(Neuf heures quarante et une minutes)
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Alors, veuillez vous asseoir. Je vous souhaite un bon
mercredi.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Et nous allons
procéder à la déclaration des députés. Et je cède la parole à Mme la députée de
Fabre pour sa déclaration d'aujourd'hui. Allez pour votre déclaration d'aujourd'hui.
Rendre hommage à l'organisme Aide aux personnes âgées,
défavorisées ou handicapées de Laval
Mme Monique Sauvé
Mme Sauvé :
M. le Président, j'aimerais vous exprimer toute mon admiration
pour un organisme communautaire
autonome de mon comté, Aide aux personnes âgées, défavorisées ou handicapées de
Laval, mieux connu sous son acronyme APADHL.
Comprendre l'organisme, c'est rencontrer sa directrice générale, Mme Danielle
Petit, et Mme Francine Ménard, adjointe à la direction. Comprendre
l'organisme, c'est être témoin de l'humanité et de la passion qui animent ces deux femmes, de leur engagement à proposer des
activités innovantes aux personnes atteintes de déficience intellectuelle
ou vivant avec des problématiques de santé mentale.
M.
le Président, depuis des années et sans relâche, Mmes Petit et Ménard ont bâti,
avec leur équipe, un véritable milieu de vie unique à Laval-Ouest. Pour
moi, elles incarnent toutes deux l'action communautaire. Aussi, en cette
Semaine nationale de visibilité de l'action communautaire autonome, je
souhaite, M. le Président, bonne semaine à Mme Danielle Petit et je
souhaite bonne semaine à Mme Francine Ménard. Merci.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Alors, on vous remercie, Mme la députée,
de votre déclaration. Et je cède maintenant la parole à M. le député de
Matane-Matapédia pour sa déclaration de ce matin. M. le député, à vous.
Rendre
hommage à Mme Céline Dubé pour sa contribution
au développement culturel de la Matapédia
M.
Pascal Bérubé
M.
Bérubé : M. le Président, aujourd'hui, je désire rendre
hommage à Mme Céline Dubé, qui nous a quittés le 15 octobre dernier après avoir combattu la maladie pendant de longues
années. Véritable pionnière du monde culturel de la Matapédia et du Bas-Saint-Laurent, Mme Dubé a contribué activement à
la diffusion artistique et à l'accès aux arts de la scène pour les jeunes. En 1984, elle fit ses
débuts comme animatrice culturelle à la ville d'Amqui, et c'est en 1995 qu'elle
prit la direction du diffuseur de spectacles le CoDec, aujourd'hui connu sous
le nom de Diffusion Mordicus.
Travailleuse
acharnée, Céline n'a jamais compté ses heures afin de développer une offre
culturelle variée et de grande
qualité pour tous les citoyens de la Matapédia. De plus, elle est
l'instigatrice des travaux de réfection majeurs de la Salle
Jean-Cossette de l'école secondaire Armand-Saint-Onge à Amqui, que j'ai eu le
privilège d'annoncer à titre de ministre. Ces travaux furent complétés il y a
deux ans, et ce, au grand plaisir de tous.
À
titre de député de Matane-Matapédia, je tenais à souligner l'oeuvre de Mme
Céline Dubé, grande artisane du développement culturel de chez nous.
J'offre mes plus sincères condoléances à son conjoint, M. Denis Dufour, aux
membres de sa famille ainsi qu'à tous ses collègues et amis. Merci pour tout,
Céline! Merci.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Alors, on vous dit merci, M. le député de
Matane-Matapédia. Je cède maintenant la parole à M. le député de Sherbrooke
pour sa déclaration de ce matin.
Rendre
hommage à M. Denis Marceau pour son
engagement dans la communauté de Sherbrooke
M.
Luc Fortin
M.
Fortin (Sherbrooke) : M. le Président, j'aimerais aujourd'hui rendre
hommage à M. Denis Marceau, un homme engagé auprès de la communauté
sherbrookoise depuis plus de 40 ans.
M. Marceau a
oeuvré pendant 36 ans au sein de l'Université de Sherbrooke à titre de
professeur, vice-doyen, doyen et
vice-recteur. Il y a développé plusieurs programmes en plus d'être l'auteur de
nombreuses publications. Tout au long de
sa carrière, il s'est impliqué dans plusieurs comités portant, entre autres, sur
l'éducation et la santé. M. Marceau a également vite pris conscience de l'importance de
l'immigration au Québec et à Sherbrooke. C'est d'ailleurs son implication au
sein du Service d'aide aux
néo-Canadiens qui lui a permis de s'investir coeur et âme pour les nouveaux
arrivants. Tout au long de sa carrière, M. Marceau s'est dédié aux
causes et aux gens qui lui tenaient à coeur.
C'est
pourquoi, comme député de Sherbrooke, je suis heureux de le féliciter et de le
remercier pour ses nombreuses années de dévouement. Merci, M. le
Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : On vous remercie, M. le député de
Sherbrooke, de votre déclaration. Je cède maintenant la parole à M. le
député de Blainville pour sa déclaration de ce matin. M. le député, à vous la parole.
Rendre hommage à M. Guy
Charbonneau, intronisé au
Temple de la renommée de l'agriculture du Québec
M. Mario Laframboise
M. Laframboise : M. le Président, au nom de la population de la circonscription de
Blainville, il me fait grand plaisir de
souligner, aujourd'hui en cette Assemblée, l'intronisation de M. Guy
Charbonneau, maire de Sainte-Anne-des-Plaines, au Temple de la renommée
de l'agriculture du Québec.
M.
Charbonneau célèbre cette année 50 ans d'implication sociale. Il s'est investi
pour aider ses pairs, ce qui est en
lien avec les valeurs de partage, d'intégrité et de respect qui lui ont été
transmises par ses parents. Reconnu pour ses efforts, son efficacité et
son sens de l'innovation, il est récompensé, en 2003, par l'obtention du
prestigieux titre de Maître-éleveur. Son
travail acharné et sa persévérance ont conduit à la restructuration complète de
l'insémination bovine au Québec, dont il est un précurseur. C'est donc
grâce à son leadership, sa détermination et ses qualités de rassembleur
que tout l'élevage québécois en récolte aujourd'hui les bienfaits.
Je
profite donc de cette tribune pour vous féliciter pour cet honneur, mon cher
Guy, et je peux témoigner, à titre de
député de Blainville, que vous êtes un digne représentant de la communauté
anneplainoise. Bravo et merci encore!
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Merci pour votre déclaration, M. le
député de Blainville. Je cède maintenant la parole à M. le député de
Trois-Rivières pour sa déclaration de ce matin.
Souligner la tenue d'un
colloque et d'un congrès
sur l'entrepreneuriat à l'Université
du Québec à Trois-Rivières
M. Jean-Denis Girard
M.
Girard : Merci, M. le Président. En ce moment même, soit du 25 au 28
octobre, se déroulent à l'Université du Québec à Trois-Rivières deux
événements majeurs en lien avec l'entrepreneuriat.
Premièrement,
le 13e congrès international de recherche en entrepreneuriat et PME où plus de
150 congressistes provenant d'une
trentaine de pays discuteront des connaissances actuelles et nouvelles touchant
plusieurs enjeux avec comme
thématique Vers de nouveaux horizons. Il s'agit du plus important
congrès dans le monde sur ce sujet se déroulant en langue française.
Parallèlement se
tient également le Colloque éducation-entrepreneuriat : Innovations
pédagogiques et partage d'expériences. 120
représentants du milieu de l'éducation aborderont les problématiques de la
pédagogie à valeur entrepreneuriale. L'Institut
de recherche sur les PME de l'UQTR se démarque, M. le Président, comme étant un
pôle de recherche mondialement reconnu
sur l'entrepreneuriat et les PME. L'institut contribue au développement
économique de la Mauricie ainsi qu'au rayonnement du Québec à
l'international.
Je
souhaite donc la bienvenue à tous les visiteurs et félicite tous les
partenaires qui contribuent au succès de ces deux événements. Merci, M.
le Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : On vous remercie, M. le député de
Trois-Rivières, de votre déclaration. Je cède maintenant la parole à
M. le député de Verchères pour la sienne ce matin. M. le député, à vous la
parole.
Souligner
le 35e anniversaire du 64e Groupe scout de Saint-Amable
M.
Stéphane Bergeron
M.
Bergeron : Merci, M. le Président. C'est le 10 septembre dernier, à
l'occasion d'une activité en forêt rappelant la carrière militaire du fondateur du Mouvement scout Robert Baden-Powell,
que j'ai souligné le 35e anniversaire d'existence du 64e Groupe scout de Saint-Amable. Il faut
saluer l'engagement indéfectible des innombrables bénévoles qui s'y sont
succédé pendant plus de trois décennies pour
le mieux-être et le développement des jeunes de Saint-Amable et des environs.
Par la transmission
de connaissances pratiques et de valeurs positives afin que les adultes de
demain puisent intérêt, expériences
enrichissantes et valorisation à travers les différentes activités qu'ils
mettent en oeuvre dans un cadre stimulant et sécuritaire, le Mouvement
scout favorise leur intégration harmonieuse dans la communauté.
La jeunesse
constituant la plus grande richesse d'un peuple, j'exprime ma profonde
gratitude à toutes les personnes ayant
contribué à la poursuite de cette noble mission et ayant assuré la pérennité,
le bon fonctionnement et le rayonnement de cette remarquable organisation pendant toutes
ces années. Mille mercis, bon 35e anniversaire et longue vie au 64e Groupe
scout de Saint-Amable et à ses membres!
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Merci, M. le député de Verchères, de
votre déclaration. Je cède maintenant la parole à M. le député de
Mégantic pour sa déclaration. À vous, M. le député.
Souligner les 25e et 20e
anniversaires de vie politique municipale
de M. Jean-Denis Cloutier et de Mme Sonia Cloutier
M. Ghislain Bolduc
M.
Bolduc : Merci, M. le Président. À l'occasion du dernier congrès de la FQM s'étant tenu à la fin septembre,
deux maires de mon comté ont été honorés
pour leur longue et distinguée implication dans la vie politique
municipale. Il s'agit
de M. Jean-Denis Cloutier, maire de la municipalité de Frontenac depuis 21 ans et conseiller pendant
quatre ans, et de Mme Sonia
Cloutier, mairesse de la municipalité de Val-Racine depuis 11 ans et conseillère
pendant neuf ans auparavant.
Cette
reconnaissance revêt un caractère tout particulier
puisque l'on parle ici d'un père et de sa fille. Depuis 2012 maintenant que j'ai l'occasion de travailler avec
eux en tant que député et entre 2009 et 2012, alors que nous étions tous
les trois maires, je constate un même désir
de développer, d'innover et toujours offrir le meilleur d'eux-mêmes pour leurs
citoyens. Je me dois à mon tour de souligner
ce don de soi dont ils font preuve depuis toutes ces années. Toutes mes
félicitations!
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Je vous remercie, M. le député de
Mégantic, pour votre déclaration. Je cède maintenant la parole à
Mme la députée de Richmond pour sa déclaration. À vous, Mme la députée.
Rendre hommage aux bénévoles de la circonscription de
Richmond
Mme Karine Vallières
Mme
Vallières :
Bon matin. Merci beaucoup, M. le Président. Comme le dit le slogan cette année
pour la semaine nationale : L'action
communautaire autonome, c'est toi, c'est moi. Que ce soit par les journaux
communautaires, les cuisines collectives, les associations de
locataires, etc., partout dans le comté de Richmond, il y a des dizaines et des
dizaines d'intervenants et de bénévoles qui participent au développement
social.
Permettez-moi
donc de remercier tous ces gens qui interviennent auprès des aînés, des
familles et des jeunes, que ce soit pour les animer, les divertir, défendre
leurs droits ou encore les accompagner au quotidien. Que vous oeuvriez dans
les ressources alternatives ou encore dans
les centres d'action bénévole ou tout autre organisme, merci de contribuer à
faire grandir nos communautés parce que c'est toi, c'est moi.
• (9 h 50) •
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Alors, merci, Mme la députée, pour votre
déclaration. Je cède maintenant la parole à M. le député de Jean-Talon
pour sa déclaration de ce matin. M. le député de Jean-Talon, à vous la parole.
Souligner le 50e anniversaire de l'Institut des troubles
d'apprentissage
M. Sébastien Proulx
M.
Proulx : Merci, M. le
Président. L'Institut des troubles d'apprentissage est un partenaire
incontournable de la réussite éducative des jeunes aux prises avec des
difficultés. Il déploie des efforts pour améliorer les perspectives d'avenir des personnes ayant des troubles
d'apprentissage en assurant le soutien aux parents et aux intervenants. Depuis
50 ans, les Québécoises et Québécois profitent donc de son dévouement et de son
expertise.
La situation des personnes ayant des troubles
d'apprentissage nous révèle l'importance essentielle d'accorder à chaque élève l'accompagnement et les services
dont il a besoin pour poursuivre son cheminement scolaire. Il en va de
l'accomplissement et de l'épanouissement de chaque individu. L'institut fait
figure de chef de file en matière. Il est à l'origine
de nombreuses initiatives favorisant la réussite éducative. Il constitue donc
un modèle dont nous pouvons nous inspirer.
Il a à son actif cinq décennies d'effort et de sensibilisation à la réalité et
aux besoins des personnes touchées. C'est pourquoi je tiens à le
remercier sincèrement de son engagement. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Alors, merci. Merci pour votre
déclaration, M. le député de Jean-Talon. Je cède maintenant la parole à M. le député de Rimouski pour sa déclaration
de ce matin. M. le député de Rimouski, à vous.
Féliciter M. Boucar Diouf, lauréat du Prix d'excellence
des diplômés de l'Université du Québec à Rimouski
M. Harold LeBel
M. LeBel :
Merci, M. le Président. Aujourd'hui,
je tiens à rendre hommage à un conteur, scientifique et homme de coeur, M. Boucar Diouf, qui s'est vu décerner
le Prix d'excellence des diplômés de l'Université
du Québec à Rimouski le 22 octobre dernier. Il devient ainsi le 16e à
recevoir cette prestigieuse distinction qui vise à reconnaître son parcours
exceptionnel, son implication soutenue dans
le développement de la communauté ainsi que le rayonnement qu'il apporte dans ce milieu à travers ses réalisations. Il ne
fait aucun doute qu'il représente un ambassadeur unique pour toute la région
du Bas-du-Fleuve.
Né
au Sénégal et arrivé à Rimouski en 1991 pour y faire ses études supérieures, il
devient diplômé au doctorat en
biologie en 1998. Titulaire de nombreuses distinctions, il obtient celle de
chevalier de l'Ordre national du Québec en juin dernier.
Boucar
est aujourd'hui une personnalité publique ayant un très fort
rayonnement au Québec et contribue à notre fierté d'être Québécois et Québécoises. Ne
se limitant pas à la science, Boucar nous amène aussi à avoir une réflexion
sur les différents enjeux sociaux, qu'il nous propose à travers ses nombreuses
apparitions publiques.
Merci, Boucar, pour
ta générosité! Merci de nous partager ton savoir et de transmettre ta grande
sensibilité pleine d'humanité! Merci!
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, on vous remercie, M. le député de Rimouski, de votre déclaration. Et cette
dernière déclaration met fin à la rubrique Déclarations de députés.
Les travaux sont
suspendus pour quelques instants. Les travaux sont suspendus.
(Suspension de la séance à
9 h 52)
(Reprise à 10 h 1)
Le Président :
Alors, MM. les députés, nous allons nous recueillir quelques instants.
Présence
du ministre de la Justice de l'État
de Bavière, M. Winfried Bausback
Merci.
J'ai le plaisir de souligner la présence, dans nos tribunes, du ministre de la
Justice de l'État de Bavière, M. Winfried Bausback.
Présence
d'une délégation de parlementaires des
cantons de Suisse romande, présidée par
Mme Fabienne Freymond-Cantone
J'ai
également le plaisir de souligner la présence d'une délégation de députés de
six Parlements des cantons de Suisse romande, présidée par la députée
Mme Fabienne Freymond-Cantone.
Je
tiens à mentionner aussi que nos collègues de la Suisse romande sont venus à
39. Alors, vous savez, on vous remercie de votre visite nombreuse et
généreuse.
Présence
du consul général de la République du Pérou
à Montréal, M. Manuel A. de Cossio Klüver
J'ai également le
plaisir de souligner la présence du consul général de la République du Pérou à
Montréal, M. Manuel A. de Cossio Klüver, à l'occasion de sa
visite de prise de poste.
Nous poursuivons les
affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a
pas de déclarations ministérielles ni présentation de projets de loi.
Il n'y a pas non plus
de dépôt de documents.
Dépôt
de rapports de commissions
À
la rubrique Dépôt de rapports de
commissions, M. le président de la Commission de l'aménagement
du territoire et député de Champlain.
Étude
détaillée du projet de loi n° 110
M.
Auger : Merci, M. le Président. Je dépose le rapport de la Commission
de l'aménagement du territoire qui, les
27 et 28 septembre, 3, 4, 5, 6, 18, 19, 20 et 25 octobre 2016, a
procédé à l'étude détaillée du projet de loi n° 110, Loi concernant le régime de négociation des
conventions collectives et de règlement des différends dans le secteur
municipal. La commission a adopté le texte du projet de loi avec des
amendements.
Le Président :
Alors, ce rapport est déposé.
Dépôt
de pétitions
À la rubrique Dépôt de pétitions, M. le député
de Lévis.
Informer
rapidement la population des différentes options
concernant un troisième lien entre Québec et Lévis
M. Paradis
(Lévis) : Merci, M. le Président. Je dépose l'extrait d'une pétition
adressée à l'Assemblée nationale, signée par 3 915 pétitionnaires.
Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant
que la construction d'un troisième lien
entre Québec et Lévis est un projet présent dans l'actualité de la
région depuis de nombreuses années;
«Considérant
que les régions de la
Chaudière-Appalaches et de la Capitale-Nationale sont en pleine expansion
et que la congestion routière est la réalité de nombreux citoyens;
«Considérant que l'étude du Pr Bruno Massicotte de l'École polytechnique à Montréal,
rendue publique le 13 septembre 2016, explore seulement un
scénario parmi les différentes possibilités d'un troisième lien;
«Considérant
l'échange de courriels du directeur
régional du ministère des Transports, M. Jean-François Saulnier, tel qu'indiqué dans un article du Soleil
datant du 22 août 2016, confirmant que "plusieurs études
pertinentes à l'évaluation du lien Québec-Lévis sont déjà entre nos
mains, lesquelles découlent du projet pour le pont de l'île d'Orléans";
«Considérant
que plusieurs élus de l'Assemblée
nationale militent en faveur de la publication et de la réalisation [de
l'étude et] des études sur un troisième lien;
«Considérant
que de nombreux élus municipaux ont
adopté des résolutions jugeant le dossier comme étant prioritaire;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous, soussignés,
demandons au ministère des Transports, de la Mobilité durable et de
l'Électrification des transports d'accélérer
les différentes étapes pour éclairer la population et les décideurs sur les
différentes options concernant un troisième lien entre les villes de
Québec et de Lévis.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition.
Le Président :
Alors, l'extrait de cette pétition est déposé.
Interventions
portant sur une violation de droit ou de privilège
Demande d'intervention portant
sur une violation de droit ou de privilège concernant
un outrage au Parlement commis à la Commission de l'administration publique
le 18 mai 2016 par le ministère des Transports, de la Mobilité durable
et de l'Électrification des transports ainsi que son
ex-sous-ministre, Mme Dominique Savoie
À
la rubrique Interventions portant sur
une violation de droit ou de privilège ou sur un fait personnel, j'ai reçu ce matin, de bonne heure, dans les délais prescrits, de M. le député de La Peltrie et leader adjoint du deuxième groupe d'opposition une demande
d'intervention sur une violation de droit ou de privilège.
Dans
son avis, il allègue que le ministère
des Transports ainsi que
Mme Dominique Savoie, ex-sous-ministre aux Transports, auraient commis un outrage au
Parlement le 18 mai 2016 à la Commission de l'administration publique dans le cadre de l'audition sur la gestion
administrative et des engagements financiers du ministère des Transports du
Québec en suivi du chapitre 5 du rapport du Vérificateur général de
l'automne 2015.
Selon
lui, ces derniers auraient contrevenu aux paragraphes 2°, 3° et 4° de
l'article 55 de la Loi sur l'Assemblée nationale, qui précisent que «nul ne peut porter atteinte aux droits de
l'Assemblée [par] le fait de : rendre un témoignage faux ou incomplet devant l'Assemblée, une
commission ou une sous-commission, présenter à l'Assemblée, à une commission ou à une sous-commission un document
faux dans le dessein de tromper [ou] contrefaire, falsifier ou altérer, dans le dessein de tromper, un document de
l'Assemblée, d'une commission ou d'une sous-commission ou un document
présenté ou produit devant elles».
Tout
d'abord, je tiens à préciser qu'une demande similaire a été présentée le
27 septembre dernier par la députée d'Hochelaga-Maisonneuve et
présidente de la Commission de l'administration publique. Or, le
20 octobre dernier, la présidence
indiquait qu'elle avait été informée qu'une prochaine réunion de la Commission
de l'administration publique allait
se tenir au sujet de la volonté des membres de poursuivre ou non cette démarche
dans ces circonstances. Dans ces circonstances,
vous comprendrez que j'attendrai donc que cette réunion ait lieu avant d'aller
plus loin sur cette question.
Quant à l'avis qui
vient de m'être transmis par le leader adjoint du deuxième groupe d'opposition,
je constate que, tout comme dans l'avis que
la présidence avait reçu de la part de la députée d'Hochelaga-Maisonneuve, il
n'est pas fait mention de l'affidavit
de Mme Savoie du 13 septembre 2016 expliquant sa version des
faits et dont la présidence a reçu copie. Il me serait difficile
d'analyser cette affaire sans tenir compte de cet élément factuel. Je vous
aviserai donc prochainement de la suite des choses dans cette affaire.
M. le leader du
gouvernement.
M. Fournier :
Oui. Très rapidement, M. le Président, peut-être rappeler... J'ai entendu les
références que vous avez faites aux
lettres et affidavit, et je n'en rajouterai pas là-dessus, je sais que vous
pourrez les regarder. Je veux juste attirer votre attention... D'abord,
la lettre du 29 septembre qui a été envoyée par des membres de la
commission à la présidente de la commission,
je veux juste m'assurer que vous avez possession de cette lettre-là ainsi que
de la réponse de la présidente de la
commission du 30 septembre, dans laquelle j'attire votre attention au
paragraphe final. Il est écrit : «Dans
le souci de clarifier la volonté des membres quant à ce qui précède, je
convoquerai sous peu une séance de travail. Soyez assurés que je me rallierai à la décision
des membres de la commission et qu'il n'a jamais été dans mon intention
d'agir à l'encontre de la volonté de ceux-ci», M. le Président.
Le
Président : Vous avez parfaitement raison de le mentionner,
mais j'avais reçu ces documents. M. le leader adjoint du deuxième groupe
d'opposition.
M.
Caire : Merci, M. le Président. D'abord, je souligne à la
présidence notre intention de plaider sur cette question-là. Je suggère à la présidence demain comme moment,
après la période de questions, où nous pourrions faire entendre nos arguments.
Et je tiens à
souligner, M. le Président, que la présidence avait déjà statué que le fait que
la Commission de l'administration publique
ait soulevé une question de droit ou de privilège n'était en rien un empêchement
à ce que moi, je puisse le faire. Et ces deux dossiers-là devraient être
traités de façon totalement séparée.
De plus, M. le
Président, mon privilège parlementaire ne peut pas être subordonné à celui
d'une commission parlementaire, donc c'est à
titre de député de cette Assemblée que je fais cette démarche, et donc ma
démarche ne devrait pas être subordonnée à une autre démarche.
Et finalement, M. le
Président, non, nous n'avons pas mentionné l'affidavit dans la demande qui vous
a été présentée, parce que,
de notre avis, la présidence ne doit pas tenir compte de cet affidavit,
puisqu'il s'agit d'un témoignage sur une enquête qui n'a jamais été
débutée et qui ne permettrait pas, le cas échéant, une réplique appropriée et
un questionnement approprié des députés de l'Assemblée nationale, dont certains ont déjà statué que ce
témoignage-là pouvait être hautement
contestable. Donc, je suggère respectueusement à la présidence de ne pas tenir compte de
l'affidavit dans sa décision.
Le
Président : Ça, vous
pourrez le plaider demain, si vous le jugez à propos, parce que
j'allais vous offrir... Si vous jugez
à propos d'être entendu et que je vous entende sur la question,
on pourrait le faire demain, après les renseignements généraux de l'Assemblée, si ça vous... Je
ne sais pas, je vais demander aux deux autres leaders ce qu'ils en
pensent. M. le leader de l'opposition officielle.
M.
Bérubé : Bien, M. le Président, il est de l'intention également de l'opposition
officielle de plaider sur cette
affaire, qui nous interpelle depuis le début. Alors, nous allons nous rendre à
votre décision.
Le Président :
Demain, ça vous irait? Est-ce que ça vous irait?
M.
Bérubé :
Oui. C'est déjà commencé, là...
• (10 h 10) •
M.
Fournier : Ce n'est
pas commencé, mais j'ai quand même entendu mon collègue, et peut-être
que... Pour ceux que ça intéresse, précisons que le coeur du débat de
demain sera le respect ou non de la règle audi alteram partem. Je comprends que
mon collègue n'y donne pas beaucoup suite.
Le
Président : Bien, de toute façon, de toute façon, une chose est certaine, on plaidera demain.
Mais, avant de plaider demain, je
vais faire une chose, je vais rendre tous les documents que j'ai à chacune des
parties de façon à ce que tout le monde puisse avoir l'ensemble
des documents pour pouvoir plaider demain. M. le leader.
M.
Caire : Vous avez
entendu comme moi le commentaire du leader du gouvernement, et je
demanderais qu'il retire ses propos...
Le
Président : Je vais
commencer... Demain, vous pourrez plaider aussi longtemps que vous voudrez, M.
le leader, demain on plaidera. On va
continuer la période de questions pour l'instant. Alors, demain, après la période
des affaires courantes, vous
pourrez plaider sur cette question-là.
Ceci étant dit, je
vous avise, je vous avise...
Une voix :
...
Le
Président : S'il vous plaît! M. le député de La Peltrie.
M. le député de La Peltrie. M. le député de La Peltrie...
Une voix :
...
Le Président :
M. le député de La Peltrie! Allo!
Alors,
je vous avise qu'après la période de questions et réponses orales sera tenu le
vote reporté sur la motion de M. le
ministre du Développement durable, de l'Environnement et de la Lutte contre les
changements climatiques proposant que
le projet de loi n° 104, Loi visant l'augmentation du nombre de véhicules
automobiles zéro émission au Québec afin de réduire les émissions de gaz
à effet de serre et autres polluants, soit adopté.
Questions
et réponses orales
Nous en
sommes maintenant à la période de questions et de réponses orales, et je cède
la parole à M. le chef de l'opposition officielle.
Compressions budgétaires dans
les services
publics et les programmes sociaux
M. Jean-François Lisée
M. Lisée :
M. le Président, depuis deux ans et demi, on discute du déficit de compassion
du gouvernement libéral. La
Protectrice du citoyen, les organisations communautaires, les syndicats, les
citoyens eux-mêmes, les avocats disent que
l'ampleur des compressions imposées aux Québécois est démesurée. Hier, on a eu
le chiffre, M. le Président. Quelle est
l'ampleur du déficit de compassion? C'est 2,2 milliards de dollars,
2,2 milliards de compressions en plus du déficit zéro. 2,2 milliards de compressions qui font dire à
Me Jean-Pierre Ménard : «On est à la limite de la maltraitance dans
certains CHSLD. [Il] reçoit six ou
sept appels par semaine concernant des problèmes de nourriture, d'hygiène, de
bain ou [de] manque d'activités.» La
Protectrice du citoyen a dit : Ça fait mal aux citoyens, l'austérité. Mal
combien? Mal 2,2 milliards.
