(Neuf heures quarante minutes)
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, chers collègues, je vous souhaite une très bonne séance. Veuillez vous asseoir.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Nous en
sommes à la rubrique de la déclaration
des députés, et je cède la parole à M. le député de Laval-des-Rapides.
Souligner le changement de commandement à l'escadron 687
Richelieu Laval de la Ligue des cadets de l'air du Canada
M. Saul Polo
M.
Polo : Merci beaucoup, M. le Président. J'aimerais souligner
aujourd'hui le changement de commandement de l'escadron 687 Richelieu Laval situé dans ma circonscription.
C'est un double plaisir de le faire en présence de capitaine Mouher Terjanian, qui termine son mandat, et de capitaine Mona Kassis,
qui prend la relève.
Capitaine
Terjanian a joint le programme des cadets de l'air à l'escadron 687 en
2002, à l'âge de 12 ans. Au cours des années qui ont
suivi, il gravit différents échelons pour devenir commandant d'escadron à l'âge
de 23 ans. Depuis trois ans, il a su
transmettre avec brio aux jeunes cadets des valeurs de respect et d'engagement
social. Je le félicite donc pour l'excellence de son mandat et lui
souhaite un grand succès pour son prochain mandat à titre de commandant à
l'escadron 757 Optimiste Mascouche.
J'aimerais
également saluer capitaine Mona Kassis, impliquée au sein du même escadron
depuis 1996, tout d'abord comme cadette et, depuis 2004, à titre d'officier.
C'est donc après 20 ans de loyaux services et d'engagement indéfectible auprès de ceux qu'elle considère
comme sa seconde famille qu'elle accepte le nouveau défi qui lui est offert
en prenant le commandement de cet escadron.
Capitaine Kassis, je vous souhaite un mandat exceptionnel et beaucoup de
réussite. Merci beaucoup, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député de
Laval-des-Rapides. M. le député de Verchères.
Rendre hommage à M. Jean-René Ostiguy pour
sa carrière dans le milieu des beaux-arts
M. Stéphane Bergeron
M.
Bergeron : Merci, M. le Président. Le 10 février
dernier, le monde de la peinture québécoise était plongé dans le deuil. C'est qu'avec 91 ans
d'une vie bien remplie l'un de ses plus remarquables ambassadeurs, M. Jean-René
Ostiguy, s'éteignait.
Au
terme d'études à l'Université de Montréal, à l'École des beaux-arts de Montréal
et à la School of Art & Design, M. Ostiguy a été critique d'art au quotidien Le Devoir
et a enseigné dans différentes institutions avant d'être embauché, en 1955, à la Galerie nationale du Canada, l'actuel
Musée des beaux-arts du Canada, jusqu'à sa retraite, en 1986, où il a occupé
différentes fonctions, dont celle de conservateur. Auteur prolifique, on
doit à ce passionné d'art plusieurs catalogues d'expositions, articles spécialisés et ouvrages de référence.
Conférencier recherché, il a notamment enseigné à l'Université d'Ottawa
et à l'Université Laval, en plus de constituer de prestigieuses collections.
C'est donc un
véritable monument qui a disparu il y a quelques semaines, laissant un vide
immense, inconcevable à combler, mais léguant aussi un gigantesque et
précieux héritage à la postérité. Je vous remercie, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député de
Verchères. M. le député de Portneuf, pour votre déclaration.
Féliciter Mme Katherine Tessier pour son
succès en tant que designer de mode
M. Michel Matte
M. Matte : Merci, M. le Président.
Je suis fier de souligner le parcours prometteur qui s'ouvre à une jeune Portneuvoise, Katherine Tessier. Originaire de
Saint-Casimir, cette jeune designer n'avait que 19 ans lorsqu'elle a
participé au festival de mode de
Québec. Tout en poursuivant ses études, Katherine a créé une seconde collection
prêt-à-porter avant d'effectuer un
stage à New York, une expérience qui lui donnera les ailes nécessaires pour
poursuivre une carrière dans la cour
des grands. Persévérante, elle est dotée d'une créativité étonnante, elle est
aussi déterminée à s'affirmer comme une couturière de renommée internationale. Tout
récemment, elle présentait sa collection à la Fashion Week de Vancouver, et sa collection faisait l'objet d'une
présentation dans le prestigieux magazine de mode Vogue. Signe d'une
originalité incontestable, la chanteuse Lady Gaga dispose de certaines
de ses créations.
Bien
que la tête remplie de rêves, Katherine Tessier ne manque jamais de rappeler
ses origines portneuvoises. À notre tour de lui dire combien nous sommes
fiers d'elle. Je suis convaincu que sa jeunesse inspirante et son...
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : ...dois vous interrompre. Merci à
vous, M. le député de Portneuf, pour votre déclaration. M. le député de
Borduas.
Souligner le 50e anniversaire
de l'Association
féminine d'éducation et d'action sociale
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : Merci, M. le Président. Aujourd'hui, je souhaite profiter de cette
tribune afin de souligner le 50e anniversaire
de l'Association féminine d'éducation et d'action sociale, une organisation qui
défend les intérêts des femmes auprès des instances décisionnelles et
qui travaille à la promotion de l'égalité entre les sexes. L'AFEAS, qui compte actuellement plus de
10 000 membres, mise sur une approche positive afin que les femmes
exercent pleinement leur rôle de
citoyennes et qu'elles participent de façon active aux différents débats de
société. Au cours des 50 dernières années, l'AFEAS a également mis sur pied diverses activités telles que
l'opération Tendre la main, une campagne annuelle de sensibilisation contre la violence faite aux
femmes, ainsi que la Journée nationale du travail invisible, qui reconnaît
notamment le travail non rémunéré des parents, des bénévoles et des aidants
naturels.
M.
le Président, j'aimerais aussi profiter de l'occasion pour souligner le travail
effectué par les deux AFEAS locales qui oeuvrent dans ma circonscription, soit
l'AFEAS de Mont-Saint-Hilaire, présidée par Mme Denise Loiselle, ainsi
que l'AFEAS de Saint-Denis-sur-Richelieu, qui est présidée par Mme Monique
St-Michel.
À
tous les membres de ces deux associations, je vous souhaite un très bon 50e
anniversaire. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député de
Borduas. M. le député de Rouyn-Noranda—Témiscamingue.
Féliciter l'équipe de hockey
Les Huskies de Rouyn-Noranda,
gagnante de la Coupe du président
M. Luc Blanchette
M.
Blanchette : Merci, M. le Président. Jeudi le 15 mai dernier, à la finale de la
Ligue de hockey junior majeur du
Québec, Les Huskies de Rouyn-Noranda l'ont emporté sur les Cataractes de Shawinigan,
gagnant ainsi leur première Coupe du président de leur histoire. Quelle
belle façon de célébrer leur 20e anniversaire d'existence!
Je
tiens à transmettre mes meilleures félicitations aux joueurs ainsi qu'aux
membres de toute l'organisation des Huskies.
Vous êtes une source d'inspiration pour les jeunes et un sentiment de grande
fierté pour toute une région. Vous nous avez fait vivre toute une gamme
d'émotions pendant la saison, mais aussi, et surtout, pendant toutes les séries
éliminatoires. Malgré l'adversité des
séries, nous soulignons également le haut calibre que vos adversaires vous ont
permis d'atteindre tout au long de la saison. Il y a de quoi être fier
du hockey junior majeur au Québec.
Et ce n'est pas
fini : maintenant, vous vous dirigez vers le tournoi de la coupe Memorial.
Je vous souhaite la meilleure des chances.
Vous avez le talent pour gagner et rendre tous les Québécois
fiers de vous. Sachez que toute la population de l'Abitibi-Témiscamingue,
et tout le Québec, sera derrière vous. Alors, go, Huskies, go!
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député de Rouyn-Noranda—Témiscamingue.
Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques,
à vous la parole.
Demander au gouvernement de
respecter les principes de la Déclaration
des Nations unies sur les droits des peuples autochtones
Mme Manon Massé
Mme
Massé : Merci, M. le Président. Le 10 mai dernier, le gouvernement libéral fédéral a adhéré formellement à la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones.
En mai 2009, le gouvernement
libéral provincial avait adopté
en Chambre une motion le soumettant aux principes de cette même déclaration.
Sept
ans plus tard, force est de constater que le gouvernement est loin de respecter cette motion. En effet, il s'était engagé à ce que les relations que le gouvernement entretient avec les peuples autochtones ainsi que les lois et réglementations adoptées à l'avenir soient
conformes à cette déclaration. Les scandales des derniers temps, tels que le traitement carcéral dans le Nord-du-Québec, les multiples allégations d'agression sexuelle par des policiers sur
des femmes autochtones ou les vagues
de suicide dans les communautés, nous montrent que chaque jour qui passe
amplifie un drame humain duquel nous sommes responsables.
J'appelle le premier ministre du Québec à suivre
les traces de son homologue fédéral en prenant de front ses responsabilités en
matière des droits et dignités des peuples autochtones.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques. Mme la députée de Bourassa-Sauvé,
à vous la parole.
Souligner la performance des élèves de l'école secondaire
Calixa-Lavallée ayant participé au Festival de robotique
Mme Rita Lc de Santis
Mme de Santis : M. le Président,
c'est avec fierté que je veux souligner la performance des élèves de l'école secondaire Calixa-Lavallée de Montréal-Nord à la
cinquième édition du festival international de robotique, ayant pour thème La
forteresse.
Une trentaine
d'étudiants de secondaire III à V ont atteint la demi-finale de cette
compétition à laquelle ont participé plus
de 5 000 élèves issus de
180 écoles, incluant des délégations de l'Ontario, du Mexique et de la
France. Les participants disposaient
de 45 jours pour construire un
robot puis, lors d'un tournoi entre le 31 mars et le 2 avril dernier,
ils devaient tenter de percer les fortifications des adversaires et
assiéger leur château médiéval.
Félicitations
à tous les élèves, mentors, enseignants ainsi qu'au directeur de l'école
Calixa-Lavallée, M. Dominic Blanchette, qui ont contribué à la réussite
de cet événement. Bravo à ces jeunes! Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, Mme la
députée de Bourassa-Sauvé. M. le député de Deux-Montagnes, à vous la parole.
Souligner la tenue du Symposium des patriotes à
Saint-Eustache
M. Benoit Charette
M.
Charette : Merci, M. le Président. Dans le cadre des festivités entourant la
Journée nationale des patriotes, la
ville de Saint-Eustache sera l'hôte de la troisième édition du Symposium des
patriotes, donc, les 22 et 23 mai prochains. En plus de faire la lumière sur le talent de plus
de 75 artistes en arts visuels de partout au Québec,
cette exposition mettra de l'avant la
vitalité historique et culturelle du vieux Saint-Eustache, où une importante
page de l'histoire du Québec s'est écrite.
M. le Président, je suis fier de souhaiter... et de soutenir, à titre de partenaire, le
travail des six bénévoles passionnés et
engagés qui forment le comité organisateur de ce symposium. Ainsi, j'invite
tous mes concitoyens et concitoyennes à venir admirer les artistes à l'oeuvre, échanger avec ces derniers et
surtout témoigner de leur immense talent les 22 et 23 mai, de
10 heures à 17 heures, dans les jardins du Manoir Globensky à
Saint-Eustache. Merci.
• (9 h 50) •
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Alors, merci à vous, M. le député de Deux-Montagnes. Mme la députée d'Anjou—Louis-Riel,
à vous la parole.
Souligner le 40e anniversaire du Cercle Amitié Anjou
Mme Lise Thériault
Mme
Thériault : Merci, M. le Président. Il me fait plaisir de
souligner le 40e anniversaire du Cercle d'amitié Anjou. Fondée en 1976, cette organisation planifie des
rencontres et activités pour garder nos aînés actifs. Ayant débuté leurs
activités à l'église Saint-Conrad, la
popularité grandissante de l'organisme l'amena à occuper un local au centre
communautaire Roger-Rousseau, destiné à de différentes activités
culturelles et sociales.
De septembre
à juin, le Cercle Amitié Anjou tient des rencontres et activités diverses en
plus d'organiser plusieurs sorties
pour les gens du troisième âge, le tout dans une ambiance chaleureuse et
empreinte de simplicité. Le travail d'équipe que réalise le comité du
Cercle Amitié Anjou permet la constante amélioration des activités offertes aux
membres.
Je tiens à
féliciter tous les bénévoles ainsi que les quatre présidentes qui ont travaillé
à faire du Cercle de l'amitié Anjou
une association dynamique et importante pour la collectivité angevine. Je salue
particulièrement la présidente en poste, Mme Colette Langlais, qui est impliquée dans l'organisation depuis
20 ans et à qui j'ai récemment remis la Médaille de l'Assemblée
nationale. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Merci à vous, Mme la députée. Enfin, M. le député de Rimouski, pour votre
déclaration.
Rendre hommage à Mme Élise Lavoie et à M. James Darling,
fondateurs des Concerts aux îles du Bic
M. Harold LeBel
M. LeBel : Merci, M. le Président.
Je tiens à rendre hommage à deux musiciens remarquables de la région, la
violoniste Élise Lavoie et le violoncelliste James Darling, qui ont eu
l'heureuse idée, il y a maintenant 15 ans, de fonder le festival Concerts
aux îles du Bic afin de partager avec la population Bas-Laurentienne leur
passion pour la musique
de chambre. Chaque année, ce festival accueille des artistes de talent
mondialement reconnus pour former des ensembles
éphémères et nous présenter des interprétations qui transcendent le temps et
traversent les époques, tout en se fondant à la beauté majestueuse du
paysage bicois.
Pour
la période estivale, de grands virtuoses de la musique venus de Rimouski et d'ailleurs
se réuniront pour une 15e édition
sous la direction artistique d'Élise
Lavoie et de James Darling pour nous faire vivre des moments intenses à
travers des pages de Satie, de Schubert, de Turina, de Mendelssohn, de Vaughan
Williams.
Toutes
mes félicitations à Élise et James pour ces 15 ans et merci pour votre
engagement culturel au sein de notre belle région du Bas-Saint-Laurent.
Merci.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député de Rimouski.
Voilà
qui met un terme à la rubrique Déclarations de députés. Je suspends les travaux
de l'Assemblée quelques instants.
(Suspension de la séance à
9 h 52)
(Reprise à 10 h 1)
Le Président :
Mmes, MM. les députés, nous allons nous recueillir quelques instants.
Merci. Veuillez vous
asseoir. Là, c'est vrai.
Des voix :
...
Le
Président : Nous
poursuivons les affaires courantes. Aujourd'hui, il n'y a pas de déclarations ministérielles
ni présentation de projets de loi.
Dépôt de documents
M. le leader du
gouvernement.
Réponse à une question
inscrite au feuilleton
M.
Fournier : M. le Président, je dépose la réponse à la question inscrite au feuilleton par le député de
Nicolet-Bécancour le 27 avril
2016.
Le Président :
Ce document est déposé. Il n'y a pas de dépôt de rapports de commissions.
Dépôt de pétitions
À la rubrique Dépôt
de pétitions, M. le député de D'Arcy-McGee.
Autoriser exclusivement
l'adoption d'animaux provenant de
refuges enregistrés et de groupes de sauvetage pour
animaux sur les sites de petites annonces
M. Birnbaum :
Merci, M. le Président. Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée
nationale, signée par 4 507 pétitionnaires. Désignation : citoyens et
citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant
que la loi n° 54 définit les animaux comme des êtres doués de
sensibilité, les animaux ne devraient pas être vendus comme des biens
meubles au moyen des petites annonces;
«Considérant que les
sites d'annonces classées sont incapables de distinguer entre des éleveurs
certifiés et honorables et des éleveurs qui profitent de la vente d'animaux,
sans égard à leur bien-être;
«Considérant que les
sites d'annonces classées Used.ca, BuySellTrade.ca et craigslist
interdisent la vente commerciale d'animaux;
«Considérant
que la France réglemente la vente
commerciale d'animaux sur les sites d'annonces classées, que 10 villes au Canada, dont ville de Mont-Royal et
Hudson au Québec, ont interdit la vente commerciale d'animaux sur leur
territoire, et que plus de 40 animaleries au Québec se sont engagées à ne pas
vendre [des] chiots;
«Considérant
que trop d'utilisateurs sont floués
par des éleveurs peu scrupuleux sur les sites d'annonces classées et que trop d'animaux souffrant de problèmes de
santé, souvent en raison des conditions de reproduction et d'élevage,
sont vendus sur ces sites;
«Considérant que des
milliers d'animaux en santé sont en attente d'adoption dans les refuges et
groupes de sauvetage pour animaux au Québec;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous, soussignés, demandons au ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation d'autoriser exclusivement l'adoption d'animaux provenant de
refuges enregistrés et de groupes de sauvetage pour animaux sur les sites d'annonces
classées, d'y interdire la vente commerciale par des éleveurs, et d'aider les
familles à trouver un nouveau foyer pour leurs animaux de façon
responsable afin d'assurer leur bien-être.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition.
Le Président :
Alors, l'extrait de cette pétition est déposé. J'ai reçu, de la part de Mme la
députée de Pointe-aux-Trembles, une demande
de dépôt de pétitions qui est non conforme. Est-ce que j'ai le consentement
pour le dépôt? Consentement. Donc, Mme la députée, nous vous écoutons.
Respecter l'entente de
principe sur les allocations
professionnelles des pharmaciens propriétaires
Mme
Léger : Merci, M. le Président. Je dépose l'extrait d'une
pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par 3 483
pétitionnaires. Désignation : citoyennes et citoyens du Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant
que la politique actuelle du gouvernement affaiblit la première ligne de soins
que sont les pharmaciens québécois sans égard aux intérêts pour la
population;
«Considérant
que les pharmaciens québécois sont des citoyens à part entière et qu'ils n'ont
enfreint aucune loi;
«Considérant que les
pharmaciens québécois ont toujours négocié de bonne foi;
«Considérant
que les pharmaciens québécois évoluent dans une société de droit et qu'ils
s'attendent à un traitement juste et équitable;
«Considérant que les
pharmaciens québécois subissent des baisses directes et effectives de leurs
honoraires;
«Considérant que,
après plus de sept mois, le gouvernement n'a toujours pas mis en vigueur la
contrepartie à laquelle ont droit les pharmaciens québécois après une juste
négociation;
«Considérant
que plus de 1 000 emplois ont été perdus dans les pharmacies québécoises
en réaction aux coupes imposées par le gouvernement;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous, soussignés,
demandons au gouvernement du Québec :
«De
respecter intégralement l'entente de principe, entre le ministre de la Santé et
des Services sociaux et l'Association québécoise
des pharmaciens propriétaires, visant le déplafonnement des allocations
professionnelles afin de compenser les ponctions aux honoraires
consenties par l'ensemble des pharmaciens propriétaires du Québec;
«Que
cette entente ne soit pas neutralisée ou atténuée par aucune mesure, aucun
plafond, aucun délai, aucune loi ni aucun règlement direct ou indirect
avant une période de rattrapage complet accordée de trois ans comme le stipule
l'entente, permettant aux pharmaciens de maintenir les services et soins de
première ligne.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition.
Le Président :
L'extrait de cette pétition est déposé.
Il
n'y a pas de réponses orales aux pétitions ni d'interventions portant sur une
question de droit ou de privilège.
Questions et réponses orales
Nous
en sommes donc rendus à la période de questions et de réponses orales, et je
cède la parole à M. le chef de l'opposition officielle.
Présomption d'irrégularités au ministère des Transports
M. Sylvain Gaudreault
M.
Gaudreault : Oui, merci, M. le Président. Hier soir,
l'actualité a révélé comment le député de Marguerite-Bourgeoys a été
relevé de ses fonctions alors qu'il tentait de faire la lumière sur des faits
troublants qui concernent le ministère des
Transports : des contrats de gré à gré donnés à des ex-employés du MTQ,
des vérificateurs du ministère placés directement sous l'autorité des
gens qu'ils doivent surveiller, des situations d'intimidation et de menaces,
des employés qui ont dénoncé des pratiques
douteuses à l'UPAC et qui ont été écartés, un rapport demandé par le ministre
qui ne lui a jamais été transmis. Et ça
continue comme ça, M. le Président. C'est profondément, profondément troublant.
Le résultat, c'est la tête du ministre qui a roulé parce qu'il voulait savoir
ce qui se passait dans son ministère.
Après avoir été limogé, le député de
Marguerite-Bourgeoys a transmis une lettre à son successeur pour lui révéler
ses inquiétudes quant aux pratiques du ministère.
Est-ce
que le premier ministre peut déposer les rapports sur l'intimidation des
vérificateurs, les rapports sur l'octroi des contrats demandés par le député de Marguerite-Bourgeoys et la lettre
que ce député a transmise à l'actuel ministre?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : M. le Président,
bien sûr, je vais déposer tous ces documents, c'est essentiel, parce que je
comprends, bien sûr, qu'on se pose des questions suite aux articles qui
ont été publiés.
Cependant, quelques mises
au point s'imposent, là. Toutes les personnes qui m'ont précédé à ce poste
savent à quel point les exercices de
remaniement ministériel sont difficiles, douloureux, répondent à des impératifs
qui parfois, malheureusement, ont des
conséquences sur certaines personnes, et on le sait très bien. Et c'est la
partie, je vous dirais, du poste que
j'occupe qui est la plus difficile, et je pense que tout le monde, tous ceux et
celles qui m'ont précédé vous diront la même chose. Le message avait été
donné clairement qu'on voulait avoir une meilleure représentation de la jeunesse, des régions et des femmes, ce qui a été
fait, et malheureusement, pour des raisons qui n'ont absolument rien à voir avec la compétence, l'intégrité ou la
performance professionnelle des gens, certaines conséquences se produisent,
on a vu ça dans tous les gouvernements.
Maintenant,
non seulement je vais publier... pardon, déposer les rapports — ce qui est un peu équivalent, vous serez d'accord avec moi — je vais donc déposer, donc, la lettre du
27 avril du député de Marguerite-Bourgeoys au ministre des
Transports, la réponse du 6 mai du ministre des Transports au député de
même que le rapport de vérification de décembre
2014 du ministère des Transports sur cette question des professionnels en
conformité de processus. Il est très important,
M. le Président, qu'il n'y ait aucun doute dans l'esprit de qui que ce soit
qu'on veut agir en toute transparence et faire la lumière sur les
choses.
Je conclurai
en disant deux choses. D'abord, le problème administratif, on le voit, est pris
en charge et sera pris en charge très
sérieusement. S'il y a des problèmes de nature potentiellement criminelle,
j'aime informer cette... je veux informer
cette Chambre que le chef de cabinet du ministre des Transports a rencontré
cette Mme Trudel qui a fait l'enquête dont il est question dans l'article et que toutes les informations
documentaires de Mme Trudel ont été transférées déjà à l'UPAC, M.
le Président.
Le Président : En terminant.
M. Couillard : Je dépose donc les
documents.
Documents déposés
Le Président : Consentement
pour le dépôt? Consentement. Consentement pour le dépôt.
Première complémentaire, M. le chef de
l'opposition.
M. Sylvain Gaudreault
M.
Gaudreault : Oui, M. le Président, vous savez, on peut faire
deux choses avec une personne qui dénonce des irrégularités : on peut l'écouter et l'appuyer ou on peut le faire
taire. On voit ce que le premier ministre a choisi comme façon de répondre. Les révélations de L'Actualité
démontrent que, sous les libéraux, quand on essaie d'en savoir plus sur les
contrats, on se fait tasser. Je comprends que le premier ministre a déposé des
rapports. Je veux qu'il nous dépose également le rapport sur l'intimidation.
Et peut-il nous dire qui ou quoi il veut...
• (10 h 10) •
Le Président : M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : M. le Président,
je déplore le ton et peut-être même les insinuations de mon collègue, et ça n'a
rien à voir, absolument rien à voir,
M. le Président. Et je dois dire que, moi, la première fois dont j'ai entendu
parler de toute cette histoire, c'est
ce matin. Mon chef de cabinet a rencontré l'ancien titulaire du ministère des
Transports le lendemain de l'envoi de
sa lettre, et auparavant il n'y a pas eu de conversation sur ces questions, du
moins entre mon chef de cabinet et l'ex-ministre des Transports, député
de Marguerite-Bourgeoys, ou moi-même.
Ceci dit, ça
n'en est pas moins très important. Ça n'a rien à voir avec la tentation de
dissimuler ou pas certains éléments.
Au contraire, on veut agir en toute transparence. Et j'ajouterais même, M. le
Président, sans avoir à lui donner d'instructions,
parce que l'Assemblée ne peut pas donner d'instructions nécessairement à la
Vérificatrice générale, que sa participation au processus...
Le Président : En terminant.
M. Couillard : ...est bienvenue, M.
le Président.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M. Sylvain Gaudreault
M. Gaudreault : Oui, M. le
Président, on voit tout de suite la différence, hein? Quand j'étais ministre
des Transports et qu'on a voulu aller au
fond des choses, j'étais appuyé par ma première ministre. Aujourd'hui, quand on
a un député qui veut aller au fond
des choses, et un ministre qui veut aller au fond des choses, il se fait tasser
par le gouvernement libéral.
Le premier ministre n'a
toujours pas répondu. Est-ce qu'il va déposer le rapport également sur les
allégations d'intimidation dans les
directions territoriales? Et va-t-il répondre aussi à la question : Que
veut-on protéger? Que veut-on protéger au point de tasser un ministre?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : M. le Président,
non seulement je dépose les rapports, on pourra en déposer d'autres, documents
également, et en fait la sous-ministre sera
à la Commission de l'administration publique cet après-midi, elle aura donc
tout le loisir de répondre aux questions.
Mais je veux réprouver fortement les insinuations que mon collègue répète. Je
regrette, là, ça n'a rien à voir, absolument
rien à voir, et je voudrais qu'on s'assure de rester en contact avec la réalité
ici, un remaniement fait en janvier pour des raisons qui n'ont rien à
voir avec les compétences, l'intégrité, les personnes touchées, et je répète que c'est des événements et des processus qui
sont très douloureux et difficiles. C'est une insulte à mon endroit, M. le Président, de prétendre le
contraire, de même qu'à l'endroit du député de Marguerite-Bourgeoys, qui
lui-même a réitéré sa confiance envers le titulaire actuel du ministère des
Transports, envers le premier ministre et le gouvernement et a fait une claire
distinction entre les changements de...
Le Président : En terminant.
M. Couillard : ...ministres et les
événements dont il est question.
Le Président : Troisième
complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M. Sylvain Gaudreault
M.
Gaudreault : Oui. Le premier ministre fait appel à la réalité,
là. La réalité, c'est que, depuis le retour des libéraux au pouvoir, les extras, les dépassements de coûts
ont augmenté en flèche, alors qu'ils avaient baissé sous notre régime.
Ça, c'est la réalité.
Alors,
aujourd'hui, on a des faits extrêmement troublants devant nous. Ce qu'on veut
savoir, c'est si le premier ministre va déposer ou va demander à la
sous-ministre, à la CAP, cet après-midi, de déposer également le rapport sur
l'intimidation et qu'est-ce qu'il va faire pour changer la culture au ministère
des Transports? C'est ça, la réalité.
Le Président : M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : M. le Président,
je vais répéter encore une fois que non seulement la lumière a été faite, elle
sera faite. Les actions ne commencent
pas aujourd'hui, les actions ont commencé. Le ministère des Transports, sous le
titulaire précédent et sous le titulaire actuel, mène des actions qui
visent précisément à s'occuper de l'aspect administratif des choses. Quant à l'aspect potentiellement criminel,
je répète, l'UPAC a été déjà saisie de tous les documents produits ou
colligés par Mme Trudel, qui effectuait les vérifications à titre de
contractuelle dans le ministère des Transports.
Alors, il
n'est pas question de protéger qui que ce soit. Il n'est pas question de cacher
qui que ce soit ou quoi que ce soit.
On va être entièrement transparents. La destination ici, elle est quoi? Quelle
est la destination? C'est que, s'il y a des enjeux de nature policiers, ils sont pris en charge déjà, au moment où
je parle, par l'UPAC. S'il y a des enjeux de nature administrative...
Le Président : En terminant.
M. Couillard : ...j'invite, entre
autres, la Vérificatrice générale de participer au processus.
Le Président : Principale,
Mme la députée de Vachon.
Réaction du gouvernement à la présomption
d'irrégularités au ministère des Transports
Mme Martine Ouellet
Mme
Ouellet :
Merci, M. le Président. J'entends le premier ministre dire qu'on va être
entièrement transparents. C'est
drôle, avant que ça sorte dans L'Actualité, ils n'étaient pas
entièrement transparents parce que jamais nous n'avions eu connaissance
de cette lettre-là et de ces rapports-là.
Moi, je demande au ministre actuel des
Transports, comme on a appris hier soir que l'ancien ministre des Transports avait de très grandes inquiétudes — ancien ministre des Transports, mais aussi
ancien policier, ce n'est pas anodin, M. le Président — concernant
la gestion des contrats du ministère des Transports...
Et qu'est-ce qu'a répondu le
ministre actuel des Transports? Il dit qu'il dit avoir pris bonne note — bonne note — des commentaires
de son prédécesseur, mais souhaite faire sa propre analyse pour des aussi
grandes inquiétudes concernant la
gestion de contrats quand même très importants. On parle de plusieurs millions
de dollars, M. le Président, dans le ministère des Transports. Comme le ministre actuel a décidé de mener sa propre
analyse, quels gestes a-t-il posés pour faire suite à la liste
d'inquiétudes de l'ex-ministre des Transports?
Le Président :
M. le ministre des Transports.
M. Jacques Daoust
M.
Daoust : Merci, M. le Président. D'abord, je
pense que le premier ministre a bien expliqué que, lorsque nous avons
reçu la lettre de mon collègue, ce que nous avons fait, c'est de rencontrer
aussi la personne qui faisait des enquêtes, et tous les documents qu'elle avait colligés, toute l'information qu'elle avait recueillie a été transmise à l'UPAC. Disons que, quand on transmet à l'UPAC, on essaie de... en tout cas, on s'installe pour être capables de répondre à des malversations
ou des choses comme ça, ce que je ne pense pas être le cas en aucune façon.
Parallèlement
à ça, il y a deux mécanismes qui existent à travers l'appareil
gouvernemental. Il y a le Vérificateur
général, la Vérificatrice générale, et le premier
ministre tantôt a dit : Vérificatrice générale, on ne vous impose rien, mais vous êtes invitée à continuer ce processus
d'enquête là. C'est un outil qui existe à travers l'appareil gouvernemental. Puis il y a la Commission
de l'administration publique, qui se
réunit justement cet après-midi, où la sous-ministre, qui est bien au fait de ce dossier-là, va
être présente, et vous pourrez apporter toutes les questions que vous voulez.
Alors,
une fois qu'on a mis tous ces processus-là ensemble... Et j'ajouterai, M. le Président, que la commission
Charbonneau a fait quatre recommandations, et, ces quatre recommandations-là...
Le Président :
En terminant...
M. Daoust :
...j'en parlerai dans la suite de la question.
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée de Taillon.
Mme Martine Ouellet
Mme
Ouellet : Oui. M. le Président, est-ce que j'entends que le
ministre des Transports est en train de dire qu'il est attentiste puis qu'il laisse les processus
fonctionner normalement : C'est le Vérificateur général, il peut venir,
mais moi, je n'ai rien demandé,
malgré les grandes inquiétudes de l'ex-ministre des Transports, qu'il est en
train de me dire : Bien, on a
transmis ça à l'UPAC, mais, de l'autre côté, l'UPAC nous dit qu'il ne va pas au
ministère des Transports? On aimerait bien savoir c'est quoi, la vraie
version.
Quels
gestes concrets — il n'a
pas répondu à ma question — le ministre actuel a-t-il posés pour une situation aussi
inquiétante?
Le Président :
M. le ministre des Transports.
M. Jacques Daoust
M. Daoust :
Alors, j'étais rendu au rapport de la commission Charbonneau, et la commission
Charbonneau a déposé
60 recommandations, dont quatre qui touchent spécifiquement le ministère
des Transports. Il y en a une qui est très
importante, dans ce dossier-là, qui est celle d'avoir un comité indépendant qui
évalue les soumissions et qui, en bout de
ligne, porte un jugement sur tout ça. Un des premiers gestes que j'ai posés en
arrivant, bien sûr, ça a été de mettre en place ce comité-là, et ce comité-là,
actuellement, existe. On n'est pas attentistes, on a été proactifs. On aurait
pu prendre plus de temps. Non, j'ai
jugé que c'était opportun de le faire rapidement, j'ai jugé que c'était
opportun de le faire maintenant, et c'est ce que j'ai fait, M. le
Président. La recommandation de la commission Charbonneau...
