(Neuf
heures quarante et une minutes)
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, veuillez prendre place, chers collègues.
On vous souhaite une belle journée.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Nous
allons procéder à la rubrique Déclarations
de députés. Et je suis prêt à entendre la première déclaration de ce
matin, et c'est M. le député d'Argenteuil qui veut faire sa déclaration. Allez.
Féliciter Mme Deedy Shipton,
lauréate
du prix Hommage Aînés
M. Yves St-Denis
M. St-Denis :
Merci, M. le Président. J'aimerais saluer dans les tribunes une grande bénévole
de mon comté, Deedy Shipton, résidente de Harrington et récipiendaire du prix
Hommage aux aînés 2015.
Her
implication within our community is remarkable. Whether it is to travel
residents to their medical appointments or
visit them at their home or in the hospital, she is always present and
attentive to her peers and their needs.
She is also an active member of the
Harrington Valley Golden Age Club as well as various municipal committees. Deedy, we are so proud and honoured to have you in our community. Your
generosity as well as your dedication is extraordinary.
On
my behalf and on behalf of all the citizens of Argenteuil, I would like to express most sincere thanks. Congratulations
for your recent and well-deserved recognition.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Alors, merci, M. le député d'Argenteuil. «Welcome.»
Pour la deuxième déclaration, M. le député
de Gaspé... qui n'est pas là. On y reviendra tantôt. M. le député de la
Côte-du-Sud. M. le député, à vous pour votre déclaration.
Féliciter M. François Dionne
pour ses 25 ans d'engagement
envers la communauté de Saint-Philippe-de-Néri
M. Norbert Morin
M.
Morin : M. le Président,
aujourd'hui, je veux souligner les 25 années d'implication de
M. François Dionne au sein de sa communauté.
Natif de Saint-Philippe-de-Néri, il oeuvre comme commerçant pendant plusieurs
années. C'est en 1978 qu'il est élu
pour la première fois comme conseiller municipal. Il siégera jusqu'en 1983, pour ensuite revenir
au conseil de 1995 jusqu'à aujourd'hui.
Ayant
à coeur le développement de Saint-Philippe-de-Néri, il oeuvre au sein de
plusieurs comités : famille et aînés, la bibliothèque
Claude-Béchard, la garde paroissiale et le comité d'embellissement.
M.
François, le Méritas qui vous a été remis en septembre dernier par la Fédération québécoise des municipalités est, sans l'ombre d'un doute, une récompense bien
méritée. Je vous invite à continuer votre beau travail, et transmettez
cette passion de servir votre communauté. Toutes mes félicitations!
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, on vous remercie, M. le député. Je reconnais maintenant Mme la
députée de Saint-Hyacinthe pour sa déclaration d'aujourd'hui. Allez.
Rendre hommage aux enseignants
de la région de Saint-Hyacinthe
Mme Chantal Soucy
Mme
Soucy : Merci, M. le Président. Aujourd'hui, je rends hommage à tous les enseignants du
primaire et du secondaire de la circonscription de Saint-Hyacinthe. Lors de la rentrée, plusieurs d'entre eux se
sont retrouvés avec des classes
surchargées ou encore une diminution des services aux élèves en difficulté.
Ces enseignants ont dû rassurer les élèves, mais également calmer les
parents. Comble de tout, les négociations sont difficiles avec le gouvernement.
Je comprends, M. le Président, que ces femmes et ces hommes ne se sentent pas
reconnus à leur juste valeur.
Alors, M. le
Président, je veux dire aux enseignants de la région de Saint-Hyacinthe, mais également
à tous ceux du Québec,
merci de faire preuve de professionnalisme. Merci d'être là. Continuez votre
bon travail : l'éducation,
c'est le moteur de notre société,
et nous savons que vous portez notre système scolaire à bout de bras, et il est grand temps
qu'on fasse de vous notre priorité. Merci.
Le Vice-Président (M.
Gendron) : Alors, merci, Mme la députée de Saint-Hyacinthe. Je cède maintenant
la parole à M. le député de Laval-des-Rapides pour sa déclaration.
Souligner la tenue d'une exposition des
Passionnés des arts visuels à l'occasion
du 50e anniversaire de la ville de Laval
M. Saul Polo
M.
Polo : Merci beaucoup, M. le Président. Lundi soir dernier avait lieu le vernissage
d'oeuvres d'artistes membres du collectif des Passionnés des arts
visuels de Laval que j'ai conviés à exposer dans mon bureau de circonscription.
Le but de
cette exposition est de célébrer le 50e de la ville de Laval à travers le
travail de nos artistes locaux, que nous souhaitons promouvoir.
J'aimerais donc féliciter l'ensemble des artistes membres du groupe des
Passionnés des arts visuels de Laval pour leur créativité et leurs oeuvres
exceptionnelles qui racontent un pan de l'histoire de notre ville de Laval. Plusieurs centaines de Lavallois
avaient déjà pu découvrir ces peintures autour du projet la Galerie itinérante
des Passionnés installée à divers endroits sur l'île Jésus au cours de l'été
2015.
Félicitations,
donc, à Mme Manon Ruffet pour cette belle initiative qui valorise l'art et la
culture en les rendant accessibles à un maximum de Lavallois! Merci
beaucoup, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Je vous remercie. On vous remercie, M.
le député, de votre déclaration. Je
reconnais maintenant M. le député de Gaspé pour sa déclaration du jour. M. le
député de Gaspé, à vous.
Féliciter le cégep de la Gaspésie et des Îles pour son
classement parmi les meilleurs établissements
de recherche collégiaux au Canada
M. Gaétan Lelièvre
M.
Lelièvre : Merci, M. le Président. Je tiens aujourd'hui à féliciter le
cégep de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine
qui s'est classé, pour une deuxième année
consécutive, au quatrième rang des meilleurs établissements de recherche
collégiaux au Canada, selon le palmarès pancanadien Re$earch Infosource.
Cette reconnaissance illustre le dynamisme des trois centres de transfert de technologies du cégep de la Gaspésie et
des Îles, soit le Centre d'initiation à la recherche et d'aide au développement durable, le CIRADD, le TechnoCentre éolien et Merinov, Centre d'innovation de
l'aquaculture et des pêches, des pôles d'innovation rayonnant dans le milieu,
qui permettent d'enrichir l'apprentissage des étudiants et étudiantes et qui en
font partie prenante.
Au coeur de ces centres de recherche de grande
qualité, ce sont plus de 200 hommes et femmes, enseignants, chercheurs, professionnels et personnels
techniques, qui contribuent au déploiement de ces créneaux porteurs et, par le
fait même, à la vitalité et au développement
social et économique de la région et du Québec. Le cégep de la Gaspésie et des Îles, nous devons en être très fiers. Bravo à
ces hommes et ces femmes qui font rayonner cet établissement à travers
l'ensemble du pays! Merci.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, merci, M. le député de Gaspé, pour votre déclaration. Je cède maintenant
la parole à M. le député de Matane-Matapédia pour sa déclaration d'aujourd'hui.
À vous, M. le député.
Souligner le 50e anniversaire de
la revue Au Pays de Matane
M. Pascal Bérubé
M.
Bérubé :
M. le Président, en décembre prochain, La Société d'histoire et de
généalogie de Matane fera paraître le
100e numéro de sa revue d'histoire régionale Au Pays de Matane. Ce
numéro marquera également le 50e anniversaire de la revue.
C'est sous
l'initiative du Dr Robert Fournier que fut publié le tout premier numéro en
1965. Depuis, de nombreux bénévoles
et auteurs contribuent activement à la conservation et la diffusion de notre
histoire, et ce, par la présentation d'entrevues
et de témoignages, par la rédaction de chroniques et de récits et par la
publication de nombreuses photos et documents d'archives.
Assurer la
production et la publication sans interruption pendant 50 ans d'une telle revue
uniquement par le soutien de bénévoles dévoués et passionnés, c'est un
bel exploit. Je tiens à rendre hommage à tous les artisans de cette revue
historique qui ont su perpétuer le mandat que le Dr Fournier s'était donné lors
de sa création, c'est-à-dire de faire connaître
et d'intéresser les jeunes et moins jeunes à notre passé. Par votre
implication, vous contribuez à l'enrichissement de notre mémoire
collective. Longue vie à la revue Au Pays de Matane! Merci, M. le
Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, je vous remercie, M. le député, de votre déclaration. Je cède maintenant
la parole à M. le député de Jean-Lesage pour sa déclaration d'aujourd'hui.
Saluer
le travail du Centre de jour Feu vert inc.
M. André Drolet
M.
Drolet : Merci beaucoup, M. le Président. Je suis heureux de prendre la parole aujourd'hui afin de vous parler d'un organisme très important de mon comté.
Créé
en 1977, le Centre de jour Feu vert est un organisme communautaire qui
vient en aide à des personnes adultes qui
sont atteintes de problèmes de santé mentale et qui souhaitent participer à des
activités dans le but de retrouver leur place au sein de la société. En offrant un
accompagnement individuel ainsi que des opportunités de contact et d'échange,
le centre contribue à favoriser l'intégration sociale et briser ainsi
l'isolement dont ils sont victimes.
Puisqu'il
s'agit souvent d'une clientèle à faibles revenus et isolée durant la période
des fêtes, le centre Feu vert organisera,
le 17 décembre prochain, une belle fête de Noël. J'aurai d'ailleurs
le plaisir de soutenir cette belle soirée grâce à notre programme
Soutien action bénévole. Au Québec, près de 20 % de la population, soit
une personne sur cinq, souffrira d'une
maladie mentale au cours de sa vie. Il est donc très important d'aider les
organismes qui soutiennent les personnes ayant des problèmes de santé
mentale. Merci beaucoup, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Gendron) : On vous remercie pour votre déclaration, M. le
député. Je cède maintenant la parole à M. le député de Masson pour sa
déclaration de ce matin. M. le député, à vous la parole.
Souligner la tenue du Festival
Frissons, à Mascouche
M. Mathieu Lemay
M.
Lemay : M. le Président, je
tiens à souligner aujourd'hui l'excellent travail de tous les partenaires
impliqués dans l'organisation du Festival Frissons, de Mascouche, qui souligne la fête de
l'Halloween, auquel plus de 10 000
personnes ont participé cette année.
Ce festival est de plus en plus apprécié des Mascouchois si on considère que sa
participation a quasi doublé après
seulement deux éditions. Les tout-petits comme les plus grands y participent,
et nous sommes fiers de faire partie
des nombreux partenaires qui s'engagent à rendre magique cette grande fête
familiale et à en faire une si grande
réussite. Le Festival Frissons, de Mascouche, fait désormais partie des
événements majeurs de la région des Moulins qui ne cesse de démontrer son dynamisme par la tenue de divers grands
événements à caractère familial. Pour leur initiative et leur amour du divertissement, je salue
Louis-Philippe Lemay et Frederic Desmarais de permettre ce rassemblement
familial d'envergure pour tous les Mascouchois. Merci, M. le Président.
• (9 h 50) •
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, merci, M. le député de Masson, de votre
déclaration. Je cède maintenant la parole à Mme la députée des
Mille-îles. À vous la parole.
Souligner la remise des prix
Hommage Aînés
Mme Francine Charbonneau
Mme
Charbonneau :
Merci, M. le Président. Permettez-moi de souligner la remise de prix Hommage
Aînés 2015 qui s'est tenue hier à l'Assemblée nationale. Les prix
Hommage Aînés soulignent l'apport de ces personnes qui sont engagées dans leur milieu et qui contribuent à
améliorer la condition de vie des aînés. La sélection des lauréates et lauréats
est assurée par les tables de concertation
des aînés de chacune des 18 régions du Québec. Au Québec, chaque jour, des
personnes aînées offrent généreusement leur temps et leurs talents à différents
organismes communautaires. À titre d'exemples, M. le Président : une
personne qui visite des aînés le temps de prendre un café, de jouer aux cartes,
de faire une promenade, une autre personne
qui donne des concerts de musique traditionnelle dans les résidences de
personnes aînées, une autre qui est très active au sein d'un organisme oeuvrant
auprès des personnes vulnérables. Voilà seulement quelques exemples de la
générosité de ces personnes de coeur. Et je tiens à les remercier pour leur engagement exceptionnel qui saura inspirer les
différentes générations de bénévoles à travers le Québec. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, on vous remercie, Mme la députée. Et cette
dernière déclaration met fin à la rubrique Déclarations des députés.
Les travaux sont
suspendus pour quelques instants. Les travaux sont suspendus.
(Suspension de la séance à
9 h 51)
(Reprise à 10 heures)
Le Président :
Chers collègues, nous allons nous recueillir quelques instants.
Merci. Veuillez vous
asseoir.
Présence
d'une délégation de parlementaires du Nouveau-Brunswick
dirigée par le président de l'Assemblée législative,
M. Christopher Michael Collins
J'ai le grand plaisir
de vous souligner la présence, dans nos tribunes, d'une délégation de parlementaires
du Nouveau-Brunswick à l'occasion de la cinquième session de l'Association parlementaire Nouveau-Brunswick—Québec, dirigée par le président de
l'Assemblée législative, M. Christopher Michael Collins.
Christopher,
bienvenue dans notre Assemblée nationale. Madame, messieurs.
Nous
poursuivons les affaires courantes. Aujourd'hui, il n'y a pas de déclarations
ministérielles ni de présentation de projets de loi.
Dépôt de documents
À la rubrique Dépôt
de documents, M. le premier ministre.
Stratégie gouvernementale de développement durable
2015-2020
M. Couillard : Merci, M. le Président. Conformément aux articles 9 et 10 de la Loi sur
le développement durable, il nous fait plaisir de déposer la Stratégie
gouvernementale de développement durable 2015-2020.
Le Président :
Ce document est déposé. M. le ministre des Affaires municipales.
Rapports annuels et états financiers de l'Administration
régionale Baie-James et du Gouvernement de la nation crie
M.
Moreau : Oui, M. le Président. Alors, il me fait plaisir de
déposer les rapports d'activités et états financiers 2014-2015 de
l'Administration régionale Baie-James et du Gouvernement de la nation crie.
Lettre de la leader adjointe de l'opposition officielle
demandant
de retirer du feuilleton le mandat confié à la Commission de
l'Assemblée nationale découlant de la motion qu'elle a
présentée en vertu des articles 315 à 321 du règlement
Le
Président : Ces documents sont déposés. Et, pour ma part, je
dépose la lettre que m'a adressée Mme la députée de Taschereau et leader adjointe de l'opposition officielle, dans
laquelle elle me demande de retirer du feuilleton le mandat confié à la Commission de l'Assemblée nationale
découlant de la motion qu'elle a présentée en vertu des articles 315 à 321 du
règlement. En conséquence, je vous avise que ce mandat sera retiré du
feuilleton.
M. le leader du
gouvernement.
M.
Fournier : M. le Président, on prend acte du retrait. Je me
réserve la possibilité de faire quelques commentaires lorsque j'aurai
pris connaissance des documents que vous déposez.
Dépôt de rapports de commissions
Le
Président : À la rubrique Dépôt de rapports de commissions, M.
le Président de la Commission des finances publiques et député de Montmorency.
Élection à la vice-présidence de la
Commission des finances publiques
M.
Bernier : Merci, M. le Président. Je dépose le rapport de la
Commission des finances publiques qui, le 4 novembre 2015, a procédé à
l'élection à la vice-présidence de la commission. Et je félicite le député de
Rosemont.
Le Président :
Ce document est déposé.
Il n'y a pas de dépôt
de pétitions.
Il
n'y a pas de réponses orales aux pétitions ni d'interventions portant sur une
violation de droit ou de privilège.
Je vous avise
qu'après la période de questions et de réponses orales sera tenu le vote
reporté sur la motion de scission présentée
par le député de Jonquière dans le cadre du débat sur l'adoption du principe du
projet de loi n° 59, Loi édictant la Loi concernant la prévention
et la lutte contre les discours haineux et les discours incitant à la violence
et apportant diverses modifications législatives pour renforcer la protection
des personnes.
Questions et réponses orales
Nous
en sommes donc maintenant à la période de questions et de réponses orales, et
je cède la parole à M. le chef de l'opposition officielle.
Investissement du gouvernement
dans Bombardier inc.
M. Pierre Karl Péladeau
M.
Péladeau : Merci, M. le Président. 1,3 milliard de dollars,
1,3 milliard de dollars, comme disait mon père, ce n'est pas quatre trente-sous.
1,3 milliard, c'est le plus important investissement que le gouvernement
du Québec aura consenti dans une
entreprise privée. Et ce n'est pas uniquement le plus gros des investissements,
c'est le plus gros des cafouillages
du gouvernement libéral. Rien pour nous rassurer, le ministre de l'Économie
nous dit qu'il n'a pas agi en cowboy.
La direction d'Investissement Québec fait en sorte de se dissocier ouvertement
de cette mauvaise transaction, et le
premier ministre, lui, il nous dit que son gouvernement a improvisé seul dans
son coin pour préserver le secret de la transaction alors qu'elle était
dans les médias la veille.
Alors,
le premier ministre se trompe en affirmant qu'il n'avait pas le choix
d'investir dans une coquille vide. C'est faux, il aurait pu investir dans Bombardier et exiger que les sommes
soient déployées dans le programme de la série C. Tous les analystes le
disent, M. le Président, 1,3 milliard ne sera pas suffisant pour financer.
Alors
comment a pu engager le gouvernement 1,3 milliard sans connaître la suite
des choses? Est-ce que le premier ministre peut nous dire qu'est-ce qui
va arriver quand il ne restera plus d'argent dans la caisse?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : C'est incroyable d'entendre l'opposition officielle avoir
un ton aussi négatif pour un fleuron québécois comme l'aérospatiale, et
notamment l'aéronautique, notamment la série C. Encore une fois, je ne peux que
déplorer l'amateurisme du ton des
différentes questions qui sont posées ici depuis quelques jours, alors que
l'ensemble et la majorité des marchés
financiers ont plutôt réagi favorablement. L'ensemble des marchés financiers
savent très bien également que, si l'industrie automobile a été soutenue
en Ontario à près de 14 milliards de dollars — dont il reste 4 milliards à rembourser, en passant — il est normal que les pouvoirs publics
s'engagent pour l'aéronautique au Québec. Tout le monde sait également très bien qu'il n'y a pas un avion de ligne
au monde, incluant Boeing et Airbus, qui n'a pas été soutenu par les
pouvoirs publics dans la phase de développement des prototypes.
Alors,
non seulement on a agi de la bonne
façon — je suis
très fier de le redire — mais on a agi au bon endroit. Ça aurait été une grave erreur d'aller dans la direction proposée par
les deux oppositions, on n'aurait atteint aucun de nos objectifs, malgré ce qu'il dit. Qu'il prenne un
papier et un crayon, qu'il refasse la feuille sommaire des actifs et des
passifs de Bombardier. Quel impact notre investissement dans la société
mère aurait eu sur les emplois de la série C et sur l'avenir de la série C? Réponse : zéro.
On est allés là où les emplois sont, là où l'avenir du Québec est, et on en est
très fiers, M. le Président.
Le Président :
Première complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M. Pierre Karl Péladeau
M.
Péladeau : M. le Président, le gouvernement a déjà investi
117 millions dans Bombardier pour la série C, il a également investi 1 milliard pour le financement
des avions. Maintenant, c'est un autre milliard pour financer la moitié
du programme. Alors, M. le Président, Bombardier est pratiquement devenue une
société d'État.
Alors,
comment le premier ministre peut-il justifier n'avoir exigé aucun changement à
la gouvernance de l'entreprise? Quand pourrons-nous connaître les
détails de l'entente et de la convention d'actionnaires signée...
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président, à moins que je me trompe, l'entreprise contrôlée par
notre collègue a reçu beaucoup d'aide
publique au cours des différentes années. À ce que je sache, les conventions
d'actionnaires ont été rarement rendues publiques, à moins que je fasse
erreur.
Maintenant,
M. le Président, il n'est pas question de nationaliser Bombardier. C'est
peut-être la nouvelle orientation politique du Parti québécois. Nous, ce qu'on
veut, c'est faire en sorte que le programme de la série C réussisse, qui est un programme majeur non
seulement pour Bombardier, pour la région de Montréal et pour le Québec.
Alors,
je répète, M. le Président, je répète que ce qu'il propose aurait été une
erreur tellement grave que j'aurais été
honteux de l'avoir faite, moi. Ce que nous avons fait plutôt, c'est d'agir au
bon endroit, de la bonne façon et à la bonne hauteur, et on en est
fiers, M. le Président.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M.
Pierre Karl Péladeau
M.
Péladeau : M. le Président, un ancien P.D.G. de Bombardier disait hier
que le ménage aurait dû être fait depuis longtemps chez Bombardier. Et,
pas plus tard que cet été, la Caisse de dépôt a refusé d'investir davantage
dans Bombardier parce qu'elle n'était pas à l'aise avec la structure de
gouvernance.
Alors, est-ce que le premier ministre peut nous
dire s'il a exigé quoi que ce soit pour protéger les intérêts des Québécois et
des Québécoises?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : Les intérêts des
Québécois et des Québécoises et l'intérêt supérieur du Québec, M. le Président,
demandaient une intervention dans ce programme spécifique, dans une nouvelle
entreprise qui n'est absolument pas, contrairement à ce qu'il dit, une
coquille, puisqu'il y a des actifs de grande valeur dans cette entreprise dans
lesquels maintenant le gouvernement, par le biais d'Investissement Québec, est
actionnaire à plus de 49 %. Alors, c'est une position de force qui nous amènera à avoir une influence réelle dans les
décisions futures de développement de la série C. On va réussir la série C, M. le Président, et
on va rappeler au monde entier que l'avion du XXIe siècle le plus moderne
sur le marché actuel a été développé au
Québec par des Québécois et va continuer d'être assemblé au Québec par des
Québécois.
Le Président : Troisième
complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M. Pierre Karl Péladeau
M.
Péladeau : M. le Président, des transactions de cette envergure, M. le
premier ministre, sont fréquemment, malgré
le fait que le ministre prétend avoir agi seul, accompagnées de conseillers, de
conseils de banquiers rémunérés.
Alors, la
question au premier ministre est la suivante : Peut-il nous dire s'il y
avait des banquiers impliqués dans cette transaction? Et, si oui,
combien ont coûté les conseils?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : M. le Président,
il y avait un banquier ici, et sa rémunération est disponible dans les comptes
publics.
• (10 h 10) •
Le Président : Principale,
Mme la députée d'Hochelaga-Maisonneuve.
Mesures pour améliorer
les conditions
de vie des autochtones
Mme Carole Poirier
Mme
Poirier : Le premier ministre a rencontré hier plusieurs chefs
autochtones du Québec. Avant cette rencontre, il parlait lui-même de l'établissement d'une étroite relation et d'une
collaboration. Il s'agit, malheureusement, d'un autre rendez-vous manqué, M. le Président. Le chef de
l'Assemblée des premières nations du Québec et du Labrador, Ghislain Picard,
dit lui-même que la collaboration est mal
partie. Il soulignait hier à la sortie de la rencontre que le premier ministre
avait nommé lui-même l'observatrice
pour l'enquête sur les événements de Val-d'Or sans consultation avec les
autochtones.
Est-ce que le gouvernement libéral croit
vraiment qu'avec une simple enquête du SPVM, une rencontre de deux heures avec
les chefs, le problème est réglé?
Nous sommes
allés à la rencontre des chefs et nous les avons écoutés. Les racines du
problème sont beaucoup plus
profondes. Le racisme envers les autochtones est institutionnalisé et il est
particulièrement nocif pour les femmes. Est-ce que le gouvernement s'engage
à aller de l'avant avec le plan d'action pour contrer le racisme...
Le Président : M. le ministre
des Affaires autochtones.
M. Geoffrey Kelley
M. Kelley :
Oui, M. le Président. On a eu une très bonne rencontre, un bon départ hier avec
les chefs, avec les représentants des
femmes. Notre objectif, en premier lieu, était, d'une façon rapide, venir en
aide des victimes, des femmes qui sont dans une situation de
vulnérabilité à Val-d'Or.
Alors, nous
avons annoncé des choses concrètes, soit la création de Chez Willy. Je pense,
c'est mon collègue de Beauharnois qui
a soulevé cette question plus tôt cette semaine. Alors, on va financer un
centre de jour pour les personnes itinérantes.
Nous avons procédé avec la collaboration de mon collègue responsable de
l'habitation pour le projet Kijaté, qui
va... le logement à Val-d'Or pour les femmes qui sont dans une situation de
vulnérabilité aussi. Alors, ça, c'est les choses...
J'ai devant moi le communiqué de
presse émis par le centre d'amitié autochtone, qui a salué le gouvernement pour
les gestes concrets dans la bonne
direction à la suite des dénonciations courageuses des femmes autochtones. Ça,
c'était notre première priorité. Il y a également les choses que nous devrons
faire au niveau de l'enquête policière, et c'est faux de dire que nous n'avons pas consulté les
autochtones. J'étais en réunion toute la fin de semaine pour essayer de trouver
une observatrice. Oui, c'est vrai, c'est le gouvernement qui a insisté...
Le Président :
En terminant.
M.
Kelley : ...pour une observatrice, et pas un observateur. On
est très contents que Mme Lafontaine a...
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée d'Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Carole Poirier
Mme
Poirier : Comment le gouvernement peut-il parler de collaboration avec les autochtones quand il ne les implique même pas dans le processus
d'enquête? D'ailleurs, même Ghislain Picard a employé les mots
«profilage racial». Comme le disent les chefs, les femmes disparues et
assassinées au Canada, c'est une chose; les femmes victimes de discrimination et d'abus par les policiers de Val-d'Or,
c'est autre chose.
Est-ce que
le gouvernement va ramener le plan d'action pour contrer
le racisme et la discrimination?
Le Président :
M. le ministre des Affaires autochtones.
M. Geoffrey Kelley
M.
Kelley : En plus,
nous avons discuté un enjeu qui est fondamental dans ce dossier, c'est la responsabilité du
gouvernement fédéral aussi, et le premier
ministre a expliqué que nous allons
discuter avec le nouveau gouvernement
le mandat qu'il va donner à une commission d'enquête sur toute la question des
femmes assassinées et disparues, qui, nécessairement,
va toucher la question des relations avec les corps de police au Québec et à
travers le Canada. Alors, avant de se
prononcer sur une autre mesure, nous avons convenu avec les chefs qu'on va
regarder le mandat que le nouveau premier ministre du Canada va donner à
cette enquête pour assurer il n'y a pas de chevauchement, il n'y a pas de
dédoublement non plus.
Pour la question de
l'implication dans l'enquête, Mme Lafontaine, je pense, va être...
Le Président :
En terminant.
M. Kelley :
...va ajouter un adjoint qui va travailler avec ces communautés autochtones
aussi.
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la députée d'Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Carole Poirier
Mme
Poirier : Le grand chef de la Nation crie, Matthew Coon Come,
trouve la situation inacceptable. Il se désole qu'Ottawa soit prêt à enquêter sur les femmes assassinées, mais que
Québec ne le soit pas pour celles qui sont encore en vie. À quand le
plan d'action pour contrer le racisme et la discrimination?
Le Président :
M. le ministre des Affaires autochtones.
M. Geoffrey Kelley
M.
Kelley : Nous avons également convenu avec les chefs hier qu'on
va mettre en place un groupe de travail qui va nous amener à une rencontre pour examiner toutes les questions liées
à la justice et à la police. Moi, je pense qu'une longue enquête va... à deux, trois ans le
résultat. Moi, je pense qu'il y a une certaine urgence d'agir. C'est pourquoi
nous allons mettre en place en
collaboration avec les chefs... Nous avons déjà mis en place une équipe
interministérielle pour préparer notre côté de la table, mais on va
rencontrer de nouveau les chefs très rapidement pour voir comment on peut
améliorer les relations entre les corps de police. Pas uniquement la Sûreté du
Québec, les corps de police des municipalités, les corps de police autochtones
aussi. Je pense qu'on a tout un travail à faire parce que la confiance...
Le Président :
En terminant.
M. Kelley :
...du public dans les corps de police est essentielle, et on va continuer de
les...
Le Président :
Principale, M. le député de Lac-Saint-Jean.
Avenir
de la Télé-université
M. Alexandre Cloutier
M.
Cloutier : M. le Président, depuis plus de 40 ans au Québec, on s'est
doté d'un modèle de formation à distance pour faciliter l'accès aux études universitaires avec la Télé-université.
La TELUQ permet à des étudiants qui ont des besoins particuliers, à des pères, à des mères de famille,
à des étudiants qui travaillent, à des étudiants qui habitent dans des régions
qui n'ont pas accès à des campus
universitaires de suivre des cours en
fonction de leurs besoins. Alors, à chaque année, M. le Président, là, ce sont près de 20 000
étudiants qui ont accès à la formation de la TELUQ. La moitié ont des enfants
sous leur responsabilité, 70 % des
étudiants sont des femmes et les deux tiers sont des étudiants, M. le
Président, de première génération.
Alors, la semaine dernière, le ministre de
l'Éducation, là, a mis le réseau tout à l'envers en laissant carrément
entendre, là, qu'on pourrait fermer la TELUQ.
Alors, M. le
Président, ma question est assez simple au gouvernement, là : Est-ce que
le gouvernement libéral va être le premier gouvernement à fermer une
université au Québec?
Le Président : Mme la
ministre de la Culture.
Mme Hélène David
Mme David
(Outremont) : Merci beaucoup, M. le Président, et ça me fait un grand
plaisir de pouvoir parler de formation à distance. Il me semble que j'ai
commencé un petit peu à en parler avant-hier. La formation à distance, le député a tout à fait raison, c'est quelque chose
d'extrêmement important. La question de la formation à distance, c'est la question de l'évolution du numérique dans toute
la société, y compris en éducation. J'ai moi-même supervisé, dans l'ancien poste que j'occupais, toute la question
de la création d'un environnement numérique d'apprentissage. Toutes les universités maintenant au Québec ont un
environnement numérique d'apprentissage. Peut-être que le député ne connaît
pas cette expression-là, mais c'est extrêmement important, et les cégeps aussi
ont la plateforme Moodle.
Une fois
qu'on dit ça, la TELUQ a été effectivement la première, et ça a été une belle
vision gouvernementale, comme il le dit, depuis plus de 40 ans, de
réfléchir à cette question-là. Il y a des baccalauréats entiers qui se donnent
maintenant en formation à distance. Chaque université, dans les régions aussi,
a sa formation à distance. Ça aide, par exemple,
des infirmières à pouvoir avoir une formation à distance parce qu'elles
travaillent de nuit, de soir, de fin de semaine. Il y a les étudiants à
temps partiel, c'est extrêmement important. Tout se fait de façon numérique
maintenant...
Le Président : En terminant.
Mme David (Outremont) : ...et je
vais continuer à vous expliquer la suite des choses.
Le Président : Première
complémentaire, M. le député de Lac-Saint-Jean.
M. Alexandre Cloutier
M.
Cloutier : M. le Président, là, il y a 20 000 étudiants qui sont
inscrits présentement, là. 70 % sont des femmes, la moitié ont des enfants sous leur
responsabilité. Puis la raison pour laquelle ça marche, M. le Président, la
TELUQ, là, c'est parce que,
justement, ça offre une souplesse, ça permet à des étudiants qui, normalement,
n'iraient pas à l'université...
Je ne parle
pas des cours de vidéoconférence offerts par des universités dans les régions,
je vous parle de la TELUQ. Oui ou non, vous allez l'abolir?
Le Président : Mme la
ministre de la Culture.
Mme Hélène David
Mme David
(Outremont) : Alors, je vais poursuivre. Et peut-être que le député ne
m'écoute pas, mais c'est très intéressant
de parler de ça, c'est très intéressant de parler de la formation à distance et
c'est très intéressant de parler de la TELUQ.
J'étais moi-même sur un comité avec l'ancien
recteur de l'Université Laval, Michel Gervais, et avec d'autre monde pour essayer de trouver des aménagements,
TELUQ par rapport aux autres universités qui se sont toutes développées
aussi en formation à distance. Donc, c'est la question de l'environnement
numérique, autant dans les cours réguliers, d'ailleurs,
que dans les cours entièrement à distance. La TELUQ fait partie de l'équation et de cette réflexion-là, c'est
clair. La TELUQ le dit, les professeurs le disent, on est prêts à regarder
comment travailler différemment...
Le Président : En terminant.
Mme David
(Outremont) : ...comment
tenir compte de l'ensemble de l'environnement numérique dans toutes les universités.
Oui, la TELUQ fait partie de l'équation et de la réflexion.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Lac-Saint-Jean.
M. Alexandre Cloutier
M. Cloutier : Est-ce que la ministre,
elle comprend, là? Il y a des étudiants présentement partout à travers le Québec,
là, qui sont inscrits. Hier, il y
avait Mme Corriveau, là, sur la Côte-Nord,
elle habite à Sept-Îles. Elle, elle suit un cours le soir. C'est
une mère de famille. Elle s'inscrit à la TELUQ, elle est en plein milieu de sa
formation, puis là la journaliste lui demandait : Mais qu'est-ce qui va
arriver avec votre formation? Elle n'en a aucune espèce d'idée.
Savez-vous pourquoi
elle ne le sait pas? Parce que votre gouvernement a laissé entendre que vous êtes en train d'abolir
une université au Québec avec 20 000 inscriptions. Rassurez le milieu,
expliquez où vous vous en allez, puis soyez clairs sur vos orientations.
Le Président : Mme la
ministre de la Culture.
Mme Hélène David
Mme David
(Outremont) : Je pense que la façon d'apporter les choses est une
façon qui inquiète inutilement la population.
Il y a des gens qui sont inscrits en formation à distance dans toutes les
universités. Le Québec est en réflexion depuis des années sur cette question de formation à distance et de... Et
je comprends que nous avons besoin de ça. Tous les pays au monde réfléchissent à la question de la formation à
distance. La TELUQ fait exactement partie de l'équation. Oui, il y a des cours qui se donnent. C'est
évident que les cours vont continuer à se donner dans les cours qui se donnent
en ce moment, dans les cours qui se donnent, et l'équation de la TELUQ par
rapport à l'ensemble des universités est une réflexion très importante
pour le gouvernement, pour la population.
• (10 h 20) •
Le Président : M. le chef du
deuxième groupe d'opposition, en principale.
Investissement
gouvernemental dans
le développement des CSeries
M. François Legault
M. Legault :
Oui. M. le Président, hier, le ministre de l'Économie nous a appris que, dans
l'entente avec Bombardier, cette
entente est conditionnelle à ce que l'entreprise trouve, avant de débourser
quelque somme que ce soit, un
deuxième milliard de dollars américains. Il nous a appris aussi que, si le
gouvernement fédéral obtient de meilleures garanties que celles qu'on a
obtenues, que le Québec va aussi obtenir ces garanties-là.
Donc, M. le
Président, soyons bien francs, là, tout le monde s'entend, je pense, ici, sur
deux choses. Un, il fallait aider
Bombardier. Mais, deux, l'entente actuelle a été mal négociée. Ça pourrait être
une grave erreur que les Québécois auraient à endurer pendant longtemps.
M. le Président, le premier ministre doit
absolument obtenir des garanties financières sur les actifs des autres divisions de Bombardier, pas seulement les actifs
de la série C. Et, deuxièmement, le premier ministre doit obtenir des
garanties sur les 16 000 emplois dans les autres divisions de Bombardier,
pas seulement sur les 1 700 emplois reliés à la série C.
Donc, est-ce que le premier ministre est prêt à
retourner à la table de négociation pour obtenir de meilleures garanties?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : M. le Président, comme c'est une excellente entente pour le Québec, bien sûr
elle va aller de l'avant. Maintenant, je suis certain que ce n'est pas ce que mon
collègue veut laisser entendre, mais il semble s'inquiéter beaucoup plus
des emplois à l'étranger que des emplois au Québec. On sait très bien
que la division de transport de Bombardier, entre autres, ses actifs sont
largement situés à l'étranger et qu'un grand nombre de milliers d'emplois sont
situés à l'étranger également. Tant mieux pour ça, tant mieux pour Bombardier,
c'est une excellente entreprise. En passant, il laisse beaucoup de discrédit sur la compagnie complète
par le ton de ses questions et la nature de ses questions.
Maintenant,
c'est certain que l'entente est dans l'intérêt des Québécois et des
Québécoises. Il est clair que développer
un avion de ligne, c'est une entreprise qui comporte des risques, tout le monde
qui l'a fait le sait très bien. Et je
vais répéter encore une fois que cette entente est équilibrée, qu'on s'attend à
ce que d'autres partenaires, bien sûr, se joignent à nous pour assurer
le développement de la série C, spécifiquement le développement de la série C.
Il y a un analyste, ce matin, dans les pages
affaires de La Presse, qui l'explique de façon très claire,
c'est ce qu'il fallait faire. Le plus
grand projet de transformation de Bombardier de l'aéronautique, c'est la série
C, c'est là qu'il faut mettre toutes nos énergies, M. le Président.
Le Président : Première
complémentaire, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M. François Legault
M. Legault :
M. le Président, le premier ministre nous parle de la division transport, il
n'a aucune garantie financière, aucune garantie sur les emplois au Québec dans
cette division. Je comprends, là, que le premier ministre, bon, ce n'est pas un expert en économie ou en
finance, hein, on peut-u s'entendre là-dessus, mais il a le devoir, il a le
devoir de bien s'entourer. On parle quand même de 1,3 milliard de
dollars canadiens.
Donc, le ministre de
l'Économie nous dit : Il y a une fenêtre pour rouvrir l'entente...
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : M. le Président, je pense bien qu'on est déçu, de l'autre
côté, de ne pas avoir été soi-même à l'origine
de cette entente qui sera historique pour le Québec et pour Bombardier. Est-ce
qu'il laisse entendre par sa question que
le reste de l'entreprise Bombardier est en péril? Est-ce qu'il laisse entendre
que cette entreprise cotée en bourse est dans une situation tellement
instable? J'espère que ce n'est pas le message qu'il veut envoyer au public ce
matin. L'entreprise Bombardier, dans ses
divisions autres, fonctionne bien, on le sait très bien. Mais, encore une fois,
là, on ne développe pas un avion de
ligne... On ridiculise Bombardier de l'autre côté. La grande fierté du Québec
est ridiculisée par le Parti québécois, qui sont prêts à vendre l'avenir
des Québécois pour leur avenir à eux.
Le Président :
Première complémentaire, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M. François Legault
M.
Legault : M. le Président, le ministre de l'Économie nous
dit : Si le gouvernement fédéral obtient des meilleures garanties,
nous aussi, on va les avoir.
Pourquoi le premier
ministre ne fait pas preuve d'un peu de leadership plutôt que d'être à la
remorque du gouvernement fédéral? Pourquoi
il ne s'assoit pas pour renégocier? A-t-il au moins essayé de demander des
meilleures garanties?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : M. le Président, je vais demander à mon collègue de sortir
de son modèle théorique, là, et de revenir...
et revenir dans la réalité. On voit que ça fait mal, M. le Président. Alors, ce soir, s'il a du temps libre, qu'il prenne un papier puis un crayon, qu'il refasse le bilan
de la compagnie mère, avec le montant de la dette, avec les actifs qui ont
été rachetés, qu'il regarde quel impact réel et quelle exposition également
réelle auraient été, aux Québécois et aux Québécoises, donnés par le choix qu'il recommande. Au lieu
de minimiser les qualités professionnelles de ses adversaires, il ferait mieux, M. le Président, d'avoir une
contribution positive à ce débat-là et d'avoir un discours positif envers Bombardier
et, notamment, l'avenir de l'aéronautique au Québec. Nous, on y croit...
Le Président :
En terminant.
M.
Couillard : ...on va y croire et on va soutenir Bombardier, M. le
Président.
Le Président :
Principale, Mme la députée de Mirabel.
Construction d'un pôle logistique de
transport intermodal en Montérégie
Mme Sylvie D'Amours
Mme
D'Amours : M. le Président, la semaine dernière, j'ai demandé au gouvernement s'il fermait la
porte à des expropriations de terres
agricoles dans la région de Vaudreuil pour implanter un pôle logistique. Ni le ministre
responsable de la Stratégie maritime
ni le ministre de l'Agriculture n'ont été capables de nous répondre clairement.
Au contraire, ils laissent toujours planer le doute. Le gouvernement a
même refusé d'adopter notre motion qui demandait de rassurer les producteurs agricoles en s'engageant à ne pas
exproprier leurs terres, qui sont parmi les plus belles du Québec.
Et je peux saluer les producteurs et
leur relève qui sont ici avec nous aujourd'hui.
Je
repose ma question cette fois-ci et je demande
au ministre de l'Agriculture d'y répondre : Le gouvernement ferme-t-il la porte à toute expropriation de terres agricoles à
Vaudreuil?
Le Président :
M. le ministre des Affaires municipales.
M.
Pierre Moreau
M. Moreau : Merci. Merci,
M. le Président. À mon tour, je veux
saluer les agriculteurs qui sont présents ici et vous dire que, dans le dossier du pôle logistique, qui est mené par mon
collègue le ministre délégué aux
Transports, nous travaillons en étroite collaboration, le ministre de l'Agriculture et moi-même, en collaboration également
avec les municipalités régionales de
comté, qui sont des gouvernements de proximité, pour déterminer quels seront
les gestes qui seront posés dans le
cadre de la réalisation du pôle logistique. Il faut se rappeler une chose, M.
le Président, l'autoroute 30 a été
construite avec des milliards de dollars qui appartiennent à tous les Québécois
pour être un outil de développement économique.
