(Neuf heures quarante-cinq minutes)
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, chers collègues, je vous souhaite une excellente journée.
Veuillez vous asseoir.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Nous en sommes à la rubrique de la déclaration
des députés, et je cède la parole à Mme la députée de Hull et vice-présidente
de l'Assemblée nationale. Mme la députée.
Souligner le 30e
anniversaire de la Société
Alzheimer de l'Outaouais québécois
Mme Maryse Gaudreault
Mme
Gaudreault : Merci,
M. le Président. Alors, il me fait plaisir aujourd'hui de prendre la parole
pour souligner le 30e anniversaire de
la Société Alzheimer de l'Outaouais québécois. Il y a 30 ans déjà, Mme Yolande Gravel fondait cet organisme alors qu'elle venait de
perdre sa mère des suites de cette cruelle maladie. Depuis trois décennies, la Société Alzheimer de l'Outaouais québécois aide et accompagne les personnes
atteintes, soutient les familles et les proches des patients et sensibilise
le grand public aux réalités de la maladie d'Alzheimer.
À chaque
année, l'Alzheimer fait de nombreuses victimes, et les prévisions indiquent que
la prévalence mondiale de cette
maladie doublera d'ici 20 ans. Quelque 500 000 personnes en sont
présentement atteintes au Canada, dont 4 000 en Outaouais.
Pour tout le
soutien et le réconfort qu'apportent le personnel et les bénévoles de la Société Alzheimer de l'Outaouais québécois, je dis merci du fond du coeur. Joyeux
30e anniversaire et longue vie à votre précieuse et chaleureuse
organisation!
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Merci à vous, Mme la députée de Hull. M. le député de Bourget.
Souligner le 50e
anniversaire de Baseball Tétreaultville
M. Maka Kotto
M. Kotto :
Merci, M. le Président. Je veux souligner le 50e anniversaire de Baseball
Tétreaultville, une association sportive de la circonscription de
Bourget qui entamera, le 6 juin prochain, la 50e saison de son
histoire.
Ce sont près
de 3 000 jeunes qui ont pratiqué cette discipline depuis la création
de cette association par les loisirs Sainte-Louise-de-Marillac
en 1966 et par sa fusion en 2001 avec les loisirs Saint-Victor. Ce sont
également des centaines de parents et d'entraîneurs, tous bénévoles, qui
ont permis à tous ces jeunes de pratiquer un sport, tout en assurant le
financement, le développement et le rayonnement de cette association sportive.
Mes
félicitations à Fernand Nantel et Martin Bisson, respectivement président et directeur général de Baseball Tétreaultville, ainsi qu'à toutes celles et ceux
qui ont oeuvré depuis 50 ans. Nous leur souhaitons une excellente saison.
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Merci à vous, M. le député. M. le député de Sainte-Rose.
Féliciter Mme Jeanine
Marier L'Archevêque,
récipiendaire de la Médaille de
l'Assemblée nationale
M. Jean Habel
M.
Habel : Merci, M. le Président. À l'occasion du 25e anniversaire
du Jardin de la famille de Fabreville, j'ai remis une Médaille de l'Assemblée nationale à l'une de ses pionnières,
Mme Jeanine Marier L'Archevêque, pour ses 25 ans de service.
J'en profite aussi pour rendre également hommage
aux autres bâtisseurs de l'organisme, soit Mme Lorraine Marier Germain, Mme Marier Godbout,
Mme Lise Marier Gingras, Mme Rosa Bargelletti, Mme Estelle Côté
Chamberland, M. Wilfrid Chamberland, soeur Nicole Poirier et enfin
Pierrette Laflèche, qui ont été des piliers de l'organisme.
Laval est une
ville riche, riche de ses bénévoles. Il suffit de constater l'évolution
de l'organisme au cours de ces 25 dernières années au bénéfice des
participants pour comprendre l'importance de son apport.
Je tiens à féliciter aussi les bénévoles et
employés qui perpétuent cette belle tradition depuis 25 ans. Merci, M. le
Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député. M. le
député de Beauce-Nord.
Souligner la réussite de l'événement Relais pour la vie de
Beauce-Nord
M. André Spénard
M.
Spénard : Merci, M. le Président. Le week-end dernier, à Sainte-Marie, était présentée la
7e édition de la marche Relais pour la vie Beauce-Nord, au profit
de la Société canadienne du cancer. De 19 heures samedi soir à
7 heures dimanche matin, quelque 700 marcheurs réunis au sein d'une
cinquantaine d'équipes se sont rassemblés sur le site de l'école
Monseigneur-Feuiltault pour cette marche à relais d'une durée de
12 heures.
Pour
l'édition 2015, c'est une somme de plus de 128 000 $ qui a été amassée. En sept ans d'activité, ça a donc
permis d'offrir environ 900 000 $ à la rechercher pour éradiquer
cette terrible maladie.
Je
tiens à rendre hommage aux organisateurs, aux donateurs, aux nombreux
participants, et plus spécifiquement à
ceux que l'on appelle les survivants. Les survivants, des Beauceronnes, des
Beaucerons de tous âges, petits et grands, qui combattent actuellement
le cancer ou qui l'ont combattu dans un passé plus ou moins lointain. Votre
présence à l'activité démontre votre volonté
et votre acharnement à gagner ce combat que la vie a placé sur votre chemin.
Vous êtes source d'inspiration, de courage et de détermination! Merci,
M. le Président.
• (9 h 50) •
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député. Mme la
députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré.
Souligner le lancement de la programmation du
Circuit des créateurs de la Côte-de-Beaupré
Mme Caroline Simard
Mme
Simard : Merci, M. le Président. Je suis fière d'être partenaire du
Circuit des créateurs de la Côte-de-Beaupré, dont le lancement officiel de la présentation 2015 est prévu
aujourd'hui, au centre d'interprétation de la Côte-de-Beaupré.
Cette initiative du
regroupement des intervenants culturels de la côte consiste en un circuit
regroupant des stations où les amateurs
d'art et de culture sont invités à rencontrer des créateurs dans leurs
ateliers, tels des artistes en arts
visuels et des artisans du métier d'art ainsi qu'à visiter des centres
d'interprétation, des économusées, des galeries d'art, bref, des lieux
d'exposition et d'interprétation du milieu.
Alors que ce circuit
comprenait 18 stations en 2014, il en compte 27 en 2015. Le Circuit des
créateurs de la Côte-de-Beaupré démontre que
l'histoire, les paysages et l'hospitalité des citoyens de la côte en font un
lieu de création privilégié. La
passion qui anime les artisans est contagieuse, et je suis convaincue que ce
circuit favorisera les échanges et la promotion de la culture.
Félicitations
au Regroupement des intervenants culturels de la Côte-de-Beaupré pour sa
contribution significative à la vitalité culturelle! Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Merci à vous, Mme la députée. M. le député de
Rosemont.
Souligner le 20e anniversaire du Collectif des
entreprises d'insertion du Québec inc.
M. Jean-François Lisée
M.
Lisée : M. le Président, je souligne aujourd'hui le
20e anniversaire du Collectif des entreprises d'insertion du Québec, regroupant 51 entreprises
d'insertion présentes dans 14 régions. Rosemont est fière d'avoir sur son
territoire le siège du collectif ainsi que des entreprises comme
Insertech Angus, le Groupe PART, ou les Buffets Insère-Jeunes.
Depuis maintenant 20 ans, le Collectif des
entreprises d'insertion du Québec prodigue des services, mais des services qui
sont réalisés par des jeunes décrocheurs qui font des programmes d'insertion en
emploi. M. le Président, 80 % de ces jeunes sont réinsérés en emploi grâce
au travail des collectifs. Les collectifs pourraient faire encore davantage,
puisque, croyez-le ou non, il y a des
listes d'attente de jeunes décrocheurs qui voudraient bien avoir recours à ces
services, mais les budgets ne sont pas au rendez-vous. Alors, 80 %
de succès, c'est énorme. Je pense qu'il faut les encourager et les financer
pleinement.
Je salue également le
courage, la persévérance et la volonté qui anime les participants. Leur
motivation est exemplaire. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député. Mme la députée de
Soulanges.
Féliciter Mme Alexandra Goulet, qui s'est distinguée aux
Championnats de gymnastique de l'Est canadien
Mme Lucie Charlebois
Mme
Charlebois :
Merci, M. le Président. Alexandra Goulet, une jeune gymnaste de Soulanges de
12 ans, fait parler d'elle
depuis plusieurs semaines dans le comté. Son nom est devenu synonyme de courage
et de détermination. Blessée au dos, elle a surmonté les difficultés et a ajusté son
entraînement afin de réussir les classements lors des Championnats québécois à Chicoutimi. Grâce à son acharnement,
elle s'est taillé une place aux championnats canadiens de l'Est à Moncton
au début du mois de mai. À titre individuel,
elle y a décroché une médaille de bronze au saut et a contribué à remporter
une médaille d'or en équipe. Comme elle le
dit si bien elle-même : «La gymnastique est le plus difficile, le plus
épeurant, le plus éprouvant et le
plus demandant des sports, mais c'est aussi le plus étonnant, le plus beau, le
plus incroyable et le plus merveilleux et surtout c'est le sport que
j'aime le plus au monde!»
Alexandra, tu
es un modèle et une source d'inspiration non seulement pour les jeunes que tu
côtoies, mais pour les adultes que tu croises sur ton chemin.
Félicitations, Alexandra! Nous sommes fiers de toi.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Merci à vous, Mme la députée. M. le député de Nicolet-Bécancour.
Rendre hommage au Musée
des
Abénakis et à ses artisans
M. Donald Martel
M.
Martel :
Merci, M. le Président. Je rends hommage à Mme Michelle Bélanger,
directrice générale du Musée des Abénakis situé à Odanak.
Ce musée
a reçu récemment le prix d'excellence de l'Association des musées canadiens
pour son projet Fort d'Odanak : le passé revisité. Il
s'agit d'un 11e prix en quatre ans pour ce musée, qui célèbre cette année ses
50 ans d'existence. Pour souligner
cet anniversaire, une nouvelle exposition est présentée à partir de juin. Elle
raconte l'histoire du musée et elle met
en valeur une grande quantité d'objets provenant de ses collections. J'invite
d'ailleurs mes concitoyens mais aussi tous
les Québécois à visiter le Musée des Abénakis, une excellente façon de mieux
faire connaître la culture, l'histoire et les traditions de la première
nation des Abénaquis.
En terminant,
je veux exprimer à Mme Michelle Bélanger, au nom de mes concitoyens, toute
notre estime et notre admiration pour son engagement. Merci.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député. M. le
député de Louis-Hébert pour votre déclaration.
Souligner le 20e
anniversaire du Collectif des
entreprises d'insertion du Québec inc.
M. Sam Hamad
M.
Hamad :
Merci, M. le Président. Je vais rejoindre mon collègue aussi le député de
Rosemont pour le même sujet. Au nom
du gouvernement du Québec, je tiens à souligner les 20 ans d'existence du
Collectif des entreprises d'insertion du Québec.
Vous savez,
M. le Président, que l'emploi est une priorité du gouvernement, nous voulons
permettre au plus de personnes possible d'intégrer un emploi et de se
réaliser à travers lui. Alors, c'est ce qu'offrent les organismes en
employabilité, dont ceux regroupés sous le Collectif des entreprises
d'insertion du Québec.
Le collectif a une forte présence, c'est plus...
il regroupe 50 entreprises dans 14 régions. Annuellement, M. le
Président, ce sont près de 3 100 personnes qui sont aidées par le
collectif, ce sont autant de personnes qui reprennent confiance en elles. Le taux de réussite, mon collègue, il l'a dit, c'est
entre 75 % et 80 %, le taux de réussite. C'est énorme, M. le
Président.
Et je sais
que les membres du collectif actuellement sont à Montréal pour souligner leur
anniversaire, alors je tiens à les
remercier pour le travail réalisé au cours de ces dernières années et je dirai
merci pour le travail accompli par les entreprises d'insertion.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député. Enfin, M. le
député de Mont-Royal pour sa déclaration.
Souligner le travail de
membres de la Société de la
sclérose latérale amyotrophique du Québec
M. Pierre Arcand
M.
Arcand : Il me fait plaisir,
M. le Président, de souligner le travail de Mmes Claudine Cook, Diane
Tkalec et Geneviève Chartré, de la
Société de la sclérose latérale amyotrophique du Québec, et du Dr Nicolas
Dupré, neurologue à l'Hôpital de l'Enfant-Jésus. Ces personnes seront
présentes aujourd'hui dans le hall de l'Assemblée nationale pour souligner le mois de sensibilisation à ce qu'on appelle la SLA ou la maladie de Lou Gherig. C'est une
maladie neuromusculaire qui attaque
les neurones, entraîne progressivement la paralysie du corps, causant la mort généralement deux à cinq ans après le diagnostic.
M. le Président, la société est située dans le comté de Mont-Royal.
L'organisme soutient la recherche et oeuvre auprès des familles québécoises aux prises avec cette terrible maladie. Je
souhaite donc, aujourd'hui, rendre hommage aux bénévoles, aux professionnels de la santé,
aux chercheurs et je les encourage à poursuivre leur engagement
d'exception auprès de ces personnes, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le
député de Mont-Royal.
Voilà qui met un terme à la rubrique Déclarations de députés.
Et je suspends les
travaux de l'Assemblée quelques instants.
(Suspension de la séance à
9 h 57)
(Reprise à 10 h 16)
Le Président :
Mesdames messieurs, nous allons nous recueillir quelques instants.
Merci.
Présence
de l'ambassadrice de la République argentine,
Mme Norma Ester Nascimbene, et du consul général
à Montréal, M. Guillermo Ignacio Tagino
Il
me fait plaisir de vous souligner la présence, dans nos tribunes, de
l'ambassadrice de la République argentine, Son Excellence Mme Norma Ester Nascimbene, à l'occasion
de sa visite officielle. Mme l'ambassadrice est accompagnée du consul
général d'Argentine à Montréal, M. Guillermo Ignacio Tagino.
Nous poursuivons les
affaires courantes. Aujourd'hui, il n'y a pas de déclarations ministérielles.
Présentation
de projets de loi
À la rubrique
Présentation de projets de loi, M. le leader du deuxième groupe d'opposition.
M.
Bonnardel :
M. le Président, je vous demande d'appeler l'article a, s'il vous plaît.
Projet
de loi n° 494
Le
Président : Alors, à
l'article a du feuilleton, M. le
député de Granby
présente le projet de loi n° 494, Loi
sur la protection des contribuables. M. le député de Granby, à vous la
parole.
M.
François Bonnardel
M.
Bonnardel : Merci, M. le Président. Alors, je suis très
heureux de déposer le projet de loi n° 494, Loi sur la protection
des contribuables.
Ce
projet de loi prévoit que, de la date de l'entrée en vigueur de la loi au
1er octobre 2018, un organisme public doit, avant d'imposer une augmentation de charge qui concerne un
contribuable, aviser le gouvernement de son intention et obtenir son
autorisation préalable.
Il
prévoit que toute demande d'autorisation doit être accompagnée d'un rapport
détaillé exposant les motifs qui justifient l'augmentation de charge.
Et
le projet de loi prévoit aussi que l'augmentation demandée n'est autorisée que
si elle est inférieure à l'augmentation
exprimée en pourcentage, par rapport à l'année précédente, de l'indice des prix
à la consommation pour le Canada publié par Statistique Canada. Merci,
M. le Président.
Mise
aux voix
Le Président :
Est-ce que l'Assemblée accepte d'être saisie de ce projet de loi? Adopté.
Dépôt
de documents
À la rubrique Dépôt
de documents, M. le leader du gouvernement.
Réponse
à des pétitions
M.
Fournier : Oui, M. le Président, je dépose la réponse du
gouvernement aux pétitions présentées par le député de Mégantic les
29 avril et 13 mai 2015.
Le Président :
Alors, ce document est déposé.
Il n'y a pas de dépôt
de rapports de commissions.
À la rubrique
Dépôt de pétitions, j'ai reçu une demande de la part du député de
Lac-Saint-Jean pour reporter la présentation d'une pétition
électronique. En effet, selon les délais prévus à l'article 46 des règles
de fonctionnement de
l'Assemblée nationale, aujourd'hui est la date limite pour la présentation de
cette pétition. Est-ce qu'il y a consentement pour permettre au député de Lac-Saint-Jean de présenter sa pétition mardi
prochain, soit le 2 juin? Consentement? Consentement.
Alors,
il n'y a pas de réponses orales aux pétitions ni d'interventions portant sur
une violation de droit ou de privilège.
Je
vous rappelle qu'après la période des questions et réponses orales sera tenu le
vote reporté sur le rapport de la Commission
de l'économie et du travail qui a procédé à l'étude détaillée du projet de loi
n° 37, Loi confirmant l'assujettissement des projets de cimenterie et de terminal maritime sur le territoire de
la Municipalité de Port-Daniel—Gascons au seul régime d'autorisation de l'article 22 de la
Loi sur la qualité de l'environnement.
Questions
et réponses orales
Nous en sommes
maintenant à la période de questions et de réponses orales, et je cède la
parole à Mme la députée de Pointe-aux-Trembles.
Compressions budgétaires
touchant les écoles dans les régions
Mme
Nicole Léger
Mme
Léger : M. le Président, pour couper encore plus, austérité
oblige, le ministre de l'Éducation a récemment pris une décision qui met
en danger des écoles de région. Désormais, les écoles qui sont moins peuplées
verront leurs subventions coupées si une autre école est située à
20 kilomètres.
Pour
plusieurs régions du Québec, cela pourrait signifier la fermeture de dizaines
d'écoles et des déplacements importants
d'élèves. Tout ça alors que, depuis des années, on fait exactement le contraire
en mettant en place des mesures pour garder les petites écoles primaires
ouvertes en région.
Avant
d'aller de l'avant, le ministre a sûrement dû demander des chiffres. Peut-il déposer la
liste d'écoles menacées et concernées par sa décision de coupures?
• (10 h 20) •
Le Président :
M. le ministre de l'Éducation.
M.
François Blais
M.
Blais : J'ai un peu de difficultés à suivre ma collègue ce matin, là. Donc, il n'y a pas de décision de
fermer des écoles, au Québec,
qui a été prise par le ministre de
l'Éducation, donc ça m'étonnerait beaucoup
qu'il y ait un quelconque tableau du type, là, au ministère
de l'Éducation.
Encore
une fois, je le répète, hein, il y a des efforts budgétaires qui sont faits au Québec,
qui sont faits dans tous les ministères. C'est arrivé dans le passé, des
efforts incommensurablement plus importants que les efforts que nous demandons
cette année, mais il y a des efforts qui sont demandés.
Je
vous rappelle qu'il y a aujourd'hui, dans les commissions
scolaires, des surplus d'à peu près
800 millions de dollars.
Ça montre qu'il y a eu des très bonnes années dans les commissions scolaires, ça montre qu'elles ont été bien financées. Maintenant, on leur demande,
hein, de participer à la réalisation de l'équilibre budgétaire. C'est important
de le faire, et on le fait pour nos enfants, on le fait pour l'avenir de
nos enfants.
Donc,
il n'y a pas de demande de fermeture d'école. Il y a toujours
eu des enjeux au Québec. Il y
en a peut-être aujourd'hui, il y
en a eu hier sous le Parti québécois, il y en aura demain, des enjeux de vérifier si l'allocation
des ressources va au bon
endroit et s'assurer que...
Le Président :
En terminant...
M. Blais :
...les enfants aient accès au bon niveau de ressources.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Gaspé.
M.
Gaétan Lelièvre
M.
Lelièvre : M. le Président, en Gaspésie, il pourrait y avoir l'an prochain une situation digne des
Filles de Caleb. À l'école
primaire de Cloridorme, la commission
scolaire sera obligée, à cause des
coupures du gouvernement, de former, l'an prochain, une seule
classe de la maternelle à la cinquième année, soit six niveaux dans une même
classe.
Est-ce que
le ministre peut mettre de côté son approche théorique pour
un instant et tenir compte de ce qui se passe vraiment sur le terrain? Est-ce
que c'est normal qu'en 2015 nous en soyons rendus là dans les régions?
Le Président :
M. le ministre de l'Éducation.
M.
François Blais
M.
Blais : Puis, encore une
fois, il n'y a pas de commande de la part du ministre
ou du ministère de fermer des écoles nulle part dans les
régions. Nous sommes dans une gouvernance où les commissions scolaires, qui
sont dans les milieux, en Gaspésie ou ailleurs, doivent
faire les meilleurs choix pour les enfants, s'assurer, hein, qu'il y ait... je
comprends bien, s'assurer que... les meilleurs services pour les enfants aux
meilleurs endroits.
Alors,
quand j'entends, en ce moment, dire : On va fermer des écoles, il va
arriver telle chose, faisons très attention. Il y a un discours, parfois,
qui est alarmiste. Il y a des décisions qui doivent être prises. Toutes les
décisions qui sont prises en ce moment, par rapport à des compressions
qui sont d'à peu près entre 1 % et 1,5 % des budgets...
Le Président :
En terminant.
M. Blais :
...tous ces efforts-là doivent mettre au coeur de leurs décisions les...
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Gaspé.
M.
Gaétan Lelièvre
M.
Lelièvre : M. le Président, en région, souvent, comme la Gaspésie, la
Côte-Nord, poursuivre des études supérieures, ça signifie quitter sa
région très jeune. À cause des compressions, la polyvalente de Grande-Vallée
aura l'an prochain trois classes secondaires seulement pour cinq niveaux.
Le
ministre réalise-t-il que ces coupures entraîneront non pas l'exil de jeunes de
16, 17 et 18 ans, mais dorénavant peut-être de 12 à 16 ans
pour pouvoir accéder à un niveau scolaire secondaire normal comme partout au
Québec?
Le Président :
M. le ministre de l'Éducation.
M.
François Blais
M.
Blais : Tout le monde sait que c'est une année, là, de transition pour
les commissions scolaires. On veut réviser la gouvernance des
commissions scolaires. Je vous invite à prendre le temps en fin de semaine de
regarder un rapport qui a été déposé, hein,
le rapport Lacroix qui a été déposé, là, sur le site du ministère de
l'Éducation. Qu'est-ce qu'il dit, ce rapport?
C'est qu'il est possible de maintenir les services. Je rejoins les
préoccupations de mes collègues, il est possible au Québec de maintenir les services et d'en arriver à des économies
d'efficience entre 146 millions et 1 milliard de dollars. On
demande aux commissions scolaires, en ce moment, de faire les bons choix et de
le faire pour les enfants.
Le Président :
Principale, Mme la députée de Pointe-aux-Trembles.
Services offerts aux enfants
autistes
Mme
Nicole Léger
Mme
Léger : M. le Président, le ministre nous répond avec un
rapport. Ça n'a pas de bon sens. Contrairement à ce que dit la cassette libérale, les coupes en éducation vont
inévitablement entraîner des ruptures de services pour les jeunes filles et les jeunes garçons qui ont besoin
d'attention particulière. Pour l'instant, au moins 250 orthopédagogues,
techniciens en éducation spécialisée et autres spécialistes seront coupés. À
chaque fois qu'on coupe un professionnel dans nos écoles, c'est la réussite de
nos jeunes qui en arrachent et que l'on remet en question.
Aujourd'hui, la mère
de deux jeunes enfants autistes, Marie-Josée Aubin, lance un cri d'alarme au
ministre. M. le ministre, vos coupes ont des
noms et des visages. Alors que le ministre, qui ne manque pas une occasion de
montrer son manque d'empathie face aux effets de coupes en éducation...
Des voix :
...
Mme Léger :
...les parents du Québec se mobilisent.
Peut-il
expliquer —M.
le ministre, c'est le temps d'avoir de l'empathie — peut-il expliquer à
Mme Aubin pourquoi il laisse tomber les jeunes autistes du Québec?
Le
Président : Je
voudrais simplement vous inviter à éviter tout langage qui pourrait
être blessant. M. le ministre
de l'Éducation.
M.
François Blais
M.
Blais : Donc, il faut vaincre la passion par la raison, et ce n'est
pas une justification pour manquer d'empathie. C'est à la limite, M. le
Président, de ce que je peux accepter, je vous le dis.
Maintenant,
parlons du rapport — elle a commencé
avec ça. Ce rapport-là, il a été commandé par qui? Il a été commandé par le Parti québécois. Pourquoi? Parce
que le Parti québécois avait de la difficulté à gérer les commissions scolaires et remettait en question leur
efficience. Savez-vous de quoi on parle dans ce rapport, M. le Président? On
parle de l'efficience des commissions scolaires. Et la conclusion, elle
est forte, notamment en région. Il y a des enjeux d'efficience. On peut aller chercher, dans les
prochaines années, entre 146 millions de dollars et 1 milliard de
dollars en améliorant l'efficience au profit des enfants. Est-ce que
quelqu'un va me dire, ici, que je manque d'empathie?
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée de Pointe-aux-Trembles.
Mme
Nicole Léger
Mme
Léger : J'aimerais bien qu'il parle à la maman d'un enfant
autiste. «Maman, je fais de mon mieux.» C'est ce que le jeune garçon autiste de Mme Aubin lui dit souvent. Et elle
ajoute : Oui, effectivement, il le fait. Mais, de toute évidence, son mieux ne sera plus suffisant si le
ministre met à exécution sa coupe à blanc dans notre système d'éducation.
Le ministre doit
prendre conscience des impacts réels de ces coupes, qu'elles remettent en
question l'avenir et la réussite scolaire de nos enfants. Pourquoi
demandez-vous des sacrifices à des enfants autistes?
Le Président :
M. le ministre de l'Éducation.
M.
