(Neuf
heures quarante-six minutes)
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, bon mercredi à tous et toutes. Vous pouvez
prendre place.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Et
nous allons débuter cette journée avec la rubrique des déclarations de députés. Et, sans plus tarder, je cède la parole à
M. le député de Sainte-Rose.
Féliciter les lauréats de la Soirée des curés
de l'école Curé-Antoine-Labelle
M. Jean Habel
M. Habel :
Merci, Mme la Présidente. C'est avec plaisir que je m'adresse aujourd'hui aux
élèves de Curé-Antoine-Labelle. Ce soir,
c'est la 51e Soirée des curés, soirée mémorable où sont récompensés des élèves
de troisième, quatrième et cinquième secondaire.
Je
profite de l'occasion pour saluer les parents ainsi que le personnel enseignant
et professionnel qui s'impliquent dans
la réussite de nos enfants. Parmi les lauréats, je devais remettre deux
mentions à deux jeunes personnes dont j'aimerais tout particulièrement souligner le mérite. Durant l'année scolaire, ces
deux élèves de secondaire IV ont fait du bénévolat dans plusieurs événements pour l'école. De plus, ces lauréates font partie
du conseil étudiant de Curé-Antoine-Labelle. Peut-être avons-nous ici de
futures politiciennes.
Bref,
c'est un honneur pour moi de nommer à l'Assemblée nationale du Québec
le dévouement de Mmes Samantha Cangé et Kristel Larissa Gebara pour leur
implication durant l'année scolaire 2014‑2015. Félicitations à vous deux et
félicitations à tous les lauréats de la 51e Soirée des curés. Merci, Mme la
Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci beaucoup, M. le
député de Sainte-Rose. Et, pour la prochaine déclaration, je cède la parole à Mme la
députée de Taillon.
Souligner le succès du projet Azimut, permettant à des
jeunes décrocheurs de faire un stage en Bolivie
Mme Diane Lamarre
Mme
Lamarre : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Le projet Azimut est un projet unique de
collaboration entre Oxfam-Québec
et La Maison de Jonathan, un organisme communautaire de Longueuil qui
vient en aide à des jeunes vivant des difficultés personnelles,
familiales, scolaires ou sociales. C'est accompagné de Richard, Kim-Alexandra
et Dominic, trois intervenants accompagnateurs,
que neuf jeunes âgés de 15 à 17 ans aux prises avec un problème de décrochage scolaire ont pu vivre un stage de 15
jours en Bolivie. L'objectif était de s'initier à la solidarité
internationale. Ils ont ainsi été sensibilisés à la réalité des jeunes Boliviens
de leur âge qui rêvent, eux, d'étudier et de s'en sortir.
Félicitations à
Alexandre, Serge, Hugo, Daphney, Mélina, Stevens, Randy et Cynthia pour cette
implication exemplaire. Votre détermination
et votre dévouement démontrent à quel point vous êtes des personnes
d'exception. Votre avenir est rempli de milliers de projets à accomplir
et de réussites à célébrer.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci, Mme la députée de
Taillon. Et, pour sa déclaration d'aujourd'hui, je cède la parole à M.
le député de Laval-des-Rapides.
Souligner la Semaine du soccer au Québec
M. Saul Polo
M.
Polo : Oui. Merci beaucoup, Mme la Présidente. La Semaine du soccer se
déroule du 1er au 7 juin cette année. Elle
marque officiellement le lancement de la saison du sport le plus pratiqué non
seulement au Québec, mais également sur
la planète. À cette occasion, 18 associations régionales du Québec, qui
comptent plus de 185 000 joueurs, unissent leurs efforts en tenant
une multitude d'activités promotionnelles dans le but de faire rayonner la
pratique du soccer.
J'aimerais
souligner que la Fédération de soccer du Québec est basée dans ma
circonscription, ainsi que l'Association régionale de soccer Laval, qui
compte plus de 12 000 joueurs. À ce titre, j'aimerais saluer le travail du
président régional, Bernard David, et son
équipe, ainsi que souligner l'excellent travail du Club de soccer Centre-Sud
dans ma circonscription et féliciter son président, Daniel Gauthier.
Bonne saison 2015 de soccer! Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci, M. le député de
Laval-des-Rapides. Et, pour sa déclaration d'aujourd'hui, je me tourne vers M.
le député de Chambly.
Féliciter Mme Laura-Maude Vidori, finaliste
à la Dictée Paul-Gérin-Lajoie
M. Jean-François Roberge
M. Roberge : Merci, Mme la Présidente. Il me fait plaisir, aujourd'hui, de souligner
le parcours scolaire exceptionnel
d'une élève de Saint-Basile-le-Grand, Mlle Laura-Maude Vidori. Laura-Maude, qui
complète actuellement la dernière
année de son parcours scolaire primaire, participait, le 24 mai dernier, à la
Grande finale internationale de la Dictée Paul-Gérin-Lajoie, la fameuse
Dictée PGL. Accéder à cette prestigieuse finale est en soi une réussite, seuls huit élèves ayant été retenus pour celle-ci dans
toute la Montérégie, mais, dans le cas de Laura-Maude, qui est atteinte
de surdité sévère, cela relève tout simplement de l'exploit.
Je
profite de l'occasion pour témoigner de toute mon admiration envers cette jeune
fille dont le parcours est teinté de persévérance scolaire et d'ambition. Je
veux lui souhaiter une belle saison estivale, du repos, mais aussi une belle
rentrée au secondaire à la hauteur de ses
attentes. Merci également et félicitations à sa famille ainsi qu'au personnel
de l'école de la Mosaïque, dévoué, pour tout le support et toute l'aide
qu'ils lui ont apportée.
• (9 h 50) •
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Merci, M. le député de Chambly. Maintenant, je cède
la parole à M. le député de Chomedey.
Féliciter Mme Anastasia Katsolis, récipiendaire de la
Médaille du lieutenant-gouverneur pour la jeunesse
M. Guy Ouellette
M.
Ouellette : Merci, Mme la Présidente. Anastasia Katsolis est une étudiante de l'école
secondaire Laval Liberty à Chomedey. C'est une élève impliquée qui prend particulièrement à coeur la cause des enfants. Elle oeuvre, à titre de bénévole, dans des écoles primaires afin d'assister les
élèves dans leurs travaux scolaires. Son intérêt pour le bien-être
des enfants fait qu'elle rêve de
devenir pédiatre et recherchiste en santé infantile. Par son implication, son
excellent dossier scolaire et ses réalisations en sciences, elle est déjà dans la bonne voie. Les deux participations au salon scientifique de son école ont mené Anastasia à la
Montreal Regional Science and Technology Fair. Cet exploit lui a valu des
stages dans des laboratoires importants
sur le McGill University Stewart Biology Center en 2013, et
l'autre à l'Hôpital général de Montréal
en 2014. Elle a déjà
commencé à développer ses compétences dans le domaine de la recherche. Pour
toutes ces raisons, Anastasia recevait, le 18 avril dernier, la Médaille
du lieutenant-gouverneur pour la jeunesse.
Congratulations, Anastasia, and thank
you for your devotion for setting a great example for youth and our entire society. I wish you continued success in all your accomplishments.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Thank you...
Excusez-moi! Merci, M. le député de Chomedey. Excusez-moi. J'aimerais maintenant
céder la parole à M. le député de Mercier.
Souligner le 35e anniversaire de
L'Imagerie Maison de jeunes
M. Amir Khadir
M. Khadir : Vous êtes bien aimable, Mme la Présidente. Le 30 mai dernier, la
maison des jeunes de L'Imagerie a fêté
ses 35 ans. Cet organisme oeuvre auprès des jeunes depuis 1979 dans les
quartiers Saint-Louis-du-Parc, Mile End et Plateau—Mont-Royal.
À l'origine un point de service affilié au bureau de consultation jeunesse qui
oeuvre auprès des jeunes de 15 à 25 ans, c'est en 1992 qu'elle se
transforme officiellement en maison des jeunes pour se consacrer uniquement aux
jeunes de 12 à 18 ans.
Il
est impossible de résumer l'histoire de L'Imagerie en quelques mots parce qu'en
35 ans l'équipe de L'Imagerie a réalisé mille et un projets et n'a
jamais cessé de rêver, et ce, malgré toutes les embûches ou coupures qui ont
plané au cours des années. C'est grâce à des
lieux et à des gens comme eux qu'il fait bon vivre en société. L'Imagerie,
c'est non seulement un lieu pour
rencontrer ses amis et s'amuser, c'est un lieu d'apprentissage et
d'appartenance privilégié où souvent
pour la première fois de leur vie les jeunes ont un local qui leur appartient,
un groupe à qui s'associer, un endroit qui les accepte comme ils sont.
Alors,
je veux souhaiter un très joyeux anniversaire à l'équipe de L'Imagerie et à
tous les jeunes qui y ont laissé quelque trace de leur vie. Merci, Mme
la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci, M. le député de Mercier. Et
maintenant, pour sa déclaration d'aujourd'hui, je cède la parole à M. le
député de Mont-Royal.
Féliciter Mme Sandrine Bayard, récipiendaire
de la palme
nationale de l'Expo-Sciences pancanadienne
M. Pierre Arcand
M.
Arcand :
Mme la Présidente, en tant que ministre responsable de la région de la
Côte-Nord, il me fait plaisir de
souligner en cette Chambre le travail de Sandrine Bayard, une jeune femme de la
région de la Côte-Nord qui a reçu la
palme nationale des sciences pour un projet novateur en santé qui s'appelle le
Pansement qui pense dans le cadre de l'Expo-Sciences pancanadienne.
Mme Bayard a mis
au point une méthode novatrice de détection des bactéries sous un pansement.
Outre sa médaille d'or, elle a reçu trois
distinctions pour son incroyable projet : le prix d'innovation pour jeunes
Canadiens, qui inclut l'adhésion à un réseau d'innovateurs reconnus à
l'échelle mondiale, le prix de la Blair Family Foundation, qui supporte la
recherche au Canada, et le prix Défi de l'Expo-Sciences pancanadienne dans la
catégorie Innovation.
Permettez-moi
donc, Mme la Présidente, de réitérer toutes mes félicitations à Mme Bayard
pour ses nombreuses distinctions, pour sa grande créativité et pour ses
efforts visant à améliorer la qualité de vie des patients.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci beaucoup, M. le député de
Mont-Royal. Et je vais maintenant céder la parole à M. le député de
Beauce-Nord.
Souligner la tenue du Festival sportif de Ste-Marie
M. André Spénard
M.
Spénard : Merci, Mme la Présidente. C'est demain que débute
la 11e édition du Festival sportif de Ste-Marie de Beauce, dont les activités se poursuivront
jusqu'à dimanche. De petit événement plutôt local à ses débuts, l'édition 2015
compte attirer rien de moins que
6 300 participants provenant majoritairement de la grande région
Chaudière-Appalaches et de la Capitale-Nationale.
Le
Festival sportif de Ste-Marie, c'est quatre journées où règne un esprit de
bonne humeur sur de nombreux sites, mais principalement au centre-ville.
Différents sports sont à l'honneur à nouveau cette année, notamment le tennis, «deck hockey», soccer, volleyball de plage, course
à pied, et j'en passe. Bref, la bonne forme physique est de mise. Les zones spectacles et famille offrent aussi
différentes activités pour permettre à tout un chacun de profiter pleinement de
ce rassemblement annuel qui gagne en popularité.
Je
souhaite le meilleur des succès à cette 11e édition et invite les
Beauceronnes et Beaucerons à participer en grand nombre à ce week-end
sportif. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci. Merci de cette invitation,
M. le député. Maintenant, je cède la parole à M. le député de
Huntingdon.
Souligner le 50e anniversaire du Club
sportif & champêtre de Hemmingford
M. Stéphane Billette
M. Billette : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Je souhaite profiter de la tribune
qui m'est offerte aujourd'hui pour souhaiter un bon
50e anniversaire au Club sportif & champêtre de Hemmingford.
Fondé
en 1965, le club est un fleuron et un moteur économique pour la région. Année
après année, il contribue à notre économie locale en créant près de
70 emplois saisonniers. Ses deux magnifiques parcours de golf attirent de nombreux golfeurs qui viennent se divertir tout en
profitant des magnifiques paysages du comté de Huntingdon. Le club offre
également la location de ses infrastructures champêtres pour de nombreux
événements.
Je
suis très fier de voir que cet organisme quinquagénaire de chez nous continue
de se développer et d'animer notre communauté au fil des années. Grâce à lui, de
nombreux touristes peuvent découvrir notre belle région et profiter de notre
hospitalité. À tous ceux et celles qui
s'impliquent dans le succès du club de près ou de loin, je vous remercie
chaleureusement.
I
wish you a great 50th anniversary and a lot of success for years to come. Thank
you. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci, M. le député de Huntingdon.
Et maintenant, pour sa déclaration d'aujourd'hui, je cède la parole à M.
le député de Matane-Matapédia.
Rendre hommage à Mme Gaétane Courcy, coordonnatrice de
L'Association des handicapés gaspésiens pendant 25 ans,
et offrir des condoléances à sa famille et à ses proches
M. Pascal Bérubé
M.
Bérubé :
Mme la Présidente, en cette Semaine québécoise des personnes handicapées, j'ai
une pensée toute particulière pour
Mme Gaétane Courcy, décédée en avril dernier. Pendant plus de 25 ans,
cette dame courageuse a travaillé activement au
soutien des personnes handicapées de la Matanie et défendu avec acharnement
leurs droits à titre de coordonnatrice de
L'Association des handicapés gaspésiens. Elle a su développer une offre de
services de qualité pour ses membres. Elle a contribué, entre autres, à
la construction de la Maison Andréa-Pomerleau.
Avec l'aide de son
équipe, Mme Courcy a toujours tenu à ce que les personnes ayant recours
aux services de l'association deviennent le
plus autonomes possible et soient bien outillées pour s'intégrer dans la
société. Membre de nombreux conseils
d'administration d'organismes, elle a également travaillé à titre d'attachée
politique de l'ex-ministre Yves Bérubé.
Mes
pensées sincères de condoléances s'adressent d'abord à sa famille, et à ses
proches, ainsi qu'aux nombreux membres de L'Association des handicapés
gaspésiens qui la regrettent. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Merci, M. le député.
Maintenant,
je demanderais le consentement de l'Assemblée afin de permettre quatre
déclarations supplémentaires qui
n'ont pu être prononcées hier. Alors, j'ai votre consentement? Alors,
maintenant, je vais céder la parole à Mme la députée d'Arthabaska.
Souligner la tenue de l'exposition
Villes et villages du Québec
vus par 50 artistes
Mme Sylvie Roy
Mme
Roy (Arthabaska) : Mme la Présidente, en raison du décès de
M. Parizeau, grand premier ministre, je n'ai pas pu présenter ma motion concernant un autre
grand premier ministre, le ministre Sir Wilfrid Laurier, premier premier
ministre francophone, qui a pratiqué le
droit dans mon comté pendant plusieurs années avant de s'investir en politique.
Il y est possible de visiter sa maison de
style victorien, car elle a été transformée en musée, et je vous invite, et je
vous le recommande, d'ailleurs.
Le dernier cadeau de M. Laurier à Arthabaska,
sa ville d'adoption, c'est l'Hôtel des postes, que vous pouvez aussi visiter
si vous venez dans mon comté. Construit en 1910 par le ministère des Postes, il
est de style Second Empire, et plusieurs
maîtres des postes y ont travaillé jusqu'à sa fermeture en 1965. Chaque année,
il y a des expositions d'oeuvres d'art qui y sont organisées, et j'ai
l'immense privilège d'être la présidente d'honneur de l'exposition unique qui
sera inaugurée demain. Cette exposition,
intitulée Villes et villages du Québec vus par 50 artistes, vous permettra
d'accueillir à Victoriaville les artistes de partout en province afin
d'offrir leurs oeuvres uniques.
Je
profite donc de cette tribune qui m'est offerte aujourd'hui pour saluer le
travail du directeur des deux musées, M. Richard
Pedneault, et aussi pour vous inviter. L'exposition se déroulera jusqu'au
27 septembre, et les coordonnées du musée sont, bien entendu, sur
le site.
• (10 heures) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci beaucoup, Mme la députée. Et
je me permets de vous rappeler qu'une déclaration de député doit tenir
sur 60 secondes, une minute, alors j'ai besoin de votre collaboration.
Maintenant, sans plus
tarder, je vais céder la parole à Mme la députée de Jeanne-Mance—Viger.
Souligner la fête de la
République italienne
Mme Filomena Rotiroti
Mme
Rotiroti :
Merci, Mme la Présidente. Je suis très heureuse de souligner la célébration de
la République italienne. Le 31 mai
dernier, j'ai eu l'honneur de célébrer cette fête avec toute la communauté
italienne dans mon comté au centre Leonardo Da Vinci.
Le
2 juin, c'est un moment fort de l'histoire de l'Italie, qui souligne à
chaque année la naissance de la République italienne au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale. On rappelle le
référendum institutionnel, fixé à suffrage universel le 2 et le 3 juin 1946, avec lequel le
peuple italien, après les cinq ans tragiques de la guerre et à la conséquente
chute du fascisme, a été appelé à
s'exprimer aux urnes sur quelle forme de gouvernement, parmi monarchie et
république, donner à la nation.
Cette
année, nous soulignons le 70e anniversaire de la fin de la Deuxième Guerre
mondiale. On nous rappelle les
92 000 soldats canadiens qui se sont battus à Monte Cassino, Ortona
et vallée du Liri au nom de la liberté, de la paix et de la démocratie
italienne. La fête de la République italienne est un beau moment pour démontrer
notre gratitude et reconnaissance envers ces
gens qui ont sacrifié leur vie pour cette noble cause. Je tiens à saluer le
consul général de l'Italie, M.
Enrico Padula, l'ambassadeur de l'Italie, M. Gian Lorenzo Cornado, ainsi
que tous les membres du Comité d'Italiens à l'étranger de Montréal, Conseil général des Italiens de l'étranger et du
Congrès national des Italo-Canadiens.
(S'exprime en italien).
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci beaucoup, Mme la députée de
Jeanne-Mance—Viger. Et,
pour sa déclaration d'aujourd'hui, je cède la parole à M. le député de
Rimouski.
Souligner 25 ans de fierté, de résistance
et de développement rural
M.
Harold LeBel
M.
LeBel : Mme la Présidente, le 24 mai dernier avait lieu le
10e anniversaire de la Journée de la résistance et de la fierté rurale. Pour l'occasion, plus de
300 personnes de tous horizons se sont réunies à Esprit-Saint, dans ma
circonscription, pour dénoncer le
climat d'austérité qui met actuellement en péril nos milieux ruraux. Je félicite
le centre de mise en valeur des opérations Dignité pour l'organisation
de cet événement qui, en mémoire des opérations Dignité du début des
années 70, met en valeur la fierté et les initiatives de développement de
nos communautés rurales.
Je
souligne également le 25e anniversaire de La Coalition Urgence rurale du
Bas-Saint-Laurent. À l'époque, face à
un constat de plus en plus lourd d'affaiblissement des paroisses rurales, une
grande manifestation réunissant plus de 1 500 personnes avait lieu le 10 juin 1990 à la
cathédrale de Rimouski. La Coalition Urgence rurale était alors officiellement
créée. 25 années séparent les deux
événements, mais on ne peut que constater l'importance de ces mouvements qui
portent ce projet de société qu'on souhaite bâtir sur la revalorisation
de la personne et de l'espace rural.
Merci à vous tous et
toutes qui continuez à défendre et garder vivante la ruralité de notre beau
pays. Merci.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Merci, M. le député de Rimouski. Maintenant, pour
la prochaine déclaration, je cède la parole à Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Souligner
la contribution des Canadiens à la libération
de l'Italie durant la Deuxième Guerre mondiale
Mme
Rita Lc de Santis
Mme
de Santis : Merci, Mme la Présidente. C'est avec
beaucoup d'émotion et de reconnaissance que je prends la parole pour parler de deux pays qui me sont
très chers. Je veux souligner l'immense contribution des soldats canadiens,
dont de nombreux Québécois, qui ont joué un
rôle vital lors des 20 mois qu'a duré la campagne de la Méditerranée pour
libérer l'Italie en 1945. Les combats à
Monte Cassino, en Sicile, et ensuite dans la péninsule ont été sanglants,
car près de 6 000 Canadiens
y ont perdu la vie. Plusieurs de ceux qui ont survécu sont venus s'établir à
Montréal-Nord, dans le quartier des vétérans.
Je
rends hommage aux militaires de mon pays d'adoption et leur dis du fond du
coeur : «Grazie», «thank you», merci
d'avoir rendu la liberté à «la nostra cara Italia», mon pays de naissance,
dont, hier, c'était la fête nationale. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci beaucoup, Mme la députée de
Bourassa-Sauvé. Et ceci met fin à la rubrique des déclarations de
députés, et je suspends les travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à
10 h 4)
(Reprise à 10 h 18)
Le Président :
Mesdames messieurs, nous allons nous recueillir quelques instants.
Présence
du sénateur Serge Joyal
Merci.
J'ai le plaisir de souligner la présence, dans nos tribunes, du sénateur Serge
Joyal, qui a fait don à l'Assemblée
nationale d'objets ayant appartenu à l'ancien premier ministre du Québec M.
Maurice Le Noblet Duplessis. Notre collègue me rappelle qu'il fut aussi
député d'Hochelaga.
Présence
de M. Victor Charles Goldbloom,
ex-parlementaire de l'Assemblée nationale
J'ai également le
plaisir de souligner la présence, dans nos tribunes, de M. Victor Charles
Goldbloom, ancien député de D'Arcy-McGee. Un grand plaisir de vous avoir avec
nous aujourd'hui, docteur, ainsi que votre épouse.
Il y a
d'autres parlementaires ici, mais ils m'ont demandé de ne pas être présentés.
Alors, on vous apprécie quand
même.
Alors, nous
poursuivons les affaires courantes. Aujourd'hui, il n'y a pas de déclarations
ministérielles.
Présentation
de projets de loi
À la rubrique
Présentation de projets de loi, M. le leader du gouvernement.
M. Fournier :
M. le Président, pouvez-vous appeler l'article a, s'il vous plaît?
Projet de loi n° 51
Le
Président : Alors, à l'article a du feuilleton, Mme la ministre
de la Justice présente le projet de loi n° 51, Loi
visant notamment à rendre l'administration de la justice plus efficace et les
amendes aux mineurs plus dissuasives. Mme la ministre.
Mme Stéphanie Vallée
Mme Vallée : Alors, M. le
Président, ce projet de loi propose d'apporter des modifications à des
dispositions législatives qui sont sous la responsabilité du ministre de la
Justice et d'autres relatives aux infractions en matière de circulation
routière ou de péage routier.
• (10 h 20) •
Plusieurs
modifications sont proposées au Code de procédure pénale. Quelques-unes visent
à clarifier certaines de ses
dispositions sans en modifier la portée. D'autres prévoient rendre applicable,
à des infractions constatées au moyen d'un
système photographique automatisé, la procédure particulière d'instruction par
défaut des poursuites pénales que le défendeur
est réputé ne pas contester. Des propositions visent soit à donner la
possibilité de désigner un juge responsable de la gestion de l'instance afin d'exercer la compétence d'un juge qui
instruit une poursuite, notamment pour administrer l'instance et trancher des questions préalables à
l'instruction, soit à permettre la tenue d'une audience conjointe lorsqu'une
question préalable à l'instruction est
soulevée dans plus d'une poursuite. D'autres visent à octroyer au tribunal le
pouvoir d'ordonner la tenue d'une
conférence préparatoire ou à faciliter la délivrance d'un télémandat de
perquisition en permettant la
dénonciation sous serment à l'aide de divers moyens technologiques. Enfin, le
projet de loi propose aussi de modifier le code pour hausser la limite maximale des amendes ou des
cautionnements qui peuvent être imposés à une personne âgée de moins de 18 ans, tout en ajoutant une
limite plus élevée en matière d'infractions au Code de la sécurité routière
et à la Loi sur les véhicules hors route.
Relativement à la Loi concernant les
partenariats en matière d'infrastructures de transport, le projet de loi
prévoit de supprimer, au pouvoir ministériel de désignation des personnes
chargées de faire les rapports d'infractions relatives au péage routier,
l'exigence se rapportant au statut d'employé du partenaire privé.
Le projet de
loi modifie en outre le Code des professions et la Loi sur la justice
administrative pour assujettir les présidents
des conseils de discipline à la compétence du Conseil de la justice
administrative quant à l'application de leur code de déontologie et
permettre au gouvernement, lorsque le Conseil de la justice administrative le
recommande, de destituer un président de
conseil de discipline d'un ordre professionnel, de le suspendre ou de lui
imposer une réprimande. Le projet de
loi permet également au gouvernement de démettre, en cas d'incapacité
permanente établie par le Conseil de
la justice administrative, un président de conseil de discipline. Il permet
enfin au gouvernement de révoquer de sa charge administrative, à certaines conditions, le président en chef du Bureau
des présidents des conseils de discipline ou le président en chef
adjoint.
De plus, une
modification à la Loi d'interprétation est proposée afin d'y supprimer la
référence aux notes marginales qui,
dans le passé, accompagnaient chacune des dispositions législatives intégrées
dans le recueil des lois sanctionnées annuellement. Une autre propose à
la Loi sur la protection de la jeunesse... vise à transférer à la Société
québécoise d'information juridique la
responsabilité de caviarder les décisions rendues par la Cour du Québec en
matière de protection de la jeunesse.
Le projet de
loi prévoit aussi une modification à la Loi sur le recours collectif afin de
permettre au Fonds d'aide aux recours collectifs d'utiliser les sommes
qu'il détient pour assumer ses frais de fonctionnement.
Par ailleurs,
le projet de loi prévoit des modifications à la Loi sur les tribunaux
judiciaires pour permettre à la Cour d'appel
de tenir des séances dans d'autres lieux que les territoires de la ville de
Québec et de la ville de Montréal, et pour faire passer de trois à
quatre ans la durée de la période d'évaluation de la rémunération des juges par
un comité de la rémunération des juges et
définir cette période ainsi que pour allonger à quatre ans la durée du mandat
des membres d'un tel comité et changer la date de début de leur mandat,
pour actualiser et uniformiser la désignation des associations représentant les catégories de juges dans le cadre
des travaux d'un comité de la rémunération des juges et du Conseil de la
magistrature ainsi que pour ajouter, à la
composition de son conseil, un membre nommé parmi les juges de paix magistrats.