Parmi les outils de développement économique, il y a, bien sûr, l'agriculture,
le ministre de l'Agriculture l'a rappelé.
À l'heure
actuelle, l'attitude de la deuxième opposition est d'inquiéter inutilement les
producteurs agricoles, qui n'ont pas
à s'inquiéter du fait que des discussions ont lieu et que nous prenons en considération
la sauvegarde des terres agricoles
dans la réalisation du modèle que
nous mettrons en place tant pour le pôle logistique que pour le corridor de développement économique de l'autoroute 30 parce
que, dans le corridor de développement économique de l'autoroute 30, il y a, bien sûr, des
agriculteurs et qu'à travers les actions du gouvernement...
Le Président : En terminant.
M. Moreau : ...leur situation
pourrait également être améliorée, M. le Président.
Le Président : Première complémentaire,
Mme la députée de Mirabel.
Mme Sylvie D'Amours
Mme
D'Amours : M. le Président, nous sommes tous d'accord avec la création
d'emplois, la croissance économique,
les dépenses qui ont été faites, mais
le pôle logistique pourrait se faire très
bien à Contrecoeur. C'est justement pourquoi
le ministre devrait clairement fermer la porte à ces expropriations, protéger
des emplois directs et indirects agricoles concernés pour protéger ces
terres, qui sont parmi les plus rentables au Québec.
implanter le pôle logistique?
Le Président : M. le ministre
des Affaires municipales.
M. Pierre Moreau
M. Moreau :
M. le Président, il n'y a pas d'incompatibilité entre Contrecoeur et un pôle
logistique qui serait situé dans Vaudreuil-Soulanges, aucune
incompatibilité. Pour la CAQ, c'est toujours une opération simpliste, on est
sur le frein ou on est sur l'accélérateur.
On est capables de faire plus qu'une chose en même temps. Et ce que l'on fait,
sincèrement, c'est de faire en sorte que les terres agricoles puissent
bénéficier du développement économique dans le secteur de l'autoroute 30,
que l'ensemble des Québécois puisse bénéficier des retombées économiques. Et,
parmi ces retombées économiques, il y a effectivement les activités agricoles.
Alors, plutôt que d'inquiéter les gens inutilement...
Le Président : En terminant.
M. Moreau :
...le gouvernement est en train d'examiner la situation, on est en discussion
avec les autorités locales...
Le Président : Deuxième
complémentaire, Mme la députée de Mirabel.
Mme Sylvie D'Amours
Mme D'Amours : M. le Président, on
vient de nous dire, du côté du gouvernement libéral, que c'est simplet d'encourager nos producteurs puis de les défendre.
Le premier ministre, lors de l'assermentation, a mandaté le ministre de l'Agriculture, et je le cite : «La
question de l'utilisation et de la propriété des terres agricoles est
prioritaire, [et] de même que le
maintien des fermes familiales et leur transfert à la prochaine génération.»
Fin de la citation du premier ministre.
Si le
ministre de l'Agriculture est incapable de défendre les producteurs, est-ce que
le premier ministre peut le faire? Va-t-il respecter le mandat qu'il a
donné à son ministre...
Le Président : M. le ministre
de l'Agriculture.
M. Pierre Paradis
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Oui, M.
le Président. M. le Président, le mandat donné par le premier
ministre à son ministre
de l'Agriculture est clair, le secteur agroalimentaire est, demeure et va
continuer de demeurer la locomotive du
développement économique du Québec tant sur le plan de la création de la richesse
que sur le plan de la création d'emplois.
Maintenant, quand on se
retrouve dans une situation comme celle-là, on sait qu'on a une commission de protection du territoire agricole qui existe. Et le ministre
de l'Agriculture n'a pas attendu — et je le dis en tout respect — des questions à l'Assemblée nationale du Québec pour solliciter l'avis de la
Commission de protection du territoire agricole, je l'ai fait dès le mois de
mai dernier. J'ai reçu un avis partiel au cours de l'été, j'ai sollicité un
avis complémentaire...
Le Président :
En terminant.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : ...et, dès que je recevrai cet avis
complémentaire, vous serez rassurés.
• (10 h 30) •
Le Président :
Principale, M. le député de Berthier.
Impact de la construction d'un pôle logistique
de transport intermodal en Montérégie
M. André Villeneuve
M.
Villeneuve : M. le Président, on accueille aujourd'hui à
l'Assemblée nationale une trentaine d'agricultrices et agriculteurs de la municipalité des Cèdres, et
je tiens à les saluer, M. le Président. Ils sont inquiets, M. le Président,
ils sont extrêmement inquiets parce que le gouvernement
a l'intention de les exproprier afin d'utiliser leurs terres pour faire un pôle logistique à Vaudreuil-Soulanges. On parle
d'une vingtaine de fermes, des fermes modernes, productives, efficaces qui sont exploitées par des agriculteurs passionnés.
Ce sont des entrepreneurs, et, en plus, ils ont presque tous une relève qui sera prête à prendre les rênes de la ferme
familiale. On est allés les rencontrer, à leur demande, M. le Président. On
est allés les écouter. Ils aimeraient ça que
le gouvernement les écoute aussi parce que leurs terres ne sont pas à vendre.
Ça fait des générations qu'ils les cultivent
et ils veulent continuer ainsi. Il y a des terrains industriels déjà
disponibles dans le secteur.
M.
le Président, est-ce que le gouvernement peut leur garantir et est-ce que le
ministre de l'Agriculture peut leur garantir qu'il n'y aura aucune
expropriation de leurs terres?
Le Président :
M. le ministre de l'Agriculture.
M.
Pierre Paradis
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Oui. M. le Président, vous me permettrez, dans un
premier temps, de corriger, là, quelques chiffres : ce n'est pas
une vingtaine d'entreprises agricoles, c'est une quarantaine. Parmi cette
quarantaine d'entreprises agricoles, il y en
a beaucoup qui sont présentes dans nos galeries ce matin. La majorité ont de la
relève agricole. Ça veut dire que
l'activité agricole qui a été exercée par leurs grands-parents, par leurs
parents, qu'ils exercent, eux autres, aujourd'hui va pouvoir continuer,
mais la terre doit demeurer à vocation agricole.
Maintenant,
vous avez, dans le secteur, des terres qui ont déjà été dézonées. Vous avez
300 hectares du CP. Le gouvernement est intelligent. Le
gouvernement n'ira pas dézoner tant que les terres qui sont déjà dézonées n'auront
pas été utilisées et le gouvernement n'agira
pas sans solliciter l'avis de la Commission de protection du territoire
agricole. Si vous n'avez pas
confiance dans la Commission de protection du territoire agricole, posez une
question additionnelle.
Le
Président : Je pense qu'on va avoir une question additionnelle,
là. Première additionnelle, M. le député de Berthier.
M.
André Villeneuve
M. Villeneuve :
M. le Président, la confiance, c'est les gens des Cèdres qui ne l'ont pas
envers le ministre de l'Agriculture, envers
le gouvernement libéral. Ce qu'ils demandent ce matin... Ils ont fait trois
heures de route, ce n'est pas pour entendre un peu n'importe quoi.
Ce
qu'ils veulent savoir de la bouche de ce gouvernement, c'est : Est-ce que
le gouvernement, est-ce que le ministre va s'engager de façon claire et ferme, M. le Président, à ne pas les
exproprier afin qu'ils puissent continuer ce qu'ils font depuis des
générations? Et ils le font très bien, M. le Président.
Le Président :
M. le ministre de l'Agriculture. Et c'est un peu bruyant, là.
M.
Pierre Paradis
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : M. le Président, je constate que ni la commission
ni le ministre ne vont rassurer le critique de l'opposition. Ce qui est
important, c'est que les producteurs soient rassurés.
Je
les ai rencontrés brièvement avant la période de questions, parce qu'ils
étaient en point de presse. Je les assure que je vais les rencontrer après la période des questions, nous allons
faire le tour du sujet et que les discussions vont se poursuivre dans
l'équipe gouvernementale en ayant comme préoccupation la protection de notre
territoire agricole.
Le Président :
Complémentaire? Complémentaire, M. le député de Beauharnois.
M.
Guy Leclair
M. Leclair :
Merci, M. le Président. Alors, quelques jours après l'Halloween, les gens des
Cèdres, les agriculteurs et agricultrices cherchent toujours
la députée fantôme de Soulanges, qui, depuis quelques mois, n'ose même pas
rappeler ces gens-là et les rencontrer.
Alors, ce
qu'on demande : Est-ce que la députée
de Soulanges va rencontrer les
gens après la période de questions pour leur dire qu'est-ce qu'il va en
devenir, de leurs terres agricoles, à Soulanges?
Des voix : ...
Le
Président : S'il vous plaît! D'abord, quand on se nomme, on se nomme en fonction de son titre. M. le ministre
de l'Agriculture... Pas encore. Vous
m'excuserez, M. le premier ministre, j'ai procédé à un remaniement un peu rapidement.
M. le ministre des Affaires municipales.
M. Pierre Moreau
M. Moreau : Merci,
M. le Président. D'ailleurs,
responsable de la Montérégie. Et je peux vous dire que, dans l'équipe de responsabilités de la
Montérégie, la députée de Soulanges est une des députées les plus actives pour l'ensemble de sa circonscription, pour l'ensemble de sa circonscription, et qu'elle
est très au fait de la situation des agriculteurs, qu'elle a déjà
rencontrés. Elle fait partie de l'équipe gouvernementale à laquelle référait le
ministre de l'Agriculture, elle est soucieuse de la situation des agriculteurs
dans son comté.
Des voix : ...
M. Moreau :
Elle est soucieuse de la situation des agriculteurs dans son comté, et ils
peuvent se fier sur elle bien plus que sur le porte-parole de
l'opposition en matière agricole, qui, lui, a tendance...
Le Président : En terminant.
M. Moreau : ...à inquiéter
les gens plutôt qu'à saisir la complexité des dossiers, M. le Président.
Des voix : ...
Le Président : Principale, M.
le député de Bonaventure. Et on se calme.
Hausse du prix des baux de
villégiature
sur les terres publiques
M. Sylvain Roy
M. Roy :
Merci, M. le Président. Écoutez, on ne pourra pas dire que le projet de société
que nous imposent les libéraux n'est pas clair. On voit une certaine
tendance.
Hier, des propriétaires de chalet sur les terres
publiques de partout au Québec se sont déplacés à l'Assemblée nationale pour demander au ministre de reculer
avec son projet de hausse de loyer. Certains d'entre eux verront, au risque
de nous répéter, le loyer augmenter de
530 %. Ils ont finalement, après huit tentatives infructueuses, pu
rencontrer le ministre des Ressources
naturelles, et ce, seulement après que nous ayons intervenu en Chambre. Lors de
la rencontre avec les propriétaires
de chalet, le ministre s'est montré complètement fermé; il ne changera pas une
virgule de son règlement. C'est donc
confirmé, des dizaines de milliers de chasseurs et de pêcheurs verront leurs
factures doubler, tripler, et plus encore.
Le gouvernement est en train de sortir le peuple de la forêt, et beaucoup
d'individus vont se faire refuser l'accès à leurs forêts, à leurs lacs
et à leurs rivières.
Désormais, ce
seront juste les riches qui auront accès au territoire. Allez-vous annuler
cette hausse libérale injuste ou allez-vous...
Le Président : M. le ministre
des Ressources naturelles.
M. Pierre Arcand
M.
Arcand : M. le Président,
encore une fois, je tiens à rappeler la réalité, parce qu'on parle évidemment
de la situation, mais, vous savez,
c'est 88 % des villégiateurs au Québec qui vont payer moins de 2 $
par jour pour les baux de villégiature
au Québec. Je pense que ça devrait être assez significatif. Je peux même sortir
d'autres chiffres, M. le Président. Vous
savez, le loyer moyen des baux de villégiature entre 1997 et 2015, hein, ce
loyer moyen a augmenté de 65 %, alors que la valeur marchande des terrains a augmenté de 254 %, M. le
Président. Alors, quand on regarde la situation qui est devant nous, on s'aperçoit qu'on a appliqué la valeur
marchande et on a appliqué également les principes qu'on avait appliqués en
2003 et qui sont appliqués depuis ces dernières années.
Alors, je comprends que, pour
certains, ça peut représenter une augmentation puis, pour d'autres, c'est même
une diminution, M. le Président,
parce que c'est appliqué sur le cas de la valeur marchande. Alors, ce que l'on
dit sur cette question-là...
Le Président :
En terminant.
M.
Arcand :
...c'est que nous allons continuer à travailler en ce sens-là.
Le Président :
Complémentaire?
Une voix :
...
Le Président :
Complémentaire, M. le député de Labelle.
M.
Sylvain Pagé
M.
Pagé : M. le Président, le secteur Rivière-Rouge, tenez-vous bien, on passe de 520 $ à 2 095 $, 303 % d'augmentation. 303 %. Cette hausse
inacceptable aura évidemment des impacts considérables pour les familles
québécoises mais aussi pour les
municipalités, souvent, dévitalisées, qui ont besoin de ces touristes. Au nom de l'économie rurale et surtout — et
surtout — au
nom de l'équité envers la classe moyenne, le ministre va-t-il revenir sur
cette décision insensée?
Le Président :
M. le ministre des Ressources naturelles.
M.
Pierre Arcand
M.
Arcand : M. le
Président, je conteste ces
chiffres-là. Ces chiffres-là ne sont pas exacts. C'est vrai qu'il y a des
augmentations dans le cas de Rivière-Rouge,
mais ce n'est pas les augmentations de l'ordre de ceux qui ont été mentionnées
par le député.
Je
tiens à rappeler également qu'il y a eu des consultations qui ont été
faites. Les gens ont rencontré le sous-ministre, ont
rencontré des gens de mon cabinet. J'ai rencontré également
les représentants de ces locataires. Écoutez, nous avons fait ce qui devait être fait dans les circonstances. Et, encore une
fois, je tiens à rappeler que, lorsqu'on regarde la situation en Ontario, c'est 10 % de la
valeur marchande et ici, au Québec, c'est 5 % de la valeur marchande.
Le Président :
Complémentaire, M. le député de Jonquière.
M.
Sylvain Gaudreault
M.
Gaudreault : Oui. M. le Président, le ministre nous parle de
moyennes, nous parle de l'Ontario, mais, pour les chasseurs puis pour
les pêcheurs, là, c'est de l'argent sonnant. Ça atteint leur accès à la
ressource forestière, à la villégiature pour
tout le monde. Au Saguenay—Lac-Saint-Jean, c'est une augmentation de 154 %. À Alma, là, les
gens vont passer de 400 $ à
1 000 $. À Chicoutimi, c'est de 500 $ à 1 500 $. Ça
atteint la démocratisation, l'accès à la forêt. On recule dans le temps
des clubs privés.
Est-ce que le
ministre va reculer, M. le Président?
Le Président :
M. le ministre des Ressources naturelles.
M.
Pierre Arcand
M.
Arcand :
M. le Président, je pense qu'il est important de regarder dans ça qu'est-ce qui
est juste. Qu'est-ce qui est juste
par rapport à l'ensemble des Québécois? Tout le monde sait, M. le Président,
que certains ont profité de ces baux de villégiature. Il y en a
plusieurs qui ont fait des transactions.
Et,
M. le Président, je tiens à rappeler le rapport du Commissaire au développement
durable. Le Commissaire au développement
durable, en 2014, nous a spécifiquement demandé, M. le Président, de réévaluer
la valeur marchande des baux de
villégiature pour ne pas priver l'État, d'une part, de retombées financières et
créer également des iniquités pour les autres locataires des terres de
l'État. C'est une question de justice, M. le Président.
• (10 h 40) •
Le Président :
Principale, M. le député de Lévis.
Places
en centre d'hébergement
et de soins de longue durée
M.
François Paradis
M. Paradis
(Lévis) : Merci, M. le
Président. De nombreux aînés et des membres de leurs familles me téléphonent
chaque semaine pour me dire que c'est
difficile d'obtenir une place permanente en CHSLD. La CAQ a voulu savoir combien
d'aînés attendent et depuis combien de temps.
Nous avons fait parvenir une demande
d'accès à l'information au ministère de la Santé et à tous les établissements
du réseau. Résultat : 3 500 aînés
attendent une place en CHSLD, mais le ministère de la Santé ne sait pas depuis
combien de temps. Et ça, c'est écrit
noir sur blanc dans leur réponse. Par contre, les établissements possèdent des
informations, et des données sont
inquiétantes. L'attente peut être de deux, trois... même quatre ans. CHSLD du Boisé,
à Québec, 1 400 jours; CHSLD
Vigi Pierrefonds, 945 jours; CHSLD Accueil du Rivage, en Montérégie, 592 jours.
M. le Président, je dépose tous les documents obtenus des établissements
et du ministère pour aider le ministre dans sa compréhension.
Maintenant,
comment le ministre de la Santé peut-il expliquer qu'il ne possède pas un
portrait de l'attente pour obtenir une place...
Documents déposés
Le
Président : Est-ce qu'il y a un consentement pour le dépôt des
documents du député de Lévis? Un dépôt qui va se faire. Alors, M. le
ministre de la Santé.
M.
Gaétan Barrette
M.
Barrette : Alors, je vais commencer, M. le Président, par aider le
député de Lévis à comprendre exactement qu'est-ce qui se passe dans l'offre de services pour les personnes
âgées. Et on comprend, évidemment, M. le Président, qu'il arrive dans l'évolution personnelle des
individus et des familles qu'à un moment les gens envisagent de faire une
demande d'aller en CHSLD.
Or,
M. le Président, il va de soi que cette demande-là, ce n'est pas comme pour
réserver à l'hôtel. Les gens ne veulent pas nécessairement ça demain
matin mais veulent y accéder éventuellement. C'est comme ça un peu que ça fonctionne sur le terrain. Au Québec, M. le
Président, nous avons un nombre de lits en CHSLD non seulement adéquat, mais
même que le gouvernement précédent avait prévu une stratégie pour diminuer le
nombre de places en CHSLD pour prendre ces budgets-là et les diriger
vers les soins à domicile. Or, qu'avons-nous fait, M. le Président, dans les dernières années? Bien, on s'est adressés
évidemment à cette problématique-là dans un contexte d'un continuum de soins, et
ce qui a été développé au Québec, M. le
Président, est la ressource
intermédiaire de type familial, qui est une étape qui permet aux gens
devant ce type de besoin là d'avoir accès...
Le Président :
En terminant.
M. Barrette :
...et là il y a eu une croissance. Et il faut prendre ça en considération avant
de prendre...
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Lévis.
M.
François Paradis
M. Paradis (Lévis) : M. le Président, les chiffres parlent, les chiffres sont bons, ce
sont les chiffres du réseau. Ce
matin, on ne fait pas de politique, on parle de nos aînés. Il manque de places en
CHSLD pour les aînés, il en faut davantage. L'absence d'un portrait de l'attente est
un problème concret important.
Et
j'ai une suggestion pour le ministre de la Santé, qui va aider les familles et
les aînés : Pourquoi ne pas publier sur le site Internet du ministère un portrait de l'attente pour chaque
CHSLD afin que les familles et les aînés qui cherchent une place soient
informés et puissent effectuer un choix éclairé? Est-ce que le ministre est
ouvert à cette suggestion?
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
M.
Gaétan Barrette
M.
Barrette : M. le Président, je suis toujours ouvert à la transparence
de l'information, et donc je vais continuer à informer et le député de Lévis et la population. M. le Président, dans
le monde des personnes âgées, il arrive, M. le Président, que tout le monde s'entend sur un fait : on doit
tout faire pour faire en sorte que les gens soient maintenus à domicile
le plus longtemps possible et d'avoir cette adéquation avec les ressources en
CHSLD.
Regardez,
M. le Président, ce que notre gouvernement a fait au fil du temps. Le nombre de
places en ressources intermédiaires de type familial a augmenté de
58 % depuis 2010, M. le Président. On est passés de 5 600 places
à 8 800 places. C'est là où les
gens doivent aller d'abord. Et je compléterai à la prochaine complémentaire et
je vous parlerai du...
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Lévis.
M.
François Paradis
M. Paradis (Lévis) : Nous en revenons à l'essence même de la question. Je viens de le dire,
les chiffres sont là. Dans toutes les régions du Québec, l'attente est
problématique. CHSLD Rose-de-Lima, à Laval, 18 mois; CHSLD de
Sainte-Adèle, dans les Laurentides, 429 jours; CHSLD des Escoumins, sur la
Côte-Nord, un an. C'est partout.
Est-ce qu'il est normal d'attendre
aussi longtemps? Au-delà de ce que dit le ministre, est-il normal que des aînés
et leurs familles n'aient pas cette information? Quel serait le délai idéal
considéré comme acceptable par le ministre? Que fera-t-il, tout simplement?
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
M.
Gaétan Barrette
M. Barrette :
M. le Président, l'idéal est que les personnes âgées aient les bons soins à la
bonne place au bon moment, et toute la
stratégie, M. le Président, commence par maintenir les gens à domicile. Et les
chiffres, puisque le député de Lévis
aime les chiffres, sont clairs : sous notre gouvernement, nous avons
augmenté, dans la période où nous avons été en place, de 125 % le nombre d'heures-services, et donc de
dépenses, dans les soins à domicile. On a augmenté les ressources
intermédiaires. Pourquoi? Pour faire en sorte qu'on ait accès à la bonne
ressource plutôt qu'au CHSLD.
Je
comprends que le député de Lévis veut construire un discours négatif sur la
base d'un seul angle, qui est celui de l'attente en CHSLD...
Le Président :
En terminant.
M.
Barrette : ...mais ce qui nous importe, nous, M. le Président, c'est
le bon soin à la bonne place, au bon moment.
Le Président :
Principale. Mme la députée de Taillon.
Financement
de la Coopérative de solidarité SABSA
Mme
Diane Lamarre
Mme
Lamarre : Merci, M. le Président. M. le Président, la clinique SABSA,
dirigée par des infirmières, s'est avérée
une solution qui est proche des gens, qui répond à leurs besoins et qui est
économique également. Ça répond au manque
d'accès des gens de la Basse-Ville de Québec. Mais, rapidement, à la lecture et
la publication des résultats de cette
clinique, le ministre a dit qu'il n'était pas question de financer la clinique
SABSA. Est-ce que c'est parce qu'elle est
menée par des infirmières? On ne saurait le dire. Mais on apprend maintenant
qu'un entrepreneur privé veut développer de son côté un réseau tout à fait semblable de cliniques privées,
d'infirmières où les patients vont devoir payer. Privées. Cette fois,
silence radio, pas de commentaire du ministre, on ne semble pas être contre.
Or,
c'est justement parce qu'on ne s'occupe pas de développer un réseau public à
partir des infirmières que la version
privée est en train de se mettre en place, et, en refusant un modèle gagnant,
le ministre dirige les patients au privé et oblige à payer. Est-ce qu'il
va refuser de financer...
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
M.
Gaétan Barrette
M. Barrette :
Là, M. le Président, il me semble qu'ici la question m'apparaissait empreinte
d'une certaine confusion. Pour ce qui est
des SABSA, M. le Président, je me suis levé en Chambre et je me relève
aujourd'hui pour féliciter les
infirmières de leur initiative. Les infirmières ont fait la démonstration
claire, nette et précise qu'il pouvait y avoir des services de santé et
sociaux pourvus de façon autonome par les infirmières.
Maintenant,
ce que l'on a dit, M. le Président, c'est qu'on ne va pas développer un réseau
parallèle au réseau actuel. Et on dit
aux infirmières : Bravo. Mais on aimerait que ça se développe à
l'intérieur des groupes de médecine de famille comme on aimerait, et on va l'avoir, que les médecins de famille
partagent des secteurs d'activité, de services avec les infirmières. C'est une initiative fantastique, M.
le Président, on en prend acte et on veut les intégrer. Mais, non, pour des
raisons d'efficience et de contrôle des
dépenses... et ça, je pense que peut-être, en quelque part dans leur fond, là,
au Parti québécois, ils sont d'accord
avec ça, on pense que ça doit être intégré pour des raisons d'efficience. On
vise à ce qu'il y ait un point de service où tout soit disponible en
première ligne.
Maintenant, pour ce
qui est de la question d'un entrepreneur, M. le Président, là, est-ce qu'il va
falloir qu'on commente tout ce qui se passe au privé? Alors, moi, mon secteur
d'activité, M. le Président...
Le Président :
En terminant.
M. Barrette :
...c'est le secteur public, et j'ai répondu de façon claire, nette et
précise.
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée de Taillon.
Mme
Diane Lamarre
Mme
Lamarre : M. le Président, dans le secteur public, en passant par les
médecins, il y a seulement 262 points d'entrée, les 262 GMF. En un an,
SABSA, c'est une économie de 120 000 $ et plus de 3 000 visites
pour une seule clinique, et les infirmières de cette
clinique ont résolu les problèmes de 95 % des patients, sur place, sans
avoir à les rediriger vers un médecin, mais, dans 5 % des cas, elles les
ont dirigés vers un médecin.
Est-ce que le
ministre refuse de financer SABSA pour favoriser le développement d'un réseau
privé de cliniques infirmières? Est-ce que c'est ça, le plan de match?
Le Président : M. le ministre
de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M. Barrette : Bon. Évidemment, M. le
Président, je viens de répondre à la question. Là n'est pas la question.
Mais par
contre je vais m'adresser au préambule de la députée de Taillon. Il n'y a pas
eu une économie, il y a eu un coût
contrôlé. Alors, il y a eu un coût additionnel. Si la clinique SABSA avait été
financée publiquement, c'eût été un
coût additionnel, et ça, c'est correct, M. le Président, parce qu'à un moment
donné, pour contrôler la croissance des coûts, il faut faire en sorte que certains services soient donnés par la
bonne personne au meilleur coût possible. Et c'est aussi en ça que c'est bon pour le travail des
infirmières, On est d'accord avec ça. Mais c'est faux de dire que c'est une
économie, pour une raison qui est très
simple, M. le Président : le travail fait par une infirmière qui remplace
celui fait par un médecin permet au médecin de faire ce qu'il n'aurait
pas pu faire autrement, et ça, ça s'appelle gérer la liste d'attente, M. le
Président...
Le Président : En terminant.
M. Barrette : ...d'où le coût...
Le Président : Cela met fin à
la période de questions et de réponses orales.
Votes reportés
Motion de scission du projet
de loi n° 59
À la rubrique
Votes reportés, tel qu'annoncé précédemment, nous allons maintenant procéder au
vote reporté sur la motion de
scission présentée par M. le député de Jonquière dans le cadre du débat sur
l'adoption du principe du projet de loi n° 59. Cette motion se lit comme
suit :
«Qu'en vertu
de l'article 241 du règlement de l'Assemblée nationale, le projet de loi
n° 59, Loi édictant la Loi concernant
la prévention et la lutte contre les discours haineux et les discours incitant
à la violence et apportant diverses modifications législatives pour
renforcer la protection des personnes, soit scindé en deux projets de
loi :
«Un premier intitulé Loi édictant la Loi
concernant la prévention et la lutte contre les discours haineux et les
discours incitant à la violence, comprenant l'article 1 et l'article 43;
«Un second
intitulé Loi apportant diverses modifications législatives pour renforcer la
protection des personnes, comprenant les articles 2 à 43.»
Que les députés en faveur de cette motion
veuillent bien se lever.
• (10 h 50) •
Le Secrétaire adjoint : M. Péladeau
(Saint-Jérôme), M. Drainville (Marie-Victorin), M. Marceau (Rousseau),
M. Therrien (Sanguinet), M. Bérubé (Matane-Matapédia), Mme Poirier
(Hochelaga-Maisonneuve), Mme Léger (Pointe-aux-Trembles), Mme Lamarre
(Taillon), M. Traversy (Terrebonne), M. Lelièvre (Gaspé), M. Bergeron (Verchères), M. Leclair (Beauharnois), M. Gaudreault
(Jonquière), Mme Maltais (Taschereau), M. LeBel (Rimouski), Mme Hivon (Joliette), M. Cloutier
(Lac-Saint-Jean), M. Lisée (Rosemont), M. Pagé (Labelle), M. Cousineau
(Bertrand), M. Rochon (Richelieu), M. Villeneuve (Berthier), M. Turcotte
(Saint-Jean), M. Kotto (Bourget), Mme Richard (Duplessis), M. Roy
(Bonaventure).
Mme David (Gouin), M. Khadir (Mercier), Mme Massé
(Sainte-Marie—Saint-Jacques),
Mme Roy (Arthabaska).
Le Président :
Quels sont ceux qui sont contre cette motion?
Le Secrétaire adjoint : M. Couillard (Roberval), M. Fournier
(Saint-Laurent), M. Paradis (Brome-Missisquoi), M. Hamad (Louis-Hébert), M. Leitão (Robert-Baldwin), M. Coiteux
(Nelligan), M. Moreau (Châteauguay), Mme David (Outremont), M. Poëti (Marguerite-Bourgeoys), M. Huot
(Vanier-Les Rivières), M. Kelley (Jacques-Cartier), Mme Vallée (Gatineau), M. Barrette (La Pinière), M.
Blanchette (Rouyn-Noranda—Témiscamingue),
M. Heurtel (Viau), M. Arcand (Mont-Royal), Mme Charbonneau (Mille-Îles),
M. Daoust (Verdun), Mme Weil (Notre-Dame-de-Grâce), Mme Vien (Bellechasse), M. Billette (Huntingdon), Mme
St-Pierre (Acadie), M. Reid (Orford), Mme Vallières (Richmond), M. Morin
(Côte-du-Sud), M. Bernier (Montmorency), M. Ouellette (Chomedey), Mme
Charlebois (Soulanges), Mme Ménard (Laporte),
M. Sklavounos (Laurier-Dorion), M. Girard (Trois-Rivières), Mme Rotiroti
(Jeanne-Mance—Viger), M.
Carrière (Chapleau), M. Drolet (Jean-Lesage), M. Chevarie
(Îles-de-la-Madeleine), M. Matte (Portneuf), M. Simard (Dubuc), M. Tanguay (LaFontaine), M. Bolduc (Mégantic), Mme
de Santis (Bourassa-Sauvé), M. Iracà (Papineau), M. Rousselle (Vimont), M. Proulx (Jean-Talon), M. Giguère
(Saint-Maurice), M. Fortin (Sherbrooke), M. Fortin (Pontiac), M. Bourgeois
(Abitibi-Est), M. Boucher (Ungava), M.
Birnbaum (D'Arcy-McGee), M. Auger (Champlain), M. Habel (Sainte-Rose), M. Hardy
(Saint-François), M. Merlini (La Prairie), Mme Montpetit (Crémazie), Mme
Nichols (Vaudreuil), M. Plante (Maskinongé),
M. Polo (Laval-des-Rapides), Mme Simard (Charlevoix—Côte-de-Beaupré), M. St-Denis (Argenteuil).
M.
Legault (L'Assomption), M. Bonnardel (Granby), M. Caire (La Peltrie), M.
Charette (Deux-Montagnes), M. Martel
(Nicolet-Bécancour), Mme Roy (Montarville), M. Laframboise (Blainville), M.
Schneeberger (Drummond—Bois-Francs), Mme D'Amours (Mirabel), M. Lemay
(Masson), Mme Lavallée (Repentigny), M. Surprenant (Groulx), Mme Soucy (Saint-Hyacinthe), M. Paradis (Lévis),
M. Picard (Chutes-de-la-Chaudière), M. Jolin-Barrette (Borduas).
Le
Président : Y a-t-il des abstentions? M. le secrétaire général.
Le
Secrétaire : Pour : 30
Contre :
75
Abstentions :
0
Le Président :
Alors, la motion est rejetée. Nous en sommes rendus, donc, à la rubrique Motion
sans préavis. M. le whip de l'opposition et député de Rimouski.
M. LeBel : Vous allez
m'indiquer comment je dois faire. On s'est comme entendu pour prendre une
petite pause pour rendre hommage à un ami, souligner la nouvelle vie
d'un ami, mettons. Je ne sais pas. Vous me dites comment faire.
Le
Président : Bien, moi, je veux au moins vous écouter. Est-ce
qu'il y a un consentement pour écouter cette quasi-motion, dans le fond? Parce
que c'est l'ami de tout le monde ici. Alors, M. le député de Rimouski, je vais
vous écouter.
M.
LeBel : Bien, merci, M. le Président. Ici, tout le monde aurait voulu
parler, prendre la parole à ma place, je suis certain. Je veux remercier mon
chef et le leader de me laisser cette occasion, ce privilège de saluer un ami,
Simon Lajoie, qui a choisi un nouveau défi dans les prochains jours.
Simon, c'est 14 ans qu'il est ici
dans nos tribunes. C'est 14 ans ici, dans nos murs, à travailler avec
l'opposition. Puis je dis souvent l'opposition,
parce que, dans les 14 ans, il y a eu beaucoup plus de temps d'opposition.
Et je le dis parce que, pour les gens
d'en face, vous le savez, ça prend du doigté. Directeur de cabinet du leader
dans l'opposition, ça prend beaucoup de doigté, de connaissance du
règlement, pour faire toutes sortes de stratégies parlementaires, et Simon
était très bon là-dedans. C'est Simon qui
m'a montré, parce que moi, je l'ai connu,
je l'ai vu arriver, puis c'est lui qui m'a expliqué l'importance du temps dans le Parlement. Le ministre de la Santé, je pense qu'il l'apprend aussi, l'importance du temps. Et, pour l'opposition, pour ceux qui ont fait de l'opposition, vous savez que c'est notre seul outil pour réussir à faire
comprendre le bon sens des fois, et Simon avait l'habilité de nous aider à
utiliser le temps et cet outil dans ses stratégies et il l'a toujours fait d'une façon
correcte, non partisane, en respectant l'institution et en respectant aussi ses collègues. Puis
je voudrais le saluer à travers ça, parce qu'à travers son travail il a fallu
qu'il négocie souvent avec sa vis-à-vis, la directrice de cabinet du leader du
gouvernement, et ça, juste ça, ça prend beaucoup de doigté.
Des voix :
Ha, ha, ha!
M.
LeBel : Et je sais qu'ils sont des amis pour les avoir vus tous les
deux discuter. C'est des amis, tous les deux, puis je suis certain que l'un et l'autre vont s'ennuyer de l'un et
l'autre, je suis certain, parce que Simon a toujours réussi, et je le répète, à travers son travail, à
respecter l'institution. Pour lui, c'est ça qui était important. On a des
règlements, on peut les utiliser, mais il faut
toujours respecter ce qu'on est ici, les parlementaires, l'institution, et,
Simon, c'était sa grande, grande, grande qualité, et c'est, je pense, ce qui
fait aujourd'hui qu'on est tristes de le voir partir, mais il n'y a pas que nous qui sommes tristes. Les
gens, hier, j'en parlais, tout le monde autour, on se demande, Simon parti... Ça va faire quelque chose pour tout le monde
parce que tu avais ce respect de l'institution et des gens qui travaillent ici,
dans le Parlement.
Je
voudrais dire aussi, à travers toi, si tu me permets : On va en profiter
pour remercier tous ceux qui font le travail comme tu fais. Il y en a plusieurs autour de toi, de tes collègues qui
sont assis, les gens de chez nous, mais, comme partout ailleurs, dans vos cabinets politiques, les
ministres, au leader, tous ceux qui travaillent avec nous autres, les attachés
politiques, ils font un travail exceptionnel
qu'on souligne rarement. On les voit courir partout derrière le trône, on les
voit vous suivre dans les limousines,
porter les valises. Tu sais, conseiller, c'est un travail exigeant. Toujours
dans nos valises, voyager partout.
Simon, je ne sais pas comment tu as fait Montréal-Québec souvent dans ta vie,
mais tu l'as fait pas mal, tu la connais par coeur, la route. C'est un
travail exigeant pour nous aider, tout le monde, ça fait qu'à travers toi,
Simon, permets-moi de remercier tous ces
gens-là dans toutes les fonctions, dans tout notre travail, les deux partis,
tout le monde qui travaille avec nous
autres, qui nous aide à faire ce qu'on a à faire. Je voulais vous remercier,
l'opposition, les deuxièmes oppositions, tout le monde.
Ce qui nous
rend heureux à travers, par exemple, ton départ, c'est que tu vas continuer à
servir le Québec dans une autre institution, mais tu vas continuer à servir le Québec,
à bâtir ta ville, ta métropole. Il a déjà appris le discours. Ça va bien. Ça
fait que c'est ce qui nous rend
heureux. Et ce qu'on voudrait surtout, c'est que... Bon, tu n'auras plus à
courir la route Québec-Montréal.
Les valises, tu vas les faire moins souvent. Tout ça, bien, on est content pour
toi. On ne te souhaite
que du succès. Surtout, on te souhaite du bonheur. On veut que tu sois heureux.
Ça fait que sois heureux. Puis on est tes amis pour toujours. On sera toujours là. Et bonne chance dans la suite des choses.
Encore merci de m'avoir laissé la parole. Merci.
(Applaudissements)
Le
Président : Que voilà
un discours touchant! Mais j'ai d'autres intervenants. Et je voudrais entendre maintenant M. le chef du deuxième groupe
d'opposition.
M.
Legault : Oui. Merci, M. le Président. Mais, à mon tour, je voudrais saluer Simon
Lajoie. J'ai eu la chance de travailler avec lui lorsque j'étais au Parti
québécois, puis ensuite aussi. C'est quelqu'un avec qui c'est agréable de travailler. Je me souviens entre autres le projet de loi, lorsqu'il était au gouvernement, sur les mines. On avait eu des longues rencontres. Et puis on avait eu beaucoup
de plaisir à travailler ensemble. Puis, vous savez, Simon, c'est un peu la mémoire parlementaire. C'est quelqu'un qui est, pour nous autres, une institution. C'est difficile de penser qu'il ne sera plus là, Simon. Harold avait absolument raison, c'est un spécialiste de la tactique et de
la stratégie parlementaire, du contrôle du temps. Si parfois, par
exemple, les bâillons durent plus longtemps, c'est, selon où on est, grâce ou à
cause de lui.
Mais
c'est aussi un fin négociateur. C'est un gars sympathique, gentil, toujours
de bonne humeur. Je me souviens, lorsque j'étais au PQ, on arrivait le matin, il était là.
On partait le soir, il était encore là. Donc, c'est quelqu'un
que tout le monde
souhaiterait avoir dans son équipe, en fait, là. Puis, bien, ce qu'on voit,
c'est que Denis Coderre, le maire de Montréal, a fait un bon coup. Donc, c'est un peu Montréal
qui vient de gagner contre Québec,
mais c'est... Simon a à peu près 45 ans, il est encore jeune. Mon petit
doigt me dit qu'on va peut-être le revoir à Québec. Donc, évidemment que ça
sera plus facile pour lui la conciliation famille-travail, là, parce que je me
souviens de ses nombreux allers-retours Montréal-Québec-Montréal. Donc, Simon,
je veux te dire merci, puis bonne chance.
• (11 heures) •
Le Président :
Encore des mots bien sentis, et j'ai maintenant M. le député de Mercier.
M. Khadir :
Merci, M. le Président. De la part de ma formation et de la coordonnatrice de
notre bureau, Josée Larouche, que Simon
connaît très bien, je voudrais souhaiter vraiment un brillant avenir et
beaucoup de succès dans les travaux
que Simon va entreprendre. Bien sûr, on a souligné ici son doigté, sa
gentillesse. Nous, on a appris de ça, mais on a aussi appris de sa poigne, qui n'est pas moins, disons, appréciable
lorsque nécessaire, comme il a su le démontrer à plusieurs reprises.
Simon
fait un peu partie de la famille, par ses proches qui sont en lien avec nous.
Il sait très bien que parfois, en politique, des petites divergences
d'appréciation, alors qu'on s'entend sur des grands objectifs, de petites
divergences d'appréciation sur les
tâches politiques et les responsabilités qui nous incombent font en sorte que
nos voies divergent et ça nous amène,
des fois, à nous affronter dans des termes qu'on souhaiterait parfois autres.
Mais il sait qu'au-delà de ça, sur l'essentiel, nous faisons partie de gens,
comme lui, qui essaient, du mieux de nos possibilités, de servir la population,
les collectivités, mettre le bien
commun avant nos intérêts individuels et personnels, et je souhaite que, dans
cet objectif-là, il ait le plus grand succès dans tout ce qu'il
entreprend. Merci, Simon.
Le
Président : Voilà encore de bons mots. Merci, M. le député.
Nous allons écouter maintenant M. le leader du gouvernement.
M.
Fournier : D'abord, M. le Président, je vais vous dire que je suis
très heureux de pouvoir avoir l'occasion de dire un mot. Je remercie le
whip de l'opposition de nous en offrir l'occasion ce matin.
