(Neuf heures quarante minutes)
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, chers collègues, je vous souhaite une très bonne séance.
Veuillez vous asseoir.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Nous en
sommes à la rubrique de la déclaration des députés, et je cède la parole à M. le député de Maskinongé.
Souligner la tenue de
l'événement Bon appétit
Maski, culture et gourmandise
M. Marc H. Plante
M.
Plante : Merci beaucoup, M. le Président. Donc, ce matin, j'ai le plaisir de souligner une
belle initiative des gens de la MRC
de Maskinongé, soit l'événement Bon appétit Maski, qui s'est déroulé du 28 au
29 octobre dernier et se poursuivra ce week-end, soit les 4 et
5 novembre.
À cette
occasion, la population est invitée à venir déguster différentes tables
d'hôte composées de produits du terroir
de la MRC de Maskinongé. Plusieurs restaurateurs sont membres de cette initiative,
donc sept choix de restaurants différents,
M. le Président. À cette occasion, plusieurs prestations
musicales seront présentées par des artistes locaux afin d'agrémenter
les soirées.
Alors, je
tiens à souligner aujourd'hui leur initiative et inviter toute la population
à participer à cet événement. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député de Maskinongé. M. le
député de Bonaventure, à vous la parole.
Féliciter Mme Maryse
Beaudin,
nommée Super Mom du mois
M. Sylvain Roy
M. Roy : Merci,
M. le Président. Je tiens à rendre
hommage à une citoyenne gaspésienne de la région de Chandler,
Mme Maryse Beaudin. En septembre dernier, Mme Beaudin a été couronnée Super Mom
du mois et elle est finaliste pour le titre de Super Mom de l'année 2016.
Ce concours rassemble les femmes héroïques et humaines de partout au Québec.
À la fin
janvier 2016, Mme Beaudin, mère de quatre jeunes enfants, apprenait
qu'elle était atteinte d'un cancer du sein. Après une opération pour
enlever la tumeur, 16 traitements de chimiothérapie, cinq semaines
complètes de radiothérapie, des examens qui
se poursuivront périodiquement et la prise d'anticorps pendant un an, Mme
Beaudin continue à foncer dans la vie.
Elle a repris son cinq kilomètres de jogging trois fois par semaine, se fixe pour objectif
le 21 kilomètres en 2017 et envisage de retourner au travail dès
que possible.
Mme Beaudin,
vous êtes un exemple de courage pour tous, vous êtes positive et
déterminée. Je tiens à vous dire bravo pour votre persévérance et bonne
chance pour la suite des choses!
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député de Bonaventure. M. le
député de Jean-Lesage.
Souligner le 40e
anniversaire du
Service d'entraide Rocamadour
M. André Drolet
M. Drolet : Merci
beaucoup, M. le Président. Je prends la parole aujourd'hui pour souligner le 40e anniversaire de
la popote roulante, service d'entraide d'un organisme de mon comté, Le Patro
Roc-Amadour.
La popote
roulante, c'est non seulement un service de repas complet à domicile et à prix
modique, mais aussi un contact
régulier par lequel les bénévoles en profitent pour discuter avec les
bénéficiaires et s'informer de leur état de santé... et aussi en voyant leur esprit. La popote
roulante, c'est une présence quotidienne qui a un effet positif sur la santé
générale des bénéficiaires et sécurisant pour leurs familles.
Je tiens à féliciter toute l'équipe d'entraide
Rocamadour pour votre engagement auprès des communautés vulnérables du grand Limoilou et à saluer les bénévoles qui, chaque
jour, préparent et distribuent ces repas et contribuent à briser la
solitude pour toute la clientèle de la popote roulante. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député de Jean-Lesage. M. le
député de Beauce-Nord.
Souligner la détermination de la famille St-Hilaire qui a
fait
de la Ferme Famille St-Hilaire SENC un succès
M. André Spénard
M.
Spénard : Merci, M. le Président. Le 28 octobre dernier, pour sa 18e édition de la Soirée des
Sommets, le CLD Robert-Cliche accueillait à titre de conférencier M.
Alain St-Hilaire, fondateur et copropriétaire de la Ferme Famille St-Hilaire de
Saint-Odilon, qui a livré un vibrant témoignage de coeur.
Initié au monde
agricole dès son jeune âge, M. St-Hilaire acquiert au fil des ans des terres,
une vacherie, une porcherie. En 1990, alors
marié et père de trois jeunes enfants, l'entreprise familiale est la
proie des flammes. Avec l'aide d'une
centaine de bénévoles, sa ferme renaît de ses cendres en seulement
six semaines. C'est ça, l'entraide beauceronne.
Alain St-Hilaire
saisit ensuite les opportunités d'affaires qui se présentent à lui :
construction d'une porcherie naisseur-finisseur,
achat de terres d'élevage et de nouvelles fermes. Aujourd'hui, l'entreprise familiale compte 460 vaches laitières, 300 sujets de remplacement, une érablière de 11 000 entailles, 1 400 acres de
terres agricoles, 550 truies, et vend 12 000 porcs à
l'engrais par année.
Alain, Lisette, Ali,
Audrée et Vicky, recevez mes hommages et soyez fiers de votre succès familial.
Merci.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député de Beauce-Nord. Mme la
députée de Chauveau.
Souligner la performance de jeunes athlètes de la
circonscription de Chauveau aux Jeux du Québec
Mme Véronyque Tremblay
Mme Tremblay : M. le Président, permettez-moi de souligner les exploits de
nombreux jeunes athlètes de ma circonscription qui ont participé aux
Jeux du Québec du 17 au 25 juillet dernier.
Parmi
les 3 700 participants, 31 jeunes de mon comté ont remporté pas
moins de 63 médailles, dont 23 en or. C'est avec une grande fierté que je peux annoncer que la circonscription de Chauveau a été la plus prolifique de la Capitale-Nationale.
Je
souhaite féliciter tout spécialement les soeurs Mireille et Juliette Larose-Gingras,
deux citoyennes de Lac-Beauport
qui ont décroché à elles seules neuf médailles dans les disciplines de vélo de
route et vélo de montagne.
Les
Jeux du Québec favorisent la pratique sportive chez les jeunes et les
accompagnent dans leur cheminement vers l'excellence. C'est une belle
façon de les faire bouger et de faire valoir le sport comme saine habitude de
vie.
Je salue tous ces
jeunes athlètes pour leur travail acharné et leur détermination. Vous êtes un
bel exemple d'inspiration pour la jeunesse.
Bravo! Et continuez votre ascension vers les plus hauts sommets. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Merci à vous, Mme la députée de Chauveau. M.
le député de Verchères.
Souligner le 30e anniversaire de l'Association des enfants
et adultes handicapés de Boucherville et Varennes
M. Stéphane Bergeron
M. Bergeron :
Merci, M. le Président. En 1986, l'Association des enfants handicapés de
Boucherville et Varennes fut fondée par des parents désireux d'offrir soutien
et activités adaptées à leurs jeunes ayant un handicap physique ou intellectuel. Trois décennies plus tard, plusieurs de ces
jeunes sont devenus des adultes qui requièrent toujours les services de l'association, ce qui fait que la dénomination
de celle-ci reflète désormais cette nouvelle réalité.
Je salue l'engagement
dont les membres de l'organisation ont fait preuve, durant toutes ces années,
pour le mieux-être et le développement des personnes handicapées de
Boucherville, Varennes et des environs, en permettant à celles-ci de puiser intérêt,
expériences enrichissantes et valorisation à travers différentes activités, le
tout dans un environnement familier, sécuritaire et stimulant destiné à favoriser leur intégration harmonieuse dans la
communauté. L'association permet ainsi aux personnes handicapées de se
découvrir des habiletés, de développer une confiance en elles et de nouer des amitiés qui leur sont précieuses toute leur vie
durant, améliorant ainsi leur qualité de vie et celle de leurs proches.
Merci,
donc, bon 30e anniversaire, et longue vie à l'Association des enfants et adultes handicapés de Boucherville
et Varennes, ainsi qu'à ses membres!
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député de Verchères. M.
le député de Saint-Maurice.
Féliciter
Mme Line Lecours et M. Denis Morin,
récipiendaires de l'Ordre du mérite scolaire
M. Pierre Giguère
M. Giguère : Merci,
M. le Président. Le 13 octobre
dernier, l'Ordre du mérite de la Fédération des commissions
scolaires du Québec, qui vise à honorer une citoyenne
ou un citoyen ayant contribué de façon exceptionnelle à
l'avancement de l'éducation, et particulièrement à la promotion et au progrès des commissions scolaires et du système public d'enseignement, a honoré deux personnes de la commission scolaire de l'Énergie en leur attribuant la médaille de bronze, soit à Mme Line Lecours, commissaire
scolaire, qui travaille avec passion
et dévouement à l'avancement de l'éducation depuis une vingtaine d'années, ainsi qu'à M. Denis Morin, directeur-conseil
en entrepreneuriat, qui oeuvre dans le milieu de l'éducation depuis
33 ans, où il a occupé les fonctions d'enseignant, puis de directeur
d'école.
Je ne pouvais passer sous silence cet honneur et
vous remercie pour votre dévouement envers notre jeunesse. Bonne continuation!
Merci.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député de
Saint-Maurice. M. le député de Masson, pour votre déclaration.
Féliciter les récipiendaires
des bourses de la
Fondation du cégep à Terrebonne
M. Mathieu Lemay
M. Lemay :
M. le Président, le 18 octobre dernier, la Fondation du cégep à Terrebonne
soulignait l'excellence du travail de
ses élèves en remettant les bourses annuelles à ses élèves méritants. Le
programme de bourses comprend une
bourse par programme académique. On y compte également des bourses en français,
pour le leadership fondation, personnalité
de l'année, en sports, en sciences, et ainsi que la bourse persévérance
Julie-W.-Ouimette. Cet événement
permet aux élèves les plus méritants de se distinguer tout en ayant reçu
l'appui de leurs pairs.
J'aimerais
féliciter chaleureusement tous les récipiendaires 2016 et je leur dis de
poursuivre leur travail excellent et de faire en sorte de réaliser tous
leurs rêves.
En terminant, j'aimerais féliciter la Fondation
du cégep de Terrebonne ainsi que toute son équipe pour cette attention particulière à nos jeunes qui démontrent
un effort constant de réussite scolaire. Merci de leur donner l'envie de
continuer, pour ainsi se donner une société qui saura relever les défis de
demain. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Merci à vous, M. le député de Masson. Mme la députée de Mille-Îles.
Souligner la Semaine
nationale des proches aidants
Mme Francine
Charbonneau
Mme
Charbonneau : Merci,
M. le Président. J'invite cette
Assemblée à souligner avec moi la tenue de la Semaine nationale des proches aidants au Québec,
qui se déroule du 3 au 9 novembre. Lancée en 2003 par le réseau de
professionnels pour les proches aidants, elle vise à rendre hommage à ces
personnes dévouées et à mettre en lumière leur contribution importante dans notre société. Nous avons
d'ailleurs parmi nous, dans les tribunes, des représentants de L'Appui et de
l'association des proches aidants.
Cette semaine
est l'occasion de reconnaître à sa juste valeur le rôle inestimable que jouent
les proches aidants auprès de leurs
familles ou de leur entourage et de se montrer solidaires, quelle que soit la
façon. Elle est aussi l'occasion de prendre conscience de cette réalité qui
nous concerne toutes et tous à différents degrés. Les femmes et les
hommes qui décident d'aider quotidiennement
un proche font preuve d'une grande générosité. C'est pourquoi il est important
de les appuyer concrètement dans leur mission au quotidien. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Merci à vous, Mme la députée de Mille-Îles. Enfin, Mme la députée de
Bourassa-Sauvé.
Rendre hommage à M.
Patrice Rodriguez, fondateur et
coordonnateur de l'organisme Parole d'excluEs
Mme Rita Lc de
Santis
Mme de Santis : Merci, M. le
Président. J'aimerais rendre un hommage posthume à M. Patrice Rodriguez, fondateur et coordonnateur général de l'organisme
Parole d'excluEs, décédé il y a quelques mois déjà à la suite d'une
longue lutte contre la maladie.
Le travail acharné de ce grand homme très engagé
socialement est un exemple pour tous. M. Rodriguez, une personne d'action,
s'est toujours investi à la recherche de solutions et d'idées afin de lutter
contre l'exclusion sociale et la pauvreté à Montréal-Nord. Il s'est aussi engagé à combattre ces
situations à l'international. Je tiens à le remercier au nom des
citoyens et des citoyennes de Montréal-Nord pour son apport colossal à notre
société.
En mon nom personnel
et au nom de toute mon équipe, je présente aux membres de sa famille ainsi
qu'aux membres de Parole d'excluEs nos plus sincères condoléances. Merci.
• (9 h 50) •
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, merci à vous, Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Voilà qui met un
terme à la rubrique Déclarations de députés. Et je suspends les travaux de
l'Assemblée quelques instants.
(Suspension de la séance à
9 h 51)
(Reprise à 10 h 1)
Le Président :
Mmes, MM. les parlementaires, nous allons nous recueillir quelques instants.
Présence du ministre de la
Jeunesse et de la Construction
citoyenne du Mali, M. Amadou Koita
Merci. Je voudrais
souligner la présence, dans nos tribunes, du ministre de la Jeunesse et de la
Construction citoyenne du Mali, M. Amadou Koita.
Présence du président du
Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles,
M. Philippe Courard, accompagné d'une délégation de parlementaires
et du délégué Wallonnie-Bruxelles à Québec, M. Benoît Rutten
Et
j'ai aussi le grand plaisir de souligner la présence d'un ami, un grand ami du
Québec, un grand ami du Québec qui a
été très précieux pour nous dans les semaines passées, qui a été un relais
extrêmement important pour nous tout en étant un fier défenseur de la position wallonne, le président du
Parlement de Wallonie-Bruxelles. Sa présence ici et puis son intérêt avec nous depuis plusieurs années,
particulièrement dans les dernières semaines, me permettent, en tout cas, de
pouvoir ici dire que la diplomatie parlementaire a eu quand même beaucoup de
place, et nous vous en remercions beaucoup. Il
est accompagné de parlementaires du Parlement wallon et aussi du délégué de
Wallonie-Bruxelles à Québec, M.
Benoît Rutten.
Nous poursuivons les
affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a
pas de déclarations ministérielles.
Présentation de projets de loi
À la rubrique Présentation
de projets de loi, M. le leader du gouvernement.
M. Fournier :
Oui, M. le Président. D'abord, bonjour. Et je vous demanderais d'appeler l'article a.
Projet de loi n° 118
Le
Président : Alors,
bonjour. Alors, à l'article a du feuilleton, M. le ministre de la Santé et des Services sociaux
présente le projet de loi n° 118, Loi
sur les laboratoires médicaux, les centres de services orthopédiques et les
centres de physiologie respiratoire
exploités par une entité autre qu'un établissement de santé et de services
sociaux. M. le ministre.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : Alors, M. le Président, donc, je présente le projet de loi
n° 118, comme vous venez de le mentionner, la Loi sur les laboratoires médicaux, les centres de services
orthopédiques et les centres de physiologie respiratoire exploités par
une entité autre qu'un établissement de santé et de services sociaux.
Ce projet de loi
modernise l'encadrement des activités exercées dans les laboratoires, les
centres de services orthopédiques et les centres de physiologie respiratoire
qui ne sont pas exploités par un établissement de santé et de services sociaux afin de contribuer à l'amélioration de la qualité et de la sécurité des services offerts. Le régime
juridique mis en place continue de
reposer sur l'effet conjugué de différentes mesures pour assurer la qualité et
la sécurité des services visés. En
plus d'un régime de permis, le projet
de loi prévoit l'obligation faite à certains laboratoires d'obtenir un agrément des services
qu'ils dispensent et l'exigence de désigner un directeur ou un responsable pour
superviser certaines activités. Il maintient
la possibilité pour le gouvernement de prescrire par voie réglementaire
différentes normes, entre autres, en
lien avec l'aménagement et les équipements utilisés ainsi qu'en matière
d'hygiène et d'autres normes de protection applicables aux activités
poursuivies dans ces laboratoires et ces centres.
Les mesures proposées
révisent à certains égards la portée des dispositions actuelles. Les activités
visées en matière d'imagerie médicale
comprendront notamment les échographies et les examens réalisés à des fins de
recherche ou de développement. En
matière de biologie médicale, les analyses de laboratoire visées comprendront
aussi celles réalisées dans un contexte de suivi de la condition physique, de caractérisation
génétique, de même que celles réalisées à des fins de recherche ou de
développement.
En
plus des dispositions portant sur le régime d'inspection et d'enquête et des
dispositions pénales, le projet de loi contient des dispositions
transitoires et modificatives et supprime d'anciennes mesures désuètes.
Le Président :
Est-ce que l'Assemblée accepte d'être saisie de ce projet de loi? M. le leader
de l'opposition.
M.
Bérubé :
M. le Président, nous aimerions avoir des consultations particulières sur ce
projet de loi.
Le Président :
M. le leader du gouvernement.
M. Fournier :
C'est notre intention d'avoir des échanges à ce sujet, M. le Président.
Mise aux voix
Le Président :
Alors, est-ce que le projet est adopté? Adopté.
Dépôt de documents
À la rubrique Dépôt
de documents, M. le ministre des Affaires municipales.
Proposition d'amendement au projet de loi n° 109, Loi
accordant le
statut de capitale nationale à la Ville de Québec et augmentant
à ce titre son autonomie et ses pouvoirs
M.
Coiteux : Oui. M. le Président, permettez-moi de déposer une
proposition d'amendement au projet de loi n° 109, Loi accordant le statut de capitale nationale à la
Ville de Québec et augmentant à ce titre son autonomie et ses pouvoirs.
C'est une proposition que j'entends soumettre aux parlementaires dans le cadre
de l'étude de ce projet de loi.
Le Président :
Ce document est déposé. Mme la ministre du Tourisme.
Rapport annuel de la Société
du Centre des congrès de Québec
Mme Boulet :
M. le Président, il me fait plaisir de déposer le rapport annuel de
gestion 2015‑2016 de la Société du Centre des congrès de Québec.
Le Président :
Le document est déposé. M. le leader du gouvernement.
Réponses à des pétitions
M. Fournier :
Je dépose la réponse du gouvernement aux pétitions présentées par la députée de
Taillon le 21 septembre et par le député de Beauharnois le
29 septembre 2016.
Le Président :
Ces rapports sont déposés.
Dépôt de rapports de
commissions
À
la rubrique Dépôt de rapports de commissions, Mme la Présidente de la
Commission de la culture et de l'éducation et députée de Jeanne-Mance—Viger.
Mme Rotiroti :
...
Le Président :
Je ne vous entends pas. Ça va?
Élection à la vice-présidence
de la Commission de la culture et de l'éducation
Mme Rotiroti :
Alors, merci, M. le Président. Je dépose le rapport de la Commission de la
culture et de l'éducation qui, le 1er novembre 2016, a procédé à
l'élection à la vice-présidence de la commission.
Le
Président : Merci. Alors, ce rapport est déposé. M. le
Président de la Commission des institutions et député de Chomedey.
Élection à la vice-présidence
de la Commission des institutions
M. Ouellette : Merci, M. le Président. Je dépose le rapport de la
Commission des institutions qui, le 1er novembre 2016, a procédé à
l'élection à la vice-présidence de la commission.
Le
Président : Ce rapport est déposé.
Il n'y a pas de dépôt
de pétitions.
Il
n'y a pas non plus de réponses orales aux pétitions ni d'interventions portant
sur une violation de droit ou de privilège.
Je vous avise
qu'après la période des questions et réponses orales sera tenu le vote reporté
sur la motion de M. le ministre des Affaires
municipales et de l'Occupation du territoire proposant que le projet de loi
n° 110, Loi concernant le régime
de négociation des conventions collectives et de règlement des différends dans
le secteur municipal, soit adopté.
Questions et réponses orales
Nous
en sommes maintenant à la période de questions et de réponses orales, et je
cède la parole à M. le chef de l'opposition officielle.
Surveillance des journalistes
par les services policiers
M. Jean-François Lisée
M. Lisée :
M. le Président, depuis hier, la société québécoise se demande comment faire en
sorte que les événements révélés au
cours des derniers jours ne se reproduisent plus. Et, quand je dis «la société
québécoise», nous voyons ce matin que
plus de 70 % des Québécois sont préoccupés, à bon droit, par
l'indépendance du travail des journalistes. C'est un réflexe sain des
journalistes, un réflexe sain de la population, on veut un réflexe sain du
gouvernement.
Je pense que la
société s'attend à ce que, face aux actions de la police de Montréal, il y ait
une enquête indépendante et transparente.
C'est ce que nous avons proposé hier, que le Bureau des enquêtes indépendantes,
qui a le pouvoir de le faire, fasse cette enquête et ensuite rende son
rapport, en soustrayant les renseignements nominatifs, à une commission parlementaire. Le premier ministre
a plutôt choisi la voie contrôlée et opaque; contrôlée, c'est-à-dire que
son ministre de la Sécurité publique va
désigner des enquêteurs qui vont lui faire rapport à lui, au ministre de la
Sécurité publique. Fin des émissions.
Je
réitère ma demande au premier
ministre pour une enquête
indépendante et transparente. Pourquoi refuse-t-il l'indépendance et la transparence?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président, au contraire, je crois que l'indépendance et la transparence sont non seulement représentées, mais assurées dans les propositions
ou les annonces des décisions qui ont été annoncées hier. Notamment, ce groupe d'experts, présidé par un membre respecté de la magistrature,
va, de toute évidence, agir de façon indépendante. Son rapport, bien sûr, aura été, comme il le
signale lui-même, libéré de renseignements nominatifs ou pouvant entrer en
conflit avec des procédures en cours, mais
ce rapport sera déposé à la Commission
des institutions de cette Assemblée nationale, alors je ne vois pas
où est le manque de transparence là.
Au
contraire, le rapport va faire des représentations ou des recommandations concrètes sur le cadre législatif, en particulier la Loi de la
police et le Bureau d'enquêtes indépendantes. Il y aura lieu de les étudier et
de les discuter en commission parlementaire et d'y donner suite. Je pense qu'on
devrait espérer également que, sur ces modifications législatives, le temps venu, on puisse travailler ensemble
et les adopter de façon unanime compte tenu de l'enjeu qui est soulevé.
Mais
je m'oppose à la définition que propose mon collègue. Au contraire, nous
agissons avec justice, avec célérité mais également avec transparence.
• (10 h 10) •
Le Président :
Première complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M. Jean-François Lisée
M. Lisée :
Bon. D'abord, le premier ministre mélange deux choses : alors, d'abord, il
y a l'enquête qu'il a demandée à son ministre de la Sécurité publique, qui est opaque et contrôlée, et les experts
qu'il veut désigner lui-même, et non en collaboration avec les autres partis
politiques, qui, eux, rendront un rapport à la commission parlementaire. Le Bureau des enquêtes indépendantes a, dans sa
loi : Le ministre peut désigner, charger le bureau d'enquêter sur
tout événement impliquant un agent de la paix ayant un lien avec ses
fonctions.
Pourquoi il n'utilise
pas cet instrument...
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : Parce qu'entre autres, M. le
Président, le cadre du problème
dépasse beaucoup le code d'un agent de la paix ayant agi dans une circonstance
particulière. C'est justement ça qu'il faut éclaircir, et, plutôt que de passer
des semaines à avoir des discussions juridiques
sur la signification de la loi telle qu'elle est actuellement, moi, je propose qu'on commence déjà à agir non seulement par ce
comité d'experts, mais par une directive, comme on l'a vu, qui rehausse
le seuil pour obtenir un mandat semblable
auprès d'un journaliste comme c'est le cas pour les juges, les avocats et les
membres de cette Assemblée. Je crois, là, il y a une mesure qui était
attendue et qui est nécessaire.
Sur la composition du
groupe, j'ai déjà indiqué hier dans mes réponses à ces questions que les
oppositions seraient consultées sur les
nominations proposées, et elles le seront. Je rappelle également à mon collègue
qu'il n'y a pas que des juges, mais également des représentants des
médias qui sont désignés par la profession...
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M. Jean-François Lisée
M. Lisée :
Ils seront consultés, mais le contrôle reste de ce côté-là. Ce n'est pas un
agent de la paix, c'est plein d'agents
de la paix qui sont concernés par ce qui s'est produit à Montréal, dont leur
directeur. Et, leur directeur, depuis hier, nous savons qu'il a lancé
une opération assez vaste de traque des fuites, avec les journalistes comme victimes
collatérales.
Ne
pense-t-il pas que le directeur de la police de Montréal devrait être suspendu
pendant l'enquête, qui de toute évidence est plus large qu'on pensait?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : Je veux juste compléter la fin de ma réponse précédente, parce que j'ai
dépassé le temps qui m'était réservé. Je veux juste rappeler que le
panel comportera également un représentant des médias. Notre ministre des Communications va entrer en contact avec les
salles de rédaction, qui se sont exprimées à juste titre, et s'assurer avec ces
personnes de nommer quelqu'un qui a toute la
crédibilité et la légitimité pour parler au nom des médias dans ce groupe
d'experts.
