(Neuf heures quarante-cinq minutes)
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Veuillez prendre place. On vous souhaite un bon jeudi.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Et nous
allons procéder maintenant à la rubrique Déclarations de députés, et je vais céder la parole à M. le député
de Sherbrooke pour sa déclaration d'aujourd'hui. M. le député, à vous la
parole.
Souligner le 35e
anniversaire du Centre d'aide et de lutte contre
les agressions à caractère sexuel Agression Estrie
M. Luc Fortin
M. Fortin
(Sherbrooke) : Merci beaucoup, M. le Président. Le Centre d'aide et de
lutte contre les agressions à caractère
sexuel Agression Estrie, mieux connu sous la dénomination de CALACS-Agression
Estrie, est un organisme communautaire
qui vient en aide aux femmes et aux adolescentes de 12 ans et plus ayant
été victimes d'agression à caractère sexuel ainsi qu'à leurs proches.
Depuis maintenant 35 ans, il contribue de
manière exceptionnelle à des changements sociaux, politiques et juridiques en
participant ou en initiant des actions visant à améliorer les conditions de vie
des femmes ainsi que des adolescentes afin qu'elles puissent vivre dans une société
non discriminatoire et non violente.
Le centre
offre des services d'accompagnement judiciaire ou médical, d'écoute
téléphonique, de suivi individuel, de rencontres ponctuelles et de
groupes de soutien, en plus des services de prévention et de sensibilisation.
À toute
l'équipe du CALACS-Estrie, je vous remercie de votre dévouement inestimable
envers notre communauté. Toutes mes félicitations pour vos 35 ans
d'existence. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, on vous remercie de votre déclaration. Je cède maintenant la parole
à M. le député de Berthier pour sa déclaration du jour. M. le député de
Berthier, à vous.
Rendre hommage à M.
Yvon Jubinville pour sa générosité
à l'endroit du Comité Saint-Côme, un coeur qui bat
M. André Villeneuve
M.
Villeneuve : M. le
Président, au Québec, plusieurs organismes citoyens se sont donné pour mission
d'améliorer les services de santé de
leur communauté. C'est le cas du Comité Saint-Côme, un coeur qui bat, qui collecte
des fonds en lien avec le domaine de la santé.
Pour contribuer à cet effort, un citoyen, M.
Yvon Jubinville, 89 ans, demeurant à la Résidence Lacoursière de Saint-Côme, a offert la somme substantielle de
80 000 $ au comité, ce qui représente la majeure partie de ses
économies. Ce don sera utilisé pour aménager et équiper un local destiné
aux services médicaux et de santé.
Un tel élan
de générosité se doit d'être souligné et encouragé, et c'est M. Jubinville
lui-même qui a le mieux décrit la portée
de son action en déclarant : Je souhaite que mon geste éveille les
consciences et sensibilise les autorités médicales à la nécessité de
créer et de maintenir les soins de proximité, sinon nos villages mourront.
M. Jubinville, je me joins aux citoyens de Saint-Côme
et à l'ensemble de la population du comté de Berthier pour vous remercier du
fond du coeur et vous transmettre toute notre admiration. Merci.
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, merci, M. le député de Berthier. Je cède maintenant la parole à Mme la députée de Côte... ce n'est pas vrai, de
Charlevoix—Côte-de-Beaupré.
À vous la parole pour votre déclaration d'aujourd'hui.
Souligner la tenue de
l'Ultra-Trail Harricana du Canada
Mme Caroline Simard
Mme
Simard : Merci, M. le Président. Alors, le 19 septembre se
déroulera la quatrième présentation de l'Ultra-Trail
Harricana du Canada dans la forêt riche et sauvage de Charlevoix. Cette
compétition d'envergure internationale accueillera
plus de 1 500 athlètes sur les terrains parfois très accidentés des
montagnes charlevoisiennes. Appelés à réveiller le loup qui sommeille
entre eux, les participants pourront prendre part à des courses originales et
animales — pour
reprendre les mots des organisateurs — pouvant aller jusqu'à 125 kilomètres,
un véritable défi. De plus, une partie des profits de cet événement ira à la recherche sur la sclérose en plaques,
dont un des fondateurs du projet Harricana est atteint.
Permettez-moi
de souhaiter bonne chance à tous les participants et de remercier les bénévoles
et les organisateurs qui
conscientisent la population à une importante cause et permettent à la région
de se démarquer par une si belle initiative. Cet événement est devenu un
incontournable pour les adeptes de sports extrêmes, et nul doute que l'avenir
leur sera prometteur. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la parole à Mme la députée de
Repentigny pour sa déclaration d'aujourd'hui. Mme la députée, à vous la parole.
Souligner le 30e
anniversaire des Internationaux
de tennis junior de Repentigny
Mme Lise Lavallée
Mme
Lavallée : Merci, M. le Président. Je tiens à souligner les
30 ans d'existence des Internationaux de tennis junior de
Repentigny, qui, au fil des ans, ont contribué au rayonnement de la ville et de
la région tout entière.
Les
Internationaux de tennis junior, l'un des plus importants tournois de calibre
international, attirent les meilleurs joueurs juniors âgés de 14 à
18 ans. Ce tournoi représente le seul de classe internationale de
catégorie 1 au Canada. Il est actuellement classé quatrième par la
Fédération internationale de tennis. Ce tournoi accueille en moyenne près de
10 000 spectateurs par année et génère des retombées économiques
d'environ 1,3 million de dollars pour la région.
La longévité
des Internationaux de tennis junior de Repentigny a permis de conférer à
l'événement un prestige qui
transcende aisément les frontières québécoises et canadiennes. La
30e édition s'est tenue du 28 août au 5 septembre dernier
au parc Larochelle de Repentigny.
J'aimerais,
pour terminer, rendre hommage aux organisateurs de l'événement, lesquels, année
après année, ont su donner au tournoi un cachet qui a contribué à la réputation
d'excellence de la ville de Repentigny.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Merci beaucoup, Mme la députée. On se rappelle autant que possible que...
mais c'était bien. Je cède maintenant la parole à M. le député de Côte-du-Sud.
Rendre hommage à Mme
Juliette Dupont
pour son engagement social
M. Norbert Morin
M. Morin : Merci, M. le
Président. Aujourd'hui, je veux rendre hommage à une grande dame de mon comté,
Mme Juliette Dupont, décédée le 11 août dernier. D'abord
institutrice dans une école de rang, elle s'est rapidement transformée en un leader d'exception. Tout en
fondant sa famille, elle dispense des cours à des élèves qui n'étaient pas
admis à l'école pour des raisons physiques
ou intellectuelles. Les années passent, et son implication grandissante l'amène
à animer les rencontres prématernelles du nouveau programme du ministère
de l'Éducation Passe-Partout. Plusieurs centaines d'enfants ont bénéficié de
son savoir et de son imagination.
Elle s'est
impliquée au sein de plusieurs comités de la ville de Saint-Pamphile. La
chorale, le Festival du bûcheux, le
magasin coop IGA, Centraide, la Croix-Rouge, le comité d'embellissement, les
Cercles de fermières ne sont que quelques-uns
des comités sur lesquels elle a siégé. Tout au long de sa vie, elle a été un
exemple d'implication citoyenne afin de faire avancer, pour le bien de
tous, sa communauté. Bon repos, Mme Juliette.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Merci, M. le député. Je cède maintenant la parole à M. le député de Bonaventure
pour sa déclaration d'aujourd'hui. M. le député, à vous la parole.
Féliciter M. Maurice
Anglehart, nommé Personnalité
aînée de la région Gaspésie—Îles-de-la-Madeleine
M. Sylvain Roy
M. Roy : Merci, M. le
Président. Je tiens, aujourd'hui, à féliciter M. Maurice Anglehart, nommé
Personnalité aînée 2015 de la région
Gaspésie—Îles-de-la-Madeleine.
Il sera honoré le 4 octobre prochain au Club de l'âge d'or de Gascons. Organisateur chevronné, M. Anglehart
s'implique dans la municipalité de Port-Daniel—Gascons depuis plus de deux décennies. Maire de l'Anse-aux-Gascons de
1993 à 2001, puis de Port-Daniel—Gascons de 2009 à 2013, ce leader naturel a, entre autres, planifié et coordonné la
mise en place du parc commémoratif du naufrage du Colborne en 1997. Président de La Maison des jeunes de Gascons
depuis sa fondation en 1995, ce bénévole infatigable s'est impliqué au sein de différents comités et de conseils d'administration
comme le Centre de plein air La Souche, le comité de la Fabrique de
Gascons et le centre local de développement du Rocher-Percé, pour ne nommer que
ceux-là.
M. Anglehart, votre contribution au dynamisme de
la communauté de Port-Daniel—Gascons
mérite d'être soulignée. En tant que député
de Bonaventure et au nom des citoyens de la circonscription, je vous dis merci
et bonne continuité.
• (9 h 50) •
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Je vous remercie, M. le député, de votre
déclaration. Je cède maintenant la parole à Mme la députée de Bourassa-Sauvé
pour sa déclaration de ce matin. Mme la députée, à vous.
Féliciter les grands bénévoles du Centre d'activités
pour le maintien de l'équilibre émotionnel
de Montréal-Nord
Mme Rita Lc de Santis
Mme
de Santis : Merci, M. le Président. Demain, je
participerai à la fête des
entraidants de CAMEE, le Centre d'activités pour le maintien de l'équilibre
émotionnel de Montréal-Nord, pour honorer 24 grands bénévoles qui ont donné au moins 30 heures dans la dernière année.
En tout, plus de 60 personnes ont consacré entre 15 minutes et 737 heures
d'entraide et de bénévolat à leurs pairs, pour un grand total de 9 640
heures. Bravo!
Parmi eux, je
félicite Julie Sigouin, Robert Charbonneau, Joseph Morello, Danielle Gauthier,
Manon Ouellet, Jonathan Harvey qui ont
chacun cumulé plus de 200 heures. Deux champions, Julie Rivard et Yves Bourdon,
avec plus de 700 heures. Sans oublier Carole Tardif, membre du C.A.
depuis cinq ans.
Vous
prouvez que Theodore Roosevelt avait raison de dire : Faites ce que vous
pouvez, avec ce que vous avez, là où vous vous trouvez. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la parole à M.
le député de Chambly pour sa déclaration d'aujourd'hui. À vous la parole.
Souligner le succès de La Course du
député Jean-François Roberge
M. Jean-François Roberge
M.
Roberge : Merci, M. le
député. Le 6 septembre dernier se tenait la deuxième édition de La Course du député Jean-François Roberge, une activité-bénéfice que j'ai mise sur pied au
lendemain de mon élection afin de redonner à la communauté. Pour
l'occasion, plus de 220 personnes ont enfilé leurs chaussures de course,
et ce, malgré une chaleur torride.
Je
suis fier d'annoncer aujourd'hui que plus de 8 075 $ ont été amassés.
Concrètement, c'est donc plus de 500 nouveaux livres qui vont faire
leur apparition sur les tablettes des bibliothèques scolaires de la région. Je
tiens à souligner la mobilisation des
familles, des parents, des enseignants, des directions d'école et de dizaines
de sportifs qui ont contribué à faire
de la course un succès cette année encore. Merci tout spécial à nos partenaires
officiels, le Club Trifort de Chambly et son président François Lalonde,
la municipalité de Richelieu et son maire, M. Jacques Ladouceur. Finalement, je tiens à remercier les nombreux
députés ici de toutes les formations politiques qui ont contribué à faire de
l'événement un grand succès.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Merci, M. le député. Je cède maintenant la parole
à M. le député de Montmorency pour sa déclaration d'aujourd'hui. M. le
député, à vous.
Rendre hommage à Mme Gynet Baril
pour son engagement bénévole
M. Raymond Bernier
M.
Bernier : Merci. Le 12 septembre dernier, Mme Gynet Baril,
une résidente de notre circonscription, a reçu le prix Personnalité
féminine de l'année 2014-2015 décerné par le district 105 des Chevaliers
de Colomb.
Nous
ne pouvons taire ses nombreuses années comme bénévole. Elle débute en 1986 avec
le groupe de Jeanettes pour passer du
temps de qualité avec ses enfants et partager des expériences inoubliables. Par
la suite, dans les années 90, Mme Baril
continue son parcours au sein des Chevaliers de Colomb de Beauport, où elle
accompagne son conjoint. Elle donne
de son temps au comité féminin, et, quelques mois plus tard, l'équipe découvre
une femme incroyable, et elle est nommée présidente du comité féminin.
Mme Baril
participe à plusieurs campagnes de financement, que ce soit pour financer
l'achat d'un implant cochléaire, la
vente de la Bougie du Carnaval, les paniers de Noël, l'arbre enchanté, etc. Il
serait difficile de nommer toutes les
activités auxquelles elle a participé. En 2000, elle accepte la responsabilité
de marguillière, où elle aide activement le financement de l'église de
Sainte-Thérèse-de-Lisieux.
Voilà pourquoi
aujourd'hui nous soulignons l'apport d'une personne exceptionnelle, son
dévouement et le rayonnement qu'elle apporte à notre communauté. Félicitations
à Mme Baril, personnalité...
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, merci. Merci, M. le député. Je cède
maintenant la parole à Mme la députée des Mille-Îles pour sa déclaration
d'aujourd'hui. À vous.
Souligner la tenue de la finale
provinciale des Jeux FADOQ
Mme Francine Charbonneau
Mme
Charbonneau : Merci, M. le Président. Permettez-moi, par
cette déclaration, de souligner la tenue de la 24e finale
provinciale des Jeux de la FADOQ à Victoriaville, du 15 au 17 septembre
2015.
Chaque
année, les Jeux de la FADOQ rassemblent plus de 15 000 compétiteurs
âgés de 50 ans ou plus provenant de
partout du Québec dans une ambiance festive. Ces jeux ont pour objectif de
soutenir l'activité physique chez les aînés et de briser leur isolement social. Avec une douzaine de disciplines au
programme, la finale provinciale contribue de façon importante à faire la promotion du vieillissement
actif à travers le Québec. Aussi, je tiens à féliciter le comité organisateur
pour cette magnifique initiative qui
participe à améliorer le bien-être des aînés sur tous les plans. Je souhaite
d'excellents jeux à tous les participants. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Merci, Mme la députée. Cette dernière déclaration met
fin à la rubrique Déclarations de députés.
Les travaux sont
suspendus pour quelques instants.
(Suspension de la séance à
9 h 58)
(Reprise à 10 h 1)
Le Président :
Mmes, MM. les députés, nous allons nous recueillir quelques instants.
Des voix :
...
Le Président :
Est-ce qu'en arrière on pourrait avoir un silence un peu plus...
Merci. Veuillez vous
asseoir.
Présence de Mme Monique
Jérôme-Forget,
ex-parlementaire de l'Assemblée nationale
J'ai le plaisir de
souligner la présence de celle que je viens de voir dans notre tribune,
Mme Monique Forget, l'ancienne députée de Marguerite-Bourgeoys, qui est
avec nous. «La señora de Mérida».
Nous
poursuivons les affaires courantes. Aujourd'hui, il n'y a pas de déclarations
ministérielles ni présentation de projets de loi.
Dépôt de documents
À
la rubrique Dépôt de documents, M. le ministre du Développement durable, M. le
ministre de l'Environnement.
Document de consultation
intitulé Cible de réduction
d'émissions de gaz à effet de serre du Québec pour 2030
M.
Heurtel : Merci, M. le Président. Il me fait plaisir de déposer le
document de consultation intitulé Cible de réduction
d'émissions de gaz à effet de serre du Québec pour 2030.
Le Président :
Ce document est déposé. Alors, M. le leader.
M.
Fournier : ...pour
vous indiquer que, tel que le prévoit l'article 46.4 de la Loi sur la qualité de l'environnement, il y aura des consultations
particulières sur ce document. Nous
aurons des échanges, évidemment, avec les leaders des autres formations
politiques. Nous entendons débuter ces consultations à la fin du mois, M. le
Président.
Le Président :
Je vous remercie. M. le ministre de l'Agriculture.
Rapport annuel de la Régie des
marchés
agricoles et alimentaires
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : M. le Président, conformément à notre règlement,
je dépose le rapport annuel 2014‑2015 de la régie des marchés agricoles du
Québec.
Le Président :
Ce document est déposé.
Lettre
de nomination de la députée de Pointe-aux-Trembles,
Mme Nicole Léger, à titre de présidente du
caucus de l'opposition officielle
Pour
ma part, je dépose la lettre que m'a adressée M. le chef de l'opposition
officielle dans laquelle il m'informe de la nomination de Mme la députée
de Pointe-aux-Trembles à la fonction de présidente du caucus de l'opposition
officielle. Cette nomination prenait effet le 15 septembre 2015.
Rapports annuels du Protecteur
du citoyen
Je dépose également le rapport annuel d'activité et le rapport annuel
de gestion 2014‑2015 du Protecteur
du citoyen.
Dépôt de rapports de
commissions
À
la rubrique Dépôt de rapports de commissions, M. le président de la Commission
des finances publiques et député de Montmorency, je pense que vous avez
deux rapports, hein?
Consultations particulières
sur le rapport de la
Commission d'examen sur la fiscalité québécoise
M.
Bernier : Deux rapports. Donc, le premier, M. le Président, je dépose
le rapport à la Commission des finances publiques qui, les 3, 4, 10, 15 et 16 septembre 2015, a tenu
des auditions publiques dans le cadre de consultations particulières sur
le rapport de la Commission d'examen sur la fiscalité québécoise.
Élection à la vice-présidence
de la
Commission des finances publiques
Je
dépose également, M. le Président, le rapport de la Commission des finances
publiques qui, le 16 septembre 2015, a procédé à l'élection de
la vice-présidence de la commission. Merci.
Le
Président : Alors, ces
rapports sont déposés. M. le
vice-président de la Commission des relations avec les citoyens et
député de Portneuf.
Élection à la vice-présidence
de la Commission
des relations avec les citoyens
M. Matte :
M. le Président, je dépose le rapport de la Commission des relations avec les
citoyens qui, le 16 septembre 2015, a procédé à l'élection à la
vice-présidence de la commission.
Le Président :
Ce rapport est déposé.
Dépôt de pétitions
À
la rubrique Dépôt de pétitions... Avant de céder la parole à un premier député
pour la présentation de ses pétitions, je
vous informe que j'ai reçu une demande de la part des députés de Hull et de
Pointe-aux-Trembles afin de reporter à une date ultérieure la
présentation de leurs pétitions respectives dont la date limite de présentation
est aujourd'hui. Est-ce qu'il y a consentement?
Des voix :
...
Le
Président : Consentement. Alors, nous avons plusieurs pétitions
aujourd'hui. Nous allons procéder par les pétitions qui sont, évidemment, conformes et, évidemment, pour une
limite de 15 minutes. Et je vais commencer par les pétitions qui
n'ont pas été faites hier, comme on avait dit. Alors, M. le député de Lévis.
Abolir les allocations de
transition versées aux députés
M. Paradis (Lévis) : Merci, M. le Président. Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par
306 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du Québec
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant
que tout député peut toucher une allocation de transition de plusieurs milliers
de dollars lorsqu'il quitte ses fonctions ou est défait lors d'une
élection;
«Considérant
que la dette brute du Québec, au 31 mars 2014, était de
197 098 000 000 $, soit la plus élevée des provinces
canadiennes;
«Considérant
que le gouvernement nous demande de se serrer la ceinture et que chacun doit
faire des efforts et des sacrifices dans le but d'atteindre le déficit
zéro;
«Considérant que le gouvernement doit
faire preuve de leadership et se doit de donner le bon exemple afin de rallier
les citoyens québécois et de les inciter à emboîter le pas;
«Considérant
que le gouvernement ne cesse de couper dans divers programmes essentiels à la
population et de hausser plusieurs tarifs et taxes;
«Considérant
que le citoyen québécois moyen ne cesse de voir son pouvoir d'achat et sa
qualité de vie diminuer au fil des ans;
«Considérant
que le citoyen québécois moyen ne recevra aucune indemnité de départ lorsqu'il
quittera ses fonctions;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous,
soussignés, demandons au gouvernement du Québec l'abolition des allocations de
transition, communément appelées "primes de départ", versées à
tout député qui quitte ses fonctions ou qui est défait lors d'une élection.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition.
Le Président :
L'extrait de cette pétition est déposé. J'inviterais maintenant Mme la députée
de Taschereau.
Exempter les organismes sans
but lucratif et les appels au
public de l'application de la Loi sur la transparence
et l'éthique en matière de lobbyisme
Mme
Maltais : Merci, M. le Président. Alors, je
dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée
par 8 121 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes
du Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant
que le gouvernement planifie modifier la Loi sur la transparence et l'éthique
en matière de lobbyisme, notamment pour qu'elle s'applique à tous les
organismes sans but lucratif et aux appels au public;
«Considérant
qu'il s'agit de modifications majeures qui limiteraient l'exercice de la
démocratie et de la citoyenneté, brimant les droits d'association et
d'expression, ainsi que la défense de la population et des biens collectifs;
«Considérant
que l'assimilation de tous
les OSBL à des lobbyistes serait préjudiciable à des milliers d'organisations issues de la population — associations, groupes, clubs, coalitions, regroupements, etc. — en compromettant leurs actions et leurs pratiques
citoyennes, de même que leurs relations avec la population et l'État;
«Considérant
que ces modifications sont
demandées par des lobbyistes se plaignant de devoir s'inscrire et que les pratiques de transparence des OSBL ne sont pas en cause;
«Considérant que ces modifications ont été très majoritairement rejetées dans les
interventions devant la Commission des
finances publiques [en 2008] et la Commission des institutions [en 2013] et que
680 organisations ont réitéré cette opposition dans une lettre
déposée le 16 mars 2015;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous,
soussignés, demandons au gouvernement du Québec : de ne pas assimiler tous
les organismes sans but lucratif à
des lobbyistes, ni de considérer l'appel au public comme une activité de
lobbyisme; que la Loi sur la transparence et l'éthique en matière de
lobbyisme [ne] s'applique seulement qu'aux interventions ayant des buts
lucratifs; [et] que l'Assemblée nationale mette en place une consultation
générale si un projet de loi est déposé.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition.
Le Président :
L'extrait de cette pétition est déposé. J'inviterais maintenant Mme la députée d'Arthabaska.
