(Neuf heures quarante minutes)
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Bonjour! Alors, bon jeudi à tous et toutes. Vous pouvez prendre place.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Et nous
allons débuter cette journée avec la rubrique des déclarations de députés. Et,
sans plus tarder, je cède la parole à M. le député de Chapleau.
Souligner
le départ à la retraite de Mme Julie Carrière,
de La Maison de la culture de Gatineau
M.
Marc Carrière
M.
Carrière : Merci, Mme la Présidente. Je souhaite aujourd'hui transmettre mes
plus sincères félicitations et rendre
hommage à une femme extraordinaire, une femme qui a passé une grande partie de sa
vie au rayonnement de la culture en Outaouais.
Mme Julie Carrière, directrice
générale de La Maison de la culture
de Gatineau, vient tout juste de prendre une retraite pleinement méritée
après plus de 15 années à la tête de cet organisme. Un premier défi de
taille t'attendait à ton arrivée, soit un
projet d'agrandissement, grand succès
inauguré de façon, je dirais, quelque peu spectaculaire avec une
prestation de nulle autre que Céline Dion.
Au fil du temps, la Salle Odyssée est devenue un
incontournable pour tous les artistes où chacun d'entre eux, chanteurs, comédiens, humoristes, adore se
produire. Et, pour clore une carrière bien remplie, pourquoi pas un autre projet
d'envergure qui te tenait beaucoup à coeur,
soit la rénovation de la Salle Odyssée, pour laquelle, d'ailleurs, notre
gouvernement a récemment octroyé une importante aide financière?
Alors, ma
chère Julie, après une douzaine de nominations au Gala de l'ADISQ, quatre félix
en main et tout le chemin parcouru,
tu peux dire : Mission accomplie. Bravo pour tout ce que tu as réalisé!
Une excellente retraite! Merci, Julie.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie, M. le
député de Chapleau. Et maintenant je cède la parole à M. le député de
Côte-du-Sud pour sa déclaration d'aujourd'hui.
Inviter les citoyens à
célébrer le temps
des pommes à Cap-Saint-Ignace
M. Norbert Morin
M. Morin : Mme la
Présidente, ce matin, je vous invite à venir célébrer le temps des pommes les
24 et 25 septembre prochains à
Cap-Saint-Ignace. Chaque année, cette belle tradition attire des milliers de
visiteurs, je dis bien des milliers
de visiteurs, du Québec et des Maritimes. Chez nous, l'autocueillette se fait
dans un décor splendide avec, comme
toile de fond, le fleuve, les îles et les montagnes. Vous y découvrirez un circuit de pomiculteurs s'étendant sur trois kilomètres de route. Pendant ces journées, les visiteurs
peuvent se promener dans les vergers mais aussi piqueniquer et déguster de nombreux produits délicieux, comme,
entre autres, les vins, cidres, confitures, jus, compotes, les
beurres de pomme ou encore les fruits eux-mêmes, naturellement.
Je tiens à
souligner qu'à Cap-Saint-Ignace chaque producteur a sa spécificité et que,
depuis plusieurs années, ceux-ci font preuve d'ambition et de créativité pour nous offrir des produits du
terroir d'une qualité exceptionnelle. C'est donc un rendez-vous à ne pas
manquer en cette fin de semaine à Cap-Saint-Ignace, en Côte-du-Sud. Merci
beaucoup.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup, M. le
député de Côte-du-Sud. Et maintenant je vais reconnaître Mme la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré puisqu'il y a d'autres de nos collègues
qui ne sont pas encore ici, en cette Chambre, pour nous livrer leur déclaration.
Féliciter
le journaliste pigiste Mark Cardwell,
lauréat de trois prix nationaux
Mme
Caroline Simard
Mme Simard : Et c'est le cas de mon
invité aujourd'hui, madame, pour lequel je fais la déclaration, mais je vais y
aller. Merci, Mme la Présidente.
Donc, la municipalité de Saint-Ferréol-les-Neiges peut être fière de compter au sein de son
conseil municipal un journaliste
pigiste anglophone qui a raflé récemment trois prix nationaux de journalisme,
soit M. Mark Cardwell, ici présent dans les tribunes, et que je
tiens donc à souligner.
En
effet, ce dernier a remporté le prix or dans la catégorie Meilleure couverture
de l'actualité dans le cadre du 62e
gala annuel du Canadian Business
Media le 7 juin dernier à Toronto. Son article a fait la page couverture du Canadian
Lawyer Magazine en novembre 2015. Puis il s'est mérité le prix en
or, en équipe avec quelques-uns des journalistes du Medical Post, du meilleur article hors catégorie. Deux jours plus tard, il a vu ses
écrits reconnaître à nouveau lors du gala annuel du Professional Writers Association of Canada à Vancouver. Il a
aussi fait partie des finalistes dans la catégorie Meilleur article de fond pour un article dans The
Montreal Gazette, soit un profil de M. Dominique Brown, de Chocolats
favoris.
Félicitations
à Mark Cardwell, qu'il me fait toujours plaisir de côtoyer! Et bonne session
parlementaire à vous, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci beaucoup, Mme la députée, et
toutes nos félicitations à M. Cardwell. Maintenant, je vais céder la
parole à M. le député de Bourget pour sa déclaration.
Féliciter
Mme Julie Roberge, lauréate
du prix Paul-Gérin-Lajoie
M.
Maka Kotto
M. Kotto :
Merci, Mme la Présidente. J'aime à croire que l'obstination du peuple québécois
soit à l'origine du miracle
historique qu'est le Québec français d'aujourd'hui, la langue française ayant
franchi l'épreuve du temps ici, en Amérique.
Aussi, je
tiens à féliciter Mme Julie Roberge, une citoyenne de la circonscription de
Bourget, qui, par sa brillante carrière
de professeur de français au cégep André-Laurendeau, fait partie de celles et
ceux qui ont permis à des centaines d'étudiants
et d'enseignants de maîtriser et de préserver notre langue publique commune,
notre langue officielle. En recevant le
prix Paul-Gérin-Lajoie, remis par la ministre de l'Enseignement supérieur, les
méthodes novatrices et la passion de Mme
Julie Roberge pour l'enseignement du
français ont été reconnues et sont la preuve de sa remarquable contribution
à l'apprentissage du français, langue officielle du Québec. Merci, Mme la
Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci beaucoup, M. le député de
Bourget. Et maintenant je vais reconnaître Mme la députée de
Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Féliciter
le Syndicat des employé-e-s du Vieux-Port de Montréal
pour sa contribution à la lutte pour la hausse du salaire minimum
Mme
Manon Massé
Mme
Massé : Merci, Mme la Présidente. Le Syndicat des employé-e-s du
Vieux-Port de Montréal livre actuellement une lutte exemplaire pour
leurs conditions de travail dignes. Depuis le 27 mai dernier, soit
119 jours exactement, ces 300 hommes
et femmes, qui portent cette institution sur leurs épaules, se battent pour un
rattrapage salarial qui mènerait les
plus bas salariés à près de 15 $ l'heure. Malheureusement, ils font face à
un employeur arrogant qui, comme notre bon ministre des Finances, croit que le salaire actuel minimum est suffisant
pour subvenir à leurs besoins, besoins de leurs familles. Les membres du local 10333 savent que ce n'est pas le
cas, et c'est pour ça qu'ils et elles continuent de se battre.
Je les
félicite aujourd'hui pour leur contribution à la lutte sur la hausse du salaire
minimum. C'est en leur honneur que je
vous encourage à participer en grand nombre au rassemblement du 15 octobre
prochain à Montréal ainsi qu'à signer la pétition papier qui circule
toujours. Ne lâchez pas!
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci beaucoup, Mme la députée de
Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Et je vais céder maintenant la parole à M. le député de Deux-Montagnes.
Souligner
le 50e anniversaire de l'organisme La Libellule
M.
Benoit Charette
M.
Charette : Merci, Mme la Présidente. Conjointement avec ma collègue
Sylvie D'Amours, députée de Mirabel, je
souhaite souligner un moment important pour l'organisme communautaire
La Libellule. En effet, cet organisme poursuit sa mission auprès des personnes adultes vivant
avec une déficience intellectuelle et leurs proches depuis maintenant
50 ans, et ce, sur le grand territoire de la MRC du lac des Deux
Montagnes.
Que ce soit
en favorisant l'inclusion de sa clientèle au sein de la société, à travers une
gamme de services ou encore en assurant un soutien direct aux proches
aidants, La Libellule et ses intervenants dévoués contribuent grandement à
l'amélioration des conditions de vie de
nombreuses personnes. La pérennité de cet organisme communautaire à travers
le temps prouve qu'il répond à un réel
besoin. Souhaitons que l'organisme puisse poursuivre sa mission essentielle
pour de nombreuses années encore.
Joyeux anniversaire à La Libellule et un
merci tout particulier aux personnes qui s'y investissent. Merci, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente (Mme
Gaudreault) : Merci, M. le député de Deux-Montagnes. M. le député de
Mégantic, la parole est à vous.
Souligner le 40e anniversaire de la Fromagerie La
Chaudière
M. Ghislain Bolduc
M.
Bolduc : Merci, Mme la Présidente. Le 30 août dernier, les
employés, les propriétaires, la grande famille Choquette étaient
rassemblés pour célébrer le 40e anniversaire de la Fromagerie
La Chaudière de Lac-Mégantic.
Je
suis très fier de compter des entrepreneurs tels la famille Choquette parmi les
grands bâtisseurs de notre région.
Ce succès local, mais qui dépasse largement les frontières régionales et même
nationales, est également attribuable à l'implication
des dirigeants dans la communauté. Certes, l'entreprise procure à de
nombreuses familles un travail et un salaire mais est également présente
dans le milieu en supportant différents événements. Je tiens à vous en
remercier sincèrement, chers amis. Vous avez su vous démarquer et
amener votre entreprise, au courant de ces dernières 40 années, à
des sommets de production et d'excellence. Aux dirigeants et aux employés de la
Fromagerie La Chaudière, de chaleureuses félicitations pour ces 40 ans de
succès!
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci, M. le député de Mégantic.
Et je cède maintenant
la parole à M. le député de Lévis pour sa déclaration d'aujourd'hui.
Rendre hommage à Mme Ariane Fortin pour
sa participation aux Jeux olympiques
M. François Paradis
M. Paradis (Lévis) : Merci, Mme la Présidente. Je vous propose des qualificatifs :
«persévérance», «détermination», «courage», «résilience». Ces quelques
mots décrivent fort bien celle à qui nous rendons hommage aujourd'hui, Ariane
Fortin, boxeuse de Lévis, double championne du monde en 2006 et en 2008, et qui
participait, le 14 août, à ses premiers Jeux olympiques. Elle est avec nous et
ses proches.
On
la voyait sur le podium, mais les juges en auront décidé autrement, une
décision qui a provoqué de nombreuses réactions
tant dans les médias que sur les réseaux sociaux, une défaite amère, une
défaite crève-coeur. Mais Ariane est une
battante. Plutôt que de s'apitoyer et de dénoncer, elle a décidé de passer
l'éponge et d'en tirer un enseignement. En
termes de boxe, elle n'a pas lancé la serviette.
Ariane est fière de
son parcours, elle est fière d'elle. Nous le sommes également, Ariane. Je
lisais sur un site — j'ouvre
les guillemets : «Ariane Fortin, [est] une fusée prête à conquérir la
planète...» La fusée Ariane. Pour la suite, peu importe ce que vous choisirez, Ariane,
je vous souhaite de réaliser vos rêves les plus chers. Vous êtes notre
championne.
• (9 h 50) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci, M. le député. Et nous souhaitons la bienvenue à Ariane et aux
membres qui l'accompagnent. Bienvenue à l'Assemblée nationale.
Maintenant,
pour la suite à la rubrique des déclarations
de députés, je vais céder la parole à Mme la députée de Gatineau.
Souligner le 60e anniversaire de l'Ordre professionnel
des diététistes du Québec
Mme Stéphanie Vallée
Mme
Vallée : Merci, Mme la Présidente. Je tiens aujourd'hui à
souligner le 60e anniversaire de l'Ordre professionnel des diététistes du Québec. Un des piliers d'une
vie et d'une bonne santé, c'est d'avoir une saine alimentation. Alors que
nous n'avons jamais eu autant de choix en
cette matière, les diététistes nous aident à nous y retrouver et à faire des
choix équilibrés. Le Québec reconnaît
depuis longtemps l'apport des diététistes. En effet, le Québec a été le premier,
au Canada, à encadrer cette
profession en 1956. Au cours des 60 dernières années, ces spécialistes de la
nutrition ont su s'adapter aux
nouveautés et aux tendances afin de répondre aux besoins et aux préoccupations
des Québécois. Je les en félicite et je salue tous les membres de l'ordre des professionnels diététistes du
Québec ainsi que le travail essentiel qu'ils accomplissent afin de garder
les Québécois et les Québécoises en bonne santé. Merci à vous tous pour ces
60 ans d'écoute et de bons conseils!
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci, Mme la députée de Gatineau. Et, pour clore cette rubrique de
déclarations de députés, je cède la parole à M. le député de Rosemont.
Souligner la journée Camelot d'un jour du journal L'Itinéraire
M. Jean-François Lisée
M. Lisée : Mme la Présidente, aujourd'hui, je fais partie d'un certain nombre de
personnalités qui ont accepté d'être
camelot d'un jour pour cet extraordinaire magazine qui s'appelle L'Itinéraire. C'est
un magazine qui a été créé par des gens que la vie a mis à la rue mais qui ont décidé de rester
debout, de se prendre en main, de produire un magazine, de le vendre et
ainsi de participer à leur réinsertion.
Alors, des
gens comme Florence K, Guylaine Tremblay, Marc Labrèche, Garnotte sont, en
ce moment un peu partout au Québec,
en train de vendre ces exemplaires. Moi-même, je l'ai vendu tout à l'heure à plusieurs
membres de cette Assemblée et je
continue à le faire pendant la journée. Et tout le monde est très content
de cette initiative parce que la lutte contre l'itinérance, c'est ce qu'on
décide de faire ici ensemble, mais ça dépend aussi de la volonté de ceux qui,
sur le terrain, veulent se retrousser les
manches. Et donc il faut les appuyer dans leur volonté. C'est ce qu'on
fait aujourd'hui. Mme la
Présidente, je vous remercie.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci, M. le député, et je vais acheter une copie de votre Itinéraire
certainement.
Alors, ceci met fin à la rubrique des
déclarations de députés, et je suspends les travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à 9 h 53)
(Reprise à 10 h 1)
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, Mmes, MM. les députés, nous allons nous recueillir quelques
instants
Merci. Veuillez vous asseoir.
Présence d'élues du Comité permanent de l'Assemblée populaire
de Jinan, Mmes Duan Qingying et Li Wei
J'ai le plaisir de souligner la présence, dans
les tribunes, de deux élues du Comité permanent de l'Assemblée populaire de
Jinan, Mme Duan Qingying et Mme Li Wei.
Présence des boursiers de la Fondation
Jean-Charles-Bonenfant
J'ai le
plaisir également de souligner la présence des nouveaux boursiers
de la Fondation Jean-Charles-Bonenfant, qui auront l'occasion de travailler auprès des députés du groupe
ministériel et de l'opposition au cours de leur stage de 10 mois à l'Assemblée
nationale.
Alors, ce programme s'inscrit notamment dans la
mission éducative de l'Assemblée nationale en offrant aux jeunes une occasion unique de plonger au coeur du
travail des députés et des fonctionnaires parlementaires, et ça, sur une
base presque quotidienne. Je vous souhaite à
tous de profiter pleinement de cette expérience au sein de notre Parlement.
Alors, nous poursuivons les affaires courantes. Aujourd'hui,
il n'y a pas de déclarations ministérielles ni de présentation de projets de
loi.
Dépôt de documents
À la
rubrique Dépôt de documents, Mme la
ministre de la Justice. Mme la ministre de la Justice, Dépôt de documents?
Rapport annuel de la Société québécoise d'information
juridique
Mme Vallée :
Désolée, le ministre de la Santé m'interpellait. Alors, M. le Président, il me
fait plaisir de déposer le rapport annuel de gestion 2015‑2016 de
la Société québécoise d'information juridique.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, ce document est déposé.
M. le ministre du Développement durable, de l'Environnement et de la
Lutte contre les changements climatiques.
Rapports annuels du Comité consultatif pour
l'environnement
de la Baie James et du Bureau d'audiences
publiques sur l'environnement
M.
Heurtel : Merci, M. le Président. Permettez-moi de déposer le rapport
annuel d'activité 2015‑2016 du Comité consultatif pour
l'environnement de la Baie James de même que le rapport annuel de
gestion 2015‑2016 du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors ces documents
sont déposés. M. le leader du gouvernement.
Réponse à une question inscrite au feuilleton
M.
Fournier : Merci, M. le Président. Je dépose la réponse du
gouvernement à la question inscrite au feuilleton le
10 mai 2016 par le député de Terrebonne. Merci.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Merci, M. le leader. Ce
document est déposé.
Rapport annuel du Commissaire
au lobbyisme
Pour ma part, je
dépose le rapport d'activité 2015‑2016 du Commissaire au lobbyisme.
Dépôt de rapports de
commissions
À
la rubrique Dépôt de rapports de commissions, M. le président de la Commission
des institutions et député de Chomedey.
Consultations particulières
sur le projet de loi n° 98
M.
Ouellette : Merci, M. le Président. Je dépose le rapport de la
Commission des institutions, qui, les 23, 24, 25 août,
ainsi que les 13, 10 et 21 septembre 2016, a tenu des auditions
publiques dans le cadre des consultations particulières sur le projet de
loi n° 98, Loi modifiant diverses lois concernant principalement
l'admission aux professions et la gouvernance du système professionnel.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Merci, M. le député. Ce rapport est déposé.
Modification de la composition
de certaines
commissions parlementaires
Pour ma part, je
dépose le rapport du comité directeur de la Commission de l'Assemblée
nationale, qui, le 21 septembre 2016, s'est réuni afin de modifier la
liste des présidents de séance.
Dépôt de pétitions
À
la rubrique, maintenant, Dépôt de pétitions, nous avons neuf pétitions. Je vais
demander votre collaboration. Nous allons débuter avec la pétition de
M. le député de Mercier.
Créer une commission de consultation
sur le racisme systémique
M. Khadir :
M. le Président, je dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée
nationale signée par 2 662 pétitionnaires. Désignation :
citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant
que le racisme systémique a notamment pour effet d'appauvrir, de judiciariser,
de stigmatiser et d'exclure
des citoyennes et des citoyens;
«Considérant
que selon l'article 10 de la charte québécoise des droits et des
libertés de la personne, "toute personne a droit
à la reconnaissance et à l'exercice, en pleine égalité, des droits et libertés
de la personne sans distinction, exclusion ou préférence fondée sur la
race, la couleur, le sexe, la grossesse, l'orientation sexuelle, l'état civil,
l'âge sauf dans la mesure prévue par la loi,
la religion, les convictions politiques, la langue, l'origine ethnique ou
nationale, la condition sociale, le handicap ou l'utilisation d'un moyen
pour pallier [à] ce handicap";
«Considérant
que le racisme porte atteinte aux droits et libertés de la personne;
«Considérant que
les moyens politiques et législatifs pour lutter contre le racisme systémique sont actuellement [insuffisants];
«[...]il y a donc
urgence de mettre en place une commission de consultation sur le racisme
systémique;
«[...]il
est essentiel que les personnes qui subissent les effets du racisme systémique,
y compris les autochtones, soient impliquées à toutes les étapes d'une
telle commission;
«Considérant
qu'une telle commission ne doit pas freiner la mise en place immédiate de
mesures pour lutter contre toute forme de racisme;
«Considérant que,
comme citoyennes et citoyens, nous devons toutes et tous nous engager à
comprendre et à combattre le racisme;
«[...]l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous,
soussignés, demandons au gouvernement du Québec de créer une commission
de consultation sur le racisme systémique.»
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, cet extrait de pétition est déposé. Pour un
deuxième dépôt de pétition, M. le député de Mercier.
Imposer un moratoire sur le
déploiement du projet d'optimisation
des laboratoires de biologie médicale
M. Khadir : Merci,
M. le Président. Je dépose l'extrait
d'une pétition adressée à l'Assemblée
nationale, signée par 11 889
pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les
faits invoqués sont les suivants :
«Considérant que le
projet Optilab se déploie de façon précipitée sur le terrain;
«Considérant
que les acteurs visés dans la démarche sont peu ou pas consultés et que l'information qu'ils reçoivent est incomplète et trop souvent tardive;
«Considérant
que les économies substantielles avancées par le ministre de la Santé et des Services sociaux n'ont
pas été démontrées, malgré plusieurs demandes répétées des acteurs concernés;
«Considérant que le
déploiement actuel se fait sans tenir compte des enjeux propres à chaque
région;
«[...]le
déploiement se fait sans prendre le temps de mettre en place toutes les
conditions gagnantes pour assurer la sécurité, stabilité et la
traçabilité des échantillons lors de leur transport, notamment par
l'implantation d'un système informatique harmonisé et de modalités de transport
sécuritaire;
«Considérant
que le transport d'échantillons, parfois sur de longues distances, occasionne
des pertes de spécimens [...] des
retards dans les résultats des analyses, ce qui oblige plusieurs patients à
reprendre les examens — comme des prises de sang, ponctions lombaires, biopsies;
«Considérant
que la population québécoise est en droit de s'attendre à un service de
qualité, et ce, sur l'ensemble du territoire québécois;
«[...]l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous, soussignés,
demandons au gouvernement du Québec d'imposer un moratoire sur le déploiement
du projet Optilab dans l'ensemble du
territoire le temps de procéder aux travaux et aux consultations requises, pour
assurer sa mise en oeuvre en toute sécurité et en tout respect pour la
population et les salariés des laboratoires.»
Je certifie, M. le
Président, que cet extrait est conforme à l'original de la pétition.
• (10 h 10) •
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Merci. Alors, cet extrait de pétition est déposé.
M. le député de Berthier.
Modifier la législation en
matière de dons d'organes
M.
Villeneuve : Merci, M. le Président. Alors, je dépose l'extrait d'une pétition
adressée à l'Assemblée nationale,
signée par 295 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes
du Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant qu'au Québec nous avons une pénurie flagrante d'organe et de
tissus pour la transplantation suite à un décès d'individu;
«Considérant que la formule actuelle pour les dons d'organes
et de tissus n'est définitivement pas adéquate vu cette pénurie versus
le nombre de décès;
«Considérant qu'il
est inconcevable qu'une personne décède à cause d'une pénurie d'organe et de
tissus;
«Considérant qu'il
est aussi [incroyable] de laisser une personne malade sans qu'elle puisse
bénéficier d'une transplantation d'organe et de tissus sains, prélevés sur une
personne décédée;
«Considérant qu'un adulte, selon la loi, est titulaire et
responsable au Québec d'un enfant de moins de 14 ans. Passé cet âge, l'enfant doit prendre lui-même la
décision s'il désire ou non faire un don d'organe ou de tissus. L'adulte
titulaire ou la RAMQ se doit d'informer
l'enfant de cette modification afin de le sensibiliser à cette cause importante;
«Considérant que la
formule actuelle ne fonctionne visiblement pas;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous,
soussignés, demandons au gouvernement du Québec d'apporter une modification à
la loi actuelle pour que la signature
ne soit plus exigée sur les cartes d'assurance maladie pour que le don d'organe
et de tissus soit accepté, mais,
inversement, que la signature soit exigée pour qu'il n'y ait pas de don
d'organe et de tissus. À ce moment, l'autocollant et la signature seront
nécessaires en cas de refus de donation des organes et des tissus.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Merci. Cet extrait de pétition est déposé. Mme la
députée de Taillon.
Ajouter du personnel soignant
dans les CHSLD et les CLSC
Mme Lamarre :
Merci, M. le Président. Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à
l'Assemblée nationale, signée par 3 610 pétitionnaires.
Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant
le manque flagrant de préposés dans les CHSLD pour un nombre grandissant de
personnes en perte d'autonomie physique ou cognitive;
«Considérant
l'augmentation des listes d'attente pour recevoir des services à domicile;
«Considérant
la surmédicalisation par manque de temps du personnel soignant d'être à
l'écoute des besoins des résidents plus anxieux;
«Considérant
l'importance de la dignité et de la qualité de vie des personnes en CHSLD;
«Considérant
qu'actuellement le bénéficiaire doit s'adapter au réseau de la santé ;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous,
soussignés, demandons au ministre de la Santé et des Services sociaux un ajout
de personnel soignant, entre autres,
des préposés et des auxiliaires familiales pour répondre aux besoins croissants
des bénéficiaires afin : d'adapter les soins
à la situation de chaque personne, de répondre aux besoins
d'hygiène et de confort de tous les résidents en offrant plus d'un bain
ou d'une douche par semaine, d'apporter des soins personnalisés en considérant
la dignité de chaque personne, de maintenir
le plus longtemps possible l'autonomie des résidents en leur
laissant exécuter les activités de la vie
quotidienne, d'éviter l'utilisation
de contention chimique ou physique, de prendre le temps de répondre aux
questions et aux inquiétudes des
résidents et des familles, d'offrir aux préposés et aux auxiliaires familiales
un milieu de travail plus humain, plus valorisant dans une approche
humaine, soucieuse du bien-être des bénéficiaires.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci. Alors, cet extrait de
pétition est déposé. Mme la députée de Taillon, vous avez une autre
pétition à déposer. Je vous cède la parole.
Reconnaître le droit à la
santé
Mme Lamarre :
M. le Président, donc je dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée
nationale signée par 397 pétitionnaires. Désignation : citoyens et
citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant que les
patients québécois font face à une réforme sans précédent du réseau de la
santé;
«Considérant
que cette réforme découle de lois qui ne garantissent aucunement l'accès aux
services et aux traitements appropriés en temps requis;
«Considérant que la
légalisation des frais accessoires risque de compromettre encore plus l'accès
pour les personnes moins fortunées;
«Considérant
que les montants accordés à la santé en 2016‑2017 sont nettement inférieurs aux
besoins et que le Québec demeure la province qui dépense le moins par
habitant en santé;
«Considérant
que, selon le Protecteur du citoyen, l'offre en soins à domicile ne répond plus
aux besoins de base des personnes en perte d'autonomie;
«Considérant
que l'augmentation du nombre d'accidents ayant causé le décès d'usagers dans
les établissements de santé témoigne d'une dégradation de la qualité des
services;
«Considérant
que, selon la loi québécoise — LSSSS — toute personne a le droit de recevoir des
services de santé adéquats et sécuritaires;
«Considérant
que le gouvernement du Québec devrait respecter ses obligations en termes de
qualité et d'accessibilité du système de santé;
«Considérant que la
Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse le
recommande;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous,
soussignés, demandons au gouvernement du Québec de reconnaître le droit à la
santé au sein de la Charte des droits
et libertés de la personne, c'est-à-dire le droit de toute personne de
bénéficier des programmes, biens, services, installations et conditions lui permettant de jouir du meilleur état de
santé physique et mentale qu'elle puisse atteindre.»
Je
certifie que cet extrait est conforme à l'original de la pétition.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, cet extrait de pétition est déposé. Vous
avez une troisième pétition, Mme la députée de Taillon. À vous la parole.
Ajouter du personnel soignant
dans les CHSLD et les CLSC
Mme
Lamarre : Merci, M. le Président. Alors, je
dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale signée
par 52 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant le manque flagrant de préposés dans les CHSLD
pour un nombre grandissant de personnes en perte d'autonomie physique ou
cognitive;
«Considérant l'augmentation
des listes d'attente pour recevoir des services à domicile;
«Considérant
la surmédicalisation par manque de temps du personnel soignant d'être à
l'écoute des besoins des
résidents plus anxieux;
«Considérant l'importance
de la dignité et de la qualité de vie des personnes en CHSLD;
«Considérant qu'actuellement
le bénéficiaire doit s'adapter au réseau de la santé;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous
soussignés demandons au ministre de la Santé et des Services sociaux : un
ajout de personnel soignant, entre
autres, des préposés et des auxiliaires familiales pour répondre aux besoins
croissants des bénéficiaires afin d'adapter les soins à la situation de chaque personne, de répondre aux besoins
d'hygiène et de confort de tous les résidents en offrant plus d'un bain
ou d'une douche par semaine, d'apporter des soins personnalisés en considérant
la dignité de chaque personne, de maintenir
le plus longtemps possible l'autonomie des résidents en leur laissant exécuter
les activités de la vie quotidienne,
d'éviter l'utilisation de contention chimique ou physique, de prendre le temps
de répondre aux questions et aux
inquiétudes des résidents et des familles, d'offrir aux préposés et aux
auxiliaires familiales un milieu de travail plus humain, plus valorisant
dans une approche humaine soucieuse du bien-être des bénéficiaires.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Merci. Alors, cet extrait de pétition est déposé. J'ai reçu une demande de...
Est-ce que c'est une question de règlement, M. le député de Mercier?
Une voix :
...
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Je vais passer, avant, la demande
de M. le député de Richelieu. J'ai donc reçu une demande de M. le député de Richelieu pour la présentation d'une
pétition non conforme. Y a-t-il consentement pour la présentation de
cette pétition? Consentement. M. le député de Richelieu.
Modifier le nom du pont
Sorel-Tracy
M. Rochon :
Merci, M. le Président. Alors, je dépose l'extrait d'une pétition adressée à
l'Assemblée nationale signée par 231 pétitionnaires. Désignation :
citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Attendu
que Maurice Martel fut [le] député de la circonscription de Richelieu de
1966 à 1970 et de 1976 à 1985;
«Attendu que Monsieur Martel
fut ministre du Revenu en 1984 et en 1985;
«Attendu que
Monsieur Martel fut un pharmacien reconnu dans la région et par ses pairs;
«Attendu que
Monsieur Martel fut à l'origine de l'interdiction de vendre des produits
du tabac en pharmacie;
«Attendu que
Monsieur Martel s'est battu et a obtenu que la région de Sorel-Tracy soit
dotée d'un cégep;
«Attendu que
Monsieur Martel fut le président des fêtes du 350e anniversaire de
Sorel-Tracy;
«Attendu que le 375e
anniversaire de Sorel-Tracy sera célébré en 2017;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous,
soussignés, citoyennes et citoyens du Québec, réclamons au gouvernement du
Québec que le ministère des
Transports, de la Mobilité durable et de l'Électrification des transports, à
l'occasion du 375e anniversaire de Sorel-Tracy en 2017, renomme le pont
Sorel-Tracy de l'autoroute 30 du nom de Maurice-Martel.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Merci. Cet extrait de pétition est déposé.
J'ai reçu une demande
de M. le député de Mercier pour la présentation d'une pétition non conforme. Y
a-t-il consentement pour la présentation de cette pétition? Consentement. M. le
député de Mercier.
Imposer un moratoire sur le
déploiement du projet
d'optimisation des laboratoires de biologie médicale
M. Khadir :
Merci, M. le Président. Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à
l'Assemblée nationale signée par 6 170 pétitionnaires.
Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
Les faits invoqués
sont, en fait, exactement les mêmes que dans la précédente pétition déposée sur
Optilab.
«[Donc,]
l'intervention réclamée se résume ainsi :
«Nous, soussignés,
demandons au gouvernement du Québec d'imposer un moratoire sur le déploiement
du projet Optilab dans l'ensemble du
territoire, le temps de procéder aux travaux et aux consultations requises,
pour assurer sa mise en oeuvre en toute sécurité et en tout respect pour
la population et les salariés des laboratoires.»
Je
certifie, M. le Président, que cet extrait est conforme à l'original de la
pétition et que ces 6 170 pétitionnaires s'ajoutent aux 11 000
et plus que je vous ai présentés tout à l'heure.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Merci, M. le député de
Mercier. Cet extrait de pétition est déposé.
J'ai
reçu une autre demande de M. le député de Mercier pour la présentation d'une
pétition non conforme. Y a-t-il consentement pour présenter cette
pétition? Consentement. Veuillez procéder, M. le député de Mercier.
M. Khadir :
Je remercie les collègues.
Je
dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par
883 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du
Québec.
Il n'y a pas de faits
invoqués.
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous,
soussignés, appuyons les démarches de l'Alliance du personnel professionnel et
technique de la santé et des services
sociaux — l'APTS — demandant un moratoire quant à la
réorganisation des services de biologie médicale — [ce qu'on appelle le] projet
Optilab.»
Je certifie, M. le
Président, que cet extrait est conforme à l'original de la pétition.
• (10 h 20) •
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, cet extrait de pétition est déposé.
Il
n'y a pas de réponses orales aux pétitions ni d'interventions portant sur une
violation de droit ou de privilège.
Je
vous avise qu'après la période de questions et réponses orales sera tenu le
vote reporté sur la motion de M. le député Sanguinet débattue hier aux
affaires inscrites par les députés de l'opposition.
Questions
et réponses orales
Nous en sommes
maintenant à la période des questions et réponses orales, et je cède la parole
à M. le chef de l'opposition officielle.
Confiance du premier ministre
envers le ministre des Transports,
de la Mobilité durable et de l'Électrification des transports
M. Sylvain Gaudreault
M.
Gaudreault : Oui, M. le Président. Le premier ministre, hier, a
donné le bon Dieu sans confession à son ministre des Transports sans même connaître les faits. Comme dans le dossier du
député de Louis-Hébert, de Jacques Daoust, du MTQ, le premier ministre
attend les scandales médiatiques avant de prendre ses responsabilités.