Enfin, le projet de loi propose des
modifications de concordance et une disposition transitoire.
Mise aux voix
Le Président : Est-ce que
l'Assemblée accepte d'être saisie de ce projet de loi? M. le leader de l'opposition.
M.
Bédard : M. le
Président, nous voyons qu'effectivement c'est un projet de loi un peu fourre-tout en termes de justice. Peut-être nous y trouverons les dispositions concernant la
langue d'affichage, on va le souhaiter. Je souhaiterais du leader des
consultations particulières sur ce projet de loi.
Le Président : M. le leader.
M. Fournier : Ça va de soi,
M. le Président.
Le
Président : Est-ce adopté?
Des voix :
Adopté.
Le Président :
Adopté. M. le leader de l'opposition officielle.
M.
Bédard :
Pourriez-vous, M. le Président, appeler l'article b de notre feuilleton?
Projet
de loi n° 493
Le Président :
Alors, à l'article b du feuilleton, M. le député de Bourget présente le
projet de loi n° 493, Loi proclamant la Journée Nelson Mandela. M. le
député de Bourget.
M.
Maka Kotto
M.
Kotto : Alors, ce projet de loi, M. le Président, prévoit que
le 11 février est proclamé Journée Nelson Mandela.
Mise
aux voix
Le Président :
Est-ce que l'Assemblée accepte d'être saisie de ce projet de loi?
Des voix :
Adopté.
Le Président :
Adopté. M. le leader de l'opposition.
M.
Bédard :
J'annonce tout de suite à mes collègues que nous souhaiterions que ce projet de
loi, évidemment, à haute valeur, je
vous dirais, symbolique, mais qui a toute son importance pour beaucoup de gens
ici, puisse être adopté le plus rapidement
possible. Donc, je vais consulter les leaders des différents groupes pour que
nous puissions procéder rapidement dans l'adoption de ce projet de loi.
Le Président :
Ça va. M. le leader.
M.
Fournier : On fait toujours, pour l'ensemble des projets de
loi, le maximum pour qu'ils soient adoptés le plus rapidement possible. Évidemment, il faut les lire,
il y a des processus. Mais, comme tous les autres projets de loi, on va espérer qu'il soit adopté le plus rapidement
possible. Il y a d'ailleurs, en ce moment, sur le menu législatif déposé depuis
longtemps, d'excellents projets de loi qui attendent d'être adoptés.
Le Président :
M. le leader de l'opposition.
M.
Bédard :
Je m'engage à ne pas utiliser de bâillon, M. le Président, pour son adoption.
Dépôt
de documents
Le Président :
Bon. À la rubrique Dépôt de documents, M. le ministre de la Santé.
Entente de principe intervenue
entre la Fédération des médecins
omnipraticiens du Québec et le ministre de la Santé et des
Services sociaux afin d'accroître et d'améliorer l'accessibilité
aux services médicaux de première ligne
M.
Barrette : M. le Président, ça me fait plaisir de déposer aujourd'hui
l'entente de principe intervenue entre la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec et le ministre de la
Santé et des Services sociaux afin d'accroître et d'améliorer
l'accessibilité aux services médicaux de première ligne.
Vous me permettrez,
M. le Président, de réitérer le fait qu'il s'agit là, ici, d'une entente
négociée et d'un engagement inédit, unique
et formel, chiffré, de la part de la Fédération des médecins omnipraticiens du
Québec à régler la problématique.
Le Président :
M. le leader de l'opposition officielle.
M.
Bédard : Nous sommes à Dépôt de documents, je suis encore
surpris que le président du Conseil du trésor se soit levé pour applaudir, mais j'inviterais le ministre à s'abstenir de
tout commentaire sur cette entente, M. le Président.
Le Président :
Ce document est déposé. Mme la ministre de la Justice.
Plan
stratégique 2014-2018 de l'Office
de la protection du consommateur
Mme Vallée :
M. le Président, il me fait plaisir de déposer le plan stratégique 2014-2018 de
l'Office de la protection du consommateur.
Le Président :
Le document est déposé. M. le ministre du Travail.
Règlement sur la mise en
oeuvre de l'entente relative au
programme des classes d'entraînement dans
le domaine de la danse professionnelle
M.
Hamad : M. le Président, conformément à l'article 170
de la Loi sur la santé et la sécurité du travail, je dépose le Règlement sur la mise en oeuvre de l'entente
relative au programme des classes d'entraînement dans le domaine de la danse professionnelle conclu entre la Commission
de la santé et de la sécurité au travail et le Conseil des arts et des lettres
du Québec.
Le Président :
Ce document est déposé. M. le leader du gouvernement.
Réponse
à une question inscrite au
feuilleton et réponses à des pétitions
M. Fournier :
M. le Président, je dépose la réponse du gouvernement à la question inscrite au
feuilleton le 17 mars 2015 par le député de La Peltrie et
adressée au ministre de l'Éducation, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, de même que les réponses du
gouvernement aux pétitions présentées par le député de Jonquière le
30 avril et par le député de Saint-Jérôme le 13 mai 2015.
Le Président :
Ces documents sont déposés.
Rapport du Commissaire au
développement durable
accompagné d'un document de présentation
Pour ma part, je
dépose le rapport du Commissaire au développement durable, qui fait partie du
rapport du Vérificateur général du Québec,
évidemment, à l'Assemblée nationale pour l'année 2015-2016. Ce rapport est
accompagné d'un document de
présentation.
Lettre de députés des
différents partis politiques concernant
le respect des parlementaires dans le cadre
des débats de l'Assemblée nationale
Je
dépose également une lettre que m'ont adressée conjointement les députés de
Deux-Montagnes, Fabre, Gouin et Labelle au sujet du respect des membres
de l'Assemblée nationale et dans laquelle ils expriment le souhait que la présidence amorce une réflexion avec l'ensemble
des députés afin d'examiner la possibilité de modifier le règlement pour
nous donner les moyens de maintenir des débats respectueux, conformément aux
valeurs de l'Assemblée nationale. Évidemment, je souhaite aussi que cette
question puisse faire l'objet d'une conclusion.
Il n'y a pas de dépôt
de rapports de commissions.
Dépôt
de pétitions
À la rubrique Dépôt
de pétitions, M. le député de Lac-Saint-Jean.
Modifier la liste des cas de
force majeure de
l'entente du 13 décembre 2006 entre
le gouvernement et Alcan
M.
Cloutier : Alors, je dépose l'extrait d'une pétition adressée à
l'Assemblée nationale, signée par 516 pétitionnaires.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant le Code
du travail du Québec;
«Considérant
l'entente du 13 décembre 2006 entre le gouvernement du Québec et
Alcan, qui détermine les obligations de l'entreprise ainsi que les avantages
consentis par le gouvernement;
«Considérant
que l'article 6 détermine des cas de "force majeure" où une
partie voit ses obligations suspendues;
«Considérant
que, lors du lock-out de l'usine de Rio Tinto Alcan à Alma en 2012,
Hydro-Québec a dû acheter l'énergie dégagée par l'entreprise au prix du
marché;
«Considérant
l'article 6.1.4 de cette entente qui inclut dans l'expression "force
majeure" un conflit de travail, une grève et un lock-out;
«Considérant
que cette entente vient empêcher le fonctionnement des articles pertinents du
Code du travail en lien avec "l'équilibre des forces", soit
les droits de grève et de lock-out;
«Considérant
qu'il peut y avoir des renouvellements de contrat, des modifications ou de
nouvelles ententes sur des ventes ou échanges d'énergie entre le
gouvernement du Québec ou Hydro-Québec et Rio Tinto Alcan;
«Et l'intervention réclamée se résume
ainsi :
«Nous,
soussignés, demandons au gouvernement du Québec, dès qu'une de ces possibilités
se présentera, de retirer de la liste
des cas de "force majeure" les conflits de travail ainsi que les
droits de grève et de lock-out et qu'il récupère ces mégawatts, s'ils
doivent être produits, au prix coûtant.»
Je certifie que cet extrait est conforme à l'original
de la pétition.
• (10 h 30) •
Le Président : L'extrait de
cette pétition est déposé. M. le député de Lac-Saint-Jean.
Imposer les conditions de la Loi favorisant la santé
financière et la
pérennité des régimes de retraite à prestations déterminées du
secteur municipal à tous les élus et ex-élus provinciaux et
municipaux ainsi qu'à la magistrature québécoise
M. Cloutier : M. le Président, je
dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par
897 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués sont les suivants :
«Considérant
qu'au 31 décembre 2013, selon les données du rapport annuel 2013 de
la Commission administrative des régimes de retraite et d'assurances, le
régime de retraite des membres de l'Assemblée nationale était en déficit de
110 millions de dollars, tandis que le régime de prestations
supplémentaires des membres de l'Assemblée nationale montrait un déficit de
87 millions de dollars;
«Considérant que, selon ce rapport, il y avait,
au 31 décembre 2013, 532 participants actifs ou retraités à ces
deux caisses de retraite et qu'un déficit per capita de 370 000 $
pèse sur chacun [d'eux];
«Considérant
que les documents du budget provincial 2014 révèlent que chacun des
630 juges actifs ou retraités de
la Cour du Québec ou [des] cours municipales endosse un déficit individuel de
854 000 $, pour un régime de retraite déficitaire de
538 millions $;
«Et l'intervention réclamée se résume
ainsi :
«Nous,
citoyennes et citoyens du Québec, demandons à l'Assemblée nationale d'imposer
les conditions de la Loi favorisant
la santé financière et la pérennité des régimes de retraite à prestations
déterminées du secteur municipal à tous les élus et ex-élus provinciaux, municipaux ainsi qu'à la magistrature
québécoise, et ce, sans aucune compensation, forme de compensation ou
réforme de [la] rémunération.»
Et je certifie que cet extrait est conforme à
l'original de la pétition.
Le
Président : Alors, l'extrait de cette pétition est déposé. J'ai
reçu de la part de M. le député de Mégantic une demande de dépôt d'une pétition qui est non conforme. J'aurai besoin
d'un consentement. J'ai un consentement? M. le député de Mégantic, à
vous la parole.
Maintenir et indexer annuellement
les programmes de soutien
financier et de formation pour les personnes ayant des
contraintes sévères à l'emploi et leur permettre
d'augmenter leurs revenus sans pénalité
M.
Bolduc : Merci, M. le Président. Je dépose l'extrait d'une pétition
adressée à l'Assemblée nationale, signée par 100 pétitionnaires.
Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués sont les suivants :
«Considérant
que les personnes avec des problèmes physiques ou mentaux doivent répondre à
leurs besoins de base;
«Considérant que la pauvreté diminue l'estime de
soi, augmente les problèmes de santé physique et mentale;
«Considérant que plusieurs personnes avec des
invalidités permanentes ou des contraintes sévères à l'emploi peuvent travailler, mais de façon irrégulière et à
temps partiel, leur intégration sociale est facilitée par l'accès à l'emploi
et contribue à l'enrichissement de notre société;
«Considérant qu'il est inadmissible de maintenir
les gens dans la pauvreté;
«Considérant que le gouvernement s'est engagé en
2002 à lutter contre la pauvreté en adoptant la loi n° 112;
«Considérant
que le gouvernement doit renforcer son soutien aux personnes plus vulnérables
pour prévenir leur appauvrissement et leur marginalisation;
«Et l'intervention réclamée se résume
ainsi :
«Nous,
soussignés, citoyens et citoyennes du Québec, demandons au gouvernement de
maintenir les programmes de soutien
financier et de formation en place en les indexant annuellement au coût de la
vie. Nous demandons de permettre aux
personnes ayant des contraintes sévères à l'emploi de gagner la différence
entre les montants reçus de l'aide sociale et le seuil de faibles revenus sans pénalité ou remise en question du
programme de soutien. Nous demandons également que chaque individu puisse sortir de la pauvreté
dans le respect de ses capacités et ainsi lutter concrètement à éviter la
stigmatisation, l'appauvrissement et la détérioration de la santé mentale et
physique.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition.
Le Président :
Alors, l'extrait de cette pétition est déposé.
Il
n'y a pas de réponses orales aux pétitions ni d'interventions portant sur une
violation de droit ou de privilège.
Je vous avise
qu'après la période des questions et réponses orales sera tenu le vote reporté
sur la motion de M. le ministre de
l'Économie, de l'Innovation et des Exportations proposant que le projet de loi
n° 37, Loi confirmant l'assujettissement
des projets de cimenterie et de terminal maritime sur le territoire de la
Municipalité de Port-Daniel—Gascons au seul régime
d'autorisation de l'article 22 de la Loi sur la qualité de l'environnement,
soit adopté.
Questions
et réponses orales
Nous
en sommes donc maintenant à la période des questions et de réponses orales, et
je cède la parole à M. le chef de l'opposition officielle.
Compressions
budgétaires dans le domaine de l'éducation
M.
Pierre Karl Péladeau
M. Péladeau :
Merci, M. le Président. Donc, comme le démontre un récent sondage, la grande
majorité des Québécois ne croient pas que le
gouvernement libéral a décidé de prioriser l'éducation. Force est de constater
qu'ils ont raison. Depuis son
élection, le gouvernement n'a présenté aucune initiative structurante, aucun
plan d'action, aucune idée pour aider les jeunes à mieux performer et
pour favoriser leur réussite. À vrai dire, tout ce que le gouvernement a fait concrètement depuis son élection, c'est
couper : couper l'aide aux devoirs pour ceux qui ont des difficultés,
couper les repas chauds pour les plus
démunis, l'achat de livres et la francisation, couper les services aux jeunes
handicapés, et j'en passe. Aux quatre coins du Québec, les parents, les
jeunes et les enseignants ont formé des chaînes humaines autour de leurs écoles
pour dire au gouvernement libéral de cesser de s'attaquer à leurs écoles
publiques, de cesser d'austériser l'éducation.
M.
le Président, comment le premier ministre peut-il justifier toutes ces coupes
dans les mesures qui favorisent la réussite scolaire et la lutte au décrochage?
Le Président :
M. le premier ministre.
M.
Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président, d'abord, je vais réitérer l'importance qu'on accorde
tous et toutes ici à l'éducation parce que
c'est l'avenir du Québec. Deuxièmement, jamais le gouvernement ne serait allé
dans la direction du parti politique dirigé
par notre collègue, qui, il y a quelques années à peine, a fait des retraits
des budgets de l'éducation. On ne parle pas de rigueur budgétaire, on parle, là, c'est vrai, d'austérité et de
réduction franche des budgets dans l'éducation, ce que nous ne voulons
pas faire.
Je lui dirais
également que les plus grandes menaces systémiques, si on peut dire, à
l'éducation, c'est d'abord l'option
principale de l'opposition officielle et ensuite la succession de déficits
accumulés, qui minent la croissance du soutien
de nos services publics. Il faut donc des finances publiques saines, M. le
Président, pour bien soutenir notamment l'éducation.
Je
dirais également, en terminant, que notre collègue de l'Éducation travaille,
justement, sur un projet très structurant qui vise à redonner à l'école, à l'enseignant et aux parents toute leur
voix dans le système scolaire, de réduire l'administration et la bureaucratie pour favoriser nos efforts sur
l'équité entre les enfants du Québec et la réussite des élèves, M. le
Président.
Le Président :
Première complémentaire, M. le chef de l'opposition officielle.
M.
Pierre Karl Péladeau
M.
Péladeau : Merci, M. le Président. Nous apprenions également que
84 % des Québécois et des Québécoises s'opposent à l'augmentation du nombre des élèves par classe. Ils ont
compris que plus d'élèves par classe signifie moins de temps pour chacun d'entre eux. Pire, le
gouvernement ne veut plus reconnaître l'attention particulière que nécessitent
les jeunes qui ont des difficultés d'apprentissage.
Le premier ministre
renoncera-t-il à hausser le nombre d'élèves par classe dans les écoles du
Québec?
Le Président :
M. le premier ministre.
M.
Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président,
notre collègue le sait certainement — j'espère qu'il s'en
réjouit — il
y a eu inauguration d'une école primaire dans sa circonscription il y a à peine
quelques jours, un important investissement, d'ailleurs,
des contribuables du Québec, environ 14 millions de dollars. Alors,
comment parler d'austérité alors qu'on débourse des sommes considérables pour augmenter
nos infrastructures scolaires? Encore une fois, ce que nous faisons n'a
rien à voir avec l'austérité du régime péquiste qui a précédé le gouvernement
libéral.
Maintenant,
je voudrais quand même redire à notre collègue — et là-dessus il va falloir qu'il s'exprime
clairement, là-dessus et sur d'autres
sujets — on est
arrivés — et on le
sait maintenant, et les faits le démontrent — avec une impasse budgétaire de plus de 7 milliards de dollars.
Il faut donc rattraper cette impasse, il faut rétablir l'équilibre budgétaire.
J'ai cru comprendre que notre
collègue favorise le retour à l'équilibre budgétaire, mais il ne peut pas, d'un
côté, dire qu'il faut équilibrer les finances publiques...
Le Président :
En terminant.
M.
Couillard : ...et, de l'autre côté, s'opposer à toutes les mesures qui
permettent de l'atteindre.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M.
Pierre Karl Péladeau
M. Péladeau : Merci. Merci, M. le Président. Dans la région du
premier ministre, nous avons coupé le Centre régional de prévention de l'abandon scolaire, le CREPAS, qui est bien
connu et qui est un exemple à suivre dans la lutte au décrochage. Or, le gouvernement, en campagne électorale,
avait justement promis — et je cite — de «soutenir les projets issus de la communauté tels [que]
le CREPAS».
Alors,
le premier ministre respectera-t-il son engagement et annoncera-t-il que le
financement du CREPAS est rétabli?
Le Président :
M. le premier ministre.
M.
Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président, d'abord, je vais réitérer notre admiration pour ce
système du CREPAS dans notre région,
qui a suscité beaucoup d'émulation et même d'imitation dans d'autres régions,
mais chaque région le fait à sa façon.
Maintenant,
pour faire ça, pour faire ce qu'il recommande et ce qu'on souhaite faire, ça
prend des coupures... non pas des coupures, M. le Président...
Des voix :...
M.
Couillard : J'ai été piégé par la collègue.
Des voix :
...
Le Président :
M. le leader de l'opposition.
M.
Bédard :
On lui permet de retirer ses propos, M. le Président.
Le Président :
M. le premier ministre, à vous la parole.
• (10 h 40) •
M.
Couillard : M. le Président, je répète donc que ça prend une politique
d'équilibre des finances publiques. Et on ne peut pas, d'un côté, avoir laissé
aux Québécois une impasse de 7,3 milliards, dire qu'on veut ou on ne veut pas — ce n'est pas clair — faire l'équilibre budgétaire et ne pas
prendre conscience que des mesures doivent être prises, et qui permettont, une fois l'équilibre atteint,
de rétablir le rythme de croisière, notamment dans l'éducation, qui est un
domaine de haute priorité pour le gouvernement et pour moi, M. le Président.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M.
Pierre Karl Péladeau
M. Péladeau :
M. le Président, dans ses règles budgétaires, le gouvernement remet en question
la survie de 800 écoles en milieu
rural. En un coup de crayon, le gouvernement remet en question des dizaines de communautés qui se battent
pour leurs écoles depuis des années.
Pour
une fois, le gouvernement peut-il faire preuve de sensibilité envers les
régions et comprendre que l'école du village, c'est souvent la survie du
village?
Le Président :
M. le premier ministre.
M.
Philippe Couillard
M.
Couillard : M. le Président, certains personnages de littérature bien connus dans le passé ont
combattu des moulins à vent, mais là
ce qu'on entend, c'est d'enfoncer les portes ouvertes, littéralement. Ce qu'il
dit est totalement inexact. Au contraire, ce
qu'on veut faire en donnant plus d'importance à l'école, et aux parents, et aux
communautés, c'est justement
de préserver les petites écoles de village. Et c'est ce qu'on va faire, et d'ailleurs
c'est notre gouvernement précédent qui avait initié des mesures pour
préserver les écoles de rang ou les écoles de petites communautés. Alors, je ne
sais pas où il prend ses informations, M. le Président, mais c'est le contraire. On veut, au contraire,
préserver les écoles, on veut
préserver l'enseignement près des gens dans les communautés et donner
toute la voix aux parents pour une fois dans le service de l'éducation.
Le Président : Principale, Mme
la députée de Taillon.
Rémunération des médecins pour
le travail en
collaboration avec d'autres professionnels
Mme Diane Lamarre
Mme Lamarre : Merci, M. le
Président. Plus on lit l'entente que le ministre de la Santé a conclue avec les
médecins, mieux on comprend les gains financiers que le ministre leur a
accordés. Depuis longtemps, les médecins demandent à être payés pour des actes
posés par d'autres professionnels. Grâce à l'article 21 de l'entente, ce
souhait deviendra réalité. Il y a déjà
l'exemple des infirmières praticiennes spécialisées. Depuis 2011, Yves Bolduc a
accordé 60 000 $ par année
aux médecins chaque année pour qu'ils travaillent avec elles dans un GMF. Avec
cette entente, en plus de ce 60 000 $, les médecins pourront
recevoir un supplément pour les actes posés par d'autres professionnels.
Comment le
ministre peut-il justifier, dans le contexte budgétaire actuel, qu'on donne un
autre supplément aux médecins pour qu'ils acceptent de travailler en
collaboration?
Le Président : M. le ministre
de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M. Barrette : M. le Président,
j'invite la députée à faire une bonne lecture de ce qui est écrit dans
l'entente parce que, spécifiquement, ce qui
est écrit, c'est que le médecin de famille ne pourra pas être payé pour des
actes qui sont faits par un autre
professionnel lorsque cet acte-là est autoporteur, à savoir que, par exemple,
si une infirmière reçoit un patient
pour faire un bilan diététique chez un diabétique et que cette visite ne
concerne que ça, le médecin ne sera pas payé pour ça.
Par contre,
M. le Président, par contre, M. le Président, nous demandons et nous faisons en
sorte que les médecins puissent utiliser la rémunération qui est
actuellement prévue — elle
n'est pas supplémentaire — prévue
dans leur tarification, qu'ils puissent
n'avoir aucune embûche administrative pour engager du personnel pour augmenter
leur productivité.
J'ose espérer
qu'au Parti québécois la productivité des médecins de famille, qui est à la
racine de l'augmentation de l'accès,
sera une valeur qu'ils favorisent. Et j'ose espérer aussi qu'à l'instar du chef
de l'opposition officielle, qui a dit hier qu'il fallait rémunérer
correctement les gens...
Le Président : En terminant.
M. Barrette : ...parce qu'il l'a
dit, ça soit encore une valeur qui soit celle du Parti québécois, M. le
Président.
Le Président : Première
complémentaire, Mme la députée de Taillon.
Mme Diane Lamarre
Mme
Lamarre : M. le Président, les Québécois paient déjà plus de
7 milliards par année pour les médecins, avec un accès qui est complètement inacceptable. Le
travail en collaboration avec d'autres professionnels, est-ce que ça doit
vraiment faire l'objet d'un supplément? Il
nous semble que la collaboration, c'est le patient qui devrait en être gagnant,
pas le médecin.
Le président
du Conseil du trésor peut-il nous dire combien cette nouvelle mesure va coûter
aux contribuables en supplément pour les médecins?
Le Président : M. le ministre
de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : M. le Président, je l'ai dit d'une façon très claire, alors
je peux le répéter succinctement, il n'y a pas de supplément pour avoir du personnel, il n'y a pas ça. Il y a, par
contre, M. le Président, effectivement des cadres de gestion, qui fait
que oui, on investit, et ces cadres de gestion là n'ont pas été contestés par
le Parti québécois.
Maintenant,
monsieur... Et, en plus, l'entente qui est signée dit clairement que les choses
sont à l'intérieur des masses prévues à l'entente. Mais, M. le
Président, si l'entente ne sied pas à l'opposition officielle, il y a un projet
de loi n° 20 qu'ils peuvent très bien faire passer rapidement. Ça va faire
exactement le même travail...
Le
Président : En terminant.
M. Barrette :
...à la fin, M. le Président.
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la députée de Taillon.
Mme
Diane Lamarre
Mme Lamarre :
Les choix du ministre ne sont pas nécessairement les seuls qui sont
disponibles. Les ordres professionnels
s'entendent tous pour dire que les professionnels de la santé doivent travailler davantage ensemble. On constate que le gouvernement a uniquement
une oreille et un chéquier pour les médecins en période d'austérité. C'est donc
une austérité sélective qu'il applique.
Le
ministre de la Santé est bien vite passé du bâton à la carotte, puis
au gâteau au chocolat. Pourquoi le ministre
doit-il donner un autre supplément aux médecins pour qu'ils travaillent
davantage en collaboration?
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
M.
Gaétan Barrette
M. Barrette :
M. le Président, depuis le début de cette législature, la stratégie de
l'opposition officielle est de déformer la
réalité. Je leur la laisse, cette stratégie-là. Je l'ai dit et je le dis pour
une troisième fois, M. le Président, ce à quoi la députée fait
référence, en ce qui me concerne, ce n'est pas ça qui est la nature de
l'entente.
Ceci
dit, M. le Président, je rappellerais — et je rappellerai à la députée et à
l'opposition officielle — qu'on va bientôt signer
un nouveau cadre de gestion, qu'on a annoncé la semaine dernière, par lequel on
envoie d'autres professionnels, hein,
on multiplie les professionnels à l'intérieur du réseau et à l'intérieur des
enveloppes actuelles pour appuyer le travail en GMF...
Le Président :
En terminant.
M.
Barrette : ...et augmenter l'accès. Encore une fois, si ça, ça ne fait
pas, qu'on passe le projet de loi n° 20...
Le
Président : Je demanderais, tout simplement, à tout le monde de
faire attention de ne pas imputer de motifs. M. le chef du deuxième
groupe d'opposition, en principale.
Bonis
versés à des cadres d'Hydro-Québec
M.
François Legault
M. Legault :
Oui. M. le Président, pendant que le gouvernement libéral augmente les tarifs
d'électricité, on apprenait, pendant que le
premier ministre était à l'extérieur la semaine dernière, que la Vérificatrice
générale a constaté des lacunes de gestion importantes chez
Hydro-Québec, entre autres concernant la liquidation d'actifs de Gentilly-2. M. le Président, ce n'est pas la première fois
qu'on a des mauvaises nouvelles concernant Hydro-Québec. Puis je pense qu'il s'agit de parler un peu au peuple, là, pour
se rendre compte que l'image d'Hydro-Québec actuellement est ternie, que
la relation de confiance entre les Québécois et Hydro-Québec est fragilisée
actuellement.