Je pose deux
questions au premier ministre. Quand a-t-il su, au cours de la dernière année,
qu'il coupait davantage que ce qui
était nécessaire pour son objectif de déficit zéro? Et, lorsqu'il l'a su,
pourquoi n'a-t-il pas dit : Ça suffit, de couper les bains, ça suffit, les patates en poudre, ça suffit, de faire
coucher des dames sur leurs chaises roulantes parce qu'elles n'ont pas
les soins à domicile nécessaires? Pourquoi il n'a pas dit ça?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : Je comprends que
c'est une journée désagréable pour l'opposition devant autant de bonnes nouvelles pour la population du Québec, autant de
commentaires favorables de tous les secteurs de la société ce matin et
qui saluent d'abord le retour de l'équilibre budgétaire qui nous permet
maintenant d'avoir la liberté de nos choix et justement
d'investir davantage dans les services publics, ce que nous pouvons faire
maintenant de façon prévisible et que nous avons fait au cours des
dernières années.
En passant, il n'y a pas eu, je le répète pour
une 54e fois peut-être, il n'y a pas eu de réduction des budgets de l'éducation et de la santé mais des croissances.
En fait, dans les faits, il y a eu une augmentation de 3 % des dépenses en
éducation et d'un peu plus de 2 % en santé. Alors, il n'y a pas eu
d'austérité. Ça, c'est la réalité.
Deuxièmement,
c'est très injuste de se targuer... ou se taxer les uns les autres de manque de
compassion. On est tous animés par la
même compassion, sinon on ne serait pas ici. Mais moi, je me souviens très bien
également qu'à l'époque où on avait
des budgets d'augmentation beaucoup plus importants en santé on avait également
ce genre de problèmes dans les CHSLD
avec en plus les épisodes de maltraitance. Et notre collègue la députée de
Crémazie, actuellement, voit un grand
nombre d'établissements où il n'y a absolument pas ce genre de pratiques
regrettables. Alors, il est tout à fait inexact de faire un lien direct
entre la croissance des budgets et la qualité des services, beaucoup
d'établissements le montrent.
Mais, au-delà
de tout ça, on dit à la population ce que nous allons faire, on a dit ce que
nous allions faire et nous le
faisons. Je pense que la population l'apprécie aujourd'hui. Le plan du
gouvernement a été établi clairement. Le plan du gouvernement est appliqué. Le plan du gouvernement fonctionne, il est
salué et nous permet d'aller encore plus loin dans la solidarité de
notre société, M. le Président.
Le Président : Première
complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M. Jean-François Lisée
M. Lisée :
Je m'en veux de devoir corriger le premier ministre. D'abord, il a dit qu'en
aucun cas les compressions n'auraient
d'impact sur les services. Ensuite, il a changé, il a dit : C'est vrai que
c'est difficile, mais il faut le faire. Mais en fait il l'a su... Je réponds à la question à laquelle il n'a pas
répondu. Quand a-t-il su? Le 30 septembre 2015, le rapport
mensuel lui disait qu'il s'en allait vers un surplus de 1,7 milliard.
Lorsqu'il a su ça, pourquoi n'a-t-il pas dit à
ses collègues d'arrêter de couper? Pourquoi?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : Malheureusement, on relève, ici, un certain déficit de compétence, du côté de
l'opposition officielle, dans la gestion des finances publiques, déficit de
compétence d'ailleurs qui s'est illustré dans un déficit de 7 milliards qui nous a été laissé à notre arrivée au gouvernement, alors qu'en
parlant de bonbons électoraux ce parti
politique est parti en élection avec un budget déposé sans crédits,
mais en disant qu'il ferait l'équilibre budgétaire en 2015-2016. Alors, parlons de cynisme, M. le Président, parlons de mépris de la vérité par rapport à la population, en voilà un bon exemple. Je ne dirais pas
plus loin.
Maintenant,
je vais lui rappeler également une réalité qui lui a échappé, c'est que la
grande majorité de la raison pour laquelle on a ce surplus budgétaire, dont on ne sait pas s'il va se reproduire, en
passant, d'année en année, et ce serait de la plus grande imprudence
d'engager des sommes sans savoir d'avance si elles vont se reproduire...
Le Président :
En terminant.
M.
Couillard : ...c'est que les
revenus se sont maintenus parce que l'économie du Québec va mieux, M. le Président.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M. Jean-François Lisée
M. Lisée :
Donc, le premier ministre est dans le déni. Il refuse d'admettre ce que tous
lui disent : Ses décisions ont
fait mal aux enfants, aux gens en garderie, aux aînés. Il refuse de l'admettre.
Moi, je lui dis qu'il le savait pendant un an.
Et ce n'était
pas le 7 milliards, qui n'existe que dans des documents de propagande du
Parti libéral. Je le mets au défi de trouver un document...
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît!
M. Lisée : ...qui n'est pas
écrit par le Parti libéral qui dit ça.
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît! Il n'y a que...
Une voix : ...
Le
Président : Mme la députée de Bellechasse, il n'y a qu'une
personne qui a le droit de parole, c'est le chef de l'opposition.
M. Lisée : Il savait qu'il
avait un surplus. Il a dit : Continuez de couper, ça ne fait pas assez mal.
Le Président : M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : Bien, on vient
d'apprendre que les opinions du Vérificateur général sont de la propagande, M. le Président. Ça nous conforte avec d'autres opinions de ce parti politique sur certaines de nos institutions ces jours-ci.
Alors, en
fait, il y avait une impasse massive au Québec, malheureusement, malheureusement, parce
qu'on voulait le faire pour
faire un référendum. On peut-u dire la vérité aux Québécois? La raison pour
laquelle on nous a caché...
Des voix : ...
Le
Président : S'il vous plaît! La question a été posée dans l'ordre, la réponse mérite
d'être entendue aussi dans l'ordre.
Une voix : ...
Le
Président : M. le député de Sanguinet, je vous ai bien entendu. Vous avez une belle
voix, mais je l'entends trop. M. le premier ministre.
M.
Couillard : Comme on voulait
avoir un mandat pour faire un référendum, on ne parlera pas à la population du 7 milliards, on ne
dépose pas de crédits, on leur expliquera après.
Une voix : ...
M. Couillard : Bien, justement, «le
monde»! C'est le monde qui a souffert de cette incompétence financière, M. le Président, d'une impasse financière massive. Nous l'avons rétabli. Nous avons
tenu parole. Nous allons continuer à tenir parole. Et l'équilibre budgétaire
pour la santé...
Une voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît!
M. Couillard : ...l'éducation, l'économie,
pour mieux soigner...
Le
Président : En terminant.
M.
Couillard : ...mieux former au Québec.
Le Président :
Troisième complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M.
Jean-François Lisée
M.
Lisée : À la CIA, on appelle ça du «blowback» : c'est
quand on croit à notre propre propagande. Le rapport du VG ne parle pas
de 7 milliards. C'est juste sa propagande... qu'il le sait.
300 millions
l'an prochain en santé, ça va directement, dit le VG, dans les poches des
médecins. 300 millions l'année suivante, ça va directement, selon
le VG, dans la poche des médecins.
Quand
il a su qu'il coupait davantage que son objectif de déficit zéro, l'humaniste
en lui, pourquoi il ne s'est pas levé pour dire : Arrêtez de
couper, on en a assez?
Le Président :
M. le premier ministre.
M.
Philippe Couillard
M. Couillard : Parce que l'humaniste en moi justement veut envoyer un
message aux équipes du réseau de la
santé et de l'éducation, qu'elles pourront maintenant, ces équipes, planifier sur plus qu'un an ou six mois. Pour les
prochaines années, on sait qu'elles
vont être financées pour lancer des projets d'amélioration de qualité de
service aussi en éducation et la santé.
Et
c'est le contraire de l'humaniste... Tiens! C'est le contraire du progressisme
que d'être incapable de déposer des crédits, de laisser le Québec avec
une impasse de plus de 7... de plusieurs milliards de dollars, qui condamne les
services publics à la pauvreté. Et c'est
encore pire quand on a l'objectif ultime de les appauvrir totalement, M. le
Président.
Le Président :
Principale, M. le député de Rousseau.
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît!
Conditions de l'entente entre le gouvernement
et Rio Tinto Alcan signée en 2006
M.
Nicolas Marceau
M. Marceau :
M. le Président, on apprend ce matin qu'encore une fois Rio Tinto va
éliminer des postes à son minibureau de Montréal. Après avoir déménagé
dans des locaux loués, plus petits, Rio Tinto mettra à pied près de
200 personnes. Ce qui était autrefois le siège social mondial d'Alcan est
aujourd'hui un bureau administratif. C'est l'ancienne ministre des Finances,
Monique Jérôme-Forget, qui affirme ce que tout le monde voit : Le
siège social de Rio Tinto n'est plus au
Québec. Il a déménagé à Londres. Alors, M. le Président, les
investissements qui doivent se faire à Jonquière et à Alma ou à
Sept-Îles, ils se décident à Londres.
Alors,
question simple : Pourquoi le ministre des Finances accepte-t-il le
démantèlement tranquille de ce qui était autrefois le véritable siège
social d'Alcan?
• (10 h 20) •
Le Président :
Mme la ministre de l'Économie.
Mme
Dominique Anglade
Mme Anglade :
Merci, M. le Président. Alors, quand on parle de Rio Tinto, de quoi
parlons-nous exactement? On parle de
7 000 emplois à travers le Québec, la plus importante entreprise
minière que nous ayons ici, siège social de 600 personnes. Et je tiens à le rappeler, que le Québec est le
deuxième endroit avec le plus de sièges sociaux au Canada et le deuxième endroit avec le plus de personnes
dans les sièges sociaux également. Lorsque l'on compare les chiffres en moyenne au Canada, nous avons 83 personnes
par siège social. Au Québec, c'est 92. Rio Tinto, c'est 600 personnes
au niveau du siège social, M. le Président, c'est extrêmement important
pour nous.
C'est
vrai qu'il y a des ajustements, et nous sommes conscients qu'il y a des...
certaines pertes d'emploi. Néanmoins, néanmoins,
il est important de constater que l'aluminium, c'est le deuxième vecteur de
l'exportation au Québec. C'est 5,9 milliards des exportations au Québec. Et c'est la raison
pour laquelle, lundi, on a déposé une stratégie des exportations, justement
pour être encore plus agressifs, justement pour nous permettre de faire
en sorte que Rio Tinto continue à croître.
Et j'aimerais
vous lire la citation suivante, M. le Président : «La stratégie québécoise
de l'exportation du gouvernement du
Québec, voilà une stratégie structurante qui va nous aider à doubler la transformation de
l'aluminium.» C'est Jean-Luc Trahan, qui est président-directeur général
de l'organisation.
Je pense que
l'industrie...
Le Président : En terminant.
Mme Anglade : ...comprend très bien
où s'en va le gouvernement. Merci, M. le Président.
Le Président : Première
complémentaire, M. le député de Rousseau.
M. Nicolas Marceau
M. Marceau : M. le
Président, lors de la vente d'Alcan, il y a
eu une entente de continuité qui a été signée entre le gouvernement et Rio Tinto, et il y est écrit expressément, là,
qu'on doit maintenir un siège social opérationnel, financier et stratégique à des niveaux similaires à ceux
d'Alcan au moment de la vente. Et Monique Jérôme-Forget, elle est très claire, une fois libérée de la ligne partisane
libérale, elle nous dit ce que tout
le monde voit et elle confirme
l'évidence.
Alors, M. le Président, est-ce que le ou la ministre peuvent nous dire s'ils considèrent que l'entente
de continuité est respectée?
Le Président : Mme la ministre
de l'Économie.
Mme Dominique Anglade
Mme
Anglade : Merci, M. le Président. Oui, l'entente de continuité est respectée. Et j'aimerais
savoir ce que l'on préfère :
avoir des gens à Londres qui travaillent au nom de 200 personnes, environ,
à Londres ou 600 personnes ici, au Québec, au siège social? Le siège
social ici, c'est 600 personnes.
L'économie,
on s'en occupe, M. le Président. On travaille tous les jours des stratégies
d'exportation, une mise à jour qui
est reconnue par tout le monde. Je
pense qu'il est très clair que le gouvernement va de l'avant, et qu'on supporte
l'industrie de l'aluminium, et qu'on
supporte les entreprises comme Rio Tinto, parce que c'est
7 000 emplois dans toutes les régions du Québec. Merci, M. le
Président.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le député de Jonquière.
M. Sylvain Gaudreault
M.
Gaudreault : Oui, M. le Président. On ne pose pas une question
à la porte-parole de Rio Tinto, là. On veut avoir la réponse de la ministre. La perte d'un siège social, là, ça veut
dire que les décisions qui concernent tout le Québec, qui concernent l'avenir du Saguenay—Lac-Saint-Jean sur le plan industriel ne se
prennent plus à Montréal mais se prennent à Londres et en Australie. La semaine passée, on a demandé qu'une
commission parlementaire fasse le suivi de l'entente de continuité, puis
le gouvernement a refusé.
Avec les
informations d'aujourd'hui, les nouvelles pertes d'emploi, est-ce que le
gouvernement est prêt à reculer, à réévaluer notre demande de commission
parlementaire sur l'entente de continuité?
Le Président : Mme la
ministre de l'Économie.
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade : Premièrement, M. le Président, il n'y a aucune
perte de siège social ici,
aucunement. 600 personnes, il n'y pas de perte. Alors, de quoi
parlons-nous?
Mais je suis
contente de constater que l'opposition est intéressée par l'économie. Vous
savez, j'ai fait un petit exercice
récemment, je suis allée regarder le discours qui avait été prononcé par le
nouveau chef de l'opposition officielle pour constater que, dans ce discours, il y avait 4 740 mots.
Et, sur les 4 740 mots qui ont été prononcés, savez-vous combien
de fois le mot «économie» a été prononcé? Trois fois, M. le Président. Ça fait
un gros total de 0,06 %.
Alors, quant à ce qui a trait... les
préoccupations, on sait où vous logez, M. le Président. Merci.
Des voix : ...
Le Président : Bon, bon, bon.
Principale, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
Mise à jour économique
du gouvernement
M. François Legault
M. Legault :
M. le Président, le bilan du gouvernement libéral depuis deux ans, c'est :
augmentation des tarifs d'électricité,
augmentation des tarifs de garderie, augmentation des taxes scolaires,
augmentation des taxes municipales, augmentation de la taxe sur le carbone,
augmentation des primes d'assurance automobile, augmentation des droits d'immatriculation,
augmentation des impôts sur les cotisations syndicales. Au total, ça représente
1 300 $ de moins dans les poches des familles québécoises.
M. le
Président, hier, le gouvernement a annoncé qu'ils vont abolir la taxe santé
graduellement pour 2017, une taxe
santé qui avait été créée par le Parti libéral, d'ailleurs. En moyenne, ça
représente 140 $ par année par famille, 2,70 $ par semaine.
Est-ce que le
premier ministre peut reconnaître que sa mise à jour économique hier
représente, en 2017, 140 $ par famille, 2,70 $ par semaine?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : Malheureusement, notre collègue, qui est pourtant
comptable, nous habitue à des calculs très, très fantaisistes, M. le Président, et j'aurai plusieurs occasions de le
démontrer. Mais je comprends que lui non plus n'est pas heureux après cette mise à jour, d'autant que
Desjardins, qu'il adore nous citer ici, dit que tout ça s'explique par un
heureux mélange entre une croissance
économique plus vigoureuse — je pensais que ça n'allait pas bien,
l'économie du Québec — et une discipline
budgétaire digne de mention. Rappelons que les conditions économiques ont
commencé à s'améliorer au cours des derniers mois dans la province. Les
choses vont mieux au Québec, on est dans la bonne direction.
Alors, s'il
pense que ça ne vaut pas la peine d'enlever la taxe santé, qui est un impôt sur
le revenu, bien, j'inviterais la
population et mes collègues à aller dans leur déclaration d'impôt de l'an
dernier, c'est la ligne 448, vous pourrez voir à combien cet impôt s'élevait dans votre déclaration
d'impôt. Et vous n'aurez plus à le payer parce qu'elle est abolie non pas
de façon progressive, mais dès le
1er janvier 2017. C'est la première réduction d'impôt significative
depuis 2007, M. le Président. Je pense qu'on pourrait au moins, au moins
reconnaître ça.
Je comprends
que ça ne fait pas l'affaire du collègue, parce qu'il aurait préféré continuer
à dire qu'on ne baissait pas les
impôts, mais, malheureusement pour lui, non seulement... D'ailleurs, ça me
rappelle notre conversation d'hier, parce
que je lui disais que, oui, on va démontrer qu'on peut équilibrer le budget,
s'occuper de la dette activement, mieux financer les finances publiques
et baisser l'impôt des Québécois. Ce qu'il fallait démontrer est fait,
monsieur.
Le Président : Première
complémentaire, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M. François Legault
M. Legault :
Oui, M. le Président, c'est vrai que je suis un homme d'affaires, un comptable.
Lui, c'est un chirurgien, mais il pourrait peut-être se faire expliquer,
peut-être se faire expliquer que, depuis qu'il est premier ministre, depuis
qu'il est premier ministre, les salaires, au Québec, ont augmenté moins vite
que les taxes et les tarifs.
Est-ce qu'il pourrait se faire expliquer ça par
quelqu'un?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : On pourra peut-être avoir des sessions ensemble.
D'ailleurs, on pourrait lui donner des formations sur les finances publiques, parce que les années
ont passé, et je crois qu'il s'est un peu rouillé dans ce domaine-là.
D'ailleurs, ses commentaires des derniers jours le montrent.
Tiens,
prenons les garderies, par exemple. Ce qu'il oublie de dire à la population...
Parce qu'il construit un chiffre, en passant, totalement artificiel,
parce que les gens qui nous écoutent, souvent, ne sont dans aucune des
catégories qu'il mentionne. D'abord, ce n'est pas partout que les taxes
scolaires ont augmenté, ce n'est pas partout que les taxes municipales ont augmenté. Les tarifs d'électricité
maintenant augmentent au niveau de l'inflation, comme on avait dit, en passant. Et, pour beaucoup de familles,
notamment les familles à des revenus de moins de 100 000 $ par
année — ce
n'est pas tout du monde riche, ça, M. le Président, je ne sais pas s'il s'en
préoccupe, mais ce n'est pas tout du monde riche — ils n'ont pas
d'augmentation réelle des tarifs de garderie.
Le Président : En terminant.
M. Couillard : Alors, c'est une
construction artificielle qui est totalement éloignée de la réalité.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M. François Legault
M. Legault :
M. le Président, j'ai une autre suggestion à faire au premier ministre :
Est-ce qu'il pourrait aller sur le terrain, hein, plutôt que de regarder de
haut les Québécois, aller sur le terrain, parler à des pères et des mères de
famille? Il se rendrait compte, là,
que, sur le terrain, ce qu'on nous dit à tous les jours, c'est que les
salaires, depuis qu'il est là, ont augmenté moins vite que le coût de la
vie. Qu'il aille sur le terrain, ça presse.
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : Ça ne marche
plus, le discours du collègue, là. Je pense qu'il est usé. D'ailleurs, la
population le sait. Ils ont compris que ce parti n'a rien de concret à
offrir aux Québécois.
Alors, oui,
nous, on y va, en région. Êtes-vous allé en Gaspésie récemment? Il y a quelqu'un
qui veut vous voir à la poissonnerie Lantic. Je suis passé là...
Une voix : ...
M.
Couillard : Non, non. Ils
veulent vous parler de ça, parce qu'ils veulent... Ils me disent :
Pourquoi le chef de la deuxième
opposition, il ne veut rien savoir de la Gaspésie? Pourquoi ça ne l'intéresse
pas, la création d'emplois en Gaspésie? Qu'est-ce que c'est qu'il a contre la Gaspésie? Qu'est-ce que c'est
qu'on lui a fait, en Gaspésie, pour qu'il nous en veuille comme ça?
Alors, c'est ça que le monde dit en région aussi.
Et ce qu'on
remarque également, ce qu'on remarque également, c'est que les ventes au
détail, également, s'améliorent.
C'est une des raisons pour lesquelles les revenus du gouvernement se
maintiennent. Les gens consomment plus, les gens achètent de la
marchandise, l'économie roule bien. Alors, malheureusement...
Le Président : En terminant.
M. Couillard : ... pour mon
collègue, ça va mieux au Québec, pas parfait, pas parfait, mais ça va mieux.
Le Président : Principale, M.
le député de Granby.
Utilisation de sommes destinées au Fonds des
générations
pour le développement économique
M. François Bonnardel
M.
Bonnardel : M. le
Président, ce matin, il faut faire un voyage dans le temps pour comprendre ce surplus
budgétaire de 2,2 milliards. Depuis
2014, les familles ont subi des augmentations de toutes sortes, mon chef l'a
mentionné, c'est 1 300 $ de
moins dans les poches des familles du Québec. Pendant ce temps, bien, les
grands-parents mangeaient des patates
en poudre, on changeait les couches d'incontinence seulement une fois pleines
puis, si votre enfant avait des difficultés
d'apprentissage, on va s'en occuper seulement dans deux ans. Pendant ce temps,
le ministre des Finances, lui, comptait
ses dizaines de millions de dollars de surplus budgétaire. Il riait dans sa
barbe. M. le premier ministre, M. le ministre des Finances, vous
devriez être gênés.
Pourquoi vous
avez rompu l'engagement électoral de prendre au minimum la moitié du surplus
budgétaire pour baisser les impôts?
• (10 h 30) •
Le
Président : On s'adresse à la présidence, M. le député de
Granby. Maintenant, M. le ministre des Finances, pour la réponse.
M. Carlos J. Leitão
M.
Leitão : Merci, M. le Président. Écoutez, ce qu'on a annoncé hier, ce
sont de très bonnes nouvelles pour les Québécois,
de très bonnes nouvelles pour les Québécois. Le Québec en rouge, c'est fini,
donc ça ne reviendra plus. Nous avons
repris le contrôle de nos finances publiques. Nos collègues de l'opposition, deuxième
groupe d'opposition, eux
aussi, semblaient intéressés à arriver à l'équilibre budgétaire. Là, maintenant,
ça ne les intéresse plus. Là, ils parlent maintenant d'aller piger dans le compte d'épargne des
enfants pour faire des réductions d'impôt et puis, après quoi, bof! ils se débrouilleront plus tard. Ils parlent d'un
surplus de 2 milliards, que M.
le premier ministre a bien mentionné
qu'une grande partie n'est pas
récurrente, donc on ne peut pas le dépenser d'un coup, mais, bof! pour eux, ce
n'est pas important, ce qu'il faut
faire, c'est du populisme, M. le
Président. Du populisme économique, c'est ce qu'ils font, c'est leur
spécialité.
Et,
d'ailleurs, les fameux 1 300 $ par famille au Québec, c'est des
chiffres complètement farfelus, M. le Président. Les familles
québécoises n'ont pas un revenu moyen de 120 000 $ par année. Voyons
donc!
Le Président : Première
complémentaire, M. le député de Granby.
M. François Bonnardel
M.
Bonnardel :
M. le Président, il faut être déconnecté de la vie des familles. Hier, le
premier ministre se bidonnait en vous
regardant, en disant : Mais non, les familles québécoises n'ont pas perdu
1 300 $ dans leurs poches. Je suis prêt à déposer le document. Allez voir sur le terrain
ce qui se passe, mon chef l'a mentionné, les frais de garde ont augmenté,
les tarifs d'électricité ont augmenté...
Des
voix : ...
Le Président :
S'il vous plaît!
M.
Bonnardel :
...les taxes ont augmenté. C'est ça, la réalité sur le terrain. Pourquoi vous
avez rompu votre promesse de baisser les impôts s'il y avait un surplus
budgétaire?
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît! Est-ce qu'il y a consentement pour le dépôt?
Des voix :
...
Le
Président : Est-ce que c'est la neige qui tombe dehors qui vous
rend aussi bruyants aujourd'hui? Ça doit être une explication. M. le
ministre des Finances.
M. Carlos J. Leitão
M. Leitão :
Merci, M. le Président. Alors, ce que nous avons fait hier, c'est une mise à
jour économique et financière. Cette mise à
jour économique et financière démontre que les cadres financiers du
gouvernement tiennent la route,
démontre que l'économie du Québec va bien, va bien et va mieux, démontre que...
D'ailleurs, l'institution favorite de
notre collègue, le Mouvement Desjardins, dit que l'embellie de la situation
financière du gouvernement du Québec s'explique
en partie par un heureux mélange d'une croissance économique plus vigoureuse et
une discipline budgétaire digne de
mention. Alors, les choses avancent, les choses avancent dans la bonne
direction. Les finances publiques sont solides. Ça nous permet maintenant de
poser des gestes de façon durable, qu'on puisse commencer à financer nos
services publics...
Le Président :
En terminant...
M. Leitão :
...de façon durable, M. le Président. Nous avançons de façon rigoureuse et...
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Granby.
M. François Bonnardel
M.
Bonnardel : Le seul répit que les familles ont d'ici l'an
prochain, c'est 140 $, c'est 70 $ par personne, et le gouvernement voudrait que les familles lui disent
merci. Il n'y a personne qui est atteint du syndrome de Stockholm ici, là,
personne. Le ministre semble avoir perdu la
mémoire. Je vais lui déposer aussi son cadre financier parce que la seule chose que les
Québécois vont retenir à la fin, c'est que rompre une promesse, c'est la marque
de commerce du Parti libéral du Québec.
Le Président :
Est-ce qu'il y a consentement pour le dépôt?
Des voix :
...
Documents déposés
Le Président :
Consentement.
Une voix :
...
Le
Président : M. le député de Louis-Hébert, vous aussi, vous avez
une belle voix. M. le ministre des Finances.
M. Carlos J. Leitão
M.
Leitão : Écoutez, M. le Président, je sais que ce n'est pas facile de
s'assurer que les finances publiques soient en bon état. Il faut un travail rigoureux, un travail constant, un
travail cohérent surtout, M. le Président. Il faut résister aux vents populistes qui nous poussent à droite et à
gauche pour mettre en place des mesures qui semblent être populaires, et
puis, plus tard, bof! on verra, on se
préoccupera de ça plus tard. Non, non, non, ce qu'on fait, M. le Président,
c'est de s'assurer que le cadre
structurel de nos finances publiques soit solide pas seulement pour une année,
pas seulement pour deux années, mais
à long terme, M. le Président. Nous avons notre point de départ, ne l'oublions
jamais, notre point de départ qu'ils connaissent très bien...
Le Président :
En terminant.
M.
Leitão : ...c'est une dette très élevée, une dette qui nous coûte
10,5 milliards par année de financement. Il faut tenir ça en
considération.
Le
Président : Principale, M. le député de Chambly.
Gestion des demandes
d'accommodement pour un motif
religieux dans les commissions scolaires
M. Jean-François Roberge
M.
Roberge : M. le Président, hier, dans le cadre des consultations du
projet de loi sur la neutralité de l'État et les accommodements religieux, les deux principaux syndicats enseignants ont
tiré la sonnette d'alarme, des parents refusent que leurs enfants écoutent de la musique en classe, des parents refusent
que leurs enfants participent aux activités d'Halloween, des enseignants demandent des congés supplémentaires pour
des motifs religieux. Qu'est-ce qu'on fait dans ces situations-là? On ne le sait pas, on est dans le flou le plus total.
Pourtant, il y a huit ans, Bouchard-Taylor demandait au gouvernement des balises claires.
Malheureusement pour tous les Québécois, on a un premier ministre qui est
tellement mal à l'aise avec les questions identitaires qu'il n'y a rien
qui a été fait depuis 2014.
Quand
est-ce que le gouvernement va prendre ses responsabilités, donner des balises
claires, un guide précis, concret aux enseignants, aux directions
d'école, aux commissions scolaires pour être capables de répondre adéquatement
aux demandes d'accommodement religieux?
Le Président :
Mme la ministre de la Justice.
Mme Stéphanie Vallée
Mme
Vallée : M. le Président, ça me fait plaisir de répondre à la
question du collègue, puisqu'effectivement, hier et avant-hier, nous
avons eu en commission parlementaire, dans le cadre des consultations sur le
projet de loi n° 62, différentes
organisations, représentants syndicaux qui ont partagé avec nous leurs défis
quotidiens, qui nous ont fait part... qui, effectivement, au quotidien,
étaient confrontés à des demandes d'accommodement.
Parce
que, vous savez, les demandes d'accommodement, M. le Président, ce n'est pas
d'hier, et, à tous les jours, à toutes
les semaines, des demandes sont formulées. Il existe déjà, il existe déjà un
guide d'accompagnement pour la gestion des accommodements qui a été préparé par
la commission des droits de la personne et de la jeunesse en 2012. Ce
guide est disponible, il est en ligne. Il
est malheureusement peu connu, mais il peut actuellement être un outil
d'accompagnement pour les enseignants.
