(Neuf heures quarante minutes)
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, je vous souhaite une très bonne séance, chers collègues.
Veuillez vous asseoir.
Affaires
courantes
Déclarations
de députés
Nous
en sommes à la rubrique de la déclaration des députés, et je cède la parole à M. le député de D'Arcy-McGee.
Souligner le travail de
l'Association masculine de Côte-Saint-Luc
M. David Birnbaum
M. Birnbaum :
Merci, M. le Président. Aging is not lost youth but new stage
of opportunity and strength. Betty Friedan,
legendary feminist leader, said that. As it prepares to celebrate its 29th
anniversary, the Côte-Saint-Luc Men's
Club lives those words everyday and in every way. I'm honored to rise in this
Assembly to say «mazel tov» and long
health to its president Sydney Kronish, past presidents Sydney Margles, Ted
Baker, Jack Budovitch, Nat S. Bernstein, Peter Sernberg and Ed Sohmer
and the 500 members of the Côte-Saint-Luc Men's Club.
Ensemble, vous avez créé et soutenu, dédiés à la camaraderie, au débat,
à l'exercice physique et mental, à la charité communautaire et, en fin de compte, à une raison d'être et un sentiment
d'appartenance qui rendent la vie si digne d'être vécue.
Your community is better for it, lives
are enriched by it. May you continue to go from strength to strength. Merci.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député de D'Arcy-McGee. M. le
député de Verchères,
à vous la parole.
Souligner le 40e anniversaire
du Club FADOQ Contrecoeur
M. Stéphane Bergeron
M.
Bergeron : Merci, M. le Président. Le 28 mai dernier, nous célébrions le 40e anniversaire du Club FADOQ
de Contrecoeur. Je tiens d'ailleurs à
souligner l'engagement indéfectible de cette remarquable association sociocommunautaire pour le
mieux-être des aînés de Contrecoeur et des environs, notamment
par l'organisation d'activités ludiques, sportives et culturelles leur permettant de se rassembler,
d'échanger et de se divertir, de telle sorte de prévenir l'isolement, favoriser
leur socialisation et leur permettre de poursuivre leur inestimable apport à la
communauté, ce qui contribue certes à améliorer leur propre qualité de vie mais
également celle de l'ensemble de nos concitoyennes et concitoyens.
Je tiens aussi à
exprimer ma profonde gratitude et mes plus chaleureuses félicitations aux
membres de cette indispensable organisation
pour le dévouement exemplaire dont ils ont su faire preuve au cours de ces
quatre dernières décennies pour assurer sa pérennité, son efficacité
ainsi que son attractivité.
Mille mercis! Bon
40e anniversaire et longue vie au Club FADOQ de Contrecoeur ainsi qu'à ses
membres!
Le Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député de Verchères.
M. le député de Laval-des-Rapides pour votre déclaration.
Féliciter les écoles
Sainte-Marguerite et de l'Arc-en-ciel de
Laval pour l'organisation d'activités ludiques et
récréatives à l'occasion de la rentrée scolaire
M. Saul Polo
M. Polo :
Merci beaucoup, M. le Président. J'ai le plaisir, à l'occasion de la rentrée
des classes, de faire une tournée des écoles primaires de ma circonscription. J'aimerais profiter de ce premier mot du député pour saluer les efforts de Mme Lancup et de Mme Lesage, directrices des écoles
Sainte-Marguerite et l'Arc-en-Ciel, pour l'organisation d'activités
ludiques et éducatives à l'occasion de la rentrée des classes. J'ai été
admirablement surpris par l'originalité des activités et
très heureux de constater
l'implication sans faille de l'ensemble du personnel et du corps enseignant.
Ils ont tous fait preuve d'un
enthousiasme communicatif que je tiens à souligner.
Je
félicite donc l'ensemble des
personnes impliquées dans ces activités, le personnel et le corps enseignant,
les parents mais également les élèves à qui je souhaite beaucoup de
succès en cette nouvelle année. Et je leur donne rendez-vous à très bientôt
pour une prochaine visite des écoles. Merci beaucoup, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député de Laval-des-Rapides.
M. le député de Masson.
Souligner
le succès du Défi Danse Mascouche
M. Mathieu Lemay
M.
Lemay : M. le Président, en fin de semaine dernière, soit les 16 et 17
septembre, nous avons eu l'honneur et le plaisir de voir défiler sous nos yeux le Championnat canadien amateur 10
danses dans le cadre du cinquième anniversaire du Défi Danse Mascouche.
Des
couples de partout au Canada se sont disputé le titre pour lequel ils devaient
se qualifier dans les 10 danses, soient cinq de style standard et cinq
de style latin. Il va de soi qu'ils nous ont éblouis par la grande beauté de
leurs prestations de danse.
Chaque
année, plusieurs nouveautés s'ajoutent à la programmation afin de faire du Défi
Danse Mascouche un événement incontournable dans le calendrier des
compétitions de danse au Québec. C'est tout un honneur pour les Mascouchois de recevoir ces compétitions dans leur
ville. J'aimerais féliciter tous les participants et les récipiendaires.
Je
termine en saluant chaleureusement Marie Bolduc et
Jean-François Messier, les créateurs et les organisateurs du Défi Danse Mascouche, eux-mêmes champions
canadiens, pour leur excellent travail et je leur dis merci de nous faire
partager votre passion. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député de Masson. M.
le député de La Prairie.
Rendre hommage aux citoyens de
la circonscription de La Prairie
qui ont participé aux Jeux olympiques de Rio
M. Richard Merlini
M.
Merlini : Merci beaucoup, M. le Président. Participer aux Jeux
olympiques représente pour quiconque un exploit, un rêve à réaliser. Je
suis donc extrêmement fier de souligner la récente participation aux Jeux
olympiques de Rio de plusieurs personnes de
ma circonscription, soit Marie-Ève Beauchemin-Nadeau en haltérophilie, Ecatarina
Guica en judo, Céline Gravel, qui a
été juge au tir à l'arc, ainsi que Suzanne Morisset, qui a arbitré trois matchs
de soccer féminin, incluant celui de
la finale. Quelle que soit la
discipline à laquelle elles ont participé, quels que soient les résultats
qu'elles ont obtenus, elles ont
toutes fait preuve de détermination, et leur participation est un bel exemple
qui mérite grandement d'être souligné.
Je suis donc très
heureux de mettre en évidence leur présence à ces jeux et leur remettre la
Médaille de l'Assemblée nationale du Québec. Elles ont certes vécu des hauts et des bas, mais
elles n'ont jamais lâché, et, pour moi, cela est un exploit. Marie-Ève, Ecatarina, Céline
et Suzanne, félicitations et bonne continuation! Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député de La Prairie. Mme la
députée de Taillon, à vous la
parole.
Rendre hommage à M. Jacques
Savard, président
du Club Optimiste Bellerive-Longueuil, Québec
Mme Diane Lamarre
Mme
Lamarre : M. le Président, je tiens à rendre hommage à M. Jacques Savard et à souligner le
travail colossal qu'il a réalisé au
cours de ses trois années de mandat à la présidence du Club Optimiste
Bellerive. Sa constance, sa détermination et son savoir-faire ont joué
un rôle déterminant dans les succès du Club Optimiste.
Jacques
sait convaincre. Son enthousiasme et sa préparation, que ce soit pour défendre
le dossier de la persévérance scolaire
ou pour organiser une activité-bénéfice, ne se démentent pas. Jacques est un optimiste
inspirant, oui, parce qu'il est un membre actif du mouvement Optimiste mais
aussi parce qu'il incarne les valeurs de l'optimisme. Il est toujours souriant, disponible, convaincu et
convaincant, et cela lui permet de souvent accomplir ce qui semblait
impossible.
C'est
grâce à toi que je suis devenue membre et que j'ai pu être témoin du grand
respect et de l'amitié qui règnent dans les clubs Optimiste. Merci de
tout coeur pour ta contribution au mouvement Optimiste et à l'endroit de toute
la communauté de Taillon et du grand Longueuil. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, Mme la députée de Taillon. Mme la députée de Bourassa-Sauvé, pour votre déclaration.
Souligner le travail de Mme
Carmel-Antoine Bessard visant à
encourager les jeunes Nord-Montréalais à rester à l'école
Mme Rita Lc de Santis
Mme
de Santis : Merci, M. le Président. L'éducation, c'est la liberté, la clé de la réussite.
Carmel-Antoine Bessard, une ingénieure en génie chimique native de Montréal-Nord,
représente très bien cette philosophie.
Pourtant,
elle a connu son lot de difficultés. Née dans un quartier difficile, elle accumulait
les soucis avec ses parents au point
de fuguer et de quitter le domicile familial à l'âge de 15 ans. Portrait
typique d'une décrocheuse, me direz-vous. Mais, prenant conscience que la réussite était sa seule option pour
changer de vie, elle a mis la main à la pâte en acquérant des
compétences grâce à une persévérance exemplaire.
Depuis 2008,
cette bénévole pour l'opération Retour à l'école de la Chambre de commerce du
Montréal métropolitain donne des
conférences dans les écoles de Montréal-Nord afin de sensibiliser les adolescents à l'importance d'une bonne éducation. Elle n'hésite pas à citer en exemple
sa propre expérience personnelle. Comme elle le dit si bien :
«L'école m'a permis de découvrir d'autres horizons, de sortir de chez moi, de
rêver.» Merci, Mme Bessard.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Alors, merci à vous, Mme la députée de Bourassa-Sauvé. M. le député des Chutes-de-la-Chaudière.
Souligner le 25e anniversaire de L'Adoberge
Chaudière-Appalaches
M. Marc Picard
M. Picard : Merci,
M. le Président. L'Adoberge Chaudière-Appalaches célèbre cette année son 25e anniversaire. Cette maison d'hébergement, membre du regroupement des Auberges du coeur, accueille des adolescents de 12 à 17 ans
vivant différentes difficultés
personnelles ou familiales et qui souhaitent entreprendre une démarche vers le
changement.
Depuis
25 ans, ce sont des milliers de jeunes qui ont trouvé refuge à l'Adoberge
et bénéficié de leurs services. Ils y trouvent soutien, écoute et
accompagnement qui leur permettent de se prendre en main dans un cadre
sécurisant et respectueux.
Aussi, je
profite de ce moment pour rappeler l'importance de soutenir une telle ressource
qui apporte répit aux jeunes ainsi qu'aux familles. Je félicite
M. Jérôme Métivier, directeur général, ainsi que tous les intervenants
pour le travail exceptionnel qu'ils font jour après jour afin que tous les jeunes qu'ils accueillent puissent prendre un nouveau
départ. Merci, M. le Président.
• (9 h 50) •
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député des Chutes-de-la-Chaudière. M. le
député de Sherbrooke, à vous la parole.
Souligner les 10 nouvelles intronisations
au Panthéon des sports de Sherbrooke
M. Luc Fortin
M. Fortin
(Sherbrooke) : M. le Président, j'aimerais aujourd'hui souligner de nouvelles intronisations au Panthéon
des sports de Sherbrooke en vue de la deuxième
cérémonie d'intronisation qui aura lieu ce soir et dont je suis le président
d'honneur. Il s'agit d'une reconnaissance exceptionnelle pour des personnes et un événement majeur qui ont
contribué au développement de la culture sportive à Sherbrooke et en
Estrie.
Les
intronisés sont donc : les jeux de la XXIe Olympiade de Montréal de 1976 à Sherbrooke en handball et en soccer à titre d'événement; l'équipe de volleyball masculin du Vert et
Or de l'Université de Sherbrooke de 1974‑1975; les bâtisseurs
Roch Loignon en patinage de vitesse courte piste, Clément Fortier en sport
amateur et Jean-Paul Ricard en boxe; et finalement les athlètes Gregory
Stevenson en aviron, Lloyd Langlois, Jean-Marc Rozon et Nicolas Fontaine en ski
acrobatique ainsi que Maryse Turcotte en haltérophilie.
En terminant,
j'aimerais remercier chacun des intronisés pour leur contribution remarquable au patrimoine sportif de l'Estrie. Merci, M. le
Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député de Sherbrooke. Enfin, M.
le député de Rivière-du-Loup—Témiscouata.
Souligner le 50e anniversaire de l'Association
féminine
d'éducation et d'action sociale de Trois-Pistoles
M. Jean D'Amour
M.
D'Amour : Alors,
permettez-moi, M. le Président, de vous raconter. Il y a
tout juste deux semaines, j'ai eu le privilège
d'assister aux festivités entourant le 50e anniversaire de l'Association
féminine d'éducation et d'action sociale, l'AFEAS, de
Trois-Pistoles.
Reconnues
pour leurs prises de position éclairées sur une foule de sujets, elles ont véritablement marqué l'histoire de notre
coin de pays. Que ce soit en
matière de santé, d'éducation, de conciliation
travail-famille, elles ont été
présentes, ont collaboré avec une
multitude d'organisations non
seulement de Trois-Pistoles, mais de l'ensemble
de la région des Basques.
Aujourd'hui, de mon siège de l'Assemblée
nationale, M. le Président, je souhaite leur rendre un hommage particulier pour leur ténacité, leur engagement,
leur fidélité à leurs valeurs et à leurs principes. Ça a fait une différence
dans la vie des gens
de chez nous. Je les remercie, je les salue. Et, bien sûr, vous allez me
permettre de leur souhaiter un
autre 50 ans. En langage politique, 50 ans, là, c'est pas mal de
mandats. Alors, elles l'ont fait avec coeur au cours des 50 dernières années, elles ont su se
renouveler et sans doute seront-elles présentes dans nos vies pour encore
50 ans, et on s'en réjouit à l'avance. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député de
Rivière-du-Loup—Témiscouata.
Voilà qui met un
terme à la rubrique Déclarations de députés, et je suspends les travaux de
l'Assemblée quelques instants.
(Suspension de la séance à
9 h 52)
(Reprise à 10 h 1)
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, veuillez vous asseoir... Non, excusez. Mmes, MM. les députés, nous
allons nous recueillir pendant quelques instants.
Alors, merci. Veuillez
prendre place.
Alors,
nous allons poursuivre les affaires
courantes, parce que
j'avais des gens à saluer, mais on va attendre qu'ils arrivent. Elles ne
sont pas là ou ils ne sont pas là. Alors, nous poursuivons les affaires
courantes.
Aujourd'hui, il n'y a
pas de déclarations ministérielles ni de présentation de projets de loi.
Dépôt de documents
Mais,
à la rubrique Dépôt de documents, je cède
la parole à M. le premier ministre pour un dépôt
de documents. M. le premier
ministre.
Rapport annuel du ministère du Conseil exécutif
M. Couillard : Oui, merci, M. le Président. Conformément
à l'article 26 de la Loi
sur l'administration publique, je dépose le rapport annuel de
gestion 2015‑2016 du ministère du Conseil exécutif.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, le document est déposé. M. le ministre de la Santé et des Services sociaux. M. le
ministre.
Rapports annuels de l'Institut national d'excellence en
santé et en services sociaux, du
CHU de Québec-Université Laval, du CIUSSS—Mauricie-et-Centre-du-Québec
et rapports sur l'application de la procédure d'examen des plaintes et de
l'amélioration de la qualité des services du CHU de Québec-Université Laval
et du CIUSSS—Mauricie-et-Centre-du-Québec
M.
Barrette : Merci, M. le Président. Je dépose aujourd'hui le rapport
annuel de gestion 2015‑2016 de l'Institut national d'excellence en santé et en services sociaux, les rapports
annuels de gestion 2015‑2016 du CHU de Québec et Université Laval et du centre intégré de la santé et des services
sociaux de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec ainsi que les rapports
annuels 2015‑2016 sur l'application de la procédure d'examen des plaintes et de
l'amélioration de la qualité des services du
CHU de Québec et Université Laval et du centre intégré de la santé et des
services sociaux de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Ces documents sont déposés. M. le
ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs, à vous.
Rapports annuels de la Fondation de la faune et de la
Société des établissements de plein air
M.
Blanchette : ...le rapport annuel d'activité 2015‑2016 et les états
financiers de la Fondation de la faune et de la Société des
établissements de plein air du Québec, communément appelée la SEPAQ.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Alors, merci. Le document est déposé.
Rapport annuel du Commissaire à l'éthique et à la
déontologie
Pour
ma part, je dépose le rapport d'activité du Commissaire à l'éthique et à la déontologie
de l'Assemblée nationale pour l'exercice 2015‑2016.
Décisions
du Bureau de l'Assemblée nationale
Je dépose également quatre décisions du Bureau
de l'Assemblée nationale. Alors, le document est déposé.
Présence du gouverneur
de l'État de Goiás de la République
fédérative du Brésil, M. Marconi Perillo
Comme nos invités sont arrivés, on va faire la
présentation de nos invités. Alors, j'ai le plaisir de souligner la présence dans les tribunes du gouverneur de l'État
du Goiás de la République fédérative du Brésil, M. Marconi Perillo,
à l'occasion de sa visite. Bienvenue chez
nous. Alors, on vous souhaite un bon séjour à l'Assemblée nationale du Québec.
Dépôt de rapports de
commissions
À la rubrique
Dépôt de rapports de commissions, M. le président de la Commission de
l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources naturelles
et député de Labelle. M. le député de Labelle, pour le dépôt.
Étude du plan
stratégique 2016-2020 d'Hydro-Québec
M. Pagé :
Oui, merci, M. le Président. Je dépose le rapport de la Commission de
l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources naturelles
qui, le 20 septembre 2016, a procédé à l'étude du plan stratégique 2016‑2020
d'Hydro-Québec.
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, merci, rapport déposé.
Dépôt de pétitions
M. le député de La Peltrie. M. le député de
La Peltrie?
Des voix : ...
Rejeter le règlement
rendant obligatoire l'installation de
bornes pour la recharge de véhicules électriques
M.
Caire : Excusez.
C'est de sa faute, M. le Président, c'est un agent perturbateur.
Alors, M.
le Président, je dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée
nationale, signée par 76 pétitionnaires. Désignation :
citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués sont les suivants :
«Considérant qu'une borne pour la
recharge d'une automobile électrique est un accessoire facultatif;
«Considérant
que la Régie du bâtiment du Québec n'a pas le mandat d'obliger l'installation
d'accessoires facultatifs;
«Considérant qu'un règlement
forçant l'installation d'un tel accessoire ferait la promotion d'une idéologie
politique et n'ajouterait [...] rien à la sécurité du public;
«Et l'intervention réclamée se
résume ainsi :
«Nous,
soussignés, demandons au gouvernement du Québec de ne pas adopter un règlement
qui rendrait obligatoire l'installation
de bornes destinées à la recharge de véhicules électriques afin de respecter
les propriétaires d'immeubles et que ces derniers soient entièrement
libres d'installer les accessoires facultatifs.»
Je certifie que cet extrait est
conforme à l'original de la pétition.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Cet extrait de pétition est déposé. M. le député de Portneuf... Et
j'attire votre attention, il y en a
plus d'une et il y en a pas mal, de pétitions, aujourd'hui, en ce début de
session, donc soyez attentif. Alors, M. le député de Portneuf, allez.
Réaffecter
des ressources humaines, matérielles et
financières à l'Hôpital régional de Portneuf
M.
Matte : Merci, M. le Président. Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale,
signée par 967 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes
du Québec.
«Les faits invoqués sont les suivants :
«Considérant
l'éloignement des hôpitaux de Québec, les services de santé dans Portneuf sont
sous-financés et ne répondent pas à la demande des 52 000
Portneuvois et Portneuvoises;
«Considérant
que des études comparatives démontrent que l'Hôpital régional de Portneuf n'a
pas les ressources nécessaires pour donner les services spécialisés de
proximité que la population est en droit de recevoir;
«Considérant les promesses des ministres
précédents;
«Considérant
que la Fondation des services [de] santé et sociaux de Portneuf a amassé des
sommes considérables pour l'acquisition d'un TACO et l'implantation
d'une clinique de chimiothérapie;
«Considérant
que le CIUSSS de la Capitale-Nationale refuse de doter la région d'un TACO, de
lits pour soins de courte durée, de
traitements d'hémodialyse, d'accorder plus de ressources pour Portneuf et
suspend les services mammographie;
«Considérant que le troisième étage de l'hôpital
est toujours vacant;
«Considérant que, par manque de soins
spécialisés de proximité, des patients abandonnent leurs traitements;
«Et l'intervention réclamée se résume
ainsi :
«Nous, soussignés demandons au ministre de la
Santé et des Services sociaux : de rencontrer le comité [des] citoyens; de réaffecter des ressources humaines,
matérielles et financières à l'Hôpital régional de Portneuf, en particulier
pour son service d'urgence; de recevoir, dans
la MRC de Portneuf, une part juste et équitable des médecins et des professionnels de la santé oeuvrant sur le
territoire de la Capitale-Nationale; de rétablir deux groupes de médecine familiale
afin d'assurer une présence des médecins sur
tout le territoire, en particulier dans le nord et l'ouest de la
circonscription de Portneuf.»
Je
certifie que cet extrait est conforme à l'original de la pétition. Également,
je désire souligner que ces 967 signatures s'ajoutent à celles
d'une pétition papier signée par environ 19 000 personnes. Merci.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Alors, extrait de pétition déposé. Je
cède la parole maintenant à Mme la députée de Taillon pour sa pétition.
Mme la députée.
Rendre obligatoire une
juste rémunération
des internats en psychologie
Mme Lamarre : Merci, M. le
Président. Je salue les représentants de la Fédération interuniversitaire des doctorants en psychologie du Québec qui sont dans
nos tribunes. Et je dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée
nationale, signée par 14 201 pétitionnaires. Désignation : citoyens
et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués sont les suivants :
«Considérant que, depuis 2006, un doctorat de troisième cycle
est obligatoire pour obtenir le titre de psychologue au Québec;
«Considérant
que, dans le cadre de ce doctorat,
les étudiants doivent accomplir un internat obligatoire de
1 600 heures qui est actuellement non rémunéré;
«Considérant que cet internat représente une
année de travail à temps plein généralement effectué dans les réseaux publics de la santé et des services sociaux et de l'éducation, et que les internes offrent des services professionnels
à la population québécoise;
«Considérant
qu'en plus de travailler sans être rémunérés les internes doivent débourser
entre 1 300 $ et 6 000 $ de frais de scolarité
pendant l'année d'internat;
«Considérant qu'en Amérique du Nord seul le
Québec ne rémunère pas ses internes en psychologie et que la moyenne canadienne
se situe à plus de 31 000 $;
«Considérant
que les internes en psychologie accomplissent environ 80 % des tâches du
psychologue dans le cadre de l'internat;
«Considérant
que les internes offrent leurs services sous un minimum de supervision qui
représente 12,5 % de leurs heures d'activités;
«Considérant que les résidents en médecine du
Québec, avec un nombre d'années et d'études et un niveau d'autonomie comparables aux internes en
psychologie, sont rémunérés à hauteur de 45 000 $ lors de leur
première année de résidence;
«Et l'intervention réclamée se résume
ainsi :
«Nous, soussignés, demandons au gouvernement du
Québec de rendre obligatoire une juste rémunération des internats en psychologie au Québec et de défrayer la rémunération de
tous les internes en psychologie oeuvrant dans le secteur public.»
Je certifie que cet extrait est conforme à
l'original de la pétition.
• (10 h 10) •
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Extrait de pétition déposé. Et je cède
maintenant la parole à Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques
pour le dépôt de sa pétition.
Mettre en place une consultation
référendaire provinciale
concernant le projet d'oléoduc Énergie Est
Mme Massé :
Merci, M. le Président. Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à
l'Assemblée nationale, signée par 1 557 pétitionnaires.
Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués sont les suivants :
«Considérant
que le projet de TransCanada sous son
intitulé "Énergie Est" représente une source de questions
dont les enjeux nous concernent tous [et toutes];
«Considérant
que ces enjeux dépassent clairement
les intérêts privés et que les enjeux publics et citoyens
doivent être priorisés par le gouvernement qui est responsable de
défendre le bien commun;
«Considérant que les récentes études du BAPE ont
permis de sérieusement mettre en doute la maîtrise de TransCanada dans son propre projet, notamment en ce qui concerne les risques éventuels et les plans de secours en cas de
catastrophe majeure;
«Considérant qu'il n'existe à ce jour
aucune consultation digne, fiable et légale de la population dans son ensemble;
«Considérant la
croissance des craintes légitimes de la population à l'échelle provinciale en
ce qui concerne ce dossier;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous, soussignés,
demandons au gouvernement du Québec :
«De
mettre en place une consultation référendaire provinciale afin de permettre à l'ensemble
de la population de s'exprimer;
«Qu'il n'y ait pas de travaux entamés avant que le verdict de la consultation ne soit rendu et exigeons une garantie gouvernementale à cet
effet;
«Que la réponse ainsi
donnée soit considérée comme légitime et fasse autorité sur toute autre objection.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Extrait de pétition déposé. Et je cède à
nouveau la parole à Mme la députée de Taillon parce que vous en avez une
autre. À vous.
Rendre obligatoire une juste rémunération
des internats en psychologie
Mme Lamarre :
Merci, M. le Président. Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à
l'Assemblée nationale, signée par 4 918 pétitionnaires. Désignation :
citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant
que, depuis 2006, un doctorat de troisième cycle est obligatoire pour obtenir
le titre de psychologue au Québec;
«Considérant
que, dans le cadre de ce doctorat, les étudiants doivent accomplir un internat
obligatoire de 1 600 heures qui est actuellement non rémunéré;
«Considérant
que cet internat représente une année de travail à temps plein généralement
effectué dans les réseaux publics de la santé et des services sociaux et
de l'éducation et que les internes offrent des services professionnels à la
population québécoise;
«Considérant
qu'en plus de travailler sans être rémunérés les internes doivent débourser
entre 1 300 $ et 6 000 $ de frais de scolarité
pendant l'année d'internat;
«Considérant qu'en
Amérique du Nord seul le Québec ne rémunère pas ses internes en psychologie et
que la moyenne canadienne se situe à plus de 31 000 $;
«Considérant que les
internes en psychologie accomplissent environ 80 % des tâches du
psychologue dans le cadre de l'internat;
«Considérant
que les internes offrent leurs services sous un minimum de supervision qui
représente 12,5 % de leurs heures d'activité;
«Considérant
que les résidents en médecine du Québec, avec un nombre d'années d'études et un
niveau d'autonomie comparables aux
internes en psychologie, sont rémunérés à hauteur de 45 000 $ lors de
leur première année de résidence;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous, soussignés,
demandons au gouvernement du Québec de rendre obligatoire une juste
rémunération des internats en psychologie au
Québec et de défrayer la rémunération de tous les internes en psychologie
oeuvrant dans le secteur public.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Extrait de pétition déposé. Et, Mme la
députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques,
également, vous avez une deuxième pétition. Allez, à votre tour.
Adopter un projet de loi afin de permettre le
changement de mention
de sexe à l'acte de naissance des enfants transgenres
Mme Massé :
Un retour de vacances actif. Je dépose donc l'extrait d'une pétition adressée à
l'Assemblée nationale signée par 1 745
pétitionnaires, qui, aujourd'hui, doivent être très heureux. Désignation :
citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Attendu que le
rapport de la Commission des institutions de mai 2015 sur les
consultations particulières et auditions
publiques sur le projet de règlement relatif au règlement sur le changement de
nom et d'autres qualités de l'état civil
pour les personnes transsexuelles ou transgenres invite le gouvernement à
entreprendre rapidement des actions afin de faciliter la vie des mineurs
et juge la situation urgente;
«Attendu que le sexe
apparaissant à l'acte de naissance dicte la mention de sexe qui apparaît sur
les autres documents d'identité civile tels que la carte d'assurance
maladie, le code permanent et la carte étudiante, le permis de conduire
et le passeport;
«Attendu
que les mineurs peuvent faire une demande de changement de sexe dans d'autres
provinces canadiennes — y
compris le Québec maintenant — notamment en Colombie-Britannique [et] en Alberta et en Ontario;
«Attendu
que selon les chartes québécoise et canadienne des droits et libertés, tous ont
droit à l'égalité ainsi qu'au respect
de leur vie privée, ce qui ne peut se concrétiser sans avoir les documents
cohérents à sa présentation et à son identité de genre;
«Attendu que
les jeunes transgenres vivent un niveau disproportionné de discrimination, situation
qui est exacerbée par l'impossibilité
d'obtenir des documents d'identification cohérents avec [leur]
présentation et [leur] identité de genre;
«Et l'intervention réclamée se résume
ainsi :
«Nous, soussignés, demandons au gouvernement du Québec
de déposer et d'adopter un projet de loi afin de permettre le changement de
mention de sexe à l'acte de naissance des enfants transgenres sans délai.»
Et je certifie que cet extrait est conforme à
l'original de la pétition et que la loi a été modifiée.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Extrait de pétition déposé, et je cède la parole maintenant à M. le député de Borduas pour la présentation de sa motion. À vous.
Modifier la législation
en matière de rente du conjoint survivant
M.
Jolin-Barrette : Oui. Merci,
M. le Président. Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par 289
pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués sont les suivants :
«Considérant que Retraite Québec administre les
régimes de retraite de tous les travailleurs du Québec;
«Considérant que Retraite
Québec est responsable de
l'application de la Loi sur le régime de rentes du Québec;
«Considérant
que la rente du conjoint survivant sert à assurer un revenu de base et une
qualité de vie décente au conjoint du cotisant décédé;
«Considérant que les cotisations à Retraite
Québec pour le Régime des rentes sont faites uniquement pour les travailleurs
et les employeurs du Québec;
«Considérant que l'actif accumulé au Régime des
rentes appartient en totalité aux cotisants du Québec;
«Considérant que, pour certains Québécois, cette
rente est considérée comme le seul revenu de retraite;
«Considérant
que les régimes complémentaires de retraite sont assujettis à la Loi sur les
régimes complémentaires de retraite;
«Et l'intervention réclamée se résume
ainsi :
«Nous, soussignés,
demandons au gouvernement du Québec : de modifier la Loi sur le régime des
rentes du Québec pour que les
modalités entourant la rente du conjoint survivant soient similaires à ceux
proposés dans la Loi sur les régimes complémentaires de retraite et dans
la Loi sur le régime de retraite des employés du gouvernement et des organismes
publics; de garantir la rente du conjoint
survivant à 60 % de la rente du cotisant décédé, selon sa cotisation, sans
égard aux facteurs qui pourraient faire diminuer cette rente.»
Je certifie que cet extrait est conforme à
l'original de la pétition.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Extrait de pétition déposé. Toujours à
vous, M. le député de Borduas, pour votre seconde pétition. À vous.
Permettre l'accès public
à tous les plans d'eau du Québec
M.
Jolin-Barrette : Oui. Je
dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par
3 518 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués sont les suivants :
«Considérant que tous les plans d'eau du Québec
doivent être accessibles pour tous les Québécois, selon la Politique nationale
de l'eau;
«Considérant que l'impact économique du nautisme au
Québec est important, notamment par la vente de bateaux, d'équipements de
pêche, de carburant et de permis de pêche;
«Considérant
que les municipalités peuvent réglementer l'utilisation de leurs rampes de mise à l'eau, notamment en exigeant d'imposants tarifs, en vertu de la Loi sur
les compétences municipales;
«Considérant
que les municipalités rendent moins accessibles leurs rampes de mise à
l'eau envers les non-résidents;
«[...]Considérant
que les Québécois se déplacent désormais vers les États-Unis
pour naviguer ou pratiquer la pêche sportive afin de bénéficier de la
gratuité des rampes de mise à l'eau;
«Considérant
que les rampes de mise à l'eau gratuites au Québec se font de plus en plus rares, occasionnant ainsi un fort achalandage sur ces sites;
«Considérant
que le gouvernement n'a apporté aucune modification législative
concernant l'accessibilité aux plans d'eau du Québec suite au dépôt
d'une pétition à l'Assemblée nationale au mois de juin 2015;
«Et l'intervention réclamée se résume
ainsi :
«Nous,
soussignés, demandons au gouvernement du Québec d'intervenir auprès des
municipalités relativement aux tarifs déraisonnables imposés pour
l'utilisation des rampes de mise à l'eau.»
Je certifie que cet extrait est conforme à
l'original de la pétition.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Extrait de pétition déposé. Je reconnais
maintenant M. le député de Richelieu pour la présentation de sa
pétition. M. le député, à vous.
Modifier
le nom du pont Sorel-Tracy
M.
Rochon : Oui, merci, M. le
Président. Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale,
signée par 237 pétitionnaires. Désignation : citoyennes et citoyens
du Québec.
«Les faits invoqués sont les suivants :
«Attendu que
Maurice Martel fut député de la circonscription de Richelieu de 1966 à 1970 et
de 1976 à 1985;
«Attendu que M. Martel fut ministre du
Revenu en 1984 et en 1985;
«Attendu que M. Martel fut un pharmacien
reconnu dans la région et par ses pairs;
«Attendu que M. Martel fut à l'origine de
l'interdiction de vendre des produits du tabac en pharmacie;
«Attendu que M. Martel s'est battu et a
obtenu que la région de Sorel-Tracy soit dotée d'un cégep;
«Attendu que M. Martel fut le président des
fêtes du 350e anniversaire de Sorel-Tracy;
«Attendu que le 375e anniversaire de
Sorel-Tracy sera célébré en 2017;
«Et l'intervention réclamée se résume
ainsi :
«Nous, soussignés, demandons au gouvernement du
Québec que le ministère des Transports, de la Mobilité durable et de
l'Électrification des transports, à l'occasion du 375e anniversaire de
Sorel-Tracy en 2017, renomme le pont Sorel-Tracy de l'autoroute 30 du nom
de Maurice-Martel.»
Je certifie que cet extrait est conforme à
l'original de la pétition.
• (10 h 20) •
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Extrait de pétition déposé. Ça termine la rubrique Dépôt de pétitions.
Il n'y a pas de...
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Non, mais il n'y a plus de temps imparti.
Il n'y a pas
de réponses orales aux pétitions ni d'interventions portant sur une violation
de droit ou de privilège.
Questions et réponses
orales
Nous en
sommes maintenant à la période de questions et de réponses orales, et je cède
la parole à M. le chef de l'opposition officielle pour sa question. M.
le chef.
Vente de RONA
L'entrepôt à des intérêts étrangers
M. Sylvain Gaudreault
M.
Gaudreault : Oui, merci, M. le Président. Dans le dossier RONA,
le premier ministre, autoproclamé le plus transparent de l'histoire, a décidé hier qu'il en avait fini avec la
vérité. Alors que nous tentons de comprendre le contexte qui entoure une des plus importantes transactions
financières des dernières années au Québec, une transaction qui a mené à la perte d'un important siège social et qui met
en péril plusieurs de ses fournisseurs, bien le premier ministre a décrété
qu'il ne répondrait plus aux questions et que le débat est clos. Mais ça ne
marche pas comme ça, M. le Président.
On cherche à
savoir qui est imputable. Nous avons le directeur de cabinet de Jacques Daoust
qui a affirmé sous serment qu'il a
informé le bureau du premier ministre le 2 juin en s'adressant à
Jean-Louis Dufresne, le bras droit du premier ministre. Le problème, c'est que le premier ministre a maintenu sa
version erronée des faits dans les jours qui ont suivi. Alors, il y a juste deux possibilités, que le
premier ministre aime ça ou pas : premièrement, ou bien M. Dufresne a
commis un manquement grave en
omettant d'informer le premier ministre ou, deux, le premier ministre fait
encore accroire de ne pas le savoir, comme dans le dossier du MTQ.
Quand le
premier ministre a-t-il été informé du dossier RONA pour la première fois par
son chef de cabinet? On veut savoir quand, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Gendron) : M.
le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président, on
ne sera pas surpris qu'à la même question on apporte la même réponse. Effectivement, ce dossier-là appartient au passé
parce que c'était une transaction consensuelle, c'est ce qu'on oublie de dire
à la population. Le gouvernement n'avait aucune autorisation à donner dans ce
dossier-là, c'est bien démontré et ça a été
bien expliqué par les gens d'Investissement Québec, et la décision majeure sur
le plan de la transaction a été prise non pas par le gouvernement ou
Investissement Québec, ça a été même dit par l'ancien président de RONA, mais
par la Caisse de dépôt, qui a décidé de se
départir de son bloc d'actions. Et c'est ce qu'il faut dire et répéter, parce
que c'est la vérité, et c'est ce qui
importe pour les Québécois, qui veulent également entendre parler du bénéfice
d'avoir équilibré les finances
publiques au Québec, de contrôler notre dette, d'investir en économie, en
éducation et en santé comme jamais auparavant
on n'a pu le faire parce qu'on ne s'était jamais donné les marges de manoeuvre
comme celles qu'on a maintenant.
Alors, je
comprends que les deux oppositions ne veulent pas entendre parler du plan du
gouvernement, mais je peux leur indiquer dorénavant qu'à chaque question
j'indiquerai et je rappellerai aux Québécois que les grands bénéfices de la discipline budgétaire qu'on a
donnée au Québec sont maintenant à portée de main, on les récolte avec des
investissements dans l'économie, dans la
santé et dans l'éducation. On avait dit que c'est ce qu'on ferait; on le fait
et on va continuer à le faire, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Alors, première complémentaire, M. le chef de
l'opposition officielle.
M. Sylvain Gaudreault
M.
Gaudreault : Oui. M. le Président, ce n'est pas parce que
l'offre de Lowe's n'était pas hostile qu'il n'y avait plus de problème. Le premier ministre, il ne
changera pas là-dessus, là, il ne changera pas la réalité des faits. L'offre
n'était plus hostile la deuxième
fois. Pourquoi? Parce que Lowe's a payé plus cher. Mais les impacts
économiques, eux autres, sont les mêmes : on perd un siège social,
on met à risque des fournisseurs, on inquiète des travailleurs.
On veut juste savoir
quand le premier ministre a été informé du dossier RONA la première fois.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : M. le premier ministre.
Des voix :
...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : ...M. le leader.
M. Jean-Marc Fournier
M.
Fournier : Oui, pas de problème, M. le Président. Parce que c'est intéressant d'entendre maintenant
au moins la reconnaissance que, dans le cas de la transaction de cette année, on n'était pas dans
la même situation qu'en 2012. Il ne s'agit pas d'une
transaction dans un cas d'hostilité, au contraire. Comme vient de le dire le
chef de la première... de l'opposition officielle, M. le Président, c'était
parce qu'il y avait eu une prime.
D'ailleurs, je lis
ici un des passages de la déclaration de la Caisse de dépôt et placement en
date du 3 février dernier, qui disait
ceci — là, je ne lis pas tout mais un passage : «Considérant [...] la prime de
105 % par rapport à la valeur moyenne[...]. Dans l'ensemble,
la caisse estime que la transaction mènera au maintien ou à la croissance de
l'activité économique générée par les bannières de RONA au Québec.»
Le Vice-Président
(M. Gendron) : En terminant.
M. Fournier :
La Caisse de dépôt, qui gère le...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Merci. Tout à fait. Alors...
M. Sylvain Gaudreault
M.
Gaudreault : ...que
le premier ministre n'est pas à l'aise, là, il fait répondre
quelqu'un d'autre. La réalité, là, c'est
qu'en vendant toutes ses actions au pire moment Investissement Québec a pavé
la voie à Lowe's pour acheter RONA, mais,
pire que ça, il a fait perdre aussi plus de 100 millions au gouvernement parce qu'ils ont vendu leurs actions 13 $, alors que tout
le monde a vendu plus tard à 24 $. Qu'on soit pour ou contre la vente de
RONA, c'est une aberration économique. Il y a quelqu'un qui doit être
responsable.
Le premier ministre
a-t-il été informé, oui ou non, par son chef de cabinet?
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Alors, M. le leader du gouvernement.
M. Jean-Marc Fournier
M.
Fournier : Alors, une
fois qu'on a réglé que c'est deux choses différentes parce qu'il n'y avait pas
de cadre hostile cette année, une
fois qu'on a dit ça, on revient donc dans une situation qui est identique à
celle que le Parti québécois a fait face dans le cas de la vente de Provigo à
Loblaws. Et là, dans ce cas-là, c'est le PQ d'aujourd'hui avec le péquiste
d'hier qui redevient péquiste aujourd'hui, qui est le chef de la CAQ, M. le Président. Ces gens-là, lorsqu'ils étaient au gouvernement, ils ont
regardé Provigo puis ils ont dit : C'est comme ça que ça va aller, ça va
être vendu à Loblaws. Aujourd'hui, tous les deux sont en train de nous dire que
c'est donc effrayant, on n'aurait pas dû permettre ça. En 2012, il y
avait une attaque hostile, elle a été arrêtée. En 2016, lorsqu'il y a eu une
offre qui était au-delà, avec une prime...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : En terminant.
M. Fournier :
...le bas de laine des Québécois en a tiré profit, tous les Québécois en ont
tiré...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Troisième complémentaire, M. le...
M. Sylvain Gaudreault
M.
Gaudreault : C'est incroyable, M. le Président! On parle de la
protection de nos sièges sociaux au Québec, de nos fleurons, on parle de perte de plus de 100 millions de dollars,
et le premier ministre s'en lave les mains, reste assis.
Est-ce que le premier
ministre, qui se prétend soi-disant le premier ministre le plus transparent de
l'histoire... Est-ce qu'il peut accepter
qu'on va entendre en commission parlementaire M. Dufresne et M. Bachand
pour faire toute la lumière sur cette histoire, M. le Président?
Le Vice-Président
(M. Gendron) : M. le leader du gouvernement.
M. Jean-Marc Fournier
M.
Fournier : Un peu plus puis il nous demande de nationaliser les
quincailliers, M. le Président, un peu plus.
On
est en train de regarder quelle situation la Caisse de dépôt, qui s'occupe...
Je vais le dire franchement, là : Entre lui et moi et la Caisse de
dépôt, je suggère aux Québécois de prendre l'avis de la Caisse de dépôt. La
Caisse de dépôt regarde, pour l'ensemble des
intérêts du bas de laine des Québécois, qu'est-ce qu'on doit faire; en 2012,
avec Investissement Québec,
dit : Ce n'est pas le moment; en 2016, dit : Voilà une offre qui est
intéressante pour le bas de laine des Québécois, pour l'ensemble des Québécois. Et là il faudrait qu'on ait deux poids,
deux mesures. Quand c'est le temps du PQ, il n'y a pas de problème, mais, quand c'est le temps des
libéraux, il y a des problèmes. Un peu de cohérence. Dans ce cas-ci, la Caisse de dépôt indiquait que c'était à l'avantage
de l'ensemble des Québécois. Ce n'est pas le PQ qui a raison, c'est la
Caisse de dépôt.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : M. le député de Sanguinet, pour votre question.
Programme d'accompagnement des fournisseurs à la
suite de la vente de RONA L'entrepôt à Lowe's
M. Alain Therrien
M.
Therrien : Merci, M. le Président. À l'avantage des
Québécois, oui, en effet. Hier, un premier fournisseur québécois de RONA a officiellement perdu son
contrat avec Lowe's. Ça va bien. La ministre de l'Économie a pourtant déclaré il y a 15 jours, et on s'en rappelle,
qu'elle a réagi dès l'annonce du rachat de RONA en mettant sur pied un
programme d'accompagnement des
fournisseurs pour qu'ils continuent de faire affaire avec Lowe's. La ministre a
même invité les fournisseurs inquiets à contacter son ministère. Celui
qui a perdu son contrat avec Lowe's, hier, a appelé au ministère pour
s'enquérir du nouveau programme. Il s'est fait répondre, imaginez, qu'on
n'avait jamais entendu parler de ce programme
en question. La ministre avait promis de les accompagner et de les protéger, et
le premier qui perd son contrat est incapable d'obtenir de l'aide. Ça,
c'est le résultat de votre inaction.
M.
le Président, est-ce que la ministre de l'Économie a fait un suivi sur ce cas
et peut-elle nous dire combien de fournisseurs sont en danger de subir
le même sort?
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Mme la ministre de l'Économie, de l'Emploi et de
l'Innovation... Non.
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade :
Merci, M. le Président. Alors, lorsqu'il y a eu...
Des voix :
...
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Mme la ministre de l'Économie, de la
Science et de l'Innovation, à vous la parole.
Mme
Anglade : Merci, M. le Président. Alors, M. le Président, lorsqu'il y
a eu l'achat de Lowe's et qu'il y a eu cette transaction-ci, nous avons fait un
certain nombre de choses. Ce que nous avons voulu faire, c'est d'abord avoir
le siège social canadien ici au Québec. Nous
avons voulu nous assurer qu'il allait y avoir les bannières RONA ici, au Québec,
qui allaient être maintenues et que nous allons également maintenir les
emplois.
Après,
ce que nous avons dit, c'est que nous allions accompagner les fournisseurs,
qu'on allait développer un plan pour
accompagner les fournisseurs dans leur transition. Il y a deux semaines, il y a
eu une discussion avec le président de Lowe's par rapport au programme
qui a été mis en place, et, lors de cette rencontre-ci, nous avons convenu que,
la semaine prochaine, nous allons rencontrer
à nouveau le président de Lowe's avec des fournisseurs de RONA pour, justement,
présenter le programme aux différents
fournisseurs. C'est ça que nous avons dit que nous allons faire pour accompagner
les fournisseurs. Et, quand on parle d'accompagnement des fournisseurs, de quoi
parlons-nous exactement? Est-ce qu'il y en a
qui ont des besoins au niveau du numérique? Est-ce qu'il y en a qui ont besoin
d'avoir des fonds de roulement additionnels?
Est-ce qu'il y en a qui ont besoin d'avoir une vitrine pour présenter leurs
produits au niveau international? C'est ça que nous avons fait, M. le
Président...
Le Vice-Président (M. Gendron) : En
terminant.
Mme Anglade :
...et c'est ce que nous allons continuer à faire avec les fournisseurs. Merci.
• (10 h 30) •
Le Vice-Président (M. Gendron) : M.
le député de Sanguinet, première complémentaire.
M. Alain Therrien
M.
Therrien :
...définitivement, ne répond pas à la question. Elle met en place une politique
chimérique d'accompagnement que personne n'a
vue encore. Elle n'a aucun engagement écrit parce qu'elle, elle considère que
la vente de RONA, c'est une bonne
affaire pour le Québec. C'est ça qu'elle a dit dès le départ. Alors que le
premier ministre, lui, courageux et
visionnaire comme toujours, a supplié la compagnie américaine de soutenir les
fournisseurs québécois, aujourd'hui Lowe's lui offre une gifle en plein
visage.
