(Neuf heures quarante minutes)
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, chers collègues, je vous souhaite une très belle journée.
Veuillez vous asseoir.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Nous en
sommes à la rubrique de la déclaration
de députés, et je cède la parole à M. le député de Saint-Maurice.
Féliciter trois médaillés en
arts martiaux membres
de l'Association Centres Butactik 04
M. Pierre Giguère
M.
Giguère : Merci, M. le Président. C'est avec une immense fierté que je
souligne aujourd'hui la réussite de trois
jeunes athlètes du club d'arts martiaux le Butactik lors d'une compétition qui
se déroulait le 17 octobre dernier en banlieue de Boston et qui
réunissait près de 1 000 participants.
Je ne peux
passer sous silence la performance : de Léa St-Arnaud, qui a récolté une
médaille d'or, une médaille d'argent
et le titre de championne de l'Est des États-Unis dans sa catégorie
12-14 ans; de Mickaël Duval, qui a obtenu une médaille de bronze;
et de Jérémy Pagé, qui a remporté deux médailles d'argent.
Je me joins à
la population du comté de Saint-Maurice pour les féliciter et leur souhaiter un
bon succès dans la poursuite de leur sport. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député de
Saint-Maurice. M. le député de Rimouski.
Souligner le succès de
l'ensemble
musical Emie R Roussel Trio
M. Harold LeBel
M.
LeBel : Merci, M. le Président. Je souhaite rendre hommage à une
artiste de Rimouski, Emie Rioux-Roussel, ainsi que sa formation Emie R Roussel Trio, nommée Révélation
Radio-Canada jazz 2014‑2015 et qui a remporté le Félix pour l'album jazz
de l'année décerné lors du Gala de l'ADISQ le 27 octobre dernier.
Avec ses
trois albums à son actif, cette jeune pianiste de 26 ans est une étoile
montante dans l'univers du jazz. Son
style énergique, qui carbure à la fois sur un diapason acoustique en même temps
qu'électrique, nous abreuve, nous transporte
et nous passionne. Accompagnée par deux excellents musiciens, Dominic Cloutier
et Nicolas Bédard, la créativité du groupe ne manque pas, et chaque
composition est une émotion qui se cristallise.
Emie R.-Roussel est une enseignante au programme
Jazz-pop du cégep de Rimouski et a remporté le prix Coup de coeur du public en 2013 au Festi-Jazz
international de Rimouski. Cette jeune femme est une véritable inspiration
pour notre région.
Je félicite
donc l'ensemble Emie R Roussel Trio pour leur travail artistique et je souhaite
que leur musique voyage toujours plus loin. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député de Rimouski. Mme la
députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré.
Souligner le succès d'une
activité de financement organisée
par la Fondation de l'Hôpital Sainte-Anne-de-Beaupré inc.
Mme Caroline Simard
Mme
Simard : Merci, M. le Président. Alors, dimanche dernier, j'ai eu la chance de participer à la
14e édition du déjeuner-bénéfice
organisé par la Fondation de l'Hôpital Sainte-Anne-de-Beaupré. Cet événement accueille chaque année de plus en plus de donateurs motivés ayant à
coeur l'amélioration de la qualité des soins tout en préservant la qualité
de vie des résidents.
Et cette édition fut exceptionnelle. Depuis un
peu plus d'un an, l'objectif ambitieux de leur campagne de financement de 1 million de dollars est de
réaménager une unité de soins palliatifs afin de créer un environnement
chaleureux et serein pour les
malades. Ces transformations seront accompagnées d'une bonification des
services de soins à domicile pour celles et ceux désirant rester le plus
longtemps possible dans le confort de leur foyer ainsi que d'une formation
adéquate des bénévoles et du personnel soignant.
Le travail exemplaire du
président de la fondation, M. Martin Roy, a d'ailleurs été honoré lors du
15e Gala Reconnaissance de la
Côte-de-Beaupré il y a deux semaines. Nommé bénévole de l'année, M. Roy et
son équipe contribuent de manière
significative au bien-être de la communauté, et, pour cela, je tiens à les
remercier pour leur implication. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Alors, merci à vous, Mme la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré. M. le député de
Johnson, à vous la parole.
Féliciter le journaliste Alain
Bérubé,
lauréat des Grands Prix des hebdos
M. André Lamontagne
M. Lamontagne : M. le Président, le
31 octobre dernier, la qualité de la langue française du journaliste Alain Bérubé a été soulignée au gala des Grands
Prix des hebdos. Originaire de Matane,
M. Bérubé est depuis trois ans journaliste à La Pensée de Bagot,
dans ma circonscription, et collaborateur au Courrier de Saint-Hyacinthe.
L'an dernier, l'excellence de son travail avait
aussi été remarquée par Hebdos Québec. Le jury lui avait alors décerné un prix et deux mentions spéciales, dont
celle de la qualité langagière. Sans contredit, son brio contribue au succès
de La Pensée de Bagot, qui a été finaliste pour la qualité du français
au cours des deux dernières années.
Très présent
dans son milieu, toujours à l'affût, M. Bérubé est reconnu pour son
dynamisme, son application et la passion
du métier qu'il exerce avec professionnalisme depuis 23 ans. Grâce à lui,
les communautés qui le lisent peuvent compter
sur une presse indépendante de haut niveau. Je lui offre mes sincères
félicitations et lui souhaite le meilleur des succès dans la poursuite
de sa vie personnelle et professionnelle.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député
de Johnson. Et apparemment c'est le frère de notre collègue député de
Matane-Matapédia. Je cède maintenant la parole à M. le député de
Laval-des-Rapides.
Féliciter Mme Lise Guindon,
lauréate
du prix Hommage Aînés
M. Saul Polo
M.
Polo : Merci beaucoup, M. le Président. Le 4 novembre dernier, la
ministre responsable des Aînés a remis le prix Hommage Aînés 2015 à
Mme Lise Guindon, présidente de la Maison des grands-parents de Laval,
organisme dans ma circonscription de
Laval-des-Rapides. Mme Guindon a contribué de manière remarquable et
bénévole à la mise en place de
différentes activités et de projets de cet organisme, et ce, depuis 2009. Je salue donc ce prix qui lui revient
avec mérite et la félicite, ainsi que les
membres de la Maison des grands-parents de Laval, pour leur travail formidable.
Le prix
Hommage Aînés vise à reconnaître l'apport des personnes qui oeuvrent
bénévolement pour le mieux-être des
personnes aînées de leur communauté et qui favorisent la participation accrue à
la société. La sélection des lauréates et lauréats est assurée par la
table de concertation des aînés de chacune des régions respectives, et je
félicite à nouveau Mme Guindon pour cet important prix. Merci beaucoup, M. le
Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député de Laval-des-Rapides. Je cède la parole maintenant à M. le député de Mont-Royal.
Souligner l'engagement du
Centre Gold auprès des
personnes atteintes de troubles du spectre de l'autisme
M. Pierre Arcand
M.
Arcand : Merci, M.
le Président. Il me fait plaisir de souligner en cette Chambre l'extraordinaire
travail accompli par tous les employés et
bénévoles du Centre Gold qui est
situé dans ma circonscription et dont la croissance des services a été très importante au cours des
dernières années. Cet organisme s'est donné comme mission l'élaboration de services, la recherche, le transfert de
connaissances, la prestation de programmes à l'appui d'enfants et d'adultes
atteints de troubles du spectre de l'autisme et de déficience
développementale.
J'ai eu la
chance de visiter leur établissement l'été dernier et je suis fier de témoigner
que j'ai vu là beaucoup de passion,
de dévouement et des impacts très positifs dans la vie de leur clientèle. Les
éducateurs et thérapeutes amènent les
enfants et les adultes à développer leurs capacités et à progresser afin de
leur permettre d'avoir une meilleure qualité de vie. Les résultats sont étonnants et leurs thérapies sont reconnues
mondialement. L'organisme se démarque par son expertise, ses succès, son
offre de services et son leadership...
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
En terminant.
M.
Arcand : ... et,
pour toutes ces raisons, encore une fois, toutes nos félicitations!
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Alors, merci à vous, M. le député de Mont-Royal. M. le député de
Matane-Matapédia.
Souligner
le 30e anniversaire du Transport adapté
et collectif de La Mitis (Le TAC de la Mitis)
M.
Pascal Bérubé
M.
Bérubé : M. le Président, le service de Transport adapté et
collectif — TAC — de La Mitis fête cette année son 30e anniversaire. C'est suite aux différentes
demandes du milieu et à de longues démarches de la part des membres d'un
comité de transport spécialement formé pour piloter ce projet que la mise en
place d'un service de transport adapté fit son apparition à Mont-Joli en 1985.
En 2005, au service de transport adapté s'ajouta un volet de transport
collectif intra et inter-MRC.
Aujourd'hui,
Le TAC de La Mitis effectue plus de 65 000 déplacements et compte plus de
2 600 usagers. Je tiens à souligner la contribution particulière
des initiateurs de ce projet, soit M. Mario Rodrigue, Mme Johanne Deschênes, M.
Louis-Zénon Levesque, Mme Claudette Landry, M. Ghislain Fiola et M. Gilles
Lavoie.
Enfin,
je ne veux pas passer sous silence le travail de l'équipe actuelle du TAC,
dirigée par Mme Sonia Simard, et de
l'implication de la MRC de La Mitis et de son directeur, M. Marcel Moreau, qui
travaillent activement au maintien d'un service de transport de qualité
et qui en assurent son développement. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député de
Matane-Matapédia. M. le député de Maskinongé, à vous la parole.
Souligner
le 350e anniversaire de la ville de Louiseville
M.
Marc H. Plante
M.
Plante : Merci beaucoup, M. le Président. Donc, quel bonheur, ce
matin, de pouvoir souligner le 350e anniversaire de fondation de la ville de Louiseville. Vous me permettrez, M. le
Président, de féliciter le comité organisateur sous la présidence de
Mme Doris Scott. Toute l'année, la ville a bourdonné d'activités
diversifiées pour toute la population.
La seigneurie de la
Rivière-du-Loup a été fondée en 1665. Cela fait donc de Louiseville une des
plus vieilles villes au Canada. M. le Président, le nom de la ville de
Louiseville a été octroyé en 1879 en l'honneur de la princesse Louise Caroline Alberta, fille de la reine
Victoria et épouse du marquis de Lorne, alors gouverneur général du Canada.
Depuis sa fondation, la ville n'a cessé de grandir, et elle a été surnommée
«hôtesse de la Mauricie».
M. le Président, je
veux remercier le conseil municipal, les bénévoles et les commanditaires de
l'événement, qui ont permis d'avoir des activités qui rayonnent à travers toute
la Mauricie et même le Québec.
En
terminant, M. le Président, j'invite toute la population à venir participer
aux grandes festivités qui auront lieu le 19 décembre prochain pour
fêter un 350e en grand. Merci beaucoup, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député de Maskinongé.
Enfin, la parole est à M. le député d'Abitibi-Ouest pour sa déclaration.
Féliciter
Mme Heather Macmillan, lauréate
du prix Hommage au civisme
M.
François Gendron
M.
Gendron : Alors, M. le Président, merci. En octobre dernier, lors de la remise des prix Hommage au
civisme, Mme Heather Macmillan,
d'Amos, recevait la médaille du civisme en reconnaissance de sa bravoure et du
sang-froid dont elle a fait preuve.
En
effet, le 3 février 2014, Mme Macmillan a sauvé la vie d'une
fillette, et ce, au péril de sa propre vie. Au moment où elle s'apprêtait à traverser la rue avec deux
petites soeurs, la brigade scolaire s'aperçoit qu'une voiture fonce droit sur
elles. Elle crie aux fillettes de reculer. La plus âgée le fait, mais la plus
jeune reste figée à ses côtés. Mme Macmillan pousse la petite écolière vers le trottoir juste avant d'être heurtée,
elle, de plein fouet. Alors que la petite est saine et sauve,
Mme Macmillan prend la route vers l'hôpital avec deux vertèbres dorsales
fracturées.
À
titre de député d'Abitibi-Ouest, je salue avec émotion et fierté la conduite
exemplaire de Mme Macmillan. Son geste héroïque témoigne de son
courage et nous inspire. Merci, madame, vous êtes un modèle.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député d'Abitibi-Ouest,
pour cette déclaration.
Cela met un terme à
la rubrique Déclarations de députés, et je suspends les travaux de l'Assemblée quelques
instants.
(Suspension de la séance à
9 h 50)
(Reprise
à 10 heures)
Le Président :
Mesdames messieurs, nous allons nous recueillir quelques instants.
Merci. Veuillez vous
asseoir.
Présence de
l'ambassadeur de la République
du Sénégal, M. Ousmane Paye
J'ai le plaisir de
souligner la présence dans nos tribunes de l'ambassadeur de la République du
Sénégal, Son Excellence M. Ousmane Paye, à l'occasion de sa visite officielle.
Nous poursuivons les
affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a
pas de déclarations ministérielles ni présentation de projets de loi.
Dépôt
de documents
À la rubrique Dépôt
de documents, M. le leader du gouvernement.
Réponses
à des pétitions et à une question inscrite au feuilleton
M.
Fournier : Oui, M. le Président. Je dépose la réponse du
gouvernement aux pétitions présentées par le député de Lévis le 20 octobre et par la députée de
Pointe-aux-Trembles le 3 novembre 2015. Je dépose également la réponse du
gouvernement à la question inscrite au feuilleton le 20 octobre 2015 par le
député de Rosemont.
Le Président :
Alors, ces documents sont déposés.
Dépôt
de rapports de commissions
À la rubrique Dépôt de rapports de commission, M.
le président de la Commission de l'économie et du travail et député de
Bertrand.
Étude
détaillée du projet de loi n° 57
M.
Cousineau : Oui. M. le Président, je dépose le rapport de la
Commission de l'économie et du travail qui, les 11, 16 et 17 novembre
2015, a procédé à l'étude détaillée du projet de loi n° 57, Loi modifiant
la Loi sur les régimes complémentaires de
retraite principalement quant au financement des régimes de retraite à
prestations déterminées. La commission a adopté le projet de loi avec
des amendements.
Le Président :
Alors, le dépôt est fait.
Dépôt
de pétitions
À la rubrique Dépôt
de pétitions, Mme la députée de Pointe-aux-Trembles.
Investir
les sommes nécessaires afin de favoriser
l'accès à une éducation publique inclusive
et de qualité à tous les élèves
Mme
Léger : Oui. Merci, M. le Président. Je dépose l'extrait d'une
pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par 14 661
pétitionnaires. Désignation : citoyennes et citoyens du Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant
que l'éducation des enfants est un investissement dans l'avenir du Québec,
puisqu'elle bénéficie à l'ensemble de ses citoyennes et citoyens;
«Considérant
que l'accès à une instruction publique de qualité est un droit fondamental pour
chacun des élèves fréquentant les écoles primaires et secondaires
publiques du Québec;
«Considérant
que la recherche de l'équité dans l'accès à une instruction publique de qualité
doit être maintenue au Québec, en adaptant les services aux besoins
réels de tous les enfants;
«Considérant
que les compressions budgétaires imposées par le gouvernement du Québec aux
commissions scolaires entraîneront une diminution de la qualité des
services éducatifs, limitant ainsi le potentiel de la jeunesse québécoise;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous,
soussignés, citoyens et citoyennes du Québec, demandons à l'Assemblée nationale
de reconnaître l'instruction publique comme un service essentiel et
d'investir les sommes nécessaires afin de favoriser l'accès à une éducation
publique inclusive et de qualité à tous les élèves.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition.
Le Président :
L'extrait de cette pétition est déposé. J'inviterais maintenant Mme la députée
de Repentigny.
Adopter
un règlement pour interdire de fumer
dans les parcs et les espaces verts publics
Mme Lavallée : Merci, M. le
Président. Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale,
signée par 93 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du
Québec.
«Les faits invoqués sont les suivants :
«Considérant les inconvénients engendrés par la
fumée secondaire, par exemple les yeux qui piquent ou la difficulté de
respirer;
«Considérant qu'il faut donner un exemple de
bonnes habitudes de vie à nos jeunes;
«Considérant que la lutte contre le tabagisme
est une question de santé publique;
«Et l'intervention réclamée se résume
ainsi :
«Nous,
soussignés, demandons au gouvernement du Québec d'adopter un règlement qui
interdit de fumer dans les parcs et les espaces verts publics.»
Je certifie que cet extrait est conforme à
l'original de la pétition.
Le Président : Alors,
l'extrait de cette pétition est déposé.
Il n'y a pas
de réponses orales aux pétitions ni d'interventions portant sur une question de
droit ou de privilège.
Questions et réponses orales
Nous en
sommes donc rendus à la période de questions et de réponses orales, et j'invite
M. le chef de l'opposition officielle à poser la première question.
Négociation des conditions
salariales
dans la fonction publique
M. Pierre Karl Péladeau
M. Péladeau : Merci, M. le Président.
Le hasard a encore frappé notre duo de médecins qui mène le Québec. Encore 400 millions de dollars de plus aux
médecins pendant que c'est la ligne dure pour tous les autres employés de
l'État. On avait mal compté, mais ce
n'est pas grave, car de l'argent, quand c'est pour les médecins, il y en a tout
le temps. Le gouvernement libéral a
fait augmenter de 134 % l'enveloppe de rémunération des médecins, et, ce
matin, nous apprenons que ça monte
tellement vite qu'on en avait oublié quelques centaines de millions qu'a
retracées le Vérificateur général. Ça tombe mal, M. le Président, parce
qu'au même moment le président du Conseil du trésor nous dit qu'il n'a pas les moyens d'offrir l'inflation aux infirmières, aux
enseignants, aux préposés aux bénéficiaires et aux autres employés de l'État. Juste avec ce 400 millions, nous
pourrions donner 1 % de plus à tous les autres employés de l'État. Grâce
au travail du Vérificateur général, on vient peut-être de régler les
conventions collectives, M. le Président.
Or, ma
question au premier ministre, M. le Président, est simple : Lui qui est
médecin ne trouve-t-il pas indécent d'avoir
offert 134 % à ses confrères depuis son passage comme ministre de la Santé
contre 5,3 % pour cinq ans pour les autres employés de l'État?
Le Président : M. le...
Des voix : ...
Le
Président : S'il vous plaît! M. le député de Louis-Hébert. M.
le député de Louis-Hébert, ça vous intéresserait d'écouter le premier
ministre? Oui?
Des voix : ...
Le Président : Je pense que
oui. M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : ...le hurlement
peut être une technique de débat politique, mais ce n'est pas celle que nous,
on veut prendre, M. le Président.
Je dirais
que, malheureusement pour mon collègue, sa question était essentiellement sans
objet parce que la façon dont il
l'amène occulte, M. le Président, l'aspect le plus incroyablement oublié par
mon collègue de la situation, il s'agit de sommes déboursées pour des services donnés aux patients. Alors, la
bonne nouvelle de ce matin, c'est que les médecins ont vu encore plus de patients que ce qui était
prévu, qu'ils ont eu des soins, des consultations, des traitements, et on les
a rémunérés pour ces soins. Alors, à moins
qu'il veuille qu'on défasse les traitements obtenus par les patients pour ces
sommes, je vois difficilement quel est le
bien-fondé de sa question et même la raison de sa préoccupation. Il devrait, au
contraire, saluer le fait que, sous notre
gouvernement surtout, l'accès aux soins médicaux s'est amélioré, les médecins
travaillent plus, voient plus de patients. Bonne nouvelle, M. le Président.
Le
Président : Première complémentaire, M. le chef de
l'opposition.
M.
Pierre Karl Péladeau
M.
Péladeau : M. le Président, les médecins en ont tellement eu, des
400 millions, qu'ils ne se rendent plus compte quand le ministre de la Santé leur en donne un de
plus. Aujourd'hui, les employés de l'État ont mis beaucoup d'eau dans
leur vin, ils ont posé un geste significatif pour en arriver à un règlement
négocié.
Est-ce
que le premier ministre pense qu'il serait raisonnable d'accorder ces
400 millions pour nous diriger vers un règlement négocié plutôt que
vers ses collègues médecins?
Le Président :
M. le premier ministre.
M.
Philippe Couillard
M. Couillard : C'est très curieux, M. le Président, le ton et la façon d'aborder la
question qu'a mon collègue. Pour
information, je lui dirais d'abord que je n'ai pas traité de patient depuis
mars 2003, alors je ne comprends pas le lien qu'il fait entre le fait
que j'ai une formation médicale et cette question-là. Moi, ce que je veux,
c'est que les patients, M. le Président, les
patients du Québec soient bien traités, mieux traités, plus rapidement traités,
et je lui répète, M. le Président, je
lui répète que c'est une bonne nouvelle de savoir que les médecins ont vu
encore plus de patients, ont donné encore plus de soins à la population
du Québec.
Maintenant,
pour ce qui est des négociations du secteur public, ce n'est pas lui,
heureusement pour le Québec, qui va les faire parce qu'on connaît ses
méthodes en relations de travail, M. le Président.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M.
Pierre Karl Péladeau
M.
Péladeau : Merci, M. le Président. Le premier ministre a haussé de
134 % l'enveloppe de rémunération des médecins, c'est six fois plus
que l'inflation depuis les 10 dernières années. Pendant ce temps-là, les
enseignants et les infirmières vous demandent de ne pas faire reculer leurs
conditions de travail.
Est-ce que le premier
ministre peut minimalement s'engager à ne pas appauvrir les employés de l'État?
Le Président :
M. le premier ministre.
M.
Philippe Couillard
M. Couillard : Évidemment, M. le Président, plusieurs mois en lock-out, ça a tendance
à appauvrir le monde, effectivement,
aussi. Maintenant, je voudrais lui faire remarquer que, dans ce qui est
actuellement sur la table — et
on ne fera pas la négociation ici — il n'y a pas d'appauvrissement, il n'y
a plus aucune année de gel de
rémunération. Il y a la préservation des effets d'échelons pour les
jeunes fonctionnaires et également les augmentations à chaque année, y compris
pour l'année en cours. Alors, ce qu'il dit ne s'applique pas, M. le Président. Il
n'y a pas d'appauvrissement, il y a, au contraire,
une progression de la rémunération qui correspond à la capacité de payer du
Québec, et je crois bien, et j'espère bien, j'espère bien qu'on aura une
entente négociée, M. le Président.
Le Président :
Troisième complémentaire, M. le chef de l'opposition officielle.
M.
Pierre Karl Péladeau
M. Péladeau :
Merci, M. le Président. Quand vient le temps de couper, le président du Conseil
du trésor sait comment compter. Mais, quand vient le temps de réformer l'aide
sociale pour s'attaquer aux plus vulnérables, le gouvernement compte
froidement. Mais, quand on parle des médecins, la solution est systématiquement
de leur donner plus d'argent. Pourquoi aucun
employé de l'État ne mériterait ne serait-ce qu'une fraction de ce qui est
consenti aux médecins?
Le Président :
M. le...
Des voix :
...
• (10 h 10) •
Le Président :
S'il vous plaît!
Des voix :
Ha, ha, ha!
Le Président :
Il n'y a rien de drôle. M. le premier ministre.
M.
Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président, je
pense que cet échange va rester dans l'anthologie des débats, ici, de cette Assemblée clairement, là. Mais je vais quand même
lui rappeler encore une fois — puis je pense qu'il m'entend — il a sa question... Pour le chef de l'opposition, c'est particulier, là, il a
des questions écrites puis des réponses écrites, puis des questions d'avance pour... quelle que soit la
réponse, il faut parler de ça à la prochaine question. Je lui ai dit, M. le
Président, je lui expliqué puis je
vais lui réexpliquer encore que cette somme correspond à des services donnés à
la population du Québec pour des services médicaux.
Des voix : ...
M. Couillard : Salaire? Ils ne
savent même pas, M. le Président, que les médecins ne sont pas des salariés.
C'est incroyable. C'est incroyable...
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît!
M. Couillard : C'est incroyable,
l'ignorance de ce côté-là de la Chambre. Maintenant...
Le Président : M. le député
de Sanguinet!
M. Couillard : Maintenant, M. le
Président, je vais quand même rassurer la population...
Des voix : ...
M.
Couillard : Je ne veux pas
crier aussi fort que le chef de l'opposition, qui hurle ses questions ici, dans
cette Assemblée.
Le Président : En terminant.
M. Couillard : Nous, on...
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît! Principale, M. le député de Bourget.
Accueil et intégration de
réfugiés syriens
M. Maka Kotto
M. Kotto :
M. le Président, je réitère que nous sommes favorables à l'accueil des réfugiés
syriens, mais nous devons cependant
nous assurer que ce soit un accueil réussi. En parlant de l'objectif de Justin
Trudeau, qui obligerait le Québec à accueillir
5 750 réfugiés syriens d'ici la fin de l'année, la ministre de
l'Immigration affirmait avant-hier, et je la cite : «...je vais
être franche, je crois que c'est impossible de procéder à cet accueil d'ici la
fin de l'année, et les gens le savent.»
Je présume
que la ministre s'appuyait sur des éléments concrets pour faire une telle
déclaration, étant donné qu'elle est
en première ligne dans ce dossier. Or, hier, son premier ministre l'a taclée en
affirmant que le Canada et le Québec peuvent
atteindre leurs objectifs d'accueil de réfugiés syriens d'ici la fin de
l'année. Bref, la ministre est clairement en contradiction avec son
premier ministre.
Alors,
peut-on savoir les nouvelles informations qu'elle détient depuis lundi pour
passer de l'impossible au possible?
Le Président : Mme la
ministre de l'Immigration.
Mme Kathleen Weil
Mme Weil : Oui. Hier, M. le Président, nous avons discuté,
débattu d'une motion qui parlait d'un accueil qu'on souhaitait un accueil ordonné, organisé et que ça
devrait se faire dans les délais nécessaires par cette opération. Mais je veux assurer
ici les membres dans cette Chambre que le gouvernement du Québec, qui s'est
engagé le 7 septembre à accueillir 3 650 réfugiés ici, au Québec...
que tous, tous les services sont en place, la vérification a été faite à tous
les niveaux, donc les villes de destination
pour les personnes qui sont parrainées par l'État, donc prises en charge par
l'État, les services de santé, les
services sociaux, les services d'éducation, les villes, au point de vue du logement, tout
est en place, et que les villes de
destination sont déjà décidées. Et je vous dirais aussi que les
13 villes, qui sont des villes bien organisées et qui ont une grande expérience en matière d'accueil, nous
disent : Oui, nous sommes présents et nous voulons jouer un rôle
pour organiser cet accueil. Je parlais du 3 650.
Pour
ce qui est du plan gouvernemental
fédéral, nous attendons leur plan et nous allons pouvoir évaluer, donc...
Le Président : En terminant.
Mme Weil : ...si ce plan est
réalisable dans le temps pour... Et je veux répéter...
Le Président : Première
complémentaire, M. le député de Matane-Matapédia.
M. Pascal Bérubé
M.
Bérubé :
M. le Président, le ministre de la Sécurité publique a déclaré que la cible
d'accueil est irréaliste. Son ministère
coordonne une cellule de crise interministérielle en place depuis deux mois. Est-ce
qu'il peut rendre publiques des analyses sur lesquelles il se base pour
dire que c'est irréaliste?
Le Président : M. le ministre
de la Sécurité publique.
M. Pierre Moreau
M. Moreau :
Bon, l'opposition peut toujours essayer de danser sur ce sujet-là, ce qui est
clair pour nous — et
le premier ministre l'a répété hier, la
ministre de l'Immigration l'a répété, la ministre des Relations internationales
l'a répété — ce que nous voulons faire, c'est de nous
assurer que les choses soient faites correctement et, en ce qui a trait à
la sécurité publique, de nous assurer que
les standards canadiens, que les experts internationaux reconnaissent comme
étant les plus hauts standards de
sécurité au monde, soient appliqués, de sorte que les réfugiés qui seront reçus
ici, au Québec, par la générosité du peuple québécois soient des gens
qui ne présentent aucun risque pour la sécurité
Alors, on
peut faire les questions qu'on veut, on peut essayer de jouer avec les mots. Ce
que les gens doivent retenir, c'est essentiellement ceci : nous ne
ferons aucun compromis sur...
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le député de Matane-Matapédia.
M. Pascal Bérubé
M.
Bérubé : M. le
Président, on ne va pas jouer avec les mots, on va utiliser les siens, il dit
que l'objectif est irréaliste. À peine deux
heures plus tard, on le retrouve à côté du premier ministre qui le contredit.
Est-ce qu'il
peut nous partager les informations qu'il a obtenues lors de cet intervalle? Il
me semble que ça serait le bon moment.
Lui qui, manifestement, semble en charge de l'opération, il était excédé tout à
l'heure en scrum. Est-ce qu'à nous il peut donner les réponses demandées
par le public du Québec?
Le Président : M. le ministre
de la Sécurité publique.
M. Pierre Moreau
M. Moreau :
Pour mes états d'esprit pendant les scrums, j'ai expliqué que, quand tout le
monde hurle en même temps et qu'on
n'entend pas les questions, c'est difficile de répondre. Alors, c'est ça, tout
simplement, c'est d'ordonner les choses. Ne vous inquiétez pas pour mon
état d'esprit, je m'en charge, je n'ai aucune difficulté avec ça.
Sur la façon
de faire les choses, il faut bien faire les choses, et nous allons le faire, à
la Sécurité publique. J'ai des discussions avec les autorités fédérales,
j'aurai des rencontres avec les autorités fédérales, et, au fur et à mesure que
ces gens-là passeront à travers les étapes
de sécurité, nous nous assurerons, au Québec, que la sécurité des Québécois
n'est pas compromise.
Le Président : Principale, M.
le député de Saint-Jean.
<N-3>Projet
de loi visant à permettre une meilleure adéquation entre la
formation et l'emploi ainsi qu'à favoriser l'intégration en emploi
M. Dave Turcotte
M.
Turcotte : Depuis le dépôt du
projet de loi n° 70, c'est la confusion la plus complète dans les
explications fournies par le gouvernement libéral sur cette réforme de
l'aide sociale. Le ministre de la Solidarité sociale a, tout d'abord, reconnu que des gens de Montréal
pourraient devoir aller travailler à Québec, sous peine de voir leurs
prestations coupées. Or, dès le lendemain, le premier ministre a été
interpelé sur la même question, et il dit : On ne veut pas faire déménager personne. Cependant, hier, le ministre
de la Solidarité a reconfirmé sa volonté de forcer des gens de Montréal à accepter un emploi à Québec tout en disant que
personne n'aurait à déménager. M. le Président, c'est n'importe quoi.
Est-ce que le
ministre peut arrêter de dire n'importe quoi et de confirmer quelle est la
distance qu'il juge convenable avant que quelqu'un soit coupé sur son
chèque d'aide sociale?
Des
voix : ...
Le
Président : Chut, chut, chut! S'il vous plaît! Il n'y a rien
qu'une personne qui a le droit de parole ici, c'est M. le ministre de
l'Emploi.
M.
Sam Hamad
M.
Hamad :
Merci, M. le Président. Je répète encore, M. le Président : C'est triste
de voir les questions de l'opposition, mais enfin. M. le Président, la loi...
Une voix :
...
M.
Hamad :
C'est le président de Québecor qui parle, M. le Président. Alors là, on
revient... O.K.
Des voix :
...
Le Président :
Là, j'aimerais ça, vous entendre répondre, s'il vous plaît.
Des voix :
...
Le Président :
Répondez-moi à moi.
Une voix :
...
Le Président :
Je m'excuse. M. le leader de l'opposition.
M. Drainville :
Le chef de l'opposition officielle, c'est comme ça qu'il s'appelle. C'est ça,
son titre, c'est le chef de l'opposition officielle.
Le Président :
Vous avez raison. M. le ministre de l'Emploi, veuillez nous répondre sur la
question.
M.
Hamad : M. le Président, l'objectif du projet de loi, c'est
deux objectifs importants. Le premier, c'est l'adéquation entre la formation et les besoins de main-d'oeuvre.
Le deuxième objectif — et ça, c'est important — c'est aider les jeunes qui rentrent à l'aide sociale de trouver leur
dignité, de leur donner les moyens de retourner aux études ou trouver un emploi.
Ça, c'est un objectif important, M. le
Président. Est-ce qu'ici, dans l'Assemblée, quelqu'un peut accepter qu'il y a
6 000 jeunes par année qui
rentrent à l'aide sociale qui sont issus d'une famille à l'aide sociale? Si
vous l'acceptez, vous continuez à poser des questions sur d'autres
choses.
Deuxièmement,
M. le Président, il y a plus de 8 000 jeunes qui sont âgés de
29 ans et moins qui sont à l'aide sociale à chaque année, qui sont aptes pour travailler, qui n'ont pas de
problème de toxicomanie, n'ont pas de problème de violence. Ce n'est pas une femme monoparentale, ce n'est pas
des aidants naturels, c'est des gens qui sont prêts pour aller sur le
marché du travail.
Le Président :
En terminant.
M.
Hamad :
Est-il acceptable de laisser tomber ces gens-là?
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Saint-Jean.
M.
Dave Turcotte
M.
Turcotte : M. le Président, le gouvernement a aboli le
programme Alternative jeunesse, qui aidait les jeunes à retourner sur le marché du travail. Quand on parle
de dignité, forcer des gens de Montréal à aller à Québec pour un emploi,
des gens du Saguenay—Lac-Saint-Jean
à aller à Québec, des gens de la Gaspésie à aller à Québec, est-ce qu'on parle vraiment de la dignité de ces gens-là? Est-ce
qu'on parle vraiment de la dignité de ces familles? Qu'est-ce qui va arriver à
ces jeunes? Qu'est-ce qui va arriver à leur famille, à leur entourage?
Est-ce que le
ministre peut confirmer quelle est la distance convenable avant qu'un chèque
soit coupé?
Le Président :
M. le ministre de l'Emploi.
M.
Sam Hamad
M.
Hamad : M. le Président, la dignité, c'est prendre le jeune,
l'accompagner, l'aider, donner la formation nécessaire, trouver un emploi avec lui. C'est ça, la dignité. La
dignité, c'est de ne pas laisser tomber nos jeunes derrière nous. C'est notre plus grande richesse. La
dignité, c'est briser le cercle vicieux de l'aide sociale. C'est ça, la
dignité. La dignité, c'est ne pas laisser tomber nos jeunes et ne pas
accepter de laisser tomber sans aucun effort.
M. le Président, la dignité aussi,
c'est faire l'effort pour améliorer cette situation. Ce que nous demandons, ce
que les Québécois disent : On est prêts à être généreux...
Le Président :
En terminant.
M.
Hamad :
...nous sommes généreux, mais on veut aussi que le jeune fasse un effort.
• (10 h 20) •
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Saint-Jean.
M.
Dave Turcotte
M.
Turcotte : Nous n'avons toujours pas de réponse sur la
distance convenable, je vais m'essayer sur une autre question que j'ai
posée hier et que je n'ai toujours pas eu de réponse.
Le ministre veut
s'occuper de la dignité. Qu'arrivera-t-il à une femme que son conjoint n'a pas
accepté un emploi à temps partiel à Québec
lorsqu'elle habite à Montréal, ou à Chicoutimi, ou ailleurs? Le ministre parle
de dignité. Qu'arrivera-t-il à cette femme? Est-ce qu'elle sera coupée?
Le Président :
M. le ministre de l'Emploi.
M.
Sam Hamad
M.
Hamad : M. le Président, il y a 17 000 personnes qui
arrivent à l'aide sociale. C'est 17 000 cas différents, et nous allons les traiter cas par cas. L'objectif
à la fin, là, c'est d'abord voir la situation du jeune qui arrive. S'il a
besoin d'accompagnement, s'il a besoin de la confiance en soi, il y a des
organismes communautaires qui sont prêts à travailler avec nous pour donner l'aide. Si le jeune, M. le
Président, il a besoin d'une formation additionnelle qui peut le qualifier
pour donner plus de chances à trouver un
emploi, nous serons là pour donner cette formation-là. Si le jeune, M. le
Président, cherche un emploi, on va l'aider à trouver un emploi. Et en
plus, M. le Président...
Le Président :
En terminant.
M.
Hamad :
...nous allons donner plus d'argent pour l'encourager à faire l'effort.
Le Président :
Principale, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
Lutte
contre l'intégrisme religieux
M.
François Legault
M.
Legault : M. le Président, les attentats de Paris ont généré de nouvelles craintes chez nos citoyens.
On voyait, dans un sondage hier de
TVA, que 73 % des Québécois
craignent un attentat terroriste ici. Donc, M. le Président, une des
meilleures façons de rassurer les Québécois, c'est de mettre en place
rapidement des mécanismes pour lutter contre l'intégrisme
religieux. C'est exactement ce que la CAQ proposait en février dernier. La
réalité, c'est qu'actuellement au Québec
on n'est pas prêts à lutter activement contre l'intégrisme religieux. On
reconnaît que, dans le projet de loi n° 59, il y a certains éléments pertinents, puis on va les appuyer, mais le
projet de loi n° 59 ne va pas assez loin, il faut être capable de mettre des sanctions suffisantes pour contrer l'intégrisme
religieux. Il y a une proposition très claire que la CAQ a faite,
j'aimerais avoir l'opinion du premier ministre.
Est-ce
que le premier ministre est d'accord pour permettre au Tribunal des droits de
la personne de dissoudre les corporations religieuses où sont tenus des
discours intégristes ou radicaux?
Le Président :
M. le premier ministre.
M.
Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président, c'est une bonne chose que notre collègue s'exprime en
disant qu'il va soutenir une bonne
partie du projet de loi n° 59. C'est toujours un bon départ. Puis on aura
de bonnes discussions, j'en suis certain, entre la ministre et eux en commission parlementaire, mais je dirais
qu'il y a un principe, cependant, qui doit nous guider, et c'est ce principe qui nous différencie des
barbares qui ont attaqué la démocratie au cours des derniers jours, c'est le
respect des droits des gens, le respect des
lois également. Alors, tout ça doit se faire dans l'équilibre. Il faut se
garder des amalgames. Il est clair
qu'il existe dans les amendements également qu'a présentés la ministre des
dispositions qui vont généralement
dans le sens de ce que réclame le collègue. Mais prenons garde, d'une part, aux
amalgames. Prenons garde à toute
modification législative qui, clairement, identifie et pointe une communauté
plus que les autres parce qu'elle est destinée
à l'échec devant les tribunaux, cette disposition-là. Restons équilibrés,
restons respectueux des communautés, restons avant tout concentrés sur
la sécurité des gens. Et, avant tout, c'est ce qu'il faut faire, M. le
Président.
Le Président : Première
complémentaire, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M. François Legault
M.
Legault : M. le Président, la France, depuis dimanche, évalue
la possibilité de dissoudre les mosquées où sont tenus des discours radicaux. C'est exactement ce que propose la CAQ
depuis le mois de février, de donner au Tribunal des droits de la
personne la permission de dissoudre des corporations religieuses qui tiennent des
discours radicaux.
Est-ce que le premier
ministre, oui ou non, est d'accord avec cette proposition de la CAQ?
Le Président :
M. le premier ministre.
M.
Philippe Couillard
M. Couillard : On est prêts à discuter toute proposition, M. le Président, dans le
respect de nos lois et de nos chartes des droits.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M.
François Legault
M. Legault :
M. le Président, je comprends que le premier ministre ne veuille pas nommer le
problème, mais il y a actuellement au Québec
des imams qui tiennent des discours radicaux. Il pourrait en parler,
d'ailleurs, avec Fatima Houda-Pepin, il pourrait peut-être apprendre un
peu.
M.
le Président, je répète ma question, elle est très claire : Est-ce que le
premier ministre est prêt à accepter des amendements au projet de
loi n° 59 pour permettre de dissoudre des corporations...
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : M. le Président, c'est un débat qui pourrait avoir lieu,
mais je répète qu'on lui a envoyé une proposition d'amendement de la motion et
je vais la lire :
«Qu'elle
demande à l'Assemblée nationale d'étudier le projet de loi n° 59 en
recherchant les meilleures dispositions, dans le respect des chartes des droits et libertés, visant précisément à
lutter contre l'intégrisme religieux et à prévenir la radicalisation.»
M.
le Président, moi, je crois dans la nécessité de lutter de façon impitoyable
contre la barbarie et le terrorisme, et
il faut que notre pays fasse partie de la coalition internationale qui fait ça.
Je crois que notre pays doit démontrer ses valeurs profondes de démocratie et de respect des droits. Nous sommes un
État de droit, c'est ce à quoi les adversaires de la liberté s'opposent, M. le Président. Ne leur donnons pas la
moindre victoire qui leur montrerait qu'ils sont capables de nous
influencer dans l'autre direction...
Le Président :
En terminant.
M.
Couillard : ...mais ayons toutes les discussions possibles dans le
respect des lois, M. le Président.
Le Président :
Principale, M. le député de Drummond—Bois-Francs.
Projet de loi visant à obliger les prestataires
d'aide sociale à accepter un emploi
M. Sébastien Schneeberger
M.
Schneeberger : Oui. Merci, M. le Président. Hier, le
ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale a complètement évité ma
question sur le critère de la distance absent de sa réforme de l'aide sociale.
Nous sommes tous d'accord ici pour sortir
nos jeunes de la pauvreté, personne ne remet ce bel objectif noble en question.
Mais rien ne justifie d'exclure du
projet de loi n° 70 le critère de la distance, rien ne justifie
d'obliger une personne à faire 100 kilomètres pour aller
travailler.
Je
vous rappelle ici, M. le Président, que, le 8 juin 2012, le Parti libéral,
son parti, a déposé une motion demandant au gouvernement fédéral de renoncer à sa réforme de l'assurance-emploi,
justement, pour éviter que des travailleurs au chômage soient forcés de faire une heure de route pour aller travailler.
Aujourd'hui, la réforme du ministre risque de faire exactement ce que
son parti dénonçait en 2012.
Est-ce
qu'il peut être cohérent avec la motion de 2012 et s'engager à définir
clairement le critère de distance dans son projet de loi?
Le Président :
M. le ministre de l'Emploi.
M. Sam Hamad
M.
Hamad : Je suis très heureux, M. le Président, de voir que
la CAQ a enfin clarifié sa position et très heureux de voir que la CAQ appuie le projet de loi. Ils
ont des questions, je suis très heureux de voir qu'ils ont des questions. On va
avoir une commission parlementaire, d'ailleurs, pour discuter de ces
questions-là.
Maintenant,
je vais répondre quand même, M. le Président. C'est qu'il faut comprendre le
principe, M. le Président, c'est qu'au Québec, au Québec...
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît!
M.
Hamad : ...au Québec, M. le Président... D'ici cinq ans, le
Québec a besoin de 1,3 million de personnes pour remplir des emplois au Québec, soit les départs à
la retraite soit des nouveaux emplois. M. le Président, nous avons un défi démographique majeur au Québec et, en même
temps, nous sommes une société généreuse qui va donner la dignité à des gens.