Ordonner à Hydro-Québec de
baisser de 10 % les
tarifs d'électricité et de réaliser des profits
avec les ventes à l'exportation
Mme Roy
(Arthabaska) : Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à
l'Assemblée nationale, signée par 59 116 pétitionnaires.
Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Attendu
qu'Hydro-Québec est une société d'État qui appartient à l'ensemble des
Québécois vivant au sein d'un système démocratique;
«Attendu
qu'Hydro-Québec détient le monopole de l'électricité au Québec, ne donnant
aucun choix aux Québécois en matière d'approvisionnement;
«Attendu
qu'Hydro-Québec a réalisé des profits records atteignant 17 milliards de
dollars, dont 80 % de ceux-ci au détriment des Québécois;
«Attendu
les profits réalisés, la
hausse des tarifs de 2,9 % autorisée par la Régie de l'énergie à
Hydro-Québec n'est aucunement justifiée;
«Attendu que la hausse des tarifs de 2,9 % [...] est presque deux fois
supérieure à celle de l'inflation;
«Et
l'intervention réclamée se résume ainsi :
«Nous,
soussignés, demandons à l'Assemblée nationale de bien vouloir interdire [à] la
Régie de l'énergie d'autoriser toute
hausse subséquente [de] tarifs d'électricité à Hydro-Québec, de réclamer à
Hydro-Québec une baisse [de] tarifs de l'ordre
de 10 % et d'ordonner à Hydro-Québec de gérer la société d'État de manière
efficiente, en réalisant des profits avec les ventes à l'exportation.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition.
• (10 h 10) •
Le Président : L'extrait de cette pétition est déposé. Mme la députée d'Arthabaska, je sais que vous avez une deuxième
pétition à déposer.
Annuler le projet de
hausse de la taxe de vente et réviser
la taxation de certains produits et services essentiels
Mme Roy (Arthabaska) :
Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par
210 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Attendu
que la charge fiscale des Québécois
est plus élevée que dans le reste du Canada et qu'aux États-Unis;
«Attendu
que 75 % des Québécois gagnent moins de 50 000 $ et contribuent
déjà à [...] la moitié des recettes du gouvernement;
«Attendu
que le fait de hausser la taxe diminue la part du marché, affecte la croissance
économique du Québec en réduisant la consommation et, conséquemment, les
revenus de la taxe de vente du Québec — TVQ;
«Attendu
qu'en 2013 le nombre de Québécois insolvables avait augmenté de 11,2 % et
que le Québec se classe premier en nombre de faillites, autant
personnelles que d'entreprises;
«Attendu que toutes
les compressions imposées par le gouvernement depuis son élection sanctionnent
les Québécois, car elles en résultent soit d'une augmentation des coûts et des
tarifs ou d'une réduction des services dans plusieurs secteurs tels
que : [la] santé, [les] services de garde, éducation, municipalités,
électricité, immatriculation, essence, etc.;
«Attendu que plusieurs
produits et services ne devraient pas être taxés;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous, soussignés,
demandons à l'Assemblée nationale de considérer la situation précaire de la
majorité des Québécois en abrogeant la hausse de la TVQ, de revoir la
légitimité d'une telle mesure et de [mesurer] l'admissibilité de
certains produits et services imposés à la TVQ, qui devraient être considérés
comme essentiels.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition.
Le Président :
L'extrait de cette pétition est déposé. J'inviterais maintenant M. le député de
Jonquière.
Demander à Hydro-Québec de
rembourser les clients
résidentiels surfacturés et permettre
des recours en cas de litige
M.
Gaudreault : Oui, merci, M. le Président. Alors, je dépose l'extrait d'une pétition
adressée à l'Assemblée
nationale, signée par 6 124 pétitionnaires. Désignation : citoyens
et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant
qu'Hydro-Québec a exigé l'installation de compteurs intelligents pour
l'ensemble des Québécois, dont le principal avantage est de ne
nécessiter aucune relève manuelle;
«Considérant
que des clients ont choisi l'option de retrait de la nouvelle mesure, soit le
refus de remplacer leur compteur actuel, et qu'ils doivent payer des
frais additionnels de 5 $ par mois pour assurer la relève manuelle;
«Considérant
qu'Hydro-Québec revendique des hausses tarifaires pour ses abonnés résidentiels
plus élevées que la moyenne du coût de la vie, et ce, depuis plusieurs
années;
«Considérant
qu'Hydro-Québec a amassé 67 millions de dollars engendrés par de la
surfacturation des frais de relève,
alors que l'un des motifs invoqués pour le changement de compteur était
justement de ne plus facturer de frais de relève, sauf pour les
compteurs inchangés;
«Considérant
que 300 000 Québécois éprouvent de la difficulté à payer leur facture et
doivent conclure des ententes de paiement, un triste record cette année;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi;
«Nous,
citoyens et citoyennes du Québec, demandons que le gouvernement actuel exige
qu'Hydro-Québec rembourse les
Québécois pour la surfacturation demandée depuis l'installation des compteurs
intelligents. Nous demandons également que
la double facturation des clients résidentiels cesse immédiatement. Finalement,
nous exigeons que la société d'État soit soumise à la Loi sur la protection du consommateur et que les citoyens
disposent de recours en cas d'insatisfaction ou de litige.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition.
Le
Président : L'extrait de cette pétition est déposé.
J'inviterais maintenant M. le député de Deux-Montagnes.
Améliorer la qualité des
services sur
la ligne de train Deux-Montagnes
M.
Charette : Merci, M. le Président. Je dépose l'extrait d'une pétition
adressée à l'Assemblée nationale, signée par 1 001 pétitionnaires.
Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant que la
ligne de train de [...] Deux-Montagnes, exploitée par l'AMT, est la ligne de
transport en commun la plus importante et la plus achalandée du réseau de
trains passagers de la grande région de Montréal;
«Considérant
que, suite à sa reconstruction en 1995, on dénombre des problèmes de saturation
dans les stationnements incitatifs et à bord des trains;
«Considérant que des
passagers sont souvent laissés sur les quais, incapables d'embarquer dans [les]
wagons surchargés;
«Considérant
que les wagons sont remplis au-delà de leur capacité, et ce, au détriment de la
sécurité des passagers;
«Considérant
que plus de 15 000 usagers utilisent la ligne de train électrique de
Deux-Montagnes et que plusieurs d'entre eux le font dans une perspective
écologique;
«Considérant
que les nombreux retards, les annulations de départs, et récemment les
raccourcissements des trains n'ont contribué qu'à dégrader davantage la
qualité du service offert sur cette ligne;
«Considérant
qu'un grand nombre de projets ont été proposés, à l'AMT et au ministère des
Transports du Québec, afin
d'augmenter la capacité de cette ligne et de résoudre les importants problèmes
de congestion et de saturation, mais qu'aucun n'a été retenu;
«Et l'intervention réclamée se résume ainsi;
«Nous,
soussignés, demandons au gouvernement du Québec de poser des actions
définitives pour régler les problèmes chroniques
et d'investir les fonds nécessaires afin d'améliorer la qualité du service sur
cette ligne de transport en commun négligée depuis plus d'une décennie.»
Je certifie que cet extrait est conforme à
l'original de la pétition.
Le Président : L'extrait de
cette pétition est déposé. J'inviterais maintenant M. le député de Blainville.
Légiférer afin d'exiger le dépôt d'une garantie
pour la location d'un logement
M.
Laframboise : Merci, M. le
Président. Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale,
initiée par la CORPIQ, dont les
représentants sont ici, que je salue, signée par 12 483 pétitionnaires.
Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués sont les suivants :
«Considérant que l'article 1904 du Code civil du
Québec interdit d'exiger un dépôt de garantie pour louer un appartement, une
copropriété ou une maison, alors que cette pratique fonctionne partout dans le
monde;
«Considérant que les recours judiciaires en cas
de loyers impayés ou dommages matériels n'assurent pas au propriétaire
d'obtenir réparation du préjudice subi;
«Considérant
[que] le risque financier auquel s'exposent les propriétaires qui n'ont, pour
la plupart, qu'un petit immeuble;
«Considérant
qu'en l'absence de protection, de plus en plus de propriétaires sont réticents
à louer, affectant ainsi certaines clientèles qui auraient accès à un
meilleur choix de logements avec un dépôt de garantie;
«Considérant
le nombre de logements laissés dans un [délai] inacceptable par le locataire
sortant, au point de nuire au locataire entrant, voire même compromettre
son emménagement;
«Considérant
qu'un dépôt de garantie dissuaderait les mauvais comportements et,
conséquemment, réduirait le nombre de causes judiciarisées;
«Considérant les mécanismes éprouvés ailleurs
protégeant le dépôt de garantie, tel un compte en fidéicommis portant intérêts
payables au locataire;
«Considérant
la possibilité de permettre à certains locataires à faibles revenus de
constituer progressivement leur dépôt de garantie initial, pour ensuite
le conserver d'un bail à l'autre;
«Considérant
qu'un dépôt de garantie procurerait un coussin de protection au locataire éprouvant
une difficulté financière temporaire;
«Et l'intervention réclamée se résume
ainsi :
«Nous,
soussignés, demandons au gouvernement du Québec d'entreprendre une modification
législative afin qu'il soit permis
d'exiger, lors de la conclusion d'un bail de logement, un dépôt de garantie
servant à rembourser un loyer impayé ou tout autre dommage.»
Je certifie que cet extrait est conforme à
l'original de la pétition.
Le Président : L'extrait de
cette pétition est déposé. J'inviterais maintenant Mme la députée Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Rétablir le programme Alternative jeunesse ou mettre
en place un programme équivalent ou bonifié
Mme
Massé : Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée
nationale, signée par 81 pétitionnaires. Désignation : citoyens et
citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués sont les suivants :
«Considérant
que le programme Alternative jeunesse accordait une aide financière
supplémentaire aux prestataires [à] l'aide sociale de moins de 25 ans en
démarche d'employabilité;
«Considérant que le programme Alternative
jeunesse bénéficiait à un grand nombre de jeunes par année;
«Considérant que le programme Alternative
jeunesse permettait aux jeunes de cheminer vers l'autonomie;
«[...]que le
programme Alternative jeunesse permettait aux jeunes de développer et de
maintenir des habilités, des attitudes et des comportements adéquats à
long terme;
«Considérant
que le programme Alternative jeunesse offrait une réelle alternative aux jeunes
attirés par l'argent facile et la criminalité;
«Considérant
que les prestations d'aide de dernier recours ne suffisent pas à soutenir un
retour aux études ou une intégration au marché du travail;
«L'intervention réclamée se résume ainsi :
«Nous, soussignés, citoyens et citoyennes du
Québec, demandons au gouvernement de rétablir le programme Alternative jeunesse
ou de mettre en place un programme équivalent ou bonifié.»
Je certifie que cet extrait est conforme à
l'original de la pétition.
Le Président : L'extrait de
cette pétition est déposé. J'inviterais maintenant M. le député de Chambly.
Assurer le scrutin secret pour les votes de grève
étudiante dans les établissements postsecondaires
et permettre le vote électronique
M. Roberge : M. le Président, je
dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par
191 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués sont les suivants :
«Considérant
que des grèves se déroulent régulièrement dans le milieu étudiant, affectant
ainsi des dizaines de milliers d'étudiants des cégeps et des
universités;
«Considérant qu'il y a des irrégularités, des imprécisions,
[et] même qu'un risque d'influence sociale dans les modes de scrutin à
main levée lors de la prise de position en assemblée générale étudiante;
«Considérant que le climat en assemblée générale est souvent
source d'intimidation et d'irrespect envers d'autres étudiants exprimant
publiquement leurs opinions;
«Considérant que le quorum nécessaire pour que les
associations étudiantes puissent procéder à un vote de grève qui soit
représentatif de la diversité d'opinions des membres est très faible;
«Considérant que les présentes modalités de
votes — environnement
physique et territorial, caractéristiques temporelles — limitent
grandement l'accès aux étudiants devant concilier études, stage, travail et
famille;
«Considérant que les règlements des associations
étudiantes et que les procédures en assemblée générale sont d'une lourdeur et
d'une complexité significative;
«Considérant que les grèves étudiantes sont
dépourvues de tout encadrement;
«Et l'intervention réclamée se résume
ainsi :
«Nous,
soussignés, demandons au gouvernement du Québec de se positionner rapidement
afin d'assurer que les votes de grève
dans les cégeps et les universités se fassent obligatoirement par le biais d'un
scrutin secret, sur une période d'au
moins deux jours, et que la faisabilité du vote par voie électronique soit
examinée et adoptée afin de permettre une démocratie plus
représentative.»
Je certifie que cet extrait est conforme à
l'original de la pétition.
• (10 h 20) •
Le
Président : L'extrait de cette pétition est déposé. J'entendrai
comme dernière pétition celle de M. le député de Rimouski.
Modifier certains critères et procédures en vigueur à la
Société de l'assurance automobile afin de réduire
les délais de traitement des demandes
M.
LeBel : Merci, M. le
Président. Je dépose l'extrait d'une
pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par 1 059 pétitionnaires.
Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués sont les suivants :
«Considérant que la lourdeur et la lenteur administrative de
la SAAQ causent des délais qui portent atteinte à la santé physique,
psychologique et financière de l'accidenté;
«Considérant que les blessés graves, suite à un
accident de la route, se retrouvent dans un état de détresse psychologique,
d'isolement et de souffrances extrêmes pouvant conduire au suicide;
«Considérant
que les avis médicaux émis par les
médecins traitants et le psychologue ne sont pas reconnus à juste titre;
«Considérant que l'avis des médecins experts
sous-traitants de la SAAQ ont prévalence et peuvent biaiser les décisions
rendues;
«Considérant
que les douleurs chroniques ne sont
pas reconnues comme invalidantes pour un retour à l'emploi, sous
prétexte de n'être ni mesurables et ni quantifiables;
«Et l'intervention réclamée se résume
ainsi :
«Nous, soussignés, demandons à l'Assemblée nationale
de mettre en place les solutions suivantes :
«Que les avis
des médecins traitants soient priorisés et reconnus comme étant la source de
droit pour le réclamant — accidenté — inversant ainsi le
fardeau de la preuve;
«Que les
médecins experts soient recrutés selon des critères favorisant une véritable
impartialité et qu'ils ne puissent être considérés comme des employés de
la SAAQ;
«Que les douleurs
chroniques soient reconnues par la SAAQ comme une réalité invalidante;
«Que
la SAAQ soit imputable de sa mission et du règlement des indemnisations, et ce
dans des délais raisonnables, afin
d'éviter des procédures et des délais au bureau de révision et au Tribunal
administratif du Québec qui pénalisent les accidentés lourds de la
route.»
Je certifie que cet extrait est conforme à
l'original de la pétition. Merci.
Le Président : Alors,
l'extrait de cette pétition est déposé.
Il n'y a
pas de réponses orales aux pétitions ni d'interventions portant sur une question
de droit ou de privilège.
Questions et réponses orales
Nous en
sommes donc rendus à la période de
questions et de réponses orales, et je cède la parole à M. le député de Lac-Saint-Jean,
en principale.
Compressions budgétaires dans le domaine de l'éducation
M. Alexandre Cloutier
M.
Cloutier : M. le Président, lors du discours inaugural qu'il a prononcé à l'Assemblée nationale, le premier
ministre affirmait haut et fort que l'éducation serait pour lui une grande priorité. Des beaux
discours, M. le Président, mais finalement le ministre
de l'Éducation a vite réajusté le tir
en disant qu'effectivement il y
aurait des coupures en Éducation,
mais que les élèves, ils ne seraient pas touchés.
Or, hier, on
a eu un rapport qui démontrait clairement que les élèves, particulièrement en difficulté, allaient être touchés.
À la page 5, on confirme que le ministère a ordonné des coupes, et je cite, «de 70 millions dans les mesures d'appui à la réussite scolaire et 10 millions
dans les mesures pour les jeunes handicapés ou en difficulté d'adaptation».
M. le Président, ces coupures, elles sont bien réelles. À chaque jour, elles portent
des noms. Comment le ministre de l'Éducation peut-il défendre de telles coupures? Peut-il enfin admettre que,
contrairement à ce qu'ils ont dit en campagne
électorale puis dans le discours inaugural, ils ne s'occupent pas d'éducation?
Le Président : M. le ministre
de...
Des voix : ...
Le Président : On continue.
M. le ministre de l'Éducation. Tout le monde aura compris.
M. François Blais
M. Blais : M. le Président, chassez
le naturel...
Alors, merci,
mais je pense que la question, là, est à multiples volets puis interpelle notamment
la vision, là, que nous avons — je pense qu'il s'agit bien de
ça, là — pour
l'éducation.
Rappelons-nous,
l'année dernière, Québec a fêté un anniversaire extrêmement important, le 50e anniversaire du ministère de l'Éducation. J'en parlais avec Paul Gérin-Lajoie il y a
quelques semaines. Il me disait : Nous, notre objectif à l'époque, c'était l'accessibilité, c'était de construire des écoles
partout au Québec, construire des universités partout au Québec.
Cet objectif-là, nous l'avons réalisé.
Maintenant,
la prochaine réforme, l'objectif, bien
sûr, c'est la réussite scolaire à un
niveau qu'il était impossible, en
1964, hein, de même imaginer. Donc, la réussite scolaire va passer par trois
éléments importants. Tout d'abord, augmenter l'autonomie des écoles. Les écoles avaient besoin d'être construites, on
avait besoin des commissions
scolaires pour le faire, ce
n'est plus le cas maintenant. Augmenter... faire en sorte que les écoles soient
soutenues par les commissions scolaires plutôt qu'administrées par les
commissions scolaires.
Le Président : En terminant.
M. Blais : Et finalement que le
projet se passe à l'école, avec les enseignants, les parents et les enfants.
Le Président : Première
complémentaire, M. le député de Lac-Saint-Jean.
M. Alexandre Cloutier
M.
Cloutier : M. le Président,
le problème du ministre, ce n'est pas la vision de l'éducation, c'est son absence de vision
en éducation. Est-ce
qu'il réalise que la situation
est encore pire que celle qui avait été annoncée dans le budget,
que, contrairement à ce qu'il avait
dit, les coupures sont encore plus importantes et que c'est un 72 millions supplémentaire?
Comment se
fait-il que vous n'êtes pas capable de tenir tête à votre collègue au Conseil du trésor puis vous n'êtes pas capable de défendre l'éducation au Québec?
Le Président : M. le ministre
de l'Éducation.
M.
François Blais
M.
Blais : M. le Président, je ne me souviens pas si j'ai présenté ce
tableau cette semaine. Je ne sais pas si je vous l'ai présenté, hein? Donc, l'essentiel de ce tableau résume l'effort,
dans les 20 dernières années, du Parti québécois et du Parti libéral du Québec en matière d'éducation.
Donc, les compressions, vous connaissez encore beaucoup mieux que moi.
J'en ai peut-être à apprendre, d'ailleurs.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Lac-Saint-Jean, en vous adressant au
président.
M. Alexandre Cloutier
M.
Cloutier : M. le Président, est-ce que le ministre de l'Éducation peut
enfin essayer de comprendre la question que je lui pose?
Est-ce qu'il réalise,
là, qu'au Québec on a fait le choix d'intégrer les élèves en difficulté dans
nos classes, on a fait le choix de donner de l'aide à nos professeurs avec des
orthopédagogues, avec des psychoéducateurs, avec des techniciens en éducation spécialisée? Est-ce qu'il réalise qu'il va
devenir le ministre qui déconstruit morceau par morceau le modèle de
développement qu'on s'est donné au Québec? Qu'il se tienne debout puis qu'il
défende notre système d'éducation.
Le Président :
M. le ministre de l'Éducation.
M. François Blais
M.
Blais : Je suis debout, j'arrive, j'arrive, j'arrive, M. le Président.
Donc, un autre petit tableau évocateur qui répond, je pense, à la question de notre collègue sur le modèle que l'on
s'est donné. Essentiellement, qu'est-ce que l'on voit? C'est que, ces dernières années, il y a eu une diminution, hein,
d'à peu près 40 000 élèves au Québec. Il y a une remontée quand même intéressante du point de vue du soutien
aux élèves. Regardez bien à la fois le groupe des professionnels et l'ensemble du corps, hein, qui appuient la
réussite scolaire; ça n'a cessé d'augmenter malgré la diminution du nombre
d'élèves. Donc, on est dans la bonne voie et, on le voit bien, encore cet été,
là, la réussite scolaire...
Le Président :
En terminant.
M. Blais :
...a été promue puis s'est améliorée au Québec.
Le Président :
Principale, M. le député de Lac-Saint-Jean.
Effets des compressions
budgétaires
dans les commissions scolaires
sur les services aux élèves
M. Alexandre Cloutier
M.
Cloutier : M. le Président, ce qui me désole, c'est que le ministre de
l'Éducation ne comprend pas que c'est un véritable cri du coeur qui est
envoyé présentement par les parents, par les enseignants, par tous les
spécialistes qui travaillent auprès des élèves
en difficulté. Mais la cerise sur le sundae, M. le Président, là, croyez-le,
là, ils sont en train d'en ajouter une couche. Ils sont en train de
proposer, à l'heure actuelle, d'abolir les 2 000 professeurs enseignants,
professeurs orthopédagogues.
Comment le ministre, là, peut-il
acquiescer à une telle proposition puis vouloir non seulement abolir les
postes actuels, comme c'est le cas
jour après jour, mais, en plus, en ajouter 2 000 supplémentaires? C'est exactement la proposition
qui est sur la table présentement.
Le Président :
M. le ministre de l'Éducation.
M. François Blais
M.
Blais : Je ne commenterai pas, là, les discussions aux tables de
négociation avec les enseignants, mais j'ai un autre tableau, alors, qui est quand même intéressant. Donc, encore une
fois, on voit la courbe, là, du nombre d'élèves, là, diminuer au Québec, là, ces dernières années, et
qui remonte. Bonne nouvelle! Et, ici, vous avez le personnel enseignant,
qui n'a pas suivi cette courbe-là, mais, au
contraire, qui a augmenté, là, au cours des dernières années, me semble-t-il,
de façon constante. Je crois qu'on
est dans la bonne direction. Je crois qu'on appuie la réussite scolaire au
Québec. Il faut continuer dans cette voie-là, je nous y encourage.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Lac-Saint-Jean.
M. Alexandre Cloutier
M.
