(Neuf heures quarante minutes)
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, chers collègues, je vous souhaite une très bonne séance.
Veuillez vous asseoir.
Affaires
courantes
Déclarations
de députés
Nous en
sommes à la rubrique de la déclaration des députés, et je cède la parole à M. le député de Côte-du-Sud.
Féliciter
l'entreprise Emballages LM inc., lauréate de
deux prix au Corrpak 2016 Competition
M.
Norbert Morin
M. Morin : M. le Président,
ce matin, je tiens à mettre en lumière une entreprise de Saint-François-de-la-Rivière-du-Sud, Emballages LM. Il y a quelques
jours, cette entreprise a remporté la première place dans deux catégories
lors du Corrpak Competition en Floride, une compétition ouverte aux fabricants
de carton ondulé du monde entier.
Emballages LM
s'est mérité les honneurs dans la catégorie Self-Shipper Displays et Floor
Displays pour la mise au point d'un
présentoir élaboré pour Garant GP, une entreprise locale, afin de permettre la présentation de
pelles dans les comptoirs de détail.
Ils ont également récolté une autre première place dans la
catégorie Product Protection Industrial, un produit réalisé pour une autre entreprise locale, Paber
Aluminium, permettant le transport de matériel interusine. La conception, l'excellence graphique, la difficulté
technique et l'application innovante sont les critères qui ont guidé les
choix du jury.
Emballages LM est sans contredit une entreprise
des plus créatives en plus de démontrer au monde entier le dynamisme
entrepreunarial des régions du Québec. Bravo!
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député de Côte-du-Sud. M. le
député de Matane-Matapédia.
Féliciter
Mme Guylaine Lebel, lauréate du Prix de reconnaissance
des bénévoles en matière de véhicules hors route
M.
Pascal Bérubé
M.
Bérubé : M. le
Président, aujourd'hui, je désire souligner le travail et l'engagement de Mme Guylaine
Lebel, résidente de la municipalité de Sainte-Luce, qui, en septembre
dernier, s'est vue décerner le Prix reconnaissance des bénévoles en matière de
véhicules hors route. Ce prix lui a été remis pour son apport inestimable à
l'industrie et aux retombées économiques qui en découlent partout sur le territoire
de La Mitis et du Bas-Saint-Laurent.
Mme Lebel est
présidente du Club de VTT de La Mitis depuis sept ans et, avec son équipe de
bénévoles dévoués, elle s'assure
d'offrir un réseau de sentiers de grande qualité. Cette industrie est un
vecteur important pour l'économie de ma région, et, sans l'implication de gens passionnés comme Mme Lebel, qui, année après année, veille au développement
de services et d'infrastructures permettant la pratique de ce loisir en toute sécurité, il serait
impossible d'avoir accès à un réseau de sentiers aussi développé.
Je tiens à
féliciter Mme Lebel et l'ensemble de son équipe pour le travail effectué au cours
des dernières années. Par votre
action et votre engagement, vous contribuez activement au développement de l'ensemble du territoire mitissien. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le
député de Matane-Matapédia. M. le député de Maskinongé.
Souligner le 50e anniversaire
de la Résidence Lefrançois
M. Marc H. Plante
M. Plante : Merci beaucoup, M. le
Président. Donc, le 22 octobre dernier, j'ai eu l'immense privilège de prendre part aux célébrations entourant le 50e
anniversaire de la Résidence Lefrançois de Louiseville. Fondée par
Mme Marie-Laure Lefrançois en 1966 et reprise par son fils M. Jacques
Lefrançois, cette institution est un important foyer d'accueil pour les hommes et les femmes faisant face à des limitations
fonctionnelles. Encore aujourd'hui, après avoir accueilli plus de 200 personnes, la Résidence Lefrançois continue
à favoriser le bien-être des personnes les plus vulnérables de
notre région, devenant un acteur incontournable de la vie communautaire du
comté de Maskinongé.
Au nom de
tous mes concitoyens, j'adresse donc mes plus sincères félicitations à la
famille Lefrançois ainsi qu'au personnel et aux bénévoles qui y
travaillent avec coeur et dévouement depuis 50 ans. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Alors, merci à vous, M. le député de Maskinongé. Mme la députée de Mirabel.
Féliciter
les lauréates du Gala Saturne
Mme
Sylvie D'Amours
Mme
D'Amours : Merci, M. le Président. J'étais présente, le 15 octobre
dernier, au Gala Saturne organisé par la Fédération des agricultrices du Québec pour souligner l'apport
inestimable des femmes dans le monde agricole. J'aimerais donc prendre ce temps qui m'est donné pour
féliciter Nathalie Kerbrat, Sarah Poulin, Diane Lajoie et Catherine Gélinas,
qui ont toutes mérité un prix pour leur compétence, leur créativité et leur
entrepreneurship.
Mesdames,
vous portez avec fierté et passion des valeurs d'appartenance à votre
territoire, du sens du travail, de persévérance
dans l'atteinte de vos objectifs et de détermination à construire un monde
meilleur pour nos prochains. C'est la reconnaissance
de ces valeurs additionnées à un travail acharné qui font de vous des modèles pour
les jeunes agricultrices québécoises. Soyez fières de ce prix.
Vous
définissez maintenant le standard pour une nouvelle génération de femmes dans
le monde agricole. Je suis persuadée que le Québec de demain sera un
Québec gagnant en s'inspirant de vous. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, Mme la députée de
Mirabel. Mme la députée d'Anjou—Louis-Riel, à vous la parole.
Féliciter
M. André Hénault, lauréat du prix Jean-Marie-Moreau
Mme
Lise Thériault
Mme
Thériault : Merci. Depuis plus d'une vingtaine d'années, la FQM
décerne le prix Jean-Marie-Moreau pour saluer l'engagement d'un élu
municipal envers sa communauté. Il me fait donc plaisir de féliciter le
récipiendaire de l'année 2016, André Hénault, maire de Saint-Charles-Borromée
depuis 28 ans.
M.
Hénault cumule 32 ans de vie politique, dont 21 ans à titre de préfet de la MRC
de Joliette. Tout au long de sa carrière,
il a contribué de façon majeure à la croissance exceptionnelle de sa
municipalité. On se souviendra notamment de son apport à l'essor du
transport collectif régional et du travail colossal effectué lors des
inondations de la rivière L'Assomption.
Aujourd'hui, je suis très fière que soient reconnus le leadership
et l'importance de l'implication de M. Hénault. C'est un privilège pour les citoyens
de Saint-Charles-Borromée, de Joliette et de la région de Lanaudière de vous compter
parmi les leurs. Vous êtes un grand exemple
pour vos pairs. Encore une fois, félicitations, M. le maire! Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, Mme la députée d'Anjou—Louis-Riel.
Mme la députée de Hull, vice-présidente, je vous cède la parole.
Rendre
hommage à l'auteur et historien Raymond Ouimet
Mme
Maryse Gaudreault
Mme
Gaudreault : Merci, M. le Président. Alors, cet automne sera marqué par le départ à
la retraite d'un auteur et historien de chez nous, M. Raymond
Ouimet.
Natif
de l'ex-ville de Hull, Raymond Ouimet est un passionnant passionné d'histoire.
Il a publié de nombreux articles et 10 oeuvres littéraires. Ses ouvrages lui ont
valu plusieurs prix, dont le prix Percy-W.-Foy de la Société généalogique canadienne française,
le Prix du patrimoine du ministère de
la Culture et des Communications du Québec et l'Ordre de Gatineau.
Par
ses histoires, ses recherches et ses découvertes, Raymond Ouimet a grandement
contribué à la richesse des archives de notre région. Grâce à sa contagieuse
passion pour l'histoire, à sa contribution à la naissance du magazine Hier encore,
à son passage à la présidence du Centre régional d'archives de l'Outaouais, les
gens de notre région se découvrent à eux-mêmes et s'émerveillent devant la
beauté de notre patrimoine souvent méconnu.
Merci de tes belles
histoires, Raymond, et surtout je te souhaite une très belle retraite. Merci,
M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Merci à vous, Mme la députée de Hull. M. le
député de Granby.
Souligner
le 30e anniversaire du Centre d'aide et de lutte
contre les agressions à caractère sexuel de Granby
M.
François Bonnardel
M.
Bonnardel : Merci, M. le Président. Par son combat quotidien de lutte contre les agressions sexuelles et toute autre forme de
violence sexuelle faite aux femmes et aux adolescentes, le Centre d'aide et de
lutte contre les agressions à
caractère sexuel de Granby, le CALACS, est devenu une source importante pour
bon nombre de femmes qui ont vécu un moment de détresse face à des actes
de violence sans nom.
Malheureusement, cet organisme ne perd pas en popularité. En effet, le
centre répond à plus ou moins 150 nouvelles demandes d'aide par année.
C'est une statistique préoccupante qui rend donc d'autant plus
incontournable l'apport de tels organismes
dans notre société. Le CALACS rend plusieurs services importants,
comme accueillir, écouter et intervenir auprès des victimes d'agressions à caractère sexuel, et les informer sur
leurs droits et recours disponibles, et travailler à développer et
connaître des mesures préventives visant à réduire les délits sexuels.
Je souligne donc les
30 ans du CALACS de Granby et je remercie leur coordonnatrice, Chantal
Brassard, son équipe ainsi que les membres
de leur conseil d'administration, présidé par Pierrette Minnigio, pour leur
dévouement envers toutes ces femmes qui ont reçu du soutien à un moment
où elles en avaient le plus besoin. Bon 30e anniversaire!
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député de Granby. M. le
député de Saint-Laurent, je vous cède la parole pour votre déclaration.
Souligner
la Semaine nationale de l'immigration francophone
M.
Jean-Marc Fournier
M.
Fournier : Merci, M. le Président. À compter du 30 octobre, la Fédération
des communautés francophones et
acadiennes du Canada et les Réseaux en immigration francophone
célébreront l'apport des immigrants à la vitalité, à la diversité et au
dynamisme des communautés francophones et acadiennes du Canada.
Nous
sommes près de 10 millions à parler français au Canada.
Les 2,6 millions de francophones et francophiles à l'extérieur du Québec font face à de nombreux
défis, notamment celui du maintien de leur poids démographique.
Afin d'y répondre, ceux-ci misent,
avec raison, sur l'immigration francophone. Au printemps 2017, une rencontre
fédérale-provinciale-territoriale réunissant les ministres responsables
de la Francophonie et ceux de l'Immigration est prévue. C'est une première en 150 ans, M. le Président. Cela
fait suite à la décision unanime des premiers ministres des provinces et territoires
de viser une cible de 5 % d'immigration francophone, une autre première en
150 ans, M. le Président.
Ensemble, travaillons
pour un français qui avance et qui progresse! Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député de
Saint-Laurent. Enfin, M. le député de Gaspé, je vous cède la parole.
Rendre
hommage à la famille Tapp, propriétaire
de l'entreprise Les Produits Tapp inc.
M.
Gaétan Lelièvre
M. Lelièvre :
Merci, M. le Président. Aujourd'hui, je suis très fier d'honorer une famille
dynamique de ma circonscription, soit la
famille Tapp, qui est ici, de Douglastown, en Gaspésie. Cette famille est à la
tête de l'entreprise Les Produits Tapp, qui s'est hissée parmi les plus
importants producteurs de choucroute bio au Canada.
En
1995, Sylvain Tapp se donnait le défi de produire de la choucroute sur le bout
de la péninsule gaspésienne. Son
acharnement et sa persévérance ont fait en sorte que, maintenant, l'entreprise
familiale, avec à sa tête Sylvain et son fils Julien, produit 165 tonnes de légumes biologiques lactofermentés
annuellement. Ces aliments, donc la fameuse choucroute, sont en demande
partout au Canada pour le goût et leurs bienfaits sanitaires.
L'expansion des
dernières années permet à l'entreprise familiale de viser maintenant le marché
américain. Gageons que cette belle histoire se poursuivra.
Je
félicite toute la famille Tapp, Sylvain, Julien, Hélène et Xavier, pour ce
succès gaspésien atypique et florissant. Merci.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député de Gaspé.
Voilà
qui met un terme à la rubrique Déclarations de députés. Je suspends les travaux
de l'Assemblée quelques instants.
(Suspension de la séance à
9 h 50)
(Reprise à 10 h 1)
Le Président :
Mmes, MM. les députés, nous allons nous recueillir quelques instants.
Présence
des chefs de mission de la Communauté de développement
d'Afrique australe, présidée par l'ambassadeure de la République
du Zimbabwe, Mme Florence Zano Chideya
Merci. J'ai le plaisir de souligner la présence,
dans nos tribunes, des chefs de mission de la Communauté de développement de
l'Afrique australe, présidée par l'ambassadeure de la République du Zimbabwe,
Son Excellence Mme Florence Zano Chideya.
On vous remercie et on vous souhaite la
bienvenue, MM. les ambassadeurs... madame et messieurs.
Nous
poursuivons les affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a
pas de déclarations ministérielles ni présentation de projets de loi.
Dépôt
de documents
À
la rubrique Dépôt de documents, Mme la ministre de l'Immigration, dont
c'était l'anniversaire hier...
Des voix :
...
Le Président :
Aujourd'hui. Ah! c'est votre fête, je vous embrasse.
Plan
d'immigration du Québec pour l'année 2017
Mme Weil :
M. le Président, en vertu de l'article 3.0.1 de la Loi sur l'immigration
au Québec, il me fait plaisir de
déposer le plan d'immigration du Québec pour l'année 2017. Les objectifs
qu'il présente découlent des orientations adoptées par le gouvernement à la suite de la consultation générale et
des auditions publiques sur le cahier de consultation intitulé La
planification de l'immigration au Québec pour la période 2017‑2019 qui
se sont déroulées au sein de la Commission des relations avec les citoyens du
17 au 23 août 2016.
Le Président :
Alors, ce document est déposé. M. le ministre de la Santé.
Rapport
annuel de la Commission sur les soins de fin de vie
M. Barrette :
M. le Président, je dépose aujourd'hui le rapport annuel d'activité du
10 décembre 2015 au 30 juin 2016 de la Commission sur les
soins de fin de vie.
Le Président :
Ce document est déposé. M. le ministre de la Culture.
Rapport
annuel et états financiers du musée et de la Fondation
du Musée des beaux-arts de Montréal
M. Fortin
(Sherbrooke) : Oui. M. le Président, en vertu de l'article 14 de sa loi constitutive, je dépose aujourd'hui le rapport annuel 2015-2016 du Musée des beaux-arts de Montréal,
incluant ses états financiers et ceux de la fondation du musée.
Le Président :
Ce document est déposé. M. le leader du gouvernement.
Réponse
à une question inscrite au feuilleton
M. Fournier : Merci,
M. le Président. Je dépose la réponse
du gouvernement à la question inscrite au feuilleton le
6 octobre 2016 par la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Le Président :
Ce document est déposé.
Lettre
du député de Laurier-Dorion, M. Gerry Sklavounos
Pour ma part, je
dépose une lettre que j'ai reçue de M. Gerry Sklavounos, député de Laurier-Dorion.
Dépôt
de rapports de commissions
À
la rubrique Dépôt de rapports de
commissions, M. le président de la Commission de la santé et des services
sociaux et député de La Prairie.
M. Merlini :
Merci beaucoup, M. le Président. J'aimerais souligner que la secrétaire de la
Commission de la santé et des
services sociaux nous quittera la semaine prochaine après 15 ans de loyaux
services. Alors, merci à Mme Dany Hallé pour toutes ces années de
dévouement envers les parlementaires.
Élection
à la présidence de la Commission
de la santé et des services sociaux
Alors, M. le
Président, je dépose le rapport de la Commission de la santé et des services
sociaux qui, le 26 octobre 2016 et après trois tours de scrutin, a
procédé à l'élection de la présidence de la commission.
Le
Président : Heureusement qu'il y avait trois tours, hein, trois
tours de scrutin. Bon, bien, félicitations!
Alors, il n'y a pas
de dépôt de pétitions ni de réponses orales aux pétitions.
Interventions
portant sur une violation de droit ou de privilège
Demande d'intervention portant
sur une violation de droit ou de privilège concernant
un outrage au Parlement commis par Mme Dominique Savoie, ex-sous-ministre des
Transports, de la Mobilité durable et de l'Électrification des transports, et
par M. Michel Boulard, ex-directeur aux Enquêtes et
Audit interne au même ministère
À
la rubrique Interventions portant sur une violation de droit ou de privilège ou sur un fait personnel, j'ai reçu, dans les délais prescrits, de M. le leader de l'opposition officielle une demande d'intervention sur une violation de
droit ou de privilège. Dans son avis,
le leader de l'opposition officielle allègue que Mme Dominique Savoie,
ex-sous-ministre aux Transports, aurait commis un outrage au Parlement
le 18 mai 2016 en déposant aux parlementaires deux copies falsifiées du rapport qui s'intitulait Rapport
d'audit — Audit des professionnels en conformité des
processus, dont l'auteure était Mme Louise Boily, ex-directrice des
Enquêtes et Audit interne au ministère des Transports. Il allègue de plus
qu'elle aurait rendu un faux
témoignage devant la Commission de l'administration publique le
18 mai 2016.
Selon
le leader de l'opposition officielle, les gestes posés par Mme Savoie
iraient à l'encontre des paragraphes 2°, 3°, 4° de l'article 55 de la
Loi sur l'Assemblée nationale, qui précisent que «nul ne peut porter atteinte aux
droits de l'Assemblée [par] le fait
de rendre un témoignage faux ou incomplet devant l'Assemblée, une
commission ou une sous-commission; présenter à l'Assemblée, à une
commission ou à une sous-commission un document faux dans le dessein de
tromper; contrefaire, falsifier ou altérer, dans le dessein de tromper, un
document de l'Assemblée, d'une commission ou d'une sous-commission ou un
document présenté ou produit devant elles».
Dans
ce même avis, le leader de l'opposition officielle allègue par ailleurs que
M. Michel Boulard, ex-directeur aux
Enquêtes et Audit interne du ministère des Transports, aurait lui aussi commis
un outrage au Parlement en validant la
note ministérielle datée du 19 mai 2016, qui visait à répondre à
certaines interrogations des parlementaires quant à la validité des deux copies du rapport déposé le
18 mai 2016 à l'Assemblée nationale. Par cette note, il aurait visé
délibérément à induire en erreur la Commission de l'administration
publique.
L'avis
fait également mention de l'affidavit de Mme Savoie transmis aux membres
de la Commission de l'administration publique le
14 septembre 2016 et dont la présidence a reçu copie.
Enfin,
l'avis fait mention de l'intention de M. le leader de l'opposition officielle
de présenter une motion en vertu des articles 324 et suivants du
règlement.
Une voix :
...
Le Président :
Vous voulez... Bien, on ne commencera pas la plaidoirie tout de suite, mais je...
Une voix :
...
Le Président :
Pardon?
Une voix :
...
Le Président :
Ah! bien, alors, je vous écoute, M. le leader de l'opposition.
M. Bérubé :
M. le Président, je veux vous annoncer que nous souhaitons plaider cette
question aujourd'hui, que nous aurons
préalablement une question de directive. On ne souhaite pas retarder les
travaux de la période des questions, mais on vous invite à distribuer
cet avis aux groupes parlementaires qui voudraient en prendre connaissance.
Le Président :
L'avis de directive, vous voulez dire? O.K. Alors, ce sera fait.
Alors,
évidemment, nous avions convenu... nous sommes convenus depuis hier d'avoir
cette discussion-là après les affaires courantes. Ça vous va toujours?
M. le leader du gouvernement.
M. Fournier :
Avec la réserve, M. le Président, de pouvoir voir un peu mieux ce qui est
plaidé ce matin, parce que vous comprenez que la période de questions va
se dérouler.
Je
sais bien, vous savez, nous savons tous que ce n'est pas au gouvernement de
porter le fardeau de preuve de celui
qui porte la question. C'est plutôt à lui et à la présidence de faire
l'ensemble de l'étude des faits. Ceci étant, pour avoir une
participation, je dirais, utile à nos travaux, je me réserve quand même le
droit de voir les différences qu'il pourrait
y avoir entre cette motion, la motion d'hier, l'autre motion qui a déjà été
déposée... en fait, trois motions sur un même sujet, à moins qu'il y ait
des choses différentes, je verrai.
Des voix :
...
Le
Président : Oui, bien sûr. Mais ça vous va, M. le leader du
deuxième groupe d'opposition? M. le député de Granby, ça vous va? O.K.
Alors, je vous avise qu'après la période de
questions et réponses orales sera tenu le vote reporté sur la motion de Mme la
députée de Taillon débattue hier aux affaires inscrites par les députés de l'opposition.
Questions et réponses orales
Nous en
sommes maintenant à la période
de questions et de réponses orales,
et je cède la parole à M. le chef de
l'opposition officielle.
Projections
de croissance économique
M. Jean-François Lisée
M. Lisée : M. le Président, hier, la semaine dernière, le mois dernier, l'an
dernier, le premier ministre nous dit comment
ça va bien, l'économie, au Québec, ça va super bien. Et, comme ce n'est pas ce
qu'on voit sur le terrain, ce n'est pas
ce que les analystes disent, je me suis demandé où est-ce qu'il avait pris ça. Alors, je suis allé voir dans ses énoncés budgétaires à lui et j'ai regardé quelle était
pour 2016 sa projection de la croissance économique. Au début, il a dit :
Ça va être 2 % en 2016. Ensuite, il a dit : Non,
1,7 %, ensuite 1,5 %, et, cette semaine, il a dit : Finalement,
ça va être juste 1,4 %.
Le revenu des
ménages, ça nous intéresse. Au début, il disait : En 2016, ça va être
3,3 %, une bonne année. Ensuite, il a dit : 3,1 %, puis,
cette semaine, il dit : Non, juste 3 %.
Ensuite, je
me suis demandé pour l'emploi. L'an dernier, il a dit :
35 600 emplois en 2016. Ensuite, il a dit : Non, juste
30 000. Oh! juste 29 800. Puis cette semaine : Juste
29 000.
Ça, ce sont
ses chiffres à lui. Plus il gouverne, plus il est pessimiste sur la croissance
économique du Québec. C'est quand même troublant.
Comment
peut-il continuer à dire que plus il gouverne, mieux ça va, alors que ses
propres chiffres indiquent le contraire?
• (10 h 10) •
Le Président : M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : En fait, on peut
dire que plus on s'éloigne de la période où le Parti québécois était au
gouvernement, mieux ça va au Québec,
M. le Président, je pense qu'on peut le dire de façon très claire. Et la
période d'inflexion de l'emploi, s'il regarde bien l'évolution des
chiffres, se situe, coïncidence probablement, en mai 2014.
Ceci dit,
effectivement, les choses vont mieux au Québec, M. le Président. Il y a
128 000 emplois, au net, créés au Québec depuis notre arrivée au gouvernement, et le Québec domine le
reste du pays dans la création d'emplois dans les entreprises, dans le secteur privé, ce qui est un
changement très important par rapport à la tradition où le Québec créait
des emplois dans le secteur public surtout.
Il vient d'y avoir ce matin même — Statistique Canada — un rapport sur la rémunération hebdomadaire moyenne non agricole. Le
Québec fait mieux que la moyenne canadienne, ça a augmenté de
2,5 %, un message pour notre chef de la deuxième opposition. Les gens font
plus d'argent, les gens travaillent plus.
Et, si on a
réussi à établir l'équilibre budgétaire, si on a réussi à corriger — ça, c'est un chiffre qu'il aurait fallu
réviser — l'absence de crédits lors de leur départ du
gouvernement et les 7 milliards d'impasse, c'est surtout parce que les
revenus se sont maintenus, ce qui prouve que
l'économie va bien. D'ailleurs, les économistes eux-mêmes le disent. Alors,
ce n'est pas juste moi, les économistes le
disent. Alors, il me semble qu'on devrait être capable également d'avoir une
certaine perspective et réaliser que, par
rapport à 1 % de croissance à l'époque où ils étaient là, même 1,4 %,
c'est déjà beaucoup mieux. Mais on
espère faire encore mieux. Et il faudrait qu'il note également que les
prévisions de croissance sont les
mêmes dans le reste du Canada, même plus basses dans le reste du Canada, et
également en Amérique du Nord, et dans le reste du monde.
Alors, dans
une économie mondiale qui est fragile, qui est instable, la réalité... Je
sais que ça déçoit beaucoup les oppositions, parce que le discours... Je l'ai
été, chef de l'opposition; pas facile. Tous les jours, il faut que tu te lèves,
dise : Ça va mal. C'est
décevant, mais la réalité, c'est que le Québec fait mieux que la moyenne
canadienne. Dans la plupart des secteurs économiques, les indicateurs
vont mieux, mais on peut faire encore beaucoup mieux. Et, en passant...
Le Président : En terminant.
M. Couillard : ...l'accord de
libre-échange, c'est une bonne nouvelle pour l'économie.
Le Président : Première
complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M. Jean-François Lisée
M. Lisée :
Vous avez vu comment le premier ministre s'est éloigné de ses propres chiffres?
On n'a toujours pas trouvé de document non écrit par le Parti libéral
qui parle de cette impasse imaginaire de 7 milliards.
Mais là il nous parle du
contexte. Je vais lui parler du contexte. Alors, ça, c'est la croissance de
l'emploi aux États-Unis, au Canada. Et, au
Québec, plus faible. Le contexte est porteur, et l'effet libéral déprime
l'économie québécoise. Malgré un bon contexte, il nuit à l'économie.
Le Président : M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : Là, je ne suis
pas certain où était la question là-dedans, mais, au contraire, si on regarde
l'évolution de l'emploi au Québec, et
c'est très net, le point d'inflexion se situe en mai 2014. C'est là que
les pertes d'emploi... Parce que non
seulement il n'y avait pas création d'emplois, mais il y avait des pertes
d'emploi aux derniers mois où ils étaient au gouvernement, et on sait pourquoi : c'est un effondrement total
de la confiance des investisseurs, des entrepreneurs, des consommateurs,
qu'il a fallu rétablir et qui est en voie de se rétablir.
Mais je
voudrais passer quelques instants sur la bonne nouvelle de ce matin, qui n'est
pas la fin, M. le Président, de
l'histoire, parce qu'il y a encore des étapes devant nous, cette décision des
régions et des communautés belges d'aller de l'avant vers l'AECG. C'est une très bonne nouvelle pour le Québec,
et, dans un autre de ses retournements tactiques presque quotidiens auxquels il nous a habitués, le chef de l'opposition,
au cours des derniers jours, a voulu se dissocier de cet accord, de même
que la députée de Vachon.
Le Président : En terminant.
M. Couillard : Quelle erreur, M. le
Président!
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M. Jean-François Lisée
M. Lisée :
On voit bien que le premier ministre ne veut pas parler de son bilan, il veut
parler d'autres choses. Mais pourtant les chiffres qu'il a produits
lui-même montrent qu'en termes d'exportations... Aïe! Ça va bien, nos clients américains, l'économie va bien, le dollar canadien
est faible. Et il avait dit, au début : On va avoir une bonne année de
croissance des exportations, mais là, cette
semaine, il dit : Non, ça va être presque nul en 2016. Ça, ce n'est pas le
PQ, là, c'est lui. Investissements en
entreprises, d'abord, il disait : Au Québec, on va avoir une bonne année,
3,8 %. Maintenant, il dit : Ça va être moins, 1,9 %.
Moins...
Le Président : M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : Ce n'est pas une
journée facile, M. le Président, pour le chef de l'opposition officielle, parce
que, justement, cette impasse de 7 milliards de dollars, il n'y a
pas que nous qui l'avons dite, c'est également les experts indépendants, M.
Godbout et M. Montmarquette, qui l'ont confirmée. Et le Vérificateur général
s'est rendu jusqu'à 5 milliards, mais
il disait : Je ne peux pas aller plus loin parce qu'ils refusent de me
donner les données. C'est ça qui est arrivé,
M. le Président, à la fin de leur mandat gouvernemental, qui les dirigeait,
bien sûr, catastrophe pour le Québec, vers un nouveau référendum.
Mais je vais
quand même revenir, M. le Président, à quelque chose de fondamental. Le Parti
québécois, au cours des derniers
jours, a tout fait pour nuire à l'accord de libre-échange entre le Canada et
l'Union européenne : des interventions, particulièrement du chef de
l'opposition officielle, qui sont contradictoires, qui sont tactiques, qui
n'ont rien à voir avec l'intérêt fondamental du Québec.
Le Président : En terminant.
M. Couillard : S'il s'intéresse aux
exportations, il devrait se réjouir de ce qui est arrivé aujourd'hui.
Le Président : Principale, M.
le chef de l'opposition officielle.
M. Jean-François Lisée
M. Lisée : Merci,
M. le Président. Donc, le premier ministre admet enfin qu'il n'existe pas de document non signé par le Parti
libéral sur ce chiffre imaginaire de
7 milliards. Mais il existe un document de Pierre Fortin qui
explique que, sans son action néfaste
pour l'économie, il y aurait 40 000 emplois
de plus. 40 000 emplois de plus. Et, s'il ne croit pas Pierre Fortin, bien, je vais lui citer la Banque
du Canada — du
Canada — qui dit
que la raison pour laquelle le rythme du Québec sera sous la moyenne
canadienne, c'est lui.
Le Président : Alors, c'était
une complémentaire, on l'aura compris. M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : Une question, ça se termine par un point d'interrogation, là. Je pense
qu'il faudrait quand même rétablir cette tradition, qui m'apparaît assez
bonne.
Alors,
voyons ce que Desjardins dit : «Un heureux mélange entre une croissance
économique plus vigoureuse et une discipline budgétaire digne de
mention.»
Rappelons
que les conditions économiques ont commencé à s'améliorer au cours des derniers
mois dans la province de Québec. En fait, tout le monde dit que les
choses vont dans la bonne direction au Québec, pas qu'on est arrivés à destination, mais qu'il y a eu un changement
fondamental de la tendance et qu'on est dans la bonne direction. Il y aura
des fluctuations des chiffres de mois en
mois, mais ce qu'on voit, c'est que la tendance est bonne, la tendance nous
amène au succès. Il vaut toujours mieux un peu moins promettre et plus
réaliser.
Dans
le cas de l'emploi, je pense qu'on fera encore mieux. Dans le cas de la
croissance, peut-être, on verra, mais il ne faut quand même pas faire
abstraction de la situation économique du continent qui nous entoure, notamment
des États-Unis. Mais je veux revenir sur cette question vraiment surprenante de
l'AECG avec lui, on aura l'occasion.
Le Président :
Principale, M. le chef de l'opposition.
Transferts fédéraux en
matière de
santé et de programmes sociaux
M.
Jean-François Lisée
M.