Alors, nous comprenons tous ici le besoin essentiel et important
de ne pas laisser tomber nos jeunes à l'aide sociale, mais plutôt leur donner la dignité et les aider à trouver un
emploi. La société les attend. Dans un contexte où nous avons des emplois disponibles, c'est encore plus
facile, encourager les jeunes à l'aide sociale d'aller trouver un emploi.
Nous avons une situation idéale pour aider les jeunes et, surtout, ne pas les
confiner...
Le Président :
En terminant.
M.
Hamad :
...comme le PQ veut faire, les confiner à l'aide sociale.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Drummond—Bois-Francs.
M. Sébastien Schneeberger
M.
Schneeberger : Oui, M. le Président. Le Parti libéral est très dur à suivre. Un, il dénonçait avec vigueur
les effets de la réforme de l'assurance-emploi qui obligeait les citoyens
au chômage à accepter un travail à une heure de route de chez eux. Deux, il fait adopter une motion unanime à l'Assemblée nationale pour dénoncer cette situation. Et, trois, aujourd'hui, il arrive avec une réforme de l'aide sociale qui risque de faire
encore pire. Alors, qu'attend le ministre pour rectifier son erreur?
Le Président :
M. le ministre de l'Emploi.
M. Sam Hamad
M.
Hamad : M. le Président, par expérience, un projet de loi,
il est là pour être bonifié par tout le monde. Alors, si l'opposition a des bonnes idées, on va les
travailler. Mais, aujourd'hui, ce que je sens un petit peu de la CAQ, un peu
de «ramolliment» de la position. Ils acceptent un petit peu la position...
Des voix :
...
Des voix :
Ha, ha, ha!
M.
Hamad :
M. le Président...
Des voix :
Ha, ha, ha!
M.
Hamad :
M. le Président, je vais vous le dire, ma langue maternelle, ce n'est pas le
français. Et je vous le garantis que ce n'est pas ma dernière fois que je vais
faire des erreurs en français, M. le Président. Je force, mais, que
voulez-vous, je fais des erreurs. Alors, je reviens, je reviens. Alors...
Le Président :
En terminant.
M.
Hamad :
Au moins, je...
Le Président :
Je vais vous donner une chance.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Drummond—Bois-Francs.
M. Sébastien Schneeberger
M.
Schneeberger :
Oui. Merci, M. le Président. Ce que je comprends du ministre
libéral d'aujourd'hui, version 2015, c'est qu'il n'est pas d'accord avec le ministre version 2012. Une
heure de transport, c'est adéquat selon lui aujourd'hui.
Alors, ce qu'on veut ici,
c'est de la clarté. Une heure de transport sans voiture, c'est complètement
différent à Montréal qu'au Lac-Saint-Jean. Je répète, c'est très différent. Alors,
le ministre doit définir clairement aujourd'hui, dans son projet de loi, ce
qu'il va faire au niveau de la distance quand on parle de distance d'un emploi
convenable. Va-t-il le faire?
• (10 h 30) •
Le Président : M. le ministre
de l'Emploi.
M.
Sam Hamad
M.
Hamad :
M. le Président, notre objectif, ce n'est pas faire déménager le monde. Notre
objectif, c'est donner la dignité à
ceux et celles qui en ont besoin. Notre objectif, M. le Président, dans un
contexte... On a le contexte idéal, nous avons des emplois disponibles.
Hier, mon
collègue le député de Beauce-Sud — Beauce-Sud, oui — il parlait de besoins de main-d'oeuvre dans
sa région, M. le Président. Ça, c'est un cas
dans sa région, mais il y en a partout, dans toutes les régions du Québec, où nous avons besoin de main-d'oeuvre...
Le Président : M. le leader
du deuxième groupe de l'opposition.
M.
Bonnardel : ...article 79. Le ministre doit donner une réponse claire. Depuis
48 heures, on lui a donné beaucoup
de chances, même l'opposition officielle, mon collègue, depuis hier. Donc, est-ce qu'il peut clarifier sa pensée, nous dire
s'il pense que 20, 30, 40 kilomètres, c'est adéquat pour faire travailler
ces gens?
Le Président : M. le leader
du gouvernement.
M. Fournier :
...je considère que sa pensée est très claire, il l'exprime très clairement. En
tout cas, moi, j'ai tout compris, M. le Président.
Le Président : Bien, c'est
très bon. C'est très bon que vous ayez compris.
Ceci étant
dit, comme vous le savez, je ne peux pas exiger le degré de précision que vous
aimeriez avoir dans la réponse du ministre. M. le ministre, veuillez
terminer, s'il vous plaît.
M.
Hamad :
Alors, ce que nous voulons, M. le Président, c'est de ne pas laisser tomber les
6 200 jeunes qui sont
issus d'une famille de l'aide sociale qui demandent l'aide sociale. C'est
inacceptable, M. le Président. Au moins...
Le Président : En terminant.
M.
Hamad : ...qu'on
reconnaisse ces faits-là.
Le Président : Principale, M.
le député de Labelle.
Avenir du réseau des centres
de la petite enfance
M. Sylvain Pagé
M. Pagé : Merci,
M. le Président. Ce matin, sous le
titre Suffit les destructions dans les CPE, parents, artistes, économistes, partenaires du réseau, chercheurs et
sociologues dénoncent les coupes à blanc, les coupes à blanc dans les
centres de la petite enfance. Des figures éminentes comme Gérard Bouchard, Fred
Pellerin, Dominic Champagne, Laure Waridel,
Dany Turcotte, Claude Béland et des centaines de signataires accusent le gouvernement, et je cite, de sabrer «sans
vergogne dans un réseau éducatif reconnu à travers le monde». Ils se demandent
si votre souhait le plus cher n'est pas de le faire mourir de leur belle
mort. C'est grave, M. le Président.
Après s'être
placée en position de rupture totale avec son réseau, c'est maintenant
la société civile qui monte aux barricades. Ils s'opposent aux décisions insensées
de ce gouvernement et à son plan de démantèlement du réseau des
centres de la petite enfance.
La ministre
réalise-t-elle qu'elle commet une erreur magistrale? Que répond-elle aux
centaines de signataires qui défendent les centres...
Le Président : Mme la ministre
de la Famille.
Mme Francine Charbonneau
Mme
Charbonneau : M. le
Président, j'ai fait comme mon
collègue ce matin, j'ai lu la lettre qui venait d'un seul réseau, le réseau des CPE. J'en rajoute un peu en
disant «l'AQCPE» puisque la ministre qui se lève devant vous, M. le Président, c'est la ministre des Familles, c'est
celle qui fait en sorte que le gouvernement prend des décisions pour s'ajuster aux demandes
des familles du Québec, pas d'un réseau, mais des familles.
On se doit de faire en sorte d'avoir une pérennité dans ce réseau. On fait en sorte que le réseau
est sécuritaire, on fait en sorte que
des professionnels, tous les jours, accueillent les enfants de
ces familles qui leur lèguent, pour la journée, leurs enfants. M. le Président, la semaine passée, mon collègue s'est levé pour
dire qu'il y avait de la place dans le réseau. Nos familles trouvent des services, et le service
doit s'ajuster aux familles, et c'est sur ça que je travaille à tous les jours.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Labelle.
M.
Sylvain Pagé
M.
Pagé : Ce ne sont pas
les familles qui ont demandé l'augmentation des tarifs jusqu'à 174 %, ce ne sont pas
les familles qui ont demandé de couper
jusqu'à 100 millions dans le réseau de services de garde, ce ne sont
pas les familles qui ont demandé de
reporter les places. Tout indique que la ministre, comme ses
prédécesseurs, veut favoriser ses amis des garderies privées. C'est
clair.
Quand va-t-elle
cesser le démantèlement des centres de la petite enfance?
Le Président :
Mme la ministre de la Famille.
Mme
Francine Charbonneau
Mme
Charbonneau :
M. le Président, le réseau au Québec appartient aux familles, il n'appartient
pas au Parti québécois, il n'appartient pas à une philosophie sectaire
d'un réseau qui doit donner des services. Le milieu familial nous a
demandé d'avoir de la flexibilité, les parents du Québec nous ont demandé
d'avoir des places.
Les
Québécois mettent en ce moment plus de 2,4 milliards de dollars dans un système et dans un réseau qui se veut de qualité, diversifié. Vous savez, M. le Président, il y a aussi un milieu familial qui donne des services
exceptionnels. Oui, il y a
un réseau de services de garderie privés subventionnés, d'ailleurs, que le Parti québécois a aidé fortement...
Le Président :
En terminant.
Mme
Charbonneau :
...à développer, je vous le rappelle.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Labelle.
M.
Sylvain Pagé
M.
Pagé : M. le Président, les faits parlent d'eux-mêmes, les gens ne sont pas dupes. Peut-elle
s'engager ce matin à cesser la
destruction du réseau éducatif des centres de la petite enfance? Peut-elle
s'engager ce matin à protéger l'avenir des enfants plutôt que
l'idéologie du président du Conseil du trésor?
Le Président :
Mme la ministre de la Famille.
Mme
Francine Charbonneau
Mme
Charbonneau : M. le Président, tous les jours, le ministère de la Famille s'occupe des enfants du Québec.
D'ailleurs, il a assis ensemble l'ensemble
des partenaires pour leur faire parler de pédagogie, de financement et de
façons où on peut trouver plus de
flexibilité à même le réseau qu'on a. Ça peut inquiéter mon collègue qu'on
parle aussi des CPE, mais on parle à
l'ensemble du réseau, et ce qu'on veut, c'est un réseau fort, sécuritaire et professionnel
pour les familles du Québec.
Le Président :
Principale, M. le député de Sanguinet.
Mesures envisagées pour
stimuler
le développement minier
M.
Alain Therrien
M.
Therrien : M. le Président, l'effet libéral se poursuit dans le secteur minier. Sous la plume de
Julien Arsenault, on apprenait... Le
Devoir, La Presse hier : Les investissements miniers ont chuté de 35 % en 2014 — Les
minières devraient investir encore moins en 2015. Dans l'article, il
mentionne que la chute sera de 8 % cette année.
Sur le terrain, d'un
côté, fermeture de mines, M. le Président : Mines Wabush, perte de 100
emplois; mine du lac Brome à Fermont, perte
de 500 emplois; Québec Lithium
en Abitibi, perte de 200 emplois; mine du Mont-Wright à Fermont, fermeture, encore une fois. D'un autre
côté, des abandons et des reports, ça fait mal, M. le Président :
BlackRock à Chibougamau, Niobec au Saguenay, report du projet de la Mine
Arnaud.
Écoutez, M. le
Président, ma question est simple : Est-ce que le ministre de l'Économie
peut nous expliquer pourquoi il est incapable de freiner la chute de l'activité
minière? Et qu'il ne me parle pas du Plan Nord, parce que, visiblement, ce
n'est pas la solution.
Le Président :
M. le ministre des Mines.
M. Luc Blanchette
M.
Blanchette : Merci, M. le Président. Écoutez, il y a un contexte
mondial qui explique tout ça, et je l'expliquerais en trois bonnes
raisons.
Il y a une
baisse de prix des métaux et des minéraux sur l'ensemble de la planète, il faut
bien le constater. Ce n'est pas une
situation facile pour faire des investissements. L'autre chose, c'est qu'il y a
un ralentissement de l'ensemble de l'économie
mondiale, également, que ce soit en Europe, ou en Asie, ou même aux États-Unis.
Ce ralentissement-là a des effets sur
la demande des ressources naturelles. Un troisième argument qui a influencé les
investissements — si vous
voulez que je le dépose, je pourrais
très bien le déposer — c'est qu'il y a eu 18 mois de gouvernement du Parti québécois
qui a fait fuir les investissements, et ça, c'est important à
mentionner.
Une voix : ...
M. Blanchette : Je suis prêt à le
déposer, l'article, M. le Président, au besoin, si jamais c'est demandé.
Par ailleurs,
j'apprenais la semaine dernière à Toronto que, dans le cercle des financiers,
pour nos projets miniers, il était
question qu'enfin, au Québec, il y avait un cadre réglementaire clair, stable
et prévisible, ce qui est tout à fait à notre honneur. Et...
Le Président : En terminant.
M. Blanchette : Oui, c'est ça. Je
reviendrai pour...
Le Président : Mais avez-vous
demandé le dépôt?
Des voix : ...
Document déposé
Le
Président : Est-ce que vous avez demandé le dépôt de votre
document? Est-ce qu'il y a un consentement pour le dépôt? Consentement.
Mme la députée de Duplessis, en complémentaire.
Mme Lorraine Richard
Mme
Richard : Merci, M. le
Président. Je veux juste rappeler au Parti libéral, au gouvernement libéral
que, le Plan Nord, c'est eux. Ça
devait être le créateur d'emplois, ça devait être le sauveur de l'économie.
Fort de constater que ce n'est pas le résultat. Puis ce n'est pas parce
qu'ils n'en ont pas parlé, M. le Président, du Plan Nord, on en a soupé.
Vous faites
quoi maintenant, à court terme, pour que le monde chez nous, sur la Côte-Nord,
et ailleurs au Québec, ils conservent
leurs emplois? Parlez-moi pas de 18 mois de pouvoir comme si on avait eu
une incidence sur les marchés mondiaux. Vous étiez les sauveurs, bien
sauvez les gens du Québec qui perdent leurs emplois.
Des voix : ...
Le
Président : Bon, on se calme, tout le monde. M. le
ministre, c'est à vous la parole puis
vous êtes le seul à l'avoir dans cette Chambre.
M. Luc Blanchette
M.
Blanchette : Écoutez, je
remercie pratiquement la députée de cette offre-là. Oui, le plan mort, qui a
été la...
Des voix : ...
M. Blanchette : ...pendant 18 mois,
c'est ce que vous en avez fait.
Maintenant,
au Québec, on tente de faire une relance, oui, avec des
projets d'infrastructure. On parle de GNL, on parle d'études
d'opportunité d'une troisième voie, on parle d'un désenclavement du port de Sept-Îles,
on parle d'infrastructures de communication et de transport.
C'est important
à mentionner, voilà deux semaines, il
y a une délégation de 14 ambassadeurs
et consuls menée par mon collègue ministre
des Affaires autochtones, le ministre
des Relations internationales et le
député d'Ungava, et c'était
14 ambassadeurs de l'Europe principalement qui ont fait le tour de la région du
Nord-du-Québec. C'est important
de faire ça.
• (10 h 40) •
Le Président : En terminant.
Une voix :
...
Le Président : C'est assez?
Bon. M. le député de René-Lévesque.
M. Martin Ouellet
M.
Ouellet : M. le Président, les exportations de minerais et de concentrés de fer ont chuté de 21 % en 2015. Ce que ça veut dire, c'est des pertes d'emploi pour les gens de la
Côte-Nord et des autres régions. La population s'est fait promettre des
centaines d'emplois, et, au lieu d'additionner, présentement, en Côte-Nord, on
soustrait.
Maintenant
qu'on a démontré que le Plan Nord ne fonctionne pas, qu'est-ce que le
gouvernement va faire à court terme pour créer richesse et prospérité en
Côte-Nord?
Le Président : M. le ministre
délégué aux Mines.
M. Luc Blanchette
M.
Blanchette : M. le Président, il y a une diversification des métaux et
des minéraux, en termes d'exploitation au
Québec — vous
devriez le savoir — dans votre
région, notamment sur l'apatite, notamment sur le nickel, le diamant, le lithium, le graphite et les terres rares. Il y
a plusieurs projets sur la Côte-Nord. Il y en a dans le Nord-du-Québec, il y en
a en Abitibi-Témiscamingue. Tous ces
projets-là, il faut qu'ils lèvent. Il faut qu'ils fassent des montages
financiers. Ils sont en train de le faire.
Les projets
vont assurément être exploités lorsque le montage sera complété, et,
honnêtement, les projets comme Stornoway,
comme Arianne Phosphate, comme Mine Arnaud, on souhaite tous qu'ils démarrent,
et, dans le cas de Québec Lithium, qu'il redémarre, on y travaille.
Maintenant, ça va se faire...
Le Président : En terminant.
M. Blanchette : ...lorsque la
conjoncture le permettra et que ces projets-là seront financés.
Le Président : Principale, M.
le député de Lévis.
Accès aux services de procréation médicalement assistée
M. François Paradis
M. Paradis
(Lévis) : Depuis l'adoption
de la loi n° 20 la semaine dernière, c'est le drame pour de très nombreux
parents qui souhaitent fonder une famille grâce au traitement de procréation
assistée. Le gouvernement met fin à la couverture
publique des traitements de fécondation in vitro mais a prévu un délai de
six mois pour permettre à celles qui avaient commencé des traitements de
bénéficier du programme.
Or, j'ai reçu
des dizaines de courriels et d'appels de parents en détresse qui se font dire
par des cliniques que le délai de six
mois de s'applique pas à eux, qu'ils devront payer tous les traitements et tous
les médicaments. Ce sont de véritables
drames humains. Malgré le début des démarches médicales, on leur dit qu'ils ont
acheté leurs médicaments une journée
trop tard pour être remboursés. La facture est salée, entre 4 000 $, 6 000 $ juste pour les
médicaments. Bref, c'est un coupon de
caisse qui va décider de l'avenir de leur projet parental. La transition est
ratée, les parents tombent dans la faille du système.
Est-ce que le
ministre de la Santé est conscient du problème et va-t-il intervenir dès
maintenant pour rassurer ces familles?
Le Président : M. le ministre
de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : Alors, M. le Président, il va de soi qu'à partir du moment où on met en application une loi il y a
des règles qu'il faut suivre, et nul ne peut être au-dessus des lois, et
moi y compris.
Évidemment, dans cette réglementation-là, il y a
une date butoir, il y a une date de coupure qui est réelle, mais nous avons prévu, comme le député de
Lévis l'a bien dit, de faire en
sorte que les gens, aux conditions
qui sont décrites dans le règlement, dans la loi, puissent continuer à avoir
une couverture complète de leurs frais de procréation médicalement assistée lorsque la procédure est entamée.
Maintenant, il y a effectivement une date de coupure, et nous avons des
ressources auxquelles les cliniques
peuvent s'adresser pour avoir des précisions si c'est nécessaire, et ça a été
nécessaire dans bien des cas. Et bien
des gens se sont fait dire que, oui, la couverture allait continuer à la
condition de, le «de» étant principalement la prescription et l'achat de
médicaments.
Alors, on est
tout à fait prêts à faire en sorte de donner les informations nécessaires, mais
dans le contexte de la loi, qui,
encore une fois, M. le Président, prévoit une contribution gouvernementale
dégressive jusqu'à concurrence de 80 % des coûts, qui sont
substantiels, et c'est la raison pour laquelle on se rend jusqu'à 80 %...
Le Président :
En terminant.
M. Barrette : ...de façon à appuyer
les gens qui auront accès à la procédure avec l'appui gouvernemental.
Le Président : Première
complémentaire, M. le député de Lévis.
M. François Paradis
M. Paradis
(Lévis) : M. le Président,
la réalité, c'est que des parents se sentent abandonnés par le système. Ils
sont même invités — et
le ministre vient d'en parler — à téléphoner à une ligne info-citoyen du
gouvernement où les fonctionnaires ne savent
même pas ce qu'est la loi n° 20. Ils sont ensuite redirigés vers une boîte
vocale au ministère de la Santé. Plusieurs ne reçoivent pas de retour
d'appel.
Le ministre a
mal planifié la transition. Plusieurs députés de cette Chambre ont reçu des
appels de détresse également.
Une dame m'écrit dans un courriel — et je
pose la question au ministre : Pourquoi le gouvernement vient-il
chambouler nos vies comme ça?
Le Président : M. le ministre
de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : M. le Président, on ne refera pas la commission
parlementaire ici. Et les raisons pour lesquelles nous allons dans cette direction-là ont été
clairement indiquées. Ceci dit, la réalité demeure ce qu'elle est. Nous avons
des gens qui sont disposés à répondre aux
questions et y répondre. Et, la question qui vient d'être soulevée par le
député de Lévis, il y a une réponse à
ça, et je pense qu'elle a été donnée. Mais, dans les faits, M. le Président,
là, nous contribuons de façon
significative, financièrement, au maintien et à l'appui de ces services-là,
mais, oui, de façon variable, en fonction des revenus des citoyens.
Je pense que nous prenons la décision
responsable quant à notre situation budgétaire.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le député de Lévis.
M. François Paradis
M. Paradis
(Lévis) : Prenons un
cas — les
drames humains sont nombreux : le 12 novembre, une clinique hésite
avant de facturer une patiente qui a
entrepris des démarches. Le 16, elle
subit une ponction. Le 17, un ovule est stimulé, mais elle reçoit un appel 15 minutes plus tard pour se faire dire
qu'elle doit payer 6 000 $
si elle veut se le faire transplanter. Une
autre femme, la prescription d'un médecin est avant l'entrée en vigueur de la
loi, mais elle n'a pas encore acheté ses médicaments. On lui refuse le
remboursement.
Est-ce que le
ministre s'engage à traiter individuellement tous les cas complexes qui tombent
dans les failles du système?
Le Président : M. le ministre
de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : M. le Président, le député de Lévis considère que des cas
tombent au travers des failles du système. Les failles, elles ne sont
pas là, les choses sont très claires.
Maintenant, il
est possible — il est
possible — que des
cliniques n'aient pas appliqué ou eu ou acquis les informations nécessaires pour prendre la bonne
décision. C'est leur responsabilité. En ce qui nous concerne, les choses
sont très claires. Et, depuis la semaine
dernière, nous répondons systématiquement aux demandes et aux questions qui
nous sont posées, tant de la part des
patients que des cliniques, mais, non, les règles ne sont pas obscures, elles
sont claires...
Le Président : En terminant.
M. Barrette : ...et, oui, nous
continuons à appuyer financièrement les familles qui ont accès...
Le Président : Principale,
Mme la députée de Vachon.
Subventions aux entreprises adaptées
Mme Martine Ouellet
Mme
Ouellet :
Merci, M. le Président. Alors que le gouvernement libéral prétend mettre à
l'emploi les gens sur l'aide sociale, il fait exactement le contraire
sur le terrain.
À Saint-Hubert, il y a une
extraordinaire entreprise d'économie sociale qui travaille à l'insertion des
personnes handicapées. L'entreprise s'appelle Certex et oeuvre dans la
récupération et le recyclage des vêtements. Elle emploie 160 personnes, dont 75 % avec des
limitations. Or, Emploi-Québec a décidé de couper la subvention salariale du Programme de subventions aux entreprises adaptées pour
Certex. Résultat : Certex est obligée de procéder à un licenciement
collectif, d'ici le début décembre,
touchant 75 employés, dont 20 employés lourdement handicapés. Ces
personnes ne pourront pas se retrouver un emploi qui leur assure
autonomie, dignité et fierté. C'est urgent, M. le Président.
Est-ce que
le ministre responsable de l'Emploi, qui vient tout juste de dire que son objectif,
c'est la dignité, peut être conséquent et annuler ces coupures pour
assurer le maintien des 75 emplois en économie sociale chez Certex?
Le Président :
M. le ministre de l'Emploi.
M.
Sam Hamad
M.
Hamad : M. le Président, la députée m'en a parlé, il y a à peu près
une semaine, de cette situation-là, et j'ai répondu très positivement,
je lui ai dit qu'on va la regarder, la situation, et j'ai demandé au ministère
de regarder la situation actuellement, de voir. En passant, ça fait juste deux jours qu'on s'est parlé de ça,
et nous sommes en train de regarder.
D'abord,
je veux saluer ces personnes-là, qui veulent faire l'effort, qui vont aller
faire un effort pour améliorer leur situation, et je veux saluer aussi l'organisation
qui travaille très fort pour supporter ces personnes en situation de pauvreté. Mais ils ont un objectif.
Pour moi, ces gens-là, c'est un modèle, M. le Président, c'est exactement
le modèle qu'on veut demander à des
jeunes qui sont aptes pour travailler, qui n'ont pas de contraintes, qui n'ont
pas de problème de violence. On demande à ces gens-là de faire exactement
comme les gens dont la députée parle, M. le Président.
Elle,
elle vient de faire la démonstration que nous sommes à la bonne place, parce
que, si on veut demander aux jeunes
de faire l'effort pendant qu'on voit des personnes en situation
de pauvreté avec des contraintes sévères... Ils se lèvent le matin puis ils font l'effort. Pour moi, c'est
un exemple important. J'apprécie ce qu'ils font, nous sommes fiers
d'eux. Ce qu'on veut...
Le Président :
En terminant.
M.
Hamad :
...prendre ce modèle-là puis l'appliquer à nos jeunes.
Le Président :
Complémentaire, M. le député de Saint-Jean.
M.
Dave Turcotte
M.
Turcotte : M. le Président, le ministre aime tellement ce modèle qu'il les coupe. 75 personnes risquent
de perdre leurs emplois. La
conséquence, c'est que ces 75 personnes là se retrouveront à l'aide sociale. Le
ministre veut sortir les gens de l'aide sociale, veut les sortir de la pauvreté. Qu'il règle
le dossier! Ça fait une semaine que ma collègue a posé des questions au
cabinet. Qu'il s'en occupe! Il veut s'occuper de la dignité; c'est un bon
exemple.
Le Président :
M. le ministre de l'Emploi.
M.
Sam Hamad
M.
Hamad : M. le Président, tout ce qu'ils veulent dire, c'est des mauvaises nouvelles, même si on
n'a pas de mauvaise nouvelle. On a eu
la demande. Elle m'en a parlé. J'ai dit je m'en occuperai. On est en train de
s'en occuper, M. le Président. On s'en occupe. Alors, je pense, par
respect...
Des voix :
...
• (10 h 50) •
M.
Hamad : ...par
respect des gens qui essaient de... on est en mode de solution, voir si on peut
faire quelque chose pour l'organisation.
Mais je reviens au
point important, c'est le client. Le client, là, c'est la personne en situation
de pauvreté. Ces gens-là ont des contraintes
sévères, M. le Président, ils ne sont pas chanceux, mais les autres, ils
font l'effort pour améliorer leur
condition. Moi, ils ont toute mon admiration. On veut appliquer ce modèle-là à
nos jeunes qui n'ont pas de contraintes qui sont prêts pour aller
travailler. On veut aussi qu'ils fassent la même...
Le Président :
Cela met fin à la période de questions et de réponses orales.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, nous en sommes à la rubrique des motions sans préavis, mais je
crois comprendre qu'il y a une demande de consentement, au préalable. M.
le leader adjoint du gouvernement?
M.
Sklavounos : Effectivement. Merci, M. le Président. Nous avons eu des échanges avec l'opposition, et je sollicite votre
consentement afin de vous permettre de donner un avis de commission — c'est
pour la Commission des Finances publiques — afin de ne pas faire attendre indûment les
gens qui attendent pour témoigner devant les membres de la commission.
Avis
touchant les travaux des commissions
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, y a-t-il consentement pour
permettre au leader adjoint de donner avis sur les travaux d'une
commission à ce moment-ci? M. le leader...
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Consentement. Alors, veuillez...
M.
Sklavounos :
En fait, c'est votre avis, M. le Président, que vous devez donner à la CFP. Je demande
le consentement pour vous permettre...
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, je vous avise
donc que la Commission des finances publiques poursuivra les consultations particulières dans le cadre du mandat
d'initiative sur le phénomène du recours aux paradis fiscaux dès
maintenant jusqu'à 13 heures, à la salle du Conseil législatif.
Motions sans préavis
Alors, à la rubrique des motions sans préavis,
je cède la parole à Mme la députée de Taillon.
Mme Lamarre : Merci beaucoup, M. le
Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : ...qui doivent quitter l'enceinte
de l'Assemblée nationale de le faire en silence, s'il vous plaît. Alors,
Mme la députée de Taillon.
Mme
Lamarre : M. le Président, je sollicite le consentement des membres de
cette Assemblée afin de présenter, conjointement avec le député de Lévis
et la députée de Sainte-Marie—Sainte-Anne,
la motion suivante :
«Que l'Assemblée nationale demande au ministre
de la Santé et des Services sociaux de rendre publique, immédiatement, l'entente conclue avec la Fédération des médecins
spécialistes du Québec suspendant l'application du projet de loi
n° 20.»
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Merci, Mme la députée de Taillon. Y a-t-il consentement pour débattre de cette
motion?
M.
Sklavounos : ...«dès que possible». Ça n'a pas été accepté.
Alors, il n'y pas de consentement à «immédiatement». On a offert «de la
divulguer dès que possible».
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Donc, toujours à la rubrique des motions sans préavis, Mme la députée de
Montarville.
Mme Roy
(Montarville) : Merci beaucoup, M. le Président. Je demande
le consentement pour déposer la motion suivante conjointement avec la
députée de Taschereau :
«Que
l'Assemblée nationale reconnaisse la nécessité de mieux lutter contre
l'intégrisme religieux et la radicalisation des personnes;
«Qu'elle
demande au gouvernement de modifier en profondeur l'objectif du projet de loi
n° 59 pour en faire un projet de loi contre l'intégrisme religieux
et prévenant la radicalisation.»
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Merci à vous, Mme la députée de Montarville. Y a-t-il consentement pour
débattre de cette motion?
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Il n'y a pas de consentement. Nous nous dirigeons maintenant du côté
gouvernemental, et je crois que M. le ministre de l'Économie, de l'Innovation
et des Exportations souhaite présenter une autre motion sans préavis. M. le
ministre.
Féliciter les lauréats des
Prix du Québec
M.
Daoust : Alors, je sollicite le consentement de cette Assemblée afin
de présenter la motion suivante conjointement
avec la ministre de la Culture et des Communications, avec le député de Sanguinet,
la députée d'Iberville et la députée de Gouin :
«Que
l'Assemblée nationale souligne la plus haute distinction gouvernementale en
culture et en science, les Prix du Québec;
«Qu'elle salue les récipiendaires
des Prix du Québec qui sont des hommes et des femmes qui ont grandement
contribué à l'enrichissement
individuel et collectif de la société québécoise de même qu'au rayonnement du
Québec à travers le monde.»
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Merci, M. le ministre.
Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion? M. le leader de
l'opposition officielle.
M. Drainville :
Consentement sans débat, M. le Président.
Mise
aux voix
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Très bien. Alors, est-ce que cette motion est
adoptée?
Des voix :
Adopté.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Adopté. Mme la députée Gouin, vous
avez une motion sans préavis. À vous la parole.
Mme
David (Gouin) : Excusez-moi, M. le Président, j'étais encore sous le
choc du «sans débat» pour féliciter nos récipiendaires des Prix du
Québec. Alors, je trouve ça désolant.
M.
le Président, je demande le consentement de la Chambre pour débattre de la
motion suivante conjointement avec le député de Verchères :
«Que l'Assemblée
nationale...»
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Juste un instant, Mme la
députée de Gouin. Mme la députée de Gouin, un instant. J'ai un appel au règlement de
la part du leader de l'opposition officielle.
M. Drainville : M. le
Président, si la députée
de Gouin veut savoir les raisons pour lesquelles on n'a
pas donné notre consentement au débat, j'apprécierais qu'elle me pose la question.
Je lui donnerai l'explication à ce
moment-là. Ce n'est pas nécessaire de commenter sur les raisons pour lesquelles on
refuse notre consentement à un débat. Qu'on règle ça entre nous.
Merci.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Sur la question de règlement, M. le leader
adjoint du gouvernement.
M.
Sklavounos : Juste
également indiquer que le gouvernement aurait également
souhaité un débat sur cette motion.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, je pense qu'on va en rester là. Mme la députée de Gouin,
sur le texte de votre motion sans préavis.
Mme
David (Gouin) : Je demande
le consentement de la Chambre pour débattre de la motion suivante
conjointement avec le député de Verchères :
«Que l'Assemblée
nationale presse le gouvernement du Québec de prendre acte du jugement rendu le
30 janvier 2015 par la Cour suprême du Canada
qui vient réinterpréter le droit d'association, le droit de négociation et le droit de grève;
«Que
l'Assemblée nationale rappelle au président du Conseil du trésor que ce jugement pourrait avoir comme conséquence de rendre
anticonstitutionnelle une loi spéciale qui viendrait décréter les conditions de
travail des [travailleuses et travailleurs] du secteur public.»
Merci, M. le
Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, Mme la députée de
Gouin. Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion? Il n'y a pas de consentement. Y a-t-il la présentation
de d'autres motions sans préavis à ce moment-ci? Et ça nécessite le
concours des membres de l'Assemblée. M. le leader adjoint du gouvernement.
Procéder
à des consultations particulières
sur le projet de loi n° 76
M.
Sklavounos : M. le Président, je sollicite le consentement
afin de présenter une deuxième motion. Celle-ci porte sur le projet de
loi n° 76 pour la tenue de consultations particulières.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, y a-t-il consentement pour
déroger à l'article 84.1 pour permettre... Oui. Consentement. Veuillez
poursuivre, M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Sklavounos :
Oui. Merci, M. le Président. Je fais motion, conformément à l'article 146 du
règlement de l'Assemblée nationale, afin :
«Que la Commission des
transports et de l'environnement, dans le cadre de l'étude du projet de loi
n° 76, Loi modifiant l'organisation et
la gouvernance du transport collectif dans la région métropolitaine de
Montréal, procède à des consultations
particulières et tienne des auditions publiques les 25 et 26 novembre
2015, à la salle Louis-Joseph-Papineau;
«Qu'à cette
fin, qu'elle entende les organismes suivants : l'Association québécoise du
transport intermunicipal et municipal, l'Union des transports adaptés et
collectifs du Québec, la Fédération des transporteurs par autobus, la
Communauté métropolitaine de Montréal, l'Alliance des regroupements des usagers
du transport adapté du Québec, l'organisme
Transit, alliance pour le financement des transports collectifs au Québec,
l'organisme Transport 2000, la Chambre
de commerce du Montréal métropolitain, la Caisse de dépôt de placement du
Québec, la ville de Saint-Jérôme, la Société
de transport de Montréal, la ville de Bois-des-Fillion, la ville de Longueuil,
la ville de Laval, la ville de Saint-Bruno;
«Qu'une
période de 12 minutes soit prévue pour les remarques préliminaires,
répartie de la manière suivante :
6 minutes au groupe parlementaire formant le
gouvernement, 3 minutes 30 secondes au groupe parlementaire
formant l'opposition officielle et 2 minutes 30 secondes
au deuxième groupe d'opposition;
«Que la durée
maximale de l'exposé de chaque organisme soit de 10 minutes et l'échange
avec les membres de la commission soit d'une durée maximale de 50 minutes
partagées ainsi : 25 minutes pour le groupe parlementaire formant
le gouvernement,
15 minutes 30 secondes pour l'opposition officielle et
10 minutes pour le deuxième groupe d'opposition; et
«Que le ministre des Transports soit membre de
ladite commission pour la durée du mandat.»
Merci, M. le Président.
Mise aux voix
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci, M. le leader adjoint
du gouvernement. Cette motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Adopté.
Avis touchant les travaux des
commissions
Nous en sommes
à la rubrique des Avis touchant les travaux des commissions, et, M. le leader
adjoint du gouvernement, je vous cède la parole à nouveau.
M.
Sklavounos :
Merci, à nouveau, M. le Président. J'avise cette Assemblée que la Commission de
la santé et des services sociaux poursuivra l'étude détaillée à l'égard
du projet de loi n° 44, Loi visant à renforcer la lutte contre le tabagisme, aujourd'hui, après les affaires
courantes jusqu'à 13 heures et de 15 heures à 18 heures, à la
salle Louis-Hippolyte-La Fontaine;
La Commission de l'agriculture, des pêcheries,
de l'énergie et des ressources naturelles poursuivra l'étude détaillée à l'égard du projet de loi n° 54,
Loi visant l'amélioration de la situation juridique de l'animal, aujourd'hui,
de 15 heures à 18 heures, à la salle Louis-Joseph-Papineau.
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Merci à vous.
Pour ma part,
je vous avise que la Commission de l'administration publique se réunira
aujourd'hui à la salle des Premiers-Ministres
de l'édifice Pamphile-Le May en séance de travail, après les affaires
courantes jusqu'à 13 heures, afin de
préparer l'audition du ministère du Conseil exécutif sur sa gestion
administrative et ses engagements financiers; en séance publique, de 15 heures à 18 heures, afin d'entendre le
ministère du Conseil exécutif; et en séance de travail, de
18 heures à 18 h 30, afin de statuer sur les observations, et
les conclusions, et les recommandations à la suite de cette audition.
Je vous avise également que la Commission des
institutions se réunira en séance de travail aujourd'hui, de 15 heures à 16 heures, à la salle RC.161
de l'hôtel du Parlement. L'objet de cette séance est de déterminer les
observations, conclusions et
recommandations de la commission à la suite de l'audition du Commissaire à la
lutte contre la corruption et de la Directrice des poursuites
criminelles et pénales.
Renseignements sur les travaux
de l'Assemblée
Passons
maintenant à la rubrique des Renseignements sur les travaux de l'Assemblée. M.
leader de la deuxième opposition.
• (11 heures) •
M.
Bonnardel :
Oui. M. le Président, si vous permettez, pour l'élément d'information pour le
leader adjoint du gouvernement, il
vient d'appeler le projet de loi... bien, il a appelé les consultations
particulières pour le projet de loi n° 76.
C'est un
projet de loi qui a à peu près 120 articles, et les organismes,
municipalités, sur la loi qui est l'organisation de la gouvernance du transport collectif dans la région métropolitaine
de Montréal, auront à peine une semaine pour se préparer. Ce n'est pas la première fois que le gouvernement agit
rapidement, un peu pour déstabiliser ces organismes, dans une certaine
mesure. Donc, je veux lui faire part de ces inquiétudes de la part de certains
organismes qui voient, dans un contexte très, très, très difficile, là, puis une certaine rapidité à laquelle le gouvernement veut opérer d'ici à la fin de la session... de
donner quand même quelques jours de plus, si possible, pour préparer ces
mémoires dans le cadre de ce projet de loi important de la part du ministre
des Transports.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, la question est bien reçue. M. le
leader adjoint du gouvernement.
M.
Sklavounos : Oui, M. le Président. Alors, le gouvernement agit à chaque cas afin de permettre aux projets de
loi d'avancer rondement. Je ne peux
pas accepter le qualificatif que c'est dans le but de déstabiliser qui que ce
soit. Le gouvernement veut avoir des consultations, veut donner l'occasion aux gens de s'exprimer
pleinement sur ce projet de loi.
Et évidemment c'est un projet
de loi qui est dans l'air depuis
assez longtemps, les gens comprennent et, je pense,
pourront prendre position adéquatement afin de formuler et préciser leur pensée
sur le sujet.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Très bien. Alors, merci, M. le leader adjoint du gouvernement.
Affaires du jour
S'il
n'y a pas d'autre question à cette rubrique-ci, la période des affaires
courantes étant terminée, nous allons maintenant passer aux affaires du
jour. Je vais céder la parole à nouveau à M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Sklavounos :
Article 5, M. le Président.
Projet de loi n° 59
Reprise du débat sur l'adoption du principe
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : À l'article 5 du feuilleton, l'Assemblée
reprend le débat ajourné le 17 novembre 2015
sur l'adoption du principe du projet
de loi n° 59, Loi édictant la Loi concernant la
prévention et la lutte contre les discours haineux et les discours
incitant à la violence et apportant diverses modifications législatives pour
renforcer la protection des personnes.
Alors,
je suis prêt à céder la parole à un prochain intervenant et je cède la parole à
Mme la ministre de la Justice et Procureur général de la province.
Mme Stéphanie Vallée
Mme
Vallée : Alors, M. le Président, en fait, je suis heureuse de
pouvoir répliquer un petit peu à tout ce que nous avons pu entendre
depuis que nous échangeons sur le principe du projet de loi n° 59.
Dans un premier
temps, je pense qu'il est impératif de rappeler que c'est un projet de loi qui
s'inscrit d'abord et avant tout dans le plan de lutte contre la radicalisation
qui a été déposé en juin dernier. Pourquoi un tel plan? Bien, M. le Président, la radicalisation, elle occupe
une préoccupation de première importance. Elle envoie malheureusement un
ensemble... elle renvoie, plutôt, à un
ensemble de gestes, des gestes qualifiés d'extrêmes ou des gestes qui découlent
d'une interprétation plus littérale des
principes d'un système, qu'il soit politique, religieux, culturel ou
économique. M. le Président, on n'a
qu'à penser à un certain nombre d'événements qui sont survenus au Québec l'an
dernier, des événements tragiques, des
événements qui nous rappellent que le Québec n'est pas immunisé contre des
personnes radicalisées. Pensons aussi aux jeunes qui ont quitté le
Québec l'hiver dernier pour rejoindre des groupes islamistes.
La
radicalisation, elle peut être renforcée aussi par des préjugés, la discrimination,
par le racisme, des phénomènes qu'il
faut combattre avec fermeté. Et les préjugés et la discrimination, M. le
Président, ils briment les droits et libertés de la personne auxquels la
société québécoise est attachée.
La
radicalisation, M. le Président, comporte des risques pour la sécurité et la
santé des personnes, des risques qui portent atteinte notamment à
l'ordre public et aux droits fondamentaux. Est-ce que la tenue de propos
haineux ou de propos incitant à la violence
peut s'inscrire dans un processus qui mène à la radicalisation? Oui, M. le
Président, nous en sommes certains.
Est-ce qu'il y a lieu de proscrire des comportements qui sont basés sur des
motifs de discrimination interdits à l'article 10 de la charte
québécoise, comme l'intimidation scolaire? Oui, M. le Président, je le crois.
Il y a une action
gouvernementale qui a été réclamée dans ce sens dans le cadre de la
consultation publique sur la lutte contre l'intimidation en 2014. La crainte de
l'autre, le rejet des différences font reculer le Québec, et c'est pourquoi nous nous devons de rejeter les atteintes
aux valeurs de respect, d'ouverture et d'inclusion qui sont les nôtres. Le Québec ne peut accepter des comportements qui
compromettent la sécurité et la dignité des personnes. Le projet de loi n° 59 s'inscrit donc dans cette
volonté de défendre et de promouvoir les droits et les libertés fondamentales
tout en assurant la sécurité des
Québécois. L'objectif est donc de protéger les citoyens les plus vulnérables
contre une forme de discours discriminatoire qui a, malheureusement
souvent pour effet d'isoler les personnes qui en sont victimes.
Ceci
étant, ce projet de loi ne vise pas — et ça, c'est important de le rappeler, de le
répéter — ce
projet de loi ne vise
pas à sanctionner les membres d'une communauté religieuse particulière, mais toute personne qui
tient ou qui diffuse un discours
haineux ou incitant à la violence, et ce, dans un souci de respect des valeurs démocratiques, de l'ordre public, du
bien-être général des citoyens et des citoyennes.