Hier,
le ministre des Transports nous avait dit que son ami et employé Yvon Nadeau
n'avait rien fait de mal et que
toutes les vérifications avaient été faites. Ce matin, on apprend que c'est
faux. L'employé du ministre des Transports, qui avait lui-même sollicité une subvention de plus de 1 million pour
le centre de ski Mont-Adstock, a aussi sollicité des promoteurs privés pour construire des chalets
qu'il allait lui-même administrer par la suite. Pire encore, on apprend que M. Nadeau
n'a jamais remis les revenus de location à la coopérative
sans but lucratif. Contrairement à ce qu'a affirmé le ministre
des Transports, son ami, Yvon Nadeau, fait beaucoup plus que prendre des
réservations dans les chalets, il collecte
aussi l'argent. Mais ça, on ne sait pas ce qu'il en fait. Tout ça sous le nez
de son patron, le ministre des Transports.
Maintenant
que le premier ministre a les faits entre les mains, maintenant qu'il les
connaît, peut-il nous dire s'il a toujours confiance dans son ministre
des Transports?
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Merci, M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard :
M. le Président, oui, parce que notre collègue s'acquitte de ses
responsabilités de façon plus qu'honorable
actuellement. Et je voudrais soumettre l'hypothèse à cette Assemblée que la raison
pour laquelle l'opposition officielle lui porte une attention
particulière, c'est parce que les faits que je viens d'énoncer sont vrais. Il
voit un ministre des Transports qui est dévoué, qui est présent dans les
régions, dans sa région, dans les autres régions, qui parle avec beaucoup de
chaleur de ses électeurs et de sa région. Il l'a fait d'ailleurs hier et il va
continuer à le faire. C'est également quelqu'un qui a pris de lui-même
l'initiative de consulter le Commissaire à l'éthique, d'obtenir ses directives,
de suivre ses directives. On verra le rapport qui sera produit.
Sur la question de
2008, dont il nous parle, notre collègue s'est exprimé à plusieurs reprises. Il
va continuer à le faire et je suis convaincu qu'il va continuer de le faire de
façon éloquente, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, en première complémentaire, M.
le chef de l'opposition officielle.
M. Sylvain Gaudreault
M.
Gaudreault : Oui, M. le Président. Vous savez, il y a tellement de manquements éthiques dans le dossier du
ministre des Transports que le premier
ministre, là, il n'a pas l'air à
comprendre que je lui parle d'un autre dossier, là, par de celui de Pyrobiom, pour lequel il y a eu
une subvention de 3 millions et sur lequel il y a enquête
du Commissaire à l'éthique. Alors là, on parle du dossier du mont
Adstock, qui est doublé de sommes d'argent qui disparaissent, qui disparaissent, sous les yeux du ministre,
parce qu'elles n'ont jamais été versées à la coop de solidarité. Quelles
vérifications le premier ministre a-t-il faites et fera-t-il avant de
renouveler sa...
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : M. le premier ministre. M. le ministre des
Transports.
M. Laurent Lessard
M. Lessard :
Je suis interpellé là-dedans. Je veux déclarer à cette Chambre que j'ai agi en
toute légalité en respectant les règles que
le Commissaire à l'éthique m'a données lorsque M. Nadeau avait déposé un
projet sur la députée de... Ouellet
lorsqu'elle était ministre des Ressources naturelles et lorsqu'il est retourné
à mon bureau avant son embauche, d'avoir
fait les habilitations diligentes. Quant à la subvention que le ministre de la
Culture et des Loisirs, dans le temps, a
conférée à une coopérative de solidarité, alors donc ils l'ont fait
correctement en respectant les règles. Je vais vous poser une question parce que ça a l'air de vous
intéresser, le mont Adstock. En 2013,
quand vous étiez député et ministre de l'Emploi, vous avez sollicité...
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : En terminant.
M.
Lessard :
...votre ministère pour donner une subvention pour bâtir un garage...
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Alors, deuxième complémentaire, M. le chef de l'opposition officielle.
M. Sylvain Gaudreault
M.
Gaudreault : Oui, là, M. le Président, on s'éloigne vraiment, là. Moi,
je m'adresse au premier ministre, là. Il
faut qu'il comprenne qu'en échange de terrains gratuits fournis par la
coopérative, subventionnée par le gouvernement libéral, l'employé du ministre s'était engagé à verser des redevances
d'opération, ce qu'il n'a jamais fait, ce qu'il n'a jamais fait. Le
ministre des Transports s'était porté garant de la probité de son ami.
Comment le
premier ministre peut-il maintenir sa confiance envers son ministre alors que,
comme il l'a avoué lui-même, il n'a même pas fait les...
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Très bien, merci. M. le ministre des Transports.
M. Laurent Lessard
M.
Lessard :
Quand c'est une subvention du gouvernement libéral à une coopérative, donc,
c'est un investissement libéral,
mais, quand le député lui-même, qui était ministre des Affaires municipales, a
donné une subvention de plus de 100 000 $
pour bâtir des garages, là ça ne compte pas. Quand la ministre était
responsable de l'Emploi et Solidarité, à une rencontre à Saint-Jean-Port-Joli, alors qu'elle s'adressait au Chantier
de l'économie sociale, elle a dit : «La montagne va sauver les chalets, les chalets vont sauver la
montagne.» Vous savez, quand elle a vu... Oui, vous avez fait cette
déclaration-là, les intervenants qui
y étaient me l'ont raconté. Alors donc, quand c'est une déclaration des
péquistes, ça, tout est beau, les habilitations ont été vérifiées. Quant
à la responsabilité...
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
En terminant.
M.
Lessard : M. le
Président, je reviendrai, parce qu'ils vont reposer une question.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Alors, troisième complémentaire, M. le chef de l'opposition officielle.
M. Sylvain Gaudreault
M.
Gaudreault : Oui. M. le Président, là, on est encore dans la
diversion, là. Le ministre des Transports, le ministre des Transports pousse l'odieux jusqu'à dire que le
dossier ne sert qu'à contribuer à du développement régional, sauf que le problème, là, c'est que la coopérative de
solidarité n'a jamais reçu l'argent que devait lui verser l'attaché politique.
Ce n'est pas du développement régional, c'est du développement libéral,
M. le Président.
Comment le premier ministre peut-il cautionner
un tel détournement de sens?
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
M. le ministre des Transports.
M. Laurent Lessard
M.
Lessard : En
parlant de diversion, M. le Président, ils sont les rois de la diversion. Je
vais déposer la subvention qu'ils ont donnée à l'organisme, dans laquelle ils
les félicitaient de leur grande organisation, etc., pour le développement de la communauté, et c'était le chef
de l'opposition qui était ministre des Affaires municipales à ce moment-là.
Quant à leur
relation, que la coop de solidarité a avec l'exploitant des chalets, ils ont
une relation contractuelle. Qu'ils
fassent comme moi, qu'ils en assument la responsabilité. Quant à lui qui
possède des chalets, s'il a un différend à faire avec M. Nadeau,
s'il a un contrat, qu'ils règlent leurs responsabilités.
Quant à ce qui me concerne, j'ai assumé avec
toute diligence les responsabilités qu'il m'est donné.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
En terminant.
M.
Lessard : Puis
savez-vous quoi? C'est ce que je vais continuer de faire à tous les jours.
Document déposé
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Y a-t-il consentement pour le
dépôt du document? Consentement. Mme la députée de Taschereau, en
principale.
Attribution de subventions à des entreprises associées
à des ex-employés du bureau de circonscription
du député de Lotbinière-Frontenac
Mme Agnès Maltais
Mme
Maltais :
Écoutez, M. le Président, nous sommes devant une deuxième affaire troublante
qui relie les mêmes protagonistes :
le ministre des Transports, son ex-attaché politique Yvon Nadeau, sa conjointe
Stéphanie Donato. Dans les deux cas, M. Nadeau a reçu des avantages directs suite à des
subventions du gouvernement. Dans les deux cas, le ministre était au
courant des liens entre son employé et les demandes de subvention et lui a
donné son aval.
Il
y a un autre lien à faire maintenant, celui du programme dont est issue la
subvention au Mont-Adstock, soit le programme
des infrastructures sportives, qui a été décrié par le Vérificateur général.
Pourquoi? Parce qu'on y révélait que
le cabinet de Michelle Courchesne triait les dossiers avant les fonctionnaires.
Ça s'appelle politiser les dossiers. Or, en 2008, l'année de la subvention, Mario Côté et sa femme ont cru bon
donner au Parti libéral, pour la première fois, la somme maximale, soit
6 000 $ à deux. Oh! c'est le fun, ça. Ça aide à atteindre son
objectif de 100 000 $, ça.
Est-ce
que le ministre peut nous dire s'il croit qu'Yvon Nadeau est un bon employé,
surtout un bon employé ou surtout un bon libéral qui connaît bien le...
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Très bien. M. le ministre des Transports.
M. Laurent Lessard
M.
Lessard : Les petits trucs de la députée de Taschereau...
Les petits trucs, c'est la suivante : tu enlèves des mots, puis la phrase marche pareil. Elle dit :
M. Lessard a donné une subvention, quand il était ministre des Forêts, à M. Nadeau.
En fait, après vérification, il avait déposé
à Ressources naturelles. On avait fait la consultation avec le Commissaire au
lobbyisme.
Deuxième
affirmation, mardi, nouvelle aventure : M. Lessard a donné une
subvention au Mont-Adstock. Après vérification,
la ministre de la Culture a donné une subvention à une coop de solidarité.
Hier, quand elle a appris que c'était une
coop de solidarité, et fait nouveau, alors elle dit : Non, non, mais là
attends un peu, il y avait les chalets, là. Ça, ça a donné de la valeur,
d'avoir des canons à neige, à des chalets.
Savez-vous
quoi? La version varie à tous les jours. Laquelle des députées de Taschereau
qui va se présenter ici? Elle qui
veut faire valoir la vérité au sein de la population qui nous écoute ou elle
qui a choisi une technique, que je ne peux pas nommer, comme salissage
ici, M. le Président?
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, je vous demanderais de retirer vos
derniers propos, M. le ministre.
Une voix :
...
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Très bien. Mme la députée de Taschereau.
Des voix :
...
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, le ministre a
retiré ses propos. Mme la députée de Taschereau, en première
complémentaire.
Mme Agnès Maltais
Mme
Maltais : L'employé du ministre s'en est mis, de façon
évidente, plein les poches grâce à une subvention obtenue dans un
programme qui a été politisé à outrance, selon le Vérificateur général. C'est à
se demander qui est le parrain dans toute cette histoire.
Comment
le ministre peut-il toujours défendre Yvon Nadeau, sinon parce que, derrière
tout cela, il y a le bon vieux système de financement du Parti libéral?
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : M. le ministre des Transports.
M. Laurent Lessard
M.
Lessard : M. le Président, quand j'entends ça, c'est ça que
la population dénonce, ce genre d'attitude là où est-ce... pas capable de présenter la vérité. Une coop de solidarité qui
obtient une subvention du ministère de la Culture, que voulez-vous, c'est comme ça. Il y a un bail
entre la coop de solidarité avec M. Côté. Bien, qu'ils arrangent leurs affaires. Puis, si M. Côté
n'était pas content de la gestion de services en ligne, bien, il n'avait rien
qu'à y mettre fin.
En
ce qui me concerne, M. le Président, j'ai agi correctement, j'ai respecté les
règles et je respecte les faits aussi. Et je dis à ma population qui
nous écoute : Voici comment ça se passe chez nous. La coop de solidarité...
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : En terminant.
M.
Lessard : ...vous l'avez mentionné, a été un exemple de
modèle de comportement. Vous l'avez mentionné vous-même...
• (10 h 30) •
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : En deuxième complémentaire, Mme la députée de Taschereau.
Mme Agnès Maltais
Mme
Maltais : ...question
porte sur les liens en 2008 entre le financement du Parti libéral, l'objectif atteint par le ministre, 109 000 $,
entre son ex-employé et l'aval qu'il a donné à son ex-employé. Il y a un
promoteur qui a investi près de 1 million puis qui n'a rien retiré
de ça, puis tout est normal.
Est-ce que le ministre peut nous dire s'il va se
retirer du Conseil des ministres, le temps qu'on fasse toute la lumière sur cette histoire? Ça l'honorerait et ça
libérerait un ministère des Transports qui, actuellement, est sous la tutelle
d'un ministre qui...
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, pour la réponse,
merci, Mme la députée. M. le ministre des Transports.
M. Laurent Lessard
M.
Lessard : À tous les jours, c'est contre ça que je me lève
avec ma famille pour combattre ce genre d'attitude là. S'il n'y avait
pas ici, hein, l'immunité, vous ne seriez même pas capable d'en répéter
un mot. Moi, M. le Président, à tous les
jours, je travaille pour défendre ma population, faire travailler mon monde, mettre en valeur les
investissements et respecter
les règles. À tous les jours, c'est ce que je fais. C'est ce que tous mes
collègues font, défendre leur communauté, défendre leur région. Si vous
avez quelque chose à me reprocher, si vous avez un grief, il y a des mécanismes pour ça. Puis, en passant, quand vous exercez le mécanisme,
c'est le Commissaire à l'éthique qui va rendre la décision, et non pas
le Parti québécois.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Très bien. Question de règlement, M. le leader...
M. Marceau : Je veux simplement rappeler que le Commissaire à
l'éthique ne peut pas enquêter sur ce qui est antérieur à 2010.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Ce n'est pas une question de
règlement. M. le chef de la deuxième opposition.
Investissement du gouvernement dans Bombardier inc.
M. François Legault
M. Legault :
M. le Président, au cours des trois dernières semaines, le prix de l'action de
Bombardier a chuté de 23 %. Il y
a des employés qui sont inquiets, il y a des fournisseurs qui sont inquiets.
Rappelons-nous, lorsque Bombardier a
demandé l'aide du gouvernement, la direction a demandé 2 milliards de
dollars US. Le gouvernement du Québec a offert 1 milliard US
et a demandé au gouvernement fédéral de mettre aussi 1 milliard US.
En réponse à une de mes questions ici,
en Chambre, le ministre Jacques Daoust a dit que l'argent du gouvernement du
Québec ne serait pas déboursé tant qu'on n'aurait pas la confirmation
que Bombardier a l'accord sur le deuxième milliard.
M. le
Président, on a appris récemment que le gouvernement du Québec a déboursé le
milliard de dollars sans avoir de confirmation d'où viendrait le
deuxième milliard. Donc, le gouvernement du Québec a perdu son principal
argument de négociation avec le gouvernement fédéral.
Est-ce que le premier ministre peut nous dire
pourquoi il a encore changé d'idée, pourquoi il a déboursé le 1 milliard de dollars US du gouvernement
du Québec avant d'avoir la confirmation du gouvernement fédéral pour son
milliard de dollars?
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : M. le Président,
malheureusement, mon collègue, par le sujet et la question, manifeste, à mon
avis, un jugement discutable dans ces
questions d'affaires, qui sont si importantes pour le Québec. Rappelons-nous
qu'il a été incapable, de même que
l'opposition officielle, incapable, M. le Président, de soutenir fortement le secteur aéronautique du Québec centré autour de Montréal, notamment
de Bombardier. Pas uniquement, mais certainement autour de Bombardier et du formidable projet d'innovation qu'est la
série C, qui, maintenant, vole sous l'étiquette de Swiss Air Lines, de
Delta bientôt et d'Air Canada.
Et c'est
l'intervention du gouvernement du
Québec qui a littéralement sauvé le programme
qu'il n'a pas voulu, lui, appuyer à l'époque. Et d'ailleurs ce qui a
fait baisser la confiance des investisseurs à cette époque charnière, à cette
époque stratégique, c'est le type d'intervention qu'il y a eu de sa part et de
la part de l'opposition officielle sur Bombardier, qui laissait planer le doute
quant à l'union politique essentielle ici, au Québec, pour soutenir le secteur
aéronautique.
J'ai dit à
plusieurs reprises et je redis aujourd'hui que c'était le bon geste à poser.
Une chance qu'il y avait notre gouvernement pour le faire parce que, si
ça avait été lui, il n'y aurait plus de Bombardier aéronautique aujourd'hui. Alors, ce geste ayant été posé, on redit au
gouvernement fédéral qu'il n'est pas acceptable que le plus important projet
d'innovation au Canada
actuellement... Parce que la série C, c'est le plus important projet
d'innovation au Canada, et c'est au
Québec, par le génie québécois que c'est fait. Il faut absolument que le
gouvernement du Canada s'engage dans ce projet, puisqu'eux-mêmes mettent l'innovation, comme il se doit, au
sommet de leurs priorités. Alors, je les ai enjoints à de nombreuses reprises, publiquement, dans des
conversations privées, de le faire. Je sais que les conversations ont cours
et j'ai quand même confiance qu'éventuellement ils vont participer au soutien
de Bombardier, ce que clairement notre collègue ne sait pas faire puis ne veut
pas faire, de même que l'opposition officielle.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. En première
complémentaire, M. le chef de la deuxième opposition.
M. François Legault
M. Legault :
M. le Président, le premier ministre ne peut pas réécrire l'histoire, là. Qu'il
regarde dans les galées, il va voir
que, depuis un an, je demande que le gouvernement du Québec aide Bombardier,
bien avant que lui en parle. Maintenant, Bombardier a besoin de
2 milliards. Pas un, deux, les actions chutent de 23 %.
Qu'est-ce
qu'il va faire? Quand est-ce qu'il va prendre le téléphone puis appeler Justin
Trudeau? Qu'est-ce qu'il va faire pour être capable de débloquer le
dossier à Ottawa? Quand va-t-il se réveiller?
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président,
clairement, on ne pourra jamais compter sur notre collègue pour parler au gouvernement fédéral. On connaît c'est quoi, son
enjeu sous-jacent. On connaît c'est quoi, sa destination ultime, c'est
celle de l'opposition officielle.
Maintenant,
nous, on continue également à progresser et à faire progresser le secteur
aéronautique du Québec. Il ne peut
pas, lui non plus, réécrire l'histoire. Il est trop tard, M. le Président, il
est trop tard. Il avait l'occasion de se lever avec nous, il avait
l'occasion de dire fortement, en union avec le gouvernement et l'opposition
officielle, qu'il fallait absolument,
immédiatement, soutenir la série C et Bombardier, ce que nous avons fait contre
lui. Il ne voulait pas que ça se
fasse. Je peux vous dire que les milliers de familles qui vivent autour de
Mirabel, jusqu'à Saint-Jérôme, tiens, dont le gagne-pain dépend de
Bombardier, dépend de l'aéronautique savent très bien...
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
En terminant.
M. Couillard : ...qui les a appuyées
et qui a fait progresser l'emploi dans l'aéronautique au Québec.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Deuxième complémentaire, M. le chef de la deuxième opposition.
M. François Legault
M. Legault :
M. le Président, quoi qu'en dise le premier ministre, on est maintenant deux partis au Québec qui proposent de rester à l'intérieur du Canada.
Son seul...
Des voix : ...
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Le temps passe rapidement. Chers collègues,
le temps passe rapidement...
Une voix : ...
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Chers collègues, je demande votre collaboration. M. le député de Matane-Matapédia! Alors,
M. le chef de la deuxième opposition.
M. Legault : M. le
Président, le seul programme économique
du Parti libéral, c'est d'être contre la souveraineté du Québec.
C'est court.
Le premier ministre n'est pas un bon négociateur, il a perdu son argument principal en
déboursant le 1 milliard.
Pourquoi a-t-il fait ça?
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : M. le Président, je répète que, malheureusement, notre collègue agit et parle trop
tard. Il fallait dire ces mots au moment où nous, on a soutenu l'industrie
aéronautique.
Maintenant, je ne peux pas faire autrement que
de commenter sa déclaration initiale. C'est quand même extraordinaire, compte tenu de la péquisation de la CAQ, qui est de plus en plus évidente, M. le Président. Alors, il nous dit qu'il veut rester dans le Canada, c'est bien. C'est bien. C'est bien, je le
félicite, enfin un peu de jugement. Mais je vais l'amener à être un peu plus précis parce
qu'hier on me dit qu'il a dit : Je ne suis pas fédéraliste, mais j'aime le
Canada. Alors, moi, je veux lui
lancer un défi, tiens, soit ici, soit ailleurs. Nous sommes des Québécois
forts, nous sommes des Québécois fiers, nous défendons les intérêts du
Québec...
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
En terminant.
M.
Couillard : ...et
l'appartenance canadienne, pour nous, elle est majeure dans l'identité
québécoise. Est-ce que lui est capable de se lever et dire...
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
En principale, M. le député de Borduas.
Présomption d'appropriation illégale de documents
de la Coalition avenir Québec
M. Simon Jolin-Barrette
M.
Jolin-Barrette : Merci, M.
le Président. Dans le dossier de Yan Plante, on a appris que M. Plante avait
donné sa démission, mais ça soulève
de nombreuses questions. Vous savez, au Parti libéral, M. le Président, il y a
le député de Marguerite-Bourgeoys,
pour qui l'intégrité, l'honnêteté, la recherche de la vérité, c'est important,
de même que de nombreux collègues également du Parti libéral qui siègent
au caucus, qui sont également soucieux de ça. Aujourd'hui, il y a une question qui se pose. Le premier ministre, hier, a
défendu toute la journée Yan Plante et a cautionné le comportement que M. Plante avait eu. Ça fait depuis le 15 août que
M. Plante était avec le bureau du premier ministre. Le premier ministre
a un chef de cabinet, Jean-Louis Dufresne.
Est-ce que le
premier ministre peut accepter que son chef de cabinet, qui a su durant de
nombreuses semaines que M. Plante avait eu en sa possession des
documents sans droit, est-ce qu'il peut accepter que celui-ci gouverne son
cabinet? Va-t-il lui demander sa démission? C'est la seule chose qui s'impose.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
M. le leader du gouvernement.
M. Jean-Marc Fournier
M.
Fournier : Oui, M. le Président. Notre collègue vient, effectivement, de dire que M. Plante démissionnait. Je vais
vous lire la déclaration qu'il faisait et a fait parvenir aux médias un peu plus tôt : «Je vous informe avoir remis ma démission au premier
ministre du Québec [...] effective immédiatement. Au cours des derniers jours,
de fausses allégations et des propos
mensongers circulent à mon sujet de la part de mon ancien employeur, la CAQ.
J'ai pris la décision de me retirer
de mes fonctions afin de consacrer toutes mes énergies à défendre ma réputation
et mon intégrité. Dans les meilleurs délais, je répondrai à la mise en
demeure de la CAQ par l'entremise de mes avocats.»
Je pense que
simplement d'entendre la version de M. Plante, qui n'a pas de l'air à être
la même que celle que vous avez,
permet de dire que vos avocats et les siens régleront pour la suite des choses.
Il a une interprétation différente de vous du fond de la question.
• (10 h 40) •
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
En première complémentaire, M. le député de Borduas.
M. Simon Jolin-Barrette
M.
Jolin-Barrette : M. le Président, la question qui se pose, c'est : Est-ce que le premier ministre cautionne le comportement de son chef de cabinet? Dans l'affaire
Schautaud, ça a duré 24 heures, son chef de cabinet cautionnait le comportement de M. Schautaud. Dans
l'affaire de Yan Plante, le chef du cabinet du premier ministre cautionnait
le comportement de Yan Plante d'avoir
obtenu des documents sans autorisation. Il y a des gens avec de
l'intégrité au Parti libéral, il
y a des gens pour qui l'honnêteté, ça compte.
Est-ce que
le premier ministre va faire la seule chose... Va-t-il demander la
démission de son chef de cabinet?
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
M. le leader du gouvernement.
M. Jean-Marc Fournier
M.
Fournier : Bien, ce
qui compte aussi, c'est la vérité, et la vérité n'est peut-être
pas celle qui sort de votre bouche parce que vous voulez prétendre que
votre version...
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : M. le leader du gouvernement, je vous appelle à la prudence, on doit prendre
la parole d'un collègue.
Des voix : ...
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : ...la parole d'un collègue.
M.
Fournier : Bien, je
veux bien la prendre, mais, justement, c'est tout le débat, pourquoi
ne prend-il pas la parole de
M. Plante, qui travaillait avec eux et qui dit que tout cela est un tissu
de mensonges? Et, à partir de là, il ne peut pas dire ce qu'il dit, M. le
Président. C'est ça,
le problème auquel nous assistons présentement. Et tout ça, pour occulter quoi, dans le fond? Tout ça, pour occulter qu'à la CAQ les gens fuient. Que ce soient des
députés qui quittent, que ce soit du personnel
qui quitte, ce qu'on s'aperçoit, c'est que les gens quittent la CAQ. En tout
temps, il a été clair, nous n'avons aucun intérêt pour les documents de
la CAQ.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : En terminant.
M.
Fournier : Je me
demande bien comment vous pouvez avoir l'orgueil à penser que ça nous
intéresse, M. le Président, il
n'y a rien là-dedans.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Deuxième complémentaire, M. le député de Borduas.
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : M. le Président, la question qui se pose : Est-ce que
le premier ministre cautionne le fait que son chef de cabinet savait que M. Plante
avait des documents sans droit? La seule mesure qui s'impose pour le premier ministre, c'est de limoger son chef de cabinet. Cette situation-là
est inacceptable. On ne peut pas tolérer, dans l'entourage du premier
ministre, ce genre de comportement
là. Ça mine la confiance des citoyens
dans la politique, ça mine la confiance des citoyens envers le
gouvernement.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : M. le leader du gouvernement.
M. Jean-Marc Fournier
M.
Fournier : M. Plante, dans sa déclaration, dit que ça, ce sont
de fausses allégations et il dit : Ce sont des propos mensongers
qui circulent à mon sujet de la part de la CAQ. C'est ce qu'il dit. Alors, il
prend appui sur une version contraire. Je fais juste lui dire que, pour M.
Plante, ce que vous venez de dire n'est pas la vérité. Je comprends que le règlement me demande de prendre la version, mais
je pense qu'il devrait aussi prendre la version de M. Plante. Et, pour
le reste, on laissera les avocats régler la chose et refaire la réputation de
M. Plante.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : En principale, M. le député de Borduas.
Délais de traitement de causes
criminelles
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : ...M. le Président. Hier, la Cour supérieure a annoncé un arrêt des procédures dans le
dossier de l'un des plus influents Hell's Angels du Québec.
Ce même individu, qui avait été accusé dans le dossier SharQc, avait bénéficié d'un arrêt des procédures en 2011, et
ce, pour le même motif, en raison des délais déraisonnables du système de justice. Le juge Brunton avait sonné une cloche
au gouvernement libéral dès 2011 pour avertir la problématique relativement aux délais du système de
justice, et ça s'est reproduit en 2015 contre les Hell's Angels avec l'arrêt
des procédures judiciaires également.
Si la ministre ne fait rien, M. le Président, ça va se
reproduire fréquemment dans les prochains
jours, dans les prochaines semaines, dans les prochains mois, avec l'arrêt
Jordan relativement aux délais des
procédures judiciaires.
M.
le Président, la ministre de la Justice a commandé un rapport l'année dernière,
et on l'attend encore, ce rapport-là. Mais,
en attendant, est-ce que la ministre peut prendre des mesures concrètes pour
que les criminels soient jugés et condamnés?
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Mme la ministre de la Justice.
Mme Stéphanie Vallée
Mme
Vallée : M. le Président, je remercie le collègue de sa
question parce que ça nous amène à discuter ici d'un enjeu qui est primordial, qui est essentiel,
c'est-à-dire toute la question des délais dans notre système de justice pénale
et criminelle.
M.
le Président, je pense qu'il est important de rectifier certains faits
simplement pour le bénéfice des collègues de l'Assemblée nationale. Suite aux décisions rendues en octobre dernier
dans le dossier SharQc, c'est la directrice des poursuites... et pénales
qui a mandaté Me Bouchard afin de dresser un portrait, afin de poser un regard
externe sur l'ensemble des mégaprocès et sur les enjeux que cette façon de
traiter les dossiers ont pu apporter. Me Bouchard a demandé à la directrice des poursuites... et pénales une prolongation
pour finaliser la mise en place du rapport à la lumière, notamment, de la décision rendue dans l'affaire
Jordan en juillet dernier. Je veux vous assurer, M. le Président, que la
question me tient à coeur. En janvier dernier, j'ai
convoqué l'ensemble des intervenants du milieu judiciaire afin que nous
travaillions...
Le Vice-Président (M.
Ouimet) : En terminant.
Mme Vallée : ...à prendre de
front cet enjeu, puis j'y reviendrai, j'en suis persuadée.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Première complémentaire, M. le député de Borduas.
M. Simon Jolin-Barrette
M.
Jolin-Barrette : M. le Président, en janvier, là, on est rendus au mois de septembre. Ça fait neuf mois,
ça prend de l'action, là. Il y a
des criminels, là, qui vont être libérés parce que le système de
justice n'est pas capable d'absorber au niveau des délais avec les
nouvelles données de l'arrêt Jordan. M. le Président, la bâtonnière du Québec,
hier, a affirmé que l'arrêt des procédures
décrété sonne la fin de la récréation et qu'il est grandement temps qu'on
redresse la barre dans le système de justice.
Quand est-ce qu'il va y avoir de l'action au ministère
de la Justice? Quand est-ce qu'on va mettre les mesures nécessaires pour que les criminels soient
jugés puis qu'ils ne se retrouvent pas dans la rue?
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Mme la ministre de la Justice.
Mme Stéphanie Vallée
Mme Vallée : M. le
Président, si mon collègue
a lu la décision de la Cour suprême dans l'affaire Jordan, il sait très bien
que toute la question des délais, c'est l'affaire de l'ensemble de la communauté
juridique. Ça interpelle la magistrature, ça
interpelle les poursuivants, ça interpelle les avocats, ça interpelle le gouvernement. C'est pour ça que la table justice
a été mise sur pied, afin qu'ensemble chacun d'entre nous prenions les moyens
de réduire ces délais-là. Nous avons
eu plusieurs rencontres et nous serons en mesure de vous
communiquer sous peu les résultats de ces rencontres-là et les pistes d'action qui seront rapidement
mises en place, et certaines sont déjà mises en place. Parce que, M. le Président, la raison d'être...
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
En terminant.
Mme
Vallée : ...de la
décision de la Cour suprême, c'est qu'un accusé a droit d'avoir un procès à
l'intérieur de délais...
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
En deuxième complémentaire, M. le député de Borduas.
M. Simon Jolin-Barrette
M.
Jolin-Barrette : M. le Président, on va arrêter les débats théoriques, là. La réalité, là, c'est qu'il y a
des arrêts des procédures qui sont
donnés. Il y en a eu à Saint-Jean-sur-Richelieu avec une enquête de
l'UPAC. Cazzetta a eu un arrêt des
procédures hier. C'est important. Il
y a un message à envoyer également,
est-ce que... C'est quoi, le message qui est envoyé aux policiers, aux enquêteurs, aux
procureurs qui font leur travail? Est-ce
que leur travail va aboutir? Est-ce qu'ils vont réussir à obtenir
justice pour la population? Est-ce
qu'on va tolérer que des criminels
sortent de prison, aient des arrêts des procédures pour une question de
délai? C'est ça, la question.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Mme la ministre de la Justice.
Mme Stéphanie Vallée
Mme Vallée : M. le Président,
la question des délais, elle est prioritaire, mais ce n'est pas qu'une affaire
du gouvernement, et le collègue le sait très
bien. La culture des délais, la culture judiciaire a été clairement identifiée
par la Cour suprême, et c'est l'affaire
de tous. Il le sait, le collègue. Il le sait et il fait des raccourcis. Parce
que les raccourcis, c'est le propre de la CAQ. Mais, M. le Président,
soyez assuré que nous voyons à ce...
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Mme la ministre, vous avez beaucoup
d'expérience en cette Chambre, là, je vous
demande de la prudence par rapport à vos propos. Je suis prêt à céder la parole
à un prochain intervenant. M. le chef de l'opposition officielle.
Vente des actions de RONA L'entrepôt
détenues par Investissement Québec
M. Sylvain Gaudreault
M.
Gaudreault : Oui, M. le Président. Dans le dossier RONA, ça fait deux jours
qu'on pose une question simple, claire,
précise au premier ministre, mais il évite soigneusement d'y répondre. C'est
très inquiétant quand on sait que même l'ancien P.D.G. de RONA, M. Dion,
ce matin, parle d'une responsabilité directe du gouvernement libéral dans une décision qui a eu des
répercussions économiques et financières énormes pour le Québec, et ce n'est
pas terminé. Le premier ministre
tente d'effacer les mots
«imputabilité» et «responsabilité» du dictionnaire parce qu'il décrète qu'il n'a plus besoin de
répondre aux questions. Le premier
ministre refuse de dire à quel moment
il a été informé pour la première
fois dans le dossier RONA.
C'est une information importante. Il refuse de le dire parce qu'on sait que son
chef de cabinet a été informé le 2 juin, puis lui, de son côté, il a
continué de défendre Jacques Daoust jusqu'à la fin de l'été.
Le premier ministre
peut-il nous confirmer qu'il a été informé la première fois du dossier RONA le
2 juin?
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président, je veux bien qu'on continue à jouer au détective, mais
on passe complètement à côté de la
question. La question ici, elle est bien illustrée ce matin dans les journaux,
où on voit l'important, et ambitieux, et nécessaire plan de réforme de la
gouvernance d'Investissement Québec, notamment pour clarifier les
responsabilités différenciées entre
le Fonds du développement économique et les fonds propres d'Investissement
Québec, les relations entre le
conseil d'administration et le gouvernement. Et je vais répéter encore une fois
que, jusqu'au mois d'août, jusqu'au moment où notre collègue a annoncé
sa démission, rien, absolument rien ne contredisait sa version.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Première
complémentaire, M. le chef de l'opposition officielle.
