du-Québec,
et ce que j'ai appris avec étonnement, oui, mais je savais qu'on faisait
beaucoup d'exportation, mais on a appris que plus de 50 % de ce qui est
fabriqué par nos Manufacturiers Mauricie—Centre-du-Québec est exporté à l'extérieur du
Québec. Donc, c'est une très bonne nouvelle. C'est de cette façon que
l'on va créer de la richesse, et ces manufacturiers-là qui deviennent de plus
en plus innovants, qui vont conquérir des marchés étrangers, grossissent,
emploient des jeunes, des jeunes qui vont avoir du travail pour le futur, et emploient des jeunes qui sortent de nos
collèges, de nos universités, d'où l'importance d'avoir des formations qui sont
en lien avec les besoins de notre innovation
sur le terrain, avec les besoins de nos manufacturiers innovants, et tout ça
est en lien. Donc, on investit en éducation, on investit également au
niveau des manufacturiers innovants et on travaille ensemble pour assurer à nos
jeunes un meilleur avenir, assurer à nos jeunes des emplois de qualité, M. le
Président.
Un autre
exemple que j'ai à Trois-Rivières, c'est l'usine Kruger. On le sait,
Trois-Rivières a été longtemps une région
mono-industrielle reliée au papier journal et nous avons connu des périodes
très difficiles dans les années 1980, début
des années 1990. On le sait, il y a une diminution assez importante de la
demande du papier journal à travers le monde. L'usine Kruger de Trois-Rivières, grâce à un investissement du
gouvernement et un investissement de Kruger, subit une transformation
incroyable à l'heure actuelle. C'est un des plus gros chantiers en cours au
Québec dans une usine de fabrication, et on transforme
complètement l'usine de Trois-Rivières pour changer la machine à papier journal
vers une machine à carton. On le
sait, le commerce en ligne est de plus en plus à la mode. Les gens au Québec et
partout à travers le monde achètent de plus en plus en ligne, et, lorsqu'on
reçoit des choses en ligne, M. le Président, ça arrive dans des boîtes de carton, c'est emballé dans du carton. Il
y a une demande croissante à travers le monde pour le carton. Donc, le fait
de transformer cette usine-là à Trois-Rivières,
d'innover dans l'usine et de s'en aller vers un créneau qui est en demande,
ce qu'on fait, c'est qu'on va garder les
emplois chez nous. On va conserver au-delà de 300 emplois très bien rémunérés
à Trois-Rivières. Et on le sait, Kruger est un fleuron à Trois-Rivières.
Donc, c'est
le genre d'investissement que l'on fait, comme gouvernement. C'est le genre
d'investissement qu'on va pouvoir
continuer à faire grâce au budget de mon collègue le ministre des Finances.
C'est le genre d'investissement qu'on
fait chez nos jeunes qui vont pouvoir occuper les emplois qui vont être
disponibles chez Kruger ou ailleurs dans ces manufactures-là, dans ces
entreprises-là à travers le Québec pour permettre de créer des emplois de
qualité.
M. le
Président, je m'en voudrais également, quand on parle des jeunes, de ne pas
parler du Fonds des générations. Malheureusement,
on a des collègues, de l'autre côté de la Chambre, qui sont prêts à piger dans
le Fonds des générations demain matin
pour faire toutes sortes d'investissements. J'ai parlé d'enfants et de
petits-enfants tout à l'heure. Personnellement, j'ai investi longtemps
dans ce qu'on appelle les régimes d'épargne-études. Les régimes d'épargne-études, c'est qu'on met de l'argent de côté pour
le futur de nos enfants, pour leur permettre d'aller à l'école, pour leur
permettre d'avoir de l'argent pour plus tard.
Le Fonds des
générations, c'est ça, M. le Président, c'est de l'argent que l'on met de côté
pour les jeunes, pour les jeunes du
Québec, pour qu'ils puissent prendre les décisions lorsqu'ils seront rendus au
pouvoir, lorsque ces jeunes-là seront en droit de décider pour l'avenir
du Québec. C'est eux qui vont être les décideurs dans 10 ans, 15 ans, 20 ans,
et le Fonds des générations va être un outil essentiel pour ces jeunes-là, et
le Fonds des générations, M. le Président, permet
de réduire le fardeau de la dette, le fardeau de la dette qui est extrêmement
important au Québec, et on se doit de réduire
ce fardeau de la dette. Et on parle du Fonds des générations, et je cherche le
montant, c'est 1,9 milliard que l'on réinvestit cette année au niveau du Fonds des générations, et, Mme la
Présidente — on avait
M. le Président, mais il me fait plaisir
de vous voir, Mme la Présidente — 1,9 milliard c'est extrêmement important
pour réduire le fardeau de la dette.
• (16 h 20) •
Donc, il faut
travailler ensemble, il faut travailler en collaboration. Tout le monde doit
travailler au bénéfice d'un meilleur
avenir pour le Québec, et le meilleur avenir pour le Québec passe par les
jeunes du Québec. Il faut penser à eux, et c'est un budget qui est extrêmement
intéressant pour nos jeunes de partout à travers le Québec, en raison des
argents investis, oui, en raison de
la saine gestion des finances publiques, qui va nous permettre de ne plus avoir
de déficit cette année et pour les
prochaines années, qui va nous permettre de réduire la dette du Québec pour
permettre aux jeunes de pouvoir
prendre les bonnes décisions. C'est
un budget qui va permettre une collaboration entre le milieu de l'éducation,
qui s'occupe de nos jeunes aujourd'hui, le
milieu du travail, nos PME, nos entreprises qui vont engager nos jeunes pour le
futur, et tout ça ensemble pour permettre un meilleur avenir à nos jeunes de
partout au Québec.
Donc, Mme la
Présidente, je suis très fier du budget de mon collègue le ministre des
Finances, et soyez assurée que je
vais en faire la promotion partout au Québec au bénéfice de nos jeunes de
partout à travers le Québec dans toutes les régions. Merci, Mme la
Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie, M. le
député de Trois-Rivières. Et maintenant, là, on m'avait indiqué que ce serait M. le député de Chambly, mais
si... Bon, alors, oui, M. le député de Chambly, à votre tour de faire
votre intervention.
M.
Jean-François Roberge
M.
Roberge : Merci, Mme la Présidente. Donc, ça me fait plaisir
d'intervenir aujourd'hui sur ce budget 2017‑2018 qui, quand on
regarde comme il faut, se rend jusqu'en 2027, mais c'est supposé être un
budget 2017‑2018.
À plusieurs
reprises, le ministre des Finances a prononcé cette phrase-là, «au cours des
cinq prochaines années», en faisant
son budget. Il se rendait nettement plus loin que la fin de son mandat. Et il y
a même plusieurs endroits dans ce budget-là
où on se rend jusqu'en 2027, 2028. Bon, c'est beau d'être positif, mais à un
moment donné, comme un ministre prédécesseur, on était un petit peu au
pays des licornes et des arcs-en-ciel, on était loin de la réalité.
Une autre
phrase qui a été répétée souvent, à la lecture de ce budget-là, c'est, et là je
le cite : «Nous faisons ce que
nous avons dit [...] que nous ferions.» J'ai entendu souvent, souvent cette
phrase-là de la part du ministre des Finances : «Nous faisons ce
que nous avons dit [...] que nous ferions.» J'ai dit : Bien, on va aller
voir qu'est-ce qu'ils avaient dit il y a à peu près trois ans. Parce que nous
sommes tout près du troisième anniversaire de ce gouvernement, élu le 7 avril 2014, on approche du 7 avril
2017. Alors, qu'est-ce qu'ils avaient dit qu'ils feraient en éducation? Donc,
j'ai regardé, j'ai retrouvé la
plateforme électorale, qui est une espèce de contrat social, qu'est-ce qu'il
avait dit qu'ils feraient s'ils étaient élus.
10 mars
2014, le titre, ce n'était pas un communiqué du gouvernement, c'était un
communiqué du Parti libéral du Québec
qui disait : Réduire pour mieux investir : un gouvernement libéral
investira là où ça compte : dans la réussite de l'élève. Donc, les gens qui ont voté Parti libéral s'attendaient à ça. C'était
tentant, là, à date. Il y avait une section Lutte contre le décrochage. Et là je suis vraiment en
train de lire les promesses officielles du collègue ministre des Finances,
parce que c'étaient aussi ses promesses,
outre les 250 000 emplois qu'il ne créera pas, il y avait aussi la
lutte contre le décrochage. Ça
disait : «Un
gouvernement du Parti libéral du Québec intensifiera la lutte contre le
décrochage scolaire. Pour
ce faire nous allons — première chose : Assurer un service d'aide aux devoirs dans toutes
les écoles primaires.» Est-ce qu'il y a ça aujourd'hui,
trois ans plus tard, un service d'aide aux devoirs dans toutes les écoles
primaires? Savez-vous quoi? Non, il y en a moins qu'il y en avait. Il y a moins
d'aide aux devoirs dans les écoles primaires aujourd'hui,
en avril 2017, qu'il y en avait en avril 2014 avant l'élection de ce
gouvernement-là. Alors, quand il dit : «Nous faisons ce que nous
avons dit [...] que nous ferions», pas bien, bien, non. Bien non, ce n'est pas
ça qui est arrivé.
Après
ça, ça précisait, l'aide aux devoirs, là, ça avait de l'air à les inspirer
avant d'être élu, ça disait : «Étendre l'aide aux devoirs aux écoles secondaires; élargir
les périodes d'aide aux devoirs avec des séances certains midis et soirs.»
Savez-vous quoi? Lors des coupures de 2014‑2015
en éducation, il y a même eu une directive, une consigne du ministre qui disait aux commissions scolaires : Voici
les coupes et, en passant, si vous ne savez pas où couper, là, coupez donc
dans l'aide aux devoirs. Là, c'était
précisément le contraire, c'était une consigne. Et je l'ai vue, cette
lettre-là, c'étaient des directives
qui disaient : Dans les coupures, là, coupez donc dans l'aide aux devoirs.
Six mois avant, ils se faisaient élire
en disant qu'ils allaient étendre l'aide aux devoirs. Alors, «nous faisons ce
que nous avons dit [...] que nous ferions», là, je regrette, ce n'est
pas ça.
Je
continue la lecture de la plateforme électorale. Parce qu'il faut s'en souvenir
parce qu'il faut se demander... les citoyens se demandent : Est-ce qu'on va leur faire confiance
dans 18 mois, quand ils vont nous promettre mer et monde? Est-ce qu'on va leur faire confiance? Bien moi, je
dis : Il faudrait peut-être se souvenir de ce qui s'est passé il y a trois
ans. Il y avait un engagement, c'était écrit noir sur blanc :
«Soutenir les projets issus de la communauté tel le CREPAS au Saguenay—Lac-Saint-Jean.» Le CREPAS, c'est le premier des organismes
de concertation de réussite scolaire, qui a donné naissance à ce qu'on
connaît tous maintenant dans le milieu de l'éducation, les Journées de la
persévérance scolaire. Ça a fait école.
Plusieurs organismes régionaux de persévérance scolaire sont nés
suite, justement, à la création du CREPAS.
Et là, dans
la plateforme électorale, on disait : «Soutenir les projets issus de la communauté
tel le CREPAS...» Mais savez-vous quoi? Plusieurs de ces projets sont
morts faute de financement depuis trois ans. Il y en a moins qu'il y en avait.
Oh oui, on en a rajouté un petit peu, là. Ça comme laisser sécher des plantes pendant
trois mois, puis celles qui survivent, on les arrose un petit peu après
trois mois. C'est ça qui est arrivé. On a laissé sécher les organismes de persévérance scolaire pendant trois ans, et ceux
qui ont survécu, on les a arrosés un
petit peu d'argent cette année. Mais
il y en a plusieurs, malheureusement, qui n'ont pas passé à travers ces trois
années-là. Bon, des organismes de lutte au décrochage, puis on entend des citoyens dire : Bien, c'est des organismes...
Non, au quotidien, c'est des gens qui interviennent avec les jeunes à
tous les jours, à toutes les semaines. Et il y a plusieurs de ces organismes-là
qui n'existent plus aujourd'hui. Même si le gouvernement voulait les
financer, là, ils n'existent plus. Il
n'y a plus de numéro d'OSBL, là.
C'est fermé, la clé sous la porte. Les professionnels
ont dû se replacer ailleurs, se trouver un autre emploi, le poste a été
coupé. Il n'y en a plus. On ne peut plus l'arroser, la plante, elle est aux
poubelles. C'est ça qui s'est passé.
Là, je lis
encore un extrait de cette plateforme électorale, parce que
c'est important de savoir ce qui a été dit pour juger de ce qui est fait. Là, je lis : «Prioriser le diagnostic hâtif chez les
jeunes montrant des difficultés d'apprentissage et l'intervention rapide dès la petite enfance en
s'assurant du nombre adéquat de spécialistes.» C'est un beau programme, hein, comme l'émission, votre beau programme.
C'est un beau programme. Écoutez, diagnostic hâtif, soutien, le nombre adéquat de spécialistes. Imaginez s'il l'avait
fait. Mme la Présidente, juste pour l'année 2015‑2016,
ce gouvernement a coupé
260 spécialistes — psychologues,
psychoéducateurs, orthophonistes, orthopédagogues — a coupé 260 spécialistes directement dans les commissions
scolaires. Il y en a
moins qu'il y en avait. Ils s'étaient engagés à s'assurer du nombre
adéquat de spécialistes. Ce n'était pas
précisé, ils trouvaient qu'il y en avait trop. Donc, ils en ont enlevé. Je suppose
que, là, ils pensent qu'on a le nombre
adéquat de spécialistes. Ça a l'air qu'il
y en avait trop. Mais je pense qu'il
faudrait dire ça aux parents qui déjà, en 2014, attendaient pour un
diagnostic.
En 2014, avant l'élection de ce gouvernement-là,
en janvier 2014, février 2014, mars 2014, j'étais où? J'étais dans une classe,
troisième cycle du primaire, j'enseignais, j'avais 25, 26, 27 enfants
devant moi. Je peux vous le dire, Mme la
Présidente, il y en avait
pas trop des spécialistes, des professionnels pour soutenir les enseignants, moi-même,
mes collègues,
pour soutenir surtout, surtout, les enfants en difficulté, ceux qu'on dit HDAA,
handicapés ou en difficulté
d'adaptation, d'apprentissage. Il en manquait déjà, mais ça l'air qu'il n'en
manquait pas assez. Ça fait que, là, maintenant, il en manque plus qu'il
en manquait.
Et
là c'est le comble. En mars 2014, pour se faire élire, ce gouvernement disait : «Travailler
de concert avec les partenaires
pour lutter contre la violence et l'intimidation à l'école.» Il y a un petit bout qui a été fait. «Régler de façon prioritaire les problèmes de qualité de l'air dans les écoles.» Ça, par exemple, ça, ça n'a pas été fait. Parce que la pourriture
dans les écoles, là, il
y en a plus qu'hier, moins
que demain. Depuis 2014, le parc-école s'est détérioré au Québec. Ah ! Je ne dis pas qu'il n'y a aucune rénovation qui a été faite. C'est vrai qu'il y a des rénovations qui ont été faites, mais pas suffisamment, pas suffisamment.
Si on a trois maisons, puis qu'on en entretient une pendant que les deux autres
ont le toit qui s'effondre, puis
qu'il pleut à
l'intérieur, on peut bien
dire : Regardez seulement la maison qu'on entretient, mais il y en a deux autres qui sont en état de
délabrement avancé. Et le parc-école, aujourd'hui, est dans
un moins bon état qu'en 2014. Et en 2014 il y avait déjà des problèmes de qualité de l'air.
Là on
parle du budget 2017‑2018, mais
c'est parce qu'il faut regarder sur
un horizon. C'est un mandat de quatre ans, trois années sont faites, et là on
est juste avant l'élection. Ça fait qu'il faut prendre ça en compte.
• (16 h 30) •
Ça disait aussi, je continue : «Insister sur
l'importance de la lecture et de l'écriture.» Écoutez, on a eu un ministre de l'Éducation qui nous a dit que, s'il n'y a pas de livre dans les écoles, il n'y a personne qui
va mourir de ça. Mais il avait
été élu avec le mandat d'insister sur
l'importance de la lecture. Je ne sais pas ce qu'il devait lire, mais ce
n'étaient pas des livres. Il faut le
faire quand même! Tellement que dans mon comté, à Chambly, l'année passée, les
gens ont organisé une levée de fonds.
Les citoyens se sont cotisés, ils sont allés piger au fond de leurs poches pour
faire une levée de fonds pour donner
des livres dans les bibliothèques scolaires. Faut-u qu'il manque assez de
livres dans les écoles pour que les citoyens fassent une levée de fonds
pas pour une sortie scolaire pour aller au cinéma, là, pour l'essentiel, des
livres dans une bibliothèque scolaire? Et ça
a été une des levées de fonds qui a eu le plus de succès. Les gens ont
dit : Oui, oui. Ça, c'est important.
Puis il en manque vraiment. Puis on ne comptera pas sur ce gouvernement-là, là.
On va payer, on va contribuer à cette levée de fonds. Donc, on voit
bien, on voit bien que, manifestement, ça n'a pas été une priorité.
Et
là, tout à coup, parce qu'après trois ans de rigueur, d'austérité, je vais dire
ce mot-là, en éducation, il y en a eu, parce
que, là, tout à coup le gouvernement découvrirait que : Ah! oui, il
faudrait peut-être investir en éducation, on va les croire quand ils disent que l'éducation est une
priorité? Oui, l'éducation est une priorité. Pour nous. Pour les Québécois.
Pour les millions de parents... les milliers de parents qui ont encerclé les
écoles l'automne dernier dans le — ...
Une voix :
...
M. Roberge :
...j'ai dit des milliers — dans le projet Je protège mon école publique. Les parents
faisaient une ronde autour des écoles pour les protéger contre le gouvernement
libéral. Il fallait le faire! Pour eux, l'éducation, c'est une priorité. Mais tu ne peux pas décider, après trois
ans de coupures, que c'est une priorité. Si c'est une priorité, c'est une
priorité à chaque année. Ça ne peut pas être
une priorité à la veille des élections, une priorité en campagne électorale,
après ça le dernier de tes soucis pendant trois ans puis ça redevient
une priorité. Ce n'est pas ce qu'on appelle une priorité, Mme la Présidente. Et
il faut le voir de cette manière-là.
Je
pense terminer encore sur un engagement électoral, un engagement, ça devrait
avoir un sens aujourd'hui, quand on
dit un engagement électoral, de ces gens qui sollicitaient la confiance du
public en disant : Nous, là, disaient-ils, le Parti libéral, nous, on va augmenter le budget en
éducation de 3,5 % à chaque année. Ça, c'est comme quand on prend un placement. C'est de l'intérêt composé, hein?
3,5 %, la première année. Après ça, 3,5 % de plus, 3,5 % de
plus. Ce n'était pas un mauvais
engagement parce que les coûts de système en éducation, c'est entre 2,5 %
et 3 %. Donc, quand on indexe le budget de l'éducation de
3,5 %, on couvre les augmentations de coûts de système et même on investit
un peu plus justement pour ajouter peut-être
des services spécialisés. Donc, cet engagement de 3,5 % signifiait, avant
l'élection, que l'éducation était une priorité. Mais ils n'ont pas fait
ce qu'ils ont dit qu'ils allaient faire.
Cette
phrase qu'a dit mon collègue, le ministre des Finances, écoutez, je suis obligé
de dire que ce n'est pas ça qui est
arrivé : Nous faisons ce que nous avons dit que nous ferions. Bien non!
Bien non! Bien non! Le Parti libéral a dit : On va augmenter de 3,5 %, à chaque année, le
budget en éducation. Et, sur trois ans, la hausse moyenne? 1,56 %. Quand
tu promets 3,5 % puis que tu livres
1,56 %, tu es en bas de 50 %. J'ai enseigné 17 ans, là. Tu es en
bas de 60 %, tu es en échec.
Bien, c'est ça. En éducation, ce gouvernement est en échec. On est en bas de la
note de passage. Après avoir investi, après
avoir augmenté le financement de l'éducation d'à peu près 1,56 % par année
pendant trois ans, woups! à l'approche des élections, tout à coup, bang!
on l'augmente de 4,2 %. Mais, même en faisant ça, on n'atteint pas
3,5 % par année.
C'est
une promesse brisée qui s'ajoute par-dessus toutes les autres. Et en plus, en
plus, même dans le budget qui est là,
ce qui est prévu... parce que, dans le budget 2017‑2018, il y a des
prévisions de dédommagements. Moi, je n'appelle pas ça un réinvestissement, j'appelle ça un dédommagement. Quand tu
causes un dommage à quelque chose, après ça, bien, tu dois le dédommager, tu dois essayer de compenser. Donc, il y a
des compensations, il y a du dédommagement au réseau de l'éducation. Mais est-ce que l'argent sera là? C'est
difficile de le croire parce qu'en 2016‑2017, là, l'année qu'on vient juste de terminer, à plusieurs moments
dans l'année, le ministre de l'Éducation a dit quelque chose et ne l'a pas
fait. Il a dit, en mars dernier, qu'il allait ajouter 900 professionnels dans
les écoles, dès septembre 2016, pour l'année scolaire
en cours. Des professionnels dans les écoles, il y en a 60 de plus, pas 900,
60. On est loin de la marge d'erreur. Quand
tu te trompes de 840 sur 900, là, tu es dans le champ gauche. Ils n'ont pas
attendu le retour du baseball majeur pour tomber dans le champ gauche,
Mme la Présidente.
Donc, c'est difficile
de croire que, là, les 1 500 intervenants qu'on nous promet, là, pour
septembre prochain, septembre 2017, là... Le
ministre dit : Il va y avoir 1 500 personnes de plus dans les écoles
pour aider les jeunes. Bien là, si la tendance se
maintient, il va y en avoir 110, 120. Ce serait le même ratio que quand tu en
promets 900 puis tu en livres 60. Tu sais,
c'est difficile à croire. Je le souhaite, par exemple. Je le souhaite au nom
des élèves, au nom des parents, au
nom des enseignants, enseignantes. Je le souhaite sincèrement qu'ils soient au
rendez-vous, ces 1 500 personnes, des enseignants, des professionnels, des techniciens et techniciennes en
éducation spécialisée. J'espère qu'ils vont être là. J'espère qu'ils vont être à temps plein, bien sûr,
hein, parce que, s'ils sont là tous à 10 % de tâche, ça ne compte pas bien,
bien. J'espère qu'ils vont être là et qu'ils
vont pouvoir aider les jeunes. Mais il y a eu tellement de coupures avant que
c'est difficile à croire que, tout à coup,
il va y avoir autant de gens qui sont disponibles. Les gens se sont replacés
ailleurs.
Si
on regarde ça de manière macro, depuis 2014, le gouvernement actuel a opéré
pour à peu près 1,3 milliard de compressions en éducation,
1,3 milliard de compressions. Je vous l'ai dit tout à l'heure, en 2014,
avant la campagne électorale, j'étais dans
les classes, je peux vous le dire, on était déjà sous-financés. On manquait de
ressources, puis là on est à
1,3 milliard en dessous. Avec les dédommagements de ce budget-là, on va
essayer de réparer les pots cassés, mais ça, ça laisse des traces. Ça me rappelle la petite allégorie où
quelqu'un qui va faire du vandalisme, qui va planter des clous dans une clôture, il y pense le soir : Oui,
finalement, je n'aurais peut-être pas dû aller abîmer la clôture comme ça. Je
vais enlever les clous. Le lendemain,
il enlève les clous puis il dit : Ah! c'est correct, ça s'annule. Bien
non! Quand tu plantes des clous puis que tu les enlèves, il reste quoi?
Il reste les trous. C'est les dommages qui restent.
Le
sous-investissement, les coupures dans les professionnels, ça crée des dommages
qui ne pourront jamais être réparés. Ces
trois années de gouvernement libéral qu'on vient de vivre, on ne pourra pas les
rattraper, même si on regarrochait
des milliards dans le réseau, Mme la Présidente, parce qu'un jeune qui avait
cinq ans en 2014, qui a fait son entrée
dans le réseau scolaire, qui avait peut-être une école qui n'était pas très
inspirante, peut-être qu'il a dû changer d'école parce qu'on l'a fermée parce qu'elle est devenue insalubre, peut-être
qu'il avait une dysphasie, une dyslexie, un trouble du spectre de l'autisme, peut-être qu'il était
TDAH, peut-être avait-il un trouble d'hyperactivité ou je ne sais quelle autre
difficulté, mais probablement qu'avec les coupures dont je vous ai parlé tout à
l'heure, de 260 professionnels de moins, il
est fort possible qu'il n'ait pas eu son diagnostic à temps. Il est fort
possible que les parents aient essayé de se battre avec la commission scolaire pour obtenir des services. S'ils ont
eu le malheur de s'adresser au protecteur de l'élève, ils se sont rendu
compte que c'était inefficace comme affaire.
Bien,
ces trois années-là sans diagnostics, sans services, ne reviendront pas pour
ces jeunes-là. S'il a accumulé du
retard scolaire, là, même si on lui met trois professionnels à temps plein avec
lui l'an prochain, là, ça ne va pas combler ce retard-là. Les peines, les crises, les devoirs qu'il ne voulait pas
faire, les moments de doute où ce petit gars là ou cette petite fille là s'est dit : Moi, je suis un pas bon,
ça ne revient pas, ça. C'est pour ça que si grave, que c'est vraiment grave,
ce qui a été fait.
Oui,
c'est des promesses électorales brisées. Puis les gens sont cyniques. Souvent,
ils ne croient pas ce qu'ils entendent quand
les politiciens parlent. Bien, c'est sûr, on leur a assez menti. Mais, au-delà
de ça, ce qui est vraiment, vraiment, vraiment
grave, c'est qu'il y a des jeunes qui ont accumulé du retard scolaire, c'est
des jeunes qui ont perdu leur estime de
soi et que ça ne reviendra pas. Ça, c'est comme les trous dans la clôture une
fois que tu as enlevé les clous. C'est grave, Mme la Présidente.
Et, tout à l'heure,
j'ai parlé d'investissements dans les infrastructures. Il y avait une promesse
électorale, là, on allait se préoccuper de
la qualité de l'air. Bien, c'est vrai qu'il y a de l'argent, cette année, pour
réparer les écoles, mais, regardez, l'an passé, il y avait
1,5 milliard pour réparer les écoles et, cette année, 1,2 milliard
pour réparer les écoles. Il y en a moins
cette année que l'année passée. Ça veut dire que ça va encore se détériorer,
Mme la présidente. On met moins d'argent cette année que l'année passée.
On recule, on recule. Déjà que ça allait mal, on recule. On tire dans la
chaloupe. Quand est-ce que l'éducation va devenir une priorité? Pas sous ce
gouvernement-là.
Motion formulant un grief
Mme la Présidente, je
demande de déposer un grief et je le lis :
«Que
l'Assemblée nationale blâme sévèrement le gouvernement libéral pour n'avoir
aucun plan afin de régler le problème criant des centaines d'écoles
québécoises qui sont dans un état de vétusté avancé.»
• (16 h 40) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci, M. le député de Chambly, et sachez que votre motion est
déposée sous réserve de sa recevabilité.
Pour la prochaine
intervention, je vais maintenant céder la parole à Mme la députée de
Vachon, tout en vous indiquant que vous disposez d'un temps de parole de 10
minutes.
Mme Martine Ouellet
Mme Ouellet : Oui. Merci, Mme la Présidente. En fait, le budget du gouvernement libéral qui a été déposé, le budget québécois
2017‑2018, c'est un budget qu'on
pourrait qualifier de pompier pyromane, Mme la Présidente, et je vais
m'expliquer.