François Blais
M.
Blais : M. le Président, je ne demande aucun sacrifice à des enfants
autistes et à des parents d'enfants autistes. Comprenons-nous bien, là. Comprenons-nous bien : Au Québec, nous
avons une politique d'intégration, au maximum des possibilités, de ces enfants-là dans des écoles. Et on y met des
investissements comme on n'a jamais vu dans l'histoire du Québec, et des investissements qui ont évolué
de manière exponentielle, qui sont autour de 2,3 milliards, là, cette
année. C'est des sommes très importantes.
Chaque
enfant, au Québec, dans une situation d'adaptation... doit avoir un projet
d'intervention, un plan d'intervention pour cet enfant. Cet enfant a un
plan d'intervention...
Le Président :
En terminant.
M. Blais :
Je suis certain qu'il a été négocié entre l'école et les parents.
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la députée de Pointe-aux-Trembles.
Mme
Nicole Léger
Mme
Léger : Le ministre de l'Éducation ne cesse de répéter qu'il coupe pour l'avenir de
nos enfants. Ça n'a aucun sens.
Comment peut-il dire ça, alors que des compressions nuisent précisément au
développement et à la scolarisation de ces mêmes enfants?
Le
ministre doit expliquer à Mme Aubin et aux parents d'enfants autistes du Québec
pourquoi il coupe dans les services spécialisés de leurs enfants. C'est
ça qu'on veut entendre du ministre ce matin, M. le Président.
Le Président :
M. le ministre de l'Éducation.
M.
François Blais
M.
Blais : Écoutez,
M. le Président, à chaque fois que je me suis levé en Chambre
pour parler des compressions que moi,
j'ai vécues quand j'étais dans le milieu universitaire, du Parti québécois, en 1996, 1997, 1998, des compressions qui n'ont absolument rien à voir avec les compressions actuelles qui
existent, à chaque fois, je ne leur ai jamais fait un reproche,
hein? C'était leur temps, leur époque, leurs choix politiques. Je n'ai jamais
dit : Vous l'avez fait, vous devriez le regretter.
Aujourd'hui, il y a des compressions qui n'ont rien à voir avec les
compressions qui ont été faites sous le Parti québécois. Nous sommes capables, je pense, de passer au
travers si la priorité...
Le Président :
En terminant.
M. Blais :
...c'est les services aux élèves.
Le Président :
Principale, Mme la députée de Taillon.
Prime aux médecins pour la
prise en charge de patients
Mme
Diane Lamarre
Mme
Lamarre : M. le Président, pendant que le gouvernement coupe dans les services directs aux élèves, il
vient de réinstaurer une prime pour les médecins. Dans le projet de loi
n° 20, le gouvernement s'était engagé à abolir l'aberration qu'était la prime Bolduc. Ce qu'on découvre dans cette
nouvelle entente, au point 24, c'est que la prime Bolduc, donnée à
la simple inscription d'un patient, est de retour.
On
comprend mieux aujourd'hui comment le ministre de la Santé est parvenu à
obtenir cette entente et on comprend mieux
pourquoi on a tant tardé à en dévoiler les détails. De façon surprenante, le
président du Conseil du trésor
aurait accepté de délier les cordons de la
bourse, mais, contrairement à ce qu'il exige de tous les autres dans le secteur
public, on a oublié l'obligation de résultat pour les patients.
J'aimerais
savoir du président du Conseil du
trésor s'il a approuvé cette entente conclue entre médecins. A-t-il, oui
ou non, donné son aval au retour de la prime Bolduc?
Le Président :
Mme la ministre déléguée à la Réhabilitation.
Mme
Lucie Charlebois
Mme
Charlebois : Merci, M. le Président. Je suis heureuse de
pouvoir répondre à cette question, puis je me rappelle très bien qu'il
n'y a pas si longtemps ils étaient à la défense des omnipraticiens, aujourd'hui
ils sont contre les omnis. Je ne comprends
pas trop leur direction et leur enlignement de pensée, mais, ceci étant, pour
les Québécois, l'entente qui a été
signée par le ministre de la Santé, mon collègue, c'est une très bonne entente.
C'est une entente qui va donner — c'est une première historique,
d'ailleurs — accès
à des services aux patients. Cette entente-là permet d'arriver aux fins du projet de loi n° 20. C'est la première fois
que les médecins prennent un engagement chiffré. Je ne crois pas qu'ils ont eu
le talent de le faire, mais là ils
nous reprochent de faire ce qu'ils auraient peut-être voulu faire mais qu'ils
n'avaient pas les capacités pour.
Alors,
l'entente que... propose des objectifs mesurables : 85 % des Québécois
vont avoir un médecin de famille, et,
en interdiscipliné, ils vont travailler à un accès adapté 80 % du temps.
M. le Président, ce n'est pas ce qu'on recherche, servir les citoyens du Québec? Ce n'est pas ce
qu'on recherche, offrir des services de santé aux citoyens du Québec? De
notre côté de la Chambre, c'est ce qu'on recherche. Et moi, je tiens à
féliciter le ministre de la Santé de cette entente historique, parce
qu'honnêtement les grands gagnants, c'est vous, les Québécois.
• (10 h 30)
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée de Taillon.
Mme
Diane Lamarre
Mme
Lamarre : M. le Président, j'invite les Québécois à aller sur le site
de la FMOQ, cliquer le troisième
onglet à droite, entente,
point 24 de l'entente : «La mesure vise à payer au médecin un
supplément pour la première visite associée à une inscription de tout
nouveau patient orphelin...» Les Québécois ne sont pas dupes.
Le
président du Conseil du trésor est-il d'accord avec le retour de la prime
Bolduc, négociée par les médecins pour les médecins?
Le Président :
Mme la ministre déléguée à la Réhabilitation.
Mme Lucie Charlebois
Mme
Charlebois :
Si la députée avait pris le temps de lire complètement l'entente, elle verrait
bien d'autres dispositions que celle-là. Elle voit seulement
ce qu'elle veut voir. Moi, ce que je vois dans cette entente-là, M. le Président, c'est que le ministre de la Santé a conclu une entente... Je le
sais, ils n'aiment pas entendre les paroles qui leur font mal, mais c'est ça, comme ça, hein? Ce qu'on voit dans
cette entente-là, c'est que les citoyens du Québec vont pouvoir avoir accès à un médecin de famille. C'est ce qu'ils
souhaitent. Moi, c'est ce que je me fais dire tous les jours dans Soulanges,
et mes collègues ici peuvent attester de la même demande.
Alors,
moi, je suis heureuse de voir que le projet de loi n° 20 va atteindre ses
objectifs parce que le ministre de la Santé a su prendre les choses en
main...
Le Président :
En terminant.
Mme
Charlebois :
...et négocier avec les médecins.
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la députée de Taillon.
Mme Diane Lamarre
Mme
Lamarre : Merci beaucoup, M. le Président. Alors, il y a des choix qui
ont été faits. On ramène les primes, d'une
part, et, de l'autre, on enlève la responsabilité de voir les patients quand
ils sont malades. Moi aussi, je les entends, ces patients, et ce qu'ils nous disent, c'est qu'ils veulent être vus
quand ils sont malades. On donne des primes aux médecins pour inscrire des patients sur une liste — les patients en ont assez de ça — au lieu de leur en donner pour les voir et
les soigner.
Le
président du Conseil du trésor sera responsable du retour des primes Bolduc,
peut-il au moins le reconnaître aujourd'hui?
Le Président : Mme la
ministre déléguée à la Réadaptation.
Mme Lucie Charlebois
Mme
Charlebois : C'est intéressant, M. le Président, parce que
j'imagine qu'à la fin, à un moment donné, ils vont comprendre que le projet de loi n° 10, le projet de loi
n° 20, l'entente qu'on vient de signer qui fait en sorte que le projet de loi n° 20 va arriver, à terme, à
donner des services aux patients, c'est ce que les citoyens du Québec nous
demandent.
Mais je ne comprends
pas, là, je vous le dis, pas plus tard que la semaine dernière...
Des voix :
...
Mme
Charlebois : S'ils arrêtent de parler, ils vont entendre les
réponses, peut-être qu'ils vont pouvoir conclure. Mais tout ça pour vous dire que, la semaine
dernière, ils défendaient les omnis; cette semaine, ils sont contre. Vous ne
voulez pas que les citoyens du Québec aient
des services? Quand vous avez été 18 mois au pouvoir, qu'est-ce que vous
avez fait? Zéro. Nous, on agit. Le ministre
de la Santé, honnêtement, n'a qu'à recevoir des félicitations pour atteindre
l'objectif.
Le Président :
...l'opposition.
Gestion d'Hydro-Québec
M. François Legault
M.
Legault : M. le Président, hier, la Vérificatrice générale a
déposé un rapport sur la vente des actifs de Gentilly-2. Les conclusions sont dévastatrices pour la gestion
d'Hydro-Québec. C'est complètement indéfendable de dire : C'est de la
bonne gestion.
M.
le Président, pendant ce temps-là, à répétition, le gouvernement libéral
n'arrête pas d'augmenter les tarifs : 7 % depuis qu'ils sont
là, d'augmentation de tarifs. Et les critiques sont très graves, M. le
Président, on dit qu'il y a eu un manque de rigueur — ça,
c'est la Vérificatrice générale qui dit ça — dans l'évaluation des actifs,
qu'ils ont été sous-évalués. Elle dit aussi
qu'il n'y a pas eu d'appel d'offres fait en bonne et due forme, qu'on a
seulement demandé à quelques
acquéreurs dans le marché de la ferraille de déposer des offres. M. le
Président, la gestion d'Hydro-Québec est carrément scandaleuse.
Est-ce que le ministre
de l'Énergie a eu le temps de bien lire le rapport? Est-ce qu'il est d'accord
pour dire qu'il y a eu des graves
manquements à la bonne gestion chez Hydro-Québec? Et est-ce qu'il peut nous
dire comment il va s'assurer que les personnes qui sont responsables de
cette mauvaise gestion soient sanctionnées?
Le Président :
M. le ministre de l'Énergie.
M. Pierre Arcand
M.
Arcand :
M. le Président, j'aimerais vous dire, sur cette question-là, encore une fois,
qu'il est clair — et je
l'ai dit de façon très importante hier — il est clair qu'Hydro-Québec doit s'assurer,
évidemment, de regarder toutes les recommandations,
et nous souhaitons fortement, M. le Président, qu'Hydro-Québec applique les
recommandations du Vérificateur général sur ces questions.
Maintenant,
il est clair qu'hier ça a fait la manchette, mais je tiens, encore une fois, à
rappeler un des éléments importants
de ce rapport, c'est... Ce que le député oublie peut-être de dire à ce
moment-ci, c'est que ce que la Vérificatrice générale nous dit. Essentiellement, c'est qu'Hydro-Québec aurait pu
obtenir 44 000 $ de plus par rapport à ce qu'elle a obtenu.
Alors, c'est là qu'il y a eu la problématique.
Sur
la question des appels d'offres, M. le Président, il y a un débat actuellement
à l'interne sur la nécessité d'avoir des
appels d'offres toujours ouverts parce que, semble-t-il, dans plusieurs cas, il
y a des gens qui ne respectent pas les conditions. Donc, Hydro-Québec
essaie de faire affaire avec des gens qui sont reconnus et réputés...
Le Président :
En terminant.
M.
Arcand :
Il y a eu sept personnes qui ont soumissionné, M. le Président, pour cela.
Le Président :
Première complémentaire, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M. François Legault
M.
Legault : M. le Président, j'invite le ministre à relire le
rapport. Ce que la vérificatrice dit, c'est que, si on avait bien évalué les actifs, on aurait pu avoir
44 000 $ de plus pour de la ferraille, mais elle dit aussi qu'on
aurait dû aller sur d'autres marchés.
M.
le Président, le ministre de l'Énergie défend l'indéfendable. Les Québécois
sont en colère aujourd'hui. Il n'y a jamais
personne de responsable au Québec. Et, pendant que le gouvernement libéral est
négligent, bien, de l'autre côté, c'est toujours le même payeur de...
Le Président : M. le ministre
de l'Énergie.
M. Pierre Arcand
M.
Arcand :
M. le Président, je tiens à rappeler encore une fois au député que, sur la
question des hausses de tarifs, la
dernière hausse de tarifs qui était sous notre responsabilité était une hausse
de tarifs de 2,9 %, et nous sommes d'ailleurs intervenus, via un décret de préoccupation, pour
protéger les familles à faibles revenus. Et d'ailleurs la Régie de l'énergie,
sur ces questions-là, nous a absolument
répondu. Alors, je peux vous dire que, sur cet élément-là, nous tenons compte,
évidemment, des besoins.
M.
le Président, nous sommes actuellement à la recherche de nouveaux dirigeants au
sein d'Hydro-Québec. On espère être
en mesure de pouvoir l'annoncer au cours des prochaines semaines, M. le
Président, et il est clair qu'une ère de changement...
Le Président :
En terminant.
M.
Arcand :
...doit s'opérer aussi à Hydro-Québec, M. le Président.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M. François Legault
M.
Legault : M. le Président, la vérité, c'est que le Parti
libéral avait promis pendant la campagne que la hausse, l'année dernière, de 4,3 % serait annulée. Ils
en ont ajouté de 2,9 % cette année, ça fait 7 %. Pendant ce temps-là,
Hydro-Québec est mal gérée.
Donc,
M. le Président, les Québécois, là, ne sont pas des guichets automatiques à qui
on demande toujours : Payez, payez plus. Puis, pendant ce temps-là,
on gère mal. M. le Président, il y a des maudites limites à manquer de...
• (10 h 40) •
Le Président :
M. le ministre de l'Énergie.
M. Pierre Arcand
M.
Arcand :
M. le Président, encore une fois, ce que le député oublie de dire, c'est que,
dès notre arrivée au pouvoir, on a demandé
150 millions de dollars de gains d'efficience à Hydro-Québec, M. le Président.
On a travaillé à faire en sorte que cette société soit meilleure,
qu'elle ait des bons résultats financiers, mais non pas sur le dos des Québécois. Et nous mettons en place, M. le
Président, les éléments qui vont faire en sorte que cette société d'État, qui
est le fleuron du Québec, continue de
l'être, M. le Président, et on va travailler dans le sens des intérêts des
Québécois, M. le Président.
Le Président :
Principale, M. le député de La Peltrie.
Vente des actifs de la centrale nucléaire Gentilly-2
M. Éric Caire
M.
Caire : M. le Président, Hydro-Québec récidive. On se
souvient du triste épisode des roulottes vendues 34 000 $ à Robert Fer et métaux qu'il a revendues deux jours
plus tard 375 000 $, 1 000 % de profit. La même entreprise
s'est portée acquéreur de la turbine — d'après moi, lui, il a flairé la bonne
affaire, contrairement aux dirigeants d'Hydro-Québec — alors que la Vérificatrice générale nous dit
que tout ce processus-là a été peu rigoureux, l'appel d'offres, le
suivi, la gestion.
Est-ce
que le président du Conseil du trésor peut nous dire si, lui, il pense que ça,
c'est de la gestion responsable et rigoureuse? Et est-ce que ces
gestionnaires-là auront à la fin de l'année les bonus que lui leur a votés?
Le Président :
M. le ministre de l'Énergie.
M. Pierre Arcand
M.
Arcand :
M. le Président, j'ai eu l'occasion de le dire, j'ai eu l'occasion de le
répéter encore une fois hier, nous allons
suivre les recommandations du Vérificateur général, nous allons travailler pour
faire en sorte que les choses soient mieux faites.
Sur
le dossier spécifique, encore une fois, du Vérificateur général, on ne parle
pas, là, d'une erreur de 75 millions, on a dit : On aurait dû
avoir 118 000 $ pour ces éléments-là plutôt que d'en avoir
74 000 $, M. le Président.
Maintenant,
quant à la décision de vendre la turbine, je rappelle que c'est le gouvernement
précédent qui a pris la décision de fermer Gentilly-2, M. le Président.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de La Peltrie.
M. Éric Caire
M.
Caire :
M. le Président, le ministre nous dit qu'ils sont à la recherche de dirigeants
pour Hydro-Québec. Peut-être, faire une offre au président de Robert Fer et
métal. Lui, il a l'air à connaître ça, la business.
M.
le Président, M. le Président, la VG dit : L'appel d'offres a été mal
fait, trop court, on n'a pas vraiment fait d'effort pour aller chercher
le maximum.
Ma
question, elle est simple : Est-ce que les dirigeants qui ont mal géré ce
projet-là, qui ont fait preuve de peu de rigueur... vont-ils, oui ou
non...
Le Président :
M. le ministre de l'Énergie.
M. Pierre Arcand
M.
Arcand :
M. le Président, le député essaie, encore une fois, de faire dire au
gouvernement des choses sur lesquelles,
encore une fois, on le dit depuis le début, nous sommes d'accord avec les
recommandations du Vérificateur général.
Et ce dont on parle aujourd'hui, c'est une erreur de la part d'Hydro-Québec, si
on veut. Et, encore une fois, c'est une
estimation théorique du Vérificateur général qui dit que, dans ce cas-ci, on
aurait peut-être pu aller chercher 44 000 $ de plus. Alors, c'est ça, la réalité, M. le
Président. C'est ça, la réalité devant nous. On va travailler avec Hydro-Québec
pour qu'ils soient plus performants,
M. le Président, dans l'avenir, et, pour ça, on aura bientôt une nouvelle
équipe de direction, M. le Président.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de La Peltrie.
M. Éric Caire
M.
Caire : M. le Président, ce qu'on veut savoir, c'est quelles
sont les conséquences de la mauvaise gestion. Pour le contribuable, on les
connaît : 7 % d'augmentation, une turbine qu'on achète à
70 millions et qu'on revend à 75 000 $. Pour Robert
Métal, on les connaît : il achète des roulottes à 34 000 $, il
les revend à 375 000 $.
Mais,
pour ceux qui font preuve de mauvaise gestion, quelles sont les conséquences?
Vont-ils, oui ou non, toucher les bonus que vous leur avez votés?
Le Président :
M. le ministre de l'Énergie.
M. Pierre Arcand
M.
Arcand :
M. le Président, les dirigeants d'Hydro-Québec, lorsqu'ils reçoivent des bonus,
c'est quand ils ont une bonne
performance financière, d'une part, M. le Président. Et donc, s'ils n'ont pas
vendu comme ils devaient vendre, les
montants, bien, ils auront ça de moins en bonus, M. le Président. Alors, ça,
c'est la première des choses que je devrais dire de ce côté-là.
Ceci étant dit, M. le
Président, nous sommes actuellement à travailler à un plan stratégique parce
que le temps est venu maintenant d'avoir un
plan stratégique pour faire en sorte qu'Hydro-Québec soit plus performante dans
l'avenir et qui va faire en sorte également
que ça va protéger le consommateur québécois dans l'avenir, M. le Président.
Le Président :
Principale, M. le député de Sanguinet.
Vente des équipements de la centrale nucléaire Gentilly-2
M. Alain Therrien
M.
Therrien : M. le Président, en 2012, notre gouvernement a pris une décision économique
courageuse, celle de fermer la
centrale Gentilly-2. Le gouvernement
libéral précédent masquait la réalité
qui était que la réfection qu'il prônait n'aurait jamais été rentable.
Cela a, entre autres, poussé Hydro-Québec à acheter des pièces qu'elle a
ensuite dû se débarrasser.
Hier,
la Vérificatrice générale nous a démontré que des turbines payées 79 millions ont été vendues 75 000 $,
moins de 0,1 % du prix initial.
La VG indique qu'Hydro-Québec n'a pas fait tous les efforts pour trouver des
acheteurs qui auraient payé un meilleur prix.
Ma
question est la suivante : Est-ce que le ministre des Ressources
naturelles peut nous dire si d'autres pièces ont été liquidées de cette
façon?
Le Président :
M. le ministre de l'Énergie.
M. Pierre Arcand
M.
Arcand : M. le Président, le
prix qui a été payé pour la turbine de Gentilly-2 reflétait, à ce moment-là,
des conditions de marché, des
conditions de marché dans lequel il y a eu des gens qui sont intervenus. Il y a
eu sept groupes qui
ont fait des offres pour cette turbine-là. Il y a un groupe qui a même
dit : Écoutez, moi, ça va être moins 460 000 $... Il demandait à Hydro-Québec de payer
460 000 $ pour les débarrasser de la turbine. Dans les circonstances,
Hydro-Québec en est arrivée à
accepter la meilleure offre, qui était une offre de 74 000 $. La
version de la Vérificatrice générale, c'est de dire que, théoriquement, après des mois d'étude sur cette
question-là, ils ont dit : Ça devrait être 118 000 $. Alors, moi,
j'ai demandé à Hydro-Québec, et j'insiste fortement qu'ils améliorent leur
façon de faire, et c'est ce qu'ils vont faire, M. le Président.
Le Président : Première
complémentaire, M. le député de Sanguinet.
M. Alain Therrien
M.
Therrien :
M. le Président, écoutez, on parle d'un marché qui s'effondre, on vend à moins
de 0,1 % de la valeur initiale. Ce n'est plus de l'effondrement,
ça, là, c'est une catastrophe.
Écoutez, la
question... Et il n'a pas répondu à ma question. Ma question est la
suivante : Est-ce qu'il y a d'autres éléments qui ont été vendus de
cette façon-là? Est-ce qu'on peut le savoir? Est-ce qu'il y a d'autres pièces
qui ont été vendues de cette façon-là, M. le Président?
Le Président : M. le ministre
de l'Énergie.
M. Pierre Arcand
M.
Arcand : Vous savez, la
décision de fermer Gentilly alors qu'il y avait plusieurs études encore à faire
sur cette question-là a été prise de façon précipitée par l'ancien gouvernement.
Et je dois vous dire, M. le Président, que la commande, à ce moment-là, qui
était là était de vraiment, là, agir de façon très rapide dans ce dossier-là.
Alors, M. le Président, on n'a pas de leçons
à recevoir du Parti québécois sur cette question, ce sont eux qui étaient au
pouvoir. Et, si le député connaît des gens qui auraient payé plus cher
pour la turbine, bien, qu'il vienne nous le dire.
Le Président : M. le député
de Sanguinet, en deuxième complémentaire.
M. Alain Therrien
M.
Therrien :
Alors, écoutez, moi, je ne suis pas le ministre. Il devrait commencer par faire
son travail avant de faire la leçon
aux autres. Moi, je vous dirais tout simplement : Écoutez, le ministre, il
reçoit l'information. On a vendu une
pièce à 0,1 % de la valeur, et il ne se pose pas de question, il ne va pas
se renseigner. Est-ce qu'on a déjà vu ailleurs ce même deal, entre
guillemets? Non, pas du tout.
Ce ministre-là ne nous répond pas à la question,
qui est simple : Est-ce qu'il a fait des vérifications à savoir est-ce
qu'il y a eu d'autres pièces qui ont été liquidées de cette façon-là?
Le Président : M. le ministre
de l'Énergie.
M. Pierre Arcand
M.
Arcand : M. le Président, les
règles dans cette matière sont très claires, M. le Président. Les appels
d'offres se font, il y a certains
appels d'offres qui se font de façon plus limitative parce qu'on veut avoir une
certaine sécurité au niveau de ceux
qui nous font les appels d'offres et au niveau de leur capacité de payer, M. le
Président. Donc, les règles au niveau d'Hydro-Québec sont très claires.
Ils ont procédé de la meilleure façon possible dans les circonstances, M. le
Président.
Le Président : M. le leader
de l'opposition.
M.
Bédard : Article
79. Deux fois, la question était simple...
Une voix : ...
M.
Bédard :
Trois fois. Est-ce qu'il y a eu d'autres articles qui ont été vendus de la même
façon? On aimerait avoir une réponse, il a dû le vérifier.
Le Président : M. le leader
du gouvernement.
M.
Fournier : Comme en toutes les fois, la question était beaucoup
plus large que ça. Le député disait même...
Une voix : ...
M. Fournier : M. le
Président, je ne m'entends même pas parler.
Une
voix : ...
Le Président :
M. le député de Rousseau!
Une voix :
...
Le Président :
M. le député de Rousseau!
Une voix :
...
Le Président :
M. le député de Rousseau! Moi, je ne peux pas m'en foutre, du préambule.
Une voix :
...
Le Président :
M. le député de Rousseau, s'il vous plaît.
Une voix :
...
Le Président :
M. le député de Rousseau!
Des voix :
...
Le Président :
M. le député de Rousseau, d'abord, la...
Des voix :
...
Le
Président : S'il vous plaît, là, ce côté-ci, là, vous allez me
laisser travailler. M. le député de Rousseau, je vais vous demander de
retirer vos derniers propos.
Une voix :
...
• (10 h 50) •
Le Président :
O.K. merci. Est-ce que vous pourriez conclure, M. le leader?
M.
Fournier : Et
rappeler encore une fois que, dans la question, il y a le préambule, il y a
le début, il y a la fin. Le collègue dit : On a vendu à 0,1 %. C'est le Parti québécois qui a vendu à 0,1 %. Alors, qu'il pose des questions chez...
Le Président :
M. le ministre, sur la question.
M.
Arcand : M. le
Président, il me fera plaisir de
briefer, justement, le député sur toutes les questions de procédure
et de règles de procédures. Et d'ailleurs Hydro-Québec va certainement déposer...
Le Président :
En terminant.
M.
Arcand :
...tel que je l'ai demandé, dans les prochains mois des nouvelles...
Le Président :
Principale, Mme la députée d'Hochelaga-Maisonneuve.