Lisée : Un changement de la tendance, investissements
étrangers, un changement de la tendance, exportations, ce sont ses chiffres. Il y a quelque chose de très
grave qui est en train de se passer. Le gouvernement libéral de Justin Trudeau
veut réduire les transferts fédéraux en
santé, ce qui va priver le Québec de 1 milliard de dollars par année. Le
ministre de la Santé est aux abois. Il parle de décapitation, il est
très, très dur face à cette position.
Le
premier ministre, la semaine dernière, était beaucoup plus calme et il nous a
dit que son devoir, c'était d'avoir une
bonne relation avec le premier ministre du Canada. C'est ça, son devoir. On a
compris pourquoi, parce que le fond de sa
pensée, il l'a écrit lorsqu'il n'était plus ministre de la Santé en 2011 et il
a écrit ceci : Il est «légitime pour le gouvernement fédéral de s'appuyer sur son pouvoir de dépenser
pour déclencher des changements et en partager le crédit politique par la suite». En disant ça, le premier ministre est
en rupture avec tout ce que les premiers ministres libéraux du Québec ont
défendu pendant des années, de même refuser
le pouvoir fédéral de dépenser. Et ce document, je suis certain, est maintenant
la lecture de chevet de Justin Trudeau.
Comment
le premier ministre peut-il avoir quelque crédibilité que ce
soit pour défendre les Québécois après avoir livré le fond de sa pensée?
Le Président :
M. le premier ministre.
M.
Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président, c'est un excellent texte. D'ailleurs,
je le relisais avec beaucoup de plaisir hier, il y a beaucoup
de vérités sur le système de santé. Et, si, dans une négociation, il est légitime
que les parties présentent leurs
positions — c'est
clairement le cas — ici
je peux assurer maintenant en
cette Chambre qu'il y aura
une entente sur la santé, il n'y aura
pas de conditions et puis il y aura protection de l'asymétrie. Ce n'est même pas en jeu, actuellement, cette question de
l'asymétrie.
Cependant,
il y a eu une occasion, au Québec, de se prononcer pour un geste concret pour
contrôler le pouvoir de dépenser du
fédéral dans les domaines de juridiction, c'est l'accord du lac Meech, auquel
s'est opposé le Parti québécois.
Il faut se souvenir de ça.
Maintenant,
moi, je suis d'accord qu'on explore nos bibliothèques respectives. Je
peux déjà vous dire que la lecture de sa bibliothèque
des dernières années est pleine de rebondissements, M. le Président.
Le Président :
Première complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M.
Jean-François Lisée
M. Lisée : Vous avez remarqué que le premier ministre avait droit à
1 min 45 s de réponse. Il en a pris quelques petites
secondes pour parler de ça, puis ensuite il a changé de sujet. Pourquoi? Parce
que c'est extrêmement grave de savoir que
l'ancien ministre de la Santé, pendant que son propre gouvernement avait fait
du recul du pouvoir de dépenser du
fédéral son cheval de bataille, son collègue Benoît Pelletier en parlait tous
les jours, son premier ministre Jean Charest...
Leur a-t-il dit à
l'époque qu'il n'était pas de leur avis?
• (10 h 20) •
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : Il ne faut pas confondre les transferts en santé et le pouvoir de
dépenser, ça n'a rien à voir. Le pouvoir
de dépenser du fédéral dans les domaines de juridiction provinciale, ça demeure
une demande fondamentale du Québec,
qui est la nôtre également. J'espère qu'on aura au moins l'occasion d'avancer
sur ce point-là, éventuellement par
une conférence constitutionnelle qui un jour se produira, je ne sais pas quand,
mais cette question va rester sur la table.
Maintenant,
au-delà de tout ça, qu'est-ce qu'on dit dans ce document-là — et j'aimerais que tout le monde le relise,
j'amène la population à le relire
également — c'est
que la simple injection d'argent dans le système de santé ne suffit pas,
il faut avant tout innover. C'est pour ça
qu'on a diminué les structures bureaucratiques, c'est pour ça qu'on a des
ententes innovantes avec les
fédérations médicales, c'est pour ça qu'on va bientôt annoncer non pas
uniquement des investissements sans précédent, notamment en soins à
domicile et en soins prolongés, mais des objectifs précis et mesurables de
résultat — c'est
de ça que le document parle — de même que le mode de financement.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M.
Jean-François Lisée
M.
Lisée : Bien, ce n'est pas seulement la contradiction, c'est
l'oubli. Il vient de nous dire que ça n'a rien à voir, le pouvoir fédéral de dépenser, avec les
transferts en santé. Je le recite : Il est «légitime pour le [...] fédéral
de s'appuyer sur son pouvoir de dépenser pour déclencher des
changements», en santé. Alors, il faudrait qu'il se fasse une tête, là. C'est ce qu'il a écrit. Il dit que c'est encore un
bon texte, donc il dit à Justin Trudeau : C'est encore un bon texte quand
j'ai dit que le fédéral devait utiliser son
pouvoir de dépenser pour poser des conditions dans ses transferts, et ce serait
une occasion manquée de maintenir 6 %. Franchement...
Le Président :
S'il vous plaît! M. le premier ministre.
M.
Philippe Couillard
M. Couillard : Alors, il n'y a absolument rien dans ce très bon document, et j'espère
qu'il va être accessible à tout le monde, qui va contrarier notre
objectif, qui sera réalisé, d'avoir une entente avec le fédéral, d'avoir le
respect du principe d'asymétrie et de
n'avoir aucune condition, parce que l'imputabilité dont je parlais dans le
document, elle est au niveau du Québec, ici, dans le salon bleu, des
Québécois envers les Québécois.
Jamais
on n'acceptera de rendre compte de quoi que ce soit au gouvernement fédéral et
également d'avoir des instructions de leur part pour la façon d'innover dans le système de santé. On voit qu'on le fait actuellement. Je déclare également, j'ai écrit très nettement
que le fédéral n'a pas à s'autodésigner comme policier du système de santé canadien. La
santé est une juridiction provinciale. On a tout ce qu'il faut
pour innover dans nos Parlements provinciaux respectifs, ce que nous
faisons, et c'est pour ça que ce matin, par exemple...
Le Président :
En terminant.
M. Couillard :
...on note que les urgences rurales au Québec vont mieux qu'ailleurs au Canada.
Le Président :
Principale, M. le député de Lac-Saint-Jean.
Investissements en éducation
M.
Alexandre Cloutier
M. Cloutier :
Oui. M. le Président, autre contradiction du premier ministre, la main sur le
coeur, en campagne électorale, il
disait à tous les Québécois : Inquiétez-vous pas, en éducation, on va
réinvestir à la hauteur de 3,5 %. M. le Président, si le gouvernement libéral avait respecté sa promesse,
savez-vous c'est quoi, la différence? C'est 2,4 milliards de plus
qui auraient été réinvestis dans le système de l'éducation.
Pire,
M. le Président, on a appris dans la mise à jour économique que le gouvernement
a économisé 147 millions sur le
dos de qui? Sur le dos des professeurs, sur le dos des élèves, sur le dos du
personnel de soutien. En raison de quoi, M. le Président? En raison des
grèves qu'ils ont eux-mêmes provoquées. 147 millions de moins d'investis
dans le réseau de l'éducation.
Est-ce
qu'au moins la décence du ministre, là, c'est d'admettre son erreur, admettre
que l'argent n'aurait pas dû aller au Conseil du trésor, mais que
l'argent aurait dû servir à nos élèves, à nos jeunes qui en ont réellement
besoin?
Le Président :
M. le ministre des Finances.
M.
Carlos J. Leitão
M. Leitão : Bon, M. le
Président, oui, il y a eu des grèves en 2015. Ils viennent de le découvrir maintenant.
Quand il y a une grève, à ce que je
sache, évidemment, les personnes en grève ne reçoivent pas de
salaire, donc la dépense n'a pas lieu à ce moment-là. Mais, une fois que
les personnes reviennent au travail, la dépense a lieu. Voyons donc!
Donc, le budget
pour le ministère de l'Éducation, cette année, en 2016-2017, n'a pas changé,
avant notre réinjection n'a pas
changé. Donc, l'augmentation va se faire d'une base moins élevée, oui, moins
élevée parce qu'il y a eu la grève. Après ça, les gens reviennent au travail et les dépenses se font. En
plus de ça, nous avons annoncé en novembre dernier une réinjection additionnelle, l'engagement de professionnels additionnels, maintenant, dans la mise à jour de cette année, encore des
fonds additionnels.
Donc,
oui, nous arrivons en 2017-2018 à un rythme de croissance de dépenses de l'éducation de 3,5 %, M. le
Président. Nous y sommes arrivés de façon
durable et bien inscrite dans les crédits des différents ministères
présentés publiquement.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de...
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît! Première complémentaire, M. le député de Lac-Saint-Jean.
M.
Alexandre Cloutier
M.
Cloutier : M. le Président, on va reprendre ça à zéro. Tu as un
gouvernement, en campagne électorale, qui dit : On va investir 3,5 % par année. Ils ne le
font pas, puis ça, c'est 2,2 milliards de plus qui auraient dû être
investis. En plus de ça, il y a une
grève l'année passée. À cause de qui, la grève, là? À cause de vous autres.
L'offre que vous avez faite au personnel, au milieu de l'éducation,
c'était inacceptable. Partout, à travers le Québec, les parents, les élèves se retrouvent dans un processus de grève. Vous sauvez
de l'argent : 147 millions. Au lieu de prendre l'argent sauvé et la
réinvestir en éducation, ils ont pris l'argent sauvé et ils ont redonné ça au
Conseil du trésor.
Le Président :
Principale... Principale. M. le ministre des Finances.
M.
Carlos J. Leitão
M.
Leitão : Non, M. le Président, non. Le Conseil du trésor n'a pas
repris cet argent-là. Il y a eu une interruption, un retardement dans ces dépenses-là parce que les
gens sont en grève. Maintenant que la grève est finie, l'argent repart à
nouveau. Mais voyons donc! C'est la logique la plus élémentaire.
Maintenant,
ramenons-nous, ramenons-nous au point de départ. Le point de départ, c'était
quoi? Dans le budget de
juin 2014, on avait très bien, très bien indiqué qu'on faisait face à une
impasse budgétaire de 7 milliards de dollars, M. le Président, 7 milliards de dollars.
Donc, il fallait absolument éviter un tel gâchis, et donc nous avons mis en
place des mesures pour le corriger,
ce que nous avons fait, ce qui nous permet maintenant d'atteindre l'équilibre
budgétaire de façon durable et soutenable...
Le Président :
En terminant.
M. Leitão :
...pour les prochaines générations, M. le Président.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Lac-Saint-Jean.
M.
Alexandre Cloutier
M.
Cloutier : M. le Président, n'importe quoi. Ce que le ministre dit, en
gros, c'est que l'argent était prévu, il n'a pas été dépensé. L'année s'est
terminée, on a fermé les livres, puis l'argent est encore disponible aujourd'hui.
La réalité, c'est que l'argent qui était
prévu, là, le 147 millions, il était disponible. Vous auriez pu le prendre
et le réinjecter en éducation. Au lieu de ça, les professeurs, l'argent
provisionné pour nos élèves a servi à quoi? À payer la dette.
La
semaine passée, juste la commission scolaire de Montréal, la semaine dernière,
les profs, les directions d'école se sont unis pour demander un
réinvestissement juste de 35 millions, juste...
Le Président :
M. le ministre des Finances.
M.
Carlos J. Leitão
M.
Leitão : M. le Président, je voudrais juste rappeler deux choses.
D'abord, c'est avec une telle logique qu'on a abouti à un déficit potentiel de 7 milliards de dollars. Cet
argent-là, c'était l'argent des salaires des personnes en grève. Une
fois la grève...
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît!
M.
Leitão : ...terminée, les personnes reviennent au travail, et les
salaires sont payés. Voyons donc! Et, en plus, M. le Président, en plus,
nous avons...
Une
voix : ...
Le Président :
Ah! M. le leader de l'opposition.
M.
Bérubé : Pour le bénéfice de l'Assemblée, si le ministre
pouvait déposer le document qui allègue le chiffre qu'il vient de
révéler.
Le Président :
M. le leader du...
Des voix :
...
Le Président :
M. le leader de l'opposition... M. le ministre.
M.
Leitão : M. le Président, il n'y a rien de secret, M. le Président,
c'est le budget, c'est le budget de juin 2014. Budget 2014, c'est là! Voyons donc! C'est public, tout le monde... vous
aussi, vous avez le droit à cela. Voyons donc! C'est le budget de 2014.
Je peux le déposer...
Une voix :
...
Le Président :
M. le leader du... M. le leader de l'opposition.
M.
Bérubé :
M. le Président, en toute amitié, en
toute amitié avec mon collègue, est-ce
qu'il consent à déposer le
document auquel fait référence le ministre des Finances?
Le Président :
M. le ministre, je vous poserais...
Une voix :
...
Le Président :
M. le leader.
M. Fournier : ...plaisir que vous vous intéressiez au budget, parce qu'à votre époque budget et crédits, ça ne
rimait jamais ensemble.
Le Président :
Vous avez quelques secondes, M. le ministre des Finances.
M. Leitão :
M. le Président, j'ai écrit des choses sur cette feuille, mais c'est la
page A.15, page A.15 du budget 2014. Vous pouvez le lire
maintenant, deux ans plus tard...
Le Président :
Bon! Principale, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
Hausse des transferts fédéraux en matière de santé et
de programmes sociaux
M.
François Legault
M. Legault : M. le
Président, depuis des semaines, le ministre de la Santé s'indigne contre les baisses d'augmentation des transferts en santé, contre les conditions d'Ottawa
sur les transferts en santé. Et, pendant que le ministre de la Santé s'époumone sur la place publique, bien, on a un premier ministre qui a déjà levé le drapeau blanc. Non seulement le premier ministre se fait le grand défenseur du pouvoir fédéral de dépenser, mais il
remet même en cause la hausse de 6 % des transferts fédéraux. Et je
veux le citer, le premier ministre dit :
«...certains souhaiteraient que l'accord actuel,
[incluant la hausse] de 6 %, soit
renouvelé tel quel. Ce serait là une occasion ratée.»
«La
hausse du financement en santé devrait être liée à des progrès substantiels
dans le rendement par les provinces.»
Comme
si ce n'était pas déjà assez compliqué que le gouvernement du Québec gère le
réseau de la santé, il veut que le fédéral
s'en mêle. Jamais, jamais un premier ministre du Québec n'a été aussi soumis
face à la vision du gouvernement fédéral.
Quand le premier
ministre va-t-il enfin défendre les intérêts de la nation québécoise?
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît! M. le premier ministre.
M.
Philippe Couillard
M. Couillard :
M. le Président, nous défendons avec vigueur les intérêts de notre nation, mais
surtout, et j'attire son attention là-dessus, les intérêts de tous les
Québécois, de toutes les catégories et toutes les origines qui forment cette
nation. Et je pense qu'il devrait méditer là-dessus.
Maintenant,
sur ce texte, je l'engage à le relire et l'analyser de façon plus complète,
parce que ce que je disais et que je
redis aujourd'hui — il a
déjà dit ça, je pense, même, dans le passé — c'est que le simple ajout d'argent au
système de santé ne suffira pas. Si
c'était possible de dire ça, on l'aurait vu arriver. Ça ne suffit pas, il faut
innover. Ce que je redis également,
c'est que l'imputabilité de cette innovation, ce n'est pas au gouvernement
fédéral qu'on la fait, c'est ici, au Québec.
Et ce que
j'ajoute en terminant, M. le Président, c'est que notre collègue procède à des
changements majeurs qui vont
justement dans le sens de l'innovation et de la modernisation. Argent seulement
ne suffira pas. Argent, modernisation, innovation, c'est la recette,
c'est celle que notre collègue est en train d'appliquer.
• (10 h 30) •
Le Président : Première
complémentaire, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M. François Legault
M. Legault :
M. le Président, c'est clair, le premier ministre dit : La hausse des
transferts du fédéral devrait être liée
à des progrès ici, au Québec. Donc,
il est d'accord avec le fait que le fédéral mette des conditions. Jamais Robert Bourassa
ou Jean Lesage n'aurait accepté ça. Robert
Bourassa et Jean Lesage étaient des nationalistes qui défendaient les intérêts
du Québec à l'intérieur du Canada.
Quand notre premier ministre va-t-il se tenir
debout pour la nation québécoise?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : Alors, M. le
Président, on frôle l'insulte dans ces commentaires-là, puis c'est la technique
habituelle, c'est la technique
habituelle de notre collègue. Parce que nous sommes tous, ici, nous sommes
tous, ici, des Québécois très fiers
de l'être, très fiers de l'être, mais on est également dans la réalité dont
nous sommes fiers également, dont les Québécois,
en grande majorité également, sont fiers, c'est que le Québec fait partie, pour
son plus grand bonheur, de la fédération canadienne, ce que jamais notre
collègue n'est capable de dire et de faire.
Maintenant,
je vais répéter encore une fois qu'à cette époque, avant et maintenant, j'ai
toujours refusé quelque condition que
ce soit imposée par le fédéral. Mais dire aux Québécois que, si nous avons des
ressources supplémentaires qui nous
permettraient, par exemple, d'atteindre 4 % de financement annuel, ce qui
était notre objectif, ces ressources seront attribuées...
Le Président : En terminant.
M. Couillard : ...avec une démarche
très claire d'innovation dont nous rendrons compte au Québec.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M. François Legault
M. Legault :
M. le Président, le premier ministre peut peut-être changer d'idée, là, mais ce
qu'il a écrit, c'est qu'il était
d'accord que la hausse des transferts du fédéral soit liée à des résultats. M.
le Président, pour le premier ministre, là, c'est comme si le gouvernement fédéral, c'était un grand frère, puis
lui, il se sent obligé d'avoir l'approbation du grand frère.
Quand va-t-il arrêter d'être à genoux devant
Ottawa?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : Alors, il arrive
que les racines péquistes de notre collègue ressortent. Ça vient de se produire
de façon très nette. Vous voulez peut-être qu'on vous le retourne
éventuellement? Non?
Des voix : Ha, ha, ha!
Le Président : S'il vous
plaît! La fin de la période des échanges est terminée. M. le premier ministre,
à vous la parole.
M.
Couillard : En fait, notre
collègue, je pense que les gens le ressentent bien, c'est un indépendantiste en
moratoire. C'est ça, actuellement, qu'est la deuxième opposition.
Mais je vais revenir, encore une fois, sur cette
réalité qui ne changera pas, qui n'a jamais changé et qui ne changera pas, il n'y a aucun lien d'imputabilité
en santé entre le gouvernement du Québec et le gouvernement fédéral. L'imputabilité se fait — et d'ailleurs c'est écrit dans le
texte — au
Québec, dans nos institutions et à l'Assemblée nationale. Et je répète encore une fois qu'on a non seulement
l'intention d'investir davantage en santé sans conditions fédérales...
Le Président :
En terminant.
M. Couillard : ...en préservant
l'asymétrie, mais surtout d'innover.
Le Président : Principale, M.
le député de Borduas.
Délai de prescription en matière d'infractions à caractère
sexuel
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : M. le Président,
au cours des dernières semaines, il a été beaucoup question des victimes d'agression sexuelle et de la dénonciation de la
culture du viol. De nombreuses manifestations ont eu lieu, et on a pu voir
plusieurs ministres libéraux prendre la
parole dans ces rassemblements pour appuyer les victimes d'agression sexuelle
et les encourager à dénoncer.
Le
16 mars 2016, j'ai déposé le projet
de loi n° 596, qui vise à abolir
le délai de prescription pour les victimes d'agression sexuelle. Ce projet de loi permettrait de soutenir encore plus les victimes et de les encourager à
dénoncer. Il est temps que l'État aide les victimes et cesse de protéger
les agresseurs.
M. le Président, au-delà des paroles et des discours en appui aux victimes,
nous pouvons, tous ensemble, ici, à l'Assemblée nationale, poser des
gestes concrets pour les victimes.
Est-ce que
la ministre de la Justice va faire sa part, elle aussi, pour les victimes
et appeler le projet de loi n° 596?
Le Président : Mme la ministre
de la Justice.
Mme Stéphanie Vallée
Mme Vallée : M. le
Président, je pense qu'ici, à cette Assemblée,
s'il y a une chose qui est claire et qui nous anime
tous, c'est ce besoin de soutenir ceux et celles qui ont été victimes d'actes
criminels, qui ont été victimes notamment d'agression sexuelle. Hier, nous
avons adopté une motion à l'unanimité, une motion qui était très claire en ce
sens.
Ceci étant dit, le soutien aux victimes d'agression
sexuelle et l'appui, ils se déclinent
de différentes façons. Ils se déclinent
dans nos actions, dans les actions de nos institutions, dans les
formations, dans l'accompagnement que l'on fait auprès des victimes, et nous pourrons, très prochainement, M. le Président, vous indiquer ce que nous entendons faire de plus et de mieux ici, en cette Chambre, comme équipe gouvernementale et
parlementaire, puisque, comme l'a si bien indiqué ma collègue de la Condition féminine, la stratégie
gouvernementale en matière de violence sexuelle sera communiquée sous peu, et cette stratégie mettra,
justement, de l'avant un certain nombre de mesures qui nous interpelleront
tous et qui nous amèneront à soutenir davantage les victimes...
Le Président : En terminant.
Mme Vallée : ...de ces
crimes odieux.
Le Président : Première
complémentaire, M. le député de Borduas.
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : M. le Président, la ministre de la Justice a un
pouvoir concret, elle a le pouvoir d'appeler le projet de loi n° 596. Elle sait très bien qu'une victime
d'agression sexuelle qui a été agressée en 2009, qui a eu connaissance de son agression sexuelle, aujourd'hui elle n'a
pas de recours en matière civile contre son agresseur. On fait, avec la loi
actuelle, le procès de la victime lors d'un procès civil.
N'est-elle
pas d'accord pour changer la loi le plus rapidement possible? Est-ce que c'est
normal qu'on mette des bâtons dans les roues des victimes qui veulent
obtenir réparation? Est-ce que c'est normal?
Le Président : Mme la
ministre de la Justice.
Mme Stéphanie Vallée
Mme Vallée :
M. le Président, je pense qu'il est important de se rappeler ce qui s'est fait
ici, en cette Assemblée, en 2013. Il
y a eu des modifications importantes qui ont été apportées au Code civil du
Québec pour soutenir davantage les
victimes d'actes criminels. Le délai de prescription applicable aux actions en
réparation d'un préjudice corporel qui résulte de tout acte pouvant
constituer une infraction criminelle a été porté de trois à 10 ans. Le
délai de prescription applicable aux actions en réparation du préjudice
corporel résultant d'une agression à caractère sexuel, de la violence conjugale et de la violence subie pendant
l'enfance a été porté de trois à 30 ans. Des modifications ont été apportées à
l'article 2926.1 du Code civil du Québec.
Le Président : En terminant.
Mme
Vallée : Ces délais ne courent qu'à partir du moment où la
victime a eu...
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Borduas.
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : M. le Président, je veux que la ministre de la Justice, là, dise à
toutes les victimes qui ont été
agressées avant 2009, qui ont eu connaissance de leur agression, qu'elle est
d'accord avec la législation en vigueur, qu'elle est d'accord pour ne
pas mettre une... pour abolir la rétroactivité, pour abolir la prescription.
Est-ce
que la ministre de la Justice est d'accord avec nous pour faire ça rapidement,
le plus rapidement possible, pour
dire à toutes les victimes qui dénoncent qu'elles vont pouvoir s'adresser à la
cour, obtenir réparation sans se faire opposer la prescription? C'est
primordial et fondamental.
Le Président :
Mme la ministre de la Justice.
Mme Stéphanie Vallée
Mme
Vallée : M. le Président, lors des modifications, lors des échanges
qui ont amené des modifications substantielles
au Code civil du Québec, substantielles, en 2013, il a été mentionné... pas à
10 ans, M. le chef de la deuxième opposition,
30 ans. 30 ans. Et, lors de ces discussions-là, il a été clairement indiqué
qu'il n'y a pas un pays où le régime de
droit civil s'applique qui n'a pas de prescription. Et, M. le Président, dans
des dossiers aussi sensibles, il est important aussi de considérer les
impacts de ce qui est demandé sur notre régime et sur la stabilité du régime de
droit civil.
Le Président :
En terminant.
Mme Vallée :
On a fait des avancées fort importantes...
Le Président :
Principale, M. le député de Bonaventure.
Impact de la révision de la
limite nordique des
forêts attribuables sur le secteur forestier
M. Sylvain Roy
M.
Roy : M. le Président, on apprend que le nouveau ministre des
Forêts a approuvé la semaine dernière, par décret, le plan qui établit
la nouvelle limite nordique des forêts attribuables à la protection du caribou
forestier. Ce plan avait pourtant été écarté
par son prédécesseur, car il aurait provoqué la perte de 9 000 emplois
forestiers au Québec, dont 3 000 dans la région du Saguenay—Lac-Saint-Jean.
Avant
de quitter, l'ancien ministre avait également confirmé qu'il allait refaire ses
devoirs et demander un rapport complet qui tienne compte à la fois des
impacts sur l'environnement et sur l'économie forestière. Or, le plan actuel ne
tient compte ni des recommandations de l'ancien ministre ni des recommandations
des acteurs économiques du Saguenay—Lac-Saint-Jean.
Donc,
ma question est simple : Est-ce que le ministre était au courant que le
plan qu'il a autorisé le 19 octobre met en péril 9 000 emplois dans
le secteur forestier?
Le Président :
M. le ministre des Forêts.
M. Luc Blanchette
M.
Blanchette : M. le Président, j'ai entendu les suites du rapport...
mêlée de presse de ce matin de mon collègue de Bonaventure, et je tiens à lui dire que je suis un gars des régions,
que ça fait 30 ans que je suis économiste régional et que, tous les
conflits qui se sont présentés, j'ai très bien suivi ça.
Maintenant,
quant au fond, sur la question, sur les emplois, le Québec a 60 000
emplois dont dépend directement l'industrie
forestière pour se développer, 60 000 familles qui dépendent de leur
emploi pour vivre dans toutes les régions du Québec. Je tiens à lui
rappeler ça.
Concernant
les limites nordiques, c'est important, il y a un comité scientifique de 16
personnes, partout réparties dans les
régions ressources, qui ont fait leur analyse et qui sont arrivées, en prenant
des critères de productivité forestière, mais aussi d'environnement, à des conclusions. Et ce qu'il serait
important à mentionner, ce comité scientifique là l'a fait tout en faisant
un certain équilibre entre le développement économique, l'environnement et la
faune. Ce que je suis en train de vous
donner là, c'est que l'impact évalué par le comité scientifique serait de
l'ordre de 1 %, contrairement aux chiffres avancés par le collègue...
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Bonaventure. Vous répondrez plus tard.
M.
Sylvain Roy
M.
Roy : Bien, écoutez, M. le Président, le ministre avance des
chiffres, nous avons des chiffres. Il y a des gens qui sont sortis hier et aujourd'hui pour dénoncer
la situation. On parle de milliers d'emplois au Lac-Saint-Jean, on parle
de milliers d'emplois au Québec. Quels
seront les emplois perdus, M. le ministre? La question est là, combien
d'emplois vont être perdus? Vous devez l'évaluer avant d'appliquer la
limite nordique.
Le
Président : M. le député de Bonaventure, je vous rappelle — amicalement, évidemment — qu'on s'adresse à la présidence. Et
maintenant je vais écouter M. le ministre des Forêts.
M. Luc Blanchette
M.
Blanchette : M. le Président, les travaux du comité scientifique qui
nous ont été soumis, c'est au gouvernement à prendre les décisions. La priorité que j'ai comme ministre des Forêts,
de la Faune et des Parcs, c'est de faire, justement, un bel équilibre avec ça. L'emploi en région, j'y
tiens et j'y crois, et on va tout faire. D'ailleurs, on a un forum, Innovation
Bois, qui se tient à Rivière-du-Loup,
dans une région où l'ensemble des intervenants du milieu sera là, le secteur
municipal, le secteurs syndical,
patronal et l'industrie forestière. Ces travaux-là vont mener à un soutien, une
diversification, une innovation, une modernisation de toute notre
industrie. D'ailleurs, j'invite le collègue à venir assister à l'événement.
Le Président :
En terminant.
M.
Blanchette : Et je travaille en équipe avec ma collègue du ministère
de l'Économie pour s'assurer de ça.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Bonaventure.
M. Sylvain Roy
M.
Roy : M. le Président, on parle de pertes d'emploi, il y a des
gens qui vont perdre leur travail, et les chiffres que nous avons nous
disent que des centaines et des milliers de personnes vont perdre leur travail.
Il va y avoir, bon, un forum innovation très
intéressant, mais ce n'est pas là que le travail se fait, c'est dans la forêt.
Et, écoutez, on ne sait plus comment
leur dire, là, mais on a la guerre du bois d'oeuvre qui pointe à l'horizon, on
a la surtaxe sur le papier surcalendré,
et là on a la limite nordique. Ça
fait qu'en termes de développement économique
des régions on repassera.
Le Président :
M. le ministre des Forêts.
M. Luc Blanchette
M. Blanchette :
M. le Président, il y a vraiment, là, une mésinterprétation du rapport du
comité scientifique que... S'il fallait écouter toutes les
recommandations, notamment sur les aires protégées, le caribou forestier ou
tout autre type d'habitat faunique, effectivement il pourrait y avoir des
pertes d'emploi.
Cela
étant dit, comme gouvernement, comme ministre des Forêts, on n'appliquera pas
l'ensemble de tout ça, on va s'assurer de faire un juste équilibre pour
maintenir les emplois en région, pour maintenir les entreprises. Ce que je dis
là, c'est que l'impact devrait être
très, très minimal, et les chiffres avancés concernant les pertes d'emploi
sont, définitivement, surévalués.
S'il avait fallu
appliquer à la lettre toutes les demandes de FSC...
• (10 h 40) •
Le Président :
En terminant.
M. Blanchette :
...on serait peut-être arrivé à ça. Mais, dans la réalité, ce n'est vraiment
pas ça qui va se passer.
Le Président :
Principale, Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Stratégie gouvernementale pour
prévenir et contrer les violences sexuelles
Mme Manon Massé
Mme Massé :
Merci, M. le Président. Nous avons été, plusieurs de mes collègues, présents et
présentes hier soir au rassemblement qui a eu lieu ici, à Québec,
concernant la dénonciation des agressions sexuelles. Nous avons été plusieurs à prendre la parole pour se rappeler
collectivement qu'on n'y arrivera pas si chacun, chacune d'entre nous ne pose
pas les gestes nécessaires, ne dit pas les paroles nécessaires pour faire en
sorte que ces comportements inacceptables, criminels et insupportables ne
cessent. Alors, il faut agir.
M.
le Président, j'ai entendu hier Mme la ministre de la Condition féminine nous
redire, pour la énième fois, que la
stratégie gouvernementale s'en vient. J'aimerais, M. le Président, qu'elle dise
au peuple québécois aujourd'hui une date, quelle date va arriver la
stratégie.
