(Neuf
heures quarante-six minutes)
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, bon jeudi matin à tous
et toutes. Vous pouvez prendre place.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Et
nous allons débuter nos travaux avec la rubrique des déclarations de députés.
Et, sans plus tarder, je cède la parole à M. le député de Montmorency.
Féliciter les élèves de l'école de la Ribambelle
pour leur projet Atouts coeur
M. Raymond Bernier
M.
Bernier : Merci. Mme la Présidente, j'ai l'honneur de souligner un
travail exceptionnel d'une école de ma circonscription. Effectivement, la
classe de Mme Jacinthe Garneau, une classe de quatrième année de l'école
primaire la Ribambelle, a
remporté la finale locale et régionale du Concours québécois en
entrepreneuriat, et ils sont actuellement finalistes pour le national.
Ils
ont appelé leur projet Atouts coeur. Les élèves croient fortement qu'une
formation de base en secourisme et en réanimation
est essentielle pour toute personne qui travaille en milieu scolaire. Donc, ils
ont mis sur pied un comité, ils ont
fait des vidéos de formation et s'occupent de la sécurité de leurs camarades.
C'est une formation qui sensibilise la relève et les enseignants.
En
plus de permettre l'apprentissage des matières de base, leur enseignante, Mme
Jacinthe Garneau, apporte les valeurs
entrepreneuriales dans sa classe, dont celle de s'entreprendre, et
d'entreprendre, et de créer l'innovation de façon consciente,
responsable et autonome. Ce type d'entrepreneuriat se veut au service de la vie
et de la santé globale des personnes.
Bonne chance pour la
finale nationale et félicitations à Mme Garneau!
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci beaucoup, M. le député de
Montmorency. Et, pour sa déclaration du jour, je cède maintenant la
parole à M. le député de Verchères.
Souligner le 55e anniversaire de L'Ordre des Filles
d'Isabelle,
Boucherville, Cercle Monseigneur-Poissant # 1025
M. Stéphane Bergeron
M.
Bergeron : Merci, Mme la Présidente. C'est le
16 décembre dernier, à la résidence Harmonie de Boucherville, à l'occasion d'une soirée mémorable, qu'ont été
lancées les festivités du 55e anniversaire de fondation du Cercle Monseigneur-Poissant 1025 de L'Ordre des Filles
d'Isabelle de Boucherville. 55 années de dévouement exemplaire au cours
desquelles les membres de cette remarquable organisation ont fait rayonner,
dans la région, les valeurs universelles d'unité, de charité et d'amitié qui animent ce mouvement. Par le soutien
qu'elles apportent à autrui et à l'Église,
elles exercent une influence des plus
positives au sein de la communauté. Congrégation laïque au sein de laquelle ses
membres expérimentent une sororité
féconde et authentique, le Cercle Monseigneur-Poissant 1025 constitue un
véritable catalyseur de solidarité et d'entraide dans le milieu
sociocommunautaire de Boucherville.
Aussi,
je profite de ce moment solennel pour exprimer ma profonde reconnaissance à ces femmes engagées et vouées
à l'amélioration de la qualité
de vie de leurs semblables,
contribuant ainsi à faire de notre collectivité un milieu où il fait toujours davantage bon vivre. Merci et longue vie au Cercle
Monseigneur-Poissant 1025 des Filles d'Isabelle de Boucherville et à ses
membres!
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci, M. le député de Verchères. Et, pour la prochaine déclaration, je cède maintenant la parole à M. le député de Papineau.
Rendre hommage à Mme Carole Robert pour
son engagement communautaire
M. Alexandre Iracà
M.
Iracà : Merci, Mme la Présidente. Mme Carole Robert a toujours
fait du bénévolat. Au tout début, elle suivait ses parents dans leurs
différentes tâches à titre de bénévoles parce que, chez les Robert, le
bénévolat, c'est important. Les premières activités auxquelles elle participe furent les visites aux
résidents du centre d'accueil afin de leur remettre des cadeaux durant
la période des fêtes et chanter des airs de Noël.
Mme Robert
fait partie de la chorale de l'église, elle joue du piano et de l'orgue et elle
joue aux mariages et aux funérailles,
ce qu'elle fait encore aujourd'hui depuis plus de 40 ans. Elle fait partie du
comité de l'exposition Georges-Étienne Robert, qui se déroule à chaque année à
la fête des Mères depuis 41 ans, une foire artisanale où se rencontrent
près de 100 artisans et commerçants
durant deux jours. Depuis 12 ans, elle joue un rôle important
sur le comité du Relais pour la vie
de la Petite-Nation. Mme Robert s'occupe des survivants. Elle prépare la
soupe durant la nuit et elle aide le matin pour le déjeuner.
Je tiens à
remercier Mme Carole Robert pour son dévouement et son travail de
bénévolat. Merci, Mme la Présidente.
• (9 h 50) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci, M. le député de Papineau. Et, pour la prochaine déclaration, je me tourne vers M. le député de Deux-Montagnes.
Souligner l'ouverture
du Marché public du
Vieux-Saint-Eustache pour la période estivale
M. Benoit Charette
M. Charette : Merci, Mme la
Présidente. Pour une septième année consécutive, le Marché public du Vieux-Saint-Eustache permettra aux citoyens
de la région de découvrir une multitude de produits alimentaires et artisanaux
de producteurs locaux et régionaux chaque samedi, à compter du 27 juin, et
ce, jusqu'au 5 septembre 2015.
En plus d'offrir une vitrine d'exception à plus
de 30 producteurs et artisans, le marché public sensibilise les consommateurs à l'importance de l'économie
locale, à l'environnement ainsi qu'au maintien d'une bonne santé en offrant
des produits frais et cultivés... et
récoltés, c'est-à-dire, sans l'utilisation de pesticides. Il est définitivement devenu, avec
les années, un véritable lieu d'échange et de découverte pour tous.
Mme la Présidente, je suis fier de m'associer au
Marché public du Vieux-Saint-Eustache et de souligner qu'il est rendu le rendez-vous
annuel entre producteurs et commerçants dans la circonscription de Deux-Montagnes.
Et je souhaite, naturellement, que cette septième édition soit aussi grandiose que les précédentes. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Merci, M. le député de Deux-Montagnes. Et, pour sa déclaration d'aujourd'hui, je
cède maintenant la parole à M. le député de Lotbinière-Frontenac.
Rendre hommage à Mme
Emmanuelle Beaumont,
récipiendaire de la Médaille de l'Assemblée nationale
M. Laurent Lessard
M.
Lessard : Merci,
Mme la Présidente. Aujourd'hui, je veux souligner la détermination et le
courage d'une citoyenne de Lotbinière-Frontenac, Mlle Emmanuelle Beaumont,
qui est avec nous.
Enfant, Emmanuelle a été diagnostiquée
dysphasique et dyslexique sévère; elle était la deuxième fille de la famille à recevoir ce diagnostic. Aujourd'hui âgée de 21 ans, elle a déjoué le pronostic des spécialistes, et
elle qui ne devait pas compléter ses
études primaires vient de terminer un diplôme d'études collégiales en graphisme
et est de retour depuis peu d'un stage en Belgique.
Pour une personne atteinte de dysphasie et
dyslexie sévère, chaque mot entendu, chaque mot à écrire est un obstacle en soi. Avec l'aide indéfectible de ses
parents, Emmanuelle a réussi à surmonter les préjugés de cette maladie
invisible. Elle voudrait un jour apporter à son tour une contribution aux
enfants vivant avec cette même déficience.
Pour toutes
ces raisons, je lui remettrai aujourd'hui une Médaille de l'Assemblée nationale pour son
courage et sa détermination. Bravo,
Emmanuelle! Tu es la preuve que les gens vivant avec cette limitation peuvent
aussi croire en leurs rêves.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Bienvenue à l'Assemblée
nationale, Mlle Beaumont, et félicitations!
Et, pour la prochaine déclaration, je cède
maintenant la parole à M. le député d'Abitibi-Ouest.
Rendre hommage à M.
Hauris Lalancette,
nommé Patriote de l'année
M. François Gendron
M.
Gendron : Mme la Présidente, dimanche dernier, la société
nationale des Québécois de l'Abitibi-Témiscamingue décernait le titre de
Patriote de l'année à M. Hauris Lalancette, de Rochebaucourt, en Abitibi-Ouest.
Pionnier de la première heure,
M. Lalancette s'avère un très grand régionaliste. Il est l'homme qui
parfois élève la voix, mais qui a toujours été un
farouche défenseur des petites communautés rurales. C'est celui qui a défendu avec
acharnement et fierté les paroisses, dites marginales à l'époque, menacées
de fermeture et qui a gagné sa cause, le fameux rapport Côté-Duvieusart.
Y en a-tu parlé!
Personnage coloré, plus vrai que
nature, Hauris a notamment été retenu par M. Lévesque lui-même
à l'élection de 1973. Connu pour sa verve légendaire,
M. Lalancette a fait l'objet de plusieurs documentaires,
dont ceux signés par Pierre Perrault
et Denys Desjardins. Il a même participé au documentaire de
Denys Arcand, Le confort et l'indifférence,sur le référendum de 1980. À titre de député
d'Abitibi-Ouest, je tiens à saluer cet homme aux convictions inébranlables,
qui a porté et porte toujours le flambeau de
l'indépendance. Merci, Hauris, de ta généreuse contribution au développement
régional et à celui du pays. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci, M. le député
d'Abitibi-Ouest. Et, toujours à la rubrique des déclarations de députés,
je vais céder la parole à M. le député de Chapleau.
Remercier les organisateurs d'une activité de saut
en parachute au profit des Grands Frères et
Grandes Soeurs de l'Outaouais inc.
M. Marc Carrière
M.
Carrière : Merci, Mme la Présidente. Samedi, le 6 juin
dernier, avait lieu la deuxième édition d'une activité de levée de fonds
tout à fait originale et pour le moins spectaculaire au profit des Grands
Frères et Grandes Soeurs de l'Outaouais,
activité de financement pour laquelle j'ai eu le plaisir d'agir à titre de
président d'honneur. Il s'agit d'une journée
de sauts en parachute organisée avec la complicité de Go Skydive Gatineau.
J'ai eu le plaisir de sauter une seconde fois pour la cause.
Je
tiens à souligner l'apport exceptionnel de Marc-Philip Lapperrière,
président du conseil d'administration des Grands Frères et Grandes Soeurs de l'Outaouais, d'Annie Sabourin,
également membre du C.A., ainsi que Mme Yvonne Dubé, directrice générale, pour l'organisation de ce bel
événement. Je lance à tous les fervents d'émotions fortes ainsi qu'à vous,
Mme la Présidente, le défi de participer à la troisième édition de ce grand
événement le samedi 1er juin 2016.
En
terminant, un grand merci à vous tous, Grands Frères et Grandes Soeurs de
l'Outaouais, de faire une énorme différence dans la vie de nombreux
enfants de chez nous. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci beaucoup, M. le député de
Chapleau. Merci de ce défi, mais je ne crois pas que je vais le relever.
Je vais faire autre chose pour aider la cause.
Alors,
maintenant, toujours à la rubrique des déclarations de députés, je vais céder
la parole à Mme la députée de Repentigny.
Rendre hommage à M. Richard Marchand pour son
engagement auprès d'Opération Enfant Soleil inc.
Mme Lise Lavallée
Mme
Lavallée : Merci, Mme la Présidente. Je tiens à souligner,
aujourd'hui, l'implication d'un Repentignois, Richard Marchand, qui s'implique, depuis 15 ans, auprès d'Opération
Enfant Soleil. De prime abord, il faut savoir que Richard Marchand doit composer avec la
trisomie 21 et qu'il s'est donné comme mission de venir en aide aux
enfants malades. Depuis 15 ans, avec l'aide de ses proches, il organise,
en collaboration avec parents et amis, des activités de financement pour Opération Enfant Soleil. Jusqu'à présent, il a amassé
près d'un demi-million de dollars pour cette cause qui lui tient tant à
coeur.
Malgré
une santé fragile, lui qui a subi pas moins de 30 opérations, dont une à coeur
ouvert lorsqu'il était tout petit,
Richard Marchand n'a jamais cessé de s'investir personnellement en cognant
aux portes des entreprises repentignoises et en vendant, dans les lieux publics, des bracelets qu'il fabrique
lui-même. Je tiens donc à saluer le travail et le courage de Richard Marchand, qui, le
7 juin dernier, annonçait un don de 66 356 $, fruit de ses
efforts acharnés au téléthon d'Opération Enfant Soleil. Merci, Mme la
Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci, Mme la députée de Repentigny. Et, pour la prochaine déclaration, je
cède la parole à M. le député de Fabre.
Féliciter trois lauréats de prix Hosia
en hommage aux bénévoles
M. Gilles Ouimet
M.
Ouimet (Fabre) : Merci, Mme la Présidente. Le 12 mai dernier, à la salle André-Mathieu
de Laval, avait lieu la
31e édition du gala des prix Hosia, qui sert à souligner la contribution
remarquable de femmes et d'homme lavallois qui s'impliquent bénévolement
dans nos organismes à but non lucratif.
J'aimerais féliciter
les trois récipiendaires de ma circonscription. Tout d'abord, Mme Julie
Cérat, pour son implication auprès du
Service des loisirs de Laval-Ouest, et M. Réjean Gravel, qui était,
jusqu'à tout récemment, le président du
conseil d'administration de l'Association pour la protection du boisé
Sainte-Dorothée. Tous deux ont reçu un prix Hosia dans la catégorie Vie
de quartier.
De
son côté, Mme Monique Petit, de l'organisme d'Aide aux personnes âgées,
défavorisées et handicapées de Laval,
qui a déjà fait l'objet d'une de mes déclarations ici même, a pour sa part reçu
un prix Hosia dans la catégorie Vie communautaire, régional.
Ils méritent
toute notre admiration et tout notre respect pour leur engagement et leur
dynamisme qui leur permettent de redonner, sans compter les heures, à
nos concitoyens. Du fond du coeur, merci.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci, M. le député de Fabre. Et maintenant je suis prête à céder la parole à M. le
député de Saint-Jérôme.
Rendre hommage à M.
Michel Gauthier, directeur général
du Centre local de développement Rivière du Nord,
à l'occasion de son départ à la retraite
M. Pierre Karl Péladeau
M.
Péladeau : Merci, Mme la Présidente. Le 30 juin prochain, M. Michel
Gauthier, un pilier du développement local dans ma circonscription de Saint-Jérôme,
profitera d'une retraite bien méritée. Embauché en 1987 à titre de commissaire industriel pour la ville de Saint-Jérôme, M. Gauthier prendra la barre du CLD de la Rivière du Nord en
1998, lors de sa création, et en
assurera la direction générale. Pendant 28 années, il aura mobilisé
l'ensemble des acteurs locaux pour
favoriser le développement économique, la création d'emplois et de richesse. Il
aura été un partenaire majeur dans de nombreuses implantations
d'entreprises, dans le développement des zones industrielles et dans de
nombreux projets municipaux.
Cher Michel, je vous remercie pour ces années
consacrées à l'essor économique de notre région et au soutien aux entreprises et aux entrepreneurs. Votre apport
au développement de la ville de Saint-Jérôme, de la MRC de La Rivière-du-Nord et des
Laurentides est considérable. Merci, Michel, encore une fois, et très bonne
retraite.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup, M. le
député de Saint-Jérôme. Et ceci met fin à la rubrique des déclarations de députés.
Et je suspends les travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à 9 h 59)
(Reprise à 10 h 16)
Le Président : Mmes, MM. les
députés, nous allons nous recueillir quelques instants.
Merci, veuillez vous asseoir, ou presque.
Présence de M. Robert Benoit,
ex-parlementaire de l'Assemblée nationale
J'ai le plaisir de souligner la présence, dans
nos tribunes, de M. Robert Benoit, l'ancien député d'Orford.
Présence de participants au Programme
international de formation parlementaire
Et je
voudrais aussi souligner, dans nos tribunes, la présence des participants de la
première édition du Programme international
de formation parlementaire, qui forme, entre autres, des secrétaires généraux
et des cadres supérieurs de d'autres Parlements,
particulièrement en Afrique, qui est une initiative conjointe de
l'Université Laval, de l'Assemblée
nationale du Québec et du Groupe de la Banque mondiale, réalisée avec
le soutien financier de l'Organisation
internationale de la Francophonie. Bienvenue à Québec.
Nous poursuivons les affaires courantes. Aujourd'hui,
il n'y a pas de déclarations ministérielles.
Présentation de projets de loi
M. le leader du gouvernement.
M. Fournier : Oui, M. le
Président. Je vous demanderais d'appeler l'article a, s'il vous plaît.
Projet de loi n° 57
Le Président : À
l'article a du feuilleton, M. le ministre du Travail, de l'Emploi et de la
Solidarité sociale présente le projet de loi n° 57 modifiant la Loi sur les
régimes complémentaires de retraite principalement quant au financement des
régimes de retraite à prestations déterminées. M. le ministre.
M. Sam Hamad
M.
Hamad :
M. le Président, ce projet de loi modifie la Loi sur les régimes
complémentaires de retraite afin principalement
d'établir une nouvelle méthode de financement applicable aux régimes de retraite à prestations
déterminées en remplaçant le financement selon l'approche de solvabilité
pour un financement axé sur la capitalisation.
Le
projet de loi prévoit par
ailleurs la cotisation d'une
provision de stabilisation dont le niveau sera déterminé selon une grille prévue par règlement, applicable
en fonction de la politique de placement du régime de retraite. Cette
provision sera constituée par des gains actuariels et des cotisations
particulières d'exercice et d'équilibre.
Le
projet de loi prévoit aussi que les régimes de retraite devront
se doter d'une politique de financement répondant aux exigences qui seront prévues
par règlement.
Le
projet modifie les règles d'affectation et d'attribution des excédents d'actif
en cours d'existence du régime et en
cas de terminaison de celui-ci. L'utilisation d'un excédent d'actif ne sera
permise que si, d'une part, le régime est capitalisé, et que le niveau visé par la provision de stabilisation est
dépassé de cinq points de pourcentage, et que, d'autre part, le degré de
solvabilité du régime est d'au moins 105 %. Le projet de loi précise que
l'excédent d'actif devra être affecté en
priorité à l'acquittement des cotisations patronales d'exercice. S'il subsiste
un solde de l'excédent, celui-ci pourra, jusqu'à concurrence de
20 % et selon les dispositions du régime
de retraite, être affecté à
l'acquittement des engagements supplémentaires
résultant d'une modification au régime ou être remis à l'employeur — M. le Président, restez assis, ça va être long. Alors, ça
va continuer. Je vois que vous êtes prêt, là.
• (10 h 20) •
Alors,
le projet de loi indique que les cotisations patronales
d'équilibre technique et de stabilisation, à l'exception de celles
acquittées au moyen d'une lettre de crédit, devront être comptabilisées de
manière particulière. Ces sommes serviront à
déterminer, en cas d'excédent d'actif, le montant maximum de l'excédent qui pourra être affecté à l'acquittement des
cotisations patronales.
Le
projet de loi requiert la préparation d'évaluations actuarielles aux trois ans.
Toutefois, un avis annuel relatif à la situation
financière du régime devra être fourni à la Régie des rentes du Québec dans les
quatre mois de la fin de tout exercice
financier du régime. Si le degré de
solvabilité est inférieur à 85 %, le régime devra faire l'objet d'une
évaluation actuarielle.
L'utilisation
d'une méthode de lissage de l'actif en capitalisation sera permise, mais la
période d'étalement serait limitée à cinq ans.
Le
projet de loi prévoit également que les engagements supplémentaires résultant
de toute modification du régime devront
être payés en un seul versement si le degré de capitalisation au régime de
retraite est inférieur à 90 %. Dans le cas contraire, ces
engagements pourront être financés sur une période maximale de cinq ans.
Le projet de loi
modifie le test de la cotisation patronale minimale en permettant de distinguer
les cotisations d'équilibre advenant qu'une part en soit assumée par les
participants, tout en maintenant que les cotisations salariales d'exercice d'un
participant ne pourront pas servir à financer plus que 50 % de la valeur
de ses prestations.
Aussi,
l'obligation d'inclure la prestation additionnelle sera supprimée pour
l'ensemble des régimes de retraite.
Le projet de loi
précise par ailleurs que les droits de participants qui cessent leur
participation active seront acquittés en
fonction du degré de solvabilité du régime, sans droits résiduels, sauf le cas
de participants et de bénéficiaires qui
doivent transférer leurs droits sans avoir la possibilité de demander que leurs
droits soient maintenus dans le régime. De plus, pour les régimes dotés
d'une politique d'achat de rentes satisfaisant aux exigences prévues par
règlement, l'acquittement de tout ou partie
d'une prestation effectuée conformément à cette politique pourra constituer un
acquittement final des droits ainsi acquittés.
Le projet de loi comporte enfin des mesures
diverses, de concordance et transitoires utiles à la mise en oeuvre de
l'ensemble des mesures qu'il propose.
Le Président :
C'était très intéressant. Je pense que tout le monde a...
Des voix :
...
Le
Président : Je pense que tout le monde aura compris. On ne vous
demandera pas de le répéter. M. le leader de l'opposition officielle.
M.
Bédard : Oui, nous allons accepter. J'ai même pensé pendant
un certain moment que le ministre se filibustait lui-même. Mais j'en conclus effectivement, à la lecture des notes, que
c'est un projet de loi fort important, qui intéresse beaucoup de gens, évidemment, dans le domaine des
régimes de retraite. Donc, ça intéresse, comme on dit, du vrai monde.
Alors, nous souhaitons avoir des consultations particulières.
Le Président :
M. le leader.
M. Fournier :
...j'attendais la question, et évidemment il y aura des consultations
particulières. Et, lorsque le ministre lisait, j'avais l'impression que notre
ancien collègue Henri-François Gautrin va sûrement vouloir venir à ces
consultations, pour le plus grand bonheur du ministre.
Mise aux voix
Le Président : Est-ce que
l'Assemblée accepte d'être saisie de ce projet de loi? Adopté. M. le leader.
M. Fournier :
Je vous demanderais d'appeler l'article b, M. le Président.
Projet de loi n° 58
Le
Président : À l'article b. Bon! Ce n'est pas notre journée. À
l'article b du feuilleton, M. le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité sociale présente
le projet de loi n° 58, Loi regroupant la Commission administrative des
régimes de retraite et d'assurances et la Régie des rentes du Québec. Ah! à
vous, M. le ministre.
M. Sam Hamad
M.
Hamad :
Alors, M. le Président, ce projet de loi procède au regroupement des activités
de la Régie des rentes du Québec et
de la Commission administrative des régimes de retraite et d'assurances et
modifie le nom de cette dernière en celui de Retraite Québec.
Il apporte
également des modifications de concordance à certaines lois pour tenir compte
de ce regroupement et contient des dispositions transitoires, notamment
en ce qui concerne la haute direction des organismes regroupés.
Jusqu'à la
mise en place de Retraite Québec, le projet
de loi donne notamment
au ministre du Travail, de l'Emploi
et de la Solidarité sociale un pouvoir temporaire de directive à l'égard des
organismes regroupés.
Le Président : C'est Retrait
Québec ou Retraite Québec?
Une voix : ...
Le Président : Retraite
Québec.
Mise aux voix
Est-ce que l'Assemblée accepte d'être saisie de
ce projet de loi? M. le leader de l'opposition.
M.
Bédard :
Oui, M. le Président. Nous souhaiterions des consultations très particulières.
Évidemment, il y a les principaux concernés là-dedans, les
fonctionnaires du gouvernement du Québec principalement, donc...
Le Président : M. le leader.
M. Fournier : ...M. le
Président.
Le Président : Alors, adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président : Adopté.
Présentation de projets de loi, M. le leader du gouvernement.
M. Fournier : Je vous
demanderais d'appeler l'article c, M. le Président.
Projet de loi n° 49
Le
Président : Alors, à l'article c du feuilleton, M. le ministre
de l'Énergie et des Ressources naturelles présente le projet de loi n° 49, Loi assurant la mise
en oeuvre de l'Accord entre le gouvernement du Canada et le gouvernement
du Québec sur la gestion conjointe des hydrocarbures dans le golfe du
Saint-Laurent. M. le ministre.
M. Pierre Arcand
M.
Arcand : M. le Président, je
ferai un bref résumé des notes explicatives qui accompagnent le projet de loi
n° 49.
Ce projet de
loi, M. le Président, a pour objet de mettre en oeuvre l'Accord entre le
gouvernement du Canada et le gouvernement
du Québec sur la gestion conjointe des hydrocarbures dans le golfe du
Saint-Laurent signé le 24 mars 2011.
Le projet de
loi institue un régime transitoire de gestion conjointe des hydrocarbures
visant à encadrer les activités pétrolières
et gazières dans cette zone. À cette fin, il définit les limites de la zone de
gestion conjointe des hydrocarbures et
prévoit des dispositions préservant la position du Québec sur le statut
constitutionnel du golfe et sur ses compétences législatives à l'égard
de cette zone. Il prévoit que le gouvernement bénéficie de l'ensemble des
recettes propres aux hydrocarbures.
Pour assurer la gestion conjointe des
hydrocarbures, le projet de loi accorde au ministre de l'Énergie et des Ressources naturelles les pouvoirs de prendre,
conjointement avec le ministre du gouvernement du Canada chargé des
ressources naturelles, les mesures nécessaires à son application. Ceux-ci sont
responsables de délivrer conjointement, notamment à la suite d'appels d'offres,
les licences d'exploration et les autres titres relatifs à la mise en valeur
des hydrocarbures.
Le
projet de loi attribue les fonctions des réglementations des opérations
pétrolières et gazières conjointement à la Régie de l'énergie et à l'Office national de l'énergie. À cette fin,
le projet de loi établit un processus de coordination entre les deux organismes pour qu'ils rendent des
décisions conjointes et délivrent conjointement les permis de travaux et
les autorisations requises pour exercer les activités liées à la recherche, à
la production et au transport par pipeline d'hydrocarbures.
En matière d'évaluation environnementale, le
projet de loi prévoit que les activités définies par règlement ne pourront faire l'objet d'une autorisation avant
qu'un avis soit délivré en vertu de la Loi sur la qualité de l'environnement.
Il prévoit l'approbation d'un plan de
retombées économiques, la constitution d'un comité de maximisation des
retombées économiques.
Pour exercer certaines activités, les personnes
concernées devront déposer, à titre de preuve de solvabilité, un montant de
100 millions de dollars. Elles devront aussi faire la preuve qu'elles
possèdent les ressources financières nécessaires
pour payer la somme de 1 milliard de dollars correspondant à la limite de
responsabilité financière pour les dommages
causés par des rejets, même en l'absence de preuve de faute. Les personnes
concernées dont la conduite fautive sera reconnue demeureront
responsables de la totalité des pertes et dommages causés par les rejets.
Le projet de
loi vise aussi à assurer la sécurité,
la santé des travailleurs oeuvrant dans la zone de gestion conjointe
des hydrocarbures en rendant applicables, en
plus des lois du travail du Québec, par renvoi, le règlement sur la sécurité
et la santé du travail fédéral et les
dispositions de la partie II du Code canadien du travail nécessaires à l'application de ce règlement.
Ce projet de loi instaure un régime d'infractions pénales dont l'amende maximale est de
6 millions de dollars ainsi qu'un régime de sanctions administratives
pécuniaires dont le montant maximal est de 25 000 $ pour une personne
physique et de 100 000 $ pour une personne morale.
Les règlements
comprenant des dispositions relatives à la protection de l'environnement devront être recommandés conjointement
par le ministre de l'Énergie et des
Ressources naturelles et par le ministre du Développement durable, de l'Environnement et de la Lutte contre les
changements climatiques, alors que ceux qui concernent la santé et la sécurité
du travail le seront conjointement par le
ministre de l'Énergie et des Ressources naturelles et le ministre du Travail,
de l'Emploi et de la Solidarité sociale.
Le projet de
loi modifie la Loi sur les mines afin de préciser que les redevances sur les
hydrocarbures seront fixées par règlement et qu'elles pourront varier
selon le milieu terrestre ou marin.
Il modifie la
Loi sur la qualité de l'environnement pour accorder au ministre responsable de
son application le pouvoir de
déterminer la liste des substances ou des moyens autorisés pour traiter des rejets
de contaminants. Des modifications sont également apportées à cette loi
pour assujettir les activités prévues par règlement à la procédure d'évaluation et d'examen des impacts sur
l'environnement prévue à cette fin ainsi que pour confirmer que les dispositions
relatives au système de plafonnement et
d'échange de droits d'émission de gaz à effet de serre s'appliquent aux
émetteurs exerçant des activités d'exploration et d'exploitation
d'hydrocarbures dans la zone.
Le projet de
loi modifie la Loi sur les impôts, la Loi sur la Régie de l'assurance maladie
du Québec, la Loi sur la taxe de
vente du Québec et le Règlement sur les impôts de façon à harmoniser
l'application des régimes fiscaux fédéral et québécois dans cette zone.
Finalement,
ce projet de loi comporte diverses dispositions transitoires et de concordance.
Merci, M. le Président.
Le
Président : Quoique
tout cela soit très intéressant, j'ai l'impression que ce matin nous assistons à
un concours de la part de nos collègues pour qui ferait le meilleur
résumé ou le plus court. M. le leader de l'opposition.
M.
Bédard : Alors, sur ces importantes questions,
nous souhaiterons des consultations particulières mais élargies, sinon générales, parce que c'est un sujet
d'ordre... d'intérêt, je vous dirais, qui est partagé par tout le monde, pas
strictement les gens liés à l'industrie.
Le Président : M. le leader.
M.
Fournier : Je partage la même analyse que mon collègue et j'en
arrive à la même conclusion, M. le Président.
Le Président : Bon! Alors, ça
va bien, c'est bien parti. C'est dommage que ça finisse demain.
Des voix : ...
Le
Président : Est-ce qu'il y a consentement pour prolonger la
session? Non? Non. Bon, O.K. J'essayais comme ça, là, guidé par cet
enthousiasme.
Mise aux voix
Est-ce que l'Assemblée accepte d'être saisie de
ce projet de loi?
Des voix : Adopté.
• (10 h 30) •
Le Président : Adopté.
Présentation de projets de loi. M. le leader du gouvernement.
M. Fournier :
Je vous demanderais d'appeler l'article d, M. le Président.
Projet de loi n° 55
Le
Président : Alors, à
l'article d du feuilleton, M. le ministre
délégué aux Mines présente le projet de loi n° 55, Loi sur les mesures de transparence
dans les industries minière, pétrolière et gazière. M. le ministre.
M. Luc Blanchette
M. Blanchette : Alors, M. le
Président, je serai tout aussi succinct que mes collègues qui m'ont précédé.
Ce projet de loi vise à instaurer des mesures de transparence dans les industries minière, pétrolière et gazière en imposant aux entreprises de ces secteurs la
déclaration obligatoire des paiements en espèces ou en nature qu'elles font
dans le cadre de leurs projets liés à l'exploration et à l'exploitation des
ressources naturelles. Ces mesures visent à décourager et à détecter la
corruption, ainsi qu'à favoriser l'acceptabilité sociale de ces projets.
Le projet de loi prévoit qu'y est assujettie toute entité qui exerce des activités liées
à l'exploration et à l'extraction de
substances minérales ou d'hydrocarbures et qui remplit l'une des conditions
suivantes : premièrement, ses titres sont inscrits à la cote d'une bourse canadienne et son siège est au Québec; deuxièmement, elle a un établissement au Québec, y exerce des
activités ou y possède des actifs et, selon ses états financiers consolidés,
remplit au moins deux des conditions suivantes pour au moins un de ses deux derniers exercices : elle possède des
actifs d'une valeur d'au moins 20 millions elle génère des revenus d'au moins 40 millions
ou elle emploie en moyenne 250 employés ou plus.
Ces
assujettis devront produire une déclaration annuelle dans laquelle ils
divulgueront tous les paiements faits à un même bénéficiaire au cours
d'un exercice, lorsque le total de ces paiements est égal ou supérieur à 100 000 $.
Le projet de loi définit un bénéficiaire comme
un gouvernement, un organisme établi par au moins deux des gouvernements, une municipalité ou une communauté
autochtone, ainsi que certaines entités qui exercent des attributions
publiques pour de tels bénéficiaires.
Le projet de loi couvre tout paiement en espèces
ou en nature se rapportant à des activités d'exploration ou d'exploitation de substances minérales ou
d'hydrocarbures à un bénéficiaire au titre notamment de taxes et d'impôt, de
redevances, de frais de location ou de
nature réglementaire, des droits découlant de la production et des contributions
pour la construction ou l'amélioration d'infrastructures.
Le projet de loi prévoit que cette déclaration
sera publique pendant une période de cinq ans.
Il prévoit
qu'une déclaration produite en vertu des exigences d'une autorité compétente
autre que le Québec peut être
substituée à la déclaration exigée en vertu de la loi québécoise si le
gouvernement a désigné par règlement les exigences de cette autorité
comme un substitut acceptable et si l'assujetti a transmis copie de cette
déclaration.
Le projet de loi confie à l'Autorité des marchés
financiers, l'AMF, les pouvoirs nécessaires pour en assurer l'administration et lui accorde des pouvoirs
d'enquête. Il prévoit des sanctions administratives pécuniaires ainsi que des
dispositions pénales.
Il permet au
ministre de conclure une entente avec une autre autorité compétente ou l'un de
ses organismes chargé de la mise en oeuvre d'exigences similaires,
notamment pour permettre l'échange de renseignements.
Le projet de loi prévoit que l'Autorité des marchés
financiers devra transmettre annuellement au ministre un rapport de ses activités relatives à
l'administration de la loi. Le ministre déposera ensuite ce rapport à
l'Assemblée nationale.
Finalement — tout le monde est content — ce projet de loi prévoit des dispositions
transitoires visant à différer son
application pour les paiements faits au bénéfice d'une communauté autochtone.
Un assujetti ne sera également pas tenu de produire une déclaration pour
son exercice en cours à la date de l'entrée en vigueur de la loi.
Le Président : Je vous
remercie. M. le leader de l'opposition.
M.
Bédard :
On pensait qu'on était presque à l'étude détaillée, M. le Président. Donc, je
vais souhaiter des consultations particulières sur cet enjeu.
Le Président : M. le leader.
M. Fournier : ...M. le
Président.
Mise aux voix
Le Président : Je comprends
que l'Assemblée accepte d'être saisie de ce projet de loi?
Des voix : Adopté.
Le Président : Adopté.
Dépôt de documents
À la rubrique Dépôt de documents, Mme la
ministre de la Sécurité publique.
Plan d'action gouvernemental 2015-2018 intitulé La
radicalisation
au Québec : agir, prévenir, détecter et vivre ensemble
Mme
Thériault : Oui, merci, M. le Président. Il me fait plaisir de
déposer aujourd'hui le plan d'action gouvernemental 2015‑2018 intitulé La
radicalisation au Québec : agir, prévenir, détecter et vivre ensemble,
élaboré conjointement avec ma collègue la ministre de l'Immigration, de la
Diversité et de l'Inclusion.
Le Président :
Ce document est déposé. M. le ministre du Développement durable.
Livre
vert Moderniser le régime d'autorisation environnementale
de la Loi sur la qualité de l'environnement
M.
Heurtel : Merci, M. le Président. Permettez-moi de déposer le livre
vert Moderniser le régime d'autorisation environnementale de
la Loi sur la qualité de l'environnement.
Le Président :
Ce document est déposé. M. le leader du gouvernement.
M.
Fournier : Oui. Simplement
pour informer les membres de cette Assemblée qu'on a commencé les échanges
avec les différentes formations politiques
et les députés indépendants pour
essayer de voir comment on pourrait organiser des consultations sur le sujet et en espérant que, dès demain, nous
pourrions avoir une motion à cet effet. Donc, il est possible que demain
il y ait une suite à ce dépôt. Merci, M. le Président.
Le Président :
Bienvenue. M. le ministre des Finances.
Rapport
annuel de Loto-Québec
M. Leitão :
M. le Président, je dépose aujourd'hui le rapport annuel 2014‑2015 de
Loto-Québec.
Le Président :
Ce rapport est déposé. M. le ministre de la Santé.
Rapport
final intitulé Évaluation de la mise en oeuvre de la
Loi sur l'Institut national d'excellence en santé et en
services sociaux et des impacts de ses activités
M.
Barrette : M. le Président, conformément à l'article 100 de la
loi constitutive de cet institut, je dépose le rapport final intitulé Évaluation de la mise en oeuvre
de la Loi sur l'Institut national d'excellence en santé et en services sociaux
et des impacts de ses activités.
Le Président :
Ce document est déposé. M. le ministre des Forêts.
Rapport
annuel de la Société des établissements de plein air
M.
Lessard : M. le Président, je dépose le rapport annuel 2014‑2015
de la Société des établissements de plein air du Québec.
Le Président :
Ce document est déposé. M. le leader.
Réponses
à des pétitions
M.
Fournier : Je dépose les réponses du gouvernement aux pétitions
présentées par le député de La Prairie le 6 mai 2015 et
par le député de Beauharnois le 13 mai 2015.
Réponses
à des questions inscrites au feuilleton
Je
dépose également les réponses du gouvernement aux questions inscrites au
feuilleton : le 13 mai, par le député de Drummond—Bois-Francs et adressée au ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, le 21 mai 2015,
par le député de Groulx et adressée au
ministre de l'Économie, de l'Innovation et des Exportations, et le
27 mai 2015, par la députée de Mirabel et adressée au ministre
de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation. Merci.
Document
intitulé Rapport du Commissaire à l'éthique et à la déontologie au
président de l'Assemblée nationale au sujet de M. Gaétan Barrette,
ministre de la Santé et des Services sociaux et député de La Pinière
Le Président : Ce document
est déposé. Pour ma part, en application de l'article 98 du Code d'éthique
et de déontologie des membres de l'Assemblée
nationale, je dépose un rapport intitulé Rapport du Commissaire à l'éthiqueet à la déontologie au président de l'Assemblée nationale
au sujet de M. Gaétan Barrette, ministre de la Santé et des Services sociaux et député de La Pinière. Dans ce rapport, en date du
10 juin 2015, le commissaire conclut que le ministre n'a
pas commis de manquement à l'article 16 du code. Il indique en effet
que son examen des différentes circonstances
qui lui ont été décrites au cours de l'enquête ne lui permet pas d'arriver à
une compréhension claire d'une tentative d'influencer le directeur général du CHUM de façon à favoriser d'une
manière abusive les intérêts d'une autre personne. En conséquence,
l'Assemblée n'a pas à se prononcer sur ce rapport.
Lettre
de désignation de M. Jean Dussault
à titre de Commissaire au lobbyisme
Je
dépose également copie de la lettre que j'ai adressée à M. Jean Dussault,
secrétaire général du Commissaire au
lobbyisme, le désignant pour remplir les fonctions du Commissaire au lobbyisme
à compter du 10 juin 2015, pour une période d'au plus six mois, et ce, en application de l'article 34.1
de la Loi sur la transparence et l'éthique en matière de lobbyisme et
après consultation des chefs des partis représentés à l'Assemblée nationale et
des députés indépendants.
À la rubrique Dépôt
de rapports de commissions, M. le président de la Commission de l'aménagement...
Une voix :
...
Le
Président : Ah oui?
Ça vous intéresse, le calendrier? Oui. Oui, il y a encore deux choses,
dont le calendrier pour l'année qui s'en vient. Ça... Détail.
Rapport
annuel de l'Assemblée nationale
Je dépose d'abord le
rapport d'activité 2014‑2015 de l'Assemblée nationale du Québec.
Calendrier
des travaux de l'Assemblée
Et
finalement je dépose le calendrier des travaux de l'Assemblée 2015‑2016. C'est
probablement des travaux qui ont été faits préalablement dans les
caucus.
Dépôt
de rapports de commissions
Et
j'en étais à la rubrique Dépôt de rapports de commissions. M. le président de
la Commission de l'aménagement du territoire et député de Champlain.
Auditions
et étude détaillée du projet de loi n° 205
M.
Auger : M. le Président, je dépose le rapport de la Commission de
l'aménagement du territoire qui a siégé, le 10 juin 2015, afin d'entendre les intéressés et de procéder à
l'étude détaillée du projet de loi d'intérêt privé n° 205, Loi
concernant la Ville de Sherbrooke. La commission a adopté le texte du projet de
loi sans amendement.
Mise aux voix du rapport
Le Président :
Ce rapport est adopté?
• (10 h 40) •
Des voix :
Adopté.
Le Président :
...rapport est déposé.
Dépôt
de pétitions
Dépôt de pétitions, M.
le député de Mercier.
Publier les données à jour des registres des entreprises
et
des lobbyistes sur le site Données.gouv.qc.ca
M. Khadir : Merci, M. le Président. Je dépose l'extrait d'une
pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par
526 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant
que le gouvernement du Québec a lancé une initiative de gouvernement ouvert et
mis en place un portail de données ouvertes en 2012;
«Considérant que le
gouvernement du Québec a procédé à l'ouverture des données du système électronique
d'appel d'offres — ce
qu'on appelle le SEAO — du
Québec en juin 2013; et
«[...]que le
croisement des données du SEAO du Québec avec celles du registre des
entreprises du Québec et du Registre des lobbyistes du Québec servirait
grandement l'intérêt public;
«Considérant
que le public québécois exprime de fortes attentes en matière d'accès à
l'information, de transparence des processus décisionnels et de
collaboration entre l'État et la société civile;
«Considérant — enfin — que
nous sommes des citoyens intéressés à comprendre et surveiller les activités de
l'industrie de l'influence à l'aide d'outils électroniques libres et
accessibles à tous et [à] toutes;
«L'intervention réclamée se résume ainsi :
«Nous,
soussignés, demandons au gouvernement du Québec de publier les données du
registre des entreprises du Québec et
du Registre des lobbyistes du Québec dans un format ouvert — XML, CSV, JSON — sur le portail Données.gouv.qc.ca
et que lesdites données soient mises à jour quotidiennement et à perpétuité.»
Je certifie, M. le Président, que l'extrait est
conforme à l'original de la pétition.
Le
Président : L'extrait de cette pétition est déposé. M. le
député de Mercier, je pense que vous en avez une autre.
Remplacer la taxe
foncière par une
taxe progressive et progressiste
M. Khadir : Merci, M. le
Président. Je vais essayer de faire vite. Je dépose l'extrait d'une pétition
adressée à l'Assemblée nationale, signée par 476 pétitionnaires.
Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués sont les suivants :
«Considérant que la taxe foncière est
régressive;
«[...]qu'il n'y a pas de lien direct entre
l'évolution [de] la hausse de la taxe foncière et les revenus des contribuables
qui doivent l'acquitter;
«[...]que la taxe foncière ne tient pas compte
de la capacité de payer des contribuables;
«[...]que la taxe foncière ne tient pas compte
des inégalités de revenus qui existent entre les individus;
«[...]que la taxe foncière encourage la
spéculation immobilière;
«Considérant que les hausses de valeur foncière
diminuent l'accessibilité à des logements abordables;
«[...]que les
hausses de valeur foncière heurtent de plein fouet les petits commerces de proximité
et les forcent souvent à fermer boutique; [et]
«[...]que la taxe foncière encourage les
municipalités à rechercher de nouveaux revenus et favorise ainsi l'étalement
urbain;
«L'intervention réclamée se résume ainsi :
«Nous,
citoyens et citoyennes du Québec, demandons l'abolition de taxe foncière et le
remplacement de celle-ci par une taxe progressive et progressiste.»
Je certifie que cet extrait est conforme à
l'original de la pétition.
Le Président : L'extrait de
cette pétition est déposé. Mme la députée de Joliette.
Modifier le Règlement
sur l'aide financière aux études
afin de ne pas tenir compte de certains
revenus de parents-étudiants
Mme
Hivon :
Merci, M. le Président. Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à
l'Assemblée nationale, signée par 577 pétitionnaires.
Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués sont les suivants :
«Considérant que les parents-étudiants qui
élèvent seuls leurs enfants et qui reçoivent une rente d'orphelins avec une rente de survivant comme soutien
financier d'un conjoint décédé sont actuellement pénalisés par les règles du
régime d'aide financière aux études, tout
comme les parents- étudiants recevant une pension alimentaire pour enfants de
leur conjoint vivant;
«Considérant
qu'une rente de survivant est une aide versée par un conjoint qui, de son
vivant, a suffisamment cotisé au
régime des rentes du Québec, et qu'elle l'est au même titre que l'aide
financière qu'un conjoint vivant pourrait apporter;
«Considérant qu'il est difficilement explicable
qu'un parent-étudiant veuf recevant une aide de conjoint survivant reçoive
moins qu'un parent- étudiant en couple ou même séparé;
«Considérant
qu'un étudiant ayant eu la tristesse d'avoir perdu un parent ne devrait pas
être pénalisé en plus par le calcul de l'aide financière, pas plus que
les victimes d'actes criminels qui subissent le même traitement;
«Considérant
que le Comité consultatif sur l'accessibilité financière aux études s'est, en
2010, prononcé sur le fait que les
rentes concernant les enfants, comme les pensions alimentaires pour enfants, ne
devraient pas être retirées de l'aide financière aux études;
«Et l'intervention réclamée se résume
ainsi :
«Nous,
soussignés, demandons au gouvernement du Québec de modifier le Règlement de
l'aide financière qui pénalise, dans la catégorie "autres
revenus", les parents-étudiants qui reçoivent des rentes de conjoints
survivants, d'orphelins et ceux qui reçoivent une pension alimentaire pour
enfant.»
Je certifie que cet extrait est conforme à
l'original de la pétition.
Le Président : L'extrait de
cette pétition est déposé. M. le député de Richelieu.