M. Sylvain Gaudreault
M.
Gaudreault : Oui. Le 3 et le 7 juin. Et, par la suite, le
premier ministre protège encore et toujours Jacques Daoust. Je le cite, il dit qu'il est «un homme intègre, un
homme dévoué, un homme compétent, et je n'ai aucune raison de mettre en
doute sa parole». Il faut le faire, M. le Président.
Alors,
ma question est tout à fait simple, courte, brève, précise : Est-ce qu'il
a été informé le 2 juin, le premier ministre?
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : M. le leader du gouvernement.
M. Jean-Marc Fournier
M.
Fournier : Oui, M. le Président, vous avez sans doute remarqué
que ce que fait le chef de l'opposition, c'est de commencer par nous parler de la vente de RONA elle-même, qui était en
février de cette année, à Lowe's, pour ensuite bifurquer sans nous le dire trop, trop, 14 mois avant, à une époque
où Investissement Québec a voulu reprendre ses billes qu'elle avait dans
RONA pour les utiliser pour faire du développement économique à l'égard
d'autres entreprises, décision qu'elle a
prise à partir du fait qu'il n'y avait plus de démarche hostile à l'égard de
RONA telle qu'elle existait au moment où elle a pris ses participations
dans RONA. Donc, la situation, lorsqu'on la regarde...
• (10 h 50) •
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : En terminant.
M.
Fournier : ...en faisant la chronologie, M. le Président, il y
avait à un moment donné une offre hostile, elle a été repoussée, et, à
un moment donné, il n'y en avait plus. Conséquemment...
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, en deuxième
complémentaire... M. le leader de l'opposition officielle.
M.
Marceau : ...79, M. le Président. La question, c'est :
Est-ce que le premier ministre a été informé le 2 juin? Là, on va
recommencer une autre fois. Si vous voulez bien, là, on va recommencer, mais on
aimerait avoir une réponse à cette question très simple : Il n'y a
rien d'autre que ça, oui ou non? Alors, 79.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : On ne peut pas reformuler comme
ça, M. le leader de l'opposition officielle. Alors, je suis prêt à céder la parole à un prochain intervenant.
Deuxième complémentaire, M. le leader de l'opposition officielle.
M. Sylvain Gaudreault
M.
Gaudreault : Oui, M. le Président. Le premier ministre et le
ministre qui vient à son secours peuvent essayer de nous dire ce qu'ils veulent, là, pour essayer de faire croire ce
qu'ils veulent, mais il y a une chose qui demeure essentielle à savoir dans ce dossier, qui a une influence
directe sur le développement économique du Québec, quand le premier ministre
a-t-il été informé. Sous serment, Pierre
Ouellet nous dit qu'il a informé Jean-Louis Dufresne, le bras droit du premier
ministre, le 2 juin
Quand le premier
ministre a-t-il été informé, le 2, le 3, la semaine des quatre jeudis, M. le
Président?
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : M. le leader du gouvernement.
M. Jean-Marc Fournier
M.
Fournier : Oui. Je vais faire la citation de la déclaration de
l'ancien ministre Daoust le 19 août, lorsqu'il quittait. Donc, j'ouvre les guillemets, c'est lui qui
parle : «Je tiens dans un premier temps à réitérer qu'en tout moment j'ai
toujours dit la vérité, et mes déclarations dans le dossier de la vente
des actions de RONA ont été rigoureusement exactes. Je n'avais pas été informé de l'intention des administrateurs de vendre la
participation d'Investissement Québec dans RONA, je n'ai pas donné
d'autorisation à celle-ci et je n'avais pas à le faire en raison des règles en
vigueur chez Investissement Québec.»
Les
discussions qui ont eu lieu à l'époque étaient sur est-ce qu'il doit y avoir
une autorisation avant, est-ce que la décision
a été prise avant. La prétention de M. Daoust à l'époque, qui a été
encore... probablement encore aujourd'hui, c'est que la décision a été
prise avant même qu'il y ait une demande à cet égard.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : En terminant.
M.
Fournier : Donc, il n'y avait pas de demande d'autorisation
demandée, et c'était ça qui était le sujet. Très loin de la vente...
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Très bien. M. le leader de l'opposition
officielle.
M.
Marceau : Donc, deux questions très simples : À quel
moment le premier ministre a été informé? Et le leader du gouvernement nous
fait l'histoire du dossier, ce n'est pas ça qu'on a demandé. Est-ce qu'il y a
moyen d'avoir une réponse à une question dans cette Chambre? C'est simple,
ça.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : M. le leader du gouvernement.
M. Fournier : Une question de règlement. Le leader de l'opposition
officielle prétend que je n'ai pas répondu à la question. Or, je viens juste de dire... Ce n'est pas de sa faute, il
pensait à sa question de règlement, il ne m'écoutait pas. La déclaration
qui a été faite...
Des voix :
...
Le Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, pas besoin de ces propos-là.
M. le leader du gouvernement, pas besoin de dire ça, il écoutait.
Ça va. Ça va, veuillez poursuivre.
M.
Fournier : Dans la citation que j'ai faite, ce que
M. Daoust prétend, c'est qu'il n'y avait pas d'autorisation à être demandée par Investissement Québec, ce qui
est exactement le sens de la discussion entre M. Ouellet et le chef de
cabinet en juillet...
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Là, on est sur le fond,
on n'est pas sur la question de règlement. Je suis prêt à céder la
parole à un prochain intervenant de l'opposition officielle.
M.
Marceau : Là, on a posé une question très simple qui tient en
cinq mots, qui tient en cinq mots : Qu'est-ce qu'il faut faire
pour...
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, on ne
reformulera pas, là. Je vais aller du côté de M. le député de Rimouski.
Une voix :
...
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Sur la question de règlement?
M.
Fournier : ...même pas laisser ceux qui nous écoutent penser
qu'on ne répond pas aux questions. Le règlement est le suivant. Le
règlement...
Des voix :
...
M.
Fournier : Permettez-moi d'avoir le temps de demander un peu de
temps, s'il vous plaît. Ils peuvent poser les questions, et c'est à nous de répondre. Et j'ai répondu très exactement
à la question posée, c'est juste qu'ils n'aiment pas la réponse. Ça,
c'est d'autre chose, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, on laissera les auditeurs
juger. M. le député de Rimouski, en principale.
Conditions
de vie dans les centres d'hébergement
et de soins de longue durée
M. Harold LeBel
M.
LeBel : M. le Président, au mois de juin, les membres de la commission
parlementaire de la santé et des services sociaux ont déposé un rapport contenant 20 recommandations unanimes pour
améliorer les conditions de vie des personnes hébergées en CHSLD. Pendant trois ans, il y a eu des consultations, il y
a eu une tournée des CHSLD. On a constaté, entre autres, qu'il y a un manque de préposés et des
lacunes dans les soins d'hygiène. On a consulté, et maintenant c'est le temps
d'agir pour nos aînés, mais le gouvernement nous propose une autre tournée.
Je
vous lis la recommandation 5 du rapport de la commission : «Que les
établissements évaluent rigoureusement et
régulièrement les besoins de soins d'hygiène des personnes hébergées et qu'ils
offrent des soins qui y sont adaptés.» Dites-moi, M. le Président, c'est
clair, cette recommandation-là?
Expliquez-moi
pourquoi ça prend une tournée de la députée de Crémazie pour faire comprendre
ça au ministre.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, M. le ministre de la Santé et des Services
sociaux.
M. Gaétan Barrette
M. Barrette :
Alors, on se demande pourquoi, lorsque le Parti québécois était au pouvoir, il
n'a pas choisi de prendre des gestes dans
cette direction-là, on se le demande. On se demande conséquemment comment ça se
fait que le député de Rimouski, aujourd'hui, est ému de la chose. Et on
va remettre ça dans le contexte du Parti québécois, qui, évidemment, n'aurait
jamais eu les moyens de le faire, ce qu'il aurait peut-être pensé à faire, ce
qui n'a pas été le cas, puisqu'il s'en allait dans d'immenses déficits.
Mais,
M. le Président, quel est l'objet de ce qu'on a annoncé? Puis je suis content
qu'on y revienne, on dit à la population qui nous écoute, là : On
va faire les choses qu'il y a à faire et on va les faire de façon ordonnée.
Pourquoi de façon ordonnée, M. le Président? Pour aller chercher les meilleures
pratiques. Pourquoi les meilleures pratiques, M.
le Président? Pour être sûrs de dépenser les taxes des citoyens correctement.
Pourquoi, M. le Président? Pour qu'il en
reste encore plus pour mettre ailleurs parce que les besoins sont trop grands,
parce qu'un gouvernement responsable, M.
le Président, doit faire en sorte que tous les dollars qui sont dépensés soient
dépensés correctement, pour le bénéfice des citoyens et des citoyennes.
Je
l'ai dit, M. le Président, à l'agenda, là, il y a le personnel, il y a la
qualité des soins, il y a les repas. Il y a tout, M. le Président, à l'agenda.
Puis pas pour dans deux ans...
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : En terminant.
M. Barrette :
...pour cette session parlementaire ci. Alors donc, le député de Rimouski va
avoir la joie...
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Première complémentaire, M. le député de
Rimouski.
M. Harold LeBel
M.
LeBel : M. le Président, recommandation 6 du rapport : «Que
les établissements servent des repas selon une diversité de mets, une
présentation et une chaleur qui correspondent aux besoins et aux préférences
des personnes hébergées.» Pourquoi ça prend une tournée de la députée de
Crémazie pour faire comprendre ça au ministre? Je suis certain que le ministre est capable de comprendre cette
recommandation-là. Puis je dépose le rapport parce que tout est là-dedans. Quand c'est pour couper, le ministre
bulldoze, il est rapide, mais, quand c'est pour réinvestir puis prendre soin
de nos aînés...
Document déposé
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Consentement pour le
dépôt du rapport? Consentement. M. le ministre de la Santé et des
Services sociaux.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : Alors, je suis content de constater que le député de
Rimouski est content de voir que j'agisse, hein, il est content de voir
qu'on agit, ce qu'ils n'ont pas fait lorsqu'ils étaient au pouvoir. Mais nous
devons le faire de la façon la plus efficace
possible, identifier les meilleures pratiques. Et c'est drôle, M. le Président,
bien, ces éléments-là qu'il
évoque — et il y
en a d'autres, il y en a d'autres — on va s'y adresser et les mettre en
application. Et on va le faire comment,
M. le Président? En parlant aux familles, en parlant aux usagers, en parlant au
personnel, en faisant en sorte que,
tout le monde ensemble, on puisse disséminer dans notre réseau grâce à la
loi no 10 — parce que ça ne se ferait pas sans la
loi no 10 — les
meilleures pratiques...
Le Vice-Président (M.
Ouimet) : En terminant.
M. Barrette :
...qui vont faire en sorte que ceux qui nous écoutent, M. le Président, aient
des meilleurs services. Merci. Et j'ai hâte d'en reparler encore.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
En deuxième complémentaire, M. le député de Rimouski.
M. Harold LeBel
M.
LeBel : Quand le ministre a mis à l'envers tout le réseau, ça aurait
peut-être été le fun qu'il parle aux familles, aux gens puis aux
travailleurs. Il n'a parlé à personne, il a tout viré ça à l'envers en
bulldozer.
Maintenant,
il y a 20 recommandations là-dedans. Il y a une commission unanime, il y a
plusieurs députés qui y ont participé. Tout est là-dedans. Il a juste à
le lire, il va comprendre puis il est capable de bouger rapidement. Puis, s'il manque des informations, on est plein de députés
ici qui rencontrent nos aînés, qui parlent aux CHSLD, il a juste à nous
consulter, on est prêts à bouger. On parle de nos aînés, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
M. le ministre de la Santé et des Services sociaux.
M. Gaétan Barrette
M. Barrette : M. le Président,
j'invite le député de Rimouski à écouter ce que les représentants des usagers disent, ils disent bravo. Ils disent : Enfin
quelqu'un qui va faire quelque chose. Quelqu'un qui va faire quelque chose,
bien, ça, ça veut dire que quelqu'un avant n'a rien fait, comme le Parti
québécois quand il était au pouvoir.
Et je vais le répéter, M. le Président, si nous
n'étions pas revenus à l'équilibre budgétaire, on ne pourrait pas faire ça. Alors, je l'ai dit, M. le Président,
quand on est arrivés au pouvoir, en santé, là, c'était pour améliorer les
choses, M. le Président. Et, pour
améliorer les choses, il fallait passer par une première étape qui était
l'équilibre budgétaire. Et, avec ça,
on se dégage des marges de manoeuvre pour faire ce qu'on dit qu'on allait
faire. Et je les remercie à l'avance...
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
En terminant.
M. Barrette : ...de me remercier
dans le futur, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Alors, en principale, M. le député de La Peltrie.
Étude de faisabilité sur un troisième lien entre Québec et
Lévis
M. Éric Caire
M.
Caire :
Merci, M. le Président. S'il y a un dossier qui fait consensus à Québec, c'est
bien le troisième lien. Malheureusement, malgré une promesse électorale,
on ne peut pas dire que le gouvernement libéral, depuis deux ans et demi, a été hyperactif dans ce dossier-là. Ce
qui est le plus choquant, M. le Président, c'est qu'on a appris ce printemps
que, depuis un an et demi, Jean-François
Saulnier, directeur territorial du MTQ à Québec, a avisé le cabinet du ministre
qu'ils avaient déjà entre les mains plusieurs études pertinentes sur le
troisième lien et qu'il ne lui restait que quelques considérations à évaluer.
Alors, la question qui se pose,
logiquement : Depuis un an et demi, comment se fait-il qu'aucun ministre
des Transports n'a cru bon rendre ces études-là publiques?
• (11 heures) •
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Très bien. M. le ministre des Transports.
M. Laurent Lessard
M.
Lessard :
M. le Président, dès mon arrivée au ministère des Transports j'ai indiqué à la
population de Québec puis de Chaudière-Appalaches que nous allions
rendre publique l'évaluation qui avait été faite par le docteur en chef
responsable des infrastructures, et ça a été fait dans l'ordre.
Donc, il y a
eu des rencontres préparatoires avec les maires concernés, avec les deux
ministres responsables de la capitale et de Chaudière-Appalaches, et
nous avons rendu public ce lien, l'état de la situation sur le tunnel, évalué à
4 milliards.
Maintenant,
on ne peut pas arrêter là, M. le
Président. La situation
est la suivante : entre les deux rives, il y a des liens importants. Il y a deux ponts, il y a un
service de traversiers, il y a déplacement... il y a des rails, donc, pour déplacement de marchandises. Il y a le déplacement
des personnes. Nous avons un intérêt commun à trouver, donc, une amélioration de la circulation, de la fluidité,
l'augmentation des charges. Tous les matins nous le rappellent, lorsqu'on
est débordé au pont de Québec. Dans les
prochains jours, je vais rencontrer, donc, le maire de Québec,
le maire de Lévis ainsi que mes deux collègues de
Chaudière-Appalaches et de la Capitale-Nationale pour établir la proposition et la vision
des investissements qui seront à considérer...
Le Vice-Président (M.
Ouimet) : En terminant.
M.
Lessard : ...donc une augmentation et la fréquence,
la fluidité et la diminution de la congestion, qui a un impact tous les matins...
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Première complémentaire, M. le député de La Peltrie.
M.
Éric Caire
M.
Caire : Blablabla. M.
le Président, quand on a demandé au ministère des Transports...
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : M. le député de La Peltrie. Vous avez assez d'expérience, on n'a pas besoin
d'utiliser des propos comme ça. Allez directement à votre question.
M.
Caire : J'ai assez
d'expérience pour entendre le ministre qui essaie de brûler du temps sans répondre à la question.
Comment peut-il expliquer donc...
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Question de règlement. M. le leader du gouvernement.
M.
Fournier : C'est un
peu le même sujet, là. Ils ont le droit de poser toutes les questions qu'ils
veulent. Est-ce qu'ils peuvent
écouter les réponses sans porter de jugement? Il y a eu une réponse à la question
posée. Ils peuvent ne pas l'aimer, mais ils ne sont pas obligés de qualifier toujours
puis d'essayer de dénigrer. Ce n'est pas nécessaire dans nos travaux.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Très bien. Alors, M. le leader de la deuxième l'opposition.
M.
Bonnardel :
M. le Président, on n'est pas en train de dénigrer. On pourrait appliquer
l'article 79 à toutes les questions
qu'on pose depuis le début de cette législation. Donc, si on répond aux
questions, bien, on n'aura pas besoin de faire des commentaires comme
ceux-là.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, regardez, la
période de questions... le temps file rapidement, là. M. le leader du
gouvernement.
M.
Fournier :
...troisième lien, puis la réponse est sur le même sujet. Ne viens pas dire
qu'il n'a pas répondu à la question. Là, franchement, c'est exagéré.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : O.K. Alors, M. le député de La Peltrie, sans imputer de motifs, allez à votre question.
M.
Caire : ...demande d'accès à l'information sur lesdites
études, le ministère nous confirme qu'ils ont les études entre les mains, mais ils nous disent :
«Elles ne peuvent vous être communiquées, puisqu'elles sont constituées en
substance de renseignements techniques et financiers appartenant au ministère des Transports.»
Moi, je pensais que ça appartenait aux citoyens.
Ces études-là, vous les avez, pourquoi vous ne
les rendez pas publiques?
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
M. le ministre des Transports.
M. Laurent Lessard
M.
Lessard : Je ne sais pas pourquoi il est agressif pour
parler du troisième lien, alors qu'on partage des intérêts communs. Les études dont on parlait, elles ont été
rendues publiques sur le lien identifiant le tunnel. J'ai écouté la radio,
moi aussi, puis je vous ai entendu
dire : Il y a d'autres études sur des liens. J'ai vérifié, comme ministère des Transports, et demandé au sous-ministre. Il n'y a pas
d'étude sur un lien, un pont, une alternative. Il y a des études sur les
sols, les comportements de sol de chaque côté, etc.
Toutefois,
ça ne règle pas le problème, sa
question. La question, c'est qu'il faut s'asseoir ensemble, des deux côtés
de la rive, pour trouver une solution à tous
les jours à la congestion, l'amélioration du service rapide par bus. On a donc
déterminé ensemble qu'on aurait des outils collectifs, donc il faut que ça
serve à la population tous les jours.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Deuxième complémentaire, M. le député de La Peltrie.
M. Éric Caire
M.
Caire :
...n'existe pas, M. le Président, alors pourquoi, le 2 mars 2015, à
10 h 15, M. Saulnier écrivait ceci : «Pour votre
information — il
s'adressait au cabinet du ministre — plusieurs études pertinentes
à l'évaluation du lien Québec-Lévis sont
déjà entre nos mains, lesquelles découlent du projet de pont de l'Île
d'Orléans. Nous voulons souligner qu'il reste peut-être quelques éléments à
considérer.» Elles existent. Vous ne les rendez pas publiques. Dites aux gens
de Québec pourquoi vous ne les rendez pas publiques, mais ne dites pas qu'elles
n'existent pas.
Pourquoi vous ne les
rendez pas publiques?
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : M. le ministre des Transports.
M. Laurent Lessard
M.
Lessard :
M. le Président, j'ai posé la question au bureau du sous-ministre s'il y a...
Des voix :
...
M.
Lessard : Alors, j'ai posé la question au bureau du
sous-ministre : Existe-t-il d'autres études que je ne connais pas, qui pourraient être rendues publiques pour le
bien de la communauté? Première chose, on me dit : Il n'y a pas de ces
études-là. Deuxièmement, ce n'est pas parce
qu'il n'y a pas des études qu'il ne faut pas faire quelque chose ensemble.
Je vais convoquer les maires et mes collègues de l'Assemblée nationale pour
qu'on puisse mettre en place la vision commune
du partage pour, à tous les jours, donc, combattre la congestion routière,
augmenter l'efficacité des réseaux de transport publics et de s'assurer
d'une efficience sur Québec...
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Bien. Prochaine question, M. le leader de
l'opposition officielle.
Maintien et développement des sièges sociaux au Québec
M. Nicolas Marceau
M.
Marceau : Bien, merci, M. le Président. Alors, parlons sièges
sociaux. Bien sûr, il y a la question RONA, et, la lumière, nous
espérons la faire et nous allons continuer à travailler pour qu'elle se fasse,
cette lumière. Cela étant, il y a eu
d'autres problèmes de sièges sociaux au Québec, vous n'êtes pas sans le
savoir : Cirque du Soleil, St-Hubert. Évidemment, RONA est
l'exemple le pire de tous.
M.
le Président, en 2014, il y a un groupe de travail qui a rendu un rapport, le
Groupe de travail sur la protection des
entreprises québécoises, qui a déposé un rapport étoffé sur le maintien et le
développement des sièges sociaux. Et, dans
le groupe de personnes qui ont travaillé là-dessus, il y avait Monique
Jérôme-Forget, Claude Séguin, Michel Leblanc, plusieurs autres personnes. Je parie que Raymond Bachand aurait voulu
aussi signer ce rapport, M. le Président. Comme le disait André Dion ce matin dans le journal, lui aurait fait en sorte
qu'on puisse défendre nos sièges sociaux. Le rapport, qui contient plein de solutions, a été tabletté
dès l'arrivée du nouveau gouvernement, tabletté. On a choisi de ne rien faire.
Alors, M. le
Président, la question, elle est simple : Quand allez-vous...
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : La réponse, M. le ministre des Finances.
M. Carlos J. Leitão
M. Leitão :
M. le Président, dans le dossier des sièges sociaux, en effet, il y avait un
rapport qui avait été commandé par le
gouvernement précédent. Nous avons examiné ce rapport-là. Nous avons consulté
l'industrie, consulté le secteur au
Québec pour voir s'il y avait pertinence de mettre en place des recommandations
de ce rapport-là. Certaines des recommandations sont tout à fait
pertinentes, et nous travaillons pour les mettre en vigueur. D'ailleurs, deux
des recommandations les plus importantes de ce rapport-là, deux sont déjà en
vigueur, c'est-à-dire le temps qui est requis maintenant
dans le cas d'une offre d'achat hostile pour un conseil d'administration pour
répondre à cette offre d'achat. Ce
temps est maintenant beaucoup plus large. On parle maintenant de
120 jours, ce qui donne au conseil d'administration beaucoup plus de marge de manoeuvre pour répondre
à ces questions-là. Aussi, il y a maintenant l'obligation de déposer
50 % des actions lors d'une offre d'achat hostile...
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : En terminant.
M.
Leitão : Donc, les recommandations importantes de ce rapport sont déjà
en vigueur, et il y en a d'autres qui s'en viennent.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, cela met fin à la période de questions et
de réponses orales.
Votes reportés
Motion proposant que
l'Assemblée se prononce
contre le Projet d'oléoduc Énergie Est
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Alors, tel qu'annoncé, nous allons
maintenant procéder au vote reporté sur la motion de M. le député de Sanguinet débattue hier aux affaires inscrites
par les députés de l'opposition, qui se lit comme suit :
«Que l'Assemblée nationale
se prononce contre le projet d'Énergie-Est.»
Que les députés en
faveur de cette motion veuillent bien se lever.
Le Secrétaire : M.
Gaudreault (Jonquière), M. Marceau (Rousseau), M. Pagé (Labelle), M. Therrien
(Sanguinet), M. Bérubé
(Matane-Matapédia), Mme Poirier (Hochelaga-Maisonneuve), Mme Léger
(Pointe-aux-Trembles), Mme Lamarre (Taillon), M. LeBel (Rimouski), Mme
Maltais (Taschereau), M. Leclair (Beauharnois), Mme Richard (Duplessis), M. Lelièvre (Gaspé), M. Bergeron
(Verchères), M. Cloutier (Lac-Saint-Jean), M. Lisée (Rosemont), M. Traversy (Terrebonne), M. Cousineau (Bertrand),
Mme Jean (Chicoutimi), M. Ouellet (René-Lévesque), M. Villeneuve
(Berthier), Mme Ouellet (Vachon), M. Turcotte (Saint-Jean), M. Kotto (Bourget),
M. Rochon (Richelieu), M. Roy (Bonaventure).
Mme
David (Gouin), M. Khadir (Mercier), Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques).
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Que les députés contre cette motion
veuillent bien se lever.
Le
Secrétaire : M. Couillard (Roberval), M. Fournier
(Saint-Laurent), Mme Thériault (Anjou—Louis-Riel), M.
Paradis (Brome-Missisquoi), M. Blais (Charlesbourg), Mme Charbonneau
(Mille-Îles), M. Leitão (Robert-Baldwin), Mme Anglade (Saint-Henri—Sainte-Anne), M. Coiteux (Nelligan), Mme David (Outremont), M. Proulx
(Jean-Talon), M. D'Amour
(Rivière-du-Loup—Témiscouata),
M. Huot (Vanier-Les Rivières), M. Kelley (Jacques-Cartier), Mme Vallée
(Gatineau), M. Lessard (Lotbinière-Frontenac), M. Barrette (La Pinière),
M. Morin (Côte-du-Sud), M. Blanchette (Rouyn-Noranda—Témiscamingue), Mme
Charlebois (Soulanges), M. Heurtel (Viau), M. Arcand (Mont-Royal), Mme Vien
(Bellechasse), M. Billette (Huntingdon), M. Fortin (Sherbrooke), Mme St-Pierre
(Acadie), M. Hamad (Louis-Hébert), M. Reid
(Orford), Mme Nichols (Vaudreuil), M. Bernier (Montmorency), Mme de Santis
(Bourassa-Sauvé), Mme Weil
(Notre-Dame-de-Grâce), Mme Ménard (Laporte), M. Sklavounos (Laurier-Dorion), M.
Ouellette (Chomedey), Mme Rotiroti
(Jeanne-Mance—Viger), M.
Carrière (Chapleau), M. Poëti (Marguerite-Bourgeoys), M. Girard (Trois-Rivières),
M. Iracà (Papineau), M. Bolduc (Mégantic), M.
Tanguay (LaFontaine), M. Matte (Portneuf), M. Chevarie (Îles-de-la-Madeleine), M. Drolet (Jean-Lesage), M.
Rousselle (Vimont), Mme Vallières (Richmond), M. Auger (Champlain), M. Birnbaum (D'Arcy-McGee), M.
Boucher (Ungava), M. Bourgeois (Abitibi-Est), M. Fortin (Pontiac), M. Giguère (Saint-Maurice), M. Habel (Sainte-Rose),
M. Hardy (Saint-François), M. Merlini (La Prairie), Mme Montpetit
(Crémazie), M. Plante (Maskinongé), M. Polo (Laval-des-Rapides), Mme Simard
(Charlevoix—Côte-de-Beaupré),
M. St-Denis (Argenteuil), Mme Tremblay (Chauveau), M. Busque (Beauce-Sud), Mme
Sauvé (Fabre).
M.
Legault (L'Assomption), M. Bonnardel (Granby), M. Caire (La Peltrie), M.
Charette (Deux-Montagnes), M. Martel
(Nicolet-Bécancour), Mme Roy (Montarville), Mme Samson (Iberville), M. Roberge
(Chambly), M. Laframboise (Blainville), M. Schneeberger (Drummond—Bois-Francs),
Mme D'Amours (Mirabel), Mme Lavallée (Repentigny), M. Surprenant (Groulx), Mme
Soucy (Saint-Hyacinthe), M. Spénard (Beauce-Nord), M. Paradis (Lévis), M.
Picard (Chutes-de-la-Chaudière), M. Jolin-Barrette (Borduas).
• (11 h
10) •
Le Vice-Président (M.
Gendron) : Y a-t-il des abstentions? Il n'y en a pas. M. le secrétaire
général, pour le résultat?
Le
Secrétaire : Pour : 29
Contre : 82
Abstentions :
0
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Alors, la motion est rejetée.
Motions sans préavis
Nous en sommes maintenant
aux motions sans préavis, et, selon l'ordre qui a été déterminé, je reconnais
un membre du deuxième groupe de l'opposition.
Il s'agit de M. le député de Borduas. M. le
député de Borduas,
à vous pour la présentation de votre motion.
Rappeler
l'importance de respecter le principe
de protection des sources journalistiques
M. Jolin-Barrette : M. le Président, je demande le consentement pour déposer la
motion suivante conjointement
avec le député de Bourget et avec la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques :
«Que l'Assemblée
nationale rappelle l'importance du
respect du principe de protection des sources journalistiques.»
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Y a-t-il consentement de débattre cette motion?
M.
Sklavounos :
Adoption sans débat, M. le Président.
Mise aux voix
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, la motion est adoptée. Un membre du groupe formant le gouvernement, et je reconnais maintenant M.
le ministre responsable de la Capitale-Nationale. Alors, à vous, M. le ministre.
Rendre
hommage à M. J.-Jacques Samson, journaliste,
chroniqueur et analyste politique, et offrir des
condoléances à sa famille et à ses proches
M.
Blais : M. le Président, tout d'abord je voudrais informer l'Assemblée de la présence
des enfants de M. J.-Jacques Samson, Mme Mélanie Samson et M. Rémi
Samson, qui sont dans nos gradins aujourd'hui.
M. le Président, je sollicite le consentement
de cette Assemblée afin de présenter la motion suivante conjointement
avec la députée de Taschereau, le député de La Peltrie et la députée de
Gouin :
«Que
l'Assemblée nationale offre ses sincères condoléances à la famille et aux
proches de monsieur J.-Jacques Samson, journaliste, chroniqueur et
analyste politique, décédé le 6 juillet 2016;
«Qu'elle lui
rende hommage en reconnaissance de son engagement [...] de sa passion envers la
politique québécoise et l'intérêt public;
«Qu'elle
salue l'intégrité de cet homme de coeur qui aura marqué tous ceux qui l'ont
connu et côtoyé au fil de sa carrière;
«Qu'il repose en paix, qu'il reste longtemps
dans nos mémoires et que les membres de l'Assemblée nationale observent une
minute de silence en sa mémoire.»
Le Vice-Président (M. Gendron) : Y a-t-il
consentement pour débattre de cette motion?
Mise aux voix
Alors, cette
motion est adoptée. Et, compte tenu du caractère de la motion, levez-vous pour
une minute de silence en mémoire de M. Samson.
• (11 h 13 — 11 h 14) •
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Merci. Veuillez vous asseoir.
Je reconnais maintenant, toujours aux motions
sans préavis, un membre du groupe
formant l'opposition officielle
et je reconnais M. le député de Sanguinet. M. le député de Sanguinet, à vous.
M.
Therrien : Merci,
M. le Président. Je sollicite le consentement des membres de cette Assemblée
afin de présenter, conjointement avec le député de Granby et de Mercier, la
motion suivante :
«Qu'afin de faire la lumière sur la vente des
actions de RONA par Investissement Québec, la Commission de l'économie et du travail procède à l'audition des
personnes suivantes : M. Jean-Louis Dufresne, chef de cabinet du premier
ministre; M. Jacques Daoust, ex-ministre de l'Économie, de l'Innovation et des
Exportations; M. Raymond Bachand, ex-ministre des Finances;
«Que la durée
maximale de l'exposé pour chacune de ces personnes soit de 30 minutes et
que l'échange avec [ses] membres de la commission parlementaire soit
d'une durée maximale de 240 minutes réparties de la façon suivante : 114 minutes pour le groupe parlementaire
formant le gouvernement, 68 minutes pour le groupe parlementaire formant
l'opposition officielle, 45 minutes pour le groupe parlementaire formant
le deuxième groupe d'opposition et
12 minutes pour le député de Mercier;
«Qu'une période de 12 minutes soit prévue
pour les remarques préliminaires, réparties de la façon suivante :
6 minutes pour le groupe parlementaire formant le gouvernement,
3 minutes 30 secondes pour l'opposition officielle [...]
2 minutes 30 secondes pour le deuxième groupe d'opposition;
«Qu'une
période de 12 minutes soit prévue pour les remarques finales, partagées de la même façon que pour les
remarques préliminaires;
«Enfin, que cette motion soit un ordre de
l'Assemblée nationale.»
Merci, M. le Président.
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Gendron) : S'il
vous plaît! Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Gendron) : S'il
vous plaît! Il n'y a pas de consentement.
Nous en
sommes maintenant à la présentation de la motion par Mme la députée de Gouin. Mme la
députée de Gouin, à vous.
Mme David
(Gouin) : Merci, M. le Président. Je demande le consentement de la Chambre pour
débattre de la motion suivante conjointement avec la ministre de
l'Immigration, de la Diversité et de l'Inclusion :
«Que l'Assemblée nationale constate que la discrimination et le racisme
systémique ont notamment pour effet d'appauvrir, de judiciariser,
de stigmatiser et d'exclure des citoyennes et des citoyens québécois;
«Qu'elle affirme que le racisme et la
discrimination portent atteinte aux droits et libertés de la personne;
«Que l'Assemblée nationale demande au gouvernement du Québec de
mener une consultation sur la discrimination et le racisme
systémique au Québec.»
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Y a-t-il consentement pour débattre de
cette motion?
Une voix :
...
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Un instant! Oui, excusez-moi. Non, non, ça va. Allez, M. le député de Granby.
M.
Bonnardel : Il n'y a
pas eu d'entente, M. le Président, suite au dépôt de notre amendement,
donc il n'y a pas de
consentement.