Le Président :
En terminant.
M. Daoust :
...on est allés directement au but et on a réglé le problème, de ce côté-là.
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la députée de Vachon.
Mme Martine Ouellet
Mme
Ouellet : Merci, M. le Président. Il y a des problèmes du
côté des vérificateurs, de l'intimidation du côté de l'inspection des
contrats, il y a du morcellement de contrat, et le ministre nous répond qu'il a
mis en place un comité, qu'il a mis en place un comité.
Est-ce qu'il
y a d'autres gestes que le ministre a faits que de mettre en place un comité
pour s'assurer d'une bonne gestion de
notre argent, M. le Président, de notre argent? Parce que c'est de notre argent
dont il est question, et on le sait. Le rapport de la commission
Charbonneau, on l'a lu, on sait ce qu'il y a dedans.
Le Président :
M. le ministre des Transports.
M. Jacques Daoust
M.
Daoust : Alors, écoutez, il y a une commission, effectivement, la
commission Charbonneau, qui s'est penchée sur ce dossier-là de façon
approfondie pendant des mois. Et ce qu'on a fait au terme de tout ça, je
répète, il y a eu quatre recommandations qui
touchaient directement le ministère des Transports, et ces quatre
recommandations-là sont mises en
place ou sont en voie de l'être. Et la plus importante et celle qu'il fallait...
dans laquelle il fallait agir rapidement, c'était clairement celle où on va s'assurer de la pleine objectivité et
transparence dans l'octroi des contrats. C'est ce que nous avons fait,
M. le Président.
Maintenant, quand je vais au-dessus de ce que
propose la commission Charbonneau, on est dans le quotidien, on est aussi dans ce que le Vérificateur général
peut faire, on est dans ce que la Commission de l'administration publique
peut présenter...
Le Président : En terminant.
M. Daoust : ...et c'est exactement
ce que nous faisons, M. le Président.
Le Président : Principale, M.
le leader de l'opposition.
Contrats de gré à gré attribués par le ministère des
Transports
M. Bernard Drainville
M. Drainville : M. le
Président, l'ex-ministre des Transports et député de Marguerite-Bourgeoys s'est
aussi inquiété des contrats de gré à gré octroyés à gros prix à d'ex-employés
du ministère des Transports. La sous-ministre Dominique
Savoie aurait scindé les contrats pour rester juste en dessous du seuil de
25 000 $ pour éviter les appels d'offres. Elle aurait ainsi accordé des dizaines d'ententes
de gré à gré. Exemple : deux contrats de 24 500 $ à un retraité
du MTQ vivant à Saguenay pour être
conseiller sur l'échangeur Turcot. Un autre ex-employé du MTQ aurait obtenu
215 000 $, scindés en différents contrats, de 2012 à 2015. Il
trouve ça drôle, M. le Président.
M. le
Président, le député de Marguerite-Bourgeoys voyait le problème. Il a essayé de
s'attaquer au problème, puis ça lui a coûté son poste de ministre, M. le
Président.
Est-ce que le
ministre des Transports peut rendre publique la liste des contrats, de tous les
contrats de gré à gré octroyés à d'anciens employés du ministère des
Transports?
Le Président : M. le ministre
des Transports.
M. Jacques Daoust
M.
Daoust : La Commission de l'administration publique se réunit — là, ça fait quatre fois, je pense, que je le
dis depuis le début de la période des
questions — cet
après-midi. La sous-ministre en titre va être là, Mme Savoie, et vous aurez tout le loisir à ce moment-là, M. le
député... Je m'excuse, M. le Président, c'est à vous que je parle. Et le député
aura tout le loisir, M. le Président, de
poser des questions à la sous-ministre et d'obtenir des réponses. La Commission
de l'administration publique, pour y avoir passé
à quelques reprises, a un grand pouvoir d'enquête, un grand pouvoir de
poser des questions et d'exiger des réponses.
Alors, ce que
j'ai dit simplement, c'est que, dans cette partie administrative là, qui relève
de la fonction publique, elle aura tout le... l'opposition aura tout le
loisir de poser des questions, et la sous-ministre sera là pour y répondre et avec beaucoup de transparence. Le premier ministre
a déposé le rapport des gestes proactifs que la sous-ministre a posés tantôt, et vous verrez à la lecture de ces
documents-là qu'il y a beaucoup de gestes qui ont été posés pour justement
faire en sorte qu'il y ait plus de transparence dans l'appareil.
Et je ne peux
que supporter, dans ce dossier-là, la sous-ministre parce que les gestes
qu'elle a posés sont en aval de toutes ces recommandations-là qui
avaient été faites dès le début par mon prédécesseur.
• (10 h 20) •
Le Président : Première
complémentaire, M. le leader de l'opposition.
M. Bernard Drainville
M.
Drainville : M. le
Président, on est au coeur de l'affaire, hein? C'est la sous-ministre qui va
décider, c'est la sous-ministre qui
va agir. Ce n'est pas la sous-ministre qui est ministre. Le ministre des
Transports, c'est lui, M. le Président.
Je lui repose la question : Est-ce qu'il s'engage à déposer tous les contrats qui
ont été donnés de gré à gré à d'anciens employés du ministère des Transports? Puis, si lui, il ne veut pas le
faire, est-ce qu'il s'engage à ce que la sous-ministre le fasse dès ce
matin en commission parlementaire?
Le Président : M. le ministre
des Transports.
M.
Jacques Daoust
M.
Daoust : Je répète ce que je viens d'expliquer, M. le Président :
La Commission de l'administration publique a beaucoup de pouvoirs, et peut poser beaucoup de questions, et peut
exiger beaucoup de réponses. Ce que je dis au député, M. le Président, c'est simplement : Cet
après-midi — et c'est
une coïncidence, mais ça arrive comme ça — la sous-ministre en titre va être à la Commission de
l'administration publique, et je l'invite à se présenter à la Commission de
l'administration publique, et je
l'invite à poser les questions sur les préoccupations qu'il a, et je l'invite à
demander les documents qui lui semblent pertinents pour avoir une vision
claire de ce dossier-là. Je ne peux pas être plus transparent que de
dire : Écoutez, tout est disponible, parlez-en aux gens qui ont ça au
quotidien.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le leader de l'opposition.
M. Bernard Drainville
M. Drainville :
M. le Président, là, ce n'est pas compliqué là, ce n'est pas compliqué, il se
lève depuis son siège et il dit : À titre de ministre des
Transports, je vous dis, je déclare : Tous les contrats qui ont été donnés
de gré à gré à d'anciens ministres... à d'anciens employés du ministère des
Transports, je vais les rendre publics, je vais les rendre publics, et la
sous-ministre va s'engager, aujourd'hui en commission parlementaire, à les
rendre publics rapidement, rapidement. C'est tout ce qu'on veut entendre, M. le
Président.
Le Président :
M. le ministre des Transports.
M. Jacques Daoust
M. Daoust :
M. le Président, je me lève de mon siège pour lui dire que c'est déjà
disponible et d'aller lire les crédits... le
livre des crédits budgétaires. C'est toujours inscrit dans le livre des crédits
budgétaires. Vous avez déjà l'information disponible. Je suis un peu
étonné ce matin...
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît! M. le ministre, c'est à vous la parole.
M.
Daoust : Je suis un peu étonné ce matin, M. le Président, qu'on me
pose la question avec autant d'insistance quand les documents sont déjà
disponibles. Simplement d'aller lire le livre des crédits budgétaires...
Des voix :
...
Le
Président : S'il vous plaît! D'abord, la question a été posée,
la réponse... C'est au ministre de donner la réponse. M. le ministre,
c'est à vous. Continuez.
M.
Daoust : Alors, je conclus simplement, M. le Président, en disant et
en répétant ce que je viens de dire : De mon siège, je me lève pour
lui dire de se lever du sien puis d'aller consulter le livre des crédits
budgétaires.
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît! Principale, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
Pratiques comptables au
ministère des Transports
M. François Legault
M.
Legault : M. le Président, le journaliste Louis Lacroix révèle
ce matin des informations qui sont très, très, très préoccupantes
concernant les pratiques au ministère des Transports. On apprend, entre autres,
qu'il existe au ministère des Transports un
système de comptabilité occulte où on dissimule les dépassements de coûts via
cinq bases de données. Donc, on
explique très bien dans l'article. Ce qu'on fait, c'est que, de façon
continuelle, les estimations sont mises
à jour pour réduire l'écart entre les estimés et les coûts réels. C'est grave,
M. le Président. Le ministère des Transports donne à chaque année des milliards de dollars de contrats; c'est
l'argent des Québécois. Donc, j'espère que ça préoccupe le premier ministre.
Et je voudrais
savoir... Et je voudrais qu'il nous dise clairement ce matin : Est-ce
qu'il peut nous garantir que ce système de comptabilité occulte n'est plus en
place au ministère des Transports?
Le Président :
M. le premier ministre.
M.
Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président, je voudrais indiquer à mon collègue que, comme lui, je
désire que toute la lumière soit
faite, autant sur les aspects administratifs que sur les aspects
potentiellement criminels. Maintenant, les mots qu'il emploie, là, «occulte», ça fait appel, pour moi, à
des notions d'enquête policière puis de tribunaux. Alors, l'UPAC a tous les documents, le rapport de Mme Trudel lui a été
entièrement transmis. S'il existe effectivement des mécaniques comptables...
ou des mécaniques administratives qui sont à
réprouver, elles seront réprouvées, M. le Président, et elles seront
complètement éliminées, clairement.
Mais voyons les faits
d'abord. Est-ce qu'on pourrait s'entendre pour voir les faits? On a un article
de journal. C'est bien, je ne diminue pas
l'importance des articles dans les médias. Mais on va voir clairement quelles
sont les données, quels sont les
faits disponibles. Et il est clair qu'on va tous agir de concert pour que ça
disparaisse complètement si de telles
mesures ou si de telles méthodes sont effectivement présentes. Il l'a dit de
son siège : Moi, je voudrais voir les faits. Quand on verra les
faits, on agira.
Le Président :
Première complémentaire, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M. François Legault
M. Legault :
M. le Président, le député de Marguerite-Bourgeoys voulait se débarrasser de ce
système de comptabilité. Il n'a pas eu le
temps de le faire, il a été démis de ses fonctions par le premier ministre.
Est-ce que le premier ministre peut nous garantir, d'abord, qu'il
n'était pas au courant qu'il y avait un système de comptabilité occulte? Puis va-t-il faire les vérifications pour
s'assurer qu'il n'y ait plus de système de comptabilité occulte au ministère
des Transports?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : Plusieurs questions, je vais y répondre dans l'ordre. D'abord, il n'y a
aucun lien entre les changements du
Conseil des ministres et ce qui est rapporté ce matin ou ce qui est rapporté au
cours des derniers jours. Ce serait
grave qu'il en soit ainsi; il n'en est, bien sûr, pas ainsi. Et malheureusement
les décisions qu'on prend dans les changements
de composition du Conseil des ministres ont des impacts sur les personnes qui
n'ont rien à voir avec leur intégrité,
leur professionnalisme, leur compétence, ce qui est le cas du député de
Marguerite-Bourgeoys. Je suis heureux de le répéter aujourd'hui.
Maintenant, je vais
répéter encore une fois, M. le Président, que, moi, la première fois que j'ai
entendu littéralement parler de ça, c'est en
prenant mon déjeuner ce matin. Alors, jamais le député de Marguerite-Bourgeoys
ne m'a parlé de ça. Il a parlé à mon
chef de cabinet le lendemain de sa lettre au ministre Jacques Daoust il y a
quelques jours, le 28 avril. Il est clair que, dès qu'on a eu
l'information, on s'en est occupés.
Le Président :
En terminant.
M.
Couillard : Mais là on soulève des hypothèses et on fait des
insinuations qui sont franchement à la...
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M. François Legault
M.
Legault : M. le Président, on a la preuve ce matin qu'on a un
premier ministre passif, qui a zéro leadership. Ça ne l'intéresse pas,
ce qui se passe au ministère des Transports. Il n'a même pas posé de question.
M.
le Président, pourquoi a-t-il congédié le ministre des Transports? Qui protège,
hein... Le premier ministre, il protège qui? Les citoyens ou le Parti
libéral du Québec?
Le Président : Toujours en faisant attention, M. le chef du deuxième
groupe d'opposition. M. le premier ministre, c'est à vous la parole.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président, je vois que c'est facile de glisser sur la même pente.
C'est toujours le cas, on le voit
encore, on n'est pas surpris. C'est le style de cette formation politique, ils
le démontrent encore une fois aujourd'hui.
Je
vais lui répéter une expérience que peut-être il aura un jour, ou peut-être
non — son
comportement peut-être nous amène sur
la deuxième hypothèse — que, lorsqu'on est premier ministre et qu'on fait des changements
de composition du Conseil des
ministres, on doit tenir compte d'un ensemble de facteurs. J'avais clairement
indiqué publiquement qu'il fallait
renforcer la présence des jeunes, des régions et des femmes. J'espère qu'il n'a
pas d'objection envers ça. M. le Président, qu'est-ce que...
Des voix : ...
Le
Président : S'il vous plaît! Veuillez cesser de vous
interpeler. M. le premier ministre, veuillez continuer.
M. Couillard : Alors, M. le Président, quel comportement déplorable! Quel manque de
professionnalisme politique! Quel manque de vision!
Le Président :
En terminant.
M. Couillard : Quel manque de respect envers les personnes! On gouverne dans l'intérêt
de tous les Québécois, avec toute notre équipe, puis on...
Le Président :
Principale, M. le député de La Peltrie.
Rapports sur l'attribution de
contrats
au ministère des Transports
M. Éric Caire
M.
Caire :
M. le Président, comptabilité occulte, contrats fractionnés pour être donnés de
gré à gré, des vérificateurs qui sont
subordonnés à ceux qui sont supposés enquêter, qui sont intimidés, qui sont
menacés. Le résultat, depuis les
dernières années, c'est des centaines de millions d'extras qui ont été donnés
par le MTQ — on se
demandait pourquoi — 15 millions dans les trois premiers
mois de 2016. On se dirige vers une année record, un millésime des extras,
M. le Président.
Il y avait un
policier intègre comme ministre des Transports, qui a voulu faire la lumière,
qui a demandé des enquêtes, qui n'a pas eu le temps de voir les rapports.
La
question que je me pose, c'est : Est-ce que le premier ministre, lui, a eu
le temps de voir les rapports avant de le
démettre de ses fonctions? Est-ce qu'il avait en main les rapports demandés par
son ministre des Transports avant de lui retirer son ministère?
• (10 h 30) •
Le Président :
M. le ministre des Transports.
M. Jacques Daoust
M.
Daoust : Alors, encore une fois, M. le Président, il y a des points
qui ont été soulevés et il y a des mesures qui sont prises aussi au
quotidien, et je peux vous assurer que la sous-ministre qui est actuellement au
ministère des Transports avait déjà
entrepris des mesures pour que ces situations-là, qui avaient été soulevées par
mon prédécesseur — puis
je m'inscris dans cette continuité-là — soient corrigées.
Maintenant,
on est là puis on pense à des exagérations, au fait qu'on a des dépassements de
coûts, et tout ça. Moi, M. le
Président... Il y a, sur le site Internet du ministère, un rapport qui est
intéressant, qui s'appelle le Bilan des coûts des contrats terminés. Et ce qu'on voit, c'est que... parce que, la
vérité, vous savez, on la voit quand le contrat est terminé, est-ce qu'on a dépassé les coûts ou on n'a pas
dépassé les coûts. Et, quand on regarde les milliers de contrats qu'il y a eu
depuis 2009 à 2016 — et
c'est disponible, et, au besoin je le déposerai — on regarde, il y a
8 700 contrats qui ont été entrepris et
terminés pendant cette période-là. Il y en avait pour... il y en avait pour...
je m'excuse, il y en avait 21 000, il y en a pour 8,7 milliards de dollars. C'est beaucoup d'argent,
hein? Vous aviez mentionné tantôt des... il y a 8,7 milliards de
dollars, et ce qu'on s'aperçoit, c'est qu'il y a eu des économies brutes, à ce
niveau-là, de 519 millions de dollars.
Le Président :
En terminant.
M. Daoust :
Ce n'est quand même pas petit, M. le Président.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de La Peltrie.
M. Éric Caire
M.
Caire : M. le Président, il y en a d'autres, rapports qui
sont très intéressants, c'est ceux qui ont été demandés par le député de
Marguerite-Bourgeoys quand il occupait la fonction de ministre des Transports.
La
question, elle est très, très simple, là, est-ce que le premier ministre les a
eus en main avant de démettre le député de Marguerite-Bourgeoys de son titre de ministre des Transports? Est-ce
qu'il a pris connaissance de ces rapports-là avant de prendre sa
décision de démettre le ministre des Transports de ses fonctions, oui ou non?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : Il veut jouer au
justicier masqué, M. le Président, ou à peine masqué, M. le Président, mais je
vais répéter ce que j'ai dit
tantôt : La première fois où j'ai entendu parler de toute cette histoire,
c'est ce matin en prenant mon petit déjeuner.
Le Président :
Principale, M. le député de Groulx.
M. Surprenant : Non, c'est deuxième
complémentaire.
Le Président : Oh!
excusez-moi. Deuxième complémentaire, M. le député de Groulx.
M. Claude Surprenant
M.
Surprenant : Très bien, M. le Président. Alors, le ministère des
Transports n'a jamais accordé autant d'extras qu'au cours des deux
dernières années. Pendant ce temps, les vérificateurs se font censurer,
intimider et menacer.
Et le
ministre dit qu'il a mis en place un comité. M. le ministre, ça ne prend pas un
comité, ça prend des gestes concrets
pour faire cesser ces gestes d'intimidation. Alors, qu'a fait le ministre pour
s'assurer que les contrats soient vérifiés correctement? Rien du tout.
Il se cache derrière sa sous-ministre. Que va-t-il faire?
Le Président : M. le ministre
des Transports.
M. Jacques Daoust
M.
Daoust : Alors, M. le Président, je l'ai dit tantôt, la commission
Charbonneau a été précise sur ça, et, pour s'assurer de l'objectivité
dans les contrats, ce que nous avons fait a été de mettre en place une des
quatre grandes recommandations — enfin, les deux sur les quatre sont déjà
mises en place, puis deux sont en voie de l'être — pour s'assurer de l'objectivité dans les contrats avec
un comité indépendant. On peut rire du comité indépendant. Ce n'est pas quelqu'un qui est en mode suggestion, c'est
quelqu'un qui est de façon opérationnelle. Mais la réalité, la vraie vie, la
vérité dans ça, M. le Président — et j'avais commencé à le dire — c'est que, sur 8,7 milliards de dollars
de contrats qui ont été terminés, on a 512 millions d'économies brutes,
309 millions de dépassements, ce qui nous donne un net de
210 millions positif.
Le Président : En terminant.
M. Daoust : On a économisé sur les
contrats, on n'a pas dépassé, monsieur.
Le Président : Principale, M.
le leader de l'opposition.
Réaction du premier ministre à la présomption
d'irrégularités au ministère des Transports
M. Bernard Drainville
M.
Drainville : M. le
Président, dans la lettre qu'il a signée, la lettre du 27 avril 2016
qu'il fait parvenir à l'actuel ministre
des Transports, le député de Marguerite-Bourgeoys dit ceci : «Il y aura bientôt trois mois que le dernier remaniement
a pris effet», etc. Et là il dit ceci :
«Ce qui m'avait retenu à ce jour, c'était de permettre au ministre
de prendre connaissance de son ministère et de ses dossiers, afin qu'il puisse consulter
une ressource externe qui avait un mandat spécifique relié à l'intégrité des processus, et [à] la
conformité des attributions de contrats[...]. Cette ressource a été engagée à
ma demande par le ministère.
À mon départ, [j'ai] bien avisé Mme Trudel d'informer le chef de cabinet
du nouveau ministre des dossiers sur lesquels nous avions des
inquiétudes et sur des événements qui démontraient des irrégularités.
«J'ai appris avec surprise qu'elle aurait donné
sa démission la semaine dernière.»
Pourquoi Mme Trudel a-t-elle donné sa
démission?
Le Président : M. le ministre
des Transports.
M. Jacques Daoust
M.
Daoust : Alors, effectivement, M. le Président, quand j'ai reçu la lettre de mon collègue, dans
la continuité de la direction du ministère,
j'ai donné suite immédiatement à ces recommandations. J'ai accusé réception quelques jours plus tard, mais, dès le jour 1, nous avons
rencontré la sous-ministre en titre avec mon chef de cabinet pour faire une mise au
point, une mise à jour, comprendre exactement
de quoi il s'agissait. Vous comprendrez que, pour moi, c'était nouveau,
je venais d'arriver au ministère, j'arrive au ministère.
Ce que nous
avons fait, par ailleurs, c'est que mon chef de cabinet a rencontré
Mme Trudel, a eu une discussion avec
elle, et elle lui a remis une information relative à ses recherches, des documents en vrac
puis certaines conclusions, certaines hypothèses qu'elle émettait. Cette
clé USB là a été transmise immédiatement à l'UPAC.
Alors, on ne
peut pas aller de façon plus transparente que de remettre aux autorités
compétentes, celles qui sont en mesure
d'enquêter au cas où il y aurait eu — et
j'en doute — des
malversations ou des choses criminelles... Mais ça a été entièrement
remis à l'UPAC, et on l'a fait dans les jours qui ont suivi.
En ce qui concerne le départ de Mme Trudel,
si vous persistez dans votre foulée...
Le
Président : En terminant.
M. Daoust :
...ça me fera plaisir d'y répondre en première complémentaire.
Le Président :
Première complémentaire, M. le leader de l'opposition.
M. Bernard Drainville
M. Drainville : Toujours dans cette lettre signée par le député de
Marguerite-Bourgeoys, on lit ceci : «...j'aimerais bien m'assurer que mes préoccupations autant sur le plan éthique, administratif ou criminel soient [...]
transmises et vérifiées.
«[...]avant le
remaniement, [j'ai] demandé plusieurs réponses à des questions précises à la sous-ministre,
[...]Dominique Savoie, [elle] ne m'est jamais revenue[...]. [...]le temps lui a
donné raison...» J'ai été tassé.
La
question, M. le
Président, est la suivante : Qui
le premier ministre voulait-il protéger en limogeant l'ancien ministre
des Transports et actuel député de Marguerite-Bourgeoys?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : Quel comportement déplorable de la part de ce député! J'ai répondu
plusieurs fois à cette question et je
répète : Personne, il n'y a personne à protéger ici. Il faut que la
lumière soit faite, et les décisions de mise en place du Conseil des ministres — il a la tête basse, il regrette ses
propos — les
décisions de composition du Conseil des ministres, M. le Président...
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît!
M. Couillard : ...sont prises sur des bases
qui, malheureusement, ont des impacts négatifs sur certaines personnes.
Il le sait bien, il a fait partie
d'un gouvernement, il a été en contact avec une première ministre, il n'y a rien de plus difficile, de plus douloureux
également à faire, croyez-moi. Ça n'a absolument rien à faire avec quoi que ce
soit d'autre.
On
a entendu parler de ces affaires, littéralement, dans les dernières heures en ce qui me concerne, dans les derniers jours en ce qui
concerne mes collaborateurs. On va de l'avant, autant sur le plan criminel avec
l'UPAC...
Le Président :
En terminant.
M.
Couillard : ...que sur le plan administratif.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le leader de l'opposition.
M. Bernard Drainville
M. Drainville :
M. le Président, c'est grave, quand un ministre est empêché de faire la lumière
sur les irrégularités qu'il observe
dans son propre ministère. Ce qu'il aurait dû obtenir, M. le Président, c'est
l'appui de son premier ministre. C'est
ça qu'il aurait dû obtenir, l'appui de son premier ministre. Et le premier
ministre, il a fait quoi? Quand il a su que le ministre des Transports voulait faire le ménage, il l'a tassé du chemin.
C'est ça qu'il a fait, M. le Président. Il aurait dû prendre ses
responsabilités. Est-ce qu'il a perdu...
Le
Président : M. le leader de l'opposition, deux choses. D'abord,
M. le leader de l'opposition, vous connaissez très bien notre règlement. Première chose, d'abord, vous devez croire la
parole de la personne à qui vous avez posé la question. Tous les membres
de cette Chambre, ici, on doit prendre leur parole, premièrement.
Deuxièmement,
on peut difficilement faire la démonstration que vous faites en accusant, en
fait, quelqu'un. Si vous voulez accuser quelqu'un, on peut le faire,
notre règlement le prévoit, mais il faudra suivre notre règlement.
M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président, je trouve ce genre d'insinuation odieuse,
personnellement, et je pense qu'on ne devrait jamais entendre ce genre
de chose là dans une Assemblée nationale.
On
est conscients des difficultés des arbitrages qu'il y a à faire dans la composition
d'un conseil des ministres. Et, je
répète encore une fois, M. le Président, ça n'a absolument rien à voir. Ce qui
est devant nous actuellement va être traité
avec beaucoup de sérieux, autant sur le plan administratif — et je désire, si possible et si elle le
déclare souhaitable, que la
Vérificatrice générale s'implique dans le processus — que sur le plan criminel. On vient de dire,
on vient d'entendre ici que toute
l'information a été déjà envoyée à l'UPAC au moment où on se parle. Alors, je
ne sais pas ce que veut l'opposition officielle. Comme d'habitude, c'est
le salissage, M. le Président.
Le
Président : Attention! M. le député de Mercier, en principale.
Stratégie du gouvernement pour
éviter les dépassements
de coûts au ministère des Transports
M. Amir Khadir
M. Khadir :
Merci, M. le Président. Ma question s'adresse principalement au ministre du
Transport. Je veux simplement porter à l'attention du public qui nous écoute
que, selon le plan d'investissements routiers 2016-2018 du ministère des Transports, on va injecter dans le
réseau 4,7 milliards de dollars en deux ans. Chaque pourcentage de dépassement de coûts représente donc à peu près
50 millions de dollars. Et on sait que, quand les processus sont truqués,
quand il y a de la corruption, quand il y a
de la collusion, suivant les données probantes de toutes les enquêtes dans
différents pays, c'est de 10 % à
35 % de surfacturation en général. Donc, vous imaginez, ça passe d'un
demi-milliard à 1,5 milliard, d'où l'importance de la chose. Je
rappelle au ministre que c'est le ministère qui a été le plus écorché par le
rapport Charbonneau, donc il ne peut pas prendre ces choses-là à la légère.
M.
François Beaudry, depuis 2003, donc ça fait déjà 13 ans que des alertes
ont été sonnées... J'espère, de sa part, qu'il peut me dire une
initiative sérieuse...
Le Président :
M. le ministre des Transports.
M. Jacques Daoust
M. Daoust : Oui. D'abord, M. le Président, on doit appliquer beaucoup de rigueur
dans les contrats, et je veux rassurer
le collègue député à l'effet que — et comme je l'ai dit tantôt — de façon générale, en moyenne, on économise
plus qu'on dépense. Il y a des dépassements,
on regarde toujours les dépassements, mais on ne regarde jamais l'économie
dans un dossier.
Je
répète encore une fois que, sur 21 553 — et c'est disponible sur le site Internet du
ministère — contrats
qui, entre 2009 et 2016, se sont terminés pour un coût de
8 694 000 000 $, 8,7 milliards, il y a eu une économie
brute de 519 millions, mais il y a eu
un dépassement net de 309. Le résultat net de tout ça, c'est qu'en moyenne,
dans les contrats, quand ils sont complétés au ministère des Transports, on ne
dépasse pas, on sous-dépense. Et il y a 200 millions qui sont
encore dans les poches des Québécois parce que, justement, on fait une gestion
rigoureuse des contrats.
• (10 h 40) •
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Mercier.
M. Amir Khadir
M. Khadir :
On pourrait se fier sur ces chiffres s'il n'y avait pas les informations très
compromettantes sur les pratiques qui
existent encore et qui sont de nature proprement scandaleuse après cinq ans
d'enquêtes publiques sur ces phénomènes.
Et je rappelle au ministre et au gouvernement qu'on est toujours en attente de
voir l'examen rapide du projet de loi sur les lanceurs d'alerte. Je rappelle
que tout ça ne se serait pas produit, on n'en serait pas là si on avait une loi
qui protégerait de manière appropriée les lanceurs d'alerte.
Le Président :
M. le ministre des Transports.
M. Jacques Daoust
M.
Daoust : Bien, encore une fois, vous savez, aujourd'hui, les lanceurs
d'alerte peuvent... et ça se fait. Ce qu'on voit actuellement, là, au
niveau des questions qui sont posées principalement ce matin au niveau du
ministère des Transports, ce qu'on voit, c'est que ce sont des gens qui ont
soulevé ces points-là. Et ce que nous répondons comme gouvernement, c'est que nous sommes ouverts, transparents. Nous voulons
régler ces problèmes-là s'ils existent. S'ils sont criminels, on a déjà transféré toute l'information à l'UPAC et,
s'ils sont de nature administrative, on a, encore une fois — et je
le répète — on
a la Vérificatrice générale, qui a un grand pouvoir d'enquête, et on a la
Commission de l'administration publique. Et, encore une fois... et je vous
invite à la rencontrer cet après-midi...
Le Président :
En terminant.
M. Daoust :
...la sous-ministre sera présente, M. le Président.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Mercier.
M. Amir Khadir
M. Khadir :
...la réserve et la prudence du ministre. C'est très compromettant pour son
gouvernement, mais il s'agit de
milliards de dollars de contrats publics. Je voudrais voir, de sa part, une
attitude un peu plus engageante, qu'il prenne la chose plus au sérieux.
Donc, je lui demande : Est-ce
qu'il est possible que le gouvernement soit d'accord avec nous pour une motion
pour que la commission des transports
entende la sous-ministre, l'ancien titulaire, et lui-même, et également le
responsable du comité qu'il a nommé pour que les parlementaires puissent
savoir si des actions énergiques seront entreprises?
Le Président :
M. le leader du gouvernement.
M. Jean-Marc Fournier
M.
Fournier : Juste pour permettre à notre collègue, d'une part,
de bénéficier de la rencontre cet après-midi avec la sous-ministre où quelques questions pourront
venir, mais je fais aussi référence à sa question précédente qu'il a posée
concernant les gestes qui avaient déjà été
posés, mon collègue a déjà eu l'occasion de parler du comité indépendant qui
supervise les appels d'offres et les vérifie, M. le Président, geste qui était
appelé par la commission Charbonneau.
Et je sais qu'il
vient d'aborder la question des lanceurs d'alerte, et je tiens à lui dire qu'il
est de l'intention du gouvernement de
déposer, probablement demain, des amendements au projet de loi, justement, pour
mettre en vigueur... ou, en tout cas, présenter à l'Assemblée la possibilité de
débattre pour mettre en vigueur la recommandation Charbonneau au sujet
des lanceurs d'alerte.
Le Président :
Principale, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
Présomption d'irrégularités dans
la gestion
des contrats du ministère des Transports
M. François Legault
M.
Legault : M. le Président, le premier ministre ne semble pas
prendre au sérieux les allégations de l'ancien ministre des Transports. C'est très grave, M. le Président, là. Ce que
l'ancien ministre des Transports nous dit, c'est : Un, il y a des problèmes d'organisation, où les gens
qui font la vérification de contrats, là, se font intimider par leurs patrons.
Deux, on nous dit que le ministère des
Transports donne des contrats à des anciens du ministère des Transports. Puis,
trois, il y a un système de comptabilité où les dépassements de coûts
sont dissimulés.
M.
le Président, dans sa lettre, l'ancien ministre des Transports dit :
«...avant le remaniement, j'avais demandé plusieurs réponses à des questions précises à la sous-ministre,
Mme Dominique Savoie, mais je suis obligé d'admettre qu'elle ne
m'est jamais revenue avec des réponses et a étiré le temps à outrance.»