Accorder dans les meilleurs
délais la subvention pour
l'agrandissement de l'école Saint-Roch, à Sorel-Tracy
M. Rochon :
Merci, M. le Président. Je dépose
l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée
nationale, signée par 189
pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Attendu
que la commission scolaire de Sorel-Tracy
et la municipalité de Saint-Roch-de-Richelieu font face à une augmentation importante de leur
population respective, scolaire et citoyenne;
«Attendu
que, selon les statistiques du ministère de l'Éducation, de l'Enseignement
supérieur et de la Recherche, il
manquera deux classes pour l'année 2015‑2016 et trois classes pour l'année 2017‑2018
à l'école Saint-Roch;
«Attendu
que le projet d'agrandissement consiste à ajouter deux classes, une classe
science et technologie, un gymnase et une bibliothèque;
«Attendu que des
accommodements temporaires occasionnent plusieurs problèmes;
«Attendu
que ces besoins différents, mais communs à plusieurs égards, ont entraîné
l'élaboration d'un partenariat opérationnel
et financier pour répondre aux besoins des parents et élèves de l'école
Saint-Roch et des citoyens de la municipalité;
«Attendu
que nous considérons le projet d'agrandissement de l'école Saint-Roch comme la
"pierre angulaire" du développement durable de notre
communauté;
«Attendu
que, sans l'agrandissement de l'école, il y aura à très court terme des impacts
sociaux, économiques et environnementaux néfastes;
«Attendu
que le coût estimé pour la municipalité est de 688 000 $ en
considérant une subvention du ministère de l'Éducation, de l'Enseignement
supérieur et de la Recherche de 323 000 $;
«Attendu que le coût
estimé total pour la commission scolaire et la municipalité est de
4 252 000 $;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous, soussignés,
citoyennes et citoyens du Québec, réclamons au gouvernement du Québec :
«De considérer
prioritaire la demande de subvention pour ce projet;
«De
permettre la réalisation de l'agrandissement de l'école Saint-Roch en accordant
dans les meilleurs délais la subvention de 323 000 $ du
ministère...»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition.
Le
Président : L'extrait de cette pétition est déposé. Et j'ai
reçu, de la part de M. le député d'Argenteuil, une demande de
dépôt d'une pétition qui est non conforme. Est-ce que j'ai un consentement?
Consentement. M. le député d'Argenteuil.
Permettre l'accès public à tous les plans d'eau du Québec
M. St-Denis :
M. le Président, je dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée
nationale, signée par 7 265 pétitionnaires. Désignation : citoyens et
citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant
que nous revendiquons le droit à la pleine jouissance et sans discrimination de
tous les accès publics aux plans
d'eau qui se trouvent sur le territoire du Québec, et ce, sans égard à la
résidence ou non dans la municipalité riveraine concernée;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«En conséquence, nous
demandons au ministère des Affaires municipales et de l'Occupation du
territoire d'intervenir énergiquement et sans délai dans ce dossier, en mettant
en place une réglementation à l'intention des municipalités
afin que cette discrimination [...] cesse immédiatement et qu'à nouveau tous
les Québécois et usagers de notre
merveilleux patrimoine puissent en profiter d'une façon juste et équitable, tel
que prévu dans la Charte des droits et libertés dont s'est doté le
Québec.»
Je
certifie que cet extrait est conforme à l'original de la pétition. Et vous me
permettrez, M. le Président, de saluer la présence dans les tribunes des
représentants de l'Association des pêcheurs sportifs du Québec. Merci.
Le
Président : Alors, l'extrait de cette pétition est déposé. J'ai
reçu, de la part de M. le député de Richelieu, une demande d'une
pétition non conforme. Est-ce que j'ai un consentement? Consentement. M. le
député de Richelieu.
Accorder dans les
meilleurs délais la subvention pour
l'agrandissement de l'école Saint-Roch, à Sorel-Tracy
M. Rochon :
Bien oui, c'est comme si je souhaitais que le ministre de l'Éducation ait bien
compris.
Je
dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale signée par 214
pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Attendu
que la commission scolaire de
Sorel-Tracy et la municipalité de Saint-Roch-de-Richelieu font face à une augmentation importante de leur
population respective, scolaire et citoyenne;
«Attendu
que, selon les statistiques du ministère de l'Éducation, de l'Enseignement
supérieur et de la Recherche, il manquera deux classes pour l'année 2015‑2016
et trois classes pour l'année 2017‑2018 à l'école Saint-Roch;
«Attendu que
le projet d'agrandissement consiste à ajouter deux classes, une classe science
et technologie, un gymnase et une bibliothèque;
«Attendu
que des accommodements temporaires occasionnent plusieurs problèmes;
«Attendu
que ces besoins différents, mais communs à plusieurs égards, ont entraîné
l'élaboration d'un partenariat opérationnel
et financier pour répondre aux besoins des parents et élèves de l'école
Saint-Roch et des citoyens de la municipalité;
«Attendu
que nous considérons le projet d'agrandissement de l'école Saint-Roch comme la
"pierre angulaire" du développement durable de notre
communauté;
«Attendu que, sans l'agrandissement de l'école, il
y aura à très court terme des impacts sociaux, économiques et environnementaux
néfastes;
«Attendu
que le coût estimé pour la municipalité est de 688 000 $, en considérant une subvention du
ministère de l'Éducation, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche
de 323 000 $;
«Attendu que le coût
estimé total pour la commission scolaire et la municipalité est de
4 252 000 $;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous, soussignés,
citoyennes et citoyens du Québec, réclamons au gouvernement du Québec :
De considérer
prioritaire la demande de subvention pour ce projet;
De
permettre la réalisation de l'agrandissement de l'école Saint-Roch en
accordant, dans les meilleurs délais, la subvention de
323 000 $ du ministère de l'Éducation, de l'Enseignement supérieur et
de la Recherche.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition.
• (10 h 50) •
Le
Président : Alors, l'extrait de cette pétition est déposé.
J'ai, en terminant, une dernière pétition, de la part de M. le député de Pontiac qui demande la permission
de pouvoir déposer une pétition non conforme. Est-ce qu'il y a
consentement? Consentement. M. le député de Pontiac.
Rouvrir à la circulation automobile le
pont Félix-Gabriel-Marchand,
à Mansfield-et-Pontefract
M.
Fortin (Pontiac) : Merci, M. le Président. Je dépose l'extrait d'une
pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par
1 533 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du
Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Attendu que le pont
Félix-Gabriel-Marchand est un site du patrimoine provincial, depuis 1989;
«Attendu
que le pont a été construit en l'honneur du premier ministre du Québec
M. Félix-Gabriel Marchand;
«Attendu
que [le pont couvert est] le plus long dans la région [de l'Outaouais] et le
deuxième [...] le plus long au Québec, et le seul ouvert à la
circulation automobile;
«Attendu
que le pont rouge, construit en 1898, est un des derniers ponts couverts au
Québec, [alors qu'il] y en avait 100, le pont est donc une attraction
touristique majeure;
«Attendu que le pont
est pratique et est un lien vital et important entre les deux villages, [ceux
de] Mansfield-et-Pontefract et [de]
Fort-Coulonge, et est une route supplémentaire en cas d'urgence, pour les
résidents et les entreprises établies;
«L'intervention
réclamée se résume donc ainsi :
«Nous,
soussignés, demandons au gouvernement du Québec, de [réouvrir] le pont Félix-Gabriel-Marchand,
situé à Mansfield-et-Pontefract, à la circulation automobile.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition.
Le Président :
L'extrait de cette pétition est déposé.
Juste un détail,
j'aimerais revenir sur le dépôt du rapport des commissions. Je sais que,
lorsque le député de Champlain a déposé son
rapport, il s'agissait d'un projet de loi privé, hein? Alors, un projet de loi
privé, j'ai besoin, je requiers l'adoption de l'Assemblée pour
l'adoption du rapport. Adopté?
Des voix :
Adopté.
Le Président :
Adopté.
Il
n'y a pas de réponses orales aux pétitions ni d'interventions portant sur une
violation de droit ou de privilège.
J'ai
été avisé qu'après la période de questions et de réponses orales il pourrait y
avoir un vote requérant l'approbation des deux tiers des membres de
l'Assemblée.
Questions
et réponses orales
Nous en sommes
maintenant à la période de questions et de réponses orales. Je cède la parole à
M. le chef de l'opposition officielle.
Conditions
de travail du personnel infirmier
M.
Pierre Karl Péladeau
M.
Péladeau : Merci, M. le Président. La saignée libérale se poursuit en
santé au Québec. Autre jour, autre coupure. Le premier ministre nous répondait hier qu'il voulait, et je le cite,
«valoriser le rôle de l'infirmière dans [notre] système de santé».
Pourtant, nous sommes plutôt à l'ère des coupures de postes et de services aux
patients.
Nous
apprenons que 25 postes d'infirmières et d'infirmières auxiliaires ont été
abolis au CSSS du Nord-de-Lanaudière. Nous
parlons d'infirmières qui travaillent en cardiologie, à l'unité de médecine de
jour, en chirurgie et au bloc opératoire. Aux soins intensifs, on compte
huit infirmières au lieu de neuf la fin de semaine. Du côté du Centre
d'hébergement Saint-Eusèbe, à Joliette, le
nombre de professionnels en soins est passé de 11 à huit. Pendant ce temps, les
hôpitaux de Lanaudière arrivent au
sommet du palmarès de l'attente à l'urgence avec une moyenne de
25 h 12 min pour la région, en hausse de
1 h 18 min par rapport à l'année dernière.
Alors, comment le premier ministre peut-il dire
qu'il valorise le rôle des infirmières, alors qu'il coupe partout dans le réseau, alors qu'il alourdit leurs tâches
au travail et qu'il veut réduire leurs salaires sous prétexte qu'il n'y a plus
d'argent et qu'il a tout donné à ses collègues médecins?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président, je
vais encore être obligé d'expliquer à mon collègue pourquoi la situation financière du Québec est ce qu'elle est. Nous
avons à résorber une impasse de plus de 7 260 000 000 $, et
je vois qu'on trouve ça drôle du côté
du l'opposition officielle, ce qui est assez paradoxal, M. le Président.
Et on est allé en élections sans
crédits, et on présente une option politique qui vise à dépouiller le Québec de
milliards de dollars de revenus, et on se demande bien comment lesdits
services publics pourront être soutenus dans le cas où, malheureusement, ceci se produirait.
Maintenant, je vais répéter que, oui, oui, M. le
Président, c'est nous qui avons ouvert la porte à la profession d'infirmière
praticienne et nous continuerons à le faire. C'est nous qui avons ouvert la
porte à la collaboration interprofessionnelle
et nous continuerons à le faire. Et, dans les négociations en cours — et
je comprends que le collègue
veut participer aux négociations, on l'a vu il y a quelques instants à peine — se
trouvent justement la revalorisation du rôle de l'infirmière et l'ouverture que
nous avons, nettement — et
le ministre de la Santé l'a exprimé à plusieurs reprises — à ce
que ce rôle non seulement soit affirmé, mais soit développé davantage, M. le
Président.
Le Président : M. le chef de
l'opposition, en première complémentaire.
M. Pierre Karl Péladeau
M.
Péladeau : Merci, M. le Président. Alors, pendant que le gouvernement exige plus des infirmières, il réduit les exigences envers les médecins spécialistes dans le projet de loi n° 20. Nous constatons, à la lecture des amendements,
que l'obligation pour les spécialistes de dispenser
des services aux patients qui sont en attente depuis plus de six mois a
été retirée.
Pourquoi
en demander moins aux médecins alors qu'on augmente leur salaire et, au
contraire, en demander plus aux infirmières en coupant le leur?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : M. le Président, avouez que c'est paradoxal, mais l'opposition n'en est pas à un
paradoxe près, là. Il y a quelques semaines à peine, on nous poussait de
répondre aux besoins des médecins, de ne pas leur demander de donner du
service supplémentaire, d'oublier le projet de loi n° 20. Et maintenant, bien
sûr, comme les circonstances changent, on change de discours. On y est
habitués, M. le Président.
Et je vais
répéter ce que j'ai dit hier également : Je me souviens très bien que,
lorsque ces négociations ont eu lieu, l'opposition
officielle maintenant pressait le gouvernement de conclure une entente parce
qu'elle disait qu'il fallait faire en sorte que le revenu des médecins
s'approche de la moyenne canadienne.
Alors, c'est
ce qui a été fait. On a réussi à étaler l'impact de ces hausses. C'est une
bonne nouvelle, M. le Président, et
on continue à travailler pour l'ensemble des Québécois et l'ensemble des
patients, surtout, avant tout des patients...
Le Président : En terminant.
M. Couillard : ...M. le Président.
Le Président : Deuxième
complémentaire.
M. Pierre Karl Péladeau
M.
Péladeau : Merci, M. le Président. Au CSSS de Chicoutimi, ce sont
16 postes d'infirmières qui ont été abolis en cardiologie, en pédiatrie et en périnatalité, sans parler du seul
poste d'infirmière praticienne spécialisée, qui a été supprimé l'automne
dernier.
Comment, avec
toutes ces coupures touchant les infirmières, le premier ministre peut-il
continuer de dire que les mesures d'austérité libérale n'affectent pas
les soins et les services des patients au Québec?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : M. le Président, quand on représente le seul parti politique à avoir diminué la
rémunération des employés du secteur
public la seule fois dans l'histoire du Québec où ça s'est produit, le
parti politique qui a fermé des hôpitaux, fermé des lits
de soins prolongés, qui a agi de façon très négative pour le réseau de santé...
Des voix : ...
Le Président : Mme la députée
de Pointe-aux-Trembles, je vous entends. Vous avez une jolie voix, mais je l'entends trop bien. Je voudrais demander au premier ministre d'avoir autant de possibilités de répondre que le chef de l'opposition a eu pour poser sa question.
M. le premier ministre.
M.
Couillard : Et, bien sûr,
nul n'est besoin de rappeler le triste épisode des mises à la retraite, M. le Président.
Mais, ceci
dit, il faut rappeler que ce réseau de santé coûte très cher
aux Québécois, et c'est justifié
qu'il coûte cher parce que ce sont
des services essentiels, que la responsabilité que nous avons, c'est non
seulement de maintenir, mais
d'améliorer les services en gérant mieux ces services et en utilisant mieux
l'argent que les contribuables, qui nous écoutent, nous confient chaque
année. Alors, ça fait partie des outils qu'il faut développer et qu'on va...
Le Président : En terminant.
M. Couillard : ...continuer à développer. On voit que le
ministre est très actif dans l'amélioration des services, et il va
continuer de l'être.
Le Président : Troisième
complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M. Pierre Karl Péladeau
M. Péladeau :
Merci, M. le Président. En Outaouais, coupe de 19,5 millions au CSSS de
Gatineau, 33 postes d'infirmières supprimés et deux infirmières sur trois
coupées à l'urgence psychiatrique; coupe de 6 millions de dollars
au CSSS de Papineau.
Alors, M. le
Président, ma question est simple : Est-ce que c'est comme ça que le
gouvernement libéral valorise le rôle des infirmières?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président, je
vais encore une fois être obligé de relever le total manque de crédibilité de l'opposition officielle dans cette question, sur
la question des hydrocarbures, sur la question des finances publiques. Je
ne peux pas faire autrement que de le
répéter, je regrette. Quand on n'a pas l'élémentaire décence, par rapport à la population, en quittant un mandat gouvernemental,
de présenter non seulement un budget, mais les crédits, quand on n'est pas
capable de dire clairement s'il faut ou non rétablir l'équilibre budgétaire,
quand on n'est pas capable d'avoir présenté à la population la vérité sur les finances publiques du Québec et une
impasse de plus de 7 milliards de dollars, on ne donne pas de leçon
à ceux qui la gèrent de façon responsable.
• (11 heures) •
Le Président : M. le leader
de l'opposition.
M.
Bédard : M. le
Président, sur la décence, on
repassera, mais j'aimerais quand même que le premier
ministre retire ses propos quant à la vérité.
Le
Président : Je vais
demander à tout le monde de faire attention à ses propos. Prochain
intervenant, Mme la députée de
Taschereau, en principale.
Port du tchador dans la
fonction publique
Mme Agnès Maltais
Mme
Maltais :
Le 21 janvier 2014, le premier ministre a déclaré en point de presse ici,
à l'Assemblée nationale, que le tchador véhicule, je le cite, un
«message d'oppression, de soumission et de retrait social de la femme» et que «pour nous, [ce] n'est pas acceptable et n'est pas
compatible avec les services publics». «Notre approche vient de ce que les Québécois veulent», disait-il. Et il ajoutait
aussi que, pour avoir vécu en Arabie Saoudite... il disait alors bien
comprendre «les messages qui sont envoyés par les vêtements».
Or, soudainement, hier, pour la
ministre de la Justice, le tchador est redevenu une simple pièce de vêtement
comme les autres. C'est un recul qui est totalement inacceptable.
Comment
la ministre de la Justice, qui est aussi responsable de la Condition
féminine — tiens,
tiens — peut-elle
oser maintenant défendre le port du tchador dans la fonction publique?
Le Président :
Mme la ministre de la Justice.
Mme
Stéphanie Vallée
Mme
Vallée : M. le Président, le projet de loi qui a été déposé
hier, le projet de loi n° 62, prévoit des balises très claires pour les demandes d'accommodement
raisonnable, des demandes d'accommodement basées sur des motifs religieux.
Je pense qu'il est important de regarder ces
balises-là et de les analyser chacune les unes avec les autres. L'un des
principes prévus dans ces demandes
d'accommodement, c'est l'importance du respect de l'égalité hommes-femmes,
justement, le respect de la neutralité religieuse de l'État, M. le
Président, ces balises-là sont à la base du projet de loi. Et les collègues de l'opposition peuvent y chercher des
failles, mais, pour ce qui est de l'égalité hommes-femmes, je serais un petit peu gênée de me lever ce matin, si j'étais
de l'autre côté, parce que le projet de loi n° 60, il excluait beaucoup de
femmes, M. le Président.
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée de Taschereau.
Mme
Agnès Maltais
Mme
Maltais :
C'est un recul inacceptable. Le tchador, c'est un voile noir qui recouvre la
femme de la tête jusqu'aux chevilles. Et,
puisqu'on parle de femmes congédiées, selon Fatima Houda-Pepin, le tchador est
l'expression même de l'oppression des femmes, en plus d'être la
signature de l'intégrisme radical.
Est-ce
qu'on doit comprendre que la ministre de la Justice, qui est, tiens, tiens,
responsable de la Condition féminine, n'est plus d'accord avec cette
définition du tchador? Comment a-t-elle pu laisser passer un recul aussi
inacceptable?
Le Président :
Mme la ministre de la Justice.
Mme
Stéphanie Vallée
Mme Vallée :
M. le Président, les projets de loi qui ont été déposés hier — il y
a le projet de loi n° 62, mais il
y a aussi le projet de loi n° 59 — ce sont des projets de loi qui visent à
inclure et à protéger l'égalité entre les hommes et les femmes, à
protéger les personnes vulnérables.
Je l'ai dit tout à l'heure,
le Parti québécois n'est pas à une contradiction près. On se lève ce matin et
on prétend préserver l'égalité hommes-femmes
et vouloir protéger l'égalité hommes-femmes? Le projet de loi n° 60
prévoyait des motifs d'exclusion et
de discrimination sans précédent au Québec non seulement à l'égard des femmes,
mais à l'égard de bien des citoyens et des citoyennes, bien des
Québécois et des Québécoises.
Le Président :
En terminant.
Mme Vallée :
Alors, le Parti québécois, sur cet aspect, n'a aucune leçon à nous faire.
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la députée de Taschereau.
Mme
Agnès Maltais
Mme
Maltais : En 2014, il y a eu un rapport, qui est le rapport
du député de Fabre, qui disait que le tchador serait, par le gouvernement libéral, interdit dans la
fonction publique. C'est un recul inacceptable. Et ce matin la ministre, en
entrevue avec Richard Martineau, a refusé de
dire... simplement de répondre à une question toute simple : Est-ce que le
tchador est inclusif? Elle est même incapable de répondre à ça.
Pourquoi un tel recul
pour les Québécoises?
Le Président :
Mme la ministre de la Justice.
Mme
Stéphanie Vallée
Mme
Vallée : M. le Président, encore une fois, encore une fois, le
Parti québécois nous amène dans un débat et tente d'amener un débat de diversion, tente de faire diversion dans un
dossier d'importance. Pour le moment, au Québec, là, il n'y a pas une
fonctionnaire qui porte le tchador, c'est une question complètement
hypothétique. Ce que le Parti québécois veut faire, M. le Président, c'est,
encore une fois, de légiférer sur les vêtements, ce qui va complètement à
l'encontre de nos valeurs québécoises.
Le Président : En terminant.
Mme Vallée : Et il ne faut pas légiférer sur des hypothèses, M. le Président. Et ça, c'est M. Parizeau qui le disait.
Le Président :
Principale, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
Position
du gouvernement sur le port de signes religieux
par les employés de l'État en situation d'autorité
M.
François Legault
M. Legault :
M. le Président, après des mois d'attente, le gouvernement a décidé,
finalement, d'agir sur les questions de neutralité de l'État puis de
l'intégrisme. En fait, c'est un dossier qu'on aurait dû régler depuis 2018, au
moment où le... 2008, pardon...
Des voix :
...
Le Président :
Comme je le dis souvent, ce n'est pas le premier lapsus qui se dit dans cette
Chambre. Alors, M. le chef du deuxième groupe d'opposition, c'est à vous la
parole, mais seulement à vous.
M.
Legault : Oui. M. le Président, excusez-moi, en 2008, le rapport
Bouchard-Taylor a fait un rapport qui
est substantiel, et, dans ce rapport,
M. le Président, on dit clairement : «On peut [...] avancer
que l'exigence d'une apparence d'impartialité
s'impose au plus haut point dans le cas des juges, des policiers [...] des
gardiens de prison, qui détiennent tous
un pouvoir de sanction et même de coercition à l'endroit de personnes qui se
trouvent en position de dépendance et de vulnérabilité.» M. le Président,
le rapport Bouchard-Taylor fait consensus au Québec.
Est-ce que
le premier ministre est prêt à s'asseoir avec les partis d'opposition
pour trouver un compromis honorable pour qu'on adopte ce consensus du rapport
Bouchard-Taylor?
Le Président :
M. le premier ministre.
M.
Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président, bien
sûr, on va avoir des longues commissions parlementaires où on aura l'occasion d'entendre divers avis et d'en parler. Cependant,
je sais que c'est un lapsus, mais je peux lui dire une chose. En 2018, il
y aura
des projets de loi qui auront été adoptés, et, dans la campagne qui
suivra, nos adversaires pourront expliquer aux Québécois et aux Québécoises
sur la base de quelle urgence réelle et véritable, sur la base de quelle
priorité, par rapport à toutes les autres priorités du Québec,
ils proposeraient ou proposeront d'en ajouter, des composantes visant à brimer
la liberté des gens.
Maintenant,
sur ce rapport, il y a déjà plusieurs recommandations, en passant,
qui ont été adoptées. Sur la question des juges, je l'amènerais à éliminer ce
point-là de sa discussion, les juges sont indépendants de cette Assemblée, je
voudrais lui rappeler ça.
Deuxièmement,
M. le Président, sur la question des agents de coercition — au moins, il n'emploie pas le terme
«agent d'autorité» qui l'a fait glisser, à une certaine époque, vers les
enseignants, il emploie le terme d'«agent de coercition»,
c'est bien — il y a
un règlement qui s'applique sur le port de l'uniforme pour les policiers.
D'ailleurs, on en a parlé hier dans un autre contexte. On aura
l'occasion de préciser davantage, de donner encore plus d'énergie à ce règlement et de préciser les moments et les
circonstances dans lesquels quelqu'un peut faire une demande, qui est loin
d'être assurée d'être accueillie favorablement, compte tenu des balises qu'on a
fixées hier, M. le Président.
Le Président :
Première complémentaire, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M.
François Legault
M.
Legault : M. le Président, je veux poser une question très
claire au premier ministre : Est-ce que, selon lui, un policier ou une policière devrait avoir le
droit de porter une croix visible, un voile ou un turban? Est-ce qu'il est
d'accord? S'il est d'accord avec ça,
comment il explique que la grande majorité des Québécois, eux, voudraient qu'on
interdisse ces genres de signes à ces personnes? Qu'est-ce qu'il pense?
Pourquoi?
Le Président :
M. le premier ministre.
M.
Philippe Couillard
M. Couillard : Oui. Beaucoup voudraient qu'on interdi-se. D'ailleurs, M. le Président,
on le sait, c'est quelque chose qui
est demandé. Et il faut se méfier, M. le Président, et c'est le devoir d'un Parlement.
C'est le devoir d'un Parlement et
d'une société démocratique, il faut se méfier des interventions portant sur les
minorités s'appuyant sur la règle simple de la majorité. C'est une règle
démocratique, parlementaire tout à fait élémentaire.
Deuxième
règle élémentaire également, si on veut restreindre les libertés des gens — et c'est ce que le collègue préconise — il faut que ça s'appuie sur une situation
réelle. Il n'y a pas un seul policier qui porte quoi que ce soit qu'il vient de décrire
actuellement au Québec. Il faut qu'il y ait une urgence et il faut que la
solution soit proportionnelle au problème.
Rien dans ce qui est dit ne répond à ces demandes. C'est des principes
élémentaires de législation, M. le Président.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M.
François Legault
M.
Legault : M. le Président, d'abord, quand on dépose puis on
adopte des lois, c'est pour l'avenir. Ce n'est pas pour les trois prochains mois, c'est pour
l'avenir. Il y a un consensus au Québec. Lorsqu'on gouverne, on a la
responsabilité d'écouter les consensus.
Est-ce que le premier
ministre est d'accord pour s'asseoir avec l'opposition, trouver un compromis,
réfléchir sereinement, qu'on travaille
ensemble? On ne peut pas parler du mieux-vivre ensemble si on n'est pas capable
de travailler ensemble à trouver un...
• (11 h 10) •
Le Président :
M. le premier ministre.
M.
Philippe Couillard
M.
Couillard : Je crois comprendre qu'il y a de nombreux points du projet
de loi et du plan d'action envers lesquels
le collègue est d'accord parce
qu'il n'en parle pas. Maintenant,
on va être prêts à discuter avec lui certainement,
mais je veux répéter ce que j'ai dit hier : Jamais, jamais je ne
m'engagerais dans une surenchère visant à brimer les libertés fondamentales des Québécois et Québécoises de toutes origines, les Québécois
et les Québécoises qui participent avec nous à la
construction et au progrès du Québec. Jamais!
Le Président :
Principale, Mme la députée de Montarville.
Des voix :
...
Le Président :
Il n'y a qu'une personne, là, qui a le droit de parole, c'est Mme la députée de
Montarville.
Une voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît!
Une voix :
...
Le Président :
Ah! M. le député de Rousseau.
Exemption
de taxes pour des immeubles appartenant
à des groupes intégristes musulmans
Mme
Nathalie Roy
Mme
Roy
(Montarville) : Alors, M. le Président, après plus d'un an d'attente, la ministre de la Justice a, finalement,
déposé hier un projet de loi pour lutter contre l'intégrisme religieux. Le projet de loi n° 59 contre les discours haineux est un pas dans la bonne direction, mais
comporte des lacunes qui l'empêcheront de réaliser l'entièreté de son objectif.
On constate que la ministre a retenu certaines de nos propositions, mais qu'elle en a, malheureusement, laissé plusieurs
de côté. Les nouveaux pouvoirs accordés au Tribunal des droits de la personne se limiteront à faire cesser les
propos haineux et à imposer des amendes. Les
sanctions pourraient pourtant être plus dissuasives et frapper davantage
au coeur du problème.
Comment
la ministre peut-elle accepter que les activités des corporations religieuses
qui diffusent de tels discours haineux
ou encouragent des actes discriminatoires continuent d'être indirectement
subventionnées par les contribuables du Québec avec de généreuses
exemptions fiscales?
Le Président :
Mme la ministre de la Justice.
Mme
Stéphanie Vallée
Mme
Vallée : M. le Président, le projet de loi n° 59 est un
projet de loi important. C'est un projet de loi qui répond à des demandes formulées notamment par la commission
des droits de la personne et de la jeunesse, qui visent à encadrer toute la question du discours haineux, du discours
qui incite à la violence. Ce qui est proposé en fait d'amendes, c'est aussi
une provision qui est proportionnelle. Donc,
il y a des sanctions. Celui ou celle qui aura été reconnu comme ayant porté
des paroles, un discours haineux... comme
ayant tenu des propos haineux ou incitant à la violence sera sur une liste. Il
y a des conséquences de l'inscription
sur cette liste-là, notamment les pouvoirs donnés à notre collègue ministre de
l'Éducation qui lui permettraient
d'intervenir si de telles personnes sévissaient à l'intérieur d'institutions
d'enseignement, dans les écoles, dans les cégeps,
dans les universités. Alors, cette disposition-là prévoit d'encadrer le
discours haineux, mais prévoit aussi une proportionnalité dans les sanctions
qui seront imposées, et ça, évidemment...
Le Président :
En terminant.
Mme Vallée :
...c'est toujours important de le considérer lorsque nous légiférons.
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée de Montarville.
Mme
Nathalie Roy
Mme Roy
(Montarville) :
Donc, j'ai bien compris, rien sur les taxes scolaires et municipales. La
ministre est-elle consciente qu'avec ses
projets de loi elle n'aide pas les municipalités? Que feront les villes quand
un prédicateur radical voudra venir y
installer des locaux dans lesquels il pourra continuer à prêcher contre nos
valeurs de démocratie et d'égalité entre les hommes et les femmes?
Pourquoi ne pas donner d'outils aux municipalités pour qu'elles soient en
mesure d'empêcher des cas comme celui de l'imam Chaoui, par exemple?
Le Président :
Mme la ministre de la Justice.
Mme
Stéphanie Vallée
Mme
Vallée : M. le Président, je pense qu'il est important pour la
collègue de bien lire le projet de loi, puisque le projet de loi prévoit la possibilité d'obtenir une ordonnance pour
faire cesser la diffusion et la tenue des propos haineux. Donc, il y a déjà des outils à l'intérieur du
projet de loi qui permettent à la Commission des droits de la personne de
saisir le tribunal afin d'obtenir une
ordonnance pour faire cesser la diffusion de ces propos-là. Les outils sont là,
M. le Président, et c'est la commission
des droits de la personne et de la jeunesse, qui est un organisme spécialisé en
la matière, qui aura le pouvoir d'intervenir, pouvoir d'enquête par
lui-même ou même suite à une dénonciation.
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la députée de Montarville.
Mme
Nathalie Roy
Mme
Roy
(Montarville) : Donc, rien en amont. Le projet de
loi n° 59 est incomplet. C'est une solution insuffisante pour un
problème fort complexe qui crée une infraction pénale copiée sur une infraction
criminelle déjà existante. Le gouvernement
laisse tomber les municipalités et il accepte que des deniers publics servent à
subventionner des corporations religieuses intégristes qui prônent la
charia et font l'apologie du terrorisme.
Est-ce
que la ministre comprend que la population est déçue de ce projet de loi, qui
ne s'attaque pas aux dérives
de l'intégrisme religieux?
Le Président :
Mme la ministre de la Justice.
Mme
Stéphanie Vallée
Mme
Vallée : M. le Président, le projet de loi vise à contrer le
discours haineux, le discours incitant à la violence. C'est un projet de loi important, ce sont des
avancées importantes. Je comprends que ma collègue a des idées et souhaite
échanger. On aura amplement le temps, lors
des travaux parlementaires, d'écouter, d'entendre et de voir comment nous
pouvons possiblement bonifier le projet de
loi. Je ne suis pas fermée à l'idée de ce travail-là. On n'est pas dogmatiques,
de ce côté-ci de la Chambre, M. le Président.
Le Président :
Principale, M. le député de Chambly.
Rémunération
après mandat des
hauts dirigeants des universités
M.
Jean-François Roberge
M.
Roberge : M. le Président, dans les derniers mois, on a pu constater
d'importants problèmes de gouvernance dans
nos universités. À moins d'avis contraire, l'ex-rectrice de l'Université du
Québec à Trois-Rivières va conserver, malgré sa contre-performance spectaculaire, son salaire de rectrice à vie. À
McGill, l'ex-rectrice a reçu 750 000 $ depuis qu'elle a quitté
ses fonctions. À l'Université Laval, même chose, des hauts dirigeants ont des
conditions et des primes d'après mandat indécentes.
Pendant ce temps-là, bien, le réseau
universitaire, lui, traîne un déficit accumulé de 2,8 milliards. Les hauts
dirigeants partent avec la cagnotte pendant
que les universités peinent à remplir leur mission et font des déficits. Cette
situation a été dénoncée à plusieurs reprises dans cette Chambre. Ça a assez
duré.
Qu'est-ce que le ministre va faire pour mettre
fin à ces aberrations?
Le
Président : M. le ministre de l'Éducation.
M.
François Blais
M.
Blais : Peut-être quelques corrections, si vous voulez bien, M. le
Président, là. À ma connaissance, selon les informations qu'on a — j'ai encore vérifié ce matin — donc, la rectrice démissionnaire de l'UQTR
n'a pas droit, là, à son salaire de
rectrice pour les années qui viennent. Alors, il faudra continuer peut-être
l'échange, mais les informations que j'ai ce matin, là, du siège social
de l'UQ, c'est que ce n'est pas le cas.
Pour
l'essentiel, maintenant, des préoccupations du collègue, là, je vous rappelle
que nous nous sommes quand même donné
une règle budgétaire pour contrôler non pas le passé — hein, il faut bien le comprendre, c'est une
question de justice élémentaire — mais pour contrôler l'avenir.
Cette règle budgétaire, qu'est-ce qu'elle prévoit? C'est que les cadres supérieurs du monde universitaire doivent
présenter, hein, avant de faire une demande à leur conseil d'administration,
doivent présenter... et obtenir du ministre
de l'Éducation l'autorisation pour des changements, là, à leur situation, à leur
traitement, à leur rémunération globale, et on entend bien continuer à faire
respecter cette règle budgétaire.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Chambly.
M.
Jean-François Roberge
M.
Roberge : M. le Président, manifestement, la règle budgétaire dont
parle le ministre, bien, elle n'est pas suivie. Au bout du compte, ce sont les étudiants et les institutions qui paient
le prix pour la mauvaise gouvernance parce que, bien, nos universités coupent dans les services aux étudiants et font
des déficits année après année. Le ministre se trouve dans une situation où il est impuissant à corriger
la situation, il nous faut donc une loi-cadre sur les universités pour régler
cette situation.
Le ministre peut-il
s'engager à déposer une loi-cadre au cours de la prochaine session pour que les
hauts dirigeants ne s'octroient plus des bonis indécents?
Le Président :
M. le ministre de l'Éducation.
M.
François Blais
M.
Blais : Je pense qu'il faut être prudent, il faut faire attention,
quand même, là. Les règles budgétaires dont on parle, là, elles sont respectées, et, quand elles ne le sont pas...
Rappelez-vous, là, on a eu un échange avec Bishop's cette année sur la situation. On considérait qu'il y avait
un problème important, les gens de l'Université Bishop's ont compris la situation. J'ai parlé au président du conseil
d'administration, j'ai parlé aussi au recteur. Ils ont compris la situation,
ils sont revenus en arrière. Je pense
que c'est très bien, c'est ce qu'on demande à l'ensemble des universités. Pour
l'essentiel, là, cette règle-là, me
semble-t-il, elle est respectée. Il y a un petit contentieux, vous le savez
bien, avec l'Université Laval. J'ai répété que, bien sûr...
Le Président :
En terminant.
M. Blais :
...les contribuables ne paieront pas pour ça, et on attend encore...
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Chambly.
M.
Jean-François Roberge
M.
Roberge : M. le Président, le ministre banalise la situation, qui est
pourtant grave. On a un rapport devant nous, le rapport du Sommet sur l'enseignement supérieur, et il est clair, il
propose d'établir une loi-cadre sur la gouvernance des universités. Le
rapport souligne que, dans l'état actuel des choses, le ministre n'a aucune
prise pour formuler des exigences aux
universités. Je tends la main au ministre pour travailler avec lui à élaborer
une loi-cadre sur la gouvernance des universités.
Quand
le ministre et le gouvernement se donneront-ils enfin des moyens pour empêcher
les hauts dirigeants de s'octroyer des bonis injustifiés?
• (11 h 20) •
Le Président :
M. le ministre de l'Éducation.
M.
François Blais
M.
Blais : Alors, je remercie
mon collègue de l'offre, hein? J'apprécie toujours, hein, quand il me
fait des offres pour travailler ensemble. Écoutez, contrairement à lui,
je ne crois pas qu'il y a une crise de gouvernance dans le monde universitaire. Il y a, effectivement, un certain
nombre d'enjeux. On ne peut pas revenir sur le passé. C'est pour ça que je
fais, bien sûr, mention, là, de ce qu'on a
vu dans les journaux par rapport à McGill, on ne peut pas revenir sur le passé.
Mais on peut contrôler l'avenir. Je pense
qu'on a une bonne règle budgétaire qui, pour l'essentiel, est respectée — il faut le dire, là, pour l'essentiel — est respectée par les universités. Il y a un
écart en ce moment, puis on essaie de le corriger.
Le Président :
Principale, M. le député de Bonaventure.
Sommes
attribuées à la création d'emplois en forêt
dans le Bas-Saint-Laurent et la Gaspésie
M.
Sylvain Roy
M. Roy :
M. le Président, avec l'abandon, par le gouvernement libéral, du Programme de
création d'emplois en forêt, ce sont
6 millions de moins pour les travailleurs forestiers du Bas-Saint-Laurent
et de la Gaspésie. Lors de sa tournée régionale qui s'appelait Faire +, le
ministre s'est fait interpeller pour maintenir les budgets en forêt privée. Or,
la seule réponse qu'il avait à donner aux
forestiers est une coupe de 30 % de leur budget. À New Richmond, c'est
plus de 500 travailleurs qui
l'attendaient pour lui faire comprendre l'importance de la forêt privée,
gagne-pain de plusieurs centaines de familles.
M.
le Président, on a dans nos tribunes des gens qui vivent de la forêt privée et
qui sont extrêmement inquiets de leur
avenir. Est-ce que le ministre peut leur annoncer qu'il va rétablir les budgets
dédiés à la forêt privée en Gaspésie et au Bas-Saint-Laurent?
Le Président :
M. le ministre des Forêts.
M.
Laurent Lessard
M.
Lessard : Oui, M. le Président. Donc, dès l'an passé, nous
avons annoncé des investissements record en travaux sylvicoles partout, dans
toutes les régions du Québec, puis, en fait, c'était plus que n'importe quel
parti a pu faire avant. Ça s'est traduit dans toutes les régions du
Québec par une amélioration, donc, des enveloppes pour les forêts publiques.
Maintenant, quant à la forêt privée, donc, le ministère aussi a été mis à
contribution, et on a maintenu, depuis l'an
passé, aussi l'enveloppe de 28,5 millions pour les agences de forêt privée
qui se traduit autant pour la Gaspésie puis le Bas-Saint-Laurent... puis
mon collègue de Rivière-du-Loup—Témiscouata
qui m'en parle aussi à toutes les semaines,
donc l'enveloppe, là, qui est dédiée à chacune des régions, ce qui se traduit,
pour le Bas-Saint-Laurent, à
24,1 millions encore cette année pour envoyer les gens travailler en forêt
et, en Gaspésie, à 18,1 millions, donc, pour cette année. Et, comme on a annoncé les travaux
sylvicoles pour la prochaine année, donc le montant en forêt publique
est toujours présent.
Maintenant,
en forêt privée dans le Bas-Saint-Laurent, il y a quelque chose de particulier
pour lequel on travaille. En 1980, il
y a eu la tordeuse de bourgeons d'épinette, ce qui a résulté, donc, à replanter
la forêt, et il y a un mur de bois qui s'en vient dans le
Bas-Saint-Laurent et la Gaspésie et pour lequel nous consacrons tous nos
efforts à...
Le Président :
En terminant.
M.
Lessard :
...faire cette récolte de première éclaircie commerciale.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Matapédia-Matane.
M.
Pascal Bérubé
M.
Bérubé : M. le Président, le ministre dit aux travailleurs
qu'on a assez d'argent pour débuter la saison et qu'on verra pour le
reste de l'année. Il leur demande de vivre dans l'incertitude, sans garantie.
Comment le ministre peut-il demander à ces
familles de vivre au jour le jour sans savoir si, oui ou non, ils auront un
revenu jusqu'à la fin de l'année?
Le Président :
M. le ministre des Forêts.
M.
Laurent Lessard
M.
Lessard : Bien, je répondrai qu'il y a quand même
18,1 millions de dollars qui est donné à toutes les entreprises, des entreprises de travaux sylvicoles, des
entrepreneurs de chez vous qui, aujourd'hui, donnent du travail aux gens qui
vont dans le bois. Donc, il y a
1,9 million de dollars qui est donné à l'agence de la forêt privée, qui
consacre 100 % de son enveloppe
à faire des travaux sylvicoles, préparer des terrains, faire de la plantation,
mobiliser du monde, première éclaircie, deuxième éclaircie, donc
pour s'assurer maintenant qu'on arrive à la récolte.
Il
y a une forêt de 35 ans qui est là, qu'on appelle le mur de bois du Bas-Saint-Laurent
et de la Gaspésie, puis on a dit
qu'on allait consacrer tous les efforts possibles pour s'assurer, un, que les
usines qui sont présentes autant en Gaspésie qu'au Bas-Saint-Laurent
puissent prendre le bois...
Le Président :
En terminant.
M.
Lessard :
...d'une certaine valeur et de travailler, donc, à s'assurer que ce bois-là...
Le Président :
Complémentaire, M. le député de Rimouski.
M. Harold LeBel
M.
LeBel : En campagne
électorale, le Parti libéral a fait des promesses. En tournée régionale, le ministre
a fait des promesses. Il y a
deux semaines, le ministre régional a fait des promesses, au nom du ministre
de la Forêt, à ces gens-là qui sont ici, en haut.
Ils sont tannés des
promesses, ils veulent avoir des vraies réponses. Est-ce que le ministre peut
les rencontrer tantôt, après la période des questions, et leur donner
l'heure juste, et rétablir les budgets dans la forêt privée, chez nous,
dans le Bas-du-Fleuve puis en Gaspésie?
Le Président :
M. le ministre des Forêts.
M.
Laurent Lessard
M.
Lessard : M. le Président, j'arrive d'une tournée de toutes les régions du Québec.
Au Bas-Saint-Laurent, on a
rencontré des entreprises de travaux sylvicoles, les groupements
forestiers, la Fédération des producteurs de bois. Je les ai rencontrés
encore la semaine passée à Saint-Georges de Beauce.
Dans
le Bas-Saint-Laurent, ce qu'on nous demande, ce n'est pas faire des
travaux sylvicoles. L'ancienne
conférence régionale des élus nous a déposé un plan pour la récolte,
donc, du bois à maturité pour alimenter les usines. Ils n'ont pas dit : Mettez de l'argent pour faire des
travaux sylvicoles puis pour la préparation de terrains. Ils n'ont pas
dit : Mettez de l'argent pour
faire du débroussaillage. Ils ont dit : Récoltez le bois qui est à
maturité après 35 ans. C'est ce qu'ils nous ont demandé, puis c'est
à ça qu'on se...
Le Président :
M. le leader de l'opposition.
M.
Bédard : Article 79, M. le Président. La question est :
Ces gens-là ont fait un long parcours, est-ce qu'il est prêt à les
rencontrer, oui ou non?
Le Président :
M. le leader du gouvernement.
M.
Fournier : ...la question. Il faisait référence à des engagements
préélectoraux, à des engagements depuis la période électorale, des
engagements pris par le ministre régional, et la réponse venait à l'ensemble de
ce...
Le Président :
M. le ministre, avez-vous conclu? Terminé? Terminé. M. le député de Mercier, en
principale.
Enquêtes
de la Régie de l'assurance maladie
et de la Sûreté du Québec sur des
entreprises pharmaceutiques
M.
Amir Khadir
M. Khadir :
Merci, M. le Président. La multinationale McKesson est l'un des principaux
distributeurs de médicaments au Canada.
Basée à San Francisco, McKesson déclare ses impôts à Luxembourg, un
paradis fiscal qui fait mal à
l'économie de beaucoup de pays. En 2012 et en 2015, McKesson a été condamnée à
payer un total de 340 millions de dollars d'amende pour avoir
fraudé le gouvernement américain en gonflant ses prix.
Une
enquête de la RAMQ a forcé McKesson à verser 40 millions de dollars au
gouvernement du Québec en 2013 pour
éviter des poursuites judiciaires à cause d'arrangements cachés entre ce
distributeur et des fabricants et aussi des ristournes aux pharmaciens.
Tout ça a empêché les contribuables, en fait, et la RAMQ d'obtenir de meilleurs
prix. McKesson empoche les rabais que la
RAMQ et les contribuables doivent obtenir. Selon nos calculs, juste pour les
génériques, ça pourrait représenter, en économies perdues par la RAMQ,
410 millions de dollars.
Est-ce que le
ministre peut nous dire si la RAMQ mène d'autres...
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : Alors, M. le Président, évidemment, les enquêtes de la RAMQ
sont confidentielles. Parce qu'il y a des enquêtes, je ne veux pas
étaler ici ni la procédure d'enquête ni des résultats potentiels.
Par
contre, M. le Président, je pense que le député de Mercier nous indique assez
clairement qu'il y a une mécanique qui
fonctionne et qui se fait aussi en collaboration avec l'ordre professionnel des
pharmaciens. Ce n'est pas simplement une
question gouvernementale ou de la RAMQ, mais aussi de l'Ordre
des pharmaciens, qui a dans son intérêt de faire en sorte qu'il n'y ait
pas ce genre de situation là.
Alors, la
réponse, je ne suis pas nécessairement d'accord avec la hauteur de l'économie
potentielle que le député de Mercier
nous amène, nous propose, mais il est clair qu'il y a certainement des
économies à aller chercher, et on a bien l'intention d'aller les chercher, tout comme on a l'intention de faire
en sorte que la RAMQ continue à faire ses enquêtes et que l'on puisse
continuer à collaborer avec l'ordre professionnel des pharmaciens.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Mercier.
M. Amir Khadir
M. Khadir : M. le Président, les restrictions
prévues à la loi du Québec visent à assurer que le prix de vente payé
par les patients ou remboursé par la RAMQ ne soit pas touché par ce type
d'arrangement qu'on vient de dénoncer. Mais,
malgré l'entente de 2013, la réalité, c'est que McKesson a poursuivi ses
tactiques illégales pour mettre dans sa poche des centaines de millions
de dollars qui devraient normalement aller à la RAMQ ou aux contribuables.