M.
Sklavounos :
Pas de commentaire.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Ça va, mais là...
Des voix :
...
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Encore faut-il que j'entende quelques
mots pour savoir de quoi il s'agit. Alors, il n'y a pas de consentement.
Ça met fin à la rubrique des motions sans préavis.
Et je suis... Toujours
à la rubrique des autres motions, je cède la parole au leader adjoint du
gouvernement. M. le leader adjoint, à vous.
M.
Sklavounos :
Pas d'autre motion, M. le Président. On est sur les avis.
Avis touchant les travaux des
commissions
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Oui, c'est ce que je vous demande, là,
avis touchant les travaux des commissions.
M.
Sklavounos :
Oui. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Je l'avais indiqué, qu'il n'y avait pas d'autre motion.
M.
Sklavounos : Merci, M. le Président. J'avise cette Assemblée que la Commission de l'économie et du travail
poursuivra l'étude détaillée à l'égard du projet de loi n° 70, Loi visant
à permettre une meilleure adéquation entre la formation
et l'emploi ainsi qu'à favoriser l'intégration en emploi, aujourd'hui, à compter de 11 h 45 jusqu'à
13 heures et de 15 heures à 18 heures, à la salle
Louis-Joseph-Papineau;
La Commission des
finances publiques suivra l'étude détaillée à l'égard du projet de loi n° 87,
Loi facilitant la divulgation d'actes répréhensibles dans les organismes
publics, aujourd'hui, de 15 heures à 18 heures, à la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine;
La
Commission de la culture et de
l'éducation, quant à elle, poursuivra
les consultations particulières à
l'égard du projet de loi n° 105,
Loi modifiant la Loi sur l'instruction publique, aujourd'hui, à compter de
11 h 30, pour une durée de 1 h 30 min, et
complétera lesdites consultations de 15 heures à 18 h 45 à la salle
du Conseil législatif;
Finalement, la Commission
de la santé et des services sociaux poursuivra les consultations particulières à
l'égard du projet de loi n° 99, Loi modifiant la Loi sur la protection de
la jeunesse et des autres dispositions, le mardi 27 septembre 2016,
de 9 h 45 à midi, à la salle du Conseil législatif.
Merci, M. le
Président.
Des voix :
...
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Bien, ça fait beaucoup de bruit, là. J'ai voulu voir combien durait, là,
de temps la récréation. Alors, on n'avait pas suspendu. Mais c'est tous
des avis que nous connaissons. Alors, je vous remercie, M. le leader. Par contre, là, personne n'a remarqué qu'il y avait
une dérogation concernant l'horaire des travaux. Donc, je suis obligé de demander : Est-ce qu'il y a consentement pour déroger à l'horaire des travaux? Est-ce que
j'ai le consentement? Alors, j'ai le consentement.
La
présidence a maintenant deux avis. Pour ma part, je vous avise que la Commission des finances publiques se réunira en séance de travail aujourd'hui,
de 12 heures à 13 heures, à la salle 3.31, afin d'organiser la
suite du mandat d'initiative sur le phénomène du recours aux paradis fiscaux.
Je
vous avise par ailleurs que la Commission
de l'économie et du travail se
réunira en séance de travail aujourd'hui, de
13 heures à 14 heures, à la salle RC.171, afin d'organiser la
suite du mandat d'initiative concernant le processus ayant mené à la
vente des actions de RONA par Investissement Québec.
Je vous avise également
que la Commission de l'économie et du travail se réunira en séance de travail
mardi 27 septembre 2016, de
10 heures à 11 heures, à la salle RC.161, afin de statuer sur la
possibilité que la commission se saisisse d'un mandat
d'initiative concernant l'augmentation du salaire minimum.
• (11 h 20) •
Enfin, je
vous avise que la Commission des
institutions se réunira en séance
publique mardi 27 septembre 2015... 2016, pardon, de 10 heures à 11 h 30, à la salle Louis-Joseph-Papineau, afin de poursuivre les consultations
particulières et
les auditions publiques dans le cadre de l'étude du rapport sur la mise en
oeuvre du code d'éthique et de déontologie des membres de cette
Assemblée.
Renseignements sur les travaux
de l'Assemblée
Nous en sommes maintenant
à la rubrique Renseignement sur les travaux. Est-ce qu'il y a des demandes de renseignements?
Alors, je n'en vois pas.
Je
vous avise que l'interpellation prévue pour vendredi le
30 septembre 2016 portera sur le sujet suivant : Les ratés
de la gestion du Fonds vert. C'est M. le député de Terrebonne qui s'adressera alors à M. le ministre du Développement durable, de
l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques.
Interventions portant sur une violation de droit ou de
privilège
Argumentation sur la question
de droit ou de privilège soulevée le 20 septembre 2016
sur les réponses de l'ex-ministre des Transports, de la Mobilité durable
et de l'Électrification des transports concernant la vente des
actifs de RONA détenus par Investissement Québec
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Et,
à partir de maintenant, je suis prêt, avant de passer aux affaires du jour, à entendre ce qu'on avait indiqué...
Des voix :
...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : ... — s'il vous plaît, là! — les
interventions sur la question de privilège soulevée par le député de Sanguinet
le 19 août dernier. On avait laissé savoir à la présidence que des
collègues et les concernés, en l'occurrence
les leaders, voulaient intervenir. Alors, je cède la parole à M. le leader de l'opposition officielle,
qui avait signalé son intérêt de nous éclairer avant de rendre une décision.
Alors, M. le leader, à vous la parole.
M. Nicolas Marceau
M.
Marceau : Plein d'éclairages, M. le Président. Alors, écoutez, M. le
Président, à la lumière de la preuve soumise, vous allez constater que M. Daoust a commis prima facie un outrage au
Parlement en induisant délibérément la Chambre en erreur par ses réponses à la période de questions et réponses des 3
et 7 juin 2016 en indiquant qu'il n'était pas au courant de la
vente des actions et qu'il n'a pas permis la vente des actions par RONA par
Investissement Québec.
Alors,
quant aux éléments de preuve, je vous dirais tout d'abord que, concernant la
vente des actions de RONA par
Investissement Québec, la Vérificatrice générale, dans son rapport du 2 juin
2016, je vous rappellerai que... document dont il a été abondamment question ici, donc dans son rapport du
2 juin 2016, disait que — et j'ouvre les guillemets — «les membres du conseil d'administration d'Investissement Québec ne
considéraient pas avoir toute la latitude pour autoriser la vente sans avoir consulté le gouvernement.
D'ailleurs, selon les procès-verbaux du conseil d'administration, ils ont
obtenu en décembre 2014 l'accord du
ministre avant de vendre la totalité des actions — et je referme les guillemets.» Donc,
tout ça, c'étaient des propos de la Vérificatrice générale.
Deuxièmement,
l'ex-ministre a nié ces faits — vous y étiez, j'y étais — à la période des questions et réponses
orales du 3 juin 2016.
Troisièmement, le
7 juin 2016, les procès-verbaux du conseil d'administration
d'Investissement Québec du 17 novembre
et du 15... pardon, je n'avais pas la bonne date, du 17 novembre et du
15 décembre 2014 sont rendus publics. Alors, je répète cette phrase-là, là : Le 7 juin 2016,
les procès-verbaux des conseils d'administration d'Investissement Québec des 17 novembre et
15 décembre 2014 ont été rendus publics. Dans le procès-verbal du
17 novembre 2014, on note les
mots suivants — j'ouvre
les guillemets : «D'autoriser Investissement Québec à disposer des autres
actions de RONA qu'elle détient, sous
réserve d'une consultation préalable auprès du ministre responsable de la
société — je ferme
les guillemets.» Tandis que, dans celui du
15 décembre 2014, il est indiqué un point qui s'appelle RONA :
M. Lafrance... pardon, j'ouvre les
guillemets : «Point RONA. M. Lafrance fait état de l'accord donné par le
ministre responsable de la société
relativement à la vente de la totalité des actions de RONA détenues par la
société — et je
ferme les guillemets.» Très clair, là, donc, dans les procès-verbaux.
Quatrièmement,
l'ex-ministre nie qu'il n'a pas permis la vente des actions de RONA par
Investissement Québec à la période de questions et réponses orales du
7 juin 2016.
Cinquièmement, dans
un échange de courriels daté du 26 novembre 2014 et rendu publics le
18 août 2016, le vice-président
principal d'Investissement Québec demande l'aval du gouvernement. J'ouvre les
guillemets : «Pourrais-tu nous confirmer par retour de courriel que
le MEIE — c'est-à-dire
le ministère de l'Économie, de l'Innovation et des Exportations — est en
accord avec cette vente? — je ferme les guillemets», écrit Jean-Jacques Carrier à Pierre
Ouellet. Le président-directeur général par intérim de la société
d'État, Yves Lafrance, est en copie conforme. Là-dessus, deux choses à ajouter : M. Ouellet accuse
réception de la demande, une réponse positive parvient aux deux dirigeants de
la société d'État deux heures plus
tard, réponse que tout le monde connaît, que tout le monde sait, entre
guillemets, il est écrit «O.K.».
Comme cela était indiqué... Deuxièmement, sur ce
point-là, comme cela était indiqué précédemment, le procès-verbal du 15 décembre 2014 du conseil d'administration
d'Investissement Québec indique clairement que — et là j'ouvre les guillemets : «M. Lafrance fait
état de l'accord donné par le ministre responsable de la société relativement
à la vente de la totalité des actions de RONA détenues par la société — je ne
peux pas être plus clair que ça. Je ferme les guillemets.»
Sixièmement... et
là je vous amène, M. le Président, aux travaux de la Commission de l'économie
et du travail du 25 août
dernier. Alors, lors de cette commission, l'ex-P.D.G. par intérim
d'Investissement Québec, M. Yves Lafrance, a indiqué que — et
j'ouvre les guillemets : «Il a été jugé [...] nécessaire de faire la
démarche auprès du ministre... (Interruption) ...ce n'était pas anodin.» M.
Lafrance n'éternuait pas, M. le Président, c'est moi qui éternue. Alors, je
recommence, là. Ce que disait M. Lafrance le 25, c'était : «Il a été jugé
[...] nécessaire de faire la démarche auprès du ministre. [...]ce n'était pas anodin. Je ne peux pas prétendre par
avance que ça aurait changé la décision s'il y avait eu une réponse
négative, mais [...] ça a aurait [été un point] important — je
ferme les guillemets.»
Alors,
beaucoup, beaucoup d'éléments à noter sur ce 25 août. Point a. M. Lafrance
soutient qu'il a donc prévenu le chef
de cabinet, Pierre Ouellet, avant le 21 novembre, probablement, entre
guillemets, le 17 novembre au soir ou le 18 novembre au matin, soit dans les heures qui ont suivi la
décision du conseil d'administration d'Investissement Québec.
Point b. C'est à défaut d'avoir obtenu une
réponse claire du ministre que Jean-Jacques Carrier, vice-président principal d'Investissement Québec, a écrit à M.
Ouellet le 26 novembre pour demander si le ministre Daoust était d'accord
avec la vente des actions de RONA.
Point c. Selon M. Lafrance, il ne faisait aucun
doute que M. Ouellet — et
j'ouvre les guillemets — «savait
parfaitement de quoi on parlait et qu'il devait donner une réponse — je
ferme les guillemets.»
Point d.
Lorsque ma collègue la députée de Taschereau lui a demandé s'il était clair
qu'il cherchait à avoir l'avis du
ministre, M. Lafrance a répondu — et j'ouvre les guillemets : «Madame, ça
ne pouvait pas être plus clair que ça — je ferme les guillemets.»
Finalement, M. Lafrance a indiqué — point
e... pas finalement, mais point e — M. Lafrance a indiqué le 26 novembre — je suis entre guillemets : «Nous, on
considère qu'on a eu une réponse. Pour nous, le 26 novembre il a
rendu une décision — et
là je ferme les guillemets.» Alors, M. le Président, c'est important, M.
Lafrance nous dit ça.
Point f. Lors
de cette même commission, la Vérificatrice générale a indiqué qu'à travers les
procès-verbaux, mais aussi des
entrevues du personnel d'Investissement Québec, elle a pu déterminer que le
ministre avait autorisé la vente des
actions de RONA par Investissement Québec. Ça, c'est la Vérificatrice générale.
D'après elle, là, encore une fois, par ces entrevues, le ministre a
autorisé.
Point g. Lors
de cette même commission — on est toujours à la même commission — l'ex-chef de cabinet de M. Daoust, M. Pierre Ouellet, indiquait que — et j'ouvre les guillemets : «Si j'ai
répondu O.K., c'est qu'après la discussion que j'ai eue avec le ministre Daoust le 26 novembre 2014 la
décision de vendre le bloc d'actions devait venir du conseil d'administration. Le ministre m'avait dit :
"C'est de leur responsabilité. Ils vivront avec les conséquences."
[...]On a entendu des commentaires et
des questions quant à la possibilité que j'aie pris une décision seul. La
réponse est non. Je peux vous assurer
que je demandais au ministre son autorisation pour des choses bien plus
anodines que la vente d'un bloc d'actions de cette valeur — et je
ferme les guillemets.»
Et
finalement point h. M. Daoust, donc, en élément de preuve, là, a donc
délibérément induit la Chambre en erreur par ses réponses à la période de questions et réponses orales des 3 et
7 juin 2016 en indiquant qu'il n'était pas au courant de la
vente des actions et qu'il n'avait pas permis la vente des actions de RONA par
Investissement Québec.
Ça, M. le Président, ce sont tous des éléments
de preuve que je soumets à votre examen.
Quant à
la jurisprudence, j'aimerais porter à votre attention un certain nombre de
points. Tout d'abord, premièrement, comme
l'indiquait le président Jean-Pierre-Charbonneau le 28 novembre 2001,
«selon la doctrine, un outrage au Parlement est tout acte ou toute omission qui a pour effet d'entraver les travaux
de l'Assemblée ou de porter atteinte à son autorité et à sa dignité».
Deuxièmement,
pour avoir induit délibérément l'Assemblée en erreur, l'ex-ministre a commis un
outrage en portant atteinte à son autorité et à sa dignité.
• (11 h 30) •
Troisièmement,
comme May et Maingot l'indiquent dans leur traité, des déclarations
délibérément trompeuses peuvent être considérées comme un outrage.
Quatrièmement, à Ottawa, le président Peter Milliken a statué à la Chambre des communes, le 1er février 2002, ce qui suit :
«En me fondant sur les arguments présentés par les honorables députés et compte
tenu de la gravité de la question, j'en arrive à la conclusion que la situation
qui nous occupe, dans laquelle la Chambre a reçu deux versions des mêmes
faits, mérite que le comité compétent en fasse une étude plus approfondie, ne
serait-ce que pour tirer les choses au clair.»
Cinquièmement,
le greffier de la Chambre des
communes à Ottawa
s'est alors reporté à l'ouvrage Parliamentary Practice in New Zealand,de David McGee, selon lequel les éléments suivants
doivent être présents lorsqu'on accuse un député d'outrage pour avoir délibérément induit la Chambre en
erreur : il faut établir, premièrement, que la déclaration était effectivement trompeuse; deuxièmement, que le député
savait au moment de faire la déclaration qu'elle était inexacte; et, troisièmement, qu'en la faisant le député avait l'intention
d'induire la Chambre en erreur. Et là-dessus McGee indique
que «the standard of proof demanded is the civil standard of proof on a balance
of probabilities».
Ici, donc, en vertu de la prépondérance
de la preuve, nous pouvons déterminer que, premièrement, si les
déclarations, en Chambre, de
M. Daoust étaient effectivement trompeuses... Pardon. Je recommence cette
phrase-là, M. le Président, là. Ici,
donc, on peut déterminer que, premièrement, les déclarations, en Chambre, de M. Daoust
étaient effectivement trompeuses. Il savait que les actions de RONA et d'Investissement Québec
avaient été vendues et il avait permis leur vente. Deuxièmement, il savait au moment de faire
la déclaration que sa déclaration était inexacte. Et, troisièmement, il avait clairement
l'intention d'induire
la Chambre en erreur. Ce n'est qu'après le témoignage de son chef de cabinet
qu'on a su la vérité. Alors, il savait qu'il était en train d'induire...
puisque nous, on ne le savait pas au moment où il a fait sa déclaration.
Alors,
M. le Président, sixièmement — et j'arrêterai là-dessus — finalement, il est aussi important
de rappeler la convention
constitutionnelle qu'est la responsabilité ministérielle. Selon ce principe, les ministres
sont individuellement responsables de la gestion de leur ministère,
ils sont responsables de présenter des politiques et de défendre les actions qui relèvent de leur ministère.
Selon ce principe de la responsabilité ministérielle, un ministre est responsable,
devant l'Assemblée, non seulement de ses propres actions, mais aussi de celles des
fonctionnaires de son ministère. C'est ce que je voulais vous dire, M. le
Président. J'espère que vous êtes plus éclairés.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
...je vous remercie de votre intervention sur ce qui est prévu, de donner un
éclairage additionnel. Alors, on va prendre
en considération vos propos. Je cède maintenant la parole à M. le leader du gouvernement.
M. Jean-Marc Fournier
M.
Fournier : Oui, M. le Président. Ce ne sera pas très, très long. D'abord, peut-être juste pour nous rappeler tous que
le gouvernement n'a pas le fardeau d'établir que la demande est
irrecevable, il revient à l'opposition, dans ce cas-ci, qui est dans la démarche, qui initie la démarche, à établir, à faire la
preuve prima facie qu'elle est recevable. C'est le premier élément que je crois important
de vous dire. Avec, rapidement, ce que je vais vous dire, vous verrez qu'on est très, très loin du compte au regard de la
règle et de la jurisprudence.
Le
droit établit que... le droit; notre droit, notre jurisprudence à l'Assemblée nationale... D'ailleurs, j'ai noté que
notre collègue n'a cité que des références
outre outaouaises, ce qui est un peu surprenant, mais, quand même, je le note
et je le salue...
Une voix :
...
M.
Fournier : ...et je le salue. Et dois-je lui dire que je vais
me référer à la jurisprudence de l'Assemblée nationale, qui me semble
plus pertinente pour les fins de la cause en question?
Le droit établit que
l'opposition doit donc, prima facie, prouver l'intention délibérée, et notre
jurisprudence nous dit que ce ne serait
recevable que s'il y a aveu. On est non seulement loin du compte, mais rien
dans ce qu'a dit le leader de l'opposition ne nous révèle un aveu de la
part de l'ex-ministre Daoust. Loin de là.
Je
terminerai en vous présentant un élément, le dernier acte, qui permet justement
de contredire l'interprétation du leader de l'opposition. Peut-être un
élément que je voudrais signaler dès maintenant : la raison fondamentale,
dans l'ensemble des décisions que je vous
citerai, l'élément fondamental du développement de notre jurisprudence est lié
à l'article 35.6°, que mon
collègue semble avoir soit rayé de son règlement ou omis de se rappeler, parce
que, fondamentalement, une des règles
ici est de prendre la parole de notre collègue. Toute sa présentation est une
infraction à 35.6°, l'ensemble, l'ensemble.
C'est une démonstration qu'il ne veut pas prendre la parole. Alors, je tiens
juste à le dire. Je ne cherche pas de
conséquence de votre part, M. le Président, mais non seulement il ne s'appuie
pas sur la jurisprudence de l'Assemblée nationale, mais il enfreint le
règlement de l'Assemblée nationale par sa plaidoirie.
Ceci
étant, je vous réfère aux décisions 67/7 de Richard Guay, 67/12 de Pierre
Lorrain, 67/35 de Jean-Pierre Charbonneau, 67/60 de Jacques Chagnon...
du président actuel — M.
le Président, mes excuses. Vous y retrouverez l'essence de la présentation que je vous fais, et donc l'essence
du défaut de mon collègue de l'opposition à présenter l'aveu qui est attendu
par l'ensemble de cette jurisprudence.
Je
vous avais annoncé... et je ne veux pas m'attarder trop longtemps, je vous
avais annoncé, à l'égard de ce fardeau non
relevé par l'opposition, de ne référer qu'à une des citations de l'ex-ministre
Daoust. J'avais dit «le dernier acte», parce que, dans le fond, il reprend, dans cette citation-là, l'ensemble des
prétentions qu'il a faites, de l'interprétation qu'il y donnait. Et je vous cite donc la déclaration de
l'ex-ministre Daoust, le 19 août 2016. Je cite le premier paragraphe et
j'ouvre les guillemets : «Je
tiens dans un premier temps à réitérer qu'en tout moment j'ai toujours dit la
vérité, et mes déclarations dans le
dossier de la vente des actions de RONA ont été rigoureusement exactes. Je
n'avais pas été informé de l'intention des
administrateurs de vendre la participation d'Investissement Québec dans RONA,
je n'ai pas donné d'autorisation à celle-ci et je n'avais pas à le faire
en raison des règles en vigueur chez Investissement Québec.»
Ça,
c'est la version de l'ex-ministre Daoust. Je ne trouve évidemment pas dans
cette déclaration ni dans aucune autre
préalable — et il
n'y en a pas par la suite — aucun aveu de sa part. Au contraire, c'est la même prétention
qu'il fait fois après fois.
Ayant dit cela, les
faits qui sont devant nous sont lesquels? Il n'y a pas d'aveu. Quel est l'état
du droit dans notre jurisprudence de l'Assemblée nationale? Il doit y avoir un
aveu. Qui a le fardeau à l'égard de cette motion? L'opposition. A-t-elle réussi à relever le fardeau? Non. Prima facie, il
n'y a pas lieu de donner suite à la motion. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Alors, je vous remercie, M. le leader du
gouvernement. Ces considérations de
part et d'autre seront prises en compte par la présidence. Je ne sais pas si
vous le savez, mais on vous a avisés qu'on serait probablement en mesure de rendre la décision mardi à l'ouverture
de la période de questions. Immédiatement après, on va rendre la
décision de la présidence sur ce qu'on vient de plaider.
Affaires du jour
Alors, la période des affaires courantes étant
terminée, nous allons maintenant passer aux affaires du jour, et je cède la
parole à M. le leader du gouvernement pour qu'il nous indique, justement, les
travaux aux affaires du jour.
M. Fournier : 21, M. le
Président.
Projet de loi n° 110
Adoption du principe
Reprise du débat sur la motion de report
Le
Vice-Président (M. Gendron) : À l'article 21 du feuilleton de ce jour,
l'article 21... Juste une minute, parce qu'il y a deux... O.K.
L'article 21.
L'Assemblée reprend le débat, ajourné le 21 septembre 2016, sur la motion
de report proposée par le député de
Mercier dans le cadre du débat sur l'adoption du principe du projet de loi
n° 110, Loi concernant le régime de négociation des conventions
collectives et de règlement des différends dans le secteur municipal.
Lors de
l'ajournement, c'est le député de Richelieu qui avait commencé son intervention
mais qui ne l'avait pas terminée. Donc, avant de lui céder la parole, je vous
indique qu'il reste 1 h 3 min au débat, donc :
24 minutes au groupe formant le
gouvernement, 12 minutes au groupe parlementaire formant l'opposition
officielle, et 24 minutes au deuxième groupe
de l'opposition, et trois minutes aux députés indépendants. Alors, dans ce
cadre, le temps non utilisé est réparti, et les interventions ne sont
pas soumises à aucune intervention.
Je cède maintenant la parole à M. le député de
Richelieu.
Une voix : ...
• (11 h 40) •
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Oui. Juste une seconde, M. le député. Ce n'est pas grave, là.
C'est que,
normalement, la présidence, dès qu'elle le sait, doit indiquer qu'il y a une
demande de débat de fin de séance. Ça
semble être le cas. Alors, je vous informe qu'un débat de fin de séance se
tiendra aujourd'hui sur une question adressée par M. le député de
Rimouski au ministre de la Santé et des Services sociaux concernant
l'application des recommandations du rapport
de la Commission de la santé et des services sociaux sur les conditions de vie
des adultes hébergés en centres d'hébergement et de soins de longue
durée.
Ceci étant
dit, nous revenons à nos moutons, et je
cède la parole à M. le député de Richelieu pour qu'il poursuivre son intervention déjà
commencée. À vous.
M. Sylvain Rochon (suite)
M. Rochon : Oui. Merci, M. le
Président. Je ne doute pas que ce sera un excellent débat de fin de séance tout
à l'heure.
Alors, M. le Président, modifier le Code du
travail comme se propose de le faire le ministre des Affaires municipales avec le projet de loi n° 110, c'est une entreprise, je le disais hier, trop
sérieuse, trop délicate pour que sa toile de fond, à cette entreprise,
soit un deal, un marché. Modifier les règles applicables à la négociation des conventions
collectives et au règlement des différends dans le secteur municipal
pour faire plaisir aux municipalités auxquelles un pacte fiscal a déplu, ça
ne tient pas la route. Ce n'est pas digne d'un législateur sérieux, ça, M. le
Président.
Le ministre,
visiblement, ne saisit pas l'importance du Code du travail, ne saisit pas
l'importance de ce code, que nous
avons pourtant hérité d'un gouvernement libéral, celui de Jean Lesage, et la ministre du Travail, dont les fonctions en font
la gardienne, semble avoir été écartée du processus. J'ai entendu plusieurs
fois le ministre se livrer à une profession de foi à l'égard des gouvernements de proximité — c'est
comme ça qu'il appelle les municipalités — dire
qu'il souhaitait leur donner plus de pouvoirs sur leur développement.
Mais, M. le Président, comment y croire, à ça?
Examinons seulement
l'histoire récente, marquée au sceau des coupes de 300 millions de dollars
aux municipalités, marquée au sceau
du désengagement de l'État à l'égard du développement local, marquée
au sceau de ce qui n'est pas exagéré
d'appeler la pire agression jamais perpétrée contre les régions du Québec,
contre les localités, contre leurs outils de développement : disparition des CLD — je suis sûr qu'il n'y a aucun collègue, où qu'il
se situe dans cette Chambre, qui doit applaudir à ça; disparition des
CRE, des centres locaux de santé et services sociaux. Comment ne pas saisir, M.
le Président, avec ce tableau-là, là, comme détestable toile de fond au projet
de loi n° 110, le sentiment qu'ont les travailleurs
municipaux de payer pour cette agression du gouvernement? Délestées de
tous les outils pour stimuler leur développement, qui allait s'accompagner de meilleurs revenus,
les municipalités n'ont plus d'autre choix que couper dans leurs dépenses. Ce gouvernement, M. le Président, ce n'est certainement pas celui de l'économie régionale, celui des
régions du Québec, celui des localités du Québec.
D'ailleurs, il est révélateur que, pour vendre
son projet de loi, le ministre réfère à une étude de l'Institut de la statistique du Québec sur l'écart de la rémunération entre les employés
de l'État québécois et les employés de la fonction publique municipale
dont l'analyse ne porte que sur les municipalités de 25 000 habitants et
plus. Dans ma circonscription — je ne
sais pas dans la vôtre, M. le Président... — dans ma circonscription, là, il n'y a qu'une
seule des 16 municipalités qui
compte plus de
25 000 habitants. Faites l'exercice, les amis, là, pour chacun la vôtre,
votre circonscription. Ce gouvernement
paraît ne pas savoir qu'il n'y a pas que de grandes agglomérations au Québec,
qu'il y a plein de petites municipalités.
Une
analyse sommaire des conventions
collectives liant des municipalités membres de la Fédération
québécoise des municipalités, la FQM, qui représente de plus petites municipalités, démontre que la rémunération des employés y est moindre que ce que
présente l'enquête. Les marges de manoeuvre qu'il serait possible de dégager en
ralentissant la croissance de la rémunération globale ne sont pas aussi
importantes qu'elles le sont pour les municipalités avec des centaines ou même des milliers d'employés. On
constate que les conditions sont généralement plus généreuses dans les municipalités où
est établie une grande entreprise offrant de bons salaires, dans les municipalités
en périphérie des municipalités de plus
grande taille, notamment en banlieue de Montréal et de Québec, et qu'à
l'inverse, et pour des raisons évidentes,
les salaires sont généralement moins élevés dans les milieux dévitalisés. Serait
donc déjà prise en compte, dans une certaine mesure, certaine mesure,
j'en conviens, la capacité de payer des contribuables.
Revenons
aux grandes villes. Alors, attentif aux discours des maires des grandes villes — et
ce n'est pas un défaut, là, ni d'être
maire d'une grande ville ni d'être attentif à leurs discours, qu'on me
comprenne bien — le
ministre a donc entendu
le maire de Québec affirmer que, dans le régime actuel, le rapport
de force est déséquilibré dans les négos entre les municipalités et leurs syndiqués. Il a entendu complimenter son courage de s'attaquer à ce
déséquilibre. Si le ministre était
gardien du Code du travail, si c'était ça, son job, plutôt que celui des
Affaires municipales... de ministre des Affaires municipales, son réflexe aurait certainement été de se demander si le
rééquilibre du rapport de force, applaudi par le maire de Québec, il ne l'était pas, précisément,
applaudi parce que venait d'être créé un déséquilibre jouant très clairement
contre l'autre partie, la partie
syndicale. Si le ministre était gardien du Code du travail, il se serait méfié
sans doute que le maire de Québec le trouve courageux.
Parlons
de M. Coderre maintenant. Il estime que, pour des raisons de simplicité et
d'efficacité, seul le ministre des
Affaires municipales devrait être responsable de l'application des dispositions
de la loi et des relations de travail pour le monde municipal,
sauf — sauf — qu'il
nous confie en même temps que ça peut sembler plutôt paradoxal que les relations de travail dans le monde municipal
échappent à la ministre du Travail. Ça devrait nous allumer. Ça devrait nous
allumer, cette confession-là. Le
gouvernement du Québec a un ministère du Travail qui ne se mêlera plus des
relations de travail dans le monde municipal. Ce n'est pas paradoxal,
c'est biz, c'est étrange, c'est bizarre.
Ce
projet de loi crée un régime d'exception au Code du travail et aux relations de
travail au Québec en déplaçant l'encadrement et la supervision des
processus de négociation et d'arbitrage du secteur municipal vers une des parties
intéressées aux résultats des négociations, soit le ministère des Affaires
municipales et de l'Occupation du territoire. Pourquoi
ces travailleurs seraient-ils, M. le Président, les seuls de juridiction
québécoise pour lesquels les relations de travail ne seraient plus
supervisées par le ministère spécialisé en la matière? Sur quelle analyse
sérieuse, quelle étude approfondie le
gouvernement se base-t-il pour nous arriver avec ce projet de loi, qui modifie
radicalement le Code du travail? Au nom de quoi veut-il faire sans la
ministre du Travail, gardienne du Code du travail, ces modifications?
Le
ministère du Travail, la ministre du Travail, on devrait profiter de ce temps
d'arrêt que nous réclamons pour les
mettre dans le coup. On pourrait aussi profiter de ce temps d'arrêt pour
examiner des pistes avancées par les syndicats pour améliorer les choses. Pourquoi ne pas notamment examiner de plus
près les recommandations du comité Thérien-Morency, dont nous avons
entendu abondamment parler au cours des consultations, qualifier ce rapport de
plateforme qui pourrait permettre, à la satisfaction de tous, d'améliorer le
processus de négociation dans le secteur municipal au bénéfice des citoyens?
Ces
recommandations sont le fruit des travaux effectués par les associations
représentatives du monde municipal sous
la supervision professionnelle et experte du ministère du Travail. Ça sert à
quelque chose, ce ministère. J'espère que ça va continuer à servir à quelque chose. Elles sont le résultat d'un
examen approfondi de la situation et d'une analyse de solutions
pratiques, réalistes, prometteuses et qui sont mutuellement acceptables.
M. le Président, ce n'est pas compliqué, là, il faut que le... que le ministre,
oui, fasse preuve de sagesse et refasse son devoir. Il est de son devoir de refaire ses devoirs. Alors, oui,
nous appuyons cette motion de report, M. le
Président, et j'espère plus que tout au monde qu'elle sera
adoptée. Modifier le Code du travail, c'est trop sérieux pour que nous y
allions dans la précipitation. C'est tout le temps dont je dispose, M.
le Président?
• (11 h 50) •
Une voix :
...
M. Rochon :
Une minute? Bon, écoutez...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : 1 min 30 s.
M. Rochon :
...écoutez, je vous ai dit tout à l'heure que le ministre s'apprêtait à tourner
la page sur un pan de l'histoire de son parti.
Il
prétend révolutionner les relations de travail, vouloir les moderniser? Bien
non, il revient en 1947, parce qu'en
1947, sous Maurice Duplessis, les choses se
passaient comme il souhaite qu'elles se passent à nouveau aujourd'hui, et ce
n'est qu'en effet, dans les années 60, un
gouvernement libéral progressiste, ce gouvernement libéral là, a mis fin au
régime des relations de travail unionistes pour en implanter un nouveau,
régime de travail, équilibré. Voilà, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Alors, je vous remercie, M. le député de
Richelieu, et on est prêts à poursuivre, mais, là, moi, l'information que j'ai est qu'il ne reste plus de temps
au groupe parlementaire formant l'opposition officielle, ça fait que je
ne peux pas vous reconnaître.
Alors, je
reconnais maintenant M. le ministre de la Culture pour son intervention. M. le
ministre, à vous la parole.