Tel que je
l'ai mentionné précédemment, nous avons abordé les consultations avec une
grande ouverture et nous avons été à
l'écoute. Vous savez, M. le Président, j'entends un écho de l'autre côté de la Chambre,
le père de la charte des valeurs qui m'interpelle de façon peu
subtile...
Une voix :
...
Mme Vallée : ...et qui me
parle d'atteinte à la liberté d'expression...
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Juste un instant. J'entends cette voix-là. J'entends cet écho-là venant de M. le leader de l'opposition officielle. Alors,
vous connaissez la règle, hein? Une seule personne a la parole, et c'est la
ministre de la Justice. Alors, veuillez poursuivre, Mme la ministre.
Mme Vallée :
M. le Président, la Cour suprême a été très claire. Et notre collègue,
malheureusement, n'était pas là lorsque nous avons pris parole à maintes
occasions, parce qu'il était occupé à d'autres fonctions au sein de cette Assemblée. J'ai amplement cité l'affaire Whatcott,
l'affaire Whatcott par laquelle la Cour suprême nous indiquait que la
liberté d'expression avait certaines limites, certaines limites dans des
contextes vraiment particuliers.
D'ailleurs,
je pense qu'il est bon de rappeler que, le 24 septembre dernier, dans un
article tiré de La Presse, un article sous la plume d'Hugo Pilon-Larose, nous avions une déclaration
de Me Julius Grey qui disait : «Il y a certes des limites à la liberté d'expression, mais ces
limites ont été statuées par la Cour suprême.» Bien, c'est justement ça. Le
projet de loi n° 59, M. le
Président, s'inscrit justement dans ces limites, dans ces paramètres qui nous
ont été enseignés par la Cour suprême. Parce que nous, de ce côté-ci de
la Chambre, M. le Président, nous respectons les enseignements de la Cour
suprême.
Alors, M. le
Président, je tiens à vous réitérer que nous avons été à l'écoute lors de ces
consultations. De nombreux groupes se
sont présentés en commission parlementaire et ont fait valoir des
représentations, ont analysé le projet de loi, nous ont fait part de suggestions, de recommandations pour bonifier le
projet de loi. Parce que c'est la base du processus parlementaire, des consultations, des
commentaires, des recommandations, de l'écoute, de l'analyse et par la suite un
travail, qui, je l'espère, sera tenu
très prochainement, par lequel et à travers lequel nous pourrons, ensemble,
avec les collègues parlementaires, bonifier ce projet de loi à la
lumière des échanges que nous avons eus lors des consultations.
Donc, il y aura des propositions, M. le
Président, d'amendement, oui. Ces propositions d'amendement seront déposées lors de l'étude article par article. Et
je vous en ferai part avant de clore nos travaux, parce qu'hier notre collègue
de Québec solidaire nous indiquait son
ouverture peut-être à voter en faveur du principe sous réserve d'un certain
nombre de motifs. Et je tiens à faire
part à l'ensemble des parlementaires qui peut-être, peut-être, jonglent avec
l'idée de voter peut-être,
malheureusement, contre ce principe... je tiens à les inciter à revoir
peut-être le tout, puisque nous apporterons des amendements. Et je suis persuadée, parce que... je suis persuadée
que nous aurons de la part des collègues aussi des propositions d'amendement, que je m'engage à
analyser de façon rigoureuse avec les équipes du ministère de la Justice.
Mais je
tiens, M. le Président, quand même à vous indiquer que j'aurais... j'ai de la
difficulté, lorsque j'écoute, de
l'autre côté de la Chambre, tout ce qui a pu se dire sur le projet de loi
n° 59, la désinformation aussi, peut-être, qu'on a faite à cet
égard...
Une voix : ...
Mme Vallée : ...j'ai de la
difficulté à comprendre...
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Oui. Juste un instant, Mme la ministre. J'ai un rappel au règlement?
Mme
Maltais :
J'ai rarement vu des parlementaires faire de la désinformation ici, ça n'aurait
pas été permis par règlement. Alors, la ministre ne peut pas dire ça.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
M. le leader adjoint du gouvernement.
• (11 h 10) •
M.
Sklavounos :
Je crois que la ministre a pleinement le droit d'interpréter le sujet comme elle le voit, et on vient d'imputer des motifs à la ministre.
Je vais demander à notre collègue leader adjointe de les retirer, là. «La
désinformation», ça ne se dit pas, ça, ici.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Mme la leader adjointe.
Mme
Maltais : Je ne comprends pas, là. À nous, on nous a prêté
des intentions en disant que nous faisions de la désinformation, et, de
l'autre côté, ça revient contre nous.
M. le Président, ce serait tellement plus simple qu'on revienne à un langage familier,
parlementaire, qui ne prête pas d'intention. On serait
tous d'accord là-dessus. Commençons par la ministre de la Justice.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, la règle :
n'imputons pas de motifs indignes à quiconque, et les choses vont bien
se dérouler. Voilà. Poursuivez, Mme la ministre.
Mme Vallée :
...bien honnêtement, le terme n'était peut-être pas à propos, mais disons que
l'interprétation qui a pu être donnée
au projet de loi n° 59 par certains collègues qui ont pris parole n'est
peut-être pas la bonne, dans ce sens que
nous avons des différentes interprétations. Puis moi, je vous dirais, de mon
côté, j'ai de la difficulté à comprendre comment, de quelle façon, ici, dans cette enceinte, on pourrait, au nom
de la liberté d'expression, défendre la tenue de propos extrêmes, des propos qui sont tels, par
exemple, que de dire que des personnes sont des créatures horribles qui ne devraient pas avoir le droit de vivre ou
qualifier certaines personnes de parasites ou encore de mal à l'état pur, en
raison d'un critère, d'une particularité qui est protégé par
l'article 10 de la charte. Parce que c'est ça dont il s'agit.
Et
le projet de loi, évidemment, il n'a pas pour objet d'interdire l'expression
d'idées offensantes, d'interdire les propos
satiriques. Il n'y a pas... Ce projet de loi ne vise pas à empêcher de
critiquer, même de la façon la plus virulente, une religion ou une pratique religieuse. Ce n'est pas l'objectif du
projet de loi. Le projet de loi a pour objectif d'interdire la tenue et la diffusion de propos extrêmes, de
propos qui exposent un groupe de personnes à l'aversion, par exemple, à la détestation. Et, pour moi, je serais très, très
étonnée, très étonnée que, du côté de l'opposition, on accepte que de tels
propos soient tenus, parce que je connais
l'ouverture de nos collègues et je serais étonnée. Donc, manifestement, il y a
peut-être une interprétation ou une compréhension du projet de loi et de la
portée du projet de loi qui n'est pas claire.
Alors, vous savez, M. le Président, l'expression
d'opinions publiques, elle contribue à la démocratie, elle contribue à l'échange d'opinions, puis que des opinions ne
soient pas homogènes, c'est la beauté de la démocratie. Par contre, des propos haineux, bien, ça, ça va à l'encontre,
justement, de toute forme d'échange et d'échange dans un contexte démocratique, parce que ces propos haineux, ils empêchent
le dialogue. Ces propos haineux là, ils rendent difficile, ils rendent impossible pour les membres d'un groupe
vulnérable de réagir avant même l'échange d'idées. Alors, c'est pour ça que la Cour suprême a considéré que
l'interdiction de tenir un discours haineux, c'est justifié dans une société
libre et démocratique. Une interdiction telle que celle-là n'est pas
contraire à la charte québécoise et à la charte canadienne puisqu'elle
s'inscrit à l'intérieur de paramètres définis par la cour.
Pour ce qui est de
l'atteinte à la liberté d'expression, M. le Président, c'est important de
mentionner que la commission des droits de la personne et de la jeunesse a
comme mission de veiller au respect des principes qui sont énoncés à la charte québécoise, y compris la
liberté d'expression. Et c'est pour ça que la commission et le Tribunal des
droits de la personne, par la suite, devront
pondérer ce droit à la liberté d'expression et la restriction visant les
discours interdits. On ne pouvait trouver meilleur forum pour voir à
assurer cet équilibre. C'est un rôle de pondération qui est actuellement assumé par la commission et le
Tribunal des droits de la personne, notamment à l'égard de l'interdiction
de la diffamation qui est fondée sur un
motif de discrimination. Donc, l'interdiction de discours haineux et de
discours incitant à la violence basés
un sur motif de discrimination, c'est un prolongement d'un rôle qui est
actuellement joué par la commission
des droits de la personne et de la jeunesse, c'est le prolongement d'un rôle
qui est actuellement joué par le
Tribunal des droits de la personne.
Et
le Tribunal des droits de la personne, ce n'est pas un nouveau tribunal, M. le Président. On semblait dire : On crée
un nouveau tribunal. Ce n'est pas un nouveau tribunal. D'ailleurs,
le 23 octobre dernier, on a souligné les 25 ans du Tribunal des droits de la personne. C'est un tribunal d'expérience, c'est un
tribunal qui a forgé, au fil de ce quart de siècle, une jurisprudence
évolutive, une jurisprudence en matière de droits de la personne qui est fort
intéressante.
Alors, je reviens aux
amendements, M. le Président, parce que je regarde le temps filer. M. le
Président, pour dissiper toute forme d'ambiguïté quant à ce qu'est ou ce que
n'est pas un discours haineux, et même si le concept est bien connu par la jurisprudence, même si le
concept a été défini dans les arrêts Whatcott, même si le concept a été défini
dans les arrêts Taylor, je pense que, ne serait-ce que par un souci
pédagogique, un souci de compréhension, il serait important d'inclure dans le projet de loi une définition claire, une définition détaillée de ce que constitue le
discours haineux.
Je pense
qu'il serait peut-être aussi opportun que des modifications soient apportées au titre et aux attendus du projet de loi pour clarifier les circonstances dans lesquelles ce projet de loi s'inscrit, c'est-à-dire la lutte à la radicalisation.
Lors
des consultations, M. le Président, plusieurs intervenants se sont dits outillés pour agir dans
l'éventualité où un discours haineux
ou incitant à la violence serait tenu. Certains nous ont dit qu'il pourrait
être souhaitable que, dans certaines situations,
les personnes dénoncées soient plutôt référées à une ressource plus appropriée,
pensons, par exemple, à la
direction de la protection de la jeunesse, pensons, par exemple, au Curateur
public lorsqu'il s'agit de personnes présentant
des problèmes de santé mentale, pensons, par exemple, aux autorités
scolaires qui ont un encadrement et qui ont manifesté cet intérêt de pouvoir
intervenir aussi.
Alors,
j'entends proposer un amendement, M. le
Président, afin que la commission des droits de la personne et de la jeunesse puisse référer la personne dénoncée à
une ressource appropriée à sa situation, et donc... afin que la personne
puisse être encadrée. Dans toute cette question, je dois avouer, M. le
Président, que la question des mineurs et des problématiques qu'un jeune peut
vivre m'a interpellée.
Il pourrait aussi
être envisagé, M. le Président, de prévoir que les tribunaux des droits de la
personne, au lieu d'imposer systématiquement une sanction pécuniaire — ce
qui n'est pas une sanction pénale par ailleurs, et ça, c'est important de le mentionner — puissent avoir à sa disposition des mesures
de redressement, par exemple, telle l'admission de la violation d'un droit, et donc permettre des mesures de réparation
qui ne sont pas exclusivement le versement d'une sanction pécuniaire.
M.
le Président, je pense qu'à l'unanimité il a été... la constitution de la liste
a fait l'objet de plusieurs critiques. Je
l'ai mentionné et j'ai été à l'écoute. Je proposerai donc un amendement afin de
retirer cette obligation, compte tenu, notamment,
de l'accessibilité des jugements qui existent via les banques de données.
Puisque les jugements, les décisions du
Tribunal des droits de la personne sont déjà de nature publique, sont déjà
accessibles à travers les banques de données constituées par le tribunal, par SOQUIJ notamment, par les différents
organismes, nous convenons de retirer la liste. Je crois que cette question a été notamment abordée
par notre collègue de Montarville, qui avait soumis certaines préoccupations
quant à la constitution de la liste dans ses échanges, je me souviendrai,
notamment avec le maire de Montréal. Alors,
je pense qu'il serait à propos de retirer la constitution de la liste. Elle
pouvait être utile à différentes fins, mais, compte tenu des
commentaires, je suis disposée à déposer cet engagement.
Pour ce qui
est de la prévention, M. le Président, c'est important de noter que le projet
de loi convient expressément d'un
rôle qui est confié à la Commission des droits de la personne.
L'article 17 du projet de loi prévoit que la commission va assurer un rôle de
prévention et d'éducation en matière de lutte contre les discours haineux
incitant à la violence. Alors, je pense que c'est important de le
mentionner.
Alors, M. le
Président, j'entends travailler en collaboration avec les parlementaires pour
bonifier, le cas échéant, le projet
de loi qui est sous étude, qui est un projet de loi important pour la société.
J'estime que les amendements que nous entendons proposer et dont je
viens de citer les grandes lignes répondent, pour la plupart, aux commentaires
qui ont été formulés lors des consultations.
Évidemment, évidemment, M. le Président, je serai à l'écoute. Est-ce qu'il y
aura lieu de travailler et de définir d'autres termes? Je suis ouverte,
parce que, M. le Président, on mentionnait la semaine dernière que je n'avais
pas été à l'écoute, et c'est très mal me connaître.
Alors, M. le
Président, je nous invite tous, en cette Assemblée, à voter en faveur du principe du projet de loi n° 59. Merci beaucoup.
• (11 h 20) •
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, merci, Mme la
ministre de la Justice et Procureur général. M. le leader de
l'opposition officielle.
M.
Drainville :
Article 213, M. le Président. Est-ce que la ministre accepterait de
prendre une question en vertu de 213?
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, vous avez le
loisir, Mme la ministre, pour une courte question, une courte réponse.
Mme Vallée : M. le Président,
on en prendra plusieurs lors de l'étude détaillée du projet de loi. Merci.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, le principe du
projet de loi n° 59, Loi édictant la Loi concernant la prévention de la lutte contre les discours
haineux et les discours incitant à la violence et apportant diverses
modifications législatives pour renforcer la protection des personnes,
est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Madame...
Une voix : ...par appel
nominal, s'il vous plaît.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Alors, vote par appel nominal. M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Sklavounos : Je
vous demanderais de reporter le vote aux affaires courantes de demain, M. le
Président, s'il vous plaît.
Vote reporté
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, conformément aux
dispositions de notre règlement, le vote sera reporté à demain.
Pour la suite des choses, M. le leader adjoint
du gouvernement.
M.
Sklavounos :
Article 9, M. le Président.
Projet de loi
n° 67
Adoption du principe
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : À l'article 9 du feuilleton,
Mme la ministre du Tourisme propose l'adoption du principe du projet de
loi n° 67, Loi visant principalement à améliorer l'encadrement de
l'hébergement touristique. Alors, je suis
prêt à céder la parole à une première intervenante et je cède cette parole à
Mme la ministre du Tourisme.
Mme Dominique Vien
Mme Vien :
Eh bien, merci beaucoup, M. le Président. Évidemment, je suis très contente de
prendre la parole en cette Chambre ce
matin pour vous parler du projet de loi n° 67. Nous en sommes maintenant à
l'adoption du principe. C'est mon deuxième projet de loi, M. le
Président. Alors, je suis très fière de ça.
Alors, le projet de loi n° 67, c'est la Loi
visant principalement à améliorer l'encadrement de l'hébergement touristique,
et on dit ceci, dans le projet de loi:
«Ce projet de loi modifie la Loi sur les
établissements d'hébergement touristique afin de définir la notion de touriste, de préciser les cas où le ministre du
Tourisme peut, ou doit, refuser de délivrer une attestation de classification,
la suspendre ou l'annuler et de permettre au
ministre de déléguer ses responsabilités liées à la suspension et à
l'annulation d'une telle attestation.
«Le
projet de loi modifie également cette loi pour y prévoir des dispositions en
matière d'enquête et en réviser le régime pénal.
«[Et]
le projet de loi modifie en outre la Loi sur le ministère du Tourisme afin
notamment de permettre au ministre de
confier certaines de ses fonctions à un organisme reconnu ou à un
[regroupement] de tels organismes et de permettre au ministre de déterminer les fins auxquelles
certaines sommes versées aux associations touristiques régionales doivent
servir.»
M. le Président, on est très contents parce que le
projet de loi n° 67 a reçu un bon accueil, que ce soit des médias ou encore des parlementaires. Et vous allez me
permettre également de remercier dès maintenant les députés de l'opposition
officielle, le député de Bertrand qui a fait
un travail formidable durant cette consultation que nous avons tenue en commission parlementaire, donc des consultations
publiques. Il y a 16 groupes qui ont été rencontrés. Également, M. le
Président, je m'en voudrais de ne pas saluer le député de Nicolet-Bécancour,
qui a aussi travaillé très, très fort, qui a posé d'excellentes questions, qui
a émis également des opinions qui, très certainement, nous apporteront un
éclairage nouveau durant... au cours des
prochains travaux qui seront... lors de l'étude article par article du projet
de loi; également le député de Drummond—Bois-Francs qui a travaillé avec
nous durant ces consultations.
Alors,
de quoi il est question ici, M. le Président? C'est un projet de loi qui a été
déposé le 22 octobre dernier. Comme
vous pouvez voir, les choses vont assez rondement merci, on en est à l'adoption
du principe. Et essentiellement ce
que vient dire ce projet de loi, M. le Président, c'est : Dans le contexte
actuel où il y a de l'hébergement illégal — vous le savez, à Montréal, il y en a beaucoup, il y en a à la grandeur du
Québec mais en particulier dans les grands centres — comment
on peut faire pour améliorer les choses, comment on peut amener des nouvelles
dispositions législatives notamment pour
bien améliorer la situation, la logique en arrière de notre intervention étant
de dire : On n'est pas ici pour
embarrasser, si vous voulez, le citoyen qui peut louer sa maison, son chalet,
son condo un deux semaines, trois semaines par année, on n'est pas du
tout là-dedans?
Nous,
ce qu'on souhaite, c'est que ces personnes-là qui louent et qui ne sont pas des
hôteliers, qui ne sont pas des gîtes
ou d'autres établissements touristiques tels que nous les connaissons, mais qui
font de l'hébergement touristique et
sur une base illégale et dans une logique de commerce, donc une logique
commerciale... nous, ce qu'on dit : Bien, écoutez, il faut que tout le monde joue sur la même patinoire. Et c'est essentiellement ce que vient dire une partie du projet de loi.
Alors,
évidemment, ce projet
de loi, en fonction de ce que viennent dire les dispositions sur l'hébergement touristique, franchement réjouit le monde
hôtelier. Les trois grandes associations hôtelières du Québec sont venues nous
dire, notamment en commission parlementaire,
à quel point elles étaient heureuses de ce projet de loi là. Il faut dire aussi
qu'on a travaillé un an et demi sur ce
projet de loi, en consultations et en discussions, en rencontrant l'essentiel
des groupes, au Québec, qui font dans le tourisme et en particulier dans
l'hôtellerie pour en arriver avec une pièce législative qui, franchement,
suscite presque l'unanimité.
Or,
que vient dire exactement, M. le Président, le projet de loi, notamment sur
l'hébergement illégal? En fait, ce que
nous, on vient faire, c'est d'ajouter une définition, qui n'existe pas, sur le
touriste et en y ajoutant une portion sur le tourisme d'affaires. Donc,
c'est tout à fait nouveau.
Également,
M. le Président, on vient donner des pouvoirs d'inspection, on vient donner
aussi des pouvoirs d'enquête. À qui
exactement? Les pouvoirs d'inspection seront délégués chez nos mandataires qui
font la classification actuellement
et à partir de laquelle classification nous émettons ou nous n'émettons pas une attestation de classification. Donc, ces gens-là ont déjà des gens sur le terrain, ils sont au nombre de
18... de 16, actuellement. Nous allons donc utiliser ces forces
vives sur le milieu pour en faire des inspecteurs. On va leur déléguer des
pouvoirs d'inspection. Alors, les trois
mandataires — Camping
Québec, la Corporation de l'industrie
touristique du Québec et les pourvoiries... l'association des pourvoiries du Québec — sont tout à fait d'accord avec notre
enlignement. Évidemment, on les a consultés avant, ils sont d'accord. Et, comme ces gens-là sont déjà
sur le terrain et que ces trois mandataires font déjà du travail pour nous
dans une logique d'autofinancement, on
comprendra qu'également ces nouvelles responsabilités s'inscrivent à
l'intérieur de cette logique d'autofinancement.
De la même façon, on
veut donner des pouvoirs d'enquête supplémentaires, ce qui n'existe pas
actuellement. Actuellement, il n'y a que
deux inspecteurs au ministère du Tourisme, nous en ferons des enquêteurs.
Alors, voilà donc une force de
frappe, si vous voulez, mais je le dis gentiment, là. Sur le terrain, on va
passer de deux à 18 inspecteurs, et deux d'entre eux auront également des pouvoirs d'enquête, ce qui
n'existe pas actuellement. Également, M. le Président, on vient augmenter les amendes de façon
substantielle. Ce sera beaucoup plus sévère et, souhaitons-le, dissuasif pour
toute personne qui voudrait se lancer dans l'hébergement illégal.
Également,
on va venir alléger la procédure de demande d'attestation pour opérer un
hébergement touristique. Actuellement, c'est le demandeur qui doit faire
un certain nombre de gestes, notamment d'aller voir la municipalité pour voir si effectivement l'endroit où il veut
faire de l'hébergement touristique est conforme aux usages. Alors, ce que
nous proposons, nous, c'est de demander au
ministère du Tourisme de faire cette démarche. Cette démarche sera simple.
Nous recevrons donc cette demande
d'attestation, par exemple, de vous, M. le Président, et, nous, ce que nous
ferons, c'est que nous enverrons une
lettre à la municipalité concernée lui demandant de nous répondre si
effectivement cette personne est, n'est pas autorisée à opérer un
hébergement touristique dans le secteur visé. Alors donc, si au bout de 45 jours la municipalité n'aura pas répondu,
nous comprendrons à ce moment-là qu'effectivement il n'est pas permis... il
est permis, donc, de procéder. Et, si, a contrario, effectivement, il n'est pas
permis, la municipalité va se manifester.
• (11 h 30) •
Nous avons reçu la Fédération québécoise des municipalités,
M. le Président, en commission parlementaire, lors
des auditions, et effectivement son président, M. Lehoux, se disait tout à fait à l'aise avec cette nouvelle façon de procéder. D'ailleurs, nous
avons aussi sondé les reins et les coeurs de l'UMQ, des deux grandes villes du Québec
également que sont Québec et Montréal.
Aussi,
M. le Président, ce que je souhaite dire sur cette question
d'hébergement illégal, c'est que plusieurs personnes ont fait des liens rapides en parlant des
plateformes collaboratives les plus populaires, la plus populaire étant Airbnb.
Je souhaite réitérer ici ce que j'ai
dit en commission parlementaire, qu'Airbnb, HomeAway, ou les autres associations,
ou plateformes collaboratives, elles ne sont pas illégales. Elles ne
sont pas illégales. Vous devez les apparenter ou vous devez les voir comme si c'étaient des lieux d'affichage. De la même
façon — et
je dois cette expression à quelqu'un dans mon entourage, je n'ai pas le «copyright» de cette expression-là,
passez-moi l'expression — mais,
de la même façon, quand vous allez
dans une épicerie, vous avez souvent un babillard à l'entrée, hein, on cherche
une gardienne, on a des trucs à vendre
ou un logement à louer, puis vous avez des petits numéros de téléphone, puis
vous décrochez le numéro de téléphone, puis
vous faites ce que vous avez à faire avec ça. C'est la même chose. Là où c'est
embêtant, c'est quand les gens s'affichent sur ces plateformes-là, là ou
ailleurs, ça peut être dans LeJournal de Montréal, ça peut être
dans Le Soleil, et que, là, on devrait avoir une attestation et
qu'on n'en a pas. C'est là où le bât blesse et c'est là-dessus qu'on veut
intervenir, M. le Président.
Et d'ailleurs
je dois dire qu'on est bien observés dans plusieurs grandes villes, dans
d'autres pays, dans le monde actuellement sur ce que nous faisons, et on
s'enorgueillit un peu quand même de dire — puis ça, ce sont tous les parlementaires — que je
pense que nous, on va arriver à une
solution qui va faire l'envie de bien du monde, M. le Président.
Également,
il y a aussi en prépublication actuellement le règlement sur... je n'ai pas le nom en tête, M. le Président, mais vous me pardonnerez, je
vais le dire en mes mots, le règlement sur l'hébergement touristique, là, dans lequel règlement
est précisé actuellement ce qu'est un hébergement touristique. On va venir apporter une précision. Actuellement, la façon de comprendre ce
qu'est un hébergement touristique, on le regarde sous l'angle de
l'occasionnalité. Je pense que le mot n'est pas au dictionnaire, mais tout
le monde comprend ce que je veux
dire : quand vous faites ça sur une base occasionnelle. On va venir
donner un coup de roue supplémentaire en disant : Voici ce qu'est l'hébergement
touristique au Québec dorénavant. Ce sera donc à partir du moment où vous le
faites sur une base régulière et si l'offre de cet hébergement touristique là
est affichée sur un lieu public.
Alors, ce que
je propose aux parlementaires aujourd'hui et ce qui n'est pas régulier ou habituel :
je travaillerai avec les collègues en
commission parlementaire, la prochaine étape étant l'article par article, avec le règlement et avec
la loi. Et j'avais fait ça à l'époque, du
temps que j'étais ministre des Services sociaux, M. le Président, où on avait
resserré les règles entourant les
résidences privées pour personnes aînées. J'avais donc les deux documents de
façon concomitante, et on travaillait
les deux en même temps. Alors, je pense que ce sera apprécié qu'on puisse
travailler ces deux notions-là.
Alors, le
règlement, actuellement, est en prépublication. Je me permets de faire une
petite annonce publicitaire. S'il y a des gens qui ont des commentaires
à nous formuler, à nous apporter sur cette question-là, évidemment, c'est
bienvenu, et c'est tout à fait dans le temps de le faire.
D'autre part,
à l'intérieur de ce projet de loi là, M. le Président, nous avons la permission
donnée à la ministre de confier certaines tâches de ses propres
fonctions à une organisation extérieure du ministère, comme elle le fait ou
comme le ministère le fait actuellement avec les ATR, c'est d'ailleurs le cas
actuellement. Ce que nous proposons, M. le
Président, c'est de devenir beaucoup plus performants dans la promotion de la
destination du Québec à l'étranger et hors
Québec aussi, dans le reste du Canada, parce qu'actuellement nous ne sommes pas
performants et nous n'atteignons pas
les performances, les cibles de performance que l'on s'est données comme
industrie en 2012, sous le leadership de la députée de Laporte, avec le plan de développement de l'industrie
touristique qui vient nous dire : De 2012 à 2020, ce que nous souhaitons, c'est d'augmenter... à chaque
année, d'avoir une croissance annuelle de 5 % de l'activité touristique au
Québec.
M. le
Président, actuellement, là, en 2012, on a atteint 3,5 %, en 2013, on a
diminué de 3,2 % puis, en 2014, on a augmenté de 3,1 %. Ça, ça veut dire qu'on n'atteint même pas, là, on
n'atteint même pas la moyenne de 4 % annuellement mondialement.
Alors, il y a un coup de barre à donner. Il y a un travail à faire parce que le
plan de développement de l'industrie
touristique dont s'est donné l'ensemble de l'industrie touristique, ça demeure
un bon plan, ça demeure la bible du
secteur touristique. Tout le monde y croit, et le 5 % qu'on s'était fixé,
franchement, là, il n'était pas sorti de nulle part, là. On s'était fiés, à l'époque, à ce qui était prévu
dans d'autres administrations puis on était pas mal dans les barèmes. Même
que d'autres administrations ailleurs au
Canada allaient même, de mémoire, jusqu'à 7 %. Alors, on était assez
raisonnables.
Il faut juste
revoir nos moyens, M. le Président, pour vendre la destination à l'étranger.
Parce qu'à ça se greffe une autre
problématique, c'est celle du déficit commercial touristique. Actuellement, il
y a plus d'argent qui sort qu'il en
rentre, 4,7 milliards de dollars. Il n'est pas question de blâmer les gens
qui vont dans le Sud. On est des nordiques, on aime ça aller dans le
Sud, c'est plaisant. La majorité des Québécois y vont. La question n'est pas
là.
C'est comment
on fait davantage pour attirer des gens hors Québec chez nous, ici, sur notre
territoire? Nous, on fait le pari, M.
le Président, que, comme la grande majorité des provinces au Canada, dont le
profil touristique se compare assez bien à celui du Québec et aussi à la
tendance lourde ailleurs sur la planète, qu'effectivement la promotion de la destination touristique à l'étranger ne se fait
pas à partir d'un cadre gouvernemental ou d'un ministère, mais bien d'une
entité à l'extérieur. Alors, on fait ce
pari-là, M. le Président, et c'est quelque chose qui était demandé aussi depuis
assez longtemps par l'industrie également.
Ça va faire
en sorte, M. le Président, qu'il y a trois grandes associations au Québec qui
vont se fusionner, parce qu'il y a
une multiplication des organisations sur le territoire qui font du tourisme, et
nous, on dit : Il va falloir resserrer tout ça aussi, là. Alors, déjà, en partant, avec la création de cette
entité-là à qui on va confier la responsabilité d'être plus performant en ce qui a trait à la promotion hors
Québec, bien, ça va venir faire en sorte aussi qu'il y a trois associations
qui vont se saborder pour créer l'Alliance de l'industrie touristique. Et ça,
c'est de bon augure.
Je veux
rassurer tout le monde ici aujourd'hui, M. le Président, et vous-même, à
l'effet qu'effectivement nous allons
confier 13 millions de dollars actuellement dévolus au ministère du
Tourisme à cette entité pour faire de la promotion hors
Québec de la destination. Je veux, par ailleurs, vous assurer que nous serons
excessivement rigoureux et même sévères sur
la reddition de comptes et sur les cadres de gestion qui seront exigés de cette
nouvelle entité, pour faire en sorte qu'effectivement on montre patte
blanche, mais qu'aussi on ait des résultats attendus. Parce que c'est un gros morceau, là, ce qu'on fait, là. C'est quelque
chose de nouveau, c'est important, ce que nous sommes en train de faire avec
la création de l'alliance en lui confiant
aussi des deniers publics, parce qu'il y a 13 millions qui sont du
ministère qui s'en vont à l'alliance, M. le Président.
Mais il y a
10 millions aussi que les ATR partout au Québec vont mettre à l'intérieur
aussi de cette alliance-là, et nous
leur avons demandé également de lever, si vous voulez, passez-moi l'expression,
7 millions supplémentaires dans le
privé. Donc, de 13 millions que nous avions au départ pour faire de la promotion
de la destination hors Québec, nous en
aurons 30. Alors, c'est énormément, c'est beaucoup d'argent. C'est une
augmentation de 130 %, M. le Président. Alors, c'est vous dire la force de frappe. Mais on est
bien conscients qu'on confie de l'argent public à cette nouvelle entité et, en
commission parlementaire, que ce soit le député de Nicolet-Bécancour ou de
Bertrand, et moi-même, on a posé des questions
très serrées à ces trois organisations-là qui vont former l'alliance quant à
nos attentes en ce qui a trait au suivi de la dépense et à la reddition
de comptes, M. le Président.
• (11 h 40) •
Alors,
écoutez, je ne veux pas être plus longue que ça, vous dire qu'on est très
satisfaits, on est très contents. La revue
de presse, elle est dithyrambique sur le projet de loi n° 67. Les gens
sont contents, ils ont l'impression effectivement qu'on va donner un second souffle au secteur
touristique, qui est le troisième produit d'exportation au Québec. On se plaît
souvent à le dire, mais il a besoin un peu
d'oxygène. On a besoin de se recoller sur les objectifs du plan de
développement de l'industrie
touristique, mais, pour y arriver, à ce 5 % annuellement, pour créer
7 milliards de plus en retombées économiques
à terme en 2020, pour qu'on accueille 7 millions de visiteurs de plus en
2020, et qu'on crée 50 000 emplois supplémentaires en 2020, comme nous le commande le PDT, on n'a pas le
choix, M. le Président, ça prend un revirement majeur, et c'est ce que nous faisons, et c'est ce que nous continuerons
à faire lors des prochains travaux, c'est-à-dire l'étude article par
article, qui devrait débuter très, très, très bientôt, peut-être même dans les
prochaines heures.
Alors, M. le
Président, je vous remercie. Je remercie encore une fois les oppositions pour
leur très bon travail, et les collègues aussi du côté ministériel qui
suivent les travaux avec beaucoup, beaucoup d'assiduité, avec beaucoup d'intérêt, aussi. On a des gens qui nous viennent
de partout au Québec et qui évidemment comptent des activités touristiques
dans leur comté. Et on peut se vanter, quand
on fait du tourisme, de dire que le tourisme, bien, il y en a partout au Québec
et que ça crée des emplois partout au Québec. Merci beaucoup.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, Mme la ministre
du Tourisme, pour cette intervention. Je cède maintenant la parole à M.
le député de Bertrand.
M. Claude Cousineau
M.
Cousineau :
Bien, merci, M. le Président. À mon tour de parler sur le projet de loi
n° 67. Dans un premier temps,
permettez-moi de brosser un tableau de ce qu'est le ministère du Tourisme,
parce que je trouve important, pour les
gens qui nous écoutent, de connaître un peu les tenants et les aboutissants
avant d'entrer dans le vif du sujet du projet de loi n° 67.
La ministre du Tourisme nous présente un projet
de loi à deux volets touchant le domaine touristique au Québec. Il faut se rappeler que le tourisme au Québec, c'est le
troisième secteur d'exportation, un secteur d'activité qui génère des recettes de près de 13 milliards
de dollars annuellement, qui emploie quelque 345 000 Québécois et
Québécoises. Je parle évidemment des emplois directs et indirects dans
toutes les régions du Québec.
C'est 8,7 % de l'emploi québécois,
2 450 000 000 $ en retombées fiscales et parafiscales. 1 $
sur 5 $ est un excellent retour sur
l'investissement. Chaque dollar d'argent public investi en tourisme en génère
20, dont cinq qui retournent directement
dans les coffres de l'État, notamment pour financer les services publics en
particulier, évidemment la santé, l'éducation au premier chef.
L'AQIT,
l'Association québécoise de l'industrie touristique, précise, dans leur
mémoire, avec raison, et je cite : Les voyageurs étrangers,
avec une croissance des vols internationaux avoisinant 5 % au cours des dernières
années et des perspectives à long terme
entre 3 % et 4 % annuellement jusqu'en 2030... que «le tourisme
mondial a le vent dans les voiles».
Je vais faire référence souvent, durant mon
exposé d'une trentaine de minutes, M. le Président, aux différents mémoires que nous avons reçus, parce qu'évidemment
les gens ont été très constructifs lorsqu'ils nous ont déposé leurs
mémoires.
Le Québec
doit, M. le Président, s'inscrire dans cette mouvance mondiale touristique. La
promotion internationale en est la clé. Le projet de loi n° 67
s'inscrit dans cet esprit. Les travailleurs et les travailleuses du domaine
touristique oeuvrent dans plus de 32 000 entreprises, principalement
des PME à 85 %. Pourtant, la balance commerciale dans ce domaine est déficitaire, comme disait la ministre,
de 4,7 milliards de dollars. Il y a donc énormément de travail à faire
pour faire en sorte que le Québec se hisse dans le peloton de tête en ce qui a
trait à la promotion internationale et à la diversification de l'offre touristique.
M. le
Président, ce projet de loi est avant tout un projet de loi de l'industrie
touristique parce qu'il répond à de nombreuses
demandes répétées, depuis plusieurs années, par les acteurs de cet important
secteur d'activité économique. Il vient renforcir le PDIT, le Plan de
développement de l'industrie touristique 2012-2020.
L'AQIT
précise, en conclusion, dans son mémoire, que ce projet de loi, et je cite,
«répond aux demandes d'équité des
secteurs de l'hébergement touristique». En ce qui a trait au modèle d'affaires
proposé, l'AQIT poursuit en ces termes : «Véritable moteur de développement économique
régional, l'industrie touristique n'est pas un poste de dépenses pour le gouvernement. À ce titre, elle est prête à
apporter des améliorations à son mode de fonctionnement qui la [positionnent]
encore plus fermement dans la colonne des revenus de l'État.»
L'AQIT
précise, M. le Président, que «les entrepreneurs touristiques soutenus par les
intervenants de l'industrie sont
enthousiasmés par la mise en place d'un environnement d'affaires propice à
l'essor du tourisme à l'échelle du Québec. Il est maintenant souhaité
d'aller de l'avant dans la mise en oeuvre de cette réalité.»
Je précise ici, M. le
Président, que nous avons entendu en commission parlementaire les représentants
de 16 organismes, dont deux syndicats,
et reçu trois mémoires pour consultation. 17 groupes sur 19 sont en faveur du projet de
loi n° 67, comme le
précisait la ministre, avec certains amendements qui nous semblent
constructifs et deux mémoires qui sont contre ce projet de loi.
Le
projet de loi n° 67 amène
des pistes de solution intéressantes, mais soulève aussi des questions
importantes, puisqu'il vise
l'hébergement illégal, les amendes liées aux infractions découlant de ce type
d'hébergement clandestin. De plus, le
projet de loi n° 67 propose une nouvelle forme de gouvernance en ce
qui a trait à la promotion internationale. Encore ici, des questions et
des précisions sont importantes.
M.
le Président, commençons par le premier volet, touchant l'hébergement illégal,
les infractions, les amendes et l'inspection. Ce projet de loi vise à
éliminer l'hébergement illégal en encadrant par des inspections rigoureuses et structurées les demandes d'obtention d'un permis
d'exploitation. Le but est de faire en sorte que ceux et celles qui font
commerce en s'affichant sur des sites légaux
puissent le faire en toute légalité, dans le respect des règles et des
obligations.
Dans
leur mémoire, l'AHQ, l'association des hôteliers du Québec... de l'hôtellerie
du Québec, excusez-moi, nous rappelle
avec justesse, et je cite : «L'exploitant d'un établissement, peu importe
sa taille, est assujetti à plus de 70 lois et règlements ainsi qu'à des règles
commerciales : [comme] la taxe [des immeubles non résidentiels, les] taxes
municipales, [les] assurances, etc.
Il est fournisseur d'emplois et est souvent sollicité pour contribuer aux
activités de la communauté. L'établissement occupe un rôle social.
«[...]Les hôteliers s'ajustent
depuis des années à une offre de services parallèle et diversifiée. Les
différentes catégories en sont la preuve. La
cohabitation existe. Et est souhaitée. La concurrence est de bonne guerre.
Parce que les règles sont les mêmes pour tous. Même loi, mêmes
règlements, mêmes obligations.» C'est une question d'équité.
Le
projet de loi n° 67, M. le Président, apporte des ajustements et des
balises. L'opposition officielle est d'accord pour que nous resserrions les règles afin de contrer l'hébergement
illégal. Huit recommandations sont faites par l'AHQ, lesquelles
apparaissent dans le projet de loi n° 67. Nous y souscrivons. Par
exemple, redéfinir certains termes utilisés dans
la loi afin de mieux répondre aux besoins d'aujourd'hui et d'être en harmonie
avec les nouvelles technologies, nous sommes
d'accord. Être dans l'obligation d'avoir une attestation de classification pour
cette nouvelle offre d'hébergement, nous sommes d'accord, mais il va
falloir faire la part des choses entre... faire la part entre l'hébergement
occasionnel et l'hébergement commercial.
Alléger l'exigence de conformité pour recevoir son attestation de
classification, nous sommes aussi
d'accord, quoiqu'il faut vraiment travailler sur l'encadrement. Donner des
pouvoirs d'inspection à la Corporation de l'industrie touristique, augmenter
significativement le nombre d'inspecteurs à la Corporation de l'industrie
touristique et redéfinir leur rôle,
nous sommes tout à fait d'accord avec cette recommandation parce qu'on la
retrouve clairement dans le projet de loi n° 67. Créer une
ligne info hébergement, ce qui est très intéressant... Augmenter
significativement le montant des amendes non
pas dans le but répressif mais dissuasif, c'est aussi dans le projet de loi,
nous sommes d'accord avec cette approche. Faire connaître les nouvelles
mesures auprès du grand public, ça va de soi.
M. le Président, sur
cette facette, nous sommes d'accord avec le projet de loi n° 67,
puisqu'il vise l'équité. La venue des
plateformes comme Airbnb, HomeAway et autres prend de plus en plus de place
dans notre société. Le Québec n'y échappe pas, c'est dans l'air du
temps. Bien que légales, ces plateformes ouvrent la porte à un système
parallèle d'hébergement qui vient en
concurrence directe avec les hôteliers, les aubergistes, tous ceux qui offrent
de l'hébergement touristique légalement en respectant les lois fiscales,
les normes de sécurité, les règlements municipaux concernant la conformité des
bâtiments, la salubrité et le respect du zonage municipal.
• (11 h 50) •
Dans
le mémoire de l'AHGM, nous pouvons y lire des réflexions intéressantes, l'AHGM
étant l'association des grands hôtels
de Montréal, réflexions intéressantes lesquelles sont très révélatrices.
L'Association des hôtels du Grand
Montréal nous dit, et je cite : «Par ce projet de loi, la ministre propose
un cadre qui permettra d'intégrer les plateformes de location en ligne, comme des acteurs à part
entière de l'écosystème touristique. Il vient aussi assujettir le prêt-à-camper
et les résidences étudiantes offrant de
l'hébergement touristique à la taxe spécifique sur l'hébergement. Les hôteliers
ont salué le projet de loi, car [il
s'est] adopté, il viendra clarifier
les règles du jeu et rétablir une certaine forme d'équité entre les
différentes formes d'hébergement touristique.»
Pour
sa part, la CITQ, la Corporation de l'industrie touristique du Québec,
salue le projet de loi n° 67 en ces termes : «Soyez assurée que tous nos classificateurs et
tout le personnel additionnel qui se joindra à eux sur la route feront preuve
d'un grand professionnalisme à l'égard des
nouvelles responsabilités d'inspection qui leur seront allouées. La CITQ aura
désormais tous les outils en main pour que le programme de classification
officielle du Québec puisse poursuivre sa contribution à la qualité de
l'accueil réservé aux touristes qui visitent nos établissements d'hébergement.»