Ma question,
c'est que, tant que le gouvernement ne négocie pas lui-même ses prix puis n'a
pas une approche globale, ces multinationales vont toujours contourner
la loi. Quand est-ce qu'on va faire ça?
Le Président : M. le ministre
de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M. Barrette : M. le Président, ce
n'est pas que question, c'est une affirmation politique de Québec solidaire. Il
a le droit de le faire, évidemment. C'est normal, on est dans une assemblée de
débats.
Maintenant,
M. le Président, les mesures... ou la proposition que fait le député de Mercier
visent une avenue qui n'est pas
nécessairement praticable dans les conditions économiques actuelles. Quand je dis
«économiques», M. le Président, je
dis simplement qu'il y a des règles à suivre selon certains paramètres,
notamment toutes nos ententes de commerce international qui font en
sorte qu'il y a des choses qu'on peut faire et des choses qu'on ne peut pas
faire.
Ceci dit, M. le Président, je suis tout à fait
d'accord avec le député de Mercier à l'effet qu'on doive faire des efforts pour
aller chercher les meilleurs prix et aller chercher...
Le Président : En terminant.
M. Barrette : ...les économies dont
on a besoin, et c'est ce à quoi on travaille actuellement, M. le Président.
• (11 h 30) •
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le député de Mercier.
M. Amir Khadir
M. Khadir : M. le Président,
un propriétaire de pharmacie qui en a assez de se voir forcé de participer à
ces tactiques déloyales qui coûtent cher aux contribuables du Québec s'est
ouvert récemment aux médias. L'Ordre des pharmaciens
veut agir. La Sûreté du Québec a commencé une enquête, mais ils ont besoin de
la collaboration du gouvernement et
de la RAMQ. J'ai parlé à ce pharmacien — appelons-le monsieur X — et il est prêt à rencontrer le ministre
pour lui apporter des preuves pour qu'il agisse.
Est-ce que le ministre accepte de le rencontrer
et qu'on en arrive à une solution globale?
Le Président : M. le ministre
de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : M. le Président, je comprends de l'intervention du député de Mercier
qu'actuellement il y a des enquêtes,
à la limite, policières. Si la police est là-dedans, il y a
une enquête policière, alors je ne vais certainement pas
intervenir dans le processus d'une enquête policière.
Alors, maintenant,
M. le Président, comme le
député de Mercier
semble avoir des contacts particuliers, je pense qu'il serait un intermédiaire tout
à fait approprié pour que lui m'amène
des informations plutôt que moi, j'intervienne. Ça
m'apparaîtrait plus respectueux des procédures qui existent actuellement, M. le
Président.
Le Président : Principale, M.
le député de Groulx.
Implantation de la
stratégie maritime
M. Claude Surprenant
M.
Surprenant : M. le Président, plutôt que de lancer sa stratégie maritime, le gouvernement a choisi de faire du surplace
depuis un an. Les deux seules mesures qu'il a mises en oeuvre sont celles
annoncées dans le budget 2014, soit deux incitatifs fiscaux pour
aider les armateurs à construire ou rénover des bateaux au Québec.
Un an plus
tard, nous avons demandé : Combien de projets ou d'armateurs se sont prévalus de ces mesures? La réponse du gouvernement : Zéro, M. le
Président, pas un seul projet, pas un seul armateur n'a bénéficié de ces
mesures fiscales. Ce n'est pas le
député de Groulx mais bien le milieu qui a porté un jugement. C'est un naufrage
déplorable. Encore de belles annonces
qui ne donnent rien, qui ne sont rien d'autre qu'un écran de fumée. Le ministre
responsable et le premier ministre font de beaux discours, donnent de
belles conférences, mais il n'y a aucun résultat concret.
Alors,
est-ce que le ministre reconnaît que ces mesures sont des échecs et qu'il
patauge dans l'indifférence, M. le Président?
Le Président :
M. le leader du gouvernement.
M.
Fournier : Simplement pour offrir 10 secondes de réponse avant
que mon collègue puisse répondre à la question, pour juste préciser dans la question de notre collègue : Lorsque
l'annonce devait être faite, M. Parizeau est décédé. Il nous a
semblé approprié de ne pas le faire à ce moment-là. Ça viendra bientôt.
Le Président :
M. le ministre délégué aux Transports.
M. Jean D'Amour
M.
D'Amour : M. le Président, je serais très heureux de rencontrer le député de Groulx
sur la question de la stratégie maritime, parce qu'on lui a fait la proposition et on n'a pas eu de retour, parce que
la stratégie maritime, M. le Président, c'est un vaste chantier. Évidemment, on parle des chantiers maritimes,
c'est important. Il y a des avantages fiscaux qui ont été offerts dans les deux budgets présentés
par notre collègue des Finances, il y a d'autres outils qui sont en
planification. Je tiens à souligner
au député de Groulx, M. le Président, qu'élaborer un chantier maritime, ça se
fait dans le temps. Ce n'est pas
parce qu'on décide de construire un navire aujourd'hui que demain c'est prêt,
ce chantier, à être réalisé. Alors, il faut prendre le temps de faire
les choses correctement.
Ceci
dit, effectivement, on a travaillé de façon sérieuse et minutieuse depuis un an
pour mettre en place une stratégie maritime. Et je dois vous dire que
j'ai bien hâte de la rendre publique, parce que la stratégie maritime renferme
des objectifs qui sont ambitieux pour le
Québec. On parle de créer 30 000 emplois sur un horizon de 15 ans et
nous allons nous attarder à tous les aspects de la vie maritime
québécoise...
Le Président :
En terminant.
M. D'Amour :
...surtout aux régions, M. le Président, pour créer des emplois à travers tout
le Québec.
Le Président :
Première complémentaire. M. le député de Groulx.
M. Claude Surprenant
M.
Surprenant : M. le Président, au niveau de la stratégie,
effectivement, il y a eu un événement malheureux récemment, mais il y a eu plusieurs fois par le passé des
annonces qui étaient faites que ça devait se faire, et ça n'a jamais encore été
fait.
Alors donc, par le
passé, nous avions pourtant mis le ministre en garde, M. le Président, sur le
faible potentiel des mesures fiscales
annoncées, et le temps nous a donné raison. Il n'y a pas un seul projet, pas un
seul armateur, pas un seul bateau qui a bénéficié des incitatifs
financiers. Encore demain, le ministre et le premier ministre vont défiler au
Vieux-Port de Québec, alors qu'il n'y a encore rien de concret sur la table.
Comprennent-ils que
le Québec a besoin d'autre chose que des promesses en l'air...
Le Président :
M. le ministre délégué aux Transports.
M. Jean D'Amour
M.
D'Amour : M. le Président, définitivement, je crois que le député
aurait avantage à venir nous rencontrer, j'aurais donc le plaisir de pouvoir échanger avec lui sur l'ensemble des
projets, sur l'ensemble de la stratégie maritime, parce qu'il y a des projets partout — M. le Président, j'ai déjà eu l'occasion de
le préciser à cette Chambre — que ce soit au niveau de nos ports de mer, il y a des projets;
que ce soit au niveau de l'industrie des pêches, il y a des projets; les
chantiers maritimes, nous sommes en
lien avec eux. Il y a également des projets. Nous avons annoncé récemment, le
premier ministre et moi, à Rimouski, la création d'un institut
franco-québécois sur la recherche dans le domaine maritime.
La
stratégie s'intéresse à l'environnement, aux pêches, aux régions, à l'ensemble
de l'oeuvre au niveau maritime, M. le Président. C'est important pour
nous...
Le Président :
En terminant.
M.
D'Amour : ...et j'aurais bien aimé, la semaine dernière, pouvoir être
en mesure de lancer la stratégie maritime. Ce n'est...
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Groulx.
M. Claude Surprenant
M.
Surprenant : M. le Président, alors, à la question qu'on lui avait
posée, il nous a effectivement répondu que c'était bel et bien zéro
comme résultat. Alors, ça vient d'eux.
Alors,
il ne cesse de nous dire, le ministre, qu'il va annoncer sa stratégie maritime
et que ce sera la huitième merveille du
monde. C'est le même discours depuis un an, mais, pendant ce temps, les mesures
censées aider nos armateurs n'intéressent
même pas les armateurs eux-mêmes.
Alors, tout ce qu'il a fait jusqu'ici, c'est couler sa stratégie maritime dans
les journaux.
Alors, ce gouvernement
est en poste depuis 14 mois. Peut-il enfin agir et proposer un plan ambitieux
pour développer le Québec, M. le Président?
Le Président :
M. le ministre aux Transports.
M. Jean D'Amour
M.
D'Amour : M. le Président, ce que nous allons proposer aux Québécois
très bientôt, très prochainement, c'est une véritable révolution maritime pour le Québec. Je tiens à vous dire,
M. le Président, que ce sera la première stratégie maritime annoncée et implantée dans chacune des
régions du Québec. C'est ça, la stratégie maritime. On ne l'a pas cachée.
Ce
qu'on prévoit à l'intérieur de la stratégie : bien sûr, des
investissements gouvernementaux, dans une mesure de 1,5 milliard, pour le Québec au cours des cinq prochaines
années. Il y aura des investissements privés, il y aura des investissements fédéraux. Alors, c'est une grande
révolution maritime qu'on veut offrir aux Québécois, parce que nous, on
a à coeur de développer chacune des régions. C'est la raison pour laquelle j'ai
déjà effectué près de deux tournées complètement au Québec et que je vais
reprendre la route bientôt...
Le Président :
En terminant.
M. D'Amour :
...pour annoncer des projets et créer des emplois, parce que c'est notre
gouvernement.
Le Président :
Principale, M. le député de Bourget.
Proposition d'accorder un certificat de sélection du
Québec
pour motif humanitaire au blogueur Raif Badawi
M. Maka Kotto
M.
Kotto : M. le Président, à la suite de la confirmation de la
condamnation du blogueur Raif Badawi par la Cour suprême d'Arabie
saoudite dimanche, la ministre des Relations internationales a dit, et je la
cite : «Mon rôle va être de mettre
davantage de pression [sur le gouvernement fédéral].» À l'évidence, jusqu'à
présent, toutes ses démarches dans ce
sens n'ont rien donné de tangible. La semaine dernière, nous avons proposé au
gouvernement du Québec d'aller plus loin
en posant un geste fort pour Raif Badawi en lui octroyant un certificat de
sélection du Québec pour motif humanitaire.
Alors,
le gouvernement va-t-il accepter notre proposition en lui accordant de façon
exceptionnelle ce certificat afin d'en faire un Québécois d'adoption?
Le Président :
Mme la ministre des Relations internationales.
Mme Christine St-Pierre
Mme
St-Pierre : Merci, M. le Président. Bien sûr, nous réitérons
notre appui sans équivoque à la mobilisation mondiale envers M. Badawi. La mobilisation est énorme non seulement
au Québec, au Canada, mais ailleurs dans le monde, en Angleterre, aux États-Unis, dans la Communauté
européenne. Plusieurs organismes, évidemment, mettent leurs voix
ensemble pour dénoncer cette situation, qui est tout à fait cruelle et
inhumaine.
Alors,
les pressions doivent se poursuivre bien sûr à trois niveaux, c'est-à-dire des
pressions politiques — et j'ai parlé, eu une
conversation téléphonique cette semaine avec mon homologue fédéral,
M. Nicholson, on doit se rencontrer bientôt; également, les
organismes non gouvernementaux — il faut saluer le travail d'Amnistie
internationale, travail exceptionnel dans ce
dossier, Avocats sans frontières; également les médias. Les médias ont un rôle
important à jouer, parce que cette histoire ne doit pas évidemment
sombrer dans l'oubli, M. le Président.
Alors, nous sommes de
tout coeur avec M. Badawi, sa famille, son épouse, ses enfants et nous
poursuivons nos conversations, nous poursuivons...
Le Président :
M. le leader de l'opposition.
M.
Bédard : En toute amitié... Article 79, M. le Président, en
toute amitié, d'autant plus que nous en sommes ici... Comme on va suspendre nos travaux, c'est la
dernière fois qu'on va se réunir, la proposition était, et c'est vraiment la
main tendue, d'émettre de façon exceptionnelle un certificat à M. Badawi,
et cette responsabilité relève de la ministre et du premier ministre.
Nous
souhaitons que cette proposition soit acceptée de façon à démontrer que le
Québec parle d'une voix forte en faveur de M. Badawi. Donc,
j'aimerais voir si le...
Le Président : Vous avez
terminé? Alors, cela met fin à la période de questions et de réponses orales.
Oui. M. le leader de...
M.
Fournier : Oui, sur la main tendue qui est adressée — permettez-nous
au moins de prendre connaissance du
contenu — on vous
reviendra. Peut-être qu'à la période de questions de demain, d'ailleurs, il
pourrait aussi en être question. Je crois que nous allons encore siéger
demain. Pas la semaine prochaine, mais demain encore.
Motions sans préavis
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, nous en sommes maintenant à la rubrique des
motions sans préavis. Et je vais maintenant céder la parole à M. le premier
ministre.
Nommer M. Pierre Reid
Directeur général des élections
Document
déposé
M. Couillard : Mme la Présidente, je propose, après consultation auprès des partis
d'opposition et des députés indépendants :
«Que, conformément
aux articles 478 et 479 de la Loi électorale, Me Pierre Reid,
secrétaire général associé chargé du
Secrétariat du Conseil exécutif, administrateur d'État II, soit nommé
Directeur général des élections pour un mandat de sept ans à compter du 12 juillet 2015 et que sa
rémunération et ses autres conditions de travail soient celles contenues
dans le document ci-annexé que je dépose.»
• (11 h 40) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie. Et je
rappelle aux membres de l'Assemblée que,
pour être adoptée, cette motion doit être approuvée par au moins le deux tiers
des membres de l'Assemblée, elle doit
donc être suivie d'un vote par appel nominal.
Mise aux voix
Alors,
je mets aux voix la motion de M. le
premier ministre telle que lue
précédemment. Et que les députés en faveur de cette motion veuillent
bien se lever.
Le
Secrétaire adjoint : M. Couillard (Roberval), M. Fournier
(Saint-Laurent), Mme Thériault (Anjou—Louis-Riel),
M. Paradis (Brome-Missisquoi), M. Hamad (Louis-Hébert), M. Dutil (Beauce-Sud),
M. Leitão (Robert-Baldwin), M.
Coiteux (Nelligan), Mme David (Outremont), M. Poëti (Marguerite-Bourgeoys), M.
D'Amour (Rivière-du-Loup—Témiscouata), M. Huot (Vanier-Les Rivières),
M. Kelley (Jacques-Cartier), Mme Vallée (Gatineau), M. Lessard (Lotbinière-Frontenac), M. Barrette
(La Pinière), M. Blanchette (Rouyn-Noranda—Témiscamingue), M. Heurtel (Viau), M.
Arcand (Mont-Royal), Mme Charbonneau (Mille-Îles), M. Daoust (Verdun), Mme Vien
(Bellechasse), M. Blais (Charlesbourg), Mme St-Pierre (Acadie), M. Reid
(Orford), Mme Boulet (Laviolette), Mme Vallières (Richmond), M. Morin
(Côte-du-Sud), M. Bernier (Montmorency), M. Ouellette (Chomedey), Mme
Charlebois (Soulanges), Mme Ménard
(Laporte), Mme Blais (Saint-Henri—Sainte-Anne), Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger), M. Carrière (Chapleau), M. Chevarie
(Îles-de-la-Madeleine), M. Matte (Portneuf), M. Simard (Dubuc), M. Bolduc
(Mégantic), Mme de Santis
(Bourassa-Sauvé), M. Iracà (Papineau), M. Ouimet (Fabre), M. Fortin
(Sherbrooke), M. Fortin (Pontiac), M.
Bourgeois (Abitibi-Est), M. Boucher (Ungava), M. Birnbaum (D'Arcy-McGee), M.
Auger (Champlain), M. Rousselle (Vimont), M. Giguère (Saint-Maurice), M.
Habel (Sainte-Rose), M. Hardy (Saint-François), M. Merlini (La Prairie), Mme Montpetit (Crémazie), Mme Nichols (Vaudreuil),
M. Plante (Maskinongé), M. Polo (Laval-des-Rapides), Mme Simard
(Charlevoix—Côte-de-Beaupré),
M. St-Denis (Argenteuil).
M. Péladeau (Saint-Jérôme), M. Bédard
(Chicoutimi), M. Marceau (Rousseau), Mme Hivon (Joliette), M. Bérubé (Matane-Matapédia), M. Gendron (Abitibi-Ouest),
Mme Léger (Pointe-aux-Trembles), Mme Lamarre (Taillon), M. LeBel (Rimouski), M. Lelièvre (Gaspé), M. Kotto
(Bourget), M. Gaudreault (Jonquière), M. Therrien (Sanguinet), Mme Maltais
(Taschereau), M. Dufour (René-Lévesque), M. Cloutier (Lac-Saint-Jean), M.
Traversy (Terrebonne), M. Cousineau (Bertrand),
M. Rochon (Richelieu), M. Villeneuve (Berthier), Mme Ouellet (Vachon), M.
Bergeron (Verchères), M. Turcotte (Saint-Jean), Mme Richard (Duplessis),
M. Roy (Bonaventure).
M.
Legault (L'Assomption), M. Caire (La Peltrie), M. Charette
(Deux-Montagnes), M. Martel (Nicolet-Bécancour),
Mme Roy (Montarville), M. Roberge (Chambly), M. Laframboise (Blainville), Mme
D'Amours (Mirabel), Mme Lavallée (Repentigny), M. Surprenant (Groulx),
Mme Soucy (Saint-Hyacinthe), M. Paradis (Lévis), M. Picard
(Chutes-de-la-Chaudière), Mme Roy (Arthabaska).
Mme
David (Gouin), Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques).
La Vice-Présidente (Mme
Gaudreault) : Alors, que les députés contre cette motion veuillent
bien se lever. Des abstentions? Alors, M. le secrétaire général, pour le
résultat du vote.
Le
Secrétaire : Pour : 100
Contre :
0
Abstentions :
0
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, la motion est adoptée.
Maintenant, toujours
à la rubrique des motions sans préavis et en fonction de nos règles et de
l'ordre de présentation des motions, je suis
prête à reconnaître un membre du deuxième
groupe d'opposition. Et je cède la
parole à Mme la députée de Montarville.
Mme
Roy
(Montarville) : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Alors, je demande le
consentement pour déposer la motion suivante conjointement avec la
députée de Taschereau et la députée de Gouin :
«Que l'Assemblée
nationale exige du gouvernement d'appliquer les recommandations du rapport Bouchard-Taylor en matière de laïcité, notamment
celles concernant l'interdiction du port de signes religieux par des agents de
l'État en position d'autorité.»
Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci, Mme la députée. Y a-t-il consentement pour débattre de
cette motion?
Des voix :
...
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : On me dit qu'il n'y a pas de consentement. Alors, maintenant,
je vais reconnaître un membre du groupe formant le gouvernement et je
cède la parole à Mme la ministre de la Famille et ministre responsable des
Aînés.
Souligner la Journée mondiale de sensibilisation
à la maltraitance des personnes âgées
Mme
Charbonneau : Merci, Mme la Présidente. Je sollicite le consentement de cette Assemblée
afin de présenter la motion suivante conjointement avec le député de Richelieu,
le député de Lévis et la députée de Gouin :
«Que l'Assemblée
nationale souligne la journée mondiale de lutte contre la maltraitance envers
les personnes aînées, qui [aura] lieu [comme à] chaque année le 15 juin;
«Qu'à cette occasion,
elle reconnaisse la nécessité de lutter contre toute forme de maltraitance à
l'égard des personnes aînées;
«Enfin,
qu'elle salue les activités réalisées dans toutes les régions du Québec pour
contrer le phénomène de la maltraitance et qu'elle encourage le port du
ruban mauve pour mettre en lumière notre solidarité dans cette lutte.»
Merci, Mme la
Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci, Mme la ministre. Y
a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
Mme Vien :
...l'adoption sans débat, Mme la Présidente.
Mise aux voix
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, cette motion est-elle adoptée?
Des voix :
Adopté.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Adopté. Et maintenant je vais céder
la parole à M. le chef de l'opposition officielle pour la prochaine
motion sans préavis.
Reconnaître que les pensionnats autochtones étaient un
outil de génocide
culturel et demander la mise en oeuvre des recommandations
de la Commission de vérité et réconciliation du Canada
M.
Péladeau : Merci, Mme la Présidente. Je sollicite le consentement des
membres de cette Assemblée afin de présenter,
conjointement avec le premier ministre, le chef du deuxième groupe d'opposition
et la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques, la motion
suivante :
«Que
l'Assemblée nationale reconnaisse que les pensionnats autochtones étaient un
outil de génocide culturel à l'égard des nations autochtones du Québec.
«Que
l'Assemblée nationale demande au gouvernement du Québec et au gouvernement du
Canada de mettre en oeuvre les recommandations de la Commission de
vérité et [de] réconciliation du Canada.
«Que
l'Assemblée nationale réitère que l'action du Québec, en ce qui concerne les
nations autochtones, est toujours fondée
sur les 15 principes adoptés par l'Assemblée nationale en 1985, lesquels
reconnaissent des droits aux Premières Nations et à la nation inuite, et
jettent les bases des relations entre nos nations.»
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup, M. le chef
de l'opposition officielle. Et maintenant y a-t-il consentement pour
débattre de cette motion? Mme la leader adjointe.
Mme Vien : Alors,
ce que nous vous proposons, Mme la Présidente, c'est le consentement pour des
interventions d'environ trois minutes et dans l'ordre suivant :
d'abord, M. le chef de l'opposition officielle, suivi par le chef du deuxième groupe de l'opposition, suivi par la
suite par la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques et, finalement, par notre
premier ministre.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup. Je cède
maintenant la parole à M. le chef de l'opposition officielle.
M. Pierre Karl Péladeau
M.
Péladeau : Merci, Mme la Présidente. Alors, tout le monde en convient,
les pensionnats autochtones sont l'une des
pages les plus sombres de l'histoire canadienne. Il faut remonter aux années
1870 pour voir éclore sur notre territoire les premiers pensionnats. Ces écoles étaient en place pour éliminer le
rôle des parents autochtones dans l'épanouissement intellectuel, culturel et spirituel de leurs
enfants. Cette politique visait à détruire la culture, le mode de vie, les
traditions, la langue et les familles
autochtones. Bref, cet instrument était utilisé pour faire disparaître tous les
fondements et les assises sur lesquels repose la survie d'une nation.
Au-delà du rôle
d'assimilation des pensionnats autochtones, les conditions de vie y étaient
inhumaines, et les pensionnaires subissaient
de la violence physique, psychologique et sexuelle. Jusqu'à
6 000 enfants pourraient avoir trouvé la mort dans ces écoles.
L'objectif avoué des pensionnats était, et je cite John A. Macdonald, de
«sortir l'Indien de l'enfant».
Après
ce constat, après des excuses, après la prise de conscience, il ne nous reste
qu'une seule possibilité : regarder vers l'avenir. Ce fut le mandat de la Commission de vérité et
réconciliation durant les sept dernières années. La commission a visité plus de 300 communautés et recueilli
les témoignages de 7 000 survivants. Le 2 juin dernier, elle
dévoilait son rapport, qui incluait
94 recommandations. Dans les premières pages du rapport, la commission
critique les politiques du gouvernement
fédéral, je cite : «L'établissement et les activités de ces pensionnats
autochtones étaient une partie centrale de cette politique, qui ne peut
être décrite que comme un génocide culturel.»
Aujourd'hui,
la commission demande à tous les parlementaires de faire un pas vers la
réconciliation. En guise de respect
pour ces enfants et ces familles, qui ont été brisées, pour ces nations, qui
ont été ravagées, pour panser ces blessures, qui ne seront jamais cicatrisées, je demande aujourd'hui aux élus du
Québec de poser ce geste symbolique,
de se tenir debout et de reconnaître
les erreurs du passé. Je souhaite également que tous les Parlements et que tous les gouvernements du Canada fassent de
même.
En terminant, comme
je l'ai mentionné à plusieurs reprises lors des dernières semaines, nous devons
avoir constamment en tête une pensée
particulière pour les Premières Nations et la nation inuite, des gens fiers qui
ont accueilli nos ancêtres dans ce
beau pays du Québec. La devise du Québec est Je me souviens. Nous
les avons trop souvent oubliés. Souhaitons
que la reconnaissance, par l'Assemblée nationale du Québec, de la triste
histoire des pensionnats contribue à
changer cette situation et améliore le respect qui prévaut dans notre dialogue
de nation à nation. Merci, Mme la Présidente.
• (11 h 50) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup, M. le chef
de l'opposition officielle. Je cède maintenant la parole à M. le chef du
deuxième groupe d'opposition.
M. François Legault
M. Legault :
Oui. Merci, Mme la Présidente. Effectivement, la semaine dernière, la
Commission vérité et réconciliation a déposé
un rapport qui était attendu, sur la situation des autochtones au Canada. Ce
rapport visait à faire la lumière,
bien sûr, sur les pensionnats autochtones, mais aussi sur la stratégie qu'a
adoptée le gouvernement canadien par rapport aux Premières Nations.
Le
rapport, quand on le survole, on voit que c'est vraiment accablant. Je ne pense
pas que de parler de «génocide» culturel,
ça soit un mot qui soit trop fort, surtout, comme le disait le chef de
l'opposition officielle, quand on se souvient des mots de John A. Macdonald, qui était le premier ministre du Canada,
qui avait dit : Sortir l'Indien de chaque enfant. Juste entendre
ces mots-là, c'est choquant.
Donc,
pour accomplir son objectif, je pense que ce n'est pas trop fort de dire que le
gouvernement canadien a abusé de ses
pouvoirs d'une façon inacceptable en sortant carrément les enfants des villages
pour briser les communautés qu'on avait
à l'époque. Donc, il y a là-dedans une violence. Et puis, vous savez, dans
l'histoire de chaque pays, il y a une part d'ombre. Bien, ça fait partie
de la part d'ombre du Canada, le sort qui a été réservé aux Premières Nations.
C'est une évidence qui doit être dite, surtout
par nous, les élus, parce qu'on a un rôle symbolique qu'on doit assumer sur des
questions qui sont aussi sensibles.
Et notre tâche comme parlementaires, c'est de travailler au rassemblement, à
l'unité, mais, pour que ça soit
possible de se rassembler, il faut oser nommer la réalité, y compris lorsque
cette réalité est moins glorieuse. Donc,
on ne peut pas bâtir la solidarité sur le mensonge, on la bâtit sur la vérité.
Puis, en ce sens, bien, la Commission vérité et réconciliation avait
d'abord bien choisi son nom.
Ce
rapport, c'est aussi le moment de se rappeler nos responsabilités par rapport
aux autochtones. Et puis, quand on
regarde le rapport, il y a des recommandations qui touchent les compétences du
gouvernement du Québec. Donc, le gouvernement du Québec est interpellé,
et je veux déjà assurer le gouvernement de toute notre collaboration.
Donc,
je termine, Mme la Présidente, en disant que nos actions pour les autochtones
doivent être à la hauteur de la valeur que nous accordons à notre
démocratie puis à tous les citoyens ici. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme
Gaudreault) : Alors, je vous
remercie de votre intervention, M. le chef du deuxième groupe
d'opposition. Et je cède la parole à Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Mme Manon Massé
Mme
Massé : «Meegwetch», Mme la Présidente. Je suis très heureuse aujourd'hui de pouvoir m'exprimer un tant soit peu sur les dures réalités que nos frères et
soeurs autochtones ont eu à subir pendant des décennies, voire même un
siècle et que collectivement, comme élus,
comme Assemblée nationale, on soit en mesure de se dire que ça n'avait pas
de bon sens, qu'on soit en mesure de
se dire qu'on reconnaît qu'il y a eu là des choses, en complicité entre l'État,
l'Église... il s'est passé là des
choses totalement inacceptables. Et d'ailleurs je salue le Cercle des femmes, qui, déjà il y a quelques semaines... ou peut-être même deux mois, avait accueilli les femmes élues
autochtones des différentes communautés ici, au Québec, et s'était assuré...
Entre nous, les femmes élues des différents paliers de gouvernement, si je peux dire ainsi, on s'était
entendues pour dire qu'il y a quelque
chose qui nous préoccupait et qu'on
voulait voir le gouvernement canadien, certes, mais, à tout le moins, le
gouvernement québécois pour commencer agir, c'est celui de prendre au sérieux...
et d'ailleurs la Commission vérité et réconciliation le relève comme étant quelque chose de majeur, de prendre au sérieux la disparition et l'enlèvement des femmes
autochtones à travers le pays du Canada, mais aussi à travers notre pays, le Québec.
Alors,
je pense que ce rapport vient nous rappeler individuellement qu'on a peut-être
à faire mieux dans ce qui est de
reconnaître nos frères et soeurs autochtones comme étant des humains,
premièrement, à part entière. On les sait pris dans une loi qui les traite comme des mineurs, et ça, c'est dur à
prendre. Qui ici, autour de la table, accepterait d'être traité en
mineur à l'âge qu'on a? Le rapport, bien sûr, parle des pensionnats. Et, si
vous n'avez pas eu ce devoir, vous n'avez
pas eu le privilège d'assumer votre devoir de mémoire en participant à la
Commission vérité et réconciliation lors de ses différents passages, je peux vous dire que c'était très dur, très
dur à entendre, parce qu'on se dit : Bien, voyons donc, on est au Québec, on est au Canada, mais très dur aussi à
prendre notre bout à nous là-dedans.
Parce que, oui, ce que la commission fait ressortir, ça appartient en
partie au passé, mais c'est à chaque jour que ça se passe quand il est question des conditions de vie. Puis il
y a plusieurs ici de mes confrères et
consoeurs qui ont des communautés autochtones sur leurs territoires. Quand on pense aux conditions de vie, quand on
pense au logement, à la santé et à l'éducation, c'est des
éléments que nous pouvons, aujourd'hui, agir dessus, et, dans ce sens-là, le rapport de
la commission nous interpelle, comme gouvernement provincial, entre autres, à intervenir sur la question
de la surreprésentation des autochtones en milieu carcéral.
Alors,
pour moi, une motion sans préavis, ce n'est pas quelque chose de hasardeux,
c'est quelque chose qu'on s'engage, et je suis très heureuse
que mon nom va être associé à cette motion.
• (12 heures) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup, Mme la
députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques. Et je cède maintenant la
parole à M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : Merci, Mme la Présidente. Le gouvernement du Québec reconnaît le rôle important de la Commission de vérité et réconciliation du Canada
afin de mettre en lumière la vérité sur les pensionnats autochtones.
Pendant
150 ans, ces écoles ont suivi une politique dont l'objectif était d'effacer les langues et cultures
autochtones et de déraciner les
enfants de leurs milieux. Bien sûr, le mot «génocide» est chargé d'histoire et de
tragédie et doit donc être utilisé
avec prudence. Cependant, rappelons que, selon la juge en chef de la Cour
suprême du Canada, Beverley McLachlin, les autochtones ont
été victimes d'un génocide culturel.
Le
Québec a toujours privilégié une approche basée sur le respect et
un dialogue ouvert avec les Premières Nations et les Inuits sur le principe d'une véritable relation de nation à
nation, et j'accueille avec plaisir et intérêt l'appui du chef de l'opposition
officielle sur ce principe de
relation de nation à nation et, bien
sûr, toutes les implications que ce
principe comporte. Plusieurs ententes de collaboration ont été conclues
entre le gouvernement du Québec et les communautés autochtones. Cependant, la
publication de ce rapport nous invite à aller encore plus loin. Nous devons
donc continuer de travailler étroitement
ensemble afin de rebâtir nos relations avec les peuples autochtones, et ce,
pour leur permettre de s'épanouir
pleinement. Le rapport de la commission nous invite maintenant à nous tourner
vers l'avenir, et ce rapport doit guider nos relations futures avec les
Premières Nations et les Inuits.
Concernant
les actions du gouvernement, le rapprochement entre les peuples est au coeur de
notre orientation. Nous nous
assurerons d'établir des relations harmonieuses entre les autochtones et le
gouvernement mais aussi entre les autochtones et la population en
général.
La
réconciliation passe par l'enseignement approfondi dans nos écoles de
l'histoire des autochtones au Canada. Pour
notre gouvernement, faire connaître les réalités autochtones aux Québécois et
aux Québécoises est la voie à suivre, car
trop souvent c'est dans l'ignorance que naissent les préjugés. Dans ce sens,
nous travaillons en collaboration avec le ministre de l'Éducation, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche
et responsable des Loisirs afin de modifier le curriculum scolaire ou
plutôt d'y ajouter les éléments que je viens de mentionner.
La réconciliation
passe par la nécessité de trouver des solutions qui respectent la culture et
les traditions des Premières Nations et des
Inuits. La réconciliation passe par le bien-être des enfants autochtones,
c'est-à-dire la mise en place de
mesures qui visent une meilleure coordination des services à l'enfance. À cet
égard, la ministre déléguée à la Santé et aux Services sociaux travaille
actuellement avec les Inuits dans le cadre du projet Saqijuq.
La
réconciliation passe par un développement socioéconomique des différentes
communautés autochtones, telle la réalisation de projets énergétiques
communautaires comme la minicentrale de Val-Jalbert, qui implique les Innus de Mashteuiatsh, le parc éolien en
partenariat avec les Micmacs en Gaspésie et la «Paix des Braves», bien sûr,
avec les Cris.
La
réconciliation passe par la négociation de traités modernes avec les nations
autochtones comme nous l'avons fait
avec les Cris, les Inuits et les Naskapis et comme nous souhaitons le faire
avec l'ensemble des nations. Malgré les décisions passées, nous avons tous et chacun à notre niveau un rôle à
jouer dans le rapprochement et la réconciliation. La commission a donc donné une impulsion nouvelle
aux actes de réconciliation; à nous de la maintenir et de poursuivre
cette démarche importante et nécessaire. Le gouvernement du Québec et ses
institutions ont la responsabilité de faire connaître
ce passé à la population du Québec, et ce, dans un objectif de vérité et de
réconciliation. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup, M. le
premier ministre. Alors, est-ce que cette...
Une voix :
...
Mise aux voix
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Par appel nominal? Alors, est-ce
que les formations politiques sont prêtes pour le vote? Oui, tout est
prêt? Alors, très bien.
Nous
allons maintenant demander à ce que les députés qui sont en faveur de cette
motion veuillent bien se lever.
Le
Secrétaire adjoint : M. Péladeau (Saint-Jérôme), M. Bédard
(Chicoutimi), M. Marceau (Rousseau), Mme Hivon (Joliette), M. Bérubé
(Matane-Matapédia), Mme Léger (Pointe-aux-Trembles), Mme Lamarre (Taillon), M. Lelièvre (Gaspé), M. Kotto (Bourget), M.
Gaudreault (Jonquière), M. Therrien (Sanguinet), M. Dufour (René-Lévesque),
M. Drainville (Marie-Victorin), M. Cloutier (Lac-Saint-Jean), M. Traversy
(Terrebonne), M. Cousineau (Bertrand), M. Rochon (Richelieu), M. Leclair
(Beauharnois), M. Villeneuve (Berthier), Mme Ouellet (Vachon), M. Bergeron
(Verchères), M. Turcotte (Saint-Jean), Mme Richard (Duplessis).
M.
Couillard (Roberval), M. Fournier (Saint-Laurent), Mme Thériault (Anjou—Louis-Riel),
M. Paradis (Brome-Missisquoi), M. Hamad (Louis-Hébert), M. Dutil (Beauce-Sud),
M. Leitão (Robert-Baldwin), M. Coiteux (Nelligan),
Mme David (Outremont), M. Poëti (Marguerite-Bourgeoys), M. D'Amour
(Rivière-du-Loup—Témiscouata),
M. Huot (Vanier-Les Rivières), M. Kelley
(Jacques-Cartier), Mme Vallée (Gatineau), M. Lessard (Lotbinière-Frontenac),
M. Blanchette (Rouyn-Noranda—Témiscamingue), M. Heurtel (Viau), M. Arcand
(Mont-Royal), Mme Charbonneau (Mille-Îles),
M. Daoust (Verdun), Mme Vien (Bellechasse), M. Blais (Charlesbourg), Mme
St-Pierre (Acadie), M. Reid (Orford),
Mme Boulet (Laviolette), Mme Vallières (Richmond), M. Morin (Côte-du-Sud), M.
Bernier (Montmorency), Mme Charlebois (Soulanges), Mme Ménard (Laporte),
Mme Blais (Saint-Henri—Sainte-Anne),
Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger), M. Carrière (Chapleau), M. Chevarie
(Îles-de-la-Madeleine), M. Matte (Portneuf), M. Simard (Dubuc), M. Bolduc (Mégantic), Mme de Santis
(Bourassa-Sauvé), M. Iracà (Papineau), M. Ouimet (Fabre), M. Fortin
(Sherbrooke), M. Fortin (Pontiac), M. Bourgeois (Abitibi-Est), M. Boucher
(Ungava), M. Birnbaum (D'Arcy-McGee), M.
Auger (Champlain), M. Rousselle (Vimont), M. Giguère (Saint-Maurice), M. Habel
(Sainte-Rose), M. Hardy
(Saint-François), M. Merlini (La Prairie), Mme Montpetit (Crémazie), Mme
Nichols (Vaudreuil), M. Plante (Maskinongé),
M. Polo (Laval-des-Rapides), Mme Simard (Charlevoix—Côte-de-Beaupré), M. St-Denis (Argenteuil).
M.
Legault (L'Assomption), M. Caire (La Peltrie), M. Charette
(Deux-Montagnes), M. Martel (Nicolet-Bécancour),
Mme Roy (Montarville), Mme Samson (Iberville), M. Roberge (Chambly), M.
Laframboise (Blainville), Mme D'Amours (Mirabel), Mme Lavallée
(Repentigny), M. Surprenant (Groulx), Mme Soucy (Saint-Hyacinthe), M. Paradis
(Lévis), M. Picard (Chutes-de-la-Chaudière), Mme Roy (Arthabaska).
Mme
David (Gouin), Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques).
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Y a-t-il des députés contre cette
motion? Des abstentions?
Alors,
M. le secrétaire général, pour le résultat du vote.
Le
Secrétaire : Pour : 97
Contre :
0
Abstentions :
0
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, la motion est adoptée.
M.
Bédard :
Tel que... Mme la Présidente?
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Oui? Oui, allez-y.
M.
Bédard :
...avec le consentement de mes collègues, que je sollicite, nous transmettrions
cette motion au Parlement canadien ainsi qu'à tous les Parlements des autres
provinces. Je pense que c'est un exemple à suivre.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : C'est très bien. Alors, ce sera fait. Je vous remercie. Maintenant, nous allons poursuivre avec la rubrique
des motions sans préavis, et je vais céder la parole à Mme la députée de Gouin.
Mme
David (Gouin) : ...Mme la Présidente. Je demande le consentement de la
Chambre pour débattre de la motion suivante conjointement avec la ministre de
la Justice et la députée de Montarville :
«Que
l'Assemblée nationale du Québec, dans une recherche constante d'équilibre,
reconnaisse l'importance de garantir
la liberté de conscience des citoyens, la séparation entre l'État
et les religions organisées et la neutralité religieuse de l'État, ceci
dans le but de raffermir un vivre ensemble cohérent et convivial;
«Que,
dans le contexte de l'étude du projet
de loi 62, l'Assemblée nationale du Québec favorise des mesures fortes et consensuelles
en ce domaine.»
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la députée. Y
a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
Mme Vien :
On l'adopterait, sans débat, Mme la Présidente.
Des voix :
...
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, pas de consentement. On me
dit qu'il n'y a pas de consentement.
Avis touchant les travaux des commissions
Maintenant, nous en
sommes à la rubrique des avis touchant les travaux des commissions, et je vais
céder la parole à Mme la leader adjointe du gouvernement.
Mme
Vien : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, j'avise donc
cette Assemblée que la Commission de la culture et de l'éducation
poursuivra l'étude détaillée à l'égard du projet de loi n° 47, il s'agit
de la Loi modernisant la gouvernance de
Bibliothèque et Archives nationales du Québec, aujourd'hui, après les affaires
courantes jusqu'à 13 heures, de 15 heures à 18 heures et
de 20 heures à 22 h 30. Ça se tiendra à la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine.
Également,
la Commission des transports et de l'environnement entreprendra l'étude
détaillée à l'égard du projet de loi
n° 36, il s'agit de la Loi modifiant diverses dispositions législatives
concernant principalement le transport collectif, aujourd'hui, après les
affaires courantes jusqu'à 13 heures, de 15 à 18 heures et de
20 heures à 22 h 30, à la salle Louis-Joseph-Papineau.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup, Mme la leader adjointe du
gouvernement.
Pour ma part, je vous
avise que la Commission de l'économie et du travail se réunira en séance de
travail aujourd'hui, de 13 heures à
13 h 30, à la salle 3.31 de l'hôtel du Parlement. Et l'objet de cette
séance est de statuer sur la
possibilité que la commission se saisisse de la pétition présentée par le
député de Mégantic portant sur la lutte contre la pauvreté et le
maintien des programmes de soutien aux personnes vulnérables.
Je
vous avise également que la Commission de l'agriculture, des pêcheries, de
l'énergie et des ressources naturelles se
réunira en séance de travail aujourd'hui, à 13 heures, pour une durée de
deux heures, à la salle RC.171 de l'hôtel du Parlement. Et l'objet de cette séance est de préparer le rapport portant
sur l'examen des orientations, des activités et de la gestion
administrative de la Commission de protection du territoire agricole du Québec.
Et enfin je vous
avise que la Commission de la santé et des services sociaux se réunira en
séance de travail aujourd'hui, de
13 heures à 14 heures, à la salle RC.161 de l'hôtel du Parlement. Et
l'objet de cette séance est de discuter des fiches synthèses des mémoires déposés lors de la 40e législature
concernant le mandat d'initiative sur les conditions de vie des adultes
hébergés en centre d'hébergement et de soins de longue durée.
Renseignements sur les travaux de l'Assemblée
Maintenant, nous en sommes à la rubrique des
renseignements sur les travaux de l'Assemblée, et je cède la parole à M.
le leader de l'opposition officielle.
• (12 h 10) •
M.
Bédard : Alors, Mme la Présidente, j'aimerais savoir du
gouvernement la chose suivante, de... Pardon. En août 2014, le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation
et le whip en chef promettaient de redéposer, pour le début de la session parlementaire de l'automne, le projet de loi
n° 395, donc, qui a fait l'objet, d'ailleurs... qui s'est retrouvé dans les médias hier, je pense... c'est
avant-hier, Loi modifiant la Loi sur la Société des alcools du Québec et la
Loi sur les permis d'alcool. Or, j'ai vu aujourd'hui que ce projet de loi ne se
retrouve pas au feuilleton.
Donc,
c'est la dernière journée où les projets de loi peuvent être en préavis pour être déposés au cours de cette session, alors j'aimerais simplement
savoir de la part de la leader du
gouvernement quelles sont ses intentions quant au dépôt du projet de
loi n° 395... et comme de toute façon, si on souhaitait le dépôt
cette session-ci, ça lui prendrait un consentement.
Donc,
j'entends la chef de cabinet en train de donner de l'information, donc
j'imagine que je l'aurai par la suite. Alors
donc, nous voulons en même temps aviser le gouvernement que nous serions
disposés à donner notre consentement, s'il
souhaitait le faire, par exemple, demain, pour permettre des consultations au
début de l'automne, avant même... même au
mois d'août, si c'est possible, sur ce projet de loi qui est très attendu par
les groupes et les producteurs particulièrement.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup de cette
question, M. le leader de l'opposition officielle. Mme la leader
adjointe du gouvernement.
Mme Vien :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, j'apprécie l'intérêt du leader de
l'opposition officielle pour cette
question, qui est une question très importante aussi pour le gouvernement du
Québec, Mme la Présidente, je voudrais
le souligner au passage... et que je prends aussi bonne note des remarques, des
observations du leader de l'opposition officielle. Je réitère qu'il
s'agit de sujets importants pour nous et qu'au moment opportun, bien entendu, l'Assemblée sera informée des intentions du
gouvernement à cet effet, et que ça suivra son cours au moment opportun.
Mais je comprends aussi qu'il y a une
proposition du leader actuellement, les personnes en autorité en prendront
connaissance.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie, Mme la
leader adjointe du gouvernement.
Affaires du jour
Alors, la
période des affaires courantes étant terminée, nous allons maintenant passer
aux affaires du jour. Et, pour la suite des choses, je vous cède la
parole une fois de plus, Mme la leader adjointe du gouvernement.
Mme Vien :
Vous êtes bien bonne avec moi. J'en suis à mes premiers balbutiements, comme
vous le savez, alors... Je vous demanderais d'appeler l'article 15,
s'il vous plaît.
Projet de loi
n° 38
Adoption
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup. À
l'article 15 du feuilleton, M. le ministre des Finances propose l'adoption du projet de
loi n° 38, Loi visant à permettre la réalisation d'infrastructures
par la Caisse de dépôt et placement du Québec. Et je vous cède la
parole, M. le ministre.
M. Carlos J Leitão
M.
Leitão : Merci. Merci, Mme la Présidente. Donc, nous sommes maintenant
rendus à l'étape de l'adoption du projet
de loi n° 38, Loi visant à permettre la réalisation d'infrastructures par
la Caisse de dépôt et placement du Québec, que j'ai déposé à l'Assemblée nationale le 18 mars dernier. Ce
projet de loi fait suite à l'annonce, le 13 janvier dernier, de
l'entente commerciale conclue entre le gouvernement et la Caisse de dépôt et
placement du Québec en matière d'infrastructures publiques au Québec.
Suite au
dépôt du projet de loi n° 38, dans un geste d'ouverture et de
transparence, le gouvernement s'est d'emblée montré ouvert à la tenue de consultations particulières. Celles-ci ont
eu lieu du 6 au 19 mai dernier et ont permis à divers intervenants
de faire entendre leurs points de vue sur ce projet de loi ainsi que sur
l'entente commerciale entre le gouvernement du
Québec et la Caisse de dépôt et placement. Au total, près d'une vingtaine de
mémoires ont été déposés à la
Commission des finances publiques et une quinzaine de groupes ont été entendus,
permettant ainsi aux parlementaires de connaître les opinions de
plusieurs groupes et organismes de différents milieux à l'égard du projet de
loi n° 38.