M. Fortin (Sherbrooke) : Non, M.
le Président. Je veux tout simplement vous aviser que nous n'aurons pas d'autre intervenant pour le
débat.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
O.K. Bien, juste une minute. À partir du moment où vous nous avisez que
vous n'avez pas d'autre intervenant, il faut que je vérifie. Est-ce qu'il y a, dans le deuxième
groupe de l'opposition, des intervenants? Je n'en vois pas. Donc, s'il n'y a pas d'autre intervenant, est-ce que les députés indépendants veulent intervenir? Je n'en vois pas. Je ne vois pas d'autre demandeur
d'intervention. Le temps de l'opposition
officielle étant écoulé, les
interventions étant terminées, on va procéder à l'autre étape.
Cela
met fin au débat restreint de deux heures — oui, un instant, je vais juste lire ça — sur la motion de report présentée par M. le député de Mercier dans le
cadre du débat... du principe du projet de loi n° 110, Loi concernant le
régime de négociation des conventions
collectives. Je suis maintenant prêt à mettre aux voix la motion, qui se lit
comme suit :
«Que la motion en
discussion soit modifiée, en retranchant le mot "maintenant" et en
ajoutant, à la fin, [...]"dans trois mois".»
Est-ce que cette
motion est adoptée?
Une voix :
Vote par appel nominal, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : O.K. Alors, le vote par appel nominal
est appelé. Que l'on appelle les députés.
• (11 h 53 — 12 h 9)
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Alors, merci. S'il vous plaît!
Mise aux voix
Nous
allons procéder au vote. Je le rappelle, on va procéder au vote sur la motion
qui a été annoncée tantôt. Quels sont ceux qui sont favorables à cette
motion? Veuillez vous lever.
Le
Secrétaire adjoint : M. Khadir (Mercier).
M. Marceau (Rousseau), M. Pagé
(Labelle), M. Bérubé (Matane-Matapédia), Mme Poirier (Hochelaga-Maisonneuve),
Mme Léger (Pointe-aux-Trembles), Mme Lamarre (Taillon), M. LeBel (Rimouski),
Mme Maltais (Taschereau), Mme Richard
(Duplessis), M. Bergeron (Verchères), M. Cloutier (Lac-Saint-Jean), M. Lisée
(Rosemont), M. Cousineau (Bertrand),
Mme Jean (Chicoutimi), M. Ouellet (René-Lévesque), M. Villeneuve (Berthier), M.
Turcotte (Saint-Jean), M. Rochon (Richelieu), M. Roy (Bonaventure).
Mme
David (Gouin), Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques).
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Quels sont ceux qui sont contre, sur la
motion de report?
• (12 h
10) •
Le
Secrétaire adjoint : M. Fournier (Saint-Laurent), Mme Thériault
(Anjou—Louis-Riel),
M. Paradis (Brome-Missisquoi), M. Blais
(Charlesbourg), Mme Charbonneau (Mille-Îles), M. Leitão (Robert-Baldwin), M.
Coiteux (Nelligan), Mme David
(Outremont), M. Proulx (Jean-Talon), M. D'Amour (Rivière-du-Loup—Témiscouata), M. Huot (Vanier-Les Rivières), M. Kelley
(Jacques-Cartier), Mme Vallée (Gatineau), M. Lessard (Lotbinière-Frontenac), M. Barrette (La Pinière), M. Morin
(Côte-du-Sud), M. Blanchette (Rouyn-Noranda—Témiscamingue), Mme Charlebois (Soulanges), M. Heurtel (Viau), M. Arcand
(Mont-Royal), Mme Vien (Bellechasse), M. Billette (Huntingdon), M. Fortin
(Sherbrooke), Mme St-Pierre (Acadie), M. Reid (Orford), Mme Nichols
(Vaudreuil), M. Bernier (Montmorency), Mme de Santis (Bourassa-Sauvé), Mme Weil
(Notre-Dame-de-Grâce), Mme Ménard (Laporte), M. Sklavounos (Laurier-Dorion),
Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger),
M. Carrière (Chapleau), M. Poëti (Marguerite-Bourgeoys), M. Girard (Trois-Rivières), M. Iracà (Papineau),
M. Bolduc (Mégantic), M. Tanguay (LaFontaine), M. Matte (Portneuf), M.
Chevarie (Îles-de-la-Madeleine), M. Drolet (Jean-Lesage), M. Rousselle (Vimont),
Mme Vallières (Richmond), M. Auger
(Champlain), M. Birnbaum (D'Arcy-McGee), M. Boucher (Ungava), M. Bourgeois
(Abitibi-Est), M. Fortin (Pontiac), M. Giguère (Saint-Maurice), M. Habel
(Sainte-Rose), M. Hardy (Saint-François), M. Merlini (La Prairie), Mme
Montpetit (Crémazie), M. Plante (Maskinongé), M. Polo (Laval-des-Rapides), Mme
Simard (Charlevoix—Côte-de-Beaupré), M. St-Denis (Argenteuil), Mme
Tremblay (Chauveau), M. Busque (Beauce-Sud), Mme Sauvé (Fabre).
M. Bonnardel (Granby), M. Charette
(Deux-Montagnes), M. Martel (Nicolet-Bécancour), Mme Roy (Montarville), Mme Samson (Iberville), M. Roberge (Chambly), M.
Laframboise (Blainville), M. Schneeberger (Drummond—Bois-Francs), Mme D'Amours (Mirabel), M.
Lemay (Masson), Mme Lavallée (Repentigny), M. Surprenant (Groulx), Mme Soucy
(Saint-Hyacinthe), M. Spénard (Beauce-Nord), M. Picard
(Chutes-de-la-Chaudière), M. Jolin-Barrette (Borduas).
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Y a-t-il des abstentions? Je n'en vois
pas. Mme la secrétaire générale.
Des
voix : ...
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Un instant! Excusez. Alors, oui, M. le
whip de l'opposition officielle.
M.
Bergeron :
Si vous le voulez bien, nous permettrions à la députée de Vachon de pouvoir
enregistrer son vote.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Y a-t-il consentement pour qu'on puisse
enregistrer le vote de la députée de Vachon?
Une voix :
...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : La question, ce n'était pas ça, c'est : Y a-t-il
consentement?
Une voix :
...
Le Secrétaire
adjoint : Mme Ouellet (Vachon).
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Alors, Mme la secrétaire générale.
La
Secrétaire : Pour : 23
Contre :
76
Abstentions :
0
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Donc, la motion de report est rejetée. Oui, M. le whip adjoint.
M.
Bergeron : Je veux
simplement vous signaler que le député de Bourget a dénoncé son intérêt, c'est
ce qui explique qu'il n'était pas au vote aujourd'hui.
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, merci.
Poursuite
du débat sur l'adoption du principe
Alors, nous
en sommes à la reprise du débat sur l'adoption du principe du projet de loi n° 110, Loi concernant le régime de négociation des
conventions collectives et du règlement des différends. Et moi, je suis prêt à
entendre la prochaine intervention mais en
autant que ça se fasse dans l'ordre. Alors, est-ce que c'est vous, M. le leader
de l'opposition officielle?
Des voix : ...
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Alors, s'il vous plaît, que les gens qui
ont à se retirer le fassent immédiatement, mais moi, je vais poursuivre
dans le silence, pas dans le bruit.
Des voix : ...
Le
Vice-Président (M. Gendron) : S'il vous plaît! Que les gens qui ont à
sortir se retirent pour que nous puissions poursuivre nos travaux.
Des voix : ...
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Alors, on va suspendre quelques minutes
parce que je ne peux pas commencer dans cet état-là.
(Suspension de la séance à 12 h 13)
(Reprise à 12 h 14)
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, nous allons reprendre parce que, là, on a le climat favorable pour poursuivre notre débat. Alors, je cède la parole à
M. le leader de l'opposition officielle pour son intervention sur le projet
de loi n° 110. M. le leader, à vous.
M. Nicolas Marceau
M. Marceau :
Merci, M. le Président. Alors, j'interviens sur le projet de loi n° 110,
Loi concernant le régime de négociation des conventions collectives et
de règlement des différends dans le secteur municipal.
M. le
Président, vous savez que nous sommes en désaccord avec le principe du projet
de loi, nous l'avons déjà exprimé, et ce que je vous dirai aujourd'hui va
dans le sens de ce rejet du principe du projet de loi n° 110.
Je pense que c'est important d'établir le
contexte dans lequel le projet de loi n° 110 a été conçu, a été créé et concocté du côté du gouvernement, sans
consultation des parties intéressées. Ce contexte, vous le connaissez
certainement, c'est ce pacte fiscal qui a été essentiellement imposé aux
municipalités et qui prévoyait, vous vous en rappellerez, des
coupures de 300 millions dans les transferts versés aux municipalités,
avec des dégâts considérables, des dégâts considérables.
On prétend,
avec ce projet de loi n° 110, vouloir réduire la pression sur les dépenses
dans le secteur municipal. On prétend
donc vouloir réduire la charge fiscale imposée aux contribuables des
municipalités du Québec, mais, rappelons-le,
on a déposé ce projet de loi n° 110 à la suite de coupures de
300 millions dans les transferts aux municipalités. M. le Président, on a déjà pu constater partout au
Québec, dans les municipalités, des hausses de fardeau fiscal qui ont
résulté de la coupure de 300 millions dans les transferts aux
municipalités.
Alors, qu'on
se comprenne bien, là. Alors que d'un côté, du côté gouvernemental, on prétend
vouloir réduire la charge fiscale des
contribuables, eh bien, on a précisément posé le geste qui a mené à l'effet
inverse. On a des hausses de taxation
qui ont découlé du 300 millions. Il y en a tellement eu que le ministre
des Affaires municipales de l'époque avait même menacé certaines municipalités qui auraient expliqué à leurs contribuables
les raisons des hausses de taxe. On avait même menacé ces municipalités
de couper les vivres, vous vous en rappellerez. Vous vous en rappellerez.
Alors, je
parlais de dégâts considérables aussi qui découlent du pacte fiscal. Et
évidemment, M. le Président, vous qui
connaissez bien la situation de votre comté et de votre région, vous savez
comme moi aussi au moins deux autres dégâts importants qui ont découlé du pacte fiscal. Au premier chef, la
disparition des CLD, disparition des CLD, lesquels étaient responsables,
évidemment, du développement économique sur le territoire qui leur était
attribué et qui ont permis, pendant leur
existence, de créer des dizaines de milliers d'emplois, de susciter des
investissements de milliards de dollars sur le territoire québécois. Bien, M. le Président, on comprendra que,
lorsqu'on coupe dans le développement économique des régions, on coupe dans la prospérité, on appauvrit les régions, et,
en conséquence, la charge découlant des services offerts par les
municipalités devient encore plus lourde à porter, ça devient encore plus lourd
à porter. En coupant la croissance de nos régions, on va exactement dans le
sens inverse recherché par le projet de loi n° 110.
Autre
élément, dans le pacte fiscal, il y avait aussi l'abolition des CRE. Et je vais
le dire, moi, d'emblée : Le modèle des CRE n'était pas parfait, il y avait des lourdeurs, il y avait
certaines difficultés, mais il n'en demeure pas moins que c'était une institution régionale qui permettait
une certaine concertation. Aujourd'hui, il n'y en a plus, il n'y en a pas, et
on se retrouve, M. le Président, avec
des régions qui n'ont plus le moyen de prioriser les meilleurs projets pour
elles. Alors, M. le Président, encore
une fois, ça va dans le sens de réduire la croissance économique de nos
régions, et, en conséquence, de
réduire l'assiette fiscale dans les différentes régions et différentes
municipalités, et, en conséquence, de rendre encore plus lourd le
fardeau de financer les services publics.
• (12 h 20) •
Alors, ce
pacte fiscal a causé des dégâts importants, importants, et là on voudrait faire
porter aux employés de nos municipalités
le poids, les conséquences de ce pacte fiscal mal ficelé. C'est vraiment ça
dont il est question ici, M. le Président. Vous comprendrez que, de
notre côté, on ne pourra jamais adhérer à de telles manoeuvres.
Si je vais plus directement au contenu du projet
de loi, vous savez, M. le Président, il y a essentiellement deux parties. Il y a une partie qui porte sur
les policiers et les pompiers, sur, donc, le cadre de négociation des conventions collectives pour les policiers et les pompiers. Et le projet de loi prévoit, en cas d'échec des négociations... en fait, d'échec de la médiation, pardon,
la création de ce qu'on appelle un conseil de règlement des différends.
M. le Président, ce conseil de règlement des différends, que je ne vais pas vous décrire,
là, que d'autres auront probablement déjà décrit ici, est-ce une
solution équilibrée? C'est la question qui se pose : Est-ce que c'est une
solution équilibrée? Écoutez, M. le Président, la réponse, c'est : Rien
n'est moins sûr. Rien n'est moins sûr. En fait, l'équilibre d'une solution,
c'est une solution qui reçoit l'adhésion des parties, qui reçoit l'adhésion à
la fois des municipalités et des syndicats d'employés
municipaux.
M. le Président, je dois rappeler qu'une telle solution équilibrée existait et existe toujours
et qu'elle ne s'incarne pas dans la
création d'un conseil de règlement des différends. En fait, si je vous invite à
regarder le mémoire de la Fédération des
policiers et policières municipaux du
Québec, vous y verrez qu'on y présente en détail les recommandations auxquelles
était abouti un comité qui s'appelait le
comité Thérien-Morency. C'étaient des travaux qui avaient été entamés en 2012
et puis qui ont été conclus, à l'unanimité
des parties, en 2013. Et essentiellement il avait été convenu de rendre
obligatoire la médiation, arbitrage,
qui est présentement facultative, un processus qui est moins formel et moins
judiciarisé qu'un arbitrage conventionnel, l'arbitrage de différends.
Ça, M. le
Président, c'était le début d'un consensus, c'était un consensus. Il y avait
aussi, d'ailleurs, consensus sur la durée de la période couverte par la
sentence de différends, soit 36 mois à compter de l'échéance de la convention collective précédente. Or, M. le
Président, un certain nombre de
détails sur les délais, mais ce qu'il
faut retenir, c'est qu'une
solution, qui faisait consensus à la fois entre les municipalités et les
syndicats, avait été identifiée, trouvée, et que le projet de loi ne la reprend
pas, ne la reprend pas, cette solution. C'est donc dire que ce n'est pas une
solution équilibrée. Ce n'est pas une solution équilibrée.
Quant aux
autres salariés, les cols blancs et les cols bleus des municipalités, le
projet de loi prévoit qu'après, donc, la médiation les parties peuvent, si elles le
désirent, demander conjointement un arbitrage, mais que, si les deux parties
ne demandent pas conjointement, alors une des parties peut demander la nomination d'un mandataire
spécial, qui est un nouvel arrangement, un nouveau dispositif que crée le projet de loi. M. le Président, c'est un processus qui, évidemment, ne reçoit pas l'approbation de
personne, je dois le dire : Ni les municipalités ni les syndicats ne sont d'accord
avec ce processus. Les municipalités, dans leurs représentations,
proposent de réduire le pouvoir du mandataire spécial, et, en fait, ce qu'elles aimeraient obtenir essentiellement,
c'est le pouvoir de décréter, alors que, du côté syndical, ils sont
essentiellement complètement opposés à ce nouveau processus là et ils
rappellent qu'on tente de réparer quelque chose qui n'est présentement pas brisé et, entre autres, que plus
de 95 % des conventions collectives se règlent sans arrêt de travail au
Québec.
Alors, M. le Président, dans le cas
des pompiers et des policiers, il existait une solution qui faisait consensus,
qui n'a pas été retenue dans le
projet de loi. Dans le cas des cols bleus et des cols blancs, la solution
retenue fait l'objet de critiques
importantes à la fois des municipalités et des syndicats. Alors, M. le
Président, on se demande : C'est quoi, ce projet de loi là? C'est quoi, cette solution-là? Le gouvernement n'a pas
bien fait ses devoirs, n'a pas trouvé
une solution qui reçoive l'adhésion à la fois des municipalités et des
syndicats, c'est une évidence.
Et,
M. le Président, plutôt que de bâcler des projets de loi qui ne font l'affaire de personne, là, le gouvernement devrait plutôt s'atteler à
mettre en oeuvre les recommandations de la commission Charbonneau parce qu'on
sait très bien que le principal facteur, principal facteur de croissance des coûts
dans les municipalités, ça a été la collusion, ça a été le gonflement des prix pour les travaux, et que ce
phénomène-là a été grandement réduit par les gestes qui ont été posés par le gouvernement du Parti
québécois entre 2012 et 2014. Et on
sait très bien que tout n'est pas terminé. Je ne dis pas que le gouvernement
actuel fait zéro effort, je dis
simplement que le travail n'est pas complété. Et, plutôt que de nous présenter des projets de loi qui ne tiennent
pas la route comme celui-ci, il devrait plutôt travailler sur la mise en place,
la mise en oeuvre des recommandations du rapport Charbonneau.
Donc,
M. le Président, c'est essentiellement ce que je voulais vous dire. Alors, projet de loi qui rate la cible, et on ne
travaille pas sur les bons éléments. Tout
le monde est en désaccord avec ce projet de loi là. Alors, évidemment, je ne vous
surprendrai pas en vous disant que nous sommes en défaveur, nous sommes contre
le principe de ce projet de loi. Merci.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Je vous remercie, M. le
leader de l'opposition officielle, de votre intervention, et député de
Rousseau également. Et, pour la poursuite du débat, je reconnais Mme la
députée de Duplessis pour son intervention. Mme la députée de Duplessis, à
vous la parole.
Mme Lorraine Richard
Mme Richard : Merci, M. le Président. M. le Président, aujourd'hui, on fait des
interventions parce que nous sommes
contre le projet de loi n° 110. On va voter contre le principe. Des consultations ont été faites, et, majoritairement, les gens ne comprennent
pas la position du gouvernement libéral.
Le
projet de loi n° 110, c'est la Loi concernant le régime de négociation des
conventions collectives et de règlement des différends dans le secteur municipal, c'est ça que ça dit. Ça, M. le
Président, savez-vous, c'est le cadeau empoisonné du gouvernement libéral en échange d'un pacte
fiscal où les municipalités n'y ont pas retrouvé leur compte, 300 millions
de coupures. Vous savez, le Québec, il est
grand, il a des grandes villes, il a des grandes étendues, il a des petites municipalités. C'est sûr que des villes comme
Québec, Montréal, ils ont déjà extrêmement de pouvoirs. Avoir celui d'être
capable de décréter les conditions de travail, ils devaient sûrement être pour.
Et
là, en échange... On n'a pas été capables, là, parce qu'il y avait déjà eu un
jugement qui avait été rendu par la Cour
suprême à l'effet que c'était anticonstitutionnel. Donc, le ministre des
Affaires municipales s'est dit : Mais qu'est-ce que je vais leur
donner en échange? Et là il est arrivé avec le projet de loi n° 110, M. le
Président.
Ça
fait longtemps que des grandes villes demandent le pouvoir de décréter les
conditions de travail, ça fait très longtemps.
Est-ce que c'est une bonne chose? Je ne pense pas. Je ne pense pas parce que,
dans une négociation, M. le Président,
on doit tout au moins avoir la possibilité de jouer à armes égales. Les grandes
municipalités, souvent, ont des moyens
financiers, ont des moyens en ressources humaines, ce qui n'est pas le cas de
petites municipalités. Mais je dis souvent :
Dans la vie, pour savoir où on va, il faut savoir d'où on vient. C'est vrai que
le pacte fiscal, ça n'a pas été une réussite
pour les municipalités. Ils ont coupé 300 millions, et en plus de ça on
avait les CRE, les CLD. Ces missions-là, ces organismes-là, on peut bien dire qu'ils n'existent pas, sur le
terrain, concrètement, elles existent encore, ces missions-là. Non, les
organismes ne sont plus là, mais qui a ramassé tout ça? C'est les
municipalités.
• (12 h 30) •
Le gouvernement
libéral, dans plusieurs dossiers, M. le Président, a une façon de gérer le
Québec qui est extrêmement désolante,
extrêmement désolante. Ça me fait un petit peu penser à tout ce qui s'est passé
au niveau de la santé. Mon collègue
le disait ce matin, hein, on a eu des rapports, des rapports. Ça a été dénoncé
par les journalistes, nos personnes
âgées ne mangent pas bien. Vous et moi, M. le Président, là, une journée, là, à
manger ce qu'on a servi ce midi puis
qu'on va servir ce soir aux personnes âgées, on serait outrés. On dirait :
Ce ne pas ça qu'ils leur servent! Le ministre de la Santé savait tout
ça. Il va recommencer des consultations.
C'est
un peu la même chose avec le projet
de loi n° 110 dans le monde municipal. Savez-vous que ce problème-là, là, ça touche moins de 5 % des négociations
au Québec? Ça fait qu'on va utiliser une masse, là, c'est comme pour chasser
les moustiques. C'est comme ça qu'il procède, M. le Président, le gouvernement
libéral, comme ça.
Ce
qui m'a surprise... Puis je vais être honnête avec vous, je ne suis pas très
connaissante du monde municipal puis
du monde du travail. Mais par contre je sais une chose : il y a un
ministre des Affaires municipales puis il y a une ministre du Travail. Or, on ne l'a pas entendue,
la ministre du Travail. Pourtant, M. le Président, moi, je me souviens d'avoir
travaillé avec la ministre du Travail
récemment dans un dossier, puis ça touchait entre autres des négociations puis
sur des services essentiels.
Complètement absente. C'est le ministre des Affaires municipales qui décide
qu'avec le projet de loi n° 110,
oui, il va leur donner du temps. Il va leur donner du temps pour négocier de
bonne foi, mais ils n'auront pas commencé
une négociation que déjà il va y avoir une épée de Damoclès au-dessus de leur
tête, parce qu'ultimement le gouvernement, par son ministre des Affaires
municipales, va pouvoir décréter les conditions de travail. C'est un peu
particulier de ne pas avoir entendu la ministre du Travail là-dessus. Très
particulier, très particulier.
Le mandat, là,
du ministère des Affaires municipales, là, ça vaut la peine que je vous en lise
un petit bout, c'est d'assumer une
bonne gestion des administrations municipales. De son côté... Entre autres. Il
y a d'autres choses, mais entre autres. Mais la ministre du Travail, celle-ci,
parce que présentement c'est une femme, on pourrait dire «le ministre», là on
va dire «la ministre», son mandat,
principalement : l'établissement et le maintien de relations de travail
harmonieuses entre l'employeur et les
salariés par le biais de conventions de travail équitables. Elle a également
pour mandat d'adapter les régimes de
relations de travail et les normes du travail à l'évolution des besoins des
personnes du marché du travail et de
l'économie, de faciliter la gestion de la main-d'oeuvre et des conditions de
travail, etc. On en parle, de ça, là, dans le projet de loi n° 110. Bien, moi, j'ai juste l'impression, M. le
Président, qu'ils se sont trompés de ministère. Et, s'ils ne se sont pas
trompés de ministère, bien c'est parce qu'il y avait déjà eu des discussions.
Puis j'ai bien du respect, M. le Président,
pour le maire de Montréal et pour celui de Québec. Ce que je vous dis ici, en
Chambre, certains médias le disent, hein,
à leur deux ils peuvent faire «shaker» le gouvernement pas mal. Ça fait qu'il
devait y avoir eu des discussions à l'effet qu'on pourrait vous passer ce pouvoir-là de décréter les conditions de
travail, ça va vous faire passer un peu mieux dans la gorge ce qu'on vous a passé comme pacte fiscal,
hein, pour ceux qui ne pouvaient pas... Mais, par contre, dès le départ,
il est mal ficelé. De un, la ministre du
Travail est complètement absente. Ce bout-là, moi, je ne le comprends pas, puis
je ne dois pas être la seule à ne pas le comprendre non plus.
M. le Président,
on va se souvenir qu'il y a eu une série de scandales de collusion dans le
milieu municipal, puis c'est sûr que
ça a mis à mal les finances, je vous dirais, des plus grosses municipalités au
Québec. Mais est-ce que les travailleurs
et les travailleuses vont devoir s'appauvrir parce qu'il y a des élus qui ont
mal géré? Est-ce que les travailleurs et
les travailleuses vont devoir, avant même de commencer une négociation, savoir
que les conditions de travail peuvent être décrétées parce qu'il y a eu
des ententes entre certains élus qui n'ont pas marché? C'est comme ça
maintenant au Québec? Ça me dépasse un petit peu, M. le Président, ce qui se
passe présentement, pas juste dans ce domaine-là.
Il y a des
petites municipalités. On dit qu'on va tenir compte de leurs capacités
financières. Je peux vous dire que présentement,
en tout cas, dans mon coin de pays, la capacité financière de certaines
municipalités, pas jojo, là. J'ai des municipalités
très dévitalisées. D'autres, au niveau municipal, il y a peut-être une ou deux
personnes. Ils voudraient même se payer un agent de développement
économique pour trouver la recette miracle qui viendrait revitaliser ces
villages.
Par rapport à quoi qu'on est rendus là, M. le
Président? Pourquoi on est rendus là? Parce que, je vais faire attention à mes mots, on nous a fait accroire que
voter libéral, c'était le Klondike, c'était la reprise du Plan Nord, c'était
qu'au niveau de l'économie on était capables
de créer de l'emploi. On allait donner plus de pouvoirs aux municipalités;
on ne leur a pas dit qu'on ne leur donnerait
pas les moyens. On nous a dit qu'en santé on allait avoir accès à un médecin
de famille, nos personnes âgées allaient
avoir une qualité de vie décente; ce n'est pas ce qu'on constate, ce n'est pas
ce qu'on constate. Je vous l'ai
dit : Je suis moins familière avec le monde municipal, et on est sur le
projet de loi n° 110. J'en aurais long à dire aussi sur la santé.
On donne d'une main, on retire de l'autre.
On va être
contre le... On est contre, d'abord, au niveau du principe. Et, si le ministre
des Affaires municipales ne devait
pas, durant la commission qui va continuer... parce que, pour les gens qui nous
écoutent, l'adoption de principe, les
gens sont venus en commission, la plupart ont tous dénoncé... lancé le message
au ministre : Ça n'a pas de bon sens, ce projet de loi là. C'était presque unanime, ce n'est pas la bonne
formule. Il y a eu déjà... Comme en santé, on a déjà, là, fait un travail avant où on pourrait — puis ça faisait l'unanimité, là, autant de
la partie patronale que syndicale — appliquer les mesures, comme bien faire manger nos personnes âgées, demain matin,
dans un CHSLD, bien, on fait une tournée. Bon, c'est une autre chose,
ça.
Mais on les
connaissait déjà aussi, les solutions, mais on ne les applique pas, on ne veut
pas les appliquer. On aime mieux...
Et là je vois que le temps file; malheureusement, je n'ai plus de temps. Mais
on va voter contre le projet de loi intégral
si le ministre des Affaires municipales... avec la collaboration de notre
équipe du Parti québécois, par mon collègue le député de René-Lévesque, c'est sûr qu'on va essayer de bonifier le
projet de loi parce que, tel quel, il n'a pas de bon sens. Mais, comme ce gouvernement est majoritaire et
comme ce gouvernement, jour après jour... et je vais peser mes mots, M. le Président. Je peux-tu le dire? Se fout du
monde? Je peux le dire : Se fout du monde complètement. Mais on va voter
contre le projet de loi s'il est tel quel. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Oui. Un instant.
M. Fortin
(Sherbrooke) : M. le Président, la députée a clairement imputé des
motifs indignes au gouvernement.
• (12 h 40) •
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Bien, ce n'est pas... Chaque député est
responsable des propos qu'il tient. La présidence
doit gérer : Est-ce que ça se fait dans le décorum? Est-ce que les propos
sont parlementaires ou antiparlementaires? J'ai entendu ça des centaines de fois, l'expression qu'elle a utilisée.
Le public jugera. C'est pour ça que nos débats sont télédiffusés. Et, s'il y avait un propos qui ne
correspond pas à l'usage de cette Chambre, c'est clair que — c'est pour ça que je suis
attentif — je
ne le laisserais pas passer.
Je reconnais
maintenant M. le député de Richelieu pour son intervention sur le projet de loi
n° 104 concernant le principe du projet de loi. M. le député de
Richelieu, à vous la parole.
M. Sylvain Rochon
M.
Rochon : Merci, M. le
Président. J'en ai beaucoup parlé, n'est-ce pas, se diront sans doute les amis
d'en face et certains téléspectateurs
qui suivent nos débats. On est, M. le Président, je trouve, dans le rayon du
n'importe quoi; oui, c'est ça, dans
le domaine du n'importe quoi. Le n'importe quoi, il est facile à reconnaître,
il s'assoit souvent sur des préjugés. Je
vais vous en nommer un, préjugé : Les cols bleus, c'est tous des gras-dur!
Ah! on va s'asseoir là-dessus, ça pourrait être porteur. Je vous parle d'un autre préjugé, M. le Président :
Les assistés sociaux, c'est tous des paresseux! Ah! ça, on étudie un projet de loi, là, à deux pas d'ici, qui s'assoit
sur ce préjugé. On se dit, là : Pas pire, ça. Ça devrait marcher, ça, il y
a du millage à faire là-dessus.
Le
n'importe quoi peut aussi s'asseoir sur l'humour, l'humour. Vous souvenez-vous,
M. le Président, de ce jour où ici nous avons entendu le ministre de l'Agriculture, qui n'en manque pas, d'humour, nous dire que,
dans un Québec indépendant,
les vaches, là, elles ne donneront pas autant de lait, là? Ah! domaine du
n'importe quoi.
Modifier
le Code du travail, M. le
Président, ça ne peut pas partir de
n'importe quoi et ça ne peut surtout pas se faire n'importe comment. Eh
bien, là, ça risque de se faire
n'importe comment, ça risque de se faire n'importe comment.
La
toile de fond du projet de loi
n° 110, ce n'est pas nécessaire, là, d'être un grand analyste pour l'apercevoir, cette toile de fond, c'est un deal, un deal avec
les municipalités. Elles étaient, M. le Président, on les a entendues,
fort mécontentes du pacte fiscal, du pacte fiscal, elles étaient en colère contre le gouvernement. Que s'est dit le gouvernement?
Aïe! Il faut les calmer, là, il faut les
calmer. On va les calmer avec de nouvelles dispositions que nous allons introduire au Code du travail, on va déséquilibrer le rapport de force entre leurs
employés syndiqués et elles en faveur des municipalités, en défaveur,
vous l'aurez compris, de la partie syndicale. Ce n'est pas digne, ça, M. le
Président, d'un législateur sérieux, là. Bon, peut-être que ça peut pogner, là,
mais ce n'est pas très élevé, là.
Le
ministre, là, et c'est triste, il ne saisit pas, c'est clair, l'importance du
Code du travail. C'est d'autant plus triste et étonnant que ce code-là, c'est un héritage du gouvernement libéral de
Jean Lesage. C'est vrai que l'époque libérale de Jean Lesage, ce n'est
pas l'époque libérale de l'actuel premier ministre, il y a quelques
différences, hein? Vous vous souvenez de
«l'équipe du tonnerre», vous vous souvenez de la Révolution tranquille, de ce
Québec en ébullition. Mettons qu'il y
a beaucoup de Québécois qui bouillent de colère, mais ça ne fait pas de cela un
Québec en ébullition au sens où on l'entendait dans les années 60.
Écoutez,
le Québec tout entier, là, doit prendre la mesure de ce qui est en train de se
passer, et ce qui se passe est grave. Ce gouvernement s'apprête à rompre
avec le progressisme dont je parlais, de Jean Lesage, pour nous ramener à l'ère de Maurice Duplessis. Nous autres en
particulier, ce serait important qu'on s'arrête pour y penser, là, on siège
dans ce même grand salon bleu où les deux hommes politiques auxquels je
viens de référer ont siégé.
Vous
croyez que j'exagère, M. le Président, quand je dis ça, qu'on revient à l'ère
de Maurice Duplessis, que... Bien
oui, il crie des noms, il crie des noms au gouvernement libéral, il fait de la
petite politique, il est mesquin. Ah
oui? Oh! attention, M. le Président, loi sanctionnée le 10 mai 1945 sous le gouvernement de Maurice Duplessis, écoutez ça, là, c'est
très, très, très intéressant. Lecture de l'article :
«Lorsqu'une corporation municipale ou une corporation scolaire est partie à un différend, le conseil d'arbitrage doit
tenir compte, pour la décision du différend, de la situation
financière de cette corporation, de
sa capacité de faire face aux obligations additionnelles qui [...] peuvent
résulter de la sentence et des impôts
qui grèvent déjà ses contribuables.» Vous ne reconnaissez pas le projet de loi actuel? C'est presque du copier-coller, presque du
copier-coller. On est en 1947, Maurice Duplessis.
Il
a fallu, je le disais et je le répète, attendre les années 60 pour que
soit adopté le Code du travail et que soient modernisées, grâce à un grand premier
ministre libéral, Jean Lesage, qui a
siégé ici, les relations de travail. Le ministre veut tourner la page sur ce pan de l'histoire de son
parti, l'un des pans les plus importants de l'histoire de son parti. Le Parti
libéral change, M. le Président. Le ministre veut déchirer une partie du Code du travail et nous ramener en 1947.