Maintenant,
hier, on a expliqué à cette Assemblée et à la population de même qu'aux médias
que la situation du directeur du
Service de police de la ville de Montréal regarde avant tout la ville de
Montréal et ses institutions. Et je note que le maire de Montréal a décidé d'intervenir, je note qu'il y aura
apparemment activité de la Commission de la sécurité publique à la ville
de Montréal, et c'est là que ça doit se faire, M. le Président.
Le Président :
Troisième complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M. Jean-François Lisée
M.
Lisée : Je comprends que les juristes du gouvernement sont en
grève, mais la Charte de la Ville de Montréal indique — article 108 :
Le gouvernement nomme le directeur de la police de Montréal.
Article 110 : Le gouvernement peut destituer le directeur. La
seule personne qui nomme et qui destitue le directeur de la police de Montréal,
c'est le premier ministre et son
gouvernement, pas le maire de Montréal, pas le conseil municipal; le
gouvernement du Québec. Vous êtes son patron.
Pourquoi le premier
ministre refuse-t-il de prendre sa responsabilité et de le suspendre pendant
l'enquête?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : Je trouve ça surprenant qu'un député de la... de Montréal, non pas de
la région, mais de Montréal même ne se rende pas compte qu'il est
absolument crucial — et
on va suivre cette pensée et cette intention avec un projet de loi bientôt — de donner à la métropole l'autonomie et les
outils nécessaires à exercer pleinement leur mandat. C'est à leur niveau que se situe la première
responsabilité, c'est là qu'elle va s'exercer, et c'est bon qu'il en soit
ainsi, M. le Président.
De
notre côté, nous allons procéder avec les trois annonces d'hier : la
formation du groupe d'experts, non pas une enquête, mais une vérification des processus en cours dans les corps de
police concernés, ce qui inclut l'UPAC, en passant, malgré certaines paroles opposées sur cette question,
et également, bien sûr, cette directive dont je parlais tantôt sur les
seuils nécessaires pour obtenir un mandat.
Le Président :
En terminant.
M.
Couillard : Il y a là ce qu'il faut faire, M. le Président.
Le Président :
Principale, Mme la députée de Taillon.
Rémunération des médecins
Mme Diane Lamarre
Mme
Lamarre : M. le Président, aujourd'hui, je tiens à souligner la
décision du premier ministre, annoncée hier devant les 125 députés de l'Assemblée nationale, de retirer le dossier
de la négociation avec les médecins au ministre de la Santé pour le confier au président du Conseil du
trésor. C'est le gros bon sens. C'est ce que nous demandons depuis 2014,
c'est ce que nous avons dénoncé. Ça n'aurait jamais dû être lui.
Mais pourquoi le premier ministre a-t-il mis de
côté son ministre? Parce que la négociation en 2014 est un échec qui relève de l'amateurisme, un échec qui,
selon la VG, menace clairement les finances du Québec. En 2014, pas en 2006, le ministre de la Santé a consciemment pelleté en avant les sommes
astronomiques qu'il avait lui-même négociées et promises en 2006 et 2010.
Le président du Conseil du trésor peut-il nous
dire ce qu'il va arriver du 5 milliards de dollars promis aux médecins par
le ministre de la Santé?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : Je vais très brièvement
apporter une précision, parce que mes collègues pourront répondre sur les questions
techniques soulevées par notre consoeur. Le ministre de la Santé n'est pas
écarté des négociations, il va continuer à y
jouer un rôle très important — très
important — avec
le Conseil du trésor et le négociateur du gouvernement, ce qui a, en général, toujours
été le cas. J'ai moi-même été ministre
de la Santé alors qu'il était, comme
il dit, de l'autre bord à l'époque, et ça s'est toujours fait de façon
coordonnée.
Le ministre de la Santé joue un rôle important, mais le Conseil
du trésor et ses représentants également, et ça se fait de façon coordonnée. C'est
un travail d'équipe qui va continuer, M. le Président.
Le Président : Première
complémentaire, Mme la députée de Taillon.
Mme Diane Lamarre
Mme
Lamarre : M. le Président, le rattrapage avec l'Ontario était bel et bien atteint dès 2013, selon
l'institut canadien de l'information en santé. Je dépose les chiffres, ils sont
clairs. Alors, pourtant, en 2014, après 2013, le ministre a signé une entente qui protégeait les sommes
astronomiques qu'il avait négociées.
Le président du Conseil du trésor peut-il nous dire si, comme le ministre de la Santé, il va protéger l'argent aux médecins plutôt qu'aux patients du Québec?
Document déposé
Le
Président : Est-ce qu'il y a consentement pour le dépôt? Consentement? Consentement. M. le ministre de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : Bien, M. le Président, j'invite la députée de Taillon à suivre l'actualité. Lundi dernier, M. le Président...
Des voix : ...
M. Barrette : ...lundi passé, il y a
deux jours, M. le Président, ça ne fait même pas 48 heures, je faisais une
annonce qui était très claire quant à la prochaine négociation, M. le Président,
dans laquelle j'invitais clairement, très formellement,
le corps médical et la profession médicale à s'asseoir à la table de négociation pour faire une chose : revoir ce que la députée de Taillon m'invite à faire, ce qui est très
différent de la proposition faite la même journée par la députée de Taillon, qui était celle de ne pas négocier et évidemment
d'imposer un gel. Ça, c'est la démocratie selon le Parti
québécois.
Le Président : En terminant.
M. Barrette : Nous, on pense que les
choses peuvent...
Le Président : Deuxième
complémentaire, Mme la députée de Taillon.
Mme Diane Lamarre
Mme
Lamarre : Contrairement aux autres provinces, les sommes
versées entre 2006 et 2016 n'ont pas résolu les problèmes d'accès en
santé. C'est ça qui frustre les Québécois, M. le Président. Pourquoi? Parce que
la solution ne se
situe pas seulement chez les médecins, mais qu'elle réside aussi chez les
infirmières, les psychologues, les préposés, tous les autres
professionnels qui peuvent aider, entre autres, à domicile.
Maintenant que le
ministre de la Santé a été, en tout cas, furieux de la remarque du premier
ministre hier, puisqu'il se sent écarté des négociations, est-ce qu'il peut
nous dire si le 5 milliards...
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M. Barrette : Bien, M.
le Président, je pense que la députée de
Taillon aurait dû ne pas s'opposer au projet
de loi n° 20, hein, le projet de loi n° 20, qui, aujourd'hui,
contrairement à ce qu'elle vient de dire, a permis à plus de 420 000 personnes,
dans notre mandat, à avoir accès à un médecin de famille, alors que, sous leur
mandat, il y avait de moins en moins
de gens à avoir accès au médecin de famille. Et il y a plein d'autres mesures,
M. le Président. Qu'elle cite la réalité.
M.
le Président, au moment où on se parle, la chose, elle est claire, il y a une
invitation qui est faite, ce qui est la procédure normale en démocratie, de négocier, négocier sur une base qui
est celle que l'on connaît aujourd'hui et non celle évidemment qui a été
prévue en 2006, parce que ça s'est réalisé...
Le Président :
Principale, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
Négociation portant sur la
rémunération des médecins
M. François Legault
M. Legault :
M. le Président, lorsque le Parti libéral est arrivé au pouvoir en 2003, un
médecin en Ontario gagnait 45 %
de plus qu'un médecin au Québec. Et cet écart a été réduit par le gouvernement
libéral à zéro, ce qui est injuste, parce
qu'en moyenne les professionnels ont un écart de 15 % entre le Québec et
l'Ontario. Et qui a négocié ce rattrapage de 45 %? Le premier ministre quand il était ministre de la Santé,
avec l'actuel ministre de la Santé quand il était président du syndicat, comme quoi la solidarité entre
médecins est au-dessus de tout. M. le Président, le pire, c'est que le ministre
de la Santé n'a pas exigé en échange que les médecins de famille prennent en
charge les patients sept jours sur sept.
Maintenant que le
premier ministre a mis en tutelle son ministre de la Santé, lui a enlevé la
négociation des salaires avec les médecins,
est-ce qu'il peut nous garantir que, un, il n'y aura pas d'autre augmentation
de salaire puis qu'enfin il va exiger des médecins de famille une prise
en charge sept jours sur sept?
• (10 h 20) •
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : Ça manque un peu de détail, tout ça, M. le Président. Mais ce qu'il est
important de dire, c'est de rappeler qu'effectivement, brièvement, sur la
question de la rémunération, il y a eu un rattrapage important qu'il a lui-même déclenché par une lettre d'entente signée
lorsqu'il était ministre de la Santé. On le lui a rappelé hier, d'ailleurs,
je crois, en termes presque affectueux, si
je me souviens bien. Ce rattrapage est bien accompli, mais n'est pas 0 %
d'écart. Selon les rapports, il varie
de moins 11 % à moins 14 %, ce qui est acceptable compte tenu de la
différence de niveau de vie... de coût de la vie, pardon, entre le
Québec et les provinces canadiennes.
À
notre avis, les médecins ont eu assez d'argent maintenant; l'argent
supplémentaire des contribuables doit être entièrement consacré à
l'amélioration des services, qui a eu lieu de toute façon : il y a
400 000 Québécois de plus inscrits auprès de médecins de famille; les
listes d'attente des soins spécialisés ont continué de s'améliorer. Et on va également faire en sorte et on a fait en sorte,
avec la loi n° 20, à laquelle mon collègue faisait allusion tantôt,
d'amener les médecins — et c'est très fort comme geste, ça ne
s'était jamais fait au Québec — à avoir un minimum de patients inscrits
dans leurs clientèles, et non seulement de
patients inscrits, mais de patients vus, avec des visites de contrôle, ce qu'on
appelle l'assiduité.
Alors, les gestes
nécessaires sont posés. Ça m'apparaît supérieur à la mise à la retraite forcée
des médecins à laquelle il a participé à l'époque et certainement supérieur aux
méthodes d'huissier qu'il a lui-même expérimentées lorsqu'il était ministre de la Santé. Je suggère qu'on aille dans la
même direction. On va avoir une négociation dont le principe va être l'augmentation des services,
l'accessibilité des services à la population, mais, en ce qui nous concerne,
le rattrapage est accompli, et ce n'est pas
0 % d'écart, c'est quand même plus que ça, compte tenu des différences de
coût de la vie.
Le Président :
Première complémentaire, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M. François Legault
M.
Legault : M. le Président, le premier ministre pourrait parler
au ministre de la Santé. C'est lui qui était chef du syndicat. D'abord, je ne sais pas s'ils se parlent
encore, mais je sais que le ministre de la Santé, là, a négocié avec moi
quand j'étais ministre, pas avec le Conseil du trésor, avec moi, puis l'écart
devait être réduit à 15 %, pas à zéro.
Si c'est vrai que c'est 15 %,
est-ce qu'il peut déposer des études? Et je répète ma question : Est-ce
qu'il va exiger la prise en charge sept jours sur sept par les médecins
de famille?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : Alors, M. le Président, on aura l'occasion bientôt — j'ai très hâte, d'ailleurs, que ces annonces
commencent — d'annoncer
le déploiement de ces cliniques dont nous avions parlé en campagne électorale,
un autre engagement qui sera tenu, où on va
avoir des cliniques sur notre territoire où, justement, il y aura accessibilité
sept jours sur sept pour la
population, avec non seulement des médecins de famille, mais l'accès aux tests
de laboratoire, qui permet d'éviter le recours à la salle d'urgence à
l'hôpital.
Je
pense que pour les familles qui nous écoutent il y a là de très, très bonnes
nouvelles et je lui annonce que ça sera très bientôt qu'on va faire les
premières annonces de ces cliniques-là, qui répondent exactement à ce qu'il
souhaite, c'est-à-dire des soins disponibles pour les patients du Québec sept
jours sur sept.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M. François Legault
M.
Legault : M. le Président, ça donne quoi de mettre le ministre
en tutelle si le premier ministre garde la même approche? Est-ce qu'il peut être transparent puis déposer les études qui
montrent l'écart de rémunération entre le Québec puis l'Ontario? Puis est-ce qu'il peut garantir aux Québécois qu'il n'y
en aura pas d'autre, augmentation de salaire, pour les médecins du
Québec?
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît! M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : ...quand même un peu particulier. Notre collègue, à l'époque, signe une
lettre d'entente qu'il enfouit dans
un tiroir. Il n'y a eu aucune négociation à l'époque. On a été pris avec le
bébé, si je peux m'exprimer ainsi, en arrivant en 2003, puis il a fallu donner suite à l'engagement qu'il avait pris en
prenant l'engagement, au nom du gouvernement du Québec, de commencer ces
conversations qui n'avaient pas débuté même d'un iota, au moment où on est
arrivés en 2003, parce que je ne suis pas sûr que ses collègues de
l'époque étaient tout à fait d'accord avec ça.
Maintenant, ceci
étant fait, ayant accompli ce rattrapage, M. le Président, on va aller
maintenant encore plus fortement dans la
direction de l'accessibilité aux services médicaux. Je veux rappeler à la
population ce que j'avais dit lors de
la campagne. Quand des parents arrivent à la maison avec un enfant malade le
soir — les deux
travaillent, ils sont allés le chercher à la garderie — il a
mal à l'oreille, il fait de la température, il doit y avoir d'autres...
Le Président :
En terminant.
M. Couillard : ...endroits pour avoir les soins qu'à l'urgence. Ça sera les cliniques
que nous annoncerons bientôt.
Le Président :
Principale, M. le député de Beauce-Nord.
Mesures concernant la
surveillance des
journalistes par les services policiers
M. André Spénard
M. Spénard :
M. le Président, ce n'est plus un secret pour personne, la haute direction du
SPVM a sciemment entamé une chasse
aux sorcières en avril dernier pour, et je cite, «briser la culture du
coulage». Extrêmement préoccupant, d'autant plus qu'hier le premier
ministre lui-même nous disait avec la main sur le coeur : «Des gens sont
morts pour la liberté de la presse. [...]et la liberté de presse inclut la
protection des sources [journalistiques].»
Or,
le patron du SPVM, M. Philippe Pichet, estime, lui, qu'il a toute la
légitimité requise pour demeurer en poste et qu'il va enquêter lui-même sur la situation au SPVM, bref, enquêter
sur lui-même. Soyons sérieux, M. le Président, le ministre ne peut pas se dire préoccupé par ce qui se passe
présentement et tolérer que le SPVM enquête sur lui-même.
Le ministre doit
déclencher, sans attendre, une enquête publique pour faire toute la lumière sur
ce qui s'est réellement passé.
Le Président :
M. le ministre de la Sécurité publique.
M. Martin Coiteux
M. Coiteux :
Oui. Alors, M. le Président, je pense que le premier ministre et le
gouvernement ont démontré hier par
l'annonce qui a été faite des trois mesures... Je rappelle, là, les trois
mesures : on rehausse le degré de difficulté pour obtenir des mandats d'interception des
communications et de tout ce qui est afférent à ça dans le cas des
journalistes, on rehausse le niveau
de difficulté, en passant par le DPCP, au même rang que les députés de
l'Assemblée nationale, au même rang que les juges et que les avocats; on
déclenche immédiatement une inspection des trois corps policiers qui sont habilités à demander de tels mandats, et ça inclut
l'UPAC, là, au cas où on nous proposerait une motion qui ferait semblant
que ça ne l'inclut pas, ça inclut l'UPAC; et par ailleurs il y a ce comité
d'experts qui va d'ailleurs faire rapport à la Commission des institutions
publiques.
Alors, il n'y
a absolument rien qui se fait en secret. On prend très au sérieux la liberté de
presse, on a agi promptement, rapidement. Alors, on n'est pas restés
seulement préoccupés, on est passés à l'action.
Le Président : Première
complémentaire, M. le député de Beauce-Nord.
M. André Spénard
M. Spénard :
M. le Président, toujours la même cassette. On ne parle pas d'allégation. Je
vous cite le bras droit de
M. Pichet : Si ça prend des déplacements de personnel, peu importe,
c'est Philippe Pichet qui va avoir le lead là-dedans.
Le ministre a
admis qu'il a le pouvoir de démettre le patron du SPVM. Je pose la
question : Devant les faits, le ministre va-t-il prendre ses
responsabilités et démettre M. Pichet de ses fonctions?
Le Président : M. le ministre
de la Sécurité publique.
M. Martin Coiteux
M. Coiteux :
M. le Président, une précision, là : ça met en cause la ville de Montréal,
ça met en cause donc les institutions à Montréal qui ont des questions à
poser à la police. Et il existe une commission de la sécurité publique à Montréal qui va entendre le directeur de la
police, il existe un conseil exécutif, il existe un conseil de ville, ce sont
des instances qui ont à poser des
questions et à éventuellement poser des gestes. Et, si le gouvernement devait
aller au-delà concernant la Direction du SPVM, il le ferait en consultation
avec les autorités compétentes de Montréal. Est-ce qu'on croit dans
l'autonomie des villes ou si on n'y croit pas? Nous, de notre côté, on y croit.
Le Président : En terminant.
M. Coiteux : Et bientôt, d'ailleurs,
on va le démontrer par le dépôt d'un projet de loi sur la...
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le député de Beauce-Nord.
M. André Spénard
M. Spénard :
M. le Président, après avoir parlé d'un cas isolé, on sait maintenant que la
chasse aux sorcières était érigée en système depuis avril dernier. Le
ministre ne peut pas ignorer ces faits-là.
Je répète ma question une seconde fois :
Va-t-il prendre action, et assumer son rôle de ministre, et démettre
M. Pichet, qui n'a plus la confiance du public et qui entache toute la
crédibilité du corps policier de Montréal?
Le Président : M. le ministre
de la Sécurité publique.
M. Martin Coiteux
M. Coiteux :
Bon, la question étant en partie la même, je répéterais la même chose, mais je
ne le ferai pas, je vais prendre un autre angle de la question.
Alors,
l'autre angle de la question, c'est à savoir si c'est important de protéger
l'information critique lorsqu'il y a des
enquêtes qui pourraient éventuellement mener à des accusations à l'endroit de
personnes, peut-être même à l'intérieur d'un corps policier, ça pourrait arriver. Alors, est-ce que c'est
légitime d'essayer de protéger cette information critique? Je pense que la réponse, elle devrait être unanime
dans cette Assemblée, c'est oui. Mais, au nom de ça, il ne faut pas tomber
dans l'excès inverse. Et, parce qu'il ne
faut pas tomber dans l'excès inverse, on a pris des mesures très fortes hier et
on est prêts à aller au-delà...
Le Président : En terminant.
M. Coiteux : ...surtout
lorsqu'on aura les recommandations du comité d'experts.
Le Président : Principale, M.
le député de Chambly.
Impact
des compressions budgétaires dans le réseau de l'éducation
M. Jean-François Roberge
M. Roberge :
M. le Président, il y a quelques semaines, la Protectrice du citoyen déposait
un rapport avec un message clair : les
coupures du gouvernement, depuis deux ans, ont fait très mal aux services aux
citoyens, aux gens les plus vulnérables.
Et
voilà que le Conseil supérieur de l'éducation, lui, vient de publier un rapport
sur la période 2014‑2016 intitulé Remettre le cap sur l'équité.
Ça, ça veut dire qu'on a perdu le cap, surtout sur l'équité et sur l'égalité
des chances. Le rapport fournit une radiographie très, très claire du
réseau de l'éducation, puis ce n'est pas beau. Le conseil est clair : la gouvernance libérale nuit à l'égalité des chances.
Je vais en lire un extrait : «...l'école n'offre pas à tous les enfants la
même possibilité de développer leur potentiel.» C'est grave, c'est
grave, mais c'est ça, le bilan libéral en éducation.
Est-ce que le
ministre a lu le rapport? Est-ce qu'il admet qu'après 13 ans au pouvoir,
bien, c'est son bulletin, c'est son bilan et c'est un échec?
• (10 h 30) •
Le Président :
M. le ministre de l'Éducation.
M. Sébastien Proulx
M. Proulx :
Oui, M. le Président, merci beaucoup. Et, je m'excuse, j'entendais des sons.
J'ai eu l'occasion de
prendre connaissance, en partie, du rapport, M. le Président, parce que j'ai
rencontré le Conseil supérieur de
l'éducation à quelques occasions. J'ai eu l'occasion de discuter avec eux de
certaines des propositions ou des constats qui ont été faits à l'intérieur.
Peut-être dire au
collègue de Chambly, M. le Président, que, dans le cadre des consultations sur
la réussite éducative, actuellement nous parlons de cela, nous parlons de cela régulièrement. Nous parlons de l'égalité des chances, nous parlons de la petite enfance, nous parlons de l'apprenant lui-même,
mais aussi du contexte dans lequel il évolue, ses parents, la société. Alors, dans
ce contexte-là, M. le Président, cette discussion-là, nous l'avons avec les
partenaires.
Juste pour rappeler
au collègue de Chambly, 10 000 personnes ont participé à la
consultation en ligne jusqu'à maintenant,
50 % d'entre eux sont dans l'école, M. le Président. Alors, des constats,
il s'en fait beaucoup. Il y aura des suites
à la politique. Il y a des conversations qui ont lieu actuellement dans
l'ensemble de la société autour de l'éducation dans chacune des régions.
Vous savez quoi, M. le Président? À la fin de la journée, les gens sont
contents.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Chambly.
M. Jean-François Roberge
M.
Roberge : M. le Président, la confiance n'est juste plus là. Le
conseil nous dit qu'après 13 ans de gouvernement libéral le système d'éducation québécois, c'est le
moins équitable au Canada, le moins équitable au Canada. C'est-u assez gênant? Ça, ça veut dire que les jeunes pauvres en
difficulté, ici, ils vont attendre très longtemps pour un diagnostic, ils
n'auront pas les services spécialisés, ils
n'auront pas accès aux programmes stimulants, pas d'activités parascolaires,
pas de sport-études. Tu nais pauvre, tu décroches, tu restes dans...
Le Président :
M. le ministre de l'Éducation.
M. Sébastien Proulx
M. Proulx :
M. le Président, je trouve très triste le bilan toujours très pessimiste du
député de Chambly. Là où lui, il voit
des fatalités, nous, on voit des opportunités, M. le Président. Actuellement,
on est en consultations pour quoi? Pour
discuter avec les gens pour améliorer la capacité du réseau de répondre à tous
les besoins, la possibilité pour un
jeune de réussir à l'intérieur de l'école et autour de l'école. Parce que ce n'est pas qu'une question
scolaire, M. le Président, il y a une
dimension beaucoup plus large à tout cela. Et, s'il a écouté ce qui
s'est fait au cours de la dernière année, s'il a vu ce qui s'est
fait au cours des derniers mois, s'il participait, comme il va le faire, il me
l'a dit, le 1er décembre aux consultations, il
verrait quoi, M. le Président? C'est que les gestes que nous posons au
quotidien favorisent l'égalité des chances...
Le Président :
En terminant.
M. Proulx :
...parce que c'est dans les milieux que se prennent des décisions importantes.
Le
Président : Deuxième
complémentaire, M. le député de Chambly. Et il
y a un peu trop de sons, comme disait
le ministre de l'Éducation tout à l'heure. M. le député de Chambly.
M. Jean-François Roberge
M. Roberge : M. le Président, le ministre
et le premier ministre ont toujours des belles paroles, des beaux discours. L'éducation,
c'est toujours une priorité. Mais, après 13 ans, on a le pire réseau au Canada
selon le Conseil supérieur
de l'éducation. Il faut le faire,
pareil. L'égalité des chances, ça vous dit-u quelque chose? L'éducation, c'est censé être le moteur
de l'ascenseur social. Le moteur est brisé. Sortir le monde de la pauvreté par l'éducation, c'est la job du gouvernement, puis le Conseil supérieur de
l'éducation dit que vous ne le faites...
Le Président : M. le ministre
de l'Éducation.
M. Sébastien Proulx
M.
Proulx : Oui, M. le Président, les gens se souviendront que c'est le député de Chambly
qui a dit qu'on a le pire réseau d'éducation au Canada. Les gens se souviendront que c'est lui qui a dit
ça. C'est lui qui a dit ça ce matin, M.
le Président, c'est lui qui l'a dit ici...
Des voix : ...
Le
Président : S'il vous plaît! S'il vous plaît! La question a été posée dans l'ordre, et c'est au
ministre de répondre dans le même ordre.
Une voix : ...
Le Président : M. le député
de Chambly.
M. Proulx : M. le Président, le député
de Chambly a dit : Nous avons le pire réseau d'éducation au Canada. Il a dit : Tu viens au monde pauvre, tu vas
rester pauvre. M. le Président, ce n'est pas pour cette raison-là qu'on
travaille ici tous les matins. Ce
n'est pas pour cette raison-là qu'on investit des milliards de dollars en éducation
chaque année et qu'on va, à partir de
maintenant, M. le
Président, convenir que l'éducation, c'est tout au long de la vie. On va travailler petit, on va travailler
avec les grands, on va travailler tout
le temps parce que
l'éducation, c'est un ascenseur social, et tout le
monde pourront le prendre, M. le Président, dans l'avenir.
Le Président : Principale, M.
le député de Rousseau.
Rejet d'une motion du Bloc québécois pour empêcher
l'utilisation de la Barbade comme paradis fiscal
M. Nicolas Marceau
M.
Marceau : M. le Président, le Bloc québécois a présenté une motion à Ottawa
pour empêcher l'utilisation de la Barbade comme paradis fiscal.