Tout
d'abord, pour les bonnes raisons qu'il a mentionnées, tous ici, nous avons des
gens qui nous accompagnent et qui font un travail formidable et, à
l'égard de ce qu'on va dire pour Simon, qu'on a déjà dit jusqu'ici, je pense qu'il y a un peu de cela qui rejaillit sur tous
ceux qui travaillent avec nous, qui font la route et qui font des longues
heures, et qu'on ne prend pas assez
souvent la peine de saluer. Et je pense aussi que c'est bien de le faire à
l'égard de ceux qui ne sont pas dans
notre formation politique, parce qu'il faut aussi profiter de toutes ces
occasions, qui sont peut-être même de
moins en moins rares maintenant, de toutes les occasions où on peut rappeler,
se rappeler nous-mêmes et rappeler à l'ensemble
des Québécois, que nous avons un travail à faire, un travail qui fait en sorte
qu'on n'a pas toujours la même idée, et
tant mieux dans une démocratie, mais qu'on est capables de le faire
ensemble. Et je pense que les Québécois comptent sur nous pour qu'on
soit capables d'agir ainsi.
Simon,
je lui dirais, évidemment, au nom de mes collègues, mais, si vous me le
permettez, je le dirais en mon nom personnel
et je vais joindre Anik avec moi, donc, ce sera Anik et moi qui allons nous exprimer
en ce moment. D'abord, pour rappeler
que Simon, pour ceux qui ne le savent pas, a fait le tour du jardin du leader,
au gouvernement, à l'opposition, à la
deuxième opposition. En fait, il a été sous six leaders parlementaires
différents, ce qui n'est pas peu dire, pour ceux qui savent ce que ça
représente. Il a travaillé avec M. Boisclair, Mme Lemieux, le député
d'Abitibi-Ouest, M. Bédard, la députée de
Taschereau et dernièrement le député de Marie-Victorin. Ce n'est certainement
jamais facile, M. le Président, de
quitter l'Assemblée. C'est, pour beaucoup d'entre nous, notre deuxième maison
et pour certains, et peut-être pour lui, presque sa première maison. Et,
en quittant, il s'ouvre maintenant à un nouveau défi, mais je suis bien
persuadé qu'il va toujours se souvenir de la
route et de la destination de cette route-là, parce qu'il a sans doute passé
des bons moments ici.
Je veux reconnaître, au nom du travail que moi-même
et mes prédécesseurs avons fait — mais
moi, j'ai eu l'occasion de le voir de près aussi — reconnaître
l'importance du travail qu'il a fait, le travail commun, conjoint... Tantôt,
le whip l'a dit, mais Anik et Simon sont des personnalités particulières...
Des voix :
Ha, ha, ha!
M. Fournier :
Et tant mieux. Mais ils ont développé une chimie qui nous ont permis... et ça
ne paraît pas, personne ne s'en rend compte, une chimie et un travail conjoint
où ils ont eu à passer, parfois, au-delà de certaines divergences. C'est arrivé quelques fois. Mais toujours ils ont su passer
par-dessus ça. Et je crois pouvoir dire, parce que je l'ai vu de
proche, je crois pouvoir dire qu'ils ont vraiment développé une amitié
particulière. Et je ne serais absolument
pas surpris de voir Simon revenir à Québec et peut-être même aller saluer Anik
en premier. En tout cas, on ne s'en étonnera pas si jamais ça arrive, M. le
Président.
Je
veux lui souhaiter, évidemment, à la ville de Montréal où il s'en va, il
aura un travail très important à faire, je veux lui souhaiter le meilleur succès, le plus grand bonheur qu'il va
pouvoir avoir là. Je suis convaincu qu'il sera un apport positif pour Montréal, je suis convaincu
aussi que sa conjointe, Marjolaine, et ses deux enfants vont être très heureux
de le voir un peu plus à la maison.
Je crois qu'il pourra s'adonner avec encore plus de temps à la cuisine, je sais
qu'il aime cela. Mais je veux certainement vous dire que les portes de l'Assemblée lui restent totalement ouvertes. Et,
certainement, les portes du bureau du
leader du gouvernement, pour l'instant — et pour assez longtemps, je l'espère — vont
rester ouvertes, et on sera toujours très heureux de le revoir. Simon,
je te souhaite beaucoup de bonheur pour la suite des choses.
Le Président :
Merci beaucoup, M. le leader, pour ces bons mots. Je voudrais ajouter en
quelques secondes certainement les remerciements de la table ici et ceux de la
présidence. Vous avez travaillé, Simon, avec plusieurs présidents, mais aussi avec quelques directeurs, quelques secrétaires
généraux, plusieurs des membres de la table. Tout le monde a toujours
apprécié vos grandes qualités et surtout votre, comme disait Harold...
Des voix :
...
Le
Président : Je m'excuse. Question de règlement, on doit ne nommer
ici que les gens par leur titre. M. le député de Rimouski, disais-je, nous a
appris comment, Simon, tu pouvais travailler avec le temps. Nous autres, on a
parfois attendu assez longtemps des
décisions qu'en principe on cite toujours avec le grand sourire : C'est
pour cet après-midi, c'est pour demain, c'est pour la semaine prochaine, mais ça
arrivait, mais c'était toujours un peu particulier, cette espèce d'attente et
cette espèce de capacité de manipulation du temps. Mais ça a été, pour nous,
une grande aventure, ces 14 années. Je les ai toutes vécues, on
les a toutes vécues ensemble. Et je voudrais tout simplement souligner comment
ça va être une perte, certainement, pour nos amis de l'opposition
officielle, puis aussi pour l'ensemble de ce Parlement-ci.
Et
je voudrais signaler — parce que le député de Rimouski l'a fait aussi — tous ceux qui travaillent ici... et je te
voyais, Simon, envoyer un bisou à Anik, c'est
vrai que vous formiez un couple un peu particulier et c'était assez compliqué parfois, mais je pense que vous allez
vous regretter mutuellement. Et nous, on va regretter aussi cette complicité
particulière que vous aviez tous les deux.
Et, ensemble, évidemment, on ne peut pas faire autrement que de te souhaiter un
bon voyage à Montréal. C'est une fois que tu vas prendre la direction avec les
valises pour Montréal sans évidemment avoir
l'obligation de revenir à Québec dans quelques jours, sachant combien de
centaines de fois tu as pu faire la distance Montréal-Québec.
Maintenant,
tu vas retrouver ton épouse puis tes enfants, tu vas avoir une vie, peut-être,
plus normale, ce que tu souhaitais, et
je sais, en tout cas, que la ville de Montréal est bien choyée de pouvoir
compter sur tes services à partir de demain.
Alors, encore une fois, au nom de la
table, au nom des membres de mon personnel de la présidence, un grand merci,
Simon, puis tout le bonheur pour toi. Merci.
• (11 h 10) •
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Alors...
Une voix :
...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Je crois que c'est assez évident. Alors, merci beaucoup.
Motions sans préavis
Nous
allons poursuivre nos travaux. Alors, nous en sommes aux motions sans préavis, et je reconnais un membre du
deuxième groupe d'opposition, et... Oui, on peut le faire, mais autant que
possible, là, ceux qui ont à se retirer, qu'ils le fassent dans le silence pour
ne pas trop retarder les travaux que nous avons à faire. Alors, je pense qu'on
peut y aller, M. le député de Granby... M. le leader du deuxième groupe.
Allez.
M.
Bonnardel :
Merci, M. le Président. Je demande le consentement pour déposer la motion
suivante :
«Que
l'Assemblée nationale demande au gouvernement de ne pas taxer
les frais accessoires facturés par les médecins.»
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, c'est très clair. Est-ce qu'il y a consentement de débattre de cette motion?
Une voix : ...
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Oui. Je veux vous entendre, M. le
leader.
M.
Sklavounos :
...le libellé, il n'y a pas de consentement.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, il
n'y a pas de consentement. Un membre
du groupe formant le gouvernement. Je reconnais M. le ministre responsable de l'Administration gouvernementale et de la
Révision permanente des programmes et
également président du Conseil du trésor. Je vous reconnais, M. le ministre,
pour la présentation de votre motion. À vous.
Féliciter les finalistes des prix Reconnaissance du Forum
des jeunes de la fonction publique québécoise
M.
Coiteux : Oui. M. le Président, je sollicite le consentement de cette
Assemblée afin de présenter la motion suivante conjointement avec le
député de Gaspé, le député de La Peltrie et la députée de Gouin :
«Que
l'Assemblée nationale félicite les finalistes des prix Reconnaissance du Forum
des jeunes de la fonction publique québécoise;
«Qu'elle
souligne l'implication professionnelle de ces jeunes de 35 ans et moins, leurs
réalisations, leur dynamisme et leur travail exceptionnel au sein de la
fonction publique québécoise;
«Qu'elle
réitère le travail des gestionnaires et des dirigeants des ministères et
organismes qui participent à faire rayonner cette jeunesse au sein de
leurs organisations.»
Et,
M. le Président, j'aimerais souligner leur présence ici avec nous aujourd'hui.
J'aimerais donc les remercier de tout ce qu'ils accomplissent.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, évidemment, la présidence vous salue
également. Vous êtes les bienvenus à l'Assemblée nationale. C'est une
bonne habitude, vous la développerez davantage pour le futur. Est-ce qu'il y a consentement?
M.
Sklavounos :
Nous proposons l'adoption, sans débat, M. le Président.
Mise aux voix
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Alors, est-ce que cette motion est adoptée?
Des voix :
Adopté.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, cette motion est adoptée. Je cède
maintenant la parole à un membre du groupe
formant l'opposition officielle et je reconnais Mme la députée
d'Hochelaga-Maisonneuve. À vous, Mme la députée.
Souligner le lancement de la campagne
#MotsDouxPourIndestructibles/#LoveForSurvivors
Mme
Poirier : M. le Président, je sollicite le consentement des
membres de cette Assemblée afin de présenter, conjointement avec la ministre de la Justice et ministre responsable de
la Condition féminine, la députée de Montarville et la députée de
Sainte-Marie—Saint-Jacques,
la motion suivante :
«Que
l'Assemblée nationale souligne le lancement, le 2 novembre 2015, de la campagne "#MotsDouxPourIndestructibles/#LoveForSurvivors"
afin de donner un lieu de partage et de témoignage aux femmes et aux
hommes ayant vécu une agression sexuelle;
«Que
l'Assemblée nationale soutienne les initiatives célébrant la résilience et le
courage des survivantes et des survivants, donnant suite au mouvement
"#AgressionNonDénoncée" lancé par la Fédération des femmes du Québec;
«Que l'Assemblée
nationale rappelle la nécessité primordiale de briser le silence et de
déconstruire la culture du viol.»
Le Vice-Président (M. Gendron) : Y a-t-il consentement pour débattre de cette
motion? M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Sklavounos : Oui, M. le Président, il y a consentement pour
le débat, durée maximale de deux minutes, à commencer par la députée d'Hochelaga-Maisonneuve, qui est
l'auteure de la motion, suivie de la députée de Montarville, la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques... — je ne sais pas si la députée d'Arthabaska
prendra la parole? oui — également, députée d'Arthabaska et finalement notre
ministre de la Justice et ministre responsable de la Condition féminine.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Alors, merci, M. le leader adjoint. Alors, tel que
convenu, nous allons procéder, et je cède à
nouveau la parole à Mme la députée d'Hochelaga-Maisonneuve pour son
intervention. À vous.
Mme Carole Poirier
Mme
Poirier : Merci, M. le Président. La campagne
#MotsDouxPourIndestructibles/#LoveForSurvivors a été lancée le 2 novembre dernier. C'est un
mouvement de solidarité, d'espoir et d'hommage envers toutes les personnes qui
prennent la parole, qui dénoncent leur agresseur,
brisent les chaînes du silence, mais aussi à celles et ceux qui n'arrivent
pas à sortir de l'ombre, de la peur et du doute.
Le
mouvement #BeenRapedNeverReported a été lancé par deux journalistes, dont Sue
Montgomery du quotidien Montreal
Gazette. Elle avait été choquée
des réactions du public à la suite du congédiement du populaire animateur de CBC Jian Ghomeshi, ciblé par des allégations
d'agressions sexuelles, et je la cite : «Les gens disaient :
"Pourquoi elles ne donnent pas
leur nom, pourquoi elles ne vont pas à la police?" Moi, je comprenais
[pas] pourquoi.» Cette journaliste a elle-même décidé de briser le
silence et a dénoncé son agresseur.
Des témoignages ont
ensuite déferlé de partout dans le monde. Ce mouvement a été traduit avec le mot-clic
#agressionnondénoncée par la Fédération des
femmes du Québec. La campagne actuelle vise donc à donner suite à ce mouvement afin de souligner toutes les initiatives
célébrant la résilience et le courage des survivants et des survivantes.
Je
veux aussi souligner ici le courage des femmes autochtones qui ont pris la
parole pour dénoncer l'inacceptable et réclamer justice pour elles et
pour toutes les femmes agressées. C'est aussi la raison pour laquelle, en tant
que parlementaire, je demande à l'Assemblée
nationale de rappeler la nécessité primordiale de briser le silence et de
déconstruire la culture du viol.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Merci, Mme la députée d'Hochelaga-Maisonneuve. Je
cède maintenant la parole à Mme la députée de Montarville pour son
intervention sur cette même motion. À vous la parole.
Mme Nathalie Roy
Mme
Roy
(Montarville) : Merci beaucoup, M. le Président. Les
victimes ont vécu trop longtemps dans le silence. D'ailleurs, si on veut être honnêtes, on doit admettre
que l'on connaît tous quelqu'un qui a déjà été agressé sexuellement, et
nous nous sommes tous sentis bien impuissants en apprenant leur histoire. C'est
pour ça que des motions comme celle-ci sont
faites. Elles sont faites dans le but de démontrer à la société québécoise
qu'il est plus que temps de regarder la réalité en face, qu'il faut agir, qu'il faut briser le silence, que nous
sommes maintenant en 2015 — tiens, il y a quelqu'un qui
a dit ça hier — et qu'il
est grandement temps d'aborder de front ces problématiques, ces drames humains
et ces crimes qui sont trop longtemps restés tabous et secrets.
Je
crois sincèrement, M. le Président, que ce n'est que collectivement que nous
pourrons trouver une solution, une
paix d'esprit et surtout mettre un peu de baume sur les plaies des victimes, ce
qui ne sera possible que lorsque nous aurons
vraiment fait le travail d'introspection qui se doit pour contrer les
agressions sexuelles dont encore trop d'enfants, de femmes et d'hommes
sont victimes malheureusement. Merci, M. le Président.
• (11 h 20) •
Le Vice-Président (M. Gendron) : Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la
parole à Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques pour son
intervention, toujours sur cette même motion. À vous la parole, madame.
Mme Manon Massé
Mme
Massé : Merci, M. le Président. Alors, je suis vraiment très heureuse
de pouvoir joindre ma voix à cette motion
qui nous rappelle que, lorsque quelqu'un est profondément blessé par des gestes
totalement inacceptables mais criminels, les agressions sexuelles, c'est
qu'il faut en prendre soin.
D'ailleurs,
mon collègue porte un petit carré de cuir pour dire qu'il y a des hommes qui
appuient ces femmes — et
notamment cette campagne-là, c'est dans le
cadre de la réalité des femmes autochtones agressées à Val-d'Or — et qui ont envie d'en prendre soin,
et qui ont envie de les protéger.
Je pourrais aussi en
porter un, parce que je suis une femme qui a envie d'en prendre soin et qui a
envie de les protéger. Et, en fait, j'ai hâte
au jour où tout le monde, on en portera un, parce qu'on a envie de prendre soin
des femmes et de les protéger.
Les
femmes et les hommes, bien sûr, qui sont agressés enfants, ça n'a pas de bon
sens, c'est inacceptable. On le sait,
on le redit. Maintenant, comment on arrive à faire ça? Comment on arrive à
faire en sorte que ce ne soit pas que des mots, qu'à chaque année au mois de novembre on réitère l'importance que
ça change? Je pense que c'est, d'une part, comme le disait ma collègue, dans un examen de conscience, que chacun et
chacune regarde comment on laisse passer ces gestes anodins, petits,
mais qui nourrissent à chaque seconde, chaque jour la culture du viol, mais je
dirais aussi par des gestes collectifs.
Et je ne peux que penser que l'importance que la notion d'agression sexuelle
soit intégrée au Bureau d'enquêtes indépendantes
est fondamentale pour assurer aux femmes qui prennent leur
courage de dénoncer de bien sûr avoir des mots doux pour les indestructibles que nous sommes, mais aussi et surtout
s'assurer que, lorsqu'il y aura faute, nous serons réellement
protégés. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Merci,
Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques, de votre intervention. Je
cède maintenant la parole à Mme la députée d'Arthabaska pour son point
de vue également sur cette même
motion. Mme la députée d'Arthabaska, à vous.
Mme
Sylvie Roy
Mme Roy
(Arthabaska) : Vous
savez, M. le Président, 80 %
des agressions sexuelles sont commises par des gens que l'on connaît : la parenté, du voisinage, des gens que l'on
fréquente. Mais tout ça n'arrive pas du jour au lendemain. Ça commence par le regard, un regard qui nous
permet d'avoir l'autorité sur une autre personne. Puis simplement être témoin de ces regards d'autorité qui ne sont pas
nécessairement admissibles permet souvent de désamorcer des situations
qui pourraient devenir aussi graves que des agressions sexuelles.
Ma pratique m'a amenée à comprendre que ces
agissements-là sont souvent un cheminement. On a toujours l'impression qu'il y a un prédateur caché derrière
un arbuste pour sauter sur une victime, ce qui n'est pas vraiment le cas,
M. le Président. Pour avoir fait beaucoup de
recherches sur ce sujet, c'est des cheminements qui ont eu lieu, c'est des
gestes d'autorité, c'est des regards
détournés vers ces gestes-là qui ont fait en sorte que ces agissements-là
surviennent. Donc, je nous demande
d'être chacun, chacune des personnes, ici, témoins de ces agissements-là pour
éviter peut-être qu'un ou une autre, qu'une
femme ou qu'un homme ne soit agressé de façon supplémentaire. Si on est
vigilants, si on demeure des vigiles, je pense qu'on peut tous aider. Et je
pense qu'aussi, si on enseigne ça à notre entourage, je pense qu'on peut
faire une différence plus qu'un discours. Merci.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, merci, Mme la députée d'Arthabaska. Je cède maintenant la parole
à Mme la ministre de la Justice pour son intervention sur cette même motion. À
vous.
Mme Stéphanie Vallée
Mme Vallée :
Merci, M. le Président. M. le Président, vous savez, ponctuellement, en cette
Chambre, on se lève. On se lève pour
dénoncer les agressions sexuelles, on se lève pour soutenir le travail qui est
fait par les intervenants et les intervenantes
qui oeuvrent au sein des différents organismes qui viennent en aide à ces
victimes d'agression sexuelle. On s'unit
également dans nos travaux, les collègues parlementaires, pour mettre en place
et réfléchir sur un plan d'action pour contrer
les agressions sexuelles. Aujourd'hui, grâce à notre collègue la députée
d'Hochelaga-Maisonneuve, on se lève pour
apporter un peu de réconfort à ceux et à celles qui ont l'extrême courage de se
lever également, et de dénoncer, et de dire :
Aujourd'hui, ça suffit. J'en parle. J'en parle et je n'accepte plus
l'inacceptable. J'en parle pour moi. J'en parle aussi pour ceux et celles qui me suivent, pour les
générations futures. Parce que plus ils seront, plus elles seront à en parler,
plus cette démarche viendra briser malheureusement cette culture du viol que
notre collègue mentionne à juste titre.
L'actualité
de plus en plus en parle également. Mais aujourd'hui, M. le Président, encore
une fois, solidairement, nous nous
levons pour soutenir, pour dire un mot doux à ces victimes et pour leur dire de
ne pas abandonner, pour les remercier de ce qu'elles font, de ce qu'ils
font pour les générations futures. Merci, M. le Président.
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, merci, Mme la ministre de la Justice et de la Condition féminine. Est-ce
que cette motion est adoptée?
Des voix : Adopté
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
M. le leader... Non. Nous en sommes toujours à la rubrique des motions sans
préavis. Et je reconnais maintenant M. le
député de Mercier pour la présentation de sa motion sans préavis. M. le député
de Mercier, à vous.
M. Khadir : Merci, M. le
Président. Je demande le consentement de la Chambre pour débattre de la motion
suivante conjointement avec le député de Deux-Montagnes et la députée
d'Arthabaska :
«Que
l'Assemblée nationale félicite le gouvernement canadien pour la nomination d'un
conseil de ministre paritaire femme-homme;
«Que
l'Assemblée nationale invite le gouvernement canadien à respecter ses
engagements, notamment à l'égard des femmes autochtones, de
l'application de la loi sur la santé qui exige un accès sans frais aux services
assurés, du changement du mode de scrutin et de la lutte aux changements
climatiques.» Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion? Alors, il n'y a pas de
consentement, c'est ce qu'il faut dire quand
il n'y a pas consentement; quand il y a consentement, on dit : Il y a consentement.
Avis touchant les
travaux des commissions
Nous en sommes maintenant à la rubrique des
motions, alors, M. le leader, vos motions pour aujourd'hui.
M.
Sklavounos :
Oui, merci, M. le Président. J'avise cette Assemblée que la Commission de
l'économie et du travail poursuivra
les consultations particulières à l'égard du projet de loi n° 67, Loi
visant principalement à améliorer l'encadrement
de l'hébergement touristique, dès maintenant pour une durée de
1 h 30 min et de 15 heures à 17 h 15, ainsi
que le mardi 10 novembre 2015, de 10 heures à 11 h 30,
à la salle Louis-Joseph-Papineau;
La
Commission des institutions poursuivra, quant à elle, l'étude détaillée à
l'égard du projet de loi n° 51, Loi visant notamment à rendre l'administration de la justice plus efficace et les
amendes aux mineurs plus dissuasives, aujourd'hui, après les affaires
courantes jusqu'à 13 heures, à la salle des Premiers-Ministres, 1.38 de
l'édifice Pamphile-Le May;
La Commission
de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources naturelles
poursuivra, quant à elle, l'étude
détaillée à l'égard du projet de loi n° 54, Loi visant l'amélioration de
la situation juridique de l'animal, aujourd'hui, après les affaires
courantes jusqu'à 13 heures, à la salle du Conseil législatif;
Et,
finalement, la Commission de la santé et des services sociaux entreprendra
l'étude détaillée à l'égard du projet de loi n° 44, Loi visant à
renforcer la lutte contre le tabagisme, après les affaires courantes jusqu'à
13 heures et de 15 heures à
18 heures, à la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine, ainsi que le mardi
10 novembre 2015, de 10 heures à midi, à la salle du
Conseil législatif. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Merci, M. le leader adjoint du gouvernement. Je vous rappelle, parce que...
Renseignements sur les
travaux de l'Assemblée
Ah! excusez,
nous en sommes à la rubrique Renseignements sur les travaux de l'Assemblée.
Est-ce qu'il y a des demandes de renseignements? Je n'en vois pas.
Alors, je vous rappelle, moi, que, comme
président, là, lors de l'interpellation prévue pour demain, vendredi 6 novembre 2015, Mme la députée de
Mirabel s'adressera à M. le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation sur le sujet suivant : Les enjeux et les défis du
secteur agricole au Québec.
Je vous avise
de plus que l'interpellation prévue pour le
vendredi 13 novembre 2015 portera sur le sujet suivant :
La volonté du ministre de la Santé et des
Services sociaux de légaliser la facturation des frais accessoires aux
patients. Mme la députée de Taillon s'adressera alors à M. le ministre
de la Santé et des Services sociaux.
Affaires du jour
La période
des affaires courantes étant terminée, nous allons maintenant passer aux affaires du jour, et je cède
à nouveau la parole à M. le leader adjoint du gouvernement pour qu'il nous
indique nos travaux.
M.
Sklavounos : Oui. Merci,
M. le Président. Je vous demanderais d'appeler l'article 16 de notre feuilleton,
s'il vous plaît.
Projet de loi
n° 20
Adoption
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
À l'article 16 du feuilleton de ce jour, c'est M. le ministre de la Santé et des Services
sociaux qui propose l'adoption du projet de loi n° 20, Loi édictant la Loi
favorisant l'accès aux services de médecine
de famille et de médecine spécialisée et modifiant diverses dispositions
législatives en matière de procréation assistée.
Et je suis
prêt à entendre le prochain intervenant, et je reconnais M. le ministre pour
son intervention. De quelle nature, réplique ou autre chose? Parce que
je ne le sais pas, là.
Une voix : ...
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Ah! O.K. C'est l'adoption du projet de loi, on est rendus là, alors on
commence. Parfait, allez, M. le ministre.
M. Gaétan Barrette
M. Barrette : À moins que vous
m'indiquiez que je doive parler en dernier.
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Non, pas du tout.
Des voix : ...
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Chut! À vous la parole. À vous la parole puisque c'est l'étape de l'adoption.
• (11 h 30) •
M.
Barrette : Merci. Oui. Alors, merci, M. le Président. Alors,
évidemment, nous en sommes rendus à l'étape finale de tout le processus parlementaire qui nous aura menés évidemment
du dépôt aux consultations publiques, à l'étude détaillée, et finalement
au moment de l'adoption.
Plus tôt dans
la journée, M. le Président, pour saluer le départ de quelqu'un de l'équipe de
l'Assemblée nationale, le député de
Rimouski faisait référence au temps, le temps qui est utilisé comme outil, et
c'est vrai que c'est utilisé comme outil,
M. le Président, et on sait qu'on a passé de nombreuses heures à analyser, à
réfléchir, à débattre de ce projet de loi là, et ça nous amène aujourd'hui à un projet de loi qui
est quelque peu, mais significativement différent de celui qui avait été
déposé initialement. Et ce temps-là a été
employé dans des moments qui étaient parfois agréables, parfois moins agréables,
mais ce n'est pas grave, l'important, c'est
que nous ayons débattu pour améliorer le projet de loi. Et on en a passé... Si
on compte les débats ici, en Chambre, des
derniers jours, je pense qu'on s'est rendus à au-dessus de 160 heures, et
c'est très bien comme ça, M. le Président, parce que c'est un projet de
loi important. C'est un projet de loi significatif dans l'histoire du Québec.
Et
on entendra, dans les prochaines interventions,
nos collègues des oppositions faire des interventions ciblées sur des fractions du projet de loi. Et ça aussi,
c'est de bonne guerre, c'est tout à fait normal. Et j'invite, M. le Président,
les parlementaires et ceux qui nous
écoutent — et ceux
qui nous rapportent — à
regarder, et à prendre en considération, et à tirer des conclusions sur le fond, le fond historique de ce projet
de loi là, pas simplement sur le côté historique d'un seul élément, puis j'y reviendrai dans quelques
instants, M. le Président, mais vraiment sur ce que l'on fait dans ce projet
de loi qui est bien nommé. Bien nommé dans
son titre, qu'on a même voulu changer, mais qu'on n'a pas changé, qui traite
de l'accès aux soins de médecine de famille
et de médecine spécialisée ainsi que du financement des soins de procréation
médicalement assistée.
Ce
sont trois thèmes qui traitent de l'utilisation des impôts et taxes payés par
les citoyens, des gens qui paient des impôts
et des taxes et qui s'attendent à avoir des services en retour, des services de
qualité, accessibles, au bon moment, par
la bonne personne. Et ça, quand les gens souhaitent ça, M. le Président, ils
s'attendent à ce que leurs représentants élus qui forment le gouvernement, mais aussi qui forment les oppositions
pour participer du débat pour en arriver à une conclusion qui soit appropriée, ils s'attendent de leurs élus qu'ils
prennent les bonnes décisions, mais les bonnes décisions avec une finalité claire. Et je le répète, M. le
Président, je l'ai dit à plusieurs reprises dans tous ces débats, la finalité
du projet de loi est le patient, la
patiente, les usagers des services sociaux, mais spécifiquement les citoyens et
citoyennes qui ont à avoir accès, je
dirais, malheureusement... Parce qu'on ne souhaite à personne d'avoir besoin
d'avoir accès à des soins médicaux,
mais ça doit exister, c'est important, alors on veut que ces gens-là aient
accès à des soins de qualité en temps opportun, et c'est ce que le
projet de loi fait.
Revenons
sur les différents pans majeurs de ce projet de loi là et en quoi c'est
historique. C'est historique, M. le Président.
On sait, M. le Président, moi, je suis de la génération qui a connu, là, la
santé, la médecine avant l'assurance maladie.
Je suis de ceux qui ont connu le troc — on n'appelait pas ça comme ça dans le temps.
Moi, j'ai connu la période où les
familles modestes, j'en viens d'une, on payait en services. Moi, je me
rappelle, mon grand-père était menuisier, M. le Président, il était
menuisier, puis je me rappelle avoir été malade quand j'étais petit, puis
j'avais été pas mal malade, mais, en
rétrospective, là, c'était juste une mauvaise pneumonie probablement qui
m'avait beaucoup affecté, mais une
pneumonie, ça peut être grave, puis on avait payé en services. Mon grand-père
étant menuisier, il n'avait pas assez d'argent,
mes parents non plus, et on a payé en faisant des armoires pour le médecin, qui
avait besoin de ça dans sa remise. Ce n'est pas normal, là, qu'on ait un
système qui fasse ça, mais c'était comme ça. C'était de même.
L'assurance
maladie est venue et ça a été une bonne chose que tout le monde, peu importe
leur statut économique ou social, les
deux allant évidemment ensemble la plupart du temps... Ce n'est pas normal
qu'il y ait des êtres humains qui
sont dans une société n'aient pas accès aux mêmes types de soins, surtout quand
les soins s'adressent à des problèmes de
santé qui sont sérieux. L'assurance maladie, elle a été créée, et, au fil du
temps, tout a bien été, les gens étaient satisfaits, et, encore aujourd'hui, les gens sont satisfaits
des services qu'ils reçoivent, dans la mesure où ils y ont accès. C'est ça, la
réalité.
Et
on a vu, au fil du temps, surtout dans les 15 dernières années... Bon, je
ne reviendrai pas, là, sur les années 90, où il y a eu un mauvais épisode, là, en santé, quand il y eut les mises
à la retraite, les fermetures d'hôpitaux, le manque de budget, et ainsi de suite, bon. Il a fallu se
relever de ça, je ne reviens pas là-dessus. Mais, les années qui ont suivi, là,
à partir du moment où on a augmenté les
entrées en médecine, on a augmenté les budgets, on a augmenté les ressources,
bien, on a constaté que, malgré tout ça, là,
malgré des investissements supplémentaires, malgré des ententes négociées
qui avaient des incitatifs qui étaient
censés améliorer la situation pour les patients, on a constaté quoi? On a
constaté que ça ne se réglait pas. Au
contraire, la situation se
détériorait. Bien, c'est pour ça qu'à
un moment donné les gouvernements doivent intervenir. Parce qu'autant aujourd'hui qu'en 1995, qu'en 1985,
qu'en 1975 les gens veulent que les services pour lesquels ils paient
des impôts et des taxes soient accessibles. C'est clair. Et, voyant la
situation se détériorer et voyant essentiellement
que les actions incitatives qui étaient posées ne donnaient pas le résultat
recherché, bien là, il fallait que quelque chose se fasse. Le gouvernement
précédent ne l'a pas fait, ça. Et nous, on arrive et on choisit, mais on
choisit vraiment de vraiment, on va dire, brasser la cage, on va
utiliser ce terme-là.
C'est
clair, M. le Président, qu'en quelque part les gens peuvent percevoir ça comme
étant une forme d'agression ou une
forme d'attaque, une forme de provocation, une forme... peu importe, là, c'est
dans cette catégorie-là de relation. Bien, c'est vrai, M. le Président. C'est vrai que le projet de loi n° 20
est un projet de loi qui dit une chose très simple : Là où nous sommes rendus dans le temps et dans notre
organisation sociétale, on doit s'assurer que les services soient rendus en
première ligne, en médecine spécialisée, et que, dans cet ensemble-là, la
fluidité soit là, et que la coordination se fasse. C'est pour ça qu'on
fait ça, pour le patient, toujours pour le patient, toujours, toujours,
toujours.
Alors, qu'est-ce
qu'on dit, M. le Président? On dit des choses simples, on dit que l'accès doit
être réalisé. Comme il ne se réalise pas
spontanément par la négociation, on dit : Bien, voici, on va mettre des
règles à partir de maintenant. Et on a énoncé un certain nombre de
règles.
Je
prends quelques instants, M. le Président, pour faire un retour sur ces
règles-là, qui ont été souvent mal relayées par les parlementaires, et conséquemment mal comprises, dans bien des
cas, par la population. Je prends l'exemple des fameux quotas. Quand on dit le mot «quotas», bien, on pense que c'est
une limitation, alors que, dans le cas du projet de loi n° 20, oui, c'est une limitation pour
garantir un ensemble de services qui soient rendus et empêcher qu'un médecin se
construise une clientèle limitée à un type de patients, par exemple, plus
faciles, là.
Je
vais vous donner un exemple, M. le Président : si moi, je pratique de la
médecine de famille ou même de la médecine
spécialisée en médecine interne, et que j'ai la possibilité, et que je choisis
volontairement de ne traiter que des jeunes
adolescents de 12 à 18 ans, ça ne sera pas difficile, et je vais bien gagner
ma vie, mais, toutes les personnes qui ont 65 ans et plus ou les jeunes adultes qui ont des enfants, bien, je
ne les verrai pas, et ils vont se retrouver laissés pour compte.
Alors, nous, ce qu'on a fait dans le projet de
loi, c'est de dire : Bien, voici, là, on ne va pas vous permettre de construire une pratique limitée à un sous-groupe
de la population, on va dire : Voici, là, vous ne pouvez pas en prendre
plus que de tel type, mais vous devez arriver à un grand total de tant pour
faire en sorte que toute la population soit prise en charge et que les
pratiques changent pour que l'accès soit là. C'est ça qu'on fait.
Les quotas
servaient, M. le Président, et vont servir à faire en sorte que toute la
population soit prise en charge. Parce
qu'à partir du moment où on dit : O.K., on vous limite, là, dans tel type
de clientèle... Vous pouvez en prendre, des adolescents, là, il n'y a pas de problème, là, mais, au total, par
exemple, là, vous ne pouvez pas prendre 1 500 patients qui sont des adolescents, vous devez prendre
1 500 patients avec une partie d'adolescents, une partie de personnes
âgées, une partie de personnes âgées
malades, une partie de personnes âgées en meilleure santé, des gens dans la
force de l'âge, des gens au début de
leur vie parentale. Vous devez, chers médecins, construire votre pratique qui
va faire qu'à la fin tout le monde soit pris en charge d'une façon
raisonnée et que vous changiez votre pratique pour que ça soit accessible à la
population. C'est ça qu'on a dit, M. le Président, le quota, il sert à ça.
• (11 h 40) •
En réalité,
le quota, M. le Président, c'est un guide de construction d'une pratique, une
pratique étant une clientèle assignée
à un médecin, avec un volume sélectionné, 1 500 pour un médecin qui ne
fait pas d'hôpital, 1 000 pour un médecin qui fait de l'hôpital, et on dit à ces médecins-là : Un coup que
vous avez construit votre pratique, vous avez construit votre clientèle, vous
avez dit à l'univers : Mon bureau est ouvert, là, venez vous inscrire chez
moi... Les quotas me disent que je vais prendre un peu de jeunes, un peu de
moins jeunes puis un peu de vraiment moins jeunes, des plus malades, des
moins malades. Puis là-dedans, oui, oui,
c'est vrai, là, qu'on va avoir des compensations, des coefficients. Un patient très
malade, très âgé va compter pour deux, de
façon à ne pas exagérer en termes... par rapport au médecin. Mais là on
dit : Au total, là, même avec les coefficients, là, bien, ça va
devoir faire 1 500, par exemple.
Puis on dit
une deuxième affaire, M. le Président. La deuxième affaire, c'est la fameuse assiduité,
qui est dure à comprendre. Je
n'expliquerai pas aujourd'hui, c'est dur à comprendre pour les non-initiés,
mais ça se résume à une chose, ça se résume à une chose, M. le Président. Pour atteindre ce que l'on demande dans le projet de loi n° 20, ça exige que la communauté médicale s'organise pour prendre en charge la population
et change sa pratique d'une telle manière que la population prise en charge ait
accès aux médecins en dedans de trois jours pour le sans rendez-vous et les
rendez-vous normaux quand c'est nécessaire. Quand c'est nécessaire, parce
que ce n'est pas tout le temps nécessaire.
Je
m'explique, M. le Président. Si les médecins transforment leur pratique pour
pratiquer la médecine de façon
moderne, ils devront la faire dans ce qu'on
appelle, dans le jargon médical, l'accès adapté. Savez-vous c'est quoi, M. le Président, l'accès adapté? Ça veut dire que le médecin, là,
garde son bureau sans rendez-vous constamment précédulé un an à l'avance, il est disponible sur une grille
horaire ouverte. C'est une pratique ouverte. Et ça dit : Voici, là,
appelez-moi, je vous dis que je vais être
disponible pour vous, puis je vais être disponible, dans la quasi-totalité des
cas, en dedans de trois jours, sauf, évidemment,
pour les patients, par exemple, atteints de maladie chronique qui doivent, eux,
être vus aux huit mois, aux 10 mois, par exemple. Ça, ça existe, c'est normal. Mais ça, c'est une minorité de patients
dans une pratique. Alors, on met un projet de loi en place qui exige de la communauté médicale de changer sa pratique pour
l'adapter aux besoins de la population.
Qui, M. le Président — nous
inclus, là — qui
va aller attendre 17 heures l'après-midi à l'urgence si on sait que,
pour un problème mineur, demain matin,
on va avoir un rendez-vous parce
que le médecin a organisé sa pratique
pour avoir des plages toujours disponibles, qui peuvent, une journée donnée, se
remplir au complet, puis, d'autres journées, c'est moins complet? Mais il y
a toujours une disponibilité en
dedans de trois jours. C'est ça que ça fait, c'est ça que ça fait, M. le
Président.
C'est
historique. Jamais un gouvernement n'aura été aussi exigeant envers la communauté
médicale. Et on comprendra que la communauté
médicale a trouvé ça agressant, mais c'est là qu'on est rendus. La population
qui nous écoute, qui nous paie, qui
paie des impôts, des taxes, et qui nous envoie ça, et qui nous
demande de bien gérer, bien, c'est ça,
bien gérer. Bien gérer, ça veut dire prendre des décisions qui ne sont pas toujours
bien perçues par un sous-groupe mais
qui le sont par l'ensemble, le bien de l'ensemble versus le bien
d'une minorité. Dans le cas de la santé, c'est le bien de l'ensemble, la
population générale, qui doit avoir préséance. Et c'est ce que l'on fait.
Alors, le projet de loi n° 20, pour les
médecins de famille, M. le Président, il fait ça, il fait ça. Ça va plus loin, M. le Président. Il fait tellement ça puis ça a été tellement perçu comme étant
agressant par la communauté des médecins de famille que leur organisation nous a approchés puis elle a dit :
Attention, là! O.K., on comprend que la loi va passer, là, mais on veut vous montrer qu'on est capables de le
faire, O.K.? On a compris, là, qu'on avait des faiblesses, on
accepte la critique, pour une fois — ça aussi, c'est historique, c'est la
première fois que cette critique-là est acceptée, intégrée — et on
va s'engager, dans une entente, à vous livrer ce que vous demandez dans le
projet de loi. Et, si on ne le livre pas, bien, appliquez la loi.
Imaginez, M.
le Président, là, ça veut dire que ce que l'on voulait faire en constatant la
réalité, bien, c'est accepté par les
gens concernés. Et ils disent : Vous avez raison, c'est vrai qu'on n'a pas
été parfaits. Et là on va prendre le taureau par les cornes, on va faire ce que vous demandez, mais n'appliquez pas
la loi. J'ai dit oui à ça. J'ai dit oui parce que... Et c'est ce qui est important, là, c'est important,
ce que je vais dire, là. Entendons-nous bien, vous allez entendre, là, dans les
prochaines interventions, les hypothèses que
rien ne va se régler, on ne va rien voir maintenant, ce qui est totalement
faux. Parce que, même si aujourd'hui, M. le
Président, j'appliquais la loi, je ne
peux pas... c'est impossible d'avoir des effets demain matin. Les effets vont commencer demain
matin mais vont être visibles progressivement, au fur et à mesure que
ça va s'amplifier, c'est normal.
Pourquoi
c'est normal? Parce que les médecins, pour passer, par exemple, de l'ancienne manière à la manière moderne, qui est l'accès adapté, il faut réorganiser le bureau, changer
les rendez-vous, honorer les rendez-vous qui sont
déjà donnés. On ne va pas demander aux médecins, là : Aïe! Demain matin,
on veut que vous alliez en accès adapté. Cancellez
les 10 prochains mois de rendez-vous que vous avez donnés, appelez-les tous puis
dites-leur que c'est annulé parce
qu'on change. Là, à un moment donné, je pense que le monde, là, ils ne
comprendront pas ce qu'on fait. Mais en plus il faut que les médecins s'adaptent dans leur pratique,
physiquement, là, leur grille horaire, leur manière de donner les rendez-vous, la gestion des dossiers, et tout ça.
Bon, c'est de la cuisine peut-être, mais c'est réel. Moi, je sais très bien...
Et ce dont je parle, ça se passe ailleurs
dans le monde, là, et ça s'est passé au Québec, mais trop peu. On sait très
bien qu'un médecin qui passe de la
manière traditionnelle de travailler, de pratiquer la médecine, à l'accès
adapté, ça prend six mois à faire la transition.