Et,
dans son discours, dans son discours, là, le ministre, écoutez-le
comme il faut, là, il en parle moins, il dit moins ce que je vais vous confier qu'il dit, il parlait
jusqu'ici beaucoup de modernisation. Il disait ça : Moi, je
vais moderniser le Code du travail. Hé! oui, méchante modernisation quand on déchire des pans complets de
l'actuel code puis on revient en
1947! Lorsqu'on m'a parlé, là, de cette disposition adoptée
sous Maurice Duplessis et que mes recherches m'ont en effet mené au projet
de loi de 1947, je lisais ça hier, je
veux le noter, j'ai trouvé confirmation d'un combat que mène mon parti
depuis des années, celui de l'enseignement de l'histoire. C'est utile,
l'histoire, vous voyez? C'est important de connaître
son passé. Qui le connaît est plus alerte. Qui le connaît et entend le ministre
des Affaires municipales dire qu'il va
moderniser le Code du travail sait que c'est totalement inexact, ça ne marche
pas, ça ne se concilie pas avec les faits historiques, hein?
• (12 h 50) •
Et faisons encore un
peu d'histoire, puisque je le disais, c'est utile, là, mais cette fois de
l'histoire un peu plus récente. Mon collègue de Rousseau référait à cette
histoire récente. Alors, le ministre dit qu'il veut révolutionner les relations de travail, moderniser. Je l'ai aussi
entendu dire autre chose qui ne marche pas avec l'histoire récente, là, mais
pas du tout, pas du tout. Le ministre, il
s'est livré, au cours des consultations sur le projet de loi, à une profession
de foi presque émouvante, M. le
Président — il n'est
pas très théâtral, le ministre des Affaires municipales, c'est un pragmatique,
un intellectuel, mais là il a presque été émouvant — une profession de foi
à l'égard des gouvernements de proximité, M.
le Président — les
municipalités, il les appelait comme ça, des gouvernements de proximité — auxquelles il disait souhaiter donner plus de pouvoirs sur leur
développement. Franchement, M. le Président, là, là, c'est trop, là. Qu'est-ce
qu'elle nous enseigne, l'histoire récente,
là, des derniers mois? Est-ce qu'on
se souvient qu'elle est marquée, cette histoire, au sceau de coupes de 300 millions de dollars aux municipalités — celles
dont je vous parlais tantôt, là, ces coupes, là, qui les ont mises en colère, là — qu'elle
est marquée au sceau du désengagement de l'État à l'égard du développement local — ça
aussi, ça les a pas mal enragées — qu'elle
est marquée, l'histoire récente, au sceau, finalement, de ce qu'il n'est pas exagéré d'appeler la pire agression jamais
perpétrée contre les régions du Québec et leurs outils de développement?
Qu'est-ce qui est
arrivé, M. le Président, au CLD dans votre circonscription? Mesdames et
messieurs des banquettes d'en face, vous n'avez
rien entendu? Non? Pas de désagrément dans vos comtés? Tout le monde était content des CLD
disparaissant, privés de leurs moyens? Correct. Disparition aussi des centres
locaux de santé et de services
sociaux. Oui, le pouvoir et
les moyens qui s'éloignent des localités du Québec et des régions du Québec
pour se retrouver, ces pouvoirs et ces
moyens, à Québec seulement. Ça ne vous tenterait pas, une fois de temps en
temps, d'être des représentants de vos circonscriptions à Québec plutôt
que d'être des représentants de Québec dans vos circonscriptions?
Une
voix : ...
M. Rochon :
Non, ce n'est pas drôle. Ce n'est pas drôle. J'entends une députée rire, là,
mais c'est le contraire, c'est à
pleurer, tout ça, c'est à pleurer. On a agressé les régions du Québec
comme jamais. Je vous ai, hein, énuméré les faits
indéniables, là — c'est
avéré, tout ça, là — de
l'histoire récente. Elle trouve ça drôle. Bien, voyons donc!
Comment
ne pas, M. le Président, saisir, comment ne pas saisir, avec ce tableau,
là, pour toile de fond, du projet
de loi n° 110, le sentiment
qu'ont les travailleurs municipaux — mettez-vous à leur place, là — de payer pour cette agression du gouvernement? Les municipalités qui les
emploient ont été délestées de tous les outils pouvant stimuler leur développement. Un développement, ça s'accompagne
de meilleurs revenus, mais là les municipalités, elles n'ont plus d'autre choix que de couper leurs dépenses. Faute
du gouvernement. Faute du gouvernement. Les municipalités ont moins de revenus parce qu'elles ne peuvent plus
participer avec des moyens suffisants à leur développement. Elles doivent
couper leurs dépenses. Le
gouvernement, après avoir décidé de ne plus les aider pour croître, décide de
les appuyer pour décroître. Eh bien!
Ce
gouvernement-là, M. le Président, là, ce n'est certainement pas celui de
l'économie régionale, ce n'est certainement pas celui des régions du Québec, ce n'est pas celui des localités du
Québec, ça saute aux yeux. Ça saute aux yeux. D'ailleurs, c'est révélateur de voir que, pour vendre son
projet de loi, le ministre réfère à une étude de l'Institut de la statistique
du Québec sur l'écart de rémunération entre les employés de l'État
québécois puis les employés de la fonction publique municipale. Or, ce qu'il ne dit pas, c'est que cette analyse... Et là je
ne dis pas que les chiffres de l'Institut de la statistique ne sont pas bons, là, ce n'est pas ça. Mais il y a
un détail que le ministre oublie de mentionner, c'est que cette enquête, elle ne porte que sur les municipalités de
25 000 habitants et plus. Faisons un test. Dans ma circonscription,
M. le Président, il y a une seule
municipalité sur les 16 qui compte plus de 25 000 habitants.
Dans les vôtres, vos circonscriptions, combien y en a-t-il, de municipalités qui comptent plus de 25 000
habitants? Réfléchissez à ça, là. Moi, je trouve que ce n'est pas bête
de réfléchir à ça. Ce n'est pas bête.
Au
Québec, là, il n'y a pas que de grandes agglomérations. Il y a plein de petites
municipalités, plein de petites municipalités. Et, quand on analyse les
conventions collectives qui lient les municipalités membres de la FQM, où se retrouvent les plus petites municipalités, à leurs
employés, qu'est-ce qu'on voit? C'est que la rémunération des employés y est moindre que ce que présente l'étude. Les
marges de manoeuvre qu'il serait possible de dégager en ralentissant la croissance de la rémunération globale ne sont pas
aussi importantes qu'elles le sont pour les municipalités avec des centaines
ou même des milliers d'employés.
On
constate autre chose, c'est que les conditions sont généralement plus
généreuses dans les municipalités où est établie une grande entreprise offrant de très bons salaires. Bon,
peut-on s'en surprendre, hein? On appelle ça la... je pense, la loi du marché, vous connaissez bien ça, vous
autres, en face, là. Dans les municipalités en périphérie des municipalités
de plus grande taille, logique, notamment en banlieue de Montréal et de
Québec... et qu'à l'inverse, pour des raisons évidentes,
tout aussi évidentes, les salaires sont généralement moins élevés dans les
milieux dévitalisés. Constat serait déjà
pris en compte dans une certaine mesure, je ne dis pas entièrement, mais dans
une certaine mesure, la capacité de payer des contribuables.
Combien de temps
ai-je encore à ma disposition, M. le Président? Peu de temps, je crois, hein?
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Il vous reste exactement deux minutes.
M. Rochon :
Bon. Je veux revenir aux grandes villes. Ce n'est pas un défaut, là, ce n'est
pas un défaut, évidemment, d'être
maire d'une grande ville. Ce n'est pas un défaut non plus d'être attentif aux
discours des maires des grandes villes. Le ministre a donc entendu le maire de Québec affirmer, là, dans son
langage coloré, que, dans le régime actuel, le rapport de force est déséquilibré entre les municipalités
et leurs syndiqués. Il l'a entendu complimenter son courage de s'attaquer
à ce déséquilibre.
Si
le ministre était gardien du Code du travail, si c'était ça son job, là, M. le
Président, savez-vous quoi? Moi, je suis certain que son réflexe aurait été de se demander si le rééquilibre du
rapport de force applaudi par le maire de Québec, il ne l'était pas précisément applaudi parce que
venait d'être créé, par son projet de loi, un déséquilibre jouant clairement
contre l'autre partie, la partie syndicale.
Si le ministre était gardien du Code du travail, il se serait méfié sans doute
que le maire de Québec le trouve courageux. Vous me suivez, hein?
Le
problème, le ministre, il n'est pas le gardien du Code du travail. Savez-vous
qui est la gardienne du Code du travail?
Bien oui, la réponse est facile, c'est d'une logique, oui, absolue. La gardienne
du Code du travail, c'est la ministre du
Travail. Savez-vous quoi, M. le Président? Elle est tenue à l'écart de tout ça,
réduite au mutisme. Alors là, là, vraiment, là, rien ne va plus, que les
Québécois s'en aperçoivent, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : ...M. le député de Richelieu.
Et, compte tenu de
l'heure, les travaux sont suspendus jusqu'à 15 heures cet après-midi.
(Suspension de la séance à
12 h 59)
(Reprise à 15 h 2)
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Veuillez vous asseoir. Alors, l'Assemblée poursuit le débat sur l'adoption du principe du projet de loi
n° 110, Loi concernant le régime de négociation des
conventions collectives et de règlement des différends dans le secteur
municipal. Et je reconnais maintenant
M. le député de Châteauguay. À vous. Ah! pas Châteauguay, Beauharnois.
M. Leclair :
Juste à côté, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Non, non, non! Beauharnois, c'est à côté, mais ce n'est pas Châteauguay. M. le
député de Beauharnois, à vous la parole.
M. Guy Leclair
M. Leclair : Merci beaucoup, M. le
Président. Alors, M. le Président, aujourd'hui, nous débattons sur le projet de
loi n° 110, la loi concernant les régimes de négociation des
conventions collectives et règlement des différends dans le secteur
municipal.
M. le Président, à chaque fois qu'on passe un projet
de loi puis qu'on veut forcer, par
décret ou par loi spéciale, une loi
qui se dit vouloir régler plus de problèmes que d'en créer... Je comprends le législateur de tenter de dire : Bien, on va
mettre une loi puis on va venir en aide aux villes. Ça, c'est la trame de fond,
M. le Président.
Dans
ce projet de loi là, lorsqu'on le décortique — l'article par article viendra dans quelques semaines ou quelques
jours — on
voit des détails là-dedans qui ne font pas son sens. Qui ne fait pas son sens, M.
le Président, parce que, premièrement, lorsqu'on parle de modifier ce qui est applicable aux
pompiers et aux policiers puis on veut comparer ça à des travailleurs, à des travailleurs dans le monde
municipal, vraiment
c'est deux mondes totalement différents. On a une loi puis on dit : Là, on va vous régler le
sort; on n'aura plus de problème avec ça. En plus, c'est le ministre des Affaires municipales qui va aller jouer dans la paperasse, dans tout ce qui est règles de
travail du ministère justement du
Travail. Pourquoi?
Juste
en partant, là, sur le fond, M. le
Président, je comprends qu'on veut aider aux villes. Est-ce
que c'est de les aider, ce projet
de loi là? Permettez-moi d'en douter
encore, M. le Président. Parce
que, lorsqu'on me dit qu'avec une
loi spéciale ou un décret on va faire
des bonnes relations de travail, avec l'expérience que j'en ai dans le passé, M. le Président, il n'y a rien de mieux qu'une négociation avec les deux parties d'une table qui s'entendent. Parfois, c'est plus
long. Oui, parfois, je comprends certaine ville qui dit : Bien, je
pense que la négociation est trop longue, pour toutes sortes de bonnes ou mauvaises raisons, là. Lorsqu'on
négocie, on est deux côtés d'une table. Est-ce qu'on met tous les
efforts pour négocier, pour s'assurer
que ça ne soit pas trop long? Là, on peut en discuter, il n'y a
pas une négociation qui est pareille.
Quand je vois, ici, que le ministre des Affaires municipales va venir nommer des gens pour tenter de respecter
tout ce qu'il y a dans le Code du travail, tout régler une convention
collective... Là, il ne faut pas oublier, M. le Président,
on parle d'arbitre, d'arbitrage, de délais,
et tout, que le ministre des Affaires
municipales vient régler. J'entendais
une couple de collègues
nous dire, dans leur plaidoyer, de la part de la partie gouvernementale : C'est sûr, il va y avoir une négociation, ça va bien aller.
En partant, sur le fond, M. le Président,
lorsque le ministre des Affaires municipales, où est-ce que son rôle est d'appuyer les villes pour leur
donner tous les outils possibles, que ce soit monétaire, que ce soient des
règles, des changements de règle, pour s'assurer que toutes les villes, de la
plus petite à la plus grosse, ça tende d'être équitable...
C'est le rôle du ministre de faire ça. Puis là on dit qu'on va aller dans une
négociation, le ministre des Affaires municipales, lui, va se trouver
des gens, des arbitres.
Je vais vous dire les
titres, là, ça vaut la peine qu'on en parle, M. le Président. Ici, à la
page 7 du projet de loi, regardez bien
ça, M. le Président, une personne qui va être nommée par le ministre des
Affaires municipales, qui devra être neutre, parce qu'on parle d'une
convention collective, là, on va tenter de s'entendre. S'ils ne s'entendent
pas, la procédure est toute décrite, je
pense que plusieurs de mes collègues l'ont décrite : 120 jours pour
s'entendre, 60 jours puis un
30 jours possible d'extension, blabla, je vous saute ces détails-là, M. le
Président, mais on dit que le ministre des Affaires municipales va
trouver des gens pour faire ce comité-là, lui. Puis ces gens-là, là... Écoutez
ça, M. le Président, à la page 7 du
projet de loi, cette personne-là ne peut être ou avoir été employée de ladite
ville, dirigeant, ne peut être... pour tenter
de garder un côté... dire : On n'avantagera pas. Il y en a d'autres. Il ne
peut pas être un représentant d'un employeur du secteur municipal, il ne peut pas être un représentant des salariés
de ce secteur non plus. Donc, grosso modo, la personne, il faut qu'elle ait une certaine expérience, une
certaine expertise, mais il ne faut pas qu'elle connaisse le dossier actuel
qu'on va traiter en ce moment. Mais elle a
une certaine expérience dans cette sphère-là. Moi, j'appelle ça un arbitre, un
arbitre déjà prévu dans le Code du travail.
Là,
on dit que le ministre des Affaires municipales va nommer ces gens-là. Ça va-tu
être vraiment neutre? Je ne veux pas mettre en doute la parole du
ministre, j'imagine qu'il va tenter que ce soit neutre. Il n'y a pas une
meilleure personne qui peut négocier des
ententes de ces salariés, autant des cadres, autant des salariés, que la
personne qui y travaille, la personne qui connaît de fond en comble la
compagnie ou la ville, dans ce cas-ci. Là, on va prendre des gens de l'extérieur, des gens de l'extérieur qui vont
venir voir les demandes des deux, puis ils vont dire : Je n'ai pas trop
une grosse expérience, parce que, là, moi, je ne fais pas partie des
Normes du travail... Parce que, M. le Président, c'est déjà tout pensé, là, on n'a pas inventé la roue, là,
aujourd'hui, là, pas du tout, là, c'est déjà dans le Code du travail. Des
arbitres, lors des conventions collectives,
les deux côtés, syndical et patronal, s'entendent sur une liste de sept, huit
arbitres. Est-ce qu'ils font notre affaire? Pour toutes sortes de
raisons, lui moins, lui oui, lui non. On définit une liste, des deux côtés de la table, puis, si jamais on a à se rendre en
arbitrage, on choisit parmi ceux qui sont disponibles dans cette liste-là.
C'est déjà prévu. Pourquoi qu'on réinvente la roue ici?
Puis
en plus on prend des gens qu'il ne faut pas qu'ils aient les connaissances du
dossier. On pourrait prendre un arbitre
qui, lui, ne fait que des conventions collectives pour les villes, il est déjà
prévu dans les normes. Pourquoi aller réinventer?
Ça
n'a pas de sens, M. le Président, je suis désolé. Ce bout-là, je trouve qu'on
prend la partie du ministre des Affaires
municipales, on joue dans les platebandes du ministre du Travail puis on veut
réinventer un système. Je ne vous dis
pas que le monde municipal, en ce moment, ils n'ont pas besoin d'aide, je ne
dis pas ça du tout. Je dis juste que le chemin qu'on prend pour tenter
de solutionner certains problèmes...
Puis,
encore là, c'est du mur-à-mur, un projet de loi, il n'y a pas d'exception à la
règle, c'est du mur-à-mur pour toutes
les municipalités. Donc, M. le Président, comment qu'on peut sortir un projet
de loi où est-ce que... Un petit village, une plus petite ville n'a jamais les mêmes problématiques qu'une grande
ville. Je peux comprendre le maire de Québec, le maire de Montréal, ils ont des masses salariales terribles, c'est des
grandes villes. Ils ont sûrement des problèmes différents que la ville de Beauharnois ou la ville de
Valleyfield, qui sont des plus petites... à plus petite échelle. Alors, un
projet de loi qui règle le sort de tout le monde avec tout le monde,
toutes les municipalités, qui ont différents enjeux...
• (15 h 10) •
La
preuve est déjà faite, on a déjà fait une étude. L'étude, c'est l'étude de
M. Thérien — je l'ai
avec moi, M. le Président. Il y a une
étude qui a été faite parce que tous s'entendaient, municipalités ainsi que
travailleurs, pour dire que les
délais étaient souvent trop longs
dans le cas des pompiers et des policiers. Alors, cette étude-là, il y avait...
Je pourrais tout vous nommer les
participants, là, puis je pense que ce n'est pas nécessaire pour aujourd'hui, mais, cette étude-là, le compte rendu du 4 mai 2012,
il y a des recommandations qui sont unanimes, unanimes du côté patronal, du
côté des municipalités et des travailleurs, tous ont convenu que ces règles-là
diminueraient les délais. Pourquoi qu'on n'a pas pris ces recommandations-là? On n'avait pas besoin de refaire un projet de loi, où est-ce que je pense qu'on va créer d'autres
problématiques plus que d'en résoudre.
Le
but premier est de tenter d'aider aux villes, bien entendu. Je reste convaincu,
M. le Président, que, lorsqu'une loi ou
un décret fait rentrer des hommes et des femmes au travail, parfois c'est
triste, mais on paie longtemps, parce
que les gens rentrent au travail de
reculons. Croyez-moi, M. le Président, lorsqu'on négocie de
bonne foi, avec des bonnes ententes et un raisonnement, sans une loi, on a beaucoup
plus de chances... parfois, ça va
être un peu plus long, bien entendu, mais on a beaucoup plus de chances
que des relations de travail soient saines à l'intérieur de la municipalité.
Puis,
comme plusieurs ont répété, de mes collègues, durant le débat, les plus petites
municipalités ou la majeure partie des municipalités, ils n'en ont
pas, de problème. On attaque avec un grand projet de loi pour solutionner
peut-être 10 % de
problème, puis j'exagère quand je dis 10 %, M. le Président.
Alors,
bien entendu, on pourrait en parler
pendant des heures, de ce projet-là,
de ce projet de loi là n° 110. Je pense qu'à l'article par article, M. le ministre, il va y avoir de l'ouvrage à faire, parce que
je pense que ce projet de loi là interfère avec les normes du travail. Le ministre
du Travail, gardez ce que vous
contrôlez avec les municipalités, donnez ça dans les mains des gens qui sont déjà là, il y a déjà des normes du
travail qui prévoient toutes ces clauses-là. Si on veut changer les dates, donnez ça au ministre du Travail.
Occupons-nous, à la place... Pour aider nos villes, prenons ce qui vient de se
faire, la commission Charbonneau nous donne plein de recommandations. Les villes, c'est ça qu'elles veulent, du souffle, du contrôle, un
peu plus d'argent.
Donc, prenons le gaspillage qu'on a, là, en tant que ministre des Affaires municipales, là, ramassons
tout ce gaspillage-là, donnons-le aux villes, on ne s'obstinera plus pour
savoir si la secrétaire a besoin d'un projet de loi pour trouver ses
ententes de convention collective. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Alors, M. le député de Beauharnois,
merci de votre intervention. Je suis
prêt à entendre ou reconnaître la
prochaine intervenante, ou intervenant. Je reconnais maintenant
M. le député de Rimouski, qui a
envie de se lever. Alors, s'il concrétise son envie, je vais lui donner la
parole. M. le député de Rimouski, à vous la parole.
M. Harold LeBel
M. LeBel :
Envie de se lever, oui. Merci, M. le Président.
Je
ne suis pas un spécialiste dans le domaine du Code du travail. J'ai écouté beaucoup
les gens chez nous, dans le comté, plusieurs
m'en ont parlé, les syndicats, bien
sûr, des travailleurs, le monde municipal aussi. Ça fait que ça me fait plaisir d'intervenir aujourd'hui sur le projet de loi n° 110, qui est un projet qui modifie certaines
règles applicables à la négociation des conventions collectives et au règlement
des différends dans le secteur municipal.
Ce
que j'en comprends, du projet de loi, c'est que c'est la contrepartie du pacte fiscal
2016-2019, qui a fait diminuer de 1,2 milliard les sommes dévolues au milieu municipal en échange de la signature de
l'entente. La Loi concernant le régime de négociation des conventions
collectives et de règlement des différends dans le secteur municipal, c'est un genre de deal, donc moins de revenus de Québec
en échange de nouveaux moyens de faire baisser les dépenses des villes
pour rééquilibrer. En somme, c'est de prétendre que l'unique cause de l'état de
la situation financière et fiscale des municipalités, et qui pèse sur les contribuables, découle des
conditions de travail des salariés syndiqués et non pas d'un manque de
financement de son partenaire, l'État québécois.
C'est
une loi qui, selon le ministre, donne plus d'autonomie aux municipalités — on pourra revenir — une loi qui règle un problème fondamental pour les 1 100 municipalités
au Québec. Juste rappeler : Dans le Bas-Saint-Laurent, aucun conflit de travail les 15 dernières
années. Où les petites municipalités s'entendent, c'est une loi qui pourrait
venir briser la bonne entente dans
beaucoup de petites municipalités, où les travailleurs et les employeurs se
connaissent, se côtoient régulièrement, ça pourrait venir déstabiliser
ces petites municipalités là.
L'objet
de la loi, c'est de régler 95 % des contrats sans conflit. Aujourd'hui, ce
qu'on nous dit, c'est qu'il y a 96,4 % des contrats qui sont faits
sans conflit avec les outils actuels du code. Bref, pourquoi tout ça?
On nous dit aussi
que... Le ministre nous dit en entrevue qu'il veut opérer une grande
décentralisation dans le milieu municipal en
changeant le mode paternaliste du gouvernement pour devenir un gouvernement partenaire. Mais,
s'il y a quelque
chose en région qui n'est pas cru,
c'est que c'est un gouvernement partenaire. Dans tous les domaines, on n'a jamais vu un gouvernement aussi centralisateur. Quand j'entends, de la
bouche d'un membre de ce gouvernement-là, parler de décentralisation... C'est un
gouvernement qui est très paternaliste, très centralisateur, qui est très porté
sur le mur-à-mur, tout le monde pareil. Je rappelle la réponse d'un certain ministre,
à un moment donné, à une question d'un de
mes collègues sur ce qui se passait en Gaspésie en transport.
Le ministre de lui répondre : C'est à Québec
que ça se passe, c'est à Québec
qu'on prend les décisions. C'est un gouvernement qui fonctionne comme ça dans tous les domaines.
Depuis la fin des CRE, depuis la fin des conseils régionaux d'élus, on centralise beaucoup.
On a aboli les CLD. On a voulu donner
des pouvoirs aux municipalités, mais on les a embourbées dans un... on a coupé
les vivres puis on les a embourbées dans un système de paperasse qui est
très, très, très paternaliste.
La
loi n° 106, on est en train de le voir, là, sur les hydrocarbures, on
passe par-dessus la tête de nos élus. Les élus résistent, ripostent. Et je ne parle pas de toute la réforme en santé et
services sociaux, où on a comme centralisé autour du ministre presque toutes les décisions. On
pourrait en nommer plusieurs. Je le dis, c'est un gouvernement qui ne peut
pas parler vraiment de décentralisation,
c'est un gouvernement le plus centralisateur qu'on n'a jamais connu. Et c'est
un gouvernement qui... comme je le
disais, il veut régler certaines problématiques, mais, en région, on ne les
connaît pas. Je répète, aucun conflit dans le Bas-Saint-Laurent dans les
15 dernières années.
Ce que j'en
comprends, c'est que les élus ont voulu demander le pouvoir de décréter les
conditions de travail. Avec une telle possibilité... Je n'en veux pas aux élus.
Certains ont pu espérer de pouvoir recommencer une convention collective sur une page blanche, bref, de réinventer le travail,
mais la réalité, ce n'est pas ça dans nos régions.
C'est
un projet de loi bricolé, sans consultation, pour faire avaler
300 millions de coupures aux municipalités. C'est un chèque en blanc au ministre des Affaires municipales, qui
bafoue les responsabilités du ministère du Travail. Les municipalités
réclament des dizaines de modifications, et les syndicats sont unanimement
contre.
Le
gouvernement doit refaire ses devoirs afin de trouver une solution qui est
rassembleuse. Le gouvernement doit aller vers ça. C'est le rôle de
l'État, d'aller vers des solutions qui rassemblent le plus possible.
Et
le gouvernement doit continuer à lutter contre la corruption. La croissance des
dépenses des municipalités a diminué
en 2014 grâce aux lois anticorruption du gouvernement du Parti québécois. Il
faut toujours le répéter. Plutôt que de
s'acharner sur les employés municipaux, parce que c'est de l'acharnement, à mon
avis — on peut
parler du projet de loi n° 3 et au projet de loi n° 15 — le
gouvernement devrait se concentrer sur la mise en oeuvre des conclusions de la
commission Charbonneau.
Je
ne siégerai pas sur la commission pour l'article par article. J'ai confiance en
mes collègues de faire entendre le bon sens au gouvernement. Merci, M.
le Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Alors, je vous remercie, M. le député de
Rimouski. Je suis prêt à entendre d'autres
intervenants, s'il y en a qui se manifestent. Je n'en vois pas. Alors, en
conséquence, cette dernière intervention met fin au débat.
Mise aux voix
C'est-à-dire que le
principe du projet de loi n° 110, Loi concernant le régime de négociation
des conventions collectives et de règlement des différends dans le secteur
municipal, est adopté?
Des voix :
Adopté.
Des voix :
Sur division.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Adopté sur division. Mme la leader adjointe du
gouvernement, veuillez poursuivre.
Renvoi à la Commission de
l'aménagement du territoire
Mme Vien :
Oui. Alors, M. le Président, conformément à l'article 243 du règlement, je
fais motion afin que ce projet de loi soit déféré à la Commission de
l'aménagement du territoire pour son étude détaillée, s'il vous plaît.
Mise aux voix
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Est-ce que cette motion est adoptée?
Des voix :
Adopté.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Alors, cette motion est adoptée. Alors,
à vous, à nouveau, la parole pour la suite des choses.
• (15 h 20) •
Mme Vien :
Oui, merci, M. le Président. Veuillez appeler l'article 15, s'il vous
plaît.
Projet
de loi n° 104
Adoption du principe
Le
Vice-Président (M. Gendron) : À l'article 15 du feuilleton de ce
jour, c'est M. le ministre du Développement durable, de l'Environnement et de la Lutte contre les changements
climatiques qui propose l'adoption du principe du projet de loi n° 104, Loi visant l'augmentation du
nombre de véhicules automobiles zéro émission au Québec afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre et autres
polluants. Je suis prêt à reconnaître les interventions et je vois M. le
ministre. Alors, M. le ministre, à vous la parole.
M. David Heurtel
M.
Heurtel : Merci, M. le Président. C'est avec enthousiasme que je vous
annonce que nous en sommes maintenant arrivés
à l'étape de l'adoption du principe du projet de loi n° 104, intitulé Loi
visant l'augmentation du nombre de véhicules automobiles zéro émission
au Québec afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre et autres
polluants.
Lors
des consultations sur le projet de loi, qui se sont tenues du 16 au
23 août dernier, 23 groupes, associations ou individus ont été entendus. J'en profite pour
exprimer ma reconnaissance à l'ensemble des intervenants rencontrés. L'objectif de cette commission parlementaire était
de poursuivre les échanges avec les
différents acteurs afin d'obtenir à
nouveau le pouls de chaque intervenante et intervenant
afin de voir ensemble les pistes nous permettant d'améliorer le projet
de loi et le cadre réglementaire qui l'accompagnera.
J'ai
également été agréablement surpris de recevoir diverses recommandations afin de
verdir le parc automobile en général et de mieux soutenir la filière des
véhicules électriques. Les échanges ont été très positifs, et j'ai été à même de constater la volonté de tous et chacun de
travailler avec le gouvernement de façon constructive. Leurs commentaires
sont pris en compte dans le projet de loi tel que présenté aujourd'hui.
Je
vous rappelle que l'objectif derrière le projet de loi n° 104, une
première au Canada, est de stimuler l'offre de véhicules zéro émission, VZE,
afin de permettre aux consommateurs québécois d'accéder à un plus large
éventail de véhicules branchables pouvant
répondre à leurs différents besoins. Ce projet de loi s'inscrit dans la lignée
des grands projets mobilisateurs de
notre gouvernement. Il est en droite ligne avec notre vision d'un Québec
propulsé dans l'économie du XXIe siècle, une économie moderne,
innovante, prospère et sobre en carbone.
Comme
vous le savez, les impacts des changements climatiques sont bien réels sur
notre santé, notre environnement et
notre économie. Il y a urgence d'agir. Comme gouvernement, nous avons la
responsabilité de mettre en place des mesures, notamment législatives et réglementaires, pour nous permettre de
contribuer à l'effort mondial de réduction d'émissions de gaz à effet de
serre.
Le
leadership du Québec en matière de lutte contre les changements climatiques est
bien établi. Notre présence remarquée
à la conférence de Paris en décembre dernier ou encore nos actions novatrices
en la matière, dont le marché du carbone
Québec-Californie, qui est le plus grand marché du carbone en Amérique du Nord,
auquel se joindra l'Ontario l'année
prochaine et auquel pourrait se joindre très bientôt également le Mexique suite
à un accord historique que nous avons
conclu avec ce pays il y a quelques semaines... Nous voyons qu'aujourd'hui,
avec également des engagements, telle
l'Alliance des États fédérés et des régions, dont nous assumons la présidence,
ou encore l'Alliance internationale sur
les véhicules zéro émission... tout ça sont autant d'exemples qui nous
permettent de dire aujourd'hui que le Québec est véritablement un leader en matière de lutte contre les changements
climatiques. Alors, il n'est pas surprenant d'entendre que la lutte
contre les changements climatiques est une priorité de notre gouvernement.
Le
Québec a adopté une cible ambitieuse de réduction des émissions de GES pour
2030 de l'ordre de 37,5 % par rapport
à 1990. Il s'agit de la cible la plus ambitieuse au Canada, mais c'est une
cible cohérente avec l'urgence d'agir et avec notre volonté de développer le Québec de façon moderne, durable et
responsable. Cette cible constitue par ailleurs une étape vers l'atteinte de l'objectif identifié par le Groupe
d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, le GIEC, pour les pays industrialisés et repris dans
le protocole sur le leadership climatique mondial, le Under 2 MOU
Coalition, auquel le Québec a adhéré
en juillet 2015 lors du sommet de Toronto sur le climat, soit une
réduction de 80 % à 95 % de nos émissions d'ici 2050.
Nous
sommes au début de la fin de l'ère des hydrocarbures, mais ça veut dire
également que nous sommes au début du
début d'une nouvelle ère moderne durant laquelle nous devrons avoir
complètement délaissé le pétrole. Notre monde et nos sociétés ont déjà pris ce virage vers une économie plus
sobre en carbone. Parmi les moyens pour atteindre ces objectifs, il y a bien sûr le Plan d'action
2013-2020 sur les changements climatiques et le marché du carbone. Le Québec
s'est aussi donné une multitude d'outils
complémentaires afin de poursuivre sa transition vers une économie moderne,
prospère et sobre en carbone, dont le Plan
d'action en électrification des transports 2015-2020, qui a été lancé l'automne
dernier, et la Politique énergétique 2030,
auxquels s'ajoute notamment la Stratégie gouvernementale de développement
durable 2015-2020.
Si l'on regarde le
bilan des émissions de GES du Québec depuis 1990, on peut constater qu'on a
réduit nos émissions de 8,6 % sous le
niveau de 1990 en 2013 et qu'on a réussi à réduire nos émissions dans presque
tous les secteurs au Québec. Mais,
dans le secteur du transport, on a vu les émissions augmenter de presque
25 % depuis 1990. Le secteur du
transport est responsable de 43 % des émissions totales du Québec. Bien
que les normes d'efficacité énergétique des véhicules aient été
augmentées dans les dernières années, cela ne suffira pas à réduire les
émissions de GES dans ce secteur. Il faut une action forte et cohérente afin de
réduire nos émissions dans le secteur, et, en cela, le Plan d'action 2013-2020 sur les changements climatiques comprend
une série de mesures allant du soutien au transport collectif et au
transport alternatif, à l'amélioration de l'efficacité énergétique, ou encore
de l'intermodalité.
Parmi
les priorités de notre gouvernement en matière de transport, il y a
l'électrification des transports. Tel que l'a mentionné notre premier ministre lors de la COP21 à Paris,
l'électrification des transports est un projet de société pour une économie plus verte et créatrice d'emplois.