Or,
M. le Président, on apprend cette semaine qu'Hydro-Québec a donné à
1 768 cadres des bonis de 22 millions de dollars. M. le Président, non seulement c'est
scandalisant, mais c'est encore plus scandalisant quand on sait que ces
bonis-là ont été permis grâce au projet de loi n° 28, qui a été adopté
sous bâillon par le gouvernement libéral.
Donc, ma question est
très simple, très claire : Est-ce que le premier ministre est d'accord
avec ces bonis, 22 millions à 1 768 cadres? Est-ce que, selon
lui, c'était justifié?
Le Président :
M. le premier ministre.
M.
Philippe Couillard
M. Couillard : Tout d'abord, notre collègue oublie de dire — probablement qu'il le sait, mais c'est un
oubli, j'en suis certain — que tout ça se fait à même la masse
salariale, qui est gelée. Donc, il n'y a pas de dépenses supplémentaires
encourues par Hydro-Québec.
Deuxièmement — et, si je ne me trompe pas, le chef de
l'opposition officielle a également fait écho à ce que je vais dire maintenant — ce n'est pas l'existence même des bonis de
performance — je suis
certain que, dans son entreprise, il en
donnait, des bonis de performance, à ses cadres — ce qui est en cause, c'est la façon, M. le
Président, ce qui est en cause, c'est
la façon dont c'est administré. Quels sont les critères qui donnent lieu à
l'octroi de ces bonis de performance, c'est
plutôt ça qu'il faut discuter. Parce que la plupart des grandes organisations
comme Hydro-Québec et d'autres ont cette pratique, et notre collègue
également en est conscient, puisqu'il a également dirigé une entreprise.
Ce
qui est en cause, je le répète, ce n'est pas l'existence même des bonis de
performance, c'est qu'ils se situent dans
un cadre budgétaire fixé, ce qui est le cas, et que, d'autre part, leur
attribution ne soit ni automatique ni uniquement centrée sur des motifs financiers ou
administratifs, mais également sur des motifs tels que les considérations
sociales et la satisfaction de la clientèle, ce que nous entendons
faire, M. le Président.
Le Président :
Première complémentaire, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M.
François Legault
M.
Legault : M. le Président, je ne lui parle pas de bonis
théoriques, là, je parle des bonis qui ont été donnés chez Hydro-Québec parce qu'il a fait plus froid cet
hiver. À ce que je sache, là, les dirigeants d'Hydro-Québec, ils n'ont pas de
contrôle sur la météo.
Donc,
je répète ma question : 22 millions de dollars de bonis à
1 762 cadres, est-ce qu'il pense que c'est justifié?
Le Président :
M. le premier ministre.
M.
Philippe Couillard
M.
Couillard : M. le Président, malheureusement, notre collègue a pris
l'habitude de présenter les choses de façon — disons-le gentiment — un peu raccourcie. Je vais lui rappeler que
la masse salariale d'Hydro-Québec est gelée. C'est la première fois que le gouvernement du Québec envoie cette
instruction, et qui est mise en place, de gel de la masse salariale. Il
pourrait au moins le souligner et l'apprécier.
Et,
en plus, je vais lui rappeler encore une fois que cette discussion est
importante, mais qu'il ne faut pas proscrire la pratique des bonis de performance pour les administrateurs et administratrices,
mais plutôt les conditionner à l'atteinte d'objectifs qui ne sont pas uniquement financiers, mais reliés à la
satisfaction des clients, qui sont les contribuables et les citoyens et
citoyennes du Québec.
• (10 h 50) •
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M.
François Legault
M.
Legault : M. le Président, est-ce que le premier ministre
réalise, là, que même son ministre des Ressources naturelles a confirmé vendredi dernier que le
pouvoir d'achat des Québécois a diminué depuis qu'il est au pouvoir? Puis, dans ce contexte-là, est-ce qu'il trouve normal
qu'on donne des bonis sur le dos des contribuables qui ont eu des augmentations
de tarifs, puis sur le dos de la rigueur de l'hiver québécois?
Le Président :
M. le premier ministre.
M.
Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président, encore une déformation que je ne peux pas laisser
passer. Plutôt que ce qu'il a dit, plutôt que ce qu'il mentionne, M. le
Président, notre collègue, ce qu'il a dit...
Une voix :
...
Le Président :
M. le leader du deuxième groupe d'opposition.
M.
Bonnardel :
...pas de la désinformation, c'est la vérité que nous avons...
Le Président :
M. le premier ministre, veuillez continuer.
M. Couillard : Alors, «déformation», c'est différent de «désinformation». Ce que j'ai
dit, c'est «déformation».
Alors, notre collègue
a dit que c'est un effort majeur qui a été accompli au Québec pour atteindre
l'équilibre budgétaire, qui doit être
accompli cette année, que cet effort a été largement fait par les dépenses du
secteur public, du service public un
peu partout — d'ailleurs,
on a eu des questions continuelles là-dessus — que les citoyens également ont participé à l'effort, mais que ça nous permet
d'atteindre la prospérité puis la création d'emplois, qui a permis qu'il y a
69 000 nouveaux emplois créés puis plus
d'argent dans les poches du monde qui travaille et qui ne travaillait pas avant,
M. le Président.
Le Président :
Principale, Mme la députée d'Arthabaska.
Gestion d'Hydro-Québec
Mme Sylvie Roy
Mme Roy
(Arthabaska) : Je peux vous dire, M. le Président, que les
Québécois ont été vraiment insultés, lundi dernier, d'apprendre que
22 millions de dollars de bonis ont été accordés à ces cadres et aux hauts
fonctionnaires, alors
que leur facture d'électricité ne cesse de gonfler et qu'ils peinent à payer
cette facture. En plus, les Québécois ont appris la semaine dernière que la turbine de centrale de Gentilly-2,
d'une valeur de 79 millions de dollars, a été envoyée à la ferraille pour 75 000 $, aussi que les
filiales d'Hydro-Québec... se vend, en période de pointe, de l'électricité à un
prix abusif.
Je
demande au ministre, aujourd'hui, d'accepter ma motion que je déposerai
exigeant la tenue immédiate d'une commission
parlementaire afin de faire la lumière sur ce qui se passe dans la gestion
d'Hydro-Québec. Est-ce qu'il est d'accord?
Le Président :
M. le ministre de l'Énergie.
M.
Pierre Arcand
M.
Arcand :
M. le Président, d'abord, sur cette question-là, il est clair — et on a eu l'occasion de le dire encore
une fois — la question des primes au rendement, c'est
une pratique qui est largement répandue dans plusieurs sociétés d'État, dans plusieurs sociétés commerciales, M.
le Président. Et, comme l'a dit le premier ministre, il est très important
également que ces primes-là soient basées
sur à la fois des résultats, mais également sur des objectifs qui sont
qualitatifs.
Alors,
M. le Président, on va profiter de l'occasion pour pouvoir revoir ces
questions-là parce que nous aurons un
nouveau président ou une nouvelle présidente à Hydro-Québec. Il est clair, M.
le Président, que nous travaillons sur ces questions-là, sur la question
de la turbine en question. J'ai déjà dit la semaine dernière, M. le Président,
que nous acceptions les recommandations du
Vérificateur général et que nous allons mettre en place une nouvelle procédure
sur ces questions-là, M. le Président.
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée d'Arthabaska.
Mme
Sylvie Roy
Mme
Roy (Arthabaska) : M. le Président, on peut bien vouloir éluder
la question aujourd'hui. En toute transparence,
si on les étudiait, ces questions-là, en commission parlementaire, ça serait
plus constructif, et les Québécois pourraient
peut-être reprendre confiance en Hydro-Québec. C'est la politique de la main
tendue que j'offre au ministre.
Le Président :
M. le ministre de l'Énergie.
M.
Pierre Arcand
M.
Arcand :
M. le Président, je comprends très bien que, pour plusieurs Québécois... Il est
clair que ce rapport du Vérificateur
général a certainement choqué plusieurs Québécois, et je comprends très bien la
situation. Cependant, je dois vous
dire encore une fois que j'ai donné instruction à tous les gens d'Hydro-Québec
de reprendre mot à mot les conclusions
du Vérificateur général, de s'assurer qu'il y ait une procédure correcte sur
ces questions-là, que cette procédure soit
suivie et que les Québécois obtiennent les meilleurs prix possible
lorsqu'Hydro-Québec dispose d'actifs, M. le Président.
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la députée d'Arthabaska.
Mme
Sylvie Roy
Mme
Roy (Arthabaska) : M. le Président, je comprends que le
ministre a compris comme moi la colère de ceux qui paient leurs tarifs
d'électricité trop cher. À partir de ce moment-là, en toute transparence, en
toute imputabilité, nous devrions appeler
une commission parlementaire et discuter de ces questions-là publiquement pour
redorer le blason d'Hydro-Québec.
Je
réitère ma demande :
Voulez-vous, s'il vous plaît, que nous tenions une commission parlementaire à cet effet?
Le Président :
M. le ministre de l'Énergie.
M.
Pierre Arcand
M.
Arcand : M. le
Président, j'ai eu l'occasion,
la semaine dernière, de répondre à plusieurs de ces questions-là. J'ai
analysé de façon très importante le rapport du Vérificateur général et je
dois vous dire qu'il est clair dans mon esprit que, pour l'avenir, dans le cas d'Hydro-Québec, il va devoir y avoir d'abord
une meilleure transparence, il va devoir y avoir un meilleur service
à la clientèle, il doit...
Une voix :
...
Le Président :
M. le leader du deuxième groupe d'opposition.
M.
Bonnardel :
L'article 79. On lui a posé trois fois la même question fort simple de la
part de ma collègue. Est-ce qu'il peut nous dire si, oui ou non, il entend
appeler une commission parlementaire?
Le Président : M. le leader
du gouvernement.
M. Fournier : Ce n'est pas la première fois où le leader de la
deuxième opposition interrompt la réponse d'un ministre qui répond à la question qui a été posée. Dans l'ensemble
des éléments qui sont soulevés, notre collègue respecte entièrement le règlement, ce que vous rappelez souvent. Puis-je simplement
vous demander d'indiquer au leader de la deuxième opposition que
l'interruption des réponses marque une certaine forme d'irrespect?
Le Président :
M. le ministre des...
M.
Arcand : Alors, M.
le Président, comme je l'ai dit, nous
allons travailler à un meilleur service à la clientèle, à une meilleure transparence au niveau
d'Hydro-Québec. Et j'ai déjà dit, M.
le Président, la semaine dernière que
nous nous attendions à avoir une nouvelle culture à Hydro-Québec, M. le
Président.
Le Président :
Principale, M. le député de Lévis.
Dépenses
liées au mode de rémunération des médecins
M.
François Paradis
M. Paradis (Lévis) : M. le Président, l'entente signée entre la fédération des
médecins et le ministre de la Santé
met fin aux primes Bolduc, mais la remplace
par une nouvelle mesure, les médecins vont aller percevoir un bonus lors
de la première visite d'un patient suivant
son inscription. La Coalition avenir
Québec suggère que la prise en charge
des patients soit rémunérée davantage,
mais en contrepartie il faut aussi réduire la rémunération des médecins à
l'acte. Or, l'entente avec les
médecins ne change pas le mode de rémunération. Résultat : la facture totale liée à la rémunération des médecins risque d'augmenter.
Pour
régler une fois pour toutes la question des primes, il existe une solution que le ministre de la Santé a déjà défendue en 2012, il faut changer le mode de rémunération des médecins et faire en
sorte qu'une partie plus importante
soit liée à la prise en charge de patients et moins pour les actes médicaux.
Pourquoi cette
solution ne se retrouve pas dans cette entente?
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
M.
Gaétan Barrette
M.
Barrette : M. le Président, c'est sûr que l'entente nécessite un certain nombre de lectures et de questionnements pour bien saisir toute la
portée... Non, non, je ne dis pas ça négativement, M. le Président, c'est qu'il y a des subtilités là-dedans.
Ceci dit, je vais quand
même m'adresser à la fameuse question de la prime qui a été abolie. Elle a été
abolie, M. le Président. Et la prime, ça faisait en sorte que, par exemple... Et je pense que les gens vont comprendre ce qu'est une prime en l'expliquant ainsi. Un médecin,
précédemment, M. le Président, pouvait voir un patient pour lui renouveler
sa prescription et avoir une prime. Et c'est
ce que j'ai moi-même décrié, peu importe le côté où
je me trouvais avant, et c'est ce que j'ai aboli.
Or,
aujourd'hui, M. le
Président, parce qu'il y a une prise en charge — ce que je pense que vise tout le monde
ici dans la salle — qui nécessite une première visite dans un
mode de pratique différent qui est celui de la prise en charge, qui demande de développer une relation plus
complexe et détaillée avec le patient, la première visite demande une longue
conversation, plus longue qu'une visite normale...
Le Président :
En terminant.
M.
Barrette : ...et c'est ce qui est payé correctement, d'ailleurs à
l'instar de ce que préconise le chef de l'opposition...
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Lévis.
M.
François Paradis
M. Paradis (Lévis) : M. le
Président, revenons sur le mode de rémunération. Comme les médecins sont majoritairement
payés à l'acte, plus ils en posent, plus la
facture augmente. Ce sera non seulement le cas avec l'entente, mais en plus ils
vont recevoir cette nouvelle prime dont on
parle. La rémunération totale des médecins a coûté 6,5 milliards l'an
dernier, et ça va augmenter de 300 millions cette année.
Est-ce
que le ministre de la Santé croit encore aujourd'hui qu'il faut revoir le mode
de rémunération des médecins?
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
M.
Gaétan Barrette
M.
Barrette : M. le Président, je ne pensais pas, un jour, faire une
citation aussi favorable du chef de l'opposition officielle, mais je
redis ce qu'il a dit hier, il a dit qu'il n'était pas contre les primes. Ce
n'est pas une prime dont on parle, mais il était pour payer les gens qui travaillaient. Bon, je vais
le citer, et c'est ce qu'il a dit hier. Alors... Non, mais le chef de la
deuxième opposition officielle est quand même issu du Parti québécois.
Alors, M. le
Président, M. le Président, le...
Des voix :
...
Le Président :
J'aimerais bien... Pourriez-vous conclure, s'il vous plaît?
• (11 heures) •
Une voix :
...
Le Président :
M. le leader de l'opposition.
M.
Bédard : 79. Là, s'il veut qu'on parle de primes, on peut
parler de sa prime de 1,2 million, ça nous fera plaisir de faire
une commission là-dessus.
Le
Président : En tout cas, une chose est certaine, c'est que
j'apprécierais que vous cessiez de vous interpeller. M. le leader du
gouvernement.
M. Fournier :
Je sais que vous allez passer la parole à notre collègue, parce que ce n'était
pas un appel au règlement, même que c'est un
appel au règlement qui était contraire au règlement. Puis-je vous demander de
sanctionner ceux qui interrompent les ministres pour des fausses
questions au règlement?
Le Président :
M. le ministre, veuillez conclure, s'il vous plaît.
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît!
M.
Barrette : M. le Président, je pensais que le député de Lévis allait
s'adresser à la question de l'accès. Or, il s'adresse à la question de la rémunération, et d'autres personnes
veulent m'amener sur des questions fiduciaires sans droit de regard.
Le Président :
En terminant.
M. Barrette :
Alors, ici, l'objet, M. le Président, est la question de l'accès et non les
modes de...
Le Président :
Deuxième complémentaire. M. le député de Lévis.
M. François Paradis
M. Paradis (Lévis) : M. le Président, revenons sur l'accès. Selon l'entente avec la FMOQ, au
31 décembre 2017, 85 % des
Québécois devront être pris en charge par un médecin de famille. Or, il est
écrit dans l'entente, au point n° 13, que cette cible de 85 %
pourrait être haussée mais aussi réduite.
À 85 %, le
ministre dit que tous ceux qui cherchent un médecin en auront un. Si la cible
est réduite, est-ce que ça veut dire que des
gens qui se cherchent un médecin ne seront pas inscrits? Pourquoi la cible
peut-elle être réduite?
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : Que j'aime cette question, M. le Président! Alors, je vais
l'expliquer. Parce qu'en bon gestionnaire qu'un gouvernement doit être on ne doit pas demander aux médecins de
faire des actes inutiles et de dépenser de l'argent des contribuables pour
rien. Alors, s'il advenait, M. le Président, qu'à 83 % d'inscriptions il
n'y avait plus personne sur les
guichets d'accès et que le délai d'attente pour avoir un rendez-vous était,
pour la population au complet, de moins de trois jours, est-ce qu'on va
demander aux médecins d'en faire plus pour rien pour satisfaire le député de
Lévis ou le Parti québécois, M. le Président, et dépenser de l'argent pour
rien? C'est pour ça. À l'inverse...
Le Président :
En terminant.
M. Barrette :
...si la population n'est pas bien servie, on augmente les cibles. Ça s'appelle
de...
Le Président :
Principale, Mme la députée de Taschereau.
Approbation,
par le ministère de la Culture et des
Communications, du projet immobilier
Le Domaine Sous les Bois à Sillery
Mme Agnès Maltais
Mme
Maltais :
M. le Président, la colère gronde à Sillery et chez les défenseurs du
patrimoine. Hier soir, 600 personnes étaient
présentes lors des consultations publiques de la ville de Québec. Le
sujet : dans le quartier Saint-Michel, le Vieux-Sillery, protégé par un plan de conservation, que le ministère
de la Culture a qualifié de zone d'extrême vigilance, qu'Héritage Canada
a déclaré étant en situation critique, la ministre de la Culture a autorisé en
catimini un projet de construction démesuré.
Ce projet, le domaine des sous-bois, a pourtant déjà reçu un avis négatif du
Conseil du patrimoine culturel et a
été refusé par son prédécesseur. Le patrimoine n'est pas une ressource
renouvelable. Les décisions prises dans ce cas seront irréversibles.
Est-ce
que la ministre de la Culture et des Communications va d'abord, et c'est
important, retirer son autorisation au
projet et mettre sur pied, comme les citoyens le demandent, une table de
concertation sur l'avenir des grands domaines?
Le Président :
Mme la ministre de la Culture.
Mme Hélène David
Mme
David (Outremont) : M. le Président, je vais dire comme mon
prédécesseur, le ministre de la Santé, je suis vraiment enchantée de la question. C'est la deuxième, même la troisième
fois qu'on me la pose. Écoutez, le site patrimonial de Sillery a fait l'objet d'un plan de conservation
à partir d'une loi formidable, qui s'appelle la Loi sur le patrimoine culturel.
Par qui a été conçu, planifié, adopté le
plan de conservation de Sillery le 13 juillet 2013? Par le précédent
gouvernement, M. le Président.
C'était sous le Parti québécois, avec honneurs, avec lancement public, que ce
plan de conservation a été élaboré,
écrit, qu'il y a eu des consultations aussi à ce moment-là, qui a été mis sur
le site du ministère, et c'est un plan de conservation à partir duquel
nous travaillons extrêmement sérieusement.
À partir de là,
parlons du projet Woodfield, qui a aussi été accepté par mon prédécesseur du
côté du Parti québécois, qui a été autorisé
à partir de ce plan de conservation. Et pour Le Domaine Sous les Bois, il y a
eu un avis du Conseil du patrimoine,
et c'est formidable qu'il y ait ce Conseil du patrimoine culturel qui
recommandait un certain nombre de modifications qui ont toutes été
finalement acceptées par le promoteur. Et c'est à partir de ces...
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée de Taschereau.
Mme Agnès Maltais
Mme
Maltais : Je n'ai pas entendu les 600 personnes, hier soir,
applaudir la ministre de la Culture ni sa décision. Il y avait tellement de monde hier soir qu'ils
vont être obligés de faire une deuxième soirée de consultations. Alors là, il y a un problème. C'est que la ministre,
elle n'a pas déposé le projet. Les gens sont consultés, mais ils n'ont jamais
vu le final du projet.
Est-ce que
la ministre peut d'abord retirer son autorisation? C'est extrêmement important. Ensuite, est-ce qu'elle peut déposer le
document sur lequel elle s'est basée
pour autoriser Le Domaine Sous les Bois aujourd'hui afin que les
citoyens qui vont se rencontrer jeudi soir, ils aient entre les mains...
Le Président :
Mme la ministre de la Culture.
Mme Hélène David
Mme
David (Outremont) : Grande
confusion à bord, M. le Président. J'ai donné l'autorisation à partir du plan de
conservation de Sillery, à partir de ce plan
qui a été déposé, adopté, mis sur le site par le Parti québécois, et maintenant nous sommes en consultations, et «nous» exclut le gouvernement. C'est la ville de Québec qui est en consultations pour le plan particulier d'urbanisme. L'autorisation que
j'ai donnée ne concerne en rien l'autorisation que devra donner la ville
de Québec en ce qui concerne, entre autres, le zonage de ce domaine. Les deux
dossiers sont complètement mêlés, M. le Président.
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la députée de Taschereau.
Mme Agnès Maltais
Mme
Maltais :
La ministre de la Culture vient d'insulter 600 citoyens qui étaient dans
la salle et qui ont tout compris, qui ont vraiment tout compris le dossier...
Des voix :
...
Le Président : S'il
vous plaît! S'il vous plaît! Mme la députée, je vous demanderais juste de faire attention à
vos propos.
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît! On reconnaît la vôtre, là.
Des voix :
...
Le
Président : S'il vous plaît! Madame, ce que je vais tout
simplement vous demander : Ne
portez pas... On ne peut pas porter d'accusation comme ça à la ministre.
J'ai l'impression que vous avez compris. Allez, madame.
Mme
Maltais : M. le Président, ce projet, Le Domaine Sous
les Bois, nous l'avions refusé. Re-fu-sé. Les gens sont dans les
tribunes actuellement, les mêmes personnes qui sont les défenseurs du
patrimoine.
Est-ce
qu'elle peut d'abord retirer son autorisation et enfin, enfin, les rencontrer
pour qu'elle puisse leur expliquer de visu, de visu, ce qui s'est passé
et pourquoi elle donné son autorisation?
Le Président :
Mme la ministre de la Culture.
Mme Hélène David
Mme
David (Outremont) : Alors, je vais essayer encore une fois de démêler
les choses et de ne pas en faire une question partisane électorale au
moment d'élections partielles, comme par hasard.
Il
y a eu un plan de conservation de déposé, où il y a eu beaucoup de
consultations, effectivement, et là on parle des consultations pour le plan de conservation ministériel, du
gouvernement. Qui était au pouvoir à ce moment-là? Le Parti québécois. Maintenant, nous sommes rendus...
Et c'est la mairie de Québec qui fait le plan particulier d'urbanisme, qui n'a rien à voir avec le plan de conservation,
et nous sommes en constante concertation et collaboration avec la ville de Québec. Et Le Domaine Sous les Bois,
l'autorisation qui a été donnée, c'est à la suite, effectivement, de très
nombreuses modifications apportées...
Le Président :
En terminant.
Mme David
(Outremont) : ...au projet, M. le Président.
Le Président :
Mme la députée de Vachon, en principale.
Implantation de la stratégie
maritime
Mme Martine Ouellet
Mme
Ouellet : Merci, M. le Président. Hier, le gouvernement a dévoilé en quatre pages à Radio-Canada les faits saillants de sa stratégie maritime, une stratégie
maritime qui, dans sa forme actuelle, risque de nuire énormément au développement économique du Québec. En effet, le gouvernement libéral s'entête
à créer un pôle logistique à Vaudreuil-Soulanges. Non
seulement le site de Vaudreuil-Soulanges nécessite du dézonage sur les meilleures terres agricoles du Québec,
non seulement le site n'est pas accessible l'hiver, pire, le site de Vaudreuil-Soulanges
nuirait directement au développement
économique et aux emplois du port de Montréal
en favorisant le port de New York. Et c'est le milieu des affaires qui le dit,
la chambre de commerce de Montréal et le CN.
Est-ce que
le ministre délégué va enfin entendre raison et mettre sur la
glace le site de Vaudreuil-Soulanges pour prioriser
le site de Contrecoeur, déjà identifié par le port de Montréal,
ouvert 12 mois par année, donc l'hiver également, et qui ne
nécessite pas de dézonage agricole?
• (11 h 10) •
Le Président :
M. le ministre délégué aux Transports.
M. Jean D'Amour
M.
D'Amour : En fait, M. le Président, la stratégie maritime, pour les raisons que vous connaissez, n'a pas
été dévoilée hier. Mais la stratégie
maritime, pour l'essentiel, c'est une vision sur les 15 prochaines années,
qui prévoit la création au Québec
de 30 000 emplois, qui s'attarde à nos ports de mer, qui s'attarde à nos
chantiers maritimes, qui s'attarde à
nos besoins en matière de main-d'oeuvre, qui va s'attarder au tourisme, à la culture. Ce
sera ça, la stratégie maritime qui sera annoncée éventuellement.
Quant
à la question de Vaudreuil-Soulanges, ou de Contrecoeur,
ou de Montréal, j'ai déjà expliqué à l'intérieur de cette Chambre que nous, pour développer une
région, on n'a pas besoin d'en sacrifier une autre. C'est la même explication
que je donnais il y a quelques jours à la CAQ. CAQ, PQ, là-dessus, même combat.
Oui, M.
le Président, on veut développer
Contrecoeur; oui, on veut développer Vaudreuil-Soulanges; oui, on veut
développer Montréal et les autres régions du Québec parce que c'est ça, la proposition
qu'on a faite aux Québécois à l'occasion de la dernière campagne électorale.
Nous
allons créer 30 000 emplois dans
les régions du Québec à travers une vision qui sera celle de la toute première
stratégie maritime pour le Québec, que nous
avons conçue pour les citoyens, les jeunes, les femmes, les Québécois dans
leur ensemble. On veut que les gens soient au travail et on veut miser sur l'une
de nos plus grandes richesses...
Le Président : En terminant.
M. D'Amour : ...dont on est fiers,
de ce côté-ci de la Chambre, le Saint-Laurent, M. le Président.
Le Président : Première
complémentaire, Mme la députée de Vachon.
Mme Martine Ouellet
Mme
Ouellet :
Merci, M. le Président. En tout cas, pour l'instant, ce n'est pas de la
création d'emplois, c'est des pertes d'emploi au port de Montréal, M. le
Président.
Toujours dans
les quatre pages dévoilées hier à Radio-Canada, nous apprenons que le
gouvernement libéral veut créer un
centre d'expertise aux Îles-de-la-Madeleine pour la prévention en cas de
déversement de pétrole dans le golfe du Saint-Laurent et veut financer
des plans d'urgence pour les municipalités en cas de déversement de pétrole.