Alors,
nous, on a à faire deux choses. On a à convaincre... On a à constater que, les
médecins, ça leur prend six mois pour
mettre ça en place et on a à constater le fait que les 8 000 médecins
de famille ne vont pas tous se transformer à la même vitesse. Alors, c'est normal qu'il y ait une période de transition.
Mais la période de transition, M. le Président, par définition, c'est ça que c'est, une période de
transition. Ça veut dire que, progressivement, les gens, il va y en avoir de
plus en plus qui vont faire cette transformation-là, qui vont transformer leur
manière de pratiquer, qui vont inscrire plus de patients, et progressivement on va voir de plus en plus de gens
tomber dans un mode normal de relation avec le médecin de famille et
d'avoir un accès approprié.
À tous les jours, on
entendra, dans tous les quartiers, dans tous les environnements, dans tous les
groupes de population : Aïe! Moi, je
suis rendu là, c'est le fun, ça marche. Puis on va en avoir tellement à un
moment donné, là, que la population va être satisfaite. On va le régler,
le problème, M. le Président. Et, quand on entendra qu'il n'y aura pas d'effet avant 2018, bien, réalisons, là, que la
vie, ce n'est pas de la pensée magique. Quand on fait une transformation,
ce n'est pas : le vendredi matin, ça allait mal et, le lundi matin, ça va
bien. Il y a une transition.
Alors,
je dis ça, M. le Président, pour qu'on garde ça en mémoire, parce que c'est ça
qui va être dit tantôt, là. Ça va dire :
Il n'y aura pas d'impact, on ne l'entendra pas. Ce n'est pas le cas, on voit
déjà des impacts. Savez-vous quoi, M. le Président? On va même monitoriser en permanence l'évolution de ça, on va
être capables de dire : Voici, il y avait tant de patients inscrits... pas de patients, de
citoyens inscrits à telle date et il y en a tant de plus à telle date, et ainsi
de suite. L'assiduité était de tant
puis là elle est rendue à tant. On va le voir sous nos yeux. Puis je vais
aller, M. le Président, public avec ces statistiques-là, pour maintenir,
oui, la pression. C'est historique, totalement historique.
Un
autre élément qui est aussi très historique : pour la première fois, M. le
Président, pour la première fois et à cause
du projet de loi n° 20, nous arrivons à une entente — pour le moment, ça sera dans la loi
après — avec les
médecins de famille pour gérer la
distribution des finissants sur le territoire du Québec. Qu'est-ce que ça veut
dire pour ceux qui nous écoutent, M.
le Président? Ça veut dire qu'à partir de cette année, à partir du
15 novembre 2015, on présentera aux finissants un plan d'effectif. Un
plan d'effectif, pour que les gens comprennent, c'est une cartographie du
Québec : la liste des endroits
où les médecins seront autorisés à facturer la RAMQ, à pratiquer, en fonction
des besoins de la population. En français, c'est clair.
• (11 h 50) •
Prenons
une région comme Québec ou Montréal. Un médecin, dans la région de Québec, là,
jusqu'à aujourd'hui, pouvait rentrer
dans la région de Québec, aller où est-ce qu'il veut dans la région de Québec.
Il pouvait rentrer à Montréal, aller
où est-ce qu'il veut. S'il rentrait sur l'île de Montréal, qui est la région
administrative 06... Un médecin qui rentrait sur l'île de Montréal pouvait aller travailler au
30e étage de la Place Ville-Marie. Il n'y en a pas, de besoins, au
30e étage de la Place
Ville-Marie. Il y a des besoins dans le sud-ouest, il y a des besoins dans
l'est, dans Hochelaga-Maisonneuve. Il y
a des besoins dans Ahuntsic, il y a des besoins dans Saint-Michel. Il y a des
besoins dans les quartiers où est la population puis il y a des places où il n'y a pas de besoins. Québec, un médecin
pouvait rentrer à Québec puis aller s'installer autour de la Place Sainte-Foy. Je ne veux pas faire de
publicité, mais tout le monde connaît le centre commercial, puis il y a bien
des docteurs qui sont là. Tant mieux pour
eux autres, mais ce n'est pas là que les besoins sont. Les besoins sont dans le
bas de la ville, dans le quartier Saint-Roch, dans Chauveau, dans
L'Ancienne-Lorette, et ainsi de suite, là où les gens sont, là où les gens
vivent, pas là où les gens sont au bureau.
Alors,
qu'est-ce qu'on fait, M.
le Président, pour la première fois
de l'histoire du Canada? Il n'y
a pas une province qui fait
ça, les États-Unis ne font pas ça, les Européens ne font pas ça. Allez en
France, M. le Président, là, il y a une expression en France pour la
répartition des médecins. Quand on prend une carte géographique et qu'on
demande au collège des médecins français — ça s'appelle l'ordre
national, là — quand
on leur demande : Comment ça va, votre répartition
de médecins, géographiquement? Ils nous sortent une carte, puis ils l'appellent...
imaginez, M. le Président, ils appellent ça comme ça, ils appellent ça
le gruyère médical. C'est comme ça qu'ils l'appellent, eux-mêmes, parce qu'ils n'ont pas de règles comme les nôtres.
Alors, en France, les gens vont à Paris, vont à Lyon ou vont à Bordeaux, les places agréables. Puis, dans les départements, les
provinces françaises qui sont moins urbaines, moins mondaines, il n'y en
a pas, de docteurs, là.
Il
n'y a personne qui fait ce qu'on fait. On va être les premiers à dire aux
finissants : Voici où sont les besoins. Puis on sait où est-ce qu'ils sont, les besoins. Alors, les besoins, là,
sont... Comme, dans la région de Québec, ils sont à Chauveau, puis on le sait, puis, à Montréal, ils
sont dans Hochelaga-Maisonneuve, on le sait, puis, au Québec, ils sont en Outaouais, puis on le sait, et ainsi de suite.
Alors, on va offrir... On ne dira pas aux médecins, aux jeunes
finissants : Vous allez aller à
telle adresse sur tel coin de rue. On va dire : Vous pouvez aller où
est-ce que vous voulez, mais là où il y a des besoins. Personne n'a fait
ça, M. le Président, personne. C'est historique. C'est à ça que ça sert, le
projet de loi n° 20, entre autres.
On est allés loin, M. le Président. On
est allés aussi loin que de prévoir dans la loi la possibilité pour le gouvernement de décréter des obligations relatives
aux heures d'ouverture. C'est dans la loi. Ça ne s'est jamais vu. On va
dire aux médecins : Pour avoir votre pleine rémunération, bien, vous devez
avoir des heures d'ouverture qui sont adaptées, appropriées pour les gens qui
vous paient, le public, sept jours sur sept sur des heures étendues. C'est là.
Vous entendrez, M. le
Président, les oppositions nous dire que ça ne va pas assez loin, puis on va
prendre des exemples du style : Dans
les cadres de gestion, on a vu qu'il y a des groupes de médecine de famille qui
ont juste tant d'heures. Oui, mais
c'est parce qu'un groupe de famille... Aujourd'hui, là, les problèmes ne sont
pas tous réglés. Je l'ai dit, ça
prend une transition. Un groupe de médecine de famille où ils sont quatre, on
ne peut quand même pas leur demander de travailler 24 heures par
jour, là.
Alors,
ça, c'est de l'adaptation, les faits, tel que la loi le dit, par opposition à
des commentaires ciblés en prenant juste des petits angles, là, pour
faire un discours négatif. C'est ça qui est l'enjeu ici. L'enjeu du débat,
c'est de dire la réalité. Le projet de loi,
il est historique. On gère la façon de travailler, les heures d'ouverture, on
met des obligations de service, des
pénalités si ce n'est pas rencontré. C'est quand, la dernière fois que
quelqu'un a entendu parler de ça? Personne. Il n'y en a pas, de dernière fois. C'est quand, la dernière fois où les
gens ont dit : On veut ça? Bien, ça fait 15 ans, moi, que
j'entends ça. En fait, ça fait 30 ans que j'entends ça. Là, on le fait.
C'est ça qu'on fait avec la médecine de famille, là.
La
médecine spécialisée, c'est la même chose. La médecine spécialisée, M. le
Président, on entendra les oppositions dire :
Oui, la médecine spécialisée, ce n'est pas aussi dur, et ainsi de suite. Allez
voir les médecins spécialistes, vous allez voir, ils trouvent ça très dur, eux autres, parce qu'eux autres leur
problème, il est différent. Leur problème, c'est qu'ils sont à l'hôpital, et leur impact est à l'hôpital,
et leur impact — problématique — il vient du fait que le fonctionnement
intrahospitalier est sous-optimal et la
relation entre les médecins de famille et les médecins spécialistes est
sous-optimale.
Qu'est-ce qu'on fait?
Dans la loi, on prévoit que les médecins, maintenant, doivent répondre
rapidement aux demandes de l'urgence,
doivent prévoir, dans leur pratique hospitalière ou extrahospitalière, des
plages de rendez-vous données aux
médecins de famille spécifiquement. On met dans le projet de loi des
obligations de fluidité, de garanties de
service, de relation entre le médecin de famille et le médecin spécialiste.
Savez-vous quoi, M. le Président? On n'a même pas eu besoin de s'obstiner bien gros là-dessus, là, avec les
médecins spécialistes, ils sont pas mal d'accord. On n'a pas d'entente
encore, mais on va en avoir une là-dessus.
Tout comme on va en
avoir une, M. le Président, sur la gestion des listes d'attente. Est-ce que
c'est normal qu'aujourd'hui on ne gère pas
de façon hiérarchique le temps d'attente en chirurgie? Est-ce que c'est normal
qu'on ne s'adresse pas aux plus d'un
an avant les plus de six mois, avant les plus d'une semaine en attente? Bien
là, on va le faire puis on va le faire
en collaboration avec eux autres ou bien par la loi. Ça ne s'est jamais fait,
ça non plus, une autre nouveauté.
Tout ce que je viens
de vous dire, M. le Président, là, ça ne se faisait pas. La conséquence de ça,
c'est que le système était mal organisé et ça créait des goulots un
peu partout, l'un nuisait à l'autre. Quand je dis «l'un», là, je parle d'un type de médecin à l'autre type de médecin.
Les deux types de médecins n'étaient pas capables de s'organiser eux
autres mêmes. Qu'est-ce qu'il faut faire? Fin de la récréation, on met de
l'ordre là-dedans. Si les gens ne le font pas spontanément,
quelqu'un doit le faire à leur place. C'est ça
qu'on fait. À la fin, qu'est-ce qui
va arriver? Meilleur accès, meilleure
fluidité, meilleure production, meilleure économie, meilleur contrôle
budgétaire, meilleur accès aux services pour les citoyens. C'est ça qui
va arriver.
Les
oppositions vont nous expliquer, par des exemples ponctuels, que ça n'arrivera
pas. Bien non, ça va arriver. Savez-vous
pourquoi ça va arriver, M. le Président? Parce que les médecins font des
ententes pour éviter l'application de
la loi. S'ils ne livrent pas la marchandise, la loi va s'appliquer. S'ils la
livrent, bien, on n'a plus besoin de la loi, ils l'ont livrée, ça devient pérenne. Dans tous les cas de figure, le
système va s'améliorer, et le patient va y voir la différence. Et je le sais, là, je le sais que nos collègues,
ils vont prendre des exemples pour essayer de montrer que ce n'est pas
vrai : Je connais quelqu'un qui.
Bien là, moi, je ne suis pas dans le quelqu'un qui connaît qui, là. Moi, je
suis dans le système, M. le
Président, et, quand on fait des lois, on ne fait pas des lois pour des cas
particuliers, on fait des lois pour l'organisation, l'ensemble de la chose, et
c'est ce que l'on fait. On fait ça, M. le Président, maintenant.
On
fait ça pourquoi? Je l'ai dit. Première raison : pour que les
citoyens aient accès à des soins de qualité en temps opportun. Ça
va faire ça. Ça va même forcer, M. le Président, à travailler en
interdisciplinarité. Aujourd'hui, dans la journée, on m'a posé une question à
propos du travail des infirmières, que je reconnais et salue, M. le Président.
Je salue les initiatives des
infirmières. Mais les médecins doivent, dans un lieu donné, partager les
services médicaux avec les infirmières, et nos critères sont tels que, pour atteindre nos objectifs, les médecins
n'auront pas le choix, c'est impossible. Ça, on l'a analysé, on l'a, à la limite, là, observé, là, dans
certains cas, il n'est pas possible pour les médecins d'atteindre nos objectifs
s'ils ne transforment pas leur pratique en incluant l'interdisciplinarité.
Notre projet de loi a même un impact sur les infirmières, que je veux, je le veux. La médecine doit se
transformer aussi par le chemin de l'interdisciplinarité, pour toutes sortes
de raisons, la première étant... Et je fais le lien, maintenant, avec la
prochaine partie de ma présentation, de mon allocution : le lien
vient avec le contexte budgétaire du Québec.
Les
décisions qu'on prend se font dans un contexte budgétaire, je le répète, M. le
Président, et je vais le répéter pendant
les trois prochaines années aussi souvent que possible pour que les gens
intègrent cette notion-là une fois pour toutes. Pourquoi, M. le Président? Parce qu'il y a d'autres
parlementaires, particulièrement certaines oppositions qui, elles, font
exactement le contraire. Il y a des formations politiques dans cette Chambre
qui nient volontairement la réalité budgétaire.
C'est fait exprès pour gagner des points, de la pensée magique. Vous savez, là,
M. le Président, c'est comme quand on
était petit puis qu'on regardait le catalogue pour Noël, là, on rêve. Mais, à
Noël, le catalogue, il n'est jamais là au
complet. À Noël, là, il y a tout ce qu'on a vu dans les vitrines, dans les
centres d'achat, dans les catalogues, dans ceci, dans les annonces à la télévision, puis, sous l'arbre de Noël, là, il y
a une, deux, trois affaires, là, mais il n'y en a pas 50. Il y en a
peut-être 50, mais c'est une très, très, très grande famille. Et
malheureusement on n'est plus là aujourd'hui.
Alors, la réalité
budgétaire, M. le Président — et je dis maintenant ce que je vais dire
pendant trois ans : Le gouvernement du
Québec, puis peu importe la formation politique, n'a pas de compte en banque. Il
n'y a pas de ressources financières infinies. L'argent
que les gouvernements dépensent est exclusivement celui qui provient
des impôts, taxes, redevances des
citoyens et entreprises. Il
n'y a pas de trésor caché sous les
banquettes du parlement ou en quelque part, dans une salle qu'on ne connaît pas. Il y a des entrées annuelles
qui viennent de ce que je viens de vous dire, impôts, taxes, redevances, citoyens et entreprises,
et on les distribue en services. Et cette distribution-là, savez-vous c'est
quoi? C'est la fameuse distribution de la richesse.
• (12 heures) •
La richesse,
ça ne se vend pas dans des grandes surfaces. Il n'y a pas de grande
surface, là, où on rentre : Ah! on va aller dans le rayon richesse collective. Non, ça n'existe pas, ça.
Alors, la richesse du gouvernement, ce sont les impôts, taxes et redevances. Bien des formations politiques se présentent en disant : Voici, on peut
faire ci, on peut faire ça, puis sciemment
refusent de s'adresser ou de parler de la composante économique. On refuse, nous, de faire ça. On la
prend en considération, et c'est ce qui nous amène à faire des choix,
les fameux choix difficiles. Je fais exprès d'en parler, M. le Président, pour éveiller la population à
cette réalité-là, la réalité qu'un gouvernement doit travailler pour la
population, faire les meilleurs choix
possibles, leur donner ce qu'ils ont besoin dans les circonstances les plus
critiques. Et faire des choix et
choisir entre le plus critique parfois puis le moins critique, ça mène à ça. Ça
mène à ça, M. le Président, et c'est ce qu'on a fait dans la procréation
médicalement assistée.
Est-ce que
moi, là, comme médecin, comme personne, je suis en faveur, moi, de la gratuité
mur à mur de tout? Bien oui, en
sachant, par exemple, que la gratuité mur à mur est impossible parce qu'on n'a
pas les capacités financières. Parce
que ce n'est pas moi qui n'ai pas la capacité financière, c'est les citoyens.
Un de nos collègues d'une autre formation va nous dire : C'est facile, réglons ça puis on va taxer le monde
de plus, les entreprises de plus. Puis on sait tous que ça, ça induirait des travers économiques qui feraient en
sorte que, bien, on serait plus mal après qu'avant. À un moment donné, c'est la réalité, là, qui vient nous rattraper.
Bien, nous, on est conscients qu'on entre dans une période où cette réalité-là
est incontournable, on entre là. On
entre là pour toutes sortes de raisons, toutes sortes de raisons, M. le
Président. Je les ai souvent énumérées
et je les répète. Aujourd'hui, là, les chercheurs, les industries
pharmaceutiques, les industries technologiques, la médecine elle-même, d'autres
professionnels de la santé dans leurs domaines, il y a une course, M. le Président, et elle est normale, elle est
saine, cette course-là à l'excellence ou à l'initiative, à l'innovation. On
s'attend à tout ça de nos meilleurs
éléments dans notre société. On veut qu'ils fassent ça, puis là on va même
dire, puis c'est vrai : C'est
bon parce que ça s'en va dans les nouveaux marchés, ça crée de l'emploi, et
ainsi de suite, ça génère de ce qu'on appelle l'économie.
Mais à la fin,
là, toutes ces bonnes choses là amènent un coût supplémentaire à l'État — l'État étant les citoyens — et là il faut décider ce qu'on se paie,
c'est comme ça. On entre là, là, et on le sait, là, moi, je le sais, c'est mon
domaine, là. On sait que la médecine
personnalisée, là, un jour, ça sera comme dans les films de science-fiction,
là, on le sait, là, qu'un jour on va
pouvoir adapter... ça commence déjà et ça existe. Il y a des traitements
aujourd'hui, là, qu'on peut adapter
au profil génétique d'une personne. Donc, aujourd'hui il y a des cas, là, où il
faudrait tester la population pour
certains profils, là. C'est des coûts supplémentaires par rapport à l'année
d'avant, là, c'est la réalité, et ça, c'est un coût total. Quand on additionne tous ces petits bouts de
chandelles, ça fait des chandelles, des chandeliers, des grands halls avec
bien, bien, bien de la lumière
aveuglante. Mais ce qui nous aveugle, c'est évidemment la problématique du
contrôle des dépenses publiques. Mais
qu'est-ce qu'on veut comme gouvernement? On veut le mieux pour tout le monde.
On veut le mieux pour tout le monde, là. On veut quelque chose de
raisonnable et d'équitable pour tout le monde.
Je reviens à
la naissance de l'assurance maladie, M. le Président. C'est né, l'assurance
maladie, pour ça, pour que tout le
monde ait accès et personne ne soit pénalisé parce qu'ils n'ont pas accès.
Qu'est-ce qu'on fait avec la procréation médicalement assistée, M. le Président? Si nous étions contre,
idéologiquement, la procréation médicalement assistée, si on était contre, on se serait retirés, on
aurait mis zéro argent public là-dedans. Au contraire, on comprend la
problématique, on réalise l'impact que ça a sur des couples, sur des
femmes qui font face à cette situation-là et on prend une décision difficile, mais qu'on considère équitable, qui est
celle d'investir de façon raisonnée en disant : Voici, nous gardons un
financement public pour la procréation
médicalement assistée par une autre voie, une deuxième mécanique, qui est celle
du crédit d'impôt remboursable.
Qu'est-ce que ça fait, ça, M. le Président? Ça
fait que, oui, c'est variable, mais la personne qui a moins de revenus, on la rembourse jusqu'à hauteur de
80 % de tous ses coûts, tous les coûts, et ça descend jusqu'à 20 %.
Donc, ceux qui sont mieux nantis, eux
autres, voilà, il n'y a pas de problème, on contribue, mais moins. C'est une contribution étatique équilibrée,
équitable, qui prend en même temps en considération les intérêts des
citoyennes, des citoyens, mais aussi de tous les autres citoyens et citoyennes
par la voie du contrôle des finances de l'État.
Parce que
c'est ça, la clé, là. La clé est là. Le débat, il est là. Le débat, c'est
comment réussir à garder la finalité de
notre système de santé tout en contrôlant les finances de l'État, qui, elles,
sont essentiellement les finances des citoyens. Ils ont choisi ça. Les citoyens n'ont pas choisi, au Québec, de mettre
un taux d'imposition comme Québec solidaire voudrait le faire, M. le Président, à 85 %. Ils n'ont
pas choisi ça. Ils ont choisi d'avoir quelque chose d'équilibré. Ils ont choisi
de faire quelque chose d'équilibré,
et c'est ce que nous faisons, M. le Président, et on va continuer à le faire
jusqu'à ce que la population
choisisse autrement. C'est ça, la réalité. L'État ne se retire pas, l'État
reste en appui aux femmes du Québec, mais de façon variable et
équitable.
Des gens,
tantôt, se lèveront en disant : Oui, mais les gens moins nantis, c'est
déjà trop. Il y a d'autres arguments qu'on
pourrait évoquer, mais je n'irai pas là. Je ne ferai pas ce genre de débat là,
qui, je pense, n'est pas de l'étage approprié. C'est ça qu'on fait, M.
le Président. Et, oui, il y a un élément supplémentaire sur lequel nos
collègues vont disserter longuement, qui est
celui du fameux frais accessoire, mais qui a été introduit et traité de la même
manière sur les mêmes bases. D'aucuns disent qu'on... et ça, vous allez l'entendre, M. le
Président : On va faire un cadeau de tant de millions de dollars aux médecins. Puis, vous allez voir, là,
ma collègue députée de Taillon va insister, parce que, comme je suis médecin
spécialiste, elle va dire : C'est les
médecins spécialistes, alors que ce sont tous les médecins. Ça, c'est la nature
du débat que je ne qualifierai pas, mais que les gens comprennent.
Ce
que l'on fait, M. le Président, c'est qu'on vient normaliser une situation de
facto, là. Au moment où on se parle, ça
existe. Il y a des abus, M. le Président. Je vous le dis, là, il y en a. Il y a
des frais illégaux, il y en a, ce n'est pas normal. Mais le principe du frais, lui, ce n'est pas ça
que les gens contestent. C'est sûr que les oppositions veulent faire ce
débat-là, mais je pense que,
maintenant, les gens comprennent que, si on prend en considération la question
des finances de l'État qui sont
celles des finances des individus par leurs impôts et leurs taxes, bien, ils
comprennent, les gens, qu'il y a un choix à faire, ils le comprennent et
ils veulent qu'on le fasse, et on le fait dans la loi n° 20, dans le
projet de loi n° 20. On fait quoi? On dit à la population : Un, il y
a quelque chose qui existe, là, puis personne vraiment n'est aux barricades. Il n'y en aura pas d'autre. C'est ça qu'on dit. Il
n'y en aura pas d'autre. On va faire un règlement qui va identifier, un par
un, ce qui existe et ce qui restera, un par
un. Pas : On va en avoir d'autres, parce que, vous allez voir, vous allez
l'entendre tantôt, là, on va insinuer
que ça va se multiplier. Bien, non! On va regarder la situation, on va
identifier et on va réglementer. Qu'est-ce
qu'on va faire dans le règlement, M. le Président? On va, un, limiter le frais
au coût et ce qui est afférent, puis il y a toujours quelque chose
d'afférent, très peu.
• (12 h 10) •
Je
peux vous dire une chose, M. le Président, je vous fais une prédiction, là, la
goutte dans les yeux, là, elle va passer de 200 $ à quelques
dollars, en unités, sur les doigts d'une main... sur les doigts d'un doigt.
L'anesthésie, là, l'anesthésie, M. le
Président, je vous le dis tout de suite, là, parce que, ça, je le sais, là, une
aiguille, là, c'est ça qui est le prix
permis actuellement dans les frais accessoires que le Parti québécois a mis en
place — parce
que rappelons-nous le, là, c'est le
Parti québécois qui a mis ça en place et, en 2014, n'a jamais annoncé qu'il
voulait les enlever, il voulait les
encadrer — écoutez
bien ça, M. le Président, là, une aiguille, ça coûte 0,05 $, une seringue,
ça coûte 0,05$, je pense qu'une
aiguille, ça coûte 0,03 $ dans certains cas, dépendamment de la grosseur
de l'aiguille, et l'agent anesthésique qui est là-dedans, ça coûte des sous aussi. Bien, si, à la fin, là, M. le
Président, pour avoir une anesthésie locale — une anesthésie locale, pour que les gens comprennent, c'est comme
se faire geler chez le dentiste, là — bien, ça, là, juste ça, là, qui est
permis dans la loi du Parti québécois, bien, si ça coûte 0,87 $, ça va
être 0,87 $. Savez-vous qu'est-ce qui va arriver, M. le Président? Il n'y a personne qui va le charger, trop de trouble.
C'est ça qui va arriver. La goutte à 200 $, là, elle va... ça, c'est un autre produit, bien, vous allez voir
que ça ne sera pas 200 $ à la fin. L'infiltration pour une tendinite à
50 $ dans les cabinets, là, ça
ne sera pas ça. Une infiltration, M. le Président, là, c'est : une seringue, une aiguille, de la xylocaïne...
pas de la xylocaïne, mais un agent pour
désinfecter, un champ et puis de la cortisone. Le médicament, après l'aspirine,
là, c'est le plus vieux médicament qui existe dans l'histoire, croyez-moi, il
ne coûte pas cher. Alors, c'est ça qu'on va faire.
On va enlever les
abus, M. le Président, et on va annihiler les frais qui sont illégaux. Puis là,
là, je prends ce moment privilégié qu'on m'a
donné pour le dire à la caméra, là, c'est rare que je regarde la caméra, je
vais le faire : Si on vous charge des montants d'argent pour ouvrir un
dossier, plaignez-vous, envoyez-nous une courte lettre et exigez un reçu
pour qu'on mette le médecin à l'amende.
C'est illégal. On na pas le droit. Puis savez-vous ce qu'on va faire — parce que ça, la loi actuelle le permet — on
va vous rembourser, puis on va le prendre dans la poche du médecin qui vous a
fait ça. Je peux-tu être plus clair que ça, M. le Président, là?
On
ne peut pas être plus clairs que ça, là. Et, M. le Président, là, je vis un
moment d'extase parce que je vois l'extase que je génère dans
l'esprit du député de Mercier.
Une voix :
...
M.
Barrette : Alors, je
pourrais même dire que je n'en peux plus, M. le Président. Mais je ne le
dirai pas. Alors, c'est ça qu'on va
faire. Le projet de loi n° 20, là, quand vous entendrez, là, M. le Président, toutes les autres interventions
qui s'en viennent, là — parce que moi, j'achève — bien, prenez-le correctement, là : on
va prendre des angles puis de construire
des scénarios, c'est Alice au pays des merveilles dans un cas et puis le
bonhomme Sept-Heures dans l'autre, et puis ça va être de même. C'est
comme ça. C'est de même, la politique, là. Mais, la réalité, là, pour ceux qui
nous écoutent, là, on normalise ce qui
existe, il n'y aura pas de développement, il n'y en aura pas de nouveau, ça va
être le coûtant parce qu'il y a des
abus maintenant, et maintenant il n'y en aura plus, et ce qui est illégal sera
mis à l'amende et interdit.
Ça,
c'est travailler pour la population, dans un cadre qui est celui du contexte
budgétaire de l'État. Pourquoi je parle
de ça, M. le Président? Parce qu'on fait face... Il faut travailler pour le
futur. Nous, dans nos principes politiques, on veut prendre des décisions responsables. Et, parmi cette
responsabilité-là, il y a le contrôle des coûts pour diminuer la dette, qui va générer des sommes d'argent
utilisables dans les services, pas juste pour nous, pour ceux qui nous suivent.
On doit léguer à ceux qui nous suivent un système de santé public, en
bonne santé, qui va donner les services requis.
Mais,
oui, il y a des décisions difficiles à prendre, il y en a une, c'est la
première, elle est historique, c'est celle de la procréation médicalement assistée et celle des frais accessoires
dans le contexte que je viens de dire. On ne peut pas commenter, apprécier, positivement ou
négativement, ce que l'on fait dans le projet de loi n° 20, M. le
Président, sans prendre en
considération l'ensemble du contexte, les faits, les gestes, le contexte
budgétaire. La réalité, elle est totale. Ne prendre qu'un angle, bien,
ça peut être perçu comme étant de la politique.
Comme
nous sommes au moment de l'adoption, je me permets, pour une dernière fois
peut-être, peut-être qu'il y en aura
une autre à la fin, mais, à ce moment-ci, je me permets de présenter à la
population la vision globale de cette problématique, M. le Président.
Parce que c'est la seule façon de faire.
D'autres
partis vont choisir d'autres façons, c'est leur choix. Mais notre façon, je
pense, est la façon responsable, transparente
et orientée vers les bonnes finalités : les services, le legs dans le
cadre de la capacité de payer des citoyens et citoyennes qui nous envoient leur argent et qui
nous demandent de gérer ça correctement et équitablement. Et clairement,
dans mon esprit, et je pense l'avoir bien exposé, c'est exactement ce que nous
faisons, M. le Président. Merci.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Alors, merci, M. le ministre de la Santé et des
Services sociaux, de votre intervention sur l'adoption
du projet de loi n° 20, phase finale. Alors, il y avait
une entente, il semblerait, alors je donne la parole à M. le député de Mercier
pour son intervention. À vous, M. le député de Mercier.
M. Amir Khadir
M. Khadir : Merci, M.
le Président. Je voudrais d'abord
remercier mes collègues de l'opposition,
les critiques du Parti québécois et
de la CAQ, la députée de Taillon et le député de Lévis, qui m'ont permis
d'intervenir en premier lieu en
réaction aux propos du ministre, à l'intervention du ministre. C'était d'autant
plus important et critique pour moi que
je suis appelé à d'autres tâches cet après-midi, alors je ne serai pas présent
pour le moment précis où on va prendre le vote sur l'adoption de ce
projet de loi. Mes autres collègues seront là, et je voulais absolument
enregistrer mon opposition au projet de loi
n° 20, que je vais, bien sûr... que nous allons rejeter, que nous allons
voter contre, mais... et que je vais critiquer dans mon intervention de
cinq, six minutes.
Mais
je voulais quand même en souligner au moins une vertu, probablement la seule
vertu de ce projet de loi n° 20, c'est que son examen parlementaire
a forcé le ministre ou a emmené le ministre, encouragé le ministre à adopter de
saines habitudes de vie, ce qui fait
qu'aujourd'hui il est beaucoup plus en forme, probablement fier de ce qu'il a
accompli sur le plan de la santé, qui l'amène, parfois, à lancer des
appels aussi, je dirais, remarquables que celui de demander à la population de se plaindre des pratiques abusives
d'une minorité. Je rappelle, les frais accessoires, c'est une minorité des
médecins au Québec. Et notre crainte, c'est
que ça se répande avec sa banalisation. Mais, quand même, dans l'appel...
on l'a entendu, cet appel. Pourquoi le
ministre faisait cet appel-là? Pour que les gens viennent dénoncer, par
exemple, la facturation de frais d'ouverture de dossier dans des
cliniques médicales.
Et
ensuite il s'est déployé pendant de longues minutes à expliquer pourquoi il
était important de tenir compte de la capacité
de payer de la société, des finances publiques. Moi, je lui dis : Soit, il
a fait la démonstration qu'une seringue coûtait quelques sous, une aiguille coûtait quelques sous et la xylocaïne,
qui est utilisée pour anesthésier localement, coûte à peine quelques
sous de plus, donc, tout ça, moins d'un dollar.
Je l'invite à
consulter le spécialiste, le détenteur de la chaire en recherche sur les
médicaments génériques du Québec, qui est à
l'Université de Montréal, M. Grégoire... docteur, en fait, en pharmacie,
Grégoire Leclair, qui a fait la démonstration
avec nous, lors d'un petit topo que le ministre peut voir aux archives de
l'émission Infoman... Vous savez, M. le Président, les députés ici, en Chambre, devraient le savoir,
produire une pilule générique... 90 % des pilules génériques coûtent moins de 0,10 $ à produire,
0,10 $. Or, en moyenne, la RAMQ rembourse les fournisseurs de ces médicaments
génériques 1,20 $, soit 12 fois ce
prix. Ça, c'est les prix pratiqués aujourd'hui au Québec, 12 fois le prix. Vous
voyez la marge qu'il y a là.
Donc, si le ministre
veut être cohérent avec ce qu'il nous a dit, il pourrait nous accompagner et
accepter notre proposition de revoir le
modèle de négociation actuellement, ce qui pourrait permettre... Parce que
50 %, actuellement, des
médicaments consommés au Québec — des médicaments de prescription,
d'accord? — sont des
génériques. Donc, la facture de
3,2 milliards, là, 1,6 milliard de la facture de la RAMQ, c'est des
prix qu'on paie 12 fois plus cher que ce que ça coûte. Imaginez si
vous les réduisiez à seulement... je ne dis pas de 90 %, juste de
65 %, comme la Nouvelle-Zélande,
50 %, comme l'Ontario ou la Colombie-Britannique, c'est une réduction de
près de 1 milliard de dollars, 1 milliard de dollars dans la facture publique de la RAMQ si
le ministre suit la même logique qu'il a suivie tout à l'heure pour dire :
Nous allons limiter, hein, avec certains frais afférents, limiter les frais
accessoires à ce que ça coûte. Bien, je dirais : Disons la même chose pour les produits génériques et les produits,
aussi, patentés, limitons-le avec une marge de profit raisonnable, mais
pas 1 200 % comme c'est le cas actuellement.
• (12 h 20) •
Tout
ça pour dire que nous sommes opposés au projet de loi n° 20 d'abord parce
que ça ne rencontre pas une vision globale, intégrée de la santé, hein?
Dans la conception de Québec solidaire, pour qu'on puisse arriver à améliorer
la performance, entre guillemets, et surtout
la qualité de nos soins, il faut avoir une vision de la médecine qui soit
centrée pas uniquement sur le
traitement des maladies, mais une vision plus large qui comprend des éléments
de déterminants sociaux — la pauvreté — des éléments de déterminants
environnementaux — l'exposition
dans nos villes, par exemple, aux
polluants atmosphériques, aux polluants dus à l'organisation de nos
transports — et aussi
assortie de moyens pour promouvoir la
santé. Donc, on ne peut pas vraiment arriver à ça si on fait comme le
gouvernement actuel, couper 30 % dans le budget des départements de
Santé publique, qui sont notre cheville ouvrière pour mener les campagnes de
sensibilisation sur les déterminants sociaux, économiques et environnementaux
de la santé.
Donc,
pour qu'on tienne compte véritablement des problèmes du système de la santé, il faut cesser de le regarder uniquement comme une machine à
traiter la maladie, mais plutôt comme un système qui doit entrevoir la personne
malade dans son ensemble, dans son, entre guillemets, écosystème. Ça veut dire
changer d'approche, une approche intégrée holistique, tenir compte des
déterminants extérieurs à la personne, dans quel environnement elle vit. Ce qui
fait qu'on ne peut pas uniquement penser qu'on va résoudre les problèmes du système de la santé et son accessibilité, qui est due à son engorgement à cause de ce qu'on a fait depuis 30 ans, qui est
une approche curative centrée sur la maladie elle-même et sa cure, plutôt
que sur la personne, ses besoins et ce qui l'a amenée à être malade. Et
malheureusement le projet de loi n° 20, il n'y a rien là-dedans qui
change cette approche-là.
Ensuite, moi,
je me désole de voir que le ministre... Je comprends dans quel cadre il
travaille, mais j'aimerais aussi croire
qu'il est réellement soucieux de régler les problèmes du système de santé
actuel. Or, je lui rappelle qu'en commission parlementaire, de nombreux intervenants, très bien
outillés, que ça soit l'Association médicale du Québec, que ça soit... 5 000 médecins dont 300, 400 se sont
réunis, toute une fin de semaine, pour réfléchir à des solutions et qui ont
fait des propositions au
ministre — hein, ça
s'appelle les médecins omnipraticiens engagés — pour faciliter l'accès aux soins de
santé et qui disaient : Il faut revoir le travail interdisciplinaire.
Hein, vous
savez, les médecins en cabinet — je le rappelle à d'autres collègues du
ministre de la Santé qui ont été
moins exposés à ces travaux — les médecins omnipraticiens nous racontent que
jusqu'à 30 % de leur clientèle ont d'abord besoin d'une assistance psychologique. Pourquoi est-ce que
30 % du travail et du temps de nos médecins qu'on a formés pour d'autre chose, au lieu d'être
consacrés à d'autres dimensions des problèmes de santé de notre population,
sont consacrés pour ce que je dirais
des approches thérapeutiques qui, en principe, pour lesquelles, en principe,
des psychologues sont mieux outillés pour faire?
Mais pourquoi les patients se retrouvent là?
C'est parce qu'une bonne partie de notre population n'a pas les moyens de payer au privé pour des soins de santé
mentale ou pour des soins, disons, d'approche... d'intervention thérapeutique
en psychologique. Alors, les médecins omnipraticiens ont dit : Regardez,
on pourrait désengorger et améliorer la performance
de notre système en reconnaissant la couverture publique, en permettant la
couverture publique de consultation chez les professionnels comme chez
les... par exemple, des psychologues... ou ça peut être aussi des
orthopédagogues, ça peut être... dans le cas des enfants, ça peut être des...
j'ai un blanc de mémoire... des physiatres, d'autres
professionnels de la santé, autrement dit, qui ont des ordres professionnels
dont la pratique correspond à l'ensemble des soins dont notre population a besoin, qui, souvent, malheureusement,
quand il n'y a pas de couverture publique, bien, ces patients-là se
ramassent dans le cabinet du médecin qui doit faire ça.
Ensuite, on
parlait de l'instauration d'un guichet d'accès unique : ce n'est pas dans
le projet de loi; d'une plateforme uniforme pour s'y référer : ce
n'est pas dans le projet de loi; d'investissements plus grands dans la
prévention : non seulement ce n'est pas
dans leur projet de loi, mais le gouvernement va complètement à l'encontre. Le
renforcement de la politique de soins à domicile, ce n'est pas dans le
projet de loi. La création d'une garde communautaire et d'équipes interdisciplinaires mobiles pour couvrir le
territoire, intervenir à domicile, éviter que le système soit engorgé ou les
cabinets de médecins soient consultés
pour des choses qui peuvent être réglées autrement... Et malheureusement le
gouvernement a montré une fermeture à
cause d'une vision très superficielle, limitée de la question de
l'accessibilité, qui fait qu'on se retrouve
là. Puis, en plus, c'est qu'en catimini le gouvernement... En fait, le ministre
mène toutes sortes d'ententes, de négociations
avec la Fédération des médecins omnipraticiens, avec la Fédération des médecins
spécialistes du Québec, qui ont leur
rôle, mais c'est des syndicats corporatistes de médecins qui ont pour rôle,
d'abord et avant tout, de protéger les intérêts corporatistes. Et
souvent, malheureusement, c'est des intérêts corporatistes d'une minorité de
médecins.
Donc, je termine très rapidement. Donc, c'est dans
cette optique désolante et dans le refus du gouvernement d'investir, par exemple, dans les CLSC plutôt que
dans les supercliniques coûteuses... Les CLSC sont déjà payés, ils sont largement
répartis dans l'ensemble du territoire du Québec, et nous, on aurait voulu que
le gouvernement investisse là-dedans pour
régler les problèmes d'accès. Donc, c'est pour toutes ces raisons que mes
collègues et moi, nous allons voter contre le projet de loi n° 20.
Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
M. le député de Mercier, on vous
remercie de votre intervention sur le projet
de loi n° 20. Et je cède la parole à la
porte-parole de l'opposition officielle en matière de santé et services sociaux
pour son intervention. Mme la députée, à vous la parole.
Mme Diane Lamarre
Mme
Lamarre : Merci beaucoup, M. le Président. Le projet
de loi n° 20, dans son titre, porte le mot «accès»; c'est certainement le projet de tous les espoirs,
le projet auquel les Québécois tiennent beaucoup. Ce n'est pas un projet
de loi comme tous les autres. Tous les
projets de loi sont importants, mais, dans le cas du défaut d'accès auquel on
assiste depuis maintenant plusieurs années au Québec, il y a un besoin
d'une réponse, il y a un besoin de solution concrète.
Et les
Québécois sont en droit de dire deux choses. D'abord, qu'ils n'en ont pas
pour leur argent, qu'ils n'ont pas les services pour le 46 % du
budget qu'ils investissent dans leur santé, et ça, ça ne veut pas dire qu'on ne
veut pas respecter les contrôles budgétaires, ça veut dire qu'on doit faire
mieux avec ce qu'on a mis dans le système de santé actuellement.