Par
contre, le projet de loi nous amène des balises claires, justement. Et, compte
tenu de la question de mon collègue, je
comprends qu'il est favorable à ce que ce projet de loi puisse rapidement être
adopté afin, finalement, de donner des balises encore plus claires aux
enseignants du Québec.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Chambly.
M. Jean-François Roberge
M. Roberge :
M. le Président, ce n'est pas clair. Puis, quand la ministre dit que toutes les
réponses sont déjà données, c'est une insulte aux directions, aux enseignants,
qui ne savent pas à quel saint se vouer.
Je
vais avoir une question très, très claire, là. Le 12 septembre dernier,
deux écoles secondaires de Montréal ont changé le calendrier et tenu une journée pédagogique le jour de la fête
du mouton, une fête musulmane. Dans votre cahier, là, est-ce que c'est
écrit? Est-ce que c'est un accommodement raisonnable ou déraisonnable? On veut
des réponses.
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît! Mme la ministre de la Justice.
Mme Stéphanie Vallée
Mme Vallée :
M. le Président, c'est toujours amusant, mais, en même temps, inquiétant de
voir la façon dont nos collègues de
la deuxième opposition abordent les questions du vivre-ensemble au Québec. Le
projet de loi prévoit des balises qui
vont permettre de juger de l'acceptabilité d'une demande d'accommodement
présentée dans les établissements publics,
dont les écoles. Les enseignants nous ont demandé d'accompagner ce projet de
loi de mesures explicatives. Je pense
que nous nous sommes montrés fort ouverts à cette demande parce que le
vivre-ensemble, il est important au Québec.
J'aurais aimé que mon
collègue...
Le Président :
En terminant.
Mme Vallée :
...soit présent lorsque la fédération des commissions scolaires anglophones
sont venus...
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la députée de Montarville.
Mme
Nathalie Roy
Mme Roy :
...commission scolaire qui a d'ailleurs rejeté son projet de loi. Avec le
projet de loi n° 62, M. le Président, les écoles sont carrément laissées à elles-mêmes. Les syndicats
d'enseignants sont venus nous le dire, d'ailleurs, et je les cite : «Le
p.l. n° 62 s'avère pratiquement inutilisable si on n'y ajoute pas un guide
pratique clair pour accepter ou non une demande d'accommodement
religieux.»
Est-ce que la
ministre de la Justice s'engage à fournir ce guide aux écoles? Et, si oui,
quand va-t-elle le faire? Parce que ça fait presque 10 ans que le monde
scolaire attend ça.
Le Président :
Mme la ministre de la Justice.
Mme Stéphanie Vallée
Mme Vallée :
Ce que notre collègue oublie de mentionner, c'est aussi que certaines commissions
scolaires ont vivement réagi à la façon dont les questions de
vivre-ensemble sont abordées par certains membres de l'opposition. La collègue oublie de citer certains passages du
mémoire où, à mots couverts, on cite exactement le type de tactique qui est
prise aujourd'hui.
Ceci
étant dit, M. le Président, ça va me faire plaisir de travailler à des mesures
d'accompagnement, mais encore faut-il que le projet de loi soit adopté,
et je compte sur la collaboration de ma charmante collègue.
Le Président :
Principale, Mme la députée de Taschereau.
Financement des soins à
domicile
Mme Agnès Maltais
Mme Maltais :
M. le Président, voir les ministres plastronner sur les surplus me trouble
profondément, je trouve que c'est le comble du cynisme. Assurer sa
réélection, c'est une chose, mais à quel prix?
Récemment,
j'ai rencontré une famille en détresse. Cherchez-les pas dans les tribunes, ils
ne sont pas capables d'être ici. Yvan
Guénard, le père, souffre de trois cancers, dont deux en phase 4. Sa femme
a la sclérose en plaques avancée, elle
est en chaise roulante. Un des fils est en dépression majeure. L'autre fils ne
peut pas plus les aider, il est autiste profond, il est en famille
d'accueil.
Le
CLSC leur avait accordé 23 heures de soutien à domicile par semaine.
Obligés de couper à cause des compressions annoncées par le
gouvernement, ils ont réduit de six heures. Ça s'appelle écrasés par vos
calculs politiques.
Est-ce
que la ministre des Services sociaux trouve normal que l'on ait coupé l'aide à
cette famille en détresse?
• (10 h 40) •
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M. Barrette :
Écoutez, M. le Président, des fois je me demande à quoi l'opposition s'oppose
dans sa fonction d'opposition
officielle. Est-ce qu'elle s'oppose simplement aux politiques du gouvernement
ou elle s'oppose aussi à la transparence?
Je vais reprendre des
propos qui ont été tenus par le chef de l'opposition officielle tantôt, hein,
les déficits, M. le Président, empêchent de
donner des services, un budget équilibré qui donne des marges de manoeuvre
permet de donner des services. Et, si la députée de Taschereau suit un
peu l'actualité, pas trop, juste un peu, elle aura constaté, M. le Président,
que la bataille que nous faisons actuellement avec le gouvernement fédéral vise
spécifiquement cette clientèle-là. Et, si
elle suit la mise à jour budgétaire de mon collègue ministre des Finances, elle
aura constaté aussi que les argents rendus disponibles vont aller
spécifiquement dans ce type de services là, M. le Président.
Et,
la population qui nous écoute, qu'est-ce qu'elle constate aujourd'hui? Elle
constate que nous avons annoncé ce
que la deuxième opposition aurait voulu qu'on fasse, le ménage, pour ensuite
avoir des marges de manoeuvre pour faire ce que l'on fait aujourd'hui.
Le Président :
En terminant.
M. Barrette :
C'est ça que la population voulait...
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée de Taschereau.
Mme Agnès Maltais
Mme Maltais :
La coupure est récente, c'est dans vos bonbons électoraux qu'ils ont été...
c'est pour ça qu'ils ont été coupés.
M. Guénard est condamné, et il le sait. Il est tellement faible qu'on n'a
pas reconstruit son crâne après l'opération au cerveau, et le résultat des recherches effrénées de bonbons
électoraux, c'est couper son aide à domicile. Ce sont des victimes de
vos mesures, ce sont des gens écrasés par vos politiques.
Est-ce
que vous leur redonnez maintenant? Sur vos nouveaux surplus, est-ce que vous
allez leur redonner leur soutien à domicile?
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît! M. le ministre de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M. Barrette :
Puisque la députée de Taschereau nous parle de stratégie électorale, comment
elle appelle ça, la députée de Taschereau, alors qu'elle était au gouvernement et qu'on présente un budget sans crédits, sans même annoncer
qu'il va y avoir un déficit? Et on sait, M. le Président...
Une voix : ...
Le Président : M. le leader
de l'opposition.
M. Bérubé : M. le
Président, sur la question.
C'est un cas extrêmement précis. Le ministre a bien écouté. Sur
cette question. C'est très important.
Le Président : M. le ministre
de la Santé, sur la question.
M. Barrette : M. le Président,
j'ai clairement répondu à la question, à la première question.
Alors, M. le Président, comment la députée de Taschereau
appelle-t-elle ça quand un gouvernement sortant annonce à la population un budget sans crédits, alors qu'il sait qu'il
est déficitaire et qu'un déficit empêche de financer des services...
Le Président : En terminant.
M. Barrette : ...et qui
annonce, donc, des coupures, M. le Président? C'est l'omerta budgétaire.
Une voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît!
Une voix : ...
Le Président : Est-ce que je
peux vous nommer? Deuxième complémentaire, Mme la députée Taillon.
Mme Diane Lamarre
Mme Lamarre : Alors, M.
le Président, je le redis parce que
c'est vraiment profond, les surplus ont été faits sur le
dos des personnes les plus vulnérables. L'exemple des Guénard, on le répète par
des milliers de citoyens au Québec. Pour que
leur vie et celle des milliers d'autres personnes soient décentes, est-ce que
le ministre va redonner, avant 2017, toutes les heures de soutien à domicile qui ont été délibérément coupées depuis deux ans et demi? Ces heures,
elles ont été rapportées dans toutes
les régions du Québec. Comment peut-on couper des heures de soutien à domicile chez des personnes vieillissantes?
Le Président : M. le ministre
de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M. Barrette : M. le
Président, les chiffres sont clairs,
et j'invite tout le Parti québécois, M. le
Président, à aller les voir. Année
après année, nous avons augmenté les
heures de service à la population en maintien
à domicile. On a beau dire
non, les chiffres sont là, M. le Président, tout comme la réalité, elle est ce
qu'elle est.
Nous sommes
revenus à l'équilibre budgétaire pas parce
qu'on a coupé dans les services à la population, mais parce qu'on a
coupé dans la bureaucratie, celle que les gens...
Des voix : ...
M. Barrette : Oui. M.
le Président, on a fait une réforme
qui a coupé un niveau de gestion inutile pour prendre cet argent-là et
le donner en services, M. le Président.
Le Président : En terminant.
M. Barrette :
On a coupé, entre autres, les agences, et malheureusement...
Le Président :
Principale, M. le député de Mercier.
Négociations sur l'Accord économique
et commercial global
entre le Canada et l'Union européenne
M. Amir Khadir
M. Khadir : M. le
Président, mes collègues
viennent d'élaborer sur les conséquences désastreuses des politiques
d'austérité, et ils ont raison. Cette vision
économique qui a guidé le gouvernement pour aller vers
ces politiques-là, cette priorité entre l'économie et la société, cette manière de voir les choses qui s'appelle
une vision néolibérale, cette même vision a guidé à l'élaboration d'un
projet d'accord entre le Canada et l'Europe qui s'appelle l'AECG.
Heureusement, l'AECG est en échec aujourd'hui à cause de la position honorable du Parlement de
la Wallonie, qui a dit clairement
qu'il voulait un accord qui soit plus respectueux du droit des populations, qui
n'accorde pas autant de droits aux multinationales, comme c'est le cas de cet
accord qui a été négocié dans l'opacité entre des lobbyistes et des
technocrates.
Donc, ma question maintenant au premier
ministre, c'est : Est-il
capable, est-il prêt à accompagner le premier
ministre de la Wallonie pour demander qu'on renégocie sur de nouvelles bases,
plus justes, cet accord?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : Ce qui m'a beaucoup, beaucoup attristé, c'est quand j'ai vu mon collègue se
déplacer outre-Atlantique pour
s'attaquer aux intérêts fondamentaux
du Québec. Avec une population d'un peu plus de 8 millions de personnes,
qui ne croît pas, avec une économie dont on
connaît les limitations, mais les avantages et les talents également,
l'exportation est notre seule manière
d'avoir une prospérité solide à long terme. Et l'ouverture des marchés,
contrairement à ce qu'il dit, elle
crée l'emploi. La fermeture des marchés qu'il recommande détruit l'emploi, et
c'est amplement démontré. Et le plus
ironique venant d'un parti de gauche, c'est que la fermeture des marchés
atteint davantage les personnes défavorisées dans la société. Ça a été
démontré également à de nombreuses reprises.
Alors,
je lui suggérerais de réaliser concrètement que cet accord est conforme aux
intérêts du Québec, qui a, d'ailleurs, initié
les démarches de négociation. Je parle, nous parlons régulièrement à nos
collègues en Wallonie. Je suis quand même optimiste, je crois qu'on va avoir un accord, mais il faut régler
certains détails. Ce sera fait, mais c'est dans l'intérêt des Québécois et des
Wallons, et il devrait arrêter de parler contre les intérêts du Québec à
l'étranger.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Mercier.
M. Amir Khadir
M. Khadir :
C'est désolant de voir que le premier ministre du Québec tient exactement le
même discours que les lobbyistes
d'affaires qui ont concocté cet accord-là derrière le dos des parlementaires
élus qui demandent simplement, à travers le Parlement de la Wallonie,
que la souveraineté des Parlements nationaux et des élus soit respectée, que
ces accords-là n'accordent pas plus de
pouvoirs aux multinationales qu'à des États qui veulent gouverner en toute
transparence, au respect des intérêts de leur population.
Est-ce que le premier
ministre du Québec peut s'élever un peu en hauteur puis protéger le Québec?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président, je ne relèverai pas le ton du collègue, mais je dirais
que protéger le Québec, c'est d'abord
promouvoir le Québec, faire développer l'économie du Québec, créer de l'emploi
pour nous donner les moyens collectifs
de donner les services publics dont on discute depuis le début de cette période
de questions. Ce n'est pas d'aller réclamer la fermeture des marchés,
qui va avoir l'effet directement inverse.
Et
tout le monde a dit, tout le monde a dit : Il y a certainement des
éléments à améliorer dans la lettre de clarification qui a été publiée, mais qu'il s'agit actuellement
certainement — et c'est
un mot qui devrait faire plaisir à mon collègue — de l'accord
de commerce international le plus progressiste qui existe. C'est un bel
exemple, c'est un seuil en dessous duquel on ne pourra pas aller, notamment en Europe, lorsqu'on voudra négocier
ou non avec les États-Unis d'Amérique. Alors, au lieu de dire que c'est
une mauvaise nouvelle, il devrait plutôt...
Le Président :
En terminant.
M. Couillard : ...saluer cet accord
et souhaiter son adoption.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le député de Mercier.
M.
Amir Khadir
M. Khadir :
M. le Président, tout ce que Québec solidaire demande au premier ministre du
Québec, là, c'est d'être capable,
comme le premier ministre wallon, d'exprimer enfin quelque chose à la faveur de
la population du Québec. Ce qu'on demande, c'est renégocier un accord de
libre-échange, mais sur une base qui soit respectueuse des droits des peuples de décider pour eux-mêmes, donc un niveau
de protection supplémentaire élevé en matière environnementale, en matière de protection des droits des travailleurs
et des travailleuses et en matière de protection de nos PME, qui ont
besoin des marchés publics.
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : Bien, d'après moi, mon collègue n'a pas lu l'accord parce que c'est effectivement
ce que l'accord contient. Il
maintient tout à fait la liberté des États de réglementer et de légiférer dans
les domaines qu'il a mentionnés, et
c'est pour ça que cet accord est un repère absolument extraordinaire pour
d'autres accords semblables, parce qu'il est fait entre deux sociétés de cultures politiques, de repères sociaux très
semblables. Nous aussi, on croit à l'environnement, à la santé publique,
aux droits des travailleurs et on s'est assurés que cet accord-là, au
contraire, ne les fragilise pas. Alors, je vais le rassurer là-dessus. Je
l'engage à relire l'accord, relire les commentaires. Mais je veux être très
clair, cependant, sur quelque chose, il n'est pas question de renégocier cet
accord.
Le Président :
Principale, M. le député de La Peltrie.
Maintien dans la fonction
publique de l'ex-sous-ministre
des Transports, Mme Dominique Savoie
M. Éric Caire
M.
Caire : Merci, M. le Président. Encore ce matin, Dominique
Savoie reçoit du gouvernement un traitement qui équivaut à un quart de million par année, salaire et avantages
sociaux compris. On s'est posé la question : Mais pour faire quoi?
Donc, on a fait une demande d'accès à l'information pour avoir les documents
relatifs à sa description de tâches,
description d'emploi ou attentes signifiées pour se faire répondre : Il
n'y en a pas. Par contre, réjouissez-vous, gens du Québec, réjouissez-vous parce que Mme Savoie est affectée — et là je veux lire l'affectation, c'est trop
bon — à
l'élaboration de recommandations visant à assurer une plus grande
représentativité des différentes composantes de la société québécoise au sein de la fonction... direction des ministères et
organismes. Juste lire ça, ça mérite un quart de millions de dollars par
année, M. le Président.
M.
le Président, comment le président du Conseil du trésor peut-il justifier qu'on
paie quelqu'un un quart de million de dollars à aiguiser ses crayons à
la journée longue, alors qu'elle aurait amplement mérité d'être congédiée?
• (10 h 50) •
Le Président :
M. le leader du gouvernement.
M. Jean-Marc Fournier
M.
Fournier : Certainement deux éléments dans la question. Il y en
a un sur le travail à s'assurer qu'au sein de la fonction publique
québécoise nous ayons une meilleure représentativité de toutes les composantes
de la société. On connaissait déjà la position de la CAQ à l'égard de la
diversité. Ce matin, on en a simplement une preuve encore plus éloquente, M. le
Président.
Par
ailleurs, l'autre élément dans la question, c'est le jugement. Je l'ai noté
tantôt, notre collègue, avant le début de la période de questions, a dit que lui, il n'avait pas besoin de la version
de Mme Savoie pour porter son jugement la condamnant à la démission. Il
nous a dit : Moi, les versions d'affidavit, ça ne m'intéresse pas.
Je
le disais et je le répète, la règle
dont l'ancien premier ministre Bernard Landry nous a si souvent parlé ici, en cette Chambre, la règle de l'audi alteram partem, demande,
commande, dans une société normale et juste, que nous puissions entendre les parties. Or, notre collègue
a, encore une fois, décidé ce matin de dire qu'une personne de la fonction publique doit être congédiée et
que ça ne l'intéresse pas de savoir ce qu'elle pense.
Le Président :
En terminant.
M. Fournier :
Moi, je crois que c'est très important, M. le Président.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de La Peltrie.
M. Éric Caire
M.
Caire : M. le
Président, on plaidera la motion demain, mais, sur la question, les Québécois
doivent savoir que Dominique Savoie, qui a
refusé de mettre en place une réforme commandée par son ministre,
qui a caché à son ministre deux rapports du contrôleur financier, qui est venue mentir
à la CAP sur la clé USB, sur le fait qu'elle n'avait pas connaissance de fractionnement de contrats, qui a
fourni à l'Assemblée nationale deux documents falsifiés, cette personne-là,
on lui invente une job qui consiste à aiguiser ses crayons, elle touche un
quart de million.
Comment vous
expliquez ça?
Le Président :
M. le leader du gouvernement.
M. Jean-Marc Fournier
M.
Fournier : Je ne
m'explique pas qu'il commence ses 30 secondes en disant : On en
parlera demain et passe tout le reste
des 30 secondes à en parler tout
de suite. Il nous a dit tout ce qu'il
pense de mal, mais il n'est pas capable d'entendre la version de la personne considérée. Une simple règle de
droit... Je sais qu'il
y a des avocats dans sa formation,
il y en a un qui se lève souvent pour parler
de justice. Je l'implore, à son
prochain caucus, de discuter avec lui. C'est une règle élémentaire, dans une société stable, d'avoir une règle de droit. Ça nous
prend une société stable, des talents, qu'on soit capables d'investir en économie. C'est ce qui nous donne la
prospérité pour donner des services sociaux à l'ensemble de la population, avoir une société plus
égalitaire et libre de ses choix. C'est ce que nous faisons, nous, au Parti
libéral.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de La Peltrie.
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît! M. le député de La Peltrie.
M. Éric Caire
M.
Caire : M. le Président, je n'élaborerai pas encore sur le document que nous avons reçu, qui
dit : Elle n'a pas de
description de tâches, elle n'a pas d'attentes signifiées, elle n'a pas de
définition de tâches. Elle a une tablette, elle a une tablette. Ça, ça s'appelle une tablette. Ce que
les Québécois savent ce matin, c'est que Dominique Savoie va continuer,
avec la bénédiction du premier ministre, à toucher un quart de million
de dollars pour être sur une tablette.
Comment le président
du Conseil du trésor, lui, peut-il justifier ça?
Le Président :
M. le leader du gouvernement.
M. Jean-Marc Fournier
M.
Fournier : Mon collègue,
on est dans une démocratie, a droit à son opinion. Je tiens à le préciser,
je ne la partage pas. Il a le droit.
Ceci
étant, M. le Président, ce qu'il a comme information et qu'il nous a
livré, à nous tous, c'est que Mme Savoie travaille en ce moment dans un mandat pour assurer une meilleure
représentativité de l'ensemble des composantes de notre société, un Québec
qu'on veut inclusif, qu'on veut ouvert à tous, où les gens doivent se
reconnaître, ils doivent savoir que c'est à
eux aussi, ce Québec-là. Je ne parle pas ici de la vaste majorité, je
parle de ceux qui sont dans des espaces de minorité et qui disent : Je veux une place, je veux ma place. Ce
Québec-là est-il aussi pour moi? Qu'il y ait un mandat de donné...
Le Président :
En terminant.
M. Fournier : ...à des gens pour travailler à une meilleure
représentativité, je crois qu'il devrait le saluer, M. le Président.
Le Président :
Principale, M. le député de Sanguinet.
Non-renouvellement de
l'autorisation environnementale
accordée à l'entreprise Oriens Technologies
M. Alain Therrien
M. Therrien :
M. le Président, l'entreprise Oriens Technologies a mis sur le marché une
solution de recyclage de résidus polluants des alumineries. La technologie a
obtenu du ministère de l'Environnement un prestigieux prix Phénix pour sa percée technologique. Investissement
Québec a lui-même consenti à un prêt sans intérêt de 1,4 million. Tous les
permis nécessaires ont été obtenus, feu vert. À peine quelques mois
après le début de ses activités, c'est le début de la descente aux enfers. Le ministère de l'Environnement leur fait vivre un
véritable cauchemar administratif. Après 250 jours de délais intolérables de la part du ministère,
l'entreprise s'est vu refuser finalement leur demande de renouvellement de
permis. Résultat : 27 emplois perdus.
Alors que le gouvernement
a présenté sa politique d'exportation, comment la ministre de l'Économie
justifie-t-elle que son gouvernement mette des bâtons dans les roues à
des entreprises d'économie verte?
Le Président :
M. le ministre de l'Environnement.
M. David Heurtel
M. Heurtel :
Merci, M. le Président. L'entreprise en question a, en effet, reçu un premier
certificat d'autorisation en 2014 pour traiter des matières dangereuses
issues de résidus d'aluminium. Ce certificat d'autorisation était un certificat assorti de conditions, et il faut
comprendre qu'en 2015 l'entreprise a reçu des avis de non-conformité de la part
du ministère de l'Environnement. Suite à ces
avis, il y a eu plusieurs échanges avec l'entreprise. Il est très important de
noter, M. le Président, que ce n'est pas
parce qu'une entreprise reçoit un soutien gouvernemental qu'elle est exempte de
respecter nos lois et nos règlements en matière environnementale. Le ministère
a fait son travail, continue à faire son travail. Là, maintenant, le dossier
est devant les tribunaux. Et, par respect pour les tribunaux, nous n'allons pas
aller davantage dans le domaine. Merci, M. le Président.
Le Président :
Complémentaire? Première complémentaire, Mme la députée de Chicoutimi.
Mme Mireille Jean
Mme Jean : Merci, M. le
Président. Certaines pratiques du ministère de l'Environnement bloquent les PME
québécoises dans leur développement. Des fonds publics ont été investis à Oriens
Technologies. Donc, le ministère de
l'Économie dit oui, mais celui de l'environnement dit non.
Comment se
fait-il qu'une PME qui propose une solution innovante et verte puisse subir
tant de difficultés de la part du gouvernement?
Le Président : M. le ministre
de l'Environnement.
M. David Heurtel
M. Heurtel : Si je comprends bien les deux dernières
questions, M. le Président, de la minute que le gouvernement soutient financièrement une entreprise, c'est un chèque en blanc pour
faire ce qu'on veut en matière environnementale. Ce n'est pas le cas. La Loi sur la qualité de l'environnement s'applique
à toutes les entreprises. C'est un dossier qui est devant les tribunaux. Si la véritable question
en général, c'est la question des délais, il faut
bien comprendre qu'au Québec, des fois, ça prend du temps à analyser un dossier.
Et des délais, ça peut être causé des deux côtés. Des fois, oui, le gouvernement prend du temps, mais, des fois, les
réponses sont incomplètes ou les réponses tardent à venir. On analyse
rigoureusement, on fait notre travail. Et, si, véritablement, la question,
c'est les délais, de façon générale...
Le Président : En terminant.
M.
Heurtel : ...on s'y adresse avec le projet de loi n° 102, qui a
été déposé en juin dernier. Merci, M. le Président.
Le Président : Cela met fin à
période de questions et de réponses orales.
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, nous en sommes...
Des voix : ...
Le
Vice-Président (M. Gendron) : S'il vous plaît! Nous en sommes à la
rubrique... Non, nous en sommes aux votes reportés.
Des voix : ...
Votes reportés
Adoption du projet de loi n° 104
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Mais moi, je ne peux pas annoncer ce que
je veux faire s'il n'y a pas un climat qui le permet. Alors, pour ceux
qui voudraient continuer nos travaux, là, tel qu'annoncé précédemment, nous
allons maintenant procéder au vote reporté sur la motion de M. le ministre du
Développement durable, de l'Environnement et
de la Lutte contre les changements climatiques proposant que le projet de loi
n° 104, Loi visant l'augmentation du nombre de véhicules automobiles zéro émission au Québec afin de réduire les
émissions de gaz à effet de serre et autres polluants, soit adopté.
Que les députés en faveur de cette motion
veuillent bien se lever.
• (11 heures) •
La Secrétaire
adjointe : M. Couillard (Roberval), M. Fournier
(Saint-Laurent), Mme Thériault (Anjou—Louis-Riel), M. Paradis
(Brome-Missisquoi), M. Blais (Charlesbourg), Mme Charbonneau
(Mille-Îles), M. Leitão (Robert-Baldwin),
Mme Anglade (Saint-Henri—Sainte-Anne),
M. Coiteux (Nelligan), Mme David (Outremont), M. Proulx
(Jean-Talon), M. D'Amour (Rivière-du-Loup—Témiscouata), M. Huot
(Vanier-Les Rivières), M. Kelley (Jacques-Cartier), Mme Vallée
(Gatineau), M. Lessard (Lotbinière-Frontenac), M. Barrette
(La Pinière), M. Morin (Côte-du-Sud), M. Blanchette
(Rouyn-Noranda—Témiscamingue),
Mme Charlebois (Soulanges), M. Heurtel (Viau), M. Arcand (Mont-Royal), Mme Vien
(Bellechasse), M. Billette (Huntingdon), M. Fortin (Sherbrooke),
Mme St-Pierre (Acadie),
M. Hamad (Louis-Hébert), Mme Nichols (Vaudreuil), M. Bernier
(Montmorency), M. Ouellette (Chomedey), Mme de Santis (Bourassa-Sauvé), Mme Weil
(Notre-Dame-de-Grâce), Mme Ménard (Laporte), M. Tanguay (LaFontaine),
Mme Boulet (Laviolette),
Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger), M. Carrière (Chapleau), M. Poëti
(Marguerite-Bourgeoys), M. Girard (Trois-Rivières), M. Drolet
(Jean-Lesage), Mme Vallières (Richmond), M. Rousselle (Vimont),
M. Iracà (Papineau), M. Bolduc (Mégantic), M. Simard (Dubuc),
M. Matte (Portneuf), M. Chevarie (Îles-de-la-Madeleine), M. Auger (Champlain), M. Birnbaum
(D'Arcy-McGee), M. Boucher (Ungava), M. Bourgeois (Abitibi-Est),
M. Fortin (Pontiac), M. Giguère (Saint-Maurice), M. Habel
(Sainte-Rose), M. Hardy (Saint-François), M. Merlini (La Prairie),
Mme Montpetit (Crémazie), M. Plante (Maskinongé), M. Polo
(Laval-des-Rapides), Mme Simard (Charlevoix—Côte-de-Beaupré),
M. St-Denis (Argenteuil), Mme Tremblay (Chauveau), M. Busque
(Beauce-Sud), Mme Sauvé (Fabre).
M. Lisée (Rosemont), M. Bérubé (Matane-Matapédia),
Mme Hivon (Joliette), M. Marceau (Rousseau), Mme Léger (Pointe-aux-Trembles), M. Lelièvre (Gaspé),
Mme Maltais (Taschereau), Mme Lamarre (Taillon), M. LeBel
(Rimouski), M. Bergeron (Verchères), M. Leclair (Beauharnois),
Mme Richard (Duplessis), M. Rochon (Richelieu), Mme Poirier (Hochelaga-Maisonneuve), M. Cloutier
(Lac-Saint-Jean), M. Therrien (Sanguinet), M. Gaudreault (Jonquière),
M. Pagé (Labelle), M. Cousineau (Bertrand), Mme Jean
(Chicoutimi), M. Ouellet (René-Lévesque), M. Villeneuve (Berthier),
M. Traversy (Terrebonne), M. Kotto (Bourget), M. Turcotte
(Saint-Jean), M. Roy (Bonaventure).