En
fait, le gouvernement libéral, dans les trois dernières années, a procédé à des
coupures, des coupures qui ont étranglé
nos services, étranglé les écoles, on a eu une démonstration du député qui m'a
précédé assez évidente, étranglé le
système de santé, étranglé les CPE. Et je vais vous donner des exemples
concrets, Mme la Présidente. Lorsqu'il y a eu les coupures du côté des CPE de la part du
gouvernement libéral, bien, les CPE ont été obligés de couper les collations
à nos tout-petits, les collations à nos
tout-petits. C'est là qu'on conduit les coupures qui étranglent du gouvernement
libéral.
Puis
là, Mme la Présidente, le gouvernement libéral ose, dans son budget, venir se
présenter... après avoir mis le feu, ose se présenter en pompier en
disant — puis
écoutez bien, là, c'est ça qui est écrit dans le petit, là, document de propagande, là : «Des petits-déjeuners seront
servis dans les CPE et des collations de fruits et de légumes seront offertes
aux jeunes de milieux scolaires
défavorisés.» Après avoir coupé les collations, là, ils se présentent en
sauveurs en disant : On s'en vient offrir des collations. Mme la
Présidente, c'est rire du monde, ça. Ce n'est pas sérieux.
Moi, je pense
que les Québécois et les Québécoises méritent mieux que ça. Ils méritent le
respect. Ils ne méritent pas de
dire : Bien, on s'en va faire des coupures, après ça on va vous annoncer
qu'on vous donne en cadeau ce qu'on vous a déjà coupé. Ça n'a pas de bon
sens!
Et la même
chose sur la taxe santé, Mme la Présidente. La taxe santé, là, c'est une
invention du Parti libéral, du Parti libéral avec Jean Charest. Et là,
et là...
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Oui, Mme la leader adjointe.
Mme Vien :
Mme la Présidente, il est convenu, dans cette Assemblée nationale, que tous les
anciens premiers ministres doivent avoir ce titre précédant leur nom.
Alors, je rappellerais la députée à l'ordre.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : C'est très bien, Mme la leader adjointe.
Mme Ouellet : ...tout à fait. Donc, c'est une invention de sa
part, la taxe santé, d'ailleurs avec des ministres qui sont encore présents aujourd'hui. Et aujourd'hui
le gouvernement libéral voudrait nous dire qu'il nous fait un cadeau en
disant qu'ils défont les mauvaises décisions du même gouvernement. Ça, on
appelle ça vraiment pompier pyromane, Mme la
Présidente. Ça, ça veut dire on met le feu puis, après ça, on se présente en
pompier en disant : Regardez, on est sauveurs, nous autres. On vient
éteindre le feu. Oui, mais c'est nous autres qui a mis le feu.
Dans un
budget aussi, Mme la Présidente, il y a deux colonnes. Il y a la colonne des
revenus puis il y a la colonne des
dépenses. Et là on a vu qu'il y a eu beaucoup de coupures dans la colonne des
dépenses puis qu'il n'y a pas beaucoup de
travail qui a été fait dans la colonne des revenus. Et j'aimerais revenir, Mme
la Présidente, à un dossier qui est très, très d'actualité. C'est le dossier des hausses de salaire des dirigeants
et de l'utilisation des options d'achat d'actions. Dans un rapport,
après trois ans de travail, trois longues années de labeur de la part du
gouvernement libéral, un rapport de 116 pages sur l'économie de dirigeants, sur
l'exode des sièges sociaux, le gouvernement libéral est arrivé avec des
recommandations. En passant, aucune recommandation, zéro, sur l'exode des
sièges sociaux, et j'y reviendrai, mais il
est arrivé avec des recommandations pour donner des cadeaux fiscaux aux dirigeants
d'entreprises. Et là on voit ce que ça fait, là. Par exemple, pour les
dirigeants de Bombardier, on parle d'un cadeau par dirigeant d'autour de
500 000 $, 600 000 $.
Écoutez,
Mme la Présidente, pendant que le gouvernement libéral donne des
cadeaux, à l'élite ultrariche du 1 %, de 500 000 $,
600 000 $, il voudrait qu'on applaudisse à une baisse d'impôt de
55 $ par année pour la classe moyenne, Mme la Présidente. C'est du
deux poids, deux mesures. Et c'est là qu'on voit que le combat face aux
inégalités, ça n'a pas l'air
d'intéresser bien, bien, bien, le gouvernement
libéral parce que c'est le contraire,
le gouvernement libéral, par ses mesures,
creuse les inégalités. Et ce qu'il faut regarder, c'est vraiment
la colonne des revenus. Puis, dans la colonne des revenus, bien, vous le savez, Mme la Présidente, on envoie 50 milliards à Ottawa année après année. 50 milliards qui ne
nous revient malheureusement pas comme il
devrait. Et dans ça... Et là je veux donner quand même, il faut le dire, un
bon mot sur le budget.
Il y a un petit cahier qui a été fait sur le budget sur... Pour une
juste part du financement fédéral en santé. Et
donc, ça, bien, je suis contente de voir que le gouvernement libéral a bien
mis sur papier, là, qu'il avoue complètement son échec.
Le gouvernement libéral a envoyé son meilleur négociateur, son négociateur le plus agressif pour aller négocier notre part de la contribution en santé, le ministre de la Santé, qui était allé chercher, quand il négociait pour les médecins, des sommes faramineuses, excentriques, épouvantables,
qui coûtent pas mal trop cher aux contribuables québécois. Là, il s'en
va au gouvernement canadien pour essayer d'aller chercher notre part, mais,
imaginez quoi, Mme la Présidente, il est revenu bredouille. Il est revenu
bredouille, puis je lui ai posé des questions pendant les crédits provisoires.
J'ai dit : M. le ministre, vous qui êtes habitué de négocier, comment ça se
fait que vous êtes revenu bredouille? Il m'a dit : Quand qu'on est face à une décision unilatérale, on ne
peut pas faire grand-chose. Bien, c'est ça, le gouvernement canadien :
des décisions unilatérales. On a bien beau aller demander, ça reste non,
la réponse. Puis pourtant le Parti libéral, c'est un parti fédéraliste, là,
Puis c'est un parti libéral aussi qui est au gouvernement canadien. Ça devrait
bien s'entendre, les deux partis libéraux.
Non. Quand ça vient le temps de donner la part
au Québec, c'est bien trop souvent non, la réponse. Et c'est beaucoup
d'argent qui nous manque. Ce qui est dit dans ça, là, on parle de
330 millions juste pour la prochaine année. C'est beaucoup d'argent, ça,
330 millions, là. Ça en fait bien des petits-déjeuners, là. Puis on parle
de 26 milliards sur 10 ans parce
que ça va s'empirer, le problème, dans les prochaines années. C'est beaucoup,
beaucoup, d'argent. Ça, c'est la colonne des
revenus.
Dans la
colonne des revenus aussi, il y a toute la question des paradis fiscaux. On n'a
pas vu de mesure, à part de dire :
Ah! on veut contrer les paradis fiscaux. Il n'y a pas de mesure concrète pour
permettre de contrer les paradis fiscaux, puis pourtant le gouvernement québécois pourrait agir. Il n'est pas
obligé de suivre les conventions fiscales du gouvernement canadien. Le gouvernement québécois pourrait agir.
Le gouvernement québécois, aussi, pourrait demander au gouvernement canadien, à l'Agence
du revenu du Canada, une transparence d'information et d'avoir toutes les informations parce que l'Agence du revenu
du Canada ne fait pas sa job. On l'a vu avec le
scandale de KPMG, là, une entreprise qui conseille à ses clients ultrariches
des petits passe-passe fiscaux pour
passer à côté du système. Illégal, illégal, mais elle a pris des ententes
secrètes. Elle a pris des ententes secrètes pour permettre à KPMG d'être tranquille avec ses clients, pas de
pénalités puis même une réduction de taux d'intérêt. On n'a pas d'affaire
à accepter ça au Québec. On veut avoir les informations puis on veut
pouvoir faire une vraie lutte aux paradis fiscaux. Ça va être des
entrées supplémentaires extrêmement importantes, Mme la présidente.
Je voudrais
aussi parler du transport collectif avec le peu de temps qu'il me reste, et
force est de constater, puis j'ai
posé la question au ministre du Transport, pas une fois les mots «ligne jaune»,
«prolongement de la ligne jaune» ne sont
mentionnés ni dans le budget ni dans les crédits. Et pourtant c'est un projet
qui est discuté depuis 2000, un consensus dans toute la région métropolitaine, que c'est un projet essentiel. Mais
j'ai eu une confirmation de la part du ministre libéral des
Transports que, finalement, ce n'était plus à l'étude puis que ce projet-là avait été abandonné. Mais c'est bien
dommage pour les citoyens de la
Rive-Sud parce qu'avec tous les problèmes de congestion qu'on a actuellement
c'est vraiment un projet qui est
essentiel, c'est un projet qui est pas mal plus ficelé, qui est pas mal plus
attaché, qui est pas mal plus rentable que
le REM dans sa forme actuelle, et pourtant tous les oeufs sont mis dans le même
panier du REM. Je trouve ça bien dommage parce que c'est un projet qui
avait avancé.
Motion formulant un
grief
Peut-être en
conclusion, Mme la Présidente, j'aimerais également faire une motion de grief
et «[blâmer] sévèrement le gouvernement libéral pour son manque de
vision [concernant] le développement économique» au Québec. Merci.
• (16 h 50) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie, Mme
la députée de Vachon, et je vous rappelle que votre motion est déposée sous réserve de sa recevabilité.
Maintenant, pour la poursuite de ce débat, je vais céder la parole à M.
le député de La Prairie.
M. Richard Merlini
M. Merlini :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. À mon tour d'intervenir sur le discours sur
le budget de notre gouvernement, un
budget qui, comme le ministre l'a dit, est le budget de l'espoir retrouvé.
Encore une fois, l'équilibre de nos finances, pour une troisième fois
consécutive, il est retrouvé. C'est un budget qui donne de la stabilité et de
la prévisibilité à notre économie.
C'est
toujours très intéressant d'entendre les oppositions peindre un portrait très
noir de la situation en oubliant que,
lorsque nous avons été élus, en 2014, nous avons hérité d'une situation où les
finances publiques étaient extrêmement difficiles et que ça a été
confirmé par la Vérificatrice générale du Québec. Évidemment, ça ne fait pas
l'affaire du gouvernement précédent, ce que la Vérificatrice générale a
découvert, mais nous faisions face à un déficit potentiel de plus de
7 milliards de dollars.
Quand
j'entendais, tantôt, le collègue de Chambly dire que nous avons manqué à nos
engagements, au contraire, quand le
ministre des Finances a dit que nous faisions ce que nous avions dit que nous
ferions, il est important de dire que
nous le faisons également avec la capacité de payer des Québécoises et des
Québécois. On a décidé de faire ces mesures parce qu'il fallait le faire. Rétablir l'équilibre budgétaire était une
nécessité, et nous l'avons fait. Maintenant, nous nous retrouvons non
pas à faire des investissements sur la carte de crédit de nos enfants, non pas
en pigeant dans le Fonds des générations,
qui est la mesure d'équité intergénérationnelle la plus puissante que n'importe
quel gouvernement aurait pu mettre en
place, c'est un gouvernement du Parti libéral, sous le premier ministre Jean
Charest, qui l'a fait, mais on n'ira pas
piger dans le Fonds des générations pour payer l'épicerie. Et c'est comme ça
que les agences de notation de crédit nous
ont donné une note positive. Et pourquoi c'est important? Parce que nous payons
10 milliards d'intérêts par année sur notre dette totale au Québec.
Ça, ça représente 30 millions par jour.
Nous avons
inauguré, le ministre de l'Éducation et moi, une nouvelle école primaire dans
la ville de Saint-Philippe, dans ma circonscription, qui représentait un
investissement de 13 millions. Alors, avec 30 millions par jour, nous
pourrions construire, sept jours par semaine, deux écoles primaires
flambant neuves à travers le Québec.
Alors, voilà
l'importance d'avoir des finances équilibrées et saines. Si notre évaluation
faisait monter notre taux d'intérêt
que de 1/10 de 1 %, nos paiements d'intérêt monteraient de
25 millions. Alors, les deux écoles que je parlais tantôt, on les perdrait simplement avec 1/10 de 1 %
d'augmentation sur les taux d'intérêt parce qu'on ne fait pas attention à nos
finances publiques. Voilà l'importance de
rétablir l'équilibre budgétaire et de donner un cadre stable et prévisible.
Puis ça, ça veut dire que, pour les cinq prochaines années, il n'y aura
pas de déficit au Québec.
En 2016,
maintenant, nous nous retrouvons avec une croissance économique de 2 %,
largement supérieure à celle du reste
du Canada et même des États-Unis. La consommation des ménages a augmenté de
2,4 %. De janvier à décembre 2016, il s'est créé 90 800 emplois au
Québec. Le taux de chômage moyen a atteint 6,4 %, il n'a jamais été aussi
bas, et, en Montérégie, il est de
5,6 %, du jamais-vu dans notre région, sur la Rive-Sud de Montréal. Ce
sont des mesures qui rétablissent la
confiance. Et qu'est-ce que ça permet de faire à un gouvernement quand ta
confiance est rétablie? Bien, ça nous permet de faire avancer le Québec.
Depuis notre arrivée au pouvoir, nous avons mis
sur pied différentes politiques et stratégies, et je vais n'en énumérer que quelques-unes parce qu'il y en a pour
des pages et des pages. Si on prend, par exemple, le Plan culturel numérique du Québec, le Plan d'action
interministériel en itinérance 2015‑2020, le Plan d'action en électrification
des transports et la loi sur les
véhicules à zéro émission, c'est une première qu'on n'a jamais vue au Canada,
c'est grâce au ministre de l'Environnement, du Développement durable, de
la Lutte aux changements climatiques. Le plan d'action gouvernemental en économie sociale. Oui,
l'économie sociale, ça fait partie du développement économique au Québec,
et on le reconnaît. La Stratégie québécoise
du développement de l'aluminium, le Plan d'action en santé mentale, la
Stratégie maritime à l'horizon 2030,
le Plan Nord à l'horizon 2035, le plan d'action gouvernementale sur la
radicalisation au Québec, la
Stratégie gouvernementale de développement durable, la Stratégie d'aménagement
durable des forêts, le Plan d'action sur
le livre, le ministre de la Culture en a parlé tantôt, de l'importance de ce
plan d'action. La Politique québécoise en matière d'immigration, de participation et d'inclusion. On le sait, on
le reconnaît, nous avons une immigration qui ajoute à la société
québécoise, qui enrichit la société québécoise, et elle est importante.
La Politique
québécoise de la jeunesse 2030, la Politique énergétique 2030, L'énergie des
Québécois — Source
de croissance. Nous avons, et ça a été dit tantôt, en période de questions,
plus tôt, aujourd'hui, encore une fois, par le ministère de l'Environnement et
du Développement durable... l'importance de la filière des véhicules
électriques au Québec, le plan d'action en
économie numérique, le Plan d'action gouvernemental en matière d'allégement
réglementaire et administratif. Oui,
on veut que les gens fassent des affaires au Québec. Et qu'est-ce qu'on entend
depuis toujours? On veut alléger cet allégement réglementaire là et rendre
ça plus simple et plus convivial.
La Politique
gouvernementale de prévention en santé, une première dans l'histoire du Québec,
ça va de soi, c'est un gouvernement
libéral qui l'a faite, Mme la Présidente. La Stratégie gouvernementale en
action bénévole. On reconnaît... et
je vais prendre une citation du ministre des Finances, qui dit que «nous
reconnaissons et apprécions à sa juste valeur le rôle majeur des groupes communautaires dans le soutien aux plus
vulnérables». Tout récemment, le Plan d'action sur le trouble du spectre de l'autisme. Ce sont des
actions structurantes pour les personnes et leur famille. Et tout récemment,
cette semaine, la Politique de l'activité physique, du sport et du loisir.
Alors, pour ça, ça prend des finances saines et équilibrées, et c'est ce que
nous avons.
Plus
concrètement, quand on parle de croissance des dépenses cette année, surtout
dans nos priorités, le député de Pontiac en a fait allusion tantôt on
parle de 4,2 % de plus en éducation et 4,2 % de plus en santé. En éducation,
qu'est-ce que ça représente? Bien, c'est plus de 1 500 personnes
additionnelles dès septembre 2017. Est-ce que c'est ambitieux, comme cible? Souvent, le chef de la deuxième opposition nous
accuse de ne pas avoir d'ambition. Nous en avons, ici, de l'ambition de
ce côté de la Chambre. Notre gouvernement en a, et on va les avoir, ces
1 500 personnes additionnelles dès septembre. C'est 1,8 milliard de
dollars additionnels, pas empruntés, pas pigés dans le Fonds des générations,
des fonds additionnels dans l'éducation sur les cinq prochaines années.
La croissance
des dépenses en santé, c'est une prévisibilité pour améliorer l'accès au réseau
de la santé et d'avoir plus de services de qualité. Par exemple, c'est
20 millions annuellement aux initiatives dans le cadre de la politique
gouvernementale de prévention en santé que je mentionnais tantôt.
En transport
collectif... Dans ma circonscription, le transport collectif est en hausse, la
demande est en hausse sans cesse, et les gens voient très positivement...
contrairement à la députée de Vachon, là, le REM, ils l'attendent avec grande attention. On met 1,3 milliard dans la
réalisation de ce projet structurant comme il n'y en a jamais eu depuis les
50 dernières années au Québec. Il y a
475 millions qui vont aller à l'agence régionale de transport
métropolitain. Pourquoi? Pour
améliorer le service de transport collectif, pour mettre moins de véhicules sur
la route, pour que les gens en profitent, de ces services que nous allons offrir. Il y a 308 millions qui
s'en vont aux organismes de transport collectif régionaux et
25 millions pour le transport adapté.
Le programme
d'écocamionnage est reconduit. J'ai beaucoup d'entreprises de camionnage, dans
ma circonscription, qui profitent de
ça. Et qu'est-ce que ça fait? De l'efficacité énergétique, moins de GES, encore
une fois, au bénéfice de la société.
• (17 heures) •
La
reconduction du programme RénoVert aussi est non seulement importante pour les
citoyens, mais aussi les entrepreneurs qui y participent. Ça, ça
conserve, des emplois, et ça crée de l'emploi.
Encore une
fois, on a fait allusion aux baisses d'impôt. Dans notre budget, le ministre
des Finances a annoncé que la
première tranche de revenus protégés de l'impôt passe de 11 635 $ à
14 890 $. Vous dites : Bien, ce n'est pas énorme comme
revenus. Mais, pour les étudiants qui sont à l'emploi présentement... qui sont
aux études et qui ont un emploi à temps partiel, c'est très significatif de se
protéger de l'impôt avec cette augmentation du seuil pour les protéger.
La taxe
santé, on en a souvent parlé. Bien, on va continuer d'en parler. Pourquoi?
Parce qu'elle a été abolie pour tous ceux qui gagnent moins de
134 000 $. C'est quand même très significatif, toutes les mesures qui
sont là. Le Programme de soutien aux
organismes communautaires, je le sais, que ça vous est très cher, ça, Mme la
Présidente, les organismes
communautaires et le bien qu'ils font dans toutes nos communautés à travers le
Québec. Bien, le budget va être
augmenté de 80 millions de dollars sur cinq ans. C'est de l'argent
additionnel, ce n'est pas de l'argent emprunté, ce n'est pas de l'argent pigé dans le Fonds des
générations. C'est de la vraie argent, pas de l'argent de Monopoly, et c'est
dans ça que nous investissons.
Tout ça, Mme
la Présidente, a des impacts dans ma circonscription, des impacts concrets. Six
nouveaux médecins pratiquent maintenant dans la circonscription de
La Prairie. Je vais annoncer très bientôt 4 millions de dollars pour de la rénovation de nos écoles. Le député de
Chambly faisait les gorges chaudes tantôt, disant que ça fait des lunes et des
lunes... Oui, mais là on l'a, l'argent.
Avant, on ne l'avait pas. Et nous, on a fait le choix de ne pas s'endetter
davantage, de ne pas piger dans le
Fonds des générations de nos enfants pour faire ces choses-là, on le fait...
là, on l'a, l'argent, on va le faire.
Ça a donné
aussi la confiance que le budget installe, se donner des investissements dans
la circonscription. Il y a maintenant un centre commercial qui est
ouvert qui va créer 850 emplois lorsque le centre commercial sera terminé.
Il n'y a pas une, il n'y a pas deux, mais il
y a trois résidences pour personnes retraitées qui sont en construction dans ma
circonscription. Les gens veulent rester
dans leur milieu, dans leur environnement. Alors, ces investissements-là
viennent parce
que les entrepreneurs ont confiance en notre gouvernement, ont confiance en les
politiques qu'on a mises en place, et les gens investissent.
J'ai parlé tantôt de l'inauguration de la
nouvelle école primaire à Saint-Philippe, une école à trois étages, une première pour la commission scolaire, qui
favorise, encore une fois, des saines habitudes de vie. Pourquoi? Parce qu'il
y a un étage supplémentaire que les élèves doivent monter également.
Grâce à notre
collaboration avec le gouvernement fédéral, il y a l'agrandissement de deux
centres communautaires dans ma
circonscription, celui de La Prairie et celui de Saint-Philippe. C'est
important parce que les services qu'offrent les municipalités, les gouvernements de proximité sont de plus en plus
grands, et les organismes communautaires sont de plus en plus impliqués
et demandent des locaux. Grâce à ça, on est capables de faire ces choses-là.
Il y a des
quartiers résidentiels en construction partout dans les quatre villes de ma
circonscription. On va inaugurer bientôt
un développement axé sur un transport collectif, un TOD, un transit-oriented
development, à Candiac, qui, non seulement,
va favoriser le service de transport en commun, mais sera un TOD écologique. Ça
sera une première au Québec, ça sera
le modèle que la CMM, la Communauté métropolitaine de Montréal, veut également
développer. C'est quelque chose qui
se passe chez nous, à La Prairie. Il va aussi avoir à Candiac le premier
POD. Ça, c'est un pedestrian-oriented development,
c'est-à-dire un développement axé sur la mobilité pédestre et cycliste pour
favoriser, encore une fois, les saines habitudes, le développement durable et
l'accès au transport collectif. J'ai également, dans d'autres municipalités,
d'autres TOD qui seront construits. Alors,
vous voyez, tout est mis en place dans ce budget pour restaurer la confiance
et faire en sorte qu'on fait avancer le Québec.
Je termine
avec ce que le ministre a dit dans son discours, et je prends ses paroles, et
j'en fais les miennes : «Ce budget est un budget d'actions,
d'actions pour le présent et pour l'avenir, afin de faire bénéficier tous les
Québécois de la prospérité retrouvée et de préparer l'avenir.»
Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci, M. le député de Blainville,
et maintenant... Excusez-moi, je fais toujours cette même erreur. Je m'en
excuse, M. le député de La Prairie. Maintenant, je cède la parole à M. le
député de Jonquière.
M. Sylvain Gaudreault
M.
Gaudreault : Oui. Merci, Mme la Présidente. Alors, ça me fait plaisir
d'intervenir sur ce budget 2017-2018. Ça me fait plaisir non pas parce
que c'est un bon budget, non pas parce qu'il y des mesures structurantes, mais
parce que ça permet de remettre en contexte un certain nombre de choses et,
surtout, de faire prendre conscience que c'est un budget de rattrapage, que
c'est un budget de coups d'épée dans l'eau, que c'est un budget de poudre aux
yeux, Mme la Présidente. Et on pourrait,
évidemment, faire le tour de tous les enjeux, de tous les dossiers, de tous les
secteurs, mais je vais laisser cela à mes collègues de pouvoir se
partager, chacun, chacune, selon ses dossiers, les différents enjeux, différents secteurs. Mais, en ce qui me
concerne, le dossier qui m'intéresse le plus dans ce budget-ci, c'est le
dossier du développement des régions, le dossier des sommes investies
dans nos régions pour le développement des régions, pour faire en sorte que les
régions puissent avancer, lutter contre le chômage, créer des emplois.
Évidemment
toute la question de l'environnement m'intéresse aussi. On verra, selon le
temps qui m'est imparti, si je peux
envisager les deux volets, mais il y a certainement le côté régions que je
souhaite d'abord entamer ici avec vous.
D'abord, première chose à dire, ce n'est pas un
budget où le ministre, dans son discours, a prononcé le mot «régions» à
plusieurs reprises. Et ça, je sens qu'il y a quand même une différence par
rapport à les dernières années. Même aux
années — puis je
ne pensais jamais de dire ça dans ma vie politique — du gouvernement du premier ministre Charest, on prononçait un petit peu plus le mot
«régions». Mais là, dans ce budget-là puis depuis l'arrivée de ce gouvernement en 2014, le mot «régions» disparaît
des budgets. On l'a vérifié avec un outil informatique qui nous permet
de constater que le mot «régions» a été prononcé une seule fois dans le budget
qui a été déposé mardi dernier, ce qui démontre qu'au lieu d'avoir des mesures,
comme gouvernement, qui s'adressent particulièrement aux régions dites périphériques, aux régions ressources du Québec,
bien là le gouvernement arrive avec un grand nombre de mesures qui
s'appliquent à l'ensemble du Québec et dans lesquelles les régions doivent
miser, ou soumissionner, ou déposer des projets comme n'importe quelle autre
région.
Alors, vous
savez, normalement, un gouvernement devrait avoir une attention particulière à
un certain nombre de territoires un
peu plus en difficulté, des territoires, par exemple, en dévitalisation, des territoires
mono-industriels et dans lesquels on
doit intervenir du point de vue de l'État pour casser la dépendance à l'égard
de la grande industrie, qui, malheureusement,
dans certains milieux de ressources naturelles, par exemple, tend à délaisser
les régions pour toutes sortes de
raisons. Mais on a un gouvernement qui ne se préoccupe pas de ça, on a un
gouvernement qui n'est pas attentif quant aux régions mono-industrielles
ou aux régions en voie de dévitalisation.
Exemple, rien
sur les garanties de prêt concernant l'industrie du bois d'oeuvre. On a
présentement une industrie forestière, un monde forestier... et là
c'était écrit dans le ciel qu'on allait revivre une deuxième crise forestière
avec la surtaxe imposée du côté des États-Unis sur la production canadienne.
C'était écrit dans le ciel. On l'a vécu, fin des années 90, début des années 2000, puis là on est en train de la revivre.
On est en train de la revivre, puis
on la vit deux fois. Pour le bois
d'oeuvre puis, en plus, le gouvernement américain a chargé une surtaxe pour le papier
surcalandré. Ça, c'est du papier qui
est produit dans ce qu'on appelait jadis des usines de pâtes et papiers. Dans
mon comté, il y en a une. Il
y en a une également
dans le comté du premier ministre, à Dolbeau-Mistassini, donc, une machine à papier,
de papier surcalandré. Il y a une surtaxe de 18 %.
Donc, on est intervenus, nous, ici, en
Chambre, à la période de questions. Entre autres, le chef de l'opposition
l'a fait pour demander des garanties, des
garanties de prêt pour les scieries, pour l'industrie du bois d'oeuvre, comme
l'avait fait le gouvernement
précédent, le gouvernement, c'est-à-dire, du premier ministre Charest dans le
temps du ministre Audet, le ministre
des Finances Michel Audet, qui a été de courte durée, mais qui a déposé
quelques budgets quand même, et où il avait prévu également des
garanties de prêt.
Alors, dans ce
budget-ci, zéro, zéro garantie de prêt pour les usines qui, présentement,
doivent affronter une tempête, une tempête de surtaxes sur leur production de
bois d'oeuvre et qui affecte leur rentabilité, qui affecte leur mise en marché et qui affecte, au fond, les
travailleurs, les travailleuses de ce secteur-là dans chacune de nos régions,
les régions productrices de bois
d'oeuvre. Je pense, évidemment, au Saguenay—Lac-Saint-Jean, mais je pense également à
la Côte-Nord, je pense également à la région de Chaudière-Appalaches, la région
du Bas-Saint-Laurent, Gaspésie, Abitibi,
Mauricie. Ce sont ces régions... votre région également aussi, Mme la Présidente.