Est-ce que le premier
ministre a toujours confiance à Mme Dominique Savoie?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président, d'abord, oui, je prends les choses très au sérieux,
autant sur le plan administratif que
sur le plan criminel. C'est pour ça que toute l'information est déjà dans les
mains de l'UPAC, c'est pour ça que j'espère qu'en plus de la vérification au ministère des Transports on aura
également, M. le Président, si elle le désire, la participation de la
Vérificatrice générale afin de faire la lumière sur toutes ces questions, et
toutes les informations requises seront transmises, c'est clair, M. le
Président.
Maintenant, je vais
réitérer mon entière confiance dans le titulaire actuel du ministère des
Transports, dont la sous-ministre est sous la responsabilité. Et peut-être
qu'avant de tirer à des conclusions, M. le Président...
Une voix :
...
M. Couillard : Oui, le sous-ministre, il est nommé par le premier ministre, oui, je
sais ça, mais le ministre des Transports
est en contact quotidien avec la sous-ministre et il m'assure de sa plus grande
confiance à son endroit. Je sais qu'on
n'aime pas le mot «confiance» de l'autre côté de la Chambre. Moi, j'aime
également le mot «justice». On va entendre la personne en commission parlementaire. Pourquoi ne va-t-il pas
lui-même en commission parlementaire questionner la sous-ministre?
Le Président :
Première complémentaire, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M. François Legault
M.
Legault : M. le Président, je sais qu'on a un premier ministre, là, qui aime
jouer à Ponce Pilate, mais c'est lui qui nomme les sous-ministres.
Des voix :
...
Le
Président :
Attention, attention, attention! Non. Je vais vous demander de retirer vos
derniers propos, votre commentaire, monsieur... Vous retirez vos... O.K.
M.
Legault : M. le Président, on a un ancien ministre des
Transports qui nous dit qu'il y a
des affaires croches au ministère des Transports, puis que c'est caché, d'une certaine façon. On ne
répond pas aux réponses... Mme Savoie ne répond pas aux questions.
M. le Président, est-ce que le premier ministre
va démettre Mme Savoie, oui ou non?
Le
Président : D'abord,
encore une fois, il faut faire attention à la façon dont on formule sa question.
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : La population a bien
compris que les questions n'ont rien à voir avec la saine administration publique, c'est une question de salissage puis de
vendetta personnelle qui est en train
de se produire actuellement. Ce n'est pas, M. le Président...
Des voix : ...
Le Président : Faites
attention, M. le premier ministre, faites attention.
Une voix : ...
Le Président : M. le leader
du deuxième groupe.
M.
Bonnardel :
Ce n'est pas nous qui avons écrit ce rapport, c'est l'ancien ministre des
Transports. Le premier ministre...
Le Président : Le premier
ministre va répondre à la question du chef du deuxième groupe d'opposition...
Des voix : ...
Le
Président : S'il vous plaît! Le premier ministre va répondre à
la question du deuxième groupe d'opposition. En lui demandant de faire
attention aussi au vocabulaire qu'il utilise.
Des voix : ...
Le
Président : S'il vous plaît! Non, non, non, arrêtez de vous
interpeler, d'un côté comme de l'autre. M. le premier ministre comprend
très bien ce que je veux dire.
M.
Couillard : ...pourquoi ne
pas s'en tenir aux faits? La sous-ministre sera présente en commission
parlementaire. Allez la questionner vous-même, le chef de la deuxième
opposition, s'il désire obtenir la lumière là-dessus.
Je tiens à dire cependant que la titulaire actuelle
du poste de sous-ministre aux Transports est une des hauts fonctionnaires les plus respectés de
l'administration publique du Québec. Mais je tiens à le répéter ici de mon
siège, s'il y a d'autres informations
qui nous disent autre chose, on en prendra acte, M. le Président. Mais ce n'est
pas le cas actuellement.
Le Président : En
complémentaire, M. le député de La Peltrie.
M. Éric Caire
M.
Caire :
M. le Président, ce n'est pas nous qui avons écrit cette lettre-là, c'est le
député de Marguerite-Bourgeoys, puis
ce qu'il dit, là, c'est qu'il y a des allégations très graves de ce qui se
passe au ministère des Transports. Ce qu'il dit, c'est qu'il a posé des questions, puis ce qu'il dit, c'est que
Mme Savoie s'est traîné les pieds pour ne pas lui répondre. Puis, ah! bizarrement, il a été changé de fonction
avant d'avoir les réponses. Mon Dieu, quel hasard! Puis nous, on va aller
questionner la reine de la non-réponse? Elle ne répond pas à un ministre, ça
fait qu'elle va venir nous répondre en commission parlementaire?
Est-ce que le premier ministre a confiance en
Mme Savoie, oui ou non?
Le Président : M. le leader
du gouvernement.
M. Jean-Marc Fournier
M.
Fournier : On fait
dire bien des choses à notre collègue de Marguerite-Bourgeoys, M. le Président.
D'abord, pas plus tard que ce matin,
il réitérait sa confiance dans le ministre actuel, il réitérait sa confiance dans
le premier ministre, dans l'UPAC, le
ministre actuel, qui donne suite... qui s'inscrit dans la même mouvance que le
collègue qui l'a précédé et qui fait
en sorte que les bonnes pratiques peuvent s'appliquer. Il a même, d'ailleurs,
dit tantôt que certaines des pratiques recommandées par Charbonneau ont
été faites depuis qu'il est en poste.
Pour
le reste, pour ce qui est des documents, ils ont été déposés. Je me permets
même, parce qu'on vient de recevoir un
autre rapport qui pourrait peut-être intéresser... Avec votre consentement, je
vais le déposer aussi, et ils auront l'occasion de demander des
questions s'ils veulent. S'ils ne veulent pas, ils peuvent ne pas le faire...
Le Président : En terminant.
M. Fournier : ...à la
sous-ministre directement. On ne peut pas être plus transparents M. le
Président.
Le Président : Est-ce qu'il y
a consentement pour le dépôt du document du leader du gouvernement?
Des voix : Consentement.
Document déposé
Le Président : Consentement.
Est-ce que j'ai une question? Principale, Mme la députée de Vachon.
Rapport relatif à l'audit des professionnels en conformité
des processus au ministère des Transports
Mme Martine Ouellet
Mme
Ouellet :
M. le Président, nous venons de prendre connaissance très, très rapidement du
rapport qui vient d'être déposé, rapport d'audit, Audit des
professionnels en conformité des processus, PCP, daté de décembre 2014, M. le Président. Décembre, donc assez surprenant
que l'ancien ministre et ancien policier n'ait pas reçu ce rapport, puisqu'il
était en place. Donc, il y a eu probablement...
j'imagine que ce rapport-là a été retenu. Mais on se rend compte, M. le Président, malgré les grandes envolées de
transparence des gens d'en face, on se rend compte, M. le Président, qu'il
nous manque des pages. Il nous manque des pages, on a une version censurée du
rapport.
Donc, il nous
manque les pages 5, 6, 7, 8 d'un rapport, M. le Président, de 14 pages,
excluant les annexes. Le rapport a 14 pages, il nous manque les pages 5,
6, 7, 8.
Que contiennent ces pages, M. le Président?
Pourquoi ces pages ont-elles été retirées?
• (10 h 50) •
Le
Président : S'il vous plaît! La question a été posée en
fonction de notre règlement et correctement. M. le ministre des
Transports.
M. Jacques Daoust
M.
Daoust : Oui. M. le Président, dans le rapport qui a été déposé, les
informations nominales ont été retirées, ce qui est normal dans un
dossier comme celui-là.
Ce que vous
avez besoin, c'est le résultat de l'enquête, le résultat des mesures qui ont
été prises parce que, justement, il y
a eu des questions qui ont été posées, il y a eu des réponses qui ont été
apportées, il y a eu des gestes qui ont été posés. Alors, on parle, justement, de la sous-ministre.
La sous-ministre a posé des gestes qui étaient importants, et ces gestes
qui étaient importants, là, ils venaient,
entre autres choses, probablement du temps où vous étiez au gouvernement parce
qu'on se souviendra que M. Denis Lessard a déjà écrit, le 11 février
2014 — je
pense que vous étiez au pouvoir à ce moment-là :
UPAC — Nouvelle
visite des enquêteurs chez Transports Québec. Je pense que le nouveau chef de l'opposition officielle était le ministre en titre à ce
moment-là. «Au cabinet du ministre des Transports Sylvain Gaudreault, on
confirme le passage des enquêteurs de l'UPAC.»
Alors, ce
n'est pas d'aujourd'hui qu'ils se posent des questions. Et qu'est-ce que vous
avez fait? Vous avez fait essentiellement
la même chose que nous autres. Vous avez fait enquête, puis vous vous êtes posé
des questions, puis vous avez demandé
à votre fonction publique de poser des gestes. Alors, ce n'est pas différent de
ce que nous faisons. Ce que nous faisons dans le moment...
Le Président : En terminant.
M.
Daoust : ...c'est agir de façon
transparente, de façon à être en
mesure d'éclaircir une situation. Et, s'il y a lieu de la corriger, on
le fera.
Le Président : Première
complémentaire, Mme la députée de Vachon.
Mme Martine Ouellet
Mme
Ouellet :
Oui, M. le Président. Écoutez, ce n'est pas des petits noms qui ont été noircis
comme dans d'autres pages, c'est des
pages complètes qui ont été enlevées, M. le Président, les pages 5, 6, 7, 8, M.
le Président. Que contiennent ces
pages? Pourquoi ont été enlevés... Ce n'est pas du caviardage, c'est de la
censure, M. le Président. Est-ce que le ministre s'engage à déposer les pages,
M. le Président, en pleine transparence, comme son premier ministre l'a exigé
et l'a demandé?
Des
voix : ...
Le Président :
S'il vous plaît! M. le ministre des Transports.
M. Jacques Daoust
M.
Daoust : Alors, M. le Président, simplement, c'est que ces pages-là...
Parce que, quand on a colligé le rapport ce matin, il a été caviardé pour des raisons d'informations nominales.
Maintenant, s'il y a lieu de déposer de façon plus large le rapport, soyez assurés qu'on va le faire,
je le répète, M. le Président, par souci de transparence. On n'a rien à cacher
dans ce dossier-là.
Le Président :
Alors, ceci met fin à la période de questions et de réponses orales.
Motions sans préavis
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Et nous en sommes à la rubrique
des motions sans préavis, et, en fonction de nos règles et de l'ordre de présentation, je cède la parole à Mme la
députée de Taschereau pour une motion sans préavis.
Mme
Maltais : Excusez-moi, M. le Président, j'ai un brin de
déférence pour le président, qui est en train de sortir.
Alors,
M. le Président, je sollicite le consentement des membres de cette Assemblée
afin de présenter, conjointement avec la députée de Montarville, la
motion suivante :
«Que
l'Assemblée nationale réitère que la liberté d'expression est fondamentale pour
le bon fonctionnement d'une société libre et démocratique;
«Qu'elle constate que
le projet de loi 59 fait peser un risque démesuré sur la liberté d'expression
par la judiciarisation des débats publics, et qu'il ne prévoit rien de concret
pour lutter contre la radicalisation de nos jeunes;
«Que l'Assemblée
nationale constate que les dispositions civiles encadrant la diffamation et les
dispositions criminelles interdisant le
discours incitant à la haine sont suffisantes pour protéger les minorités
québécoises contre la haine et la violence;
«Que l'Assemblée
nationale demande au gouvernement d'abandonner le projet de loi 59.»
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, Mme la députée
de Taschereau. Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
Des voix :
...
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Je n'ai pas compris, monsieur...
Des voix :
...
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Pas de consentement?
M.
Sklavounos :
Pas de consentement, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Très bien, pas de consentement. Je cède
maintenant la parole...
Des voix :
...
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : M. le député de Groulx? M. le
député de Groulx, pour une autre motion sans préavis?
Des voix :
...
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Il n'y en a pas? Très bien. Alors,
un membre du côté de l'équipe ministérielle, motion sans préavis? Il n'y en a pas non plus. Alors, Mme la députée de
Gouin, à vous la parole pour une motion sans préavis.
Mme
David (Gouin) : Merci, M. le Président. C'est rare que mon tour vienne
si vite. Je demande le consentement de la Chambre pour débattre de la
motion suivante :
«Que
l'Assemblée nationale prenne acte de l'explosion de la rémunération des hauts
dirigeants des plus grandes entreprises québécoises;
«Qu'elle
constate que la rémunération des patrons de certaines de ces entreprises
québécoises représente plusieurs centaines de fois le revenu moyen de
leurs employé-es, notamment le P.D.G. de Couche-Tard, dont la rémunération
représente 852 fois le revenu moyen de ses employé-es;
«Que l'Assemblée nationale presse le ministre
des Finances de mettre fin aux privilèges fiscaux de ces hauts dirigeants, notamment le traitement fiscal
privilégié de leurs gains en dividendes, de leurs gains en capital et de leurs
options d'achat d'actions.»
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Très bien. Alors, merci à vous, Mme la députée de Gouin. Y a-t-il consentement
pour débattre de cette motion, M. le leader adjoint du gouvernement?
M.
Sklavounos :
...consentement, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Il n'y a pas de consentement. Y
a-t-il d'autres motions sans préavis? S'il n'y a pas d'autre... M. le
whip en chef de l'opposition officielle.
Modifier la composition de
certaines
commissions parlementaires
M. Bergeron :
M. le Président, conformément à l'article 129 de notre règlement, je fais
motion afin :
«Que la députée de
Chicoutimi soit nommée membre de la Commission de l'administration publique;
«Que le député de Rimouski soit nommé membre de
la Commission de l'aménagement du
territoire en remplacement du député de Jonquière;
«Que
le député de Richelieu soit nommé membre de la Commission de l'économie et du
travail en remplacement du député de Verchères;
«Que la députée de
Pointe-aux-Trembles soit nommée membre de la Commission des finances publiques
en remplacement du député de Gaspé;
«Que
le député de Rimouski soit nommé membre de la Commission des relations avec les
citoyens en remplacement du député de Richelieu;
«Que ces changements
prennent effet immédiatement.»
Mise aux voix
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Très bien. Alors, cette motion est-elle adoptée?
Des voix :
Adopté.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Adopté.
S'il
n'y a pas d'autre motion sans préavis, pour les avis touchant les travaux des
commissions, M. le leader adjoint du gouvernement, pour les avis des
commissions.
Avis touchant les travaux des
commissions
M.
Sklavounos : Merci, M. le Président. J'avise cette Assemblée
que la Commission des institutions poursuivra l'étude détaillée à l'égard du projet de loi n° 64, Loi sur
l'immatriculation des armes à feu, aujourd'hui, après les affaires
courantes jusqu'à 12 h 30, à la salle Louis-Joseph-Papineau;
Cette
même commission poursuivra l'étude détaillée à l'égard du projet de loi
n° 59, Loi édictant la Loi concernant la prévention et la lutte contre les discours haineux et les discours
incitant à la violence et apportant diverses modifications législatives
pour renforcer la protection des personnes, aujourd'hui, de 15 heures à
18 heures, à la salle Louis-Joseph-Papineau;
La
Commission de l'économie et du travail poursuivra l'étude détaillée à l'égard
du projet de loi n° 70, Loi visant à permettre une meilleure
adéquation entre la formation et l'emploi ainsi qu'à favoriser l'intégration en
emploi, aujourd'hui, après les affaires
courantes jusqu'à 13 heures et de 15 heures à 18 heures, à la
salle Louis-Hippolyte-La Fontaine;
La
Commission de l'aménagement du territoire, quant à elle, poursuivra l'étude
détaillée à l'égard du projet de loi
n° 83, Loi modifiant diverses dispositions législatives en matière
municipale concernant notamment le financement politique, aujourd'hui,
de 15 heures à 18 heures, à la salle du Conseil législatif;
Et
finalement la Commission
de la santé et des services sociaux
entreprendra l'étude détaillée à l'égard du projet de loi n° 81, Loi
visant à réduire le coût de certains médicaments couverts par le régime général
d'assurance médicaments en
permettant le recours à une procédure d'appel d'offres, aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à
13 heures, à la salle du Conseil législatif. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Merci à vous, M. le leader adjoint du
gouvernement. Pour ma part, je vous avise que la Commission de l'administration
publique se réunira aujourd'hui, à la salle des Premiers-Ministres de l'édifice Pamphile-Le May, en séance
de travail, après les affaires courantes, et ce, jusqu'à 13 heures, afin de
préparer l'audition du ministère des Transports, de la Mobilité durable et de
l'Électrification des transports; en audition
publique, de 15 heures à 18 heures, afin d'entendre ce dernier sur la
gestion administrative et les engagements financiers du ministère des
Transports et en suivi du chapitre 5 du rapport du Vérificateur général de
l'automne 2015 intitulé Réseau routier : inspection et planification de
l'entretien des structures; enfin, en séance de travail, de 18 heures à 18 h 30, afin de statuer sur les
observations, les conclusions et les recommandations à la suite de cette audition.
À la rubrique, maintenant,
Renseignements sur les travaux de l'Assemblée.
Affaires
du jour
Alors,
la période des affaires courantes étant terminée, nous allons maintenant
passer aux affaires du jour. Pour la suite des choses, M. le leader
adjoint du gouvernement.
M.
Sklavounos :
Oui. Merci, M. le Président. Je vous demanderais d'appeler l'article 12 de
notre feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi n°
97
Adoption du principe
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Article 12 du feuilleton. M. le ministre
responsable de l'Administration gouvernementale et de la Révision permanente des programmes et
président du Conseil du trésor propose l'adoption du principe du projet de loi n° 97, Loi modifiant certaines lois instituant des
régimes de retraite applicables aux employés du secteur public.
Or, je vois que le ministre
des Finances est debout. Je vous cède la parole, M. le ministre des Finances.
M. Carlos J. Leitão
M. Leitão :
Merci, M. le Président. Alors, messieurs, mesdames, bonjour. Le projet de loi n° 97,
que je vous présente aujourd'hui, revêt un caractère particulier. Il vise à donner suite aux ententes
conclues en matière de retraite entre le gouvernement du Québec et les principaux syndicats représentant des
centaines de milliers d'employés des secteurs public et parapublic.
• (11 heures) •
En effet,
dans le cadre des récentes négociations collectives, le gouvernement et les syndicats
se sont entendus sur des modifications à apporter au Régime de retraite des employés du gouvernement et des organismes publics, mieux connu sous le nom de RREGOP. Ce régime existe depuis 1973 et vise plus de
90 % des employés de l'État. Son financement est assuré à parts égales
par le gouvernement et les employés.
Comme
tous les autres régimes de retraite,
le RREGOP fait face à différents enjeux liés, entre autres, à la démographie, à l'économie et aux marchés
financiers. Sa santé financière actuelle peut paraître bonne à court terme.
Cela dit, l'augmentation de l'espérance de vie est plus marquée que prévu, la diminution des
taux d'intérêt ainsi que l'incertitude quant aux rendements susceptibles d'être réalisés
sur les marchés financiers augmentent la pression sur le financement du RREGOP.
Une
gestion responsable d'un régime de retraite exige une vigilance constante face
à ces risques et invite à agir sans
attendre une dégradation trop avancée de sa situation financière. Les modifications proposées... pardon, les modifications
négociées permettront d'ajuster certains
bénéfices importants au RREGOP pour tenir compte du contexte
démographique et financier contemporain. Cela s'inscrit dans une volonté
de mieux gérer les risques et devrait contribuer à assurer la pérennité de ce
régime à long terme.
Alors,
premièrement, le projet
de loi vise à faire passer le critère
d'âge de la retraite sans réduction de 60 à 61 ans au 1er juillet 2019. De plus, le projet de loi vise à introduire un nouveau critère d'admissibilité à la retraite sans
réduction. Ainsi, les participants
dont la somme de l'âge et des années de service aux fins d'admissibilité totalisera
au moins 90 pourront se prévaloir d'une retraite sans réduction, à
condition d'avoir minimalement 60 ans d'âge.
Deuxièmement, il est proposé de majorer de 4 % à 6 % la réduction
applicable lors de la prise de retraite anticipée. Il s'agit d'une réduction qui s'applique pour chaque
année précédant l'attente d'un critère de retraite sans réduction. Cette
réduction se rapprocherait davantage
du coût réel de l'anticipation de la rente de retraite pour les participants
qui désirent quitter plus tôt.
Troisièmement, le
nombre maximal d'années de service créditées aux fins du calcul de la retraite
passerait graduellement de 38 à 40. Cette
mesure de rétention permettait aux employés d'expérience... voulant, pardon,
prolonger leur carrière d'y retrouver un avantage financier additionnel.
Quatrièmement,
certaines des modifications proposées visent à ajouter l'utilisation de la
banque de congés de maladie parmi les modes
de paiement autorisés pour tous les types de rachat, et ce, dans la mesure où
les conditions de travail le permettent.
Ce projet de loi
contient également des modifications transitoires et de concordance nécessaires
à sa mise en oeuvre et assurant l'administration cohérente des
régimes de retraite. Ainsi, des ajustements de concordance sont proposés à la Loi sur le régime de retraite du personnel
d'encadrement — le
RRPE; à la Loi sur le régime de retraite des fonctionnaires — le
RRF; à la Loi sur le régime de retraite des enseignants — le
RRE; et à la Loi sur le régime de retraite de certains enseignants — le
RRCE. À l'égard du RRPE, certains participants à ce régime peuvent, dans
certaines circonstances, demeurer visés par
les dispositions équivalentes à celles du RREGOP. Il s'agit des dispositions régissant l'admissibilité à la retraite et à la prise d'une
retraite anticipée. Comme le projet de loi propose de modifier ces dispositions
pour les participants du RREGOP, des
modifications de concordance doivent être apportées à la Loi sur le RRPE. Pour
les trois autres régimes, le RRF, le
RRE et le RRCE, il s'agit de trois régimes fermés n'accueillant pas de nouveau
participant mais pour lesquels certaines dispositions doivent évoluer en
concordance avec celles du RREGOP.
Le projet de loi prévoit également des
dispositions transitoires pour les participants ayant débuté ou désirant débuter des ententes de la mise à la retraite de
façon progressive. Ces dispositions feront en sorte que, sous réserve de
certaines conditions,
des participants ayant déjà entamé une réduction de leur temps de travail en
prévision de la retraite ne seraient pas touchés par les modifications
proposées.
Enfin, le
projet de loi contient une modification qui ne découle pas des négociations
collectives mais qui est apparue nécessaire
dans les circonstances. Pour certains participants du Régime de retraite de
l'administration supérieure — le RRAS — provenant des secteurs de l'éducation ou de
la santé et services sociaux, le calcul de la rente de retraite devrait tenir compte de leur participation au RREGOP avant
leur adhésion au RRAS. Or, il existe présentement un décalage entre le texte
légal et ce principe reconnu par les parties qui est mis en pratique par l'administrateur du régime. Ainsi, le projet
de loi propose de valider l'utilisation des
dispositions du RREGOP pour le calcul de la rente liée aux années de service
accomplies dans ce régime.
Alors, en terminant, M. le Président, je réitère
que l'objectif premier de ce projet de loi est de traduire au plan législatif
le résultat des ententes intervenues entre le gouvernement et les principaux
syndicats des secteurs public et parapublic.
Avec ces ententes, les deux parties ont fait des compromis pour finalement
s'entendre sur l'importance de travailler
ensemble de façon proactive pour assurer la pérennité du RREGOP. Il revient
maintenant à nous, aux parlementaires,
d'examiner la mise en oeuvre de ces ententes et il me fera plaisir de
collaborer avec mes collègues de l'Assemblée nationale dans cet
exercice.
Merci de votre attention.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le
ministre des Finances, pour cette intervention. Je vois que le député de
Beauharnois est debout, porte-parole de l'opposition officielle pour ces
matières. Alors, je lui cède la parole. M. le député.
M. Guy Leclair
M.
Leclair : Merci beaucoup, M.
le Président. Alors, bien entendu, M. le Président, le projet de loi
n° 97, le titre le dit bien, la
loi modifiant certaines lois. Donc, on sait qu'en matière de retraite, dans le
projet de loi n° 97, on touche les
retraités de plusieurs régimes, de tout ce qui est appareil gouvernemental,
donc, bien entendu, il y aura un travail de concordance avec les avocats et
aussi les représentants syndicaux parce qu'on va devoir modifier un paquet de
règles.
Tel que
spécifiait le ministre, le projet de loi n° 97, de ce qu'on entend en ce
moment de la part des deux parties, semble
être un... excusez l'anglicisme, mais un genre de «win-win deal». Les gens ont
cédé certaines choses, le gouvernement donne
d'un autre côté, mais, bien entendu, je crois qu'à la fin de la journée le
projet de loi... n° 97, pardonnez-moi, va quand même atteindre les
buts visés autant de la part du patronal que des représentants des
travailleurs.
Alors, tel
que spécifiait le ministre, sans vouloir répéter toute la nomenclature qu'il y
a dans le projet de loi n° 97, M.
le Président, si on y va avec les grands thèmes de ce projet de loi là, on sait
que souvent, lorsqu'on négocie des conventions collectives, il y a
certains endroits qui bénéficient de ce qu'on appelle le chiffre magique, qui
est une accumulation de la séniorité plus l'âge qui donne un certain chiffre
magique pour avoir le droit à quitter à sa retraite sans pénalité. Alors, dans le projet de loi n° 97, on apporte ça au
gouvernement, puis je pense que tout le monde est satisfait de ce bout-là. C'est sûr que le chiffre magique
sera de 90, à d'autres endroits c'est 85. On parle, à Hydro-Québec, que le
chiffre magique est 85. Bien entendu, c'est
un premier pas, mais moi, je pense que le chiffre magique donne la chance
à des gens qui peuvent avoir entré un peu
plus tard dans un emploi, même s'ils n'ont pas entré à l'âge de 20 ans... mais
ça donne une possibilité parfois,
avec le chiffre magique, d'atteindre une retraite à un moment donné sans avoir
de pénalité.
Alors, le
principe premier de ça est, bien entendu, le chiffre magique. Encore là, le
ministre nous expliquait dans ses
mots la retraite anticipée. Bien là, on passe d'une pénalité qui était, dans le
passé, à 6 %, on avait... une pénalité à 4 %, on revient à 6 %. Lorsque je parle, M. le
Président, d'un «win-win deal», bien, ici, on va être pénalisé un petit peu
plus : tel que c'était
auparavant, on remonte à 6 %, mais les deux parties semblent s'avoir
entendues. Bien entendu, M. le Président, lors de l'article par article, on posera plusieurs questions au ministre
pour s'assurer que les gens... parce qu'on parle ici de concordance avec les autres lois des régimes de
retraite, mais je ne suis pas convaincu, moi, que toutes les conventions
collectives qui ont été négociées
dernièrement prévoyaient toutes ces modifications-là. Alors, j'ose espérer
qu'autant la partie de l'employeur
que les représentants des travailleurs auront une ouverture pour apporter des
lettres d'entente pour s'assurer que
c'est concordant avec les conventions collectives existantes dans tous les
régimes, parce qu'on parle ici de plusieurs régimes qui y seront
affectés.
• (11 h 10) •
Alors, pour
la retraite anticipée, on remonte à une pénalité de 6 %. Bien entendu, il
y aura une possibilité de cumuler. En
ce moment, le maximum est à 38 ans de service, on remonte la barre jusqu'à 40
ans de service. Alors, le projet de loi prévoit ça puis le rachat de service, qui est une ouverture de la part
du ministre, puis je pense qu'il peut être un certain avantage pour les employés. Donc, les journées de
maladie qui auront été cumulées... on sait que, dans l'appareil gouvernemental, on peut cumuler nos congés de
maladie, donc ces congés de maladie là qui n'ont pas été utilisés pourront
être rachetés sous forme d'années de service, alors c'est un autre gain
possible.
Alors, M. le
Président, pour conclure, nous sommes en faveur du principe du projet de loi
n° 97. On s'était entendus qu'il
n'y aurait pas de groupes qui viendraient déposer des mémoires ou on
n'entendrait pas des groupes spécifiques. Alors, on aura plusieurs questions à demander au ministre pour vraiment
comprendre le point de vue du projet de loi puis s'assurer aussi qu'on ait cette ouverture-là pour donner la
possibilité aux représentants des travailleurs de modifier, soit par lettre
d'entente, leurs conventions collectives
pour s'assurer que les lois applicables seront possibles dans leurs dites
conventions collectives. Puis un
autre fait à remarquer de la part du ministre, de dire : Dans plusieurs
des contextes que nous modifions, l'entrée
en vigueur n'est pas à la date que le projet de loi sera adopté. On a prévu
plusieurs dates justement pour donner la possibilité aux gens de s'ajuster lors du
départ à la retraite. Alors, ça part de certaines lois où certains articles
vont être applicables à partir de
2019, 2018, 2020, et donc ça n'est pas à la date d'entrée en vigueur du projet
de loi. Alors, j'imagine que ces bouts-là
ont été de connivence avec l'employeur et la portion patronale pour s'assurer
justement que ça soit efficace et que personne n'en soit pénalisé.
Alors,
il me fera plaisir de questionner le ministre à l'article par article, mais,
bien entendu, M. le Président, comme vous pouvez suivre les travaux de
ce projet de loi là, il y aura peut-être 75 % du projet de loi qui ne sera
que de la concordance vu qu'on touche à plusieurs régimes de retraite. Je vous
remercie, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député de
Beauharnois, pour cette intervention. Je cède la parole maintenant à M.
le député des Chutes-de-la-Chaudière, porte-parole en pareilles matières pour
la deuxième opposition. M. le député.
M. Marc Picard
M. Picard :
Merci, M. le Président. Je prends tout d'abord un moment pour saluer le
ministre des Finances, responsable du projet
de loi n° 97, et également je salue le porte-parole de l'opposition
officielle, le député de Beauharnois, ainsi
que tout le personnel politique, administratif ou membre de la fonction
publique ayant participé à sa rédaction. Je veux également prendre un moment pour saluer les syndicats qui, à
travers les négociations et leur adoption de mesures, ont contribué à façonner ce projet de loi. En
effet, le projet de loi n° 97 est le fruit des ententes signées entre les
membres des différents pans de la
fonction publique et parapublique et le gouvernement à l'issue des dernières
négociations sur les conventions collectives.
Le
projet de loi, en principe, fait donc pleinement consensus. Le gouvernement et
les gens de Retraite Québec ont traduit ces ententes dans un projet de
loi afin de les mettre en oeuvre, soit le projet de loi n° 97.
Le projet de loi fait
un certain nombre de choses conformément aux souhaits des travailleurs qui ont
participé aux négociations. Les mesures
visent à mettre en oeuvre des éléments d'assouplissement qui ouvriront de
nouveaux horizons aux travailleurs en matière de retraite. Il vise
également à assurer la pérennité des régimes face à l'augmentation de l'espérance de vie. Comme on le sait, il s'agit
d'une variable importante dans l'évaluation actuarielle de la santé financière
des régimes et, au-delà de même, dans la
réalité concrète des moyens des régimes d'assurer des retraites dignes de ce
nom au plus grand nombre de travailleurs.
En
premier lieu, le projet de loi permet aux participants d'accumuler deux années
de service de plus, portant ainsi ce
plafond à 40 années. Ce faisant, le gouvernement, en collaboration avec les
unités syndicales, contribue à allonger la durée du service du
personnel, le tout en phase avec l'allongement de l'espérance de vie.
En second lieu, et
suite aux négociations avec les unités syndicales, le gouvernement permet aux
travailleurs d'acheter des années de service
à partir des congés de maladie cumulés. Ces rachats sont essentiellement à coût
nul pour le gouvernement et pourront
contribuer, même marginalement, à ce que le lien d'emploi corresponde davantage
à la réelle présence au travail en
fin de carrière, rendant ainsi un peu
plus facile la gestion des ressources
humaines à travers cette
période de transition.
Le
troisième élément, M. le Président, de ce projet
de loi fait passer l'âge de retraite
de 60 à 61 ans. En échange de ce
changement, on instaure un nouveau critère de retraite. Grâce à ce changement,
un travailleur d'au moins 60 ans qui cumule 90 ans d'âge et d'années de service cumulés
pourra partir à la retraite sans être inquiété par des pénalités. À ce propos, on fait d'ailleurs passer les pénalités de 4 % à 6 % par année de
retraite la pénalité pour une retraite avant l'âge de retraite prévu.