M. le Président, par des précisions au règlement, l'opposition officielle
s'assurera que tous les outils soient en place pour un travail optimum
de la part des classificateurs et des inspecteurs. L'obtention d'un permis
d'opération, lequel certifie que les normes
et les règlements soient respectés, est un incontournable. Le projet de loi prévoit des amendes pour ceux
et celles qui opèrent dans la clandestinité ou encore qui ne respectent pas les
tenants et les aboutissants du permis d'hébergement qu'ils ont obtenu.
M. le Président, dans toutes les régions du Québec,
les hôteliers, les aubergistes, ceux et celles qui offrent des services d'hébergement sont soumis à des
obligations sévères, obligations d'offrir et dispenser des services de qualité,
image de leur région
et du Québec. Ils ont l'obligation de tenir leur établissement
sécuritaire avec des assurances responsabilité
adéquates. Ils doivent s'assurer que les
travailleurs et les travailleuses qu'ils emploient soient formés adéquatement
et respectueux des visiteurs, des
touristes qui visitent leur région. De plus, les hôteliers, les aubergistes,
les propriétaires de gîtes doivent, depuis 1979, sur une base
volontaire, par région, percevoir la taxe sur les nuitées, laquelle sert à la
promotion de leur région sur le territoire du Québec et, éventuellement, à la
promotion internationale.
Je le répète, M. le Président, il est
incontournable que ceux et celles qui exploitent de l'hébergement illégal, clandestin, sans permis, sans obligation
bénéficient de la promotion et de l'attractivité de leur région payée par les
autres. Il est inconcevable de voir cette situation. Nous sommes ici
face à une situation injuste et fortement inéquitable qui fragilise les établissements d'hébergement certifiés et, par le fait même, qui fragilise les emplois de milliers
de travailleurs et de travailleuses du Québec. Le projet
de loi n° 67, M. le Président, apporte des solutions pour le Québec. Il faut s'assurer que ce projet de loi soit souple et facilement applicable. La
précision dans les définitions de «touriste», d'«hébergement touristique»
est importante. La distinction entre hébergement régulier et hébergement occasionnel ne
doit pas porter à confusion. Le défi
est là. La ministre en a parlé tantôt, il va falloir vraiment
qu'on soit très précis au niveau de ces termes. L'opposition officielle s'assurera
que ces concepts soient clairs pour tout le monde.
M. le
Président, le projet de loi n° 67 qui est devant nous prévoit que ceux et
celles qui s'affichent sur des plateformes
Internet pour en faire commerce, soit avec des chalets ou des logements, soient
aux mêmes règles que ceux et celles
qui sont dans la légalité. C'est une question de justice et d'équité. Nous
souscrivons à cette partie du projet de loi parce que les dispositions que nous y retrouvons, visant à contrer
l'hébergement illégal, sont nécessaires et urgentes. La ministre du Tourisme nous a rassurés en commission
parlementaire lors de l'audition des groupes — que nous remercions pour leurs suggestions et leur éclairage :
elle nous a dit qu'elle avait un souci, que ce projet de loi ne visait pas ceux
et celles qui, occasionnellement,
louent leur maison, leur condo, leur chalet pendant leur absence pour un voyage
à l'étranger ou des vacances dans une
autre région. Nous avons, nous de l'opposition officielle, le même souci. Nous
croyons au respect des droits
individuels. Nous pourrons voir, lors de l'étude détaillée du projet de loi,
comment cette intention peut s'inscrire dans le texte des articles qui visent l'hébergement touristique. Nous
apporterons sûrement des amendements constructifs sur ce volet. Cet
encadrement est demandé et souhaité depuis longtemps par les intervenants du
secteur touristique.
M. le
Président, à la lecture des mémoires et après discussion avec les intervenants
du milieu touristique, il ressort que
le Québec n'est pas le précurseur de cette démarche de resserrement des règles
et des obligations visant l'hébergement illégal. Dans plusieurs
pays d'Europe, des lois et des règlements ont vu le jour ces dernières années pour qu'il y
ait une cohabitation plus harmonieuse entre l'hôtellerie et les
nouvelles formes d'hébergement. Il faut que les règles et les obligations
soient les mêmes pour tous ceux et celles qui font commerce en ce domaine.
C'est une question d'équité et de justice, je le répète.
M. le Président, il faut préciser que, chez nos voisins du Sud, beaucoup
de grandes villes américaines ont mis en place des règlements sévères pour contrer l'hébergement illégal, les
principales étant New York, San Francisco, Los Angeles. Dans beaucoup d'autres villes, des règlements
sont en préparation. Le Québec doit aussi s'inscrire dans cette mouvance de contrôle des règles. Le projet de loi n° 67 est un grand pas
dans la bonne direction, mais, je le répète encore, ce projet de loi doit être souple et sévère en même temps.
Il doit permettre à un particulier, par exemple un propriétaire d'une maison,
d'un condo ou d'un chalet, de louer sa
résidence en toute impunité s'il le fait occasionnellement ou quelques fois par
année.
Il en est de
même pour un locataire, M. le Président, si, et seulement si, il a obtenu l'autorisation
écrite de son propriétaire, soit par un écrit explicite sur son bail
officiel ou encore par une lettre de confirmation du propriétaire du logement. Les inspecteurs devront être vigilants à
cet égard. Les associations de propriétaires nous demandent d'être prudents
et de prendre en considération les recommandations suivantes, lesquelles nous
semblent tout à fait raisonnables :
«Que le
projet de loi soit modifié afin de prévoir, comme conditions à la délivrance
d'une attestation de classification pour
un établissement touristique dont l'emplacement est situé dans un logement qui
fait l'objet d'un bail d'habitation, l'obtention du consentement écrit
du locateur à une telle exploitation — ça va de soi.
«Qu'il soit
clairement indiqué que toutes les amendes ou autres sanctions en vertu de la
Loi sur les établissements d'hébergement
touristique ou les règlements qui en découlent soient imposée au locataire dont
le logement sert à des fins touristiques illégales et non au
propriétaire.»
«[Nous appuyons] toute mesure visant à freiner
davantage et plus clairement ce type d'activité sans l'accord du propriétaire des lieux.» Nous nous — ce sont les propriétaires qui parlent — assurerons que ces recommandations soient
prises en compte dans le processus d'émission de l'attestation.
M. le Président, les règlements faisant partie
intégrante du projet de loi n° 67 doivent être clairs et ne laisser place à aucune interprétation. Les inspecteurs
devront être vigilants et s'assurer que tous les documents en provenance
des municipalités, des propriétaires soient
étudiés et annexés à la demande de certification et de permis pour
l'hébergement touristique de type
commercial. Ce projet de loi, je le répète, doit donner les outils nécessaires
pour déceler et encadrer ceux et
celles qui font commerce en s'affichant sur des plateformes sans, par exemple,
percevoir la taxe sur les nuitées, laquelle
est perçue par tous les hôteliers, les aubergistes et les propriétaires de
gîtes pour soutenir la promotion de leur région.
M. le
Président, comme je l'ai mentionné, nous apporterons sûrement des amendements
pour nous assurer que la mince ligne
séparant ce qui est souhaitable et acceptable et ce qui est illégal soit
clairement définie dans la réglementation. Nous voulons protéger M. et Mme Tout-le-monde qui utilisent les
plateformes occasionnellement pour leur jouissance personnelle.
Le projet de
loi n° 67, M. le Président, annonce une augmentation importante des
inspecteurs, des vérificateurs. Nous
nous réjouissons de cette volonté de faire en sorte que la loi et les
règlements soient respectés et qu'un suivi rigoureux soit mis en place avant la délivrance d'un permis
d'hébergement touristique. Nous appuyons le renforcement des obligations
et des dispositions qui sont sous-jacentes à
ce permis. Les amendes que nous retrouvons au projet de loi sont dissuasives
et nécessaires.
Curieusement, les demandes de certification et de permis ont augmenté depuis
l'annonce du dépôt du projet de loi. Nous y voyons là une volonté de
plusieurs de vouloir être conformes aux lois et aux règlements.
• (12 heures) •
M. le Président, nous souhaitons une plus grande
collaboration avec les municipalités, lesquelles, comme l'a mentionné la
ministre lorsqu'on a reçu les gens de la FQM, sont des acteurs incontournables
dans le processus visant l'obtention d'une
classification d'hébergement touristique. Il en est de même avec les
associations de propriétaires pour le
respect des baux de location. Les inspecteurs devront être vigilants, ils
devront s'assurer que tous les renseignements et toutes les autorisations soient au dossier avant d'émettre une
certification d'hébergement touristique. Nous avons entendu leurs recommandations en commission parlementaire.
Nous nous assurerons, par des amendements, si nécessaire, que les principaux intéressés ci-haut mentionnés soient
entendus et partie prenante de la décision finale d'émettre ou non un permis
ou une demande de certification.
M. le Président, dans un deuxième temps, ce projet
de loi amende la Loi sur l'industrie touristique du Québec en prévoyant
la mise en place d'un organisme
sans but lucratif, un OBNL, qui
deviendra en quelque sorte le représentant du secteur touristique. Cet organisme nommé Alliance Tourisme Québec
remplacera trois organismes existants : l'AQIT, l'Association québécoise de l'industrie touristique; l'ATR associées du Québec, qui chapeaute actuellement les associations touristiques
régionales, au nombre de 22, qui ont été mises en place en 1979; et les ATS du
Québec, les associations touristiques sectorielles, qui représentent 18
organismes sectoriels. Encore ici, le projet de loi répond à une demande constante des intervenants du secteur touristique
du Québec. Lorsqu'on parle des 18 organismes de l'ATS,
bien, on parle du secteur
agroalimentaire au niveau du tourisme, on parle des associations de motoneiges,
l'association des terrains de camping,
etc. Cette demande de restructuration est sur la table depuis plusieurs années.
Elle vise plus d'efficacité et de cohésion.
M. le Président, voici les positions retrouvées dans quelques mémoires, lesquelles ont
été présentées à la commission
parlementaire. La position de l'AHGM, l'association des hôteliers du Grand Montréal, et celle des autres propriétaires
des hôtels, des auberges et des gîtes est
sensiblement la même, et je cite : «...le projet de loi vient aussi
modifier la Loi sur le ministère du Tourisme afin de permettre de
déléguer à un organisme associatif externe le mandat de réaliser la promotion et la mise en marché touristique hors
Québec. L'industrie touristique, les hôteliers en premier chef, réclame depuis
longtemps la création d'une entité à l'extérieur de l'appareil gouvernemental
chargé de la promotion de la destination à
l'extérieur de la province, ce à quoi le projet de loi [s'arrête]. Ces modifications s'inscrivent dans le contexte [d'une]
révision du modèle d'affaires et de gouvernance de l'industrie touristique et permettront une promotion plus efficace de la
province comme destination.» C'est la conclusion de l'association des
propriétaires de gîtes et des hôteliers.
L'ATS, l'association touristique sectorielle
mentionne dans son mémoire, et je cite : «En plus de moderniser l'encadrement de l'hébergement touristique, le projet de loi n° 67 fait des pas
importants pour favoriser la réalisation des ambitieux objectifs de croissance de l'industrie touristique. Ce virage
significatif s'observe notamment par l'ajout de la notion de "stratégies" dans les libellés
de la Loi sur le ministère du Tourisme. [...]Parce qu'ATS Québec croit en la
capacité du projet de loi n° 67
à permettre la mise en place d'un environnement d'affaires qui répondra à ces
critères, nous l'appuyons et [nous] encourageons son adoption dans les
meilleurs délais.»
M. le
Président, nous étudierons en commission parlementaire tous les tenants et les
aboutissants de la mise en place de
ce nouvel organisme. Nous voulons des précisions sur le mandat de cet OBNL, sur
sa portée, sur ses responsabilités envers les régions, sur les ATS. Nous
nous assurerons, nous, de l'opposition officielle, d'avoir des garanties sur
son imputabilité, sur sa reddition de
comptes. Lors de l'étude détaillée en commission parlementaire, nous aurons
l'occasion de poser toutes les
questions nécessaires afin de mieux comprendre le rôle de cet organisme. Cet
organisme gérera une enveloppe de
30 millions de dollars : 13 millions en provenance du ministère
du Tourisme, 10 millions en provenance de l'augmentation de la taxe sur les nuitées et 7 millions en
provenance du milieu. On parle ici d'argent du public. L'opposition officielle s'assurera que ce nouvel
organisme rende des comptes au ministère au premier chef. Les objectifs et les cibles annuels devront être clairement
définis. Au deuxième chef, nous souhaitons, M. le Président, que cet organisme
soit entendu périodiquement en commission parlementaire. Cette vérification
s'inscrira dans un mandat d'initiative, peut-être
en Commission de l'économie et du travail. Nous déposerons des amendements en
ce sens. Le Vérificateur général devra vérifier annuellement les livres
de cet organisme.
L'harmonisation
de la taxe sur les nuitées nous préoccupe. Cet organisme gérera, semble-t-il, une
partie de cette taxe pour la
promotion internationale, ce qui, à notre avis, est intéressant, voire même
nécessaire, pour que la promotion du
tourisme soit un message clair, cohérent et en harmonie avec la volonté des
régions du Québec de faire connaître leurs spécificités. Important et incontournable, il faut que les régions
conservent leur autonomie en conservant les sommes qu'elles avaient avant l'augmentation de la taxe sur les
nuitées. Nous avons reçu l'assurance de la ministre qu'il en sera ainsi. Nous validerons cette volonté lors de l'étude
article par article dans ce projet de loi.
M. le
Président, nous avons rencontré et écouté une vingtaine de groupes en
commission parlementaire. La très grande
majorité des intervenants, 17 sur 19, 90 %, sont en faveur du projet de
loi n° 67. Ils le souhaitent. Ils veulent un nouveau modèle d'affaires. Avec le modèle actuel,
le déficit commercial... Le secteur touristique est déficitaire de 4,3 milliards annuellement. Le Québec a de la
difficulté à aller chercher sa part de l'augmentation des touristes provenant
des autres pays et qui voyagent partout à
travers le monde. Il faut renverser la vapeur, nous disent les acteurs de
l'industrie touristique. Pour ce faire, il faut que la promotion
internationale soit confiée à un organisme sans but lucratif issu du secteur touristique. C'est ce que préconisent les
principaux intéressés. L'opposition officielle est sensible à ces demandes,
mais, en même temps, nous nous interrogeons sur la perte de l'expertise du
ministère du Tourisme volet promotion internationale.
Nous voulons nous assurer que les employés permanents du ministère ayant une
grande compétence en la matière
soient relocalisés dans des postes à la hauteur de leur savoir. La création de
ce nouvel organisme est la volonté des
acteurs de l'industrie touristique. Ils l'ont clairement démontré durant les 18
derniers mois, et ce, à l'unanimité, c'est pourquoi l'opposition officielle travaillera à
bonifier le projet de loi n° 67. Nous aurons des amendements à apporter
pour que les règles et obligations
soient clairement redéfinies et en ce qui a trait à l'utilisation des fonds publics et à l'atteinte des objectifs,
et des cibles précises, et obligations fixées par la ministre.
M. le
Président, nous avons entendu le REMI, le Regroupement des événements majeurs
internationaux. Voici quelques
extraits de leur mémoire. En ce qui a trait à l'hébergement, le REMI se
prononce ainsi : «...en premier lieu, si on s'attarde aux articles 1 à 17, nous souscrivons à l'objectif
poursuivi par le législateur, à
savoir essentiellement d'encadrer des
pratiques d'hébergement social qui sont apparues depuis quelques années et
d'étendre la taxe d'hébergement à d'autres types d'hébergement comme le
prêt-à-camper. [...]si le REMI considère que ces types d'hébergement
alternatifs sont légitimes, il va de soi
qu'ils doivent être soumis à un certain nombre d'obligations, à commencer par
s'inscrire dans un cadre réglementaire
et fiscal.» C'est ce que nous disions d'entrée de jeu.
«En ce qui
concerne les articles 18 à 23, touchant la Loi du ministère du Tourisme, le
REMI nous dit, nous souscrivons
également à l'objectif poursuivi par la ministre, à savoir de donner dès
maintenant la possibilité de confier à un organisme des mandats, des
fonctions qui sont pour l'instant remplies par le ministère du Tourisme.
«Il s'agit
d'un élément clé de la révision du modèle d'affaires et de la gouvernance en
tourisme et le REMI considère que la création de l'Alliance de
l'industrie touristique du Québec, qui est concomitante, est une bonne chose.»
Le nouveau modèle proposé, M. le Président,
cette nouvelle orientation qui prendra place avec le projet de loi n° 67, devra faire ses preuves. Nous
sommes conscients que ce modèle se rapproche de ce qui se fait ailleurs dans le
monde. Que ce soit en Amérique, en Europe,
en Asie, ou en Australie, cette prise en charge de la promotion internationale
par un organisme parallèle au ministère du
Tourisme issu de l'industrie touristique aura une grande responsabilité, celle
de faire en sorte que les sommes investies
par les Québécois et les Québécoises se traduisent par une augmentation
appréciable de touristes internationaux et que l'industrie touristique
du Québec devienne plus performante.
• (12 h 10) •
Je dois, M. le Président, préciser que les deux
syndicats, le Syndicat de la fonction publique du Québec et le Syndicat des professionnels du gouvernement du
Québec, s'opposent à l'ensemble du projet de loi n° 67. Pour le Syndicat
des professionnels du gouvernement du
Québec, il est d'accord avec la volonté, oui, la volonté de contrer
l'hébergement illégal, il ne... C'est
plutôt le Syndicat de la fonction publique : d'accord avec la volonté de
contrer l'hébergement illégal. Il ne
se prononce pas sur la hausse de la taxe sur les nuitées et propose que
l'alliance soit un organisme consultatif, une instance-conseil, et je cite : «L'AITQ pourrait — c'est-à-dire l'alliance — ainsi suggérer des priorités dans la
promotion de la destination touristique québécoise, sans pour autant
coordonner cette promotion et les fonds publics qui lui sont alloués. Les fonds publics seraient [alors]
toujours sous la responsabilité de l'administration publique...» Le Syndicat de
la fonction publique du Québec fait cette recommandation qui rejoint la volonté
de l'opposition officielle et qui se lit comme suit : «...le Syndicat de
la fonction publique recommande l'inclusion, dans le projet de loi, d'une
disposition spécifiant le mécanisme de
reddition de comptes qui devrait prévaloir pour l'organisme ou le regroupement
d'organismes qui se voit attribuer
des responsabilités en vertu de l'article 6.1.» Bien, c'est ce qu'on a dit
depuis le début, il va falloir que
cet organisme soit très, très, très clair, nous présente des objectifs et des cibles et puis que cet organisme soit
imputable.
En ce qui
concerne le Syndicat des professionnels du gouvernement du Québec, il
ne se prononce pas sur l'hébergement illégal, mais rejette d'emblée la hausse de la taxe sur les nuitées et
la mise en place d'alliance Québec. Il demande que la promotion
internationale au niveau touristique reste sous le chapeau du ministère du
Tourisme.
M. le Président, le pari est grand, l'opposition
officielle fait confiance aux acteurs de l'industrie touristique québécoise
pour vendre la beauté du Québec à l'étranger. Les défis sont multiples pour
faire en sorte que le PDIT, le programme de développement de l'industrie touristique 2012-2020, se réalise complètement. La promotion internationale est un volet incontournable. Tous
les intervenants le disent, c'est un des fers de lance de l'industrie
touristique. Mais il y a plus : le développement des produits
touristiques, le développement des attraits dans toutes les régions du Québec doivent
être stimulés, financés adéquatement. Le REMI est très clair là-dessus, ça prend de
l'argent neuf. Pour chaque dollar
investi, le retour sur l'investissement est formidable. Argent neuf au niveau
du développement des produits touristiques. Il faut bonifier les programmes
existants, il faut revoir les protocoles d'entente avec les ATR pour que des
sommes soient dirigées vers le soutien au produit touristique régional.
M. le Président, la ministre doit convaincre le ministre des Finances et le
président du Conseil du trésor, pour le prochain budget, de
l'importance d'investir davantage en tourisme. Le projet de loi n° 67 qui
est devant nous met la table pour
plus d'efficacité, plus de cohésion dans cette industrie. Je l'ai mentionné à
plusieurs reprises, les événements partout au Québec, surtout dans les régions plus éloignées, doivent être
soutenus. Les produits et les spécificités doivent être reconnus
adéquatement et adéquatement financés. Ils contribuent à l'économie régionale
et à son développement. Beaucoup de petits
événements intéressants et générateurs d'emplois présentement se meurent en
région. Il faut un coup de barre. La ministre connaît mon opinion sur ce
point.
M. le
Président, je termine. Nous faisons aussi confiance aux employés du ministère
du Tourisme en ce qui a trait au
soutien et au développement du produit touristique. Leur expertise est
indispensable et nécessaire pour la suite des choses. Nous croyons qu'une belle symbiose peut et doit
s'établir entre tous les acteurs pour que le domaine touristique soit le
porte-étendard des couleurs et de l'image du
Québec à l'étranger. Le pays du Québec doit être vu et connu partout dans
le monde. Il doit être attractif pour les
étrangers. L'opposition officielle, dans un esprit constructif, bonifiera ce
projet de loi en y apportant tous les
amendements nécessaires pour le bien du tourisme au Québec et son rayonnement à
l'étranger. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député de
Bertrand, pour cette intervention. Je cède maintenant la parole à M. le
député de Nicolet-Bécancour.
M. Donald Martel
M.
Martel :
Merci, M. le Président. Bien, dans un premier temps, nous allons voter pour
l'adoption du principe du projet de
loi n° 67. D'abord, je veux saluer le travail de ma collègue, la ministre
du Tourisme et députée de Bellechasse, qui
a déposé un projet de loi visiblement attendu par l'industrie de l'hôtellerie
et du tourisme au Québec. Il reste beaucoup de travail à faire, mais,
sur le principe, c'est un bon projet de loi.
Dans un
premier temps, il répond à un besoin de réglementer l'hébergement touristique
occasionnel et, dans un deuxième
temps, il se plie à une demande de l'industrie touristique elle-même en
confiant à un organisme privé la promotion du Québec en tant que destination touristique de calibre mondial. Sur ce
point, même si, pendant l'étape de consultation, le projet de loi n° 67 avait parfois des allures d'un règlement de
comptes entre l'industrie et le ministère du Tourisme, nous sommes à
même de constater qu'il fait l'unanimité parmi les acteurs clés de l'industrie
touristique.
Cela nous commande d'agir de manière
constructive et de nous pencher avec sérieux sur la proposition de la ministre. Voilà donc pourquoi nous voterons en
faveur du principe de ce projet de loi. Cependant, nous sommes surpris
du manque de précision dans sa rédaction.
Nous serons heureux d'y travailler avec la ministre et mon collègue de Bertrand
et de participer à son amélioration.
Concernant le volet de l'hébergement touristique
occasionnel, le projet de loi n° 67 est, pour le moment, soit impossible à appliquer soit il prête flanc à
d'importantes dérives. Également, sur le volet du ministère du Tourisme, il
pourrait permettre à la ministre, si on n'y change rien, de pratiquement
privatiser la quasi-entièreté de son ministère.
Sachez que nous serons engagés à protéger la
mission stratégique et l'encadrement
nécessaires que doit opérer le
ministère du Tourisme en ce qui concerne la promotion internationale du Québec.
C'est de l'argent public qui est en jeu. Le ministère devra participer à
la prise de décision.
Cela étant
dit, nous reconnaissons la bonne foi de la ministre du Tourisme. Nous sommes
d'avis, bien sûr, que ce n'est pas sa
réelle intention de réduire au minimum la taille de son ministère. C'est
pourquoi nous serons, comme à notre
habitude, constructifs dans notre approche. Nous avons bon espoir que la
ministre sera à l'écoute et ouverte à une bonification substantielle de
son projet de loi.
Je serai
court, mais je vais prendre quelques minutes pour aborder plus en détail les
deux volets du projet de loi, d'abord,
sur celui de l'hébergement touristique occasionnel. Il y a quelques semaines,
nous attendions tous avec impatience le
règlement qui devait venir éclairer les lanternes du présent projet de loi.
Nous attendions de ce dernier qu'il précise ce que la ministre entend faire pour distinguer un hébergement
touristique occasionnel et légal d'un hébergement touristique à vocation
commerciale, illégal si non accrédité.
La ministre
nous l'a affirmé à plusieurs reprises, elle ne souhaite pas interdire ni les
plateformes de l'économie de partage
ni la location occasionnelle de son logement par un particulier. C'est très
clair, elle ne veut pas s'en prendre à M.
et Mme Tout-le-monde qui loue sa maison, son condo, son chalet une ou deux fois
par année. Le règlement déposé ne
précise malheureusement rien. Cela représente un réel défi si on veut se doter d'une
loi efficace et utile. L'article de Karl Rettino-Parazelli paru dans Le Devoir hier représente bien
la confusion qui entoure le projet de loi dans sa forme actuelle. L'article intitulé Le réveil risque
d'être brutal, que la ministre a certainement lu, affirme que les nouvelles
règles appliquées par Québec
obligeraient la majorité des utilisateurs réguliers d'Airbnb à cesser
d'utiliser la populaire plateforme ou
à continuer d'agir dans l'illégalité. Ce n'est évidemment pas ce que nous
souhaitons, ni moi, ni le député de Bertrand, et ni la ministre. Il y a donc un enjeu important que nous sommes
déterminés à résoudre. La ministre aura tout notre soutien. Je pense, de toute façon, que nous sommes
unanimes : nous devons faire la lumière là-dessus et préciser cet aspect
fondamental de la présente loi.
La ministre
nous a aussi assuré que les exploitants fautifs recevraient des avertissements
en cas de première ou de deuxième
offense. La notion d'avertissement devra être stipulée en toutes lettres dans
la loi. Quand on y regarde de plus près,
on réalise que les nouvelles amendes voulues par la ministre peuvent monter
jusqu'à 100 000 $. Soyons clairs, tout de même, nous sommes
favorables à l'imposition d'amendes dissuasives, à condition de définir
clairement d'abord qui est fautif, qu'est-ce
qui est fautif et qu'est-ce qui ne l'est pas. Vous l'aurez compris, la clé,
elle est là. Nous devons aussi nous
assurer que les propriétaires seront respectés et qu'ils ne subiront pas les
conséquences des actes illégaux de leurs locataires. Cela aussi, ça
relève du gros bon sens.
Pour terminer
sur ce premier volet du projet de loi, un petit mot sur la plateforme Airbnb
parce que c'est bien de cela, entre autres, dont il est question ici.
Nous avons appris qu'Airbnb génère actuellement des retombées de plus de 50 millions de dollars annuellement,
seulement à Montréal. Le chiffre nous vient de l'association des grands
hôteliers de Montréal. On compare
alors ce montant avec le manque à gagner en taxes perçues qui, lui, s'élève à
moins de 500 000 $. La
question se pose : Sommes-nous prêts à nous priver de 50 millions en
retombées directes dans notre industrie touristique pour aller chercher
500 000 $ en taxes?
En somme,
nous devons permettre à l'économie du partage de grandir et de fleurir dans un
environnement balisé et clair. Ces
nouvelles offres d'hébergement partagées entre les citoyens de partout sur la
planète, plusieurs nous l'ont dit, s'avèrent complémentaires à l'offre
d'hébergement traditionnel. Elle répond à un besoin et génère une importante activité économique dans le secteur touristique
québécois, et nous aurions tort de nous en priver. Que ce soit clair, nous
serons à l'oeuvre pour préserver les bienfaits de l'économie de partage.
• (12 h 20) •
En ce qui
concerne la Loi modifiant le ministère
du Tourisme et la fameuse alliance
que l'on souhaite mettre au monde,
les consultations ont donné lieu à un sévère constat d'échec du ministère du Tourisme. Structures trop lourdes, manque d'agilité, lenteur d'exécution, voilà
comment candidement l'industrie nous a présenté le ministère.
En réponse à ces critiques, la ministre veut donc déléguer le secteur de
la promotion internationale à un organisme privé.
Ici,
nous avons une importante mise en garde : nous devrons réviser le projet,
car il permettrait, dans sa forme actuelle,
que l'on privatise pratiquement l'entièreté du ministère. Je sais bien que ce
n'est pas l'intention de la ministre, mais le projet de loi, dans sa forme
actuelle, le permettrait. Nous devrons revoir ce point pour préserver
l'intégrité du ministère du Tourisme. À cet égard, je dois l'admettre, je suis
préoccupé devant le peu d'ambition du gouvernement quant à la présence internationale du Québec. Graduellement, il s'en
dégage toujours un peu plus, nous avons vu, avec les coupes que l'on a fait subir aux délégations
du Québec à l'étranger, au ministère des Relations internationales aussi, et voilà qu'on privatise la promotion touristique du Québec
à l'étranger.
Notre
promotion internationale, notre présence internationale, c'est le visage que
nous montrons au reste du monde, c'est la voix de notre culture,
l'aspect visible de notre identité dans le monde. Il me semble qu'il s'agit
bien là d'une responsabilité de l'État,
la responsabilité d'un État ambitieux, à tout le moins. Mais l'industrie
touristique réclame des changements,
et nous appuierons la mise en place de l'alliance pour assurer une plus grande
efficacité de la promotion du Québec dans le monde, mais sous certaines
conditions.
Sachez que
notre confiance envers le Parti
libéral demeure suspecte quand il
s'agit d'octroyer la gestion de fonds publics
à des organismes privés. La ministre devra offrir de sérieuses garanties de reddition
de comptes et de contrôle des dépenses
si elle souhaite obtenir l'appui de mon parti pour l'adoption de son projet de loi. C'est le dernier point que je souhaite aborder. Nous ne
laisserons pas l'alliance gérer 23 millions de dollars de fonds publics
sans exiger que les parlementaires puissent regarder dans le détail chaque
dépense et mesurer les retombées de chaque dollar investi.
La ministre
a renoncé à faire de son ministère un organe performant de la promotion du Québec
dans le monde. Le fardeau de la
réussite lui incombe de faire mieux avec la mise en place de son organisme privé. C'est pour cette raison que nous sommes prêts à donner sa chance au
coureur et à envisager une nouvelle formule. À la fin, son succès ou son
échec reposera sur les épaules de la ministre.
Voilà donc,
nous voterons pour l'adoption du principe de loi n° 67 et nous avons
beaucoup de pain sur la planche pour l'étude détaillée article par
article. Nous sommes prêts. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député de
Nicolet-Bécancour. Y a-t-il d'autres intervenants sur l'adoption du
principe du projet de loi n° 67?
Mise aux voix
Pas de
droit de réplique, Mme la ministre, non plus? Sinon, le principe du projet de
loi n° 67, Loi visant principalement à améliorer l'encadrement de
l'hébergement touristique, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Adopté. M. le leader adjoint du gouvernement.
Renvoi à la Commission de l'économie et du travail
M.
Sklavounos :
Oui, M. le Président. Conformément à l'article 243 de notre règlement, je
fais motion afin que ce projet de loi soit déféré à la Commission de
l'économie et du travail pour étude détaillée.
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Très bien. Alors, cette motion est-elle adoptée? Adopté.
Et, pour la suite des choses, M. le leader
adjoint du gouvernement.
M.
Sklavounos : Oui.
Article 23, M. le Président.
Projet de loi n° 73
Prise en considération du rapport de la
commission qui en a fait l'étude détaillée
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : À l'article 23 du feuilleton,
l'Assemblée prend en considération le rapport de la Commission des
finances publiques sur le projet de loi n° 73, Loi concernant
principalement la mise en oeuvre de recommandations du comité de retraite de
certains régimes de retraite du secteur privé.
Je suis prêt
à céder la parole à un prochain intervenant et je reconnais M. le
président du Conseil du trésor. À vous la parole.
M. Martin Coiteux
M. Coiteux :
Oui, merci, M. le Président. Le 3 novembre dernier, j'ai déposé le projet
de loi n° 73, Loi concernant principalement la mise en oeuvre de
recommandations du comité de retraite de certains régimes de retraite du
secteur public. Et, dès la semaine suivante,
en fait, le 12 novembre, et en une seule journée, on a réussi à franchir
l'étape de l'étude détaillée, ce qui, en l'occurrence, démontre que mes collègues des
oppositions et les gens de notre côté avons pu collaborer puis
travailler de façon très rapide pour en arriver à la journée d'aujourd'hui.
Alors, évidemment, des questions pertinentes ont
été posées par les collègues, et je les remercie d'ailleurs de l'ouverture dont
ils ont fait preuve. Ça a donné lieu, donc, à quelques amendements.
Par ailleurs,
j'aimerais souligner que c'est un projet de loi qui s'inscrit essentiellement
dans les activités courantes du Secrétariat du Conseil du trésor en
matière de retraite. D'ailleurs, au cours des 25 dernières années, il n'y
a pratiquement pas eu une seule année sans
qu'il y ait un projet de loi de cette nature. C'est un projet de loi qui est
nécessaire parce que, dans ces
régimes de retraite, pratiquement toutes les dispositions sont encadrées par
des lois, de telle sorte que même les
modifications les plus élémentaires, les plus techniques même, nécessitent des
changements législatifs. On le fait d'ailleurs
à la demande des comités de retraite. Ce qui a été présenté dans le projet de
loi fait d'ailleurs consensus, hein, au
sein des comités de retraite. D'ailleurs, j'aimerais souligner l'apport dont
ont fait preuve les membres de ces comités, que ce soient les syndicats, les associations de cadres, les
associations de retraités, durant l'ensemble des travaux qui ont mené à
l'élaboration du projet de loi.
C'est un
projet de loi qui ne contient aucune modification significative aux
dispositions ou au financement des régimes
de retraite concernés, mais il y a quand même, M. le Président, certaines
modifications qui vont faciliter la vie de nos citoyens. Essentiellement,
le projet de loi poursuit six objectifs, que je vais vous résumer brièvement.
En premier
lieu, il vise à introduire dans la Loi sur le RREGOP la possibilité pour la
Commission administrative des régimes
de retraite et d'assurances, la CARRA, de faire remise de dette en cas d'erreur
que le participant ne pouvait pas
raisonnablement constater, et ce, pour les régimes qu'elle administre. Il y a
remise de dette lorsque la CARRA renonce au remboursement de sommes qui
lui sont dues par un participant.
Deuxièmement,
ce projet de loi vise à uniformiser les dispositions de rachat. En somme,
l'assujettissement d'un organisme au
RREGOP ou au RRPE peut découler maintenant de l'adoption d'un décret ou d'une
modification législative.
Troisièmement,
le projet de loi propose certaines modifications relativement au transfert des
sommes représentant la valeur
actuarielle des prestations additionnelles entre la caisse de retraite du
régime des employés du gouvernement et
des organismes publics, le RREGOP, celle du Régime de retraite du personnel
d'encadrement, le RRPE, et le fonds consolidé du revenu.
Quatrièmement,
le projet de loi permettrait de refléter dans la loi l'utilisation du relevé de
choix lors de la prise de retraite.
Cinquièmement,
le projet de loi vise à permettre le rachat de service à un retraité du RRPE
dont la rente a fait l'objet d'une
correction, tel que cela est déjà possible au RREGOP. Le projet de loi propose
de permettre aux retraités du RRPE de racheter
le service qui leur a été retranché lors d'une correction de rente et ainsi de
maintenir le montant initial de la rente.
Finalement,
le projet de loi introduit différents ajustements techniques pour clarifier
certaines dispositions des régimes de
retraite, comme la consultation du comité de retraite du Régime de retraite des
agents de la paix en services correctionnels, le RRAPSC, l'abolition
d'annexes et le calcul des intérêts de retard.
M. le
Président, je remercie mes collègues pour leur collaboration lors de l'étude de
ce projet de loi en commission parlementaire, et j'en appelle
aujourd'hui à la même collaboration pour l'adoption de ce projet de loi. Merci.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, M. le président du
Conseil du trésor. Je cède maintenant la parole à M. le député de
Beauharnois pour son intervention.
M. Guy Leclair
M. Leclair :
Bien, merci beaucoup, M. le Président. Alors, à mon tour de donner nos
commentaires finaux sur le projet de
loi qui, bien entendu, M. le Président, un projet de loi... lorsqu'on parle
d'une fusion, bien, c'est bien souvent l'harmonisation
des règles. Il y avait deux régimes donc pour s'assurer que les gens, comme ils
sont fusionnés... s'assurer que ce
soit effectif et applicable. Dans bien des cas, il y avait des choses qui étaient
différentes, puis je pense que c'était déjà
prévu. Je pense que le ministère et le gouvernement avaient prévu ces
choses-là. Bien entendu, ça prenait un projet de loi avec la législation
pour faire en sorte que nous ramenons les normes pour que ce soit vivable et
applicable.
Alors, les
enjeux majeurs... Bien entendu, la Protectrice du citoyen, lorsqu'on avait
parlé de cette fusion-là, nous avait
déjà avisés de faire certaines recommandations, puis, tel que le ministre l'a
expliqué précédemment, on a rencontré ces
recommandations-là pour s'assurer qu'il n'y ait pas de problématique sur
l'applicabilité de certaines règles. Alors, bien entendu, lorsqu'on parle de remise de dette, je pense que c'était
majeur comme problématique que nous avions, puis on se devait de régler ce problème-là, puis le projet
de loi, finalement, vient harmoniser cette problématique-là, donc on n'a plus
de problème pour le remboursement de dette.
• (12 h 30) •
Bien entendu,
beaucoup, beaucoup de rhétorique, des
règlements qui ne seront plus nécessaires. Donc, on profite de ces moments-là aussi... Bien entendu, M. le Président, comme vous le
savez, avec votre expérience, lorsqu'on parle des régimes de retraite que ça fait un petit bout qu'on n'a pas touché,
bien, surtout là, avec une fusion, donc, on doit prendre en compte l'autre régime et un nouveau régime...
bien, pas tout à fait des nouveaux, mais, lorsqu'on les fusionne, vous
comprendrez qu'un paquet de réglementations doivent s'effacer des livres, puis
on en a profité aussi pour faire ce ménage-là,
qui, à mon avis... l'ouvrage parlementaire a très
bien été. Moi aussi, je remercie les
collègues, bien entendu, du gouvernement, bien entendu, le ministre lui-même, les gens aussi de la CARRA, les experts
qui étaient avec nous. Ces gens-là sont merveilleux, M. le Président. On
pose des questions, puis ils ont la réponse à tout, puis, s'ils ne l'ont pas immédiatement, bien on parle en secondes... qu'ils vont nous trouver la réponse. Puis
c'est toujours plaisant de travailler avec ces gens-là, parce que, bien entendu, on
n'est pas des experts, mais on est capables quand même de poser des questions.
Puis parfois ce n'est pas des pièges, mais
chacun des collègues pose des questions, puis on s'aperçoit que, oups, ce
n'est pas si clair qu'on prévoyait
que ça le serait. Alors, je remercie les gens d'être là pour nous accompagner
et surtout répondre aux questions,
autant au législatif, autant aux gens qui nous écoutent, parce qu'on
le sait, M. le Président... quelque
peu complexes, les régimes de
retraite, alors on peut s'enfarger rapidement puis on en perd notre latin assez facilement
aussi.
Alors,
bien entendu, toute cette concordance-là, je souhaite que, dans un futur... Aujourd'hui, on parle d'une fusion avec la
CARRA, mais je profite de passer un message au président du Conseil du trésor,
de dire : Parlez à vos caucus, parlez
au Conseil des ministres, il faudrait continuer dans cette veine-là, M. le ministre, en disant que tout travailleur au Québec devrait avoir un régime
de retraite. On sait qu'aujourd'hui on parle de plusieurs régimes de retraite,
que l'on parle de publics, les
régimes privés. Il y a beaucoup, beaucoup de régimes en ce moment qui sont en réorganisation, on devrait faire un pas de
l'avant, je ne vous dis pas «cette année», parce que je sais que, la
législation, il y a beaucoup de projets
de loi, mais, dans un futur proche, ça serait intéressant qu'on s'entente,
comme législateurs, pour dire : Chacun des Québécois et Québécoises qui
travaille à partir de l'âge de 20 ans, qui se voit rendu à l'âge de
60 ans, qui n'a pas la possibilité
d'avoir un fonds de retraite, qu'il devienne public ou non, trouvons une
manière... L'Ontario a fait des pas dans ce sens-là. Et je
pense que c'est un beau défi qu'on pourrait se donner pour les gens qui
travaillent au Québec.
Alors, sur ce, bien
entendu, nous allons appuyer le projet de loi et nous allons voter pour. Merci
beaucoup, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député de Beauharnois. Je
cède maintenant la parole à M. le député des Chutes-de-la-Chaudière pour son
intervention. M. le député.
M. Marc Picard
M.
Picard : Merci, M. le Président. Tout d'abord, j'aimerais prendre un moment pour saluer mes
collègues. Je remercie le président du Conseil du trésor de nous avoir donné à travers cette initiative
législative l'opportunité de débattre
d'enjeux touchant les régimes de retraite du
secteur public. Je salue également mon collègue député de Beauharnois et
porte-parole de l'opposition officielle en
matière de régimes de retraite ainsi que tout le personnel ayant contribué de
près ou de loin au projet de loi n° 73.
M.
le Président, les échanges ont été francs, directs. On a travaillé par blocs et
on a vidé les sujets, tout simplement. On
avait des propositions. Certaines propositions ont été acceptées, d'autres
n'ont, malheureusement, pas reçu l'aval du gouvernement, mais je pense que c'est... Ça fait depuis quelques
occasions que j'ai la chance de vous dire qu'en commission parlementaire il se fait un travail sérieux. Comme
je disais lors de mes remarques finales en commission parlementaire, il y a urgence d'agir au Québec si on veut
améliorer le sort de tous les Québécois. Donc, on doit prendre chaque minute
pour travailler correctement, et j'en remercie le ministre ainsi que le député
de Beauharnois.
Vous
savez, M. le Président, lorsqu'on a adopté le projet de loi n° 58, le
ministre du Travail avait pris l'engagement pour le gouvernement de corriger ce qui m'apparaissait, pour moi, une
aberration. La CARRA, lorsqu'elle déterminait le montant d'une pension, le montant d'une retraite, il y a des gens qui
prenaient des décisions là-dessus et qui prenaient leur retraite, qui quittaient, et par la suite la CARRA
disposait de trois ans pour réviser le calcul. Il s'ensuivait que les gens recevaient des comptes, des comptes à payer
qui pouvaient être des bons montants et surtout le fait que les gens avaient
pris la décision d'être à la retraite sur des montants erronés.