Je vous vois puis je sais qu'en Outaouais
c'est une région fortement productrice de bois d'oeuvre et d'industrie
forestière. Donc, c'est malheureux de constater que ce budget n'a rien
pour l'industrie du bois d'oeuvre et l'industrie forestière au sens large.
• (17 h 10) •
Toujours dans cette
démonstration qu'on a devant nous un budget qui n'a pas de mesures spécifiques
pour les régions, deuxième exemple, Mme la Présidente — puis
là je vous avoue que je suis tombé en bas de ma chaise quand j'ai regardé dans la pile de documents qu'on nous remet pour le
budget, que ce soit dans les crédits, dans le budget des dépenses, dans
le discours du budget, etc. — pour l'accès Internet haute vitesse dans
les régions du Québec, là, j'ai l'impression, Mme la Présidente, de revivre
l'électrification rurale. Vous savez, quand on regarde la fameuse minisérie, là, Duplessis, que tout le monde
connaît bien, on voit M. Duplessis qui s'occupe de l'électrification rurale,
puis, pour lui, c'est important
d'amener les fils électriques dans toutes les régions du Québec. Bien,
l'équivalent de l'électrification rurale
aujourd'hui, c'est avoir accès à Internet haute vitesse dans toutes les régions
du Québec, dans toutes les régions du Québec.
J'ai
rencontré le maire de Ferland-Boilleau — c'est dans le comté de Dubuc, de mon
collègue de Dubuc — qui,
lui, a hâte d'avoir accès à Internet haute
vitesse dans l'ensemble de son territoire. Pas seulement pour pouvoir aller
s'amuser sur Internet, mais surtout pour être capable de faire du
développement. L'accès à Internet haute vitesse partout sur le territoire, Mme
la Présidente, c'est un enjeu d'occupation du territoire. C'est un enjeu
d'occupation du territoire pour permettre aux jeunes, pour permettre aux gens
qui veulent lancer des entreprises chez eux, à partir de chez eux, mais aussi dans des communautés, dans des villages,
dans des municipalités... Aujourd'hui, on ne peut pas penser faire des
affaires sans avoir accès à Internet haute vitesse. Bien, ce gouvernement a
prévu 90 millions sur 10 ans pour un accès à Internet haute vitesse. C'est
lamentable, Mme la Présidente.
Je
vais vous donner des exemples. C'est largement insuffisant, il est estimé que
100 millions de dollars permettraient de combler les besoins de seulement 10 projets. 10 projets avec
100 millions. Il en coûte environ 20 000 $ le kilomètre
pour installer de la fibre optique. Juste pour installer la fibre optique, là,
c'est 20 000 $ le kilomètre. Près de Granby il n'y a pas longtemps, il en a coûté 27 millions pour ce seul
territoire. Et, pour la MRC de Brome-Missisquoi, il en coûtera entre
26 et 28 millions pour installer un réseau Internet haute vitesse.
Alors, vous voyez
que, quand on arrive avec des sommes de 90 millions, ça ne fait pas
sérieux. Ça ne fait pas sérieux, puis ça
fait en sorte que ça va se bousculer de partout au Québec, de toutes les MRC,
qui ont bien raison de vouloir avoir accès à Internet haute vitesse.
Mais, encore une fois, les sommes ne seront pas au rendez-vous, les délais
seront courts. Ça va être une course folle
pour pouvoir se brancher sur Internet haute vitesse. Alors, c'est nettement
insuffisant, Mme la Présidente, pour avoir accès à Internet haute
vitesse, qui est aussi, je vous le répète, aujourd'hui un outil d'occupation du territoire, un outil de lutte
contre la dévitalisation de nos régions et un outil également qui permet aux jeunes et aux moins jeunes d'avoir le goût de
rester chez eux et de se lancer en affaires ou d'avoir une vie qui est collée à
la réalité du XXIe siècle, Mme la Présidente.
Autre
élément, c'est le Fonds d'appui au rayonnement des régions, ce qu'on appelle
dans notre langage le FARR, F-A-R-R, qui... Dans le fond, c'est du
réchauffé. Ce qui a été annoncé dans le budget, c'est déjà ce que le ministre des Affaires municipales avait annoncé et qui est
nettement insuffisant. Puis ce n'est pas juste moi qui le dis, plusieurs
préfets se sont prononcés là-dessus. Le préfet, entre autres, de
Lac-Saint-Jean-Est l'a dit. La préfète de la MRC Domaine-du-Roy l'a mentionné également par le passé. Ce sont des sommes
nettement insuffisantes qui ne permettent pas de combler les coupures de 300 millions que ce gouvernement a
faites dans sa période d'austérité et qui affectent nos régions, qui affectent le développement de nos
régions à travers, entre autres, les CLD et le soutien à l'entrepreneuriat.
Juste
pour vous donner un exemple, les coupures dans les budgets des conférences
régionales des élus et des CLD représentent
123 783 000 $, à peu près, alors que le FARR estimé en 2017 est
de 30 millions. Ça, ça représente une différence,
un manque à gagner de quasiment 94 millions, Mme la Présidente, c'est
inacceptable. C'est pour ça que ce budget-là n'est pas le budget des
régions, c'est tout le contraire du budget des régions.
Motion formulant un grief
Et je vois que le
temps file, il est déjà rendu 9 min 43 s. Alors, je vais
terminer sur un élan que vous allez apprécier,
je vais déposer une motion de grief qui va se lire de la façon suivante, Mme la
Présidente. Je présente la motion suivante :
«Que l'Assemblée
nationale blâme sévèrement le gouvernement libéral pour ne pas avoir prévu de
sommes suffisantes dans le budget 2017-2018 pour l'Internet haute vitesse
partout dans les régions du Québec.»
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci. Merci, M. le député de
Jonquière. Alors, je vous rappelle que votre
motion est déposée sous réserve de sa recevabilité. Et maintenant je suis prête
à reconnaître le prochain intervenant, qui sera Mme la ministre de
l'Enseignement supérieur. La parole est à vous.
Mme Hélène David
Mme
David : Et députée d'Outremont, Mme la Présidente. Alors, merci
beaucoup. C'est un grand, grand plaisir pour moi de parler
d'enseignement supérieur. Et je suis heureuse de voir que mon collègue de
l'opposition officielle est présent, donc on
aura, un jour, j'espère, des échanges de vive voix autrement que dans cette
enceinte parce que je pense profondément qu'on partage exactement les
mêmes objectifs. Alors, on aura l'occasion de s'en parler probablement à
l'étude des crédits.
Le budget présenté le 28 mars dernier par
mon collègue le ministre des Finances démontre toute l'importance qu'accorde notre gouvernement à l'éducation, à
l'enseignement supérieur. On parle ici de 1,5 milliard sur cinq ans. Les
réseaux sont satisfaits. Je leur ai parlé, à
tous et chacun, hier. Nous sommes déjà au travail avec les collèges et les
universités pour élaborer très rapidement les mesures budgétaires.
Je veux
vraiment profiter de l'occasion pour
remercier personnellement le ministre
des Finances — personnellement
et du fond du coeur — pour
son engagement envers l'enseignement supérieur.
C'est un réel engagement. Nous avons rencontré ensemble au mois de
décembre l'ensemble des recteurs de toutes les universités du Québec, il a été
d'une écoute formidable. La rencontre a duré
plus de deux heures. Ça faisait des lunes, des lunes et des gouvernements successifs où les recteurs ont
dit : On n'a jamais eu l'occasion de pouvoir, comme ça, discuter
avec, à la fois, la ministre de
l'Enseignement supérieur et le ministre des Finances. Je l'en remercie.
Il a récidivé
un peu plus tard avec la fédération des collèges du Québec et,
donc, son président-directeur général
et la présidente du conseil d'administration, alors Bernard Tremblay,
Marie-France Bélanger, il a été, là aussi, d'une grande écoute. Et je pense que ces conversations, ces rencontres ainsi
que ces visites dans plusieurs universités
en rencontres prébudgétaires lui ont
permis... Il avait déjà une grande sensibilité, je le savais, mais ça lui a
permis d'entendre, d'être à l'écoute
autant des directions d'établissement que des étudiants, qu'il a rencontrés en
grand nombre, et d'être présent dans les établissements d'enseignement
supérieur. Alors, je tenais à le remercier très publiquement.
Alors, ce budget, d'une part, permet,
évidemment, d'assurer la prévisibilité pour les réseaux collégiaux et universitaires grâce à une planification sur cinq
ans. Ce n'est pas rien de savoir, quand on est à la tête d'un établissement,
que ça soit un collège ou une université, de
savoir cinq ans d'avance quelle va être la courbe de progression. Parce que, dans ce cas-ci, on parle d'une progression extrêmement importante. Donc, de pouvoir planifier... Ça prend du temps, engager
des ressources professorales
en particulier. Dans ce qu'on appelle les professeurs de carrière, ça peut
prendre un an, des fois, deux ans.
Trouver le meilleur professeur en astrophysique, ça peut prendre beaucoup de
temps, mais ça peut donner des
résultats extraordinaires. À preuve, il y a une université, il y a deux ans,
qui est passée à un cheveu d'avoir un prix
Nobel, justement, en astrophysique. Ça, ce sont des professeurs qui, tous les
jours, font des recherches extraordinaires et qui font rayonner le
Québec grâce à leurs recherches, grâce à l'enseignement supérieur.
D'autre part, le budget permet de soutenir
l'accessibilité aux études — évidemment,
c'est un sujet qui m'est particulièrement cher — sur tout le territoire
québécois grâce à des investissements à la fois dans l'aide financière aux étudiants ainsi que dans nos cégeps et nos
universités en région. J'étais hier à Odanak. Odanak, peut-être qu'il y a des
gens qui ne savent pas ou c'est. Il faut
prendre la 30, il faut dépasser Sorel et il faut aller jusqu'à ce petit village
d'une première nation qui a un centre
d'études collégial qui réunit toutes les premières nations. J'ai passé, avec
mon collègue le ministre des Affaires
autochtones, plusieurs heures. On a mangé avec eux, on a parlé. Il y avait une
mère et sa fille qui étudiaient en même temps, qui étaient en résidence parce
qu'ils sont loin de chez eux. Parce que c'est toutes les premières
nations de partout au Québec, et ils sont là, et ils veulent absolument avoir
leur diplôme, pouvoir retourner dans leur communauté, pouvoir travailler en
gestion de projet pour une, aller à l'UQAM en sciences politiques pour l'autre.
• (17 h 20) •
Il y avait
deux jeunes qui venaient d'une autre communauté très, très loin. On parle de
Natashquan, par exemple. Se retrouver
près de Sorel, ce n'est pas exactement à côté. Et l'attention, le souci que les
gens mettaient à s'occuper de ces étudiants-là, c'était vraiment
exceptionnel. Et ça, pour moi, c'est une absolue priorité. C'est sûr que mon
collègue de l'opposition, je le sais, pose
souvent des questions sur les autochtones, j'ai hâte d'en parler longuement avec lui. Je pense qu'on doit faire beaucoup. Nous faisons plus,
nous aurons toujours à faire plus. Ce que j'ai vécu hier, je l'invite
à aller avec moi à Odanak, c'est extraordinaire. Il y a des centres d'étude collégiaux comme ça qui sont
en pleine effervescence, et il faut vraiment
voir le sourire et la fierté dans le visage de ces jeunes étudiants et, des
fois, des moins jeunes, d'autres qui sont enceintes, d'autres qui
viennent avec leurs enfants. C'est fabuleux, et ça, j'en suis très fière.
On rajoute
cette année 276 millions en enseignement supérieur, cette année, tout de suite. Il s'agit d'une augmentation de 4,6 % pour les services directs aux
étudiants. Ça, il faut le dire, 4,6 %, merci, M. le ministre des Finances. Merci, ça fait une bouffée d'air frais extraordinaire, et tous les collègues des réseaux me l'ont dit hier dans les grandes conférences téléphoniques que j'ai eues
avec tous les recteurs, tous les directeurs
généraux de collèges, privés
et publics.
Alors, à quoi
ça sert, 276 millions? Ça sert à beaucoup, beaucoup d'enjeux,
de défis dont on m'a parlé à chaque visite,
partout dans toutes mes rencontres. J'ai visité plus de 80 % de tous les collèges, à peu près toutes
les universités du Québec au cours de
la dernière année. On dira : Ah! elle fait trop de tournées, qu'elle
s'occupe vraiment des dossiers. Bien,
moi, j'appelle ça s'occuper des dossiers, être dans chaque collège, dans chaque
région, pouvoir dire : Il manque telle chose à tel endroit, et ça
m'a vraiment aidée beaucoup, beaucoup à regarder quelles étaient les priorités.
Alors, oui, il faut financer davantage
la formation donnée par nos établissements, la formation générale, puis le
soutien offert aux étudiants. Ce que ça va donner, ce 276 millions
additionnel, c'est, entre autres, embaucher plus de 500 personnes dans nos réseaux, autant collégiaux qu'universitaires. Et,
pour leur avoir parlé hier, avoir discuté avec eux, on a très bon espoir qu'une grande majorité de ces
embauches pourront être réalisées pour le mois de septembre prochain. Et
je suis sûre que mes collègues se feront un plaisir de surveiller ça avec nous
parce que nous aussi, on va vraiment surveiller la continuité dans ces
embauches-là.
Alors, pour ça,
évidemment, ça veut dire plus de professeurs, oui, plus d'enseignants, qui
n'est pas toujours l'équivalent. Il y a les
professeurs de carrière, il y a les enseignants, là, les chargés de cours. Il y
a les professionnels de la recherche,
il y a le personnel de soutien. Ce sont tous ces postes-là qu'on va pouvoir
combler, les postes qui sont manquants, et ça peut être aussi des travailleurs sociaux, des coordonnateurs de stages
qui pourront, par exemple, mieux accompagner, eh! oui, les étudiants à besoins particuliers, dont le nombre a
littéralement explosé dans les collèges et les universités depuis 10
ans. D'ailleurs, comme le budget présenté le 28 mars permet d'assurer la
prévisibilité pour le réseau grâce une planification sur cinq ans, on pourrait
aller, justement, à facilement 2 500 embauches à terme, donc d'ici cinq
ans.
On
est déjà au travail afin que la collaboration avec les établissements
collégiaux et universitaires permette que les sommes allouées soient rendues disponibles le plus rapidement
possible. On connaît la taille d'un ministère comme celui de
l'Éducation, Enseignement supérieur, mais soyez sûrs que nous faisons tout en
notre pouvoir, autant du côté du ministère que du côté de la volonté politique
et du côté de la volonté des établissements, que ça soit collégiaux ou universitaires, à pouvoir rendre ces embauches le
plus rapides possible. Alors, soyez assurés que nous allons accompagner les
établissements dans cette volonté d'embauche et que, dès la prochaine rentrée,
on va pouvoir probablement en voir les effets.
Dans
un deuxième temps, un autre dossier, vraiment,
que j'ai très, très à coeur, c'est l'aide financière aux études. On l'a
bonifiée cette année de 10,8 %. Les étudiants eux-mêmes, l'union des
étudiants du Québec, entre autres, et la Fédération étudiante collégiale ont
qualifié d'absolument historique cette entente de 80 millions du
gouvernement fédéral. Merci encore, M. le
ministre des Finances, de votre grande écoute et de votre intérêt pour
l'accessibilité financière aux
études. Nous avons donc porté le total à 825 millions d'aide financière
aux études. C'est le poste budgétaire qui a la croissance la plus importante
dans le réinvestissement en enseignement supérieur parce que, justement, on a
comme priorité l'accessibilité aux études.
Alors,
entre autres, il y a deux mesures que j'aime beaucoup, sur lesquelles j'ai
insisté, qui étaient demandées par les associations étudiantes, c'était :
Aidez-nous à beaucoup mieux soutenir les étudiants parents... Les étudiants
parents, c'est une réalité qui n'est pas
seulement dans les communautés autochtones, qui est dans la réalité des gens
aux études en général. Il y a
beaucoup plus, entre autres, de mères monoparentales, donc de chefs de famille
qui ont vraiment de la difficulté, à la fois, à terminer leur diplôme,
s'occuper de leur enfant, ils avaient besoin d'aide. C'était une priorité de
l'Union étudiante du Québec. Nous avons écouté cette priorité et nous bonifions
significativement l'aide aux parents monoparentaux avec un ou plus qu'un
enfant.
Il y a aussi une
autre mesure dont je suis très heureuse, c'est l'aide aux étudiants
autochtones. Encore une fois, étudiants
autochtones. C'est une mesure qui ne coûte pas très cher, mais c'est une mesure
qui garde les liens avec la communauté. Ils vont pouvoir faire un
déplacement de plus en avion. Parce qu'on parle d'avion dans plusieurs cas de communautés de premières nations, et, avec
cette possibilité de faire un déplacement pendant la session d'études, ça a
l'air de rien, mais tu quittes ton lieu, qui
peut être à 1 000 kilomètres de ton lieu d'études, tu te retrouves
pris en charge... Bon, tout le monde
n'a pas la chance d'être à Kiuna, qui est le Centre d'études collégial
d'Odanak, mais tu peux t'ennuyer de
chez toi. Avec cet aller-retour supplémentaire en avion payé par le
gouvernement, par l'aide financière aux études, ça te fait donc un déplacement par session à la
mi-session, donc tu as quatre déplacements dans ton année. Je pense que ça,
ça peut aider beaucoup à la persévérance aux études et au fait de garder le
lien avec ta famille et ta communauté.
On a aussi, donc,
protégé l'indice des prix à la consommation, donc c'est indexé. Les étudiants
sont aussi très contents de ça. Il y a plusieurs actions aussi que nous allons
faire avec ce réinvestissement, et ça découle, comme je le disais tout à l'heure, de mes nombreuses visites dans les communautés
universitaires et collégiales, entre autres beaucoup plus d'accès à la
formation continue. La formation continue, ce sont les gens qui sont en emploi
qui veulent aller se parfaire dans une
spécialité. On sait que la société du savoir est une société qui est
extrêmement mouvante, que 40 %, au moins, des emplois ne sont même pas encore créés pour nos jeunes qui
vieillissent et qui ne savent pas nécessairement dans quelle sorte de métier... de la façon dont ils vont pratiquer leur
métier. Donc, l'éducation tout au long de la vie, ça veut dire de la
formation continue. Alors, on met de l'argent, pas mal d'argent dans la
formation continue au niveau collégial et universitaire, évidemment.
Formation d'appoint.
Je ne ferai pas un long discours sur les besoins, évidemment, des étudiants
issus de l'immigration, qui sont souvent des
nouveaux arrivants qui arrivent avec des diplômes, qui ont besoin de quelques
cours. On est prêt à leur donner, il
faut qu'ils y aient accès rapidement. Il faut que les cours soient disponibles,
il ne faut pas que ça prenne cinq ans
pour les donner, et donc on s'occupe de ça, la reconnaissance des acquis aussi,
la formation à temps partiel, les plus petites cohortes, et d'autres
mesures comme, entre autres, le pôle de formation en création et arts numériques
parce que nous sommes des leaders presque mondiaux maintenant en arts
numériques.
Je sais que je
pourrais parler encore plus longtemps. On me fait signe que, malheureusement,
je ne peux pas parler plus longtemps
de l'enseignement supérieur. Ça me ferait un très, très
grand plaisir. Mais je tiens à saluer, donc, ce budget, qui permet aux
collèges et universités, effectivement, d'avoir l'espoir de pouvoir enseigner,
créer, faire la recherche et accompagner leurs étudiants de la meilleure façon
possible. Merci beaucoup, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci, Mme la députée d'Outremont et ministre
de l'Enseignement supérieur. Maintenant, je vais céder la parole à M. le
député de Lac-Saint-Jean.
M.
Alexandre Cloutier
M.
Cloutier : Je vous remercie, Mme la Présidente. Alors, j'ai écouté avec beaucoup
d'attention le discours et la présentation que vient de nous faire la députée
d'Outremont et la ministre de l'Enseignement supérieur. J'ai eu droit, d'ailleurs, à quelques invitations. Alors, je peux
déjà lui répondre que ça me ferait extrêmement plaisir, Mme la Présidente,
de dialoguer davantage avec elle parce que,
bien évidemment, bien, il y a des sujets de préoccupation qui m'apparaissent
être nécessaires d'être approfondis. Et je
pense, entre autres, Mme la Présidente, pour l'enseignement supérieur, à la
situation des cégeps en région, et à
leur financement, et au nombre d'élèves présents dans nos cégeps à Gaspé, à
Saint-Félicien, à Matane, à Alma et
plusieurs autres cégeps, Mme la Présidente, qui se retrouvent dans une
situation où, essentiellement, il y avait une possibilité d'accueil de
plusieurs milliers dans certains cas, et le cégep d'Alma, par exemple, de
1 600, 1 800 élèves, et qui sont aujourd'hui sous la barre des
1 000 élèves.
• (17 h 30) •
Il y a une
réalité en région qui est incroyablement criante, qui est celle du défi
démographique, et on ne réalise pas à
quel point nos régions, Mme la Présidente, elles sont vieillissantes. Et la
réalité, c'est que souvent, dans nos municipalités moins peuplées, les cégeps jouent un rôle
fondamental catalyseur, un rôle social qui rassemble les leaders de la
communauté, et penser à la fermeture
de cégeps en région, c'est l'expression, dans le fond, de municipalités qui
vivent une dévitalisation importante. Et, tant et aussi longtemps qu'on
n'arrivera pas à renverser la pyramide actuelle, et à ramener des jeunes dans nos régions, et à choisir les régions du
Québec pour s'y établir pour apprendre, bien, Mme la Présidente, c'est bien
de valeur, mais le poids démographique de la
Gaspésie, du Saguenay—Lac-Saint-Jean,
de l'Abitibi-Témiscamingue va décroître.
Et, si on veut renverser cette tendance-là, il faut qu'il y ait davantage de
mobilité de nos jeunes sur l'ensemble du territoire québécois.
Je suis
persuadé que la ministre aurait le goût de me répondre : Oui, mais, vous
savez, on a lancé un programme de
prêts et bourses. Bien, Mme la Présidente, le problème, c'est que c'est
relativement embryonnaire et que la situation est tellement urgente dans nos cégeps en région qu'on ne peut plus
laisser aller la situation comme ça. Ce n'est pas juste une question de
maintenir ou non les cégeps ouverts ou fermés, c'est carrément la question de
la survie des régions, et leur épanouissement,
et leur croissance. Si vous regardez les transactions immobilières à Saguenay
l'année dernière, au Lac-Saint-Jean ou dans la région de Matane, vous
allez voir qu'essentiellement les maisons sont de plus en plus difficiles à vendre. Pourquoi? Parce que l'offre
sur le marché est nettement plus importante que la demande, et tout ça
s'explique en raison de la crise démographique.
On oublie au Québec, lorsqu'on discute
d'immigration... J'aurais le goût que le ministre des Finances reste, Mme la Présidente, parce que j'aimerais lui
rappeler que, sur l'immigration, si on se lance le défi démographique au Québec
et que 90 % des néo-Québécois
choisissent la métropole, inévitablement on crée une débalance ou on crée un
manque d'équilibre dans les régions
ressources. Le défi démographique des régions doit passer par l'accueil de
néo-Québécois, et on doit réussir ce
défi-là sur le plan économique également, Mme la Présidente. Et force est de
constater que c'est un échec.
On a essayé
de mettre en place des mesures pour accueillir des néo-Québécois sur l'ensemble
du territoire, mais force est de
constater que les mesures ne sont peut-être pas suffisamment attrayantes,
peut-être que le processus d'accueil est
déficient. Mais ce qui est certain, c'est que le dynamisme qu'on doit retrouver
dans nos régions, on n'arrive pas à le recréer
par une démographie qui n'est pas suffisamment stimulée et stimulante. Et, à
mon point de vue, ça passe beaucoup par le réseau des universités du
Québec, où, à mon point de vue, ils pourraient accueillir davantage
d'étudiants, mais également par nos cégeps,
Mme la Présidente, où on devrait s'assurer que nos cégeps sont à plein régime.
Toujours un peu aberrant de voir
qu'on construit des nouveaux pavillons, qu'on fait des agrandissements dans des
régions qui sont en croissance, alors
que, pendant ce temps-là, ailleurs au Québec, on a des écoles qui sont à moitié
vides. Personnellement, je vous
avoue, j'ai de la difficulté à comprendre la logique. Et on oublie à quel point
ça coûte cher d'avoir des écoles, d'avoir des institutions, des infrastructures
qui ne sont pas utilisées à leur pleine capacité, comme ça a déjà été le cas
auparavant.
J'entendais tout à l'heure mon collègue de
Jonquière rappeler que, dans le dernier budget, il n'y a pas de mesure-phare pour le développement des régions.
Mais juste dans le comté du premier ministre, puis je vois la députée de Laviolette qui est avec nous, Mme la
Présidente... nos comtés respectifs, plusieurs municipalités n'ont toujours pas
accès à Internet haute vitesse, non seulement à Internet haute vitesse, mais, à
mon avis, encore plus important, à de la téléphonie
cellulaire. Juste dans le comté du premier ministre, là, plusieurs
municipalités, des petits villages, des résidents n'ont pas accès à de la téléphonie cellulaire. Et
s'ils empruntent la voie entre Roberval et La Tuque, bien, ils n'auront
pas de réseau. Et, s'ils partent de
Roberval puis se dirigent vers Québec, bien, jusqu'à L'Étape, Mme la
Présidente, ils n'auront pas de réseau.
Mettez-vous à
la place d'une jeune famille. Il me semble qu'on n'a pas besoin de débattre
très longtemps pour dire que c'est
évident que les jeunes familles ne choisiront pas des municipalités où on ne
retrouve pas un accès cellulaire de
base. Puis ce qui est malheureux, c'est que dans le budget, tout l'aspect
téléphonie cellulaire, on prétend que c'est de la gouverne du gouvernement fédéral. Or, pourtant, dans plusieurs
régions du Québec, on a réussi à même de l'aide du gouvernement du Québec à mettre en place certaines
tours pour venir régler certains lieux géographiques. Mais ça devrait être considéré comme un service de base, un
service essentiel, un service fondamental, comme plusieurs autres services
le sont devenus, comme l'électricité l'est
devenue au fil du temps. Et ça devrait être un service qui est minimalement
garanti.
Le projet
dans le comté du premier ministre, Mme la Présidente, savez-vous combien il
coûte? Il coûte 6 millions de
dollars. Avec 6 millions, il y aurait 15 tours de téléphonie
cellulaire supplémentaires qui couvriraient l'ensemble de la région du
Saguenay—Lac-Saint-Jean
et une partie de la région de la Mauricie, qui viendraient régler un problème
extrêmement important, comme vous pouvez l'imaginer.
Mme la Présidente, vous aurez compris,
je suis aussi porte-parole à l'éducation, et je veux absolument vous parler
de la problématique liée aux infrastructures primaires et secondaires. Le problème
qu'on vit... Mme la ministre, tout à
l'heure, faisait référence, en
parlant de la prévision budgétaire... Alors là, on nous dit : On a des budgets
sur cinq ans. Bon. Premier petit
bémol, il y a une petite élection quand même
entre les deux, hein? Alors, bien malin celui qui prédira, là, son
résultat.
Ensuite,
ça prend aussi des mesures budgétaires. Et ce qu'on a vécu par le passé, entre autres en éducation, c'est que,
malgré que les budgets, au cégep, par exemple, sont adoptés
pour mois de juillet, les mesures budgétaires... Bien, prenons l'année en cours, l'année 2017. Les mesures budgétaires
pour les cégeps sont entrées quelques jours avant Noël.
Ce n'est que quelques jours avant Noël que
les cégeps ont eu la confirmation des outils qu'ils ont pour dépenser l'argent.