Cela ramène la pénalité au niveau qui prévalait, M. le Président, en 1996. Il
s'agit également d'une convention à laquelle
autant le gouvernement que la partie syndicale ont acquiescé. Cette façon de
faire aura pour effet de contribuer à
assurer la pérennité des régimes de retraite, puisque ce taux tient davantage
compte de l'augmentation de l'espérance de vie des participants, ainsi
que le coût réel de cette mesure pour les régimes.
Le
projet de loi vient aussi harmoniser le texte de loi sur les régimes de
retraite des employés du gouvernement et
des organismes publics, ce qu'on appelle habituellement le RREGOP, avec les
pratiques déjà en cours lors du passage d'un employé cotisant au régime vers un régime de l'administration
supérieure sans passer par les employés-cadres. Ce genre de passage,
bien que déjà bien normé dans la pratique, était légiféré d'une manière erronée
et doit être ajusté, M. le Président.
M.
le Président, en terminant, ce n'est pas le premier projet de loi que nous
avons à étudier à l'Assemblée nationale concernant les régimes de
retraite. Ces projets de loi hautement techniques sont généralement adoptés avec
célérité, puisqu'ils reflètent la volonté de
tous les intervenants impliqués dans le dossier. J'espère, M. le Président, que
ce projet de loi ne fera pas exception. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député des
Chutes-de-la-Chaudière.
Mise aux voix
Y
a-t-il d'autres intervenants sur le principe du projet de loi n° 97?
Sinon, le principe du projet de loi n° 97, Loi modifiant certaines
lois instituant des régimes de retraite applicables aux employés du secteur
public, est-il adopté?
Des voix :
Adopté.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Adopté. M. le leader adjoint du gouvernement.
Renvoi à la Commission des
finances publiques
M.
Sklavounos : Oui, M. le Président. Conformément à l'article
243 de notre règlement, je fais motion afin que ce projet de loi soit
déféré à la Commission des finances publiques pour étude détaillée.
Mise aux voix
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Cette motion est-elle adoptée?
Des voix :
Adopté.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Adopté. Pour la suite des choses, M. le leader
adjoint du gouvernement.
M.
Sklavounos :
Oui. Je vous demande d'appeler l'article 23 de notre feuilleton, M. le
Président.
Projet de loi n° 88
Prise en considération du rapport de la
commission qui en a fait l'étude détaillée
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, à l'article 23 du
feuilleton, l'Assemblée prend en considération le rapport de la Commission des finances publiques sur le
projet de loi n° 88, Loi sur le développement de l'industrie des boissons
alcooliques artisanales.
M. le ministre des
Finances, vous êtes debout, je vous cède la parole à nouveau.
M. Carlos J. Leitão
M.
Leitão : À nouveau. Merci beaucoup, M. le Président. Alors, la
Commission des finances publiques ayant déposé son rapport sur l'étude détaillée du projet de loi n° 88, Loi
sur le développement de l'industrie des boissons alcooliques
artisanales, nous amorçons aujourd'hui le dernier droit de notre travail
législatif. Nos échanges ont été constructifs et nous ont permis de clarifier
et de bonifier certains aspects du projet de loi. Je suis convaincu que nous
partageons le même objectif, celui d'aider au développement des producteurs
artisanaux en leur fournissant un cadre législatif adapté aux réalités
d'aujourd'hui.
C'est un secteur qui a beaucoup évolué au cours
des dernières années, et ce projet de loi constitue une première étape dans la
modernisation de l'encadrement législatif et réglementaire de cette industrie.
L'industrie québécoise des boissons alcooliques artisanales est en
croissance et contribue, par le fait même, au développement économique de plusieurs régions du Québec. Le Québec produit
annuellement environ 750 000 litres de vin, ce qui reste bien modeste
par rapport aux 160 millions de litres
de vin vendus au Québec et illustre bien la compétition à laquelle nos
producteurs doivent faire face.
En adoptant ce projet
de loi, le gouvernement permettra donc aux producteurs de vins artisanaux
québécois d'avoir accès aux épiceries et
dépanneurs du Québec. Je tiens à souligner que nous avons d'ailleurs adopté un
amendement au projet de loi n° 88 qui permettra aux producteurs
québécois d'afficher les cépages et appellations d'origine sur les bouteilles vendues en épicerie. Parallèlement, une
nouvelle classe de permis et de production artisanale de spiritueux sera
établie afin de permettre aux titulaires d'opérer leurs propres installations
de distillation.
• (11 h 20) •
Le
projet de loi n° 88 crée également un permis de coopérative de producteurs
artisanaux... artisans, pardon, qui permettra
aux producteurs de valoriser leurs résidus de production. Ils pourront donc partager les coûts de distillation tout
en diversifiant leur production et en
améliorant leur compétitivité. Bien
entendu, le gouvernement s'assurera de la protection des
consommateurs en exigeant que toutes les boissons alcooliques soient d'abord
analysées par la Société des alcools
du Québec ou un laboratoire reconnu par celle-ci. La Régie des alcools, des courses et des jeux s'assurera du respect des normes visant à
garantir aux consommateurs la qualité de ces produits.
Nous
avons également adopté un amendement qui permettra de préciser par règlement
les exigences des matières premières qui entrent dans la composition du
vin artisanal, soit exiger une composition d'au moins 85 % de matières premières québécoises, dont 50 % provenant du
producteur lui-même, tel que le prévoit la directive actuelle de la RACJ.
À partir du millésime 2022, exiger une composition faite de 100 % de
matières premières québécoises.
Enfin,
le projet de loi n° 88 habilite les titulaires de permis de producteur
artisanal de bière à vendre leur production sur les... pardon, sur les lieux de fabrication pour consommation dans
un autre endroit. Ainsi, les consommateurs pourront déguster ces bières
artisanales à la maison.
Alors,
en conclusion, M. le Président, le projet de loi n° 88 répond aux attentes
exprimées depuis plusieurs années déjà
par les producteurs et modernise notre législation. Notre gouvernement veut
soutenir ces artisans, qui offrent des produits distinctifs de très
grande qualité, et nous sommes déterminés à les appuyer dans leur
développement.
Alors, voilà, je vous
demande donc de prendre en considération le projet de loi n° 88 afin que
nous puissions proposer son adoption dans les meilleurs délais. Merci, M. le
Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le
ministre des Finances, pour cette intervention. Je cède la parole
maintenant à M. le député de Rousseau, porte-parole en matière de finances pour
l'opposition officielle.
M. Nicolas Marceau
M. Marceau :
Merci, M. le Président. Il me fait plaisir d'intervenir pour la prise en
considération du rapport de notre commission sur le projet de loi
n° 88.
M. le
Président, les travaux qui ont été menés dans le cadre de la Commission des
finances publiques l'ont été dans une
atmosphère tout à fait constructive. Il est arrivé, comme il n'arrive pas tout
le temps, que le ministre était ouvert aux
suggestions, et je pense que ça a donné un excellent résultat. Je suis heureux,
je dois le dire, du résultat, heureux, bien sûr, pour les producteurs artisanaux du Québec, qui vont avoir droit à
un accès plus grand au marché, qui vont être capables, dans le cas des producteurs de vins, de vendre à
l'épicerie sans passer par la SAQ, pour les producteurs de bière, qui vont
être capables de vendre pour emporter sur
les lieux de fabrication, et puis pour les producteurs d'alcool et de
spiritueux, qui vont être capables de vendre pour consommation sur
place.
Alors, c'est
un élargissement par rapport à l'état actuel, par rapport au statu quo. Cet
élargissement, je crois qu'il est
bienvenu, il correspond à la demande des consommateurs québécois. Les
consommateurs québécois veulent consommer des produits du Québec, et je crois qu'il est tout à fait opportun de
répondre à cette demande, à ce besoin. On comprend qu'il y a présentement un engouement des Québécois
pour les produits du terroir, les produits de chez nous, et il est très
bien qu'on fasse en sorte que cet accès soit facilité.
Deux points
que j'aimerais soulever qui m'ont particulièrement fait plaisir. Le premier,
c'est la possibilité de mettre sur
les étiquettes les indications de cépage et de millésime. Je crois que ça va
dans le sens, justement, de ce désir des Québécois d'en savoir plus sur ce qu'ils consomment. Et on
était, M. le Président, dans un monde assez curieux où absolument tout le
monde a été d'accord avec la proposition de
permettre l'étiquetage. En fait, il ne s'est pas trouvé une personne pour dire
qu'il n'était pas d'accord. Et pourtant ça
durait comme ça probablement depuis de très, très... enfin, depuis de très,
très nombreuses années, mais, encore
une fois, il ne s'est trouvé personne pour nous dire que ce n'était pas une
bonne idée. Alors, très heureuse initiative, je pense, qui va, encore
une fois, répondre à la demande des Québécois d'avoir plus d'informations sur
ce qu'ils consomment.
Il y a aussi
la question de la définition de ce qu'est un produit québécois, en particulier
dans le secteur du vin. Le ministre a
évoqué, là, l'amendement qui a été introduit dans le projet de loi qui
correspond précisément à ce que j'avais demandé, c'est-à-dire à ce qu'il y ait une espèce de période de quelques
années pendant laquelle on permettrait aux producteurs de continuer à produire selon les règles
actuelles, là, les règles du 85 %-15 %, qui ont été précisées par le
ministre, mais qu'en 2022 ou, en tout
cas, à une date ultérieure — dans ce cas-ci, la date qui a été choisie,
c'est 2022 — bien on
passe véritablement à des produits
100 % québécois de façon à répondre, encore une fois, à cette demande des
consommateurs du Québec de pouvoir
consommer des biens dont ils ont l'assurance qu'ils sont bel et bien des
produits québécois. Donc, on passe au
100 % québécois en 2022. Je crois qu'il s'agit d'une période qui va
permettre à nos producteurs de s'ajuster, et de s'adapter, et de planter, même, dans certains cas, des vignes pour
pouvoir, en 2022, être prêts pour cette exigence du 100 %. Alors, moi, ça me semble bien raisonnable. Je suis
très content que ça apparaisse dans le projet de loi et je félicite encore
une fois le ministre pour son ouverture là-dessus. Je pense que c'était le
choix le plus judicieux.
Ça me permet
de terminer sur une note légèrement moins positive, et, en fait, ce n'est pas
concernant le projet de loi
n° 88, c'est plus pour la suite des choses. Le ministre, en commission
parlementaire, a évoqué des travaux qui sont menés quant à une révision du modèle d'affaires de la SAQ. C'est très
large comme affirmation. Moi, je le mets en garde quant à la possibilité
d'augmenter la part du secteur privé dans la distribution d'alcool au Québec,
donc, pour dire les choses simplement, je le mets en garde de vouloir
privatiser encore un peu plus ce que la SAQ fait, pour plein de raisons — et je ne veux pas faire le débat avec vous
aujourd'hui, M. le Président — pour plein de raisons. Moi, je pense qu'on a élargi un peu dans le projet de loi
n° 88, c'était bien, c'était correct, c'était judicieux puis ça
correspondait à la demande des Québécois. Moi, je ne voudrais pas qu'on
aille plus loin.
Puis je vais
simplement nommer un problème auquel pourrait mener un élargissement plus grand
de la privatisation, et c'est la question de la santé publique, la
question de la santé publique, qui est importante. La raison pour laquelle, M. le Président, traditionnellement, les États
sont engagés dans la distribution d'alcool, ce sont des raisons de santé
publique, parce que la démonstration a été faite que les distributeurs
étatiques assurent un meilleur contrôle de la distribution d'alcool, s'assurent qu'effectivement l'alcool ne
tombe pas entre de mauvaises mains et, plus généralement, s'assurent aussi que les prix correspondent... les prix
soient tels qu'on ne favorise pas la surconsommation d'alcool. Ces arguments-là
sont démontrés à la fois dans la littérature
actuelle en santé publique et, quand on y regarde de plus près, dans l'histoire
de la distribution d'alcool, en particulier en Amérique du Nord. C'est plutôt
bien démontré.
De notre
côté, encore une fois, on accueillait positivement le projet de loi n° 88,
mais je vous dis clairement que, pour
des raisons de santé publique et d'autres raisons de nature plus économique, on
n'est pas très ouverts à ce que la suite des choses comporte un autre
élargissement de la vente d'alcool au secteur privé.
Alors, c'est
ce que je voulais vous dire, M. le Président. Je vous annonce d'ores et déjà
que nous allons appuyer la prise en considération du rapport. Merci.
Mise aux voix du
rapport
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, merci, M. le
député de Rousseau. Y a-t-il d'autres intervenants sur la prise en considération du rapport de la
Commission des finances publiques? Sinon, le rapport de la Commission des finances publiques
portant sur le projet de loi n° 88, Loi sur le développement de
l'industrie des boissons alcooliques artisanales, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Adopté. Pour la suite des choses, M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Sklavounos : Oui, M. le Président. Auriez-vous l'amabilité
d'appeler l'article 25 de notre feuilleton, s'il vous plaît?
Projet de loi
n° 76
Adoption
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, merci, M. le
leader adjoint du gouvernement. À l'article 25 du feuilleton, M. le ministre des Transports, de la
Mobilité durable et de l'Électrification des transports propose l'adoption
du projet de loi n° 76, Loi modifiant
principalement l'organisation et la gouvernance du transport collectif dans la
région métropolitaine de Montréal. Alors, M. le ministre des Transports,
je vous cède la parole.
M. Jacques Daoust
M.
Daoust : Merci, M. le Président. Je soumets à cette Assemblée le
projet de loi n° 76, intitulé Loi modifiant l'organisation et la gouvernance du transport collectif dans la région
métropolitaine de Montréal, en vue de son adoption.
À cette étape
ultime, je désire remercier à nouveau l'ensemble de mes collègues députés, qui
ont formulé plusieurs propositions
pertinentes au cours de ce long processus qui nous a menés à la présentation du
projet de loi le 12 novembre 2015
jusqu'à aujourd'hui. De même, j'aimerais également exprimer ma gratitude à
l'endroit des organisations qui ont participé
aux consultations particulières. Je crois que nous pouvons tous, à juste titre,
nous réjouir de la qualité du travail accompli.
• (11 h 30) •
Ce projet de loi propose des changements majeurs
par rapport aux structures et aux modes de fonctionnement actuels, car, de l'avis de notre gouvernement de même que la grande majorité des intervenants de la région
métropolitaine, le modèle que nous avons connu jusqu'à présent ne répond
plus aux besoins.
Pour s'en
convaincre, il suffit de songer qu'au
moment où je vous parle il existe
16 autorités organisatrices de transport collectif qui desservent
le territoire de la Communauté métropolitaine de Montréal, elle-même composée
de 83 municipalités.
Chacune a son plan de transport collectif et ses priorités d'interventions, pas
nécessairement convergentes, et qui entrent parfois même en
contradiction. Enfin, une dernière donnée ahurissante : on dénombre, dans
la grande région de Montréal, pas moins de 535 titres de transport
différents. Vous conviendrez donc avec moi qu'une nouvelle vision s'impose.
Voilà pourquoi
le gouvernement a proposé de ramener le nombre d'organismes en
transport collectif de 16 à cinq. Les
cinq organismes seraient la société de transport de Laval, Longueuil et Montréal, qui conservaient leurs responsabilités en
matière d'exploitation des services sur leurs territoires respectifs, ainsi que
de deux nouvelles entités, soit l'Autorité régionale de transport métropolitain, l'ART, qui serait notamment
responsable de la planification, du financement et du cadre tarifaire, ainsi que le Réseau de transport
métropolitain, le RTM, qui serait, pour sa part, chargé de l'exploitation
des trains de banlieue et des services d'autobus sur le territoire des
couronnes nord et sud.
Les nouvelles
structures permettraient de dépolitiser la planification des services de
transport collectif, notamment en
confiant un rôle accru aux experts. L'Autorité régionale de transport
métropolitain et le Réseau de transport métropolitain mettraient par ailleurs en oeuvre les principes de
bonne gouvernance inspirés de la Loi sur la gouvernance des sociétés d'État.
Selon ce qui
est proposé, l'autorité devrait se doter d'une politique de financement
équitable et rigoureuse. Elle aurait aussi pleine autonomie pour établir
le cadre tarifaire ainsi que pour décloisonner et mieux intégrer ses services. Ainsi, les bus ne seraient plus contraints de
circuler à portes fermées lorsqu'ils passent d'un territoire à un autre puisque
désormais il n'y aura qu'un territoire, celui de la région métropolitaine de
Montréal.
L'autorité
établirait des normes et conclurait des ententes avec les trois grandes
sociétés de transport, la STM, RTL et
STL, ainsi que le Réseau de transport de Montréal pour assurer des prestations
de service. Cette entente contiendrait des
clauses de performance et de qualité de services. D'autre part, en ce qui a
trait au transport adapté, la réforme mettrait fin au cloisonnement
entre les territoires, qui limite la mobilité des personnes handicapées. Là
encore, la définition restreinte de
territoire ferait place à la notion de la grande région de Montréal. L'autorité
aurait donc des compétences élargies
par rapport à l'Agence métropolitaine de transport, elle serait par exemple
chargée de développer le covoiturage, le
transport actif, et de proposer des normes de gestion pour le réseau artériel
métropolitain, un plan d'immobilisation devrait par ailleurs découler du plan stratégique et prévoir un plan de
maintien des actifs. Comme vous pouvez le constater, le projet de loi que je soumets aujourd'hui
propose des améliorations notables fondées sur une nouvelle façon de planifier
sur une vision à long terme du développement
du transport collectif, une façon de faire reposant plus que jamais sur des
objectifs clairs et sur des attentes précises plutôt que sur une simple liste
de projets à réaliser.
Si, comme je le souhaite ardemment, le projet de
loi est adopté aujourd'hui ou demain, notre gouvernement compte mettre en oeuvre les réformes au début de
2017. Un comité de transition serait créé très rapidement, celui-ci serait
un mandataire du gouvernement et il aurait
d'importantes responsabilités. Il serait notamment chargé d'établir le profil
de compétences des membres du conseil d'administration des deux nouveaux
organismes, de veiller au transfert des ressources humaines, matérielles et
informationnelles entre les organisations, de dresser la première politique de
financement ainsi que les prévisions
budgétaires des deux nouveaux organismes pour 2017. Les personnes qui
composeront le comité de transition
devront, bien évidemment, lier compétence, objectivité, neutralité et
crédibilité. Les membres du comité seront choisis en concertation avec
la Communauté métropolitaine de Montréal, qui doit nommer deux des cinq
membres.
La tâche à
accomplir est considérable et le temps, pour assurer la mise en oeuvre de cette
réforme majeure est, somme toute,
limité. Il est donc important de se mettre en travail le plus rapidement
possible. Je suis donc convaincu que ce
nouveau modèle de gouvernance plus souple puis mieux adapté aux réalités
d'aujourd'hui permettra de doter la grande région métropolitaine de Montréal de services de transport collectif
répondant véritablement aux besoins des usagers. Pour moi, le projet de
loi n° 76 contient tous les éléments pour que nous y parvenions.
Notre
proposition de réforme s'inscrit dans le cadre de ce nécessaire changement de
culture, un changement de culture qui propose de placer l'usager au
coeur des préoccupations notamment par une meilleure planification et un meilleur arrimage des services. Voilà pourquoi
j'invite les membres de cette Assemblée
à voter en faveur de l'adoption du projet de loi n° 76. Je vous
remercie, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le ministre des
Transports, pour cette intervention. Mme
la députée de Vachon, porte-parole en matière de Transports pour l'opposition
officielle, je vous cède la parole.
Mme Martine Ouellet
Mme Ouellet : Merci, M. le Président. M. le Président, dans un
premier temps, je voudrais saluer le ministre des Transports. Permettez-moi aussi de saluer les
collègues de la deuxième opposition qui ont participé aux travaux et les
collègues du gouvernement qui ont participé
aux travaux de la commission du projet de loi n° 76, projet de loi
n° 76 qui vise essentiellement à abolir l'Agence métropolitaine de
transport, l'AMT et abolir l'ensemble des CIT de la région métropolitaine pour les remplacer par deux nouvelles
structures, donc une structure, l'autorité, qui s'occupe principalement de
planification et une autre structure, le réseau, qui s'occupe d'opération,
particulièrement l'opération de train de banlieue, mais également, M. le Président, l'opération des autobus
concernant la couronne nord et la couronne sud. Et ces deux nouvelles structures là s'ajoutent aux trois
sociétés de transport, de Longueuil, de Montréal et de Laval déjà existantes.
Donc, c'est sûr qu'il va y avoir de
rebrassage, là, en termes d'activités puisque toutes les activités de
planification des trois sociétés existantes devront être transférées à
l'autorité.
Donc, un
projet de loi... nous avons reçu, et je l'ai mentionné hier, mais je tiens à le
rementionner, 13 groupes qui sont
venus nous rencontrer en commission parlementaire, nous faire part de leurs
commentaires — un
projet de loi qui était quand même
assez technique, un projet de loi qui était beaucoup dans de la structure, de
la structurite même — donc,
qui sont venus nous faire part de leurs préoccupations, et six autres groupes
qui nous ont déposé un mémoire.
Nous avons adopté une centaine d'amendements en
commission parlementaire et, M. le Président, je tiens encore à le souligner pour les gens qui nous écoutent, souvent qui ne voient
que la période des questions où, des fois, les échanges sont peut-être
un petit peu plus vifs, mais il y a du travail qui se fait en commission
parlementaire où il peut y avoir une très
grande collaboration et l'ensemble des partis à l'Assemblée nationale
travaillent pour améliorer un projet de loi et je crois que c'est le cas
de ce projet de loi ci, donc, avec tous les amendements qui ont été adoptés.
Dans les
amendements, du côté du Parti québécois, nous sommes très fiers d'avoir réussi
l'amendement pour les tarifs
étudiants, donc, à la demande de la coalition des étudiants de Montréal pour
que le tarif étudiant pour les étudiants de 18 ans et plus soit le même tarif pour tous les étudiants. Donc, ça,
je pense que c'est un gain important à l'intérieur du projet de loi
n° 76.
Et également
nous avions beaucoup de préoccupations concernant les couronnes nord et les
couronnes sud qui, avec l'ancien
système, avaient une très grande proximité avec leurs services de transport
collectif, qu'ils perdaient presque tout
avec les nouvelles structures proposées. Et donc nous avons fait plusieurs
amendements. Un des amendements, ça a été
d'avoir deux comités, un comité pour la couronne nord, et pour la couronne sud.
Il est certain, M. le Président, que nous
aurions souhaité avoir des structures beaucoup plus autonomes pour que les gens
de la couronne nord soient complètement
autonomes pour concernant la couronne sud et idem pour l'autre couronne. Mais
c'est une amélioration que nous avons
obtenue dans le projet de loi, ce qui fait en sorte que la couronne nord
décidera de la répartition du financement pour la couronne nord, et que la couronne sud décidera de la répartition
du financement pour la couronne sud. Et nous étions aussi assurés qu'il y ait une offre de service obligatoire, parce
qu'en créant le réseau il y a des CIT qui sont hors du territoire de la région métropolitaine, donc à
ce moment-là il y avait la moitié d'un CIT, les citoyens n'étaient plus desservis, donc nous assurer d'une obligation de
continuité de service qui a été introduite à l'intérieur du projet de loi.
Nous avons
aussi fait des amendements pour que, du côté de la CMM, parce que la CMM donne
l'approbation à plusieurs décisions
de l'autorité ou du réseau... nous avons obtenu que, dans certains cas,
malheureusement pas tous les cas, M.
le Président, mais que ça soit aux deux tiers des voix étant donné la
composition de la CMM, qui est majoritairement
Montréal, et que ces deux structures-là ne concernent pas simplement Montréal,
mais l'ensemble des élus de la région métropolitaine.
Des
amendements aussi pour le transport adapté, pour le maintien des services. Et
finalement plusieurs, plusieurs amendements
pour la transparence, M. le Président, parce que c'est un élément extrêmement
important pour le Parti québécois.
• (11 h 40) •
Je voudrais
aussi souligner qu'il y a eu le dépôt, de la part du ministre, de ce qu'on
appelle, dans notre jargon, un
papillon. M. le Président, pour les gens qui nous écoutent, en fait, un
papillon, ce sont une série d'amendements qui concernent un sujet qui est complètement différent de celui du projet de
loi et il est possible de déposer ce genre de papillon là seulement qu'avec le
consentement parce que, sinon, c'est irrecevable, mais, comme nous avions une
bonne collaboration en commission
parlementaire, nous étions d'accord
de recevoir ce papillon-là concernant les véhicules électriques basse
vitesse. Mais, comme c'est un papillon et
que nous n'avons entendu aucun groupe concernant ces amendements-là,
nous avons demandé et obtenu, de la part du ministre, qu'il
y ait un comité de consultation concernant la réglementation et que l'ensemble des commentaires reliés à la réglementation qui soit déposé
soit rendu public, ce qui n'est pas le cas normalement. Donc, pendant la période de consultation pour les règlements, les commentaires ne sont pas publics. Nous avons demandé à ce que ces commentaires-là soient
publics, et ça a été accepté, là, de
la part du ministre. Et, sur ce comité de consultation là, les oppositions seront invitées, là, à écouter les
personnes intéressées par les véhicules électriques basse vitesse. Et nous
étions tout à fait d'accord à favoriser l'électrification des transports, M. le
Président. D'ailleurs, nous trouvons que le gouvernement actuel n'en fait pas
assez, donc on va favoriser toutes les mesures, aussi petites soient-elles.
En
conclusion, M. le Président, je voudrais dire que c'est un peu surprenant
d'avoir fait autant de travail parce que
nous avons siégé pendant vraiment plusieurs, plusieurs heures — comme je vous disais, c'est 340 articles que
nous avons étudiés, nous avons fait
une centaine d'amendements — et se rendre compte qu'en cours de route
avec le projet de la Caisse de dépôt
et placement, du réseau électrique métropolitain, là, le SLR élargi, de se
rendre compte que la Caisse de dépôt
et placement a fait fi complètement de tous les travaux de la commission
parlementaire et que la Caisse de dépôt et de placement fonctionne en vase clos complètement en parallèle de ce
que nous avons préparé dans le projet de loi. Donc, normalement, toute la planification devait se faire au sein de
l'autorité, et on se rend compte que le plus gros projet de transport collectif dans la région de Montréal
depuis le métro, on parle de 5,5 milliards de dollars, M. le Président, ce
n'est pas petit, c'est un extrêmement gros
projet... qui s'est fait complètement en parallèle. Et on apprend même ce matin
que toutes les études seront gardées
secrètes, M. le Président, ce qui est complètement à l'encontre de toute la
transparence qu'on a demandée avec l'autorité et le réseau.
Donc,
on se demande si on a fait tout ce travail-là pour rien parce que finalement le
plus gros projet de transport collectif
se fait en vase clos, où l'autorité n'est aucunement consultée alors que c'est
elle qui devrait être la leader de toute la planification, et ça, ça se
fait complètement en aparté.
Et,
je vous le dis, M. le Président, même si c'est la Caisse de dépôt et placement
qui prend l'initiative du projet, il
y aura beaucoup d'argent gouvernemental dans ce projet-là, là. Donc, ce n'est
pas un projet privé, c'est un projet qui est financé en grande partie par le public. Et on se demande finalement si
tout ce travail-là a été fait pour rien parce que ce projet-là se fait
en vase clos.
Puis les autres
projets de transport collectif... comme ce projet-là va aspirer beaucoup
d'argent de la part du ministère, bien, on a
vu que, dernièrement, le ministre a tabletté ou mis, vous me passerez
l'expression, M. le Président, sur le
«back burner» les projets de prolongement de la ligne bleue, le projet de
prolongement de la ligne jaune. Il n'y a rien qui se passe du côté de Pie-IX. Donc, on se rend compte que les
projets qui, eux, devaient être réalisés par l'autorité sont à peu près tous ou arrêtés ou complètement
reportés, pelletés par en avant, et que le seul projet qui semble actuellement sur les rails, c'est le cas de le dire, lui, se
fait complètement en dehors de tout le travail que nous avons réalisé, en
secret, en vase clos, en parallèle.
Donc, c'est à se demander à quoi ont servi toutes ces heures de commission
parlementaire là.
Et
nous avons travaillé de bonne foi pour améliorer ce projet de loi là, mais
malheureusement, M. le Président, on
se rend compte que le gouvernement a préféré complètement ignorer les nouvelles
structures qu'il est en train de créer pour
fonctionner complètement en parallèle, et, vous me passerez encore cette
expression, pour by-passer complètement les structures que nous mettons en place pour aller vers la Caisse de
dépôt et placement, qui fonctionne jusqu'à présent en vase clos et qui, malgré, lors de sa sortie, a
dit qu'elle rendrait disponibles les études, refuse, ce matin, on l'a vu dans
les journaux, de rendre disponibles
les études, et veut fonctionner en secret. M. le Président, c'est vraiment
dommage de voir qu'on en est rendus là. Merci.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, Mme la députée de
Vachon, pour cette intervention. M. le député de Groulx, porte-parole en
matière de transports pour la deuxième opposition, je vous cède la parole.
M. Claude Surprenant
M.
Surprenant : Merci, M. le Président. Il existe présentement 16
autorités organisatrices de transport collectif et 13 organismes de transport adapté sur le territoire de la CMM,
elle-même composée de 83 municipalités. La planification, l'intégration et le fonctionnement des services
sur le territoire de la CMM se retrouvent par conséquent moins efficaces
qu'ils pourraient l'être avec pour cause
principale le nombre d'intervenants, les centaines de titres de tarifaires et
la difficulté de coordination que
tout cela pose. Tous les acteurs
concernés conviennent donc de la nécessité de réformer ce modèle de gouvernance,
tous conviennent de la nécessité de se doter d'outils et de mécanismes qui
permettront d'assurer une planification plus cohérente et d'améliorer les services et la
mobilité des citoyens de la région métropolitaine. C'est donc
pourquoi nous avons accueilli favorablement le projet de loi n° 76, Loi
modifiant l'organisation et la gouvernance du transport collectif dans la
région métropolitaine de Montréal, dès sa présentation en novembre dernier.
Toutefois,
comme plusieurs élus locaux, nous
avons critiqué d'importants irritants contenus dans ce projet de loi, et, malgré les nombreux amendements que nous avons
proposés, plusieurs de ces irritants demeurent présents dans le texte final. Le plus important pour nous est sans nul
doute la nouvelle taxe libérale de 90 $ par famille du 450 sur
l'immatriculation des automobiles.
J'ai présenté une offre de dernière chance hier au ministre pour que les
municipalités qui ne souhaitent pas
appliquer cette taxe sur leur territoire puissent le faire, un «opting out»,
mais il l'a rejetée. Si ce n'est pas une négation de l'autonomie des
municipalités, je ne sais pas ce que c'est.
Le ministre annonce donc aujourd'hui à
plus de 1 million de résidents des banlieues de Montréal qu'ils devront
payer 45 $ ou plus en plus des 30 $ qu'ils paient déjà sur leur
immatriculation. Or, au lieu de payer 217 $, ils devront maintenant payer 262 $. C'est donc 90 $
par famille qui s'ajoutent aux 1 500 $ que les libéraux leur ont
chargés depuis l'élection de 2014.
Cela dit, le projet
de loi n° 76 apporte d'importants changements dans l'organisation et la
gouvernance du transport collectif dans la
région de Montréal, notamment en remplaçant l'Agence métropolitaine de
transport, l'AMT, par l'Autorité
régionale de transport métropolitain, ART, et le Réseau de transport
métropolitain, le RTM, auquel seront fusionnés
les conseils intermunicipaux de transport, les CIT. Les sociétés de transport
de Montréal, de Laval et de Longueuil demeureront
en place, mais certaines de leurs fonctions seront désormais confiées à l'ART.
Le projet de loi confie à l'ART la
planification des services de transport collectif sur l'ensemble de son
territoire. Il lui accorde la compétence exclusive pour établir le cadre tarifaire du transport
collectif applicable sur ce territoire et pour identifier des corridors
routiers sur lesquels elle peut désigner des voies réservées.
Le
projet de loi assujettit par ailleurs à l'approbation de la CMM plusieurs
décisions prises par l'ART concernant notamment l'adoption du plan stratégique
et la politique de financement. Le projet de loi confie au RTM l'exploitation
des opérations de service de transport
collectif et lui accorde la compétence exclusive pour les dessertes du
territoire par des services de transport collectif par train de
banlieue.