Et moi, je
veux savoir de la ministre — puis j'espère qu'elle va répondre à ma
question — comment
la ministre de l'Économie peut-elle encore penser que la vente de RONA
est une bonne nouvelle pour le Québec.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Mme
la ministre.
Mme Dominique Anglade
Mme
Anglade : Je vais rappeler à mon collègue de l'opposition que je me
suis également levée ici, dans cette Chambre, pour dire qu'il n'y a
personne qui peut se réjouir de la perte d'un siège social. Cela dit, nous
étions dans un contexte où il y avait consensus que des gens qui voulaient
vendre et des gens qui voulaient acheter...
Maintenant,
par rapport aux fournisseurs, ce qu'il est important de dire, il y a 2 500
fournisseurs, en moyenne, qui faisaient
affaire avec RONA, il y a 2 500 fournisseurs présentement qui sont en
discussion avec Lowe's, et ce que nous voulons
nous assurer de faire, c'est d'accompagner ces fournisseurs-là pour faire des
diagnostics spécifiques dans le but de les
soutenir pour qu'ils puissent conquérir de nouveaux marchés. Le Québec, M. le
Président, ce ne sont pas des assiégés. Le Québec, ce sont des
conquérants, et on va accompagner ces conquérants.
Le Vice-Président (M. Gendron) : M.
le député de Sanguinet pour votre deuxième complémentaire.
M. Alain Therrien
M.
Therrien : M. le
Président, Investissement Québec demande au gouvernement : Est-ce qu'on vend les actions ou non? Eux,
incapables de prendre une décision, s'en lavent les mains. Si on avait détenu
les actions d'Investissement Québec
pour RONA, si on les avait détenues en 2016, on aurait eu un pouvoir de négociation. Vous ne savez pas qu'est-ce
que
ça veut dire, vous autres, un pouvoir de négociation. On aurait eu
entre les mains un pouvoir de négociation pour avoir des engagements écrits, et pas un programme d'accompagnement
fictif, chimérique. On aurait pu s'asseoir avec Lowe's et leur exiger le
maintien des emplois.
Vous avez perdu le pouvoir de négociation. C'est
ça, l'histoire de RONA puis d'Investissement Québec, réveillez-vous...
Le Vice-Président (M. Gendron) : À
vous...
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Gendron) : S'il
vous plaît! S'il vous plaît! S'il vous plaît!
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Aïe! S'il vous plaît! La question est terminée.
Une voix : ...
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
S'il vous plaît, M. le
député de Sanguinet,
ça allait bien, là. La période de la question est terminée.
Des voix : ...
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Chut! Je répète, la période... Votre question est posée, et j'attends la réponse. Mme la
ministre de l'Économie.
Mme Dominique Anglade
Mme
Anglade : M. le Président, je pense que, de l'autre côté, il y a
confusion des genres, on confond élever la voix avec élever le débat.
C'est ça qu'on est supposé faire ici, dans cette Chambre, M. le Président.
Dans
la question sur RONA, M. le Président, effectivement, nous avions eu une rencontre avec le président de Lowe's, il
y a deux semaines, pour présenter le
plan d'accompagnement. Lors de cette rencontre, ce qui a été discuté, c'est
que nous voulions avoir une deuxième rencontre. Et c'est également ce que j'ai
dit en entrevue dans les semaines précédentes,
nous allons avoir une autre rencontre à la fin du mois pour déterminer comment
ce plan allait être déployé parmi les
fournisseurs. C'est ce que nous allons faire, M. le Président, et nous
allons accompagner toutes les personnes qui veulent aller conquérir
d'autres marchés à l'international. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Merci, Mme la ministre de l'Économie. Et je reconnais maintenant Mme la députée de Taschereau pour votre question.
À vous.
Attribution de
subventions à des entreprises associées
à des ex-employés du bureau de circonscription
du député de Lotbinière-Frontenac
Mme Agnès Maltais
Mme
Maltais : Merci, M. le Président. Je vais vous raconter une histoire. J'espère que, cette fois-ci, le premier ministre va écouter les faits. Il
était une fois un ministre qui annonce une subvention de 1 million de
dollars dans sa circonscription pour moderniser une station de ski. Il disait
hier que, si la subvention ne venait pas, la station de ski faisait faillite. Les chalets au pied de la station de ski
auraient aussi perdu toute valeur. Mais le projet de modernisation, associé
à un promoteur privé qui allait bâtir de beaux, nouveaux chalets à louer qui
allaient prendre beaucoup de valeur... L'attaché
politique du ministre a tellement travaillé qu'il s'est vu remercier par le
promoteur, comme il est d'usage, bien
sûr,
en public lors de la conférence de presse. Mais, étonnamment, il l'a tellement
aimé qu'il lui aurait confié la gestion et l'entretien des chalets. Yvon Nadeau, cet ex-employé du ministre,
est le même qui est sous le coup d'une enquête au Commissaire au
lobbyisme et qui a valu au ministre une enquête du Commissaire à l'éthique.
Est-ce que le
ministre des Transports peut nous confirmer que son
ex-employé Yvon Nadeau a obtenu un contrat de gestion d'accueil et
d'entretien des chalets au pied du mont Adstock, sauvé par le ministre?
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, M. le ministre des Transports.
M. Laurent Lessard
M.
Lessard : Merci, M.
le Président. Hier, j'ai eu
l'occasion, donc, de réitérer, par
rapport à la plainte qui a été
déposée concernant l'activité, donc... c'est-à-dire la demande de subvention de
l'entreprise de M. Nadeau. Je tiens à réitérer,
M. le Président, la chose suivante. Il y a trois ans et demi, M. Nadeau a
quitté mon bureau de comté pour se lancer en affaires. Il y a deux ans et demi, il a appliqué dans un programme
des Ressources naturelles dans le temps que la députée de Vachon était la ministre et que moi, j'étais
whip de l'opposition officielle, donc alors qu'on n'était pas le gouvernement.
Quand le Parti québécois a mis fin à l'amiante dans mon secteur, on a fait un
comité de relance. Vous devez vous en souvenir,
quand vous avez mis fin à l'amiante? Oui. Chez nous, il y a eu des conséquences
sur les travailleurs. Je lui ai demandé de venir travailler à mon bureau
de comté, mais, avant tout, il m'a indiqué qu'il avait, donc, une demande pendante au ministère des Ressources naturelles.
Nous avons rencontré à ce moment-là, donc, le Commissaire à l'éthique sur cette situation. Savez-vous quoi? J'ai
rencontré le Commissaire à l'éthique ce matin, je lui ai offert toute ma
collaboration. Il va faire la lumière
là-dessus parce que ce n'est pas la députée de Taschereau, avec ses petits raccourcis,
qui va le faire, M. le Président.
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Gendron) : S'il
vous plaît! Oui. Attention! Ce n'est pas grave, là, mais attention! On
poursuit. Mme la députée de Taschereau, pour votre première complémentaire.
Mme Agnès Maltais
Mme
Maltais : M. le Président, je vois que le ministre évite de parler du
dossier du Mont-Adstock. M. Nadeau et sa conjointe se retrouvent à opérer la gestion, l'accueil et
l'entretien du chalet alors qu'ils travaillent tous les deux pour le
ministre et qu'ils ont travaillé ardemment à obtenir la subvention qui a permis
de faire ces chalets.
Quand le
ministre a-t-il été mis au courant
que ses employés géraient la location de chalets privés au pied d'une
station de ski dont la rénovation a valu une subvention...
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, M. le ministre des Transports.
M. Laurent Lessard
M.
Lessard : Alors, la Coopérative de solidarité, ce n'est pas
M. Nadeau qui a demandé la subvention au ministère des Loisirs, c'est une communauté
fiduciaire qu'on appelle une coop de solidarité. Savez-vous quoi? On s'est
débattus ardemment pour l'avoir, comme les autres,
pour remplacer quoi, M. le Président? Des canons à neige pour faire de la neige — on
manquait de neige — remplacer
quelques pièces après le «chairlift»... excusez-moi, le remonte-pente, hein, et
bâtir un garage. Pour qui? Pour la communauté
fiduciaire qu'est la coop de solidarité, M. le Président. C'est ça, les
faits.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Deuxième complémentaire, Mme la députée de Taschereau.
Mme Agnès Maltais
Mme
Maltais :
Les chalets du Mont-Adstock ont pris de la valeur et ont été bâtis à cause de
la subvention de 1 million de dollars qui a été donnée au Mont-Adstock.
Quand
le ministre a-t-il été avisé que ses employés faisaient la
gestion, l'entretien, la location de chalets qui avaient bénéficié de la
subvention qui était allée au Mont-Adstock? Quand? Quels contrats? On veut tout
savoir. Vous êtes transparents...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : M. le ministre des Transports.
M. Laurent Lessard
M.
Lessard : M. le Président, ça va être bienvenu au Mont-Adstock parce qu'à toutes les années on en perd, de
l'argent. À toutes les années, toutes les
activités sont déficitaires, dans lesquelles les organismes, le fonds régional
de Desjardins doit remettre
constamment de l'argent. C'est ça, notre réalité en région. M. le Président,
j'ai agi correctement, j'ai respecté les règles. C'était vrai hier,
c'était vrai aujourd'hui, ça va être encore vrai demain.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : M. le chef du deuxième groupe parlementaire pour votre
question.
Remboursement des dons obtenus illégalement
par les partis politiques
M. François Legault
M.
Legault : M. le Président, le premier ministre nous a déjà dit
ici, en Chambre, que, lorsqu'il allait recevoir une demande de remboursement du Directeur général des élections pour des
dons illégaux, qu'il était pour rembourser immédiatement. Or, en juillet dernier, le Directeur général des
élections a fait parvenir au Parti libéral une demande de remboursement pour des dons illégaux pour
500 000 $. 500 000 $, un demi-million de dons illégaux, ce
n'est pas rien. Or, M. le Président,
deux mois plus tard, le Parti libéral n'a toujours pas remboursé. Le premier
ministre nous dit qu'il est en train
de faire des vérifications. M. le Président, j'ai déjà été vérificateur, là, ça
ne prend pas deux mois pour faire ce genre de vérification.
M.
le Président, peut-être que le premier ministre conteste une partie du
500 000 $. Moi, j'aimerais qu'il nous dise aujourd'hui quelle
partie du 500 000 $ il conteste. Pourquoi il ne rembourse pas l'autre
partie avec laquelle il est d'accord? Donc, moi, je voudrais qu'il dise clairement
aux Québécois ce matin, là, après deux mois de vérifications, combien de dons
illégaux va-t-il rembourser, puis quand.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président, bien sûr, on va rembourser toutes les contributions
qui, au terme du processus qui est en cours, seront considérées et constatées
comme étant illégales par le DGE. On l'a toujours fait, on va toujours le
faire.
Maintenant,
il oublie, encore une fois, de mentionner quelques détails qui sont loin d'être
anodins. D'abord, la somme qui a été
réclamée dans le premier envoi du DGE — et on est le premier parti politique à avoir
indiqué qu'on le ferait — a été immédiatement retirée des coffres du
parti pour être placée en fidéicommis, donc en réserve pour éventuellement
être remboursée totalement.
Deuxièmement,
ce qu'il a oublié de dire aussi — peut-être qu'il ne le sait pas — c'est avec l'accord du DGE qu'on a entrepris une démarche, qui est actuellement en
cours, sur l'examen des réclamations du DGE, la validité des preuves ou des évidences qui sont contenues dans leurs
dossiers, et, en bout de ligne, on va se conformer aux conclusions du DGE,
qui a accepté de faire cet exercice avec
nous. Donc, ce n'est pas nous qui, dans notre bureau, faisons les
vérifications. On le fait
actuellement au bureau du DGE avec les officiels du bureau, et, en bout de
ligne, je le redis très clairement, comme on a toujours fait, on va
rembourser les sommes qui seront réclamées.
• (10 h 40) •
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Première complémentaire, M. le chef du deuxième groupe.
M. François Legault
M. Legault : M. le Président,
le premier ministre confond deux choses : mettre de l'argent en fiducie
puis rembourser le DGEQ. Ce n'est pas la même chose. M. le Président, ça ne
tient pas debout, deux mois pour faire ces vérifications. Pourquoi, M. le Président, à chaque
fois qu'il s'agit d'intégrité, ça traîne au Parti libéral? Plus ça change,
plus c'est pareil au Parti libéral.
Quand va-t-il rembourser le demi-million?
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Gendron) :
S'il vous plaît, là! Bien, plus d'ordre. M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président, je
vais être obligé de répéter. Puis, contrairement à ce qu'il vient de dire, je comprends très bien la différence entre mettre des
sommes en fidéicommis puis faire un remboursement. Et on l'a indiqué dès le début, pourquoi c'est important — et j'ai confiance que les Québécois
comprennent très bien cette démarche-là — c'est qu'on se retire même la possibilité d'utiliser ces sommes pour nos
opérations courantes jusqu'à la fin du processus, qui est un processus de bonne foi, qui n'est pas fait
unilatéralement par notre parti, mais avec le DGE au moment même où nous
nous parlons.
Ça va arriver
à son terme, il y aura une conclusion du DGE qui pourra nous dire deux
choses : ou bien l'entièreté des
sommes, comme je l'indiquais, est due, ce qu'on va payer, ou bien,
effectivement, il y a des endroits où il y a des zones d'incertitude,
donc on va retirer ces sommes-là de notre demande. Ce n'est pas à moi de le
dire, ce sera au DGE de le conclure, et, en bout de processus, on va faire
exactement...
Le Vice-Président (M. Gendron) : En
terminant.
M. Couillard : ...ce que le DGE va
nous demander de faire.
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Merci, M. le premier ministre. Deuxième complémentaire, M. le chef du deuxième
groupe.
M. François Legault
M. Legault :
M. le Président, il me semble que c'est assez clair, là, s'il discute avec le
DGEQ, c'est parce qu'il n'est pas d'accord avec une partie du
500 000 $.
Disons qu'il
y a 400 000 $ avec lequel il est d'accord puis 100 000 $
avec lequel il n'est pas d'accord... Est-ce qu'il peut nous dire combien
de dons illégaux, selon lui, le Parti libéral a reçus puis pourquoi il ne
rembourse pas ce montant-là?
Le Vice-Président (M. Gendron) : M.
le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : Notre collègue,
que j'apprécie beaucoup, a tendance parfois à enfoncer des portes ouvertes, là.
Je lui ai dit, encore une fois, que c'est un
processus qui est fait avec le DGE, et, en bout de ligne, la somme qui va être
remboursée, de concert avec le DGE, selon
ses réclamations finales, va être publiée. Alors, toutes les réponses seront
faites.
Il y a un
autre parti politique également qui, peut-être, est en train de faire le même
processus. Je sais que, dans son cas,
il est allé au remboursement, il l'a annoncé. Mais, compte tenu de la somme
demandée, compte tenu de la nature des
éléments, le DGE a accepté, M. le Président. On ne lui a pas demandé de le
faire, il a accepté de faire un processus juste de revue. Et, en bout de ligne, je lui réponds très clairement, je
lui répète très clairement, parce qu'il oublie de le dire, on va
rembourser toutes les sommes...
Le Vice-Président (M. Gendron) : En
terminant.
M. Couillard : ...que le DGE
considérera qui sont dues.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Merci, M. le premier ministre. Je cède
maintenant la parole à M. le député de Borduas pour sa question.
Présomption d'appropriation
illégale de documents
de la Coalition avenir Québec
M. Simon Jolin-Barrette
M.
Jolin-Barrette : Merci, M.
le Président. Ce matin, on a révélé des faits troublants relativement à
l'embauche de Yan Plante au cabinet du premier ministre. M. Plante s'est
approprié illégalement des documents. D'ailleurs, on vient d'apprendre
que M. Plante a confirmé cette information-là.
Tout à l'heure, le premier ministre,
dans le corridor, a dit : M. Plante est arrivé chez nous sans information,
et on ne lui demande aucune information. M. le Président, la semaine
dernière, le bureau du premier ministre a confirmé aux journalistes que
toutes les vérifications avaient été faites relativement à Yan Plante, à savoir
s'il s'était approprié des documents. La
réponse du bureau du premier ministre a été : Nous avons fait les
vérifications, et Yan Plante nous confirme qu'il n'a pas obtenu de documents. Deux versions, M. le Président :
le 7 septembre, l'affaire Schautaud; le 9, on apprend que
M. Plante aurait détruit des documents.
Est-ce que le premier
ministre peut tolérer dans son équipe quelqu'un qui a volé des documents?
Le Vice-Président
(M. Gendron) : M. le leader du gouvernement.
M. Jean-Marc Fournier
M.
Fournier : Bien, d'abord, allons-y rapidement avec les faits.
Ni le gouvernement ni le Parti libéral du Québec n'ont eu aucune information venant ou concernant l'avis de la CAQ. Et je
rajoute : Ça ne nous intéresse pas. On sait ce que la CAQ a fait, de toute façon. Elle est dans
une transformation en ce moment, il faut bien l'avouer. On avait constaté
que les députés la quittaient, on a constaté
que le personnel la quitte. Puis on sait pourquoi, parce que le chef de la CAQ nous a annoncé, il n'y a pas longtemps — je pense que c'était au printemps — qu'il avait fait une acquisition
extraordinaire, il y avait un
péquiste, M. Gobeil, qui était sur la charte de l'exclusion, qui venait
d'aller les rejoindre. Ça fait que, là, le test d'expulsion est devenu maintenant la règle à la CAQ. Alors, ce qu'on
voit en ce moment, c'est une péquisation de la CAQ.
Et
c'est ça, le vrai sujet qui concerne la CAQ. C'est ça, les vraies matières. Il
y a la vraie question qui devrait se poser à la CAQ : Comment ça se fait
que le monde nous quitte? Comment ça se fait que le monde s'en va? Ça se peut-u
que c'est parce que, s'ils veulent être
péquistes, ils vont aller au PQ, mais ça ne sera pas certainement d'aller à la
CAQ, qui essaie d'être partout à la
fois? Mais le chef de la CAQ ne fera jamais oublier qu'il était péquiste, qu'il
est animé par le même nationalisme de peur que le Parti québécois, et
c'est de ça dont il ne veut pas parler.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : En terminant.
M. Fournier :
Pour le reste, ça ne nous intéresse pas.
Des voix :
...
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
S'il vous plaît! La présidence n'a pas de commentaire à faire sur les propos entendus, si ce n'est que de dire :
Ça prend quand même un minimum de quorum pour entendre les réponses. Alors,
première complémentaire.
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : M. le Président, je trouve ça vraiment dommage. Je pose une question
sérieuse au leader du
gouvernement, au premier ministre, je m'attends à une réponse sérieuse.
Est-ce
que le premier ministre peut cautionner l'embauche, avec des deniers publics,
avec de l'argent de masse salariale
du cabinet, de son propre cabinet du premier ministre, d'un individu qui s'est
approprié sans droit, illégalement, des
documents? Est-ce que le premier ministre peut cautionner ce genre de
comportement là dans son entourage? Qu'il se lève et qu'il réponde.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : M. le leader du gouvernement.
M. Jean-Marc Fournier
M.
Fournier : ...sérieusement, je suggère à mon collègue d'aller à
l'extérieur du salon bleu répéter exactement ce qu'il vient de dire.
Alors, je l'invite, je vais voir ce qui va se passer pour la suite des choses.
J'ai hâte de voir ça.
Pour
le reste, là, ce que je lui dis, très sérieusement, nous n'avons aucun document
venant de la CAQ qui a été reçu ou
transmis au gouvernement du Québec, au Parti libéral du Québec. Je ne sais pas
ce qu'il veut de plus, mais il n'y en a pas. Alors, à partir de là, qu'il se pose lui-même des questions sur ce
qu'il fait dans son mouvement politique et pour quelle raison il y a
tant de monde qui veut quitter ce parti-là.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Deuxième complémentaire, M. le député de Borduas.
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : Encore une fois, M. le Président, le premier ministre ne répond pas. On
a la confirmation qu'il y a au moins
une dizaine de documents confidentiels et stratégiques de la CAQ qui étaient en
possession de Yan Plante. Celui-ci a même confirmé tout à l'heure qu'il
avait en sa possession ces documents-là.
M.
le Président, est-ce que le premier ministre est d'accord de conserver
quelqu'un à son emploi qui a ce genre de
comportement là? Le premier ministre, après avoir cautionné le mensonge de
Jacques Daoust, cautionne maintenant le vol de Yan Plante en le gardant
à son emploi.
Des
voix : ...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Un instant! Oui. M. le leader du gouvernement.
M. Fournier :
Je pensais que vous étiez pour faire l'appel au règlement.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Bien, c'est sûr que vous le savez.
Une voix :
...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Un instant! Non, merci.
Une voix :
...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Oui, oui, moi aussi. Règle générale, cette
expression-là, on ne peut pas l'utiliser ici, c'est l'imputation d'un motif.
Alors, il faut faire attention au langage utilisé, je le rappelle. Mais on l'a
entendu, ça a été fait, alors réponse.
M. Jean-Marc Fournier
M.
Fournier : Tout ce que je peux dire, M. le Président, je tiens
à le répéter, là, on n'a pas de document qui vient de la CAQ. Ça ne nous intéresse pas, les documents
de la CAQ. De toute façon, on ne présume même pas que vos documents
stratégiques soient bien, bien intéressants.
Quand
on y pense, quand on voit l'orientation que vous avez prise, d'avoir l'air à
vouloir être absolument comme le PQ, mais juste un petit peu à l'extérieur,
c'est comme si votre chef se plaignait du temps où il a quasiment été candidat
à une course à la chefferie, mais il avait
été mis un petit peu de côté, puis là il se dit : Bien, je vais m'en faire un, PQ à moi. Bien, il s'en est fait un, PQ, chez vous, vous
perdez du monde. Il y a une époque où vous aviez une coalition. Vous avez
fermé la porte de la coalition, vous êtes redevenus un autre PQ.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, je peux entendre la prochaine question. Question
principale, alors, M. le
député de Rosemont. M. le député de Rosemont.
Compressions budgétaires dans les soins à domicile
aux personnes handicapées
M. Jean-François Lisée
M.
Lisée : Oui, c'est un
fait. M. le Président, on a discuté ici avec le ministre de la Santé, il y a quelques mois,
du problème du rationnement des soins à
domicile. La Protectrice du citoyen avait dit : J'ai fait enquête, et,
dans plusieurs régions, le ministère
de la Santé réduit les soins à domicile, les heures parce qu'il n'y en a pas
assez pour tout le monde. Le ministre a dit : Ça n'existe pas. Je
lui ai montré une lettre qui concerne Michel Pigeon, qui habite dans mon comté, où le ministère a dit : Nous réduisons
vos heures dans le souci d'équité envers tous les usagers, souci
d'équité...
Des voix :
...
Le
Vice-Président (M. Gendron) : M. le député de La Peltrie et M. le
leader du gouvernement, la période de questions
se poursuit. Si vous avez des choses à vous dire après la période, bien, vous
êtes les bienvenus, mais, pour le moment, je voudrais entendre...
Une voix :
...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Non, non, mais, écoutez, je n'ai pas le choix, moi, là,
j'entends plus les deux intervenants qui s'interpellent que celui qui a la
parole pour poser la question. Alors, excusez, M. le député de Rosemont, vous
pouvez recommencer au complet. Non? Veuillez poursuivre.
M.
Lisée : Alors, M. Pigeon est un handicapé de Rosemont qui va
travailler à temps plein tous les jours, il a besoin de ces services-là. Il a demandé à la protectrice
si ce rationnement était correct. La protectrice a dit non, a demandé au
ministère de la Santé de rétablir immédiatement toutes les heures, le ministère
refuse.
Comment
ça se fait que, même quand la protectrice dit spécifiquement, dans un
cas : Rétablissez les heures, le ministère refuse?
• (10 h 50) •
Le Vice-Président
(M. Gendron) : M. le ministre de la Santé et des Services sociaux, à
vous la parole.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : On va commencer, M. le Président, par rétablir un fait,
c'est au centre intégré de santé et de services sociaux que la demande est adressée, pas au ministère. Mais je suis
content que le député de Rosemont s'adresse à cet élément-là, M. le Président, je suis très content.
Au Québec, là, on est revenus à l'équilibre budgétaire pour avoir des marges
de manoeuvre spécifiquement pour aller
intervenir là où les besoins sont les plus grands, et voilà un bon exemple.
Voilà un bon exemple.
Il nous fallait avoir
les marges de manoeuvre pour pouvoir le faire, et, il y a deux jours, j'ai fait
une annonce spécifiquement là-dessus, M. le
Président, où on a dit que nous allions utiliser les prochaines marges de
manoeuvre en CHSLD pour tous les
aspects qui les concernent, mais en soins à domicile. En soins à domicile
pourquoi, M. le Président? Parce que
les besoins sont tellement grands, tellement grands qu'on n'est pas capables de
subvenir à tous les besoins et qu'on
doit faire des choix. Comment faire des choix, M. le Président? En faisant des
évaluations correctes, en décidant comment
bien faire les choses, en développant sur tout le territoire les meilleures
pratiques. On s'engage à le faire, là, on est dedans. Les gens qui nous écoutent, ils nous entendent transformer
le système dans leur bénéfice, mais on ne peut pas tout faire, M. le
Président...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : En terminant, en terminant.
M. Barrette :
...et je vais revenir avec plaisir à la prochaine question de notre collègue
de...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Première complémentaire, M. le député de Rosemont.
M. Jean-François Lisée
M.
Lisée : Bon, d'abord, je constate que maintenant le ministre de
la Santé ne nie plus qu'il y a eu rationnement dans les soins à domicile. D'ailleurs, la lettre de son CIUSSS, dont il
rencontre, toutes les deux semaines, tous les présidents, tous les présidents adjoints — il connaît très bien cette lettre, je lui
avais montrée en commission parlementaire — donc ils disent : Chers Québécois, nous avons rationné les soins à
domicile pour avoir des marges de manoeuvre pour pouvoir parfois leur en
remettre.
Mais,
il y a deux jours, M. le Président, le CIUSSS a dit : Malgré ce que dit la
Protectrice du citoyen, il n'est pas question de rétablir avec les
marges...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : C'est terminé. M. le ministre.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : M. le Président, le député de Rosemont est, évidemment,
pris en flagrant délit de sophisme. Dans sa première question, il a parlé du ministère, et là il vient nous dire
que la lettre qu'il avait devant lui, dans ses mains, était adressée au
CIUSSS. Merci.
Ceci dit, M. le
Président, j'ai dit une chose claire...
Des voix :
...
M. Barrette :
Bien, comme dirait le député de Rosemont...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : S'il vous plaît!
Une voix :
...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : On va voir si ça a le même effet. Veuillez poursuivre.
Des voix :
...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Sérieusement, veuillez poursuivre...
M.
Barrette : Oui. Et j'ai
indiqué dans mon annonce de lundi, M.
le Président, que, pour les plus démunis comme M. Pigeon, les M.
Gagnon ou les Mme Tremblay, parce
qu'il y en a d'autres, il nous faudrait aujourd'hui, M. le Président, 970 millions de dollars pour livrer ça. Quand
le PQ était au pouvoir, M. le Président, là, puis qu'ils annonçaient des
déficits, ça ne les bâdrait pas. Bien, nous...
Une voix :
...
M. Barrette :
Bien, il n'y a pas de «bon». C'est ça, la réalité.
Le Vice-Président (M. Gendron) : En
terminant, en terminant.
M. Barrette :
Alors, aujourd'hui...
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Excusez. Alors, deuxième complémentaire, M. le député de Rosemont.
M. Jean-François Lisée
M. Lisée :
Alors, on est dans un cas où l'évaluation dit : M. Pigeon a besoin de tant
d'heures. Là, par souci de rationnement et d'équité, on lui coupe le
tiers de ses heures. La protectrice dit : Ça ne se peut pas, il va perdre
sa job, rétablissez les heures. Son ministère,
qui est dans les CISSS et les CIUSSS aussi, c'est lui qui les a organisés,
continue à dire non. Il y a trois
jours, la protectrice dit : Faites ce que je vous dis, et, il y a deux
jours, son ministère a dit : Il n'en est pas question...
Le Vice-Président (M. Gendron) :
C'est terminé. M. le ministre de la Santé et des Services sociaux.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : ...M. le Président, la Protectrice du citoyen a dit :
Vous n'avez pas encore fait la démonstration, il y a encore des travaux qui sont en cours. Mais l'enjeu ici, M. le
Président, l'enjeu, là, c'est la société au complet, c'est tous les gens
qui ont besoin, hein? L'enjeu, là, c'est de faire mieux avec ce que l'on a,
parce qu'on n'en a pas assez. D'ailleurs, c'est la raison pour laquelle je me bats si fort
pour qu'on ait, dans notre collaboration fédérale-provinciale,
plus de sous à dépenser aux bons endroits
comme les soins à domicile. Alors, c'est ça, la réalité, M. le Président, il y a des enjeux
qui se quantifient, qui passent par des dollars, et il faut
gérer ça avec rigueur, un mot abstrait pour le Parti québécois.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
M. le député de Mercier, en question principale. M. le député de Mercier,
à vous.
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Gendron) : S'il
vous plaît! S'il vous plaît!
M. Khadir : Merci, M. le
Président.
Des voix : ...
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Oui, franchement, laissez... Celui qui a
la parole, c'est le député de Mercier. À vous.
Subventions versées à
des entreprises associées à des ex-employés
du bureau de circonscription du député de Lotbinière-Frontenac
M. Amir Khadir
M. Khadir : Merci, M. le Président. La ministre
de l'Économie a souhaité, tout à l'heure, qu'on élève le débat. C'est le but pour lequel je voudrais aujourd'hui
prier, inviter le ministre des Transports de soumettre sa démission de sa
propre initiative, et je vais expliquer pourquoi.
Le ministère
des Transports est un des deux ministères pointés du doigt par la commission
Charbonneau. D'énormes problèmes
d'irrégularité existent dans ce ministère. D'ailleurs, il y a une commission de
l'Assemblée nationale qui se penche sur ce problème-là.
Le ministre,
à cause des irrégularités et des questions qui entourent deux de ses attachés
politiques, actuellement, malheureusement, n'a plus l'autorité morale
pour s'occuper d'une tâche aussi colossale, aussi importante en matière d'éthique et de responsabilités. Il ne peut
assumer en toute sérénité cette tâche, donc je lui demande aujourd'hui, pour
restaurer la confiance du public dans les institutions, de soumettre...
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, M. le ministère des Transports, pour la réponse, à vous.
M. Laurent Lessard
M.
Lessard :
M. le Président, j'ai réitéré à cette Chambre à plusieurs reprises, je vais le
faire encore une fois, dans le cadre
de mes fonctions... Donc, il y a des gens qui ont donc déposé une plainte, le
Parti québécois a déposé une plainte officiellement concernant l'aspect
d'un contrat donné à l'entreprise de M. Yvon Nadeau.
Je tiens à
réitérer, il y a trois ans et demi, lorsqu'il a quitté mon bureau pour se
lancer en affaires, il a joint un groupe. Il y a deux ans et demi, il a donc déposé, dans un programme du
ministère des Ressources naturelles, alors que j'étais le whip de l'opposition officielle... En 2014, je lui
ai demandé, suite à la décision du gouvernement du Parti québécois de
mettre fin au dossier de l'amiante, de venir à mon bureau de comté, de
travailler pour mettre en place trois comités. À cette occasion-là, j'ai demandé de rencontrer le
Commissaire à l'éthique, étant donné qu'il avait une demande pendante dans un autre ministère, ce que nous avons fait.
Ce matin, j'ai rencontré le Commissaire à l'éthique, et, à ma connaissance,
c'est une instance de cette Assemblée, j'ai
offert toute ma collaboration. Puis savez-vous quoi, M. le Président? J'ai
respecté toutes les règles.
Le Vice-Président (M. Gendron) : M.
le député de Mercier, première complémentaire, à vous.
M. Amir Khadir
M. Khadir : M. le Président, j'aime la réponse
du ministre, mais je crois que ce n'est pas suffisant. À une question qui lui a été posée, le premier ministre n'a pas
répondu lorsqu'on lui a demandé s'il avait toujours confiance en son ministre
des Transports. Par omission, il a montré
qu'en fait il était lui-même... le premier ministre était ébranlé. C'est une
question qui va de la confiance du
public dans les processus, dans les institutions. D'ailleurs, en juin, le
premier ministre souhaitait rétablir
ça, ça devait être l'ère du renouvellement de la confiance. Je pense que le
ministre des Transports ferait du bien au Québec en...
Le Vice-Président (M. Gendron) : M.
le ministre des Transports, pour la réponse.
M. Laurent Lessard
M.
Lessard :
M. le Président, j'ai entrepris une série de réformes importantes au niveau du
ministère des Transports suite à
différentes recommandations soit du Commissaire au développement durable, soit
du Vérificateur général, soit par le
travail fait par mes prédécesseurs, donc une série de mesures et de processus
pour s'assurer de la conformité des contrats, la conformité des processus, la reddition de comptes adéquate, la
formation en éthique auprès de tous les employés de l'État, différentes démarches qui seront
présentées dans les prochaines semaines en commission parlementaire, puis, à
ce moment-là, M. le Président, il sera en mesure de juger si les correctifs
sont apportés à tous les jours.
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Deuxième complémentaire, M. le député de Mercier.
M. Amir Khadir
M. Khadir : En raison du jugement très sévère
qu'a posé la commission Charbonneau sur le gouvernement libéral précédent, sur le ministère du Transport, c'est
une tâche colossale qui a besoin d'un ministre au-dessus de toute critique,
au-dessus de... je ne dirais pas «soupçon», mais au-dessus de tout, disons,
soupçon qu'il puisse avoir des difficultés à assumer cette tâche.
Or, il n'a
pas la sérénité actuellement, étant donné les questionnements graves sur deux
de ses attachés. Je lui réitère ma demande qu'il donne sa démission, ça
va renouveler la confiance...
Le Vice-Président (M. Gendron) : M.
le ministre des Transports, à vous.
M. Laurent Lessard
M.
Lessard : C'est
intéressant d'entendre ses nuances sur le soupçon, sur l'apparence d'un
peut-être... d'un commencement. Alors, moi,
à tous les jours c'est des lundis, M. le Président, à tous les jours on
applique les meilleures pratiques au ministère des Transports pour
s'assurer, un, de faire la promotion des bonnes règles qui sont appliquées; deuxièmement, les règles qui sont améliorées;
troisièmement, de barrer la route à tout ce qui s'en éloignerait. J'ai
rencontré tout le personnel. La
direction est au travail, les actions sont posées quotidiennement, on est prêts
à répondre en commission parlementaire
à tout moment pour s'assurer que la population en a pour son argent, que les
règles sont respectées et que tout est fait correctement.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Merci, M. le ministre des Transports.
Mme la députée d'Iberville, pour votre question. À vous.
Langue d'enseignement à
la faculté de médecine
satellite de l'Université McGill en Outaouais
Mme Claire Samson
Mme
Samson : Merci, M. le Président. Une question facile. M. le Président,
après plusieurs années de tergiversations,
le gouvernement a finalement annoncé, il y a quelques semaines, l'implantation
d'une faculté de médecine satellite
en Outaouais en collaboration avec l'Université McGill. Le premier ministre a
toutefois omis de mentionner lors de
l'annonce un détail important : 50 % des cours seront donnés en
anglais durant la première année et demie de formation des étudiants. En 2014, pourtant, il a déclaré
publiquement que les étudiants de l'Outaouais auront le droit de recevoir
un enseignement complètement en français.
Dans
les autres facultés de médecine du Québec, les cours sont offerts en français,
mais pas en Outaouais. Le gouvernement a choisi l'Université McGill, mais, si elle veut
offrir des cours en Outaouais, elle doit franciser son enseignement.
Est-ce
que le ministre responsable de la
Promotion de la langue française peut garantir aujourd'hui que tous les
cours seront offerts en français lors de l'inauguration de la faculté de
médecine en Outaouais en 2020?
• (11 heures) •
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Mme la ministre de l'Enseignement supérieur, à vous.
Mme Hélène David
Mme David
(Outremont) : Tout d'abord, M. le Président, quelle belle nouvelle que
d'avoir pas moins de 96 nouveaux
étudiants en médecine à terme des quatre années, 24 par année, étudiants qui
vont, au lieu d'être à Montréal à
étudier en anglais, parce que c'est une délocalisation — ils prennent leur quota, ils en prennent 24
et ils vont être en Outaouais... ces
24 là vont être dans un milieu francophone! Il y en aura 96 à terme. On va
tripler le nombre d'étudiants qui
sont en médecine en Outaouais. On va doubler le nombre de résidents en médecine
de famille. Il va y avoir au moins 200 étudiants de plus qui
circulent en résidence et en premier cycle de médecine.
C'est
une extraordinaire nouvelle. Les gens en Outaouais étaient parfaitement
souriants, très heureux. Et, oui, 92 % de l'enseignement se fera en français. Le 8 % restant, dont on
parle de 50 % de la première année en visioconférence... plusieurs, plusieurs raisons pour ça. La première,
c'est qu'on parle du RUIS de l'Université McGill, le RUIS étant le Réseau
universitaire intégré de santé...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : ...Mme la ministre.
Mme David
(Outremont) : Pardon?
Le Vice-Président
(M. Gendron) : En terminant.
Mme David
(Outremont) : Bien, je continuerai tout à l'heure.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : C'est ça. C'est en plein ça. Alors, la
première complémentaire, Mme la députée d'Iberville.
Mme Claire Samson
Mme
Samson : ...on peut se
rendre en Outaouais en passant par n'importe où. Mais, M. le Président, le Parti libéral
minimise toujours la défense et la primauté du français, il trouve toujours des
excuses. Aujourd'hui, M. le Président, la
CAQ exige du gouvernement et de l'Université McGill de corriger la situation
et d'offrir des cours en français lors de l'inauguration de la faculté
de médecine en 2020. Ils ont trois ans pour le faire. C'est un délai
raisonnable, un effort raisonnable et légitime qui démontre la primauté du
français.
Est-ce que le...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Mme la ministre de l'Enseignement supérieur.
Mme Hélène David
Mme
David (Outremont) : Je vais
continuer. Ce n'est pas long, 45 secondes, pour expliquer ces choses-là,
mais ce que je veux dire, entre autres, c'est que l'Université de Montréal à l'UQTR avait... à Trois-Rivières, avait l'Université du Québec
à Trois-Rivières, qui pouvait donner tout cet enseignement des sciences
fondamentales de base, ce qui fait que, jusqu'à preuve du contraire,
l'UQTR enseignait en français, et c'était donc très facile de faire cette
circulation.
L'université
qui est là — ça
s'appelle l'UQO, l'Université du Québec en Outaouais — n'a
pas cette infrastructure et ces cours de base en sciences fondamentales,
en médecine, donc ça doit se faire avec l'université McGill. Et je cite l'Université McGill, attention, parce qu'ils ont écrit une
lettre pour bien expliquer, j'espère que ma collègue a lu la lettre...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : En terminant.
Mme David
(Outremont) : ...puis, si elle avait très bien lu la lettre... J'y
reviendrai.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Deuxième complémentaire. Mme la
députée d'Iberville, deuxième
complémentaire.
Mme Claire Samson
Mme Samson : M. le Président, c'est
incroyable. Avec le choix du gouvernement, un étudiant francophone québécois
qui désire s'inscrire à la faculté de médecine de l'Outaouais devra nécessairement
être parfaitement bilingue. Si l'Université
McGill est incapable de franciser ses cours pendant la première année et demie
de formation d'ici trois ans, le gouvernement doit se retourner vers une autre faculté de médecine francophone qui
sera capable de le faire.
Est-ce que le gouvernement
va corriger son erreur?
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Mme la ministre de l'Enseignement supérieur, à vous.
Mme Hélène David
Mme David
(Outremont) : En tout cas, je pense qu'on est dans la même lignée de
ce dont le leader de notre gouvernement parlait, de cette tendance, qui circule
du PQ à la CAQ, de parler du français dans ces conditions-là, qui sont des
conditions qui ne sont même pas exactes, en plus.
Une voix :
...
Mme
David (Outremont) : Eh bien,
moi aussi, je défends le français, ça s'adonne. Nous aussi, parce que c'est
nous qui avons passé le premier règlement pour...
Des voix :
...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : S'il vous plaît! Un instant! S'il vous plaît!
Des voix :
...
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
S'il vous plaît! Moi, ça me prend les conditions pour les
entendre. M. le député de La Peltrie,
ce n'est pas nécessaire, ce que vous faites, là. Mme la ministre.
Mme
David (Outremont) : Que
défendre le français ne soit pas libéral? Je m'excuse, nous avons été les
premiers, au mois de juin, à adopter
ce fameux règlement pour l'affichage en français, qui a été un
renforcement de la loi 101. Alors, on en est très fiers.
Des voix :
...
Mme
David (Outremont) : Oui,
puis ça a été une très, très belle initiative, et notre gouvernement, on en est tous très...
Puis, deuxièmement,
vous pouvez être assurés que McGill travaillera...
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Merci. C'est terminé. Alors, M. le
député de Terrebonne, pour votre question.
Projet d'oléoduc Énergie Est
M. Mathieu Traversy
M.
Traversy : Merci, M. le Président. Hier, le premier ministre a refusé de se lever pour dire s'il était pour ou
contre le projet d'Énergie Est. Le BAPE ne
s'est toujours pas prononcé sur ce projet, et on sait que les
audiences de l'Office national
de l'énergie sont présentement suspendues.
Pourtant,
on apprend ce matin que le ministre de l'Environnement a donné le feu vert à
TransCanada pour que l'entreprise
commence, dès aujourd'hui, des travaux de levés sismiques, à Saint-Augustin,
tout juste à côté d'une réserve naturelle.
Tout le monde est contre, à Saint-Augustin, pour, justement,
ces tests sismiques, M. le Président. La population,
le conseil municipal, tout le monde lance un cri du coeur pour que le premier
ministre entende leur message. En Colombie-Britannique,
la première ministre, elle défend son territoire et sa population. Elle a dit
non, sans ambiguïté, au projet de
Northern Gateway. Elle l'a fait pour sa population et pour défendre son
patrimoine naturel, la Rainforest, qui est un joyau environnemental.
Est-ce
que le premier ministre peut aujourd'hui se lever ici, en Chambre, défendre
notre patrimoine, défendre notre fleuve
Saint-Laurent et dire une fois pour toutes que le Parti libéral est contre le
projet d'Énergie Est? C'est son occasion en or aujourd'hui.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Alors, M. le ministre des Ressources naturelles, à
vous.
M. Pierre Arcand
M.
Arcand :
Bien, merci, M. le Président. Je pense qu'on aura l'occasion, M. le Président,
cet après-midi, de débattre sur cette
question-là. Comme vous le savez, le projet Énergie Est, c'est un projet
complexe : il y a des préoccupations de sécurité; il y a des
préoccupations que nous comprenons de la part des citoyens pour des questions qui touchent l'eau, entre autres; il y a des
questions de retombées économiques. Et la position de notre gouvernement dans
le cas du projet Énergie Est, a toujours été
la même. Nous avons posé sept conditions, des conditions très importantes,
pour la réussite de ce projet.
Et, encore une fois, le
gouvernement, dans ce dossier-là, M. le Président, il n'a pas à être le
promoteur. Le gouvernement, dans ce
dossier-là, a à faire un travail sérieux, un travail rigoureux sur ces
questions-là, et, contrairement au
Parti québécois, nous, avant de nous prononcer là-dessus, on va attendre,
encore une fois, les conclusions du BAPE et des études sur ces
questions-là, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Cette dernière réponse met fin à la période de questions.
Motions sans préavis
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, nous en sommes à la
rubrique des motions sans préavis, et, en fonction de nos règles et de
l'ordre de présentation, je cède la parole à M. le leader de l'opposition
officielle.
M.
Marceau : Merci, M. le Président. Alors,
je sollicite le consentement des membres de cette Assemblée afin de
présenter, conjointement avec le député de Granby et le député de Mercier, la
motion suivante :
«Que
l'Assemblée nationale rappelle que le Groupe de travail sur la protection des
entreprises québécoises a produit un rapport étoffé sur le maintien et
le développement des sièges sociaux au Québec;
«Que l'Assemblée nationale demande au
gouvernement de mettre en oeuvre d'ici la fin de l'année 2016 les
recommandations contenues dans ce rapport.»
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Très bien. Alors, merci, M. le leader de l'opposition officielle.
Y a-t-il
consentement pour débattre de cette motion, M. le leader adjoint du
gouvernement? Y a-t-il consentement?
Une voix : ...
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Pas de consentement. Je cède la
parole maintenant à M. le député de La Peltrie pour une nouvelle
motion sans préavis.
M.
Caire :
Merci, M. le Président. Je demande le consentement pour déposer la motion
suivante conjointement avec la députée de Vachon :
«Que
l'Assemblée nationale prenne acte que, le 13 juillet 2016,
M. Jean-François Saulnier, directeur territorial du ministère des Transports, confirmait que le
ministère des Transports détient des études pertinentes à l'évaluation du
lien Québec-Lévis, et que ces études sont
constituées de renseignements techniques et financiers, de recommandations
et d'avis effectués au ministère des Transports;
«Qu'elle
demande au ministre des Transports de rendre publiques toutes les études qu'il
détient à cet effet d'ici la fin de la semaine.»
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci, M. le député de La Peltrie. Y a-t-il consentement pour débattre de
cette motion, M. leader adjoint du gouvernement?
M.
Sklavounos : ...à
des discussions, M. le Président, nous ne pouvions pas nous entendre sur le
libellé, un amendement refusé.
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
M. le leader, oui.
M.
Caire : ...explications.
• (11 h 10) •
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Je comprends. Il n'y a pas de consentement.
Maintenant,
nous en sommes à la présentation d'une autre motion sans préavis. Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Mme
Massé : Merci, M. le Président. Je demande le consentement de la Chambre
pour débattre de la motion suivante :
«Que l'Assemblée nationale prenne acte de la
demande d'injonction permanente déposée par les Innus de la Minganie afin
d'empêcher les forages exploratoires sur l'île d'Anticosti;
«Qu'elle salue la volonté de la municipalité de
L'Île-d'Anticosti de tenir un référendum sur le projet d'exploration d'hydrocarbures et soutienne la candidature de cette île
au statut de patrimoine mondial de l'UNESCO; et
«Qu'elle rappelle à Pétrolia et Investissement
Québec que les ressources naturelles appartiennent au peuple québécois
et que la souveraineté populaire doit prévaloir sur les intérêts commerciaux
des entreprises pétrolières et gazières.»