Cloutier : M. le Président, je ne peux pas croire que le ministre de
l'Éducation répond à la colère des parents en nous citant des tableaux, là. Quand on lui a posé la question à
savoir s'il allait couper ou non les 2 000 postes pour les
enseignants spécialisés, pour les enseignants orthopédagogues, en étude de
crédits, je lis sa réponse : «Il n'y a pas de demande patronale par
rapport à leur existence ou à leur avenir.»
Il y a deux
solutions : soit qu'il a induit les Québécois en erreur ou qu'il vient de
se faire imposer une nouvelle coupe par son collègue au Conseil du
trésor.
Le Président : M. le ministre
de l'Éducation.
M. François Blais
M.
Blais : Merci, M. le Président. Donc, je ne veux pas commenter, là, la
teneur des négociations en ce moment. Cependant,
je veux rappeler, là, à mon collègue que ces négociations-là ou les
propositions patronales, elles partent du milieu. Elles ne partent pas, là, du ministère ou encore de mon collègue
du Conseil du trésor. Elles partent de très larges consultations des directeurs d'établissement, des
personnes et des cadres qui sont dans les commissions scolaires en ce moment et qui font des propositions pour améliorer
le système scolaire. Ces gens-là, là, connaissent beaucoup mieux que mon collègue, probablement beaucoup mieux que moi,
ce qui se passe concrètement dans le réseau et font des propositions pour améliorer la relation avec les élèves et
améliorer la collégialité dans la prise de décision, là, bien sûr, à
l'intérieur des écoles.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le député de Lac-Saint-Jean.
M. Alexandre Cloutier
M.
Cloutier : Celui qui s'est mêlé des négociations sur la place
publique, là, cette semaine, là, c'est le président du Conseil du trésor, qui a insulté tous les
enseignants du Québec en leur disant qu'ils devraient remettre leur
augmentation salariale à tous les étudiants.
Le ministre
de l'Éducation a une responsabilité en ce moment, c'est de défendre la réussite
scolaire, de défendre la réussite de nos jeunes qui assurent l'avenir
économique du Québec, de défendre tous les postes qu'on s'est donnés au Québec, les orthopédagogues, les spécialistes en
éducation. Votre responsabilité à vous, c'est de mettre votre pied dans
la porte, prendre votre place puis défendre l'éducation.
Le Président : M. le ministre
de l'Éducation.
Des voix : ...
• (10 h 30) •
Le Président : S'il vous
plaît!
M. François Blais
M. Blais : Merci bien. Un, deux et
trois...
Des voix : ...
Le
Président : S'il vous plaît! Il n'y a qu'une personne qui a le
droit de parole ici, c'est le ministre de l'Éducation. Je voudrais
l'entendre.
M.
Blais : Je me suis trompé. Un, deux et trois. Pour le reste, là, pour
le reste — on voit,
là, que nous sommes en contexte de
négociation — je pense
que mon collègue est imprudent dans un certain nombre de ses commentaires, je
le rappelle à la prudence. La
négociation, c'est toujours difficile, mais c'est mieux que ça se passe autour
de la table plutôt qu'en Chambre.
Le Président : Principale, M.
le député de Richelieu.
Qualité des services donnés dans les centres
d'hébergement et de soins de longue durée
M. Sylvain Rochon
M.
Rochon : Merci, M. le
Président. Ce matin, le Protecteur du citoyen nous a déposé son rapport, et les
constats pour les aînés et les
personnes hébergées en CHSLD sont troublants. Je cite la Protectrice du
citoyen : «...des résidents en centre d'hébergement et de soins de
longue durée ne reçoivent pas de bains parce que l'établissement ne dispose pas de l'équipement
spécialisé ou de l'espace requis.» Imaginez, on n'en est plus à un bain par
semaine. Dans certains CHSLD, les résidents ne reçoivent pas de bain du
tout, faute d'équipement adapté pour les offrir.
M.
le Président, que répond le ministre de la Santé aux constats accablants du
Protecteur du citoyen? Qu'a-t-il à dire aux aînés dans les CHSLD et puis
à leurs familles?
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M. Barrette :
M. le Président, je vais commencer par répondre au député de Richelieu que
cette situation-là existait sous son
gouvernement et qu'à ma connaissance il n'y a absolument rien qui a été fait
dans cette optique-là. Et je
répondrai également que nous avons investi 26,5 millions de dollars dans
notre réseau de CHSLD avec une assignation précise de notre part qui demandait à ce que les établissements
utilisent l'argent du maintien des actifs pour faire en sorte qu'on
mette à niveau ces équipements-là. Mais on sait que ce n'est pas assez, M. le
Président, et on sait qu'il y a des problèmes
dans notre réseau. Et d'ailleurs j'invite le député de Richelieu de bien lire
le rapport de la Protectrice du citoyen qui est déposé ce matin, pour qu'il puisse constater que la protectrice
nous a contactés à cet égard-là et qu'elle est très satisfaite de l'ouverture que nous avons à nous
adresser à la problématique, ce que nous faisons au moment où on se parle.
On le fait tellement, M. le Président, qu'il
y aura des actions qui seront posées prochainement, et qui seront annoncées, et
qui iront dans le sens que souhaite le député
de Richelieu, qui auraient dû avoir été faites avec son précédent gouvernement.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Richelieu.
M. Sylvain Rochon
M. Rochon :
Vous l'avez entendu, M. le Président. Je ne comprends pas que le ministre fasse
de la politique avec ça. Il y a des
CHSLD qui n'ont pas de bain pour donner un bain. On ne parle pas de cas isolés, mais de graves problèmes
documentés par le protecteur du malade.
Que va faire maintenant
et concrètement le ministre?
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : M. le Président, beaucoup de gens me disent qu'en général je suis clair, et
je pense l'avoir été. Et, pour ce qui
est de l'introduction de sa nouvelle
question, je pense que c'est bien lui qui fait de la politique
avec ça, hein, il y a plein d'insinuations dans son commentaire. Mais
j'ai répondu, puis je vais répéter ce que j'ai dit. Ce n'est pas simplement la
question de ce que l'on va faire, on a déjà fait des choses, et je l'ai dit.
Je
peux le répéter. On a investi 26,5 millions de dollars en demandant aux établissements de les diriger vers ce type
de problématiques et, je l'ai dit et je le redis, on est en train... et on va
annoncer un exercice qui va faire en sorte que nous allons faire le
point sur cette situation.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Richelieu.
M. Sylvain Rochon
M. Rochon :
Oui. 327 millions de dollars de plus aux médecins, on coupe 500 millions de dollars en santé. Pendant ce temps-là, des CHSLD
n'ont pas de bain. Moi, je trouve que c'est un rapport dévastateur du Protecteur
du citoyen.
On
veut un échéancier. C'est ça qu'on veut, un échéancier. Je crois que c'est ça
que les personnes hébergées en CHSLD et leurs familles veulent aussi, un
échéancier.
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : M. le Président, encore une fois, dans la catégorie Faire de la politique,
on voit bien comment le député
de Richelieu dévie de son propre sujet.
Je
l'ai dit, M. le Président, c'est pour nous un sujet qui est hyperimportant.
On a vu, cet été, des événements qui étaient malheureux. La Protectrice du
citoyen, d'ailleurs, s'est bien adressée au problème en disant que ce n'était
pas un problème de ressources, qu'il y avait des problèmes de gestion. On ne
conteste pas, M. le Président, qu'il y a des problèmes,
mais nous allons nous adresser à des solutions et nous allons trouver des
solutions et les mettre en application. Ce
n'est pas ce que le précédent gouvernement a fait. Et, dans la politique
que fait le député de Richelieu, bien, je l'inviterais, la prochaine fois qu'il interviendra, de nous
faire des suggestions qui seront, je l'espère, différentes de celles
qui ont été faites par son gouvernement.
Le Président : Principale, M.
le chef du deuxième groupe d'opposition.
Conditions
salariales des enseignants
M. François Legault
M.
Legault : M. le Président, notre avenir dépend de l'éducation. On doit, au Québec, valoriser l'éducation, puis valoriser l'éducation, ça veut dire valoriser nos
enseignants. Après le rôle des parents, il n'y a pas personne de plus important
pour la réussite de nos enfants que d'avoir des enseignants qui sont motivés.
Nos
enseignants, M. le Président, ne sont pas surpayés, et, quand on tient compte
de l'inflation, geler le salaire des
enseignants, c'est baisser le salaire des enseignants. Lorsqu'on est ministre
de l'Éducation, on a un des emplois les plus importants au Québec,
mais ça vient avec des responsabilités. J'ai été ministre de l'Éducation, j'ai
eu à me battre... ça n'a pas fait plaisir, d'ailleurs, à certains de mes collègues, j'ai eu à me battre contre le président du Conseil du trésor, qui voulait couper des budgets en éducation. J'ai
même remis ma démission au premier
ministre parce qu'on voulait couper le budget en éducation.
On
a un devoir, M. le Président. Quand le président
du Conseil du trésor veut geler les
salaires des enseignants, le ministre de l'Éducation doit se lever.
Est-ce qu'il peut se lever ce matin et s'engager à se battre pour qu'il n'y ait jamais de gel du salaire des enseignants?
Le Président :
M. le ministre de l'Éducation.
M. François Blais
M. Blais :
Merci, M. le Président. Je ne veux pas rappeler des souvenirs trop difficiles à
mon collègue, le deuxième chef de l'opposition officielle, mais il faut
rappeler qu'il est arrivé...
Une voix :
...
M. Blais :
Pardon; le premier chef. Pardon.
Le Président :
Le chef du deuxième groupe.
M. Blais :
Le chef du deuxième groupe. Merci.
Des voix :
...
M.
Blais : Il faut
rappeler qu'il est devenu membre du gouvernement du Parti
québécois en 1998, qui était la pire
année des coupes budgétaires
du Parti québécois. On avait coupé de 5,9 %, du jamais-vu dans l'histoire contemporaine du Québec, et il s'est associé quand même à ce
gouvernement à cette époque. Il faudrait qu'il nous explique son raisonnement.
Le Président :
Première complémentaire, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M. François Legault
M. Legault :
Oui. M. le Président, l'histoire a ses droits. Je suis arrivé comme ministre de
l'Éducation en décembre 1998. Il n'y a jamais eu de coupure en éducation
lorsque j'ai été ministre de l'Éducation.
Maintenant,
je repose ma question : Est-ce que le ministre de l'Éducation est prêt ce
matin à se lever puis à dire aux Québécois, là : Je vais défendre
les enseignants, puis jamais il n'y aura de gel du salaire des enseignants?
Le Président :
M. le ministre de l'Éducation.
M. François Blais
M.
Blais : M. le Président, je l'ai dit à un de mes collègues tout à
l'heure, je vais le répéter quand même, je ne veux pas
négocier ici les conditions salariales des enseignants. Ça n'a pas de sens, là,
là. C'est des situations assez complexes.
Je
rappelle cependant qu'il n'y a pas si longtemps, là, pendant les élections, et
je le cite assez correctement, je crois,
notre collègue avait bien dit qu'il était impossible, pour les quatre
prochaines années, compte tenu de la situation financière du Québec, pour les quatre prochaines années, d'augmenter les
salaires des enseignants comme lui-même l'avait prévu à une autre
époque. Je lui rappelle ses propres propos.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M. François Legault
M. Legault : M. le Président,
jamais dans le programme de la CAQ il n'a été question de geler le salaire des enseignants. M. le Président. C'est trop important
pour l'avenir du Québec, ce qui se discute actuellement. On a besoin
d'enseignants motivés.
Le
ministre de l'Éducation a un devoir de se tenir debout face au président du
Conseil du trésor. Va-t-il le faire, oui ou non?
Le Président : M. le ministre
de l'Éducation.
Des voix : ...
Le Président : Et j'aimerais
ne pas entendre de murmure. M. le ministre de l'Éducation.
M. François Blais
M.
Blais : ...vous rappeler ces propos, pendant la campagne électorale,
hein : Compte tenu de la situation financière... Et il connaît la situation financière du Québec, hein? Il
avait dit que ce n'était pas le moment de rehausser, de façon importante, là, les salaires des
enseignants. Mais ça ne se décidera pas en élection, ça ne se décidera pas ici,
ça va se décider à la table de
négociation. Dans un contexte où il y a moins de ressources, où c'est plus
difficile, ce qu'il faut faire avec
les enseignants... On a vu les tableaux tout à l'heure. On a vu l'augmentation,
par exemple, des ressources en soutien
à la réussite, l'augmentation importante du nombre d'enseignants, même s'il y a
une diminution de la clientèle. On a vu que c'est le moment peut-être de
réallouer de façon intelligente des ressources pour en arriver à atteindre des
objectifs, là, qui sont communs.
• (10 h 40) •
Le Président : Principale,
Mme la députée de Montarville.
Récupération de sommes d'argent obtenues
illégalement
par des entreprises ou des partis politiques
Mme Nathalie Roy
Mme Roy
(Montarville) : Merci, M. le Président. Vous vous en
souvenez, il y a un témoignage à la commission Charbonneau qui nous
avait confirmé que la firme Dessau contribuait pour environ 50 000 $
par année à la caisse du Parti libéral.
Hier, des documents judiciaires rendus publics révèlent que ce n'est pas
50 000 $ mais bien 100 000 $ que cette entreprise donnait au Parti libéral chaque
année. C'est donc 1,2 million de dollars sur 12 ans que le Parti
libéral a reçus d'une seule
entreprise via un système de prête-noms. Dans ce contexte, on comprend mieux
pourquoi ce gouvernement n'est pas
trop, trop pressé de récupérer l'argent volé de la corruption. D'ailleurs, nous
avons eu la confirmation, M. le Président,
que le programme de remboursement volontaire des sommes volées ne verra même
pas le jour avant la fin de l'année.
Nous sommes
en 2015. Je vous rappelle que nous
avons adopté la loi il
y a déjà six mois et elle n'est toujours
pas mise en oeuvre. Ce gouvernement n'a pas encore récupéré un seul sou d'argent volé.
Pourquoi
se traîne-t-il autant les pieds? La population attend.
Le Président : Mme la ministre
de la Justice.
Mme Stéphanie Vallée
Mme Vallée : M. le
Président, je tiens à rassurer ma collègue,
le programme de remboursement volontaire, et le règlement nécessaire, est en voie d'être présenté. Et d'ailleurs
je tiens à souligner la nomination de l'ex-juge en chef de la Cour
supérieure, l'honorable François
Rolland, à titre d'administrateur du programme. Le juge Rolland est entré en fonction le
2 septembre dernier et il travaille à pied d'oeuvre pour mettre les
derniers points au règlement.
M. le Président, c'est un dossier que nous avons mené avec rigueur, avec célérité. Nous
avons travaillé de façon correcte, et
soyez assurés que nous avons l'intention de donner plein effet à la loi qui a
été adoptée ici, en
cette enceinte.
Le Président : Première
complémentaire, Mme la députée de Montarville.
Mme Nathalie Roy
Mme Roy
(Montarville) : D'autres mots, M. le Président. Un an et demi après le dépôt de cette loi, toujours
rien. Ce n'est pas parce que le Parti libéral est sous enquête de l'UPAC
qu'il n'a pas le droit...
Des voix : ...
Mme Roy
(Montarville) : Ce
n'est pas parce que le Parti
libéral est sous enquête de l'UPAC
qu'il a le droit de balayer cet enjeu
sous le tapis. 18 mois, toujours rien. Nous avons adopté une loi à l'unanimité pour obtenir réparation. Nous attendons. Ça fait six mois. C'est en
mars, faites le calcul. La balle est dans le camp du gouvernement.
Quand, Mme la ministre, allez-vous déposer les
détails du programme de remboursement...
Le Président : Mme la ministre
de la Justice.
Mme
Stéphanie Vallée
Mme
Vallée : M. le Président, on va mettre de côté toutes les allégations de notre collègue,
qui n'ont pas leur place. On tente de faire de la politique autrement,
là? Faisons de la politique autrement.
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît!
Mme
Vallée : M. le Président, le programme de remboursement — j'ai
avisé ma collègue — sera
présenté pour prépublication sous peu. Nous sommes à finaliser les
derniers détails avec l'administrateur qui est entré en fonction le
2 septembre dernier. Nous avons agi avec célérité, nous avons agi de façon
rigoureuse dans ce dossier.
Ma collègue imagine
qu'on peut tout faire avec une baguette magique en cette enceinte. C'est
l'image que projette la CAQ : tout se règle à coups de baguette magique.
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la députée de Montarville.
Mme Nathalie Roy
Mme
Roy
(Montarville) : Oui, M. le Président. Le Parti
libéral était beaucoup plus efficace pour collecter des contributions illégales qu'il ne l'est pour
récupérer l'argent volé. Il a fallu 18 mois. 18 mois plus tard,
toujours rien. Aucune procédure n'a encore été entreprise en vertu de la
loi sur le remboursement.
Ce gouvernement
peut-il agir au nom de l'intérêt public? Et, celle-là, écoutez-la, peut-être
vous pourriez donner l'exemple aussi,
agissez au nom de l'intérêt public et remboursez, remboursez le
1,2 million de dollars d'argent que vous avez reçu illégalement de
Dessau, donnez l'exemple.
Le Président :
Je voudrais...
Des voix :
...
Le
Président : S'il vous plaît! Mme la députée de Montarville, je
vous suggère de faire attention de prêter des motifs indignes dans vos
propos.
Mme la ministre de la
Justice.
Mme Stéphanie Vallée
Mme
Vallée : M. le Président, la collègue peut faire tous les
effets de toge qu'elle veut. Nous, ce qu'on a fait, c'est de déposer un projet de loi qui visait à récupérer
les deniers publics qui ont été payés en trop pour les retourner dans les
poches des contribuables du Québec. Nous avons agi de façon responsable et nous
allons mettre en place le règlement au cours des prochaines semaines. Ce
règlement permettra d'aller au fond des choses. Et nous avons mis en place un programme de remboursement qui est novateur, qui
mise sur les modes alternatifs de règlement des différends, et ça a été salué.
Le Président :
En terminant.
Mme Vallée :
M. le Président, nous agissons, contrairement à ceux qui ne font...
Le Président :
Principale, M. le député de Rosemont.
Financement des soins à
domicile
M. Jean-François Lisée
M.
Lisée : M. le Président, ce matin, la Protectrice du citoyen a ouvert les yeux, j'espère, du gouvernement sur le fait que, dans les soins à domicile, non seulement sa promesse de réinvestir 150 millions a été brisée dans les premiers jours de ce gouvernement, mais qu'il y a
une réduction — c'est le mot de la protectrice — une réduction des ressources. Je la cite : «Une dame de 84 ans prend soin
de son mari plus âgé qui est en lourde perte d'autonomie. Selon l'évaluation[...],
celui-ci devrait recevoir [37] heures de
services à domicile par semaine. Il n'en reçoit que [13]. [...]L'enquête du
Protecteur du citoyen a démontré que le CSSS ne disposait pas des ressources
nécessaires pour répondre à l'ensemble des besoins de la population...»
Au lieu de donner à chacun ce qu'il doit avoir, il ne donne pas assez à aucun.
C'est le rationnement
que le ministre a imposé. Est-ce qu'il reconnaît qu'il est le ministre du
rationnement des soins à domicile et que ça doit cesser?
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
M.
Gaétan Barrette
M.
Barrette : M. le Président, évidemment, la Protectrice du citoyen,
dans son rapport, n'a pas dit que le ministre avait rationné les soins à
domicile. Alors, si le député de Rosemont veut absolument faire de l'histoire,
on en fera et on n'ira pas très loin, on ira
simplement dans le dernier gouvernement, et son gouvernement a, par exemple,
coupé 500 lits en CHSLD à Montréal et 150 à Québec sans transférer
aucune ressource sur le terrain en soins à domicile.
Les
soins à domicile, M. le Président, chez nous, on s'en occupe. Il y a certaines
problématiques, il y a certaines problématiques auxquelles on s'adresse, et il
serait certainement faux de dire que nous rationnons les services de
soins à domicile, puisque, quand on demande
le nombre d'heures qui sont offertes dans le réseau, elles augmentent d'année
en année, et, quand on regarde nos crédits
budgétaires, on constate qu'on augmente les budgets dans ce secteur. M. le
Président, la question des personnes
âgées est évidemment une question qui est extrêmement importante et qui est en
lien avec celle qu'a posée le député
de Richelieu. Je l'ai dit, je le redis, cette question-là, nous nous y
adressons. Nous avons à plusieurs reprises
déjà posé des gestes. Nous ferons un état de la situation et nous proposerons
un plan d'action qui va être clair, M. le Président.
Le
Président : Première complémentaire, M. le député de Rosemont,
tout en vous rappelant de bien appeler le ministre.
M. Lisée :
Je retire «ministre du rationnement».
Le Président :
Je vous rappelle que les ministres ici ont des titres, et on doit...
M. Jean-François Lisée
M.
Lisée : Je retire «ministre du rationnement», puis c'est le
ministre de la Santé qui, oui, impose un rationnement aux services à domicile. La Protectrice du citoyen
note qu'un CSSS a établi un maximum d'heures par personne, faute de moyens pour répondre à l'ensemble de la
demande. Maximum d'heures par personne, c'est du rationnement, ça, M. le
Président. Et la protectrice confirme
que «les usagers restent aux prises avec des problèmes de réduction des
services». C'est dans le rapport.
Quand est-ce que ça
va...
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : M. le Président, comme je l'ai dit à la question de notre
collègue de Richelieu, la Protectrice du citoyen... et ça aussi, c'est écrit à de multiples reprises dans son
rapport, qu'elle nous avait contactés, au ministère, et qu'elle avait apprécié notre ouverture et, manifestement,
notre intention de s'adresser à ces problèmes, qui, manifestement, sont l'héritage des actions ou des inactions du
gouvernement précédent, qui avait à sa tête, en Santé, un spécialiste des
personnes âgées et qui, manifestement, n'a pas résolu le problème.
Alors, nous, on va,
M. le Président, faire ce que j'ai dit dans les multiples interventions que je
viens de faire aujourd'hui, s'adresser correctement à la chose et apporter des
solutions.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Rosemont.