Le projet de loi
prévoit de plus des règles concernant la composition des conseils
d'administration de ces organismes,
notamment la présence obligatoire au sein de ceux-ci de membres se qualifiant
d'administrateurs indépendants. Il
prévoit la constitution d'un comité de transition chargé de faciliter la
réforme et la migration des employés des entités abolies vers l'ART et l'ARTM. Or, bien que ce projet de loi vise à
assurer une meilleure cohérence dans la coordination et la planification
des transports collectifs, en plus d'alléger les structures et d'uniformiser le
cadre tarifaire qui compte actuellement plus de 500 titres, plusieurs autres
craintes ont été soulevées lors des consultations particulières.
J'aimerais
par ailleurs profiter de cette occasion pour remercier une fois de plus chacun
des groupes qui sont venus nous faire
part de leur point de vue et de leurs propositions de modification. Je souhaite
également saluer chacun des groupes qui ont soumis des commentaires à la
commission, mais qui n'ont pu participer aux consultations.
La
question de la représentation des élus au sein des nouvelles structures
constituait un des principaux enjeux de la réforme. La Communauté métropolitaine de Montréal, par exemple,
proposait dans son mémoire que soient désignés au sein du conseil d'administration de l'ART cinq membres élus provenant
de chaque secteur géographique de son territoire et trois administrateurs
indépendants. Elle demandait aussi que le conseil d'administration du RTM soit
quant à lui majoritairement composé d'élus, et ce, dans le but d'établir un
véritable partenariat avec les élus municipaux.
Ce
projet de loi était plutôt faible à ces égards et devrait mettre davantage
l'accent sur le principe d'autonomie municipale.
Afin d'y apporter les correctifs nécessaires et de répondre aux maires et
mairesses de la région métropolitaine, j'ai présenté deux amendements.
Le premier de ces amendements proposait de
modifier la composition du conseil d'administration du RTM afin qu'il soit formé d'une majorité d'élus : au
lieu d'être composé de cinq élus et de 10 membres indépendants, j'ai proposé
qu'il soit composé de huit élus et sept membres indépendants. Je suis heureux
que le ministre ait entendu raison et ait accepté
d'adopter cet amendement au bénéfice des usagers, qui pourront conséquemment
être mieux représentés par leurs élus municipaux au sein de cette
importante organisation que sera le RTM.
• (11 h 50) •
Le
deuxième amendement que j'ai présenté visait à répondre à une autre demande du
milieu. Il visait à nous assurer que les décisions prises par ce conseil
d'administration au chapitre de la planification et de la gestion des services
de transport collectif sur le territoire actuellement desservi par les conseils
intermunicipaux de transport puissent mieux prendre
en compte les particularités et besoins spécifiques des usagers des couronnes
nord et sud de Montréal. À cette fin,
j'ai proposé de créer, au sein même du RTM, deux comités représentant
respectivement les deux couronnes et offrant aux élus des municipalités concernées l'opportunité de faire des
recommandations au conseil d'administration et d'accroître par le fait même leur participation et leur
imputabilité dans le processus de prise de décision, au profit des citoyens et
des citoyennes qu'ils représentent.
À
l'issue de ces discussions constructives avec le ministre et son équipe de
fonctionnaires, je suis parvenu à le convaincre
du bien-fondé de ces propositions. Ainsi, le 6 avril, le ministre les a
finalement acceptées, après avoir obtenu l'approbation du Conseil des ministres. Je suis donc heureux d'affirmer
que les efforts soutenus de ma formation politique permettront aux élus
municipaux de mieux exprimer les besoins de leurs citoyens et de s'assurer que
des particularités locales soient
prises en compte dans la gestion des transports collectifs et adaptés sur le
territoire de leur municipalité. Je suis
également satisfait que nos discussions constructives aient permis de renforcer
les obligations du gouvernement envers les
usagers du transport adapté, qui représentent une clientèle importante, dont la
demande est d'ailleurs en croissance constante.
Enfin,
même si nous avons terminé l'étude du projet de loi et qu'il sera prochainement
adopté, le gros du travail reste à
faire. La réforme et la transition qu'elle exige devront se faire efficacement,
et le comité de transition créé à cette fin aura beaucoup de travail sur la planche. Mais il sera également de
la responsabilité de tous les parlementaires de la région métropolitaine de surveiller avec attention
la mise en oeuvre de ces changements, et surtout d'être à l'écoute de
nos concitoyens et nos maires pour nous assurer que cette réforme atteigne
réellement les objectifs visés, c'est-à-dire d'améliorer
la planification et la gestion des services de transport collectif dans la
région métropolitaine, au profit des usagers, M. le Président. Je vous
remercie.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député
de Groulx, pour cette intervention. Y a-t-il d'autres intervenants sur
le projet de loi? M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Sklavounos : Oui. M. le Président, suite à une entente avec
l'opposition, afin de permettre au député de Mercier de participer au débat, je vais vous demander...
je fais motion, en vertu de l'article 100 de notre règlement, d'ajourner
ce débat sur le projet de loi n° 76,
sur l'adoption. Et je vous demanderai de suspendre nos travaux jusqu'à
15 heures pour les affaires inscrites par les députés de
l'opposition.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, deux motions
présentées par le leader adjoint du gouvernement.
Première motion, ajournement du débat. Est-ce
que cette motion est adoptée? Adopté.
Est-ce que la motion de suspension est adoptée?
Adopté.
En
conséquence, je suspends les travaux de l'Assemblée jusqu'à 15 heures, pour permettre aux députés de l'opposition
de présenter une motion.
(Suspension de la séance à 11 h 53)
(Reprise à 15 h 1)
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Alors, bon après-midi. Vous pouvez prendre place.
Affaires inscrites par
les députés de l'opposition
Motion proposant que
l'Assemblée s'engage à adopter d'ici la fin
de la législature une loi sur le salaire minimum à 15 $ l'heure
Alors, nous
en sommes aux affaires inscrites par
les députés de l'opposition, et, à l'article 70
du feuilleton, aux affaires inscrites par les députés de
l'opposition, Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques présente la motion
suivante :
«Que l'Assemblée
nationale reconnaisse que, en 2016, seul un salaire horaire de 15 $ ou
plus permet aux personnes salariées à temps plein d'obtenir un revenu viable;
«Que
l'Assemblée nationale s'engage à adopter d'ici la fin de la présente
législature une loi sur le salaire minimum à 15 $ de l'heure qui
établira les critères pour son augmentation annuelle.»
Je vous
informe que la répartition du temps
de parole pour le débat restreint sur
la motion inscrite par Mme la députée
de Sainte-Marie—Saint-Jacques s'effectuera comme suit : 10 minutes sont réservées à
l'auteure de la motion pour sa
réplique, environ 46 min 30 s sont allouées au groupe parlementaire formant le gouvernement, environ 27 min 31 s sont allouées au groupe parlementaire formant l'opposition officielle, environ 18 min 59 s sont allouées
au deuxième groupe de l'opposition, et 17 minutes sont allouées
aux députés indépendants. Dans ce cadre, le temps non utilisé par les députés
indépendants ou par l'un des groupes
parlementaires sera redistribué entre les groupes parlementaires selon les
proportions établies précédemment. Enfin, les interventions ne seront
soumises à aucune limite de temps.
Sans plus
tarder, je cède la parole à l'auteure de cette motion, Mme la députée de
Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Mme Manon Massé
Mme
Massé : Merci, Mme la Présidente. Bonjour, chers collègues. Alors,
comme vous le savez, de nombreux mouvements
sociaux, actuellement, sont en campagne pour faire en sorte de hausser le
salaire minimum à 15 $ l'heure.
L'Assemblée nationale doit, d'une part,
reprendre l'objectif du 15 $ et, d'une autre part, se donner les deux ans
qu'il nous reste avant la fin de la
législature pour adopter une loi qui établira le niveau de salaire minimum qui
représente un revenu décent, un revenu viable pour les gens qui
travaillent 37 heures, 40 heures-semaine.
Alors,
pourquoi un salaire minimum à 15 $? Parce que le salaire actuel ne permet
pas de vivre et de répondre à nos
besoins de base. Il me semble que ça tombe sous le sens qu'une personne qui
travaille toute la semaine finisse la semaine avec les revenus
nécessaires pour se nourrir, nourrir sa famille. Ça n'a pas de sens qu'après
37,5 heures de travail par semaine un parent doive aller faire la ligne
dans une banque alimentaire.
Je ne sais
pas s'il y a des gens ici... ce que ça peut représenter lorsque vous devez
aller faire la ligne dans une banque alimentaire parce que vous n'avez
pas assez de revenus pour subvenir aux besoins de votre famille. Peut-être que
ça n'intéresse pas tout le monde, cette
dimension du 15 $ de l'heure, mais, Mme la Présidente, quand, dans sa vie,
là, on s'est posé à quelques reprises
la question à savoir si on va être capable de payer notre «bill» d'électricité,
la question du salaire minimum, elle est centrale, d'autant plus qu'on
parle de 1 million de personnes, 1 million de nos concitoyens qui, au
Québec... et concitoyennes parce que c'est principalement des femmes, qui, au Québec,
ne gagnent pas 15 $ l'heure.
J'ai travaillé plusieurs années dans des centres
de femmes, je me rappelle notamment de Sophie, une mère monoparentale de 40... de 34 ans, pardon, un enfant, qui travaillait,
bon, tantôt chez Dollarama, tantôt chez Wal-Mart, tantôt chez Target, quand ils ne fermaient pas
pour déménager. Sophie n'a jamais
eu la possibilité d'élever son enfant dans la dignité parce qu'elle n'avait pas
l'argent pour se nourrir, pour se déplacer, pour aller aux visites du médecin,
pour faire en sorte que et sa santé
physique et sa santé mentale soient en bonne santé. Sophie, je pense
à toi et à toutes les autres. On va faire notre possible.
La situation
comme celle que je présente, que je viens de vous présenter, elle n'a pas sa
place, Mme la Présidente, dans
un pays riche comme le Québec. Ça n'a pas de bon sens que, dans un pacte
social, on ne fasse pas en sorte que les gens qui travaillent puissent s'en sortir avec les
revenus qu'ils font pour vivre. Ça n'a pas de bon sens, puis il est temps
que le Québec se dote d'un salaire viable, donc qui permet de sortir la tête de
l'eau, viable.
Pourquoi une nouvelle
loi sur le salaire minimum, me direz-vous, on en a déjà une? Bien, on en a une,
mais malheureusement elle ne permet pas aux gens qui travaillent
40 heures-semaine de pouvoir vivre dans la dignité. On pense que c'est des jeunes, on dit : Ah! c'est des
étudiants, leur première job. Mme la
Présidente, 60 % des gens qui travaillent au salaire minimum sont des gens de 24 ans et
plus, et, en plus de ça, c'est majoritairement, près de 60 %, des femmes.
Alors, ça pose un problème, ça pose un
problème. Le salaire minimum, la loi qui est là actuellement ne permet pas
d'assurer un minimum viable pour les gens qui travaillent au salaire
minimum.
Et
c'est d'autant plus indignant, Mme la Présidente, quand on voit des choses
comme on a vu dans les médias ce matin, où le Québec s'enrichit
tellement que les chefs d'entreprises comme Dollarama, Tim Hortons, Wal-Mart, Couche-Tard gagnent plusieurs centaines de fois le
salaire moyen de ses employés. Je ne dis pas : Le salaire minimum,
je dis : Le salaire moyen des employés.
On accepte ça, comme société? C'est comme ça qu'on veut que notre société
opère, fonctionne?
Dans les dernières
années, pour vous donner un exemple, bon an, mal an, le gouvernement du Parti
libéral, le gouvernement du Parti québécois
ont haussé, pas de façon systématique, bon an, mal an, le salaire minimum. Pas
en se posant la question : Qu'est-ce qui est viable pour les gens qui
travaillent au salaire minimum?, Qu'est-ce qui est viable pour les personnes qui ont à soutenir des familles
en travaillant au salaire minimum?, non, sur une base... je ne sais pas
trop laquelle, d'ailleurs. Mais ce qui me frappe, quand on regarde ça, c'est
que globalement, en moyenne, sur les 20, 30 dernières
années, le Parti libéral a augmenté le salaire minimum d'en moyenne 3 %,
alors que le Parti québécois l'a augmenté
en moyenne de 1,7 %. C'est indécent. C'est indécent parce que, pendant ce
temps-là, comme je vous le disais, il
y a des gens qui gagnent plusieurs fois le salaire moyen. Il y a des gens qui
ne paient pas 100 % d'impôt, qui sont imposés seulement à 50 % sur leurs revenus de
dividendes, alors que les travailleurs et travailleuses, qui, eux, se lèvent
tous les matins, qui, eux et elles,
font en sorte que, lorsqu'on va dans les commerces, lorsqu'on va dans les
grandes surfaces, on est accueilli,
servi, ces gens-là, on ne les croit pas dignes d'avoir 15 $ de l'heure.
Mme la Présidente, c'est choquant, c'est choquant.
Qu'est-ce
que c'est, les critères d'un revenu viable? Écoutez, un revenu viable, c'est ce
qui permet aux gens, après avoir
travaillé la semaine normale de travail, de faire en sorte qu'ils peuvent
vivre, répondre à leurs besoins de base, et je ne dis même pas d'en avoir plus. Pourquoi? On entend
souvent les critiques : Ah! ce n'est pas... l'économie va s'écrouler,
l'inflation va monter, les jobs vont se
fermer. C'est drôle comment, les autres endroits à travers le monde qui ont
fait ça, ce n'est pas ça qui est arrivé. Ah oui! Pourtant, les
institutions économiques partout à travers le monde ont prédit que ça tomberait, ça s'écroulerait, mais pourtant ce
n'est pas ça qui est arrivé; au contraire, façon de relancer une économie à
partir de la base. Nos régions souffrent du
développement économique. Oui, on peut encore, là, arriver, grandes entreprises,
multinationales, qui font descendre des jobs
pour le temps qu'ils choisissent que ces jobs-là vont être là. Et pourtant, à
chaque jour, dans la petite boulangerie, au
Pharmaprix, au Wal-Mart, il y a des gens, surtout des femmes, je le répète, qui
travaillent là qui n'ont pas 15 $ de l'heure.
• (15 h 10) •
Alors,
c'est pour ça, Mme la Présidente, que je trouvais vraiment important
d'interpeller mes collègues aujourd'hui. Parce que, vous savez, le salaire minimum, dans une démocratie, dans une
démocratie qui met l'économie au service des gens, pas les gens au service de l'économie, dans cette démocratie-là,
qui est mon rêve et mon aspiration pour l'ensemble des Québécois et Québécoises, le salaire minimum,
c'est un outil puissant pour rétablir les inégalités, pour faire en sorte
que ce qu'on a lu, ce matin, dans le journal,
ne se reproduise pas : ces hauts dirigeants qui gagnent plus, que plus,
que plus, que plus.
Je
vous dirais que je sais que Québec solidaire n'est pas seul à porter cette
préoccupation, n'est pas seul, dans la population,
puisqu'on le sait que déjà le deux tiers des Québécois et Québécoises ont
signifié qu'un salaire minimum viable, 15 $
l'heure, aurait du sens. De quoi a-t-on peur? De priver les hauts dirigeants de
quelques centaines de milliers de dollars de profits? De quoi avons-nous peur? De faire en sorte que les gens qui
gagnent leur vie ne peuvent pas finir leur journée la tête haute parce qu'ils doivent aller dans les
banques alimentaires, faire la ligne pour le logement social, qu'ils n'auront
pas le droit parce qu'ils ne sont pas à
l'aide sociale? Quelle sorte de société on a? Moi, je pense qu'on a un outil,
et c'est là-dessus qu'on a voulu interpeller nos collègues avec cette
motion du mercredi.
Mme
la Présidente, est-ce que, vraiment, dans un pays riche comme le Québec, on
peut se permettre de tels écarts? Je
pose la question à mes collègues, je vais les entendre, les écouter, avec
beaucoup d'intérêt. Mais je vous dirais que, pour nous, à Québec solidaire, ces écarts-là sont juste
inacceptables, intolérables. En fait, ça me rend dingue. Ça me rend dingue de voir que c'est encore ça
aujourd'hui. Et j'espère que — je vais écouter avec attention — pour les mêmes raisons que je vous ai émises, mes collègues vont
arriver au constat que, de répartir la richesse, ce n'est pas mauvais pour
l'économie. Comme on l'a vu, en
Colombie-Britannique et en Allemagne, c'est bon pour tout le monde. Et ça
commence par les gens au salaire minimum. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup, Mme la députée de
Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Alors, suite à votre intervention, le débat
est lancé. Et je vais maintenant reconnaître la prochaine intervention, et je
cède la parole à Mme la ministre du Travail.
Mme Dominique Vien
Mme Vien :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, ma collègue la députée de
Sainte-Marie—Saint-Jacques
soulève, aujourd'hui, à l'Assemblée nationale, un débat concernant la hausse du
salaire minimum à 15 $. C'est une question — effectivement, elle a raison — qui a été soulevée dans l'espace public, qui
a été soulevée dans les médias, certains groupes laissant entendre
effectivement que c'est peut-être une idée intéressante, d'autres qui s'y
ferment catégoriquement pour différentes raisons.
Je vais
tenter, ici, cet après-midi, Mme la Présidente, de profiter de l'occasion pour
expliquer justement comment le gouvernement procède pour fixer le
salaire minimum au Québec. Tout à l'heure, la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques se demandait comment on arrive
justement à aboutir, année après année, avec un taux moyen du salaire minimum... un taux fixe, en fait. Alors, on va
prendre le temps qu'il faut, cet après-midi, pour expliquer sous toutes ses
coutures, je dirais, comment on en arrive justement à établir ce salaire
minimum.
Alors, moi, ce que j'aimerais dire à la députée
également d'emblée, c'est que nous sommes favorables, bien entendu, à ce que les plus faibles salariés, dans
notre société, soient encore mieux rémunérés — je pense que c'est un souhait que nous partageons tous — mais, en même temps, que ce choix-là soit
fait de façon réfléchie et non pas de façon improvisée.
Il convient aussi de rappeler que la révision
annuelle du salaire minimum poursuit deux objectifs, Mme la Présidente : premièrement, celui d'assurer
une rémunération équitable aux salariés qui en bénéficient et, deuxièmement,
celui de maintenir l'incitation au
travail — ça,
c'est très important — sans toutefois nuire, tout le monde en convient, de
façon significative, à l'emploi et à la compétitivité des entreprises.
Vous
comprendrez ici que ce que nous poursuivons comme très grand objectif, c'est
d'arriver à un juste équilibre, que ce juste équilibre entre, justement,
arriver à augmenter la capacité financière de nos concitoyens... qu'il y ait un
équilibre entre ça et, bien entendu, la capacité de nos entreprises à assumer
le choc, à assumer cette hausse du salaire minimum.
Et c'est la raison pour laquelle on en arrive justement à ne pas vivre et faire
face à un choc, puisque nous proposons des
augmentations qui satisfont, d'une part, les entreprises
parce qu'elles sont capables, justement, d'y faire face, mais
aussi les gens qui sont visés par cette hausse-là.
L'augmentation du salaire minimum, elle fait en sorte que les travailleurs concernés
profitent d'une augmentation de leur pouvoir d'achat, c'est important
de le souligner, et qu'ainsi ils participent, bien entendu, à l'enrichissement
collectif. Il s'agit également
d'un moyen de lutter, et ça, c'est important de le rappeler, de lutter contre la pauvreté et
l'exclusion sociale, comme il est
mentionné d'ailleurs à l'intérieur de notre plan d'action gouvernemental pour la solidarité et l'inclusion sociale. Le gouvernement y réitère, j'aime
bien le rappeler, sa volonté de soumettre le salaire minimum à une révision
annuelle. Je ne sais pas si tout le monde sait ça, Mme la Présidente, là, mais le salaire minimum, au Québec,
il est revu année après année, donc sur une base annuelle, en prenant en
considération ses effets sur la pauvreté afin de valoriser, bien sûr, le
travail et de favoriser l'autonomie des personnes qui en bénéficient.
Je vais vous
parler un petit peu plus de la mécanique, si vous me permettez, Mme la Présidente. Depuis 2002, le processus de
révision du salaire minimum se fait à partir d'un cadre de référence qui
comprend cinq axes et 13 indicateurs socioéconomiques.
Je vais quand même prendre le temps de les énumérer, et c'est un peu
ce à quoi faisait allusion tout à
l'heure la députée quand elle disait : On ne sait pas trop comment ils en
arrivent à tel montant.
Alors, les
cinq axes, ce sont... Le pouvoir d'achat des salariés au taux général du
salaire minimum, disons le salaire minimum,
et leur participation à l'enrichissement collectif représente le premier axe.
Il comprend quatre indicateurs qui sont :
les bénéficiaires du salaire minimum, l'indice des prix à la consommation, le produit intérieur brut et le salaire horaire moyen. Le salaire
horaire moyen, j'aurai l'occasion d'y revenir.
Deuxième
axe : la compétitivité des entreprises, qui regroupe cinq indicateurs autour du second
axe, donc : les industries qui
embauchent les travailleurs au salaire minimum, l'impact d'une hausse du
salaire minimum sur les coûts de la main-d'oeuvre pour les entreprises,
les salaires minimums versés dans différentes régions, le ratio entre le
salaire minimum et le salaire horaire moyen.
Très important entre autres, et j'aurai aussi l'occasion
d'en parler, une notion qui a été beaucoup développée par l'économiste
québécois Pierre Fortin, la variation de la productivité au Canada.
Troisième axe : l'emploi des salariés.
Comme indicateur, l'élasticité emploi-salaire. Ce dernier est utilisé afin
d'estimer l'impact, en termes d'emplois, d'une variation du salaire minimum.
Autre
axe : l'incitation au travail, qui comprend l'indicateur qui souligne
l'écart entre l'aide financière de dernier recours et le revenu
disponible au taux général du salaire minimum.
Et, finalement, un dernier indicateur qui,
lui... axe, en fait, qui a été ajouté en 2008 : la pauvreté et les faibles
revenus. Deux indicateurs : l'atteinte
du seuil de faibles revenus et le taux de faibles revenus selon la mesure du
panier de consommation.
Alors,
l'indicateur du ratio du salaire minimum, Mme la Présidente, sur le salaire
horaire moyen, il est important. C'est
ce dont je vous parlais il y a une seconde. Afin d'être optimum pour l'emploi,
il est convenu que ce ratio devrait se situer entre 45 % et
50 % du salaire moyen de tous les employés à l'intérieur du Québec. En ce
qui nous concerne, le calcul que nous avons
fait pour la hausse du 1er mai dernier, 2016, ce ratio atteint 47 %.
Alors, à sa face même, on arrive, là, à l'intérieur de ce positionnement
de 45 % à 50 % qui a été notamment développé par Pierre Fortin.
• (15 h 20) •
Alors, ce
taux n'est évidemment pas choisi au hasard, puisqu'il est établi dans le but
d'éviter... Et ça, la députée semble
minimiser ces arguments qui sont avancés par moult organisations, mais je pense
que de les occulter, c'est une grave
erreur, et ça pourrait nous amener dans des zones où on ne souhaitait pas se
trouver, que les entreprises ferment ou encore que des milliers de
travailleurs se retrouvent sur le chômage — ce n'est pas ça qui est
recherché — que
des travailleurs soient remplacés par de la machinerie — on
veut bien être, bien sûr, à la page puis se mettre aux couleurs technologiques, mais on souhaite aussi que nos
gens travaillent — ou
encore que les heures travaillées dans nos entreprises soient coupées
parce que l'entreprise n'arrive pas à payer ou à rencontrer ces hausses du
salaire minimum.
Et, sauf erreur, Mme la Présidente, au Québec, là, c'est
80 % des entreprises qui sont des PME, là. Alors, ça, c'est important de se rappeler ça. Puis il y a de la
très, très petite entreprise. Alors, elle parlait de ces hauts dirigeants qui
gagnent des gros salaires, puis, pour ne pas les
priver de leurs hauts salaires, on pénalise les gens à faibles revenus, au
salaire minimum. Je pense qu'on fait des raccourcis quand on avance ce genre
d'argument.
Et
évidemment tout le monde l'aura compris, Mme la Présidente, si on augmente trop
fortement ou de façon trop costaude le
salaire minimum, évidemment, il y a quelqu'un à quelque part qui va payer la
facture. Et devinez qui ce sera. Il y a des fortes chances que ce soient
les consommateurs.
Par ailleurs, par ailleurs, si
d'autres paramètres devenaient pertinents aux calculs — et c'est là que vous allez voir qu'on a quand même une certaine ouverture — aux calculs pour faire... peut-être
s'ajouter à ceux que nous avons donnés tout à l'heure, bien nous, on est
très ouverts à les étudier.
Au fil des années, la stabilité et la
prévisibilité de la politique du taux général du salaire minimum au Québec ont
permis aux entreprises québécoises d'absorber les hausses régulières et
modérées, justement parce qu'elles étaient régulières
et modérées, et qui sont déterminées annuellement par le gouvernement.
Saviez-vous, Mme la Présidente, que, depuis
2003, depuis notre arrivée aux affaires de l'État comme Parti libéral, le
salaire minimum au Québec a connu une hausse
progressive, entre 2003 et 2016, de 47 %? Il est passé de 7,30 $ à
10,75 $, donc, depuis le 1er mai 2016. J'ai ici... mes collaborateurs m'ont donné un tableau qui
effectivement donne l'ensemble des augmentations que nous avons connues depuis 2003. Je porte à votre attention également
que notre gouvernement, en 2008, en 2009 et en 2010, a augmenté de 0,50 $ à chaque année le taux général du salaire
minimum parce qu'il y avait du rattrapage à faire. Je le dis pour rassurer
la collègue, pour lui dire : Ce n'est
pas dogmatique, notre affaire, on est capables de voir les situations et de les
apprécier. Alors, si cette année on a
augmenté de 0,20 $, s'il est arrivé aussi que nous ayons augmenté de
0,50 $... Alors donc, une augmentation
de 47 % depuis 2003. Et, bien entendu, c'est le Parti libéral qui était
aux affaires. Et le Parti québécois a fait un court passage, mais la très large part, près de 90 % des hausses
remarquées depuis 2003 — évidemment, vous aurez compris qu'il n'y a jamais eu de
baisse, là — sont
attribuables au Parti libéral.
Il s'agit — et, là aussi, ça va l'intéresser, la
députée — d'une
hausse qui est supérieure à la hausse des prix à la consommation, du taux d'inflation qui a été
observé pendant cette période. Alors que nous, nous avons augmenté le salaire
minimum de 47 %, l'indice de
l'inflation s'est établi, lui, à 24 %. Et aussi le salaire minimum est
supérieur à l'augmentation connue,
durant la même période, du salaire horaire moyen, qui se chiffre, lui, à
44 %. Alors, tantôt, de mémoire, elle parlait d'indécence, que ça n'augmentait pas assez vite.
Je dis : Non seulement on a augmenté de 47 % depuis 2003, mais en
plus cette augmentation-là est supérieure à
l'indice des prix à la consommation ou au taux de l'inflation, et en plus cette
augmentation-là est plus importante que
l'augmentation de l'ensemble des salaires au Québec. Ils citent aussi — ça va l'intéresser — une
augmentation positive du pouvoir d'achat de près de 23 %, 22,8 %, en
fait, des travailleurs qui sont visés et une réduction de l'écart de près de
3 % entre ces derniers et l'ensemble des salariés québécois. Alors, voilà
des chiffres qui démontrent effectivement
que la situation de ces personnes qui touchent au salaire minimum a des volets
positifs, et je tenais à le dire. Et
concrètement, cette année, Mme la Présidente, ce que ça signifie que d'avoir
augmenté le salaire minimum à 10,75 $, ça oscille à près de
2 %, à 1,9 % d'augmentation, et ce sont 260 000 Québécois
qui vont ainsi en bénéficier... qui en bénéficient déjà, puisque cette hausse
est en place depuis le 1er mai dernier.
Et je vais lui faire un clin d'oeil, à
la députée, parce que je suis bien heureuse puis satisfaite d'entendre la
députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques
dire... C'était à l'émission de radio La soirée est (encore) jeune... C'était
le 1er mai d'ailleurs, la fête des
Travailleurs, la journée même où on a augmenté le salaire minimum, elle
disait ceci... Je fais un clin d'oeil
aussi à nos amis d'en face. Allez, je la cite : «Faites les calculs. Vous
allez voir que, dans le fond, on est obligés de constater que, non, la moyenne au bâton, c'est les libéraux qui l'ont
eue [et] pas le Parti québécois.» Mais je le dis pour taquiner, mais pas tant non plus, parce qu'il est
clair... clairement, je pense, qu'on voit bien la volonté du Parti libéral du
Québec qui, dans une mouvance de justice
sociale qui est aussi la nôtre, que nous sommes... qui sommes des gens qui
voulons, bien entendu, participer à l'amélioration de la qualité de vie de nos
concitoyens.
Vous
allez me permettre de vous glisser un petit mot sur la Californie et l'État de
New York, qui sont souvent, actuellement, cités pour avoir choisi
d'atteindre un salaire minimum à 15 $. Ça va prendre quelques années
prévues pour y arriver. Mais ce que nous,
nous souhaitons dire, c'est qu'il faut comparer les filets sociaux : le
système de santé publique, Mme la
Présidente, le régime d'assurance médicaments, les services de garde, le régime
québécois d'assurance parentale, le
coût de la vie. Au Québec, on a un panier de services sociaux qui est assez
bien garni, merci; tout le monde en convient.
Alors, le salaire minimum est une mesure. Est une mesure. Et elle s'ajoute,
bien entendu, à une multitude de services
que nous offrons gratuitement, au Québec, et dont ne bénéficient pas d'autres
administrations avec lesquelles on souhaite nous comparer.
L'éditorialiste
Paul Journet mentionnait, dans La Presse du 25 avril dernier,
qu'«il y a une raison pour laquelle les provinces choisissent leur
propre salaire minimum puis le réévaluent chaque année. C'est parce que la
somme doit s'ajuster aux particularités du marché de l'emploi et au coût de la
vie.»
Une augmentation du
salaire minimum à 15 $ sera un jour possible, au Québec.
À «la vie» finissait
la citation de M. Journet.
Ce
que nous souhaitons vous dire par ailleurs, Mme la Présidente, c'est qu'un tel
seuil doit être atteint graduellement, avec sagesse et rigueur.
Alain
Dubuc écrivait, pour sa part, le 12 mai 2016, dans La Presse, et je
le cite : «Un passage à 15 $, une hausse de 40 %, entrerait dans la catégorie des
hausses brutales, un phénomène qu'on connaît mal, mais qui comporte des risques
de mises à pied, d'impacts négatifs sur des employeurs plus fragiles, souvent
[bien entendu], des PME.»
À
ce sujet, Mme la Présidente, vous allez me permettre de citer aussi la députée
de Joliette, du Parti québécois, qui, au micro de Paul Arcand, c'était le 10
mai dernier, disait ceci : L'échéancier, deux ans, tel que proposé par
notre collègue, c'est rapide. «Je suis d'accord avec une hausse, mais [il] faut
faire ça de façon responsable.»
Ou encore la
vice-présidente principale de la Fédération canadienne de l'entreprise
indépendante qui mentionnait, dans une lettre publique parue le 21 avril
dernier, et je la cite, «qu'une telle augmentation pourrait s'avérer
dommageable pour
l'économie et l'emploi, créant notamment une forte pression sur les coûts de
main-d'oeuvre dans les petites entreprises».
Vous le savez, Mme la Présidente, nous sommes,
au Québec, très fiers de la fibre entrepreneuriale qui nous caractérise. Notre
économie en est d'ailleurs le reflet, de par la multitude de petites et
moyennes entreprises que l'on retrouve sur
l'ensemble du territoire; de mémoire, comme je vous le disais tout à l'heure,
80 %. Et je le remarque particulièrement, bien sûr, dans la région que je représente comme ministre, la région de
la Chaudière-Appalaches, où, notamment en Beauce, il est bien reconnu que nous y retrouvons
plusieurs, plusieurs PME où la fibre entrepreneuriale y est très, très, très
présente.