Alors, décembre, là, leur année à eux avait
commencé au mois de juillet. Alors, vous aurez compris que ça fait en sorte
que certains postes budgétaires
ne trouvent pas preneur ou ne sont carrément
pas dépensés. Puis ça, on a vécu ça dans plusieurs créneaux qui ont été annoncés, soit dans les mesures
budgétaires ou soit lors de l'automne, là, de la révision budgétaire qui était déposée à l'automne lorsqu'on
présentait des nouvelles mesures. On le faisait tellement tardivement... ou plutôt les mesures budgétaires tardaient
tellement à venir que les commissions scolaires se retournaient de bord puis
se disaient juste : Impossible de dépenser l'argent d'ici la fin de
l'année en cours.
Mme la ministre, vous
pourrez vous préparer pour vos études de crédits, mais, dans les livres qui
nous ont été déposés, il y a encore un écart
important entre les dépenses prévues et les dépenses réelles. Ce que ça veut
dire concrètement, c'est : on
annonce des sommes à dépenser, mais les sommes prévues, mettons
700 millions en infrastructure, en réalité, c'est plus de l'ordre de 500 millions. Alors, il y a de quoi qui ne
fonctionne pas. Visiblement, on n'arrive pas à dépenser les sommes qui sont pourtant annoncées en grande pompe
avec tout l'aura et le bruit nécessaire lorsqu'on annonce des mesures
importantes. Mais, en réalité, la dépense, elle, ne suit pas.
Alors,
Mme la Présidente, je n'ai pas eu le temps de dire grand-chose à ce stade-ci,
mais on aura la chance, on aura plusieurs heures, en fait, lors des études des
crédits, d'approfondir le budget en éducation primaire, secondaire. Et
ça me fera plus que plaisir, Mme la Présidente, de donner suite à l'invitation
qui m'a été lancée publiquement par la ministre
de l'Enseignement supérieur pour approfondir. Si je n'avais qu'un seul sujet à
choisir, Mme la Présidente, ça serait
celui de la situation des cégeps en région, parce que je suis profondément
préoccupé et je vais tout mettre en oeuvre pour vous donner mon appui, Mme la ministre, pour trouver des solutions
pour remplir nos cégeps en région, parce que c'est la vitalité même de
nos régions qui est en cause. Merci, Mme la Présidente.
• (17 h 40) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup, M. le député
de Lac-Saint-Jean. Et maintenant je
vais reconnaître le prochain intervenant dans ce débat. Et il faudrait que
quelqu'un se lève. Oui. Alors, voilà, Mme la ministre de l'Immigration,
de la Diversité et de l'Inclusion.
Mme Kathleen Weil
Mme Weil :
Excellent. Merci, Mme la Présidente. Alors, c'est avec un grand plaisir que je
prends la parole aujourd'hui dans le cadre
du débat sur le budget 2017‑2018 présenté par notre collègue le ministre des
Finances le 28 mars dernier. Le
gouvernement, dans le cadre du plan économique du Québec, pose des actions
concrètes en matière d'immigration
afin de positionner le Québec comme une destination de choix pour les talents
que nous recherchons sur la scène
internationale pour soutenir notre développement économique. Dans le temps qui
m'est accordé, je souhaiterais attirer votre attention en particulier
sur les mesures qui visent l'attraction, l'intégration en emploi, la
francisation et la reconnaissance des compétences de toutes les personnes
issues de l'immigration.
L'attraction des
travailleurs qualifiés fait toujours l'objet d'une vive compétition, sur la
scène internationale parce que ces personnes
contribuent à la croissance de nos entreprises, donc au dynamisme économique de
nos régions, mais aussi ils constituent une solution à la baisse de
notre population en âge de travailler. Le Québec n'échappe pas à cette réalité démographique. Il est donc
primordial que l'on ait des mesures pour favoriser la pleine participation de
ces personnes qui choisissent le Québec afin qu'elles intègrent
rapidement le marché du travail.
Vous
me permettrez, Mme la Présidente, de souligner le contexte favorable que nous
avons au Québec pour attirer, justement, les compétences dont nous avons
besoin pour mettre en oeuvre les importants projets de développement économique inclus dans le plan économique du
Québec. Et en 2016, l'an dernier, nous avons connu des grands succès en
matière de création d'emplois : le taux de chômage actuellement de
6,4 % n'a jamais été aussi bas, et cette bonne performance se répercute d'ailleurs au chapitre du taux de chômage des
personnes immigrantes descendu sous la barre des 10 % pour la première fois depuis une décennie, et je tiens à
souligner, fait notable et, plus rare, baisse notable chez les nouveaux arrivants. Donc, ça, c'est un signal que
notre économie va bien, et que la création d'emplois va bien, et que nos
mesures structurantes produisent des résultats.
Le
ministère des Relations internationales et de la Francophonie recevra
100 millions sur cinq ans pour renforcer la présence et l'action du
Québec à l'étranger. Cette visibilité contribuera à renforcer l'image du Québec
en tant que destination pour vivre,
travailler et étudier. Le ministère des Relations internationales viendra aussi
appuyer la stratégie de promotion qui
sera déployée par ma collègue la ministre de l'Éducation et de l'Enseignement
supérieur en vue d'attirer davantage d'étudiants internationaux.
13,5 millions sur cinq ans seront consacrés à la réalisation de cette
stratégie. Ces jeunes qualifiés diplômés au
Québec et s'exprimant en français peuvent constituer, eux aussi, une réponse
aux besoins en main-d'oeuvre de nos
entreprises, et, comme vous le savez, Mme la Présidente, nous avons un
programme-phare, au ministère de
l'Immigration, le programme de l'expérience québécoise, créé en 2010 — et on a signé plusieurs ententes avec des organismes pour en faire la
promotion — c'est de
retenir ces étudiants étrangers chez nous, qui viennent combler aussi
ces besoins.
Pour
assurer une intégration rapide au marché du travail, le plan économique du
Québec accorde un investissement total
de 179,4 millions sur cinq ans, dont 108,9 millions au ministère de
l'Immigration, de la Diversité et de l'Inclusion, pour favoriser l'intégration économique des
personnes immigrantes, leur francisation et la reconnaissance des compétences
acquises à l'étranger. Ces mesures reflètent
d'ailleurs les priorités qui se sont dégagées du Rendez-vous national sur la
main-d'oeuvre, le 16 et 17 février
dernier. Et la réussite de l'intégration passe inévitablement par l'accès à
l'emploi à la hauteur des compétences de ces personnes immigrantes, donc
un montant total de 39,9 millions viendra, entre autres, bonifier deux
programmes pour soutenir les démarches des personnes immigrantes vers l'emploi.
Le premier
est le Programme d'aide à l'intégration des immigrants et des minorités visibles
en emploi, mieux connu sous
l'acronyme PRIIME. Géré par le ministère du Travail, de l'Emploi et de la
Solidarité sociale, le programme PRIIME recevra des crédits additionnels de
29,5 millions sur cinq ans pour augmenter le nombre des participants d'environ
20 %. C'est vraiment une excellente
nouvelle, Mme la Présidente. Vous connaissez ce programme, on en parle souvent,
j'étais particulièrement contente de
voir l'écoute du ministre des Finances et de son équipe, être sensibles à la
performance de ce programme. Et là on affiche un taux de rétention de
90 %. Ça veut dire, 90 % des personnes qui sont passées par le programme PRIIME sont restées en emploi après leur
participation. Donc, quand on parle d'ouverture à la diversité, c'est
important d'appuyer les entreprises aussi, les employeurs afin qu'ils puissent
avoir l'expérience de cette diversité et l'apprécier.
Donc, encore une fois, ce programme et la bonification de ce programme ont été
évoqués aussi dans le cadre du rendez-vous.
Le deuxième
programme que j'aimerais souligner qui sera bonifié, encore une fois merci au
ministère des Finances et son équipe,
est le programme Interconnexion. Mis sur pied par la Chambre de commerce du
Montréal métropolitain, ce programme met en relation des entreprises et
des personnes immigrantes pour réaliser des stages et des activités de
jumelage. Des crédits additionnels de 10 millions sur cinq ans seront
accordés à mon ministère pour soutenir ce programme
en vue d'augmenter de 1 000 à 3 000 le nombre annuel de participants
immigrants. Ce programme connaît aussi un grand succès, des taux de
rétention de placement, si on veut, d'à peu près 70 %, ce qui est quand
même extraordinaire quand on pense que c'est un programme de réseautage, ce
n'est pas une subvention salariale.
De son côté, Emploi-Québec recevra un total de
2,5 millions sur cinq ans pour accorder un soutien accru aux entreprises,
notamment en matière de recrutement et rétention de personnes qualifiées au
sein des organisations sous-représentées sur
le marché du travail. Les entreprises qui offrent un stage de formation aux
personnes immigrantes verront leurs
crédits d'impôt bonifié. Il passe de 24 % à 32 % dans le cas des
sociétés et 12 % à 16 % dans le cas des particuliers.
Mme la
Présidente, vous savez que, pour notre gouvernement, l'intégration des femmes
immigrantes au marché du travail...
et je sais que le dossier des femmes immigrantes, vous en êtes très, très
sensible, alors je voulais en parler devant
vous, parce que c'est évidemment majeur, 50 % de nos immigrants sont des
femmes. Et on va porter aussi attention aux jeunes entrepreneurs. Donc, le ministère de l'Économie, de la
Science et de l'Innovation disposera d'un budget de 900 000 $ sur cinq ans pour assurer,
dans différentes régions, on parlait de régions tantôt, bien, c'est un
programme pour les différentes
régions pour assurer une meilleure intégration des femmes immigrantes. Et quant
aux jeunes entrepreneurs, avec
l'appui du Regroupement des jeunes chambres de commerce du Québec, les jeunes
entrepreneurs immigrants pourront participer
à des missions commerciales dans différentes régions, je le souligne encore — je pense que ce n'est pas du tout juste de dire qu'on ne parle pas de régions, au
contraire, on retrouve les régions ici et là et partout dans le budget — donc, ils pourront participer à ces missions commerciales dans différentes
régions pour connaître les occasions d'affaires qui s'y présentent.
400 000 $ sur deux ans sera versé au MIDI pour financer cette
initiative du regroupement.
Mme la
Présidente, je vous ai parlé de mesures pour faciliter l'intégration en emploi.
La connaissance du français, vous le
savez, est évidemment au coeur de cette intégration. Elle constitue un
incontournable pour participer au marché du travail, mais aussi pour participer à la vie collective. Je suis
extrêmement fière de souligner qu'au cours des cinq prochaines années 103,5 millions seront investis pour
bonifier l'offre en francisation des personnes immigrantes. Tout d'abord, nous
allons encourager la participation aux cours
à temps plein en augmentant l'allocation hebdomadaire des participants de
115 $ à 140 $ dès le mois d'août
2017. De plus, et par souci d'équité, cette allocation s'appliquera aussi pour
la première fois aux personnes
immigrantes qui suivent des cours de français à temps plein dans les
commissions scolaires. Alors, c'est une excellente nouvelle, et, pour
cette mesure, 93 millions sur cinq ans sont accordés à mon ministère.
Et par
ailleurs le MIDI deviendra la porte
d'entrée unique des services gouvernementaux en francisation. Sachant que des cours de francisation sont offerts sous
différentes formules par trois ministères, nous serons à même d'aider les
personnes migrantes à choisir la bonne
formule de cours qui répond non
seulement à leur niveau de
compétence, mais aussi à leurs besoins et leurs horaires. En somme, le
bon cours au bon endroit pour la personne immigrante.
Enfin, une
autre très bonne nouvelle en francisation, le gouvernement augmentera le
soutien à la francisation en milieu
de travail en ajoutant 10 millions sur cinq ans au MTESS pour qu'il intensifie ses
services notamment auprès des petites entreprises. Je tiens à souligner, lors des consultations en commission parlementaire, tous les intervenants sont venus souligner l'importance d'offrir des cours de
francisation en milieu de travail. Alors, encore une fois, je remercie mon collègue le ministre
des Finances. C'est, franchement, une
mesure très, très stratégique, parce que beaucoup
d'immigrants intègrent le marché du travail, et il faut les appuyer dans
cette mesure.
Donc, je comprends que j'arrive à la fin de mon
10 minutes, c'est bien ça? Donc, oui. En conclusion, c'est un excellent budget. Mon collègue
de La Prairie a parlé d'un budget d'action, hein? Je vous ai mentionné
certaines actions et, je vous dirais,
c'est aussi un budget qui signale l'inclusion, et c'est donc des mesures
d'inclusion que je salue. On voit bien
nos valeurs très profondes, qui font en sorte qu'on reconnaisse la richesse de
la diversité, la richesse de l'immigration, la contribution de l'immigration au développement économique et
social du Québec. Et je salue, donc, ce budget 2017‑2018.
Merci, Mme la Présidente.
• (17 h 50) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci. Merci, Mme la
ministre de l'Immigration. Maintenant,
je cède la parole à M. le député de Mercier, tout en vous indiquant que vous disposez d'un
temps de parole de 8 min 49 s.
M. Amir Khadir
M. Khadir : Merci, Mme la Présidente. C'est amplement suffisant pour, disons, exposer
mes griefs par rapport à ce
qu'il manque dans ce budget. Merci, madame.
Alors, à mon
arrivée à l'Assemblée nationale... élus en 2008, nous sommes arrivés ici, la
nouvelle fournée, en 2009, le monde
traversait, à l'époque, une grave crise économique après que des
banquiers irresponsables aient fait s'effondrer le château de cartes de l'économie casino, économie qui carburait à la spéculation financière qu'on
aurait souhaité voir, une fois exposée
ainsi, ses méfaits sur l'économie mondiale, à jamais disparaître. Malheureusement, ce n'est pas le cas aujourd'hui.
Mais les
conséquences sur les politiques publiques ont été encore une fois assez
désastreuses, parce que les décotes et les diminutions de rentrées d'argent dans les fonds publics en raison de la baisse de l'activité
économique ont fait en sorte que de
nouveaux prétextes ont été trouvés pour des coupures, pour la fragilisation du
modèle social de nos États, disons... «welfare state» et on est rentrés
dans un nouveau cycle d'austérité, alors qu'on aurait très bien pu imaginer, vu l'état des services de ce secteur financier qui
nuit tant à l'économie internationale, de resserrer les règles. Et, à l'époque,
d'ailleurs, plusieurs présidents en
parlaient pour la première fois, lorsqu'il y a eu un discours de budget, je me
suis levé ici même, en Chambre, pour
applaudir la ministre de l'époque, Monique Jérôme-Forget, qui annonçait, dans
son discours, la lutte à l'évasion fiscale. Alors, on aurait pu très bien imaginer des gouvernants responsables
et soucieux de la santé économique et
des revenus des États et de mettre en place une série de mesures pour aller
chercher les revenus là où ils étaient,
c'est-à-dire dans ce qu'on appelle les paradis fiscaux, dissimulés dans une
série, une panoplie enchevêtrée de filiales de toutes ces compagnies qui ont tantôt des filiales à Luxembourg, tantôt
au Delaware, tantôt dans les Panamas. Et, depuis ce temps-là, d'ailleurs, cette
situation a été largement exposée, et il y a une commission qui s'est réunie à
l'initiative ici de l'Assemblée nationale, on va déposer ce rapport
demain. Mais le travail aurait très bien pu commencer en 2009, c'est-à-dire, il y a huit ans maintenant, on aurait
très bien pu commencer à faire ce travail s'il y avait une volonté politique
marquée.
Plutôt, les
gouvernements se sont acharnés à faire quoi? À couper. Et à couper où? Bien,
dans les services publics et en accablant les classes moyennes de
hausses de taxes et surtout de tarifs pour l'utilisation des services publics.
Le ministre des Finances pense... Bon. Le
ministre des Finances n'est pas issu des services publics, il est issu des
banques. C'est normal, donc, qu'il pense comme un banquier. Il est ici
avec nous. Je ne peux pas lui reprocher ceci, mais je lui rappelle quand même qu'il faut qu'il prenne des
précautions pour prendre une distance par rapport à la culture politique
très toxique pour les services publics qui nous viennent des banques. Il sait
très bien comme moi que plusieurs de ses collègues
à la direction... Je ne dis pas que c'est de sa responsabilité. Mais on connaît
des gens, d'anciens fondateurs de la CAQ,
justement, qui manifestaient leur contentement devant les actionnaires d'avoir
délocalisé une partie des profits dans des
paradis fiscaux pour épargner plusieurs centaines de millions de dollars en
impôt. Bon. On ne peut pas refaire le passé.
Mais le ministre des Finances — et je
suis content d'observer qu'il y a autant de ministres présents, avec la discipline de nos collègues du Parti libéral — il a des surplus à sa disposition. Pourquoi
continuer à enfermer le Québec dans
la même logique permanente qui plombe notre économie? La poursuite de cette
obsession de rembourser la dette coûte
que coûte fait en sorte qu'on a mis encore 16 milliards de dollars — 16 000 millions de dollars — dans le Fonds des générations, alors qu'une partie de ces sommes sont gravement et
hautement nécessaires pour renflouer les services publics, offrir des services à nos patients,
donner plus qu'une couche par jour à nos aînés dans les établissements ou aux
malades qui en ont besoin, alors que, dans plusieurs de nos établissements,
vous savez, Mme la Présidente, ça a été largement démontré... donner plus qu'un
bain par semaine à nos aînés dans nos CHSLD.
Malheureusement,
on dirait que le Québec n'apprend pas de ses erreurs, et les gouvernements
persistent dans les mêmes cycles
d'erreurs : baisses d'impôt, baisses d'impôt, baisses d'impôt qui
profitent souvent aux plus fortunés — c'est ce qu'a annoncé le ministre des Finances — avec une conséquence inévitable. Lorsqu'on
baisse l'impôt, d'une part, puis qu'on tient serrés les cordons de la
bourse, puis, de l'autre part, on dépose des milliards de dollars dans le Fonds
des générations, qu'est-ce
qui arrive? Ce sont les services publics qui en pâtissent. Alors, on les
sous-finance et on met la table sur de nouvelles compressions budgétaires,
sinon des privatisations, parce qu'à bout de souffle plusieurs de ces
services-là ne rendent pas les
services escomptés, et ensuite il y a toutes sortes de mirages, des gens qui,
les sirènes de la privatisation, se mettent à chanter leurs litanies de
la nécessité des privatisations.
Je me serais
attendu à ce que budget réponde à l'urgence qui met en tenaille le trésor
public, donc la lutte à l'évasion fiscale, je le répète. Spectaculairement, le
sujet de la lutte à l'évasion fiscale est totalement absent du budget. Il n'y a
aucune mesure d'importance nouvelle qui démontre une réelle volonté de lutter
contre ce fléau. Seulement dans les renseignements
additionnels, il y a quelques points. La même rengaine que d'habitude, on s'en
prend aux petits poissons plutôt que
de s'en prendre aux requins. Et les requins se trouvent au sommet de la
hiérarchie économique. Ce n'est pas nos
coiffeuses. Ce n'est pas la petite pizzéria du coin. Ce n'est pas les
chauffeurs de taxi. Ce n'est même pas les petits entrepreneurs. Je défie
le ministre des Finances de faire le bilan de ce qu'on a réussi à aller
chercher de leur côté.
Et je lui
annonce que, juste au chapitre de ceux qui vont cacher leur argent, et ça, ce
n'est pas le petit chauffeur de taxi
ni la coiffeuse, ceux qui cachent leur argent dans les quatre destinations les
plus privilégiées par ceux qui délocalisent leurs avoirs et leurs profits vers des destinations dans les Antilles,
ça représente annuellement, pour le Québec, quelque chose, grosso modo,
de l'ordre de 20 quelque milliards de dollars. Imaginez si ces gens-là étaient
imposés à un taux effectif à peu près de
20 %, 21 %, comme le sont les superriches actuellement. Juste ça, ça
permettrait d'aller chercher 4 milliards de dollars. Je ne dis pas que
c'est facile à faire. Mais, au moins, il faut commencer à prendre des pas de
manière énergique, de manière
volontaire, de manière décidée, de manière honnête pour le simple citoyen qui
paie ses impôts. Malheureusement, il n'en est rien.
Une
autre mesure qui doit être dénoncée — il ne me reste pas beaucoup de temps — c'est l'abolition de la taxe sur la santé qui va profiter aux plus nantis, aux
130 000 plus fortunés d'entre nous qui auraient eu les moyens de permettre
un juste financement de nos services
publics. Ça concerne, par exemple, le médecin spécialiste que je suis. Moi, je
ne vois pas pourquoi vous me coupez cet impôt-là, là. Et il y en a
136 000 comme moi qui sont dans la marge et dans la catégorie qui aurait pu contribuer leur
1 000 $ par année pour renflouer de 136 millions de dollars
supplémentaires nos services publics,
plus qu'une couche par jour, M. le ministre des Finances, plus qu'un bain par
semaine, M. le ministre des Finances, dans nos CHSLD.
Une
autre série de mesure qui mérite notre attention — donc, il y en a plusieurs — je voudrais parler à la page 193,
près de 3 milliards de dollars de baisses d'impôt pour les entreprises
depuis l'arrivée au pouvoir des libéraux.
Motion formulant un grief
Bref, je voudrais
déposer, Mme la Présidente, la motion de grief suivante :
«Que
l'Assemblée nationale blâme le gouvernement libéral pour son budget 2017‑2018
qui condamne le Québec à l'austérité
permanente par un nouveau cycle de baisses d'impôt, refuse de prendre des mesures
sérieuses afin de lutter contre
l'évasion fiscale et prive l'État québécois des sommes nécessaires pour
financer adéquatement les services publics et les programmes sociaux.»
Et
je compte sur la collaboration du ministre des Finances pour peut-être espérer
mieux pour l'année prochaine.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie, M. le
député de Mercier. Et je vous indique que votre motion sera déposée sous
réserve de sa recevabilité.
Maintenant, compte
tenu de l'heure, je vais suspendre nos travaux jusqu'à 19 h 30.
(Suspension de la séance à
17 h 59)
(Reprise à 19 h 30)
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Alors, veuillez prendre place. Alors, je vous
souhaite une bonne soirée. L'Assemblée
poursuit le débat sur la motion de M.
le ministre des Finances, qui
proposait que l'Assemblée approuve la politique budgétaire du gouvernement, ainsi que les motions formulant un grief présentées par les députés de Rousseau, Granby,
Sainte-Marie—Saint-Jacques, Pointe-aux-Trembles, Matane-Matapédia,
René-Lévesque, Saint-Jean, Berthier, Lévis, Chambly, Vachon, Jonquière
et Mercier.
Avant
de donner la parole au prochain intervenant, je vous informe qu'il y a
8 h 43 min, presque 44, là, à la première étape du débat qui est derrière nous. Il reste
donc un total de 4 h 46 min 10 s réparti comme
suit : 2 h 31 min 30 s au groupe parlementaire formant le gouvernement, 1 h 8 min 29 s au groupe parlementaire formant l'opposition
officielle, 56 minutes au
deuxième groupe d'opposition et 10 minutes au député de Groulx.
Je suis maintenant
prêt à céder la parole au prochain intervenant et je reconnais M. le député de Jean-Lesage.
À vous la parole.
M. André Drolet
M. Drolet : Merci
beaucoup. Merci beaucoup, M. le Président. Avec cet enthousiasme, ça devrait être très,
très, très performant.
Le
28 mars dernier, le ministre des
Finances a présenté son quatrième
budget. D'ailleurs, aujourd'hui, j'ai eu la chance, à la Chambre de commerce de Québec, avec plusieurs membres
de la Chambre de commerce, d'aller écouter notre ministre des Finances, qui... naturellement, ça a très plu de pouvoir entendre ses propos de ce budget, et naturellement ça a été motivant pour nous de
voir à quel point les membres de la Chambre de commerce de Québec ont pu apprécier.
D'ailleurs, Montréal, vendredi dernier, a été dans le même ordre.
Alors,
M. le Président, je suis très fier de prendre la parole ce soir pour souligner
un plan économique qui, pour une
troisième fois consécutive, offre aux Québécoises et aux Québécois des finances
publiques équilibrées. J'invite d'ailleurs les collègues de l'opposition, qui ont encore la chance de voter pour,
de reconnaître l'importance que ça a d'avoir... pour quand même un temps qui...
je dirais plus de 40 ans, qui n'a pas connu ce genre de situation là,
d'avoir un budget équilibré pour la
troisième année consécutive. Alors je trouve que c'est important de reconnaître
de notre ministre des Finances ce
travail-là. Nous nous redonnons les moyens d'accompagner l'ensemble des
Québécois afin de bâtir un Québec moderne et prospère. Depuis notre
élection, nous avons fait ce que nous avons dit.
M.
le Président, ce n'est pas facile de dire non. Ce n'est pas facile de dire à
des citoyens, à des organismes, à du monde
que l'on a acquis dans nos comtés respectifs... des difficultés, souvent, par
rapport à des rigueurs comme on a fait, mais cela nous a permis d'atteindre ce que l'on a permis, c'est ce que
je viens de vous dire, l'équilibre budgétaire. Alors, cette rigueur-là, je la remercie parce que les
ministres qui ont contribué à ce que le ministre des Finances a demandé, bien,
je pense que je dois tout à mes
collègues ministres d'avoir, dans chacun de leur mandat respectif, atteint cet
objectif pour nous permettre... où on en est aujourd'hui.
Comme
le premier ministre l'a dit, lors de la campagne électorale dans son discours
inaugural ainsi que de nombreuses fois
depuis, nous avons à bâtir la maison du Québec sur des piliers solides. À
partir de ces bases, il faut nous donner les moyens nécessaires pour
permettre... pleinement en valeur notre richesse collective. C'est ainsi que
nous pourrons offrir aux Québécois et aux
Québécoises d'aujourd'hui et des générations futures une qualité de vie dont ils
peuvent être fiers. Notre situation
économique et financière nous permet maintenant d'investir davantage dans les
services à la population et de
réduire le fardeau fiscal des Québécois, le tout, bien sûr, en maintenant des
finances publiques saines et en contrôlant notre dette.
Par
ce budget, le gouvernement libéral démontre qu'il est présent, et ce, pour
toutes les régions du Québec. D'ailleurs,
j'inviterais les collègues parce que, dans toutes les régions du Québec, c'est
important de reconnaître l'importance de ce budget. Je regarde mon
collègue député de Rimouski, en face de moi, qui est sûrement heureux de ce
budget.
M.
le Président, nous entendons l'opposition parler souvent de réparation aux
coupures que nous avons faites, mais, M. le Président, avec l'expérience
que vous avez, vous savez l'importance de ce que c'est sur la note de crédit internationale, mondiale, alors, les cotes de
crédit sont importantes, et à quel point ce budget nous permet d'avoir une
cote de crédit enviable, et ce qui nous permet
aussi de sauver énormément sur le taux d'intérêt de notre dette. Alors, je
pense que ça, il faut le reconnaître, et
c'est important de faire en sorte qu'on puisse nous donner cet avantage-là
parce que ce n'est pas toujours facile, comme je dis, de dire non à des
demandes.
Voici
quelques mesures du plan économique. 3,4 milliards sur cinq ans pour la
réussite éducative. Je pense qu'on en
a assez beaucoup parlé, le ministre en a fait état, et à quel point c'est
important parce que, demain, l'éducation, c'est ce qui va nous donner la
relève pour les besoins d'avenir. 1,2 milliard par année directement
retourné aux citoyens. Trois grands projets
d'infrastructure en matière de mobilité durable. 3 milliards additionnels
sur deux ans pour un meilleur accès aux
soins de santé. Et ça, je tiens bien à préciser, M. le Président, que c'est
important parce que, vous savez, quand on
se fait dire qu'on coupe puis on a fait ce qu'on a fait comme rigueur...