Le
26 mai dernier, l'Assemblée nationale a adopté le principe de ce projet de
loi et a déféré celui-ci à la Commission des finances publiques pour son étude détaillée. Cette étude article par
article a eu lieu du 27 mai au 4 juin derniers. Je tiens à souligner ici l'esprit d'ouverture et de
collaboration dans lequel ces travaux se sont déroulés, démontrant l'importance
collégiale que nous accordons à ce projet.
Permettez-moi aussi, Mme la Présidente, de remercier l'ensemble des
intervenants consultés et entendus lors de tout le processus législatif
menant à l'adoption du projet de loi n° 38, les collègues du gouvernement, les collègues des partis
d'opposition, les groupes et organismes entendus lors des consultations
particulières, la Caisse de dépôt et
placement du Québec ainsi que les membres du personnel et les légistes du
ministère des Finances, du
Secrétariat du Conseil du trésor, du ministère des Transports, du ministère des
Affaires municipales, ainsi que leurs collaborateurs.
L'ensemble de ces échanges, l'ensemble des échanges que nous avons eus, que ce
soit entre parlementaires ou avec des
intervenants entendus en commission, ont permis non seulement de mieux
comprendre le projet de loi n° 38 et la nature des projets qu'il permettrait
de résilier, mais aussi de l'améliorer. Je crois important, Mme la Présidente, de rappeler que ce projet de loi permettra au gouvernement de conclure des ententes spécifiques avec la
Caisse de dépôt afin de lui confier la gestion et la réalisation de
nouveaux projets d'infrastructure, de transport collectif.
Après analyse et en toute indépendance, si la
caisse conclut qu'elle peut exploiter un projet sur une base commerciale lui permettant d'obtenir un rendement
intéressant pour ses déposants, soit l'ensemble des épargnants québécois,
elle conviendra d'une entente spécifique pour ce projet avec le gouvernement.
La caisse assurera alors le leadership pour la réalisation de ce projet.
Lors de la
phase de planification du projet, il est important de rappeler que l'entente
prévoit que la caisse travaillera en
étroite collaboration avec les parties prenantes, notamment
les municipalités et les agences de transport, notamment pour s'assurer de l'intégration des besoins et de
l'intégration du projet aux systèmes existants. Ultimement, c'est au gouvernement que reviendra la décision de choisir un des scénarios soumis par la
caisse et qui répond le mieux aux besoins identifiés et aux objectifs
liés à l'intérêt public.
Le
gouvernement a déjà annoncé qu'il avait identifié deux projets
qu'il souhaite soumettre à la caisse pour analyse, à savoir un système de transport collectif sur le
nouveau pont Champlain et deuxièmement un système de transport collectif pour l'ouest de l'île de Montréal.
Sans ce modèle innovant, qui sera rendu possible grâce à l'adoption du projet de loi n° 38, les projets que je viens de mentionner
pourraient difficilement voir le jour à court terme.
L'entente
entre le gouvernement et la caisse et le projet de loi qui permettra de
la mettre en oeuvre répondent aux intérêts
des deux parties. D'une part, le gouvernement
se dote de moyens pour accélérer la réalisation de projets d'infrastructures importantes afin de contribuer
au développement économique du Québec et d'offrir à la population des transports collectifs performants, fiables et au
meilleur coût. Ce projet de loi nous permettrait d'y parvenir sans alourdir
notre dette.
D'autre part,
la caisse, au même titre que plusieurs investisseurs institutionnels, cherche à
investir davantage dans les infrastructures, une catégorie d'actifs
qu'elle privilégie depuis plusieurs années et qui démontre des rendements intéressants et qui correspond aux souhaits
exprimés par ses déposants. À chaque fois que nous utiliserons ces transports
collectifs, nous contribuerons à faire fructifier le bas de laine des
Québécois. Tout le monde en sort gagnant.
La Caisse de
dépôt et placement du Québec est une institution dont nous sommes tous très
fiers. Elle gère les dépôts de
nombreux régimes de retraite et d'assurance auxquels contribuent des millions
de Québécois. Elle est l'un des plus importants
gestionnaires de fonds en Amérique du Nord et l'un des 10 plus importants
propriétaires immobiliers dans le
monde. Nous avons donc convenu d'une entente avec un partenaire non seulement
d'importance, mais également avec un partenaire dont les compétences et
la performance ne sont plus à démontrer.
Comme l'avait affirmé le premier ministre le
13 janvier dernier lors de l'annonce de cette entente stratégique avec la caisse, le Québec doit concilier trois
défis : le premier est de poursuivre le développement d'infrastructures
modernes qui répondent aux besoins
des Québécois, le deuxième est de poursuivre les travaux de maintien de
celles-ci afin qu'elles demeurent sécuritaires et enfin le troisième est
de s'assurer que le financement nécessaire à la réalisation de tous ces travaux
sera disponible.
Afin de
répondre à ces défis, nous devons moderniser nos façons de faire et trouver des
solutions innovantes qui contribuent
à accélérer le développement économique du Québec. Cette entente, qui pourrait
être mise en oeuvre suite à l'adoption
du projet de loi, permettra au gouvernement de rendre possibles le
développement et la modernisation d'un plus grand nombre
d'infrastructures publiques tout en faisant fructifier le bas de laine des
Québécois.
En terminant, Mme la Présidente, je tiens à
réitérer que l'ensemble de la population bénéficiera de l'adoption de ce projet de loi, puisqu'il permettra de
contribuer activement au développement économique du Québec. J'invite donc
les membres de cette Chambre à voter pour l'adoption du projet de loi
n° 38, Loi visant à permettre la réalisation d'infrastructures par la
Caisse de dépôt et placement du Québec. Merci, Mme la Présidente.
• (12 h 20) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie, M. le
ministre. Y a-t-il d'autres
intervenants? Oui. Alors, je vais céder la parole à M. le député de Rousseau et porte-parole de l'opposition
officielle en matière de finances.
M. Nicolas Marceau
M. Marceau : Oui. Merci,
Mme la Présidente. Alors, il me fait plaisir d'intervenir à l'étape de l'adoption finale du
projet de loi n° 38, qui a pour objet de permettre à la Caisse de dépôt de s'entendre avec le gouvernement
pour réaliser des infrastructures de transport, transport en commun.
Le projet de
loi, à la suite de nos travaux en commission parlementaire, a été amélioré et
il est meilleur que ce qu'il était au
moment du dépôt du projet de loi. Il s'est amélioré, mais le projet de loi
comporte encore des faiblesses, des faiblesses
qui le rendent, à nos yeux, inacceptable. Ces faiblesses ont trait à
l'indépendance de la caisse. La caisse, dans ce qui est prévu, va recevoir du gouvernement les idées que le
gouvernement aura quant à différents
segments de transport en commun
qui pourraient être développés, et la
caisse, de son côté, aura à concocter, à préparer un certain nombre de scénarios, lesquels incluront à la fois un tracé,
mais également une tarification et un montage financier, cela va de soi.
Et la caisse aura à présenter différents
scénarios au gouvernement, et le gouvernement, ultimement, sera celui qui
acceptera, ou refusera, ou choisira, en tout cas, parmi les différents
scénarios, celui qu'il préfère.
Mme la Présidente, quand on parle d'indépendance, ce qu'on a en tête quand on dit que l'indépendance de la caisse pourrait être mise à mal, ce qu'on a en tête, c'est
que la caisse aura beaucoup de difficultés, dans le contexte actuel, à refuser de soumettre des scénarios au gouvernement, elle aura beaucoup de difficultés à
refuser. Un gouvernement qui a promis
aux électeurs un SLR, qui a promis aux électeurs un Train de l'Ouest, la caisse va avoir beaucoup
de difficultés à ne
pas proposer de scénario. La caisse,
même, pourrait étirer les hypothèses, pourrait aller très loin dans ce qu'elle
sera obligée de construire comme
scénario pour arriver à présenter quelque chose au gouvernement, et le danger,
je suis certain que vous en êtes
consciente, Mme la Présidente, c'est que la caisse, ultimement, pour satisfaire
un gouvernement qui désire très, très
fortement présenter et réaliser ses promesses électorales... c'est que la
caisse, donc, aille jusqu'à présenter des scénarios qui soient fondés
sur des hypothèses non réalistes, des hypothèses qui comportent des risques
importants, auquel cas on pourrait se retrouver, bien sûr, avec des projets
qui, en définitive, ne seraient pas des succès.
Alors, ce
danger-là, il existe, il est bien présent, il a été soulevé par de nombreux
observateurs, Mme la Présidente. Et,
même si je reconnais que le ministre a fait preuve d'ouverture en voulant... en
acceptant d'élargir, dans le projet de loi, la portée des mots qui s'y
trouvaient quant à l'indépendance de la caisse, il faut tout de même convenir
que, Mme la Présidente, des mots, ce n'est
pas suffisant pour empêcher ce qu'on constate dans la réalité, c'est-à-dire que
les pressions qui s'exercent sur la
caisse sont gigantesques, elles sont énormes. La caisse, encore une fois, je ne
vois pas comment elle pourrait dire
non au gouvernement dans un contexte où le gouvernement a dit que c'était
urgent, le premier ministre a dit que c'était urgent; c'était dans le programme
électoral du Parti libéral. Pour la caisse, là, de ne pas tout faire en son
pouvoir pour arriver à déposer
quelque chose au gouvernement, ça va être très difficile, très, très difficile.
Alors, il y a des risques qui
découlent de ça, et évidemment il y a des risques réputationnels, il y a des
risques d'ingérence qui sont évidents. Alors, ne serait-ce que pour ça, Mme la Présidente, de notre côté, on est très
inconfortables avec le projet de loi, malgré, là, les bonnes intentions
du gouvernement puis les bonnes intentions de la caisse.
Par
ailleurs, encore une fois, malgré les
signes d'ouverture dont a fait preuve le ministre, il demeure des faiblesses. Je ne
vais pas passer beaucoup de temps à développer, mais je vais quand même vous en
faire une liste, là.
Sur
la transparence, il n'y a pas grand-chose dans le projet de loi. En fait, je
devrais dire : Il n'y a rien. Et surtout il nous a été refusé d'ajouter
des éléments sur la transparence dans le projet de loi. Même chose pour la
reddition de comptes, même chose
aussi, Mme la Présidente, sur les consultations. Vous savez, la caisse va
devoir... va vouloir construire des
infrastructures puis par la suite les opérer, des infrastructures de transport
en commun, donc, qui sont appelées à être utilisées par des centaines de milliers, voire des millions de
Québécois, et il semble aller de soi que des projets comme ceux-là qui
ont de très grands impacts à la fois économiques mais aussi environnementaux,
des impacts sociaux, même... il va de soi,
il me semble, que ce type de projet devrait faire l'objet de consultations. On
imagine bien qu'il y aura des
consultations de nature environnementales, puisque le projet sera soumis
assurément au Bureau d'audiences publiques sur l'environnement, mais est-ce suffisant et puis surtout est-ce la
nature, est-ce que c'est la bonne nature des consultations qu'on voudrait avoir? Ce n'est pas clair. Nous
aurions souhaité, donc, que les citoyens soient consultés, et ça ne se trouve
pas au projet de loi, pas plus, d'ailleurs,
que ne sont consultées les municipalités, en tout cas, pas de manière explicite
dans le projet de loi, ni les retraités, les
retraités qui sont en grande partie les propriétaires des fonds qui sont
présentement déposés à la Caisse de
dépôt. Alors, même les retraités n'ont pas un mot particulier à dire sur les
projets qui seront... à construire et puis à opérer par la Caisse de
dépôt.
Il
y a aussi comme faiblesse le fait que le contenu québécois qu'on aurait
souhaité, de notre côté en tout cas, ne se retrouve pas. C'est-à-dire que la caisse va faire des appels d'offres, à
certains moments ces appels d'offres pourront être des appels d'offres internationaux. Et, dans le
cas du transport en commun, on a vu dans le passé cette Chambre adopter des projets de loi qui prévoyaient du contenu
québécois pour soutenir, évidemment, les entreprises du Québec qui sont
des spécialistes puis des championnes du transport en commun. L'accord de
libre-échange qu'on vient de signer avec l'Europe — enfin, pour lequel, en tout cas, on a signé
une entente de principe, là, il n'a pas encore été adopté — contient également des dispositions qui prévoient... Dans ce cas-là, c'est du
contenu canadien, Mme la Présidente, mais j'ai de la misère à comprendre
la logique qui a prévalu puis qui a fait en sorte qu'on n'a pas voulu s'assurer
d'un minimum de contenu québécois dans les appels d'offres qui seront réalisés
par la Caisse de dépôt.
Alors,
je viens de vous dire un certain nombre de faiblesses, mais j'aimerais
maintenant passer peut-être à ce qui est
le plus fondamental dans tout l'exercice, et ce qu'il y a de plus fondamental
dans tout l'exercice, c'est qu'il y a, avec ce projet de loi là, un vice fondamental, un problème fondamental, c'est
que le principe qui est sous-jacent dans tout ça, c'est celui, évidemment, que les infrastructures,
désormais, vont être construites dans une logique de rentabilité, alors que
dans le passé ces infrastructures de transport en commun ont été construites
dans une logique de service public.
Quand
on parle de logique de service public, bien on comprendra que les infrastructures
de transport en commun, dans le
passé, étaient construites avec pour seul objectif, d'une certaine manière, de
s'assurer, évidemment, une circulation puis une fluidité dans les
transports puis, évidemment, de rendre service à la population puis de lui permettre
une alternative à la voiture, et cette
logique faisait en sorte que les transports en commun étaient, pour
l'essentiel, financés par... en tout
cas, disons, moitié par les usagers puis l'autre moitié par les gouvernements.
Il y a eu une contribution très, très forte des gouvernements au
financement du transport en commun.
• (12 h 30) •
Je
rappelais hier les chiffres. Dans le cas de Montréal, les usagers paient
environ... de mémoire, c'est 42 % des coûts d'opération du système de transport en commun montréalais. Dans le
cas de Québec, c'est 32 %. Et je vous laisse poser la question autour de vous, Mme la
Présidente, mais vous me trouverez des contribuables montréalais ou des usagers montréalais qui trouvent que les tarifs ne sont
pas suffisamment élevés à Montréal.
En tout cas, moi, je n'en connais pas beaucoup. 3,25 $, de mémoire,
prendre le métro? Je pense que la plupart des gens trouvent que c'est bien
assez élevé comme ça. Et, je vous rappelle,
là, à 3,25 $ le passage, ça représente 42 % des coûts. Je dois dire
que je n'ai jamais utilisé de...
bien, jamais, je n'ai pas utilisé récemment le transport en commun à Québec, je
ne suis pas capable de vous dire le 32 %,
ça correspond à quel tarif, mais, à Montréal, en tout cas, 3,25 $ par
passage, la somme, là, de ce qui est ramassé auprès des usagers, ça
représente 42 %.
Et
donc, Mme la Présidente, je reviens à cette idée que la logique qui a prévalu
dans le passé, lorsqu'on a construit des infrastructures de transport en
commun, ça a été celle du service public. Mais, en fait, les sociétés de
transport, ce qu'elles font, c'est qu'elles
établissent les tarifs de manière telle que les usagers... enfin les usagers
potentiels l'utilisent, le transport
en commun. C'est de s'assurer qu'il y a un achalandage qui a du bon sens. Il
faut qu'il y ait beaucoup de monde sur
nos lignes d'autobus, dans nos métros. Et donc, une fois qu'on a convenu d'un
tarif qui est raisonnable puis qui permet une fréquentation très forte de nos infrastructures de transport en commun,
bien, évidemment, comme ce n'est pas... comme opérer le transport en commun, ça coûte plus cher que ce que les usagers
paient, bien, les gouvernements, les contribuables paient aussi leurs parts de ces coûts. Et puis la
logique qui est sous-jacente, c'est qu'il y a des avantages économiques importants à ce que le transport en commun existe,
parce que ça réduit la congestion routière, ça augmente la fluidité, puis, dans le langage des économistes, on appelle
ça des externalités positives, Mme la Présidente, et donc il y a des avantages
à cette présence de transport en commun, qui
justifient une intervention gouvernementale, qui justifient des subventions
à ces sociétés de transport.
Alors, ça,
c'était la logique qui prévalait jusqu'à maintenant. Et, lorsque nous avons eu
nos... lorsqu'on a eu nos consultations,
on a posé la question à beaucoup de gens, Mme la Présidente, question très
simple : Est-ce que ça existe, du transport en commun rentable? Est-ce que ça
existe, du transport en commun payant? Autrement dit, est-ce que cette
logique, là, que je viens de vous décrire, est-ce que cette façon de faire que
je viens de vous décrire, est-ce qu'elle est exceptionnelle
ou est-ce que c'est ce qui est habituel? Est-ce que c'est ce qu'il y a de plus
répandu? Et, Mme la Présidente, on
n'a pas trouvé d'exemple. Enfin, personne n'a été capable de m'en mentionner
un. Remarquez bien que c'est encore le temps, s'il y a un collègue, de
l'autre côté, qui est capable de m'en dire un, un exemple de système de
transport en commun qui est payant, je suis prêt à le recevoir ici, pas de
problème.
Le seul
exemple que... l'exemple auquel on a eu... dont on a discuté abondamment aussi
pendant nos consultations, c'était
celui du Canada Line, qui est à Vancouver, qui est un système de transport en
commun qui fonctionne très bien, très,
très bien, Mme la Présidente, c'est un succès, très achalandé, mais la vérité,
c'est que 65 % de l'argent qui a servi à payer ce système de
transport en commun là était de l'argent public. Alors, évidemment, là, vous
avez un exploitant privé qui a reçu
un cadeau, qui a payé 35 % du prix puis qui, là, parvient à couvrir ses
frais. C'est bon, on s'entend là-dessus,
c'est très bon. Évidemment, ça n'a rien à voir avec le modèle qui nous est
proposé ici, Mme la Présidente, rien, rien, rien, là. C'est un autre
monde. Alors donc, des systèmes de transport en commun qui sont payants et
rentables, j'attends encore un exemple, une démonstration que ça existe.
Alors, Mme la
Présidente, une fois qu'on a dit ça, on parle... Là, il faut comprendre que le
paradigme dans lequel on s'engouffre
avec le projet de loi, c'est un paradigme qui est très différent. Maintenant,
désormais, on va être dans une logique
de rentabilité, alors que, comme je vous le disais, on est dans un monde où des
systèmes de transport en commun ne
fonctionnent pas. Donc, on veut combiner des systèmes de transport en commun
qui, typiquement, ne sont pas payants avec
une façon de les construire et de les opérer qui exige de la rentabilité. Alors,
évidemment, ça ne marche pas, il y a comme quelque chose qui ne marche
pas.
En fait,
d'une certaine manière, on invoque un peu la magie, Mme la Présidente. On
invoque un peu la magie dans tout ça. On nous dit que des
infrastructures de transport en commun modernes, efficaces, rapides, qui
desservent des millions de personnes vont surgir du sol, vont apparaître comme
par enchantement sur le territoire québécois et que — tenez-vous
bien, Mme la Présidente — ça
ne coûtera rien au gouvernement, ça ne coûtera rien aux municipalités, avec des usagers qui vont
payer des tarifs très abordables, très abordables, puis la caisse va faire de
l'argent. Puis elle ne fera pas n'importe quel niveau d'argent, là, elle va faire plus d'argent que si elle investissait
dans des systèmes d'infrastructure de transport en commun déjà
existants, comme elle le fait présentement. Elle va faire plus d'argent que dans ces
cas-là.
Alors là, il y a quelque chose... Évidemment, ça heurte un peu l'esprit, sachant que le transport en
commun, ce n'est pas payant, que la
caisse, elle a besoin d'avoir du rendement. Puis elle n'a pas besoin d'avoir
n'importe quel rendement, elle veut
un rendement supérieur à ce qu'elle obtiendrait autrement. Puis je vous
rappelle, Mme la Présidente, tout à
l'heure : 3,25 $,
42 %. Les consommateurs... les usagers du transport en commun montréalais,
à ma connaissance, ne trouvent pas que le tarif n'est pas assez haut, je
ne pense pas.
Alors, Mme la
Présidente, il y a quelque chose de magique, il y a quelque chose de magique
là-dedans. Et bien sûr j'aimerais ça
croire à la magie, mais, Mme la Présidente, ça tombe mal, je ne suis pas très,
très à l'aise avec ça. Et moi, je
vous dirais... De l'autre côté, on invoque la magie, puis moi, je vous dirais
qu'on a tort de le faire, parce que, moi, ce que j'ai appris, c'est que quelqu'un va payer en quelque part, il y a
quelqu'un qui paie. Ce n'est pas vrai que peuvent apparaître comme par
magie des infrastructures qui ne coûtent rien à personne, qui permettent à la
caisse de faire de l'argent puis qui offrent
des tarifs abordables, ce n'est pas vrai. Il y a quelqu'un qui va payer en
quelque part et... Mme la Présidente, comme je ne crois pas à la magie... C'est le
fondement même de la raison, hein, c'est le fondement même du vote que nous avons choisi de faire de notre côté,
c'est la raison pour laquelle on a décidé de voter contre le projet de loi, c'est qu'on n'y croit pas, on n'y croit pas.
Et
j'ajouterais que toute cette conversation qu'on vient d'avoir, Mme la Présidente, je l'ai tenue sans faire... sans évoquer toute la question des risques, mais il y a
des risques aussi qui sont des risques de construction, des risques
d'opération, qui ne sont pas des risques qui sont négligeables, qui sont
des risques qui sont importants.
Je rappelais
en commission parlementaire que construire des infrastructures au Québec,
ce n'est pas toujours, puis ce
n'est pas toujours, toujours, toujours destiné à des dépassements de coûts, ce n'est pas
vrai. Il arrive fréquemment que des
projets, au Québec, se réalisent à l'intérieur des délais puis à l'intérieur des coûts, ça arrive fréquemment au Québec et à Québec,
même, et à Québec, même. Je vois le ministre responsable de la
région de Québec qui me rappelle qu'à Québec ça
arrive. Effectivement, il a entièrement raison, ça arrive qu'à Québec
puis au Québec des projets se réalisent à l'intérieur des délais, à l'intérieur des coûts, et c'est très bien
comme ça, puis je... Évidemment, il faut espérer puis souhaiter que ça
soit de plus en plus le cas.
Mais il arrive aussi que ça ne soit pas le cas, Mme
la Présidente. Il arrive que des projets ne se réalisent pas à l'intérieur des délais puis surtout qu'ils ne se réalisent pas à l'intérieur des coûts. Et un exemple que tout
le monde connaît dans cette Chambre, je pense, et dont il a été
fréquemment question ici, c'est évidemment le Train de l'Est, qui a coûté très, très
cher. En fait, c'est le dernier grand projet, là, d'infrastructure de transport en commun qui a vu le jour. On verra le genre de succès que ça aura au plan de
l'achalandage, Mme la Présidente, mais, à ce jour, ce n'est pas un grand succès.
Donc, c'est correct, là, je pense que c'est
ce qu'on peut dire. Par ailleurs, au plan des coûts, ça a été très mauvais, puis,
quant aux délais, ça a été très mauvais
aussi. Alors, je pense qu'il faut être réaliste, là. Quand on parle de grands
projets de transport en commun, il
arrive — je pense qu'on peut dire ça — il arrive que ça coûte plus cher, que ça
prenne plus de temps puis que moins de monde que prévu l'utilise, ça
arrive.
• (12 h 40) •
Évidemment,
moi, j'ai confiance dans les capacités d'analyse qui sont présentes à la
caisse, j'ai confiance que ces
gens-là vont être capables d'anticiper, de réfléchir et de prévoir
correctement. Mais, malgré toute la bonne volonté, toute
l'intelligence, toutes les capacités qu'on trouve à la caisse, Mme la
Présidente, il arrive qu'à la caisse
aussi on se trompe. Ça arrive, puis
c'est déjà arrivé qu'à la caisse on se soit trompé. Puis, Mme la Présidente, malgré toute leur bonne volonté, je vous le dis, ça arrivera
aussi qu'ils se trompent de nouveau dans le futur. On n'est pas à l'abri des
erreurs. Personne n'est à l'abri des erreurs. Et ça arrivera à nouveau à la
caisse.
Alors, Mme la Présidente, moi, j'ai des doutes sur la capacité de la caisse à présenter un
montage financier qui permette de
faire de l'argent, de faire du rendement dans le secteur du transport en commun. Je pense qu'il y a des risques importants, non négligeables.
Je pense que la conclusion logique que je dois tirer puis que nous avons tirée
de notre côté, c'est que, dans un contexte
comme celui-là, on ne peut pas appuyer le projet de loi. Ce qu'on a
choisi de faire, parce qu'on a quand même
une certaine... on est prêts à donner la chance au coureur, on a choisi, de
notre côté, de permettre l'adoption rapide, dès cette session, du projet de loi. On a choisi de laisser aller les choses, mais on inscrit notre
dissidence puis on inscrit notre
désaccord avec le projet de loi pour bien marquer le fait qu'il y a
des problèmes fondamentaux
qui, à notre sens, n'ont pas été résolus.
Je vais
terminer en disant ce que je disais hier, lorsque je parlais de ce projet de
loi, Mme la Présidente, et c'est très
simple, c'est que moi, je souhaite, une fois que le projet de loi va avoir été
adopté, là, je souhaite évidemment que la caisse se mette au travail puis qu'elle examine de près les deux besoins
qui ont été exprimés par le gouvernement, soit le SLR sur le pont Champlain et puis le Train de
l'Ouest. Je souhaite que la caisse examine ces deux projets-là de près puis que, rapidement, dans les prochains mois ou dans
les prochaines années, en tout cas rapidement, je ne le qualifierai pas trop, mais que rapidement donc la caisse propose
des scénarios, et des tracés, et des tarifs. Puis, je le dis très sincèrement,
Mme la Présidente, je souhaite me tromper
quand je vous dis que je suis inquiet. J'espère que la caisse sera capable de
parvenir à réaliser des infrastructures de
transport en commun, et puis avec des tarifs abordables, puis dans un contexte
de coûts raisonnables, j'espère que ça va
arriver, Mme la Présidente. Et je ne souhaite évidemment pas de dépassement
de coûts, puis je ne souhaite évidemment pas
des délais, puis je souhaite évidemment que ça soit un succès au plan de
l'achalandage. Tout ça, c'est mon souhait le
plus sincère. Et puis moi, je souhaite le bien du Québec puis je souhaite le
bien de la nation québécoise.
J'espère que je suis inquiet pour rien. J'espère que j'ai tort d'être inquiet.
Mais, Mme la Présidente, c'est l'avenir qui va nous le dire. Et on verra
à ce moment-là. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci, M. le député de Rousseau.
Et, pour la prochaine intervention, je
cède la parole à Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques, tout en vous rappelant que vous
disposez d'un temps de parole de 10 minutes.
Mme Manon Massé
Mme Massé : De 10, Mme la
Présidente? Merci. Merci, Mme la Présidente. Alors, au nom de ma formation politique, je veux aussi venir vous entretenir sur
la question du projet de loi n° 38. À prime abord, c'est intéressant, le
projet de loi reconnaît dans les faits un
vrai problème, c'est-à-dire : le Québec a besoin depuis longtemps qu'il y
ait un investissement important, des
investissements importants qui se fassent au niveau du transport en commun,
pour toutes sortes de raisons, un,
parce que les transports en commun, c'est un service public, c'est un service
au service des gens. Et, bien, on en
a besoin. Pour plusieurs d'entre nous qui n'avons pas de voiture, c'est une
façon extraordinaire de pouvoir d'une part rencontrer des gens, faire
des économies d'argent, faire des économies de gaz à effet de serre et faire
des économies souvent de temps, quand les services sont bien... que
l'accessibilité, et la fréquence, est bonne.
On est
heureuses de voir que, dans le projet de loi, la préoccupation de la Caisse de dépôt
est de venir investir un peu plus au
Québec. Ça fait longtemps que Québec solidaire demande que la Caisse de dépôt
suscite plus d'activité économique
sur notre territoire. Mais on a quand même un certain nombre de préoccupations,
que je vais tenter de bien vous
énumérer, en matière de ce virage qui est pris au niveau de la Caisse de dépôt,
c'est-à-dire au niveau du financement en infrastructures.
En fait, ce
pour quoi on peut — d'entrée de jeu, je vais le dire — ne pas être en accord avec ce projet de loi, c'est
qu'il part, selon nous, d'un argument qui
est complètement invalide, c'est-à-dire du fait que le gouvernement du Québec n'a pas d'argent à investir dans le développement de son transport en commun,
son transport collectif. D'une part, on a un fonds vert, un fonds vert qui se garnit, et qui, grâce à la bourse du
carbone, va continuer à se garnir de plus en plus, et qui pourrait servir... et qui devrait servir dès
aujourd'hui au transport collectif. Même chose, on dit ne pas avoir d'argent,
c'est cette crise des finances
publiques inventée qui nous permet de dire non au projet de loi n° 38.
Quand on dit qu'on a enfin atteint le
déficit zéro et que, dans les faits, ce qu'on a atteint, c'est un surplus
budgétaire de plus de 1 milliard de dollars, parce qu'on prend cet argent-là et on le met au
Fonds des générations, bien, si on prenait ce milliard-là puis on
l'investissait en transport en
commun, c'est aux générations futures qu'on rendrait un sacré service, et pas
seulement à l'actuelle. Donc, voyez-vous,
il y a comme là... Et je sais que, dans cette Chambre, très peu de gens veulent
reconnaître qu'on est en surplus budgétaire,
très peu de gens veulent reconnaître qu'il y a un fonds vert qui mériterait
d'être dépensé plus rapidement, et très peu de gens veulent reconnaître
que les services publics, c'est une façon de répartir la richesse.
Alors, de
façon spécifique sur le projet de loi n° 38, on est préoccupés sur
différents éléments. Premièrement, le virage
commercial de la caisse. C'est un peu inquiétant, parce que, on le sait, cette
caisse-là nous appartient collectivement et permet à l'ensemble des Québécois et Québécoises d'avoir minimalement
une petite retraite, qui n'est pas très élevée mais au moins qui est là,
et ça, c'est inquiétant quand on sait que les taux qui nous ont été... lors de
la commission, qui ont été discutés et qui
se passent à l'international pour notre Caisse de dépôt et placement... On
parle de taux de rendement de 17 %. Et là c'est là que c'est
évident — et
mon collègue en a fait la démonstration plus tôt — c'est évident que les transports collectifs,
partout sur la planète, ne génèrent pas de profit. Et, nous, la Caisse de dépôt
a besoin de ça, c'est
la logique, c'est la financiarisation, c'est le fait qu'avec de l'argent on
fait de l'argent. Et ça, ça ne marche
pas ensemble. Ça ne peut pas fonctionner. Ce virage commercial là est
inquiétant parce qu'en bout de ligne, bien, qu'est-ce qui va arriver pour les utilisateurs et utilisatrices, c'est
indéniable, c'est une augmentation importante des frais. Et là on tombe dans un cercle vicieux parce que,
globalement, les transports collectifs, les transports en commun, c'est
les personnes les plus défavorisées, c'est
les personnes les plus pauvres, c'est les femmes, c'est les travailleurs,
travailleuses qui les utilisent. Et
c'est un paradoxe parce qu'ils vont se retrouver à devoir, fort probablement,
payer, comme on pourrait dire, les yeux de la tête pour être capables de
se transporter.
On a des
craintes aussi de nature financière, c'est-à-dire : le rendement, s'il
n'est pas atteint, bien, il a des impacts directs sur notre bas de laine collectif. Et, considérant que les femmes
vivent, un, les plus pauvres, que les femmes vivent, deux, le plus longtemps, c'est inquiétant de
penser qu'on pourrait ébranler notre bas de laine collectif pour faire en sorte
de construire des équipements collectifs qui
devraient être construits par une autre enveloppe budgétaire, si je peux dire
ça.
• (12 h 50) •
Un autre des
éléments... Je parlais du prix du passage. La politique d'accessibilité
comprend d'autres éléments que le
coût qu'on paie notre passage. Ça inclut aussi les personnes à mobilité
réduite. Alors, quels seront... C'est inquiétant parce qu'on le sait qu'on a... même dans nos infrastructures collectives
qu'on a assumées comme un bien public, dans ces infrastructures-là, souvent on manque à l'appel de répondre aux
besoins des personnes en perte de
mobilité. Et on peut craindre aussi
pour la suite des choses si ce développement-là est pris entre les mains de gens qui,
inévitablement, puisque le rendement
est leur premier mandat... Ce n'est pas de faire des services publics, leur
mandat, eux, c'est de faire du
rendement pour nos services publics, celui notamment des retraites des Québécois
et Québécoises. Alors donc, c'est inquiétant. Où est-ce qu'on va couper? Bien,
c'est l'ascenseur qu'on ne mettra pas dans le cubicule, c'est le plancher qui
ne descendra pas, c'est... Alors, c'est ces éléments-là que je pense qu'il
faut considérer.
Bien sûr que ce que ça crée aussi comme impact,
c'est : une expertise que nous avons entre les mains de nos services publics, que ce soient nos différentes... à travers le Québec,
et, cette expertise-là, bien, tranquillement, on la laisse aller. Et c'est évident, Mme
la Présidente, que c'est inquiétant, parce que,
le jour où la Caisse de dépôt se rendra compte que ce n'est pas rentable, bien, on peut-u imaginer que, là, on va le
privatiser, carrément? On pense notamment à notre expérience
avec Keolis, elle n'est pas heureuse, là. La Caisse de dépôt est aussi
partenaire de Keolis. Puis allez voir les gens dans les régions qu'est-ce
qu'ils en pensent, des transports
interurbains et... Bien, ça peut nous... ça nous légitime d'avoir peur pour la suite des choses. Parce qu'en plus de peut-être ne pas permettre
d'atteindre nos objectifs de rendement à la Caisse de dépôt, bien, on va se retrouver avec deux systèmes qu'on va
avoir construits à travers nos argents de la Caisse de dépôt et qu'on va privatiser. Et généralement,
quand on nous privatise, bien, ce n'est jamais en faisant des grands gains
mais souvent des grandes pertes.
Alors, vous
comprendrez, Mme la Présidente, qu'avec toutes ces inquiétudes, ces
préoccupations, ma formation politique,
comme depuis le tout début, va s'opposer au projet. On sait bien que ça ne
changera pas grand-chose, mais ce pour
quoi on va s'y opposer, c'est profondément... Nous sommes totalement convaincus
que le transport en commun, ce n'est
pas payant, c'est prouvé partout à travers la planète, mais ce n'est pas payant
pour faire de l'argent, mais c'est très payant pour la population, c'est
très payant pour la sauvegarde de notre environnement et surtout pour assurer
que, collectivement, on prenne nos
responsabilités face aux changements climatiques, donc à la diminution des gaz
à effet de serre. Je vous remercie, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup, Mme la
députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Et, pour la poursuite de ce débat, je cède
maintenant la parole à Mme la députée de Bourassa-Sauvé. Et vous disposez,
vous aussi, d'un temps de parole de 10 minutes.
Mme de Santis :
De 10.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Oui.
Mme Rita Lc
de Santis
Mme de Santis :
Merci, Mme la Présidente. C'est avec enthousiasme que je prends la parole
aujourd'hui dans le cadre de
l'adoption du projet de loi n° 38 déposé par mon collègue le ministre des
Finances. Enthousiasme parce que je suis
persuadée que ce projet de loi, une fois qu'il aura été adopté par notre
Assemblée et mis en oeuvre, nous donnera des leviers pour insuffler une
nouvelle énergie, une vigueur additionnelle à notre économie.
Je veux tout
d'abord saluer le courage, la vision et surtout l'audace du collègue ministre
des Finances de tracer une voie
nouvelle avec ce projet de loi. L'audace car le projet de loi n° 38, une
fois adopté, nous propulsera dans une nouvelle sphère, dans un renouveau qui est non seulement souhaitable, mais, je
dirais, essentiel pour l'économie québécoise dans son ensemble. L'audace parce que les mesures
contenues dans le projet de loi permettront à la Caisse de dépôt et placement
d'investir, de gérer, de réaliser des
projets d'infrastructure majeurs qui apporteront un nouveau souffle. Une audace
qui a même été reconnue par la
Maison-Blanche. La Maison-Blanche a récemment invité le président de la caisse,
Michael Sabia, afin qu'il explique
son modèle de partenariat public-public pour la réalisation des grands projets
d'infrastructure de transport.
Je nous
souhaite une audace comparable à ce que le Québec a vécu dans les
années 60, 70 et même 80. Quand on se rappelle ces décennies, la construction de grands projets et la
création d'entreprises qui sont devenues les fleurons de l'économie québécoise, je pense évidemment à la
nationalisation de l'électricité, à la création d'Hydro-Québec, aux vastes
chantiers pour l'édification de barrages, au
projet de la Baie James. Ils sont à la base de notre développement industriel. Je
pense aussi à la
fondation d'entreprises qui ont fait rayonner et qui continuent de donner au
Québec une réputation enviable sur la scène internationale, comme
Vidéotron, LeJournal de Montréal, Québecor dans les
années 60, CGI en 1976, Couche-Tard, Financière Power Corp., Cirque du
Soleil dans les années 80, même Softimage.
Ces
décennies, je le redis, ont été d'une effervescence peu commune. Nos créateurs,
nos entrepreneurs étaient dotés d'une
énergie et d'une créativité qui ne semblaient connaître aucune borne. Avec le
projet de loi n° 38, qui s'ajoute au
Plan Nord et la stratégie maritime, je me mets à espérer, à rêver que nous
allons connaître une autre période comme celle-là — car il
me semble que l'audace n'est plus au rendez-vous, que nous sommes devenus un peu
frileux — que nos
entrepreneurs et nos entreprises sortiront
des sentiers battus, que nous changerons de paradigme, comme disent nos amis
français, «that we think outside the box», comme disent nos amis du Sud, les
Américains.
Puisque la
caisse pourra envisager la gestion et la réalisation de projets
d'infrastructure publique de transport, nous aurons plus le moyen de nos ambitions. On pourra accélérer la
réalisation de projets d'infrastructure comme en transport collectif, nous aurons accès à des budgets
d'investissement accrus pour les transports collectifs, nous pourrons atteindre
des objectifs de mobilité durable. Nous serons audacieux. Nous serons tournés
vers l'avenir avec des projets à la fois novateurs
et porteurs, porteurs de cet esprit de créativité qu'on le sent bouillonner
chez nos jeunes, dans cette nouvelle classe
d'entrepreneurs qu'on le sent prêts à émerger, à prendre des risques, à
déployer des ailes. Nous aurons ainsi les outils pour investir dans des initiatives qui seront aussi rentables
financièrement qu'elles répondront aux besoins de notre société.
Mais je veux
rassurer les déposants de la caisse que la caisse seule, la caisse seule, a la
pleine autorité de déterminer si un
projet sera rentable, si un projet aura des rendements commerciaux pour ses
déposants. La caisse agit et agira en tout temps en toute indépendance, on réaffirme ce principe important, de
base, essentiel à l'article 2 du projet de loi. Il n'y aura pas de
projet si la caisse ne peut pas procurer des rendements commerciaux pour ses
déposants.
Pour relancer
durablement et solidement notre économie, il nous faut trois clés. D'abord, une
gestion des finances publiques saine
et rigoureuse. C'est la priorité de notre gouvernement depuis notre élection.
Nous sommes sur la voie de
l'équilibre budgétaire et nous avons mis en place un mécanisme de révision
permanente des programmes gouvernementaux. Grâce à ces mesures, nous ne nous retrouverons plus dans une spirale où
les dépenses publiques ne cessent de croître sans que les revenus pour
les financer suivent.
La seconde
clé réside dans les outils... les leviers financiers pour investir dans
l'économie. Et c'est bien ce que le
projet de loi n° 38 nous offre par le biais des pouvoirs que nous
accorderons à la Caisse de dépôt et placement du Québec d'investir, et
de gérer, et réaliser des projets d'infrastructure.
Et la
troisième, qui est certes la plus importante, est d'instaurer un climat de
confiance, un climat qui permet à nos leaders
économiques industriels, à nos entrepreneurs d'avoir de l'audace, d'avoir les
moyens de nos ambitions. Ce climat est
le résultat des deux premières clés. Nous le créons avec le rétablissement de
l'équilibre budgétaire grâce à une saine gestion des revenus et des dépenses publiques, d'une part, et à la
création de leviers financiers pour investir, d'autre part.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Mme la députée de Bourassa-Sauvé,
je me dois, compte tenu de l'heure, de vous demander si vous avez
terminé votre intervention. Avez-vous terminé?
Mme de Santis : J'ai quelques
lignes seulement. Ça va.
• (13 heures) •
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Alors, est-ce que vous consentez pour que nous poursuivions?
Des voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Alors, oui, vous pouvez terminer votre intervention.
Mme de Santis :
Merci, Mme la Présidente. Alors, ce climat est le résultat des deux premières
clés. Nous le créons avec le rétablissement
de l'équilibre budgétaire grâce à une saine gestion des revenus et des dépenses
publiques, d'une part, et la création
de leviers financiers pour investir, d'autre part, ce que fait justement et
judicieusement le projet de loi n° 38 parrainé par notre ministre
des Finances. Je me mets donc à rêver
qu'avec le Plan Nord, la stratégie maritime et le projet
de loi n° 38 nous serons en
mesure de recréer cet espace de créativité, de nouveauté, de donner vie à des
projets, à des entreprises
qui créeront cette richesse qui nous permet de redistribuer avec des programmes
sociaux généreux et adaptés à nos besoins. Soyons audacieux! N'ayons pas
peur d'oser. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Alors, merci, Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Compte tenu de l'heure, je suspends les travaux
à 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 h 1)
(Reprise à 15 h 4)
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Alors, bon jeudi après-midi. Vous pouvez prendre place.
Alors, nous poursuivons le débat sur l'adoption
du projet de loi n° 38, Loi visant à permettre la réalisation
d'infrastructures par la Caisse de dépôt et placement du Québec. Et je suis déjà
prête à reconnaître M. le député de Sanguinet pour son intervention.
M.
Alain Therrien
M.
Therrien : Merci,
Mme la Présidente. Bien, tout d'abord, avant de faire mon envolée sur le projet de loi n° 38,
j'aimerais saluer le ministre
qui a oeuvré dans ce projet de loi, saluer le porte-parole
de l'opposition officielle, M. le député de Rousseau, saluer le
président, qui a mené cette commission d'une main de maître, le député de Montmorency,
et évidemment mes collègues de la seconde opposition pour leur apport au niveau
du projet de loi.
Le projet de loi est particulier. Moi, je vous
dirais que c'est, d'une certaine façon, une nouveauté. Pourquoi? Parce que le transport collectif, Mme la
Présidente, si on le regarde d'un oeil d'économiste, c'est comme la gestion de
n'importe quel autre bien ou n'importe quel
service : vous regardez le marché privé, vous avez une offre, vous avez
une demande. Le problème
avec le transport collectif, c'est qu'il est rarement rentable. Ça veut dire
que les investisseurs privés ne voient pas là l'intérêt de mettre de l'argent
dans des projets.
Et c'est pour
cette raison-là que, souvent, le transport collectif est offert par le gouvernement, non pas parce que le gouvernement aime dépenser son argent inutilement, mais parce que
le gouvernement ne voit pas seulement l'offre et la demande privée, il voit également
les conséquences de ce service-là au sein de la population. En économie,
on appelle ça une externalité. Ça veut dire que le gouvernement sait
que, si les gens prennent le transport collectif, on sera plus efficaces pour se déplacer, on sera par conséquent
plus productifs au travail, on aura aussi moins de gaz à émission... de gaz à effet de serre, donc ça sera une meilleure façon de protéger la planète. Alors, le gouvernement, quand il fait le choix d'offrir ce genre de service, il regarde évidemment
la demande privée, mais il regarde également les coûts ou les bénéfices externes que ça
occasionne. Et, pour cette raison-là, le gouvernement va investir dans les
transports collectifs.
Ici, c'est
une nouveauté, on dit : Non, on peut avoir des intervenants extérieurs au gouvernement qui, pour une raison de
profits, vont décider d'investir dans ce genre de service. Et là on se
dit : Bien, ça doit être rare que c'est rentable. Effectivement, c'est très rare. Mais là on s'est dit : Bien, peut-être
que la Caisse de dépôt et placement pourrait être un de ces acteurs économiques là qui pourraient
utiliser ces projets-là pour améliorer leur rentabilité dans les différentes
activités.
Alors, la
question est de savoir : Comment vont-ils réaliser le tour de force que
personne au Québec n'a réussi? Il y a des gens qui vont vous
dire : Bien, ils ont essayé ailleurs, et ça a fonctionné. Erreur. Ils
n'ont pas essayé ailleurs. Ailleurs,
ils n'étaient pas des opérateurs, et souvent, ailleurs, comme dans le cas de la
Canada Line, bien, ces services-là qu'ils offrent sont financés de façon
très importante par le gouvernement.
Et donc on se
retrouve avec un problème, à savoir : Vont-ils oeuvrer dans ces
projets-là, entre autres le SLR sur le pont Champlain, l'éventuel
pont Champlain? Est-ce qu'ils vont oeuvrer et faire du profit? Et aussi
vont-ils oeuvrer et produire ce service-là
en facilitant l'accès de ce projet ou de ce service-là à l'ensemble
de la population? Et, quand ils sont venus nous voir, ils ont dit : Bien, oui, nous, notre
priorité, c'est le profit, mais c'est l'accès aussi. Le problème,
c'est que ça va mal parce qu'il y a un paradoxe. Si vous voulez rendre accessible ce genre
d'utilisation, le prix idéal pour rendre accessible, c'est zéro, ça
fait que tu ne peux pas faire de
profit. Mais là ils se disent : Oui, mais, si on veut faire un profit, on
va mettre un tarif optimal. Bien, à ce moment-là, le tarif optimal pour rentabiliser ce genre de ligne là, il peut
s'avérer comme étant très, très élevé.
Alors, on se
dit : Comment vont-ils faire pour rentabiliser tout ça — la
question se pose — et,
je vous rappelle, tout en faisant en
sorte de rendre plus accessible l'accès des usagers à ce genre de service?