Est-ce que le ministre délégué est en train
d'aider M. Harper à transformer le Québec en autoroute maritime
d'exportation des sables bitumineux?
Le Président : M. le ministre
délégué aux Transports.
M. Jean D'Amour
M. D'Amour :
M. le Président, je croyais que la députée de Vachon allait se réjouir de
l'implantation... de notre intention d'implanter
un centre d'urgence aux Îles-de-la-Madeleine suite aux représentations du
député des Îles-de-la-Madeleine lui-même. Il m'apparaît que c'est une
excellente nouvelle, M. le Président.
Ce qu'on
veut, à l'intérieur de la stratégie maritime, c'est développer l'économie du
Québec, on ne l'a jamais caché, et ce
qu'on veut, c'est davantage d'activité économique dans l'ensemble des champs
d'activité, que ce soit, je l'ai dit tantôt, dans nos ports de mer, au niveau de nos chantiers maritimes. On veut
faire découvrir nos régions, on veut créer de l'emploi, on veut créer de la fierté, on veut relancer
l'économie du Québec. La stratégie maritime, comme le Plan Nord, enfin, c'est
l'un des deux grands fondements économiques du Québec.
Le Président : En terminant.
M. D'Amour : Alors, il me semble que
ce n'est pas sorcier. Et, oui, M. le Président, on va développer les Îles-de-la-Madeleine
aussi.
Le Président : Deuxième
complémentaire, Mme la députée de Vachon.
Mme Martine Ouellet
Mme
Ouellet : Oui,
merci, M. le Président. Le ministre délégué nous confirme qu'il veut faire de l'activité
économique reliée au transport du pétrole des sables bitumineux; c'est ça qu'il
nous confirme aujourd'hui. Et je
pense que, tout comme le Plan Nord, la stratégie maritime, dans sa forme
actuelle, est un canard boiteux, M. le Président.
Un élément important
était manquant dans les quatre pages dévoilées hier à Radio-Canada : il ne semble y avoir aucune entente avec le gouvernement fédéral
concernant les ports fédéraux.
Est-ce que
le ministre délégué nous confirme aujourd'hui qu'il souhaite
investir dans les ports fédéraux, qui ne lui appartiennent pas et qui ont été en grande partie laissés à
l'abandon par le gouvernement fédéral depuis plusieurs années?
Le Président : M. le ministre
délégué aux Transports.
M. Jean D'Amour
M.
D'Amour : M. le Président, c'est important de rappeler brièvement que le stockage de
pétrole à Sorel, c'est le Parti québécois, c'est le gouvernement du Parti
québécois, M. le Président.
Et, sur la question
des ports avec le fédéral, M. le
Président, nous échangeons, nous
discutons avec nos vis-à-vis fédéraux. Ça a été le cas la semaine dernière, et
il m'apparaît que le gouvernement fédéral veut exactement la même
chose que nous, salue l'initiative de la stratégie maritime, une
initiative du Québec, et c'est porteur.
Et, dans le cadre de toute l'analyse concernant les ports de mer, effectivement il y a un rapport qui nous sera déposé. Mais ce qu'on veut, c'est de créer des emplois,
et, oui, les ports de mer seront des leviers économiques importants pour nous, comme les chantiers maritimes.
Je n'ai pas l'intention...
Le Président : En terminant.
M. D'Amour : ...de répéter
l'ensemble de ma réponse, mais ce que nous souhaitons, c'est de créer des
emplois au Québec pour les Québécois, M. le Président.
Le Président :
Principale, M. le député de Granby.
Règles fiscales s'appliquant
aux concours
publicitaires internationaux
M. François Bonnardel
M.
Bonnardel : M. le Président, en 2015, les Québécois sont
encore exclus de la plupart des concours internationaux en raison des règles fiscales archaïques. La
situation est tellement ridicule quand on regarde la liste des autres États
exclus de ces concours : on n'a qu'à penser à Cuba, Iran, Soudan,
la Corée du Nord. C'est un peu gênant. Les exemples sont nombreux, dont le plus récent est celui du
concours pour rencontrer U2 à Montréal, mais auquel les Québécois ne sont
même pas admis. Imaginez, les Québécois ne
peuvent même pas participer à un concours mondial où la récompense est
donnée au Québec.
Est-ce
que le ministre est conscient de cette situation aberrante? Quand va-t-il
revoir nos règles fiscales sur les concours, qui datent d'une autre
époque?
Le Président :
Mme la ministre de la Sécurité publique.
Mme Lise Thériault
Mme
Thériault : Oui, merci, M. le Président. Évidemment, M. le
Président, la question du député, elle est vraiment très pertinente,
et je dois dire que ce n'est pas la première fois en cette Chambre qu'il y a un
questionnement par rapport aux règles...
Des voix :
...
Mme Thériault :
M. le Président, je voudrais bien répondre, mais je pense que ça me...
Le Président :
...
Mme
Thériault : Oui, je veux bien vous parler à vous, M. le
Président, sauf que j'entends aussi en même temps ce que les autres
disent, et j'essaie vraiment de répondre en toute honnêteté à cette
question-là.
Vous
savez comme moi que les Québécois, à l'heure actuelle, sont exclus aussi de
d'autres concours comme le National Geographic, M. le Président,
et il y a déjà eu une question ici.
Je pense que ce qu'il est important
de dire aujourd'hui, c'est que la RACJ, elle est là. Elle, elle tire
sa loi de la prohibition, M. le Président, parce qu'on a voulu, à un certain moment donné, contrôler le
jeu, le jeu qui était dans les mains
du crime organisé à l'époque, souvenez-vous,
M. le Président — vous
êtes peut-être trop jeune, mais c'est là dont on tient la source. Et
tous les tirages sont sous la loi de la régie des alcools, des jeux du Québec,
M. le Président.
Mais
ce que je tiens à dire à mon collègue le député, c'est qu'on entreprend une
grande réflexion par rapport à la place que la RACJ doit avoir...
Le Président :
En terminant.
Mme
Thériault : ...et qu'on est bien conscients qu'on n'est plus au
temps de la prohibition, M. le Président, on est arrivés au
XXIe siècle ici.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Granby.
M. François Bonnardel
M.
Bonnardel : M. le Président, le gouvernement a promis de
faire une réforme de la fiscalité, une réforme qu'on attend toujours. Est-ce qu'on peut, M. le
Président, en profiter pour revoir nos règles archaïques en termes de droits
exigibles et de cautionnement sur les concours?
Et
je m'attends peut-être à ce que le ministre des Finances se lève et nous dise
si, oui ou non... Est-ce que, oui ou non, vous allez entreprendre ces
démarches qu'on attend toujours? Merci.
Le Président :
Mme la ministre de la Sécurité publique.
Mme Lise Thériault
Mme
Thériault : M. le Président, vous savez, ici on travaille en
collégialité, et, lorsque mon collègue le ministre des Finances a annoncé que la RACJ se pencherait
sur le permis unique pour les établissements — c'est parce que la RACJ relève de la
Sécurité publique — nous
avons eu des discussions à cet effet.
Je
viens de dire au collègue dans ma première réponse que la Loi de la RACJ, elle
est basée sur la Loi de la prohibition, que
nous sommes au XXIe siècle, que, oui, nous devons revoir nos lois, M. le
Président, et c'est exactement l'exercice
qui se passe en ce moment, M. le Président, parce que je suis d'accord avec mon
collègue, je trouve totalement... très particulier que les Québécois ne
puissent pas avoir accès aux billets de U2...
Le Président :
En terminant.
Mme
Thériault : ...et je suis convaincue qu'il y a plein de gens
ici qui auraient aimé ça pouvoir participer au tirage, M. le Président.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Granby.
M. François Bonnardel
M.
Bonnardel : M. le Président, je comprends que le
gouvernement semble ouvert, là. Ce sont quand même des règlements, des droits exigibles et cautionnements
qui datent de 1978. Il n'y a personne qui est fier ici de voir le Québec
associé à des pays comme Cuba, Iran, Soudan et la Corée du Nord.
Alors, ma question
est fort simple : Est-ce que le ministre s'attend à modifier la loi à la
prochaine mise à jour économique pour que les Québécois puissent profiter de
ces concours?
Le Président :
Mme la ministre de la Sécurité publique.
Mme Lise Thériault
Mme
Thériault : M. le Président, je le dis, je le redis, nous
sommes à revoir les choses à la RACJ. Il y a des choses qu'on peut changer par règlement, c'est vrai, mais
il y a des choses qui demandent une analyse beaucoup plus en profondeur,
il faut regarder l'ensemble de l'oeuvre, M. le Président.
Dernièrement,
on a permis de faire des tirages moitié-moitié, de pouvoir changer les règles.
Quand c'est possible de le faire par
règlement, on le fait, M. le Président, mais vous comprendrez que, dans
ces cas-ci, dans le cas qui nous préoccupe,
on ne peut pas aller par règlement, M. le Président, il faut revoir l'ensemble
de l'oeuvre. Et, je le dis, la RACJ est
un tribunal quasi judiciaire, c'est un tribunal administratif qui doit gérer
des décisions. Mais, M. le Président, la réponse, c'est qu'on regarde
les choses et qu'éventuellement on arrivera avec une proposition...
Le Président :
En terminant.
Mme Thériault :
...pour les collègues à l'Assemblée nationale, M. le Président.
Le Président :
Principale, M. le député de Saint-Jean.
Avenir des forums jeunesse
M. Dave Turcotte
M.
Turcotte : Dans le dossier des forums jeunesse, c'est le
cafouillis total en plus d'être un manque flagrant de vision envers la
jeunesse.
Le
26 février, les forums recevaient de la part du Secrétariat à la jeunesse
une confirmation écrite du gouvernement de leur financement. Le 22 avril, sans aucun préavis, sans aucune
rencontre, une décision politique annonce leur fermeture; la décision
est sans équivoque.
Finalement,
le premier ministre revient sur sa décision le 13 mai, et décide de les
rencontrer, et se montre ouvert à leur
maintien. Surprise! On apprend que les forums doivent recommencer à zéro, comme
s'ils n'avaient jamais existé, et ça, malgré une lettre écrite du
gouvernement confirmant leur financement.
Pourquoi
le premier ministre, ministre responsable de la jeunesse, n'a pas été capable
de dire les vraies affaires aux forums lorsqu'il les a rencontrés?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : Alors, M. le Président, c'est certainement involontaire, pour notre
collègue, de ne pas aborder la question de façon factuelle. Il n'était
pas à la réunion, d'ailleurs.
Ce qui a été
dit très clairement, c'est que le travail que les personnes oeuvrant dans les
forums jeunesse voulaient continuer à
faire — et on accueille
avec plaisir leur volonté de continuer à servir — se ferait dans la nouvelle gouverne — et ça,
ça a été dit de façon très claire — qui est double : d'une part,
l'attribution des responsabilités aux carrefours jeunesse-emploi et, d'autre part, la nouvelle politique
jeunesse et la nouvelle stratégie qui, à l'automne, a déjà des projets, des
sommes réservées pour des projets terrain par les jeunes et pour les
jeunes.
Alors,
nous, on a accueilli avec ouverture cette volonté de participer des personnes
issues des forums jeunesse, mais on rappelle qu'elle se fera, cette
participation, dans la nouvelle gouverne et également avec en vue la prochaine
stratégie jeunesse.
Le Président :
Complémentaire, M. le député de Saint-Jean.
M.
Turcotte : M. le
Président...
• (11 h 20) •
Des voix : ...
M.
Turcotte : J'y
vais?
Le Président : Vous pouvez y
aller. On n'ira pas...
M.
Turcotte : Bien,
moi, j'y vais, je suis debout.
Des voix : ...
Le Président : Écoutez, ce
n'est pas bien compliqué.
Cela met fin à la période de questions et
réponses orales.
Des voix : ...
Le Président : Écoutez! Ce
n'est pas compliqué...
Des voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Alors, M. le...
M.
Bédard : À ce
moment-ci, Mme la Présidente...
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Oui. Un instant, là! Un instant!
Des voix : ...
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Un instant! Un instant! Je vais vous demander le silence, s'il vous plaît. M. le leader de l'opposition officielle.
M.
Bédard : Bien, Mme
la Présidente, on a un problème, parce qu'il y a quelqu'un qui s'est vu reconnaître
son droit de parole puis il lui a été
retiré parce que le leader de l'autre côté l'a demandé. Moi, j'aimerais savoir
comment on peut enlever le droit de parole à un collègue ici, dans cette
Assemblée?
Des voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Oui, oui. Un instant! Oui.
Des voix : ...
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Est-ce que je peux intervenir? S'il
vous plaît, je vais vous demander de
vous asseoir, M. le leader de l'opposition officielle. Le président a pris une
décision : il a mis fin à la période de questions. Et nous en
sommes maintenant à la rubrique de votes reportés.
Une voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
M. le leader de l'opposition officielle.
M.
Bédard :
Le problème, Mme la Présidente, c'est que mon collègue était debout et il était
en train de poser sa question. Et là je suis content de savoir que le
leader...
Des voix : ...
M.
Bédard : Bien, il y
a bien de l'énervement ici.
Des voix : ...
M.
Bédard : Alors, est-ce que je peux plaider, tout simplement?
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Oui.
Des voix :
...
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vais vous demander... Je vous
demande le silence, s'il vous plaît, pour permettre à M. le leader de
l'opposition d'intervenir. Merci.
M.
Bédard : Oui. En vertu de quelle règle, Mme la Présidente,
quelqu'un qui est debout, qui pose sa question dans les temps qui étaient prévus... Et je suis content, ce n'est pas à
la demande en plus du leader, donc il doit être d'accord à ce qu'il pose sa question en plus. Comment on peut
retirer ce droit de parole et quel article du règlement peut-on invoquer
pour enlever le droit de parole à un député qui est debout et qui pose une
question?
Des voix :
...
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Est-ce que je...
Une voix :
...
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Oui.
Une voix :
...
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, M. le leader du gouvernement.
M.
Fournier : Je n'ai rien demandé. Je ne suis pas d'accord avec
ce qu'il dit. Je n'interviens même pas. C'est entre lui puis le président. Je n'ai pas rien à voir là-dedans, qu'on ne
me mêle pas. Le président a pris une décision, qu'il la respecte,
ce n'est pas mes affaires.
Des voix :
...
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : C'est ça. Alors, le président a
pris la décision de mettre fin à la période de questions, c'est sa décision. Je
ne peux pas la renverser. Et je vais vous demander votre collaboration pour
poursuivre nos travaux.
Votes reportés
Adoption du projet de loi
n° 37
Et nous en sommes à
la rubrique des votes reportés.
Alors,
tel qu'annoncé précédemment, nous allons maintenant procéder au vote
reporté — un vote
important — sur
la motion de M. le ministre de l'Économie,
de l'Innovation et des Exportations proposant que le projet de loi n° 37,
Loi confirmant l'assujettissement des projets de cimenterie et de
terminal maritime sur le territoire de la Municipalité de Port-Daniel—Gascons au seul régime d'autorisation de l'article
22 de la Loi sur la qualité de l'environnement, soit adopté.
Et que les députés en
faveur de cette motion veuillent bien se lever.
La
Secrétaire adjointe : M. Couillard (Roberval), M. Fournier
(Saint-Laurent), Mme Thériault (Anjou—Louis-Riel), M. Paradis (Brome-Missisquoi),
M. Hamad (Louis-Hébert), M. Dutil (Beauce-Sud), M. Leitão (Robert-Baldwin), M. Coiteux (Nelligan), M. Moreau
(Châteauguay), Mme David (Outremont), M. Poëti (Marguerite-Bourgeoys),
M. D'Amour (Rivière-du-Loup—Témiscouata), M. Huot (Vanier-Les Rivières),
M. Kelley (Jacques-Cartier), Mme Vallée (Gatineau), M. Lessard (Lotbinière-Frontenac), M. Barrette
(La Pinière), M. Blanchette (Rouyn-Noranda—Témiscamingue), M. Heurtel (Viau), M.
Arcand (Mont-Royal), Mme Charbonneau (Mille-Îles), M. Daoust (Verdun), Mme Weil
(Notre-Dame-de-Grâce), Mme Vien (Bellechasse),
M. Billette (Huntingdon), M. Blais (Charlesbourg), Mme St-Pierre (Acadie), M. Reid (Orford), Mme Boulet
(Laviolette), Mme Vallières (Richmond), M. Morin (Côte-du-Sud), M. Bernier
(Montmorency), M. Ouellette (Chomedey), Mme Charlebois (Soulanges), Mme Ménard
(Laporte), M. Sklavounos (Laurier-Dorion),
M. Girard (Trois-Rivières), Mme Blais (Saint-Henri—Sainte-Anne), Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger), M.
Carrière (Chapleau), M. Drolet (Jean-Lesage), M. Chevarie
(Îles-de-la-Madeleine), M. Simard (Dubuc), M. Tanguay (LaFontaine), M. Bolduc (Mégantic), Mme de Santis
(Bourassa-Sauvé), M. Iracà (Papineau), M. Ouimet (Fabre), M. Fortin (Sherbrooke), M. Fortin (Pontiac), M. Bourgeois
(Abitibi-Est), M. Boucher (Ungava), M. Birnbaum (D'Arcy-McGee), M. Auger (Champlain),
M. Rousselle (Vimont), M. Giguère (Saint-Maurice), M. Habel (Sainte-Rose),
M. Hardy (Saint-François), Mme
Montpetit (Crémazie), Mme Nichols (Vaudreuil), M. Plante (Maskinongé), M. Polo
(Laval-des-Rapides), M. St-Denis (Argenteuil).
M. Péladeau (Saint-Jérôme), M. Bédard
(Chicoutimi), M. Marceau (Rousseau), M. Bérubé (Matane-Matapédia), Mme
Poirier (Hochelaga-Maisonneuve), Mme Léger (Pointe-aux-Trembles), Mme Lamarre
(Taillon), M. LeBel (Rimouski), M.
Lelièvre (Gaspé), M. Kotto (Bourget), M. Gaudreault (Jonquière), M. Therrien
(Sanguinet), Mme Maltais (Taschereau), M. Dufour (René-Lévesque), M.
Drainville (Marie-Victorin), M. Cloutier (Lac-Saint-Jean), M. Lisée (Rosemont),
M. Traversy (Terrebonne), M. Cousineau (Bertrand), M. Rochon (Richelieu),
M. Villeneuve (Berthier), M. Bergeron
(Verchères), M. Turcotte (Saint-Jean), M. Pagé (Labelle), Mme Richard
(Duplessis), M. Roy (Bonaventure).
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Maintenant, que les députés contre cette motion veuillent bien se lever.
La Secrétaire
adjointe : M. Legault
(L'Assomption), M. Bonnardel (Granby), M. Charette (Deux-Montagnes), M. Martel (Nicolet-Bécancour), Mme Roy
(Montarville), Mme Samson (Iberville), M. Roberge (Chambly), M. Laframboise (Blainville), M. Schneeberger
(Drummond—Bois-Francs),
Mme D'Amours (Mirabel), Mme Lavallée (Repentigny), M. Lamontagne (Johnson), M. Jolin-Barrette (Borduas), M.
Surprenant (Groulx), Mme Soucy (Saint-Hyacinthe), M. Spénard
(Beauce-Nord), M. Paradis (Lévis), Mme Roy (Arthabaska), M. Lemay (Masson).
Mme David (Gouin),
M. Khadir (Mercier), Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques).
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Y a-t-il... Oui, M. le leader du
deuxième groupe d'opposition.
M.
Bonnardel : ...je
permettrais à la députée de Vachon, si elle n'est pas trop loin, si elle
veut... si elle souhaite voter.
Des voix :
...
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Non, ça...
Y a-t-il des abstentions? Alors, M. le secrétaire général pour le
résultat du vote.
Le
Secrétaire : Pour : 89
Contre : 22
Abstentions :
0
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, la motion est adoptée, et, en conséquence, le projet de loi n° 37 est adopté.
Motions sans préavis
Nous en
sommes maintenant à la rubrique des motions sans préavis, et, en
fonction de nos règles et de l'ordre de présentation de ces motions, je suis maintenant
prête à reconnaître un membre formant l'opposition officielle, et je
cède la parole à M. le député de Richelieu.
M. Rochon : Oui, Mme la Présidente.
Je sollicite le consentement des membres de cette Assemblée afin de présenter,
conjointement avec le député de Lévis et la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques,
la motion suivante...
Des voix : ...
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Attendez un instant, M. le député.
Je vais demander aux gens... Il y a une personne qui a la parole en ce
moment, et c'est M. le député de Richelieu. Vous pouvez poursuivre.
M.
Rochon : Alors, je reprends,
Mme la Présidente. Je sollicite le consentement des membres de cette Assemblée
afin de présenter, conjointement avec le
député de Lévis et la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques, la motion suivante :
«Que
l'Assemblée nationale demande au gouvernement d'appuyer la proposition [à
l'effet] que se poursuive le mandat
d'initiative intitulé Les conditions de vie des adultes hébergés en centre
d'hébergement et de soins de longue durée à la Commission de la santé et
des services sociaux.»
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci, M. le député. Y a-t-il consentement pour débattre de cette
motion? M. le leader du gouvernement.
M.
Sklavounos :
Mme la Présidente, cette question est de la compétence de la commission
parlementaire qui se réunit demain et non pas de l'Exécutif. Pas de
consentement.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Alors, il n'y a pas de consentement.
Je suis
maintenant prête à reconnaître un membre formant le deuxième groupe
d'opposition et je cède la parole à Mme la députée d'Arthabaska.
• (11 h 30) •
Mme Roy (Arthabaska) : Mme la
Présidente, je demande le consentement pour déposer la motion suivante
conjointement avec le député de Marie-Victorin et le député de Mercier :
«Que
la Commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources
naturelles procède à l'étude des
processus de gestion chez Hydro-Québec et des enjeux entourant la vente d'une
turbine d'une valeur de 79 millions$ au prix de 74 000 $,
de l'attribution de généreuses primes pour les cadres et les hauts dirigeants,
la hausse des tarifs d'électricité au-delà
de l'inflation et l'impact des décisions politiques relatives aux divers
investissements d'Hydro-Québec;
«Qu'à cette
fin, elle entende la présidente-directrice générale par intérim d'Hydro-Québec,
Mme Lise Croteau, le président
d'Hydro-Québec TransÉnergie, M. André Boulanger, [et] le président
d'Hydro-Québec Production, M. Richard Cacchione,
le président d'Hydro-Québec Distribution, M. Daniel Richard, le président
d'Hydro-Québec Équipement et services partagés, M. Réal Laporte, [et]
l'ancien président-directeur général, M. Thierry Vandal, ainsi que toutes les
personnes qu'elle jugera nécessaire de convoquer;
«Que la durée
des exposés, des échanges avec les membres de la commission et de toute autre
modalité soient fixés par les membres de la commission;
«Que la commission fasse rapport à l'Assemblée
au plus tard le 12 juin 2015, à moins que les membres en décident
autrement;
«Enfin, que cette motion devienne un ordre de
l'Assemblée.»
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Je vous remercie, Mme la députée.
Y a-t-il consentement pour débattre de cette
motion? On me dit qu'il n'y a pas de consentement.
Je vais
maintenant céder la parole à Mme la ministre déléguée à la Réadaptation, à la
Protection de la jeunesse et à la Santé publique pour sa motion
d'aujourd'hui.
Souligner la Semaine
québécoise
des personnes handicapées
Mme
Charlebois : Alors, Mme la
Présidente, je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter
la motion suivante conjointement avec le député de Rosemont, le député de Lévis
et la députée de Gouin :
«Que
l'Assemblée nationale souligne la Semaine québécoise des personnes handicapées,
qui se tient cette année sous le thème Ensemble, bâtissons une
société plus inclusive!;
«Qu'elle
exprime sa solidarité envers les personnes vivant avec un handicap ainsi que
leur famille qui doivent faire preuve de courage afin de relever les
défis qui y sont associés;
«Qu'elle
souligne l'engagement quotidien de l'ensemble de la communauté pour faire en
sorte que notre société soit toujours plus inclusive envers les
personnes vivant avec un handicap.»
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci, Mme la ministre. Y
a-t-il consentement pour débattre
de cette motion? M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Sklavounos : Mme la
Présidente, nous proposons l'adoption sans débat.
Mise aux voix
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Très bien. Alors, cette motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Adopté. Et maintenant, pour la prochaine motion, je cède la parole à Mme la députée de
Gouin.
Saluer l'entrée
officielle de l'écrivain Dany Laferrière
à l'Académie française
Mme David
(Gouin) : Merci, Mme la Présidente. Je demande le consentement de la Chambre
pour débattre de la motion suivante conjointement avec le premier ministre, le chef
de l'opposition officielle et le chef
du deuxième groupe
d'opposition :
«Que l'Assemblée nationale salue l'entrée
officielle de l'écrivain Dany Laferrière à l'Académie française;
«Qu'elle
félicite chaleureusement M. Laferrière, premier Québécois
à faire son entrée dans l'illustre académie;
«Qu'elle
rappelle la longue et prolifique carrière du grand écrivain récipiendaire du
prix Médicis en 2009;
«Que l'Assemblée nationale en profite pour souligner la formidable vitalité
artistique de la communauté haïtienne du Québec.»
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci beaucoup, Mme la
députée. Y a-t-il
consentement pour débattre de cette motion?
M.
Sklavounos : Oui, Mme
la Présidente, il y a consentement pour le débat, environ deux minutes par intervenant, à commencer par Mme la députée de Gouin, suivie de M. le
chef de l'opposition officielle, du
chef du deuxième groupe
d'opposition et finalement par le premier ministre.
La Vice-Présidente (Mme
Gaudreault) : Alors, merci beaucoup, M. le leader adjoint. Sans
plus tarder, je vous cède la parole, Mme la députée de Gouin.
Mme Françoise David
Mme
David (Gouin) : Merci, Mme la Présidente. Alors, évidemment, comme
tout le monde le sait, Dany
Laferrière est né à Port-au-Prince en 1953, a vécu avec sa mère puis avec sa
grand-mère à Petit-Goâve. Son père était en exil. Je vous rappelle
qu'Haïti vivait sous dictature.