M. Jean-François Lisée
M. Lisée :
M. le Président, le ministre aime les rappels. Beaucoup grâce à lui, de 2003 à
2015, le salaire des médecins spécialistes est passé de 1,9 à 4 milliards
de dollars, de 1,9 à 4 milliards. Et maintenant la protectrice «déplore — c'est son mot — que le ministère ne soit toujours pas en
mesure de statuer sur l'offre réelle». C'est lui qui ne sait même pas, à la demande de la protectrice,
quelle est l'offre, quels sont les besoins. Et elle confirme qu'il y a sous
lui...
• (10 h 50) •
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : Évidemment, M. le Président, le député de Rosemont fait des
interprétations et des extrapolations.
Et,
puisqu'il aime les effets spectaculaires chiffrés, je vais lui répondre par la
bouche des chiffres. Alors, M. le Président, le déficit du Québec est
passé de presque l'équilibre budgétaire sous les libéraux à 7 milliards de
dollars potentiellement...
Des voix :
...
M. Barrette :
M. le Président, j'ai été...
Des voix : ...
Le
Président : S'il vous plaît! Il n'y a qu'une personne qui a le
droit de parole ici, c'est le ministre. M. le ministre.
M.
Barrette : M. le Président, je vois que la leader adjointe dit que le
déficit, c'est une niaiserie. Bon, c'est correct, c'est l'opinion du Parti québécois. Ils ont le
droit. Elle a le droit à son opinion. Mais, M. le Président, j'ai été magnanime,
j'ai oublié les centaines de millions qui
vont après le «7» du milliard. Mais il n'en reste pas moins qu'on ne peut pas
faire autrement que de prendre ça en considération quand on...
Le
Président : O.K. Est-ce que j'ai une autre question. Oui?
J'ai-tu une autre question? Oui. Mme la députée de Vachon, en
principale.
Projet d'exportation de pétrole
de Chaleur Terminals Inc.
Mme Martine Ouellet
Mme
Ouellet :
Oui. Merci, M. le Président. Cet été, je suis allée à la rencontre des élus
municipaux et des citoyens concernant le projet de Chaleur Terminals.
C'est quoi,
le projet de Chaleur Terminals? Bien, en fait, c'est un très gros projet de
transport du pétrole bitumineux par
train sur la voie ferrée du CN le long du Saint-Laurent et dans la vallée de la
Matapédia pour exportation. Je dis bien «pour exportation», il n'y a pas de consommation au Québec et il n'y a
pas de transformation au Québec. On parle de 240 wagons par jour de pétrole bitumineux, ça veut dire 807 600
wagons par année. Pour une ville comme Drummondville, qui a déjà des wagons de matières dangereuses qui
traversent la ville dans son centre-ville, ça multiplierait par trois le
risque. Pour une ville comme
Rivière-du-Loup, ça multiplierait par sept le nombre de wagons dangereux qui
traversent Rivière-du-Loup, par sept.
C'est vraiment une augmentation du risque d'accident qui est épouvantable, qui
est effrayante. C'est totalement inacceptable pour les citoyens dans la
zone d'explosion.
Qu'est-ce que...
Le Président : M. le ministre
de l'Environnement.
M. David Heurtel
M. Heurtel : Merci, M. le Président.
Il faut rappeler que, l'an dernier, nous avons annoncé une vaste étude environnementale stratégique sur toute la question
des hydrocarbures, qui comprend le transport des hydrocarbures, alors le
transport pétrolier sous tous ses aspects. Alors, ça comprend la question de
sécurité.
Il est clair qu'un projet comme celui de
Belledune soulève des questions très importantes, et l'évaluation
environnementale stratégique va se pencher sur ces questions-là. Il va même y avoir
des consultations publiques, cet automne, à
ce sujet-là. Donc, la population québécoise va être entendue à ce sujet-là, et
nous allons considérer ça dans le cadre
de l'évaluation environnementale stratégique. Et, si le Parti québécois était
si préoccupé que ça du transport de pétrole par voie ferrée, pourquoi ont-ils autorisé le stockage du pétrole
albertain à Sorel en 2013? On se pose ces questions-là, M. le Président. Avoir un double discours :
quand on est au gouvernement, c'est un message, mais, quand on est dans
l'opposition, c'est un message complètement opposé.
Nous, on va écouter la population et on va
s'assurer de prendre les mesures qui s'imposent pour que les lois québécoises
en matière d'environnement soient respectées. Merci, M. le Président.
Le Président : Première
complémentaire, Mme la députée de Vachon.
Mme Martine Ouellet
Mme
Ouellet : Oui.
Merci, M. le Président. La position du Parti québécois, elle est très
claire : du pétrole bitumineux qui traverse le Québec pour exportation,
c'est non. Que ce soit par Énergie Est, que ce soit pour Chaleur Terminals, c'est non. Donc, je pense que l'étude
qu'ils sont en train de mener... le temps qu'ils mènent l'étude, le projet
risque de se réaliser.
Donc, quelle
est la position du gouvernement libéral? C'est assez simple comme projet, un
projet qui traverse le Québec avec
tous les risques, parce qu'on sait qu'il y en a, des accidents. Ce n'est pas
s'il va y avoir un accident, c'est : Quand il va y avoir un
accident, ça va être quoi, l'ampleur de l'accident? Quelle est leur position?
Le Président : M. le ministre
de l'Environnement.
M. David Heurtel
M.
Heurtel : Merci, M. le Président. Encore une fois, difficile de suivre
le Parti québécois, parce qu'au gouvernement le Parti québécois n'a pas imposé de Bureau d'audiences publiques sur
l'environnement au projet de TransCanada. C'est nous qui l'avons fait. Étonnant que, sur le projet du pipeline Enbridge,
politique de la chaise vide, le gouvernement du Parti québécois décide de ne pas défendre les intérêts du Québec à
l'Office national de l'énergie.
Encore une fois, stockage du pétrole albertain à Sorel : aucun problème sous le gouvernement du Parti québécois. Nous, de notre côté : évaluation environnementale stratégique
sur l'ensemble de la filière des hydrocarbures, avec consultation du public, pour vraiment
se faire une bonne tête...
Le Président :
En terminant.
M. Heurtel :
...sur l'ensemble des questions soulevées par un projet comme Belledune.
Le Président :
Complémentaire, M. le député de Rimouski.
M. Harold LeBel
M.
LeBel : Vous savez, à Rimouski,
le train passe en plein dans le centre-ville. Quand vous demeurez sur le bord
de la track puis que vous voyez que de plus en plus les convois sont longs, avec des produits dangereux, puis que la maison
tremble, vous avez le droit de vous poser des questions, vous avez le droit
d'avoir des réponses.
Est-ce que
le ministre, au moins, s'il ne peut pas répondre ici... est-ce qu'il peut répondre au maire de Rimouski,
l'ancien président de l'UMQ, qui, au nom des
citoyens de Rimouski, demande un BAPE sur ce projet dangereux? Est-ce qu'on pourrait avoir une réponse
pour les gens de chez nous, s'il vous plaît?
Le Président :
M. le ministre de l'Environnement.
M. David Heurtel
M.
Heurtel : Merci, M. le Président. Sur l'ensemble des questions
des hydrocarbures, notre gouvernement a été très clair sur le niveau de sérieux
qu'on accorde à ces questions-là.
Ce qu'on dit
clairement, c'est : Une évaluation environnementale stratégique sur
l'ensemble de la filière des hydrocarbures pour se pencher clairement sur les questions
de transport, mais également sur tous les autres projets importants. Que ça soit TransCanada, que ça soit
Enbridge, que ça soit tous les projets, ce qu'on va faire, c'est s'assurer
que les lois québécoises en matière environnementale soient respectées à la
lettre, M. le Président.
Le Président :
Principale, M. le député de La Peltrie.
Nomination de M.
John MacKay à titre de
président-directeur général de la Société
des établissements de plein air du Québec
M. Éric Caire
M.
Caire :
Merci, M. le Président. Hier, la ministre de la Sécurité publique nous disait
que le fait d'avoir une formation d'avocate,
même si elle n'a pas pratiqué le droit depuis 30 ans, qualifiait Mme Gauthier
au poste de présidente de la commission des libérations conditionnelles.
Aujourd'hui,
on comprend que le fait que M. MacKay soit un usager des installations de la
SEPAQ le qualifie amplement à titre
de P.D.G. de la société. Évidemment, ça n'a rien à voir avec le fait que ce
soient deux bons libéraux notoires.
Lueur d'espoir, le premier ministre a dit aujourd'hui que, des nominations
comme cela, il ne voulait plus en voir et qu'il fallait se baser sur la compétence. Il avait déjà dit ça en avril
2014. Il n'a pas été entendu par son Conseil des ministres.
Est-ce
que, cette fois, le premier ministre va être entendu par son gouvernement?
Est-ce qu'il va poser le seul geste décent dans les circonstances? Est-ce que ce
gouvernement-là va révoquer la nomination de Mme Gauthier et de M. MacKay?
Le Président :
M. le ministre des Forêts.
M. Laurent Lessard
M.
Lessard : Oui. Merci, M. le Président. Donc, concernant la
nomination de M. MacKay à la tête de la SEPAQ, je tiens à mentionner que, s'il n'a pas lu le rapport annuel de gestion
qui vient d'être déposé par le président, il aurait pu prendre connaissance que, un, suite au départ de
M. Desjardins, selon la loi, le conseil d'administration a constitué un comité
de recrutement. Ils se sont associés à une
firme d'experts, ils ont redéfini le profil de compétence et d'expérience, ils
ont lancé un appel de
candidatures — M. le
Président, je vais le déposer — et ils ont fait une seule recommandation au
conseil d'administration.
Alors,
M. MacKay a été quand même à la tête de la Société d'habitation du Québec
pendant sept ans. Il a géré le
principal parc immobilier du Québec à
logements social et communautaire. Donc, je pense que, sur son curriculum vitae, il est sûrement peut-être
meilleur que bien d'autres qui posent des questions ici, en Chambre.
Document déposé
Le Président : Est-ce qu'il y
a consentement pour le dépôt? Est-ce qu'il y a consentement pour le dépôt?
Consentement.
M.
le député de La Peltrie, en complémentaire.
M. Éric Caire
M.
Caire : M. le Président, M. MacKay lui-même à la question
«Avez-vous les compétences pour être P.D.G. de la SEPAQ?» a répondu : Bien oui, j'ai visité les installations. Le
premier ministre du Québec, ce matin, a dit : Je ne veux plus voir
ça, des nominations comme celles-là. C'est le premier ministre du Québec qui
vient de le dire.
Est-ce
que ce gouvernement-là va poser le seul geste décent dans les circonstances,
révoquer la nomination et de Mme Gauthier et de M. MacKay?
Le Président :
M. le ministre des Forêts.
M. Laurent Lessard
M.
Lessard : Si le député de La Peltrie a quelque chose à
blâmer concernant la nomination de M. MacKay, qui a eu un rapport exemplaire d'évaluation autant à la
SEPAQ que lors de son passage à la Régie du bâtiment, bien, qu'il le
dépose sur place.
S'il a à critiquer
maintenant la nomination par le conseil d'administration de la SEPAQ, qui a
fait un devoir exemplaire de revoir les compétences, tel que la loi le prévoit,
de s'associer avec un comité d'experts et de faire une recommandation au
gouvernement, s'ils ont un blâme à leur faire, c'est peut-être le temps. M.
MacKay a joui d'une évaluation exemplaire
lorsqu'il était à la Régie du bâtiment — c'est une société qui construit et qui gère
les immeubles et les ententes, même avec le fédéral, le provincial — et
maintenant est à la tête d'une société d'État.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de La Peltrie.
M. Éric Caire
M.
Caire : M. le Président, on sait parfaitement qui nomme les
membres du C.A. de la SEPAQ, là, ce n'est pas un secret pour personne. M. le Président, on pourrait peut-être, à ce
moment-là, se donner un processus collectif justement pour enlever les
doutes : qui nomme qui, qui nomme qui ensuite.
Mon collègue de
Deux-Montagnes a déposé un projet de loi sur les nominations partisanes. Est-ce
que ce gouvernement-là est d'accord pour
qu'on fasse cheminer et qu'on adopte ce projet de loi une bonne fois pour toutes?
Le Président :
M. le leader.
M. Jean-Marc Fournier
M.
Fournier : Comme vous savez, M. le Président, je l'ai
d'ailleurs dit avant-hier, je crois, lorsqu'on est revenus, nous avons décidé de permettre à des projets de
loi qui viennent de l'opposition de pouvoir venir sur le plancher et être
débattus. C'est vrai pour un projet qui a
été fait de la part du Parti québécois, qui a été adopté. On est en
consultations particulières sur un
projet de loi de Québec solidaire, et, à l'égard d'un projet de la CAQ,
d'ailleurs, je crois que vous allez vous-même
l'appeler à une motion du mercredi, tel que vous vous y êtes entendus quand
nous, on a donné du temps législatif pour pouvoir le faire, donc vous
allez l'appeler, et la Chambre pourra en rediscuter.
Et
on aura l'occasion de rappeler, M. le Président, à ce moment-là que le chef de
la deuxième opposition, en 2012, en
campagne électorale, dans une entrevue à Denis Lessard donnée dans l'autobus de
campagne, il disait que son projet à lui, c'était de congédier tout le
monde qui ne pensait pas comme lui...
• (11 heures) •
Le Président :
En terminant.
M. Fournier :
...pour implanter seulement ses amis. Je fais référence à des déclarations
qu'il a faites...
Le Président :
Principale, monsieur...
Des voix :
...
Le Président :
Principale? Oui, M. le leader du deuxième groupe.
M.
Bonnardel : Est-ce que le leader du gouvernement pourrait
nous prouver où il a entendu, ou lu, exactement?
Des voix :
...
Le Président :
Ah! ça va aller. Ça va aller. M. le leader du gouvernement, en principale.
Modalités d'inscription au Forum
des idées pour le Québec
M. Bernard Drainville
M. Drainville : Merci, M. le
Président. M. le Président...
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît!
M. Drainville : ...mardi,
mardi, le ministre de l'Éducation s'est levé...
Des voix : ...
M. Drainville : M. le
Président, je ne m'entends...
Le
Président : Nous sommes à la période de questions, je vous le
rappelle, puis ce n'est pas terminé. M. le leader du gouvernement.
M.
Drainville : M. le
Président, mardi, le ministre de l'Éducation s'est levé pour inviter les
Québécois à ce qu'il a appelé l'événement
de l'automne en matière d'éducation, le Forum des idées. Alors, on est allés
sur le site Internet du Forum des
idées et on tombe sur le site Internet du Parti libéral du Québec, M. le
Président. Et là, pour s'inscrire, il faut faire le chèque à qui, vous pensez, M. le Président? On se dit : On fait
le chèque au ministre de l'Éducation, c'est le ministre de l'Éducation qui nous invite au forum. Bien,
non, il faut faire le chèque de 150 $ au Parti libéral du Québec, M. le
Président.
M. le Président, le ministre de l'Éducation nous
invite, depuis son siège de ministre, à jaser éducation, mais, pour ça, il faut
aller dans un colloque du Parti libéral puis faire un chèque au Parti libéral.
Est-ce qu'on
peut savoir, M. le Président, pourquoi il faut payer 150 $ au Parti
libéral pour avoir le privilège de discuter éducation avec le ministre
de l'Éducation?
Le Président : M. le ministre
de l'Éducation.
Des voix : ...
Le Président : Alors, s'il
vous plaît, là! La question a été bien posée. J'ai ramené l'ordre pour
permettre à la question de se poser, pas
pour continuer une deuxième fois, pour permettre à la réponse d'être entendue.
M. le ministre, c'est à vous, la parole.
M. François Blais
M.
Blais : M. le Président, je veux rappeler que le chef du Parti libéral
du Québec, lorsqu'il s'est présenté pour devenir chef du Parti libéral, a dit qu'il voulait que le Parti libéral
redevienne ce grand parti qui a fait bouger le Québec, hein, depuis près
de 150 ans. Et, pour y arriver... Et, pour y arriver...
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît!
Des voix : ...
M. Blais : Je peux y aller?
Le Président : Allez-y.
M. Blais : Oui? Et, pour y arriver,
il...
Une voix : ...
Le Président : M. le député
de... enfin lui, Sanguinet. Allez-y.
M.
Blais : Donc, il voulait que, sur une base annuelle, les militants,
là, puissent rencontrer des experts, mais aussi la population, sur les
grands enjeux du siècle, dont l'éducation. Donc, il ne s'agit pas de venir
rencontrer le ministre de l'Éducation. Moi,
j'y serai, mais à titre de spectateur. J'ai hâte d'entendre les grands
spécialistes du monde entier nous parler des grands enjeux de
l'éducation pour l'avenir.
Le Président :
Première complémentaire, M. le leader de l'opposition.
M. Bernard Drainville
M.
Drainville : M. le
Président, c'est à titre de ministre de l'Éducation qu'il nous a invités à
participer au colloque cette semaine. Il s'est levé depuis son siège de
ministre de l'Éducation.
M. le
Président, on n'est pas contre un colloque sur l'éducation, nous autres. On est
pour ça, l'éducation, on pose des
questions sur l'éducation depuis le début de la rentrée. Le problème qu'on a,
c'est : Pourquoi faut-il faire un chèque au Parti libéral pour aller discuter d'éducation au Québec? Depuis quand
il faut faire un chèque au Parti libéral pour discuter d'éducation au Québec à l'invitation du ministre
de l'Éducation? Allez-vous le rendre gratuit et ouvert à tout le monde?
Le Président : M. le ministre
de l'Éducation.
M. François Blais
M. Blais : Écoutez, je le réitère,
là, je pense que... je réitère que cet automne, M. le Président, là...
Des voix : ...
Le
Président : Aïe! S'il vous plaît, là! On a commencé la semaine
en nous parlant non seulement d'un protocole, de sérieux qu'on devrait avoir dans cette Assemblée. Ne finissons pas la
semaine à se bidonner. M. le ministre de l'Éducation.
M.
Blais : Voilà. Alors, je réitère que, cet automne, il y a quand même
un grand événement pour tous ceux qui s'intéressent,
là, à l'éducation, à l'avenir de l'éducation au Québec. Il est organisé, bien
sûr, par le Parti libéral, mais il est multiparti,
il y a des gens de différents partis, il y a des gens qui sont sans aucune
affiliation aux partis qui vont être là pour discuter d'éducation,
pour...
Une voix : ...
Le
Président : Mme la députée de Duplessis, je voudrais entendre
la fin. Là, là, on gaspille notre temps. Vous avez décidé d'arrêter
d'applaudir pour éviter de gaspiller du temps, arrêtez de le gaspiller
autrement.
M. le ministre de l'Éducation, c'est à vous à
terminer. Il vous reste huit secondes.
M.
Blais : Je maintiens l'invitation. C'est un événement important, là,
pour comprendre les grands enjeux et l'avenir de l'éducation...
Le Président : En terminant.
M. Blais : ...au Québec et partout
dans le monde.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le leader du gouvernement... de l'opposition.
M. Bernard Drainville
M.
Drainville : M. le
Président, là, ça, c'est un bel exemple où le ministre confond l'intérêt
québécois, l'intérêt public du
Québec, des Québécois pour l'éducation et l'intérêt libéral. Il y a une
distinction entre l'intérêt public et l'intérêt libéral.
Les gens qui veulent parler d'éducation, les
gens qui veulent parler d'éducation, M. le Président, qui veulent participer à ce colloque-là, ils sont obligés de
faire un chèque au Parti libéral. Ce n'est pas acceptable, ce n'est pas normal.
C'est l'événement de la rentrée, dites-vous, c'est la priorité de la rentrée,
l'éducation. Les gens ne devraient pas...
Le Président : M. le leader
du gouvernement.
M. Jean-Marc Fournier
M. Fournier :
M. le Président, je suis un peu étonné de l'élan de jalousie du côté du Parti
québécois. Nous souhaitons, M. le Président, un Parti libéral — et on souhaiterait que tous les partis
soient un peu comme nous — ouvert à même ceux qui
ne partagent pas leur point de vue, qui viennent participer à un échange. Ce
n'est évidemment pas le seul forum où il se parle d'éducation.
Le leader
s'est levé tantôt pour dire : On parle d'éducation dans nos questions puis
ici, en Chambre. Puis vous allez
continuer, parce que c'est comme ça que ça marche. On a un salon bleu pour
faire ça, on a des commissions pour faire ça. Mais, quand un parti
politique décide qu'on va ouvrir les portes plus larges dans nos partis, dans
le nôtre...
Le Président : En terminant.
M. Fournier : ...pour pouvoir entendre ce que les Québécois
pensent de l'éducation et l'appliquer pour l'avenir du Québec...
Le Président :
Et cela met fin à la période de questions et réponses orales.
Des voix :
...
Le Vice-Président (M. Gendron) : S'il
vous plaît! Moi, je voudrais
poursuivre, mais là ça n'a pas l'air que j'ai le climat requis pour le
faire.
Des voix :
...
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, on va suspendre pour quelques minutes. Les
travaux sont suspendus.
(Suspension de la séance à
11 h 7)
(Reprise à 11 h 9)
Motions
sans préavis
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, en fonction de nos règles et de l'ordre de présentation des motions
sans préavis, je reconnais maintenant un membre du deuxième groupe d'opposition
pour la présentation de sa motion sans préavis. À vous, Mme la députée
de Montarville, pour votre motion.
Mme
Roy
(Montarville) : Merci, M. le Président. Alors, je
demande le consentement pour déposer la motion suivante conjointement
avec la députée de Taschereau :
«Que
l'Assemblée nationale exige du gouvernement d'appliquer les recommandations du
rapport Bouchard-Taylor en matière de
laïcité, notamment celles concernant l'interdiction du port de signes religieux
par des agents de l'État en position d'autorité.» Merci.
• (11 h 10) •
Le Vice-Président (M. Gendron) : C'est très clair. Y a-t-il consentement pour
débattre de cette motion? Il n'y a pas consentement.
Nous
en sommes maintenant à un membre du groupe formant le gouvernement, et je
reconnais Mme la ministre de la Justice pour la présentation de sa
motion sans préavis. Mme la ministre de la Justice, à vous la parole.