Le Président : Mme la
ministre responsable de la Condition féminine.
Mme
Lise Thériault
Mme Thériault :
Oui. Merci, M. le Président. M. le Président, il me fait plaisir d'annoncer à
mes collègues, puisque j'avais
mentionné que je les inviterais également au dévoilement de cette stratégie
gouvernementale là, que la stratégie sera
dévoilée demain matin, 9 h 30, au Y des femmes, à Montréal, et que
mes collègues, les porte-parole de la condition féminine, sont invitées,
M. le Président.
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Mme Manon Massé
Mme Massé :
J'en suis très heureuse. En fait, je ne suis pas heureuse parce que ça veut
dire que le Québec a encore besoin d'avoir des stratégies pour être capable
d'aligner des choses. Mais je suis heureuse de savoir que, demain matin, à 9 h 30, on va pouvoir — j'espère parce que, comme j'étais au forum,
je le sais — retrouver
des éléments que nous devons faire en amont et après les agressions
sexuelles.
Ceci
étant dit, on vient d'avoir une mise
à jour économique. J'aimerais que le ministre
des Finances nous dise combien
d'argent est prévu.
Le Président :
Mme la ministre de la Condition féminine.
Mme Lise Thériault
Mme
Thériault : M. le Président, vous allez me permettre de réitérer l'invitation à ma collègue de Québec solidaire. Le ministre des Finances a travaillé en étroite collaboration avec non seulement moi, M.
le Président, mais mes collègues ministres, puisque c'est une stratégie gouvernementale pour prévenir et contrer les violences qui sera dévoilée demain, M. le Président. Et je peux vous dire que le président du Conseil du trésor et le ministre
des Finances, tout comme le premier ministre, ont été très sensibles
aux arguments que nous avons entendus lors des consultations, et, M. le
Président, je suis convaincue que mes collègues seront enchantés de ce que nous
allons déposer demain, M. le Président.
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Mme Manon Massé
Mme
Massé : Ma collègue peut
compter sur moi, oui, on va lire avec attention le projet de stratégie. Ceci
étant dit, nous, on a appris cette
semaine des surplus de 4 milliards. Vous comprendrez, M. le Président, qu'on ne peut
pas juste se targuer de vouloir l'égalité
entre les hommes et les femmes en mots, il faut y aller en gestes. Et il y a énormément
d'argent qui a été coupé, dans les
deux dernières années, en matière d'exploitation, en matière de soutien aux
groupes communautaires. Alors, on va vouloir des chiffres.
Le Président :
Mme la ministre de la Condition féminine.
Mme Lise Thériault
Mme
Thériault : Demain, M. le Président, c'est aussi simple que ça, demain il y aura des chiffres pour aller
avec la stratégie. Je pense qu'il est usuel, de ce côté-ci... À chaque
fois que nous mettons en jeu soit une stratégie, un plan d'action,
c'est accompagné de chiffres, évidemment. Je pense que c'est important
que la population puisse savoir ce que le gouvernement fait avec l'argent, et il est important
que nos groupes sachent aussi avec quel argent ils vont pouvoir oeuvrer
auprès des femmes qui sont en situation de violence, évidemment.
Donc,
M. le Président, je m'étais engagée à inviter mes collègues. Je
les invite demain à être là, 9 h 30, au Y des femmes, à Montréal...
Le Président :
En terminant.
Mme
Thériault : ...et je
suis convaincue qu'elles seront heureuses de ce que j'aurai le bonheur de
déposer demain.
Le Président :
Principale, Mme la députée de Montarville.
Position du gouvernement sur
le port de signes religieux
par les employés de l'État en situation d'autorité
Mme Nathalie Roy
Mme Roy :
Merci, M. le Président. Notre
ex-collègue libérale à tous, Fatima Houda-Pepin, une musulmane, fait une sortie en règle contre le projet de loi n° 62 ce matin dans Le Devoir.
Elle dénonce que le gouvernement, écoutez bien, va permettre le tchador dans la fonction publique : «...Québec [va]
introduire dans [ses] institutions un modèle de rapport hommes-femmes
profondément inégalitaire.» Historiquement, le tchador s'est imposé aux femmes
avec la montée des groupes
islamistes. Le tchador, ce n'est pas que du linge, M. le Président.
Je
ne comprends pas que ce soit si difficile pour la ministre de la Justice de comprendre ça et de rejeter ce symbole de soumission et d'oppression de la femme. Pour
nous, les employés de l'État en position d'autorité ne devraient pas porter
ni tchador ni aucun signe religieux — policiers, juges, procureurs
de la couronne, gardiens de prison et enseignants.
Alors,
la ministre a-t-elle l'honnêteté intellectuelle pour
admettre qu'elle va permettre qu'une enseignante porte le tchador en
classe...
Le
Président : Je vous
incite, évidemment, à l'avance, toutes et tous, d'éviter des propos
blessants à l'endroit de vos collègues. Mme la ministre de la Justice.
Mme Stéphanie Vallée
Mme Vallée : M. le Président, notre collègue cite un texte d'une ex-collègue.
Je profite de sa présence parce que j'ai vu, pendant
la période de questions, qu'elle s'est jointe à nos travaux. Alors,
Mme Houda-Pepin, M. Trudel, nous vous saluons.
M. le Président, le projet de loi ne prévoit pas d'autorisation, tel que le
mentionne la collègue. Le projet
de loi encadre le principe de la neutralité religieuse dans la
prestation et la réception des services de l'État. Cette neutralité religieuse s'exprime en ne favorisant ni en ne
défavorisant quelqu'un en raison de ses croyances ou de sa non-croyance.
Le projet
de loi prévoit clairement
que la prestation de services et la réception de services se font à visage
découvert pour des principes de communication, d'identification et de sécurité. Le projet de loi vient baliser, à
juste titre, l'encadrement...
Le Président :
En terminant.
Mme Vallée :
...des accommodements religieux à l'intérieur de nos...
• (10 h 50) •
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée de Montarville.
Mme Nathalie Roy
Mme Roy : Il faut comprendre que ce projet de loi va permettre le tchador. Dans un rapport piloté par l'ex-député libéral M. Gilles Ouimet, en 2014 — il
n'y a pas 100 ans, M. le Président, là, 2014 — le caucus libéral affirmait d'une même voix, je cite : «La burqa, le niqab et
le tchador symbolisent un sens d'exclusion et un refus d'interaction sociale.
Ils sont incompatibles avec la mission de l'État et la prestation de services
publics.»
M.
le Président, deux ans plus tard, pourquoi le tchador est-il soudainement
devenu compatible avec la mission de l'État? Les enseignantes vont
pouvoir le porter?
Le Président :
Mme la ministre de la Justice.
Mme Stéphanie Vallée
Mme Vallée :
M. le Président, encore une fois, notre collègue nous démontre et agite le...
brandit le spectre du tchador pour tenter de faire craindre à ceux et
celles qui nous écoutent...
M.
le Président, hier, des représentants des cadres de la fonction publique nous
ont mentionné qu'à peine 3 % de
leurs membres s'identifiaient à des communautés culturelles, qu'à l'intérieur des
cadres de la fonction publique personne ne portait le tchador. M. le Président, la collègue brandit un spectre,
encore une fois, pour tenter de définir le «nous» du «eux».
Le Président :
En terminant.
Mme Vallée :
Ce n'est pas ce que nous souhaitons faire, M. le Président.
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la députée de Montarville.
Mme Nathalie Roy
Mme Roy :
Le projet de loi n° 62 va permettre le port du tchador. Oui, ça fait peur,
Mme la ministre, vous pouvez bien le dire. Je dis la vérité, M. le
Président. Ce n'est pas compliqué, la ministre de la Justice l'a dit en
commission parlementaire, le projet de loi
n° 62, c'est un projet de loi libéral. Les libéraux défendent le tchador,
alors qu'à la CAQ on veut défendre
les femmes. Je salue, incidemment, Mme Fatima Houda-Pepin. J'ai bien hâte
de l'entendre. La seule femme musulmane qui a étudié la question, vous l'avez
foutue à la porte. Mme la ministre, le tchador...
Le Président :
Principale... Mme la ministre...
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît! S'il vous plaît! Mme la ministre de la Justice.
Mme Stéphanie Vallée
Mme Vallée :
M. le Président, des tchadors dans les écoles au Québec, il n'y en a pas
actuellement, il n'y en a pas, alors est-ce qu'on peut arrêter de
brandir ce spectre? Et, oui, notre projet de loi se base sur des valeurs
libérales. Les valeurs libérales...
M. Bonnardel : M.
le Président.
Le Président : M. le leader
du deuxième groupe d'opposition, rapidement.
M. Bonnardel : La
ministre a eu la chance de répondre trois fois à une question fort simple,
est-ce que...
Le Président : Mme la ministre.
Mme la ministre, c'est à vous à continuer.
Mme Vallée :
M. le Président, je rappelle les valeurs libérales, des valeurs de respect des
libertés individuelles qui sont les nôtres, des valeurs de respect
individuel dont certains auraient intérêt à s'inspirer de l'autre côté de cette
Chambre, M. le Président.
Le Président : Principale,
Mme la députée de Joliette.
Réforme du droit de la famille
Mme Véronique Hivon
Mme Hivon :
Tous conviendront, M. le Président, que des enjeux comme les mères porteuses,
les effets juridiques des unions de fait, les droits de visite des
conjoints d'une famille recomposée sont autant d'enjeux qui témoignent de l'évolution de nos réalités familiales au Québec.
Ces enjeux ont été abordés parmi tant d'autres par le comité consultatif
qui visait à réviser le droit de la famille,
qui a déposé son rapport après plus de deux ans de travail, il y a maintenant
16 mois. Or, à ce jour, toujours aucune suite de la ministre de la
Justice.
On sait
qu'elle a beaucoup de travail, beaucoup de marrons au feu, et c'est notamment
pourquoi, en juin dernier, nous avons proposé la mise sur pied d'une
commission spéciale qui nous permettrait, tous ensemble, d'aborder ces enjeux-là, de dégager des consensus sociaux, de
travailler de manière non partisane. Ce matin, mon collègue de Borduas a
déposé une demande de mandat d'initiative qui a été également refusée, comme ça
avait été le cas en juin dernier.
Est-ce que la
ministre peut nous expliquer son refus répété que nous avancions ensemble sur
ces questions pour le...
Le Président : Mme la
ministre de la Justice.
Mme Stéphanie Vallée
Mme Vallée :
M. le Président, les travaux en
séance de Commission des institutions ne sont pas les travaux de la ministre.
Les collègues parlementaires, dans toute leur indépendance et avec toute
l'indépendance qu'on leur connaît, ont choisi de ne pas accepter le
libellé d'un mandat.
Une chose est
certaine, M. le Président, les travaux du comité consultatif sont une
source d'information et une source
d'inspiration pour mener à bien cette réforme du droit de la famille qui
s'inscrit, dans un premier pas, par le dépôt,
il y a deux semaines, d'un projet de
loi important qui a comme objet de
moderniser notre droit de l'adoption. Nous allons apporter une modernisation aux dispositions du Code
civil. Nous allons notamment
inscrire au Code civil la reconnaissance
de l'adoption coutumière. Bref, il y a là des éléments importants dans la
modernisation du droit de la famille.
Maintenant,
il s'agit d'une première étape. Je n'ai, d'aucune façon,
indiqué qu'il n'y aurait pas de suite à donner...
Le Président : En terminant.
Mme Vallée : ...puis peut-être
que l'approche est, tout simplement, différente.
Le
Président : Cela met
fin à la période de questions et de
réponses orales. Vous vous souvenez
que vous avez un vote. Et, deuxièmement, je reviendrai pour faire l'audition des trois dossiers qui ont été
soulevés après la période des motions.
Votes reportés
Motion proposant que l'Assemblée demande au gouvernement
de geler la rémunération des médecins et de réinvestir
les sommes dégagées en santé
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, comme l'indiquait le président, nous en sommes à la rubrique des
votes reportés. Je constate que les
whips sont assis. Alors, comme annoncé précédemment, nous allons maintenant
procéder au vote
reporté sur la motion de Mme la
députée de Taillon,
débattue hier aux affaires inscrites par les députés de l'opposition,
qui se lit comme suit :
«Que l'Assemblée nationale demande
au gouvernement du Québec de geler la rémunération des médecins spécialistes
et omnipraticiens d'ici à ce qu'elle respecte la capacité de payer des
Québécoises et des Québécois;
«Que
l'Assemblée nationale demande au gouvernement du Québec de réinvestir les
sommes dégagées dans les soins et services en santé.»
Alors, que les députés
en faveur de cette motion veuillent bien se lever.
La
Secrétaire adjointe : M. Lisée (Rosemont), M. Bérubé
(Matane-Matapédia), Mme Hivon (Joliette), M. Marceau (Rousseau),
M. Lelièvre (Gaspé), Mme Maltais (Taschereau), Mme Lamarre
(Taillon), M. LeBel (Rimouski), M. Bergeron (Verchères),
M. Leclair (Beauharnois), Mme Richard (Duplessis), M. Rochon
(Richelieu), Mme Poirier
(Hochelaga-Maisonneuve), M. Cloutier (Lac-Saint-Jean), M. Gaudreault
(Jonquière), M. Pagé (Labelle), Mme Jean (Chicoutimi),
M. Ouellet (René-Lévesque), Mme Ouellet (Vachon), M. Traversy
(Terrebonne), M. Kotto (Bourget), M. Turcotte (Saint-Jean),
M. Roy (Bonaventure).
M. Legault
(L'Assomption), M. Bonnardel (Granby), M. Caire (La Peltrie),
M. Charette (Deux-Montagnes), M. Martel (Nicolet-Bécancour),
Mme Roy (Montarville), Mme Samson (Iberville), M. Roberge
(Chambly), M. Laframboise (Blainville),
M. Schneeberger (Drummond—Bois-Francs), Mme D'Amours (Mirabel), M. Lemay (Masson),
Mme Lavallée (Repentigny), M. Lamontagne (Johnson), M. Surprenant
(Groulx), Mme Soucy (Saint-Hyacinthe), M. Spénard (Beauce-Nord),
M. Paradis (Lévis), M. Picard (Chutes-de-la-Chaudière),
M. Jolin-Barrette (Borduas).
Mme David
(Gouin), M. Khadir (Mercier), Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques).
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Que les députés contre cette
motion veuillent bien se lever.
La
Secrétaire : M. Couillard (Roberval), M. Fournier
(Saint-Laurent), Mme Thériault (Anjou—Louis-Riel), M. Blais (Charlesbourg), Mme Charbonneau
(Mille-Îles), M. Leitão (Robert-Baldwin), Mme Anglade (Saint-Henri—Sainte-Anne), M. Coiteux (Nelligan),
Mme David (Outremont), M. Proulx (Jean-Talon), M. D'Amour
(Rivière-du-Loup—Témiscouata), M. Huot
(Vanier-Les Rivières), Mme Vallée (Gatineau), M. Lessard
(Lotbinière-Frontenac), M. Barrette (La Pinière), M. Morin (Côte-du-Sud), M. Blanchette
(Rouyn-Noranda—Témiscamingue),
Mme Charlebois (Soulanges), M. Heurtel
(Viau), M. Arcand (Mont-Royal), Mme Vien (Bellechasse),
M. Billette (Huntingdon), M. Fortin (Sherbrooke),
Mme St-Pierre (Acadie), M. Hamad (Louis-Hébert), M. Reid
(Orford), Mme Nichols (Vaudreuil), M. Bernier (Montmorency),
M. Ouellette (Chomedey), Mme de Santis (Bourassa-Sauvé),
Mme Weil (Notre-Dame-de-Grâce), Mme Ménard (Laporte), M. Tanguay
(LaFontaine), Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger), M. Carrière
(Chapleau), M. Poëti (Marguerite-Bourgeoys), M. Girard
(Trois-Rivières), M. Drolet (Jean-Lesage), M. Rousselle (Vimont),
M. Iracà (Papineau), M. Bolduc (Mégantic), M. Matte (Portneuf),
M. Chevarie (Îles-de-la-Madeleine), M. Auger (Champlain),
M. Birnbaum (D'Arcy-McGee), M. Boucher (Ungava), M. Bourgeois
(Abitibi-Est), M. Fortin (Pontiac), M. Giguère (Saint-Maurice),
M. Habel (Sainte-Rose), M. Hardy (Saint-François), M. Merlini
(La Prairie), M. Plante (Maskinongé), M. Polo (Laval-des-Rapides),
Mme Simard (Charlevoix—Côte-de-Beaupré),
M. St-Denis (Argenteuil), M. Busque (Beauce-Sud), Mme Sauvé
(Fabre).
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Y a-t-il des abstentions? Sinon, M. le Secrétaire général, pour le résultat du
vote.
Le
Secrétaire : Pour : 46
Contre : 58
Abstentions :
0
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : En conséquence, la motion, elle
est rejetée.
Motions sans préavis
Nous en sommes maintenant à la
rubrique des motions sans préavis et, en fonction de nos règles et de l'ordre
de présentation, je cède la parole à M. le député de Borduas pour sa
motion sans préavis. M. le député.
• (11
heures) •
M. Jolin-Barrette : M. le Président, je demande le consentement pour
déposer la motion suivante conjointement avec la députée de Joliette et
avec la députée de Gouin :
«Que l'Assemblée nationale demande à
la ministre de la Justice de déposer dès maintenant le rapport d'enquête administrative
sur la décision d'annuler le procès de complot pour meurtre de cinq Hells
Angels du chapitre de Sherbrooke, dirigé
par Me Jean Lortie en 2015, le rapport concernant la gestion des mégaprocès
par le comité présidé par Me Bouchard ainsi que le rapport sur les
délais en justice commandé par la ministre de la Justice.» Merci.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, merci, M. le
député de Borduas. Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
Il n'y a pas de consentement.
Je
cède maintenant la parole à Mme la ministre de l'Immigration, de la Diversité
et de l'Inclusion pour la présentation d'une autre motion sans préavis.
Rendre
hommage aux Québécoises et
aux Québécois d'origine hongroise
Mme Weil :
Merci, M. le Président. Alors, M. le Président, je sollicite le consentement de
cette Assemblée pour présenter la motion suivante conjointement avec la
ministre des Relations internationales, la députée d'Hochelaga-Maisonneuve, le
député de Deux-Montagnes et le député de Mercier :
«Que
l'Assemblée nationale rende hommage aux Québécoises et Québécois d'origine
hongroise qui, il y a 60 ans, ont trouvé refuge au Québec à la
suite de la révolution hongroise d'octobre 1956;
«Qu'elle rende hommage à leur courage et leur
détermination et reconnaisse la contribution de ces milliers d'hommes et de
femmes d'origine hongroise à la prospérité du Québec.»
Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, merci, Mme la
ministre. Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion? M. le
leader adjoint du gouvernement.
M. Tanguay :
Oui, M. le Président. Nous proposons des interventions d'une durée maximale de
deux minutes par intervenant et selon
l'ordre suivant : d'abord, la ministre de l'Immigration, de la Diversité
et de l'Inclusion, suivie par la
collègue députée d'Hochelaga-Maisonneuve, du député de Deux-Montagnes et,
finalement, du député de Mercier.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, je crois qu'il y
a consentement pour permettre à quatre intervenants d'intervenir pour
une durée de deux minutes. Alors, nous allons débuter avec Mme la ministre de
l'Immigration.
Mme Kathleen Weil
Mme Weil :
Merci, M. le Président. C'est avec beaucoup d'émotion que nous joignons nos
pensées à celles des Québécoises et
Québécois d'origine hongroise pour commémorer l'arrivée massive de milliers de
personnes réfugiées provenant de la
Hongrie à la suite de la révolution d'octobre 1956. Durant ces événements,
des milliers de Hongroises et
Hongrois ont vu leurs aspirations démocratiques et leurs droits compromis. Près
de 38 500 personnes ont alors trouvé refuge au Canada, dont
plusieurs milliers au Québec, pour y bâtir une nouvelle vie.
Animé des valeurs de liberté et d'égalité, le
Québec a maintes fois montré qu'il forme une nation ouverte aux personnes de tous les horizons. Le Québec est
porteur d'une ancienne et profonde tradition d'accueil et d'intégration des
personnes immigrantes. Lors de la révolution
hongroise de 1956, les Québécoises et Québécois ont répondu favorablement
et ont témoigné de leur solidarité, de leur
humanité à l'endroit de ces milliers de personnes réfugiées d'origine hongroise
par leur accueil chaleureux et leur ouverture à la diversité. Le Québec est
fier de compter parmi sa population une minorité
d'origine hongroise qui a grandement façonné nos collectivités au moyen de leur
savoir-faire notamment économique, culturel et culinaire.
J'ajouterais
que cette commémoration est aussi l'occasion de nous rappeler que le respect
des droits et libertés de la personne
est un enjeu qui interpelle toujours les sociétés contemporaines et est au
coeur de nos valeurs démocratiques.
J'appelle les
membres de cette Assemblée à rappeler publiquement l'engagement du Québec à
l'égard de l'accueil et de
l'intégration des personnes réfugiées et de la protection des droits et
libertés de la personne. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, Mme la
ministre. Mme la députée d'Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Carole Poirier
Mme Poirier : Merci, M. le
Président. Alors, je joins ma voix à tous les membres de cette Assemblée pour souligner l'apport de la communauté hongroise à la
société québécoise. La répression brutale qui a suivi l'insurrection de Budapest en 1956 a forcé plus de
200 000 Hongroises et Hongrois à quitter leur pays pour trouver
refuge ici et ailleurs. Près de 8 000 d'entre eux ont été
accueillis ici, au Québec, dès 1957.
Nous devons nous souvenir de cet événement
majeur du XXe siècle qu'est l'insurrection de Budapest. Tout a commencé par une manifestation d'étudiants le
23 octobre 1956. Il ne faut jamais sous-estimer l'importance des mobilisations étudiantes. La répression de cette
manifestation a mis le feu aux poudres et conduit à la chute du gouvernement,
soutenu par l'URSS. Évidemment, les
Soviétiques ne pouvaient accepter un tel accroc à leur hégémonie sur le bloc de
l'Est. Le 4 novembre au matin,
les chars soviétiques entraient dans Budapest, et une répression brutale et
aveugle s'abattait sur la Hongrie.
Des dizaines de milliers de Hongrois furent arrêtés et emprisonnés, des
centaines furent exécutés ou déportés vers
l'Union soviétique. 60 ans après ces événements, il est primordial de nous
souvenir, il est primordial de faire vivre la mémoire de ce mouvement de
libération et de démocratisation.
Au nom de ma formation politique, je tiens à
saluer l'action des Hongroises et des Hongrois qui ont trouvé refuge au Québec, qui ont oeuvré pour entretenir cette
mémoire. Je tiens également à saluer tous les Québécoises et Québécois
qui ont des origines hongroises et qui contribuent, chacun à sa manière, à la
prospérité et à la vitalité de notre nation.
Dans le
concert des nations, le Québec a vocation à soutenir partout et tout le temps
les aspirations légitimes de tout peuple qui souhaite plus de liberté,
plus de démocratie, plus de souveraineté, c'est-à-dire plus de maîtrise de sa
propre destinée. Cette motion est l'occasion de le rappeler, et c'est la raison
pour laquelle nous sommes heureux de nous y associer.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Merci à vous, Mme la députée d'Hochelaga-Maisonneuve. M. le député de
Deux-Montagnes.
M. Benoit Charette
M.
Charette : Merci, M. le Président. Au nom de ma formation politique,
je joins ma voix à celle de mes collègues pour souligner les 60 ans de la révolution hongroise, moment où les
citoyens de Budapest se sont soulevés pour protester contre leur gouvernement, contre le communisme
stalinien, qui s'était installé à la tête de la Hongrie depuis la Seconde
Guerre mondiale.
Rappelons
que l'insurrection de Budapest a débuté par une manifestation étudiante au
centre-ville de Budapest. La jeunesse s'est levée contre l'oppression de
l'Union soviétique, elle avait soif de justice et de liberté. Le mouvement
populaire s'est rapidement propagé à toute
la Hongrie et a entraîné la chute du gouvernement. La révolte de Budapest
fut toutefois durement réprimée par les
autorités et les tanks de l'armée rouge. Elle a, malheureusement, fait de
nombreuses victimes et forcé des centaines de milliers de citoyens à
s'exiler. Plusieurs, en effet, ont fui leur pays et ont même été contraints de traverser l'Atlantique pour trouver
une nouvelle vie en Amérique du Nord, que ce soit aux États-Unis, au Canada ou encore au Québec. Imaginez un instant
tout le parcours vécu en 1956 par des citoyens hongrois pour fuir leur pays,
contrôlé par un gouvernement communiste autoritaire, avant d'arriver dans les
rues de Montréal. Ces courageux citoyens ont refait leur vie ici au prix
de nombreux sacrifices, il faut souligner leur courage et leur apport à la
société québécoise.
Au
final, M. le Président, l'histoire retiendra que l'insurrection de Budapest a
servi les intérêts du monde libre en mettant en évidence pour la
première fois le caractère oppressif et brutal du communisme. Merci.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député
de Deux-Montagnes. M. le député de Mercier, à vous la parole.
M. Amir Khadir
M. Khadir :
Merci, M. le Président. La présente motion permet de souligner, d'abord et
avant tout, évidemment, le sort subi
par des milliers de gens dans une situation de dictature politique qui a mené à
un soulèvement populaire et, par la
suite, par la demande de refuge de milliers de gens à la suite de ces
turbulences politiques. Donc, la première leçon que nous en tirons aujourd'hui : nous sommes très fiers que les
autorités de l'époque aient accueilli ces réfugiés et fait montre de solidarité avec des peuples qui ont dû
surmonter des situations d'instabilité politique et surtout de dictature
ou de violence organisée.
Cette
solidarité, cette reconnaissance de cet acte de solidarité aujourd'hui nous
honorent, mais je pense que ce qui
honorerait encore plus notre Parlement, c'est qu'aujourd'hui on se solidarise
également à des peuples en lutte, par exemple,
avec des dictatures comme l'Arabie saoudite ou sous le régime iranien
actuellement — vous
vous rappelez du cas de Homa Hoodfar,
il y a des milliers de prisonniers politiques actuellement emprisonnés. On peut
aussi penser à d'autres pays avec lesquels nous avons des relations, je
pense au Mexique.
La
ministre de la Sécurité publique,
hier soir, a eu l'occasion de rencontrer une femme courageuse, une femme
autochtone de la région de Guerrero qui fait
face à une violence organisée par les cartels de drogue avec la complicité
de la police. Or, ces gens-là ont besoin de notre solidarité également. En tout
cas, je veux souligner ici le fait que Mme
la ministre a eu l'amabilité
d'accepter une rencontre de son équipe avec cette femme. Et, ce que je veux
dire, autrement dit, lorsqu'on
nous passons des motions comme ça, ça nous rappelle à nos engagements
présents, d'abord et avant tout, et c'est à ce titre-là que je suis très
fier de m'associer à la motion de la ministre de l'Immigration.
• (11 h 10) •
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Très bien. Alors, merci à vous, M. le député
de Mercier.
Mise aux voix
Cette motion est-elle
adoptée?
Des voix :
Adopté.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Adopté. Toujours à la
rubrique des motions sans préavis, Mme la députée de Vachon. Voilà.
Souligner la tenue du Gala de l'ADISQ et affirmer
l'importance du
respect du principe d'une juste rémunération des créateurs
Mme Ouellet :
Merci, M. le Président. Je sollicite le consentement des membres de cette
Assemblée afin de présenter, conjointement
avec le ministre de la Culture et des Communications, la députée d'Iberville et
la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques, la motion suivante :
«Que l'Assemblée nationale souligne la
tenue du gala annuel de l'ADISQ, véritable vitrine mettant en [vedette], depuis 1979, les
artistes, artisans et professionnels de l'industrie québécoise de la musique;
«Qu'à cette occasion, elle affirme l'importance pour la vitalité de la création québécoise que les artistes
perçoivent une juste part des revenus tirés de la diffusion et de
l'exploitation de leurs oeuvres;
«Que l'Assemblée nationale exige des gouvernements du Canada
et du Québec qu'ils prennent rapidement les dispositions nécessaires pour que ce principe de juste rémunération des créateurs s'applique à tous les modes de diffusion de
contenus culturels.»
Le Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, Mme la députée de Vachon. Y a-t-il
consentement pour débattre de cette motion? M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Tanguay :
M. le Président, nous proposons de l'adopter sans débat.
Mise aux voix
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, cette
motion est-elle adoptée?
Des
voix : Adopté.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Adopté. Toujours à la rubrique des motions
sans préavis, Mme la députée de Gouin.
Mme David (Gouin) :
Merci, M. le Président. Je demande le consentement de la Chambre pour débattre
de la motion suivante conjointement avec la députée de Chicoutimi et le
député de Borduas :
«Que
l'Assemblée nationale prenne acte que les personnes ayant subi des violences
sexuelles peuvent mettre plusieurs années, voire des décennies avant de
dénoncer et de demander réparation;
«Que les membres de l'Assemblée
nationale s'engagent à modifier le Code civil afin que l'action en réparation
d'un préjudice résultant d'une agression sexuelle soit imprescriptible.»
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Très bien. Alors, merci à vous, Mme la députée de Gouin. Y a-t-il consentement
pour débattre de cette motion?
M. Tanguay :
Pas de consentement, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Il n'y a pas de consentement. Toujours à la rubrique des motions sans préavis,
y a-t-il d'autres motions sans préavis?
Alors, y a-t-il consentement pour déroger à l'article 84.1 pour permettre la lecture d'une
autre motion sans préavis? Consentement. Veuillez procéder, M. le leader
adjoint du gouvernement.
Procéder à des consultations particulières
sur le projet de loi n° 693
M. Tanguay :
Oui, M. le Président. Suite à une entente avec l'opposition, je sollicite le
consentement afin de présenter une deuxième
motion qui touche la tenue de consultations
particulières sur le projet de loi public de député n° 693. Et je crois avoir tout juste reçu
votre permission pour ce faire, alors je vais y aller de la lecture.
M.
le Président, je fais motion, conformément à l'article 146 du règlement de
l'Assemblée nationale, afin :
«Que la Commission des finances publiques, dans le cadre de l'étude du projet
de loi public n° 693,
Loi modifiant la Loi sur la gouvernance des sociétés d'État afin
de favoriser la présence des jeunes au sein des conseils d'administration
des sociétés d'État, procède à des consultations particulières et tienne des
auditions publiques le 8 novembre 2016;
«Qu'à cette fin la commission entende
les organismes suivants : Michel Nadeau et Yvan Allaire de l'Institut sur
la gouvernance d'organisations privées et publiques, le Regroupement des jeunes chambres de commerce
du Québec[...], Force
Jeunesse, [et finalement] Fusion Jeunesse;
«Qu'une
période de 12 minutes soit prévue pour les remarques préliminaires,
répartie de la manière suivante : 6 minutes
au groupe parlementaire formant le
gouvernement,
3 minutes 30 secondes au groupe parlementaire formant l'opposition officielle et
2 minutes 30 secondes au deuxième groupe d'opposition;
«Que
la durée maximale de l'exposé de chaque organisme soit de 10 minutes et
l'échange avec les membres de la commission soit d'une durée maximale de
35 minutes partagées [de la façon suivante] :
17 minutes 30 secondes pour le groupe parlementaire
formant le gouvernement,
10 minutes 30 secondes pour l'opposition officielle et
7 minutes pour le deuxième groupe d'opposition.»