Impact des décisions du gouvernement sur
l'autonomie financière des femmes
Mme Carole Poirier
Mme
Poirier : Merci, M. le Président. À plusieurs reprises depuis le mois d'octobre,
le Conseil du statut de la femme a
alerté le gouvernement que sa nouvelle taxe famille aurait un impact sur
les femmes. Le gouvernement nous a dit :
Il n'y en aura pas, d'impact. Ils ont d'ailleurs refusé de
faire une analyse différenciée sur les sexes qui avait été réclamée par le Conseil
du statut de la femme. La ministre de
la Condition féminine, de toute façon, nous a dit que sa priorité, c'était
l'austérité budgétaire, même au détriment de l'égalité hommes-femmes.
Ce
matin, ce matin, nos craintes se sont confirmées. Véronique Talbot, une mère de
Sainte-Germaine-Boulé, en Abitibi-Ouest,
s'est retirée de son emploi d'éducatrice à l'enfance pour s'occuper de ses
trois enfants après avoir constaté que
tout son salaire servirait à payer la taxe famille libérale. La ministre de la
Condition féminine a cautionné une mesure qui, clairement, nuit à
l'égalité entre les hommes et les femmes. Ça nous ramène 40 ans en
arrière.
Ça,
c'est un cas. J'aimerais savoir maintenant et qu'elle nous dise si elle a des
chiffres qui confirment que d'autres femmes...
Le Président :
Mme la ministre de la Famille.
Mme Francine
Charbonneau
Mme
Charbonneau :
M. le Président, les conditions dans lesquelles on a mis en place la nouvelle
tarification étaient pour, justement,
protéger ces femmes sur le marché du travail, faire en sorte qu'une femme qui
se retrouve avec un salaire moindre peut avoir des services à un coût
moindre.
On a aussi
protégé les femmes qui travaillaient en milieu... Parce qu'il faut savoir que
le milieu des services de garde,
c'est majoritairement des femmes. Ce sont des petites et moyennes entreprises
qu'on a partout au Québec où on emploie
des femmes. Donc, quand l'argument est de nous dire qu'on ne protège pas les
femmes au Québec, sachez que 30 %
des gens vont payer en deçà de 7,30 $, que 60 % des gens vont payer
en deçà du 9 $ que le PQ voulait mettre en place et que, nous, ce qu'on a fait de notre côté, c'est une justice
sociale pour protéger les gens qui ont un petit revenu au Québec, M. le
Président.
Le Président : Première
complémentaire, Mme la députée d'Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Carole Poirier
Mme Poirier :
Bien, je suis désolée, M. le Président, mais, entre la réalité puis la réalité
que la ministre essaie de nous
décrire, c'est tout autre. La ministre de la Condition féminine, elle est où?
Elle est où pour défendre les femmes au
Québec? On ne voit que des reculs économiques pour les femmes. Elle n'a pas
écouté tous ceux qui ont sonné l'alarme, que ce soit le Conseil du statut de la femme, les groupes de femmes,
Ruth Rose, les partenaires du réseau des services de garde.
Combien de femmes comme Mme Talbot vont
être victimes de la taxe famille libérale?
Le Président : Mme la
ministre de la Justice.
Mme Stéphanie Vallée
Mme Vallée :
M. le Président, si j'étais à la place de la députée d'Hochelaga-Maisonneuve,
j'hésiterais à me lever parce que, lorsque le PQ était au gouvernement,
hein, et lorsqu'il a oublié de déposer des crédits, lorsqu'il a fait des promesses à des groupes qui n'étaient pas
budgétées, elle était où, elle, pour protéger, justement, les familles à qui on
tentait de faire miroiter une vie
meilleure? Nous, ce que nous faisons, M. le Président, nous nous assurons
d'avoir des finances publiques saines pour être en mesure d'aider ceux
et celles qui en ont réellement besoin. Et ma collègue a clairement indiqué que
nos mesures sont pas mal plus respectueuses des femmes...
Le Président : En terminant.
Mme Vallée : ...dans le
besoin que le 9 $ qu'ils voulaient nous imposer.
Le Président : Deuxième
complémentaire, Mme la députée d'Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Carole Poirier
Mme
Poirier : L'effet libéral, M. le Président, c'est les
augmentations de tarifs, les coupes, les abolitions dans les programmes
des postes, le report du développement des places en CPE, la taxe famille, les
coupes dans l'aide aux devoirs. Ça, c'est
des décisions libérales qui menacent l'émancipation des femmes et les frappent
de plein fouet dans leur autonomie.
Pourquoi
le gouvernement s'attaque-t-il aux femmes? Pourquoi
la ministre de la Condition féminine, qui est censée
défendre les femmes, reste assise et reste muette devant son gouvernement?
Le Président : Mme la ministre
de la Justice.
Mme Stéphanie Vallée
Mme Vallée : Ça me fait plaisir de me relever et de soutenir
les mesures mises de l'avant par notre gouvernement
parce que les mesures mises de l'avant par notre gouvernement vont aider les
femmes. La reprise, la relance économique, la création d'emplois, les emplois à
temps partiel, qui sont souvent, souvent sollicités par les femmes pour être en
mesure de concilier le travail et la famille, nous les avons créés.
Ils étaient
où sous le gouvernement péquiste? Il n'y en avait plus, d'emplois. On
était en chute d'emplois, on était dans
le trou financièrement en raison de
leur gestion tout à fait irresponsable. Nous prenons nos responsabilités, et
c'est dans le meilleur intérêt des femmes et des familles du Québec, M.
le Président.
Le Président :
Principale, M. le député de Granby.
Projet
de loi sur la protection des contribuables
M. François Bonnardel
M.
Bonnardel :
M. le Président, depuis l'élection de ce gouvernement, les citoyens ont vu bon
nombre de leurs tarifs être augmentés
au-delà de l'inflation. On n'a qu'à penser aux tarifs d'électricité, aux tarifs
de garderie, taxe scolaire, et j'en passe. Pendant ce temps, des cas de
mauvaise gestion s'accumulent, comme celui révélé hier par la Vérificatrice
générale chez Hydro-Québec. Et, dans ce
contexte, l'augmentation des tarifs au-delà de l'inflation devient
indéfendable. J'ai déposé un projet de loi qui prévoit de limiter toute hausse
de tarifs à l'inflation d'ici la fin du mandat, en 2018, parce qu'il
faut respecter la capacité de payer des contribuables.
Est-ce que le
gouvernement est d'accord pour protéger le contribuable plutôt que de protéger
la mauvaise gestion? Est-ce qu'il est ouvert aujourd'hui à étudier notre
loi?
Le Président : M. le ministre
des Finances.
M. Carlos J Leitão
M.
Leitão : M. le Président, je vais rassurer le collègue, que nous
sommes tout à fait d'accord qu'il faut protéger les contribuables du
Québec. La meilleure façon de protéger les contribuables du Québec, c'est
d'avoir des finances publiques saines, d'avoir un budget équilibré, de mettre
en place les conditions qui mènent à la création d'emplois : 70 000 emplois
créés depuis un an, M. le Président.
Le monde magique dans lequel surtout
l'opposition officielle semble toujours habiter, où on peut fournir des
services sociaux, en éducation... Mme la députée de Pointe-aux-Trembles, faire
ces choses-là à crédit en rajoutant continuellement sur la dette, ce système-là
ne marche pas, ne peut pas marcher, et la meilleure façon de protéger les
contribuables, c'est d'avoir des finances publiques saines qui mènent à la
création d'emplois, M. le Président.
Le Président : Première
complémentaire, M. le député de Granby.
M. François Bonnardel
M.
Bonnardel :
M. le Président, on est d'accord pour le retour à l'équilibre budgétaire, mais
pas sur le dos de la classe moyenne.
Ce projet de loi vise à protéger le pouvoir d'achat des contribuables face à
des gouvernements qui ne respectent
pas leurs promesses puis il permet de donner de la prévisibilité financière aux
familles de la classe moyenne. C'est
1 400 $ d'augmentation de tarifs dans les 15 derniers mois. Ça,
c'est un trou important dans le portefeuille des citoyens.
Je demande au
leader du gouvernement : Est-ce que, minimalement, il entend appeler ce
projet de loi pour qu'on en discute?
Le Président : M. le ministre
des Finances.
M. Carlos J Leitão
M.
Leitão : Bien, M. le Président, écoutez, depuis un an, en effet, nous
avons eu deux budgets et une mise à jour économique, toute une série de mesures. Notre objectif, notre grande
priorité, c'est l'atteinte de l'équilibre budgétaire. Il faut avoir du courage, il faut avoir du courage
pour être capable de mettre en place les mesures nécessaires pour arriver
à cet équilibre-là, équilibre qui est essentiel pour la suite des choses.
Alors, le... excusez-moi, M. le Président...
Alors, on parle de finances publiques, et le ministre des Finances s'étouffe. C'est un mauvais signe. Mais le
ministre des Finances récupère aussi très rapidement pour mentionner qu'il
se trouve quand même un peu étonnant, M. le Président...
Le Président : En terminant.
M. Leitão : ...que le deuxième
groupe d'opposition, jusqu'à maintenant, s'est opposé...
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le député de Granby.
M. François Bonnardel
M.
Bonnardel :
Oui, M. le Président. Les Québécois sont aussi étouffés que le ministre des
Finances présentement.
Écoutez, M. le Président, c'est le neuvième
projet de loi que ma formation politique dépose, là, depuis un an. Et le premier ministre, dans son discours d'ouverture,
a dit : «J'ai [...] demandé au leader du gouvernement, qui a accepté,
de faire preuve d'ouverture à l'égard des
projets de loi déposés par les députés de toutes les formations politiques.» Je
n'ai pas vu grand commencement de cette politique qu'on veut faire autrement.
Est-ce que le
leader du gouvernement entend minimalement appeler le principe de ce projet de
loi n° 494? Merci.
• (11 heures) •
Le Président :
M. le leader du gouvernement.
M. Jean-Marc Fournier
M.
Fournier : D'abord, pour vous dire, on a déjà entamé un projet
de loi de la députée de Gouin. On a même annoncé qu'on allait continuer
dans la deuxième version, donc on fait, effectivement, ce qu'on avait dit.
Il a été
présenté ce matin, j'ai regardé très rapidement, là. Je ne savais pas que la
question venait, mais, quand même,
j'ai remarqué qu'il n'était pas question de budget équilibré, il n'est pas
question de baisse du fardeau fiscal,
il n'est pas question
de développement économique, il n'est pas question de création d'emplois.
Je ne suis pas sûr que votre loi protège les contribuables. Nous autres,
on le fait, par exemple.
Le Président : Principale, M.
le député de Berthier.
Protection de la gestion de l'offre en agriculture
M. André Villeneuve
M. Villeneuve : M. le
Président, dans le cadre des négociations du Partenariat transpacifique, le gouvernement fédéral envisage de mettre fin au système
de gestion de l'offre. Juste dans le lait, il faut se rappeler que le Québec
représente 40 % de la production canadienne. Comme on le sait, les
priorités du gouvernement Harper sont bien ailleurs que la protection des
producteurs sous gestion de l'offre, particulièrement ceux du Québec.
Les
producteurs sont inquiets, nous sommes inquiets. Le gouvernement avoue, lui aussi, être inquiet. Le ministre de l'Agriculture a fait une conférence de presse. C'est nettement
insuffisant. Ça prend des assurances, des garanties de la part du
fédéral comme quoi la gestion de l'offre sera pleinement maintenue.
Qu'est-ce que le gouvernement a fait pour
obtenir des garanties en ce sens?
Le Président : M. le ministre
des Affaires municipales.
M. Pierre Moreau
M. Moreau : M. le Président,
le ministre de l'Agriculture a reconnu l'importance de la gestion de l'offre.
Il a d'ailleurs participé lui-même à une conférence de presse
conjointe avec l'Union des
producteurs agricoles et ceux qui
sont aussi concernés par la gestion de l'offre au Québec, et nous réitérons
l'importance de la gestion de l'offre.
D'ailleurs,
mon collègue le ministre de
l'Agriculture, conjointement avec son
collègue de l'Ontario, a transmis au ministre
fédéral de l'Agriculture une lettre en ce sens. Mon collègue le ministre de l'Agriculture travaille en étroite collaboration... Ce matin, les collègues... en
fait, son collègue du Nouveau-Brunswick a indiqué qu'il se joignait à l'effort. La
semaine prochaine, le ministre de l'Agriculture sera en contact avec son
collègue de l'Alberta sur le même sujet. Et
ce que nous faisons, M. le Président, c'est ce que le Parti québécois n'a jamais
réussi à faire, c'est-à-dire créer une alliance canadienne des provinces pour soutenir la gestion de l'offre et
s'opposer au fait que, dans ces négociations, elle puisse d'une façon quelconque être
remise en question.
M. le Président, comme les agriculteurs du Québec, je fais confiance à mon collègue le ministre de l'Agriculture pour mener à bien
ces discussions.
Le Président : Première
complémentaire, M. le député de Berthier.
M. André Villeneuve
M.
Villeneuve : M. le Président, on comprend par la réponse qu'il
n'y a aucune garantie obtenue de la
part du Québec au
niveau du fédéral par rapport à la protection de la gestion de l'offre. On nous dit que le ministre
est sorti de son bureau pour faire une conférence de presse et qu'il est
prestement retourné à son bureau.
M. le
Président, il y a urgence, ça prend des mesures immédiates. La situation avance
très rapidement au niveau des négociations internationales, au niveau
transpacifique. Il faut rapidement aller chercher des garanties, M. le
Président, du fédéral que la gestion de l'offre au Québec va être
protégée pleinement.
Le Président : M. le ministre
des Affaires municipales.
M. Pierre Moreau
M. Moreau :
M. le Président, c'est assez amusant de voir le député se lever pour dire qu'il
y a urgence le 28 mai, alors que
notre collègue, le 4 mai, écrivait une lettre conjointe avec le ministre
de l'Agriculture de l'Ontario pour indiquer toute l'importance que nous accordons à la gestion de l'offre. Les
agriculteurs du Québec font front commun avec le ministre de
l'Agriculture.
Le ministre
de l'Agriculture est aux côtés des agriculteurs du Québec, qui réclament aussi
le respect de la gestion de l'offre.
Maintenant, il faut être un peu honnête dans ces questions et dire : Il
est allé faire une conférence de presse et il est rentré rapidement. Il est en contact avec tous
ses homologues du Canada pour nous assurer du maintien de la gestion de
l'offre. C'est comme ça qu'on travaille, M. le Président.
Le Président :
Complémentaire, M. le député de Verchères.
M. Stéphane Bergeron
M.
Bergeron : M. le Président, c'est toujours la même chose,
les libéraux présentent une demande timide au fédéral, qui ne répond pas, le gouvernement ne fait pas de
suivi, puis on se retrouve avec rien en bout de piste. C'est le cas pour
le Chantier Davie, la lutte à l'itinérance, le péage sur le pont Champlain, le
registre des armes à feu, puis j'en passe, M.
le Président. La réalité, c'est que le gouvernement fédéral est prêt à larguer
la gestion de l'offre... en fait, il l'a toujours été, pour faire avancer des négociations
commerciales. M. le Président, si on était souverains, on ne serait pas soumis
à ce vil marchandage sur le dos du Québec.
Le
gouvernement a-t-il obtenu des garanties pour le maintien de la gestion de
l'offre ou s'apprête-t-il, lui aussi, à...
Le Président :
M. le ministre des Affaires municipales.
M. Pierre Moreau
M.
Moreau : M. le Président, quand le député de Verchères commence
une question sur le fédéral avec «c'est toujours la même chose» — c'est vrai, il a raison, dans son cas, c'est
toujours la même chose — ce qu'il recherche, c'est de la chicane. Ce qu'ils font
avec le fédéral, c'est de la chicane; on veut tout le temps se chicaner un
petit peu.
Nous,
on fait deux choses, M. le Président.
La première, c'est qu'on reconnaît, contrairement à eux, l'importance...
Des voix :
...
Le
Président : Mme la députée de Pointe-aux-Trembles, d'abord,
faites attention à mon matériel. M. le ministre, veuillez poursuivre.
M. Moreau :
S'ils ne veulent pas la réponse, M. le Président, qu'ils ne posent pas la
question. Contrairement à eux, nous, on
croit à la gestion de l'offre, ce que les chefs précédents du Parti québécois...
ce à quoi ils ne croyaient pas. On va
défendre la gestion de l'offre et on fait des alliances partout au Canada, ce
qu'ils n'ont jamais été capables de faire et ce qu'ils ne veulent pas
faire, M. le Président.
Le Président :
Cela met fin à la période de questions et de réponses orales.
Votes reportés
Rapport de la Commission de l'économie et du travail
qui a fait l'étude détaillée du projet de loi n° 37
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, nous en sommes à la rubrique des votes
reportés et, tel qu'annoncé précédemment,
nous allons maintenant procéder au vote reporté sur le rapport de la Commission
de l'économie et du travail qui a
procédé à l'étude détaillée du projet de loi n° 37, Loi confirmant
l'assujettissement des projets de cimenterie et de terminal maritime sur le territoire de la
Municipalité de Port-Daniel—Gascons au seul régime d'autorisation de l'article 22 de la Loi
sur la qualité de l'environnement.
Alors, que les députés
en faveur de ce rapport veuillent bien se lever.
Le Secrétaire adjoint : M.
Fournier (Saint-Laurent), Mme Thériault (Anjou—Louis-Riel), M. Hamad (Louis-Hébert), M. Dutil (Beauce-Sud), M. Leitão
(Robert-Baldwin), M. Coiteux (Nelligan), M. Moreau (Châteauguay), M.
Poëti (Marguerite-Bourgeoys), M. D'Amour (Rivière-du-Loup—Témiscouata),
M. Huot (Vanier-Les Rivières), M.
Kelley (Jacques-Cartier), Mme Vallée (Gatineau), M. Lessard
(Lotbinière-Frontenac), M. Blanchette (Rouyn-Noranda—Témiscamingue), M. Heurtel (Viau), M. Arcand
(Mont-Royal), Mme Charbonneau (Mille-Îles), M. Daoust (Verdun), Mme Weil
(Notre-Dame-de-Grâce), Mme Vien (Bellechasse), M. Billette (Huntingdon), M.
Blais (Charlesbourg), Mme St-Pierre
(Acadie), M. Reid (Orford), Mme Boulet (Laviolette), Mme Vallières (Richmond),
M. Morin (Côte-du-Sud), M. Bernier
(Montmorency), M. Ouellette (Chomedey), Mme Charlebois (Soulanges), Mme Ménard
(Laporte), M. Sklavounos (Laurier-Dorion),
M. Girard (Trois-Rivières), Mme Blais (Saint-Henri—Sainte-Anne), Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger), M.
Carrière (Chapleau), M. Drolet (Jean-Lesage), M. Chevarie
(Îles-de-la-Madeleine), M. Simard (Dubuc), M. Tanguay (LaFontaine), M. Bolduc (Mégantic), M. Iracà
(Papineau), M. Ouimet (Fabre), M. Fortin (Sherbrooke), M. Fortin (Pontiac),
M. Bourgeois (Abitibi-Est), M. Boucher
(Ungava), M. Birnbaum (D'Arcy-McGee), M. Auger (Champlain), M. Rousselle
(Vimont), M. Giguère (Saint-Maurice), M. Habel (Sainte-Rose), M. Hardy
(Saint-François), M. Merlini (La Prairie), Mme Montpetit (Crémazie), Mme Nichols (Vaudreuil), M. Plante
(Maskinongé), M. Polo (Laval-des-Rapides), Mme Simard (Charlevoix—Côte-de-Beaupré),
M. St-Denis (Argenteuil).
M. Bédard (Chicoutimi), M. Marceau (Rousseau),
M. Bérubé (Matane-Matapédia), Mme Poirier (Hochelaga-Maisonneuve),
Mme Léger (Pointe-aux-Trembles), Mme Lamarre (Taillon), M. LeBel (Rimouski), M.
Lelièvre (Gaspé), M. Kotto (Bourget),
M. Gaudreault (Jonquière), M. Therrien (Sanguinet), Mme Maltais (Taschereau),
M. Dufour (René-Lévesque), M. Lisée
(Rosemont), M. Cousineau (Bertrand), M. Rochon (Richelieu), M. Leclair
(Beauharnois), M. Villeneuve
(Berthier), M. Bergeron (Verchères), M. Turcotte (Saint-Jean), M. Pagé
(Labelle), Mme Richard (Duplessis), M. Roy (Bonaventure).
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Que les députés contre ce rapport
veuillent bien se lever.
Le Secrétaire adjoint : M.
Legault (L'Assomption), M. Bonnardel (Granby), M. Caire (La Peltrie), M.
Charette (Deux-Montagnes), M. Martel (Nicolet-Bécancour), Mme Roy
(Montarville), Mme Samson (Iberville), M. Roberge (Chambly), M. Schneeberger
(Drummond—Bois-Francs),
Mme D'Amours (Mirabel), M. Jolin-Barrette (Borduas), M. Surprenant (Groulx),
Mme Soucy (Saint-Hyacinthe), M. Spénard (Beauce-Nord), M. Paradis (Lévis), M.
Picard (Chutes-de-la-Chaudière), M. Lemay (Masson).
M.
Khadir (Mercier), Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques).
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Y a-t-il des abstentions? Sinon, M. le secrétaire général, pour le résultat du
vote.
Le
Secrétaire : Pour : 83
Contre :
19
Abstentions :
0
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Alors, le rapport de la Commission de l'économie et du travail portant sur le
projet de loi n° 37 est donc adopté.
Motions sans préavis
Alors, ça met fin à la rubrique des
motions sans préavis. Et, en fonction de nos règles et de l'ordre de
présentation, je cède la parole à Mme la ministre de la Famille et des
Aînés. Mme la ministre.
• (11 h
10) •
Mme
Charbonneau :
Merci, M. le Président. Je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de
présenter la motion suivante :
«Que
l'Assemblée nationale souligne la Semaine des services de garde 2015, qui se
tient cette année du 24 au 30 mai sous le thème Mes racines et mes
ailes;
«Qu'elle
souligne le travail exceptionnel de tous les membres du personnel du réseau des
services de garde qui, [pour] leur
dévouement et leur implication, soutiennent les enfants dans leurs
apprentissages et les accompagnent dans leur développement;
«Qu'à
cette occasion, elle rappelle que la création [des] nouvelles places à
contribution réduite se poursuit sur tout le territoire québécois, à un rythme soutenu, afin d'atteindre l'objectif
de 250 000 places subventionnées d'ici 2020‑2021.»
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, Mme la
ministre de la Famille et responsable des Aînés. Y a-t-il consentement
pour débattre de la motion? M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Sklavounos :
Nous proposons l'adoption sans débat.
Des voix :
...
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Il n'y a pas de consentement. Nous en sommes donc
à la...
Des voix :
...
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Mme la leader...
Des voix :
...
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Sklavounos : J'ai clairement entendu la leader adjointe du
gouvernement, je pense que tout le monde sur le plancher l'a entendue, imputer des motifs à la ministre. Je vais vous
demander de lui demander de retirer ses propos. C'est inacceptable.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, j'ai entendu les
mêmes propos. M. le leader de l'opposition officielle.
M.
Bédard :
Là-dessus, M. le Président, je vous inviterais à relire la motion telle qu'elle
est rédigée. Peut-être qu'effectivement les propos de la leader adjointe
sont tout à fait conformes, eux, à la vérité.
Des
voix : ...
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, la députée
retire ses propos. Merci, Mme la leader adjointe de l'opposition
officielle.
Je
reconnais maintenant un membre du groupe formant l'opposition officielle, M. le
député de Labelle, pour une nouvelle motion sans préavis.
Féliciter Mme Lu Chan Khuong pour son élection
au poste de bâtonnière du Québec
M.
Pagé : Oui. Merci, M. le Président. Alors, je sollicite le
consentement des membres de cette Assemblée afin de présenter,
conjointement avec la ministre de la Justice, la députée de Montarville et la
députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques,
la motion suivante :
«Que l'Assemblée
nationale félicite chaleureusement [Mme] Lu Chan Khuong pour son élection au
poste de bâtonnière du Barreau du Québec;
«Que
l'Assemblée nationale souligne l'importance de poursuivre les efforts pour
rendre toujours plus accessible notre système de justice;
«Que
l'Assemblée nationale offre à la nouvelle bâtonnière sa pleine et entière
collaboration afin d'engager, dès que possible, des réformes
structurantes pour atteindre cet objectif.»
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, merci, M. le
député de Labelle. Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Sklavounos :
M. le Président, nous proposons de l'adopter sans débat.
Mise aux voix
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Très bien. Alors, cette motion est-elle adoptée?
Des voix :
Adopté.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Adopté. M. le député de Granby et
leader de la deuxième opposition, je vous cède la parole.
Demander au gouvernement
de s'assurer qu'Hydro-Québec
collabore avec la Vérificatrice générale dans ses travaux
de vérification de l'optimisation des ressources
M.
Bonnardel : Merci, M. le Président. Je demande le
consentement pour déposer la motion suivante conjointement avec le
député de Rousseau et le député de Mercier :
«Que l'Assemblée
nationale demande au gouvernement de s'assurer qu'Hydro-Québec collabore
pleinement et sans délais à l'ensemble des
vérifications d'optimisation des ressources que désire faire [la Vérificatrice
générale] auprès de la société d'État.»
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député
de Granby. Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion? M. le
leader adjoint du gouvernement.
M.
Sklavounos :
Nous proposons l'adoption sans débat, M. le Président.
Mise aux voix
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Très bien. Alors, cette motion est-elle adoptée?
Des voix :
Adopté.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Adopté. M. le député de Mercier, pour une
nouvelle motion sans préavis.