Souligner la Journée d'action
contre la
violence sexuelle faite aux femmes
Mme
Vallée : Alors, M. le Président, je sollicite le consentement
de cette Assemblée afin de présenter la motion suivante conjointement avec la députée d'Hochelaga-Maisonneuve, la
députée de Montarville et la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques :
«Que
l'Assemblée nationale souligne la tenue, le 18 septembre prochain, de la
Journée d'action contre la violence sexuelle faite aux femmes;
«Qu'elle
profite de l'occasion pour réitérer l'importance d'une action forte et
concertée, gage de notre détermination commune à intervenir afin
d'éradiquer ce fléau;
«Qu'elle réitère que
cette intervention interpelle tant les femmes que les hommes;
«Qu'elle
remercie l'ensemble des personnes et des groupes qui ont contribué aux échanges
du Forum itinérant en matière d'agression sexuelle ainsi qu'à la
commission parlementaire qui l'a précédé;
«Qu'elle
salue, enfin, le travail admirable effectué par toutes celles et par tous ceux
qui sont mobilisés au quotidien afin de contrer les agressions sexuelles
et de soutenir [ces] victimes.»
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Alors, M. le leader adjoint du gouvernement, y a-t-il
consentement pour débattre de cette motion?
M.
Sklavounos : Oui, M. le Président, il y a consentement pour
le débat. On parle d'interventions d'une durée maximum de deux minutes,
à commencer par notre ministre de la Justice, qui est l'auteure de la motion,
suivie de la députée d'Hochelaga-Maisonneuve, la députée de Montarville et
enfin la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, on a bien compris. Deux minutes par
intervenant. Je cède la parole à Mme la ministre de la Justice pour la
présentation de son contenu.
Mme
Stéphanie Vallée
Mme Vallée : Merci, M. le
Président. À tous les troisièmes vendredis du mois de septembre, des milliers
de femmes à travers le monde commémorent les manifestations de femmes
américaines tenues en 1978 sous la bannière La nuit,
femmes sans peur pour dénoncer les agressions sexuelles et les autres
formes de violence sexuelle dont les femmes, malheureusement, et les enfants
sont les principales victimes.
Depuis, cette
lutte se poursuit. Au Québec, elle est portée par nombre d'intervenants et
d'intervenantes mobilisés à tous les
niveaux, dont les groupes, les organismes, les intervenants des réseaux de la santé et des services sociaux ainsi que
les services policiers. Cette lutte s'incarne également par les actions
découlant de nos politiques publiques et de nos plans d'action, notamment celui en matière d'agression sexuelle.
D'ailleurs, le 8 septembre dernier à
Gatineau, nous tenions la dernière
des trois rencontres prévues dans le cadre
du Forum itinérant en matière d'agression sexuelle. Rappelons qu'il s'agissait d'une initiative conjointe du
gouvernement et des partis d'opposition à la suite de la vague de dénonciations
dans l'espace public survenue l'automne dernier.
Ensemble, nous
avons le devoir de réfléchir sur les façons de mieux prévenir et de contrer les
agressions sexuelles de même que sur les solutions pour mieux épauler
les personnes qui en sont victimes. Le phénomène de la violence sexuelle est un problème complexe, il touche des
personnes de tous les âges, de toutes les origines, de tous les milieux,
malheureusement principalement les femmes et
les enfants. Lors de ces agressions, elles laissent dans leur sillage des vies
brisées, des âmes blessées et fragilisées
par la honte, par la peur et par les préjugés. Dans ces circonstances où les
réalités sont multiples, il est
essentiel de développer une approche inclusive et adaptée, et nous sommes
notamment préoccupés par la situation
en milieu autochtone, et nous voulons poursuivre le travail de concert avec les
communautés pour briser le cycle de
la violence envers les femmes, peu importe la forme qu'il emprunte. M. le
Président, les hommes et les femmes du
Québec doivent continuer de se mobiliser afin de contrer ce fléau, et c'est
avec des actions comme la journée d'action contre la violence faite aux
femmes que nous y arriverons. Merci.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, merci, Mme la ministre de la Justice. Je cède maintenant la parole à la
porte-parole de l'opposition officielle en ces matières, Mme la députée
d'Hochelaga-Maisonneuve. À vous la parole.
Mme Carole Poirier
Mme
Poirier : Merci, M. le Président. En cette Journée d'action
contre la violence sexuelle faite aux femmes, je souhaite profiter de cette tribune pour lancer un message aux hommes.
Oui, j'aurais aimé ce matin que les hommes se lèvent dans cette Chambre pour prendre la parole, pour dénoncer la
culture du viol, pour réclamer de l'aide avant un drame familial, pour
solliciter les autres hommes à accepter la notion de consentement, à ne plus
banaliser les victimes d'agression sexuelle,
à encourager la dénonciation, à épauler les victimes dans leurs démarches vers
la justice, à se mobiliser contre la
prostitution, à arrêter de fermer les yeux sur la traite de nos jeunes filles,
à regarder les femmes comme des objets sexuels que l'on peut acheter,
louer et finalement en disposer à sa guise parce qu'on paie.
En cette
Journée d'action contre la violence sexuelle faite aux femmes, et surtout après
les trois journées de forum tenues à
Montréal, Gatineau et Rivière-du-Loup, où des messages comme : La
révolution sexuelle des femmes n'est pas encore faite, qu'il faut encore
combattre les tabous, qu'il serait aujourd'hui temps que l'on croie les victimes,
que la dénonciation n'appartient pas juste à
la victime, que les abus ne sont pas acceptables, que le silence sert les
abuseurs, que les victimes ont une
blessure pour le reste de leur vie et... que, finalement, comme parlementaires
et comme société, nous reconnaissions officiellement que l'égalité n'est
pas encore faite.
Je termine
cette prise de parole en demandant au ministre
de l'Éducation d'ouvrir les portes
toutes grandes aux organismes qui
oeuvrent en matière d'éducation à la
sexualité afin que l'éducation qui sera donnée à nos enfants soit faite par des professionnels ayant une formation
adéquate, un programme valorisant les rapports égalitaires. Si nous voulons
changer la société de demain, il faut
changer les paradigmes, mettre fin à la vente du corps des femmes, cesser la
banalisation de l'hypersexualisation de nos jeunes filles et des
garçons...
Des voix : ...
Mme
Poirier : ... — M. le Président, ça serait le fun d'avoir le
silence en cette Chambre ce matin — donner une éducation à la sexualité, abolir la pornographie, apprendre ce que c'est
que le consentement et soutenir adéquatement celles qui ont le courage
de dénoncer.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Bien, merci, Mme la députée. Je reconnais maintenant Mme la députée de
Montarville sur cette même motion sans préavis. Allez.
Mme Nathalie Roy
Mme Roy
(Montarville) : Merci beaucoup, M. le Président. Alors,
c'est tout naturel pour moi de joindre ma voix à celles de mes collègues afin de renforcer l'importance de la Journée
d'action contre la violence sexuelle faite aux femmes, qui sera tenue
demain.
Et je voudrais revenir sur les propos de Mme la
ministre. Elle a fait état d'un forum itinérant pour contrer les agressions sexuelles, et je tiens à souligner que
ça a été un moment important. Mme la ministre l'a dit, mais je le répète,
on a rencontré des gens extraordinaires, à
Montréal, Québec, mais itinérant, donc à Rivière-du-Loup, à Gatineau, et ces
gens-là sont venus nous dire des choses très importantes.
C'étaient
surtout des gens qui intervenaient avec les victimes d'agression sexuelle,
certains en prévention, d'autres après
coup, de tous les domaines, de tous les horizons, c'était extrêmement
intéressant. Et on a travaillé ensemble malgré nos différends politiques — parce que Dieu sait que nous en avons — c'était non partisan. Et c'est extrêmement
important que les gens qui nous
écoutent comprennent qu'il y a une joute partisane, mais il y a des moments où
nous sommes capables de travailler
ensemble malgré nos différends. C'est ce que nous avons fait durant ce forum,
et je voulais saluer ça parce que c'est extrêmement important.
C'est
important parce que nous avons un but en commun : tenter de contrer les
agressions sexuelles. Le problème des
agressions sexuelles en est un complexe, aux causes et aux répercussions
multiples. Il ne touche pas que les femmes, mais bien l'ensemble de la société. Nous devons collectivement briser et
continuer de tenter de briser cette culture du silence et de la honte qui pèse
sur les victimes, tant les femmes, les hommes aussi, que les enfants qui en
sont malheureusement victimes.
Nous
avons le devoir de s'assurer que les efforts de toutes les vaillantes personnes
que nous avons rencontrées, bien, ce
ne soit pas un coup d'épée dans l'eau. Alors, nous devons trouver une solution,
nous le devons pour les victimes et pour les générations futures. Merci,
M. le Président.
• (11 h 20) •
Le Vice-Président (M. Gendron) : Bien, merci, Mme la députée. Je cède maintenant
la parole à Mme la députée de
Sainte-Marie—Saint-Jacques,
toujours sur cette même motion, en rappelant qu'on a fixé des temps avec un
maximum de deux minutes.
Mme
Manon Massé
Mme
Massé : Merci de le rappeler. Je suis vraiment très heureuse de
souligner, une fois de plus, cette journée-là qui, dans le fond... souvent, dans les milieux et peut-être dans vos
villes et villages, on la connaît, cette journée-là, plus sous le
vocable de «la nuit, femmes sans peur».
Ça
fait quand même depuis les années 70 que les femmes se sont regroupées
pour dire : Écoutez, les agressions sexuelles relèvent d'un mécanisme dont on doit changer les fondements,
les paradigmes, si on veut que ça cesse et ça arrête. Années 70, ça
fait quand même plusieurs années.
Oui,
le forum a été un moment majeur. D'ailleurs, la rencontre avec les femmes
autochtones, qui s'en vient sous peu
cet automne, sera aussi intéressante et nourrissante sur la compréhension des
enjeux. Mais, ceci étant dit, je pense que,
45 ans plus tard, on est capables de convenir que c'est aussi une question
de choix personnel, de choix collectif, de choix politique, et, en ce sens, j'ose espérer que tout le travail qui a
été fait et, comme le disaient mes collègues, bien fait dans le cadre des forums nous permettra de trouver
la clé qui nous permettra de faire en sorte que les agressions sexuelles...
Et
là il faut s'entendre. Agression sexuelle, on voit... on a
des images quand on pense à ça. Souvent, les gens nous disaient : Agression sexuelle, abus sexuel,
abus, c'est ça, hein, la petite blague, là, quand on dit :
Bien oui, mais ce n'est rien qu'une
petite blague. Bien, en bout de ligne, quand ça fait la 10e fois que tu l'entends
dans la même journée, là, ce n'en est plus une, blague,
ça devient une agression, ça devient agressant. Ça n'a pas été nommé, tout le
domaine de la cyberagression, la cyberintimidation, je pense qu'on a des nouveaux défis qu'on n'avait pas
voilà 40 ans. Et, dans ce
sens-là, je suis heureuse
de pouvoir contribuer avec mes collègues à essayer de trouver des solutions
pour que le poids de la honte change de côté.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Merci, Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Mise
aux voix
Est-ce que cette
motion est adoptée?
Des voix :
Adopté.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Adopté. Toujours à la rubrique des motions sans
préavis, je cède maintenant la parole
à un membre du groupe formant l'opposition officielle et je reconnais Mme la
députée de Taschereau pour la présentation de sa motion. À vous.
Exiger du gouvernement qu'il
demande aux partis fédéraux
de s'engager à interdire le vote à visage couvert
Mme
Maltais :
Merci, M. le Président. Je sollicite le consentement des membres de cette
Assemblée afin de présenter la motion suivante :
«Que l'Assemblée
nationale exige du gouvernement libéral qu'il demande aux partis fédéraux de
s'engager formellement à interdire le vote à visage couvert.»
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M.
Sklavounos :
Oui, M. le Président, il y a consentement pour des interventions d'une durée
maximale de deux minutes par intervenant et selon l'ordre suivant : la
députée de Taschereau, auteure de la motion, la députée de Montarville, le
député de Mercier et ensuite notre ministre de la Justice pour terminer. Merci.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Alors, on a bien compris : oui, il y a
consentement, des interventions de deux
minutes. Je cède à nouveau la parole à Mme la députée de Taschereau, l'auteure
de cette motion. À vous pour deux minutes.
Mme Agnès Maltais
Mme
Maltais : Merci, M. le Président. Alors, je suis très
contente qu'il y ait acceptation qu'on... qu'il y ait dépôt de cette motion et qu'il y ait un débat sur cette
motion. En général, ça signifie qu'on est... Quand on dépose, qu'on débat,
je comprends donc qu'il y aura probablement vote unanime de l'Assemblée
nationale, ce qui est très important. On a déjà
dans nos lois, ici, au Québec, cette interdiction de voter à visage couvert.
C'est la façon de faire québécoise et elle est dégagée... elle est venue, dans cette loi, de la part de... c'est
venu d'un grand consensus québécois, quasi unanime. Alors, de demander en ce moment aux partis
fédéraux, qui sont en campagne électorale, d'adopter cette pratique chez
nous, parce qu'il y aura vote chez nous, c'est important, et il est temps de le
faire.
Mais
ce qui m'étonne, M. le Président, et ce qui me rend très contente, là... Je
veux vraiment féliciter le déplacement du
gouvernement dans sa vision des choses. Hier, quand on parlait du niqab, de l'interdiction
du niqab pour l'accession à la
citoyenneté, le gouvernement disait : Nous ne voulons pas nous immiscer en
campagne électorale, ce avec quoi nous ne
sommes pas d'accord, mais aujourd'hui le gouvernement accepte vraiment
d'intégrer cette demande-là dans la liste des demandes du Québec, donc d'intervenir en campagne électorale. C'est
bien, je constate que ce déplacement est positif. Je comprends qu'il y a eu un tollé général, qu'il
y a eu des réflexions qui se sont faites hier, on s'est ajusté à l'opinion
publique, c'est bien. Mais c'est aussi une question de valeurs. Alors, M. le
Président, le gros bon sens est revenu au Parti
libéral, j'en suis contente, je félicite ce déplacement. Quand une position est
claire, pourquoi hésiter à l'affirmer, surtout en campagne électorale
fédérale?
Maintenant,
il restera aux partis politiques fédéraux à nous répondre, à répondre à cette
Assemblée nationale. Nous voulons que le vote au Québec, quel que soit
le palier, se passe à visage découvert. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, merci, Mme la députée de Taschereau, de
votre intervention. Alors, pour la
poursuite du débat, toujours sur cette même motion, je reconnais maintenant Mme
la députée de Montarville. À vous.
Mme
Nathalie Roy
Mme
Roy
(Montarville) : Merci, M. le Président. Alors, il me
fait plaisir de joindre ma voix à celle de la députée de Taschereau pour que l'Assemblée nationale exige
du gouvernement libéral qu'il demande aux partis fédéraux de s'engager
formellement à interdire le vote à visage couvert.
Vous
savez, hier j'ai présenté une motion fondée sur les mêmes principes d'égalité
et de respect envers nos valeurs en
sollicitant le consentement de cette Assemblée pour exiger du gouvernement
fédéral... effectivement pour que nous, ici, nous exigions du gouvernement fédéral qu'il adopte dès que possible une
loi pour rendre obligatoire le serment de citoyenneté à visage découvert. Pour ne pas appuyer notre motion hier,
je déplore que la ministre de la Justice soutienne que le fait que le
gouvernement fédéral compte porter la décision de la cour fédérale d'appel
devant la Cour suprême l'empêche de se
prononcer, j'aurais vraiment aimé qu'elle se prononce, c'est dommage. Les
libéraux ont refusé de le faire hier
et de voter une motion qui affirme notre souhait collectif de protéger les
valeurs québécoises et de lancer un message fort au gouvernement fédéral. Pourtant, le défunt projet
de loi C-75 à Ottawa
est le même principe qui est reconnu par le gouvernement Couillard actuellement dans son projet
de loi n° 62, c'est-à-dire de s'assurer que les services
publics soient rendus à visage
découvert.
D'ailleurs, tout à
l'heure, aussi, parlant de motion, j'en ai déposé une, et encore une fois le gouvernement
est incapable d'appuyer notre motion et
d'avaliser les recommandations du rapport Bouchard-Taylor en ce qui concerne les agents de l'État
en position d'autorité. Pour nous, c'est un manque de cohérence, c'est un
manque de courage aussi, et ça me
désole, ça me désole. Pour le moment, cependant, nous sommes sur cette motion, cette motion que
j'appuierai parce qu'il est important de défendre nos valeurs et de voter à visage
découvert, tout comme prêter serment à visage découvert, ça fait partie
de nos valeurs ici, au Québec et au Canada. Merci.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Merci. Je reconnais maintenant
M. le député de Mercier, toujours sur cette même motion. À vous la parole, M.
le député.
M.
Amir Khadir
M. Khadir :
Merci, M. le Président. Québec solidaire n'a aucune difficulté à joindre sa
voix à cette motion. J'entends ma collègue
de la CAQ qui demande au gouvernement
libéral d'aller plus loin. Bien sûr,
on peut quand même reconnaître
la valeur de cette politique des petits pas, c'est des petits pas. C'est
certain que nous aimerions que nous puissions
plus rapidement obtenir des garanties de la part du gouvernement que nous allons aboutir avec une charte de la laïcité. Parce
qu'en fait, si Québec solidaire était au pouvoir, si c'est nous qui avions
gagné les élections de 2014, d'ores et
déjà nous aurions une charte de la laïcité qui énoncerait un certain nombre de
principes, notamment que les services de
l'État... — là-dessus
je prends... c'est un extrait du projet de loi présenté par ma collègue de
Gouin — donc que
les services de l'État seront
dispensés à visage découvert et que l'on doit avoir le visage découvert pour
obtenir un service public, sauf en cas d'urgence, y compris dans les écoles
et les établissements de santé.
C'est
sûr que ça vient baliser notre approche aussi lorsqu'il s'agit de poser des
gestes à portée démocratique, publics, qui
sont l'interaction privilégiée, en fait, des citoyens avec leurs institutions
démocratiques à travers le vote. Donc, ça s'applique bien sûr au vote. Ceci traduit notre engagement à ce que les
relations avec l'État en général se fassent à visage découvert. Pour nous, aucun signe ostentatoire ne
devrait être permis par les personnes qui exercent l'autorité de l'État.
C'est là la dimension plus importante et qu'il est urgent de mettre en branle,
c'est-à-dire aucun signe ostentatoire ne devrait être permis par les personnes qui exercent
l'autorité au nom de l'État. Et là-dessus je rappelle à cette Assemblée
que les positions sont passablement rapprochées, et nous nous demandons encore
si le gouvernement ne devrait pas accélérer son évaluation de l'opportunité de
présenter un projet de loi là-dessus. Merci.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Merci, M. le député de Mercier. Je reconnais
maintenant, pour la dernière intervention, Mme la ministre de la
Justice. À vous.
Mme
Stéphanie Vallée
Mme
Vallée : M. le Président, pourquoi avons-nous donné notre
accord à cette motion? Nous avons donné notre accord à cette motion
parce qu'en 2007 cette Assemblée adoptait à l'unanimité le projet de loi
n° 43, projet de loi qui prévoyait que
le vote se faisait à visage découvert au Québec. Malgré toutes les différences
que nous avions ici, en cette Chambre, en 2007, nous nous sommes
entendus sur un principe : le principe que les services publics étaient
offerts et rendus... rendus et reçus à
visage découvert, et nous avons mis, par le projet de loi n° 43, la
première pierre de ce principe-là.
Maintenant,
depuis 2007, nous avons tenté à maintes reprises d'intégrer ce principe-là et
d'en faire un principe général. Ma
collègue ministre du MIDI avait déposé le projet de loi n° 94 qui
reconnaissait cette unanimité, que nous avons tous aujourd'hui encore, que les services publics, au Québec, pour des
raisons de sécurité, de communication et d'identification, sont offerts
à visage découvert et sont rendus à visage découvert.
• (11 h 30) •
Par
contre, qu'est-ce qui est arrivé? On a préféré, du côté du Parti québécois,
s'accrocher sur ce sur quoi on n'était pas
d'accord. J'ai déposé le projet de loi n° 62. Le projet de loi n° 62,
qu'est-ce qu'il fait, M. le Président?
Il indique, il édicte des principes
avec lesquels nous sommes tous en
accord. Le principe... et, on l'a encore vu hier, on a réitéré, on a voulu réitérer que la prestation de services était
reçue et était offerte à visage découvert. Pourquoi, avant de faire la morale
au gouvernement fédéral, on ne peut pas
ensemble faire comme on l'a fait pour la Loi électorale en 2007, s'entendre et
adopter le projet de loi n° 62?
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Est-ce que cette motion est adoptée?
Une voix :
...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Oui?
Une voix :
...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Alors, le vote par appel nominal est demandé. M. le
leader adjoint?
Une voix :
...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : On l'accorde. Alors, que l'on appelle les députés.
• (11 h 31 — 11
h 36) •
>1423 Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, nous allons mettre aux voix, par appel nominal, la dernière motion
qui a été présentée.
Mise aux voix
Alors, qu'on procède
au vote. Quels sont ceux qui sont favorables?
Le
Secrétaire adjoint : M. Drainville (Marie-Victorin), M. Bérubé
(Matane-Matapédia), Mme Poirier (Hochelaga-Maisonneuve),
Mme Lamarre (Taillon), M. Bergeron (Verchères), M. Therrien (Sanguinet), Mme
Maltais (Taschereau), M. LeBel (Rimouski), Mme Hivon (Joliette), M.
Lisée (Rosemont), M. Pagé (Labelle), M. Cousineau (Bertrand), M. Rochon (Richelieu), M. Leclair (Beauharnois), M.
Villeneuve (Berthier), Mme Ouellet (Vachon), M. Turcotte (Saint-Jean),
M. Kotto (Bourget), Mme Richard (Duplessis), M. Roy (Bonaventure).
M. Fournier (Saint-Laurent), Mme
Thériault (Anjou—Louis-Riel),
M. Paradis (Brome-Missisquoi), M. Hamad (Louis-Hébert), M. Dutil (Beauce-Sud), M. Leitão (Robert-Baldwin), M.
Coiteux (Nelligan), M. Moreau (Châteauguay), Mme David (Outremont), M. D'Amour (Rivière-du-Loup—Témiscouata), M. Huot (Vanier-Les Rivières),
M. Kelley (Jacques-Cartier), Mme
Vallée (Gatineau), M. Lessard (Lotbinière-Frontenac), M. Barrette
(La Pinière), M. Blanchette (Rouyn-Noranda—Témiscamingue), M. Heurtel
(Viau), M. Arcand (Mont-Royal), Mme Charbonneau (Mille-Îles), M. Daoust (Verdun), Mme Weil
(Notre-Dame-de-Grâce), Mme Vien (Bellechasse), M. Billette (Huntingdon), M.