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Très bien. Alors, merci à vous, M. le leader
adjoint du gouvernement.
Mise aux voix
Y a-t-il consentement
pour débattre de cette motion? Est-ce que cette motion est adoptée?
Une voix :
Adopté.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Motion adoptée. Mme la whip en chef de l'opposition
officielle.
Modifier la composition de
certaines
commissions parlementaires
Mme Poirier :
Alors, M. le Président, conformément à l'article 129 de notre règlement, je
fais motion afin :
«Que
le député de Jonquière soit nommé membre de la Commission de l'administration
publique en remplacement de la
députée d'Hochelaga-Maisonneuve et que le député de René-Lévesque soit nommé
membre de la même commission en remplacement de la députée de
Chicoutimi;
«Que
le député de Gaspé soit nommé membre de la Commission de l'agriculture, des
pêcheries, de l'énergie et des ressources
naturelles en remplacement de la députée de Duplessis et que le député de
Richelieu soit nommé membre de la même commission en remplacement du
député de Sanguinet;
«Que
le député de Jonquière soit nommé membre de la Commission de l'aménagement du territoire
en remplacement du député de Rimouski
et que la députée de Duplessis soit nommée membre de la même commission en
remplacement du député de Gaspé;
«Que la députée de
Taschereau soit nommée membre de la Commission de la culture et de l'éducation
en remplacement de la députée de Joliette et
que la députée de Vachon soit nommée membre de la même commission en
remplacement du député de Saint-Jean;
«Que
la députée de Duplessis soit nommée membre de la Commission de l'économie et du
travail en remplacement du député de
Richelieu et que les députés de Rimouski et de Terrebonne soient nommés membres
de la même commission en remplacement des députés de Sanguinet et de
Bertrand;
«Que
la députée de Chicoutimi soit nommée membre de la Commission des finances
publiques en remplacement du député de Rosemont;
«Que
le député de Verchères soit nommé membre de la Commission des institutions en
remplacement du député de Beauharnois
et que le député de Rousseau soit nommé membre de la même commission en
remplacement de la députée de Chicoutimi;
«Que
le député de Bertrand soit nommé membre de la Commission des relations avec les
citoyens en remplacement du député de
Labelle et que la députée de Chicoutimi soit nommée membre de la même
commission en remplacement de la députée d'Hochelaga-Maisonneuve;
«Que le député de
Saint-Jean soit nommé membre de la Commission de la santé et des services
sociaux en remplacement du député de Rosemont
et que le député de Labelle soit nommé membre de la même commission en
remplacement du député de Richelieu;
«Que
le député de Lac-Saint-Jean soit nommé membre de la Commission des transports
et de l'environnement en remplacement
du député de Matane-Matapédia et que les députés de Sanguinet et de Jonquière
soient membres de la même commission en remplacement des députés de
Terrebonne et de Vachon; et
«Que ces changements
prennent effet immédiatement.»
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Merci à vous, Mme la whip en chef de
l'opposition officielle.
Mise aux voix
Cette motion est-elle
adoptée?
Des voix :
Adopté.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Adopté. Y a-t-il d'autres motions sans
préavis?
Avis touchant les travaux des commissions
Sinon, à la rubrique
des avis touchant les travaux des commissions, M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Tanguay :
Oui. Merci, M. le Président. J'avise cette Assemblée que la Commission des
institutions poursuivra les
consultations particulières à l'égard du projet de loi n° 62, Loi
favorisant le respect de la neutralité religieuse de l'État et visant
notamment à encadrer les demandes d'accommodements religieux dans certains
organismes, aujourd'hui, à compter à 11 h 30 pour une durée de
1 h 30 min et de 15 heures à 18 heures, à la salle
Louis-Joseph-Papineau;
La Commission de la
culture et de l'éducation poursuivra l'étude détaillée à l'égard du projet de
loi n° 105, Loi modifiant la Loi sur l'instruction publique, aujourd'hui,
après les affaires courantes jusqu'à 13 heures, à la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine, ainsi que le
mardi 1er novembre 2016, de 10 heures à midi, à la salle du
Conseil législatif;
La
Commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources
naturelles poursuivra l'étude détaillée à l'égard du projet de loi n° 106, Loi concernant la mise en oeuvre
de la Politique énergétique 2030 et modifiant diverses dispositions législatives, aujourd'hui, après les
affaires courantes jusqu'à 13 heures, de 15 heures à 18 heures, à la
salle du Conseil législatif, et le mardi 1er novembre 2016, de
10 heures à 12 heures, à la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine;
Et
finalement, M. le Président, la Commission de l'économie et du travail
poursuivra l'étude détaillée à l'égard du projet de loi n° 70, Loi
visant à permettre une meilleure adéquation entre la formation et l'emploi
ainsi qu'à favoriser l'intégration en
emploi, aujourd'hui, de 15 heures à 18 heures, à la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine, ainsi que le mardi
1er novembre 2016, de 10 heures à midi, à la salle
Louis-Joseph-Papineau.
• (11 h 20) •
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Merci à vous, M. le leader adjoint du gouvernement. Pour ma part, je vous
avise que la Commission des finances
publiques se réunira en séance de travail aujourd'hui, de 11 h 30 à
12 heures, à la salle RC.161, afin de statuer sur la
possibilité que la commission se saisisse d'un mandat d'initiative concernant
l'exploitation et la répartition des appareils de loterie vidéo par le
gouvernement du Québec.
Je vous avise également
que la Commission de l'aménagement du territoire se réunira en séance de
travail aujourd'hui, de 13 heures à
14 heures, à la salle RC.171, afin de discuter du rapport à la suite
de l'audition de la Société d'habitation du Québec dans le cadre de l'examen
de ses activités, de ses orientations et de sa gestion administrative.
Renseignements sur les travaux de l'Assemblée
À
la rubrique, maintenant, Renseignements sur les travaux de l'Assemblée, je vous rappelle que, lors de l'interpellation prévue pour demain, vendredi le
28 octobre 2016, M. le député de Saint-Jean s'adressera à M. le ministre responsable de la région du Centre-du-Québec sur le sujet suivant : L'abandon de la région du Centre-du-Québec par le gouvernement libéral.
Je
vous avise de plus que l'interpellation prévue pour le vendredi 4 novembre 2016
portera sur le sujet suivant : Le
réseau électrique métropolitain et son impact global sur le développement et le financement des transports
collectifs au Québec. Mme la députée
de Sainte-Marie—Saint-Jacques
s'adressera alors à M. le ministre des Transports, de la Mobilité
durable et de l'Électrification des transports.
Alors,
comme indiqué précédemment, je vais suspendre les travaux quelques instants
pour permettre au président de
prendre le fauteuil et entendre les plaidoiries sur la motion de privilège
soulevée par M. le leader de l'opposition officielle.
(Suspension de la séance à
11 h
21
)
(Reprise à 11 h 27)
Violation de droit ou de
privilège soulevée le 26 octobre 2016 par le leader
adjoint du deuxième groupe d'opposition et, plus tôt au cours de la
présente séance, par le leader de l'opposition officielle
Le
Président : Alors, tel que je vous l'avais suggéré hier, nous allons,
aujourd'hui, entendre la proposition... ou la demande de violation de
droit et privilège qui avait été soulevée par M. le député de La Peltrie,
mais, auparavant, M. le leader de l'opposition, vous m'aviez souligné que vous
vouliez ajouter quelque chose.
M. Pascal Bérubé
M. Bérubé :
Avec votre permission, M. le Président, une question de directive. J'aurais une
question avant de commencer nos plaidoiries. Je reviens sur les faits
qui m'amènent à vous poser une question de directive.
Le
18 mai 2016, la Commission de l'administration publique a entendu
Mme Dominique Savoie, sous-ministre des Transports, de la
Mobilité durable et de l'Électrification des transports. Nous y reviendrons
lors de la plaidoirie.
Le
34e rapport de la CAP, déposé en juin 2016, indiquait, à sa recommandation 8.5,
ceci : «Que la présidente de la Commission
de l'administration publique soit mandatée pour signaler une violation de
droits ou privilèges de l'Assemblée relativement
au témoignage rendu par Mme Dominique Savoie le 18 mai 2016
et aux documents déposés à cette occasion.»
Ma
collègue d'Hochelaga-Maisonneuve a acquiescé à la demande des membres de la
Commission de l'administration
publique et vous a fait parvenir une lettre afin de signaler une violation de
droit ou de privilège à l'Assemblée nationale le
22 septembre 2016. Le 29 septembre 2016, les membres
libéraux de la CAP demandaient le retrait de la demande. Le 30 septembre 2016, la députée
d'Hochelaga-Maisonneuve envoie une lettre aux membres de la CAP leur indiquant qu'elle souhaite clarifier la volonté
des membres lors d'une séance de travail. À quelques reprises par la suite,
la présidence a indiqué qu'elle ne prendrait
pas de décision au regard de cette demande avant que la séance de travail ait
eu lieu. Cette séance de travail n'a toujours pas eu lieu.
À
la suite de la lettre sur la violation de droit ou privilège de l'Assemblée
nationale de mon collègue de La Peltrie, vous avez décidé d'aller de l'avant avec cette affaire, bien qu'elle
porte sur le même sujet que la demande de ma collègue d'Hochelaga-Maisonneuve. Devant cette situation,
nous avons décidé, nous aussi, de vous envoyer notre propre demande, que vous avez reçue ce matin. Pouvez-vous nous
indiquer d'abord si vous comptez attendre la décision de la Commission de l'administration publique avant de rendre votre
décision et si vous comptez prendre une seule décision ou trois décisions?
Le Président :
Rappel des faits, M. le leader du gouvernement, sur la question?
M. Jean-Marc Fournier
M. Fournier :
...aider un peu.
Le Président :
...
M. Fournier :
Oui. Bien, ça va vous permettre de réfléchir un peu à la demande qui est faite,
qui, si je comprends bien, vous demande, avant même que nous commencions
les plaidoiries, si votre décision sera une, deux ou trois et presque — presque —vous
suggérant laquelle.
Je
suggère, ne serait-ce que par respect pour la présidence, puisque nous avions
prévu une période de plaidoiries sur
le fond, je... sur le fond, sur la question, et on est loin du fond, mais qu'on
ait cette période de plaidoiries, qu'elle puisse se faire. Je pense que notre collègue de La Peltrie débutera; le
collègue de Matane, par la suite. Et je n'oserais, à ce stade-ci, vous demander de me dire à l'avance quelle sera la
forme de la décision que vous aurez à rendre, puisque, je le dis ainsi,
peut-être que cela pourra vous suggérer une certaine discrétion dans votre...
• (11 h 30) •
Le
Président : En tout cas, je vous remercie de m'avoir donné du
temps pour être au moins capable de répondre à la question de notre collègue
le leader de l'opposition. En fait,
on se retrouve dans une situation qui est unique, me dit-on, dans les annales de l'Assemblée, où on a trois
violations de droits et privilèges, trois questions qui portent sur la même
question. Une nous a été apportée par Mme la
whip, whip de l'opposition, qui a vu par la suite... Et celle-là, d'ailleurs,
ne faisait pas état d'un affidavit, un affidavit
qui est arrivé plus tard, qui est arrivé plus tard. Et les membres de la
commission ont écrit, au début
septembre, pour demander à Mme la présidente de la CAP de les rencontrer. Je
pense que cela devait se faire, ou
devra se faire, ou aurait dû se faire, mais, en tout cas, cela, si je comprends
bien, n'est pas fait au moment où on se parle. Alors, j'imagine que la
commission saura se gouverner elle-même et tirer ses conclusions.
En ce qui me
concerne, moi, j'ai reçu la demande de M. le député de La Peltrie
avant-hier... hier, hier, et qui effectivement,
on l'a souligné, ne tenait pas compte non plus de l'affidavit de la témoin
principale de cette question-là. Et aujourd'hui j'ai reçu la vôtre.
Bon,
je vais commencer par entendre les témoignages, avant de vous dire comment je
vais conclure, mais il serait assez
intéressant de savoir... que les choses puissent se conclure, d'une part, dans
une commission parlementaire, même s'il
faut mettre ça à part de ce que le député de La Peltrie... et de votre demande,
qui sont indépendantes du travail que la
commission parlementaire pourrait faire, parce que le député de La Peltrie
et vous-même aviez pleinement le droit de soulever la question de droit et de privilège malgré le fait qu'elle
était déjà entendue dans... ou qu'il y ait une discussion, qu'il y aura sur cette question-là dans la
Commission de l'administration publique. C'est pour ça qu'en ce qui me concerne
j'aurais plutôt l'intention de me gouverner d'abord en vous entendant.
Je
souhaite que la commission règle son problème le plus vite possible. De toute
façon, il y a quelque chose... puis je
le dis comme je le pense, à part ça, on sent, on sait qu'il y aura un
changement de direction à la CAP, puis, je pense, ce serait important que la CAP puisse avoir son
nouveau président le plus rapidement possible. Alors, dans ce sens-là,
je souhaite que les choses aillent plus vite de ce côté-là.
Ceci étant dit, j'entendrais d'abord M. le député
de La Peltrie sur sa motion de violation de droit et de privilège
et j'entendrai ensuite... je vous entendrai tous les deux, je vous entendrai
tous les deux par après, ça m'apparaît correct.
M. le député de
La Peltrie, c'est à vous la parole.
M. Éric Caire
M.
Caire : Merci, M. le Président. D'abord, permettez-moi de
saluer la décision que vous venez de rendre et qui indique que, comme parlementaire, mes privilèges
de parlementaire ne sont pas subordonnés aux travaux d'une commission. Je salue évidemment cette décision. Et c'est en me
servant de ce privilège parlementaire, M. le Président, que je suis permis
de soulever cette question de violation de droit et de privilège à l'endroit du
MTQ et de Mme Dominique Savoie.
L'histoire prend
racine le 18 mai dernier à la Commission de l'administration publique, où
Mme Savoie est convoquée par la CAP, et
pour laquelle elle rend un témoignage. Avant ce témoignage, M. le Président, un
événement majeur se produit : le premier ministre du Québec, une
institution extrêmement importante du Québec, dépose à l'Assemblée nationale
des documents, dépose un rapport qui est intitulé Audit des professionnels
en conformité des processus — Mandat n° 301‑2014. Il appert assez rapidement que ce document
contient des irrégularités. Ces irrégularités sont soulignées de façon encore plus importante lorsque Mme Savoie,
en après-midi, redépose le rapport, pour lesquelles il y a des
différences.
M.
le Président, Mme Savoie, à ce moment-là, nous dit, au sujet des
différences entre les deux rapports : «En fait[...], Mme la Présidente — s'adressant à la présidence de la CAP — on va vous déposer le même rapport, mais
bien paginé», parce que,
plaidait-elle, c'était une erreur de pagination, c'est Word qui s'était trompé.
«Il ne manque rien. Ce que vous avez
eu ce matin était le bon, mais était mal paginé. Vous avez — vous allez — pouvoir le remarquer puis le vérifier,
c'est [la même chose]. Il était juste mal
paginé. Il ne manque pas de pages. Puis il a été caviardé, effectivement, parce
que des noms de personnels que ça ne [nécessitait] pas, là, ça n'enlève rien à
la connaissance du dossier, là.»
Donc,
ce que Mme Savoie nous dit : C'est juste une erreur de pagination, il
n'y a rien, dans ce rapport-là, qui a été modifié, altéré de façon volontaire, en contravention, bien sûr — bien sûr — à l'article 55 de la Loi sur
l'Assemblée nationale.
Le
lendemain, M. le Président, le lendemain, nous recevons une note du ministère
des Transports du Québec qui est signée par M. Michel Boulard, qui
est directeur aux enquêtes et aux audits internes, qui dit sensiblement la même
chose, M. le Président... je vous épargnerai
la lecture de la note, mais qui dit essentiellement que les deux rapports
étaient identiques, c'est Word qui s'est trompé.
M.
le Président, suite à ce témoignage... Et là pour l'instant, à ce stade-ci de
ma plaidoirie, je me concentrerai sur la question des rapports
falsifiés. Sur cette question-là évidemment, les parlementaires ont soulevé des
doutes, que je qualifierai de hautement raisonnables. Ces doutes nous ont
amenés à convoquer, toujours à la CAP, le 8 mai suivant, Annie Trudel et Louise Boily, qui avaient, sur la
question des rapports, une opinion très différente. M. le Président, je
rappelle à la présidence que Mme Trudel et Mme Boily étaient
assermentées. Elles étaient assermentées.
Et c'est donc assermentées que...
principalement Mme Boily dans ce cas-là, puisqu'elle était l'auteure de ce
rapport, faut-il le rappeler, a
dit : «Alors, Mme la Présidente, effectivement il y a eu des documents qui
ont été déposés, le 18 mai en
avant-midi, à la période de questions [de] l'Assemblée nationale — par le premier ministre — et, en après-midi, lors de la séance de travail de la Commission de
l'administration publique. Alors, j'ai pris connaissance de ces documents
une fois qu'ils ont été rendus publics. Alors, les documents qui portent mon
nom présentent des caractéristiques de manipulation, ce qui, pour moi,
représente deux faux.»
Mme Boily
élabore sur les différences entre les rapports qui ont été présentés et le
rapport qu'elle a elle-même écrit et déposé. Mme Boily nous dit
qu'essentiellement il y a des erreurs de pagination, oui, il y a des erreurs
dans les entêtes, il y a des erreurs dans
les bas de page, il y a des erreurs dans les annexes qui sont fournies,
notamment, notamment sur le fait que
le rapport déposé par Mme Savoie contient une annexe intitulée Plan
d'action — Amélioration
de la conformité du processus
d'octroi des contrats, dont le contenu est totalement différent de ce que
Mme Boily a déposé, totalement. Or, qu'ils l'aient modifié,
peut-être, mais là, qu'on l'ait complètement effacé, ça, c'est une autre chose.
Mme Boily
ajoutait d'ailleurs, sous serment — et là je relis ce que Mme Boily nous
dit : «Donc, pour moi, à cette étape-ci,
le contenu des textes qui ont été déposés le 18 mai n'est pas fiable. Ça
n'a pas d'importance pour moi. Ce qui est
important, c'est le rapport final qu'on a déposé le 26 mai 2015 au
Comité d'audit et qui constitue le rapport d'audit officiel parce qu'il
a été déposé au Comité d'audit interne et d'évaluation des programmes.
• (11 h 40) •
«Ce que je comprends
aussi, si on me permet d'aller plus loin, Mme la Présidente, c'est que la
fabrication du document qui a été déposé le
matin, à l'Assemblée nationale, a [débuté] bien avant le 18 mai.» On parle
évidemment du 18 mai dernier. Ce qui révèle deux choses de
la part de l'auteure du rapport assermentée : d'une part, il y a
effectivement eu des modifications, des altérations qui ont été faites au
rapport, en contravention de l'article 55 de la Loi de l'Assemblée nationale,
mais que ces altérations-là n'étaient pas le simple fait d'une erreur de
pagination ou d'une erreur de bonne foi commise dans la précipitation. Il
y a un élément de préméditation et
donc, et donc, M. le Président, et donc une volonté de tromper, une
volonté de tromper l'Assemblée nationale. Pour nous, c'est très clair.
M. le Président, l'autre élément — et,
M. le Président, si vous me permettez — on
parle donc de fabrication et d'usage de faux, qui sont aussi, soit dit en passant, des actes de nature criminelle pour lesquels on pourrait envisager
qu'il y ait enquête policière. Donc, commis
à l'endroit de l'Assemblée nationale, on comprend que la gravité de ce geste-là
est majeure. Et, dans ma carrière politique,
c'est probablement le geste le plus grave, le préjudice le plus
grave que j'ai vu, auquel j'ai assisté, commis à l'endroit de l'Assemblée
nationale.
M. le Président, on ne s'arrête pas là. On a parlé aussi, avec Mme Savoie, de
fractionnement de contrats. On avait eu
vent, dans la semaine, de la part notamment du député de Marguerite-Bourgeoys, alors
qu'il était ministre des Transports, qu'il y avait
quelqu'un qui avait été mandaté, Mme Annie Trudel, pour faire un certain
nombre de vérifications au sein du
MTQ. Mme Trudel rapporte, dans des documents — Mme Trudel,
je le répète, témoin assermenté qui accompagne Mme Boily — rapporte
du fractionnement de contrats dans ses vérifications, fractionnement de
contrats qui est corroboré par Mme Boily.
Or,
que se passe-t-il, le 18 mai? J'interroge Mme Savoie, alors
sous-ministre en titre aux Transports, sur ce sujet-là et je lui demande : Est-ce que vous avez
eu... Et je vais me citer, M. le Président. Je n'y prends pas un plaisir
particulier, mais je pense que, pour l'exactitude
des propos, ça peut être intéressant. Je dis : «...je veux juste une
réponse très, très simple à une
question simple. Vous me dites que du fractionnement [de contrats], vous n'en
avez jamais fait.» Elle me dit : Jamais. Parfait. «Et vous me dites
qu'au MTQ, sous votre direction comme sous-ministre, vous n'avez jamais eu
connaissance que ça se faisait non plus? [...]Mme la Présidente, [je n'ai]
jamais eu connaissance, non. Effectivement, parce
qu'on a fait l'analyse, on a demandé les contrats qui ont été nommés. On les a
envoyés aux enquêtes [puis on a eu les]
explications pour justifier ce qui donnait cette apparence [de] fractionnement
[de contrats].» Donc, Mme Savoie nous dit qu'à sa connaissance il
n'y en a pas eu, de fractionnement de contrats.
Lorsque
Mme Boily vient témoigner devant la CAP, elle me dit que non seulement il
y a eu du fractionnement de contrats au sens très clair de nos lois...
Il n'y a pas d'interprétation à faire, là. Au sens très clair de nos lois, il y
a eu fractionnement de contrats. Et je vous rappelle qu'à ce moment-là c'est
Mme Boily qui est la vérificatrice interne du MTQ, c'est elle qui fait les vérifications avec son équipe. Mais non
seulement y a-t-il eu fractionnement de contrats, à sa connaissance, mais elle en a personnellement avisé
Dominique Savoie. Elle est allée voir sa patronne, celle de qui elle relève, pour lui dire qu'elle avait eu
connaissance qu'il y avait du fractionnement de contrats. Et la réponse de
Mme Savoie a été de dire :
Je ne veux pas le savoir. Je ne te paie pas pour me dire ça, je te paie pour
trouver des solutions. Et Mme Boily va même plus loin en disant qu'il y a des pages du rapport de
vérification interne à transmettre au comité d'audit qui ont été
retirées, retirées du rapport.
M.
le Président, le moins qu'on puisse dire, c'est que, dans le témoignage qui a
été rendu par Dominique Savoie devant la Commission de l'administration
publique, non seulement Mme Savoie n'avait aucunement l'intention de collaborer, ce qui constitue, comme vous le savez,
un outrage... c'est-à-dire une violation de droit et de privilège, mais en plus
elle a rendu un témoignage qui était faux ou incomplet, ce qui est aussi une
violation de nos droits et de nos privilèges.
Alors,
M. le Président, pour moi, ces deux éléments-là sont avérés. Ils sont de
notoriété publique, ils sont le fait de
témoignages publics, dont deux, deux témoignages faits sous serment. Ils sont aussi, M. le Président, faits à l'intérieur de nos processus parlementaires qui garantissent nos droits et nos privilèges.
Et ce que je dis là est important, M.
le Président, parce que,
si le chef du Parti libéral a la charge de s'assurer que l'intégrité de la fonction de l'institution de premier ministre
n'est pas entachée, vous avez la responsabilité, M. le Président, de vous
assurer que les droits et les privilèges des parlementaires sont protégés
contre ce genre de comportement.
Et donc ces
trois témoignages-là, ces documents-là sont reçus à l'intérieur de nos
institutions parlementaires, la Commission
de l'administration publique, sous la direction et la volonté des députés de
l'Assemblée nationale, dont vous avez reconnu, dans un jugement, l'autorité et le
pouvoir en la matière, et cette institution, M. le Président, la Commission
de l'administration publique, dans une
séance de travail, a conclu qu'elle avait toutes les informations nécessaires
pour procéder à son rapport.
Malgré le
fait, et je le souligne, malgré le fait que ma collègue de Vachon et moi-même
étions favorables au fait de poursuivre les auditions, malgré le fait
que ma collègue de Vachon et moi-même avions demandé à poursuivre les auditions, à réentendre Mme Savoie, à réentendre
Mme Boily, à réentendre Mme Trudel, la commission, par la majorité des ministériels, a statué que le mandat était
complété, qu'il n'y avait pas lieu de recevoir de nouveaux témoignages, que
la commission avait tous les éléments en
main pour aller de l'avant avec son rapport. Soit. La commission a donc procédé
ainsi, M. le Président.
Et quel
est-il, ce rapport? 34e rapport de la Commission de l'administration publique,
chapitre 8, recommandation 8.5, M. le
Président. Je me permets de vous la lire parce qu'elle est extrêmement claire
et ne laisse place à aucune interprétation, quoi qu'on en dise : «Que la présidente de la Commission de
l'administration publique soit mandatée pour signaler une violation de droits ou privilèges de l'Assemblée
relativement au témoignage rendu par Dominique Savoie le 18 mai 2016 et
aux documents déposés à cette occasion.» On fait ici référence à la
falsification de documents et avoir livré, à une commission de l'Assemblée nationale, un témoignage faux ou incomplet.
Ça, c'est une recommandation qui ne laisse place à aucune interprétation.
Ce rapport a
été adopté par tous les membres de la commission de façon unanime — u-na-ni-me, tout le monde était d'accord — au vu et au su des informations que nous
avions, et, après avoir décidé, sciemment et consciemment, que nous avions toute l'information nécessaire
pour compléter nos travaux — toute l'information nécessaire pour
compléter nos travaux — décision unanime de la commission : soulever
une question, par le biais de la présidente de la CAP, qui était alors la députée d'Hochelaga-Maisonneuve,
sur une violation de droit ou de privilège à l'endroit de Dominique Savoie.
M. le
Président, la gravité des gestes qui sont reprochés à Dominique Savoie et, je
dirais, l'éloquence de la preuve sur laquelle tous nous avons statué
qu'il y avait violation de droit ou de privilège ont conduit à une décision de
la présidence de l'Assemblée nationale, M.
le Président. C'est en tout respect que je vous relirai cette décision, sachant
que vous n'êtes pas non plus un fan de l'autocitation, mais elle est fondamentale
dans notre plaidoirie.
La présidence
de l'Assemblée nationale, sur une autre question de violation au droit... de
privilège sur la falsification ou la
production et l'usage de faux documents, dit, et je cite : «En aucun temps
dans son témoignage, Mme Boily n'a fait un lien entre le document et [un membre du Conseil exécutif, en
l'occurrence] le premier ministre», ce que nous reconnaissons d'emblée.
«Elle a cependant affirmé devant la Commission [de l'administration publique]
que la version préliminaire qu'elle avait
produite avait été transmise à la direction générale des territoires du
ministère des Transports pour avoir leurs commentaires.»
• (11 h 50) •
«Certes, à la
lumière du témoignage de
Mme Boily, on peut raisonnablement penser que, à première vue — et
c'est la question que nous soulevons — un
document faux, contrefait, falsifié ou altéré a été déposé
à l'Assemblée nationale. Cela
semble être le cas. Et il s'agit d'un geste très grave...»
M. le Président, on parle du même document, là,
qui m'amène, moi et mon collègue le leader de l'opposition officielle, à soulever aujourd'hui des questions de droit ou de
privilège. Ce sont les mêmes documents dont il est question et pour lesquels la présidence a déjà statué qu'à
première vue... Et c'est ce qu'on vous demande : Est-ce qu'à première
vue il y a violation de droit et de
privilège? Vous avez conclu qu'à première vue on peut raisonnablement penser
qu'un faux document contrefait,
falsifié ou altéré a été déposé. Bien, M. le Président, la décision de la
présidence non plus ne soulève pas énormément... ou ne donne pas lieu à
beaucoup d'interprétation.
Je pense
qu'eu égard à ce qui a été déposé dans le cadre — dans le cadre — des procédures que nous nous sommes données dans l'exécution de nos travaux, dans le
respect des décisions qui sont prises par nos institutions, ici, la Commission
de l'administration publique, la présidence
a statué, la présidence a statué sur ces documents-là. Il restera évidemment
à la présidence à évaluer la pertinence des
témoignages, un témoignage faux ou incomplet, notamment sur le fait de
fractionnements de contrats, d'allégations de fractionnement de contrats
au ministère des Transports du Québec.
M. le
Président, pourquoi je vous dis que ça a été fait dans le processus ou les
façons de faire normales que nous nous sommes donnés à l'Assemblée
nationale? C'est parce que, suite à ça, est arrivé un événement que je pourrais
qualifier d'inhabituel. D'abord, le
10 juin, la CAP, adoptant son rapport, le rend public sur le site de la
CAP. Donc, ce document-là devient public accessible à tous. Et donc on
peut raisonnablement penser que tout Québécois qui s'intéresse à ce dossier-là a accès au rapport, et notamment — et notamment — à la recommandation faite par la Commission de l'administration publique de
mandater sa présidente pour aller de l'avant avec une question de violation
de droit ou de privilège. On peut aussi
raisonnablement penser que Mme Dominique Savoie a été avisée de cette
recommandation-là et a compris que ça s'en
venait, qu'il y aurait, à n'en pas douter, une question de droit ou de
privilège qui serait soulevée à son endroit à la présidence de
l'Assemblée nationale par la présidence de la Commission de l'administration
publique.
Coup de
théâtre, M. le Président, en septembre, la Commission de l'administration
publique reçoit le témoignage assermenté
de Mme Dominique Savoie à l'égard d'une procédure qui n'est même pas
enclenchée. À la reprise de... bien, avant
la reprise de nos travaux, même, nous recevons ce document-là. M. le Président,
vous ne pouvez pas tenir compte de
ça. Et, hier, j'entendais mon estimé collègue le leader du deuxième groupe
dire : Audi alteram partem, tout le monde a le droit de se faire
entendre. Oui, je suis entièrement d'accord. Ça a été fait.