Pour augmenter le nombre de véhicules électriques sur nos routes, notre
gouvernement a mis en place diverses politiques et mesures. Nous avons
notamment mis en place des programmes d'aide à l'achat pour les consommateurs,
les municipalités et les entreprises, le programme Roulez électrique pour le
remboursement de bornes de recharge à domicile ou au travail, en plus
d'installer des bornes de recharge dans des endroits
densément peuplés et le long des axes routiers les plus achalandés, en plus de
l'accès aux voies réservées pour ce type
de véhicule. Or, ces politiques publiques ont donné les effets escomptés, tant
en ce qui a trait à l'augmentation du nombre
de véhicules électriques sur le territoire que dans le développement de la
filière du transport électrique. Aujourd'hui, c'est au Québec que roulent près de la moitié des véhicules électriques
du Canada et que l'on retrouve le plus grand réseau de bornes de
recharge.
Dans le cadre
du Plan d'action en électrification des transports 2015-2020, lancé le
9 octobre 2015, le Québec s'est
fixé une cible de 100 000 véhicules branchables immatriculés d'ici
2020. Le parc de véhicules légers québécois est actuellement d'environ 5 millions. Il s'est vendu en 2015 près de
423 000 voitures neuves. Au 31 août 2016, on dénombrait
11 619 véhicules zéro émission, ou
VZE. Même si la plupart des grands constructeurs automobiles sont maintenant
présents sur le marché des VZE, le
nombre des modèles disponibles au Québec est encore trop limité. En effet, les
consommateurs de la Californie peuvent compter sur 10 modèles
offerts de plus qu'au Québec.
Alors, si
nous voulons nous donner toutes les chances d'atteindre notre objectif de
100 000 VZE en 2020, nous devons
faire plus. C'est là qu'une loi sur les véhicules zéro émission peut jouer un
rôle très important. Plusieurs études ont
d'ailleurs démontré que, lorsqu'on ajoute une loi zéro émission à un éventail
de mesures en matière d'électrification des transports, une telle loi a un effet multiplicateur et contagieux,
ce qui en... permet d'amplifier l'impact des mesures en électrification.
Par ailleurs,
la réglementation a déjà fait ses preuves. 10 États américains, dont la
Californie et plusieurs États du
nord-est des États-Unis représentant près du tiers du marché automobile
américain, ont déjà adopté une réglementation VZE similaire à celle que propose le Québec. C'est donc dire que non
seulement l'offre de VZE a augmenté dans ces États, mais on y a aussi
noté d'autres avantages, comme une baisse des prix, rendant les véhicules VZE
plus abordables.
D'abord, le
projet de loi vise les constructeurs automobiles, et cela, c'est très important
de bien le comprendre. Les concessionnaires automobiles, bien qu'ils
soient des intermédiaires entre les consommateurs et les constructeurs automobiles, ne seront pas visés par la loi. Ce
sont les constructeurs qui seront ultimement responsables de l'atteinte de
ces cibles. Le raisonnement derrière le
projet de loi VZE, c'est de dire : Le gouvernement a fait des efforts et
va continuer à en faire, mais
maintenant c'est au tour des constructeurs. Il doit y avoir un effort accru de
leur part pour offrir des VZE, et les constructeurs doivent encourager
les concessionnaires et les épauler dans la vente des véhicules électriques. C'est ça, le but. Ce n'est pas de nuire aux
concessionnaires mais bien de rendre responsable l'industrie automobile de
livrer une partie des efforts qu'on doit ensemble réaliser en matière de
lutte contre les changements climatiques.
Le projet de
loi vise les constructeurs qui vendent ou qui louent plus de 4 500
véhicules neufs en moyenne par année, tous modèles confondus. Cela
représente 99 % du marché québécois et sensiblement les mêmes
constructeurs automobiles qui sont
assujettis à une loi semblable aux États-Unis. Les constructeurs qui vendront
moins de 4 500 véhicules neufs
par année ne seront pas assujettis à une norme VZE. Ils pourraient toutefois y
participer de manière volontaire et vendre des crédits.
• (15 h 30) •
À partir de l'année modèle 2018, un
constructeur automobile aurait à respecter une cible de vente de VZE déterminée par le gouvernement et transposée
sous forme de crédits. Cette cible serait calculée en appliquant un pourcentage
au nombre total de véhicules légers que chaque
constructeur vendrait au Québec. L'exigence de crédits est donc variable d'un constructeur à l'autre. Chaque vente ou
location d'un VZE reconnu par la réglementation lui rapporterait des crédits dont le nombre varierait en fonction de l'autonomie en mode électrique du véhicule. Plus celui-ci aurait
d'autonomie, plus le constructeur
obtiendrait de crédits, ce qui lui permettrait d'atteindre sa cible plus rapidement.
C'est d'ailleurs une préoccupation qui a été exprimée lors
des consultations, et nous l'avons entendue.
Rappelons que
le but visé de la norme VZE est de stimuler le marché automobile pour qu'il
conçoive davantage de modèles et qu'il utilise des technologies de plus en plus efficaces et avant-gardistes. La norme prévoit
une augmentation graduelle de la part de marché des VZE jusqu'à
environ 15,5 % des ventes en
2025, en complément aux véhicules traditionnels.
Pour atteindre leur cible, les constructeurs automobiles devront s'assurer que
les VZE qu'ils offrent sont attrayants
et qu'ils sont offerts là où se trouve la demande. Les pourcentages, donc, de
3,5 % pour 2018 pour graduellement se rendre à 15,5 % en 2025, ce n'est pas pour le concessionnaire,
ce n'est pas pour une région, mais c'est vraiment pour l'ensemble du
Québec.
Il était
important pour nous que ce projet de loi puisse avoir une certaine flexibilité
faisant en sorte que l'offre de VZE
se trouve là où se trouve la demande. Les petits constructeurs qui ne sont pas
assujettis ainsi que les constructeurs les plus performants pourraient
également retirer un gain financier en vendant leurs crédits excédentaires
à d'autres constructeurs qui devraient en acheter pour éviter les redevances
prévues par règlement ou encore en les conservant pour leurs besoins futurs.
Les exigences s'appliqueraient pour la première fois à l'année modèle 2018.
Toutefois les constructeurs pourraient
accumuler des crédits pour les années modèles 2016 et 2017 sans obligation
réglementaire et pourraient donc les
utiliser pour leur conformité les années subséquentes. Cette approche permet
aux constructeurs de se préparer. De
plus, les crédits-bonis permettraient de récompenser les constructeurs offrant
déjà des VZE dans la province et
stimuleraient les autres à bonifier leur offre rapidement. Les types de
véhicules qui seraient admissibles à des crédits seraient les véhicules
légers de promenade et pouvant circuler sur le chemin public : soit les
véhicules entièrement électriques,
dont ceux qui fonctionnent à l'hydrogène; les véhicules hybrides rechargeables,
qui sont, comme nous l'avons entendu en commission parlementaire, des
véhicules de transition importants vers une mobilité sans carbone. En fait, la définition des véhicules admissibles se doit de
refléter clairement notre désir pour les VZE mais, si possible, sans limiter
l'inclusion de technologies qui pourraient
être offertes à l'avenir. Qui sait ce qu'ils nous réservent? Voici donc une
autre suggestion de nos participants
à la commission. Pour ce qui est des motocyclettes et des cyclomoteurs, ils ne
sont pas visés actuellement par le projet de loi.
La mise en
place d'une norme VZE comporte de nombreux avantages, notamment en matière de
protection de la santé publique et de
l'environnement. Plusieurs intervenants rencontrés lors des consultations l'ont
d'ailleurs mentionné. Au Québec, le
transport routier génère à lui seul 34 % des émissions totales de gaz à
effet de serre au Québec. Ce secteur émet
également un nombre de polluants atmosphériques qui causent le smog urbain et
qui contribuent aussi à l'aggravation de problèmes liés aux maladies
pulmonaires et cardiovasculaires.
Du point de
vue de la santé publique et de l'environnement, l'équation est assez
simple : moins nous aurons de véhicules polluants sur nos routes,
plus la qualité de l'air s'améliorera, et plus on y verra des bénéfices.
Une norme VZE
aura un effet sur la réduction des émissions de GES, puisque le pétrole est
remplacé en tout ou en partie par
l'électricité dans les véhicules branchables. Et cette énergie est produite à 99,5 %
à partir de sources d'énergie renouvelable au Québec, et n'émet donc pas de
GES. Au total, plus de 506 000 tonnes d'émissions de GES seraient évitées par l'adoption d'une réglementation VZE
pour l'ensemble des véhicules des années modèles de 2018 à 2025 qui
remplaceraient les véhicules traditionnels.
En bref, ce que veut dire une norme VZE pour
l'environnement, c'est un parc automobile plus propre et plus performant; une réduction des émissions de GES du
secteur des transports, qui est, rappelons-le, responsable de plus de 43 % des émissions québécoises; une
contribution à l'atteinte des cibles québécoises de réduction de GES et au
respect des engagements internationaux du Québec en la matière; et une
amélioration de la qualité de l'air.
Si une norme
VZE comporte des avantages environnementaux indéniables, elle représente aussi
une opportunité de création de richesse en donnant l'occasion de
renforcer la filière du transport électrique au Québec.
Nous
visons, au Québec, le développement d'une filière industrielle forte et
dynamique en électrification des transports. L'augmentation du nombre de VZE sur les routes du Québec nécessite un
réseau de recharge plus étendu et plus dense. Le secteur de la fabrication des bornes de recharge sera favorisé par l'adoption
d'une norme VZE, que les bornes soient pour
la création des réseaux ou pour un usage résidentiel. Les commerçants et les
entreprises spécialisés dans l'installation de bornes de recharge en
tireront profit également.
Nous avons
déjà, au Québec, une solide base industrielle en transport terrestre :
31 000 emplois directs et indirects dans plus de 650 entreprises, dont plusieurs sont de classe
internationale. On pense notamment à Bombardier Transport, Paccar, Bombardier Produits récréatifs,
Nova Bus, Prévost Car, et les autobus scolaires électriques eLion.
Notre expertise dans les technologies
de la motorisation électrique et des systèmes de recharge est bien établie.
Nous avons des entreprises qui conçoivent et fabriquent des composantes
pour les véhicules électriques, par exemple AddÉnergie, compagnie de Québec, qui est devenue un leader canadien des
solutions de recharge pour les véhicules électriques; B3Cg Interconnect, qui se spécialise dans les assemblages de câbles, harnais et
montages électromécaniques complexes; Elmec, qui fait des bornes de recharge pour usage résidentiel,
commercial et industriel; LTS Marine, qui s'occupe de groupes
motopropulseurs électriques. La norme VZE viendra créer une demande
additionnelle pour ces entreprises.
En bref, une
norme VZE a pour effet de créer une demande additionnelle pour nos entreprises
qui fabriquent et installent des
bornes de recharge, que ce soit pour la création de réseaux de recharge ou pour
un usage résidentiel, qui conçoivent
et fabriquent des composantes pour les véhicules électriques, qui développent
une expertise de pointe pour l'entretien
de véhicules. Ça va stimuler la recherche et l'innovation technologique et aura
aussi pour effet de bonifier les formations offertes aux jeunes dans des
technologies de pointe.
La norme VZE,
comme nous avons pu le constater dans les États qui ont mis en place une telle
réglementation, aurait pour effet de
favoriser le consommateur, et ce, de plusieurs façons. Une loi VZE augmente
l'offre de modèles de VZE disponibles
sur le marché et, par conséquent, rend plus attrayant l'achat de véhicules zéro
émission pour les consommateurs. Le
rêve du consommateur d'acheter un véhicule électrique devient désormais
accessible. Il faut détruire le mythe selon lequel l'achat d'un véhicule
électrique coûte plus cher pour le consommateur. Un véhicule conventionnel
représente aussi des coûts d'entretien
importants pour celui-ci. Il ne faut pas oublier non plus qu'à l'instauration
d'une norme VZE s'ajoute la poursuite
des programmes d'aide gouvernementaux à l'achat pour les consommateurs, les
municipalités et les entreprises — on pense notamment au
programme Roulez électrique — et de remboursement des bornes de
recharge à domicile et au travail, sans
compter l'installation de bornes de recharge dans les endroits densément
peuplés et le long des axes routiers les plus achalandés. Tout cela
continue à s'appliquer.
Alors, ce
qu'une norme VZE signifie concrètement pour le consommateur, c'est plus de VZE
disponibles sur le marché, plus de
choix de modèles de VZE et des véhicules plus performants, une baisse de prix
compte tenu d'une plus grande
concurrence et de la nécessité pour les constructeurs de se conformer, des
économies d'essence et d'entretien, une diminution des délais d'attente pour obtenir un VZE. En somme, toutes
les Québécoises et tous les Québécois profiteraient du projet de loi VZE. Une réduction de notre
dépendance au pétrole se traduirait par des retombées économiques, dont un impact positif sur notre balance commerciale.
Actuellement, le Québec importe la quasi-totalité des hydrocarbures
qu'il consomme.
• (15 h 40) •
Et, en plus de contribuer positivement à la
balance commerciale, l'électrification des transports permettra de substituer par de l'énergie propre produite au
Québec les hydrocarbures, dont l'exploitation à l'étranger comporte une forte empreinte carbone et dont le transport
implique de plus grands risques environnementaux. Les coûts de santé publique
diminueraient grâce à
un air plus sain. Nous profiterions d'un milieu de vie de meilleure qualité notamment
par la réduction du bruit et des îlots de chaleur. Nous exploiterions
encore plus judicieusement notre électricité propre au bénéfice de l'économie
d'ici, et, encore une fois, le Québec affirmerait son leadership notamment
pour attirer des investissements dans l'économie de demain.
M. le Président, développer une économie plus sobre en carbone, c'est une tendance que
nous observons à l'échelle mondiale, et le Québec doit continuer d'y
prendre part. Parler de lutte contre les changements climatiques, c'est
dorénavant parler d'économie moderne. Au Québec, l'électrification des
transports est un bon exemple de ce qu'une transition
vers une économie verte peut apporter en matière de développement économique
durable. Et, s'il y a un endroit sur
la planète où ce virage s'avère possible et payant, c'est bien au Québec. Nous
avons une énergie propre, renouvelable et
disponible; un savoir-faire reconnu mondialement dans la production et le
transport de l'électricité ainsi que dans le développement des technologies connexes, notamment en motorisation
électrique, batteries et systèmes de recharge; une base industrielle en
transport terrestre forte qui compte plus de 650 entreprises et génère plus de
30 000 emplois; une main-d'oeuvre
qualifiée et des centres de recherche reconnus mondialement. À nous de profiter
de ces atouts et de faire preuve de
leadership, de vision et d'audace. C'est ce que nous faisons avec ce projet de
loi, que nous souhaitons vivement voir adopter au plus tôt.
Nous visons à
ce que les constructeurs commencent à déclarer leurs ventes de VZE dès 2017.
L'urgence d'agir en matière de lutte
contre les changements climatiques doit dicter nos actions et notre agenda.
Nous ne pouvons plus tarder à mettre
en place des mesures structurantes afin de réduire nos émissions et ainsi
participer à l'effort mondial de lutte contre les changements
climatiques.
Nous devons
ensemble préparer l'avenir dès aujourd'hui. Investir dans l'électrification des
transports, c'est justement investir
dans l'avenir, c'est investir dans un Québec moderne, celui de nos enfants. M.
le Président, faisons-le pour eux. Merci.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Alors, on vous remercie, M. le ministre,
de votre intervention sur le principe du projet de loi. Et pour la
poursuite du débat je reconnais maintenant le porte-parole de l'opposition
officielle en ces matières, M. le député de Terrebonne. M. le député de
Terrebonne, à vous la parole.
M. Mathieu Traversy
M.
Traversy : Merci beaucoup, M. le Président. Tout d'abord vous
dire à quel point nous sommes heureux de voir enfin un projet de loi
zéro émission déposé ici, à cette Assemblée nationale.
Le Parti québécois, comme vous le savez, M. le
Président, est un allié inconditionnel de l'électrification des transports au Québec. Vous avez déjà, dans un
passé pas si lointain, participé à la création d'une telle transition, dans un
gouvernement, de 2012 à 2014, et je suis
heureux de voir que certaines des propositions du Parti québécois de cette
époque, notamment de la députée de
Vachon, actuellement ici, élue en poste à l'Assemblée nationale, et du député
de Jonquière par leur projet de loi
n° 392, aient pu être reprises par le gouvernement. Nous avons donc offert
toute notre collaboration au gouvernement pour essayer de bonifier le
projet de loi, le rendre le plus intéressant possible. Et nous avons écouté avec attention l'ensemble des acteurs qui sont
venus se présenter devant la commission. Saluer, en passant, quelques-uns
d'entre eux qui sont venus :
Greenpeace, l'Association des véhicules électriques du Québec, de nombreux
constructeurs automobiles très
intéressés à la chose, vous le comprendrez, des concessionnaires, ainsi qu'une
mention spéciale, M. le Président, à
notre ancien ministre de l'Environnement, M. Daniel Breton, qui n'a jamais
perdu de sa fougue après toutes ces
années et qui nous a livré un témoignage passionné avec des recommandations
assez exhaustives et très intéressantes.
Le projet de
loi en question nous amène plusieurs interrogations concernant notamment les
échéanciers. Donc, durant l'étude détaillée du projet de loi, nous
allons vouloir nous attarder à certains enjeux qui tournent autour des propositions que le ministre a évoquées dans son
introduction, notamment aussi au niveau des types de voitures éligibles
au projet de loi. L'hydrogène semblait être plus contesté de la part des
intervenants qui sont venus témoigner à la commission. Plusieurs nous ont parlé
aussi de l'importance d'assurer des suivis sur cette réglementation au cours
des prochaines années, des suivis qui sont serrés, à un certain nombre
d'intervalles qu'il faudra déterminer.
Plusieurs
nous ont parlé aussi, M. le Président, de l'importance d'essayer de mieux
communiquer les bienfaits de la
voiture électrique. La voiture électrique n'est pas un char pépère, n'est pas
un kart de golf, c'est la voiture de l'avenir et c'est la transition que le Québec est en train d'enclencher pour
l'électrification des transports, une transition qui, comme le ministre l'a mentionné à l'ensemble des partis
politiques en cette Chambre, rapporte non seulement aux contribuables québécois...
à l'État québécois et à l'environnement. Et donc nous voulons voir avec le
ministre quelles sont les meilleures avenues
pour tenter de mieux communiquer les bienfaits de cette voiture. Et je suis
convaincu qu'il a encore plusieurs cartes dans son jeu pour être capable
d'y parvenir.
Nous avons
également eu plusieurs allusions à l'énorme discrétionnaire que le ministre se
laisse dans son projet de
loi, notamment sur les crédits
carbone et sur le modèle qui sera proposé. Donc, nous allons tenter d'éclaircir
la chose avec lui, mais tout de même nous tenons à dire que l'initiative est positive. Elle ne règle pas
tout, mais elle est positive. Est-ce que la loi zéro émission, M. le
Président, va assurer le respect de la réduction de 20 % de nos GES d'ici
2020? La réponse, c'est : non, mais
c'est un pas dans la bonne direction. Est-ce que, M. le Président, le dépôt d'un projet de loi
zéro émission va nous garantir la cible de
100 000 véhicules électriques sur le territoire québécois
d'ici 2020? La réponse, c'est : non, mais c'est un pas dans la
bonne direction. Il faut donc continuer.
J'espère
aussi, M. le Président... et je me tourne du côté droit de la Chambre
pour espérer que la Coalition avenir
Québec sera avec nous dans ce combat endiablé de la transition énergétique
vers des nouvelles économies vertes, vers un transport de plus en plus électrifié pour un
meilleur environnement, pour faire sauver de l'argent aux Québécois
et pour assurer un peu le leadership du Québec en matière d'énergie
verte. Alors, j'espère que le message sera entendu. Vous comprendrez que je vais rester pour entendre mon
collègue de Masson nous dire sa position, parce que, durant toute la commission, j'attendais pour voir un peu, là, si, oui ou non, la CAQ était positive à l'arrivée d'un tel projet de
loi, et le suspense pourra enfin tomber dans quelques minutes.
Je voudrais
aussi vous dire, M. le Président, qu'il y a eu consensus autour de cette table,
et certains diront le contraire si
jamais c'est le cas, mais je pense que tout le monde a dénoncé haut et fort le
fait qu'il fallait que le gouvernement fédéral canadien rende disponibles le plus rapidement possible des crédits
d'achat fédéraux pour l'achat de véhicules électriques, que ce soient les constructeurs, que ce soient les
citoyens. Dans tous les États du monde, que ce soit aux États-Unis ou en
Europe, le gouvernement fédéral contribue
généreusement à inciter ses citoyens à prendre cette transition énergétique
et à se procurer des véhicules électriques,
et nous souhaitons que le gouvernement canadien, qui reçoit une bonne partie
aussi de nos taxes, M. le Président,
y contribue à sa juste part. Et je pense que le Québec en serait gagnant.
Alors, là-dessus, je pense que ça a fait unanimité autour de la table.
Est-ce que ça va arriver? Je compte sur le ministre pour faire toute la
pression possible face à Justin Trudeau pour faire entendre ce message.
Et là-dessus
je suis prêt à travailler, donc, avec l'ensemble des parlementaires pour
l'étude détaillée qui s'en vient. Nous allons donc voter en faveur de
cette adoption de principe, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Je vous remercie, M. le député de
Terrebonne, de votre intervention. Et je cède la parole maintenant à M. le député de Masson, qui est supposé de mettre
fin au suspense, selon vous. Alors, M. le député de Masson, à vous la
parole pour votre intervention.
M. Mathieu Lemay
M.
Lemay : Merci, M. le Président. Bien, c'est un honneur pour moi de
parler aujourd'hui du projet de loi n° 104, un projet de loi qu'on attendait depuis longtemps. Ça fait effectivement
plusieurs années qu'on entend parler de ce projet de loi là. Mais je veux tout d'abord saluer M. le
ministre d'avoir déposé ce projet de loi là, M. le député de Terrebonne d'avoir participé aux consultations et dans des
discussions ensemble à cet effet. Je salue aussi mon collègue le député de
Groulx, qui a participé avec nous cet été
aux consultations, et tous les autres membres qui sont ici présents en cette
Chambre.
Je veux tout
d'abord dire au ministre qu'il peut compter sur notre entière
collaboration — je ne
sais pas si ça rassure un petit peu
le député de Terrebonne, là — mais pour prendre part aux discussions du
p.l. n° 104. Moi, je nous souhaite des échanges fructueux, efficaces puis honnêtes, et c'est très
important, parce que, dans le fond, c'est ce que les Québécois attendent de leurs élus. Et puis, bien, sur ce,
vous n'êtes pas sans savoir, là, que la loi zéro émission est évoquée au Québec
depuis des années. On l'a dit déjà. Même, si
on recule un peu en arrière, là, en 2011, le gouvernement libéral de l'époque,
il jonglait avec cette idée-là avant de
plutôt opter pour une loi concernant l'inspection environnementale des
véhicules automobiles. Donc, ce n'est
pas d'hier qu'on parle de la loi zéro émission. À ce moment-là, le Québec, il
souhaitait emboîter le pas à
l'Ontario, entre autres, en adoptant des mesures visant à retirer de la
circulation les voitures qui constituent une source de pollution atmosphérique, ce qui est une bonne chose en soi.
Mais le projet, il n'a jamais été appelé, il est mort au feuilleton. Là,
aujourd'hui, on se retrouve, on est en 2016 puis on parle de la loi zéro
émission.
Le 2 juin dernier, le ministre a présenté
le projet de loi n° 104, qui est intitulé la Loi visant l'augmentation du nombre de véhicules automobiles zéro émission au
Québec afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre et autres polluants. Mais, si vous le voulez bien, M. le
Président, là, laissez-moi vous présenter un peu, là, les grandes lignes de ce
projet de loi puis c'est quoi, les intentions derrière le projet de loi du
gouvernement libéral.
• (15 h 50) •
Bien,
premièrement, le projet de loi, il est quand même complexe, là, parce qu'il
fait référence à des règlements, puis,
dans ces règlements-là, il y a de l'information qui est quand même cruciale
qu'on ne retrouve pas à l'intérieur du projet
de loi, qui nous empêche un peu, là, de voir la portée, toute l'étendue de ce
projet de loi. Donc, les règlements vont être assez importants, qu'on puisse avoir accès, au moins, aux ébauches
pour pouvoir faire l'étude du projet de loi adéquatement.
Le projet de
loi n° 104, lui, bien, il a comme objectif premier, on le sait, de réduire
la quantité de gaz à effet de serre émis dans l'atmosphère par la flotte
automobile, puis ça, bien, c'est un objectif tout à fait naturel, parce que le secteur des transports au Québec, c'est un secteur
qui émet le plus de GES. Puis d'ailleurs je suis certain que tous les députés
à l'Assemblée nationale appuient cet objectif, de réduire les gaz à effet de
serre. Bien, pour arriver à renverser la tendance,
là, d'augmentation des gaz à effet de serre, il y a plusieurs choses qu'on peut
faire, mais, par la loi n° 104, on veut exiger aux constructeurs automobiles la vente ou la location d'un
minimum de véhicules zéro émission par l'entreprise d'un système de crédits, des crédits qui peuvent
être échangeables. En gros, là, M. le Président, là, chaque vente ou location
d'un véhicule à zéro émission va rapporter
des crédits aux constructeurs automobiles, puis ces crédits, bien ils
représentent, en quelque sorte, une
cible de vente, puis c'est là que toute la discussion s'embarque. Puis, dans
les consultations qu'on a eues cet été, on avait autant des gens qui
venaient nous dire : Vous savez, ce n'est peut-être pas la meilleure
solution d'imposer une cible de vente, puis d'autres qui disaient : Ah!
bien, le ministre, il devrait même aller plus loin. Ça fait que, là, il y avait
un peu les deux côtés de la médaille qu'on a vus dans les consultations.
Mais, par le projet de loi qui est instauré
aujourd'hui par le ministre, on veut instaurer, à partir de l'année modèle 2018, qu'un constructeur qui vend ou
loue plus de 4 500 véhicules neufs en moyenne par année, là, il va
devoir respecter le projet de loi.
Puis c'est ce qu'on va voir plus tard par règlement, parce qu'on ne connaît pas
encore les cibles. Les crédits qui
sont exigés, ils vont pouvoir être accumulés de deux façons : un, bien, on
peut faire la vente ou la location de
véhicules automobiles neufs ou, deux, on peut acquérir des crédits d'un autre
constructeur. C'est pour ça qu'on dit qu'ils sont échangeables. Mais les constructeurs, là,
qui, en fin d'année, là, n'auront pas accumulé assez de crédits, ils vont
devoir payer une redevance au
ministre... bien, au ministère. Mais ça, si on regarde les constructeurs, ça ne
semble pas être une option, de payer une redevance, là, parce qu'eux
autres, ils ont plutôt dit : Si on ne réussit pas à vendre les véhicules zéro émission suffisants, on va simplement arrêter
de vendre des véhicules conventionnels à essence pour respecter la loi, pour éviter de payer une redevance. Puis, selon
les estimés, ça pourrait priver d'environ 100 000 ventes qui
n'auraient pas lieu au Québec... Ça,
c'est les estimés des constructeurs. Ça fait que ça peut avoir un impact sur le
consommateur, puis ce n'est pas à négliger.
Donc, encore
là, dans le projet de loi, on prévoit la création d'un registre qui va être
tenu par le ministre et on va retrouver
des renseignements qui sont déclarés annuellement par les constructeurs
automobiles puis ainsi que les crédits qu'ils
vont avoir accumulés, parce qu'un véhicule, ça ne donne pas un crédit, là, il y
a des calculs qui sont faits dans le règlement, puis on obtient une
certaine grille.
Bien, c'est
ça. Ça fait que, dans le fond, grosso modo, le gouvernement, par ce projet de
loi là, il souhaite stimuler l'offre
de véhicules zéro émission au Québec puis permettre aux consommateurs d'accéder
à un plus large éventail de véhicules électriques pouvant répondre à
leurs besoins, puis c'est un objectif qui est très louable, mais il faut noter,
par exemple, M. le Président, que, dans le projet de loi — puis
le ministre, il l'a dit tout à l'heure dans son allocution aussi — il ne vise aucunement les concessionnaires,
il vise seulement les constructeurs. Puis ça, bien, c'est l'intention du
ministre, puis ça va être important qu'on respecte ça.
Donc,
d'entrée de jeu — je vous
l'ai déjà dit tout à l'heure, mais je vais le dire de façon plus
officielle — nous, à
la Coalition avenir Québec, on est en faveur
du principe du projet de loi n° 104, le principe d'augmenter le nombre de
véhicules automobiles à zéro émission au Québec afin de réduire les émissions
de gaz à effet de serre. Puis une loi zéro
émission, bien ça peut être une avancée importante pour le Québec en matière de
choix de voitures électriques si elle est
bien rédigée, puis c'est pour ça que l'étude détaillée du projet de loi
n° 104, que l'on s'apprête à faire, là, au cours des prochains jours et des prochaines semaines, là,
bien ça devrait contribuer à bonifier la diversité de l'offre en véhicules
électriques sur le marché québécois et ça
devrait permettre, à travers une baisse du prix envisageable, vu la concurrence
qui va en découler, d'augmenter le nombre de
ventes de véhicules électriques au Québec. Puis ça, bien, c'est en théorie,
M. le Président. Ça fait qu'on espère que ça soit ça, le cas. Mais ce n'est
quand même seulement qu'une théorie à ce moment-ci, parce qu'on ne l'a pas
encore adopté. Mais, à la CAQ, on l'a vraiment très à coeur.
Et puis,
malgré que le projet de loi soit encore perfectible, on peut encore le rendre
perfectible, bien une norme véhicule
zéro émission, bien ça signifie, entre autres, pour le Québec, O.K.,
premièrement, plus de choix de modèles de véhicules zéro émission — donc, en bout de compte, on devrait avoir
des véhicules plus performants — et une diminution très souhaitée des délais d'attente pour obtenir
un véhicule zéro émission, parce que, on le sait, des fois, ça peut être long, mais,
théoriquement, on devrait voir les délais d'attente réduits. On devait aussi
voir une réduction de notre dépendance au
pétrole. On le sait, s'il y a moins de véhicules conventionnels à essence, il y
a plus de véhicules électriques, moins de dépendance au pétrole. Et on devrait aussi contribuer à l'atteinte des
cibles québécoises en réduction de GES. Bon, ça, c'est important.
Parce qu'on est allés, à Paris, à la COP21 puis on a dit qu'on voulait
atteindre des objectifs de réduction de 37,5 % de nos émissions de gaz à effet de serre.
Bien, il est clair, là, que l'électrification des transports, ça représente
une occasion d'affaires pour le Québec, puis
il est aussi clair, là, qu'elle fait partie de la solution dans le cadre de la
lutte aux changements climatiques. Ça, il n'y a personne qui peut dire
le contraire de ça, M. le Président.
Toutefois, le
plan libéral présentement, il n'est pas tout à fait idéal, il n'est pas
assez... en fait, il n'est pas ambitieux, là, il n'est pas réaliste si on fait juste se fier à l'objectif même
d'avoir 100 000 véhicules électriques. Ça fait que ça ne permettra pas, là, assez de stimuler les
investissements en sol québécois, ça ne permettra pas d'avoir de l'innovation
en sol québécois, ça ne permettra pas
de voir l'exportation de notre savoir-faire. Et ce qui est fâchant, là, avec le
gouvernement, M. le Président, c'est
qu'il a la fâcheuse habitude de se fixer des objectifs qu'il n'atteindra même
pas. Puis, le ministre l'a dit tout à
l'heure dans son allocution, la cible d'avoir 100 000 véhicules
électriques en sol québécois pour 2020, même avec l'instauration de la loi zéro émission, ça ne sera pas possible.
Puis, si je reprends ce même exemple là, là, qui est mentionné dans le Plan d'action en électrification
des transports 2015‑2020, bien, on l'a dit, on veut avoir 100 000
véhicules pour 2020, mais, par
contre, tous les experts l'ont dit, là, puis même le ministre l'a dit dans une
de ses notes, là, qu'on n'y arrivera pas, là. Il nous a mentionné, là,
qu'il prévoyait avoir, en 2018, environ, là, 14 500 véhicules; en 2020, 30 200 véhicules à zéro émission; en 2025,
70 600 véhicules zéro émission. Donc, il le dit lui-même, qu'il ne prévoit
pas atteindre ses propres cibles.
Bien, à elle
seule, là, la loi zéro émission puis les 100 000 véhicules électriques
qu'on veut atteindre par la cible, là, c'est
seulement 150 000 tonnes de GES qu'on compte réduire. Donc, on doit faire
mieux, et il y a d'autres choses qu'on doit mettre en place, il n'y a
pas que la loi zéro émission. Je veux vous montrer, en fait, une petite
statistique, là : au 30 avril
2016 — c'est
tout récent, ça — il y avait
9 763 véhicules électriques au Québec. 45 % d'entre eux étaient
100 % électriques, 55 % étaient des hybrides rechargeables.
Donc, on part de cette cible-là puis on veut se rendre à 100 000. Qu'est-ce qu'on peut faire de différent? C'est par
nos amendements qu'on espère être capables de... que le ministre va nous écouter, d'avoir des solutions autres pour
arriver à cette cible-là, parce que, vraisemblablement, on n'y arrivera pas.