Actuellement, une entente entre le Canada et la Barbade ainsi que des
règlements facilitateurs permettent aux
entreprises et aux grandes banques canadiennes de détenir des investissements
de 80 milliards de dollars dans cette petite île de 290 000
habitants.
Alors, notre
Assemblée, ici, a intégralement adopté cette motion à l'unanimité, mais le
Parlement fédéral et le gouvernement canadien ont, eux, rejeté cette
motion et, par le fait même, ils ont légitimé l'utilisation de la Barbade comme paradis fiscal. Nous avons tous demandé,
donc, d'une seule voix de mettre un terme à ce magouillage fiscal vers
la Barbade, mais le gouvernement Trudeau et les banques de Bay Street ont
refusé.
Alors, M. le
Président, que va faire le ministre des Finances maintenant que le Canada
réaffirme qu'il veut que se poursuive l'évitement fiscal vers la
Barbade?
Le Président : M. le ministre
des Finances.
M. Carlos J. Leitão
M. Leitão : M. le Président, en
effet, le gouvernement fédéral, au Parlement fédéral, a refusé une motion de l'opposition. Je ne me mêle pas des procédures
parlementaires fédérales, c'est ça qu'ils ont fait. Ça ne veut pas dire qu'il
ne fait rien. D'ailleurs, le gouvernement
fédéral avance dans la mise en place des règles de l'OCDE de concert avec tous
les pays. Mais ça, c'est au gouvernement fédéral.
Nous,
qu'est-ce que nous faisons, M. le Président? Nous, au Québec, nous prenons les
mesures que nous devons prendre. Nous
avons, chez Revenu Québec, une unité spécialisée dans la lutte à l'évasion
fiscale. D'ailleurs, cette unité-là sert
de modèle à l'Agence du revenu du Canada, M. le Président. Donc, nous sommes
bien en avance, à l'intérieur de notre champ
de compétence, de faire ce que nous... Nous allons jusqu'au bout de ce que nous
pouvons faire et nous le faisons très
bien, à tel point qu'on devient un modèle pour les autres, et cette unité
spécialisée de Revenu Québec fonctionne très bien. On l'a vu récemment dans plusieurs scandales qui ont été révélés
comme quoi l'Agence du revenu du Canada avait adopté une certaine
position, et, au Québec, on avait adopté une autre position, différente et
beaucoup plus efficace. Nous continuons dans cette trajectoire-là et nous
faisons ce que nous devons faire à l'intérieur de notre juridiction.
Le Président : Première
complémentaire, M. le député de Rousseau.
M.
Nicolas Marceau
M.
Marceau : Oui, revenons au cas spécifique de la Barbade si vous voulez
bien, là. Les compagnies et les banques qui placent leur argent à la Barbade le font pour une seule raison,
c'est ne pas payer d'impôt. On est tous d'accord ici pour dire, je
pense, que ce stratagème n'a pas de sens et qu'il faut y mettre un terme. C'est
une question de justice pour les contribuables du Québec.
Alors,
une question très simple. Je reviens au cas de la Barbade, est-ce que le
ministre des Finances a évalué combien ça
va coûter au Trésor québécois, la décision du gouvernement Trudeau de rejeter
la motion qui a été déposée à Ottawa?
Le Président :
M. le ministre des Finances.
M. Carlos J. Leitão
M. Leitão : M. le
Président, en effet, l'Assemblée nationale, ici, avait adopté à l'unanimité... Moi aussi, j'étais d'accord avec — nous tous — cette
motion de mettre un terme à ces questions concernant les paradis fiscaux, particulièrement concernant la Barbade. Ce que le gouvernement fédéral va faire avec ça, on verra. Ils ont rejeté la motion, oui, mais
il y a d'autres choses qui se font, et on verra bien. Mais directement ça ne
nous concerne pas.
Maintenant,
en ce qui nous concerne directement, en ce
qui nous concerne directement, nous faisons ce que nous devons
faire. Comme je l'ai dit auparavant, nous avons en place, chez Revenu Québec, une unité spécialisée qui adresse ces situations-là...
Le Président :
En terminant.
M. Leitão :
...et elle le fait très bien, M. le Président.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Rousseau.
M. Nicolas Marceau
M. Marceau :
Bien, M. le Président, cette question-là nous concerne. Nous sommes liés par
des conventions fiscales parce qu'Ottawa a
des conventions fiscales avec la Barbade, il y a des pertes de revenus pour le
gouvernement du Québec.
Moi,
je vous demande : Qu'est-ce que vous allez faire? Est-ce que vous allez
exercer des pressions? Est-ce que vous
avez évalué combien ça nous fait perdre? Et est-ce que vous allez demander une
compensation financière à Ottawa pour
les montants que nous perdons et puis qui ne permettent pas de financer les
services publics que les Québécois veulent?
Le Président :
M. le ministre des Finances.
M. Carlos J. Leitão
M. Leitão :
M. le Président, le collègue le sait très bien, d'ailleurs, dans le cadre du
mandat d'initiative à la Commission des
finances publiques, qui regarde ces
questions-là, Revenu Québec et le ministère
des Finances ont témoigné
devant cette commission, ont apporté leurs recherches qu'ils ont faites à ce
sujet-là, et bien sûr que ça nous concerne directement,
et nous sommes très intéressés. Nous
calculons que, d'une façon générale, l'évasion fiscale, c'est aux alentours
de 700, 800 millions de dollars. Donc, bien sûr
que c'est important, bien
sûr que ça nous concerne et bien sûr
que nous allons continuer de travailler pour qu'on mette fin à ce
fléau-là.
La seule chose que je
voulais dire, M. le Président, une chose, c'était que la non-acceptabilité de
la motion...
Le Président :
En terminant.
M. Leitão :
...ça ne veut pas dire que le gouvernement fédéral lui-même ne considère pas
d'autres moyens.
Le Président :
Principale, M. le député de Saint-Jean.
Mesures d'aide aux producteurs
agricoles
M. Dave Turcotte
M. Turcotte : La semaine dernière, l'Union des producteurs agricoles du
Centre-du-Québec, réunie en assemblée, a adopté une résolution
d'urgence pour dénoncer le désengagement des libéraux envers l'agriculture. Les agriculteurs de
la région sont déçus par les promesses brisées du ministre de l'Agriculture. Et
ce n'est pas mieux du côté de la CAQ, M. le
Président, le président sortant ayant déclaré que la CAQ n'est pas le meilleur
défenseur des programmes agricoles. Chaque
fois qu'il en a eu l'occasion, le ministre a abandonné les agriculteurs.
83 % des agriculteurs vont voir leurs taxes augmenter.
M. le Président, pour un producteur de grains moyen du Centre-du-Québec, ce
sera une augmentation de 2 000 $ de plus payée dans ses poches, donc
une augmentation qui peut aller jusqu'à 30 % à 40 %.
Qu'est-ce que le ministre va faire pour les
producteurs du Centre-du-Québec?
• (10 h 40) •
Le Président : M. le ministre
de l'Agriculture.
M. Pierre Paradis
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Oui, M. le Président. Je ne sais pas si le
règlement me permet de dire que je partage son opinion sur la CAQ, donc
je réserverai mes propos pour plus tard.
En ce qui
concerne la question, elle a été posée la semaine dernière par le député de
Berthier si ma mémoire est fidèle.
J'ai eu l'occasion de rappeler au député de Berthier ce que le ministre des
Finances avait annoncé à l'occasion de son
dernier budget, qui a été salué comme étant un budget qui était très positif
pour l'agriculture. Je vais vous rappeler, tout simplement, que les crédits de remboursement de taxes vont
augmenter au cours des trois prochaines années et que la réglementation va être allégée. Donc, si vous avez
une augmentation du budget et une diminution de la réglementation, vous en avez plus pour l'agriculture québécoise.
C'est ce à quoi le gouvernement du Québec s'attaque, et il donne ainsi
suite aux engagements qu'il a pris. Merci.
Le Président : Première
complémentaire, M. le député de Berthier.
M. André Villeneuve
M.
Villeneuve : M. le Président, le gouvernement du Québec
s'attaque surtout au monde agricole, on le constate. Les agriculteurs du
Centre-du-Québec sont aussi déçus de l'abandon du ministre dans les programmes
de sécurité du revenu. Le ministre applique
à la pièce certaines recommandations du rapport du comité sur la sécurité du
revenu et, comme par hasard, surtout
celles qui sont des coupures et qui font mal aux agriculteurs, il a obligé les
producteurs à abandonner l'assurance stabilisation des revenus.
Est-ce que le ministre peut écouter les
producteurs et mettre en oeuvre l'ensemble des recommandations du rapport, pas
juste celles qui font mal et qui coupent dans les programmes?
Le Président : M. le ministre
de l'Agriculture.
M. Pierre Paradis
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Oui, M. le Président. Il me fait plaisir de
rappeler au député de Berthier la situation dans laquelle on s'est
retrouvés il y a deux ans et demi, au mois d'avril, quand nous avons été élus
au gouvernement. La Financière agricole
du Québec, qui finance ces programmes-là, était endettée de 500 millions
de dollars, un demi-milliard. Au
moment où nous nous parlons, dû à une saine gestion et à des marchés qui ont
été positifs pour les agriculteurs — je touche
du bois pour que ça le demeure — La Financière agricole est en équilibre
financier et budgétaire, un travail impeccable d'équipe du Trésor, des Finances et de l'Agriculture. Maintenant, non
seulement on a réussi à remettre à flot La Financière agricole...
Le Président : En terminant.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Si
vous avez une additionnelle, je vais vous expliquer où on est rendus.
Le Président : Il semble
qu'on va avoir une additionnelle. M. le député de Berthier.
M. André Villeneuve
M.
Villeneuve : Autre inquiétude des producteurs du
Centre-du-Québec — et on
pourrait continuer longtemps, la liste est longue, M. le Président — les éleveurs sont
désormais soumis à la nouvelle loi sur le bien-être animal. Et ils sont
heureux de le faire, mais le ministre
n'offre aucun appui aux producteurs pour s'adapter à la nouvelle loi, et ce,
malgré les belles promesses du ministre lors de l'étude du projet de
loi.
Est-ce que le ministre va enfin les écouter,
soutenir les producteurs pour qu'ils puissent, effectivement, se conformer aux
exigences exigées par la loi? Et est-ce que le ministre va tenir ses belles
promesses de les soutenir?
Le Président : M. le ministre
de l'Agriculture.
M. Pierre Paradis
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Oui,
M. le Président. Je vais compléter la réponse, là. Non seulement on a équilibré, réglé le 500 millions de déficit,
au moment où on se parle on a déposé à la Caisse de dépôt et de placement du
Québec en argent liquide, pour le compte des
jeunes agriculteurs de la relève agricole, plus de 200 millions de dollars
parce qu'en
agriculture ça fluctue, puis on voulait qu'il y ait de la réassurance sur
l'assurance. C'est ce que le Parti libéral offre comme tel.
En ce qui
concerne les dossiers de bien-être animal et d'environnement, vous avez raison
de susciter la question, il faut
moderniser nos bâtiments. Moi, je vous invite à lire attentivement le dernier
budget de mon collègue le ministre des Finances, vous allez trouver là
des indications qui s'avèrent prometteuses pour notre avenir à tous.
Le Président : Principale, M.
le député de Lévis.
Projet de loi visant à lutter contre la maltraitance
envers les aînés
M. François Paradis
M. Paradis
(Lévis) : Merci, M. le
Président. La ministre responsable des Aînés a déposé un projet de loi pour
lutter contre la maltraitance des aînés, qui
est, malheureusement, incomplet et qui manque de mordant. Il ne contient aucune
disposition qui oblige à dénoncer la maltraitance
envers nos aînés. Pourtant, c'était la mesure la plus importante du projet
de loi n° 399 déposé par l'ancienne députée libérale Marguerite Blais.
C'était en octobre 2013.
Le nouveau projet de loi de la ministre ne va
pas aussi loin, ce qu'a aussi reconnu son ancien collègue libéral Gilles
Ouimet. C'est dommage. C'est dommage parce qu'en 2013 plusieurs groupes avaient
souligné l'obligation de dénoncer la
maltraitance dans une loi. C'était le cas de la FADOQ, du Conseil pour la
protection des malades, de l'AQRP et même du regroupement provincial des
usagers.
La ministre
des Aînés fait une erreur en n'incluant pas l'obligation de dénoncer la
maltraitance envers les aînés, va-t-elle corriger le tir?
Le Président : Mme la
ministre responsable des Aînés.
Mme Francine Charbonneau
Mme
Charbonneau :
Merci, M. le Président. Je remercie mon collègue de sa question, puisque je
vais pouvoir éclairer l'ensemble de
l'Assemblée sur la force que porte le projet de loi n° 115. Pourquoi?
Parce qu'il apporte cinq mesures importantes, M. le Président, pour
protéger nos aînés de ce mal qu'on appelle la maltraitance.
Quelles sont
ces mesures? Eh bien, M. le Président, une obligation de mettre en place une
politique dans l'ensemble de nos
institutions pour s'assurer que la maltraitance soit vue de proche par
l'ensemble des intervenants; une bonification du rôle du commissaire local aux plaintes, puisque celui-ci a déjà une
place qui est favorable, alors lui donner tout l'accès aux gens qui
veulent dénoncer et faire le geste de la dénonciation; lever le sceau de la confidentialité
et du secret professionnel sur les mesures de... pour nos professionnels dans
nos institutions, puisque ceux-ci, en ce moment, et à plusieurs reprises, sont quelque
peu limités. Quand une plainte est faite de bonne foi et que le suivi est fait
de bonne foi, les gens seront vus, de cette façon, pour lever... Je
compléterai à la complémentaire, M. le Président.
Le Président : Première
complémentaire, M. le député de Lévis.
M. François Paradis
M. Paradis
(Lévis) : Merci, M. le
Président. C'est un bel effort, mais parlons du sujet, ce dont on parle,
l'obligation de dénoncer. L'AQRP dit
qu'il faut obliger la dénonciation pour les employés du réseau de la santé,
comme c'est le cas avec la Loi sur la
protection de la jeunesse. La FADOQ craint qu'une dénonciation ne se traduise
pas nécessairement par un recours judiciaire.
M. le
Président, pourquoi les enfants sont protégés par une loi qui oblige à dénoncer
la maltraitance, mais que les aînés ne le seraient pas? Pourquoi deux
poids, deux mesures?
Le Président : Mme la ministre
responsable des Aînés.
Mme Francine Charbonneau
Mme
Charbonneau : M.
le Président, je vais garder tout mon calme pour vous répondre et vous dire, M.
le Président, que les aînés du Québec ne sont pas des enfants, ils ont une voix, ils
sont capables de nous parler. Quand ils n'en ont point, quand ils sont à
un moment où on ne peut les entendre, il y a des mandats d'inaptitude, et je
vous dis, M. le Président, que les aînés du Québec sont capables de se
prononcer.
Ce qu'il faut faire au nom des aînés du Québec,
c'est de mettre en place des outils qui font en sorte qu'ils peuvent dénoncer, qu'ils peuvent arriver à des
solutions parce que, plus souvent qu'autrement, ce sont des sujets qui
sont fort fragiles, ils ont honte, ils ont peur. Il faut les
accompagner...
Le Président : En terminant.
Mme
Charbonneau : ...dans
ce geste qu'ils posent de dénoncer les agresseurs.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Lévis.
M. François Paradis
M. Paradis
(Lévis) : M. le Président, la ministre dit : Les aînés ont une voix, ce serait le
fun qu'elle les écoute. Je n'en
reviens pas que la ministre des Aînés défende un projet de loi qui va moins loin que celui déposé par Marguerite Blais. Je n'en reviens pas encore qu'elle ne veut pas
obliger la dénonciation de la maltraitance envers nos aînés, alors que plusieurs groupes
l'ont souligné en 2013 et le réclament à nouveau aujourd'hui. Nos aînés ont
parfois peur, Mme la ministre, de parler
et ne sont pas toujours capables de se défendre, c'est à nous de les
protéger. Et, pour ça, ça prend une voix forte et efficace. Si c'est le
cas pour les enfants, ça doit être la même chose pour nos aînés.
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît! Mme la ministre responsable des Aînés.
Mme Francine Charbonneau
Mme
Charbonneau : M. le
Président, les gens qui se sont
prononcés de façon très positive pour le projet de loi : la
Chaire de recherche sur la maltraitance envers les personnes aînées,
l'Association québécoise de défense des droits des personnes retraitées
et préretraitées, l'Association québécoise des retraité-e-s des secteurs public
et parapublic, le Regroupement provincial
des comités des usagers, la Fédération des centres d'assistance et
d'accompagnement aux plaintes, Juripop,
Association des établissements privés conventionnés, Conférence des tables
régionales de concertation des aînés du Québec, service de police de
Trois-Rivières, sécurité du Québec. Je pourrais continuer encore, M. le
Président.
Le Président : M. le leader
de l'opposition.
M.
Bonnardel : ...on
lui pose une question fort simple. Ce n'est pas une infopub qu'on veut
entendre, là.
Le Président : Bon. M. le
leader du gouvernement, brièvement, hein?
M. Fournier :
Je suis un peu déçu de notre collègue, M. le Président. Son collègue a dit
qu'elle devait écouter, elle a juste témoigné de toutes les personnes
qu'elle a écoutées, qui vont dans le même sens. Ça fait peut-être...
Le Président : Est-ce que
vous avez terminé, Mme la ministre? Oui. Principale, Mme la députée de Pointe-aux-Trembles.
Régime général de protection des lanceurs d'alerte
Mme Nicole Léger
Mme Léger :
Hier soir, le Président du Conseil du trésor a dévoilé le fond de sa pensée :
il refuse de protéger les lanceurs d'alerte qui fournissent des
renseignements aux journalistes. Il refuse de garantir une protection contre
les représailles aux lanceurs d'alerte pour
tout renseignement qui concernerait la collusion, la corruption et la
malversation, le trafic d'influence, les cas graves de mauvaise gestion
dans un organisme public.
Prenons
l'exemple du lanceur d'alerte à l'origine du scandale des commandites et de la
commission Charbonneau. Avec le
projet de loi n° 87 sur la table, ils n'auraient jamais été protégés
contre les représailles lorsqu'ils ont fourni des renseignements à des journalistes. Chers lanceurs
d'alerte, soyez prévenus que vous risquez d'être congédiés ou de subir d'autres représailles si vous parlez à un
journaliste parce que le gouvernement refuse, tout simplement, de vous protéger
dans votre démarche publique.
La question
fondamentale, c'est : Est-ce que le ministre considère qu'une divulgation aux journalistes mérite d'être autant
protégée qu'une divulgation à l'interne ou au Protecteur du citoyen?
Le Président : M. le ministre
des Finances.
M. Carlos J. Leitão
M. Leitão : Merci,
M. le Président. En effet,
nous avons parlé hier du projet de
loi n° 87, nous allons en
reparler à nouveau aujourd'hui, à 15 heures, et on va continuer. Ça fait 40 heures qu'on est là-dedans,
et je remarque, M. le Président,
qu'on n'avance pas. Un constat que je fais, bon, on est à l'article 6, ça
n'avance pas.
Maintenant, revenons au développement des
derniers jours. Comme mon collègue le ministre de la Sécurité publique
l'a mentionné et M. le premier
ministre, bien sûr,
la question de la liberté de presse, pour nous, elle est fondamentale. C'est pour ça qu'on a pris très rapidement les mesures qui ont
été annoncées hier, et donc cela est quelque
chose de très important que nous allons poursuivre.
• (10 h 50) •
Une
voix : ...
M.
Leitão : Merci, je n'ai pas
besoin de vos consignes. C'est M. le
Président qui demande les consignes.
Bon.
Une voix :
...
M. Leitão : M. le chef
de l'opposition, je ne répéterai pas ce que j'ai déjà dit une fois parce que ça
ne serait pas approprié. Alors, je
continue. Je continue. Donc, le projet de loi n° 87, c'est un projet de
loi qui favorise justement la...
Le Président :
En terminant.
M. Leitão :
...la divulgation d'actes...
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée de Pointe-aux-Trembles.
Mme Nicole Léger
Mme Léger :
Encore une fois, M. le Président, il ne dit rien, il ne dit rien. Le
gouvernement met tellement de freins pour
une divulgation publique qu'il nous dit même dans son projet de loi qu'il faut
passer par la police ou l'UPAC avant les
journalistes. Dans le fond, il veut que ça reste à l'interne. Il met quatre murs bien rigides
autour du lanceur d'alerte.
Le ministre va-t-il
enfin faire tomber ces murs pour vraiment faire passer l'intérêt public avant
et d'arrêter d'être exaspéré comme il l'est ce matin?
Des voix :
...
Le
Président : Bon, bon,
bon, s'il vous plaît! S'il
vous plaît! M. le ministre des Finances, vous avez de l'air bien ce matin...
M. Carlos J. Leitão
M. Leitão : Je ne suis pas exaspéré, M. le Président, un peu déçu, oui, un peu déçu. Un peu déçu, oui, mais pas
exaspéré.
Écoutez,
le projet de loi n° 87 est extrêmement important. C'est un projet de loi qui vise à
favoriser la divulgation d'actes répréhensibles à l'égard d'organismes
publics et qui protège les divulgateurs qui font ces divulgations-là. Jusqu'à maintenant, on ne peut pas encore apporter cette protection parce que
le projet de loi n'est pas adopté. Donc, oui, moi
aussi, j'ai hâte qu'on adopte le projet de loi pour qu'on puisse protéger les
lanceurs d'alerte.
Nous avons fait le
choix, dans ce projet de loi, de donner des pouvoirs d'enquête et des
pouvoirs...
Le Président :
En terminant.
M. Leitão :
...d'analyse au Protecteur du citoyen, c'est l'instrument idéal pour
analyser...
Le Président :
Principale, Mme la députée de Joliette.
Accessibilité du régime
d'indemnisation des victimes d'actes criminels
Mme Véronique Hivon
Mme Hivon :
Hier soir, l'émission J.E. présentait, malheureusement, une fois de
plus, des témoignages absolument bouleversants
de victimes d'actes criminels, des parents d'enfants tués par leur ex-conjoint
qui témoignaient du parcours du combattant qu'ils ont dû entreprendre devant
les tribunaux pour, finalement, se voir reconnaître les droits que l'IVAC leur avait d'abord niés. Ça vient
illustrer bien tristement ce que la Protectrice du citoyen révélait dans un
rapport dévastateur sur l'IVAC en
septembre : culture bureaucratique extrême, manque d'empathie, inéquité
dans le traitement, interprétation restrictive et rigide des critères
d'admissibilité, longs délais, manque d'information pour les victimes.
La
ministre de la Justice peut-elle nous dire quels changements concrets elle va
apporter pour que des témoignages absolument
dramatiques comme ceux d'hier, de parents éplorés qui doivent se battre en plus
contre la machine gouvernementale, soient enfin choses du passé?
Le Président :
Mme la ministre de la Justice.
Mme Stéphanie Vallée
Mme Vallée :
M. le Président, j'ai écouté avec beaucoup d'intérêt et aussi beaucoup
d'émotion le reportage de J.E. hier soir, tout comme ma collègue.
On ne peut pas rester insensibles, évidemment, à des situations comme celles qui nous ont été décrites. Vous savez, je l'ai dit
à plusieurs reprises, le régime d'indemnisation des victimes d'actes criminels
québécois est le plus
généreux de tous les régimes du Canada. Mais des émissions comme celle d'hier
nous démontrent qu'il est perfectible, ce régime-là.
Alors,
M. le Président, il me fait plaisir d'aviser
la collègue que j'ai demandé, par directive qui sera émise à
la Direction de l'indemnisation des
victimes d'actes criminels, de considérer les parents dont les enfants ont été
assassinés par d'ex-conjoints, d'ex-conjointes à titre de victimes parce
qu'il est clair que, dans des situations comme celles qui étaient décrites hier, ces parents-là étaient
directement visés par l'ex-conjoint, qui, dans un contexte extrêmement pénible,
s'en est pris aux enfants pour atteindre son ex-conjoint...
Le Président :
En terminant.
Mme Vallée :
...son ex-conjointe.
Le Président :
Cela met fin à la période de questions et de réponses orales.
Votes reportés
Adoption du projet de loi
n° 110
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, nous en sommes à la rubrique des votes
reportés et, tel qu'annoncé précédemment,
nous allons maintenant procéder au vote reporté sur la motion de M. le ministre
des Affaires municipales et de
l'Occupation du territoire proposant que le projet de loi n° 110, Loi
concernant le régime de négociation des conventions collectives et de
règlement des différends dans le secteur municipal, soit adopté.
Alors, que les
députés en faveur de cette motion veuillent bien se lever.