Et la
deuxième chose, eh bien, les gens veulent que leur système de santé soit
équitable. Les Québécois ont des valeurs,
des valeurs communes. Ils ont une assurance automobile, personne ne remet ça en
question. Ils considèrent que c'est
important, que, quand ils sont sur la route, s'ils sont exposés à un accident,
ils soient sûrs que leur vie ne soit pas amputée, handicapée, endettée à cause d'un accident, et qu'il y a des
situations qui prévoient ça. Mais ils se sont aussi donné, avant même l'assurance automobile, la
priorité d'avoir une assurance maladie, ils ont même été avec une assurance
médicaments. Mais l'assurance maladie, c'est
au coeur des valeurs des Québécois. Les Québécois, M. le Président, veulent que tout le monde ait un accès égal à la santé. Et
les mesures qui sont prises actuellement causent un préjudice énorme à
cette volonté, à cette valeur des Québécois. C'est sans précédent. On n'a
jamais depuis l'instauration de la Loi sur l'assurance maladie, en 1970, donc
depuis 45 ans... il y en a eu d'autres, tentations de créer des inégalités,
mais on a toujours, toujours résisté à ça.
On a toujours été solidaires dans nos actions pour assurer que tous les
Québécois aient un accès égal.
Déjà, les
plus pauvres, les plus démunis sont souvent ceux qui sont également plus
malades, et donc on se doit d'avoir
une protection toute particulière pour ne pas nuire à l'accès de ces personnes.
Alors, c'est dans cet esprit-là qu'on a
ouvert les pages du projet de loi n° 20, et on a eu beaucoup de surprises
parce qu'à la lecture du projet de loi n° 20 on a vu qu'il y avait, dans le
fond, trois sections : une section qui concernait l'amélioration de l'accès
en passant au niveau d'approche... de
mesures qui touchaient les médecins de famille, une autre section pour les
médecins spécialistes, et il y avait, dans
un autre domaine, dans un autre champ, rien à voir avec l'accès, il y a des
modifications qui changeaient la loi en matière de procréation assistée.
Et ça, ça a été une surprise. Il n'y a personne qui avait vu ça venir de cette
façon-là.
Alors,
je vais reprendre certains éléments qui ont été évoqués. Je suis contente
d'avoir entendu tantôt le ministre, parce
que pendant les travaux, très souvent, il a évoqué le fait que l'opposition
faisait de l'obstruction à son endroit. Or, un projet de loi, c'est quelque chose qui doit être lu attentivement.
Dans le cas du projet de loi n° 20, tout le monde s'est entendu
pour dire que le projet de loi n° 20 en soi, il n'a pas beaucoup de
contenu, les contenus vont être dans les règlements.
Alors, c'était d'autant plus important de questionner le ministre. Si on était
partis d'une réforme écrite, d'un document
réfléchi, on aurait pu dire : Ah! bien, ça va s'orienter en fonction des
18 priorités qui ont été ciblées dans le cadre de la réforme de la santé, mais tout ça, jusqu'à maintenant, c'est
encore dans l'esprit du ministre, et on n'a pas de documents concrets sur lesquels s'appuyer. Et le
projet de loi n° 20, eh bien, ce sont les règlements qui le définissent.
Donc, il a fallu poser beaucoup de
questions, et, à travers ces questions-là, on a eu une certaine ouverture sur
certains éléments qu'on a présentés
au ministre et, dans d'autres, bien, on a dû reconnaître qu'on n'avait pas du
tout la même perspective par rapport, entre autres, à l'équité au niveau
de l'accès des soins.
• (12 h 30) •
Au
niveau de la durée des travaux, mardi
soir dernier, j'entendais le député
de LaFontaine, qui était le
président de notre commission
et qui a donc assisté aux 100 heures de débats que nous avons eus, et
c'était dans le cadre du projet
de loi n° 59, mais il disait, en réaction à la proposition de scission du projet de loi
n° 59 proposée par ma collègue
députée de Taschereau :
Tous les projets de loi doivent être bonifiés, et on va le faire.
M. le Président, j'ai le sentiment d'avoir vraiment, avec l'équipe du Parti québécois, avec mes collègues
aussi des autres oppositions,
travaillé à bonifier ce projet de loi
n° 20, même si on a malheureusement un constat très objectif
en termes d'amendements déposés par rapport
à nos amendements acceptés : on a déposé, en fait, une quarantaine
d'amendements, et il n'y en a que
quatre qui ont été accueillis favorablement par le ministre. Mais, dans ces
40 amendements, on a beaucoup questionné
les enjeux de la fécondation in vitro, qui étaient vraiment soustraits au
niveau du remboursement, des frais accessoires, des disponibilités des
médecins, concrètement, les soirs et les fins de semaine.
Alors, je pense qu'on
a vraiment fait notre travail, on a passé le projet de loi au crible, et c'est
notre devoir de parlementaires, c'est notre
devoir d'élus de vraiment analyser avec rigueur, d'autant plus que ce projet-là
touche énormément d'aspects et nous
en a fait connaître des nouveaux qui étaient imprévisibles, comme ceux qui
concernent les frais accessoires, qui n'étaient pas dans le projet de
loi... dans le titre du projet de loi.
Je vous dirais que,
du côté des amendements du ministre, le ministre nous a habitués maintenant,
avec ses deux projets de loi, le projet de
loi n° 10 et le projet de loi n° 20, à un nombre incalculable
d'amendements qu'il dépose lui-même par rapport à ses travaux, à ses
propres travaux.
Alors,
moi, j'aime bien présenter un document qui a été réfléchi. Les commissions
parlementaires, où on voit les gens
qui viennent, sont là pour nous aider à bonifier notre document. Mais je cite,
pour le projet de loi n° 10... Le ministre a déposé, en décembre 2014, 120 amendements. Dans le bâillon,
il en a déposé 137 supplémentaires, dont 55 étaient des amendements à ses propres amendements. Je pense
qu'en tout cas il ne peut pas nous reprocher, après ça, de travailler
avec rigueur et d'analyser l'impact de tous ces changements et de ces
changements à ces changements qu'il propose.
Dans
le cas du projet de loi n° 20, eh bien, il a déposé, dans le fond,
114 amendements. Comme j'ai dit, nous, nous en avons déposé une quarantaine — 41, plus spécifiquement — et quatre seulement ont été retenus. Mais
donc nous avons pris le temps de bien
débattre de ces amendements-là, donc, 78 amendements, d'abord, sur une
liste de 104 pages. Et, je vous
dis, 78 amendements sur un projet de loi qui a 68 articles, donc plus
d'amendements que d'articles, ça donne une idée du travail qu'il fallait faire pour être sûrs que ce projet-là de
loi arrive à quelque chose qui soit au moins, en tout cas, conforme à la rigueur législative qu'on doit avoir
dans un projet de loi. Sur le fond, on est encore en désaccord avec le
ministre sur beaucoup, beaucoup d'aspects.
Alors, ça explique un
peu le travail qui a été fait et qui a été, je pense, fait avec énormément de
rigueur, de constance. Et les gens, je les
remercie, m'ont témoigné assez souvent... Ceux qui écoutent la commission,
les groupes, les organismes, les patients m'ont remerciée, et je le fais
vraiment avec beaucoup, beaucoup de conviction.
Alors,
si on reprend maintenant le projet
de loi n° 20, quand je dis que
le projet de loi n° 20 en lui-même, quand on lit le texte
législatif, bien, on ne retrouve pas ce qui va vraiment changer l'accès pour
les gens... Parce que c'est ça que la population
veut savoir : Ça va changer quoi, là, pour moi, en termes d'amélioration de l'accès? Comment je vais faire pour avoir un médecin plus facilement? Comment je vais faire pour
le voir plus facilement? Est-ce qu'il
y a juste les médecins qui vont
pouvoir améliorer le système de santé et son accès? Eh bien, la plupart des
éléments importants référaient à un
pouvoir de règlement que le ministre s'approprie, et le règlement, il n'est pas
dans la loi, il va venir après. Alors,
on a été obligés, donc, de redemander des informations parce que, sinon, c'est
un peu une coquille vide; tout seul comme ça, on ne pouvait pas savoir
dans quoi on s'engageait.
Et donc, pour la
partie qui concerne l'amélioration de l'accès aux médecins de famille, bien, il
y a trois autres documents qui découlent de...
Au-delà des 68 articles, là, du projet de loi, dans la section des
médecins de famille, il y a trois
autres documents. Il y a une entente qui a été conclue entre la FMOQ, la
Fédération des médecins omnipraticiens, et le ministre, entente qui a été faite, vraiment, sans que les partis
d'opposition soient du tout informés. Il y a un cadre de gestion, le cadre de gestion des GMF, qui
définit les éléments, dans le fond, de disponibilité des médecins, les
obligations de disponibilité des
médecins, puis je vais y revenir tantôt. Et finalement il y a les propositions
réglementaires, propositions réglementaires dans lesquelles on détermine
les quotas, qu'est-ce que les médecins vont devoir faire. On ciblait les clientèles qu'ils devaient voir, celles qu'ils ne
pouvaient plus voir, celles qu'ils pouvaient voir juste avec un certain nombre
de patients.
Très,
très rapidement, quand on est arrivés dans ces propositions réglementaires là,
on a vu, la journée même, dans le fond,
où ça a été déposé... on avait des gens en soins palliatifs, deux médecins qui
étaient là et qui, clairement, ont dit : Écoutez, si vous nous limitez à
1 000 patients par année qu'on peut voir en soins palliatifs, nous, ça
veut dire qu'il faut qu'on en voie
500 qui ne sont pas en soins palliatifs. Et ces 500 autres là, ça fait déjà 10
ou 15 ans qu'on s'est dédiés aux soins palliatifs, on n'est plus
compétents pour les faire. Alors, il va falloir se retirer du milieu, aller se
remettre à jour pendant six mois pour
traiter des gens en hypertension, diabète et d'autres maladies et revenir pour
500 patients. Mais ils nous ont aussi dit : Vous savez, on est
aussi demandés pour faire de la formation, pour enseigner.
Alors,
rapidement, le ministre s'est rendu compte que les chiffres qu'il avait mis là,
bien, dans la vraie vie, ça nuisait à
l'accès. Ça n'améliorait pas l'accès, ça compromettait l'accès. Et, quand on
lui a demandé : Mais sur quoi vous vous êtes basé pour dire 1 000 patients pour un médecin en soins
palliatifs ou 1 500?, on n'avait pas de réponse, puis ça sortait
d'une estimation intuitive.
On a même
fait la démarche inverse, on a dit : Écoutez, il y a 8 millions de
Québécois, avez-vous fait l'équation de dire : Si on a 8 millions de
Québécois puis qu'on aspire à donner un médecin de famille au plus grand
nombre... Des fois, on dit que
ce n'est pas nécessaire que ce soit 100 % des gens qui ont un médecin de
famille, mais 80 %, 90 %. Vous êtes-vous assuré que les quotas que vous avez mis, là, les ratios, un
médecin pour 1 000 patients... S'il y a 20 000 médecins, il y en a 10 000, à peu près, qui sont des
médecins de famille, bien, si on dit 10 000 médecins de famille avec
1 000 patients chacun, bien ça
fait seulement 100 000 Québécois qui ont un médecin de famille, là. On
n'est pas à 8 millions, on a... Alors, il y a quelque chose qui n'est pas adapté. Alors, je m'excuse, là, c'est
10 000 fois 1 000. Ça fait quand même un petit peu plus que ça, mais ça ne fait pas notre
8 millions, ça fait à peu près 10 millions. Donc, 10 millions de
Québécois, mais... 8 millions de... 1 million de Québécois,
mais on a besoin de 8 millions.
Alors, tout ça pour dire : Il y avait des
parties qui étaient vraiment très intuitives, je dirais, basées sur des estimations très... Et la preuve, c'est que le
ministre les a changés, a changé ses ratios, a changé les ratios qu'il avait
mis dans ses premières orientations
réglementaires. Il en a changé plusieurs. Là, on lui a demandé, quand il les a
changés : Mais sur quoi vous
vous êtes basé? Et on n'a toujours pas plus de précisions, d'évaluations un peu
plus rigoureuses. On a des chercheurs
en santé au Québec, il y en a qui peuvent faire des ratios, mais on ne les a
pas. Donc, c'est toujours sur la base de... intuitive.
• (12 h 40) •
Quand on a
regardé l'entente qui a été signée, là... J'ai fait ça un soir chez moi, un
mercredi soir, ça avait été déposé par
le ministre dans l'après-midi... en fait, non, pas déposé, mais on pouvait y
avoir accès sur le site de la FMOQ. Et là je lis les primes d'inscription, les fameuse primes Bolduc qui ont tant
suscité de réactions parce que ce sont des primes à l'inscription, alors que ce qu'on veut, ce sont
des primes au rendement, à la performance, à la garantie qu'on a été reçu
par le médecin quand on était malade, pas
juste quand on a voulu s'inscrire auprès de lui. Et donc, les primes
d'inscription, bien, j'ai constaté
qu'elles étaient réintroduites dans le projet de loi, alors que le ministre les
avait décriées, avait dit : Il n'en est pas question. Mais là, dans l'entente, c'est revenu, et c'est revenu
pour une valeur d'au moins 25 millions de dollars. Donc, il y a 25 millions de dollars qu'on
dit... on donne... Dans le fond, dans l'enveloppe, là, il y a un
25 millions qui est consacré — dans l'enveloppe des médecins — à inscrire des patients sans avoir de
garantie qu'on va avoir des disponibilités pour les voir les soirs, les
fins de semaine, quand les gens vont être malades.
Donc, ça,
c'était pour la partie de l'entente. Il y a beaucoup d'autres éléments
intéressants, mais on ne peut pas tous
les relever. Mais c'est pour vous montrer que cette entente de plusieurs pages,
eh bien, il faut la scruter pour saisir quelles seront les conséquences réelles du projet de loi n° 20,
est-ce que ça va nous donner les garanties qu'on prétend au niveau de
l'amélioration de l'accès.
Et le
troisième instrument, c'est le cadre de gestion des GMF. Alors là, j'ai été
vraiment très surprise, parce que les GMF, quand le ministre est arrivé
en poste, je me souviens, à la première étude de crédits en 2014, il avait
promis... Vraiment, là, on a des... on peut extraire le verbatim des
procès-verbaux : Nous, on va augmenter le nombre de GMF de 260 à 300, et 100 % des GMF vont être
conformes au nombre d'heures qu'ils se sont engagés à être ouverts, qui était
68 heures, 100 % au 31 décembre 2014, et on connaît la
capacité du ministre de s'affirmer haut et fort. Donc, bon, à ce moment-là, on pouvait espérer que ça se
confirme. Quand on regarde le cadre de gestion, on arrive à un constat et, là
aussi, vous voyez quand même, là, c'est un
document de plusieurs dizaines de pages, mais il faut regarder un
tableau : alors, sur les
262 GMF qu'on a au Québec actuellement, eh bien, pour à peu près 200 de
ces 262 GMF là, le ministre, dans son
entente avec la FMOQ, a consenti à ce que 200 sur 262 ne soient plus obligés
d'être ouverts 68 heures par semaine.
Alors, il y en a qui vont être obligés d'être
ouverts seulement 52 heures par semaine et sur cinq jours, pas sur sept jours; d'autres, 56 heures sur cinq
jours, 60 heures sur six jours, 64 heures sur six jours, de sorte
que, sur les 262 GMF qui étaient tous
obligés, en principe, d'être ouverts 68 heures, il en reste une
soixantaine qui vont être obligés vraiment d'être ouverts 68 heures, et là ils ont la bénédiction maintenant
du ministre à ne pas avoir plus d'heures de disponibilité, d'où l'enjeu important... Et ça, ça nous a amenés
à déposer énormément d'amendements de toutes sortes de nature pour dire :
Est-ce qu'on peut, au moins à travers ça, avoir des garanties qu'il va y avoir
plus de disponibilités les soirs et les fins de semaine?
Tantôt, le
ministre disait : Si on a un GMF où il y a juste quatre médecins, on ne
peut pas leur demander d'être ouverts
toutes les heures. Mais le prototype, quand même, d'un GMF, c'est autour de 10
médecins et, sur 10 médecins, on
devrait être capables d'avoir un médecin ou deux qui sont disponibles les soirs
et un qui fait une fin de semaine complète, là, pas juste quatre heures le samedi matin, parce que c'est ça qui est
obligé. La seule obligation qu'on a, c'est quatre heures le samedi,
quatre heures le dimanche pour ceux qui ont le 68 heures d'obligation, là.
Alors, il y a
vraiment un risque important que ce qui a été promis ne soit pas rendu. On
donne la prime à l'inscription, on diminue les obligations, et c'est sûr
que ça favorise l'atteinte du taux d'assiduité. On ne dit pas que c'est impossible, on dit
juste que les moyens qui nous sont démontrés, les ententes qui ne font pas
partie directement du projet de loi n° 20, mais qui déterminent ce qui va
vraiment se passer pour les Québécois sur le terrain, eh bien, quand on les lit de près, on dit : Oups! Là, on est
dans un mode de négociation et on a fait des compromis et des compromis qui
ne nous donnaient pas les garanties de l'amélioration de l'accès.
Alors, on a, à juste titre, je pense, posé des
questions, essayé d'avoir des amendements et on a effectivement réussi à avoir un amendement dans lequel le
ministre a au moins demandé que soit rendu public l'agenda de rendez-vous
des médecins pour qu'on puisse voir s'ils
ont des disponibilités — en groupe, là, on ne parle pas individuellement. On ne veut pas qu'un médecin soit là cinq jours semaine,
tous les soirs de la semaine puis la fin de semaine, mais, sur
10 médecins, on se dit : Est-ce qu'on peut garantir une disponibilité
au niveau des heures?
Et pourquoi on demande ça? Parce que,
si on veut diminuer le recours à l'urgence, si on veut
que les gens aillent moins inutilement à l'urgence, il faut que le
samedi après-midi, au Québec, on soit capables d'avoir des médecins de famille — pas
des spécialistes, des médecins de
famille — qui soient facilement disponibles pour
les patients quelle que soit la
région du Québec où on se trouve. Sinon, la seule option que ces
gens-là ont, c'est de se retrouver à l'urgence de l'hôpital.
Et, à l'urgence de l'hôpital... Le ministre nous parle beaucoup des restrictions budgétaires,
nous parle beaucoup que lui, il a une vision de l'économie
puis que nous, on demande n'importe
quoi. Bien, moi, je lui dis clairement
que les enjeux économiques,
on est très sensible également à ça, et on les comprend, et on les comprend très bien.
Quand les gens vont à l'urgence de l'hôpital,
ça coûte entre 250 $ et
500 $ simplement pour ouvrir un dossier à l'urgence de l'hôpital. Le Commissaire à la santé nous a dit que 60 %
des gens qui allaient à l'urgence, ce n'est pas là qu'ils devaient aller et
30 % des gens qui se rendent là
quittent avant d'avoir été soignés. Alors, imaginez tout le gaspillage,
l'argent des concitoyens, l'argent des Québécois, qui rentre dans le
budget de la santé, qui est mal utilisé, qui ne donne pas le rendement.
Et ce matin
je parlais au ministre de cliniques d'infirmières, des cliniques d'infirmières
qui, pour des honoraires de
20 $, 25 $, pourraient voir des patients qui ont des conditions
mineures, pourraient faire un suivi d'hypertension. Il y a plein d'options qui s'offrent au ministre autres
que celle de strictement toujours prendre des mesures qui vont faire que
le seul premier répondant va toujours être
le médecin de famille. On en a besoin, de nos médecins de famille, ce sont des
gens dévoués, ce sont des gens d'une grande
compétence, et je veux vraiment témoigner ici du grand respect et de l'appréciation que j'ai des médecins de famille,
mais les besoins en santé sont nombreux, la population est vieillissante.
Mais, même pour les populations plus jeunes, on
a des situations qui sont des situations d'urgence mineure. Quelqu'un qui a un enfant qui fait une otite,
quand on fait une infection urinaire, quand on commence un zona, ce sont
des situations mineures mais urgentes, et on
n'a pas d'affaire à aller à l'hôpital et à faire que l'hôpital dépense
250 $ à 500 $ de nos frais,
alors que, pour 20 $, 25 $, on pourrait avoir un autre accès dans le
système de santé qui ferait qu'on serait bien soignés et qu'on libérerait la place pour que, quand les vrais cas
d'urgence arrivent, ils soient vus plus rapidement, plus efficacement et qu'on améliore la fluidité du
système. Ça, c'est des enjeux économiques aussi, c'est des enjeux qui surveillent bien l'utilisation des sommes que les
Québécois nous consacrent, nous confient pour s'occuper de leur santé.
Alors, c'est ça qu'on demande aussi.
Je vous
dirais qu'au niveau des médecins, quand on parle d'améliorer l'accès, bien, il
y a toutes sortes d'autres mesures.
J'ai parlé d'une meilleure utilisation au niveau des GMF, l'utilisation des
urgences, mais également tout le soutien à domicile, toute la planification des soins, et ce que je peux déplorer
du projet de loi n° 20, c'est que c'est un projet de loi qui, encore une fois, définit les soins de santé
du Québec strictement à partir du médecin. Et les patients qui sont malades,
ils sont majoritairement à la maison, chez
eux. Et, dans ça, il y a des gens qui veulent, par exemple, pour l'otite de
leur enfant, avoir un service proche,
le plus proche possible, le plus disponible possible, avec des compétences qui
sont tout à fait possibles aussi auprès des infirmières ou auprès
d'autres professionnels de la santé. En santé mentale, on a des psychologues, qui sont très, très, très capables
aussi de contribuer et qu'on sous-utilise. Alors, ce qu'on veut, c'est avoir
ce service-là proche.
• (12 h 50) •
Mais on a
aussi l'autre partie des patients qui sont de grands utilisateurs au niveau des
soins d'urgence, ce sont les patients plus âgés, des gens qui ont des
maladies chroniques. Alors, quelqu'un qui a une maladie respiratoire, ce patient-là, quand il a de la difficulté à respirer
à 3 heures du matin, s'il n'est pas sûr de rejoindre son médecin de
famille le lendemain matin, il va se
rendre à l'urgence parce qu'étouffer la nuit on ne peut pas endurer ça pendant
des semaines. Alors, ce patient-là,
s'il est sûr qu'il peut rejoindre, à 8 heures le matin, son
inhalothérapeute et que l'inhalothérapeute va se rendre à la maison, il ne se rendra pas à l'urgence à
3 heures du matin. Il va avoir son inhalothérapeute qui va lui
donner le soin, le service, et ça ne coûtera pas 250 $ parce qu'il a été à
l'hôpital, il n'aura pas de risque d'attraper des infections des autres patients, parce que les gens qui ont des maladies
respiratoires, quand ils se retrouvent à l'urgence de l'hôpital, ils attrapent d'autre chose en même
temps. Il n'y a pas de risque d'attraper un C. difficile parce qu'il reste
chez lui. Il a un bon service, il a un
suivi, et ça, ça s'appelle programmer nos soins à partir des patients et non
pas à partir des médecins. Et c'est
ça qui aurait pu être une belle option. Et c'est ça qu'on espère qu'un jour on
va avoir au Québec : avoir un
service de santé qui va être pensé à partir de la trajectoire de soins et des
besoins des patients, que ce soient les patients en santé mentale, que ce soient les patients qui ont des
problèmes aigus, qui sont en suivi de cancer. On dirait qu'on est toujours en réaction de surprise. Ah! le
patient revient à l'hôpital. Il a un effet secondaire de son médicament contre
le cancer : Ah! la seule option pour lui, c'est l'hôpital.
Il y a des
façons de planifier et de mieux utiliser l'ensemble des professionnels de la
santé, et ça, à ce moment-ci, on n'a rien de ça dans le projet de loi
n° 20. Alors, rien pour le soutien à domicile, rien pour permettre aux IPS
et aux infirmières de diminuer les visites à
l'urgence des hôpitaux. Rien en santé
mentale, première ligne, urgence. Pourquoi nos patients en santé mentale
sont toujours obligés d'arriver à l'urgence de l'hôpital quand on voit qu'il y
a une petite décompensation? On devrait
avoir un autre système. Donc, on en a, des idées. On a des idées concrètes de
comment les soins
pourraient être plus accessibles et comment ça pourrait être fait à l'intérieur
des budgets qu'on a déjà, mais ce n'est pas le choix qui a été fait.
Malheureusement,
ce qu'on dit, c'est qu'actuellement ce qu'on voit, c'est qu'il y a énormément
de report par rapport à ce qu'on
devrait avoir au niveau de la meilleure utilisation du budget en santé. Et,
dans le projet de loi n° 20, c'est ça qu'on déplore, c'est que le ministre nous demande d'attendre, en 2018,
de voir l'impact que les mesures vont avoir eu, donc des mesures qui ont été jugées par beaucoup de médecins comme des
mesures très agressives, disons... en tout cas, des mesures très intenses, et des mesures qui ont été faites vraiment
dans un climat où il n'y avait pas beaucoup de place pour une
collaboration et un sentiment de respect. Et ça, on peut se demander, par
rapport à un système de santé qui travaille
beaucoup avec les professionnels de la santé, quand on a des professionnels qui
sont démotivés, qu'est-ce que ça a comme impact au niveau de la
performance de ces gens-là.
Au
niveau des spécialistes, eh bien, je peux vous dire que, si on a vu énormément
de contraintes à l'endroit des médecins
de famille, on a cherché beaucoup qu'est-ce qu'il y avait comme mesure au
niveau des spécialistes. Le ministre, tantôt,
disait que je l'évoquerais, il a raison, mais c'est un fait. C'est un
fait : il y avait deux articles sur les spécialistes, un article
qui disait, quand le médecin est à l'hôpital... un spécialiste est à l'hôpital
et qu'il y a une demande de consultation
à l'urgence, il doit y répondre à l'intérieur de trois heures. Il doit y
répondre à l'intérieur de trois heures entre
7 heures le matin et 5 heures le soir. Le ministre nous est arrivé
avec un amendement pour dire : Au lieu d'être entre 7 et 5, ça va
être juste entre 8 et 4. Or, c'est ça, la mesure qui va améliorer, qui va
transformer l'accès aux médecins spécialistes.
Une autre mesure dans
le projet original, donc dans le premier texte : il y avait une demande
qu'un médecin spécialiste, quand on lui
avait fait une demande de consultation, il soit obligé d'y répondre à
l'intérieur de six mois. C'est quand
même un bon délai, là, six mois. Le ministre a enlevé le six mois puis a
dit : En conformité avec un mécanisme d'accès priorisé, donc... Puis là on ne sait plus trop combien ça va
être de mois : Est-ce que ça va être trois mois ou si ça va être un an? Et donc on a enlevé cette espèce
d'élément un petit peu plus mordant qu'on retrouve pourtant beaucoup du
côté des médecins de famille; on l'a enlevé du côté des spécialistes. On est
obligés de le lire de cette façon-là.
Moi,
j'ai aussi questionné plusieurs fois le ministre sur l'amélioration de l'accès
des spécialistes hors hôpital, parce que
l'accès, c'est aussi hors hôpital. Les seules mesures que le ministre a mises à
l'intention des spécialistes sont des mesures qui concernent le médecin spécialiste quand il est à l'hôpital, mais on
a des dermatologues qui sont dans leur bureau privé à l'extérieur, des ophtalmologistes, et où il y a
des délais... les rhumatologistes qui sont aussi à l'extérieur. On n'a pas de
mesure, d'incitatif qui va faire en sorte que ces médecins vont pouvoir voir
les patients de façon plus rapide, être disponibles,
avoir un meilleur lien entre le
médecin de famille et le médecin spécialiste, qui était beaucoup
revendiqué par les médecins de
famille, qui disaient : Bon, des fois, on demande une consultation à un
médecin spécialiste puis on ne l'a pas aussi rapidement... on n'a pas le
retour, on n'a pas le suivi, on n'a pas nécessairement la disponibilité. Donc, il y avait
des insatisfactions de part et d'autre, mais on n'est pas sûrs du tout que la
façon dont ça a été réglé, ça a favorisé une conversation, une
conciliation plus grande entre le médecin de famille et le médecin spécialiste.
Je
vous dirais que le projet de loi
n° 20 se ferme aujourd'hui et on n'a toujours pas l'entente que le
ministre est en train, semble-t-il,
de conclure avec la FMSQ. Il a été rapide : en mai, il a fait l'entente
avec la FMOQ, les médecins de famille,
et il était très, très pressé de la faire. Avec les médecins spécialistes,
bien, il devait, d'une journée à l'autre, pendant les travaux de la commission, nous déposer
l'entente, et on ne l'a toujours pas, et elle n'est toujours pas signée, de
sorte qu'il y a deux articles dans ça, projet de loi n° 20, sur les
spécialistes et on n'a toujours pas plus d'engagements.
La
seule chose qu'on est sûrs, c'est que les frais accessoires vont dorénavant
pouvoir être facturés légalement, principalement
par les spécialistes. Et ça, je sais que le ministre n'aime pas qu'on le dise,
mais c'est un état de fait : Les gens
qui ont payé des surplus, ce n'est pas quand ils allaient voir leur médecin de
famille, c'est quand ils allaient voir leur ophtalmologiste, quand ils avaient besoin d'un examen, une radiographie,
en radiologie, quand ils allaient voir un dermatologue, quand ils allaient voir un neurologue; c'est surtout chez
ces médecins qu'il y a eu des frais supplémentaires. Et donc le ministre leur a donné cette
légalisation des frais accessoires, et j'aurai l'occasion d'y revenir un peu
plus tard, M. le Président. Alors, je veux revenir tantôt sur les frais
accessoires.
Je
prends quelques minutes avant l'arrêt — je
crois qu'on va arrêter dans deux ou trois minutes — je rassure les gens sur la fécondation
in vitro. Je vais y revenir aussi après. C'est sûr qu'on a fait quelques
gains, écoutez, des gains modestes, mais quand même
qu'on est très fiers d'avoir acquis pour la population parce que,
vraiment, on a travaillé très, très fort pour cette population-là. Le projet de loi n° 20, au départ, prévoyait que
ce soit illégal pour les femmes de 42 ans d'avoir accès à la fécondation
in vitro. On a enlevé ça. On a permis que ces femmes aussi aient accès au
crédit d'impôt, comme les autres plus jeunes.
Mais,
je vous dirais surtout, c'est qu'on a enlevé... À l'intérieur du projet de loi,
le ministre avait prévu une durée de
trois ans de relations sexuelles avant d'être éligibles à la procréation
médicalement assistée. Il y avait comme ça des choses vraiment, je dirais, incongrues, qu'on ne peut pas trouver
normalement dans un projet de loi parce que c'est trop précis et ça doit s'ajuster en fonction de lignes
directrices, de lignes directrices de traitement, de l'évolution de la science.
Et on sait que, dans la fécondation
in vitro, c'est une jeune science, mais qui s'impose de plus en plus, et
on a maintenant des informations
beaucoup plus claires pour s'assurer que les femmes qui accouchent accouchent
de façon sécuritaire, qu'on
n'implante pas quatre, cinq, six embryons qui donnent des grossesses multiples,
à risque et pour la mère et pour l'enfant.
Donc, toutes ces mesures-là, maintenant
on les a, et les lignes directrices de traitement du Collège des médecins vont dorénavant servir à baliser et elles pourront
être mises à jour beaucoup plus facilement qu'une loi. Alors, on est très
contents d'avoir réussi à soustraire du
projet de loi des éléments qui, vraiment, dans la vraie vie, n'auraient pas été
sécuritaires ou appropriés, en tout cas, pour les couples infertiles.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, merci, Mme la députée de Taillon. Mais,
compte tenu de l'heure, on doit suspendre les travaux, et je sais que
vous allez poursuivre parce qu'il vous reste du temps pour poursuivre votre
intervention.
Les travaux sont
suspendus jusqu'à 15 heures cet après-midi.
(Suspension de la séance à
12 h 59)
(Reprise à 15 h 1)
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, bon après-midi, chers collègues. Veuillez
vous asseoir.
L'Assemblée
poursuit le débat sur l'adoption finale du projet de loi n° 20, Loi édictant la Loi favorisant l'accès aux services de médecine de famille et de médecine
spécialisée et modifiant diverses dispositions législatives en matière
de procréation assistée.
Au
moment de la suspension des travaux, le droit de parole était à Mme la députée de Taillon, il lui reste environ 34 minutes. Alors, Mme
la députée, je vous cède la parole.
Mme
Lamarre : Merci beaucoup, M. le Président. Alors, pour les fins de l'écoute des gens qui se
joignent à nous, on avait déjà
abordé, dans les premières minutes de la période qui m'est dévolue à présenter
sur le discours de clôture de projet de loi n° 20, les informations en ce
qui concernait principalement le projet de loi n° 20 et l'accès aux
médecins de famille et l'accès aux médecins spécialistes.
Donc, le troisième
volet que je souhaite aborder maintenant, c'est celui qui concerne la
procréation assistée, et plus spécifiquement
la fécondation in vitro. Il faut rappeler un peu l'histoire de ce programme. La
fécondation in vitro a été mise en
place sous le gouvernement libéral en 2010. C'est le Dr Yves Bolduc qui avait
considéré que le remboursement de la
fécondation in vitro avait des avantages, avait des avantages parce qu'il
garantissait plus de sécurité dans le processus de fécondation in vitro, c'est-à-dire que, quand c'était
assuré, il y avait moins de demandes pour l'implantation d'embryons de façon importante — quatre, cinq embryons — moins de risques de grossesses à risque et
moins de risques de bébés à risque. Donc, cette évaluation qui avait été
faite a permis la mise en place du programme en 2010.
Il
devait y avoir un registre des naissances, et le registre des naissances n'a
jamais été mis en place, ce qui fait qu'on
n'avait pas de données. Et, quand le gouvernement du Parti québécois est arrivé
au pouvoir en 2012, il a demandé un rapport au Commissaire à la santé
pour voir un peu comment les coûts avaient évolué, quels étaient les impacts, est-ce qu'on avait vraiment des résultats plus
sécuritaires, autant pour la mère que pour les enfants qui naissaient, et c'est
à travers ce rapport du commissaire qu'on a
pu voir qu'il y avait des recommandations très justifiées de la part du commissaire, qui disait : Écoutez, il y a des
glissements, il y a des approches qui sont faites et qui font qu'il y a des
coûts importants qui sont là. Il faut
donc mieux baliser, mieux inspecter les endroits où on fait la fécondation
in vitro, envoyer des lignes
directrices de traitement plus claires, des consignes plus claires. Et ce n'est
pas ça qu'on a fait. Ce qui a été décidé, ça a été de couper le
programme de fécondation in vitro.
Au
Québec, on a un enfant sur 33... 2,7 % des enfants qui naissent au Québec
naissent de la fécondation in vitro. C'est beaucoup, et c'est la preuve que ça répond à un besoin de la
population. On a des femmes qui étudient plus longtemps, on a des couples qui décident d'avoir des enfants
de façon un peu plus tardive, et, à ce moment-là, la fécondation in vitro
devient l'espoir pour des gens qui ont des conditions médicales qui empêchent
la grossesse ou pour des couples LBGT qui
souhaitent avoir un enfant. Donc, c'est une situation qui se traduit par un
gain démographique significatif pour le
Québec. On en veut plus, d'enfants, on veut plus de bébés au Québec, et la fécondation in vitro est certainement une contribution importante, d'autant plus que, maintenant, on
la fait de façon très sécuritaire.
Alors,
le choix qui a été fait, c'est de désassurer la fécondation in vitro, de
donner des crédits d'impôt. Ces crédits d'impôt instaurent, bien sûr, un système qui n'est pas équitable parce que,
de façon arbitraire, hein, on a fixé qu'un couple, donc, deux personnes qui gagnent moins de 50 000 $
vont devoir avancer les 10 000 $
pour la fécondation in vitro, le cycle de fécondation et pourront se voir recréditer 80 % de ce
montant-là, mais sur leur impôt. Alors, le fait d'avoir à avancer un montant important... Puis on dit
10 000 $, mais, quand il y a toutes sortes d'autres frais au niveau
des médicaments, au niveau du
transport quand les gens sont à l'extérieur des grandes villes de Québec et de
Montréal, donc il y a énormément de
coûts pour les couples qui décident de s'engager dans un processus de
fécondation in vitro et il y a clairement un frein, un obstacle à
l'accès par cette mesure-là, alors c'est bien dommage.
On a quand même
réussi, comme je disais avant la pause, à faire en sorte qu'au moins ce soient
les lignes directrices du Collège des
médecins qui prévalent, et le ministre s'est clairement engagé — et il l'a fait au micro — à ce que le registre des naissances soit mis en action, et qu'il serve
d'indicateur, et qu'on le suive correctement. Parce que le constat qu'on est obligé de faire dans ça, c'est
que, par manque de suivi, par manque de rigueur, par manque de mécanismes
de contrôle au niveau du gouvernement, bien,
on laisse des situations déraper et, après, on est obligé d'adopter des mesures
coercitives qui portent atteinte à l'accès. Alors, dans le cas de la
fécondation in vitro, ça n'améliore pas l'accès, ça réduit l'accès, ça coupe l'accès. Et, si on avait fait notre travail
correctement, d'instaurer un registre des naissances en 2011, 2012, 2013, on aurait pu voir les
caractéristiques, on aurait pu voir des tendances se dessiner, on aurait pu
apporter les correctifs et on n'aurait pas eu à prendre cette mesure
extrême. Alors, c'est beaucoup la faute, je pense, de notre responsabilité, au niveau des gouvernements, de ne
pas assurer les suivis. Ça ne donne rien de signer des ententes, de mettre
des obligations et de ne pas s'assurer qu'elles sont respectées.
On a eu la
même chose avec les GMF. Les GMF avaient des ententes dans lesquelles c'était
stipulé 68 heures. Alors,
si on ne peut pas, dans un GMF, faire 68 heures, bien, il faut rouvrir le
contrat et puis il faut peut-être avoir moins d'argent si on peut faire moins d'heures, il faut
peut-être trouver un aménagement. Mais là, actuellement, les ententes qui sont signées sont signées sur la base d'un
principe qui fait que la population devrait recevoir des services, elle ne les
reçoit pas ou elle les reçoit mal, et il n'y a personne qui vérifie, qui fait
le contrôle, et ça, ça nous coûte très cher.
Alors,
quand le ministre dit qu'on n'est pas préoccupés par le budget, on est
préoccupés par le budget, mais la première chose à faire dans notre
maison quand on voit que notre budget est en péril, c'est de resserrer nos
dépenses. Alors, c'est vraiment de regarder
est-ce qu'on dépense correctement, est-ce que les dépenses qu'on a investies
nous donnent bien ce pour quoi on a payé, est-ce qu'on récupère bien ce
pour quoi on a investi. On ne le sent pas, cet effort-là.
Moi,
j'ai demandé au ministre combien d'enquêtes il y avait eu pour la fécondation
in vitro pendant les cinq années. Il
y a eu une enquête sur une plainte, il n'y a jamais eu d'autre inspection. On a
26 inspecteurs au ministère de la Santé et des Services sociaux, il n'y a pas eu d'inspection. Alors, il faut
absolument développer une culture qui permet d'avoir un peu plus d'inspections, un peu plus de suivi
pour que tout le monde se sente plus rigoureux. Ça ne donne rien de faire
des lignes directrices de traitement si on
ne s'impose pas après des mécanismes de vérification de l'atteinte de ça. Et
ça, la population a le droit... c'est
même notre responsabilité comme parlementaires de nous assurer que ce qui est
promis et ce qui a été signé dans des
ententes est respecté. Alors, je pense que, là, il y a eu vraiment carence, et
c'est la population qui paie pour actuellement.
• (15 h 10) •
L'autre élément qui,
vraiment, est tout à fait préoccupant, c'est, bien sûr, le dossier des frais
accessoires, frais accessoires qui sont
arrivés tout à fait à l'improviste par le biais d'un amendement, donc, qui
n'était pas dans le premier document que le ministre nous a déposé en
novembre. Et, vraiment, je dirais que, dans l'histoire de l'assurance
maladie, ce moment où on va adopter
le projet de loi n° 20 et où on va autoriser formellement les frais
accessoires est un moment dont on va
se souvenir et un moment très triste dans l'histoire du Québec.
Ces frais accessoires créent un manque d'équité évident au niveau des citoyens
du Québec, et c'est une première, sans précédent.
Je
vais vous dire, M. le Président, des médecins des autres provinces m'appellent
pour me dire : Mais qu'est-ce
que vous êtes en train de faire au Québec?
Il n'y a pas aucun autre endroit où on accepte de faire un accroc aussi important à l'assurance maladie. Partout,
on considère que l'assurance maladie est un bien, est un bien commun, est une
valeur commune, et là vous êtes en train de déchirer cette entente-là. Alors,
ce n'est pas banal.
Le
ministre dit : Je vais encadrer, je vais enlever ce
qui est illégal. Il élargit la portée. Et je veux bien que vous entendiez : Le ministre élargit la portée, il
permet que des médecins puissent dorénavant facturer des frais de cabinet, des frais d'équipement et des frais de test
diagnostic. Et ça, c'est un précédent. Ce n'était pas permis, ce n'était pas
autorisé. Et, si c'était facturé,
historiquement il fallait arrêter que ce soit facturé parce que
c'était illégal. Et, quand le ministre dit : Je vais arrêter ce qui était illégal, bien, facturer 200 $ pour des gouttes, c'était illégal. Et là
ce qu'il dit : Bien, je vais charger juste 2 $ maintenant pour les gouttes, mais il va autoriser
198 $ pour les frais de cabinet, les frais d'équipement. Alors, ça va
s'appeler autrement, mais ça va quand même finir par coûter 200 $. Alors,
c'est le choix vers lequel on s'engage.