Nos petites et moyennes entreprises seraient à
risque, face à une hausse brutale du salaire minimum. Je pense qu'il est
important d'insister sur cet aspect. Nous ne sommes pas contre l'augmentation
du salaire minimum, Mme la Présidente, bien
au contraire. Bien au contraire. Nous souhaitons que chacun de nos concitoyens
puisse vivre dans la dignité. Et je
pense que, tous les jours, nous faisons preuve de diligence à ce niveau-là. Nous avons une conscience sociale, au Parti
libéral, qui est bien reconnue, qui est bien positionnée également. Nous avons,
au fil des années, au fil de notre histoire,
mis en place des jalons qui font en sorte qu'aujourd'hui on peut se vanter
de pouvoir bénéficier de services sociaux avant-gardistes, solides et
qui font aussi notre réputation.
Alors, je
terminerais mon intervention comme suit, Mme la Présidente, ça va me
faire plaisir d'entendre d'autres collègues sur cette question. Évidemment, comme je
l'ai dit un peu plus tôt, nous en arriverons, à un moment donné, à atteindre le 15 $, c'est sûr, c'est certain. Mais, comme demandé par la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques, ça m'apparaît périlleux que, d'ici la fin de la législature, nous
poursuivions dans cette avenue, je pense que nous... on créerait un
effet contraire au but qui serait poursuivi. Merci beaucoup, Mme la Présidente.
• (15 h 30) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie, Mme la
ministre du Travail. Et maintenant je reconnais M. le député de
Richelieu.
M. Sylvain Rochon
M.
Rochon : Merci, Mme la
Présidente. Alors, cette motion des amis de Québec solidaire, elle me fait
étrenner mes toutes nouvelles
fonctions de porte-parole de l'opposition officielle en matière de travail,
c'est mon baptême du feu. Alors, je
suis heureux de le faire sur cette question centrale du salaire minimum et,
j'ajouterais aussi, de le faire dans ce contexte, parce que je sais que la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques — ça se sent dans son émotion et sa
passion — est
animée d'un réel et profond souci de voir
s'améliorer les conditions de vie des bas salariés. Et, ce souci, je le dis
d'entrée de jeu, je le partage tout aussi sincèrement.
Non
seulement, Mme la Présidente, suis-je nouveau porte-parole en matière de
travail pour l'opposition officielle, mais
suis-je aussi assez nouveau député, assez nouveau pour que mon porte-à-porte et
ce que m'y ont partagé mes concitoyens soient
encore tout frais à ma mémoire. Et, si quelque chose fait consensus, c'est
qu'il n'est pas facile, qu'il faut faire bien des acrobaties pour vivre au salaire minimum. Et ces acrobaties, Mme la
Présidente, ces miracles budgétaires, ils supposent souvent d'interminables heures de travail, peu ou
pas du tout de vacances, peu ou pas de loisirs, une alimentation qui n'est
pas toujours à la hauteur, souvent une
mauvaise qualité de logement, tout ça n'étant pas sans avoir des conséquences
sur la santé tant physique que psychologique.
Alors, des
femmes et des hommes m'ont partagé leurs difficultés à joindre les deux bouts
dans les quartiers les moins
favorisés de ma circonscription. Je les ai beaucoup sillonnés, ces
quartiers-là, pendant ma campagne parce que, comme c'est le cas pour ma collègue de Sainte-Marie—Saint-Jacques, le sort des gens que la vie
favorise moins m'interpelle, en particulier le sort des femmes et des
hommes peu organisés, pas syndiqués, qui n'ont pas de mouvement pour les
défendre, qui travaillent comme des forcenés pour faire vivre leur famille et,
souvent, se terrent chez eux le soir dans l'isolement
après le travail. Je souhaite, moi aussi, être la voix de ces personnes-là dans
ce salon, cela me paraît être mon devoir.
Alors, Québec
solidaire souhaite que sa motion permette d'entendre les députés expliquer leur
position. Je crois avoir bien exprimé
ma sensibilité à l'égard du sort des bas salariés. Le salaire minimum, il s'établit
au Québec, depuis le 1er mai 2016, à 10,75 $ l'heure, ce que la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques a tout à fait raison de trouver peu.
Puis elle n'est pas la seule à trouver que
c'est peu, je le trouve aussi. Et il n'y a pas... nous qui le trouvons, en
avril 2016 l'Institut de recherche et
d'informations socioéconomiques, l'IRIS, a publié une étude soutenant que le
salaire minimum au Québec est
insuffisant. Les conclusions de cette étude, elles remettent également en
question la pertinence d'avoir un salaire
minimum unique au Québec, comme c'est le cas actuellement. L'IRIS a fait une
moyenne des salaires viables des différentes villes et des différentes
situations familiales pour déterminer un taux québécois, et l'institut en
arrive à la proposition de 15,10 $ de
l'heure. C'est à peu près cette proposition que la députée reprend dans la
motion que nous étudions présentement.
Je relis le premier alinéa de cette motion : «Que
l'Assemblée nationale reconnaisse que, en 2016, seul un salaire horaire de 15$ ou plus permet aux personnes
salariées à temps plein d'obtenir un revenu viable.» On lit ensuite au second
alinéa : «Que l'Assemblée nationale
s'engage à adopter d'ici la fin de la présente législature une loi sur le
salaire minimum à 15$ de l'heure qui établira les critères pour son
augmentation annuelle.»
Alors, qu'une chose soit immédiatement claire, Mme la
Présidente, le Parti québécois, il est d'accord, bien sûr, avec le principe d'offrir le salaire minimum le
plus élevé possible. L'enjeu, c'est comment et c'est quand. Ça demande
des études approfondies, et je suis heureux,
sur l'enjeu du quand, de voir inscrite à la motion la notion de critères qui
établiront le niveau des augmentations annuelles. Ce sont des enjeux, le
comment et le quand, que nous ne pouvons pas escamoter.
Les poser,
ces enjeux-là, ce n'est pas échouer au test de la solidarité sociale. Au
contraire, je dirais, au contraire, on
se les pose, on les pose parce qu'on est sérieux, parce qu'on est responsables,
parce qu'on veut vraiment ne pas manquer notre coup d'améliorer le sort des bas salariés, parce qu'on veut que le
Québec ne manque pas son coup, que le Québec ne manque pas son coup. N'allons surtout pas faire de cette question un
enjeu partisan. Rassemblons-nous plutôt pour trouver les meilleures solutions possible, ce que devrait permettre,
d'ailleurs, l'étude du projet de loi qu'appelle de tous ses voeux la
motion de ma collègue si cette étude est assortie de grandes consultations.
La question du salaire minimum, Mme la
Présidente, elle est importante et elle mérite — encore une fois, j'insiste là-dessus — qu'on s'y attarde. Notre objectif est,
évidemment, d'offrir le salaire minimum le plus élevé possible, mais il faut être certain, certain que la voie choisie
ne comporte pas un effet pervers qui mette les Québécoises et les Québécois
dont on a voulu améliorer le sort dans une situation pire encore que celle
qu'on a voulu corriger, un effet sur le nombre d'emplois disponibles. Il faut être certain que ça ne se traduira pas
par une diminution du nombre d'emplois disponibles pour les
travailleuses et les travailleurs.
• (15 h
40) •
Il
est raisonnable d'analyser cela. Le bien-être des salariés dont on veut
améliorer le sort commande une extrême
rigueur. La détermination du salaire minimum, elle a des impacts que nous ne
pouvons pas nier. Nous croyons que le gouvernement devrait consulter sur
le sujet. Une commission parlementaire pourrait se tenir rapidement, qui
permettrait aux parlementaires d'entendre les meilleurs experts sur la question.
Je
vais en citer deux. Selon Jean-Michel Cousineau, professeur titulaire à l'École des relations
industrielles de l'Université de
Montréal et spécialiste en matière d'emploi et de salaires, d'une part, un
salaire minimum trop bas nuit à l'économie
parce que, dans une telle situation, le pouvoir d'achat des travailleurs au
salaire minimum est, lui aussi, trop bas. Ça me paraît indéniable. D'autre part, lorsque l'on veut hausser le
salaire minimum, il y a des risques quand c'est fait de façon brusque. Si une PME n'arrive pas à survivre
parce que la hausse du salaire minimum est trop rapide, on viendra nuire aux personnes qu'on souhaite aider. Ce n'est
pas moi qui parle, là, c'est monsieur... monsieur dont j'ai cité le nom
il y a un instant, M. Cousineau, professeur titulaire à l'École des
relations industrielles de l'Université de Montréal, spécialiste en matière d'emploi et de salaires. Alors, il nous
dit : «"Il faut vraiment y aller de façon progressive et faire
les suivis nécessaires"[...]. Dans la
mesure où la hausse est graduelle et que nos concurrents, les villes
américaines, augmentent aussi leur salaire minimum à 15 $,
Jean-Michel Cousineau est d'avis que le Québec peut aussi songer à augmenter
sensiblement le salaire minimum...»
Or, que sait-on des
intentions des villes américaines? Je me suis immédiatement intéressé à cette
question. Plusieurs grandes villes
américaines et certains États où le coût de la vie est significativement plus
élevé qu'au Québec ont adopté un
salaire minimum à 15 $ qui entrera en vigueur progressivement au cours des
prochaines années : les villes de
New York et de San Francisco, 2018; l'État de New York et la ville de
Seattle, 2019; la ville de Los Angeles, 2020; Californie, 2022. Et, juste pour nous enrichir de
cette information — c'est
intéressant de voir ce qui se fait ailleurs — la loi
californienne SB3 sur le salaire minimum à 15 $ a été signée le
4 avril dernier. Le projet de loi prévoit des augmentations annuelles de 1 $ jusqu'à atteindre 15 $,
puis une formule de calcul des augmentations subséquentes. Il prévoit aussi un
délai d'une année supplémentaire pour
chacune de ces augmentations dans le cas des entreprises de 25 employés ou
moins. Vous voyez, c'est modulé.
Une autre analyse,
Mme la Présidente, juste pour nous donner un avant-goût de ce que pourraient
donner des consultations sur le sujet. Pierre Fortin, professeur émérite
au Département des sciences économiques de l'UQAM et spécialiste de l'économie du travail, dans son étude intitulée Salaire
minimum, pauvreté et emploi : à la recherche du «compromis idéal», publiée en 2010 dans la revue Regards sur le
travail, je le cite : «Le rapport de 45 % entre le salaire
minimum et le salaire moyen doit être
considéré comme une borne supérieure à ne pas dépasser...» C'est l'avis de
M. Fortin.
En
avril 2016, voyons voir, le salaire horaire moyen au Québec s'élevait à
24,38 $, ce qui veut dire, selon Fortin, que le salaire minimum maximal ne devrait pas dépasser 10,97 $,
soit 0,22 $ de plus que le salaire minimum actuel. Pour se rendre à 15 $ de l'heure — je parle toujours de Fortin, là — il nous faudrait donc d'abord un salaire
moyen de plus de 33 $ de
l'heure, ce qui implique — ce qui implique — d'avoir une politique de développement économique
permettant à davantage de
travailleurs de bénéficier d'emplois bien rémunérés, politique de développement
économique que nous appelons, de ce
côté-ci de la Chambre, de tous nos voeux. Vous nous avez entendus plusieurs
fois le faire, Mme la Présidente.
Alors,
vous constatez bien qu'il serait plus qu'intéressant que s'enclenchent autour
du projet de loi que ma collègue de
Sainte-Marie—Saint-Jacques
réclame dans sa motion de vastes consultations, autour de cette idée, de vastes
consultations. Oui, le salaire
minimum est trop bas. Oui, il faut le hausser. Oui, la cible de 15 $ est
certainement intéressante. La motion de
la collègue de Sainte-Marie—Saint-Jacques, elle doit ouvrir, à mon point de vue, un grand chantier
de réflexion sur cette question. Il
s'agirait d'une réflexion collective fort pertinente sur les conditions
salariales minimales au Québec, et cela situerait cette question où elle
doit se situer, c'est-à-dire au-dessus de la trop souvent stérile, non
productive et divisive partisanerie politique. L'heure n'est pas, ne devrait
pas être à se distribuer les étiquettes de gauche, de centre gauche, de centre droite ou de droite. L'heure
devrait être à travailler ensemble à améliorer le sort de nos concitoyennes
et de nos concitoyens au salaire minimum. C'est, je crois, ce qu'ils attendent
de nous, nous voir réunis à trouver des solutions, les meilleures solutions,
Mme la Présidente.
Je le dis et je le
répète à ma collègue de Sainte-Marie—Saint-Jacques, je partage ses préoccupations,
nous les partageons. Nous serions
enthousiastes à l'idée de participer à un chantier en vue d'améliorer le sort
des bas salariés. Je soumets, dans
cet esprit, l'amendement suivant à la motion de ma collègue : Remplacer le
mot «adopter» du deuxième alinéa par le mot «étudier».
La motion se lirait
donc ainsi :
«Que l'Assemblée
nationale reconnaisse que, en 2016, seul un salaire horaire de 15 $ ou
plus permet aux personnes salariées à temps plein d'obtenir un revenu viable;
«Que l'Assemblée nationale s'engage à
étudier d'ici la fin de la présente législature une loi sur le salaire minimum
à 15 $ de l'heure qui établira les critères pour son augmentation
annuelle.»
Je dépose mon
amendement. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup, M. le député de Richelieu,
qui est aussi le nouveau porte-parole en
matière de travail pour l'opposition officielle. Et je dois vous dire que votre
amendement sera déposé, sous réserve de sa recevabilité. Et
maintenant...
Une voix :
...
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Pardon?
Une voix :
...
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Et de, bon, avoir la permission de l'auteur. Et,
pour la prochaine intervention, je vais céder la parole à M. le député de
Drummond—Bois-Francs.
M. Sébastien Schneeberger
M.
Schneeberger : Merci, Mme la Présidente. Alors, je tiens à
remercier la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques pour sa motion aujourd'hui. Elle nous permet de tenir un débat important
sur le salaire minimum. Elle nous permet aussi et surtout de prendre le temps d'adresser certains mythes importants qui
persistent et d'expliquer l'économie, la logistique qui entoure
l'établissement du salaire minimum.
Voilà quelques fois
déjà qu'on jongle avec l'idée d'une augmentation importante du salaire minimum
au Québec. Il est vrai que l'idée est
séduisante. Si on fait abstraction de plusieurs réalités économiques et
sociales, une telle augmentation du
salaire représente, en premier survol, une importante augmentation du pouvoir
d'achat des travailleurs les moins
nantis. Le chiffre de 15 $ est atteint notamment dans une étude de l'IRIS
où on calcule le revenu nécessaire à une
famille pour couvrir tous ses besoins pour chaque région du Québec. Ce groupe
de gauche fait ensuite la moyenne de
toutes les régions du Québec pour formuler le chiffre un peu alambiqué de
15 $. Pour certaines régions du Québec, ce serait trop. Pour d'autres, ce serait nettement insuffisant. En
adoptant cette motion, on sait déjà qu'on créerait ici d'autres
problèmes.
L'augmentation du
salaire minimum telle que proposée ici fait complètement abstraction de la
situation socioéconomique du Québec. Bien
sûr, si, du jour au lendemain, les gens qui gagnent moins de 15 $
gagneraient soudainement 15 $
sans aucun impact économique, le pouvoir d'achat augmenterait, et on
contribuerait à les sortir de la pauvreté. La réalité, Mme la
Présidente, est beaucoup plus complexe que ça. Ce que le salaire minimum
protège, c'est un pouvoir d'achat plancher en deçà duquel on souhaite éviter
que ne se retrouvent ces travailleurs. Ce n'est pas tant un montant d'argent
précis qu'un seuil minimal.
• (15 h 50) •
C'est
aussi quelque chose qui se définit dans un contexte socioéconomique. C'est un
peu comme si, un escalier roulant de l'économie qui serait ici rempli de
monde, chaque marche correspond à un pouvoir d'achat. Avec le jeu de l'inflation, les salaires montent sensiblement au
même rythme que l'escalier économique de ce pouvoir d'achat. Or, si on
décide d'augmenter trop rapidement le salaire minimum, pour continuer un peu
dans cette image, c'est comme si on demandait
aux personnes des plus bas niveaux de monter subitement quelques marches qui sont déjà bondées. Forcément,
ces gens se retrouveraient bousculés, et,
par la même manoeuvre, à l'extrême, certains seraient peut-être éjectés de
l'escalier, c'est-à-dire qu'ils
perdraient leur emploi dépendamment des problèmes au niveau de l'économie.
C'est là tout le problème d'une augmentation subite du salaire minimum.
Une augmentation
importante et subite du salaire minimum, compte tenu du contexte économique,
entraîne nécessairement des vagues.
Plusieurs commentateurs et chroniqueurs ont dressé un portrait des
chamboulements que cela créerait : coupures de postes, augmentation
des coûts d'opération des entreprises, fermetures et faillites d'entreprises,
ralentissement économique et, voire même, des fois, des déménagements.
Nous
ne ferons pas des scénarios catastrophe ici aujourd'hui, mais nous avouons,
tout de même, que la proposition comporte des impacts pernicieux qui
vont ultimement à l'encontre de l'effet qu'on recherche. Une augmentation du salaire minimum entraînerait des chamboulements
importants de la structure des entreprises. Celles-ci devraient réviser
leurs coûts et possiblement réduire leur personnel. D'autres entreprises,
peut-être, seraient forcées même de fermer. Dans
ces cas, au lieu d'une augmentation de 4,25 $ de l'heure pour ces
employés, on les enverrait plutôt au chômage avec une fraction de leurs
revenus à 10,75 $. On ne parle pas d'une augmentation du pouvoir d'achat
dans ce contexte.
Une
augmentation du salaire minimum aurait aussi pour effet pervers d'entraîner une
inflation importante. Cela, par
exemple, si on prend le chemin... Mettons, une canne de petits pois à
l'épicerie qu'on achète présentement à 0,89 $. Ce 0,89 $ permet de
supporter les salaires des producteurs, des cueilleurs, des manufacturiers,
transporteurs et du personnel du
supermarché qui vous la vend. Il permet également d'assurer une marge de profit
acceptable pour toutes ces entreprises. Si des salaires dans cette chaîne d'employés y sont au minimum, ils se
retrouveraient augmentés à 15 $ par la motion ici aujourd'hui. Or, cette situation ferait en sorte
de forcer les entreprises à réviser leurs marges de profit et, dans plusieurs
des cas, à augmenter les frais reliés à leur
part du processus de production et de mise en vente de cette canne de conserve.
C'est donc à plusieurs niveaux que
l'augmentation du salaire minimum aura un impact sur le prix de celle-ci. Naïvement, on pourrait s'attendre qu'une
augmentation de près de 40 % du salaire minimum entraînerait, au pire, un
niveau d'inflation
semblable. Cependant, le calcul est beaucoup plus complexe. Si plusieurs
employés de la chaîne de production sont concernés, on arrive en fin de piste à
une inflation multifonctionnelle difficile à anticiper. Donc, l'augmentation
du salaire minimum de 40 %, qui, en
principe, voudrait augmenter le pouvoir d'achat, se retrouve à diminuer, en
pratique, la quantité d'achats de ces mêmes travailleurs.
Il
y a d'autres impacts pour les travailleurs qui ne sont pas au salaire minimum
si la mesure devrait s'appliquer. En
effet, la question du juste niveau salarial est une question d'économie fort
complexe, qui dépend de son... complexe économique. Le salaire d'une personne est généralement évalué en
fonction d'une série de facteurs qui est reliée directement l'emploi, reliée aussi à la personne qui l'occupe,
mais également basé sur une comparaison avec les autres emplois du marché du travail. Une personne qui gagne
20 $ de l'heure dans un contexte où le plus bas salarié gagne 10,75 $
n'a pas la même perspective de son salaire si elle travaille dans un
contexte où le salaire minimum serait à 15 $.
On
peut donc anticiper un retour du balancier à un autre niveau. En effet, les
travailleurs qui ne sont pas au salaire minimum vont, à leur tour, exiger une hausse de salaire substantielle.
Ces demandes seront formulées d'abord en fonction de la différence entre les salaires, mais
également en fonction de l'importante inflation qui découlera de cette mesure.
Ces autres travailleurs, en raison du jeu de
l'inflation, verront également leur pouvoir d'achat diminuer en raison d'une
augmentation subite du coût de la vie. Ces travailleurs exigeront des hausses
de salaire à leur tour afin de rétablir leur pouvoir d'achat dans cette
nouvelle réalité du marché qui, à la mesure... serait instaurée.
Les
employeurs, afin de répondre à ces demandes et face à une augmentation
généralisée des coûts, devront, à leur
tour, réviser leur structure d'entreprise. Puisque les marges sur les salaires
seront fortement affectées, les employeurs seront nécessairement tentés de retrouver l'équilibre à travers les
avantages sociaux, par exemple. La mesure risque donc de réduire
encore davantage l'accès à des mesures comme les plans d'assurance
ou même les régimes de retraite. On sait que les personnes à la retraite, à moins qu'elles ne bénéficient d'un
régime de retraite, se retrouvent trop souvent dans une situation précaire.
Or, la diminution de l'accès des travailleurs à des régimes de retraite n'est
donc pas une voie souhaitable dans les
efforts de la lutte à la pauvreté. C'est donc, encore une fois, ici une
nouvelle conséquence de la mesure contradictoire du but recherché.
Quoi faire alors pour
lutter efficacement contre la pauvreté? Il s'agit d'une question qui vient nécessairement
avec une mesure de problème qu'on cherche à
régler. Donc, combien de gens cherche-t-on, à travers cette mesure, à sortir
de la pauvreté? Une statistique de
l'Institut Fraser s'est adressée à cette question et publiait en mars
dernier un rapport très éclairant sur
cette question. En effet, selon les chiffres de l'Institut de la statistique du Québec, seulement 6 %
des travailleurs sont présentement au salaire minimum. De ces
travailleurs, 59,2 % ont entre 15 et 24 ans, 84 % n'ont pas d'enfants et plus de 49 % travaillent
volontairement à temps partiel. Alors, on s'éloigne ici du stéréotype, du
portrait, des fois, qu'on a
tendance... où est-ce qu'il y a des familles monoparentales qui ont peine à
joindre les deux bouts, mais, il faut
le dire, ça existe certainement. Visiblement, ces statistiques démontrent que
la vaste majorité de ces travailleurs au salaire minimum qu'on cherche à viser ici sont, en réalité, des
travailleurs en transition. Les chiffres de l'Institut de la statistique du Québec démontrent également cette
transition avec une augmentation du nombre de travailleurs vers les tranches de salaires supérieures avec l'âge et
avec la fondation d'une famille. Donc, on cherche à régler d'une mauvaise
façon les problèmes, qui sont bien modestes quant à leur ampleur.
Comment,
donc, peut-on, comme société, parvenir à augmenter le salaire minimum de
manière efficace, durable et
économiquement soutenable? Et que faire dans l'intermède? D'abord, je crois,
Mme la Présidente, qu'il est important de
rappeler qu'il existe déjà une série de programmes, de crédits d'impôt et de
mécanismes qui permettent d'assurer un niveau de revenus qui n'est pas
trop bas. Vous nous direz peut-être que ce n'est pas encore suffisant, et je
suis, moi personnellement, d'accord avec ça.
Je pense que tout le monde, ici, on veut une augmentation du revenu familial
pour tous les gens du Québec.
Alors,
nous croyons... nous sommes ambitieux, inutile de vous dire que, de notre côté
de la Chambre, on n'aime pas le statu
quo. Alors, augmenter le salaire minimum est une affaire de développement
économique. Ce salaire plancher dépend
donc de la création de richesse. Il doit, en tout temps, s'inscrire dans un
contexte et un cadre socioéconomique capable
de le supporter. On ne peut pas arriver, brandir une baguette magique et,
pouf! augmenter le salaire minimum, et penser de régler tous nos problèmes. Dans cette structure économique actuelle,
l'augmentation du salaire minimum passe par un taux de chômage le plus bas possible. Plus la main-d'oeuvre se
fait rare, plus elle devient apte à commander un salaire élevé. Le
salaire minimum suivra donc nécessairement.
D'autre
part, un bas taux de chômage signifie une économie plus vigoureuse. Pour qu'une
économie gagne en vigueur, se
dynamise et permette une diminution du taux de chômage, il lui faut une forte
culture entrepreneuriale, et c'est exactement
ce que nous souhaitons créer pour le Québec, ici, de notre côté de la Chambre.
C'est bien connu, nous militons pour un dynamisme économique. Nous
travaillons sans relâche à des allègements pour favoriser les innovations qui permettent de supporter un tel dynamisme. Nous
prêchons pour la promotion de la culture entrepreneuriale envers nos
jeunes afin de pérenniser cette force économique que nous souhaitons créer.
Une
autre façon d'augmenter le pouvoir d'achat de nos citoyens est via l'allègement
de taxes et impôt. Pour arriver à cela,
il faut réduire la taille et diminuer la bureaucratie, souvent trop lourde au
Québec. On ne vous apprendra rien en disant que nous travaillons également là-dessus. Nous avons d'ailleurs proposé
une diminution, il y a quelques mois, du fardeau fiscal pour les familles,
de 1 000 $ au dernier budget.
Alain Dubuc
signifiait dans sa chronique... il parlait du PIB, et j'aimerais ça, faire le
lien parce qu'on prend l'exemple ici de la
Californie à 15 $, mais le PIB de la Californie est le double du Québec,
celui de l'État de New York est de
66 %. Alors, si on veut avoir une économie riche, une économie prospère,
il faut se comparer avec des États égaux et pas les États qui sont les
plus riches. Par contre, c'est sûr qu'il faut travailler fort pour arriver à ce
même niveau.
Aussi,
je voudrais dire qu'un étudiant, au Québec, qui travaille au salaire minimum
est, d'après moi... a, d'après moi,
une meilleure qualité de vie, due aussi aux coûts des études qui sont reliés.
Parce qu'on sait qu'aux États-Unis le coût des études est beaucoup plus
élevé qu'ici.
Alors, c'est
pour ça que nous, Mme la Présidente, dans ces conditions, nous allons voter
contre cette motion. Et par contre
nous sommes d'avis qu'un meilleur travail, des meilleures études font en sorte
que l'augmentation des salaires des personnes
va de soi. Et c'est pour ça que nous sommes favorables à l'étude... l'école
jusqu'à 18 ans, pour permettre justement à ces gens-là de
poursuivre leurs rêves aussi. Merci, Mme la Présidente.
• (16 heures) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci, M. le député de Drummond—Bois-Francs. Et, pour la prochaine
intervention, je vais céder la parole à M. le député d'Argenteuil. Merci, M. le
député.
M. Yves St-Denis
M. St-Denis : Merci, Mme la
Présidente. Alors, à titre d'adjoint parlementaire de la ministre responsable
du Travail, il est important pour moi de prendre la parole dans le cadre du
débat sur la motion déposée par la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques, ne serait-ce que pour rassurer la
députée quant à l'importance que notre gouvernement a toujours accordée aux personnes en situation de
vulnérabilité ou de pauvreté. Je commencerai donc, Mme la Présidente, par
expliquer la mécanique annuelle du salaire minimum au Québec et ensuite je vais
aborder la question des mesures que
nous avons priorisées dans le dernier budget pour apporter un soutien aux
travailleurs à faibles revenus et pour favoriser l'emploi.
D'abord,
l'augmentation du salaire minimum est calculée sur la base d'une étude
actuarielle qui prend en compte l'impact
sur le pouvoir d'achat des salariés, sur la compétitivité des entreprises, sur
le niveau de l'emploi, sur l'incitation au travail et sur la pauvreté, déterminée selon la mesure du panier de
consommation. D'ailleurs, dans le plan stratégique 2015-2018 du ministre du Travail, de l'Emploi et
de la Solidarité sociale, il est mentionné que la cible retenue pour le salaire minimum correspond à un ratio entre
45 % et 47 % du salaire industriel moyen au Québec. La hausse du
salaire minimum à 10,75 $ de l'heure, au 1er mai dernier, se
situe exactement dans cette cible.
Mme la
Présidente, un salaire minimum trop élevé par rapport à la cible retenue dans
le plan pourrait entraîner des conséquences graves sur le taux d'emploi,
car plusieurs entreprises pourraient fermer à cause d'une masse salariale trop lourde à supporter. Un autre phénomène qu'on
pourrait voir apparaître est le remplacement de travailleurs par des machines, dans certaines entreprises, afin de
réduire les coûts de la masse salariale. De plus, plusieurs travailleurs
pourraient se voir couper leurs heures de travail.
Il faut
rappeler que ce n'est pas parce que le salaire minimum augmente que la marge de
profit des entreprises augmente. La hausse du salaire minimum à
15 $ de l'heure n'aurait donc pas seulement des conséquences pour les travailleurs, mais également pour les
consommateurs, car l'augmentation des coûts pour l'entreprise serait refilée
aux consommateurs. Il importe donc de chercher un équilibre entre
garantir le pouvoir d'achat et la capacité de payer des entreprises.
Compte tenu
de cette réalité, il est intéressant de constater que, depuis 2003, le salaire
minimum au Québec a tout de même connu une progression de 47,26 %,
passant de 7,30 $ de l'heure à 10,75 $ de l'heure, soit une
augmentation supérieure à la hausse de
l'indice des prix à la consommation, soit 24,5 %. Et cette hausse est
supérieure à la hausse du salaire
horaire moyen, soit 44,5 %. Depuis la hausse du 1er mai dernier, le
Québec est la quatrième province canadienne à offrir le salaire minimum
le plus élevé.
Mme la
Présidente, à lui seul, le salaire minimum à 15 $ de l'heure n'élimine pas
la pauvreté des familles et ne réduit
pas la pauvreté de façon durable. Il ne fait que masquer la réalité, la réalité
que vivent des groupes pendant un certain temps en augmentant les salaires de certains au prix d'un taux de
chômage plus élevé. Des mesures d'aide de l'État comme les prestations
pour enfant et la prime au travail ont des impacts beaucoup plus importants sur
la qualité de vie des Québécoises et des
Québécois. C'est, entre autres, pourquoi, Mme la Présidente, notre gouvernement
a bonifié les primes au travail. Il
est important d'augmenter la participation active des citoyens au marché de
l'emploi et de rendre le travail plus
attrayant. Pour la prochaine année, notre gouvernement bonifiera la prime au
travail pour les personnes seules et les couples sans enfant. Cette
mesure permettra à des travailleurs à faibles revenus d'avoir une aide
supplémentaire pour maximiser les avantages
d'intégrer le marché du travail. Le budget 2016-2017 prévoit que le taux de
majoration de la prime au travail
générale pour les ménages sans enfant passera de 7 % à 9 %, et ce,
dès cette année. Le taux de majoration de la prime au travail pour les personnes présentant des contraintes sévères
à l'emploi passera de 9 % à 11 % en 2016 pour les ménages sans
enfant. Ces changements représentent un investissement additionnel de
42 millions de dollars par année et
permettront à près de 326 000 ménages sans enfant de bénéficier d'une aide
fiscale additionnelle. Ça, ce sont des mesures qui ont de l'impact sur
les conditions de vie des personnes à faibles revenus, Mme la Présidente.
Également, les versements de la prime au travail
seront faits plus rapidement cette année pour les prestataires d'une aide financière de dernier recours qui
déclarent des revenus de travail. De plus, les prestataires de l'aide
financière de dernier recours
pourront obtenir leurs allocations par anticipation, mensuellement, et, de
cette façon, d'améliorer leur situation
financière davantage en temps réel en rapprochant le versement de la prime au
travail de l'effort au travail. Il s'agit d'une avancée extrêmement
importante.
Mme la
Présidente, il faut comprendre que, lorsque le salaire minimum augmente, la
masse salariale disponible pour les travailleurs n'augmente pas
nécessairement. La hausse du salaire minimum peut faire diminuer le nombre d'emplois, ce qui n'est pas nécessairement au
bénéfice des travailleurs à faibles revenus, qui risquent de voir leur emploi...
de perdre leur emploi ou voir leurs heures de travail coupées. Je crois que les
mesures que nous mettons en place soutiendront efficacement l'emploi et garantiront la dignité à un plus
grand nombre de personnes. Les sommes investies dans les primes au travail ne sont pas négligeables... et selon des
efforts importants de notre gouvernement pour soutenir les personnes plus
vulnérables. Enfin, Mme la Présidente, il s'agit là, selon nous, de mesures qui
découlent d'une vision beaucoup plus large que de l'idée d'un salaire
minimum à 15 $ l'heure. Je vous remercie.