Le
Secrétaire adjoint : M. Couillard (Roberval), M. Fournier
(Saint-Laurent), Mme Thériault (Anjou—Louis-Riel), M. Paradis
(Brome-Missisquoi), M. Blais (Charlesbourg), Mme Charbonneau
(Mille-Îles), M. Leitão (Robert-Baldwin), Mme Anglade (Saint-Henri—Sainte-Anne),
M. Coiteux (Nelligan), Mme David (Outremont), M. Proulx
(Jean-Talon), M. D'Amour (Rivière-du-Loup—Témiscouata), M. Huot
(Vanier-Les Rivières), M. Kelley (Jacques-Cartier), Mme Vallée
(Gatineau), M. Lessard (Lotbinière-Frontenac), M. Barrette
(La Pinière), M. Morin (Côte-du-Sud), M. Blanchette
(Rouyn-Noranda—Témiscamingue),
Mme Charlebois (Soulanges), M. Heurtel (Viau), M. Arcand (Mont-Royal), Mme Vien
(Bellechasse), M. Billette (Huntingdon), M. Fortin (Sherbrooke),
Mme St-Pierre (Acadie), M. Hamad (Louis-Hébert), M. Reid
(Orford), Mme Nichols (Vaudreuil), M. Bernier (Montmorency),
M. Ouellette (Chomedey), Mme de Santis (Bourassa-Sauvé),
Mme Weil (Notre-Dame-de-Grâce), Mme Ménard (Laporte), M. Tanguay
(LaFontaine), Mme Boulet (Laviolette), Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger),
M. Carrière (Chapleau), M. Poëti (Marguerite-Bourgeoys),
M. Girard (Trois-Rivières), M. Drolet (Jean-Lesage),
M. Rousselle (Vimont), M. Iracà (Papineau), M. Bolduc
(Mégantic), M. Simard (Dubuc), M. Matte (Portneuf), M. Auger
(Champlain), M. Birnbaum (D'Arcy-McGee), M. Boucher (Ungava),
M. Bourgeois (Abitibi-Est), M. Fortin (Pontiac), M. Giguère
(Saint-Maurice), M. Habel (Sainte-Rose), M. Hardy (Saint-François),
M. Merlini (La Prairie), Mme Montpetit (Crémazie),
M. Plante (Maskinongé), M. Polo (Laval-des-Rapides), Mme Simard
(Charlevoix—Côte-de-Beaupré),
Mme Tremblay (Chauveau), M. Busque (Beauce-Sud), Mme Sauvé
(Fabre).
M. Legault
(L'Assomption), M. Bonnardel (Granby), M. Caire (La Peltrie),
M. Charette (Deux-Montagnes), M. Martel
(Nicolet-Bécancour), Mme Roy (Montarville), Mme Samson (Iberville),
M. Roberge (Chambly), M. Laframboise (Blainville),
M. Schneeberger (Drummond—Bois-Francs),
Mme D'Amours (Mirabel), M. Lemay (Masson),
Mme Lavallée (Repentigny), M. Surprenant (Groulx), Mme Soucy
(Saint-Hyacinthe), M. Spénard (Beauce-Nord), M. Paradis
(Lévis), M. Picard (Chutes-de-la-Chaudière), M. Jolin-Barrette
(Borduas).
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Que les députés contre cette
motion veuillent bien se lever.
Le
Secrétaire adjoint : M. Lisée (Rosemont), M. Bérubé
(Matane-Matapédia), Mme Hivon (Joliette), M. Marceau (Rousseau),
Mme Léger (Pointe-aux-Trembles), Mme Maltais (Taschereau),
Mme Lamarre (Taillon), M. LeBel (Rimouski), M. Bergeron
(Verchères), M. Leclair (Beauharnois), Mme Richard (Duplessis),
M. Rochon (Richelieu), M. Cloutier (Lac-Saint-Jean), M. Therrien
(Sanguinet), M. Gaudreault (Jonquière), M. Pagé (Labelle),
M. Cousineau (Bertrand), Mme Jean (Chicoutimi), M. Ouellet
(René-Lévesque), M. Villeneuve (Berthier), Mme Ouellet (Vachon),
M. Traversy (Terrebonne), M. Turcotte (Saint-Jean), M. Roy
(Bonaventure).
Mme David
(Gouin), M. Khadir (Mercier), Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques).
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Y a-t-il des abstentions? Sinon, pour le résultat du vote, M. le secrétaire
général.
Le
Secrétaire : Pour : 81
Contre :
27
Abstentions :
0
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, la motion est adoptée. Et,
en conséquence, le projet de loi n° 110, Loi concernant le régime de
négociation des conventions collectives et de règlement des différends dans le
secteur municipal, est adopté.
Motions sans préavis
Nous en sommes maintenant à la rubrique des motions sans
préavis. Et, en fonction de nos règles et de l'ordre de présentation, je cède
la parole à M. le député de Rousseau.
M. Marceau : M. le Président, je
sollicite le consentement des membres de cette Assemblée afin de présenter
la motion suivante :
«Que l'Assemblée nationale déplore le resserrement des
règles hypothécaires imposé par le gouvernement fédéral;
«Qu'elle déplore ces changements alors que les problèmes de
surchauffe immobilière affectent principalement les marchés de Toronto
et Vancouver;
«Qu'elle déplore
l'impact de ces changements sur le marché immobilier québécois;
«Enfin, qu'elle
demande au gouvernement fédéral de revenir aux anciennes règles pour le
Québec.»
Le Vice-Président (M. Ouimet) : Alors,
merci, M. le député de Rousseau. Y a-t-il consentement pour débattre de
cette motion? Il n'y a pas de consentement.
M. le député de
Beauce-Nord, vous avez une autre motion sans préavis à nous proposer.
M.
Spénard : Merci, M. le
Président. Je demande le consentement pour déposer la motion suivante
conjointement avec le député de Verchères :
«Que l'Assemblée nationale demande au gouvernement d'inclure
l'Unité permanente anticorruption au sein des entités visées par le
comité d'experts mis en place par le premier ministre;
«Qu'elle lui demande aussi d'inclure l'UPAC dans la
vérification du processus en place pour les mandats contre les
journalistes.»
• (11 heures) •
Le Vice-Président (M. Ouimet) : Très
bien. Alors, merci, M. le député de Beauce-Nord. Y a-t-il consentement pour débattre
de cette motion? Il n'y a pas de consentement. Un membre du gouvernement cette fois-ci. M. le député de LaFontaine et leader adjoint du
gouvernement.
Procéder à des consultations particulières
sur le projet de loi n° 109
M. Tanguay : Merci, M.
le Président. Alors, suite à une
entente avec l'opposition, je fais motion, conformément à l'article
146 du règlement de l'Assemblée nationale, afin :
«Que la Commission de l'aménagement du territoire,
dans le cadre de l'étude du projet de loi n° 109, Loi accordant le statut de capitale nationale à la
Ville de Québec et augmentant à ce titre son autonomie et ses pouvoirs, procède
à des consultations particulières et tienne des auditions publiques les 14, 15,
16 et 17 novembre 2016;
«Qu'à cette
fin la commission entende les organismes suivants : la Ville de Québec, la
Chambre de commerce de Québec, Vivre
en ville, la Commission de la Capitale-Nationale, la Communauté métropolitaine
de Québec, le chef de l'opposition
officielle à la Ville de Québec, le groupement de conseils de quartier de la
ville de Québec, l'APCHQ, la nation
huronne-wendat, la MRC de Charlevoix, la MRC de Charlevoix-Est, Accès
transports viables, Action patrimoine, Québec
International, le Regroupement des organismes communautaires de la région 03,
le Regroupement pour l'aide aux itinérants
et aux itinérantes de Québec, le Service d'orientation et d'intégration des
immigrants au travail, la MRC de Portneuf, la MRC de la
Sainte-Catherine-de-la-Jacques-Cartier, le Conseil de la culture des régions de
Québec et de Chaudière-Appalaches, le
Conseil régional de l'environnement de la Capitale-Nationale, la Ville de
L'Ancienne-Lorette, la Ville de Saint-Augustin [et, finalement], la
Ville de Lac-Beauport;
«Qu'une
période de 12 minutes soit prévue pour les remarques préliminaires, réparties
de la manière suivante : six minutes au groupe parlementaire formant le gouvernement, 3 min 30 s au groupe parlementaire formant l'opposition officielle et 2 min 30 s au
deuxième groupe d'opposition;
«Que la durée
maximale de l'exposé de chaque organisme soit de 10 minutes et l'échange avec
les membres de la commission soit d'une durée maximale de 35 minutes,
partagées ainsi : 17 min 30 s pour le groupe parlementaire formant le gouvernement, 10 min 30 s pour l'opposition officielle et sept minutes pour le deuxième groupe d'opposition;
«Que le ministre des Affaires municipales et de
l'Occupation du territoire soit membre de ladite commission pour la durée du
mandat.»
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, merci, M. le député de LaFontaine.
Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
Mise aux voix
La motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Adopté. Mme la députée de Gouin.
Mme
David (Gouin) : Merci, M. le Président. Je demande le consentement de la Chambre pour débattre de la
motion suivante conjointement avec le député de Bertrand :
«Que l'Assemblée nationale s'inquiète de la
détérioration du réseau des centres de la petite enfance;
«Qu'elle demande au gouvernement de rétablir le
tarif unique partout au Québec;
«Que l'Assemblée nationale demande au gouvernement de réinvestir dans le réseau des CPE pour que
ceux-ci soient en mesure de remplir adéquatement leur mission.»
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, merci, Mme la députée de Gouin. Y
a-t-il consentement pour débattre de cette motion? Il n'y a pas de
consentement. Y a-t-il d'autres motions sans préavis?
Avis touchant les travaux des commissions
S'il n'y en a pas, pour les avis touchant les
travaux des commissions, M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Tanguay :
Oui, M. le Président. J'avise cette Assemblée que la Commission des
institutions poursuivra les consultations
particulières à l'égard du projet de loi n° 62, Loi favorisant le respect
de la neutralité religieuse de l'État et visant notamment à encadrer les
demandes d'accommodements religieux dans certains organismes, aujourd'hui, à
compter de 11 h 30, pour une durée de 1 h 30 min, et
de 15 heures à 17 h 15, à la salle Louis-Joseph-Papineau.
Par ailleurs,
la Commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources
naturelles poursuivra l'étude détaillée à l'égard du projet de loi n° 106,
Loi concernant la mise en oeuvre de la Politique énergétique 2030 et modifiant diverses dispositions législatives,
aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à 13 heures et de 15 heures
à 18 heures, à la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine.
Finalement,
la Commission des finances publiques poursuivra l'étude détaillée à l'égard du
projet de loi n° 87, Loi facilitant
la divulgation d'actes répréhensibles dans les organismes publics, aujourd'hui,
de 15 heures à 18 heures, à la salle du Conseil législatif.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le leader
adjoint du gouvernement. Pour ma part, je vous avise que la Commission de l'administration publique et la Commission de
l'économie et du travail se réuniront en séance publique aujourd'hui, à
12 h 45, à la salle des Premiers-Ministres de l'édifice Pamphile-Le
May, afin de procéder à l'élection à la présidence des commissions.
Je vous avise
également que la Commission des finances publiques se réunira en séance
publique aujourd'hui, à
12 h 45, à la salle des Premiers-Ministres de l'édifice Pamphile-Le
May, afin de procéder à l'élection à la vice-présidence de la
commission.
Renseignements sur les
travaux de l'Assemblée
Avis de sanction du
projet de loi n° 110
À la rubrique, maintenant, des renseignements
sur les travaux des commissions, je vous informe qu'il y aura sanction du projet de loi n° 110, Loi
concernant le régime de négociation des conventions collectives et de règlement
des différends dans le secteur municipal, aujourd'hui, à
11 h 45, au bureau de Son Honneur le lieutenant-gouverneur.
Affaires du jour
Alors, la
période des affaires courantes étant terminée, nous allons maintenant
passer aux affaires du jour. Pour la suite des choses, M. le leader adjoint
du gouvernement.
M. Tanguay : Oui. M.
le Président, considérant les travaux
en cours au sein des commissions et notamment les demandes de consultations de l'opposition à l'égard de projets
de loi gouvernementaux, je vous demanderais, s'il vous plaît, de suspendre nos travaux jusqu'à 15 heures
afin de permettre la tenue du débat sur les affaires inscrites par les députés
de l'opposition.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Très bien. Alors, cette motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Adopté. En conséquence, je
suspends les travaux jusqu'à 15 heures cet après-midi.
(Suspension de la séance à 11 h 6)
(Reprise à 15 h 1)
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Alors, bon après-midi. Vous pouvez prendre place.
Affaires
inscrites par les députés de l'opposition
Motion proposant que
l'Assemblée nationale demande au gouvernement de réduire
les seuils annuels d'immigration et d'accentuer les efforts consacrés à
l'intégration et à la francisation des immigrants
Et nous
allons poursuivre nos travaux avec les affaires inscrites par les députés de l'opposition, et, aujourd'hui, Mme
la députée de Montarville présente la motion suivante :
«Que l'Assemblée nationale reconnaisse les lacunes importantes
du Québec en matière d'intégration, de francisation et d'employabilité
des immigrants;
«Qu'elle
demande au gouvernement de [déduire] à 40 000 les seuils annuels
d'immigration, d'accentuer les efforts consacrés
à l'intégration et à la francisation des immigrants et de mettre en place des
cours obligatoires de francisation pour les nouveaux arrivants.»
Je vous
informe que la répartition du temps de parole pour le débat restreint sur la
motion inscrite par Mme la
députée de Montarville s'effectuera comme suit : 10 minutes sont réservées
à l'auteure de la motion pour sa réplique; environ
52 minutes sont allouées au groupe
parlementaire formant le gouvernement,
environ 30 min 20 s sont allouées au groupe parlementaire
formant l'opposition officielle,
environ 21 min 40 s sont allouées au deuxième groupe d'opposition et six minutes
sont allouées aux députés indépendants.
Dans ce cadre, le temps non utilisé par les
députés indépendants ou par l'un des groupes parlementaires sera redistribué entre les groupes parlementaires selon les proportions établies précédemment. Enfin, les interventions
ne seront soumises à aucune limite de temps.
Et, sans plus tarder, je vais céder la parole à
l'auteure de la motion, Mme la députée de Montarville.
Mme Nathalie Roy
Mme Roy : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Écoutez, question peut-être de commencer cette motion du mercredi avec un sourire, parce que
nous allons parler immigration, nous allons parler intégration, Mme la Présidente, pas plus tard
que cet après-midi, il y a le pape, le pape François 1er, qui a parlé d'immigration et d'intégration, et il a dit : Le pape appelle les gouvernements à ne pas accueillir «plus de personnes qu'on ne
peut en intégrer». Ma foi du bon Dieu!
Alors, c'est
un clin d'oeil, mais c'est exactement l'angle que nous adoptons et que nous abordons cet après-midi. D'ailleurs, pour le bénéfice des gens qui nous
écoutent, nous souhaitons, à la Coalition avenir Québec, que le nombre de personnes que le Québec décide d'accueillir au fil
des prochaines années soit diminué. Mme la ministre de l'Immigration a décidé de le hausser à 51 000 pour l'année
prochaine, 51 000 pour l'autre année et 52 500 pour l'année qui suit.
Nous souhaitons, nous, réduire le
nombre d'immigrants à 40 000, mais pour des raisons qui sont... et le pape
en fait mention, notre capacité
d'intégration. Et, pour nous, il faut diminuer le nombre d'immigrants, en
prendre moins pour en prendre soin,
parce qu'avec les arguments que je vais vous soumettre, force est de constater
qu'il y a un problème au niveau de l'intégration des immigrants au
Québec.
Et j'aimerais d'emblée reprendre là où la
ministre de l'Immigration et moi nous nous sommes laissées, hier, rappelez-vous, à la période des questions, alors
que je lui ai soumis l'idée qu'elle faisait fausse route avec sa volonté de
toujours hausser davantage les seuils
d'immigration au Québec. Alors, plutôt que de répondre à mes questions, la
ministre a préféré me citer un article de MM. Pierre Fortin, Brahim
Boudarbat et Gilles Grenier. Vous le savez, ce sont tous d'éminents
économistes, d'éminents professeurs en économie.
Alors, quand
on cite un article... naturellement, on avait très peu de temps, mais, quand on
cite un article, il faut faire
attention à le considérer dans son ensemble, et j'ajouterais que l'on doit
également, si l'on veut être conséquents, tenir compte de l'ensemble de
l'oeuvre des auteurs concernés. Et justement, ce que la ministre a omis de
lire, c'est la conclusion de l'article
qu'elle nous a sorti hier, cet article-ci d'ailleurs. Et je vais vous le lire,
ce que cet article-ci disait, que la
ministre n'a pas dit. Cet article-ci, signé, entre autres, de M. Pierre
Fortin, nous dit : «Il est difficile de croire [que le plan Weil]
pourra être réalisé avec un budget ministériel qui dispose présentement de
moins de ressources réelles qu'il y a
10 ans. [...]Si le Québec est sérieux en matière d'immigration, il faudra
que la bourse corresponde aux ambitions.» Fin de la citation.
Mais, je le
répète, il est difficile de croire que le plan Weil pourra être réalisé avec un
budget ministériel qui dispose présentement
de moins de ressources qu'il y a 10 ans. Il y a 10 ans, on était à
40 000 immigrants, Mme la Présidente. Moi, je trouve ça très intéressant, c'est le
Pr Fortin qui signait ça. Un budget ministériel qui dispose de moins de
ressources d'il y a 10 ans,
M. Fortin nous dit ça. Alors, ça, c'est la réelle conclusion de cet
article auquel la ministre faisait référence hier. Les auteurs dénoncent le fait que la ministre
dispose d'un budget inférieur à celui d'il y a 10 ans dans un contexte où
elle a actuellement 20 % plus d'immigrants à intégrer qu'il y a
10 ans.
Alors, ce
n'est pas compliqué : il y a 10 ans, on en accueillait 40 000.
Si on prend le message à l'envers, et si le premier ministre refusait à
la ministre de réinvestir les sommes nécessaires pour intégrer ces 20 % d'immigrants
supplémentaires, que diraient les auteurs? Bien, ils diraient qu'il faut réduire les
seuils d'immigration de 20 %.
C'est ce que MM. Fortin, Boudarbat et Grenier nous disent, c'est
que le ministère de l'Immigration dispose actuellement des sommes pour intégrer 40 000 personnes,
pas 50 000 et 51 000, exactement ce que dit la CAQ, Mme la
Présidente. Le seuil que nous
réclamons à 40 000, ce n'est ni arbitraire ni irresponsable, comme j'ai
déjà entendu Mme la ministre le dire, bien au contraire, et cela repose
sur des chiffres.
Mme la Présidente, je dépose donc cet article-là
pour que la ministre le relise jusqu'au bout. Très intéressant.
Également, je disais
précédemment qu'il faut tenir compte de l'oeuvre complète des auteurs que l'on
cite. M. Pierre Fortin, d'abord,
écrivait dans un mémoire, un mémoire qu'il a soumis à la Commission des
relations avec les citoyens en février dernier concernant le projet de
loi n° 77... Oui?
Document déposé
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Avant de poursuivre, Mme la
députée, j'ai besoin d'un consentement pour le dépôt de votre document.
Y a-t-il consentement? Oui? Alors, très bien. Vous pouvez poursuivre.
Mme Roy :
Merci. Donc, le même Pr Fortin écrivait dans un mémoire qu'il a remis à la
ministre pour le projet de loi
n° 77, et je vais le citer à nouveau : «...si on mesure l'impact de
l'immigration sur les finances de l'État, il faut conclure que l'immigration représente au total un coût net
et non un avantage économique net pour la population d'accueil. La plupart
des recherches existantes conduisent à cette
conclusion. La raison en est que la valeur des services publics reçus par les
immigrants au cours de leur vie est
supérieure au montant cumulatif des impôts et des taxes que ces derniers paient
aux gouvernements.» Fin de la citation. C'est très intéressant. La
ministre est-elle prête à endosser ces conclusions-là?
Encore énoncé
par le même Pierre Fortin dont elle brandissait hier l'article que je vous ai
montré. Il ajoute, dans son étude qui a été remise à la ministre, et je
poursuis la citation : «Parmi les avantages économiques présumés de
l'immigration pour la population d'accueil, on retrouve l'idée répandue
qu'elle serait une solution au problème de vieillissement de la population.
Cette idée ne tient pas la route.» Fin de la citation. Toujours M. Fortin.
Pourtant, ce
sont là, il me semble, les deux seuls arguments de la ministre pour défendre
ces hausses des seuils d'immigration,
les impacts économiques et les impacts démographiques. Ils sont démolis ici. La
ministre savait pourtant tout cela en sortant son article hier. Alors,
ce mémoire a été rédigé à son intention, et j'invite la ministre à relire ses
conclusions peut-être qu'elle ne veut pas entendre.
De plus, les
mêmes chercheurs, MM. Boudarbat et Grenier, pour leur part, dans un très,
très volumineux rapport intitulé L'impact
de l'immigration sur la dynamique économique du Québec, encore une fois
rédigé à l'intention de la ministre
elle-même et qui a été déposé en novembre 2014, écrivaient, et je les
cite : «...de façon générale, on peut dire que l'impact économique de l'immigration est probablement assez faible.
[...]les immigrants s'intègrent moins bien au Québec, de sorte qu'ils ne paient pas autant d'impôt qu'ils le
devraient.» Ça, c'est aux pages 69 et 70 d'un document que la
ministre a en sa possession. Vous voyez, Mme la Présidente, je peux contre-argumenter
avec les propos des mêmes auteurs que la
ministre me citait hier pour défendre son plan d'immigration, pour défendre son
idée de hausser les seuils d'immigration.
Et, si je
voulais aller au bout de cette démonstration-là, il me suffirait de citer
d'autres auteurs, des chroniqueurs, des
éditorialistes, il y en a plusieurs. Tenez, je pense, entre autres, à
Mme Tania Longpré. Je pense à elle, bon, elle est chroniqueuse, mais surtout elle est enseignante en francisation auprès des immigrants
et elle est bien placée pour commenter le
plan de la ministre. Enseignante en francisation, donc elle est avec
ces gens tous les jours. Et elle écrit, dans cet article publié le
19 octobre dernier, et c'est tout récent et intitulé Le déni de Kathleen
Weil. Elle écrit, et je la cite :
«C'est fou à
quel point les ministres nous démontrent souvent à quel point ils ne
connaissent pas [le] terrain, à des milles
de leur tour d'ivoire ministérielle[...]. Kathleen Weil nous a souvent démontré
qu'elle ne connaissait rien aux réalités de l'immigration, elle a
réitéré cette semaine. Si elle connaissait les réalités de certains de nos...»
• (15 h 10) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Mme la députée, je veux juste
vous rappeler que vous ne pouvez pas faire
indirectement ce que vous ne pouvez faire directement. Alors, je vais vous
demander un peu plus de prudence dans vos propos. Merci.
Mme Roy :
Merci de me rappeler que je ne peux pas nommer une personne par son nom. Merci.
Alors, je vais poursuivre avec cet article. Mme Longpré faisait
allusion aux propos de la ministre à l'effet que l'immigration n'est jamais un échec, jamais, jamais. On l'a entendu
d'ailleurs dans nos bulletins télévisés. Alors, je continue quelques extraits
seulement de cet article-ci.
«Des gens qui
quittent biens, familles et carrières à l'étranger et qui réalisent que la vie
de rêve québécois qu'on leur vend n'est que du vent, [ça,] c'est un
échec.
«[...]Des gens scolarisés au chômage durant
plusieurs mois, voire plusieurs années, [ça,] c'est un échec.
«Un taux de chômage de plus de 20 % chez
les Maghrébins francophones à Montréal, c'est un échec.
«[...]Des quartiers de Montréal qui se
transforment lentement mais sûrement en ghettos, c'est un échec.
«Les gens qui refusent de suivre des cours de
francisation, c'est un échec.»
Bon, je vais m'arrêter ici. Ça dure pendant
quelques pages, mais vous avez une petite idée de cet article.
Et, si je
voulais jouer à ce même jeu des articles, j'irais jusqu'au bout et je pourrais
citer entre autres M. Joseph Facal, un ex-député, M. Joseph Facal, qui siégeait ici même. Il écrivait,
M. Facal, le 29 octobre dernier, alors ça, c'est tout chaud :
«Nous
accueillons trop d'immigrants par rapport à la capacité d'intégration d'une
société de seulement 8 millions d'habitants.
«Déjà à
l'heure actuelle, le Québec reçoit plus d'immigrants chaque année que la
population totale de villes comme Rimouski, Shawinigan, Mirabel,
Mascouche ou Victoriaville.
«La CAQ et le PQ ont raison de vouloir réduire
ce nombre.»
Je m'arrête
ici, parce que je pourrais faire mon temps au complet sur des articles qui nous
donnent raison dans notre position.
Ce
que je tiens à démontrer, Mme la
présidence, c'est surtout
l'évanescence de la réponse de la ministre hier à ma question. Une question fort
simple alors que tout pointe vers un échec de l'intégration des immigrants au Québec :
Pourquoi s'obstiner à systématiquement vouloir hausser les seuils? Pourquoi?
La ministre,
en citant un seul passage d'un article de journal, témoigne d'une certaine — et
je le dis avec des petits guillemets,
là — paresse
intellectuelle de son équipe et de la vacuité de son argumentaire. Le ministère,
son ministère, dispose d'environ 1 500 fonctionnaires.
Je n'ai, pour ma part, qu'un recherchiste, là, avec qui je travaille, je
collige des informations et je prends
tout de même la peine de débattre de plusieurs arguments et
d'arriver avec plusieurs preuves à l'appui. J'invite la ministre, dans
le temps qui lui sera alloué, à me répondre sur le fond des choses. J'espère
qu'elle a aujourd'hui en main autre chose qu'un petit extrait d'un
article de presse, soit celui qui faisait son affaire et en prenant bien
soin de ne pas dire surtout ce que renfermait cet article jusqu'au bout et qui
vient étayer notre théorie.