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci, Mme la députée. Y a-t-il consentement? Pas de consentement.
J'ai commis
une petite erreur à l'endroit du ministre
des Affaires municipales. J'aurais dû
vous entendre avant la députée
de Sainte-Marie—Saint-Jacques. Alors, l'erreur est bien involontaire. Je vous cède la parole pour la
présentation d'une motion sans préavis.
Rendre hommage à M. Gilles
Lamontagne pour sa contribution
à la politique municipale, provinciale et fédérale
M. Coiteux :
Erreur corrigée, forcément erreur pardonnée, M. le Président.
Alors,
je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter la motion
suivante conjointement avec le ministre
responsable de la Capitale-Nationale, la députée de Taschereau,
le député de La Peltrie et la députée de Gouin :
«Que
l'Assemblée nationale du Québec rende hommage à M. Gilles Lamontagne; un homme
d'exception qui fut une source d'inspiration pour tout le Québec;
«Qu'elle souligne
qu'il a marqué profondément le Québec et particulièrement la ville de Québec,
que ce soit comme aviateur lors de la
Seconde Guerre mondiale, en tant que maire de Québec de 1965 à 1977, ministre
fédéral et lieutenant-gouverneur du Québec;
«Qu'elle reconnaisse le dévouement et l'engagement
de cet homme qui a voué sa vie à la défense du bien commun et à
l'amélioration de la qualité de vie de ses concitoyens;
«Qu'elle salue son
héritage notamment au développement de la colline Parlementaire, à la
construction de l'édifice Marie-Guyart et au
chantier de l'autoroute Dufferin-Montmorency, faisant ainsi entrer la ville de
Québec dans la modernité;
«Qu'elle
rappelle sa distinction comme chevalier de l'Ordre national du Québec en 2000
et chevalier de l'Ordre de la Légion d'honneur de France en 2006 ainsi
que plusieurs autres distinctions telles que le titre de chevalier de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem en 1985, un
doctorat honorifique en droit du Collège militaire royal de Kingston en
1986, la médaille des Nations unies en 1987, un doctorat honorifique en
administration du Collège militaire royal de Saint-Jean en 1989 et le titre
d'officier de l'Ordre du Canada en 1990;
«Qu'enfin,
l'Assemblée nationale observe une minute de silence en sa mémoire.»
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Très bien. Alors, merci, M. le ministre des
Affaires municipales.
Y a-t-il consentement
pour débattre de cette motion, M. le leader adjoint du gouvernement?
M.
Sklavounos :
Nous proposons l'adoption sans débat, M. le Président.
Mise aux voix
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Très bien. Alors, cette motion est-elle adoptée?
Ça va?
Alors,
la motion est adoptée, et, en conséquence, nous allons nous lever pour observer
une minute de silence à la mémoire de Gilles Lamontagne.
•
(11 h 13 — 11 h 14)
•
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Merci. Veuillez vous asseoir.
Y a-t-il d'autres
motions sans préavis?
Avis touchant les travaux des commissions
Sinon,
nous passons à la rubrique des avis touchant les travaux des commissions. M. le
leader adjoint du gouvernement.
M.
Sklavounos : Oui. Merci, M. le Président. J'avise cette
Assemblée que la Commission de la santé et des services sociaux poursuivra les consultations particulières
à l'égard du projet de loi n° 99, Loi modifiant la Loi sur la protection
de la jeunesse et d'autres dispositions, aujourd'hui, à compter de
11 h 30 pour une durée de 1 h 30 min et de 15 heures à
17 h 15, à la salle Louis-Joseph-Papineau;
La Commission des
institutions, quant à elle, poursuivra les consultations particulières à
l'égard du projet de loi n° 98, Loi
modifiant diverses lois concernant principalement l'admission aux professions
et la gouvernance du système professionnel,
dès maintenant, pour une durée de 2 h 15 min, à la salle du
Conseil législatif, et complétera de 15 heures à 18 heures, à la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine; et finalement
La Commission de la
culture et de l'éducation entreprendra les consultations particulières à
l'égard du projet de loi n° 105, Loi modifiant la Loi sur l'instruction
publique, dès maintenant, pour une durée de 1 h 45 min, à la
salle Louis-Hippolyte-La Fontaine, et de 15 heures à
18 h 45, à la salle du Conseil législatif.
Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le leader adjoint du
gouvernement.
Est-ce qu'il y a
consentement pour déroger à l'article 143 du règlement concernant
l'horaire des travaux des commissions? Consentement.
Pour
ma part, je vous avise que la Commission de l'administration publique se
réunira aujourd'hui, à la salle des Premiers-Ministres
de l'édifice Pamphile-Le May; en séance de travail, après les affaires
courantes jusqu'à 13 heures, afin de
préparer l'audition d'Investissement Québec concernant le chapitre 1 du
rapport du Vérificateur général de juin, intitulé Investissement
Québec : information sur la rentabilité financière et la performance
économique; en séance publique,
de 15 heures à 18 heures,
afin de procéder à l'audition d'Investissement
Québec; puis, en séance de travail, de 18 heures à
18 h 30, afin de statuer sur les observations, les conclusions et les
recommandations à la suite de cette audition.
Nous en sommes maintenant à la rubrique des renseignements
sur les travaux de l'Assemblée.
Affaires
du jour
Alors, la
période des affaires courantes étant terminée, nous allons maintenant passer
aux affaires du jour. M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Sklavounos :
M. le Président, auriez-vous l'amabilité d'appeler l'article 21 de notre
feuilleton, s'il vous plaît?
Projet de loi
n° 110
Adoption du principe
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Très bien. Alors, à l'article 21 du feuilleton,
M. le ministre des Affaires municipales et de l'Occupation du territoire
propose l'adoption du principe du projet de loi n° 110, Loi concernant le
régime de négociation des conventions collectives et de règlement des
différends dans le secteur municipal.
Alors, M. le
ministre des Affaires municipales et de l'Occupation du territoire, je vous
cède la parole.
M. Martin Coiteux
M. Coiteux : Oui. Alors, merci, M. le Président.
Alors, le projet de loi n° 110, intitulé Loi concernant le régime
de négociation des conventions collectives et de règlement des différends dans
le secteur municipal, que j'ai présenté à l'Assemblée nationale le 10 juin
dernier, propose de nouvelles règles spécifiques au processus de négociation et
de détermination des conditions de travail
et de règlement des différends dans le milieu municipal. Le projet de loi a
fait l'objet de consultations
particulières et d'auditions publiques en commission parlementaire à la
mi-août, et je serais heureux, M. le Président, que cette Assemblée
en adopte, aujourd'hui même, le principe.
J'aimerais prendre quelques instants, M. le
Président, pour vous situer le contexte dans lequel s'inscrit ce projet
de loi et les objectifs qui sont visés.
Vous savez, depuis plusieurs années, les municipalités
réclament que soient reconnus leur caractère de gouvernement de proximité, leur rôle important en matière de
livraison de services publics à la population, et ça a donné lieu, en ce qui
nous concerne, à des engagements solennels à
leur égard, engagements solennels qui ont été nommément inscrits dans le discours inaugural du premier ministre en 2014,
et le gouvernement du Québec s'est donc inscrit dans cette démarche de cesser de voir en les municipalités des
créatures du gouvernement du Québec, mais des partenaires à part entière, et
ça, ça s'inscrit dans plusieurs
sphères, notamment dans cette sphère spécifique au projet de loi n° 110
qui est celle de revoir le cadre de
négociation des relations de travail pour refléter le caractère particulier
d'une municipalité, qui n'est pas la même
chose qu'une entreprise privée. Alors, ça s'inscrit dans un fil conducteur qui
consiste à présenter, d'ailleurs, plusieurs projets de loi : celui
sur la capitale nationale, qu'on a déposé au printemps; ceux sur la
redéfinition des relations Québec-municipalités
et celui sur le statut de Montréal comme métropole, des projets que nous avons
l'intention de déposer cet automne.
Le projet de loi n° 110, pour sa part, dans cette
modernisation générale des relations entre le gouvernement du Québec et les municipalités, dans la nécessité de
les reconnaître telles qu'elles sont, comme des institutions démocratiques
redevables devant l'ensemble de leurs
citoyens, vise à assurer un équilibre entre différents principes, en
particulier entre la nécessité
d'assurer des conditions de travail acceptables, décentes, propices d'ailleurs
à attirer et retenir le personnel tout
en respectant pleinement le droit de négocier et, en même temps, de s'assurer
que ça reflète le caractère particulier des villes comme institutions démocratiques redevables devant ces
citoyens et comme finalement un gouvernement de proximité.
Alors, pour la première
fois de l'histoire du Québec, c'est un projet de loi qui viendrait reconnaître
qu'une municipalité a ses caractéristiques,
des caractéristiques qui lui sont propres, et qu'elle ne peut pas être vue dans
ce contexte comme nous verrions une entreprise privée.
• (11 h 20) •
Nous proposons, en
effet, de nouvelles dispositions législatives tout en continuant d'accorder la
priorité au processus de négociation de
bonne foi entre les municipalités et leurs employés. Le projet de loi introduit
des principes directeurs qui
devraient guider les parties et toutes les personnes concernées dans la
négociation ou dans la détermination des conditions de travail des
salariés dans le secteur municipal.
L'article 1
du projet est très important,
puisqu'il se propose de jeter les bases de ce principe d'équilibre entre les
attentes et les droits des salariés et les
impératifs d'une gestion efficace et efficiente des ressources financières
municipales dans le meilleur intérêt
de l'ensemble des citoyens. Il y est question d'équité, de conditions de
travail justes et raisonnables et de l'intérêt commun.
Certaines dispositions du projet de loi n° 110 sont
propres aux policiers et aux pompiers, alors que d'autres sont communes à tous les salariés. Alors, parmi les
dispositions communes, soulignons que le projet de loi prévoit une période de 120 jours de négociation avant l'intervention
d'un tiers; pour les policiers et les pompiers, 120 jours après le début de la
phase de négociation; et, pour les autres
catégories, 120 jours après la date d'acquisition du droit de grève. Si les
parties ne parviennent pas à une entente après cette période, le
ministre du Travail devrait nommer un médiateur pour une période de 60 jours, laquelle pourrait être
prolongée de 30 jours à la demande du médiateur. En cas d'échec de la
médiation, le médiateur devrait faire
rapport aux parties. Le projet de loi prévoit également que la durée des
conventions collectives serait de
cinq ans dans le secteur municipal. Parmi les dispositions qui s'appliquent aux
policiers et aux pompiers, le projet de loi n° 110 prévoit, en cas d'échec de la
médiation, que le ministre des Affaires municipales et de l'Occupation du
territoire soumette le différend à
l'arbitrage d'un conseil de règlement des différends. Le conseil devrait rendre
sa décision dans un délai de six
mois, délai que le ministre des Affaires municipales et de l'Occupation du
territoire pourrait prolonger deux fois. Rappelons que le mécanisme de
règlement proposé s'enclencherait automatiquement en cas d'échec de la
médiation.
Le conseil de
règlement des différends serait composé de trois personnes nommées par le
gouvernement sur recommandation du ministre.
Ces personnes, choisies à partir d'une liste établie pour cinq ans, devraient
posséder une expérience reconnue en
relations de travail ou dans le domaine municipal ou économique. La décision du
conseil devrait être rendue selon
l'équité et la bonne conscience à partir de la preuve recueillie. Le conseil de
règlement des différends devrait
également tenir compte de certains critères propres à la situation particulière
de l'employeur municipal, par exemple la
situation financière et fiscale, les conditions de travail des salariés, la
politique de rémunération, la situation économique locale, de même que
les perspectives salariales et économiques du Québec.
Parmi les dispositions qui s'appliquent aux autres
catégories de salariés, le projet de loi prévoit, en cas d'échec de la médiation, que les parties auraient la
possibilité de poursuivre la négociation ou de demander conjointement que leur
différend soit soumis à l'arbitrage, comme le permet d'ailleurs le Code du
travail. La décision de l'arbitre serait exécutoire
et constituerait la convention collective. Rappelons que cet arbitrage serait
soumis à des modalités particulières. D'autre
part, cet arbitre devrait tenir compte, dans sa décision, des mêmes critères
que ceux proposés pour le conseil de règlement
des différends. Précisons en outre qu'un mécanisme additionnel est prévu. En
effet, à la demande de l'une ou l'autre
des parties et dans des circonstances exceptionnelles, le ministre pourrait
nommer un mandataire spécial pour la durée
qu'il déterminerait et qu'il pourrait prolonger. Cette nomination suspendrait
la possibilité d'un recours à l'arbitrage. Au terme de son mandat, le mandataire soumettrait aux parties et au
ministre un rapport contenant ses recommandations, lesquelles devraient prendre en considération les
mêmes critères que ceux établis pour les décisions du conseil de règlement
des différends.
Voilà, globalement, M. le Président, les principales
dispositions contenues dans le projet de loi n° 110. S'il est adopté, le projet de loi jettera les bases du
principe d'équilibre entre les attentes et les droits des salariés et les impératifs
d'une gestion efficace et efficiente des
ressources financières publiques. Le projet de loi constitue une réponse à
l'engagement pris par notre
gouvernement, notamment dans l'Accord de partenariat avec les municipalités
pour la période 2016‑2019. Ce projet de loi viendrait également, tel
qu'il a été présenté, modifier le Code du travail ainsi que le Règlement sur la
rémunération des arbitres.
Cela étant dit, M.
le Président, j'invite cordialement les membres de l'association... pardon, les
membres de l'Assemblée à adopter le principe
du projet de loi n° 110, Loi concernant le régime de négociation des
conventions collectives et de
règlement des différends dans le secteur municipal. En terminant, j'aimerais
remercier mes collègues députés ainsi
que tous les participants, organismes, associations, municipalités et
regroupements qui ont fait valoir des commentaires très pertinents au
cours des consultations particulières. Un merci particulier à M. Pierre Michel
Auger, député de Champlain et président de la Commission de l'aménagement du
territoire. Merci.
Le Vice-Président (M. Ouimet) : Alors,
merci à vous, M. le ministre des Affaires municipales et de l'Occupation
du territoire, en vous faisant un rappel amical : on doit désigner un
député par son titre et non pas par son nom.
Alors, le prochain
intervenant, M. le député Blainville. Je vous cède la parole.
M. Mario Laframboise
M. Laframboise : Merci beaucoup, M. le Président. Il me fait plaisir de prendre la
parole, évidemment, sur le projet de loi n° 110.
D'abord, j'en
profiterai, dès le départ, pour remercier le ministre et évidemment tout son
personnel, les collègues du parti
gouvernemental, les collègues de l'opposition officielle, d'ailleurs, qui m'ont
permis aujourd'hui de prendre la parole tout de suite après le ministre — donc, je les remercie également — et évidemment tous les intervenants qui ont
comparu devant notre commission parlementaire.
Le projet de
loi, qui a 15 pages, n'est pas à la hauteur des interventions, parce que je
vous ai apporté le cahier, là, juste des mémoires qu'on a lus, et en
plus des comparutions qu'on a eues devant notre commission parlementaire.
Évidemment, un projet de loi important, évidemment, pour moi qui est issu du
milieu municipal — donc,
18 ans en politique municipale,
conseiller, maire, préfet de MRC et président de l'Union des municipalités de
1997 à 2000 — mais
aussi important parce qu'il y a un écart, et
ça, je suis convaincu que les représentants du milieu syndical nous écoutent
aujourd'hui, parce qu'ils étaient très
assidus à toutes les journées où a siégé notre commission. Il y a un écart. Peu
importe ce qu'on peut en penser,
qu'on soit d'accord ou pas, il faut constater, comme citoyens, au nom des
contribuables du Québec, qu'il y a un
écart important de rémunération entre les travailleurs du milieu municipal avec
les travailleurs de l'État, et cet
écart-là, M. le Président, n'est pas né depuis la crise de 2008, là, c'est un
écart qui s'est accru au fil des ans. Puis, je vous dirais, le moment du
début de l'écart, c'est dans les années 80.
Il faut se
souvenir qu'il y a eu, en 1982-1983, des mesures qui avaient été prises assez
rigoureuses, à l'époque, par rapport
aux employés de l'État par le gouvernement du Parti québécois sous René
Lévesque, qu'il y avait eu l'adoption du
projet de loi n° 68, qui était une modification aux régimes de retraite.
Je vous dis ça, parce que ça a des odeurs de déjà-vu, ce qu'on a vu comme projets de loi au cours des
dernières années, là, au cours de la dernière année. En 1982-1983, il y avait
eu le projet de loi n° 68, la
modification aux régimes de retraite. Le projet de loi n° 70, une baisse
drastique de salaires, de 20 % des salaires, pour les trois
premiers mois de 1983, parce que le gouvernement ne réussissait pas à
s'entendre. Puis, à
l'époque, souvenez-vous, c'était la crise économique, il y avait une crise
économique un peu comme on a vécu en
2008. Alors, il y a eu le projet de loi n° 72, maintien des services
essentiels, parce que ça brassait, évidemment, dans les conditions de
travail et dans le milieu de travail des employés de l'État. Puis le projet de
loi n° 105, qui a imposé 109 conventions
collectives avec gel pour trois ans des employés de l'État, puis la fameuse loi
n° 111, qu'on a appelée la loi de retour au travail, la fameuse loi
matraque, mais qui s'appliquait toujours aux employés de l'État.
Mais la
grande différence, c'est que ces projets de loi là n'ont pas touché les
employés municipaux. Et c'était l'entente du temps. Donc, nous, ce qu'on avait
comme information de la part des élus quand j'étais président de l'Union des
municipalités, c'est qu'il y avait eu une entente puis que le milieu municipal
n'était pas touché. Bien, inévitablement, ça a commencé là, l'écart.
L'écart s'est creusé à partir de 1982-1983. Entre 1997 à 2000, on estimait
l'écart entre 15 % et 25 %. Donc,
il y avait déjà des analyses qui étaient faites par Statistique Québec. Au
moment où on se parle, les écarts sont
entre 20 % et 36 %. C'est entre 20 % et 40 %, mais il y a
eu... 39 %, là, mais il y a eu quand même une récupération par
rapport à la loi lorsqu'on a adopté, en cette Assemblée, le projet de loi sur
les fonds de pension.
Donc,
inévitablement, là, il y a eu quand même un certain rétrécissement de l'écart,
mais il reste que cet écart-là, qui
s'est accumulé au fil des quatre dernières décennies, bien, a eu un impact
important sur les salaires, évidemment, et sur les budgets d'opération des villes. Donc, ça, inévitablement, ça veut
dire que les villes, au Québec, paient leurs employés, pour des tâches comparables, plus cher que dans
le... pour les... que les employés du gouvernement. Bon, ce n'est pas tout
pareil, on va se comprendre, là, parce que
ce n'est pas toutes les villes qui sont égales au Québec. Il y a
1 100 municipalités au Québec, l'écart n'est pas aussi
important, ça, j'en conviens.
• (11 h 30) •
Mais il reste
quand même que, quand on regarde, quand on fait de la macropolitique, les
employés municipaux... Et puis je donnais en commission parlementaire un
exemple, parce que j'ai un maire de municipalité de moins de 3 000 habitants qui a affiché un poste,
et qu'il y avait plus de 60 personnes qui avaient appliqué pour le poste
puis ça ne provenait pas de sa municipalité, ça venait de partout au
Québec. Donc, ça, ça veut dire que les emplois qui sont offerts dans le milieu municipal, bien, c'est intéressant, puis il y a
des citoyens, des Québécois, des Québécoises, qui rêvent de travailler dans le milieu municipal. Puis c'est
correct, là. Le problème qu'on a en tant que décideurs publics puis de
protecteurs des poches des contribuables, c'est de savoir : Est-ce qu'on
continue à creuser cet écart-là?
Donc, le
projet de loi qui est déposé devant nous, c'est une façon d'éviter, encore une
fois, de creuser l'écart. Et je veux
que les citoyens qui nous écoutent comprennent bien que la Coalition avenir
Québec n'a pas pour but... on ne veut pas
réduire le salaire des employés, là, ce n'est pas ça qui est l'objectif. On
veut essayer de contrôler, qu'au fil des ans l'écart se réduise. Donc, on n'est pas... On n'appuiera pas ce projet de
loi là en disant : Demain matin, on va réduire les salaires des
employés municipaux de 20 %. Ce n'est pas ça qui est l'objectif, mais pas
du tout. D'ailleurs, notre chef a toujours dit que ce qu'on avait comme
objectif, comme parti politique, c'était d'accroître les revenus de tous les contribuables du Québec. Donc, mon objectif, ce
n'est pas nécessairement de réduire le salaire des employés municipaux, mais c'est de contrer l'augmentation des salaires
de façon à ce que l'écart qu'il y a entre les employés de l'État et ceux du
milieu municipal se resserre, donc inévitablement être capable de restreindre.
Et ce projet
de loi là est un pas dans la bonne direction, et ça... M. le Président, il faut
comprendre que, dès le départ, on a
dit au gouvernement qu'on était prêts à supporter le projet de loi.
Inévitablement, on ne donnera pas carte blanche au gouvernement, vous avez bien compris, M. le Président, que ce n'est
pas ça qui est notre objectif. Mais, tel que le projet de loi est conçu, d'avoir des dispositions pour
les policiers et pompiers et des dispositions pour les autres travailleurs,
c'est quelque chose qui... De toute façon,
dans le milieu municipal, les élus le savent, les policiers et pompiers,
évidemment, compte tenu de leurs
fonctions, n'ont pas le droit de grève. Donc, c'est des choses qui sont
toujours appliquées et sont toujours...
parce qu'ils doivent toujours être en devoir, M. le Président. Donc, c'est
normal qu'on ait une façon différente de revoir les modifications des
conventions collectives. Et ça, évidemment...
Parce que ce
projet de loi là a pour but d'apporter une certaine paix, je vous dirais, dans
les relations de travail, par ces
délais, par le fait que les conventions collectives devront s'appliquer pour un
minimum de cinq ans, par cette façon de
voir. Et inévitablement il introduit des nouvelles façons de penser dans les
relations de travail, et ça, je comprends, là, puis j'entends, là, même si je ne les vois pas, les représentants du
milieu syndical nous dire : C'est la première fois qu'entre autres le conseil de règlement des
différends relèverait du ministère des Affaires municipales plutôt que de
relever du ministère du Travail. Mais je pense qu'on est rendus là, M.
le Président.
Si on veut
être capables de resserrer cet écart-là entre la rémunération des employés
municipaux puis ceux de l'État, il
faut être capables de penser autrement, donc d'être capables de voir les
relations de travail d'une nouvelle façon pour l'avenir, et tout
simplement parce que les municipalités... les employés municipaux ont des
protections que d'autres travailleurs n'ont
pas. Ils ont la même protection que les employés de l'État, du gouvernement du
Québec. C'est-à-dire que les
municipalités sont des créatures des... dans le cas ici, là, en tout cas, c'est
des créatures du gouvernement du Québec. Une municipalité au Québec ne peut pas faire faillite. Il y a eu des
preuves dans le passé — moi, j'ai assisté à ça — où le
gouvernement du Québec faisait un chèque à une ville, dont je ne nommerai pas,
parce qu'elle avait un déficit annuel. Puis,
pour ne pas être capable d'avoir une ville qui ne paie pas ses dettes, c'est le
gouvernement qui les payait. Puis le premier ministre a dû nommer le
directeur général de la ville pour dire, à un moment donné : Il faut être
capable de gérer cette ville-là pour arrêter
que ça soit Québec qui verse les sommes puis que les contribuables paient tous
pour leur propre municipalité avec
leurs taxes, puis en plus pour les impôts, pour une ville qui n'est pas
capable, bon, de... parce qu'elle a trop d'employés, puis plein de
raisons, là.
Donc,
inévitablement, les employés municipaux ont cette protection-là : les
villes ne peuvent pas faire faillite. Puis
finalement un des représentants, puis je ne le nommerai pas, là, mais un
représentant du milieu syndical, a dit, en commission parlementaire : Puis il manquerait plus rien que ça,
qu'ils puissent faire faillite! Bien, ça, évidemment, ça veut dire quoi? Ça veut
dire qu'on est condamnés... c'est-à-dire que les contribuables québécois sont
condamnés à payer les salaires qui
seront toujours négociés. Et, si la façon dont les relations de travail se
discutent... par rapport évidemment à
la médiation, à l'arbitrage, ou toutes les façons possibles, puis c'est à
l'avantage des syndicats, bien, inévitablement, ils paieront toujours plus pour les services. Puis,
d'une manière ou d'une autre, ils n'auront pas le choix, parce que la ville,
elle ne peut pas faire faillite. Donc, inévitablement, on augmente les
taxes. Donc, c'est pourquoi il faut créer... On est à l'aise, nous, avec un conseil de règlement des différends qui relève du ministère des Affaires municipales plutôt que du ministère du Travail, pour
dire : Bon, bien, il faut maintenant considérer les employés municipaux
comme une classe d'employés à part.
Puis souvent,
bon, les représentants du milieu syndical nous disent : Bien là, il faut
se comparer à l'entreprise privée. L'entreprise
privée, elle a un avantage et un inconvénient, vous me direz, là, elle peut
faire faillite, bon, ce que ne peut pas
faire une ville, puis elle peut déménager si jamais elle trouve que ses
employés lui coûtent trop cher. Donc, elle peut décider de s'installer dans une autre province ou dans un autre pays,
c'est un choix, alors que la ville ne peut pas déménager, là.
Donc, à quelque part, il faut comprendre qu'on
est à cette ère-là, et je vous dirais que les syndicats sont... les représentants
des travailleurs, je pense qu'ils sont conscients de cette situation-là. Qu'ils
ne veulent pas, ou qu'ils ne soient pas
intéressés, ou qu'ils décident... Le problème
qu'on a par rapport à... Et je vous le dirais en tant que représentant de la Coalition avenir Québec : Le problème
qu'on a, c'est que... Et j'ai posé la question, puis ils s'en souviendront, à
tous les représentants du milieu
syndical : Bon, une fois que c'est écrit «fin», là, que, le processus de
relations de travail tel qu'on le
connaît présentement avec l'arbitrage qui semble toujours penché sur le même
côté, là, on dit qu'on y met fin, est-ce
qu'on peut s'asseoir pour trouver une façon intelligente de régler le problème?
Leur réponse est toujours la même, c'est : Non, on va contester devant
les tribunaux cette loi-là.
Donc,
inévitablement, pour nous, en tant que formation politique, qui avons comme
principal objectif de protéger le
portefeuille des contribuables puis de s'assurer qu'ils paient justement pour
les services qu'ils ont... le juste prix pour les services qu'ils ont, puis considérant que la rémunération des
employés municipaux est supérieure à ceux des employés de l'État, donc inévitablement, bon, notre
objectif, c'est, encore une fois, de faire avancer ce projet de loi là et de
s'assurer qu'il est le plus
respectueux possible. On aurait aimé travailler avec le milieu syndical pour le
bonifier, ces gens-là ne sont pas intéressés.
Donc,
évidemment, nous, on aura des amendements à déposer en commission parlementaire
lorsque viendra le temps d'étudier
article par article. Évidemment, dans le conseil de règlement des différends,
bien, vous comprenez, quand il y a un
conseil, il y a trois personnes qui sont nommées, il y a une nomination, le
gouvernement se garde le pouvoir de nommer.
Donc, évidemment, vous comprendrez que ce qu'on souhaite, nous, c'est que ce
soit un processus transparent, où tous les partis... en tout cas, toutes
les personnes qui seront nommées auront à être avalisées. Parce qu'il y a des procédures. Dans d'autres situations semblables,
est-ce que ce sera l'Assemblée nationale? En tout cas, nous, ce qu'on souhaiterait, c'est que tous les partis qui sont
représentés en cette Chambre aient la possibilité d'émettre les commentaires
requis par rapport à la nomination de ces représentants-là.
Donc, ce
seront des changements, mais, tant soit peu, je vous dirais, qui ne seront pas
des changements qui mettront en
danger, là, le projet de loi tel qu'il est présenté. Mais, encore une fois,
c'est... Puis nous, on tend encore la main, là, c'est-à-dire que, si jamais les représentants des milieux syndicaux
voulaient nous soumettre des modifications législatives pour bonifier le projet de loi, en étant
conscients qu'il y aura une réforme des relations de travail, bien, on sera intéressés
à soumettre ces amendements-là. Mais je vous
dirais qu'à date on n'en a pas reçu, là. J'en profite aujourd'hui pour tendre
la main, mais on sent un climat de confrontation dès le départ.
Et ça, encore
une fois, nous, on va agir, tout au long de la commission parlementaire, tout
au long de l'étude du projet de loi
article par article, avec respect de la capacité de payer des contribuables. Je
pense que c'est, encore une fois, notre
devoir. Et ces négociations-là qui ont eu lieu entre le milieu municipal l'ont
été dans le cadre des dernières ententes avec le gouvernement, mais ce sont quand même des demandes qui sont dans
le milieu municipal depuis des décennies. Donc, inévitablement, je pense qu'à quelque part... Être capable de
rétablir l'équilibre des forces dans les relations de travail, moi, je
pense que c'est un pas dans la bonne direction, que fait le projet de loi.
Puis, encore une fois, ce que je dis au ministre,
c'est qu'on sera capables de déposer, en temps et lieu, les amendements pour être
capables de faire... bonifier, en
espérant que le tout se fera dans le respect puis, encore une fois, en vous
disant que j'espère qu'on se reverra dans un avenir rapproché ici, en
cette Assemblée, pour adopter le projet final du projet de loi n° 110. Merci,
M. le Président.
• (11 h 40) •
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député
de Blainville, pour cette intervention. Je cède maintenant la parole à
M. le député de René-Lévesque.
M. Martin Ouellet
M.
Ouellet : Merci beaucoup, M.
le Président. Alors, nous y voilà, la contrepartie du pacte fiscal 2016-2019, qui a fait diminuer
de 1,2 milliard les sommes dévolues au milieu municipal en échange de la
signature de l'entente, M. le Président,
cette fameuse loi concernant le régime de négociation des conventions
collectives et des règlements des différends dans le secteur municipal. Donc, très clairement, c'est moins de revenus
de Québec en échange de nouveaux moyens pour faire baisser les dépenses
des villes et assurer un nouveau rééquilibre. En somme, c'est prétendre que
l'unique cause de l'état de situation
financière et fiscale des municipalités, M. le Président, et qui pèse sur les
contribuables, découle des conditions
de travail des salariés syndiqués et non pas d'un manque de financement de son
partenaire, l'État québécois.
Et
permettez-moi d'ouvrir une parenthèse, M. le Président, parce que c'est
important. Lorsque le pacte fiscal a été
signé avec les coupures de 1,2 milliard, donc 300 millions par année,
il y a des municipalités qui ont été obligées de faire les choses différemment. Et, quand je veux
dire «faire les choses différemment», c'est qu'ils s'attendaient à avoir
des moyens — je pense à celles qui étaient dévolues au développement
économique à travers les CLD — et là ils se sont retrouvés devant un état de fait. Parce que, vous
avez écouté, on a été coupés de 50 %, qu'est-ce qu'on fait? Les villes
se compétitionnent, disons-le, disons-le,
entre eux, pour attirer des investisseurs, créer une culture entrepreneuriale
qui fait que ces PME vont se
développer... et doit avoir des moyens, des sociétés de développement
économique, pour attirer ces
investisseurs ou, du moins, accompagner ces entreprises. Alors, ce qui s'est
passé, dans certains cas, c'est qu'il y a des municipalités qui ont été obligées de mettre plus d'argent pour assurer
la viabilité de leur développement économique.
Chez nous,
c'est comme ça. Nous avions Innovation et Développement Manicouagan, l'ancien
CLD, et puis, pour garder sa
structure, ses moyens, parce qu'on est en virage de diversification économique
chez nous... Parce que, oui, on a de
la grande entreprise, de l'aluminium, de la foresterie, du tourisme, mais on
veut aussi développer une économie plus manufacturière, donc, de la PME autour de la grande entreprise, et, pour
réaliser ces mandats-là, bien, on a été obligés d'aller chercher des sommes supplémentaires. Donc, la municipalité a mis
des sommes, 200 000 $ de plus par année, pour assurer son développement
économique. Donc, concrètement, ce pacte fiscal là est venu enlever des moyens,
et la municipalité a dû en rajouter supplémentaire. Donc, on a augmenté les
dépenses, exclusivement, juste pour ça.
L'autre
chose : la conférence régionale des élus. Parce que, oui, effectivement,
les élus du territoire... Et, chez nous, le territoire, il est immense,
hein, 52 000 kilomètres carrés pour ma circonscription, mais, quand
je l'additionne à celle de Duplessis, pour
la Côte-Nord, on est au-delà du 100 000 kilomètres carrés. Or,
là, les élus pouvaient se rassembler autour
d'une commission, d'un conseil pour échanger sur les futurs besoins du
territoire, sur des stratégies pour influencer le gouvernement, exemple, sur la réfection de la route 138, sur les
travaux de la route 389, et même, dans certains cas, de mobiliser
la population pour un pont sur la rivière Saguenay. Mais, bref, ils avaient un
lieu et des sommes qui étaient imparties
pour assurer cette cohésion-là, cette concertation-là et ce développement qui
permettait à notre région d'aspirer à un avenir meilleur.
Alors là, on
n'a plus de conférence régionale des élus. Alors là, c'est encore à même les
budgets des municipalités que les
maires et mairesses doivent se rencontrer, louer les salles, donc organiser un
travail de concertation. Donc, encore une
fois, ce pacte fiscal là est venu enlever des moyens, et les municipalités,
pour réussir leur vitalité, réussir leur développement, aspirer à une prospérité, ont dû piger à même les coffres
des municipalités pour être capables d'arriver à leur plein potentiel,
c'est-à-dire croire à un développement qui sera soutenu et appuyé pour la
localité.
Donc, on
enlève des sommes puis on dit : Écoutez, faites mieux avec moins, et, dans
certains cas, ça s'est traduit par
une augmentation des dépenses dans les villes. Alors, de faire l'adéquation
entre baisse des revenus... baisse du transfert et donner les moyens
pour avoir, je vous dirais, une incidence sur la masse salariale, c'est faire
un mauvais jeu de la contrepartie du pacte fiscal.
Donc,
après le Code canadien du travail pour les entreprises sous la juridiction
fédérale, donc les entreprises maritimes, les entreprises en télécommunications, après un code du travail du
Québec pour tous les salariés du Québec, nous avons maintenant un
nouveau code du travail expressément municipal, donc une loi qui doit, selon le
ministre, donner plus d'autonomie aux municipalités, une loi qui règle un
problème fondamental pour les 1 100 municipalités au Québec,
c'est-à-dire une augmentation du coût de main-d'oeuvre causée par une fausse
libre négociation, M. le Président.
Avant la
rentrée parlementaire, en entrevue exclusive, j'ai pu entendre le ministre nous
dire qu'il voulait opérer une grande
décentralisation dans le milieu municipal. Il voulait changer le mode
paternaliste dans le milieu municipal pour
que le gouvernement devienne un gouvernement de partenaires. Et le résultat, M.
le Président, dans ce projet de loi là, c'est que nous avons un
gouvernement interventionniste et non paternaliste en matière de droits du
travail.
Quelques
faits, M. le Président. Je vais reprendre quelques lignes d'un communiqué d'un
groupe qu'on a rencontré, qui nous
dit — écoutez :
«Le ministère du Travail estime, dans ses orientations stratégiques, que le
chiffre de 95 % [des] conventions
collectives [qui se règlent] sans arrêt de travail est une cible à atteindre
dans les grands secteurs d'activité au
Québec. Or, au cours des 10 dernières années, 96,63 % des conventions
collectives du secteur municipal se sont réglées par la libre
négociation, [et ce,] sans conflit... de gré à gré.»
Pour les
sociétés de transport, parce que, oui, on a appris, effectivement, que ce
n'était pas juste les municipalités qui étaient incluses dans le projet de loi,
mais on incluait aussi les sociétés de transport, et j'aurai l'occasion d'en
reparler plus tard, il n'y a eu aucun
arrêt de travail depuis 2011, selon les données du même ministère, aucune
journée de perdue sur 32 conventions
collectives négociées. Pour la période 2006 à 2016, 682 conventions
collectives ont été conclues, et seulement 23 d'entre elles ont conduit
à un arrêt de travail. Plus de 95 % se règlent sans conflit.
Est-ce qu'on
est devant un état de déséquilibre, M. le Président? On a une cible au ministère
du Travail : 95 % des
conventions collectives doivent se régler sans conflit de travail, et on arrive
à 96 %. Alors, on veut corriger quelque chose qui ne fonctionne pas. On nous amène plutôt sur une autre avenue.
On nous dit : Écoutez, cette situation-là, c'est un statu quo, et on doit se moderniser pour aller
ailleurs. Et c'est là-dessus, M. le Président, que je vais entretenir le projet
de loi, parce que je ne suis pas convaincu qu'on est en train de moderniser
présentement le Code du travail avec les propositions qui sont faites.
Je vais citer
un autre groupe, parce que, là, c'était le SCFP, mais là je vais vous citer,
exemple, dans le mémoire de la CSN.
Eux estiment que le système actuel fonctionne bien et que la grande majorité
des conventions collectives se règlent
sans conflit. Et, pour eux, sur 539 négociations touchant
11 000 travailleurs municipaux, il n'y a eu que 19 conflits,
dont une grève d'un jour et une de trois. Il
s'agit à peine d'un taux de 3,5 %. Alors, la question des différents
partenaires syndicaux qu'on a
rencontrés : Est-ce qu'il y a vraiment une crise ou est-ce qu'on est en
train plutôt de fabriquer un état pour livrer cette fameuse promesse du
pacte fiscal?
C'est important, M. le Président, de faire une
bonne mise en contexte. Quel était ce fameux engagement du gouvernement? C'était quoi, les balises, c'était
quoi, le contexte? Mais surtout c'était quoi, le résultat pour qu'on arrive aujourd'hui au projet de
loi n° 110? Alors, je vais prendre le point qui était effectivement
indiqué en disant — écoutez :
«Dans un contexte de redéfinition des
relations Québec-municipalités et d'accroissement de l'autonomie municipale en
matière de relations de travail, le
gouvernement examinera, en consultation avec les intervenants du milieu
municipal, certains éléments du processus de négociation collective, du
processus d'arbitrage de différends pour les policiers et pompiers et du champ d'application de la Loi sur
les relations du travail, la formation professionnelle et la gestion de la
main-d'oeuvre dans l'industrie de la
construction. [Bref,] le gouvernement s'engage à présenter des modifications
législatives à ce sujet à la session du printemps 2016.»
Alors,
premier constat, M. le Président, les consultations du milieu municipal dans
l'élaboration du projet de loi, c'est
fait sans avoir rencontré les représentants des travailleurs. On les a entendus
en commission parlementaire nous dire : Écoutez, on n'a pas été consultés. On aurait aimé ça. Alors, quand je
décode ce qui a été fait, je prétends que les consultations se sont tenues autour des différentes
organisations municipales, l'UMQ, la FQM, mais les syndicats, les groupes, là,
qui sont venus nous voir, ils ont dit : On n'a pas été consultés,
on aurait aimé ça.
Et, je vais
vous dire, M. le Président, c'est important de considérer les travailleurs et
travailleuses et leurs regroupements,
parce que le Code du travail, c'est un juste équilibre entre la partie
patronale et la partie syndicale ou, dans
certains cas, les salariés. Et, quand on veut jouer dans cet équilibre-là, je
pense que c'est important et même nécessaire d'avoir tout le monde autour de la table pour discuter des véritables
enjeux. Alors, je comprends les différents partenaires syndicaux, représentants de travailleurs, de dire
qu'ils n'ont pas participé à la solution. Parce que, oui, je pense que — puis je vais en parler plus tard — il y a des choses qui peuvent être changées,
mais je pense que certains intervenants syndicaux nous ont mentionné des pistes de solution, vers où
aller. Mais de les avoir complètement ignorés dans l'élaboration du projet de loi — en tout cas, c'est la lecture qu'on en fait
suite aux consultations — je pense qu'on est venus fragiliser cet équilibre-là qui existait dans le Code du travail,
c'est-à-dire un sain échange et quelque chose qui a été bâti pour assurer
les relations de travail qui sont équitables pour tous, juste pour tous, mais
surtout qui font l'affaire de tous.
• (11 h 50) •
J'aimerais
revenir sur l'autonomie des municipalités. Quand on lit ça, c'est certain que
certains élus ont tout de suite demandé le pouvoir de décréter les conditions
de travail, et je les comprends :
avec une telle possibilité, imaginez... puis je n'en veux pas aux élus, là, avec une telle possibilité, quand on regardait ça, on aurait pu recommencer une convention collective, M. le Président, sur une page blanche. Bref, on aurait pu réinventer l'organisation du travail sur la simple, et bonne, et unique finalité qu'on
aurait pu décider de son application, et je comprends les gens d'avoir espéré à
ça.
Mais, M. le Président, la réalité, elle est tout autre. Et je vais citer un passage parce que
c'est important, parce
qu'on a eu plusieurs
groupes qui nous ont mis un peu la mise en contexte du droit du travail, puis je pense
que c'est important que je vous cite effectivement la nomenclature législative
qui entoure le Code du travail mais surtout qu'est-ce qui a donné la réflexion,
probablement au ministre, ou à son cabinet, ou à ses membres, de ne pas mettre
dans la loi le décret des conditions de
travail par les élus, mais plutôt de proposer une façon contournée de décréter
les conditions de travail par l'Assemblée nationale dans ce projet de
loi.
«L'article 105
du Code du travail interdit toute grève aux policiers et aux pompiers à
l'emploi d'une municipalité [et] d'une régie intermunicipale. Cette
interdiction de grève n'est pas nouvelle : l'article 93 du Code du
travail adopté en 1964 était au même
effet. [...]les policiers et [...] pompiers n'ont plus [de] droit de grève
depuis l'adoption de la Loi sur les différends dans les services publics
et leurs salariés de 1944.
«En
contrepartie de cette interdiction de grève, le Code du travail prévoit une
procédure de règlement des différends énoncée
aux articles 94 à 99.11 du Code du travail actuel, qui comprend une
médiation facultative et un arbitrage obligatoire des différends par un
arbitre choisi par les parties ou, à défaut, par le ministre du Travail.
«En
janvier 2015, la Cour suprême du Canada a décidé que le droit de grève est
protégé par la liberté d'association énoncée
à l'article 2d de la Charte canadienne des droits et libertés et à
l'article 3 de la charte québécoise des droits de la personne, Saskatchewan Federation of Labour c.
Saskatchewan, 2015 CSC. Dans cet arrêt, la Cour suprême reconnaît
cependant que le législateur peut limiter le droit de grève pourvu que ce droit
soit remplacé par "l'un ou l'autre des mécanismes véritables de règlement
des différends couramment employés en relations de travail".
«Quelques
années auparavant, la Cour suprême avait eu à se prononcer sur la validité
constitutionnelle d'un mode de
nomination d'arbitres de différends dans le secteur public en Ontario, où le
droit de grève avait été retiré aux employés. [Il] avait alors [été]
énoncé des critères permettant de déterminer si les moyens choisis par la
législature ontarienne étaient adéquats pour
remplacer la grève et le lock-out. Cette décision de la Cour suprême est
applicable en droit du travail québécois, le S.C.F.P. c. Ontario,
(ministre du Travail), décision de 2003.
«La première
condition énoncée par la cour est de s'assurer que les parties doivent
raisonnablement percevoir que le
système mis en place est neutre et crédible, ce qui implique notamment que les
personnes choisies pour trancher les différends
soient des personnes compétentes en raison de leur impartialité, mais aussi de
leur expertise et de leur accessibilité générale dans le milieu des
relations de travail.
«Elle ajoute qu'il faut que le processus soit établi
de manière à éviter que l'une ou l'autre partie perçoive raisonnablement que le
mécanisme serait une tentative de contrôler le processus de négociation. La
Cour suprême appuie l'idée que
"l'arbitrage en matière de relations de travail en tant que mécanisme de
règlement des différends repose traditionnellement
et fonctionnellement sur le consentement", et elle cite avec approbation
une partie du mémoire d'une intervenante,
[de] la National Academy of Arbitrators, [la région canadienne,] où cette
intervenante avait fait valoir que l'arbitrage [...] qui est perçu comme
étant politique plutôt que rigoureusement quasi judiciaire n'est pas un
arbitrage.
«La National
Academy of Arbitrators avait ajouté ceci avec l'approbation de la Cour
suprême : "Si l'arbitre est l'agent
de l'une ou l'autre partie ou du gouvernement, ou s'il est perçu comme tel, ou
encore s'il est désigné pour servir les
intérêts de l'une ou l'autre partie ou du gouvernement, le système s'aliène la
confiance des parties, qui est essentielle à la paix et à la stabilité des relations de travail
[...] l'absence de confiance dans l'arbitrage entraînerait des conflits de
travail et l'interruption des
services, lesquels représentent le problème même que l'arbitrage impartial des
différends vise à prévenir."
«Puis
la Cour suprême énonce quatre qualités essentielles à un système
d'arbitrage : l'impartialité des décideurs, l'indépendance du
système, l'expertise et l'accessibilité générale dans le milieu du travail.
«...le
mécanisme d'arbitrage obligatoire des différends prévu au Code du travail du
Québec depuis [les] 50 dernières années
satisfait à ces quatre qualités énoncées par la Cour suprême. Cependant, le
projet de loi n° 110 propose d'abroger ces dispositions du Code du travail et de remplacer l'arbitrage actuel
par un nouveau mécanisme qui ne respecterait pas les quatre qualités [du précédent expliqué] : ce nouveau mécanisme
donne l'impression que le gouvernement veut, au bénéfice des employeurs municipaux, contrôler le processus de nomination
des futurs décideurs. Le projet de loi n° 110 contient plusieurs éléments qui suggèrent la mise
en place d'une procédure de règlement des différends qui ne [pourrait]
avoir la confiance des parties.»
Vous
voyez, M. le Président, on ne peut pas aller aussi loin que le décret des
conditions de travail par les élus. Cependant,
le jugement de la Cour suprême balise aussi les suites à donner à tous ceux et
celles qui voudraient modifier le Code du travail.