• (16 h 10) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup, M. le député
d'Argenteuil. Et, pour la prochaine intervention,
je vais reconnaître M. le député de Mercier, tout en vous précisant qu'il reste
sept minutes à votre formation politique.
M. Amir Khadir
M. Khadir :
Merci, Mme la Présidente. L'opposition a formulé tantôt un appui à notre
motion, tantôt des réserves, je parle
de l'opposition officielle. Le député de la CAQ a signalé ses craintes. Je veux
le rassurer : D'abord, ces augmentations-là,
pour Québec solidaire, doivent s'accompagner... Une augmentation à 15 $ de
l'heure du salaire minimum doit
s'accompagner de mesures d'accompagnement des petites et moyennes entreprises
pour que tout le monde puisse assurer
ça. Je signale à mon collègue de la CAQ que le problème, c'est souvent... Nous,
notre projet de loi vise à surtout protéger
les employeurs des grandes chaînes de
pharmacies, les grandes... — j'ai
dit «les employeurs»! — les
employés des grandes chaînes de pharmacies, les employés de chaînes
d'alimentation, les employés de multinationales comme Chartwell, qui ont des dizaines de résidences pour personnes âgées ou pour
personnes malades et qui paient leurs préposés aux bénéficiaires à moins
de 15 $ de l'heure, des salaires indécents.
En fait, ça
me permet au moins de parler d'un cas tout récent qui permet d'illustrer la
gravité du problème. Il y a à peine
10 jours, les préposés aux bénéficiaires d'une résidence pour personnes
âgées, ici même, à Québec, étaient en grève. Vous savez pourquoi? Pour demander, justement, d'avoir un salaire
minimum à 15 $ de l'heure. Et je pense que nos aînés méritent, méritent
que des personnes qualifiées et compétentes s'occupent d'eux. Et je ne conçois
pas qu'au Québec on paie des gens qui
ont une compétence, qui ont la compétence de s'occuper de nos aînés... et qu'on
les paie à moins de 15 $ de l'heure, qui est parfaitement indigne
pour respecter la dignité de nos travailleurs et de nos travailleuses.
Je parle de
compétences parce que, quand on parle des salaires, et des rémunérations, et
des bonus, et des options d'achat sur
les actions accordées aux dirigeants d'entreprise, comme ma collègue de Gouin
l'a mentionné... Le président de
Couche-Tard, là, le P.D.G. de Couche-Tard gagne plus de 800 fois le
salaire moyen de ses employés, 800 fois. Et les travailleurs de Couche-Tard, là, dans les chaînes
de Couche-Tard, ne sont pas payés à 15 $ ou plus de 15 $ de l'heure,
ils travaillent pour moins de 15 $ de
l'heure. Comment lui, il justifie ce salaire faramineux? C'est toujours en nous
évoquant que la compétence se mérite,
et la compétence bien méritée a un coût. Mais, si la compétence a un coût, je
crois que la compétence qu'on
recherche pour ceux qui s'occupent de nos aînés, pour ceux qui nous rendent des
services vaut bien la peine qu'on
leur accorde un salaire qui respecte leur dignité de personne, qui leur permet
de gagner leur vie décemment et de répondre aux besoins de leurs
familles.
Je suis allé à leur rencontre, moi, à ces
préposés aux bénéficiaires, ici même, à Québec. Plusieurs d'entre eux travaillent pour une compagnie qui s'appelle
Chartwell. C'est une entreprise ontarienne qui vaut en bourse
plusieurs milliards de dollars.
Je n'ai pas eu le temps de vérifier son P.D.G. gagnait combien, mais c'est sans
doute dans les centaines de milliers, sinon
des millions de dollars, parce que c'est une multinationale qui possède des
centaines de résidences pour personnes âgées
dans toute l'Amérique du Nord. Devinez quoi? Malgré que l'entreprise soit
extrêmement profitable, malgré que les
résidents ici, à Québec, paient 3 000 $ ou 4 000 $ même par
mois pour habiter là, les travailleurs et les travailleuses, eux, touchent en moyenne combien? 12,50 $ de
l'heure. Calculé à 2 000 heures travaillées par année, ça donne en
bas de 25 000 $. C'est tout
à fait non viable. Pour une famille, c'est tout à fait non viable. Quand on est
seul, à la limite, ça pourrait
peut-être passer, mais la plupart des gens qui sont au salaire minimum ont
aussi des familles. Et c'est pour ça qu'ils étaient en grève, parce
qu'ils jugent, à raison, que leurs patrons devraient mieux partager le pactole
qu'on leur accorde en leur donnant la
possibilité d'avoir des permis pour opérer sur notre territoire et pour
s'occuper de nos aînés.
L'importance
d'un salaire minimum qui soit décidé par l'État, par le gouvernement central et
ensuite constamment ajusté à la
croissance du coût de la vie vient du fait que, malheureusement, en raison de
nos lois du travail encore déficientes, le rapport de force est du côté des patrons, notamment dans le cas de
Chartwell. Parce que les résidences pour aînés, malgré le fait que ce soit géré par le privé, administré
par le privé, rentrent dans le... sous la juridiction de la loi sur les
services essentiels, et donc ces
travailleurs ne peuvent qu'être en grève pour moins de 10 % de leur temps
de travail, ça veut dire moins de
42 minutes par jour, et en plus doivent accomplir toutes les tâches
restantes qu'ils n'ont pas accomplies durant ces 42 minutes sur leurs heures de travaux. Alors, vous voyez un
peu quelle est l'inéquité dans le rapport de force qui ne permet pas à nos travailleurs, surtout du secteur
privé, de se négocier de bons revenus, de négocier un salaire décent, d'où
l'importance pour l'État québécois d'agir et d'agir rapidement.
Je ne pense pas uniquement à eux, je pense à ces
travailleuses de motel, ces femmes nobles, ces femmes dévouées, ces femmes au service de nos concitoyens qui fréquentent ces
chambres d'hôtel, pour l'activité économique qui génère des millions de dollars pour le Québec, bien, ces femmes
étaient en grève l'automne passé à l'hôtel où j'ai résidé justement parce qu'elles ne réussissaient pas,
depuis plus d'un an, à convaincre leur patron qu'ils méritaient mieux que
12 $ de l'heure après 10 ans de
loyaux services, qu'ils méritaient mieux que 12 $ de l'heure après 10 ans
de loyaux services. Je pense à cette employée de la pharmacie où je suis
allé hier, au bureau de poste et à la pharmacie, hier, ici même, à Québec, une mère monoparentale qui devait encore,
à 36 ans, vivre de l'aumône de sa parenté, de son père parce que son
salaire, qui avoisine le salaire minimum de 10 $ et quelques
d'aujourd'hui, ne lui permet pas, à elle, de s'occuper convenablement
d'elle-même et de ses deux enfants.
Je pense que, pour nos
travailleurs et nos travailleuses, c'est une urgence. Et toutes les précautions
que vous souhaitez apporter pour que les
petites et moyennes entreprises soient accompagnées dans cet effort, nous en
sommes conscients, et, dans le projet de loi, ça va être tenu compte.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci, M. le député de
Mercier, de votre intervention. Maintenant, est-ce qu'il y a une autre intervention dans le cadre de ce débat?
Alors, oui, je reconnais Mme la députée de Fabre, et la parole est à
vous.
Mme Monique Sauvé
Mme
Sauvé : Mme la Présidente,
le 1er mai 2016, c'était la journée internationale des travailleurs
et l'augmentation du salaire minimum
au Québec. Ainsi, le taux général du salaire minimum passait de 10,55 $ à
10,75 $ de l'heure. Pour les
salariés au pourboire, le taux de salaire minimum augmentait de 9,05 $ à
9,20 $. Cette hausse de 0,20 $ et de 0,15 $, respectivement, du taux de salaire minimum
représente une augmentation de près de 2 %, soit plus précisément
1,9 %, par rapport au taux
actuel. Mme la Présidente, il est important de noter que cette hausse profitera
à plus de 260 000 personnes qui
sont soit rémunérées au salaire minimum ou rémunérées entre 10,56 $ et
10,74 $ de l'heure. Parmi ces personnes, 56 % sont des femmes.
Dans mon
court propos, je souhaite vous parler des avantages du principe et de la
réalité de la hausse du salaire minimum,
d'éléments de comparaison, mieux comprendre l'exercice de révision du taux et,
bien sûr, évaluer l'impact qu'aurait une hausse de salaire minimum à
15 $ de l'heure.
Tout d'abord,
allons-y avec les avantages. La révision annuelle du salaire minimum vise à
assurer une rémunération équitable
aux salariés qui en bénéficient, à maintenir l'incitation au travail sans nuire
à la compétitivité des entreprises et,
bien sûr, à augmenter le pouvoir d'achat, stimuler l'économie et permettre de
lutter contre la pauvreté et l'exclusion sociale.
Mme la
Présidente, retournons maintenant un peu dans le temps. Depuis 2003, le salaire
minimum au Québec a connu une
progression substantielle de 47,26 %, passant de 7,30 $ à
10,75 $. Si on compare maintenant avec l'IPC et aussi avec le salaire horaire moyen au Québec pour cette
même période, l'IPC, l'indice des prix à la consommation, était de 24,5 %. Quant à la hausse du salaire horaire
moyen, elle était de 44,5 %. Je vous rappelle que la progression du
salaire minimum, elle est, quant à elle, de 47 %.
Poursuivons avec la voie des comparaisons. Le
nouveau taux du salaire minimum du Québec se situe au quatrième rang des provinces canadiennes, il était au cinquième avant.
Et, par rapport à la hausse, en termes de pourcentage, si on se compare à l'Ontario qui a haussé son
salaire minimum à 1,3 %, notre hausse, donc, est avantagée, celle de
1,9 %, près de 2 %, au Québec.
• (16 h 20) •
Comprendre le calcul de la révision. Alors,
c'est grandement inspiré, ce calcul, il faut le comprendre, par les travaux de Pierre Fortin, économiste de renom, et,
bien sûr, l'étude d'impact réglementaire avec ses cinq axes d'évaluation
qui sont au coeur de la décision du Conseil
des ministres. Alors, quels sont ces cinq axes? L'impact sur le pouvoir d'achat
des salariés, la compétitivité des
entreprises, le niveau de l'emploi, l'incitation au travail et, bien sûr,
l'impact sur la pauvreté déterminée selon la mesure du panier de
consommation. Cette même étude d'impact, Mme la Présidente, révèle que l'augmentation du salaire minimum doit se situer
dans cette marge qui est 45 % et 47 % du salaire industriel moyen au
Québec afin d'éviter, et là c'est très
important, que des entreprises ferment et donc des milliers de travailleurs se
retrouvent sans emploi, que des
travailleurs soient remplacés par des machines, que les prix des marchandises
ou des services augmentent considérablement, refilant la facture aux
consommateurs, et que des heures de salariés soient coupées. Pourquoi, Mme la Présidente? Parce qu'il faut bien
se rappeler — même si
c'est une évidence — il faut
bien se rappeler que ce n'est pas
parce que le salaire minimum augmente que la masse salariale des entreprises
augmente automatiquement. C'est la
réalité des gestionnaires, c'est la réalité des directeurs d'entreprise, et
leur réalité budgétaire. Au Québec, à la lumière de ces constats, on utilise la variable la plus haute, soit le
47 %. Une augmentation qui dépasserait cette variable présente un risque sérieux pour l'ensemble de
l'économie, pour l'emploi et les consommateurs. Le défi est donc de trouver
le bon équilibre, l'équilibre qui garantit le pouvoir d'achat et la capacité de
payer des entreprises.
Mme la
Présidente, je suis très au courant du mouvement aux États-Unis, les mouvements
sociaux qui font pression pour augmenter le salaire minimum à 15 $
depuis quelques années... depuis quatre ans. Un mouvement qui a traversé la frontière canadienne l'année dernière, prenant
place en Colombie-Britannique, les mouvements qui sont en place. Depuis le 4 avril 2016, les gouverneurs des
États de New York et de la Californie ont ratifié deux lois portant progressivement
le salaire minimum horaire à 15 $. Alors, on va regarder un peu l'état de
situation.
Deux choses
sont à retenir à propos de ces propositions des deux États. D'abord, le coût de
la vie est beaucoup plus élevé à New
York qu'en Californie par rapport à la moyenne nationale des États-Unis.
Deuxièmement, la productivité a plus
que doublé depuis la fin des années 60, et cela ne s'est pas reflété au
niveau du salaire minimum. Il n'y a pas, même, de mécanismes de révision annuelle qui sont en place. Ajoutons à cela
l'absence de filet social et la croissance des salaires qui est inégale.
Dans La Presse,
Alain Dubuc et Paul Journet, dans des articles récents du 12 mai et du
28 avril, adressaient la même
grande réalité : le salaire minimum n'est pas le meilleur outil de progrès
social. Il touche des gens qui ne sont pas ceux qu'on veut aider en
priorité, ceux-là n'ont pas de travail, ils ont une réalité, évidemment,
préoccupante, celle de la pauvreté. Ils ne
touchent donc pas le salaire minimum et ils ne sont pas dans une situation
d'emploi. Pour eux, ce qui compte, c'est l'accompagnement et l'accès vers
l'emploi. Les gens les plus pauvres, ceux qui dépendent de l'aide sociale,
ne travaillent pas. Donc, la hausse du salaire minimum a peu d'effet sur eux.
Selon
l'Institut de la statistique du Québec, et il y a là une autre réalité, il y a
près de 60 % des travailleurs au salaire minimum qui sont des jeunes, des jeunes étudiants de 15 à 24 ans.
Ils sont en stage rémunéré, ils sont dans leur première expérience de travail et, bien sûr, ils vont
cheminer, tout au long de leur vie et leur parcours professionnel, selon les
échelons salariaux. C'est là une
réalité du profil de la majorité des personnes qui sont, donc, au salaire
minimum. Conséquemment, rehausser le
taux du salaire minimum au-delà de l'équilibre prescrit et documenté pourrait
amener un risque. Si le marché du travail, pour ces jeunes étudiants qui
vivent leur première expérience, est trop haussé, ça pourrait inciter les
jeunes à décrocher.
Du côté des
entreprises... Parce qu'il faut s'en soucier, il faut se rappeler, Mme la
Présidente, que plus de 90 % des
emplois, au Québec, qui... nous viennent des PME. Alors, le passage à 15 $
de l'heure est une hausse brutale de 40 % et comporte des risques importants de mises à pied,
des impacts négatifs pour l'ensemble des PME qui se retrouveraient
fragiles dans la gestion de leur masse salariale.
Mme la Présidente, le gouvernement du Québec
prend la décision éclairée d'une hausse de salaire minimum équilibrée, à la lumière des réflexions de Pierre
Fortin, de la rigueur de l'étude d'impact en vertu de la réalité du marché
du travail du Québec, de la réalité de nos
PME et du profil des salariés au salaire minimum, en majorité des jeunes du
Québec. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci, Mme la députée de
Fabre. Et, pour la prochaine intervention, je ne vois personne se lever... Ah! M. le député de Pontiac. La parole
est à vous. Et votre formation politique dispose d'un temps de parole de 20 minutes... Ah! même
pas, c'est moins que cela. Vous aurez... Je pourrai vous le préciser tout au
long de votre intervention. La parole est à vous.
M. André Fortin
M. Fortin
(Pontiac) : Très bien. Mme la Présidente, je vous remercie. Je vous
remercie de me reconnaître et de me permettre
de prendre part au débat de cet après-midi. Et ça me fait plaisir de faire...
débat, évidemment, là, qui a été initié par notre collègue... respectée collègue, appréciée collègue de
Sainte-Marie—Saint-Jacques
et par sa formation politique, Québec solidaire.
Mme la
Présidente, je comprends, je pense que nous comprenons tous, ici aujourd'hui,
ce que Québec solidaire tente de
faire en amenant de l'avant la motion qu'ils déposent aujourd'hui, en présentant la motion qu'on étudie aujourd'hui, et je pense... Je vous dirais qu'à ce point-ci, Mme la Présidente, après quelques heures de débat, c'est peut-être utile, c'est peut-être
important de rappeler le libellé de la motion, qui se lit : «Que l'Assemblée nationale reconnaisse que, en
2016, seul un salaire horaire de 15 $ ou plus permet aux personnes
salariées à temps plein d'obtenir un revenu viable; [et]
«Que
l'Assemblée nationale s'engage à adopter d'ici la fin de la présente
législature une loi sur le salaire minimum à 15 $ de l'heure qui
établira les critères pour son augmentation annuelle.»
En présentant
cette motion, Mme la Présidente, la députée a un objectif louable, un objectif
humain même, je dirais, soit de
s'assurer que davantage de Québécois, de Québécoises, davantage, Mme la
Présidente, de Hullois et de Hulloises puissent
vivre convenablement avec des conditions salariales qui leur permettent d'être
plus confortables et de soutenir leurs familles, et là-dessus, Mme la
Présidente, on ne va pas argumenter. Il n'y a pas un parlementaire ici, en
cette Chambre, en ce moment, qui travaille
pour le contraire. On veut tous que les Québécois gagnent plus, on veut tous que les Québécois
aient des emplois de qualité, on veut tous que les mères monoparentales, que
les pères monoparentaux même, que les
étudiants puissent subvenir à leurs besoins, aux besoins de leurs familles, on
veut tous sortir les enfants de la pauvreté.
Mais c'est la méthode qu'ils suggèrent qui ne va
pas, Mme la Présidente. Et ça arrive à l'occasion, avec nos collègues de Québec solidaire et les dossiers économiques, qu'on n'a pas la même
vision, qu'on juge que la solution qu'ils présentent est parfois trop simple, qu'elle est parfois trop peu
approfondie et qu'elle risque de faire plus de tort que de bien. Et, quand je dis, Mme la Présidente, que la
proposition de Québec solidaire est peut-être peu approfondie, c'est qu'à
première vue, oui, elle peut sembler positive pour les travailleurs... Un
travailleur qui fait 10,75 $ aujourd'hui ferait 15 $ demain. À première vue, ça peut sembler positif, c'est une
augmentation de 40 % de salaire tout d'un coup, comme ça, Mme la Présidente. À première vue, ça peut
sembler positif, un travailleur qui travaille à temps plein au salaire minimum
aujourd'hui fait environ 20 000 $, il en ferait 27 000 $.
Mais ça, c'est si on fonctionne dans une tour d'ivoire gouvernementale, si on
oublie l'impact réel de nos mesures.
Et, qu'on
s'entende, Mme la Présidente, on comprend l'importance d'augmenter le
salaire minimum. La ministre, tout à
l'heure, a bien fait la démonstration
de l'augmentation graduelle du salaire minimum au cours des
dernières années, elle a fait la
démonstration de tous les efforts du Parti
libéral en ce sens. Elle nous a dit, Mme la Présidente, que, depuis 2003, le salaire minimum avait augmenté de 47 %, alors que l'indice des prix à la
consommation n'avait augmenté que de
24 %. Elle nous a dit qu'au cours de trois années consécutives le
gouvernement du Parti libéral avait augmenté de 0,50 $ le salaire minimum, et 0,50 $, ça peut
paraître peu, mais ça représente une augmentation salariale d'au-delà de 5 %, selon le cas.
So, let's be clear, Mr. Speaker,
as I salute you, the Liberal Party of Québec has done quite a bit in order to increase the minimum salary over the
years. Since 2003, the minimum salary in Québec has increased by 47% while the
consumer price index has only
increased 24%. Ça, M. le
Président, on l'a fait pour nos travailleurs, on l'a fait pour nos familles.
• (16 h 30) •
Là où on
s'éloigne, cependant, de la réalité qui a été véhiculée par Québec solidaire,
c'est le choc d'augmenter de 40 %
tout d'un coup, comme ça, sans prévisibilité, sans avertissement, sans tenir
compte de ce qui se passe dans les autres
juridictions, sans tenir compte qu'un emploi, qu'il vaille 10 $ de
l'heure, qu'il vaille 15 $ de l'heure, qu'il vaille 30 $ de l'heure, M.
le Président, si on ne le crée pas, le travailleur s'en va à la maison avec
zéro. M. le Président, pour bien
comprendre... Parce que c'est facile de vivre dans notre monde à nous, ici,
c'est facile de se parler entre nous, c'est facile de s'exprimer à tour de rôle ici, dans cette enceinte. Mais, pour
bien comprendre l'impact d'une telle mesure, je me suis dit que ce matin j'appellerais un de mes
entrepreneurs locaux dans mon comté, que j'appellerais la tourbière Mountainview,
à Quyon, mon village natal, M. le Président. M. le Président, c'est une entreprise
qui emploie environ 40 personnes en haute
saison, et ce n'est pas tous des employés à salaire minimum, loin de là. Ce
n'est pas tous des employés qui font
sous 15 $ de l'heure, loin de
là, mais c'est une entreprise saisonnière, une entreprise agricole qui vend son
produit à des particuliers, à des consommateurs, à des gouvernements mais qui
vend aussi des produits spécialisés à, par exemple, des terrains de golf partout à travers l'Amérique
du Nord... ou l'est de l'Amérique du Nord. Alors, ils exportent. Ils ont une
valeur ajoutée pour le Québec. C'est le
genre d'entreprise que tous les députés ici aimeraient avoir dans leurs comtés.
Alors, je lui
ai posé la question : M. Hamilton... Et, pour la forme, là, M. le
Président, M. Hamilton, c'est un vrai entrepreneur.
Il a commencé son entreprise il y a plusieurs décennies. Il est dans le
processus de la léguer à ses enfants. Il la connaît, la réalité entrepreneuriale,
il la connaît bien mieux que moi, bien mieux que la plupart des collègues
ici. Et, non, ce n'est pas un des hauts
dirigeants de grandes entreprises visées par la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques, ce n'est pas un de ceux qui gagnent des millions et des millions de
dollars, ce n'est pas le président de Couche-Tard, de Wal-Mart, c'est un propriétaire de PME, comme
80 % des entreprises au Québec le sont. Alors, je lui demande : M.
Hamilton, aujourd'hui, à l'Assemblée
nationale, il y a un des partis d'opposition qui propose que le salaire minimum
soit établi à 15 $ de l'heure,
pouvez-vous me dire quel genre d'impact ça aurait sur votre entreprise? Et là,
M. le Président, c'est le silence au
bout de la ligne. Ce que j'ai entendu après le silence, c'était un long soupir,
et, après le soupir, il m'a dit : Tu sais, André, le monde a changé. Dans le temps, c'était facile. Si tu avais le
meilleur produit et le meilleur service, bien tu pouvais charger un
petit peu plus et, si tu étais un bon boss, tu partageais ce un petit peu plus
là avec tes employés, mais plus maintenant.
Aujourd'hui, il faut avoir le meilleur produit, le meilleur service et le
meilleur prix, M. le Président. Et, dans sa business à lui, les salaires
peuvent aller jusqu'à 50 % de ses coûts.
Alors, M. le
Président, elle est où, sa marge de manoeuvre? S'il augmente demain matin ses
dépenses de salaire, bien, sa
structure de coûts, elle ne fonctionne plus. Une augmentation de 40 % ou
de 50 % de ses coûts, ça veut dire que ça peut aller jusqu'à 20 % d'augmentation de ses prix. Comment
voulez-vous qu'il fasse compétition avec les entreprises de l'Ontario ou d'ailleurs? C'est déjà assez
difficile en affaires, c'est déjà assez difficile de se lancer en affaires,
c'est déjà assez difficile d'obtenir
des contrats. Imaginez s'il augmente ses coûts, ses prix de 20 %, M. le
Président. Et ça, c'est sans compter
les contrats qu'il a déjà signés. L'entrepreneur me disait que beaucoup de ses
contrats, c'est des contrats à long terme,
des contrats de cinq ans. Ça, ça veut dire que, pour les cinq prochaines
années, la députée vient de réduire sa marge de 20 %. Bien, M. le
Président, connaissant le milieu, moi, je doute qu'il ait déjà une marge de
20 %. Donc, si on prend la proposition
de la députée, il ne sera pas en mesure de gagner des nouveaux contrats à
l'extérieur du Québec ou même au Québec et il va perdre de l'argent sur
les contrats qu'il a déjà signés. Ça va bien, M. le Président.
Vous le savez, des entreprises comme celle-là,
M. le Président, vous en avez dans votre comté, il y en a des centaines au
Québec, elles font compétition avec des entreprises de partout en Amérique du
Nord, des entreprises du Québec, des
entreprises de l'Ontario, des entreprises d'ailleurs, et on veut qu'elles
gagnent, on a besoin qu'elles gagnent, et
ça arrive, M. le Président, des fois, elles ne gagnent pas. Ça, c'est une
chose, ça, c'est le libre marché. Mais, s'ils ne gagnent pas à cause de conditions qu'on leur a imposées, là on a un
problème. On a un problème parce qu'on va leur avoir enlevé la possibilité d'être compétitifs, on a un
problème parce qu'ils vont perdre des contrats à cause qu'ils ne sont pas
compétitifs, on a un problème parce qu'ils
vont licencier des employés à cause qu'ils n'auront plus de contrats parce qu'ils
ne seront pas compétitifs. Et, s'ils perdent
des employés, M. le Président, bien on ne sera pas plus avancé, la cause que
tente de défendre la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques ne sera pas plus avancée. Il y aura,
oui, des mères monoparentales, des
étudiants bien rémunérés, mais il va aussi y avoir des mères monoparentales
sans emploi. Le résultat des mesures que propose la députée de
Sainte-Marie—Saint-Jacques
risque fort d'être l'inverse de ce qu'elle veut accomplir.
Mais, je dois vous dire, M. le Président, même
si je ne suis pas d'accord avec la proposition de la députée, je comprends pourquoi elle nous la présente
aujourd'hui, parce que la mesure, elle est écrite noir sur blanc dans sa
plateforme électorale de 2014. Ça fait partie de la vision de l'économie
de Québec solidaire, vision que nous partagent, depuis longtemps, les députés
de Québec solidaire.
Bon. C'est
une vision de l'économie qui n'est pas toujours pratique. M. le Président, c'est une vision de l'économie qui n'est pas toujours réaliste, c'est une
vision de l'économie qui n'est peut-être pas toujours visionnaire, mais ça fait
partie de ce qu'ils ont présenté aux
électeurs. Et, malheureusement, ce n'est qu'un des aspects de la plateforme de Québec solidaire qui coûterait des emplois aux Québécois
et aux Québécoises qui pourrait affaiblir notre économie.
Mais, M. le Président,
il y en a, des propositions sur la table qui arrivent aux fins que recherche
la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques qui permettent aux travailleurs
d'améliorer leur situation, et ces mesures-là, elles sont ici : elles sont
dans le plan économique du Québec, et j'en connais une, moi, je connais la
bonification de la prime au travail, M.
le Président. Ça, c'est une mesure qui va toucher directement et positivement les familles monoparentales à faibles revenus, dont on
parlait tantôt. Cette mesure-là va
mettre de l'argent dans les poches des travailleurs sans avoir d'impact négatif sur l'employeur.
J'en connais une autre, M. le Président : la réduction de l'âge
d'admissibilité au crédit d'impôt pour les travailleurs d'expérience. Ça, ce que ça veut dire, M. le Président : plus de
travailleurs qui sont mieux rémunérés et avec un impact
positif pour les employeurs.
Alors, M. le Président, la collègue de Sainte-Marie—Saint-Jacques, que je tiens en estime, qui est une collègue respectée par tous en
cette Chambre, si, réellement, elle veut faire avancer la cause des travailleurs, elle a un choix devant elle :
elle a le choix des idées concrètes et réalistes mises de l'avant par le ministre des Finances et des propositions faites plus
tôt par la ministre du Travail ou
elle a le choix de la vision économique peu réaliste et véhiculée depuis
longtemps par son collègue de Mercier et la collègue de
Gouin. Le choix, il me semble simple, M. le Président, nous faisons le choix de la stratégie proposée par le ministre,
nous faisons le choix du plan économique pour le Québec et nous voterons
donc contre la motion, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, je vous remercie, M. le député de Pontiac,
de votre intervention. Et, toujours
sur cette même motion, je cède maintenant la parole à M. le député de Rousseau,
en lui rappelant que vous avez 12 min 30 s.
M. Marceau :
12 min 30 s. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Si vous les utilisez. Alors, à vous la parole pour
votre intervention.
M. Marceau :
En doutez-vous, M. le Président?
Le Vice-Président
(M. Gendron) : ...je ne porte pas de jugement.
M. Nicolas Marceau
M. Marceau : Merci, M. le Président. Alors, il me fait plaisir
d'intervenir sur la motion de notre collègue la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques, que je vais relire, parce que nous
avons aussi proposé un amendement que je vais aussi vous lire, là, pour
qu'on comprenne bien.
Donc, la motion de la
députée se lisait comme suit :
«Que l'Assemblée nationale reconnaisse
que, en 2016, seul un salaire horaire de 15 $ ou plus permet aux personnes
salariées à temps plein d'obtenir un revenu viable; [deuxième paragraphe]
«Que
l'Assemblée nationale s'engage à adopter d'ici la fin de la présente
législature une loi sur le salaire minimum à 15 $ de l'heure qui
établira les critères pour son augmentation annuelle.»
Et,
M. le Président, plus tôt, mon collègue le député de Richelieu a déposé un
amendement qui change le deuxième paragraphe,
et, en fait, il s'agit de remplacer le mot «adopter» par «étudier», ce qui fait
que le deuxième paragraphe se lirait de la manière suivante, M. le
Président :
«Que
l'Assemblée nationale s'engage à étudier d'ici la fin de la présente
législature une loi sur le salaire minimum à 15 $ de l'heure qui
établira les critères pour son augmentation annuelle.»
Alors,
M. le Président, je voulais vous lire l'amendement pour que vous compreniez
que, d'entrée de jeu, de notre côté,
nous sommes ouverts à ce que le débat sur le salaire minimum à 15 $ de
l'heure se fasse, nous sommes ouverts parce qu'il faut voir que le salaire minimum est établi au Québec
essentiellement de la même manière depuis très longtemps, depuis très longtemps, et il nous apparaît qu'avec
le mouvement, là, qu'on a vu se dessiner au sud de notre frontière, aux
États-Unis en particulier, ce mouvement, là, donc, pour augmenter les salaires
minimums... il nous apparaît qu'il est opportun qu'au Québec on refasse le
travail, qu'on réétudie la question et puis que, donc, un débat soit mené.
Vous
allez me permettre de vous dire qu'il y a plusieurs choses, dans le fond, dans
la motion de la députée qui ne me
sont pas apparues parfaitement, je dirais, claires. Je crois qu'il y a, par
exemple, la question du rythme auquel le salaire minimum pourrait être augmenté. Il va de soi que la question du rythme
est une question qui est fondamentale et qui devra faire l'objet de
travaux puis d'études, puis de réflexions, puis d'analyses.
• (16 h 40) •
La
motion, telle qu'elle est présentement rédigée, ne m'apparaissait pas claire
quant au fait que le salaire minimum augmenterait,
pendant cette législature, à 15 $. Je ne sais pas si la motion avait pour
objet simplement de dire : Il y aura un salaire de 15 $ avec un rythme auquel on parviendra dans les
prochaines années ou bien si la motion voulait faire en sorte que, d'ici la fin de la présente
législature, le salaire minimum soit carrément à 15 $. Moi, je dirais puis
je plaiderais qu'a priori les changements brusques ne sont pas
souhaitables, qu'il vaut mieux, lorsqu'on a un objectif, par exemple l'objectif de 15 $ de l'heure, le faire de
façon progressive. Maintenant, ce que je comprends de l'intention, par contre,
de la députée, c'est qu'elle aimerait qu'on
aille plus rapidement que ce qu'il aurait été autrement, et je pense que, de ce
point de vue là, c'est très sain, c'est tout
à fait raisonnable de se poser la question, de le savoir, puisque, de toute
manière, il est évident qu'un jour ou
l'autre on arrivera à 15 $. La question, c'est : Est-ce qu'on reste
au rythme actuel ou est-ce qu'on accélère ce rythme-là? Et je pense que c'est
un débat très sain que de penser à ça et il y a beaucoup de choses qui
devront être prises en compte. Mais, encore une fois, je pense que c'est sain.