Maintenant,
Mme la Présidente, nous mesurons, à la CAQ, de la réussite de
l'intégration des immigrants selon
trois critères. Il y a trois critères, c'est
factuel : l'intégration économique, l'intégration linguistique et
l'adhésion aux valeurs québécoises.
Eh oui, Mme la Présidente, les valeurs québécoises, là, ça existe. Il ne faut
pas avoir honte de le dire et il faut en être fier.
Alors, sur
ces trois plans — économique,
linguistique, les valeurs québécoises — le gouvernement a échoué. Et je prends pour preuve — et là je ne l'invente pas — le rapport annuel de gestion du ministère de
l'Immigration lui-même. Je vais prendre ses propres chiffres.
Le rapport
annuel de gestion 2015‑2016 nous indique que 72 % des immigrants
admis en 2013‑2014 et déclarant ne
pas connaître le français n'ont toujours pas suivi de cours de français au
moment où on se parle, là, 2015‑2016, là. 72 %, c'est
énorme. Ça, c'est un échec. 83 % des immigrants ne suivent pas le cours
d'initiation aux valeurs et à la culture québécoise,
qui s'intitule Objectif intégration. 83 % ne reçoivent donc aucune
indication sur nos façons de vivre ici, au Québec. C'est incroyable. Ça aussi, c'est un autre échec. Et ce sont les
chiffres du ministère. Finalement, le ministère rate sa cible pour le
taux d'emploi, chez les personnes immigrantes, de 8 %. Il est 8 % en
bas de ce qu'il avait prévu.
Le ministère
et la ministre ont raté leurs propres objectifs. Ça, pour moi, c'est un échec,
et on n'en a pas parlé. Ajoutez à ça
que le taux de chômage chez les nouveaux arrivants se situe à 18 %, un
taux de deux fois et demie plus élevé que
pour un natif. Et c'est le pire taux au Canada. Ce sont les chiffres, là, je ne
l'ai pas inventé. On parle ici des gens qui sont ici depuis cinq ans et
moins. Ajoutez à ça qu'en moyenne plus de 200 000 immigrants au
Québec actuellement, c'est-à-dire 20 %
de la population immigrée, 200 000 personnes, donc, sont incapables
de soutenir, à l'heure actuelle, une
conversation en français. Ajoutez à ça les histoires de radicalisation, de
discours haineux et de refus des valeurs de la société québécoise, des
histoires qui se multiplient et qui sont vraiment tristes.
Alors, les
chiffres sont têtus, et le constat est clair : l'intégration est un échec
sous le gouvernement libéral. Il faut dire
les choses comme elles le sont. Ça fait 13 ans, 13 ans que les
politiques libérales nous ont amenés à un point où on est rendus, un point critique en matière
d'intégration et un sérieux coup de barre devrait être donné. Malheureusement,
on ne peut pas compter sur le gouvernement
actuel pour s'atteler à résoudre le problème d'intégration parce que, pour
s'attaquer à un problème, encore
faut-il être capable de le nommer. Et, quand j'entends Mme la ministre nous
dire que l'immigration n'est jamais,
jamais, jamais un échec, excusez-moi, mais moi, je considère qu'avec tous ces
chiffres il y a ici un échec. Toutes ces preuves que je vous ai amenées,
Mme la Présidente, je ne les ai pas inventées, elles sont factuelles.
Force est de
constater que la ministre vit dans le déni. La ministre n'est pas capable
d'admettre que les ressources aussi
manquent. Les organismes d'intégration et de francisation, sur qui le
gouvernement fait reposer le fardeau complet de sa mission, sont sous-financés et laissés à eux-mêmes. Revenons à nos
trois professeurs en économie tout à l'heure, Fortin, Boudarbat et
Grenier, ils l'ont dit, ils ont dit : Le ministère, actuellement, intègre
20 % plus d'immigrants qu'il y a
10 ans, mais avec les mêmes budgets qu'il y a 10 ans. Vous voyez bien
que ça ne peut pas fonctionner. Ça, c'est honteux. Ça, c'est irresponsable, accueillir plus de gens, mais avec
moins d'argent. C'est dramatique pour la société d'accueil que nous
sommes, mais, avant tout, ça l'est extrêmement pour les nouveaux arrivants.
Un manque de
financement, un manque cruel de financement. On peut légitimement parler ici
d'un manque cruel de
ressources : pas de financement, pas de ressources. Nous avons dénoncé, le
6 octobre dernier, des coupes de 17 millions de dollars dans
la francisation depuis deux ans, des coupes qui ont été faites par trois
ministères ensemble, au total 5,5 millions
par l'immigration, 8,6 millions par l'éducation, 3,6 millions par le
ministère du Travail, donc, des coupes de 17 millions. Et, oups, je
dois souligner que, la semaine dernière, le gouvernement a annoncé un
réinvestissement de 17 millions
justement en francisation. Il y a quelque chose qui m'étonne, ce
réinvestissement ne figurait pas à la mise à jour économique du ministre des Finances et il a été
annoncé par le biais d'un article de journal le lendemain. Alors, je n'ai
pas retracé, d'ailleurs, d'où vont provenir ces sommes, peut-être que la
ministre pourrait nous donner une réponse.
Je reconnais cependant cet effort d'avoir voulu
remplir le trou qu'ils ont eux-mêmes creusé, sauf que vous enlevez 17 millions en francisation sur deux
ans, vous en rajoutez 17, magie. Pour moi, on n'a pas plus de ressources.
Depuis 2003,
les libéraux ont successivement haussé les volumes d'immigration en les faisant
passer de moins de
40 000 immigrants en 2003 à plus de 55 000 en 2012, mais les
ressources pour assurer l'intégration de ces nouveaux arrivants n'ont
pas suivi. De plus, comme l'a démontré le Vérificateur général... Mme la
Présidente, ce n'est pas moi, le
Vérificateur général du Québec, dans son rapport pour l'année 2010‑2011,
disait : Le gouvernement ne s'est donné aucune obligation de résultat, il n'a jamais mené de
travail d'évaluation des programmes de francisation. Je n'ai aucune indication
à l'effet que la situation est changée depuis 2011. Peut-être que la ministre
pourra me rassurer sur ce point.
• (15 h 20) •
En terminant, je vous citerais une autre source. Le
constat que nous dénonçons ici, là, cette capacité ou ce manque de capacité d'intégration, je ne suis pas seule à
le dénoncer, et ça ne saurait être plus clair que de la façon dont il a été
évoqué par un rapport de l'IREC piloté par Jean Ferretti et publié en janvier
2016, et je le cite : «Au ministère de l'Immigration, même la part des dépenses de
francisation dans l'ensemble des dépenses réelles reste à peu près constante
autour de 40 % depuis 2008-2009, avec
une pointe à 46 % en 2010‑2011. Mais, compte tenu de l'augmentation du nombre
d'immigrants et du déclin en proportion
depuis 2010 de ceux qui connaissent le français — attention, c'est important — on peut dire que les ressources
disponibles en francisation, comme pour l'intégration dans son ensemble ont
tendance à s'amoindrir par personne...»
Eh, que le temps
file, mon Dieu.
Alors :
«La diminution de l'effort du [ministère] en francisation est particulièrement
visible à partir de 2011‑2012, où
malgré l'augmentation du nombre d'immigrants ne connaissant pas le français,
les ressources allouées à la francisation diminuent — en
montant absolu et en proportion.» Ça, c'est une étude importante que je vous ai
citée.
Mme la Présidente, il
manque d'argent pour franciser les gens. Pire, la francisation n'est pas
obligatoire. Elle devrait l'être. Il y a de plus en plus d'immigrants qui ne
parlent pas le français. Il est important de rendre les cours de français
obligatoires. Il est important de faire en sorte que, certes, nous accueillions
des gens... Et nous sommes très accueillants.
Au Québec, nous sommes un des peuples les plus ouverts, mais il est important
de diminuer à 40 000 le nombre d'immigrants, Mme la Présidente.
Je
vais m'arrêter ici pour laisser un petit peu de temps, tout à l'heure, à mes
collègues. Je m'arrête tout de suite. On aura une petite minute tout à
l'heure. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie, Mme la
députée de Montarville. Et maintenant, je suis prête à reconnaître le
prochain intervenant et je vais céder la parole à Mme la ministre de
l'Immigration, de la Diversité et de l'Inclusion.
Mme Kathleen Weil
Mme
Weil : Merci, Mme la Présidente. Alors, c'est un grand plaisir
pour moi de prendre la parole dans le cadre du débat sur cette motion de la deuxième opposition parce qu'il s'agit
d'un sujet extrêmement important pour l'avenir du Québec, le sujet de
l'immigration.
L'immigration
joue un rôle fondamental dans la société québécoise. Il est important que les
gens comprennent et apprécient la
très grande différence, la différence profonde entre la vision de notre
gouvernement et la vision de la CAQ sur l'immigration. D'un côté, cette vision
négative de la deuxième opposition qui veut réduire le volume d'immigration,
imposer des tests de valeurs, qui veut
expulser les personnes immigrantes qui échoueraient un examen de français, de
valeurs ou qui, imaginez-vous, Mme la
Présidente, ne trouveraient pas un emploi, une vision qui se concentre uniquement
sur les problèmes, sur ce qui
ne va pas, quitte à en oublier tout le reste, tous les succès, une vision de
repli, une vision de fermeture, une vision
qui place le fardeau de l'intégration sur les personnes immigrantes, une vision
néfaste pour l'économie, pour le
développement du Québec et qui n'est appuyée sur aucune étude, une vision qui
est complètement déconnectée de la réalité.
D'un
autre côté, la vision de notre gouvernement, une vision confiante qui s'appuie
sur nos 400 ans d'histoire, qui
considère l'immigration et la diversité comme vecteurs de prospérité. Je tiens
à le souligner, Mme la Présidente, une vision appuyée sur un large
consensus chez les acteurs du milieu de l'immigration, une vision qui cible les
défis, qui propose des solutions songées,
structurantes et novatrices afin de permettre à l'immigration de continuer à
contribuer au développement social, économique et culturel du Québec.
Comme
vous le savez, Mme la Présidente, j'ai déposé, le 27 octobre dernier, le plan
d'immigration du Québec pour 2017 et
dévoilé les orientations stratégiques qui guideront la planification de notre
immigration jusqu'en 2019. Ce plan et
ces orientations s'appuient sur une grande réforme de l'immigration, que je
mène et qui vise à favoriser la participation
des Québécois de toutes origines dans toutes les sphères de la société par une
meilleure sélection, une meilleure intégration et un meilleur
vivre-ensemble.
Nous
stabilisons les volumes d'immigration à 51 000 pour 2017‑2018 puis à
52 500 en 2019 pour donner le temps aux nombreuses mesures de notre
réforme de prendre pleinement effet. Nous sélectionnons une immigration jeune, francophone, qualifiée, qui contribue à la
vitalité du français, une immigration qui répond aux besoins du marché du
travail, qui soutient la croissance
de nos entreprises et le dynamisme de nos villes et régions. Nous misons sur le
potentiel des travailleurs étrangers temporaires et des étudiants
étrangers, ces talents déjà au Québec et dont l'intégration est bien amorcée.
Nos orientations sont
basées sur un nouveau système d'immigration, un système moderne, performant et novateur, qui permettra une adéquation optimale
avec les besoins du marché du travail et, je tiens à le souligner, qui
s'inspire des meilleures pratiques dans le monde, notamment du système
en Australie, Nouvelle-Zélande et le Canada.
Notre
réforme et notre plan ont fait l'objet de trois consultations lors des deux
dernières années. Ils découlent d'un processus
crédible basé sur des données et des études. Nous avons entendu les acteurs du
milieu économique, les représentants du milieu syndical, des élus
municipaux, des chercheurs et des organismes communautaires.
Ce
qui se dégage de ces larges consensus,
Mme la Présidente, c'est un large consensus pour notre approche.
Dans un communiqué, la Fédération des chambres de commerce du Québec
accueille positivement notre plan, et je cite : «La fédération [...] appuie notamment le maintien de
la cible établie à 51 000 immigrants [...] et salue» la modernisation
du système d'immigration — et je cite encore — qui «permettra à terme une plus grande
adéquation entre les besoins du marché
du travail et le profil des immigrants sélectionnés». Et elle salue aussi, je
cite, «l'intention de la ministre de déployer des efforts afin de
retenir les travailleurs étrangers temporaires et les étudiants étrangers».
De même, la Chambre de commerce du Montréal
métropolitain salue notre plan d'immigration dans un communiqué. Elle souligne
par ailleurs notre «volonté affirmée d'intensifier les efforts d'intégration
professionnelle des immigrants [...] en favorisant
l'admission d'un plus grand nombre d'immigrants ayant un profil recherché par
les entreprises, de même qu'en encourageant l'immigration chez les étudiants
étrangers et les travailleurs temporaires».
La Centrale
des syndicats du Québec, par la voix de sa présidente, Louise Chabot,
s'est aussi dite en accord avec le
plan du Québec en immigration, plus encore, sur notre cible de porter à
85 % la proportion de nos travailleurs qualifiés qui parlent le
français. Elle l'a qualifiée, et je cite, d'essentielle.
Appelé à
commenter nos orientations quant au nombre de personnes immigrantes qui seront
admises, le secrétaire général de la
Confédération des syndicats nationaux, M. Jean Lortie, a rappelé que
les niveaux d'immigration, et je cite, «doivent répondre à des besoins
démographiques au Québec dans un contexte de vieillissement de la population».
La députée de
Montarville, constatant l'absence complète d'appétit pour les positions défendues
par sa formation politique lors des
consultations, se retourne et nous indique que la population n'a pas pu
s'exprimer lors des consultations. Pourtant,
c'était une consultation générale lors de laquelle tout le monde pouvait se
prononcer et se sont prononcés. Ce qu'on a senti, c'est que tout le
monde était en accord avec les orientations.
Je pourrais poursuivre longtemps, Mme la
Présidente, tant le consensus est large autour de notre position. Toutefois, et je le répète, Pierre Fortin,
Brahim Boudarbat et Gilles Grenier, qui ont mentionné, dans un
article intitulé Le bon plan de la ministre de l'Immigration, et
je cite :
«[La ministre]
propose un choix stratégique fondamental : améliorer d'abord le processus
de sélection et d'intégration avant d'en augmenter le nombre de façon
importante.
«Son choix est le bon.
«[La
ministre] propose une légère augmentation du nombre d'immigrants, mais surtout
elle vise une meilleure adéquation
des compétences aux besoins des employeurs, une admission plus facile pour les
étudiants étrangers et les travailleurs
temporaires, une campagne anti discrimination, un investissement accru en
francisation, une recherche active de
jeunes candidats, une ouverture accrue des régions à l'immigration, un soutien
à l'entrepreneuriat immigrant, et un encouragement des femmes
immigrantes à l'emploi.» Fin de la citation.
C'est, dans leurs mots, «le bon plan».
C'est un plan
ambitieux, Mme la Présidente, mais nous nous donnons les moyens de réussir. La
semaine dernière, notre collègue le
ministre de l'Éducation a annoncé de nouvelles sommes pour la francisation des
adultes et des enfants : 17 millions de dollars qui viennent
s'ajouter à un 8 millions annoncé plus tôt cette année à cet effet, un
total donc du ministère de l'Éducation de 25 millions de plus pour la
francisation au sein de ce ministère.
• (15 h 30) •
Dans mon
propre ministère, c'est 6 millions supplémentaires pour la francisation
cette année, ce qui porte l'enveloppe
gouvernementale du ministère, et je tiens à le souligner pour la députée de
Montarville, à 168 millions, un sommet historique. Jamais, jamais
le ministère n'a dépensé ou ne dépensera autant en francisation. La raison est
bien simple, les montants de transfert du
gouvernement fédéral sont en hausse depuis le début de l'entente Canada-Québec,
et j'invite la députée à regarder ces chiffres et le montant accordé. Et le
gouvernement du Québec, par l'entremise de quatre
ministères : le ministère de l'Emploi, le ministère de l'Éducation, le
ministère de l'Immigration, le ministère de la Santé, rajoute à ces sommes. Et donc c'est plus que le montant qui est
transféré par le gouvernement fédéral qui est investi en immigration.
Quand on
regarde plus largement, au chapitre de l'accueil et de l'intégration, donc, des
personnes immigrantes, ce sont plus
de 370 millions qui sont investis par le gouvernement, bien au-delà des
sommes transférées par le gouvernement fédéral.
La réalité, c'est que, pour l'intégration des personnes immigrantes, nous avons
les moyens de nos ambitions, et les sommes
sont au rendez-vous. Ce n'est pas moi qui le dis, c'est plutôt la table de
concertation des organismes au service des
personnes immigrantes et réfugiées, la TCRI, qui représente 140 organismes
partenaires du ministère et qui sont nos premiers répondants sur le terrain, qui s'occupent, qui s'intéressent et
qui sont responsables de l'accueil et de l'intégration, de la francisation aussi. Et je cite, dans leur
communiqué : «...que les ressources financières seront [...] au rendez-vous.»
Revenons sur
la position de la CAQ face à l'immigration. Pour la deuxième opposition,
franchement c'est idéologique, on
veut une réduction du volume d'immigration, peu importe que ce soit néfaste
pour l'économie du Québec et peu
importe le consensus au Québec parmi les acteurs de l'immigration qui sont
connaissants en la matière, qui ont une longue expérience de
l'immigration. Et justement les propositions de la deuxième opposition sont
néfastes pour l'économie du Québec et
fondées, donc, sur une incompréhension de notre système d'immigration.
Voyez-vous, sur les 51 000 personnes
que nous accueillerons l'an prochain, environ 30 000 proviendront de
l'immigration économique, près de 12 000 seront issues du
regroupement familial et environ 9 000 proviendront du mouvement des
réfugiés.
Lorsque la
CAQ propose de réduire les volumes d'immigration à 40 000, qu'est-ce que
cela veut dire? Elle ne peut pas
réduire le nombre de personnes réfugiées qui découle de nos obligations de
solidarité internationale. Le Québec reçoit
23 % des personnes réfugiées au Canada. Elle ne peut pas non plus réduire
la catégorie du regroupement familial, parce
que ces personnes arrivent au Québec en vertu d'accords internationaux dont le
Canada est signataire et auxquels le Québec adhère.
L'article 10
de la convention internationale relative aux droits des enfants stipule que
«toute demande faite par un enfant ou
ses parents en vue d'entrer dans un État partie ou de le quitter aux fins de
réunification familiale est considérée par les États parties dans un
esprit positif, avec humanité et diligence».
Alors,
qu'est-ce qu'il reste à la CAQ pour réduire les volumes d'immigration?
L'immigration économique. Et je rajouterais :
C'est l'immigration francophone. Carrément, elle frappe... elle et sa formation
frappent au coeur de l'immigration économique du Québec. Donc, la baisse
de 10 000 proposée par la CAQ, c'est couper le tiers de notre immigration francophone et économique. Un tiers de
notre immigration la plus, comme je le dis, francophone. Un tiers de
l'immigration qui répond le plus directement aux besoins du marché du travail.
C'est carrément néfaste pour notre économie, quand on sait que, selon Emploi-Québec,
18 % des emplois qui seront à combler dans les prochaines années le seront par l'immigration, parce que nous avons
une population en âge de travailler qui est en déclin et que la main-d'oeuvre
locale ne suffira plus.
Hier, la
députée de Montarville a mentionné qu'elle entend les citoyens. Eh bien, moi
aussi, Mme la Présidente, je les
entends. J'ai la chance de parcourir le Québec et j'inviterais bien la députée
de Montarville à faire de même partout, partout sur le territoire du Québec. Si elle passe par Rimouski, est-ce
qu'elle entendra le maire, les intervenants économiques et les
employeurs dans le domaine de l'hôtellerie et du meuble? Les besoins de
main-d'oeuvre, ils sont là, et c'est le maintien
d'emplois de qualité qui est en jeu. Si elle passe par la Beauce, est-ce
qu'elle entendra les gens dans le secteur manufacturier qui vont lui dire qu'ils ont besoin de soudeurs et de
machinistes pour poursuivre leur croissance? Si elle passe par Montréal, est-ce qu'elle sera à l'écoute
de l'industrie du jeu vidéo qui tourne à plein régime et dont la croissance
dépasse largement la capacité de formation de nos collègues? Et le secteur
aéronautique, dans lequel un ingénieur aéronautique
sur deux est issu de l'immigration et qui a besoin de talents et compétences
stratégiques, qu'est-ce qu'elle va
leur répondre? Ces entreprises de pointe qui sont à la conquête de nouveaux
marchés, elle va aller leur dire : Désolée, nous, vos besoins de main-d'oeuvre, ça ne nous intéresse pas. Si elle
sort de l'Assemblée nationale, ici, à Québec, une région qui vit le
plein emploi, une région qui organise des missions de sélection à l'étranger
tant la croissance de ces entreprises est forte, est-ce qu'elle va les ignorer?
D'ailleurs,
notre gouvernement est à l'origine
des Journées Québec, qui sont des missions de recrutement en France
et en Belgique et qui permettent à des milliers de candidats de rencontrer des
employeurs d'ici. Nous en sommes à la 15e édition.
39 entreprises y participent dans des domaines comme la finance, la
comptabilité, les jeux vidéo, le génie industriel,
ce sont des milliers de candidats qui y participent. Nous sommes à la recherche
des talents partout dans le monde.
Qu'est-ce qu'on recherche? Des ingénieurs en aéronautique, des ingénieurs
civils, forestiers, informatiques, des
actuaires, des architectes, des comptables, des informaticiens, des analystes
biomédicaux, des mécaniciens agricoles, des mécaniciens d'engin de chantier, des électromécaniciens, des techniciens
en usinage, et j'en passe, Mme la
Présidente. Nous avons besoin
de ces talents, de ces compétences.
Ce que l'on entend
partout au Québec, ce sont des pénuries de main-d'oeuvre. C'est la réalité de notre économie,
et il faut y faire face avec toutes les solutions possibles, et l'immigration
en est une.
Cela ne veut
pas dire d'ignorer les défis qui se posent au chapitre de l'intégration. Ce
sont des défis importants, et nous
nous y attaquons, plutôt que de nous réfugier derrière ces défis pour pointer
l'immigration du doigt. La réforme que
je mène propose de nombreuses solutions, un meilleur arrimage entre les besoins
du marché du travail et la sélection basée, Mme la Présidente,
je le tiens à le souligner, sur des portraits régionalisés, une nouveauté dans
notre système d'immigration, on n'a jamais pu faire l'arrimage direct avec des
besoins dans nos régions — pensons
à votre région, Mme la Présidente, la région de l'Outaouais, les besoins sont
grands parce que c'est une communauté qui est vraiment
croissante. Et j'ai vu les progrès
extraordinaires, d'ailleurs, dans votre région, grâce à l'organisme SITO — aussi,
une bonification de l'offre en
francisation, une accélération de la reconnaissance des acquis et des
compétences, des partenariats avec
des villes et des régions pour développer
des milieux de vie inclusifs, une campagne sociétale sur le vivre-ensemble.
Parce qu'il faut se le dire, l'intégration
des personnes immigrantes, il s'agit d'un enjeu qui appelle à des actions sur
plusieurs fronts. On peut très bien
sélectionner la personne la plus compétente, avec le français le plus
impeccable, mais elle pourra néanmoins
faire face à des difficultés d'insertion en emploi. Rappelons-nous l'étude de
la Commission des droits de la personne — et je demande à la députée de Montarville
d'être sensible à ces questions — mieux vaut s'appeler Bélanger que Traoré. Il faut s'attaquer à la discrimination
et au racisme systémiques. On aimerait bien entendre la deuxième opposition
à ce sujet.
Au-delà de
toutes les mesures que nous mettons de l'avant pour favoriser l'intégration en
emploi des personnes immigrantes,
nous persistons et signons, nous avons annoncé la semaine dernière la création
d'un comité interministériel qui
assurera un accompagnement continu des personnes immigrantes de l'étranger
jusqu'à leur insertion en emploi au Québec.
Nous voulons améliorer la coordination, la continuité et l'efficacité de
l'offre de services destinée aux personnes immigrantes. Nous ne ménageons aucun effort, et c'est d'ailleurs parce
que nous nous attaquons de front à l'ensemble des obstacles à l'intégration en y allant d'une meilleure sélection, de
mesures d'intégration plus poussées et de mesures visant le vivre-ensemble que notre plan... et
c'est pour cela d'ailleurs que notre plan a été salué par les experts
internationaux de l'OCDE et du
Migrant Policy Institute, car ils ont dit que notre approche est unique au
monde. Il ne s'agit pas juste de s'orienter et de s'attaquer au système de
sélection, mais aussi de s'attaquer aux préjugés, à la discrimination, car ce
n'est pas le gouvernement qui engage tout le
monde, c'est les entreprises, c'est toute la société civile qu'il faut
mobiliser, et il faut en parler.
De ce côté-ci
de la Chambre, nous avons des solutions claires pour relever le défi de
l'intégration. Qu'est-ce que la deuxième
opposition a à offrir? Elle veut mettre tout le fardeau de l'intégration sur le
dos des personnes immigrantes. Elle
veut des cours de francisation obligatoires, peu importe l'impact sur les
personnes immigrantes. Elle veut faire passer des tests d'expulsion aux personnes immigrantes et expulser ceux qui
échoueraient un test de français, ne trouveraient pas un emploi ou qui échoueraient un test de
valeurs. C'est l'immigration jetable. C'est abject et c'est tout bonnement
inconstitutionnel.