Lorsqu'on
est à la retraite, les revenus sont calculés au sou près, et les gens ne pouvaient pas... ne peuvent pas encore, non plus, revenir dire : O.K.,
j'ai pris ma retraite sur de faux... des montants erronés, plutôt — ce
n'est pas des faux montants, c'est
des montants erronés — et
on ne peut pas revenir. Ça, j'ai demandé au ministre d'avoir une certaine
ouverture. Après
une franche discussion, on a convenu que ce n'était pas nécessaire
mais qu'on ferait peut-être attention à éviter le nombre de... parce
que le ministre nous disait que le
nombre d'erreurs n'est pas si élevé que ça. Donc, ça, pour ça, pour moi,
ce bout-là, on ne l'a pas obtenu, mais je tiens à saluer que, suite à l'engagement
du ministre du Travail, le président du Conseil du trésor, oui, a accepté le
fait que, lorsqu'il y a des erreurs qui sont commises par les gens qui travaillent à la CARRA et que ce montant n'est pas
décelable par le retraité, il n'y aura plus de réclamation de faite à ces
gens-là. En fin de compte, on prend le même
principe que la Régie des rentes du Québec. Puis il faut se rappeler que le projet de loi n° 58 fusionnait les deux. Ça aurait été aberrant
qu'il y ait deux méthodes de travail. Mais je tiens à saluer l'ouverture du ministre, parce que,
dans le projet de loi n° 73, on indiquait que la date d'application de
cette mesure aurait été le 1er
janvier 2016. Après discussion, le ministre a accepté que ça soit à la date du dépôt du projet de loi, ce qui est très logique, et je vous en remercie, M. le ministre.
M. le Président, pour ce qui est des autres mesures, comme le président du Conseil du trésor indiquait tout à l'heure, ce sont des mesures qui proviennent de recommandations, de recommandations des différents comités de retraite. C'est
presque sur une base annuelle maintenant
qu'on a des projets de loi qui permettent d'ajuster nos lois aux décisions
des comités de retraite, où sont représentés les employés, l'employeur
ainsi que les retraités.
Donc, je termine
là-dessus, M. le Président, en disant, tout simplement... puis en souhaitant
que d'autres parlementaires prennent l'exemple des travaux de certaines
commissions qui fonctionnent rondement, parce qu'on n'a pas de temps à perdre au Québec. Merci M. le
Président.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député des
Chutes-de-la-Chaudière. Y a-t-il d'autres intervenants sur ce rapport de la
Commission des finances publiques?
Mise
aux voix du rapport
Sinon, le rapport de la Commission des finances
publiques portant sur le projet de loi n° 73, Loi concernant
principalement la mise en oeuvre de recommandations du comité de retraite de
certains régimes de retraite du secteur public, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Adopté. Pour la suite des choses, M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Sklavounos :
Oui. Merci, M. le Président. Je vous demanderais d'appeler l'article 24 pour la
suite, s'il vous plaît.
Projet de loi
n° 51
Adoption
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : L'article 24 de notre feuilleton.
Mme la ministre de la Justice propose l'adoption du projet de loi n° 51, Loi visant notamment à
rendre l'administration de la justice plus efficace et les amendes aux mineurs
plus dissuasives.
Je reconnais Mme la ministre de
la Justice, Procureur général de la province, et je lui cède la parole.
Mme Stéphanie Vallée
Mme Vallée :
Merci, M. le Président. Donc, c'est avec plaisir que je participe aujourd'hui à
l'étape de l'adoption du projet de
loi portant le numéro 51, projet de loi visant notamment à rendre
l'administration de la justice plus efficace et les amendes aux mineurs
plus dissuasives.
Les mesures
qui sont proposées dans le projet de loi n° 51 font suite à de nombreuses
demandes qui ont été reçues par le
ministère de la Justice au cours des dernières années. Essentiellement, ces
mesures visent à améliorer l'administration de la justice en rendant le système plus efficace, plus efficient, en
modernisant les pratiques, notamment en les adaptant aux nouvelles
technologies. C'est un projet de loi qui prévoit également une mise à jour de
certaines dispositions. Le projet de loi
vise plus précisément à modifier le Code de procédure pénale, le Code des
professions, la Loi d'interprétation, la
Loi sur la justice administrative, la Loi concernant les partenariats en
matière d'infrastructures de transport, la Loi sur la protection de la
jeunesse, la Loi sur le recours collectif et finalement la Loi sur les
tribunaux judiciaires.
En ce qui concerne le Code de procédure pénale,
les modifications qui y sont proposées visent premièrement à hausser la limite maximale des amendes qui
peuvent être imposées aux mineurs qui contreviennent aux lois, afin de rendre
ces amendes plus dissuasives. Je vais y
revenir un petit peu plus tard. Dans un deuxième temps, M. le Président, il est
proposé de rendre applicable à certaines
conditions la procédure d'instruction par défaut des poursuites pénales, qu'un
défendeur est réputé ne pas contester, ce
que l'on appelle le régime du «no contest», aux infractions constatées au moyen
d'un système de photographie automatisé. L'avènement de nouvelles technologies
nécessitait évidemment que nous modernisions
la loi afin qu'elle soit cohérente avec les nouvelles technologies qui
permettent, depuis quelques années, de transmettre par la poste les
infractions constatées par des moyens électroniques.
• (12 h 40) •
Il est
également proposé de prévoir des mesures pour soutenir et améliorer la gestion
des instances en matière pénale afin de faciliter la présentation de la preuve par la possibilité que
soit tenue une conférence préparatoire ou encore que soit désigné un
juge responsable de l'instance. Il est à noter que les solutions proposées en
matière de gestion de l'instance sont des
outils qui sont déjà connus, qui sont utilisés notamment à la chambre
criminelle de la Cour du Québec. À
l'ère où nous insistons sur une meilleure gestion des dossiers, une célérité de
traitement et une justice plus rapide, plus efficace, nous avons tenu à étendre la pratique, déjà fortement
appliquée devant les tribunaux civils et en matière criminelle, et de
l'importer pour les dossiers en matière pénale.
Concernant la
Loi sur la protection de la jeunesse, M. le Président, il est proposé que
soient transmises, sans délai, à la
SOQUIJ, la Société québécoise d'information juridique, les décisions rendues
par la Cour du Québec en matière de protection de la jeunesse pour
permettre un accès plus rapide à ces décisions une fois que celles-ci seront
caviardées, conformément à la loi. En ce
moment, ce sont les greffiers de la cour, de la Cour du Québec qui, lorsqu'ils
ne sont pas assignés, caviardent des
jugements en matière de protection de la jeunesse. Ça prend du temps, c'est
plus lent et ça ne permet pas une publication rapide des jugements.
Donc, si cette Assemblée devait adopter le présent projet de loi, les
jugements, qui prennent habituellement plusieurs semaines avant d'être rendus
accessibles, le seront dans des délais beaucoup
plus courts. L'accès à la jurisprudence, vous le conviendrez, va bonifier les
représentations devant les tribunaux et
va participer au respect des droits des enfants et évidemment à une meilleure
administration de la justice. C'est une façon, M. le Président, de rendre notre justice plus accessible que de
rendre les jugements disponibles plus rapidement.
Relativement
à la loi sur les recours collectifs, il est proposé de permettre au Fonds
d'aide aux recours collectifs d'assumer
ses frais de fonctionnement. Alors, nous avons longuement échangé sur cette
mesure, qui permettra à l'organisme d'avoir
accès à plus de 13 millions de dollars qui dorment actuellement au fonds
dédié. Et le ministère de la Justice, au moment où on se parle, doit encore puiser à même sa réserve pour
subventionner les frais de fonctionnement de l'organisme, qui, à l'heure actuelle, aurait les moyens de les
assumer. Nos échanges, évidemment, nous ont permis de bonifier le projet
de loi et nous ont
amenés à apporter un amendement qui permettra aux parlementaires d'évaluer, par
une clause de mise en oeuvre, cette
nouvelle mesure. Et là-dessus je fais un petit clin d'oeil à notre ex-collègue
Stéphane Bédard, qui tenait vraiment à assurer que cette mesure soit
prévue au projet de loi.
En ce qui concerne la Loi sur les tribunaux
judiciaires, il est proposé de permettre à la Cour d'appel de tenir
occasionnellement ses séances dans d'autres villes que celles de Montréal ou de
Québec pour favoriser notamment le rapprochement
de la cour avec les justiciables et aussi avec les procureurs qui sont un petit
peu partout en régions sur le territoire du Québec. Ça permettra aussi
aux citoyens d'avoir accès et de pouvoir participer aux débats publics et de pouvoir être dans la salle, pouvoir entendre les
représentations qui se feront; pensons à des dossiers qui ont eu des impacts
importants dans certaines régions, on n'a qu'à penser au dossier de la
pyrrhotite, par exemple. Puis je pense qu'il est impératif pour tous les membres de cette Assemblée... mais je vous
dirais, tout particulièrement en ma qualité de procureur qui a fait sa carrière en région, que tous les
citoyens aient accès à la justice, peu importe où ils se trouvent sur le
territoire du Québec, parce que
l'accès à la justice, c'est aussi ça : c'est d'être capables de pouvoir accéder
à nos services judiciaires à l'intérieur d'un rayon raisonnable.
La Cour
d'appel devrait donc pouvoir siéger en dehors des grands centres, lorsque
requis, aux conditions évidemment qui
sont déterminées par la juge en chef du Québec. Un procès qui a lieu dans une
communauté rurale en première instance et dont les faits sont survenus
dans cette localité pourrait donc se poursuivre en deuxième instance dans cette
même communauté en enlevant les contraintes
de déplacement vers Montréal ou Québec. Les témoins et les citoyens aussi qui
sont directement touchés auront un meilleur
accès à la justice. Il est également prévu de faire passer de trois ans à
quatre ans la durée de la période
d'évaluation de la rémunération des juges par un comité de la rémunération des
juges, de définir cette période
d'évaluation, d'allonger à quatre ans la durée du mandat des membres d'un tel
comité et de changer la date du début du mandat. C'est une mesure qui
s'inscrit dans les balises qui ont été déterminées par la Cour suprême du
Canada mais qui permettra au gouvernement d'économiser presque 100 000 $
par année, ce qui est non négligeable.
Il est
également proposé au projet de loi d'ajouter, aux fins des travaux d'un comité
de la rémunération des juges et du
perfectionnement des juges municipaux à titre exclusif, le nom de l'association
qui les représente. Il est aussi proposé d'ajouter à l'actuelle
composition du Conseil de la magistrature un membre qui sera nommé parmi les
juges de paix magistrats afin d'assurer leur représentativité au sein de ce
conseil.
Enfin, concernant le Code des professions et la
Loi sur la justice administrative, il est proposé notamment de prévoir que les présidents des conseils de
discipline des ordres professionnels soient assujettis à la compétence du
Conseil de la justice administrative
en ce qui concerne l'application de leur code de déontologie. Cette mesure vise
à éviter d'entacher la confiance du
public envers notre système de justice disciplinaire et répond également à une
demande des ordres professionnels et du public.
Les articles
visant le Bureau des présidents de conseils de discipline ont été mis en
vigueur l'été dernier, et depuis le
bureau est chargé du rôle d'entendre et de gérer les causes de justice
disciplinaire des membres des ordres professionnels du Québec. Nous tenions à ce que les présidents et
présidentes, maîtres de la gestion de l'instance, de la gestion de la preuve
et des rédacteurs de décision, puissent être
redevables devant le Conseil de la justice administrative. Par le fait même,
nous avons également modifié la jeune loi
traitant du bureau des conseils de discipline afin de permettre à la présidente
des présidents de gérer efficacement les
demandes de remise qui peuvent survenir préalablement, notamment, à la composition
du banc.
Finalement,
afin de nous conformer à l'arrêt Trial Lawyers, et tel que demandé par le
Barreau du Québec, nous avons ajusté notre nouveau code de procédure
civile du Québec afin que celui-ci prévoie une discrétion judiciaire sur
l'imposition des frais d'instance.
M. le
Président, avant de terminer, je tiens à m'exprimer particulièrement sur la
hausse de la limite des amendes qui
peuvent être imposées aux mineurs, car des modifications ont fait l'objet de
beaucoup de discussions, de nombreuses discussions
lors de l'étude détaillée du projet de loi. Je tiens à réitérer que ces
modifications ont été réclamées par plusieurs intervenants.
Dès
2007, l'Union des municipalités du Québec a, dans le cadre des modifications
apportées au Code de la sécurité routière, présenté une demande afin que
soient haussées les amendes pour les 16 à 18 ans, notamment au regard de l'article 233 du Code de procédure pénale.
Celui-ci prévoit que, lorsqu'un défendeur a moins de 18 ans, aucune amende
dont il est passible ne peut excéder
100 $. Il est d'ailleurs important de souligner que le montant de
100 $ avait été fixé en 1984, il
y a donc plus de 30 ans. Vous en conviendrez, M. le Président, la valeur
de 100 $ n'est plus la même 30 ans plus tard. Et par ailleurs, dans son rapport datant
d'octobre 2013, la Table québécoise de la sécurité routière, présidée par
Jean-Marie De Koninck, recommandait au
ministre de la Justice d'alors de hausser le montant maximal pour le défendeur
de moins de 18 ans en cas d'infraction
prévue au Code de la sécurité routière. La table faisait état, à l'appui de sa
demande, de certaines statistiques
qui étaient très éloquentes. En 2010, sur environ 70 000 titulaires
de permis de conduire qui avaient moins
de 18 ans, 18 000 infractions ont été commises par ce groupe
d'âge. Au cours de l'année 2010, ces jeunes titulaires de permis
ont été impliqués dans 2 746 accidents avec dommages corporels.
Enfin, en 2010, excès de vitesse, actions imprudentes
et conduite avec alcool dans le sang constituaient tout près de 60 % des
infractions commises par les moins de 18 ans, commises par notre
relève.
La
surreprésentation des jeunes dans les accidents de la route, elle est
troublante, elle est préoccupante. D'ailleurs, les modifications législatives ont été apportées au Code de la sécurité
routière notamment, notamment, M. le Président, pour transmettre un
message sévère sur le caractère hautement répréhensible d'un certain
comportement routier. Conduire, c'est un
privilège, M. le Président. En effet, en matière de vitesse au volant, le
montant des amendes a été doublé pour
les grands excès de vitesse et peut atteindre des sommes largement supérieures
à 1 000 $. De plus, les amendes pour conduite dangereuse, prenons, par exemple, le surf de véhicule, les courses
de rue, ont été haussées à un montant minimal de 1 000 $. Ceci étant dit, en ne
modifiant pas le montant d'amende maximal pour les mineurs, ces changements
législatifs n'auraient aucun impact
sur eux, alors que les excès de vitesse et la conduite dangereuse constituent
les infractions les plus commises par les jeunes. En ce qui concerne la
justification de la hausse proposée, je vous soumets que nous nous sommes largement inspirés de ce qui se fait
ailleurs au Canada. En effet, six provinces ou territoires ont fixé la limite
des amendes aux mineurs à
1 000 $. Quatre autres provinces ou territoires n'ont fixé aucune
limite, condamnant les jeunes aux mêmes amendes que les adultes.
• (12 h 50) •
Quant au
caractère dissuasif des amendes, M. le Président, je tiens à réitérer que j'ai
la sincère conviction que l'augmentation
de la peine maximale imposée aux mineurs contribuera à faire prendre conscience
aux jeunes automobilistes de la
gravité des infractions commises, de la gravité de certains comportements routiers
et je crois qu'à long terme ces amendes
plus dissuasives nous permettront d'améliorer les comportements routiers et des
statistiques qui sont troublantes, M. le Président.
En terminant,
M. le Président — je sais
que le temps est compté — je tiens à remercier les collègues de l'Assemblée qui ont participé aux travaux sur le projet de loi
n° 51. J'en profite, encore une fois, pour remercier M. Stéphane Bédard, qui a débuté l'étude du projet avec nous,
remercier ma collègue de Joliette, avec qui nous avons eu de longs échanges
notamment sur la hausse des amendes pour les
jeunes et sur l'esprit dissuasif que nous souhaitons que le projet puisse
avoir pour changer les comportements. Comme
on le mentionnait, on espère qu'aucun jeune n'aura à défrayer de telles amendes. On espère que le message porté permettra
le changement de comportement. Je tiens à remercier également le collègue de Borduas, qui nous a présenté des
amendements, amendements qui ont été retenus, qui a aussi participé aux
échanges. Parfois, les échanges amènent des amendements qui sont présentés
aussi par d'autres collègues. Donc, la Commission
des institutions a encore travaillé de façon sérieuse, de façon rigoureuse, et
je tiens à remercier les collègues pour le ton aussi dans lequel tous
ces échanges se sont déroulés.
Donc, je
remercie les collègues, les membres de la commission — je sais que plusieurs sont ici ou sont déjà
en train de travailler sur d'autres
projets de loi — mais
saluer les collègues de l'aile parlementaire, qui, eux aussi, ont collaboré
et ont contribué grandement à la bonification de ce projet de loi.
Alors, M. le
Président, je vous remercie et j'espère que nous pourrons procéder, dans les
plus brefs moments, à l'adoption du projet de loi n° 51.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, Mme la ministre de
la Justice, pour cette intervention. Je cède la parole maintenant à Mme
la députée de Joliette.
Mme Véronique Hivon
Mme
Hivon :
Merci beaucoup, M. le Président. Alors, à mon tour de prendre la parole à cette
étape finale, donc, de l'adoption du
projet de loi n° 51 visant notamment à rendre l'administration de la
justice plus efficace et les amendes aux mineurs plus dissuasives.
Alors, vous
me permettrez d'entrée de jeu de dire quelques mots sur ce sujet, qui est même
dans le titre, donc de rendre les amendes aux mineurs plus dissuasives.
C'est un fait, quand même, pas commun, mais on avait proposé un amendement au titre pour changer «plus
dissuasives» par «plus sévères», parce que, il y a une chose qui est claire,
c'est que les amendes sont rehaussées
significativement, donc, de 100 $ à maintenant 750 $, mais nous
n'avons pas eu la preuve que ça
allait avoir bel et bien un caractère dissuasif et nous ne sommes pas les seuls
à nous être posé des questions par rapport à ça. Bien sûr, mon collègue
de la deuxième opposition, mais aussi la Commission des droits, le Barreau du Québec, le Regroupement des organismes de justice
alternative ont tous soulevé cette question. Nous ne demandions qu'à être convaincus, mais, malheureusement, il n'y a
pas d'étude qui nous a été déposée pour vraiment venir établir que cette
hausse très significative... parce que — petit aparté, M. le Président — tout le monde était d'accord pour dire que,
oui, le 100 $, le quantum qui
avait été fixé dans les années 80, devait être mis à jour, donc actualisé,
mais, si on l'actualisait, ça nous
amenait à un montant autour de 225 $, ce qui est quand même très loin du
750 $, où ça s'est finalement terminé.
Donc, tout ce
qu'on demandait à la ministre, dans un premier temps, c'était de justifier
pourquoi d'abord on était dans une logique de dissuasion, alors que
généralement, dans la justice pour les mineurs, on est dans un processus de prévention et de réhabilitation et, dans un
deuxième temps, si c'était effectivement l'objectif, de nous prouver que ça
allait bel et bien produire ces
résultats-là. Et, malheureusement, alors que des dizaines d'études existent
pour dire qu'il n'y a pas de lien
direct entre augmenter, donc, des mesures et les rendre plus sévères, et
augmenter notamment des amendes et le changement de comportement, on n'a
pas eu aucune étude qui nous a été soumise à l'effet inverse, comme quoi cela viendrait en soi changer la logique des choses et
faire en sorte de réduire les infractions. Évidemment, nous partageons tous et toutes cet objectif. Nous sommes tous très
inquiets par le nombre important d'infractions commises par des mineurs.
Et tout ce que nous souhaitons, c'est que ce
soient les meilleures mesures qui soient mises de l'avant. Alors, à cet
égard-là, on n'a pas,
malheureusement, pu être convaincus et nous allons suivre, évidemment très
attentivement, ce qui va arriver,
parce qu'on n'a pas non plus fourni à la commission des études sur ce qui s'était
passé dans les autres provinces où il
y a eu, là, un rehaussement de ces amendes. Donc, on est vraiment
dans le néant quant à savoir ce qui peut être anticipé par rapport à ça. Et, quand on fait un changement aussi substantiel, on aurait
demandé, on aurait souhaité pouvoir être convaincus et avoir de telles
études.
Mais, heureusement, il y a des mesures très intéressantes dans ce projet de loi omnibus. La ministre a fait mention de l'ensemble des mesures qui y sont mises de l'avant. On peut notamment
penser à toute la question de l'accessibilité
améliorée à la justice par notamment
le fait que la Cour d'appel va pouvoir siéger dans différents lieux. On peut
penser aussi au
fait que le travail pour la rémunération des juges va maintenant se faire sur une
période de quatre années plutôt que
trois ans. On sait que c'est quelque
chose qui revenait souvent. Donc, je
pense que ça va être une avancée. Pour ce qui est du caviardage, je pense aussi des
décisions que ça
va être un plus; plus efficace de
passer par la SOQUIJ. Je remercie la ministre
d'avoir accepté finalement l'amendement qui était proposé par mon collègue l'ancien député de
Chicoutimi en ce qui concerne
le Fonds d'aide aux recours collectifs pour qu'il y ait une mesure pour venir, donc,
valider et voir comment ce changement-là,
pour s'approprier une partie des fonds pour le fonctionnement, va avoir été
appliqué et quels résultats ça va donner. Et aussi peut-être mentionner la possibilité pour les personnes, donc, dans le Code de procédure civile, qui n'auraient pas les moyens, qui, pour
différentes raisons, ne pourraient pas, donc, venir payer les frais relatifs
aux jours d'audience, ce qui est une
nouveauté avec le nouveau Code de procédure civile, de pouvoir en être
exonérées — je
pense que c'est aussi une manière de montrer un respect et une volonté de
permettre une certaine différenciation et peut-être aussi un meilleur accès à la justice — et,
en matière de lois professionnelles, d'ordres professionnels, bien sûr, cette
nouveauté que les conseils de discipline, les présidents des conseils de
discipline vont désormais être assujettis au Conseil de la justice
administrative, ce qui va bien sûr
être une avancée pour tout ce qui regarde le respect de la justice
professionnelle.
Donc, en
terminant, je veux aussi remercier toutes les personnes qui ont contribué aux
travaux : la ministre; toute son
équipe de son cabinet, du ministère; mon collègue le député de Borduas;
l'ensemble des collègues de la commission; le personnel de la commission. Et un mot, bien sûr, pour mon collègue
l'ancien député de Chicoutimi, Stéphane Bédard, qu'on peut maintenant appeler par son nom, qui, tout au fil de sa
carrière politique, a toujours été très,
très près des dossiers en matière de justice, a contribué significativement à bon nombre de lois dans le
domaine de la justice et qui, encore pour celle-là, aura permis des
bonifications importantes du projet de loi. Je vous remercie, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, Mme la
députée de Joliette.
Je regarde l'heure, et il vous reste
à peine une minute, M. le député de Borduas, à moins qu'il
y ait consentement pour dépasser
l'heure ou à moins que vous souhaitiez revenir. Une indication, M. le
leader?
M.
Sklavounos : ...au
tout début de son intervention. Je vais vous dire qu'on est mieux de suspendre
et recommencer par la suite.
Une voix : ...
M.
Sklavounos : Oui.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, compte
tenu de l'heure et afin de permettre,
cet après-midi, le débat sur
une affaire inscrite par les députés de l'opposition, je vais ajourner le
débat...
M.
Sklavounos : Vous
avez une intervention de cinq minutes?
Une voix : ...
M.
Sklavounos : On va
suspendre, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Suspendre. Très bien. Alors, je vais ajourner les travaux sur le projet de loi n° 51,
et je vais suspendre les travaux de l'Assemblée jusqu'à 15 heures afin de permettre le débat sur les
affaires inscrites par les députés de l'opposition.
(Suspension de la séance à 12 h 59)
(Reprise à 15 h 2)
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, bon après-midi à tous et toutes. Vous pouvez prendre place,
et nous allons poursuivre nos travaux.
Affaires inscrites par
les députés de l'opposition
Motion proposant
l'adoption du
principe du projet de loi n° 393
Et nous en
sommes aux affaires inscrites par les députés de l'opposition, et, à l'article 57
du feuilleton, M. le
député de l'opposition, M. le député de Deux-Montagnes, présente la
motion suivante :
«Que le
principe du projet de loi n° 393, Loi encadrant la nomination de certains
titulaires d'emplois supérieurs et uniformisant certains aspects de la
nomination des juges et décideurs administratifs, soit adopté.»
Alors, nous
allons donc reprendre le débat sur l'adoption du principe du projet de loi n° 393, qui avait été entrepris le
11 juin dernier. Les temps de parole seront ceux normalement prévus pour
les adoptions de principe.
Et je vais maintenant céder la
parole à M. le député de Deux-Montagnes, puisque je comprends qu'il y a
consentement pour lui permettre d'intervenir, même s'il s'est déjà
exprimé en juin dernier. Alors, M. le député, la parole est à vous.
M. Benoit Charette
M.
Charette : Merci, Mme la Présidente. Et peut-être y aller, d'entrée de
jeu, de remerciements parce que, vous l'avez
mentionné, ce n'est pas la première occasion que nous avons de parler du
principe de ce projet de loi, qui a été déposé il y a quelques mois maintenant, et nos règlements... ou notre règlement
stipule bien qu'on ne peut pas parler plus qu'une fois, et c'est ma deuxième, donc, oui, une mesure
d'exception. Donc, je vous remercie, Mme la Présidente, de me permettre de prendre la parole de nouveau. Merci également
au gouvernement et à l'opposition officielle pour leur consentement.
Et pourquoi je
trouvais important de reprendre la parole quelques instants cet après-midi?
Tout simplement parce que ça fait plusieurs
mois, justement, qu'on a eu l'occasion de s'en parler, et on a une belle
occasion aujourd'hui d'approfondir le sujet. Et, avant de vous parler de
mon projet de loi en particulier, celui déposé par la coalition il y a quelques mois — et je rappelle le sujet, naturellement — sur les nominations partisanes, je vous
ferais juste faire un petit retour en
arrière encore tout récent au niveau de la Coalition avenir Québec. Non pas le
week-end dernier, mais le précédent, on a eu l'occasion de réunir plusieurs centaines de nos membres pour
discuter et adopter une série de propositions. Oui, dans les médias, on a surtout entendu parler du
dévoilement de notre positionnement nationaliste à la coalition, et on aura
l'occasion d'en reparler très certainement
au cours des prochains mois, mais on a eu aussi, le samedi, l'occasion
d'étudier de façon très studieuse un
cahier de propositions qui contenait tout près d'une trentaine de propositions
qui avaient un coeur commun, qui
avaient une intention commune, c'était de moderniser, c'est-à-dire, nos institutions démocratiques. Et la plupart des propositions ont engendré des débats, ma foi, drôlement intéressants, et c'était intéressant, sinon motivant pour nous, de la coalition,
de voir à quel point les militants étaient intéressés par ces dossiers.
Il
y a eu, naturellement, des discussions
sur le mode de scrutin, sur les élections à date fixe, mais, à travers toutes
ces discussions-là, ce que nos militants
nous disaient... et je suis à peu près certain que le même type de discours
peut se retrouver également dans des
activités partisanes du Parti libéral, sinon du Parti québécois, sinon de
Québec solidaire, mais ce que nous
disaient nos militants, à l'instar d'un bon nombre de citoyens, c'est :
Trouvez donc le moyen de travailler ensemble
à l'Assemblée nationale de sorte que l'on puisse arriver à des résultats plus
intéressants, de sorte qu'on puisse avoir une image différente de
l'Assemblée nationale.
Donc,
il y a plusieurs de nos propositions adoptées qui feront partie, naturellement,
d'un éventuel programme de la Coalition
avenir Québec, mais notre souhait aujourd'hui serait que certaines de ces idées
puissent se percoler et trouver à leur pleine action dès la présente législature,
c'est bien certain.
Et
une des propositions qui a fait l'objet de beaux débats — non pas parce qu'on remettait en question
l'idée, mais parce qu'on insistait
sur l'importance d'arriver à ce type de conclusion là — c'était de permettre à des partis
d'opposition de voir leurs projets de
loi non seulement étudiés, mais ultimement être adoptés aussi. Donc, grosso
modo, ce que ça laissait entendre, c'est qu'on demandait au gouvernement
de permettre à ces projets de loi de cheminer jusqu'à la toute fin. Et ce type d'idée là, il n'est pas propre à la
Coalition avenir Québec, ce n'est pas propre à la réalité du Québec non plus.
Dans bon nombre de Parlements, c'est
effectivement ce qui se produit et d'aucune façon on ne peut prétendre que
notre régime parlementaire de type
britannique est un frein à ce type d'ouverture aux projets de loi de
l'opposition. On a juste à regarder
du côté d'Ottawa, notamment, où un certain nombre de projets de loi de
l'opposition, par tirage au sort, sont appelés
pour étude et ultimement pour adoption. Il y a des projets de loi à Ottawa qui
sont adoptés qui sont le fruit de partis de l'opposition.
Bref,
c'est un beau week-end qu'on a connu au niveau de la Coalition avenir Québec,
et ce type d'idée là, bien, ma foi,
on ne se donne pas de droits d'auteur là-dessus. En clair, ce que ça veut
dire : si on peut avoir ce type de collaboration avec le gouvernement, ce serait plus que
souhaitable. Et, déjà, il y a eu des petits échos favorables. Si on regarde, au
cours des derniers mois, il y a eu
effectivement un projet de loi de l'opposition qui a été adopté, celui de
l'opposition officielle pour ce qui
est de Nelson Mandela. Je sais que Québec solidaire a aussi un projet de loi
qui chemine, mais en même temps il ne faut pas s'arrêter au principe.
Aujourd'hui,
c'est l'étape que l'on poursuit, mais on va souhaiter, ultimement, que l'on
puisse faire cheminer nos projets de
loi plus loin que la seule étape du principe. Et, par rapport à notre projet de
loi comme tel — j'aurai
l'occasion d'y revenir — on l'a dit dès le départ, il est
perfectible. Donc, on a mis sur la table un projet de loi qui a été validé par
les services juridiques, notamment,
de l'Assemblée nationale, mais ça ne veut pas dire qu'il n'est pas perfectible,
ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas
des ajouts qui peuvent être faits, mais c'est ce à quoi sert, justement,
l'étude d'un projet de loi en autant qu'on se rende à l'étape de l'étude
article par article.
Et,
pour ce qui est de la collaboration, ce qui me laisse entendre qu'elle est
possible... parce que, dans tout le débat sur les nominations partisanes, il y avait, oui, naturellement, un
projet de loi, mais il y a eu des discussions aussi avec le leader du gouvernement. Et je le dis d'emblée et
sans aucune gêne : J'étais bien content de son point de presse — et je fais référence au leader du gouvernement. Pas plus tard que la semaine
dernière, le 11 novembre, il y a eu un point de presse de la part du leader du gouvernement au niveau du
processus de nomination de certains postes, qui, dorénavant, va faire
appel à un plus grand... comment dirais-je, à une plus grande transparence. Et
on le salue parce que ça faisait partie, justement,
de nos échanges avec le leader du gouvernement. Ça démontre une chose :
lorsque la volonté y est, il y a possibilité, effectivement, de faire
adopter des idées ou des projets de loi qui émanent de l'opposition.
• (15 h 10) •
Donc, je salue non seulement le geste, parce
qu'il y a eu une décision qui a été prise, mais le fait qu'on nous reconnaisse une certaine non pas paternité, mais,
à tout le moins, reconnaître qu'on a fait partie du processus d'échange
et de réflexion, on a apprécié le geste, et je le souligne, aujourd'hui,
d'entrée de jeu.
Pour ce qui est de notre
propre projet de loi maintenant, on a eu l'occasion d'en discuter en juin
dernier. Je le réitérais tout à l'heure, on
parle uniquement de l'adoption du principe. Donc, en fin de journée
aujourd'hui, on ne sera pas en mesure
de décréter une façon différente de procéder aux nominations partisanes, mais,
à tout le moins, si on peut faire cheminer le gouvernement sur les
étapes à venir, ce serait apprécié.
Et, parce que
ça date de quelques mois, je me permets de le résumer. Ça peut paraître un
petit peu fastidieux, là, mais je vous fais une petite lecture qui résume la
nature de notre projet de loi. Éventuellement, ce qu'il permettrait, ce serait la mise en place d'un processus qui
prévoirait des consultations auprès d'un comité formé par la Commission de
l'administration publique et de la Commission de la fonction publique pour les
nominations à des emplois supérieurs comme le secrétaire général du Conseil
exécutif, le secrétaire du Conseil du trésor, certains sous-ministres, les
sous-ministres associés et adjoints dans certains cas, le grand patron de
l'informatique.
Donc, on se
référerait à une commission, un comité, et, encore une fois, et c'est important
de le rappeler, ce ne sont pas des idées qui sortent de nulle part, c'est une
pratique qui se vit dans bon nombre de Parlements. J'ai souvenir, et régulièrement on voit, du côté des États-Unis,
par exemple, à la veille de procéder ou de confirmer la nomination d'un titulaire d'une responsabilité publique, il y a
une possibilité d'échange, à travers un comité, pour voir un petit peu le
profil du candidat ou de la
candidate, les motivations, les orientations que souhaiterait donner cette
personne à la fonction qu'il est sur
le point d'occuper. Je parle des États-Unis; pareil processus, dans certains
cas, se vit aussi sur le côté du Parlement à Ottawa. Je me souviens, lorsque le dernier Vérificateur général a été
nommé, il a d'abord été entendu en comité pour voir un petit peu quelles étaient ses orientations et,
à chacune des fois, ce n'est pas dans l'optique de remettre en question la
proposition qui est faite de la part de l'exécutif, mais de valider un petit
peu la nature de la collaboration à venir.
Donc, c'est
un des éléments. Et, dans certains autres cas, le projet de loi que l'on a
déposé propose aussi qu'il y ait des
votes qui soient tenus, à l'Assemblée nationale, au deux tiers des membres.
C'est le cas pour certaines fonctions déjà, actuellement, mais on
aimerait l'étendre à d'autres fonctions également pour encore une fois parvenir
à un degré de transparence qui soit encore plus grand au niveau de notre
Assemblée nationale.
Je sais que, pas plus tard qu'il y a quelques
jours, on a eu ce même débat pour le grand patron de l'UPAC, en quelque sorte. Ça pourrait être une belle occasion
de valider une fonction et surtout, une fois la personne nommée, lui conférer la légitimité nécessaire pour bien
opérer. Ces personnes qui détiennent des responsabilités importantes pourront,
après, dire ceci : J'ai l'appui et la
légitimité nécessaires, étant donné que deux tiers des députés de l'Assemblée
nationale ont cautionné mon entrée en fonction.
Il y a
également un processus qui déterminerait, dans l'éventualité de l'adoption du
projet de loi, des périodes maximales
de fonction pour certaines fonctions. Il y aurait aussi un interdit qui serait
prononcé, sauf urgence ou motif raisonnable, pour une nomination ou un
renouvellement qui serait effectué dans les 60 jours précédant le décret...
c'est-à-dire la prise d'un décret ordonnant la tenue d'une élection générale.
Ça, c'est intéressant parce que c'est une modalité
maintenant qui est rendue possible avec le principe des élections à date fixe.
La beauté de la chose, on sait quand un
mandat se termine, donc on pourrait cautionner une démarche qui préciserait les
modalités d'entrée en fonction pour une
nouvelle personne à la veille ou au lendemain d'une élection, et aussi on
régulariserait, à travers le projet de loi, la notion d'allocation de transition ou indemnité de départ lorsqu'une
personne démissionne ou accepte une autre fonction. Bref, c'est un projet de loi qui est assez complet.
Je le disais d'entrée de jeu, il est perfectible. Et pourquoi j'insiste sur cet élément? Depuis son dépôt, à
chacune des fois où le débat s'est
tenu ici, à l'Assemblée, ou d'autres commentaires ont été faits à l'extérieur, que ce soit en point de
presse, on semblait lui reprocher soit l'absence de mention par rapport à telle ou telle fonction. On a questionné de façon bien correcte et de façon très légitime aussi
la constitutionnalité de certains éléments du projet de loi, on a demandé
ou on a questionné le projet de loi à savoir est-ce qu'il ne remettrait pas en
cause les privilèges ou les prérogatives de l'exécutif
dans l'application de ce projet de
loi. Donc, ce sont des questions
qui sont pertinentes. De notre côté, au
niveau de la coalition, on a l'intime
conviction de répondre au niveau légal à
tout le moins aux standards qui sont
requis, mais ce sont des questions qui peuvent être discutées uniquement
à travers une étude approfondie.
Tout à l'heure, je saluais la permission qui m'est donnée de prendre de nouveau la
parole cet après-midi. Je salue aussi
l'ouverture du gouvernement de nous permettre d'en discuter le principe, mais
on ne peut d'aucune façon s'arrêter à cette
étape-ci. On ne ferait pas avancer le débat, et la question
des nominations partisanes resterait entière si on devait s'arrêter là.
Et je ne souhaite pas passer en revue tout ce qui s'est dit au cours des
dernières années au niveau des nominations partisanes et pas plus taxer une formation
politique plutôt qu'une autre d'avoir eu recours à ce type de nomination, mais n'empêche que c'est une pratique
qui est courante depuis des années, toute formation politique qui a
occupé le pouvoir y a eu recours. Et je ne
veux pas entrer dans le débat à savoir quelle formation y en a eu recours plus
qu'une autre, ce serait tout simplement stérile comme débat, mais ce qu'il faut se dire, par contre,
c'est que ce débat-là nous donne une
bien mauvaise image comme institution,
ce débat-là fait en sorte... On parle toujours du cynisme. Il faut le reconnaître, il est présent. Mais ce type de
nomination là, à chacune des fois, fait mal paraître les élus. Et, bien souvent,
ce qui est malheureux, c'est que ça vient
discréditer une personne qui peut malgré tout avoir totalement, mais totalement
les compétences pour l'emploi. Donc, on a, à
travers ce type de débat là, une mauvaise perception ou une prise, en quelque
sorte, contre la pratique elle-même et contre l'individu, qui peut dans
certains cas avoir les compétences et le talent nécessaires pour très bien s'acquitter de cette fonction, d'où
l'importance de faire en sorte qu'on ait un processus clair de
nomination.
Et, à ce niveau-là, je ne sais pas si les
collègues qui vont intervenir vont reprendre essentiellement les mêmes arguments que ceux déjà entendus. On a discuté
même la notion de nomination partisane. On fait tous de la partisanerie,
on est associés à une couleur politique, on
la défend généralement bien chacun, peu importe le parti que l'on représente.
Donc, la partisanerie, en soi, n'est pas
mauvaise, elle n'est pas condamnable non plus. Ce qu'il faut se dire, par
contre, c'est
qu'il y a des nominations qui laissent entendre que la personne, elle est
choisie uniquement à cause d'une appartenance passée ou actuelle à une
formation politique, et c'est ce qui fait mal.
Et,
au lendemain d'une élection, c'est de voir à quel point le roulement dans des
fonctions importantes est élevé. Moi, je m'interroge et je ne veux pas
prêter d'intentions, mais, lorsqu'il y a eu élection, en 2012, le gouvernement nouvellement élu, une des premières décisions
qu'il a pu prendre, c'est changer la haute direction de la Sûreté du Québec.
Il y a eu élection quelques mois plus tard,
donc en 2014, et cette même haute direction a aussitôt été changée. Je ne
prétends... Je ne veux pas prêter
d'intentions à quiconque, mais, si une fonction, selon nous, à la Coalition
avenir Québec, doit être indépendante,
c'est bien celle de la haute direction d'un corps de police, on ne peut pas
imaginer que ce type de fonction là soit
conditionné à l'appartenance à une formation politique. C'est un exemple qui me
vient à l'esprit, il y en aurait bien d'autres, mais, encore une fois,
je ne veux pas faire la nomenclature.
• (15 h 20) •
Cependant,
il y a certains journalistes, par le passé, qui ont fait une étude des coûts de
cette façon de faire là, et, à chacune
des fois, au lendemain de chaque élection, le fait qu'on nomme une série, on
parle de centaines, sinon... ou... en fait,
oui, réellement de centaines de personnes... Lorsqu'on additionne ce que ça
représente comme coûts en termes de pénalité,
en termes de primes à verser, on parle de plusieurs millions de dollars. Donc,
non seulement c'est une pratique qui,
en termes d'image, nous fait payer un prix bien lourd comme élus, c'est aussi
une pratique qui, en termes de coûts, en
termes de deniers publics, qui est excessivement difficile à assumer lorsqu'on
a aussi, comme mandat comme élus, de bien gérer, de bien administrer les
fonds publics.
Donc,
c'est réellement un changement de culture qui est appelé à travers ce projet de
loi là, ça touche un certain nombre
de fonctions. Je ne veux pas les passer en revue, parce qu'uniquement leur
lecture me prendrait plusieurs minutes, mais, dans les annexes du projet
de loi, on retrouve différentes catégories d'emploi. Dans certains cas, ce
seraient des emplois qui seraient assujettis
à une audition en comité, comme je le mentionnais précédemment. Dans d'autres
cas, ce sont des emplois qui seraient tout simplement appelés à être
votés par... des nominations qui seraient appelées à être entérinées par des
votes ici, à l'Assemblée nationale. Donc, ce n'est pas un tout. Toute
nomination ne passerait pas forcément par le
même processus, donc il y a réellement un travail d'analyse qui a été fait de
façon sérieuse de notre côté et, encore une fois, appuyé par les
juristes de l'Assemblée nationale. Donc, ce n'est pas pure invention de notre
part.
Et,
à ce niveau, je dois aussi remercier le travail qui a été fait par des experts.
Il y a eu, par les gouvernements précédents,
des analyses demandées sur ces questions, tant au niveau des juges
administratifs qu'au niveau des nominations partisanes. Il y a deux importants rapports qui ont été commandés à ce
niveau-là, les rapports Noreau et Perrault, notamment, et ce sont des rapports qui sont bien documentés,
qui ont été dûment déposés auprès des gouvernements passés qui les ont commandés. On ne parle pas de rapports, là, qui
datent de plusieurs années, on parle de rapports qui ont été déposés au
cours des toutes dernières années, donc qui sont encore bien actuels.
Donc,
la plupart des recommandations que nous faisons sont issues de ces rapports. Et
je souhaite seulement qu'elles ne
soient pas, à terme, tablettées de façon définitive. Donc, il y a des bases
solides à ce qui a été déposé de notre côté, ce sont des rapports, encore une fois, qui sont actuels. Donc, pour la
suite des choses, ce que je nous demande, c'est : Permettons de poursuivre le débat en commission parlementaire
pour le parfaire, ce projet de loi là. Et ultimement ce ne sera pas un projet de loi dont la seule paternité va revenir à
la Coalition avenir Québec, mais ce sera un projet de loi qui pourrait devenir
force de loi et qui pourrait avoir force de
loi à travers un travail collectif émanant de chacune des formations
politiques.