Vous
voyez que, dans le projet de loi... ou je veux plutôt vous faire voir que, dans
le projet de loi, on essaie de faire quelque chose qui avait été promis
et on essaie d'en arriver à une solution qui, à notre avis et l'avis de
plusieurs personnes qu'on a rencontrées... groupes, pardon, ne passerait pas le
test de la constitutionnalité devant les tribunaux. Alors, certains nous ont déjà dit — comme il s'est passé avec la loi
n° 3 — qu'ils
contesteraient... les tribunaux. Parce que,
dans les modifications qu'on va regarder ensemble plus tard, on voit très bien
qu'on est en train de jouer à l'intérieur du Code du travail, pour jouer au législateur, sans se poser les
véritables principes, que j'ai exposés tout à l'heure, qui assurent un
certain équilibre en matière de droits du travail.
Donc,
sans dire qu'on part d'une fausseté, M. le Président, à l'intérieur même des
engagements, on se rend compte qu'on
est un petit peu plus loin... un petit peu moins loin, pardon, de ce qui avait
été prévu ou dit aux différentes municipalités. Donc, on essaie de défaire ça à l'intérieur du projet de loi, et on va
s'attarder, nous, effectivement, dans l'étude détaillée, de faire valoir ce principe-là. Ça ne sert à rien
de corriger quelque chose qui n'est pas brisé, mais ce n'est pas vrai qu'on
va dire que, parce que les gens ne veulent pas toucher à quelque chose, on est
dans le statu quo, loin de là.
Deuxième
chose, et ça, on l'a entendu beaucoup, M. le Président, la fameuse étude de
l'Institut de la statistique du Québec de 2015, qui nous dit qu'il y a
un écart de 39 % des conditions de travail entre le secteur municipal et
l'administration publique québécoise. Il y a plusieurs choses à dire là-dessus,
et je vais d'ailleurs prendre le temps de parcourir
un travail qui a été fait par la SCEP. Donc, l'Institut de la statistique,
c'est un institut qui a effectivement ses qualités. On a assurément beaucoup parlé de ces différences-là, M. le
Président. Mais j'aimerais apporter certaines lumières à ce que
l'institut et ce que ses statistiques ont dit.
Tout
d'abord, l'Institut de la statistique, on n'a pas... on a juste regardé,
pardon, les villes de 25 habitants et plus. Donc, grosso modo, là,
quand on regarde ça, là, au moins 1 000 municipalités n'ont pas été
tenues compte dans cette étude-là, alors que le projet de loi, je pense, M. le
Président, aurait un impact majeur sur...
Et pourquoi je dis
ça? J'aimerais citer un peu, dans le mémoire de la FQM, la position. Et je
cite : «La réalité décrite [...] n'est
cependant pas tout à fait la même pour les municipalités membres de la FQM.
Dans les petites municipalités, les disparités salariales sont souvent
moindres que celles que connaissent les grandes municipalités.»
«Selon
l'enquête menée par la FQM [elle-même], environ 35 % des municipalités et
[45 %] des MRC membres de la FQM
sont liées par une convention collective. C'est donc une minorité de nos
membres qui est directement touchée par
les dispositions contenues dans le projet de loi n° 110. Par ailleurs, 80
% des municipalités et 90 % des MRC liées par une convention collective
n'en comptent qu'une seule.
«Il est aussi à noter
que la grande majorité des conventions par lesquelles sont liées nos membres ne
touchent qu'un nombre restreint d'employés.
Ainsi, les marges de manoeuvre qu'il serait possible de dégager en ralentissant
la croissance de la rémunération
globale ne sont pas aussi importantes que les municipalités avec des centaines
[et] même des milliers d'employés.»
«La FQM a également
sondé ses membres pour établir les salaires moyens de divers corps de métier
pour les municipalités de moins de
5 000 habitants.» Donc, tantôt, je parlais que l'étude de la
statistique ne tient pas compte des municipalités en bas de 25 000. La
FQM, elle, est allée sonder son monde pour les moins de
5 000 habitants. «Une analyse
sommaire des conventions collectives liant [les] membres de la FQM démontre que
la rémunération des employés municipaux
y est moindre que ce que présente l'enquête sur la rémunération des
[salariales] produite par l'Institut de la statistique[...].
• (12 heures) •
«Ainsi,
pour des métiers comme réceptionniste, employé de soutien de bureau ou
concierge, on remarque un écart de 20 % à 30 % avec les
salaires indiqués dans l'Enquête sur la rémunération globale de l'ISQ.
«Donc, l'écart
salarial de 18 % supérieur au niveau municipal ne s'applique pas ou
pratiquement pas, en moyenne, pour les municipalités membres de la FQM.»
Ce
que je suis en train de dire, là, c'est qu'une bonne partie du projet de loi
qui va légiférer pour les droits du travail ne touche pas près de 1 000
municipalités, 1 000 municipalités au Québec, partout sur le territoire.
Ce qu'ils nous disent, là, c'est : Ce que vous faites, ça aura peu ou pas
d'impact, alors qu'on sait que les municipalités les plus petites, c'est elles
qui ont besoin de moyens. Certaines sont
dévitalisées, elles voient leur population quitter. Les grands projets
économiques comme le Plan Nord, dans
certains cas, ou la stratégie maritime tardent à livrer leurs résultats. Bref, ce sont eux qui ont
besoin d'aide, et le projet de loi, présentement, n'apporte pas l'aide
attendue. Et je vais continuer.
Un autre
constat aussi que la FQM nous apporte : ils constatent que les conditions de travail sont généralement
plus généreuses lorsqu'il y a une convention collective et présente. Ça, ils le
disent. Ils disent aussi que, dans... les municipalités où est établie une grande entreprise
offrent de très bons salaires. Alors, pour une municipalité qui aurait
une grande entreprise, ils sont tout à fait conscients que la pression à la
hausse des salaires est uniquement due par la présence
d'une grande industrie qui draine les talents vers la grande entreprise, donc
ils doivent, eux aussi, rehausser les salaires
pour être attractifs et attirer les gens à venir travailler à la municipalité.
Donc, ça n'a aucunement question avec sa capacité de payer ou pas, c'est
tout simplement une question de marché. «Dans les municipalités en périphérie
de municipalités de plus grande taille,
notamment en banlieue de Montréal» aussi, on voit qu'effectivement les salaires
sont plus élevés, et c'est tout à
fait compréhensible. Les gens vivent en banlieue, et certains peuvent être attirés pour travailler dans les villes centres. Alors, pour maintenir les
gens... pour les attirer, pardon, effectivement, il y a une pression à la hausse des salaires.
Un autre
point important : «Aucun membre de la FQM ne possède son propre service
policier. Ils sont parfois membres
d'une régie intermunicipale de police, liés par entente à une municipalité possédant un corps de police ou, plus fréquemment, utilisent les services de la Sûreté du Québec, dont la convention collective n'est malheureusement pas visée par le projet de loi n° 110.» Donc, ce qu'ils viennent nous dire :
Nous, on n'en a pas, de police. Mais ils paient quand même 50 % des coûts de la facture de la SQ, et ça,
on les a entendus, ils nous ont demandé, bien, vu que le projet de loi ne les
touchait pas, qu'il y ait effectivement une
contrepartie par rapport aux coûts que les municipalités ont à assumer pour le
service de police.
Et la partie
la plus importante... Et c'est pour ça que je pense que c'est important de bien
mettre la table, là, M. le Président, dans quel contexte on a livré ce projet
de loi là et qu'est-ce qui a été échangé et discuté, mais surtout qu'est-ce
qu'est la vision des gens du milieu
municipal, là, dans le cas de la FQM, là, puis je cite, là, parce que c'est
important : «Le milieu municipal
a accepté de bonne guerre une réduction de 300 millions en transfert du gouvernement du Québec en échange notamment d'outils favorisant
un plus grand équilibre lors des négociations avec ses employés.
«Cependant,
force est de constater que, dans sa version actuelle, le projet de loi n° 110 ne modifiera que très peu le rapport de force des négociations des conventions collectives au niveau municipal.» Donc, ce qu'ils nous
disent, là : On a fait un gros
effort. On a même été obligés de prendre des sommes de nos budgets municipaux
pour se donner des leviers de développement économique ou des leviers de concertation. Mais ce que vous
nous livrez en contrepartie, ça ne fait
pas la job. C'est important, M. le
Président. Il n'y a
pas juste l'Union des municipalités, il y
a aussi la FQM. Donc, ce que
ça nous dit, c'est que ce qu'on a entre les mains, ça ne fait pas la job. Donc,
on vient de défaire une prémisse fondamentale,
là. Lorsqu'on disait qu'on voulait accroître l'autonomie
municipale en matière de relations
de travail et qu'on s'adresse
aux municipalités, ce que la FQM nous dit, c'est : Ça ne fait pas la job.
Je parlais tout à l'heure des conditions de travail, parce
qu'effectivement ce que la FQM... c'est que les chiffres ne sont pas
vraiment la réalité. On a beaucoup parlé de l'Institut de la statistique de
2015, et les gens du SCEP ont produit une étude, je dirais, détaillée de la situation,
et ça permet de faire une contrepartie de ce qui a été véhiculé.
Alors, je
vais citer des passages, M. le
Président, parce que
c'est important, parce que ça va venir un peu enlever cette fameuse lumière qu'on
a mise sur : Bien, écoutez, il faut légiférer, parce qu'il y a un écart de 40 %. Ce
que l'étude nous dit, c'est que ce
n'est pas véritablement le cas. Donc, l'analyse en question, qui a été déposée
en commission, et pour laquelle tout le monde en a une copie : «La
présente analyse critique vise à éclairer les décideurs publics — donc nous — quant aux statistiques présentées dans le
rapport de l'ISQ et aux conclusions auxquelles elles permettent d'arriver[...]. Les résultats de l'étude montrent que l'administration publique québécoise
est effectivement en retard par [le] secteur municipal. Cependant,
dans les faits, [il faut] relever que l'administration publique québécoise — que
nous [désignons], dans la présente analyse,
sous l'appellation de "secteur de base" — est en retard sur tous les secteurs qui font
l'objet de l'étude de l'ISQ, à l'exception du secteur privé non syndiqué.»
«Ce que le rapport de la Commission de la
révision permanente des programmes omet de [nous] dire, c'est que cette [...] administration publique québécoise
est en retard par rapport aux autres travailleurs du Québec,
qu'ils travaillent pour le
secteur privé ou le public. L'étude de l'ISQ sur la rémunération globale ne peut être utilisée que pour le secteur de base, soit celui de l'administration publique québécoise.» Là,
ce qu'ils nous disent, là, c'est qu'il faut
faire attention à la méthodologie de
l'étude puis de prendre les chiffres comme ça puis de les garrocher dans les
médias pour étant une vérité, là,
puis ils nous disent : Faites attention, parce que, quand on regarde
l'étude, là, puis la méthodologie qui a été expliquée, là, ce que les gens du SCEP nous disent, c'est «l'appariement
des emplois n'est optimisé que pour le secteur de base, soit l'administration publique québécoise[, que] les salaires
[des secteurs municipaux] sont
pourtant semblables à ceux des
secteurs des entreprises publiques, de l'administration fédérale et du secteur
privé[...], des secteurs sciemment ignorés
par le gouvernement lorsqu'il cite l'étude de l'ISQ. L'étude de l'ISQ surestime les contributions des employeurs
municipaux aux régimes de retraite de
[13,8 % et] l'étude de l'ISQ exclut complètement les municipalités — comme je disais tout à l'heure — de
25 000 habitants et moins», où plusieurs syndicats sont effectivement
présents.
Et donc, si
vous permettez, pages subséquentes, et c'est ce que l'ISQ nous dit, là, parce
que, là, je vous lis des passages de
l'étude, mais on reprend une partie ce que l'ISQ nous disait, et je cite :
«Si le gouvernement était tenté de tirer des conclusions en comparant le
secteur municipal aux autres secteurs pris isolément, il commettrait une erreur
importante, car, tel qu'il est mentionné
dans l'étude de l'ISQ, comparer d'autres secteurs entre eux serait "erroné
d'un point de vue
méthodologique".» Ce que ça veut dire, là, c'est qu'il faut faire
attention aux chiffres et à qui ont les compare, et il serait faux d'avouer qu'en moyenne, parce que
je l'ai lu dans les rétros du ministre, qu'en moyenne il y a un écart de
39 % des conditions de travail dans le secteur municipal. Je l'ai dit tout
à l'heure : Les municipalités de moins de 25 000 habitants ne sont pas incluses, alors ce n'est pas vrai
que ça fait force de loi. Je peux comprendre qu'une ville comme Québec, et Montréal, qui a un poids de
travailleurs quand même assez élevé dans la moyenne, ça a un impact, puis ça,
je l'accorde. Mais, pour ce qui est
des autres municipalités, tous ceux et celles qui sont touchés par ça, ce que
ça nous dit, c'est que ce n'est pas la vérité absolue, M. le Président.
Sur
l'Institut de la statistique, ce qu'il faut comprendre, là, parce que je
pourrais... j'aurais pu lire le rapport au complet, mais ce que je veux que les gens retiennent, là, c'est que les
conditions de travail des employés municipaux se trouvent dans la moyenne des
cinq grands secteurs d'employés syndiqués : privé, municipal, fédéral et
l'administration québécoise, les
entreprises publiques. Donc, ils sont dans la moyenne. Il est faux, M. le
Président, de lancer un chiffre de 39 % et dire que c'est la
réalité absolue de tous les travailleurs et travailleuses du milieu municipal.
Donc, on est
partis d'une prémisse de base, à savoir qu'on vous coupe 300 millions par
année, donc 1,2 milliard. En
contrepartie, on va vous donner les moyens. Les moyens qu'on vous a parlé et
qu'on veut vous offrir, on ne peut pas parce
que la constitution canadienne... la Cour suprême, pardon, a statué que c'était
anticonstitutionnel. On va traficoter quelque chose d'autre, on vous
livre le projet de loi n° 110, et certains partenaires du gouvernement
nous disent que finalement ça ne fait pas le
travail avec lequel on s'attendait, et je veux les reciter, là : «...de
bonne guerre...» Une fois qu'on a dit
ça, M. le Président, je pense qu'il est important aussi de regarder comment ça
a été fait. Et là j'ai été, je vous dirais,
abasourdi d'être convoqué par les Affaires municipales pour discuter du Code du
travail, des modifications, en l'absence de la ministre du Travail. Et
ça, là, M. le Président, là, c'est important.
• (12 h 10) •
À travers la
lunette des Affaires municipales, on a bricolé un projet de loi et on n'en a
pas parlé en commission particulière
avec les gens du ministère du Travail. Ça, M. le Président, là, je vous dirais
que ça m'interpelle parce que je me
dis : Ça va être quoi, la prochaine étape? Le ministre de l'Agriculture va
vouloir apporter des modifications sur les travailleurs saisonniers dans le secteur de l'agriculture, et on va le
faire maintenant au niveau de l'Agriculture sans passer le ministère du Travail. Les gens de l'industrie, commerce
voudraient voir des modalités changer, alors on va passer par le ministère de l'Économie, de l'Innovation et des Sciences pour apporter
des modifications au Code
du travail sans passer par le ministère
du Travail. Alors, pour nous, là,
c'est une aberration. Et, quand je dis une aberration, là, c'est parce qu'on n'a pas eu l'opportunité d'avoir toute l'expertise avec nous lorsqu'on
a fait les consultations
particulières. Je peux bien comprendre que les gens du ministère des Affaires municipales, là, sont bien
compétents en urbanisme, en aménagement du territoire, mais ce n'est pas vrai que ce sont des spécialistes des
relations de travail. Il fallait les voir, d'ailleurs, avec le Code du
travail, en train d'apprendre quelles modalités on allait modifier, là. Mais
j'ai une profonde estime pour le travail de
notre fonction publique, chacun a ses compétences, chacun a ses champs
d'expertise, mais vous ne me ferez pas
accroire, M. le Président, qu'à travers le ministère des Affaires municipales
on a l'expertise pour travailler le droit du travail.
Alors, je pense que ça nous a manqué. Être
honnête avec vous, là, j'ai beaucoup de respect pour la collègue ministre du Travail. J'aurais aimé ça qu'elle soit
avec nous, ça nous a manqué. Ça nous a manqué pour bonifier le travail, ce que les gens, les différentes parties, que ce
soit syndicales ou municipalités... pour bien comprendre ce qu'ils nous
disaient, et poser les bonnes
questions, et avoir cette expertise-là qui serait venue renchérir le débat et
nous aurait amené un processus plus complet et, je vous dirais,
englobant en matière de droit du travail.
Donc, c'est
un peu un chèque en blanc que le ministère du Travail a donné aux Affaires
municipales en disant : Bien, écoutez, occupez-vous-en, c'est notre
juridiction, c'est nous qui sont compétents, mais on vous fait confiance en
disant : Écoutez, vous allez trouver
une bonne solution, et ce que vous allez trouver, bien, faites-nous confiance
parce que, on va en parler tout à l'heure, on va appliquer ce que vous
trouvez nécessaire d'être fait.
Le Code du travail, je le disais tout à l'heure,
c'est un sain équilibre entre les patrons et la main-d'oeuvre, les salariés
dans certains cas, et c'est beaucoup plus technique que simplement du droit.
Parce que moi, j'ai travaillé en relations
de travail, j'ai une formation de l'Université Laval en relations
industrielles, et je peux vous dire que la dynamique des relations de travail n'est pas juste celle de
droit. On parle beaucoup d'économie, des enjeux, puis on va le voir quand
que, dans le projet de loi, on illustre
certains principes à tenir compte, là, puis on parle beaucoup d'économie du
travail, de la sociologie, de la
psychologie, bref, la genèse du syndicalisme. Il y a autour du droit du travail
toute une nomenclature de compétences
qui fait qu'elles sont nécessaires d'être prises en compte, et, parce qu'on
n'est pas passés par le ministère du Travail et on n'a pas pu juger opportun
d'avoir les compétences au sein de la fonction publique pour nous aider, bien, je pense qu'on a tassé un grand pan de l'expertise
pour véritablement se poser les véritables questions. Et, si c'est vraiment
changer le mode de fonctionnement du Code du travail, le meilleur endroit de le
faire, c'est d'abord et avant tout à la Commission de l'économie et du travail
et non pas à l'intérieur même des Affaires municipales.
L'autre chose
qu'on a entendue, puis je pense que c'est important de le dire aussi, M. le
ministre en a fait mention lors, je
pense, des remarques préliminaires et lors des questionnements qu'on a eus avec
les consultations particulières, c'est
qu'une ville, ce n'est pas une entreprise privée. Je suis d'accord. La ville,
ce n'est pas une entreprise privée. Mais le droit du travail ne fait pas de distinction, lui, sur une entreprise
privée ou pas. Le droit du travail légifère entre les patrons et les salariés pour trouver une entente et il ne
fait pas de discrédit entre une entreprise privée et une entreprise publique.
Les gens du ministère, les gens qui
travaillent pour nous dans la fonction publique sont couverts par le Code du
travail. Ils font un travail public.
Ils donnent un service à la population. Ce n'est pas l'entreprise privée, mais
ils sont gérés par ce même code.
Alors, je n'achète pas, assurément pas qu'on dise : Bien, parce que, une
ville, ce n'est pas une entreprise privée et que le Code du travail s'applique à une entreprise privée, il faut
changer le Code du travail et lui donner une variable municipale pour adopter une façon de fonctionner
qui va satisfaire les demandes qu'on a mises sur la table pour, je vous dirais, faire dorer la pilule du pacte fiscal.
Pour moi, le droit du travail, c'est un droit qui a été discuté entre
différentes parties, et là, et on va
le voir plus loin, on va mettre une tierce partie dans cette discussion-là.
Donc, quelqu'un qui va être juge et
partie va maintenant pouvoir interférer à l'intérieur du Code du travail alors
qu'il n'est pas l'employeur direct, et ça, pour moi, c'est une brèche
immense qu'il faut assurément colmater.
Une autre
chose que j'ai entendue, M. le Président, on parle de gouvernement de
proximité. C'est quoi, ça, un gouvernement
de proximité? Je me suis posé la question. Moi, j'en connais deux,
gouvernements : le gouvernement fédéral, le gouvernement provincial, et vous savez que
notre formation politique, nous, il y en a un de trop, là. Mais, bref, c'est
quoi, un gouvernement de proximité? Alors,
on a fait la comparaison que les municipalités, bon, perçoivent des taxes,
rendent des services, donc c'est comme un
gouvernement. Moi, je n'achète pas ça. Puis on le voit bien, là : le
chapitre I, on ne parle pas de gouvernement de proximité, on parle
d'institutions démocratiques. Alors, moi, je n'achète pas ce vocable-là pour dire : Écoutez, il faut qu'on
fasse ça parce que le gouvernement... les municipalités, pardon, ce sont des gouvernements de proximité, et c'est important
qu'ils aient les moyens de leurs ambitions, et la meilleure façon de le faire,
c'est de leur donner des moyens de légiférer
en matière de... pas de légiférer, pardon, mais d'avoir une différente façon
de travailler leurs relations de travail avec des différents mécanismes.
Une autre
chose que j'ai entendue, et celle-là a été aussi beaucoup discutée, la capacité
de payer. C'est important, ce projet de loi là, parce que, mon collègue
de la deuxième opposition en fait mention, la capacité de payer des contribuables... Il faut moderniser le Code du
travail pour tenir compte de la capacité. Il faut se projeter dans le futur
siècle, puis mettez-en, là, l'économie numérique, puis l'avenir, puis
l'innovation, il faut être vers l'avant.
1947, sanctionné le 10 mai 1947 sous un
gouvernement de Duplessis, article 24b : «Lorsqu'une corporation municipale ou une corporation scolaire est partie
à un différend, le conseil d'arbitrage doit tenir compte, pour la décision
du différend, de la situation financière de
cette corporation, de sa capacité de faire face aux obligations additionnelles
qui [...] peuvent résulter de la sentence et des impôts qui grèvent déjà
ses contribuables.
«Dans le cas du présent article, le conseil
d'arbitrage ne peut fixer l'entrée en vigueur de la sentence avant le seizième jour...» Bon. Ce que je dis, M. le
Président, c'est qu'on veut nous faire passer dans le XXIe siècle puis nous
dire qu'il faut être dans l'avenir et
on nous ramène sur une loi de Maurice Duplessis, qui a déjà été adoptée en
1947, qui disait qu'on devrait
prendre en compte la capacité de payer. Ce que je dis, M. le Président, c'est
que les différents partenaires, les syndicats, entre autres, nous ont
dit que, dans leur approche, ils prenaient en considération la capacité de
payer, M. le Président, ça faisait partie. Ils sont aussi des contribuables, M.
le Président. Ils bénéficient des services comme n'importe quel citoyen d'une municipalité, alors ils savent bien que, si
leurs demandes sont exubérantes et qu'aux finalités ça a une pression à la hausse sur le compte de
taxe, ils seront les premiers à payer pour ça. Alors, ils nous ont fait mention
de ça. Alors, je veux juste qu'on remette
les choses en perspective, là, de se lancer dans le futur, là, mais, quand on
nous amène la capacité de payer, là, on nous ramène dans le passé,
celle... une loi de Maurice Duplessis en 1947.
Dans ce
projet de loi là, M. le Président... puis je pense qu'il faut le dire, là, puis
j'espère que M. le ministre va entendre
mes mots, mais je veux les peser, là, mais il y a comme une espèce de conflit
d'intérêts des Affaires municipales à
l'intérieur de ça. Et je m'explique. Le mandat du ministre des Affaires
municipales est de veiller à sa saine gestion des administrations municipales et à la santé du monde
municipal. Sa clientèle est principalement les municipalités. Alors, si,
effectivement, puis on va le voir plus loin,
le ministre, après avoir passé le cycle du mandataire spécial, peut soumettre
les conditions de travail à l'Assemblée
nationale, bien, est-ce que le ministre ne devient pas le juge et partie des
conditions de travail, et ne le
devient pas, M. le Président, en situation de conflit d'intérêts? Et je vais
aller plus loin que ça, M. le Président,
parce que je l'ai entendu, lors de cette entrevue à la télévision, ce week-end,
qu'ils ont encore dans les cartons cette
possibilité ou cette faisabilité de fusionner la Sécurité publique avec le
ministère des Affaires municipales. Donc, le patron des policiers-pompiers et celui qui s'occupe de la saine gouvernance
des municipalités vont devenir une seule et unique personne, et c'est celui qui pourrait permettre à l'Assemblée
nationale de légiférer sur les conditions de travail. Si on n'est pas dans une concentration de pouvoirs
ou dans un conflit direct, il y a au moins une apparence qu'on peut questionner,
M. le Président.
• (12 h 20) •
Si on rentre
dans le détail du projet de loi n° 110, l'article 1, chapitre I est la
partie la plus fondamentale parce qu'elle
gouverne l'ensemble du projet de loi. Au-delà du fait qu'effectivement on
qualifie une ville d'institution démocratique puis qu'on parle de
l'attraction et le maintien de l'emploi d'un personnel qualifié... commandent
des conditions justes et raisonnables...
Bref, une fois qu'on énumère les grands principes, il y en a un qui est
fondamental et qui me fait craindre
la suite des choses, M. le Président, et c'est le quatrième alinéa du chapitre
I : «Il est de la responsabilité de
l'employeur de [poursuivre] à l'embauche de personnel qualifié, de gérer ses
effectifs et d'en contrôler le niveau de manière à combler ses besoins opérationnels», M. le Président. Ce que ça
veut dire, ça, là... parce qu'en droit du travail, là, il y a deux choses. Il y a ce qu'on appelle le
droit de gérance. Le droit de gérance, là, c'est que tout ce qui n'est pas
inclus dans une convention
collective, M. le Président, appartient à l'employeur. Alors, les partis
négocient des conditions, des salaires,
des vacances, une organisation, un système de rappel, le système d'ancienneté,
bref, tout... Puis tout ce qui n'est pas
convenu dans la convention collective, M. le Président, c'est ce qu'on appelle
un droit de gérance. Donc, c'est un droit tacite. Tout le monde a reconnu ça en droit du travail. Ça
a fait la jurisprudence puis ce qui n'est pas inclus appartient au patron de décider qu'est-ce qu'il peut faire
avec ça en autant, cependant, M. le Président, qu'il respecte les lois et les
normes et tout ce qu'il y a à l'intérieur du Code du travail.
Bien, en introduisant ce principe-là, ma
crainte, M. le Président, c'est qu'on vient enlever ce qui avait été convenu dans les conventions collectives et de
permettre un droit de gérance accru à l'intérieur même de ce qui a déjà été convenu. Donc, ce que ça veut dire, M. le
Président, là, c'est que, à cause de ce principe directeur là, on pourrait
penser que, même si l'organisation du
travail a été convenue dans une convention collective, d'en contrôler le niveau
de manière à combler ses besoins
opérationnels, on pourrait penser, M. le Président, que certaines organisations
municipales pourraient être tentées de venir interférer à l'intérieur
des conventions pour changer ce qui a été convenu entre les parties. Et ça, M. le Président, je pense qu'on est en train
d'ouvrir un pan important d'un équilibre fragile qui existe entre les
différentes relations patronales et syndicales.
Deuxième chose qu'on a vue apparaître, puis ça,
ça nous a un peu surpris. Écoutez, on a parlé d'autonomie municipale, on veut donner des moyens aux villes.
Et là on a vu apparaître les sociétés de transport comme étant couvertes
par ce projet de loi
là. Et ça, je vous dirais que les différentes parties nous ont sollicités
grandement pour dire : Bien voyons donc, on n'en a jamais parlé. Qu'est-ce qui fait que maintenant les
sociétés de transport seraient incluses dans la gestion? Alors, ça, M. le Président, on va le questionner.
C'est quoi, le leitmotiv derrière ça et qu'est-ce qui fait qu'aujourd'hui,
parce que je l'ai mentionné tantôt, peu ou
pas de conflits... Quand il y en a, une journée de grève, M. le Président, une
journée de perte dans le cas des sociétés de
transport. Alors, on veut comprendre à quel endroit le ministre veut aller en
incluant les sociétés de transport à l'intérieur de son projet de loi.
Le temps
file, M. le Président. Il y a, je vous dirais, deux blocs importants dans le
projet de loi, si vous me permettez. Et
je vais les traiter distinctement. Le premier bloc que le projet de loi traite,
c'est tout ce qui touche les nouvelles lois applicables aux policiers-pompiers. Première, première, première
nouvelle : maintenant, on fixe 120 jours. On a entendu, M. le Président, les représentants nous
dire : Effectivement, dans le cas des négociations de pompiers, policiers,
ça traîne en longueur. Ça traîne en
longueur parce que la mécanique n'est pas efficiente, puis, de part et d'autre,
bon, les arbitres ne sont pas
disponibles, les agendas ne se concordent pas. Bref, il y a effectivement une
lenteur, ce qui arrive, dans certains cas,
où on est obligés de régler une convention collective, mais, dès qu'on la
règle, on retombe en négociation, parce qu'on a été vraiment rétroactifs
à la dernière convention collective.
On est
d'accord avec ça puis on l'a dit aux représentants des policiers-pompiers, puis
ils sont d'accord avec ça. Ce qu'ils
trouvent un peu particulier — et là je vais reprendre mes notes, si vous
me permettez, M. le Président — c'est qu'on avait un comité qui travaillait à améliorer ce sort-là, le comité
Thérien-Morency, avec lequel l'UMQ, le ministère de la Sécurité publique, l'Association des chefs en sécurité incendie du
Québec, la Fédération des policiers et policiers municipaux du Québec,
la Fraternité des policiers et policières de Montréal, la ville de Québec, la
ville de Montréal, l'Association des
directeurs de police du Québec, l'Union des municipalités du Québec, tout ce
beau monde là, là, se sont rencontrés
à plusieurs reprises pour tenter de moderniser le mécanisme d'arbitrage des
différends chez les policiers-pompiers. Et savez-vous quoi, M. le Président? Ils sont arrivés à un consensus, un
consensus qu'ils étaient prêts à mettre de l'avant pour, je vous dirais, améliorer les délais et
surtout améliorer la prestation de travail... pas la prestation, pardon, mais
améliorer le rôle des arbitres pour
assurer qu'on arrive, en fin de course,
à une législation qui était suffisante et satisfaisante pour
les deux parties.
On laisse
tomber ça, M. le Président, et on bricole un tout nouveau mécanisme pour les
policiers-pompiers, et la première
chose qu'on instaure : délai fixe. 120 jours pour la négociation normale. On vient fixer un délai, et,
vous savez, M. le Président, le
délai, que ce soit du côté du patron, du côté des syndicats ou des salariés,
c'est ce qui fait foi d'une négociation. Le délai est un enjeu pour tout
le monde, que ce soit pour le patron ou pour les syndicats, c'est un enjeu. Alors là, on vient figer le délai, on dit :
Dorénavant, 120 jours. Après ça, en cas d'échec, 90 jours avec des extensions
possibles pour la nomination du médiateur
par le ministre. Dans le cas d'un échec de la médiation, avant ça, M. le
Président, on avait deux
options : il y avait le médiateur arbitre, à la demande des deux parties,
ou un arbitre à la demande de l'une des
parties. Mais là c'est tout à fait différent : on fait ouvrir... et la
deuxième option, pardon, excusez, on avait le médiateur arbitre, pardon, ou la demande d'un seul arbitre,
puis on arrivait à une décision que l'arbitre est exécutoire pour une durée
de un à trois ans.
Et là, M. le
Président, on fait apparaître le conseil des règlements des différends. Le
conseil des règlements des différends
est constitué de trois membres nommés par le gouvernement sur recommandation du
ministre. Le membre qui préside la
séance doit être avocat. Donc, ce qu'on dit... ce qui fonctionnait avant, là,
les arbitres qui s'occupaient de ça, on
dit : On tasse ça, ça nous prend trois personnes nommées par le ministre,
sur recommandation du ministre. Et je vais aller plus loin : le comité pour identifier ces personnes doit
favoriser les gens qui ont une expérience reconnue en relations de
travail, ou dans le domaine municipal, ou dans le domaine économique. Ça, c'est
particulier, M. le Président, c'est comme
dire : Écoutez, en droit du travail, on a des gens compétents qui ont déjà
fait le travail, là, mais on veut changer la donne en disant :
Écoutez, on va faire un comité de trois personnes, mais ce serait important que
les gens aient une dimension municipale ou économique. Et j'en faisais mention en
prémisse, tout à l'heure : en droit du travail, il y a plusieurs compétences autour. La psychologie, je
disais, l'organisation du travail, la sociologie, l'économie. Il y a toute
une profession qui s'est bâtie autour de ça.
Et là on dit : Non, non, c'est correct. Si tu as des compétences dans le
domaine municipal ou dans le domaine
économique, tu peux siéger. Alors, on a beaucoup, mais alors là beaucoup de
questions sur ces compétences-là.
Qu'est-ce qui fait qu'on est compétent dans le monde municipal? C'est-u parce
qu'on est docteur en aménagement du
territoire, on est docteur en urbanisme? Qu'est-ce qui fait qu'on est compétent
en économie? On est docteur en
économie. Qu'est-ce qui fait que ces personnes-là, qui ont ces backgrounds-là
sont compétentes pour trancher des questions juridiques en matière de
droit du travail. Dites-moi, M. le Président, en quoi un éminent économiste est
capable de trancher une situation de schéma
de couverture de risques ou de déploiement de forces de l'ordre ou de pompiers?
C'est quoi, sa compétence pour appliquer l'organisation du travail? Moi, là, M.
le Président, je n'en vois pas. Dans le domaine
municipal, même chose. En quoi une compétence du domaine municipal est
importante quand on doit décider des
règles d'embauche ou des règles d'ancienneté? M. le Président, je ne suis pas
capable de trouver la pertinence dans ces
conditions-là. Qu'on tombe à un, à trois, je peux comprendre. On a entendu des
gens nous dire : Écoutez, quand on a une personne, elle tranche d'un bord. Là, à trois, il peut y avoir
consensus. Ça, M. le Président, ça peut tenir la route. Mais que ces
trois personnes-là ensemble soient un melting-pot, excusez l'expression
anglaise... mais un bouquet de compétences
municipales, droit et économique, je ne crois pas qu'on améliore la gestion et
l'application du droit du travail.
• (12 h 30) •
Il y a une
chose qui nous a été mentionnée pendant les consultations particulières, c'est
que, bon, ce sont des gens qui vont
être nommés, puis là il faudrait qu'ils ne soient pas partisans. On a compris
aussi... bien, écoutez, les arbitres qui
étaient nommés, ils veulent plaire à la partie patronale, ils veulent plaire à
la partie syndicale pour être renommés une prochaine fois dans d'autres litiges. Alors là, on a dit : Non,
attention, là, il faudrait qu'ils soient permanents. On a entendu ça, pour dire :
Écoutez, ça prendrait... puis je pense que c'est la... je ne veux pas me
tromper, mais je pense que c'est la FQM, je crois... non, la FQM parlait d'un
tribunal administratif, pour dire : Écoutez, ils devraient être nommés de
façon permanente. Ça peut tenir la route si c'est permanent, mais,
encore une fois, si les compétences sont là. Mais, bémol, je ne pense pas qu'il y ait du travail à temps plein, M. le Président. Alors, c'est sûr qu'on va poser la question pour aller au fond des choses sur cette nomination-là
à trois, de ces compétences-là. Mais cette notion de permanent qui a été amenée
par plusieurs acteurs, est-ce
qu'effectivement c'est la bonne chose
ou pas? On va poser beaucoup de questions là-dessus, M. le Président.
L'article 17 a fait beaucoup jaser. Pour
que le conseil prenne sa décision, il doit tenir compte des modalités suivantes. Et ça, M. le Président, ce sont des
nouvelles choses qui ont apparu. On a eu plusieurs discussions et, je vous
dirais, des positions qui ont été diamétralement opposées aussi.
Pour que le
conseil des différends prenne la décision, il doit tenir compte de la situation
financière et fiscale de la municipalité concernée ou des municipalités parties à
l'entente constituant la régie intermunicipale concernée. Bref, ce que ça veut dire, là, il faut qu'il tienne compte
de la... financière et fiscale. C'est quoi, tenir compte d'une...
fiscale d'une municipalité? Est-ce qu'on aura des fiscalistes qui vont
venir? Oui, écoutez, je regarde les décisions qui ont été prises
par les différents conseils de ville, je regarde les décisions qui s'en
viennent pour les prochaines années, je pense que l'assiette fiscale, elle est
bien partagée entre le public et le secteur privé, donc les entreprises. Quand
je regarde ça, la situation fiscale, elle est, exemple, x, alors je donne mon
avis y. Je ne suis pas convaincu, M.
le Président, que c'est la bonne chose à faire, de mettre cet indicateur-là,
et il y a plusieurs personnes qui sont venues nous le dire,
effectivement, que ce n'était
pas la bonne chose à inclure.
«...des conditions de travail applicables aux
salariés concernés.» Ça, ça va.
«...de la politique
de rémunération et des dernières majorations consenties par le gouvernement aux employés des secteurs
public et parapublic.» Ça, M. le
Président, là, je pense que c'est vraiment
particulier, de dire : Dans la négociation
du secteur municipal... Parce que c'est ce qu'on nous a dit, là. On nous a vendu
que le secteur municipal était différent des autres, qu'il est indépendant. Il faut créer un nouveau mode de
gestion, un nouveau mode de relations de travail, mais, quand va venir le temps de les gérer, les
salaires, il faut qu'on regarde ce qu'on a donné dans le secteur public. Ah! ça
fait que, quand c'est bon, on
compare, puis, quand ce n'est pas bon, il ne faut pas comparer. Ça, M. le
Président, ça n'a pas sa place. Si on veut discuter des relations de travail
dans le milieu municipal, il faut qu'on s'adresse aux gens du municipal.
Et les gens du secteur public, que je
respecte, ils ont droit à leurs propres négociations, ils n'ont pas à être,
effectivement... pas comparés mais,
je veux dire, servir de barème pour savoir qu'est-ce qu'ils vont faire ou non
dans le secteur municipal.
Et là, ça se
corse, M. le Président, et je vais accélérer parce que le temps file :
«...des exigences relatives à la saine gestion des finances publiques.»
Donc, le conseil va se poser la question s'il y a eu des exigences relatives à
la saine gestion des finances publiques. Je
ne sais pas ce que ça veut dire, M. le Président, mais est-ce qu'on va évaluer
chacune des décisions prises par le
conseil municipal en disant : Écoutez, c'est une bonne décision pour la
gestion? Quand je prends l'ensemble
des décisions puis je fais un prorata, il y a 80 % des décisions qui ont
été prises de façon à une saine gestion. Alors, je peux effectivement extrapoler la partie des salaires en
disant : Écoutez, si je prends cette décision-là sur les salaires, ça ne vient pas en contradiction sur la saine
gestion des finances publiques. Bref, c'est du grand n'importe quoi. Je ne
comprends pas comment on va réussir à
établir des critères sur la saine gestion, qui est purement expectative, des
finances publiques.
«...la
situation économique locale.» Bon, elle peut être changeante. On va tenir
compte de ça, mais on va tenir compte
aussi de la perspective et des perspectives salariales et économiques du
Québec. Et ça, encore une fois, quand on
voit ça, là — puis on
regarde, effectivement, l'autre partie que j'ai citée tantôt sur le secteur
public puis on va faire un comparable avec ce qui se donne
ailleurs — on
va dire : Écoutez, si la situation économique ou les perspectives
salariales partout au Québec pointent dans une tangente. Au-delà de tout ce
qu'il se passe dans le secteur municipal, au-delà
de l'attractivité de la main-d'oeuvre, au-delà de la compétence, au-delà des
enjeux purement locaux, il faudrait tenir
compte des perspectives salariales et économiques du Québec pour fixer les
conditions de travail à l'intérieur du monde municipal. Je pense que
c'est prendre la balloune un peu trop grosse, M. le Président.
Bref, il y a
plusieurs critiques qui ont été soulevées pour le projet de loi sur les policiers
et pompiers. Les villes demandent une priorisation de ces critères-là,
M. le Président. Plus de situations financières de la ville, plus d'équité interne, moins de situations économiques, moins de
perspectives salariales — les syndicats nous ont demandé d'en enlever. Bref, on a fait apparaître quelque chose qui est
un panier de crabes, et je ne suis pas convaincu que ça va servir le milieu
municipal, de garder ces critères-là pour
prendre une décision qui, je le rappelle, sera prise par trois personnes :
travail, municipal et/ou économique.
La dernière
partie du projet de loi, M. le Président, touche les autres salariés. Et, quand
on dit «les autres salariés», on n'a
qu'à penser aux cols bleus ou aux cols blancs. Et là, encore une fois, on fait
apparaître un tout nouveau secteur du
droit avec ce fameux mandataire spécial. Alors, ce qu'on dit, M. le Président,
là, c'est qu'on dit : Écoutez, il y a de la médiation — encore
une fois, on fixe 120 jours — il y a de la médiation. En cas d'échec, les
parties peuvent demander conjointement que leur différend soit soumis à
un arbitre unique, mais on peut aussi demander un mandataire spécial, donc une des parties peut demander un mandataire
spécial dans des circonstances exceptionnelles. C'est quoi, les circonstances exceptionnelles, M. le Président?
Est-ce que c'est l'expiration des délais? Est-ce que c'est parce qu'il y a
une tempête de neige qui s'en vient ou un
orage? C'est quoi, des circonstances exceptionnelles pour justifier le
mandataire spécial? C'est très flou
et c'est donner beaucoup de pouvoir à la personne qui va effectivement nommer
le mandataire spécial. Et, dans ce cas-ci, c'est le ministre.
Donc, le
mandataire spécial va faire un rapport, rapport confidentiel. Et là, encore une
fois, on a entendu plusieurs choses de part et d'autre. Les
municipalités nous ont demandé : Écoutez, dans le cas du mandataire
spécial, il devrait prendre
position sur la dernière offre patronale déposée en assemblée et votée par le
conseil. Il y en a qui nous ont dit : Faites attention, le mandataire spécial, c'est une tierce, puis nous
autres, on n'en veut pas, de tierce partie. Nous, on veut que vous tranchiez sur la dernière offre. Bref, le
mandataire spécial ne fait pas l'unanimité mais surtout amène une immense
zone grise qui pourrait donner beaucoup de
pouvoir au ministre, beaucoup, beaucoup, beaucoup de pouvoir aussi, M. le
Président, à l'Assemblée nationale.
Et c'est ça,
la partie la plus importante. Je vous fais un topo vite, vite, là. Donc, les
parties ne s'entendent pas sur une
certaine variable de négociation, ça ne marche pas en arbitre, on demande le
mandataire spécial, le mandataire spécial fait rapport et dit au
ministre : Écoutez, dans ces conditions-là, je pense que les conditions x
et y devraient être les suivantes. Et
qu'est-ce que fait le ministre, M. le Président? Il pourrait soumettre ça au
vote de l'Assemblée nationale. Alors,
moi, député de René-Lévesque, circonscription dans la Côte-Nord, je pourrais
devoir me lever en Chambre et prendre un
vote sur les conditions de travail qui ont été recommandées par un mandataire
pour lequel je n'ai jamais été mis au courant
de tout le contexte, je n'ai que les faits finaux, et je devrais prendre un
vote là-dessus, sur les conditions de travail d'une municipalité. Je trouve que c'est beaucoup de pouvoir, M. le
Président, à un membre de l'Assemblée nationale pour peu de moyens ou peu d'information que nous aurons
obtenue par rapport à ces enjeux-là. Plusieurs organisations nous ont
fait mention qu'effectivement elles étaient mal à l'aise avec cette partie-là,
M. le Président.
Une autre
chose qu'on a vue apparaître, et celle-là aussi, elle est... Cinq ans. Ça prend
des conventions collectives, maintenant, de cinq ans. On a vu, quand on
parcourt les différents mémoires, qu'en moyenne il y a des conventions
collectives qui se signent, en moyenne, autour de quatre ans, mais on a vu des
municipalités signer pour six, sept ans, huit
ans. Alors, pourquoi, M. le Président, de mettre un délai de cinq ans sur les
négociations? Pourquoi? Je le disais tout à l'heure, le temps en négociation, c'est un joueur majeur pour les deux
parties, là, dans le cas des négociations. Et là on va fixer un temps final pour la durée de la
convention. Pourquoi cinq? Pourquoi pas quatre? Pourquoi pas trois? Pourquoi
pas deux? Pourquoi ce serait bon pour les
employés? Pourquoi ce serait bon? On ne comprend pas pourquoi on va fixer
un minimum de cinq ans, parce que c'est
prévu dans le Code du travail, pour une première convention collective, il y a
des délais minimums, mais là, peu
importe, dans le cas du municipal, là, c'est cinq ans, c'est strict. Alors, on
se demande, M. le Président, pourquoi
on s'en va jusque-là, pourquoi on fixe des délais, pourquoi on fixe des dates.
Pourquoi, M. le Président? Bien,
parce qu'on a pris un engagement puis on leur a dit : Faites-nous
confiance, nous allons vous enlever des
moyens et nous allons vous en donner d'autres qui devraient vous apporter, à
notre avis, une meilleure façon de gérer vos municipalités.
Je le disais
tantôt, le ministre parlait d'un gouvernement paternaliste vers un gouvernement
partenaire. Ce qu'on a entre les
mains, M. le Président, c'est un gouvernement interventionniste. Le projet de
loi a été bricolé sans consultation. C'est
un chèque en blanc au ministre des Affaires municipales, qui bafoue la
responsabilité de la ministre du Travail. Les municipalités réclament
des dizaines de modifications, les syndicats sont unanimes à voter contre. La
croissance des dépenses des municipalités a
diminué en 2014 grâce aux lois anticorruption du gouvernement de notre parti,
M. le Président, et, plutôt que
s'acharner sur les employés municipaux après le projet de loi n° 3 et le
projet de loi n° 15, le gouvernement devrait plutôt se concentrer
sur la mise en oeuvre rapide...
• (12 h 40) •
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, M. le député de
René-Lévesque, je vous remercie infiniment pour cette intervention. Et
je suis prêt à céder la parole à M. le député de Mercier.
M. Amir Khadir
M. Khadir : Merci, M. le Président. Je suis
ravi d'entendre que d'autres députés de l'opposition s'opposent à l'adoption des mesures exceptionnelles qui nous
sont proposées dans le projet de loi n° 110 pour régler les négociations
collectives dans le secteur municipal.
L'adoption du projet de loi n° 110, tel que présenté, constituerait un
grave recul dans les droits qu'ont
les travailleurs et les travailleuses du Québec à négocier en toute liberté et
en plein respect de leur droit de s'associer, et de faire des
représentations, et de négocier les conditions dans lesquelles ils travaillent.