L'intégration,
c'est un processus d'amélioration continue. C'est notre rôle, comme élus,
d'améliorer nos politiques publiques.
On ne peut pas arriver, comme le fait la deuxième opposition, à grands coups de
pinceaux pour fermer la porte, fermer
la frontière, expulser les gens. C'est contre notre ADN comme Québécois, ça va
à l'encontre de notre histoire et de nos valeurs.
Des voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Non, non, non, c'est bien, j'allais me lever.
Oui, oui. Non, il faut... Mme la ministre, vous savez très bien qu'on ne
peut pas prêter...
Une voix :
...
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Un instant!
Une voix :
...
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Oui, oui! Un instant,
laissez-moi intervenir. Alors, vous
savez très bien qu'on ne peut
pas prêter des intentions à un membre de cette Assemblée, alors...
Une voix :
...
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : «Fermer les portes». Elle a changé les termes.
• (15 h 40) •
Des voix :
...
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Un instant! Un instant! Un instant! Bon, je suis debout, alors je vais
demander à tout le monde de s'asseoir et je vais reconnaître M. le leader du deuxième
groupe d'opposition.
M.
Bonnardel : Alors,
Mme la Présidente, à l'article 35, la ministre sait très bien
ce qu'elle dit, elle nous prête des
intentions. Elle a dit que la Coalition
avenir Québec était prête à fermer
les frontières, quand on est prêts à accepter 40 000 immigrants. Je
lui demande de retirer ses paroles immédiatement.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Bon, écoutez... Non, écoutez, c'est
moi, la présidente ici, là. J'ai déjà demandé à Mme la ministre de ne
pas imputer de motifs indignes à aucun membre ici, de cette Assemblée. Je vais
lui demander de poursuivre en faisant preuve d'un peu plus de prudence. Merci.
Mme
Weil : Je vais nuancer mes propos, je retire mes propos. Quand
on dit que, si quelqu'un... imaginez ça, un statut précaire, un statut précaire, un statut temporaire, c'est ce que
la CAQ a proposé, que, si la personne ne trouve pas un emploi après trois ans, cette personne devra
quitter. Alors, qu'est-ce que c'est, ça? C'est inouï et inconstitutionnel,
parce que la personne jouit des mêmes droits que tous ceux qui sont sur le
territoire.
Louise
Chabot, de la CSQ, d'ailleurs, lorsqu'on a posé cette question... Donc, ce que
je vous dirais, c'est que les propositions
de la deuxième opposition n'ont trouvé écho auprès d'aucun groupe qui est venu
en commission parlementaire. Bien au
contraire, tous ont tenu à s'en distancier, et voici quelques exemples. Louise
Chabot de la CSQ, je cite : «Non. On ne mise pas sur le caractère obligatoire [de la francisation].» La
députée a pu poser la question à plusieurs. Ils ont dit : Ce n'est pas de cette façon qu'on va réussir à
intégrer les personnes à la société québécoise. Il faut les appuyer, donc, par
l'approche qu'on a, des campagnes de
promotion. Lorsque la personne arrive ici, sur notre territoire, lorsqu'on
sélectionne la personne, la personne
jouit d'un statut de résident permanent avec tous les mêmes droits que tous les
autres résidents permanents. Et c'est
cet aspect-là qui est tellement dérangeant dans la vision de la CAQ, c'est de
ne pas reconnaître l'égalité de tous devant la loi, l'égalité de droit.
Alors donc, est-ce
qu'on oblige un autre à prendre des cours de francisation? Non, mais ça, c'est
le droit...
Des voix :
...
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Oui, M. le leader du deuxième groupe d'opposition.
M.
Bonnardel :
«Ne pas reconnaître l'égalité de tous par la Coalition avenir Québec». Ça vous
prend quoi, Mme la Présidente, pour reconnaître que...
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Non, non, un instant, là. M. le leader du deuxième groupe d'opposition, vous aurez l'occasion d'intervenir dans
ce débat un peu plus tard. Mme la
ministre a le droit à son opinion,
elle a son temps d'intervention, et
je vais lui demander de poursuivre et vous demander, s'il vous plaît, de lui permettre de poursuivre. Merci.
Mme
Weil : Mme la ministre, c'est un traitement différencié au point de vue juridique et, en droit,
c'est inacceptable. Donc, un résident
permanent a tous les mêmes droits que tous les Québécois.
Donc, on ne peut pas rendre obligatoire
un cours de français à l'un et pas aux autres. Alors, je vous dis, c'est ça,
l'égalité devant la loi et devant le droit. C'est un traitement
différencié.
Donc,
l'approche, c'est de cibler 85 %
des travailleurs qualifiés qui vont parler français. C'est la bonne approche
et c'est cette approche-là qui est allée
chercher l'adhésion de tous. C'est une approche d'encouragement, de support, de
financement. Et jamais on n'a investi autant en immigration par tous nos
programmes.
Martine
Hébert, de la fédération canadienne des entreprises indépendantes, et je
cite : Est-ce qu'on est obligés de
forcer? Est-ce qu'on a vraiment besoin de passer par une loi, un règlement? Je
ne suis pas convaincue. Stéphane Forget, de la Fédération des chambres de commerce du
Québec : Je ne sais pas à quel point l'obligation va aider, l'intégration
à l'emploi est la meilleure façon de faire
en sorte qu'ils s'expriment en français. Pour sa part, le maire de Laval, Marc
Demers, s'est questionné sur le prix
humain, c'est son expression, d'une telle obligation. Il mentionne que les
personnes immigrantes ont besoin de
conjuguer l'apprentissage du français avec leurs obligations familiales. On le
voit bien, donc, la Coalition avenir Québec est isolée avec cette
proposition.
Quant à la députée de
Montarville, quand elle mentionne vouloir moins d'immigrants — la
CAQ prend cette position — pour
pouvoir en prendre soin, elle envoie toute une claque au visage des personnes
immigrantes. Ces personnes n'ont pas
besoin qu'on prenne soin d'elles, elles sont courageuses, débrouillardes,
déterminées et extrêmement qualifiées. Elles ont besoin d'un gouvernement
et ses partenaires qui s'attaquent aux obstacles à leur intégration, comme nous
le faisons, d'un gouvernement qui a confiance en leur contribution et qui ne les pointe pas du doigt, comme la
deuxième opposition, pour leur coller l'étiquette de l'échec.
Quand la députée de Montarville
associe l'immigration à l'échec, qu'elle aille le dire à Daniele Henkel, à Aldo
Bensadoun, aux Saputo, aux Kruger, à toutes ces personnes venues d'ailleurs qui
font la renommée du Québec. Qu'elle aille le
dire aux personnes réfugiées syriennes qui apprennent le français
et qui ont déjà trouvé du travail, aux enfants et adolescents dans nos écoles que je rencontre si souvent et qui disent
merci au Québec, merci au Canada. Qu'elle le dise aux personnes immigrantes qui se lancent en affaires. Vous
l'avez sûrement vu, la Fondation de l'entrepreneurship a publié une étude cette semaine démontrant que
les entrepreneurs immigrants occupaient une place importante dans la
chaîne de l'entrepreneuriat au Québec.
Cette fin de semaine,
j'étais au Salon des jeunes entrepreneurs immigrants. Ils étaient plus de 300
avec la tête débordante d'idées. J'ai eu la
chance de parler à plusieurs d'entre eux. Et, quand je regardais leurs
visages, que je croisais leurs
regards, ce n'est pas l'échec que je voyais, mais la réussite, une réussite
pour tout le Québec, tous les jours. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup, Mme la ministre. Et maintenant, pour la prochaine intervention, je vais reconnaître Mme la whip en chef de l'opposition officielle et députée
d'Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Carole Poirier
Mme
Poirier : Merci, Mme la Présidente. Alors, il me fait plaisir
d'intervenir sur la motion de la Coalition avenir Québec et vous dire, d'entrée de jeu, Mme la
Présidente, que je vais répartir mon propos sur les deux paragraphes de cette
motion, parce que je vis une ambiguïté avec cette motion.
Le
premier paragraphe, qui nous dit de reconnaître les lacunes importantes du
Québec en matière d'intégration, de francisation et d'employabilité des
immigrants, bien là, on n'est pas surpris. Ça, pour nous, c'est une évidence importante. Une évidence parce que le gouvernement
de l'austérité libérale a frappé fort auprès des immigrants. On se
rappellera, en juin 2015, les coupures importantes qui ont été faites. On
a diminué de 25 % les budgets, à partir du 1er juillet 2015, pour faire en sorte que... Et la ministre
nous dit : Ce n'est pas obligatoire, de faire apprendre le français.
Mais, dans son cas, c'est même d'être loin
d'être obligatoire, on les coupe, les cours de francisation. Alors, c'est loin
d'être obligatoire, ce n'est pas
nécessaire. Parce que, ce gouvernement-là, ce qu'il a fait, c'est couper,
couper, dans les dernières années, justement la francisation de nos
immigrants, couper de façon drastique.
Et,
cette semaine, on l'a vu... bien, vendredi passé, le gouvernement a annoncé
17 millions dans les commissions scolaires.
Pourquoi ils ont dû annoncer 17 millions? Bien, c'est parce que, les deux
années précédentes, ils avaient coupé. Alors,
est-ce que le rattrapage de ce 17 millions va nous permettre justement de
franciser ceux qu'on n'a pas francisés dans les dernières années?
Vous
savez, immigrer, c'est vivre un rêve, pour beaucoup d'entre eux, le rêve de
changer sa vie, d'améliorer son statut, d'aller vivre ailleurs et
particulièrement au Québec, dans une démocratie. Pour beaucoup, c'est ça que ça
veut dire. Ça veut dire se réaliser. Ça veut dire que nos enfants vont
aller à l'école. Ils vont avoir accès à l'école.
Je
sors d'une rencontre, Mme la Présidente, de la sous-commission éducation de la
Francophonie, actuellement, où des
femmes du Niger qui étaient là, des femmes du Sénégal sont venues s'exprimer
sur le fait que leurs enfants n'ont pas
le droit d'aller à l'école, particulièrement les jeunes filles, parce qu'il n'y
a pas d'installation sanitaire. Le droit à la scolarité, pour quelqu'un
qui arrive au Québec, c'est quelque chose d'extraordinaire.
Mais
ce que le gouvernement a fait, bien, c'est briser des rêves, briser les rêves
de ces gens-là en faisant en sorte de
ne pas réussir leur intégration au Québec, parce que les coupures importantes
de ce gouvernement ont fait en sorte que leur intégration, entre autres à la francisation, ne fonctionne pas. Ça,
c'est la réalisation de l'austérité libérale. C'est ça que ça veut dire
concrètement.
• (15 h 50) •
Mais,
dans cette dynamique-là, il faut regarder les données, il faut regarder les
chiffres. Et j'ai comme l'impression que
le gouvernement regarde juste un côté des chiffres, ceux qui font son affaire.
Pourquoi? Pourquoi encore, au Québec, 42 %
des nouvelles demandes à l'aide sociale proviennent des immigrants? Comment
explique cette donnée la ministre? Comment la ministre se satisfait-elle
que 42 %... presque une personne sur deux qui arrive à l'aide sociale est
une personne qui a choisi le Québec comme pays d'adoption? Est-ce qu'on doit
être fiers de ça? On n'a rien à se péter les bretelles,
là, absolument pas. Et ça, c'est le bilan de cette ministre, c'est le bilan de
ce gouvernement, c'est le bilan qui fait que, quand je coupe des classes de francisation, bien, ça fait en sorte
que ces personnes-là ne puissent pas aller sur le marché du travail. Ça,
c'est le bilan.
Et, quand le
gouvernement nous annonce, la semaine passée, 51 000 nouveaux
immigrants, bien, c'est quoi, ce chiffre?
Et là j'arrive avec la deuxième partie de la motion de la CAQ :
40 000, d'où vient ce chiffre? Personne, personne ne fait l'évaluation de
la réussite de notre immigration. Il est là, l'enjeu, Mme la Présidente.
L'enjeu, c'est la réussite. Ce que
l'on veut, c'est que ces gens-là travaillent. Ils viennent ici pour travailler,
élever leurs enfants, améliorer leur sort, pas se retrouver à l'aide
sociale. Parce que c'est ce qui les attend.
À Montréal,
il y a un phénomène qui n'est pas drôle mais qui fait partie de nos moeurs
populaires : il est plus facile de
trouver un médecin dans un taxi présentement. Est-ce qu'on doit être fiers de
ça? On a une entente France-Québec qui devrait
être un pont extraordinaire pour faire en sorte qu'un médecin français qui
arrive au Québec travaille ou du moins est
dans un processus pour le mener au travail le plus rapidement possible. Le
ministre de la Santé peut bien nous dire qu'on a trop de médecins au Québec, mais moi, je peux vous dire, dans un
quartier comme le mien, où il y a trois médecins en fonction actuellement, bien, moi, le médecin français qui fait les
manchettes dans les médias, j'aimerais bien l'avoir dans mon quartier. Il demeure dans mon quartier,
mais il ne peut pas travailler parce que nos règles... parce que le conseil
des médecins lui impose d'aller faire sa
résidence à Baie-Comeau, pour laquelle il devra payer 20 000 $ de ses
poches en plus de payer ses frais de
subsistance. Ça, c'est le rêve québécois. Ça, c'est le rêve québécois. Et
l'entente France-Québec ne parle pas du tout, du tout de ça, jamais de
la vie. Jamais l'entente ne spécifie ce genre de chose. Des dentistes qui arrivent ici de la France, pour lesquels l'entente
leur fait presque un pont doré, ça ne fonctionne pas un an plus tard. Ce
n'est pas ça, l'entente. Alors, comment peut-on arriver avec un chiffre de
51 000, 40 000?
Moi, je vais vous dire, Mme la Présidente, on a
besoin de faire nos devoirs, au Québec. On a besoin de savoir comment ça fonctionne. Et les consultations qui
ont été menées, malgré ce que nous dit la ministre, avec tous les rapports,
bien, ce n'est pas les rapports du peuple,
ça, là, là. Moi, quand je vais à Côte-des-Neiges, là, puis que je vois l'état
de situation des gens qui demeurent là, je ne suis pas très fière, je ne
suis pas très fière.
Pourquoi
85 % de l'immigration s'installe à Montréal? Parce qu'il y a des services.
La régionalisation, on nous a parlé
de la théorie de la régionalisation. Semble-t-il qu'il y a des entreprises en
région qui ont besoin de main-d'oeuvre. Mais on ne la régionalise pas,
notre main-d'oeuvre, elle arrive à 85 % et elle demeure à Montréal à
85 %. Mais, pour bien réussir cette
régionalisation, qu'est-ce qu'a fait le gouvernement? Bien, il a fermé les
bureaux régionaux. C'est ça qu'il a
fait, le gouvernement. Il a fermé ses bureaux régionaux. Alors, entre autres,
dans la région de Montréal — bon, vous allez me dire, Montréal, ça se voyage bien, métro, l'autobus,
etc. — bien, on
a fusionné les bureaux Montérégie, Laval
et Montréal. Mme la Présidente, vous le savez, la Montérégie, ce n'est pas
grand entre le Suroît, Longueuil puis Saint-Jean-sur-Richelieu,
ça se voyage bien. Mais ces gens-là, dorénavant, ont des services à Montréal.
C'est ça, la réalité. Ça, c'est notre façon de bien les accueillir, de bien
les intégrer et leur donner des services.
Mais en plus,
en plus, ce qu'on a fait, c'est que le ministère considère que les services qui
étaient donnés n'étaient pas si
importants que cela et n'étaient pas si utilisés que cela. Bien là, ça veut
dire que c'est un constat d'échec. Pourquoi les personnes qui arrivent au Québec n'ont pas été rechercher les
services? Bien, c'est parce qu'on n'a pas répondu à leurs besoins. Quand je vois un organisme comme le
ROMEL, à Montréal... Le ROMEL, là, c'est un organisme d'intégration en habitation. Quand ces gens-là accompagnent des
familles au complet... pour des choses simples, Mme la Présidente, simples, simples : Quel jour on met nos
déchets? Mais comment on les met, les déchets? Est-ce qu'on met ça dans des
sacs? Est-ce qu'on fait du recyclage?
Qu'est-ce qu'on met dans le recyclage? Nous, on a tout compris ça, puis ça nous
a pris les 25 dernières années
pour comprendre ça, puis, encore là, on a de la misère puis des fois on ne sait
pas où mettre les choses. Eux, ils arrivent d'endroits où ils ne savent pas du tout, ils n'ont jamais connu ce genre de cueillette d'ordures, et
il faut apprendre à vivre à la québécoise.
On a beau nous
dire : C'est des gens qui arrivent, qui ont de l'éducation,
nous dire que les gens sont des investisseurs,
etc., mais nos codes de vie... On appelle ça les codes culturels dans le monde
des organismes qui s'occupent justement des personnes en intégration, on
appelle ça les codes culturels. Qui apprend les codes culturels du Québec à nos
immigrants? Pas le ministère, parce que tout ce qu'on fait, c'est réduire comme
peau de chagrin les services du ministère depuis que le gouvernement libéral est
arrivé à nos portes en 2014. Tout ce qu'ils ont fait, c'est couper les services
d'intégration. Bien, les effets de ça, bien,
c'est justement : 42 %
des nouvelles demandes à l'aide sociale sont des personnes immigrantes et un taux de... et surtout qu'on
compte pour 24,7 % des prestataires de l'aide sociale sont des immigrants,
presque 25 %. Une personne sur quatre
qui est à l'aide sociale est une personne immigrante. On a de quoi être fiers?
C'est ça, le rêve québécois? Je m'excuse, Mme la Présidente, mais moi,
je n'y crois pas.
Alors, ma
problématique avec la motion de la CAQ aujourd'hui, c'est vraiment le chiffre.
Le chiffre de 40 000, je ne peux
pas y adhérer. Je ne peux pas y adhérer parce que ça ne me dit rien, ce n'est
basé sur rien et ça fait en sorte que
je remets encore le fardeau sur le dos de ces personnes qui ont choisi un rêve
québécois. Et ça, c'est inadmissible, Mme la Présidente, c'est
inadmissible.
Vous savez, la courbe... — je
cherche mon petit diagramme que j'avais tout à l'heure sous les yeux. Le taux d'immigration du Québec, du Canada et des
États-Unis est quand même assez impressionnant comme donnée sur notre capacité... et, surtout quand je vois les derniers
chiffres qui sont arrivés sur la volonté canadienne, j'en suis encore plus
inquiète. Nous sommes une population de
8 millions au Québec et nous avons un taux de 6,1 pour
1 000 habitants; les États-Unis,
trois, la moitié. Le taux d'immigration aux États-Unis est de la moitié de
celui du Québec. Alors, imaginez la pression,
la pression que l'on met. Mais, si la pression nous donnait justement de
l'initiative, si la pression nous donnait justement le goût de faire
mieux, de faire en sorte que l'on s'en occupe, de notre immigration? Pourquoi,
au bout de quelques années, 50 %
quittent le Québec? Bien, c'est notre échec, c'est qu'ils n'ont pas trouvé ici
le rêve qu'ils souhaitaient.
• (16 heures) •
Et, quant à
la proposition de la CAQ de rendre obligatoire le français, effectivement les
chartes ne permettent pas ça, d'accord.
Mais, si on était si bons que ça et si on y croyait tant que ça, de
l'importance du français, bien, premièrement, Mme la Présidente, on s'organiserait que, dans nos entreprises, on parle
français, parce que c'est par le milieu du travail qu'on intègre le
mieux les personnes. Et, en abaissant, justement, les règles sur le français en
entreprise, on pourrait justement mieux intégrer les
personnes. Mais ça, malheureusement, les autres partis n'en font pas leur
objectif. Nous, on y croit. Nous, on croit
que, par le milieu du travail, on peut intégrer une personne. On croit que, par
la francisation, on peut intégrer une personne.
Moi, je crois
énormément aux organismes communautaires, qui font un travail extraordinaire et
qui sont justement là. Moi, je regarde
encore l'organisme, dans mon comté, qui fait en sorte de recevoir régulièrement
des nouveaux arrivants et qui vont
faire la tournée du quartier : où est l'épicerie, où est le bureau de
poste — parce
qu'on a encore des bureaux de poste,
fort heureusement — où est
la caisse populaire, parce qu'on favorise justement de faire en sorte que
ces gens-là puissent vivre avec les moyens
québécois, parce que l'intégration, c'est ça que ça veut dire. Ça ne veut pas
dire perdre sa culture, l'intégration, ça ne
veut pas dire perdre sa langue, mais ça veut dire en adopter une nouvelle, ça
veut dire vivre avec l'ensemble. Malheureusement,
l'échec du gouvernement libéral, avec l'austérité qu'il a appliquée, a fait en sorte de, un, réduire les moyens,
réduire la francisation, fermer les bureaux régionaux pour regrouper les
services, et donc moins
d'accessibilité. Vous savez, quand on arrive comme immigrant, on n'a pas
nécessairement une automobile le
lendemain matin, on n'a pas nécessairement un logement le jour suivant et on a
aussi à intégrer nos enfants. Et, fort heureusement,
notre système scolaire, et grâce à la loi 101, bien, fait en sorte que les
enfants d'immigrants vont à l'école en
français, fort heureusement. Ça, c'est le bout qu'on a réussi. Mais on est dans
l'obligation, et cette loi-là oblige les enfants à aller à l'école en
français.
Alors,
moi, je nous dis : Pourquoi on ne se donne pas les moyens, Mme la
Présidente, de faire en sorte que l'immigration
soit réussie au Québec? Ce n'est pas une question de nombre, c'est une question
de qualité, c'est une question de
savoir-vivre et de savoir-faire. Et, le savoir-faire, je suis persuadée qu'il
existe, mais il faut se donner les moyens. Et, moi, ce que je demande, c'est qu'on puisse s'assurer que la population
qui choisit... les gens qui arrivent de l'extérieur qui choisissent le Québec dans le rêve, bien,
puissent vivre leur rêve jusqu'au bout et faire en sorte qu'on leur donne les
moyens d'habiter, de parler en français, de
travailler en français et surtout, surtout de réussir leur vie au Québec.
Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup,
Mme la députée d'Hochelaga-Maisonneuve. Et, pour la poursuite de ce
débat, je cède la parole à Mme la députée de Chauveau.
Mme Véronyque Tremblay
Mme Tremblay : Bonjour, Mme la Présidente. Encore aujourd'hui, la CAQ me donne l'occasion
de me lever en cette Chambre afin de
parler de l'immigration et de tout le travail que le gouvernement a accompli
pour aider les immigrants à s'intégrer dans notre société.
Cette
semaine, lors de la soirée d'Halloween, j'ai rencontré quelques familles de
nouveaux arrivants qui étaient fières de venir rencontrer leur députée,
de nouveaux arrivants qui parlent le français et qui sont fiers de s'intégrer à
la communauté de Chauveau.
L'immigration est
positive pour le Québec et contribue à la vitalité du français et à l'économie.
Des efforts considérables ont été faits en
ce sens par la ministre de l'Immigration, de la Diversité et de l'Inclusion
notamment avec le projet de loi n° 77, qui permet la mise en oeuvre
d'une politique et de sa stratégie d'action. C'est une réforme très importante
sur la manière dont on accueille, dont on intègre, dont on sélectionne nos
immigrants et qui favorise la participation
et le vivre-ensemble. Nous les sélectionnons maintenant beaucoup plus sur la
base des qualifications pour favoriser
justement l'arrimage entre nos immigrants et les besoins du marché du travail;
des efforts qui ont aussi été faits pour favoriser la sélection d'une
immigration qui parle déjà le français.
D'ailleurs,
revenons sur le fait français, plus précisément sur la francisation. Je sais
que ma collègue de Montarville est
préoccupée par le sujet. Et, comme je viens de le mentionner, des efforts
considérables sont faits pour sélectionner une immigration francophone. La proportion des immigrants admis au
Québec et qui connaissent le français à leur admission a presque doublé depuis 25 ans. Cette
proportion est passée de 35 % pour la période de 1990 à 1994 à 61 %
pour 2010 à 2014, et, du côté des
travailleurs qualifiés, cette proportion dépasse même 90 %. Les allophones
maintenant qui ne parlent ni le
français ni l'anglais et qui décident d'effectuer un transfert linguistique le
font de plus en plus vers le français, et, pour la cohorte 1996 à
2006, c'est 75 % d'entre eux qui ont choisi le français plutôt que
l'anglais.
Les
consultations concernant la planification de l'immigration au Québec pour la
période 2017 à 2019 et qui ont eu
lieu à la fin du mois d'août ont été très enrichissantes. J'espère que
l'ensemble des collègues ont été très attentifs aux différents
intervenants. Ils ont indiqué à la ministre, pour la plupart, qu'il ne fallait
absolument pas abaisser le seuil d'immigration.
Et, d'ailleurs, ici, dans la région de Québec, on manque de main-d'oeuvre. Les
immigrants sont les bienvenus. Et je
dirais également que la majorité des personnes immigrantes mettent moins de
quatre mois pour obtenir un premier emploi
et près de 80 % des travailleurs qualifiés déclarent un revenu d'emploi
dès leur première année au Québec, 90 % des immigrants qui cherchent
un emploi en ont un.