M. Legault
(L'Assomption), M. Bonnardel (Granby), M. Caire (La Peltrie),
M. Charette (Deux-Montagnes), M. Martel
(Nicolet-Bécancour), Mme Roy (Montarville), Mme Samson (Iberville),
M. Roberge (Chambly), M. Laframboise (Blainville), M. Schneeberger (Drummond—Bois-Francs), Mme D'Amours (Mirabel),
M. Lemay (Masson), Mme Lavallée (Repentigny), M. Surprenant (Groulx), Mme Soucy
(Saint-Hyacinthe), M. Spénard (Beauce-Nord), M. Paradis (Lévis),
M. Picard (Chutes-de-la-Chaudière), M. Jolin-Barrette (Borduas).
Mme David
(Gouin), M. Khadir (Mercier), Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques).
Le Vice-Président (M. Gendron) : Que les
députés contre cette motion veuillent bien se lever. Je n'en vois pas.
Est-ce qu'il y a des
abstentions? Je n'en vois pas.
M. le secrétaire
général pour le résultat.
Le
Secrétaire : Pour : 112
Contre :
0
Abstentions :
0
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Alors, en conséquence, le projet
de loi n° 104, Loi visant l'augmentation du nombre de véhicules automobiles zéro émission au
Québec afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre et autres
polluants est adopté.
Motions sans préavis
Nous en
sommes maintenant à la rubrique Motions sans préavis. Et, aux
motions sans préavis, c'est un membre du groupe formant l'opposition
officielle, et je reconnais Mme la députée de Chicoutimi pour la présentation
de sa motion. À vous.
Mettre en place la
stratégie gouvernementale pour
prévenir et contrer les violences sexuelles
Mme Jean :
Merci, M. le Président. M. le Président, je sollicite le consentement des
membres de cette Assemblée afin de
présenter, conjointement avec la ministre responsable de la Condition féminine,
la députée de Montarville et la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques,
la motion suivante :
«Que
l'Assemblée nationale salue les milliers de personnes qui manifestent
aujourd'hui à travers tout le Québec pour dénoncer la culture du viol;
«Qu'elle salue cette démonstration de solidarité
envers les femmes permettant de leur donner la parole et de conscientiser la
population pour que cesse cette violence et pour que cesse le silence;
«Que les membres
de l'Assemblée nationale rappellent l'urgence de donner tous les moyens,
notamment [des] moyens budgétaires,
pour la mise en place de la stratégie gouvernementale pour prévenir et contrer
[des] violences sexuelles.» Merci.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : M. le leader adjoint du
gouvernement, y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Tanguay : Oui, M. le
Président, il y a consentement. Nous proposons des interventions d'une durée de
deux minutes par intervenante et selon
l'ordre suivant : d'abord, la collègue de Chicoutimi, par la suite, la
collègue de Montarville, la députée
de Sainte-Marie—Saint-Jacques
et, finalement, Mme la ministre responsable de la Condition féminine.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Alors, on essaie autant que
possible de s'en tenir à ce qui est proposé, environ deux minutes.
Alors, je cède la parole à Mme la députée de Chicoutimi pour son intervention.
À vous.
Mme Mireille Jean
Mme Jean :
Merci, M. le Président. Quel est le dénominateur commun entre les dénonciations
de femmes autochtones de Val-d'Or, de
Maniwaki, de Sept-Îles et de Schefferville en lien avec les abus sexuels commis
par les policiers, les agressions sexuelles dans les résidences de
l'Université Laval et plusieurs autres campus universitaires, les allégations
graves et sérieuses d'agression sexuelle à
l'endroit d'un député de l'Assemblée nationale? Dans tous les cas, c'est la
culture du viol, ce sont les violences sexuelles.
La culture du
viol, qu'est-ce que c'est? C'est une culture de société où les attitudes et les
pratiques qui prévalent tendent à
tolérer, excuser, voire approuver les violences sexuelles. La culture du viol, ce n'est pas le viol, c'est le
fait que la société véhicule des mythes sur le viol tendant à
réhabiliter les agresseurs et à blâmer les victimes.
Trois façons
de détecter la présence de culture du viol dans notre société :
la négociation ou la minimisation du viol, la négation du non-consentement de la victime, le blâme de celle-ci.
Pensez à la dernière semaine, et on comprend rapidement que le Québec a encore des pas importants à faire pour
renverser une culture qui discrédite encore la parole des femmes et qui ne donne pas au consentement le
respect qui lui est dû. Alors, les manifestations organisées aujourd'hui
partout au Québec, Québec, Montréal,
Sherbrooke, Saguenay, Gatineau, Trois-Rivières, sont un symbole de
résistance. Nous, élus de l'Assemblée
nationale, le saluons. Ces événements permettent de dire non à la culture du
viol, de donner la parole aux femmes
et de briser le silence. C'est ce genre d'événement qui a permis à Alice Paquet
de briser son silence.
Quel est le
message qu'il faut retenir? Au niveau individuel, nous avons tous un rôle à
jouer dans la sensibilisation et
l'éducation de la violence faite aux femmes. Chacun de nous, mères, pères,
frères, soeurs, amis, devons s'assurer que les femmes comme les hommes ont droit au respect de leur intégrité. Au
niveau collectif, le monde politique va devoir agir de ces vagues d'agression sexuelle. Ça va prendre des réformes
majeures en éducation à la sexualité, en santé publique, et dans le système judiciaire, et policier, et
ailleurs. Ça va prendre une stratégie gouvernementale pour prévenir et lutter
contre les violences sexuelles. Les victimes
sont tannées d'attendre trois ans pour que le gouvernement présente sa vision
globale. Sur le terrain, des groupes travaillent déjà avec des budgets qui
stagnent. Il faut que les moyens, notamment budgétaires, suivent et soient à la
hauteur du défi de société qui est devant nous.
Les gens
sortiront ce soir pour sensibiliser la population et les élus aux
problématiques des violences et d'agressions sexuelles. Il faudra ensuite prendre la balle au bond et agir. Les
mentalités doivent évoluer et doivent évoluer vite. Merci.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Merci, Mme la députée, de votre
intervention. Je cède maintenant la parole à Mme la députée de
Montarville pour son intervention.
Mme Nathalie Roy
Mme Roy : Merci beaucoup, M.
le Président. J'étais sur place avec mon collègue de Chambly la semaine dernière, lors de la vigile pour les survivantes à
l'Université Laval. L'émotion était palpable. Il y avait un mélange d'empathie,
de solidarité, d'indignation et de tristesse.
Alors, je me lève ici aujourd'hui parce que je
suis députée, mais je prends la parole en tant que femme. Mes collègues féminines et moi-même connaissons toutes
une amie, une soeur, une ex-collègue de bureau, quelqu'un qui a vécu très concrètement cette violence que nous
dénonçons aujourd'hui. Messieurs, parlez à vos conjointes, à vos amies. Vous
serez très, très surpris des histoires qu'elles vont vous raconter.
Alors,
aujourd'hui, nous envoyons le message suivant : Mesdames, parlons.
Parlons. Il n'y a que la parole pour opposer
un rapport de force à une culture encore trop empreinte de mépris et d'atteinte
à la dignité des femmes. Il faut parler pour soi-même et pour toutes les
femmes.
Un mot pour
nos collègues masculins, et je sais que la très vaste majorité d'entre vous
êtes à nos côtés. Je le sais, on le
sait tous, M. le Président. Messieurs, c'est votre cause à vous aussi. Vos
soeurs, vos mères, vos conjointes et vos filles comptent sur vous. Vous aussi, prenez la parole. Nous nous levons
contre la violence, nous nous levons aussi contre le silence. Parlons.
Parlons tous ensemble. Merci, M. le Président.
• (11 h 10) •
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Merci, Mme la députée, de votre
intervention. Je cède maintenant la parole à Mme la députée de
Sainte-Marie—Saint-Jacques.
À vous.
Mme Manon Massé
Mme
Massé : Merci, M. le Président. En fait, je ne suis pas heureuse
d'être obligée de prendre la parole encore une fois sur ces questions-là d'abus sexuel, d'agression sexuelle, de
violence sexuelle. Je suis heureuse de voir que la motion inclut la dimension de l'urgence : l'urgence,
l'urgence d'agir, l'urgence d'avoir les fonds nécessaires pour que cesse cette culture du viol qui nous étouffe, nous, les femmes, qui nous blesse pour
toujours, même si nous n'avons jamais
été abusées. Ça nous guette : c'est là, c'est ici, c'est tout le
temps.
Cet après-midi,
en réaction à la semaine dernière, le peuple québécois... particulièrement les jeunes ont dit : Assez! à la culture du viol. Et c'est pourquoi j'espère que nous serons des
milliers, des centaines de milliers, partout à travers le Québec,
à 7 heures, ici, à Québec. Messieurs dames, c'est à 19 heures, à la place de l'Université-du-Québec, rendez-vous. J'espère que M. le premier
ministre pourra être des nôtres. Il y a un message clair à envoyer : la
culture du viol, avec toutes les
nuances qui ont été apportées tantôt, c'est une culture à laquelle nous sommes
en marche pour la déconstruire. Une culture,
ça se déconstruit, et c'est ensemble qu'on va travailler et qu'on va y arriver.
M. le Président, la honte doit changer de
bord. Ça ne se peut pas que ce soient les femmes qui, dans le silence, portent
la honte. Il y a plusieurs années, on disait : Tolérance zéro. Il y a quelques mois, on
disait : Agression non dénoncée. Aujourd'hui, on dit non à la culture du
viol.
Et,
M. le Président, parce qu'on a souvent besoin de nos artistes et nos poètes
lorsque c'est difficile, et je le sais, mesdames et plusieurs des
messieurs, que ces derniers jours ont été extrêmement difficiles, j'aimerais
nous laisser collectivement sur les mots
d'une jeune plume, Natasha Kanapé-Fontaine, jeune poète autochtone qui dit,
dans son dernier livre, ceci :
«Il est temps de recommencer, il est temps de recréer. À nous de retracer notre
racine, notre matrice, notre puissance,
parce que nous avons le pouvoir de nous mettre au monde, nous, rédemptrices de
l'Histoire. Chez nous, nous trouvons
la paix lorsque nous reconnectons ce qui fut et ce qui sera par ce que nous
sommes. C'est en mon ventre rempli de sang à chaque lune que je prends toutes
les plaies et les ouvertures forcées. C'est en mon ventre hurlant que je
reprends le nom de toutes celles qui...
que je prends touts les ongles cassés à force de marteler le sol. C'est en mon
ventre que j'avale toutes les bouches
qui n'ont pas su s'ouvrir pour imposer la faim parce qu'engloutie. C'est en mon
ventre que je mange toute la lumière pour redonner naissance à ce qui
est.» Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Alors, je vous remercie, Mme la députée
de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Et maintenant je laisse la parole, sur cette
motion, à Mme la ministre de la Condition féminine. Mme la ministre, à vous
la parole.
Mme Lise Thériault
Mme
Thériault : Merci, M. le Président. Évidemment, M. le
Président, je joins ma voix à la voix de mes collègues pour endosser la
motion qui a été déposée par la députée de Chicoutimi.
M.
le Président, vous savez, je crois qu'effectivement il ne faut pas banaliser
toutes les questions relatives à la violence qui est faite aux femmes, à
la culture du viol, définitivement, M. le Président. Et je suis, ici, la
porte-parole non seulement de la ministre de la Condition féminine, mais,
aussi, je prends la parole au nom de tous mes collègues hommes et femmes de ce côté-ci et je sais que nous pouvons parler d'une
seule voix sur certaines questions à l'Assemblée nationale. Les violences qui sont faites aux femmes, définitivement, M.
le Président, sont des questions qui nous touchent toutes et tous. Mme la députée de Montarville a
dit, à juste titre, que nous connaissons tous quelqu'un qui a été victime
d'une agression ou d'une violence quelconque
dans sa vie. Effectivement, c'est vrai, M. le Président, et c'est le propre
de tous les députés d'avoir, dans notre entourage, des gens qui ont fait face à
des situations comme ça.
M.
le Président, je crois qu'il est important également de mentionner que, comme
gouvernement, nous aurons l'occasion de déposer, très prochainement, la
stratégie gouvernementale pour prévenir et contrer les violences sexuelles
qui sont faites aux femmes. Et, M. le
Président, puisque je considère que c'est vraiment un enjeu de société qui
interpelle tous les partis, toutes
les formations à l'Assemblée nationale, évidemment mes collègues les
porte-parole des dossiers de toutes
les formations politiques seront conviés à ce lancement qui aura lieu très
bientôt, M. le Président, et je souhaite vraiment que nous puissions parler d'une seule voix sur ces questions
qui sont des questions profondément humaines.
Elles
viennent nous chercher, M. le Président. C'est des questions qui sont
sensibles. Il y a des victimes, malheureusement trop souvent des femmes, mais j'aimerais rappeler qu'il y a
également des jeunes garçons qui souffrent de
violences qui leur sont faites, M. le Président, et que je crois sincèrement
que nous devons tous parler d'une voix unanime,
à l'Assemblée nationale, pour condamner la culture du viol et aussi
condamner la banalisation, M. le
Président, sur le harcèlement sexuel et sur toutes les violences
sexuelles qui ont cours présentement dans notre société. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Alors, je vous remercie, Mme la ministre de la Condition
féminine.
Mise aux voix
Est-ce que cette
motion est adoptée? Oui?
M.
Bérubé :
...nous demandons un vote par appel nominal.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Alors, le vote par appel nominal étant
demandé... Mais, comme je ne vois aucun whip debout, on pourrait
procéder tout de suite. Alors, on va procéder tout de suite.
Quels sont ceux qui
sont favorables à cette motion? Veuillez vous lever.
La Secrétaire adjointe :
M. Lisée (Rosemont), M. Bérubé (Matane-Matapédia), Mme Hivon (Joliette), M.
Marceau (Rousseau), Mme Léger (Pointe-aux-Trembles), M. Lelièvre
(Gaspé), Mme Maltais (Taschereau), Mme Lamarre (Taillon), M. LeBel (Rimouski), M. Bergeron (Verchères), M. Leclair
(Beauharnois), Mme Richard (Duplessis), M. Rochon (Richelieu), Mme Poirier (Hochelaga-Maisonneuve),
M. Cloutier (Lac-Saint-Jean), M. Therrien (Sanguinet), M. Gaudreault (Jonquière), M. Pagé (Labelle), M. Cousineau
(Bertrand), Mme Jean (Chicoutimi), M. Ouellet (René-Lévesque), M. Villeneuve (Berthier), M. Traversy (Terrebonne),
M. Kotto (Bourget), M. Turcotte (Saint-Jean), M. Roy (Bonaventure).
M.
Couillard (Roberval), M. Fournier (Saint-Laurent), Mme Thériault (Anjou—Louis-Riel),
M. Paradis (Brome-Missisquoi), M. Blais
(Charlesbourg), Mme Charbonneau (Mille-Îles), M. Leitão (Robert-Baldwin), Mme
Anglade (Saint-Henri—Sainte-Anne), M. Coiteux (Nelligan), Mme David
(Outremont), M. Proulx (Jean-Talon), M. D'Amour (Rivière-du-Loup—Témiscouata),
M. Huot (Vanier-Les Rivières), M. Kelley (Jacques-Cartier), Mme Vallée (Gatineau),
M. Lessard (Lotbinière-Frontenac), M.
Barrette (La Pinière), M. Morin (Côte-du-Sud), M. Blanchette (Rouyn-Noranda—Témiscamingue), Mme Charlebois (Soulanges), M.
Heurtel (Viau), M. Arcand (Mont-Royal), Mme Vien (Bellechasse), M. Billette (Huntingdon), M. Fortin (Sherbrooke),
Mme St-Pierre (Acadie), M. Hamad (Louis-Hébert), Mme Nichols
(Vaudreuil), M. Bernier (Montmorency), M. Ouellette (Chomedey), Mme de Santis
(Bourassa-Sauvé), Mme Weil (Notre-Dame-de-Grâce),
Mme Ménard (Laporte), M. Tanguay (LaFontaine), Mme Boulet (Laviolette), Mme
Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger), M. Carrière (Chapleau), M. Poëti
(Marguerite-Bourgeoys), M. Girard (Trois-Rivières), M. Drolet (Jean-Lesage), Mme Vallières (Richmond), M.
Rousselle (Vimont), M. Iracà (Papineau), M. Bolduc (Mégantic), M. Simard
(Dubuc), M. Matte (Portneuf), M. Chevarie
(Îles-de-la-Madeleine), M. Auger (Champlain), M. Birnbaum (D'Arcy-McGee),
M. Boucher (Ungava), M. Bourgeois (Abitibi-Est), M. Fortin (Pontiac), M.
Giguère (Saint-Maurice), M. Habel (Sainte-Rose),
M. Hardy (Saint-François), M. Merlini (La Prairie), Mme Montpetit (Crémazie),
M. Plante (Maskinongé), M. Polo
(Laval-des-Rapides), Mme Simard (Charlevoix—Côte-de-Beaupré), M. St-Denis (Argenteuil), Mme
Tremblay (Chauveau), M. Busque (Beauce-Sud), Mme Sauvé (Fabre).
M. Legault (L'Assomption), M. Bonnardel
(Granby), M. Caire (La Peltrie), M. Charette (Deux-Montagnes),
M. Martel (Nicolet-Bécancour), Mme Roy (Montarville), Mme Samson
(Iberville), M. Roberge (Chambly), M. Laframboise (Blainville),
M. Schneeberger (Drummond—Bois-Francs),
Mme D'Amours (Mirabel), M. Lemay (Masson),
Mme Lavallée (Repentigny), M. Surprenant (Groulx), Mme Soucy
(Saint-Hyacinthe), M. Spénard (Beauce-Nord), M. Paradis
(Lévis), M. Picard (Chutes-de-la-Chaudière), M. Jolin-Barrette (Borduas).
Mme David
(Gouin), M. Khadir (Mercier), Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques).
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Merci. Mme la secrétaire générale pour le résultat de
ce vote.
La
Secrétaire : Pour : 112
Contre :
0
Abstentions :
0
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, cette motion est largement adoptée, à l'unanimité. Merci.
Nous allons poursuivre sur les motions sans
préavis, et je reconnais maintenant M. le député de Nicolet, du deuxième groupe
d'opposition. M. le député de Nicolet-Bécancour, à vous la parole.
M.
Martel :
M. le Président, je demande le consentement pour déposer la motion suivante
conjointement avec le député de Jonquière :
«Que
l'Assemblée nationale demande au ministre du Développement durable, de
l'Environnement et de la Lutte contre
les changements climatiques de rencontrer, dans les plus brefs délais,
M. Pierre Desrochers et M. Gilbert Guérette, copropriétaires
de l'entreprise Oriens Technologies.»
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, M. le leader adjoint du gouvernement, y a-t-il consentement de débattre
de cette motion?
• (11 h 20) •
M. Tanguay : Pas de
consentement, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Il n'y a pas consentement. Je reconnais
maintenant un membre du groupe formant le gouvernement, mais... Oui, M.
le député de Huntingdon, à vous la parole.
Modifier la composition
de certaines commissions parlementaires
M.
Billette : Merci beaucoup,
M. le Président. Conformément à l'article 129 du règlement, je propose la
motion suivante :
«Que le
député de La Prairie devienne membre permanent de la Commission de la
santé et des services sociaux, en remplacement du député de LaFontaine.
«Que le député
de Beauce-Sud devienne membre permanent de la Commission des finances
publiques, en remplacement du député de La Prairie.
«Que ces changements prennent effet
immédiatement.»
Le Vice-Président (M. Gendron) : Je
vous remercie, mais...
Des voix : ...
Le
Vice-Président (M. Gendron) : S'il vous plaît, là, c'est parce qu'il
faudrait l'entendre. Normalement, ce n'était pas tout de suite que vous deviez présenter cette motion-là, mais, si
l'Assemblée agrée à la présentation, on va la régler tout de suite.
Mise aux voix
Est-ce que vous êtes
d'accord avec cette motion? Alors, la motion est adoptée.
Je
reconnais maintenant un membre indépendant, M. le député de Mercier, pour la
présentation de sa motion. Mais juste une
minute, M. le député de Mercier. J'aimerais bien ça l'entendre, alors, pour
l'entendre, il faudrait qu'on quitte dans
le silence. Et c'est possible, j'ai déjà vu ça, imaginez. Il faudrait viser à
le faire plus souvent pour que nos travaux puissent se poursuivre dans
le bon ordre. Alors, M. le député de Mercier, à vous la parole.
M. Khadir :
Merci, M. le Président, de tant de magnanimité de votre part. Je demande donc
le consentement de mes collègues en Chambre pour débattre de la motion suivante,
qui semble avoir l'approbation de l'opposition officielle :
«Que
l'Assemblée nationale prenne acte que, pour donner son accord à l'Accord
économique et commercial global [entre le Canada et l'Europe], la
Wallonie belge souhaite "des règles sociales, environnementales [et]
commerciales élevées" comme l'a exprimé
le chef du gouvernement wallon, Paul Magnette dans un discours prononcé au nom
de la "vitalité démocratique" et de la souveraineté du
Parlement de la Wallonie;
«Qu'elle
joigne sa voix aux parlementaires wallons et plusieurs centaines de
parlementaires et d'élus européens pour
rejeter l'AECG dans sa version actuelle qui donne trop de pouvoirs aux
multinationales face aux États et aux Parlements démocratiquement élus;
«Que
l'Assemblée nationale exprime son appui à la proposition du ministre-président
wallon de renégocier sur de nouvelles
bases un accord entre l'Europe et le Canada, élaboré et conclu dans la
transparence et pour élever les niveaux de protection environnementale, de protection des droits des
travailleuses et [des] travailleurs et de protection des petites et
moyennes entreprises devant la concurrence déloyale et le dumping des
multinationales.»
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Y a-t-il consentement, M. le leader adjoint, de
débattre de cette motion?
M. Tanguay :
Pas de consentement, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Merci. Nous avons terminé les motions sans préavis.
Et juste une seconde,
M. le leader adjoint. Je voudrais uniquement, là, parce que ça a été fait
tantôt, que la motion présentée par le whip
en chef du gouvernement, là... m'assurer que vous êtes tous d'accord, même si
elle a été présentée antérieurement. Donc, est-ce que la motion
présentée est adoptée, par le whip du gouvernement?
Des voix :
Adopté.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Adopté.
Avis touchant les travaux des commissions
Alors, M. le leader
adjoint du gouvernement, pour vos avis concernant les commissions. À vous.
M.
Tanguay : Oui, merci, M. le Président. Alors, j'avise cette
Assemblée que la Commission de l'économie et du travail poursuivra l'étude détaillée à l'égard du projet de loi
n° 70, Loi visant à permettre une meilleure adéquation entre la formation et l'emploi ainsi qu'à
favoriser l'intégration en emploi, aujourd'hui, après les affaires courantes
jusqu'à 13 heures et de 15 heures à 17 h 45, à la
salle des Premiers-Ministres, 1.38 de l'édifice Pamphile-Le May; aussi
La
Commission de la culture et de l'éducation poursuivra l'étude détaillée à
l'égard du projet de loi n° 105, Loi modifiant la Loi sur l'instruction publique, aujourd'hui, après les
affaires courantes jusqu'à 13 heures, à la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine;
La Commission des
institutions poursuivra les consultations particulières à l'égard du projet de
loi n° 62, Loi favorisant le respect de
la neutralité religieuse de l'État et visant notamment à encadrer les demandes
d'accommodements religieux dans certains organismes, aujourd'hui, à
compter de 11 h 30, pour une durée de 1 h 30 min, et
de 15 heures à 18 heures, à la salle Louis-Joseph-Papineau;
La Commission de
l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources naturelles
poursuivra l'étude détaillée à l'égard du
projet de loi n° 106, Loi concernant la mise en oeuvre de la Politique
énergétique 2030 et modifiant diverses dispositions législatives,
aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à 13 heures, à la salle du
Conseil législatif; et finalement, M. le Président
La
Commission des finances publiques poursuivra l'étude détaillée à l'égard du
projet de loi n° 87, Loi facilitant la divulgation d'actes
répréhensibles dans les organismes publics, aujourd'hui, de 15 heures à
18 heures, à la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Merci, M. le leader adjoint du
gouvernement. Pour ma part, je vous
avise que la Commission de la santé et des services sociaux se réunira aujourd'hui, à 17 h 45, à la salle des Premiers-Ministres
de l'édifice Pamphile-Le May, afin de procéder à l'élection à la présidence de
cette commission.
Je vous avise
également que la Commission des institutions se réunira en séance de travail
demain, jeudi 27 octobre 2016, à
8 heures, pour une durée de 30 minutes, à la salle RC.171, afin
de statuer sur une demande de mandat d'initiative concernant le rapport du
Comité consultatif sur le droit de la famille, présidé par M. Alain Roy et
intitulé Pour un droit de la famille adapté aux nouvelles réalités
conjugales et familiales.
Renseignements sur les travaux
de l'Assemblée
Maintenant,
nous sommes rendus à la rubrique Renseignements sur les travaux. Est-ce qu'il y
a des questions ou des demandes sur Renseignements sur les travaux? Oui,
M. le leader adjoint?
M. Rochon :
En effet, M. le Président, le leader adjoint...
Une voix :
...
M. Rochon :
Oui, je m'excuse. M. le Président, le leader adjoint nous a indiqué hier qu'il
nous reviendrait aujourd'hui quant aux
intentions du gouvernement sur le projet de loi n° 63, Loi concernant la
vérification de l'identité des
personnes incarcérées au moyen de leurs empreintes digitales, un projet de loi
déposé le 28 octobre 2015. Est-ce que le leader adjoint a des
nouvelles pour nous aujourd'hui?
Le Vice-Président
(M. Gendron) : M. le leader adjoint du gouvernement, pour les
nouvelles.
M. Tanguay :
M. le Président, je ne sais pas si ce sera des nouvelles pour le leader adjoint
de l'opposition officielle, mais ce
sera des éléments qui feront en sorte que la réponse donnée hier tient
toujours. Autrement dit, nous lui reviendrons en temps et lieu.
Pourquoi
je dis ça? Le projet de loi n° 63, Loi concernant la vérification de
l'identité des personnes incarcérées au moyen de leurs empreintes
digitales, relève évidemment de la Commission des institutions. Le projet de
loi n° 63, présenté en octobre 2015, le
28 octobre, donc qui relève de la Commission des institutions... Il est
important de constater que la Commission
des institutions, comme tout le monde, n'a qu'un certain temps pour faire ses
travaux parlementaires.
Or,
il y a déjà le projet de loi n° 62 sur la neutralité religieuse, dont les
consultations se poursuivront, et il est prévu jusqu'au 9 novembre.
Récemment, il y a également eu des consultations sur le projet de loi
n° 98, admission aux professions et à
la gouvernance du système professionnel. Aussi, nous avons au feuilleton le
projet de loi n° 107 sur la compétence
et l'indépendance du commissaire à la lutte contre la corruption et le Bureau
des enquêtes indépendantes. De plus,
il y a en cours un mandat qui vise à donner suite aux 23 recommandations
du Commissaire à l'éthique qui est sur la table de travail de la
Commission des institutions. Et je m'arrêterais là, M. le Président.
Donc, ça relève, bien
évidemment, de la prérogative du leader d'apporter et d'appeler des projets de
loi, dont le projet de loi n° 63, mais, une fois qu'on a dit tout ça, M.
le Président, force est de constater que la Commission des institutions, ils ne chôment pas. Et on aura
l'occasion — on
l'apprendra de la bouche du leader du gouvernement — en temps et lieu de rappeler le
projet de loi n° 63. Voilà, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Alors, merci, M. le leader.
Oui, M. le leader adjoint de
l'opposition officielle.
M. Rochon : Oui, merci, M. le Président. Le leader
adjoint du gouvernement me laissera
lui rafraîchir la mémoire sur un autre projet de loi, le projet de loi n° 595, déposé par ma collègue d'Hochelaga-Maisonneuve, accueilli favorablement par le gouvernement.
Il s'agit de la Loi visant à protéger l'accès aux établissements où se
pratiquent des interruptions volontaires de
grossesse. Est-ce que le gouvernement compte appeler ce projet de
loi pour que cette Assemblée en fasse
l'étude prochainement?