Nous sommes
tellement opposés que je vais, à la fin de mon intervention, déposer une motion
de report à l'adoption de principe du
projet de loi n° 110. Mais avant de déposer cette motion de report, bien
sûr, je vais expliquer pourquoi nous sommes
si opposés : parce que les mesures de médiation et d'arbitrage qui sont
proposées auront pour effet très grave de réduire de manière considérable le droit d'association, le droit de
négociation collective et le droit de grève, qui sont au centre des principes démocratiques qui régissent
les liens et les relations entre les patrons, que ces patrons soient des
patrons d'intérêt privé ou des patrons qui émanent des structures
gouvernementales.
Nous croyons,
comme de nombreux experts en droit, que ce projet de loi est basé sur de
fausses prémisses. Les arguments qui sous-tendent ce projet de loi,
particulièrement le fait que les employeurs du secteur municipal n'ont plus de moyens financiers, n'ont pas été appuyés
par des faits probants. La réalité est que les moyens leur échappent parce
que le gouvernement a des orientations qui
ne sont pas conformes aux besoins réels des municipalités de pouvoir rencontrer
leurs responsabilités. Et donc nous sommes
encore moins bien placés, notamment le ministre des Affaires municipales,
qui est le ministre des villes, des
municipalités, de voir, dans un projet de loi, à statuer sur les conditions qui
entourent les négociations entre travailleurs et travailleuses du
secteur public et leur employeur, qui sont les municipalités.
En fait, nous
sommes tout aussi étonnés que l'opposition officielle de constater que ce
projet de loi émane, un projet de loi qui s'adresse à ces questions-là,
émane du ministère des Affaires municipales. Là, on parle de mesures qui doivent entourer les négociations, le régime
de négociations des conventions collectives dans le secteur municipal,
d'accord? C'est sûr que c'est dans le secteur municipal, mais c'est un droit de
travail. Ça doit être le ministre ou la ministre
qui est chargé de la Justice, ou du Travail, ou des deux, qui doit s'occuper de
cette question aussi importante. Et surtout nous sommes tout à fait opposés à ce
que toute modification vienne éroder, affaiblir les droits des travailleurs
et des travailleuses.
Ça serait un grave recul dans des droits qui ont
permis, il ne faut jamais l'oublier... Si le Québec, aujourd'hui dans les
classifications internationales — vous avez sans doute vu comme moi
l'article de L'Actualité du mois de juin — se classe parmi les sociétés où ses citoyens
se disent les plus heureux, si on a réussi, malgré toutes les adversités,
malgré l'histoire des 40 milliards de
pertes de la Caisse de dépôt, à traverser avec moins de difficultés que la
plupart des États qui nous ressemblent à travers la crise financière de
2008‑2009, c'est en raison d'un certain nombre de mesures sociales qui ont été le fruit de 50 ans, de 60 ans
de travail laborieux venant de la part des milieux ouvriers syndicaux dans
leur lutte pour des conditions d'emploi, un
filet social qui nous a permis de traverser la crise actuelle. Autrement dit,
le droit de grève, le droit de négociation, le droit librement de
s'associer pour négocier avec tous les acteurs patronaux, y compris le gouvernement, est à la base de la
prospérité actuelle du Québec moderne, et tout recul dans ces droits veut
dire, à long terme, un recul pour la qualité de vie du Québec,
un recul pour notre confort, un recul pour notre sentiment de vivre dans
une société qui respecte tous ses citoyens.
Un petit historique, tout à fait nécessaire parce
que les employés et les employées des
services publics n'ont pas toujours été considérés comme des
travailleurs et des travailleuses pouvant être protégés par des syndicats. En
fait, la situation des employés municipaux
est loin d'être un long fleuve tranquille. Au contraire, le droit
d'association, le droit de grève est relativement récent dans notre
société.
Donc,
rapidement, les cols blancs de Montréal existaient déjà dès 1921 en tant
qu'association qui se dotait d'une assurance
collective, mais ce n'est qu'en 1949, dans le cadre d'une offensive
antisyndicaliste, que le gouvernement Duplessis a réussi,
malheureusement, à l'époque — on se rappellera de cette période sombre
de notre histoire — à
retirer le droit d'association, par exemple, aux pompiers et aux policiers.
En 1964, des
fonctionnaires, les personnes employées des services publics, incluant les
municipalités, obtiennent heureusement,
après qu'on ait tourné la page sur la période Duplessis, le droit de grève, à
l'exception des pompières, des pompiers,
des policiers, policières. À la même époque, les infirmières, qui tentaient
encore de négocier avec Jean Lesage au
début des années 60, regardez un peu le contexte dans lequel on était...
Le premier ministre a déclaré, du haut de ses fonctions au Parlement,
que la reine ne négocie pas avec ses sujets. Or, on sait à quel point ça
appartient à une autre époque. Heureusement
que le Québec a évolué, puis on a pu faire comprendre à l'élite politique et
économique de l'époque, au grand
patronat qui soutenait cette élite-là, que le peuple du Québec, ses
travailleurs, ses travailleuses ont le droit de s'associer et de négocier avec l'État et qu'on ne reconnaissait pas à
l'État la prérogative de décider unilatéralement des conditions à
imposer au milieu du travail, même dans le secteur public.
Finalement,
en 1982, on a assisté à l'adoption du mécanisme qui encadre le maintien des
services essentiels, qui évidemment limite
en grande partie le droit de grève. En contrepartie, les employeurs visés par
les services essentiels, dont les municipalités, perdaient — c'est
une question de simple équilibre — le droit de mettre en lock-out.
L'obtention
du droit de négocier collectivement pour les employés du secteur public
québécois constitue donc en fait une
partie intégrante de l'héritage de la Révolution tranquille dont tout le monde
se gargarise et tout le monde se réclame
aujourd'hui. Et, comme je l'ai dit, c'est central aux réalisations qui ont
permis aujourd'hui au Québec moderne de
se doter de tous ces services, de tous ces droits, de tous ces minima
socioéconomiques qui nous ont permis de passer mieux que quiconque à travers la crise économique, la crise financière
de 2007‑2008, et qui fait qu'aujourd'hui, malgré l'austérité, malgré les coupures, malgré la loi abjecte du déficit zéro,
qui est maintenant remise en question partout en Occident, y compris au niveau du gouvernement fédéral, malgré tout ça,
notre société... donc, malgré des gouvernements qui ont agi avec malveillance sur ces mesures sociales et ont essayé de
l'éroder — ce socle
tient si fort en raison justement de
la capacité des travailleurs et travailleuses de s'organiser puis de maintenir
leurs droits — notre
société retient suffisamment de
protection pour que son peuple se sente relativement bien et heureux dans les
classifications économiques qui s'emploient à savoir comment les gens
perçoivent leurs conditions d'existence. Et le Québec est toujours dans les
cinq, six, 10 premiers.
• (12 h 50) •
Ensuite, ce
problème-là essaie de régler un problème, soi-disant, hein? Le gouvernement
justifie son projet de loi en affirmant vouloir instaurer des relations
de travail justes et équilibrées. Pourtant, comme l'ont dit les syndicats en
consultations particulières, il s'agit d'un remède à un problème qui n'existe
pas. Nous y avons appris que 96,4 %, hein — entendez-moi bien, M.
le Président, j'espère que mes collègues sont attentifs — de
toutes les conventions collectives négociées
ces 10 dernières années ont été signées sans aucune perte de journée de
travail due à des grèves, 96,4 %.
Moi, je ne connais pas, en médecine, de remède qu'on administre à toute la
population pour une maladie qui touche moins
de 4 % de la population. Le gouvernement veut asséner à l'ensemble des
travailleurs et des travailleuses un remède pour une maladie en
matière... si c'est une maladie, si on considère, du point de vue des patrons,
que la grève est une maladie. Même de leur
point de vue, c'est tout à fait illogique, irrespectueux des simples notions de
bon sens, d'asséner un remède à
100 % d'une communauté, d'une population, pour une maladie qui touche
moins de 4 % de cette population. C'est contre tous les principes
élémentaires de politiques bienveillantes envers un problème de société.
D'où vient ce projet de loi, projet de loi
curieux, alambiqué, qui représente la contrepartie octroyée par le gouvernement libéral en échange de l'appui qu'il a
reçu de l'Union des municipalités du Québec pour son pacte fiscal? Bien, c'est un très mauvais deal. Conclure comme
ça, à des fins électoralistes et politiques, à court terme, des ententes avec
un partenaire social sur le dos de la
majorité, sur le dos de ces travailleurs, de ces travailleuses, ce n'est pas
une bonne politique.
Évidemment, le Parti libéral, malheureusement,
n'en est pas à une mauvaise politique près, mais celle-ci est particulièrement
sournoise et dangereuse à long terme pour les raisons que j'ai dites.
C'est-à-dire, ça menace, à long terme, l'ensemble, je dirais, du socle sur lequel repose la prospérité
et les bienfaits qu'on doit à l'héritage de toutes les luttes qui, dans
les années 40 et 50, ont conduit à la révolution, qu'on appelle «tranquille»,
des années 60.
Les
municipalités, malheureusement, depuis quelques années, se présentent en
victimes, mais... En fait, je ne parlerais pas de toutes les municipalités. Il s'agit principalement de la ville de
Québec, mais c'est une vision. Cette vision de croire que les droits des
travailleurs sont une menace ou sont un problème, c'est une vision finalement
conservatrice.
Malheureusement,
ça permet d'encore une fois constater à quel point les politiques du
gouvernement libéral du Québec, de l'actuel premier ministre,
ressemblent beaucoup plus aux politiques du gouvernement conservateur de Stephen Harper, qui avait la même approche, par
exemple, dans les droits qu'il voulait enlever au syndicat des postiers
canadiens. Exactement la même approche, la même vision, donc une vision
beaucoup plus proche du gouvernement conservateur
que du gouvernement libéral actuel, avec lequel j'ai beaucoup de
mésententes — je parle
du gouvernement fédéral de M.
Trudeau. Mais, quand même, force est de reconnaître que ce n'est pas du tout,
du tout une politique libérale dans
le sens noble, dans le sens démocratie libérale, comme l'entendent
historiquement des gens comme Jean Lesage, comme Bourassa, comme Claude Ryan. Donc, démocratie libérale, ce n'est
pas ça, là. Ce n'est pas de priver les travailleurs et les travailleuses
de leurs droits, de reculer en arrière des conquêtes de la Révolution
tranquille.
C'est un projet de
loi qui brime donc le droit d'association syndicale. Il tente de zigzaguer et
de contourner quatre jugements récents de la
Cour suprême — ça, il
ne faut pas l'oublier non plus, quatre jugements récents de la Cour suprême du Canada — et d'autres cours inférieures, rendus entre
janvier 2015 et avril 2016, qui disent que ce n'est pas la voie à
prendre. La ville de Québec s'est fait rabrouer. Ces jugements confirment la
valeur des droits collectifs.
Est-ce
que le gouvernement actuel, le gouvernement libéral, peut enfin admettre ça ou
est-ce que le gouvernement actuel veut
à tout prix ressembler au Parti conservateur du Canada et connaître le même
sort indigne qu'a connu le gouvernement de Stephen Harper?
Alors,
ces jugements ont reconnu que le droit d'association dans un syndicat, le droit
à la négociation collective et le
droit de grève sont incontournables, sont inviolables, que, dans leur lettre
comme dans leur esprit, les lois doivent respecter ces droits fondamentaux. Voilà la conclusion légale d'une
dizaine d'années de lutte de divers syndicats de la fonction publique à travers le Canada, le Québec,
en Acadie, et tout ça contre l'unilatéralisme souvent employé par le
secteur patronal pour essayer de renverser ce droit.
Le
projet de loi n° 110,
par le recours à une médiation qui ne constitue pas un arbitrage, puis un
mandataire, et qui pourrait permettre à une partie d'imposer sa
position, n'a de négociation que le nom. C'est ça qu'il faut comprendre. Il n'y
a plus, si on accepte le projet de loi n° 110, de véritable négociation
possible quand une partie a, à travers un mécanisme, la possibilité, au final,
d'imposer sa vision.
Le
pouvoir de décret, loi d'urgence, existe déjà et il est balisé, et on croit que
ça suffit largement, ayant à plusieurs reprises
constaté même que c'est utilisé de manière parfois abusive déjà. Là encore, les
tribunaux viennent de tourner la vis. Une loi d'urgence, comme le dit
son nom, revêt un caractère exceptionnel. Ça ne peut pas être utilisé à toute
sauce comme le législateur, dans l'histoire récente du Québec, a trop souvent
été porté à le faire.
Le
projet de loi actuel finit par canaliser vers l'Assemblée nationale les
conflits de travail entre les municipalités et leurs syndiqués. Ainsi, il va normaliser l'imposition de conventions
collectives par la loi d'urgence, une mesure qui devrait s'appliquer, comme on l'a vu dans plusieurs jugements qui ont
été rendus, dans des cas uniquement exceptionnels. Donc, en fait, le ministère des Affaires
municipales ou le ministre des Affaires municipales cherche ainsi à se donner
des pouvoirs et à contourner les
droits syndicaux. Bien sûr, c'est une vision conservatrice, mais ce n'est pas
la vision du Québec. Les Québécois rejettent ça, puis nous, on est du
même avis, on pense comme ça.
Invoquer vaguement
une situation financière, une incapacité à payer est insuffisant pour qualifier
la situation d'exceptionnelle pour recourir à une loi d'urgence, pour vouloir
donner ce genre de pouvoir au ministre ou aux municipalités.
Pour contrer une fois de plus un tel unilatéralisme, la Cour supérieure, cette
fois, de l'Ontario vient de rendre jugement
en faveur du syndicat des postiers et postières du Canada. J'espère que le
gouvernement libéral est au moins d'accord avec la Cour suprême du Canada,
puisqu'il s'agit d'un parti fédéraliste. Le 28 avril dernier, le jugement
contre le gouvernement fédéral de Harper a invalidé la loi spéciale
forçant le retour au travail parce que, du point de vue de la cour, cela a constitué une atteinte aux droits
de négociation et de grève. C'est-u assez clair? Le législateur dit que le
droit de négociation et le droit de grève sont incontournables, sont
inaliénables, et on ne peut pas y toucher.
Une
nouveauté dans ce projet de loi est de vouloir limiter les comparaisons
salariales à l'intérieur du Québec. Les personnels policiers et pompiers de Montréal ont des comparables plus
plausibles avec les villes de Toronto, de Calgary et de Vancouver plutôt
qu'avec des plus petites villes, aussi formidables que soient ces villes, que
sont Shawinigan, Saint-Hyacinthe ou que
sais-je, et cela simplement parce qu'il faut tenir compte de la réalité.
Montréal et Shawinigan ne sont pas
comparables. Montréal est comparable à Toronto, Montréal est comparable à
Vancouver, à Calgary, à de grandes villes. Alors, il est étonnant que le
gouvernement et certains maires veuillent soudainement limiter les comparatifs
au Québec, alors que, pour des gens fortunés
et des élites comme les médecins que nous sommes ou comme les députés que
nous sommes, nous nous dépêchons de nous
comparer aux autres provinces, nous nous dépêchons de comparer les médecins
et leur rémunération à ceux de l'Ontario et des autres provinces ou au reste du
Canada et du monde.
D'ailleurs,
je veux juste vous mentionner qu'au Nouveau-Brunswick un tel projet de loi, à
travers un omnibus, a été présenté et
que le gouvernement du Nouveau-Brunswick s'est rangé du côté du gros bon sens
et a abandonné, a reculé, abandonné son projet de loi.
Motion de report
Donc, c'est en raison de ces considérations, M.
le Président, que vous me permettrez de déposer la motion de report à l'adoption du principe du projet de loi
suivant. Conformément aux dispositions de l'article 240 de notre
règlement, M.
le Président, je demande que la motion en discussion soit modifiée en
retranchant le mot «maintenant» et en ajoutant, à la fin, «dans trois
mois».
Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, merci à vous, M.
le député de Mercier, pour cette intervention. Vous nous déposez une motion de report. Compte tenu de l'heure, nous
statuerons sur sa recevabilité lors de la reprise du débat sur
l'adoption du principe du projet de loi n° 110.
Et je vais suspendre les travaux de l'Assemblée
jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 heures)
(Reprise à 15 h 1)
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Alors, bon après-midi. Vous pouvez prendre place.
Affaires inscrites par
les députés de l'opposition
Motion proposant que
l'Assemblée se prononce
contre le Projet d'oléoduc Énergie Est
Et nous
allons passer aux affaires inscrites par les députés de l'opposition. Et, à l'article 64 du feuilleton, aux affaires inscrites par les députés de
l'opposition, M. le député de Sanguinet présente la motion suivante :
«Que l'Assemblée nationale se prononce contre le
projet d'Énergie-Est.»
Je vous informe
que la répartition du temps de parole pour le débat restreint sur la motion inscrite
par M. le député de Sanguinet
s'effectuera comme suit : 10 minutes sont réservées à l'auteur de la
motion pour sa réplique, environ 52 minutes
sont allouées au groupe parlementaire
formant le gouvernement, environ
30 min 20 s sont allouées au groupe parlementaire formant l'opposition officielle, environ
21 min 40 s sont allouées au deuxième groupe d'opposition, et six minutes sont allouées aux députés
indépendants. Et, dans ce cadre, le temps non utilisé par les députés
indépendants ou par l'un des groupes parlementaires sera redistribué
entre les groupes parlementaires selon les proportions établies précédemment.
Et enfin les interventions ne seront soumises à aucune limite de temps.
Et, sans plus tarder, je cède la parole à
l'auteur de cette motion, M. le député de Sanguinet.
M. Alain Therrien
M.
Therrien : Merci,
Mme la Présidente. Je tiens à vous saluer en ce début de session.
Écoutez, nous sommes contre, évidemment, c'est
pour ça qu'on a déposé cette motion, et on tend la main à la seconde opposition et au gouvernement pour que, justement à l'unisson... parce que les députés indépendants sont contre également, donc je tends la main à la deuxième
opposition et au gouvernement pour qu'on puisse enfin, à l'unisson, défendre
les intérêts des Québécois. Et, moi, ce que
je vous dis, Mme la Présidente, c'est qu'il s'adonne que l'Assemblée nationale,
elle, est censée défendre les intérêts des Québécois.
Vous savez,
historiquement, le Québec a toujours... a souvent été confronté aux deux
solitudes, le Canada et le Québec
ayant souvent des intérêts divergents. Bien, ici, on a un exemple extrêmement
éloquent de cette double solitude, Mme
la Présidente : d'un côté, ce projet-là est accueilli à bras ouverts par
le reste du Canada, et, de l'autre côté, le Québec est vraiment contre ce projet, pour plusieurs
raisons. Ce qui est assez éloquent, c'est la pétition qui a été déposée à
Ottawa hier, qui était en faveur d'Énergie Est. Sur
34 000 signatures en faveur, seulement 674 venaient du Québec. Ça, ça
représente moins de 2 % des signatures.
Et, de l'autre côté, le Bloc québécois avait aussi fait la promotion d'une
pétition qui était contre, et la grande, la très, très grande majorité
des gens qui l'avaient signée étant des gens du Québec.
Alors, moi,
j'en conviens que le premier ministre du Québec et le gouvernement qui est
devant nous se doivent de défendre
les intérêts des Québécois. Et je pense que, pour une fois, ce gouvernement
peut faire preuve de leadership, ce qu'on
n'a pas vu beaucoup depuis deux ans et demi. Alors, il a une occasion en or,
Mme la Présidente, pour justement montrer à la population qu'il est à
l'écoute de ses citoyens.
Ce n'est pas
sorcier, là, le consensus, au Québec, il est clair : les Québécois sont
contre. Les groupes environnementalistes, Mme la Présidente, sont contre, contre pour plusieurs raisons, entre
autres protection de l'eau potable. Mme la Présidente, voyez-vous quelque chose de logique dans le fait
que, pour faire la promotion de la vente de l'or noir de l'Alberta, on mette en péril la plus grande richesse au monde,
soit notre or bleu? Alors, les environnementalistes, pour cette raison-là,
sont contre le projet Énergie Est. Ils sont
contre aussi parce que ça va encourager un réchauffement climatique, parce que
le pétrole qui passera dans ces tuyaux sera
un pétrole sale, à peu près celui le plus sale au monde, celui qui a une empreinte environnementale la plus noire. Et donc, pour ces
raisons-là, les environnementalistes sont contre. Et je vois le ministre qui acquiesce à mes propos.
Les
agriculteurs sont contre également, contre parce que, les terres agricoles,
cette belle richesse québécoise, elle n'est
pas infinie, Mme la Présidente, elle est limitée. On a beau avoir du zonage
agricole pour protéger ces terres-là fait par un grand gouvernement, le gouvernement du Parti québécois, à la fin
des années 1970 — Jean Garon qui avait fait le zonage agricole — ça met en péril les terres agricoles, parce que c'est sur ces
terres que va passer ce tuyau. Et également les agriculteurs sont contre parce que leur nappe
d'eau, qui est utilisée pour, justement, leurs cultures, sera mise en péril,
Mme la Présidente.
Les
municipalités sont contre. Denis Coderre et la CMM sont contre. Pourquoi? Bien,
pour plusieurs raisons : risque de pollution, mais aussi risque
d'atteindre la qualité de l'eau potable, Mme la Présidente.
Alors,
voyez-vous, on pourrait continuer longtemps. Mais moi, j'aimerais ça vous
parler un peu d'économie durant ce
10 minutes là. Parce que, souvent, on va dire : Bien, c'est pour les
retombées économiques qu'on devrait favoriser le projet. Bien là, regardons ça ensemble. Je sais que ce
sont des propos tenus souvent par la CAQ. La CAQ va nous dire : Bien,
ça nous prend du pétrole, on ne peut pas
mettre de l'eau et des fleurs pour faire fonctionner nos automobiles, ainsi de
suite, ça nous prend du pétrole. Mais
il faut comprendre que ce pétrole-là n'est pas destiné aux Québécois, que les
Québécois sont déjà rassasiés par
Enbridge, qui vient combler plus de 80 % de la consommation québécoise.
Alors, ce pétrole-là va passer tout
droit. On deviendra une autoroute pour le pétrole sale de l'Alberta. Ce n'est
pas moi qui le dis, ce n'est pas moi
qui le dis. Rachel Notley, première ministre de l'Alberta, elle dit : «On
a besoin de diversifier nos exportations et d'acheminer notre pétrole vers d'autres marchés, peu importe la
direction. [...]la construction de nouveaux oléoducs — entre autres d'Énergie Est — fait partie de la stratégie visant à
diversifier nos exportations.» Ça, c'est les propos de la première
ministre de l'Alberta.
Les
Américains ont dit non à Keystone. La Colombie-Britannique a dit non à Northern
Gateway. Ça, ça passe. Les Québécois
disent non à Énergie Est, ça, ça ne passe pas, Mme la Présidente, ça ne passe
pas. Le reste du Canada nous menace,
nous dit qu'on ne pense pas aux autres, qu'on devrait respecter l'esprit du
Canada. On se fait traiter de tous les noms,
on se fait traiter comme des colonisés, Mme la Présidente, des gens pas de
colonne. Pourquoi se permettraient-ils de
passer un pipeline qui va mettre à l'intérieur non pas du Quik aux fraises,
mais du pétrole sale sur notre territoire, alors qu'on n'a aucun avantage, mais aucun, aucun avantage de voir passer ce
pétrole-là, au contraire? Inconvénients économiques, Mme la Présidente,
inconvénients économiques, en plus des risques de saccages environnementaux. Il
y a des effets négatifs sur l'économie.
Le
gouvernement nous dit : Il faut attendre le BAPE, le BAPE va parler au nom
des Québécois. C'est l'ONE qui va décider,
Mme la Présidente, si on ne se lève pas à l'unisson comme la
Colombie-Britannique a fait. Il faut qu'on se lève et qu'on se soulève contre ce projet-là qui n'a
rien, rien de bon pour les Québécois. Pour l'économie, on n'a pas besoin
de ce pétrole-là : aucun impact économique positif.
Puis,
en plus, si on utilise ce pétrole-là ou si le pétrole passe chez nous pour être
exporté, c'est 1,1 million de barils par jour qui sera ajouté à la production de l'Alberta. Ça veut dire
quoi? Ça veut dire que la production de l'Alberta va augmenter à cause de ce pipeline-là. Augmentation
de la pollution, mais, économiquement, Mme la Présidente, ça va faire en sorte d'augmenter la valeur du dollar canadien,
parce que les gens vont acheter davantage des dollars canadiens pour
acheter notre pétrole. Il y aura une conséquence sur le dollar canadien.
• (15 h 10) •
Et, vous le savez
très bien, Mme la Présidente, vous êtes une femme intelligente, quand le dollar
canadien augmente, ça veut dire que nos exportations, au Québec — qui
ne produisons pas de pétrole — nos exportations vont diminuer à cause de la production accrue... de la
production pétrolière de l'Alberta. Ça veut dire que nous, on va perdre des emplois pour rendre service à l'Ouest. Puis
vous pensez vraiment, Mme la Présidente, que moi, député québécois de Sanguinet, vais accepter d'appauvrir les
Québécois, de leur faire prendre des risques pour enrichir l'Ouest, pour
enrichir les pollueurs, pour faire en
sorte que la planète devienne encore
dans une situation plus problématique au niveau du climat? Vous pensez vraiment, Mme la Présidente, qu'on doit être pour ça, pour vrai? Sérieux? Ça n'a aucune espèce de
bon sens.
Là, à un moment donné,
il va falloir s'arrêter de dire que le BAPE va faire ci, que le BAPE va faire
ça. En partant, tu n'as même pas
d'acceptabilité sociale puis d'effet positif sur l'économie. Là, il dit :
Ah oui! Il y a des effets positifs, il va avoir 33 jobs, 33 jobs, après la construction
du pipeline, 33 jobs. Vouloir plus de jobs que ça, là, avec le pipeline, la seule façon, c'est qu'il y ait
une catastrophe naturelle. Là, il va y en avoir, des jobs pour dépolluer.
33 jobs. Il dit : Oui,
mais, pendant la construction, il va avoir des emplois pendant la construction.
O.K., on va construire une bombe à
retardement puis on va se trouver intelligents de faire ça. Qu'est-ce que tu
fais? Ah! je construis une bombe à retardement. Il y a du monde qui travaille, c'est le fun. Non, ce n'est pas le fun,
non, parce que ces gens-là vont travailler pour mettre en péril la santé des Québécois,
l'environnement des Québécois, l'agriculture des Québécois, la qualité de vie des Québécois.
On
ne peut pas être pour ça, Mme la
Présidente, ça n'a aucune espèce de
bon sens. Le Canada, Mme la
Présidente, c'est un producteur de
pétrole, c'est : «Drill, baby, drill.» La seule politique
canadienne effectuée actuellement, c'est la production pétrolière. Les
provinces qui paient de la péréquation, c'est les provinces qui produisent du
pétrole. Les provinces qui reçoivent la péréquation, c'est les provinces qui
paient pour le pétrole et qui reçoivent compensation.
Au
Québec, on a perdu, Mme la
Présidente, juste pour l'activité
pétrolière de l'Ouest, de 2008 à 2014, on a perdu 75 000 emplois
manufacturiers. Ce n'est pas moi qui le dis, c'est l'OCDE qui le dit, ce n'est
pas moi. 75 000 emplois qui ont été perdus pour pouvoir chanter Ô
Canada, bien dret debout sur sa chaise. 75 000 jobs, c'est ça que
ça nous rapporte, la fierté d'être
Canadien, c'est juste ça que ça nous rapporte, Mme la Présidente. Il est temps
de se lever d'un seul bond, nous, le
peuple québécois, les représentants du peuple québécois, l'Assemblée nationale
dans son ensemble, de ne pas faire en
sorte de faire de la partisanerie sur ce sujet-là. Il n'y en a pas à faire. Il
est temps de vous lever, il est temps que les caquistes protègent leurs
citoyens dans leurs comtés qui vont voir passer le tuyau chez eux. Il est
temps!
Je
regarde le monsieur du comté de Masson, mon collègue du comté de Masson, ça va
passer chez eux, ça va passer chez
des citoyens qui sont représentés par les députés libéraux. Levez-vous,
représentez votre monde. Faites du Québec un Québec grand, un Québec
maître chez eux, un Québec propre. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, merci de votre intervention, M. le
député de Sanguinet. Et maintenant je vais céder la parole à M. le ministre de
l'Énergie et des Ressources naturelles.
M. Pierre Arcand
M.
Arcand :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Je suis heureux de pouvoir m'exprimer
aujourd'hui sur la motion du député de Sanguinet.
Je
dois vous dire, au départ, que le projet Énergie Est, c'est un projet, bien
sûr, qui est certainement problématique pour le Québec, mais en même temps il faut quand même dire qu'il faut
analyser ce projet-là de façon très sérieuse, très sérieuse. Vous savez, le gouvernement du Québec,
dans ce dossier-là, n'a pas à être promoteur ou un non-promoteur de ce projet-là. Le gouvernement du Québec a à
prendre des décisions réfléchies, sérieuses, sur un dossier qui est très
complexe et qui implique énormément
d'enjeux pour le Québec. Et je pense qu'en ce sens-là le projet d'Énergie Est
mérite toute notre attention.
Et
d'ailleurs, depuis le début de notre mandat, on a pris ces choses-là vraiment
de façon très sérieuse. Déjà, à la fin 2014, nous avons mené une
série d'études, plus de 64 études, dont environ... plusieurs touchaient,
entre autres, le transport des
hydrocarbures. Et je voudrais, Mme la Présidente, vous dire, donc, que... Dans
ce dossier-là, le député de Sanguinet
semble dire, évidemment, que le Québec n'a pas beaucoup de pouvoirs, que le
Québec est démuni. Je vais quand même
tenter de ramener un peu les choses en vous disant d'abord que le projet
d'Énergie Est, c'est un projet de pipeline de 4 500 kilomètres. Quand
on écoute le Parti québécois, évidemment, l'Alberta, c'est un ennemi, hein,
déjà eux se voient déjà... ils voient
déjà l'Alberta comme un pays étranger, alors que nous, de notre côté, on fait
quand même encore partie du Canada. On pense que le Canada, c'est une
bonne solution et c'est bon pour les intérêts aussi du Québec.
Maintenant,
dans ce projet-là, évidemment, c'est un projet de 4 500 kilomètres,
c'est une nouvelle construction sur
1 500 kilomètres. C'est une capacité de transport de 1,1 million
de barils de pétrole par jour, qui vise à approvisionner des raffineries au Nouveau-Brunswick et au Québec,
également un nouveau terminal maritime, qui serait situé à Saint John, au Nouveau-Brunswick. Au Québec, ce dont on parle,
c'est 649 kilomètres de pipeline. Ce sont des canalisations latérales
pour approvisionner les raffineries de Suncor à Montréal, de Valero à
Lévis — en
fait, c'est Ultramar, qu'on appelle maintenant
Valero — 10 stations
de pompage. Et le tronçon est donc un tronçon qui longe un certain nombre de municipalités et environ une trentaine de cours
d'eau d'importance, selon le ministère du Développement durable. Alors,
c'est ça, Énergie Est.
Énergie
Est, c'est un projet, donc, qui est un projet qui existe actuellement parce
que, depuis la découverte de quantités très
importantes de gaz aux États-Unis... Pendant longtemps, l'Alberta a approvisionné
le géant américain avec, entre autres, le
pétrole. Vous savez, il y avait eu une guerre à un moment donné, puis pas juste
l'Alberta, même la Saskatchewan, vous savez
qu'il y avait eu une guerre à un moment donné, la guerre du Koweït, où on avait
dit : Écoutez... les Américains sont intervenus. Bien, on apprend, par
exemple, aujourd'hui que la Saskatchewan envoie plus de pétrole, la
Saskatchewan, pas l'Alberta, la
Saskatchewan envoie plus de pétrole, par exemple, que le Koweït en envoyait aux
États-Unis. C'est juste pour vous donner un ordre de grandeur.
Depuis,
évidemment, que le gaz de schiste a été découvert, est maintenant exploité en
très, très grande quantité aux États-Unis, évidemment, le pétrole
canadien est encore expédié aux États-Unis, je pense qu'à partir de l'Alberta il y a 87 pipelines qui vont dans les
différents marchés américains, que ce soit Houston, que ce soit Saint-Louis,
que ce soit Chicago et autres, et donc il y a énormément de pétrole canadien
qui est envoyé. Au moment où on se parle, il y a une demande à la fois de pétrole canadien vers la Chine, vers l'Inde, et
il y a une demande de gaz naturel et aussi de pétrole vers l'Europe et
également, aussi, vers l'Afrique.
Évidemment,
nous sommes dans une situation délicate parce que, d'une part, notre
gouvernement s'est engagé à réduire
les gaz à effet de serre, s'est engagé à faire en sorte que nous devions
travailler tous ensemble pour que finalement on réduise, et ça, c'est un objectif qu'on a dans notre politique
énergétique, réduire de 40 % les produits pétroliers au Québec d'ici 2030. Maintenant, quand on regarde les
analyses mondiales qui sont faites par le Conseil mondial de l'énergie, on
s'aperçoit que, malgré ces efforts qui sont
faits par le Québec, malgré les efforts qui sont faits depuis la conférence sur
les changements climatiques, les
besoins en pétrole vont demeurer quand même très importants d'ici les
prochaines années encore dans le
monde. Alors, c'est un peu dans ce contexte qu'il y a, évidemment, ce débat et
cette discussion-là au niveau d'Énergie Est, et il y a plusieurs enjeux.
• (15 h 20) •
Je
voudrais vous faire part des conditions déjà que le Québec a posées, parce que
ce sont des conditions qui sont quand même très importantes. Le Québec n'est
pas seul, en passant, à avoir mis ces conditions-là, nous avons fait une entente avec l'Ontario pour établir sept
conditions, sept conditions qui pourraient être, pour ce projet... être un
projet qui devrait avoir, à
l'intérieur de ce projet-là, les principes suivants. Le premier principe, c'est
être conforme aux normes techniques les plus élevées en matière de
sécurité publique et de protection de l'environnement. Ça, c'est la première condition. La deuxième condition, c'est qu'il faut
que l'entreprise dispose d'une planification d'urgence et des programmes
d'intervention qui sont à la fine pointe de ce qui existe actuellement. Le
troisième élément, c'est qu'il faut qu'il y ait des consultations auprès des communautés locales et aussi des
consultations auprès des communautés autochtones. Il faut tenir compte des impacts des émissions de gaz à
effet de serre dans ce projet. Il faut aussi offrir des avantages économiques
tangibles pour les Québécois. Si ce projet
doit aller de l'avant, il faut que ce projet-là offre aux Québécois, je dirais,
des avantages économiques tangibles. Il faut également que les risques
environnementaux, particulièrement, incombent exclusivement aux entreprises. Le
gouvernement ne veut pas, d'aucune façon, avoir à payer si jamais il y avait
une problématique reliée à ça. Et enfin le
septième élément, c'était de prendre en compte les intérêts des consommateurs
de gaz naturel. Parce que, comme vous le savez, notre gaz naturel
provient un peu des États-Unis, il provient encore de l'Alberta. On a encore du
gaz naturel qui provient de l'Alberta.
Et donc tout
ça démontre jusqu'à quel point cet enjeu-là est quand même complexe. Ce n'est
pas un projet qui est simple, c'est
un projet qui est compliqué et c'est un projet qui demande, de notre part, je
dirais, un travail extrêmement rigoureux et un travail sérieux. C'est un travail,
d'ailleurs, qui va se poursuivre, le gouvernement va continuer de travailler
sur ces questions-là.
Il y aura un BAPE qui va être fait sur ce
projet-là. Et on parlait évidemment de la décision d'Ottawa, de ce qu'Ottawa allait faire, mais, je fais juste vous
dire le rôle du Québec dans ce dossier-là, déjà on a convenu d'un BAPE, d'un bureau d'audiences publiques sur
l'environnement, pour analyser ce projet-là. On a la Régie du bâtiment qui a un
mot à dire dans ce projet-là. On a
des certificats d'autorisation du ministère de l'Environnement du Québec qui
doivent être émis pour des stations
de pompage. On a des décisions qui doivent être prises par ce qu'on appelle la
CPTAQ, soit la commission de
protection des terres agricoles du Québec. Et il y a un rôle également au
niveau du ministère de la Sécurité publique.
Donc, c'est
un projet qui doit passer à travers tous ces, je dirais, éléments-là et c'est
un projet, également... c'est ça, c'est
à part de l'audience qui doit se faire par le gouvernement fédéral. Et on me
dit qu'au niveau du gouvernement fédéral,
Mme la Présidente, il y a plus d'une centaine de personnes, apparemment, qui
travaillent sur ce projet seulement. Ça
indique donc la nature extrêmement complexe de ce projet qu'on ne peut pas
prendre à la légère. On ne peut pas dire un oui, un non sans avoir fait
des études sérieuses sur cette question-là.
Évidemment,
comme gouvernement du Québec, un des éléments qui nous préoccupe également,
c'est toute la question de l'eau,
parce qu'évidemment, quand... dit projet de pipeline, dit projet qui se fait
selon des méthodes, nous dit la
compagnie, qui sont maintenant modernes et qui diminuent considérablement les
risques pour l'eau. Mais encore faut-il vérifier, encore faut-il voir si
véritablement les citoyens sont protégés dans ce projet-là.
Alors, je
pense que c'est de ça dont on parle aujourd'hui, c'est ça qui, pour moi, est
l'enjeu majeur. Et, encore une fois,
on ne peut pas dire demain matin on est pour, on est contre sans vraiment tenir
compte de toutes ces réalités-là. Et une des réalités qui, pour moi, est aussi très importantes, c'est de se
dire... En fait, dans ce projet-là, on peut dire oui à ce projet-là, on peut dire non à ce projet-là, on peut... Si on
dit non à ce projet-là, qu'est-ce qui arrive? Est-ce que ça veut dire, ça,
que... S'il n'y a pas de pipeline, est-ce que ça veut dire qu'on va
utiliser d'autres moyens? Est-ce que ça veut dire qu'on va utiliser des camions? Est-ce que ça veut dire
qu'on va utiliser des trains encore qui vont circuler au Québec? Est-ce que
ça veut dire qu'on va utiliser des bateaux qui vont venir par les
Grands Lacs, le Saint-Laurent, pour se rendre jusqu'à Saint-Jean,
Terre-Neuve? Je pense que ce sont des questions légitimes sur lesquelles il
faut se poser.
Et le député
de Sanguinet disait que le Québec est totalement unanime, n'est-ce pas, contre
ce projet-là. Bien, je regarde ce qui se passe au niveau de la société civile,
et on voit que la société civile, au Québec,
elle est profondément divisée sur
cette question-là. Quand on regarde, par
exemple, la ville de Montréal,
on s'aperçoit que la ville de Montréal,
que la CMM, elle est contre. On s'aperçoit
que c'est beaucoup plus nuancé au niveau de la ville de Québec.
On dit : Bien... Eux, ils savent
qu'ils ont une raffinerie, qui s'appelle Valero, dans la région de
Saint-Romuald, puis donc l'approche est différente un peu. On s'aperçoit, par exemple, que, quand il
s'agit de chambres de commerce en général, on est en faveur. Quand il s'agit de manufacturiers exportateurs, on
est en faveur. Certains syndicats internationaux ont dit qu'ils étaient
en faveur. Quand on regarde ceux qui sont contre, on s'aperçoit que les
écologistes sont contre, plusieurs maires sont opposés, plusieurs organisations
sont également opposées. Je pense qu'il serait beaucoup plus juste de dire que,
dans ce domaine-là, évidemment, le Québec est passablement divisé sur ces
éléments-là.
Et malheureusement, Mme la Présidente, je dois
vous dire que j'ai écouté le discours du Parti québécois et je peux vous dire que, depuis quelques années, c'est quand même
assez particulier. On sait que le Parti
québécois a, depuis ces années, été ceux qui ont, par exemple, proposé dans Anticosti des projets d'hydrocarbures. Ils ont proposé
des projets d'hydrocarbures. Quand
ils sont au gouvernement, ils sont en faveur des projets d'hydrocarbures.
Le député de Gaspé a même mentionné, à un moment donné, pour la
Gaspésie, un centre un peu comparable au centre éolien qui existe... de technique qui existe en Gaspésie, il a déjà
dit : Bien, il devrait y en avoir parce
qu'on a du pétrole en Gaspésie, il faudrait pouvoir éventuellement avoir
un centre aussi à ce niveau-là.
On voit qu'au
sein du Parti québécois il y a eu des divisions. À l'époque où ils étaient au
gouvernement, eux, ils avaient annoncé, même, qu'ils allaient déposer
une loi sur les hydrocarbures. On s'aperçoit que, quand il y a eu, par exemple, des conseils nationaux... À l'époque où
ils avaient le député de Saint-Jérôme, M. Péladeau, qui était le chef du
Parti québécois, ce dont on voyait,
c'étaient des divergences sur Énergie Est au conseil national. On voyait ça, le
chef qui était contredit par ses députés, parce que le chef disait à l'époque :
Bien, écoutez, moi, je vais m'asseoir avec TransCanada
puis je vais essayer de m'entendre avec eux autres, là; si on nous donne des
royautés au Québec puis si on nous
donne des choses que l'on veut avoir, je pense qu'on est capables d'avoir une bonne
entente. Les députés, plusieurs en
tout cas, dont l'actuel chef de l'opposition, se sont révoltés, ont dit :
Hé! Hé! Hé! Nous, là... Puis, vous savez, on a mentionné tout à l'heure... Il y a eu cette fameuse phrase
du Quik aux fraises. Ça, c'est le chef de l'opposition actuel qui disait :
Même s'il y avait dans le pipeline du Quik aux fraises, on s'opposerait
de toute façon. Alors, il y a un enjeu, au niveau du Parti québécois, qui a été, je dirais, présent et qui fait que, même au
Parti québécois, il y a, je dirais, des divergences qui se sont
manifestées au fil des dernières années.
Mais la
réalité, Mme la Présidente, c'est : Comment peut-on débattre aujourd'hui
de cet enjeu, alors qu'on n'a pas
toutes les études, alors qu'on n'a même pas eu un BAPE — le BAPE doit commencer dans les prochaines semaines — on n'a même pas eu de conclusions de la part
du BAPE? Et nous, Mme la Présidente, contrairement au Parti québécois qui joue toujours... Quand il s'agit
d'une juridiction qui est en partie une juridiction fédérale, le Parti
québécois a toujours joué le jeu de la chaise vide. On ne va pas aux
conférences fédérales-provinciales, on ne participe pas aux audiences publiques
des organismes fédéraux.
• (15 h 30) •
Mme la
Présidente, sur ce dossier-là, nous, on ne jouera pas le jeu de la chaise vide,
en tant que gouvernement du Québec.
Le gouvernement a pris les moyens pour avoir un pouvoir politique important
dans ce dossier-là. On s'entend déjà sur les grands principes avec
l'Ontario. Imaginez-vous lorsque le Québec et l'Ontario vont faire connaître
leurs voix sur ce
dossier-là spécifique. Je pense que tout le monde va reconnaître que nous
aurons, à ce moment-là, un pouvoir politique extrêmement important. Et
je pense que déjà on peut dire qu'on sera en position pour véritablement faire
en sorte que les règles soient très claires
et déjà je peux vous dire que le
gouvernement fédéral qui a été récemment élu a posé des règles de consultation, des règles qui ressemblent aux nôtres
sur les aspects techniques, sur les aspects sécuritaires de ce projet-là. Déjà, l'influence du Québec dans
ce dossier a quand même été importante au niveau de l'attitude générale
du gouvernement fédéral.
Alors, Mme la
Présidente, je pense que, dans ce projet-là, il faut analyser de façon sérieuse
ce qui se passe. Ce n'est pas un projet qui est simple, c'est un projet
qui est complexe et qui implique, je dirais, des enjeux extrêmement importants. Puis, je le répète parce que je
l'entends souvent, on peut dire oui ou on peut dire non. Si on dit oui, est-ce
qu'on est sûrs que ce projet-là peut
être bon pour le Québec? La réponse n'est pas évidente à ce stade-ci. Si on dit
non à ce projet, est-ce que ça veut
dire qu'il va y avoir des alternatives sur lesquelles on va avoir moins de
contrôle? Puis je ne fais même pas aujourd'hui le débat, à savoir :
Est-ce que c'est plus sécuritaire par pipeline, par bateau, par train, par
camion? Qu'est-ce qui est le plus
sécuritaire? Les promoteurs, évidemment, disent que c'est le pipeline. Mais
nous, encore une fois, nous ne sommes pas les promoteurs, nous, comme
gouvernement, nous sommes les arbitres dans ce dossier-là, et c'est comme ça qu'on va se comporter au cours
des prochaines semaines et des prochains mois. Je vous dirais, Mme la Présidence, que j'ai cru voir au cours des
dernières semaines, encore une fois, plusieurs enjeux. Puis, on le voit,
les projets de pipeline, quels qu'ils soient, sont des projets controversés. Il
y a des enjeux identiques au niveau de la Colombie-Britannique,
il y a des enjeux identiques dans plusieurs autres juridictions. Les réactions
des municipalités ne sont pas très différentes dans certaines régions du
Canada par rapport à ce qui existe au Québec. Donc, il est clair, Mme la Présidente, qu'il faut tenir compte de ces
différents éléments là, qui, pour nous, sont très importants. Je vous dirais,
Mme la Présidente, qu'au Québec déjà on sait
qu'on n'a pas une culture qui a été très importante au niveau des hydrocarbures. On a quelques projets actuellement
qui existent en Gaspésie, mais, évidemment, les Québécois regardent
cette situation-là en se disant : Est-ce qu'il y a quelque chose de bon
pour nous là-dedans?
Donc, parallèlement au BAPE, parallèlement à ce
qui se fait, le gouvernement va aussi évaluer les retombées économiques. On va travailler avec le ministère
des Finances pour s'assurer justement d'avoir une évaluation correcte des retombées économiques possibles de ce projet.
Et quelles sont ces retombées économiques, hein? Quand j'entends certains groupes, on nous dit : Écoutez,
c'est un projet qui n'apportera absolument rien au Québec, c'est un projet dans
lequel il va y avoir tout au plus
10 emplois. Puis d'autres groupes disent : Bien, il va y en avoir 25.
Puis il y en a d'autres qui nous
disent : Il va y en avoir plusieurs centaines. Puis la compagnie nous
dit : C'est des retombées incroyables pour le Québec. La question aujourd'hui, c'est de savoir où est la vérité.