Nous
proposons une approche positive face à l'immigration et des solutions
concrètes, contrairement à la CAQ, qui
reste toujours du côté négatif, de la peur et du repli sur soi. La CAQ préfère
toujours augmenter les contraintes pour les personnes immigrantes, comme
un test des valeurs, plutôt que de miser sur des solutions constructives pour
aider l'intégration des nouveaux arrivants.
De notre côté, nous favorisons la francisation et l'offre de francisation.
L'offre de cours est très variée,
diversifiée, il reste à mieux la faire connaître. Et c'est pour cette raison
que le MIDI offre une aide financière,
pendant la formation en classe, de 30 $ à 115 $ par semaine, en plus
de rembourser les frais de garde ou de transport. Une approche positive,
des solutions positives, c'est ce que notre gouvernement fait, Mme la
Présidente.
Les
partis d'opposition, je le répète, essaient de démontrer que les immigrants
s'intègrent mal, que le français est menacé.
Le français n'est pas en voie d'extinction au Québec. Nous sommes un peuple
fort, un peuple fier, les immigrants contribuent à cette vitalité du
français.
Nous menons
sur le terrain un travail important pour faire connaître et promouvoir
l'ensemble des services de francisation,
et le Québec a une offre très intéressante de francisation. Pour en indiquer
quelques exemples : le MIDI, qui fait des campagnes de francisation
pour rejoindre certaines clientèles cibles; des cours de francisation qui sont
offerts à temps plein, à temps partiel, en
ligne; les cours sont maintenant offerts aux étudiants étrangers, aux
travailleurs étrangers temporaires
présentement au Québec dans le but, justement, de favoriser leur rétention ici,
au Québec; le milieu communautaire,
les universités, les cégeps, les commissions scolaires, plusieurs autres
personnes de la société qui travaillent en collaboration pour améliorer l'offre de francisation. Près du quart
de notre immigration, chaque année, est constitué d'enfants, et j'aimerais rappeler qu'en vertu de
la loi 101 ces enfants sont tous scolarisés en français, et c'est un
élément important qu'il faut rappeler
lorsqu'on aborde le sujet de la francisation des immigrants. En apprenant le
français dès un très jeune âge, ces
enfants n'auront pas de misère à s'intégrer plus tard. Et, la deuxième
génération, 100 % connaissent
le français. Et tout ça, c'est sans parler des ententes de
partenariat, des alliances françaises pour favoriser l'apprentissage du français avant l'arrivée
des personnes immigrantes. Ce sont 136 ententes de partenariat dans
30 pays.
Notre offre en matière de francisation répond
aux besoins des nouveaux arrivants. Est-ce que nous travaillons à bien intégrer
les immigrants en matière de francisation? Oui, Mme la Présidente.
Maintenant,
parlons un peu plus de chiffres. Contrairement à ce qu'affirme la CAQ, les
sommes sont au rendez-vous. La francisation des personnes immigrantes
est une priorité pour notre gouvernement, et en ce sens nous avons investi 31 millions de dollars supplémentaires pour
la francisation des personnes immigrantes cette année, et je vais les décliner
pour bien comprendre ces chiffres :
donc, de ce 31 millions, 6 millions proviennent du ministère de
l'Immigration, de la Diversité et de
l'Inclusion pour promouvoir et bonifier l'offre de francisation, l'offre des
services de francisation, et, en plus
du bon travail qui est fait sur le terrain, nous y ajoutons de l'argent frais
pour améliorer l'offre offerte aux personnes immigrantes; 25 millions qui proviennent du ministère de l'Éducation
pour la francisation des adultes et des enfants, et ce 25 millions de dollars du ministère de
l'Éducation est très important, puisqu'il permet, entre autres, d'aider à la
francisation des réfugiés syriens, la
francisation des jeunes et des adultes partout dans le milieu scolaire. Lorsque
je relis la motion de la CAQ, qui parle d'accentuer les efforts
consacrés à l'intégration et à la francisation des immigrants, je suis très heureuse d'annoncer à ma collègue de Montarville
que c'est exactement ce que nous avons fait. Je viens de vous énumérer plusieurs points, dont ceux de la contribution de
l'immigration à la vitalité du français, la variété, la diversité de l'offre
de services de francisation, de tous les
efforts qui sont mis sur le terrain pour aider les immigrants et des
investissements supplémentaires en francisation.
Nous
accentuons les efforts en matière de francisation, Mme la Présidente, et notre
gouvernement a investi un total de 168 millions de dollars au chapitre de
la francisation des personnes immigrantes, et ce montant est un sommet
historique.
• (16 h 10) •
Les résultats sont au rendez-vous. Dans nos
circonscriptions, il y a des résultats. Les personnes immigrantes viennent nous voir dans nos bureaux de
circonscription et sont heureuses et participent activement à la société
québécoise. Les efforts de
francisation portent fruit, et on constate une hausse de la clientèle en
francisation de 15 % cet automne. Les
efforts ont été faits, ils continuent de l'être, et je félicite la ministre et
toute son équipe pour le travail qu'elles effectuent sur le terrain jour
après jour pour les personnes immigrantes.
Je réitère
que plusieurs personnes immigrantes qui habitent dans le comté de Chauveau
viennent me rencontrer soit en
prenant rendez-vous pour en connaître un peu plus sur notre système politique,
me dire que leur intégration dans la
société québécoise se passe bien. D'autres sont venus faire un tour avec leurs
enfants à l'Halloween, pas plus tard que cette semaine. J'ai même une famille colombienne que j'avais rencontrée
lors d'un autre événement dans le comté l'hiver dernier et qui a fait le détour pour me montrer à quel point leur
fillette avait grandi, et ils se sont exprimés dans un français
impeccable, avec un beau petit accent. Ça fait chaud au coeur de voir qu'ils
vont bien.
Je réaffirme
que je suis très heureuse de faire partie d'un gouvernement qui a à coeur le
succès et l'intégration des personnes
immigrantes. J'aime notre approche positive toujours en action pour aider ces
gens, qui ont besoin de notre soutien.
Les approches négatives des oppositions n'aident en rien l'intégration des
immigrants au Québec, et je leur demande très sincèrement de travailler en collaboration avec nous. La
francisation des immigrants va bien, et le travail continue avec
rigueur.
Merci beaucoup, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci. Merci, Mme la députée de
Chauveau. Et maintenant je reconnais Mme la députée de Gouin tout en
vous rappelant que vous disposez d'un temps de parole de six minutes.
Mme Françoise David
Mme David (Gouin) : Oui, Mme la
Présidente. Et ce n'est pas facile de dire tout ce qu'on voudrait dire en six
minutes, donc je vais essayer d'aller droit au but.
Écoutez, sur
ce sujet de l'immigration, je pense qu'il faut éviter deux écueils
importants : d'un côté, une sorte d'angélisme
qui pourrait porter certains à dire : Mais tout va bien, au fond, tout va
bien, il reste deux, trois petits problèmes à régler, mais ça va vraiment très bien; et, de l'autre côté, vraiment une
vision que moi, j'appelle un peu catastrophiste, même si je comprends qu'on prend des précautions :
mais ça irait vraiment mal, ça irait mal du point de vue de l'intégration, ça
irait mal du point de
vue de la francisation, et donc il faudrait diminuer le seuil d'acceptation des
immigrantes et immigrants chaque année.
J'aimerais
rappeler que les personnes immigrantes au Québec — en tout cas, c'étaient les statistiques d'il
y a une dizaine d'années, et je ne
suis pas certaine qu'elles aient énormément changé — ne représentent même pas 15 % de la
population québécoise, alors que c'est le double dans d'autres provinces
canadiennes. Je voudrais rappeler aussi que 70 %
des personnes qui immigrent chez nous ont moins de 35 ans, que plus de
60 % connaissent le français à leur arrivée et que près des deux tiers ont au moins 14 ans de scolarité. Ce n'est
quand même pas rien, Mme la Présidente, ce sont des chiffres qui sont intéressants. Là où il y a des problèmes, et c'est
vrai qu'il y en a... le taux de chômage des personnes immigrantes, et particulièrement des femmes,
d'ailleurs, est souvent le double de la population d'origine, et ça,
particulièrement chez les gens qui
sont arrivés depuis moins de cinq ans. Le taux de chômage, la différence entre
la population qu'on appelle souvent
de souche et les personnes immigrantes, finalement, ça... l'écart rétrécit
énormément après cinq ans. Après 10 ans, on est à peu près dans les
mêmes proportions.
Mais
y a-t-il des problèmes? Oui, il y a des problèmes, Mme la Présidente, il y en
a, et le gouvernement actuel a beau
dire : Nous mettons l'argent nécessaire, nous accentuons nos efforts,
le problème, c'est que c'est un peu tard, parce que ça fait des années, des années que, tous gouvernements confondus,
d'ailleurs, on n'a pas mis les ressources nécessaires à la francisation et à l'intégration des personnes
immigrantes. Je fais partie des gens... et ma formation politique aussi pense
que, par exemple, l'abolition des COFI a été
une erreur. C'étaient des lieux qui permettaient à la fois la francisation et
plein d'apprentissages pour les personnes
immigrantes au plan de la culture québécoise. Bon, ça a été aboli. Par la
suite, on a dit : Il n'y a pas
de problème, on fera de la francisation dans les groupes communautaires, dans
les commissions scolaires, dans les cégeps, etc. Et c'est vrai qu'on n'a pas
rejoint tout le monde. Et, encore là, Mme la Présidente, un des problèmes que nous vivons encore, c'est celui de
la francisation des femmes, qui sont, la plupart du temps, comme on le sait... restent principales responsables des enfants
et du bien-être de la famille et pour qui c'est parfois difficile de venir
suivre des cours de français à des horaires qui ne leur conviennent pas.
Il
y a aussi toute la situation des hommes immigrants pères de famille qui
disent : Mais, moi, tout ce que je veux, c'est travailler, il faut que je gagne ma vie, alors je veux apprendre
le français. C'est bien beau, mais il faut que je gagne ma vie, hein, parce que, j'ai beau avoir plein de
diplômes, ils ne sont pas reconnus,
et donc, bien, je vais aller travailler n'importe où, mais il faut que
je gagne ma vie.
Donc,
il y en a, des vrais problèmes, Mme la Présidente, mais ce n'est pas en réduisant de 10 000 ou 12 000 le nombre
de personnes immigrantes qu'on va régler ces problèmes-là. Il faut régler les problèmes.
Ça veut dire avoir des cours de
francisation adaptés aux diverses clientèles immigrantes, ça veut dire en avoir
sur les lieux de travail, ça veut dire
s'occuper des femmes immigrantes, s'occuper de leur bien-être, s'occuper de
leur francisation, de leur intégration, et, pour ça, il faut soutenir encore davantage les organismes
communautaires. Je pense, entre autres, aux centres de femmes qui
soutiennent et aident toutes ces femmes-là, mais il faut faire plus. Il faut
faire vraiment plus.
La
reconnaissance des diplômes, on a avancé un peu là-dessus, il faut vraiment
faire plus. Le fameux cliché du chauffeur
de taxi, hein, qui est comptable, médecin, ingénieur, avocat, bien, c'est un
cliché, mais le problème, c'est... je prends
des taxis pour me rendre à la gare, revenir de la gare à Montréal, et c'est la
situation de 90 % des chauffeurs avec qui je parle, c'est absolument lamentable. Quelle perte de gens
qualifiés pour occuper des postes! Il n'y a rien de mal à être chauffeur
de taxi, mais il y en a plusieurs qui pourraient vraiment faire autre chose.
Alors, ça, c'est à nous, la société d'accueil, de régler ce genre de problèmes
là.
Et
puis il y en a un autre, Mme la Présidente : oui, ça, existe, les
employeurs qui préfèrent engager un Tremblay qu'un Mohamed quelque chose. Bien oui, ça existe, et il va falloir être
capables de nommer ces problèmes-là. Oui, il y a des problèmes soit d'ignorance ou de préjugés, mais, dans certains cas,
de racisme systémique au Québec, et ça n'est pas le cas de tout le monde,
mais il faut être capables des nommer les choses. Il y a des gens, par
ignorance, par peur, par accumulation de préjugés et, oui, à certains moments,
par xénophobie, qui vont refuser d'embaucher des personnes immigrantes pourtant qualifiées. Je pense que
là-dessus on aurait des grandes campagnes de sensibilisation à faire au Québec.
J'ajouterais aussi
ceci : C'est bien beau, convaincre, et travailler fort, et j'en suis, les
personnes immigrantes à apprendre le
français, il va falloir que nos milieux de travail travaillent en français, et
chacun et chacune sait ici que ce n'est plus le cas partout.
Donc, Mme la
Présidente, nous allons voter contre cette motion, mais pour la résolution...
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci beaucoup, Mme la députée de
Gouin. Et, pour la poursuite de ce débat, je vais reconnaître le
prochain, ou la prochaine intervenante, qui est...
Une voix :
...
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, je vais céder la parole à M. le leader du
gouvernement.
M. Marc Tanguay
M.
Tanguay : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, je suis
très heureux de prendre la parole sur ce débat, qui est un débat évidemment important, un débat, comme vous l'avez vu un
peu plus tôt, Mme la Présidente, où les mots sont importants, les mots ont leur signification et les mots traduisent
l'essence des politiques qui sont mises de l'avant par les différents
partis politiques.
Et j'ai eu
l'occasion de voir mon collègue leader du deuxième groupe d'opposition se lever
en disant : Bien là, on utilise,
du côté du gouvernement, du côté de la ministre, des termes beaucoup trop
forts. Ce sont des termes qui, selon sa lecture, étaient antiparlementaires mais qui...
et vous avez eu l'occasion de trancher, et on respecte votre décision, en
vertu de l'article 41, in fine. Mais
par contre, Mme la Présidente, il est important de voir que, si on peut parfois
être un peu tatillon ou un peu être
frileux quant à l'utilisation de certains mots, ils traduisent bien une
approche qui est différente sur le plan idéologique, une approche qui
est différente dans le traitement et dans, je vous dirais, la façon d'imaginer l'avenir pour le Québec. Tout à l'heure,
j'entendais la collègue de Gouin dire... puis elle me corrigera si j'ai tort,
elle disait qu'il y avait plus de 14 % du Québec qui était fait de
l'immigration. Les chiffres que j'ai vus la dernière fois, c'était 12,5 % pour le Québec et 14 % pour les
États-Unis. Alors, il faut faire attention aux statistiques, première des
choses. Lorsque l'on parle qu'aux
États-Unis il y aurait deux fois moins d'immigration qu'au Québec, toutes
proportions gardées, il faut évidemment s'assurer de comparer des pommes
avec des pommes.
Lorsque l'on
parle d'une politique d'immigration, qu'est-ce que l'on compare, Mme la
Présidente? Les États-Unis sont
reconnus pour une société extrêmement ouverte où des gens de toutes
nationalités ont l'occasion de venir participer et de bâtir la société. Bien, au Québec, c'est ce que l'on veut. Et je
suis fier d'apporter ma voix à ce qu'a dit Mme la ministre, faire en
sorte que le Québec puisse prospérer, que chacun puisse apporter sa pierre à
l'édifice, s'assurer que les gens, évidemment,
puissent communiquer en français, le français langue commune depuis la
loi 22 de Robert Bourassa en 1974.
Nous nous
inscrivons dans cette longue approche historique, au Parti libéral du Québec,
qui fait d'un Québec une société fière, ouverte et confiante, Mme la
Présidente. Merci beaucoup.
• (16 h 20) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup de votre
intervention, M. le leader du gouvernement. Alors, le prochain
intervenant sera...
Une voix : ...
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, M. le député de Granby et
leader du deuxième groupe d'opposition, je vous indique qu'il reste
1 min 15 s de temps de parole à votre formation politique.
M. François Bonnardel
M.
Bonnardel :
Mme la Présidente, vous savez, le monopole du coeur envers les immigrants
n'appartient pas au Parti libéral du
Québec. Je viens d'une ville qui est un des pôles d'immigration les plus
importants et je suis très fier du succès des immigrants qui arrivent à
Granby.
Mais il ne
faut pas avoir peur, Mme la Présidente, de parler, malheureusement, d'un
certain échec. Et, quand on parle
d'échec, Mme la Présidente, quand on regarde juste la situation, comme ma
collègue l'a mentionné tantôt, du côté, donc,
du chômage, 11 % de points de
plus, de pour cent, de gens qui sont
sur... donc, sur le chômage, malheureusement,
à Montréal, comparativement aux
Québécois. Quand on regarde aussi du côté des adultes qui sont prestataires de
l'aide sociale — c'est des chiffres qui viennent de Pierre
Fortin — la
moitié, donc, des prestataires de l'aide sociale à Montréal,
malheureusement, sont de nature étrangère.
Mme la
Présidente, quand on regarde cette situation, il faut y mettre les enjeux qui
sont extrêmement importants au Québec
pour être capables d'en arriver à assurer l'intégration et le succès puis,
comme ma collègue l'a mentionné tantôt lors
de son intervention, de soutenir les valeurs québécoises, de donner tous les
outils pour que nos immigrants parlent la langue française et de leur
donner un boulot...
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci. Alors, merci, M. le
député de Granby. Maintenant, je cède la parole à M. le député de
Mégantic. Et je vous indique qu'il reste 13 min 40 s à la partie
du gouvernement.
M. Ghislain Bolduc
M. Bolduc : Merci, Mme la
Présidente. C'est avec un grand plaisir que je prends parole aujourd'hui sur
cette discussion de l'Assemblée nationale, et je vous lis ici la motion du
mercredi :
«Que l'Assemblée nationale reconnaisse les lacunes
importantes du Québec en matière d'intégration, de francisation et
d'employabilité des immigrants;
«Qu'elle
demande au gouvernement de réduire à 40 000 les seuils annuels
d'immigration, d'accentuer les efforts consacrés
à l'intégration et à la francisation des immigrants et de mettre en place des
cours obligatoires de francisation pour les nouveaux arrivant.»
Donc, la
députée de Montarville a une opinion bien claire de ce qu'elle prétend voir
dans la société, ce dont je suis en
désaccord, on va dire ça simplement pour commencer, parce que l'expérience
qu'elle vit est probablement différente de la mienne, j'imagine. Et nous avons entendu plusieurs citations qui
nous indiquent des variables assez différentes de ce qu'on voit, en partant par le pape. Si j'ai bien
compris ce qu'elle avait mentionné initialement, le pape avait dit qu'il ne
faut pas plus de personnes que l'on peut en
intégrer. Ça commence bien quand on entend une conversation comme ça.
Moi, je ne crois pas que le pape ait toutes les valeurs imaginables et la
vérité de tous, parce que nos églises seraient pleines de monde, puis je pense que ce n'est même pas le cas au Québec.
Donc, il y a peut-être des ajustements à faire là-dessus. Et Mme la députée de Montarville nous a aussi parlé de la
population d'immigrants qui était plus élevée qu'aux États-Unis, mais, si on considère que... puis
c'est un fait, c'est plus élevé, en fait c'est plus élevé que la France, c'est
plus élevé que les États-Unis, mais
toutefois elle a oublié de mentionner que c'était moins que l'Allemagne, moins
que la Suède, moins que le Canada et moins que l'Australie. Donc, on
peut faire la part des choses d'un côté comme de l'autre.
Et
on peut même mentionner que le poids de la population immigrante, dans
l'ensemble de la population, en France, c'est 11 %; au Québec, 12,6 %; aux États-Unis, 14 %; en
Suède, 14 %; en Allemagne, 14,9 %; au Canada, 20 %; et, en
Australie, 27 %. Donc, ça représente
une image légèrement différente de l'opinion qu'on a entendue précédemment. On
peut aussi dire que la donnée que
200 000 personnes immigrantes qui ne parlent pas le français est
constituée sur l'ensemble de la
population immigrante au Québec, même avant la loi 101... et elle ne tient
pas compte de la deuxième génération, qui
est complètement scolarisée en français. Les transferts linguistiques sont très
nettement en faveur du français dans les années récentes : ça
donnait 75 % pour la cohorte 1996‑2006 comparativement à 37 % avant
1976.
Donc,
l'ensemble des paramètres que l'on dispose ici peuvent définitivement nous
permettre d'avoir une image très,
très différente de ce que la position de la CAQ nous a mentionné précédemment.
Et on peut prendre des documents de tous les côtés et leur faire dire un
peu ce que l'on désire comme objectif. Je crois que l'ensemble des députés et l'ensemble des gens aussi au gouvernement ont une
opinion qui est très pertinente, parce que, premièrement, on est dans nos comtés, ensuite on connaît bien la situation,
et, comme ma collègue de Chauveau l'a mentionné, on les rencontre, nos gens, on leur parle et on entend ce qu'ils ont
à dire. De plus, Mme la Présidente, j'ai eu l'opportunité de participer
à quelques activités avec la ministre de
l'Immigration, ce qui m'a permis d'avoir une saveur un peu différente du
milieu. Et ceci inclut des activités
dans mon comté à moi, qui souffre d'un manque de main-d'oeuvre très, très
important. Et, pour nous, à court
terme, il est très clair que l'immigration représente une planche de salut
avant que nos industries commencent à quitter la région pour aller
s'installer dans des endroits où il y aurait moins de pénurie de main-d'oeuvre.
Donc, l'immigration chez nous, ça représente un
point très, très important pour nous permettre de remplir les emplois qui sont actuellement disponibles dans les
entreprises. Ce n'est pas de la fiction pour demain ou après-demain. On sait que ça va être pire demain et
après-demain. Mais actuellement nous avons déjà ce problème très significatif
dans nos entreprises et, pour y
pallier, nous avons déjà des programmes qu'on a mis en place avec la
participation de nos élus, avec la participation de nos entreprises et
avec la participation du ministère de l'Immigration. Donc, on peut dire, Mme la Présidente, que nous prenons à
bras-le-corps les problèmes d'immigration que nous rencontrons dans la région
de l'Estrie et de Chaudière-Appalaches,
parce que je suis un peu aux lignes des deux régions, et que ce problème-là ne
s'en ira pas à court terme, dû au phénomène de vieillissement de la
population. Et on n'a pas pris en ligne de compte encore tout le problème des retraites qui sont face à nous et qu'il faut
remplacer. De plus, parce qu'une partie de la région dans laquelle je vis est une région très rurale,
il y a un nombre très significatif de nos jeunes qui doit partir vers les
villes pour aller se faire éduquer. Et, si ces jeunes-là ne reviennent
pas, bien, le problème est encore amplifié.
Donc,
l'immigration représente, à ce point-ci, un enjeu critique pour le
développement de notre milieu. L'intégration en emploi est cruciale pour
la rétention de nos talents que nous attirons au Québec par le biais de l'immigration.
Pour favoriser cette intégration en emploi,
il nous faut assurer que les personnes immigrantes que nous sélectionnons aient
le bon profil pour répondre aux besoins de notre marché du travail.
• (16 h 30) •
La ministre
l'a bien mentionné, que nous sélectionnons de plus en plus d'immigrants qui ont
des qualifications et 72 % parlent le français. Donc, on a déjà une
base très solide avec laquelle on peut développer des emplois et des
qualifications.
Je dois
admettre aussi que l'adaptation... Parce qu'un gros pourcentage de ces
immigrants-là, M. le Président, sont des
enfants, et, pour avoir moi-même déménagé mes enfants dans un autre milieu,
dans un autre environnement, je dois dire
qu'après un an de scolarisation les enfants sont généralement déjà transférés
dans la langue dans laquelle l'enseignement se fait. En fait, je dois dire que, pour le cas de mes enfants, en fait,
j'en avais quatre qui ont vécu l'expérience, et, après un an
d'éducation, on ne pouvait plus dire qu'ils n'étaient pas nés là.
Donc, quand on se met à faire un concert sur les
problèmes d'immigration, il faut comprendre un peu plus la nature du milieu, la nature des gens qui nous
arrivent. Il faut bien comprendre qu'une mère à la maison a des problèmes
très différents des enfants, qui, eux, vont à l'école et qui rencontrent toutes
sortes de personnes et qui apprennent le français très,
très rapidement. On l'a d'ailleurs
constaté très rapidement lorsque j'étais dans une visite à Drummondville
avec la ministre, les enfants,
souvent, faisaient la traduction pour les parents parce qu'eux étaient déjà capables de très bien parler le français dans les cas où les
parents ne parlaient pas encore très bien ou ne maîtrisaient pas totalement la
langue.
Donc, on peut
voir que les paramètres d'apprentissage sont très différents dépendant du type
de population, du type d'immigrants
que l'on parle. Mais je suis beaucoup moins inquiet, dans mon cas, pour les
enfants. Et ça donne une ressource très significative aux familles — puis
je le dis dans le sens large du mot — pour s'intégrer, s'adapter et
permettre... Ça n'empêche pas qu'il faut que
les parents apprennent le français et que la meilleure façon de le faire, un
peu comme les enfants... d'aller à l'école et d'apprendre la langue au travail.
Donc, ça, c'est très, très important.