Donc,
compte tenu, Mme la Présidente, que vous avez déjà été très généreuse en me
laissant parler une seconde fois, je
n'abuserai pas de mon temps de parole. Et je suis tout simplement curieux
d'entendre ce que les autres collègues diront
au cours des prochaines minutes. Et, encore une fois, je nous invite tous à
travailler de façon collégiale pour faire avancer ce projet de loi là.
Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup, M. le député
de Deux-Montagnes. Et maintenant à mon tour de céder la parole à M. le
leader du gouvernement, qui, lui aussi, est intervenu en juin dernier, mais,
avec consentement, on peut tout. Alors, vous pouvez prendre la parole encore
aujourd'hui, M. le leader.
M. Jean-Marc Fournier
M.
Fournier : Merci, Mme la Présidente. Tout d'abord, je veux
placer un peu le contexte qui nous permet de continuer l'étude de
principe du projet de loi n° 393, principe qui a été amorcé le
11 juin 2015. Je rappelle une entente qui est intervenue entre le leader de la deuxième opposition et moi-même, qui se
plaçait dans des ententes multiples, je dirais, ententes que nous avions convenues aussi avec Québec solidaire sur un
projet de loi de la députée de Gouin concernant les aînés, une question de logement, pour lequel, d'ailleurs, en ce
moment, nous sommes à l'étape de l'étude article par article. Il y avait
aussi le député de Bourget qui avait un projet de loi concernant Nelson
Mandela.
Dans le cas du projet de loi n° 393, et
je reviendrai tantôt sur les éléments de substance du projet de loi et sur son principe même,
nous avions convenu que nous prendrions du temps sur l'agenda gouvernemental, ce qui est d'ailleurs
le cas que nous avons fait pour le projet de loi de la députée de Gouin et
celui de Bourget, c'est-à-dire sur le temps gouvernemental, où on a pu
l'octroyer à l'opposition.
Nous
avons convenu avec la deuxième opposition de faire la même chose en souhaitant
qu'ils puissent à leur tour utiliser
le temps dévolu aux oppositions pour faire l'étude des projets de loi, parce
que, mon collègue a raison, dans d'autres Parlements, on procède ainsi à
une période prévue à l'opposition pour faire avancer ses projets de loi. On
l'oublie, Mme la Présidente, mais c'est le
mercredi après-midi, ici, à l'Assemblée, tous les mercredis après-midi qu'on
peut faire cela.
Est-ce qu'on a assez du mercredi après-midi? Ça,
c'est une autre chose. Est-ce qu'on pourrait en faire plus? Moi, je crois que oui, mais là ça devient toute
une question de notre agenda. On a eu une rencontre, d'ailleurs présidée
par la présidence,
avec les leaders, sur comment on pouvait prévoir, dans notre horaire, d'avoir
du temps pour faire cela, considérant
que, maintenant, même si notre règlement ne prévoit pas de consultations ni
particulières ni générales dans l'adoption
des projets de loi, maintenant il y en a sur tous nos projets de loi. Et,
lorsqu'on constate le temps dévolu aux consultations,
on s'aperçoit qu'il y a là peut-être une mine de temps, un potentiel de temps
pour trouver d'autres périodes, dans la semaine, pour étudier les
projets de loi de l'opposition.
Mais
je reconnais et j'apprécie le geste que fait la deuxième opposition, en
disant : Nous savons que le mercredi après-midi, c'est le temps de l'opposition. Nous savons que nous pouvons
faire des motions, mais nous savons que nous pouvons aussi faire avancer les projets de loi. Et je pense que c'est
une des vertus de notre règlement, c'est d'utiliser le temps qui nous est dévolu pour faire avancer les
projets de loi, si on croit qu'il faut les faire avancer, comme la deuxième
opposition le fait en utilisant ce temps-là.
Et c'est pourquoi je vais m'attarder à faire l'étude sérieuse du principe de ce
projet de loi, parce que je crois et je veux
encourager le fait que l'opposition utilise le temps dévolu à une de ses
priorités. Elle a établi cette priorité-là, elle dit : J'ai mon
temps, je vais le faire. Et je crois qu'il faut reconnaître cela.
Ceci
étant, accompagnant tout ça, il y a une question... une nomination, là, dans ce
projet de loi là et, lorsque nous avons
eu nos discussions, il y avait un des éléments sur lequel, à force de discuter,
on a fini par comprendre quel était un terrain
d'entente que nous pouvions trouver : c'était celui de la possibilité,
pour des citoyens, à l'égard de postes qui sont nommés par l'Assemblée nationale, qui sont choisis aux deux tiers par
l'Assemblée nationale, que des citoyens puissent aussi lever la main pour dire : Moi, ça m'intéresse. Évidemment, étant entendu que, pour qu'ils puissent faire l'objet
d'une motion pour être nommés, les
gens qui ont des compétences pour le faire, ça va de soi... Mais, ceci étant,
nous avons donc convenu que nous pourrions faire quelque chose à cet
égard.
Et
effectivement, la semaine dernière, je dévoilais, dans le fond, la nouvelle procédure qui permettait à pourvoir différents
postes de l'Assemblée : le Commissaire à l'éthique et à la déontologie, le
Commissaire au lobbyisme, la Commission de
la fonction publique, la commission des droits de la personne et de la jeunesse,
le Directeur général des élections,
le Protecteur du citoyen, le Vérificateur général... En fait, l'objectif ici,
c'est de... Enfin, ce qui est amené, c'est de dévoiler, sur les sites Internet, différents postes et, sur celui des
emplois supérieurs, la capacité pour les citoyens de s'inscrire, de dire qu'ils veulent le faire. Donc,
six mois avant un poste à renouveler ou qui est échu, on appelle donc les gens.
J'en
profite pour faire un aparté, parce que je crois que la question se pose. Je l'ai dit lors de la conférence de presse,
mais avouons que, lorsque nous faisons des choses avec un certain consensus, à
moins d'avoir un aspect théâtral particulier
qui émeut, je le sais, le leader de
la deuxième l'opposition, où, là, il
y a une couverture de presse un peu
plus importante, il arrive que, lorsque les sujets ne sont pas problématiques,
c'est un peu moins couvert.
Alors,
je tiens à le dire que cela ne veut pas dire, parce qu'on arrive à six mois de
l'échéance, cela ne veut pas dire que
la personne qui est en fonction ne sera pas renouvelée; cela veut simplement
dire que le mandat se poursuit. Arrive un
moment où il se termine, il peut y avoir un droit au renouvellement et il peut
arriver, le renouvellement, mais c'est un éclairage d'un ensemble d'autres candidatures qui ont aussi été faites.
Alors donc, le fait que, six mois avant, on puisse s'inscrire ne
signifie pas qu'on ne continue pas un mandat déjà atteint.
• (15 h 30) •
Alors
donc, simplement pour dire que le débat que nous avons aujourd'hui
s'inscrit, je crois pouvoir le dire et je le dis... je ne crois pas, je le dis : À mon avis, il y a déjà eu
des avancées. C'est-à-dire qu'on a déjà permis, dans le temps législatif du gouvernement, d'entendre des projets
de loi de l'opposition. Il est déjà arrivé que, dans le temps dévolu à l'opposition, on amène un projet de loi de l'opposition. Mais qu'on voie un tel nombre de projets de loi de l'opposition, que
nous faisions des annonces, je le dis, en donnant le crédit à la deuxième
opposition, comme je l'ai fait, il me semble qu'en termes de parlementarisme
jusqu'à un certain point partenaire... je crois qu'on est dans un mouvement
historique. Et je sais que les mots peuvent être forts parfois, mais j'aimerais
bien que quelqu'un puisse me dire la dernière fois qu'il y a eu une période de partenariat aussi développée, là, entre
parlementaires. Je ne demande pas mieux que de dire que mon mot «historique» était trop fort, mais je
demande à quelqu'un de faire la recherche. Je crois que nous sommes en train d'établir quand même des avancées qui
sont intéressantes. Alors, voilà pour le contexte dans lequel cela se place
aujourd'hui.
On
est à l'étude du principe. Notre collègue de Deux-Montagnes souhaite — et je ne lui en veux pas, c'est bien normal — que nous puissions procéder à une étude
article par article. Encore faudrait-il que nous convenions du principe.
Et là c'est là qu'est la difficulté parfois.
Est-ce qu'on est d'accord avec le principe? Alors, le projet de loi, tel que
moi, je le vois, est un projet de loi
qui — et je
l'ai déjà dit d'ailleurs, donc ce n'est pas une surprise — porte atteinte à la séparation des pouvoirs et qui repousse les meilleures
candidatures pour les postes les plus importants. Alors, le principe de ce
projet de loi pour lequel on m'invite
à voter sous prétexte que nous pourrons ainsi l'améliorer a en son coeur une
problématique pour moi.
Alors,
je suis un peu pris. Comment mon côté partenaire, qui m'amènerait à ouvrir
cette période-là, peut être fait, alors
qu'il faudrait que je vote contre ma volonté fondamentale, qui est de
dire : Il faut quand même faire quelque chose en quoi je crois? Est-ce que je devrais porter
atteinte à la séparation des pouvoirs ou est-ce que je devrais créer un système
où les meilleures candidatures ne pourront pas se présenter pour les postes les
plus importants? Vous voyez un peu la difficulté
dans laquelle je suis. Mais, Mme la Présidente, je vais faire comme d'habitude,
je vais suivre mes convictions et je
vais essayer de m'en tenir à influencer peut-être la prochaine rédaction d'un
projet de loi de la part de la deuxième opposition.
Je parlais de porter
atteinte à la séparation des pouvoirs, Mme la Présidente. Il y a évidemment le
pouvoir judiciaire qui est mis en cause. Je
ne m'y attarderai pas trop, parce que j'ai déjà abordé la question, d'ailleurs
dans une réponse aussi que j'avais
faite au député de Deux-Montagnes. Permettez-moi de vous rappeler le chapitre
II du projet de loi n° 393. Ça
s'appelle «Juge et décideur administratifs». On est pas mal
dans le domaine judiciaire, Mme la Présidente. L'article 23 : «Une nomination effectuée en vertu du présent
chapitre est d'une durée de quatre ans. Elle peut être renouvelée une
seule fois, pour la même durée.»
Lorsqu'on est en train de dire que des
postes de juge ou de décideur, qui se qualifient dans les mêmes fonctions
quasi judiciaires, Mme la Présidente, sont
nommés pour quatre ans, nous sommes en fait en train de porter atteinte à un
des éléments les plus importants de leur indépendance : l'inamovibilité,
au coeur de notre système, reconnue par la Cour
suprême, qui rappelle l'exigence constitutionnelle d'indépendance de la
fonction judiciaire, qui en reconnaît un aspect essentiel du principe de la primauté du droit, tel qu'énoncé dans le
préambule de la Charte des droits et libertés. Vous comprendrez que,
puisque c'est un des éléments principe de ce projet de loi, c'est difficile de
voter en sa faveur.
Évidemment,
l'indépendance postule que les tribunaux, comme institution, les juges,
individuellement, doivent être à
l'abri de toute influence. Évidemment, s'ils sont soumis à un potentiel
renouvellement ou non-renouvellement, on voit bien que leur indépendance
est mise à mal.
Et, dans ce
contexte-là — et
je ne m'y attarderai pas plus que ça, sur cet aspect, parce que je l'ai déjà abordé — il y a évidemment un élément fondamental
d'inconstitutionnalité inscrit dans cet élément-là. Mais si ce n'était que cela! Je crois qu'on a là un exemple de ce que
vise le projet de loi, c'est-à-dire que le législatif... Et j'ai beaucoup
de respect pour le législatif, j'en suis
même membre depuis quelques années, et j'y suis bien et bien à l'aise, mais je
crois bien qu'il y a une limite à ce
que le législatif peut faire. Et, dans ce projet de loi, le législatif, qui
s'exprime avec un peu de regret de ne
pas avoir formé l'Exécutif, se dit : Comment pourrais-je donc pouvoir y
être un peu? Et, ayant décidé cela, et je vais revenir sur l'atteinte à
l'Exécutif, on se dit : Si bien lancé, pourquoi ne pas aussi aller dans le
judiciaire? Et là le législatif en
prend quand même pas mal. Mais, encore une fois, je peux le comprendre, parce
que, jusqu'à un certain point, les
députés qui se présentent ont de l'ambition et cherchent à pouvoir faire valoir
leurs idées, quitte même parfois à les imposer.
Et donc je ne mets pas en doute la volonté qui soutient le projet de loi de
pouvoir occuper une place importante dans
notre système étatique, dans chacune des branches, mais force est d'avouer que
certains membres de cette Assemblée sont
membres du législatif, d'autres, législatif et l'exécutif, mais alors, là,
aucun du législatif et du judiciaire. Je vais donc m'arrêter sur ce
premier élément qui pose des complications.
Dans les éléments qui...
Donc, j'ai touché au judiciaire, je voudrais parler maintenant du législatif
qui vise l'exécutif. Alors, sans faire le
tour, je vais quand même vous dire que le projet de loi propose qu'aux deux
tiers on nomme le président de la
Caisse de dépôt et placement, d'Hydro-Québec, d'Investissement Québec, de la
Société des alcools du Québec. On est
dans le domaine exécutif, on est dans le domaine de l'administration... qui est
devant nous. On propose que ça soit
fait aux deux tiers. Je tiens à dire, tantôt, que notre collègue de
Deux-Montagnes nous présentait la chose avec un certain vernis :
l'Assemblée allait avoir une rencontre de courtoisie en début de mandat. Ce qui
est écrit, c'est que c'est l'Assemblée
qui nomme, aux deux tiers, ces personnes-là. On est loin de l'invitation de
courtoisie, là. Là, on est à une sélection d'une personne décidée aux
deux tiers.
Évidemment,
derrière ça, il y a quand même beaucoup, c'est très chargé. Donc, les personnes
deviennent sous la responsabilité...
Ces personnes-là... Bon, le P.D.G. d'Hydro-Québec ou d'Investissement Québec ne
travaille plus pour le gouvernement,
il travaille pour l'Assemblée nationale, laquelle a d'ailleurs un mandat de
supervision, de vérification pour vérifier
l'imputabilité, notre système est ainsi fait. Dorénavant, ceux qui vont exercer
le travail de surveillance à l'égard de l'action de l'exécutif seront eux-mêmes responsables de la nomination
des gens qu'ils ont à surveiller. Alors, quand on dit qu'il y a une problématique entre la division
des pouvoirs, c'est qu'ainsi le législatif devient responsable de l'exécutif
alors qu'il a aussi la fonction de surveiller l'exécutif, mais il va se
surveiller lui-même, et donc il sera juge et partie.
Alors,
on voit que la mécanique qui est derrière cette loi-ci est évidemment, un,
complexe, mais surtout elle met à mal
la règle de la responsabilité ministérielle : il n'y en a plus.
Dorénavant, lorsque les questions seront posées au ministre de l'Énergie sur Hydro-Québec, le ministre de
l'Énergie va répondre : Hydro-Québec, ce n'est pas moi, c'est toi, Hydro-Québec, c'est l'ensemble. Et donc il n'y
aura plus de responsabilité, il n'y aura plus d'imputabilité et il n'y aura
même plus de questions sur Hydro-Québec,
parce que l'Assemblée aura choisi le président d'Hydro-Québec. Vous voyez
le système où nous nous retrouvons, Mme la Présidente? Ça va commencer à être
un petit peu plus compliqué.
Question
subsidiaire. Il y a en ce moment, notamment pour ce qui est d'Hydro-Québec, des
comités de nomination, c'est-à-dire des spécialistes qui évaluent
quelles sont les compétences requises pour la fonction, qui font donc des recommandations, des présélections, appelons ça
comme ça. C'est une évaluation scientifique, experte, qui est faite pour
ces postes-là. Alors, évidemment, on va
mettre ça de côté. L'élément qui était sans partisanerie serait mis de côté,
et, en échange, il y aura ici une discussion et un vote aux deux tiers.
Alors,
permettez-moi une analogie, que je vais faire très courte : Est-ce que
nous pensons qu'ici, à l'Assemblée... Sauf
en ce moment, un moment de grâce que nous avons, est-ce qu'il arrive en cette
Assemblée que nous ayons des débats partisans?
Des voix :
...
• (15 h 40) •
M.
Fournier : Quelques personnes nous disent : Jamais, Mme la
Présidente. Ceux qui nous écoutent ont peut-être assisté à un ou deux événements de débats partisans. Et, encore une
fois, mon collègue de Deux-Montagnes a un peu raison : nous venons de partis politiques et nous
représentons l'essence de ces partis, le dérivé étant des débats partisans, des
débats issus des convictions portées par nos partis politiques. Il n'y a
rien de mal là-dedans, c'est la démocratie.
La question est la
suivante : Est-ce qu'à l'Assemblée nationale nous avons toujours un
comportement sans partisanerie? Il n'y a
personne ici qui est capable de dire que cette Assemblée n'est pas une
Assemblée partisane. On avait fait un
débat, Mme la Présidente, il n'y a pas longtemps, sur la rémunération des
députés, sujet qui est considéré par tous comme étant être à distance des députés, réglé par un comité
indépendant. Je pense qu'on peut constater qu'il y avait un peu de
partisanerie, et je le dis avec gentillesse.
Pourquoi donc mettre de côté ces nominations de
l'exécutif, comme à Hydro-Québec, où il y a des comités scientifiques et experts qui visent à choisir les compétences et les
personnes qui ont ces compétences pour la fonction précise, donc des espaces sans partisanerie?
Pourquoi faudrait-il choisir d'aller soumettre ces gens au ballottage partisan?
Et je vous pose la question. Je ne crois pas
que le vote aux deux tiers soumis au ballottage partisan sera une avancée vers la non-partisanerie, je crois au
contraire que cela va aggraver la problématique.
Évidemment,
et je ne m'y arrêterai pas longtemps, la Coalition
avenir Québec, en 2012, lors de
l'élection — je
l'ai dit aussi la dernière fois, mais je pense que c'est important de le
noter — le
chef de la coalition disait lui-même que, lorsqu'il serait en fonction, si d'aventure il était premier ministre, il n'hésiterait pas à identifier ou à choisir des gens, pour les fonctions dont on parle en ce moment, qui seraient de son option politique. Alors, le chef, on dit ceci, c'est un texte
de Denis Lessard du 24 août 2012, «n'hésite pas à dire ce que les politiciens
n'admettent jamais publiquement : l'arrivée d'un nouveau gouvernement entraîne un chambardement pour les hauts
fonctionnaires qui occupent des postes stratégiques. "Si on veut
faire un changement au Québec, il faut remplacer les personnes qui font de la
politique, mais aussi les sous-ministres et les présidents de société [...] qui
ne pensent pas comme nous..."» Je pourrais en dire un peu plus longuement, mais, comme on ne s'attarde pas aujourd'hui
à ces éléments de précédent, je ne m'y attarderai pas plus. Mais je veux simplement contextualiser le projet de
loi n° 393 de la deuxième opposition comme n'allant pas tout à fait
dans le même sens que la conviction profonde de leur chef.
Je termine,
Mme la Présidente, en vous disant que, comme leader du gouvernement, j'étais
heureux de pouvoir permettre que le
projet de loi puisse avancer, même chose pour celui de la députée de Gouin,
pour le député de Bourget. J'étais
heureux parce que, dans le discours inaugural du premier ministre actuel, il
disait ceci : «J'ai aussi demandé au leader du gouvernement [...] de faire preuve d'ouverture à l'égard des
projets de loi déposés par les députés de toutes les formations politiques. Nous voudrons faire en
sorte qu'ils soient étudiés à leur mérite au sein de cette Assemblée lorsqu'ils
porteront sur une matière dans laquelle un
terrain d'entente est possible.» Je tiens à vous dire, Mme la Présidente, que
je crois répondre à ce mandat confié par le
premier ministre avec les projets de loi qui ont été étudiés, avec cette
discussion même que nous avons
entamée avec les leaders des différents partis pour essayer d'avoir plus de
projets de loi qui avancent.
Maintenant,
nous n'avons pas, personne, évoqué encore que nous pourrions voter contre nos
propres convictions pour permettre
d'étudier plus avant un projet de loi que nous croyons qu'il n'irait pas dans
le bon sens, et donc on continue d'avoir
une partie de nos débats qui concerne l'adoption du principe. Or, Mme la
Présidente, je ne peux pas voter pour le principe d'un projet de loi qui porte atteinte à la séparation des
pouvoirs, qui affecte l'indépendance des tribunaux et qui repousse les
meilleures candidatures pour les postes les plus importants.
Je n'ai pas
vraiment eu le temps d'en parler, je m'excuse, je vais prendre une minute pour
le dire. Lorsque nous avons fait
l'entente sur la candidature confidentielle que les gens envoient à l'égard des
postes disponibles, nous avons discuté
de l'aspect de la confidentialité. Pourquoi? Parce que les personnes, en
fonction dans des postes actuels, qui sont les plus compétentes ne veulent pas
dire à leur organisation : Savez-vous, je commence à m'emmerder ici, je
crois que je pourrais aller postuler
ailleurs. Ces personnes-là sont performantes, elles sont bien dans ce qu'elles
font. Elles ne veulent surtout pas me
dire : Je veux m'en aller, surtout au cas que le deux tiers déciderait
qu'ils ne me prennent pas, finalement. Donc,
avec la mécanique totale qui est dans ce projet de loi, pour les postes les
plus importants, nous allons nous refuser les personnes les plus compétentes, parce que la mécanique derrière tout cela
est une mécanique où il n'y a pas de confidentialité.
Et donc, à
partir de ce moment-là, posons-nous la question : Quels sont les éléments
qui sont envisagés dans le projet de
loi? Comment pouvons-nous trouver un terrain d'entente? Le principe actuel, ce
n'est pas possible d'y arriver, je vais
voter contre. Ceci étant, cela ne nous empêche pas d'avoir des discussions
comme nous avons eues, de leader à leader, qui nous ont permis de faire la semaine dernière une annonce qui venait...
motivée et inspirée de la deuxième opposition, et je le redis, et, je crois, qui est une bonne proposition, et on l'a
fait avec plaisir. Et j'étais heureux de pouvoir rappeler que c'était
inspiré par la deuxième opposition que nous l'avons fait.
Je souhaite,
Mme la Présidente, en disant, en terminant, que je vais voter contre le
principe... Je m'aperçois bien que je
rends un peu mon collègue de Deux-Montagnes malheureux, mais en même temps je
veux lui donner un peu d'espoir. Je
veux lui dire que nous pouvons continuer la démarche de leader à leader comme
nous l'avons fait, qui porte des résultats qui sont des résultats qui sont bénéfiques pour l'ensemble du Québec, et
j'inclus là-dedans l'exécutif, le législatif
et le judiciaire. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup de votre intervention, M. le leader du gouvernement. Et, pour la
poursuite de ce débat, je vais maintenant céder la parole à M. le député de
Gaspé.
M. Gaétan Lelièvre
M.
Lelièvre : Merci, Mme la Présidente. Il me fait plaisir de prendre la
parole aujourd'hui sur le projet de loi n° 393 intitulé Loi encadrant
la nomination de certains titulaires d'emplois supérieurs et uniformisant
certains aspects de la nomination des juges et décideurs administratifs.
Je profite de
l'occasion pour souligner puis remercier mon prédécesseur, le député de
Sanguinet, qui avait pris la parole
en juin dernier sur le même projet de loi. Et je félicite également... je salue
l'initiative du député de Deux-Montagnes, qui a quand même le mérite d'amener un projet de loi qui est quand même
extrêmement important dans la conjoncture actuelle et qui mérite, je pense, qu'on lui accorde un certain temps de
réflexion, et, qui sait, peut-être même nous dirigera vers une loi.
Écoutez,
c'est un élément qui est extrêmement important, on parle de nominations dans la
fonction publique. Puis je ne peux pas faire autrement que faire certains
parallèles avec des situations qui, malheureusement, dans le passé, hein,
ont été très, très médiatisées. Puis, rassurez-vous, je veux rassurer mes
collègues, là, je ne voudrais pas mentionner d'exemples concrets, mais je pense que l'ensemble
des partis... je dis bien «des partis», parce que, oui, ici présents, à la
Chambre, aujourd'hui, on est deux partis à
avoir occupé le pouvoir, mais il y a quand même d'autres partis politiques qui
prennent une place importante sur la place
publique puis qui ont fait des déclarations, qui ont pris des décisions qui ne
servent pas bien la cause.
Puis
j'arrêterai là mon intervention aujourd'hui, mais, je pense, ce qui est
important, c'est, à partir d'aujourd'hui, de décider comment on peut, comme État, améliorer la question de la
nomination des hauts fonctionnaires, des personnes en très haute autorité dans notre société, pour
différentes raisons. Premièrement, je crois qu'avec tous les défis que nous
avons comme société, tant au niveau financier, tant au niveau social, au niveau
politique, avec tous les défis qui nous incombent
présentement, nous avons besoin des meilleures personnes dans les postes
stratégiques, dans l'ensemble des postes stratégiques. Et les meilleures
personnes, elles se retrouvent où? Bon. À différents endroits.
Le leader a mentionné certaines limites,
restrictions que certaines de ces personnes-là ont de par les fonctions qu'elles occupent. D'autres personnes pourraient
être attirées par la haute fonction publique mais, pour différentes raisons,
ont aussi des contraintes. Mais il ne faut
pas se le cacher, un certain pourcentage n'ose peut-être même pas aspirer à des
postes d'importance, parce que peut-être
qu'on pense que c'est difficilement accessible pour des raisons dites
partisanes. Donc, si on veut accueillir les meilleures personnes,
au-delà de leur appartenance politique, au-delà, je dirais, de leur idéologie
politique, c'est important que, comme société, nous mettions en place des
conditions qui vont... puis des conditions...
Je ne crois pas qu'on a toutes les solutions dans le projet de loi n° 393
actuellement, mais il y a une base de réflexion
qui est intéressante. Et j'espère qu'on va se pencher sur comment on peut
améliorer l'accessibilité des postes d'importance, des postes de
décideurs qui ont une importance capitale pour l'avancement de notre société.
Vous savez,
souvent on nomme des personnes qui ont été près de certaines organisations
politiques et qui sont nommées dans
la fonction publique, puis immédiatement on est porté à voir des scandales
partout. Puis ça, je pense que chaque parti, ici, a le réflexe assez
facile de voir du mal un peu partout dès qu'on accole le nom d'une personne qui
peut avoir occupé des fonctions près de la politique et qui s'est vu attribuer
une fonction importante dans la fonction publique.
Je crois qu'il faut être prudent. Il faut éviter les abus, il faut éviter de
nommer des personnes en instance d'autorité de façon partisane, de façon gratuite, mais en même temps il n'est pas
dit que, parce que tu as des... parce que tu as eu une certaine proximité avec la politique, tu es,
je dirais, dépourvu de compétences qui permettent également... peut-être,
justement à cause d'expérience près de la politique, ça peut bien te disposer,
à certains égards, pour peut-être mieux accomplir
certaines fonctions que l'État requiert. Donc, attention à ces commentaires-là
qui souvent sont gratuits et qui souvent
ont fait du tort à des gens qui avaient des compétences puis qui, malheureusement,
ont payé à fort prix certaines nominations.
• (15 h 50) •
Je ne peux
pas faire autrement aussi que faire un lien avec la situation dans laquelle...
la situation actuelle sur le plan des
négociations dans la fonction publique. Vous savez, avant d'atteindre des
niveaux de haut fonctionnaire, souvent tu commences par des postes,
disons, en bas de l'échelle ou dans le milieu de l'échelle, puis tu gravis
étape après étape. Présentement, les négociations en cours dans la fonction publique font en sorte
qu'une des préoccupations, en
tout cas, qui m'animent, c'est tout, je dirais, l'aspect de
la valorisation de la fonction
publique, qui me semble malmenée
depuis quelques années. Et ce n'est
pas nouveau, mais, avec les négociations actuelles, on peut peut-être
penser qu'on n'est pas partis pour améliorer l'attractivité de la fonction
publique. En coupant dans, par exemple, certaines clauses qui sont importantes
pour les travailleurs expérimentés, en fin de carrière, souvent on peut peut-être
perdre des candidatures intéressantes pour
accéder, justement, à des postes qui sont des postes supérieurs au niveau
de notre fonction publique. Puis la même chose en ayant des conditions moins
attrayantes pour les nouveaux employés, je me demande : Est-ce qu'on prépare très bien la relève? Est-ce qu'on va chercher vraiment
les meilleurs comme relève pour les amener dans notre fonction publique,
puis, qui sait, peut-être un jour accéder à des fonctions de haut niveau, puis
pour très bien servir la société québécoise?
Vous savez, la fonction publique a besoin d'être
valorisée. J'ai eu le privilège de travailler dans la fonction publique
mais plus au niveau municipal, au niveau régional, durant ma carrière, avant
d'entrer en politique active au plan national, et j'ai été, je dirais, malheureusement souvent
confronté à des situations où, en travaillant différents dossiers avec des fonctionnaires de l'État,
on se rendait compte très souvent que, malheureusement, on ne faisait pas le poids en termes
de capacité de défendre certains points de vue face, par exemple, à de l'expertise au niveau de l'entreprise privée. Donc, il me semble, il
m'apparaît extrêmement important de toujours conserver à l'esprit
que l'État québécois devrait se
soucier d'avoir les plus grandes compétences à son service, et ça ne peut que
bien servir l'ensemble des Québécois
et des Québécoises. C'est décevant et
c'est déplorable de voir à quel point certaines organisations parapubliques ou
privées peuvent réussir à aller
chercher les meilleures expertises puis finalement, souvent, gagner
des argumentaires, gagner des débats,
pratiquement des combats à certains niveaux, contre l'appareil public, et je ne
peux pas faire autrement que faire un lien avec l'aspect des
compétences, qui m'apparaît extrêmement important.
Écoutez,
c'est un projet de loi qui est très important pour notre parti, on en a
discuté, bon, à certaines occasions. C'est
sûr que, notre position, je vais réitérer la position de mon collègue
le député de Sanguinet, qui a confirmé que nous allions appuyer le principe du projet de loi n° 393. Mais c'est clair qu'on est conscients qu'il y a
place à amélioration. On considère qu'il y a place à des modifications, à certains
égards, même substantielles au niveau du projet de loi. Mais, comme formation politique, on est convaincus que
c'est un débat qui doit se faire et qui a... qui devrait se faire au sein de
l'Assemblée nationale.
Il y a des
changements majeurs qui sont suggérés par le projet de loi n° 393.
Mes prédécesseurs en ont parlé à quelques reprises, mais je pense que
c'est important de mentionner notamment toute la volonté du porteur du dossier d'intervenir ou de voir l'Assemblée nationale
intervenir davantage au niveau de la nomination de certains fonctionnaires
de l'État. Il y a une
remise en question du fonctionnement actuel entre le législatif et l'exécutif
qui est clairement énoncée dans le
projet de loi. À certains égards, c'est peut-être souhaitable. À d'autres
égards, je pense qu'il y a des réticences ou il y a, je dirais, des précautions
à prendre.
On
parle quand même de nominations, de postes extrêmement importants, les plus
hauts fonctionnaires de l'État sont visés par ce projet de loi là. On
parle, par exemple, du secrétaire général du Conseil exécutif, donc le plus
haut fonctionnaire de notre État, le
secrétaire du Conseil du trésor, les sous-ministres, le Forestier en chef, une
nouvelle fonction extrêmement
importante, notamment dans les régions. On parle des délégués généraux du
Québec. On parle également des
membres de la Commission de la fonction publique, du président du conseil
d'administration et chef de la direction de la CSST et du président de l'Office de la protection du consommateur,
qui est notamment visé par un processus qui ferait en sorte que la Commission de l'administration
publique évaluerait les candidatures au départ pour ces différents postes là.
On
parle également de d'autres postes qui seraient visés par la Commission de la
fonction publique. On parle d'un comité qui serait mis en place pour évaluer
les candidatures. Et ce comité-là s'affairerait à évaluer, par exemple, les secrétaires généraux associés et secrétaires
adjoints du ministère du Conseil
exécutif, les secrétaires associés également au
niveau du directeur général de l'institution de la statistique du Québec et les
membres de l'Office de la protection du consommateur.
En
troisième lieu, la Commission de l'administration publique, finalement, ferait
une recommandation à l'Assemblée
nationale, qui devrait être approuvée aux deux tiers des voix des membres de
l'Assemblée nationale, afin d'évaluer la candidature de différents
postes, notamment pour l'AMF, la Caisse de dépôt et placement du Québec, la Commission administrative des régimes de retraite
et d'assurances, la Commission de la capitale nationale, Hydro-Québec, Investissement Québec, La Financière agricole
du Québec, la Régie de l'assurance maladie du Québec, la Régie des rentes
du Québec, la Société d'assurance automobile du Québec, et la Société
d'établissements des... plein air, également la Société des loteries du Québec,
Société d'habitation — SHQ — et la
Société québécoise des infrastructures. Ce sont toutes des structures... ou des
niveaux d'intervention extrêmement importants au niveau gouvernemental.
Il
y a aussi un volet qui touche toute la partie judiciaire, qui a été mentionné
par le leader, et qui aussi revêt une importance extrêmement capitale.
Lorsqu'on parle d'intervenir au niveau judiciaire, je crois que le législatif
doit être extrêmement prudent. Il y a des
gens qui se sont déjà prononcés à ce niveau, et je crois que c'est une question
qui est encore beaucoup plus complexe
que les trois niveaux que j'ai précédemment nommés. Vous savez, dans le fond,
on peut prendre ce projet de loi là de façon très technique, mais moi,
de la façon que je l'ai vu quand on m'a demandé d'intervenir ici aujourd'hui, je lisais l'ensemble des notes puis
je me suis dit : Dans le fond, ça peut se résumer aussi à ce qu'on appelle
faire de la politique autrement.
Vous
savez, moi, je pense que faire de la politique autrement, c'est un peu l'opposé
de la politique partisane. Au début
de mon intervention, bon, j'ai parlé de l'aspect de la partisanerie qui, je
crois, est présente au sein de l'ensemble de nos organisations politiques. Est-ce qu'on va pouvoir un jour
l'éliminer? Sincèrement, je pense que non. Il y a un proverbe qui dit : Où il y a de l'homme, il y a de
l'hommerie. Bien, je pense, où il y a de la politique, il y a de la
politicaillerie. Mais par contre on
peut travailler à améliorer la chose. C'est sûr que non seulement on peut, mais
on doit travailler à améliorer la
chose. Pourquoi? Bien, parce qu'avec le développement des télécommunications,
avec les jeunes qui sont de plus en plus
informés, avec la population qui est de plus en plus intéressée à la question
publique et compétente en la matière, c'est
clair qu'on est... les politiciens et l'ensemble des décideurs de l'État sont
vraiment évalués à la loupe. Et nous avons une obligation, plus que
jamais, de faire preuve de compétence dans nos décisions, mais également de
transparence.
Et
faire de la politique autrement, c'est ça également, et surtout, à mon avis,
c'est faire preuve de transparence et
toujours travailler dans l'optique du citoyen ou de la citoyenne. Hein, dans le
fond, on est en politique... Je pense que l'ensemble des 125 députés qui sont ici, on peut dire, on a
sûrement un trait commun : on est ici pour défendre nos citoyens, nos citoyennes de nos comtés respectifs bien sûr,
mais aussi pour faire avancer la société québécoise. Puis, à ce niveau-là,
bien, comme politiciens, comme membres de
l'appareil législatif et pour ce qui est du gouvernement qui est à l'exécutif,
nous sommes épaulés, comme politiciens, par
une équipe, hein, de hauts fonctionnaires, des hommes et des femmes qui sont, pour la très grande majorité, j'en suis
convaincu, extrêmement compétents et extrêmement engagés, hein, et déterminés
à participer à l'amélioration de notre société.
• (16 heures) •
Ces
hommes et ces femmes, bon, dans certains cas, sont choisis selon différents
processus. Le projet de loi n° 393 nous propose des nouvelles
façons de faire. Il y a des éléments qui m'apparaissent pertinents dans ce
projet de loi là. D'autres méritent, à mon
avis, d'être discutés, retravaillés et sûrement bonifiés. Et c'est normal,
rares sont les projets de loi qui, à
la première lecture, sont adoptés de façon automatique, là, sans aucune
modification. Et ce projet de loi est quand même un projet de loi très audacieux et il vient intervenir dans la
façon de faire historique habituelle. Et c'est sûr que, quand on amène des changements dans le
fonctionnement de l'appareil de l'État, pour des éléments aussi importants que
la nomination des hauts fonctionnaires, ça ne peut que rencontrer,
disons, certaines réticences et certains propos qui remettent en question la pertinence
du projet de loi. Mais, encore une fois, je considère que c'est important
de prendre le temps d'étudier la problématique qui nous est présentée,
qui est réelle.
Il y a
une problématique, c'est clair. Maintenant, la décision que
nous avons à prendre comme Parlement, est-ce
qu'on est prêts à s'y attarder? Il
y a plusieurs moyens. Le projet de loi peut être une façon. D'autres parlementaires qui m'ont précédé ont mentionné d'autres
façons possibles aussi d'améliorer la tendance. Dans les dernières semaines, le
gouvernement en place a fait preuve quand
même, je pense, d'une très grande ouverture puis de bonne foi en
démontrant justement des changements
qui ont été apportés à la nomination de certains fonctionnaires de l'État.
C'est un pas dans la bonne direction puis je tiens à le mentionner.
Maintenant, c'est clair qu'il y a sûrement encore place à amélioration.
Et, du côté
de ma formation politique, on est prêts à appuyer le principe du projet de loi
et de collaborer aux autres étapes du processus. Merci, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente (Mme
Gaudreault) : Alors, merci beaucoup, M. le député de Gaspé.
Maintenant, est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur cette motion? Alors, oui, je reconnais maintenant M. le
leader du deuxième groupe d'opposition, et je vous cède la parole.
M. François Bonnardel
M.
Bonnardel :
Merci, Mme la Présidente. Je croyais que le gouvernement était très intéressé à
discuter de ce sujet après le leader parlementaire, mais bon, il y aura
quelqu'un d'autre, qu'on m'indique.
Alors, Mme la Présidente, je suis heureux,
heureux de constater les réflexions du Parti québécois. Il faut bien comprendre la genèse de tout ça. Dans les 40 dernières
années, il y a eu deux formations politiques au pouvoir : il y a eu
le Parti québécois et le Parti libéral. Qui n'a pas été un jour fâché de lire,
d'entendre, de voir, à la télé, des nominations partisanes, autant par le Parti libéral, autant par le Parti québécois?
Des nominations qui ont surpris, parce que, souvent, on regardait le C.V. d'une personne et on se
disait : Est-ce que cette personne peut faire le boulot? Est-ce que cette
personne peut diriger des sociétés
d'État? On en a énuméré quelques-unes, que ce soit l'Autorité des marchés
financiers, la Caisse de dépôt,
Hydro-Québec, Investissement Québec, plusieurs autres. Et ce fut plus souvent
qu'autrement des nominations qu'on a
considérées, qu'on considère encore partisanes. Des nominations parce que les
formations politiques, les gouvernements
qui ont été remplacés, battus... bien, à chaque fois, il y a eu... dans une
certaine mesure, on leur a dit : Merci.
Tiens, je vais être respectueux. On leur a dit merci en leur disant :
Bien, vous avez servi pendant un certain nombre d'années, on vous nomme
à telle position.
Et je vais
vous en énumérer quelques-unes, sans attaquer personne, mais je pense que tout
le monde va convenir, voir que, dans
ces conditions, on doit changer. On doit changer. J'ai toujours dit que la
politique, c'était une théorie du petit
pas. C'est un petit pas qu'on fait aujourd'hui. Je pense que le gouvernement...
Je salue, je salue, dans une certaine mesure,
l'ouverture du gouvernement. C'est vrai qu'il n'était pas obligé d'appeler
autant le projet de loi de Québec solidaire, celui de notre formation politique, d'adopter une loi rapidement, qui
était celle du Parti québécois. Et, dans ces conditions, on est présentement, Mme la Présidente... on en a
maintes et maintes fois mentionné... J'ai même envoyé une lettre au président où on devait revoir nos façons de faire,
nos façons de travailler, nos règlements, et se questionner aussi :
Pourquoi les députés de l'opposition
qui déposent des lois, semaine après semaine, mois après mois, qui font, plus
souvent qu'autrement, un travail
constructif pour être capables de changer ou d'améliorer des choses... J'ai vu
des lois déposées par des députés de
l'opposition, dans les huit dernières années, où le gouvernement est allé
chercher cette loi, en a déposé une
lui-même. Bravo! Mais, plus souvent qu'autrement, on a vu des lois qui sont
mortes, qui sont mortes au feuilleton; pas plus compliqué que ça.
Oui,
l'opposition essaie de faire un boulot constructif pour amener le gouvernement
à changer, à s'améliorer, à comprendre
les tenants et aboutissants, souvent, d'une loi. Pourquoi on le fait? Pour
répondre souvent aux inquiétudes de
la population. Et notre boulot, bien, c'est d'écrire la loi, travailler avec
les juristes de l'Assemblée nationale, d'aller au «hot room», de dire aux médias : Bien, voici pourquoi on fait
cette loi, et d'amener le gouvernement, le leader parlementaire à se dire : Bien, ce n'est pas
fou, ce qu'ils font. Ce n'est pas fou. On ne le dit pas, hein, parce que, dans
notre contexte partisan, c'est très rare, c'est très rare que le gouvernement
va applaudir l'opposition.
On ne se gêne
pas. Je ne me suis jamais gêné pour
dire que, oui, il y avait de bonnes choses qui pouvaient être faites par
l'opposition officielle, par le gouvernement, mais, oui, on a un travail
partisan, mon collègue l'a mentionné. On
veut promouvoir, faire passer nos idées, mais je pense que, dans le contexte
politique qu'on vit en 2015, il est temps de changer, il est temps de
revoir certaines choses, il est temps de discuter sérieusement, de faire de la politique — cliché — bien,
autrement.
Et, dans nos
discussions qu'on aura début 2016 — on
en a eu une, la semaine passée, avec les différents leaders du Parti québécois, de Québec solidaire et du gouvernement,
on a un sujet qui est important
pour les députés d'opposition — qu'on
soit 60, qu'on soit 80, qu'on soit moins,
bien, c'est nécessaire d'être capables d'étudier les lois, les lois de
l'opposition, parce que, oui, il y a des bonnes lois qui peuvent
apporter des changements importants, qui méritent d'être discutées et à la fin, ma foi, qui pourraient même être reprises par
le gouvernement. Je l'ai mentionné tantôt, je l'ai déjà vu.