C'est pour ça que le ministère des Finances actuellement travaille pour pouvoir faire une évaluation qui
est la plus rigoureuse possible des retombées économiques : les retombées
économiques durant la construction d'un pipeline, les retombées économiques
après la construction.
TransCanada a
promis qu'il y aurait des emplois à Montréal dans un siège social pour ce
projet-là. C'est combien d'emplois? C'est combien de retour pour les
municipalités? Les municipalités, demain matin, recevraient des taxes. Il y a une dizaine de stations de pompage qui existent dans ce projet-là, au Québec, au moins, si ce n'est pas
plus. Il y a des revenus pour Hydro-Québec dans ça.
Donc, il y en
a, des retombées économiques. La question n'est pas de savoir s'il y en a. La
question, c'est de savoir : Est-ce
qu'il y en a assez? Est-ce que ces retombées économiques là sont des retombées
qui peuvent être valables ou des retombées
qui ne le seront pas, valables? C'est ça, la question fondamentale qu'il faut
se poser, et ça fait partie des conditions fondamentales que le
gouvernement du Québec doit évaluer.
Il y a toute
la question, évidemment... puis je crois que le député de Maskinongé aura
l'occasion d'en parler, toute la
question qui touche, évidemment, la question des gaz à effet de serre :
Jusqu'à quel point ce projet-là qui est devant nous est un projet dans lequel il va y avoir une augmentation forte,
moyenne, faible de nos gaz à effet de serre? Je pense qu'il y aura l'occasion certainement de pouvoir
discuter et faire le point sur ces questions-là. Il y a la question également
qui touche les Premières Nations, les
autochtones du Québec. Il y a certains endroits, dans le tracé qui est proposé,
certains endroits où il y a une implication ou une consultation
nécessaires également des communautés autochtones.
Alors, je
voulais encore une fois vous dire que ce n'est pas un projet qui est simple,
c'est un projet dans lequel il y a plusieurs enjeux. C'est un projet
dans lequel, même si notre objectif est de diminuer évidemment les gaz à effet de serre... Notre objectif, c'est de diminuer la
consommation pétrolière. Vous savez très bien que le pétrole demeure quand
même pour les prochaines années, encore une
fois, quelque chose qu'on va utiliser. On l'utilise non seulement dans le
domaine du transport, mais, comme vous le savez, on l'utilise, par exemple,
dans le domaine de la plasturgie. Il y a 20 000 emplois
au Québec dans le domaine de la plasturgie. Dans le domaine du vêtement, on
utilise du pétrole. Dans le domaine
de la pharmacie, on utilise du pétrole. Ce n'est pas juste utilisé dans le
domaine du transport. Alors, je pense qu'il
est clair que ces analyses-là vont se faire. Comme vous le savez, et on a eu
l'occasion de le dire, le gouvernement fédéral
a émis les principes qu'il était là pour baliser l'examen de ce projet. Il est
nécessaire qu'il y ait une consultation rigoureuse des communautés et il est nécessaire également... et, je
crois qu'il était important de le faire, compte tenu de la situation, il y a eu une prolongation des
délais. Il n'y a pas une urgence pour que, telle date ou telle autre date, ce
projet-là se fasse. Je pense qu'il va
y avoir des délais dans ce projet-là, ce qui va permettre d'avoir justement une
évaluation beaucoup plus rigoureuse de la situation.
J'aimerais
également vous mentionner que, dans ce dossier-là, il est clair que les
alternatives pour le Québec sont des
alternatives qui sont importantes sur le plan de la sécurité. Comme vous le
savez, quand on a discuté, par exemple, de l'aspect de la ligne Enbridge, qui est la ligne 9B, qui...
Enbridge, actuellement, pour votre information, selon les derniers estimés... à peu près 60 % maintenant du
pétrole au Québec provient de ce pipeline Enbridge, qui va vers Montréal et qui
permet la distribution du pétrole au Québec. Alors, la question, c'est :
Si demain matin ces approvisionnements-là n'étaient plus garantis, où le Québec va-t-il
s'approvisionner? Ce sont des questions légitimes que l'on se pose, également.
Et est-ce qu'on va, encore une fois, revenir
à l'ancienne formule, où notre pétrole venait du Moyen-Orient, de certains
pays d'Afrique, etc.? C'est une des
questions également qui se doit d'être posée. Je pense que la sécurité
énergétique du Québec est un élément qui, pour nous, est très important.
Alors, Mme la
Présidente, je pense que, dans ce dossier-là... C'est un dossier qui est très
important pour l'avenir du Québec. Je
pense que le gouvernement du Québec va certainement faire le maximum pour
vraiment guider les Québécois dans le
meilleur intérêt possible, et le gouvernement du Québec va prendre certainement
fait et cause dans ce dossier-là,
va intervenir devant l'Office national de
l'énergie et aura une position qui sera basée sur des faits, une position qui
sera basée sur des évaluations
les plus sérieuses possible. Et je
pense que c'est notre rôle de le
faire, et nous allons le faire dans l'intérêt de tous les Québécois, Mme
la Présidente.
• (15 h 40) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup, M. le ministre
de l'Énergie et des Ressources naturelles. Et je vais maintenant céder
la parole à Mme la députée de Saint-Hyacinthe.
Mme Chantal Soucy
Mme
Soucy : Merci, Mme la Présidente. Je vais profiter de mon temps de parole pour expliquer la position de ma formation politique sur le
projet d'Énergie Est de TransCanada.
Avant tout,
il est important, pour moi, de remettre les pendules à l'heure, parce que
je sais que nos adversaires politiques nous mettent trop souvent des mots dans la
bouche, ils nous prêtent des intentions qui ne sont pas les nôtres. Et d'ailleurs ça ne fait pas honneur au rôle que nous jouons à l'Assemblée nationale. Nous sommes ici pour protéger, pour aider le Québec, le protéger, puis personne ici ne va me faire
croire qu'une formation politique le fait plus qu'une autre. Mme la Présidente, il faut aborder le dossier avec prudence et réalisme, et je pense
que c'est ce qui distingue la Coalition
avenir Québec de nos adversaires : la prudence, le réalisme, l'objectivité, l'intérêt de nos citoyens et non le
dogmatisme à tout prix. On se
souvient très bien des paroles du député de Jonquière, aujourd'hui chef par
intérim du Parti québécois : Même
si c'était du Quik, on ne l'accepterait pas. Le PQ dirait non. Le PQ est
dogmatique, le PQ reste sur ses positions. Vous savez, c'est en tenant ce genre de discours là, ce genre de
discours déplacés, qui ne font pas avancer le Québec, qui ne nous donnent pas une bonne réputation non plus à
l'international... Il est difficile, puis on l'a remarqué récemment, mais
il est possible de débattre, de débattre calmement, sereinement, même si on a
des positions différentes.
Nous, à la
Coalition avenir Québec, jamais et jamais, même si les adversaires veulent
faire accroire à la population... on
a toujours dit — et on ne
tolérera jamais de mettre en péril nos rivières, nos lacs, nos terres
agricoles, et ça, pour quelque projet
que ce soit — l'importance,
Mme la Présidence, d'analyser le projet jusqu'au bout, parce qu'on n'est pas au
bout de ce projet-là, on n'est qu'au
commencement. Et le BAPE ne s'est pas prononcé et déjà que le Parti québécois
dit : Non, on refuse.
Le projet
Énergie Est, c'est un projet qui est complexe, c'est un projet avec des enjeux
multiples et des répercussions importantes.
Pour ce projet-là, on parle d'acheminer 1,1 million de barils de pétrole
par jour de l'ouest du Canada vers l'est et également l'acheminer, le
pétrole brut, vers les marchés internationaux par la côte Est. Le pétrole est
en forte demande dans les raffineries de
l'est du Canada. Pourquoi? Parce qu'il est moins cher, parce qu'il est plus stable.
Il est plus stable, en fait, que les
sources de pétrole brut de l'étranger qu'on utilise actuellement. Parce que, il
faut se le dire, quand je parlais de
réalisme... on utilise du pétrole, on veut tendre vers des énergies qui sont
plus vertes, mais on n'est pas encore
là. Puis on a besoin d'un moment de transition. Puis ce n'est pas du jour au
lendemain qu'on va y arriver. Alors, le
pétrole, on va l'acheminer comment? Par bateau? Par train? Moi, j'ai déjà vu un
membre du Parti québécois venir dans ma circonscription puis dire que
c'était épouvantable de transporter du pétrole par train. Alors, si on ne peut
plus le transporter ni par train, ni par
bateau, et non plus par pipeline, je ne sais pas c'est quoi, la solution du
Parti québécois, mais il faut une
solution. Et, chose sûre, c'est qu'il y a une forte pression pour que ce
projet-là voie le jour. Et, chose certaine, c'est que TransCanada a un
gros, mais un gros travail à faire.
Le projet, il
est controversé. Depuis qu'il a été lancé, la population est insécure,
plusieurs groupes l'alimentent également.
Et, je l'ai dit à plusieurs reprises et puis je le répète aujourd'hui encore,
la CAQ ne fera pas la promotion de
TransCanada. La CAQ ne s'est pas prononcée
pour le projet de TransCanada, puisqu'on
est au début de ce processus-là. La
compagnie a un devoir à faire, la compagnie a un devoir de rassurer les
citoyens, rassurer les maires, doit prouver que ces infrastructures
qu'ils utilisent sont sécuritaires, que les probabilités de dommages sur notre
environnement sont très faibles, très faibles parce que c'est difficile de
prouver qu'il ne peut pas en arriver — il faut quand même être
conscients de ça — mais
qu'elles sont très faibles, qu'ils utilisent la meilleure technologie. Alors,
j'invite fortement TransCanada à transmettre
les informations qui pourraient rassurer la population et également,
évidemment, les élus, de transmettre
les documents quant aux plans d'urgence en cas de déversement, quant aux plans
de premiers soins en cas de déversement,
au suivi, aux normes environnementales qu'ils comptent mettre en place pour
préserver nos cours d'eau, nos
rivières, nos terres agricoles, mais
aussi les possibilités de retombées économiques pour nos municipalités et pour l'ensemble du Québec.
C'est la moindre des choses qu'on demande à TransCanada. La population
est en droit de savoir quelles vont être les retombées économiques pour
le Québec.
Ce projet doit
se faire évidemment dans la collaboration de nos communautés, et présentement la majorité
des maires semblent être contre le projet d'Énergie Est. Et c'est
important qu'il y ait une acceptabilité sociale pour ce projet-là, parce
qu'évidemment, la Coalition avenir Québec le dit d'entrée de jeu, il faut des
normes de sécurité, il faut s'assurer que ce n'est pas dangereux pour
notre environnement, il faut que l'accessibilité sociale soit également au
rendez-vous.
Vous
savez, Mme la Présidente, je critique l'approche de TransCanada, qui est le
promoteur du projet, mais le gouvernement
Couillard a manqué de leadership également concernant, entre autres, le retrait
des commissaires de l'ONE. On connaît
déjà la défaite du gouvernement, ils vont nous dire : Bien, c'est fédéral,
on n'a pas à se prononcer sur ça. Mais le
chef du Parti libéral du Québec, qui occupe la fonction du premier ministre, a
le devoir de rassurer la population, aurait pu demander le retrait des commissaires de l'ONE. Puis ce n'est pas la
première fois que ce dossier suscite des inquiétudes auprès de la population, mais il a préféré rester
dans sa position habituelle, c'est-à-dire l'immobilisme. Non seulement il n'est pas intervenu pour assurer que le
processus était transparent, Mme la Présidente, c'est grave : on a des
commissaires qui représentent une
institution indépendante qui doit faire preuve de toute transparence, et ils
ont rencontré en cachette l'ancien
chef du Parti libéral, l'ancien chef de ce gouvernement, et il ne l'avait pas
dit. Alors, le gouvernement aurait pu au
moins faire preuve d'humilité, parce que, bon, c'est un des leurs, mais il a
agi en spectateur. Il reste les bras croisés, il regarde le train passer
en espérant de faire le moins de bruit possible. Mais ce n'est pas comme ça que
ça devrait se passer. Le gouvernement s'est
limité à dire : Voilà, voilà ce qu'on veut. C'est ce qu'il aurait dû
faire : Voilà ce qu'on veut, on
va se battre pour avoir des retombées économiques, on va se battre pour
s'assurer que TransCanada nous donne toutes les réponses à nos
questions, parce qu'il y en a de nombreuses, questions, qui restent sans
réponse.
Vous savez,
Mme la Présidente, on ne peut pas, évidemment, accepter la motion de
l'opposition officielle telle que
proposée. Depuis quand, une entreprise qui présente un projet, d'entrée de jeu,
on lui dit : Non, on ne veut pas, on ne veut même pas regarder votre projet, bye! allez-vous-en, on n'est pas
intéressés, on ne veut rien savoir de vous autres, sans même, puis je le
répète, sans même que le BAPE se soit prononcé? Ce n'est pas comme ça qu'on va
construire un Québec fort, ce n'est pas comme ça qu'on va se faire une
bonne réputation également.
• (15 h 50) •
Il faut que l'opposition officielle cesse
d'avoir une approche doctrinale. Depuis des mois et des mois que le Parti québécois se lève en Chambre pour exiger une
tenue d'un BAPE québécois,
elle en demande un au gouvernement, qu'on s'assure de respecter les lois environnementales
du Québec. Elle demande un BAPE et elle n'est même pas respectueuse d'attendre une décision finale du BAPE avant même de
se prononcer sur ce projet-là. Finalement, aujourd'hui, elle arrive avec
un amendement et nous dit : Bon, j'ai eu ce que je voulais
pour qu'on puisse évaluer le projet, mais, bof! ça ne me tente plus vraiment, je ne veux plus rien savoir. On va voir Énergie
Est, et moi, je me prononce, je fais une motion.
Puis, vous
savez, Mme la Présidente, la Coalition
avenir Québec, on a proposé, on a
proposé des amendements, et je vais déposer également les amendements. À la
CAQ — c'est
comme ça depuis le début de la formation politique — on est
toujours en mode constructif, en mode de collaboration, puis on va continuer à
l'être également. C'est la raison pour laquelle on a déposé un
amendement. Et je vais vous lire l'amendement que nous avons déposé : «Que
l'Assemblée nationale se prononce contre
[...] Énergie-Est si [le] processus d'évaluations en cours ne [permet] pas de
démontrer que le Québec [obtiendra]
des retombées économiques concrètes et majeures, une application des normes
environnementales et de sécurité les
plus strictes, une protection adéquate de ses terres agricoles et une
acceptabilité sociale suffisante des communautés traversées par le
pipeline.»
J'invite donc
mes collègues de l'opposition officielle de continuer leur réflexion et de
faire preuve d'ouverture. Nous
voterons évidemment contre cette motion si les amendements ne sont pas
acceptés. Nous optons pour une approche qui est pragmatique, une approche qui est réaliste et on refuse de faire
de la partisanerie dans ce dossier, qui est un dossier qui est très sensible mais qui peut avoir une
retombée économique très importante pour le Québec. Nous allons au fond des choses. Imposons nos lois québécoises,
imposons-les, mais négocions de bonne foi, comme tout bon gouvernement devrait se faire le devoir de le faire. Il serait
tout simplement irresponsable, irresponsable de la part des élus de refuser
catégoriquement un projet à la veille d'un BAPE sans avoir les éléments en
main, parce qu'il y a des questions qui restent sans réponse.
Comment le
gouvernement libéral compte exiger... parce que ça, c'est des questions qu'on
est en droit de se poser, puis ce
sera au gouvernement de nous répondre à ça, comment il compte exiger des redevances
pour le transport de pétrole en sol québécois? Comment va-t-il s'assurer que
nos raffineries à Lévis et à Montréal-Est aient accès au pétrole qu'il va transiger? Parce que, on le sait,
TransCanada a conclu des ententes avec plus de 250 fournisseurs québécois
pour une valeur totale dépassant 100 millions de dollars. Ce n'est
pas rien, 250 fournisseurs québécois avec des retombées économiques de 100 millions de dollars pour faciliter la livraison
du pétrole brut vers nos raffineries. Quels sont les plans d'urgence développés par TransCanada? Quelles sont
les normes environnementales mises de l'avant par TransCanada mais réclamées par le gouvernement, s'ils en ont
réclamé? Parce que, jusqu'à présent, on ne sait pas ce qui a été fait dans
ce dossier-là. Je n'ai pas l'impression que
le gouvernement libéral a fait grand-chose dans ce dossier-là. Il agit comme
spectateur, mais, pour le bien du Québec,
pour l'économie du Québec, il faudrait qu'il aille en avant exiger, négocier. Mais, négocier, je pense que c'est une chose que
le premier ministre n'est pas capable de faire, hein? Vous savez, on reconnaît,
et tout le monde le reconnaît, les talents
de médecin que le premier ministre a, du bon chirurgien, mais, les talents du
bon négociateur, du bon administrateur de l'État, je pense que ce n'est
pas au rendez-vous.
Pour toutes
ces raisons, nous devons nous pencher sur le projet d'Énergie Est de
TransCanada. Le Québec ne doit pas tourner le dos à l'opportunité
d'avoir des nouveaux investissements et particulièrement au chapitre de
l'énergie.
Mme la Présidente, je pense avoir expliqué, puis
avoir remis les pendules à l'heure, pourquoi notre formation politique ne se prononcera pas en ce moment, parce
qu'il reste des questions qui sont sans
réponse. Mais, d'entrée de jeu, on ne
dit pas que nous sommes contre le projet d'Énergie Est, au contraire, on
dit que nous sommes ouverts à le regarder. Puis c'est important de dire que jamais on ne va mettre en
péril l'environnement, jamais qu'on ne va mettre en péril nos lacs, nos terres
agricoles. Il faut que ça soit fait dans le respect de l'environnement et il
faut qu'il y ait des retombées économiques
majeures pour le Québec. Il faut que ça soit négocié, et le seul qui peut le
négocier, c'est le premier ministre. Alors, il y a beaucoup de travail à
faire sur le côté du gouvernement.
Alors, j'invite le Parti
québécois à accepter notre amendement. Aujourd'hui, si la motion reste telle
quelle, évidemment nous allons voter contre.
Alors, nous pouvons simplement attendre la réponse du Parti québécois là-dedans
et nous allons également attendre que le
BAPE se prononce sur ce projet-là
avant de donner notre accord ou notre désaccord. Alors, merci, Mme la
Présidente. Et je vais déposer nos amendements.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Bon. Alors, je vous remercie de votre intervention, Mme la
députée de Saint-Hyacinthe. Et maintenant, par
rapport à votre amendement,
il sera déposé sous réserve de la permission de l'auteur de la motion
d'en débattre.
Alors, pour
la poursuite de ce débat sur la motion du député de Sanguinet,
je vais céder la parole à M. le
député de Maskinongé, qui est aussi l'adjoint parlementaire de M.
le ministre du Développement
durable, de l'Environnement et de la Lutte aux changements climatiques.
M. Marc H. Plante
M.
Plante : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Comme vous l'avez dit
d'entrée de jeu, bien, oui, effectivement, je suis l'adjoint parlementaire du ministre du Développement durable, de
l'Environnement et de la Lutte aux changements climatiques, mais je vous
parlerai aussi à titre de député de Maskinongé.
Mon collègue
le ministre des Ressources naturelles, tantôt, a mentionné effectivement que ce
projet, il a des pour, il a des
contre. Il y a des gens qui sont inquiets, il y a des gens qui veulent des
réponses. Où j'adhère aux propos, quand même, de la députée de Saint-Hyacinthe, c'est qu'il est important de
laisser les processus en cours faire leur travail pour prendre une position bien éclairée, une position
qui va répondre aux questionnements, oui, de la population mais aussi aux
questionnements des divers groupes, tant des municipalités, des différentes
chambres de commerce, etc., qui ont plusieurs questionnements.
Ce que je
tiens à vous dire : Même ce week-end — en fin de semaine — j'étais dans une activité et j'ai rencontré
une citoyenne — je peux même la nommer, il s'agit d'une dame
Garceau — qui m'a
interpellé et qui m'a dit : Vous, là, M. le député, avez-vous la réponse? Avez-vous la réponse sur si ça va
être dangereux, si ça va couler, si ça va déverser, etc.? Et je lui ai répondu une chose, j'ai dit :
Bien, écoutez, j'aimerais avoir la réponse et vous dire oui ou non
présentement, par contre ce que je
peux vous dire, c'est que, de notre côté, du côté du gouvernement, ce qu'on
demande, c'est des études strictes,
rigoureuses, et je peux aussi vous assurer que, mais que le processus d'étude
et d'évaluation soit fait, on va avoir réponse
à vos questions. J'ai aussi dit à la citoyenne : Vous savez, au Québec, on
a des normes environnementales élevées et on les fait respecter.
De plus, Mme
la Présidente, je trouve important de refaire un petit peu un historique du
dossier depuis notre arrivée au
gouvernement. Et, comme d'autres collègues l'ont mentionné, effectivement il
s'agit d'un dossier qui est présenté au gouvernement, et on doit en faire une évaluation. Quand on est des bons
gestionnaires, des bons pères de famille, on évalue en fonction de
certains critères, de certaines données et surtout en fonction de nos lois.
Premièrement,
Mme la Présidente, le 18 novembre 2014, le ministre de
l'Environnement a transmis une lettre, une
correspondance, aux dirigeants de l'entreprise TransCanada afin de leur
indiquer que le gouvernement du Québec, notre gouvernement, maintenait le fait que l'ensemble de la portion du
projet québécoise devait se soumettre à l'évaluation environnementale et
non pas juste sur le projet de terminal à Cacouna à l'époque.
• (16 heures) •
Dans cette même lettre, Mme la Présidente, il y
avait une énumération, une énumération très, très claire de sept conditions auxquelles le promoteur doit
répondre et qui va guider ensuite la décision de notre gouvernement. Les
conditions indiquaient notamment que les communautés locales doivent être
consultées afin d'assurer l'acceptabilité sociale
du projet. De plus, ils doivent s'assujettir à une évaluation environnementale
sur l'ensemble de la portion québécoise du projet comprenant une évaluation des gaz à effet de serre. On sait,
Mme la Présidente, qu'on fait beaucoup d'efforts pour réduire nos gaz à effet de serre, et on trouvait important qu'un
projet d'envergure comme celui-là ait une évaluation et nous indique la portion des émissions de gaz à
effet de serre, que le projet d'oléoduc devra aussi respecter les plus hauts
standards techniques pour assurer tout d'abord la sécurité des citoyens, ce qui
est très important, mais aussi assurer la protection
de l'environnement. De plus, le projet doit satisfaire à la loi en ce qui a
trait aux Premières Nations, et à leur participation,
et aux consultations, dans le cas échéant. Le projet doit aussi générer des
retombées économiques et fiscales pour tout l'ensemble du Québec,
notamment en matière de création d'emplois dans les régions où il sera
installé. Également, l'entreprise TransCanada
doit garantir un plan d'intervention et des mesures d'urgence selon les
standards les plus élevés et assumer l'entière responsabilité économique
et environnementale en cas de fuite ou de déversement terrestre, maritime, incluant même, Mme la Présidente, un fonds
d'indemnisation et de garantie financière prouvant sa capacité à agir en
cas d'accident.
Finalement,
les approvisionnements en gaz naturel du Québec sont un enjeu qui devra être
sécurisé avant d'approuver tout
projet d'oléoduc. Par la suite, en juin 2015, le ministre du Développement
durable, de l'Environnement et de la Lutte aux changements climatiques a confié au BAPE un mandat portant sur les
enjeux de la portion québécoise Énergie Est. Ce mandat devait se
dérouler en deux étapes importantes, soit tout d'abord la création d'un comité
d'experts, et la réalisation d'une enquête,
et une audience publique. Devant l'inaction de l'entreprise, le 1er mars
2016, le ministre du Développement
durable et de la Lutte aux changements climatiques a annoncé que le
gouvernement prenait une action afin de faire respecter les lois du Québec. À
cet effet, notre collègue la ministre de la Justice et Procureure générale
du Québec a déposé une requête en injonction
visant TransCanada PipeLines ainsi qu'Oléoduc Énergie Est afin de faire en
sorte que l'évaluation environnementale de
la portion québécoise du projet d'oléoduc Énergie Est respecte la procédure
québécoise
d'évaluation et d'examen d'impacts sur l'environnement prévue à la Loi sur la
qualité de l'environnement. Suite à
l'annonce de l'entreprise le 22 avril dernier de finalement se soumettre
au processus d'évaluation de la Loi sur la qualité de l'environnement, notre gouvernement a reçu un engagement du
promoteur à respecter un échéancier rigoureux, permettant tout d'abord
de mener une évaluation environnementale exhaustive, répondant ainsi donc aux
attentes, Mme la Présidente, de la population du Québec.
En ce qui concerne cette procédure, nous en
sommes présentement à la phase II. Cette phase consiste donc à compléter
l'analyse par le ministère du Développement durable, de l'Environnement et de
la Lutte aux changements climatiques de
l'étude d'impact qui a été déposée par l'entreprise. Pour ce qui est de
l'échéancier du gouvernement, le gouvernement
a dit, en avril dernier, que l'étude de cet éventuel projet est essentielle et
réitère que cet échéancier est à titre
indicatif. D'aucune façon nous ne sommes engagés ou liés de façon stricte par
l'échéancier. L'analyse complète par le ministère de l'étude d'impact
déposée suit son cours et prendra le temps nécessaire, Mme la Présidente.
Pourquoi prendra le temps nécessaire? Parce
qu'effectivement il y a des gens qui sont inquiets et il y a des réponses à y
avoir, et c'est important pour nous d'avoir un processus rigoureux
d'analyse de cette étude.
Pour rassurer
la population, je tiens à leur rappeler que l'évaluation et l'examen des
impacts environnementaux seront appliqués de la façon la plus stricte et
la plus rigoureuse afin que le gouvernement soit en mesure de prendre une décision claire et éclairée sur ce projet.
Lorsque le ministère remettra son avis au gouvernement sur la recevabilité de
l'étude d'impact en indiquant qu'elle est
jugée complète et recevable, tel que le prescrit la Loi sur la qualité de
l'environnement, à ce moment, le
gouvernement pourra donc rendre publics les documents et pourra mandater le
BAPE afin d'entreprendre la phase III de la procédure, incluant une
période d'information et de consultations publiques de 45 jours.
Je dois aussi
faire une parenthèse ce matin et expliquer les travaux qui sont en cours
actuellement. Il s'agit donc d'une
suite de travaux qui ont été amorcés en 2015 pour lesquels TransCanada détient déjà un certificat d'autorisation du ministère de l'Environnement. Un suivi rigoureux a été effectué, et, en cas de
non-respect d'un engagement, des mesures seront prises et l'entreprise
sera immédiatement informée des corrections à prendre. Rappelons que le ministre
de l'Environnement a mandaté, en juin 2015, un comité d'experts afin
qu'il produise un avis scientifique visant à valider les exigences environnementales
balisant ces travaux. Le certificat d'autorisation pour ces travaux et les
exigences environnementales qui y sont associées ont été validés par le comité
d'experts dans son avis scientifique du mois d'août
2015. Le comité d'experts a statué que les conditions exigées par le ministère
sont adéquates et conformes aux meilleures pratiques.
Mme la Présidente, permettez-moi maintenant de faire quelques rappels en terminant. Tout d'abord, depuis le début du projet,
nous maintenons qu'Énergie Est devra être soumise à la procédure d'évaluation et d'examen sur les impacts environnementaux prévue à l'article 31.1 et suivants de
la Loi sur la qualité de l'environnement. Notre gouvernement
a toujours, toujours mentionné son intention d'exercer pleinement
ses compétences sur la portion québécoise des projets d'oléoducs et d'appliquer ses lois. En soumettant le projet Énergie Est
à la procédure d'évaluation et d'examen sur les impacts environnementaux
prévue à la Loi sur la qualité de l'environnement, notre gouvernement confirme
donc son engagement, son engagement ferme d'être à l'écoute des citoyens et
d'agir pour les informer de façon responsable.
Finalement,
Mme la Présidente, nous assurons que les communautés
locales et les citoyens puissent exprimer toutes leurs préoccupations
sur le projet Énergie Est. Ainsi, nous aurons tout en main — les
analyses, tout l'argumentaire nécessaire — afin
d'aller défendre les intérêts des Québécois et des Québécoises lors des audiences publiques de l'Office national de l'énergie.
Pour finir, je tiens à vous dire que — mon collègue
le ministre des Ressources naturelles l'a mentionné tantôt — c'est
un dossier sérieux, un dossier avec lequel il faut prendre la plus grande
précaution, qu'il faut faire respecter nos
lois et nos règlements. Mais aussi on a des processus
en cours, on a des lois strictes, on a un BAPE qui va venir. Il est important
de respecter nos institutions, de faire confiance à nos lois. Et, Mme la Présidente, sur ce, je vous souhaite une bonne fin d'après-midi.
• (16 h 10) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie, M. le
député de Maskinongé.
Maintenant, je suis prête à céder la parole à Mme la députée de Sainte-Marie—Sainte-Anne et je vous... Saint-Jean...
Saint-Jacques, pardon, Sainte-Marie—Saint-Jacques, et vous disposez
d'un temps de parole de six minutes.
Mme Manon Massé
Mme
Massé : Merci, Mme la Présidente. Alors, c'est avec grand plaisir que
je prendrai la parole aujourd'hui sur la motion concernant le projet
Énergie Est. Et vous comprendrez, et c'est tellement prévisible, que Québec
solidaire, c'est une évidence, est contre ce
projet, est contre ce projet depuis toujours, l'affirme depuis toujours et va
continuer de l'affirmer jusqu'au
bout. Pas parce qu'on est fermés, pas parce qu'on est dogmatiques, comme je
l'ai entendu, mais parce qu'on est rendus au XXIe siècle. Et, à partir
du moment où on est rendus au XXIe siècle, il faut accepter que notre économie,
elle aussi, arrive au XXIe siècle.
Depuis le début, on est opposés au pipeline,
depuis le début, que ce soit dans le cas de l'oléoduc d'Enbridge, l'inversion de la canalisation 9B, que ce soit,
bien sûr, le projet actuel sur Énergie Est, mais, plus largement, sur toute
la question des hydrocarbures. Et cette constance-là, on l'a pourquoi? Bien,
parce qu'on a un engagement clair face à la population
du Québec et, je dirais, à la planète entière sur la nécessité d'agir
maintenant si on veut être capables, dans 20, 30, 40 ans, 50 ans, de
continuer à exister sur cette planète.
Dans ce
sens-là, comme vous le savez, Mme la Présidente, j'étais à Paris à l'automne
dernier, et ce qui était évident à
Paris, c'est que tous les dirigeants de pays s'entendaient pour dire qu'il
fallait mettre fin à cette ère des hydrocarbures. L'Ouest canadien produit le pétrole le plus lourd,
le plus dommageable pour nos sources d'eau, le plus dommageable pour notre eau potable, et on resterait là les bras
croisés en disant : Oui, nous,
ici, au Québec, on va offrir l'autoroute nécessaire que la compagnie TransCanada tente, depuis déjà plusieurs
années, de trouver, l'autoroute, que
ce soit vers le Sud, par les États-Unis,
vers l'Ouest, par la Colombie-Britannique. Et, nous, ici, au Québec, on
dirait : Bien, tous ces gens-là ont dit non pour des pures raisons
idéologiques. Non, je pense qu'il y avait des sacrées bonnes raisons.
Et une des
raisons que je n'ai pas entendue ici de façon claire... Quand on parle de
retombées économiques, on parle bien
sûr de création d'emplois. Bon, le ministre dit : On aimerait bien savoir
qui dit vrai, combien de jobs vont être créées. J'aimerais ça que, lorsqu'on considère les retombées
économiques, on considère aussi le risque que nous prenons, comme population, de devoir assumer un jour les
erreurs qui vont se passer dans le transport de ce pétrole sale. Et je fais
référence à quoi? Vous savez, je trouve, de la part de plusieurs de mes
collègues, une certaine naïveté en disant : Oui, TransCanada, on va voir clair, ils vont nous dire les choses, j'invite
TransCanada à nous donner l'information, etc. J'ai de la difficulté à comprendre comment on peut encore
faire confiance à une compagnie comme TransCanada, qui n'a qu'un objectif, et son objectif, c'est de sortir le
pétrole de l'Alberta parce que, sinon, elle, TransCanada, d'autres, certaines
firmes d'avocats bien connues ici, au
Québec, ne verront pas les retombées économiques nécessaires dans leurs poches
à eux.
Mais
qu'est-ce qui arrive, Mme la Présidente, s'il y a un déversement? Qui paie? Qui
se retrouve avec son eau potable,
pour toujours, affectée? Qui se retrouve avec sa biodiversité, pour toujours,
transformée? Bien, c'est le peuple québécois.
Et ça, je n'entends jamais parler de ces retombées économiques là. Et pourtant,
depuis 2004, hein, cette même compagnie,
à qui on voudrait faire confiance, a eu plus de 412 déversements. Ça, Mme la
Présidente, ça fait plus d'une trentaine annuellement. C'est qui qui
paie pour ça? C'est notre bas de laine collectif.
À Québec
solidaire, on dit non. Si tous les millions qui sont investis dans ces
entreprises-là des hydrocarbures et
les millions, là, qui sont investis par notre portefeuille collectif, des
millions... par le gouvernement du Québec, j'entends, des millions, des milliards qui sont investis par
la Caisse de dépôt et placement, qui sont aussi notre portefeuille collectif,
si ces millions-là, Mme la Présidente,
étaient investis dans l'économie du XXIe siècle, peut-être qu'on
dirait : Ah! les retombées économiques sont extraordinaires,
peut-être qu'on dirait : La création d'emplois, partout au Québec, est extraordinaire, peut-être qu'on dirait qu'à quelque
part le Québec aura réellement fait sa part pour la lutte aux changements
climatiques.
Et donc, avec
plusieurs autochtones à travers le Québec, à travers le Canada, à travers
plusieurs groupes d'activistes qui ne
cessent de répéter depuis des mois, des mois et des années qu'Énergie Est ne
doit pas passer sur le territoire québécois, bien sûr que nous allons appuyer cette motion-là et nous allons nous en
faire défenseurs jusqu'à tant que le non soit clair.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci beaucoup, Mme la députée de
Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Et je vais maintenant céder la parole à M. le chef de l'opposition officielle.
M. Sylvain Gaudreault
M.
Gaudreault : Merci, Mme la Présidente. Alors, ça me fait extrêmement
plaisir de m'exprimer sur cette motion, qui est, évidemment, extrêmement importante pour le Québec, mais qui est
extrêmement importante pour notre formation politique aussi, vous le savez. Ça fait longtemps qu'on travaille sur
cet enjeu-là, et, pour nous, il est assez représentatif de plusieurs situations, autant sur le plan
environnemental, sur le plan économique, mais aussi sur le plan constitutionnel,
pour le Québec.
Donc, dans le
fond, aujourd'hui, ce que nous voulons faire par cette motion, c'est simplement
d'offrir l'occasion au gouvernement,
mais aussi aux collègues députés de toutes les formations politiques, de parler
d'une seule voix, que le Québec parle
enfin d'une seule voix sur ce dossier-là pour s'exprimer à l'effet d'être
contre le projet d'Énergie Est — c'est dur d'être plus clair que ça — d'être contre le projet Énergie Est, comme
d'autres nations à travers le monde ou d'autres régions, même, du Canada
ont eu l'occasion de le faire sur des projets similaires.
Je veux juste
faire remarquer, puis j'aurai l'occasion d'y revenir aussi tout à l'heure, que les positions énoncées à
l'Assemblée nationale les plus claires sur le projet Énergie Est depuis
que le projet est dans le portrait, dans l'actualité, ont toujours été
le fruit d'initiatives du Parti québécois, et j'aurai l'occasion de le
repréciser tout à l'heure.
Il faut
juste, d'abord, faire un petit peu d'histoire, là, pour bien comprendre l'origine de
ce projet-là, hein? Ça ne sort pas de nulle part, là. Ce n'est pas pour les
beaux yeux des Québécois que l'industrie pétrolière albertaine a décidé
de dire : Tiens, on va passer un
pipeline sur le territoire du Québec pour exporter notre pétrole. C'est parce qu'à l'Ouest et au Sud l'industrie
des sables bitumineux albertains s'est déjà fait dire non deux fois. À l'Ouest,
par le projet Northern Gateway, qui
traverserait la Colombie-Britannique. Le gouvernement de la
Colombie-Britannique — qui n'est pas un gouvernement
souverain, là, qui est comme le Québec, là, malheureusement, ce n'est pas un
gouvernement souverain — a fixé des conditions et a dit : Non, il n'y aura pas
de projet de Northern Gateway.
Et
aujourd'hui on apprend que Pierre... — Pierre! — Justin Trudeau a dit lui-même non également
parce que le projet de Northern
Gateway traverserait une forêt extraordinaire, Great Bear. Alors, il a
dit : C'est une forêt absolument unique
que nous devons protéger, alors nous sommes contre le pipeline qui traverserait
cette forêt vers l'ouest pour exporter, alors que, logiquement, vous connaissez la géographie comme moi, quand
on regarde la carte du Canada, l'Alberta est bien plus près du
Pacifique, donc, pour pouvoir exporter sur les marchés de l'Asie.
Face au
refus de l'Ouest, de la Colombie-Britannique, l'Alberta s'est tournée aussi
vers le Sud, donc, un long chemin pour traverser tous les États du
Midwest américain pour se rendre jusque dans le golfe du Mexique, le projet
qu'on appelle Keystone XL. Et vous
l'avez probablement suivi comme moi, il y a eu beaucoup, beaucoup d'opposition,
entre autres de producteurs agricoles
du côté du Nebraska, qui ont dit : Il n'est pas question que le pipeline
risque ou mette en jeu nos sources d'eau potable
et nos terres agricoles fertiles du Midwest américain, entre autres au
Nebraska. Alors, comme pays souverain, les
États-Unis, par la voix de leur président, ce n'est pas n'importe qui, Barack
Obama a dit : Non, on ne
traversera pas les États-Unis avec tous les risques que ça représente. Et là on
ne parle pas d'un pays très, très engagé, historiquement, dans la lutte
aux changements climatiques, davantage avec Obama, mais vous vous souvenez des années de Bush, où c'était plutôt le cancre de la
lutte aux changements climatiques. Alors, c'est un pays qui consomme beaucoup de pétrole, c'est un pays qui produit beaucoup
de pétrole, c'est un pays qui est extrêmement associé à l'industrie du pétrole, historiquement. Mais, malgré cela,
Barack Obama a dit : Non, il y a trop de risques d'exporter le pétrole par
pipeline via le sud de l'Alberta, traverser tous les États que l'on connaît,
notamment du Midwest.
Alors, face à
cela, je ne sais pas s'ils ont regardé des scénarios vers le nord, parce qu'on
sait qu'éventuellement ce qu'on
appelle le chemin du Nord-Ouest, là, au nord des Territoires du Nord-Ouest,
pourrait être déglacé, justement, ça
serait une absurdité, à cause des changements climatiques. Je ne sais pas si on
pourrait passer un pipeline là, mais je ne veux pas leur suggérer en
faisant ce discours-là aujourd'hui. Mais, face au refus de l'Ouest, face au
refus du Sud, les Albertains ont dit :
Bien, on n'a pas le choix, on va aller du côté de l'Est, même si c'est plus
long, quitte à exporter du côté des marchés de l'Europe et des marchés,
davantage, du côté de l'Occident.
• (16 h 20) •
Alors là, il
y a un bout de pipeline, ça tombe bien, qui est déjà existant, de l'Alberta
jusqu'en Ontario. Alors, au lieu de
passer du gaz ou d'autres combustibles, ils vont passer le pétrole des sables
bitumineux, mais il faut en ajouter un
tuyau à travers le Québec. Alors, c'est là qu'on est interpellés fortement. Et
nous, on a fait l'analyse suivante, c'est qu'il n'y a aucun avantage pour le Québec et c'est ce qui fait en sorte
qu'aujourd'hui on vous propose, Mme la Présidente, et à tous les collègues ici en cette Chambre,
incluant le gouvernement, que le Québec parle d'une seule voix contre ce
projet parce qu'il n'y a aucun avantage pour
le Québec, aucun avantage énergétique. On
pourrait faire un débat ou une discussion
sur le fait qu'il ne faut pas se mettre la tête dans le sable, là, surtout pas
dans le sable bitumineux, et se dire : Bien, le Québec et les Québécois consomment encore du pétrole, donc ne soyons pas
malhonnêtes, on pourrait en recevoir pour
mettre dans nos voitures, dans notre industrie. Mais la question
ne se pose même pas. La question se posait dans le cas de l'inversion du pipeline
Enbridge, parce que c'est pour de la consommation locale, mais, dans
le cas du pipeline de TransCanada, la
question, c'est non. C'est juste exporté directement sur le territoire, à moins d'une infime partie qui va rester au Québec sur 1,1 million de barils par jour. Donc, c'est
simplement de l'exportation. Alors, sur le plan énergétique, il n'y a
pas d'intérêt pour le Québec.
Moi, je vais
vous dire, il y aurait même de l'utilisation au Québec, puis on devrait se
poser la question, parce qu'on doit
faire le pas vers une économie sans pétrole. Et le Québec est tellement riche,
le Québec est le territoire à travers le monde qui est le mieux positionné pour développer, produire, exporter des
énergies renouvelables. Mais on n'a même pas besoin de faire ce calcul-là parce que, strictement sur le plan de
la consommation interne, il n'y a aucun avantage pour le Québec, aucun
avantage.
Et même sur le plan énergétique il n'y a aucun
avantage, mais on peut même aller plus loin, il y a même des risques sur le plan géopolitique. Si vous suivez
l'actualité internationale... Moi, quand j'étais prof... Je regarde mon
collègue ici, à ma gauche, que je
sais qu'il suit ça ardemment, en lisant The Economist régulièrement,
tous les jours. Donc, moi, quand
j'étais prof, je disais à mes étudiants, dont plusieurs sont journalistes dans
les tribunes aujourd'hui, je leur disais : Regardez la grille de l'énergie, la grille de compréhension de l'enjeu
énergétique pour comprendre les conflits à travers le monde, en Asie centrale, par exemple, en
Tchétchénie, dans le Haut-Karabakh. Ce n'est pas des territoires qui produisent
de l'énergie ou du pétrole, mais c'est des
territoires de transit en matière d'énergie, de pétrole et de gaz, donc ça
devient des territoires extrêmement sensibles. Je ne veux pas jouer à la
sorcière ici en disant qu'on va avoir des guerres, si le pipeline passe, mais il reste que ça pose des
questions et des enjeux géostratégiques qui dépassent strictement le territoire
du Québec et qui doivent nous interpeller.
Alors, moi,
je ne veux pas, je ne veux pas, et ma formation politique, celle à laquelle
j'appartiens, le Parti québécois, ne
souhaite pas que le territoire québécois devienne strictement une zone de
transit d'énergie sale, en plus, et qui pourrait poser d'autres
questions ou soulever d'autres problèmes.
Donc, sur le
plan énergétique, zéro intérêt. Sur le plan environnemental, on va y revenir
tout à l'heure parce que c'est davantage là qu'il y a le noeud, aucun
avantage non plus.
Sur le plan municipal, 69 municipalités
seraient traversées par le pipeline. La Communauté métropolitaine de Montréal s'est prononcée contre.
24 municipalités additionnelles et des MRC se sont prononcées contre, Mme
la Présidente.
Sur le plan
économique, aucun emploi permanent, sauf quelques dizaines à peine pour
l'entretien du pipeline. Il y avait
au moins, à l'époque, à l'origine du projet, le port à Cacouna. Vous savez dans
quelle aventure et imbroglio s'est emmêlé
ce gouvernement sur la question de la protection des bélugas. Finalement,
TransCanada a décidé de retirer le projet de port. Alors, il n'y a même pas d'intérêt économique pour des emplois
permanents sur le port parce que, là, il n'y a même plus de port, là, ça s'en va... le projet de
pipeline s'en irait directement à Saint John, Nouveau-Brunswick, Saint-Jean,
Nouveau-Brunswick, pour l'exportation, donc quelques emplois pour surveiller
ici et là le pipeline une fois enfoui. Évidemment,
il y a les emplois lors de la construction, mais est-ce que le jeu en vaut la
chandelle? Nous, on dit que non.
Les risques
sur l'eau potable, 860 cours d'eau seront traversés, on ne parle pas d'un
ou deux cours d'eau, là, dont rien de
moins que le fleuve Saint-Laurent. Ce n'est pas le ruisseau Deschênes à Arvida,
là, c'est le fleuve Saint-Laurent qui
serait traversé. Si Justin Trudeau dit qu'il faut absolument préserver la
fameuse forêt en Colombie-Britannique, là, qui est une richesse
extraordinaire au monde, il me semble que le fleuve Saint-Laurent, c'est le
minimum, qui est une richesse
extraordinaire. Puis en plus le projet ne traverse pas à un endroit anodin, là,
il traverse à la hauteur de la réserve naturelle
de Saint-Augustin, donc risque, encore là. Et, dans les 860 cours d'eau, là, il y a 26 prises d'eau
potable pour la région de Montréal, seulement pour Montréal. Alors, un
déversement, là, ça serait extrêmement risqué.
Donc,
Mme la Présidente, je vois que le temps file. Et j'aurais pu vous
entretenir encore des heures et des heures. J'aurais voulu parler davantage de l'enjeu environnemental juste pour
vous dire que nous avions fait adopter,
le 6 novembre 2014, une motion
unanime, ici, à l'Assemblée nationale, pour demander que l'Assemblée nationale
demande au gouvernement qu'il inclue
notamment la contribution globale du projet Énergie Est aux changements
climatiques et aux émissions de gaz à
effet de serre, ce qui n'est pas fait. C'est une motion unanime de l'Assemblée
nationale que le Parti québécois a fait adopter sur ce projet-là. Alors,
avant d'aller de l'avant avec un BAPE, il faut nécessairement respecter la
volonté de l'Assemblée nationale exprimée
unanimement le 6 novembre 2014 et inclure dans l'évaluation du BAPE
la contribution globale aux gaz à effet de serre, ce que le BAPE actuel,
le BAPE prévu par le gouvernement, ne fait pas.