Mais il ne
faut pas leur faire peur. Puis, quand je dis ça, c'est très important parce
que, si on appliquait, comme la CAQ
le désire, un test de valeurs puis qu'on les menace d'expulsion, je crois qu'il
y a un problème majeur quand on dit à
des gens qu'on va vous recevoir de façon conditionnelle, puis on verra si on
est intéressés à vous garder ou pas. Je crois que les immigrants, une fois qu'ils ont une carte de résidence, ils sont
des citoyens à part entière. Leur seul droit qu'ils ne sont pas commis,
c'est le vote. Et, s'ils quittent le pays, il y a une période où ils ne peuvent
pas retourner.
Donc, il faut
bien comprendre ces paramètres de base là pour s'assurer que l'immigration...
Quand on parle, nous, de 51 000
et que la CAQ parle de 40 000, ils parlent un autre langage parce qu'ils
s'adressent à un ensemble de paramètres où ils croient que ces gens-là ne parlent pas français, ce qui est faux.
Ils croient que ces gens-là ne sont pas adaptables. Tous les enfants, à
l'intérieur d'une année, s'ils vont à l'école, ils le sont déjà. Donc, on vient
de réduire de façon très considérable cette
espèce de population là qui doit s'intégrer et qui est déjà dans la voie de
l'intégration et de l'assimilation dans notre culture et dans notre
société. Puis, encore là, je ne parle pas de théories ou de documents publiés
par des chercheurs, je l'ai vécu moi-même avec mes propres enfants, donc je
crois que ça a une certaine crédibilité.
Je
voudrais aussi m'adresser au fait que la ministre nous a parlé que, maintenant,
on regarde pour près de 85 % de
travailleurs qualifiés. C'est une variable très, très importante. J'ai des
employeurs dans mon comté qui ont dit, M. le Président, que, si, demain, j'avais 20 programmeurs de CNC, je les
engagerais, je ne suis pas capable de rencontrer mes contrats parce que
je n'ai pas la main-d'oeuvre nécessaire. Et, si je fais le tour des entreprises
dans ma région, il est très rare qu'il y ait
une entreprise qui ne soit pas à la recherche d'employés qualifiés pour faire
certaines parties de leur travail.
Naturellement, ce n'est pas 100 % des employés qui ont besoin d'être
qualifiés, mais une bonne partie de ceux-là en ont besoin.
Donc, le nouveau système de sélection de
l'immigration sera moderne, rapide et novateur et permettra au système de premier arrivé, premier servi... et il
permettra une adéquation optimale entre la sélection de l'immigration et les
besoins du marché du travail, comme je l'ai
vécu directement dans mon comté avec le travail que l'on fait pour aller
chercher des immigrants dans les
villes du Québec pour les amener dans notre région et les intégrer dans notre
milieu. Il y a encore du travail, mais on va y arriver et on va réussir.
Merci.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Alors, je vous remercie, M. le député de
Mégantic, de votre intervention et je cède la parole maintenant à M. le
député de Bourget pour la sienne, son intervention, en lui rappelant que vous
avez également 13 minutes et, à peu près, demie.
M. Maka Kotto
M. Kotto :
Merci, M. le Président. Alors, pour les personnes qui nous suivent à partir de
maintenant, je voudrais, si vous le permettez, rappeler l'énoncé de la
motion en débat aujourd'hui, et elle se libelle comme suit :
«Que l'Assemblée nationale reconnaisse les lacunes importantes du Québec en matière d'intégration, de francisation
et d'employabilité des immigrants;
«Qu'elle
demande au gouvernement de réduire à 40 000 les seuils annuels d'immigration,
d'accentuer les efforts consacrés à
l'intégration et à la francisation des immigrants et de mettre en place des
cours obligatoires de francisation
pour les nouveaux arrivants.»
M. le Président, bien que nous soyons en accord
avec la première partie de la motion de la Coalition avenir Québec — nous
constatons les mêmes lacunes depuis longtemps — il
est évident que nous ne pouvons être en accord avec le coeur de la motion tel qu'exprimé dans sa deuxième partie. Au
cours de la dernière année seulement, M. le
Président, nous avons tenu des
débats, des discussions et, depuis le mois de février jusqu'au
mois d'août dernier, nous avons tenu trois
commissions parlementaires distinctes sur l'ensemble des enjeux relatifs à l'immigration, nous avons fait le tour de toutes
les questions qui s'y rattachent, sauf la question relative à la capacité
objective d'accueil au Québec.
D'ailleurs, la très vaste majorité des groupes et organismes
qui sont venus en commission
parlementaire n'a pas demandé ni de
hausser ni de réduire les seuils d'immigration. Je parle de la très vaste majorité des personnes et des groupes. Dans
leur grande sagesse, tous ces
organismes, toutes ces personnes se sont abstenus de se prononcer sur un
chiffre, car ni le gouvernement
actuel ni la Coalition avenir Québec ne peut baser, ne peut asseoir son argumentaire
sur un chiffre ou un autre sur une base rationnelle en référence avec
des données mesurées.
En cette
matière comme dans bien d'autres, M.
le Président, nous devons agir avec
respect pour la population et pour
nos pairs ici, transparence et rigueur, surtout quand notre capacité objective
d'accueillir toutes ces personnes, ces hommes,
ces femmes et ces enfants, qui sont, d'abord
et avant tout, des êtres humains...
Elles et ils ne sont pas que des statistiques,
ils ne sont pas que de la marchandise ou des biens meubles, ce sont des
personnes, M. le Président, comme vous,
comme moi, venues ici pour réaliser leurs projets, leurs rêves, qui peuvent
parfois tourner en cauchemar. On en a eu des exemples dans plusieurs de
nos séances de travail en commission parlementaire.
• (16 h 40) •
Aussi,
lorsque nous les invitons, nous nous devons d'être clairs, nous nous devons
d'être cohérents et responsables, et
soyons certains qu'à ce moment-là nous avons toutes les ressources pour les
accueillir convenablement et pour les intégrer tout aussi
convenablement. Si ces moyens sont là, M. le Président, tant mieux, bien,
bravo! Mais, s'ils ne sont pas là, posons-nous des questions et posons-nous les
bonnes questions.
Il n'est pas
interdit ici de discuter ou de débattre des enjeux relatifs à l'immigration. Il
n'est pas interdit de discuter ou de
débattre des défis relatifs à l'intégration ou à la francisation des nouveaux
arrivants. Il est cependant déplorable de politiser — je dis
bien «de politiser» — l'ensemble
de ce dossier avec, notamment, l'approche multiculturaliste érigée en dogme qui nous est imposée par Ottawa et adoubée
par le gouvernement libéral de ce jour avec des dérives potentielles ou avérées du communautarisme. Déplorables
également les récidives de tentative de récupération politique qu'il nous
est donné d'entendre ici même, au salon bleu, à des fins que je vous laisse
deviner.
Nous
plaidons, nous, de ce côté-ci, à l'effet de sortir le dossier des enjeux
sensibles de l'immigration des griffes caudines
du biais politique. Le premier ministre du Québec actuel a longtemps bercé
l'idée d'augmenter les seuils en les passant
de 50 000 à 60 000 par année, et c'est en vain, M. le Président, que
nous lui avons demandé les indicateurs qui lui servaient de référence et qui inspiraient une telle idée. Outre une
appréciation empirique, est-ce que le gouvernement libéral connaît la
capacité d'accueil réelle et objective du Québec? Je pense que poser la
question, c'est y répondre.
Quand la
Coalition avenir Québec, aujourd'hui, soumet l'idée d'accueillir 40 000
nouveaux arrivants par année, la
question que nous posions alors au premier ministre demeure pertinente. Mais,
cette fois-ci, elle s'adresse au chef de la Coalition avenir Québec : Outre une appréciation empirique, quels
sont les indicateurs de référence qui lui permettent de mettre de l'avant cette idée? Est-ce que le
chef de la Coalition avenir Québec connaît la capacité d'accueil réelle et
objective du Québec?
M.
le Président, je réitère ce que je venais de dire, il faut dépolitiser cet
enjeu le mieux possible en soumettant, par
exemple, l'exercice de l'élaboration d'un rapport et des recommandations
claires à une institution réputée rigoureuse, indépendante, maîtrisant les chiffres et les indicateurs afin que
l'ensemble de la population et des élus sortent du carcan des
appréciations approximatives pour se commettre enfin sur une base de données
tangible et crédible, qui respecte l'intelligence de la population, notre
intelligence, ce qui, à terme, nous permettra de tenir des échanges et des
débats beaucoup plus éclairés.
Dans un
article publié dans Le Devoir, M. le Président, Devoir du 10
juillet 2015, le Pr Frédéric Bastien disait déjà — et je le
cite : «De nombreuses failles dans nos programmes d'immigration ont été
identifiées par des chercheurs depuis
quelques années, ainsi que par le Vérificateur général. Devant cette levée de
boucliers, le ministère de l'Immigration a changé son discours... et son
nom. L'arrivée d'immigrants n'est plus un moyen en vue d'une fin, elle est
devenue un objectif en soi pour nous
enrichir de la diversité. Le ministère est devenu le ministère de
l'Immigration, de la Diversité et de
l'Inclusion. Nous voici dans le dogme idéologique du multiculturalisme canadien
érigé en absolu. Voilà pourquoi [le premier ministre] ne mâche pas ses
mots : "L'immigration, c'est une obligation!"» Fin de la citation.
M. le Président, le Pr Bastien souligne également que l'arrivée massive des nouveaux venus a aussi
un impact négatif sur le statut du français : «Nos immigrants ne sont pas tous francophones — dit-il — loin
de là. Malgré la loi 101, plusieurs s'intègrent à la communauté anglophone.
Cela est d'autant plus facile qu'il y
a toujours moins de francophones, surtout dans la région de
Montréal.»
Nous l'avons
également souligné très souvent, M. le Président, une hausse des seuils
d'immigration peut fragiliser davantage
le français. Et pourquoi? Parce que les moyens ne sont pas toujours au
rendez-vous, M. le Président. Nous savons que nos structures d'accueil sont insuffisantes pour ceux et celles qui
ont choisi de venir au Québec. Le gouvernement se doit de consacrer davantage de ressources financières à
l'apprentissage du français, la langue officielle du Québec, sachant que, sur les 50 000 nouveaux arrivants chaque
année, une proportion importante, 41 %, M. le Président, ne parlent pas le
français à leur arrivée.
Cette
fragilité du français dans la grande région de Montréal, elle est tangible.
Nous avons les statistiques, à la fois
celles de l'Office québécois de la langue française, de Statistique Canada, et,
plus récemment, l'étude de l'Institut de recherche en économie contemporaine, qui, dans son rapport intitulé Le
Québec rate sa cible, conclut que le gouvernement du Québec ne prend pas les moyens nécessaires pour
s'acquitter de ses responsabilités eu égard au maintien du français
comme langue de convergence de tous les citoyens. Il y a de quoi s'inquiéter,
M. le Président.
C'est pourquoi nous avions recommandé à la
ministre que la détermination des bassins soit faite en fonction de la priorité
accordée à la langue française. Nous avons également souvent dénoncé les coupes
budgétaires dans les programmes de
francisation et la fermeture de plusieurs bureaux régionaux du ministère. La
ministre de l'Immigration, de la
Diversité et de l'Inclusion a bien annoncé de nouveaux budgets dans son plan
d'immigration, mais cela semble peu en regard des besoins réels en
francisation.
Aussi, M. le Président, une entité comme le
Vérificateur général pourrait se pencher très sérieusement sur les
360 millions prévus pour les services d'intégration et de francisation en
transfert fédéral prévu pour cette année dans l'accord
Canada-Québec sur l'immigration. Il semble qu'il n'y a pas 10 %... En
fait, on nous rapporte qu'il y a seulement 8 % de cette enveloppe qui soit réellement affectée à la cible. Il
y a un questionnement, il y a un problème de transparence que nous devons... en dehors de toute
partisanerie, M. le Président, considérant que cette entité, le Vérificateur
général en l'occurrence, porterait le dossier pour nous proposer des
recommandations.
M. le
Président, j'en aurais énormément à dire sur la question de l'immigration, des
seuils, et je voudrais cependant, avec
le peu de temps qu'il me reste, dire une chose qui n'est pas toujours
rapportée, le poids démographique du Québec à l'intérieur du Canada aujourd'hui est un enjeu qui date de depuis très
longtemps. M. Robert Bourassa l'avait souvent rappelé, c'était un incontournable quant à notre influence politique à
la Chambre des communes, car plus on exclut ce qui se passe dans le reste du Canada avec les hausses
exponentielles d'immigration, plus on se met à risque relativement à notre représentation politique. Donc, il faudrait
peut-être résoudre cette équation du côté de la Coalition avenir Québec.
Merci.
• (16 h 50) •
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Je vous remercie, M. le député de
Bourget, de votre intervention. Et nous en sommes maintenant rendus à la réplique, et je cède la parole à Mme la
députée de Montarville pour son droit de réplique de 10 minutes. À vous,
Mme la députée.
Mme Nathalie Roy (réplique)
Mme Roy :
Merci beaucoup, M. le Président. Ce que je constate à entendre mes collègues,
c'est qu'il n'y a qu'à la Coalition avenir Québec qu'on souhaite réduire
le nombre d'immigrants à 40 000 personnes par année, question, justement, de bien les intégrer à notre capacité
d'accueil. Les deux autres partis ne sont pas intéressés. Je constate également
que nous sommes les seuls à vouloir rendre
les cours de français obligatoires. C'est important de parler la langue commune
pour s'intégrer, et, justement, on l'a fait
avec les enfants, les enfants qui arrivent ici doivent obligatoirement aller à
l'école en français. Vous savez quoi? Ça fonctionne.
Même le
député de Mégantic
nous disait que ça fonctionne, les enfants parlent le français.
Pourquoi ne pas faire la même chose avec leurs parents? Il y va du gros bon sens. Ce qui est fascinant, c'est que plusieurs personnes croient
que les cours de français
sont obligatoires. Eh bien, non, malheureusement, les gens qui arrivent ici ne
sont pas obligés de l'apprendre,
alors que ce serait tellement, mais tellement enrichissant pour eux de pouvoir parler français
le plus rapidement possible.
Et ça se fait dans d'autres pays du monde, en passant.
Pour
la ministre et son chef, soulever la question
de l'intégration des immigrants, c'est faire preuve, à mots à peine couverts, là, M. le Président, de racisme,
rien de moins, de repli, de peur. J'ai entendu ces mots-là, on les entend. Que
c'est méprisant, M. le Président, pour les citoyens que nous représentons, pour la formation politique que nous représentons! C'est extrêmement méprisant. Et, en voulant nous
discréditer de la sorte, le gouvernement se discrédite lui-même, voyez-vous.
Parce que j'écoutais mes collègues dire...
Le Vice-Président (M. Gendron) : Un
instant, s'il vous plaît.
M. Tanguay : Vous savez mieux
que moi, «méprisant» est un propos antiparlementaire.
Une voix : ...
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Sincèrement, là, j'ai écouté
religieusement. En agissant de la sorte, l'expression «c'est méprisant pour nous», j'aime mieux appeler
à la prudence, mais ce n'est sûrement pas un propos antiparlementaire.
M. Tanguay : ...
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Oui.
M. Tanguay : ...les
décisions, et dire qu'un propos d'un collègue est méprisant, c'est
antiparlementaire. J'ai six décisions à vous soumettre.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Bon. Alors, qu'est-ce que vous voulez?
Si c'est exact, est-ce que je peux avoir l'information de la table? Moi, je prétends que... Puis sincèrement, là,
je n'en avais pas besoin vraiment... mais ça dépend toujours du
contexte. Alors, si on lit le catéchisme intégralement, on va toujours être
debout.
Une voix : ...
Le
Vice-Président (M. Gendron) : ...un instant. On va toujours être
debout. Alors, ça serait pas mal plus logique de tenir compte du contexte. Et je ne crois pas que, dans le contexte
dans lequel je l'ai entendu et qu'il a été dit...
Une voix : ...
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Oui, je le sais. On va l'arrêter, là,
parce qu'on... Soyez prudents, mais... Et je répète, là, j'ai entendu,
j'ai suivi et je ne croyais pas qu'il y avait lieu d'intervenir. Veuillez
poursuivre.
Mme Roy :
Merci, M. le Président. Cela dit, Mme la ministre nous parlait de la
consultation qu'elle a menée auprès des
gens, effectivement, lobbies, syndicats et groupes communautaires, et ce qui
est intéressant, c'est qu'aucun citoyen n'est venu, même si c'était ouvert. Bien, vous savez, les gens, ce
qu'ils nous disent quand je les vois, je les croise, je les reçois même, et c'est très impressionnant :
Vous savez, Mme la députée, vous avez raison, les immigrants, il faut en
prendre moins pour en prendre soin parce qu'il y a des constats d'échec.
Et vous savez qui me dit ça? Et ça m'a renversé, des citoyens d'origine française, des citoyens d'origine brésilienne, des
citoyens d'origine syrienne. Et ça me renverse de me faire dire : Vous êtes sur la bonne voie
parce qu'on nous a fait miroiter des choses ici, et puis, malheureusement, on
arrive, puis ce n'est pas ça, et c'est difficile.
Et, oui, il faut en prendre soin, de ces
gens-là, et ce sont les immigrants qui m'ont dit ça. Alors, ça me touche particulièrement, et c'est la raison pour laquelle
je trouve que le gouvernement, à certains égards, est loin de la population.
Les Québécois, contrairement aux lobbies, ne
veulent pas toujours plus d'immigrants. Ce qu'ils veulent avant toute chose,
c'est une immigration réussie. Qu'est-ce que c'est, là? C'est un emploi pour
chaque immigrant. C'est qu'ils parlent français,
c'est qu'ils participent à l'activité économique et adhèrent à nos valeurs
communes québécoises. Parce que, oui, ça
existe, et c'est pour ça qu'ils viennent vivre avec nous, comme nous, pour
avoir, justement, droit... et partager ces valeurs, et avoir des droits
qu'ils n'ont peut-être même pas chez eux.
M. le Président, il n'y a rien d'intolérant à
vouloir le succès économique de chaque immigrant. Il n'y a rien d'intolérant à vouloir partager une langue commune
pour entrer en dialogue et permettre une réelle rencontre avec les nouveaux Québécois qui s'installent chez nous. Il
n'y a rien d'intolérant à vouloir bâtir une société où tous ensemble, tous
ensemble, nous croyons à la liberté, à la
démocratie et à l'égalité entre les hommes et les femmes. Et il n'y a rien
d'intolérant, j'oserais dire, à
vouloir discriminer chez nous des pratiques qui sont elles-mêmes
discriminatoires ailleurs dans le monde, notamment à l'égard de l'égalité entre les hommes et les femmes. Les
Québécois, M. le Président, sont parmi les peuples les plus ouverts au
monde. C'est important de l'expliquer, au prorata de notre population, nous
recevons au Québec actuellement plus
d'immigrants que la France et les États-Unis. Et, même à 40 000
immigrants, nous serions encore, encore au prorata, plus accueillants
que la France et les États-Unis.
Dans ce
contexte, M. le Président, qu'y a-t-il de si mal et de si dangereux à vouloir
discuter ouvertement de notre capacité
d'accueil et de l'intégration, de notre capacité d'absorption culturelle? Parce
que c'est le terme qui a été employé, d'ailleurs,
durant les consultations sur le projet de loi. Naturellement, moi, je sens un
certain malaise de discuter de ces questions-là et je trouve ça triste
parce que les Québécois, eux, ils comprennent, ils sont prêts, ils sont
capables de tenir ces nécessaires débats sur nos seuils
d'immigration, sur l'importance de l'immigration. Et j'ai confiance, moi, M. le Président, en leur intelligence, et j'invite
le gouvernement à faire de même parce que l'immigration, ça ne devrait pas
être la chose d'un parti politique, mais ça devrait être l'objet même de toute
la société d'accueil. J'y crois.
Par
ailleurs, pour ce qui est de la francisation, pour le gouvernement, imposer des
cours de français, c'est souffler sur
les braises de l'intolérance. Vous vous en souvenez, on l'a entendu ça. Puis je
m'en souviens, c'était en janvier dernier, je ne l'ai pas oublié. Je pense, pour ma part, que, si on veut favoriser
l'ouverture et la tolérance, ça passe avant tout par la rencontre. La rencontre se fait par le dialogue.
Et, pour ça, eh bien, ça prend une langue commune, une langue de partage.
Or, 44 % des immigrants admis au Québec
en 2015-2016, ce sont les plus récentes données... 44,5 % des immigrants
ne connaissent pas le français. Ça
représente 21 825 personnes uniquement pour 2015-2016. Et, si 70 % de
ceux-là ne se francisent pas, comme
ça a été le cas pour ceux arrivés en 2012-2013, bien, ce sera 15 000
personnes, dont la majorité vit à
Montréal, qui ne parleront jamais le français, et ça, pour la seule année
2015-2016. C'est un recul important et ce n'est pas étonnant, dans les circonstances, que le français recule
actuellement au Québec et à Montréal. Ce sont des données que nous
avons.
Quelques
informations à l'égard du français — et ce serait peut-être au bénéfice du
gouvernement de se rappeler ça — le poids démographique des
francophones au Québec est en déclin. C'est particulièrement le cas sur l'île
de Montréal, où la proportion de
francophones est descendue sous la barre des 50 %, M. le Président. Il
faut le dire, il ne faut pas se
mettre la tête dans le sable. L'immigration se concentre à 86 % dans la
région métropolitaine, naturellement, de Montréal. Et, si les immigrants ne se francisent pas, c'est le caractère
francophone de la métropole qui, à moyen et long terme, est menacé.
Et,
d'ailleurs, ce qui est le pire là-dedans, c'est que, pendant tout ce temps,
l'offre de formation en francisation à
temps complet du ministère de l'Immigration, c'est-à-dire entre 2003 et 2015,
durant toute la période où le Parti libéral a été au pouvoir, sauf une
petite exception, là... l'offre de français a été coupée de 6 % durant toutes ces
années, mais, sur la même période, le
nombre d'immigrants a augmenté de 20 %. Vous voyez l'absurdité, la difficulté,
justement, d'offrir tous les services, d'où les
échecs.
Les
politiques libérales déçoivent en matière de francisation.
Je fais ici un court aparté pour dire que nous avons travaillé sur des mesures, que ma collègue
d'Iberville va rendre publiques, d'ailleurs, demain, plusieurs propositions, un plan
ambitieux pour assurer la pérennité du français au Québec.
Il faut le faire, et je ne me fie pas au Parti libéral pour ça ni au gouvernement. Je vais donc lui laisser le
soin de dévoiler ses chiffres demain, mais surtout sa stratégie. Et notre
objectif, ce n'est pas compliqué, ce n'est
rien de moins que la francisation de 100 % des nouveaux arrivants. C'est
extrêmement important, et je ne
comprends pas qu'au Parti libéral ce n'est pas une priorité, ni pour le Parti québécois, qui est contre la francisation obligatoire. Pourtant, nous
l'avons fait pour les enfants, les enfants, qui vont à l'école en français.
Maintenant,
la ministre nous dit que notre position est idéologique. Je
vous rappelle que, pas plus tard qu'en mars dernier, le premier ministre était catégorique, le Québec
n'a d'autre choix que d'augmenter à 60 000 le nombre annuel d'immigrants qu'il accueille. On a besoin de le
faire, besoin de le faire. L'ordre a été donné, c'est une obligation. Bien
non, M. le Président, on n'est pas
obligés, nous avons le choix, et c'est la raison pour laquelle nous voulons
réduire le seuil d'immigration, le
ramener à 40 000 par année, justement pour réparer le processus brisé d'intégration des
immigrants. Voilà, je vais m'arrêter ici. Merci, M. le Président.
• (17 heures) •
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Alors, je vous remercie. Je vous
remercie, Mme la députée de Montarville, de votre intervention. Et je vais maintenant mettre aux voix la motion
de Mme la députée de Montarville, qui se lit comme suit :
«Que
l'Assemblée nationale reconnaisse les lacunes importantes du Québec en matière
d'intégration, de francisation et d'employabilité des immigrants;
«Qu'elle demande au
gouvernement de réduire à 40 000 les seuils annuels d'immigration,
d'accentuer les efforts consacrés à l'intégration et à la francisation des
immigrants et de mettre en place des cours obligatoires de francisation pour
les nouveaux arrivants».
Est-ce que cette
motion est adoptée? M. le leader adjoint du gouvernement.
Vote reporté
M. Tanguay : Je vous demanderais un vote par appel nominal et,
conformément à l'article 223 du règlement, de reporter le vote à la période des affaires
courantes de jeudi 3 novembre 2016.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Alors, vous avez parfaitement raison de le demander. Alors, ayant eu un appel
de vote nominal, le vote est reporté, tel
que précisé. Je cède à nouveau la parole au leader adjoint du gouvernement
pour la suite de nos travaux.
Ajournement
M. Tanguay : Oui. Merci, M. le Président. Je fais
motion pour ajourner nos travaux au jeudi 3 novembre 2016, à
9 h 40.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Merci. Est-ce que cette motion est adoptée?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Alors,
cette motion est adoptée. Donc, ça veut dire... Oui, il faut que je sache
qu'elle est adoptée.
Une voix : Adopté.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Alors, cette motion est adoptée. En conséquence, nos travaux sont ajournés,
tel qu'indiqué. Merci, M. le leader. Les travaux sont ajournés
(Fin de la séance à 17 h 1)