Puis ce qui est un point, un bémol à mentionner,
c'est que les constructeurs puis les concessionnaires, quand ils sont sortis en
commission, ils ont affirmé qu'eux, ils n'étaient pas prêts à se faire imposer
des quotas de vente de véhicules
électriques. Puis, en fait, pourquoi j'hésite présentement, c'est simplement
parce qu'on a le modèle californien, que le ministre a mentionné tantôt, mais
il y a aussi le modèle norvégien, mais là on a choisi d'y aller vers un modèle
dit californien. Donc là, ça veut dire qu'il
va falloir qu'on fasse des choses... parce que, la Californie, ce n'est pas
optimal non plus. Ça fait qu'on a
l'opportunité ici aujourd'hui de pouvoir bonifier ce qui est fait en Californie
puis d'apprendre des erreurs ou des expériences des autres.
Alors, je vous l'ai dit tantôt, M. le
Président, on appuie le principe. J'ai bien hâte de débuter l'étude détaillée
avec le ministre parce qu'on va avoir
plusieurs constructions constructives à lui faire, on va avoir plusieurs
amendements à faire afin de bonifier
le projet de loi. On va défendre les intérêts des Québécois quand il est
question d'environnement, on va continuer de le faire. On n'arrêtera pas
de protéger le portefeuille des Québécois aussi. L'impact d'une telle loi au Québec; elle ne doit pas entraîner une
augmentation du prix des voitures à essence. Donc, nous, on ne veut pas avoir
de proposition qui aura l'effet
d'être une nouvelle taxe déguisée ou non sur les véhicules conventionnels. Et
puis, bien, dans le fond, j'espère
que le ministre sera capable de rendre publiques dans les plus brefs délais les
études qu'il a faites concernant l'impact du projet de loi sur le prix
des voitures et l'impact pour les consommateurs.
Donc,
lors de l'étude détaillée, on va tenter d'obtenir des gains pour les Québécois
mais aussi des garanties pour les Québécois. Merci, M. le Président.
• (16 heures) •
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Alors, on vous remercie, M. le député de
Masson, de votre intervention. Et, pour la poursuite du débat toujours
sur le principe du même projet de loi, je cède la parole à Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Alors, Mme la députée, à vous la parole.
Mme Manon Massé
Mme
Massé : Merci, M. le Président. Bonjour, chers collègues. Je suis très
heureuse d'être ici après-midi pour discuter
du projet de loi n° 104 sur les véhicules zéro émission. C'est un projet de loi, en fait, que je pense que plusieurs
Québécois et Québécoises attendaient, espéraient. Et nous sommes rendus
à cette, je dirais, deuxième étape puisque la première
a été d'accueillir le projet de loi et d'entendre ce que nos concitoyens
avaient à dire à ce sujet. Et cette deuxième étape, de se dire :
Sommes-nous d'accord ou non avec ce principe...
Alors,
j'interviens, aujourd'hui, au nom de Québec solidaire, dans un
contexte très particulier. Cette semaine et jusqu'à la fin septembre se
tiendront, partout au Québec, une série d'activités de sensibilisation, des
semaines de la mobilité durable. Le 21
septembre, d'ailleurs, à Québec, il y
avait le fameux Défi sans auto solo,
défi, M. le Président, que je relève depuis déjà maintenant
une dizaine d'années puisque je n'ai plus de voiture. Alors, je n'ai plus
d'auto solo.
Ces semaines, donc,
de la mobilité durable visent à sensibiliser la population face à l'urgence de
changer des habitudes : nos habitudes
de vie, nos habitudes de transport. Ce que les initiateurs de cette activité
de sensibilisation ont toujours eu comme esprit, c'est : il faut faire
pression sur les pouvoirs publics, c'est-à-dire nous-mêmes, pour que les gens cessent l'utilisation
de l'auto solo pour adopter un cocktail de transport qui soit durable et actif.
Alors,
c'est sûr qu'actuellement le projet
de loi qui est sur la table va dans
le sens d'une mobilité durable où on privilégie
l'électricité aux hydrocarbures. Ceci
étant dit, nous savons très bien
que, pour relever le défi du XXIe siècle, c'est de tranquillement nous sortir de cette mauvaise habitude que nous
avions si bien développée dans le XXe siècle, c'est-à-dire à chacun sa
voiture, pour aller vers des modèles de déplacement beaucoup
plus collectifs et, je dirais, plus sains pour l'environnement puisque je parle ici, bien sûr, de transport
collectif électrifié ou à moindre impact sur l'environnement.
Il y a
quelques semaines, la porte-parole du nouveau ministre des Transports
faisait une déclaration qui nous a un peu étonnés. Je vous la cite, M.
le Président : «..."il n'y a
pas présentement de politique des transports en commun sur la table" et le ministère gère les dossiers
réclamant son attention "au cas par cas".» Alors, cette affirmation
est une grande première et une grande
surprise. Depuis l'expiration de la politique québécoise de développement des transports collectifs, en 2011, c'est la première fois qu'un ministre des Transports affirme qu'il n'y a pas de plan pour renouveler
cette expérience qui, somme toute, avait été extrêmement positive pour
le développement du transport collectif à travers le Québec.
D'autres
premières sont encore plus inquiétantes, M. le Président. Depuis des
années, les groupes écologistes, le
monde municipal, les usagers, usagères et les citoyens
et citoyennes demandent, crient, hurlent la nécessité de
relancer le transport collectif. Et
il suffit de prendre connaissance que les transports collectifs ont besoin d'un nécessaire
coup de barre si on veut atteindre nos grands objectifs planétaires de
maintenir le réchauffement de la planète en bas de 2°, idéalement 1,5°. C'est inquiétant parce que, par exemple, à Québec en
2015, on observe une baisse de l'achalandage des transports collectifs
de 3 %. À Montréal, on parle d'une baisse de 1 %.
Le
directeur de la Fondation David-Suzuki, Karel Mayrand, n'hésitait pas,
récemment, à réclamer du ministre des Transports de bouger et de bouger
rapidement. Alors, quelques faits nous ont été émis dans une lettre de presse dernièrement, des faits assez épeurants, M.
le Président. Depuis 2006, bien, en
fait, de 2006 à 2013, 80 000 véhicules
par année se sont ajoutés au parc
automobile, le faisant passer à 4,5 millions de véhicules de promenade.
Alors, 80 000 véhicules de
plus de 2006 à 2013. Ça fait longtemps qu'on a compris qu'il fallait agir sur
l'auto solo si nous voulions atteindre les objectifs de 2020 — je ne parle même pas de ceux de 2030 puis de ceux de 2050 — de diminution de gaz à effet de serre.
Un
autre phénomène : le nombre de voitures augmente deux fois plus vite que
l'ensemble de la population depuis l'an
2000. Alors, ça aussi, ça nous pose un problème. Comment se fait-il que, dans
une société consciente, le nombre de voitures augmente plus vite que la
population? C'est une démographie à l'envers, M. le Président.
Autre
phénomène nouveau, et tout le monde le sait, le nombre de VUS explose. Il s'en
est vendu plus que d'automobiles de
format normal. Et, bien sûr, on convient, et c'est une évidence, que, partout à
travers le Québec, nos besoins ne sont pas similaires. Je viens de la
campagne, je sais fort pertinemment comment il est important d'avoir des
véhicules qui répondent à nos besoins lorsqu'on
vit dans des régions qui, par exemple, comme l'Estrie, sont faites en pente. En
hiver, ça a une certaine utilité,
mais c'est incompréhensible en plein milieu d'un centre-ville. On peut
comprendre lorsqu'une famille de
deux, trois, quatre enfants... d'avoir une minivan, mais difficile à comprendre
lorsqu'on est une personne seule ou on est un couple.
Alors, il y a
quelque chose dans notre habitude. Et, M. le Président, ce n'est pas dur à
comprendre, vous n'avez qu'à regarder les annonces publicitaires aux heures de
grande écoute, vous allez tout comprendre. C'est ça qui nous est projeté. C'est comme si,
pour être heureux et pour être bien dans la vie, ça nous prenait un VUS. Bien,
c'est sûr parce que, si j'écoute le
hockey — j'adore
le hockey, j'écoute le hockey — on va me parler de VUS à chaque annonce, les
plus gros, d'ailleurs, les plus performants, et ça, que j'écoute le
hockey à partir de Montréal ou que je l'écoute à partir de l'Abitibi. Même chose sur les heures de grande
écoute au niveau des nouvelles, et etc. Alors, on a des questions à se poser
considérant que l'augmentation des GES,
depuis 1990, a augmenté de 31,1 %. Et, bien sûr, la voiture y joue un rôle
majeur.
Alors, face à
des constats comme ceux-là, les moyens doivent être là, les priorités, au bon
endroit, et surtout l'action gouvernementale
doit être cohérente. En clair, il faut tout faire pour réduire la dépendance à
l'automobile solo. Tant et aussi
longtemps qu'on ne lancera pas ce grand chantier, tous les moyens que nous
allons prendre seront une goutte d'eau dans une mer, M. le Président.
Quelle place
doit donc occuper la voiture électrique dans un réel virage vers une véritable
mobilité durable et une transition
énergétique qui doit être rapide? Là, ce n'est pas moi et Québec solidaire qui
le disons, nous ne faisons qu'être écho
à ces scientifiques qui nous disent qu'on a le privilège d'être une des
dernières générations, sinon la dernière — oui, je pense qu'ils s'entendent pour dire que nous sommes la dernière — à pouvoir agir, mais ça impose qu'on agisse
rapidement. Et rapidement, ce n'est pas en 2030. Rapidement, c'est
maintenant.
Le Québec est
un cas d'espèce en matière d'énergie, l'électricité produite ici émet très peu
de gaz à effet de serre. Presque
partout au monde, ce n'est pas le cas. À l'échelle planétaire, il y a donc
urgence de développer tous les moyens qui vont éviter l'erreur de
dépendre de l'automobile solo, qu'elle soit électrique ou non.
Évidemment,
Québec solidaire n'est pas insensible aux besoins des gens, de la population.
Je vous le répète, on ne peut
s'attendre à ce que les gens qui habitent en milieu rural, qui ont des types
d'emploi qui nécessitent... qui ont leur petite compagnie, qui doivent avoir le moyen de transport adéquat, qui sont
cultivateurs... Il y a des types de voiture adaptés, oui, à une implication ou à une contribution qu'on
a dans notre société. C'est la même chose. Si on est dans cette logique-là,
on ne peut pas s'attendre à ce que les gens
qui habitent en milieu rural comptent sur un métro, sur le transport collectif.
C'est d'une logique implacable.
• (16 h 10) •
Ceci étant dit, on pourrait s'attendre pleinement
que, dans une ville, une grande ville, une ville centre, pas nécessairement des grands centres comme la métropole, mais on multiplie les formes
d'autopartage, de transport collectif... Pas toujours l'autobus à 100 places, là. On peut être
créatifs. Et d'ailleurs le québécois est extrêmement créatif par
rapport au développement de transport collectif, transport actif, mais, pour ça, ce que ça
prend... Pardon, j'avais oublié de vous dire : Et bien sûr qu'à travers tout ça il y a
une place pour la voiture électrique, mais l'enjeu, c'est qu'on ne peut pas se
permettre qu'on n'agisse pas sur l'augmentation de la voiture solo et que la seule façon qu'on intervient sur l'augmentation, c'est de s'assurer que les
voitures qui vont s'ajouter vont être électriques. Ce qu'on doit viser
collectivement, c'est une diminution. Et il en existe, des solutions,
mais il faut mettre l'épaule à la roue. Je pense notamment à des modes collaboratifs comme Communauto, Amigo Express. Il y a
des coopératives de solidarité qui sont en train de se réfléchir en région, il y a des taxis collectifs.
Nous avons la capacité d'inventer, et, en ce sens, on pense que l'auto solo, ce
n'est pas la notion de l'électrification qui est le problème, c'est
l'idée qu'on va encore importer des voitures qui viennent d'ailleurs, qui ne sont pas créatrices d'emplois ici, au
Québec, comme le sont les transports collectifs. Et ça va continuer d'agir sur
notre balance commerciale, et on va encore
se faire dire que notre balance commerciale n'a pas réduit. Bien, peut-être
un peu parce que, sur ces 100 000 voitures là, on ne prendra pas du
pétrole, on va prendre l'électricité.
Mais, ceci
étant dit, la voiture, elle, qui demande énormément de gaz à effet de serre
pour sa construction, ça aussi, on ne
le calcule pas parce qu'elles ne sont pas construites ici. Mais, en soi, soyons
brillants, là, les gaz à effet de serre qui sont faits à côté de chez nous, bien, c'est le même effet de serre,
c'est sur la même atmosphère que ça a un impact. Alors, dans ce sens-là, on pense que le virage... Et je suis un peu
tannée de le répéter, mais il y a une urgence d'aller à fond la caisse dans la question des transports collectifs
pour nous assurer que le premier centenaire du XXIe siècle ne sera pas
le dernier de cette planète.
Le projet de
loi n° 104, maintenant. Si le Québec se donne comme objectif de réduire le
nombre total de voitures, c'est qu'il
serait un excellent objectif pour l'avenir des choses, pour la suite des
choses, d'avoir une approche cohérente basée sur la mobilité durable.
Les automobiles devront, bien évidemment, réduire drastiquement leurs émissions
de gaz à effet de serre. Et ça, c'est par
l'électrification, c'est par un bonus-malus lorsque les gros cylindres, qui ne
répondent pas...
Et on peut être créatifs, M. le Président. Par
exemple, quand on va renouveler nos plaques, notre permis de conduire, etc., tu sais, est-ce que j'ai besoin
d'avoir une minivan à sept places si je suis seule, si on est un couple de
deux? Bien, peut-être pas. Et, si je fais ce choix-là, bien oui, à
Québec solidaire, on pense qu'il faut mettre une limite à ces choix-là. Il y a eu une première tentative par le
ministre des Finances de mettre une certaine taxe sur les gros cylindres,
mais, en bout de ligne, des sept litres, il
n'y en a pas beaucoup au Québec. Et là sommes-nous en train de pénaliser, dans
le fond, des gens qui en ont besoin
parce qu'ils sont cultivateurs ou ils vivent en région et ils ont besoin, pour
sortir leur bois, d'avoir quelque
chose de plus performant. Mais en ville, alors que mon véhicule est plaqué en
ville, est-ce que j'ai besoin d'un
six litres, sept litres, cinq litres? Je pense qu'il y a des choix de société
que nous sommes rendus à faire, que nous n'avons plus le choix de faire.
Mais tout ça
tient la route — sans
mauvais jeu de mots — si on a,
parallèlement à ça, les alternatives. Si la seule alternative qu'on
m'offre, M. le Président, c'est d'avoir une subvention pour m'acheter une
voiture électrique et que mon système de
transport collectif ne me permet pas de me rendre à mon travail en moins de temps, bien oui, je vais encore faire le choix d'aller me mettre dans le trafic,
de vivre les bouchons, de rager à tous les matins, alors qu'on pourrait en
avoir, des solutions, pas parce qu'on pense que tout le monde peut passer par là mais ce qu'on sait... Le
meilleur exemple que j'ai toujours
en tête, c'est lorsque le pont de la Concorde a tombé à Laval. Lorsque ce
viaduc-là a tombé, M. le Président, ça a
pris 24 heures, et je ne me souviens plus, là, parce que
ça fait quelques années de ça, le nombre de voitures qui passaient sur l'autoroute à ce moment-là, l'autoroute 19, en
l'espace de 24 heures, les gens ont troqué leur voiture solo pour du transport collectif. Pourquoi? Bien, parce que... Bien sûr, là, malheureusement, il y a eu mort d'homme, mais ce que je veux dire, c'est : La route étant bloquée
pour un certain nombre de semaines, bien, rapidement, les autorités
publiques ont mis au service de la population
qui voyage à tous les matins un service de transport collectif. Et les
Lavallois, où la moyenne de voitures
était à l'époque de deux virgule quelques par ménage, bien, ont rapidement
pris le transport collectif. Pourquoi? Parce qu'il était constant, il
était fiable et il permettait aux gens de pouvoir aller travailler dans un
temps respectable.
Si on
n'investit pas collectivement du côté du transport collectif, si on n'a pas une
vision de développement, un plan
de mobilité durable qui va nous permettre de voir un petit peu plus loin que les quatre, cinq prochaines années qui s'en viennent, mais d'avoir une vision qui va nous
amener 2020... On est capables de l'avoir pour des voitures électriques,
je suis certaine qu'on est capables de
l'avoir dans un grand projet de mobilité durable au Québec.
Je rappelle, je réitère, ce sont des emplois ici. Il y a plein d'entreprises
dans plusieurs villes et villages à travers le Québec que c'est leur
spécialité, qui embauchent des gens. Et on a
même des projets extraordinaires, même, d'autobus électrique qui sont en train d'être
expérimentés pour des autobus scolaires. On
a de l'expertise, on a des connaissances. Pourquoi, encore une fois, privilégier l'auto solo, alors que nous savons que nous devons
relever le défi du XXIe siècle, qui est celui de diminuer le nombre de voitures pour, bien sûr... puis pas juste de
les électrifier mais de les diminuer? Et, en les diminuant, bien, on se
rappelle collectivement qu'on diminue les problèmes de réparation des
routes, le problème de santé publique que ça cause, les accidents, etc. Moi, je peux vous dire que c'est vraiment
extraordinaire de se faire conduire à la maison à tous les jours
par quelqu'un qui est frais et dispo et qui est prêt à nous amener soit en
train, lorsqu'on fait Montréal-Québec, ou se promener dans Montréal avec notre
métro et nos transports en commun.
Donc, bien sûr
que... bien, en fait, on va voter pour le principe. On n'est pas contre le
principe, hein? Vous êtes surpris, hein? Bien non, vous n'êtes pas
surpris. On est pour, mais ce qu'on doit se rappeler collectivement, c'est que ça fait... Quand on entend un gouvernement qui dit : On n'a pas de plan de mobilité, on n'a pas de plan de
transport, on n'a pas de vision à
long terme sur le transport collectif, c'est épeurant. On a beau avoir 100 000 voitures, mais
100 000 voitures va à peine
couvrir l'augmentation, au rythme qu'on laisse les choses aller actuellement,
du nombre de voitures qui va se rajouter
sur les routes d'ici 2022. Alors, c'est sûr que c'est inquiétant. C'est sûr que
nous croyons que, ceci étant dit, il serait
positif qu'avec ce projet de loi n° 104 là on puisse en même temps
souffler sur un grand rêve qui nous projetterait dans le XXIe siècle, qui est celui d'élaborer à travers toutes les
villes centres du Québec un transport collectif accessible, accessible parce qu'il passe régulièrement, parce
qu'il passe près de chez nous, accessible parce que c'est un transport
que je suis capable de me payer. Et ça
permettrait aux gens qui ont réellement besoin d'avoir une voiture de pouvoir
en avoir une électrifiée et aux gens qui vivent dans les grands
centres, qui peuvent s'en passer, d'avoir accès à un transport collectif.
Merci, M. le Président.
• (16 h 20) •
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques, je vous remercie de
votre intervention.
Mise aux voix
Je ne vois
pas d'autre demande d'intervenant. Alors, est-ce que ça veut dire que le
principe du projet de loi n° 104, Loi
visant l'augmentation du nombre de véhicules automobiles zéro émission au
Québec afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre et autres
polluants, est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, adopté. Mme la leader adjointe du gouvernement.
Renvoi à la Commission des transports et de l'environnement
Mme Vien : Oui. Alors, conformément à l'article 243
du règlement, je fais motion afin que ce projet de loi soit déféré à la Commission des transports et de l'environnement.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Est-ce
que cette motion est adoptée?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Adopté.
Mme la leader.
Mme Vien : M. le
Président, je crois savoir qu'il y a
des débats de fin de séance, alors je vous demanderais tout simplement de suspendre jusqu'à
18 heures.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Oui. En conséquence, comme il y a un débat
de fin de séance et qu'on ne
pouvait pas le tenir avant, les travaux sont suspendus jusqu'à 18 heures
ce soir. Alors, les travaux sont suspendus.
(Suspension de la séance à 16 h 21)
(Reprise à 18 h 3)
Débats de fin de séance
Conditions de vie dans les centres d'hébergement
et de soins de longue durée
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, nous allons maintenant procéder au débat de fin de séance, qui se
fera entre M. le député de Rimouski et Mme
la ministre responsable des Aînés et de la Lutte contre l'intimidation,
concernant l'application des
recommandations du rapport de la Commission de la santé et des services sociaux
sur les conditions de vie des adultes hébergés en centre d'hébergement
et de soins de longue durée.
Je vous
rappelle que, conformément à l'article 310 du règlement, le député qui a
soulevé le débat et la ministre qui
lui répond ont chacun un temps de parole de cinq minutes, et le député a
ensuite un droit de réplique de deux minutes. Alors, M. le député de
Rimouski, à vous la parole.
M. Harold LeBel
M.
LeBel : Merci, M. le Président. Bien, ça fait suite à la question que
j'ai posée ce matin à la période de questions au ministre de la Santé. On parle de nos aînés. En faisant le tour du
Québec, on entend plein de choses par rapport à la vie en CHSLD. On apprend plein de choses aussi sur le
rôle de nos aînés partout dans les régions. Nos aînés, c'est une richesse,
il faut bien s'en occuper, il faut aussi être respectueux envers ces personnes.
Il y a une
problématique dans les CHSLD qu'on
connaît depuis longtemps. L'Assemblée
nationale a réussi, par une commission
parlementaire transpartisane, sans faire de partisanerie politique, a réussi à étudier,
à entendre des gens qui venaient leur
raconter qu'est-ce qui se passe en CHSLD et qu'est-ce qu'on pourrait faire pour
améliorer la qualité de vie de nos aînés, une commission présentée par
le député de LaFontaine et la députée de Joliette, que je profite de l'occasion
pour saluer et lui souhaiter un prompt rétablissement.
La commission
a rencontré plein de personnes qui sont venues déposer des mémoires,
36 organismes, des fédérations,
38 mémoires où on a fait état de la qualité de vie des aînés en CHSLD.
Dans cette commission-là, puis c'est tout
récent, c'est en juin, il y a une vingtaine de recommandations,
20 recommandations très précises, très claires, faciles à
comprendre. Comme dirait l'autre, ça ne prend pas un dictionnaire pour
comprendre ça. Si je prends la résolution 5, recommandation 5 : «Que les établissements évaluent
rigoureusement et régulièrement les besoins de soins d'hygiène des personnes hébergées et qu'ils offrent des
soins qui y sont adaptés.» C'est facile à comprendre, il me semble. Mais
le gouvernement, la réponse qu'il donne à
ça, c'est une autre tournée des CHSLD. On envoie la députée de Crémazie,
au nom du ministre, aller voir les CHSLD. Pourquoi? Pour essayer d'expliquer au
ministre ce que ça veut dire, cette résolution-là, cette recommandation-là?
Une autre recommandation : «6. Que les
établissements servent des repas selon une diversité de mets, une présentation et une chaleur qui correspondent aux
besoins et aux préférences des personnes hébergées.» Qu'est-ce que la tournée de la députée de Crémazie va donner de
plus pour permettre au ministre de comprendre cette recommandation-là?
Les gens ont
besoin d'action. Tout est là-dedans, et il y a une belle base là-dedans, c'est
que c'est comme transpartisan. On
devrait, tout le monde, travailler là-dedans. On parle de nos aînés. Pourquoi
mettre ça de côté? C'est encore
chaud. Pourquoi tabletter ces 20 recommandations là et envoyer la députée
de Crémazie prendre des photos dans les
CHSLD? Tu sais, il me semble qu'on est capables de comprendre, on sait ce qu'il
faut faire. Il y a 20 recommandations, et elles sont toutes assez
claires.
Vraiment, je ne peux pas comprendre ce qu'une
tournée va faire pour faire comprendre mieux au ministre qu'est-ce que ça veut faire, qu'est-ce que ça veut
dire, ces recommandations-là, et comment on peut... La 18 : «Que la
proximité géographique entre le milieu
naturel du résident et son nouveau milieu de vie soit un critère central dans
le choix de celui-ci et qu'on évite
de séparer les membres d'un couple lorsque tous deux ont besoin d'être hébergés
en CHSLD.» Pourquoi ça prend la tournée de la députée de Crémazie pour
comprendre ça?
La commission
s'est aussi... elle s'est rendue... la commission a déjà fait une tournée de
CHSLD, puis vous savez quoi? Dans l'objectif, c'était de voir les types
d'installation, principaux défis et quoi? Les bonnes pratiques. Exactement
la tournée. CHSLD Côté-Jardin, Centre
d'hébergement de Richmond, Centre d'hébergement de Saint-Eugène, CHSLD Wales,
Centre d'hébergement du Manoir-de-Verdun,
CHSLD Vigi Marie-Claret, on a fait... on les a rencontrés, les CHSLD, on
a fait le tour. Le rapport est là, de la commission. Le ministre, demander aux
gens de son parti qui ont participé à la commission,
on les a, les bonnes pratiques, tout est là. On les a rencontrés, les CHSLD. On
nous dit que ces bonnes pratiques... «Aux
yeux de la directrice et des représentants de l'équipe soignante rencontrée,
l'approche misant sur l'autonomie de la personne est appliquée de
manière particulièrement rigoureuse à Wales. Les résidents possèdent tous un
bracelet de secours», etc. Elles sont là, les bonnes pratiques.
Pourquoi?
Pourquoi une tournée de la députée de Crémazie? Bien, dans le fond, je pense,
c'est pour gagner du temps, c'est
pour permettre au ministre de gagner du temps. Quand le ministre a coupé dans
le système de santé, quand il a coupé
un petit peu partout, il n'a pas consulté, il est allé en bulldozer, puis il a
foncé, puis il a donné son point de vue. On le connaît, le ministre. Quand
il a quelque chose dans la tête, il ne l'a pas ailleurs. Il sait où est-ce
qu'il s'en va. Mais là-dessus on consulte. On consulte, on reconsulte, on
rereconsulte, on dit qu'on va voir les familles, les amis des autres pour essayer de comprendre qu'est-ce qu'on a besoin en CHSLD. Tout est là. Tout est là. Que les députés remettent
ça au ministre, puis on va être capables de bouger.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, merci à vous, M. le député de Rimouski. Mme la
ministre responsable des Aînés et de la Lutte contre l'intimidation.
Mme Francine Charbonneau
Mme
Charbonneau :
Merci, M. le Président. Aujourd'hui, quand mon collègue a posé la question,
probablement que ça a suscité chez
les gens exactement la même question. Pourquoi une tournée? Pourquoi le
gouvernement s'arrête pour parler encore une fois à des aînés et comment
ça se passe dans nos institutions?
Eh bien,
chers collègues, vous le savez, depuis quelque temps, malgré votre rapport, il
y a encore des événements qui
suscitent chez nous de l'intérêt, qui nous inquiètent. Et les aînés du Québec
sont les gens pour qui on veut s'arrêter, réfléchir et poser les bons gestes. Est-ce qu'on en a fait, des gestes
depuis? Bien oui. Il y a eu quelques gestes qui ont été posés, il y a eu des investissements annoncés. Je
vous en annonce deux, que vous devez savoir par coeur : 51,9 millions
supplémentaires pour soutenir les soins à
domicile offerts par les CISSS et les CIUSSS, 22,2 millions de dollars
supplémentaires pour obtenir et pour
soutenir les entreprises d'économie sociale de soins à domicile. Ce qu'on veut
au Québec, c'est des aînés qui sont
bien chez eux, qu'ils soient en CHSLD, à domicile ou en résidence. Parce que la
plupart d'entre eux sont chez eux où qu'ils soient.
• (18 h 10) •
La tournée de
la députée de Crémazie, c'est pour, oui, aller voir les bonnes pratiques. Vous
croyez que vous les avez tous dans
vos papiers? Je vous dis que vous ne les avez pas tous. Il y a des choses qui
fonctionnent très bien à certains CHSLD
qui ne peuvent pas fonctionner partout. Il faut aller voir comment on peut les
mettre en place, comment on peut s'investir, comme gouvernement, à
changer des pratiques plutôt que de n'y voir que des investissements
monétaires.
Vous avez parlé de la nourriture? Parlons-en, de
la nourriture. À certains endroits, il n'y a aucune plainte, les choses vont super bien. À d'autres endroits, il y
a des questions qui se posent. Et pourquoi tout le monde devrait manger la même chose? Et pourquoi tout le monde devrait
avoir deux bains? Et pourquoi tout devrait être réglé pour que tous les aînés du Québec qui sont en CHSLD reçoivent les
mêmes services? Pourquoi on ne pourrait pas adapter, comme plusieurs CHSLD le font déjà, le service à la clientèle qui
y soit? On se doit de regarder comment on fait le bénévolat à l'intérieur
de nos CHSLD, comment les familles sont
impliquées. Je vous le dis, parce qu'à l'annonce de ma collègue, où j'étais
avec le ministre de la Santé, il y
avait M. Blain. Vous le connaissez sûrement. M. Blain, c'est un homme
important pour nous puisque c'est
celui qui représente les comités des services famille aux résidents dans les
CHSLD, le RCPU. Et, de ce fait, M. Blain
applaudissait l'annonce qu'on faisait. Pourquoi? Parce qu'on va s'adresser à la
clientèle, aux spécialistes, mais aussi
aux familles, qui fait en sorte qu'on va être capables d'aller chercher les
vraies réponses, les vraies façons de faire et peut-être même arrêter d'avoir un faux débat sur le deuxième bain. Parce
que, pour plusieurs de nos aînés au Québec, un deuxième bain, ce n'est pas
la solution. La toilette qu'on peut faire en chambre, les choses qu'on peut
donner en services à nos aînés sont
tout aussi importantes que juste de voir une baignoire avec de l'eau dedans.
C'est plus que ça, l'hygiène d'un aîné, ce n'est pas que ça.
On se doit de regarder comment on donne les
soins, mais on se doit de regarder comment les CHSLD se sont adaptés aux
nouvelles règles qui sont sur le marché en ce moment, puisque nous avons eu le projet
de loi n° 10, le projet de loi n° 20, et on se doit de regarder et s'ajuster pour
s'assurer que tous les services donnés en CHSLD répondent aux aînés qui
y sont.
Maintenant,
rappelons-nous qu'en CHSLD il n'y a pas que des aînés. 3 % de la clientèle est de la clientèle
diverse, qui est là des fois de façon sporadique puis des fois de façon
à long terme, mais à laquelle on doit s'adapter aussi.
Donc, M. le
député, sachez qu'à chaque fois qu'on consulte, à chaque fois qu'on fait une
tournée, à chaque fois qu'on
s'inquiète et qu'on veut aller chercher de l'information, vous devriez être
fier de nous, vous devriez même y participer, puisque d'avoir plus
d'information, c'est pouvoir donner de meilleurs services.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, merci à
vous, Mme la ministre responsable des Aînés et de la Lutte contre
l'intimidation. M. le député de Rimouski, il vous reste deux minutes pour votre
réplique.
M. Harold LeBel (réplique)
M.
LeBel : Écoute, écoute, écoute. Je ne sais pas trop quoi dire à ça,
parce que les rapports que j'ai parlé tantôt, là, la commission... Le député de LaFontaine est un libéral. Il y avait
le député d'Ungava, Beauce-Sud, Taillon, Rosemont, Crémazie, Lévis, Chutes-Chaudière,
Marguerite-Bourgeoys, Richelieu, Fabre, Chauveau. Il y a plein d'autres députés.
C'est un rapport, Mme la ministre. Ce n'est
pas mon rapport, ce n'est pas ma consultation. Puis que vous me dites :
Vous devriez aller voir... C'est
l'Assemblée nationale au complet qui est allée voir, c'est l'Assemblée
nationale au complet qui s'est
déplacée pour aller voir les aînés puis les écouter, l'Assemblée nationale au
complet qui dépose 20 recommandations qui sont claires. Arrêtez de dire que c'est mes affaires à moi, là.
C'est les affaires de l'Assemblée nationale. À un moment donné,
qu'est-ce que ça prend de plus? Je ne le sais pas, là. Il y a
20 recommandations.
Vraiment, je répète, là : Qu'est-ce que la
députée de Crémazie va rapporter de plus au ministre? Tout est clair là-dedans. Et, quand on parle de la tournée des
CHSLD, ce n'est pas ma tournée personnelle, c'est la tournée, d'ailleurs,
de la députée de Crémazie, qui a déjà
rencontré un, deux, trois, quatre, cinq, six CHSLD, où est-ce qu'elle a écouté,
là, les bonnes pratiques avec d'autres députés. Tout est là, c'est
facile. Que le ministre ramasse... prenne ça, il a toutes les réponses jusqu'à la fin. Et ça, là, ça ne s'est
pas fait il y a cinq ou six ans : juin, juin 2016. C'est tout chaud. Il
vient d'être déposé. Tout est là.
La
seule chose que je vois dans cette tournée, c'est d'aller prendre peut-être des
photos, aller voir les aînés. Mais les
réponses sont déjà là. Tout ce que je vois, c'est une façon pour le
gouvernement de gagner du temps, de ne pas répondre. Et ce que je dis, c'est : Quand ça a été de
couper dans le réseau, de couper dans les ressources, encore dans les CHSLD,
le ministre ne s'est pas déplacé, il n'a pas
envoyé d'autres députés faire des grandes tournées, il a pris les décisions
tout seul, comme il est capable de
faire, on le sait. Là, là, il devrait être capable de se lever puis prendre les
décisions. Il a tout ce qu'il faut pour prendre des bonnes décisions
puis aider les aînés du Québec. Merci.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, merci à
vous, M. le député de Rimouski, pour cette réplique. Ceci met un terme au débat de fin de séance.
Ajournement
Et j'ajourne les travaux au mardi
27 septembre 2016, à 13 h 40. Merci. Bonne fin de soirée.
(Fin de la séance à 18 h 15)