Je l'ai déjà vu, pas souvent, mais je l'ai déjà vu, qui pourraient être
reprises par le gouvernement.
Et, dans ces
conditions, tout le monde le sait et le gouvernement, le leader en
tête, a dit tantôt : Bien, on ne peut pas accepter ceci, on ne peut pas accepter cela. Si le gouvernement avait un brin de volonté, de volonté pour améliorer et changer les choses, vous comprenez très bien, Mme la Présidente, qu'en étude détaillée le gouvernement me parle de la situation entre les tribunaux administratifs, la nomination des juges, qu'on me
parle de la séparation des pouvoirs entre l'exécutif et le législatif; le leader parlementaire, qui a des années
d'expérience, il en a plus que moi, sait très bien, sait très bien qu'on
peut consentir à adopter les amendements, évaluer et les voter.
Et ça, dans
le contexte 2015, où on souhaite améliorer nos façons de faire, où on souhaite
dire aux gens qui nous écoutent :
On peut faire mieux, on peut faire mieux... Moi, je me souviens, puis je vous
le dis bien humblement, quand il y
avait un gouvernement minoritaire et que l'opposition officielle cherchait des
moyens de faire adopter une loi sur les mines, bien, on a travaillé avec le gouvernement pour faire avancer
cette loi qui est au bénéfice des Québécois. Je persiste, encore aujourd'hui, que, même dans un contexte
majoritaire, on peut faire la même chose, on peut faire la même chose. C'est vrai que les 100 dernières années nous ont
démontré que la dualité... la politique était ce que les Québécois, dans
une certaine mesure, avaient choisi. C'est
vrai que l'arrivée d'une troisième voix, une formation politique, même Québec
solidaire, change la donne, mais faire de la
politique autrement, c'est aussi de dire... au-delà, au-delà de donner un petit
bonbon, un petit nanan à l'opposition en
leur disant : Vous voyez, on a été gentils, on a accepté le principe de
votre loi, on peut pousser plus loin. On peut certainement pousser plus
loin l'adoption ou la discussion de ces lois.
Alors,
je suis persuadé que, dans le contexte qu'on a là à discuter aujourd'hui, les
gens qui nous écoutent se disent : Ils ne font pas de motion du mercredi conventionnelle? Non. On fait
l'adoption de principe qui se fait d'habitude pour un projet de loi du gouvernement. Aujourd'hui, on
a, par consentement, accepté — le gouvernement, l'opposition officielle — de discuter d'une loi qui a été déposée par
mon collègue de Deux-Montagnes, mais la genèse de tout ça, les collègues
l'ont quand même expliquée, mais il faut revenir à la problématique même,
l'essence même de la situation.
L'essence
même de la situation, bien, c'est 40 ans de nominations à gauche et à droite.
40 ans de gouvernements qui ont été
remplacés, qui à chaque se sont dit : Bien, comment on remercie les
députés battus? Comment on remercie les
conseillers qui ont participé avec nous pendant huit, 10 ans dans l'opposition?
Comment on remercie un donateur? Comment on remercie plein de gens qui
ont travaillé pour nous?
Et c'est là
que le bât blesse, et c'est là que la situation devient problématique, c'est là
que les gens qui nous écoutent, qui
ont lu, dans les dernières années, les nominations qui laissaient croire que certaines personnes
n'avaient pas leur place à certaines positions d'autorité importantes.
Bien là, vous avez eu, dans les derniers mois, dans les dernières années, Michael Penner, qui a été nommé président du conseil d'administration, tout dernièrement, d'Hydro-Québec. Un entrepreneur, un militant
libéral qui a appuyé la candidature du premier
ministre, O.K. O.K. Un important
donateur, O.K. Bon, est-ce que cet
homme avait les qualifications? L'avenir nous le dira. Je ne dis pas qu'il fait
un mauvais boulot ni un bon, on pourra l'évaluer le jour où il y aura peut-être
un changement décidé par le gouvernement en place.
• (16 h 10) •
On n'a qu'à
penser à l'ancienne ministre Mme Beauchamp, qui a été nommée à l'UNESCO,
l'ancien ministre Christos Sirros,
qui a été délégué général à Bruxelles, qui est rendu aujourd'hui à Londres, un
ancien député, même chose. On n'a
qu'à penser à Mario Albert, qui est un ancien président de l'Autorité des marchés financiers; M. Perrino, dont on se souvient du scandale des FIER, on avait nommé
son nom à l'Assemblée nationale plusieurs fois. Je n'accuse personne, Mme la Présidente. Je nomme des personnes qui ont heureusement, dans une certaine mesure,
pu profiter d'une situation qui amenait ces gens à avoir une rémunération... un salaire décent, décent, une sécurité d'emploi dans une certaine
mesure, dans une certaine mesure.
Le Parti québécois n'est pas blanc comme neige,
mais aujourd'hui je salue l'ouverture du Parti québécois d'appuyer le principe,
minimalement, de cette loi, en se disant : Bien oui, nous aussi, on a fait
des nominations, des nominations qui ont été
considérées partisanes. On n'a qu'à penser à M. Boisclair, qui a été
délégué général, des personnes comme
Michel Létourneau, qui est un ancien député, qui a été secrétaire général au Secrétariat aux affaires autochtones, à Françoise Mercure, à Mme Rita
Dionne-Marsolais, qui est rendue au C.A. de la Caisse de dépôt, qui a été
ministre, députée. J'en ai, Mme la Présidente, je pourrais vous en nommer pendant 15, 20 minutes, faire la
nomenclature; je ne le ferai pas. Je voulais quand même que les gens
comprennent qu'il y a des personnes connues, il y a des personnes qui ont travaillé, oui, dans
l'entourage des formations politiques, et c'est de cette façon qu'on les a remerciées.
Puis c'est de
cette façon qu'on a amené, qu'on a vu, plus souvent qu'autrement, des coûteux
remaniements chez les hauts
fonctionnaires. Et là je reprends le titre de Denis Lessard, un papier que
M. Lessard a fait le 4 février 2015, où on donnait l'exemple de Mario Albert, ex-président de
l'AMF, l'Autorité des marchés financiers, qui était devenu soudainement patron à Investissement Québec sous le
gouvernement de Mme Marois, qui n'occupe plus cette fonction parce qu'il y a eu
un changement de gouvernement, mais,
croyez-le ou non, qui a réintégré d'origine son ministère aux Finances avec un
salaire de 389 000 $ par année. Il
fait sûrement un excellent travail présentement au ministère des Finances, mais
il y a des questions qui se posent,
il y a des questions qui se posent avec le parcours que monsieur a eu. Quand on
regarde le salaire de
389 000 $, bien, voilà, je pense que tout le monde est capable de se
questionner sur la suite des choses. Hubert Bolduc, qui a été responsable de l'ensemble des communications
gouvernementales dans le gouvernement de Mme Marois, même chose, changement de gouvernement, on l'a renvoyé
avec sa permanence à un poste chez Investissement Québec au même
salaire, 208 000 $.
Je pourrais
vous en nommer, il y en a pour deux pages. Encore une fois, vous comprenez, Mme
la Présidente, que c'est à cause de
ces situations, de ces cas qui reviennent à chaque fois, de ces nominations
mois après mois, faites par le gouvernement à chaque fois qu'il est
majoritaire, plus souvent qu'autrement... Bien, ça amène des candidatures qui
pourraient laisser croire que ces gens ne sont peut-être pas à leur place.
Et c'est là le
travail fastidieux que mon collègue de Deux-Montagnes a fait dans les derniers
mois en se questionnant, en se
disant : Comment on peut changer cette façon de faire? Bien, changer cette
façon de faire, c'est de mettre en
place un processus, un processus qu'on croit simple, dans les circonstances, en
se disant : Dans la loi, il y a une commission, il y a une commission qui s'appelle la Commission de
l'administration publique. La Commission de l'administration publique,
j'ai siégé comme membre de cette commission pendant quatre ans, j'ai été sur le
comité directeur. Pour les gens qui nous écoutent, la CAP, qu'on appelle affectueusement,
c'est un député de l'opposition officielle
qui est président de cette commission. Vous l'avez été, Mme la Présidente. On a
même siégé ensemble, si je ne me
trompe pas, sur cette CAP. Et c'est une commission qui est non partisane, non
partisane, c'est pas mal la seule qui est non partisane parce qu'elle étudie en audition des organismes et elle
questionne, et la plupart du temps le gouvernement, contrairement à certaines autres commissions, fait
vraiment un travail, elle aussi, pour rendre cette commission la plus
performante possible. Et c'est grâce un peu à cette commission qu'on s'est dit,
les membres de la Commission de l'administration publique, où la présidence
provient d'un député de l'opposition, où, le comité directeur, vous avez deux vice-présidents, un du gouvernement et un du
deuxième groupe d'opposition : Qui de mieux placé pour être capable
d'évaluer, dans une certaine mesure, de futures nominations?
Je pense que
cette commission est très bien placée pour être capable de dire : C'est le
gouvernement, après que le
gouvernement ait décidé lui-même, là, dans la dernière semaine, de minimalement...
au moins de mettre des mises en candidature
publiques dans les journaux, sur Internet.
C'est un gain, dans une certaine
mesure, qu'on a pu obtenir. C'est
un gain pour être
capable d'avoir au moins des gens qui pourront envoyer leur C.V. Ça va
rester confidentiel. Ça, c'était quand
même important pour des personnes
qui ont déjà un emploi qui souhaiteraient participer à ce
travail dans le futur.
Bien,
on s'est dit : Comment, par la suite, on peut être capables d'avoir un processus
qui va être sain, qui va amener... qui
va respecter aussi, dans une certaine
mesure, le travail que ces gens
auront à faire dans le futur et de l'évaluation faite par la Commission de
l'administration publique? Alors, la commission va entendre des personnes qui
auront envoyé leur C.V., ou le gouvernement pourrait dire : Bien, écoutez, on en a trois, selon nous, qui pourraient faire
le travail, on demande à la Commission de l'administration publique d'évaluer le travail de ces gens en toute
confidentialité et, par la suite, la
CAP pourrait donner un rapport satisfaisant sur un ou une de ces personnes, et,
par la suite, il y aurait vote aux deux tiers pour la nomination de cette
personne qui aurait été choisie.
Et
c'est là que je comprends mal le fait que le gouvernement nous dise non. Le
gouvernement se fait attaquer à chaque fois qu'il y a
une nomination partisane. Comment le gouvernement, dans ce contexte, pourrait dire : Ce n'est pas la bonne... On ne pourrait plus... Je recommence, Mme la Présidente. On ne pourrait plus, dans ce contexte, attaquer le gouvernement, parce que les oppositions et le gouvernement, eux-mêmes, auraient choisi, dans une certaine mesure, ou
validé une personne. Alors, il serait
impossible pour nous, demain matin, de dire : Bien, la nomination
que vous avez faite, ce n'est pas la bonne. Oui, bien, pas la bonne,
c'est la CAP qui l'a choisie. Alors, vous comprenez, c'est, pour moi, incompréhensible en 2015 de me faire dire par le gouvernement en place : Ah! séparation des pouvoirs, l'exécutif a encore
le loisir de... bien, même pas l'exécutif,
c'est le premier ministre. C'est le premier ministre qui choisit
ces personnes avec ses conseillers principaux.
Alors, je vois mal aujourd'hui
pourquoi la CAP pourrait ne pas faire ce boulot. La confiance du public serait rétablie, dans
une certaine mesure, et le gouvernement ne pourrait même plus se faire attaquer. Le gouvernement pourrait dire : Écoutez,
là, vous m'attaquez sur une nomination que vous avez vous-même choisie, vous avez
vous-même choisie aux deux tiers. Alors, il est difficile pour moi
d'imaginer que cette loi, que l'on souhaite voir adoptée, minimalement avancer tranquillement, ne pourrait pas se faire dans un contexte non
partisan pour être capable, une fois pour toutes, de mettre à la poubelle toutes ces nominations
une fois pour toutes. Peu importe le gouvernement, dans deux ans et demi, en 2022 ou autre, plus jamais
on n'aurait ces nominations partisanes qui affectent à chaque fois la
capacité du gouvernement à réagir
toujours sur la défensive, pas le
choix, hein? On se fait attaquer en disant : Qui est-ce que vous avez nommé là, il a
travaillé pour un tel, un tel, un tel, il a été donateur de votre formation politique. Bien, ce serait terminé. Ce serait
terminé.
Alors,
j'ose croire que le leader du gouvernement a évolué dans sa pensée depuis les
40 dernières minutes. J'ose croire
qu'il va inviter... Oui, oui... Non, non, des fois, on évolue rapidement, Mme
la Présidente, vous savez. Ça dépend des
commentaires, et je pense que, là... je le vois sourire et je le vois se dire
dans sa tête : Il a peut-être raison, lui, là, du deuxième groupe d'opposition, il a peut-être
raison. Et vous voyez comment je suis calme. Moi, je suis calme dans mes
réflexions et je souhaite aussi que le
leader du gouvernement ait cette zénitude, oui, oui, oui, face à une
loi qui, pour moi, va de soi.
Alors,
ça a été un travail important que mon collègue a fait, une belle évolution du
côté de l'opposition officielle et du
Parti québécois pour entériner et faire adopter, je le souhaite, unanimement
cette loi pour que... pour le principe de cette loi — le
principe de cette loi, qu'on s'entende bien — et qu'on puisse aller maintenant en étude
détaillée. Et, comme je le disais tantôt, avec toute la volonté que le
gouvernement pourrait avoir sur cette loi, il sait très bien, le leader du gouvernement, qu'avec certains amendements on
pourrait répondre positivement à ces interrogations qu'il avait tantôt pour être capable de dire que, oui, enfin, la
lumière est allumée et qu'on entend positivement ce qui est vos interrogations,
vos questionnements sur les nominations partisanes.
Donc, je souhaite,
Mme la Présidente, qu'à la suite de mon intervention, s'il y a un prochain
intervenant du Parti libéral, bien, on ait une évolution, peut-être, une évolution
dans la pensée et que...
(Interruption)
M.
Bonnardel :
C'était-u... Ce n'était pas Pepper, ça? Non?
• (16 h 20) •
Une voix :
...
M.
Bonnardel : Ça va. O.K.
C'était le genou du gouvernement qui frappait fort le pupitre. Alors, voilà, Mme la Présidente. Je pense que j'ai énuméré et expliqué très
calmement la situation. Et j'invite tous les membres de cette Assemblée à voter positivement, à voter pour l'adoption de principe de
cette loi. Et j'espère qu'on aura l'appui du gouvernement d'ici les
20 prochaines minutes. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup de votre intervention, M. le leader du deuxième groupe de
l'opposition. Maintenant, je vais céder la parole à M. le député de Pontiac.
M. André Fortin
M.
Fortin (Pontiac) : Merci, Mme la Présidente. Comme toujours, c'est un
plaisir de vous retrouver et de pouvoir prendre la parole cet après-midi sur, aujourd'hui, la motion du collègue
le député de Deux-Montagnes. Et peut-être, en réponse au leader, peut-être une petite évolution dans ma façon de faire
les choses, je vais me permettre de commencer en félicitant le député de Deux-Montagnes et le leader du deuxième parti
d'opposition, parce que ce qu'ils font aujourd'hui, c'est qu'ils prennent avantage d'une procédure
parlementaire qui est très rarement utilisée en cette Chambre. Et je sais
que vous êtes grande partisane, Mme la Présidente, de la procédure
parlementaire. Alors, vous serez aussi surprise ou impressionnée
que moi d'apprendre que ça fait plus de 10 ans qu'un parti d'opposition n'a pas
utilisé une motion du mercredi afin
d'appeler le principe d'un projet de loi de député. La dernière fois qu'on a vu
un tel geste, pour donner le crédit où il est dû, c'était le 11 mai 2005, alors
que l'opposition officielle, le Parti québécois, avait présenté une motion
sur un projet, le projet qui s'appelait le
projet n° 390 de Stéphan Tremblay, la Loi interdisant la distribution des
sacs de plastique non biodégradables.
Alors,
comme je le disais, je félicite le député de son initiative et, de toute
évidence, de son pouvoir de convaincre le
leadership de son parti d'utiliser ce précieux temps pour une telle procédure.
C'est tout à son honneur. Mais, au-delà des capacités du député, ce que ça démontre bien aussi, Mme la
Présidente, c'est que les partis d'opposition ont tous les outils
nécessaires, tous les outils à leur disposition pour, d'eux-mêmes, appeler le
principe des projets de loi de leurs députés,
des projets de loi qui leurs sont si chers. Alors, je les encourage, le deuxième
parti d'opposition comme le premier parti
d'opposition, Mme la Présidente, à continuer d'utiliser cette opportunité. Mais
alors je les vois réfléchir à ma proposition, et, pendant qu'ils y
réfléchissent, Mme la Présidente, on va parler de la motion qui est devant nous
aujourd'hui.
La
motion du collègue est en apparence toute simple. Il demande que le principe de
son projet de loi, le n° 393, soit
adopté. Mais le projet de loi du député cependant est loin d'être aussi simple
que la demande qu'il formule aujourd'hui. Le député demande que son
projet de loi, qui s'appelle la Loi encadrant la nomination de certains
titulaires d'emplois supérieurs et
uniformisant certains aspects de la nomination des juges et décideurs
administratifs, franchisse la prochaine étape vers son adoption. Mais, Mme la Présidente, le projet de loi
ignore certains principes bien simples, notamment au niveau de la
séparation des pouvoirs. Le député demande essentiellement que plusieurs postes
clés dans l'appareil gouvernemental soient évalués, soient sélectionnés par la
Commission de l'administration publique de l'Assemblée nationale, de notre Assemblée nationale. Et on ne parle pas ici de
n'importe quel poste, Mme la Présidente. Parmi la liste qu'on trouve en annexe du projet de loi du député,
on retrouve le secrétaire général du Conseil exécutif, celui, essentiellement, à qui on réfère souvent comme le
bras droit du premier ministre. Il inclut le secrétaire du Conseil du trésor,
l'ensemble des sous-ministres, l'ensemble des délégués généraux du Québec, le
Forestier en chef et plusieurs autres.
Il
veut donc, le député veut donc que la Commission de l'administration publique,
composée de députés, incluant lui-même,
soit essentiellement en charge de nommer ces personnes. Et là le député va me
dire : Non, non. Les députés ne
seraient pas en charge de nommer cette personne-là. Ils seraient seulement en
charge d'interviewer le ou la candidate, d'évaluer son expérience, d'évaluer ses compétences, d'en faire un
rapport. Mais, Mme la Présidente, vous savez comme moi, dans la réalité, si un comité de députés fait
une recommandation négative pour toutes sortes de raisons, et Dieu sait que
les politiciens font des choses pour toutes
sortes de raisons, et que l'autorité responsable choisit quand même cette
personne-là, dans la réalité, Mme la
Présidente, vous ne me ferez pas croire que le deuxième parti d'opposition
n'ira pas faire de la politique avec
ça. Vous ne me ferez pas croire qu'on ne les entendra pas se lever et scander
haut et fort que la démocratie n'a
pas été entendue, que le gouvernement ignore la volonté des représentants élus,
que le système qu'on a mis en place est un front. Vous ne me ferez pas croire, Mme la Présidente, qu'un parti,
le sien ou un autre, assis sur les bancs d'opposition ne va pas se
lever, indigné du choix d'une personne qu'ils ont contesté.
Parce
que, Mme la Présidente, ce qu'il propose de faire, c'est d'enlever le pouvoir
au Conseil exécutif pour le donner aux politiciens, à une commission
parlementaire, une instance composée d'individus, à sa base, partisans. Et j'écoutais le député de Deux-Montagnes, il avait
raison quand il dit que nous sommes tous partisans. Il l'est, je le suis,
les membres de la Commission de
l'administration publique sont partisans. Il aimerait, pour ces postes, ces
postes clés dans le succès d'un
gouvernement, dans le succès de différentes initiatives gouvernementales, qu'un
groupe de députés doive obligatoirement évaluer et faire rapport des
compétences des candidats.
Et,
pour justifier sa demande, Mme la Présidente, il se base sur d'autres
juridictions. On l'a entendu tantôt parler du gouvernement fédéral, mais
le mécanisme qu'il propose, ce n'est pas du tout celui du gouvernement fédéral.
Au gouvernement fédéral, la liste de postes
visés, oui, est beaucoup plus large que celle présentée dans le projet de
loi n° 393, mais l'examen
n'est pas obligatoire, Mme la Présidente, loin de là, et cet examen peut être
fait avant la nomination, peut être
fait après la nomination. On a entendu parler de d'autres juridictions
également, et peut-être pourrait-il nous dire de se comparer avec le Royaume-Uni, mais encore au
Royaume-Uni, Mme la Présidente, ils ont eu le réflexe, très bon réflexe d'ailleurs, de ne pas inclure les postes de hauts
fonctionnaires. Ils ont plutôt inclus des postes de ce qu'ils appellent des
régulateurs, des inspecteurs, des postes où c'est important d'avoir une
certaine distance, une certaine autonomie.
Si
je prends, Mme la Présidente, comme simple exemple le poste de secrétaire général
du Conseil exécutif, dans des postes
comme celui-là, vous le savez, c'est important, c'est crucial, même, d'avoir la
confiance de l'exécutif, car le secrétaire
est en partie, en grande partie responsable de l'exécution des décisions du
gouvernement. Alors, de soumettre des candidatures pour un poste de si
proche collaborateur, un poste si stratégique à une commission parlementaire où
siègent des députés, des représentants du législatif, et je le dis en toute
honnêteté, en me prenant moi-même comme exemple,
Mme la Présidente, alors de donner ce pouvoir à des députés qui ne connaissent
pas nécessairement les qualités, les
expertises requises, les technicalités, les exigences du rôle de l'exécutif,
personnellement, Mme la Présidente, et je parle de moi encore pour ne pas blesser les gens de différents partis,
je n'ai nullement la prétention, après 18 mois de service comme député dans le législatif, sans avoir
travaillé de près avec un secrétaire général, sans avoir d'expérience dans
l'exécutif, je n'ai nullement la
prétention d'être en mesure d'avoir ce que ça prend, d'être en mesure d'évaluer
de façon appropriée le candidat au
poste de secrétaire général, et surtout pas, encore moins, de le faire dans un
contexte chargé en partisanerie comme
peuvent l'être les commissions parlementaires. Et on a beau dire qu'on ne veut
pas faire de partisanerie avec ça, que la
Commission de l'administration publique n'est pas partisane, le risque de
glisser est évident. On l'a entendu dans le discours du leader tantôt, du leader du deuxième parti d'opposition,
lui-même l'a fait dans son discours. Alors, il nous a prouvé, il nous a
démontré exactement ce qui ne fonctionne pas avec le projet de loi du député de
Deux-Montagnes.
L'autre
aspect, Mme la Présidente, au sujet du projet de loi n° 393 qui nous a
déjà, par le passé, été souligné par la Coalition avenir Québec, c'est qu'il reflète bien, qu'il vient dans la
foulée, si l'on veut, du rapport Perrault. Le rapport Perrault, Mme la Présidente, pour
ceux qui ne le savent pas, c'est le rapport de M. André Perrault qui avait été
rendu public par le dernier
gouvernement et qui porte sur les conditions d'emploi des titulaires d'emplois
supérieurs. Mais le projet n° 393 ne traduit pas du tout les
recommandations du rapport Perrault. Dans le projet de loi du député, on ne
parle pas des responsabilités du Conseil des
ministres, on ne parle pas des responsabilités du premier ministre, on ne parle
même pas des responsabilités du
Secrétariat aux emplois supérieurs.
On met tout entre les mains de la Commission
de l'administration publique de l'Assemblée
nationale, et pourtant aucun de ces
postes ne sont sous l'autorité de l'Assemblée
nationale. Pour tout dire, Mme la Présidente, on ne peut pas donner à Paul le pouvoir d'embaucher l'employé de
Pierre. Paul n'a pas la moindre idée de ce que Pierre a besoin, et ce n'est pas Paul qui va être pris avec
l'employé problème de Pierre si jamais il y en a un, problème.
• (16 h 30) •
Alors,
Mme la Présidente, avec son projet de loi, le député vient jouer dans un principe, dans un
concept bien établi, celui de la
séparation des pouvoirs. Alors, non seulement, comme je viens de l'indiquer,
les besoins du pouvoir exécutif seraient affectés par les décisions du
pouvoir législatif, mais le pouvoir judiciaire se verrait également affaibli
par la proposition du député. Son projet de loi comporte une
clause particulièrement difficile à comprendre pour quiconque connaît
le milieu judiciaire, et d'où l'importance de revenir sur les propos du leader
de tout à l'heure.
Il
propose, le projet de loi du député,
que la nomination d'un juge ou d'un décideur administratif soit d'une durée
de quatre ans et puisse être renouvelée une
seule fois pour la même durée. M. le Président, la Charte canadienne des droits
et libertés est claire à ce sujet,
l'exigence constitutionnelle d'indépendance de la fonction judiciaire est un
aspect essentiel de la primauté du
droit. En tant qu'institution, les tribunaux puis les juges individuellement
également doivent être à l'abri de
toute influence, que ça vienne des députés, des gouvernements, des
législateurs, des commissions d'enquête, des groupes de pression, des multinationales, tiens. La raison
est simple, M. le Président, le public doit avoir entièrement confiance à l'institution. Et, la Cour suprême l'a dit,
l'indépendance judiciaire, celle qui assure que le public a confiance au
système, c'est ce que mon collègue,
tantôt, a appelé l'inamovibilité des juges. Ça veut dire, M. le Président,
qu'un juge ne peut pas être destitué sans mauvaise conduite, ce qui
n'est pas le principe énoncé par le député.
Enfin,
M. le Président, le leader y a touché un peu plus tôt, mais je tiens à le
rappeler parce que je suis convaincu qu'après
le débat d'aujourd'hui et, encore plus, après avoir entendu l'allocution du
député de Granby qu'à la fin de cet exercice
la CAQ va nous dire à quel point c'est désolant, qu'ils voulaient faire de la
politique autrement que les vieux partis. Mais, M. le Président, les vieux
partis n'ont pas eu à chercher bien loin pour savoir que le pas si nouveau
chef du pas si nouveau parti pense des
nominations politiques. En campagne électorale, c'était leur chef. Pas leur
chef d'hier, leur chef actuel, celui
qui est encore aujourd'hui aux commandes de la Coalition avenir Québec, qui se
confiait à Denis Lessard en campagne
électorale pour dire — et je vais le citer : «Si on veut faire un changement au
Québec, il faut remplacer [...] les sous-ministres et les présidents de
société d'État qui ne pensent pas comme nous...» Et là il ne parlait pas de les
changer à travers une commission
parlementaire ou aux deux tiers de l'Assemblée, il disait... Encore une fois,
le chef de la Coalition avenir Québec, pour être clair, disait qu'une
dizaine de postes stratégiques doivent être en osmose avec les orientations des gouvernements, comme les
présidents des grandes sociétés d'État, mais aussi les sous-ministres comme
ceux au Trésor, aux Finances, à la Santé, à l'Éducation.
Si
le chef de la Coalition avenir Québec avait tout fait pour que personne dans
son parti ne présente un projet de loi comme
celui du député, il n'aurait pas pu mieux faire, M. le Président, parce qu'il
allait encore plus loin, il disait de certains gestionnaires spécifiques... Il parlait de Michael Sabia et il
disait — Michael
Sabia étant le gestionnaire de la très indépendante
Caisse de dépôt et placement : On aura une bonne discussion, et, s'il
continue de penser comme ça, il ne sera pas là longtemps. Il disait, en
parlant du P.D.G. d'Hydro-Québec : «M. Vandal est-il d'accord avec
[nous]? J'en doute! Et, s'il n'est pas
d'accord, il va y avoir des changements!» M. le Président, si on aurait voulu
écrire un projet de loi à l'encontre
des propos du chef de la CAQ, on n'aurait pas fait un meilleur travail que
celui du député de Deux-Montagnes.
Alors,
M. le Président, si la Coalition avenir Québec... si le député de
Deux-Montagnes veut faire de la politique autrement, je l'invite à se rallier à
la nouvelle procédure que mon collègue le leader a annoncée la semaine dernière
quant aux postes à pourvoir par l'Assemblée
nationale. Je l'invite même à nous aider à publiciser tous les appels d'intérêt
pour les postes de dirigeants, encore
une fois sous le pouvoir de l'Assemblée nationale, pour s'assurer qu'on
recueille les meilleurs candidats possible au bénéfice de cette
Assemblée et au bénéfice des Québécois. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, je vous remercie, M. le député, de votre
intervention. Et je ne vois pas d'autre
personne qui sollicite de poursuivre, alors, en conséquence, nous allons
procéder maintenant à la mise aux voix de
la motion de M. le député de Deux-Montagnes qui proposait que le principe du
projet de loi n° 393, Loi encadrant la nomination de certains titulaires d'emplois supérieurs et uniformisant
certains aspects de la nomination des juges et décideurs administratifs,
soit adopté.
Que les députés en
faveur de cette motion veuillent bien se lever.
Une voix :
...
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, le vote nominal est appelé. En
conséquence, qu'on appelle les députés pour procéder au vote.
• (16 h 35 — 16
h 48) •
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, s'il vous plaît! Silence!
Mise aux voix
Nous allons procéder à la mise aux voix de la
motion de M. le député de Deux-Montagnes proposant :
«Que le principe du projet de loi
n° 393, Loi encadrant la nomination de certains titulaires d'emplois
supérieurs et uniformisant certains aspects de la nomination des juges
et décideurs administratifs, soit adopté».
Que les députés en
faveur de cette motion veuillent bien se lever.
La Secrétaire adjointe :
M. Legault (L'Assomption), M. Bonnardel (Granby), M. Charette (Deux-Montagnes),
M. Martel (Nicolet-Bécancour), Mme Roy
(Montarville), Mme Samson (Iberville), M. Roberge (Chambly), M. Laframboise
(Blainville), M. Schneeberger (Drummond—Bois-Francs), Mme D'Amours (Mirabel), M. Lemay
(Masson), Mme Lavallée (Repentigny),
M. Lamontagne (Johnson), M. Surprenant (Groulx), Mme Soucy (Saint-Hyacinthe),
M. Spénard (Beauce-Nord), M. Paradis (Lévis), M. Picard
(Chutes-de-la-Chaudière), M. Jolin-Barrette (Borduas).
M. Drainville (Marie-Victorin), M.
Marceau (Rousseau), M. Therrien (Sanguinet), M. Bérubé (Matane-Matapédia),
Mme Léger (Pointe-aux-Trembles), Mme Lamarre
(Taillon), M. Traversy (Terrebonne), M. Lelièvre (Gaspé), M. Bergeron (Verchères), M. Leclair (Beauharnois), M.
Gaudreault (Jonquière), Mme Maltais (Taschereau), M. LeBel (Rimouski), Mme Hivon (Joliette), M. Cloutier
(Lac-Saint-Jean), M. Lisée (Rosemont), M. Pagé (Labelle), M. Cousineau
(Bertrand), M. Ouellet (René-Lévesque), M. Rochon (Richelieu), M.
Villeneuve (Berthier), M. Turcotte (Saint-Jean), M. Kotto (Bourget), Mme
Richard (Duplessis), M. Roy (Bonaventure).
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Que les députés contre cette motion
veuillent bien se lever.
• (16 h
50) •
La Secrétaire adjointe :
M. Fournier (Saint-Laurent), M. Paradis (Brome-Missisquoi), M. Hamad
(Louis-Hébert), Mme Boulet
(Laviolette), M. Leitão (Robert-Baldwin), M. Moreau (Châteauguay), M. D'Amour
(Rivière-du-Loup—Témiscouata), M. Huot (Vanier-Les Rivières),
M. Kelley (Jacques-Cartier), Mme Vallée (Gatineau), M. Lessard (Lotbinière-Frontenac), M. Barrette
(La Pinière), M. Blanchette (Rouyn-Noranda—Témiscamingue), M. Heurtel (Viau), M. Arcand (Mont-Royal), Mme Charbonneau
(Mille-Îles), Mme Weil (Notre-Dame-de-Grâce), Mme Vien (Bellechasse), M.
Billette (Huntingdon), M. Blais (Charlesbourg), M. Reid (Orford), M. Morin
(Côte-du-Sud), Mme Vallières (Richmond), M.
Bernier (Montmorency), M. Ouellette (Chomedey), Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger), Mme Charlebois (Soulanges), Mme
Ménard (Laporte), M. Sklavounos (Laurier-Dorion), M. Girard (Trois-Rivières),
M. Carrière (Chapleau), M. Chevarie (Îles-de-la-Madeleine), M. Matte
(Portneuf), M. Simard (Dubuc), M. Tanguay (LaFontaine),
M. Bolduc (Mégantic), Mme de Santis (Bourassa-Sauvé), M. Iracà (Papineau),
M. Rousselle (Vimont), M. Proulx
(Jean-Talon), M. Auger (Champlain), M. Habel (Sainte-Rose), M. Giguère
(Saint-Maurice), M. Fortin (Sherbrooke),
M. Fortin (Pontiac), M. Bourgeois (Abitibi-Est), M. Boucher (Ungava), M.
Birnbaum (D'Arcy-McGee), M. Hardy (Saint-François), M. Merlini
(La Prairie), Mme Montpetit (Crémazie), Mme Nichols (Vaudreuil), M. Polo
(Laval-des-Rapides), Mme Simard (Charlevoix—Côte-de-Beaupré), M. St-Denis
(Argenteuil), Mme Tremblay (Chauveau), Mme Anglade (Saint-Henri—Sainte-Anne),
M. Busque (Beauce-Sud), Mme Sauvé (Fabre).
Le
Président : Y a-t-il des abstentions? Il n'y en a pas. M. le
secrétaire général, pour le résultat.
Le
Secrétaire : Pour : 44
Contre : 59
Abstentions :
0
Le Vice-Président (M. Gendron) : La motion est rejetée. Alors, M. le leader
adjoint, pour la poursuite de nos travaux.
M.
Sklavounos : ...M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : S'il vous plaît! À l'article 24, l'Assemblée
reprend le débat ajourné plus tôt aujourd'hui sur l'adoption du projet de loi
n° 51, Loi visant notamment à rendre l'administration de la justice plus
efficace et les amendes aux mineurs plus dissuasives.
Des
voix : ...
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Oui, on va suspendre quelques minutes
parce que ça n'a pas l'air qu'on est capable de sortir de cette Assemblée dans
le silence.
(Suspension
de la séance à 16 h 53)
(Reprise à
16 h 54)
Projet de loi n° 51
Reprise du débat sur
l'adoption
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, comme j'ai tenté de le dire tantôt,
l'Assemblée reprend le débat ajourné plus tôt aujourd'hui sur l'adoption
du projet de loi n° 51, Loi visant notamment à rendre l'administration de
la justice plus efficace et les amendes aux mineurs plus dissuasives, et je
suis prêt à entendre des interventions s'il y en a.
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Gendron) : Oui, excusez. Oui, je ne vous avais pas vu, je
reconnais... Là, j'ai un... M. le député, pour votre intervention.
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : Merci, M. le Président. Donc, on est rendu à
l'étape de l'adoption finale pour le projet de loi n° 51, Loi
visant notamment à rendre l'administration de la justice plus efficace et les
amendes aux mineurs plus dissuasives.
D'entrée de jeu, M. le Président, pour
mes commentaires finaux, je tiens à remercier l'ensemble des collègues parlementaires qui ont participé à la commission
parlementaire : du côté ministériel, bien entendu, Mme la ministre, ainsi
que ses collègues de la partie
ministérielle; du côté de l'opposition officielle, Mme la députée de Joliette
ainsi que notre ex-collègue M. le député de Chicoutimi qui a débuté
l'étude du projet de loi.
Donc, M. le Président, dans le projet
de loi n° 51... En fait, c'est un projet de loi omnibus. Je ne referai pas
la genèse complète que j'ai faite à
l'étape du rapport de la commission. Ceci étant dit, il y avait des éléments
marquants dans le projet de loi, M.
le Président, notamment celui du montant maximal, pour le Code de la sécurité
routière, qui allait être imposé aux
mineurs au niveau du montant de l'amende, M. le Président. On a eu de nombreux
débats relativement au quantum, M. le
Président. Il faut comprendre que, depuis 1987, basé sur une évaluation de
1984, un mineur, en vertu du Code de procédure
pénale, en vertu de l'article 233 du Code de procédure pénale, ne pouvait avoir
une amende supérieure à 100 $ lorsqu'il
commettait une infraction, que ce soit par le biais d'une loi statutaire ou que
ce soit par le biais du Code de la sécurité routière, celles-ci étant
fixées à un maximum de 100 $.
La
proposition gouvernementale, M. le Président, était de fixer le montant maximal
de l'amende pour les mineurs à
1 000 $. Il y a eu plusieurs échanges, et, malheureusement, les
arguments de la partie ministérielle ne nous ont pas convaincus d'appuyer à 1 000 $ le montant de
l'amende maximale, M. le Président, pour plusieurs motifs, mais notamment pour
le fait qu'on doit assurer une
distinction entre le montant imposé aux majeurs et le montant imposé aux
mineurs, et ce, aussi, dans une
perspective, M. le Président, de comprendre qu'en matière de justice pour
adolescents les principes ne sont pas les mêmes, et le caractère
dissuasif n'est pas démontré et n'a pas été démontré au cours de l'étude du
projet de loi.
Ceci
étant dit, nous avons proposé un amendement à 750 $, qui, de notre avis,
est un montant plus justifié. Parce que,
vous savez, M. le Président, entre 100 $ aujourd'hui... Et le montant
indexé en vertu de l'indice du coût de la vie serait d'environ
225 $. Et 750 $, il y a une majoration pour dénoncer, en fait, les
gestes répréhensibles, les comportements répréhensibles
qui seraient effectués par les individus âgés de moins de 18 ans au Code de la
sécurité routière. Pourquoi 750 $,
M. le Président? Pourquoi pas 500 $? Eh bien, vous savez, dans le cadre de
l'étude du projet de loi, il y a eu plusieurs échanges. Malheureusement, une amende à 400 $, une amende à
500 $, ça n'a pas été appuyé par la partie gouvernementale.
Ceci
étant dit, lorsqu'on débat, M. le Président, et qu'on étudie la loi, je pense
que c'est pertinent de le souligner qu'on
est capables, à la Commission des institutions — et je salue l'ouverture des collègues — de pouvoir échanger et de pouvoir réfléchir ensemble sur quelles sont les
dispositions législatives les plus appropriées à adopter, puis ça permet de
favoriser le débat, et ça permet aussi de consulter les gens. D'ailleurs, je
tiens à faire un point sur cet élément, M. le Président,
lorsqu'on consulte des groupes, ça permet de bonifier la législation et ça
permet aussi de faire évoluer notre pensée et d'y réfléchir.
Et d'ailleurs, sur ce
point-là, M. le Président, sur le projet de loi n° 76, qui a été présenté
par le ministre des Transports, on constate
que les auditions vont être convoquées la semaine prochaine, et ça laisse très
peu de temps aux partenaires du
réseau de transport, aux réseaux de transport municipaux et aux réseaux de
transport collectifs, de préparer leurs
mémoires, et je dois vous dire, M. le Président, que ce n'est pas la bonne
façon de travailler. Lorsqu'on souhaite véritablement moderniser la loi, lorsqu'on souhaite créer des nouvelles
structures, c'est important de consulter les acteurs, les partenaires
qui sont directement touchés.
Et
c'est ce que je reproche un peu, M. le Président, à ce gouvernement, de ne pas
faire suffisamment de consultations et d'imposer.
Le respect, M. le Président, des intervenants, c'est de les entendre
concrètement, M. le Président, et complètement, et de leur donner le
temps de vraiment faire l'exercice d'analyser le projet de loi, et de nous
permettre d'avoir leurs suggestions pour
bonifier la législation, et pour constater aussi est-ce qu'il y a des lacunes
dans le projet de loi déposé par le
gouvernement. Parce que vous n'êtes pas sans savoir, M. le Président, que la
vérité n'est pas détenue par personne.
Ceci
étant dit, si on revient au projet de loi n° 51, M. le Président, il y a
plusieurs éléments, notamment l'instruction de la procédure par défaut, le régime de non-contestation. Donc, ça,
c'est une avancée. On a modernisé le Code de procédure pénale. On a également adopté des dispositions
relativement au juge responsable de l'instance au niveau du Code de procédure
pénale, ce qui se faisait déjà dans le Code
de procédure civile. Ça va permettre notamment d'assurer une gestion de
l'instance, et, dans un souci d'économie et d'efficacité de la justice,
M. le Président, c'est une disposition que nous appuyons.
Relativement au
télémandat, M. le Président, je vous l'ai exposé un peu plus tôt cette semaine
ou la semaine dernière, on passe d'un
principe général au niveau de la demande orale du mandat lorsqu'on va voir le
juge dans son bureau ou lorsqu'on va
voir le juge en chambre... et là on passe à un télémandat où c'est une demande
par courriel. Je vous ai dit, M. le
Président, précédemment, qu'on aurait dû baliser davantage les moyens de
télécommunication qu'on souhaite viser. Est-ce que c'est l'utilisation du courriel? Est-ce que c'est
l'utilisation du télécopieur? On aurait dû le spécifier précisément, M. le Président, ça aurait évité toute ambiguïté
et tout débat, surtout si ce sont les moyens technologiques que l'on voit.
• (17 heures) •
Parce
que, vous savez, le développement des nouvelles technologies, ça peut amener
des difficultés d'application, puis
c'est important pour le législateur, surtout pour la validité des mandats,
qu'on sache quels sont les paramètres à respecter. Donc, sur cet
élément-là, on aurait eu davantage d'intérêt à baliser le tout.
Également, M.
le Président, un point important dans le cadre du projet de loi, Loi concernant
les partenariats en matière
d'infrastructures de transport. Je vous l'ai déjà mentionné, M. le Président,
la modification législative que nous effectuons
ne vise qu'une seule entité corporative. Je vous l'ai déjà mentionné, c'est
assez préoccupant lorsqu'on fait un changement
législatif qui ne touche qu'un seul individu corporatif dans la société,
d'autant plus que la raison pour laquelle on fait le changement, c'est
parce que les gens qui sont autorisés à signer les constats d'infraction ne
sont pas assez nombreux à l'intérieur de cette entité corporative là, donc on
leur dit : Bien, faites affaire avec des sous-traitants, vos sous-traitants ont la disponibilité de la
main-d'oeuvre. Il n'y a rien qui aurait empêché cette entité corporative là
elle-même d'engager les gens. Donc,
on a recours à la sous-traitance. Et les explications que nous avons eues
relativement à cette proposition de modification législative là ne nous
ont pas convaincus.