Le Vice-Président
(M. Gendron) : M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Tanguay : Bien, M.
le Président, j'invite le député... Évidemment,
il y a plusieurs choses qui peuvent être faites.
Première
des choses, le ou la député en question, sur un projet de loi qui le ou la
concerne, peut interpeller le ministre
et avoir une discussion à cet effet-là. Premier élément.
Deuxième
élément, je me permettrai de rappeler l'article 97 à mon
collègue. L'article 97 fait en sorte que, par nos dispositions réglementaires, l'opposition
peut elle-même initier le débat sur leurs projets de loi lors des
affaires inscrites par les députés de l'opposition, notamment la motion
du mercredi.
Alors,
si c'est un sujet si important, central, alors qu'il le fasse, qu'il prenne le
taureau par les cornes. Et je l'invite à se prévaloir de l'article 97,
M. le Président. Merci beaucoup.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Oui, M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Rochon : Oui, M. le Président. J'ai entendu le «si» devant l'affirmation. Ce projet de loi est important pour l'opposition officielle. J'espère que
ça ne signifie pas qu'il l'est moins pour le gouvernement puisqu'il s'est
montré immédiatement favorable.
Et
je veux rassurer le leader adjoint du
gouvernement : la parraine du projet de loi a effectivement parlé à la ministre responsable.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : C'est une information additionnelle. Si vous
voulez, un commentaire?
• (11 h 30) •
M. Tanguay : Je prends très bonne note, M. le Président, que, mon collègue, loin de lui l'intention de justement m'en
prêter, des intentions. Alors, j'en ai pris bonne note, M. le Président, parce que ce n'était évidemment
pas l'objectif. L'objectif, c'était
de le renseigner, puis je le vois renseigné, content et heureux ce matin, M. le
Président. C'est notre objectif.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Alors, merci, M. le leader adjoint du gouvernement.
Avis de sanction du projet de loi n° 104
Je
vous informe, moi, à titre de président, qu'il y aura sanction du projet de loi
n° 104, Loi visant l'augmentation du
nombre de véhicules automobiles zéro émission au Québec afin de réduire les
émissions de gaz à effet de serre et autres polluants, aujourd'hui, à
14 heures, au bureau de Son Honneur le lieutenant-gouverneur.
Affaires du jour
La
période des affaires courantes étant terminée, nous allons maintenant passer
aux affaires du jour, et je cède à nouveau la parole à M. le leader
adjoint du gouvernement. À vous la parole.
M. Tanguay :
Oui. Merci beaucoup, M. le Président. Alors, considérant les travaux en cours
au sein des commissions et notamment
les demandes de consultations de l'opposition, je vous demanderais de
suspendre, s'il vous plaît, nos travaux, jusqu'à 15 heures afin de
permettre la tenue du débat sur les affaires inscrites par les députés de
l'opposition.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Est-ce que cette motion de
suspension des travaux est adoptée? Ça me prend un consentement.
Alors, la motion étant adoptée, les travaux sont
suspendus jusqu'à 15 heures cet après-midi. Alors, les travaux sont
suspendus.
(Suspension de la séance à
11 h 31)
(Reprise à 15 h 3)
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, bon après-midi, chers collègues. Veuillez
vous asseoir.
Affaires inscrites par les
députés de l'opposition
Motion proposant que
l'Assemblée demande au gouvernement
de geler la rémunération des médecins et de réinvestir
les sommes dégagées en santé
Nous
en sommes aux affaires inscrites par les députés de l'opposition. Et, à l'article 67 du feuilleton, aux affaires
inscrites par les députés de l'opposition officielle, Mme la députée de Taillon
présente la motion suivante :
«Que l'Assemblée
nationale demande au gouvernement du Québec de geler la rémunération des
médecins spécialistes et omnipraticiens d'ici à ce qu'elle respecte la capacité
de payer des Québécoises et des Québécois.
«Que
l'Assemblée nationale demande au gouvernement du Québec de réinvestir les
sommes dégagées dans les soins et services en santé.»
Alors, je vous
informe que la répartition du temps de parole pour le débat restreint sur la
motion inscrite par Mme la députée de Taillon
s'effectuera comme suit : 10 minutes sont réservées à l'auteur de la
motion pour sa réplique, environ 52
minutes sont allouées au groupe parlementaire formant le gouvernement, environ
30 min 20 s sont allouées au groupe parlementaire formant l'opposition officielle, environ
21 min 40 s sont allouées au deuxième groupe d'opposition,
et six minutes sont allouées aux députés
indépendants. Dans ce cadre, le temps non utilisé par les députés indépendants
ou par l'un des groupes parlementaires sera redistribué entre les groupes
parlementaires selon les proportions établies précédemment. Enfin, les
interventions ne seront soumises à aucune limite de temps.
Alors,
je suis prêt à ouvrir le débat, et M. le chef de l'opposition officielle nous
fait l'honneur de prendre la parole. À vous la parole.
M. Jean-François Lisée
M.
Lisée : Merci, M. le Président. Alors, cette semaine, on a
assisté à une mise à jour économique, mise à jour. Et, dans cette mise à jour, le gouvernement a
dit : Ce serait une bonne idée si on ajoutait 300 millions de dollars
dans le budget de la santé. Et puis, oui, c'est une bonne idée, on
applaudit parce que, simplement par les demandes d'accès à l'information, nous
avons calculé qu'il y avait eu des compressions de près de 1 milliard.
Alors, 1 milliard de moins, 300 millions de plus, bien, le compte
n'est pas bon, le compte n'est pas bon, ça veut dire qu'il reste
700 millions de compression. Encore
faut-il savoir à quoi sert cet argent. Et
le gouvernement, dans la grande générosité que lui permet
des compressions exagérées, au-delà du déficit zéro, de 2,2 milliards, l'an dernier, dit : Bien, écoutez, on va
remettre 300 millions cette année puis 300 millions l'an
prochain.
Maintenant, quand on regarde
bien les chiffres, on s'aperçoit qu'il y a un poste de dépenses qui va être de
plus de 300 millions cette année et de plus de 300 millions l'an prochain, c'est l'augmentation de la rémunération des médecins omnipraticiens et spécialistes du Québec. 20 000 personnes qui sont déjà très bien
payées en ce moment vont avoir plus de
300 millions de plus cette année, 500 millions de plus l'année
suivante, 800 millions de plus l'année suivante, 1 milliard de plus l'année suivante. C'est quand même
extraordinaire! Et là le ministre de la Santé qui nous disait dans un élan de
franchise, il y a quelques semaines :
Vous savez, pour répondre à tous les besoins en soutien à domicile, il faudrait
900 millions, bien,
900 millions, M. le Président, c'est moins du tiers de l'augmentation
accordée aux 20 000 médecins omnipraticiens et spécialistes
ces dernières années.
Alors
là, on se rend compte que toutes nos discussions sur le budget de la santé sont
en fait des discussions de l'appauvrissement
généré par une extraordinairement mauvaise décision de finances publiques, la
pire du siècle, de loin, et qui a été prise par trois personnes.
D'abord,
on l'oublie souvent, mais c'était le premier, puis je pense qu'on doit lui
donner tout le crédit, c'est le chef
de la CAQ. Le chef de la CAQ, à l'époque où il était ministre de la Santé du
gouvernement du Parti québécois, a, sous la pression des fédérations médicales,
commis une bourde qui nous coûte extrêmement cher, il a dit que ce serait une bonne idée que la rémunération de nos médecins
soit à la moyenne canadienne. Il n'aurait jamais dû dire ça, à moins qu'il ait dit : Ce serait une bonne idée que
la rémunération de tous les Québécois soit à la moyenne canadienne. Ça aurait
eu une logique. Ça nous aurait conduits à la faillite, mais ça aurait eu une logique.
Mais là pourquoi dire qu'une partie de la population, 20 000
personnes, elle, a droit à cette moyenne et pas les autres?
Le
chef de la CAQ a quitté, et ensuite nous avons eu... nous sommes entrés dans le
tunnel des 15 années libérales, et là les médecins libéraux se
sont... Alors, celui qui est actuellement premier ministre était ministre de la
Santé, d'un côté de la table, celui qui est
actuellement ministre de la Santé était président de la Fédération des médecins
spécialistes du Québec, et ils ont
négocié ensemble. Ils ont dit : Ce qu'a dit le chef de la CAQ, c'était une
très bonne idée, on va mettre ça en
musique, on va mettre ça en musique. Alors, ils se sont mis à faire des
chèques, à signer des chèques, 100 millions, 300 millions,
500 millions, 1 milliard, 1,5 milliard, 2 milliards, ça
s'est accumulé. Mais, pendant qu'ils faisaient ces chèques-là à des médecins spécialistes, il y a des gens qui n'avaient
pas cet argent, des contribuables québécois, pour les patients.
Et là est arrivé ce
qui devait arriver. Sous le gouvernement de Mme Marois, on a dit :
C'est intenable. Cette erreur combinée de
l'actuel premier ministre, de l'ancien chef de... du chef de la CAQ et de
l'actuel ministre de la Santé, c'est intenable, il faut absolument faire
quelque chose, parce que c'est une très mauvaise allocation des ressources. Et là l'actuel ministre de la Santé, qui
représentait les médecins spécialistes, a fait une offre, puis le gouvernement
Marois a dit : Voyons, soyons sérieux, cette offre-là ne résout
rien. Et donc il n'y a pas eu d'entente.
Mais
ensuite savez-vous ce qui s'est passé? Le président de la Fédération des
médecins spécialistes est devenu ministre
de la Santé, et là il est allé voir son ancien syndicat puis il a dit :
Savez-vous, j'ai une offre à vous faire; bien, ça tombe bien, c'est celle que j'avais faite quand
j'étais à votre place. Le gouvernement Marois l'avait refusée, mais maintenant je représente le gouvernement et j'accepte mon
offre. C'est fameux. Il a accepté son offre. Ça n'a pas dû être long comme
négociation.
• (15 h 10) •
Alors,
c'est drôle, mais c'est tragique, parce que ce que ça signifie, c'est que, oui,
il a réouvert l'entente pour étaler, mais
il a étalé et il a sucré. Ce n'est pas étaler, qu'il fallait faire, c'était
annuler, c'était annuler. Il fallait dire : Savez-vous, là, quand j'étais votre représentant, j'étais
excellent et j'ai réussi à soutirer du gouvernement libéral des sommes pharaoniques, mais maintenant je représente tous les contribuables du Québec
et je vous dis, là, ça n'a pas d'allure, ce que j'ai réussi à soutirer. Ça n'a pas d'allure, ce n'est pas soutenable, c'est
intolérable. Parce que maintenant je suis ministre de la Santé puis les gens que je représente, ce n'est pas les médecins, c'est les
patients. Alors, je vous dis, là, l'offre que j'avais faite au gouvernement Marois, c'était quand je travaillais pour vous,
mais maintenant je travaille pour tous et la seule offre possible, c'est le gel de la rémunération. Nous sommes déjà suffisamment payés comme ça et nous allons rester là tant
que notre salaire n'atteindra pas la capacité normale de payer des Québécois. Et,
savez-vous, maintenant que je ne suis plus
le syndicaliste en chef, je peux vous dire qu'en fait les médecins du Québec,
comme le dit une étude de l'Institut canadien d'information sur la
santé, ont 331 000 $ en moyenne, 1 % de plus que la moyenne
canadienne et 8,5 % de plus qu'en Ontario. Alors, vous vous souvenez, les
amis, quand je disais, quand j'étais votre président, là, que, si on n'avait
pas cet argent-là, on allait déménager en Ontario?
Une voix :
...
M.
Lisée : Bon. Bien,
vous savez que je rigolais, il y a des gens qui ont pensé ça. Parce qu'en ce moment,
s'ils déménageaient en Ontario, il y aurait une baisse de revenus de
8 %. Ça fait que je pense que, si on gèle, si on gèle la rémunération, un médecin québécois qui déménagerait en Ontario
aurait une baisse de rémunération de 8 %, alors je pense que le danger est
écarté, tu sais. Déjà, j'avais très peu de preuves pour montrer que
c'était un danger, mais là on a une preuve que le danger est écarté.
D'ailleurs, le problème qu'on va sûrement avoir, c'est l'arrivée de
médecins ontariens qui veulent avoir une augmentation de rémunération de
8,6 %. C'est peut-être ça qu'on aura à gérer.
Donc,
cette erreur de finances publiques si dramatique qui a conduit, entre autres, à des réductions qui font dire à la Protectrice du citoyen : L'austérité fait mal; qui fait émerger
des cas de réduction des soins à domicile, les cas que... La députée de Taschereau,
la famille dont elle a parlé ce matin, alors qu'il y a le père et la mère, qui
sont gravement malades, et les enfants, qui
le sont aussi, et où le CLSC avait indiqué : Ça prend tant d'heures de
soins à domicile, mais, à cause des
compressions qu'il faut pour le déficit zéro et pour payer les médecins, on a
dit : Savez-vous, on va vous enlever six heures... Ces cas-là ne
devraient pas exister, ça ne devrait pas exister.
Dans
mon comté, dans Rosemont, Michel Pigeon, un handicapé qui va travailler tous
les jours dans un centre d'appels, a
des heures de soutien à domicile. Le CIUSSS lui a dit : Non, tu n'en as
pas besoin, on va te les couper. Il a appelé
qui? Pas le ministre de la Santé, ça ne sert à rien, il a appelé...
Bien, d'abord, il a transigé par le Commissaire aux plaintes, ça n'a rien donné. Il a appelé la
protectrice, et la protectrice a dit : Vous avez raison, M. Pigeon, ils ne
devraient pas vous enlever une seule
heure. Et, malgré la décision de la protectrice, malgré sa recommandation, ils coupent ses heures quand
même. Ça, ça veut dire quoi? Ça veut
dire qu'il y a des cadres de la santé qui savent... qui sont tellement
serrés, leurs boulons sont tellement
serrés par le ministre de la Santé qu'ils doivent dire non à des besoins
pressants. C'est ça, le système dans lequel on est maintenant.
Mais, lorsque
c'est les médecins, on ne dit jamais non. C'est extraordinaire. La prime Bolduc,
de triste mémoire, faisait en sorte
que des médecins, dont on pensait, dans notre grande naïveté, qu'ils étaient
payés pour inscrire des patients, nous,
recevaient une prime pour inscrire des patients. On pensait qu'ils faisaient
ça; ça faisait partie de leur salaire, mais non, il faut les payer en plus. Là, c'est comme au Sénat canadien :
ils sont payés et, en plus, il y a un moment où ils étaient payés chaque jour pour être au Sénat. Tu sais,
c'est comme si tous les salariés, là, vous avez une job, vous avez un salaire,
mais, si, en plus, vous vous présentez au travail, on va vous donner une prime.
C'est extraordinaire! Bon.
Alors, on a
dit : Ça n'a pas de sens, la prime Bolduc, ça a été un scandale. Et
pourtant le ministre de la Santé a reconduit la prime Bolduc, dans sa dernière entente aux omnipraticiens,
alors que son rapport de force était extraordinaire.
Je veux dire, je ne peux même pas imaginer
que les omnis pensaient la garder après le scandale. Ça a été
fait, alors ils ont dû être très surpris
d'entendre le ministre dire : Gardez-la, 30 millions, je n'en ai pas besoin, gardez-la. Ah! c'est vrai que je viens d'interdire à des femmes d'avoir
accès au remboursement de la procréation
assistée puis j'avais besoin de 30 millions.
Ça, ces femmes-là, tu comprends, je peux leur enlever ce droit-là, mais vous,
les médecins, cette prime inutile, superflue, je vous la laisse.
Alors, j'ai
demandé tout à l'heure au premier ministre, lorsqu'il s'est rendu compte qu'il
avait atteint son déficit zéro, et
qu'il coupait quand même, et qu'il allait avoir un surplus sur le dos des plus
démunis, y a-t-il eu un moment où il s'est dit : Je pense que ça
suffit? Y a-t-il eu un moment où il s'est dit : J'entends la protectrice,
j'entends les organisations communautaires,
je lis le journal, et c'est écrit, là, qu'il y a des choses inacceptables qui
se passent dans les CHSLD? Et il a
parlé d'autres choses, il a parlé d'indépendance, il a parlé de déficit
inventé, il a parlé de toutes sortes de choses, mais pas de ça. Alors, évidemment, je sais que le
ministre de la Santé, tout à l'heure, va nous dire toutes les raisons pour
lesquelles il a tout à fait raison
d'augmenter encore plus la rémunération des médecins et que non, pour le reste,
ça va assez bien. Ils vivent dans ce déni. Ils vivent dans ce déni.
Et d'ailleurs
il y a eu une chose qui s'est produite lorsque l'ancien président du Conseil du
trésor, qui, lui, semblait avoir une
petite gêne, s'est dit : Bien, on va accorder des augmentations salariales
aux salariés du secteur public, mais l'ancien
syndicaliste devenu ministre, il avait mis dans l'entente qu'il y aurait une
clause remorque et que, donc, en sus de
toutes les augmentations des médecins, ils devraient profiter en plus des
augmentations du secteur public. Et puis le président du Conseil du trésor a dit : On pourrait peut-être
s'organiser pour que l'augmentation soit donnée de telle façon que la clause
remorque des médecins ne s'applique pas à 100 % et qu'on ne soit pas
obligés de leur donner autant d'argent.
Bien, on ne
sait pas pourquoi, M. le Président, mais l'ancien syndicaliste devenu ministre
de la Santé a réussi, dans une
épreuve de force contre le président du Conseil du trésor, de dire : Non,
cet argent-là en plus, je veux absolument le donner à mes anciens
membres. Et là on ne comprend pas comment le premier ministre a accepté ça,
comment le secrétaire général du gouvernement a accepté ça, comment le Conseil
des ministres a accepté ça, parce qu'on peut comprendre
que l'ancien syndicaliste devenu ministre vit dans cette bulle où c'est
toujours plus et jamais assez pour les médecins,
mais on ne comprend pas comment les autres ministres, qui doivent couper puis
qui, pour eux, ont de la difficulté à faire ça, ont laissé passer ces
choses-là.
Alors, je reprends un terme qui était favori du
gouvernement au moment de son arrivée, c'est le cran d'arrêt. Il y a un moment où il faut mettre un cran
d'arrêt. Il disait : Bien, ce que faisait le gouvernement avant, c'était
un cran d'arrêt. Bien là, ce que fait
le gouvernement en ce moment, il faut mettre un cran d'arrêt, geler la
rémunération des médecins à son niveau actuel, faire en sorte évidemment
que, dans cette énorme masse salariale, on puisse payer les nouveaux médecins, évidemment, hein? Le ministre de la
Santé, toujours à l'affût de contre-arguments, ça m'a été rapporté aujourd'hui,
il dit : Qu'est-ce qu'on fait avec des
nouveaux médecins? On les paie. On les paie, O.K., et faire en sorte que,
pour les années qui viennent, les
300 millions qu'on doit donner aux médecins, qu'on les donne aux patients;
et ensuite, les 500 millions qu'on
doit donner aux médecins, qu'on les donne aux patients; et ensuite, les
800 millions qu'on doit donner aux médecins, qu'on les donne aux patients; et ensuite, le milliard,
qu'on le donne aux patients. C'est ça, notre proposition, M. le Président.
Merci.
• (15 h 20) •
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le chef de
l'opposition officielle. Je cède maintenant la parole à M. le ministre
de la Santé et des Services sociaux pour son intervention. M. le ministre.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : M. le Président, juste poser une question purement de
procédure, est-ce qu'à ce moment-là ce sera seulement tout notre temps
et il y aura d'autres après ou... On alterne? O.K. Parfait.
Alors, M. le
Président, j'ai vraiment beaucoup apprécié l'intervention, d'abord le fait que
le chef de l'opposition officielle
vienne prendre la parole sur cette motion-là. Parce qu'il est le chef de
l'opposition officielle, M. le Président, il est l'homme qui est l'image de son parti. Quand il prend la parole
devant nous comme il vient de le faire aujourd'hui, M. le Président, il traduit la pensée de son
parti. Il indique à la population qui nous écoute là où il veut amener le
Québec. Il ne fait pas simplement
indiquer à la population qui nous écoute et aux parlementaires présents ici, dans la salle, au salon bleu, où il veut amener le Québec, il nous dit aussi comment il veut amener les
gens là où il veut les amener. C'est très important, l'intervention que
le chef de l'opposition a faite aujourd'hui, parce que... ce que je viens de
dire.
Qui est le chef de l'opposition officielle? Bien, l'allocution qui vient d'être faite, M. le Président, l'indique. Et d'ailleurs je vais continuer en ce sens-là, parce
qu'en étant chef il vient imprimer aussi un mouvement, une approche intellectuelle auprès des autres parlementaires. À
chaque fois que quelqu'un se lève pour parler de santé, à l'opposition officielle, il y a un peu du chef là-dedans, hein?
Alors, à chaque fois qu'il y a une critique, et on l'a vu cette semaine, il y a
un peu de la méthode du chef. Et je vais donc aller, d'abord et avant tout,
dans ce sens-là, M. le Président.
J'ai utilisé
un propos cette semaine qui n'avait pas été théoriquement parlementaire.
J'avais cité un chroniqueur connu au
Québec, M. Michel Hébert, qui avait qualifié le chef de l'opposition du
prince de... Je ne le répéterai pas, parce qu'on m'avait reproché de
l'avoir utilisé. Mais, régulièrement, quand je réponds aux questions qui sont
posées par l'opposition, je suis toujours
obligé, toujours, de mettre en évidence le fait qu'il y a toujours une
déformation de la réalité. Au Parti
québécois, on ne peut jamais dire les choses précisément comme elles sont.
Jamais. Ça n'existe pas. Jamais. Jamais, et ça n'a jamais existé, ça ne
sera jamais le cas.
Et ce n'est
pas surprenant, M. le Président, ce n'est pas surprenant parce que... Rappelons
l'histoire. J'ai entendu le chef de
l'opposition nous parler un peu d'histoire en santé. Bien, parlons-en, de
l'histoire en santé, et mettons ça sous le réflecteur de la précision
des faits.
Le chef de
l'opposition officielle, en commission parlementaire, devant moi, j'en étais
estomaqué, s'est vanté, M. le
Président, d'avoir été le conseiller de M. Bouchard, lorsque, face à un
déficit, ils ont mis à la retraite des médecins et fermé des hôpitaux. Il s'en est vanté, hein?
Alors, ça, c'est l'individu, là, qui aujourd'hui... Est-ce qu'il a dit ça à la
population à l'époque? Est-ce que
c'était dans leur programme électoral? Non. Mais ils ont fait ça. Et le
conseiller, c'était le chef de l'opposition officielle.
Il était
aussi le chef... il n'était pas le chef, mais il était le conseiller aussi du
chef de l'époque, l'époque malheureuse de
la cage à homard. C'est de l'histoire, ça, M. le Président, c'est un fait.
C'est quoi, la cage à homard? La cage à homard, là, c'est de dire à la population : Nous allons utiliser votre
naïveté pour vous amener dans un environnement duquel vous ne pourrez pas sortir. On vous fera croire quelque
chose qui n'est pas nécessairement exact. C'est ça, la cage à homard.
Et
aujourd'hui le chef, qu'est-ce qu'il fait, M. le Président? Le chef aujourd'hui
amène son parti sur une voie inutile, qui
est la version moderne de la cage à homard, qui veut que : O.K., on ne
fera pas de référendum, on va prendre quatre ans pour être un bon gouvernement et vous convaincre que l'indépendance,
c'est bon. Est-ce que le chef, un jour, pourrait nous expliquer pourquoi il n'est pas capable de faire ça dans les deux
prochaines années? Pourquoi? Il n'est pas capable de le faire parce que ce n'est pas faisable. Parce
qu'il ne peut pas arriver, le chef, et dire à la population : C'est
rentable.
Toujours dans un journal connu au Québec, un
chroniqueur connu, Michel Girard, posait la question au Parti québécois — et vous ne l'aurez jamais, M. le Président,
la réponse, et ceux qui nous écoutent ne l'auront jamais : Comment
le Québec peut-il continuer à donner ses services publics tels qu'ils sont s'il
n'a pas les transferts en péréquation de 15,9 milliards
de dollars, la moitié, à toutes fins
utiles, M. le Président, du budget de la Santé? On a un chef qui est là qui n'est pas capable de dire aujourd'hui et pendant les deux prochaines années : Chère population
du Québec, nous allons vous convaincre de l'indépendance, que c'est mieux pour vous autres et
je vais vous expliquer comment on va se passer de 15 milliards de dollars de transferts au net, au net, même en récupérant
les impôts, et ainsi de suite. C'est ça que j'ai qualifié comme étant la
mégacage à homard spatiotemporelle.
Quatre ans,
six ans de discussions, là, non fondées, là, non démontrées sur le bienfait de
l'indépendance dans un espace qui
s'appelle le Québec pour qu'à la fin la population
mette une croix sur le oui. Savez-vous pourquoi, M. le Président, je ne ferais
pas ça, moi, M. le Président? Pour une raison bien simple : je ne serais jamais
capable de vivre avec moi-même si,
sciemment, j'amenais les gens vers un choix qui les mettrait personnellement,
pour leur famille, en péril économiquement.
Parlons donc, M. le Président, de quoi ça veut
dire, ça. Moi, je ne prendrais jamais de décision politique qui dirait aux gens : Peut-être
que vous allez perdre votre maison, vous et votre famille, parce que
financièrement, on va vous
amener à un moment donné dans une période de turbulences. Turbulences. Qui a
utilisé ce mot-là, M. le Président? Mme Marois
elle-même, qui, à un moment donné, à l'époque où elle était première ministre,
a dit : Oui, c'est vrai, il y a des turbulences. Vous n'entendrez jamais ça dans la bouche du chef actuel
parce que lui, il préfère évidemment, évidemment prendre une autre approche.
Alors, quand
le chef de l'opposition, il y a quelques instants, M. le Président, a dit que
la plus grande bourde de l'histoire,
la pire du siècle — et je
l'ai noté, M. le Président — était la décision de l'actuel chef de la
deuxième opposition alors qu'il était
ministre de la Santé du gouvernement du Parti québécois, en 2003, que c'était
la pire bourde de l'histoire, du
siècle, d'avoir engagé une procédure d'évaluation de l'écart avec... la
rémunération des médecins avec le reste du Canada, bien, la pire bourde de l'histoire, tout le monde
sait c'est laquelle, M. le Président, là, c'est la mise à la retraite des
médecins puis la fermeture des hôpitaux. Ça, c'est la pire bourde, là, hein?
Et ça, ça a été compensé, évidemment, par le Parti libéral, qui a rouvert les facultés de médecine. Et on sait que ça prend
10 ans, sept ans, 10 ans, pour sortir un médecin des facultés, dépendamment du type de formation,
de médecin de famille ou de médecine spécialisée. C'est le temps que ça prend pour récolter les fruits de cette
correction. On y est. Cette réouverture des facultés de médecine s'est faite en
2004 et les années subséquentes. Ça, ce
n'est pas la pire bourde, c'est le geste réparateur, réparateur à la pire
bourde de l'histoire du Québec, qui
avait été exercée, décidée, pensée par le Parti québécois et spécifiquement, M.
le Président, par l'actuel chef de l'opposition.
Alors, M. le
Président, voilà un premier exemple, un premier exemple de, on va dire,
transformation de la réalité par le
chef. C'est ça qu'il fait, le chef. Il transforme la réalité à son avantage, il
y a des mots qui s'appliquent à ça, des mots non parlementaires, parce que, comme vous le
savez, M. le Président, nommer les choses au salon bleu, c'est quelque chose qui est interdit. On ne peut pas, c'est
impossible. Alors, la transformation de la réalité pour des fins partisanes,
ça, ce n'est pas une chose que l'on peut faire.
• (15 h 30) •
M. le
Président, ça ne s'arrête pas là, évidemment. Le chef de l'opposition
officielle n'a pas dit que, lorsque son parti était au pouvoir, lorsque le chef actuel de la deuxième opposition
était ministre de la Santé, il n'a pas dit évidemment que le Québec perdait ses médecins. Parce que
l'écart, à l'époque... parce que n'oublions pas que le chef de la deuxième
opposition, ce qu'il a convenu, M. le
Président, ce n'est pas de donner de l'argent aux médecins, mais bien
simplement de mettre en place un
comité neutre avec une présidente indépendante qui allait faire une évaluation.