La Commission de l'administration publique a-t-elle
entendu Dominique Savoie? Oui. La Commission de l'administration publique a-t-elle entendu Annie Trudel? Oui. La Commission
de l'administration publique a-t-elle
entendu Louise Boily? Oui. Est-ce que
tout le monde a été entendu? Oui. Est-ce que
la commission a jugé que les
témoignages étaient
complets et qu'il n'y avait pas lieu d'avoir de nouveaux témoignages? Oui, oui.
Est-ce que la commission a jugé que
ses travaux étaient complétés puis qu'elle pouvait aller de l'avant avec son
rapport? Oui. Est-ce que nos procédures parlementaires ont été
respectées? Oui. Est-ce que l'institution a fait le travail dans le cadre de
ses prérogatives et des prérogatives des parlementaires? Oui. Est-ce que
Mme Dominique Savoie devrait avoir le privilège de répliquer à un témoignage, témoignage qui est non sollicité? Non. En vertu de quoi Mme Savoie pourrait avoir un
droit de réplique et pas les autres?
Pourquoi? Qu'est-ce que Dominique Savoie a de si spécial qu'elle a le droit de
répliquer, mais que les autres personnes intimées, le député de Marguerite-Bourgeoys,
Annie Trudel, Louise Boily, elles, n'auraient pas le droit de réplique, elles,
n'auraient pas le droit de se faire entendre?
Et mon
privilège parlementaire, M. le
Président? Je ne crois pas son
témoignage et j'aimerais contre-interroger Mme Savoie sur ça. C'est mon privilège parlementaire de poser des questions
sur ce nouveau document, d'aller plus loin, de rechercher la vérité, de protéger nos droits et
nos privilèges dans cette Assemblée. Si vous tenez compte de ce document-là comme étant une justification pour en arriver
à la conclusion qu'il n'y a pas eu de violation de droit ou de privilège, vous brisez de facto les principes de
justice naturelle, parce que tout le
monde n'aura pas été entendu. Seule
Dominique Savoie aurait un droit de
réplique? M. le Président, je ne pense pas que ce soit ça, la justice. Je
ne pense pas que ce soit ça, la justice.
Donc, comme
l'ont fait les parlementaires, unanimement, de notre avis, vous devez vous en
tenir aux faits qui ont amené la Commission
de l'administration publique à conclure qu'il y avait
violation de droit et de privilège et de vous soumettre la question.
Maintenant,
si — ce
que j'espère qu'il n'arrivera pas — la présidence décidait de ne pas se ranger à
mes arguments là-dessus, je tiens à
souligner que le témoignage rendu par Dominique Savoie le 18 mai dernier et le
témoignage assermenté qu'elle a fait
parvenir à la Commission de l'administration publique contiennent des contradictions. Ces deux témoignages-là
ne disent pas la même chose. Dans un, on
dit : Il n'y a pas eu de modification des rapports présentés à l'Assemblée nationale, puis, dans l'autre,
elle dit : Il y en a eu, mais juste un petit peu.
Bien, il y en
a eu ou il n'y en a pas eu? Puis «un
petit peu», ça veut dire quoi? Puis
qu'est-ce qui a été modifié, puis
pourquoi, puis sous l'autorité de qui, et quel est l'effet de ça? M. le Président, ce témoignage-là soulève beaucoup
plus de questions qu'il ne donne de
réponses. Et donc, en la matière, la présidence ne peut pas tenir compte d'un
témoignage, du fait qu'il serait un droit de réplique donné à une
personne et qui n'autoriserait pas les autres à le faire, dans le cadre — dans
le cadre — de
nos façons de faire dans cette Assemblée, qui ne donnerait pas le privilège aux parlementaires de la Commission
de l'administration publique ou autre instance de l'Assemblée nationale de se livrer, en la matière, à son privilège de rechercher la
vérité.
Mais, comme
je le dis, si tant est que la présidence désire quand même tenir compte de ce
témoignage, je tiens à soulever le
fait que ce témoignage contredit le précédent et donc vient renforcer la thèse
que Mme Savoie a livré, à un moment ou un autre, un témoignage faux ou
incomplet aux membres de l'Assemblée nationale. Et, en l'occurrence, M. le Président, je vous implore d'en arriver à la conclusion que Dominique Savoie a
violé nos droits et nos privilèges de parlementaires.
• (12 heures) •
Le Président : Je vous
remercie. J'inviterais maintenant M. le leader de l'opposition à prendre la
parole.
M. Pascal Bérubé
M.
Bérubé : Merci, M. le Président. À la lumière de la preuve soumise, vous constaterez que Mme Dominique
Savoie, ex-sous-ministre aux Transports et qui travaille maintenant au Conseil
exécutif, a commis un outrage au Parlement, le 18 mai 2016, en déposant aux parlementaires deux copies falsifiées du rapport qui
s'intitulait Rapport d'audit—Audit des
professionnels en conformité des processus (PCP), dont l'auteur était Mme Louise Boily,
ex-directrice des enquêtes et audits internes du ministère des
Transports.
De plus, Mme
Savoie a rendu un faux témoignage devant la Commission de l'administration publique le 18 mai 2016. Nous considérons aussi que M. Michel
Boulard, ex-directeur aux enquêtes et audits internes du ministère des Transports, a, lui aussi, commis un outrage au
Parlement en validant la note ministérielle datée du 19 mai 2016. Par cette
note, il visait délibérément à induire en erreur la Commission de l'administration
publique.
Quant à la
jurisprudence, les gestes de Mme Savoie vont à l'encontre des paragraphes 2°, 3° et 4° de l'article 55 de la Loi sur l'Assemblée nationale, qui indiquent qu'en 55 «nul ne peut porter
atteinte aux droits de l'Assemblée.
Constitue notamment une atteinte aux droits de l'Assemblée le fait
de :
«2° rendre un témoignage faux ou incomplet
devant l'Assemblée, une commission ou une sous-commission;
«3° présenter
à l'Assemblée, à une commission ou à une sous-commission un document faux dans
le dessein de tromper;
«4°
contrefaire, falsifier ou altérer, dans le dessein de tromper, un document de
l'Assemblée, d'une commission ou d'une sous-commission ou un document
présenté ou produit devant elles.»
Comme vous
l'indiquiez vous-même dans votre décision du 26 septembre 2013
concernant l'article 55.2° de la Loi
sur l'Assemblée nationale, et je vous cite : «...les personnes ont le
devoir de collaborer pleinement et de dire la vérité. Il faut donc
retenir que le fait de fournir des réponses fausses ou incomplètes aux
questions posées par des députés constitue,
à première vue, une entrave à l'exercice des fonctions de l'Assemblée de même
qu'une atteinte à son autorité et à sa dignité.»
Dans une
décision du président Saintonge, le 31 mars 1994, ce dernier
indiquait, concernant l'article 55.4° de la Loi sur l'Assemblée nationale : «...il aurait fallu démontrer qu'un
document présenté devant une commission parlementaire a été [...] contrefait,
falsifié, soit altéré, dans le dessein de tromper. Les termes
"contrefaire", "falsifier" ou "altérer"
signifient [...] une imitation
frauduleuse ou [une] fabrication d'une chose au préjudice de celui qui avait
seul le droit de la fabriquer ou de
la [produire, soit] la présentation d'un document ou d'une chose qui ne
correspond pas à son état originaire.» Cette interprétation, elle a été
reprise par le président Jean-Pierre Charbonneau le 14 mars 2000.
Maingot, dans la deuxième édition de son recueil
Le privilège parlementaire au Canada, indique que — et je
cite — «si une personne présente à un comité de la
Chambre des communes des documents faux, falsifiés ou altérés, avec l'intention de tromper le comité ou la Chambre, ou
en étant au courant de la falsification ou de l'altération, elle se rend
coupable d'outrage au Parlement parce que le fait de présenter de tels
documents constitue une insulte évidente à la Chambre
des communes». Bourinot reprend cette même lecture dans la quatrième édition de
son recueil Parliamentary Procedure and Practice.
May indique, dans la 23e édition
de son recueil Parliamentary Practice,que «witnesses who have [...]
given false evidence, wilfully suppressed the truth, or
persistenly misled a committee have been considered guilty of contempt».
En 1999, le Joint Committee on Parliementary
Privilege du Royaume-Uni a déterminé que constituait un outrage le fait de,
un, «tenter délibérément d'induire en erreur la Chambre ou un comité, par une
déclaration, un élément de preuve ou
une pétition», deux, «modifier,
supprimer, cacher ou détruire délibérément des documents dont la Chambre ou un
comité exige la production».
La jurisprudence a donc clairement indiqué ce
qui constituait un outrage en matière de faux témoignage et de présentation de documents faux ou falsifiés. Il y
a des faits qui démontrent l'outrage. Il y a d'abord eu des échanges entre
le cabinet du premier ministre et le bureau
de la sous-ministre aux Transports pour le dépôt de la première version du
rapport par le premier ministre lui-même le 18 mai 2016. Et on
a des documents à vous déposer ici à cet égard.
Lors de sa plaidoirie ayant mené à la décision de
la présidence du 9 juin 2016, le leader du gouvernement a déposé une
série de courriels, que j'ai ici en ma possession, démontrant que le rapport
provenait du bureau de la sous-ministre
Dominique Savoie. Dans votre décision du 9 juin 2016, vous indiquez
que le leader du gouvernement a reçu le document du bureau de la sous-ministre des Transports, Mme Dominique
Savoie, le 18 mai 2016, à 9 h 57 précisément, le matin, et que le document a été déposé en
Chambre par le premier ministre lui-même à 10 h 8, le même matin. La
copie falsifiée du rapport déposé en Chambre par le premier ministre le matin
du 18 mai 2016 provenait bien du bureau de l'ex-sous-ministre
des Transports, Mme Dominique Savoie.
Par la suite, il y a témoignage et dépôt du
rapport sur les professionnels en conformité des processus le 18 mai 2016 à la Commission de
l'administration publique par Mme Dominique Savoie elle-même. À la suite du
dépôt d'une première version du
rapport sur les PCP par le premier ministre le matin du 18 mai 2016,
plusieurs parlementaires posent des
questions, lors de la séance de travail de la Commission de l'administration
publique du 18 mai 2016, quant à la validité du document. Mme Savoie indique ceci : «Merci, Mme la
Présidente. On va vous déposer le même rapport, mais bien paginé. Il ne manque
rien. Ce que vous avez eu ce matin était le bon, mais était mal paginé. Vous
allez pouvoir le remarquer puis le vérifier, c'est les mêmes choses, il
était juste mal paginé. Il ne manque pas de pages.»
Par la suite,
lors de la même séance, une deuxième version du rapport sur les PCP est déposée
par l'ex-sous-ministre. Je cite
Mme Savoie : «Mme la
Présidente, je le répète, c'est le
même contenu. Il n'y a pas de pages qui sont ajoutées ni
retirées. Vous allez voir, même en le lisant, là, dans l'ancien, qu'il n'y a
pas d'arrêt, il n'y a pas de phrases qui ne se suivent pas.» La présidente, ma collègue la députée d'Hochelaga-Maisonneuve, dit : «Alors, Mme la... Excusez-moi. On
va déposer le document officiellement.» Le député de Montmorency, il dit :
«Le rapport qui a été déposé au ministre, est-ce que c'est ce rapport-là ou si
c'est le rapport qu'on a eu ce matin à l'Assemblée nationale?» Il est
dubitatif. Mme Savoie répond :
«C'est le même rapport, c'est juste qu'il n'y a pas les bons... Ils ont mal
paginé. Vous allez... C'est pour ça que je vais vous le donner. Vous
pouvez le comparer, c'est le même texte.»
Je n'ai pas
changé aucun mot, M. le Président. L'ex-sous-ministre Dominique Savoie a bel et
bien déposé une nouvelle version falsifiée du rapport de Louise Boily et
a livré un faux témoignage lors de la séance de travail de la Commission de l'administration publique du 18 mai 2016, puisque les deux copies
du rapport étaient bel et bien falsifiées. Les membres de la commission ont pu apprécier les différences entre les deux
rapports, les membres de tous côtés de la
Chambre.
On a une note
ministérielle du ministère des
Transports datée du
19 mai 2016 qu'on peut déposer, qu'on a ici. Cette note ministérielle, elle est validée par
M. Michel Boulard, ex-directeur aux Enquêtes et Audit interne du ministère des Transports. Elle indique
ceci :
«La première
version du document envoyée à l'Assemblée
nationale, par erreur, était une
version préliminaire du rapport d'audit datée de décembre 2014.
«Ce document n'a fait l'objet d'aucune
altération.»
Cette note
datée du 19 mai 2016, soit le lendemain du dépôt des deux versions
falsifiées du rapport sur les PCP, pour bien le situer, a été acheminée
le 24 mai 2016 par le bureau de l'ex-sous-ministre,
Mme Dominique Savoie, à la Commission
de l'administration publique et était destinée à ces parlementaires qui y
siègent. Elle visait à tenter délibérément d'induire en erreur la commission. Cela constitue une entrave à
l'exercice des fonctions de l'Assemblée de même qu'une atteinte
importante à son autorité et à sa dignité. M. Michel Boulard,
l'ex-directeur aux Enquêtes et Audit interne du ministère des Transports, a commis un outrage au Parlement en validant
la note ministérielle datée du
19 mai 2016 qui visait à
répondre à certaines interrogations des parlementaires quant à la
validité des deux copies du rapport déposées le 18 mai 2016 à l'Assemblée
nationale.
Coup de théâtre! Quelques jours plus tard, autre
fait : le témoignage de Mme Louise Boily le 8 juin 2016 à
la Commission de l'administration publique. Mme Boily, qui est l'auteure du rapport
d'audit des professionnels en conformité des processus, a révélé lors de son témoignage, le 8 juin 2016, que les deux copies de
son rapport déposées à l'Assemblée nationale étaient des
faux, puisqu'ils présentaient des caractéristiques de manipulation. Je la
cite : «...Mme la Présidente, effectivement,
il y a eu des documents qui ont été déposés le 18 mai en avant-midi, à la
période des questions, à l'Assemblée nationale,
et en après-midi, lors de la séance de travail de la Commission de
l'administration publique. Alors, j'ai pris connaissance de ces
documents, une fois qu'ils ont été rendus publics. Alors, les documents qui
portent mon nom présentent des
caractéristiques de manipulation, ce qui, pour moi, représente deux faux.»
C'est les mots de Mme Boily.
Elle a par la
suite indiqué de long en large en quoi les rapports déposés à l'Assemblée
nationale et à la CAP étaient des
faux. Puis, concernant la note ministérielle validée par Michel Bouchard, elle
indique : «En corollaire de cela, j'ai regardé aussi les documents qui ont été déposés à la Commission de
l'administration publique le 31 mai et j'ai remarqué qu'il y avait une note ministérielle qui essayait
d'expliquer les deux documents qui avaient été déposés à l'Assemblée nationale le 18 mai. Pour moi, ce
document-là, il sert tout simplement pour essayer d'expliquer en quoi les deux
documents devraient être vrais, là, ce qui avait été déposé le 18 mai.
Donc, pour moi, la note ministérielle déposée à la CAP le
31 mai 2016, sur votre site Internet, [c'est] un faux, il sert à
justifier deux faux.»
• (12 h 10) •
Le lendemain,
décision de la présidence. On est le 9 juin 2016. À la suite d'une question de droit et privilège de l'ex-député de Marie-Victorin, mon distingué
prédécesseur, portant sur le dépôt du premier rapport par le premier ministre, vous avez rendu une
décision, vous, le 9 juin 2016. Dans cette décision portant sur cette
question de privilège, vous avez vous-même reconnu que les rapports
déposés le 18 mai 2016 par le premier ministre... est un faux et
qu'il avait été transmis par Mme Savoie. Je
vous cite : «Certes, à la lumière du témoignage de Mme Boily, on peut
raisonnablement penser qu'à première
vue un document faux, contrefait, falsifié ou altéré a été déposé à l'Assemblée nationale. Cela semble être le cas. Il s'agit d'un
geste très grave. Dans une démocratie parlementaire comme la nôtre, le rôle des
élus est de contrôler les agissements de l'administration, et ce, pour [...]
faire, ils doivent pouvoir compter sur des informations valides», évidemment.
«...dans le document déposé ce matin par le leader du gouvernement, je constate que le bureau de la sous-ministre Mme Dominique Savoie a transmis le document litigieux au bureau du premier ministre quelques minutes avant son dépôt par ce dernier à l'Assemblée
nationale.»
Et là,
récemment, la lettre assermentée de Mme Dominique Savoie. Quelques mots là-dessus : Nous considérons que la lettre assermentée par Mme Savoie,
distribuée aux membres de la Commission de l'administration publique le
14 septembre 2016, ne permet en aucun cas de dissiper les doutes
quant au caractère faux des rapports déposés le 18 mai 2016 et de son
témoignage à la Commission de l'administration publique que nous avons pu
apprécier.
Comme précisé
précédemment, Mme Boily a élaboré longuement le 8 juin 2016 sur les
différences entre son rapport et les
deux rapports déposés le 18 mai 2016. Il est important de noter notamment
que les recommandations ont été modifiées par : la
pagination de l'annexe 1, modifiée; le tableau de l'annexe 2, il a
changé de forme; le tableau à l'annexe 1B,
il a été modifié; puis les annexes 3 et 4 ont été modifiées — pas
banal. Si vous deviez prendre en compte cette lettre assermentée, vous constaterez les contradictions entre le
témoignage de Mme Savoie du 18 mai 2016 et ce qu'elle avançait dans cette lettre, notamment
quant au caractère falsifié des rapports déposés à l'Assemblée nationale et à la Commission de l'administration
publique. Je crois d'ailleurs qu'il s'agit d'une raison de plus de reconnaître
l'outrage commis à l'autorité et à la dignité de notre Assemblée nationale.
Dans votre
décision du 9 juin 2016, vous indiquiez : «Il ressort de ce qui précède que la jurisprudence parlementaire n'a pas défini clairement
l'expression "dans le dessein de tromper". Cependant,
la jurisprudence a traité à plusieurs
reprises de la notion d'avoir sciemment induit la Chambre en erreur.»
Comme
l'indiquait le troisième vice-président le 27 septembre 2016 au sujet d'un
député qui induirait la Chambre en
erreur : «À ces deux occasions, la présidence de la Chambre des communes a
donné ouverture, à première vue, à un outrage
au Parlement pour le motif que des ministres avaient donné deux versions contradictoires des
mêmes faits à la Chambre. Ces déclarations avaient, selon la présidence,
engendré de la confusion. Elle expliquait cette approche en soulignant l'importance du besoin de
clarté dans le déroulement [de nos] délibérations ainsi que la nécessité
d'assurer l'intégrité de l'information que le gouvernement fournit à la
Chambre.
«Au sujet de
ce qui constitue des versions contradictoires, l'actuel président de l'Assemblée est venu confirmer que, pour
induire délibérément la Chambre en erreur, et là c'est majeur, il faut que le
député qui s'exprime sur un sujet soit arrivé à donner deux versions qui
se contredisent.»
Cela devrait être la même chose pour les témoins
en commission, et à plus forte raison qu'aucune règle de présomption d'acceptation de la parole comme celle
prévue à l'article 35.6° du règlement n'existe pour les témoins en commission. Matière à
réflexion.
Comme vous l'indiquiez
le 26 septembre 2013, «les personnes ont le devoir de collaborer
pleinement et de dire la vérité. Il
faut donc retenir [...] le fait
de fournir des réponses fausses ou incomplètes aux questions posées par les
députés constitue, à première vue, une entrave à l'exercice des fonctions de l'Assemblée, de même qu'une atteinte à son
autorité et à sa dignité.» Il n'existe donc pas de présomption que la
parole du témoin doit être acceptée, comme celle du député.
Selon nous,
nous sommes bien ici devant une situation où la fabrication d'un document... au préjudice
de celui qui avait seul le droit de
le fabriquer ou de le produire, donc devant la présentation d'un document ou
d'une chose qui ne correspond pas à son état originaire, comme le
prévoit la jurisprudence de notre Assemblée.
Les copies du rapport sont donc des documents
faux qui ont été falsifiés dans le dessein de tromper. Le faux témoignage de Dominique Savoie, du
18 mai 2016, devant la Commission
de l'administration publique est une
entrave à l'exercice des fonctions de notre Assemblée, de même qu'une
atteinte à son autorité et à sa dignité.
Enfin, la transmission de la note ministérielle
datée du 19 mai 2016 par le bureau de l'ex-sous-ministre ne visait
qu'à induire délibérément en erreur la commission. La validation de
M. Michel Bouchard, de cette note, allait dans le
même sens. Nous vous demandons donc de bien reconnaître, prima facie, l'outrage
au Parlement commis par Mme Savoie et M. Boulard. Merci.
Le Président :
Boulard ou Bouchard?
M. Bérubé :
Boulard.
Le Président :
Boulard, hein? En fait, c'est l'aspect nouveau dans votre demande, l'ajouter.
Document
déposé
Je
vous remercie pour votre témoignage, mais je vous demanderais un consentement
pour le dépôt de ces documents. Vous avez demandé... Est-ce que vous
avez... Dépôt? Alors, le consentement est donné.
M. leader du
gouvernement.
M. Jean-Marc Fournier
M. Fournier : Merci, M.
le Président. Alors, ce n'est pas la
première fois qu'on plaide ce genre de question de privilège.
Je tiens à rappeler, dans un premier temps, parce qu'il y a
déjà eu... J'ai déjà eu des occasions de démontrer qu'il est important de s'arrêter sur ces éléments initiaux avant
d'aller au fond des choses. Il n'appartient pas au gouvernement de porter le fardeau de preuve, qui revient plutôt au député de La Peltrie. Je vais souvent référer au député de La Peltrie parce que, dans le fond, on est un peu dans le même domaine, là. Je comprends bien qu'il y a
l'aspect Boulard, j'y reviendrai, mais on est plutôt dans les mêmes
eaux.
Et
ce que je dirai pour le député de
La Peltrie — je vais
essayer de dire Matane en même temps, mais tout le monde est visé, M. le Président : D'abord, il n'y a
pas de fardeau pour le gouvernement. D'ailleurs, le règlement fait en sorte
que vous pourriez ne pas nous entendre. Le
fardeau revient plutôt à la présidence de faire les vérifications nécessaires
devant les prétentions qui sont faites, et,
dans ce cadre de vérification, écoute des plaidoiries qui lui ont été
présentées pour déceler si ces
plaidoiries l'amènent à voir, devant de la documentation, le fait qu'il y a,
prima facie, une problématique telle
que celle de l'outrage. Il n'y a pas de présomption d'outrage, il doit y avoir
une preuve d'outrage.
L'avis
du député de La Peltrie ou la répétition par le député de Matane et le
député de La Peltrie qu'ils arrivent à la conclusion qu'eux le voient n'est pas une preuve suffisante. Ce
n'est pas à répéter un avis qu'ils ont personnellement que cela fait réponse
au fardeau de preuve, en réalité, de démontrer qu'il y a bien, à première vue,
une problématique d'outrage. Le fardeau de la preuve est sur leurs épaules, et
la «présidence doit analyser rigoureusement les faits et les circonstances»,
décision de président Bissonnet, 67/51, du 4 mai 2004.
Je
vais essayer de régler le premier cas, de M. Boulard, d'abord. Commençons
par ça, en trois phrases ou à peu près, pour ensuite se consacrer sur la
question de Mme Savoie.
M. Boulard n'a
été entendu par personne. Il y a un document qui est déposé, et, référence à la
loi, aux paragraphes 2°, 3° et 4° de
l'article 55, M. le Président, en toute question, lorsqu'il est relatif à
un écrit : «3° présenter à l'Assemblée,
à une commission [...] à une sous-commission un document faux dans le dessein
de tromper; 4° contrefaire, falsifier,
altérer, dans le dessein de tromper», vous n'avez pas le début du commencement
d'une intention démontrée que le but
était de tromper. Je ne dis pas que je n'ai pas entendu le député de La Peltrie
et le député de Matane le dire, mais ça
n'en fait pas une preuve que de se lever pour déclarer que quelqu'un avait une
intention, alors qu'il n'y a aucune preuve au dossier de ladite intention. Simplement ça, c'est suffisant, je n'ai
pas besoin de dire d'autres choses sur M. Boulard.
• (12 h 20) •
Maintenant,
abordons les autres questions, qui, dans le fond, sont les questions qui
avaient été soulevées hier par le
député de La Peltrie. Pour décider de la question de privilège, la
présidence doit tenir compte des événements récents... enfin de tous les événements, incluant les
récents, bien que nos collègues plaident que vous ne devez que choisir certains
éléments, mais pas tout. Je comprends que, pour faire leur démonstration, ils
préfèrent ne pas avoir certains éléments devant
eux. Je ne pense pas que la présidence puisse se permettre de faire du «choose
and pick», si vous me permettez l'expression, M. le Président.
Alors,
oui, il y a un affidavit du
13 septembre, il existe, il est à la commission, la présidence l'a
reçu. Il y a une lettre des députés ministériels du
29 septembre, qui viennent d'ailleurs rappeler qu'entre une recommandation
puis une motion il y a tout un monde, M. le Président, et que des étapes n'ont
pas été franchies lorsque le premier geste a été posé par la présidente de la commission.
Et, à la lettre de la présidence, de 30 septembre, qui n'est pas banale,
on est le 27 octobre aujourd'hui, c'est à se demander quelles étaient les intentions, mais je n'entrerai
pas là-dedans. Pourquoi on
n'y a pas donné suite, d'autant qu'aujourd'hui un des membres de cette dite commission
invoque qu'il peut le soulever lui-même? Alors, je vous laisse poser des
questions sur ces sujets.
Les
députés qui ont parlé avant moi considèrent que ces documents ne sont pas pertinents. Je crois, M. le
Président, qu'un des éléments
importants, c'est que les députés, leaders, leaders adjoints ne peuvent pas
faire reposer leur argumentation sur certains travaux de la commission à
leur choix et se déclarer non concernés par d'autres. J'en profite simplement pour dire que je suis toujours un peu étonné
d'entendre une plaidoirie comme quoi le député peut invoquer son poste ou sa
fonction de député sans qu'il y ait un lien
avec la commission, alors que tout ce qui est la preuve vient de la commission.
Je veux bien qu'on invoque que tout député
peut faire des questions de privilège, ce avec quoi je n'ai aucun problème,
mais on ne peut pas non plus
artificiellement faire en sorte qu'on n'a pas à considérer ce qui s'est passé
en commission si on invoque toute la documentation qui vient de là.
Le
13 septembre, dans une lettre qui accompagnait l'affidavit de
Mme Savoie, on y lisait ceci, elle dit : «À sa lecture, vous constaterez qu'il est erroné de conclure à
une production de faux puisque les rapports déposés le 18 mai, à
l'Assemblée nationale et devant la
CAP visant l'audit du travail effectué par les PCP, sont des versions [...]
identiques. La communication de ces
différentes versions résulte simplement d'une erreur humaine commise par
inadvertance et dans un souci de transmettre rapidement les informations
aux parlementaires. Au surplus, les différentes versions comportent les mêmes
constats et recommandations.» C'est ce qui apparaît à sa lettre
d'accompagnement de l'affidavit. Je vous invite évidemment à prendre compte de
l'affidavit. D'ailleurs, vous l'avez décidé hier, que ça faisait partie du
dossier, j'y reviendrai.
Notamment au
paragraphe 52 et suivants, j'attire votre attention sur le 54, on y lit
ceci, évidemment l'affidavit est une
déclaration assermentée : «Une lecture attentive de ces trois documents
permet de constater qu'il existe très peu de différences entre eux, tant dans le fond que dans la forme, tel qu'il
sera exposé plus loin.» Je pense que c'est un des éléments qu'il est important de mentionner, parce que les
deux collègues ont jusqu'ici essayé d'établir que c'étaient des documents
complètement différents.
L'autre
élément sur lequel je crois très utile d'attirer votre attention, c'est le point 125,
et je le cite, M. le Président : «À
titre de sous-ministre, j'ai assumé la responsabilité des erreurs dans la
transmission des documents tant à l'Assemblée nationale qu'à la CAP, commises par inadvertance et sans intention
malveillante, j'ai également témoigné avec sincérité, dans le but d'éclairer sur-le-champ et de mémoire,
les parlementaires.» Je le souligne parce qu'il faut quand même retenir que l'intention malveillante, l'intention de
tromper doit être prouvée. Et, s'il y a une preuve, au contraire, on a un
certain problème dans le fardeau que nos collègues ont relevé.
Comment les députés peuvent-ils conclure à une
atteinte aux privilèges de l'Assemblée s'ils n'établissent pas clairement un
tel écart entre les textes que cela entraînerait une conclusion différente
entre les documents, alors que la substance
des textes est identique? Comment prétendre aux faux documents, alors que la
substance d'un document n'a pas été
altérée? Comment prétendre que l'évolution d'un texte évolutif par sa nature, des
mois avant le dépôt en Chambre, avait
pour but, dès lors, de mystifier les députés? Non seulement il n'y a aucune
preuve là-dessus, mais il faut quand même pousser le bouchon assez profond, M. le Président. Des changements de
mise en page et l'ajout d'annexes d'un document évolutif ne
correspondent pas à un faux, M. le Président, quoiqu'en disent les collègues
qui ont plaidé ici.
Dans votre prise de parole d'hier, le
26 octobre, vous dites, à propos de l'avis déposé ou de la question de privilège soulevée par le député de
La Peltrie, je vous cite :
«...je constate que, tout comme dans l'avis que la présidence avait reçu de la part de la députée d'Hochelaga-Maisonneuve, il n'est pas fait
mention de l'affidavit de Mme Savoie du 13 septembre 2016 expliquant sa version des faits et dont la
présidence a reçu copie. Il me serait difficile d'analyser cette affaire sans tenir compte de cet élément factuel.»
M. le Président, je pense que vous avez tout à fait raison, et cet affidavit
établit que le document est substantiellement identique et qu'il n'y a aucune
intention de tromper.
Il faut aussi tenir compte des lettres du
29 septembre des députés ministériels adressées à la présidence de la
commission et celle du 30 septembre de la présidente. Permettez-moi de vous
lire un passage de la lettre des députés ministériels :
«Mardi le 27 septembre, le président informait les membres de l'Assemblée
que vous lui aviez transmis, et ce, à
titre de députée d'Hochelaga-Maisonneuve et présidente de la Commission de
l'administration publique, une lettre portant
sur une demande d'intervention sur une violation de droit ou de privilège, et
ce, sans aucune consultation préalable auprès des membres de la
commission.
«Soyons clairs, les députés ministériels membres
de la Commission de l'administration publique n'appuyons aucunement votre démarche. Vous ne pouviez
interpréter cette recommandation de juin comme étant un ordre [lié à] la
présidence à poser un tel geste, et ce, de
façon unilatérale. De plus, vous ne pouviez ignorer la déclaration assermentée
transmise par Mme Dominique Savoie à ce sujet.