Alors là, il y a des gens qui vont dire : Bien, ce qu'on peut faire, c'est qu'ils peuvent faire
une captation de la plus-value à travers des stations qu'on va tout
simplement faire chevaucher cette ligne de tramway ou de train rapide. Sauf que
le problème, c'est que cette nouvelle façon
de financer ce genre d'activité peut aller chercher jusqu'à
30 % de financement seulement, c'est limité. Alors donc, on se retrouve dans une situation où nous, notre parti,
on n'est vraiment pas convaincus que la Caisse de dépôt et placement peut
rentabiliser ce genre de projet.
Il y en a
qui vont dire : Bien, s'ils ne rentabilisent pas, ils ont juste à refuser.
Parce que le ministre nous a expliqué qu'au départ le gouvernement offrait à la Caisse de dépôt un projet
quelconque, que la Caisse de dépôt ferait des études, et, à la fin, ils diraient au gouvernement : Bien, nous, on accepte ou non, voici les
résultats de notre analyse, et, à la fin, c'est le gouvernement qui va donner la sanction ultime, il va
dire : Bon, d'accord, on est pour le fait que vous procédiez à ce projet. Donc, en premier et en dernier lieu,
le gouvernement a le droit de regard, évidemment,
c'est eux qui vont trancher.
• (15 h 10) •
Alors, si les
projets sont très peu rentables et qu'une des seules façons de les rentabiliser,
c'est les subventions du gouvernement, bien, il est fort possible que la
Caisse de dépôt dise non. Mais leur indépendance... La Caisse de dépôt
et placement est jalouse de son indépendance, et avec raison, par rapport au gouvernement. Ça veut dire que, par indépendance, on réfléchit
à l'idée qu'est-ce que c'est possible que la caisse dise non et que le gouvernement, il dise : «Enwoye»
donc! Comprenez-vous l'idée? Alors, à ce moment-là, on a un problème. C'est que
cette indépendance-là, à notre avis, n'est pas garantie dans le projet de loi.
Alors, il se
pourrait — je
parle au conditionnel — il se pourrait qu'on ait des pressions
politiques qui poussent la Caisse de
dépôt à nous amener dans des projets non rentables. Là, je vous entends
immédiatement réfléchir : Bien, si ce n'est pas rentable, au moins il va y avoir un service, les usagers vont
avoir ce service-là. Bon point pour les usagers, mais mauvais point pour les retraités ou les futurs
retraités qui ont leur argent à la Caisse de dépôt, qui vont avoir à financer,
avec des pertes, ce genre de service. Alors,
par souci de protection de cette caisse-là, qui assure aux Québécois une
retraite ou une retraite future,
bien, nous, on est obligés de dire : Nous pensons que ce projet de loi là
n'est pas une bonne idée.
Alors,
voyez-vous, pour ces raisons-là, on va voter contre. Parce qu'on était pour le
principe, on a dit : Bien, on va aller
avec... avec transparence et avec bonne volonté, on va aller réfléchir tous
ensemble et essayer d'améliorer le projet de loi. Le projet de loi... On a eu certains amendements, et c'est très
bien, mais ce que je vous dis, c'est qu'on n'a pas assez garanti qu'il y
aurait cette transparence et cette indépendance dans le processus de décision.
Dernier point. Nous voulions
que soit assurée l'idée que la Caisse de dépôt soit seulement impliquée dans le
transport collectif. Il fallait que ce qui
serait déposé à la Caisse de dépôt et placement comme projets, ça ne soit que
des projets de transport collectif.
On a insisté là-dessus. Il y a eu évidemment un amendement proposé par le
ministre, qu'on a voté tous ensemble, qui est un pis-aller, parce que cet
amendement-là n'est pas assez béton pour nous garantir que la Caisse de dépôt ne va pas aller à l'extérieur de
ce champ proposé que sont les transports collectifs. Alors, si on ne balise
pas l'action de la Caisse de dépôt, Mme la
Présidente, et qu'eux veulent faire en sorte de rentabiliser leurs services,
moi, j'ai peur que ce soit une boîte
de pandore qu'on ouvre et qu'en ouvrant cette boîte de pandore on fasse en
sorte qu'on vive une privatisation partielle des services publics
offerts aux Québécois. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci beaucoup de votre
intervention, M. le député de Sanguinet. Alors, pour la prochaine intervention, toujours dans le cadre du débat sur
l'adoption du projet de loi n° 38,
je reconnais M. le député de Montmorency.
M. Raymond Bernier
M.
Bernier : Merci, Mme la Présidente. Écoutez, c'est un plaisir pour moi
d'avoir l'occasion, cet après-midi, d'intervenir sur le projet de loi
n° 38. Et bien sûr, comme membre du gouvernement, c'est un projet de loi
que nous appuyons. C'est un projet de loi
qui, si on veut, est nouveau par rapport au travail qui sera accompli dans la
réalisation de projets
d'infrastructure. Et c'est un projet de loi qui va permettre, bien sûr, de
protéger l'environnement et d'assurer des
nouveaux services. Par contre, c'est un projet de loi qui est particulier. Puis
moi, je veux intervenir pour parler du travail qui s'est fait en
commission parlementaire.
Vous savez,
je suis président de la Commission des finances publiques, mais là je veux
saluer le travail qui s'est fait pour ce projet de loi, parce que,
considérant la particularité de celui-ci, considérant le sujet, qui était quand
même assez neuf, avec la Caisse de dépôt et placement du Québec, considérant
également les attentes mais surtout le fait qu'on
a eu l'occasion de travailler... malgré que l'opposition décide de voter
contre, il y a quand même eu un travail très positif qui s'est fait.
Puis c'est ça que je veux saluer aujourd'hui.
Je veux
saluer premièrement les collègues qui ont travaillé sur ce projet de loi là,
bien sûr M. le ministre. Je veux saluer
les députés du côté gouvernemental qui ont eu l'occasion... la députée de
Bourassa-Sauvé, les députés de Pontiac, de Laval-des-Rapides, Portneuf,
Saint-François, le député de Chapleau, puis de Sainte-Rose; du côté de l'opposition
officielle, saluer également le député de
Rousseau, porte-parole officiel, M. le député de Sanguinet et également M. le député de Marie-Victorin; saluer également, du
côté de la deuxième opposition, M. le député de Granby, porte-parole officiel,
et M. le député de Beauce-Nord, vice-président de la Commission des finances
publiques.
Je veux
également saluer tout le personnel du ministère des Finances, du ministère du
Transport, du Conseil du trésor qui
sont venus donner assistance et répondre à des questions. Parce que traduire
d'une façon juridique un projet de
loi dans les volontés que nous désirons, où l'objectif visé est de permettre à
la Caisse de dépôt de réaliser des projets d'infrastructure, ça
demeurait quand même complexe, parce qu'il y a plusieurs lois qui sont
concernées là-dedans et plusieurs
ministères. Donc, je veux saluer le personnel, les avocats, les gens qui sont
venus. Au ministère des Transports, on
a eu des personnes extrêmement compétentes, dont Mme Bacon, pour nous
renseigner au niveau de l'expropriation, parce que ça touche également ça, parce que construire un réseau
ferroviaire, ça implique, au niveau des infrastructures, de l'expropriation, ça implique de la
construction. Donc, je veux saluer tous ces gens-là qui ont participé à la
Commission des finances publiques pour permettre un éclairage sur le
sujet.
Je veux saluer également tous les groupes qui
sont venus nous rencontrer. Plusieurs groupes sont venus nous rencontrer et donner leur position, donner
également... soulever des interrogations qui ont permis d'apporter des
précisions au niveau du projet de loi.
Les députés
l'ont mentionné dans leurs exposés, le ministre l'a mentionné, les députés
également, il y a eu beaucoup de... plusieurs amendements, sept
amendements au total, dans ce projet de loi là, et ça s'est fait dans une
discussion d'environ une vingtaine d'heures pour être capable de livrer le
projet au niveau de la commission parlementaire. Ces amendements-là étaient requis pour être capable, bien sûr, d'assurer la
confiance, la confiance que ce soit au niveau des retraités, la confiance au niveau des
municipalités, la confiance également au niveau des gens qui auront à emprunter
ces services-là, et assurer aussi la
transparence, parce qu'il ne faut pas oublier que, du côté de la Caisse de
dépôt, il faut assurer sa pleine
autonomie. Donc, il y a eu du bon travail qui a été fait de la part des groupes
d'opposition, avec les collègues aussi pour apporter des améliorations,
puis ça, je désirais le souligner.
Puis malheureusement
le travail du président d'une commission parlementaire, dans bien des cas, ça
se résume à se lever puis de
dire : M. le Président, je dépose le rapport de la Commission des finances
publiques qui a siégé telle date et
telle date pour l'adoption de tel projet de loi, mais on n'a jamais l'occasion
en Chambre, ici, de souligner tout le travail
qui se fait, le travail qui s'est fait également avec les recherchistes des
différentes formations politiques. Donc, c'est beaucoup de travail et beaucoup d'implication de la part des
parlementaires, et, moi, cet après-midi, c'est ce que je voulais souligner, Mme la Présidente, ce
travail-là, cette collaboration-là qui est nécessaire, puis surtout quand on
arrive avec un sujet qui est assez nouveau, qui, au niveau réalisation,
implique une formulation d'articles qui impliquent plusieurs ministères, et tout en visant ce qu'on veut bien
réaliser. Donc, c'est ce que je désirais souligner cet après-midi, Mme la
Présidente, c'est ce travail en commission
parlementaire fort important qui permet au départ d'améliorer un projet de loi
et qui permet aujourd'hui d'en arriver à son adoption. Merci, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Merci beaucoup, M. le député de Montmorency.
Alors, s'il n'y a pas
d'autre intervention, je vous demande si le projet de loi n° 38, Loi
visant à permettre la réalisation
d'infrastructures par la Caisse de dépôt et placement du Québec, est-il adopté? M. le
leader du gouvernement.
M.
Fournier : Vous me
permettrez, Mme la Présidente, de d'abord vous demander de procéder à un vote nominal
et par la suite de vous demander de le reporter à demain.
Vote reporté
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : C'est très, très bien. Alors,
ce vote sera reporté à demain, après la période de questions.
Maintenant, pour la suite des choses, M. le
leader du gouvernement.
• (15 h 20) •
M.
Fournier : Oui. Un phénomène qui est quand même assez rare, Mme
la Présidente, j'aimerais que vous appeliez l'article 26 de notre
feuilleton, c'est le projet de loi public de notre collègue de la Coalition
avenir Québec, député de Deux-Montagnes, et vous dire que, suite à une entente
que nous avons, il y aura, avec une petite modification toute dernière... Il y avait initialement un
représentant pour chaque parti. Je crois comprendre que Québec solidaire n'aura
pas de représentant mais, par contre,
que la coalition aura deux représentants. Et donc, dans la prochaine heure,
nous allons entamer ce débat, Mme la Présidente.
Projet de loi
n° 393
Adoption du principe
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, très bien, M. le leader du
gouvernement. Alors, à l'article 26 du feuilleton, M. le député de Deux-Montagnes propose l'adoption du principe
du projet de loi n° 393,
Loi encadrant la nomination de certains titulaires d'emplois
supérieurs et uniformisant certains aspects de la nomination des juges et
décideurs administratifs. Et, sans plus tarder, je vous cède la parole, M.
le député de Deux-Montagnes
M. Benoit Charette
M.
Charette : Merci, Mme la Présidente. Vous allez me permettre, dans un premier temps, de déroger à nos règles habituelles, et c'est de nature tout à fait personnelle. J'ai mon jeune garçon qui s'est fait opérer en début de
semaine, il est en convalescence et, de surcroît, à la maison. Donc,
vous allez me permettre de lui dire un petit bonjour en ce début d'intervention. Donc, Nathaniel, suis bien les
consignes de Papou et Mamie, et continue à bien te soigner. Donc, ce n'est
pas plus long que ça. Et vous me permettez avec l'appui des collègues, c'est
bien gentil, c'est bien gentil.
Mais sérieusement, plus sérieusement, à tout
le moins, le ministre des... le leader, en fait, du gouvernement
a bien précisé que c'est
exceptionnel, ce qui se vit, et j'espère que cette exception-là, sans dire
qu'elle deviendra la norme, aura l'occasion de se reproduire, parce qu'effectivement notre régime parlementaire, nos traditions n'ont
pas permis, avec les années, de
développer cette pratique d'appeler des projets de loi de l'opposition. Donc,
c'est certainement à l'honneur du
gouvernement de nous permettre d'en débattre ou de commencer d'en débattre
aujourd'hui, d'autant plus que le sujet du projet de loi en question est
de la toute première importance.
Et, je me souviens, au tout, tout début de la
Coalition avenir Québec, lorsqu'il était dans l'air de créer cette nouvelle formation politique, on avait comme credo
de développer de nouvelles façons de faire, d'espérer une plus grande collaboration entre les différentes formations
politiques pour notamment combattre le cynisme dans la population, qui
demeure important, par rapport à la classe politique, et le projet de loi qui
est appelé aujourd'hui, ma foi, correspond entièrement
à cette volonté de faire les choses différemment, parce qu'il s'attaque à un
problème qui est récurrent dans le
temps. On en parle depuis des années, mais malheureusement jamais on ne s'est
attaqué véritablement au problème et
à tenter d'identifier des solutions. Donc, bien heureux, et encore une fois, de
façon bien sincère, je remercie le leader du gouvernement de nous donner
cette opportunité.
Et, je le disais, c'est un problème récurrent,
parce qu'on fait référence aux nominations partisanes depuis une quarantaine d'années, c'est-à-dire depuis le début
de l'alternance entre le Parti québécois et le Parti libéral. Au lendemain
de chaque élection, on voit une succession
de nominations se faire dans l'appareil gouvernemental, et malheureusement
ce que l'on constate... Et le Parti
québécois ou le Parti libéral n'est pas plus responsable l'un que l'autre,
c'est malheureusement la tradition
qui s'est perpétuée. On constate que ces nominations ont ceci en commun, c'est
que souvent, et plus souvent qu'autrement, on parle d'anciens candidats,
ou de militants, ou à tout le moins des personnes très proches du parti au pouvoir qui sont nommées dans des fonctions
pourtant très importantes et qui commandent quoi comme premier critère? Non pas une allégeance politique, mais plutôt une
compétence particulière. Et, à l'occasion, on peut se demander si la
compétence, effectivement, était au rendez-vous. Et, dans tous les cas, il y a
des questionnements qui se font dans la population,
et ce n'est certainement pas à l'image... ou ce n'est pas l'image que l'on
souhaite donner comme institution ou comme Assemblée.
Je fais
référence à un texte qui a été publié dans La Presse, ça date de
quelques années, mais tout de même qui a été publié en 2012, le 3 novembre. Sous les années du premier
ministre Jean Charest, donc de 2003 à 2012, on parle de 523 nominations qualifiées de partisanes.
Sous le Parti québécois, sous le règne de la première ministre Pauline Marois,
en peu de temps on parle de tout près d'une
cinquantaine de nominations partisanes. Et, des noms, je me souviens, je me
remémore aisément les débats qui avaient eu cours à
l'époque, des nominations, on se souvient de Nicolas Girard, des Hubert Bolduc, André Boisclair, Françoise
Mercure, sans doute des personnes avec des compétences réelles mais pas forcément en lien avec les fonctions qui leur
étaient dorénavant attribuées. Cependant, toutes ces personnes avaient
une chose en commun, c'est qu'elles étaient très proches du Parti québécois
soit comme anciens députés, soit anciens candidats,
ou carrément comme militants actifs de la formation politique. Et, depuis
l'élection du gouvernement actuel, du
premier ministre Couillard, malheureusement ce cycle-là se reproduit, il y a
plusieurs nominations qui se sont faites au cours de la dernière année.
Et ce qui
rend la chose un petit peu triste ou à tout le moins déplorable, c'est lorsque
le Parti québécois, par exemple, qui est dans l'opposition officielle,
il va déplorer ces nominations, et inversement, si c'est le Parti libéral qui
est dans l'opposition, on va déplorer ces mêmes nominations partisanes,
alors que les occasions sont présentes et sont belles pour qu'on arrive justement
à trouver des solutions.
Je vais maintenant
vous parler du rapport Perreault, qui a été, justement, commandé par le Parti québécois. On se souvient de la
nomination d'André Boisclair comme délégué général du Québec à
New York, une nomination qui avait fait vivement réagir. Et, face à ce tollé-là, il y a
eu, justement, la commission... pas la commission mais, à tout le moins, un comité, présidé par M. Perreault, qui a été mis sur pied, avec un
rapport en bonne et due forme, qui a été rendu public quelque temps... quelques mois plus tard, après
avoir eu des engagements financiers de tout près de 210 000 $, donc, tout de même, une opération coûteuse pour les
contribuables québécois. Et le contenu ou le mandat du comité était très, très
clair, très précis, c'était de procéder à
une analyse indépendante de la situation des titulaires d'un emploi supérieur
venus de l'extérieur de la fonction
publique et nommés dans la fonction publique. Et il avait aussi comme mandat de
faire des recommandations afin de doter le gouvernement de conditions
permettant d'encadrer le processus de nomination.
Ces bases-là,
qui, malheureusement, ont été tablettées, qui ont servi de canevas pour notre
propre projet de loi dont je vais
vous parler dans quelques instants, mais ce qui est dommage... Oui, il a été
tabletté, mais il y avait tout de même
des conclusions qui étaient on ne peut plus claires, c'est-à-dire, dans ce
rapport, on demandait au gouvernement, ni
plus ni moins, de changer la Loi sur la fonction publique afin notamment de
clarifier les critères d'embauche aux emplois supérieurs, et procéder à
une évaluation indépendante des candidatures, et rendre le processus plus
transparent. C'est dommage qu'à l'époque on
n'ait pas donné suite à ce rapport, mais heureusement le projet de loi dont on
débute l'étude va nous permettre
peut-être de pallier à cette lacune-là. C'est un rapport qui a été tabletté,
c'est bien malheureux, mais il n'est pas trop tard, par contre, pour
bien faire.
Et, si on doit
parler de notre projet de loi, qui a été déposé en décembre dernier, oui, il
reprend les grandes conclusions du
rapport Perreault, mais en même temps on va, en quelque sorte, plus loin ou, à
tout le moins, on aborde les aspects
qui n'avaient pas été abordés dans le rapport. Et vous allez me permettre, sans
passer en revue ou de façon exhaustive
à travers le projet de loi, juste vous résumer peut-être les principes qui sont
les principaux... les principaux principes du projet de loi, notamment
au niveau d'un processus de consultation qu'on souhaiterait instaurer.
On a une très
belle commission parlementaire... En fait, toutes les commissions
parlementaires, à l'Assemblée nationale,
ont leur pertinence. Elles font, j'en suis convaincu, dans chacun des cas, un
travail qui est pertinent. Mais on a une commission qui se démarque ou,
à tout le moins, qui est particulière en sa façon, c'est qu'elle est absolument
non partisane, et je fais référence à la
Commission de l'administration publique. Et, dans le projet de loi en question,
on donnait un rôle particulier à cette
commission, on lui donnait un mandat supplémentaire, un mandat de processus
d'évaluation, en quelque sorte, des candidatures, qui permettrait, pour
certaines, c'est-à-dire, des nominations, d'être rencontrées par les membres de la Commission de l'administration
publique. Et cette façon de faire là, elle n'est pas sortie de nulle part, elle n'est pas non plus
improvisée : dans bon nombre de Parlements, que ce soit à Ottawa mais dans
d'autres Parlements également, lorsqu'il est temps de nommer de hauts
dirigeants, on prend le temps de les interroger, voir un petit peu quelles sont
leurs orientations, quelle serait leur façon de faire à la tête de ces
institutions-là. Donc, on avait pensé, pour
notre part, à la Commission de l'administration publique... C'est l'une des
recommandations. Et, vous savez, c'est
déjà pratique, pour certaines des nominations, de procéder à un vote aux deux
tiers. On a certains hauts officiers qui sont nommés de cette façon-là. On étendait à quelques autres fonctions
ce même processus aux deux tiers pour s'assurer, justement, d'un appui de notre Assemblée, compte tenu de l'importance du
rôle, justement, que ces personnes auront à assumer.
• (15 h 30) •
Autre élément
qui était contenu dans... et qui est contenu dans notre projet de loi : au
niveau de la permanence. Et, toujours
dans la foulée de l'expérience vécue par André Boisclair, on se souvient
lorsqu'il a été nommé délégué général du
Québec à New York, non seulement on le nommait délégué général, mais on lui
accordait, par la même occasion, une permanence
à vie aussi, dans la fonction publique, au moment de son retour. Ça avait été
controversé. Le gouvernement est
ensuite revenu sur sa décision, mais il faut empêcher ce type de parcours là.
Donc, on balise, en quelque sorte, l'octroi d'une permanence dans la fonction publique, en précisant que c'est après
non seulement une durée minimale, mais aussi après une évaluation en bonne et due forme, ce qui est un minimum, quant
à nous, au niveau de la Coalition avenir Québec.
Autre
élément, aussi, important du projet de loi : on doit composer maintenant
avec des élections à date fixe, ce qui
fait que l'on connaît la date de la prochaine élection, aussi lointaine
soit-elle. Dans le cas présent, on parle de l'automne 2018. Donc, ce que précise le projet de loi, c'est qu'on
n'aurait pas la possibilité, à moins d'une urgence, de nommer... de procéder à des nominations dans les
60 jours précédant la tenue des élections. Au niveau du renouvellement
d'un mandat, c'est la même chose, on vient
baliser aussi les renouvellements pour s'assurer que ce renouvellement-là ne
puisse pas s'effectuer plus de 90 jours avant la fin du mandat convenu. Et
enfin on se souvient qu'il y a plusieurs discussions
encore récemment : lorsqu'un haut titulaire, un haut dirigeant d'une
institution publique quitte, il a souvent droit à une prime de départ qui est alléchante, pour ne pas dire
démesurée. Et ce qui fait scandale, c'est que cette personne-là la touche lorsqu'elle quitte par elle-même ou
lorsqu'elle quitte pour un autre emploi dans la fonction publique. Donc, le projet de loi vient aussi
interdire qu'une allocation de transition soit versée lorsque le départ est
volontaire et lorsqu'il se fait pour une autre fonction dans l'appareil
gouvernemental. Donc, ce sont des principes qui répondent à des situations
précises vécues au cours des dernières
années, des situations qui, dans certains cas, avaient fait couler beaucoup
d'encre. Mais, dans chacun des cas,
il y a un dénominateur commun, c'est qu'ils avaient, oui, soulevé l'indignation
de la population.
Et je fais
aussi référence à un article que le journaliste Denis Lessard, de La Presse,
a publié il y a quelques mois sur le
coût des nominations partisanes. Il y a un coût très certainement au niveau de
la crédibilité de notre institution, mais il y a un coût monétaire également, parce que chaque personne qui est
nommée vient remplacer une autre personne dont souvent le mandat n'est pas terminé. Donc, il y a des allocations qui
sont versées à la personne qui doit quitter prématurément sa fonction. Et M. Lessard, dans son texte, parlait de
sommes colossales. On parle de millions et de millions de dollars qui, au lendemain de chaque élection ou
en cours de mandat, sont versés pour des motivations qui semblent
davantage être de nature partisane. Donc, c'est une situation qui doit changer.
C'est ce qui
nous permet d'être optimistes par rapport à cette volonté aujourd'hui exprimée
par le gouvernement, mais en même
temps je crois en la bonne volonté de tout le monde. D'ailleurs, c'est
interdit, dans notre institution, de remettre
en cause la parole d'un élu. Donc, je crois en la bonne volonté du
gouvernement, mais je dirais que cette bonne volonté sera aussi mesurée en fonction du temps qui sera alloué à
l'étude de ce projet de loi. On a convenu, aujourd'hui, d'une heure, on a convenu aussi, de notre côté au
cours de la session d'automne, d'utiliser notre propre temps de parole
pour étudier le projet de loi. Mais, advenant qu'après trois heures le projet
de loi n'était pas encore adopté, ce qui demeure une option, on va souhaiter
effectivement que le gouvernement nous consente... je pense qu'il avait déjà
été question d'une heure supplémentaire, et,
si, au-delà de cette heure-là, d'autres heures étaient nécessaires, on va
souhaiter qu'elles nous soient
consenties. Et je le dis avec le sourire, parce que, bon, j'échange des regards
avec le leader du gouvernement.
Mais ce qu'il faut savoir aussi de façon très,
très sérieuse, c'est que c'est une première mouture de ce projet de loi là, d'ailleurs, qui avait été déposée, à la
législature précédente, encore par notre formation politique. Donc, c'est
un sujet, de notre côté, qui nous tient à
coeur depuis longtemps, ce n'est pas un intérêt nouveau. Mais, ceci dit, c'est
une première mouture. On sera naturellement bien intéressés d'entendre ce que
les partis, que ce soit l'opposition officielle, que ce soit le gouvernement, ont à dire sur ce projet de loi là. Et on
ne ferme d'aucune façon la porte, à ce moment-ci, à des modifications.
Je sais qu'au
cours des dernières semaines, des derniers mois sinon, le leader du
gouvernement a eu l'occasion d'exprimer
des réserves, notamment sur le volet des juges administratifs, il a soulevé des
réserves aussi sur le Directeur général
des élections. Donc, on entend ses réserves. On a pu faire des vérifications
aussi de notre côté et on pourra voir, à l'étude, s'il n'y a pas lieu de
le modifier en conséquence. Chose certaine, le Québec serait assurément perdant
si on n'arrivait pas, au bout de cet
exercice-là, à mieux baliser la question des nominations partisanes. La
population d'une part nous en voudrait, mais on perdrait, comme élus
très certainement, énormément de crédibilité.
Ce qui me permet encore une fois d'être
optimiste : on a eu un bel exemple ce matin avec l'élection de notre nouveau Directeur général des élections. On peut
d'ailleurs saluer sa nomination,
M. Reid. On a, je pense, collaboré de façon intéressante, au niveau de la Coalition avenir Québec, dans
ce processus-là. Au départ, on avait peut-être, au cours de la dernière année, des points de divergence, en ce sens qu'on avait
des conditions précises, qu'on a pu exprimer au gouvernement, des conditions
ou à tout le moins des réserves qui ne visaient pas les différentes
candidatures qui nous étaient proposées mais plutôt le processus
lui-même. Et, dès le départ, on demandait à ce que la personne qui soit proposée soit issue d'un appel public à
candidatures. Cet élément-là n'a pas été possible pour la nomination dont on a
voté ou confirmé ce matin à travers
un vote, mais ce qui est très intéressant, de la part de la Coalition avenir Québec, c'est que le gouvernement a enfin donné
suite à cette volonté, ce qui fait qu'à l'automne — et ça a été confirmé
par le leader du gouvernement — à
l'automne il y a un message qui sera envoyé à travers le secrétariat de la fonction publique pour baliser
les prochaines nominations qui nécessitent
un vote aux deux tiers à l'Assemblée nationale. Donc, dorénavant, avant de
procéder à une nomination, il y aura eu un appel public à candidatures, et tout
ceci est rendu possible grâce au travail constructif
qui a été réalisé par la Coalition avenir Québec. Donc, déjà, on est venu
mettre des jalons, en quelque sorte, à un processus de nomination qui
malheureusement était figé dans le temps depuis trop longtemps. Donc, cette
belle collaboration ou à tout le moins le
fait que le gouvernement ait répondu à notre demande, qu'il nous ait donné
raison sur la nécessité de revoir ce système-là nous permet d'espérer
que la même ouverture va s'appliquer également pour les nominations à venir.
Autre
concession importante qui a été faite, et que l'on reconnaît, et que l'on
apprécie au niveau de la rencontre de la
personne qui a été élue ce matin... C'est bien beau, avoir un C.V., c'est bien
beau, avoir un nom, mais, si on n'a pas la possibilité de la rencontrer,
si on n'a pas la possibilité d'échanger avec cette personne-là, voir un petit
peu les orientations qu'elle souhaite donner
à l'instance qu'elle s'apprête à diriger, ça nous permet difficilement
d'évaluer la capacité ou la
possibilité de collaborer avec cette personne-là. Et, encore là, il y a eu, je
pense, un geste qu'il faut souligner de la part du gouvernement : il y aura une rencontre très prochaine avec M.
Reid, donc, avant son entrée officielle en fonction, pour que l'on
puisse justement... pouvoir établir un premier contact.
Bref, il y a
des signaux importants, mais, pour ce qui est du projet de loi lui-même, encore
une fois j'insiste, on ne peut pas reproduire ce cycle-là qui se vit
depuis maintenant des années. J'ai trop de souvenirs en tête où l'opposition officielle critique pour un système de nomination
qu'elle a elle-même utilisé il y a peu de temps. Donc, c'est de notre devoir,
comme parlementaires, d'y donner suite.
Et je vous
explique rapidement, en terminant, ce qui nous attend. Oui, un débat de deux
heures aujourd'hui, et, le leader du
gouvernement le mentionnait tout à l'heure, à l'automne il y aura — et, quand je dis «tout à l'heure», en conférence de presse, en point de presse ce
matin — de notre
côté, une motion du mercredi qui sera utilisée et ultimement une
autre heure qui nous sera consentie par le gouvernement. Donc, il y a un bloc
d'heures minimal qui est déjà convenu pour
permettre d'évoluer et d'avancer dans l'étude de ce projet de loi là. Et
ultimement on ne peut pas faire autrement que de trouver un terrain d'entente pour regagner cette confiance de la
population envers notre institution. Sur ce, merci beaucoup, Mme la
Présidente.
• (15 h 40) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup, M. le député
de Deux-Montagnes. Et, pour la suite du débat, je cède maintenant la
parole à M. le député de Sanguinet.
M. Alain Therrien
M.
Therrien :
Merci, Mme la Présidente. Écoutez, je suis très content, aujourd'hui, de
prendre la parole au sujet d'un
projet de loi qui est, comme on pourrait dire, vertueux, je pense que tout le
monde s'entend là-dessus. Je voudrais remercier la CAQ d'avoir pris l'initiative
de déposer ce projet de loi là, qui est un peu, là, le prolongement du rapport Perreault qu'on avait demandé, comme vous l'avez
si bien mentionné. Je remercie le Parti libéral aussi de nous laisser le temps de discuter de ce sujet-là qui est très important
et qui va faire en sorte, s'il est mené à terme, de faire en sorte
d'améliorer la confiance que les Québécois peuvent avoir au processus
démocratique et aux partis politiques.
Je voudrais par contre, là, revenir sur certains
aspects que mon collègue de Deux-Montagnes a mentionnés. Évidemment, quand on
parle des nominations partisanes du Parti libéral et supposées partisanes du
Parti québécois, il y a toujours le dilemme
entre : Est-ce que c'est par compétence ou est-ce que c'est par
partisanerie? Puis c'est un peu normal.
Si le Parti québécois arrive et fait une nomination, si le nominé est par hasard un péquiste, on va tout de suite dire que c'est partisan.
Bien, moi, je peux vous assurer qu'il
y a plein de péquistes qui sont
compétents. La preuve, c'est que Nicolas
Girard, qui a été nommé par notre gouvernement, est encore là aujourd'hui. Et donc ce
n'était pas une nomination partisane, mais il est compétent. Alors, en
partant, d'arriver avec un projet de
loi qui nous dit : Bien, faisons
la transparence dans les nominations,
bien, nous, on est bien d'accord, parce
qu'on va pouvoir montrer à la population que ce n'est pas la
partisanerie qui va nous guider et qui nous a guidés.
Et c'est sûr
que la CAQ n'a pas été encore au gouvernement et donc c'est difficile d'évaluer
qu'est-ce qu'ils auraient fait. Par
contre, j'ai ici La Presse du 24 août 2012, où on
voit le chef de la CAQ dire : Il faut remplacer ceux qui ne pensent
pas comme nous. Ça fait que, là, c'est sûr qu'on n'a pas encore vu la CAQ au
pouvoir, mais là, quand on regarde ça, Mme la Présidente, ouf! La purge
éventuelle, hein?
Et qu'est-ce
qu'on écrit là-dedans? Je cite le chef de la seconde opposition :
«"Si on veut faire un changement au
Québec, il faut remplacer les personnes qui font de la politique, mais aussi
les sous-ministres et les présidents de société d'État qui ne pensent
pas comme nous, qui ne sont pas d'accord pour faire ces virages."»
«"Il
faut donner un mandat clair à quelqu'un qui est d'accord avec le mandat. M.
Sabia — tantôt,
on parlait de l'indépendance de la Caisse de dépôt et placement, comment
c'était important — en
commission parlementaire, a dit qu'il n'était pas d'accord avec l'idée de
[remettre] 20 milliards pour prendre [...] positions afin de bloquer la
vente éventuelle de 25 fleurons
québécois[...]. Si la CAQ prend le pouvoir, il y aura [de bonnes discussions]
et, s'il continue de penser comme cela... il ne sera pas là
longtemps"», a mentionné le chef de la seconde opposition.
«"On
veut réduire les dépenses de 600 millions à Hydro-Québec. M. Vandal
est-il d'accord avec cela? J'en doute! Et s'il n'est pas d'accord, il va
y avoir des changements!"»
Alors, quand
on regarde ça, on se dit : Ouf! Avant de commenter ce qui se passe ou ce
qui s'est passé avec les deux partis
qui ont pris le pouvoir à tour de rôle, moi, je vous dis, les leçons que vous
avez données ce jour-là feraient craindre le pire.
Au-delà de la partisanerie, nous avons demandé
le rapport Perreault, de se pencher là-dessus. Le collègue de Deux-Montagnes nous dit : On l'a tabletté. Le
rapport Perreault a été déposé en décembre 2013, avant de partir pour le temps des fêtes. On n'a même pas siégé trois
semaines entre le moment du dépôt du rapport... je vous dirais trois semaines
pour être sûr, là, trois semaines entre le
moment du dépôt du rapport et l'élection. Après un rapport, ce n'est pas parce
qu'en dedans de trois semaines on n'accouche
pas d'un projet de loi qu'on tablette un rapport. On est malheureusement
allés en élection, et vous connaissez la
suite, Mme la Présidente, inutile de le mentionner, mais malheureusement on a
été bloqués dans notre désir d'intervenir. Et c'est une des raisons qui
vont faire que nous, on sera pour le principe de ce projet de loi là et qu'on
salue la CAQ d'avoir déposé ça.
Mais, écoutez,
au-delà de la partisanerie, je pense qu'on a tous avantage à faire de ces
nominations-là des nominations non
pas sur la compétence... sur la partisanerie, mais sur la transparence, pour
qu'on cesse de douter entre nous de
la qualité de ceux qu'on nomme. Et je pense qu'on se doit bien ça et qu'on doit
bien ça à la population. Moi, je suis d'accord avec ça.
Évidemment,
on est pour l'étude... Il va falloir qu'on l'étudie adéquatement, comme on le
fait toujours. Le président de la
Commission des finances publiques a soulevé tantôt, avec grande éloquence, le
travail en commission. Il a raison. Et
c'est intéressant, le travail en commission, ça va nous permettre justement
d'améliorer ce projet de loi là. Parce que nous, on veut l'étudier, on veut voir aussi ce qui se passe ailleurs
dans le monde, le rapport Perreault, et se poser la question : Comment faire pour l'améliorer le plus possible
pour justement amener une belle crédibilité quand vient le temps de faire
ces nominations-là? Je ne vous dis pas
qu'avant elles n'ont pas été crédibles, je vous dis qu'actuellement on a la
chance de prouver qu'elles sont crédibles, c'est ce qu'il faut faire.
Alors donc,
l'idée de consulter les parlementaires à travers la commission, une commission
qui est non partisane, très
intéressante. Le modèle qu'on nous propose est intéressant. Par contre, il y a
certaines choses sur lesquelles on peut se poser des questions, évidemment. De toute façon, c'est ça, un projet
de loi n'est jamais parfait en
partant, on va discuter, on va travailler ensemble. Comme certaines procédures qui sont variables
selon des groupes de postes, qui ont été établies par le projet
de loi, non pas que je ne suis pas d'accord
avec ça, ce n'est pas ça du tout, mais on va se pencher à savoir : Est-ce
que ces procédures variables là sont appropriées pour justement ce genre ou ces
groupes restreints balisés de nomination?
Pour les juges, est-ce qu'on va appeler... est-ce qu'on va faire en sorte
que les experts viendront nous apporter un éclairage, et on l'espère
bien, sur justement les nominations au niveau de ces juges-là?
Alors, c'est
toutes ces questions-là sur lesquelles on devra se pencher. Et moi, je suis
convaincu qu'on va arriver à peaufiner
un projet de loi qui réponde et... qui satisfasse les Québécois
dans leur ensemble. Et donc, nous, c'est sûr que nous sommes
en faveur du principe de ce projet de loi là. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci beaucoup, M. le
député de Sanguinet.
Et maintenant je cède la parole à M. le député de La Peltrie.
M. Éric Caire
M.
Caire : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Alors, c'est avec plaisir que j'interviens sur le principe du projet de
loi de mon collègue
de Deux-Montagnes. Plusieurs choses, Mme
la Présidente. D'abord,
je pense que, sur la question des nominations
partisanes, tout le monde va s'entendre pour dire que c'est, je dirais, une
mauvaise habitude qui a plusieurs
effets pervers. Quels sont-ils? Le premier, Mme la Présidente, et le plus évident à mon
avis, c'est de discréditer
l'administration publique. Quand on a
l'impression que quelqu'un occupe un poste en fonction de sa couleur
politique plutôt que par ses compétences, il est très clair que ça jette
un discrédit sur l'administration publique. Ça jette aussi un discrédit sur la politique
en général. En fait, ça entretient le cynisme, selon moi, parce qu'on se dit : Bon, bien, voilà des gens qui, pour avoir bien servi leur parti, seront récompensés
par un poste dans l'administration publique. Or, un poste dans l'administration
publique, c'est tout sauf une récompense. Donc, on entretient le cynisme de la population,
Mme la Présidente.
Mais
j'ajouterais un effet pervers, et je n'ai pas entendu ça jusqu'à
date : Ça jette aussi le discrédit sur des gens compétents, Mme la Présidente. Parce que,
si la couleur politique ne doit pas être un critère pour occuper un
poste, bien, la couleur politique
ne doit pas être un critère pour se le faire refuser aussi. Je veux dire, le
fait d'avoir été militant d'une formation politique, quelle qu'elle soit, n'est
pas en soi néfaste, au contraire. Puis nous qui sommes tous membres d'une formation politique, on devrait plutôt
encourager le militantisme politique.
C'est sain, le militantisme politique, il n'y a rien de sale là-dedans — Mme
la Présidente, je suis convaincu que vous allez être d'accord avec moi.
Or, quand on
fait du militantisme politique, on ne devient pas, de ce fait, dénué de toute
compétence, on a aussi des
compétences. Malheureusement, Mme la
Présidente, il y a
très certainement, dans l'histoire des nominations partisanes, des gens qui ont été nommés à des postes qui
avaient les compétences pour le faire, mais sur lesquels on a jeté un regard
de doute parce qu'ils avaient aussi été
militants d'un parti politique. Donc, Mme
la Présidente, c'est un effet pervers
dont on ne discute pas malheureusement et qui, je pense, serait contré
par la proposition qui est faite par mon collègue de Deux-Montagnes.
Quelle
est-elle, cette proposition? Bien, c'est de s'assurer, justement,
Mme la Présidente, que la couleur politique n'interfère pas dans
le fait qu'on nomme une personne à un poste. C'est de s'assurer que tous ici, à
l'Assemblée nationale, soyons
partie prenante, à des degrés différents bien évidemment, mais soyons partie
prenante de cette décision qui va faire en sorte qu'un individu va ou
non occuper un poste d'autorité dans l'administration publique en général.
• (15 h 50) •
Et j'écoutais tout à l'heure mon collègue de Sanguinet
qui reprenait les propos du chef du deuxième groupe d'opposition, hors contexte malheureusement, mais qui exprimait des choses qui, à mon avis, ou, en tout cas, quand on est au pouvoir,
sont des évidences. Je vous donne un exemple. Tout à l'heure, mon collègue
de Deux-Montagnes a parlé de la nomination d'André Boisclair comme délégué général du Québec à
New York. Je me souviens, Mme la Présidente, que cette partie-là de la nomination a été saluée de
façon générale. Ce qui a fait problème, c'est l'emploi à vie qui avait été garanti avec ça et un poste ensuite dans la fonction publique. C'est cette portion-là qui faisait problème et qui a amené le
gouvernement à faire la réflexion qu'on connaît aujourd'hui. Mais il est
évident qu'il y a des postes pour lesquels les gens qui sont nommés doivent être en phase avec le gouvernement. Je veux dire, gouverner, c'est donner des orientations, c'est amener
le Québec dans une certaine direction, et donc on comprend
que les officiers qui vont présider à ça doivent être capables de mettre en application les politiques
qui seront déterminées par le gouvernement qui aura été démocratiquement élu. Alors,
ça, c'est une chose.
Ceci étant
dit, donner un poste à un individu qui n'a pas les compétences pour l'occuper
et qui, de ce fait, ne sera pas
capable de remplir la tâche pour laquelle il va être rétribué, et généralement c'est des postes qui sont assez
lucratifs ou en tout cas qui offrent
des conditions que je qualifierai de décentes, on est dans un autre univers
complètement. Alors, il y a une
différence entre s'assurer que l'appareil public tire dans la même direction et
d'assurer l'avenir de quelqu'un qui
aura rendu service à un parti politique et qui de ce seul fait se retrouvera
dans un poste qu'il n'a pas les compétences pour occuper, et j'espère
que cette Assemblée saura faire la différence entre les deux.
Ceci étant
dit, Mme la Présidente, moi aussi, je remercie le leader du gouvernement pour
l'opportunité qui nous est donnée
aujourd'hui, mais, à mon avis, à mon avis, je pense qu'il serait bénéfique pour
l'ensemble de cette Assemblée d'amener ce projet de loi là à l'étude
article par article. Et je m'explique.
Le député de
Deux-Montagnes ne prétend pas que le projet de loi est parfait, il y aura très
certainement, du côté du gouvernement,
des remarques, des réticences, des éléments de désaccord, mais de faire mourir
le projet au principe, ça ne m'apparaît pas être la solution idéale. Le
Parti québécois aura sans doute des réticences aussi, des désaccords, mais l'avantage de l'amener à l'étude article par
article, et mon collègue de Deux-Montagnes le soulignait, c'est de permettre
à l'ensemble des
députés ici de manifester ces désaccords, de manifester les éléments pour
lesquels il y a des litiges et d'y
trouver une solution commune. Et, si à la base tout le monde à l'Assemblée
s'entend pour dire que les nominations partisanes,
de donner un poste à quelqu'un sur la base de sa couleur politique, c'est une
pratique qui doit cesser, la façon optimale
d'y parvenir... Je pense qu'on est tous des gens raisonnables et intelligents.
On est capables, je pense... En tout cas,
de notre côté, il y a une très grande ouverture à faire en sorte que tout le
monde pourra mettre son grain de sel et que la finalité sera la bonne. Mais cette discussion-là, Mme la Présidente,
nous devons l'avoir. On ne peut pas faire l'économie d'avoir une discussion ouverte, une discussion
responsable sur un phénomène qui trop souvent a jeté du discrédit sur la
classe politique, sur l'administration publique
et sur certains individus qui la composent. Et, pour cette raison-là, Mme la
Présidente, bien évidemment, vous
comprendrez que, si tant est que nous en avons l'occasion, nous allons voter en
faveur du principe, mais j'implore le
leader du gouvernement d'aller au bout de cette démarche, de cette logique,
d'amener ce projet de loi là jusqu'à l'étude article par article.
Et, vous
savez, tout à l'heure j'accueillais des étudiants de ma circonscription,
j'expliquais le processus législatif, je disais : Ce n'est pas parce qu'on
vote pour le principe d'un projet de loi qu'on est obligé de voter en faveur de
ce projet de loi là aux autres étapes, mais au moins, au moins, on permet la
discussion, au moins on permet à tout le monde de s'exprimer, au moins on permet à tout le monde d'ajouter son grain de
sel. Et, si à la fin il n'y a pas d'entente, et si à la fin on n'en trouve pas, de terrain d'entente, si à la
fin la finalité n'est pas la même pour tout le monde, bien, chacun agira en
conséquence, mais au minimum, au minimum,
nous aurons eu une discussion, nous aurons abordé cette question-là et nous aurons fait la démonstration à l'ensemble de
la population que, quand l'Assemblée nationale décide de travailler en
collégialité, c'est possible, et généralement, Mme la Présidente, ça donne
d'excellents résultats.
Et j'ai
beaucoup de difficultés à croire qu'on ne peut pas, les quatre formations
politiques représentées à l'Assemblée nationale,
trouver un terrain d'entente qui va faire en sorte qu'on va faire la démonstration
aux Québécois que non seulement on
est capables de s'entendre, mais que, les nominations partisanes, de façon
égale, on comprend le problème que ça pose, on comprend le discrédit que
ça jette sur non seulement la classe politique, mais aussi sur une certaine
tranche de l'administration publique, on
comprend aussi l'hypothèque que ça peut imposer à des individus qui sont
compétents et qui ont été nommés
parce qu'ils étaient compétents, qui ont juste eu le malheur... puis je n'aime
pas l'expression, mais qui ont juste
eu le malheur d'être membres d'une formation politique aussi. Et je suis
convaincu, convaincu que tout le monde
va sortir gagnant d'un exercice comme celui-là, Mme la Présidente. C'est la
raison pour laquelle non seulement je vais voter en faveur, mais j'ose croire que nous aurons
collectivement l'intérêt et la volonté d'amener cette démarche-là beaucoup
plus loin. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci. Merci beaucoup, M. le
député de La Peltrie. Alors, toujours dans le cadre du débat sur l'adoption du principe
du projet de loi n° 393, je cède maintenant la parole à M. le leader du
gouvernement.
M. Jean-Marc Fournier
M.
Fournier : Merci, Mme la Présidente. À mon tour, d'abord, de
saluer le fils du député de Deux-Montagnes et de lui souhaiter, le plus tôt possible, un retour à la santé, en
espérant que les échanges que nous avons participent à cette
réhabilitation, encore que je n'en sois pas tout à fait certain, mais, quand
même, espérons que ce soit le cas.
Alors,
quelques éléments sur ce que nous faisons en ce moment ici, à l'Assemblée.