Blais (Charlesbourg), M. Reid (Orford), Mme Boulet (Laviolette), Mme
Vallières (Richmond), M. Morin (Côte-du-Sud), M.
Bernier (Montmorency), M. Ouellette (Chomedey), Mme Charlebois (Soulanges), Mme
Ménard (Laporte), M. Sklavounos (Laurier-Dorion), M. Girard
(Trois-Rivières), Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger), M. Carrière (Chapleau), M.
Drolet (Jean-Lesage), M. Chevarie (Îles-de-la-Madeleine), M. Matte (Portneuf),
M. Simard (Dubuc), M. Tanguay (LaFontaine),
M. Bolduc (Mégantic), Mme de Santis (Bourassa-Sauvé), M. Rousselle
(Vimont), M. Proulx (Jean-Talon), M. Giguère (Saint-Maurice), M. Fortin
(Sherbrooke), M. Fortin (Pontiac), M. Bourgeois (Abitibi-Est), M. Birnbaum (D'Arcy-McGee), M. Auger (Champlain),
M. Habel (Sainte-Rose), M. Hardy (Saint-François), M. Merlini (La Prairie), Mme
Montpetit (Crémazie), Mme Nichols (Vaudreuil), M. Plante (Maskinongé), M. Polo
(Laval-des-Rapides), Mme Simard (Charlevoix—Côte-de-Beaupré), M. St-Denis
(Argenteuil), Mme Tremblay (Chauveau).
M. Legault
(L'Assomption), M. Bonnardel (Granby), M. Caire (La Peltrie), M. Charette
(Deux-Montagnes), M. Martel
(Nicolet-Bécancour), Mme Roy (Montarville), Mme Samson (Iberville), M. Roberge
(Chambly), M. Laframboise (Blainville),
M. Schneeberger (Drummond—Bois-Francs),
Mme D'Amours (Mirabel), M. Lemay (Masson), Mme Lavallée (Repentigny), M. Surprenant (Groulx), Mme Soucy
(Saint-Hyacinthe), M. Spénard (Beauce-Nord), M. Paradis (Lévis), M.
Jolin-Barrette (Borduas).
Mme David (Gouin), M. Khadir (Mercier), Mme Massé
(Sainte-Marie—Saint-Jacques),
Mme Roy (Arthabaska).
Le Vice-Président (M. Gendron) : Y a-t-il des abstentions? Alors, M. le secrétaire
général, pour le résultat du vote de cette motion.
Le
Secrétaire : Pour : 103
Contre :
0
Abstentions :
0
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, merci. Cette motion est adoptée.
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Oui, oui, oui.
M.
Drainville : ...non
seulement au président
et la Chambre des communes, M. le
Président, mais à tous les chefs
des partis politiques fédéraux.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Est-ce
que c'est la volonté de l'ensemble des parlementaires? Alors, l'Assemblée
nationale...
Des voix : ...
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Oui, ça ne sera pas long, un instant. S'il
vous plaît, s'il vous plaît, les travaux ne sont pas suspendus, là. Oui, Mme la députée de Gouin.
Des voix : ...
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
S'il vous plaît, Mme la
députée de Gouin,
juste une seconde. Oui, il y a une autre
motion sans préavis, mais c'est toujours la même règle : il y a
moyen de quitter cette Chambre dans le silence et l'ordre tant que la
rubrique n'est pas terminée, par respect pour les collègues parlementaires.
Des voix : ...
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Il n'y a pas de suspension, alors ceux qui doivent sortir,
dans le silence, et on poursuit là où
nous en sommes. Nous sommes à la rubrique des motions sans préavis, et je
reconnais Mme la députée de Gouin pour la présentation de sa motion
sans préavis au même titre que les autres collègues. À vous.
Mme David (Gouin) : Merci,
M. le Président. Je demande le
consentement de la Chambre pour débattre de la motion suivante conjointement avec le ministre des Affaires municipales et de l'Occupation du territoire et la
députée d'Hochelaga-Maisonneuve :
«Que l'Assemblée nationale prenne acte du rapport du directeur de [la] santé
publique de Montréal qui souligne que les personnes âgées, en particulier les personnes seules, les
locataires, les immigrants récents, et les personnes vivant dans les
grandes villes sont plus susceptibles que les autres d'habiter des logements
inabordables.
«Que l'Assemblée nationale invite le gouvernement à poursuivre ses investissements pour la rénovation et la mise aux
normes des logements afin d'en assurer la salubrité, qu'il poursuive également
son programme de subvention aux loyers de même que ses investissements
pour la construction de logements sociaux et communautaire.
«Qu'elle
réitère enfin la motion adoptée à l'unanimité le 21 mai 2015 et invite le
gouvernement fédéral à mettre fin au désinvestissement en matière de
logement social.»
• (11 h 40) •
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion? M. le leader adjoint,
c'est...
Une voix : ...
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
On ne plaide pas. Il n'y a pas consentement. Alors, il n'y a pas consentement.
Alors, nous avons terminé la rubrique des
motions sans préavis et je cède la parole à M. le leader adjoint du
gouvernement pour la poursuite de nos travaux.
M.
Sklavounos : Oui, sur les avis touchant les commissions, M.
le Président.
Avis touchant les travaux des commissions
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Oui.
M.
Sklavounos : J'avise cette Assemblée que la Commission des
institutions poursuivra la consultation générale sur le document intitulé Orientations gouvernementales pour un gouvernement plus transparent,
dans le respect du droit à la vie privée et la protection des renseignements personnels, dès maintenant, pour une durée de 2 h 15 min,
à la salle du Conseil législatif;
Le Commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie
et des ressources naturelles poursuivra quant à elle les
consultations particulières à l'égard du projet de loi n° 54, Loi visant
l'amélioration de la situation juridique de l'animal, dès maintenant, pour une
durée de 1 h 30 min, ainsi que le mardi 22 septembre, de
10 heures à 11 h 30, à la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine;
La Commission de l'aménagement du territoire entreprendra
les consultations particulières à l'égard du projet de loi public n° 492, Loi modifiant le Code
civil afin de protéger les droits des locataires aînés, dès maintenant, pour
une durée de
1 h 45 min, et poursuivra de 15 heures à 17 h 15,
ainsi que le mardi 22 septembre, de 10 h 30 à midi, à la salle
Louis-Joseph-Papineau;
La Commission de la santé et des services sociaux poursuivra,
quant à elle, l'étude détaillée à l'égard du projet de loi n° 20, Loi édictant la Loi favorisant
l'accès aux services de médecine de famille et de médecine spécialisée et
modifiant diverses dispositions
législatives en matière de procréation assistée, aujourd'hui, après les
affaires courantes jusqu'à 13 heures, ainsi que le mardi 22 septembre, de 10 heures à midi, à la salle
des premiers ministres 1.38 de l'édifice Pamphile-Le May;
La
Commission de la culture et de l'éducation entreprendra l'étude détaillée à
l'égard du projet de loi n° 48, Loi modernisant la gouvernance du Conservatoire de musique et d'art
dramatique du Québec, aujourd'hui, de 15 heures à 18 heures, à la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine;
La
Commission des finances publiques entreprendra l'étude détaillée à l'égard du
projet de loi n° 13, Loi donnant suite
au discours sur le budget du 4 juin 2014 et à certaines autres mesures
fiscales, le mardi 22 septembre de 10 heures à midi, à la salle de
l'Assemblée nationale;
Finalement,
la Commission des institutions poursuivra, quant à elle, les consultations
particulières sur le projet de loi
n° 59, Loi édictant la Loi concernant la prévention et la lutte contre les
discours haineux et les discours incitant à la violence et apportant diverses modifications législatives pour renforcer
la protection des personnes, le mardi 22 septembre de 10 heures à midi,
à la salle du Conseil législatif.
Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Merci, M. le leader adjoint. S'il vous plaît, à
votre attention, il y avait une légère
modification quant à l'horaire des travaux dans ce qui a été présenté. Je
reconnais que peut-être bien qu'il y en a qui ne s'en sont pas rendu compte, ça prend le consentement pour le faire. Y
a-t-il consentement des parlementaires pour faire cette légère
modification des travaux jusqu'à 1 h 30? Il y a consentement.
Alors,
moi, j'ai un avis. Je vous avise que la Commission de la santé et des services
sociaux se réunira en séance de
travail, aujourd'hui, de 13 heures à 13 h 30, à la salle RC. 171 de
l'hôtel du Parlement. L'objet de la séance est de statuer sur la possibilité que la commission se saisisse
de la pétition concernant le remplacement du terme «ambulance» par le
terme «paramédic» sur l'uniforme des paramédics du Québec.
Je
vous avise également que la Commission de la culture et de l'éducation se
réunira, lundi le 21 septembre 2015, de
13 heures à 18 heures, à la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine, afin de
procéder à l'audition des dirigeants des établissements d'enseignement
de niveau universitaire.
Renseignements sur les
travaux de l'Assemblée
Nous
en sommes maintenant à la rubrique Renseignements sur les travaux. Y en a-t-il?
Je ne vois pas de demande de renseignement.
Je
vous avise cependant que l'interpellation prévue pour le vendredi 25 septembre
2015 portera sur le sujet suivant : Les engagements électoraux des partis politiques fédéraux dans les
champs de compétence du Québec. C'est M. le député de Verchères qui s'adressera alors à M. le
ministre responsable des Affaires intergouvernementales canadiennes et de la
Francophonie canadienne.
Affaires du jour
La
période des affaires courantes étant terminée, nous allons maintenant procéder
aux affaires du jour. Et je cède à nouveau la parole à M. le leader
adjoint du gouvernement.
M.
Sklavounos : Oui. Merci, M. le Président. Je vous demanderais une courte
suspension pour que le ministre
délégué aux Mines puisse arriver en Chambre. Il a un léger retard. Il sera ici
dans quelques minutes.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, il y a une courte suspension pour débuter
par ce qu'on vient d'indiquer, un projet de loi concernant le ministre
délégué aux Mines. Alors, il y a une petite suspension.
Les
travaux sont suspendus pour quelques instants.
(Suspension de la séance à
11 h 45)
(Reprise à 11 h 47)
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, nous reprenons nos travaux et nous allons
entendre les orientations qui nous
seront données par M. le leader adjoint du gouvernement pour la poursuite de
nos travaux. M. le leader, à vous.
M.
Sklavounos :
Merci, M. le Président. Je vous oriente vers l'article 8 de notre feuilleton.
Projet de loi n° 55
Adoption du principe
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, à l'article 8 du feuilleton de ce jour,
c'est M. le ministre délégué aux Mines
qui propose l'adoption du principe du projet de loi n° 55, Loi sur les
mesures de transparence dans les industries minière, pétrolière et
gazière. Et je suis prêt à entendre les interventions s'il y en a. M. le
ministre, à vous la parole.
M. Luc Blanchette
M.
Blanchette : Alors, merci, M. le Président. Chers collègues, c'est
avec plaisir que je soumets aujourd'hui à l'adoption du principe le projet de loi n° 55 sur les mesures de
transparence dans les industries minière, pétrolière et gazière.
Lors
de son dépôt à l'Assemblée nationale le 11 juin dernier, je vous ai exposé
l'ensemble du contenu de ce projet de
loi qui constitue une avancée majeure en matière de transparence pour les
activités minières, pétrolières et gazières. Ce projet de loi, nous l'avons présenté dans le but de rendre publics
les paiements en nature ou en espèces des sociétés minières, pétrolières et gazières effectués aux
différents ordres de gouvernement ainsi qu'aux communautés autochtones à terme.
Dans
le cadre des consultations particulières devant la Commission de l'agriculture,
des pêcheries, de l'énergie et des
ressources naturelles, nous avons eu l'occasion d'entendre différentes
organisations nous présenter leurs réflexions et leurs commentaires relativement à ce projet de loi. Je tiens d'ailleurs
à souligner à quel point j'ai apprécié que ces personnes aient pris le temps de participer, en pleine
période estivale, à cette consultation. Leur contribution a été inestimable, et
les différents points de vue qu'ils nous ont
exposés ont permis d'enrichir nos discussions et notre travail des dernières
semaines. J'en profite donc pour remercier chacun de ces groupes pour leur
participation à cette réflexion.
Permettez-moi donc
aujourd'hui de vous résumer les grandes lignes du projet de loi n° 55 sur
les mesures de transparence dans les industries minière, pétrolière et gazière.
Il
faut d'abord mentionner que ce projet de loi s'inscrit dans un courant mondial
dans une volonté globale de contrer la
corruption associée aux activités d'extraction des ressources naturelles. En
effet, les États-Unis, le Japon, la Russie et l'Union européenne ont adopté, à la suite de la crise financière de
2008, des mesures permettant de favoriser la transparence et de lutter
contre la corruption dans ces secteurs d'activité.
En 2010, les
États-Unis ont adopté la loi Dodd Frank, qui contient une disposition obligeant
les sociétés extractives à divulguer les
paiements qu'elles versent au gouvernement fédéral américain ou à un
gouvernement étranger.
La
commission américaine des valeurs mobilières a récemment annoncé qu'une
réglementation relative à l'obligation
de divulguer les paiements faits par les entreprises minières, pétrolières et
gazières inscrites en bourse serait proposée au printemps 2016.
• (11 h 50) •
De
son côté, l'Union européenne a adopté
une directive sur l'harmonisation des obligations de transparence, qui est entrée en vigueur en
décembre 2013. La directive s'applique aux entreprises minières,
pétrolières et gazières — et
forestières dans leur cas — inscrites
en bourse et aux entreprises privées de grande taille oeuvrant dans ces
secteurs d'activité. Les pays de l'Union européenne ont jusqu'à
décembre 2015 pour s'y conformer. Déjà, la France, la Grande-Bretagne ont adopté
des lois conformes à la direction de l'Union européenne.
Lors
de sa rencontre du G8, qui s'est tenue en juin 2013, le premier ministre du Canada s'est engagé à établir, au plus tard en juin 2015, des normes de déclarations obligatoires pour les sociétés minières, gazières et pétrolières, et ce,
dans le but d'accroître la reddition de comptes de ces sociétés en ce
qui a trait aux paiements qu'elles
font aux différents ordres de gouvernement, que ce soit au Canada ou à l'étranger. Le gouvernement du Canada a donné suite à son engagement en juin 2015. Un nouveau régime fédéral a ainsi été établi au Canada
dans le but de renforcer l'intégrité des entreprises extractives canadiennes et de s'assurer que les citoyens
des pays dotés de ressources naturelles soient mieux informés de leurs activités et profitent des retombées de ces
projets dans leurs pays respectifs. Le nouveau régime fédéral vise en outre à ce que les règles soient établies... équitables
pour les sociétés minières, pétrolières et gazières qui exercent
des activités au Canada et à l'étranger et que les investissements de ces sociétés puissent avoir lieu dans un climat de stabilité,
de certitude et de prévisibilité.
Comme
le développement des ressources naturelles est une compétence
exclusive des provinces, le gouvernement
fédéral a fait savoir qu'il était ouvert à ce que les provinces adoptent des
normes équivalentes. Lors de la Conférence des ministres de l'Énergie et des
Mines qui s'est tenue à Sudbury en août 2014, le ministre
québécois, et mon collègue de l'Énergie et des Ressources naturelles, a déclaré
que le gouvernement du Québec adopterait son propre projet de loi sur la
transparence. Des
dispositions portant sur la transparence avaient d'ailleurs déjà été adoptées
en décembre 2013 dans la Loi
modifiant la Loi sur les mines. En déposant son propre projet de loi cette
année, le Québec entend affirmer et exercer ses compétences en matière de
ressources naturelles. Par cette initiative, le Québec devient la seule
province canadienne à exiger de telles mesures de transparence aux
entreprises oeuvrant dans son secteur d'activité, qui sont les mines.
Le
secteur minier occupe un poids économique important au Québec, comme témoigne
l'étude publiée en juillet 2015
et réalisée par le ministère des Finances à la demande du ministère de
l'Énergie et des Ressources naturelles, qui s'intitule Retombées
économiques et fiscales du secteur minier québécois. Cette étude, élaborée
à la suite de la recommandation du Vérificateur
général du Québec émise dans son
rapport pour l'année 2008‑2009, propose une analyse des principaux coûts
et avantages des activités minières au Québec. Et les résultats sont éloquents.
Entre
2000 et 2011, les sociétés d'exploration et d'exploitation minières ont
contribué de façon significative au produit intérieur brut du
Québec, et ce, tant par les opérations que par leurs dépenses en biens et
services et par leurs investissements. Les résultats démontrent que le secteur minier
a contribué en moyenne annuellement pour 3,4 milliards de dollars au produit intérieur brut. Les sociétés
minières ont aussi largement contribué à soutenir des emplois de qualité
et de bonne technicité au Québec.
J'ajouterais, la masse salariale annuelle dans le secteur minier est de
1,7 milliard pour un salaire moyen de 90 217 $, sans
compter l'impôt sur le revenu des particuliers sur ces salaires.
Toujours
selon l'étude, le secteur minier a créé ou soutenu en moyenne
25 100 emplois chaque année, dont 8 200 emplois directs dans le secteur de l'exploitation minière
uniquement. De façon générale, il ressort de cette étude que le secteur minier a eu un effet positif sur les finances
publiques. Pour la même période, allant de 2000 à 2011, les recettes fiscales
et tarifaires nettes des dépenses
gouvernementales liées au secteur minier se sont élevées à près de
3,7 milliards de dollars. Enfin,
l'investissement minier s'est chiffré à 4,6 milliards en 2013; et la
valeur des livraisons minérales, à 8,3 milliards.
Compte
tenu de l'importance qu'occupent le secteur minier, pétrolier et gazier au sein
de l'économie québécoise, il nous
apparaît d'autant plus pertinent de mettre de l'avant des mesures législatives
afin d'accroître la transparence en ce qui a trait aux paiements versés
annuellement par ces entreprises.
Le projet
de loi que nous déposons obligera les
entreprises minières, pétrolières et gazières à déclarer les
paiements, en espèces ou en nature,
qu'elles font aux différents ordres de gouvernement, aux organismes gouvernementaux, à leurs mandataires,
à une municipalité ou même à une communauté autochtone, et ce, pour chacun des
projets et des pays dans lesquels
elles ont des activités. En vertu de ce projet de loi, les entreprises devront ainsi déclarer les paiements de 100 000 $ et plus, par catégorie de paiements, qu'elles font aux différents ordres
de gouvernement. Ces catégories de paiements — et je vous invite à porter attention — comprennent entre autres : les taxes et
les impôts sur le revenu, les redevances, les frais de nature réglementaire; les paiements pour la construction
et l'amélioration des infrastructures; les droits associés à la production, tels que les droits fixés en
pourcentage de la production; les primes, telles que les primes de signature ou
les primes associées à la découverte
d'un gisement ou à la production; enfin, les dividendes versés en lieu et place
des droits de production ou des redevances. Cette déclaration devra être
publique pendant une période de cinq ans suivant la production par les
entreprises visées.
Les
exigences de ce projet de loi s'appliqueront aux entreprises d'exploration et d'exploitation pétrolière et
gazière, et je vous mentionne les
catégories : qui sont inscrites à la bourse... c'est-à-dire à la cote d'une bourse canadienne et dont le siège social est au Québec;
ou encore qui possèdent un établissement au Québec, et qui y exercent des activités,
et qui y possèdent des actifs qui répondent à deux des trois critères
suivants, soit : posséder des actifs de 20 millions de dollars ou
plus, enregistrer des revenus de 40 millions de dollars ou plus ou encore
employer 250 personnes ou plus.
La
responsabilité de ce projet
de loi sera confiée au ministre de l'Énergie et des Ressources
naturelles — mon collègue — et
son administration reviendra à l'Autorité des marchés financiers, l'AMF. Le projet de loi prévoit également
les pouvoirs d'enquête dont dispose
l'autorité afin de réaliser ce mandat ainsi que des sanctions administratives
et des dispositions pénales s'y rattachant. De plus,
le projet de loi permettra au ministre de l'Énergie et des Ressources naturelles de conclure une entente avec un autre État ou avec
l'un de ses organismes chargés de la mise
en oeuvre d'exigences similaires. En
vertu d'une telle entente, il serait possible d'échanger des renseignements
jugés utiles entre le ministre, et l'Autorité des marchés financiers, et cet
État. Chaque année, l'Autorité des marchés financiers aura à produire et
transmettre au ministre un rapport de
ses activités relatives à l'administration de la loi, après quoi le ministre
aura à déposer ce rapport à l'Assemblée nationale.
En
outre, le projet de loi prévoit des dispositions transitoires quant à
l'application de la loi pour les paiements en espèces ou en nature faits à une communauté autochtone correspondant à
la période établie par la loi canadienne. Ainsi, la loi s'appliquerait aux communautés autochtones à
compter du 1er juin 2017. À cet égard, les consultations auprès d'eux se
poursuivront.
Afin
que les mesures de cette loi québécoise se synchronisent avec celles du
gouvernement fédéral qui sont entrées en
vigueur le 1er juin dernier, nous espérons convaincre — et ça reste à faire — l'Assemblée nationale d'adopter le projet
de loi en décembre 2015.
Il
est important de souligner que les dispositions de la Loi sur les mines
concernant la divulgation publique de la quantité et de la valeur du minerai
extrait et de l'impôt minier versé mine par mine demeurent inchangées. Reste
dans... la Loi sur les mines actuelle, sous la responsabilité bien sûr du
ministre de l'Énergie et des Ressources naturelles.