Il
est donc devenu journaliste sous cette même dictature, et, en 1976, quand son grand ami
Gasner Raymond a été assassiné par
les tontons macoutes, Dany Laferrière a dû s'enfuir à Montréal
et a commencé, comme tant d'immigrants, à travailler en usine pendant plusieurs
années. Mais, miracle, 1985, il publie un premier roman dont tout le monde se rappelle le titre, bien sûr, Comment faire
l'amour avec un nègre sans se fatiguer. Il y a plein de gens qui n'ont
pas lu le roman, mais tout le monde se rappelle du titre. Cela dit, Dany Laferrière obtient dès ce
moment-là une immense notoriété. Il
dira lui-même, souvent, d'ailleurs qu'il est né en Haïti mais qu'il est né écrivain
au Québec. Sauf que les livres, ça ne fait pas toujours gagner sa vie. Alors, il continue de travailler
comme chroniqueur et même comme annonceur météo. Sauf que tout
de même, depuis 1985, il a écrit 23
livres. Pour un écrivain en pyjama qui ne rêve que de lire dans sa baignoire,
ce n'est quand même pas si mal.
En
2009, Dany Laferrière publie L'énigme du retour, un roman-essai-poème
qui remporte le prix Médicis et par
la suite plusieurs autres prix littéraires. Je dois avouer mon coup de coeur
le plus profond pour ce livre, publié dans une époque où l'on discutait beaucoup, au Québec, de toutes sortes de choses, et, donc, je veux
simplement vous mentionner quelques
extraits très courts. D'abord, il dit : «Écrire, c'est cuisiner avec des
lettres.» Bien simplement. Il nous raconte aussi : «C'est dimanche après-midi à Port-au-Prince. Je le sais car
même les plantes ont l'air de s'ennuyer.» Parlant d'Haïti, il nous dit : «Ici on vit d'injustice et
d'eau fraîche.» Et finalement, à l'époque, une phrase qui m'avait beaucoup
touchée : «Pour les trois quarts
des gens de cette planète il n'y a qu'une forme de voyage possible, c'est de se
retrouver sans papiers dans un pays
dont on ignore la langue et les moeurs. On se trompe à les accuser de vouloir
changer la vie des autres quand ils n'ont aucune prise sur leur propre
vie.»
Et
puis finalement, la semaine dernière, et c'est pour cela que nous en parlons,
Dany Laferrière a fait une entrée remarquée
à l'Académie française. Il a d'abord reçu son épée — on est dans une vieille institution — son
épée d'académicien, donc, à la mairie
de Paris, une cérémonie où nous étions nombreuses et nombreux et très émus
devant un écrivain visiblement heureux. Plusieurs de nos compatriotes québécois
d'origine haïtienne avaient franchi l'Atlantique et exprimaient évidemment une fierté contagieuse. Puis, jeudi 28 mai, ce
fut le grand moment, une cérémonie solennelle, protocolaire mais aussi chaleureuse et émouvante par la qualité et la
beauté des textes de Dany Laferrière et d'Amin Maalouf.
Merci
à Dany Laferrière d'être ce magnifique Québécois haïtien qui nous fait honneur et merci peut-être
pour quelque chose que les gens savent moins : merci pour tout
le temps qu'il consacre à faire le tour des écoles au Québec
et en Haïti pour parler aux jeunes de littérature et ainsi leur donner
le goût des livres. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci, Mme la députée de Gouin. Et je cède maintenant la parole à
M. le chef de l'opposition officielle.
M. Pierre Karl Péladeau
M.
Péladeau : Merci, Mme la Présidente. Depuis son arrivée au Québec il y a
plus de 30 ans maintenant, Dany Laferrière a lentement mais très sûrement
imprégné sa marque dans la sphère littéraire québécoise. Avec une vingtaine
d'ouvrages parus au cours des 25 dernières années, c'est aujourd'hui toute la
francophonie qui connaît bien l'homme et son
oeuvre. Nous sommes ici devant un auteur qui, à travers des thèmes comme
l'exil, la famille et l'identité, rejoint l'universel avec l'acuité du
regard de ses plus grands devanciers originaires du Sud. De nombreuses autres distinctions reçues récompensent le talent d'un
grand humaniste qui a joué d'audace toute sa vie d'écrivain éminemment inspiré de son Haïti natal, par cette proximité
avec la culture américaine et celle du Québec, dont il contribue au rayonnement dans tout
l'espace francophone.
Du Québec, où la
défense et la sauvegarde de la langue française sont des combats vitaux, il
nous rappelle constamment par ses écrits la
finalité de cette longue bataille que nous menons depuis quatre siècles. «Les
livres — dira-t-il
en 2012 — ont eu une influence déterminante dans ma vie.
Mais c'est sur les ailes de la langue
française que j'espère faire
ce périple à travers le temps.» Nous étions particulièrement émus et fiers lorsque, le 25 mars 2010, évoquant le prix Médicis
pour son roman L'énigme du retour,
nous saluions alors un des grands ambassadeurs du Québec
culturel et un des grands écrivains de la francophonie.
• (11 h 40) •
Dans
cet ouvrage, il dira, et je cite : «J'ai voulu par ce livre dire mon amour
pour Haïti et [pour] le Québec. Ces deux
pays existent si intimement en moi qu'il m'arrive aujourd'hui de les confondre dans mes rêves. Je ne pensais pas qu'il était
possible d'être d'un autre pays que celui où l'on est né. Cela vient avec le
temps[...], les jours heureux et malheureux et la passion des autres.» Fin de
la citation.
Toute
l'armature des ponts ici invoquée tient dans cette phrase puissante, qui
incarne bien l'homme et son oeuvre, qui
incarne bien le nomadisme culturel qui a été le socle de l'oeuvre de plusieurs
de ses compatriotes noirs et créoles. Par
ailleurs, je n'irais pas jusqu'à dire, comme Romain Rolland, que le
hasard sait toujours trouver ceux qui savent s'en servir, mais je constate que le fauteuil n° 2 qu'il occupe aujourd'hui
à l'Académie française fut jadis occupé par Alexandre Dumas fils, dont
le grand-père, le général Dumas, était originaire d'Haïti. Autres temps, autres
ponts.
Je souligne finalement — autre
étrange coïncidence — que
son plus récent prédécesseur au fauteuil n° 2, le regretté Hector Bianciotti, fut un grand ami de Jorge Luis
Borges et un des auteurs favoris de Dany Laferrière. Aussi, avec les Diderot, Montesquieu, Hugo et Montaigne, et autres
grands poètes, et autres Haïtiens et Sud-Américains, qui ont tous inspiré son oeuvre — je pense notamment à Frankétienne et à Carlos Fuentes — Dany Laferrière est aujourd'hui de ces
capitaines d'espérance que la mer a séparés puis réunis.
L'entrée
de Dany Laferrière à l'Académie française crée ce pont supplémentaire entre les
Amériques, où il est né et où il vit, ainsi qu'avec la francophonie, où
il rayonne aujourd'hui parmi les plus grands écrivains.
Merci, Mme la
Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup, M. le chef de l'opposition officielle. Je vais
maintenant céder la parole à M. le chef du deuxième groupe l'opposition.
M. François Legault
M.
Legault : Oui. Merci, Mme la présidente. Un de mes écrivains
favoris, Dany Laferrière, donc, a été intronisé à l'Académie française.
C'est le couronnement d'un parcours vraiment remarquable.
On
se souvient tous de son entrée à l'âge de 32 ans avec son premier roman,
hein, avec le titre, effectivement, qui,
en même temps, secouait plusieurs tabous au Québec, et c'était le premier d'une
série de romans toujours pleins de finesse,
d'élégance qu'il a qualifiés plus tard, d'ailleurs, d'autobiographies
américaines. C'est un fils d'Haïti qui est devenu un des nôtres, qui est intégré, très bien intégré
à la société québécoise. C'est rendu d'ailleurs une des figures les plus en
vue de notre monde culturel. Pour moi, en
tout cas, c'est toujours un bonheur de le voir en entrevue : brillant et
érudit, mais aussi tellement drôle. À
chaque fois que je mange une mangue, je me souviens comment lui suggère de la
manger, c'est-à-dire dans la douche.
C'est quelqu'un qui est... oui, un gars qui est drôle, mais son humour cache
pourtant une vie qui a été ponctuée par la tragédie. C'est un exilé
politique qui a quitté Haïti, qui était alors sous le joug de Duvalier. Il l'a fait juste au bon moment. Par chance. Il a
été informé qu'il se trouvait lui-même dans la mire du régime. Et il est
venu à Montréal, il a tout recommencé à zéro
en travaillant dans une usine. Il faut quand même le faire. Et son oeuvre
témoigne de la vitalité d'un homme qui a voulu se construire lui-même puis
frayer son chemin en toute liberté.
Il a toujours porté
avec fierté son origine haïtienne, mais il a toujours montré aussi sa pleine
intégration à la société québécoise, et son
élection à l'Académie française est, pour nous, une grande joie. Pour Haïti,
pour le Québec, pour toute la
francophonie, l'élection de Dany Laferrière représente une merveilleuse
nouvelle. C'est une source d'inspiration
incomparable puis un témoignage vivant de l'apport de la communauté haïtienne à
notre culture ici, au Québec.
Et
donc je me joins à mes collègues pour adresser mes plus sincères félicitations
à cet écrivain d'exception. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie, M. le chef du deuxième groupe d'opposition. Je vais maintenant céder la
parole à M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : Merci, Mme la Présidente. Bien
sûr, il y a quelques jours, plusieurs
d'entre nous avons eu l'insigne honneur
d'assister à ces fort émouvantes cérémonies entourant l'intronisation de Dany
Laferrière à l'Académie française. Plusieurs d'entre nous étions
présents, également plusieurs anciens premiers ministres du Québec. La ministre
de la Culture et des Communications, le chef de l'opposition officielle, la députée
de Gouin ainsi que les premiers ministres Bernard Landry, Jean Charest et Pauline Marois
étaient également présents.
Je
voudrais également, comme d'autres l'ont fait avant moi, témoigner
de cette consécration du premier Québécois
dans l'univers des Immortels, car c'est
ainsi qu'on appelle les académiciens,
académiciennes également,
parce qu'on a vu, peu nombreuses, mais quelques femmes dans les
rangs des académiciens. Et je croisais un ami de Dany Laferrière qui est
aussi son médecin et en lui disant :
Vous savez, monsieur, c'est tout un défi maintenant d'être le médecin d'un
Immortel.
Des voix :
Ha, ha, ha!
M.
Couillard : On verra comment il s'en acquittera au cours des
prochaines années.
Rappelons
qu'en plus d'être le premier Québécois Dany Laferrière est le premier Canadien
et le premier Haïtien à siéger sous
la Coupole. Il occupera, on l'a dit, le fauteuil n° 2, celui de
Montesquieu, laissé vacant par Hector Bianciotti, parce qu'on ne quitte
l'académie que pour entrer dans le prochain monde, et autrefois dévolu, outre
Montesquieu, à Alexandre Dumas, on l'a dit tantôt, lui-même d'origine
antillaise.
Je
vais souligner comme d'autres l'ont fait que, lors de son intronisation, M.
Laferrière portait une épée fabriquée en
Haïti et revêtait l'habit confectionné au Québec. Il illustrait ainsi, une fois
de plus, son attachement à sa mère patrie et à sa terre d'accueil. Il a également démontré, en envoyant ainsi un
message très fort, qu'il n'est pas nécessaire pour revendiquer une identité d'en effacer une autre.
D'ailleurs, on le disait dans les discours qui entouraient son intronisation
qu'un peu excédé des questions qui lui sont posées de façon répétée :
Êtes-vous, d'abord et avant tout, un écrivain québécois ou un écrivain
haïtien?, il a répondu par le titre d'un de ses livres : Je suis un
écrivain japonais.
Des voix :
Ha, ha, ha!
M. Couillard : Évidemment, en raison du nombre infime de
personnes élues à l'académie, on peut certes affirmer que celles-ci sont taillées dans un bois d'essence
très rare, un bois qui façonne les personnes au parcours hors du commun.
C'est
un accomplissement qui écrit un nouveau chapitre de notre histoire en plus de
faire honneur à notre langue et notre
culture. En effet, en même temps qu'il est reçu à l'Académie française, c'est
tout le Québec qui entre dans cette lumière avec lui.
M.
le Président, j'ai eu le bonheur de discuter littérature, culture avec Dany
Laferrière lors de la présentation de notre
bibliothèque idéale, en mars dernier, à Paris. J'ai pu alors saisir, davantage
même, toute l'envergure et l'immense talent de cet homme de lettres, de
coeur et de conviction, qui a choisi des thèmes qui nous rejoignent tous, sur
le plan humain, très profondément. Un de ses
thèmes, bien sûr, de prédilection, on l'a illustré tantôt, c'est le thème de
l'exil, et l'exil, bien sûr, de plusieurs formes, l'exil qui nous pousse
à quitter un pays pour s'établir dans un autre, mais l'exil également de tout être humain, qui est l'exil
fondamental sur lequel on ne peut revenir, malheureusement, c'est l'exil du
monde de l'enfance, qui est, pour lui, on le
sait, excessivement, excessivement important. Il pose ainsi tout le thème du
retour énigmatique à nos origines,
pour prendre un autre titre d'également ce qui constitue mon livre préféré de
Dany Laferrière : L'énigme du retour.
On a également pu
comprendre que le métissage de ses origines, de sa vie au Québec, de ses
séjours en terre américaine lui donne un
regard qui est à la fois universel et nécessaire à la pérennité de l'Académie
française, dont il est, je crois,
sinon le plus jeune membre maintenant, certainement un des plus jeunes membres.
Je voudrais également témoigner : J'espère
que les Québécois et les Québécoises qui nous écoutent auront le temps d'aller
lire les textes que Dany Laferrière lui-même
a prononcés pour rendre hommage à son prédécesseur, mais toucher bien d'autres
thèmes en même temps, et celui qu'Amin Maalouf également a prononcé pour
l'accueillir, des textes d'une clarté remarquable, d'une qualité de langue absolument formidable. J'espère que les
élèves du Québec, à tous les niveaux, surtout aux niveaux secondaire, collégial, universitaire, prendront le temps
d'aller lire ces deux textes, qui sont tout un compliment à notre langue
commune.
Je
joins donc ma voix à celle de mes collègues de l'Assemblée nationale afin de
rendre hommage, féliciter notre nouveau
jeune académicien, Dany Laferrière, pour son entrée officielle sous la Coupole,
une reconnaissance qui rejaillit sur
tout le Québec. Nous lui redisons, Mme la Présidente, notre fierté, notre
admiration et notre reconnaissance. Merci.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie, M. le premier ministre.
Mise aux voix
Alors, cette motion
est-elle adoptée?
Des voix :
Adopté.
• (11 h 50) •
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Adopté. Très bien.
Avis touchant les travaux des commissions
Nous
allons maintenant passer à la rubrique des avis touchant les travaux des
commissions. Et j'invite aussi les membres de cette Assemblée à quitter
en silence et dans l'ordre. M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Sklavounos :
Merci, Mme la Présidente. Alors, j'avise cette Assemblée que la Commission des
finances publiques poursuivra l'étude
détaillée à l'égard du projet de loi n° 38, Loi visant à permettre la
réalisation d'infrastructures par la
Caisse de dépôt et placement du Québec, aujourd'hui, après les affaires
courantes jusqu'à 13 heures, de 15 heures à 18 heures et
de 19 h 30 à 22 h 30, à la salle Louis-Joseph-Papineau;
La
Commission de la santé et des services sociaux poursuivra l'étude détaillée à
l'égard du projet de loi n° 20, Loi édictant la Loi favorisant l'accès aux services de médecine de famille
et de médecine spécialisée et modifiant diverses dispositions législatives en matière de procréation assistée, aujourd'hui,
après les affaires courantes jusqu'à 13 heures, à la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine, et de 19 h 30 à 22 h 30,
à la salle des Premiers-Ministres — 1.38 de l'édifice Pamphile-Le May;
La
Commission de la culture et de l'éducation procédera aux consultations
particulières à l'égard du projet de loi
n° 47, Loi modernisant la gouvernance de Bibliothèque et Archives
nationales du Québec, aujourd'hui, après les affaires courantes pour une
durée de 1 h 45 min et de 19 h 30 à 21 heures, à
la salle du Conseil législatif;
La
Commission des transports et de l'environnement entreprendra, quant à elle, les
consultations particulières à l'égard du projet de loi n° 36, Loi
modifiant diverses dispositions législatives concernant principalement le
transport collectif, aujourd'hui, de 15 heures à 18 h 15 et de
19 h 30 à 22 h 30, à la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine;
Et finalement la
Commission de l'aménagement du territoire entendra les intéressés et procédera
à l'étude détaillée des projets de loi
d'intérêt privé suivants, et ce, dans l'ordre ci-après indiqué : le projet
de loi n° 206, Loi concernant la
Ville de Mercier; le projet de loi n° 207, Loi concernant la Ville de
Boucherville; le projet de loi n° 208, Loi concernant la Ville de Saint-Félicien; et le projet de loi
n° 205, Loi concernant la Ville de Sherbrooke, le mardi
9 juin 2015, de 10 heures à
midi, après les affaires courantes jusqu'à 18 heures ainsi que de
19 h 30 à 21 h 30, et poursuivra, si nécessaire, le
mercredi 10 juin 2015, après les affaires courantes
jusqu'à 13 heures, de 15 heures à 18 heures et de
19 h 30 jusqu'à 22 h 30, à la salle Louis-Joseph-Papineau.
Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci beaucoup, M. le leader
adjoint du gouvernement. Alors, est-ce qu'il
y a consentement pour déroger à l'article 143.1 du règlement concernant
l'horaire des travaux des commissions?
Des voix : Consentement.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Consentement. Également, est-ce
qu'il y a consentement pour déroger à
l'article 40 des règles de fonctionnement de l'Assemblée concernant le délai de
convocation des intéressés pour les projets de loi d'intérêt privé?
Des voix : Consentement.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Consentement. Nous en sommes maintenant à... aux avis, pardon, touchant les travaux des commissions, et, pour ma
part, je vous avise que la Commission des institutions se réunira en séance publique aujourd'hui, à 15 heures, pour une
durée de 90 minutes, à la salle du Conseil législatif, et l'objet de cette
séance est d'entreprendre... pardon,
d'entendre le jurisconsulte de l'Assemblée nationale dans le cadre de l'étude
du rapport sur la mise en oeuvre du Code d'éthique et de déontologie des
membres de l'Assemblée nationale.
Je vous avise également que la Commission des
relations avec les citoyens se réunira en séance de travail aujourd'hui, de 18 heures à 19 heures, à
la RC.171 de l'hôtel du Parlement, et l'objet de cette séance est de statuer
sur la possibilité que la commission
se saisisse d'un mandat d'initiative concernant l'étude des mécanismes
entourant la vente de garderies privées subventionnées.
Maintenant, à la rubrique des renseignements sur
les travaux de l'Assemblée, il n'y a pas d'intervention.
Affaires du jour
Alors, la période
des affaires courantes étant terminée, nous allons maintenant passer aux
affaires du jour, et je cède la parole à M. le leader adjoint du
gouvernement.
M.
Sklavounos :
Merci, Mme la Présidente. Auriez-vous l'amabilité d'appeler l'article 14
de notre feuilleton, s'il vous plaît?
Projet de loi
n° 46
Adoption
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci, M. le leader adjoint.
Alors, à l'article 14 du feuilleton, M. le ministre des Affaires
municipales et de l'Occupation du territoire propose l'adoption du projet de
loi n° 46, Loi concernant l'élection au
poste de préfet de la Municipalité régionale de comté du Granit. Et, M. le
ministre des Affaires municipales, je vous cède la parole.
M. Pierre Moreau
M. Moreau :
Mme la Présidente, je regrette que le député de Terrebonne n'assiste pas, si
près de moi, à cette... Non, il est
ici, il est présent, mais je regrette qu'il n'assiste pas, si près de moi, à
cette étape définitive du projet de loi n° 46, Loi concernant l'élection au poste de préfet de la
Municipalité régionale de comté du Granit. Je serai très bref à cette étape de notre procédure
parlementaire.
Nous en
sommes donc à l'étape finale, qui consiste à adopter le projet de loi. Je me permets cependant de réitérer mes remerciements à mes
collègues : le député de Gaspé, porte-parole de l'opposition officielle en
matière d'affaires municipales, et le député de
Blainville, porte-parole du deuxième
groupe d'opposition. La commission parlementaire où nous
avons étudié article par article ce projet de loi là s'est déroulée rondement
grâce à leur collaboration et dû au fait que je pense qu'il y
a une très belle unanimité en cette
Chambre sur l'objectif qui est poursuivi par le projet de loi, je le rappelle, Mme la Présidente, qui est de faire en sorte
que l'élection au poste de préfet de la municipalité régionale de comté du
Granit qui devait avoir lieu en 2015 par l'effet de l'article 17 de la Loi
faisant suite au sinistre ferroviaire du 6
juillet 2013 dans la Ville de Lac-Mégantic est annulée. Cette élection aura
lieu après, donc, l'adoption de ce projet de loi, le 5 novembre 2017,
donc en même temps que les élections, que le cycle général d'élections municipales
dans l'ensemble des municipalités du Québec. Je profite également des quelques
secondes que j'entends consacrer à cette intervention
pour saluer la préfète de la MRC du Granit, préfète élue au suffrage universel,
Mme Marielle Fecteau. Alors, on parle
souvent... et je sais que c'est un sujet qui vous est cher, Mme la
Présidente, l'implication des femmes en politique. Ici, on adoptera bientôt une loi qui touche
directement l'avenir d'une de ces femmes en politique municipale et une des
rares à occuper le poste de préfet d'une municipalité régionale de comté au
Québec. Alors, nous la saluons.
Et je veux,
enfin, terminer cette allocution en remerciant mon collègue le député de
Mégantic pour son dévouement dans ce
dossier comme dans tout ce qui a entouré le sinistre ferroviaire qu'a
péniblement vécu la ville de Lac-Mégantic et, je dirais... péniblement vécu l'ensemble du Québec, puisque ce malheur a
été l'occasion d'une démonstration d'une très grande solidarité au Québec. Et je veux saluer, à travers lui, également
les membres du conseil municipal de la ville de Lac-Mégantic et
l'ensemble des citoyens de la ville de Lac-Mégantic. Et je vous remercie, Mme
la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme
Gaudreault) : Alors, merci beaucoup, M. le ministre des Affaires municipales. Et je vais maintenant
céder la parole à M. le député de Gaspé.
M. Gaétan Lelièvre
M.
Lelièvre : Merci, Mme la Présidente. Comme vous voyez, j'apprends à me lever au bon
moment, ça s'améliore.
Écoutez,
comme le ministre l'a mentionné, c'est un projet de loi qui s'est très, très
bien déroulé, mais un projet de loi quand même
important qui peut paraître pour certains, on dirait, un
ajustement technique, mais pour les gens de la MRC du Granit c'est un projet
de loi qui a été demandé de façon
unanime par le conseil de la MRC. Donc, ce n'est quand même pas rien. Il y a un consensus, là, unanime, au sein de
la MRC.
L'objet,
bien, dans le fond, c'est d'ajuster des dates d'élection de la MRC
avec la date officielle des élections des municipalités locales, tout ça
par souci, je dirais, de faciliter la tâche un peu aux élus, mais également
d'économiser des coûts, des sommes quand même
importantes. On parle de quelques centaines de milliers
de dollars, donc, ce n'est quand
même
pas rien. Et, comme j'ai eu l'occasion de le mentionner précédemment, lorsqu'on
a 19 municipalités,
19 maires, 19 conseils
municipaux sur 19 qui sont en accord d'une telle demande, bien je pense que ça
envoie un signal assez clair au
gouvernement et aux membres des autres partis gouvernementaux. L'objet
principal de ce projet de loi là, bien c'est d'harmoniser, hein, des normes existantes au niveau de la Loi sur les
élections et les référendums. Et tout ça, bien, il faut se rappeler que c'est
requis suite, malheureusement, aux événements
tragiques du 6 juillet 2013. Donc, il y a eu une série de mesures qui ont été rendues nécessaires
par le gouvernement pour venir en aide à la communauté
de Lac-Mégantic et des environs. Ça s'inscrit en continuité de ces
éléments-là.
Je
tiens à remercier les gens de la région de la MRC du Granit, notamment
la préfète, Mme Fecteau, saluer également
Mme Roy-Laroche, Claudette, qui a
fait un travail... et qui continue à faire un travail extrêmement remarquable dans tout le
dossier de la reconstruction de sa communauté; l'ensemble des maires également
et du personnel municipal de cette MRC.
Et je vous dirais que c'est quand
même... ça a été des travaux, comme M. le ministre l'a mentionné, qui se sont déroulés extrêmement... je dirais, avec
une très grande efficacité au niveau de la commission
parlementaire. Ça fait que je profite de l'occasion aussi pour souligner ce fait-là.
Vous savez, souvent,
en commission, les travaux ne cheminent pas toujours à la vitesse qu'on souhaite,
mais, dans ce cas-là, quand on a... c'est un
bel exemple de concertation puis de collaboration à travers l'ensemble des
partis de l'Assemblée nationale. On a réglé le dossier dans des délais records, et tout ça, bien, pour
venir en aide à une communauté
qui a besoin d'une décision.
Donc,
merci au ministre pour sa grande collaboration, son ouverture.
Merci également à mon collègue le député
de
Blainville qui est porte-parole des affaires municipales et des régions au niveau
de la deuxième opposition, également
à l'ensemble des collègues
du parti gouvernemental et autres partis qui ont participé à la commission, puis sans oublier, bien sûr, le
président puis le personnel, tout le personnel de la commission, qui nous ont
très bien assistés.
Donc,
ça a été un plaisir de participer à ce dossier-là, un dossier qui, comme je le
répète, a fait une totale unanimité dans
le milieu, donc un dossier souhaité par le milieu, important. Puis c'est avec
plaisir qu'on va voter, bien sûr, en faveur de ce projet de loi. Merci.
• (12 heures) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci beaucoup, M. le député de
Gaspé. Et maintenant je cède la parole à M. le député de Blainville et
porte-parole du deuxième groupe d'opposition en matière d'affaires municipales.
M. Mario Laframboise
M. Laframboise : Merci, Mme la Présidente. Merci. Il me fait plaisir de prendre la
parole au nom de mon parti sur le projet de loi n° 46.
D'abord,
remercier le ministre, mon collègue de Gaspé porte-parole de l'opposition
officielle, le député de Mégantic,
mes collègues qui ont siégé à la commission, M. le président de la commission,
qui nous a toujours si bien reçus, on est toujours bien reçus à sa
commission. Donc, ça a bien été dans ce cas-là.