Notre collègue de Deux-Montagnes
soulignait, je l'ai fait aussi un peu plus tôt, je l'ai fait aussi en
rencontrant les journalistes tantôt... est un peu exceptionnel, quoique, lorsqu'on regarde, on pourrait dire, la
semaine qui aura précédé la fin de nos travaux, sept, huit, neuf, 10 jours avant... qui ont précédé
demain, si on veut, soit la semaine dernière et cette semaine, on peut avoir
une lecture un peu différente au
niveau de l'exception, quoique ces deux semaines sont exceptionnelles. Le débat
de cet après-midi ne l'est pas tant que ça, quoiqu'un peu aussi.
Je place le
cadre dans lequel se tient ce débat. D'abord, jeudi dernier, nous avons lancé
le débat de principe et conclu le
principe par un vote sur un projet de loi concernant les aînés de la députée de
Gouin, donc un député de... un projet
de loi de l'opposition. Je tiens à noter l'histoire à l'égard de ce projet de
loi parce que c'est aussi une analogie qui peut être faite sur les
façons de faire progresser, ou de transformer, ou de trouver la solution la
plus appropriée. L'an dernier, nous avons
aussi appelé un projet de loi — pas le même, mais sur le même sujet, même
thème — de la
députée de Gouin, donc de Québec
solidaire, et, une fois que le débat a été entamé, il s'est arrêté. Mais le
ministre des Affaires municipales et
son collègue adjoint parlementaire ont discuté pendant de nombreux mois avec la
députée de Gouin, à telle enseigne que ce n'est pas à une étude article
par article mais dans des échanges hors Assemblée qu'est intervenue la possibilité d'avoir un texte sur lequel il pouvait
y avoir un principe qui était reçu par tous. Parce que, vous savez, lorsqu'on
parle d'un principe de projet de loi, tous
n'y voient pas le même principe dans le projet de loi, et certains peuvent
avoir des lectures différentes, ce qui amène des votes qui sont parfois à mieux...
ils sont mieux compris lorsqu'on écoute les discours qui sont faits, qui argumentent pourquoi un vote se fait dans
une direction ou l'autre — et vous verrez le sens de notre vote.
Ceci étant,
je suis déjà en train d'ouvrir une voie sur le mode de discussion qui permet
d'arriver à une finalité, qui n'est
pas toujours le mode traditionnel mais qui parfois est peut-être plus porteur,
parfois. Donc, je souhaite que nous soyons capables de... il y a une
expression qui dit «penser en dehors de la boîte», et je pense qu'on peut le
faire.
Simplement pour dire, donc, qu'il y a d'autres
modèles, oui, exceptionnels, celui-ci parmi les exceptions des deux dernières semaines, qui, finalement, sont
peut-être en train de lancer une tendance qui dirait qu'on n'est pas tant que
ça dans les exceptions.
Exceptionnel,
celui-ci, pourquoi? Parce que les discussions que nous avons eues avec
notamment le député de Deux-Montagnes
et le leader de la deuxième opposition portaient sur la chose suivante :
comme gouvernement... Et c'est vrai
dans notre système depuis très longtemps, parce que... quelques années, là...
Quoique je suis encore tout jeune, ça fait quelques années que je suis arrivé ici, à l'Assemblée, Mme la
Présidente, et je sais que l'agenda législatif du gouvernement n'a pas souvent de place pour offrir du temps aux
projets de loi qui viennent de l'opposition. Et, à chaque fois, lorsque les questions qui sont posées... Et elles me l'ont
été, d'ailleurs, dans une question écrite du député de Deux-Montagnes, pour laquelle j'ai répondu en date du
26 février dernier, qui demandait à ce que nous puissions étudier le
projet de loi que nous étudions
présentement, que nous avons commencé à étudier présentement, et je lui disais
à ce moment-là que — je lis
le texte, Mme la Présidente — «advenant que le député de Deux-Montagnes
réussisse à convaincre son caucus de commencer
l'étude de son projet de loi en utilisant la motion du mercredi, comme le lui
permet le règlement, il me fera plaisir
d'ajouter [...] la démonstration des difficultés qu'occasionne ce projet de
loi», puisque le débat aura été entamé.
• (16 heures) •
Je le dis
parce que, traditionnellement, la façon de faire pour les partis d'opposition,
c'est d'utiliser la motion du mercredi.
Traditionnellement, les partis d'opposition ne veulent pas le faire pour de
nombreuses raisons qui ont un lien avec
ce qu'on pourrait appeler la
partisanerie, puisqu'on est sur le thème de la partisanerie. Et un mot sur la
partisanerie : Nous sommes issus
de partis politiques. Cela, généralement, nous amène à avoir des positions de parti.
Certains ajoutent un qualificatif,
«positions partisanes», et tout ça tient pas mal de la même chose. Alors,
simplement pour dire que d'habitude les oppositions ne souhaitent pas
cela.
Lorsqu'on en
a discuté, moi, j'ai dit : Je crois que, comme gouvernement... Et vous vous souviendrez ce que le premier ministre avait
souhaité lors de l'assermentation des députés : il avait souhaité que nous
ayons une façon de voir les membres
des autres formations politiques non comme des adversaires, mais comme des
collègues et donc d'essayer de pouvoir trouver des moyens pour changer
un peu nos habitudes. Ce que nous avons fait avec le projet de loi de la députée de Gouin l'an passé et la semaine
dernière, ce que nous faisons présentement, ce que nous ferons demain avec
le projet
de loi d'un collègue du Parti québécois sur la journée Nelson Mandela tient de ce genre de transformation que
nous voulons voir de plus en plus se
répéter. Mais le geste que nous faisons nécessite, bien sûr,
une réciprocité. Et donc on s'est
entendus pour que nous prenions une heure du temps législatif gouvernemental, que la deuxième opposition prenne du temps de sa motion du mercredi qui viendra à l'automne prochain,
suite à quoi il y aurait une autre heure qui serait faite, ce qu'on pourrait appeler la formule un,
deux, un. On est habitués avec les un, deux, trois, que nous ferons d'ailleurs avec la journée Mandela demain, mais appelons ça la formule un, deux,
un. Dans la lettre que j'indiquais, donc, que nous pouvions faire cela avec les motions, on se trouve
à avoir trouvé la manière d'y arriver par une entente que nous avons
eue, et je pense que cela est une bonne chose.
Notre
collègue de Deux-Montagnes a inscrit tantôt cette journée exceptionnelle notamment
aussi par le fait que nous avions
annoncé, d'ailleurs, dans un échange de lettres entre le leader de la
deuxième opposition et moi-même, que nous
avons annoncé publiquement aux médias aujourd'hui... qui étaient nombreux et attentifs à cette annonce
de bonne entente, pour laquelle, je crois, nous n'aurons pas beaucoup de
couverture, parce que la bonne entente n'est pas une nouvelle — quoique,
dans cette enceinte où souvent les nouvelles sont la mauvaise entente, il me
semble que la bonne entente serait la
vraie nouvelle, mais c'est une autre chose. Notre collègue de Deux-Montagnes disait donc qu'aujourd'hui
nous avions accepté une des propositions de
la deuxième opposition qui était de faire une sollicitation publique.
Notamment, au départ, c'était demandé
pour le Directeur général des élections, et finalement, lorsqu'on discutait, on
s'est dit : Bien, si on le fait
pour un, il faut le faire pour l'ensemble de ceux qui sont nominés aux deux
tiers de l'Assemblée, qu'il y ait une sollicitation
publique. Et nous avions convenu à ce moment-là — et d'ailleurs je l'ai inscrit dans la lettre
réponse — que
ce qu'il fallait, c'était que cette
sollicitation publique soit... c'est une sollicitation publique de candidatures
confidentielle. Et ça, c'est le
morceau qui est le plus important. Je vais discuter entre autres de cet
élément-là à l'égard du projet de loi à l'étude présentement, mais, pour nous, il doit y avoir confidentialité,
parce que les bonnes candidatures sont souvent des gens qui sont déjà en emploi, qui ont un emploi
excellent dans une institution excellente et qui ne veulent pas être... On
va être cinq; il y en a quatre qui ne feront pas le... qui ne seront pas
l'heureux choisi et qui seront ensuite dans une position de déséquilibre par
rapport à l'emploi qu'ils ont. Et donc, conséquemment, les processus d'appel
publics où il n'y a pas de confidentialité
ne nous amènent pas les meilleurs éléments. Or, si on veut nommer des gens aux
deux tiers de l'Assemblée, d'habitude
c'est parce que c'est des postes hyperimportants et où on a besoin des
meilleurs éléments. Donc, il est excessivement
important de rappeler, dans cette journée exceptionnelle, que l'appel de
sollicitation public s'ajoute à la sollicitation... appelons-la privée,
mais que le but, c'est d'avoir le bassin de candidats le plus large et qu'il y ait ensuite le processus légal qu'on
connaît de proposition et de nomination aux deux tiers. Mais donc l'aspect de
confidentialité est très important.
Dans la réponse que je lui faisais le
26 février... Et je vais m'y attarder un peu parce que notre collègue de l'opposition officielle l'a fait tantôt, et c'est
difficile de ne pas le faire. Je vais le faire avec beaucoup de respect,
beaucoup d'égards, je vais être très
prudent. Je ne veux pas plonger dans une partisanerie excessive, quoiqu'étant
moi-même membre d'un parti politique,
encore une fois, ça me semble un peu normal d'être partisan. Mais notre
collègue de Deux-Montagnes disait qu'à la formation de la Coalition
avenir Québec, déjà, il y avait cette idée qui pointait à l'horizon d'avoir de nouvelles façons de faire et que le projet de loi
que nous avions devant nous était une consécration de ces nouvelles façons
de faire qui étaient à l'origine de l'idée
de la coalition. On est à l'origine. On est du temps où c'était un organisme
sans but lucratif, à cette
période-là, juste avant le parti, un OBNL, on se souvient un peu de l'époque. Mais c'était quand même pas mal de temps
avant la campagne électorale, donc, de 2012. Vu que l'OBNL est oublié, nous
sommes dans un parti politique... Et je vois que les gens de la deuxième opposition
apprécient un peu moins, j'imagine, le fait que nous replacions le
décor, mais c'est juste normal, je pense, de placer le décor.
Alors,
dans un article de Denis Lessard, de La Presse, on nous parle du chef de la deuxième opposition, et qui nous rappelle... qui
nous dit à peu près ceci, là. Il était... D'ailleurs, la photo, pour
ceux qui aiment les campagnes
électorales, c'est le chef de la deuxième opposition
dans son autobus, et il y a M. Lessard qui, donc, s'assoit avec lui pour
faire deux, trois heures de route. Et
on sait que, des fois, sur ces entrevues longue distance, on en apprend des
fois plus que ce qu'on pensait que les gens étaient pour apprendre, mais
bon.
Alors, Denis
Lessard écrit : «Un "ménage" à la tronçonneuse. Si le [chef de la
deuxième opposition] est porté au pouvoir, les patrons des plus importantes sociétés d'État
ainsi que les principaux hauts fonctionnaires à Québec vont vite se rendre compte qu'ils étaient assis sur des
sièges éjectables.» Bon, le chef de la deuxième opposition «n'hésite pas à
dire que ce que les politiciens n'admettent jamais publiquement :
l'arrivée d'un nouveau gouvernement entraîne un chambardement pour les hauts fonctionnaires qui occupent des
postes stratégiques. "Si on veut faire un changement au Québec, il faut
remplacer les personnes qui font de la
politique, mais aussi les sous-ministres et les présidents de société d'État
qui ne pensent pas comme nous, qui ne sont pas d'accord pour faire ces
virages".»
Autre citation, entre guillemets, donc de lui
directement, le «lui» n'étant pas Denis Lessard mais le chef de la deuxième opposition : «Il faut donner un
mandat clair à quelqu'un qui est d'accord avec le mandat. M. Sabia, en
commission parlementaire, a dit qu'il
n'était pas d'accord avec l'idée de mettre 20 milliards pour prendre des
positions afin de bloquer la vente
éventuelle de 25 fleurons québécois!, rappelle le chef caquiste. Si la CAQ
prend le pouvoir, il y aura une "bonne discussion" [...] s'il
continue de penser comme [ça]... il ne sera pas là longtemps!»
Bon, je ne vous citerai pas les autres titres,
là, on est dans une belle ambiance...
Une voix : ...
M.
Fournier : Ce n'est pas nécessaire, le point ayant été fait sur
le contexte. Et je ne le fais pas pour donner une couleur qui serait d'amener un doute sur la
sincérité qui est amenée par le projet de loi, pas du tout. Je l'amène parce
que cela fait partie d'un des éléments dont je vais discuter : le
lien entre le législatif et l'exécutif. Prenons un exemple, je voulais l'apporter plus tard, mais juste pour
faire le lien tout de suite : Dans la liste, puisque M. Sabia nous...
M. le chef de la deuxième opposition,
dans l'article, nous parle nommément d'Hydro-Québec et de Caisse de dépôt, qui
sont deux institutions visées
ici — je pense,
c'est l'annexe III du projet de loi — qui sont visées, ce sont des organisations
qui relèvent de l'administration, de l'exécutif, notamment Hydro-Québec,
et là on viendrait demander au législatif d'en décider des têtes dirigeantes.
J'en parlerai tantôt, mais ça nous ramène à une
question très fondamentale : Pourquoi y a-t-il un législatif, pourquoi y a-t-il un exécutif, pourquoi y a-t-il
un judiciaire? De ce temps-ci, on parle aussi du quatrième pouvoir des médias.
Mais pourquoi on insiste beaucoup pour
nommer ces paliers, nommer ces pouvoirs et surtout, à chaque fois, parler de la
séparation entre les uns et les autres? Je
vais y revenir tantôt, mais simplement pour... tiré de ces déclarations, de
cette volonté d'un homme, chef d'un
parti, qui aspire à être le chef du gouvernement, donc de l'exécutif, premier
ministre dans une assemblée
législative, mais chef de l'exécutif qui relate candidement l'importance
d'avoir, autour de lui, des gens qui
vont pouvoir faire travailler l'exécutif selon ce que désire le chef de
l'exécutif, en respect des mandats ou des permissions accordées par le législatif, c'est-à-dire par le
cadre des lois. Mais il y a, dans cette volonté du chef de la deuxième
opposition, le désir de ce qu'un
choix, le choix des Québécois lors d'une élection, nommant un chef de
l'exécutif, lui donne les moyens d'arriver aux fins pour lesquelles il a
été élu. Et c'est ce sur quoi je reviendrai tantôt, Mme la Présidente.
Sur le
fond — j'ai eu
l'occasion de le dire d'ailleurs dans la lettre du 26 février, en
réponse — commençons
par un des éléments, je cite un élément de la lettre, en fait deux
éléments :
«Le principe
de la séparation des pouvoirs est un principe reconnu par la Cour suprême du
Canada et est largement enchâssé dans
des textes de portée constitutionnelle. L'exigence constitutionnelle
d'indépendance de la fonction judiciaire fut pour sa part déclarée par la Cour suprême comme un aspect essentiel
du principe de la primauté du droit tel qu'énoncé dans le préambule de
la Charte canadienne des droits et libertés.
• (16 h 10) •
«[Toutefois] toujours selon la cour, l'indépendance judiciaire
protégée par la Constitution implique l'inamovibilité des juges — je
continue dans ma réponse :
«Dans
cette perspective, l'article 23 du projet
de loi, qui propose de nouvelles
nominations pour une durée de quatre ans, pourrait donner prise à des contestations judiciaires au plan de
l'inamovibilité des membres des tribunaux administratifs, particulièrement
pour les membres du Tribunal administratif du Québec, actuellement nommés
jusqu'à l'âge de la retraite.»
Commençons
donc par ce premier élément. Lorsqu'on parle de la constitutionnalité de
dispositions d'un projet de loi,
vouloir en accepter, dès le départ, sans une étude un peu plus poussée du principe
me semble hasardeux. Il peut y avoir un principe, certaines
dispositions, mais déjà cela nous amène à une réflexion un peu plus poussée.
Premier
élément qu'on voit, donc : Est-ce que nous devrions être en faveur ou
contre le principe, puisqu'à ce stade où
nous sommes rendus il y a un bémol apporté par l'élément de constitutionnalité?
Et je crois que, si d'aventure il devait y avoir une discussion
d'amélioration, il faudrait au moins retirer cette épée de Damoclès qui
amènerait un tribunal à constater une loi
qui serait inconstitutionnelle, ce que nos légistes, lorsqu'on propose des
projets de loi, ne nous permettent jamais, je tiens juste à le dire.
Il y a aussi
non seulement le fait de donner une durée de vie, mais, en plus, le fait de
prévoir un nombre limité de
renouvellements, qui pourrait aussi être interprété par les tribunaux
judiciaires comme n'étant pas respectueux de notre ordre
constitutionnel.
J'ai dit
tantôt qu'il y avait une difficulté avec la séparation des pouvoirs. Je
voudrais lire un passage de la réponse que
je faisais le 26 février : «Le projet de loi n° [396] verse également
dans la confusion des genres entre les pouvoirs de l'exécutif et du législatif en proposant que la
Commission de l'administration publique évalue et confirme le choix des
sous-ministres et autres postes de l'annexe I et sélectionne les candidats des
postes décrits à l'annexe III, dont les nominations seraient prévues aux deux
tiers [...] de l'Assemblée...»
Effectivement,
ce n'est pas la même chose, lorsqu'on regarde les postes aux deux tiers et les
postes qui relèvent directement de
l'exécutif, des postes qui sont par exemple aux crédits de l'Assemblée
nationale, alors que les autres sont aux
crédits... au livre des crédits de l'Assemblée nationale et les autres, ils
sont au livre des crédits de certains ministères, démontrant ainsi
qu'ils sont, bien entendu, dans la portion exécutive.
Lorsqu'on
regarde les partages de pouvoirs, notamment — et je vais me limiter ici au législatif et à
l'exécutif — ça
nous ramène au début de nos façons de faire
démocratiques, Mme la Présidente. Tout le monde connaît la référence au «checks and balances», à la question des pouvoirs
et contre-pouvoirs, de la façon dont ainsi on peut protéger les droits des uns et des autres. En venant enfreindre... et
je sais que je n'ai plus beaucoup de temps, alors je vais essayer de me limiter,
mais, en venant enfreindre ou colorer cette
séparation de pouvoirs entre les uns et les autres, on vient de toucher au jeu
d'équilibre entre les pouvoirs et
contre-pouvoirs et au «checks and balances». On risque de paralyser des plans
d'action gouvernementaux. On risque de porter atteinte à des façons de
faire démocratiques qui sont maintenant plus que centenaires. Donc, ce n'est pas si facile que cela de pouvoir aborder
les transformations comme celles qui nous sont présentées.
Je
tiens à dire notamment, pour revenir au rapport Perreault et aux liens avec M.
Boisclair, ce n'était pas — puis je tiens à le
préciser — au titre
de sa compétence dans le poste, c'était au titre de l'attribution d'un mandat
longue durée. Et donc je tiens à
insister qu'il ne faut pas confondre — et je sais que ça a été établi — partisanerie comme ayant été membre d'un parti politique et compétences. Je suis
toujours étonné... je le suis toujours, et j'ai occupé les deux côtés de la
Chambre, et il me semble que, les deux côtés, j'ai toujours fait la même
chose. Dans le cas de M. Boisclair, j'étais alors chef de l'opposition par intérim. Je l'ai reçu à mes
bureaux et je lui ai dit comment j'étais fier qu'il ait cette fonction-là.
Alors, je ne m'en cache même pas,
même s'il n'est pas de mon parti politique. Pourquoi? Parce que je ne pense pas
que, du fait qu'on est dans un parti
politique et qu'on fait de la politique active, on est sans compétences. Et je
suis toujours très déçu que ce soit
cette façon de faire qui soit mise de l'avant. Donc, moi, je suis très
favorable à ce que ce soient les personnes les plus compétentes — très favorable, je crois que c'est ce qu'il
faut, les personnes les plus compétentes — mais il n'y a pas un déficit parce
que vous avez été membre d'un parti politique.
Le
temps va filer, j'ai encore plein de choses à dire, je voudrais au moins
m'arrêter sur la suite des choses, parce que nous aurons probablement le temps de rediscuter, même si ce n'est
pas dans le mode usuel. Nous avons
convenu que ce projet de loi allait être mis dans un espace public pour être discuté, c'est ce que
nous faisons présentement. La
prochaine fois sera lorsque la
deuxième opposition utilisera sa motion du mercredi, ce qui, je dois dire,
mérite des remerciements. Je dois féliciter
la deuxième opposition de faire sa part pour transformer nos procédures, parce
que c'est ainsi qu'on doit le faire, dans un climat de réciprocité.
Et,
je le dis à nouveau, lorsque ce sera fait, si nous n'avons pas encore terminé
d'argumenter sur le principe, nous allons offrir une autre heure de
temps législatif gouvernemental pour compléter cette réflexion-là, ce qui ne
nous empêchera pas, Mme la Présidente, d'ici
là ou même après, d'avoir des discussions autres que sur cette place publique
et où nous allons pouvoir travailler, comme nous l'avons fait aujourd'hui à
l'égard des sollicitations publiques des candidatures
confidentielles, à améliorer nos manières de faire pour que l'ensemble de nos
concitoyens découvrent que notre
Parlement, d'une part, est capable de travailler ensemble dans la bonne entente
et, deuxièmement, de se donner les meilleurs moyens pour avoir le
meilleur gouvernement et la meilleure Assemblée législative qu'on puisse
espérer. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup, M. le leader du
gouvernement. Alors, si je comprends bien, il y aurait une motion pour ajourner
nos débats. Alors, je vais vous céder la parole à nouveau.
M.
Fournier : Vous comprenez très bien, je l'ai un peu
télégraphié. Alors, je fais donc motion, conformément à
l'article 100 de notre règlement, pour ajourner le débat sur le principe
du projet de loi n° 393.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, est-ce que cette motion est adoptée?
Des voix :
Adopté.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Adopté. Très bien. Alors, pour la suite des choses,
M. le leader du gouvernement.
M.
Fournier : Ayant pointé mes yeux vers la gauche et avoir
découvert la présence d'un de mes collègues que j'attendais
impatiemment, nous allons pouvoir appeler l'article 16, Mme la Présidente.
Projet de loi n° 42
Adoption
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup. À
l'article 16 du feuilleton, M. le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité sociale
propose l'adoption du projet de loi n° 42, Loi regroupant la Commission
de l'équité salariale, la Commission des
normes du travail et la Commission de la santé et de la sécurité du travail et
instituant le Tribunal administratif du travail, et la parole est à
vous, M. le ministre.
M. Sam Hamad
M.
Hamad : Merci, Mme
la Présidente. Je voudrais saluer mon leader pour sa compréhension. Et, Mme la Présidente, nous sommes rendus à la dernière étape
de l'adoption du projet de loi, un projet de loi, Mme la Présidente, très important, très important parce que ce projet
de loi a un impact direct pour les citoyens. Notre objectif, c'est avoir
une porte d'entrée unique en matière du
travail pour l'ensemble des citoyens et les employeurs, Mme la Présidente, et,
de l'autre côté, notre objectif, c'est avoir un tribunal administratif
du travail, et ce que ce projet de loi va créer, Mme la Présidente : un
tribunal, une porte d'entrée unique pour les citoyens.
Et on a
entendu les groupes. Je voudrais remercier tout le monde qui a présenté des
mémoires, Mme la Présidente. L'objectif,
ce n'était pas un mariage de cultures, c'était une fusion de structures, et
vous comprendrez, Mme la Présidente, la différence entre les deux.
Et notre
objectif, c'était de maintenir, protéger les missions des organismes concernés,
le projet de loi le prévoit. Il y en
a qui ont demandé de protéger les budgets alloués à l'équité salariale, le
projet de loi le prévoit, Mme la Présidente. Il y en a qui voulaient avoir... on appelle ça le mur
de Chine, entre, par exemple, des causes au niveau des avocats, Mme la Présidente, le Code de déontologie des avocats le
prévoit, et nous allons, évidemment... Dans l'administration, nous allons
imposer ces éléments-là pour maintenir un mur de Chine. Donc, le projet de loi
répond à cette attente-là.
Il y a certains groupes et l'opposition...
demandaient d'avoir un poste spécialement pour l'équité salariale, une
vice-présidente, équité salariale. Le projet de loi le prévoit, Mme la
Présidente, avec deux commissaires, avec la vice-présidente. Le projet de loi
le prévoit.
Le nom, Mme
la Présidente, il y en a certains qui ont demandé d'avoir un nom pour... avoir
le nom de l'équité salariale inclus dans le nom. Le projet de loi le
prévoit, Mme la Présidente. La future commission va s'appeler la Commission des
normes, de l'équité et de la santé et sécurité du travail, Mme la Présidente.
Donc, en
général, nous avons répondu à la majorité des demandes. Et bien sûr le rôle de
l'opposition, c'est faire des
demandes, essayer de bonifier le projet de loi. Et puis je dois remercier le
député de Beauharnois de sa collaboration, même si j'ai cru comprendre que peut-être il hésite entre voter contre
et pour le projet, mais on verra. Peut-être, aujourd'hui, il va voter pour. Je lui recommande de voter pour
parce qu'il sait très bien qu'il a mis des heures, il a investi du temps, il
a gagné des points, il a amené des
suggestions, on les a adoptées, entre autres, le nom, l'équité salariale.
Alors, plusieurs points que le député de Beauharnois a amenés, ça nous a
aidé à améliorer le projet de loi.
• (16 h 20) •
Alors, après tout ce travail-là de 265 articles
adoptés, 65 amendements, Mme
la Présidente, je ne peux pas croire
que le représentant de l'opposition va aller dans l'autre sens, après toute l'énergie qu'il a investie.
Mais, malgré tout, je vais saluer son
travail, saluer le travail de sa recherchiste, Mme Mélanie, qui a travaillé
avec lui, puis aussi la deuxième opposition.
Mme la Présidente, il y avait un point que tout le monde demandait, c'est
de retourner le 89 millions qui est le surplus de la Commission des
normes du travail. Le Parti québécois voulait le retourner à la commission comme telle pour le dépenser. La deuxième opposition,
ce qu'ils voulaient faire, Mme la
Présidente, c'est prendre cet
argent-là, puis disant : Retournons
ça à l'employeur. Évidemment, il faut savoir lequel, parce que
ceux qui ont cotisé il y a 10 ans, ce n'est pas, peut-être, les
mêmes qui ont cotisé aujourd'hui.
Mme la Présidente, nous, notre objectif, c'était... Ce surplus-là qui est fait dû à la
gestion de la Commission des normes du travail, gestion serrée des finances et des dépenses qui a permis de créer des
surplus, évidemment, ce surplus-là, nous autres, on a dit : D'abord, premier élément, il a été déjà
consolidé dans le budget du gouvernement,
donc il est déjà dans
le budget du gouvernement. Ce que nous souhaitons faire, Mme la Présidente... C'est vrai que c'est la cotisation des entreprises, c'est
vrai que c'est l'effort du gouvernement pour réduire les dépenses, mais nous,
on pense aux jeunes, Mme la Présidente, et nous avons mis dans le projet de loi que ce surplus-là aille aux jeunes, donc le Fonds des générations.
Alors là, on
avait trois positions différentes : l'opposition officielle
voulait le mettre dans la commission pour le dépenser,
la deuxième opposition, eux autres, ils voulaient retourner ça à l'employeur — il
s'agit de savoir c'est qui — et
nous, Mme la Présidente, on a décidé
de le maintenir pour le Fonds des générations, pour les jeunes dans le futur, parce qu'il faut penser aux jeunes. Alors,
c'est le seul point, honnêtement, gros qu'on ne s'est pas... on n'a pas un
terrain d'entente, mais, vous le savez, des
fois, dans un projet de loi, il y a des terrains qu'on ne s'entend pas et il y
a des éléments qu'on s'entend. Alors,
celui-là, malheureusement, ne faisait pas partie de nos ententes. Par contre,
plein d'autres points qu'on s'est entendus...
Et il y
avait les... J'ai répondu à leur demande aussi. Les membres issus de la
Commission des lésions professionnelles, nous avons allongé leur mandat jusqu'à janvier... décembre, en fait,
décembre 2015, et donc suite au souhait de l'opposition. Puis on a
trouvé ça logique aussi de le faire, donc nous l'avons fait.
Alors, Mme la
Présidente, je pense que le député de Beauharnois a participé à l'élaboration
d'un projet important. Et, je suis
convaincu, un jour, quand il va passer devant la commission des normes, de
l'équité et de la santé et sécurité, il
va dire : Moi, j'ai travaillé pour ce projet-là, j'ai amené des
modifications, j'ai amené des amendements, j'ai travaillé à bonifier ce projet de loi — évidemment, la dernière phrase, peut-être il
va le dire, peut-être il ne le dira pas — et j'ai voté contre ou j'ai voté pour. C'est son choix, Mme la Présidente, mais,
comprenez-vous, après tout le travail qu'il a fait, un excellent travail, Mme
la Présidente... Honnêtement, ça fait 12 ans que je suis ici, c'est une
des commissions agréables, parce que je voyais qu'il y a une belle
collaboration de mon collègue puis les autres collègues aussi, puis on a
réussi, honnêtement... J'ai dit au
début : Un bon projet de loi, c'est lorsque l'opposition va le bonifier,
c'est ça, un bon projet de loi, et ce qui est arrivé, il a été bonifié
par l'opposition.
Alors, encore
une fois, je vais remercier le président de la commission qui a travaillé très
fort. Il n'avait pas une job facile,
Mme la Présidente, deux membres de la commission, c'est deux présidents
d'autres commissions. Vous savez très bien, vous êtes vice-présidente, vous savez
très bien que, quand le président, il est surveillé par deux autres présidents,
alors le travail est encore plus agréable, et il y a plus de défi. Alors, je
veux remercier le président, les membres de la commission, mes collègues qui ont participé avec moi, qui m'ont appuyé
dans le travail, et on a réussi ensemble de faire un beau travail. Je veux remercier l'équipe du
ministère et tous les légistes qui ont travaillé là-dedans, Mme la Présidente.
Il y en a plusieurs, il y en a plusieurs,
avocats dans la salle, et ces gens-là ont travaillé très fort pour essayer
d'avoir la meilleure loi possible et la loi qui répond aux attentes des
citoyens et des entreprises.
Un
dernier élément pour terminer. Nous avons mis dans le projet de loi, et c'est
une première, je n'ai pas vu ça depuis 12 ans... Dans le projet de loi, on
a imposé à la future commission de réduire la taxe sur la masse salariale pour
les entreprises, pour la Commission des
normes, et on a établi le taux de cotisation — et ça, c'est une première — parce qu'on voulait s'assurer que la baisse de la cotisation va être faite, et
ça va être réalisé, et ce n'est pas juste un engagement, une promesse,
mais plutôt une réalisation prévue par le projet de loi. Et ça, c'est une
première.
L'autre
élément, pour revenir toujours au surplus de 89 millions, Mme la
Présidente, si maintenant la commission va faire une meilleure gestion,
davantage, de leurs cotisations reçues par les employeurs, c'est les
employeurs, cette fois-ci, qui vont profiter des surplus, parce que maintenant
ils sont en dehors du périmètre comptable du gouvernement... périmètre
consolidé. Donc, s'il y a un surplus, il peut retourner facilement aux
employeurs.
Donc,
Mme la Présidente, nous avons devant nous un projet
gagnant-gagnant : gagnant pour les entreprises, gagnant pour les travailleurs, gagnant pour les citoyens et, bien sûr, pour le
gouvernement. Le gouvernement, c'est les citoyens. Il y a
une économie de 15 à 20 millions de dollars
aussi, et pas basée sur des coupures sauvages, elle est basée sur des départs à la retraite et le renforcement des
services ensemble. On appelle ça le «back office», Mme la Présidente : service de
communication, l'informatique, la
publicité, etc. Tout ce monde-là, de les mettre ensemble, ça va permettre
d'avoir une force, une meilleure
force pour tout le monde. Tout le monde va avoir accès à des services
meilleurs, à un défi de travail meilleur pour les travailleurs.
Et
l'autre élément, Mme la Présidente, l'équité salariale. Aujourd'hui, ils ont
deux bureaux : Québec et Montréal. Avec la fusion, ces gens-là vont
avoir plusieurs bureaux parce qu'ils vont profiter des bureaux des normes du
travail. 17 bureaux partout. Mais, Mme la
Présidente, il y en a certains qui sont venus nous dire : C'est un
téléphone. Ce n'est pas vrai, Mme la
Présidente. Vous savez, il y a certains groupes qui ont tendance à diminuer les
choses, ridiculiser certaines choses.
Ce n'est pas des téléphones, c'est des bureaux, Mme la Présidente. Ils vont
avoir accès à des bureaux. Et aussi les 20 bureaux de la CSST aussi qui
vont permettre d'avoir accès à ces gens-là dans toutes les régions du Québec.
Alors,
Mme la Présidente, c'est un projet gagnant : gagnant pour les citoyens,
gagnant pour les entreprises, puis je pense que le fait que le député de
Beauharnois ait travaillé très fort, lui aussi est gagnant dans ce projet-là.
Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci. Merci, M. le ministre du
Travail. Maintenant, pour la suite de ce débat, dans le cadre de l'adoption du projet de loi n° 42, je cède
la parole à M. le député de Beauharnois, qui est aussi porte-parole de
l'opposition officielle en matière de travail.
M. Guy Leclair
M.
Leclair : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors,
permettez-moi de vous saluer, Mme la Présidente, puis effectivement, pour ma dernière prise de parole
sur le projet de loi n° 42, je profiterais de l'occasion pour passer le
message au gouvernement : le
début de ce projet de loi là, beaucoup de gens se sont plaints qu'on a manqué
de temps. On a manqué de temps parce
qu'on a lancé le projet de loi assez rapidement, on l'a déposé en Chambre et on
a appelé tout de suite les groupes à venir intervenir et déposer leurs mémoires
dans un court laps de temps.
Alors, le message que
je lance au gouvernement... Puis le message va à nous aussi, lorsque nous
sommes au gouvernement. Parce que, lorsque
les gens déposent des mémoires, vous savez tout... bien comme moi, Mme la Présidente,
c'est nos experts, c'est nos experts qui habitent le Québec, qui vivent au
Québec, qui comprennent les situations. Ces experts-là,
on a besoin de leurs dires, on a besoin de leurs écrits pour être capables de
faire notre travail de législateurs conformément
au projet de loi que l'on dépose. Donc, les gens, la plupart ont dit :
Bien, c'était trop rapide, on n'a pas pu déposer de mémoire. Puis là on
comprend très bien, Mme la Présidente, ce projet de loi là avec cette
fusion-là, c'était quand même des gros morceaux. C'était supertechnique. Le
projet de loi était assez lourd, là, 300 quelques articles.
Donc,
pour s'assurer, pour la suite des choses, que l'on donne le temps aux gens de
pouvoir bâtir leurs mémoires... Parce
que les groupes n'ont pas tous une centaine ou 200, 300, 400 ou 1 000
personnes autour d'eux. Alors, pour déposer des mémoires... Les gens veulent être entendus, veulent mettre leur
grain de sel pour l'évolution de nos projets de loi et de notre législation. Puis beaucoup de gens nous ont
écrit pour dire : C'est trop lourd, on ne pourra pas participer, on n'a
pas assez de temps. Je trouve ça très
dommage. Alors, dans la mesure du possible... Je peux comprendre, des fois, des
projets de loi qui nécessitent une
rapidité, qui sont quand même courts, que les délais peuvent être peut-être
restreints, mais, dans des projets de
loi comme ça, surtout lorsqu'on écoute les gens au début du projet de loi nous
dire : Bien, fondamentalement, ce
projet de loi là, ce n'est pas un mal nécessaire, on peut le faire, oui, mais
ce n'est pas un mal nécessaire, ça ne changera rien à demain...
• (16 h 30) •
Le ministre, dans la
manière de vendre le projet dit : On va avoir une économie certaine en
coupant certains assesseurs ou membres
issus. Puis lui, il voit une économie versus... sauf que, sur la fonctionnalité
des normes du travail, de la CSST, autre qu'une fusion, comme le
ministre l'appelle, de structures, bien, je ne suis pas convaincu que ça va
vraiment changer des choses. Pire que ça, on était, au début du projet de loi,
en train d'apporter avec nous l'équité salariale
dans une forme où est-ce que les normes de travail et la CSST... C'est des
décisions qui se prennent paritaires, Mme la Présidente. Alors, je suis
très content que le ministre ait évolué avec nous tout au long de l'étude article
par article pour dire : Oui, finalement, on va accepter les amendements
pour donner, maintenir l'indépendance de l'équité salariale, qui était primordiale, tant qu'à moi, pour la
plupart des gens, la plupart des groupes aussi. Puis le ministre
nous a donné raison puis il a suivi cette ligne-là. Je pense que ce qui
est bénéfique pour tout le monde, parce qu'on pourrait parler longtemps de l'équité salariale, Mme la Présidente... Nous savons
clairement qu'au Québec ce n'est pas encore atteint, malheureusement. Ça
existe depuis 1995, ce n'est pas encore atteint, l'équité salariale. On
s'obstine encore. On ose espérer que c'est
une petite minorité encore, mais ce n'est pas normal qu'en 2015 à travail égal,
à compétence égale, qu'on soit homme ou femme, qu'il n'y ait pas le même
salaire. Je ne peux même concevoir ça, puis ça existe encore. Alors, qu'on garde cette autonomie et indépendance à l'équité
salariale, bien je suis très fier pour la cause des femmes, parce qu'en majeure partie,
malheureusement, c'est les femmes que les salaires ne sont pas équitables,
qu'on le veuille ou non. La plupart
du temps, c'est comme ça. Puis moi, je trouvais très dommage qu'on apporte l'équité
salariale dans des décisions
administratives où est-ce que souvent c'est paritaire, puis on négocie pour que
ça fasse le moins mal, puis que ça
soit compréhensif par rapport aux événements passés, puis on regarde la
jurisprudence. L'équité salariale, ce n'est
pas ça du tout. Travail égal, compétence égale, salaire égal, c'est tout, il
n'y a pas de paritarisme là-dedans, on ne négocie rien. C'est comme ça
que ça se passe, un point c'est tout.
Alors,
je remercie le ministre et son équipe d'avoir accepté ces amendements-là. J'ai
déjà entendu des échos. Les gens de
l'équité salariale sont très, très fiers de nous, d'avoir... quand je dis «de
nous», là, de toute l'équipe qui a travaillé autour du projet de loi pour garder cette indépendance-là, et les gens
des normes du travail et de la CSST aussi. Eux sont très fiers de dire que l'équité salariale,
effectivement, ça n'avait pas tout à fait la même mission... lorsqu'on va
prendre la décision finale.
Bien
entendu, le ministre nous a parlé du surplus que, oui... On ne s'est pas
entendu sur les surplus, comment on va les
partager. Le gouvernement a pris une décision de remettre ça pour la cause,
pour les jeunes, et tout. On a fait valoir tout au long de la commission parlementaire qu'effectivement c'est les
employeurs qui ont payé cette cotisation-là. Nous, qu'on dise qu'on le remette à chaque employeur
équitablement, c'est peut-être une recette mathématique infaisable et introuvable, mais au moins qu'on garde ces
sommes-là au travers de tout notre nouveau projet de fusion. On sait qu'une
fusion, qu'elle soit de structure au lieu de
culture, comme dit si bien le ministre, bien cette fusion-là va avoir des
coûts. On va changer des enseignes,
on va changer des cartes d'affaires. Il y a des gens qui ont venu nous le dire,
là : À chaque fois qu'il y a une
fusion, il y a des coûts immenses rattachés à ça. C'est certain qu'on va
regarder le dossier et on va le suivre.
Mais ce surplus de millions là, si on n'était pas, au mieux, capables de le
remettre à ceux qui l'ont payé, bien au pire, maintenons-le là où est-ce qu'il y aura des coûts peut-être en surplus
qu'on n'a pas prévus dans le projet de loi. Mais au moins il y avait un
petit bas de laine, puis assez important : on parle de 80 millions.
Donc, ce bas de laine là aurait pu aider à
cette restructuration-là. S'il y a des choses imparfaites... je ne crois pas,
je crois qu'on a bien travaillé dans ce projet de loi là, mais, s'il y a des choses qu'on n'a pas prévu qui
soudainement retontissent, bien, M. le Président, on aurait aimé que les
fonds y soient.
Alors, c'est sûr que
notre parti, on est inconfortable avec la finalité. Bien entendu, le ministre a
acquiescé sur plusieurs amendements que nous
avons faits. Je le remercie. On a travaillé très fort sur le projet de loi,
mais on n'a encore pas balisé pour
s'assurer qu'il n'y a pas une perte d'expertise. Les groupes nous ont parlé de
ça. Donc, il y a un paquet de points
qu'on n'a pas réussi à mettre les fameux murs dont le ministre dit que lui, il
les voit. Moi, je ne les vois pas par écrit
puis je prends sa parole. Je me dis : Les gens vont rester dans leur
mission respective. Je prends sa parole. On va suivre ça de près, bien entendu, M. le Président, mais on ne veut
surtout pas qu'on commence à jouer... des gens des normes du travail qui aillent traiter des dossiers à la
CSST. Le ministre
nous dit : Ça n'arrivera pas, inquiétez-vous pas, on garde les missions telles quelles. Bien, il n'y a
rien, dans le projet de loi, qui assure tout ça. Puis le ministre,
en plus, se donne la possibilité de
nommer les gens. Alors, nous, on disait : Mais passons par un comité pour
s'assurer qu'on va décider des bonnes personnes puis que ça va faire
l'unanimité autour.
On parlait d'un projet
de loi tantôt, de nommer des gens encore... un projet de loi que la CAQ veut
déposer... qu'elle a déposé. Bien, c'est
encore dans le même sens, c'est dans la même veine. Pourquoi
qu'on n'a pas dit : Ça sera un comité
qui va décider pour être certain que tous les gens sont d'accord
avec les personnes choisies? Alors, le ministre
s'est gardé ses portes ouvertes là.
Alors,
à mon tour de remercier tous les gens qui ont déposé des mémoires. Il y en a
qui étaient complexes et avec des
détails très fins, M. le Président.
Ça nous a aidés tout au long du projet de loi. Remercier Mélanie Harvey, qui travaille avec moi sur le projet de loi, qui a été très, très appréciée de ma part,
l'équipe du ministre, l'équipe ministérielle, aussi des
commissions, qui ont venu avec nous, autant les gens des
normes que la CSST, pour nous expliquer en fins détails lorsque
nous avions des questions, les gens de la deuxième opposition
aussi. Puis je dois vous dire, M. le
Président, que j'ai été quand
même très déçu, très déçu de Québec solidaire. Québec solidaire qui... Je m'attendais qu'ils viendraient travailler avec nous pour la défense des femmes
puis qu'ils se batailleraient avec nous, qu'ils apporteraient des amendements,
question de bonifier encore le projet
de loi. Malheureusement, ça a été vide, ça a été le silence total, le silence radio. Alors, je déplore ça pour un projet de loi qui touchait les conditions féminines, qui touchaient les travailleurs
et travailleuses au Québec.
Alors,
M. le Président, le Parti
québécois est quand même
inconfortable avec la finalité du projet
de loi n° 42, malgré qu'il
y a eu des beaux gains de faits. Alors, j'annonce malheureusement au ministre
que nous allons voter contre le projet de loi, et je le remercie du bon travail
qu'on a fait quand même en commission parlementaire. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Alors, je vous remercie, M. le député de
Châteauguay... de Beauharnois, pardon, de votre intervention. Et, pour la
poursuite du débat, je cède la parole à Mme la députée de Gouin pour son
intervention. Mme la députée de Gouin, à vous.
Mme Françoise David
Mme
David (Gouin) : Merci, M. le Président. Députée de Gouin et de Québec
solidaire. Moi, j'allais remercier
l'opposition
officielle du travail intéressant,
fort intéressant qu'elle a fait, effectivement, en apportant des amendements intéressants et acceptés par le ministre du Travail. Ça me faisait plaisir de leur apporter mes félicitations. Je ne pense
pas que ce soit le lieu de commencer
à se demander pourquoi les uns et les autres étaient présents ou absents
lors de la discussion sur un projet de loi. Alors, je vais quand même, de façon magnanime, leur dire qu'ils ont bien
travaillé. Et je vais dire aussi au ministre que je suis heureuse qu'il
ait accepté un certain nombre d'amendements.
Cela ne nous
empêchera pas de voter contre le projet de loi n° 42, et je vais expliquer
pourquoi en quelques instants. En fait, la
position que nous défendons, et nous avons été, nous aussi, en contact constant
avec les groupes de femmes sur le
terrain... Fondamentalement, ce projet
de loi n'aurait pas dû exister. C'est
aussi simple et bête que ça. On fusionne des entités qui n'avaient pas à
l'être. Dans ce contexte, avec un gouvernement majoritaire, il faut saluer une opposition
qui a toutes les ressources nécessaires pour le faire et qui apporte des amendements
pour rendre l'opération moins douloureuse, je dirais. Et c'est un
travail tout à fait important.
Le
problème, c'est qu'on ne comprend toujours
pas pourquoi, avec quelle logique, le gouvernement du Parti libéral défend cette idée qu'il faille absolument
fusionner trois entités. L'équité
salariale, on en a beaucoup parlé, oui, il y a eu des améliorations au projet de loi, mais il y a la
perte de 8,5 millions de dollars. Ça n'est pas rien. Ça n'est pas rien.
Quand on veut s'occuper d'un dossier
qui est plus qu'un dossier, qui est une question fondamentale pour le droit des
femmes à l'égalité économique, tout montant d'argent est nécessaire.
• (16 h 40) •
La
Commission sur l'équité salariale ne faisait pas que répondre à des plaintes
individuelles, la Commission de l'équité
salariale faisait surtout un travail extraordinaire de recherche, de
prévention, de formation et elle essayait de pousser sur les employeurs récalcitrants, parce qu'il y en
a encore trop, pour qu'ils fassent l'exercice d'équité salariale. Est-ce que
vous savez, M. le Président, qu'on compte encore à peu près 5 000
entreprises qui n'ont pas fait la démarche d'équité salariale, alors qu'ils auraient dû la faire? En fait, ils ont eu
quasiment 20 ans pour la faire. Je ne sais pas s'il va leur falloir encore 10 ans. Et je m'inquiète surtout du fait
que, malgré les améliorations apportées, on a moins d'argent pour l'équité
salariale, et je m'inquiète de l'angle qui
va être pris par ce secteur de l'équité salariale. Je m'inquiète en me
demandant : Est-ce qu'on va
vraiment, là, faire ce travail en profondeur pour obliger les entreprises
récalcitrantes à faire l'exercice d'équité salariale qu'elles doivent
faire?