Bon,
évidemment, le rythme actuel d'augmentation du salaire minimum, il est
important de le rappeler, c'est une proportion du salaire... En fait, ce qu'on a fait à ce jour, c'est qu'on a
fixé le salaire minimum comme étant une proportion du salaire moyen dans l'économie, une fourchette,
donc, de 45 % à 50 %. Ça a été la façon de faire depuis de très
longues années au Québec, et cette
fourchette de 45 % à 50 % était justifiée... enfin, on la justifiait
en se disant : Ça représente le
bon équilibre, c'est le bon point d'équilibre. On a, d'un côté, quand on
augmente le salaire minimum, évidemment le gain qui est procuré à ceux qui vont effectivement encaisser ce salaire
minimum. C'est une évidence. Alors donc, quand on augmente le salaire minimum, il y a des
travailleurs... au Québec, là, on parle de plus de 200 000 travailleurs
présentement qui sont au salaire
minimum. Donc, il y a des travailleurs, 200 000, disons, 210 000,
220 000, ça dépend des années, qui vont voir leurs salaires augmenter, et ça, c'est évidemment un gain pour
ces travailleurs-là. Mais par ailleurs, évidemment, si on augmente trop le coût du travail, si on
augmente trop le salaire minimum, il y a cette possibilité que — et elle a été évoquée par plusieurs personnes — les employeurs veuillent embaucher moins de
travailleurs. C'est un équilibre, donc, à trouver quand on veut fixer le
salaire minimum.
Dans
le passé, je vous le répète et je vous le réitère, la fourchette qui avait été
jugée comme représentant le bon équilibre, c'était 45 %, 50 %. Ce que
je comprends, encore une fois, de l'intention de notre collègue de Sainte-Marie—Saint-Jacques, c'est cette idée qu'on pourrait
sortir de cette fourchette de 45 %, 50 % et augmenter à des niveaux
plus élevés. Comprenons-nous, si on
était dès aujourd'hui à 15 $ de l'heure, on serait au-delà de 60 % du
salaire moyen dans l'économie, ce qui
serait un bond très, très important. Et, encore une fois, moi, à ce jour... en
tout cas, en l'absence de connaissances sur l'impact d'une telle hausse,
je ne serais pas à l'aise, là. Je pense qu'il y a des travaux préliminaires à faire, et c'est la raison pour laquelle, encore
une fois, notre motion suggère, demande... et puis on verra comment réagira
notre collègue, mais notre motion suggère
qu'on étudie la question et qu'on voie, à la lumière des résultats, là où on
pourrait aller.
Vous allez me
permettre d'ajouter un certain nombre d'éléments, parce que je vous ai parlé,
donc, de l'espèce d'équilibre de base qu'il y a quand on a à choisir
l'équilibre... pardon, le salaire minimum. D'une part, on sait qu'en augmentant
le salaire minimum on va augmenter le niveau de vie des travailleurs qui
effectivement gagnent le salaire minimum,
mais évidemment la contrepartie, c'est que, le travail étant devenu plus cher,
les employeurs vont en demander moins,
et il y a une possibilité que les travailleurs moins qualifiés aient plus de
difficultés à trouver du boulot. On pourrait augmenter le taux de chômage. Bon. Récemment, au... enfin, à ma
connaissance, puis peut-être qu'il faudra voir ce qui a été fait au Québec, un peu partout, et dans les
ministères, puis dans nos universités, mais, à ma connaissance, il n'y a pas eu
d'étude récente sur l'impact du
salaire minimum sur l'emploi, le chômage. Donc, ce deuxième phénomène que je
vous décrivais, je crois que ça n'a
pas été mesuré correctement récemment, et il va de soi, il me semble, que, pour
prendre une décision éclairée, on a besoin de ce type de travaux là.
J'aimerais
ajouter que, quand on augmente le salaire minimum, il y a un certain nombre
d'avantages et de désavantages.
J'aimerais juste passer avec vous à travers les impacts. Je vous disais que,
quand on augmente le salaire minimum,
évidemment, un des avantages qui est procuré, c'est qu'il y a des travailleurs
qui continuent à gagner leur vie de cette
façon-là, voient leur salaire augmenter. Il y a peut-être un deuxième impact,
je ne sais pas si ça a été mentionné cet après-midi ici, mais il faut voir que d'augmenter le salaire minimum, ça
peut amener des travailleurs qui autrement seraient restés éloignés du marché
du travail à le joindre, et donc, d'une certaine façon, ça peut augmenter le
taux d'activité.
Alors, des
travailleurs qui seraient rebutés par le marché du travail parce qu'ils estiment que la rémunération est trop faible pourraient être attirés
par ce marché du travail autrement. Et il faut voir, M. le Président, que cet
impact, il pourrait être significatif si effectivement on augmentait de façon importante le salaire
minimum. Je le dis parce que,
vous le savez, puis tout le monde ici le sait, on est dans un contexte de vieillissement de la population,
contexte de réduction de la taille de
la population active, et donc un contexte où il va y avoir une
rareté de main-d'oeuvre dans le futur et probablement des postes
vacants qui vont augmenter en nombre dans le temps. Dans ce contexte-là, il y a
des mesures qui ont été mises de
l'avant par le gouvernement, par d'autres, visant à accroître la participation sur le marché du travail,
visant à accroître le taux d'activité.
Je vous soumets qu'une augmentation du salaire
minimum est également
une mesure qui est à même d'augmenter le taux d'activité, ça me semble
évident.
Alors, ça, c'est dans la colonne des avantages qu'il
y aurait à augmenter le salaire minimum.
Dans la
colonne des désavantages, il y a aussi des éléments, et puis ça vaut la peine
de les mentionner, puisqu'encore une
fois on va avoir ultimement à choisir le bon point d'équilibre. Alors, comme je
vous disais, si on augmente le salaire minimum,
évidemment, on augmente le coût du travail, ça rend les travailleurs plus chers
pour les employeurs, et on peut s'attendre,
de façon tout à fait standard en économie, à ce que la demande de travailleurs
diminue, donc que les travailleurs faiblement
qualifiés aient plus de difficultés à trouver du boulot. Un deuxième phénomène
qui, je pense, vaut la peine d'être documenté, puis, à ma connaissance,
il n'est pas bien documenté pour le Québec, c'est que, si on augmente le salaire minimum... puis prenons le cas où l'on
augmentait de 10,75 $ à 15 $, vous comprendrez, M. le Président, que
tous ceux qui gagnaient 11 $, 12 $, 13 $, 14 $ vont
aussi être impactés et qu'il va y avoir soudainement une espèce de compression dans les échelles salariales, et il
faut s'attendre que ça ait des impacts sur les gens qui aujourd'hui sont à
16 $, 17 $, 18 $,
19 $, 20 $, et ainsi de suite, là. Donc, il va y avoir un impact sur
l'ensemble des échelles salariales, pas strictement pour les gens qui sont présentement entre
10,75 $ et 15 $ de l'heure. Alors, cet impact sur l'ensemble des
échelles salariales va devoir être
mesuré, va devoir être évalué. Je ne crois pas, à ce jour, que ça a été fait.
Puis, à partir du moment où vous avez cet impact sur les échelles
salariales, il faut voir que la hausse du salaire minimum pourrait avoir un
impact non seulement sur les travailleurs moins
qualifiés, mais également sur les travailleurs plus qualifiés. Et, écoutez, je
suis bien embêté de vous dire quel va
être l'impact ultimement, mais je pense qu'on peut s'attendre, dans un contexte
de hausse des salaires beaucoup plus
rapide que ce à quoi on a eu droit dans le passé, à des réductions dans la
demande de main-d'oeuvre de la part des employeurs, et donc à moins
d'emplois.
L'autre
élément, évidemment, c'est qu'à partir du moment où les employeurs vont avoir à
encaisser des hausses de coûts
résultant de la hausse du salaire minimum, bien, évidemment, ça va se
transposer, pas complètement mais certainement en partie, par des prix plus élevés pour les consommateurs. Alors, il
faudra mesurer cet impact-là aussi, encore une fois, au sujet duquel on a possiblement des estimés
américains, mais, à ma connaissance, il n'y a pas d'estimés québécois ou même
canadiens.
J'ajouterais,
vous allez me permettre, deux points qui n'ont pas été soulevés, à ma
connaissance, deux impacts aussi qui pourraient être significatifs. Il y
a la question du décrochage scolaire. Bien sûr que d'augmenter le salaire minimum à un niveau plus élevé pourrait amener des
jeunes qui étaient aux études à décrocher pour aller obtenir ce salaire minimum plus élevé. Je pense qu'il va falloir
regarder ça. Et puis j'ajouterais finalement qu'on sait qu'il y a beaucoup
de travailleurs au salaire minimum dans le
secteur du détail, et c'est un secteur qui présentement vit des difficultés à
cause des enjeux liés au commerce
électronique, alors il faudra également voir puis porter une attention
particulière au secteur du détail.
Alors,
M. le Président, je vais m'arrêter là. Je répète notre ouverture à en débattre.
On voit des avantages, on voit des
inconvénients, il faut trouver le juste équilibre. On comprend l'idée
d'accélérer le rythme vers le 15 $, mais on pense que des études doivent être faites. C'est le sens
de notre amendement, puis on espère que la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques
acceptera notre amendement. Merci, M. le Président.
• (16 h 50) •
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, je vous remercie, M. le député de Rousseau, de votre intervention.
Et cette dernière intervention met fin au
débat avant le droit de réplique que vous avez. Il serait peut-être intéressant,
par exemple, que vous donniez le
point de vue tout de suite au niveau des amendements pour que nous puissions
nous guider pour la suite des choses.
Mais vous avez un droit de réplique de 10 minutes en nous donnant votre
interprétation. Est-ce que vous acceptez l'amendement proposé?
Mme Massé : C'était inclus.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
C'était inclus. Alors, à vous. Vous l'aviez déposé, l'amendement, M. le député?
Une voix : Oui.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
C'est beau, c'est beau, c'est beau, tout est correct. Alors, vous avez
10 minutes de réplique à vous, en nous donnant les indications
qu'on a de besoin.
Mme Manon Massé
(réplique)
Mme
Massé : Bien. Alors, je comprends que je dois commencer par ça :
on ne va pas intégrer l'amendement. Je
vais vous expliquer pourquoi, cher collègue. C'est parce que, pour nous, c'est
ça, l'objectif du projet de loi, c'est un projet de loi qui va nous permettre d'atteindre les étapes, de pouvoir
étudier comme on le fait en commission parlementaire, d'avoir des consultations qui nous permettent de
voir clair, et, dans ce sens-là, bien, pour nous, ça incluait cette
dimension-là de l'étude. Alors, c'est pour ça, donc, que je n'intégrerai
pas l'amendement.
M. le Président, aussi, avant de commencer ma
réplique, j'aimerais demander au leader du gouvernement s'il accepterait d'appeler le vote après, parce que,
comme vous le savez, dans les règles, on n'est que trois députés et on sait
qu'on n'est pas capables... Alors, je ne sais pas si...
Une voix : ...
Mme
Massé : Oui? Alors, je vous remercie beaucoup, M. le leader, parce
que, bien, ça va nous aider à avoir l'heure juste là-dessus.
Je suis très
heureuse d'avoir eu ce débat-là, M. le Président, vraiment très, très heureuse.
Pourquoi? Bien, parce que, dans les
faits, ce que j'ai entendu de la part de mes collègues, d'une part, c'est une
grande ouverture à mettre fin à la pauvreté
des travailleurs et travailleuses, et ça, bien, pour moi, ça fait partie des
principes que je veux voir inscrits dans le projet de loi dans lequel on demande... par notre motion, on demande
qu'il y ait dépôt et adoption avant la fin de la législature.
Deuxième élément, cette loi-là nous permettrait
bien sûr d'en débattre, de regarder c'est quoi, les échéanciers nécessaires, qu'est-ce qui ferait en sorte que les
très petites entreprises n'auraient pas d'impact majeur. Ça nous permettrait
de définir aussi c'est quoi, un revenu
viable, au Québec, et ne pas laisser ça à la discrétion des gouvernements
successifs, mais de l'inscrire à
l'intérieur d'une loi qui nous permettrait, donc, de pouvoir délibérer,
discuter entre nous et adopter, d'ici
la fin de la législature, la loi qui ferait en sorte qu'on mettrait un plancher
pour faire en sorte que les travailleurs et travailleuses du Québec
puissent vivent la tête en dehors de l'eau. Alors, l'idée de fixer un
échéancier, tout ça, était à l'intérieur,
peut-être parfois formulée maladroitement, mais, ceux et celles qui pensent que
Québec solidaire n'a pas une bonne
compréhension de l'économie, je vous rappelle juste que peut-être que notre
façon de voir l'économie ne plaît pas énormément
aux riches, mais je peux vous dire que notre façon de voir l'économie, de
repartage vers le bas, plaît énormément aux gens les moins fortunés.
Alors,
discuter des critères, discuter de l'échéancier, discuter de c'est quoi, un
revenu viable, mais l'objectif doit être précis, et, à notre sens,
l'adoption doit avoir lieu d'ici un an et demi, là. On a du temps devant nous.
J'en profite
pour faire quelques petites rectifications ou, à tout le moins, permettre aux
gens qui nous écoutent de saisir, des
fois, des petites nuances, là, qu'on n'a pas amenées. Bien sûr que Québec
solidaire ne veut pas tuer les très petites
entreprises. Il n'y a pas juste en région qu'il y a des très petites
entreprises, des PME. Qu'est-ce que c'est ça, cette affaire-là? Dans mon
comté, j'ai un paquet de commerces qui me disent : Manon, on te suit sur
la question du salaire minimum, mais on ne
sera pas capables d'y arriver si tu fais ça d'un coup. Bien, c'est parfait.
Plus qu'on va avoir de revenus au
niveau de l'État, plus qu'on va être en mesure de soutenir les très petites
entreprises et les PME qui nécessitent d'avoir un soutien pour cette transition-là. L'idée, ce n'est
pas de jeter aucune entreprise à terre, au contraire, mais de permettre que ce nouvel argent qui rentre dans l'économie nous
assure que, bien sûr, les gens vivent mieux mais que l'économie roule plus. Alors, j'ai envie de dire à mon député... à
mon collègue, pardon, de la CAQ qu'il ne s'inquiète pas, la canne de petits
pois, là, bien, elle va passer au travers,
et, au contraire, ce qui va faire la différence, c'est que, probablement, au
lieu d'en acheter rien qu'une, en bout de ligne, les gens vont pouvoir
en acheter deux par semaine.
L'autre
élément, c'est toute la question des PME, et tout ça. Je veux juste nous
rappeler, c'est vrai qu'au Québec on
est un pays de petites et moyennes entreprises, mais je trouve que, des fois,
M. le Président, on mélange bien, bien des choses. Vous savez qu'au niveau des PME il
y a une partie qui sont les très
petites entreprises, qui sont majoritaires, qui comportent
entre un et 99 employés, tu as des entreprises moyennes qui comportent
entre 100 et 500 employés et les grandes
PME de 500 et plus. Alors, moi, si, dans notre projet de loi, on veut faire
des nuances par rapport à ces entreprises-là, je
n'ai aucun problème, mais ce que je ne veux plus, c'est que les Sobeys de ce
monde, qui vendent la canne de petits pois, là, eux autres, là, engrangent de l'argent, en placent fort probablement pour s'assurer de payer le moins d'impôt possible et font tout pour que les employés qui font du
service, qui mettent les emballages... pas les emballages, mais qui mettent
les éléments sur les tablettes, que ces
gens-là n'aient pas un salaire pour vivre à la hauteur des besoins... de leurs
besoins et de leur famille. Ce que je
veux, c'est que effectivement les grandes surfaces... J'étais impressionnée de
voir comment mes collègues
pensaient beaucoup PME, PME. Je n'ai personne entendu dire que
c'était odieux de voir qu'il y a des chefs
d'entreprise qui gagnent plusieurs centaines de fois
plus que leurs employés. Aïe! C'est quoi, ce pacte social là où quelqu'un
travaille sa semaine de travail complète puis que nous, on dit : Bien, écoutez,
c'est normal, les profits, tout ça, vont en haut, et en bas, bien, écoutez,
si vous demandez de l'augmenter, là, tout va s'effondrer?
Moi,
j'aimerais un petit peu plus de colonne vertébrale chez mes collègues,
d'être un peu plus audacieux face à l'avenir
et de se dire, dans le fond, que, la richesse, on en crée, au Québec, et qu'il est grandement temps de la
partager, notamment par le salaire minimum. Et d'ailleurs, on ne se le
cachera pas, M. le Président, ça ferait beaucoup plus de revenus pour les coffres de l'État, revenus qui
pourraient être redistribués pour assurer peut-être la transition des très
petites entreprises, pour assurer
peut-être des primes à l'emploi qui permettraient à des gens qui ont des
grosses familles mais qui sont au salaire minimum de pouvoir passer plus
au travers.
Alors,
moi, ce que j'ai entendu ici, bien sûr, j'ai entendu les mêmes arguments, bon,
pertes d'emploi, chômage. Créons ce
projet de loi là, on va les faire venir, les experts, et pas juste les experts
qui étudient... Parce que vous lisez, bien sûr, l'Institut économique de Montréal : ça dit une chose; vous
lisez d'autres instituts, ça dit autre chose. Regardons les exemples, regardons l'Allemagne, qui n'en avait
pas, de salaire minimum, et qui finalement en a un, salaire minimum, l'a instauré à 8,50 €. Qu'est-ce que ça a eu
comme impact? Est-ce que c'est la catastrophe annoncée qu'on nous annonce
tout le temps pour maintenir les salaires
bas? Bien non, M. le Président, ce n'est même pas plus vrai ici, au Québec,
hein? Ici, au Québec, entre 2007 et
2010, sous le gouvernement libéral, tiens, il y a eu une augmentation quand
même de 1,50 $ du salaire minimum. Je n'ai pas fait le pourcentage,
mais 1,50 $ en trois ans, M. le Président, là, est-ce que ça a tué
l'économie du Québec? Est-ce que toutes les PME ont fermé? Non.
Alors,
moi, je pense, appuyons-nous sur les expériences positives, soyons audacieux et
audacieuses, parce que, vous savez
quoi?, on va voter cette motion-là, mais, dans les faits, j'ai entendu de
l'adhésion, M. le Président, sur le principe. Ce qu'on veut, c'est pouvoir étudier, que ça se fasse adéquatement.
Parce que, je vous le dis, là, on a fait un petit calcul, là : au rythme dans lequel le salaire augmente depuis
une couple d'années, là, ce n'est pas avant 2037 qu'on va avoir le 15 $ de
l'heure, M. le Président, 2037. On espère avoir encore une planète,
rendu là, M. le Président, en 2037.
Alors,
le statu quo est inacceptable. Il est inacceptable pourquoi? Tout en prenant
soin des entreprises, tout en prenant
soin des petits commerçants, on n'est pas... Il n'y a pas juste le salaire minimum,
on augmente le taux d'imposition des
petites entreprises, il n'y a personne qui capote. On ne réglemente pas les
baux commerciaux, qui fait que des fois ils ont des bonds de 150 % de leur taux. On ne capote pas. Alors,
pourquoi on capote quand il s'agit d'augmenter le salaire minimum pour permettre à du monde de vivre dans la
dignité? Est-ce que c'est parce que, dans le fond, on dit : Ah! la cheap labor, nous autres, hein, on ne peut pas...
on va faire comme les autres : les autres, ils paient mal, on va payer
mal? Non, M. le Président, les Québécois et les Québécoises méritent
mieux que ça.
Et
ce que je vous dirais, c'est : Quand le vote va venir, j'invite vraiment
mes collègues à penser qu'est-ce qu'ils vont dire quand ils vont aller chercher leur café au Tim Hortons. Je ne
suis pas prêt à payer 0,10 $ de plus parce que tu as un salaire de 15 $? Qu'est-ce qu'ils vont
être prêts à dire aux gens de Dollarama? Je ne suis pas prêt à payer
0,15 $ de plus parce que, dans
le fond, je suis d'accord avec le fait que les actionnaires, chez vous, font
beaucoup d'argent? Je pense qu'il va
falloir être aussi capables de se regarder dans le miroir, M. le Président. Et,
à Québec solidaire, bien, on est très heureux
et heureuses d'avoir suscité ce débat-là qui, j'espère, va se poursuivre
jusqu'à l'adoption du projet de loi en 2018.
• (17 heures) •
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques, on vous remercie de votre
intervention.
Je
vais maintenant mettre aux voix la motion de Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques, qui se lit comme suit :
«Que
l'Assemblée nationale reconnaisse que, en 2016, seul un salaire [honoraire] de
15 $ ou plus permet aux personnes salariées à temps plein d'obtenir un
revenu viable;
«Que
l'Assemblée nationale s'engage à adopter d'ici la fin de la présente
législature une loi sur le salaire minimum à 15 $ de l'heure qui
établira les critères pour son augmentation annuelle.»
Est-ce que cette
motion est adoptée? M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Sklavounos : Tel qu'entendu avec notre collègue de
Sainte-Marie—Saint-Jacques
je vous demande un vote par appel nominal, mais je vous demanderais
également, en vertu de l'article 223, de reporter ce vote à la période des
affaires courantes de demain, s'il vous plaît.
Vote reporté
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, conformément à la demande du leader du
gouvernement, qu'on vient d'entendre,
le vote sur la motion de Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques sera tenu à la période des affaires
courantes demain. Et, en conséquence, ça termine le débat qui était inscrit à
la motion du mercredi.
Et je fais à nouveau appel à M. le leader
adjoint du gouvernement pour la poursuite de nos travaux.
M.
Sklavounos :
Merci, M. le Président. Je vous demanderais d'appeler l'article 25. Par contre,
je vais vous demander une courte suspension. Le député de Mercier est en route.
On avait ajourné ce débat plus tôt pour qu'il puisse prendre la parole. Alors,
une suspension de quelques minutes. Je pense qu'il sera ici bientôt.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Juste une minute. Est-ce que cette motion de suspension de quelques minutes
est adoptée?
Des voix : Adopté.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Adopté. En conséquence, les travaux sont suspendus, puis, dès son arrivée,
on procédera à votre demande de procéder à ce que vous venez de mentionner. Les
travaux sont suspendus.
(Suspension de la séance à 17 h 2)
(Reprise à 17 h 8)
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, merci.
Projet
de loi n° 76
Reprise
du débat sur l'adoption
Tel que
convenu préalablement avant la courte suspension des travaux, nous allons donner la parole à M. le député de Mercier, qui avait débuté son intervention sur le sujet
qu'on veut. Et veuillez poursuivre. Je ne sais pas quel temps qu'il vous restait, mais on va vous entendre. Six
minutes? 10. Alors, on me dit 10 minutes. Vous avez 10 minutes pour vous
exprimer. À vous, M. le député de Mercier.
M.
Amir Khadir
M. Khadir : Oui. De toute façon, j'ai l'habitude d'abuser de votre patience en termes de longueur d'intervention. J'espère que, cette fois-ci, je peux
améliorer, disons, mon score.
M. le Président, d'abord mentionner à mes collègues que nous sommes en
faveur du projet de loi n° 76, le projet
de loi, donc, qui se penche sur l'organisation et la gouvernance — terme
que je n'aime pas beaucoup, que je n'aime pas du tout, en fait — l'organisation et la gestion du transport collectif dans la région
métropolitaine, du transport, mais, bon, dans l'optique du projet de loi, c'est la gouvernance. La gouvernance
éloigne la gestion d'un processus démocratique. Donc, c'est un aparté,
disons, éditorial sur l'utilisation... de l'usage des termes et de leur
signification.
• (17 h 10) •
Mais, pour ce
qui est du contenu, du fond des choses, la nouvelle structure de transport
permet donc la création d'une
instance à l'échelle métropolitaine qui se voit confier le mandat, la mission
d'assurer une cohérence verticale en matière
de transport collectif et, autant que possible, harmoniser les plans
stratégiques des différentes sociétés de transport qui sont présentes sur le territoire de la
Communauté métropolitaine de Montréal. Donc, c'est une structure, si on fait
bien le travail, qui, en principe,
doit favoriser aussi une plus grande fluidité dans les déplacements pour les
usagers — parce
qu'une fois que c'est mieux intégré et
harmonisé la mesure de la réussite de cette harmonisation, c'est une plus
grande fluidité dans les déplacements
pour les usagers — et
faciliter surtout le développement de nouveaux projets de transport collectif. Et tout le monde convient, à l'aune des
changements climatiques devant lesquels nous nous trouvons et de nos responsabilités pour en, disons, stopper,
atténuer, diminuer les effets autant que possible, qu'il faut multiplier les
initiatives de transport collectif.
Donc, il faut qu'une fois ce projet de loi adopté il y ait une véritable
volonté politique de doter les pouvoirs
publics des budgets conséquents pour pouvoir développer, donc, de nouveaux
modes de transport collectif et préférablement électrifié.
À notre avis
puis cependant, le gouvernement aurait pu aller beaucoup plus loin, notamment
sur la question de l'électrification.
Il faut vraiment y concéder une priorité absolue. C'est sûr que le gros du
changement est dans la nature collective
de la transition, donc vers les transports collectifs, parce que la voiture
individuelle, les modes de déplacement individuels
sont à l'origine de cette consommation effrénée des énergies, notamment de
l'énergie fossile, avec tous les problèmes que ça entraîne en plus de la
pollution, des problèmes de santé, de la congestion routière, etc., congestion routière et usage massif des véhicules
individualisés qui, aussi, ont leur impact sur la pérennité des infrastructures
qu'on construit à grands frais et
qu'il faut maintenir à grands frais, donc. Dans le transport collectif, il y a
des solutions à plusieurs échelles,
donc, pour réduire notre empreinte carbone, réduire nos dépenses individuelles
et collectives parce qu'on économise en
santé, en, disons, fluidité du transport, donc moins de coûts liés à la congestion,
moins de coûts liés à la réfection de nos routes, etc.
Ce qu'on
trouve quand même intéressant, c'est que, grâce aux interventions faites en
commission parlementaire et à
l'ouverture démontrée par la partie gouvernementale, on a réussi à intégrer un
certain nombre de préoccupations dans le
projet de loi, notamment une plus grande place accordée dans la structure qui
va être mise en place pour les usagers à mobilité réduite et pour les
usagers des services de transport adapté.
On croit également que l'obligation
pour cette autorité qui va être créée de produire un plan stratégique sur 10
ans est une mesure très positive à ce
projet de loi, en espérant évidemment, je le rappelle, que cette entité soit
dotée des budgets conséquents, du
financement adéquat. Sans ça, ça va être des voeux pieux. Et ce financement ne
peut être réalisé que si le gouvernement
change de vision dans le rôle de l'État, dans l'intervention économique, dans
la relance de l'emploi, dans la prise en charge de ses responsabilités
collectives, notamment en matière de transport.
Donc,
le développement de ce réseau de transport peut constituer une pierre angulaire
de la transition énergétique du
Québec si la volonté politique l'accompagne. Non seulement il va nous
permettre, donc, comme je l'ai dit tout à l'heure, de réduire nos émissions de gaz à effet de serre
de manière significative, mais ça peut être un moteur de développement
économique absolument remarquable.
Je
rappelle à mes collègues qu'année après année différents groupes nous
produisent, disons, leurs analyses sur le levier que constituent les dollars investis par le gouvernement dans
différents secteurs dans la création d'emplois. Année après année, le secteur agricole, surtout le
modèle de ferme à échelle humaine, la ferme familiale, est le secteur où chaque
dollar investi par le gouvernement produit le plus d'emplois. Les deux autres
secteurs qui le suivent de près habituellement
sont soit la construction, la petite
construction, je parle domiciliaire,
résidentielle, rénovations, et tout ça, et les transports collectifs. Et, devinez quoi, les transports
collectifs, bien, ça devrait nous ressembler tellement puisque, d'abord,
quelques-unes de nos plus grandes
entreprises meublent toutes les grandes villes européennes d'équipements de
transport collectif comme les trains,
les trains électriques, les tramways fabriqués notamment par Bombardier. Donc,
on devrait être les premiers à structurer
nos interventions et nos projets pour absorber ce potentiel et le mettre à
notre profit. Or, malheureusement, le développement
de ce secteur-là, que ce soit tramway, métro, etc., a été très, très lent au
cours des 25, 30 dernières années. Or, non
seulement, donc, ce serait un des secteurs les plus créateurs d'emplois — comme je vous l'ai dit, c'est soit le
deuxième soit le troisième,
dépendamment des années, secteur où chaque dollar investi crée le plus
d'emplois au Québec — au stade
de la fabrication et de la mise en
place de la structure, mais aussi au stade du maintien du service, je pense au
transport public.
Malheureusement,
ce qu'il faut souligner — il me reste trois minutes — en s'attardant simplement à la gouvernance,
à la gestion des transports collectifs sans
aborder le financement, comme je l'ai dit tout à l'heure, le gouvernement
risque de passer à côté du réel enjeu
parce que les idées ne manquent pas de ce côté-là. Les villes ont des idées,
les organismes qui favorisent le
transport en commun, les organismes de réflexion, les organismes
environnementaux, nous, à Québec solidaire, avec notre plan pour un Québec vert
lorsqu'on l'a présenté à l'élection de 2014. Il y a un foisonnement d'idées
incroyables pour doter le Québec d'un
véritable plan de transport collectif intégré et électrifié, mais il faut des
bidous, il faut une politique
budgétaire conséquente, il faut du financement en cohérence face surtout aussi
aux engagements que nous avons pris à
Paris. L'État québécois doit assumer un rôle central, accepter une
responsabilité accrue. Puis, je vous le répète, ça va rapporter. Ça crée
des emplois à profusion.
Donc,
si on veut que ça marche, il faudra, au gouvernement, s'assurer de dévoiler
rapidement un nouveau cadre financier
et des nouvelles sources de financement qui permettront le développement des
infrastructures et l'amélioration des
services de transport collectif partout au Québec parce que les transports
collectifs par des systèmes légers, c'est aussi un moyen de décloisonner les régions du Québec, de permettre la
circulation des produits du terroir, de les rendre accessibles à la consommation du plus grand nombre au Québec
pour leur offrir des marchés dans les grandes zones urbaines. On en a
besoin. Le Québec en entier en a besoin. Les régions en ont besoin.
Ce qui doit suivre sans tarder, donc, le projet de
loi n° 76, c'est une véritable politique québécoise du transport collectif
détaillant les cibles, les objectifs, les moyens et les budgets car un plan, ce
qu'on va avoir, c'est bien, mais une vision et une volonté, c'est-à-dire
l'argent, c'est encore mieux.
En
terminant, j'aimerais rappeler au ministre son engagement auprès des
travailleurs et des travailleuses actuels des organismes de transport. Ce projet de loi ne doit en aucun cas se
faire sur le dos du personnel. Il est impératif de préserver leur autonomie opérationnelle,
leurs emplois, leurs conventions collectives, leurs conditions de travail, le
principe de libre négociation. Il ne
doit pas y avoir de perte d'emploi, et l'harmonisation à coût nul ne doit pas
être une obligation lors de cette transition. Merci beaucoup, M. le
Président.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Alors, je vous remercie, M. le député de Mercier, de
votre intervention.
Est-ce
à dire que le projet de loi n° 76, Loi modifiant principalement
l'organisation et la gouvernance du transport collectif dans la région
métropolitaine de Montréal, est adopté? Oui, M. le leader adjoint du
gouvernement.
M.
Sklavounos : Oui. Je vous demanderais un vote par appel
nominal et, conformément à l'article 223, je vous demande de reporter le
vote à la période des affaires courantes de demain, s'il vous plaît.
Vote reporté
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, tel qu'indiqué, effectivement, le leader a
la possibilité de demander ce qu'il vient de faire. Est-ce qu'il y a
consentement pour que nous puissions donner suite à sa demande?
Des voix :
Consentement.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Il y a consentement. En conséquence, je vous
redonne la parole à nouveau.
Ajournement
M.
Sklavounos : Merci,
M. le Président. Je fais motion pour ajourner nos travaux jusqu'à demain,
9 h 45.
Le Vice-Président (M.
Gendron) : Est-ce que cette motion d'ajournement des travaux est
adoptée?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Adopté.
En conséquence, les travaux sont ajournés
jusqu'à demain à 9 h 45. Merci.
(Fin de la séance à 17 h 19)