Souvenez-vous, M. le Président, on en parle souvent, l'époque où il y a
eu tentative des partis d'opposition ou du parti d'opposition de faire en sorte
de donner un équilibre budgétaire, il y a eu des coupes majeures en santé qui
nous ont donné, naturellement, cette situation-là de 1 000 médecins et 4 000 infirmières qui ont été
coupés. Alors, souvenons-nous que ça prend toujours 10 ans à former un
médecin. Alors, ça a été une très grosse perte à ce moment-là.
834 millions
supplémentaires sur cinq ans pour la recherche et l'innovation,
288 millions afin de répondre aux pistes d'action proposées lors du réseau
national sur la main-d'oeuvre. 123 millions pour le tourisme. Ça, c'est
important de le souligner parce que
jamais on ne parle de tourisme ici, en Chambre. M. le Président, je pense
qu'encore une fois jamais on ne voit
des questions de l'opposition sur le tourisme. À quel point... l'importance que
ça a pour vos régions, mais, pour la
ministre du Tourisme, elle, elle y a cru et elle a mis les sous nécessaires. Et
ça a été très reconnu parce que lors
du dépôt, dimanche dernier, ici, à Québec, ça a été très bien accueilli par la
table nationale du tourisme. Alors, bravo à ma collègue pour avoir fait
ce travail!
Et
je continue avec 310 millions pour un Fonds d'appui au rayonnement des
régions. Encore une fois, ça vient de compléter
le fait que, justement, le tourisme fait en sorte que les régions en ont
besoin. Et soyez en fiers, de justement donner cette importance-là à la
ministre du Tourisme.
Et surtout ne pas
oublier, M. le Président, une grande reconnaissance pour les organismes
communautaires. 107 millions sur cinq
ans pour les programmes de soutien aux organismes, pour les initiatives
sociales pour contrer la pauvreté et
pour réduire aussi l'itinérance. Avec un comté qui reconnaît l'importance des
organismes, j'en suis très, très heureux.
Voilà la vraie argent, M. le Président. Contrairement à ce qui nous avait été
laissé, où... auquel on a eu à défier cette
situation-là durant ce mandat parce qu'on n'avait pas, supposément, donné ou
respecté ce que le parti avant nous avait donné sans crédits. Nous avons eu à payer pour ça parce que nous avons
eu à répondre à ça. Puis eux autres ne savent pas nécessairement comment
ça fonctionne. Mais nous, ce n'est pas de l'argent de Monopoly qu'on a donné,
c'est vraiment de l'argent pour cinq ans pour les organismes communautaires.
Alors, j'en suis très fier.
Et
le troisième plan d'action gouvernemental qui s'en vient en matière de lutte
contre la pauvreté et l'exclusion sociale sera rendu public dans quelques mois
par mon collègue ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale. D'ailleurs,
ma collègue de Fabre, demain, aura
l'occasion d'en parler davantage parce qu'elle, elle, forte d'une expérience,
naturellement, de son ancienne vie,
parce que, tout comme moi, on est tous des gens qui viennent de quelque part,
ma consoeur, elle a été... elle qui
connaît la cause des organismes communautaires en tant qu'avoir été
directrice... du moins à un niveau au centre carrefour jeunesse-emploi, qui fait en sorte que ça a été une personne
qui a marqué beaucoup, beaucoup de points et qui connaît cette
industrie.
J'ai
eu la chance, M. le Président, de me voir récemment offrir par le premier
ministre et le ministre de la Sécurité publique
le mandat de me pencher sur la modernisation de la Régie des alcools, des
courses et des jeux. J'ai été maintes fois interpellé par les différents
acteurs de cette industrie, et ce, autant lors de mon implication dans
l'industrie de l'alimentation et de la
restauration qu'à titre d'adjoint parlementaire de la ministre responsable des
Petites et moyennes entreprises, et
de l'Allégement réglementaire, et du Développement économique régional. C'est,
entre autres, pour ces raisons que je
suis fier de me lever en Chambre aujourd'hui et de vous faire part des nouvelles
mesures présentes dans ce budget, qui visent à accélérer le
développement du secteur des boissons alcooliques du Québec.
M. le Président, ces mesures constituent les
premières étapes d'un vaste chantier à moderniser la RACJ et à accompagner l'industrie. Notre plan économique
prévoit une somme de 9,2 millions de dollars sur cinq ans afin d'appuyer
le développement de l'industrie et de la
distillation, d'adapter l'encadrement de l'industrie brassicole et de soutenir
les initiatives de commercialisation du secteur des boissons alcooliques.
Concrètement, il est prévu d'autoriser la vente de spiritueux sur les
lieux de la fabrication, d'appuyer le positionnement des spiritueux québécois,
de faciliter la tenue d'événements ayant
pour objectif la présentation et la découverte de bières et d'autoriser les
producteurs artisanaux de bière à vendre directement aux titulaires de
permis de réunion.
M.
le Président, l'objectif, c'est de faire du Québec une adresse touristique
comme le Napa Valley en Californie, la
région de Cognac en France et l'île de... en Écosse. L'idée est d'aller de
l'avant avec les tendances foodie, de bonifier l'offre agrotouristique en créant des circuits de tourisme gourmand pour
permettre de mettre en valeur des distilleries et des microdistilleries,
les microbrasseries et les vignobles de tout le Québec.
Notre
plan économique prévoit une somme de... excusez-moi. En termes de chiffres,
c'est 5,2 millions, M. le Président, je m'excuse, sur cinq ans afin d'appuyer le développement de l'industrie
de la distillation et une enveloppe de 4 millions pour la mise en
place d'un programme d'appui aux initiatives de commercialisation du secteur
des boissons. Et ce, M. le Président, ce
n'est qu'un début, car l'industrie de la restauration et de l'hôtellerie sera
aussi écoutée dans les prochains mois,
car j'ai eu le grand plaisir de les rencontrer lors de mon mandat. Et soyez
certain que je vais faire en sorte que les conclusions de ce rapport
seront bénéfiques.
À titre de
député de la circonscription de Jean-Lesage, j'ai la ferme intention de
continuer de travailler sur le terrain afin
que l'ensemble des partenaires concernés ait des mesures, des répercussions
positives et directes chez nous et partout au Québec. Alors, M. le
Président, c'est avec fierté que j'accorde mon entier appui à ce budget. Merci
beaucoup.
• (19 h
40) •
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, je vous remercie, M. le député de Jean-Lesage. Et je suis prêt à entendre le prochain intervenant. Alors, c'est Mme
la députée de Chicoutimi. Alors, allez, Mme la députée de Chicoutimi,
pour votre intervention.
Mme Mireille Jean
Mme
Jean : Merci, M. le Président. C'est ma première réplique à un budget.
Donc, j'espère d'y faire honneur.
M. le Président, j'ai beau penser, repenser le budget, j'ai beau le regarder de tous
bords, tous côtés, j'ai beau me forcer pour être positive envers ce
budget-là, j'avoue que j'ai de la difficulté à y arriver. En fait, je n'y
arrive pas.
Ce budget-là, je dois vous dire, M. le Président,
que c'est un budget qui m'attriste beaucoup. Ça m'attriste beaucoup
parce que ce qu'on y voit, c'est le résultat
d'actions qui ont été faites au détriment des plus démunis de la société québécoise. C'est un budget que je pourrais même qualifier
d'un peu insultant pour les Québécois. Pourquoi ce budget est insultant? Laissez-moi vous
partager la lecture que j'en fais.
En octobre
dernier, en octobre 2016, on apprenait que le gouvernement déclarait des
surplus de 2,1 milliards de
dollars. M. le Président, 2,1 milliards
de dollars. Pas des millions, là, des
milliards. C'est ce que le député tout
à l'heure nous disait, un équilibre budgétaire... Ce n'est pas un équilibre
budgétaire de déclarer autant de
surplus pour un gouvernement. Pas des
millions, des milliards. Le gouvernement nous annonçait ça comme étant une bonne nouvelle
sans gêne, sans honte. Une bonne nouvelle? On a des profits. Est-ce que
c'est vraiment une bonne nouvelle lorsqu'on est un gouvernement?
M. le Président, je suis une femme d'affaires aguerrie puis, à ce titre-là, je sais
faire la différence entre des profits puis ce que j'appellerais des
trop-perçus. Des profits, ça se fait en entreprise; des trop-perçus, ça va se
faire auprès du gouvernement. Ici, on parle de trop-perçus et non pas de
profits. Le gouvernement, M. le Président, ce n'est pas une business qui fait des transactions commerciales
dans le but de faire des profits. Le gouvernement recueille des taxes et des impôts dans le but de dispenser des services à la population,
des services qu'ils espèrent et qu'ils ont le droit de recevoir. Après, avoir trop perçu, c'est d'avoir réclamé
trop de taxes et trop d'impôts pour les services qu'ils ont rendus. Ce n'est
pas compliqué. On déclare des trop-perçus, on déclare des revenus ou des
surplus de 2 milliards, c'est parce qu'on a demandé 2 milliards de trop à la population ou bien on n'a pas
donné des services pour 2 milliards à la population, des services qu'ils avaient droit.
Ces
trop-perçus ne proviennent pas de l'économie florissante. Si c'étaient au moins des revenus
qui viendraient d'une économie
florissante, une économie qui remplit les coffres de l'État.
Non. Ça, ça aurait été une bonne nouvelle. Les trop-perçus qu'on a
déclarés proviennent du sabrage qui a été fait dans les services à la population.
Ces trop-perçus proviennent de trois ans
d'austérité, M. le Président, trois ans de temps, trois ans de temps où on a
eu moins de services aux jeunes, aux
écoles, trois ans de temps où on a eu moins de services aux aînés, trois ans de
temps où on a eu moins de services de
santé, moins de services aux familles, trois ans de temps moins de support aux organismes communautaires, M. le Président.
Avec les trois années d'austérité, ces organismes communautaires là se sont vu
porter le fardeau du désengagement du gouvernement au support à la population, un surplus de travail, puis ils se sont fait
sabrer, puis ils n'ont pas eu les
subsides qu'ils avaient besoin pour faire le travail qu'ils avaient à faire
correctement. Trois ans de moins de services, M. le Président, à toute
la population du Québec. Et pourquoi cette austérité? Pour générer 2,1 milliards
de trop-perçus. C'est odieux, c'est honteux, c'est inacceptable.
Aujourd'hui, ce gouvernement de l'austérité nous
arrive avec un budget où il saupoudre des millions ici et là. M. le Président, ce gouvernement n'est pas
généreux, ce gouvernement ne fait pas un budget équilibré. Ce gouvernement,
c'est son devoir de donner des services à la
population, qui le demande, des services à la population qu'ils ont payé pour.
Ce n'est pas de la générosité, c'est un
retour normal des choses. Les gens paient des impôts, les gens paient des taxes,
c'est pour avoir des services.
Avec le
budget 2017‑2018, le gouvernement tente de recoller les morceaux des trois ans,
les morceaux du pot cassé qui ont été
faits pendant les trois années. M. le Président, les Québécois ne sont pas dupes. Ils redonnent aujourd'hui 500 $, ce sont 1 000 $ en moins... Le
gouvernement a augmenté la charge fiscale, pendant ces trois ans, de
1 500 $, et aujourd'hui on
annonce une baisse de 500 $. Bien, M. le Président, c'est
1 000 $ de moins dans les poches des contribuables par année, 1 000 $ de moins pour
s'habiller, 1 000 $ de moins pour se divertir, voyager, faire
qu'est-ce qu'ils veulent.
Les Québécois
savent bien que l'argent annoncé en grande pompe, comme le réinvestissement en
santé, en éducation ou ailleurs, n'est qu'une infime partie de ce qui a
été coupé en services. Les Québécois verront bien que ce budget moins austère arrive 18 mois avant les
élections. Ils ne seront pas dupes de ce budget électoral. Voilà pourquoi,
M. le Président, ce budget me fait un peu honte, qu'il est insultant pour la
population du Québec.
Ce
budget est un budget de faire semblant. Il fait semblant d'être généreux. C'est
un budget basé sur trois ans de coupures qui ont fait mal aux démunis,
aux malades, aux aînés, aux jeunes, aux familles, etc. Voilà ce que c'est, ce
budget-là, et c'est pour ça que j'ai un malaise et que je suis malheureuse
lorsque je vois ce budget-là.
Je
vais quand même tenter, M. le Président, de sortir quelques éléments
importants, ou intéressants, ou positifs qu'il pourrait y avoir dans ce budget-là. Je suis députée de Chicoutimi
dans la région du Saguenay—Lac-Saint-Jean. Donc, si je
prends qu'est-ce qu'on présente aux régions, M. le Président, il y a des
pinottes pour les régions, c'est du réchauffé. On parle d'un
investissement pour le rayonnement. On annonce 522 millions, bonne
nouvelle, 522 millions pour les régions.
Qu'est-ce qu'on voit, qu'est-ce qu'on s'aperçoit lorsqu'on le lit? En lisant un
peu plus, on voit qu'il y a, dans cette
section, 150 millions pour Montréal et 62 millions pour Québec. Ce
n'est donc pas 522 millions qui sont pour les régions, M. le
Président, c'est 310 millions qui sont réservés pour le rayonnement des
régions.
On annonce des
mesures fiscales pour aider les régions. Eh bien, les mesures fiscales, M. le
Président, elles s'adressent à tout le
Québec, pas seulement que pour les régions hors Montréal, Québec, elles
s'adressent à tout le Québec. Qu'est-ce
qu'il y a de régional là-dedans? Des mesures spéciales en agriculture,
160 millions de dollars. Rien pour la forêt, rien pour faire entrer les régions dans le XXIe
siècle, M. le Président, rien pour assurer une diversité économique qu'on
a tant besoin dans les régions pour
justement les sortir de leur mono-industrie, rien qui annonce la
décentralisation des pouvoirs et des services du gouvernement. Donc,
pour les régions, on repassera, il n'y a pas grand-chose.
On
annonce quelque chose d'intéressant dans le budget. On annonce la création
d'une grappe sur l'intelligence artificielle,
une supergrappe sur l'intelligence artificielle. Personnellement, je trouve que
c'est une bonne nouvelle. Je salue cette initiative. C'est sur l'économie du
futur, c'est porteur de nouveauté, c'est porteur d'innovation, c'est porteur
d'opportunités, des nouvelles opportunités, mais cette grappe, rien ne nous dit
comment elle va être implantée. Il est important
que le gouvernement considère qu'une grappe industrielle de cette importance-là
ne doit pas être concentrée dans une
région seulement, que ce soit Montréal ou Québec. Il est important que l'argent
qui sera mis, l'effort qui sera mis en intelligence artificielle, soit
réparti sur tout le territoire du Québec de manière à ce que, partout au
Québec, les entreprises, les centres de
recherche, les universités peuvent d'abord participer au développement de l'intelligence
artificielle, mais aussi tirer parti
de cette nouvelle industrie qui est en train de se développer. Il faut faire en
sorte que les régions puissent tirer parti de cette nouveauté. Les
talents de partout au Québec doivent être mis à profit.
• (19 h 50) •
Dans
le budget, on parle d'innovations. L'innovation, on en parle beaucoup,
puis je salue aussi cette approche. L'innovation est importante pour
tout le Québec. Le budget 2017‑2018 supporte l'innovation, et ça, c'est une
bonne nouvelle. L'innovation, ça doit être supporté afin de préserver et même
améliorer la compétitivité de nos entreprises. L'innovation doit se voir dans
les processus de fabrication. L'innovation doit se voir dans les produits qui sont développés. L'innovation doit aussi se retrouver dans les nouveaux processus que les
compagnies doivent implanter dans leur propre entreprise de manière à améliorer leurs produits, améliorer leur
productivité, améliorer leur compétitivité. Extrêmement important. Donc,
cet investissement, dans le budget 2017‑2018, dans l'innovation doit se
faire à ce niveau-là.
Il
faudra par contre faire attention, parce qu'on manque encore de détails dans le
budget, que cet effort ne serve en
grande majorité qu'à supporter l'innovation dans les grandes entreprises qui en
ont moins besoin. Il faudra en sorte que les efforts en innovation
soient aussi répartis auprès des PME, les petites et moyennes entreprises, qui
elles aussi innovent et qui elles aussi
doivent se mettre au goût du XXIe siècle. Il faut que la PME soit
supportée dans son innovation autant
dans sa capacité de production de produits et son processus administratif.
Donc, il faudra voir aussi que le gouvernement suive cette tendance.
Transport adapté, un
autre sujet qui est traité dans le budget et qui m'intéresse. Ce budget annonce
des fonds supplémentaires pour le transport
adapté : 25 millions sur cinq ans pour neuf sociétés de transport.
Or, au Saguenay, on a un manque à gagner de 300 000 $ par année.
Donc, il faudra s'assurer que ce budget-là, de 5 millions par année ou
25 millions sur cinq ans, puisse
être réparti de manière à combler le manque à gagner de nos territoires. Or, on
constate que, dans les villes qui sont touchées par le budget, il y a
aussi Montréal et Québec. Donc, il faudra éviter de tout mettre l'argent dans
les grands centres de manière à ce que les villes qui ont des superficies qui
sont plus grandes, qui sont longues à couvrir,
il faudra qu'il y ait le financement qu'il faut pour que le transport adapté
soit donné à toute la population de façon convenable.
Condition
féminine. Il n'y a pas grand-chose en condition féminine. On parle de l'égalité
hommes-femmes, la violence conjugale
faite aux femmes, l'agression aux femmes autochtones, bref, un enjeu qui est
important. Qu'est-ce qu'on a dans le
budget? Pas grand-chose. En fait, loin de mettre des fonds supplémentaires, le
gouvernement ne coupe pas deux, pas
cinq, mais 9 % de ce dossier, un dossier qui est très, très chaud, qui est
très, très important, qui est très urgent, très urgent qu'on y apporte des correctifs. On coupe de 14 % le
budget du Secrétariat à la condition féminine. On avait coupé, 2015‑2016,
12 % du Conseil du statut de la femme. On augmente, cette année, M. le
Président, pas 12 %, on augmente de
1 % cette année. On est loin du compte. Le Plan d'action pour l'égalité
hommes-femmes, on coupe, M. le Président, pas cinq, 10, 15, on coupe
87 % du budget de la stratégie 2016‑2021. Elle n'est toujours pas
sortie.
Bref,
M. le Président, en conclusion, ce que je vous dirais, ce budget est décevant.
Et, comme je le mentionnais d'entrée
de jeu, il me fait honte car il nie les trois ans d'austérité qui ont été
imposés aux Québécois. Il nie les coupures qui ont fait mal aux plus démunis. Ce budget se présente comme un budget
généreux, mais qui ne consiste en fait qu'à une infime partie de ce qui a été coupé en services durant les trois
années d'austérité du gouvernement libéral. C'est pour ces raisons que
je trouve que ce budget est inacceptable.
Le Vice-Président (M.
Gendron) : Je vous remercie, Mme la députée de Chicoutimi, de votre
intervention sur le budget. Et je
cède maintenant la parole à M. le député de D'Arcy-McGee pour son intervention
sur le discours du budget. M. le député, à vous la parole.
M. David Birnbaum
M.
Birnbaum : Merci, M. le Président. Il me fait plaisir d'intervenir
dans ce débat sur le budget, le plan économique proposé par mon collègue
le ministre des Finances.
C'est
important de noter que ce budget représente une autre étape cruciale dans
l'implantation d'une vision
responsable cohérente, rigoureuse et
humaniste sur laquelle notre gouvernement a été élu le 7 avril 2014. Bon, voilà un
troisième budget équilibré suite aux
efforts, pas toujours faciles, que nous avons entrepris ensemble. Nous
avons limité la croissance des dépenses
publiques, on ne les a pas coupées, on les a limitées de façon responsable afin
de nous procurer la marge nécessaire
pour faire en sorte qu'on ait la liberté des choix importants pour nous tous.
Notre
vision n'est pas, n'a jamais été une affaire de chiffres. L'idée de nous rendre
à l'équilibre budgétaire n'est pas
un concept pour les économistes, pour les gens d'affaires tout simplement. C'est de redresser le ratio entre les revenus et la dette, ce qui a été toujours
motivé par notre détermination d'honorer enfin la mission primordiale de
n'importe quel gouvernement, c'est-à-dire une mission dont les Québécois... et le Québec s'est toujours distingué, il faut le dire, c'est de prendre soin
des plus vulnérables et de donner à tous les concitoyens les outils pour qu'ils
puissent être autonomes, prospères et
productifs et qu'ils puissent pleinement contribuer à améliorer notre sort
collectif. Voilà un budget à la taille de ces ambitions-là.
J'aimerais
mettre l'emphase de mes quelques remarques sur l'éducation, la santé, les
partenariats et l'appui pour les
regroupements communautaires, et pour les aînés, mais permettez-moi, juste avant,
de faire un petit survol des réactions à notre budget parce qu'il me
semble que c'est intéressant quand on parle des réactions qui viennent de
diverses sources, qui reconnaissent les résultats positifs d'un tel
budget.
À titre d'exemple, je
vous invite d'écouter une citation d'Alain Dubuc : «Un vrai budget, mais
aussi un bon budget, entre autres parce
qu'il nous présente une situation financière saine — pas de déficit, une stabilisation des
dépenses publiques, le début d'une
réduction de la dette. On a tendance à l'oublier, mais c'est quand même
une des missions de l'exercice budgétaire.»
Et
il continue, M. Dubuc, en disant : «Le gouvernement a pesé sur les bons
pitons, [...]il l'a fait sagement, avec des mesures précises et
concrètes, en évitant le saupoudrage», dont ma collègue de Chicoutimi nous
accuse. Voilà Alain Dubuc qui note, à juste titre, qu'on a évité ce
saupoudrage, chose rare, et qu'on a démontrée, et je cite : «...une cohérence interne qui permet par exemple d'arrimer
le développement économique à l'amélioration du système d'éducation.»
Le
maire de Montréal, et je cite : «Le gouvernement a livré un budget
visionnaire, qui comprend plusieurs mesures positives pour Montréal, notamment en ce qui concerne le transport
collectif, l'habitation et le développement économique. Le rôle de la métropole en tant que moteur
économique du Québec s'en trouvera renforcé. C'est un budget qui tient compte
des réalités sociales de Montréal, et l'ensemble de nos concitoyens y
trouveront leur compte.»
A reaction from the Québec English
School Boards Association where I had the pleasure of serving as executive director for 10 years. In a news
release entitled QESBA welcomes the 2017/2018 budget for Education, and
I quote : «The Québec English School Boards Association recognizes
that the Government exceeded the promised 3,5% increase in education funding, showing that Minister Proulx
was listening during the months of consultation and in our discussions.
«The budget deposited today promises
among other specific items an overall 4,5% increase which translates into 600 million [dollars] for the education sector». Bon,
fin de la citation.
Permettez-moi
d'élaborer pour quelques minutes sur les mesures en éducation, santé et le
partenariat dont je parlais pour
l'appui pour les aînés et la communauté. Dans un premier temps, on propose une
augmentation de quelque 4 % pour les dépenses en santé. Ce n'est
pas anodin. Ce montant-là de 4 % pour les Québécois dans ma
circonscription de D'Arcy-McGee et partout,
voilà une chose qui compte parce qu'on parle de réduire les temps d'attente aux
hôpitaux, on parle de faciliter l'accès aux procédures de chirurgie ou tests
diagnostics. On parle de l'argent pour former des «nurse practitioners»,
comme on dit. We plan to add more care giving staff in seniors
residences, and for home care, and to support individuals with autism spectrum
disorder.
Voilà les considérations qui touchent aux Québécois et Québécoises dans
leur vie quotidienne et dont la marge de manoeuvre qu'on a dégagée va
maintenant être employée de façon rigoureuse et utile pour nous tous.
3,4 billions in education success
and for the future of young people, 1,5 billion of it for higher
education. I can tell you,
as parliamentary assistant to the Ministers of Education and Higher Education,
these sums will add key personnel, improve school and college
infrastructure and enhance the educational experience of our children.
There are tax relief and measures for
those in need in this budget. We've eliminated the health tax and refunded last year's contribution for all
but the most wealthy of Quebeckers, a clearly progressive move that will serve
all of us well. At the same time, the
Québec economic plan provides for investments of nearly 590 million
dollars to help those in need by
targeting in particular the fight against poverty and social exclusion, and in
support of aboriginal communities, and in the combat against elder
abuse.
M. le Président, l'amélioration du revenu disponible serait au coeur de
l'approche retenue dans le troisième plan de lutte contre la pauvreté,
dont ce budget en parle, et l'exclusion sociale que présentera mon collègue le
ministre de l'Emploi et de la Solidarité
sociale, un plan qui visera à sortir quelque 100 000 personnes de la
pauvreté, notamment les personnes seules et les couples sans enfant.
Le
plan économique du gouvernement prévoit un investissement additionnel de
quelque 328 millions de dollars pour
améliorer les conditions de vie des personnes les plus démunies. On va le faire
en se prévalant au Fonds québécois d'initiatives
sociales, en construisant des logements sociaux et la rénovation de domicile et
en continuant la lutte contre l'itinérance.
Notre gouvernement prévoit investir davantage, 328 millions de dollars,
dans la construction et la rénovation des
logements destinés aux ménages en situation de vulnérabilité, notamment pour
les autochtones, les itinérants et les aînés, et ce, dans toutes les
régions du Québec.
• (20 heures) •
Pour ce faire,
le gouvernement prévoit investir quelque 250 millions de dollars pour la
construction de 3 000 nouveaux
logements sociaux. On prévoit 73 millions de dollars afin de poursuivre
l'adaptation et la rénovation des domiciles privés par l'entremise du
programme Rénovation Québec, du programme RénoRégion et du Programme
d'adaptation de domicile.
J'aimerais
vous parler un petit peu de l'action communautaire. An additional 80 million dollars over five years will be given in support of community
organizations. I see each day in my riding of D'Arcy-McGee, as you all do in
your own, the
vitally important contributions of the community sector in improving the lives
of our citizens. This important increase will support that sector and
it'll make a major difference.
Notre situation économique et financière nous
permet d'investir davantage dans les services à la population tout en
réduisant le fardeau fiscal des contribuables québécois. Les organismes
communautaires interviennent auprès des personnes les plus vulnérables de la
société. En 2015‑2016, quelque 2 986 organismes communautaires en santé et
services sociaux ont reçu du financement
pour soutenir leur mission globale dans le cadre du Programme de soutien aux
organismes communautaires, PSOC. Voilà, les
investissements dont j'ai parlé vont aider les organismes comme Projet Genèse dans ma circonscription, the Cummings
Centre for Seniors, des organismes qui donnent du répit aux proches aidants,
des choses qui comptent dans la vie
quotidienne, et la marge qu'on s'est dégagée va les aider à faire leur travail,
à nous aider collectivement. Le gouvernement reconnaît l'apport
essentiel de ces organismes et voilà pourquoi on investit ce 80 millions
de dollars qui va être bonifié aussi par un autre total de 577 millions de
dollars en 2017‑2018. Voilà l'investissement
total pour les regroupements communautaires. Toujours en soutien à l'action
communautaire, le ministre des
Finances a annoncé dans ce budget 27 millions de dollars sur cinq ans aux
initiatives sociales pour lutter spécifiquement contre la pauvreté et
pour favoriser l'implication de nos jeunes en situation de vulnérabilité.
M. le Président, les indicateurs clés démontrent
que nous sommes sur la bonne voie. En 2016, l'économie du Québec s'est améliorée de 1,7 %. Ce n'est pas
modeste quand on se compare au reste du pays, où ce n'était que 1,4 %,
et aux États-Unis, où ce n'était que
1,6 %. De plus, le Québec s'illustre en tant que leader en ce qui a trait
à la création d'emplois. Bon,
j'admets qu'une bonne nouvelle comme ça risque de frustrer nos collègues de la
CAQ, qui risquent de voir leur
discours défaitiste journée après journée sur le sort du Québec rendu de moins
en moins crédible. Voilà, il me semble,
un indicateur sur lequel on va s'entendre. On ne parle pas d'un chiffre, on
parle des personnes, des êtres qui sont au travail de plus en plus,
suite à notre budget et suite à nos plans.