Quand on
parle des contributions globales aux GES, ça veut dire en amont, ça veut dire
lors de l'extraction du pétrole. Le pétrole, il ne vient pas de nulle
part, là, il vient du sol albertain. Au moment où il y a de l'extraction, le gaz à effet de serre, il s'en fout des frontières
puis il a un impact sur l'ensemble de la planète. Alors, il faut tenir compte
de l'extraction et de la contribution aux gaz à effet de serre. C'est là qu'on
va voir vraiment si le premier ministre du gouvernement
libéral disait vrai quand il est allé à la COP21 se péter les bretelles vertes
pour dire qu'il était le nouveau leader mondial de l'énergie verte et de
la lutte aux changements climatiques.
Alors,
aujourd'hui, avec cette motion, que ça soit du côté de la Coalition avenir
Québec, du côté du gouvernement, les
masques tombent. Dans l'histoire parlementaire, je ne sais pas s'il y a déjà eu
des motions aussi claires : Êtes-vous pour ou contre? Me semble que
ce n'est pas compliqué.
Alors là, on
demande aujourd'hui au gouvernement puis à la Coalition avenir Québec de se
tenir debout au nom des Québécois et des Québécoises, au nom de notre environnement,
au nom de notre eau potable, au nom de notre fleuve
Saint-Laurent et de faire comme la Colombie-Britannique a fait, de faire comme
Barack Obama, aux États-Unis, l'a
fait, parce que c'est un pays indépendant, en passant. J'aurais pu faire un long
discours là-dessus aussi, sur les compétences
du Québec en matière d'environnement face au grand frère fédéral. Mais ce qu'on
dit aujourd'hui : Les masques tombent.
On veut savoir, les Québécois veulent savoir ce
que leur gouvernement, ce que les membres de l'Assemblée nationale pensent. Et nous, nous proposons au
gouvernement et à l'Assemblée nationale de voter contre le projet d'Énergie Est.
Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup, M. le chef
de l'opposition officielle. Et maintenant je cède la parole à M. le
député d'Abitibi-Est.
M. Guy Bourgeois
M. Bourgeois : Merci, Mme la
Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Tout en vous précisant qu'il vous
reste un temps de parole de 12 min 15 s.
• (16 h 30) •
M.
Bourgeois : Parfait. Merci, Mme la Présidente. Vous me permettrez, Mme
la Présidente, de faire un certain rappel sur des éléments qui ont été adressés
depuis notre élection et qui sont en lien avec ce sujet, puisque, comme vous
comprendrez, Mme la Présidente, il faut voir
aussi globalement les enjeux qui sont soulevés dans cette proposition qui
nous est apportée par l'opposition officielle.
Il faut
rappeler que le Québec a une nouvelle politique énergétique qui inclut un
objectif de réduction des gaz à effet de serre et de la consommation des
produits pétroliers de 40 % et qui fait état de la transition vers une
énergie moins polluante, dont le gaz naturel
et l'utilisation... de la volonté du Québec de réduire sa balance commerciale
dans l'importation des produits
pétroliers au Québec. Évidemment aussi pour soutenir cette stratégie dans le
budget 2015 le gouvernement du Québec
a annoncé une enveloppe de 38 millions pour venir en aide à des projets de
prolongement de gazoducs. Il est également important de rappeler que le
gouvernement du Québec n'est pas le promoteur du projet Énergie Est.
Ceci dit,
nous avons l'intention de faire valoir notre position concernant ce projet de
loi... ce projet lors de l'audience de
l'Office national de l'énergie. Déjà, nous avons posé des gestes en ce sens et
pour ce faire le gouvernement a mis en place,
en mai 2014 un plan d'action gouvernemental sur les hydrocarbures dans lequel plusieurs
études ont été réalisées afin d'acquérir un maximum d'information et de connaissances
parce qu'effectivement, Mme la Présidente, pour se prononcer dans des enjeux de ce type-là, il y a un minimum de démarches
qui doit être fait pour s'assurer
qu'on va avoir l'information appropriée pour prendre une décision éclairée. On ne peut pas, du jour au lendemain, parce que l'humeur du
jour fait en sorte que ce serait favorable ou moins, prendre
une décision qui serait certes jugée être prise à la légère si on
n'aurait pas pris le soin d'analyser l'ensemble des éléments.
Plus spécifiquement, concernant le projet Énergie Est, le gouvernement du Québec, conjointement avec celui de l'Ontario,
a mis en place sept conditions qui devraient être respectées afin que le projet
puisse voir le jour. Et, par ailleurs, le gouvernement a déposé le projet de loi
n° 106, qui vient mettre en place notamment un cadre légal et réglementaire
entourant l'exploration, l'exploitation et
la production d'hydrocarbures au Québec, donc des éléments qui, M. le Président,
vous en conviendrez, sont aussi importants à
tenir en compte dans un enjeu comme celui qui nous est présenté aujourd'hui.
Revenons un
peu plus sur la démarche québécoise en lien avec la situation. On sait que, par
exemple, le ministère des Finances,
actuellement, est à analyser les retombées réelles du projet et doit rendre
publique son étude d'ici la fin de l'année
2016. On pourra vraiment s'approprier l'information adéquate avant de prendre
une décision d'une telle importance.
Dans notre démarche, dès le
30 mai 2014, il y a eu l'annonce d'un plan d'action sur les
hydrocarbures incluant le lancement des
évaluations environnementales stratégiques, dont une étude analyse les modes de
transport des hydrocarbures,
qui touche directement le sujet qui nous est adressé aujourd'hui. Donc, il faut
vérifier la connaissance de ce qui se
fait, des meilleures méthodes, des meilleures façons de procéder au transport de ce produit, et là-dessus,
encore là, on a besoin d'avoir ces informations-là avant
d'arriver avec une décision qui, du jour au lendemain, va lancer un message
très clair sur la suite des choses.
Le
4 juillet 2014, également il y a eu un mandat de donné à la Régie de
l'énergie afin d'évaluer l'impact du projet en matière d'approvisionnement en gaz parce que, oui, le besoin... a
besoin de sources énergétiques pour assurer à la fois la desserte des
populations parce qu'il y a des populations qui sont encore avec des
hydrocarbures... et, dans d'autres secteurs,
c'est des industries qui ont besoin de grandes sources d'approvisionnement de
ce type-là. Donc, il faut faire les analyses
adéquates avant de décider est-ce qu'on aura une transition énergétique qui
sera assez rapide pour répondre aux autres besoins qui vont s'adresser
dans les années futures.
Le
24 août 2015, il y a eu une entente de conclue avec les trois
distributeurs, donc Gaz Métro, TransCanada... permettant aux clients québécois et ontariens de
gaz naturel d'être à l'abri des coûts additionnels reliés à la conversion
d'un tronçon d'oléoduc proposé par
l'entreprise dans le cadre de son projet Énergie Est. Ça aussi, ça a un
impact, une modification qui
viendrait, à ce moment-là, influencer la desserte sur le territoire québécois.
Vous comprendrez, M. le Président, il
faut aller chercher cette information pour pouvoir avoir des décisions qui sont
beaucoup plus éclairées plutôt qu'inspirées par une dynamique d'un
moment.
Encore
là, dans notre préoccupation de s'assurer de faire les choses adéquatement, en
collaboration avec l'Ontario, le
Québec a annoncé sept principes communs entourant le projet Énergie Est,
et je vais me faire un devoir de rappeler ces principes-là qui vont
gouverner notre position en lien avec ce projet-là.
Premièrement, il doit être conforme aux normes techniques les plus élevées en matière de sécurité publique et de protection
de l'environnement. Donc, on ne négligera pas, aucunement, la protection à la fois de l'environnement et de la sécurité de la population. Très clairement.
Également,
dans un deuxième temps, disposer d'une planification d'urgence et de programmes
d'intervention d'urgence
d'avant-garde. Oui, s'il y a un projet, il faut être en mesure de rassurer la population
sur ce type d'intervention qui serait
nécessaire, advenant un incident. Donc, de ce côté-là, encore
là, d'avoir les règles les plus claires, précises, qui vont permettre
d'informer adéquatement l'ensemble des acteurs concernés.
Il est clair également
que le promoteur et les gouvernements vont consulter les communautés locales et
qu'ils s'acquittent également
de consulter les communautés autochtones. Vous le savez, M. le vice-président, dans les grands territoires, les gens ont une relation particulière avec ces territoires-là, veulent
s'assurer de pouvoir... Dans certains cas, ce sont des agriculteurs. Dans d'autres secteurs, ce sont des chasseurs,
des piégeurs. Les gens veulent savoir ce qui se passe sur leur territoire, ils veulent être au fait, de
pouvoir exprimer les enjeux avec la présence de projets de ce type-là et bien
faire connaître leur position. Cette obligation-là également, elle est très
claire, on souhaite que ça se fasse de façon transparente, que les gens
puissent aller adresser clairement leur position en lien avec ces projets-là.
Il
faut aussi tenir compte des impacts en matière d'émissions de gaz à effet de
serre. On veut avoir les meilleures conditions possible et, pour ce
faire, on a besoin de ces données-là aussi pour analyser l'impact. Est-ce qu'on
crée un impact encore plus important en
réalisant un projet de ce type-là quand, d'un autre côté, on veut réduire
l'émission des gaz à effet de serre
sur le territoire québécois? Donc, là-dessus, M. le Président, on doit pouvoir
agir de façon très claire et avoir ces données-là.
Il
nous faut offrir des avantages économiques tangibles, en particulier dans le
domaine de la création d'emplois à
court et à long terme. Ce projet-là, il faut qu'il soit pour le bénéfice de
l'ensemble des Québécois. Il faut avoir des données claires, mais le promoteur doit faire cette
démonstration-là. Il doit nous donner clairement quels seront les résultats de
la réalisation de ce projet-là à la fois à
court terme, dans le cadre de la construction, mais également à moyen et à long
terme, dans l'opération, pour le bénéfice de la population québécoise.
Il
faut s'assurer que les risques économiques et environnementaux et les
responsabilités qui incombent exclusivement
aux entreprises de pipelines en cas de fuite ou de déversement... et fournir
des garanties financières. Très clairement,
le promoteur est celui qui doit assumer l'ensemble des risques associés à la
réalisation du projet, pas d'enjeu par
rapport à la population en termes de coûts. On en a parlé au départ, en termes
de protection, que ce soit l'environnement, que ce soit la sécurité publique, déjà on a identifié clairement cette
situation-là, mais aussi on vient la repréciser. En termes financiers et
responsabilité, c'est le promoteur qui assume l'ensemble de cette
responsabilité-là.
Et finalement prendre
en compte les intérêts des consommateurs de gaz naturel. Il faut aussi, à ce
moment-là, voir quels sont les enjeux avec les utilisateurs actuels.
Nous l'avons toujours
mentionnée, notre intention d'exercer pleinement nos compétences sur la portion
québécoise des projets d'oléoduc et
d'appliquer nos lois. Contrairement au gouvernement péquiste, nous sommes
proactifs pour défendre les intérêts des Québécois.
Donc, là-dessus, M.
le Président, je veux que ça soit clair, il y a des enjeux, on en est très,
très conscients. Cependant, nous allons nous
assurer d'avoir toute l'information et que l'ensemble des acteurs pourra se
présenter aux bons endroits, comme à
l'Office national de l'énergie, comme au BAPE, pour s'assurer que le processus
est respecté. Merci, M. le Président.
• (16 h 40) •
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Alors, je vous remercie, M. le député
d'Abitibi-Est, de votre intervention. Et je cède la parole maintenant à
M. le député...
M. Lemay :
De Masson.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Oui, j'ai été distrait, je le sais, Masson. Alors, à
vous, mais il vous reste cinq minutes.
M.
Mathieu Lemay
M.
Lemay : Parfait. Merci, M. le Président. Donc, c'est à mon tour de
prendre la parole sur la motion du Parti québécois sur le projet d'Énergie Est. Vous savez, M. le Président, se
prononcer à ce stade-ci, là, moi, je considère que c'est de décrébiliser
le processus du BAPE puis je vais vous expliquer pourquoi. Tout d'abord, le PQ
est monté aux barricades l'hiver passé, là,
pour avoir un BAPE complet. On le sait, on avait un BAPE générique, puis là ils
voulaient avoir un BAPE complet.
Mais, aujourd'hui, le PQ, il veut se prononcer sur un projet, sur l'enjeu du
projet avant même que le processus du BAPE reprenne. Pour moi, ça ne
fait pas de sens, c'est incohérent.
Pire
encore, dans la dernière année, le PQ a déposé plusieurs motions, là — puis là on en a une encore aujourd'hui — pour court-circuiter les étapes du BAPE.
Dans le fond, là, si on recule un peu en arrière, là, quand ils étaient au pouvoir, là, il y avait le projet d'Enbridge
qui était sur la table, puis, à ce moment-là, ils ont promis un BAPE. Puis là,
bien, ils se sont rétractés, puis, pour
Énergie Est, à ce moment-là, ils n'ont jamais demandé de BAPE. Maintenant, en
2014, on sait tous qu'est-ce qui est
arrivé, c'est les libéraux qui sont au pouvoir, là le PQ s'est mis à réclamer
un BAPE. Mais aujourd'hui, là, qu'on
a un BAPE, là, puis qu'on va avoir le processus qui reprend ses travaux, là,
dans les prochaines semaines, là,
bien là ils demandent de le court-circuiter. Ça, c'est ce que je trouve qui
n'est pas sérieux, M. le Président.
Énergie
Est, là, c'est un projet de 4 milliards de dollars. Pourquoi qu'on
voudrait rejeter du revers de la main un projet de 4 milliards avant même d'avoir eu les réponses du BAPE?
Puis ça, ici, là, je regarde, là, au niveau du gouvernement et de l'opposition officielle, des fois il y a des moments
qu'ils vont dire : Bien, on veut un BAPE sur ça; pour tel projet, on ne veut pas de BAPE.
Non, ça prend un BAPE, il faut obtenir des réponses à nos questions. Nous, la CAQ, on est sérieux sur les questions
environnementales. On va jouer notre rôle d'opposition constructive, on refuse
de jouer dans le film, là, de dire qu'on va
discréditer le processus, puis le tasser du revers de la main, puis dire non au
projet d'Énergie Est avant d'avoir eu nos
réponses. C'est ça que j'essaie de mentionner, M. le Président, il faut qu'on
garde l'esprit ouvert à ce moment-ci du processus.
Mais
il y a une chose que je dois dire. O.K.? Puis ça, c'est bien important parce
que, comme tout le monde, nous autres,
là, notre formation politique, on demeure très inquiets des impacts
environnementaux. O.K.? On est très inquiets du respect des normes environnementales et de la sécurité les plus
strictes. On est très inquiets d'une protection adéquate de nos terres agricoles. On est très inquiets
d'une acceptabilité sociale suffisante des communautés traversées par le
pipeline. Et Masson est, effectivement, une communauté qui est traversée
par le pipeline.
Mais
surtout ce qui n'est pas encore démontré dans ce projet-là, c'est que le Québec
obtiendrait des retombées économiques concrètes et majeures. C'est pour
ça qu'on a fait notre amendement tout à l'heure, que la députée de Saint-Hyacinthe, ma collègue, avait déposé cet
amendement-là, parce qu'on est inquiets. Il faut que je le dise, là, je ne
suis pas en train de dire, là, que le projet
Énergie Est, là, on veut qu'il soit adopté demain matin. Non, on est inquiets,
on veut des réponses. C'est pour ça qu'on veut que le BAPE aille
jusqu'au bout de son processus.
Tout
à l'heure, le député de Sanguinet, il a mentionné quelque chose, il a mentionné
que le projet Énergie Est, là, c'est
30 emplois. Peut-être que c'est 30 emplois à terme, mais, en
attendant, là, pendant les neuf années que ça va prendre pour faire la construction du projet, là, on parle
de 3 000 emplois qui vont être créés. 3 000 emplois pendant neuf
ans, c'est à considérer, ça, M. le
Président. Il a parlé de la responsabilité du Québec, il a dit : Le
Québec, là, on doit être responsables puis
rejeter ce projet-là tout de suite. Mais la responsabilité du Québec, là, avant
de prendre cette décision-là, c'est d'étudier en profondeur le projet
d'Énergie Est par le BAPE, puis, après ça, le Québec pourra présenter sa
position à l'ONE. C'est ça, les étapes qui
doivent être faites, on doit les faire, il y a un ordre à suivre. On ne peut
pas dire tout de suite, avant même d'avoir eu les réponses à nos questions,
qu'on va rejeter le projet.
Je
veux juste vous faire un petit historique, il me reste à peine une minute, M.
le Président. Mais dès 2014, là, dans les
premiers projets qui sont arrivés sur mon bureau, là, c'est Énergie Est. J'ai
rencontré TransCanada. Ensuite, j'ai fait une lettre, je leur ai signifié une
lettre le 31 octobre 2014, 12 questions que je leur posais, à TransCanada.
J'ai reçu ma réponse en décembre
2014. Je suis allé aux consultations
qui ont eu lieu à Terrebonne quand TransCanada sont venus dans notre circonscription, dans le coin.
Je suis allé aussi faire la première phase du BAPE à Lévis,
j'ai assisté aux travaux. Je suis
préoccupé par qu'est-ce qui se passe. La protection de l'eau, là, je suis
préoccupé par la protection de l'eau. L'eau, c'est la priorité numéro un
pour notre formation politique en matière d'environnement.
Juste pour vous le
mentionner, on est tous préoccupés, on le signifie clairement par l'amendement
qui a été proposé par notre collègue députée
de Saint-Hyacinthe, et c'est pour ça que, si le PQ n'accepte pas notre
amendement, on va voter contre la motion.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Moi, j'étais préoccupé par le temps.
Alors, merci, M. le député de Masson, de
votre intervention. Et je cède maintenant le quatre minutes qu'il reste à
l'opposition officielle à M. le député de Terrebonne. M. le député de
Terrebonne.
M. Mathieu Traversy
M.
Traversy : Merci, M. le Président. Bien, essayer, dans les
quatre minutes qu'il me reste, de tenter de convaincre la Coalition
avenir Québec de se positionner clairement sur le dossier de TransCanada,
d'Énergie Est. Écoutez, pour résumer un peu
la position que la CAQ défend en cette Chambre, j'ai noté quatre points. Tout
d'abord, elle souhaite des retombées
économiques pour le Québec, elle veut les plus hauts standards de protection
pour l'environnement et pour les
communautés locales, elle veut que les terres agricoles soient le moins
touchées possible et, de ce que j'ai cru comprendre, à moins que ça ait changé, elle souhaite une redevance pour
le droit de passage du pétrole à travers le territoire québécois.
Je vais tenter, M. le Président, de
convaincre, si, évidemment, j'ai l'attention de tout monde, mes collègues de la
deuxième opposition de venir peut-être réfléchir
à prendre position commune avec le Parti québécois pour s'opposer à ce projet, en particulier le député de Masson, que je
connais bien et avec qui j'ai beaucoup de plaisir à travailler en commission
parlementaire, notamment celle de
l'environnement et du transport. M. le Président, tout d'abord pour vous dire
qu'au niveau des redevances par
rapport à un passage de pétrole sur le territoire québécois vous avez vu que
cette proposition a été rapidement
écartée de la part des experts, qui la jugent anticonstitutionnelle. Pour
réussir à demander des redevances dans
l'état actuel des choses, il faudrait que le Québec soit un pays. Et, à moins
que ça ait changé — et, si
c'est le cas, je souhaite qu'ils nous
le disent — je ne
pense pas que la Coalition avenir Québec souhaite faire du Québec un pays, leur
chef se dit fédéraliste, M. le Président.
Donc, imposer des redevances pour transporter des ressources naturelles de
province en province est impossible.
De
plus, d'une façon très pragmatique, M. le Président, vous le savez que ce n'est
pas réaliste. Parce que, si la pétrolière
TransCanada décidait de donner des redevances pour son pipeline au Québec,
qu'est-ce que vous pensez qu'il va se
passer? Elle va devoir imposer des redevances sur l'ensemble des autres pipelines
qu'elle a déjà construits, elle va devoir
imposer des redevances sur les futurs projets qui s'en viennent. Il n'y a pas
une pétrolière en Amérique du Nord qui va vouloir embarquer là-dedans,
et la Coalition avenir Québec le sait très bien.
Au
niveau des retombées économiques pour le Québec, bien, notre chef de
l'opposition, M. le député de Jonquière vous en a parlé, très peu de retombées économiques à long terme, on
parle de quelques dizaines d'emplois pour maintenir le pipeline une fois
que celui-ci va être terminé. Le gros de la richesse va être pour
l'exportation, ne sera pas pour le territoire
québécois. Pas de port, pas de centaine d'emplois disponibles pour les
travailleurs du Québec, seulement une autoroute
de pétrole pour l'exportation, et déjà les raffineries de l'est de l'île de
Montréal sont déjà rassasiées à plus de 80 % par le pipeline
d'Enbridge qui passe d'ailleurs dans ma circonscription, M. le Président. Et,
au niveau des hauts standards de protection
en matière d'environnement, vous avez entendu les inquiétudes légitimes de la
part des parlementaires de la
Coalition avenir Québec. Le maire de Montréal le dit lui-même, 80 % des
études de sécurité pour ce projet-là ne sont pas encore déposées par
l'entreprise.
Donc,
on voit clairement qu'il y a des lacunes importantes, notamment au niveau de la
prise d'alimentation en eau potable
des municipalités. Et, pour ce qui est des communautés touchées, M. le
Président, je rappellerais au député de
Masson, qui est porte-parole en matière des affaires autochtones, mais aussi de
l'environnement... Et, dans les deux cas, autant les groupes environnementaux que les groupes des communautés
autochtones se positionnent contre ce projet. Pour ce qui est des terres agricoles, la députée de
Saint-Hyacinthe qui a le siège social de l'UPA dans son comté, M. le Président,
elle sait très bien que l'UPA est contre ce
projet d'Énergie Est aussi et que les agriculteurs ne veulent pas voir un
pipeline de sables bitumineux passer
sur leurs terres, qui sont des fois très bien cotées au niveau de l'agriculture
québécoise, et ne souhaitent pas voir l'arrivée de ce projet.
Finalement,
M. le Président, si je peux convaincre mon collègue en cette Chambre par votre
entremise de changer d'idée dans les
prochaines minutes, je lui dirais que, lorsqu'il va voter, il faut qu'il prenne
parti non pas pour une formation politique
dans le cadre du projet d'Énergie Est, mais qu'il prenne parti pour sa
population, pour sa communauté, pour ses
acteurs locaux qui, eux, sont contre l'arrivée d'un tel projet, autant dans les
organismes communautaires que dans les conseils
municipaux, qu'au niveau de la MRC, qu'au niveau des députés fédéraux, qu'au
niveau de la population, qui s'est
mobilisée en centaines de personnes au parc du Grand-Coteau dans le comté de
Masson pas plus tard que l'année dernière. Il faut que le porte-parole
du comté soit à la défense de ses citoyens.
• (16 h 50) •
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Alors, merci, M. le député de
Terrebonne. Et cette dernière intervention mettait fin au débat. Il reste le droit de réplique
protégé. Par contre, j'aimerais, pour le bénéfice de ceux qui nous écoutent, là,
que vous nous indiquiez dès le début de
votre intervention qu'est-ce que vous faites avec l'amendement proposé par la
collègue de Saint-Hyacinthe — c'est ce qu'on fait d'habitude, là — est-ce que, oui ou non, vous l'agréez ou
pas, pour que les gens qui nous écoutent sachent exactement quelle est
la réponse du concerné.
M.
Therrien :
Merci, M. le Président. Alors, écoutez...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : M. le député de Sanguinet.
M.
Therrien :
Pardon?
Le Vice-Président
(M. Gendron) : M. le député de Sanguinet, à vous la parole.
M. Alain Therrien (réplique)
M.
Therrien :
Oui. Merci, M. le Président. Donc, nous allons rejeter la motion proposée par
la CAQ pour plusieurs raisons, dont je vais expliquer plus tard dans mon
exposé.
Écoutez,
c'est un dossier simple, M. le Président. Non, je vous le dis, sortez de chez
vous, allez voir vos gens, allez
discuter avec votre entourage. Que la députée de Saint-Hyacinthe, que j'aime
beaucoup, qu'elle aille rencontrer les agriculteurs de son coin, les
agriculteurs du Québec, que le député de Masson aille rencontrer les gens.
Nous, on les rencontre, les gens sur la
Rive-Nord, et qui nous disent : On ne veut rien savoir du pipeline, on ne
veut rien savoir. Il y a acceptabilité sociale dans le rejet. Ce n'est
pas normal, ça.
Ils veulent
avoir l'acceptabilité sociale. Le ministre, il se pose encore la question à
savoir y a-t-il acceptabilité sociale
dans ce dossier. Il n'y a pas d'acceptabilité sociale, c'est rejeté. Je veux
dire, un aveugle verrait ça. Qu'est-ce que vous faites encore à attendre? Est-ce que vous
voulez que le Saint-Esprit descende puis qu'une colombe se dépose votre
épaule? Qu'est-ce c'est que vous attendez pour comprendre ça? Vous êtes
complètement déconnectés de la réalité. M.
le Président, les libéraux sont déconnectés, ils ne comprennent même pas que,
ce projet-là, il y a à peu près un tondu puis deux poilus qui sont pour ça au
Québec, puis ils ne comprennent pas ça. Là, je ne sais plus quoi dire. À un
moment donné, je me dis : Il me
semble que c'est une évidence. J'ai dit : Pour une fois que j'ai... J'ai
déposé la motion, j'étais content, M.
le Président, je chantais en m'en venant ici, j'ai dit : On va voir du
plaisir, on sera enfin d'accord sur quelque chose. Bien, non.
Moi, je suis
dans mon comté, je rencontre des gens, je parcours le Québec, c'est presque
unanime, les gens sont contre ce projet-là. Et là le ministre dit :
On va vérifier, voir s'il y a acceptabilité sociale. Moi, écoutez, les bras
m'en tombent, M. le Président. Ensuite, il
nous dit : Il faut vérifier s'il y a des retombées économiques. Je veux
dire, écoutez, je suis économiste de
formation, j'en ai fait, des analyses avantages-coûts, tu t'installes une
demi-heure avec des lunettes, tu le
vois tout de suite qu'il n'y a pas d'avantages pour le Québec dans ce
projet-là. Il n'y en a pas, d'avantages pour le Québec, il y a des inconvénients pour le Québec. C'est pire, imaginez,
tu peux avoir une pollution de tes eaux, de ta nappe phréatique, tu vas avoir un problème avec les
agriculteurs sur les terres. Et là, avec les raccordements, là, on s'aperçoit
que TransCanada avait, dans d'autres
projets, 1 400 raccordements qui étaient de mauvaise qualité. Depuis 2008,
ils le savaient, puis là ils viennent de s'en apercevoir, puis ils le disent au
monde. Il n'y a pas d'avantages.
Là, ils se disent : Bien, il y a peut-être
un avantage économique. Là, la députée de Saint-Hyacinthe nous dit : Écoutez, le pétrole, c'est important, il faut
qu'on en ait, du pétrole. C'est quoi, la solution? Elle est déjà là, la solution,
c'est Enbridge. On est déjà gavés en
pétrole. Ça ne va pas à nous, ce pétrole-là. Non, bien, je veux dire, je ne
sais pas, je le dis, les gens du
Parti québécois le disent. Là, ils disent : Bien oui, mais on le sait
bien, eux autres, ils chialent tout le
temps. Non, on a le propos juste. La première ministre de l'Alberta nous le
dit, le premier ministre du Canada nous le dit, le reste du Canada nous le dit : Ce pétrole-là, il s'en va à
l'exportation. Ce tuyau-là, là, amenez votre lunch, puis mangez des sandwichs pas de croûte, il va passer devant
chez vous, puis il va s'en aller jusqu'à l'étranger, il n'arrêtera pas ici.
Qu'est-ce que ça vous prend de plus que ça
pour allumer puis dire, à un moment donné : Oui, je pense que ça ne donne
rien, hein, un tuyau qui n'arrête pas chez
nous, puis tout ce qu'on peut avoir comme conséquences de ça, c'est des fuites,
des problèmes?
La solution,
elle est déjà trouvée, c'est... Enbridge, c'est déjà fait, c'est booké, c'est
bâclé. Nous avons du pétrole, nous
pouvons fonctionner comme ça, et jusqu'en 2050. Si Dieu nous en garde, nous
allons éliminer tranquillement notre dépendance
au pétrole, puis on n'en parlera plus en 2050. Là, le gouvernement, il
dit : Écoutez, ça prend un pipeline pour nous amener du pétrole. Et, si on a un pipeline, ils vont arrêter
d'amener des trains, des camions. C'est mal connaître les Albertains. Eux autres, ils veulent exporter le
plus possible. S'ils peuvent le faire en bicycle, M. le Président, ils vont le faire, eux autres là, là. Ça fait que, là, si tu
arrives, tu dis : On va passer 1,1 million dans le tuyau, là, par
jour, vous pensez qu'ils vont
dire : Aïe! écoutez, là, les camions, là, calmez-vous, puis les trains, on
va arrêter ça, il y a 1,1 million par jour? Bien non, ils veulent aller exporter à planche. Ça fait qu'eux autres ça
va être le pipeline, les camions, le
train. Puis là c'est qui qui a la législation pour, justement, vérifier
la sécurité des trains puis des camions? C'est le fédéral. Qui va décider, en bout de ligne, sur le pipeline,
surtout avec un gouvernement qui tergiverse tout le temps sur le dossier?
Ça va être le gouvernement fédéral.
M. le Président, on n'est pas maîtres chez nous, c'est l'étranger qui va voter, qui va
décider pour nous. C'est l'ONE, qui
couche avec TransCanada, qui va décider pour nous. Puis, ici, on voit deux partis politiques qui se complaisent là-dedans. Ils
disent : Bien, c'est correct. Dans
le fond, on va être, tout simplement, l'autoroute pour le pétrole sale de l'Alberta. C'est ça, la
vision qu'ils ont d'un Québec moderne? C'est ça qu'ils ont d'un Canada qui...
La seule politique économique canadienne, je
l'ai dit tantôt, c'est «drill, baby, drill», alors que nous, on espère
embrasser l'électrification des transports, se débarrasser du pétrole, de faire en sorte qu'on devienne des leaders
mondiaux dans l'économie propre. Et tu as le reste du Canada qui veut nous enfiler un pipeline dans
le fond de la gorge, qu'on devrait applaudir, puis dire : Ah! bien,
peut-être qu'on devrait faire un
BAPE. Tu fais un BAPE quand tu n'es pas sûr de ton coup. Tu fais un BAPE quand
il y a un débat. Tu fais un BAPE
quand il y a des oui, puis il y a des non, puis tu n'es pas sûr. Tu ne fais pas
un BAPE quand tout le monde est contre, c'est inutile.
Parce que, le
BAPE, qu'est-ce qu'il va vous dire? Là, la CAQ dit : Ah! on devrait faire
un BAPE. Ils aiment ça, là, on va
faire des... Moi, j'aime ça, des BAPE. C'est génial, un BAPE. Moi, on est pour
ça, les BAPE, quand on en a de besoin. Tu as des gens pour, des gens
contre, ça discute, puis là tu poses des questions, mets tes lunettes, puis tu
regardes ça. Il n'y a pas de discussion
possible. Il n'y en a pas, de discussion possible, M. le Président, c'est
sérieux. C'est clair, il n'y a personne
qui veut de ce pipeline-là. Sauf que, le gouvernement, actuellement, on dirait
qu'il hésite. Pourquoi? Peut-être parce qu'il est canadien. Peut-être
que les intérêts qu'il protège, c'est les intérêts du Canada, ce n'est pas les
intérêts du Québec. Parce que, là, on ne
peut pas protéger un et l'autre, là. On ne peut pas protéger les intérêts du
Québec puis les intérêts du Canada,
il faut choisir. Moi, je dis aux gens de la CAQ : Choisissez. Votre
nationalisme est-il canadien ou québécois? Vous allez choisir le Canada
ou le Québec, M. le député de Masson?
Une voix : ...
M.
Therrien :
Vous allez choisir le nationalisme canadien ou québécois? Écoutez, la réponse
est simple, si vous choisissez... Si
vous choisissez le nationalisme québécois, la réponse est simple : C'est
non à Enbridge... non à Énergie Est, non...
Des voix : ...
M.
Therrien : Écoutez, ça fait quatre ans que je suis ici,
c'est la première erreur que je fais, quand même, là. Vous pouvez bien
vous bidonner.
Alors, je
recommence. Si vous choisissez le nationalisme québécois, vous allez dire non à
Énergie Est. Voilà. Alors, je vous
supplie, les gens du gouvernement, de l'autre côté, je vous supplie, amis de la
seconde opposition, que j'affectionne quelquefois,
il faut dire non à Énergie Est, il faut dire non au pétrole sale de l'Alberta,
il faut dire non au peuple canadien, qui
aimerait beaucoup qu'on reprenne notre position de colonisés, M. le Président.
Nous ne sommes pas colonisés, nous sommes des Québécois et fiers de l'être.
Merci. Maîtres chez nous.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, on vous remercie, M. le député de Sanguinet, de votre intervention. Cette intervention met fin au débat, puisqu'on
vient de faire la réplique. Alors, je vais maintenant mettre aux voix la
motion de M. le député de Sanguinet, qui se lit comme suit :
«Que l'Assemblée nationale se prononce contre le
projet d'Énergie-Est.»
Est-ce que cette motion est adoptée?
Une voix : M. le Président,
le vote nominal, s'il vous plaît...
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
...alors, comme le vote nominal est demandé, je dois céder la parole au leader
adjoint du gouvernement pour nous dire comment on va traiter la demande du vote
nominal.
M.
Sklavounos :
...demain à la période des affaires courantes, s'il vous plaît.
Vote reporté
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Alors, conformément à la demande du
leader du gouvernement, le vote sur la motion de M. le député de
Sanguinet sera tenu à la période des affaires courantes, demain, tel que
demandé.
Et nous
allons poursuivre nos travaux. Je cède à nouveau la parole à... Juste une
minute, s'il vous plaît, la Chambre n'est
pas suspendue. Alors, M. le leader adjoint du gouvernement, qu'est-ce que vous
avez à nous suggérer pour la suite de nos travaux?
• (17 heures) •
M.
Sklavounos :
Article 21, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
À l'article 21 du feuilleton d'aujourd'hui... Juste une seconde. C'est parce
que moi, je n'ai pas le feuilleton d'aujourd'hui. Est-ce que c'est le débat de
deux heures, là?
M.
Sklavounos : Oui.
Le Vice-Président (M. Gendron) : O.K.
Bien, je m'en doutais, là. Alors, vous...
Projet de loi n° 110
Reprise du débat sur l'adoption du principe
Décision de la présidence sur la recevabilité de la motion
de report
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Vous savez que, pour ceux qui nous écoutent, on a terminé avec une motion
de report. Alors, la présidence a analysé, puis c'est
recevable.
Débat
sur la motion de report
Alors, la
motion du député de... M. Mercier... du député de Mercier,
votre motion a été déposée en vertu de l'article 240. Cette motion fait l'objet d'un
débat restreint de deux heures, donc ça signifie qu'on l'agrée.
Conformément à ce qui a été énoncé antérieurement par la présidence, je vous informe que la
répartition du temps de parole
pour ce débat restreint s'effectuera comme suit : 55 minutes sont
allouées au groupe parlementaire
formant le gouvernement, 33 minutes sont allouées au groupe parlementaire formant l'opposition
officielle, 24 minutes sont
allouées au deuxième groupe d'opposition, puis six minutes sont allouées aux députés
indépendants. Dans le cadre du temps non utilisé, il est reporté aux
autres.
Et je suis
prêt à entendre le premier intervenant, et, règle générale, le premier
intervenant dans un tel cas, c'est quelqu'un du gouvernement.
Et je reconnais M. le ministre des Affaires municipales pour son intervention.
M. le ministre des Affaires municipales, à vous.
M.
Martin Coiteux
M. Coiteux : Oui. Merci, M. le
Président. Alors, on va débattre au cours des prochaines minutes, prochaines deux heures, finalement, d'une motion de report,
donc une motion qui, à mon avis, vise finalement à retarder ce qui doit être fait, et ce qui doit
être fait dans les meilleurs délais, puis je vais exposer certaines des raisons
pour lesquelles on ne peut pas accepter un tel report.
Alors,
d'abord, il y a des enjeux qui sont propres au secteur municipal. Puis, quand
je dis le secteur municipal, ce n'est
pas juste une question de partie patronale versus partie syndicale, comme on a
tendance à le voir parfois, comme si
toutes les relations de travail devaient être vues sous l'angle d'un
antagonisme entre ce que parfois on a appelé le capital et puis le travail. Ce n'est pas ça qui se passe
dans le monde municipal. Ce n'est pas ça du tout qui se passe dans le monde
municipal.
D'abord,
même si on voulait le prendre, dans un premier temps, sous l'angle strictement,
d'un côté, j'ai un employeur puis, d'un côté, j'ai des employés, il y a
une situation tout à fait particulière, qui n'existe pas notamment lorsque des négociations se font entre un employeur du secteur
privé et un syndicat représentant les employés d'un employeur privé. D'abord, l'exercice de la
grève et du lock-out en milieu municipal, même avec les limites qui sont
imposées par le mécanisme des
services essentiels, ça a pour effet de priver les citoyens de services dont
ils peuvent difficilement obtenir l'équivalent autrement, hein? On a affaire souvent, dans le secteur municipal, à des
services qui font l'objet d'un monopole municipal. Il n'y a
pas personne d'autre qui va livrer les services que la municipalité. Donc, à la fois la grève comme le lock-out, éventuellement, ça
va automatiquement priver les citoyens de services pour lesquels il n'y a pas
d'équivalent chez un concurrent privé.
Ça ne
marche pas comme ça dans le secteur municipal. Donc, ça, c'est une première
caractéristique qui est importante.
C'est donc, dans un contexte comme ça, assez difficile pour un conseil
municipal d'utiliser un outil comme le
lock-out qu'on va retrouver dans le secteur privé. C'est difficile, ils vont automatiquement priver eux-mêmes, par décision, leurs citoyens d'un service qu'ils ne peuvent pas se procurer ailleurs.
C'est difficile aussi de laisser perdurer une grève, même dans le contexte où il y a
des services essentiels qui sont assurés, parce qu'il y a certains
services qui, même jugés non essentiels, sont quand même des services
qui ne peuvent pas être livrés par une autre entité que la municipalité elle-même, donc ils ont à assumer l'odieux d'une grève qui durerait longtemps
d'une façon qui est sans commune mesure avec ce qu'on verrait dans le secteur privé. C'est déjà un
enjeu qui montre que le secteur municipal, c'est un secteur qui est complètement à
part et qui doit être traité comme étant différent.
Enfin, puis
moi, je pense que c'est extrêmement important,
une municipalité... Je comprends que, dans certains États
américains, notamment, une municipalité peut faire faillite, là, mais elle ne
disparaît pas, là. Ce n'est pas parce qu'une municipalité ferait faillite qu'elle disparaît. Mais, dans
notre contexte à nous, elles ne peuvent même pas faire faillite, les municipalités. Donc, non
seulement elles ne vont pas
disparaître, mais elles ne peuvent pas faire faillite. Ultimement, c'est le gouvernement du Québec
qui devrait arriver à la rescousse, et bien sûr l'autre partie qui négocie sait
cela.
Donc, ce
n'est pas la même chose de négocier avec une municipalité qui ne peut pas
faire faillite, qui ne peut pas déménager. On ne pense pas qu'une négociation,
avec Saint-Hyacinthe, qui tournerait mal amènerait la municipalité de Saint-Hyacinthe à se déplacer, disons, sur la Côte-Nord, c'est
impossible, alors que, dans le secteur privé, bien, il est toujours
possible de déménager quand les choses tournent mal, si jamais
le règlement auquel serait assujettie une entreprise l'empêche de prospérer. Alors,
une municipalité ne peut pas déménager, ne peut pas faire faillite.
C'est certain
que, du côté syndical, lorsqu'ils négocient, ils savent cela. Alors, le type de
prise en considération de la capacité
de payer, du point de vue syndical, ne peut pas être le même lorsqu'on
négocie avec une municipalité que lorsqu'on négocie avec une entreprise privée parce qu'il n'y a pas cette menace de licenciement, il n'y a pas cette menace
de faillite, il n'y a pas cette menace de déménagement.
Puis poussons
la chose un peu plus loin pour qu'on comprenne bien qu'on n'a pas affaire au
même type d'employeur lorsqu'il
s'agit d'une municipalité. La municipalité qui devrait faire face à une augmentation importante de ses
coûts, notamment de ses coûts salariaux, bien, elle augmente les
taxes. Puis les taxes, M. le
Président, voyez-vous, c'est obligatoire, les taxes, c'est obligatoire.
Ne pas payer ses taxes, c'est interdit. Ce n'est pas la même chose qu'une
entreprise qui aurait mal négocié puis qui augmenterait son prix de 10 %. Si elle a un concurrent qui n'a pas
augmenté ses prix de 10 %, le
client, lui, il peut toujours aller acheter chez le concurrent. Mais le citoyen
d'une ville, il n'a pas le loisir de
dire : Moi, je ne paie pas les taxes parce que je n'ai pas les moyens de
les payer. Alors, ça montre, encore une fois, qu'on a affaire à un
employeur qui n'a pas grand-chose à voir avec un employeur du secteur privé.
Alors,
lorsqu'on regarde ça, on se dit : Pourquoi devrait-on calquer sur le
secteur municipal des mécanismes du Code
du travail, bien entendu, des mécanismes qui ont été pensés, dans le fond, dans
un esprit qui était calqué sur le secteur privé, sur les enjeux qui se manifestent dans le secteur privé? C'est
deux réalités complètement différentes. Alors, on est face à cela.
Et on le sait
que ça a eu tendance... Ce type d'erreur sur l'institution, je dirais — je ne dirais pas une erreur sur la
personne mais l'erreur sur cette institution — cette confusion des genres et
des rôles, on le sait que ça a eu des conséquences
très concrètes. Ça a eu comme conséquence qu'il y a eu des règlements,
historiquement, qui ont poussé les
conditions et la rémunération dans le secteur municipal à des lieues de ce
qu'on retrouve, par exemple, dans le secteur public québécois pour des emplois
équivalents. C'est un symptôme d'un déséquilibre important. Ce n'est pas le
seul symptôme, ceci dit, mais c'est un symptôme important.
Et je comprends qu'il y a des catégories d'employé, dans le secteur municipal,
qui n'ont pas le droit de grève, et on a prévu des mécanismes
d'arbitrage, mais il y a des vases communicants aussi entre ce qui se passe du
côté des policiers et pompiers et ce qui se
passe du côté des cols bleus, cols blancs. Et on sait qu'il y a
des effets d'entraînement d'une catégorie
à l'autre et on sait qu'il y a des effets d'entraînement d'une ville à l'autre en vertu des critères qui sont utilisés actuellement dans nos critères
d'arbitrage, dans nos conditions d'arbitrage.
Alors, il y a
un déséquilibre important. Il y
en a qui parlent d'un déséquilibre du
rapport des forces, on peut le regarder
sous cet angle-là, mais moi, je préfère le voir sous l'angle d'un déséquilibre
entre deux grands principes. Il y a
le principe du respect
intégral du droit d'association, du droit des travailleurs à pouvoir négocier
leurs conditions de travail,
de s'organiser collectivement pour négocier leurs conditions de travail, et ça,
on ne remettra absolument jamais ça en question,
c'est un droit fondamental, puis le projet de loi n° 110 ne remet pas ça
en question. Mais en même temps il y a un
autre principe, qui est celui que de négocier avec une municipalité, en vertu
de ce que je viens de dire, ce n'est pas la même chose que de négocier avec une entreprise capitaliste qui, si elle
fait des gains dans sa négociation, le met dans la poche des
actionnaires.
La
municipalité, c'est une institution démocratique, les élus ont à répondre de
leurs actes devant les citoyens et ils
se soumettent au vote des citoyens à tous les quatre ans. Et, lorsqu'ils
s'occupent de leur municipalité, avec ce pouvoir de taxation qu'ils ont, et des responsabilités à l'égard des services,
lorsqu'ils s'acquittent de ces responsabilités-là, ils ne le font pas pour des actionnaires privés, ils le font
pour l'ensemble des citoyens. Donc, il y a un intérêt public là-dedans.
Et
les citoyens veulent des services. Les citoyens veulent des services qu'ils
sont capables de se payer, pas des services
qu'ils sont incapables de se payer parce que ça va les mettre dans une
situation intenable. Et c'est ça, le principe de la capacité de payer.
Mais ce principe de la capacité de payer, il doit en même temps avoir son
opposition dans la nécessité d'offrir des
conditions de travail dignes aux employés, ne serait-ce d'ailleurs que pour
s'assurer d'avoir les talents puis de les retenir, bien sûr, mais parce
qu'il y a des droits à respecter. Et c'est cet équilibre-là, c'est précisément
cet équilibre-là que propose le projet de
loi n° 110. Alors, pourquoi on devrait reporter un vote sur le principe du
projet de loi n° 110 lorsqu'il
vise précisément à moderniser le cadre de négociation des relations de travail
dans le secteur municipal et à mettre fin à ce déséquilibre entre deux
principes?
• (17 h 10) •
Vous
allez me dire : On ne l'a pas fait dans le passé. Mais c'est parce qu'il
arrive un jour où il faut faire les choses, il faut arrêter de reporter à plus tard. Et, nous, très clairement, c'est
un engagement important pour nous, du côté gouvernemental. Ce n'est pas un engagement qui est né...
Contrairement à ce que j'entends parfois, ce n'est pas un engagement qui est né
avec le pacte fiscal pluriannuel qu'on a
signé avec les municipalités du Québec, ce n'est pas juste lié à ça. Moi, je
m'en souviens parce que j'ai
participé à l'élection de 2014, mais je me souviens qu'on en a parlé pendant
l'élection qu'on allait revoir complètement
notre relation avec les municipalités, qu'on allait reconnaître leur caractère
spécifique, qu'on allait les traiter
comme des partenaires et non pas comme des créatures du gouvernement, qu'on
allait reconnaître les responsabilités qui
sont les leurs, leurs spécificités. Et c'est ça, le programme du gouvernement.
Ça s'est traduit dans le discours inaugural du premier ministre en 2014,
après l'élection, lorsqu'il a dit : Il est fini, le temps des créatures.
Et
c'est ça, notre plan de match ici. Ce n'est pas un plan de match qui est né avec le pacte fiscal.