Par
ailleurs, au niveau des normes du travail, les normes du travail, la Loi sur
les normes du travail, ça touche aussi énormément de femmes. Ce sont
majoritairement des femmes qui se retrouvent parmi les gens au salaire minimum,
à statut précaire, à petits salaires, non
syndiqués. Donc, on parle ici de toutes ces femmes qui sont vendeuses,
serveuses, coiffeuses, secrétaires,
et pour qui, en fait, l'équité salariale est une sorte de rêve presque
inatteignable, et pour qui la seule loi de protection, c'est la Loi sur les normes du travail, et elle est très
minimale. La Commission des normes du travail avait réussi, mais
évidemment c'est en coupant des postes, à accumuler un 80 millions qui
s'en va dans le Fonds des générations.
Pourquoi est-ce que ça ne s'en va pas à la nouvelle entité et que ça ne s'en va
pas précisément pour aider les gens
qui devront améliorer le sort de ces femmes et ces hommes souvent au salaire
minimum, non syndiqués et qui vivent des situations de travail
extrêmement précaires?
Alors,
ce sont là les questions fondamentales que nous adressons au ministre, au
gouvernement, et pour lesquelles nous sommes malheureusement dans
l'obligation de voter contre ce projet de loi. C'est un projet de loi qui
n'apporte aucun bénéfice additionnel aux
femmes et aux hommes du Québec, aux petits salariés, aux femmes qui ont encore
besoin, 20 ans plus tard, d'équité
salariale. Au contraire, malgré les améliorations dont je conviens, c'est une
loi — parce
qu'elle va sans doute être
adoptée — qui
recèle des dangers importants. Nous aurions, en fait, préféré que ce projet de
loi ne voie pas le jour. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Mme la députée de Gouin, je vous remercie de
votre intervention. Et je ne vois pas d'autre intervenant. Est-ce que
vous exercez votre droit de réplique, M. le ministre? C'est beau?
Mise aux voix
Alors,
le projet de loi n° 42, Loi regroupant la Commission de l'équité
salariale, la Commission des normes du travail
et la Commission de la santé et de la sécurité du travail et instituant le
Tribunal administratif du travail, est-il adopté?
Des voix :
...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Alors, adopté sur division. M. le leader du
gouvernement.
M.
Fournier : Je crois — et je jette un coup d'oeil à ma gauche pour
voir si mes croyances sont fondées — que nous pourrions appeler
l'article 1, et je crois que c'est ce que je voulais faire.
Débats
sur les rapports de commissions
Prise en considération du rapport de la commission qui a procédé
à l'audition de certains sous-ministres et dirigeants d'organismes
en vertu de la Loi sur l'administration publique
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, si vos intentions sont aussi claires, alors à l'article 1, l'Assemblée
va prendre en considération le rapport de la Commission de
l'administration publique qui, les 3 et 18 février, 18 mars et 25 mars, ainsi que les 6 et 13 mai 2015, a procédé
aux auditions des sous-ministres et des dirigeants d'organismes publics portant
sur le rapport d'application de la Loi sur l'administration publique 2012‑2014,
le rapport annuel de gestion 2013‑2014 du
Vérificateur général du Québec, la gestion administrative de la Régie des
alcools, des courses et des jeux, le chapitre 3 du rapport du
Vérificateur général intitulé Acquisition de biens et de services, la
gestion administrative du ministère de la
Santé et des Services sociaux et la gestion administrative du ministère de
l'Éducation, du Loisir et du Sport. Ce rapport, qui a été déposé le 10
juin 2015, contient 31 recommandations.
Je vous
rappelle que, conformément aux dispositions de l'article 95 du règlement, la
prise en considération du rapport donne lieu à un débat restreint d'au
plus deux heures, et aucun amendement n'est recevable. Je vous rappelle
également qu'en vertu du deuxième alinéa de l'article 95 ce débat n'entraîne
aucune décision de l'Assemblée.
Alors, avant
de céder la parole à un premier représentant, je vous informe de la répartition
du temps de parole pour ce débat
restreint : 57 minutes sont allouées au groupe parlementaire formant
le gouvernement, 33 min 30 s sont allouées au groupe parlementaire formant l'opposition
officielle, 23 min 30 s sont allouées au deuxième groupe
d'opposition, et six minutes
seront... excusez, six minutes... six minutes secondes, c'est la première fois
que je lis ça, là, mais six minutes sont allouées aux députés
indépendants. Alors, dans ce cadre, le temps non utilisé peut être réimparti,
puis je suis prêt à entendre les interventions, même si elles ne sont pas
soumises à aucune limite de temps. Et je cède la parole au premier solliciteur
d'intervention et je reconnais M. le député Jonquière pour son intervention. À
vous, M. le député.
M. Sylvain Gaudreault
M.
Gaudreault : Oui. Merci beaucoup, M. le Président. Alors,
évidemment, c'est à titre de président de la Commission de l'administration publique que je prends la parole cet
après-midi, avec plaisir, pour le dépôt de ce 32e rapport sur l'imputabilité de la Commission de l'administration
publique, qui porte sur les auditions des sous-ministres et des dirigeants d'organismes publics, sur leur gestion
administrative, rapport dans lequel nous faisons état, comme commission
parlementaire, des observations, des conclusions et des recommandations de
notre commission.
M. le
Président, je pense que c'est important de rappeler le rôle de cette Commission
de l'administration publique, qui
s'inscrit dans une longue tradition, que vous connaissez bien, qui date des
origines du parlementarisme britannique, avec les fameux comités des comptes publics, et on peut relever cela
d'aussi loin que le XVIe siècle, du côté de... — je ne sais pas si vous y étiez déjà, à ce
moment-là, M. le Président, du côté de la Chambre des communes à Londres — et qui
s'est perpétuée dans l'héritage britannique et du Commonwealth jusqu'à
l'Assemblée nationale, évidemment, du Québec.
Donc, cette
commission que, dans les autres législatures, on appelle souvent la commission
des comptes publics, ici on l'appelle
à la Commission de l'administration publique, qui, au fond... On pourrait
résumer en trois points : surveiller la gestion administrative des ministères et des organismes publics;
s'assurer d'une reddition de comptes des sous-ministres auprès des parlementaires; et, troisième élément,
mais c'est un élément extrêmement important que nous ne répéterons
jamais assez, M. le Président, c'est son rôle non partisan. Alors, dans cette
commission, nous y travaillons en toute collégialité,
députés du gouvernement, députés de la deuxième opposition, députés de
l'opposition officielle, pour justement s'assurer d'une meilleure reddition de comptes des hauts fonctionnaires
de l'administration publique du gouvernement du Québec. Alors, c'est
extrêmement constructif, c'est extrêmement productif.
Et, vous
savez, quand on parle de ce rôle de contrôle des parlementaires dans notre
système parlementaire, on fait souvent référence à la période des
questions. C'est évidemment cette période extrêmement couverte par les médias. Mais un des rôles les plus fondamentaux dans le
volet du contrôle, du contrôle parlementaire, c'est celui de la Commission de l'administration publique. Et évidemment moi,
je plaide constamment pour que la Commission de l'administration
publique soit davantage couverte par les médias, ce qui valoriserait également
davantage le rôle des parlementaires québécois.
Nous avons réussi quand même un peu, cette session-ci, cette année, à augmenter
notre notoriété, pas toujours dans le
sens qu'on voudrait, évidemment, on ne contrôle pas les médias, et c'est bien
ainsi, hein, on n'est pas en Corée du Nord,
mais néanmoins on a fait parler de la Commission de l'administration publique
de façon beaucoup plus importante dans les médias que dans les années
précédentes. On a même — je
vous invite à la lire si vous ne l'avez pas déjà fait, M. le Président — signé une lettre ouverte dans le journal Le Devoir,
les deux vice-présidents, le député de La Prairie, le député de Chauveau à
l'époque, et moi-même, pour expliquer justement les rôles, les mandats de la
Commission de l'administration publique. J'aurai l'occasion d'y revenir
un petit peu plus tard.
• (16 h 50) •
Tout ça pour
dire, M. le Président, que, dans cette session parlementaire qui s'achève et
qui a conduit au dépôt de ce 32e rapport, nous avons tenu une dizaine de
séances de travail. Moi, j'ai la prétention... puis je ne pense pas de faire de
chauvinisme de commission parlementaire, là, mais j'ai la prétention que nous
sommes certainement une des commissions qui
se réunit le plus souvent, qui fait le travail le plus régulier également,
presque à chaque semaine, de sorte qu'on
s'est réuni une dizaine de fois, certainement, en séance de travail pour
préparer justement les auditions que nous avons tenues. Nous en avons tenu six. Vous l'avez dit d'entrée de jeu,
là, quand vous avez présenté notre sujet de discussion aujourd'hui, donc on a
fait quatre auditions concernant plus spécifiquement le traitement des
plaintes, l'évaluation des cibles
stratégiques, la gestion des ressources humaines, la gestion des ressources
financières, la gestion des ressources informatiques
aussi ou ce qu'on appelle des ressources informationnelles. Donc, ce volet-là,
on a rencontré quatre ministères ou
organismes : donc, le ministère de la Santé et Services sociaux, qui est
quand même une grosse boîte, comme vous le savez, c'est quasi la moitié du budget de l'État; le ministère de
l'Éducation, Loisir et Sport, donc, deuxième gros morceau dans l'administration publique. Nous les avons
rencontrés aussi, et quand... Et, je le répète, on rencontre toujours plus
les... pas plus, on ne rencontre que les
sous-ministres ou les dirigeants de ces ministères. Et, du côté des organismes,
nous avons rencontré le Vérificateur
général. Vous savez, le Vérificateur général, on a l'impression, dans l'opinion
publique, qu'il est le dernier à tout
surveiller, mais nous, on le rencontre lui-même pour qu'il vienne nous
expliquer sa gestion de sa machine interne, qu'il vienne rendre des
comptes lui-même sur sa propre gestion.
Alors, ça,
c'est une chose importante, et nous avons rencontré également, en suivi d'un
rapport qui avait été plus critique
il y a quelques années... Alors que Sylvain Simard, ancien député de Richelieu,
était président de la CAP, il y avait eu
un rapport assez critique sur la Régie des alcools, courses et jeux du Québec.
Alors, nous les avons revus pour qu'ils viennent nous expliquer l'évolution de leurs pratiques et de leur
administration dans cette régie. Donc, ça, c'était sur le volet plus de
traitements des plaintes, les cibles, gestion.
Et nous avons
rencontré également le Conseil du trésor versus l'application de la Loi sur
l'administration publique. Donc, le
Conseil du trésor est en charge de l'application de la Loi sur l'administration
publique, qui célèbre cette année son
quinzième anniversaire, d'ailleurs, d'adoption. Alors, la Loi sur
l'administration publique est mise ou... est sous la tutelle, je dirais, ou le ministère responsable est
le Conseil du trésor, alors nous en avons parlé justement avec les
représentants du Conseil du trésor, le Secrétariat du Conseil du trésor
et le personnel qui y travaille.
Nous avons
également rencontré le Centre de services partagés du Québec sur l'acquisition
des biens et services. Vous savez que c'est une instance qui fait des
achats regroupés, si on veut, pour le gouvernement du Québec et qu'il y avait également eu un rapport du Vérificateur
général sur le volet de l'acquisition des biens et services. Alors, on
travaille étroitement avec le
Vérificateur général pour, justement, à la suite de ces rapports, être capables
de rencontrer les ministères et
organismes qui font l'objet de ces dits rapports pour questionner plus à fond
les dirigeants de ces organismes, et ça a été le cas avec le Centre de
services partagés.
Tout ça pour
dire, M. le Président, que, quand vous allez lire le rapport, ce 32e rapport,
nous arrivons avec 31
recommandations. Vous allez me dire : Bon, 31 recommandations, c'est beaucoup.
Mais, quand on considère qu'on a fait
six auditions d'autant d'organismes différents... On essaie quand même, M. le
Président, d'arriver non pas avec une multitude
de recommandations, on essaie vraiment de cibler, dans chacune des auditions
qu'on fait, les recommandations les
plus pertinentes. On ne veut pas non plus s'éparpiller, on n'est pas là pour
alourdir, on est là pour être plus efficaces dans l'administration
publique, pour être plus optimal, je dirais, d'avoir des pratiques
d'administration publique et de gestion plus
optimales. Donc, il faut d'abord que nous, nous soyons exemplaires, et, si on
faisait 31 recommandations par
audition, là, ça serait effectivement un problème. Mais, sur l'ensemble des
auditions que nous avons faites et du travail que nous faisons, nous
avons fait 31 recommandations. Donc, je vous invite à en prendre connaissance.
Je n'ai pas l'intention, ici, dans le temps
qui m'est imparti, de commencer à faire la liste exhaustive des
31 recommandations. Je vous invite à les regarder, M. le Président,
comme j'invite d'ailleurs l'ensemble des parlementaires à le faire.
Ces 31
recommandations, par exemple, touchent l'ajout de cibles intermédiaires, les
outils de calcul des coûts de revient,
donc, d'être capable de faire ce qu'on pourrait dire, en anglais, du
«benchmarking», là, donc, dans l'administration
publique mais versus des pratiques, par exemple, dans le secteur privé ou
ailleurs. Donc, on demande aux organismes
et aux ministères qui viennent nous rencontrer d'avoir des données, au fond,
qui sont plus complètes, plus transparentes
et toujours, cela, dans un souci évidemment de reddition de comptes et de saine
administration... de saine gestion, plutôt, de l'administration
publique.
Je dois dire
également, M. le Président... et il y a un chapitre spécifique qui porte
là-dessus, c'est le chapitre VII du rapport,
qui porte sur l'examen de rapport annuel de gestion de ministères et
d'organismes publics en vertu des dispositions de la Loi sur l'administration publique. Alors là, nous avons... Vous
savez, chaque ministère et organisme doit déposer un rapport annuel de gestion.
Nous en avons examiné 17. Alors, ça, ça s'ajoute, là, en plus aux six auditions
dont je vous parlais, plus les
séances de travail. On a examiné, avec l'équipe de recherche dont je parlerai
tout à l'heure, qui travaille pour la
commission, 17 rapports annuels de gestion d'autant d'organismes — des plus petits, des plus gros, des moins
petits, des moins gros — des ministères, et qu'on ne choisit pas
nécessairement de recevoir en audition, mais on dit : On va au moins les examiner, puis après ça, bien, on
arrive avec un certain nombre de recommandations qui conduisent de façon
générale à des lettres, par exemple, qu'on envoie à ces ministères ou à ces
organismes, parfois des plus petits organismes,
en disant : Bon, bien, sur tel point, ce n'est pas clair. Pouvez-vous nous
préciser telle question, tel élément? Et
là l'organisme nous répond. Alors, ça permet d'avoir... On laisse toujours une
trace, autrement dit, M. le Président. Pour
moi, ça, c'est extrêmement important de boucler la boucle, de laisser des
traces écrites sur le travail que nous faisons pour ne pas que justement nous-mêmes, comme commissaires ou comme
membres plutôt de la Commission de l'administration publique, nous
soyons l'objet de... bon, par exemple, qu'on nous accuse de ne pas avoir fait
tout notre travail. On fait vraiment un
travail qui est rigoureux dans ce sens-là. Donc, toutes les lettres, toute la
correspondance que nous avons entre les
organismes que nous surveillons et qu'on ne reçoit pas nécessairement en
auditions, bien, évidemment c'est disponible, et ça permet justement de faire un suivi sur ces rapports annuels de
gestion que nous avons examinés en séance de travail entre collègues,
avec évidemment le soutien des équipes de recherche.
Un
élément sur lequel je veux par contre particulièrement insister, c'est sur la
question des engagements financiers. Ça, M. le Président, s'il y a une chose que je souhaite avoir accomplie minimalement
dans ma vie de parlementaire, je ne sais pas si elle durera 38 ans, ça
sera certainement d'avoir amené une solution pour la question des engagements financiers. Bon. Je vous
mets un peu en contexte. Vous connaissez par coeur le règlement de l'Assemblée
nationale. Dans ce règlement, en ce
qui concerne la Commission de l'administration publique, la commission se voit
confiée la responsabilité d'étudier, d'examiner, imaginez, tous les
engagements financiers des ministères et organismes du gouvernement du Québec de 25 000 $ et plus. Alors, ça
fait des tonnes et des tonnes de papier et de travail, et donc vous comprenez
que ces engagements qui ont été
autorisés, soit par les ministères eux-mêmes, soit par le Conseil du trésor,
par processus d'appels d'offres,
etc., ça fait des piles de documents de tous les ministères et organismes. Et
évidemment, depuis plusieurs années, on
constate que ces engagements financiers, l'examen de ces engagements
financiers, si nous voulons être exemplaires, parce que ce que... j'ai
passé mon temps à vous dire tout à l'heure que le travail qu'on fait, c'est de
s'assurer que l'administration publique soit
plus performante. Alors, il faut que nous-mêmes, comme commission
parlementaire, nous soyons plus performants. Et on s'est aperçu, au fil
du temps, qu'il y avait effectivement plusieurs problèmes reliés à l'examen de ces engagements, de ces milliers
d'engagements financiers de l'administration publique de 25 000 $ et
plus.
Par exemple, il y
avait une double saisie dans les ministères et organismes. Dans la plupart des
ministères et organismes, on travaillait
deux fois. Pourquoi? Pour fournir, d'une part, les engagements financiers à
nous, à la Commission de l'administration
publique, mais, deuxièmement, depuis 2004, il existe ce qu'on appelle le SEAO,
le système électronique d'appel
d'offres. Alors, les ministères et organismes doivent verser dans le SEAO les
appels d'offres et les engagements... C'est
les engagements financiers qu'ils prennent ou les contrats qu'ils conviennent
avec des entreprises ou avec d'autres partenaires du Québec. Donc, il y
avait une double saisie à l'intérieur des ministères et organismes,
minimalement depuis 2004, à la fois pour
répondre à notre règlement à nous qui oblige la Commission de l'administration
publique à faire cet examen, mais,
d'autre part, au système électronique d'appel d'offres qui est géré via le
Conseil du trésor. Donc, il y avait un
premier problème là. Ce n'est pas très efficace quand, pour, grosso modo, les
mêmes dossiers ou les mêmes données, il y a des fonctionnaires qui
travaillent deux fois.
Deuxièmement, on
avait un problème avec le format des listes. Premièrement, c'est très
disparate. Chaque ministère ou chaque
organisme travaille avec sa propre méthode. Donc certains ministères nous
fournissaient des listes électroniques;
d'autres, non; d'autres, des listes sur papier; d'autres, en format PDF. Alors,
il n'y a pas d'uniformité dans le
format des listes qui nous sont transmises, de sorte qu'il devient extrêmement
difficile de faire une vérification de façon rigoureuse. C'est très difficile, et surtout que, dans certains cas,
quand les engagements financiers nous sont fournis en liasses de papier, bien là, on travaille avec des
crayons fluo pour essayer de se démêler là-dedans alors que nous sommes rendus en 2015. Alors, il était extrêmement
difficile de faire une vérification rigoureuse, efficace parce que ça
représente autour d'au-delà de
20 000 engagements financiers, là, de façon annuelle. Donc, il y avait le
problème de la double saisie, le
problème de format des listes, le problème de la lourdeur ou de la quantité d'engagements
financiers à vérifier avec des ressources, somme toute, limitées de
notre côté.
• (17 heures) •
Et
autre problème, c'est le niveau des engagements financiers aussi qui posait
question. Le seuil de 25 000 $ dont je vous parle a été fixé, selon ce qu'on est capables de relever, a été
fixé dans les années 60, vers la fin des années 60. 25 000 $, dans les années 60, c'était un
chiffre quand même assez raisonnable et assez important, considérant le coût de
la vie à ce moment-là, mais ce seuil
n'a pas été changé depuis ces années-là. Alors, 25 000 $ aujourd'hui,
ça n'a pas la même valeur que 25 000 $ en 1967. Donc, le
nombre d'engagements financiers, pour qu'il réponde à ce seuil de
25 000 $, a forcément augmenté, en
plus que l'administration publique, depuis une quarantaine d'années, est
devenue gigantesque avec
l'augmentation des sociétés d'État, des lois, des services, etc., de sorte
qu'on peut évaluer en dollars constants ce 25 000 $ peut-être à, aujourd'hui, 100 000 $,
150 000 $, certainement. Ça fait que, là, on pouvait se poser la
question : Est-ce qu'on augmente le seuil? Ou, si on augmente le
seuil, bien là il y avait un risque de perdre un certain nombre d'informations, par exemple des subventions ou
autres données qui auraient passé à la trappe. Alors, ça a été une grande
question que nous nous sommes posée au fil du temps puis au cours des derniers
mois en particulier.
Donc, la Commission
de l'administration publique réfléchit beaucoup sur cette question des
engagements financiers depuis plusieurs
années sans être réellement capable d'arriver à une solution. Mais cette année,
M. le Président, année historique qui
marquera la vie parlementaire de cette Assemblée nationale, qui existe depuis
1792, nous avons trouvé une solution à ces engagements financiers. Nous
allons optimiser le travail à la fois, bien sûr, de la Commission de l'administration publique, mais aussi de
l'ensemble des ministères et organismes. On a réussi, et la solution qu'on a
ciblée, au fond elle est, je vous dirais, d'une certaine manière, en
deux volets.
D'abord, on a
rencontré le Conseil du trésor, et nous allons travailler à partir du système
électronique d'appel d'offres, quitte à le
bonifier un peu pour répondre à nos demandes. Parce qu'il y avait un certain
nombre de colonnes, par exemple, avec des données, mais nous, on voulait
en ajouter pour être sûrs de ne pas manquer d'information par rapport à ce qu'on recueillait comme information
avec l'ancien système. Alors, on a pris une entente avec le Conseil du
trésor pour travailler à partir du système électronique d'appel d'offres, qui
nous transmettra des codes d'accès pour pouvoir
accéder à ce système-là, à l'information, ce qui, d'une part, va uniformiser
l'information à travers l'administration publique et va permettre surtout à nous de faire différents tris
possibles ou différentes requêtes possibles. Autrement dit, est-ce qu'au
lieu de se taper tous les rapports papier des différents ministères... est-ce
qu'on est capable de faire une recherche,
par exemple, sur la base de : ministère X, engagements financiers, disons,
de 100 000 $ à 150 000 $ dans la région Y, en telle
matière, bon, disons, voirie?
Alors
là, on sera capable de faire ce type de recherche là, ce qui sera beaucoup plus
facilitant et qui nous permettra non
pas d'avoir l'impression de faire simplement un travail, je dirais,
d'autorisation un peu à l'aveugle — parce que le règlement nous force de faire cette autorisation — mais là, au moins, on sera capable de faire
comme des sondages ou de l'échantillonnage
de façon aléatoire — non pas
tiré au hasard, mais de façon aléatoire — sur un certain nombre de renseignements. Donc là, ça sera beaucoup plus
intéressant comme travail, ça sera beaucoup plus efficace comme travail.
Et, en plus, on met fin ainsi à la double saisie dans les ministères et
organismes.
Quand
je vous disais tout à l'heure qu'il y avait des fonctionnaires
dans les ministères et organismes qui saisissaient de l'information sur
les engagements financiers pour la Commission de l'administration publique puis
qu'ils en saisissaient pour le Conseil du
trésor aux fins du service électronique d'appel d'offres, du système
électronique d'appel d'offres, le
SEAO, bien là, au moins, ça ne sera fait qu'une seule fois. Alors, c'est des
économies puis c'est beaucoup plus
efficace, oui, pour l'administration publique, mais, en bout de ligne, pour
chacun des contribuables québécois qui veut que son argent de son impôt
serve le mieux possible à l'administration publique.
Donc, fini la
double saisie, on va pouvoir faire également, comme je vous dis, des requêtes
spécifiques et on va pouvoir
uniformiser l'information. Vous allez me dire : Comment ça se fait qu'ils
n'ont pas pensé à ça avant? Bien, vous savez,
M. le Président, il y a eu beaucoup de changement aussi à la Commission de
l'administration publique au fil des années
avec les changements de gouvernement, les membres changent également au fil du
temps. Là, on a, je crois, une équipe
qui est un peu plus constante depuis quelque temps, alors je pense que ça nous
a permis également d'arriver à cela. Et on a carrément posé la question
aux gens du Conseil du trésor, ce qui nous a permis d'avancer.
L'autre chose...
Parce que je vous entends tout de suite me dire : Oui, mais qui vous êtes,
vous, pour dire vous allez faire une
requête aléatoire pour, disons, le ministère des Transports dans la région de
l'Abitibi pour tous les contrats de
50 000 $ et plus de telle année à telle année? Pourquoi nous, on
déciderait ça? Vous avez raison, on a beaucoup de travail et beaucoup de requêtes, et on a chacun nos idées
de chaque côté. Alors, on se fait aider en ce sens par le Vérificateur général. Parce que, dans le fond, ce que vous êtes
capables de décoder à travers ce que je vous dis, c'est qu'il y a trois piliers
qui travaillent ensemble, hein, la
Commission de l'administration publique, le Conseil du trésor et le
Vérificateur général. Alors là, avec
le Vérificateur général, justement on va — bien, on a déjà commencé à travailler avec
lui — le
consulter pour qu'il nous donne des
pistes. Par exemple, dans tel ministère ou dans tel organisme, vous devriez
peut-être, selon nos anciens rapports
de vérification, vérifier tels engagements financiers à telle place, à tel
ministère ou dans telle région. Donc, à partir des suggestions du Vérificateur général, on sera capable de faire
ces requêtes spécifiques. Évidemment, M. le Président, ça va nous permettre d'être plus efficaces, ça va
nous permettre également de mieux exécuter notre travail en fonction,
justement, des recommandations du Vérificateur général.
On aurait aimé, souhaité être capables de faire
une première audition sur ce nouveau système de contrôle des engagements financiers avant la fin de la session,
mais, comme je vous dis, avec les 17 rapports annuels de gestion qu'on a
examinés, avec les six auditions que nous avons faites, juste, ne serait-ce que
d'arriver à la conclusion de cette démarche
d'amélioration de surveillance des engagements financiers, malheureusement il
nous a été impossible de le faire d'ici
demain, finalement, qui est la dernière journée de notre session parlementaire.
Mais évidemment, au cours de l'automne,
nous sommes très confiants que nous serons capables de faire une première
audition, un premier examen plus précis
des engagements financiers. Mais, minimalement, on a fait un pas de géant, je
vous dirais, en réglant cette question-là qui tarabustait la Commission
de l'administration publique depuis un certain nombre d'années.
Je voudrais
terminer, M. le Président, en soulignant l'apport des différents participants,
des différents membres des équipes
également qui travaillent avec la Commission de l'administration publique.
Alors, je voudrais souligner le travail
absolument formidable des parlementaires qui sont membres ou qui ont été
membres, parce qu'il y a eu quelques changements
en cours de session, mais, dans cette
session parlementaire, donc, les députés membres de cette commission parlementaire. Et je vous invite, M. le Président, de temps à autre, à
venir assister à nos travaux, vous allez voir à quel point les questions
sont rigoureuses, travaillées, fouillées, consensuelles également. Parce qu'on
a fait des séances de travail avant d'aller
en auditions publiques, alors on sait un peu où chacun s'en va. Donc, on est
capables de travailler collégialement pour bonifier notre travail.
Alors, je
m'en voudrais de ne pas souligner le travail absolument rigoureux des collègues
suivants : des comtés de Bourassa-Sauvé,
de Jean-Lesage, de Portneuf, le député de Chomedey, le député de Saint-Jérôme,
qui a été membre de la commission avant de devenir chef de l'opposition
officielle, le député d'Orford, qui est, je crois, notre doyen de cette commission parlementaire — avec le député de Chomedey, d'ailleurs, je
pense, qui est doyen également — la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré,
le député de Saint-Jean, le député de La Peltrie, le député de Berthier et
la députée de Laviolette. Alors, les collègues
que je viens de vous nommer sont les membres permanents de la commission. Il y
a eu quelques changements en cours de
route, là, mais c'est ceux qui, durant cette session, ont siégé à titre de
membres permanents de la commission.
Je veux
également souligner la présence ou le travail des membres remplaçants. Parce
que, vous savez, parfois, quand on
reçoit un ministère, par exemple le ministère de la Santé, là, la porte-parole,
par exemple, de l'opposition en matière de santé, la députée de Taillon,
va venir remplacer un député de l'opposition pour poser des questions sur le ministère de la Santé, c'est normal, comme ça se
fait, bien, avec les autres organismes ou les autres ministères. Alors,
je ne veux pas les nommer tous ici, mais il y a plusieurs députés, en cours de
route, en cours de session, qui sont venus remplacer
des collègues parce que c'était dans des dossiers qui les concernaient et qui
ont fait également un travail très important.
Donc, vous voyez, c'est une commission qui va chercher la participation de très
nombreux parlementaires de toutes les familles politiques et de toutes
les régions du Québec. Donc, je veux remercier... C'est sûr que chacun des membres remplaçants, qui sont moins habitués à
notre métalangage de Commission de l'administration publique, quand ils arrivent, ils ont besoin d'une petite
initiation, là, sur l'aspect non partisan, et tout ça, mais ça se passe très
bien, M. le Président, parce qu'on est sages.
• (17 h 10) •
Je veux, évidemment, remercier de façon plus
particulière les vice-présidents qui forment avec moi le comité directeur de la Commission de l'administration
publique. On travaille très étroitement ensemble, on se parle. Il n'y a pas
une semaine qu'on ne se parle pas. Parfois,
on se parle à tous les jours pour, justement, arriver à nos conclusions et à
notre travail. Évidemment, le député
de La Prairie, qui est ici présent, merci beaucoup pour le travail, M. le
député. Le député de Deux-Montagnes également, qui est notre petit nouveau dans cette
organisation de la Commission de l'administration publique, merci
beaucoup pour le travail, la présence et les efforts. Je voudrais souligner également
le travail d'un vice-président qui nous a quittés en cours de session, Gérard
Deltell, l'ancien député de Chauveau, qui était vice-président de la commission, avec qui nous avons fait un grand travail, particulièrement sur la question des engagements financiers, dont je vous parlais tout à l'heure. Une bonne partie de notre travail et de notre solution que nous avons
trouvée, cette solution historique
dont je vous parlais, dépend également des efforts, et de la réflexion, et de la
contribution de Gérard Deltell à ce travail.
Je
veux également souligner — et
je vais terminer là-dessus, M. le
Président — le travail absolument fabuleux, dédié, dévoué, professionnel, rigoureux du personnel de l'Assemblée nationale affecté au service de la Commission de l'administration publique :
notamment, la secrétaire de la commission, Mme Catherine Grétas, qui
communique avec moi parfois la fin de semaine, les soirs, alors
quelqu'un de très dédié; les recherchistes également, Stéphanie Therrien en
particulier, qui a travaillé toute la session parlementaire avec nous; les
autres membres de l'équipe également qui ont contribué
à ce travail de la session parlementaire pour la Commission
de l'administration publique :
Marie-Claude Monnerat, Hélène
Bergeron, Samuel Houngué, Richard L'Hérault, Mélissa Morin, Magali Paquin, Danielle
Simard et M. Pierre Skilling également, que nous avons eu l'occasion de rencontrer.
Alors, tous ces membres des équipes de recherche, du secrétariat de la commission
également ont travaillé très fort avec nous. Heureusement qu'ils sont là parce
que tout ce travail-là, M. le Président, dont je vous parle depuis quasiment une
demi-heure, serait impossible à réaliser sans la contribution, les
efforts de chacun de ces membres des équipes professionnelles de l'Assemblée
nationale.
Alors, M. le Président,
c'est là-dessus que je termine mon allocution, en invitant encore une fois
chacun des membres de cette Assemblée à
venir assister à nos séances de travail pour mieux découvrir la Commission de l'administration publique.
J'invite, évidemment, les citoyens, mais la population en général, les représentants des médias à couvrir davantage le
travail qu'on fait parce que ça permettrait également de mieux connaître ce
travail rigoureux de contrôle de l'administration publique fait par l'Assemblée
nationale et les parlementaires.
Je peux vous dire d'entrée
de jeu que nous allons poursuivre en ce sens. L'année 2015 sera cette année où
la Commission de l'administration publique se fera davantage connaître dans l'actualité. Évidemment,
nous allons arriver à cette fin de
session et à la période estivale, mais déjà je suis en démarche pour, au moins avant la fin
de l'été, faire état publiquement de
ce rapport, particulièrement sur le volet des engagements financiers dont je
vous ai parlé, et, sûrement dans le
courant de l'automne et après la rentrée parlementaire, nous allons davantage
interpeller les médias pour, justement, montrer qu'en cette Assemblée
nationale il n'y a
pas qu'un travail partisan et il n'y
a pas qu'une période de questions, mais il y a aussi un travail tout à fait rigoureux
de contrôle de l'administration publique qui se fait via la Commission de l'administration
publique et des collègues qui sont ici présents. Merci beaucoup.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, je vous remercie, M. le député de
Jonquière. Je vous indique qu'il est possible
que je réponde oui à votre invitation d'aller vous voir travailler, puisque ça
a l'air exemplaire, mais je m'engage également à ne pas vous déranger le
soir et les fins de semaine. Alors, merci de votre intervention.
Juste
une minute, Mme la députée de Bourassa-Sauvé, M. le leader veut nous déranger
quelques secondes. Alors, on va écouter M. le leader du gouvernement.
M. Fournier :
Oui. Bien, en fait, je veux surtout arranger, plutôt que déranger, les gens
pour leur donner une information. Le débat que nous avons en ce moment est le
dernier débat que nous aurons avant la fin de notre séance d'aujourd'hui. Ceci étant, il est fort possible
que ça s'étire un peu au-delà de 18 heures. Nous avons eu un échange avec
l'ensemble des formations politiques pour
convenir que nous puissions aller au-delà de 18 heures. Ça devrait être un
peu avant 18 h 30, en fait,
selon les informations que j'ai. Et donc, conséquemment, en poussant un peu
plus tard que 18 heures, la
Chambre n'aura pas à revenir à 19 h 30, et cela, sans doute, va
satisfaire et arranger l'ensemble de nos collègues. Donc, je fais état d'un consentement pour que nous
puissions prolonger après 18 heures, qu'il n'y ait pas d'appel au
règlement sur l'aspect de quorum et qu'on puisse ensuite continuer ce
débat. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Bien, merci, M. le leader du gouvernement. Mais,
rapidement, je veux juste vérifier...
Il semble que c'est un consentement. Est-ce qu'il y a lieu tout de suite de le
valider? Alors, il n'y a pas personne qui est en désaccord avec ce
consentement-là, c'est réglé, ça sera ainsi fait.
Je
cède la parole à Mme la députée de Bourassa-Sauvé pour son intervention sur ce
même rapport de commission. À vous, Mme la députée.
Mme Rita Lc de Santis
Mme
de Santis : Merci, M. le Président. Je n'ai pas à
rappeler que le député a trois fonctions principales : législateur,
contrôleur de l'action gouvernementale et intermédiaire entre les citoyens
et l'administration publique. En tant que contrôleur de l'action gouvernementale, il y a
de nombreux moyens qui s'offrent aux élus pour s'acquitter de cette fonction,
dont lors de la période de questions
ou lors des débats de fin de séance. Mais, le plus souvent, cette fonction de
contrôleur de l'action gouvernementale s'exerce dans le contexte des travaux des commissions parlementaires. Toutes les commissions parlementaires participent à ces exercices de
contrôle parlementaire. Cependant, une commission parlementaire est spécialisée en matière de contrôle, c'est
la Commission de l'administration
publique, qui est devenue une commission permanente en 1997.
Je
suis membre active de cette commission depuis un an et je me rends compte à quel point
c'est complexe, bien gérer une administration avec autant de ministères,
autant d'organismes, cadres, employés et de personnel. Je suis préoccupée par la lourdeur de la reddition de comptes
qui est demandée. Je souris chaque fois qu'on a un participant à une audition devant la commission qui se dit surpris
et heureux de savoir qu'il y a au moins une autre personne autre que les
auteurs qui, actuellement, lit les plans stratégiques et les rapports annuels
de gestion.
Un impact
bénéfique qui découle des travaux de la commission, c'est que j'ai une occasion
de mieux connaître dans le détail le
fonctionnement des organisations et des programmes en allant au-delà des
questions politiques. Je veux saluer
tous les membres de la commission, et en particulier le président, le député de
Jonquière, et les vice-présidents, les
députés de La Prairie et Deux-Montagnes, et aussi tous les autres membres,
qui savent s'imposer la discipline d'éviter les discussions sur les aspects politiques des dossiers traités, même si
la frontière entre les questions administratives et politiques est
parfois très mince.
Parmi les
fonctions spécifiques que le règlement de l'Assemblée nationale confie à la
Commission de l'administration publique,
on retrouve l'étude du rapport annuel sur l'application de la Loi sur
l'administration publique, et c'est de ce rapport que je veux parler en particulier. La Loi sur l'administration
publique a été adoptée il y a 15 ans, en mai 2000. En vertu de l'article 28 de cette loi, le président
du Conseil du trésor doit déposer à l'Assemblée nationale à chaque année
un rapport concernant l'application de la
loi. Le 3 février dernier, la commission a entendu le secrétaire du Conseil du
trésor sur le 11e rapport annuel sur
l'application de la Loi sur l'administration publique, le rapport ayant été
déposé le 11 octobre 2014.
• (17 h 20) •
Les rapports
2011-2012 et 2012-2014, contrairement aux rapports de 2002-2003 à 2010-2013,
sont basés sur un nouvel indice appelé indice d'application de la
gestion axée sur les résultats, dont je vais parler dans un instant. Les rapports antérieurs du secrétariat et les
auditions qui ont suivi ont donné lieu à des réflexions et à des
recommandations de la part de la CAP, c'est-à-dire la Commission sur l'administration publique. Une des recommandations était la nécessité,
pour les ministères et organismes, de prévoir des cibles intermédiaires pour
permettre une meilleure évaluation des résultats
annuels. Vous savez, trop de ministères et organisations ne se dotent même pas
de cibles. Ne parlons pas de cibles intermédiaires.
En date du 1er octobre 2014, 21 des 70 plans stratégiques étaient échus,
c'est-à-dire qu'ils avaient pour dernière
année 2013 ou précédentes, et cela, nonobstant que l'article 8 de la Loi sur
l'administration publique prévoit que chaque ministère et organisme
établissent un plan stratégique.
Parmi les 24
plans stratégiques analysés par la CAP en 2013 et en 2014, 16 sur 24 n'avaient
pas de cibles du tout ou avaient des cibles mal définies, 20 n'avaient
pas de cibles intermédiaires, et un en avait quelques-unes. Parmi les 22 déclarations de service aux citoyens
analysées en 2013 et 2014, 14 n'avaient pas de cibles ou avaient des cibles mal
définies. Parmi les 24 rapports annuels de
gestion analysés en 2013-2014, le nombre où l'information était absente ou insuffisante quant au tableaux synthèses et
résultats, 9 sur 24; coût de revient des produits et services, 13 sur 24;
information sur les plaintes et traitements, 7 sur 24; ressources
humaines, 4 sur 24; ressources informationnelles, 11 sur 24.
D'après le secrétaire du Conseil du trésor, la
responsabilité première d'élaborer le plan stratégique revient au ministère ou à l'organisme. D'après lui, le
Secrétariat du Conseil du trésor accompagne les ministères et organismes,
prépare des guides, donne des
commentaires. Personnellement, je ne suis pas sûre que je saisis bien le rôle
du secrétariat auprès des ministères
et organismes. Le secrétariat devrait revoir comment il joue son rôle de
conseiller et d'accompagnateur auprès des ministères et organismes pour
assurer un meilleur respect de la Loi sur l'administration publique.
Je viens de mentionner l'indice d'application de
la gestion axée sur les résultats, qui est un indice synthétique composé de 10 indicateurs. Les rapports
2011-2012 et 2012-2014, contrairement aux rapports de 2002-2003 à 2010-2011,
sont basés sur ce nouvel indice. J'aimerais
adresser quelques préoccupations quant à ce nouvel indice. D'abord, j'aimerais
souligner que les données contenues dans le rapport concernant l'application de
la Loi sur l'administration publique présentent l'évolution de la situation de
65 organisations pour 2012-2013 et 64 organisations pour 2013-2014.
Alors, le
premier indicateur de cet indice est le pourcentage de ministères et organismes
ayant mené des activités de mesure pour connaître au moins une des
dimensions suivantes, seulement une : les attentes des citoyens, la satisfaction des usagers, la qualité des services
rendus et le respect des engagements de la déclaration de services aux citoyens. Mon Dieu! Cette exigence me semble très
faible. Les quatre dimensions — et je les répète : un, les attentes des
citoyens; deux, la satisfaction des usagers;
trois, la qualité des services rendus; quatre, le respect des engagements de la
déclaration de services aux
citoyens — m'apparaissent
essentielles, et, après 15 ans, on devrait s'attendre à ce que la grande majorité des ministères, sinon tous,
mènent des activités de mesure de tout au moins de plusieurs d'entre elles.
La barre fixée dans l'indicateur n° 1
semble trop basse. De plus, selon la dimension visée, rien ne permet de connaître la façon dont elle est mesurée et la
rigueur avec laquelle c'est fait. En conséquence, d'importantes variations
de qualité peuvent survenir d'un organisme à
l'autre. Évidemment, la barre étant si basse, d'après le rapport annuel sur
l'application de la Loi sur l'administration publique, cet indicateur est
atteint à 100 %.
Le deuxième indicateur, ici on nous donne le
pourcentage des ministères et organismes ayant mobilisé leur personnel à l'égard de la prestation de services
de qualité en intégrant au moins la sensibilisation dans leurs actions. La
sensibilisation du personnel donnant des
services directs aux citoyens est «basic» et sans doute préalable à la
mobilisation des employés concernés.
À cet égard, l'exigence de la sensibilisation au minimum apparaît également
faible. Évidemment, d'après le rapport, cet indicateur aussi est atteint
à 100 %.
Le troisième
indicateur de cet indice, le pourcentage des ministères et organismes qui
disposent d'un plan d'action pour
mettre en oeuvre notamment le plan stratégique de l'organisation. On peut avoir
un plan d'action sans pour autant le mettre en oeuvre. Bravo! Cet indicateur,
c'est-à-dire le pourcentage de ministères et organismes qui disposent d'un
plan d'action, est atteint à 100 %... pas à 100 %, mais à
70,5 %.
Je
passe le quatrième indicateur. Je viens au cinquième indicateur, qui est le
pourcentage des ministères et organismes
ayant démontré une association entre les résultats atteints et les ressources
utilisées et diffusé l'information dans
leur rapport annuel. L'établissement d'un tel lien a été demandé plusieurs fois
par la Commission de l'administration publique.
Toutefois, un seul indicateur pour faire état d'une bonne reddition de comptes
nous semble insuffisant. Et, malgré cela, cet indicateur est atteint à
seulement 38,3 %.
Le
sixième indicateur, c'est le pourcentage des ministères et organismes ayant
procédé à des attentes signifiées et à des évaluations de la performance
de leur personnel pour au moins 50 % du personnel d'encadrement et
25 % du personnel régulier. Voici un
indicateur qui répond à des demandes répétées des députés, mais nous ne
comprenons pas les motifs des seuils qui lui ont été fixés. Cet
indicateur est atteint à 73 %.
Je
saute le septième indicateur. Je vais au huitième indicateur, qui est le
pourcentage des ministères et organismes ayant mené des activités d'audit interne sur l'optimisation des
ressources et de la performance. L'audit interne comprend l'optimisation des ressources, l'assurance de
l'intégrité et de la fiabilité de l'information, la vérification de la
conformité, l'évaluation de la
pertinence des opérations, de l'efficacité et de l'efficience des processus. La
barre semble trop basse, et, malgré cela, cet indicateur a été atteint
seulement à 35,9 %.
Le
neuvième indicateur, c'est le pourcentage des ministères et organismes ayant
réalisé des activités de gestion intégrée des risques. Le dixième
indicateur, le pourcentage des ministères et organismes ayant mené des activités
d'évaluation de programmes. Ces indicateurs 9 et 10 mettent toutes les
organisations sur le même pied. Toutefois, l'ampleur
et la complexité de la gestion des risques et de l'évaluation de programmes
pouvant être très différentes entre les
ministères, les grands organismes et les petits organismes, nous nous demandons
s'il n'y aurait pas lieu de tenir compte de cette réalité. L'indicateur 9, sur les activités de gestion, est
atteint à 85,9 %. L'indicateur 10, sur les activités d'évaluation
de programmes, est atteint à 62,5 %.
• (17 h 30) •
Le
rapport sur l'application de la Loi sur l'administration publique indique que
l'indice d'application de la gestion axée
sur les résultats est passé de 61 % pour 2011-2012 à 73 % pour 2012-2014. Mais chacun des 10 indicateurs ont le
même poids. Je trouve cela un peu simpliste.
Vous avez connu à travers ce que je viens de dire quelques-uns des indicateurs.
Moi, je crois que chaque indicateur devrait
être pondéré. Il y en a qui sont plus importants que d'autres. La simplicité de
l'indice le rend questionnable sur sa
capacité à rendre compte du réel degré d'application de la gestion axée sur les
résultats. Il ne permet pas qu'on
puisse saisir toutes les nuances qui s'imposent, surtout en l'absence d'une
analyse rigoureuse et approfondie des résultats des indicateurs qui le
composent.
Un autre point
maintenant. Je suis surprise qu'en 2014 il y a encore un nombre important de
ministères et organismes qui n'évaluent pas
le coût de revient de leurs produits et services et, encore moins, qui font
connaître ce coût aux citoyens. En
2013-2014, 68,8 % des ministères et organismes ont mené des travaux afin
d'établir le coût de certains, mais
pas tous de leurs biens et services tarifés ou non tarifés. 37,5 % ont
réalisé des travaux pour plus que 50 % de leurs biens et services
et 31,3 % ont réalisé des travaux pour 50 % et moins de leurs biens
et services. Seulement 39 % des ministères
et organismes ont sensibilisé leurs usagers aux coûts des services offerts,
notamment par leurs rapports annuels de gestion et leurs sites Internet.