Évidemment,
le projet de loi n° 46, je pense qu'on avait un accord de principe sur le
fait que l'objectif... Vous savez,
suite à ce qui s'est passé en 2013, il y a eu une loi qui a fait suite au
sinistre ferroviaire du 6 juillet 2013 dans la ville de Lac-Mégantic, et, dans ce projet de loi là,
les élections avaient été reportées, l'élection municipale, en 2015, et l'élection à la préfecture, donc, à la MRC,
également en 2015. Évidemment... Puis certains se diront : Bien, pourquoi
la MRC? Bien, une des raisons, le
bâtiment de la MRC était situé dans le lieu des sinistres. Donc,
inévitablement, vous savez, pour cette communauté, tout le chambardement
que ça a pu apporter.
Évidemment, pour
plusieurs citoyens qui nous écoutent, l'élection d'un préfet, là, il faut
comprendre qu'il y a seulement 14 MRC
sur 87 qui élisent le préfet au suffrage universel. Donc, si on ne passe pas ce
projet de loi là, ça veut dire qu'à
l'automne 2015 il y aurait eu dans 19 municipalités de la MRC une élection
uniquement pour le préfet, alors que les
élections générales auront lieu en 2017, sauf pour Lac-Mégantic, qui, elle,
aura ses élections en 2015. Puis c'est un choix du conseil. Je pense que
Mme Roy-Laroche, que je salue, voulait ça comme ça, donc je pense que c'est
bien.
Et
évidemment notre position à nous, c'était juste de s'assurer que ça ne crée pas
de précédent, puis je pense que le
ministre a été clair. C'est-à-dire que, dans toutes les autres MRC, si jamais
il y a une démission d'un préfet avant la dernière année, il y a une élection automatique qui se passe. Et
évidemment, dans ce cas-ci, c'est deux ans, parce qu'on ne voulait pas... puis le ministre a été clair
dans sa position, on ne voulait pas que, si jamais il y avait une démission de
Mme la préfet, donc, on aille en élection
quand même alors qu'on adoptait un projet de loi pour ne pas... pour surseoir
aux élections jusqu'en 2017. Donc, encore
une fois, je pense que c'est la logique qui a été adoptée dans ce projet de loi
là.
Et
c'est un bel effort de tous les partis à l'Assemblée nationale. Et encore j'en
profite pour saluer Mme Marielle Fecteau, la préfet de la MRC, qui sera
tantôt, encore une fois, la nouvelle préfet pour les deux prochaines
années, et les membres, les maires, les élus, les 19 maires qui siègent à
la MRC du Granit, qui, eux, ont unanimement demandé à l'Assemblée nationale de
prendre cette décision.
Donc, encore
une fois, merci à mes collègues pour... Et ça m'a fait plaisir de participer à
ce projet de loi n° 46. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup, M. le député
de Blainville. Et maintenant je cède la parole à M. le député de
Mégantic.
M. Ghislain Bolduc
M.
Bolduc : Merci, Mme la Présidente. Je voudrais tout d'abord remercier
le ministre des Affaires municipales pour
son support, et le soutien, et la présentation du projet de
loi n° 46, mes collègues de l'opposition qui ont collaboré avec nous pour en arriver à la position finale de
l'adoption de ce projet de loi là qui constitue une très belle journée pour
la municipalité régionale de comté du Granit
en reportant les élections de deux ans, donc de l'automne 2015 à l'automne
2017, avec les autres élections municipales qui auront lieu à cette
période-là.
Donc, comme
on l'a rappelé souvent, les événements du 6 juillet 2013 avaient amené le
report des élections de la ville de Lac-Mégantic et du préfet de la MRC
du Granit, et, conséquemment, nous avions ce délai-là où les élections arrivaient cet automne et, dû au changement de
préfet, nous avons demandé au ministre des Affaires municipales de reporter
la date dû au fait qu'il y avait l'unanimité des maires de la MRC du Granit à
reporter cette élection-là dû au principal problème
du coût qui était relié aux 19 municipalités qui, elles, n'étaient pas
planifiées pour avoir des élections à l'automne 2015.
Il est très
important pour moi de préciser que ce projet de loi là n'affecte aucunement les
élections municipales de la ville de
Lac-Mégantic et ne concerne uniquement que le poste de préfet de la
municipalité régionale de comté du Granit,
qui est reporté de l'automne 2015 à l'automne 2017. Je dois aussi dire qu'à
l'intérieur de ce projet de loi là il y a aussi les dispositions de cooptage, si jamais il nous arrivait un autre
événement. Donc, on a prévu les mécanismes qui nous permettraient de pouvoir faire une autre relève jusque pour en
arriver aux élections de 2017, ce qui va nous éviter d'avoir une
structure qui pourrait être toujours lourde et difficile quand on arrive à
faire des projets de loi.
Donc, je
remercie tous les participants, et je suis bien heureux pour la MRC du Granit,
et moi aussi, comme tous les autres, je salue Mme Fecteau, qui, maintenant,
sera bientôt en poste pour deux années additionnelles. Merci.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Alors, merci beaucoup, M. le député de Mégantic.
Mise aux voix
Alors, le projet
de loi n° 46, Loi concernant l'élection au poste de préfet de la
Municipalité régionale de comté du Granit, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Adopté. Alors, très bien... dans
l'enthousiasme. Alors, très, très bien.
Maintenant, je vais céder la parole à M. le
leader adjoint du gouvernement pour la suite des choses.
M.
Sklavounos : Oui,
Mme la Présidente, article 40, s'il vous plaît.
Motions du gouvernement
Motion proposant que
l'Assemblée approuve l'Accord de libre-échange
entre le Canada et la république du Pérou, l'Accord sur l'environnement
entre le Canada et la république du Pérou et l'Accord de coopération
dans le domaine du travail entre le Canada et la république du Pérou
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, à l'article 40 du
feuilleton, l'Assemblée procédera maintenant au débat sur la motion faisant suite au dépôt, par Mme la ministre des
Relations internationales et de la Francophonie le 12 mai 2015, d'un
engagement international. Et cette motion se lit comme suit :
«Que, en
vertu de l'article 22.3 de la Loi sur le ministère des Relations
internationales, l'Assemblée nationale approuve
l'Accord de libre-échange entre le Canada et la république du Pérou, l'Accord
sur l'environnement entre le Canada et
la république du Pérou, ainsi que l'Accord de coopération dans le domaine du
travail entre le Canada et la république du Pérou, signés le 29 mai 2008
et en vigueur depuis le 1er [mai] 2009.»
Je vous rappelle que cette motion donne lieu à
un débat restreint de deux heures et la répartition des temps de parole dans le cadre de ce débat s'effectuera
comme suit : 57 minutes sont allouées au groupe parlementaire formant le
gouvernement, 33 min 32 s sont allouées au groupe parlementaire formant
l'opposition officielle, 23 min 28 s sont allouées
au deuxième groupe d'opposition, six minutes sont allouées aux députés
indépendants, et, dans ce cadre, le temps non utilisé pas les députés indépendants ou par
l'un des groupes parlementaires sera redistribué entre les groupes parlementaires selon les proportions établies
précédemment. Enfin, les interventions ne seront soumises à aucune limite
de temps.
Et, sans plus tarder,
je cède la parole à Mme la ministre des Relations internationales et de la
Francophonie.
Mme Christine St-Pierre
Mme
St-Pierre : Merci, Mme la Présidente. Je propose aujourd'hui
à cette Assemblée l'approbation de l'accord de libre-échange entre le Canada et le Pérou, de même que de...
l'accord, dis-je, sur l'environnement entre le Canada et le Pérou et de
l'accord de coopération dans le domaine du travail entre le Canada et le Pérou.
Ces accords ont été
signés le 29 mai 2008 et sont en vigueur depuis le 1er août 2009. La
négociation et la conclusion de l'accord de
libre-échange présenté aujourd'hui témoignent de la volonté d'améliorer le
cadre qui régit le commerce international et ainsi de continuer à y
consacrer les principes de non-discrimination, de concurrence et de
transparence, tous des principes fondamentaux dans le domaine du commerce
international.
En
éliminant l'application de mesures protectionnistes, cet accord est également
de nature à favoriser l'intensification des échanges commerciaux qui contribuent à la prospérité du Québec, à la
création d'emplois et à l'augmentation du niveau de vie des Québécois.
• (12 h 10) •
L'accord sur
l'environnement, quant à lui, vise à renforcer et à mettre en application les
lois et les règlements concernant l'environnement. Il a aussi pour objectif d'accroître la coopération en matière d'environnement et de favoriser le développement durable.
Quant
à l'accord sur la coopération dans le domaine du travail, ses objectifs
sont de protéger, de bonifier et de faire
respecter les droits fondamentaux des
travailleurs, de renforcer la coopération dans le domaine du travail ainsi que
d'appuyer et de consolider des engagements internationaux pris par les parties
en cette matière.
La
mise en oeuvre par le Québec de ces trois accords touchant à ses champs de
compétence nous permettrait de faire valoir notre point de vue auprès des
autorités canadiennes advenant la tenue éventuelle de négociations en vue de
leur élargissement.
Je
tiens à employer le temps qui m'est accordé pour rappeler l'importance du
libre-échange pour le Québec en soulignant notamment nos engagements
précédents dans le domaine du commerce. Depuis plusieurs années, le gouvernement du Québec démontre son appui au
libre-échange, et il s'agit incontestablement de l'une de ses priorités,
que ce soit dans le cadre de l'Accord de
libre-échange nord-américain, des accords conclus sous l'égide de l'Organisation
mondiale du commerce, ainsi que des accords
bilatéraux entre le Canada et le Costa Rica ou encore entre le Canada et le Chili. Le Québec a fait le choix d'appuyer tant
la libéralisation des échanges commerciaux que l'amélioration des règles qui
régissent le commerce mondial.
Cette
démarche a été entamée avec l'adoption par l'Assemblée nationale de la Loi
concernant la mise en oeuvre des
accords de commerce international. En effet, en 1996, le Québec a instauré une
procédure afin d'approuver et de mettre en oeuvre de multiples accords de commerce, et ce, à l'égard des
engagements du Canada entrant dans les domaines de compétence du Québec.
En faisant cela, le Québec a clairement démontré son intention de souscrire aux
principes et aux règles régissant le
commerce international. Dans cette perspective, l'approbation par l'Assemblée
nationale de l'accord de
libre-échange conclu entre le Canada et le Pérou démontrera le sérieux de
l'engagement du Québec à mettre en oeuvre les dispositions d'accords
commerciaux présents et futurs touchant ses champs de compétence exclusifs et
partagés.
Par ailleurs, les
nombreuses négociations dans lesquelles le Québec joue un rôle actif démontrent
que son gouvernement poursuit
continuellement ses efforts dans l'amélioration des possibilités commerciales
pour les entreprises québécoises. Les
accords présentés aujourd'hui pour approbation font partie d'une liste de
nombreux accords bilatéraux, plurilatéraux et multilatéraux que le
gouvernement fédéral canadien conclut avec des partenaires étrangers.
À
ce sujet, permettez-moi de rappeler qu'au Canada le droit constitutionnel et la
pratique ont confirmé le pouvoir exclusif
des gouvernements des provinces de mettre en oeuvre ces instruments sur leurs
territoires lorsqu'ils portent sur des
matières qui relèvent de leurs compétences. En 2002, le Québec a formalisé ce
pouvoir dans la Loi sur le ministère des
Relations internationales en y consacrant que le Québec est seul compétent pour
assurer la mise en oeuvre de tels accords. En ce sens, les accords internationaux conclus par le Canada en matière
de commerce international dont des chapitres relèvent de la compétence constitutionnelle du Québec constituent des
engagements internationaux importants au sens de la Loi sur le ministère des Relations internationales. En conséquence,
leur entrée en vigueur requiert qu'ils soient d'abord approuvés par cette Assemblée pour qu'ensuite le
gouvernement du Québec puisse exprimer sa volonté d'être lié par un
accord international du Canada par l'entremise de la prise d'un décret.
Le débat qui a lieu
aujourd'hui est l'occasion pour tous les parlementaires de discuter des tenants
et des aboutissants et d'approuver les
accords et les conventions qui concernent les compétences et les responsabilités
du Québec. J'en profite d'ailleurs pour saluer ce processus démocratique
de l'Assemblée nationale.
L'approbation des accords conclus par le Canada et
qui concernent notre compétence nous permet sans l'ombre d'un doute de réaffirmer les responsabilités du
Québec en ces matières. Elle permet également de perpétuer la capacité de
notre Assemblée nationale dans le cadre de
la doctrine Gérin-Lajoie, dont nous célébrons d'ailleurs le
50e anniversaire cette année. À
ce titre, je vous rappelle qu'en 1965 l'allocution prononcée par
M. Gérin-Lajoie comportait l'annonce selon laquelle «dans tous les domaines qui sont complètement ou partiellement
de sa compétence, le Québec entend désormais jouer un rôle direct,
[conformément] à sa personnalité et à la mesure de ses droits». Fin de la
citation.
C'est donc
dans cette optique et afin d'en assurer la continuité que nous nous présentons
aujourd'hui devant cette Assemblée.
L'approbation parlementaire et l'adhésion éventuelle aux présents accords
contribueront à la reconnaissance de notre
pratique en établissant notamment des précédents pour le Québec qui viendront
soutenir sa participation à d'éventuelles
négociations. Compte tenu de notre
rôle fondamental à l'étape de la mise en oeuvre d'un accord,
une telle participation aux négociations s'avère évidemment primordiale,
et ce, dans un souci d'effectivité.
Mme la Présidente, je suis convaincue que la mise
en oeuvre de l'accord de libre-échange de même que des accords sur l'environnement et sur la coopération dans le domaine du travail
favorisera la consolidation et le renforcement des liens entre le Québec et le Pérou, un pays doté d'un fort potentiel de
croissance. L'accord de libre-échange offrira de nouvelles opportunités
d'affaires aux entreprises québécoises qui oeuvrent dans des secteurs
stratégiques tels que l'aéronautique et l'agroalimentaire, qui plus est, en favorisant la multiplication des échanges entre le Québec
et le Pérou et la mise en place d'un environnement d'affaires stable. L'accord saura très certainement contribuer au développement économique et social et à la
création d'un climat propice à l'investissement et à la diminution des coûts de transaction
au Québec et au Pérou.
Il faut
rappeler que le Pérou est membre de l'Alliance du Pacifique, une alliance
économique regroupant également
le Chili, la Colombie et le Mexique, dont l'objectif
est d'accroître les échanges commerciaux entre ses États membres et le reste du monde. Comme l'avait souligné le premier ministre dans le cadre d'une allocution prononcée en octobre dernier lors du séminaire de l'Alliance du
Pacifique, cette dernière offre des possibilités très intéressantes pour le Québec non seulement
sur le plan économique, mais aussi sur les plans de la recherche et de
l'innovation. L'accord de libre-échange,
dans cette perspective, sera certainement bénéfique.
Je rappelle également
que le gouvernement du Québec a déjà conclu, par le passé, des ententes de coopération
avec le gouvernement du Pérou, notamment
en matière de développement agricole
et alimentaire et en matière
d'adoption. La plus récente est
l'entente signée, en 2012, en matière de coopération dans le domaine de l'enseignement supérieur. Cette entente
octroie cinq exemptions de droits de scolarité supplémentaires aux étudiants
péruviens du deuxième cycle et quatre exemptions de droits de scolarité
supplémentaires aux étudiants péruviens du troisième cycle.
Mme la Présidente, nous voilà donc arrivés à l'étape de l'approbation de ces accords
par l'Assemblée nationale, un processus qui, par sa transparence et sa
collégialité, représente un jalon fondamental de la capacité d'action internationale du Québec dans un contexte de mondialisation. Je propose donc
que l'Assemblée nationale approuve l'accord de libre-échange Canada-Pérou,
de même que l'accord sur l'environnement et l'accord de coopération dans le domaine du
travail. Lorsqu'ils auront été approuvés, le Conseil des ministres sera en mesure de prendre un décret afin que le gouvernement du Québec puisse se déclarer lié par ces accords et de les
ajouter à la liste des accords mis en oeuvre en vertu de la Loi
concernant la mise en oeuvre des accords de commerce international.
Je souligne également que le ministère des
Relations internationales et de la Fancophonie et le ministère de l'Économie, de l'Innovation et des Exportations,
en collaboration avec tous les ministères concernés, ont veillé aux intérêts du
Québec dans ce dossier et se sont assurés de la conformité de ces accords eu
égard à la législation et à la pratique québécoises.
Notamment, ils seront appliqués, à la lumière et de façon compatible, avec la
Convention sur la protection et la
promotion de la diversité des expressions culturelles de l'UNESCO, une
convention qui célèbre, cette année, ses 10 ans et à laquelle le Pérou a
d'ailleurs adhéré en 2006. Merci, Mme la Présidente.
• (12 h 20) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup, Mme la
ministre des Relations
internationales et de la Francophonie. Et je cède maintenant la parole à
Mme la députée d'Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Carole Poirier
Mme
Poirier : Merci, Mme la Présidente. Alors, il me fait plaisir d'intervenir en lien avec l'entente de libre-échange entre le Canada et le Pérou. Alors, c'est à la suite de plusieurs
séances de discussion où le Canada et le Pérou ont annoncé des négociations en vue d'un accord de libre-échange et d'accords parallèles sur la coopération dans
le domaine du travail et de l'environnement.
Alors, le 29
mai 2008, l'accord de libre-échange entre le Canada et le Pérou a été signé. Je
nous répète : 2008; on en parle
aujourd'hui. Le 26 mars 2009, le gouvernement du Canada a déposé, en Chambre
des communes, un projet de loi visant
à mettre en oeuvre les accords de libre-échange et de coopération dans le
domaine du travail et de l'environnement. On s'entend que ce sont des compétences pour lesquelles le Québec
partage ces compétences-là avec le Canada, mais nous, ici, en 2009, on
n'en a pas été saisis, Mme la Présidente.
Alors, la loi
de mise en oeuvre pour les accords de libre-échange avec le Pérou, de
collaboration dans le domaine du travail et de l'environnement, a été
adoptée par le Parlement et a reçu sanction royale le 18 juin 2009. Nous sommes
le 3 juin 2015, Mme la Présidente.
Alors, l'accord de libre-échange ainsi que les accords de collaboration dans le
domaine du travail et dans le domaine
de l'environnement entre le Canada et le Pérou sont entrés en vigueur le
1er août 2009. Juste se rappeler
le calendrier, c'est intéressant. C'est intéressant qu'à Ottawa ils ont le
droit d'en parler, puis nous, on en parle six ans plus tard. On ne sait
pas trop ce qui s'est passé entre-temps, mais on en parle six ans plus tard.
D'emblée, je tiens à dire que le Parti québécois
a toujours été pour le libre-échange, et vous le savez, Mme la Présidente, nous avons été supporteurs de l'ALENA,
de l'accord de libre-échange avec l'Europe, mais je dois souligner que cet accord-ci avec le Pérou a provoqué quelques
questions au moment de son adoption à Ottawa, plusieurs personnes ont
émis des craintes par rapport à cet accord à Ottawa. Évidemment, si on avait
étudié cet accord ici en commission parlementaire, comme la ministre actuelle
des Relations internationales l'avait déjà proposé lorsqu'elle était dans l'opposition, ou, mieux encore, peut-être que si
nous étions un pays, le Québec, et que nous avions nous-mêmes négocié cet accord, alors aurions-nous eu des réponses à
ces questions, mais malheureusement ce n'est pas le cas. Il faut attendre des
années et des années avant que l'on puisse
se prononcer ici sur un accord qui, finalement, est signé, ratifié et mis en
oeuvre.
Je vais donc rapporter quelques-unes
des craintes que j'ai vues en lisant un peu sur le sujet, mais des craintes qui
avaient été exprimées par les parlementaires à l'époque.
La
principale activité commerciale du Canada au Pérou est le secteur minier, et le
Pérou a un bilan malheureusement peu reluisant en matière de protection
des travailleurs de ce secteur. Je tiens aussi à dire ici que c'est beaucoup la
responsabilité de minières canadiennes. En l'absence d'une véritable politique
de responsabilisation des compagnies minières
canadiennes, la ratification de cet accord permettra à ces compagnies d'étendre
leurs activités sans qu'elles ne soient
soumises à des règles ou à des conséquences lorsqu'elles polluent ou bafouent
les droits de la personne. Deux poids, deux mesures, ça, ça nous inquiète,
Mme la Présidente.
En effet, le
principal danger se trouve du côté des compagnies minières canadiennes opérant
dans ce pays. Le potentiel minier du Pérou
est important, et quelque 80 compagnies minières canadiennes y sont
présentes. Le Canada est le premier
investisseur sur le plan minier au Pérou. Étant donné la feuille de route
parfois peu reluisante des compagnies minières
canadiennes et le manque total de volonté du gouvernement canadien à
réglementer leurs agissements là-bas, leur
donner une protection des investissements supplémentaire nous paraît, vous
pouvez le comprendre, assez critiquable.
Le
Parti québécois, comme je vous l'ai dit, Mme la Présidente, a toujours été
favorable au libre-échange, mais encore
faut-il que celui-ci soit régulé et stabilisé par un cadre institutionnel
politique et éthique. Nous considérons que le libre commerce contribue à l'enrichissement des peuples et, en ce sens,
peut devenir un instrument de développement économique important.
Or,
pour que ce soit le cas, les accords commerciaux doivent contenir des mesures
qui assurent le développement durable
et l'épanouissement des populations concernées. Les règles commerciales ne
doivent pas avoir préséance sur le bien commun et la capacité des États
à redistribuer la richesse, à protéger l'environnement et la culture et à
assurer à leurs citoyens des services
publics fondamentaux comme la santé et l'éducation. Si on signe un accord qui
permet aux compagnies canadiennes d'aller faire au Pérou ce qu'ils n'ont
pas le droit de faire ici, franchement on n'est pas plus avancés.
Là,
vous comprendrez que c'est encore un accord de libre-échange entre le Canada...
signé par le Canada à la place du
Québec. Évidemment, je n'ai pas besoin de vous le redire, Mme la Présidente, je
rêve du jour où le Québec sera, lui aussi, un État et qu'il pourra
négocier lui-même ses accords, et tout particulièrement des accords qui
concernent les compétences du Québec. J'en
profite à chaque fois pour vous le rappeler, Mme la Présidente, parce qu'il ne
faut pas l'oublier c'est assez
important. Si on avait négocié, on saurait aujourd'hui les impacts et les
suivis de données, on serait au fait de ce qu'on signe, Mme la
Présidente.
Alors, vous me
permettrez d'être inquiète puisqu'aujourd'hui nous discutons de cet accord qui
date déjà de plusieurs années, six ans déjà
que cet accord est en force. Nous discutons de l'accord mais pas de ses suivis.
Finalement, on discute de quelque
chose d'il y a six ans sans être capable de commenter ou d'avoir des rapports
sur l'état de situation.
Alors,
Mme la Présidente, je n'en fais pas un reproche en tant que tel au
gouvernement, j'en fais un reproche à la façon dont nous avons de faire
les choses. Et je nous souhaite que... les accords internationaux qui sont
signés par le Canada, bien, que le Canada
puisse nous consulter, mais nous consulter de façon véritable, et non pas nous
traiter, finalement, comme de simples personnes qui vont faire ici une
allocution pour dire ce qu'on pense de ces accords-là. Le Parlement d'Ottawa
dépose une loi, à chaque fois, pour laquelle les parlementaires ont le droit de
parole, et ici, malheureusement, on ne fait
qu'en parler six ans plus tard. Mme la Présidente, je trouve ça désolant.
Alors, je vous remercie.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup, Mme la
députée d'Hochelaga-Maisonneuve. Et maintenant je vais céder la parole à
Mme la députée d'Arthabaska.
Mme Sylvie Roy
Mme
Roy (Arthabaska) : Merci, Mme la Présidente. Tout comme nous
l'avons dit pour les précédents accords que nous avons présentés, l'accord de libre-échange avec la république
du Pérou ne déroge pas à la règle en ce sens qu'il représente une véritable opportunité de
développement économique pour le Québec. Mme la Présidente, il est important
que le Québec défende ses intérêts économiques. Il faut que le Québec puisse
être un acteur de taille, que sa voix soit entendue
et prise en compte. Approuver les trois accords liant le Canada à la république
du Pérou est un pas dans cette direction.
Ainsi, le Québec pourra maintenant s'exprimer et surtout se faire écouter — et je pèse mes mots — se faire écouter surtout quand
viendra le temps de protéger ses travailleurs et ses intérêts économiques dans
le cadre d'une renégociation, de la
modernisation du partenariat dont nous discutons et du suivi dont nous devrions
avoir une reddition de comptes.
Mme
la Présidente, tout comme la république de Colombie et la république du Panamá, la république du Pérou est une économie
émergente dans la zone andine nourrissant un pôle régional à venir. Cette
république représente un marché de
31 millions d'habitants. Pour l'année 2014, le taux de croissance de son
économie se chiffre à 3,6 %.
L'économie péruvienne a été qualifiée
de nouvelle star latino-américaine par le Fonds monétaire international, et les
perspectives de cette économie sont
prometteuses, comme l'attestent les 5,4 % de croissance économique prévus
pour l'année 2015. Pour ces raisons, Mme la Présidente, cette république
représente, pour le Québec, un beau partenaire de choix.
L'accord entre le
Canada et la république du Pérou couvre plusieurs sujets, comme cela a été le
cas pour la république de Colombie et celle
du Panamá ainsi que l'association de libre-échange avec l'Europe. Donc, Mme la Présidente, cet accord couvre le libre-échange
entre les deux pays, une entente sur l'environnement ainsi que la coopération
dans le domaine du travail. Nos liens
d'amitié et de commerce s'en verront renforcés, je l'espère, permettant ainsi
l'accès à un marché plus vaste tout
en s'assurant de permettre à tous de bénéficier d'un environnement d'affaires
stable et prévisible.
L'abolition
d'une part importante des droits de douane ainsi que la libre circulation de
certains biens est synonyme de
nouveaux débouchés pour les producteurs québécois. Ce caractère émergent de
l'économie péruvienne sous-entend que le pays est demandeur de biens à forte valeur
ajoutée, des biens que nous pouvons produire au Québec. Mme la Présidente,
ces biens représentent aussi un secteur en
constante recherche de nouveaux marchés pour écouler une nouvelle production.