Si
ce n'est pas ça, on a demandé au ministre de nous donner la liste des frais
accessoires. Alors, quand on dit que le
projet de loi n° 20 est une coquille vide, au moment où on va
l'adopter, aujourd'hui, on ne sait pas quels sont les frais accessoires
qui vont être couverts, quels sont les frais accessoires qui vont être chargés
aux patients, quelles sont les spécialités
et les médecins de famille qui vont pouvoir en facturer, dans quel contexte.
Alors, quand les gens vont partir de
la maison avec quelqu'un de malade, qu'ils vont vouloir se rendre à l'urgence,
il va vraiment falloir qu'ils prévoient d'avoir toujours avec eux un peu
d'argent. On me dit même qu'il y a des cliniques médicales où on exige que les
patients paient comptant, avec de l'argent comptant. Alors, écoutez,
c'est vraiment quelque chose qui n'a jamais été autorisé avant au Québec.
Et,
quand le ministre parle que le Parti québécois a mis les frais
accessoires — et la
Protectrice du citoyen l'a très bien
dit — c'était
dans des conditions exceptionnelles, oui, 2 $ pour des gouttes dans les
yeux ou 5 $ pour un anesthésique parce
que, si on enlève une verrue, on ne veut pas que ça fasse mal. C'était ça,
l'esprit. Ce que le ministre dit, il dit : Moi, maintenant, je vais autoriser des produits, mais
je vais aussi permettre que les frais de cabinet, les frais d'équipement et les
tests diagnostics puissent être inclus dans ces frais accessoires, alors que,
normalement, ça aurait dû... Et, quand on regarde
les ententes, il y a deux colonnes : il y a une colonne qui prévoit la
rémunération totale des spécialistes et une colonne qui est clairement inscrite
«frais de cabinet», qui sont inclus à l'intérieur de la rémunération. Mais donc
il y a déjà dans les modalités de
rémunération une provision qui est dédiée aux frais de cabinet. Alors, si ça
s'est réajusté ou désajusté en cours
de route, il fallait que ce soit réajusté dans le cadre des ententes. Mais la
façon, la solution que le ministre trouve crée vraiment une inéquité
parce que la contribution qu'on demande aux gens, elle est inabordable pour
beaucoup de Québécois, beaucoup de
Québécois, et probablement des Québécois qui sont particulièrement vulnérables,
donc dont l'état de santé est peut-être plus fragile, et ce sont eux qui
vont être encore plus spécifiquement visés par ces problèmes.
Alors,
ce qui est frappant dans le fonctionnement de ces frais accessoires là, c'est
que le ministre continue de dire qu'il
y a un consensus, que la population est d'accord avec ça. Écoutez, on a une
liste de personnes qui ont clairement manifesté
leur désaccord par rapport à ça. Me Jean-Pierre Ménard, qui est reconnu pour la défense des droits des patients,
dit : «...l'encadrement plutôt que l'interdiction pure et simple de la
facturation des frais accessoires viendrait — à ce moment-là, il espérait
encore que le ministre entendrait son argumentaire, alors ça viendra donc maintenant,
mais ça viendrait, puisque je le cite — légaliser une pratique qui
contrevient directement à la Loi canadienne [de] la santé. [...]Cette approche introduit une distorsion
majeure dans l'accès aux soins médicaux. Ce ne sont plus l'urgence et la
gravité de la maladie qui sont dorénavant
les critères d'accès aux soins de santé, mais plutôt la capacité de payer du
patient...» Je pense que ce commentaire résume très bien l'intensité
de l'iniquité qui est instaurée par la modalité qui a été choisie par le
gouvernement et par le ministre actuellement.
D'autres
organismes, mais vraiment beaucoup d'organismes de médecins qui sont venus
dire : Nous sommes contre. Donc, des groupes de médecins qui, eux aussi,
comprennent la valeur de cette équité sociale, de ce choix qu'on a fait d'être
justes entre nous pour
l'accès à la santé, que la santé et l'accès aux soins étaient une valeur qui
devait être défendue coûte que coûte : l'Association médicale du Québec,
l'Association médicale canadienne, le Collège québécois des médecins de famille, les Médecins québécois
pour le régime public.
Il y a
d'autres organismes, des organismes qui sont aussi des représentants de grandes
organisations du Québec,
la Coalition Solidarité Santé, la Confédération des syndicats nationaux, la
CSN. «[Et M.] Jean Lacharité, de la CSN, rappelle que "l'Assemblée
nationale avait unanimement convenu en 2013 d'éliminer les frais accessoires;
[donc] leur légalisation par le ministre
Barrette — et
là je suis en mode citation — est
un affront. Le ministre avalise la tarification du droit à la santé. Créer des obstacles
financiers aux soins de santé contrevient à l'un des principes fondateurs de la
Loi canadienne sur la santé : l'accessibilité."»
Mais je vous
dirais que les témoignages qui me touchent également beaucoup,
ce sont ceux des regroupements de
patients, l'Association des retraitées et retraités de l'éducation et des
autres services publics du Québec.
Alors, là aussi, je pense que les
gens se sentent vraiment trahis, je vous dirais, dans l'engagement que le
gouvernement a pris pour eux.
Et, quand le
ministre dit : On a des contraintes budgétaires, ces contraintes
budgétaires là, elles peuvent être gérées par des mesures, des mesures de contrôle dont j'ai parlé tantôt, mais
des mesures également qui mériteraient d'être débattues publiquement pour ne pas que ce soit seulement une
personne qui, pour tout le Québec et peut-être même pour le Canada,
détermine un bris de cette entente, de ce
contrat social qui a été pris avec l'ensemble des Québécois. Et donc ces mesures
de contrôle, il y en a de nombreuses :
gérer mieux les tests de laboratoire, gérer mieux l'acquisition des médicaments,
contrôler, inspecter davantage.
Alors, j'ai
déposé un projet de loi, M. le Président, le projet de loi n° 491, qui
vise à mettre fin aux frais accessoires par la modification de diverses dispositions législatives, et ce projet
de loi a reçu l'appui de plusieurs groupes, des groupes de médecins même encore, ROME, les médecins
québécois pour la protection du régime public. Ces gens nous disent
clairement qu'on a d'autres options que celle que le ministre a choisie pour
préserver les budgets dont on a besoin au niveau des frais accessoires.
Et le projet de loi dit : On n'a aucun
paiement pour ces frais-là. Par contre, on doit permettre et rehausser le pouvoir d'enquête et d'inspection de la Régie de
l'assurance maladie, incluant un pouvoir d'injonction. C'est-à-dire que,
si on trouve qu'il y a une surcharge... Et
le ministre ne conteste pas ces surcharges-là. Donc, il y en a, on les connaît.
Alors, si, par un inspecteur de la RAMQ,
on dit : Il y a surcharge, on met une injonction et, à ce moment-là, on
dit : Vous n'avez plus le droit de charger ce montant-là, ce sera
un montant qui sera le coûtant de 2 $ seulement.
• (15 h 20) •
On avait déjà ça sans ouvrir sur l'amendement
que le ministre a fait, qui va permettre la facturation des frais d'équipement, donc les chaises dans la salle
d'attente, le nouvel appareil, la téléphoniste, le système informatique. Tout
ça, ça rentre dans des frais d'équipement et des frais de bureau. Et, comme le
ministre ne veut pas nous dire qu'est-ce qui va entrer et qu'est-ce qui ne rentrera pas, qu'il ne veut pas nous dire
quels sont les frais qu'il va autoriser et ceux qu'il n'autorisera pas et quels sont les médecins et les
spécialistes qui auront le droit d'en charger, bien, on est vraiment
dans l'obscurité totale au moment d'adopter le projet de
loi n° 20.
Alors donc,
mon projet de loi dit : Aucun paiement, pouvoir d'inspection
de la RAMQ augmenté, des amendes significatives.
On l'a vu, là, on parle de 200 $ pour des gouttes qui coûtent 2 $, et
l'amende actuelle est de 1 000 $,
il n'y a pas d'effet dissuasif. On
demande des amendes entre 5 000 $ et 50 000 $ et on double
les amendes s'il y a récidive. Là, je pense qu'on envoie un message
clair. Et, quand on envoie un message clair comme ça à quelques personnes qui
ont peut-être glissé dans leur
interprétation d'une loi ou d'un règlement, bien, à ce moment-là,
automatiquement il y a une autorégulation
générale, et l'ensemble de la profession ou du sous-groupe comprend que ce
n'est pas l'esprit de la loi et qu'il y aura des conséquences si on n'a
pas respecté la loi.
Et le dernier élément, c'est qu'on augmentait à
trois ans le délai pour que la population puisse demander un remboursement lorsqu'elle était victime de ça.
D'ailleurs, il y a un recours collectif actuellement pour des patients qui ont
vraiment... Et j'ai vu des factures de
1 500 $ pour des gens qui ont eu une intervention ophtalmique, des
chirurgies de cataracte, alors des montants vraiment exorbitants.
Alors, tout
ça pour montrer que ce n'est pas seulement le Parti québécois, mais le Parti
québécois s'est vraiment fait la voix de la population, la voix
d'avocats qui sont reconnus pour prendre la défense de la population, la voix
de médecins, de professionnels qui sont
directement visés et qui disent : Malgré tout, nous, on considère que ça
ne doit pas être chargé, ces
frais-là, à la population parce qu'on va créer des patients qui ne seront pas
capables... on va créer des patients qui
n'auront pas accès aux soins de santé. Et ça, c'est un précédent très, très
triste et très déplorable dont le ministre devra assurer la responsabilité. Et, dans l'histoire, il faudra se souvenir de
ça. Et c'est malheureux, c'est très malheureux parce qu'il y avait d'autres options, il y avait
d'autres options. Et on partage la priorité du ministre au niveau de contrôle
budgétaire, mais il y en avait d'autres, il y avait d'autres, options,
et ce ne sont pas celles-là qu'il a choisies.
Alors, je
vous dirais qu'en terminant, pour nous, il y a vraiment, au niveau de l'accès,
une amélioration possible et il y a des économies possibles dans notre
système de santé. Par contre, on va être en désaccord avec plusieurs des mesures que le ministre a utilisées.
Malheureusement, pour l'instant, c'est très difficile d'évaluer la portée, mais
on aurait aimé que les Québécois
puissent déjà voir certaines mesures rapidement, et il y en a, des mesures qui
auraient pu agir, et intervenir, et donner un impact rapidement pour la
population, alors permettre des activités autonomes aux IPS, aux infirmières, permettre des interventions aux
pharmaciens, permettre une collaboration des inhalothérapeutes en soutien
à domicile, des psychologues.
Ce matin,
j'ai parlé des infirmières. Il y a une raison pour laquelle on peut plus
difficilement avoir les IPS dans des
contextes de petite clinique comme celle qu'on a vue avec SABSA. Et il y a
des questions de rémunération, et on est obligés d'en parler, de cette rémunération-là, parce qu'on a donné un
incitatif de 60 000 $ aux
médecins quand ils accueillent une infirmière praticienne spécialisée dans un
GMF. Ce n'est pas banal, 60 000 $. Ce montant-là, il correspond
presque au salaire d'une autre IPS,
salaire d'IPS qui commence autour de 68 000 $. Alors, on a fait ce
choix-là. Juste pour dire qu'il y en a d'autres, choix, pour bien
utiliser les ressources financières de l'État.
Alors, je
souhaite sincèrement une amélioration de l'accès. Je considère,
malheureusement, que l'option que le ministre a prise au regard des
frais accessoires est une erreur, et c'est son option. Alors, ce n'est pas
juste les frais accessoires de façon générale. Malheureusement, sur ça, je suis
obligée vraiment de reconnaître que c'est une erreur.
Pour la
fécondation in vitro, le ministre a laissé une ouverture en disant que
peut-être, dans deux ans, il serait prêt à revoir. Alors, l'instauration
du registre permettra peut-être d'avoir des informations qui permettront de réintroduire
l'assurance de la fécondation in vitro.
Je le souhaite. Je le souhaite pour tous les couples infertiles, je le souhaite
pour la population.
Et je vous dirais que, personnellement, on est
vraiment dans un contexte où on a travaillé très fort, du côté de l'opposition.
Je veux aussi remercier le ministre et les députés, les députés du gouvernement
qui ont participé à ces travaux-là. Je
remercie les collègues de l'opposition, mes collègues de l'opposition officielle, parce que je pense qu'on a fait un travail rigoureux, et, je n'ai pas peur
de le dire, sur les 100 heures de travail, on en a pris beaucoup
de ces heures-là. D'autres partis
n'ont pas pu faire aucun amendement. Nous, on en a fait 41, et je pense
que ces amendements-là avaient tous pour objectif d'améliorer
la protection du public, d'améliorer et de maintenir les services à la population.
Alors, merci
aux patients, aux groupes, aux organismes qui mont donné des exemples de leur
quotidien. Ce n'est pas anecdotique parce qu'il y en avait beaucoup dans
ça qui étaient des exemples qui regroupaient des populations, et il y avait des
organismes qui avaient des statistiques. J'ai parlé au nom de tous ces patients
et au nom aussi d'une utilisation rigoureuse
du budget, de l'argent que les patients nous confient. Je pense
que les patients, au Québec, ont droit à un meilleur service à la clientèle dans leur système de santé. Actuellement, il n'y en a pas, de service à la clientèle. Et,
pour le montant qu'ils mettent, ils ont le droit d'avoir un accès, et d'avoir
un accès de qualité.
Alors, ce que
je vous dis, c'est qu'il y a d'autres façons d'obtenir plus avec le budget
actuel. Il y a donc une culture de
service à la clientèle à développer, il y a des contrôles au niveau des engagements. Et c'est ce qui m'inquiète beaucoup
dans le projet de loi n° 20 parce qu'il y a beaucoup d'engagements,
le ministre a pris beaucoup d'engagements. Il y a beaucoup d'instruments qui ne sont pas encore développés,
qui sont à venir, qui vont avoir des coûts. On connaît les délais dans le système public au
niveau du fonctionnement du gouvernement. Le Dossier santé Québec a été un
grand exemple de ça. Et donc service
à la clientèle, meilleur contrôle et des soins proches des gens, et la
centralisation du ministre fait en sorte que les soins sont de plus en
plus loin des patients. Et ça, ça coûte cher. Alors, le déplacement de ces
soins, la distance qu'on met entre l'accès
aux soins et le patient qui est malade chez lui, ça nous coûte très cher et ça
ne donne pas les résultats escomptés.
Alors, je
vais continuer à veiller au respect des nombreuses promesses qui ont été
faites, des nombreux engagements avec
certains échéanciers. Alors, je vais être la sentinelle, je vous le promets. Et
je vous remercie de la confiance que vous m'avez accordée, et je vous dis encore que l'accès est vraiment une
priorité pour moi et pour mon parti. Merci beaucoup.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, Mme la députée
de Taillon, pour cette intervention. Je cède maintenant la parole à M. le député de Lévis, porte-parole de la
deuxième opposition en matière de santé et services sociaux. M. le
député de Lévis.
M. François Paradis
M. Paradis
(Lévis) : Merci, M. le
Président. Et j'ai écouté attentivement la députée de Taillon, de l'opposition
officielle, j'ai écouté aussi le ministre de
la Santé un peu plus tôt cet avant-midi, et, à travers les notes que je
prenais... et je suis un peu
éparpillé, et j'irai dans l'ordre et dans le désordre. Finalement, ça fait
quand même une combinaison gagnante au bout du compte.
M. le
Président, je suis en train de relire... C'est drôle, hein, je me transporte en
2014, deux citations seulement... L'actuel
premier ministre, avril 2014, qui disait... ah! d'ailleurs, accompagné du
candidat dans La Pinière, le ministre de la Santé actuel, il était
dit : «[L'actuel premier ministre, à ce moment-là] a profité du point de
presse pour rappeler une proposition de son
parti qui est à son avis passée sous licence par les médias : le budget
qu'il a présenté prévoit que les résonnances
magnétiques, les échographies et les scans obtenus par les patients dans les
cliniques privées seraient couverts par le régime public, sur
présentation de la carte d'assurance maladie.» Je fais seulement me rappeler
ça, c'est 2014.
J'en ai un
autre, l'actuel premier ministre, qui, à peu près à la même période, parlait de
la possibilité de réduire... en tout
cas, de faire en sorte de ne pas augmenter suffisamment les crédits en santé.
Parce qu'on disait à ce moment-là qu'on augmenterait les crédits en santé de l'ordre de 4 %. L'histoire
nous révélera que ce n'est pas ce qui s'est passé. Mais, à ce moment-là,
on disait, de la voix de l'actuel premier ministre : «Je peux vous dire de
façon certaine que de réduire l'augmentation
des crédits en santé à 0,9 %, ça ne peut pas durer plus de deux ou trois
mois[...]. Ça va être l'anarchie totale, il va y avoir des bris de
services. Un gouvernement qui ferait ça ne tiendra pas la route.» 2014. On est
en 2015.
• (15 h 30) •
Je suis
sensible aux arguments du ministre de la Santé eu égard à l'équilibre
budgétaire et à nos capacités de payer et je pense que ça va au-delà de ça. Je vous dirai, il n'y a pas une
journée, M. le Président, où des gens ne s'inquiètent pas de ce qui se passe dans le réseau de la santé, dans
le réseau actuellement. Pour bien des gens en santé, quand on parle d'argent,
ce ne sont pas des dépenses, ce sont des
investissements. À tort à à raison, et les gens se mélangeront peut-être un
peu, puis c'est légitime de le faire,
ils comprennent mal qu'on puisse, quelque part, trouver de l'argent pour faire
des investissements massifs pour une
compagnie dans l'objectif louable de sauver des emplois ou de faire en sorte
qu'on puisse en
assurer la pérennité, les gens comprennent difficilement qu'on ne puisse pas
avoir la même vision en investissement et
en investissant en santé. Mais c'est correct que les gens le pensent, même si
l'équation peut sembler facile, mais c'est légitime.
Il n'y a pas
une journée où je ne reçois pas un téléphone, M. le Président, d'aînés qui sont
en détresse, de citoyens qui se
demandent s'ils pourront encore payer pour demain, de gens qui disent : Je
n'ai pas réussi à avoir le rendez-vous qui était nécessaire pour mon
enfant. Ce n'est pas des histoires inventées, M. le Président. Ce n'est pas des
histoires inventées. La santé, c'est large.
On parle du projet de loi n° 20, mais la santé, c'est large, et, à chacun
de ces chapitres-là, on doit s'y adresser en pensant d'abord et avant
tout aux patients.
Ce matin, M.
le Président, j'abordais une question avec le ministre, pendant la période de
questions, concernant le temps
d'attente pour les CHSLD. À tous les jours, il arrive quelque chose. Encore ce
matin, sous la plume d'Élisabeth Fleury,
dans Le Soleil, l'histoire de Monique, qui est à bout de souffle.
Son conjoint attend sa place au CHSLD Saint-Jean-Eudes,
à pied de chez elle. Quel magnifique scénario! À pied pour aller voir son
conjoint. Il est là, CHSLD, besoin de
sa dernière résidence, résidence de fin de vie, qualité de vie, milieu de vie.
De troisième qu'il était sur la liste, il est passé à 18 après le regroupement. C'est un effet direct pour Monique
citée dans l'article. Elle dit : «Il n'est pas près d'avoir sa place» et elle aimerait bien que le
ministre de la Santé vienne chez elle, qu'il mesure l'ampleur de la tâche, sa tâche à elle, d'aidant naturel. La santé, c'est
tout ça. La santé, c'est vaste. La santé, c'est l'accessibilité, c'est
l'impression de pouvoir avoir, au
moment opportun, le soin requis. C'est de corriger, de faire en sorte que la
vulnérabilité de chacun puisse être prise en charge par quelqu'un
d'expérience. C'est faire confiance, la santé. C'est investir dans la santé.
Le projet de
loi n° 20, et son titre le dit, Loi favorisant l'accès aux services de
médecine de famille et de médecine spécialisée, l'accès, c'est le mot
clé, ça passe par là. Et je le sais, que le ministre le dit fréquemment :
Vous verrez, il va y avoir des résultats, il
faut que ça change. Il faut que ça change, j'en suis. Fonçons, faisons une
ligne d'attaque puis fonçons, il faut que ça change. Ça fait trop
longtemps qu'on le réclame, puis il n'y a pas d'effet tangible.
Alors, c'est avec cet objectif-là que nous avons
entrepris les travaux parlementaires sur le projet de loi n° 20. 68
articles, le projet, 78 amendements déposés en liasse. Le 25 octobre, 20
nouveaux amendements déposés la même journée,
beaucoup de travail. Des amendements qui faisaient sens, des questionnements
qui obligeaient une discussion souvent
longue et ardue. Pourquoi, M. le Président? Pour bonifier notre système. Il n'y
a pas personne, personne qui nous écoute
présentement, ou assis dans cette Chambre, ou autour de la table de discussion
pendant les commissions parlementaires qui n'avait pas ce même objectif
en tête, au-delà des gains politiques. Je ne vous ferai pas ici la nomenclature de ce qu'on a réussi à avoir, des
discussions que l'on a forcées, des positions qui ont changé. Oui, je vais
me garder une petite gêne. On va
probablement parler de celles qui n'ont pas abouti, parce qu'elles sont aussi
importantes. Il reste que l'objectif
final, c'était de faire en sorte qu'on puisse ensemble se dire : Ce
système-là va nous ressembler, et on répond
d'abord et avant tout à ceux et celles qui croient en nous pour porter le
système et le modifier dans ce qu'il y a de mieux : améliorer l'accès aux services de première ligne; permettre
aux Québécois et aux Québécoises l'inscription à un médecin de famille;
assurer un accès en temps et en lieu en services médicaux, accès plus rapide
aux services et aux consultations en médecine spécialisée; fondamentalement,
bien évidemment, éviter les urgences, éviter les urgences parce qu'on le sait, on se l'est fait dire
fréquemment, que des gens qui s'y présentent n'auraient pas besoin de s'y
présenter. Encore faudrait-il qu'on puisse leur répondre rapidement, ça
fait partie des objectifs à atteindre.
Alors, c'est avec l'objectif de faire en sorte qu'on puisse trouver une avenue nous menant donc au résultat final qu'on a travaillé dans le cadre du projet de loi n° 20. Est-ce qu'on a atteint
l'objectif? Bien, assurément, M. le Président, on est dans le processus final, hein? Si on était, probablement, sur une
table de jeu, on dirait : Rien ne va plus, les jeux sont faits. Alors, c'est ça, on est au processus
final, qui mènera dans quelques heures assurément à l'adoption du projet
de loi n° 20 parce que, là aussi,
il y a une comptabilité, il y a une logique mathématique. La logique
mathématique, le ministre de la Santé
s'en sert fréquemment pour expliquer ses décisions à travers le projet de
loi n° 20. Et, cette logique mathématique là, il y a moyen...
elle est contestable, elle est contestable.
Dans le début
du processus, on a proposé des solutions au gouvernement, plusieurs solutions.
Même avant d'entamer, article par
article, le projet de loi n° 20, on a proposé des choses faisant en
sorte que collectivement on puisse s'assurer
de meilleurs services. Ce n'est pas d'hier qu'on parle notamment de la révision
du mode de rémunération des médecins.
Je le dis parce que ça a été aussi abordé. Rapidement, on l'a proposé; au tout
début, on l'a proposé. Ça n'a pas fait
l'objet de longues discussions, et pourtant toutes les commissions sur la santé
ont suggéré de modifier le mode de rémunération
des médecins, toutes depuis 40 ans : objectif commun. Ils ont tous
dit : Ça passe par là, ils ont proposé de passer du paiement en fonction du volume d'actes posés par les médecins
à un système basé sur la prise en charge. On n'a rien fait là-dessus. Ça aurait pu être une avenue nous permettant
collectivement de faire en sorte que les contraintes budgétaires ne
soient peut-être pas ce qu'elles sont.
Les médecins
québécois sont payés en moyenne 75 % à l'acte, à peine 4 % à la
capitation, c'est-à-dire pour la prise
en charge des patients. Et les coûts relatifs à la rémunération des médecins,
ça représentait 15,5 % des dépenses de programmes de santé au Québec en 2000‑2001; ils comptent aujourd'hui
pour 20,1 % de ces dépenses, le deuxième plus gros poste budgétaire en santé. La rémunération totale
des médecins — ça,
c'est des chiffres auxquels on n'est pas vraiment habitués, hein? — la rémunération totale des médecins est
passée de 2,5 milliards en 2000‑2001 à 6,5 milliards en 2014‑2015,
augmentation de 160 %, hausse moyenne
annuelle de 11,4 %. Quand même pas pire. Rares sont ceux qui nous écoutent
actuellement qui auront l'opportunité
d'avoir une augmentation de ce type-là. Pas maltraités, nos médecins. ...nos
médecins. Pas maltraités, nos
médecins... issu d'une négociation, mais des gens pleins de bonne volonté, de
passion, d'expertise, là n'est pas le problème.
M. le
Président, ce matin, le ministre a abordé son projet de loi et il nous l'a
présenté en nous faisant comprendre qu'il
n'avait pas le choix de faire autrement. Posons-nous la question : Le
projet de loi n° 20, aujourd'hui et pour demain, il change quoi? Adopté
fin de journée, adopté demain en journée, il change quoi? Est-ce que le
lendemain ça va aller plus vite? Est-ce qu'au début de la semaine
prochaine je pourrai me lever en Chambre pour dire au ministre de la
Santé : Félicitations, parce que les
20 000 patients qui attendent pour une chirurgie, c'est fait, c'est réglé,
les 800 qui attendent depuis plus de
deux ans, occupez-vous plus de ça, c'est fait, c'est réglé, les 7 000 qui
attendent depuis plus d'un an, pas de
trouble, c'est fait aussi? Dans l'immédiat, la différence ne sera pas là. Le
ministre me dira : C'est du long terme, il faut entreprendre les
choses. Mais aurait-on pu atteindre l'objectif différemment?
Dans
le dossier des attentes en chirurgie, une proposition simple exprimée au
ministre, celle de faire en sorte qu'on établisse et qu'on multiplie des ententes avec des cliniques privées et
des hôpitaux sans frais pour les patients. Voilà une piste d'action, et c'est
en ce sens-là que la majorité des éléments importants du projet de
loi n° 20 sur lesquels nous sommes
intervenus en proposant des pistes de solution... c'est en ce sens-là où
quelque part il y a une déception. Ça, c'en est une, proposition. Le
ministre l'a expérimenté, ça ne sort pas de nulle part, le ministre l'a
expérimenté, RocklandMD, Sacré-Coeur, avec des résultats — bravo! — des
résultats extrêmement positifs, provoquant des économies pour le contribuable, pour le gouvernement, pour la
société. On a fait plus, puis ça coûtait moins cher. Y a-tu moyen quelque part de répéter ça ailleurs? C'est faisable, on l'a
prouvé, études à l'appui. Remarquez que, dans ce dossier-là, il y a des
décisions qui sont surprenantes, parce que l'entente n'est pas renouvelée. On
verra ce qui va se passer. On verra surtout... Et d'ailleurs le ministre
l'a dit, hein : Vous jugerez aux résultats. C'est ce qu'on se permettra de
faire.
• (15 h 40) •
Dans
ce dossier-là, les spécialistes nous ont expliqué vouloir opérer davantage, ils
l'ont dit par la bouche de leur présidente.
Quand on abordait la problématique des chirurgies et des ententes en chirurgie,
la présidente de la Fédération des médecins spécialistes a dit : On veut
opérer davantage, mais on ne peut pas. Le ministre a dit : Non, non, ça ne
marche pas de même. Bien, les
chiffres sont là. Si le ministre veut ces chiffres, j'en fournirai, des chiffres.
Quelque part, pour le bien-être et le mieux-être des citoyens, on
fouille, on fouille puis on trouve.
Décision
basée sur la mathématique, nous en sommes aussi. Un jour, à un moment donné,
maintenant, demain, hier, on aurait
peut-être dû le faire. Il faut vivre selon ses moyens. Personne ne vous dira le
contraire, M. le Président. Vivre
selon ses moyens, ça peut peut-être vouloir dire couper puis se priver ou mieux
gérer. Le ministre est un apôtre de la saine
gestion. Il nous a vanté les mérites de la saine gestion à travers le projet de
loi n° 10. Il nous dit aujourd'hui voir des résultats concrets là, maintenant. Moi, sur le terrain, c'est drôle,
je sens encore des inquiétudes. Tout n'est pas en place. Je me suis
promené dans des centres hospitaliers, j'ai failli croiser le ministre à
quelques endroits, d'ailleurs, on s'est croisés
à quelques minutes d'intervalle. Il y a des gens qui manifestent encore des
inquiétudes. Tout n'est pas réglé. Et pourtant,
dans le projet de loi n° 10, c'est 220 millions d'économies. On fait
quoi? Est-ce qu'on investit dans un réseau de la santé, qui en a besoin?
Est-ce qu'on aide les citoyens, les citoyennes à respirer davantage?
Ce
que nous décrit le ministre concernant la capacité du gouvernement à payer,
bien, cette même discussion là puis
cette réalité-là, c'est tous les jours dans les familles du Québec, l'atteinte
de la capacité à payer, qu'est-ce c'est qu'on peut se permettre puis qu'est-ce c'est qu'on ne peut plus se permettre.
Puis il y a des choix aussi, comme ceux du ministre, qui sont difficiles, mais il y a des priorités sur
lesquelles on ira pour le mieux-être de la famille, pour le mieux-être de la
communauté. Alors, on gère mieux pour mieux investir.
Je
vous disais que j'avais écouté ce matin, oui, attentivement le ministre et la
députée de l'opposition maintenant. Le
ministre parlait de cadeaux de Noël. Il a fait un parallèle avec les cadeaux de
Noël pour nous expliquer clairement qu'à un moment donné, dans une famille, tu ne peux pas avoir 50 cadeaux
en dessous de l'arbre. J'en suis. Il peut y en avoir trois qui coûtent plus cher, en avoir 50 qui en
coûtent moins. Reste que, pour reprendre son exemple, à échelle réduite,
ça se pourrait qu'une famille décide de
faire autrement et d'offrir, par exemple, un beau cadeau au ministre de la
Santé et de juger que, pour lui faire
plaisir, parce que, pour le mieux-être des Québécois, ça vaut la peine de lui
en donner un petit peu plus puis un
petit peu moins ailleurs... La famille ne se disloquera pas. On comprend, c'est
une décision pour l'ensemble. Bien, c'est ça, économiser quelque part
pour en mettre ailleurs.
La
logique mathématique du ministre se confronte à une logique humaine. Derrière
tout ça, il y a des patients, il y a
des humains, il y a le mieux-être, bien-être physique, bien-être psychologique.
Je pense qu'on aurait pu faire autrement, et c'est en ça que le projet
de loi n° 20 et que son aboutissement ne répondent pas à ce que nous
aurions souhaité.
Est-ce
qu'on aurait pu faire autrement et économiser? Les collègues l'ont abordé puis
on l'a abordé fréquemment pendant la
Commission de la santé et des services sociaux sur le projet de loi n° 20,
baliser, mieux baliser. On n'est pas seuls à le dire, les groupes le disaient.
La Protectrice du citoyen le disait, le Commission au bien-être l'a dit :
Balisons, évitons les excès, il y
aura là économies. Ce qui coûte 100 millions en coûtera 50 parce qu'on
aura économisé. Bien, c'est un gain.
Puis, quand on fait des gains comme ceux-là, on atteint l'objectif du gouvernement
d'avoir une saine gestion des dépenses,
d'arriver à un équilibre sans priver les citoyens de ce qui semble tout à fait
naturel, de ce qui est tout à fait naturel.
Baliser,
récupérer sur les surdiagnostics, je l'ai proposé à maintes reprises. Baliser
et récupérer sur les médicaments, ça
a été aussi expliqué et proposé à maintes reprises. Est-ce que ces économies,
si on avait tenu compte de ces propositions, si on faisait quelque chose pour y arriver, nous permettraient de
sauvegarder des programmes, de faire en sorte que les frais accessoires ne soient pas imposés aux
patients du Québec, aux Québécoises, aux Québécois? Est-ce qu'on aurait pu faire en sorte de conserver un programme de
procréation assistée sans faire en sorte que le Québec ne s'effondre? Je
pense que oui, je pense que oui. Le ministre
aura choisi une autre avenue. Je l'ai dit hier — et c'est drôle parce que je vais
faire un peu ce que le ministre fait à l'occasion — permettez-moi de me
citer moi-même. Hier, M. le ministre, je disais :
On est sur deux routes parallèles et on veut atteindre le même objectif. Le ministre a salué cette image-là parce que, de fait, l'objectif, il est sain,
personne ne peut être contre la vertu d'améliorer notre système de santé, de faire en sorte que, pour
demain, il n'y a plus personne qui appelle dans aucun bureau de circonscription. Puis j'en ai entendu de la part de l'opposition officielle, du gouvernement
en place, j'ai entendu des collègues députés dire : Chez moi, ça appelle,
Mme Unetelle...
Ah! l'exemple de la dame de
Chicoutimi — le
ministre nous en a parlé souvent — à moins 24°. On souhaite tous qu'à moins 24° tu ne sois pas dehors à attendre un
rendez-vous. Moi, je souhaite que Monique, dans l'article de ce matin, puisse avoir une place pour son conjoint dans un
CHSLD, à pied, où elle peut se rendre à pied, à quelques secondes, à quelques minutes de chez elle, parce qu'en faisant
ça, en permettant ça, en investissant correctement, on va donner une chance au conjoint de Monique d'avoir une meilleure
santé sur le plan psychologique, d'avoir une meilleure vie. C'est ça, la
qualité de vie. C'est ça, un milieu de vie sain. Puis par là on fait des
économies également.
Le
ministre, ce matin, parlait de maintien à domicile. Bien oui, maintien à
domicile pour faire en sorte que, collectivement, ça nous coûte moins
cher; j'en suis aussi. On s'amusera un jour à sortir des données sur le
maintien à domicile, histoire de voir si,
vraiment, l'offre répond aux besoins, et vice versa. Pas sûr que le constat va
être nécessairement positif, et pourtant c'est une priorité.
Le
projet de loi n° 20, c'est comme une pâtisserie : ça risque de faire
quelque chose, mais on ne connaît pas tous les ingrédients. On sait
grosso modo que ça doit faire un gâteau, mais il y a tellement de règlements à
venir, de zones d'ombre qu'on ne connaît
pas, que je ne sais pas s'il va être à la vanille ou au chocolat. Il nous
manque des éléments. Il nous manque
des données. On a dû aussi, à l'occasion, discuter à tâtons, tenter
essai-erreur. Ça a été ça aussi, le travail que nous avons effectué, essai-erreur pour changer quelque chose, pour
tenter de faire en sorte qu'on prenne en considération une bonification souhaitée par l'ensemble des
membres de la commission. Plus souvent qu'autrement, malheureusement, mis à part certaines ouvertures, il faut le dire
honnêtement, mais, sur les éléments de base, c'était une fin de non-recevoir.
Mais on s'est battu fort.
Les
heures d'ouverture des GMF, quel combat épique et spartiate! 489 avant Jésus-Christ.
Tout un combat! Ça a pris cette
allure-là pour arriver finalement à ce que le ministre... Bien, je ne fais pas
de comparatif historique, là, mais, dans
cette épique envolée là, échange là, le ministre a dit : Bien oui, je vais
faire quelque chose. J'en conviens. Ce n'est pas d'hier, hein? Je veux dire, au
tout début, encore une fois, lorsqu'on nous présentait les prémisses mêmes du
projet de loi n° 20, on avait dit : Dans ce dossier-là, dans
le cadre de gestion des GMF, il y en a une, problématique, elle est mathématique. Alors, c'est sûr qu'à un moment
donné tu dis : Bien oui, mais regarde, c'est possible, mais ça ne se
produira pas. C'est sûr. Dans le
meilleur des mondes, un avion, ça peut s'écraser, mais ça ne se produira pas.
Alors, colmatons la brèche, je l'avais dit.
Alors,
ça a pris des amendements, sur amendement, sur amendement pour faire en sorte
que nous aurons probablement de la
part du ministre, par voie de règlement, une façon de faire qui permettra aux
citoyens et citoyennes d'avoir une
couverture, une réception des rendez-vous dans les heures dites défavorables,
parce que, et là je répète ce que tous ont dit, la maladie, elle ne
choisit pas son heure du jour. La maladie, lorsqu'elle tombe, puis quand
l'inquiétude s'installe, ça peut être 24
heures sur 24. Encore faut-il avoir réponse à nos attentes en fonction des
besoins de la clientèle. Ça, c'est l'approche patient.
• (15 h 50) •
Allons-y
pour quelques-uns des éléments. Le gouvernement a rejeté plusieurs de nos
propositions. Vous savez, M. le
ministre, souvent, quand on fait une proposition — et ça,
c'est le jeu de la négociation, je pense que le ministre est bien placé pour le savoir, parce que c'est un expert
en la matière — tu ne proposes pas nécessairement pour avoir
gain de cause, puis savoir que tu
auras marqué ton point, puis ça va être exactement le libellé que tu
souhaitais, seulement pour faire que
les choses changent un peu, un assouplissement. Demander beaucoup pour recevoir
moins. Le ministre, il demande beaucoup habituellement, quand il était
dans son ancienne vie, puis il recevait beaucoup. C'est intéressant. Nous, on a demandé beaucoup, on a eu moins, quelques gains,
puis on le dit en toute satisfaction, hein, puis en toute fierté. Ce qui
aura été changé, les assouplissements, les
bonifications, je suis fier du travail qu'on aura fait. Et moi, je suis fier du temps qu'on a passé... M. le Président, je ne vous
cacherai pas qu'à l'occasion j'ai trouvé ça un peu long, j'ai trouvé qu'à
l'occasion on aurait pu aller plus
rapidement, j'ai l'impression de temps en temps que d'enlever ou de remettre
une virgule, ça ne nécessitait pas
deux ou trois heures de discussion, mais c'est les règles parlementaires, et je
m'y plie. Au bout du compte, l'important, c'est qu'on arrive à quelque
chose.
Alors,
dans certains éléments, nous avons réussi. Celui des frais accessoires, on a
raté, le ministre a décidé de... Je
sais qu'il n'aime pas ce terme-là, puis d'ailleurs la ministre... la députée de
Taillon le dit fréquemment. Quand elle dit : Légaliser les frais accessoires, je sais que le
ministre, habituellement, ça le fait réagir. Mais quelque part, au sens large
du terme, c'est ça aussi, légaliser,
normaliser, institutionnaliser, rendre normal, faire en sorte qu'une pratique
soit légitimée. C'est ça qu'on va
faire. On va demander aux Québécois et Québécoises de fouiller dans leurs
poches, on va institutionnaliser quelque chose.
Nous
aurions souhaité que ça se fasse autrement. Nous pensons... Je pense
sincèrement que la capacité des gens à payer est aussi atteinte. J'ai la
nette impression, à la lumière des échos que j'en ai, que, des citoyens, ne
serait-ce qu'un 2 $, 3 $ de frais
accessoires à l'occasion d'un rendez-vous avec un médecin, ce sera trop pour
eux ou pour elles. Combien de fois on
s'est fait dire ici, quand on parlait d'économie, que c'est un café par jour,
hein? Le fameux café par jour. Un frais
accessoire, c'est aussi ça, c'est une privation sur autre chose. Ça ne semble
rien comme ça, là, je veux dire, le ministre,
ce matin, le disait... Puis c'est assez agréable de l'entendre, quand même,
parce qu'il faisait... On ne l'a pas encore, ça non plus. Ça doit être déterminé par règlement, quels seront
les frais accessoires puis ils coûteront combien. Et ce ne sera plus ce que c'était. Tant mieux! Le
Protecteur du citoyen nous disait : Les abus, il faut contrer les abus.
C'est sûr que des gouttes pour les yeux à 200 $, ça ne tient pas la route.
Mais là, ce matin, il disait : Bien, vous savez, une seringue, c'est
à peu près 0,05 $, puis une aiguille,
c'est à peu près 0,03 $, puis le produit analgésique, c'est à peu près
0,87 $. C'est ça qu'il a dit.
0,87 $, 0,05 $, 0,03 $, ça veut dire que globalement on est à peu près
à, mettons... pas tout à fait 1 $. Pas exagéré, dira le ministre.
J'ai hâte de voir. J'ai hâte de voir ça, j'ai hâte de voir le règlement.
D'ailleurs, nous nous sommes réservé un temps
d'analyse sur les règlements à être présentés, et je pense que c'est intéressant. On a réussi, là aussi... Dans
la façon puis la méthode permettant de fixer ce que coûteront aux citoyens
les frais accessoires, on a quand même réussi que
l'INESSS fasse partie de l'équation, qu'on puisse avoir quelqu'un d'indépendant pour dire : Coudon, ça tient-u
la route ou pas? Est-ce que c'est normal ou pas? Mais c'est quand même trop.
Vous savez,
c'est bizarre parce que, si le ministre me dit : Ce n'est quasiment rien,
ce ne sera rien, la population va
être capable de combler ça puis de l'accepter, ce n'est rien, ce n'est pas
grand-chose, ce ne sera pas grand-chose, on vous le promet, à la même enseigne le gouvernement aurait peut-être pu
faire autrement pour que le gouvernement assume aussi sa responsabilité
et faire différemment pour éviter que le citoyen n'ait à payer encore.