«Dans ce
contexte, il nous apparaît inopportun d'adresser une demande afin que la
Commission de l'Assemblée nationale
soit mandatée sur cette question et se transforme en commission d'enquête,
alors qu'également des autorités compétentes
en sont déjà saisies, à savoir l'Unité permanente anticorruption ainsi que le
Vérificateur général du Québec.» Ce qui était la lettre du 29. Alors,
vous avez l'affidavit du 13, vous avez la lettre du 29.
Je vais
citer un passage de celle du 30 de la députée d'Hochelaga-Maisonneuve, qui
disait ceci : «Le 29 septembre 2016, les députés ministériels membres de la commission
m'ont fait parvenir une correspondance par laquelle ils m'indiquent
qu'ils n'appuient pas ces démarches,
notamment en raison de la réception, en septembre, d'une déclaration
assermentée de Mme Dominique Savoie portant sur les faits à
l'origine de cette recommandation de la commission.
«En
conséquence, ils me recommandent d'aviser le président de l'Assemblée nationale
que je souhaite retirer cette demande.
Ainsi, dans le souci de clarifier la volonté des membres quant à ce qui
précède, je convoquerai sous peu une séance de travail lors de laquelle nous pourrons discuter de cette situation
et statuer sur le dénouement de cette affaire. Soyez assurés que je me rallierai à la décision des membres de la
commission et qu'il n'a jamais été dans mon intention d'agir à
l'encontre de la volonté de celle-ci.»
On peut faire certains constats, je vous
permettrai de les faire vous-même, M. le Président, mais il n'y avait pas non
plus la volonté d'agir dans le respect de l'engagement pris dans cette note,
puisqu'entre le 30 septembre et le 27 octobre
il n'y a eu aucune séance de la commission pour tirer au clair ce qui s'était
passé en commission. En fait, ici, nous
sommes dans un débat parallèle pour éviter que le débat se fasse en commission.
Et vous aurez, bien sûr, le loisir de
mesurer ce que représente pour notre institution ce genre de manoeuvre qui ne
porte pas respect à nos commissions.
La seule
conclusion, c'est que les membres de la commission ont à compléter leurs
travaux en tenant compte de cet affidavit.
Lorsqu'on lit l'affidavit, la lettre du 29, la lettre du 30, c'est là où on en
est rendus. On pourrait espérer que le député
de La Peltrie, le député de Matane respectent la commission et ses travaux
plutôt que de s'arroger le droit de décider seuls à leur place.
• (12 h 30) •
Le coeur de la politique... de la
plaidoirie plutôt, du député... des députés, c'est que la présidence ne doit
pas tenir compte de l'affidavit et
donc que la présidence ne doit pas tenir compte de la version de
Mme Savoie. Si la présidence cassait
sa décision d'hier, présidence qui a dit qu'elle faisait partie de l'affaire,
si la présidence cassait sa décision d'hier sur la pertinence de l'affidavit, l'Assemblée porterait atteinte à une
règle fondamentale de justice naturelle, audi alteram partem. L'accusation portée par le député, par les
deux députés, est une accusation grave, elle affecte la vie professionnelle
et la vie privée de Mme Savoie. Les députés ont-ils ce privilège de porter
atteinte sans limite à ces fonctionnaires ou à n'importe quel citoyen?
Je tiens à dire, M.
le Président, que le simple fait d'adresser une question de privilège comme
cela a été fait, notamment par la députée d'Hochelaga-Maisonneuve, le député de
La Peltrie et le député de Matane, doit porter à conséquence sur eux s'ils n'ont aucune preuve pour supporter ce qu'ils
disent mais que, ce faisant, je dirais, de façon plutôt partisane, ils affectent des gens qui ne sont même
pas dans cette enceinte, des gens qui ont le droit au respect de leurs droits.
Pire, cette accusation se transforme en
condamnation en refusant à Mme Savoie de se faire entendre par affidavit.
Il faut quand même le faire, de plaider que le droit de se faire
entendre consiste à ne pas entendre. C'est ce que nous avons entendu. Cette accusation, qu'ils transforment en
condamnation, se fait au détriment de la version de Mme Savoie et au détriment
du processus d'enquête et de vérification qui sont en cours
et qui ne sont pas conclues. L'UPAC et le Vérificateur général ont le mandat d'analyser les questions
soulevées par les députés. L'action
que portent les trois députés au moyen de leur question de privilège porte
atteinte à nos institutions qui ont à faire ce travail. L'Assemblée nationale
n'a pas créé ces institutions en leur
octroyant des mandats d'enquête et de vérification pour ensuite permettre à un
député de passer outre à ces institutions et s'arroger le droit partisan
de congédier.
À
sa face même, le député manque de respect envers la commission et ses membres
en proposant de ne retenir qu'une
partie des travaux à sa guise et en refusant à cette commission la compétence
de tenir ces travaux, tel que suggéré par
les lettres du 29 et du 30 septembre. À sa face même, les députés manquent à
leur fardeau de prouver que les documents sont substantiellement différents et manquent aussi à leur fardeau de
prouver l'intention de tromper. En effet, la preuve est à l'effet
contraire. Vous n'avez qu'à voir l'affidavit pour le constater.
Il
faut retenir non seulement qu'il n'y a pas d'intention, mais que la
documentation dont on parle consiste en des documents évolutifs qui ont précédé de nombreux mois le dépôt à
l'Assemblée. Et, encore une fois, M. le Président, bien difficile de prétendre que, lorsqu'ils ont
commencé à être écrits, ces documents évolutifs, quelqu'un avait pensé qu'un
jour ils seraient produits ici, à
l'Assemblée nationale. À sa face même, les députés refusent de considérer les
versions de Mme Savoie et portent
atteinte à une règle élémentaire de justice naturelle, le droit d'être entendu.
À sa face même, les députés portent atteinte à nos institutions
d'enquête et de vérification, qui sont le Vérificateur général et l'UPAC, et contreviennent ainsi à notre code d'éthique, M. le
Président. Vous vous souvenez que chaque député doit protéger l'Assemblée
et ses institutions plutôt que de s'arroger
le droit de tirer les conclusions à la place de ces institutions. À sa face
même, le député s'arroge, au nom d'un
soi-disant privilège parlementaire, le droit d'accuser, de congédier un membre
de notre fonction publique qui, comme tout citoyen du Québec, a droit au
respect des règles élémentaires de justice.
M.
le Président, je vous demande une décision claire parce que, d'une part, ce
n'est pas la première fois, mais que, dans
ce cas-ci, vous avez trois questions identiques qui découlent d'un processus
qui a été court-circuité à partir du 30 septembre. Je vous demande une décision claire parce que
l'accusation d'atteinte aux privilèges est clairement non fondée, M. le
Président. Elle est faite à
l'encontre du droit, du droit notamment de Mme Savoie. Mais Mme Savoie, si vous
le permettez, si vous donnez droit à
ce qui a été dit ici, Mme Savoie ne sera que la première d'une société dans
laquelle nous pourrons dire et faire quoi que ce soit contre n'importe quel
citoyen du Québec. Est-ce que les privilèges parlementaires vont à ce point
atteindre les droits les plus naturels des citoyens?
Cette
question et cette accusation vont à
l'encontre de notre commission
parlementaire, qui n'a pas réussi à
siéger depuis le dernier mois parce que
la présidente ne les a pas convoqués, va a l'entre de nos institutions de vérification et d'enquête.
Elles affectent de façon abusive un membre de notre fonction publique qui a des droits comme tout citoyen.
Je vous demande, M.
le Président, une décision claire qui condamnera l'accusation faite par les députés
et qui rappellera que les privilèges des députés ne sont pas des permissions
d'abuser des citoyens du Québec. Un rappel à
l'ordre me semble essentiel pour le respect et la pérennité de notre Assemblée.
On peut bien, dans nos débats, M. le Président, que certains appellent la joute parlementaire, on peut bien, dans nos
débats, plaider... Et je crois fondé que nous puissions soulever des
questions, que notre travail soit fait convenablement, que nous puissions
entendre des témoins, que les parlementaires
ont un rôle important à jouer dans notre société. Je n'en disconviens
absolument pas. Mais, si, d'aventure, vous décidiez qu'il y a là, prima
facie, dans les documents, dans les témoignages, dans les affidavits, qu'il y a
là, prima facie, un outrage, vous allez, M.
le Président, poser un geste qui va faire en sorte que notre Assemblée
nationale sera perçue comme
constituée de 125 députés privilégiés au point tel qu'ils peuvent être
accusateurs et juges au-delà des institutions
que nous avions pourtant adoptées où c'était plutôt à des organisations
indépendantes que nous consacrions ces pouvoirs.
Dorénavant, par la
décision que trois membres de cette Assemblée vous demandent de prendre,
l'Assemblée nationale du Québec pourra
exercer tous les pouvoirs, aura tous les droits que nous avons pourtant donnés
au Vérificateur général ou à l'UPAC.
Je ne crois pas que l'Assemblée nationale va gagner en crédibilité si nous la
plaçons au-dessus de toute loi,
au-dessus de toute institution indépendante. Nous le devons à chaque citoyen du
Québec, même si quelques-uns, dans
cette Assemblée, n'en apprécient pas quelques-uns. Je comprends que leur avis à
eux, qu'ils ont développé et qu'ils vous
ont présenté sur une personne, les amène à se lever et, d'un coup de toge, nous
dire : Congédié. On a affaire à du vrai monde, M. le Président, à du vrai monde qui travaille. Ça commence
par quelqu'un de la fonction publique, demain ce sera n'importe qui de
la société.
Je suis gêné,
M. le Président, que nous soyons, en ce moment, en train de plaider ce genre de
chose, alors qu'on devrait respecter
nos institutions, ce qui inclut les membres de la fonction publique, selon leur
code d'éthique. On est, en ce moment, en train de faire une chasse aux sorcières non fondée, sans
preuve, avec de la preuve, au contraire, dans la documentation que nous avons. J'aurais préféré que la présidente de la
commission, ayant procédé avant même de demander l'avis des membres mais s'étant engagée à les réunir pour constater la
volonté, ait fait la convocation plutôt que d'avoir laissé traîner le
dossier pour faire en sorte, par artifice, qu'on puisse plaider autre chose
maintenant.
Je vous soumets, et
je termine, M. le Président, que cette question n'est pas banale. Ce n'est pas
de la joute parlementaire. Il y a des
individus, à l'extérieur de ces murs, qui sont frappés, qui sont pénalisés et
qui souffrent. Je crois que notre
Assemblée devrait s'intéresser aux comportements que nous avons nous-mêmes à
l'égard des autres. Merci, M. le Président.
• (12 h 40) •
Le Président :
Vous vouliez rajouter quelque chose? Pas très long parce que je voudrais
conclure.
M. Pascal Bérubé
M.
Bérubé : Avec votre permission, parce que je ne souhaitais
pas interrompre la plaidoirie du leader
du gouvernement, lui indiquer, d'entrée de jeu, qu'il aurait
pu ne pas se lever et ne pas plaider. Il a choisi de le faire dans le cas de Mme Savoie. Il a choisi également
d'ignorer le témoignage important de Mme Boily, assermentée, qu'elle a fait
à l'Assemblée nationale lors de la commission.
Nous
vous demandons de porter votre jugement et votre décision sur la base des
faits. On n'a prêté aucune intention. On
a exposé des faits, des dates, des documents, des citations qui reposent non seulement sur l'interprétation des députés de ce côté-ci de cette Chambre, de la deuxième opposition
et de députés gouvernementaux, j'en ai nommé au moins deux tout à l'heure... Il en va de la conduite
de nos travaux, et nous convenons que c'est une situation qui est
exceptionnelle.
Alors, en ce sens, nous vous rappelons, et je
terminerai là-dessus, que c'est sur la base des faits que vous aurez à prendre une décision et non pas sur les
projections du leader quant à ce que pourrait devenir l'Assemblée nationale selon sa perspective. Donc, nous appuyons
à nouveau, et je vais citer, en terminant, si vous me le permettez, les termes
de Mme Boily. Les termes «contrefaire»,
«falsifier » ou «altérer» signifient une imitation frauduleuse, une
fabrication d'une chose au préjudice
de celui qui avait le seul droit de fabriquer ou de produire, soit la
présentation de documents, d'une chose qui ne correspond pas à son état
d'originaire.
L'Assemblée
nationale ne sortirait certainement pas grandie en ne considérant pas, peut-être, cette première. Je
ne connais pas la jurisprudence totale là-dessus, mais c'est très grave, et
toute l'Assemblée, toute cette législature, je pense, y trouverait son compte si on était capables d'apprécier, sur la
base de la preuve qu'on a déposée, tant le député de La Peltrie que moi, des éléments qui nous concernent profondément et qui
concernent des gens qui ont choisi, qui ont choisi le service public, qui ont choisi de servir les
parlementaires et qui ont également des responsabilités importantes à l'égard
du peuple du Québec. Merci, M. le Président.
Le Président :
M. le leader du deuxième groupe d'opposition.
M. Éric Caire
M.
Caire : M. le Président, très brièvement, j'ai entendu peut-être deux minutes de commentaires sur l'affidavit
et 10 minutes d'accusations totalement
gratuites sur les députés de l'opposition. Le leader du gouvernement dit que nous
manquons à notre code de déontologie. Je l'invite à porter plainte, ce qu'il ne
fera pas parce qu'il se ferait humilier, probablement,
par la décision. Il dit qu'on manque de respect envers la Commission de
l'administration publique, M. le Président.
La recommandation de la Commission de l'administration publique était unanime,
la présidente n'a fait que donner
suite à cette recommandation. Là, il dit : Il y a une différence entre une
recommandation puis une motion. Quand c'est tout ce qu'on a à dire, ça,
c'est un manque de respect envers la CAP.
Et,
quand le leader du gouvernement dit que nous n'avons pas de preuve, M. le
Président, c'est envers la présidence qu'il manque de respect parce que
la présidence a statué qu'il y avait, à première vue, falsification des
documents. C'est-à-dire que la présidence en
arrive à cette conclusion-là sans preuve, pour des raisons partisanes? La
présidence a pris une telle décision? M. le Président, ce n'est pas très
sérieux.
Et,
sur le fait qu'on attaque l'avis de Mme Savoie et qu'on abuse de nos privilèges
parlementaires, d'abord, le mot
«abuser», M. le Président, vous avez statué que nous étions tout à fait
légitimes dans nos démarches. Donc, deuxième manque de respect envers la présidence de l'Assemblée nationale. Mais,
si Mme Savoie est la huitième merveille du monde, pourquoi l'avez-vous relevée de ses fonctions de
sous-ministre en titre au ministère des Transports? Vous l'avez relevée de ses fonctions. Elle est superbonne, elle est
dévouée, elle est dédiée, tout, puis vous la congédiez. Moi, je pense, M. le
Président, que le leader manque un petit peu de cohérence.
Le
Président : C'est parce qu'on dérape, là. On n'est plus sur le
dossier dont on m'a demandé de vous entendre. Un mot... s'il vous plaît!
M. Jean-Marc Fournier
M.
Fournier : Il y a certains éléments, et je vais terminer
là-dessus. Le député de La Peltrie vient de dire que vous aviez déjà statué. C'était avant qu'il y ait un
affidavit qu'il ne veut pas voir. Et, dans ce cas-là, je trouve qu'il y a abus,
effectivement. Et je tiens à réitérer pour
qu'on soit bien compris : En ce moment, il y a des institutions
indépendantes, l'UPAC et le
Vérificateur général, qui font les vérifications. Alors, à cet égard, je trouve
que le député de La Peltrie prend ça très à la légère, les conséquences qu'il peut
lui-même créer par sa seule interprétation du fait, nous dit-il, que lui, il
est député et qu'il peut décider du sort de n'importe quel citoyen au
Québec.
Le Président :
Bon, voilà, O.K.
M.
Caire :
...pas à l'UPAC.
Le Président :
M. le député de... M. le leader, je vous écoute.
M.
Caire : M. le Président, il vous revient à vous, à la
présidence de l'Assemblée nationale, pas à la Vérificatrice générale,
pas à l'UPAC, de protéger le droit des parlementaires. La décision que vous
avez à prendre n'est pas...
Le
Président : O.K. Merci. Vous avez tous plaidé vigoureusement.
Je vous en remercie, je vous en remercie. J'ai écouté, depuis un peu
plus de 1 h 15 min, vos commentaires.
On l'a dit tout à
l'heure, c'est un dossier qui est en fait...
Une voix :
...
Le Président :
M. le député de La Peltrie, je vous parlais, je parlais aux membres.
Voilà, voilà.
Alors,
je disais ceci : C'est une première ici, à l'Assemblée, que nous traitions
de trois violations de droit et de privilège
en même temps. Une est arrivée un peu plus tôt, et celle-là découlait d'une
orientation qui aurait pu être prise dans une commission parlementaire.
Je
n'ai pas à me substituer aux travaux des commissions parlementaires. Il y a eu
une lettre qui a été envoyée par les membres du parti ministériel à la
présidente de la commission, il y a eu réponse. Ce que j'en sais, il n'y a pas
eu, effectivement, de convocation de la
commission en tant que telle. Toutefois, les membres de la commission auraient
pu demander la convocation aussi.
Dans un sens comme dans l'autre, s'il n'y a pas eu convocation, il n'y a pas
nécessairement eu malfaçon du fait qu'il n'y ait pas eu de convocation.
Ceci étant dit, je
souhaite qu'il y ait convocation, je le disais plus tôt, parce
qu'éventuellement il y aura une modification
à la présidence de la commission. Alors, ce serait aussi bien qu'on puisse
procéder à cette question-là, en même
temps ou autrement, mais que ce soit fait aussi pour le bon fonctionnement de
l'ensemble de notre Assemblée et particulièrement de cette commission.
Ceci
étant dit, moi, je vais me gouverner en fonction de ce que j'ai eu comme propos
ici. J'ai deux demandes, trois, en fait. Je ne sais pas, je ne peux pas
présumer de l'avenir de la troisième ou de la première qui est devenue la troisième, mais j'ai quand même eu deux demandes
d'étude sur une violation de droit et de privilège et que j'ai prises au
sérieux. La preuve, c'est que je vous ai
entendus plaider sur cette question-là. Mais je prendrai tout le temps
nécessaire pour arriver aux
conclusions suite à l'ensemble de la preuve que vous avez tenté de me donner
chacun de votre côté. Je vais regarder ces questions-là, et puis je vous
reviendrai en temps et lieu.
Alors,
je vous souhaite... pour moi, je sais que les travaux vont continuer, mais, en
ce qui me concerne, je vous souhaite une bonne fin de semaine. Et, sur ce,
c'est clair que nous nous reparlerons sur le sujet éventuellement. Je
vous remercie encore une fois pour la qualité de vos plaidoiries.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Très bien. Alors, cela met un terme aux affaires
courantes.
Affaires du jour
Nous
allons maintenant passer aux affaires du jour, et je cède la parole à M. le
leader adjoint du gouvernement.
M. Tanguay :
Oui. Merci, M. le Président. Je vous demanderais d'appeler l'article 26, s'il
vous plaît.
Projet de loi n° 110
Prise en considération du
rapport de la commission
qui en a fait l'étude détaillée
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : À l'article 26 du feuilleton,
l'Assemblée prend en considération le rapport de la Commission de
l'aménagement du territoire sur le projet de loi n° 110, Loi concernant le
régime de négociation des conventions collectives et de règlement des différends
dans le secteur municipal.
Je suis prêt à céder
la parole à M. le ministre des Affaires municipales et de la Sécurité publique.
M. Martin Coiteux
M.
Coiteux : Oui. Alors, merci, M. le Président. Alors, on est au stade
de la prise en considération du projet de loi n° 110, Loi
concernant le régime de négociation des conventions collectives et de règlement
des différends dans le secteur municipal.
Alors, je
rappellerai à mes collègues, ici, députés que le projet de loi a été présenté
en cette Chambre le 10 juin dernier
et que c'est un important projet de loi pour le gouvernement. C'est un projet
de loi qui s'inscrit dans la volonté du
gouvernement, bien annoncée dans le discours inaugural du premier ministre en
2014, de mettre fin à cette vilaine expression selon laquelle les municipalités
seraient des créatures, et donc sans les caractéristiques qui en font des membres à part entière de l'État québécois. Alors,
nous, on s'inscrit dans cette vision de l'autonomie municipale où on est prêts à reconnaître les municipalités pour les
institutions démocratiques redevables devant leurs citoyens qu'elles sont.
Et on utilise de plus en plus, pour décrire cela, l'expression «gouvernement de
proximité».
• (12 h 50) •
Alors,
ça, ça veut dire, M. le Président, de ne plus traiter les municipalités... pas
seulement comme des créatures, mais
comme, au sens, là, des relations de travail, puisque c'est de cela qu'il
s'agit ici, dans le projet de loi n° 110, de les considérer comme
si elles étaient des entreprises privées, dont les représentants étaient comme
des actionnaires, qui, lorsqu'ils
négociaient avec les représentants de leurs employés, les associations
représentant leurs employés, négociaient en fonction de qui va avoir le plus pour lui ou pour un autre groupe, et
donc en fonction des intérêts des actionnaires. Ce n'est pas ça du tout.
Une
municipalité, lorsqu'elle négocie, elle n'est pas une entreprise privée, elle
est redevable vis-à-vis de l'ensemble de ses citoyens et elle négocie
dans l'intérêt de l'ensemble de ses citoyens, bien sûr de ses employés mais de
tous les citoyens à qui elle a des services
à rendre, le citoyen qu'elle soumet à des impôts obligatoires, l'impôt foncier
étant le principal impôt dans le
secteur municipal. Et, cet impôt étant obligatoire, évidemment, ça fait en
sorte que, lorsqu'elle négocie dans
l'intérêt collectif de ses citoyens, il faut qu'elle tienne compte de la
capacité de payer de ses contribuables. Alors, c'est un principe très fort, qui méritait depuis longtemps d'être
énoncé, puis je pense qu'il l'était en discours, il ne l'était juste pas
dans notre cadre légal, il ne l'était pas dans notre cadre légal.
Alors,
c'est ce que vient faire ce projet de loi n° 110, mais, en même temps, il
faut qu'il trouve l'équilibre, il faut qu'il
trouve l'équilibre, ce projet de loi, entre deux grands principes. Bien sûr
qu'il y a cette question, là, de reconnaître la municipalité comme un gouvernement de proximité avec tout ce que ça
représente, mais, en même temps, il ne faut pas nier un autre principe
fondamental, qui est le droit d'association des employés, des travailleurs,
leur droit de négocier collectivement leurs
conditions de travail et le droit à des mécanismes qui, de ce point de vue là,
respectent les droits de chacun. Alors, c'est cet équilibre-là, entre
ces deux grands principes, que recherche et que propose ce projet de loi.
En
même temps, un projet de loi qui repose sur des principes comme celui que je
viens d'évoquer et ceux que je viens
d'évoquer, bien, il y a un principe sous-jacent puis qui s'inscrit dans
l'ensemble de ces articles, c'est qu'il privilégie toujours, mais absolument toujours, en toutes
circonstances, à moins qu'on n'y soit pas arrivé, il privilégie la négociation
de bonne foi des parties pour en arriver à des ententes négociées.
Alors,
c'est ce qu'on a proposé à l'Assemblée en déposant ce projet de loi
n° 110. Et, bien sûr, puisqu'il a suivi son cours, on a eu l'occasion d'entendre des groupes, d'entendre des
municipalités, d'entendre une série d'intervenants, et certains nous ont envoyé
des mémoires, s'exprimer sur le projet de loi et nous suggérer des
modifications ou des approches un peu
différentes ou certains amendements. Alors, évidemment, on a été à l'écoute, on
a été à l'écoute, et je pense que ça a permis d'orienter beaucoup nos
travaux lorsqu'on est arrivés à l'étude article par article.
Il
y a eu des propositions d'amendement qui ont été faites par l'opposition
officielle. Il y a eu quelques propositions d'amendement qui ont été faites par la seconde opposition. Il y a eu
plusieurs propositions d'amendement qui ont été faites par nous-mêmes du
côté gouvernemental, du côté ministériel. Le résultat de toutes ces
propositions, on les a toujours accueillies
avec l'esprit de dire : Qu'est-ce qu'on peut faire pour bonifier le projet
de loi? Qu'est-ce qu'on peut faire pour donner encore plus de chances à une négociation de bonne foi entre les
parties? Qu'est-ce qu'on peut faire pour clarifier un certain nombre de
choses? Qu'est-ce qu'on peut faire pour appliquer des principes de concordance
lorsque c'était nécessaire? On l'a toujours
fait avec ouverture d'esprit pour autant que ça maintenait l'équilibre entre
les deux grands principes que j'ai
énoncés tout à l'heure, pour autant que ça ne remette pas en question le
fondement même de ce projet de loi.
Et
c'est comme ça qu'on a adopté, lors de nos travaux en commission, 25
amendements. Et, pour qu'on comprenne ce
que ça veut dire, 25 amendements, il faut les mettre en relation avec le nombre
d'articles que contient le projet de loi. On parle d'une soixantaine
d'articles, près de 60 articles. Donc, 25 amendements, je pense que ça témoigne
de notre ouverture et notre capacité, puis
je ne dis pas seulement du côté ministériel parce que ces discussions-là se
sont faites avec les oppositions,
nous ont permis de bonifier le projet de loi. Alors, je vais brièvement dire un
certain nombre de choses qui ont été
apportées parce que je pense que, peut-être, un fil conducteur de beaucoup de
ces amendements, c'est de la flexibilité
accrue, c'est un peu plus de souplesse dans les processus qui sont proposés.
C'est beaucoup de ça qu'il s'agit.
Alors,
notamment, ce qu'on a fait, c'est qu'on s'est assurés d'allonger la période de
temps consacrée à la phase de
négociation, ça, je pense que c'est quelque chose d'important qu'on a fait, et
on a modifié un certain nombre d'articles. Et, dans les faits, ce que ces amendements nous ont permis de faire,
c'est de littéralement doubler le temps qui était prévu pour la phase de négociation avant que
n'intervienne un tiers. Et, lorsqu'un tiers intervient, ça continue de passer
par une médiation avant d'en arriver à toute situation qui pourrait donner lieu
à un arbitrage, par exemple, surtout dans le cas des policiers et des pompiers mais aussi, sur une base
volontaire, dans le cas des cols bleus, cols blancs. On a également
doublé le temps alloué à la médiation.
Alors,
on a, de cette façon-là, pratiquement accru la période de temps alloué aux négociations et médiations, on l'a pratiquement augmentée à un laps de temps
d'une année, ce qui est quand même appréciable. Et j'entends, sur le territoire,
des gens qui disent : Nous, ça se passe bien, les négociations, on devrait y arriver facilement. Je pense qu'une période d'une année, lorsque les parties ont vraiment...
sont de bonne foi et veulent y arriver, je pense que c'est le temps nécessaire.
On a précisé
un certain nombre de choses parce que l'un des principes du projet de loi, c'est que les prochaines conventions collectives dans le
secteur municipal seront des conventions collectives de cinq ans. On pense que
ce cinq ans, qui correspond, par ailleurs, à l'évolution presque naturelle des choses dans le secteur
public mais aussi dans certaines conventions du secteur privé... On
cherche à établir des paramètres sur lesquels on s'est entendus pour une plus longue période, pour
assurer plus de prévisibilité, pour assurer plus de stabilité dans le secteur
public, où il y a des services importants, dans le secteur
public municipal. Donc, c'est important aussi pour les citoyens, c'est important
pour la prévisibilité des budgets. Donc, cette norme de cinq ans, qui était
déjà là, dans le projet de loi, on l'a précisée à certains endroits où il aurait pu y avoir une
certaine ambiguïté. Alors, on a précisé un peu plus qu'est-ce qu'on entendait
par là, notamment en précisant s'il
s'agissait du renouvellement d'une convention collective ou s'il s'agissait
d'une première convention collective.
On a apporté des amendements de cette nature. Donc, ça, c'est des choses qui
ont été faites. Et je ne passe pas à
travers tous les amendements, mais un des fils conducteurs a été cette flexibilité
puis ces précisions qu'on a apportées à différents endroits.
On a modifié
également un article en particulier sur la transition entre l'actuel régime et
le nouveau régime. Dans les discussions, on
s'est aperçu que peut-être qu'il fallait prévoir des modalités différentes en
fonction de l'expiration des
conventions collectives récentes. C'est ce qu'on a fait. On a fait un
amendement de cette nature qui a donné lieu à, je dirais, un certain consensus entre nous et les deux oppositions
là-dessus. Une fois qu'on a mis ça sur la table, je pense que ça a été
considéré assez raisonnable.
Il
y a un amendement aussi qui permet... parce qu'on a eu une sensibilité.
Certains groupes nous ont dit notamment, lors des consultations, surtout essentiellement dans le cas des
policiers, pompiers... Puisqu'on a un nouveau mécanisme, qui s'appelle le conseil de règlement des
différends, et que ces frais sont facturés aux parties et non pas à la charge
du gouvernement, des préoccupations
ont été émises à savoir... il pourrait y avoir des petites municipalités ou
encore une petite association de
travailleurs, de pompiers, par exemple, de policiers, mais je pense qu'on
parlait beaucoup de pompiers à ce moment-là, une petite association, une
petite unité syndicale qui n'aurait peut-être pas les moyens d'une grande association ou d'une grande municipalité. Alors,
on a prévu que le gouvernement pouvait prévoir un programme pour
accompagner financièrement, dans ce cas-là, une partie qui pourrait avoir du
mal à faire face aux frais.
Alors,
c'est le genre d'amendements que nous avons apportés. On a peut-être
un amendement important parce
que l'article 1 nous a fait discuter longuement. L'article 1, qui est fondateur
du projet de loi, énonce des principes fondamentaux.
On a finalement amendé cet article simplement pour dire : Écoutez,
ce n'est pas parce qu'il y a ces
principes fondamentaux que ça empêche
les parties de négocier certaines matières, s'ils le veulent. Donc, ce n'est
pas incompatible avec le fait... ça
n'interdit pas de négocier des choses, pour autant, bien entendu, que ce soit
compatible avec les grands principes.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Je dois me lever et vous
interrompre, M. le ministre de la Sécurité publique et des Affaires municipales, compte tenu de l'heure,
en vous posant la question : Avez-vous l'intention de compléter votre
discours?
M.
Coiteux : J'aurai besoin de quelques minutes supplémentaires, M. le
Président, à notre retour, après-midi.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Très bien. Alors, à la reprise des travaux, ce
sera possible à 15 heures.
Je suspends donc les
travaux de l'Assemblée jusqu'à 15 heures cet après-midi.
(Suspension de la séance à
12 h 59)
(Reprise à 15 h 1)
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, bon après-midi à tous et toutes. Vous pouvez prendre place.