Il est essentiel que le Québec accroisse ses
partenariats à l'étranger et surtout dans des pays à forte possibilité de
croissance, cela dépend de la pérennité de notre économie.
Cette entente
de libre-échange est en plus appuyée par une coopération dans le domaine du
travail, et cet accord permettra de
mieux protéger les travailleurs en s'assurant du respect de la réglementation,
nous l'espérons. Les séjours temporaires
des hommes et des femmes d'affaires du Québec seront également facilités, ce
qui permettra d'aller dénicher de belles opportunités d'investissement,
opportunités qui se feront plus nombreuses grâce à l'instauration d'un climat
d'affaires plus sain, comme le prévoit l'entente bilatérale, qui, selon nous,
pourra l'assurer.
Cet accord
avec la république du Pérou est porteur d'un volet environnemental. En effet,
le Canada et le Pérou se sont engagés à ce que leurs politiques
environnementales favorisent la protection de l'environnement, le tout en s'inscrivant dans le respect du développement
durable. Mme la Présidente, on s'est toujours vantés, au Québec, en cette
Chambre, et nous en sommes témoins, de notre statut de leader en matière de
protection de l'environnement. Il sera donc légitime et justifié qu'on mette une nouvelle fois à l'honneur ce
caractère qui est le nôtre et cette expertise qui est la nôtre en
approuvant cette entente.
Pour toutes
les raisons énoncées, Mme la
Présidente, allant de l'acteur
stratégique que représente la république du Pérou aux opportunités d'affaires qui s'ouvrent à nos agents
économiques québécois, en passant par le point d'honneur mis sur le respect des politiques
environnementales, il nous semble, nous, moi personnellement, et du côté de
l'action... de la Coalition avenir Québec, pertinent pour le plein essor
de notre économie ici, au Québec, d'approuver cette entente.
• (12 h 30) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci beaucoup, Mme la
députée d'Arthabaska. Maintenant, je vais céder la parole à M. le député de
Laval-des-Rapides.
M. Saul Polo
M. Polo : Merci beaucoup. Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Je viens aujourd'hui prendre la parole en complément à mes collègues et surtout à la ministre des Relations internationales sur le volet plus commercial des traités
de libre-échange.
Vous savez, Mme la Présidente, on l'a répété à quelques reprises, le Québec représente 23 % de la population canadienne, 26 % des dépenses
gouvernementales et seulement 21 % de l'économie canadienne, et c'est...
Le point que je cherche à faire à travers ces
statistiques-là, c'est l'importance des exportations dans la croissance du PIB.
Aujourd'hui, 46 % de la croissance du
PIB québécois dépend des exportations canadiennes... québécoises. Et,
particulièrement pour le Québec, au
cours des 15, 20 dernières années, il est d'autant plus important d'élargir ses
horizons au niveau des exportations.
Vous savez, au cours des 15 dernières années, le Québec a positivement
développé, diversifié ses exportations à
travers d'autres marchés, ce qui a fait reculer l'importance du marché
américain sur nos exportations, qui est passé de 85 % à 70 %.
C'est un élément très important.
Ceci dit, par rapport à l'Amérique latine, on
continue d'avoir moins de 10 % de nos exportations globales québécoises qui sont destinées à l'Amérique
latine, et, parmi ce 10 % là, le Mexique et le Brésil... surtout le
Mexique est un partenaire de choix.
Donc, lorsqu'on a des traités libre-échange signés avec le Panama, avec le
Honduras, avec la Colombie, avec le
Pérou, en plus avec le Chili, qui est en place depuis au-delà de 20 ans,
et, bien sûr, le Mexique, c'est, bien sûr, des mesures qui aident nos
exportateurs, qui aident notre économie, et qui justement nous permettent, au
Québec, de diversifier nos exportations. Et
l'importance de diversification des exportations, Mme la Présidente, c'est
justement pour bien s'assurer que notre économie n'est pas dépendante
d'un pays, ou d'une économie, ou d'un client en particulier.
Vous savez,
en 2008, l'économie mondiale a vécu une crise financière importante, et nous
sommes un voisin des États-Unis, et
donc nous avons eu des répercussions tout aussi importantes. Par la suite, vous
avez pu constater comme moi que les
États-Unis, certains législateurs ont voulu mettre en place et ont mis en place
des mesures protectionnistes telles
que le Buy America, qui ont affecté certaines de nos industries, certains de
nos produits québécois. Et c'est donc face
à ces risques, face à ces défis auxquels nous avons déjà été confrontés qu'il
est important pour le Québec et, bien sûr, à travers la Canada, mais pour le Québec, de diversifier, justement, ces
exportations, d'amplifier, d'élargir, de repousser les horizons au
niveau des relations commerciales et, bien sûr, des exportations.
J'aimerais
également vous mentionner, Mme la Présidente : L'année 2014 a été
très fructueuse en termes d'exportations pour le Québec. Le Québec a
exporté tout près de 76 milliards de produits pour l'année 2014, ce
qui était une croissance de près de
10,5 %, presque le double de la croissance des exportations canadiennes.
Ce qui nous a quand même grandement
aidés, bien sûr, c'est le fait que le dollar canadien a reculé. Ce qui nous
aide, nous, ici, au Québec, c'est,
bien sûr, le fait que nos produits deviennent plus attrayants, plus intéressants,
notamment, bien sûr, pour notre voisin américain.
Mais ce que j'ai trouvé particulièrement important, c'est que, justement, la
proportion des exportations vers les États-Unis a continué à reculer.
Aujourd'hui, ils sont légèrement en dessous de 70 %.
Et donc c'est
l'importance de traités de libre-échange comme celui avec le Pérou, où nous
avons vu, au cours des 15 dernières
années, les exportations québécoises passer d'à peine 24 millions de
dollars à au-delà de 125 millions de dollars en moins de 15 ans. C'est très intéressant,
très intéressant face à un marché d'à peu près 31 millions d'habitants,
face à une économie qui croît au-delà
du double. Parce que rappelez-vous que, la semaine dernière, le Conference
Board a annoncé... même les attentes
de croissance du PIB québécois pour l'année 2015 et 2016 tournent autour
de 2,5 % à 2,6 %, alors que les attentes de croissance
économique pour le Pérou tournent autour de 5 %. Ça, c'est intéressant
pour nous, pour nos entreprises, pour notre économie également. Lorsqu'on peut
non seulement vendre notre produit dans une économie croissante qui a justement les moyens pour acheter
nos produits, mais — d'autant
plus, la valeur ajoutée de cela, c'est de diversifier, justement, nos
exportations — une
économie qui a un taux... qui a une inflation sous contrôle.
Comme
vous le savez, pendant très longtemps, les économies latino-américaines avaient
la réputation de ne pas contrôler leur inflation, d'avoir des taux de
chômage importants. Alors qu'ici le Pérou a non seulement une stabilité politique, mais a également une stabilité
économique, et on parle d'un taux de chômage de moins de 8 % — autour de 7,5 % — et un
taux d'inflation d'à peine 2,8 %, ce qui est très positif.
Donc,
dans l'ensemble, et c'est les éléments que je souhaitais ajouter face à
l'allocution de la ministre des Relations internationales, c'est que,
pour nos entreprises, pour notre économie québécoise, c'est important,
justement, que ces ententes-là soient
signées, qu'elles soient ratifiées, qu'elles soient mises en place et qu'elles
permettent, justement, à nos entreprises
de pouvoir, justement, mieux pénétrer, pénétrer plus facilement ces
opportunités-là, ces nouvelles économies, ces nouveaux consommateurs, et, justement, pouvoir présenter des
produits de choix, des produits de qualité et surtout le savoir-faire
québécois. Merci beaucoup, Mme la Présidente.
Mise aux voix
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup, M. le député de
Laval-des-Rapides.
Alors, s'il n'y a pas
d'autre intervention, nous allons maintenant procéder à la mise aux voix de la
motion de Mme la ministre des Relations internationales et de la Francophonie
proposant :
«Que,
en vertu de l'article 22.3 de la Loi sur le ministère des Relations
internationales, l'Assemblée nationale approuve
l'Accord de libre-échange entre le Canada et la république du Pérou, l'Accord
sur l'environnement entre le Canada et
la république du Pérou, ainsi que l'Accord de coopération dans le domaine du
travail entre le Canada et la république du Pérou, signés le
29 mai 2008 et en vigueur depuis le 1er août 2009.»
Alors, est-ce que
cette motion est adoptée?
Des voix :
Adopté.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Adopté. Alors, en conséquence, cet engagement
international est approuvé par l'Assemblée nationale.
Maintenant, pour la
suite des choses, M. le leader.
M.
Sklavounos :
42, Mme la Présidente.
Motion proposant que l'Assemblée approuve l'Accord de libre-échange
entre
le Canada et la république du Honduras, l'Accord sur l'environnement entre
le Canada et la république du Honduras et l'Accord de coopération dans
le domaine du travail entre le Canada et la république du Honduras
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : 42. Alors, à l'article 42 du
feuilleton, l'Assemblée procédera maintenant au débat sur la motion faisant suite au dépôt par Mme la ministre des
Relations internationales et de la Francophonie, le
12 mai 2015, d'un engagement international, et cette motion se lit
comme suit :
«Que,
en vertu de l'article 22.3 de la Loi sur le ministère des Relations
internationales, l'Assemblée nationale approuve
l'Accord de libre-échange entre le Canada et la république du Honduras,
l'Accord sur l'environnement entre le Canada
et la république du Honduras, ainsi que l'Accord de coopération dans le domaine
du travail entre le Canada et la république du Honduras, signés le
5 novembre 2013 et en vigueur depuis le 1er octobre 2014.»
Et
il y aura la même répartition des temps de parole que la motion précédente.
Alors, sans plus tarder, je vais céder la parole à Mme la ministre des
Relations internationales et de la Francophonie.
Mme Christine St-Pierre
Mme
St-Pierre :
Merci, Mme la Présidente. Il me fait plaisir de proposer à cette Assemblée
l'approbation de l'Accord de libre-échange entre le Canada et la république du
Honduras et les accords complémentaires — l'Accord sur l'environnement et l'Accord de coopération dans
le domaine du travail — lesquels sont entrés en vigueur le
1er octobre 2014.
Alors, à ce
moment-ci, Mme la Présidente, j'aimerais réagir aux propos de la porte-parole
de l'opposition officielle en matière de
relations internationales, qui parlait de l'accord précédent qui avait été
adopté en 2008, mis en vigueur en 2009, et elle se plaignait des délais
pour procéder aujourd'hui.
Alors,
je lui fais remarquer que cet accord que je vous présente, bien, il date du
1er octobre 2014, et le gouvernement du Parti québécois a été au pouvoir pendant un certain temps, et ils
auraient pu aussi adopter des accords, auraient pu adopter des accords
antérieurs.
Alors,
nous procédons. Bien sûr, il y a des accords qui datent, mais, pendant qu'ils
étaient là, ils ne procédaient pas
davantage. Alors, maintenant, nous procédons et nous allons continuer à y aller
de façon régulière pour faire en sorte que les accords puissent être mis
en vigueur le plus rapidement possible.
• (12 h 40) •
Pour
le Québec, de tels accords témoignent de la volonté d'améliorer la libération
des échanges et l'accès pour nos entreprises à de nouveaux marchés, tout
en respectant les principes de non-discrimination, de concurrence et de transparence. L'élimination de mesures
protectionnistes favorise en effet les échanges commerciaux qui contribuent à
la création d'emplois, à l'augmentation du niveau de vie et à la
prospérité du Québec.
Je tiens à
employer le temps qui m'est accordé aujourd'hui pour vous rappeler en quelques mots l'importance pour le Québec du libre-échange et des accords en la matière, dont nos
entreprises et la société québécoise tout entière bénéficient déjà depuis plusieurs années. Le
gouvernement du Québec a déjà démontré que le libre-échange est
incontestablement lié à ses priorités. Que ce soit dans le cadre de l'Accord
de libre-échange nord-américain, des accords sous l'égide de l'Organisation mondiale du commerce ainsi que les
accords bilatéraux Canada-Costa Rica ou bien Canada-Chili, le Québec
a fait le choix d'appuyer tant la
libéralisation des échanges commerciaux que l'amélioration des règles régissant
le commerce mondial, comme le démontrent ses engagements pris en la
matière.
Cette
démarche a été notamment entamée par l'adoption par l'Assemblée nationale de la
Loi concernant la mise en oeuvre des
accords de commerce international. En effet, depuis 1996, le Québec a instauré
une procédure afin d'approuver et de mettre en oeuvre plusieurs accords
de commerce, et ce, à l'égard des engagements du Canada qui entraient dans les domaines de compétence du
Québec. L'approbation par l'Assemblée nationale de ces accords témoignera
une fois de plus de la volonté et de
l'engagement du Québec à mettre en oeuvre les différentes dispositions des
accords commerciaux présents et
futurs touchant à ses champs de compétence exclusive et partagée. En faisant
cela, le Québec démontre clairement
son intention de souscrire aux principes et aux règles de commerce
international ainsi que sa volonté de
poursuivre continuellement les efforts dans l'amélioration des possibilités
commerciales pour les entreprises du Québec.
Permettez-moi
de vous rappeler qu'au Canada le droit constitutionnel et la pratique ont
confirmé le pouvoir exclusif des
gouvernements des provinces de mettre en oeuvre des accords internationaux sur
leurs territoires lorsqu'ils portent sur des matières qui relèvent de leur compétence. En 2002, le Québec a
formalisé ce pouvoir dans la Loi sur le ministère des Relations internationales en y consacrant que le
Québec est seul compétent pour assurer la mise en oeuvre de tels accords.
Mme la Présidente, en ce sens, les accords
internationaux conclus par le Canada en matière de commerce international dont
les chapitres relèvent de la compétence constitutionnelle du Québec constituent
des engagements internationaux importants au
sens de l'article 22.2 de la Loi du ministère des Relations
internationales. Comme celle-ci l'exige,
l'entrée en vigueur de ces accords requiert d'abord leur approbation par
l'Assemblée nationale, suivie de la prise d'un décret par le
gouvernement, qui peut alors exprimer sa volonté d'être lié par un accord
international du Canada.
En conférant
ainsi aux membres de l'Assemblée nationale une compétence d'approbation
préalable des engagements internationaux importants, le Québec a alors
fait de notre Assemblée nationale la première institution parlementaire de type britannique à codifier
législativement une compétence d'une telle nature. Ces dispositions
législatives et le débat qui a eu
lieu aujourd'hui viennent permettre aux parlementaires tant de discuter des
tenants et aboutissants que d'approuver les accords et les conventions
qui concernent les compétences et les responsabilités du Québec.
En mettant
les parlementaires au parfum des ententes jugées importantes au regard de la
loi, nous avons consacré la
démocratisation du processus visant à nous déclarer liés à ces accords. Tout
particulièrement, l'approbation d'accords conclus par le Canada et qui concernent nos compétences nous permet sans
aucun doute de réaffirmer les responsabilités du Québec en ces matières et de perpétuer la capacité de notre Assemblée
nationale dans le cadre de la doctrine Gérin-Lajoie, dont nous célébrons d'ailleurs le
50e anniversaire. À ce titre, je vous rappelle qu'en 1965 l'allocution de
M. Gérin-Lajoie comportait
l'annonce selon laquelle «dans tous les domaines qui sont complètement ou
partiellement de sa compétence, le Québec
entend désormais jouer un rôle direct, [conformément] à sa personnalité et à la
mesure de ses droits». Fin de la citation.
C'est donc
dans cette optique et afin d'en assurer la continuité que nous nous présentons
aujourd'hui devant cette Assemblée.
L'approbation parlementaire et l'adhésion éventuelle aux présents accords
contribueront à la reconnaissance de notre pratique en établissant
notamment des précédents, pour le Québec, qui viendront soutenir sa
participation à d'éventuelles négociations.
Compte tenu de notre rôle fondamental à l'étape de la mise en oeuvre d'un
accord, une telle participation aux négociations s'avère évidemment
primordiale, et ce, dans un souci d'efficacité.
En 2014, les
échanges commerciaux entre le Québec et le Honduras ont atteint
58 millions de dollars. Les exportations
québécoises vers le Honduras ont totalisé 12,7 millions de dollars, alors
que les importations de biens par le Québec
en provenance du Honduras ont été de 45 millions de dollars. Je suis
convaincue que la mise en oeuvre de ces accords contribuera à un développement encadré et productif de nos relations non seulement commerciales,
mais également politiques
avec le Honduras. Le ministère entend jouer un rôle important dans l'amélioration et le renforcement des relations bilatérales avec le Honduras,
relations qui peuvent s'avérer être la clé de la mise en oeuvre... la mise en
place, dis-je, d'échanges commerciaux
fructueux de part et d'autre. Dans un même ordre d'idées, je souligne que la
bonification des liens commerciaux
entre le Québec et le Honduras pourra également
avoir un impact majeur sur d'autres dimensions de nos relations
bilatérales.
Le Honduras
est un pays bénéficiaire des programmes de solidarité du ministère des Relations internationales et de
la Francophonie, soit le Programme québécois du développement international et
Québec sans frontières. Depuis leur création, 2,5 millions de dollars ont
été consacrés aux projets d'organismes québécois de coopération internationale oeuvrant au Honduras. Ces activités ont porté
principalement sur les secteurs suivants : gouvernance, société civile,
santé, agriculture, foresterie et services sociaux. Une plus grande
intégration économique peut jouer un rôle catalyseur dans l'ouverture de nouvelles avenues de coopération et dans l'augmentation de la prospérité sociale respective. Ainsi, les
accords présentés aujourd'hui permettront aux entreprises québécoises de
multiplier leurs bénéfices en Amérique centrale et d'apporter une contribution
significative à la construction des Amériques.
Mme la Présidente, le Québec et le Honduras sont tous les deux signataires de plusieurs
conventions de l'UNESCO et l'Organisation internationale du travail. Je suis convaincue que l'accord de
libre-échange conclu entre le Canada et le Honduras et
ses accords complémentaires permettront aux parties de s'acquitter de leurs
obligations d'une manière compatible avec la
protection de l'environnement, de renforcer les lois et règlements
relatifs à l'environnement, de créer des emplois et des occasions de développement
économique, de faire respecter les
droits fondamentaux des travailleurs, de
promouvoir le développement durable et d'encourager les entreprises
à adopter des pratiques exemplaires en
matière de responsabilité sociale.
Nous en
sommes maintenant à l'étape de l'approbation à l'Assemblée nationale. Il me faut d'emblée souligner que le ministère
des Relations internationales et de la Francophonie et le ministère
de l'Économie, de l'Innovation et des Exportations, en collaboration avec tous les ministères concernés, ont
veillé aux intérêts du Québec dans ce
dossier et se sont assurés de la
conformité de ces accords eu égard à la législation et à la pratique
québécoises. Notamment, ils seront appliqués à la lumière et de façon
compatible avec la Convention sur la protection et la promotion de la diversité
des expressions culturelles de l'UNESCO.
Je propose donc que l'Assemblée nationale approuve
les accords que nous venons de présenter et je conclus en rappelant que
l'exercice de ce processus d'approbation par les parlementaires représente un
jalon fondamental, par sa transparence, sa
collégialité, de la capacité d'action du Québec dans le domaine de la
mondialisation. Une fois approuvés, le
Conseil des ministres sera ainsi en mesure de prendre un décret afin
que le gouvernement du Québec puisse se déclarer lié par ces accords ainsi que les ajouter à la liste des accords mis en oeuvre en vertu de la Loi concernant la mise en oeuvre des accords de commerce
international. Merci, Mme la Présidente.
• (12 h 50) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci, Mme la ministre
des Relations internationales et de la Francophonie. Et je cède à
nouveau la parole à Mme la députée d'Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Carole Poirier
Mme Poirier :
Merci, Mme la Présidente. Alors, il me fait plaisir à mon tour d'intervenir sur
l'entente de libre-échange entre le
Canada et le Honduras. Et je vais faire un peu comme la ministre vient de le
faire, nous rappeler par contre,
suite aux commentaires qu'elle a apportés, le fait que de dire que, sous le
gouvernement précédent, les accords
n'ont pas été discutés, eh bien,
ça n'empêche pas les accords d'être mis en application. Et je nous rappellerai
que l'entente dont on a parlé
précédemment, celle entre le Canada et le Pérou, date de 2009, et, à ce que je sache,
ce n'était pas sous un gouvernement du Parti québécois mais bien sous son propre gouvernement que cette entente-là a été — par trois étapes, là, hein, on se
rappellera — signée
en 2008, a reçu la sanction royale en juin 2009 et est entrée en vigueur
le 1er août 2009. Alors,
2009, c'était un gouvernement du Parti libéral, Mme la Présidente. Alors, moi,
je veux bien, là, mais il faut juste donner à César ce qui appartient à
César.
Alors, nous
sommes ici maintenant pour parler de l'entente de libre-échange entre le Canada
et le Honduras, et celle-là,
effectivement, qui est entrée en
vigueur le 1er octobre 2014, alors entente de libre-échange et
accords parallèles sur la coopération du travail et la coopération
environnementale, encore des compétences partagées avec le Québec.
Alors, je
tiens à souligner que cet accord, Mme
la Présidente, a aussi provoqué
plusieurs questions et craintes au moment
de son adoption à Ottawa, comme ce fut le cas pour l'accord de Colombie que
nous avons discuté ici la semaine passée. Selon les coprésidents du
Groupe d'orientation politique pour les Amériques, un groupe de travail du
Conseil canadien pour la coopération internationale axé sur les questions de
développement et de justice sociale dans les Amériques,
et je les cite, Mme la
Présidente : «C'est avec le même
manque de transparence et de volonté à l'égard des droits de la personne que le Parlement — d'Ottawa — a conclu
cette nouvelle entente avec le Honduras.» Alors, il y a vraiment... Et on persiste là-dessus,
il faut se le dire, le Canada signe des ententes avec des pays où les valeurs
démocratiques, où les droits de la personne ne sont pas mis en compte
dans les accords qui sont signés.
Et ils
ajoutent, Mme la Présidente, je les cite : «Depuis le coup d'État
militaire de 2009, les habitants du Honduras subissent de la répression et des violences constantes, [ils] vivent
dans l'absence quasi totale d'institutions gouvernementales et d'État de
droit. La pauvreté atteint également des niveaux sans précédent dans le pays.»
Ils
terminent en disant, je les cite : «Ces faits troublants ont été portés à
l'attention des parlementaires — d'Ottawa — à
de nombreuses reprises. Pablo Heidrich, de
l'Institut Nord-Sud, a indiqué au Comité permanent du commerce international — parce qu'eux ont le droit d'en parler en commission parlementaire — que
la violence était en augmentation au
Honduras et qu'une moyenne de 20 homicides y étaient commis chaque jour,
comparativement à deux au Canada, dont la
population est quatre fois plus nombreuse. Bertha Oliva, défenseure des droits
de la personne au Honduras, affirme que,
bien qu'il y ait du trafic de drogue dans le pays et un taux de violence très
élevé, "ce dont il est question ici ne relève ni du crime organisé ni du trafic de drogue. Il
s'agit bien de violations des droits de la personne commises par les autorités
gouvernementales contre les dissidents politiques."»
On peut
s'entendre, Mme la Présidente, ce sont des craintes importantes et légitimes
dont le Canada ne semble pas avoir tenu en compte dans l'accord qu'il a signé. Ces préoccupations
sur les droits de la personne et sur l'environnement demeurent toujours
d'actualité, puisque celui-là, cet accord-là, date quand même de l'an passé.
Évidemment,
le libre-échange est une bonne chose. On va continuer à le dire, là, et ça, là-dessus,
je pense que, de tous les côtés de la Chambre, ici,
nous sommes d'accord, le libre-échange est une bonne chose. Mais il faut que le
libre-échange fasse en sorte de respecter
les valeurs québécoises, et qui doit être bénéfique pour les deux
partis, pas juste d'un côté, Mme la Présidente. Encore là, c'est un accord de libre-échange signé par le Canada à
la place du Québec, encore une
fois, Mme la Présidente. On n'a pas d'information sur les suivis de
l'accord. On n'a pas la possibilité de le bonifier, cet accord-là, ni de bonifier ses mécanismes de
reddition de comptes et/ou de rendre certaines dispositions plus contraignantes.
Nos pouvoirs sont totalement absents, sauf celui que l'on s'est donné en 1996
d'en discuter ici.
Au moins, si on avait négocié, Mme la Présidente, on saurait les impacts et les suivis à donner. On serait au fait
de ce qu'on signe, finalement.
Et là ce n'est pas le cas. On n'a pas à négocier... Excusez. On n'a pas négocié
puis on n'a pas non plus été consultés,
parce que le Canada a signé ça sans nous consulter et nous l'envoie
pour ratification après, parce qu'on
s'est donné une règle ici, au Québec, d'en parler, et c'est tout. Alors, tout ce qu'on
fait — malheureusement, je vais prendre une
expression commune anglophone — c'est
du «rubber stamping». C'est à peu
près la seule chose qu'on peut faire. Et, Mme la Présidente, je vais
vous le redire, et le redire, et le redire encore, je rêve du jour où le Québec
va signer ses propres ententes comme
pays, on va déterminer avec qui on va
signer des ententes, on va déterminer les paramètres de ces ententes-là et on va déterminer à l'effet que, si on
croit que, dans un pays les droits de la personne ne sont pas respectés, bien, ça sera au Québec
de déterminer si on veut faire affaire avec ces gens-là, et non pas au Canada.
Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci beaucoup, Mme la
députée d'Hochelaga-Maisonneuve. Et, pour la prochaine intervention, je
cède la parole à M. le député de Laval-des-Rapides.
M. Saul Polo
M.
Polo : Merci beaucoup, Mme la Présidente. J'aimerais débuter mon intervention par rappeler
quelques faits. Parce que
la députée d'Hochelaga-Maisonneuve nous a rappelé aujourd'hui et la semaine
dernière à quel point tout le monde
ici, dans la Chambre, sont en faveur des traités de libre-échange et de soutenir des... une présence du Québec dans différents marchés, d'entretenir des liens, etc.