• (12 heures) •
Il
faut savoir que la loi québécoise sera harmonisée avec celles des pays du G8
et, évidemment, avec celles du gouvernement
fédéral afin d'éviter toute forme de duplication. En effet, les entreprises
n'auront pas à faire affaire avec les
deux ordres de gouvernement, mais bien un seul, avec le nôtre, ou un autre pays
si jamais le siège social se retrouve dans
d'autres pays. Le projet de loi prévoit également que les exigences d'un autre gouvernement pourront être reconnues comme
un substitut acceptable aux exigences prévues par la loi québécoise,
et ce, lorsqu'elles permettent d'atteindre les mêmes objectifs. Plusieurs États disposent en effet de lois semblables à
celle que nous avons déposée au Québec en
matière de transparence. Pensons notamment
à la Grande-Bretagne, à la France ou encore à la Norvège. Lorsque
la Loi québécoise sur les mesures de transparence dans les
industries minière, pétrolière et gazière entrera en vigueur,
certaines entreprises qui sont déjà assujetties aux lois européennes
n'auront donc pas à produire deux déclarations. Par
exemple, il suffit de penser à
Glencore, qu'on retrouve plusieurs gisements au Québec, et ainsi que Rio Tinto,
toutes deux des entreprises multinationales
qui possèdent des installations au Québec, bien
sûr, et qui sont en même temps cotées
dans une bourse européenne. C'est un
point très important que je tiens à ce que tous mes collègues le comprennent
bien : il est primordial que la loi québécoise soit équivalente
aux autres initiatives de transparence ailleurs dans le monde afin que toutes ces lois
puissent être déclarées d'équivalence.
Le plus important avec les modalités prévues à
ce projet de loi, c'est que toutes les informations liées aux paiements effectués par les entreprises
du secteur minier, pétrolier et gazier au Québec seront rendues
publiques. C'est là que le mot «transparence» prend tout son sens. Grâce à l'ensemble de ces mesures légales, les citoyens
et citoyennes du Québec seront dorénavant mieux informés sur les
contributions versées par les sociétés minières, pétrolières et gazières
qui oeuvrent sur le territoire du Québec.
Le Québec a
déjà une réputation enviable dans le monde en matière de mise en valeur de ressources
naturelles. Même chose, j'ouvre la
petite parenthèse pour dire qu'on est sixième en matière d'attraction des investissements sur la planète selon le
dernier rapport de l'Institut Fraser. Avec ce projet de loi, nous affirmons
encore une fois notre compétence et
nous confirmons notre statut de leaders du développement responsable de nos ressources naturelles. Avec ce
projet de loi, nous concrétisons
aussi notre volonté de cohérence gouvernementale en matière d'acceptabilité
sociale dans les projets liés à mise en valeur des ressources
naturelles.
Ces mesures de transparence apporteront
également plus de clarté, de stabilité et de prévisibilité pour les compagnies et les investisseurs miniers en ayant
une certaine référence quant aux coûts associés aux projets similaires
aux leurs. En effet, ce projet de loi
s'inscrit dans la continuité de la Loi sur les mines et s'inscrit en droite
ligne avec le chantier sur
l'acceptabilité sociale des projets que mène présentement mon collègue le
ministre de l'Énergie et des Ressources naturelles. La transparence est un élément essentiel de l'acceptabilité
sociale. C'est pourquoi, avec ce projet de loi, nous donnons aux citoyens et aux citoyennes et aux
sociétés minières, pétrolières et gazières un outil de plus pour établir et
maintenir les relations ouvertes et harmonieuses en vue d'un développement des
ressources naturelles profitable pour tous et toutes.
De façon
générale, l'industrie minière québécoise y trouvera également son compte,
puisque son apport à l'économie québécoise
sera clairement établi. Cela contribuera, sans aucun doute, à améliorer son
image. D'ailleurs, je suis très heureux de constater que ce projet de loi a été, jusqu'ici, très bien accueilli
par l'industrie minière du Québec. Je ne doute pas un seul instant que cet exercice sera gratifiant,
puisqu'en bout de ligne ce sera l'industrie minière québécoise, les communautés
locales ainsi que l'ensemble des Québécois
et des Québécoises qui en tireront des bénéfices, peu importe leur région au
Québec.
Je pense
sincèrement que les dispositions qu'il prévoit s'avéreront des atouts pour
l'ensemble des Québécois et des Québécoises, y compris pour les
entreprises visées par ce projet. La population sera mieux en mesure d'évaluer
et de comprendre l'importance de l'apport
économique et social des industries minière, pétrolière et gazière. Et ces
industries minière, pétrolière et
gazière sont souvent méconnues dans la plupart des régions du Québec, et il y a
encore, malheureusement, beaucoup de préjugés à leur endroit. Le fait d'avoir
accès à l'information factuelle devrait permettre aux citoyens de se faire une
idée plus juste de l'ensemble des activités de ce secteur économique et de
leurs retombées. De leur côté, les
entreprises visées par le projet de loi, en faisant preuve de plus de
transparence, y gagneront en acceptabilité sociale. En se basant sur les faits, il est plus facile d'établir un
lien de confiance avec la population. En bout de ligne, je le dis et je le répète, ce seront l'industrie minière
québécoise, les communautés locales et l'ensemble des Québécois et des
Québécoises qui tireront les bénéfices de ce projet de loi.
En
conclusion — souvent,
la partie la plus appréciée — le projet de loi sur les mesures de
transparence dans les industries minière, pétrolière et gazière a pour
but de renforcer l'intégrité des entreprises qui oeuvrent sur le territoire québécois et de s'assurer que les citoyens et
citoyennes soient mieux informés. Avec ce projet de loi, nous voulons affirmer
et exercer pleinement les compétences du
Québec en matière de mise en valeur des ressources naturelles. Cette volonté
de transparence et ce projet de loi, nous
les avions annoncés dans le budget de 2015-2016, et mon collègue le ministre de
l'Énergie et des Ressources naturelles
l'avait également évoqué à l'issue de la Conférence des ministres de l'Énergie
et des Mines du Canada en août 2014.
Pour
conclure, M. le Président, j'espère vous avoir convaincu que l'adoption du
principe du projet de loi n° 55 s'impose.
Le contexte dans lequel nous évoluons l'exige, et le Québec s'inscrit dans la
mouvance de gestes posés en ce sens
par l'Union européenne, les États-Unis et le Canada. Je demande à mes collègues
de procéder à l'adoption du principe du projet de loi n° 55. Je
vous remercie.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, merci, M. le ministre délégué aux Mines pour la présentation du principe
de projet de loi. Je cède maintenant la
parole au porte-parole de l'opposition officielle en ces matières, M. le député
de Matane-Matapédia. À vous la parole.
M. Pascal Bérubé
M.
Bérubé : Merci, M.
le Président. Il me fait plaisir d'intervenir quant à l'adoption de principe du
projet de loi n° 55, Loi sur les
mesures de transparence dans les industries minière, pétrolière et gazière. Et je le fais pour une première fois à titre de nouveau porte-parole en matière d'énergie et de
ressources naturelles pour l'opposition officielle, je veux remercier le chef de l'opposition pour sa
confiance. Je veux assurer le ministre de l'Énergie et des Ressources
naturelles ainsi que le ministre
délégué aux Mines de toute ma collaboration pour faire avancer les intérêts du
Québec, faire avancer les intérêts des Québécois dans ces matières.
D'abord,
je veux indiquer que c'est un pas dans la bonne direction, mais c'est
perfectible. Dès son dépôt, nous avons
constaté que le projet de loi n° 55 représentait un pas de plus vers la
transparence. L'objectif du Parti québécois est d'assurer que les Québécois bénéficient du maximum d'information sur
l'exploration et l'exploitation de leurs ressources naturelles. Les Québécois sont les véritables
propriétaires des ressources qui se trouvent sur notre territoire, c'est bon de
le rappeler.
D'ailleurs, on
se rappelle que le Parti québécois a posé des gestes importants pour accroître
les mesures de transparence dans le
secteur minier. La Loi sur les mines adoptée en 2013 lorsque j'étais membre du Conseil
des ministres a notamment ajouté
l'obligation de divulguer les informations sur la production et la valeur du
minerai extrait. Donc, on a accueilli
d'un bon oeil le projet de loi, qui se veut complémentaire à ce premier geste
d'importance. Un projet de loi qui s'inscrit
en continuité avec la nouvelle Loi sur les mines, c'est ce qu'on a devant nous,
un projet de loi qui constitue une avancée
en matière d'obligation de divulgation, un projet de loi qui permettra aux
citoyens d'être mieux informés sur les contributions
versées par les sociétés minières, mais aussi pétrolières et gazières qui
oeuvrent sur le territoire du Québec. Bref,
nous sommes disposés, bien disposés face à ce projet de loi parce que, la
transparence, on y croit, parce qu'on l'a déjà inscrite à la nouvelle Loi sur les mines qu'on a fait adopter
lorsque nous étions au pouvoir. Un projet de loi intéressant, même s'il y a beaucoup de travail à faire pour
l'améliorer, notamment quant aux entreprises assujetties et les sommes divulguées. Un projet de loi qui manque
d'ambition, mais, somme toute, une bonne base pour que les parlementaires se
mettent au travail.
Malheureusement,
une déception lorsque, dès l'ouverture des consultations, le ministre a annoncé
un recul sur la transparence par rapport au projet de loi déposé, un
geste qui nous a fait questionner la volonté du gouvernement libéral sur la question de la transparence. Le
ministre délégué aux Mines a annoncé des modifications à son propre projet
de loi. Le ministre a annoncé également son
intention de ne plus considérer le total des paiements, mais d'augmenter le
seuil en le fractionnant par catégories.
Je cite, lors
de son discours d'ouverture des consultations tenues le 18 août, ses
mots : «...la loi du Québec sera harmonisée
avec celle des pays du G8 et du gouvernement fédéral. À cet effet, le projet de
loi prévoit que les exigences d'un
autre gouvernement peuvent être reconnues comme un substitut acceptable aux
exigences prévues par la loi québécoise lorsqu'elles permettent d'atteindre les mêmes objectifs. D'ailleurs,
nous avons constaté que, pour assurer l'interprétation adéquate du premier alinéa de l'article 6, le
seuil du 100 000 $ doit être clairement associé à une catégorie de
paiements faits à un même
bénéficiaire plutôt qu'à l'ensemble des paiements faits à ce bénéficiaire. À
cet effet, j'ai l'intention de proposer
un amendement à l'article 6 au moment opportun. L'amendement permettrait,
entre autres, d'effectuer des analyses comparatives
plus justes entre les différents régimes de transparence dans les industries
minières, pétrolières et gazières dans
les différents pays.» Ça, c'était lors de l'allocution d'ouverture le
18 août. Bref, le ministre délégué aux Mines nous a déjà annoncé un
premier recul.
Donc,
plusieurs contributions de moins de 100 000 $, par exemple, dans
diverses catégories pourraient s'additionner sans être rendues publiques. On a déjà vu ça dans les appels d'offres
gouvernementaux, M. le Président. Par exemple, une compagnie qui paie 90 000 $ en redevances,
50 000 $ en taxes et 75 000 $ en frais divers ne serait
plus soumise à l'obligation de
divulgation malgré des paiements totaux de 215 000 $. Alors, vous
aurez compris qu'il y a des entreprises qui vont hésiter à se rendre jusqu'à 100 000 $ et qui vont y aller
de paiements inférieurs. On l'indique déjà dans la loi. Donc, on peut le bonifier, le projet de loi.
Contrairement à la volonté du gouvernement actuel, nous souhaitons que le
projet de loi soit resserré pour que
les Québécois bénéficient du maximum d'information sur l'exploration et
l'exploitation de leurs ressources
naturelles, qui leur appartiennent. Tout à l'heure, le ministre a indiqué en
ordre le bénéfice des minières, des communautés et des citoyens.
J'aurais tendance à inverser, d'abord les citoyens du Québec avant les
minières.
• (12 h 10) •
Nous ne comprenons pas pourquoi les paiements
qui devraient être rendus publics doivent être des paiements supérieurs à 100 000 $ ou plus.
L'information est pertinente, quel que soit le montant. Ça permet d'apprécier
les efforts des entreprises pour
favoriser l'acceptation sociale, entre autres. Nous sommes en désaccord avec le
seuil établi, il exclut trop de
paiements et trop d'entreprises. Nous allons travailler pour que toutes les
contributions soient divulguées. Je dis bien toutes. Nous croyons que toutes les entreprises d'exploration et
d'exploitation oeuvrant sur le territoire québécois devraient être assujetties au projet de loi. Nous
allons travailler pour que toutes les entreprises qui font de l'exploration
et de l'exploitation au Québec et qui
procèdent à de tels paiements en nature ou en argent soient obligées de rendre
publics ces paiements.
Plusieurs
groupes se sont prononcés sur ce projet. Et la grande majorité des groupes qui
ont participé aux consultations se
sont dit en faveur de l'augmentation de la transparence, et c'est ce qui va
guider certainement les travaux du
gouvernement et les nôtres aussi en cette matière. Bien entendu, certains
groupes ont dit craindre une certaine lourdeur administrative, un
argument largement utilisé depuis des années.
Les Cris
également ont exprimé de grandes inquiétudes face au projet de loi. Ils
craignent les répercussions de la
divulgation des ententes. Ils ont déploré ne pas avoir été consultés par le
gouvernement. Partenaires importants, les Cris. Le gouvernement doit travailler avec les communautés en amont des
projets de loi. C'est une saine précaution, et ça fait partie des saines pratiques en tout temps,
notamment avec les nations autochtones. Ceci étant dit, comme je l'ai mentionné
plus tôt, l'augmentation de la transparence, c'est bien accueilli, c'est
évident.
Lors des
consultations particulières, certains intervenants, notamment l'Association de
l'exploration minière du Québec, la
Coalition Pour que le Québec ait meilleure mine! et le Vérificateur général du
Québec, ont fait des propositions intéressantes
pour accroître la portée du projet de loi quant au contrôle, à la divulgation
et au nombre d'entreprises assujetties. Je rappelle que la Coalition
Pour que le Québec ait meilleure mine! a également insisté sur la portée trop restreinte du projet de loi n° 55. C'est
également notre opinion. Ils ont demandé aux parlementaires de travailler afin
que l'ensemble des versements et l'ensemble des entreprises
qui mènent des activités d'exploration ou d'exploitation minière au Québec soient assujetties à la Loi sur les
mesures de transparence dans les industries minière, pétrolière et gazière.
Pas seulement les entreprises québécoises, les entreprises extérieures.
Et je pense
que, si l'ensemble des Québécois connaissaient le contenu de ce projet de loi,
ils seraient d'accord avec nous. Ils
ont déploré le fait qu'une grande proportion des entreprises étrangères
pourraient ne pas être assujetties à la loi, alors que l'ensemble des
entreprises québécoises le seront. Alors, des demandes importantes pour nos
entreprises québécoises puis pas de demandes
pour les entreprises extérieures. Il me semble que c'est une époque révolue,
celle de faire abstraction des pratiques
des entreprises extérieures en prétextant qu'elles vont venir investir chez
nous. Bien, chez nous, c'est nos ressources naturelles, puis elles nous
appartiennent.
L'Association,
elle, de l'exploration minière du Québec est venue également demander un
resserrement de la loi par l'inclusion des PME d'exploration minière, des
entreprises plus petites. L'AEMQ a demandé que la future loi oblige une PME d'exploration à divulguer tout paiement
annuel totalisant 10 000 $ — on est bien en bas du 100 000 $,
là — et
plus à un individu lié directement ou
indirectement à une entité publique de toute nature; tout versement à un tiers
représentant des primes à la
signature d'une entente — ça existe — à la découverte d'un gisement ou une redevance à la production;
tout versement ou promesse de versement de
redevances futures; tous les frais encourus et payés et toute autre
considération accordée en vue
d'obtenir un accès au territoire, y compris tout paiement en nature; tout
versement sous forme d'actions ou d'options octroyées directement à une
entité publique ou à une tierce entité représentant un gouvernement ou une communauté locale ou autochtone; tout paiement
versé à une autre entité autochtone, y compris les versements faits en vertu de l'entente sur les répercussions et les
avantages. L'AEMQ est aussi d'avis qu'aucune exemption ne doit être accordée
relativement au nombre de déclarations.
Bref, l'Association de l'exploration minière du Québec est venue demander un
resserrement au projet de loi.
Le Vérificateur général du Québec — nous
sommes heureux de sa participation à ce dossier — nous a fait le privilège d'accepter notre invitation aux
consultations sur le projet de loi n° 55 et nous a identifié des lacunes
du projet et proposé des
modifications afin de resserrer le projet de loi : élargissement de la
portée du projet de loi aux paiements effectués
aux intermédiaires; une divulgation par catégories de paiements; attestation
par un comptable agréé; importance de
donner un pouvoir d'inspection à l'AMF. Bref, des propositions pour augmenter
la transparence et resserrer le contrôle qui, j'espère, sauront inspirer
le ministre délégué et son gouvernement.
Alors,
quelques exemples de propositions issues des consultations, je les évoque ici
et je les évoquerai à nouveau lors de l'étude du projet de loi, un
projet de loi bien accueilli, mais qui doit être amélioré.
J'annonce
donc aujourd'hui que nous allons voter en faveur du principe. Ainsi, bien que
nous allons appuyer le principe du
projet de loi n° 55, nous allons déposer des amendements afin, notamment,
d'étendre ce type de divulgations à toutes
les entreprises d'exploration et d'extraction oeuvrant sur le territoire
québécois et de rendre obligatoire toute forme d'engagement prise par
l'instigateur d'un projet. Notre objectif est de nous assurer que les Québécois
bénéficient du maximum d'information sur l'exploration et l'exploitation de
leurs ressources naturelles.
Malgré que le
gouvernement va défendre la simple harmonisation avec les normes
internationales en matière de divulgation,
qui est le principal incitatif à ce projet de loi, et non un élan spontané pour
plus de transparence, nous croyons qu'il est possible pour le Québec
d'aller plus loin, de devenir un chef de file en matière de transparence. Nous
allons travailler afin que le Québec soit
avant-gardiste dans les règles de transparence qui régissent l'industrie
minière, pétrolière et gazière.
Ainsi, M. le
Président, j'assure au ministre et à son gouvernement notre pleine
collaboration et j'ai bien hâte qu'on puisse
se mettre au travail pour en faire un projet de loi encore meilleur pour
l'ensemble des Québécois, pour l'ensemble des Québécois qui s'attendent à ce que l'ensemble des députés de
l'Assemblée nationale travaillent ensemble pour obtenir des résultats qui feront du Québec un endroit encore
meilleur pour vivre, pour investir et pour prospérer. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Je vous remercie, M. le député Matane et de Matapédia, pour votre intervention
sur le principe du projet de loi et je cède
maintenant la parole à M. le député de Groulx pour la poursuite du débat sur ce
même projet de loi. M. le député de Groulx, à vous.
M. Claude Surprenant
M.
Surprenant : Merci, M. le Président. C'est un plaisir pour moi d'être
de retour au salon bleu pour reprendre les
travaux parlementaires. J'espère que vous, comme tous les collègues députés,
avez passé un bel été. Avant toute chose, je tiens à saluer le ministre
délégué aux Mines ainsi que son équipe.
Vous l'avez sûrement appris, mais je suis le
nouveau porte-parole de ma formation politique en matière de ressources naturelles. C'est avec grand plaisir
que j'ai reçu la responsabilité de ce dossier, et je vous confirme mon grand
intérêt et ma passion pour le développement minier et forestier. Le Québec doit
relever de grands défis économiques, et ces secteurs sont appelés à contribuer
à la relance tant souhaitée de notre économie. Le ministre peut compter sur mon
entière collaboration au cours des prochains
mois et années. Je serai là pour l'écouter, pour prendre part aux discussions,
mais surtout pour formuler des
recommandations afin d'assurer le plein essor de nos ressources. Tous les
Québécois doivent pouvoir en tirer
profit. Je salue également le député de Matane-Matapédia, qui s'est récemment
vu offrir la responsabilité de ce portefeuille par son parti politique.
Je nous souhaite des échanges fructueux.
Justement, nous plongeons rapidement dans nos
dossiers avec l'adoption de principe du projet de loi n° 55, intitulé Loi
sur les mesures de transparence dans les industries minière, pétrolière et
gazière. Ce projet de loi vise les entreprises
des secteurs minier, gazier et pétrolier, à l'exception des entreprises du secteur
des pipelines. Les entreprises concernées doivent être inscrites à la cote d'une
bourse canadienne, avoir leur siège social au Québec et, selon leurs états
financiers consolidés, remplir au moins deux des conditions suivantes :
posséder des actifs d'une valeur d'au moins 20 millions de dollars,
générer des revenus d'au moins 40 millions de dollars et/ou employer, en
moyenne, au moins 250 personnes. Les
compagnies minières, pétrolières et gazières seront, d'après le projet de loi
n° 55 actuel, tenues de rendre
publiques, à compter du 1er juin 2017, les quantités de minerai
extraites. Cette transparence est essentielle, puisque, pour l'instant, sur les 25 mines en activité au
Québec, seulement trois ont accepté de divulguer les accords. Il y a donc lieu d'agir.
Ces
demandes sont majeures. Elles assureront la déclaration publique de tout
paiement en espèces ou en nature des
entreprises du secteur minier comme les taxes et les impôts, les frais comme
ceux de location et de droit d'accès, les droits découlant de la production, les dividendes, les primes et les
sommes versées pour la construction ou l'amélioration d'infrastructures.
Mais surtout les entreprises minières seront forcées de faire connaître toutes
les redevances qu'elles versent au
gouvernement, à un organisme établi par au moins deux gouvernements, à une
municipalité ou à l'Administration régionale
Kativik et à une nation autochtone. Il s'agit d'une grande avancée, puisque les
communautés autochtones ont toujours préféré garder leurs ententes confidentielles.
• (12 h 20) •
Nous
appuyons le gouvernement dans cette volonté de transparence. Il faut dire que
ces mesures s'inscrivent dans un
contexte mondial. En effet, le Québec souhaite emboîter le pas aux États
membres du G7 qui ont exigé de nouveaux standards de transparence en 2008 dans le but de décourager et de
détecter la corruption, ainsi que favoriser l'acceptabilité sociale des projets. À l'heure actuelle, il existe
des ententes secrètes en vertu desquelles des entreprises d'exploration ou
d'exploitation des ressources naturelles
versent à des municipalités, à des organismes publics ou encore à des
communautés autochtones des
contributions en argent comptant ou en nature.
Les autochtones, particulièrement, ont toujours conservé le
secret, disais-je plus tôt, au sujet des ententes avec les firmes minières. Il
nous est, à l'heure actuelle, impossible de connaître l'ampleur des sommes qui leur sont versées pour compenser
l'accès aux ressources naturelles dans leurs territoires.
Le projet de loi
n° 55 prévoit aussi des amendes pour les entreprises qui enfreindront ces
règles allant jusqu'à 250 000 $, M. le Président. Le tout devra
se retrouver dans une déclaration annuelle qui sera publique pendant une
période de cinq ans.