C'est tout ce qu'il a décidé, le
ministre de la Santé de l'époque, du Parti québécois. C'est tout ce qu'il a
décidé. Alors, voilà, encore une
autre réalité qui est évidemment inexacte, encore une fois.
Le comité a
constaté à l'époque, M. le Président, qu'il
y avait un écart dans la rémunération — parce que c'est ça qui est l'enjeu aujourd'hui, là — qui était, selon certaines spécialités,
jusqu'à 60 % de moins. Voilà. Et la question qui s'est posée : Est-ce que les Québécois valent
60 % de moins que la moyenne canadienne? Bien, il y a des gens, là, dans
la société, là, qui ont répondu que non, et il y a eu des correctifs. C'est
tout ce qui s'est passé, M. le Président.
Mais
l'approche politique de l'opposition officielle est toujours la même, M. le
Président, toujours. Quelle est-elle?
Non seulement au Parti québécois, on ne peut pas dire les choses avec précision,
mais en plus on fait une politique que je qualifierai de bouc émissaire. Au Parti
québécois, on n'est pas capable de mettre de l'avant une idée et la défendre, l'idée doit être substanciée dans une approche de
bouc émissaire, quelqu'un doit être coupable de quelque chose. On l'a vu avec la charte,
quand il y a eu l'épisode malheureux de la charte qui a fait
du Québec une société, une nation ternie dans l'image internationale, hein? Parce que c'est ça
que ça a fait. Mais ça n'a pas été un problème, au Parti québécois, de faire ça, parce qu'au Parti
québécois, on défend certains Québécois mais pas la société québécoise. Il
fallait avoir un bouc émissaire, et
on sait qui c'était dans le temps de la charte, quand ce ne sont pas des
personnes, ce sont les vêtements que
la personne porte. Historiquement, si on remonte dans le temps, bien là,
c'étaient des gens qui parlaient une autre langue, qui est techniquement
une langue officielle.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Question de règlement, M. le leader de l'opposition officielle.
M. Bérubé :
Il existe un article sur la pertinence, l'article 211 : «Tout
discours doit porter sur le sujet en discussion.» On a une motion du mercredi très précise sur la
rémunération des médecins. Il me semble qu'on évite le sujet, qui pourtant
devrait occuper l'ensemble des parlementaires aujourd'hui.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Bien. Alors, M. le ministre... Oui, M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Tanguay :
M. le Président, évidemment, lorsque l'on parle de motion du mercredi, on
parle... Puis c'est mon collègue qui aura le temps nécessaire d'exprimer
la philosophie qui a animé puis l'approche politique qui amène le Parti québécois à déposer cette motion. Alors, ça
participe d'une introduction, d'une vision politique qui résulte aujourd'hui
en le débat. Alors, je pense que ça participe pleinement du coeur du débat, là.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : D'accord. M. le ministre, je
vous invite à revenir au sujet de la motion et de faire attention à vos
propos.
M. Barrette : M. le Président, je suis content que le leader de l'opposition officielle m'invite à parler des médecins, puisque
j'allais arriver, dans la phrase suivante que je vais prononcer, à justement
ça. Alors, ce parti qui a besoin...
Une voix : ...
M. Barrette : Non, c'est parce que j'en ai 50. Ce
parti, M. le Président, ce parti qui a besoin de boucs émissaires
s'en est trouvé un nouveau, c'est les médecins. Voilà. C'est ça qui se passe actuellement.
Pour aujourd'hui étayer sa visibilité politique, on choisit un nouveau bouc émissaire. Il y a
eu des gens avec le mauvais linge et
la mauvaise religion, ou la mauvaise langue, ou tout ça ensemble, ou
séparément. Là, aujourd'hui, on a les
médecins. Les médecins, c'est des méchants, M. le Président. Ce n'est pas
du bon monde, puis il faut les stigmatiser, et puis il faut dire que le gouvernement les paie trop. Il faut insinuer que le ministre
et le premier ministre ont fait des ententes qui étaient irrégulières, fondées sur des
avantages, et ainsi de suite. C'est
ça qu'on fait, au Parti québécois, M. le Président.
On a besoin
d'un nouveau groupe de citoyens, puis le mieux, évidemment, c'est que ça soit
un petit nombre, parce que le
petit nombre, c'est tellement plus facile. Alors là, le Parti québécois a choisi — parce qu'on le sait, c'est le comportement
princier du chef de l'opposition officielle...
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Faites attention à vos propos, ça peut être des propos blessants.
M. Barrette : Bien, «princier»,
c'est...
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Lorsqu'on qualifie quelqu'un de prince... Je vous invite à la prudence, M. le ministre.
M. Barrette : Bien,
d'accord, M. le Président. Alors, on connaît l'approche et on la voit telle quelle aujourd'hui : on s'est trouvé un nouveau bouc émissaire. C'est comme ça.
C'est la réalité telle que l'on vit aujourd'hui.
Et on prend
toutes sortes d'exemples, le chef de
l'opposition officielle nous a donné
un certain nombre d'exemples. M. le
Président, je n'ai pas le choix de
reprendre ces exemples, parce qu'ils sont imprécis. Et je vais même le dire :
Ils sont tout à fait déformés par rapport à la réalité.
Je vais
commencer, M. le Président, par parler de l'exemple qu'a pris lui-même
le chef de l'opposition officielle. Le
chef de l'opposition officielle, M. le
Président, il dit : Il faut
arrêter de donner de l'argent aux médecins, parce qu'on leur donne de
l'argent de façon inopportune, par exemple la prime Bolduc. M. le Président, je
me suis, moi, élevé contre cette
prime, qui était une prime réelle mais qui était une prime erronée, qui, en
passant, M. le Président, avait été maintenue en place par le Parti québécois, ô surprise! Et non seulement elle a été
maintenue en place par le Parti québécois, mais par le Parti québécois quand il était au pouvoir, alors que le chef de
l'opposition officielle était lui-même au pouvoir. Ils n'ont pas aboli ladite prime, qui était une prime
complètement, à mon avis, inutile, puisque je l'ai moi-même abolie. Elle
n'a pas été remplacée par une prime. Elle
n'a pas été remplacée par une prime. Une prime, c'est une prime. Une prime,
c'est un montant supplémentaire donné pour
un service, un bonus. Il n'y a plus de prime. Il y a un geste plus complexe,
beaucoup plus complexe que celui qui donnait accès à la prime.
Je m'explique pour que tout le monde comprenne,
M. le Président. Vous avez une entorse. Vous jouez au ballon-volant, vous marchez sur la rue, vous glissez sur le trottoir,
vous vous faites une entorse de la cheville. Vous allez voir le médecin dans une urgence, et, du temps de
la fameuse prime, le fait d'aller voir un médecin, et le médecin qui vous
voit vous inscrit, ça donne une prime.
Alors, je peux vous dire, moi, que, comme médecin, personnellement, voir un
patient avec une entorse, ce n'est pas long. Ce n'est pas un diagnostic
complexe, ce n'est pas une grande investigation, et le traitement est simple.
Et il y a une prime. Ça, c'est un bonus.
Je peux vous
dire que l'argent qu'on a enlevé sur la prime, qui a été remplacée par une
tarification, à la première visite,
d'une prise en charge qui exige que vous soyez vu par un médecin, qui vous
examine des pieds à la tête, qui vous fasse une histoire... L'ensemble
de cet épisode-là, qui peut prendre jusqu'à une heure, bien, il faut bien la
payer, cette heure-là, là. Ce n'est pas cinq minutes comme une entorse ou
10 minutes comme une entorse. C'est une heure. Je l'ai expliqué à plusieurs reprises, M. le Président,
et, quand bien même je l'explique, le chef de l'opposition et ses collègues
reprennent toujours le même exemple, parce
qu'on se dit, au Parti québécois : Continuons à répéter la même
désinformation, puis ça va finir par devenir une vérité. Bon, c'est
correct, c'est comme ça que ça fonctionne au Parti québécois.
Prenons, par
exemple, M. le Président, le cas de la personne qui est — que je ne nommerai pas par déférence — de son
comté, qui a été rapporté par la Protectrice du citoyen. Voici l'élément que le
chef de l'opposition a omis de vous dire ou de dire à la population. Alors, d'abord, le contexte. Nous vivons une
situation difficile, où n'importe quel gouvernement responsable va faire les évaluations nécessaires
pour qu'à chaque jour les services qui sont octroyés à des gens dans le besoin soient mesurés et livrés adéquatement et
non en excès. Et, quand je dis en excès, je ne parle pas d'excès inutile,
là, mais c'est sur la base d'un équilibre pour qu'on ait le maximum de personnes
qui puissent recevoir des services.
• (15 h 40) •
Que s'est-il
passé avec cette situation-là et qu'est-ce qui a été omis, M. le Président?
C'est la chose suivante — le chef de l'opposition, il ne veut pas vous le dire, alors
je vais vous le dire : Il y a une personne qui recevait beaucoup d'heures
de service et il y a eu une réévaluation qui a été faite. Et des gens sont
venus, des professionnels de la santé, compétents, totalement bien
intentionnés, qui sont venus voir la personne, non pas pour nuire à la personne
mais bien pour la rencontrer, avoir un
échange, discuter pour voir s'il était possible de réorganiser la manière de
donner les services pour être plus
efficace. Je donne un exemple, M. le Président, parce que c'est ça qui s'est passé, un exemple très simple. Est-il possible d'avoir une personne qui, pendant
la période où elle vient aider la personne à préparer ses repas... est-il
possible pour cette personne-là de faire en même temps le lavage? C'est le genre de services qu'on donne à des gens dans
le besoin, et ces gens-là, M. le Président, en ont besoin. La question ici n'est pas l'identification du besoin, l'identification a été faite. Alors, chez cette personne-là, on a
regardé ça, hein, et on a vu qu'avant il y avait une personne qui venait une
heure pour faire le lavage et, à un autre
moment, une heure pour préparer le repas. Un professionnel est venu, a discuté
avec la personne et a dit : Est-ce
qu'on pourrait faire les deux en même temps? Parce que c'est faisable, là,
préparer le repas, aider, la personne
s'alimente elle-même. Et est-ce qu'on peut faire les deux en même temps? Il a
été convenu que oui. Alors, à ce
moment-là, le nombre d'heures de service requis a baissé parce que les tâches
requises pouvaient être effectuées en moins de temps.
Pourquoi ce
professionnel-là a-t-il fait ça? Pourquoi un professionnel a-t-il décidé de
revoir ça? Pour une raison simple,
qui n'intéresse pas le chef de l'opposition officielle, la raison étant qu'on
pourrait donner, à ce moment-là, des heures
à quelqu'un d'autre. Ah! Aider une autre personne, ça, là, ce n'est pas une
bonne raison. Au Parti québécois, bien gérer les heures de service rendu,
évalué par des professionnels compétents pour en donner à plus de monde, ce
n'est pas bon, M. le Président. Aider
plus de monde, au Parti québécois, ce n'est pas bon, M. le Président. Bien,
c'est ça, la politique qui se fait
dans cette Chambre, M. le Président, une politique qui est... je qualifierais
de pour le moins particulière et décevante.
D'ailleurs,
ce que la Protectrice du citoyen a dit, elle a dit : Oui, il faut rétablir
les services, c'est exactement ça qui a
été fait, mais il n'en reste pas moins qu'à la fin la Protectrice du citoyen a
accepté la proposition finale en ayant constaté que les services requis étaient rendus avec moins d'heures. Il ne vous
le dira pas, le chef de l'opposition officielle, que la réduction d'heures, qui initialement était trop
grande et qui a été ramenée à plus, mais le plus étant moins que l'initial,
hein... il ne vous dira pas que la
protectrice a été satisfaite de l'exercice. Il ne vous le dira pas parce que ce
qui importe pour le chef de
l'opposition officielle, c'est de présenter une réalité qui fait son affaire.
C'est ça qui est important pour lui et
c'est ça qui est important pour le Parti québécois : Construisons un
scénario qui va faire en sorte que, la population, qui n'est pas au fait
de la réalité, bien, on pourra l'influencer dans notre choix. Ce n'est jamais,
au Parti québécois, l'intérêt
de la population dans son ensemble, c'est toujours l'intérêt de l'option
politique, et on en a eu tellement une belle démonstration avec le cas
en question.
Le cas en
question, il est simple, M. le Président, simple comme bonjour. Il y avait tant
d'heures, il y a eu une réduction sur
l'évaluation d'un professionnel. La protectrice a dit : Vous réduisez
trop, vous devez rétablir, rétablissez le
niveau de service, pas le nombre d'heures, le niveau de service. C'est ce qui a
été fait, et il y a eu une réduction d'heures avec le maintien des services, ce qui a permis de donner des services à
une autre personne, une vraie personne, en chair et en os, qui a des vrais problèmes, qui a pu avoir des services à cause
de cette décision-là. N'est-ce pas extraordinaire? Voilà ce qui s'est passé. Est-ce que le chef de
l'opposition officielle vous a dit ça? Évidemment que non, évidemment
que non.
Et là le chef
de l'opposition officielle fait le lien avec la rémunération des médecins.
Voulez-vous bien me dire, là, comment
il peut faire ce lien-là? Il ne peut pas le faire. Il n'y en a pas, de lien
possible entre les deux. Mais ça aussi, ça fait partie de l'approche
toujours surprenante du Parti québécois.
Le Parti
québécois, on sait comment qu'il fonctionne, on l'a vu à la dernière élection,
hein? Quand le Parti québécois a
présenté son budget sans crédits, pour lequel on a constaté, nous, en arrivant
au pouvoir, qu'il avait annoncé... qu'il s'était engagé auprès de la population
à dépenser 100 millions de
dollars en maintien à domicile, bien, nous, on a dit 150 millions en se basant sur le budget du Parti québécois, en
pensant, évidemment à tort, que le Parti québécois n'avait pas fait
d'entourloupette politique. On s'est dit : S'ils disent
100 millions, là, ça doit être parce que les chiffres le permettent. Ô
surprise, quand on est arrivés, non seulement les chiffres ne le permettaient
pas, mais on était en déficit.
Et, pour
revenir à l'équilibre budgétaire et donner le fameux 100 millions, il
aurait été, pour le Parti québécois... puis
là je vais le dire tranquillement, il aurait été, pour le Parti québécois,
nécessaire de couper ailleurs en santé, parce qu'il ne pouvait pas donner, investir ce 100 millions là en
maintien à domicile, des personnes qui sont à la maison, là, qui ont besoin de services, il ne pouvait pas le
faire. Bien, nous, là, au Parti libéral, on a réussi à le faire. On est revenus
à l'équilibre budgétaire et on a
aujourd'hui, dans l'année courante, dépassé ce 100 millions là, nous avons
atteint cette année notre objectif de
150 millions de dollars en maintien à domicile. On l'a fait, M. le
Président, en ne coupant pas de service,
en gérant correctement, en n'induisant pas la population... ou n'amenant pas la
population dans un chemin totalement
injustifié. On l'a fait en toute transparence. Qu'est-ce qu'on a fait, M. le
Président, dans les deux dernières années? On a fait exactement ce qu'on
a dit qu'on allait faire. On l'a dit à la case départ, on l'a fait tel
qu'annoncé, et aujourd'hui on arrive à la partie où on va... où la population
va récolter les bénéfices de leurs efforts.
Maintenant,
M. le Président, parlons encore du Parti québécois et de son
comportement. Le chef de l'opposition,
tantôt, disait que, lorsque j'étais de
l'autre côté, j'avais fait une offre qu'ils avaient refusée. Bien, je suis
content, M. le Président, que, pour
la première fois... Et ça, c'est extraordinaire, M. le Président. Je vais aller
dans nos archives, M. le Président, parce que le chef intérimaire
sortant, qui est l'ancien président du Conseil du trésor, à qui j'avais fait
une offre, de mémoire, n'a jamais, jamais,
jamais confirmé, alors que je lui ai demandé à plusieurs reprises, que j'avais
fait une offre. Et là le chef actuel
de l'opposition officielle vient de dire exactement le contraire, exactement le
contraire. N'est-ce pas
extraordinaire? Encore une fois, le déni de leur propre passé, la confirmation
qu'au Parti québécois, on change d'idée quand ça nous plaît pour amener
la population dans la cage à homard.
On l'a vu
cette semaine. Ma critique officielle, la députée de Taillon, M. le Président,
a critiqué Optilab comme étant
quelque chose qui était complètement farfelu, mauvais... la destruction du
réseau. Elle ne s'est pas rendu compte que
son propre parti, en 2013, avait envoyé une lettre à tout le réseau en
disant : Voici, vous faites Optilab, c'est parti, nous assistons à une transformation du réseau pour
le bien... et ainsi de suite. Le Parti québécois, en 2013, a dit oui à Optilab,
l'a enclenché et, moins de trois ans
plus tard, le Parti québécois, par la voix du chef, c'est-à-dire par la
décision du chef mais par la voix de
ma critique — c'est
quand même le chef qui autorise ça : Woups! Ce n'est pas bon. Alors
là, on peut se poser des questions
simples. Il y a quelque chose qui est croche, là-dedans, il y a quelque chose
qui n'est pas droit. Alors, si aujourd'hui ce n'est pas bon mais que
c'était bon...
Des voix : ...
M. Barrette : Bien, M. le
Président, je ne prête pas d'intention...
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Soyez prudent quand même, M. le ministre.
Une voix : ...
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Juste un instant! Juste un instant! Je vous demande de faire attention
à vos propos pour ne pas prêter des intentions.
• (15 h 50) •
M. Barrette : Mais il n'en reste pas moins qu'ici il y a
une énigme. Dans la bouche du même parti, un projet est bon, est grandiose une année, et, dans la bouche
du même parti, ce n'est pas bon. Alors, si ce n'est pas bon, ça veut dire
que, la fois d'avant, on a voulu amener les
gens dans quelque chose de pas bon, ou bien, aujourd'hui, ce n'est pas bon puis
c'était bon la dernière fois. Bien, ça, M. le Président, je sais c'est
quoi, la réponse à ça, là. Je ne la dirai pas, mais je pense que les gens qui nous écoutent comprennent,
à sa face même, qu'il y a là une manipulation des faits. Comment une
chose peut-elle avoir été bonne quand ils sont au pouvoir...
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
«Manipulation des faits», M. le ministre, retirez vos propos.
M. Barrette :
Alors, manifestement, il y a une transformation...
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Vous retirez ces propos-là.
M. Barrette : Ah, je dois les retirer?
Je retire.
Manifestement,
M. le Président, il y a une transformation de la présentation des faits,
une transformation spectaculaire, puisque
le même fait, une année, est blanc et le même fait, une autre année — puis
il n'y a pas beaucoup de distance entre les deux — est
noir, je dirais même, noir foncé. C'est quand même extraordinaire, M. le Président. Moi, je n'en reviens pas! Alors, comment le public peut-il faire
confiance à un parti qui, à chaque fois, à chaque fois, se présente
comme ça sur n'importe quel sujet?
Maintenant
que le chef de l'opposition
officielle confirme ce que n'a jamais
confirmé le président sortant du Conseil
du trésor lors de leur gouvernement, confirme qu'il y avait bel et bien eu une offre
qu'ils ont refusée, il nous dit que la première
ministre d'alors voulait annuler le contrat. Annuler. Annuler, M. le Président.
Ça, c'est une autre affaire! Le Parti québécois
est un gouvernement, potentiel, mais un parti dont le comportement n'est pas
simplement celui de transformer la
réalité pour des fins idéologiques, mais aussi qui est prêt à renier sa
signature, en toutes circonstances, sans négocier.
La motion d'aujourd'hui, M. le Président, c'est
exactement ça, l'objet. L'objet de la motion d'aujourd'hui, M. le Président, il est très simple, il est celui
du reniement d'une signature sans négociation. Il est celui de la négation.
Parce que le chef de l'opposition officielle
a parlé beaucoup de déni. Bien, on va en parler, de déni, le déni de règles
sociales qui font l'histoire du monde
occidental. Le monde occidental s'est construit, M. le Président, hein, il
s'est construit sur un mode
relationnel entre les individus et les organisations basé au départ sur la
confiance, ensuite sur des contrats. Un contrat peut très bien être
réouvert par les deux parties, M. le Président, il doit y avoir une
négociation.
Bien sûr, un
gouvernement doit, en quelque part, assumer son rôle. Et son rôle, c'est un
rôle que l'on connaît. À un moment
donné, là, quelqu'un doit trancher. Mais quand tranche-t-on? Est-ce qu'on
tranche quand ça nous tente? Bien, ça, c'est
la charte : Tu ne déranges pas le monde... On va faire une loi puis on va
dire : Voilà, vous autres, là, vous n'êtes pas bons. Ça, c'est le Parti
québécois. Est-ce qu'on tranche quand on émet une idée? Bien là, c'est ce qu'on
nous propose aujourd'hui.
Moi, j'aimais
l'idée : on va geler les enveloppes, puis c'est correct, c'est ça que ça
me tente, puis on va faire une motion.
Puis on arrive aujourd'hui et on prend beaucoup de temps pour discuter d'une
motion qui n'a pas été débattue, à part aujourd'hui, qui nous emmène
dans une situation où le gouvernement, face à un groupe, peu importe le groupe,
M. le Président... Peu importe le groupe, on arrive dans une situation où la
procédure normale, relationnelle, entre deux
organisations, à plus forte raison l'État, qui est une organisation
puissante... L'État, là, ce n'est pas rien dans une société, et ce «pas rien» là doit être utilisé
avec mesure, hein? Si ce n'est pas la mesure du geste, c'est certainement la
mesure de la procédure. Non, au Parti
québécois, on arrive, comme ça, avec un chapeau puis un lapin un mardi
après-midi, puis on dit : Voici,
on va faire une motion demain, là, et on va abolir tout le passé, et on va
abolir tous les contrats, et on va geler
les médecins, sans aucune... séance tenante, comme ça. On va voter là-dessus
tantôt, M. le Président, on va voter là-dessus.
N'est-ce pas contraire à tout ce qui
existe en démocratie? N'est-ce pas
quelque chose qui s'approche beaucoup plus de la dictature que de la
politique?
Des voix : ...
M. Barrette : J'ai dit «s'approche»,
M. le Président.
Des voix : ...
M. Barrette : ...d'un mot, là, je
peux bien croire, là...
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Je pense que le ministre a droit à
son opinion. Et, dans ce sens-là, je lui demande quand même la prudence, M. le ministre. Et, Mme la députée de Taillon,
vous allez avoir tout le loisir tantôt de répliquer à tous les arguments
soulevés par le ministre. Veuillez poursuivre, M. le ministre, en étant
prudent.
M.
Barrette : Merci, M. le Président. On voit la grande sensibilité, au
Parti québécois, quand on s'approche de leur vérité. Ils n'aiment pas ça qu'on le mette en évidence, ils
n'aiment pas ça, je le comprends. Moi, là, c'est comme un magicien. Les magiciens aiment, évidemment, que le
public ne voie pas le montage qui est derrière, hein? Le magicien veut que les gens croient que le lapin sort vraiment
du chapeau, que la carte dans la manche soit la bonne. C'est normal,
c'est le principe de la magie, un principe qui est le fondement du Parti
québécois. Il ne faut surtout pas dire les faits comme... tels qu'ils sont. Je vous l'ai démontré pendant les 37 dernières
minutes, et là je le montre encore. Et c'est sûr qu'après 37 min 18 s je peux comprendre l'opposition de
commencer à être irritée, mais, malheureusement pour eux autres, je n'ai
pas fini. Alors, c'est ça qui est la réalité, M. le Président.
Et le chef de
l'opposition officielle nous a dit une chose incroyable, incroyable :
Quand on était l'autre bord, on avait planifié abolir l'entente. Non
seulement ils veulent le faire aujourd'hui, mais ils nous disent... il nous a
dit que, lorsqu'ils étaient au pouvoir, ils
planifiaient séance tenante faire fi de toute la procédure démocratique qui
existe et qui fait le lien, dans une
société normale, entre deux organisations. Bien, c'est ça, le Parti
québécois : la charte, la cage à homard, les fermetures, planifier l'abolition des ententes avant toute
négociation. Aujourd'hui, la même chose, hein? C'est ça, le Parti québécois. Les exemples que je vous ai
donnés, bien non, la prime, ce n'était pas une prime après. Bien oui, c'était
une bonne chose qui a
été faite, dans le cas qu'il a présenté, et la Protectrice du citoyen l'a dit.
C'est ça, M. le Président. Optilab,
une année, c'est bon, l'autre année, c'est mauvais. C'est comme ça tout le
temps. Je suis content, aujourd'hui, d'avoir
du temps, M. le Président. Ça me démange d'avoir ce temps-là pour montrer une
fois pour toutes ce qu'est la vraie nature du Parti québécois.
• (16 heures) •
Maintenant,
les médecins, M. le Président, qui sont maintenant les nouveaux boucs
émissaires du Parti québécois, est-ce
que les gouvernements... Notre gouvernement va réévaluer la situation. Bon,
est-ce qu'on va... On entre en négociation, M. le Président, parce que nous, on respecte les règles élémentaires de
la démocratie, qui, en matière de relations que je qualifierai globalement de travail, exige de
passer par un processus de négociation, on entre là-dedans. Une chose qui est fausse, par exemple, une chose qui est fausse,
c'est que les médecins du Québec, évidemment, ne sont pas payés plus qu'en Ontario. Ça, c'est faux, ça vient simplement
du fait que l'analyse qui a été faite pour amener à cette conclusion-là est une analyse extrêmement partielle. C'est
clairement indiqué dans les notes de l'organisation qui a produit cette
analyse-là, à l'effet qu'on a fait
une analyse avec un tout petit sous-groupe, qui ne prenait pas la donnée au
complet et qui montrait que, dans un sous-groupe...
Puis c'est
possible, M. le Président. Ici, là, regardons-nous, là, dans cette pièce. Les
gens pensent qu'on est tous payés le même salaire, mais non, il y en a
qui sont payés différemment, parce qu'il y en a, un sous-groupe, qui a des fonctions, l'autre sous-groupe ne les a pas, et
ainsi de suite. Je peux prendre, moi, ici, là, un sous-groupe de cinq députés,
10 députés qui vont gagner plus que leurs voisins puis je peux sortir sur
la rue puis dire : C'est un scandale! Un parti politique qui n'est pas capable d'arriver et de dire à la
population : Voici la réalité, et objectivement, oui, c'est un
sous-groupe, mais il faut faire
attention parce que ce n'est pas l'ensemble, ça ne vaut pas pour l'ensemble...
Bien, ça, c'est transparent, c'est
correct, c'est le fair-play. Voilà une notion
qui n'est pas très, très courante au Parti québécois, en ce qui me concerne.
Alors, aujourd'hui, on est où, M. le Président,
là? On est très clairement à un moment dans le temps où le Parti québécois joue une game. On la connaît, puis j'ai expliqué, pendant les minutes
qui viennent de passer, quelle était la prémisse de cette game-là politique.
C'est un jeu, je trouve ça déplorable, M. le Président.
Est-ce que
les médecins doivent gagner plus qu'ailleurs? Est-ce
qu'ils doivent être à leur place? La
réponse est non et oui. Il n'y a
pas de raison pour que les médecins québécois gagnent plus qu'ailleurs. Il n'y en a pas, c'est clair. Je l'ai toujours dit, comme j'ai dit à plusieurs reprises — et
je vais le répéter ici, et, en temps et lieu, j'en ferai une démonstration
plus exhaustive, mais les faits sont... et
ils sont clairs, nets, précis et documentés — les
médecins québécois, aujourd'hui, au
moment où on se parle, sont à la
bonne place. Ils gagnent collectivement moins qu'en Ontario.
De façon significative, leur rattrapage est fait. Il
n'y a plus aucune justification, aucun argumentaire qui permet aux médecins d'invoquer
un quelconque rattrapage.