On a proposé
des choses concernant les frais accessoires puis se collant notamment sur ce
que la Protectrice du citoyen
recommandait elle-même. Je vais vous le résumer, c'est tellement clair et
limpide. Dossier des frais accessoires, Protectrice du citoyen en résumé : «...le Protecteur du citoyen ne
saurait souscrire à toute forme de tarification ou de taxation qui ne soit pas juste pour les citoyens,
c'est-à-dire autre que publique. [...]une facturation directe aux usagers des
frais accessoires aux services
assurés compromet les principes d'universalité et d'accessibilité à la base du
régime public. On introduirait ici, en effet, des barrières financières
qui limiteraient l'accès aux services assurés médicalement requis. Affectant l'ensemble de la population, ces
contraintes pénaliseraient davantage certains segments de [cette même] population.» On ne peut pas être bien, bien plus
clair que ça. Ça, c'est clair. On l'a reçu deux fois plutôt qu'une parce
que la protectrice a fait aussi parvenir à
la commission une lettre résumant sa position sur ce dossier épineux, pour
lequel on a demandé aussi des
consultations publiques, il faut quand même le savoir; un enjeu tellement
important, selon les médecins, selon
les spécialistes, selon les citoyens, selon les groupes, que ça aurait mérité
une discussion, des consultations publiques.
Là aussi, ça n'a pas duré bien, bien longtemps, notre demande a été aussi
rejetée. Reste que le ministre a décidé d'y aller de l'avant avec sa
façon de faire.
Ce qu'on
avait proposé, c'est que les patients ne paient plus pour les frais accessoires
dans les cliniques médicales, qu'à
court terme l'État rembourse aux médecins uniquement le prix coûtant de
certaines fournitures médicales utilisées, sans aucun profit. Pourquoi je dis ça? Les gens diront : Bien quoi?
Comment, sans aucun profit? C'est quoi, l'histoire? C'est parce que le
ministre, quand il va décider du coût des frais accessoires et des éléments que
collectivement nous devrons payer,
individuellement, il va y avoir un 10 % à 15 % de plus. Alors, tu sais, un mot, c'est pour
l'entreposage, entre autres.
Puis ce
matin, ce matin, on a posé une question. D'ailleurs, je l'avais fait en commission parlementaire, c'était resté
sans réponse. Ce matin, on a une motion qui a été présentée ici, au salon
bleu : «Que l'Assemblée
nationale demande au gouvernement de ne pas taxer les frais accessoires facturés
par les médecins.» Là, on est rendus, là, c'est 10 % à 15 %,
puis là on pense peut-être à une taxe supplémentaire. Puis, lorsque j'ai posé
la question au ministre, on n'a pas eu de réponse,
on ne le savait pas, sinon que le ministère
du Revenu s'intéressait à la chose.
Alors, ce matin, on a rajouté cette motion-là.
Ça fait que,
là, c'est le montant, le 0,87 $, puis le 0,05 $, puis l'aiguille dont
le ministre nous parle, avec un 10 % ou 15 % pour l'entreposage, puis, pourquoi pas, bien, une taxe
supplémentaire. J'ose espérer qu'il va y avoir un cheminement là-dessus puis qu'on va faire
différemment. Au moins, on gagnera ça. Mais entre-temps, sachez-le, madame,
monsieur, vous devrez payer parce que le ministre dit : C'est
comme ça que ça marche parce qu'on n'a plus les moyens de faire
autrement, parce qu'il faut réduire le panier de services, puis il l'a dit
tellement abondamment.
Bien,
d'ailleurs, incidemment, ce matin, si les gens sont attentifs aux informations,
c'est drôle, on dirait qu'on est en
train de préparer quelque chose. En entrevue, on entend des choses, en
disant : Bien, vous savez, tel traitement, on a-tu encore les moyens de se
payer ça? Le ministre avait abordé sur les ondes de la radio 98,5 ces
notions qui lui sont chères, celles
de faire en sorte que, collectivement, on ne peut plus tout se payer. Est-ce
qu'on est en train de se préparer à quelque
chose, à un choc? M. le Président, donc, du côté des frais accessoires, on
repassera. Et pourtant, et pourtant, nous avions et nous avons l'impression qu'on aurait pu faire des économies
ailleurs permettant d'investir — pas
de dépenser, d'investir — dans notre réseau de santé, parce que
c'est la base même.
On se souhaite quoi, M. le Président, quand
vient le temps des fêtes? Ça approche, là. Tu sais, on parlait de cadeaux de Noël tout à l'heure, le ministre en
parlait dans son allocution, bien, parlons des souhaits du Nouvel An. Qu'est-ce
c'est qu'on se souhaite? On se souhaite la
santé, la première des choses. Pas grave, la job, pas grave, regarde, écoute...
La santé. Là, tu ne peux pas... La santé. Moi, je veux dire, moi... La santé.
C'est-u assez important? C'est un investissement.
Économisons quelque part, faisons en sorte de se donner, de se doter, de faire
en sorte que le citoyen puis la citoyenne puissent avoir un réseau
qu'ils méritent.
Autre
dossier, procréation assistée. Un dossier assez intense. Tellement d'émotions à
travers ceux et celles qui sont venus
nous présenter leurs visions de ce que souhaitait faire le ministre de la Santé. Parce que, là, je recule dans le temps, disons qu'il n'y a rien qui se passe; au tout début, les gens sont venus nous dire, M. le ministre : On veut fonder une famille.
Je pense que, collectivement... Puis la famille va aussi faire partie de
l'économie du Québec, va permettre de créer de la richesse, de
progresser, de combler un creux démographique, puis on fait ça, nous autres,
parce que ma conjointe, médicalement, là,
elle a un problème, un problème médical, c'est l'infertilité. Mais, par chance,
par chance, on va traiter cette
femme-là, à travers un programme, on va lui permettre la procréation assistée
comme traitement sur une condition
médicale, puis c'est un programme qui existe. Puis, oui, il y a
eu des abus. Ça fait que, là, ce qu'on va faire ensemble, c'est qu'on va éviter les abus. On va se doter d'un système,
d'une façon... de paramètres, de balises pour éviter qu'il y ait de l'abus puis qu'il y ait des dépenses superflues. Déjà, économies. On a
tenté de faire en sorte que ce programme, reconnu de tous, félicité, salué à travers le monde, puisse continuer à
être ce qu'il est en faisant en sorte qu'on évite les abus. Déjà, à ce
chapitre-là, il y avait une façon de faire qui aurait permis des économies.
En ce moment,
la question est à se poser : Est-ce que ça vaut la peine de continuer,
pour ces femmes, pour ces familles en
devenir, un programme en le balisant, en l'encadrant de façon très serrée, en
se donnant des outils? La collègue de
l'opposition parlait du registre des naissances. On y est revenus. J'ai reposé
une question deux fois plutôt qu'une, parce que ça
a tellement duré longtemps, le projet de loi n° 20, que ça avait commencé
au mois de mai, déjà une question là-dessus,
je l'ai reposée à la presque toute fin, le ministre, il dit : On l'a déjà
abordée. Ça fait tellement longtemps qu'on est
en train de perdre le fil conducteur. Le ministre s'est réengagé en
disant : Oui, oui, regarde, le registre des naissances, ça va être
là.
• (16 heures) •
Alors, victoire morale, le ministre s'est engagé
également, suite à nos demandes, de faire en sorte que, si le sacro-saint équilibre budgétaire, à un moment
donné, était atteint puis que l'économie du Québec, faut-il encore le souhaiter...
On ne sera pas toujours... Permettez-moi de reprendre les mots de notre chef de la Coalition avenir
Québec, François Legault : On ne sera toujours bien pas toute notre
vie 57e sur 61! Alors, si on grimpe parce qu'il y a un plan économique puis on est capables de faire mieux,
est-ce qu'il se pourrait qu'on puisse dire : Bien, regardez, là, ça va
bien? On ne va pas se désengager
toute notre vie. Regarde, vous le méritez, c'est un programme auquel il croit,
le ministre l'a dit : J'y crois, si ce n'était que de moi.
Évidemment...
la question en disant : Bien, est-ce que je dois comprendre que vous
répondez à une commande? Loin de là, a-t-il dit, c'est au nom de
l'équilibre.
Alors, les
hommes et les femmes qui nous écoutent, qui sont contents et contentes
manifestement et malgré tout de
l'effort que nous aurons fait à faire reconnaître l'importance de ce
programme-là, conscients de ces efforts et satisfaits probablement de ce que nous aurons tenté, doivent
vivre aussi cependant avec le résultat, c'est-à-dire que dorénavant ce ne
sera plus ça. Alors, il dit : De toute
façon, on ne se désengage pas, c'est parce que les gens... Il faut mettre les
choses au clair. Le ministre, ce
matin, a dit : On ne se désengage pas, ce n'est pas vrai. On ne dit pas
les vraies affaires. On ne se désengage
pas, on change la façon de faire, ce sera par crédit d'impôt. Et le ministre
sait très bien, malgré ce qu'il a pu dire,
que des familles qui gagnent peu, malgré cette nouvelle façon de faire,
n'arriveront pas à fonder une famille. Et ceux qui le disent, ce n'est pas moi, ce sont les futurs parents eux-mêmes.
On n'arrivera pas, M. le ministre, on n'arrivera pas. Ce sera ça.
M. le ministre, M. le Président, heures d'ouverture des GMF, un combat de tous
les instants, la procréation assistée, bien
sûr, l'accès aux médecins
spécialistes et aux chirurgies... Un point, avant de dire merci aux collègues
à travers cette expérience et cette aventure de bonification d'un projet de loi duquel on disposera sous peu... Je disais, un petit peu plus tôt : Est-ce que les effets pour demain seront concrets sur toutes
ces données, ces attentes, ces inquiétudes manifestées par la
population? Il y a aussi, dans ce projet de loi là, des systèmes qui seront mis
en place. Encore là, il faudra voir lesquels et quand.
Le projet de
loi n° 20, M. le Président, aujourd'hui, pour demain, ne changera rien. Le
projet de loi n° 20, c'est la
suite logique d'une entente avec une fédération — c'est des médecins omnipraticiens — permettant de faire en sorte qu'ils atteignent des objectifs sans quoi le
projet de loi n° 20 changera la donne. Et là il faudra voir sous peu si le
ministre finalisera une entente avec les médecins spécialistes.
Là, je vais vous dire, M. le ministre, très
sincèrement, je souhaite ardemment, pour moi et pour tous ceux qui nous écoutent et nous regardent, que le système
aille mieux, fonctionne mieux, que les attentes n'y soient plus, que les
rendez-vous se prennent rapidement, que les spécialistes puissent être vus. À
quel prix?
Est-ce qu'on
aurait pu, dans des dossiers très importants, faire différemment? Vouloir cet
objectif ultime, mais atteindre de
façon différente, changer de véhicule, nous croyons sincèrement que oui. Malgré
le fait que l'objectif final est louable,
en regard de tout ce qui a été dit, des propositions faites qui n'ont pas été
retenues, parce qu'on change des choses importantes, alors qu'on met fin à un programme qui avait fait ses
preuves, alors qu'on avance sur les frais accessoires entre autres choses, M. le Président, nous
voterons contre le projet de loi n° 20, mais avec une ultime conviction,
l'ultime conviction d'être là,
présents, soucieux, prêts à jeter un regard positif, constructif sur ce qui ira
mieux, mais sans pitié lorsque ça ira mal. Et ensemble, bien, on jugera.
Mais, pour l'instant, dans sa forme, présenté tel quel, nous n'avons d'autre choix, en espérant que le système de
santé, nous puissions trouver des moyens, comprendre collectivement que tout n'est pas qu'équilibre budgétaire, que des
dépenses peuvent être considérées comme des investissements et que les
Québécois et Québécoises le méritent. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député
de Lévis, pour cette intervention. Je cède maintenant la parole à Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques, en lui rappelant qu'elle dispose
d'un temps de parole de 10 minutes. À vous la parole.
Mme Manon Massé
Mme
Massé : Merci, M. le
Président. Alors, j'aimerais aborder un aspect un peu moins spectaculaire du projet
de loi n° 20, mais qui font l'objet de
préoccupations réelles et qui, je l'espère, pourront être élucidées lors du
débat que nous aurons sur le futur
règlement d'application de ce même projet de loi. Je parle ici de
l'accessibilité au service de santé sexuelle et reproductive pour les
femmes en particulier.
Nous l'avons entendu, lors des consultations, des groupes sont inquiets des impacts du projet de loi, et rien, au cours de l'étude détaillée, n'est venu les rassurer. Les services de planification des naissances qui
comprennent la contraception,
incluant bien sûr la pose des stérilets, la contraception
compliquée, etc., l'interruption volontaire de grossesse, la stérilisation masculine, le dépistage et les
traitements des ITSS sont offerts par un nombre limité d'institutions à travers
la province, 46 cliniques de planification de naissance, et c'est tout ce qu'on
a au Québec, M. le Président.
Ces
ressources ont développé une expertise spécifique en
deuxième ligne, en étroite collaboration avec les infirmières
et sont accessibles à tout le public, notamment le public vulnérable, qu'ils aient ou non de
médecin de famille. Tous les professionnels de la
santé ne sont pas à l'aise avec les activités liées à la planification des
naissances. C'est pourquoi, afin de préserver
la confidentialité de la clientèle et la possibilité pour celle-ci de
s'adresser directement à des services adaptés en temps opportun
et de garantir que chaque personne ait accès à une information complète qui lui
permette de faire des choix éclairés quant à
sa vie sexuelle et reproductive, il est indispensable, dans un premier temps, de reconnaître les activités cliniques
faites dans ces cliniques de planification de naissances, entendons-nous bien, contraception, IVG, stérilisation masculine,
dépistage et traitement des ITSS, donc de reconnaître les activités
cliniques comme des activités
médicales autorisées. Ne pas le faire risque d'inciter les médecins à délaisser
ce champ de pratique ou à s'orienter
vers d'autres domaines, cela risque également de réduire le recrutement actuel nécessaire,
toutes ces raisons menant à la fermeture potentielle de plusieurs points
de service.
Or,
les activités de planification de naissance soutenues par tous les gouvernements depuis 1970 sont indispensables à la santé sexuelle et
reproductive de la population et permettent, entre autres, de diminuer le
nombre de grossesses non planifiées et
d'avortement dans la province. Nous espérons aussi que le règlement
d'application permette que les patients consultent les cliniques de planification de naissance sans référence et sans que le médecin de famille ne soit
pénalisé, ceci afin que la
confidentialité de la clientèle soit préservée, et que celle-ci puisse accéder
aux services qu'elle juge le plus adaptés
à sa situation, sans intermédiaire, dans les délais les plus
brefs. Exiger une référence d'un médecin de famille pour de tels services non seulement
peut augmenter le risque de grossesse non planifiée, mais également
accroître la morbidité de l'IVG en raison des gestations plus avancées
au moment de l'intervention.
J'aimerais
aborder maintenant un second enjeu qui me tient à coeur : les
services de procréation assistée. Tout
d'abord, je ne peux qu'une fois de plus déplorer que cet important
enjeu ait fait partie d'un projet de
loi qui, à la base, à l'origine, portait sur la rémunération des médecins. Fidèle à son habitude, mêler les cartes, le ministre en a
profité pour camoufler un débat de société fondamental, le financement des services médicaux tels que la procréation assistée,
par un autre débat tout aussi important : l'accès aux services de
première ligne.
Nous
l'avons vu, au cours des consultations, la confusion des genres n'a rien aidé, et les
groupes ne se sont pas gênés pour venir le dire. Heureusement, cela n'a
pas permis au ministre de cacher sous le tapis qu'il mettait fin à la
couverture publique des services de procréation...
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Soyez prudente par rapport à l'utilisation de vos termes, vous avez employé
«camoufler», «cacher», vous êtes vraiment sur la marge. Alors, j'invite à la
prudence.
• (16 h 10) •
Mme
Massé : Heureusement, cela
n'a pas permis de mettre à jour la fin de la couverture publique des services
de procréation assistée, un programme
qui a, depuis ses débuts, connu un retentissant succès, trop même au goût du gouvernement, qui souhaitait
économiser 48 millions en mettant fin à la gratuité de ce service. Pour
une société qui dit avoir des problèmes de démographie, ça pose des problèmes.
Tout
d'abord, par rapport à la procréation assistée et aux inquiétudes justifiées,
rappelons que l'infertilité n'est pas
un choix de vie, elle est subie et est vécue comme une véritable incapacité. L'infertilité empêche donc une personne
d'accomplir une fonction biologique fondamentale, au coeur de la définition de
ce qu'est la vie : la capacité de se reproduire. L'infertilité débute très
souvent avec un diagnostic venant d'un médecin après plusieurs mois d'essai.
Pour
d'autres, l'infertilité découle des suites d'une maladie inflammatoire, d'un
cancer dont le traitement affecte la
capacité de se reproduire ou encore de traitements chirurgicaux pour un
changement de genre. Ce programme est donc une véritable source d'espoir pour des milliers de personnes qui ne
pourraient devenir parents pour des raisons médicales. Ensuite, depuis sa mise en place, le programme
actuel de procréation médicalement assistée a eu des retombées positives,
tant pour la santé des femmes que pour le Québec.
Plus
de 5 000 naissances depuis la mise en place du programme, soit une moyenne
d'environ 1 300 naissances par année, ce n'est pas rien. Une réduction importante
du nombre de nouveau-nés issus de grossesses multiples est née grâce au programme. Le Québec
est passé d'un taux de 30 % de prématurés issus du programme médicalement
assisté à 20 %, une baisse de
10 % en seulement quatre ans. Le taux de grossesses multiples est
passé de 27 % à moins de 5 % à la suite d'une FIV depuis
l'implantation du programme de procréation médicalement assistée.
Nous croyons que ces
résultats sont largement tributaires de la couverture publique du continuum de
santé en fertilité, de la stimulation
ovarienne à la fécondation
in vitro. Avec l'élimination de
la couverture par la RAMQ, les services de procréation assistée, à part quelques exceptions, les familles
devront avoir recours aux crédits d'impôt pour payer les frais liés à la
procréation assistée. La possibilité d'obtenir des versements anticipés
constitue une mesure appréciée qui aidera
les familles qui n'ont pas les liquidités nécessaires pour défrayer ces
coûts dans l'immédiat à obtenir un accès à ces traitements dans des
délais raisonnables.
Ceci
dit, il nous semble que les familles de classe moyenne seront les plus
désavantagées par ce système. À titre d'exemple, pour qu'on se rappelle, un
couple où les deux partenaires travaillent et gagnent un revenu familial de
70 500 $, M. le Président, 70 500 $ par année auraient accès à
des crédits de 61 %. Ainsi, si les coûts liés à la procréation médicalement assistée
pour cette même année étaient de 20 000 $, alors 12 200 $
seraient remboursés. Il reste quand
même 8 000 $ pour le couple. Et avouons que, quand on ne gagne que
70 000 $, surtout quand on veut avoir des enfants, c'est
8 000 $ très cher payés.
De
toute évidence, je n'ai pas eu le temps de vous parler de la question
des personnes trans, qui auraient besoin d'être reconnues dans le
cadre... parce qu'elles nécessitent des interventions chirurgicales et
hormonales, auraient eu besoin qu'on les soutienne dans la préservation de
leurs gamètes. Et j'espère que, dans le règlement, nous le verrons apparaître. Alors, pour ces différentes raisons et
d'autres que je n'ai pas eu le temps de vous expliquer, et de façon toute
particulière la question de la légalisation des frais accessoires, nous, à
Québec solidaire, voterons contre l'adoption du projet de loi n° 20.
Je
déplore que le gouvernement ait profité de ce même projet de loi pour escamoter
des débats de société importants, refusant
de prendre le temps d'en discuter sur la place publique et non par le biais
d'amendements apportés à la dernière minute
et de règlements pas encore connus et encore moins discutés collectivement
envers les Québécoises et les Québécois. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, Mme la
députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Je vais maintenant céder la parole à M. le député de Richelieu.
M. Sylvain Rochon
M.
Rochon : Merci, M. le
Président. M. le Président, il ne faut pas perdre de vue quel est notre devoir
à toutes et tous ici. Notre devoir à
toutes et tous ici, c'est d'être la voix de nos concitoyennes et de nos
concitoyens. C'est de parler en leur
nom, de faire écho de leurs inquiétudes, de leurs attentes, de leurs espoirs,
de leurs projets. C'est ça, notre devoir de députés, de quelque côté de
la Chambre que nous siégions, d'ailleurs. Nous sommes ici pour être la voix de
nos concitoyens. Nous avons été élus pour être les représentants de nos concitoyens à Québec, pas pour être les représentants de Québec
dans nos circonscriptions.
Je suis
certain, persuadé qu'aucun collègue ici n'a reçu à son bureau de circonscription un seul citoyen qui l'a pressé
de tout faire, mais de tout faire pour qu'on légalise les frais médicaux
accessoires. M. le Président, moi, je suis député depuis le 9 mars seulement. La campagne qui a
mené à mon élection est donc encore récente. J'ai l'avantage que soient encore fraîches à ma mémoire les centaines de
rencontres que j'y ai faites de Richeloises et de Richelois qui tirent le
diable par la queue, de parents qui, pour répondre aux besoins
essentiels de leurs enfants, oublient souvent les leurs.
Je vous parle de ça, et ce qui me revient, c'est
le souvenir d'une famille de Saint-Joseph-de-Sorel qui me dit combien elle en arrache et qui me fait promettre
que je n'aurai pas oublié les difficultés qu'elle me partage quand j'aurai passé le seuil de sa porte, qui me fait promettre
que je ne penserai pas à elle qu'une fois aux quatre ans, que je n'attendrai
pas la prochaine campagne électorale pour prendre à nouveau de ses nouvelles.
Cette visite,
j'en parle avec émotion parce qu'elle
a vraiment, M. le Président, changé ma vie. En fait, elle m'a fait prendre conscience des responsabilités
immenses qui allaient m'attendre ici. Je suis sorti de là et j'ai dit à Line,
mon organisatrice : Il faut
gagner. Je veux défendre ce monde-là à l'Assemblée nationale. Ce moment fort
que je vous raconte, ce
moment-phare — je
pourrais dire aussi moment-phare de ma campagne — bien, elle m'en parle encore, mon
organisatrice.
Cette
famille, M. le Président, elle m'inspire depuis quotidiennement, elle et puis
les groupes communautaires de ma région qui se battent pour les plus
vulnérables d'entre nous. C'est pour cette famille de Saint-Joseph et nos concitoyens moins fortunés que je me bats contre
la légalisation des frais accessoires, que je m'élève contre la consécration
d'une médecine à deux vitesses : une
médecine pour les riches, qui vont passer plus vite leurs examens parce qu'ils
ont les moyens de payer, et une
médecine pour les autres, qui vont prendre leur mal en patience. Ce n'est pas
le Québec dont je veux, et je ne pense pas que ce soit non plus le
Québec dont veulent les Québécoises et les Québécois.
Je reprends
ce que je disais tantôt à mes collègues d'en face : Il y a beaucoup de
monde qui a visité nos bureaux de
comté pour exiger la légalisation des frais accessoires. Il y a beaucoup de
monde qui se présente à nos bureaux de comté pour souhaiter devoir se rendre au cabinet de son médecin avec, en plus
de sa carte d'assurance maladie, sa carte de crédit. Il n'y a personne,
personne.
M. le Président,
d'innombrables experts puis d'innombrables groupes se sont élevés contre le
projet de loi n° 20. Jean-Pierre Ménard : «L'encadrement
plutôt que l'interdiction pure et simple de la facturation des frais
accessoires viendrait légaliser une pratique
qui contrevient directement à la Loi canadienne sur la santé[...]. Cette
approche introduit une distorsion
majeure dans l'accès aux soins médicaux. Ce ne sont plus l'urgence et la
gravité de la maladie qui sont dorénavant les critères d'accès aux soins
de santé, mais plutôt la capacité de payer du patient.»
L'Association
médicale du Québec s'insurge
contre l'attitude antidémocratique du ministre de la Santé dans le dossier des frais
accessoires : «Le ministre fait non seulement fi du processus démocratique
et de l'avis du Protecteur du citoyen mais aussi de l'opinion publique,
[déclare la] présidente de l'Association médicale du Québec. De nombreux groupes de citoyens se sont prononcés contre les
frais accessoires mais le ministre passe outre à toute recommandation et
fait la sourde oreille. L'adoption de cet
amendement est imminente et il faut agir avant que la facture ne soit refilée
aux patients.»
• (16 h 20) •
Le
Collège québécois des médecins de famille déplore la légalisation encadrée de
cette pratique que prévoit cet amendement. «Celle-ci constitue une atteinte profonde au principe
d'universalité des soins et risque d'affecter les clientèles les plus vulnérables. [...]"L'amendement
proposé tente une solution rapide et superficielle au problème de financement
qui risque de se traduire par l'imposition
de frais aux patients, et ce, sans consultation élargie auprès des
professionnels de la santé et des patients eux-mêmes."»
Coalition Solidarité Santé, le coordonnateur de
la coalition, Jacques Benoit, abonde dans le même sens : «En agissant de
la sorte, le ministre et son gouvernement continuent de nous amener à remplacer
notre carte d'assurance maladie par notre carte de crédit!» C'est ce que je
disais tantôt. La Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec :
«Le gouvernement veut faire encore un pas de plus vers la
privatisation du réseau de la santé. Les professionnels
en soins demandent au ministre de la
Santé de revenir sur sa décision et de ne pas pénaliser les familles, la classe
moyenne et les plus démunis, en plus
de mettre en péril la pérennité du caractère public de certains soins.» La
Fédération de la santé du Québec...
bien, je pourrais continuer longtemps comme ça, c'est... Le dernier exemple que
je vais vous donner d'opposition au projet de loi : «La
normalisation de frais pour avoir accès à un médecin est un affront au système
public en santé. "La
facturation de frais accessoires constitue une privatisation détournée du
financement des soins et attaque de plein fouet l'accessibilité aux
services de santé, elle met directement en péril le droit à la santé pour tous.
Ce gouvernement agit sournoisement en
refilant, sans consultation publique, la facture aux usagers. Il impose à la
société québécoise un tournant majeur pour lequel il n'a pas sollicité
ni obtenu de mandat..."»
La députée de Taillon
a déposé, le 21 octobre dernier, le projet de loi n° 491, Loi visant à
mettre fin aux frais accessoires par la
modification de diverses dispositions législatives. Ce projet de loi a reçu
l'appui de nombreux groupes et
acteurs du milieu de la santé, notamment de MQRP, du ROME, de l'AREQ, de la
CSN, de la CSQ, de la Coalition Solidarité Santé, du réseau FADOQ et
même de Québec solidaire.
En
résumé, le projet de loi de ma collègue précise qu'aucun paiement ne peut être
réclamé par un médecin pour la
dispensation de services assurés, interdit de rendre l'accès à un service
assuré conditionnel à un paiement, augmente les pouvoirs d'enquête et d'inspection de la Régie de l'assurance
maladie du Québec et lui permet d'intenter des procédures en injonction, augmente les montants des amendes
déjà prévues dans la loi, augmente de un à trois ans le délai prévu pour
qu'un citoyen puisse transmettre une demande de remboursement à la RAMQ.
Je
l'ai dit, lors d'une intervention précédente, M. le Président : Le projet
de loi n° 20 ne passera pas à l'histoire pour avoir facilité l'accès aux services de médecine de famille et de
médecine spécialisée, ce qu'indique son titre mal choisi. C'est plutôt l'inverse. La pléiade de critiques
très sévères d'une variété d'experts et de groupes le démontre éloquemment.
Je me réjouis néanmoins que le travail patient, inlassable, courageux de ma
collègue de Taillon ait permis quelques gains :
la fécondation in vitro ne sera pas illégale pour les femmes de plus de 42 ans;
les couples ne seront plus soumis à une
période obligatoire de trois ans à une relation sexuelle avant d'y avoir accès;
toutes les femmes auront droit aux crédits d'impôt et non seulement
celles âgées de 42 ans et moins; le règlement du ministre concernant les quotas
de patients pour les médecins de famille et
autres obligations aux médecins fera l'objet d'une séance d'étude de six heures
en commission parlementaire; un règlement
déterminera des critères plus stricts que devront respecter les médecins de
famille quant à leur disponibilité les soirs et les fins de semaine.
Ce
sont des gains, M. le Président, mais ces gains-là constituent une bien, bien
mince consolation en regard d'un projet
de loi désolant, un projet de loi désolant, qui ne va pas dans le sens d'un
Québec plus juste et plus généreux, mais plutôt d'un Québec qui ne prend
pas soin de tout son monde. Nous nous y opposerons, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député
de Richelieu, pour cette intervention. Je cède la parole maintenant à M.
le député de Papineau. Vous disposez d'un droit de parole de 10 minutes.
M. Alexandre Iracà
M. Iracà :
Merci, M. le Président. Je n'utiliserai pas le 10 minutes, là, je vais être
bref, mais concis et très précis. Je vais commencer d'entrée de jeu en saluant
tous mes collègues qui ont participé à la commission parlementaire sur
ce projet de loi là, le projet de loi
n° 20, mes collègues de la partie gouvernementale et mes collègues aussi
de l'opposition. On a passé quand
même beaucoup d'heures ensemble, ça a commencé, écoutez, au printemps et on
vient tout juste de terminer article
par article en commission parlementaire. Je dois vous dire qu'on a mis beaucoup
d'heures à écouter en premier lieu les gens en consultation, les
différents groupes qui sont venus nous présenter leurs points de vue, et, par la suite, article par article. Et je tiens, d'entrée de jeu, également, M. le Président, à souligner l'apport
exceptionnel du ministre de la Santé, qui a fait un travail de moine, de
patience, qui a adopté des amendements en commission, qui a accepté d'adopter
des amendements à son projet de loi, qui a écouté, qui a parlé beaucoup,
beaucoup, beaucoup, qui a échangé avec
l'opposition et qui a mené ce projet de loi là de main de maître. Alors, je
tiens à le féliciter. Je félicite aussi les gens qui ont participé à la commission parlementaire. Il y a eu des
beaux échanges. Parfois, les gens n'étaient pas toujours d'accord, hein, ça sert à ça, une commission
parlementaire. Il y a eu des beaux échanges, mais, en bout de piste, à la fin
de journée, hein, du printemps jusqu'à l'automne, tous les articles ont
été étudiés, analysés et adoptés en commission parlementaire.
Et
cet enjeu-là de la santé, c'est un tout, ça a commencé avec le dépôt
initialement du projet de loi n° 10, où on parlait davantage des structures. Ce que ça a fait en sorte, bien, vous
le savez, c'est que les structures ont été amoindries, la bureaucratie a
également été amoindrie. Je vous donnerais un exemple : chez nous, en
Outaouais, on est passé de 76 hauts fonctionnaires de dirigeants de la santé à
35. Alors il y a eu quand même un ménage important qui a été fait là-dessus. Eh
bien, là, on est à suite, on est à la suite, avec le projet de loi n° 20.
Le
projet de loi n° 20 instaure plusieurs éléments importants et
constructifs, comme le taux d'assiduité et le nombre de patients qui
doivent être pris en charge par les médecins, effectivement, afin de rencontrer
les exigences et de bien desservir la
population. Les médecins devront dorénavant travailler en accès adapté. Le
travail en interdisciplinarité, ce qui est extrêmement important, avec
les autres ordres professionnels, devient aussi un incontournable pour répondre
aux différentes exigences.
Le
projet de loi vient aussi assurer que les médecins seront disponibles dans des
périodes dites défavorables, hein : fins de semaine, soirs. Bel exemple, ça a déjà commencé, depuis qu'il y
a eu une entente avec les médecins, avec le ministre de la Santé :
on voit déjà sur le terrain des résultats concrets; le projet de loi n° 20
va venir bonifier ce qui se passe présentement.
Il y a, à Buckingham, une clinique qui est ouverte sept jours-semaine, c'est
nouveau, près de l'hôpital. L'hôpital, il y
a eu une entente, ils réfèrent beaucoup de gens qui se présentent à l'urgence
qui auraient dû se présenter en
clinique, alors, réfèrent beaucoup de ces gens-là à la clinique, qui est
maintenant ouverte sept jours-semaine. Il y en aura de plus en plus, de
ce type de clinique là, M. le Président.
Un autre
élément innovateur du projet de loi est la mise en place d'un plan d'effectif
médical à l'intérieur même des
régions. Cela permettra au gouvernement de s'assurer que les médecins offrent
des services de première ligne, où les besoins sont criants, et à la proximité des
patients. Donc, les régions, bien important, n'ont pas été négligées dans le
projet de loi n° 20; bien au
contraire, elles sont prises en considération, fait en sorte que chaque patient
pourrait avoir un médecin, même si
vous habitez à Val-d'Or, à Gatineau, à Rimouski, en Gaspésie, à Montréal, à
Québec, oui, mais en région également.
La
mise en place, très important, d'un système de rendez-vous électronique — on est rendu en 2015 — sera aussi un élément très utile pour les patients du Québec. Les gens pourront
consulter en ligne les plages horaires disponibles offertes par leur médecin ou leur GMF. Alors, moi,
ceux qui viennent de l'Outaouais le savent, le connaissent déjà, ce système-là parce qu'on est à la frontière de
l'Ontario et, à Ottawa, je peux dire que les cliniques fonctionnent comme ça.
Les gens vont sur les sites Internet, consultent le temps d'attente d'une
clinique à l'autre, évidemment, choisissent la clinique où il y a le moins d'attente, ils s'y rendent, et ça fait en
sorte qu'il n'y a pas de congestion à des endroits spécifiques ou à des cliniques spécifiques. Donc, c'est un
atout, un apport extrêmement important qui va être au service de la population.
Le
projet de loi n° 20 vient également encadrer une situation créée par le
Parti québécois, situation qui a généré un chaos total et mis la table aux abus que l'on connaît dans la
tarification des frais accessoires. Le projet de loi n° 20 vient baliser l'erreur commise par le Parti québécois,
dans ce dossier, au profit des Québécoises et des Québécois. Alors, c'est
des tarifs qui seront maintenant balisés, ce qu'ils n'étaient pas avant.
• (16 h 30) •
Alors, de manière
générale, le projet de loi va mieux gérer les ressources actuelles et permettre
un meilleur accès aux patients en établissant des critères de prise en charge.
Et je connais personnellement plusieurs médecins, infirmières qui travaillent dans le milieu. Je vais profiter de
l'occasion, parce que j'en ai consulté plusieurs, étant membre de cette commission-là, et ils m'ont été d'un
apport très, très utile, et je tiens à les saluer — ce sont des gens qui travaillent fort — les gens du CLSC de Saint-André-Avellin, les
gens de l'hôpital de Buckingham, les gens de la clinique de l'Uniprix à Buckingham, les gens de Templeton, dans mon
secteur, des gens qui travaillent d'arrache-pied et qui veulent tous, comme
nous, que les citoyens du Québec puissent
avoir un meilleur accès à la santé. Et on est rendus aujourd'hui à un tournant
majeur, à une date charnière au niveau de la santé, on fait quelque chose que
jamais personne n'a fait dans le passé.
Le
ministre de la Santé fait ce qui devait être fait depuis fort longtemps, et il
y aura des résultats tangibles — et on le voit déjà, M. le Président, on le voit déjà sur le terrain — des résultats tangibles pas pour un parti
politique, mais pour les patients et patientes du Québec, tous les
citoyens du Québec, pour notre génération actuelle et pour la prochaine
génération. Merci beaucoup, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Gendron) : On vous remercie, M. le député, de votre
intervention. Je cède la parole à Mme la députée de Duplessis pour son
intervention sur le principe du projet de loi n° 20. À vous la parole.
Mme Lorraine Richard
Mme Richard : Merci, M. le Président. M. le Président, le projet de loi n° 20,
c'est 107 amendements et sous-amendements adoptés, 30 rejetés, 28 retirés,
pour un total de 165 amendements. C'est aussi 110 heures d'étude article par article en commission parlementaire.
Nous avons débuté le 26 mai et nous avons terminé le 28 octobre dernier.
Beaucoup de travail, M. le Président,
beaucoup, beaucoup de travail pour faire en sorte de bonifier le projet de loi
n° 20, déposé par le ministre de
la Santé. Parce que, vous savez, M. le Président, lorsqu'on regarde de plus
près ce projet de loi, on s'aperçoit que le ministre s'est précipité
puis il n'a pas consulté beaucoup de monde. D'ailleurs, ça fait partie, ces
caractéristiques, de la personnalité du ministre. Il aime quand les choses
roulent rondement.
Le projet de loi
n° 20, M. le Président, je vais prendre la peine de vous le lire :
Loi édictant la Loi favorisant l'accès aux
services de médecine de famille et de médecine spécialisée et modifiant
diverses dispositions législatives en matière
de procréation assistée. Eh bien, oui, M. le Président, dans le projet de loi
n° 20, on traite de l'accès à un médecin de famille, de la procréation assistée, des frais accessoires. Vous
comprenez que, oui, on a discuté, on a travaillé longtemps. Le ministre aurait voulu procéder plus rapidement.
Il nous l'a dit souvent lors de l'étude du projet de loi n° 20. Même,
quelquefois, il ne répondait pas, il disait : Je vous ai déjà répondu,
l'opposition veut juste faire de l'obstruction. M. le Président, dans ce projet
de loi là, ce qui me choque le plus, c'est encore une fois... c'est les
patients qui vont payer.
Le
projet de loi n° 20 traite de l'accès à un médecin de famille. Mais vous
savez, M. le Président, que le ministre de la Santé actuel a négocié avec la FMOQ, la Fédération des médecins
omnipraticiens du Québec, et que le projet de loi n° 20, quand on parle de quotas, de mesures très coercitives,
ne va s'appliquer qu'en 2018 — ça, je pense que c'est important pour les gens qui nous écoutent — 2018. Parce que le ministre a négocié avec
les médecins une entente, mais, pour
que l'entente fonctionne, M. le Président, savez-vous quoi?, il est revenu avec
la fameuse prime Bolduc, que tout le
monde avait dénoncée puis que le monde avait dit : Ça n'a pas de foutu bon
sens, quand les gens se sont aperçus de ça. Là, il a redonné un incitatif de 100 $ à 200 $ quand un
médecin va décider de prendre un nouveau patient à sa charge.
Le ministre avait
beaucoup de cartes dans son jeu, il avait le projet de loi n° 20, entre
autres, avec certaines mesures coercitives. Non, il a décidé de négocier. La
rémunération des médecins, M. le Président, elle est passée de 2,9 milliards en 2003 à 6,8 milliards en
2015. Quand le ministre a négocié, M. le Président, on a parlé des frais
accessoires. Les frais accessoires,
c'est les gouttes ophtalmiques qu'on vous charge à 200 $, une injection
lors d'une coloscopie, un petit
anesthésique qu'on vous donne à 400 $. C'est ça, les frais accessoires.
Nous, on est pour, ici, au Parti québécois, l'abolition des frais accessoires. Le ministre a entendu des gens durant
les consultations. Il savait que la population ne veut pas payer encore
pour des frais accessoires. Il aurait pu, M. le Président, durant la
négociation, inclure, dans sa négociation
avec la FMOQ, les frais accessoires. 50 millions, c'est moins de 1 %
de tout ce qu'il leur a donné. Il en a décidé autrement et il a rendu légal ce qui était illégal. Je ne comprends pas
l'attitude du ministre de la Santé surtout en ce moment, quand la population... M. le Président, vous le
savez, on n'a pas besoin d'imposer à la population des frais supplémentaires.
Puis surtout on sait, M. le Président, comment le ministre peut être un bon
négociateur.
Cette
fois-ci, il n'est plus le négociateur en chef des médecins. Il aurait dû
négocier pour et au nom des citoyens et des citoyennes du Québec. Bien
non, ce n'est pas ce qu'il a fait. Maintenant, les gens, ils n'auront plus
besoin de la carte-soleil, ils vont avoir
besoin de la carte de crédit. S'il avait négocié dans l'intérêt de la
population, jamais, jamais, jamais une telle entente n'aurait été
conclue.
D'ailleurs,
M. le Président, les frais accessoires, ils ont fait couler pas mal d'encre. La
Protectrice du citoyen le dit, une
facturation directe aux usagers de frais accessoires aux services assurés
compromet le principe d'universalité et d'accessibilité à la base du régime public. Cette façon de faire
contribue à l'émergence d'un système de santé à deux vitesses. Le droit à l'accès à des soins de santé et de la
meilleure qualité possible, sans égard à leur capacité de payer... Vous savez,
M. le Président, il a 19 000 médecins
au Québec qui, eux, ne chargeaient pas de frais accessoires. Est-ce qu'ils
étaient moins intelligents que les
autres? Ils ne chargeaient pas. Et savez-vous ce que leur dit le ministre
maintenant? Il a rendu légal ce qui
ne l'était. Bien, vous avez donc bien eu tort, vous autres, les 19 000
médecins. Vous avez perdu beaucoup d'argent,
les amis. Bien, moi, j'ouvre le robinet puis je rends ça légal. C'est ça, le
message qu'il leur envoie. 19 000 qui ne chargeaient pas, 1 000 qui chargeaient des frais astronomiques. Ce
sont les personnes les plus vulnérables, les personnes âgées qui vont en faire les frais. Vous savez, M.
le Président, quand vous avez de la misère à joindre les deux bouts pour
payer votre logement, payer votre
nourriture, sortir un peu d'argent pour aller chez le médecin, là, souvent, on
ne le fait pas, hein, surtout... Si
vous avez des jeunes enfants, oui, vous allez peut-être le faire. Si vous êtes
une personne seule, là... C'est vers ça qu'on s'en va, M. le Président.