M. Khadir :
Merci, M. le Président. Je vais avec... je demande, en fait, votre consentement
pour débattre de la motion suivante, à laquelle aucune phrase n'a été
retranchée :
«Que
l'Assemblée nationale prenne acte de l'avis [de la] Vérificatrice générale du
Québec, dans son dernier rapport sur
l'optimisation des ressources, stipulant que le ministère de la Santé
n'effectue pas une gestion administrative efficiente du soutien financier accordé aux groupes de
médecine familiale et qu'il n'a pas de cadre de gestion pour suivre les
résultats obtenus;
«Qu'elle
demande au gouvernement du Québec de suspendre le développement de nouveaux
groupes de médecine familiale tant qu'il n'aura pas démontré la valeur
ajoutée de ce soutien financier;
«Que
l'Assemblée nationale demande au gouvernement d'assurer l'optimisation des
ressources en octroyant plus de financement aux CLSC dont l'efficience
n'est plus à démontrer.»
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, merci, M. le
député de Mercier. Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M.
Sklavounos : Pas de
consentement.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Il n'y a pas de consentement. Y
a-t-il d'autres motions sans préavis? M. le leader adjoint, on doit
obtenir un consentement pour déroger à l'article 84.1.
M.
Sklavounos :
Oui, effectivement, pour une motion concernant le projet de loi n° 36, une
motion de consultations particulières, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Y a-t-il consentement pour déroger
à l'article 84.1 pour permettre la présentation d'une... Consentement.
Veuillez poursuivre, M. le leader adjoint du gouvernement.
Procéder à des
consultations particulières
sur le projet de loi n° 36
M.
Sklavounos :
Merci, M. le Président. Je fais motion, conformément à l'article 146 du
règlement de l'Assemblée nationale, afin :
«Que la Commission des transports et de
l'environnement, dans le cadre de l'étude du projet de loi n° 36, Loi modifiant diverses dispositions législatives
concernant principalement le transport collectif, procède à des consultations
particulières et tienne des auditions
publiques les 3 et 4 juin 2015, à la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine et, qu'à cette fin, elle entende les organismes suivants : l'Association
québécoise du transport intermunicipal et municipal; la Société de transport de Montréal; Transport 2000; le Bureau
du taxi de Montréal; le Comité provincial de concertation et de développement
de l'industrie du taxi; le Regroupement des
propriétaires [...] de la Capitale; [l'entreprise] Uber Québec; Taxelco; la
ville de Montréal; l'Association du
transport urbain du Québec; la Fédération des travailleurs du Québec; [et
finalement] l'Association du camionnage du Québec;
«Qu'une
période de 12 minutes soit prévue pour les remarques préliminaires,
répartie de la manière suivante : 6 minutes au groupe parlementaire formant le gouvernement,
3 minutes 30 secondes au groupe parlementaire formant
l'opposition officielle et 2 minutes 30 secondes au
deuxième groupe d'opposition;
«Que la durée
maximale de l'exposé de chaque organisme soit de 10 minutes et l'échange
avec des membres de la commission
soit d'une durée maximale de 50 minutes partagées ainsi :
25 minutes pour le groupe parlementaire formant le gouvernement, 15 minutes pour l'opposition
officielle et 10 minutes pour le deuxième groupe d'opposition; et
finalement
«Que le ministre des Transports soit membre de
ladite commission pour la durée du mandat.»
Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le leader
adjoint du gouvernement. Y a-t-il consentement pour débattre de cette
motion?
Mise aux voix
Est-ce que la motion est adoptée?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
La motion est adoptée. D'autres motions sans préavis?
Avis touchant les
travaux des commissions
Sinon, nous
passons à la rubrique des avis touchant les travaux des commissions. Et à
nouveau je cède la parole à M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Sklavounos : Merci à nouveau, M. le Président. J'avise cette
Assemblée que la Commission de
l'économie et du travail poursuivra l'étude détaillée à l'égard du projet de loi n° 42, Loi
regroupant la Commission de l'équité salariale, la Commission des normes
du travail et la Commission de la santé et de la sécurité du travail et
instituant le Tribunal administratif du
travail, aujourd'hui, de 11 h 45 à 13 heures et de 15 heures à
18 heures, ainsi que le lundi 1er juin 2015, de
14 heures à 18 heures, et le mardi 2 juin 2015, de
10 heures à midi, à la salle Louis-Joseph-Papineau;
La Commission des finances publiques, quant à elle, poursuivra l'étude détaillée à
l'égard du projet de loi n° 38, Loi
visant à permettre la réalisation d'infrastructures par la Caisse de dépôt et
placement du Québec, aujourd'hui, après les affaires courantes
jusqu'à 13 heures et de 15 heures à 17 heures, ainsi que le
mardi 2 juin 2015, de 10 heures à midi, à la salle du Conseil
législatif;
Finalement, la Commission de la santé et
des services sociaux poursuivra
l'étude détaillée à l'égard du projet
de loi n° 20, Loi
édictant la Loi favorisant l'accès aux services de médecine de famille et de
médecine spécialisée et modifiant diverses
dispositions législatives en matière de procréation assistée, le mardi 2 juin 2015, de
10 heures à midi, à la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine. Merci,
M. le Président.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Alors, merci à vous, M. le leader adjoint du gouvernement.
Renseignements sur les
travaux de l'Assemblée
Nous en sommes maintenant à la rubrique des renseignements
sur les travaux de l'Assemblée.
Alors, je
vous rappelle que, lors de l'interpellation prévue pour demain, vendredi le
29 mai 2015, M. le député
de Granby s'adressera à M. le ministre des Finances sur le sujet suivant : Les nombreuses
hausses de taxes et de tarifs imposés par le gouvernement libéral aux
citoyens québécois.
Affaires du jour
Alors, la
période des affaires courantes étant terminée, nous allons maintenant
passer aux affaires du jour. M. le leader adjoint du gouvernement, pour
la suite des choses.
M.
Sklavounos : Oui. Merci,
M. le Président. Auriez-vous
l'amabilité d'appeler l'article 14 de notre feuilleton, s'il vous plaît?
Projet de loi
n° 43
Adoption
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
L'article 14 du feuilleton. M. le ministre du Travail, de l'Emploi et de
la Solidarité sociale propose l'adoption du projet de loi n° 43, Loi
favorisant l'information sur la dangerosité des produits présents en
milieu de travail et modifiant la Loi sur la santé et la sécurité du travail.
Alors, je cède la parole à M. le ministre du
Travail, de l'Emploi et de la Solidarité sociale.
M. Sam Hamad
M.
Hamad : Merci,
M. le Président. Et nous sommes
rendus à la troisième lecture de ce projet
de loi et, donc, je pense que tout a été dit. Encore une fois, merci de
la collaboration de mes collègues le député de Beauharnois, le député de Blainville et évidemment mes collègues aussi qui ont assisté à la commission parlementaire. Alors, je veux remercier tout le monde de leur collaboration. Et, comme j'ai dit, je souhaite que l'opposition
continue dans cette bonne allée là : s'aider, la collaboration. Et, M.
le Président, j'ai dit : Une loi
parfaite, c'est lorsque l'opposition collabore à améliorer la loi qu'on
dépose ici, les projets de loi.
Donc, je propose l'adoption du projet de loi
n° 43.
• (11 h 20) •
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le
ministre. M. le député de Beauharnois, à vous la parole.
M. Guy Leclair
M. Leclair : Alors, merci beaucoup, M. le Président. Alors, à notre tour, comme opposition, de parler du projet de loi n° 43, son adoption
finale.
Bien entendu,
le projet de loi est sur l'étiquetage des produits dangereux au Québec,
question d'harmoniser les règles avec
l'Europe, les États-Unis, le Canada,
bien entendu. Alors, le Québec avait à changer ses lois pour s'assurer...
On avait donné... à la grandeur du Canada,
on se donnait jusqu'en juin 2015 pour tenter d'adopter cette nouvelle loi, qui
sera le système général harmonisé sur l'étiquetage.
Alors,
bien entendu, le projet de loi est très technique — on en a parlé à plusieurs reprises, M. le
Président — avantagera
beaucoup l'importation, l'exportation. Au lieu d'afficher de deux, trois
manières différentes, alors ça sera harmonisé, comme le dit bien le projet de loi. L'enjeu premier dans tout ça était
d'agrémenter nos lois avec les autres pays, mais, bien entendu, pour l'opposition officielle, et pour le
ministre, j'en suis sûr, et la partie gouvernementale, c'est s'assurer que
les lois ne diminuaient pas les protections
des travailleurs et travailleuses, que l'on parle d'entreposage, que l'on parle
de l'utilisation de produits dangereux, avec
un étiquetage, bien entendu, qui sera surveillé par la CSST, et s'assurer du
bon fonctionnement, au Québec, dans
tous les entrepôts, dans tous les milieux de travail. On le sait, que même les
milieux de la santé, les milieux des
pharmaciens sont visés par cette loi aussi et ont aussi d'autres règles
canadiennes qu'ils doivent suivre.
Alors, l'enjeu pour nous était de s'assurer que nous ne baissions pas la barre
pour mettre à risque les travailleurs et travailleuses au Québec, et
aussi protéger les employeurs lors de l'entreposage de certains produits
dangereux.
Alors, j'en suis convaincu aujourd'hui, le
ministre, tout au long du projet de loi, a bien expliqué les tenants et aboutissants des modifications, puis je n'ai
aucune crainte que la santé-sécurité des travailleurs et des employeurs ne sera
mise en cause via ce projet de loi là, mais, bien entendu, le fait sera plutôt
d'harmoniser les règles.
Alors,
l'opposition officielle appuiera effectivement ce projet de loi là. Et je
souhaite, en terminant, passer le message
aux travailleurs et travailleuses du Québec de s'assurer de toujours travailler
sécuritairement et revenir à la maison le
soir avec tous nos membres et toute notre conscience. Alors, merci beaucoup, M.
le Président. Bonne journée à vous.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député de
Beauharnois, pour cette intervention. M. le député de Groulx, à vous la
parole.
M. Claude Surprenant
M.
Surprenant : M. le Président, merci. Alors, dans le processus
d'adoption du projet de loi n° 43, les députés ont assumé leur rôle
d'étudier et analyser les différents articles. J'aimerais donc, d'entrée de
jeu, saluer et remercier tous nos collègues
députés qui ont participé aux travaux du présent projet de loi, en particulier
le ministre du Travail, de l'Emploi
et de la Solidarité sociale, le député de Beauharnois ainsi que ma collègue
d'Arthabaska, qui a piloté pour nous l'étude
du projet de loi. J'aimerais également remercier le cabinet du ministre ainsi
que les représentants de la Commission de
la santé et de la sécurité du travail, leur présentation du projet de loi et du
contexte nous ayant amenés à cette adoption de principe a été très
éclairante.
La norme
internationale... Donc, le projet de loi n° 43, dis-je, vise, comme ça a
été dit souvent auparavant, à réconcilier
nos pratiques de gestion de matières dangereuses avec les normes
internationales. En effet, chaque pays gérait à sa façon ces matières jusqu'à récemment. Les échanges commerciaux
internationaux faisant partie du quotidien de la majeure partie des grandes entreprises modernes, ces différences étaient
un véritable casse-tête à gérer pour tous, C'est pourquoi les nations ont cherché à régulariser ces pratiques. Le projet
de loi n° 42 est l'expression de cette normalisation, de cette harmonisation telles qu'appliquées au
Québec. En effet, même si nos pratiques québécoises s'harmonisaient bien aux normes canadiennes dans le cadre du système d'information
sur les matières dangereuses utilisées au travail, aussi appelé le SIMDUT, cette différence était remarquée
dès nos échanges en sol étranger. À travers les négociations, autant la CSST que leurs vis-à-vis canadiens se sont
assurés que les normes minimales québécoises et canadiennes se retrouvent
dans le nouveau Système général harmonisé, le SGH. Essentiellement, pour la
plupart des mesures, on renomme les concepts
afin d'adopter un vocabulaire semblable et facilement compatible à
l'international. D'autres différences subsistent dans la façon que les fiches signalétiques des produits dangereux seront
construites à l'avenir, le tout afin de les uniformiser entre les
nations.
Enfin,
un gain pour le Québec et le Canada réside dans les obligations liées à la
formation. Alors qu'il n'y était pas obligé dans le passé, suite à la
l'adoption du projet de loi n° 42, un employeur devra s'assurer de la
réussite de la formation de ses employés sur les matières dangereuses.
Un
premier aspect important du projet de loi se retrouve au niveau administratif.
À cet effet... en effet, dis-je, suite à cette harmonisation, les
entreprises ne seront plus forcées de s'adapter aux particularités en matière
de produits dangereux propres à chaque pays avec qui ils font affaire. Il en
résultera certainement des économies. À l'inverse, les différences de normes pouvaient dans certains cas rendre certains
marchés plus difficilement accessibles pour les entreprises. L'uniformisation aidera également ici les
entreprises à conquérir ces marchés, qui auraient autrefois représenté un défi
possiblement plus grand.
Il
a été important pour nous, à la Coalition avenir Québec, de mesurer comment la
transition vers ces nouvelles normes
était assurée par le projet de loi. En effet, une transition soudaine, trop
rapide aurait eu pour effet de créer des coûts importants pour nos
entreprises dans un contexte économique plus difficile. La transition prévue
dans le projet de loi permettra aux
entreprises toujours en possession de produits étiquetés sous les anciennes
normes de continuer de les utiliser. Ces
entreprises auront alors deux ans pour écouler leurs stocks, après quoi ils
devront procéder à l'étiquetage des produits ne répondant pas aux nouvelles normes. Il en va de même de la formation.
Les employeurs auront également un délai de deux ans pour former tous leurs employés sur les nouvelles normes. Il
s'agit là de coûts très raisonnables qui sont déjà apparentés au budget
que réservent les entreprises pour le renouvellement de leurs stocks de
produits dangereux et pour leur formation.
Pour les travailleurs, sans aucun doute, il s'agit également de mesures qui
représentent un gain. En effet, alors
que ceux-ci ne faisaient que recevoir la formation autrefois, on s'assurera
maintenant de leur bonne compréhension de
celle-ci. Il va sans dire que cette vérification supplémentaire rassurera les
travailleurs quant à la qualité et la sécurité dans leur milieu de travail. Également, le fait d'harmoniser les fiches
signalétiques aura pour effet de limiter le nombre d'erreurs potentielles qui pourraient se glisser
dans la traduction ou l'adaptation des fiches selon les normes de chaque
nation. Également, la simplification des
fiches signalétiques fera en sorte qu'elles seront plus accessibles pour
l'ensemble de la main-d'oeuvre.
Alors,
à la Coalition avenir Québec, nous saluons toutes les simplifications
administratives faites dans le respect des
normes et des principes québécois. Également, l'harmonisation présentée dans le
projet de loi n° 43 tombe sous le sens étant donné les gains autant pour les employeurs que la main-d'oeuvre.
Nous appuyons donc le projet de loi sans réserve, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député
de Groulx. Y a-t-il lieu d'avoir une réplique, M. le ministre? Ça va
comme ça.
Mise aux voix
Alors, s'il
n'y a pas d'autre intervenant, le projet de loi n° 43, Loi favorisant
l'information sur la dangerosité des produits présents en milieu de
travail et modifiant la Loi sur la santé et la sécurité du travail, est-il
adopté?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Adopté. Pour la suite des choses, M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Sklavounos :
Article 13, M. le Président.
Projet de loi
n° 37
Adoption
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : À l'article 13 de notre
feuilleton, M. le ministre de l'Économie, de l'Innovation et des Exportations propose l'adoption du projet
de loi n° 37, Loi confirmant l'assujettissement des projets de cimenterie
et de terminal maritime sur le territoire de la Municipalité de Port-Daniel—Gascons au
seul régime d'autorisation de l'article 22 de la Loi sur la qualité de
l'environnement.
Alors, M. le ministre de l'Économie, de
l'Innovation et des Exportations, je vous cède la parole.
M. Jacques Daoust
M.
Daoust : Je vous remercie, M. le Président. Chers amis, chers
collègues, le projet de cimenterie de Port-Daniel—Gascons en Gaspésie, dont le coût total atteint
près de 1,1 milliard de dollars, est en cours de réalisation par Ciment
McInnis. Cette nouvelle cimenterie, qui aura une capacité de production
annuelle de 2,2 millions de tonnes par année, sera en opération au
printemps 2016. Je réitère que ce projet générera un minimum de 200 emplois
directs par année, dont 170 emplois dans la
cimenterie, et sans oublier que cette nouvelle cimenterie utilisera des
technologies de fabrication les plus
modernes dans l'industrie mondiale du ciment. Ainsi, à production égale, son
impact environnemental sera inférieur à celui des producteurs existants.
Afin de
permettre la réalisation de ce projet, le gouvernement du Québec a décidé d'en
être un partenaire et donc d'accorder un prêt de 250 millions à
McInnis et, en plus, d'investir 100 millions de dollars dans le
capital-actions de l'entreprise. Notre
intervention vient compléter le financement privé, dont un prêt de
350 millions d'un consortium bancaire dirigé par la Banque Nationale du Canada et 400 millions en
provenance d'autres investisseurs privés. Alors, l'adoption de cette loi, en plus de permettre de confirmer la
décision prise par le ministre dans le passé, permet d'assurer la poursuite
du projet et la réalisation de revenus pour
le gouvernement évalués à 247 millions de dollars sur 10 ans, de maintenir
la confiance des investisseurs envers le gouvernement du Québec.
• (11 h 30) •
Par ailleurs,
je tiens à préciser qu'il ne faut pas mettre en opposition le développement
économique et la lutte aux changements
climatiques. En effet, le marché du carbone devrait, à terme, encourager la
cimenterie de Port-Daniel—Gascons
et les autres entreprises québécoises à
améliorer leur bilan environnemental. À cet égard, un sous-comité
environnemental sera créé afin d'assurer la réalisation de ce projet
dans les meilleures conditions.
Le projet
apportera sans contredit une contribution positive à l'économie du Québec sans
nuire aux cimenteries québécoises
déjà présentes. Sur le plan régional, il contribuera à diversifier l'économie
de la Gaspésie—Îles-de-la-Madeleine
actuellement orientée vers la transformation alimentaire et forestière.
D'ailleurs, les retombées économiques ont déjà commencé à se faire sentir dans la région. De plus, la base industrielle
de la région sera renforcée par l'implantation de cette cimenterie dont la majeure partie de la
production sera exportée. Nous pouvons quand même affirmer qu'elle permettra
aussi d'augmenter les exportations du Québec, puisqu'une partie de sa
production sera exportée.
En termes
d'emplois pour la région de la Gaspésie—Îles-de-la-Madeleine, ce sont environ 200 emplois
directs qui seront créés, ce qui permettra à la région de rattraper son
retard par rapport à la moyenne du Québec. En 2011, la région de la Gaspésie—Îles-de-la-Madeleine affichait un indice de développement économique de
région la plus faible pour l'ensemble
des régions du Québec, à 82,5 comparativement à un indice de 100 pour le
Québec. Ce n'est pas tout : avec
la réalisation d'un projet d'envergure comme cette cimenterie, la MRC pourra
offrir de nouvelles opportunités aux jeunes afin de limiter leur
émigration et ainsi assurer une relève à une population vieillissante.
Enfin, grâce
à ce projet, la région pourra poursuivre ses efforts afin d'offrir non
seulement une plus grande diversité d'emplois bien rémunérés, mais aussi
une meilleure situation économique globale. Somme toute, la population de la
Gaspésie—Îles-de-la-Madeleine
pourra bénéficier d'un niveau de vie plus élevé. Je vous remercie, M. le
Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le
ministre responsable... M. le ministre de l'Économie, de l'Innovation et
des Exportations. Je cède la parole maintenant à M. le député de Bonaventure.
M. Sylvain Roy
M. Roy :
Merci, M. le Président. Écoutez, je ne vais pas réitérer l'ensemble de
l'argumentation, je crois que les éléments
essentiels ont été dits et redits. J'aimerais profiter du moment présent pour
remercier la présidence ainsi que la secrétaire
de la commission, qui ont été d'une rigueur exemplaire tout au long du
processus. J'aimerais saluer et remercier mon partenaire et ami dans ce dossier, le député de Gaspé. Je veux
remercier aussi mon recherchiste, Étienne Pomerleau-Landry. J'aimerais saluer
mon collègue de la CAQ et député de Borduas, qui a plaidé avec ardeur.
J'aimerais aussi saluer le ministre
et son équipe, et je soutiens que nous avons eu une très bonne collaboration
dans ce dossier. Et, en termes de conclusion, M. le Président, tout ce que je
pourrais dire, c'est : Que le plus grand projet de développement
économique de l'histoire de la Gaspésie prenne maintenant toute la place
qui lui revient. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député
de Bonaventure. M. le député de Borduas, je vous cède la parole.
M. Simon Jolin-Barrette
M.
Jolin-Barrette : Merci, M.
le Président. Lors de l'adoption de principe hier, M. le Président, je disais à
votre collègue Mme la présidente, qui
était assise à votre place, que ça me faisait peu plaisir d'intervenir suite au
rapport de la commission parce que vous savez que notre formation politique est
contre ce projet de loi parce que c'est un régime particulier qu'on vient
donner à un seul citoyen corporatif, M. le Président. Et, manifestement, je
constate que, dans le vote qui a été
reporté à ce matin, encore une fois, on constate que les deux vieux partis
décident encore une fois de s'allier, au détriment de l'environnement,
pour des questions...
En fait, M.
le Président, on constate que les questions de principe parfois ne requièrent
pas beaucoup l'adhésion des deux
vieux partis, hein? Parce que, quand il est question de protéger
l'environnement, M. le Président, bien, on voit que se lever debout...
Comme le soulignait le ministre de l'Environnement, hier, qui disait que :
On est debout pour l'environnement, on est
debout contre la lutte aux changements climatiques... Mais, quand il est le
temps de se lever debout pour défendre les intérêts des Québécois en
matière environnementale, bien, on voit qu'il reste assis.
Puis, M. le Président, ça me déçoit. Ça me
déçoit énormément, de la part des collègues parlementaires du Parti libéral ainsi que du Parti québécois, parce
que, dans le fond... Et ça rejoint la motion qui a été déposée par le député
de Jonquière, hier, d'affirmer la
primauté des compétences du Québec en matière environnementale lorsqu'on les
détient, ces compétences
environnementales là. On constate qu'à la fois le Parti québécois, mais à la
fois le Parti libéral, bien, ils ne les exercent pas, ces
compétences-là.
Donc, on
requiert davantage de compétences, on requiert l'exclusivité des compétences en
matière environnementale, mais,
lorsque vient le temps d'appliquer nos lois, on constate que le Parti
québécois et le Parti libéral s'allient ensemble, M. le
Président, pour adopter un projet de loi particulier pour soustraire le régime d'application qui devait avoir
cours pour le projet de cimenterie à Port-Daniel. Puis ça, M. le
Président, c'est inacceptable de faire un spécial dans cette situation-là pour
que la Loi sur la qualité de l'environnement ne trouve pas sa pleine application,
d'autant plus, M. le Président, que, s'il y avait une question d'interprétation
sur le régime applicable en matière d'évaluation environnementale, c'était aux tribunaux à
trancher cette question-là, M. le Président, et ce n'était surtout pas à cette
Assemblée de venir intervenir directement dans le processus judiciaire, M. le Président, et je pense
que je vous l'ai répété à de multiples reprises.
M. le Président, je voudrais vous faire part d'un article qui a été... paru dans la
revue À bâbord!, une revue de Montréal, en
octobre et novembre 2014, M. le
Président, et... Oui, M. le Président, et je pense que ça va pouvoir intéresser la députée de
Taschereau, M. le
Président. Donc, on parlait de
quelques dates comme autant de jalons, M.
le Président, par rapport aux changements climatiques, hein, M.
le Président? En 1979, le rapport
Charney, l'académie des sciences américaine : «Les conclusions de ce
rapport pourront paraître inconfortables aux responsables politiques.
Si le dioxyde de carbone continue à
augmenter, nous ne voyons aucune raison de douter que des changements
climatiques en résulteront et nous n'avons
aucune raison de croire que ces changements seront négligeables. Conduire une politique
qui "attendrait pour voir" reviendrait à attendre qu'il soit
trop tard.»
M. le Président, le premier ministre a confié le
rôle de la lutte aux changements climatiques à son ministre de l'Environnement, du Développement durable. Ce qu'on constate : on autorise et on fait
un spécial pour le projet le plus polluant
de l'histoire du Québec, M. le
Président, et ça vient... ça
contredit complètement le rapport Charney de 1979, M. le Président. Donc, lutter contre les changements
climatiques, ce n'est pas de
soustraire le projet le plus polluant de l'histoire, le projet industriel le plus polluant de l'histoire du Québec,
au régime d'autorisation d'une évaluation indépendante du Bureau d'audiences
publiques en environnement.
On poursuit, M. le Président, dans l'historique de la lutte aux changements climatiques :
1990, le rapport du Groupe d'experts
intergouvernemental sur l'évolution du climat, qui est appelé le GIEC, M. le Président. La citation : «En nous fondant sur les résultats que
donnent les modèles actuels, nous prévoyons ce qui suit :
«La température
globale moyenne augmentera en moyenne au cours du siècle à venir de 0,3° degré
environ par décennie — avec
une marge d'incertitude de 0,2° à 0,5° — si
les émissions de gaz à effet de serre correspondent au scénario a du GIEC — poursuite
des activités; c'est là une valeur supérieure à celle que l'on a observée au
cours des 10 000 dernières
années.»