Je veux juste
parler un petit peu justement de la réaction de nos collègues des formations de
l'opposition. Comme j'ai noté, il
faut souligner que nous n'avons pas coupé, nous avons limité la croissance des
dépenses justement pour nous donner
la marge de manoeuvre pour réinvestir dans nos écoles, dans la santé, dans nos
seniors. Bon, selon nos adversaires, on
parle d'une politique d'opportunisme. Il me semble que nos concitoyens, qu'ils
soient à Montréal, Québec, Rimouski, aux
Îles-de-la-Madeleine, ne sont pas dupes. Ils n'avalent pas le raisonnement des
formations de l'opposition. Il s'agit en quelque part de l'incohérence du Parti québécois, qui s'est engagé, en
campagne, de lutter contre le déficit eux-mêmes aussi, mais qui s'oppose chaque fois qu'on proposait des mesures de
contrôle sur les dépenses. Pour la députée de Chicoutimi tantôt, parler
d'être insultée, des pots cassés, d'un travail broche à foin pour créer un
surplus de quelques milliards de dollars;
ça, c'est le «due diligence», c'est le travail collectif des Québécois et
Québécoises. Oui, on a travaillé ensemble et il y avait des moments
difficiles. Mais voilà un surplus qui va nous donner les outils pour rebâtir
nos écoles, pour accompagner nos aînés, pour être là pour nos jeunes et nos
plus vulnérables.
Bon, on peut parler aussi de l'incohérence de la
CAQ, qui voulait proposer d'autres coupures, des impôts des contribuables, on prenait l'argent du Fonds des
générations. Bon, voilà le fonds qui appartient à nos enfants, on n'est pas
pour l'hypothéquer, on est pour continuer à se comporter de façon responsable.
Bon, puis on
n'a pas parlé de Québec solidaire, qui a de la difficulté à prononcer les mots
«déficit», «dettes»; bof, bien, on va
péter quelques autres nuages et ils vont disparaître. De toute façon, toutes
les formations confondues, si on écoute
le candidat du CAQ, qui va se présenter aussi, si j'ai bien compris, comme
co-porte-parole de Québec solidaire, tout
ce qu'on fait ici depuis 30 ans ne vaut rien. Donc, si on est pour parler
d'un débat sain et réel sur le budget, il me semble qu'il faut être plus
responsable dans nos discours.
Bon, comme
j'ai dit, les Québécois ne sont pas dupes, ils comprennent, et en grand nombre,
ils adhèrent à la feuille de route de notre gouvernement, c'est réaliste,
humain et réel, et on va bâtir le Québec ensemble, à la taille de nos
ambitions. C'est pourquoi je vous propose d'appuyer notre plan
économique. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Alors, je vous remercie, M. le député de
D'Arcy-McGee, de votre intervention. Et
pour la poursuite du débat, je cède la parole à M. le député de
La Peltrie, mais en vous indiquant qu'il va falloir, à un moment donné, qu'il y ait deux intervenants de
votre côté puisque vous avez une banque de temps plus importante que les
deux autres formations politiques. Donc, s'il n'y a pas deux personnes du
gouvernement, bien, à la fin, vous allez discourir pendant longtemps seul, là,
ce qui n'est pas normal par rapport aux heures à utiliser. Ça fait que, si
c'est possible d'envisager qui pourra faire
deux interventions continues tantôt, c'est à vous autres de le gérer pour
éviter ce que je viens de parler. M. le député de La Peltrie, à
vous la parole.
M. Éric Caire
M.
Caire :
Merci, M. le Président. Si jamais ils ont trop de temps, je suis volontaire
pour prendre un tour, M. le Président.
À mon tour d'intervenir sur le budget. Puis j'écoutais le collègue de
D'Arcy-McGee, je pense que je vais avoir deux, trois petites choses à souligner, je l'invite à être attentif,
parce que, oui, l'équilibre budgétaire, c'est un objectif que nous partageons. Ça, il n'y a pas de doute.
Maintenant, un coup qu'on a dit ça, il y a la façon de le faire. Et
malheureusement pour les Québécois, ce budget-là, c'est le budget de la
continuité libérale.
• (20 h 10) •
Je parle un petit peu d'historique parce que je
pense que mon collègue de D'Arcy-McGee et les collègues du gouvernement ont
manqué quelques belles années, depuis 2014, notamment sur les hausses de taxes
et de tarifs. Par exemple, promesse
libérale, la main sur le coeur : Nous n'augmenterons pas les tarifs
d'électricité. Résultat des courses :
2014, une hausse de 4,3 % — pour du monde qui n'était pas supposé
l'augmenter, ça regarde mal; 2015, l'année suivante, ils n'en avaient pas eu assez, ça fait qu'on a
augmenté de 2,9 %. Résultat des courses : au-dessus de 110 $
qu'on va piger dans la poche des Québécois. Quand le député de
D'Arcy-McGee dit : À chaque fois qu'on prend des mesures pour atteindre l'équilibre budgétaire, l'opposition
s'oppose, bien oui, je ne suis pas d'accord avec ça, des hausses de taxes et de
tarifs, puis je ne suis pas d'accord avec
ça, un parti politique qui ne respecte pas ses promesses. Désolé, on est faits
comme ça.
Mais ça, ça
ne s'arrête pas là, ça ne s'arrête pas là. Non, non, ils ont continué, ils nous
ont dit : Aïe! On a trouvé un
filon. Le premier ministre, main sur le coeur : Nous n'augmenterons pas
les tarifs de garderie. Pire que ça, il a déchiré sa chemise en campagne électorale parce que le
Parti québécois voulait faire passer les tarifs de garderie de 7 $ à
9 $. Résultat des courses :
on a augmenté les tarifs de garderie, et, pour certains de nos concitoyens,
c'est 20 $ d'augmentation. À 9 $, c'est un choc tarifaire. À 20 $, ça s'appelle comment? M. le
Président, 661 $ en moyenne qu'on va piger dans la poche des Québécois. Bien non, on n'est pas d'accord
avec ça, du monde qui ne respectent pas leurs promesses, puis on n'est pas d'accord avec ça, du monde qui augmentent les
taxes, parce que c'est la seule façon que vous avez trouvée de faire
l'équilibre budgétaire.
Bon. J'aurais continué. Les taxes scolaires, on
a sous-traité ça; les augmentations de taxes municipales, on a sous-traité ça; les hausses de primes d'assurance,
les hausses de baux. En tout cas, bref, on a trouvé toutes sortes de façons
d'aller chercher de l'argent
dans les poches des Québécois,
1 327 $ depuis que ce gouvernement, la main sur le
coeur, disant : Nous
n'augmenterons pas les taxes et les tarifs des Québécois, n'ont pas respecté
leur promesse et ont augmenté les taxes et les tarifs des Québécois.
Là, ils nous
disent : Aïe! On est bons, on s'est dégagé des marges de manoeuvre. On va
en redonner aux Québécois. 510 $? Bon. 1 327 $ moins 510 $, ça fait 817 $. Ça fait que les Québécois
sont dans le rouge de 817 $ à cause de vous autres. Non, ce n'est
pas une bonne nouvelle, M. le Président. Mais là on a toujours sensiblement la
même question...
Ah! puis
c'est vrai, hein, j'allais oublier, ma collègue de Saint-Hyacinthe aujourd'hui
nous apprend quelque chose. Hydro-Québec,
hein, Hydro-Québec nous surfacture de 1,4 milliard. Ils le savaient, ils le
savaient. Non seulement ils le savaient, mais ça fait partie de la façon
d'aller chercher l'équilibre budgétaire. Le collègue de D'Arcy-McGee dit :
L'opposition n'est pas d'accord avec les
moyens qu'on prend. Bien non, bien non! Surfacturer les Québécois puis oublier
de le dire, faire ça un petit peu dans
l'ombre, on n'est pas d'accord avec ça. Bien non, on n'est pas d'accord avec
ça, puis on ne le sera jamais. Ce que
je trouve triste, c'est que vous soyez d'accord avec ça. Ça, c'est triste.
Donc, surfacturation de
1,4 milliard, comme si les augmentations faites au grand jour n'étaient
pas suffisantes, il fallait aller en chercher encore, et encore, et
encore dans poches profondes.
M. le
Président, pourtant, ce gouvernement-là nous avait dit : Bon, tu sais, on
va faire le ménage, on va s'occuper des
vraies affaires puis on va s'occuper de cet État — comment disait le premier ministre
Charest? — obèse et
tentaculaire. On va en reparler, de
ça, l'État obèse et tentaculaire. Ce n'est pas moi qui le dis, c'est l'ancien
premier ministre Charest. On va
regarder ça. Qu'est-ce qui s'est passé de ce côté-là, M. le Président? Bon. Il
y a eu beaucoup de grandes réformes qui ont été proposées, il y a eu
beaucoup de coupures qui ont été faites.
Qu'est-ce que
ça a donné, tout ça? Je regardais l'excellent Stratégie de gestion des
dépenses. Si, à un moment donné,
M. le Président, vous avez des insomnies, là, je vous le recommande, ça marche.
Si on regarde ça, quand on regarde les
effectifs globaux du gouvernement, alors, effectifs utilisés en 2014‑2015,
l'effectif total, en ETC... Ah oui, c'est
vrai, j'oubliais de vous dire, M. le Président, avant 2014‑2015, si vous vouliez savoir combien de gens
travaillaient pour le gouvernement, mettons 2013‑2014 ou avant, on ne le sait pas. Non disponible.
C'est bon, hein? On ne savait pas il
y avait combien de monde sur la liste
de paie. On a été obligés de faire une loi pour compter combien il y avait
de monde qui travaillait pour nous autres. C'est bon. Génial. Ça aussi,
on trouve ça particulier. Sérieusement. Mettons un bon gestionnaire qui ne sait pas il
y a combien d'employés qui
travaillent... Puis tu lui demandes : Combien d'employés travaillent
pour toi? Pfft! Je ne sais pas. Hé, vous seriez éligible à des bonus de
Bombardier avec des réponses de même.
Alors,
effectifs en 2014‑2015 : 476 674. Là, on nous avait promis de faire
le ménage, rationaliser et puis aller couper dans le gras. Les effectifs en 2015‑2016 : 468 526. Au total, c'est 5 258 de
moins. Quand on regarde ça d'un peu plus près, M. le Président, c'est... D'abord, sur 468 000, 5 000 de moins, on s'entend que,
tu sais, il n'y a pas un gros effort de rationalisation qui a été fait.
Mais, M. le Président, ce que le budget actuel nous annonce, c'est qu'on va
rajouter 3 186 ressources. Ah, on
va en réembaucher. Et on va les réembaucher hors fonction publique. Ça fait
que, quand on dit à ce gouvernement : Vous avez coupé dans les
services, la réponse est là. Puis c'est clair que oui. Quand tu coupes, théoriquement, dans l'administration publique en
général 5 258 postes, que tu en rajoutes 3 186, j'imagine que
c'est parce que ces gens-là donnaient des services. Ça fait que, quand
on a dit à ce gouvernement-là : Vous avez coupé dans les services en santé, vous avez coupé dans les
services en éducation, vous avez coupé dans les services à la population, puis
c'est comme ça que vous avez atteint le
déficit zéro, bien, c'est écrit dans vos chiffres, pas dans les nôtres. Ce sont
vos chiffres. Alors, M. le Président, quand mon collègue
de D'Arcy-McGee dit que les oppositions ne sont pas d'accord avec les mesures qu'on prend, non, nous, c'est à
la bureaucratie qu'on voulait que le gouvernement s'attaque, et non pas aux
services aux Québécois. Alors, c'est clair.
Mais donc, M.
le Président, l'effort de rationnement des ressources de ce gouvernement, hors
fonction publique, c'est
2 241 ETC. Wow! On parle quand même d'au-dessus de
400 000 personnes. Et là le président du Conseil du trésor, l'autre jour, avait bien offusqué, parce qu'on lui
parlait des Gilles. Non, ça c'est... Il y en a un. Sur le lot, là, il y en a un.
Et là je lui parlais, moi, de cette centaine
de personnes recensées à faire de la révision de programme. Puis je reviendrai
sur la révision de programme, M. le
Président, mais juste parler des ressources: une centaine de personnes
recensées dans les différents ministères et organismes, attitrées à faire de la
révision de programme. On dit : Parfait, est-ce qu'on pourrait voir les rapports que ces gens-là ont produits? Il
n'y en a pas. Oui, mais il y a une directive qui dit qu'il faut qu'ils fassent
de la révision des programmes. Oui, mais la
directive n'est pas appliquée. O.K. Mais ils font quoi d'abord, les
100 personnes? Sait pas. Sait pas.
Ça fait que,
ça, M. le Président, là, quand on vous dit que le ménage n'a pas été fait,
quand on vous dit que c'est dans les services qu'on a coupé et non pas dans la bureaucratie, en voilà un autre exemple. Alors, non, je ne peux pas être d'accord
avec mon collègue de D'Arcy-McGee. Clairer des travailleurs sociaux, clairer des
orthophonistes, des orthopédagogues puis garder une gang de Gilles, bien
non, je ne peux pas être d'accord avec ça. Il a raison.
M. le Président, on a eu droit, au début du mandat de ce gouvernement-là, à la commission Robillard. Là, je fais appel à votre mémoire parce qu'il n'y a plus
beaucoup de monde qui se souvient de ça. Ça a fait un beau gros show de boucane parce qu'on avait dit : Là, au
Québec, il y a trop de programmes, il y a trop d'organismes, il y a trop de
choses dont on ne sait pas si ça
fonctionne. Je vous rappelle, là, 2013‑2014, effectifs utilisés, l'information
n'est pas disponible. Donc là, on
s'est dit : On va faire de la révision de programmes. On va regarder
chaque programme. On va regarder les budgets.
On va regarder la pertinence. On va regarder l'efficacité. Puis là on va mettre
sur pied une commission indépendante qui
va nous dire comment on doit faire ça. Commission Robillard, ça a coûté
quelques millions de dollars, soit dit en passant.
Pourquoi?
Bien, en tout cas, dans le cas de la révision de programmes, on sait que ça a
permis à 100 personnes de justifier
le fait qu'ils rentraient au travail sans rien faire. Ça, c'est la première
mauvaise nouvelle. La deuxième mauvaise nouvelle, c'est... J'ai posé la
question au président du Conseil du trésor : Là, qu'est-ce qu'il s'est
fait comme révision de programmes?
J'arrive avec un plan idéalement d'ici la fin de la session. Oui, mais c'est
parce que ça fait trois ans, là, que vous
nous parlez de révision de programmes, puis ça fait trois ans que vous avez mis
sur place une commission, ça fait trois
ans qu'elle a déposé le rapport, puis ça fait trois ans que vous embauchez
100 personnes qui ne font rien. Puis la grande nouvelle, c'est qu'au printemps on va avoir un
plan pour la révision de programmes. Donc, ce que je comprends, c'est qu'il ne s'en est pas fait. La marchandise n'a pas
été livrée. Ça a été un beau gros show de boucane pour faire semblant qu'on allait être des bons gestionnaires. Mais la
vérité, c'est que l'équilibre budgétaire, on l'obtient en taxant, en augmentant
les tarifs des gens et surtout pas en étant des bons gestionnaires,
surtout pas.
Alors là, il
y a un autre domaine, M. le Président, où on avait envie d'interroger le
gouvernement. Puisqu'il ne fait pas
de révision de programmes, puisqu'il n'a pas le contrôle de ses effectifs, on
se dit : Bon, bien, il va aller chercher dans la gestion des
technologies de l'information. Là, je vous vois sourire, M. le Président, intérieurement.
Une voix : ...
• (20 h 20) •
M.
Caire :
C'est de la télépathie. Alors, on regarde ça. Si je dis «SAGIR», M. le
Président, SAGIR, ce que les fonctionnaires
appellent, je dirais, maintenant, avec dérision, ça shire, parce que ça shire pas
à peu près... Je vous rappelle, historiquement, c'était supposé coûter
80 millions, on vient de péter le milliard. Ça, ce n'est pas la fin des
mauvaises nouvelles parce que, sur sept
modules, on en a deux d'implantés, puis on pense faire le troisième à un moment
donné, puis les quatre autres, on ne
sait pas. Ça fait que je peux-tu vous dire, M. le Président, que ça, ça n'a pas
fini de nous coûter un bras puis une jambe?
Alors, quand
mon collègue me dit que l'opposition n'est pas d'accord avec les mesures qu'ils
prennent pour obtenir l'équilibre
budgétaire, bien non, parce qu'un fiasco informatique de cette ampleur-là,
qu'on n'ait pas encore réussi à trouver des solutions, c'est scandaleux,
c'est scandaleux.
Mais, M. le
Président, ce n'est pas la meilleure.
La meilleure, ce sont les centres de traitement de l'information, l'endroit où le gouvernement entrepose toutes les données dont le gouvernement a besoin pour donner des services pour l'administration de la
province. Il y en a 450...
excusez-moi, je vais me corriger, il y en avait 450, mais comme le gouvernement
est un
petit peu bipolaire, on en a fait un
451e. Mais la beauté de la chose, c'est que le ministre qui était supposé
rationaliser ça, réduire le nombre,
c'est aussi le ministre qui a autorisé le 451e. C'est logique, hein? C'est ça.
Ça, M. le Président, et chiffres
du gouvernement à l'appui, c'est 100 millions d'économies qui nous glissent entre les mains, à chaque
année, depuis 2010. Ça s'est fait en Ontario,
ça s'est fait en Alberta, ça s'est
fait dans un paquet d'autres administrations. Mais, au Québec, depuis
2010, on se dit : Oui, on en a 450, on pourrait ramener ça à trois, puis,
en attendant, on va en faire un 451e. Ça,
c'est le bilan de ce gouvernement, 100 millions de dollars d'économies, à
chaque année, qui nous glissent entre les
doigts. Ça fait que, quand mon collègue de D'Arcy-McGee dit que l'opposition
n'est pas d'accord avec ce qu'on fait, non,
non, parce que nous, on se serait attaqués à ça rapidement parce qu'on n'a pas
les moyens de laisser 100 millions d'économies nous glisser entre les mains. Puis je vois mon collègue de
Jean-Lesage faire : oui, oui, oui. Bien, oui, oui, oui on se serait
occupés de ça, nous. Nous, on se serait occupés de ça.
Et là, M. le Président, la cerise sur le sundae, le
CSPQ. Qu'est-ce que c'est, ça, le CSPQ? Le CSPQ, c'est l'organisation qui doit gérer, normalement, les achats regroupés
des projets informatiques, qui doit s'assurer que tous les services qu'on
peut partager sont partagés. Une petite anecdote, qui était dans le rapport de
la Vérificatrice générale : Vous, M. le Président, mettons que vous avez besoin d'un
iPad — ça
arrive — vous
allez chez Wal-Mart, vous allez le payer 60 $ moins cher que ce que le CSPQ paie alors que lui
en achète des centaines. Ça fait que là, déjà là, tu dis : Moi, je pensais
que l'idée de regrouper des achats, c'était
pour payer moins cher, pas plus. Mais le CSPQ, visiblement, ne partage pas
cette opinion-là. Mieux que ça, M. le
Président, on nous dit : Si on le paie plus cher que le consommateur à
l'unité, c'est parce que nous autres,
on prend les garanties prolongées. Ah oui? Bien, j'ai des petites nouvelles
pour vous autres parce qu'encore là
la garantie prolongée sur un iPad, chez Best Buy, est à 40 $, puis vous
autres, vous le payez 60 $ de plus. Ça fait que là, la réponse
est : Bien, qu'est-ce que vous voulez que je vous dise, c'est ce qu'on me
dit. C'est ce qu'on me dit; ça, c'est la
réponse qu'on reçoit. Bien non, on ne peut pas être d'accord avec ça, une
organisation qui, depuis 10 ans, ne
fait pas le travail, ne livre pas la marchandise. Rapport de la Vérificatrice
générale après rapport de la Vérificatrice générale, cette organisation-là nous met dans la gêne. Et que fait le
gouvernement? Rien. Parce que j'ai posé la question au président du Conseil du trésor, et là qu'est-ce
qu'on me dit? On me dit : Bien, on va arriver bientôt avec une loi. On va
redéposer un nouveau plan. En passant, M. le
Président, des plans pour réformer le CSPQ, là, il y en a quasiment plus
que le CSPQ a d'années, puis ça ne marche pas, ça ne fonctionne pas.
Mais, encore là, M. le Président, des centaines de millions
de dollars qui nous glissent entre les doigts parce que cette organisation-là
ne fait pas le travail, parce que ce gouvernement-là est incapable de faire le
ménage, est incapable de s'assurer
que ces organisations-là livrent la marchandise, répondent aux attentes et font
en sorte que les Québécois économisent
plutôt que de dépenser de l'argent ou de perdre de l'argent, qui font en sorte
que ce gouvernement-là va piger encore et encore dans les poches du même
contribuable, M. le Président, il est là, le vrai scandale.
M. le Président, un gouvernement donc qui n'a pas fait
le ménage dans la gestion de son personnel, un gouvernement qui n'a pas fait la révision de programmes qu'il
avait promis, un gouvernement qui ne fait pas la gestion des technologies
de l'information, le résultat de ça, c'est
qu'on gaspille des centaines de millions de dollars des Québécois. Puis ça,
c'est le résultat net de cette mauvaise gestion. Le résultat net de
cette mauvaise gestion, c'est que, pour atteindre l'équilibre budgétaire, on est obligés d'augmenter encore le
fardeau fiscal des Québécois. Alors, non, nous ne sommes pas et nous ne
serons jamais d'accord avec une aussi mauvaise gestion d'un gouvernement, quel
qu'il soit.
M. le
Président, l'injure à l'insulte, maintenant... parce que, pour conclure, je
pense qu'il faut parler des baisses d'impôt qui ont été proposées par le
gouvernement. On nous avait annoncé, l'année dernière, la baisse ou l'abolition
graduelle de la taxe santé. Cette année, avec un surplus de 3 milliards,
le gouvernement libéral a dit aux Québécois : On va prendre 296 millions puis on va vous donner ça en baisse
d'impôt. Ça faisait 1 $ par semaine. 1 $ par semaine. Après ça, ils se demandent pourquoi les Québécois sont
un petit peu fâchés des augmentations de salaire que les administrateurs
de Bombardier se sont votées. Parce que le
1,3 milliard, là, que Bombardier a reçu, les Québécois, je pense qu'ils
l'auraient pris, cet argent-là, ils l'auraient pris volontiers.
Alors, on
leur a consenti une baisse d'impôt, M. le Président, de 1 $. On dit, à
grandes pompes : On réinvestit en santé et on réinvestit en éducation
surtout, la démonstration a été faite que, quand mes collègues ont dit :
Ils ne font que réparer les pots
cassés, puis encore, bien les chiffres sont là. Les chiffres sont là. Vous avez
coupé dans les services et ce que vous faites maintenant, c'est
simplement de redonner ce que vous avez coupé.
Alors, M. le
Président, non, je ne serai pas en faveur de ce budget. Oui, je suis fier
d'être contre ce budget. Non, le gouvernement
n'a pas livré la marchandise, il n'a pas respecté sa parole, il n'a pas été un
bon gestionnaire et il a fait ce que tous les gouvernements ont fait,
gouvernements libéraux : taxer et taxer encore.
Motion formulant un
grief
Et je profite
des quelques secondes qu'il me reste pour déposer, M. le Président, une motion
formulant un grief :
«Que
l'Assemblée nationale blâme sévèrement le gouvernement libéral pour son
inaction constante dans la gestion chaotique des technologies de
l'information.»
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Alors, je vous remercie. Je vous
remercie, M. le député de La Peltrie, de votre intervention. Et
quant à votre motion de grief, bien, toujours sous réserve de sa recevabilité,
on l'appréciera.
Alors, je cède maintenant la parole à M. le
député de Papineau. Allez.
M. Alexandre Iracà
M. Iracà : Merci beaucoup, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Gendron) : À
vous.
• (20 h 30) •
M. Iracà : Alors, ça me fait plaisir
de parler sur le budget de cette année et je suis content que le député de
La Peltrie ait commencé son discours en mentionnant l'histoire. L'histoire
est vraiment importante, je suis un féru d'histoire,
et, quand on regarde l'histoire, il faut regarder le programme des partis
politiques, et le programme de la Coalition avenir Québec, bien, ce n'est pas compliqué, M. le Président, c'est LeJournal de Montréal. Alors, aujourd'hui, le programme de la CAQ,
c'est du 4 avril 2017, et demain, ça va être du 5 avril 2017. Je vous le dis
d'avance.
Alors, eux
vont dénoncer, ils vont dire que ça n'a pas de bon sens, M. le Président, le
budget que l'on dépose. Ils vont dénoncer ça, mais en même temps ils vont dire qu'ils sont pour qu'on atteigne des budgets
à l'équilibre budgétaire,
mais ils ne diront jamais comment, M. le Président. Jamais, ils ne vont dire un iota d'une solution qu'ils vont proposer
pour arriver à l'équilibre budgétaire. Ils vont dire que ça n'a pas de bon sens, mais
facilement ils vont dire, en regardant Le Journal de Montréal — c'est
leur programme : Qu'est-ce qu'on va donc dénoncer aujourd'hui? Puis demain on a hâte de se lever, demain matin, pour lire
notre programme. Ils n'en ont pas, de programme, M. le Président.
Eux, c'est du
quotidien, ils n'ont rien pour dire comment ils vont atteindre l'équilibre budgétaire. Mais ils font leur job d'opposition, on va leur donner ça, ils vont nous dire, à
chaque dépôt de budget... Puis moi, je vais vous dire, là, dans la rue, depuis que mon collègue ministre des Finances a déposé le budget, on n'a que des louanges sur
le dernier budget. Et, quand le
ministre a lu le budget ici, au salon bleu, je vais vous dire une chose, M. le
Président, de l'autre côté de la Chambre, il y avait des visages longs. Je les
comprends, c'est difficile à dénoncer, un budget équilibré. Et on fait en
sorte qu'on passe, en 2014, d'un déficit de
près de 7 milliards à, aujourd'hui, un surplus de 2,5 milliards.
Qu'on met où? Qu'on met dans le Fonds de générations.
Je n'ai
jamais vu, M. le Président, puis je salue tous mes collègues au caucus, je n'ai
jamais vu un caucus aussi soudé que
ça pour faire en sorte qu'on ne livre pas une carte de crédit pleine à craquer
à nos enfants et à nos petits-enfants. Jamais
plus on va ne faire ça, jamais plus, sous notre gouvernement. Puis, on l'a dit,
pour les cinq prochaines années, on va atteindre
des budgets équilibrés, on va atteindre des surplus qui vont faire en sorte
qu'on va mettre ça dans le Fonds des générations
pour rembourser la dette du Québec, et ça, nous sommes le seul parti à l'avoir
fait. On a de l'argent pour faire en sorte qu'on ne livrera jamais à nos
enfants une dette et avec une carte de crédit pleine à craquer.
Et là-dessus,
je vous le dis, M. le Président, les Québécois sont avec nous. Ils sont avec
nous, pourquoi? Parce qu'ils ne pensent pas à leur petit nombril, ils pensent à
leurs enfants et à leurs petits-enfants, contrairement à l'opposition qui veulent qu'on pige dans la dette... dans le
fonds qui est fait en sorte... pour renflouer la dette. Ils veulent qu'on pige
là-dedans pour donner des bonbons facilement
puis qu'on endette nos enfants. Bien, nous, on ne fera pas ça, M. le Président,
on est assez responsables, dans notre équipe, pour ne pas faire ça.