Alors, l'Assemblée poursuit le débat sur la prise en considération du rapport
de la Commission de l'aménagement du territoire sur le projet
de loi n° 110, Loi concernant le régime de négociation des
conventions collectives et de règlement des différends dans le secteur municipal. Et, au moment de suspendre nos travaux, M. le ministre des Affaires municipales avait la
parole, et je vais, tout de suite, lui proposer de poursuivre son intervention.
M.
Coiteux : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Je n'ai pas besoin de beaucoup
de temps supplémentaire, mais, effectivement, il a fallu qu'on
interrompe à un moment critique de mes commentaires, puisque j'allais
m'adresser à tous ceux et celles qui ont
permis d'en arriver au résultat d'aujourd'hui, de la prise en considération. Alors, il y a
plusieurs personnes, donc je ne
nommerai peut-être pas les noms, mais au moins les institutions que
ces personnes représentent.
Alors,
d'abord, on n'aurait pas pu faire ce travail-là sans l'exceptionnelle
complicité et collaboration qui a existé entre les fonctionnaires du ministère
des Affaires municipales et de l'Occupation du territoire et le ministère du
Travail. Le ministère du Travail, les
fonctionnaires du ministère du Travail nous ont accompagnés tout au long des
travaux et ils ont été impliqués,
évidemment, en amont même du dépôt du projet de loi. Et j'ai eu l'occasion de
le dire à la fin des travaux en commission, mais ça me fait plaisir de
le redire, c'est un travail en collaboration qui montre comment une équipe
gouvernementale qui travaille ensemble est capable d'accomplir des choses, et
je tiens à remercier, donc, tous les fonctionnaires qui ont été impliqués de
part et d'autre, là, dans ces travaux.
Évidemment,
j'ai déjà remercié, mais je réitère mes remerciements à l'égard de tous les
groupes, associations et villes qui nous ont présenté de vive voix des
mémoires ou déposé des mémoires. Ce n'est pas parce que toutes les suggestions
n'ont pas été retenues que tout n'a pas été considéré, et certaines des
suggestions ont, effectivement, été considérées.
Je
tiens à remercier, évidemment, mes collègues du côté ministériel qui m'ont
accompagné également pendant toute la
durée des travaux. Puis je tiens à exprimer mes sincères remerciements à
l'opposition officielle et à la seconde opposition parce que...
particulièrement avec l'opposition officielle, parce qu'il y avait peut-être un
certain différend philosophique, là, sur le
projet de loi. Peut-être moins avec la seconde opposition, mais je dirais
qu'autant l'opposition officielle que
la seconde opposition ont fait un travail constructif, ils ont fait valoir des
principes. On ne partageait pas nécessairement
la même vision, ce qui ne veut pas dire que les discussions n'ont pas été
utiles. Au contraire, je pense que ça
a permis également, là, de bonifier le projet de loi. Donc, je les remercie
parce que ce n'est pas désagréable de travailler avec ces collègues des deux oppositions à la Commission de l'aménagement
du territoire. Je pense qu'on aura d'autres occasions bientôt de
retravailler ensemble, et puis ça me fera plaisir de continuer le travail avec
eux.
Et, bien
entendu, je ne peux pas passer sous silence le grand professionnalisme du
président de la commission, qui est
également député de Champlain, qui fait ce travail-là avec une grande rigueur
et puis le sens du devoir. Et les travaux se sont bien déroulés, entre autres parce qu'il sait comment nous
enseigner les procédures correctes et adéquates pour bien faire avancer
les travaux. Donc, je tiens à le remercier et, évidemment, le personnel qui
l'entourait aussi.
Et donc je suis très fier du travail qu'on a
tous accompli ensemble, on s'en va vers les dernières étapes de ce processus-là. Donc, je répète, on aura accompli,
au terme du processus, quelque chose d'important qui est la reconnaissance
des municipalités comme des gouvernements de
proximité qui ont à coeur et le devoir de s'occuper de l'intérêt collectif.
Et ça devait être reflété également dans le
cadre de négociation des relations de travail, et je pense qu'on l'a fait avec
des outils nouveaux, des outils modernes
et des outils qui tiennent compte de la nécessité d'équilibrer des grands
principes fondamentaux, évidemment le
caractère public de l'institution municipale, bien sûr, mais aussi, en même
temps, le droit de négocier ces
conditions de travail de façon collective et le droit à pouvoir négocier de
bonne foi ces conditions de travail, et je pense que c'est ce qu'on a
accompli avec le projet de loi. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie, M. le
ministre des Affaires municipales et de l'Occupation du territoire. Et
maintenant je me tourne vers M. le député de René-Lévesque.
M. Martin Ouellet
M. Ouellet : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Alors, effectivement, nous sommes rendus à un moment important de notre législature, et moment
important même dans l'histoire parlementaire, puisque, dans ma jeune carrière
de politicien, mais comme ancien étudiant de l'école des relations
industrielles, on a écrit un nouveau droit du travail à l'intérieur des affaires municipales. Alors, pour moi, c'était une
première, et je pense que c'est important d'y mettre le temps nécessaire
à voir si ce qu'on allait mettre de l'avant allait porter les fruits, tel que
la prétention était...
(Interruption)
M. Ouellet : Excusez, légère
déconcentration. Mais, avant de commencer, je pense que ce serait important, Mme la Présidente, juste de faire une petite
genèse de pourquoi on en est rendus là. Et une des genèses qu'il est important
de faire, il faut se rappeler
qu'initialement le dernier pacte fiscal a amené les municipalités à faire face
à un manque à gagner de
300 millions par année, et cette pression financière là a, effectivement,
amené les municipalités à voir l'avenir sous un nouvel angle. Et, lorsqu'on sait que la masse salariale des
municipalités peut englober jusqu'à plus de 50 % des dépenses du côté de l'administration municipale,
il y avait là un endroit qu'on pouvait adresser si on voulait, effectivement,
avoir un certain contrôle sur l'avenir financier des municipalités.
Pourquoi je
dis ça, Mme la Présidente? C'est que, dans la genèse, aussi il a été ardemment
débattu, et défendu, et, je vous
dirais même, mis dans les médias la fameuse donnée de 39 % de l'Institut
de la statistique qui comparaît le salaire du secteur municipal versus
le secteur public et qui faisait référence à une différence de 39 % des
conditions salariales. Et, lorsqu'on met en
comparaison la pression financière supplémentaire des municipalités et le fait
que, dans le secteur municipal, il y
a une différence de 39 %, on avait un cocktail qui pourrait donner les
indications qu'il faut qu'on agisse à
cet endroit-là pour donner plus de souffle et plus d'amplitude pour les
municipalités, pour qu'elles fassent face à l'avenir.
On a eu la présentation de différents groupes,
mais un en particulier, le Syndicat canadien de la fonction publique, est venu nous montrer le fait que le
chiffre de 39 % de l'Institut de la statistique était erroné. Et on
parlait plutôt d'une comparaison
entre le secteur public et le secteur municipal, mais aussi le secteur syndiqué
fédéral, que la situation était tout
autre, le secteur municipal se maintient dans une médiane lorsqu'on le compare
aux secteurs fédéraux publics et
lorsqu'on le compare aussi dans le secteur privé syndiqué, mais que l'écart de
20 % se situe, effectivement, du côté du secteur public québécois,
et c'est un peu voir le verre à moitié plein ou à moitié vide, c'est peut-être
notre secteur public québécois qui est à la remorque des autres et qui, lui,
aurait un rattrapage à faire pour les prochaines années. Mme la Présidente, je ne pense pas que le
rattrapage, du côté du secteur québécois, va se faire dans les prochaines
années, considérant les offres qui
ont été acceptées, le maigre pourcentage qui a été mis sur la table. Je ne
pense pas que c'est à ce moment-là qu'on va faire, effectivement, ce
rattrapage-là.
Mais, cela
étant dit, une fois qu'on a dit ça, ce qu'il est important de comprendre, c'est
pourquoi on est arrivé là, mais quelle est la résultante de ce projet de
loi là. Et une de ces résultantes, c'est assurément de limiter le temps de
négociation et aussi d'imposer une finalité dans un cadre strict. Donc, une
fois qu'on a fait la genèse, la prémisse de ce
projet de loi là nous amenait dans une réflexion, de dire : Bien, les
négociations prennent peut-être trop de temps, il y a peut-être trop de rapports de force qui
s'exécutent. Donc, une des réponses dans le projet de loi, c'est de limiter son
temps de
négociation et de convenir d'une finalité beaucoup plus stricte, qui fait que
la résultante sera moindre de ce qu'on a déjà connu par le passé. Et une des résultantes moindres, bien, on a convenu
dans ce projet de loi là d'un nouveau mécanisme de résolution des différends, de normes et de temps limite à la négociation,
avec lesquels je vais parler un peu plus tard, mais aussi de durée minimale d'une entente dans la convention
collective. Et ça, c'est une nouveauté qu'on a vu apparaître à
l'intérieur de ça, et ça nous amènera à faire face à de nouveaux enjeux pour la
suite.
• (15 h 10) •
Donc,
d'entrée de jeu, lors des remarques préliminaires, Mme la Présidente, j'ai
qualifié cette loi d'imparfaite. Et pourquoi j'ai dit ça? Parce que,
lorsqu'on a rencontré les groupes et on a lu les mémoires, on a vu qu'il y avait
des positions qui étaient très éloignées par
rapport au projet de loi en question, et, dans certains cas, il y en a qui se disaient opposés, et ça, de part et d'autre. Tu sais, les
parties patronales avaient une certaine lecture, la partie syndicale avait une autre lecture, et des groupes tiers avaient aussi une
lecture différente. Donc, on avait, autour de ce projet de loi, une espèce
de satellite de positions qui faisaient
qu'on n'était pas capables de trouver une tangente ou, du moins, une voie de passage
qui permettrait, dans le fond, de satisfaire l'ensemble des parties.
Alors, on a
attendu, effectivement, les amendements de la partie gouvernementale pour
savoir à quel endroit on allait
camper la suite du projet de loi. Et le ministre en a fait mention, tout près
de 25 amendements apportés par la partie gouvernementale, mais, dans certains cas, des amendements qui avaient
peu ou pas d'impact proprement dit; dans certains cas, qui étaient plus une question de concordance
ou de légitimité avec le droit existant dans le Code du travail. Mais, comme le ministre en a fait mention, on voulait
faire une opposition constructive, donc on a apporté plusieurs amendements.
On a voulu construire cette loi-là, qu'elle
soit efficace, efficiente et que, dans certains cas, on essaie de trouver une
unanimité, Mme la Présidente. Et
pourquoi l'unanimité? Parce qu'en droit du travail l'équilibre entre les
parties, c'est ce qui fait force de
loi en matière de paix industrielle et de paix sociale. Et c'est ça qu'on a
cherché à faire à travers l'étude détaillée, c'est ça qu'on a cherché à
obtenir aussi pour qu'on donne notre accord à ce projet de loi là.
Je le disais
tout à l'heure, on a déposé tout près de 40 amendements. Très peu ont été
adoptés, mais, comme le ministre en a
fait mention, on a eu de bons débats, on a eu des échanges pour nous permettre,
dans le fond, avec la deuxième opposition,
d'exposer au ministre l'impact de ces nouvelles dispositions, ce nouvel
équilibre qu'il cherchait à trouver. Mais
c'est important aussi pour nous que, dans ce nouvel équilibre, le droit
fondamental à la négociation soit respecté, et, là-dessus, on est contents de l'amendement qu'on a réussi à obtenir,
en discussion avec le gouvernement, sur les principes directeurs.
Et les principes
directeurs dans le projet de loi, Mme la Présidente, ils étaient importants
parce qu'ils ouvraient la page et
créaient la trame de fond sur l'ensemble du projet de loi, mais aussi mettaient
en forme la suite des décisions pour ce qui est des tiers qui allaient
rendre une finalité exécutante. Donc, c'était important pour nous de faire
transparaître à l'intérieur l'importance de
ne pas limiter aux groupes le droit à la libre négociation collective. Et ça,
on est contents de l'avoir apporté,
puis on est contents, du côté du gouvernement, d'avoir ouvert cette porte-là et
de l'avoir mise directement dans ces principes directeurs du projet de
loi.
À notre avis,
les délais sont encore trop courts à l'intérieur du projet de loi. Lorsqu'on
regarde la moyenne des négociations tenues dans le secteur public...
bien, policiers et pompiers, on arrivait à une moyenne de négociation à 15 mois... Et, lorsqu'on additionne aujourd'hui le
temps prévu à la négociation, plus la médiation obligatoire, on arrive à
360 jours, donc l'équivalent d'un an. Ça fait qu'on aurait pu, à notre avis,
faire un petit pas supplémentaire pour se trouver dans la même zone de confort
avec laquelle on était habitués de faire face dans les différentes
organisations patronales et syndicales.
Une chose qui
nous a apparu très importante aussi, c'était la nomination des tiers. Dans le
projet de loi en question, on aura un
nouveau conseil des différends où est-ce que trois individus seront saisis des
différends dans le cas des policiers et pompiers, et nous aurons aussi un mandataire spécial qui pourra faire
des recommandations au ministre dans le cas d'une négociation qui arrive à un point mort ou que,
malheureusement, les parties ne réussissent pas à trouver un tronc commun
pour s'entendre.
On a questionné beaucoup le processus de
nomination, là. Le ministre a convenu avec nous qu'il y aura un règlement qui sera déposé sous peu sur le
processus de nomination, mais aussi les gens qui y seront nommés parce qu'ils
auront, un jour, un rôle majeur à jouer dans
les futures négociations, Mme la Présidente. Dans le cas des
policiers-pompiers, nous avions un arbitre unique. Maintenant, ce sera
trois personnes. Et, dans le cas d'un mandataire spécial, c'est un nouveau tiers qui apparaît après une médiation,
mais après un arbitrage aussi. Donc, ces personnes-là auront un rôle clé.
Donc, nous allons être assurément attentifs
du règlement qui sera déposé par le ministre pour ce processus de nomination
et, surtout, les personnes qui seront nommées pour être juges de ces futurs
litiges qui pourraient être apportés. Et, sur ce
point bien précis, on en a fait un combat, qu'on a gagné à moitié, je vous
dirais, pour reconnaître la compétence en relations de travail de ces tiers-là. On a réussi à obtenir une
reconnaissance pour ce qui est d'une compétence en relations de travail pour le mandataire spécial, une de ses
compétences, mais on n'a pas réussi de le mettre comme étant une condition
sine qua non dans le cadre du conseil des différends.
Le conseil des
différends va être composé d'une somme de compétences, et on pourrait retrouver
cette compétence-là, mais elle n'est
pas une condition d'exercice. La seule condition d'exercice, dans le cas du
mandataire et dans le cas du conseil
des différends, c'est qu'il y ait un avocat qui soit la personne
responsable — dans le
cas des conseils des différends — pour procéder à l'instruction et, dans le
cas du mandataire spécial, devrait être membre du Barreau pour être
reconnu.
Et ça nous a
un peu laissés sur notre faim, je vous dirais, Mme la Présidente, parce qu'on a
eu différentes discussions avec l'Ordre des conseillers en ressources
humaines agréés et l'Ordre des conseillers en relations industrielles agréés,
et eux, ils font déjà ce
genre de travail là comme arbitres de grief à l'intérieur du droit existant
dans le droit du travail, mais on n'a pas voulu reconnaître leur compétence. En tout cas, du moins, on n'a pas mis dans la loi qu'être membre de cet ordre était une condition sine qua non pour se
faire nommer. Alors, ça, ça nous a laissés un peu sur notre faim, je vous
dirais, et ça a laissé aussi l'ordre en
question sur leur faim. C'est un peu leur dire que vous êtes experts dans le
droit du travail, mais, dans le cas
du droit du travail qui touche exclusivement le secteur municipal, bien, votre
compétence... ou, du moins, l'apport
que vous pouvez y apporter n'a pas été tenu en compte. Alors, ça, ça nous a un
peu laissés sur notre faim.
L'autre chose
aussi, qui est importante aussi, c'est le pouvoir qu'on a donné aux tiers
dans le cas du mandataire spécial.
Lorsqu'il pourra faire des recommandations, Mme
la Présidente, il pourra en faire en
deçà de ce que les services essentiels
auront fixé. Et ça, ça nous a préoccupés beaucoup, ça a préoccupé beaucoup
aussi mon collègue de la deuxième opposition, à savoir que, même si on a statué sur des
services essentiels à être maintenus, dans le cas des dispositions du mandataire spécial, il pourrait être tenu de faire
une deuxième évaluation sur la prestation de services et, lui, de poser des
gestes ou, du moins, faire des recommandations en deçà de ce qui aura été déjà entendu et prévu dans le cas des services
essentiels.
Et ça, pour
nous, sans dire que c'est problématique, c'est questionnable pour la suite des choses.
Est-ce que c'est une brèche qu'on est
en train d'ouvrir dans le cas des services essentiels? D'ailleurs,
on va suivre ça parce que c'est un nouveau
droit. Vous avez compris, Mme la
Présidente, qu'il y a aura une jurisprudence qui va s'écrire suite à ce nouveau droit là, ce serait important et nécessaire de suivre l'évolution pour être certain que, ce
qu'on vient de créer, on n'est pas en
train de créer d'autres problèmes ailleurs.
Dans le projet de loi en question, moi, j'en ai fait mention tout à l'heure après la
genèse, mais, dans la prémisse, c'est
qu'on voulait peut-être aussi limiter le temps de négociation. Et une façon, dans le projet
de loi, qu'on l'a interprété, c'est que la finalité, donc, lorsqu'on fera appel
au conseil des différends ou, du moins, au mandataire spécial, les frais
relatifs à ce tiers-là sont maintenant à la
charge des parties. Donc, assurément, à notre lecture et lorsqu'on a discuté
avec certains groupes, bien, c'est
sûr que ça devient un frein, dans le
fond, à la reconnaissance de leurs droits. Anciennement, c'était le gouvernement qui
prenait en charge ces frais-là. Donc, maintenant, une municipalité ou une association
syndicale devra se poser la question est-ce qu'elle a les moyens d'aller plus
loin pour faire valoir son droit. Parce qu'il
y aura un coût à ça, et ce coût sera chargé à la partie, et... On a demandé des
chiffres du côté du ministère et on a su que, depuis les sept dernières années, dans le cas de l'arbitrage
de grief, Mme la Présidente, ça représentait 300 000 $ consacrés par le ministère. Donc, on a trouvé
un peu hasardeux, je vous dirais bien honnêtement, que cette somme-là soit transférée aux municipalités pour dire :
Bien, dorénavant, cette somme-là, qui représente sept ans
d'arbitrage, pourrait, à cette heure, être à votre charge entre la
partie patronale et la partie syndicale.
Donc, on
se dit que c'est bien peu, mais, lorsqu'on prend cette somme-là puis qu'on
l'applique à une petite municipalité, ça
peut représenter un enjeu. Le ministre en a fait mention tout à l'heure dans ses
remarques, on a, effectivement, dans nos
discussions, réussi à convenir d'un futur processus, un engagement
du gouvernement de mettre en place un programme d'aide financière pour les municipalités ou, du moins, les organisations syndicales qui n'auront pas beaucoup
de moyens de faire appel à un
programme pour pallier à ces demandes financières là supplémentaires, qu'elles devront faire face pour faire valoir leurs droits. Ça fait que ça, c'est quand même
quelque chose d'important qu'on a réussi à obtenir, mais on verra si, effectivement, ça remplit les demandes et que l'argent soit au rendez-vous. Parce que ça sera déposé prochainement, mais, présentement, Mme
la Présidente, nous ne l'avons pas entre les mains.
Une chose importante
aussi — et
ça, je pense que c'est le fruit de nos discussions, mais aussi le fruit d'un
temps mort que nous avons pris suite à la fin d'une commission
avant de reprendre quelques jours plus tôt — sur les mesures transitoires, Mme la
Présidente. Et ces mesures
transitoires là sont importantes parce que, telles qu'adoptées comme elles
l'étaient, bien, on savait qu'il y avait
plus de 246 — de
mémoire — conventions collectives qui étaient à échéance, et ça a assurément, peut-être, créé un goulot
d'étranglement pour la médiation, ou du moins, peut-être, le mandataire
spécial, ou du moins dans le cas du conseil des différends.
Alors, avec
le ministre, on a discuté de ces enjeux-là, et la partie gouvernementale a déposé un amendement qui permet
de moduler, en fonction de la date d'échéance de la convention collective, des délais supplémentaires pour permettre aux parties de continuer de négocier. Alors, ça,
pour nous, c'est un pas supplémentaire qui a été offert dans le projet de loi en
question qui va permettre, dans certains cas, à des organisations, autant
syndicales que municipales, de continuer à procéder à leur période de négociation
et, après ça, faire face aux autres mécanismes.
• (15 h 20) •
C'est, grosso
modo, ce qu'on a pu voir changer dans le projet de loi en question. Ça
fait que, pour nous, cette loi est toujours imparfaite, et on est même venus à se
poser la question : Est-ce que ce n'était pas le résultat aussi, Mme la
Présidente, qu'on cherchait dans ce projet de loi là, c'est-à-dire que les
mécanismes qui fixent la finalité, que ce soit le conseil des différends ou le
mandataire spécial, soient tellement imparfaits qu'il n'y a pas personne qui
ont envie d'y faire face, qu'ils seront
contraints de négocier et d'arriver à une entente avant de faire face à ces
mécanismes-là? Alors, on a posé la question, et le futur nous dira si on
avait raison ou pas.
Une autre
chose qu'on a apprise aussi, c'est que, dans le projet de loi en question, on
ouvrait le pan aussi pour couvrir
d'autres groupes issus du monde municipal. La partie gouvernementale a apporté
des amendements pour couvrir pas juste le secteur des transports tel
qu'il était prévu dans le projet de loi, mais on a ouvert aussi la couverture
de ce projet de loi là aux différentes
organisations paramunicipales qui sont majoritairement composées d'élus
municipaux. Ça fait que ça, ça nous a un peu surpris. On nous a fait la
réflexion que c'était en concordance avec ce qui avait été voté anciennement pour ce qui est des régimes de
retraite, donc on était au même endroit. C'est juste qu'on ne l'avait pas vu
venir, nécessairement, dans le projet de loi en question. Et, si ça avait été
ça dès le départ, bien, assurément, on aurait aimé
entendre des groupes issus de ces organisations-là pour nous dire de quelle
façon ça aurait impacté leur travail ou, du moins, la teneur des
négociations pour la suite. Ça fait que ça, ça nous a manqué un petit peu, Mme
la Présidente.
Donc,
pour nous, si, dans le cas du projet de loi en question, M. le ministre nous
dit que c'est pour projeter les municipalités
vers l'avenir, nous, on pense que, lorsqu'on regarde ce projet de loi là, ça a
plutôt projeté les travailleurs sur
le sol. C'est-à-dire qu'on a, dans ce projet de loi là, limité le temps de
négociation, on a imposé de nouveaux mécanismes, une médiation, entre autres, et, bref, pour nous, le droit fondamental
de négocier a été largement... sans dire attaqué, a été largement
redynamisé — disons-le
comme ça — et,
à notre humble avis...
Et j'ai posé
la question, d'ailleurs, au ministre, s'il y avait des indicateurs de
performance ou des objectifs sur son projet de loi. Parce qu'on sait que
le ministère du Travail a des objectifs quant à la résolution des négociations,
l'objectif fixé à 95 % des conventions
collectives sans faire l'objet de moyens de pression ou autres. Et on savait
que les chiffres, dans le cas du
secteur municipal, c'était 96 %. Alors, j'ai demandé au ministre s'il
s'était fixé des objectifs pour arriver
à ce... Et présentement il n'en a pas, et ce qu'ils nous ont répondu, c'est
qu'à l'intérieur du ministère des Affaires municipales il y aura une planification stratégique, et je crois avoir
compris qu'on verra apparaître des indicateurs pour évaluer la résultante ou le résultat de ce projet
de loi là. En tout cas, nous, du moins, on va suivre l'évolution pour savoir
si, effectivement, suite à ce nouveau
droit là, est-ce qu'on a vu apparaître plus de conflits, est-ce que les
conflits ont été plus longs, est-ce
que la paix sociale a été plus mise au défi ou, du moins, est-ce que la paix
industrielle, dans le cas des relations, a été maintenue ou, du moins, s'est dégradée. Bref, ça sera les
indicateurs que, nous, comme opposition, nous allons surveiller.
À plusieurs endroits pendant l'étude détaillée
et lors, justement, de la prise en considération, le ministre nous a parlé de
l'importance de donner de l'autonomie aux municipalités, mais la question que
je me suis toujours posée : Comment
est-ce qu'on peut présumer de donner plus d'autonomie à une municipalité, alors
que, dans leur négociation, on fixe
des délais quant à sa durée, on fixe une médiation obligatoire, on met des
frais supplémentaires pour faire valoir ses droits, on met un délai à la durée de la convention collective? Le
ministre parlait que c'était important de mettre un délai, puisqu'on peut y aller d'une prévisibilité
ou d'une certaine stabilité. Mais il y a une chose que l'autonomie me fait
comprendre, c'est de l'adaptabilité. Et de
fixer une convention collective à cinq ans de façon unilatérale pour toutes les
parties, je ne suis pas convaincu, Mme la Présidente, qu'on donne aux
municipalités cette capacité de s'adapter aux différents
contextes, qui sont changeants dans leur situation, et que, malheureusement
dans certains cas, peut-être que les municipalités
et les organisations syndicales voudraient convenir d'une entente moindre parce
qu'il y a des grands changements qui
s'en viennent et qu'ils n'ont pas toutes les informations pour les adresser.
Alors, nous, notre prétention, Mme la Présidente, c'est que cette
autonomie-là n'est pas respectée lorsqu'on contraint les parties à signer pour
une période de cinq ans.
Une autonomie
aussi... Puis la question se pose toujours, aussi : En quoi on gagne en
autonomie lorsque c'est le ministre
qui va nommer le tiers, c'est le ministre qui va avoir des recommandations
suite à un tiers? En quoi les villes ont gagné en autonomie? Je me
permets de le questionner, Mme la Présidente.
Et donc, pour
toutes ces raisons, notre point de vue n'a pas changé de celui initial, cette
loi est imparfaite. Nous avons montré
notre opposition de façon constructive et nous allons la maintenir jusqu'à
l'adoption de la loi. Alors, pour toutes ces raisons, Mme la Présidente,
sur division et par opposition, nous allons être contre ce projet de loi.
Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup, M. le
député de René-Lévesque. Et maintenant je vais reconnaître M. le député de Blainville,
qui est aussi le porte-parole du deuxième
groupe d'opposition pour les affaires municipales. La parole est à vous.
M. Mario Laframboise
M. Laframboise : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Il me fait plaisir de prendre la parole sur le projet de loi n° 110, qui est appelé ici, devant cette Assemblée. Il me fait plaisir, Mme la Présidente, parce qu'évidemment j'ai eu
un parcours municipal de 18 ans,
donc, qui m'a amené à la présidence de l'UMQ, de 1997 à 2000, j'ai fait un
petit détour par Ottawa de 11 ans, mais maintenant ici, à
l'Assemblée nationale.
Et je vous dirais que c'est important, le projet
de loi qui est devant nous. Le ministre a eu la chance de le dire à plusieurs reprises en commission parlementaire,
c'est du droit nouveau, puis je pense qu'on était rendus là au Québec.
Puis je sais que les organisations, autant patronales que syndicales, nous
écoutent aujourd'hui. C'est important parce qu'il
y a un écart de salaire qui se vit actuellement entre les employés de l'État et
les employés municipaux. Cet écart-là, moi,
quand j'étais président de l'Union des municipalités du Québec, en 2000,
c'était entre 15 % et 25 % qu'on l'évaluait. Maintenant, cet écart-là, en 2016, entre 25 %
et 40 %. Ça a été réduit à 36 % environ avec l'adoption du projet de
loi sur les fonds de pension, qui a
eu comme objectif d'avoir un certain rééquilibrage, qui n'est pas encore
terminé, mais l'effet se fait sentir
lentement. Pourquoi? Parce que cet écart-là a été créé... Puis il n'a pas été
inventé, là. Les gens se disent : Bien
oui, il y a un écart, les maires ont pris les décisions, puis c'est comme ça
que ça arrive. Oh! ce n'est pas toujours comme ça que ça fonctionne.
Il ne faut
jamais oublier qu'il y a une histoire à tout ça, et cette histoire-là a
commencé dans les années 1982 et 1983.
En 1982-1983, souvenez-vous, pour ceux qui sont de mon âge... J'ai connu les
taux d'intérêt à 19 %, 20 %, 21 %. Je suis notaire de formation, donc j'ai eu à transiger
à l'époque sur des taux d'intérêt comme ça. Il y avait un genre de récession économique, là, qui touchait le Québec
puis une partie de l'Amérique du Nord, et, à l'époque, le gouvernement du Parti québécois avait adopté des lois. Donc,
quand on a un problème, évidemment, économique, et qu'on essaie de négocier avec nos employés, puis qu'on n'a pas
d'entente, bien, le gouvernement, lui, avec les employés de l'État, peut
adopter des lois, et le gouvernement du Parti québécois a adopté les lois
suivantes en 1982 et 1983.
Là, je ne
vous donnerai pas les dates, mais, juste pour vous résumer, Mme la Présidente,
le projet de loi 68, qui modifiait...
qui fait les modifications aux régimes de retraite. Donc, étrangement on en a
eu un qui a été déposé lors de la dernière
session... ou qui a été discuté lors des dernières sessions, le projet de loi
70, qui a réduit de 20 % le salaire de tous les employés de l'État pendant les trois
premiers mois de l'année 1983. Donc, souvenez-vous, à l'époque, c'était assez
difficile, les relations de travail.
Évidemment, les syndicats ne voulaient pas bouger, puis le gouvernement avait
besoin d'un petit peu d'air, besoin
d'air, là, je vous dirais, au point de vue économique, donc il a réduit pendant
trois mois de 20 % les salaires des employés de l'État.
Il y a eu l'adoption
du projet de loi 72, le maintien des services essentiels; le projet de loi 105,
qui a imposé à 109 conventions
collectives un gel de trois ans de salaire. C'est là vraiment qu'a commencé
l'écart. C'est-à-dire que, pour tout
vous dire, c'est que le milieu municipal était en demande. Donc, la récession
économique se vivait aussi dans les villes. Il n'y avait pas juste le gouvernement du Québec qui subissait cette
pression-là par rapport à l'incapacité de payer des citoyens, il y avait
beaucoup de demandes de la part du milieu municipal, et c'était un choix
politique qu'avait fait le gouvernement, à
l'époque, du Parti québécois de soumettre les employés de l'État à ces projets
de loi là, mais d'exclure le milieu municipal.
Donc, c'est quoi, l'impact? Bien, c'est que, depuis 1982-1983, l'écart n'a
cessé d'augmenter entre les salariés du gouvernement du Québec, les
salariés de l'État et les salariés du milieu municipal quand on fait des
comparables sur les emplois.