M. le
Président, on est en 1990. Déjà, le GIEC sonne la cloche au niveau de... sonne
la cloche d'alarme, M. le Président,
pour conscientiser les gens. On est avec un ministre de la Lutte aux
changements climatiques qui nous dit : On a mis sur pied la bourse du carbone, l'Ontario adhère, la Californie
adhère, on est un leader, mais, quand vient le temps de poser des actions concrètes, des actions cohérentes,
on voit qu'ils sont absents. Ils soustraient le projet le plus polluant,
M. le Président, en termes d'émissions de
gaz à effet de serre, près de deux millions de tonnes de gaz à effet de serre
par année, par une loi particulière
qui est proposée par le ministre de l'Économie, M. le Président, et qui
intervient directement aussi dans une
loi qui relève de la juridiction du ministre de l'Environnement, la Loi sur la
qualité de l'environnement. Vous conviendrez, M. le Président, que c'est
assez particulier.
1995, M. le
Président, deuxième rapport du GIEC : «Depuis notre rapport paru en 1990,
de grands progrès ont été accomplis,
permettant de distinguer les facteurs naturels et les facteurs anthropogéniques
affectant le climat. C'est une question complexe, mais tout concourt à
établir l'existence d'une influence humaine perceptible sur le climat.» 1995, M. le Président, ça fait
20 ans. L'implantation d'une cimenterie, le projet le plus polluant de
l'histoire, M. le Président... Et je
vous l'ai démontré hier, encore une fois. J'avais cité un article de
Radio-Canada, en commission parlementaire aussi, démontrant que la cimenterie de Port-Daniel, qui va émettre entre
1 760 000 et 1 830 000 de tonnes de gaz à effet de serre
annuellement, va constituer le projet qui...
bien, en fait, l'industrie la plus polluante, devant les raffineries qui sont
présentes au Québec, M. le Président, devant les alumineries également,
qui émettent des contaminants.
Tout
ça étant dit, M. le Président... qu'il faut s'assurer que, lorsqu'on développe
l'économie du Québec, on le fasse dans une logique de développement
durable, ce que le gouvernement et le Parti québécois semblent avoir omis,
parce qu'on le sait, hein, à la fois le
Parti québécois et le Parti libéral se drapent d'être les défenseurs de
l'environnement, mais, quand vient le
temps d'être concret et de mettre en application les paroles qu'ils disent, on
constate qu'ils sont absents, M. le Président, et qu'ils négligent
l'environnement.
2001,
troisième rapport du GIEC : «De nouvelles preuves, mieux étayées que par
le passé, viennent confirmer que la majeure partie du réchauffement
observé ces 50 dernières années est imputable aux activités humaines.»
• (11 h 40) •
2007, quatrième rapport du GIEC : «Le
réchauffement du système climatique est sans équivoque. On note déjà, à
l'échelle du globe, une hausse des températures moyennes de l'atmosphère et de
l'océan, une fonte massive de la neige et de la glace et une [évaluation
au] niveau moyen de la mer.»
2013,
M. le Président, cinquième rapport du
GIEC : «Le réchauffement du système climatique est sans équivoque et, depuis les années 1950, beaucoup de changements
observés sont sans précédent depuis des décennies voire des millénaires. L'atmosphère et les océans se sont réchauffés,
la couverture de neige et de glace a diminué, le niveau des mers s'est élevé et les concentrations de gaz à
effet de serre ont augmenté. [...]L'influence de l'homme sur le système climatique est clairement établie[...]. [...]La
plupart des caractéristiques du changement climatique persisteront pendant
de nombreux siècles même si les émissions de CO2 sont arrêtées.»
Qu'est-ce
qu'on fait, M. le Président, nous? C'est qu'on vient dire oui à l'implantation
d'une nouvelle cimenterie, oui à l'implantation de 2 millions de
tonnes de gaz à effet de serre annuellement, supplémentaires. On ne retient
pas, M. le Président, les enseignements du
GIEC, les enseignements qui nous disent que l'activité humaine favorise le réchauffement climatique. Dans le fond, M. le
Président, ce que cette Assemblée fait présentement, c'est se mettre la tête
dans le sable au niveau du projet le plus
polluant de l'histoire du Québec. Et, vous savez, il y a plusieurs
conférences... Il y a la conférence
de Paris qui s'en vient où on souhaite développer un accord-cadre, M. le
Président. Et j'entends le premier
ministre et j'entends le ministre de l'Environnement, du Développement durable
et de la Lutte aux changements climatiques
dire à quel point le Québec constitue un leader au niveau international en
matière de lutte aux gaz à effet de serre.
Bien, M. le Président, ça serait le moment, ça serait le temps d'agir de façon
cohérente avec les discours qu'ils tiennent. On constate encore une fois que ce n'est pas le cas, M. le Président,
ce n'est pas le cas. La première opposition ainsi que le gouvernement vont appuyer, vont appuyer le projet
de loi qui vise à mettre en place le régime d'autorisation prévu dans
l'article 22 et non pas celui de la section IV.1 de la Loi sur la
qualité de l'environnement.
Bon,
M. le Président, je vous invite à consulter également l'article de Normand
Baillargeon sur les 10 mythes les plus
répandus sur le réchauffement climatique. Peut-être que ça pourrait éclairer
certains de nos collègues en lien avec le
projet de loi et le projet de cimenterie. Il y a également, M. le
Président, un article intéressant, La science des changements climatiques pour les nuls
aussi, M. le Président. Donc, le tout est disponible à la Bibliothèque
de l'Assemblée nationale.
Donc,
concrètement, M. le Président, je vous ai exposé les raisons pour lesquelles
nous étions contre ce projet de loi,
d'autant plus qu'il s'agit d'un régime particulier. L'intervention législative
dans ce... en fait d'agir de cette façon, un projet de loi pour venir protéger les intérêts
corporatifs d'un seul citoyen, nous apparaît particulier, et surtout il ne faut
pas que ça devienne une pratique courante, M. le Président, et ce n'est pas à chaque fois qu'un projet économique requiert une évaluation environnementale qu'on décide de ne pas l'assujettir au régime
auquel il devait être assujetti... ou à tout le moins de permettre aux
tribunaux de statuer quel était le régime applicable, M. le Président.
Ça m'amène à vous
parler, M. le Président, des consultations qui n'ont pas été tenues, malgré les
demandes répétées de ma formation
politique, la Coalition
avenir Québec, parce que
nous considérons que c'est important de consulter les gens, M. le Président, c'est important.
Vous savez, ce matin j'ai eu la liste...
Bien, en fait, le leader adjoint du gouvernement a déposé la... a fait motion pour
entendre les gens en lien avec le projet de loi déposé par le ministre des
Transports, et on va recevoir plusieurs
groupes. Et ça va probablement orienter le projet de loi. On va apporter des
modifications, probablement que le
ministre va peut-être suggérer des modifications à son projet de loi, ce que
nous n'avons pas eu la chance de faire, M. le Président, avec le projet
de loi n° 37.
Et
je voudrais vous donner un exemple concret, M. le Président, de l'importance
des consultations, l'importance de
s'asseoir avec les gens lorsque l'on légifère, et on a eu un bel exemple cette
semaine de la part du ministre de la Santé, M. le Président, avec le projet de loi n° 20. Le ministre de
la Santé ne voulait pas s'asseoir avec les médecins omnipraticiens, M. le Président, mais finalement, lorsqu'il s'est
assis avec eux, bien il est arrivé à une entente. Bon, l'entente peut être
discutable, M. le Président, mais, ceci
étant dit, on voit que, lorsqu'on parle avec les gens, il est possible de
modifier sa vision ou d'avoir une réflexion différente.
Donc,
l'approche du gouvernement, c'est qu'on consulte peu, M. le Président, dans
certains dossiers, et que, lorsque l'on
consulte, on peut arriver à des résultats différents, et notre pensée peut
évoluer et surtout peut être bonifiée. Donc, concrètement, si on avait
pu consulter les groupes dès le départ, on aurait peut-être pu optimiser notre
temps aussi, M. le Président, et ça, je pense que c'est fondamental, d'autant
plus que l'objectif est d'assurer aux Québécois que la législation en matière environnementale qui s'applique s'applique de la
même façon pour tout le monde, et que l'égalité devant la loi est extrêmement importante, et ce qu'on vient faire
aujourd'hui... Et je pense que c'est important de rappeler aux collègues parlementaires, M. le Président, du
geste qu'ils vont poser, M. le Président, en créant un régime particulier
pour un seul citoyen corporatif, le projet de la cimenterie.
Et,
M. le Président, je vous rappellerais — et j'ai demandé au ministre à de nombreuses
reprises en commission parlementaire
et également ici, au salon bleu, M. le Président, pas plus tard qu'hier — que nous souhaitons avoir accès à l'entente et que les Québécois aient accès à
l'entente sur le financement de la cimenterie, les accords aussi et les
raisons — et
je pense aussi, également, que le député de
La Peltrie l'a souligné hier — qui poussent le ministre à déposer ce projet
de loi. Quelles sont les véritables
raisons financières? Et j'ai soulevé également, M. le Président, la question de
la rédaction d'un projet législatif.
Est-ce que celui-ci est sous la rédaction d'un tiers? Est-ce qu'il y a une
pression de quelqu'un pour déposer un tel projet de loi?
Ça m'apparaît
des questions légitimes, M. le Président, et, tout au long du processus
parlementaire pour le projet de loi
n° 37, on n'a eu aucune réponse, M. le Président. Donc, c'est important,
M. le Président, que les Québécois sachent que, dans ce projet de loi ci, la Coalition avenir Québec a proposé la
tenue de consultations, a proposé d'entendre plusieurs groupes, qu'ils soient... En fait nous étions
ouverts à entendre les groupes de tous les horizons, M. le Président, pour
qu'ils viennent nous dire qu'est-ce
qu'ils pensaient du projet de loi. Malheureusement, il y a eu une fermeture de
la part du bureau du leader du
gouvernement, et on ne peut que dénoncer cette situation, M. le Président,
parce que c'est fondamental de consulter les gens.
Et, vous
savez, M. le Président, on a déposé par la suite des motions préliminaires,
sept motions préliminaires pour entendre les différents intervenants du
dossier, notamment la ministre de la Justice, notamment le ministre de l'Environnement. Et vous aurez noté, M. le
Président, et j'en suis fort déçu, que le ministre de l'Environnement n'est pas
intervenu dans le dossier. Le dossier a été
piloté par son collègue de l'Économie, et ça m'apparaît une aberration, M. le
Président, d'autant plus que, et je vous
l'ai dit, c'est la Loi sur la qualité de l'environnement qu'on vient modifier
avec le projet de loi n° 37.
Donc, il y a quelque chose qui est incohérent,
M. le Président, qui m'apparaît particulier dans la façon dont le gouvernement
a mené ce dossier-là, de prétendre qu'il ne s'agit pas d'un projet
environnemental, mais d'un projet économique.
M. le Président, je vous dirais que, maintenant, aujourd'hui, au
XXIe siècle, c'est impossible, M. le Président, c'est impossible de dissocier l'environnement et le
développement économique. Les deux doivent être pris en compte. Si vous voulez toujours continuer à vivre sur la
planète Terre, M. le Président, il faut changer nos façons de faire. Et, je
vous dis, si on continue avec cette
logique-là, bien, tous et chacun ici, en cette Assemblée, on ne sera plus là
éventuellement, hein, parce que c'est irrémédiable, les changements
climatiques.
Et tout à l'heure je vous l'ai souligné, M. le
Président, il y a un consensus, M. le Président, au niveau du réchauffement climatique. Il y a un consensus
scientifique, notamment, qu'il faut lutter contre les changements climatiques,
il faut lutter contre les gaz à effet de
serre et il faut s'y adresser sérieusement. Il ne faut pas seulement
dire : Ah! les gaz à effet de
serre, c'est global, c'est mondial, ça fait que, si on émet 2 millions de
tonnes de gaz à effet de serre supplémentaires, ça va se noyer au niveau des émissions totales. Qu'est-ce qu'on va dire
aux pays en voie de développement, M. le Président, qui, eux aussi, n'ont pas nécessairement la
technologie que nous avons lorsqu'ils développent leurs industries? Les pays
occidentaux ont utilisé des procédés pour
réaliser leur développement, des procédés qui n'ont pas nécessairement respecté
l'environnement, mais maintenant on a pris
conscience des actions que les pays occidentaux ont prises pour avoir leur
développement économique, et il faut s'assurer, si nous voulons pouvoir
conserver notre prospérité, si nous voulons pouvoir
conserver notre qualité de vie, que le développement économique est fait d'une
façon différente, en prenant en compte
l'environnement. Parce que, vous savez, ça ne donne rien d'avoir du
développement économique, M. le Président, si on détruit complètement l'environnement et que vous n'aurez plus aucune
qualité de vie, que vous ne pourrez plus survivre, M. le Président, dans
le monde dans lequel... nous connaissons.
• (11 h 50) •
Et vous savez que l'État québécois s'est doté,
M. le Président, d'une loi sur le développement durable, M. le Président, et on y a intégré, hein... une loi qui
a été adoptée en 2006, M. le Président, à cette époque-là, par le ministre de
l'Environnement et des Parcs de l'époque, je
crois, qui vient consacrer 16 principes, M. le Président, dans la Loi sur
le développement durable. Et ce que je constate, c'est qu'avec le projet
de loi n° 37 on semble un peu oublier, faire une omission volontaire, M. le
Président, de la loi qui a été votée par cette Assemblée et qui est en vigueur,
dois-je le rappeler, M. le Président,
sur les 16 principes du développement durable qui devraient orienter la
politique du gouvernement, la pensée
du gouvernement, orienter les actions du gouvernement, M. le Président. Parce
que la Loi sur le développement durable, c'est bien beau pour développer
des politiques, mais ça prend aussi des actions concrètes. Donc, lorsque le gouvernement, qu'il soit libéral ou qu'il soit
péquiste au cours des dernières années, lorsqu'on développe des politiques
de développement durable, M. le Président,
c'est important que, ces politiques-là, on les applique puis on les mette en
application. Et ce qui est fait dans le
projet de loi n° 37, ce n'est vraiment pas le cas, et ça ne suit pas cette
logique-là.
Et, M. le
Président, vous savez que les changements dans les sociétés débutent
généralement, oui par la population, mais
aussi par la législation qui est adoptée par les Assemblées. Et je trouve que
l'adoption du projet de loi n° 37, c'est véritablement un mauvais message que l'on envoie aux citoyens. C'est un
mauvais message que l'on envoie aussi aux industries, parce que c'est un projet de loi qui dit : Bien,
écoutez, si vous souhaitez ne pas être assujettis au régime d'autorisation qui est prévu par la loi, bien,
vous pourrez l'être parce que nous allons pouvoir adopter une loi qui vous
soustraira au régime d'autorisation applicable.
Donc, M. le
Président, je pense que c'est grave. Et je pense que la Coalition avenir Québec
a raison de défendre la position
qu'elle tient, M. le Président, parce que c'est une position qui est
responsable et cohérente, contrairement à ce qui est proposé à la
position qui est adoptée par le gouvernement et par le Parti québécois, M. le
Président. Et je ne peux m'empêcher,
aujourd'hui, encore ce matin, de constater... Hier, j'étais, en cette Chambre,
sur la motion du député de Jonquière, qui
faisait motion pour requérir l'application d'un BAPE sur plusieurs projets, M.
le Président. Et, lorsque le Québec a la chance de faire un BAPE sur un
projet de cimenterie, le projet le plus polluant de l'histoire, dois-je vous le
rappeler, M. le
Président, bien, on constate que le Parti québécois vote contre cette
possibilité-là, M. le Président, et décide de le soustraire. C'est
complètement, M. le Président, inexplicable. Et il n'y a pas d'intérêt
économique, M. le Président, et d'intérêts
régionaux qui méritent que la loi soit modifiée, M. le Président, parce que ça,
c'est vraiment fondamental et vraiment important que la loi s'applique à
tous, de la même façon, pour tout le monde, M. le Président.
Et
vous savez que, dans notre État de droit, c'est vraiment fondamental qu'il n'y
ait pas de passe-droit. Et ce qu'on est
en train de faire, M. le Président, c'est de créer un passe-droit : un
passe-droit environnemental, M. le Président, mais aussi un passe-droit juridique, M. le Président,
parce qu'on vient dessaisir les tribunaux d'une cause qui était pendante
devant le tribunal, justement sur le projet
de cimenterie, parce qu'on demandait à ce que — c'était une requête en révision judiciaire, M. le Président — le certificat d'autorisation soit cassé,
certificat d'autorisation qui avait été émis. Et je vous le répéterais, M. le Président, il ne s'agit
véritablement pas du même projet qui avait été lancé en 1995. Prétendre qu'il
s'agit du même projet et que c'est
l'évolution d'un projet serait faire peu honneur à l'intelligence des gens, M.
le Président. Vous ne pouvez pas
passer d'un projet de 1 million de tonnes de production à 2 millions
et prétendre qu'il s'agit du même projet. D'autant plus que les certificats
d'autorisation qui avaient été émis par le ministère de l'Environnement,
M. le Président, étaient des certificats
d'aménagement et de préparation du site et un certificat pour l'implantation
d'un terminal maritime. Ça ne visait pas les certificats d'autorisation
de construction d'une cimenterie, M. le Président.
Et
vous savez que, dans les motions que nous avions présentées, M. le Président,
nous souhaitions faire entendre la chargée de projet du ministère de
l'Environnement, qui a réalisé un rapport et qui questionnait certains aspects
du projet du promoteur. Et vous aurez noté, M. le Président, que l'information
que nous avons eue et que le ministère de l'Environnement
a eue, ça a été de l'information sur, supposons, les émissions de gaz à effet
de serre, au niveau de l'utilisation des
combustibles alternatifs pour la cimenterie, au niveau des rejets
environnementaux, des conséquences sur l'environnement. Ça a été amené... ça a été présenté par le
promoteur. Et la direction régionale aussi a fait ses études, mais en posant
des questions au promoteur. Et il n'y
a pas de certitude que le promoteur va respecter ce qu'il a dit et les
engagements qu'il a pris, M. le Président.
Et
j'ai demandé au ministre en commission parlementaire : Est-ce qu'on a des
engagements fermes de la part du promoteur ou c'est, bien, des
engagements verbaux, M. le Président, sans conséquence? Et ça, c'est
inquiétant, M. le Président. Du côté de la partie gouvernementale, on dit
beaucoup : Bien, il y a un comité de suivi, là, qui va suivre le
processus, M. le Président. Mais ce que je vous dis, c'est qu'il n'y a rien, M.
le Président, d'écrit et qu'il n'y a pas d'engagement qui fait force de loi, M.
le Président. Et ça, c'est préoccupant pour la défense de l'environnement, et,
d'autant plus, M. le Président, que... Il y a un élément que je voudrais
rajouter sur ce point-là : C'est que ce n'est pas l'ensemble des groupes environnementaux qui participent au processus de
transition au comité de suivi, suite au désistement des deux groupes
environnementaux dans le cadre de la poursuite.
Donc,
M. le Président, c'est important de rappeler que cette Assemblée doit s'assurer
que ses lois s'appliquent de la même
façon pour tout le monde, parce que le ministre de l'Environnement et
l'ensemble des députés aussi ont un rôle de fiduciaires au niveau de la qualité de l'air, M. le Président, au
niveau du sol. Et il faut se rappeler, M. le Président, que c'est les
générations futures qui vont vivre avec les décisions que nous prenons
aujourd'hui, en matière de développement économique, en tassant
complètement l'environnement.
Donc,
je vous rappellerais, M. le Président, que ce projet de cimenterie, en plus, M.
le Président, fait l'objet d'un investissement
public de 450 millions — d'argent public : 350 millions de
la part d'Investissement Québec, 250 millions en prêts, 150 millions en capital-actions,
100 millions de la Caisse de dépôt et placement du Québec. Donc, sur un
financement de près de 45 % à
hauteur... d'argent public, il faut faire des investissements responsables
aussi, M. le Président, en matière environnementale.
Il
faut s'assurer de développer les régions, mais d'avoir un plan aussi de développement
durable, un développement économique durable, M. le Président, pour
s'assurer que les emplois que l'on développe respectent ces principes, les principes qui ont été votés par cette Chambre, et
surtout que les retombées économiques soient présentes et, dans le plan du
gouvernement, dans le plan du ministre, M.
le Président, avec ce projet, bien, on constate que les retombées économiques
à la hauteur de l'investissement ne seront pas présentes, M. le Président.
Et
c'est important de dire qu'on doit s'occuper du développement de la Gaspésie à
temps plein et non pas à temps partiel,
comme l'ont fait les deux précédents gouvernements, M. le Président, à la fois
le Parti libéral et le Parti québécois, M. le Président, en investissant sur un projet, une fois aux 15 ans, une
fois aux 10 ans, une telle somme. Il faut fournir les capitaux aux
entrepreneurs de la Gaspésie pour qu'ils créent des emplois. Il faut s'assurer
de soutenir l'économie régionale, M. le
Président. C'est ça, ce qu'un gouvernement doit faire, M. le Président. Il ne
faut pas décider de lancer un projet
de 450 millions pour lancer sa campagne électorale, M. le Président. Parce
que les gens ne sont pas dupes, ils le savent, ça, M. le Président,
qu'en investissant 450 millions de dollars...
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Oui. Question de règlement. M. le leader adjoint
du gouvernement.
M.
Sklavounos : J'ai cru comprendre que le collègue, vers la
fin de son intervention... Mais là je viens de l'entendre dire clairement que le projet a été lancé afin de
contribuer à une campagne électorale. C'est imputer des motifs. Ce projet-là
est pour créer du développement économique
en région, on l'a dit à plusieurs reprises. Et ça, c'est imputer des motifs.
Je vais vous demander de demander au collègue de retirer son propos.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : M. le leader de la deuxième opposition.
M.
Caire : M. le
Président, je vais plaider ce que le leader du gouvernement a plaidé lui-même à
de très nombreuses reprises dans cette Chambre : Le député a quand même le
droit d'exprimer une opinion. Je ne pense pas qu'il ait imputé des motifs. Il exprime son
opinion par rapport au projet de loi, et je ne vois pas en quoi, là, ça devient
une question de règlement, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, je demande la collaboration
de M. le député de Borduas, là, pour éviter des propos qui seraient
peut-être non parlementaires. Alors, exercez une certaine prudence, M. le
député de Borduas.
M. Jolin-Barrette : Je vous
remercie, M. le Président. Mais vous me permettrez quand même de dire que le lancement du projet a été réalisé de façon
concomitante avec le bref d'élection qui a été signé par le
lieutenant-gouverneur, M. le Président.
Et je
constate que le leader adjoint du gouvernement intervient, M. le Président,
pour défendre le Parti québécois, hein?
Parce que la personne qui a lancé la campagne électorale, M. le Président,
bien, c'est l'ancienne première ministre, et elle a lancé sa campagne électorale avec ça. Donc, je comprends que le
Parti libéral, maintenant, défend le Parti québécois, les agissements du Parti québécois. Puis on
constate que les deux vieux partis travaillent main dans la main, M. le
Président. Puis on peut comprendre que les Québécois soient un peu
tannés, M. le Président, de tels agissements.
Et, d'autant plus, M. le Président... Et j'ai
posé la question au ministre de l'Économie, de l'Innovation et des Exportations, si, lui, avait été titulaire du
portefeuille à cette époque-là, au moment du lancement du projet, ou s'il avait
été encore président d'Investissement
Québec, aurait-il appuyé un tel projet, avec cette structure de financement
qu'en fait... que l'on ne connaît
pas, parce qu'elle n'a pas été rendue publique, contrairement à notre demande?
Et malheureusement, M. le Président,
le ministre n'a pas répondu encore à ma question, à savoir si, lui, dans cette
position-là, en tant que ministre titulaire
ou en tant que président d'Investissement Québec, aurait cautionné un tel
dossier où il se retrouve avec une patate chaude entre les mains.
• (12 heures) •
Et, lorsque
le parti ministériel a pris le pouvoir, M. le Président, on a constaté une
valse-hésitation, en lien avec ce projet. Le ministre de l'Environnement
était mal à l'aise, le ministre du Développement économique aussi, et tout ça.
Donc,
l'importance, M. le Président, de la transparence est fondamentale. Et, à ce
jour, dans le cadre du projet de loi
n° 37, on n'a pas eu cette transparence-là. D'autant plus, M. le
Président, que j'ai demandé, en commission parlementaire, d'entendre la ministre de la Justice sur la position du
ministère. Parce que, par le biais de ses procureurs, c'est elle qui est
intervenue dans le processus judiciaire, M. le Président. C'est elle qui est
intervenue et ça aurait été pertinent de
l'entendre, parce que le leader du gouvernement n'arrête pas de nous répéter,
M. le Président : On ne fait que réaffirmer
l'état du droit par le projet de loi n° 37. Mais, si c'est ça, la réalité,
si c'est ça, la raison, pourquoi ne pas permettre à la ministre de la Justice de venir témoigner, en
commission parlementaire, pour venir expliquer le positionnement du ministère de l'Environnement dans ce dossier-là et
la position du gouvernement? Et pourquoi est-ce qu'on intervient dans le processus judiciaire? Pourquoi est-ce qu'on
intervient directement afin de soustraire la juridiction des tribunaux à ce
projet de... bien, au litige qui avait cours devant lui?