Maintenant,
que veut faire le Parti québécois? Le Parti
québécois, aujourd'hui, nous propose
un gel. Alors, ce que le Parti québécois nous propose, essentiellement, c'est de dire aux médecins qui sont actuellement en formation : Bien, vous
autres, quand vous allez sortir, là, bien, on ne vous paiera pas. C'est ça que
le Parti québécois propose. Il propose un gel, alors il nous propose essentiellement de dire aux médecins existants : Bien, voici, vous avez votre rémunération, puis on gèle l'enveloppe. Les autres qui s'en viennent, là, bien, c'est
tout, vous autres, là, on ne vous paie pas. Allez-vous-en ailleurs, ça
ne nous intéresse pas, vous autres. Bien, c'est ça, ou bien peut-être, puis on
ne le sait pas parce qu'il y a toujours une surprise dans les propositions du Parti québécois... ou bien il nous propose de revivre les
années 90, on va fermer les
facultés de médecine parce qu'on ne
veut pas les payer, parce qu'on gèle les enveloppes. Bien là, M. le Président,
il me semble que les impacts de ça seraient assez spectaculaires.
Sur quelle
logique, sur quelle base le Parti québécois peut-il se fonder pour avoir un
effet positif à la suite de ça? Ce
qui est juste et équitable est d'avoir une négociation sur des prémisses qui
sont celles qui sont connues depuis toujours : le fair-play, la
rémunération basée sur le Québec.
Quand je dis,
M. le Président, que les médecins sont à la bonne place, c'est parce que
collectivement, au moment où on se parle, dépendamment de la base de
données que vous prenez, bien, ils gagnent entre 11 % et 13 % de
moins. Un peu plus, d'ailleurs, que la moyenne canadienne. C'est ça, la
réalité. Ils ne peuvent pas revendiquer un rattrapage supplémentaire, ce n'est pas possible. Mais ce que le Parti québécois
propose aujourd'hui — et je
vais reprendre l'expression du chef
de l'opposition officielle — il veut nous entraîner dans un tunnel de
conflits avec le bouc émissaire, le groupe bouc émissaire qu'il a choisi, les médecins. C'est comme ça qu'il
marche. Pas capable de défendre une idée pour sa valeur propre, un bouc émissaire. Bien, on n'ira pas là,
M. le Président, parce que ce n'est pas la manière de procéder. La manière
de procéder, M. le Président, c'est
simplement faire le constat objectif de la réalité d'aujourd'hui. Démontrer ce
que je viens de dire, ça, c'est
facile, le positionnement est adéquat. D'entrer dans une négociation de bonne
foi et de conclure, c'est ça qu'on doit faire, M. le Président. C'est ça
qui doit être fait.
Par contre,
le chef de l'opposition, lui, quand il prend la parole et qu'il parle de son
lapin sorti de son chapeau pour,
évidemment, faire un effet de toge politique auprès de la population, il nous
parle des sommes à venir. Oui, oui, M.
le Président, on entre en négociation, là. Tout peut se passer dans une
négociation, hein? Il nous parle du prochain budget. Oui, mais le prochain budget, il n'est pas déposé,
la négociation commence. Ça, c'est la vraie vie, M. le Président. C'est la vie
du gros bon sens pour ceux qui ont une expérience de négociation honnête — je parle de moi, là — pour ceux qui ont une expérience de
négociation honnête, pas pour ceux qui planifient, pendant
qu'ils sont en poste, de tout défaire sans le dire à la partie adverse, hein, qui est censée être, en quelque part, un partenaire. C'est ça, M. le
Président, qui est en jeu ici, là.
Alors, nous,
on approche la problématique d'une façon objective et transparente, M. le
Président. Alors, est-ce que le Parti
québécois veut faire ça? Clairement, non. Alors, faisons le lien, M. le
Président, faisons le lien, la cage à homard, l'indépendance, les faits qui ne sont jamais rapportés précisément,
est-ce que c'est ça que la population du Québec veut avoir? Est-ce que la population du Québec mérite
plus un gouvernement qui est capable d'aller devant elle et dire : Voici
les faits, voici où on
s'en va, voici comment on va le faire, voici nos objectifs et voici ce qu'on a
livré? Oups! Je viens de décrire notre mandat à date. C'est exactement
ça que j'ai décrit, M. le Président. On a été élus avec un plan, avec un objectif, et, à date, nous avons réalisé notre
plan et nos objectifs, qui étaient le bénéfice de la population, et,
aujourd'hui, les bénéfices sont à la clé, M. le Président.
C'est ça, la réalité
implacable. Nous ne sommes pas dans la transformation idéologique, partisane
des faits, nous n'avons pas de voiture à vendre, usagée ou neuve, nous
avons à dire aux gens de façon transparente : Voici où nous sommes, voici où nous allons. Choisissez entre les
deux... ou entre les trois. Parce que je pourrais dire que la deuxième opposition officielle, parce qu'ils ont un volet
techniquement plus économique, ils sont pour la recherche et l'innovation. Le
problème, c'est que la recherche qu'ils font habituellement, c'est une
recherche d'idées politiques, puis la recherche n'est pas, actuellement,
fructueuse.
Alors, M. le
Président, voilà la conclusion que je tire aujourd'hui. La population aura à
juger, mais non, nous ne ferons pas
les choses de façon inappropriée. Les procédures devront être suivies, le
fair-play devra être à l'agenda de nos procédures, et ce, pour le
bénéfice de la population. M. le Président, je vous remercie.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le
ministre, pour cette intervention. Je cède maintenant la parole à M. le
député de Lévis pour son intervention. M. le député de Lévis.
M. François Paradis
M. Paradis
(Lévis) : Merci, M. le
Président. Ce fut amusant, quelques petites blagues au niveau des idées, mais
ce qu'on demande dans ça, c'est de geler la
rémunération, pas le gel des idées. C'est déjà pas mal gelé, du côté du
Parti libéral — assez
fréquemment, d'ailleurs — mais
c'est un autre sujet qu'on aborde.
Je vais faire
différent de mes deux collègues, je vais peut-être tenter de parler de la
motion elle-même parce qu'on a entendu parler d'à peu près tout, sauf de
l'essence même de cette motion, la motion qui demande :
«Que
l'Assemblée nationale demande au gouvernement du Québec de geler la rémunération
des médecins spécialistes et omnipraticiens d'ici à ce qu'elle respecte
la capacité de payer des Québécoises et des Québécois;
«Que
l'Assemblée nationale demande au gouvernement du Québec de réinvestir les
sommes dégagées dans les soins et services en santé.»
Bien là, je
vais vous parler un peu de chiffres. Ça peut être un peu indigeste, mais, pour
comprendre le propos, la valeur et
ensuite sa finalité, il faut un peu parler de chiffres. Parce que la question
est légitime. Elle est légitime, elle est
même essentielle pour les finances publiques et aussi pour tous les citoyens.
Des chiffres, M. le Président. La rémunération
des médecins — parce
que c'est très abstrait — c'est 22 % du budget de la santé. 22 % de ce
mégabudget-là, c'est la rémunération
des médecins. Ça veut dire 7% du budget
total du gouvernement du Québec en rémunération. C'est sûr
que c'est légitime. Parce que, si on prend cet argent-là, les deniers publics,
pour de la rémunération, manifestement il va en manquer pour autre chose. C'est une logique mathématique, puis
on le voit dans les choix du gouvernement en fonction de services qui, partout, sont
décriés sur le territoire parce qu'ils ne sont plus ce qu'ils étaient ou ce que
l'on souhaiterait qu'ils soient.
• (16 h 10) •
Normal que
les Québécois et les Québécoises s'attendent à un rendement. Bien simple, dans la
vie de tous les jours, je commande un
certain salaire. Dans la mesure où on me le donne, il faut que je sois
productif. Dans la mesure où on paie
collectivement, la productivité est l'essence même du désir de donner davantage
ou pas. La question est : Les médecins sont-ils trop payés? J'aurais tendance à dire : Les médecins le
sont suffisamment. Dans les faits, les citoyens
s'attendent à avoir un médecin de
famille, mais s'attendent à plus que ça, à pouvoir obtenir un rendez-vous rapidement, pas se rendre dans une clinique sans rendez-vous à 6 heures du matin ni, non plus, au
téléphone, tenter d'avoir un rendez-vous huit semaines plus tard lorsque l'horaire
du médecin est publié. Dans les faits, c'est ça.
Alors,
pourquoi on paie davantage? Pour avoir des services quand on est satisfait?
Bien, peut-être, poserons-nous la question différemment,
mais, dans les faits, c'est quoi aujourd'hui? Les Québécois veulent avoir des rendez-vous
rapides. Les Québécois ne veulent pas
attendre six mois pour être opérés. Les Québécois ne souhaitent pas
non plus attendre pour une place en
CHSLD. Les Québécois ne souhaitent pas voir leur soutien à domicile
diminuer. Les Québécois aiment leur médecin. C'est important, les Québécois
et les Québécoises aiment leur médecin.
Je l'ai déjà
dit, lorsqu'en situation de vulnérabilité, lorsque la santé te quitte,
celui que tu rencontres, le professionnel, il
vaut tout l'or du monde. Tu es dans un milieu qui ne t'appartient pas. Ceux et
celles qui nous regardent l'ont probablement
vécu ou le vivent présentement. On ne parle pas ici de qualité du professionnel, ni sa capacité d'écoute,
ni non plus sa volonté de guérir, on parle de rémunération. Alors, la question
revient.
Et je
m'attarde encore une fois à la motion, qui, soit dit en passant, n'est pas
tellement claire, je pense que c'est important de le
dire. «Que l'Assemblée nationale demande au gouvernement du Québec de geler la
rémunération des médecins — ah bien— [...]d'ici à ce qu'elle respecte la capacité
de payer des Québécoises et des Québécois», c'est un peu nébuleux. J'aurais préféré : «Que
l'Assemblée nationale demande au gouvernement du Québec de geler la
rémunération des médecins lors de la
prochaine ronde de négociations.» Parce que c'est comme ça que ça fonctionne,
je dispose d'argent x, je vous donne
un salaire. On est en renégociation, je dis : Ma capacité à payer, elle
n'existe plus, et la productivité n'est pas au rendez-vous, et là je vous annonce que je vais geler le salaire.
Je pense que c'est comme ça que ça aurait dû se lire. Alors, je
comprends un petit peu le flou artistique du ministre de la Santé en rapport
avec la motion proprement dite parce que, de fait, elle suppose plusieurs
interprétations. Mais reste qu'à la base, je reviens à la motion, c'est pas mal
mathématique.
Alors, les Québécois aiment leur
médecin, mais ils ont aussi le droit d'être lucides et critiques. On veut que
ça fonctionne. Chiffres, les données
publiées par la RAMQ, les données publiées par la RAMQ, les toutes dernières,
nous font état que depuis les huit
dernières années, de mars 2007 à mars 2015, le gouvernement du Québec a versé
au total 72 % plus d'argent aux
omnipraticiens depuis huit ans et que leurs revenus moyens ont augmenté — revenus moyens net — de 60 %.
Là, amusez-vous. À la maison, fouillez dans vos papiers, trouvez votre dernier
talon de chèque puis dites-moi si la proportion d'augmentation que vous
avez reçue depuis tout ce temps-là est égale à celle-ci. Faites-le, l'exercice.
Vous savez, on s'en
parle, d'économie, ici, hein? Puis, bien qu'on s'en parle — puis
tant mieux qu'on s'en parle — mais, quand on vous dit que l'équilibre
budgétaire, ça a été fait par l'effort des contribuables, à qui... Chaque
famille a consenti 1 300 $. Pas...
par plaisir, parce qu'on leur a imposé ça. Alors, allez voir vos talons de
chèque, puis regardez ce que vous avez dedans, puis dites-vous :
Est-ce que j'ai eu cette augmentation-là?
Alors, concrètement, ça veut dire quoi? Les revenus moyens
nets pour un médecin omnipraticien sont passés de 144 000 $ en 2007 à
231 000 $ en 2015. Je ne connais pas beaucoup, beaucoup de
Québécois et de Québécoises qui peuvent se vanter d'avoir eu une
augmentation de la sorte.
La particularité, quand je vous parlais de productivité,
c'est que, pendant ce temps-là... peut-être payé plus, soigné plus, tu attends moins, les listes diminuent. Mais
ce n'est pas ça, la réalité. La réalité n'est pas celle-là. Aujourd'hui, en
2016, ce n'est pas ça. Regardez les
chiffres, regardez les données, ce n'est pas ça. Puis, quand le ministère n'a
pas ces données-là, bien, nous, à la
Coalition avenir Québec, on fouille, puis on les trouve, puis on lui dit :
Ça n'a pas marché. Alors, quand on a
des revenus comme ceux-là, on dit : Alors, ça doit être plus productif.
Bien non, pendant ce temps-là, le nombre d'actes médicaux posés par les
omnipraticiens n'a augmenté que de 8 %. Les chiffres de la RAMQ, on ne les
invente pas. Ça veut dire qu'on paie plus,
mais il y a moins de services. On soigne moins, il y a moins d'actes, 8 %,
et pourtant ça nous coûte collectivement plus cher.
En 2015, on a
versé 2,5 milliards de dollars à la rémunération des médecins de famille.
C'est des chiffres qui font frissonner.
Toute une vie, là, une vie entière, les Québécois ne verront jamais dans leur
compte de banque quelque chose qui se rapproche, ne serait-ce que de ça,
d'un chiffre comme celui-là.
Les médecins
spécialistes, parce que les omnipraticiens... Allons sur les spécialistes, le
gouvernement a versé 107 % plus
d'argent depuis huit ans, entre mars 2007, mars 2015, 107 % de plus.
Revenu moyen net augmenté de 77 %, c'est quand même quelque chose. Concrètement, revenu moyen net pour les
spécialistes, 237 000 $ en 2007, 439 000 $ en 2015.
C'est quand même pas pire.
Pendant ce
temps, même réflexion et même équation, le nombre d'actes des médecins
spécialistes n'a augmenté que de
16 % pendant cette même période de temps. En 2015, le gouvernement a versé
4,5 milliards de dollars en rémunération aux médecins spécialistes. Et, si on ajoute la rémunération des
résidents, le gouvernement aura versé 7,3 milliards aux médecins sur un budget global de 33 milliards
de dollars, le plus gros poste budgétaire du gouvernement. Je suis dans les chiffres puis je sais que les chiffres, à un
moment donné, ça fait tourner la tête. Mais il reste que, fondamentalement,
l'essence même de cette motion, ça parle de
ça. Alors, quand on dit 7,3 milliards sur un budget global de 33, c'est
22 % du budget en rémunération. 22 % d'un budget sur de la
rémunération, c'est de la paie.
Alors, la
question de base dont on parle depuis longtemps : Est-ce que les médecins
sont trop payés? C'est légitime que
les gens se posent la question. Les médecins sont suffisamment payés.
D'ailleurs, plusieurs d'entre eux le constatent et le disent dans des documents. Ça fait un bout de temps qu'on en
parle, 2014... ah! bien, avant ça, on en parlait. Puis ça ne s'est pas rien que parlé au Québec, M. le
Président, c'est un médecin qui signe une lettre ouverte dans Le Devoir,
qui dit : «Nous, les médecins, c'est tout simple[...], nous gagnons
trop d'argent. C'est certainement vrai pour les médecins généralistes, mais encore davantage pour les
médecins spécialistes, aussi compétents et appréciés soient-ils. Ces mêmes
médecins qu'a défendus bec et ongles, le même [actuel ministre de la Santé],
autrefois à la tête de leur fédération.»
D'ailleurs,
l'actuel ministre de la Santé disait : J'ai de l'expérience en
négociation. Assurément, une expérience fructueuse au nom de ceux qu'il
représentait, force est de le constater maintenant. On dit :
«Ultimement — et
c'est le médecin qui parle — la différence de salaire entre les médecins
de famille et les spécialistes ne devrait pas être aussi grande. Ainsi,
il y aurait sans doute plus d'étudiants en médecine qui choisiraient la
médecine [de famille]. [...]Mais surtout [il
y aurait] plus d'argent disponible, et de façon beaucoup plus directe [...]
pour redistribuer dans notre cité mise à mal.» C'est un médecin qui
écrit.
Il y a des
médecins qui disent : Moi, je gagne suffisamment. J'ai rencontré un
médecin, il y a un petit bout de temps de ça, puis on était assis
ensemble, qui me disait : Moi, François, je ne m'occupe pas de ça. Mon
travail, ma volonté, ce n'est pas ça. Le chèque rentre, puis c'est correct,
puis je ne manque de rien. J'ai rencontré d'autres médecins, des hémato-oncologues, qui disaient : Moi,
François, ma priorité, là, c'est d'opérer. J'aimerais ça, opérer plus, encore
plus. C'était sa volonté. Or, cette
problématique de rémunération fait en sorte qu'à la question : Est-ce que
les médecins sont trop payés?, je pense qu'on peut répondre
collectivement qu'ils le sont suffisamment.
On remet
les choses en perspective, cependant. Il est vrai qu'en 2007 un écart avait été
constaté entre la rémunération des
médecins chez nous par rapport aux autres provinces canadiennes. En 2007, cet
écart, ce rattrapage a été initié, faisant en sorte, selon plusieurs, qu'on conserve ici des médecins qui auraient
pu quitter pour ailleurs. Le rattrapage a été fait, le rattrapage a été fait pas mal. L'écart a été
réduit, même davantage que ça, parce que, selon certains, on a dépassé ça. Nos
médecins, maintenant, sont mieux payés notamment qu'en Ontario.
• (16 h 20) •
Qui le dit?
Francis Vailles, chroniqueur dans La Presse, en faisait la
démonstration, un article du 26 mai dernier.
Francis Vailles indiquait que «la rémunération des médecins du Québec a dépassé celle de l'Ontario, si l'on se fie aux
données de [...] l'Institut canadien
d'information sur la santé». Certains mettront en doute l'Institut canadien
d'information sur la santé, et
pourtant c'est l'indicateur le plus juste pour des données comme celles-ci.
«Selon les données de l'institut, les médecins à temps plein gagnent aujourd'hui 8,5 % de plus qu'en
Ontario. Le rattrapage salarial signé en 2007 avec le gouvernement du Québec — écrit-il — a donc été dépassé, notamment [aussi] parce
que l'Ontario a en partie gelé la paie
de ses médecins pendant que le Québec l'augmentait.» Ça, c'est la réalité de
l'Ontario, là. Il continue : «En fait, le dépassement serait même plus grand que 8,5 %, puisque l'objectif de
2007 n'était pas de payer nos médecins comme les Ontariens, mais de leur
donner une rémunération qui tient aussi compte de notre plus faible richesse
relative, qui est environ 90,5 % de
l'Ontario. Tout pris en compte, nos médecins seraient trop payés d'environ
18 % à 20 %.» On en a mis, de l'argent.
Or, on
dit : Est-ce que les médecins sont trop payés? Est-ce qu'ils le sont
suffisamment? Mais le ministre l'a abordé : Ça n'a pas de rapport, puis je ne vois pas le lien avec les services
rendus. Bien oui, il y en a un. Il est même plus qu'évident. Avant de vous en faire la démonstration, je vous
dirai qu'au surplus, autre avantage pour les médecins — puis je le dis là parce qu'on l'a déjà porté, on continue à porter
ce dossier-là — les
médecins ont le droit de s'incorporer par-dessus le marché. C'est un autre avantage significatif. La
moitié, à peu près, des médecins du Québec sont incorporés, des avantages
fiscaux que bon nombre de Québécois et
Québécoises n'ont pas. Et pourtant les médecins, c'est bien connu, là, à moins
que quelqu'un invente autre chose, là, ont,
pour ceux qui sont dans le réseau, dans le système public, un seul payeur. La
gestion de risque, là, quand tu es
médecin... il y a des entrepreneurs qui savent ce que c'est davantage que
d'autres. On a été le premier parti
politique, d'ailleurs, à réclamer la désincorporation des médecins. Pourquoi?
Parce que ça va nous donner des sous.
De façon conservatrice, on pourrait aller chercher, de façon conservatrice,
150 millions de dollars sur les
deux paliers de gouvernement. 75, ici, on fait quoi avec ça? S'ils ont besoin
d'idées, on leur dira, les soins à domicile sous-financés malgré les
annonces faites récemment.
Parce que les
histoires dont on parle, elles sont réelles, les histoires de la Protectrice du
citoyen. Quand elle dit avoir reçu
une plainte, des inquiétudes d'une dame qui, parce qu'elle voit ses heures de
soutien à domicile diminuer, doit gérer le nombre d'heures qu'il lui reste, et
décidera de ne plus coucher dans son lit, puis décidera de coucher dans sa chaise roulante parce que, comme ça, elle évite
du temps de soins pour l'aider à sortir de son lit, ça a l'air fou. Les gens
disent : Bien, arrête de charrier. C'est écrit, ce sont des réalités.
J'en ai parlé
à ma dernière présence ici, au salon bleu, dans un autre dossier de santé, puis
je disais salut à Emerick. Ce dont on parle là, ça le touche directement
aussi, ce petit bonhomme qui a cinq ans maintenant et qui attend depuis deux ans que le programme permettant à ses parents
d'avoir un remboursement sur des couches lui soit accordé. Ça fait deux ans qu'il attend. Ça fait deux ans. On a
présenté ce problème-là il y a quelques semaines déjà. Il n'y a rien qui a été
fait, la famille attend encore. J'aurais
aimé que le ministre se lève puis dise : Je vais aller, moi, voir ce qui
se passe. Je vais y aller, passer la
journée, je vais y aller, lui changer les couches, moi. Ils en changent 12, 15,
20, jusqu'à 30 par jour. Il n'a pas bougé.
Alors, c'est
pour ça que, lorsqu'on parle d'argent comme ça et de sa redistribution, ça
touche tous les Québécois et toutes
les Québécoises. Alors, le gouvernement, parfois, peut faire plusieurs choses.
Il pourrait continuer d'augmenter la rémunération des médecins. À quel
prix, puis au détriment de qui, puis au détriment de quoi? On est en ronde de négociations, j'ai l'impression... Et je n'ai pas
l'expérience, assurément, de l'actuel ministre de la Santé, qui a négocié
pour ses pairs de brillante façon. Je ne peux pas dire le contraire, les
chiffres le prouvent. Mais, dans une session de négociations, à ce moment-ci il
serait assurément justifié de réclamer un gel des salaires, un gel des salaires
pour le redistribuer.
Dans le
dernier budget du gouvernement libéral déposé en mars, le gouvernement a haussé
les dépenses de 2,4 %, en
dessous des fameux 4 % promis par le gouvernement lors de la campagne
électorale. On disait à ce moment-là : 2,4 %, ça ne fait pas sens, vous ne pourrez pas arriver.
Le ministre l'a confirmé encore, là, parce qu'on parle de réinvestissement
de l'ordre de 3 %, 3,5 %, puis il
dit : En bas de 4 % à 5 %, on va avoir de la misère. C'est pour
ça qu'il se bat, pour avoir aussi les
transferts en santé, et tout ça, pour avoir davantage d'argent. On a fait
2,4 %, sachant pertinemment qu'on était en deçà de ce dont on avait besoin. 2,4 %, quand ça a été présenté,
ça représentait 774 millions de nouvelles dépenses. Sur ces 774 millions de dollars, du nouvel
argent, 454 millions ont servi à payer des hausses salariales. Sur
774 millions, 454 millions ont servi à des hausses salariales,
des hausses de rémunération. 58 % des nouvelles sommes du dernier budget
de mars, c'était pour des hausses de rémunération. En contrepartie — et
c'est là où ça choque et c'est là où ça blesse — lors du même budget le gouvernement a
annoncé uniquement 88 millions de nouveaux services à la population,
11 % d'argent neuf dans le dernier budget en santé pour l'ajout de
nouveaux services.
M. le
Président, ce n'est pas d'hier également qu'on en parle. Je vous citais un
médecin, il y a deux instants, il y a des
façons de faire. Le regretté J.-Jacques Samson, j'ai retrouvé un de ses textes
écrit en 2015, parlait notamment de cette problématique de hausse de
rémunération des médecins et faisait une proposition, qu'on puisse revoir le
mode de rémunération. C'en est une, façon, revoir le mode de rémunération des
médecins, je vous l'ai dit il y a deux instants, actuellement payés à l'acte à 70 %, 30 % en prise en charge.
Ça aussi, c'est un dossier qu'on porte et qu'on continuera à porter, d'avoir le courage de faire en sorte
qu'on puisse revoir ça puis équilibrer les deux, facilitant l'accessibilité,
puis l'assiduité, puis la rencontre
avec le médecin. Mais, pour l'instant, on parle de hausses de rémunération
faramineuses.
Puis ce n'est
pas tout, ce n'est pas tout. À travers la mise à jour économique était
écrit — le nuage
noir, il s'en vient, là : Il fa
falloir qu'on verse encore 800 millions en 2018-2019, 800 millions de
plus. Alors, je la repose pour la sixième fois, la question : Les
médecins sont-ils trop payés? Bien, ils le sont suffisamment.
M. le
Président, il y a peu de temps, on parlait de repas dans les CHSLD. Le budget
moyen pour l'achat d'aliments est à 2,14 $. Il y a des établissements
où c'est à 1,35 $, et on demandait de faire en sorte de pouvoir porter ce
seuil-là à 4,14 $, 2 $ de plus,
23 millions. Je vous parlais du dernier budget, Mme la Présidente, je vous
parlais du dernier budget avec les
400 quelques millions seulement en hausse de rémunération, est-il logique
et légitime maintenant de se demander si, effectivement, on devrait
aller vers cette façon de faire?
Mme
la Présidente, au final, la rémunération des médecins mérite non seulement
d'être gelée lors des prochaines négociations, ce qui se défend tout à
fait du point de vue des patients et des citoyens, le statu quo équivaudrait à
une augmentation infinie des dépenses qui
limiterait la capacité du gouvernement à financer d'autres soins essentiels et
désirés. Merci.
• (16 h 30) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci beaucoup, M. le député de
Lévis, de votre intervention. Et maintenant je suis prête à reconnaître
le prochain intervenant. Et je crois que c'est M. le député de Mercier, et je
vous rappelle, M. le député, que vous disposez d'un temps de parole de six
minutes.
M. Amir Khadir
M. Khadir : Mme la Présidente, je suis ravi de
prendre la parole après mon collègue de Lévis. Je peux facilement dire que je suis d'accord avec l'essentiel de ses propos,
comme l'essentiel des propos du chef de l'opposition officielle lorsqu'il est intervenu tout à l'heure, un peu
plus tôt. Puis je peux dire d'avance que je suis entièrement d'accord avec
le coeur du propos de ma collègue de Taillon, qui va intervenir pour demander
le gel des salaires des médecins.
Mais je
voudrais prendre deux petites minutes pour m'adresser aux concitoyens et
concitoyennes qui nous écoutent parce
que, devant, disons, la mauvaise foi démontrée dans les réponses du ministre et
devant tout ce qu'il a déployé pour ne
pas répondre directement à la question, peut-être certains pourraient en être
emmenés à penser qu'il est comme ça dans toutes les dimensions de sa vie. Je voudrais témoigner du fait que le
ministre actuel est un homme, en tous points, parfois très attachant lorsqu'on lui demande d'intervenir
dans des cas très précis de citoyennes,
de patients, de patientes qui ont des
difficultés avec le système, qui ont des problèmes de... disons,
médicaux graves dont il faut s'occuper, il adresse... en fait, il
démontre énormément de sollicitude et beaucoup de rapidité à agir, et c'est à
sa gloire.
Cependant, cependant, dans le dossier de la rémunération des médecins, je pense qu'il doit saisir, il doit
convenir, il doit se rendre à
l'évidence : il n'a absolument aucune crédibilité, d'abord parce qu'il est en conflit d'intérêts. Il a reçu 1 million de dollars, vous le savez, tout le monde le sait ici, comme
prime de départ de la Fédération des
médecins spécialistes du Québec. Il y a un lien, là...
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
...M. le député. M. le leader adjoint.
M. Tanguay : ...règlement,
Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Non. Alors, M. le député...
Une voix : ...
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Bien, écoutez, j'aimerais que vous étayiez vos propos avec des termes
un peu différents. Vous avez parlé de
conflit d'intérêts. Alors, j'aimerais que vous poursuiviez. Vous le savez, il
vous reste quatre minutes, alors de... souhaiter que nous n'intervenions
plus.
M. Khadir :
Mme la Présidente, c'est parce que vous le demandez que je vais complètement...
En fait, bon, je ne parlerai pas de
conflit d'intérêts, mais il y a un problème, en tout cas, logique, il y a un
problème logique qui nous accable. Voilà
un ministre auquel on demande, par une motion, de convenir de geler le salaire
des médecins, et c'est lui qui a négocié à un autre titre, il n'y a pas
longtemps, l'augmentation faramineuse du salaire des médecins.