Personnellement, je ne trouve pas cela acceptable, car connaître ou estimer les
coûts associés à la production des biens et
services est un outil reconnu de l'amélioration continue et est aussi un
élément important dans une révision
permanente des programmes. Le citoyen a le droit de connaître le coût-bénéfice
d'un bien ou d'un service offert par le gouvernement.
Le
rapport du président du Conseil du trésor rapporte de façon factuelle seulement
les activités réalisées par les ministères et organismes et cela
respecte la lettre de la Loi sur l'administration publique. Mais, du fait de
l'absence d'analyse, on ne peut pas apprécier les efforts des ministères et
organismes ni les difficultés qu'ils ont rencontrées ni connaître les actions à
prendre pour corriger les faiblesses des organisations.
J'ai
participé aux auditions de la CAP portant sur plusieurs ministères et
organismes. Comme les autres parlementaires ayant participé aux
auditions, je suis préoccupée par la lourdeur des redditions de comptes qui
sont demandées à ces derniers. Je demande si
on évalue ce qui vaut vraiment la peine d'être examiné au moindre coût
possible. Est-ce que le coût de
production de nombreux plans et rapports dépasse le bénéfice? Est-ce que
quelqu'un s'intéresse aux principes d'un bon rapport qualité-prix? Même
le secrétaire du Conseil du trésor a remarqué que, quand on génère de l'information, c'est du travail, il y a un coût,
il y a un fardeau. Ce sont des équipes qui sont mobilisées, et cela est une
préoccupation pour lui comme pour nous.
Je
demande aussi si on utilise les technologies de l'information de façon à
réduire le fardeau imposé sur les ministères et organismes. Les technologies
de l'information devraient devenir un puissant levier pour atteindre une plus
grande efficacité de l'État.
M.
le Président, mon souhait aujourd'hui, c'est que les recommandations de la CAP,
dans son 32e rapport sur l'imputabilité,
soient prises en considération par le Conseil du trésor, par le Secrétariat du
Conseil du trésor et par les autres ministères
et organismes avec qui on a échangé et que la reddition de comptes soit rendue
la plus efficace et la plus efficiente possible. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, merci, Mme la députée de Bourassa-Sauvé,
de votre intervention. Je cède
maintenant la parole, pour la poursuite du débat sur ce même rapport, à M. le
député de Deux-Montagnes. M. le député de Deux-Montagnes, à vous.
M. Benoit Charette
M.
Charette : Merci, M. le Président. Je vais être très bref, peut-être
deux petites minutes à peine. Le député de Jonquière le mentionnait, je
suis le tout...
Le
Vice-Président (M. Gendron) : ...de limite le temps de vos
interventions.
M.
Charette : Je le sais bien, mais je le précise pour faciliter la suite
des travaux. Le député de Jonquière mentionnait
tout à l'heure, je suis le petit nouveau de cette belle commission
parlementaire. Un simple mot pour dire qui oui, j'ai assisté à quelques
rencontres à ce moment-ci, mais juste assez pour deviner un climat qui est
tout à l'avantage de l'Assemblée nationale. Effectivement, il y a des
travaux intéressants qui s'y déroulent dans un cadre qui est aussi exceptionnel en étant totalement
non partisan. Donc, je souhaitais tout
simplement, à travers ce beau travail
qui a été réalisé au cours de la dernière année, remercier le président,
son vice-président également, donc députés de Jonquière et de La Prairie. Il y a réellement... Il y
a eu quelques constats qui ont été
faits au cours des derniers mois, et, sous leur leadership, on voit vraiment que la CAP s'apprête à prendre de nouvelles orientations qui profiteront très certainement à toute notre Assemblée. Donc, merci au député
de Jonquière, merci au député de
La Prairie, mais également merci à tous ses membres. Je ne les
nommerai pas tous, parce qu'autrement je risquerais fort d'en oublier
quelques-uns. Mais merci à tous ses membres,
qui contribuent, à travers leur travail, leur présence, à améliorer notre
appareil gouvernemental, mais également nos institutions publiques.
C'est une belle commission, le président en a fait largement état tout à
l'heure, a pu vous transmettre une
invitation. Libre à vous de l'accepter ou pas, mais, dans tous les cas, ce sont
des travaux qui sont à l'honneur de notre institution. Et, pour ma part, comme
tout nouveau, je compte bien
m'acquitter de ces tâches qui me reviennent et participer pleinement
à la reprise des travaux au cours des prochaines semaines. Donc, mon
commentaire sera aussi bref que ça. Merci.
• (17 h 40) •
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, je
vous remercie, M. le député de Deux-Montagnes, de votre intervention.
Et, pour la poursuite du débat, toujours sur ce même rapport, je cède maintenant
la parole à M. le député de Portneuf.
M. le député de Portneuf, à vous la parole.
M. Michel Matte
M.
Matte : Merci, M. le Président. C'est avec plaisir que je vous parlerai du 32e
rapport de la Commission de l'administration publique, rapport portant sur l'imputabilité des sous-ministres et des dirigeants d'organismes publics. Il est important, en tant que parlementaires, de surveiller la gestion administrative
des ministères et organismes publics. C'est une des fonctions des
parlementaires.
À
cet égard, j'ai participé au courant de l'hiver aux travaux de la Commission de
l'administration publique portant sur la gestion administrative de
l'année financière 2013‑2014. Le 13 mai dernier, la commission a auditionné le ministère
de l'Éducation, du Loisir, du Sport, et plus particulièrement en ce qui a trait
au traitement de ses plaintes, à l'atteinte
des cibles stratégiques et à la gestion des ressources humaines,
financières et informationnelles. Voici les gens que nous avons rencontrés : Mme Marie-Claude Champoux, sous-ministre; Mme Stéphanie Vachon, secrétaire
générale; M. Normand Pelletier, sous-ministre adjoint au développement pédagogique et au soutien aux élèves; M. Éric
Thibault, sous-ministre adjoint au soutien aux réseaux et aux enseignants; M. Luc
Fournier, sous-ministre adjoint au Loisir et au Sport; M. Raymond Lesage, sous-ministre adjoint à l'aide
financière aux études et à la
gouvernance interne des ressources; et
finalement M. Francis Gauthier, directeur aux politiques
et aux relations externes. Les échanges ont particulièrement porté sur la planification stratégique et la reddition
de comptes du ministère,
sur la satisfaction des réseaux de l'éducation, du loisir
et du sport et celle des citoyens ainsi que sur la persévérance scolaire et la
réussite.
M. le Président, nous avions comme mission de présenter nos observations, les
conclusions et des recommandations. Les
membres de la commission constatent la difficulté d'apprécier les résultats des actions du ministère.
Le rapport annuel de gestion du ministère et l'information qui est publiée manquent de clarté et de lisibilité. Certains résultats
attendus dans le plan stratégique 2009‑2013 ont été omis et des données pour
certains exercices sont absentes, et ce, malgré le maintien des objectifs et des indicateurs qui y
correspondent. Les membres comprennent que certaines réalités propres au
domaine de l'éducation, comme le
chevauchement des années financières et scolaires, compliquent la présentation
des données du rapport annuel de
gestion. Malgré cela, ils s'attendent à ce que le ministère fournisse aux
citoyens une information plus facile à interpréter. Ils souhaitent que
les dirigeants procèdent à une réflexion à cet égard.
Les
parlementaires s'intéressent au traitement des plaintes des citoyens qui ont
augmenté de façon importante. Le ministère
a reçu 53 plaintes en 2011‑2012, 139 en 2012‑2013 et 257 en 2013‑2014. Encore
ici, aucune information n'est donnée
sur les principaux objets des plaintes reçues. Il serait important de doter le
ministère d'un outil de mesure de la satisfaction du milieu et de la
population. Cet exercice doit amener le ministère à identifier les personnes
concernées, qu'il s'agisse de ses employés,
du personnel du réseau de l'éducation et de ses partenaires, des élèves ou des
parents. Il devra spécifier la nature de la satisfaction visée ainsi que
les principaux éléments méthodologiques de la démarche.
Les
statistiques relatives à la réussite et à la diplomation sont publiées chaque
année dans le document indicateur de
l'éducation. Toutefois, le ministère n'est pas en mesure de faire une
évaluation précise de la part de chaque mesure mise de l'avant sur l'évolution des taux de persévérance et de réussite
scolaire, puisqu'elles sont souvent complémentaires. Par exemple, il serait difficile d'évaluer l'effet
des programmes comme l'aide aux devoirs ou les activités parascolaires sur l'amélioration du taux de réussite scolaire.
En revanche, celui-ci a progressé au cours des dernières années, même si
l'on ne peut isoler la contribution des différentes mesures à ces résultats. Il
est possible de mesurer l'efficacité d'une mesure
sur un plus long terme a posteriori. À titre d'exemple, l'effet de
l'implantation de la maternelle quatre ans en milieu défavorisé pourra être évalué en suivant les
enfants inscrits dès leur entrée à l'éducation préscolaire et durant tout leur
parcours scolaire.
En
conséquence, la Commission de l'administration publique a recommandé cinq
recommandations :
«Que
le ministère de l'Éducation, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche
inclue des cibles intermédiaires dans son prochain plan stratégique et
dans ses prochains plans d'action.
«Que le ministère de
l'Éducation, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche bonifie, dans ses
prochains rapports annuels de gestion, l'information relative aux volets
spécifiques que sont :
«La persévérance
scolaire, la réussite et la diplomation, en facilitant l'accès aux données par
région et par réseau[...], par exemple, en
fournissant les hyperliens vers les données afin de clarifier le niveau
d'atteinte des objectifs de réussite scolaire formulés par le ministère;
«Le loisir, le sport
et l'activité physique;
«Les activités des
organismes communautaires.
«Que
le ministère de l'Éducation, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche enrichisse et clarifie l'information publiée dans son rapport
annuel de gestion :
«En uniformisant la
présentation des données;
«En axant l'information
sur les résultats liés à chaque objectif stratégique plutôt que sur les
activités menées;
«En justifiant le
retrait ou la modification des indicateurs retenus pour réaliser le suivi des
résultats atteints.
«Que
le ministère de l'Éducation, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche
détaille, dans ses prochains rapports annuels, l'objet des plaintes des
citoyens, incluant celles déposées au Protecteur du citoyen.
«Que
le ministère de l'Éducation, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche
rende compte à la commission, au plus
tard le 1er juin 2016, des fruits de sa réflexion concernant la mesure de la
satisfaction du milieu et de la population.»
M.
le Président, les membres de la Commission de l'administration publique sont
heureux d'avoir pu échanger avec des
représentants du ministère de l'Éducation, de l'Enseignement supérieur et de la
Recherche et du ministère de l'Éducation,
du Loisir et du Sport. Certains aspects de la gestion administrative du
ministère ont pu être éclaircis, bien que quelques préoccupations
persistent. Je vous remercie, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, je reconnais maintenant M. le député
d'Orford pour son intervention. M. le député d'Orford, à vous.
M. Pierre Reid
M.
Reid :
Merci, M. le Président. M. le Président, la Commission de l'administration
publique, la CAP, vient de déposer
son 32e rapport sur l'imputabilité. La CAP n'est pas une commission comme les
autres : pas de consultations pour
les projets de loi, ce qui est le cas, par ailleurs, de toutes les autres
commissions; pas d'étude détaillée de projets de loi non plus, ce qu'on
est en train de faire dans plusieurs commissions à la fin de cette session; et
pas de participation de ministres à notre
commission, contrairement à ce qui se passe, par exemple, pour les études de
projets détaillés ou pour les consultations dans les autres commissions.
Et
de plus, chose unique aussi, c'est qu'il est absolument une tradition
essentielle à la CAP que le travail est un travail non partisan. Ça ne
veut pas dire qu'il n'y a pas quelquefois un petit peu... mais ça ne veut pas
dire non plus, dans les autres commissions,
il n'y a pas de travail non partisan, mais, en général, dans les autres
commissions, surtout dans les débats
d'examen détaillé des projets de loi, il y a effectivement des différences
d'opinions frappantes, marquées sur
certains points du projet de loi, et il y a effectivement du travail de nature
plus partisane. Ce n'est pas le cas dans la CAP, et cette tradition-là est
assez bien respectée.
Quel est donc le rôle
de la CAP? Qu'est-ce qu'il y a de si différent à la CAP? Alors, le rôle premier
de la CAP, et c'est un rôle presque
exclusif, c'est celui de contrôle parlementaire de l'appareil gouvernemental.
Alors, il y a deux expressions
importantes ici, d'abord le contrôle parlementaire. Qu'est-ce que ça veut dire,
le contrôle parlementaire? Il y a
plein de contrôles au gouvernement. Ceux dont on entend parler le plus souvent,
c'est le Vérificateur général ou la Vérificatrice générale, maintenant,
qui, effectivement, exerce un contrôle très formalisé de l'appareil de l'État.
Deuxièmement,
c'est l'appareil de l'État ou l'appareil gouvernemental. Qu'est-ce que c'est?
Il s'agit ici de tous les ministères,
mais pas uniquement les ministères, c'est un ensemble d'organismes qui ont une
existence légale de par les lois que nous votons et qui ont effectivement une
structure administrative. Quand c'est un ministère, évidemment, au sommet de cette structure, c'est un
sous-ministre avec une structure de sous-ministre, etc. Quand c'est un
organisme, c'est souvent un président ou une présidente, bien sûr,
aussi, avec effectivement une bureaucratie également.
Donc,
cet appareil gouvernemental, comment fonctionne-t-il? Et l'idée d'avoir un contrôle parlementaire, c'est un contrôle qui est
exercé par des élus, par des membres de l'Assemblée nationale, des
gens qui sont assis ici, au salon bleu,
disons, et qui, au nom de la population, avec des notions et des idées très diverses, ce
ne sont pas uniquement des idées liées à la comptabilité, par exemple,
mais c'est lié à beaucoup d'éléments. Et qu'est-ce qu'ils se posent comme questions,
les membres de la commission, les élus qui font partie de la commission quand
on veut faire du contrôle gouvernemental, procéder à cette fonction majeure pour l'État?
C'est d'abord : Est-ce
que l'appareil gouvernemental... Et en question,
à chaque fois, c'est soit un ministère ou une organisation. Est-ce
que cet appareil gouvernemental joue bien son rôle, ce pour
quoi il a été créé? Est-ce qu'il le joue de
façon efficace? Autrement dit, il a des objectifs. Est-ce
qu'il atteint ses objectifs,
cet appareil gouvernemental? Est-ce
qu'il le joue, son rôle, de façon
efficiente? Est-ce qu'il le fait de
façon économique? Atteindre des objectifs,
oui. Mais est-ce qu'on le fait de
façon économique avec l'argent dont
on dispose? Parce qu'ici on parle de l'argent public, l'argent
de nos impôts. Et évidemment la commission est intéressée de s'assurer
que cet argent-là est bien dépensé. Ça fait partie du contrôle gouvernemental.
La question
aussi qu'ils se posent, c'est : Est-ce que l'organisme en question ou le
ministère joue son rôle avec une mission et une planification
stratégique claire, une planification stratégique écrite et une planification
stratégique publique?
Et, à ce moment-là, si ça, c'est bien fait, on regarde la partie suivante,
c'est : Est-ce qu'on la met en application, cette stratégie-là, avec des outils appropriés? Est-ce qu'on a des
bonnes cibles de gestion? Est-ce qu'on se donne des cibles de gestion? Et évidemment, après ça, on
regarde : Est-ce que ces cibles de gestion là sont utilisées? Est-ce que
les tableaux de bord qui sont faits à
partir des cibles de gestion sont utilisés dans la gestion courante? Et en
particulier on va vérifier ça dans
les rapports annuels. Est-ce que les résultats de fonctionnement de ces
organismes et de ces ministères sont des résultats qu'on peut mesurer, qu'on peut vérifier, et en particulier dans
le rapport annuel que la loi québécoise sur l'administration publique
demande à chacun des ministères et des organismes de produire?
• (17 h 50) •
Alors, c'est
évidemment le matériel premier que nous utilisons. Ce travail se fait, comme je
l'ai dit tout à l'heure, de façon non
partisane. Et c'est quelque chose qui fonctionne réellement bien. Et ça
surprend du monde, mais nous sommes une
des commissions les mieux reconnues au Canada en termes de cette capacité que
nous avons au Québec de fonctionner dans notre Commission de l'administration
publique de façon non partisane. Et c'est reconnu.
Nous
travaillons aussi beaucoup avec l'aide de la Vérificatrice générale et de son
équipe. Une partie du travail que
l'on fait est de donner un suivi. Et nous faisons venir les fonctionnaires, les
sous-ministres, etc. Quand la Vérificatrice générale, le Vérificateur général, dans son rapport, prend un chapitre
sur un ministère ou bien un autre pour dire les éléments qu'il a trouvés qui marchaient plus ou moins bien,
alors, la commission fait venir les fonctionnaires en question et leur demande d'expliquer pourquoi on a cette situation
particulière du Vérificateur général, et qu'est-ce qu'on est en train de
faire pour corriger la situation, et dans quel délai on va le faire.
Ce travail se
fait aussi avec l'aide non seulement du Vérificateur ou de la Vérificatrice
générale, mais aussi avec des
recherchistes de premier plan de l'Assemblée nationale. Et, depuis plusieurs
années où personnellement j'assiste et je suis membre de la commission, j'ai pu constater que, même lorsqu'on
change effectivement de recherchistes, on a des gens de très, très haute qualité, qui nous aident notamment dans
l'examen des rapports annuels. Je viens de parler tout à l'heure du rapport annuel que la commission va étudier
pour un organisme. Bien, l'organisme a des plans, il a des outils de gestion, et il doit rendre compte de ce qu'il
fait par un rapport annuel. Et nous examinons ces rapports annuels. Il y en a
beaucoup. Donc, des recherchistes de
l'Assemblée nationale passent littéralement à travers ça et nous aident
beaucoup à trouver les éléments, les points forts, bien sûr, et on les
félicite, et les points faibles.
Et ce que
nous faisons, c'est : nous faisons ces examens de façon structurée. C'est
clair que la loi ne nous oblige pas, et les ressources ne nous
permettent pas de regarder tous les rapports annuels des 100 et quelques
organismes et ministères du gouvernement du Québec. Par
contre, on est obligés de recevoir...
généralement, donc, de recevoir et de faire
le tour de ces organismes et d'examiner leurs rapports annuels sur une période,
un cycle de quelques années, ce que nous arrivons à faire de plus en
plus, disons, complètement.
Alors, je
vais vous donner une idée tout à
l'heure, disons, de ce que ça peut
représenter pour cette année, vous avez déjà entendu quelques-uns de mes
collègues de la commission, de tous les côtés de l'Assemblée, en nommer quelques-uns.
Mais, avant,
je voudrais rappeler quelques informations. D'abord, ici, nous n'avons pas
inventé, au Québec... On invente
beaucoup de choses, on est très innovateurs, mais nous
n'avons pas inventé la Commission de
l'administration publique. En fait, le Royaume-Uni a créé la première Commission
de l'administration publique, qu'il a appelée le Public Accounts Committee, et c'était en 1861, donc ça ne date pas
d'hier. Et, très rapidement, au bout de quelques années, en 1866, au bout de cinq ans, la commission
a établi des liens privilégiés avec le Vérificateur
général du royaume — on parle
du Royaume-Uni, bien sûr. Et donc, depuis ce temps-là, il y a un travail
adéquat, et nous avons réussi à établir ce lien dans notre période à nous
également.
C'est une commission qui, en Grande Bretagne,
est très prestigieuse, au Parlement britannique, et on entend assez
régulièrement dire qu'en Grande Bretagne il est presque impensable de rêver à
devenir premier ministre de la Grande-Bretagne,
du Royaume-Uni si on n'est pas passé par la commission des comptes publics.
Donc, c'est pour vous dire un petit
peu l'importance qu'a prise cette commission avec les années. Et c'est une
formule qui a été reprise par à peu près
tous les Parlements du Commonwealth, y compris toutes les provinces
canadiennes. Et nous, au Québec, on n'a pas été les premiers à le faire, mais on l'a fait. Effectivement, notre
commission, sa création date de 1997. Et cette commission-là a évolué de plus en plus rapidement. Et, si on
peut, je pense, en oubliant malheureusement beaucoup de mes collègues et anciens collègues, ou de députés qui ont été
ici avant moi, on peut néanmoins citer un certain nombre de députés qui ont
contribué tout au long de ces quelques
années; je pense au député de Westmount—Saint-Louis, qui est maintenant président de l'Assemblée, je pense au député de
Jacques-Cartier, je pense à la députée de Taschereau, je pense à Henri-François
Gautrin, qui était député de Verdun,
je pense à Sylvain Simard, qui était député de Richelieu, et je pense à Yvon
Marcoux, qui était député de Vaudreuil.
Et maintenant
je puis vous dire pour témoigner, comme étant un peu le doyen de la commission
actuellement, que le nouveau
président ainsi que l'exécutif, le nouveau président et le député de Jonquière,
les membres de l'exécutif sont le
député de La Prairie et le député de Deux-Montagnes, la commission
poursuit exactement dans sa lancée et il y a déjà des choses qui ont été
faites, qui améliorent encore cette commission-là, et je pense que cette
commission-là remplit son rôle totalement. Et je voudrais vous en donner
un petit peu, quelques idées, de cette évolution-là.
Alors,
d'abord, depuis quelques années, et je pense que cette année, c'est un summum,
la CAP a eu plus de, ce qu'on
pourrait appeler avec un anglicisme du domaine de la télévision, plus de «prime
time», autrement dit du temps de session de commission qu'elle n'en a
jamais eu, et de façon très régulière. Et les gens... c'est les leaders, en
fait, qui acceptent ça ensemble, hein, qui acceptent de donner ce temps-là.
Et j'ai
entendu hier quelqu'un du leader qui disait que, sur neuf demandes de la
commission de prendre des gros morceaux...
parce que la plupart du temps, c'est une demi-journée complète... et, sur neuf
demandes qui ont été faites chez les leaders, on a eu neuf acceptations. Donc, je
pense, c'est une mesure qui montre que la commission a pris vraiment
l'importance qu'elle mérite dans notre Parlement.
La CAP bénéficie entre autres, et j'en ai parlé
tout à l'heure, d'un très haut soutien de qualité de la part des recherchistes de l'Assemblée nationale. Ça aussi,
c'est des ressources, c'est des coûts, et la qualité est indéniable. La CAP
a des relations soutenues avec la Vérificatrice générale, j'en ai parlé tout à
l'heure. La CAP procède à des audiences efficaces,
on en parlera tantôt, parce qu'il y a une étude qui a été faite et qui nous
donne un petit peu une idée du fait qu'entre autres la CAP est prise très au sérieux par les mandarins de l'État quand ils viennent à la CAP.
Alors, vous lirez tout à l'heure
un petit paragraphe qui vient d'une étude de l'ENAP.
La CAP, cette année, a déposé 31 recommandations
à six organismes. Vous avez entendu parler un peu des organismes, puis je vous les cite ici. Il y a eu une audition portant
sur le rapport 2012‑2014 du président
du Conseil du trésor. Alors, on a eu
huit recommandations à la suite de cette audition. Par la suite, l'audition sur
le Vérificateur général lui-même, on
a eu trois recommandations au Vérificateur général, ce qui est assez
intéressant; une audition portant sur la
Régie des alcools, des courses et des jeux, nous avons fait quatre
recommandations; et, au niveau du Centre de services partagés, huit recommandations; au niveau de la
gestion administrative du ministère de la Santé et des Services sociaux,
trois recommandations; et, au niveau du
ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport, cinq recommandations. Ce qui
est intéressant, c'est que ces
recommandations-là, en plus d'être... bon, oui, c'est des recommandations, mais
il y a un suivi qui est fait par la commission, mais il y a un suivi
depuis deux ou trois ans qui est également fait par le Vérificateur général. Quand le Vérificateur général retourne
dans un ministère ou un organisme où il a fait une vérification, il vérifie
si on a tenu compte des ses recommandations,
mais il vérifie également maintenant si on a tenu compte dans le ministère
ou l'organisme des recommandations qui ont été faites par le Commission de
l'administration publique, ce qui donne effectivement
une idée de la dimension maintenant que la commission a prise dans notre
système parlementaire, démocratique, québécois.
L'élément
supplémentaire que je voulais ajouter ici sur les travaux de la CAP, c'est que
la CAP a passé sous examen 17
rapports annuels de gestion, ce qui est encore... je pense que c'est un record,
en tout cas, depuis les dernières années. Et ici, je voudrais juste... parce qu'on dit : 17 rapports annuels,
ça veut dire quoi? Juste nommer simplement les organismes qui ont été étudiés et qu'on a passé vraiment, là,
au peigne fin et dont certains qu'on a fait venir, alors : Bureau
d'audiences publiques sur
l'environnement, la Commission des droits de la personne et des droits de la
jeunesse — c'est
tout dans le rapport — la Commission québécoise des libérations
conditionnelles, l'Institut national d'excellence en santé et en services
sociaux, le ministère du Conseil exécutif, le ministère de l'Éducation, du
Sport et du Loisir, le ministère de l'Enseignement
supérieur, de la Recherche, de la Science et de la Technologie, le ministère de
la Santé et des Services sociaux. Là,
on a l'impression que c'est la même chose que tantôt, parce que tantôt on a
fait des auditions du ministère Sport
et Loisir et Santé et Services sociaux. Non. En plus de ça, c'est le rapport
annuel qu'on a étudié. Et on en parlera un peu tout à l'heure, parce que
l'étude de la CAP... c'est l'étude de la CAP qui nous a emmenés un peu à faire
ces deux choses-là et pas se contenter d'une
seule. Je continue : la Régie des marchés agricoles, le Comité de
déontologie policière, le Commissaire
à la déontologie policière, le Commissaire à la santé et au bien-être — il y a des organismes là-dessus, M. le Président, dont on ignorait
l'existence, en tout cas, pour nous, les députés — Commission consultative de l'enseignement privé, Commission de l'éthique
de la science et de la technologie, Conseil de la justice administrative,
Conseil du patrimoine culturel et l'Institut national des mines.
Alors, ça
donne une idée un petit peu, là, de l'ampleur du travail. En même temps je vais
vous dire, M. le Président, que — je pense que c'est unanime
chez les membres de la commission — ça nous donne une occasion
unique non seulement de faire le contrôle de
tout ça, mais aussi de connaître de mieux en mieux notre appareil administratif
de l'État.
• (18 heures) •
La Commission de l'administration publique du
Québec a une très bonne réputation au Canada. Elle satisfait pratiquement tous les critères de la Fondation
canadienne pour la vérification intégrée visant l'excellence des comités
de comptes publics, ce que nous sommes,
c'est-à-dire, donc, une commission d'administration publique. Alors, je vous
donne quelques-uns de ces critères, et, à
toutes fins pratiques, on est celle au Canada qui satisfait le plus de ces
critères, presque tous. Alors donc, on parle de la commission, sa
capacité de travail non partisan; des séances fréquentes et régulières; des ressources adéquates pour soutenir
les analyses; présence d'un comité directeur — donc, c'est notre comité exécutif;
absence des ministres lors des auditions — on peut mettre un crochet à
tout ça, là, ça correspond à notre commission;
recherche de solutions plus que recherche de coupables — c'est clair, dans la forme que avons quand
nous faisons nos auditions, que c'est
l'orientation que nous avons; une capacité de convoquer des témoins; un climat
susceptible de mettre à l'aise des
témoins — c'est ce
que nous nous efforçons de faire, ça ne veut pas dire qu'on leur fait des
cadeaux; autorité d'émettre des
recommandations — on en a
parlé; la production d'un rapport au Parlement — c'est ce que nous venons de déposer; et un processus formel de suivi
des recommandations. Il y a ce processus qui est celui de la commission,
mais aussi celui du Vérificateur général.
Alors, M. le Président, si j'ai encore le temps
de lire deux petits paragraphes, je vais terminer. Je vois que le temps passe vite. Alors, cela ne signifie pas pour
autant qu'il n'y a pas des améliorations à faire. C'est l'un des messages
importants d'une étude de l'ENAP réalisée
par le Pr Daniel Maltais et rendue publique le 28 novembre 2014. D'une part,
l'étude relève la pertinence et les forces de la CAP, mais elle soulève aussi
des améliorations souhaitables. La CAP est
en train d'en réaliser un certain nombre en cours d'année, c'est pourquoi, entre
autres, la CAP a reçu en audition les deux plus gros ministères. C'est
ce que je disais tout à l'heure.
Pour
terminer, permettez-moi de lire le début de la section V du rapport de l'ENAP
sur l'audition des sous-ministres et
de présidents d'organismes publics par la Commission de l'administration
publique. Alors, le professeur de l'ENAP dit : «D'entrée de jeu, toutes les personnes interviewées ont
reconnu l'importance du contrôle parlementaire exercé à l'endroit de l'Administration et la
plupart considèrent qu'une invitation de la part de la CAP constitue une
occasion privilégiée de dialogue sur leur gestion avec [les] élus, dans
une optique d'amélioration de la gestion [de ces derniers et] des deniers — pardon — et
des services publics. Les administrateurs rencontrés ont en outre manifesté une
excellente compréhension à l'égard du rôle exercé par la CAP dans le processus
de reddition de comptes, au sein de l'appareil gouvernemental. Ils n'ont pas manqué, par ailleurs, de souligner
l'important temps de préparation consenti par eux et par leurs équipes, en amont de l'audition
publique — et le
vérificateur nous avait déjà dit qu'il y avait aussi un certain stress. Tous reconnaissent qu'il s'agit d'un exercice au
coeur du processus démocratique et que celui-ci s'avère bénéfique, à la fois pour les administrateurs et les
parlementaires. Les premiers parce qu'ils profitent de l'occasion pour bien
expliquer les programmes qu'ils sont
chargés d'administrer et pour mettre en évidence les efforts réalisés dans le but
d'améliorer la performance de leur
organisation. Les seconds — les parlementaires, donc — parce que les échanges avec les sous-ministres et présidents d'organismes leur
permettent de connaître plus en détail le fonctionnement des organisations
et des programmes, et ce, sous l'angle des
défis et contraintes de gestion plutôt que sous un angle strictement
politique.»
M. le
Président, je suis très fier de participer à cette commission, et je suis très
heureux, et je pense que je vais parler au nom de tous mes collègues de
tous les partis membres de la commission. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, je vous remercie, M. le député d'Orford, et je cède la parole, toujours
pour la poursuite du débat sur ce rapport de
commission, à M. le député de La Prairie. Mais Mme la ministre, qui joue
le rôle de leader adjointe du gouvernement
pour les circonstances, a quelque chose à nous indiquer, alors je vous écoute.
Mme
Thériault : Oui. Merci, M. le Président. Tout à l'heure, le
leader en chef du gouvernement vous a demandé la possibilité de poursuivre
les travaux au-delà de 18 heures pour que les députés puissent prendre la
parole sur le rapport de la Commission de l'administration publique, et
je voulais tout simplement vous préciser, M. le Président, qu'après
l'intervention du dernier député les travaux seront évidemment bien ajournés jusqu'à
demain matin, 9 h 45.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Je vous indique que, oui, la présidence peut assumer... à partir du moment
où je sens qu'il y a le consentement, parce que je me rappelle que le leader, quand il s'est
levé, il disait que c'était attaché, qu'on
pouvait dépasser un peu six heures et entendre le dernier parlementaire qui
veut s'exprimer. Quand il aura terminé, j'indiquerai ce que vous venez
de m'indiquer.
Alors, je cède la parole à M. le député de La Prairie pour la poursuite du débat sur le rapport de la commission des affaires publiques. M. le
député de La Prairie, à vous.
M. Richard Merlini
M. Merlini : Merci beaucoup, M. le
Président. C'est un plaisir pour moi d'intervenir aujourd'hui, à titre de vice-président
de la Commission de l'administration publique, sur le 32e rapport sur
l'imputabilité, qui est en fait le deuxième
rapport de la Commission de
l'administration publique de la
41e législature. Quoi dire de
plus que notre président, le député
de Jonquière, a déjà dit sur l'importance de la Commission de l'administration
publique; ce que le vice-président, le
député de Deux-Montagnes, a dit de plus, et les autres membres de la
commission, qui ont également soulevé les aspects importants de ce 32e rapport, qui fait écho à
notre rôle de contrôleurs de l'action gouvernementale, que nous soyons des
députés ministériels, ou des députés des
partis d'opposition, ou des députés indépendants? C'est un travail qui se fait
dans la collégialité et dans l'esprit d'avoir une meilleure imputabilité
de notre administration publique.
Alors, comme
il a été dit, dans ce rapport, on fait état des six auditions que nous avons
tenues au cours de la session printanière
de l'Assemblée nationale, de cette législature, également de l'étude des
17 organismes et différents groupes qui ont produit des rapports annuels de gestion. Évidemment, le rapport
contient 31 recommandations, et ce sont, M. le Président, des
recommandations unanimes. Il y a beaucoup de séances de travail qui ont lieu,
auxquelles on discute, justement, à la suite
des auditions... Bien, ce sont des auditions de trois heures, alors c'est quand
même important, le temps qui nous
était imparti, de faire bonne utilisation de ce temps et de vraiment
questionner les dirigeants de nos ministères et nos organismes sur ces
aspects de l'administration publique. Et ces 31 recommandations portaient
notamment sur l'amélioration de la qualité et de la clarté de la reddition de
comptes produite par les ministères et organismes.
Nous avons
également, aussi, discuté des engagements financiers, parce que, comme le président, le député de Jonquière, l'a
dit tantôt, il y en a au-delà de 20 000 par année, des engagements
financiers, rendus en 2015. Alors, c'est sûr que, n'ayant que
24 heures dans une journée et que sept jours par semaine, il serait
impossible de minutieusement vérifier les
20 000 engagements financiers, non pas parce que ce n'est pas notre
volonté de le faire... C'est notre devoir de le faire en tant qu'élus à
l'Assemblée nationale du Québec. Mais la commission, dès le début de son mandat
de la 41e législature, s'est penchée sur la
question, sur comment arriver à faire une meilleure étude des engagements
financiers et en même temps
d'alléger, comme le député de Jonquière l'a si bien dit tantôt, la double
entrée d'informations qui se faisait.
Avec les moyens technologiques que nous possédons aujourd'hui, il était
totalement ridicule, quand on recevait une
pile de documents de 400 à 600 pages à tous les mois de tous les ministères et
organismes, à étudier, à surligner avec les crayons en jaune, d'essayer de faire une espèce de tri
d'informations et de faire un peu de l'étalonnage, d'aller chercher les endroits plus particuliers qu'il fallait
vérifier. Alors, l'idée, c'est d'arriver à une meilleure vérification de ces
engagements financiers là.
Parmi les organismes que nous avons reçus cette
session-ci, bien il y a évidemment les deux partenaires qui travaillent, avec la Commission de
l'administration publique, à une meilleure administration publique générale
ici, au Québec, c'est-à-dire le
Secrétariat du Conseil du trésor et évidemment le bureau du Vérificateur
général du Québec. Et, lorsqu'ils sont venus
témoigner en auditions publiques, parce que, oui, même ces deux organismes-là
doivent passer devant la Commission de
l'administration publique, ils nous ont dit l'essentiel... le rôle essentiel,
pardon, que la commission joue en tant que pilier de vérification et
d'imputabilité ici, au Québec, et à ce moment-là ils nous ont fait clairement comprendre, le bureau du Vérificateur général et
le Secrétariat du Conseil du trésor, le rôle essentiel que nous jouons comme
parlementaires et comment les différents
ministères et organismes souhaitent passer devant la commission. Puis ce n'est
pas comme passer au bureau du directeur
quand on allait à la petite école, où est-ce qu'on se faisait souvent taper sur
les mains, ce n'est pas ça, le but de
l'exercice, mais d'arriver à une meilleure utilisation et à une meilleure
efficience dans notre administration publique.
Alors,
lorsque nous avons entendu le Secrétariat du Conseil du trésor... évidemment,
la Loi sur l'administration publique,
dont la députée de Bourassa-Sauvé a fait référence tantôt, confère un important
rôle aux parlementaires dans l'amélioration de la gestion des ministères
et des organismes publics, le Secrétariat du Conseil du trésor a évoqué la collaboration historique entre notre commission et
le Secrétariat du Conseil du trésor et que le rôle de l'organisme, du secrétariat du trésor, est central dans la gestion
axée sur les résultats. Cette gestion, ce type de gestion comporte évidemment
son lot de défis, M. le Président, et le secrétaire du Conseil du trésor nous a
dit effectivement qu'il y avait encore beaucoup
de travail à faire, mais, encore une fois, ensemble, avec nous, la Commission
de l'administration publique, et le bureau
du Vérificateur général, nous
avons fait des avancées remarquables cette année et nous continuerons à le
faire, à aider les organismes
et les ministères à améliorer leurs rapports annuels de gestion,
l'atteinte de leurs objectifs, la mise en place de cibles intermédiaires, comme a fait allusion tantôt la députée de
Bourassa-Sauvé, pour, encore
une fois... reprendre
l'expression typiquement québécoise, en avoir pour notre argent, à ce moment-là.
• (18 h 10) •
Une question
qu'on s'est demandée souvent, M. le
Président, à la Commission de l'administration publique, c'est au
niveau de la reddition de comptes. Non seulement elle est importante, mais c'est d'avoir une qualité de reddition de comptes. On s'est aperçus au fil du temps en cette session qu'énormément
d'information est demandée à nos ministères et organismes.
Et, avec le Secrétariat du Conseil du trésor, il a été convenu de voir à
améliorer quelle information exactement nous avions de besoin pour exercer notre contrôle
parlementaire et de mettre en place des mécanismes qui
aideront, à ce moment-là, à arriver à cet objectif.
Pour en
venir aux recommandations, suite à l'audition avec le Secrétariat du Conseil du trésor, deux recommandations particulières, dont je vais lire pour le
bénéfice des auditeurs qui nous regardent présentement : «Que le Secrétariat
du Conseil du trésor propose à la Commission de l'administration publique des pistes pour réduire la masse d'information qui est actuellement demandée aux ministères et organismes afin d'optimiser [la] reddition de comptes.» C'est bien de dire qu'on veut faire cet exercice de contrôle parlementaire, mais il faut le faire de
façon intelligente et de façon
efficiente. L'autre recommandation, c'est : «Que la Commission
de l'administration publique, le Secrétariat du Conseil du trésor et le Vérificateur
général collaborent pour déterminer
ce qui doit être demandé aux ministères et organismes afin de rendre la reddition de comptes la
plus efficace et [la plus] efficiente possible.»
J'ai fait
référence tantôt au bureau du Vérificateur
général, qui, lui aussi, doit passer,
avec son rapport annuel de gestion, devant les membres de la
Commission de l'administration publique, parce que l'imputabilité finale
revient, encore une fois, à nous, les élus
de l'Assemblée nationale. Le rôle du Vérificateur général a été résumé de la
façon suivante. Son rôle est de
favoriser, par la vérification, le contrôle parlementaire sur les fonds et autres
biens publics, au bénéfice des citoyennes
et des citoyens du Québec. Et le vérificateur par intérim, à ce moment-là, qui
était M. Michel Samson, a précisé que
ces travaux sont tous destinés aux membres de l'Assemblée nationale. Alors,
tout ce que le Vérificateur général nous rapporte dans ces différents exercices de vérification sert à notre
travail à nous, des membres de l'Assemblée nationale.
Aussi, il a
insisté sur l'importance de ses relations, c'est-à-dire entre le bureau du
Vérificateur général et nous, la
Commission de l'administration publique, et de l'expertise de l'équipe de la vérification générale. En effet, même les membres de la commission ont apprécié la collaboration privilégiée qui a été développée et maintenue au fil des ans avec
le bureau du Vérificateur général. Cette collaboration s'illustre, entre autres, par l'examen de 13 rapports du Vérificateur général par la commission.
Alors, comme le président, le député
de Jonquière, l'a dit tantôt, on
est une commission qui est passablement occupée.
Un aspect qui était important et que le député
d'Orford a souligné tantôt, c'est le suivi des recommandations. C'est bien de faire une audition, de faire un
rapport qui contient 31 recommandations, mais il y a un suivi à faire. Ça ne
demeure pas lettre morte, notre rapport de
la Commission de l'administration publique. Le Vérificateur général retourne
dans ces organismes et ministères là dans une période trois ans pour vérifier
si ses recommandations, du Vérificateur général,
sont suivies, et celles aussi de la Commission de l'administration publique. Et
il y a un travail, encore une fois, très étroit de collaboration qui se
fait à ce niveau-là pour arriver à une meilleure utilisation des fonds publics.
Un organisme
qu'on a entendu en particulier et sur lequel je veux m'attarder, M. le
Président, c'est le Centre de services
partagés du Québec, ce qu'on appelle communément ici, à l'Assemblée, le CSPQ,
et la raison est fort simple, parce
que le Centre de services partagés du Québec a fait l'objet d'un rapport, d'un
chapitre du rapport du Vérificateur général
et parce que les acquisitions... Le Centre de services partagés fournit des
services à la communauté gouvernementale, et les acquisitions du
gouvernement représentent un pourcentage substantiel du produit intérieur brut
et génèrent des débours annuels de plusieurs milliards de dollars, la qualité
du processus d'acquisition est donc, sans contredit, importante. Le Centre de services partagés du Québec y contribue
grandement, car il veille à l'efficacité des démarches d'achats regroupés en optimisant les coûts
inhérents à la gestion des services, et c'est important parce que le Centre de services partagés vise dans un certain sens ce que
la Commission de l'administration publique vise également, une meilleure
utilisation des ressources, obtenir des
services à coût moindre qui répondent aux attentes de la communauté
gouvernementale et qui répondent évidemment aux attentes des élus qui
sont membres de la Commission de l'administration publique.
Suite
à son rapport, du Vérificateur général, la commission... pardon, excusez, le
Centre de services partagés du Québec a reçu favorablement les recommandations,
a reconnu qu'effectivement il y avait des lacunes dans le processus d'acquisition mais qu'ils étaient déjà en mode de
solution à relancer le Centre de services partagés. Il y a présentement un vaste projet de repositionnement de son offre
de services que le président du Centre de services partagés du Québec nous a fait illustration. Et la révision
permanente des programmes fait en sorte aussi que le Centre de services
partagés du Québec est voué à un meilleur avenir, un avenir qui va
répondre de plus en plus aux attentes de la communauté gouvernementale et, en même temps, suivant les recommandations du Vérificateur
général et ainsi des recommandations que nous avons faites à la Commission de l'administration
publique.
Les recommandations sont quand même assez importantes, M. le Président, et je vais
faire la lecture de quelques-unes
pour bien illustrer le point et l'importance du travail que font ensemble la
Commission de l'administration publique,
le Vérificateur général et le Secrétariat du Conseil du trésor, qui
accompagnent tout le temps ces ministères et organismes pour les aider à faire leurs rapports annuels de gestion, à
rencontrer leurs objectifs. Ce n'est pas un genre de police qui leur dit que vous allez faire ceci,
vous allez faire cela, c'est les accompagner à donner des meilleurs services
à moindre coût, évidemment dans un souci de transparence et d'efficience.
Alors, parmi
les recommandations que nous, la Commission de l'administration publique, on a
souhaité donner au Centre de services
partagés du Québec, en voici quelques-unes : «Que le CSPQ soumette à la
commission une mise à jour du plan
d'action faisant suite aux recommandations du Vérificateur général au plus tard
le 30 octobre 2015 — et ce à quoi le
responsable s'est engagé : à le faire. Que le Vérificateur général
effectue un suivi du plan d'action du Centre de services partagés du Québec et qu'il en fasse rapport à la commission au
plus tard le 30 juin 2016. Que le CSPQ fournisse à la commission les résultats de sa réflexion
concernant la définition de son offre de services au plus tard le
15 décembre 2015. [...]Que le
CSPQ mette en place un système intégré de gestion des risques dans [le]
processus d'acquisition. [...]Que le Centre
de services partagés du Québec poursuivre et intensifie la formation de l'ensemble
de son personnel afin d'approfondir ses connaissances et de
perfectionner son expertise, notamment dans les processus d'acquisition.»
Ces
recommandations, M. le Président, illustrent l'importance des auditions de la
Commission de l'administration publique.
Ça illustre aussi l'importance que le CSPQ a pour la communauté
gouvernementale, car il doit rendre des services avec la même qualité et
la même efficience que tous les autres ministères et organismes, qui doivent le
faire, eux, ces ministères et organismes-là, envers le public.
Nous avons également traité des engagements
financiers, j'en ai parlé plus tôt. Et j'aimerais terminer sur cet aspect-là parce qu'il est quand même assez
important à souligner, parce que nous avons trouvé, grâce à la collaboration du
Vérificateur général et du Secrétariat du
Conseil du trésor, une piste qui va nous permettre, comme le député de
Jonquière l'a dit tantôt, de vérifier
ces engagements financiers là de façon plus efficiente et de façon plus
prononcée, qui met en évidence le
rôle important qu'a à jouer la Commission de l'administration publique. Les
changements proposés au processus de transmission et d'analyse des
engagements financiers permettront de réduire la charge de travail des
ministères et organismes tout en optimisant
le travail effectué par les membres
de la commission, qui concentreront leurs actions sur des engagements
ciblés.
Alors, voilà,
M. le Président, très sommairement, l'importance de ce rapport,
l'importance de la Commission de
l'administration publique, qu'on a réussi, comme le député d'Orford
a dit, à avoir un peu plus... d'être un
peu plus dans l'actualité en participant, entre autres, à l'émission Caucus à la télévision. Ça nous a permis d'éclairer
le rôle de la commission et l'importance que les députés ont en tant que
contrôleurs de l'action gouvernementale. Je vous remercie, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, merci, M. le député de La Prairie. Alors, cette dernière intervention met
fin au débat sur le rapport de la Commission de l'administration publique.
Ajournement
Et, comme on
l'avait signalé tantôt, suite au consensus de l'ensemble des parlementaires de cette Chambre, et compte
tenu de ce consensus, nous ajournons
nos travaux au vendredi 12 juin, à 9 h 45. Alors, les travaux sont
ajournés à vendredi, 9 h 45.
(Fin de la séance à 18 h 19)