Donc,
évidemment, cet écart-là, aujourd'hui, les citoyens... Parce que je pense que,
s'il y a une chose qu'on peut donner
au gouvernement, c'est que ce projet de loi là est respectueux de la capacité
de payer des citoyens. C'est la première fois où on veut introduire la capacité de payer, puis évidemment, pour
la Coalition avenir Québec, la capacité de payer des jeunes familles, c'est très important pour nous également. Donc, je
vais essayer de vous résumer, mais, quand même, on s'en va vers le droit nouveau, un droit qui nous a amenés à un écart,
évidemment, et un resserrement des procédures pour essayer d'un petit
peu combler cet écart.
• (15 h 30) •
Puis,
les gens, les travailleurs qui nous écoutent, l'objectif, ce n'est pas
d'appauvrir les travailleurs municipaux. Il n'y a pas rien dans la loi qui fait qu'il va y avoir des diminutions
de salaire des employés municipaux. Qu'ils comprennent bien, là, l'objectif, c'est de réduire, à la longueur des années, l'écart entre
ce que gagnent les employés de l'État et ce que gagnent les employés dans le
milieu municipal sans nécessairement diminuer leurs salaires. Donc, ça, il faut
qu'ils comprennent, là, parce que notre objectif à nous, en tant que parti
politique... on veut que tous les Québécois et les Québécoises s'enrichissent. On
ne veut pas appauvrir les employés municipaux, mais on veut qu'inévitablement,
sur les longueurs des prochaines négociations collectives, on ait un resserrement entre ce que peuvent gagner les
employés de l'État et ceux du milieu municipal.
Donc,
évidemment, ce projet
de loi là... Comme je vous disais,
quand on constate l'écart, après ça il faut se dire : Comment on fait pour combler ça? Et là vous avez
eu des demandes traditionnelles du milieu municipal pour revoir les lois du travail. En tant que président de l'UMQ,
j'ai fait, à l'époque, des demandes auprès des gouvernements qui étaient
en place pour qu'on modifie les lois du
travail. Ça n'a jamais arrêté, parce
que la façon de négocier dans le
milieu municipal, qui est basée sur
un arbitrage des différends, qui est souvent... puis qui, je vous dirais, qui
est calquée... Puis il fallait entendre le maire de Montréal venir nous
dire que, moi, l'équité externe, si vous faites juste m'enlever l'équité
externe, là je vais être bien à l'aise,
donc. Et, évidemment, je comprends le maire de Montréal,
parce que le critère présentement le plus important dans les arbitrages, c'est l'équité
externe. Donc, vous comprendrez que, si
un corps de police à travers le Québec, ou
un corps de pompiers, ou, peu importe, des blancs, des bleus ont une
bonification de leurs régimes, bien, quand vient le temps de l'arbitrage, pourquoi
Montréal, qui a plus de policiers, qui a plus de
problèmes, qui a plus de feux, puis... que, les pompiers, pourquoi ils
n'auraient pas les mêmes conditions de travail que...
Bon,
l'équité externe est devenue l'élément important. Puis, comme je vous dis,
c'est d'autant plus que, quand le
maire de Montréal vient nous dire : Faites juste nous enlever
l'équité externe, là, puis, déjà là, on va avoir gagné beaucoup...
Donc, ce projet de loi là n'enlève pas
l'équité externe. Donc, pour les travailleurs qui nous écoutent, là, le projet de loi n'enlève pas l'équité externe, mais il rajoute la capacité de payer des
citoyens, et ça, je pense que M. le
ministre l'a bien défendu, et ça, pour nous, c'est important. Donc, ça veut dire qu'à l'avenir, bien, ce n'est pas
juste le fait qu'il y ait une équité entre les villes, mais il faut un
tant soit peu que la municipalité qui est en négociation soit capable de payer
les demandes des employeurs... des salariés,
c'est-à-dire, et là, à ce moment-là, tout le processus de médiation, puis tout
ça... puis ça, je pourrai vous le résumer, là, mais tout ce
processus-là, là, va être enclenché.
Puis
je voudrais souligner la présence des témoins importants, là, dans notre commission. Il faut dire que les unions
municipales étaient représentées par leurs
présidents, qui étaient là, mais aussi les maires des grandes villes sont venus. Puis là ce n'est pas juste Montréal,
Québec, là, il faut penser à Laval, il faut penser à Longueuil, il faut penser
aussi à Trois-Rivières, qui nous a envoyé un mémoire, qui ne s'est pas
présentée mais qui a déposé un mémoire. Donc, il y avait quand même
une unité dans le milieu municipal pour appuyer ce projet de loi là.
Évidemment,
à la fin — puis ça, je pourrai en parler — il y a eu quelques maires qui auraient
souhaité avoir... il y a trois maires
qui se sont prononcés dans le courant de la dernière semaine, pour ceux qui ont
écouté. Ce qu'ils auraient voulu,
c'est avoir une «opting out», la possibilité de se retirer du projet de loi,
puis de ne pas l'utiliser, mais je vous dirais, et je leur dis parce que je les connais personnellement, je vous dirais
d'abord, premièrement : Quand ils ont fait la demande, il restait deux articles. Quand on a eu ça en fin
de semaine dernière, il restait deux articles à notre projet de loi, donc ce n'était pas le temps nécessairement,
puis il aurait fallu qu'ils obtiennent l'appui des unions municipales, et je
sais qu'ils ne l'ont pas obtenu. Donc, ce
n'est pas parce qu'ils n'ont pas essayé, c'est juste que les unions
municipales avaient déjà fait leur
lit là-dessus. Ça fait que c'est difficile pour nous de dire :
Bon, bien, demain matin... Oui, c'est vrai que, comme dans tout projet de loi, on ne peut pas contenter tout le monde, Mme la Présidente, vous le savez. Donc, inévitablement, bien, on est... On aurait peut-être souhaité que cette position-là soit appuyée d'abord
plus tôt dans les discussions sur le projet
de loi puis par un plus grand nombre
d'élus par rapport à ça. Parce
que, le ministre,
il faut lui donner ça quand
même : il a été ouvert, tout au long de la commission parlementaire, à faire des aménagements, et ça, d'abord,
importants, parce que c'est du
droit nouveau.
Prendre
une partie des relations de travail qui historiquement est au ministère du Travail puis transférer ça aux Affaires
municipales, là, ça, c'est quelque
chose. Je comprends pourquoi
les centrales syndicales ont suivi le débat de notre commission parlementaire assidûment. Ils étaient présents, et en nombre
important. Donc, pour eux, je vous dirais, depuis l'adoption du Code
du travail, c'est probablement le plus grand changement qui
aura pas eu lieu, puis je les comprends aussi. Mais il y a une raison à ça, puis la raison, elle
est simple, c'est que les compagnies, les entreprises privées peuvent faire faillite ou déménager. Ça, c'est une
réalité. Le gouvernement du Québec, lui, il peut toujours imposer une loi
spéciale à ses employés comme l'a
fait le Parti québécois en 1982, 1983. Les villes ne peuvent faire ni une ni
l'autre, donc elles n'ont pas la
possibilité de faire faillite puis repartir sous un autre nom, puis c'est la
même chose, elles n'ont pas la possibilité d'adopter un projet de loi pour être capables... Donc, inévitablement, et
ça, les gens, des fois... Tu sais, des fois, c'est difficile à
comprendre, hein? Aux États-Unis, il y a des villes qui font faillite, mais ici
les municipalités sont des créatures du gouvernement du Québec.
Moi, j'ai un petit peu de... je ne vous dis pas que suis âgé, là, mais, quand même, j'avance, là, mais j'ai connu un gouvernement qui a nommé le directeur
général de la ville de Montréal, parce que la ville faisait des déficits puis, à la fin de l'année, il y avait
des subventions directes qu'on paie encore, Mme la Présidente, pour
compenser les manques à gagner de la
ville de Montréal. C'était ça, la réalité, parce que
les villes au Québec sont des créatures. Peut-être
qu'un jour on changera ça, puis les
villes deviendront autonome, puis elles pourront gagner cette autonomie-là,
faire comme Detroit puis être capables de faire faillite un jour. Je ne
souhaite pas ça à personne, là, ce qui se passe, là. Sauf que la réalité au Québec,
c'est que ça ne fonctionne pas comme ça. Une ville ne peut pas faire faillite
demain matin, donc, inévitablement, les
contribuables doivent payer le manque à gagner. Et là, évidemment,
dans les relations de travail, l'écart est rendu tellement important que
la capacité de payer des citoyens n'est plus là.
Donc, évidemment,
le ministre, par
rapport aux articles...
Et là le projet de loi... je vais juste citer, parce que,
dans le fond, ce que nous dit
le projet de loi en bref, et où il y a eu de l'ouverture, c'est qu'on modifie tout
simplement le cadre des relations de travail : période de négociation; si ça ne
fonctionne pas, médiation; puis après ça, bien, conseil de règlement des différends ou arbitrage si vous
n'êtes pas policiers, pompiers. Là, je vous résume ça comme ça. Il y avait un problème majeur que le ministre
a accepté de corriger en cours de route, les délais. Ça nous donnait à peu près
sept mois de délai, puis c'était court. Tu sais, même moi, là, je vous dis,
pour avoir parlé aux représentants du milieu municipal, je sais que même les
villes se traînent les pieds souvent dans les relations de travail pour toutes sortes
de raisons. Donc, je me questionnais
moi-même sur le délai. Le ministre a été très ouvert. Il
l'a dit, j'ai écouté son discours ce matin. Ce que ça a comme impact maintenant,
c'est à peu près un an.
Bon. Parce qu'il
y a eu un comité qui a été mis en place par toutes les parties qui donnait à peu près
18 mois, là, ou, bon, qui aurait été souhaitable. Mais moi, je vous dirais
qu'un an, quand on sait d'avance qu'on doit s'entendre, qu'on peut commencer 90 jours avant la fin de la convention collective ou l'obtention du droit de grève, tout dépendant,
là... à ce moment-là, on le sait, on s'assied puis on commence à
négocier. Sinon, si on ne le fait pas, bien, à ce moment-là... Et le ministre...
il faut comprendre là-dedans que c'est du droit nouveau. Donc, là, là-dessus,
je me dois de le soulever puis d'être
un petit peu en accord avec l'opposition officielle. Évidemment,
dans les relations de travail, du droit nouveau, habituellement les associations
de salariés, elles n'aiment pas bien ça, le droit nouveau, donc elles veulent
qu'il soit encadré, et j'apprécie que l'opposition officielle ait fait l'encadrement nécessaire.
Mais, quand tu es dans du droit nouveau, il y a aussi le fait qu'il faut
faire confiance aussi au gouvernement en place. Moi, évidemment, ce n'est pas
mon parti politique, mais, à quelque part, il faut être capable d'avoir une
ouverture puis regarder comment ça fonctionne.
Et le ministre, là-dedans, a été clair. D'abord,
il a été ouvert à donner plus de temps, d'être conscient que peut-être
que ça créerait des problèmes et, pour le reste, bien, tout au long du projet de loi, il a été capable de mettre
en place... parce
qu'évidemment, là, exemple : les frais du conseil de règlement de
différends sont supportés par toutes les parties maintenant, alors qu'avant la médiation était aux frais de
l'État. Là, bon, il a accepté d'apporter un amendement pour dire : Bon, bien, s'il y a des entités
qui ne sont pas capables, soit une ville... puis une organisation syndicale qui
n'a pas la capacité de payer sa part,
bien, il pourrait y avoir un programme, puis il s'est engagé à mettre en place
un programme. Bon, peut-être qu'on
aurait souhaité voir le programme, le lire, l'écrire puis avoir tous les
détails. Mettons qu'à 10 ou 12 autour d'une
table c'est assez difficile d'écrire un programme, là, je vous dirais, là.
Donc, à ce moment-là, il faut faire confiance au ministre, puis c'est ce
qu'on a fait, nous, par rapport à ça.
Et je vais vous lire les critères dont vont se
servir les arbitres et le conseil de règlement des différends, puis ces critères-là sont bien expliqués à
l'article 17. Ce sont les critères dont le conseil et les arbitres, parce
que les articles de concordance sont
inscrits plus loin... Donc, «le conseil doit, pour rendre sa décision, tenir
compte — puis,
quand je dis "conseil", ça
comprend aussi les arbitres, là, selon le projet de loi — de la situation financière et fiscale de la
municipalité concernée ou des municipalités parties à l'entente
constituant la régie intermunicipale concernée et de l'impact de la décision
sur cette municipalité ou ces municipalités et sur leurs contribuables».
• (15 h 40) •
Donc, on en tient compte, et là c'est le premier
critère, mais ça ne va pas en ordre de grandeur. Ça, il faut être conscient, là, il y a huit critères, puis ces
critères-là, ce n'est pas par ordre de préférence. Donc, tous les critères sont
égaux : des conditions de travail applicables aux salariés concernés, des conditions de travail applicables aux autres salariés de la municipalité
concernée ou des municipalités parties à l'entente — c'est ce qu'on appelle
l'équité interne pour les deux, le 2° et le 3°; de la politique de rémunération
et des dernières majorations consenties par le gouvernement aux employés des secteurs public et parapublic. Donc,
tenir compte des augmentations de salaire du gouvernement, donc du secteur public, des employés de l'État, qui est le
problème de grand écart, là. Donc, on rajoute un critère pour dire : Bon,
bien là, tenons donc compte de ce qui s'est donné dans le milieu
gouvernemental, par la suite, des exigences relatives à la saine gestion des finances publiques, de la situation économique
locale, de la situation et des perspectives salariales et économiques du Québec
et des conditions de travail applicables dans les municipalités et des régies
intermunicipales semblables ou constituées pour exercer des fonctions
similaires, donc la fameuse équité externe.
Donc, l'équité externe, elle est là, mais il y a
d'autres critères, d'autres conditions qui s'appliquent à ce projet de loi là, Mme la Présidente, et ça, bien,
évidemment, nous, on trouvait que c'était juste et équitable. Les délais, comme
je vous le disais : aller jusqu'à un
an, là, quand on inclut la négociation, environ 240 jours, une période de
médiation qui peut aller à 60 plus un
autre 60, après ça l'arbitrage ou on y va avec le conseil de règlement des
différends. On trouvait que c'était
intéressant. Et je sais que les syndicats, même s'ils ne le diront jamais, ont
apprécié, parce qu'on avait à discuter avec
eux, là. Plus on leur donnait du délai, plus c'était acceptable de leur part.
Mais ils ne vous diront jamais que le projet de loi, là... Je ne veux pas leur faire dire quelque chose, là, ils vont
me reprendre. Donc, je ne veux pas qu'ils disent qu'ils sont d'accord
avec le projet de loi, je sais qu'ils ne sont pas d'accord.
Par contre,
il faut dire aussi que, oui, on est assez d'accord, mais il y a des endroits où
c'est assez difficile. On a eu des
petits différends avec le ministre. Je pense que le ministre vous l'a dit. Il y
a des amendements qu'on a déposés puis qui ont été rejetés. Et je vous
parlerai de trois de ceux-là puis je terminerai là-dessus, Mme la Présidente.
Celui pour
les arbitres, à l'article 47. Bon, ça, évidemment, l'article 47, ce
qu'il dit, c'est que pour être arbitre... Puis ça, c'est les arbitres, c'est pour tout ce qui n'est pas policier,
pompier. L'article 47 nous dit que pour être arbitre il faut absolument être membre du Barreau du Québec,
bon, ce qui n'est pas le cas présentement. Donc, inévitablement, nous
avons eu, de la part des CRHA, des conseillers en ressources humaines agréés,
des représentations, parce qu'au moment où
on se parle il y a des arbitres, il y a des avocats et il y a des CRHA qui sont
arbitres. Là, présentement, ça ne sera
que des avocats. Donc, inévitablement, vous avez compris, Mme la Présidente,
qu'il faut se questionner. On a eu évidemment,
de la part de cette association-là, des demandes évidemment pour que le projet
de loi soit modifié et que leur nom
puisse être intégré, que ce ne soient pas juste des avocats... des membres du
Barreau, c'est-à-dire, mais qu'il y ait aussi des CRHA. Et évidemment moi, comme je fonctionne toujours, bon,
j'ai eu les demandes, je leur ai dit : Bon, vous me dites qu'il n'y a pas de problème, vous êtes
habitués de travailler avec les avocats, et le Barreau du Québec est d'accord
avec vous. Bien, je leur ai dit :
Demandez donc au Barreau qu'ils vous écrivent une lettre pour savoir si c'est
vrai qu'ils sont d'accord à ce que
vous soyez considérés comme arbitres, aux termes de la loi n° 110 puis aux
termes de l'article 47. Et le
Barreau a écrit une lettre que j'ai eu la chance de lire, puis, Mme la
Présidente, je vais juste prendre le temps, parce que j'en avais fait
des copies... La voilà.
Donc, le
Barreau du Québec a écrit au président du conseil d'administration de l'Ordre
des CRHA, des conseillers en ressources humaines agréés, et là je lis la lettre
du Barreau : «M. le président, par la présente, je vous confirme que
le Barreau du Québec n'a pas demandé que
seuls les avocats puissent être reconnus aptes pour être nommés arbitres dans
le contexte du projet de loi n° 110
actuellement à l'étude à l'Assemblée nationale — l'article 47 du projet de loi. Le Barreau
est à l'aise avec la situation actuelle à
cet égard. Veuillez accepter, M. le président, mes salutations distinguées.»
Vous avez compris, Mme la Présidente, qu'avec une telle lettre j'ai
demandé au ministre... Bon, le Barreau est d'accord, l'opposition officielle était d'accord, nous, évidemment, on était
d'accord. C'est moi qui ai demandé d'aller voir le Barreau puis dire : Prouvez-nous que... Et finalement
le gouvernement a maintenu sa position tout en disant qu'il ne voulait pas
mésestimer le travail des CRHA. Mais, si nous, on était d'accord, le Barreau
est d'accord puis l'opposition officielle est
d'accord, il y a quelqu'un qui n'était pas d'accord, sûrement, là, puis c'est
celui qui a écrit le projet de loi, là. Je ne veux pas faire porter des... parce que le ministre n'aime pas ça quand
on lui fait prêter des intentions, mais, par rapport à ça, c'était gros,
là. Donc, c'est un exemple, là.
Donc, quand
on arrive avec des exemples comme ça,
c'est ce qui nous fait dire : Il faut faire attention, il faut suivre
évidemment le gouvernement dans son interprétation de sa loi, parce qu'encore une fois, pour les CRHA, ils sont
déjà des arbitres présentement, ils
sont déjà reconnus, puis là, quand on regarde le cursus... mon collègue nous a
lu le cursus des CRHA — le collègue de l'opposition officielle — puis ils ont quatre ou cinq cours de droit
du travail, alors que... puis probablement que le cours de droit du
travail est préparé par le Barreau, là, c'est ce que je présume — parce
que c'est pour ça que le Barreau les appuie,
alors que les avocats n'ont que deux cours du droit du travail. Donc, c'est
pour ça que je trouvais ça un petit
peu... mais c'est... Bon, il y a eu une demande qui a été faite par
l'opposition officielle, ça a été rejeté par le gouvernement. Nous, on
avait appuyé ça.
Mais, encore une fois, ça nous indique l'état
d'un projet de loi. Il faut toujours faire attention, puis je sais que le ministre était un petit peu mal à l'aise par
rapport à sa réponse. Il a maintenu le cap : Ça prend des avocats. Depuis
les tout débuts, ça a commencé, ça,
parce qu'au conseil de règlement des différends le président doit être un
avocat. C'est comprenable, on l'a appuyé au conseil de règlement des
différends, parce qu'ils sont trois membres et c'est du droit nouveau. Donc, les décisions qui seront rendues
auront une implication importante sur la... et là, à ce moment-là, les avocats.
Donc, le ministre a maintenu le cap pour
l'arbitrage, sauf que l'arbitrage, ce n'est pas du droit nouveau, là. Le
conseil de règlement des différends,
je peux dire : C'est du droit nouveau, c'est trois personnes ensemble, ça
prend peut-être un avocat pour
expliquer aux autres comment ça fonctionne, mais enfin... Mais après ça, là, tu
sais, l'arbitrage, ce n'est pas quelque
chose de droit nouveau... en tout cas, je ne pense pas, là. On ne m'a pas fait
la démonstration que c'était du droit nouveau, là, par rapport à
l'arbitrage. Donc, c'était un exemple.
Par la suite,
évidemment, l'article 50.1, puis ça, on a déposé un amendement, nous, puis
je tiens à le dire puis à le relire
parce qu'il a été battu — et j'ai demandé un vote nominal là-dessus — il se lisait comme suit — à 50.1, ce qu'on voulait rajouter,
c'est : «Toute détérioration du bien public, ainsi que toute
discréditation de l'uniforme est interdite durant
la durée des négociations.» Bien, ça, vous avez tous compris que les policiers,
qui ont toutes sortes d'uniformes, là, qui
sont tout, sauf un uniforme de policier, ce qu'on voulait dans ce projet de loi
là... et, à ma grande surprise, le gouvernement... Puis j'ai demandé un vote parce que je ne voulais
pas faire un débat interminable, mais je me disais, à quelque part :
Profitons donc du projet de loi sur
les relations de travail pour dire aux différents intervenants du milieu du
travail : Ceux qui portent des uniformes, bien, pendant les négos, s'il vous
plaît, on conserve... on ne le discrédite pas et évidemment on ne détériore
pas aussi le bien public. Et là, évidemment,
j'ai demandé le vote, et le parti au pouvoir a voté contre, et l'opposition
officielle aussi. Donc, ce n'est pas
parce qu'on n'aura pas essayé, Mme la Présidente. Sauf que, des fois, il faut
toujours tenter... On sème, peut-être
qu'un jour on récoltera. Mais c'est sûr que, Mme la Présidente, dans la
population il y a des gens qui sont profondément indignés du fait que,
pendant les relations de travail, pendant les négociations sur les relations de
travail, les policiers, pompiers, ou autres,
ceux qui portent des uniformes, bon, les discréditent, et ça nous donne une
image de celle qu'on a. Puis là on
est vraiment rendus qu'on se fait copier dans le reste du monde, ils trouvent
ça bien drôle, à la TV, là, de
montrer que les chapeaux de policier qui ne sont pas pareils à Washington,
parce que, je ne sais pas, là... En tout cas, ça aurait été un bon
endroit.
Je
terminerai avec l'article 56. L'article 56, c'est un petit peu plus surprenant,
parce que j'ai souligné, j'ai fait part au ministre, Mme la
Présidente... l'article 56, ce qu'il nous dit, c'est : Tout arbitrage dont
l'instruction en vertu des dispositions du
Code du travail a débuté le — la date ici, c'est la date de la
présentation du présent projet de loi, donc, le 10 juin 2016 — continue d'être régi par les dispositions de
ce code tel qu'il se lit à cette date. Par contre, l'arbitre qui, à cette date, n'a pas commencé l'instruction du
différend dont il était saisi en est dessaisi. Donc, c'est important, Mme la
Présidente, puis j'ai souligné au ministre que c'est important surtout
chez les policiers, pompiers de Montréal qui, au mois d'avril... puis ça, j'en fais foi, l'article qui... C'est un
article exclusif de La Presse, je crois, là... je ne
voudrais pas me tromper, là, oui, de La Presse, et
qui se termine : La demande d'arbitrage, parce que... qui se titre comme
suit : Convention collective : collision en vue entre Montréal et
ses policiers. Et la «demande d'arbitrage», c'est le dernier paragraphe de l'article : «La fraternité a
demandé la semaine dernière au ministère du Travail d'avoir recours à
l'arbitrage pour décréter les
conditions de la convention collective.» Donc, l'article a été écrit le
8 avril. Donc, en début du mois d'avril, la fraternité a demandé au
ministre du Travail, là, d'avoir recours à l'arbitrage. Et donc, «en cas
d'impasse dans les négociations impliquant
[les] policiers et [les] pompiers, le Code du travail stipule que l'un des
partis peut soumettre le différend à un arbitre, sans passer par le
processus de conciliation. Une fois que le ministère a soumis le différend à
l'arbitrage, les deux parties ont 10 jours pour choisir un arbitre», ce
qui a été fait.»
• (15 h 50) •
Puis,
bon, ça, c'est la loi. Bon, les deux parties ont choisi l'arbitre. Les
policiers ont demandé l'arbitrage au
début avril, mais la ville savait
très bien que le projet de loi... c'était évident, là, que le projet de loi était pour être déposé en juin. Donc, il n'y a rien qui s'est passé, absolument
rien. Donc, ça, ça veut dire que... Parce
que le projet de loi, tel qu'il
est écrit, nous dit que, si on n'est pas rendu à telle étape de la procédure,
bien là, à ce moment-là, si l'arbitre n'a pas commencé
l'instruction, là, à ce moment-là, l'arbitre en est dessaisi, donc ça veut dire
que ce sont les nouvelles dispositions du projet de loi qui
s'appliquent.
Donc,
les policiers de Montréal n'auront pas droit à l'arbitrage, ce sera la
médiation, c'est la façon de faire. Le ministre
a beau me dire qu'il n'avait avisé personne, écoutez, c'est trop évident qu'à
quelque part... surtout d'avoir mis dans
le projet de loi que la date qui est choisie pour l'arbitrage, c'est celle
indiquée dans la date de présentation du projet de loi, parce que le ministre a même déposé un amendement pour la
conciliation où il dit : La date sera celle de... Et là je voudrais bien le reprendre. Dans le même article
de loi, la date sera celle qui... la date de la sanction du projet de loi.
Donc, dans le même projet de loi,
pour les conciliateurs, c'est la date de la sanction du projet de loi, puis les
conciliateurs qui seront en force
continueront. Donc, c'est clair que l'article 56 a été fait... Puis mon
grand questionnement à moi, c'est : Qu'est-ce que c'est que les policiers de Montréal peuvent bien avoir
fait au gouvernement pour mériter ça? Je vous le dis, là, parce que, les policiers de Montréal, quand
même, c'est eux qui ont tous, je vous dirais, les grands rassemblements,
surtout les difficultés qu'on peut vivre,
là, avec le gouvernement du Québec, et tout ça. Ces gens-là méritaient un petit
peu plus. En tout cas, le ministre aurait pu prendre la même date... Plutôt que
prendre la date de présentation du projet de loi, qui est le 10 juin, il aurait pu prendre la date comme son
amendement, qui est la date de sanction du projet de loi. Déjà là, ça aurait pu être évident que... Parce
que dites-vous qu'il n'y a rien qui s'est passé à l'arbitrage. L'arbitre a été
nommé, puis il n'y a rien qui s'est passé,
l'instruction n'a pas eu lieu. Puis la ville savait très bien que le projet de
loi était pour être déposé, donc
c'est trop évident. Puis, juste pour ça, bien, évidemment, on a demandé au
ministre de faire les modifications.
Le
ministre nous a dit qu'il ne pouvait pas s'impliquer dans les relations de
travail avec Montréal, et tout ça. Je comprends, là, mais je me pose
toujours la question : Qu'est-ce que c'est que les policiers de Montréal
peuvent bien avoir fait au gouvernement pour
mériter un projet de loi comme ça, là, qui fait que la loi actuelle, là, qui
leur permet... Parce qu'avant qu'elle
soit adoptée, cette loi-là, qu'on l'adopte, là, c'est la loi actuelle qui
s'applique, là. Ils auraient le droit
à l'arbitrage, puis il y a un processus d'arbitrage, puis il y a un arbitre qui
est nommé, là. Mais la ville de Montréal n'a rien fait, là. Elle a tout fait pour que... comme le projet de loi
dit, si tu n'es pas rendu à l'instruction, bien, c'est fini, il n'y a
plus rien qui s'applique. Puis ce n'est pas au moment où le projet de loi est
sanctionné, c'est au moment où le projet de
loi est déposé, puis on ne l'a pas adopté encore. Donc, théoriquement, tant
qu'on ne l'adopte pas, cette date-là n'est pas valide, elle va être
valide mais qu'on adopte le projet de loi.
Mais, en attendant, je me demande qu'est-ce que
les policiers de Montréal ont fait, je vous le dis, là, je me cherche, parce que j'aurais souhaité que le ministre nous
dise, bon, au moins la date de la sanction du projet de loi. Bien non, il
maintient ça puis il dit que ça n'a pas été
fait. Mais c'est quand même le plus gros corps de police au Québec puis c'est
ceux qui sont en charge de faire respecter
la loi. C'est qu'on leur dit, à eux : La loi actuelle, là, on a tout fait
pour qu'elle ne s'applique pas à vous
autres. C'est ça que ça dit, le projet de loi, là. Sans le dire, là, ça fait
ça. Comme impact, ça a ça. Le plus
gros corps de police au Québec a un projet de loi qui leur fait éviter la loi
actuelle qui est en vigueur. Parce que la
ville le savait, puis c'est sûr que... Honnêtement, si j'avais été à la place
de la ville, sachant que le projet de loi était pour être déposé comme ça, j'aurais fait ça, mais je trouve ça bien
dommage pour les policiers, je vous le dis, là, ils ne méritaient pas
ça, surtout pas à Montréal, là.
Donc,
encore une fois, on est pris avec ça, mais on a demandé des modifications, Mme
la Présidente. Et, pour nous, je me
dois de vous dire quand même qu'on va voter pour le projet de loi à la fin.
C'est une législation que le milieu municipal
attend depuis longtemps, donc on va être en accord avec le projet de loi, même
si on aurait souhaité qu'il y ait des
ajustements, là, qui soient beaucoup plus respectueux, entre autres, des
policiers de Montréal, des CRHA et des choses comme ça. Je le redis, mais à la fin il faut faire un choix. Est-ce qu'à
cause de ça on vote contre le projet de loi? Il y a un principe qui dit qu'il
ne faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain. Bien, c'est ça, c'est un bon...
quant à moi, un bon projet de loi, le milieu municipal l'attend depuis
longtemps, donc on va être en faveur de ce projet de loi là. Merci, Mme la
Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup, M. le député
de Blainville. Alors, je crois qu'il n'y a pas d'autre intervention.
Mise aux voix du
rapport
Alors, le
rapport de la Commission de l'aménagement du territoire sur le projet de loi
n° 110, Loi concernant le régime
de négociation des conventions collectives et de règlement des différends dans
le secteur municipal, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Adopté sur division.
Maintenant, pour la suite des choses, je vais
céder la parole à Mme la leader adjointe du gouvernement.
Ajournement
Mme Vien :
Alors, Mme la Présidente, on pourrait ajourner nos travaux à mardi prochain, le 1er novembre 2016.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, est-ce que cette motion est adoptée?
Des voix : Adopté.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Adopté.
Alors, j'ajourne nos travaux au mardi
1er novembre, à 13 h 40.
(Fin de la séance à 15 h 55)