Donc, M. le
Président, c'est important, la séparation des pouvoirs, et j'espère que nous
tirons des leçons de tout le processus que nous avons eu. C'est
important de permettre aux tribunaux de s'assurer qu'ils fassent leur travail,
de permettre aux parlementaires de faire
leur travail, mais, lorsqu'il est temps d'intervenir dans la job des tribunaux,
M. le Président, ce n'est pas le rôle
de l'Assemblée. À tout le moins, M. le Président, et je pense que certains
collègues, en cette Assemblée, vont être d'accord avec moi, c'est que le
Parlement, généralement, intervient à la suite des décisions des tribunaux, si ce n'est pas l'intention du
législateur ou ce n'est pas l'intention aussi de la population en tant que
société. Est-ce que nos choix
collectifs font en sorte que nous sommes en désaccord avec les tribunaux? Il
faut se questionner, M. le Président,
sur la façon d'agir du gouvernement directement dans le processus judiciaire.
Parce qu'on intervient pour le projet de loi n° 37, mais il y a certains
autres dossiers où les différents ministres, M. le Président, se lèvent, en
Chambre, pour dire : Non, non,
non, je n'interviendrai pas sur des questions de l'opposition, à savoir :
Est-ce qu'ils vont intervenir dans un
processus judiciaire? Je n'interviendrai pas parce que l'affaire est pendante
devant les tribunaux. Ou : Je ne peux faire de commentaire parce que l'affaire est pendante devant les
tribunaux. Mais on constate, M. le Président, qu'à la fois le Parti québécois et le Parti libéral ne se
gênent pas, quand ça concerne leurs propres intérêts ou les intérêts des gens
qui leur sont liés, d'intervenir
directement dans le processus judiciaire, M. le Président. Le projet de loi
n° 37, c'est deux poids, deux mesures, M. le Président.
Vous me
permettrez, M. le Président, en terminant, de remercier les collègues qui m'ont
accompagné au cours de cette commission, M. le Président. Notamment le
député de Groulx, le député de Masson, le député de Blainville, M. le Président, lors de l'étude détaillée du
projet de loi; de souligner aussi la présence du député de Gaspé, du député
de Bonaventure, du ministre, M. le Président, ainsi que des collègues
parlementaires de la partie ministérielle; de remercier
également, M. le Président, les gens du secrétariat, qui font toujours un
travail exceptionnel; également, les gens de la fonction publique, qui contribuent à la rédaction de nos lois, au
travail, ainsi que les membres du cabinet ministériel... du ministre.
En terminant,
M. le Président, je vous rappellerais que... Et vous me permettrez aussi de
remercier, M. le Président, le
Service de la recherche de la Coalition avenir Québec, qui a fait un grand
travail de qualité dans ce dossier-ci. Je tiens véritablement à les remercier et à souligner leur apport, M. le
Président, et les gens qui m'ont accompagné en commission parlementaire.
Et, M. le
Président, c'est véritablement une question de principe, le projet de loi
n° 37, pour les différents motifs, qu'ils soient économique, environnemental ou judiciaire, que nous avons
défendus et débattus. Le vote sur l'adoption finale, M. le Président... J'ai toujours espoir que mes collègues
parlementaires votent contre le projet. J'espère les avoir convaincus
avec ce... avec ce dernier discours...
Une voix :
...
M. Jolin-Barrette : Oui. Bien,
écoutez, M. le Président...
Une voix : ...
M.
Jolin-Barrette : ...j'entends
le député de Vanier-Les Rivières dire : C'est important de vivre d'espoir.
Puis je suis convaincu que les
Québécois ont l'espoir que, dans trois ans, ils vont changer de gouvernement.
Les gens vivent d'espoir, les gens
vivent d'espoir de dire : Les choses vont changer au Québec. Il est temps
que ça change, M. le Président, particulièrement en matière
environnementale. Je vous remercie, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député
de Borduas, pour cette intervention. M. le député de Gaspé, je vous cède
la parole.
M. Gaétan Lelièvre
M.
Lelièvre : Merci, M. le Président. À mon tour de dire quelques mots
sur le projet de loi n° 37, projet de loi qui revêt une importance très, très grande, pour ne pas dire capitale,
pour l'économie de la région de la Gaspésie et même au-delà, parce que je crois que ce projet-là va
sûrement avoir des retombées dans l'ensemble des régions du Québec via notamment l'impact du projet au niveau
de la construction, aussi au niveau de la sous-traitance lors des opérations.
Il est de
mise de remercier l'ensemble des parlementaires et du personnel de l'Assemblée nationale qui a travaillé sur ce dossier. Donc, mes premiers mots s'adressent d'abord à la
présidence, au ministre, à mes collègues, à mon collègue de Bonaventure qui a porté ce dossier-là de façon très... avec beaucoup
d'énergie, avec beaucoup de vigueur, il a très bien défendu son dossier de son comté, c'est dans le
comté de Bonaventure; également remercier les collègues députés du
parti gouvernemental et aussi de la deuxième opposition. Plusieurs
députés de la deuxième opposition se sont prononcés avec leur vision du projet puis l'ont fait avec des
éléments tantôt très éclairants, tantôt peut-être un peu longs,
redondants, mais c'est le jeu des affaires parlementaires, puis ça fait
partie du match, si on veut, mais il reste que je suis convaincu que l'ensemble
des parlementaires qui se sont prononcés sur ce projet-là l'ont fait, je
l'espère tout du moins, selon leurs valeurs,
selon leur vision du Québec, selon leur vision des régions. Puis c'est le
rôle, je crois, de tout parlementaire de défendre sa vision mais aussi
de respecter, je pense... c'est notre rôle aussi de respecter la vision de
l'ensemble des parlementaires, qui représentent l'ensemble des comtés et des
régions du Québec.
Le projet de
Ciment McInnis, c'est un projet qui remonte à au-delà d'une vingtaine d'années.
C'est un projet qui a été toujours
largement souhaité dans la région, notamment dans la communauté de Port-Daniel—Gascons, pour la connaître très, très bien. C'est un projet qui a toujours
reçu un large consensus dans le milieu, mais, au-delà de ça, dans la MRC du
Rocher-Percé notamment, à l'époque
10 municipalités, aujourd'hui cinq avec les regroupements qui se sont mis en
place. Pour avoir été très près de
cette communauté, pour y avoir travaillé puis aussi pour y être né, dans la MRC
du Rocher-Percé, j'ai toujours assisté vraiment à un appui, là, extrêmement
massif de la population et de la grande, grande majorité des organismes, des représentants du milieu à l'égard
du projet de la cimenterie à Port-Daniel. Je me souviens, dans les
années 95, là, lorsque le projet
a débuté, déjà le projet créait beaucoup de... suscitait beaucoup d'engouement, et,
encore aujourd'hui,
sincèrement, c'est ce qu'on constate dans le milieu.
Écoutez,
M. le Président, c'est un projet qui ne fait pas l'unanimité. Si
on regarde ça, bon, ici, au niveau de l'Assemblée
nationale, c'est un projet qui suscite beaucoup de questionnements et de façon
légitime, ça, je pense que personne va n'en
douter, mais c'est également un projet qui doit être perçu... Puis ça, c'est peut-être
un des volets qui n'est pas assez ressorti
dans tout le débat sur le dossier. C'est un projet qui est très révélateur en termes de positionnement en termes de
situation sociale et économique de certaines régions, puis dont notamment la
Gaspésie.
On faisait
allusion, un peu plus tôt en Chambre, à la situation sociale et économique, le
classement de la Gaspésie, qui malheureusement est en dernière position au plan économique. Vous savez, la région de
la Gaspésie a subi plusieurs revers.
Dans les années 90, il y a eu le moratoire sur le poisson de fond, qui était
une des principales sources d'économie de
la région; un moratoire qui devait durer quelques années, puis aujourd'hui, après près de 20 ans, ce moratoire-là est toujours
en place. Il y a eu ensuite la fermeture de nombreuses entreprises
reliées, oui, aux ressources naturelles. Donc, c'est clair que le modèle, hein, de concentrer le développement
économique d'une région sur des grandes entreprises est un modèle, on doit l'avouer, qui a, dans certains
cas, amené des résultats plutôt négatifs. La Gaspésie, oui, a eu son lot de
mauvaises aventures avec... je pense à
Murdochville, je pense à Chandler, je pense à New Richmond. Mais c'est
quand même ces grandes entreprises là
qui ont, de façon historique, supporté le développement de la région de la
Gaspésie puis de plusieurs des régions au Québec.
• (12 h 10) •
Après on
parle de... Après une quinzaine d'années de la fermeture de ces grands
employeurs là, malheureusement, et malgré les nombreux gouvernements qui
se sont succédé, et malgré aussi toute la volonté puis la détermination des
intervenants du milieu, on n'a pas réussi vraiment à relancer de façon, je
dirais, considérable, de façon satisfaisante l'économie de la région. Donc, on
serait portés à dire, M. le Président : Bien oui, on va diversifier
l'économie, on va développer le tourisme, on
va développer l'agroalimentaire, on va faire plein de belles choses, mais les
gens de la région ont quand même
tenté, certains gouvernements ont aussi tenté d'appuyer des initiatives du
milieu, bon, chacun à sa façon. Certaines
façons sont peut-être plus ou moins discutables, mais il reste qu'il y a
eu quand même des efforts concertés entre les intervenants du milieu et la plupart des gouvernements qui se sont succédé dans les dernières décennies. Malgré ça, certaines régions... Puis
la Gaspésie n'est pas seule; je pense à la Basse-Côte-Nord, je
pense à la Côte-Nord à certains
égards, certaines sous-régions du Bas-Saint-Laurent aussi, et probablement d'autres régions au Québec également, ces régions-là ont de la difficulté à diversifier l'économie.
Vous savez,
on vit dans un contexte où on doit composer avec notamment la notion de
distance, d'éloignement. La Gaspésie
est quand même située à 1 000 kilomètres de Montréal, de notre métropole, à
700 kilomètres de notre capitale, Québec. Donc, toute la question
du transport revêt une importance extrêmement importante.
Vous savez,
dans le développement régional, il y a des conditions de base au développement
puis ces conditions de base là, c'est
reconnu, on a notamment la question des transports, la santé, de l'éducation et
aussi, de plus en plus, des communications.
Ces quatre conditions de base là... bien, présentement, une région comme la
Gaspésie doit se battre pour se
rapatrier ces services-là, ces conditions de base là. On a de nombreux enjeux
au niveau du transport, c'est clair. J'en ai déjà fait mention ici. Le train est interrompu depuis quelques années,
en termes de service, autant des personnes que des marchandises.
Au niveau de la santé, c'est clair que
l'étalement de la population sur un grand territoire fait en sorte que l'accessibilité aux services de santé fait en
sorte que, par exemple, quelqu'un qui est atteint du cancer et qui doit suivre
des traitements de radiothérapie, bien, doit
faire 1 000 kilomètres aller-retour pour se rendre à Rimouski pour
suivre ses traitements de radiothérapie. C'est quand même une réalité
qui est celle de la Gaspésie.
Donc, toute initiative qui peut amener un
développement économique, générer des emplois bien rémunérés, ramener ou amener des jeunes ou des moins jeunes
compétents en région, qui vont, oui, occuper ces postes-là, mais qui vont aussi, on l'espère, s'impliquer dans la
communauté, devenir des leaders, devenir des gens avec des compétences qui
vont s'impliquer dans l'ensemble des
mouvements, des organisations qui vont, on l'espère, travailler, contribuer à
développer la région...
Donc, c'est
extrêmement important, pour une région comme la Gaspésie, de saisir les
opportunités qui se présentent pour
améliorer sa situation économique, mais sa situation également sociale, hein,
parce qu'il y a aussi... avec l'économie, vous savez, on est souvent...
d'autres secteurs sont souvent tributaires, notamment les services sociaux, la
santé, etc.
Donc, la
population de la Gaspésie s'est prononcée en faveur de ce projet. Les six MRC
de la région l'ont appuyé unanimement;
les six CLD l'ont appuyé; la conférence régionale des élus l'a appuyé; même un
groupe principal au niveau environnemental s'est rallié à ce projet.
Donc, loin de
moi, là, ce matin, la volonté de dire que ce projet-là est le projet parfait,
idéal. Il n'y a pas, à mon avis, de projet économique, industriel de grande
envergure, idéal ou parfait; ça n'existe pas nulle part dans le monde, mais il y a un consensus dans le milieu, très,
très large, quasi unanime pour dire que ce projet-là, la région l'a besoin pour
relancer son économie, c'est clair.
Donc, à
partir de ce moment-là, je crois que les Gaspésiens et les Gaspésiennes ont
fait un choix. On doit respecter ce
choix. Les conséquences environnementales, oui, il va y en avoir, mais il ne
faut pas oublier que ce projet-là est quand même le projet le plus performant sur le plan environnemental, et j'ose
croire — je dis
bien sincèrement — j'ose
croire que ce projet-là, une fois
réalisé, va permettre d'avoir un bilan de production des gaz à effet de serre
moindre que ce qu'on a présentement,
parce que c'est quand même la seule cimenterie, au Québec, au Canada et
probablement en Amérique du Nord qui
va générer 20 % de moins de gaz à effet de serre que toutes celles qui
existent présentement et qui desservent notre économie. Et du ciment, au Québec, on va en avoir besoin encore
pour plusieurs décennies. Donc, pourquoi ne pas l'acquérir à partir d'une entreprise qui en produit avec des rejets au
niveau des GES qui sont de 20 % moindres que tous les compétiteurs
qui sont présentement au Québec et même partout en Amérique du Nord?
Donc, en
conclusion, la Gaspésie a besoin de ce projet-là. Oui, on est ouverts à
d'autres projets, on en a besoin également, et
j'ose croire que, dans les prochaines années, dans les prochains mois,
l'ensemble des partis ici, à l'Assemblée nationale, vont se pencher sur la situation de la Gaspésie, mais aussi
de d'autres régions qui ont besoin également d'être supportées. Merci,
M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député
de Gaspé, pour cette intervention. M. le député de... non pas Borduas
mais de Masson, pour une intervention. Je vous cède la parole.
M. Mathieu Lemay
M.
Lemay : Merci, M. le Président.
Donc, tout d'abord, d'entrée
de jeu, je voudrais prendre le temps
de remercier notre collègue député de Borduas
pour le travail professionnel qu'il a fait tout au long de ce projet de loi, le projet de
loi n° 37, un travail formidable.
Vous savez,
nous, à la Coalition avenir Québec, on s'oppose au projet de loi n° 37 parce que
ça ne tient pas la route, ça ne fait
pas de sens au niveau économique,
simplement parler, là, des 450 millions qui seront investis pour créer
quelque 200 emplois. C'est sans compter
l'impact négatif que ça aura sur les autres cimenteries au Québec, sans compter
aussi le fait que nous avons des lois
environnementales, nous avons des lois de développement durable, mais ce projet
de loi vise clairement à se soustraire du
processus du BAPE pour pouvoir aller de l'avant rapidement dans la mise en
place de la cimenterie à Port-Daniel—Gascons. Cependant, quand on regarde le temps que
ce projet de cimenterie est, on parle d'une
vingtaine d'années, donc on n'a pas manqué de temps pour faire l'évaluation
environnementale. Et là on nous presse comme
ça, on nous dit : Non, on veut soustraire le projet au BAPE. Donc, pour
moi, c'est inconcevable, M. le Président.
Vous savez,
lorsque le projet a initialement été déposé versus le projet qu'on a
aujourd'hui, les chiffres ont plus que
doublé, M. le Président. Donc, nous, on est en droit de dire : Le projet
doit être soumis au BAPE, et là, clairement, ce ne sera pas le cas après
l'adoption du vote final. Si on regarde la tendance, on est persuadés que les
libéraux et les péquistes
vont voter pour ce projet de loi, et effectivement il n'y aura pas de BAPE.
C'est très dommage pour l'ensemble des
Québécois, M. le Président. Vous savez, je me demande vraiment, moi, si les
libéraux, ils vont pouvoir regarder les Québécois dans les yeux, après cette journée, et puis dire que c'est le
même projet qu'il y a 20 ans. Non, j'ai de la misère à concevoir
ça, M. le Président.
Lors
de l'étude en commission, sur la Commission de l'économie et du travail, j'ai
eu l'opportunité de me prononcer sur le projet de loi à l'article 1 et
puis j'ai mentionné le fait qu'à l'université, en génie mécanique, dans mon
cadre de formation à l'université, j'ai
suivi le cours TIN501, qui est le cours de technologie, environnement et
société. Vous savez, dans ce
cours-là, les choses que l'on apprend, c'est clairement quel est le processus
d'un BAPE et que doivent faire nos sociétés
pour respecter les normes environnementales. Bien, je trouve ça vraiment
difficile que le gouvernement se cache derrière un volet économique pour
se soustraire au BAPE. On se prive d'opinions externes, M. le Président, puis
une évaluation indépendante des risques, elle aurait permis de voir s'il y a
d'autres solutions différentes qui peuvent être adaptées pour solutionner les problèmes qui seront possiblement évidents
à la cimenterie Port-Daniel. Mais c'est tout ce processus-là que l'on perd. Ce n'est pas normal que le gouvernement
décide, lorsqu'il veut faire passer un projet, de passer par un projet
de loi n° 37. C'est un dangereux précédent, M. le Président.
La cimenterie
Port-Daniel—Gascons,
elle va faire rien de moins qu'émettre plus de 2 millions de tonnes de gaz
à effet de serre par année. Ça, là, c'est une hausse de 6 % du secteur
industriel québécois, M. le Président. C'est inacceptable
qu'un gouvernement qui se vante de faire la lutte aux changements climatiques,
qui vient de mettre en place une
nouvelle stratégie de développement durable 2015‑2020... c'est inacceptable que
ce gouvernement-là se soustraie au processus du BAPE. C'est pour cette
raison-là que la CAQ a travaillé sur ce projet de loi avec vigueur, pour
essayer de faire entendre raison aux
libéraux. On ne fait pas un BAPE juste quand ça nous tente, là, puis, quand ça
ne nous tente pas, bien... ou, quand on croit qu'il y a des votes à
acheter, on dit : Bien, on va faire en sorte que le projet passe plus rapidement, M. le Président. Ça prend un processus
de BAPE. On ne l'aura pas avec ce projet de loi là, ce n'est pas normal.
C'est la seule chose logique que l'on
demande au gouvernement. Ils l'ont demandé dans plusieurs autres projets, ils
ne le demandent pas dans ce projet de
loi là. On est en droit de se demander si c'est pour des décisions politiques,
M. le Président.
• (12 h 20) •
Vous savez, j'en ai
parlé aussi lors de l'adoption de principe, les cimenteries au Québec vont
souffrir de la nouvelle cimenterie à
Port-Daniel, puis c'est dommage que ça n'a pas été tenu en considération. Nous
autres, dans Joliette, on a une cimenterie à Lanaudière, la cimenterie
Holcim. Bien, elle, elle avait prévu de faire des investissements de
250 millions de dollars privés, M. le Président, pour moderniser ces
installations-là, mais la subvention accordée à Ciment McInnis fait en sorte que la cimenterie de Joliette ne fera pas
cet investissement-là, parce qu'il y a une incertitude économique, M. le Président. Ça fait que le coût
va être trop dur à supporter, donc ils vont retarder leurs investissements,
ils vont voir c'est quoi, l'impact que ça a
sur la cimenterie McInnis avant de faire des investissements, parce qu'ils ont
déjà une difficulté que le marché... ils ont
seulement 60 % à 65 % de leur capacité de production. Donc, pourquoi
est-ce qu'un... Je comprends
l'entreprise privée de mettre la glace... la modernisation de ses équipements.
Ce n'est pas bon pour Lanaudière, ce n'est pas bon pour le Québec, M. le
Président, c'est une incertitude environnementale. Pour toutes ces raisons, je me dois de dire : Le processus du
BAPE fait du sens, mais vraisemblablement, avec le vote que les libéraux vont faire,
appuyé par les péquistes, il n'y aura pas de BAPE. Le projet le plus polluant
de l'histoire du Québec, M. le Président.
Moi, là, je dois vous
dire c'est quoi, l'importance de tout député en cette Chambre de pouvoir voter
libre de conscience, O.K.? Puis il ne faut
pas être lié par un positionnement politique qui date de plusieurs années, M.
le Président; il faut faire face aux
réalités de 2015. Bien, moi, je me demande, dans un contexte d'environnement et
de développement durable, comment que
les députés libéraux et péquistes vont pouvoir vraiment dormir la tête reposée.
C'est grave, qu'est-ce qu'ils sont en train de faire, de se soustraire
au processus de loi.
Donc,
moi, j'invite tous les citoyens et citoyennes de tenir en considération, lors
de leurs votes, l'importance de voter pour un député qui est libre de
conscience. M. le Président...
Des voix :
...
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : ...M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Sklavounos : Je ne pensais pas avoir à me lever, à dire ça,
mais c'est évident, et... mais, si ça ne l'est pas pour le collègue, on va le réitérer ici : Chacun
qui vote de ce côté-ci vote librement à chaque vote, à chaque jour, M. le
Président. Et je demande au collègue,
qui suggère le contraire, de retirer son propos, parce que c'est imputer des
motifs et manquer de respect, clairement, à l'encontre de ses collègues
députés.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Oui, ça va. Merci, M. le leader
adjoint du gouvernement. M. le leader de la deuxième opposition.
M.
Caire : M. le Président, ce que mon collègue a dit
précisément, c'est que c'était important pour les députés de voter en toute liberté de conscience. Si mon
collègue se sent attaqué, c'est un processus de réflexion qui n'implique
que lui. Je pense que tout le monde va être
d'accord... Normalement, tout le monde devrait être d'accord avec ce que mon
collègue dit. Je pense, moi aussi, que c'est
important pour tous les députés de cette Assemblée de voter libre... Je ne vois
pas, M. le Président, là, qu'est-ce qui peut faire lever le leader
adjoint du gouvernement là-dessus, là. Mon collègue vient d'énoncer un principe
qui devrait nous rassembler tout le monde.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Un dernier commentaire, M. le leader adjoint.
M.
Sklavounos : On n'a pas besoin de son collègue ni du leader
adjoint du gouvernement de nous rappeler ce principe-là. On n'a pas besoin de ça. On est libres. Ce qui n'est pas
permis ici, c'est de suggérer le contraire et imputer des motifs aux
députés du gouvernement.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Ça sera la dernière intervention, M. le leader adjoint.
M.
Caire :
Merci, monsieur... Il y a un autre principe, c'est la liberté d'expression aussi.
Mon collègue a le droit d'exprimer
ses opinions puis mon collègue a le droit d'exprimer les principes qui
gouvernent la coalition. Puis, si ça fait mal au leader adjoint du
gouvernement, bien, c'est son problème.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, essentiellement, là, j'ai
bien écouté les deux leaders, de part et d'autre. M. le député de Masson, je vous demande de faire
attention à vos propos, d'avoir le respect des députés en cette Chambre
par rapport à l'exercice de leur droit de vote. De suggérer qu'ils n'auraient
pas une conscience libre à voter de cette façon-là,
c'est... vous êtes à la marge, là, des propos qui sont non parlementaires.
Alors, je connais suffisamment... Pour connaître votre gentilhommerie,
je vous demande d'être très prudent dans vos propos.
M.
Lemay : Merci, M. le Président. Je serai prudent. Donc, moi, je vais
faire... j'étais rendu, de toute façon, à ma conclusion, M. le Président. Je ne trouve pas ça normal qu'on priorise
un nouveau joueur dans l'industrie puis qu'on dise aux autres acteurs concernés, les autres
cimenteries du Québec : Arrangez-vous avec vos troubles, nous autres, on y
va de l'avant, on investit des deniers publics, on fait le projet le
plus polluant de l'histoire du Québec, et puis, pour le reste, arrangez-vous.
Nous autres, là, c'est une décision politique qu'on a prise.
Au final,
personne ne sera surpris, je vais voter contre le projet de loi n° 37.
J'aurais voulu un BAPE, j'aurais bien aimé
entendre des gens en consultation particulière, c'est quelque chose qu'on n'a
pas eu le droit. Puis pour l'amour de la Gaspésie, M. le Président,
pour l'amour de la Gaspésie, s'il
vous plaît, c'est un appel du coeur,
je demande au gouvernement de
voter contre ce projet de loi.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : ...M. le député de Masson, je vous remercie pour cette intervention. Y
a-t-il d'autres intervenants sur ce projet de loi? Sinon, le projet de
loi... M. le député de Chambly.
M. Jean-François
Roberge
M.
Roberge : Merci, M. le Président. Je me lève aujourd'hui pour annoncer qu'évidemment
je vais voter contre ce projet de loi n° 37, pour trois raisons
que je vais énoncer très brièvement, d'abord juridique, économique et environnementale.
Du point de
vue juridique, de sortir un projet du cadre juridique, ça n'a pas de sens. Ça
n'a pas de sens d'annihiler tout recours juridique contre un projet
aussi important et qui implique autant d'argent public, ça n'a pas de sens.
Du point de
vue économique, bien là c'est pour le moins douteux. On parle de
450 millions de dollars de subvention, de prêt, de garantie de prêt,
l'argent des Québécois, pour environ 200 emplois. C'est évident que
ça ne tient pas la route. C'est une insulte aux Gaspésiens, qui
pourraient faire tellement mieux avec autant de moyens.
Et finalement,
au point de vue environnemental, bien là je dirais que les
masques tombent, parce qu'au-delà de
ce que les gens disent il y a ce que
les gens font et, j'ai le goût de dire, surtout, surtout pour l'opposition
officielle, le Parti québécois, qui
se drape de grands principes environnementaux, qui veulent nous faire la leçon
et qui, dans ce cas-ci, main dans la
main avec le Parti libéral du Québec, vont nous empêcher d'avoir un BAPE, un
Bureau d'audiences publiques en environnement, sur le projet le plus
polluant de l'histoire du Québec.