Mais, sur le point de vue économique, Mme la
Présidente, j'aimerais juste
vous rappeler un fait : Entre l'année 2013‑2015, le Québec a souffert du
fait... et surtout les entreprises et les PME québécoises
ont souffert du fait qu'elles n'avaient pas accès à un programme qui s'appelle
le programme de soutien aux exportations, le PEX. Nous l'avons refinancé
l'an dernier. Nous l'avons refinancé à hauteur de 30 millions sur une période de trois ans. Ce programme-là, pendant la
période de 2012 à 2014, avait été laissé tombé, avait été laissé tombé par le gouvernement précédent, et,
malheureusement, les PME en ont souffert grandement. Et donc j'aimerais
rappeler ce point-là à la députée d'Hochelaga-Maisonneuve, qui est une
contradiction face à ses positions, puisque son propre gouvernement de l'époque a plutôt voulu nuire ou laisser tomber les
entreprises et les PME québécoises qui souhaitaient, justement, participer, soit à des missions
commerciales, ou à des foires commerciales, ou à des salons d'exportation. Et
c'est là une des décisions, une des premières
décisions que notre gouvernement a mis en place à travers le ministre des
Finances l'été dernier et au cours des trois prochaines années, à hauteur de
30 millions par année.
Le
Honduras, Mme la Présidente, a une population similaire à celle du Québec,
au-delà de 8 millions d'habitants, mais, au-delà de cela, le traité de libre-échange nous permet, entre
autres, de voir des opportunités très intéressantes au niveau des exportations de viande de porc fraîche,
les réfrigérées ou congelées, les matières colorantes organiques synthétiques, les fils en aluminium, le papier
journal. Et c'est certains des produits qui devraient croître fortement et qui
ont sûrement bénéficié depuis la mise en place de ce traité de libre-échange
là.
Entre autres, Mme la Présidente,
au niveau des dispositions visant à rendre plus transparent le commerce des
transfrontalières... des services, nous devrions également voir et, depuis les
dernières années... faciliter le tourisme, l'établissement
de filiales d'entreprise, le séjour temporaire d'hommes et de femmes
d'affaires, vice versa, que ce soit
ici, au Québec, ou en Honduras, et des recours à des services de fournisseurs
québécois par des citoyens de ces pays.
Et
donc c'était essentiellement... pour faire une allocution un peu plus courte,
Mme la Présidente, c'est essentiellement certains des bénéfices que nous avons vus, et que nous voyons, et que
nous continuerons à voir des bienfaits de ce traité de libre-échange
avec le Honduras. Merci beaucoup, Mme la Présidente.
Mise aux voix
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup, M. le député de
Laval-des-Rapides. Alors, s'il n'y a pas
d'autre intervention, nous allons maintenant procéder à la mise aux voix de la
motion de Mme la ministre des Relations internationales et de la
Francophonie proposant :
«Que,
en vertu de l'article 22.3 de la Loi sur le ministère des Relations
internationales, l'Assemblée nationale approuve
l'Accord de libre-échange entre le Canada et la république du Honduras,
l'Accord sur l'environnement entre le
Canada et la république du Honduras, ainsi que l'Accord de coopération dans le
domaine du travail entre le Canada et la république du Honduras, signés
le 5 novembre 2013 et en vigueur depuis le
1er octobre 2014.»
Alors, est-ce que
cette motion est adoptée?
Des voix :
Adopté.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, en conséquence, cet
engagement international est approuvé par l'Assemblée nationale.
Et je cède maintenant
la parole à M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Sklavounos : Oui, Mme la Présidente. Compte tenu de l'heure,
je vous demanderais de suspendre jusqu'à 15 heures, s'il vous
plaît.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : C'est très bien. Alors, les travaux
sont suspendus jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 59)
(Reprise à 15 h 3)
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, veuillez prendre place. Je vous souhaite un bon après-midi
et je cède la parole à la leader adjointe du gouvernement pour qu'elle
nous indique nos travaux.
Mme
St-Pierre : ...M.
le Président, d'appeler l'article 41 de notre feuilleton.
Motion proposant que l'Assemblée approuve l'Accord de
libre-échange entre le
Canada et le Royaume hachémite de Jordanie, l'Accord sur l'environnement
entre le Canada et le Royaume hachémite de Jordanie et l'Accord de
coopération dans le domaine du travail entre le Canada
et le Royaume hachémite de Jordanie
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, à l'article 41 du feuilleton d'aujourd'hui, l'Assemblée procédera maintenant
au débat sur la motion faisant suite au dépôt par Mme la ministre des Relations
internationales et de la Francophonie, le 12 mai 2015, d'un engagement international.
Cette motion se lit comme suit :
«Que, en vertu de l'article [222.3] — c'est ça — de la Loi sur le ministère des Relations
internationales, l'Assemblée
nationale approuve l'Accord de libre-échange entre le Canada et le Royaume
hachémite de Jordanie, l'Accord sur
[le développement] entre le Canada et le Royaume hachémite de Jordanie, ainsi
que l'Accord de coopération dans le domaine
du travail entre le Canada et le Royaume hachémite de Jordanie, signés le 28
juin 2009 et en vigueur depuis le 1er octobre 2012.»
Je rappelle que cette motion donne lieu à un débat restreint
de deux heures. La répartition du temps, je vous la communique : 57 minutes sont allouées au
groupe parlementaire formant le gouvernement, 33 min 30 s sont
allouées au groupe parlementaire formant l'opposition officielle,
23 min 30 s sont allouées au deuxième groupe d'opposition et six minutes sont allouées aux indépendants. Et, si
jamais ils ne le prenaient pas, on va répartir le temps, mais il n'y a pas
de limite de temps pour les interventions autres que le temps global à chacune
des formations politiques.
Je cède maintenant
la parole à Mme la ministre des Relations internationales et de la Francophonie
pour son intervention. Mme la ministre, à vous.
Mme Christine St-Pierre
Mme
St-Pierre : Merci, M. le
Président. C'est avec plaisir que je propose aujourd'hui à cette Assemblée l'approbation de l'Accord de libre-échange entre
le Canada et le Royaume hachémite de Jordanie, de même que de l'accord dans le domaine de l'environnement entre le Canada
et le Royaume hachémite de Jordanie et de l'Accord de coopération dans le domaine du travail entre le Canada et le
Royaume hachémite de Jordanie,
lesquels ont été signés le 28 juin 2009 et sont en vigueur depuis le 1er
octobre 2012.
La
négociation et la conclusion de l'accord de libre-échange témoignent de la
volonté d'améliorer le cadre qui régit
le commerce international et ainsi de continuer à y consacrer les principes de
la... de non-discrimination, dis-je, de concurrence et de transparence, tous des principes fondamentaux dans le
domaine du commerce international. En éliminant l'application de mesures
protectionnistes, cet accord est également de nature à favoriser
l'intensification d'échanges commerciaux contribuant à la prospérité du Québec,
à la création d'emploi et à l'augmentation du niveau de vie des Québécois.
L'accord dans
le domaine de l'environnement, quant à lui, vise à renforcer et à mettre en
application les lois et les règlements
concernant l'environnement, à accroître la coopération en matière
d'environnement et à favoriser le développement durable.
Les objectifs de l'accord de coopération dans le
domaine du travail sont de protéger, de bonifier et de faire respecter les droits fondamentaux des
travailleurs, de renforcer la coopération dans le domaine du travail ainsi que
d'appuyer et de consolider les engagements internationaux en cette
matière.
La mise en oeuvre par le Québec des dispositions
de ces accords touchant à ses champs de compétence nous permettrait de faire valoir notre point de vue auprès des autorités
canadiennes, advenant la tenue éventuelle de négociations en vue de leur
élargissement.
Afin
d'illustrer concrètement l'intérêt de l'accord de libre-échange, je tiens à
employer le temps qui m'est accordé pour
vous rappeler en quelques mots l'importance du libre-échange pour le Québec et,
en ce sens, souligner nos engagements
précédents en matière commerciale. Depuis plusieurs années, le gouvernement du
Québec a démontré son appui au libre-échange. Il s'agit
incontestablement de l'une de ses priorités. Que ce soit dans le cadre de
l'Accord de libre-échange nord-américain,
des accords sous l'égide de l'Organisation mondiale du commerce, ainsi que des
accords bilatéraux entre le Canada et le Costa Rica ou encore le Canada
et le Chili, le Québec a fait le choix d'appuyer tant la libéralisation des échanges commerciaux que
l'amélioration des règles régissant le commerce mondial, comme le
démontrent les engagements qu'il a pris en cette matière.
Cette démarche a été notamment entamée
avec l'adoption par l'Assemblée nationale de la Loi concernant la mise en oeuvre des accords de commerce international. En
effet, depuis 1996, le Québec a instauré une procédure afin d'approuver et de mettre en oeuvre de...
multiples, dis-je, accords de commerce, et ce, à l'égard des engagements du
Canada qui entraient dans les
domaines de compétence du Québec. En faisant cela, le Québec a clairement
démontré son intention de souscrire aux principes et aux règles de
commerce international.
De
plus, l'approbation par l'Assemblée nationale de l'accord conclu entre le
Canada et la Jordanie démontrera le sérieux de l'engagement du Québec à
mettre en oeuvre des dispositions d'accords commerciaux présents et futurs
touchant à ses champs de compétence exclusive et partagée.
Les nombreuses
négociations dans lesquelles le Québec joue un rôle actif démontrent que son
gouvernement poursuit continuellement ses
efforts dans l'amélioration des possibilités commerciales pour les entreprises
québécoises.
M. le Président, les
accords présentés aujourd'hui font partie d'une liste de nombreux accords
bilatéraux, plurilatéraux et multilatéraux
que le gouvernement fédéral canadien conclut avec des partenaires étrangers.
Permettez-moi de rappeler qu'au
Canada le droit constitutionnel et la pratique ont confirmé le pouvoir exclusif
des gouvernements des provinces de
mettre en oeuvre ces instruments sur leur territoire lorsqu'ils portent sur des
matières qui relèvent de leur compétence.
En
2002, le Québec a formalisé ce pouvoir par la Loi sur le ministère des
Relations internationales en y consacrant que le Québec est seul compétent pour mettre en oeuvre de tels accords.
En ce sens, les accords internationaux conclus par le Canada en matière de commerce international, dont des chapitres
relèvent de la compétence constitutionnelle du Québec, constituent des engagements internationaux importants au sens de
l'article 22.2 de la Loi sur le ministère des Relations internationales.
En conséquence, leur
entrée en vigueur requiert, dans un premier temps, qu'ils soient approuvés par
cette Assemblée et, dans un deuxième temps,
la prise d'un décret par le gouvernement du Québec, qui peut alors exprimer sa
volonté d'être lié par un accord international du Canada.
• (15 h 10) •
Le débat qui a lieu
aujourd'hui permet aux parlementaires tant de discuter des tenants et des
aboutissants que d'approuver les accords qui
concernent les compétences et les responsabilités du Québec. En impliquant les
partenaires dans les débats sur les
ententes jugées importantes au regard de la loi, nous avons consacré la
démocratisation du processus visant à nous déclarer liés à ces accords.
L'approbation des accords conclus par le Canada et qui concernent nos compétences nous permet sans aucun doute de
réaffirmer les responsabilités du Québec en ces matières et de perpétuer
la capacité de notre Assemblée nationale dans le cadre de la doctrine Gérin-Lajoie,
dont nous célébrons d'ailleurs le 50e anniversaire.
À
ce titre, je vous rappelle qu'en 1965, l'allocution de M. Gérin-Lajoie
comportait l'annonce selon laquelle «dans tous les domaines qui sont complètement ou partiellement de sa
compétence, le Québec entend désormais jouer un rôle direct,
[conformément] à sa personnalité et à la mesure de ses droits». Fin de la
citation.
C'est
donc dans cette optique et afin d'en assurer la continuité que nous nous
présentons aujourd'hui devant cette Assemblée. L'approbation parlementaire et l'adhésion éventuelle au présent accord contribueront à la
reconnaissance de notre pratique en
établissant notamment des précédents pour le Québec qui viendront soutenir sa
participation à d'éventuelles négociations.
Compte tenu de notre
rôle fondamental à l'étape de la mise en oeuvre d'un accord, une telle
participation aux négociations s'avère
évidemment primordiale, et ce, dans un souci d'effectivité. D'ailleurs, je suis
convaincue que la mise en oeuvre de
l'accord de libre-échange favorisera la consolidation et le renforcement des
liens entre le Québec et la Jordanie, un
pays dont le marché offre des débouchés dans un vaste éventail de secteurs qui
correspondent aux capacités québécoises.
L'accord
offrira, par exemple, de nouvelles opportunités d'affaires aux entreprises
québécoises comme SNC-Lavalin, Bombardier
et d'autres. En 2014, les exportations québécoises vers la Jordanie s'élevaient
à 21,6 millions de dollars et les importations en provenance de
Jordanie, 16 millions de dollars. En favorisant la multiplication des
échanges entre le Québec et la Jordanie et
la mise en place d'un environnement d'affaires stable, l'accord saura très
certainement contribuer au développement économique et social et à la
création d'un climat propice à l'investissement.
Le Québec et la
Jordanie sont tous deux également signataires de plusieurs conventions de
l'UNESCO et de l'Organisation internationale du travail. Je suis convaincue que
l'accord de libre-échange conclu entre le Canada et la Jordanie et ses accords complémentaires permettront aux parties de
s'acquitter de leurs obligations d'une manière compatible avec la
protection de l'environnement, de renforcer les lois et les règlements relatifs
à l'environnement, de créer des emplois et
des occasions de développement économique, de faire respecter les droits
fondamentaux des travailleurs, de promouvoir
le développement durable et d'encourager les entreprises à adopter des
pratiques exemplaires en matière de responsabilité sociale.
De
plus, la Jordanie est un acteur de premier plan dans le cadre du processus de
paix au Proche-Orient. Son action en
la matière est reconnue positivement par le Québec, dont la position sur ce
conflit consiste à encourager les promoteurs d'une paix durable par la
voie du dialogue, dans le respect des résolutions de l'ONU.
M.
le Président, nous voilà donc arrivés à l'étape de l'approbation de ces accords
par l'Assemblée nationale, un processus
qui, par sa transparence et sa collégialité, représente un jalon fondamental de
la capacité d'action internationale du Québec dans un contexte de
mondialisation.
Je propose
donc que l'Assemblée nationale approuve l'accord de libre-échange
Canada-Jordanie de même que l'accord
dans le domaine de l'environnement et l'accord de coopération dans le domaine
du travail. Lorsqu'ils auront été approuvés,
le Conseil des ministres sera en mesure de prendre un décret afin que le
gouvernement du Québec puisse se déclarer
lié par ces accords et de les ajouter à la liste des accords mis en oeuvre en
vertu de la Loi concernant la mise en oeuvre des accords de commerce
international.
Je souligne également que
le ministère des Relations internationales et de la Francophonie et le
ministère de l'Économie, de l'Innovation et
des Exportations, en collaboration avec tous les ministères concernés, ont
veillé aux intérêts du Québec dans ce dossier et se sont assurés de la
conformité de ces accords eu égard à la législation et à la pratique québécoise. Notamment, ils seront appliqués à la
lumière et de façon compatible avec la Convention sur la protection et la
promotion de la diversité des expressions culturelles de l'UNESCO.
Je termine, M.
le Président, en disant à ma collègue, porte-parole de l'opposition en matière
de relations internationales, qui
nous reprochait de ne pas avoir encore procédé pour des accords qui avaient été
adoptés, qui étaient entrés en
vigueur sous notre gouvernement, bien, je lui souligne que cet accord-ci était
entré en vigueur en 2012, donc sous un gouvernement du Parti québécois, et,
18 mois plus tard, l'accord n'avait toujours pas été adopté par
l'Assemblée nationale. Alors, aujourd'hui nous procédons avec beaucoup
de plaisir. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, merci, Mme la ministre, de votre intervention. Et, pour la poursuite
du débat sur ce débat concernant les accords internationaux, je cède la parole
à la porte-parole de l'opposition officielle. Mme la députée
d'Hochelaga-Maisonneuve, à vous la parole.
Mme Carole Poirier
Mme
Poirier : Merci, M. le Président. Alors, il me fait plaisir de
prendre la parole sur l'entente de libre-échange entre le Canada et la Jordanie, alors, accord conclu en août 2008, lors
des négociations sur un accord de libre-échange ainsi que sur l'accord
en environnement et un accord de coopération dans le domaine du travail.
Alors, le
15 novembre 2011, le gouvernement du Canada a déposé à la Chambre des
communes un projet de loi visant la
mise en oeuvre des trois accords. Le 21 septembre suivant, le ministre du
Commerce international, ministre de la porte
d'entrée de l'Asie-Pacifique,
l'honorable Ed Fast, a annoncé que l'accord de libre-échange Canada-Jordanie et
les accords parallèles sur l'environnement et sur la coopération dans le
domaine du travail devaient entrer en vigueur le 1er octobre 2012.
Alors, vous
le savez, M. le Président, et on le répète depuis quelques jours, depuis
qu'on discute de l'ensemble de ces
ententes de libre-échange signées par le Canada à la place du Québec,
le Parti québécois a toujours été pour le libre commerce, mais on veut également que ce commerce se fasse de façon équitable et
équilibrée. Et je pense qu'il n'y a rien de mal à ça, M. le Président.
Or, il
s'avère que plusieurs personnes ont émis des craintes sur cet accord entre le Canada
et la Jordanie, comme par exemple certains se demandent comment on va concurrencer
les ateliers clandestins de Jordanie, dont certains appartiennent à des sociétés canadiennes. Alors,
c'est très peu reluisant, M. le
Président. Alors, les ateliers
clandestins emploient des étrangers,
dont 75 % sont des femmes,
provenant souvent du Sri Lanka et d'autres pays en développement. Ils
les logent et leur font fabriquer des vêtements dans des conditions, il faut se
le dire, M. le Président, déplorables. Comment
l'industrie du textile de Montréal peut-elle concurrencer cela, déjà que cette
industrie va très mal, on le sait? Alors,
pouvons-nous accepter une telle situation? En tant que citoyens, ne devrions-nous
pas... devrions-nous accepter de
porter des vêtements à bas prix, fabriqués par des gens dont on abuse et
profite, alors qu'on a des industries ici qui vont mal et que leur fermeture n'arrête pas? Et à Montréal
on connaît bien la situation. Je me fais d'ailleurs la porte-parole, M. le
Président, de ces craintes rapportées. Nous
ne voulons certainement pas que les mauvais traitements dont sont victimes
les femmes qui fuient le Sri Lanka
augmentent parce que le Canada a signé un accord de libre-échange avec la
Jordanie; j'ose espérer que ce n'est pas le cas.
Si nous
avions signé cet accord, le Québec, au lieu du Canada, qui l'a fait à notre
place, nous aurions pu faire les choses autrement. Si nous avions
vraiment eu l'opportunité de nous prononcer sur cet accord de libre-échange
plutôt que d'en discuter superficiellement
là, alors que tout est déjà signé, mis en oeuvre, nous aurions pu établir, par
exemple, des normes accompagnées de
mécanismes pour en garantir le respect ou des moyens de révoquer des parties de
l'accord si la Jordanie ne respecte pas ces normes.
Les accords
auxiliaires sur le travail et l'environnement n'ont aucune force exécutoire,
malgré les beaux mots que certains
d'entre eux contiennent. Pour ce qui est des questions de travail, je vais
donner un bon exemple, M. le Président. Le véritable problème, c'est que les accords contiennent un tas de mots,
sauf l'obligation de rendre des comptes. L'accord auxiliaire en est un bon exemple. Voici ce qu'on
peut lire sous la section Responsabilité sociale des entreprises, ce dont
on parle présentement, et je vous cite le
texte : «Étant donné les importants bienfaits que procurent le commerce et
l'investissement internationaux, les
parties devraient — et je
souligne, M. le Président, le mot qui suit — encourager les entreprises sur leur
territoire ou de leur ressort à adopter les meilleures pratiques de
responsabilité sociale, afin de renforcer la
cohérence entre les objectifs économiques et les objectifs en matière
d'environnement.» C'est tellement vague, M. le Président. Aucun
mécanisme d'application n'est prévu. Bref, cet accord n'est pas contraignant du
tout.
• (15 h 20) •
Tout ça pour
vous dire, M. le Président, que cet accord soulève des inquiétudes, que nous
n'avons pas de réponse parce que ce
n'est pas nous qui l'avons négocié, ce n'est pas nous qui le signons et ce
n'est surtout pas nous qui allons faire les suivis là-dessus, alors nous n'avons pas la possibilité de l'étudier
en profondeur, de le modifier ou de le bonifier. Et, je le répète, la ministre elle-même a questionné le fait de pouvoir
étudier en commission parlementaire, lorsqu'elle était dans l'opposition, les ententes de libre-échange, mais on se
contente de ce moment que nous avons ici. Alors, j'aimerais bien que la ministre puisse justement joindre la
parole aux gestes et nous convoquer dans une réelle commission parlementaire où nous pourrions justement interpeller les partenaires de ces ententes-là
mais pas après, pendant la négociation.
Nous serons toujours,
le Parti québécois, pour le libre-échange, mais pas à n'importe quel
prix, M. le Président. Nous serons pour un libre-échange bénéfique pour
toutes les parties, permettant d'améliorer la qualité de vie des citoyens
des deux parties et de protéger les environnements des deux parties.
Nous ne rejetons pas
en bloc l'idée de faire affaire avec la Jordanie, bien sûr. Nous croyons que ce
pays représente une porte d'entrée importante sur le Moyen-Orient, mais nous
croyons ferme que cet accord mériterait d'être bonifié pour les femmes et leurs
conditions de vie, M. le Président. Merci.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Je vous remercie, Mme la députée d'Hochelaga-Maisonneuve, pour votre intervention, et je cède maintenant
la parole à Mme la députée d'Arthabaska. Mme la députée, à vous.
Mme Sylvie Roy
Mme Roy
(Arthabaska) : Merci, M. le Président. Je prends maintenant la
parole pour cette nouvelle entente internationale
entre le Canada et le Royaume hachémite — pas
si nouvelle que ça, par contre — de
Jordanie. Rappelons encore une fois
qu'au Québec, alors que la négociation de ces accords se
passe du côté des représentants du gouvernement
fédéral, nous conservons le loisir d'entériner ces ententes avant de les mettre
en oeuvre, mais nous n'avons pas le loisir de les négocier. C'est pourquoi nous discutons de cette entente aujourd'hui entre le Canada et le Royaume hachémite de Jordanie.
La
Jordanie est sans aucun doute un pays avec qui le Québec
gagnerait à se mettre en partenariat. Il s'agit d'un marché intéressant,
composé de 6,5 millions d'habitants avec un taux de croissance économique
de 3,5 % en 2014. Nous parlons donc
d'une économie avec de belles perspectives d'enrichissement. M. le Président,
en plus de ça, cette entente va
permettre au Québec de tisser des relations commerciales privilégiées avec un
pays du Moyen-Orient. Ce n'est pas anodin, M. le Président, c'est une
nouvelle partie du monde à laquelle on aura désormais plus facilement accès.
Aussi,
il a été important pour le Canada et le royaume de Jordanie de conclure une
entente complémentaire dans le cadre
de cet accord sur les enjeux concernant l'environnement. On connaît la
motivation du Québec d'agir en leader en
matière environnementale. Cette entente complémentaire représente donc une
nouvelle fois une opportunité pour le Québec
de se démarquer dans le domaine. Ce fait est d'autant plus important puisque,
pour le royaume de Jordanie, les préoccupations
environnementales sont relativement nouvelles. Le Québec pourra donc faire part
de son expertise en la matière et, par là même, se faire... et se
démarquer.
Il
est donc dans l'intérêt du Québec de rejoindre cet accord avec le royaume
jordanien. L'objectif de l'entente étant de consolider et de renforcer
les liens commerciaux existant entre le Canada et notre partenaire
moyen-oriental, les trois accords qui,
combinés ensemble, nous concernent aujourd'hui offriront de nouvelles
opportunités d'affaires aux entreprises
québécoises aussi... que des nouveaux marchés à pénétrer pour nos exportateurs.
Ceci aura pour effet d'accroître la compétitivité et de faire des
pressions à la baisse sur les prix, ce qui ne sera pas sans réjouir les
consommateurs.
À l'instar de
l'entente avec la république du Pérou dont il a été question plus tôt, l'accord
avec la Jordanie permettra de rendre plus
aisé le flux des travailleurs, d'hommes et de femmes d'affaires québécois sur
le territoire jordanien. En effet,
l'accès à ces secteurs stratégiques à valeur ajoutée, par exemple
l'agroalimentaire, les équipements de sport ou encore la maroquinerie,
seront sans doute d'importantes opportunités pour nos agents économiques.
Aussi,
la mise en oeuvre de l'accord par le Québec nous donnera le droit de faire
valoir notre point de vue aux autorités fédérales sur les points
touchant à nos compétences. Il s'agit ici d'un élément important qui nous
permet de s'affirmer davantage en tant que
nation au niveau de nos relations internationales. Nous saluons donc
aujourd'hui la mise en oeuvre par le Québec de cette entente que nous
appuyons. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, je vous remercie, Mme la députée
d'Arthabaska, de votre intervention. Et est-ce qu'il y a d'autres
intervenants sur ce rapport? Alors, je n'en vois pas. Alors, je cède la parole
à madame...
Une voix :
...
Le Vice-Président (M. Gendron) : Oui, on va mettre aux voix, oui, excusez. Vous
avez raison. Oui, on va y arriver.
Mise aux voix
Alors, nous allons
maintenant procéder à la mise aux voix de la motion de Mme la ministre des
Relations internationales et de la Francophonie, mais, de toute façon, avant la
mise aux voix, je vous la rappelle, là :
«Que, en vertu de
l'article [22] de la Loi sur le ministère des Relations internationales,
l'Assemblée nationale approuve l'Accord de
libre-échange entre le Canada et le Royaume hachémite de Jordanie, l'Accord sur
l'environnement entre le Canada et le
Royaume hachémite de Jordanie, ainsi que l'Accord de coopération dans le domaine
du travail entre le Canada et le Royaume hachémite de Jordanie, signés
le 28 juin 2009 et en vigueur depuis le 1er octobre 2012.»
Est-ce que cette
motion est adoptée?
Des voix :
Adopté.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : On me dit : Sur division. Alors, adopté sur
division. En conséquence, cet engagement international est approuvé par l'Assemblée
nationale. Et je cède la parole à Mme la leader adjointe pour la poursuite de
nos travaux.
Ajournement
Mme
Thériault : Oui, M. le Président. Étant donné qu'il y a cinq
commissions qui siègent aujourd'hui, et ce, jusqu'à 22 h 30,
vous allez me permettre de faire motion pour ajourner nos travaux au jeudi 4
juin 2015 à 9 h 45.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Je vous le permets, et ça signifie que nos travaux sont ajournés à demain,
9 h 45. Les travaux sont ajournés.
(Fin de la séance à 15 h 26)