Le p.l. n° 55
attribue plus de pouvoirs d'enquête à l'Autorité des marchés financiers, qui
pourra exiger la communication de tout
document ou renseignement jugé utile à l'application du projet de loi. L'AMF
produira à sont tour annuellement au ministre un rapport de ses
activités relatives au projet de loi.
Toutefois,
nous avons été surpris, à la CAQ, lorsque les consultations ont débuté, M. le
Président. Oui, dans le projet de loi
déposé par le gouvernement avant la fin de la session parlementaire hivernale,
il est clairement stipulé que les compagnies
minières, pétrolières et gazières devront dévoiler toutes les informations
demandées seulement lorsque le total
des paiements sera égal ou supérieur à 100 000 $. Or, le département
de recherche et des politiques de la Coalition avenir Québec m'a fait part des échanges qui ont eu lieu lors des
consultations, et le ministre délégué aux Mines a changé d'idée. Plutôt que d'exiger la divulgation des
paiements dès qu'ils totalisent 100 000 $, le ministre a indiqué son
intention de limiter la divulgation obligatoire. En effet, plusieurs
contributions de moins de 100 000 $ dans diverses catégories
pourraient s'additionner sans l'obligation d'être rendues publiques.
Prenons
un exemple, un cas purement fictif, pour aider les Québécois à mieux comprendre
cet important recul. Alors, une
compagnie paierait 90 000 $ en redevances, 50 000 $ en
taxes et 70 000 $, disons, en frais divers. Elle ne serait pas soumise à l'obligation de divulgation du
p.l. n° 55, et ce, malgré des paiements totaux de plus de
200 000 $, M. le Président.
Alors, je tiens à prévenir le ministre, M. le Président, nous sommes contre ces
changements, et comptez sur moi pour déposer un amendement lors de
l'étude détaillée.
Nous
avons ici un gouvernement qui dépose un projet de loi sur la transparence et
qui revient immédiatement sur ce
principe. Nous avons rencontré plusieurs groupes et associations minières. Je
tiens à les remercier pour leurs commentaires. Plusieurs d'entre eux ont émis des réserves quant aux nouvelles
exigences. L'association minière du Québec, par exemple, craint que les mesures exigées viennent imposer
des dédoublements. En effet, les exigences du Québec dans le p.l. n° 55 ne
sont pas les mêmes que celles imposées par le gouvernement fédéral en octobre
dernier dans sa loi sur les mesures de transparence dans le secteur extractif.
L'Association
de l'exploration minière du Québec, quant à elle, demande à ce que les
communautés autochtones dévoilent les sommes qu'elles reçoivent. Ce qui
devient un enjeu pour la société minière, soutient l'association, c'est l'obligation de maintenir un état de
confidentialité autour de ces ententes, ce qui causerait une surenchère lors
des négociations.
Nous
avons aussi rencontré le Grand Conseil des Cris, Eeyou Istchee, qui s'oppose
catégoriquement à cette mesure. Comme on peut tous le constater, les
avis sont donc mitigés.
En
ce qui concerne la CAQ, nous sommes en faveur des grandes lignes de ce projet
de loi et nous appuierons donc l'adoption
du principe du p.l. n° 55. La Coalition avenir Québec a toujours
souhaité plus de transparence et de garanties financières dans l'industrie minière. D'ailleurs, je tiens à rappeler le
travail constructif et reconnu par tous les Québécois en 2013 lors de
l'adoption de la Loi sur les mines, lorsque l'ancien gouvernement siégeait, mon
collègue le député de Granby avait alors
mené le dossier de transparence dans l'industrie minière avec professionnalisme
et justesse. Il s'agit ici pour le
Québec de s'adapter aux nouvelles normes adoptées partout dans le monde. Il
faut que toute l'industrie fasse preuve
de transparence, comme il l'est ailleurs dans le monde. Toutefois, nous
déplorons donc vivement les modifications annoncées par le ministre délégué aux Mines lors des consultations. S'il
souhaite limiter la divulgation obligatoire, il n'aura pas notre appui. Diviser les montants dévoilés en
sous-catégories n'est pas la bonne manière de procéder, M. le Président.
Le
p.l. n° 55 donne également plus de pouvoirs à l'Autorité des marchés
financiers. Ce n'est pas la première fois que les libéraux étendent la mission de l'AMF. Il faudra s'assurer
qu'elle ait les capacités de se charger de ces nouvelles
responsabilités.
Enfin, je
vous remercie, M. le Président, et je réitère l'appui de ma formation politique
au principe du p.l. n° 55.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Merci, M. le député de Groulx, de votre intervention. Pour la poursuite du
débat, toujours sur le principe de ce
projet de loi, je reconnais maintenant Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques. À vous la parole, Mme la
députée.
Mme Manon Massé
Mme
Massé : Merci, M. le Président. Alors, Québec solidaire a accueilli
positivement le dépôt de ce projet de loi. Quand il s'agit de transparence, on considère, à Québec solidaire, que
ça devrait être toujours vers là qu'on s'en va le plus rapidement
possible.
Au Québec,
comme en bien des pays de ce monde, il y a
une urgence d'agir pour que les gouvernements, dont nous sommes, comprennent et assument une fonction
démocratique fondamentale pour les citoyennes et citoyens, pour les communautés dans leur ensemble et pour le bien commun.
Partout, des entreprises, souvent des multinationales cupides et sans conscience, agissent sur le dos des populations,
manipulent, manoeuvrent, font de la désinformation, divisent les communautés,
font tout pour enfoncer leur projets supposés de développement économique
durable dans la gorge des gens. Et ça, ça n'a plus de bon sens.
Au Québec,
nous avons vu jusqu'où de telles entreprises sont prêtes à aller pour arriver à
leur but. Les cas les plus récents
sont bien connus, que ce soit TransCanada ou Enbridge de ce monde qui ne
veulent rien savoir d'un gouvernement
qui se tient debout et qui assume ses responsabilités d'État. Ce qu'elles veulent, ce qu'elles préfèrent, ce
sont des gouvernements fantoches comme le gouvernement de Stephen
Harper pour travailler contre l'intérêt public.
On pourrait
penser que ce sont toutes d'immenses multinationales qui opèrent ainsi. Certes,
il y en a plusieurs,
mais le cas de Restigouche, en Gaspésie,
nous a bien démontré que ce n'est pas seulement les multinationales. La
compagnie Gastem démontre que les
attitudes antidémocratiques, ce n'est pas propre uniquement aux entreprises
étrangères. Pour ces compagnies, la
démocratie, c'est un sale problème. Elles ont des comptes à rendre. Faire face
à des procédures d'évaluation environnementale,
c'est lourd, c'est compliqué. Évidemment, leur armée de lobbyistes feront tout
en leur pouvoir pour empêcher que les communautés aient voix au chapitre
et pèsent réellement dans les décisions.
On comprend
que le projet de loi n° 55 s'inscrit dans un courant mondial qui est une
saine réaction aux abus des entreprises
minières, pétrolières et gazières. Le Parlement du Canada a d'ailleurs lui-même
déjà adopté des mesures en ce sens
qui sont en application depuis juin 2015. Cependant, tout en s'inscrivant
dans cette tendance mondiale, il nous apparaît important que le Québec
s'impose comme un modèle et exerce pleinement ses compétences en matière de
ressources naturelles. Les ressources
naturelles appartiennent à l'ensemble du peuple, et pas seulement à des
entreprises qui sont parfois très frileuses à partager leur richesse.
Québec solidaire tient donc à saluer l'objectif
général du projet, hein? Détecter des signes de corruption, la corruption, favoriser l'acceptabilité sociale,
c'est essentiel Puisque l'économie du Québec, dans les perspectives libérales
notamment, s'appuie sur le développement du
Grand Nord et, donc, le développement minier, il est incontournable de s'assurer que l'acceptabilité sociale et aussi la
corruption... bien, en fait, que l'acceptabilité sociale soit en présence et
que la corruption n'y soit plus.
Trop souvent, par les années passées, les
citoyens ont senti qu'on les dépossédait ou qu'on les achetait, qu'on achetait
l'acceptabilité sociale. Osons croire que tous les partis représentés à
l'Assemblée nationale iront le plus loin qu'ils
peuvent pour assurer que ces pratiques cessent. Et il est perfectible, nous
allons y contribuer aussi, mais le projet de loi n° 55 nous appelle à aller dans ce sens. Pour Québec
solidaire, l'acceptabilité sociale est une responsabilité collective. Il est important de spécifier dans la loi que
cette responsabilité incombe également aux sociétés, pas... l'acceptabilité
sociale n'est pas une responsabilité unique des citoyens et du
ministère, c'est aussi une responsabilité des sociétés.
• (12 h 30) •
Le ministre
des Ressources naturelles a d'ailleurs lancé un chantier pour définir ce qu'est
l'acceptabilité sociale — et on le salue — et, nous l'espérons, sur ce qu'elle n'est
pas. Le projet de loi n° 55 a subi de fortes critiques lors des
consultations et aussi un certain
appui, définitivement un appui dans le sens de la transparence. Mais je tourne mon regard, pour les prochaines minutes, sur la question
des critiques qui ont été soulevées. J'en nomme quelques-unes. Et, bien sûr,
c'est le propre d'une commission parlementaire, lorsqu'il y a critique, bien, c'est qu'il y a
quelque chose à regarder de ce côté-là. Et, bien sûr, on
espère que le gouvernement entendra les critiques qui ont été soulevées.
Prenons par exemple la question du seuil de paiement à 100 000 $. C'est évident que, si on parle
de transparence, c'est quoi, le
problème de dévoiler l'ensemble des paiements? Nous croyons, à Québec
solidaire, que tous les paiements devaient
être déclarés parce que, pour nous, c'est ça, la transparence. Vous comprendrez
que nous ne sommes pas en accord avec
le ministre et les sociétés qui désirent fractionner en catégories de paiement
puisque là... Et là-dessus on a énormément d'exemples à travers la façon dont fonctionnent les entreprises
capitalistes de ce monde, comment on peut fractionner à un tel point que, finalement, le projet de loi
n° 55 devrait être abandonné parce que la transparence... on n'y verra
rien. Ils sont très inventifs pour
s'assurer de ne pas répondre à notre volonté démocratique de faire que,
notamment, la transparence soit inscrite dans nos relations entre les
citoyens, le gouvernement et les entreprises minières, gazières.
L'autre
élément, c'est que les paiements en espèces des entreprises minières sont
problématiques en eux-mêmes. Pourquoi?
Parce que ça leur donne un pouvoir démesuré de forcer leurs projets, d'acheter
l'acceptabilité sociale, souvent, et
là il faut être conscient, dans des régions où les ressources manquent, où le
chômage règne. Alors, ça leur confère un pouvoir terrible que de dire aux gens : Bien oui, écoutez... Puis
l'exemple qui me vient en tête, c'est Malartic, avec Osisko, hein, une
mine à ciel ouvert en pleine zone urbaine. Alors, promesses d'emploi, bien sûr,
emplois extrêmement bien rémunérés, etc. La
compagnie n'attend même pas que le BAPE ait terminé, on commence, et elle va
jusqu'à offrir des dindes aux citoyens et citoyennes. Ça nous dit, à Québec
solidaire, que, bon, Osisko a reconnu qu'il y avait du monde qui avait faim en
Abitibi, mais est-ce que ce n'est pas là des façons d'acheter l'acceptabilité
sociale? Et ça, ça nous pose un problème.
Alors, je
pense que... je me permets, d'une certaine façon, d'exiger que, dans ces
dons-là, d'où la nécessité de ne pas
fractionner et d'inclure ces éléments-là, bien, ça prend plus de transparence
là aussi pour nous aider à avoir, comme société, comme gens qui veulent porter un regard critique sur les
projets en émergence, l'ensemble des informations. Mais le fait aussi, quand on regarde comment ça s'est
passé par le passé, de ces dons-là, ce que nous, à Québec solidaire, ça nous amène comme réflexion plus fondamentale,
c'est souvent comment l'acceptation de ces dons illustre le sous-financement
chronique des villes, villages,
municipalités, et voire même parfois des institutions, hein? Déloger un
CHSLD : On va vous le faire plus beau, plus gros, comptez sur nous,
vous allez voir, ça va être beau.
Alors, il y a
là un enjeu de fond que c'est sûr que ce n'est pas au projet de loi n° 55
à répondre, mais, lorsqu'on fait un
projet de loi dans une vue d'ensemble, on sent que, parfois, les municipalités,
les villes ou les institutions publiques sont contraintes ou, à tout le moins, un peu mal prises de dire non
parce que, dans les faits, c'est leur financement en entier qui a besoin
d'être visé parce qu'elles acceptent pour compléter souvent un manque de sous.
Alors donc, j'ai parlé du seuil de paiement à
100 000 $, j'ai parlé de transparence au niveau des dons, etc., et
j'aimerais maintenant aborder la question des autochtones. Alors là, on vit
dans un paradoxe. D'un côté, on signe des ententes
avec un certain nombre de communautés autochtones en se targuant de négocier de
nation à nation, en fait, de considérer
qu'on agit de nation à nation, et on a même inscrit ça dans un certain nombre
de documents officiels, que ce soit
la «Paix des Braves» ou l'esprit, je dirais, de l'entente de la Baie-James. Mais, ceci étant dit, l'enjeu, c'est qu'on a
clairement dit que, lorsqu'on
négocie de nation à nation, lorsqu'on discute, pardon, de nation à nation, ce que ça
veut dire, c'est que je reconnais que
l'autre nation — et
d'ailleurs nous, on l'a même reconnu dans des textes ici, au
Québec — la
nation ou les nations avec lesquelles je
discute et je veux prendre entente, sont pleinement autonomes sur leurs
orientations. Et c'est là qu'à Québec solidaire on souhaite que le ministre
ouvre l'oreille aux demandes, dans ce cas-ci, qui ont été clairement
adressées par la communauté crie sur leurs territoires ancestraux, mais
qui pourraient aussi être portées aussi par d'autres nations autochtones : cette idée de dire qu'avant
d'établir un projet de loi nous croyons réellement que ces gens-là sont des nations et donc on va s'asseoir
et, en amont, on va discuter avec eux. Alors là, il appert que le gouvernement a passé un petit peu trop vite
sur cette étape et, en ce sens, nous croyons, à Québec solidaire, parce que
c'est notre perspective, c'est notre vision
aussi, qu'on est coresponsables de ce territoire-là et qu'en ce sens-là je n'ai pas à dicter,
comme je ne le ferais pas pour le Canada, comme je ne le ferais pas pour
d'autres pays à travers le monde, leur dicter comment eux devraient faire ceci
et cela.
On a des
positions. Et, bien sûr, la transparence c'est quelque chose qui est intéressant, important, et c'est une tendance,
on le voit, mondiale. Mais maintenant je vais... j'incite le gouvernement à tenir en compte que, lorsqu'on négocie de nation à nation, ça veut dire d'en discuter avant et non pas après.
Alors, je suis certaine qu'en ce sens, considérant ce que nous avons entendu et signé par le passé, le ministre
saura tenir compte de ces préoccupations et peut-être voir... pour ne pas retarder le processus, de retirer cette clause et d'aller faire ses
devoirs en matière de négociation avec les premières nations et pour faire en sorte que, lorsqu'on intégrera l'élément, si
tel est le cas, avec les premières nations, que ce soit quelque chose
qui soit discuté et négocié.
Alors, vous
comprendrez, M. le Président, que, dans l'ensemble, on appuie le
principe du projet de loi n° 55. Et d'ailleurs
on est très heureux et heureuses, dans ma formation politique,
de voir que la transparence vient s'additionner de plus en plus — je
pense au projet de loi qui a modifié les mines dernièrement et maintenant
le projet de loi n° 55 — pour
assurer au peuple québécois
qu'ils ont, et avec raison, parce que nous aussi, on est souverains de nos ressources...
de faire en sorte que les gens
puissent avoir les éléments d'analyse pour leur permettre de poser un réel
regard sur la situation. Et donc
on appuiera le projet de loi... le principe, pardon, du projet de loi, mais il est plutôt évident qu'on devra y améliorer un certain nombre d'éléments. Et, dans ce sens-là,
bien, puisque l'esprit et les objectifs, c'est d'honorer l'acceptabilité sociale et de diminuer la corruption, objectif
avec lequel nous sommes totalement en accord, bien je suis convaincue que
nous pourrons améliorer les éléments qui nous empêchent pour le moment de dire
qu'il nous convient complètement. Merci, M. le Président.
• (12 h 40) •
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, je vous remercie, Mme la
députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques, de votre intervention. Et je ne vois pas d'autre intervenant. Donc, je reconnais le droit de réplique au ministre délégué aux Mines... pour son
droit de réplique. À vous, M. le ministre.
M. Luc Blanchette
(réplique)
M.
Blanchette : Alors, merci, M. le Président. Merci, chers collègues. Je ne l'avais pas fait,
mais je tiens à féliciter mon
collègue député de Matane-Matapédia pour sa nomination, et on aura le plaisir de travailler ensemble,
même chose pour le député de Groulx. Et je remercie les commentaires de
la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Écoutez,
dans un premier temps, un
certain nombre de remarques. On aura
le temps de reprendre tout ça, bien
sûr, en commission et en étude détaillée, mais essentiellement sur les paiements, juste rappeler que les 25 entreprises,
dans l'état actuel du projet de loi, sont soumises à ça. Ce sont de
grandes entreprises, c'est-à-dire qu'elles ont entre 150 et 2 000
employés chacun. Imaginez la masse salariale. Et les sommes d'argent... En
fait, si je prends juste parmi les plus petites, 150 employés, ça représente une masse salariale d'autour de 120
à 150 millions, donc vous comprendrez que le 100 000 $ en question est visé et on
vise à définir ça. Parce que ce n'est pas tout d'avoir un montant global, il
faut vraiment être capable de
préciser l'ensemble de la nature, c'est-à-dire nature ou en espèces, de ces
dépenses-là. C'était quelque chose qu'on portait, avec lequel on croit
énormément.
Bien sûr, et je tiens à le rappeler,
si c'est nécessaire de le faire, mais l'ensemble des ressources naturelles au
Québec appartient aux Québécois et aux Québécoises, je tiens à le
mentionner. J'ai peut-être, dans un des paragraphes, mal ordonnancé les choses, mais je tiens à le
corriger, c'est une conviction profonde que je porte et que l'ensemble de mon
gouvernement, du gouvernement du Québec, porte également.
Donc, plusieurs
suggestions ont été faites pendant les consultations particulières. Je tiens à
dire qu'on va les analyser, on va les
étudier avec beaucoup d'attention, beaucoup de rigueur. Effectivement,
plusieurs idées ont été lancées. On
est en train de les regarder avec beaucoup d'attention. Donc, je tiens à
rassurer mes collègues que tout ce qui a été fait, ça a été un bon
travail et on est très contents de ce travail-là.
Maintenant,
je tiens aussi à mentionner que le mandat que j'ai, comme ministre délégué aux
Mines, est essentiellement de
travailler à partir des mines, certes, mais dans le respect de l'environnement,
qu'on fasse les consultations voulues. Quand
on parle aussi d'acceptabilité sociale, on est en 2015, et il est essentiel que
ce travail-là soit fait avec, j'oserais dire, beaucoup d'intelligence de la situation. Donc, on ne peut pas partir des
mines comme on le faisait dans les années 50. Je tiens à rassurer, on est en 2015 et on se doit d'avoir une certaine
acceptabilité sociale. La transparence s'est ajoutée à ça au fur et à mesure, j'oserais dire, des
expériences vécues sur l'ensemble de la planète parce que les terrains de jeu,
pour ces entreprises minières là, il
est tout à fait réaliste de le dire, que c'est souvent l'ensemble de la planète
et qu'en ce qui concerne le Québec on va s'assurer de cette meilleure
transparence là.
Quant
aux consultations avec les autochtones, on va les poursuivre. Ces temps ici, je
vais beaucoup visiter des mines, puis
on s'assure toujours d'aller également visiter les communautés autochtones de
proximité de ces projets-là. C'est important, c'est essentiel. Il y a eu
plusieurs projets miniers, dans la période estivale, qui ont parti. Je fais
juste mentionner Nemaska Lithium, le projet
Éléonore, avec Goldcorp, et Royal Nickel, et pour lesquels il y a eu beaucoup, je dirais, de travail en amont qui a été fait avec
ces communautés autochtones là, dans le respect des ententes que, nation
à nation, on a au Québec, mais ça leur
permettait de faire de bons échanges avec les entreprises minières. Et je dois
avouer que c'est — permettez-moi l'expression — un peu des «success story», c'est-à-dire des
belles histoires où que les communautés, les besoins des communautés ont
été, j'oserais dire, entendus et pour lesquels il y a eu des choses.
Le projet sur la
transparence pourra éventuellement, je l'espère, lorsqu'il sera adopté avec
l'approbation de l'Assemblée nationale,
pouvoir rendre plus transparent l'ensemble de ces contributions, paiements en
nature ou en espèces, selon l'ensemble des catégories.
Alors, je remercie
mes collègues, on aura à travailler ensemble sur l'analyse détaillée de ça en
commission parlementaire, et je leur offre toute ma sincère collaboration.
Merci.
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, merci, M. le ministre. Est-ce à dire que
le principe du projet de loi n° 55, Loi sur les mesures de
transparence dans les industries minière, pétrolière et gazière, est adopté?
Des voix :
Adopté.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Adopté. M. le leader adjoint du gouvernement.
Renvoi à la Commission de l'agriculture, des pêcheries,
de l'énergie et des ressources naturelles
M.
Sklavounos : Oui, M. le Président. Conformément à l'article
243 du règlement, je fais motion afin que ce projet de loi soit déféré à la Commission de
l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources naturelles pour
étude détaillée.
Mise aux voix
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Est-ce que cette motion de renvoi est adoptée?
Des voix :
Adopté.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Adopté. M. le leader.
Ajournement
M.
Sklavounos : M. le Président, je fais motion pour ajourner
nos travaux au mardi 22 septembre 2015, à 13 h 45.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Est-ce que cette motion d'ajournement est adoptée?
Des voix :
Adopté.
Le Vice-Président (M. Gendron) : En conséquence, nous ajournons nos travaux au
mardi 22 septembre, à 13 h 45. Merci.
(Fin de la séance à 12 h 45)