Mais, dans le pacte fiscal, on a
réitéré des engagements puis on a signé très précisément qu'on allait
reconnaître le statut de capitale
nationale de Québec, qu'on allait reconnaître le statut de métropole
de Montréal, qu'on allait revoir, par une loi qui touche
l'ensemble des municipalités du Québec, notre relation avec les municipalités
dans le sens de la reconnaissance de ce qu'elles
sont, de leurs responsabilités, de les traiter en partenaires et de leur donner
plus d'autonomie, plus de flexibilité, davantage d'outils pour bien se développer, dans l'intérêt
de l'ensemble de leurs citoyens, et puis de revoir le cadre de négociation des relations de travail dans le secteur municipal, pas pour enlever
des droits à personne, juste pour reconnaître cet équilibre qu'on doit
rechercher entre les deux grands principes, qui, je le rappelle, sont le droit
des travailleurs de s'organiser collectivement pour négocier des conditions de
travail dignes et en même temps la responsabilité pour la municipalité de le faire dans des conditions qui respectent l'intérêt collectif de
l'ensemble de ses citoyens, incluant la capacité de payer de ses citoyens.
Alors,
c'est ce qu'on vient proposer ici, et c'est en droite ligne avec des
engagements qu'on a pris. C'est un projet
de loi, donc, qui va permettre, par l'application d'une façon différente, de
régler les différends, qui repose sur des critères qui reflètent ce type d'équilibre là qui doit être
recherché, qui reflète la spécificité
du monde municipal notamment par rapport à des employeurs du secteur
privé. C'est ce que vient proposer le projet de loi n° 110.
Le
projet de loi n° 110 ne remet pas en question la liberté d'association des
salariés, absolument pas, absolument pas.
Prétendre le contraire, c'est vivre dans un monde de fantaisie. Ce n'est pas du
tout ça. Ce n'est pas du tout ça. Il y a des gens qui disent : Oui, mais décréter les conditions de
travail... Il n'y a rien qui parle de décréter des conditions de travail
dans le projet de loi n° 110. Le projet
de loi n° 110, bien au contraire, établit des mécanismes par lesquels on
s'attend à ce que des solutions
négociées vont être la norme, vont être la norme. Ça va être exceptionnellement
que ça va se passer par d'autres
types de mécanismes. Et, lorsque ça passera par d'autres types de
mécanismes — puis, on
l'espère, ça arrivera le moins
souvent possible — bien, ça
va être basé sur les principes d'équilibre que je viens d'énoncer. Mais ça ne
remet pas en question la liberté
d'association des salariés, ça ne remet pas en question leur droit de négocier
leurs conditions de travail.
Non
seulement ça continue de prioriser la négociation, mais je dirais que ça incite
davantage à ce qu'on négocie de bonne
foi. Ça incite davantage, ne serait-ce que parce qu'il y a un certain nombre de
délais qui vont faire en sorte que les
gens, plutôt qu'attendre, ils vont s'asseoir puis ils vont se parler. Et,
connaissant les principes sur lesquels, dans le fond, devrait reposer ce type de négociation, on va
savoir sur quoi on va négocier, aussi, davantage. Donc, il y a toute une série
de dispositifs qui devraient donner lieu à davantage de solutions négociées
dans des délais qui sont raisonnables.
Et
puis l'évolution de la société, ça ne va pas vers des conventions collectives
très courtes, qui sont à renégocier constamment
et dont les négociations durent une éternité. L'évolution de notre société,
c'est de chercher des solutions plus
durables, assurer la paix sociale à l'intérieur de nos organisations, notamment
dans nos municipalités, pour une plus longue
période. De là la nécessité d'accélérer le processus de négociation, de ne pas
l'étirer simplement pour dire : On va prendre la moitié d'un mandat de municipalité ou un mandat complet pour
négocier une convention collective. On va le faire dans des délais
raisonnables.
Et en même temps, une fois qu'on va atteindre le
résultat, on va vouloir avoir des conventions collectives qui vont nous mener dans un prochain mandat, pas dans
l'actuel, sinon on est toujours en train de négocier des conditions de travail, puis
finalement ça paralyse complètement les services aux citoyens et ça donne lieu
à des moyens de pression, de part et d'autre, peut-être qui ne vont pas dans le sens de l'intérêt public.
Alors, on accompagne cette évolution de notre société vers des solutions plus durables, qui vont donner
de la prévisibilité à la fois aux salariés, et aux municipalités, qui ont à prévoir les
budgets, et aux citoyens, qui ont à payer les taxes et les impôts qui
accompagnent ce genre de décision. Alors, c'est ça qu'on vient faire.
Alors, on a
de nouvelles modalités, dans le mécanisme d'arbitrage des policiers et des
pompiers, on a des nouveaux mécanismes.
On a des mécanismes qui sont basés sur les grands principes importants. Il faut
avoir des gens compétents pour procéder à un tel règlement des
différends, et c'est ce que prévoit le projet de loi. Et ça prend des
compétences particulières, ça prend des gens
qui connaissent leur affaire. Ça prend des gens indépendants pour assurer la
neutralité face aux parties, des gens indépendants qui sont là pour leur
compétence, qui ne sont pas là pour leur complaisance à l'égard de quiconque, ils sont
là pour leur compétence et leur capacité d'utiliser des critères qui sont ceux
de l'équilibre que j'ai mentionné.
Alors, c'est ça
qu'on propose de faire, c'est ça qu'on propose de faire, et c'est pour ça que
c'est une modernisation du cadre de négociation des relations de travail dans le secteur municipal, parce que ça n'a
pas été fait avant, ça n'a pas été fait avant, et ça établit clairement
dès le départ le principe de cet équilibre que j'ai mentionné.
Alors, on a entendu dans le cadre de la commission
parlementaire la ville de Québec, la FTQ, la CSN, le Regroupement des associations de pompiers du Québec, la Fédération des
policiers et policières municipaux du Québec, la Fraternité des policiers et policières de Montréal, l'UMQ, la FQM, la
Fédération canadienne de l'entreprise indépendante, la ville
de Montréal, la ville de Laval, le Syndicat canadien de la
fonction publique, le Conseil du patronat du Québec, l'association des chefs en sécurité du Québec, la
Fédération indépendante des syndicats autonomes, la ville de Rimouski, et encore d'autres. Certains nous ont envoyé aussi
des mémoires sans nécessairement se présenter en commission. Je pense qu'on a tout en main, M. le Président, on a tout
en main pour amorcer, une fois l'adoption de principe réalisée... Et c'est
pour ça que nous allons être contre le
report de ce vote, parce qu'on pense qu'on doit prendre ce vote pour qu'on
puisse aller en étude article par
article. Pourquoi? Parce qu'on a tout en main, nous, du côté gouvernemental,
comme nos collègues des oppositions,
on a tout en main pour discuter des articles et des principes de ce projet de
loi et d'avancer, je l'espère, dans les meilleurs délais vers son
adoption finale.
Alors, dans
ce contexte, M. le Président, il n'y a aucunement lieu de retarder l'étude du
projet de loi n° 110. Et je pense
avoir expliqué, au nom de mes collègues, et d'autres parmi mes collègues
s'exprimeront aussi en ce sens... je pense avoir exprimé pourquoi il est temps de procéder. L'attente a assez duré,
on a assez réfléchi pour être capables de faire sereinement notre
travail de parlementaires dans l'étude article par article, détaillée, dans les
meilleurs délais. Merci.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Alors, je vous remercie, M. le ministre
des Affaires municipales, de votre intervention sur la motion de report.
Et je cède maintenant la parole à M. le député... pas de la Côte-Nord mais
de...
Une voix : ...
• (17 h 20) •
Le Vice-Président (M. Gendron) :
René-Lévesque.
M. Martin Ouellet
M.
Ouellet : Merci, M. le Président. Écoutez, la motion de report déposée par le collègue
de Québec solidaire nous amène
à se poser la question : Est-ce qu'on est allés trop vite? Est-ce qu'on a
fait le tour? Est-ce qu'on a pris le temps? Parce que
M. le ministre parle d'une modernisation des relations de
travail dans le milieu municipal, et, quand on prend — et
je veux prendre assurément le temps de bien situer le contexte — le
libellé de l'entente-cadre effectivement
signée avec les municipalités pour le pacte
fiscal 2016-2019, c'est bien inscrit que «dans un contexte de
redéfinition des relations Québec-municipalités et d'accroissement de
l'autonomie municipale en matière de relations du travail, le gouvernement examinera, en consultation avec les intervenants du milieu
municipal, certains éléments du processus
de négociation[...], du processus d'arbitrage de différends pour les
policiers et les pompiers et du champ d'application de la [Loi modifiant] la Loi sur les relations du travail, la formation
professionnelle et la gestion de la main-d'oeuvre dans l'industrie de la construction. Le gouvernement s'engage à présenter les modifications législatives à la session du
printemps...»
M. le Président, ce qu'on a entendu en commission
parlementaire, ce sont des groupes
qui n'ont pas été consultés, qui
auraient aimé être consultés, M. le
Président, des gens qui, à la lumière
de ce qu'ils ont pu entrevoir dans le projet
de loi, auraient aimé être partie prenante
d'une amélioration de ce qui a été proposé. Et c'est important de le dire parce
qu'en droit du travail c'est un sain
équilibre qui s'établit entre deux groupes : la partie patronale et la
partie syndicale. Dans certains cas,
il est plus que nécessaire qu'on s'assoie ensemble et qu'on convienne des
modalités à suivre. Et, dans ce cas-là, ce que les groupes nous ont dit,
c'est qu'on n'a pas participé.
Alors, je
peux être certainement ouvert à une modernisation des choses, une modernisation
des pratiques pour améliorer... Parce
que c'est ce qu'on a entendu, notamment des gens du milieu des pompiers et
surtout des... des pompiers, c'est ça. Ils nous ont dit qu'effectivement
certains délais étaient très longs. On terminait une négociation parce qu'on
était à rebours et, lorsqu'on la terminait, on retombait à une
négociation qui était déjà à échéance. Alors, ça, on l'a reconnu, qu'effectivement on peut faire mieux et on peut
faire même beaucoup mieux, mais si on travaille avec les différents groupes
qui sont partie prenante, M. le Président,
de la solution. Et là ce qu'on interprète dans ce projet de loi là, c'est qu'on
a consulté différents acteurs du
milieu municipal, mais les groupes visés n'ont pas été consultés. Donc, ils
sont devant un fait accompli, M. le Président, un projet de loi qu'on
fera étude article par article, mais qu'on aurait pu bonifier.
Alors,
la motion de mon collègue, ça nous permet de mettre un cran d'arrêt, et de
faire une pause, et de retravailler ensemble
sur la planche à dessin ce projet de loi là, mais avec les partenaires — ce qu'on a entendu des différents groupes,
c'est qu'ils ont, eux autres aussi, des
solutions, et, ces solutions-là, je pense qu'elles sont importantes d'être
entendues, mais elles sont surtout importantes d'être débattues — et
proposer ensemble un nouveau modèle d'intervention.
On est partis, M. le Président, sur une prémisse
erronée, soit que l'Institut de la statistique, de façon globale, arrivait à une moyenne de l'écart salarial de
39 %. Or, c'est ce qu'on a entendu en commission particulière, M. le
Président, ce n'est pas la réalité.
Donc, on veut modifier le cadre des relations de travail sur une prémisse qui
est erronée. Alors, nous, on pense
qu'on devrait, effectivement, partir d'autres bases pour avoir le meilleur
portrait, question de prendre la meilleure décision, M. le Président.
Ce n'est pas
moi qui le dis, puis je l'ai dit lors de l'étude du principe, puis je veux
encore le mettre en contexte, les gens
de la FQM nous disent, nous citaient que ce qui a été déposé, M. le Président,
ne répond pas aux attentes, ne répond pas
à ce qu'eux ont besoin, pour plusieurs raisons, M. le Président. La première
chose, bien, c'est évident que la partie policière ne couvre pas les municipalités de la FQM. On ne se fera pas de cachette, ces gens-là font affaire avec
la Sûreté du Québec. Donc, ils
n'ont pas à négocier directement avec leurs policiers.
L'autre
chose, puis ça, il nous en fait mention, il dit : Écoutez,
l'écart salarial que l'Institut de la statistique fait mention
n'est pas la même chez nous. M. le
Président, l'Institut de la statistique ne tenait pas compte des municipalités de
moins de 25 000 habitants.
Il y en a 1 100, tout près de 1 000, disons-le, là, un chiffre rond,
tout près de 1 000 qui sont en
bas de 25 000 de population, M. le Président. Et ils n'ont pas été
considérés dans cette prémisse de base qui explique l'écart. Et, quand on prend la résultante, on
n'arrive pas, malheureusement pas à ce qu'eux s'attendaient, c'est-à-dire une
véritable modification qui aurait une incidence.
Ce qu'ils nous disent, et je vais le lire
textuellement, là, c'est que «le milieu municipal — représenté par la FQM — a accepté de bonne guerre une réduction de
300 millions en transfert du gouvernement du Québec en échange, notamment, d'outils favorisant un plus grand
équilibre lors des négociations avec [les] employés. Cependant, force est de
constater que, dans sa version actuelle, le
projet de loi n° 110 ne modifiera que très peu le rapport de force des
négociations des conventions collectives au niveau municipal.»
Alors, ce qu'on dit, c'est qu'actuellement ce
projet de loi là ne fait pas la job, selon les attentes des petites
municipalités. Alors, ce cran d'arrêt qu'on peut effectivement poser peut nous
permettre de faire une réflexion plus englobante et prendre l'angle des petites
municipalités. Et je pense que ça, c'est important. Parce qu'au-delà du fait
qu'effectivement la métropole, la capitale drainent beaucoup de travailleurs,
il ne faut pas oublier qu'il y a d'autres municipalités
où... eux autres aussi, sur le territoire, ont des enjeux qu'ils aimeraient se
voir adressés. Et, parce qu'ils n'ont pas
la force du nombre en termes numéraires pour le nombre d'employés, ils ont
quand même la force du nombre en termes numéraires pour le nombre de municipalités. Alors, je pense qu'ils
méritent d'être pris en considération, et on mérite de s'y attarder, M. le Président, pour discuter avec
eux de quelle serait la meilleure façon de les aider à faire face aux enjeux.
Et, quand je dis «faire face aux enjeux», M. le
Président, c'est que plusieurs de ces municipalités-là sont dévitalisées et ont besoin d'un levier pour
réussir leur vitalisation... réussir, pardon, leur modernisation pour assurer
une meilleure prospérité. Et je ne
pense pas, M. le Président, qu'avec cet outil-là, la loi n° 110, c'est
leur rendre justice puis leur donner
les moyens d'avoir un meilleur contrôle sur leurs dépenses, mais surtout leur
donner les moyens d'avoir un meilleur contrôle pour augmenter leurs
revenus. Et ça, je pense qu'on passe directement à côté, M. le Président.
L'autre
chose, puis ça, je pense que c'est la partie la plus fondamentale, le ministre
du Travail, M. le Président, se fixe
une cible à 95 % de signatures des conventions collectives sans arrêt de
travail comme étant un critère de succès. Au cours des 10 dernières années, 96,63 % des conventions
collectives du secteur municipal se sont réglées par la libre
négociation, et ce, sans conflit, de gré à gré. Et, pour les sociétés de
transport en commun, qu'on veut aussi assujettir à cette loi-là, il n'y a aucun
arrêt de travail depuis 2011, selon les données du ministère, et aucune journée
perdue sur 32 conventions collectives
négociées. Alors, que les municipalités veulent de nouveaux moyens d'adresser
la négociation avec leurs salariés,
c'est une chose. Mais, quand on voit la façon dont les négociations se
portent... Et les chiffres à l'appui nous
indiquent qu'on règle des conventions sans arrêt de travail à 96 %. Alors,
est-ce qu'on est en train de dire, M. le Président, que, pour 4 %,
on doit avoir la loi n° 110, avec toutes ses contraintes et toutes ses
nouvelles prérogatives qui seront instaurées?
Moi, je pense que non, M. le Président. Je pense qu'on peut regarder de façon
différente d'adresser ce fameux 4 %
là. Pourquoi il faut le faire, M. le Président, puis pourquoi il faut faire un
cran d'arrêt? Bien, parce qu'on a regardé ce projet de loi là en commission parlementaire dans la lunette des
Affaires municipales, M. le Président, alors qu'on aurait dû, selon moi et selon notre formation politique,
regarder ça à l'intérieur de la commission du travail et de l'économie.
On veut modifier le Code du travail à l'intérieur des
Affaires municipales et on n'a pas les experts, M. le Président, autour de
nous. Et je n'enlève pas toute la compétence des fonctionnaires autour du
ministre des Affaires municipales et de l'Occupation du territoire, ce sont des gens compétents, avec des
compétences en urbanisme, en aménagement du territoire, probablement certains qui ont des doctorats, qui
ont toute la compétence pour être autour du ministre et de le consulter.
Mais, quand vient le temps de parler de
relations de travail, d'organisation de travail, d'économie du travail, je
pense que la meilleure place pour en
discuter, c'est auprès de la Commission sur l'économie et du travail, avec tous
les fonctionnaires compétents et
compétentes qui ont ce savoir-là et qui peuvent nous influencer pour être
certains que, pour chaque disposition, on pose le bon geste pour l'avenir de
nos municipalités, mais on pose le bon geste aussi pour nos travailleurs
et nos travailleuses.
• (17 h 30) •
Alors, nous, on pense qu'on n'est pas
à la bonne place et on pense qu'on devrait faire différemment. Et pourquoi
je dis ça? Parce qu'on a entendu des
représentants du secteur des policiers et pompiers nous dire : Écoutez,
avant ce projet de loi là, nous
avions un comité de travail, un comité de travail, M. le Président, qui
regroupait l'UMQ, la ville de Gatineau, la
Sécurité publique, l'Association des chefs en sécurité incendie du Québec, la fédération
des policiers et pompiers municipaux du
Québec, les policiers et pompiers de Montréal, la ville de Montréal, le service
de sécurité des incendies de
Montréal, le ministère du Travail. Bref, plusieurs personnes autour de la
table, depuis la première rencontre de 2012, le 4 mai 2012, pour être plus exact, avaient commencé,
M. le Président, à réfléchir sur les délais et les modifications qu'on
pouvait apporter sur l'arbitrage des
différends chez les policiers et pompiers. Et on est arrivés à un consensus, M.
le Président. En 2013, on est arrivés
avec des positions qui faisaient consensus. Nous avions entre les mains une
orientation patronale-syndicale qui
donnait une indication sur la voie à prendre pour la suite des choses en
matière d'arbitrage des différends.
Et là, ce qu'on fait, on met ça de côté et on dit : Non, non, on a la
vérité absolue. Donc, on a parlé à différentes organisations sans parler aux différentes instances policières et
pompières, on dit : Non, non, on pense qu'on a la bonne recette,
bonne méthode et on pense que ça, ça va faire le travail.
M.
le Président, je pense que ce n'est pas la meilleure façon de fonctionner. Je
pense qu'on aurait assurément l'opportunité
de s'inspirer des recommandations de ce comité de travail là pour bonifier la
suite des choses à améliorer en
matière de règlement des différends pour les policiers et pompiers. Mais je
pense qu'on pourrait même aller plus loin si on se donnait le temps,
ensemble, de travailler ça point par point avec les différents acteurs qui sont
intimement liés. Pourquoi il faut prendre un cran d'arrêt? Puis je pense que
ça, c'est important de le mettre en contexte.
Le ministre a donné les entrevues sur
la rentrée parlementaire et il nous disait qu'il y avait plusieurs projets de
loi qui touchaient le monde municipal
qui étaient... à être adressés cet automne. On a celui-là, le projet de loi
n° 110. On a passé le projet de
loi n° 83 lors de la dernière session parlementaire. On a fait plusieurs
gains pour les municipalités. On a enlevé
beaucoup de paperasse administrative. Bref, on a donné beaucoup d'air aux
municipalités, mais là on aurait un automne
chargé avec ce projet de loi là, le statut particulier de la capitale, le
statut particulier de la métropole aussi et une refonte des relations Québec et municipalités. On voudrait faire tout
ça, puis c'est ce que je lis dans les découpures de presse, l'impression
du journaliste à l'écoute des propos du ministre, c'est qu'on règle tout ça
avant l'hiver. Nous, on pense que c'est un
petit peu trop rapide pour essayer de moderniser tout ça. Je pense qu'il faut
se poser les bonnes questions, il
faut prendre le temps, et la meilleure façon de prendre le temps, c'est de
s'arrêter et d'avoir les gens autour de la table qui vont nous aider à
réfléchir pour une solution qui sera rapidement adoptée et rapidement
efficiente pour tous.
Pourquoi un cran d'arrêt aussi, M. le Président?
C'est parce qu'on a plusieurs zones grises aussi, et ça, différentes parties nous en ont effectivement fait mention,
que ce soit du côté des municipalités ou du côté des différents regroupements
des corps de métier, policiers, pompiers, mais aussi cols blancs et cols bleus.
On nous a dit : Écoutez, on a trouvé des positions
qui sont diamétralement opposées. Alors, nous, on pense, pour colliger ces
positions-là, il faut qu'on prenne le temps de trouver cette voie de
passage là pour éviter un clivage entre les deux parties et, malheureusement,
une augmentation, je vous dirais, des
relations... un enveniment, pardon, des relations, qui sont, je vous dirais,
bonnes. À 96 %, on signe, donc
les relations sont bonnes. Alors, il faut prendre le temps de s'assurer que le
prochain jalon qu'on va poser en droit du travail respecte un certain
équilibre entre la partie employeur et la partie des salariés.
La partie du
mandataire spécial, c'est là, je pense, la plus grosse zone grise. De quelle
façon on va se rendre jusqu'au mandataire
social? Puis je comprends le ministre nous dire : Écoutez, c'est le
processus ultime. Il ne faudrait pas qu'on
se rende là de façon sine qua non, mais on pourrait se rendre là si on le
désire. Et, si on se rend là, la crainte qu'on a présentement... On a plusieurs questions qui nous ont été soulevées.
Comment on se rend jusqu'au mandataire spécial? Est-ce que c'est l'expiration des délais, tout simplement, qui va nous
amener à se poser cette question-là puis dire : Écoute, je suis rendu au mandataire spécial? Les
municipalités nous ont dit : Écoutez, nous, on ne veut pas que le
mandataire spécial donne ses recommandations,
on veut que le mandataire spécial donne son aval sur la dernière proposition
patronale qui aurait été faite et
votée en conseil. Il y en a qui nous ont dit : Aïe! Je ne suis pas sûr que
j'aimerais ça être à votre place, à
l'Assemblée nationale, je n'aimerais pas être à votre place pour voter sur les
conditions de travail, on ne veut pas de ça, nous autres, le mandataire
spécial, on ne veut pas que ce soit vous qui votiez à notre place.
Alors,
le mandataire spécial et ses conditions d'exercice sont, M. le Président, une
nouvelle façon de faire qui pose
beaucoup de questions, et je pense qu'on doit prendre le temps de faire la
véritable mécanique pour se rendre à ça. Et peut-être qu'on n'en aura pas besoin, M. le Président, et j'espère
qu'on n'en aura pas besoin. Mais présentement c'est un peu nébuleux, pas juste le cheminement, mais la
résultante. Est-ce que le ministre, une fois qu'il reçoit le rapport du mandataire, peut décider d'y donner suite ou il
peut effectivement le soumettre sine qua non à l'Assemblée nationale? Bref, on a plusieurs questions à poser là-dessus
et on aimerait prendre le temps de voir effectivement un véritable mécanisme
qui n'est pas flou. Et, pour nous, le
mandataire spécial est flou. Ce qu'on veut, M. le Président, là... Puis on
comprend le ministre de vouloir
légiférer pour améliorer le sort des municipalités. Je pense qu'ils font face à
plusieurs défis. Chez nous
particulièrement, il y a plusieurs municipalités qui sont dévitalisées,
plusieurs municipalités qui veulent se diversifier de façon économique et qui font face à des défis.
Et, d'obtenir de nouveaux moyens et les pouvoirs qui viennent avec, je pense que ça peut être dans l'air du temps, M.
le Président, mais, si on veut adresser les relations de travail, on est au
mauvais endroit, aux Affaires municipales, pour le faire.
Alors,
la motion de report nous amène à
faire nos devoirs en Commission de
l'économie et du travail. Moi, je veux avoir
les gens, autour de moi, de l'économie et du travail, les gens qui sont compétents
pour nous aider à approfondir la réflexion.
Et c'est pour ça qu'on pense que c'est une bonne chose, M. le Président, de
prendre un temps d'arrêt, et d'évaluer la
situation pendant trois mois, et de convoquer les groupes à nous aider à faire
la réflexion globale et entière, et amener le monde municipal mais amener aussi les travailleurs avec nous vers une
modernisation des relations de travail. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Alors, je vous remercie, M. le député de
René-Lévesque. Merci, M. le député de
René-Lévesque, de votre intervention. Et, pour la poursuite du débat toujours
sur cette même motion de report, je cède maintenant la parole à M. le
député de Gatineau. À vous la parole.
M.
Carrière : Chapleau.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Chapleau, oui.
M. Carrière :
Mais à Gatineau.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Non, non, je sais tout ça, Chapleau à Gatineau.
M.
Marc Carrière
M.
Carrière : Merci beaucoup, M. le Président. À mon tour d'intervenir
sur cette motion de report, là, du député de Mercier pour tout le projet de loi n° 110, qui est la Loi
concernant le régime de négociation des conventions collectives et de
règlement des différends dans le secteur municipal.
Plusieurs
d'entre nous ici, dans la salle, avons déjà été maires, préfets, conseillers
municipaux, et je pense que c'est
pour le bénéfice des citoyens, c'est un projet de loi qui est attendu depuis
fort longtemps. Vous savez, le député de René-Lévesque, qui est intervenu juste avant moi, disait qu'il y a
96 % des conventions collectives qui sont signées avec une entente sans qu'il y ait arbitrage, mais il
faut aller un peu plus loin dans la réflexion, aller un peu plus loin dans cette
perspective-là, parce que pourquoi il y a
96 % des conventions collectives qui sont signées sans aller en arbitrage?
Bien, vous savez, il y a toute la
question des négos qui existe depuis fort longtemps. Quand il y a une
négociation, on regarde toujours
l'équité interne, les employés, les différents corps d'employé dans une même
municipalité, mais on regarde aussi l'équité
externe et, à ce moment-là, souvent, on regarde... Moi, j'en ai négocié, des
conventions collectives, dans le monde municipal, des policiers, des
pompiers, des cols bleus, des cols blancs. Généralement, ça a bien été.
Mais
je vais vous donner une anecdote. Moi, là, lorsque je négociais avec mes
policiers, bien, le négociateur pour la
fédération, la première rencontre de négociation où j'étais — et j'ai assisté à toutes les
négociations — bien, ce
qu'il nous a mis sur la table, c'est
les conventions collectives de Saint-Eustache, de Repentigny, de Gatineau, de
la ville juste voisine de chez nous.
Même, à un moment donné, il y avait des dispositions de la ville d'Ottawa, qui
est dans une autre province, qui est dans une réalité totalement différente de
la municipalité où j'étais maire, et ils ont dit : Bien, eux autres,
ils l'ont, il faut absolument que vous
l'ayez. Mais la réalité chez nous — un monde rural, il n'y a pas de gang de rue
comme la ville de Gatineau peut
avoir, ces choses-là, donc, et beaucoup d'autres aspects — ça faisait en sorte que, lorsqu'on avait
une décision, de décider... On arrive à la
fin de la négociation, il y a des points qui achoppent, on n'est pas d'accord
sur certains points, et ce qu'on a toujours
en tête lorsqu'on est maire, lorsqu'on est un élu municipal, c'est la capacité
de payer des citoyens, parce que, comme le ministre le disait tantôt, une
municipalité ne fait pas faillite. Lorsqu'elle a à faire face à des obligations, que ce soit au niveau salarial...
bien, ce qu'elle doit faire, bien, c'est augmenter les taxes ou reporter du
développement en infrastructures ou en services à la population.
• (17 h 40) •
Donc,
lorsqu'on arrive à la fin d'une négociation, on regarde ça. Il y a notre
aviseur légal qui est avec nous, il dit : Bien, écoutez, à regarder la jurisprudence, à regarder les différents
arbitrages, puis tel arbitre, il est plus prosyndical, l'autre, il est peut-être plus du côté patronal, nous, on
vous recommande de signer, parce que, si vous ne signez pas, on va aller
en arbitrage, vous allez le dépenser en
frais d'avocats, vous allez le
dépenser en frais d'actuaires, ça va coûter plus cher que ce qui est demandé puis ce que le... un pourcentage de salaire, un pourcentage de fonds de retraite, tu sais... ou peu
importent les items.
Donc,
ce 96 % là, oui, il est vrai, mais pourquoi il y a le 96 %? Bien, à un moment donné, l'élu, le maire, le conseil municipal
doit prendre une décision, dire : Est-ce que je me bats jusqu'au bout
puis, en bout de ligne, ça va me coûter plus cher, ou je règle, j'achète une paix sociale dans ma municipalité
et, à ce moment-là, bien je vais taxer les citoyens? Parce que, de toute façon, je vais le payer au
niveau des frais juridiques, des frais d'actuaires, des frais de spécialistes.
À ce moment-là, les municipalités vont décider de signer?
Et
ce qui est intéressant dans ce que le député de René-Lévesque a dit également,
c'est que, selon lui, l'accord de
partenariat, c'est de là que vient toute cette idée, là, de redonner ou de
rééquilibrer le pouvoir, là, de négociation entre les deux parties. Bien, depuis de nombreuses
années... moi, j'ai été membre du conseil d'administration de l'UMQ, de la
FQM, et des collègues ici l'ont été, et c'est des revendications qui sont
faites depuis de nombreuses années auprès du gouvernement de donner une
latitude, de donner un pouvoir aux municipalités qui, elles, sont redevables. À
chaque quatre années, le maire, s'il a pris
des mauvaises décisions dans un sens comme dans l'autre, il va devant la
population, et, à ce moment-là, les
citoyens vont juger s'il a fait un bon travail. Ça peut être des négociations,
ça peut être ce qu'il a accordé, tout
son travail est évalué. Donc, les municipalités, les membres du conseil
municipal, les maires, les préfets disent : Nous, on est imputables devant notre population, ça fait des années
qu'on réclame d'être traités comme un partenaire et non comme une créature de l'État. Et ça, c'est un
des éléments que notre gouvernement, depuis la dernière élection, on met de l'avant pour arriver à cette fin-là pour
que les municipalités puissent vraiment être de réelles partenaires et d'avoir
une réelle autonomie sans toujours demander au gouvernement du Québec pour
faire tels ou tels développements, décisions, ou peu importe.
Donc,
à ce moment-là, il est faux de prétendre que c'est depuis l'accord de
partenariat, auquel j'ai participé avec l'ancien ministre des Affaires
municipales, le député de Châteauguay, et la FQM était présente, la ville de
Montréal, l'Union des municipalités du
Québec, la FQM... Donc, c'est un des éléments où les maires nous ont dit... à
chaque rencontre, ils nous disaient : C'est un élément important de
revoir l'équilibre lors des négociations.
Et, lorsqu'on
a eu nos consultations particulières, il y a le maire de Québec qui est venu
nous dire : On a toujours une
épée de Damoclès au-dessus de la tête et puis, lorsqu'on négocie, bien là on
n'a pas de pouvoir, parce que, si on laisse ça dans les mains de l'arbitre, on a aucune idée
de comment ça va finir. Et, quelques intervenants après, c'était le président
de la CSN qui venait nous dire :
Bien... Et je l'ai écrite, sa citation. Il dit : Le couteau... Parce que
le maire de Québec disait : On a
le couteau sur la gorge. Et ce qu'il a dit, c'est que le couteau sur la gorge
se transférera de l'autre côté, l'épée de Damoclès sera au-dessus de nos têtes. Est-ce que je dois comprendre
qu'il était d'accord pour dire avec le maire de Québec que, depuis le début des temps, lors des
négociations, le conseil municipal, le maire, lorsqu'il négocie, il a toujours
le couteau sur la gorge parce qu'il y
a, comme j'expliquais tantôt, toute la question de l'équité interne, l'équité
externe comparé à si on va en arbitrage, etc.?
Donc, moi, je
pense qu'à cet effet-là, ce projet de loi là, ce qu'il vient faire, c'est non
pas de transférer le couteau sur la
gorge, comme chacun l'a dit, mais ça vient rétablir un équilibre entre chacun.
Et il y a un processus de règlement de
différends pour les policiers et pompiers qui est différent, qui, eux, n'ont pas droit de grève mais
parce que c'est des services essentiels, qui est très
bien établi dans le projet de loi, où chacun des intervenants et des organismes
est venu nous faire part de ses recommandations, de pourquoi ils étaient pour,
pourquoi ils étaient contre, et etc. Et donc je pense qu'il y a un équilibre qui revient à ce moment-là.
Et, pour ce qui est des autres salariés, autres que les policiers et pompiers,
les cols bleus, les cols blancs, bien il y a également un processus dans le
projet de loi qui vient mettre en sorte que les droits fondamentaux des
travailleurs ne sont pas bafoués, mais ça vient établir un équilibre au niveau
de la négociation.
Le député de
René-Lévesque, tantôt, ce qu'il nous disait, c'est que c'était basé sur des
prémisses erronées, les écarts de
rémunération ne sont pas vrais. Dans le fond, ce qu'il disait, c'est que,
l'Institut de la statistique du Québec, ce qu'il nous donne comme chiffres, ce n'étaient pas les bons chiffres. Ce
qui est dit depuis... ce que l'Institut de la statistique du Québec,
pardon, nous dit, c'est que la rémunération des employés municipaux est de
37,5 % — un
peu moins de 40 % — plus élevée que la fonction publique
provinciale. Et il faut se rappeler que c'est toujours le même payeur de taxes,
c'est toujours le même citoyen; que ce
soient des impôts provinciaux, des impôts fédéraux ou sa taxe municipale, c'est
lui qui sort de l'argent de sa poche.
À un moment donné, il y a une certaine capacité
de payer. Et cet écart-là fait en sorte que, d'année en année, dans le budget municipal, ça vient ajouter une
pression énorme. La ville de Montréal, en 2002, c'était 42,6 % des
dépenses totales, la rémunération de
ses employés; 2014, 52 %. Donc, plus de 1 $ sur 2 $ des taxes
municipales à Montréal servent à payer des salaires. Puis c'est correct,
il faut en payer, des salaires, je pense que les employés municipaux rendent d'excellents services aux citoyens. Une
municipalité, c'est une coopérative de services, que ce soit du déneigement,
que ce soient des services de police, de pompier, des loisirs, de la
culture, etc. Donc, les employés municipaux rendent d'excellents services mais
37,5 % supérieurs à ce que ça coûte pour le même emploi, parce qu'il faut
que ce soit un comparable, il faut qu'on
parle de la même chose... 37,5 % de plus que la fonction publique
provinciale. Donc, il y a là un réel
déséquilibre. Je vais citer le maire de Gatineau, qui, nous, lorsqu'on l'a
rencontré, qu'il était venu une première fois... Lui, il disait que, quand il allait en négociation, il allait là
avec un fusil à l'eau, versus des chars d'assaut. C'est une image et
c'est un peu ça qu'on vient rééquilibrer.
Dans le
projet de loi, toute la question de la procédure de règlement de différends est
bien établie. Je pense qu'on incite
les gens, avec la médiation, lorsqu'il n'y a pas entente, etc., à faire le
maximum pour arriver à une entente, et ce projet de loi, je suis convaincu, va servir à faire un meilleur
équilibre. Il y a différents intervenants qui sont venus nous dire qu'ils étaient contre... la CSN, la FTQ, ils
étaient contre le fait d'avoir des ententes ou une convention collective de
cinq ans. Ils voulaient garder ça à trois
ans. Par contre, le SCFP, le Syndicat canadien de la fonction publique, nous
dit que, depuis de nombreuses années,
la moyenne des conventions collectives, c'est 4,8 années. Donc, moi, je
pense qu'on a tout avantage à ramener ça à cinq ans pour ne pas qu'on
soit toujours en négociation, parce que souvent, là, quand... À l'époque, je l'ai déjà vu, la convention
collective était déjà échue depuis deux, trois ans, on arrive à une entente, il
reste un six mois, puis il faut recommencer à négocier. Donc, la
municipalité, et avec ses partenaires, ils sont toujours en négociation. Donc, je pense que l'important, c'est
d'avoir... Sur une période de cinq ans, on a une certaine paix sociale, si je peux utiliser ce terme-là, et puis ça vient
faire en sorte que... Même depuis, je dirais, 10, 15, 20 ans, on en voit
de plus en plus, des ententes sur une période de 15 ans.
L'Union des municipalités du Québec est venue
nous dire que, depuis de nombreuses années, elle réclame ce pouvoir. Et, dans leur mémoire, ils nous ont dit,
eux autres aussi... Parce que les maires ont tout avantage à... S'ils arrivent
au bout de leur quatre ans, et ils n'ont pas
réussi à s'entendre avec leurs travailleurs, et qu'on voit que le climat social
ou que les négociations se sont détériorés...
Je pense que tout le monde a avantage à ce qu'on arrive à des ententes. Et
je pense que tous les gens qui sont venus
nous voir... On a eu à peu près une vingtaine de gens qui sont venus présenter
des mémoires. On a eu d'autres personnes qui
nous en ont envoyé — des
villes, que ce soient des citoyens ou autres — et je
pense que ce projet de loi là vient faire en sorte qu'on va arriver à des
ententes négociées plus rapidement, plus équitables. Et, comme le ministre le disait tantôt, on n'est
pas dans une négociation où il y a des travailleurs, une compagnie, une entreprise et, si ça ne fait pas l'affaire, bien,
l'entreprise risque de déménager, de fermer. Nous, c'est des citoyens. Il y a
une troisième partie qui est là, il y a un
troisième intervenant qui est là, c'est le citoyen, qui, lui, paie et reçoit
des services.
Donc, je
pense que ce projet de loi là vient tout mettre en oeuvre pour que le citoyen
en ait le plus possible pour son
argent et puisse s'assurer d'avoir des services de qualité comme il en reçoit...
Comme je disais, moi, j'ai oeuvré dans le
monde municipal pendant 16 ans et je vous dirai que, que ce soient autant
les cols bleus, les cols blancs, les services de policier, les services
de pompier, on avait d'excellents services. Les citoyens étaient satisfaits des
services qui leur étaient rendus. Donc, à ce
niveau-là, je pense que tout le monde a intérêt à avoir, là, les meilleurs
services possible et à avoir des ententes le plus rapidement possible.
Vous savez,
M. le ministre... M. le ministre; M. le Président — pardon, je m'excuse — ce projet de loi là, je pense qu'il est attendu, je pense qu'il est nécessaire
pour le bien-être des citoyens, pour le bien-être du monde municipal. Et,
pour toutes ces raisons-là, je pense que...
Et le député de René-Lévesque, tantôt, disait : Les gens n'ont pas eu le
temps de
s'exprimer, ils n'ont pas été consultés. Bien, une commission parlementaire,
des consultations, c'est exactement à ça que ça sert. Les gens sont venus, ils nous ont présenté leurs mémoires, ils
nous ont dit de quoi ils attendaient. Et donc je pense qu'on a entendu
tout le monde.
Ce projet de
loi là se veut un projet de loi raisonnable. Et, pour toutes ces raisons, nous
allons voter contre la motion de report du projet de loi n° 110.
Merci, M. le Président.
• (17 h 50) •
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Alors, on vous remercie de votre
intervention, M. le député de Chapleau, et on vous libère pour aller
souligner votre anniversaire.
Alors, je
cède la parole à la prochaine intervenante, la députée de Gouin. Alors, à vous,
Mme la députée de Gouin, pour un gros six minutes.
Mme Françoise David
Mme David (Gouin) : Merci, M. le
Président. Et bon anniversaire au collègue.
Écoutez, je veux intervenir brièvement
concernant la demande de mon collègue le député de Mercier pour un report au niveau du projet de loi n° 110,
donc projet de loi sur le régime de négociation des conventions collectives et
de règlement des différends dans le secteur municipal.
Nous
demandons effectivement de prendre ce temps de report pour procéder à une
évaluation détaillée des limites au
droit d'association et au droit de grève avant l'adoption du principe de ce
projet de loi. Nous pensons que c'est important, parce qu'il y a des exemples préalables. Par exemple, à la chambre
législative du Nouveau-Brunswick, il y avait un projet de loi omnibus,
le projet de loi n° 24. Or, finalement, ce projet de loi, qui touchait le
même genre de problème, donc négociation de
conventions collectives et arbitrage... bien, finalement, l'étude du projet de
loi a été suspendue parce que plusieurs ont plaidé que les dispositions
qui s'y trouvaient allaient à l'encontre des droits collectifs reconnus par la jurisprudence. Nous sommes donc convaincus que les
mesures proposées dans le projet de loi n° 110 rassemblent des
dispositions mises en oeuvre par des autorités ailleurs au Canada et qui ont
été déboutées par les tribunaux. Ce n'est donc
pas prudent de procéder immédiatement. Et le gouvernement du Québec, nous le
suggérons, devrait prendre exemple sur
les erreurs commises ailleurs et lancer une table de concertation qui
comprendrait des acteurs du monde syndical et municipal pour trouver les
solutions les plus consensuelles possible.
Les mesures
de médiation et d'arbitrage, on le répète, vont réduire substantiellement le
droit d'association, le droit de
négociation collective et le droit de grève. Ce projet de loi, selon nous, est
basé sur de fausses prémisses, et les arguments qui le sous-tendent, particulièrement celui disant que les employeurs du
monde municipal n'aient plus de moyens financiers, n'ont pas été appuyés
par des faits probants.
Nous voulons
rappeler aussi qu'historiquement les conditions de travail obtenues grâce au
régime de négociation collective dans
les municipalités ont eu des effets bénéfiques pour la qualité de vie des
travailleurs et des travailleuses, pas seulement pour ces travailleurs
et travailleuses-là, mais pour l'ensemble de la population.
Nous
demandons que les partis politiques présents à l'Assemblée nationale appuient
notre motion de report. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Alors, je vous remercie, Mme la députée
de Gouin, de votre intervention. Ça a
été plus rapide. Alors, je cède maintenant la parole à M. le député de
Richelieu pour son intervention. Et, c'est évident, vous la commencez,
mais vous la poursuivrez une prochaine fois, parce qu'à 6 heures on va
terminer le débat. Allez.
M. Sylvain Rochon
M. Rochon : Voilà. Ce sera comme une
télésérie, M. le Président, en plusieurs épisodes.
M. le
Président, modifier le Code du travail comme se propose de le faire le ministre
des Affaires municipales avec le
projet de loi n° 110, c'est une entreprise trop sérieuse, délicate pour
que sa toile de fond soit un deal, un marché. Modifier les règles applicables à la négociation des conventions
collectives et puis au règlement des différends dans le secteur
municipal pour un pacte qui a déplu aux municipalités, ça ne tient pas la route.
Ce n'est pas digne, ça, d'un législateur sérieux.
Le ministre ne saisit pas l'importance du Code
du travail. Il ne saisit pas l'importance de ce code, héritage du gouvernement libéral de Jean Lesage. Et la
ministre du Travail, dont les fonctions en font la gardienne du Code du
travail, semble avoir été écartée du
processus. Le Québec tout entier doit prendre la mesure de ce qui se passe. Ce
gouvernement, il s'apprête à rompre avec le progressisme de Jean Lesage
pour nous ramener à l'ère de Maurice Duplessis.
Vous croyez que j'exagère, M. le Président? Loi
sanctionnée le 10 mai 1945 sous le gouvernement de Maurice Duplessis; je vous
lis l'article : «Lorsqu'une corporation municipale ou une corporation
scolaire est partie à un différend, le conseil d'arbitrage doit tenir compte,
pour la décision du différend, de la situation financière de cette corporation,
de sa capacité de faire face aux
obligations additionnelles qui peuvent résulter de la sentence et des impôts
qui grèvent déjà ses contribuables.» 1947, Maurice Duplessis.
Il a fallu
attendre les années 60 pour que soit adopté le Code du travail et que soient
modernisées les relations de travail
par le gouvernement libéral de Jean Lesage. Le ministre veut tourner la page
sur un pan de l'histoire de son parti. Le
ministre veut déchirer une partie du Code du travail et revenir en 1947. Et,
dans son discours, il parle de modernisation.
M. le Président, lorsqu'on m'a saisi de la
disposition adoptée sous Maurice Duplessis et que mes recherches m'ont, en effet, mené au projet de loi de 1947,
j'ai trouvé confirmation de la justesse d'un combat que mène mon parti depuis des années, celui
de l'enseignement de l'histoire. Il est important, M. le Président, de
connaître son passé. Qui le connaît est plus alerte.
Ai-je le temps pour faire encore un peu
d'histoire, M. le Président?
Le Vice-Président (M. Gendron) : Il
vous reste deux minutes.
M. Rochon : Bon, de l'histoire
récente en deux minutes.
J'ai entendu
plusieurs fois au cours des consultations sur le projet de loi le ministre se
livrer à une profession de foi théâtrale à l'égard des gouvernements de
proximité. Il souhaitait donner plus de pouvoirs à ces gouvernements de proximité pour leur développement. Le député de
Chapleau disait la même chose, tantôt. M. le Président, comment y croire?
On ne peut y
croire que lorsque nous échappe l'histoire récente, marquée aux coupes, hein,
marquée au sceau des coupes de
300 millions de dollars aux municipalités, marquée au sceau du
désengagement de l'État à l'égard du développement local, marquée au sceau de ce qu'il n'est pas
exagéré d'appeler la pire agression jamais perpétrée contre les régions du
Québec et leurs outils de
développement : disparition des CLD, des CRE, des centres locaux de santé
et de services sociaux. Comment ne
pas saisir, avec ce tableau-là pour détestable toile de fond, le sentiment, que
les travailleurs municipaux ont, de
payer pour cette agression du gouvernement? Délestées de tous les outils pour
stimuler leur développement, qui allait s'accompagner d'un meilleur
revenu, les municipalités n'ont plus d'autre choix que de couper leurs
dépenses.
Ce
gouvernement, M. le Président, ce n'est certainement pas celui de l'économie
régionale, celui des régions, celui des localités du Québec.
Est-ce qu'il me reste du temps?
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Quelques secondes, mais on va...
M. Rochon : La suite demain.
Ajournement
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Merci beaucoup. Alors, compte tenu de
l'heure, bien, les travaux sont ajournés à demain, 9 h 40.
Ajournement des travaux.
(Fin de la séance à 18 heures)