Les masques tombent, et ce qu'on voit, ce n'est
pas joli. C'est le projet de la honte, et il va me faire plaisir de voter
contre lui. Merci.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député
de Chambly, pour cette intervention. Y a-t-il d'autres intervenants? M.
le député de Groulx.
M. Claude Surprenant
M.
Surprenant : Merci, M. le Président. Alors, dans la même veine que mes
collègues, je suis effectivement très peiné
que l'on soit rendus à l'adoption de ce projet de loi n° 37 en fait
qui vise, comme on l'a mentionné, à contourner les règles habituelles.
Alors, je
tiens à rappeler que nous sommes fiduciaires du sol et de l'air qu'on va léguer
aux générations qui vont nous suivre,
et on n'agit pas, à mon avis, dans ce sens-là présentement. Alors, on fait fi
de l'avenir à long terme et on se préoccupe
d'intérêts financiers à court terme pour un projet. Même que mon collègue
député de Gaspé tantôt a mentionné que l'expérience passée des gros
projets n'a pas été concluante pour la Gaspésie, et on se lance encore dans un
projet d'envergure qui est très mal parti à
la base au niveau du respect de la démocratie, des processus législatifs usuels
et puis au niveau, là, des montants qui sont investis dans ce projet-là.
Je le rappelle, on parle de 450 millions,
ce qui représente environ 2 millions par emploi. Je suis convaincu, M. le Président, qu'on aurait pu prendre cet argent
et puis bien moins que ça pour créer autant d'emplois dans d'autres secteurs économiques de la grande région de la
Gaspésie. Et je réitère ce que j'ai mentionné à l'étude projet de loi : La
Gaspésie, les régions, on y croit, aux régions, mais on
veut que ça aille bien, ces régions-là. Dans le cas de la Gaspésie, ils ont de l'expertise au niveau touristique et
dans d'autres domaines, et je crains... Comme il m'arrive parfois de passer
ça et là, on voit des mines exploitées sur
des montagnes, des endroits... même qui peuvent être lancées à proximité de
sites de l'UNESCO, alors des endroits
qui sont brisés au niveau de la trame touristique, et je crains qu'on répète ça
au niveau de la Gaspésie. Et, si d'un
côté on fait un investissement qui va procurer des emplois et des revenus à des
particuliers et des profits à des
entrepreneurs, bien ce ne sera pas profitable ultimement à la Gaspésie,
globalement, parce que le côté visuel de
la chose va être un déficit, en fait, et qui va affecter la beauté du paysage.
Donc, les gens qui vont en Gaspésie pour la beauté, ils vont être affectés par ces vues-là, donc il va y avoir
peut-être un déficit au niveau touristique. Donc, ce qu'ils peuvent
gagner d'un côté, il y a le risque de le perdre de l'autre côté, M. le
Président, donc c'est dommage.
• (12 h 30) •
Mais,
a priori... Moi, j'ai été élu une première fois en avril 2014. Je suis bien
fier d'être ici et de siéger, mais je suis
déçu de la façon dont on fonctionne au niveau du respect de nos pairs, au
niveau, là, de... au niveau de l'environnement, au niveau de l'adoption de lois. Alors, il est important pour moi la
consultation et le respect des processus
usuels, et je ne pense vraiment
pas sincèrement que, dans ce cas-ci, on respecte ces processus
qui nous ont été donnés, là, de travailler... avec lesquels travailler au cours de cette année. Et puis c'est un
manquement, à mon avis, important. Puis, je crois, comme l'a mentionné mon
collègue un peu plus tôt, on bénéficie de l'expertise des gens que l'on va consulter
lorsqu'on veut adopter des lois, M. le Président.
Et
justement je reviens au niveau du projet de loi n° 20, le ministre
de la Santé, alors, en a fait un bel
exemple : il n'a pas voulu
consulter le président de la FMOQ et il
a eu de la pression, de la pression,
de la pression. Le temps a passé, et finalement
il l'a écouté, et puis ils en sont venus à une entente. Alors, quel temps perdu
de ne pas vouloir écouter, et puis quel
affront à la démocratie que l'on fait là de ne pas écouter, et de voter des lois,
de s'isoler dans un carcan, dans une façon
de penser, et puis, ultimement, bien, démontrer un peu d'ouverture pour en
arriver à des ententes qui sont un peu plus respectueuses, finalement,
de ce que la majorité veut avoir.
Alors,
dans ce cas-ci, c'est un projet qui est très polluant, qui est le plus
polluant. D'accord, à court terme, il va avoir un impact positif en
Gaspésie, niveau création de l'emploi, mais, à moyen terme, au niveau de... le
coût pour le gouvernement ne se limitera pas à l'investissement de 450 millions de
dollars qu'ils font là. Il va y avoir
des poursuites, on entend ça par
l'OMC. Alors, il y a les risques de poursuite au niveau
de concurrence, finalement, déloyale, il va y avoir des coûts
juridiques reliés à ça et des coûts peut-être de pénalités éventuelles reliés à
ça aussi. Donc, c'est un projet qui, à mon
avis, va coûter ultimement bien plus que le 450 millions dont on parle
présentement, M. le Président. Donc, c'est très néfaste. Et puis...
Donc,
le point, en fait, que je veux mentionner, c'est que mon collègue n'a pas été,
contrairement à ce que le député de Gaspésie mentionnait, redondant.
Alors, il a amené des arguments, il a un argumentaire qui est très développé,
il a constamment apporté des arguments nouveaux pour permettre aux gens des
deux vieux partis, le gouvernement et l'opposition
officielle, de se faire une meilleure idée de l'impact que ce projet-là
pourrait avoir. Et, dans un souci, finalement, de saine collaboration, mon collègue de Borduas a fait un travail très
important, et puis j'aurais souhaité que les députés de l'opposition officielle, du gouvernement
l'écoutent, finalement, avec un peu plus de perspective et non pas avec un
esprit fermé, comme on a pu le constater.
Alors,
pour conclure, M. le Président, je voudrais revenir sur un énoncé que j'avais
déjà... une citation dont j'avais déjà
fait part en commission et qu'il m'apparaît tout à fait opportun encore de
reciter. Alors, c'est une citation de M.
Gustave Le Bon et qui dit ceci : «Édicter des lois violant les
habitudes et les intérêts généraux[...], c'est ébranler dans les âmes le
respect des codes, ciment essentiel des grandes civilisations.»
Alors,
je ne pense pas que c'est très grand, finalement, ce qu'on a fait... de la
façon dont on traite, finalement, ce projet
de loi là. On évite que le projet de loi soit évalué par le BAPE. Alors, c'est
de dire, finalement, que, dorénavant, tout
projet qu'on pourrait apporter, bien, arrivez-nous avec vos approches au niveau
environnemental, on va mettre un sceau
là-dessus puis go! on va de l'avant. Alors, ce n'est pas respecter notre rôle
de fiduciaire qu'on a pour ce qu'on va léguer aux générations futures
d'agir comme ça, M. le Président. C'est très désolant. Voilà ma position.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, merci à vous, M.
le député de Groulx, pour cette intervention.
Y a-t-il d'autres
intervenants sur cette adoption de projet de loi? S'il n'y en a pas, le projet
de loi n° 37, Loi confirmant l'assujettissement des projets de cimenterie
et de terminal maritime sur le territoire de la Municipalité de Port-Daniel—Gascons au seul régime d'autorisation de
l'article 22 de la Loi sur la qualité de l'environnement, est-il adopté?
M.
Caire :
Par appel nominal, s'il vous plaît.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, vote par appel nominal est
demandé. M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Sklavounos : En vertu de l'article 223, M. le
Président, est-ce qu'on pourrait... je vous demande de reporter le vote
aux affaires courantes du mardi 2 juin, s'il vous plaît.
Vote reporté
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, le vote sera
reporté à mardi prochain, après les affaires courantes.
M. le leader adjoint
du gouvernement, pour la suite des choses.
M.
Sklavounos : Maintenant, M. le Président, à ce stade-ci, et
pour l'information de la Chambre et les collègues, il était de notre intention d'appeler le projet de
loi n° 46, Loi concernant l'élection au poste de préfet de la Municipalité
régionale du Granit. Malheureusement, nous
avons été informés de la non-disponibilité du porte-parole du deuxième groupe
d'opposition. Alors, je souhaite indiquer
que nous allons appeler l'adoption du projet de loi la semaine prochaine, le
2 juin, après les affaires courantes. Et, conséquemment, je vais
vous demander de suspendre.
Pour la suite, il y aura des débats sur des
ententes internationales à partir de 15 heures, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, je vais
suspendre les travaux, s'il y a consentement. Donc, les travaux sont
suspendus jusqu'à 15 heures cet après-midi.
(Suspension de la séance à 12 h 35)
(Reprise à 15 h 2)
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Bon après-midi, chers collègues.
Veuillez vous asseoir. Mme la leader adjointe du gouvernement, pour la
suite des choses.
Mme Vien : Bonjour, M. le
Président. Alors, veuillez, s'il vous plaît, appeler l'article 46.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Vous avez dit 40 ou 46?
Mme Vien : 46.
Motions du gouvernement
Motion proposant que l'Assemblée approuve l'Accord de
libre-échange entre le Canada et la république de Corée
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : 46. J'y arrive. À l'article 46
du feuilleton, l'Assemblée procédera maintenant au débat sur la motion faisant
suite au dépôt par Mme la ministre des Relations internationales et de la
Francophonie, le 12 mai 2015, d'un engagement international. Cette
motion se lit comme suit :
«Que, en
vertu de l'article 22.3 de la Loi sur le ministère des Relations
internationales, l'Assemblée nationale approuve
l'Accord de libre-échange entre le Canada et la république de Corée, signé le
22 septembre 2014 et en vigueur depuis le 1er janvier 2015.»
Je vous
rappelle que cette motion donne lieu à un débat restreint de deux heures. La
répartition des temps de parole dans
le cadre de ce débat s'effectuera comme suit : 56 minutes sont
allouées au groupe parlementaire formant le gouvernement, environ 33 minutes sont allouées au groupe
parlementaire formant l'opposition officielle, environ 23 minutes sont allouées au deuxième groupe d'opposition,
six minutes sont allouées aux députés indépendants. Dans ce cadre, le
temps non utilisé par les députés indépendants
ou par l'un des groupes parlementaires sera redistribué entre les groupes
parlementaires selon les proportions
établies précédemment. Enfin, les interventions ne seront soumises à aucune
limite de temps.
Alors, Mme la ministre des Relations internationales
et de la Francophonie, je vous cède la parole.
Mme Christine St-Pierre
Mme
St-Pierre : Merci,
M. le Président. C'est avec plaisir que je propose aujourd'hui à cette
Assemblée l'approbation de l'Accord de libre-échange entre le Canada et la république
de Corée, lequel est en vigueur depuis le 1er janvier
2015. La négociation et la conclusion de cet accord témoignent de la
volonté d'améliorer le cadre qui régit le
commerce international et ainsi de continuer à y consacrer les principes de
non-discrimination, de concurrence et de transparence. Des accords de commerce sont de nature à favoriser l'intensification
du commerce bilatéral avec différents partenaires.
L'élimination de mesures protectionnistes favorise en effet des échanges
commerciaux qui contribuent à la création d'emplois, à l'augmentation du
niveau de vie et à la prospérité du Québec.
Afin de
pouvoir vous illustrer concrètement l'intérêt de cet accord, je tiens à employer le temps qui
m'est accordé pour vous rappeler en
quelques mots l'importance du libre-échange pour le Québec et, en ce sens, souligner nos engagements
précédents en matière commerciale.
Depuis
plusieurs années, le gouvernement du Québec a démontré son appui au
libre-échange, et il s'agit incontestablement
de l'une de ses priorités. Que ce
soit dans le cadre de l'Accord de libre-échange nord-américain,
les accords sous l'égide de l'Organisation mondiale du commerce ainsi que des accords bilatéraux Canada-Costa Rica
ou bien Canada-Chili, le Québec a
fait le choix d'appuyer tant la... la libération, dis-je, des accords
commerciaux que l'amélioration des
règles régissant le commerce mondial, comme le démontrent ces engagements
pris en cette matière.
Cette
démarche a été notamment entamée par l'adoption par l'Assemblée nationale de la Loi concernant la mise en oeuvre des accords de commerce international.
En effet, depuis 1996, le Québec a instauré une procédure afin d'approuver et
de mettre en oeuvre de multiples accords de commerce, et ce, à l'égard des engagements du Canada qui entraient dans
les domaines de compétence du Québec. En faisant cela, le
Québec a clairement démontré son intention de souscrire aux principes et aux
règles de commerce international.
De plus,
l'approbation, par l'Assemblée
nationale, de l'accord Canada-Corée
du Sud démontrera le sérieux de l'engagement
du Québec à mettre en oeuvre les dispositions d'accords commerciaux présents et futurs touchant à ses champs de compétence exclusive et partagée. Les
nombreuses négociations dans lesquelles le Québec
joue un rôle actif démontrent que son
gouvernement poursuit continuellement
ses efforts dans l'amélioration des possibilités commerciales pour les entreprises québécoises. M. le Président, cet
accord fait partie d'une liste de nombreux accords bilatéraux, plurilatéraux
et multilatéraux que le gouvernement fédéral
canadien conclut avec ses partenaires étrangers. Permettez-moi de vous rappeler
qu'au Canada le droit constitutionnel et la
pratique ont confirmé le pouvoir exclusif des gouvernements des provinces
de mettre en oeuvre ces instruments sur leur
territoire lorsqu'ils portent sur des matières qui relèvent de leur compétence.
En 2002, le
Québec a formalisé ce pouvoir dans la Loi sur le ministère des Relations
internationales en y consacrant que
le Québec est seul compétent pour assurer la mise en oeuvre de ces accords. En
ce sens, les accords internationaux conclus
par le Canada en matière de commerce international sont des chapitres... dont
les chapitres, dis-je, relèvent de la compétence
constitutionnelle du Québec constituent des engagements internationaux
importants au sens de la loi. Comme celle-ci
l'exige, l'entrée en vigueur de ces accords requiert d'abord leur approbation
par cette Assemblée, suivie de la prise d'un décret par le gouvernement
qui peut alors exprimer sa volonté d'être lié par un accord international du
Canada.
En conférant
ainsi aux membres de l'Assemblée nationale une compétence d'approbation...
préalable, dis-je, des engagements internationaux importants, le Québec
a alors fait de notre Assemblée nationale la première institution parlementaire
de type britannique à codifier législativement une compétence d'une telle
nature. Ces dispositions législatives, et le débat qui a lieu aujourd'hui,
viennent permettre aux parlementaires tant de discuter des tenants et
aboutissants que d'approuver les accords et les conventions qui concernent les
compétences et les responsabilités du Québec.
En mettant les parlementaires au parfum des ententes jugées importantes au
regard de la loi, nous avons consacré la démocratisation du processus
visant à nous déclarer liés à ces accords.
Tout particulièrement, l'approbation de l'accord
conclu par le Canada et qui concerne nos compétences nous permet sans aucun doute de réaffirmer les
responsabilités du Québec en ces matières et de perpétuer la capacité de notre
Assemblée nationale dans le cadre de la
doctrine Gérin-Lajoie, dont nous célébrons d'ailleurs le 50e anniversaire cette
année. À ce titre, je vous rappelle qu'en
1965 l'allocution de M. Gérin-Lajoie comportait l'annonce selon laquelle, dans
tous les domaines qui sont complètement ou
partiellement de sa compétence, le Québec entend désormais jouer un rôle
direct, conformément à sa personnalité et à la mesure de ses droits.
C'est donc
dans cette optique et afin d'en assurer la continuité que nous nous présentons
aujourd'hui devant cette Assemblée.
L'approbation parlementaire et l'adhésion éventuelle au présent accord
contribueront à la reconnaissance de notre
pratique en établissant notamment des précédents pour le Québec qui viendront
soutenir sa participation à d'éventuelles négociations. Compte tenu de notre rôle fondamental à l'étape de la mise
en oeuvre d'un accord, une telle participation aux négociations s'avère évidemment primordiale, et ce, dans un souci
d'effectivité. D'ailleurs, je suis convaincue que la mise en oeuvre de
cet accord contribuera à un développement encadré et productif de nos relations
non seulement commerciales, mais également politiques avec la Corée du Sud.
Le ministère
entend jouer un rôle important dans l'amélioration et le renforcement des
relations bilatérales avec ce pays,
relations qui peuvent s'avérer être la clé à la mise en place d'échanges
commerciaux fructueux de part et d'autre. À titre d'exemple, l'élimination graduelle des tarifs imposés par la Corée
du Sud facilitera l'accès des entreprises québécoises, notamment pour : les simulateurs de vol...
les simulateurs, dis-je, de vol, soit 5 % des droits de douane en 2014;
les produits cosmétiques, 6,5 %
de droit de douane en 2014; les produits forestiers; et pour les nombreux
produits agricoles et agroalimentaires dont, évidemment, la viande de
porc.
• (15 h 10) •
Dans un même
ordre d'idées, je souligne que l'amélioration des liens commerciaux entre le Québec
et la Corée du Sud a également un
impact majeur sur d'autres dimensions de nos relations bilatérales. Une plus
grande intégration économique peut
jouer un rôle catalyseur dans l'ouverture de nouvelles avenues de coopération
et dans l'augmentation de la
prospérité sociale respective. En
matière d'économie sociale et solidaire notamment, nous partageons les
mêmes préoccupations quant à
l'importance d'entretenir des liens étroits avec l'ensemble des acteurs engagés
afin de s'inspirer des meilleures pratiques du milieu.
Déjà, le gouvernement du Québec situe la Corée
du Sud dans son second cercle de priorités en Asie, suivant immédiatement le Japon, la Chine et l'Inde. La Corée du Sud constitue donc un
partenaire de choix, avec lequel le potentiel de développement est
considérable non seulement en termes d'échanges économiques, mais également
dans d'autres secteurs tels que la science,
la technologie et l'innovation, ainsi que l'éducation et la culture. Le Québec y
est officiellement présent depuis
l'ouverture, en 1991, de l'antenne du Québec à Séoul, dont le mandat principal est économique,
et ce qui fait de cette représentation un agent actif du déploiement de
l'action du Québec en Asie.
De plus, le Québec
et la Corée du Sud ont déjà conclu des ententes bilatérales. L'entente en
enseignement supérieur, qui a été
conclue au début de 1900... de 2014, dis-je, offre à un certain nombre
d'étudiants québécois et coréens des bourses et des exemptions afin d'étudier sur le territoire
de l'autre partie. Depuis 1985, une entente en matière d'adoption est en
vigueur, et une entente en matière de sécurité sociale visant à encourager la
mobilité de la main-d'oeuvre entre les deux territoires est en cours de négociation.
M. le Président, nous voilà donc arrivés à l'étape de l'approbation de cet accord par l'Assemblée nationale. Il me faut
tout d'abord souligner que le ministère des Relations internationales et de la Francophonie, le ministère
de l'Économie, de l'Innovation et des
Exportations, en collaboration avec tous les ministères concernés, ont veillé aux intérêts du Québec dans ce dossier et se sont assurés
de la conformité de cet accord, eu égard à la législation et à la pratique québécoise.
Notamment, il sera appliqué à la lumière et de façon
compatible avec la Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles de l'UNESCO.
Il ne faut pas oublier que cet accord constitue le premier accord de cette nature entre le Canada
et un pays asiatique. Pour les entreprises québécoises faisant affaire en
Corée, cet accord s'avère ainsi très
important, car elles se retrouveraient désavantagées par rapport à celles des États-Unis et de l'Union européenne qui profitaient
déjà d'ententes de libre-échange avec la Corée.
Je propose donc que l'Assemblée nationale
approuve l'accord que nous venons de présenter, et je conclus en rappelant que l'exercice de ce processus
d'approbation par l'Assemblée représente un jalon fondamental, par sa transparence et sa collégialité, de la capacité d'action du Québec
dans le contexte de la mondialisation. Une fois approuvé, le Conseil des
ministres sera ainsi en mesure de
prendre un décret afin que le gouvernement du Québec puisse se déclarer lié par
cet accord ainsi que l'ajouter à la
liste des accords mis en oeuvre en vertu de la Loi concernant la mise en oeuvre
des accords de commerce international. Je vous remercie.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, Mme la ministre
des Relations internationales et de la Francophonie. Je vous cède la
parole, Mme la députée d'Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Carole Poirier
Mme
Poirier : Merci, M. le Président. Alors, il me fait plaisir
d'intervenir, à ce moment-ci, en lien avec l'entente de libre-échange entre le Canada et la république
de Corée. Alors, c'est un nouvel accord de libre-échange qui est entré en vigueur le 1er janvier 2015. C'est un accord de
libre-échange qui est le premier du genre avec la région Asie-Pacifique.
Il va fournir, semble-t-il, aux entreprises
et aux travailleurs un nouvel accès à la 15e économie du monde en importance
et à la quatrième en Asie-Pacifique. Dans la
même lignée que l'accord de libre-échange avec l'Europe ou l'ALENA, la stratégie de diversification des marchés
d'exportation des entreprises doit reposer sur un accès préférentiel aux
marchés de grande envergure.
L'accord de
libre-échange avec la Corée du Sud fournira un avantage commercial à nos
entreprises exportatrices dans un
pays qui connaît un rythme de croissance phénoménal. La Corée du Sud est la 15e
destination d'exportation en importance
pour le Québec, dont les exportations vers ce marché, de 2010 à 2012, se sont
élevées, en moyenne, à 379,4 millions
de dollars par année. Une fois en vigueur, soit depuis le 1er janvier, l'accord
de libre-échange Canada-Corée permettra
de diminuer, voire supprimer les droits de douane imposés sur presque toutes
les principales exportations du Québec.
Il permettra d'ouvrir de nouveaux débouchés sur le marché sud-coréen. Les
exportateurs profiteront également d'autres
dispositions de l'accord, qui pourraient améliorer les conditions commerciales,
comme par exemple : la diminution des
obstacles liés à la réglementation; le renforcement des droits de propriété
intellectuelle, l'établissement de règles plus transparentes d'accès aux
marchés.
Mais, pour le
Québec en tant que tel, il faut bien que cet accord ait des avantages propres
au Québec : pour le Québec, un meilleur accès, et sans droit de douane,
pour les biens industriels, y compris les pièces d'aéronefs, les produits
cosmétiques, les métaux, les turbines à gaz
et les instruments scientifiques. Cela va permettre aussi un accès accru au
marché pour de nombreux produits
agricoles et agroalimentaires, dont le porc, le sirop d'érable et le soja.
C'est aussi un accès en franchise de
droits pour les produits forestiers et les produits du bois à valeur ajoutée,
comme le bois d'oeuvre, le revêtement de
sols et les panneaux de lamelles orientés. C'est aussi un accès amélioré dans
le secteur des services professionnels.
Le Québec, aussi, aura comme avantage des règles
prévisibles et non discriminatoires pour les investisseurs québécois. Ils pourront profiter d'un meilleur
accès au secteur des marchés publics sud-coréens et des dispositions strictes
en ce qui concerne les mesures non
tarifaires, assorties de dispositions en vue d'un règlement rapide et efficace
des différends.
Alors, depuis
les 20 dernières années, M. le Président, la Corée du Sud connaît une
progression économique qui l'a placée
parmi les acteurs les plus dynamiques de l'économie mondiale. Le Parti
québécois a toujours été très favorable au commerce et à l'entretien de ses relations avec la Corée. D'ailleurs,
en 2013, l'ancienne ministre déléguée à la Politique industrielle avait annoncé la création d'un bureau
d'Investissement Québec à Séoul, en plus de l'antenne du Québec qui existe et, il faut se souhaiter avec cet accord,
qui va être préservée malgré les coupes que l'on a vues du gouvernement libéral. Il faut que notre antenne soit préservée,
justement, pour que nos investisseurs et que nos entreprises québécoises
puissent justement participer à cette entente en tant que telle.
Alors,
évidemment, vous comprendrez que cet accord de libre-échange, bien que signé
avec le Canada, aurait pu être signé
par le Québec, parce que les compétences qui sont exercées dans cet... et les
champs d'action sont de compétence provinciale,
sont de compétence du Québec. Pas besoin de vous dire, M. le Président, que je
rêve du jour où le Québec sera lui
aussi un État et qu'il pourra négocier lui-même, et, vous le savez, j'en
profite à chaque fois pour vous le rappeler.
Je suis
convaincue que cela facilitera la vie de bien du monde, cet accord, et de bien
des entreprises... et ouvrir des
marchés. Ça ramène les relations internationales, qui nous paraissent souvent
très abstraites, à des mesures concrètes qui touchent directement les
gens et leur facilitent la vie. Alors, nous serons en faveur de cet accord, M.
le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, merci à vous,
Mme la députée d'Hochelaga-Maisonneuve. M. le député de Groulx, à vous
la parole.
M. Claude Surprenant
M.
Surprenant : Merci, M. le Président. Alors, l'établissement d'ententes
internationales entre les nations fait aujourd'hui
partie du paysage politique contemporain. Il s'agit pour nous de la façon de
lier des alliances et de construire des amitiés dans un contexte de mondialisation
globale. Au Québec, alors que la négociation de ces accords se passe du côté des représentants du gouvernement fédéral,
nous conservons le loisir d'entériner ces ententes avant de les mettre en
oeuvre. C'est ce qui nous occupe aujourd'hui.
La Corée du
Sud est un partenaire d'affaires enviable. Avec une population de 50,4 millions
d'habitants et un taux de croissance démographique de 0,5 %, il s'agit
d'un marché des plus intéressants pour nous. Son PIB devrait atteindre 1 449 milliards de dollars américains,
en croissance de 3,7 %. Le PIB par habitant devrait s'élever, quant à lui,
à 28 739 $ américains cette même année.