L'opposition officielle,
oui, a fait un travail constructif, n'en déplaise au ministre, en commission
parlementaire. On a parlé aussi, M.
le Président, que, si on voulait prendre des patients à charge, eh bien, il
fallait que les médecins soient disponibles,
il ne fallait pas qu'ils soient juste disponibles dans les cliniques de 8 à 4.
Un enfant qui fait une otite, un autre problème,
là, ce n'est pas écrit que ça se fait juste dans du 8 à 4. Et là on a jasé avec
le ministre, M. le Président, de toutes les façons inimaginables pour
lui dire : Il faut que les cliniques soient ouvertes sept jours sur sept,
incluant les fins de semaine puis incluant
quelques heures en soirée. Il ne voulait rien entendre au début, rien entendre.
Heureusement, heureusement, vers la fin, il a montré une ouverture. On
aura tout au moins réussi ça, M. le Président.
• (16 h 40) •
Il y a aussi
la fécondation in vitro. Il voulait changer tout ça. À partir de 42 ans,
vous n'aviez plus le droit au crédit d'impôt;
des gens qui l'ont dénoncé. Nous, nous l'avons dénoncé. Il est revenu un petit
peu là-dessus. Bon. Maintenant, les femmes âgées de 42 ans et plus
auront le droit, elles aussi, à un crédit d'impôt.
J'ai été
étonnée, M. le Président, quand on a parlé de la procréation assistée, hein,
d'apprendre qu'on n'avait pas de
registre, aucune donnée. Peut-être que le ministre, il aurait dû s'attaquer à ça avant de s'attaquer
à d'autre chose. Mais ce que je
constate, M. le Président, et, vous savez, c'est général, hein, au gouvernement libéral, c'est austérité, c'est réduction de l'État. On coupe en éducation, en santé, on coupe un petit peu partout, tous azimuts, parce que, là, l'équilibre budgétaire,
là, c'est extrêmement important,
quitte à faire en sorte que, tout ce qu'on s'est dotés au cours des dernières
décennies au Québec, on fasse table rase, et c'est sans cette même
optique que le ministre de la Santé a pondu le projet de loi n° 20.
Et, vous l'avez entendu comme moi, M. le Président, il a dit : Bien, vous savez, une vasectomie ou quelqu'un qui a le
cancer... Ça va être quoi, tantôt? Une IRM
coûte plus cher qu'un rayon x, tel médicament coûte plus cher qu'un autre.
C'est là qu'on est rendus avec le ministre
actuel, M. le Président, c'est là qu'on est rendus. Et c'est ça que les
gens, ils doivent savoir.
Le ministre,
quand il vous dit qu'il va ouvrir les cliniques, que vous avez un médecin de famille, ce n'est pas tout à fait ça, M.
le Président. Il y a des gens qui
disent : Je vais avoir accès à un médecin
de famille. Ils ne savent pas qu'ils
vont payer pour ça. Ils se disent : Maintenant,
il a réglementé les frais accessoires, ça ne me coûtera plus rien. Bien non,
chers amis, vous le payez à même vos impôts,
vous allez payer encore parce qu'il l'a rendu légal. Les médecins, eux, vont
faire beaucoup d'argent. Qui va payer, M. le Président? Les citoyens puis les citoyennes
du Québec.
On va voter
contre, c'est sûr. Le ministre s'en doute bien. Mais vous savez, M. le Président, je doute fort que la population
croit le ministre en ce moment. Ils ne sont pas dupes, M. le Président. Merci.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Je vous remercie, Mme la députée de Duplessis, de votre intervention. Et, pour la
poursuite du débat toujours sur ce même projet de loi, je cède la parole à M.
le député Rousseau.
M. Nicolas Marceau
M. Marceau : Merci, M. le
Président. Alors, écoutez, simplement rappeler quelques éléments du projet de loi n° 20,
vous dire, entre autres choses, que c'est un projet de loi qui de toute évidence a été écrit dans la précipitation et l'improvisation la plus totale. Ce qui en témoigne, c'est le fait que
sur pour un projet de loi de 68 articles il y a eu pas moins de 98 amendements qui ont été
déposés en cours de route, et le résultat, M. le Président, c'est un projet de loi qui est absolument inacceptable.
Le gouvernement, dans son projet de loi, qui contient deux volets, a, par exemple, prévu le retour des primes du genre de celles qui avaient été
empochées par notre ex-collègue ministre de l'Éducation. Le projet de loi
aussi... puis j'entendais ma collègue de
Duplessis, de façon fort éloquente, rappeler que le projet de loi, donc, vient
légaliser, vient élargir, vient
crédibiliser, vient essentiellement faire naître les frais accessoires. Et
désormais, donc, on le sait, 50 millions de dollars seront pris dans la poche des Québécois au nom de frais
accessoires, alors que, on le sait, le premier ministre s'était engagé à ne pas alourdir le fardeau fiscal
des Québécois. Et il ne se passe pas beaucoup de semaines ou de mois sans qu'on découvre de nouvelles façons qui ont
été identifiées par le gouvernement pour alourdir le fardeau fiscal des
Québécois. Il y a aussi le volet procréation assistée, et, à ce sujet, je
comprends que le ministre a effectué un certain nombre de reculs, même s'il a quand même tenu la
route sur des éléments absolument inacceptables de son projet de loi, entre autres le fait de désassurer carrément la
fertilisation in vitro. Il a donc reculé, mais disons qu'il n'a pas
suffisamment reculé, M. le Président,
si j'avais à résumer les choses. Alors, M. le Président, mes collègues de
l'opposition officielle se sont exprimés de façon très précise sur
beaucoup d'enjeux qu'on retrouve dans le projet de loi.
Vous allez me
permettre d'exprimer un point de vue un peu plus général pour dire que le
projet de loi n° 20 s'inscrit dans la logique des ententes
libérales auxquelles on a eu droit depuis une dizaine d'années.
Vous savez
qu'il y a eu des ententes en 2007, en 2011 qui ont conduit à une hausse
spectaculaire de la rémunération des
médecins, et ces hausses spectaculaires ont été, d'une certaine façon,
confirmées. Bien sûr, on a étalé, en 2015, dans l'entente qui a été convenue, un peu les hausses de salaire des
médecins, mais essentiellement on les a confirmées. Alors, simplement pour que
les gens nous comprennent puis voient
de quoi on parle ici : la rémunération des médecins est passée de 2,9 milliards en 2003 à 6,8 milliards en 2015. C'est
une hausse d'à peu près, là, 500 millions par année, on parle de 8 point quelques pour cent, 8,5 %, 8,7 %. À l'époque, on avait
l'habitude de dire qu'il y avait seulement que la Chine qui allait plus vite que la rémunération des médecins;
maintenant, ce n'est même plus le cas : la Chine est en dessous de la rémunération des médecins, M. le Président. Alors,
500 millions par année, essentiellement. Et, de l'autre côté, là, on
n'arrête pas de nous dire qu'on se préoccupe d'équilibre budgétaire puis
d'assainissement des finances publiques.
M. le Président, c'est une des deux grandes sources
de pression sur nos finances publiques que ces ententes absolument mal négociées par les gouvernements libéraux successifs. Et
il y a deux sources, essentiellement : la première, c'est la rémunération des médecins, on parle de
500 millions, environ, par année; puis la deuxième source, c'est l'impact
des dépenses très, très importantes en infrastructures sur le service de la
dette, parce qu'évidemment les dépenses d'infrastructures,
ça se traduit par de l'amortissement, par des intérêts, puis ça, ça gonfle de
500 millions les dépenses annuelles
du gouvernement à chaque année. Ça fait que, quand on se demande d'où ça vient,
là, les pressions sur les finances publiques,
ça vient de décisions qui ont été prises de l'autre bord, M. le Président, de
décisions qui ont été prises de l'autre bord. Puis donc le projet de loi n° 20 est dans cette logique-là,
cette logique, là, que, pour résoudre les problèmes de santé au Québec, ce qu'il faut faire, c'est donner plus
aux médecins, on donne plus de salaire, et, de façon miraculeuse, tout va se régler. Et, M. le Président, j'aimerais
quand même vous dire que cette logique-là, qui est évidemment fausse... Ce
qui ne veut pas dire — là, j'aimerais être parfaitement clair — que nos médecins ne méritent pas d'être bien
rémunérés. Moi, je suis de ceux qui
pensent que les médecins québécois sont excellents, que ce sont des gens
dévoués puis qu'ils ont une pratique
tout à fait excellente. Cependant, ça ne veut pas dire qu'on doit donner la
caisse à nos médecins. Il y a comme une différence entre les deux. Reconnaître
la qualité du travail de quelqu'un puis dire qu'on va tout donner nos
ressources à ces personnes-là, c'est deux choses distinctes.
Mais, M. le
Président, je veux simplement, pour revenir à la logique sous-jacente à
l'action du gouvernement libéral actuel, puis qui est équivalente à
celle des gouvernements libéraux précédents, simplement vous dire : Je
feuilletais récemment les indicateurs de la santé 2015, indicateurs de l'OCDE,
M. le Président, donc pas le Parti québécois, là, indicateurs de l'OCDE. Puis, écoutez, j'invite tous les parlementaires à
le faire, j'invite les gens qui nous écoutent à le faire, puis vous
allez pouvoir constater qu'il y a des écarts importants parmi les pays de
l'OCDE quant au nombre de médecins par
habitant, quant à la rémunération par habitant. Puis, M. le Président, vous ne
serez pas surpris si je vous dis que
le choix qui a été fait au Canada, qui a été fait au Québec, c'en est un avec
peu de médecins très fortement rémunérés. C'est un choix, c'est une logique. Ailleurs dans le monde, puis je vous
donne un exemple, la France, qui est un pays qui est souvent cité pour la qualité de son système de
santé, possiblement le meilleur au monde... bien, en France, le choix qui a été
fait, ça n'a pas été peu de médecins
fortement rémunérés, ça a été beaucoup de médecins moins fortement rémunérés et
rémunérés à des niveaux comparables... en
tout cas, plus proches, disons, de ceux du travailleur moyen, si vous voulez,
dans l'économie. Alors, j'invite les gens
qui nous écoutent à aller voir ça, et mes collègues de l'autre bord, pour voir
qu'il existe d'autres manières de faire, d'autres manières de faire que
de toujours donner plus aux médecins.
Puis, encore
une fois, M. le Président, ce n'est pas parce que les Français n'apprécient pas
leurs médecins puis ce n'est pas
parce qu'au Parti québécois on n'apprécie pas les médecins, c'est parce qu'on
pense que la logique voulant qu'en
donnant plus d'argent on va résoudre nos problèmes, c'est une logique qui est
fausse, puis on le voit très bien, parce que les problèmes dans notre
système de santé perdurent, se continuent. Et, M. le Président, je pense qu'il
va falloir réfléchir à d'autres manières de faire.
Et puis je
veux simplement prendre deux minutes pour vous dire, parlant de choses qui
pourraient être faites : Il y a l'Association
médicale du Québec qui s'est... puis il y a évidemment là-dedans les médecins
qui eux-mêmes disent qu'il y a des
problèmes dans les pratiques médicales au Québec, qu'il y a des problèmes de
surdiagnostic, qu'il y a des problèmes de
surconsommation de médicaments, de surutilisation des tests diagnostiques, de
surutilisation des chirurgies. Il y a un paquet de problèmes de cette
nature-là. Et l'Association médicale du Québec... ce n'est pas le député de
Rousseau, M. le Président, qui dit ça, c'est
l'Association médicale du Québec qui nous dit qu'on pourrait économiser
5 milliards de dollars dans
notre système de santé si on s'attaquait efficacement aux problèmes de
surfacturation — 5 milliards
de dollars.
• (16 h 50) •
Ce que fait
le gouvernement avec son projet de loi n° 20, ce n'est pas résoudre le
problème de surdiagnostic ou de surutilisation des ressources médicales,
c'est : il vient l'aggraver, M. le Président. Il encourage, par son projet
de loi n° 20, la surutilisation, le
surdiagnostic puis les problèmes qui sont liés, là, d'une manière ou d'une autre, à ces problèmes de mauvaise
pratique.
Et je vais
prendre les deux dernières minutes pour vous donner des exemples, M. le Président — au
moins, ça aura eu ça d'utile, mon intervention — simplement qu'on sache... Et là je vais vous
parler de taux de réadmission après une
intervention chirurgicale. Je veux juste que vous sachiez, puis ça, ça vient du
rapport Thomson, un rapport public qui
a été commandé par le gouvernement du
Québec, excellent rapport — je pense que le ministre des Finances, que je vois devant moi, le connaît et l'a lu — en
2010‑2011, M. le
Président, le taux de réadmission
dans les 30 jours, donc le fait de devoir retourner à l'hôpital dans les
30 jours suivant les soins chirurgicaux, variait, au Québec, de 4 % à 7,6 %,
essentiellement du simple au double, 4 % à quasiment 8 %, avec une moyenne au
milieu à 6 %. Mais, M. le Président, là, on parle d'hôpitaux québécois. On ne parle pas d'hôpitaux du Québec puis
du Rwanda, là, on ne parle pas d'hôpitaux du Québec puis des îles
Caïmans, on parle d'hôpitaux du Québec avec un hôpital du Québec, on parle de
population québécoise avec population
québécoise, et pourtant il y a des hôpitaux au Québec dans lesquels il y a
simplement 4 % de réadmission et
d'autres dans lesquels il y a quasiment 8 %. Qu'est-ce qui explique la
différence, M. le Président? Ce n'est
pas la population, ce n'est pas vrai. Ce qui explique la différence, c'est que
dans un endroit, dans un de ces hôpitaux-là, on pratique, on a les meilleures pratiques, on fait les choses
correctement et que, dans l'autre, on ne fait pas les choses
correctement.
M. le
Président, moi, je n'en peux plus d'avoir un gouvernement qui, plutôt que de
s'attaquer à ces problèmes-là, plutôt
que de s'attaquer au problème de mauvaises pratiques... bien, le gouvernement,
lui, il pense qu'en donnant plus d'argent
les problèmes vont se régler. Bien, ce n'est pas comme ça que ça marche, M. le
Président. Et, je suis désolé, quand je
vois des choses comme le projet de loi n° 20, je ne peux pas vous dire
autre chose que : On va voter contre ça, ça n'a aucun sens. Merci,
M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, merci, M. le député de Rousseau, de votre intervention. Et je suis prêt
à reconnaître le prochain intervenant et je
vous donne la parole, M. le député, à vous, pour votre intervention de 10
minutes.
M. Alain Therrien
M.
Therrien :
Merci, M. le Président. Avant de commencer, j'aimerais tout simplement saluer
le travail de la députée de Taillon,
qui a été extraordinaire, qui a fait un travail de titan justement pour essayer
de bien représenter... elle n'a pas
seulement essayé, elle a réussi à bien représenter les Québécois et les usagers
du service des soins de santé. Donc, je tiens vraiment à la saluer, mais également les députés de Rosemont,
Duplessis, Richelieu, de Labelle aussi, qui ont été présents avec la députée de Taillon pour la
supporter dans ce travail titanesque qu'elle a effectué durant ce projet de
loi.
Alors,
voyez-vous, on parle de favoriser l'accès aux services. Il faut comprendre
qu'auparavant, avant le gouvernement
actuel, on a eu, pendant neuf ans, un gouvernement libéral, de 2003 à 2012; un
ministre de la Santé qui est l'actuel
premier ministre, qui est un médecin, qui a été remplacé par M. Bolduc, qui est
un médecin, et qui ont négocié avec l'actuel ministre de la Santé, qui
est un médecin, et ils se sont négocié de généreuses augmentations de salaire.
Quel est le
principe de ces augmentations de salaire là? Au départ, ils se sont dit, ces
gens-là, les libéraux... On sait, M.
le Président, que les libéraux ne sont pas forts en économie, là — juste regarder l'entente de Bombardier pour s'en convaincre, là — ça n'a jamais été leur force. Alors là, ils
se sont découvert des notions économiques, là, ils se sont dit : Comment éviter une diminution de
l'accès aux services, comment favoriser l'accès aux services? Et là, avec leurs
grandes connaissances économiques, il y en a
un qui a levé la main, je ne sais pas lequel, il a dit : Moi, j'ai déjà
étudié ça, l'offre, la loi de
l'offre. Alors, les autres, tout ébahis, disent : C'est quoi, ça, cette
affaire-là? Bien, il dit : Ce n'est pas compliqué : si tu veux stimuler la production, tu as juste à
augmenter le prix du bien, et à ce moment-là les offreurs vont faire en sorte de produire davantage et vont faire
en sorte d'avoir plus de produits sur le marché. On appelle ça la loi de
l'offre, M. le Président. Donc, l'offre va dans ce sens-là. Mais là les gens se
sont dit : Si on veut augmenter les services hospitaliers, donc si on veut augmenter la production
de services... bien, on s'est dit : Qui fait la production de services?
Bien là, c'est sûr qu'il y en a qui ont levé la main, ils ont dit : Bien,
les médecins. C'est sûrement même les médecins qui ont levé la main. Ça fait que, là, ils se sont
dit : Si on se fie à la loi de l'offre, si on augmente le prix du travail
du médecin, on va augmenter la production du médecin. C'est ça, la loi
de l'offre.
Et donc ils se sont dit : On va monter les
salaires des médecins, et de cette façon-là ils vont produire plus. Évidemment, je suis convaincu que les médecins qui
étaient assis autour de la table ont jubilé, hein, ils se sont tapé dans la
mite un méchant bout.
Alors donc,
quand tu regardes ça, tu dis : Évidemment que la force des libéraux... Moi, je le cherche toujours,
c'est quoi la force des libéraux,
mais ce n'est certainement pas l'économie, ça, c'est clair. Parce que, écoutez
bien, là, si la loi de l'offre existe
sur l'ensemble des biens, elle n'existe pas sur le marché du travail. Ça veut
dire que c'est faux de penser qu'en augmentant les salaires des gens tu
vas augmenter leur production. C'est la seule offre qui n'est pas à pente positive. Ça veut dire que, quand tu augmentes le
salaire, tu n'augmentes pas nécessairement la production. Autrement dit, le médecin qui gagne, par exemple,
4 000 $ par semaine et qui travaille, en gros, 40 heures... bien là,
eux leur offrent 4 000 $
par semaine, bien eux vont se dire : Bien, s'ils m'offrent
4 000 $ puis, à la place de travailler 40 heures, je vais travailler 30 heures, bien je vais rester chez
nous 10 heures de plus et je vais profiter des largesses du gouvernement pour
participer à davantage de loisirs.
Comprenez-vous, M. le Président? C'est ça qui s'est passé. Ils pensaient qu'ils
exciteraient les médecins à
travailler plus en leur donnant plus, mais ils les ont excités à les laisser
chez eux davantage. Preuve qu'ils ne connaissent rien à l'économie.
Alors donc,
ils n'y ont pas été avec le dos de la cuillère, hein, ou le dos de la main
morte, comme dirait Jean Perron, ils
sont passés de 2,9 milliards en 2003 à 6,8 en 2015. C'est extraordinaire.
Et là ils se sont dit : Nous, l'accès aux soins, on va les stimuler nos médecins. Mais là ce qu'on
s'aperçoit, c'est que la résultante, c'est que les médecins travaillent moins. Alors donc, ils sont arrivés dans une
situation difficile, parce que, là, en plus, ils se sont dit : On n'a plus
d'argent. Parce que, si on regarde ce
qu'ils ont donné aux médecins et si on avait été aussi généreux avec les
médecins qu'avec les infirmières,
qu'avec les professeurs et les autres fonctionnaires, le 2,9 milliards, en
considérant que tu as davantage de médecins
qu'avant, il y en a plus et qu'on leur a offert des augmentations de salaire
qui est à peu près, là, dans les eaux que ce qu'on rencontre chez les infirmiers et chez
les professeurs, ça veut dire qu'à la place d'avoir 2,9 aujourd'hui on
aurait 4 milliards. Mais eux leur donnent 6,8.
Ça fait que,
si on fait un calcul rapide, là c'est 2,8 milliards de plus que ce qu'ils
ont donné aux autres gens qui travaillent dans la fonction publique.
Puis, quand tu regardes le déficit du gouvernement du Québec, M. le Président, c'est à peu près 2,8 milliards. La marge de
manoeuvre qu'ils sont en train d'essayer de trouver en coupant les services
à la population, puis en coupant dans les
écoles, puis en coupant les services des soins de santé, cette marge de
manoeuvre qu'ils cherchent, bien moi,
je vous dis, elle est dans les poches des médecins. 2,8 milliards, M. le
Président. C'est là que la marge de
manoeuvre se retrouve et c'est eux, avec la panoplie de médecins qui ont
représenté la santé à travers les années, c'est eux qu'ils ont offert cette augmentation de salaire là, qui est
complètement stratosphérique comparativement à ce qu'on retrouve
ailleurs.
Alors,
voyez-vous, devant ce phénomène-là, devant les difficultés liées à
l'endettement public puis causées en grande
partie par le gouvernement libéral, qui a augmenté de 30 % la dette
publique de 2003 à 2012, là, ils se sont dit : On va faire une loi qui va améliorer l'accès aux
soins de santé. Là, on se dit : Mon Dieu Seigneur, comment ils vont faire
ça? Bien, d'abord, le rapport
Thomson, il dit : Si vous voulez maintenir les services, pas améliorer,
là, maintenir, étant donné les besoins
qui augmentent, étant donné la démographie, et étant donné les coûts liés à
l'inflation et aussi l'amélioration de
la technologie, qui coûte plus cher chaque année, si on veut améliorer, avec le
cadre qu'on a actuellement, ça représente 6 % d'augmentation par année. Eux, ils ont mis dans leur budget
1,4, puis là à peu près la moitié du 1,4 va encore dans la poche des médecins. Ça fait que, là, on se
dit : Bien, ça n'a pas de bons sens, ils ne vont pas améliorer l'accès,
ils vont diminuer l'accès — c'est ce qu'on se dit — à moins qu'ils fassent qu'est-ce qu'on avait
entamé avec le dernier budget qu'on a
déposé, à moins qu'ils fassent un changement structurel ou qu'ils entament un
changement structurel dans la façon de faire. Là, ils vont être
originaux. Bien, non, pas du tout.
• (17 heures) •
Et ils nous
ont déposé le projet de loi n° 20. C'est quoi, le projet de loi
n° 20, en gros? C'est une façon encore une fois d'augmenter le salaire des
médecins. C'est ça, mais de façon détournée, parce que ça paraît mal. Écoutez, M. le Président, c'était un échec de 2003 à 2012. Puis là ils se disent : Bien,
écoute, on n'est pas pour encore augmenter le salaire des médecins. Ils ont dit : Oui, il y a peut-être
bien une manière d'y arriver de façon détournée un peu. La prime Bolduc a été décriée. 25 millions qu'on a mis dans la poche des
médecins. Tout le monde était contre ça. Même le ministre de la Santé dit : Ce n'était pas une façon
efficace d'améliorer l'offre de services. On va l'enlever. Qu'est-ce qu'ils ont
offert aux omnipraticiens? Ils ont juste changé le nom de la prime puis ils
l'ont laissée là.
À la question
du député de Rosemont, en commission parlementaire, au président des
représentants des omnipraticiens ils ont dit : Est-ce que la
prime existe encore?, il a dit : Non, pas cette prime-là. Est-ce que, dans
cette entente, vous avez enlevé le
25 millions qui était censé être donné par les primes? L'avez-vous retiré
de l'entente? Réponse : Non.
Bien, si tu enlèves une prime puis que tu n'enlèves pas le 25 millions à
l'intérieur de l'entente, je peux-tu vous dire qu'on a des problèmes, là. Ça veut dire que la prime est restée là, mais
ils l'ont appelée autrement. C'est une façon de mettre de l'argent dans la poche des médecins. Mais par contre, pour les
infirmières, c'est 0 %, 0 %, 1 %, 1 %, 1 % pour les
cinq prochaines années. Ça, ils le maintiennent.
Comment mettre de l'argent dans la poche des
médecins? Les frais accessoires. 50 millions par année. Façon détournée. C'est comme ça que fonctionne le Parti
libéral. C'est tout simplement ça. Comment faire pour faire plaisir aux
petits amis?
Alors donc,
je termine avec cette réflexion, M. le Président, et je vous dis que j'appuie
justement la position du Parti québécois. Nous voterons contre le projet
de loi.
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, merci, M. le député de Sanguinet, pour votre intervention. Je cède maintenant la parole à Mme la députée de Joliette
pour son intervention sur le projet de loi n° 20. À vous, Mme la députée.
Mme Véronique Hivon
Mme
Hivon : Merci
beaucoup, M. le Président. Alors, moi aussi, je trouvais important de prendre
la parole aujourd'hui à cette étape ultime de débat sur cet important projet de
loi n° 20 qui nous a occupés. J'ai le nous très inclusif, parce qu'il a surtout occupé grandement ma collègue de Taillon
et plusieurs, évidemment, collègues de ce côté-ci de la Chambre et du côté gouvernemental également
depuis des mois. Et, vous savez, moi, avant d'entrer sur le fond des choses, je veux d'abord parler de l'importance de
nos institutions et de l'importance de faire de la législation de la bonne
manière. Or, on a vraiment eu, avec ce projet
de loi là, avec la manière dont on a abordé les choses, exactement le contre-exemple de comment on devrait procéder dans
un Parlement qui se respecte, dans un Parlement qui respecte les
citoyens et qui veut faire la meilleure législation dans les meilleures
circonstances possible.
Alors,
voyez-vous, d'entrée de jeu, on s'est rendu compte qu'on était en train de débattre
d'un projet de loi sur son coeur même, qui était sur la question donc de
comment maximiser l'accès à la médecine généraliste, l'accès pour les citoyens
à un médecin omnipraticien. On était en train de débattre d'un projet de loi
qui, en fait, servait d'élément de négociation
pour une entente qui était en train d'être discutée derrière des portes closes
entre le ministre de la Santé et la Fédération
des médecins omnipraticiens. Alors, les députés passaient des heures à débattre
de dispositions qui, selon toute vraisemblance,
ne trouveront pas application parce que,
pendant ce temps-là, on travaillait pour s'entendre sur une entente qui allait remplacer ces dispositions-là. Alors, j'aimerais ça qu'on se questionne un instant à savoir si
c'est le bon usage du travail parlementaire que d'utiliser un projet de
loi, une pièce législative comme
élément de négociation, y compris le travail des gens qui sont
élus par la population. Donc, premier élément troublant dans le processus.
Deuxième
élément troublant, bien, on a décidé de parler de deux choses complètement différentes, donc l'accès aux médecins et la procréation
assistée, dans le même projet de loi. Et ça, je dois le dire, M. le Président,
c'est une pratique que l'on voit de plus en
plus. On vient d'ailleurs d'obtenir, dans le cadre d'un autre projet de loi où ma collègue la députée de Taschereau est très active, en termes de débat sur le
radicalisme et sur le discours haineux, la possibilité de scinder, parce qu'effectivement une motion de scission était
acceptable, puisqu'encore une fois on nous fait ce tour-là de vouloir parler d'enjeux différents dans un même
projet de loi, ce qui, pour la bonne gouverne de nos institutions, pour le
bon débat public, va complètement à l'encontre de ce qu'on devrait faire. Donc,
on a eu à faire face, avec le projet de loi
n° 20, à cette réalité-là, puisque les gens qui voulaient débattre du
sujet de la procréation assistée n'ont pas réussi à avoir toute l'attention requise, parce qu'on débattait
en même temps de tout l'enjeu de l'accès à la médecine familiale au Québec.
Donc, deuxième problème significatif.
Mais là, comme si ce n'était pas assez, en cours
de route, on nous est arrivé avec un tout autre sujet et non le moindre : la question des frais accessoires.
Alors, non seulement c'est un tout autre sujet, mais ça n'avait pas été
annoncé. Et ça a été amené séance
tenante, personne n'avait été avisé, bang! des amendements déposés par le
ministre séance tenante pour
dire : Bon, soudainement, on a décidé que ce serait une bonne idée de
débattre de cette toute petite question dans le paysage des soins de santé au Québec que sont les frais accessoires. Ça
n'a aucun sens, M. le Président, de fonctionner d'une telle manière. Après, le ministre se demande pourquoi on a dû
passer des heures et des heures à débattre en commission parlementaire. Comment voulez-vous qu'on aborde
les choses de manière cohérente, de manière sensée, en étant bien préparés quand on nous arrive comme ça, séance
tenante, avec un tout autre sujet, et un sujet excessivement controversé
et pour qui le gouvernement essuie critique après critique depuis qu'il s'est
avancé sur ce terrain-là?
Donc,
énormément de problèmes dans la manière d'aborder les choses et de faire de la
législation. Et ça, pour moi, au-delà
du fond des choses, qui est excessivement préoccupant — et j'y viens — c'est en soi très troublant pour la
bonne gouverne de nos institutions. Et j'espère qu'il va y avoir une réflexion
qui va se faire globalement sur cette manière
de procéder, parce qu'on ne peut pas continuer comme ça si on veut un tant soit
peu pouvoir faire de la bonne législation dans les meilleures conditions
possible.
Donc,
j'arrive bien sûr au fond des choses, M. le Président. Écoutez, quand on regarde
la somme de ce qui est présenté dans
ce projet de loi là et de ce que le gouvernement veut faire adopter à cette
Assemblée, on en perd notre latin. D'abord, j'aimerais... Parce que,
bien sûr, on sait que, quand nous, nous parlons, il ne semble pas y avoir
toujours énormément d'écoute de la part du
gouvernement, mais il me semble qu'il y a des gens en autorité qui, eux, se
sont prononcés, et une multitude de gens en autorité, d'experts, qui se
sont prononcés, et il me semble que, si on veut faire les choses correctement,
si on donne un peu de crédibilité à la science, aux faits qui sont établis, ce
serait une bonne idée que le gouvernement entende ce que ces gens ont à lui
dire.
Et, pour moi,
une personne qui est excessivement crédible, mais qui n'est pas seulement
une personne, qui est d'abord et
avant tout une institution, c'est la Protectrice du
citoyen. Qu'est-ce qu'est venue nous dire la Protectrice
du citoyen sur la question des frais accessoires? Elle est venue nous dire
que ça n'avait aucun sens de venir légaliser ces frais accessoires parce
que ça allait complètement miner l'accès pour les personnes les plus
vulnérables de notre société. Et je vais me
permettre de lire des extraits du mémoire qu'elle a rendu public en plein dans
le temps où on était en train de
débattre de cette question-là. Le ministre ne peut pas dire : Ah! c'est arrivé trop
tard, on n'était pas au courant que la Protectrice du citoyen
travaillait sur cet enjeu-là. Non, c'est arrivé de manière totalement
concomitante alors que les travaux de la commission portaient précisément sur
cet enjeu-là.
Donc, elle
est venue nous dire que ça constitue une avenue complètement
inéquitable : «Pour le Protecteur
du citoyen, une facturation directe aux usagers des frais
accessoires aux services assurés compromet les principes d'universalité et d'accessibilité à la base du régime public. On introduirait
ici[...], des barrières financières qui limiteraient l'accès aux services assurés médicalement requis. Affectant l'ensemble
de la population, ces contraintes pénaliseraient davantage certains
segments de la population[...], soit des personnes à revenus moyens, en particulier celles qui n'ont pas d'assurance privée; sans emploi; au travail, mais à faibles revenus; en difficulté
ou en perte d'autonomie; aux prises avec une maladie chronique; victimes
d'abus et d'agressions graves; aux prises avec un problème de santé mentale;
avec un handicap physique, intellectuel ou
un trouble du spectre de l'autisme; avec une dépendance; [ou les personnes] itinérantes.»
Et ce qu'elle nous dit, c'est que, si
on va de l'avant avec cette légalisation, on ne respectera pas le droit à la
sécurité des Québécois, en
plus d'ignorer les principes qui sont à l'essence même du régime public,
l'universalité et l'accessibilité.
• (17 h 10) •
Ce n'est pas
banal, qu'est-ce qui est en train de
se passer, et on est en train justement de faire une loi qui va venir nuire aux personnes les plus vulnérables de notre
société. On est en train de se dire que ces personnes-là et l'égalité des
chances, ce n'est plus un principe
fondamental. Moi, ça vient m'interpeller au plus profond de mes convictions. Et
j'aimerais rappeler au gouvernement
que, quand ils nous ont dit qu'ils allaient faire l'équilibre budgétaire, ils
nous ont assuré que les personnes
vulnérables, les personnes handicapées, les personnes les plus pauvres de notre
société ne seraient pas affectées, qu'on aurait un souci constant pour
ces personnes-là. Or, dans une multitude de domaines, qu'on pense aux centres d'éducation populaire, qu'on pense à ce qui se
passe en éducation avec les élèves en difficulté, qu'on pense maintenant aux personnes vulnérables en santé, c'est
exactement l'inverse qui est en train de se produire, et ça, on ne peut pas
accepter ça.
Et, quand on regarde en plus ce qui est prévu en
matière de procréation assistée, où on a décidé de carrément désassurer la procréation assistée... Et je veux
juste rappeler à ce gouvernement-là que c'est eux qui ont fait la réforme
de la procréation assistée, c'est ce gouvernement-là,
et qu'ils sont en train de complètement changer ce qu'eux-mêmes ont fait. Ce n'est pas la première fois, mais c'est
quand même extraordinaire d'incohérence, de la part du même gouvernement, d'agir, à quelques années d'écart,
d'une manière et d'une autre complètement à l'opposé. Et ça, encore une fois ça va créer deux classes de citoyens,
parce qu'effectivement les gens les plus pauvres de notre société n'auront
pas accès à la
procréation assistée, et ça, franchement, quand on parle d'un droit
fondamental, d'un désir fondamental d'avoir des enfants, c'est la plus
grande inéquité qu'on peut imaginer.
Alors, je vais voter
contre, bien entendu, ce projet de loi.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Je vous remercie, Mme la députée de Joliette. Et
je cède la parole à Mme la députée de Taschereau pour son intervention.
Mme Agnès Maltais
Mme
Maltais : M. le Président, je serai probablement la dernière
intervenante de notre parti politique à prendre la parole sur ce projet de loi là, ce projet de loi qui tente de faire
passer des vessies pour des lanternes aux Québécois et Québécoises. On tente de nous faire croire que ce
projet de loi est un projet pour l'accessibilité, que c'est un projet de loi
qui est fait pour les Québécois et les Québécoises. C'est un projet de loi qui
est là simplement et uniquement pour deux
objectifs, deux objectifs : augmenter la privatisation du système de santé
et augmenter, par la bande, le salaire des médecins.
Et
ce qui est inacceptable et ce que mes collègues ont soulevé régulièrement, puis
je pense particulièrement à la collègue
la députée de Taillon qui a fait un boulot extraordinaire sur ce projet de loi
là pour le faire... essayer de sortir le ministre de son ornière, ce qui
est épouvantable, c'est que, pendant... depuis 2003 jusqu'à aujourd'hui, le
salaire des médecins a augmenté de 2,9 milliards à 6,8 milliards. Ils
méritent notre respect, mais méritent-ils à ce point de telles augmentations alors que le même gouvernement est
en train d'offrir à la fonction publique, et je pense aux infirmières
qui font partie de la fonction publique, 0 % d'augmentation dans les deux
prochaines années, 5 % sur trois ans?
Où
va l'argent au Québec? Est-ce qu'il va à l'accessibilité? Est-ce qu'il va aux
soins de première ligne? Est-ce qu'il va au maintien à domicile? Non. Il
va dans les poches des médecins, particulièrement les médecins spécialistes, c'est ça, le choix gouvernemental, pas dans la
fonction publique, pas dans les infirmières, qui font un travail formidable
sur le terrain, eux, c'est
l'appauvrissement, eux et elles, c'est l'appauvrissement. Mais, les médecins,
allez, non seulement on a augmenté les salaires des médecins de façon
forte, mais en plus on va permettre aux médecins d'aller chercher 50 millions de plus par année en frais
accessoires, 50 millions de dollars de plus par la bande qui vont arriver
dans les poches des médecins, 50 millions de frais accessoires. Il
aurait été possible... et ça, la députée de Taillon l'a soulevé souvent, il aurait été possible de prendre ce
50 millions dans l'entente qui a été négociée avec les médecins. Pas
question pour le gouvernement. Non!
Appauvrir les infirmières, aucun problème, aucun problème, ils font ça les yeux
fermés. Mais aller chercher 50 millions de frais accessoires dans
les poches des Québécois et Québécoises pour le donner au corps médical, aucun
problème, ça, ils font ça les yeux fermés et le sourire aux lèvres.
Les
primes Bolduc. On nous avait garanti que les primes Bolduc n'existeraient plus.
C'était un engagement du gouvernement.
Parce que c'est une honte, que ces primes. C'est une honte. Tout le monde le
sait. Même le gouvernement l'a dit,
même le premier ministre avait dit que ça ne devait plus exister. Mais ce
projet de loi là ramène les primes Bolduc, ramène les primes aux médecins simplement pour qu'ils te mettent sur une
liste. C'est ça, de l'accessibilité? Voyons donc! 25 millions que ça va coûter.
25 millions de plus dans le corps médical, pas aucun service de plus. Pour
les frais accessoires, pour les
primes Bolduc, zéro, zéro service, zéro service de plus. Et, pendant ce temps,
on désassure la fécondation in vitro, un des succès du Québec. On
désassure la fécondation in vitro. C'est ça qui... qu'est-ce qui se passe
actuellement au gouvernement.
Pourquoi accepter de
telles choses? Ce ne sont pas des choix de société. Ce sont des choix du
ministre de la Santé, mais ce n'est pas ça,
les choix des Québécois et des Québécoises. Ce n'est pas de vider leurs poches
puis de remplir la cassette des médecins.
Ce n'est pas ça, notre choix. Notre choix, c'était de partager. Notre choix,
c'était la solidarité. Notre choix,
c'était s'occuper des familles qui ne peuvent pas avoir d'enfant. Notre choix,
c'était de s'occuper de ceux et celles
qui n'ont pas d'argent pour aller voir le médecin. C'était ça, le choix social.
Pourquoi vous brisez l'entente? Pourquoi vous brisez le choix social? On
ne comprend pas.
Pendant qu'on coupe
dans l'éducation, qu'on coupe dans l'aide aux devoirs, pendant qu'il y a des
parents de personnes handicapées qui réclament jour après jour d'avoir des
services pour leur monde, pendant que les parents d'autistes nous disent qu'ils n'ont pas de service dans les écoles,
c'est ça qui se passe sur le terrain. Pendant qu'on coupe dans la jeunesse — vous savez la misère qu'on a faite à nos
carrefours jeunesse-emploi — pendant qu'on coupe dans les régions, pendant qu'on centralise, pendant qu'on
divise, on remplit la cassette des médecins. Et c'est pour ça et c'est pour
ce choix-là qu'on coupe. C'est ce choix-là
qui a été fait devant nous, et c'est un choix que je ne... je n'ose pas le
qualifier, M. le Président. Mais ce
n'est surtout pas le choix des Québécois et des Québécoises, surtout pas. Et il
faut démasquer, il faut dénoncer cette incurie, cette incurie, M. le
Président.
Alors,
voilà ce que j'avais à dire, M. le Président. Je n'ai pas besoin d'être longue,
ma collègue la députée de Taillon a
décrit en long et en large les errances de ce gouvernement, les errances de ce
gouvernement. Et je vais voter contre le projet de loi n° 20 avec fierté. C'est le dernier geste qu'il me
reste à faire pour empêcher cette erreur, et je vais le faire avec
fierté. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Merci, Mme la députée de Taschereau, pour votre
intervention.
Je
ne vois pas d'autre intervenant. Est-ce à dire que le projet de loi n° 20,
Loi édictant la... favorisant l'accès aux services de médecine de famille et de médecine spécialisée et modifiant
diverses dispositions législatives en matière de procréation assistée,
est-il adopté?
Une voix : ...
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, le vote par appel nominal est demandé. Il y a cinq parlementaires, donc
c'est conforme au règlement. Oui, M. le leader adjoint du gouvernement.
Vote reporté
M.
Blanchette : Je demanderais, conformément à l'article 223 du
règlement, de reporter le vote à la période des affaires courantes du
mardi 10 novembre 2015.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, vous avez le droit, effectivement, de demander le report du vote. Le
vote est reporté. Alors, pour la suite des choses, veuillez nous indiquer qu'en
est-il.
Ajournement
M.
Blanchette : M. le Président, je fais motion pour ajourner nos travaux
au mardi 10 novembre 2015, à 13 h 40.
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Est-ce que cette motion est adoptée?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, cette motion est adoptée. Nos travaux sont ajournés.
(Fin de la séance à 17 h 19)