Au niveau de
la Loi sur la protection de la jeunesse, M. le Président, le fait de pouvoir
caviarder les décisions par la Société
québécoise d'information juridique, c'est une bonne chose, M. le Président, on
évite de dédoubler la situation.
En ce qui
concerne la Loi sur les recours collectifs, en fait, M. le Président, il faut
s'assurer — et suite à
un amendement qui a été déposé par le
député de Chicoutimi, que nous avons appuyé — le fait qu'il y ait une reddition de comptes. Parce que, vous savez, dans le cadre de
cette modification législative là, ce qu'on fait, c'est qu'on permet au Fonds d'aide aux recours collectifs d'assumer, à
même son fonds de roulement, ses frais d'opération. Donc, sa mission première, c'est d'offrir une contribution, de
soutenir les recours collectifs, mais il faut s'assurer qu'il y ait
suffisamment d'argent pour réaliser
sa mission. Et, lorsqu'on utilise le fonds d'opération, bien vous comprendrez
que ça entame en partie ses revenus
et notamment ses reliquats. Donc, la proposition que nous avons appuyée est
celle d'avoir une reddition de comptes,
et, je l'ai déjà mentionné, M. le Président, le fait de pouvoir avoir une
reddition de comptes devant une commission parlementaire, de façon statutaire, c'est une bonne chose, d'autant
plus... Ça va en lien avec ce que le député de Deux-Montagnes a présenté tout à l'heure durant nos travaux. Vous savez,
le fait que l'Assemblée et que les parlementaires puissent exercer un contrôle sur l'administration
publique et sur les charges publiques, bien, c'est une bonne chose dans la démocratie. C'est un des rôles de cette
Assemblée, et on devrait véritablement favoriser ce genre d'approche. Et je
souligne l'ouverture de la ministre
sur l'adoption de cet amendement, le fait que la commission pertinente de
l'Assemblée nationale va pouvoir étudier le rapport du Fonds d'aide aux
recours collectifs.
En ce qui
concerne la Loi sur les tribunaux judiciaires, qui est modifiée, le fait de
permettre à la Cour d'appel de se
rapprocher des citoyens en pouvant siéger dans différents districts autres que
ceux de Montréal et Québec, c'est une bonne
chose, M. le Président, parce que, vous savez que l'accès à la justice est
parfois difficile. Lorsqu'on se rend à la Cour d'appel, bien il y a des frais supplémentaires. Donc, le fait de
rapprocher la justice des gens, c'est une bonne chose, et nous devrions
continuer à agir dans ce sens-là.
Également,
on a modifié le Comité de la rémunération des juges. M. le Président, on
n'a pas obtenu la correspondance qu'on
souhaitait entre la conférence des juges de la Cour du Québec qui avait émis
des commentaires relativement au prolongement du mandat de trois à
quatre ans. Vous savez, et puis ça s'inscrit également dans le cadre de nos
débats, M. le Président, lorsque les
parlementaires sont appelés à voter sur un texte législatif, c'est important qu'ils
aient tous les outils et toute
l'information nécessaires, et j'invite la partie gouvernementale à transmettre
à l'ensemble des parlementaires ces informations-là.
C'est un peu la même chose lorsqu'on
a adopté le principe du projet de loi n° 59, M. le Président, on l'a fait sans avoir eu la
connaissance des amendements. Vous savez que nous ne pouvons que déplorer
cette façon de faire. D'autant plus que, si nous souhaitons adopter la meilleure législation possible, M. le Président, il faut avoir toutes les informations possibles.
En ce qui concerne le Code des professions, M. le
Président, eh bien, le fait qu'il va
y avoir maintenant des codes de déontologie et que les présidents de conseils de discipline seront
assujettis au Conseil de la justice administrative,
c'est également une avancée. Cependant, on se rappellera, M. le
Président, que les deux autres membres qui vont siéger au conseil de discipline, eux ne seront pas gouvernés
par les mêmes règles que les présidents des conseils de discipline, ce
qui peut s'avérer problématique.
Donc,
globalement, M. le Président, pour le projet de loi, nous avons bien travaillé.
Je pense que l'ensemble des parlementaires
ont bien travaillé. On n'est pas en accord avec l'ensemble des dispositions qui
s'y retrouvent, dans le projet de
loi, mais, globalement, M. le Président, il y a plusieurs avancées pour
l'administration de la justice qui s'y retrouvent. Cependant, M. le Président, il y a toujours
certains éléments avec lesquels on est en désaccord. Et on exprime clairement
notre désaccord, M. le Président. Je vous remercie.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, merci, M. le député de Borduas, de votre intervention. Et je reconnais
maintenant M. le député de Vimont pour son intervention. À vous la parole, M.
le député de Vimont.
M. Jean Rousselle
M.
Rousselle : Merci, M. le Président. Premièrement, je voudrais
vous dire que je suis très heureux de prendre la parole aujourd'hui concernant le projet de loi n° 51, Loi visant
notamment à rendre l'administration de la justice plus efficace et les amendes aux mineurs plus
dissuasives. Pendant tout le processus, je dois vous dire qu'on a eu une belle
collaboration avec les oppositions.
D'ailleurs, je voudrais féliciter Mme la députée de Joliette, son prédécesseur
aussi, l'ancien député de Chicoutimi, et le député de Borduas, mais
surtout la ministre pour son excellent travail, parce que, vraiment, on a eu de beaux échanges. Je pense que
la ministre a eu une belle ouverture d'esprit en modifiant des choses, parce que je pense qu'une commission, c'est fait
pour ça, c'est faire des échanges, faire des modifications. Et puis je pense
qu'on a eu une belle ouverture là-dessus.
Nous avons
modifié... Bien, ce projet de loi là apporte diverses modifications
législatives et qui ont pour effet de
rendre l'administration de la justice plus efficace. Écoutez, c'est une loi qui
est de 1987, donc une loi qui a 28 ans, donc, je pense, une loi qui
avait besoin d'être modernisée, besoin d'une mise à jour. C'était vraiment
nécessaire.
J'écoutais
mon collègue de Borduas, qui parlait justement, là, du montant d'argent, vous
savez, que, oui, on avait abordé, concernant la sécurité routière pour les
mineurs, un montant de 1 000 $. C'est sûr que la discussion a eu lieu
là-dedans. Est-ce que c'est
1 000 $, 750 $, 500 $? C'est quoi, le bon chiffre? Mais
l'objectif de tout ça, c'est vraiment de
changer des comportements. Je pense que c'est l'objectif. Et je pense que, tous
ensemble, c'est... L'objectif, c'était ça, c'est de sauver nos jeunes sur les routes. Donc, c'est de changer le
comportement de nos jeunes. Et le comportement de nos jeunes, bien, c'est par...
À un moment donné, tu prends plusieurs moyens. Donc, il y a une manière
pécuniaire qui fait que les gens y pensent beaucoup. Parce que le
100 $ qu'il y avait avant, je peux vous dire, avec le temps... Donc, comme je vous ai dit tantôt, ça fait 28 ans que ce
100 $ là est là. Je pense que 100 $, c'était désuet. Les gens... ce
n'était plus rendu un montant dissuasif pour ces jeunes-là.
Oui, il y a
aussi une question de programme, une question de faire de la promotion
concernant les accidents. Je pense
que c'est un tout. À un moment donné, changer des comportements, c'est... Il
faut que tu fasses de la publicité, il faut que tu y ailles d'une manière pécuniaire, mais aussi il y a une
responsabilité des citoyens là-dedans. Je pense que, bien souvent, oui,
il y a des jeunes qui n'ont pas cette chance-là, mais, bien souvent, ça part de
la maison. Donc, je pense qu'il y a une
responsabilité, aussi, parentale là-dedans qui, à un moment donné... c'est
d'informer les parents, d'essayer de
leur faire comprendre le danger. Mais, on le sait tous, des fois, les parents ne suffisent pas non plus, puis ça prend
des lois, puis ça prend des règlements, et c'est pour ça d'ailleurs que
cette loi-là a été améliorée.
Et changer
des comportements, ce n'est pas nécessairement évident. Vous l'avez vu, quand la ceinture de sécurité
a apparu, que ce soit un adulte ou un
mineur, changer des habitudes, ce n'était pas évident. Mais on parvient avec le
temps, avec des programmes, tu sais, davantage...
et avec toujours, comme je vous dis, le côté pécunier, qui vient à un moment donné faire réfléchir les
gens. Je pense que c'est un ensemble d'actions qui fait
que ces comportements-là peuvent être changés.
D'ailleurs,
la Table québécoise de la sécurité routière avait déposé un rapport étoffé en
2013, lequel recommandait entre
autres à la ministre de la Justice de revoir à la hausse le montant maximum des
amendes imposées aux mineurs. Donc, vous
pouvez voir que la table de concertation s'est penchée là-dessus,
et je pense que ça fait longtemps qu'on en parle,
on essaie vraiment de régler ces problèmes-là.
Parce que là on parle vraiment de la sécurité de nos jeunes. Puis je pense que les jeunes, bien, c'est
l'avenir. Il faut vraiment le protéger.
La ministre,
elle l'a dit tantôt, mais je vais le redire, parce que je pense
que c'est vraiment important,
c'est que cette recommandation
était basée sur des statistiques vraiment alarmantes. Le rapport de la table de
sécurité routière rapportait qu'en 2010, sur
environ 70 000 titulaires de permis de conduire qui avaient moins de
18 ans, 18 000 infractions ont été commises dans ce groupe. Donc, 18 000 personnes qui ont
amené des... qui ont fait des infractions, et là-dedans des
infractions, oui, il y en a des mineures...
(Interruption)
M.
Rousselle : Je pense
qu'il y en a un qui n'est pas d'accord avec moi, mais, d'une manière ou de
l'autre, Pepper, je ne pense pas
qu'il conduise, donc je suis correct. Enfin, en 2010, l'excès de vitesse,
action imprudente et conduite avec l'alcool dans le sang constituent
près de 60 % des infractions commises par les moins de 18 ans.
• (17 h 10) •
Donc, comme
vous pouvez le voir, c'est bien beau faire des programmes pour soutenir ces
infractions-là, donc informer les
gens dans les médias, et tout, mais ça ne suffit pas. Donc, il faut vraiment
qu'il y ait aussi le côté pécunier. Donc,
le jeune qui, lui, était vraiment tablé à 100 $, bien là, au moins, il va
avoir une amende qui va avoir... qui va être de 750 $. Et donc, au
moins, ça va être plus juste. Il va pouvoir réfléchir un petit peu plus.
Aussi, dans
ce sens, la table de la sécurité routière recommandait que l'article
233 du code de sécurité pénal soit modifié,
chose qu'on s'apprête à faire, pour refléter davantage le caractère
hautement répréhensif des infractions au CSR. Et vous le savez, que, même, il y a des infractions qui ont même doublé
pour les adultes. Donc, pourquoi que ces infractions-là, elles ont doublé en montant? Bien, c'est à cause
que, justement, c'étaient des infractions qui étaient vraiment
dangereuses. Et, vous le savez comme
moi, il y a des jeunes qui s'amusent à faire du «car surfing», on pourrait
dire, et c'est vraiment dangereux. C'est de la perte, c'est de la perte de
vies, et des fois, il y a des jeunes là-dedans qui restent justement, là, vraiment avec des problèmes pour le restant
de leur vie, et on ne veut pas ça.
On a regardé
aussi, dans d'autres places, dans d'autres provinces, c'étaient quoi, les
amendes, parce que, bien beau... On
dit : O.K., chez nous, ça va être 750, mais, ailleurs,
c'est quoi? Et on a juste à regarder rapidement... Il y a beaucoup de places comme
Alberta, Ontario, Nouveau-Brunswick, c'est 1 000 $. Et il y a même des
provinces que ce n'est aucune limite.
Ce sont les mêmes amendes que les adultes. Je ne vous dis pas qu'il fallait
aller là. Effectivement, je pense qu'on est capables de faire des choses au Québec d'une manière différente,
chose qu'on fait, mais, regardez, je pense qu'avec ce projet de loi là
on est arrivés à une bonne place, à un montant raisonnable.
Je veux suivre avec le télémandat. Je pense qu'à
un moment donné il faut se mettre à la page. Il faut vraiment actualiser... Il faut y aller d'une manière... On
a des manières technologiques qui
sont plus avancées maintenant. Si on recule,
encore une fois, voilà 28 ans, bien, la tablette et les e-mails, ça n'existait
pas. Donc, maintenant, ça existe. Je pense qu'il faut les utiliser. Je pense, ça va être
vraiment plus rapide, ça va être plus opérationnel aussi. Et je ne pense pas,
le fait que quelqu'un se présente devant
un juge ou par téléphone à un juge, que ça va être différent. Moi, je dirais,
s'il y a quelque chose, ça va être mieux parce que, justement, ça va
être plus rapide, et le juge qui va prendre une décision, justement, il va avoir vraiment toutes les informations
devant lui pour prendre une décision éclairée. Et je suis certain que, si le juge, il lui manque des informations,
bien, écoutez, il va demander tout simplement un complément d'information,
puis ça va se faire comme ça.
C'est tout. Je
voudrais... C'est tout. Merci.
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, merci, M. le député de Vimont. Alors, je
ne vois pas d'autre demandeur de
parole. Alors, est-ce à dire que le projet de loi n° 51, Loi visant
notamment à rendre l'administration de la justice plus efficace et les
amendes aux mineurs plus dissuasives, est adopté?
Des voix :
Adopté.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Adopté. M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Sklavounos :
Oui, M. le Président. Je vous demanderais d'appeler l'article 10, s'il vous
plaît.
Projet de loi n° 69
Adoption du principe
Le Vice-Président (M. Gendron) : À l'article 10 du feuilleton d'aujourd'hui, c'est
M. le ministre des Finances qui
propose l'adoption du principe du projet de loi n° 69, Loi donnant suite à
des mesures fiscales annoncées principalement à l'occasion du discours
sur le budget de mars 2015. Alors, je suis prêt à entendre des interventions et
je reconnais M. le ministre des Finances pour son intervention. À vous.
M. Carlos J Leitão
M.
Leitão : Merci, M. le Président. Alors, je soumets à cette Assemblée,
pour qu'elle en adopte le principe, le projet
de loi n° 69, intitulé Loi donnant suite à des mesures fiscales annoncées
principalement à l'occasion du discours sur le budget du 26 mars 2015.
Ce
projet de loi, M. le Président, a été présenté le 10 novembre 2015 et
il donne suite principalement au discours sur le budget du 26 mars de la même année, de même qu'à certains
bulletins d'information publiés en 2014 et en 2015. En modifiant 11 lois, dont la Loi sur les impôts,
la Loi sur la Régie de l'assurance maladie du Québec et la Loi sur la taxe
de vente du Québec, il vient concrétiser
l'intention du gouvernement d'alléger le fardeau fiscal des Québécois et
d'accroître leur pouvoir d'achat.
Ces mesures
permettront de retourner 2 milliards de dollars dans les poches des
contribuables au cours des cinq prochaines
années. Il s'agit de l'abolition graduelle de la contribution santé, de la mise
en place d'un bouclier fiscal et de
la bonification de l'incitation au travail pour les travailleurs d'expérience.
Et elles auront également pour effet de favoriser l'incitation au
travail, ainsi que de contribuer à combler les besoins évidents du marché de l'emploi,
tout en assurant un transfert de connaissances et d'expertise vers les
décideurs de demain.
M. le Président,
d'autres mesures de ce projet de loi viennent également soutenir l'emploi et la
croissance économique, et, pour n'en nommer
que quelques-unes, permettez-moi de mentionner : d'abord, la bonification
des taux du crédit d'impôt pour le stage en milieu de travail et des
crédits d'impôt pour le domaine culturel; deuxièmement, la prolongation de deux ans du crédit d'impôt relatif
à l'intégration des technologies de l'information dans les PME manufacturières et son élargissement au secteur
primaire; troisièmement, l'uniformisation du taux de crédit d'impôt pour
la recherche scientifique et le
développement et l'instauration d'un montant de frais exclus aux fins du calcul
de ces crédits d'impôt; quatrièmement, la révision du crédit d'impôt
pour le développement des affaires électroniques.
Avec ce projet
de loi, M. le Président, nous agissons pour que le Québec demeure un chef de file dans ces
secteurs de pointe en offrant aux
entreprises un environnement fiscal stable et prévisible afin de les inciter à
investir et à contribuer à la
croissance économique. Par ailleurs, la loi modifie la Loi sur les impôts et la
Loi sur la taxe de vente du Québec afin d'y
introduire des mesures d'harmonisation à la législation fédérale. Enfin, ce
projet de loi apporte des modifications à caractère technique, de concordance ou de terminologie à diverses
lois. Je vais m'abstenir d'énumérer les autres mesures contenues dans le
projet de loi n° 69, puisque ses notes explicatives en font état et que
nous aurons l'occasion de les examiner plus en détail en commission
parlementaire.
Alors,
M. le Président, j'invite donc les membres de cette Assemblée à adopter le
principe du projet de loi n° 69.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Merci, M. le ministre des Finances, de votre
intervention sur la dernière étape de
ce projet de loi, et je cède la parole au prochain intervenant. Je reconnais M.
le député de Rousseau, porte-parole de l'opposition officielle en ces
matières. M. le député de Rousseau, à vous la parole.
M.
Nicolas Marceau
M. Marceau :
Oui, merci, M. le Président. Alors, écoutez, j'interviens au nom de
l'opposition officielle sur le projet de loi n° 69, qui donne suite
au budget du 26 mars dernier.
Le budget du
26 mars dernier, vous vous en rappellerez, avait été l'occasion d'un débat au
cours duquel, de notre côté, nous
avions manifesté notre profond désaccord avec l'approche du gouvernement. Si je
peux... Je vais me permettre de vous rappeler certains éléments de ce
qui nous embêtait à l'époque et puis qui semblent se confirmer aujourd'hui.
C'est que le
gouvernement, essentiellement, a fait le choix d'égaliser les colonnes, celle des
revenus et celle des dépenses, mais
avec une approche bête, une approche simpliste, une approche, dans le fond, que
n'importe qui pourrait appliquer, puisqu'elle consiste essentiellement à
couper sans se poser de question, sans se demander quelles sont les
conséquences des gestes qu'on pose.
Et ce
budget, donc, nous annonçait, à l'époque, toute croissance... En éducation, de
mémoire, c'était un taux de 0,1 %, M. le Président. Et ce qu'on constate... En tout cas, les derniers
chiffres nous confirment que le budget de l'Éducation est en baisse présentement de 0,4 %. Alors,
cette approche, que je qualifierais de niaise, d'inappropriée, qui avait été
énoncée dans le budget en mars dernier, elle se confirme sur le terrain,
elle est appliquée par le gouvernement actuel.
C'est la même
chose en santé. Donc, c'est la même chose aussi dans plusieurs secteurs. On le
sait, les coupes sont importantes. Et
tout ce que j'avais dit, M. le Président, le 26 mars dernier, à l'occasion du
budget, je le redis aujourd'hui avec
conviction. Il s'agit d'une approche erronée, une approche qui sacrifie
l'avenir au désir d'égaliser deux colonnes. Et je pense que l'approche est fondamentalement mauvaise. En tout cas,
du côté des dépenses, il y a vraiment une approche qui est épeurante.
À tous les
jours qui se passent dans cette Assemblée, mes collègues en santé, en
éducation, en services sociaux, ceux qui s'intéressent à la jeunesse
nous rappellent les différentes coupures qui affectent de façon importante les Québécois, puis plus particulièrement nos jeunes. Pour utiliser une expression qu'un de mes députés préférés utilise, les jeunes en
mangent toute une, M. le Président, les jeunes en mangent toute une.
• (17 h 20) •
Alors, ça, c'est du côté des dépenses, puis,
dans ce budget, il y avait aussi le côté des revenus, puis je vais me permettre de le dire ici, encore une fois, puis je
vais me permettre de rappeler cet élément-là : Dans le budget — puis là, regardez, ce n'est pas moi qui invente ça — à la page — moi, je l'ai ici, le numéro de la page,
attendez, j'ai mon petit papier, il
est ici — A-23...
En fait, si on combine la page A-23 et la page A-24, on est capable de mesurer
l'augmentation du fardeau fiscal
auquel sont conviés par le gouvernement libéral, en 2015‑2016... Donc, on peut
voir en 2015 — à la
page A-23 — qu'on a, dans le fond, et c'est bien, les
revenus autonomes consolidés du gouvernement, excluant les entreprises, dans le cas où on n'augmente pas les impôts, les
taxes, les tarifs, puis on a ces mêmes impôts tels qu'ils auraient été...
tels qu'ils seront, pardon, tels qu'ils sont
avec les mesures qui sont mises en place dans le budget. Ça, c'est à la page
A-23. Et, si vous combinez A-23 et
A-24, vous êtes capable de calculer ce qui suit, M. le Président, vous êtes capable
de calculer que, s'il n'y avait pas eu de hausse d'impôts et de tarifs,
les revenus autonomes du gouvernement auraient augmenté de 3,9 %, en tout cas c'est ce qui était annoncé par le
gouvernement à l'époque, mais avec les hausses, c'est 5,3 %. Donc, 3,9 % sans les gestes du gouvernement,
5,3 % avec les gestes du gouvernement, et faites un peu... prenez une
calculatrice et vous allez constater
comme moi que la hausse du fardeau fiscal des Québécois en 2015‑2016, c'est
1 023 000 000 $, et effectivement,
ça se répercute sur nos familles. On a fait les calculs : pour une famille
de la classe moyenne qui utilise des
services de garde, qui a à subir les hausses de services de garde aussi à
l'école, les différentes hausses de taxes, les augmentations des taxes
municipales aussi qui découlent du pacte fiscal que ce gouvernement s'est
glorifié d'avoir signé avec nos
municipalités, mais qu'il a plutôt imposé à nos municipalités, bien on arrive à
quoi? On arrive à une facture de
1 500 $ de plus pour les familles. Alors, 1 milliard, si vous
voulez quand on parle en termes macroéconomiques, là, pour qu'on comprenne bien qu'est-ce que ça
représente dans le déséquilibre du gouvernement, 1 milliard de revenus de
plus que le gouvernement est allé chercher
dans les poches des Québécois ou bien, si on veut le mettre en termes plus
concrets, 1 500 $ pour une famille de la classe moyenne. Alors, M. le
Président, d'un côté, on coupe les services à la population de façon drastique et irresponsable puis, de l'autre côté, on
va chercher plus dans les poches des Québécois. Alors, évidemment, ce
n'est pas une approche qu'on pourrait qualifier d'équilibrée, hein? On est à la
recherche de l'équilibre ici, M. le Président, mais il n'y a pas d'équilibre
là-dedans. C'est, au contraire, très déséquilibré, c'est une approche facile, une approche niaise, comme je
l'ai dit un peu plus tôt aujourd'hui. Alors, M. le Président, on n'était pas
d'accord.
Aussi, je le
réitère, puis je le répète, puis je vais le redire à d'autres occasions, le gouvernement
pêche par absence de politique
économique. Il n'y a pas de politique économique, là, qui a été annoncée par ce
gouvernement. Il n'y a pas d'orientation
à laquelle... Si quelqu'un peut me dire dans quelle direction le gouvernail
nous amène, levez la main. Peut-être de
l'autre côté? J'attends. Non, il n'y en a pas, M. le Président. Alors,
effectivement, il n'y en a pas, il n'y a pas de gouvernail, il n'y a pas de politique économique, et ce n'est pas
surprenant de vous dire que l'action gouvernementale, là, les coupures
importantes auxquelles on a droit, les hausses de fardeau fiscal auxquelles on
a droit, évidemment ça se soustrait à l'activité
économique québécoise, ça se soustrait. Certains économistes, puis pas... parmi
nos meilleurs, nous ont dit que ça pouvait soustraire jusqu'à un point de
pourcentage du PIB québécois.
Donc, si vous combinez les coupes, les hausses de
tarifs, les hausses de taxes puis vous combinez ça à l'absence de politique
économique, bien, effectivement, vous pouvez arriver à ce qu'on constate dans l'économie
québécoise présentement, et, M. le Président, ce qu'on constate dans l'économie
québécoise, ce n'est pas glorieux. La croissance économique annoncée par le ministre à l'occasion du budget n'est pas au
rendez-vous. On va le savoir la semaine prochaine. Jeudi prochain, il
nous fera part de ses nouvelles prévisions, mais on sait très bien qu'elles
seront diminuées de 0,6 %,
0,7 %, peut-être 0,8 %. On avait prévu du 2 % puis on risque de
se retrouver dans le voisinage de 1,3 %, 1,4 %, peut-être 1,2 %, peut-être 1,5 %. On
verra bien ce que le ministère des Finances a à dire, mais il y a beaucoup de
personnes qui examinent la situation puis qui pensent que ce n'est pas
bon.
Quant à
l'emploi, on stagne, M. le Président. Il n'y a essentiellement pas de création
d'emplois. Les investissements des
entreprises, ça ne va pas. Les investissements en machines et équipements, qui
est un élément encore plus précis puis plus
pointu, mais qui est encore plus important, ça ne va pas non plus, il n'y a
rien là pour se réjouir. Les exportations, ça ne va pas non plus, on l'a vu, les exportations québécoises, dans un
contexte où le dollar canadien a diminué, dans un contexte où le prix du
pétrole a diminué. Donc, ce sont des éléments, ce sont des facteurs qui sont
favorables aux entreprises québécoises.
Bien, il n'y a rien de cela, M. le Président, qui se traduit par des plus
grandes exportations de nos entreprises vers le reste du Canada, ou
encore vers les États-Unis, ou d'autres pays du monde.
Dernier point
sur la situation économique : les mises en chantier, qui sont à des
niveaux de déprime comme on n'en a
pas observé depuis longtemps. Il y a eu un certain moment où on se réconfortait
en disant : Les mises en chantier ont
pendant longtemps été au-dessus du niveau de formation des ménages. Il y
avait... On construisait plus de maisons, plus d'unités d'habitation que ce qui était nécessaire pour, dans le
fond, loger les nouveaux ménages qui étaient constitués au Québec. Mais, M. le Président, là, on est rendu
bien, bien, bien en deçà du taux de formation des ménages, bien en deçà,
et je n'ai pas besoin de vous dire que la
construction résidentielle, c'est un contributeur important à l'activité
économique.
Alors, M. le
Président, je ne trouve pas de réconfort dans quelque statistique économique
que ce soit. Il n'y a rien qui me
laisse croire que la situation va s'améliorer. Et je pourrais être optimiste si
le gouvernement me présentait un plan pour redresser notre économie,
mais il n'y a rien de tel, il n'y a rien de tel, M. le Président. Alors, M. le
Président, je voulais simplement rappeler
ces éléments-là, qui étaient, dans le fond, des choses que j'avais dites à
l'époque, en mars dernier. Mais,
malheureusement, les pronostics très sombres que nous avions dressés à l'époque
se confirment. Malheureusement, ils
se confirment. Le fait d'égaliser les deux colonnes de revenus et de dépenses,
ça s'est fait au détriment des services à la population, ça s'est fait au détriment des poches des familles du
Québec, ça s'est fait au détriment de notre jeunesse puis, plus
généralement, au détriment de notre croissance économique.
Alors, M. le Président, ça, c'est le contexte dans lequel on vient donc déposer le projet de loi n° 69, qui met en oeuvre différentes mesures
fiscales qui avaient été annoncées à l'occasion du budget puis aussi des
mesures fiscales qui ont été annoncées à l'occasion
de différents bulletins d'information, bulletins fiscaux du gouvernement. Il y a là-dedans
certaines mesures qui pourraient m'aller; il y a des choses que je pourrais
trouver raisonnables. Il y a par ailleurs beaucoup de choses aussi qui ne me
conviennent pas, plus spécifiquement, par exemple, les mesures concernant le bouclier fiscal. J'ai eu l'occasion
de dire au ministre des Finances à la
fois, je pense, dans les jours qui
ont suivi le budget, puis en commission parlementaire de débat sur le
budget, puis même à l'occasion des crédits, qu'il nous justifie les raisons pour lesquelles le bouclier fiscal n'est
pas neutre à l'égard des services de garde. Le bouclier fiscal, tel qu'il a été conçu et construit, favorise les services de garde
privés, les garderies privées, au détriment des CPE. Et je croyais, moi,
que le bouclier fiscal, tel qu'il avait été
recommandé par la commission Godbout, c'était de, dans le fond, mettre en place
un mécanisme favorisant la participation au marché du travail, le fait, donc,
d'y demeurer, le fait de même accroître cette
présence sur le marché du travail. Et donc, en principe, l'idée du bouclier
fiscal n'est pas une idée mauvaise, ce n'est pas une idée qui est mauvaise, loin de là, mais la manière dont il a été
conçu par le gouvernement et les choix qui ont été faits plus
spécifiquement ne sont pas appropriés. Si je peux expliquer aux gens qui nous
écoutent...
(Interruption)
M. Marceau : Pardon, M. le
Président. Excusez-moi, M. le Président. Alors, on éternue.
En gros, ce
qui se passe, c'est que, lorsque les contribuables voient leurs revenus
s'accroître, les transferts sociofiscaux
auxquels ils ont droit diminuent. La fiscalité est conçue de cette façon, et il
y a quelque chose de tout à fait normal
et raisonnable à ça. Maintenant, si la réduction des transferts sociofiscaux
est trop importante, ça peut diminuer l'incitation
qu'il y a à travailler, à participer au marché du travail. Vous comprendrez,
que, si, par exemple, une personne ou
une famille accroît ses revenus de 2 000 $, mais que ses transferts
sociofiscaux sont réduits d'un montant équivalent, la famille va dire : Bien là, ça ne vaut
peut-être pas la peine de travailler. Alors, de façon à ce que ce phénomène ne
se produise pas, le gouvernement, et
je pense, encore une fois, je le répète, de façon correcte, a voulu introduire
un bouclier fiscal. Maintenant,
malheureusement, il a été conçu de façon très étrange, ce bouclier fiscal, et
je vais être très clair : dans le
fond, si votre revenu augmente puis que votre enfant fréquente une garderie
privée, bien, vous êtes protégé effectivement, les transferts
sociofiscaux que vous recevez vont être moins réduits grâce à ce bouclier,
mais, si votre enfant est dans un CPE, votre revenu augmente, puis vous n'être
pas protégé. Vous n'êtes pas protégé, votre transfert sociofiscal va diminuer. Ça, c'est un vice de conception, quant à
moi, qui est important, M. le Président, et je l'ai dit à plusieurs reprises
au ministre et je sais qu'il aura l'occasion
de changer ça à un moment donné. Mais, de toute évidence, il y a quelque chose
qui bloque à quelque part dans la machine.
M. le Président, le projet de loi n° 69
aussi vient consacrer, par exemple, certaines réductions dans les crédits d'impôt qui avaient été annoncés. Enfin, il y a eu
un cha-cha-cha sur les crédits d'impôt par le gouvernement, que ce soit dans le budget 2014, après ça, à l'occasion de la
mise à jour de l'automne dernier, puis, par la suite, au budget. Bon, il y a
eu des changements, on est allés en avant,
on est revenus, bon, il y a un certain nombre de paramètres qui sont modifiés
dans le projet de loi, et, à certains égards, je ne suis pas d'accord avec les
choix qui sont faits.
Alors, M. le
Président, je vais arrêter là-dessus, je voulais simplement vous dire donc
qu'il y avait à la fois une politique budgétaire et fiscale à laquelle je suis
fermement opposé. Il y a ça, premièrement. Et, deuxièmement, il y a un
certain nombre de mesures qui sont contenues dans le projet de loi qui ne me
conviennent pas non plus, et j'aurai évidemment l'occasion d'en dire plus long au
ministre des Finances à l'occasion de l'étude détaillée du projet de loi. Mais,
pour l'instant, vous ne serez pas surpris de
me voir vous dire que nous nous opposerons à ce projet de loi et que, donc,
nous voterons contre le principe. Merci, M. le Président.
• (17 h 30) •
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, je vous remercie, M. le député de
Rousseau, de votre intervention et, pour
la poursuite du débat, toujours sur l'adoption du principe du projet de loi, je
cède maintenant la parole à M. le leader du deuxième groupe parlementaire.
M. le leader, à vous la parole.
M. François Bonnardel
M.
Bonnardel :
Merci, M. le Président. On est à l'adoption
de principe du projet de loi n° 69, qui est une loi qui donne suite à des mesures fiscales annoncées dans
le budget du 26 mars 2015. On peut, souvent — ça
fait huit ans que je suis à l'Assemblée nationale — au bout de sept, huit mois, mesurer la force
d'un budget dans l'économie, on peut mesurer la force des propositions
et des idées qui ont été déposées par le ministre des Finances et évaluer
nécessairement si les indicateurs
économiques ont bougé. Et, huit mois plus tard, pour ce qui est de notre
formation politique, puis je pense que l'opposition officielle pense la
même chose, on peut voir que c'est un échec.
Oui, il y a
plusieurs mesures dans cette loi, qui sera adoptée dans les prochains jours,
prochaines semaines... ou j'imagine
qu'on pourra l'adopter par sujets comme on l'a fait avec les autres projets de
loi, il y a plusieurs mesures que, oui,
si on avait à voter ces mesures une par une, quelques-unes pourraient être
intéressantes, mais, comme l'a bien mentionné mon collègue de Rousseau, quand on regarde les indicateurs économiques
et qu'on regarde le salaire moyen, quand on regarde l'investissement privé, quand on regarde le secteur
manufacturier, quand on regarde la situation de l'aéronautique, du
secteur automobile, les mises en chantier, bien il n'y a personne aujourd'hui
qui peut dire que le Québec s'en sort mieux huit mois plus tard qu'au mois de
mars dernier. Pas de plan économique précis. Mon collègue de Johnson l'a mentionné en Chambre, ici, maintes et maintes fois
dans la dernière année, pas de plan précis, là, pour stimuler l'économie.
On a vu 1,3 milliard d'investissement
qui est sorti d'un peu nulle part, 1,3 milliard d'argent canadien pour
aider Bombardier. On souhaite que
Bombardier, ça fonctionne, mais on n'a pas trop compris comment on est arrivé à
aider, dans un secteur précis qui est
en difficulté, l'entente entre le gouvernement et Bombardier, et n'ayant pas
été capable d'aller chercher des protections
en actions, si on veut, pour Bombardier dans son ensemble. Quand on regarde les
indicateurs économiques, la force du
PIB — mon chef
l'a mentionné maintes et maintes fois — on est encore sans objectif précis, 57es
dans tous les États
nord-américains — États-Unis,
canadiens. On ne peut pas se réjouir quand le ministre des Finances ne peut pas
nous dire aujourd'hui... le ministre du Développement économique : Le
Québec s'en tire mieux. Ce n'est pas vrai.
Présentement,
le Québec, il y a une chose qui est certaine, c'est que le fardeau fiscal des
Québécois a continué d'augmenter, et
fortement. Depuis 2010, c'est la même chose, c'est la formule la plus simple,
d'aller taxer, taxer, taxer les Québécois
que ce soit par la taxe sur l'essence, que ce soit par la taxe scolaire, que ce
soit par les taxes foncières, que ce soit par Hydro-Québec, les taux qui ont
augmenté au-dessus de l'inflation, que ce soit par les frais de garderie. Et là
on l'a évalué à 1 400 $,
1 500 $. 1 400 $, 1 500 $, bien c'est majeur
comme argent pour des gens de la classe moyenne. Et, quand on regarde
une des mesures importantes qu'il y avait dans ce budget... dans cette loi,
oui, dans le budget, bien c'était l'abolition,
purement et simplement, de la taxe santé. Il faut se souvenir, on était en
élection voilà 18 mois... deux ans, et le gouvernement, le premier ministre disait — le chef du Parti libéral : Nous allons
abolir la taxe santé immédiatement après
l'élection. Bien, promesse qui n'a pas été tenue, promesse qui n'a pas été
tenue, parce que soudainement on a revu encore une fois une situation financière soudainement qui était plus
noire que d'habitude et on a reporté, on a reporté cette promesse. C'est
une des propositions, une des mesures importantes de cette loi.
Alors, vous
comprendrez, M. le Président, que je ne veux pas évaluer chacune de ces
propositions qui ont été mises et les
notes explicatives dans cette loi, parce qu'on aura la chance de le faire dans les prochains jours, prochaines
semaines si le ministre
veut la faire adopter avant la fin de cette session. On rentrera en session
intensive à partir de mardi prochain. Mais, dans les conditions économiques que le Québec vit aujourd'hui, comme je le mentionnais tantôt, on ne s'est certainement pas trompés en étant inquiets de la façon que le gouvernement a déposé son budget. Je suis encore inquiet, inquiet de la mise à jour économique
qui sera déposée la semaine prochaine. J'ose espérer après les multiples questions
que j'ai posées au ministre des Finances qu'on va donner un peu de répit, un peu d'oxygène,
que ce soit aux automobilistes, hein... Le ministre
n'a pas voulu le mentionner, mais, la taxe sur l'essence, il n'y a rien de plus
facile.
Année après année, c'est un sou, c'est un sou là, c'est la taxe du carbone, qui nous
amène une augmentation de 0,02 $ du litre, donc des revenus additionnels
faciles à aller chercher, et, de l'autre côté, bien, pas de répit, pas de répit
aux Québécois. Et là-dessus j'ai même posé la question : Points de
TVQ; est-ce que le ministre va nous faire une surprise d'augmenter la TVQ la semaine prochaine? J'ose croire que non. J'ose
croire que les Québécois auront enfin un répit dans la prochaine année,
en 2016, et que le gouvernement va continuer de faire son travail pour
s'assurer de contrôler les dépenses, de
s'assurer de contrôler les dépenses des entités consolidées, des fonds, les
dépenses de programmes. Alors, c'est un défi énorme, hein, parce qu'on a perdu
le contrôle dans les 12, 13 dernières années. Alors, ce n'est pas pour rien qu'aujourd'hui on a été face à une situation
où il aurait pu y avoir une décote. Et autant le président du Conseil du
trésor que le ministre des Finances étaient
bien au fait de la situation en se disant : On est face à un mur. Face à
ce mur, bien — je l'ai mentionné maintes et maintes fois
ici, M. le Président — le plus gros défi qu'on a devant nous dans les 25 prochaines années, c'est notre démographie,
c'est le vieillissement de la population. Alors, si on a de moins en moins
de monde sur le marché du travail pour
protéger nos acquis sociaux, payer des taxes et des impôts, comment on va faire
pour être capables de protéger ces acquis
dans les 10, 15 prochaines années, des acquis que nos parents et grands-parents
ont payés dans les dernières années?
Et
donc c'est l'énorme défi que le gouvernement a devant lui, que le prochain
gouvernement aussi aura devant lui. C'est d'une vision à long terme
qu'on a besoin, pas une vision à court terme, et là-dessus le gouvernement
devra continuer de travailler extrêmement
fort pour être capable... oui, je le souhaite, un équilibre budgétaire l'an
prochain. On aura les comptes publics aussi qui, j'imagine, seront
dévoilés dans les prochains jours pour être capables d'évaluer la première année financière complète du
gouvernement. Ça sera intéressant de voir ces chiffres. Le ministre des
Finances me regarde en me
disant : Oui, vous allez voir, ça va être bien. Mais, bon, on aura la
chance, dans les prochains jours, j'imagine, de voir tout ça.
Alors, vous
comprendrez que dans ces circonstances, M. le Président, l'adoption de principe
se fera sur division pour ce qui est de notre formation politique pour
l'adoption du projet de loi n° 69.
• (17 h 40) •
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, je vous remercie, M. le leader du deuxième groupe parlementaire, et je
cède la parole à M. le ministre des Finances pour son droit de réplique.
M. Carlos J Leitão
(réplique)
M. Leitão :
Merci, M. le Président. Juste une réplique rapide, parce que nous aurons le
temps, en commission parlementaire, d'aller plus loin, mais juste pour
répliquer à mes deux collègues qui ont tous les deux dressé un portrait assez
sombre de l'économie québécoise. Et je les inviterais seulement à porter
attention à la mise à jour qui viendra la
semaine prochaine — surtout
au député de Granby — attention
à ce qu'il y a dans la mise à jour et ce qu'il n'y aura pas dans la mise à jour. Je pense que ça va vous rassurer. Il y
aura aussi le dépôt des comptes publics. Ça sera aussi intéressant de
suivre ça.
Mais, de
façon très sommaire, M. le Président, la croissance économique au Québec en
2015 se maintient, il n'y a pas de
décélération, la croissance qu'on a eue en 2014 se poursuit en 2015.
D'ailleurs, le Québec fait mieux que plusieurs de nos voisins, on fait mieux que la moyenne canadienne. Donc, oui, nous
sommes capables de tirer l'épingle du
jeu. Notre économie se porte relativement bien, étant donné le climat,
le contexte international. L'emploi est à la hausse depuis mai 2014. C'est
difficile à accepter, mais c'est la réalité, M. le Président.
Les
exportations — encore
ce matin, nous avons eu la publication des exportations pour le mois de
septembre au Québec : en hausse de 9 %, meilleures évidemment
que de n'importe où ailleurs au Canada, et, sur l'année, donc, neuf mois, sur neuf mois, de 2014 sur 2015, on est
en hausse de 5,3 %, encore une fois, la meilleure performance au Canada.
Les mises en chantier sont aux alentours de
35 000, c'est selon le niveau de formation de ménages, donc, c'est
d'ailleurs très proche de la prévision du budget, donc il n'y a pas de
désastre là-dessus.
Donc,
écoutez, on aura le temps de parler de tout ça, on aura le temps de parler de
Bombardier. Nous avons fait le bon
geste au bon moment, à la bonne place, et je pense qu'on aura beaucoup de
discussions à ce sujet-là, et j'ai bien hâte qu'on passe à cette
étape-là. Merci beaucoup.
Mise aux voix
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, est-ce que le principe du projet de loi n° 69, Loi donnant suite à
des mesures fiscales annoncées principalement à l'occasion du discours
sur le budget du 26 mars 2015, est adopté?
Des voix : Adopté.
Une voix : Sur division.
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Adopté sur division. M. le leader adjoint du gouvernement.
Renvoi à la Commission
des finances publiques
M.
Sklavounos :
M. le Président, conformément à l'article 243 de notre règlement, je fais
motion afin que ce projet de loi soit déféré à la Commission des
finances publiques pour étude détaillée.
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Est-ce que cette motion est adoptée?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, adopté. M. le leader adjoint du gouvernement.
Ajournement
M.
Sklavounos :
M. le Président, je fais motion pour ajourner nos travaux jusqu'à demain,
9 h 40, s'il vous plaît.
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Est-ce que cette motion est adoptée?
Des voix : Adopté.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
En conséquence, nos travaux sont ajournés et sont suspendus... pas suspendus,
sont ajournés, pardon, jusqu'à demain.
(Fin de la séance à 17 h 42)