Et je vous dis, c'est un troisième budget de
suite équilibré. Il y a eu des choses intéressantes aussi dans les crédits,
puis là j'ai parlé de manière un peu plus générale, mais je vais parler de mon
comté, le magnifique comté de Papineau. Il y
a eu, dans le Plan québécois des infrastructures, une nouvelle, pour moi, qui
me fait chaud au coeur, très chaud au
coeur, il y a eu l'inscription de l'autoroute 50 en Outaouais, qui est
très important pour le magnifique comté de Papineau. On en parle depuis longtemps, l'autoroute est là, mais on
veut l'élargir à quatre voies. Et le fait qu'on l'ait inscrit, c'est excessivement important, pas juste
pour moi, mais pour tous les utilisateurs. Parce que nous sommes entre
Montréal, la deuxième plus grande métropole au Canada — je
sais qu'il y en a qui n'aimeront pas ça que je dise «au Canada», mais c'est
quand même la réalité — et
entre la capitale nationale, qui est Ottawa, on avait besoin de cette autoroute-là, on l'a, maintenant on va la faire à
quatre voies. Il y a déjà 2,3 millions qui ont été mis pour l'instauration
de maquette, pour faire en sorte qu'on
puisse mettre une pelletée de terre le plus rapidement possible, entre 18 et
24 mois, et je suis très fier de
ça. Je salue mes collègues de l'Outaouais, qui ont signé la même demande que
moi, pour faire en sorte qu'on fasse
cette demande-là. Et, le député d'Argenteuil, je le salue, le député d'Argenteuil qui a travaillé excessivement fort pour
faire en sorte qu'on puisse travailler ensemble, proposer la même demande pour
l'autoroute. Alors, deux régions qui
se parlent, avec six députés qui ont signé la même demande pour
l'autoroute 50, je tenais absolument à le souligner, parce que ça se retrouve, M. le Président, dans les crédits de ce budget-ci, et j'en suis excessivement fier pour les gens du comté de Papineau.
Il y a eu plus de 1,8 milliard de dollars
additionnels — ça
aussi, M. le Président, ça me tient à coeur, en tant qu'ancien président de commission scolaire — dans le système d'éducation au Québec. Il y
a 1 500 personnes qui vont être
engagées, hein, des éducatrices spécialisées, des psychoéducateurs, des
travailleurs sociaux, des psychologues dans nos écoles, au Québec, pour aider les enseignants — et je salue les enseignants, qui font un
travail exceptionnel — pour faire en sorte de les aider à faire pour ce à quoi ils
sont payés, c'est-à-dire enseigner. Donc, il va
y avoir toutes sortes d'aides qui vont avoir une influence directe sur le
service à l'élève dès septembre 2017. Ça, c'est une excellente nouvelle en éducation. Et ça, on a
pu le faire... Pourquoi on a pu faire ça? Parce qu'on a pris des décisions
difficiles, effectivement. Parce qu'on a su
faire en sorte de cibler des endroits où il y avait des dédoublements de
services, où il y avait de la
bureaucratie à l'extrême. On a coupé dans ces endroits-là pour faire en sorte
qu'on puisse redistribuer dans le
service direct aux citoyens, dans les écoles, pour aider nos élèves, nos
enfants. Et c'est pour ça qu'on est rendus là aujourd'hui, M. le Président. C'est parce qu'on a mis nos culottes. On a
pris des décisions difficiles, mais aujourd'hui on voit le fruit de nos
décisions, parce qu'on peut implanter des sommes d'argent dans le service
direct aux citoyens.
Alors, je
vous dirais aussi, également, qu'en santé... oui, il y a l'éducation, montant
très important qui a été investi, qui va faire une grande différence à court
terme, mais, en santé, il y a beaucoup d'argent qui a été investi également
pour l'embauche de superinfirmières,
entre autres, et pour faire en sorte qu'on puisse réduire le nombre d'heures
d'attente dans les hôpitaux, hein?
C'est un dossier qui traîne depuis plusieurs années. Alors, mon collègue
ministre de la Santé, s'il y en a un qui a mis ses culottes pour faire en sorte
qu'on essaie de faire bouger les choses pour réduire le temps d'attente, c'est
bien lui. Et je pense qu'on est en train de
voir le résultat présentement. Et on va le voir encore dans les années à venir
avec l'argent qu'on a investi.
Dans le comté
de Papineau, en lien avec les investissements en santé, ça va m'aider, moi, M.
le Président, pour le CLSC de
Saint-André-Avellin. On essaie de l'ouvrir sept jours-semaine. Il est
présentement ouvert cinq jours-semaine. Alors, en injectant de l'argent, des sommes d'argent pour des
infirmières, pour des préposés qui vont aider les patients qui sont là, bien, moi, ça va me donner des
arguments, des munitions de plus et un soutien de plus pour pouvoir essayer
d'ouvrir le CLSC de Saint-André à sept
jours-semaine. C'est ce qu'on veut, nous, dans le comté de Papineau. Et on
prend les moyens pour le faire avec ce budget-là.
Alors, il y a
eu également plus de 1 milliard de dollars qui a été mis directement pour
réduire les impôts de la classe moyenne.
Pour les gens de la classe moyenne, au Québec, on a aboli la taxe santé, on a
fait en sorte que les gens puissent récupérer
de l'argent. Ça ne s'est jamais vu, M. le Président, dans les dernières années.
On a réussi à faire ça parce qu'on a ciblé les endroits où il fallait évidemment couper
les dédoublements de services, la bureaucratie, et aujourd'hui on en voit
les résultats. Les gens auront des baisses d'impôt.
C'est quand
même incroyable, dans la situation économique mondiale dans laquelle on se
retrouve, qu'on peut arriver avec un
budget non seulement équilibré, mais un budget qui fait en sorte qu'on dégage
une marge de manoeuvre pour mettre dans le Fonds des générations pour payer la
dette, pour faire en sorte qu'on diminue les impôts, pour faire en sorte qu'on investit en éducation, pour faire en
sorte qu'on investit en santé avec des résultats à très court terme. Je vais
vous dire, M. le Président, moi, je suis
très fier de ce budget-là, puis mes citoyens du compté de Papineau, à chaque
fois qu'ils m'interpellent dans la
rue dernièrement, bien, ils me parlent du budget en me disant : Bravo!
Vous vous êtes tenus debout, vous
avez réussi à faire ce qu'aucun gouvernement n'a fait dans le passé, et vous
n'avez pas eu peur des représailles, et aujourd'hui, bien, on a le fruit
de ces résultats-là.
Il y aura eu des investissements dans RénoVert,
très important pour les régions, les gens qui veulent faire des rénovations pour leurs maisons, il va y avoir des
sommes pour ça. Transport adapté, transport collectif, il va y avoir des
sommes pour ça, c'est excessivement important. La culture aussi, il y a des
sommes qui sont investies dans le budget en
lien avec la culture, très important pour les régions, les petits festivals qui
n'avaient peut-être pas nécessairement les moyens de payer un expert pour faire l'étude de marché, bien, ils vont
pouvoir accéder à des subventions quand même importantes en lien avec
ça. Alors, c'est des bonnes nouvelles pour les régions du Québec.
C'est un
budget équilibré, responsable, on réduit la dette du Québec, on injecte de
l'argent directement pour le service direct aux élèves. Je vais voter
avec grand plaisir en faveur de ce budget. Merci beaucoup, M. le Président.
• (20 h 40) •
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Je vous remercie, M. le député de Papineau,
et je cède maintenant la parole à M. le député de Rimouski pour son
intervention sur le discours du budget. À vous.
M. Harold LeBel
M.
LeBel : Merci, M. le Président. Alors, le magnifique comté de Papineau
qui avait besoin d'une autoroute, puis qui s'est levé, puis il a vu
l'autoroute! Et le magnifique député de Papineau est très heureux aujourd'hui.
Moi, je viens
du magnifique comté de Rimouski et j'ai besoin d'une autoroute. Mais j'ai mis
mes lunettes puis j'ai fouillé, je ne l'ai pas trouvée. Elle n'est pas là. La
route 20, elle n'est pas encore là. Non seulement elle n'est pas là...
Pour relier cette région-là qui est aussi
magnifique que Papineau, le Bas-Saint-Laurent, la Gaspésie, pas d'autoroute qui
se rend là. C'est ça, la situation.
Et le gouvernement libéral a sorti ce projet-là du PQI, plus de planification.
On s'est dit : Peut-être que ce budget-là, après plusieurs
promesses de plusieurs de vos collègues... J'ai dit : Peut-être que ça va
réapparaître. Mais je pourrais être aussi
content que le député de Papineau, du magnifique comté de Papineau. Mais non,
je ne trouve pas : pas
d'autoroute 20, pas d'autoroute 20 au plan. Ça veut dire que, malgré
les belles promesses, il n'y a rien qui va se passer pour relier le Bas-Saint-Laurent et la Gaspésie par autoroute
avant au moins cinq ou six ans, minimum, avant qu'on commence à penser. Ça fait que bien content pour
le magnifique comté de Papineau, mais vous pouvez peut-être regarder
peut-être un peu plus à l'est de temps en temps. Vous allez voir qu'il y a
d'autres problèmes.
Les groupes
communautaires, deux secondes. Vous parlez de pauvreté. À la page 39 du
discours du budget, j'ai encore mis
mes lunettes — j'ai des
problèmes de vue de ce temps-ci — j'ai essayé de voir c'est où, le budget pour
lutter contre la pauvreté. Soutien
aux plus vulnérables, plan de lutte contre la pauvreté, zéro. Pas une cenne.
Comme dirait ma mère, pas une maudite cenne, pas une token. Rien. Zéro. On
parle de 100 000 personnes à sortir de la pauvreté, mais pas une cenne.
Ce qu'on dit, c'est qu'on verra ça à l'automne. Le ministre, il va nous amener
ça à l'automne. Ça, c'est ça, la page
39. Ça dit : Pour lutter la pauvreté, bien, attendez donc à l'automne! On
verra comment qu'on pourra faire ça. Pour l'instant, pas une cenne.
Puis on dit qu'on va sortir
100 000 personnes de la pauvreté. Mais, pour calculer la pauvreté, on
prend une mesure, ce qu'on appelle la mesure
du panier de consommation, qui est une mesure qui pourrait être acceptée, mais,
même selon le gouvernement, selon ses comités d'étude, ce n'est pas la mesure qui fait... qui
explique vraiment le niveau de pauvreté.
Selon ce comité-là, une personne sur 10 au Québec vit en dessous de la
mesure du panier de consommation. Une
personne sur 10 : 800 000. On en vise 100 000. Beau programme!
Non seulement il n'y a pas une cenne, mais on ne vise pas les
gens en conséquence.
Puis, sur les groupes communautaires, bien là,
on a la magie du cinq ans puis des gros chiffres. On investit 80 millions dans les groupes communautaires. Aïe, ça, c'est
dur, c'est «hot». C'est 10 millions cette année dans les groupes communautaires du PESOC, pas une cenne dans le
SACAIS. Dans les groupes qui défendent les droits, pas une cenne, zéro,
encore pas une token, pas une cenne. C'est ça, la situation. Mais là ça permet
aux députés, l'autre côté, de dire : On met 80 millions dans les
groupes communautaires, on est tellement fiers, sur cinq ans, des
investissements. C'est 10 millions cette année, ça va correspondre à peu près à l'indexation.
Puis pas une cenne, je le répète, pas une cenne aux groupes qui
défendent des droits. C'est sûr : on veut mettre de l'argent un peu plus
dans les groupes — qui
font quoi, dans le fond? — qui
donnent des services à des gens qui ont été lâchés par les services publics du gouvernement. Ça, on va investir un peu plus là-dedans. On va essayer de
les aider parce qu'ils viennent donner de l'air un peu à leurs réseaux
qu'ils ont abandonnés. Mais les groupes qui
défendent des droits, qui chialent un peu puis qui mettent de l'huile sur le
feu, comme dit le ministre de la Solidarité
sociale, bien, ces groupes-là, zéro, pas une cenne, contrairement à ce qu'avait
dit le ministre.
On dit :
On va essayer d'aider les initiatives sociales. Aïe, on va mettre 22 millions de dollars! C'est beaucoup. 22 millions, c'est 2 millions cette
année. Première année, 2 millions. C'est ça, là. On annonce des gros
chiffres : 22 millions sur cinq ans, mais cette année,
réellement, c'est 2 millions, rien de plus que 2 millions.
Puis,
la lutte à la pauvreté, la lutte à la pauvreté, comme je disais, le
100 000, si on met la mesure du panier de consommation, le 100 000, ça équivaut... c'est un dixième de ce
qu'il faudrait travailler. Mais ce qu'il faut voir aussi, c'est que, la lutte à
la pauvreté, comment on veut la faire. On revient au projet de loi n° 70
du gouvernement, qui a été adopté, qui
fait en sorte qu'on veut... des jeunes demandeurs de l'aide sociale dans une
région, qui ne sont pas capables s'inscrire dans un processus, dans un parcours, comme on dit, bien, ils pourraient
être amenés à déménager, à changer de région. Des jeunes qui refusent un parcours, parce qu'il ne correspond pas
vraiment à leur besoin ou à leur réalité, bien, ils pourraient être coupés,
coupés, coupés dans l'aide sociale. Même la chambre... pas la chambre de
commerce, même le Conseil du patronat
disait que ça n'avait pas de bon sens de couper dans l'aide sociale, dans le
revenu de dernier recours, et c'est ça, le plan de lutte à la pauvreté,
là, du gouvernement. C'est là-dessus qu'on travaille.
Et le budget, qu'est-ce qu'il fait? «[Le
budget,] mine de rien, les contribuables [disposent de] revenu net de [159 000 $] et plus verront leur revenu
disponible, et leur niveau de vie, s'accroître de 1 055 $ par l'effet
de l'abolition de la contribution
santé et du rehaussement du seuil de l'exemption de base. Or, l'effet de ce
budget sera nul ou quasi nul sur le
revenu disponible du dixième de la population sous le seuil [du panier de
consommation].» Bref, on vient enrichir les riches, et, ceux qui sont plus pauvres, bien, on leur dit :
Attendez à l'automne, on verra qu'est-ce qu'on peut faire pour vous
autres.
Et, dans nos
comtés, on le sait, on a plusieurs cas qui viennent nous voir dans nos comtés,
des cas qui sont exclus de l'aide
sociale, par différentes mesures, programmes ou règlements de l'aide sociale,
et qui ont de la misère assez d'aller chercher
un 10 000 $ ou un 12 000 $ par année, un 15 000 $
par année. Puis, pendant ce temps-là, bien, ces personnes-là écoutent
les dirigeants de Bombardier augmenter leurs salaires à coups de millions, les
médecins augmenter leurs salaires. Ils se
disent : Comment ça se fait qu'il n'y a pas une cent ou quelques cents
pour moi là-dedans, dans tout ce qui se fait comme augmentation?
Deux, sur les
aînés. Je n'aurais pas haï... Parce qu'on va mettre l'argent au niveau de la
maltraitance, c'est bien correct. On va soutenir des initiatives pour lutter
contre la maltraitance aux aînés. Mais une belle façon de lutter contre la maltraitance, ce serait d'investir dans nos
CHSLD davantage puis en faire des véritables milieux de vie. C'est ce qu'on
ne fait pas aujourd'hui.
Sur les
régions, quelques mots sur les régions. Le ministre est venu annoncer chez
nous, là, le FARR, le fonds de rayonnement
des régions. Pour rayonner, ça rayonne, je vais vous dire. Quand il nous
annonce 30 millions... Cette année, c'est 30 millions pour 15 régions. C'est ça, l'affaire, malgré
les 125 puis les gros chiffres qu'on va nous annoncer, là, c'est 30 millions cette année pour 15 régions.
Le Bas-Saint-Laurent, ça pourrait dire 2,5, on calcule 2,5 millions,
peut-être, pour le Bas-Saint-Laurent.
C'est ça qu'il nous annonce comme une révolution, qu'il nous disait : On
vous entend, on va écouter vos priorités.
Mais on
regarde la gestion de l'enveloppe. Et notre ministre régional va faire le
chaperon pour voir si vos projets sont bien corrects. Puis le ministre
régional va aller, l'année avant l'élection, déposer des projets, puis annoncer
des projets, puis couper des rubans. C'est
ça qu'il nous a dit, 2,5 millions. Avec, dans le temps, des conseils
régionaux d'élus et des CLD, il y
avait au moins 5 millions pour faire la même chose, gérés par les gens du
milieu. Et là je ne calcule pas les 10 millions,
à peu près, qui transitaient par ces structures-là dans des ententes
spécifiques avec des groupes, avec l'industrie. 2,5 millions qu'on
nous donne en nous disant que c'est la grosse affaire. Il y avait
15 millions avant. Puis on essaie de
nous passer ça, de nous passer ça. Aïe! Le Bas-Saint-Laurent, là, dans le
développement des régions, c'est la région du BAEQ, c'est la région qui a fait le plus d'exemples... d'expériences
de développement régional, de planification. Et on ne viendra pas se
faire se dire que la révolution, c'est par un plan, une série de mesures, mais
toujours gérées par le gouvernement. Ce n'est pas vrai que ça va fonctionner
comme ça.
Les régions,
les régions, tout ce qui touche le développement de nos communautés
rurales — tu sais,
on parlait de festivals tantôt — la fin de la politique de la
ruralité, ça a été une catastrophe pour beaucoup de nos villages. Le
gouvernement ne semble pas s'en apercevoir. Plusieurs villages ruraux ont
besoin, des fois, de petits montants d'argent pour débloquer des projets. Et
maintenant, avec la fin de la Politique nationale de la ruralité, ils n'ont
plus le droit à ces montants-là. Ça n'aurait
pas été difficile, je pense, de faire plus confiance aux régions. Ça n'aurait
pas été difficile de décentraliser
vraiment les enveloppes. Ça n'aurait pas été difficile de faire confiance aux
régions et donner un coup de main,
plutôt que d'essayer de contrôler le développement, le centraliser et faire en
sorte de préparer la prochaine année électorale.
Bref, malgré
la mesure des cinq ans, les annonces de cinq ans, autant en développement des
régions qu'en pauvreté, où on annonce
des gros chiffres, mais des... Cette année, c'est des plus petits chiffres, les
gros chiffres sont plus dans trois, ou
quatre, ou cinq ans. On annonce des gros chiffres, on se pète les bretelles,
mais, dans les faits, sur le terrain, à court terme, actuellement, avec les groupes communautaires, avec les
intervenants qui font le développement local, le développement rural, il
n'y a pas plus d'argent, il y en a moins que les années passées. Merci, M. le
Président.
• (20 h 50) •
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors,
je vous remercie de votre intervention, M. le député de Rimouski. Et, pour la poursuite du débat sur le discours du
budget, je cède maintenant la parole à M. le
député de... excusez, M. le ministre des Affaires autochtones. M.
le ministre, à vous la parole.
M. Geoffrey Kelley
M. Kelley : Merci beaucoup, M.
le Président. La longévité, comme vous le savez, a certains privilèges, et, pour moi, je
pense que c'est la 23e fois que je
vais intervenir dans un débat sur le budget. Curieusement, je pense que j'ai entendu 25 discours du
budget. Mais je vais revenir pourquoi il
y a un écart entre les deux. Et je comprends la tâche, qui est parfois difficile et ingrate, de l'opposition qui doit toujours
essayer de nous convaincre que le verre est à moitié vide. Mais j'ai bel et bien vérifié : il y a beaucoup
d'eau dans le verre. Et moi, j'ai le privilège ce soir de parler de l'eau dans
le verre, c'est-à-dire les bonnes nouvelles qui sont dans ce budget, à deux
niveaux.
Premièrement, je vais intervenir comme ministre
responsable des Affaires autochtones,
parce qu'encore une fois notre
gouvernement démontre notre engagement de renforcer, renouveler nos engagements
pour faire la promotion sociale et
économique des Premières Nations et les Inuits du Québec. Je suis très fier. La
longévité, comme j'ai dit, a ses privilèges.
Il y a 10 ans, 11 ans maintenant, à Mashteuiatsh, j'ai eu le privilège
d'annoncer le premier Fonds d'initiatives autochtones, un fonds de
125 millions sur cinq ans. En 2011, j'ai assisté au budget qui était
présenté par notre ancien collègue Raymond
Bachand, qui a annoncé le deuxième Fonds d'initiatives autochtones. Et, cette
année, pour une troisième fois, mon collègue le député de
Robert-Baldwin, mon voisin, ministre des Finances, a annoncé le Fonds
d'initiatives autochtones pour une troisième fois, un 135 millions sur les
prochains cinq ans qui va nous aider de développer les communautés.
Il y a quatre
grands volets dans le Fond d'initiatives autochtones. Je pense que c'est très
important d'expliquer ça parce que
l'orateur précédent, le député de Rimouski, a parlé qu'est-ce qu'on peut faire
pour les personnes qui ont des plus
grands besoins dans notre société. Je pense que tout le monde convient que nos
communautés autochtones ont besoin de
coups de main, ils ont besoin de l'aide. Les Anishnabe de Pikogan, dans votre
comté, entre autres, sont des personnes qui ont besoin de l'aide du
gouvernement du Québec.
Alors, je
suis très fier que les quatre volets sont... c'est-à-dire un volet pour les
infrastructures communautaires, qui,
dans le passé, nous a permis de construire un gymnase dans l'école de Wemotaci,
qui nous a permis de construire un
centre culturel Kinawit à Val-d'Or, dans le comté de notre ami et collègue
d'Abitibi-Est, qui nous a permis aussi de construire un magnifique
carrefour artistique à Wendake pour les pow-wow. Ma collègue la députée de
Chauveau, je suis certain, va être là le
21 juin pour l'ouverture officielle. Mais ça, c'est les initiatives qu'on
peut faire avec le Fonds d'initiatives
autochtones 2. Alors, j'imagine, il y aura d'autres projets qu'on va être
capables de travailler en partenariat avec les Premières Nations pour
réaliser... dans le volet des infrastructures communautaires.
Deuxièmement, il y a un volet de développement
économique qui nous a aidés de promouvoir beaucoup de... si c'est l'achat pour l'équipement pour la scierie
à Obedjiwan, chez les Attikameks, si c'était pour un magnifique projet, partenariat avec les Algonquins de Lac-Simon et la
SEPAQ, pour la construction de cinq magnifiques chalets à Baie-aux-Sables,
dans le parc de La Vérendrye, que j'ai visité cet automne. C'est un autre
projet magnifique qui a créé des emplois dans
une communauté qui, on sait fort bien, a besoin de la création d'emplois. J'ai
également visité une magnifique
petite usine à Akwesasne, où on fait les bâtons de la croix... «lacrosse». Mais
c'est les jeunes entrepreneurs qui
ont des idées, et ça nous donne, comme gouvernement, les outils pour les aider.
Alors, ça, c'est une autre bonne nouvelle.
Troisièmement,
il y a le soutien pour les femmes, les femmes entrepreneures, la protection,
l'épanouissement des femmes dans
notre société. Alors, il y a un volet qui est réservé dans le Fonds
d'initiatives autochtones pour soutenir les femmes et leurs besoins.
Quatrièmement,
et je pense que c'est très important comme ministre responsable dans un
gouvernement responsable, il y a
l'argent pour aider les communautés de participer dans des consultations. S'il y a
un projet minier, s'il y a des
projets pour l'harmonisation forestière, et tout le reste, ça permet aux
communautés d'embaucher l'expertise nécessaire pour consulter avec les
gouvernements, pour s'assurer qu'on peut avoir un développement harmonieux dans nos régions du Québec, quelque chose qui est très important. Alors, un fonds d'initiatives autochtones n° 3
dans le budget, c'est une très bonne nouvelle.
Deuxièmement, il y a un autre 60 millions pour les
prochains cinq ans pour quelque chose qui est du nouveau : un plan de développement social qui va nous permettre d'adresser certaines
des préoccupations des communautés sur le côté social et culturel. Entre
autres, nous avons fait une consultation de deux jours, au mois de janvier, soulevant la question des
langues et les cultures des Premières Nations, qui est un enjeu très important.
Alors, ça va nous donner les outils nécessaires
pour soutenir les langues et les cultures des Premières Nations et les Inuit
au Québec. Ça va nous permettre de regarder tout
l'enjeu difficile de la protection de la jeunesse en milieu autochtone. Comment
est-ce qu'on peut renforcer ça? Comment
est-ce qu'on peut améliorer ça? Ma collègue la ministre responsable des Services sociaux est déjà
à l'oeuvre à cette question, mais on va renforcer les moyens pour le faire.
Également, la jeunesse. Je dis toujours :
Il faut toujours rappeler le profil démographique de nos Premières Nations, ce sont des communautés qui sont très jeunes. Alors, les outils qu'on peut
faire pour la jeunesse autochtone, je pense que c'est également des
choses très importantes.
Et finalement une nouvelle réalité qu'on voit de
plus en plus, c'est une présence autochtone dans nos milieux urbains, soit à Québec, à Montréal,
à Val-d'Or, Sept-Îles, La Tuque et les autres villes, je pense que
c'est de plus en plus important. Alors, ça va nous permettre aussi
d'aider les centres d'amitié autochtones et les autres partenaires qui sont très importants pour
cette nouvelle réalité, une présence de plus en plus autochtone.
The objective, Mr. Speaker, was
to make sure you have a government that is committed to moving forward the First Nations, their social, cultural and
economic development. I think it's a very important message to send to the
10 First Nations of Québec and to the
Inuit people, that the Government of Québec will continue to support them over
the next five years. That's more... That's
almost 200 million dollars of new money that we will be able to have to
work in partnership with the First Nations, to make those First Nations
move forward together.
Il y a également une couple d'autres petits
projets. Mon collègue le député d'Ungava a noté qu'il y aura un projet de serre au Nunavik. On sait que l'accès aux
fruits et légumes, c'est des coûts faramineux. Alors, il y a un projet pilote
qui va être très intéressant. Est-ce qu'on
peut trouver des moyens de pousser des légumes à Kuujjuaq, ou Inukjuak, ou
Puvirnituq, les villes comme ça? Alors, ça, c'est quelque chose qui est très
intéressant.
Également pour mon
collègue député d'Ungava, les investissements qui sont très importants dans la
route de la Baie-James, parce que ça, c'est
une artère très importante, qui a besoin beaucoup de travail. Alors, également,
dans le PQI pour la nation crie, on va trouver les investissements très
importants au niveau de la route de la Baie-James.
Maintenant,
je suis également... j'ai le privilège d'être le député de Jacques-Cartier, and
the budget we had was very well received in my riding. One
of the principal preoccupations is improving public transport. What can we do
on the West Island? What can we do to make sure that people can get around the
Montréal region more and more efficiently?
The roads are more and more congested. We have more traffic all the time, so
the project that has been brought forward by the Caisse de dépôt is very
well received in my riding.
C'est vraiment une bonne nouvelle si on veut
améliorer le transport collectif. Mais moi, j'écoute les critiques,
souvent, de l'opposition, et c'est comme leur message est : Achetez
d'autres voitures, mesdames et messieurs, parce qu'on ne croit pas vraiment dans l'amélioration du transport en commun.
Moi, j'ai plaidé pour les améliorations. Il y a des projets de train de l'ouest dans le passé, mais
moi, je pense que le projet qui est sur la table répond aux grands besoins
de ma région, de la région métropolitaine
dans son ensemble. Alors, c'est vraiment une très bonne nouvelle qu'on trouve
dans ce budget.
Également,
les autres enjeux qui sont très importants, j'ai participé, avec mon collègue
le ministre de l'Agriculture... Vendredi,
nous étions à Macdonald College, à Sainte-Anne-de-Bellevue, pour deux nouveaux
programmes qu'on va mettre de
l'avant, un projet de la recherche et également a Farm Marketing and Technology
program. It is the access
to agricultural studies at the collegial level. It's
the only place in Québec that can do it. It's a program that has doubled the
number of students over the last few years, so
it's a very exciting program. There are a lot of young people that want to
learn more about agriculture. So,
when, with my colleague the Minister of Agriculture, we made the announcement
on Friday, it was a very exciting
day. And it's a way to strengthen English language education in Québec, and I
was very pleased to see that.