Je rappelle à mon collègue de Lévis comme je
l'ai fait tout à l'heure, personnellement, moi, ça fait longtemps que je dénonce publiquement ici, sur toutes les
tribunes, le fait que c'est des augmentations... Non pas que les médecins
méritent... Tout le monde mérite, en
société, qu'on reconnaisse bien la valeur de leur travail. Et je crois qu'on
est mal placés, comme élite privilégiée en société, de commencer par
nous-mêmes alors qu'il y a des travailleurs, actuellement, des travailleuses qui travaillent pour moins de
11 $ l'heure, au salaire minimum, et ils ne sont pas capables de
rencontrer les besoins essentiels de leur existence. Donc, c'est
pourquoi je pense qu'il est tout à fait légitime de le faire.
Et je voudrais renchérir, parce que bientôt je
vais faire une proposition d'amender, après le paragraphe... le deuxième paragraphe, d'ajouter un autre paragraphe
en conformité avec la suggestion de mon collègue de Lévis pour qu'on ait des propositions positives. Et je suis sûr que
l'opposition officielle, qui a fait sa démarche, comprend très bien que juste geler le salaire des médecins sans rien
changer ne réglera pas les problèmes d'accessibilité et de qualité du contact
entre les médecins et les patients. Il faut
vraiment revoir le mode de rémunération pour l'utiliser comme un levier pour
augmenter la couverture de l'ensemble de la
population, ce qui fait gravement défaut actuellement dans la manière dont
les choses sont faites.
Donc, nous
suggérons qu'en plus de la motion qui est sur la table... qu'on l'amende en
ajoutant, après le deuxième paragraphe :
«Que l'Assemblée nationale demande au
gouvernement d'élaborer un nouveau mode de rémunération des médecins qui serait basé sur une meilleure
pondération entre capitation — je vais l'expliquer tout à l'heure — salaire et paiement à l'acte, afin
d'améliorer la qualité des soins et d'augmenter la couverture de l'ensemble de
la population.»
D'abord,
quand on nomme ces trois éléments-là, c'est les éléments essentiels qui
recoupent les expériences les plus
prometteuses et qui ont fait leurs preuves en Angleterre comme en
Colombie-Britannique. Ça a été introduit il y a quelques années. Et en Ontario, de plus en plus, toutes les cliniques de
médecine, les cliniques supportées par les finances publiques, de première ligne sont financées en
vertu de ce genre de pondération, où on utilise le levier pour ne pas que
le paiement à l'acte soit un incitatif à
faire ce qu'on appelle, hein, beaucoup de gens, des fois, là, le tchik-a-tchik,
cinq minutes, on n'a pas le temps de
même écouter le deuxième problème du patient, ce qui fait que notre système
devient très inefficient et surtout
très vulnérable à certains abus par des médecins qui n'envisagent pas la
médecine comme un service du patient global, mais comme une source de
rémunération la plus élevée possible pour eux-mêmes.
Ensuite, le
fait d'inclure un élément de salariat et de capitation permet au financement
public de faire en sorte qu'on
s'occupe de l'ensemble de la population, que des médecins soient mieux payés en
fonction de la préservation de la santé
des gens que plutôt de traiter la maladie. Ainsi, en Angleterre et en
Colombie-Britannique, les médecins sont payés en fonction de la couverture qu'ils offrent à un certain nombre de
patients et, leur rôle premier, ils reçoivent des primes s'ils s'assurent que ces patients-là n'ont pas de
complication, ne vont pas à l'hôpital, sont bien vérifiés. Donc, c'est un
incitatif à une prise en charge à la fois de la population et à une meilleure
qualité de médecine.
Donc, c'est
très... disons, avec humilité que je propose à l'opposition officielle de faire
sien l'amendement que nous proposons
dans un esprit de collaboration pour forcer le gouvernement à revoir sa vision
de la rémunération des médecins.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie, M. le député de Mercier, et je vous rappelle que votre amendement sera déposé sous réserve de la permission de
l'auteur de la motion. Alors, s'il
vous plaît, nous allons
attendre un peu plus tard.
Et maintenant nous allons justement céder la
parole à Mme la députée de Taillon, et je vous rappelle, Mme la députée, que
vous disposez d'un temps de parole de 13 min 40 s.
Mme Diane Lamarre
(réplique)
Mme
Lamarre : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, effectivement, nous avons déposé cette motion, qui traduit, je crois, sincèrement une volonté des Québécois
et des Québécoises qui considèrent qu'il y a vraiment,
actuellement, une dérive et
que cette dérive pénalise les plus vulnérables au détriment d'un certain
sous-groupe de personnes, de professionnels de la santé. Et ça ne porte pas de jugement
sur ces professionnels, sur le travail qu'ils font, c'est simplement
un ordre de grandeur dans les sommes dont
l'État dispose et qui doit être équilibré pour s'assurer que la justice sociale
n'est pas compromise, ce qui est le cas actuellement.
Mais je vais
prendre quand même quelques secondes avant pour réagir à des affirmations
que le ministre a dites. En fait, ce qui m'a frappée, dans
sa longue présentation, c'est toute l'émotivité qu'il a mise dans son discours.
Il s'est vraiment ému à l'endroit des médecins comme je ne l'ai jamais
vu s'émouvoir pour les patients. Il a été vraiment d'un argumentaire à toute épreuve, selon
ses critères à lui, bien sûr, pour faire la promotion et la défense des
médecins, mais je ne l'ai pas vu
s'émouvoir de cette façon-là pour protéger les citoyens, les patients. Par exemple,
quand on a évoqué le fait qu'un bain
par semaine, ce n'était pas suffisant, bien, il faisait l'éloge de la
débarbouillette à ce moment-là. Et ensuite les patates en poudre, bien, ça ne l'émouvait pas, il y voyait un
avantage. Le poids des culottes d'incontinence, il n'avait pas non plus d'argumentaire solide à la défense
des citoyens. C'est ce qu'on n'entend pas de ce ministre.
Quand est-ce qu'il monte au front pour
défendre les patients, les citoyens? Alors, ça, on ne l'a pas entendu encore aujourd'hui,
définitivement, et l'occasion était
belle pour lui, dans la motion que j'ai déposée, d'affirmer clairement des
exemples concrets de défense des patients.
Ensuite, ce qui me frappe, et je vais y référer
tantôt, c'est : il a parlé de respect d'institutions. Eh bien, il y a deux institutions qui sont intouchables au Québec,
définitivement, c'est le Vérificateur général et le Protecteur du citoyen.
Or, dans les deux cas... Je vais citer
tantôt le Vérificateur général, qui a mis en garde, qui a clairement appuyé sur
le bouton de panique en disant :
Attention! À partir de 2018, le Québec n'a pas les moyens de payer les
augmentations de rémunération qui ont
été accordées par le ministre actuel. Et l'autre institution, c'est le
Protecteur du citoyen, Protecteur du citoyen qui... Dans ma carrière de plus de 20 ans en santé, je
n'ai jamais vu un gouvernement contester les décisions du Protecteur du citoyen. J'ai toujours vu des gouvernements être à
l'écoute, être sensibles, et là le premier ministre lui-même a prétendu
que ce n'était que du vent. Alors, on assiste à des précédents très
préoccupants par rapport à la population.
Un des autres
éléments que le ministre a évoqués, ce sont les primes à l'inscription. Alors,
il a dit que ce n'étaient pas des
primes à l'inscription mais qu'il avait donné une bonification quand même
lorsque les patients s'inscrivent auprès d'un médecin en 2016. Bien, moi, je vais vous dire, quand on a
470 000 personnes qui attendent sur un guichet, je pense qu'on n'a pas besoin de payer des médecins pour en
prendre plus. Ils devraient juste ouvrir leurs portes et ils devraient, normalement, les accueillir. Alors, ces
patients-là demandent à être inscrits. Ces patients-là, je vous dirais, dans
certains cas même, hurlent pour être inscrits. On les reçoit dans nos
bureaux de circonscription, et je suis sûre que les députés libéraux aussi les entendent dans leurs bureaux de
circonscription. Il y a une grave maladie, il y a un manque d'accès qui
est grave, qui est dangereux, qui est risqué pour la population.
• (16 h 40) •
Un autre enjeu qui a été évoqué par le ministre,
ce sont les transferts en santé du fédéral, et étonnamment, sur ce dossier-là,
on pourrait presque se rejoindre, parce que le Parti québécois se bat aussi
pour conserver le contrôle sur l'utilisation
des transferts et augmenter ces transferts, mais, nous, c'est parce qu'on ne
veut pas d'ingérence du fédéral dans
notre champ de compétence qui a été
convenu par la Constitution, alors que le ministre, il ne veut pas, lui,
parce que je pense qu'il peut avoir peut-être peur
de perdre sa latitude de donner les transferts en salaire aux médecins, puisque
le fédéral est en train de l'attacher et de
vouloir l'obliger à les mettre en santé mentale ou en soins à domicile. Alors,
elle vient peut-être un peu de ça aussi, la crainte du ministre, et sa
façon de combattre l'attribution des transferts en santé. Alors, il faut bien
lire le ministre dans ses sorties.
Alors, ce qui vraiment
me déconcerte toujours, c'est quand le ministre ose dire qu'il a fait
toutes ces coupes et qu'il a rétabli l'équilibre en ne coupant pas de services.
Et ce matin ma collègue la députée de Taschereau a évoqué une situation, mais on en a des
centaines, des milliers, de situations où des gens qui avaient un peu d'aide en soutien
à domicile... Et je rappelle la situation : un père, M. Guénard,
qui souffre de trois cancers, sa femme qui est atteinte de sclérose en plaques, leur premier fils est en dépression
majeure, leur deuxième fils ne peut pas les aider, parce qu'il a un trouble du spectre de
l'autisme profond, est placé en centre d'accueil. Et, pendant que monsieur est
opéré pour un cancer au cerveau, eh
bien, on coupe les heures de soutien
à domicile, qui étaient de 23 heures, on les coupe de six heures pour
cette famille. Est-ce que ça a du bon sens? Est-ce qu'on peut prétendre
ne pas couper de services à la population? Et ça, c'est sans compter tout ce qu'on a vu en termes de diminution de préposés dans les CHSLD, de diminution de personnel
proche des patients, de transferts de
travailleurs sociaux à
l'extérieur des CLSC. Alors, ce sont
des enjeux majeurs, et vraiment
c'est nier l'évidence que de prétendre qu'il n'y a pas eu de coupe au niveau
des services.
Alors,
voilà pour des mises au point sur ce que le ministre a eu comme
commentaires. Effectivement, je
déplore, tout comme mon collègue de
la CAQ, que le ministre ait passé très peu de temps, finalement, sur l'objet
même de la motion, mais on est un peu
habitués à cette façon qu'il a de dévier des vraies questions qu'on pose et
d'apporter des vraies réponses.
Alors,
la motion que je dépose aujourd'hui, elle est très raisonnable. C'est une motion qui fait appel au gros bon sens et c'est une motion qui rejoint une mise en garde
sérieuse que la Vérificatrice générale nous a donnée en 2015. Alors, je donne deux petites citations : «Les
paramètres d'étalement — que
le ministre a faits — font
que le gouvernement a des obligations
financières [un peu] moindres [entre 2014 et 2018]. [Mais], à partir de 2018‑2019,
les versements convenus dans les
protocoles d'accord seront plus importants que les versements initialement
prévus dans les enveloppes budgétaires.» Et elle remet en question la capacité du Québec de pouvoir les assumer.
«Les protocoles d'accord portant sur l'étalement[...] — qui représentent des sommes de près de
5,3 milliards de dollars — augmentent les risques liés à la gestion
des obligations financières du ministère de la Santé et des Services sociaux
[pour les années 2018 à 2022].»
Autrement
dit, le ministre nous endette, a fait des engagements que la Vérificatrice
générale dit : On ne sera pas capables
de les rencontrer, M. le ministre, ces engagements-là. Revenez sur votre
décision, rassoyez-vous avec les gens, trouvez
une autre solution, parce que ça ne peut pas se faire, on n'a pas cet argent-là.
Le Québec, les Québécois n'ont pas ces ressources-là. Alors, je donne quelques
exemples. Le budget 2015‑2016, l'augmentation a été la plus faible en
santé depuis 15 ans, on a
augmenté seulement de 535 millions
de dollars, mais il y en a
329, de ces 535 millions, qui s'adressaient à l'ensemble du reste
du Québec. Il y en avait 329 qui allaient aux augmentations de médecins. Et, en
2016‑2017, les médecins ont récupéré 137 millions d'augmentation, alors que l'ensemble des autres services en
santé ne touchaient que 88 millions de dollars. Alors, ce sont des disproportions complètement inconcevables, inacceptables, et c'est vraiment étonnant que le ministre
de la Santé ne soit pas plus sensible à ces disparités, à ces injustices, parce qu'on parle vraiment
d'injustices à ce moment-là.
Alors,
le ministre, ce matin, évoquait que le Parti québécois était le parti qui s'associait à des syndicats. Bien, je veux juste lui rappeler que, dans le grand monde
des organisations syndicales, il y a deux associations médicales qui sont aussi des syndicats médicaux.
Alors,
je pense que nous avons tous à cohabiter favorablement, correctement mais surtout très judicieusement
avec l'ensemble de ces organisations
syndicales, dont nous avons besoin, au Québec, et il faut le faire dans le
respect de ce que le patient, le
citoyen du Québec est en droit de recevoir, et c'est ça qui devrait guider nos
interventions, nos soutiens. Et,
quand le Parti québécois fait des sorties avec des associations, c'est dans cet
esprit-là d'assurer le soutien de la population, des citoyens, alors que, dans le cas de ce qui a été négocié,
malheureusement, avec les médecins, le ministre ne prend pas en considération ce décalage qui s'est installé.
Peut-être qu'en 2007 la négociation était faite de bonne foi, mais, depuis
2007, la situation a changé au
Québec, et les besoins augmentent. Il y a une population qui est vieillissante.
On a également des jeunes avec plus...
du trouble du spectre de l'autisme, c'est une croissance incroyable. On était à
un enfant sur 80, on est rendus à un
enfant sur 47. Alors, il y a des choses qui changent en santé, et je pense que
l'ensemble des personnes qui travaillent
dans le domaine de la santé font preuve d'une compréhension de ces enjeux-là et
sont prêts à mettre de l'eau dans leur vin et à avoir un peu plus de
conciliation.
Alors,
moi, je veux dire que les médecins, actuellement, veulent mieux soigner leurs
patients et je ne pense pas que les médecins soient au courant de
l'impact de ces augmentations qui leur sont attribuées, parce qu'à un moment donné on ne le réalise pas, il n'y a personne qui
renie de l'argent qui lui est offert, mais, quand on met en opposition, quand
on met en parallèle, en perspective les
écarts entre ce qu'on donne de plus aux médecins et ce dont la population est
privée, eh bien, les médecins, ils
vont dire : Écoutez, nous, là, on ne veut pas ça comme ça, rassoyons-nous
et renégocions ça correctement, avec
des mesures, des indicateurs qui sont propres à ceux de 2016, et on ne veut pas
être associés au fait que le ministre
serait prêt, lui, à écraser les droits des plus démunis pour augmenter leurs
revenus. Et je suis sûre que les médecins
ne veulent pas ça non plus, parce que ces médecins-là, ils travaillent avec les
patients, ils voient leurs difficultés financières,
ils voient les difficultés humaines auxquelles ils sont confrontés. Alors, le
gel de la rémunération, c'est pour assurer
l'atteinte des cibles qui vont garantir un accès approprié et une vie décente
aux plus vulnérables. Les augmentations, on en a parlé, ont été vraiment fulgurantes. Entre 2003 et 2016, on
avait 3 milliards de budget pour la rémunération des médecins, on est passés à 8 milliards, et
donc, entre 2007 et 2011, il y a eu une augmentation de 50 % de la
rémunération.
Ce qui est inquiétant
aussi, c'est qu'à travers le budget du ministre on voit qu'il a prévu des
attributions de 100 millions cette
année, 300 millions l'an prochain et pour les trois prochaines années. Or,
comme notre chef l'a indiqué, eh
bien, il y a déjà 311 millions de promis aux médecins pour l'année
prochaine et 526 millions pour l'année suivante, 830 millions,
1 milliard l'année suivante, 1,3 milliard. Donc, ce qu'on dit...
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Un instant! Mme la députée, juste un
petit moment. Je voulais juste vous
informer qu'à ce moment-ci le débat restreint sur la motion que vous avez
déposée est terminé, mais vous avez tout de même droit à votre 10 minutes de réplique.
Mais auparavant j'ai besoin de savoir qu'est-ce qu'il advient de l'amendement
qui a été déposé par M. le député de Mercier.
Mme Lamarre : Alors, je le rejette,
Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, c'est très bien.
L'amendement n'est pas accepté. Et maintenant il vous reste un temps de
réplique de 10 minutes supplémentaire.
• (16 h 50) •
Mme
Lamarre : Merci. Alors, j'avais prévu le 10 minutes et je voulais
me rendre jusque-là parce que je voulais mettre en évidence ces
disparités, et comment la Vérificatrice générale a raison de nous mettre en
garde, et pourquoi on dit de façon
raisonnable, alors que le ministre aime bien nous présenter de façon
déraisonnable... Je pense que, dans ce
dossier économique là, il y a tout à fait un élément déraisonnable qui est du
côté du gouvernement. Alors donc, il y a une inadéquation complète
entre la capacité de payer des Québécois et ce que le ministre a négocié au niveau
des étalements.
Vous savez,
la plupart des gens vont aussi dire : Jusqu'à maintenant,
les sommes qui ont été négociées, eh bien, elles ont été faites... Si on compare avec d'autres provinces ou
d'autres endroits dans le monde, le problème avec l'argent qui a été
donné jusqu'à maintenant... celui qui est à venir est vraiment trop élevé, mais
celui qui a été donné jusqu'à maintenant, c'est que c'est un argent qui a été donné sans
obligation, sans reddition de comptes, sans plan d'organisation du système de santé. On n'est pas parti d'un plan d'organisation en disant : On va négocier après pour
s'assurer que nos objectifs de notre
plan sont bien remplis, par exemple le soutien à domicile, non, on négocie des
ententes et on espère qu'en bonifiant
un peu plus une rémunération sur quelque
chose, en en enlevant un peu
ailleurs, bien, ça va finir par arriver, par donner à peu près ce qu'on veut et les gens qu'on veut aider dans
notre système de santé vont finir par recevoir... Alors là, ça fait plusieurs années, ça fait plus de
10 ans qu'on fait ça et ça ne fonctionne pas. Alors, c'est possible de
redresser un système de santé, puis il y a beaucoup d'endroits dans le
monde qui l'ont fait. La Suède l'a fait à partir de 2007 avec beaucoup, beaucoup
de succès.
Alors, non seulement le ministre prétend qu'on met les médecins en boucs
émissaires... c'est totalement faux. Je pense
que lui, dans ses mesures, en particulier avec le projet de loi n° 20, a instauré un
système de pénalités aux médecins de
famille qui les amène à toutes sortes de contorsions dans leur pratique, des
contorsions dans le choix ou le non-choix de certains de leurs patients. Et ça, ça aurait pu se faire dans un
processus de négociation beaucoup plus ouvert, beaucoup plus orienté, mais le ministre a imposé un modèle
qui amène des effets disproportionnés. C'est-à-dire que la rémunération
à l'acte, qui, déjà, est une rémunération qui est considérée comme dépassée
dans les systèmes... Donc, ça prend des rémunérations,
des modes de rémunération mixtes, et la Suède l'a fait, et plusieurs autres pays
et provinces l'ont fait. Alors, ces modèles mixtes là, le ministre,
lui, n'en veut pas. C'est de la rémunération à l'acte vraiment, et il étire
l'élastique tellement loin dans cette
rémunération à l'acte qu'il crée des effets coercitifs négatifs qui font
l'effet contraire, et c'est ça qui
fait qu'actuellement on a encouragé, on a obligé, dans le fond, les gens à
entrer sur un seul guichet, et ce guichet-là maintenant, il est paralysé. Très peu de médecins veulent y aller,
d'abord parce qu'il n'était pas fonctionnel. Il a été imposé de façon précipitée, avec beaucoup de dérives, et
maintenant il est rempli de patients avec des problèmes de santé plus lourds. Et ces effets coercitifs que le ministre a
imposés sur les taux d'assiduité d'un médecin font que ces médecins-là
craignent de prendre des patients très lourds qui risquent de retourner plus à
l'hôpital et qui, donc, vont nuire à la rémunération
des médecins. Alors, la mesure imposée par le ministre, il est le seul à
l'avoir inventée de cette façon-là, et elle
ne donne pas les résultats attendus, on le voit. Actuellement, il paie des
grandes pages de publicité dans les revues des professionnels de la santé pour aider à faire la promotion de son
modèle, qu'il a imposé, alors que ça ne fonctionne pas.
Alors donc, moi, je pense que les médecins sont
beaucoup plus ouverts que le ministre à revoir leur mode de rémunération et à faire ça avec beaucoup plus
d'équité, à moderniser leurs façons de faire. Et ils n'ont pas tous la même
ambition de fortune que le ministre semble
avoir. Ils veulent surtout de bonnes conditions. Ils veulent du temps pour
opérer, plus de temps en bloc
opératoire. Puis, on est d'accord, on a les pires délais d'attente en Amérique
du Nord pour les chirurgies, même les
chirurgies oncologiques, là — on parle de chirurgies de cancer. Ils
veulent des bonnes conditions pour soigner, pour travailler en équipe, pour exercer correctement leur profession.
C'est ça qu'ils veulent et ce n'est pas ça que le modèle actuel leur
donne.
Alors, encore
une fois, je pense qu'il faut... Et le problème qui a été fait dans cette
négociation-là, c'est que le seul paramètre qui a été pris en considération,
c'est d'avoir une parité avec les autres provinces. Mais, pendant que les
autres provinces négociaient, elles, elles imposaient des obligations d'accès,
elles imposaient des redditions de comptes qui garantissaient une amélioration de la performance, elles obligeaient
que d'autres professionnels puissent mettre la main à la pâte, apporter leur contribution pour diminuer la pression sur
les médecins et permettre qu'ils soient utilisés au bon niveau des compétences de chacun, permettre une plus grande
fluidité. Mais nous ici, pendant ce temps-là, on n'a pas fait cette
démarche-là. Et le ministre, autant quand il était du côté de la Fédération des
médecins spécialistes que maintenant qu'il
est ministre de la Santé, semble incapable d'avoir cette ouverture, cette façon
de concevoir de nouveaux modes de rémunération.
Il faut créer
de l'imputabilité au niveau des professionnels de la santé, alors une meilleure
organisation s'impose. Joanne
Castonguay, qui a vraiment, encore récemment, redit comment c'était cet enjeu
qui était le plus important, une meilleure
organisation, une meilleure répartition des sommes qui sont allouées, une plus
grande imputabilité, une plus grande
reddition de comptes... Quand on parle d'égalité avec les autres provinces, on
va quand même se dire les choses : le coût de la vie au Québec est très différent. Et cet été, dans un
reportage de Radio-Canada, j'ai pris en note, parce que c'était
tellement frappant... le coût moyen d'une maison à Montréal, c'est
450 000 $. Le coût moyen d'une maison à Toronto, c'est 1 million de dollars, et le coût moyen d'une maison
à Vancouver, c'est 1,2 million de dollars. Alors, quand on parle de parité, il
faut regarder l'ensemble des conditions, et, à ce moment-ci, je pense qu'on a
vraiment, vraiment des médecins qui
ont de bonnes rémunérations. Pour avoir été dans des congrès médicaux, j'ai
entendu de jeunes médecins lever la
main et dire : Arrêtez de négocier des augmentations de rémunération, on
va travailler moins d'heures. Ils l'ont dit, ça. Ils l'ont dit — il y a cinq ans, je l'ai entendu : On
va travailler moins d'heures. Ce qu'on veut, c'est un travail beaucoup plus valorisant, en équipe, avec des bons outils,
des bons moyens, une technologie moderne, des systèmes d'information qui
se parlent. Et ça, on est encore à des années-lumière de ça, et le ministre n'a
pas d'argent pour investir là-dessus.
Alors, la richesse
d'un pays tient à sa justice sociale, à la diminution des écarts entre les
très, très riches et les très, très pauvres, et l'éducation et la santé
sont deux endroits, deux piliers de cette justice sociale qui ont été
gravement, gravement, gravement écorchés,
gravement mutilés, je vous dirais, depuis deux ans et demi. Alors, je pense
qu'on est capables de trouver de
nouvelles façons de faire. La Suède a priorisé une décentralisation et une
imputabilité locale. Le ministre fait
exactement le contraire : il fait une centralisation à outrance sans être
capable de garantir une imputabilité. Alors, le meilleur professionnel
au meilleur coût, le plus proche des citoyens, le plus disponible, c'est ce
qu'on veut avoir.
L'enjeu de l'incorporation des médecins doit
être questionné quand ces médecins sont exclusivement des employés de l'État qui n'ont aucune autre
responsabilité au niveau de la propriété d'une clinique médicale, par exemple,
et ça, je crois qu'il faudra y revenir également, et ça s'inscrit dans le gel
de la rémunération. C'est un temps d'arrêt, dans le fond, où on dit : Il faut se rasseoir et vérifier quels sont les
meilleurs modes de rémunération, quelle est la mixité qu'on peut développer pour assurer qu'on va avoir un
service impeccable, qu'on va avoir un accès à la hauteur des sommes d'argent
que les Québécois mettent actuellement dans leur système de santé.
Alors, le
sous-financement, il a un impact sur les services, il a un impact majeur, et le
nier, eh bien, c'est vraiment contrevenir
à un devoir. Le devoir d'un ministre de la Santé, c'est de s'assurer que les
citoyens en ont pour leur argent, ont des
services de qualité et surtout que les plus démunis, ceux qui ne peuvent pas
descendre dans la rue avec des pancartes parce qu'ils sont dans un CHSLD ou parce qu'ils ont une déficience
physique importante, une déficience intellectuelle... Combien de promesses on a eues? 70 millions
en santé mentale, pas un sou avant 2018. Alors, l'annonce santé prévention,
on n'a toujours pas d'engagement pour savoir
qu'est-ce qu'il va y avoir dans les prochaines années. Alors, il faut
absolument que l'argent soit mis au
bon endroit, qu'on investisse dans la prévention, dans la santé publique. C'est
essentiel pour en créer, des économies. Ce qu'on dit actuellement, c'est
que le surplus, il est...
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Mme la députée, malheureusement,
votre temps est écoulé. Et je vous remercie.
Et je vais
maintenant mettre aux voix la motion de Mme la députée de Taillon. M. le leader
adjoint du gouvernement.
Vote reporté
M. Tanguay :
Oui. Merci, Mme la Présidente. Je vous demanderai deux choses : la
première, un vote par appel nominal,
et, conformément à l'article 223 du règlement, de reporter ledit vote à la
période des affaires... de reporter le vote à la période, pardon, des
affaires courantes de jeudi 27 octobre 2016.
• (17 heures) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Bon. Alors, c'est très bien. Alors,
j'allais tout simplement relire la motion, et vous m'avez devancée. C'est
très bien.
Alors,
conformément à la demande du leader adjoint du gouvernement, le vote sur la
motion de Mme la députée de Taillon, qui se lit comme suit, je vais la
rappeler :
«Que l'Assemblée
nationale demande au gouvernement du Québec de geler la rémunération des
médecins spécialistes et omnipraticiens d'ici à ce qu'elle respecte la capacité
de payer des Québécoises et des Québécois;
«Que
l'Assemblée nationale demande au gouvernement du Québec de réinvestir les
sommes dégagées dans les soins et services [sociaux].»
Et le vote sur cette motion sera tenu demain,
lors de la période des affaires courantes.
Maintenant, pour la suite des choses, M. le
leader adjoint du gouvernement.
Ajournement
M. Tanguay :
Oui, Mme la Présidente. Alors, je fais motion pour ajourner nos travaux au
jeudi 27 octobre 2016, à 9 h 40.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Alors, est-ce que cette motion est adoptée?
Des voix : Adopté.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Adopté. Alors, je vais ajourner nos
travaux au jeudi 27 octobre, à 9 h 40. Merci.
(Fin de la séance à 17 h 1)