Mais, avant tout — et j'ai écouté les débats cet après-midi et
ce soir — on
revient toujours sur l'importance d'un budget équilibré. Et moi, M. le
Président, comme vous, j'étais là il y a 20 ans, où un autre gouvernement
a fait des énormes efforts pour arriver au déficit zéro. Et alors, quand
l'opposition officielle parle de l'austérité, je vais faire un petit peu appel à leur mémoire, leur mémoire
historique, parce qu'entre 1996-1998 les coupures étaient sauvages. Il n'y a
pas d'autre mot pour ça. Il y a vraiment eu 1 600 médecins mis à la
retraite, 4 000 infirmières. En dollars absolus, les universités au
Québec ont vu des compressions de 25 %. Pas freiné la rapidité de leur
croissance : coupé, en dollars absolus,
25 %. Alors, il n'y avait rien comme ça dans nos derniers efforts, mais
qu'est-ce que nous avons réussi de faire, c'est l'équilibre, alors on ne va pas passer une dette à nos enfants, à
nos petits-enfants, on est beaucoup plus responsables, donc, qu'est-ce
qu'on fait maintenant.
Alors, je
pense que ça, c'est en soi une très, très bonne nouvelle, d'avoir ce genre de
progrès que nous avons fait. Mais
également, maintenant, on n'est pas pris en otages des décisions qui étaient
faites il y a cinq ans, 10 ans, 15 ans, on peut faire nos propres choix. Alors,
quand nos collègues constatent un problème dans leurs comtés, dans leurs
régions, pour l'ensemble de la société
québécoise, on a la marge de manoeuvre, maintenant, qui dit : Oui, nos
écoles ont besoin vraiment beaucoup
de travail pour soit les rénover ou construire les nouvelles écoles. Alors, il
y a les moyens maintenant, pour le ministre de l'Éducation, de le faire.
Notre collègue ministre de la Santé a sa liste de priorités aussi, il va être
capable de faire les choses.
In total, Mr. Speaker, it has
given us the freedom to make some of our own choices as opposed to always being at the mercy of decisions who were taken
five, 10, 15, 20 years ago. So, I think it's a very forward-looking budget,
it's a very positive budget, the glass is almost completely full, if I can
finish what I started.
Alors, c'est avec grand enthousiasme, M. le
Président, que moi aussi, je vais voter pour le plan économique et le
budget pour le gouvernement du Québec 2017-2018. Merci beaucoup.
• (21 heures) •
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Alors, on vous remercie, M. le député...
M. le ministre des Affaires autochtones, de votre intervention. Et je
cède maintenant la parole, toujours sur ce même discours du budget, à Mme la
députée de Mirabel pour son intervention. À vous, Mme la députée.
Mme Sylvie D'Amours
Mme
D'Amours : Merci, M. le Président. Permettez-moi de commencer par une
question : Pour qui le gouvernement libéral travaille? On a entendu, dans le discours du budget... et le
ministre l'a nommé le discours du budget de l'espoir. «L'espoir», un
grand mot. Alors, je vais y revenir plus tard, à l'espoir.
Un budget, c'est des chiffres, M. le Président, tout
le monde le sait. Des chiffres, aussi, c'est malléable quand on a des colonnes et qu'on veut qu'ils
fonctionnent, plusieurs façons d'interpréter les chiffres. Il y a
aussi plusieurs façons d'interpréter le but, d'interpréter
la vision. On utilise des beaux mots, hein, on utilise des mots pour des
discours, qui peuvent démontrer que, bon, on
a repris le contrôle. Qui l'avait perdu? On les travaille de façon à
bien paraître — qui
paraît mal? — parfois pour apaiser la pression médiatique,
parfois pour essayer de faire taire l'opposition, pour aller vers aussi, on va se le dire,
des prochaines élections. Pour qui le gouvernement libéral travaille?
Depuis plusieurs
années, nous avons en majorité, je dirais même, presque en totalité, un gouvernement libéral. Le résultat : les finances du Québec vont-ils bien? Bien
non! On reçoit 11 milliards de péréquation, M. le Président, 11 milliards. Ça va bien? Je ne suis pas sûre. Le Québec
recule, on est 11 sur 11. Aïe! Quelle fierté! Bravo! Qui est responsable
de ça? Le Québec a de plus en plus de difficulté
à se définir, le Québec perd sa fierté, par ses sièges sociaux qui s'en
vont. C'est vrai, il y en a d'autres qui reviennent, qui s'en viennent
ici, mais, quand on compte ceux qui partent et ceux qui viennent, on est en
déficit. Mais qui nous a mis dans cette situation? Qui a rempli la carte de
crédit de nos enfants?
Vous
savez, j'ai eu un sourire lorsqu'on a parlé de l'autoroute 50. Ce n'était
pas un sourire de moquerie, M. le Président, c'était un sourire pour ne
pas verser une larme. L'autoroute 50, au tout début, aux élections de 2012
et aux élections de 2014, c'était une promesse électorale des députés libéraux,
qui s'étaient réunis, et qui avaient fait une conférence
de presse, et qui disaient que la 50 allait être rallongée, rénovée, avec des
structures pour faire en sorte que l'autoroute 50 serait plus
sécuritaire. Il n'y a pas si longtemps, les députés se sont réunis, ils ont mis
leurs efforts en commun, ces mêmes députés
qui avaient fait une promesse électorale, ces mêmes députés qui ont écrit une
lettre au ministre. Allo! Ils sont au gouvernement. Comment ça se fait
qu'ils doivent se réunir, faire une pression, écrire une lettre au gouvernement? D'habitude, c'est l'opposition qui
fait ça. Bien là! Bien non. Quand on me dit que le caucus est tissé serré,
qu'ils sont tous d'accord d'une même avenue,
quand ils sont obligés de se réunir puis d'écrire une lettre à leur ministre
pour parler au ministre, permettez-moi d'en douter.
Je veux juste
vous rappeler que, pour les députés libéraux, cette autoroute servira à
l'économie de leurs régions, c'était
le discours qu'ils avaient, ils ont fait les radios, c'est vraiment pour l'économie
de leurs régions. Mais moi, je veux juste
qu'il n'y ait plus de mort sur cette autoroute-là. Moi, je veux juste que ce
soit sécuritaire. Je ne veux plus qu'il y ait de famille qui soit décimée parce qu'il y a quelqu'un de leur famille
qui est mort sur cette autoroute-là. Je veux juste ça, moi. Une mort,
c'est une mort de trop.
Des budgets libéraux se sont succédé, mais les
discours de ces budgets ont-ils été si différents? Je ne pense pas. Ils avaient tous un dénominateur commun. Celui de
la réélection était un dénominateur assez prédominant. Le geste posé par le gouvernement
libéral pour le dernier budget a été
de piger dans les poches des contribuables, par habitude. C'est simple,
c'est efficace, puis on a toujours fait ça, ça fait qu'on va le refaire. C'est
devenu une réalité, c'est devenu une évidence.
Un gouvernement responsable aurait dû avoir une stratégie pour
sortir le Québec de ce grand trou noir qu'est la dette sans encore une fois de plus piger dans
les poches des familles du Québec. Ils auraient dû avoir une vision à long
terme et non une vision d'élections prochaines.
Pour qui le gouvernement libéral travaille? Il y a eu l'augmentation des tarifs de garde, l'augmentation des tarifs
d'Hydro. Le Québec... le gouvernement, c'est-à-dire, se targue d'avoir un taux de chômage très bas.
S'est-il questionné pourquoi? Le gouvernement se targue d'avoir créé des emplois. S'est-il questionné si c'étaient
des emplois payants? Le gouvernement se targue d'avoir atteint un déficit zéro. S'est-il questionné sur la façon dont il l'a atteint? Quand tu vides
les poches des familles puis que tu prends
même la petite monnaie sonnante, là, qui reste dans le fond des poches, quand
tu lui prends 1 300 $ puis que tu lui en remets 510 $ — je pense qu'il y a une différence d'à peu
près 800 $, à peu près — moi, je n'appelle pas ça un budget de l'espoir, j'appelle ça plutôt un budget
du désespoir. Malheureusement, le problème restera entier, M. le
Président. Pour qui le gouvernement libéral travaille?
Nous
avons un véritable problème démographique au Québec. Il y a une baisse de
natalité puis il y a le vieillissement. Quelle est la vision à long terme du gouvernement? Je n'en ai pas
trouvé, aucune, dans le budget. Ah! il y a encore la vision à court terme,
celle de l'immigration. On ouvre la machine. On ne se soucie pas de bien les
intégrer. L'important, c'est d'avoir
du monde qui vont contribuer à la collectivité québécoise. Bien, qu'est-ce que
ça donne? Ça donne des drames qu'on a
vécus. On a juste à penser au dossier d'Uber. Le drame dans tout ça, M. le
Président, ce n'était pas que les gens perdaient leurs permis ou qu'ils
perdaient... c'est que ces gens-là, quand ils sont arrivés ici, ils avaient des
métiers, ils étaient architectes, ils étaient dentistes, docteurs. On leur a
fait miroiter : Venez au Québec, venez participer à la collectivité québécoise, mais, quand ils sont
arrivés ici, on ne les a pas bien intégrés. On les a laissés à eux-mêmes. On
n'a pas reconnu leur métier. Bien,
qu'est-ce que ça a fait? Ça a fait des gens qui ont acheté des taxis, des
permis de taxi, puis aujourd'hui ils
vivent avec le problème d'Uber. Mais ce n'est pas le drame, Uber. Le drame,
c'est de les avoir fait venir ici en grand nombre et de ne pas s'en
avoir occupé.
• (21 h 10) •
J'entends, depuis quelques heures, que c'est un budget
innovateur, un budget responsable, un budget de l'espoir. On lance des montants, on lance des chiffres,
hein, tu sais, comme si on était généreux, là : Voyez, nous sommes
généreux! Jean Gastaldi écrivait dans
Le petit livre de la compassion: «Être généreux, c'est généré le bien
pour autrui.» J'encourage le gouvernement à lire ce livre, cet ouvrage, M.
le Président, car, de toute évidence,
en les entendant, pour eux, être généreux, c'est gérer le bien d'autrui.
Dans
l'optique d'un monde meilleur, qu'a fait le gouvernement libéral lorsqu'on lui a tendu la main pour fermer le
dossier de la neutralité de l'État, lorsqu'il y a eu l'attaque à Québec, le
drame qu'on a vécu, le drame où tous les citoyens
du Québec ont sympathisé avec les gens qui étaient touchés? L'espoir, M. le
Président, aurait été de prendre la main tendue des oppositions. Le
désespoir, c'est de devoir encore en parler.
Pourquoi
sommes-nous élus? Pourquoi nous donne-t-on le privilège de représenter les
citoyens? On n'est pas ici parce
que... On l'a voulu, oui, mais juste le vouloir, ce n'est pas assez, ça prend
des votes, ça prend des gens qui vont croire en nous, ça prend des gens
qui vont nous donner le privilège de siéger ici.
Pour qui le
gouvernement libéral travaille? Dans l'optique de donner des services de
qualité, pourquoi n'a-t-il pas donné
suite à nos demandes pour nos aînés? L'espoir, M. le Président, c'est deux
bains par semaine pour nos aînés, ça, c'est l'espoir. Le désespoir,
c'est la débarbouillette. L'espoir d'un repas avec un budget de 4 $ au
lieu de 2,14 $. Le désespoir, c'est de
les priver de petites boissons gazeuses. Dans l'optique d'une équité envers les
générations futures, les générations
futures ne viennent-elles pas de nos familles actuelles? L'espoir de redonner
un souffle à nos familles en leur remettant
1 000 $ par famille, c'était ça, notre espoir. L'espoir, c'était de
donner une chance à tous les enfants de quatre ans d'entrer dans un système scolaire avec des
professionnels pour les accompagner en cas de difficulté. C'est de leur donner
un milieu de vie sain dans des écoles à l'image d'une réussite, de la réussite.
L'espoir, c'est de faire confiance aux professeurs,
car ce sont eux qui formeront nos futurs informaticiens, nos docteurs, nos
infirmières, plombiers, électriciens, banquiers
et politiciens. Le désespoir, c'est d'entendre dire le premier ministre que
l'éducation est une priorité quand, pendant deux ans, nous avons eu le droit à
plusieurs ministres de l'Éducation, avec tout un discours relativement
différent, avec une vision différente
des commissions scolaires, avec une façon de faire, de travailler différente.
Pourquoi changer une formule, hein, pourquoi? Pour qui le gouvernement
libéral travaille-t-il?
Mon
désespoir, et ma consternation, vis-à-vis ce budget a été de voir à qui ce discours était
adressé. Pendant la lecture, je
regardais dans les gradins et je voyais des fonctionnaires, je voyais des
lobbyistes, je voyais du personnel, je voyais des amis du parti. Il ne
manquait que les familles du Québec, M. le Président. Hein, si c'était pour eux
qu'on travaillait, si c'était pour eux, ce
budget, où étaient-ils? Vous savez, les familles du Québec,
ceux qui bâtissent notre société,
ceux qui ont été les pourvoyeurs de cet équilibre
budgétaire, ceux pour qui nous devons travailler, où
étaient-ils? C'était mon grand désespoir.
L'espoir,
c'est d'avoir un vrai changement. Je souhaite que les Québécois,
en 2018, donnent une grande leçon d'humilité
à ce gouvernement, qu'il soit mis au rancard afin de leur permettre
de faire leur examen de conscience et de se poser l'unique question qu'ils auraient dû se poser pendant plusieurs
années : Pour qui le gouvernement
libéral aurait dû travailler?
Quand
il y a des anges... des enfants, c'est-à-dire, qui viennent à notre bureau, que les parents ne
sont pas capables de parler parce qu'ils pleurent trop, puis qu'on voit ces enfants-là avec des grands yeux qui
sont démunis, qui ne savent pas quoi
dire — ce
ne sont que des enfants — des
enfants dont les parents travaillent, des enfants dont les parents ne sont pas
capables de payer leur compte d'Hydro, leurs comptes à la fin du mois, leur
loyer, qu'ils ne sont pas capables de faire leur épicerie — pourtant, ils travaillent tous les deux, ils
n'arrivent plus — puis on
va leur dire, avec une belle petite tape dans le dos : Bien, voici, on va te donner un beau petit 55 $
par année, et essaie d'aller acheter une paire de lunettes à ta fille,
ça, c'est la vraie misère.
Vous
savez, j'ai eu une semaine ici avec des femmes parlementaires, avec des
Africaines, puis on écoutait leur réalité,
puis je me disais : Mon Dieu! Elles ne sont donc pas chanceuses. Eux, là,
ils n'ont pas de bureau comme nous pour recevoir les clients, les citoyens, les citoyens qui vont à leurs
maisons personnelles, qui s'assoient par terre, un en arrière de l'autre, pour voir leur député. Et là la
députée, ou le député, sort de sa maison, elle doit avoir un bol de riz avec de
la monnaie pour leur payer leur
transport parce qu'ils sont venus la voir. Elle va les nourrir parce qu'ils
n'ont pas d'argent pour les nourrir. Puis on se disait : Mon Dieu!
Nous, ici, ce n'est pas comme ça. On ne vit pas ça. Puis, quand je suis retournée dans mon bureau, je me suis dit :
Ce n'est pas si différent que ça, finalement. La différence, c'est que j'ai un
bureau, oui, j'ai des employés, j'ai des
heures d'ouverture, mais, quand on est à la porte de mon bureau avec des
enfants puis qu'on n'est pas capables
de parler parce qu'on pleure trop, parce qu'on n'a plus d'argent pour acheter
l'épicerie à ces enfants-là, je pense qu'on n'est pas loin, on n'est pas
loin de l'Afrique.
Donc,
le budget qui a été déposé, le budget supposément de l'espoir, il faut vraiment
s'interroger, vraiment. Quand on dit
que nous allons redresser l'économie
puis que ça fait neuf ans, 10 ans, 12 ans, 13 ans de gouvernement qui était, la majorité du temps, libéral, je me targuerais
moins... je me gonflerais moins le torse en disant que c'est le budget de l'espoir. Puis qu'à chaque fois que le ministre
disait une bonne action qu'il allait faire dans son budget, des budgets qui
étaient augmentés de la moitié de ce qu'il
avait coupé il y a deux ans... puis que tout le monde se lève, puis qui sourit, puis qui
applaudit, moi, je me garderais une petite gêne. Parce que c'est sûr que, pour
moi, je ne voterai pas pour ce budget-là. Le budget de l'espoir, je
l'appelle le budget du désespoir.
Motion formulant un grief
Puis, en terminant,
j'aimerais déposer une motion de grief, M. le Président. Je la lis comme
suit :
«Que l'Assemblée nationale blâme sévèrement le
gouvernement libéral pour avoir abandonné complètement les familles
québécoises en ne leur redonnant qu'un pseudo-répit d'un dollar par semaine.»
Merci, M. le
Président.
• (21 h 20) •
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Je vous remercie, Mme la députée de Mirabel, de votre
intervention. Et, comme les autres, votre
motion de grief sera prise en considération conformément aux dispositions
réglementaires. Je cède maintenant la
parole à M. le ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs pour son
intervention sur le budget. À vous, M. le ministre.
M. Luc Blanchette
M.
Blanchette : Merci, M. le Président. Écoutez, j'aimerais faire un peu
la prévention suivante. Je suis venu en politique pour améliorer les
conditions de vie de tous les gens de mon comté, en priorité, et la société, en
général. Je le fais avec tout le
professionnalisme, l'expertise, l'honnêteté, l'authenticité, l'intégrité et le
sens des responsabilités. Pas sûr que le député de La Peltrie agit
de la sorte.
Si
j'insiste sur le budget, le Québec est en bien meilleure santé économique et
financière. Nous avons fait le ménage, comme
n'importe quel ménage qui existe au Québec, c'est-à-dire de tenter d'équilibrer
les revenus avec les dépenses. On va
corriger quelque chose : le surplus québécois qu'on a obtenu provient
principalement de tous les revenus issus soit des revenus d'impôt des
entreprises ou le revenu des particuliers et des taxes à la consommation. Il
s'est créé au-delà de 160 000 emplois
au Québec. Les entreprises se sont mises en mouvement. Ça a payé de l'impôt.
Les travailleurs de ces entreprises-là
ont payé de l'impôt, des taxes. Et c'est 85 % de tous les surplus qui nous
proviennent de cette dynamique-là, cette activité économique là.
Maintenant,
ce qu'on veut faire et ce qu'on observe pour soutenir tout ça, c'est des
revenus personnels disponibles à la
hausse au Québec, des taux de chômage à la baisse, des investissements en
hausse, notamment dans notre région, et une pénurie de compétences en
raison des enjeux démographiques, dont notamment des départs massifs à la
retraite.
Si je me
concentre sur les actions que notre gouvernement a faites sur la forêt, le
Conseil de l'industrie forestière du
Québec souligne notre excellence du travail. Et je prends la peine de les
citer : «"Les crédits prévus au budget vont permettre de soutenir l'innovation ainsi que la
diversification de l'industrie", précise M. André Tremblay, [le]
président-directeur général du Conseil de l'industrie forestière du
Québec.»
En ce qui
concerne le dossier du bois d'oeuvre, parce que les gens nous ont dit qu'il n'y
avait rien dans le budget pour ce faire, on s'entend que, dans un
contexte d'échange avec les États-Unis, il aurait été inapproprié de mettre ça directement dans les budgets. Mais je cite :
«Nous continuons à travailler avec le
gouvernement dans l'espoir d'atténuer les impacts [et] nous tenons d'ailleurs
à souligner l'implication du gouvernement qui comprend bien les enjeux auxquels l'industrie
fait face dans ce dossier ainsi que l'urgence d'agir.» Cité, dixit M. Tremblay.
Ce qu'on
a fait également : le 31 octobre, on a réuni l'ensemble
de l'industrie forestière du Québec à Rivière-du-Loup, dans
le comté de mon collègue, mais l'ensemble de la communauté de la société québécoise,
les syndicats, les municipalités,
les industriels, le Conseil du patronat, la Fédération des chambres de commerce du Québec et le Conseil de l'industrie forestière, tout le monde était là. Il y a
eu des chantiers, les gens ont bien travaillé. Ils nous ont acheminé des résolutions pour pouvoir améliorer,
adapter, moderniser, innover, que notre industrie puisse être l'industrie du
XXIe siècle. Ces recommandations-là, on les a mises en application. Ça a donné 39 mesures différentes. En gros, je vous donne que le ministère Énergie,
Ressources naturelles, par sa politique énergétique, mon collègue... va pouvoir, dans le fond, bénéficier à nos entreprises. Mon autre collègue du ministère de
l'Économie, de la Science et de l'Innovation a mis à contribution des projets
d'exportation et d'innovation. Mon autre collègue du MDDELCC a, par son Fonds
vert, contribué à faire la promotion de la diminution des gaz à effet de serre,
mais aussi la promotion d'une plus grande utilisation du bois en construction, de même que, nos fonds propres au ministère de la Forêt, de la Faune et des Parcs, on a pu contribuer à ce développement-là.
Dans ce cadre
de ce budget-ci, on a bonifié de 22,5 millions tout le
programme d'Innovation Bois, qui était déjà existant. On a ajouté à ça 17 millions pour
la scierie de l'avenir, histoire de prendre ce virage technologique là et de
permettre une plus grande compétitivité à
nos entreprises. On a donné 2 millions à Cecobois, un tentacule existant
auprès du Conseil de l'industrie
forestière, afin qu'on utilise plus les matériaux faibles en empreinte carbone.
De plus, on a ajouté 4 millions de
nouvelles plateformes de développement des matériaux des panneaux composites, donc toute
notre industrie du panneau.
Les rabais
d'électricité, ce n'est pas juste de la théorie, c'est en pratique, puisque,
dans mon propre comté, l'entreprise Tembec
a pu bénéficier d'un programme qui va consolider l'ensemble
de l'industrie forestière, notamment les scieries de l'Abitibi, mais qui va être aussi un bienfait pour le Témiscamingue. On
a ajouté à ça, dans le cadre du plan de caribou forestier, un
7 millions pour faire les inventaires au Saguenay—Lac-Saint-Jean et bien sûr
pour pouvoir bonifier les différentes mesures d'atténuation de la présence du
caribou.
J'irais aussi
sur 41 millions qu'on a mis en renouvellement des ressources, c'est-à-dire
un 17,3 millions pour les infrastructures
de plan forestier, des choses qui sont excellentes pour nous, autant en forêt
publique qu'en forêt privée. Et tout récemment
j'étais avec mon collègue Jean
D'Amour... — ça,
il ne faut pas que je nomme ça — stratégie maritime, et ainsi que le député de
Côte-du-Sud à Saint-Pascal de Kamouraska pour annoncer
10 millions pour la tordeuse des bourgeons d'épinette. Parce que les gens de l'industrie de la forêt privée, notamment,
nous demandaient : Écoutez, la tordeuse des bourgeons d'épinette ne connaît pas les frontières. Vous êtes en forêt
publique, vous êtes dans les grandes forêts privées, peut-on avoir des mesures, nous aussi, dans les
petites forêts privées? Ça va toucher bien des régions, dont de l'Outaouais,
le Bas-Saint-Laurent, la Gaspésie, l'Abitibi-Témiscamingue, bien sûr,
mais essentiellement ça va nous permettre de préserver nos
actifs en la matière. Et les gens qui nous ont suivis dans la matière, soit le
Regroupement des sociétés d'aménagement
forestier du Québec, le RESAM, nous a cités en exemple, comme de quoi qu'on
était à l'écoute de notre industrie.
Et bien sûr la Fédération des
producteurs forestiers du Québec a émis un communiqué de presse pour souligner
la qualité du budget Leitão.
Si on prend quelque temps sur la faune, je tiens
à mentionner, dans le fond, que, depuis ma nomination, on a quand même fait beaucoup de choses. J'étais à
l'écoute avec les différents partenaires, et qu'est-ce que je n'ai pas entendu
de leur part, c'est dire : Écoutez, on
a besoin de plus d'agents de protection de la faune. Bien, avec mon
collègue — je
tiens à le remercier — le collègue... le président du Conseil du
trésor, on a réussi à attacher ça, c'est-à-dire : on a augmenté de 40 équivalents temps complet. Il y a des
gens qui sont à temps partiel qui vont devenir à temps plein et il y a des gens
qui n'avaient pas d'emploi qu'on va finir
par embaucher, parce qu'il y a des départs, il y a un enjeu de départs massifs
à la retraite, et on a un enjeu aussi de formation.
Cela dit, on
va augmenter partout au Québec, dans les moindres recoins, des agents de
protection de la faune, parce que les
gens apprécient cette équité-là qu'on soit pêcheur ou chasseur. Mieux, comme on
croit au développement, puis je
travaille beaucoup avec mon collègue responsable du Secrétariat aux affaires
autochtones, on a augmenté de 10 ETC supplémentaires, autres que les 40 ETC pour les agents de
protection de la faune, on a mis 10 équivalents temps complet d'agents de protection de la faune autochtones, de
façon à ce qu'ils s'occupent de nos parcs plus nordiques. Donc, c'est
une mesure de considération de bon développement.
On va
optimiser nos productions piscicoles, on a mis 13,4 millions là-dedans,
autant pour celle de Coaticook que celle
de Tadoussac. On va ajouter 10 millions — d'ailleurs, j'étais à Carleton aujourd'hui,
en Gaspésie, pour faire cette annonce-là — 10 millions pour la pêche à saumon sur
une période de cinq ans, histoire d'avoir des meilleures procédures d'accueil, c'est-à-dire des plans d'accès aux plans
d'eau, des études de marché ou des infrastructures d'accueil, d'hébergement, etc. Ce
2 millions là pendant cinq ans de temps, pour la valeur de
10 millions, nous permettra d'avoir une meilleure pêche au saumon. Plus, on a ajouté un 5 millions sur une
période de cinq ans, donc 1 million par année, histoire de
développer de la relève ou de la pêche sportive.
Annonce importante pour la SEPAQ, on a ajouté
100 millions, un beau partenariat : la SEPAQ, par ses fonds propres, va mettre 25 millions, le
gouvernement, et ça a été... le gouvernement ajoute 75 millions.
D'ailleurs, mon collègue le ministre
des Finances a bien salué la qualité des dossiers présentés aux gens de la
SEPAQ. J'étais là la semaine dernière à aller les féliciter, les remercier pour
l'excellent travail qu'ils accomplissent, mais essentiellement le développement
de tous ces parcs-là qui se font dans l'ensemble du Québec.
Il me reste
très peu de temps, j'aimerais parler un peu de l'Abitibi-Témiscamingue.
Là-dessus, écoutez, la meilleure exemption que moi, j'ai... Une des
meilleures mesures qui me plaît beaucoup, c'est l'exemption de base qu'on passe
de 11 000 $ à 14 000 $.
Ça sera vraiment de l'argent dans les poches des individus. On a hâte de
pouvoir mettre ça de l'avant. On a
parlé des fonds d'appui au rayonnement des régions, on a déjà un FDT qui existe
pour le gouvernement de proximité, auquel on ajoute de l'argent,
c'est-à-dire, pour le gouvernement, pour les projets plus régionaux.
En
agriculture, en forêt et en mine, c'est les secteurs qui vont très, très bien.
Et je dirais, et je terminerai avec ça, que je serai en faveur, bien
sûr, de cet excellent budget. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : On vous remercie, M. le ministre des
Forêts, de la Faune et des Parcs, pour votre intervention.
Ajournement
Alors, compte
tenu de l'heure, les travaux de l'Assemblée sont ajournés au mercredi
5 avril 2017, à 9 h 40. Les travaux sont ajournés.
(Fin de la séance à 21 h 30)