La conclusion
de l'accord Canada-Corée avait deux objectifs : d'abord, consolider et
renforcer les liens commerciaux existants entre les deux pays; ensuite,
et c'est ce qui nous préoccupe le plus, éviter que les entreprises canadiennes — et donc également les entreprises
québécoises — ne
perdent des parts du marché sud-coréen au profit de leurs concurrents
européens et américains.
• (15 h 20) •
L'accord a
fait l'objet de longues négociations. En effet, suite au contentieux relié aux
importations d'automobiles au Canada
ainsi qu'aux exportations de boeuf vers la Corée du Sud, celles-ci avaient été
rompues en 2008. Or, à la suite d'ententes particulières sur le boeuf,
les pourparlers ont repris de manière productive. L'accord final de 733 pages a
finalement été signé le 22 septembre 2014 pour entrer en vigueur
le 1er janvier dernier. Nous sommes favorables à la mise en
oeuvre de cette entente pour plusieurs
raisons. D'abord, l'ouverture au marché sud-coréen représente une
excellente opportunité pour les entreprises
et les entrepreneurs québécois. L'accès à de l'investissement étranger est
un moyen sûr de création de richesse,
un moyen auquel adhère sans réserve la Coalition
avenir Québec. Ensuite et toujours
sous le thème de l'entrepreneuriat,
les hommes et les femmes d'affaires canadiens et québécois seront sujets à
moins d'obstacles techniques durant leurs
voyages. Cette amélioration représente une ouverture considérable sur des
marchés qui seraient autrement plus difficiles à rejoindre. Le retrait
des droits de douane prévu par l'accord contribue également à l'ouverture de ce
marché. Non seulement les Canadiens et les
Québécois auront désormais accès à une plus grande variété de produits, mais
ils pourront plus aisément exporter leurs
marchandises vers la Corée, toutes des conditions à un libre-échange complet
et fonctionnel. Une importante opportunité
d'affaires existe désormais pour l'entreprise québécoise qui oeuvre dans des
secteurs comme les cosmétiques, le bois,
l'aéronautique et l'agroalimentaire. Des économies d'échelle seront désormais possibles à travers de nouveaux partenariats. La
réorganisation des chaînes d'approvisionnement de ces entreprises pourrait
entraîner des économies d'échelle et donc des investissements dans de nouveaux
projets.
Enfin, deux conditions étaient fondamentales à
notre appui à l'accord. Premièrement, il n'existe aucune contradiction ou une inadéquation entre les
dispositions prévues à l'accord et les lois et règlements du Québec. Aucune
nouvelle loi n'est donc requise suite à
notre appui. Enfin, la mise en oeuvre de l'accord par le Québec nous donnera le
droit de faire valoir notre point de vue aux
autorités fédérales sur les points touchant à nos compétences. Il s'agit ici
d'un élément important qui nous
permettra de nous affirmer davantage, en tant que nation, au niveau de nos
relations internationales. Or, nous
saluons donc aujourd'hui la mise en oeuvre par le Québec de cette entente que
nous appuyons, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Très bien. Alors, merci à vous, M. le député de Groulx. M. le député de
Laval-des-Rapides, je vous cède la parole.
M. Saul Polo
M.
Polo : Oui. Bonjour, M. le Président. Je souhaite... En complément de
ce qu'a présenté la ministre puis également mes collègues des deux
oppositions, je souhaitais également intervenir aujourd'hui sur notamment cette
entente-là puis également les autres ententes qui vont être débattues cet
après-midi.
J'aimerais
commencer — très
rapidement, M. le Président — pour vous faire un portrait de l'état de la
situation des exportations du Québec.
Aujourd'hui, le Québec continue d'exporter tout près de 70 % de ses
exportations vers les États-Unis.
L'an dernier, en 2014, le total des exportations du Québec se chiffrait autour de
74 milliards de dollars, ce qui représentait
à peu près 46 % à 47 % du PIB de la province du Québec. Ceci dit, le
défi des exportations — et l'importance des
exportations — est
aujourd'hui beaucoup plus important — et, demain, sera encore plus important
qu'aujourd'hui — à
cause justement du défi démographique que
nous vivons comme société, à cause du défi de la croissance économique.
Aujourd'hui,
M. le Président, le Conference Board a publié ses prévisions économiques pour
les provinces et il estime que, pour
l'année 2015‑2016, le Québec va croître de 2,2 % à 2,6 %, ce qui est
bien. Ceci dit, quand on compare face
à la Corée, à 3 % pour cette année ou l'an dernier et tout près de
3,5 % à 4 % au cours des prochaines années, c'est encore mieux
pour nous. C'est encore mieux parce que ça permet à nos entreprises non
seulement d'être capables de développer un
marché local, mais également de vendre leurs produits compétitifs à des marchés
comme la Corée du Sud.
Un autre
élément assez important, M. le Président, c'est qu'une des leçons qu'on a
apprises de la crise financière de
2008, c'est qu'on ne peut pas dépendre exclusivement ou presque en totalité
d'un marché comme les États-Unis. Et, lorsque
les États-Unis ont vécu leur crise financière en 2008, nous nous sommes vu
affectés gravement et de façon très importante,
et c'est la raison... un autre élément qu'il faut tenir en compte : la
diversification des exportations du Québec, que ce soit vers les autres provinces canadiennes et vers d'autres
territoires que les États-Unis. Alors, quand on regarde les exportations
vers l'Asie, qui se chiffrent à un peu moins de 10 %, l'an dernier on a eu
une belle progression des exportations vers l'Asie de façon générale :
au-delà de 15 % de croissance des exportations vers l'Asie, juste pour
l'année 2014, ce qui était très bien, ce qui était même supérieur à la moyenne
de la croissance des exportations pour l'ensemble de l'année 2014 pour le
Québec.
L'autre point que je cherche à
effectuer, M. le Président, comme l'a mentionné ma collègue
d'Hochelaga-Maisonneuve, l'importance
de la Corée du Sud, c'est que ça donne un pied-à-terre, O.K., un pied-à-terre
pour nos entreprises québécoises qui
souhaitent percer le marché asiatique en ayant justement accès à un marché
d'au-delà de 50 millions d'habitants et également en étant la porte d'entrée, O.K., avec des barrières
tarifaires moins importantes, la porte d'entrée vers d'autres économies
asiatiques. C'est là un élément très important à tenir compte justement au
niveau de la Corée du Sud.
J'aimerais, ceci dit, corriger ma collègue d'Hochelaga-Maisonneuve par rapport à sa position et son commentaire
sur, si on peut dire, les mesures ou la
position de l'opposition officielle face aux exportations et face, notamment,
au soutien aux entreprises
exportatrices. Il y a à peine 10 jours, le ministre de l'Économie a vu mettre en place le... disons, si on peut
dire, la remise en place d'un programme de soutien aux exportations qui a été
annoncé lors du budget de juin 2014 : 30 millions sur une période de trois ans. Ce programme-là,
malheureusement, M. le Président, avait été sabré, avait été annulé
pendant le gouvernement précédent, pendant une période de deux ans. Nous nous
sommes vus affectés, nos entreprises se sont
vues affectées gravement par ce repli au niveau du soutien aux exportations par
rapport aux PME qui désirent justement percer des nouveaux marchés.
Donc,
en complément à la ministre, je suis très d'accord — et également au ministre de l'Économie — que nous ratifiions, à titre d'Assemblée
nationale, cette entente de libre-échange. Merci beaucoup.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député de
Laval-des-Rapides. Y a-t-il d'autres intervenants sur cette entente? Sinon, je
vais la mettre aux voix.
Mise aux voix
Nous
allons maintenant procéder à la mise aux voix de la motion de Mme la
ministre des Relations internationales et de la Francophonie proposant :
«Que,
en vertu de l'article 22.3 de la Loi sur le ministère des Relations
internationales, l'Assemblée nationale approuve
l'Accord de libre-échange entre le Canada et la république de Corée, signé le
22 septembre 2014 et en vigueur depuis le 1er janvier 2015.»
Cette motion est-elle
adoptée?
Des voix :
Adopté.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Adopté. En conséquence, cet engagement
international est approuvé par l'Assemblée nationale. Mme la leader adjointe du
gouvernement pour la suite des choses.
Mme Vien :
Auriez-vous la gentillesse, M. le Président, d'appeler l'article 40, s'il
vous plaît?
Motion proposant que
l'Assemblée approuve l'Accord de libre-échange entre
le Canada et les États de l'Association européenne de libre-échange, et les
accords sur l'agriculture entre le Canada et la république d'Islande,
entre le Canada et le royaume de Norvège et entre
le Canada et la Confédération suisse
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. À l'article 40 du
feuilleton, l'Assemblée procédera maintenant au débat sur la motion
faisant suite au dépôt par Mme la ministre des Relations internationales et de
la Francophonie, le 12 mai 2015, d'un engagement international. Cette
motion se lit comme suit :
«Que, en vertu de l'article 22.3 de la Loi
sur le ministère des Relations internationales, l'Assemblée nationale approuve
l'Accord de libre-échange entre le Canada et les États de l'Association
européenne de libre-échange[...], l'Accord sur l'agriculture entre le Canada et
la république d'Islande, l'Accord sur l'agriculture entre le Canada et le
royaume de Norvège et l'Accord sur l'agriculture
entre le Canada et la Confédération suisse, signés le 26 janvier 2008 et
en vigueur depuis le 1er juillet 2009.»
Je
vous rappelle que cette motion donne lieu à un débat restreint de deux heures
selon la répartition des temps de
parole que j'ai énumérée tantôt. Mme la ministre des Relations
internationales et de la Francophonie, je vous cède la parole.
Mme Christine St-Pierre
Mme
St-Pierre : Merci, M. le Président. Alors, M. le Président,
c'est avec plaisir que je propose aujourd'hui à l'Assemblée nationale de procéder à l'approbation de l'accord de
libre-échange entre le Canada et les États membres de l'Association européenne de libre-échange de même
qu'à l'approbation d'accords bilatéraux complémentaires en matière d'agriculture, soit l'Accord sur l'agriculture
entre le Canada et la république d'Islande, l'Accord sur l'agriculture entre le
Canada et le royaume de Norvège et l'Accord
sur l'agriculture entre le Canada et la Confédération Suisse. Ils ont été
signés le 26 janvier 2008 et sont en vigueur depuis le
1er juillet 2009.
L'accord de
libre-échange entre le Canada et les États membres de l'Association européenne
de libre-échange, conclu en 2008,
précède l'Accord économique et commercial global entre le Canada et l'Union
européenne. L'accord avec les États
membres de l'Association européenne de libre-échange permet aux produits
canadiens, à l'exception des produits
agricoles non transformés et des produits de la pêche, d'accéder indirectement
au marché de l'Union européenne, puisque
l'Islande, le Liechtenstein et la Norvège font tous partie de l'espace
économique européen, une nouvelle zone de libre-échange regroupant aussi
les 28 États membres de l'Union européenne.
La
négociation et la conclusion des accords présentés aujourd'hui témoignent d'une
volonté d'améliorer le cadre qui
régit le commerce international en consacrant les principes de
non-discrimination, de libre concurrence et de transparence, tous des principes fondamentaux dans le domaine du
commerce international. De tels accords, en éliminant l'application des mesures protectionnistes, sont également de
nature à favoriser l'intensification d'échanges commerciaux, contribuant
à la prospérité du Québec, à la création d'emplois et à l'augmentation du
niveau de vie des Québécois.
Afin d'illustrer
concrètement l'intérêt de ces accords pour le Québec, je tiens à employer le
temps qui m'est accordé aujourd'hui
pour rappeler brièvement l'importance que représente le libre-échange pour le
Québec en soulignant notamment nos engagements en matière commerciale.
• (15 h 30) •
Depuis plusieurs années, le gouvernement du
Québec démontre son appui au libre-échange, qui constitue incontestablement
l'une de ses priorités, que ce soit dans le cadre de l'Accord de libre-échange
nord-américain, des accords conclus sous
l'égide de l'Organisation mondiale du
commerce, ainsi que des accords
bilatéraux conclus entre le Canada et le Costa Rica ou bien encore le Canada
et le Chili.
Le Québec a
fait le choix d'appuyer tant la libéralisation des échanges commerciaux que
l'amélioration des règles qui
régissent le commerce international. Cette démarche a été entamée par
l'adoption, par l'Assemblée
nationale, de la Loi concernant la mise en oeuvre des accords de
commerce international. En effet, depuis 1996, le Québec a
instauré une procédure afin
d'approuver et de mettre en oeuvre de multiples accords de commerce, et ce, à
l'égard des engagements du Canada qui entraient dans les domaines de compétence du Québec.
En faisant cela, le Québec a clairement démontré son intention de souscrire aux principes et aux règles de commerce
international. Les accords que je soumets aujourd'hui pour approbation font d'ailleurs partie des nombreux
accords bilatéraux, plurilatéraux et multilatéraux que le gouvernement fédéral canadien conclut avec
des partenaires étrangers.
À ce sujet,
permettez-moi de rappeler qu'au Canada le droit constitutionnel et la pratique ont
confirmé le pouvoir exclusif des gouvernements des provinces de mettre en oeuvre des instruments sur leur territoire lorsqu'ils
portent sur des matières qui relèvent
de leur compétence. En 2002, le Québec a formalisé ce pouvoir dans la Loi sur le
ministère des Relations
internationales en y consacrant que le Québec est seul compétent pour assurer la mise en oeuvre
de tels accords. En ce sens, les
accords internationaux conclus par le Canada en matière de commerce international dont les
chapitres relèvent de la compétence
constitutionnelle du Québec constituent des engagements internationaux importants
au sens de la loi.
Pour cette
raison, conformément à la Loi sur le ministère des Relations internationales,
l'entrée en vigueur de ces accords requiert d'abord leur approbation par cette
Assemblée, suivie de la prise d'un décret par le gouvernement, qui peut alors
exprimer sa volonté d'être lié par un accord international du Canada.
En conférant ainsi aux membres de l'Assemblée nationale une compétence d'approbation préalable des engagements internationaux importants,
le Québec a alors fait de notre Assemblée nationale la première institution parlementaire de type britannique à codifier
législativement une compétence d'une telle nature.
Cette
disposition législative et le débat qui a lieu aujourd'hui sont autant
d'occasions pour tous les parlementaires de discuter des tenants et des aboutissants de ces accords présentés que
de participer activement au processus d'approbation des accords et des conventions concernant les
compétences et les responsabilités du Québec. En impliquant les parlementaires lors des débats sur les ententes jugées importantes
au regard de la loi, nous consacrons la démocratisation du processus
visant à nous déclarer liés à ces accords.
Tout particulièrement, l'approbation d'accords conclus par le Canada qui concernent nos
compétences nous permet, sans aucun doute, de réaffirmer les responsabilités
du Québec en ces matières et de perpétuer la capacité de notre Assemblée
nationale dans le cadre de la doctrine Gérin-Lajoie, dont nous avons d'ailleurs
tout récemment célébré le 50e anniversaire.
À ce titre, je rappelle qu'en 1965 l'allocution de M. Gérin-Lajoie comportait
l'annonce selon laquelle : «Dans
tous les domaines qui sont complètement ou partiellement
de sa compétence, le Québec entend désormais jouer un rôle direct,
conformément à sa personnalité et à la mesure de ses droits.» Fin de la
citation.
C'est donc
dans cette optique et afin d'en assurer la continuité que nous nous présentons
aujourd'hui devant cette Assemblée.
L'approbation parlementaire et l'adhésion éventuelle aux présents accords contribueront
à la reconnaissance de notre pratique en établissant notamment des
précédents pour le Québec qui viendront soutenir sa participation à d'éventuelles négociations. Compte tenu de notre
rôle fondamental à l'étape de la mise en oeuvre d'un accord, une telle
participation aux négociations s'avère évidemment primordiale, le tout
dans un souci d'effectivité.
Par ailleurs,
M. le Président, je tiens à souligner que le gouvernement du Québec entretient
déjà des relations avec des États
membres de l'Association européenne de libre-échange. Avec la Suisse, par
exemple, nous avons conclu une entente
en matière de sécurité sociale en 1995, de même qu'une entente de réciprocité
relative à l'échange de permis de conduire
en 2004. De plus, dans la foulée de l'entente de coopération que nous avons
conclue avec la Suisse et le canton du
Jura, nous avons accueilli plusieurs délégations officielles du Jura ces
dernières années. Cela nous a permis de développer davantage nos relations bilatérales avec la Suisse,
des relations qui ont conduit notamment à la création de Porrentruy, Centre suisse d'études sur le Québec et la
Francophonie, inauguré en 2010. Il est à noter également que, grâce à une
entente conclue par l'Office
Québec-Monde pour la jeunesse avec le gouvernement du Jura, plus de 10 stages
professionnels ont pu être réalisés dans le Jura par des Québécois, et
ce, depuis 2011.
Rappelons
aussi que, depuis septembre dernier, l'horloge donnée à la ville de Québec par
la Suisse et le canton du Jura prend
place au coeur du parc de l'hôtel de ville. Soulignons aussi que la Suisse et
le Québec sont tous deux membres de l'Organisation internationale de la
Francophonie.
En ce qui
concerne la Norvège, j'en profite également pour mentionner que des discussions
sont actuellement en cours en vue de
moderniser l'entente conclue en 1988 en matière de sécurité sociale. Une
rencontre a d'ailleurs eu lieu à cette
fin en avril dernier, et d'autres auront lieu prochainement. Le
17 septembre dernier, nous avons également accueilli une délégation de
parlementaires membres du Comité permanent sur le gouvernement local et
l'administration publique du Parlement norvégien. Cette visite a été
l'occasion pour leurs homologues québécois de discuter de plusieurs sujets
d'importance, notamment d'immigration et de Plan Nord.
Il faut aussi
souligner que, lors de sa participation à l'Arctic Circle l'automne dernier, le
premier ministre a eu l'occasion de
s'entretenir avec le président de l'Islande, M. Grímsson. Ce dernier nous
a également fait l'honneur de sa présence
à l'occasion du Symposium international sur le développement nordique, qui
s'est tenu, à l'Université Laval à la fin du mois de février. Il revient
bientôt au Canada.
Je suis
convaincue que la mise en oeuvre de ces accords contribuera au développement
encadré et productif de nos relations
commerciales et politiques avec l'ensemble des partenaires impliqués. Le
ministère des Relations internationales et de la Francophonie entend
d'ailleurs jouer un rôle important dans l'amélioration et le renforcement des
relations bilatérales avec plusieurs de ces pays, relations souvent
essentielles à la mise en place d'échanges commerciaux fructueux de part et
d'autre. Dans un même ordre d'idées, je souligne que l'amélioration des liens commerciaux entre le Québec et ses différents
partenaires a également un impact majeur sur d'autres dimensions de nos relations internationales. Une plus grande
intégration économique peut, en effet, jouer un rôle catalyseur dans
l'ouverture de nouvelles avenues de coopération et dans l'augmentation
de la prospérité sociale respective.
M. le
Président, nous voilà donc arrivés à l'étape de l'approbation de ces accords
par l'Assemblée nationale, un processus
qui, par sa transparence, sa collégialité, représente un jalon fondamental de
la capacité d'action internationale du
Québec dans un contexte de mondialisation. Je propose donc que l'Assemblée
nationale approuve les accords que nous venons de présenter. Une fois qu'ils auront été approuvés, le Conseil
des ministres sera en mesure de prendre un décret afin que le gouvernement du Québec puisse se
déclarer lié par ces accords ainsi que les ajuster à la liste des accords mis
en oeuvre en vertu de la Loi concernant la mise en oeuvre des accords de
commerce international.
Je souligne également que le ministère des
Relations internationales et de la Francophonie et le ministère de l'Économie, de l'Innovation et des Exportations,
en collaboration avec tous les autres ministères concernés, ont veillé aux intérêts du Québec dans ce dossier et se sont
assurés de la conformité de ces accords, eu égard à la législation et à la
pratique québécoises. Notamment, ils seront appliqués à la lumière et de façon
compatible avec la Convention sur la protection et la promotion de la diversité
des expressions culturelles de l'UNESCO. Je vous remercie.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, Mme la ministre des
Relations internationales et de la Francophonie. Mme la députée
d'Hochelaga-Maisonneuve, je vous cède la parole.
Mme Carole Poirier
Mme
Poirier : Merci, M. le Président. Alors, à mon tour
d'intervenir en lien avec l'entente de libre-échange entre le Canada et l'Association européenne de
libre-échange. L'Accord de libre-échange entre le Canada et les pays de l'Association européenne de libre-échange, soit
l'Islande, le Liechtenstein, la Norvège et la Suisse, constitue un accord
de première génération qui porte
essentiellement sur l'élimination des droits de douane. L'accord de
libre-échange entre le Canada et les
pays de l'Association européenne de libre... est entré en vigueur le
1er juillet 2009. 2009, nous en parlons aujourd'hui, en 2015. De même, trois accords bilatéraux connexes sur
l'agriculture conclus avec l'Islande, la Norvège et la Suisse, ainsi que l'accord bilatéral Canada-Suisse qui englobe le
Liechtenstein sont entrés en vigueur en même temps que l'accord de
libre-échange.
L'accord ne
prévoit aucune nouvelle obligation importante dans des domaines comme les
services, l'investissement et la
propriété intellectuelle. Toutefois, les parties se sont engagées à revoir à
une date ultérieure en vue d'en accroître potentiellement la portée dans les domaines susmentionnés ainsi que dans
d'autres domaines... L'Accord de libre-échange Canada-Association européenne de libre-échange offre aux entreprises un
accès élargi à certaines des économies les plus prospères et les plus modernes du monde ainsi qu'à une plateforme pour
accéder aux chaînes d'approvisionnement
et de valeurs européennes. C'est un bon pas dans la bonne direction.
• (15 h 40) •
Il s'agit du
premier accord de libre-échange conclu entre le Canada... avec des pays
européens. De plus, nous avons franchi
plusieurs étapes en vue d'un accord avec l'Union européenne. Au moment où le Québec développe ses liens avec l'Islande depuis
qu'il a signé, en 2013, une entente avec le Conseil nordique des ministres, une
première qui avait été menée à l'époque par
la députée de Vachon, ministre
des Ressources naturelles, il est intéressant que de nombreux exportateurs et
producteurs québécois profitent immédiatement d'un accès en franchise
de droits sur les marchés de l'Islande et également ceux du Liechtenstein, et de la Norvège, et de la
Suisse.
Dans la même
lignée que l'accord de libre-échange avec l'Europe ou l'ALENA, la stratégie
de diversification des marchés
d'exportation des entreprises doit reposer sur un accès préférentiel aux
marchés de grande envergure. L'accord de libre-échange avec ces pays
européens fournira un avantage commercial à nos entreprises exportatrices.
Mais je me
permettrai, M. le Président, puisque ces accords sont signés par le Canada
et qu'il nous demande... Parce qu'on se rappellera que la ministre des
Relations internationales de l'époque avait institué une procédure qui est
celle que nous avons aujourd'hui
présentement, qui nous donne la possibilité de débattre des accords signés par
le Canada en notre nom, et, au
Canada, il y a ce qu'on appelle le Comité permanent du commerce international.
Alors, là-bas, au Canada, on a une
commission qui se penche sur chacune des ententes, chacun des traités qui est
signé par le Canada pour en voir la pertinence,
l'étudier dans un format qui m'apparaîtrait raisonnable même pour le Québec.
D'ailleurs, je nous rappellerai que
la ministre actuelle des Relations internationales souhaitait, elle aussi,
lorsqu'elle était dans les banquettes, ici, que l'on puisse tenir en
commission parlementaire des discussions sur les ententes internationales
signées par le Canada.
Eh bien, on le voit bien aujourd'hui,
M. le Président, nous allons procéder à l'audition de quatre ententes dans
un délai assez restrictif, mais qui va faire
en sorte qu'on ne puisse aller en commission parlementaire débattre, débattre de ces ententes qui concernent nos entreprises
québécoises, qui concernent nos marchés québécois. Et ça, il faut se le dire,
M. le Président, il y a un problème là-dedans. Alors, à Ottawa, ils ont la
chance de s'exprimer dans une commission parlementaire, d'entendre des experts
internationaux sur chacune des ententes.
Celle
dont on traite présentement, je vous le rappelle, signée en 2009, M. le
Président. Ça fait six ans, là, et là on en traite aujourd'hui. Alors, il y a
là, en quelque part, une forme — je fais bien attention à mes mots — de vice de respect de nos compétences en tant que Québécois, puisque
la ministre des Relations internationales... Ce n'est pas à elle, là, que
je tire le blâme, mais il y a un problème de
vice de procédure dans nos relations avec le Canada qui fait en sorte que le
Canada peut signer, dans nos champs de
compétence, des accords. On s'est donné un petit deux heures par échange ici,
mais je nous rappellerai que, si le
gouvernement voulait un vrai débat, il pourrait convoquer une commission parlementaire
dans laquelle on pourrait entendre des
experts internationaux, des experts locaux, entendre les entreprises visées
pour savoir quel impact cela aurait pour nos propres entreprises.
Alors,
j'ai été lire le rapport qui concerne cette entente, cette entente de
libre-échange avec l'Association européenne de libre-échange, et, M. le
Président, j'ai été assez surprise. Premièrement, ils ont droit, ils ont droit
de discuter de la dynamique. Et je vais vous
lire quelques extraits, M. le Président, parce que c'est assez intéressant.
Parce qu'à la lumière de ce qu'on se
dit ici on ne prend qu'un débat très court et très... on a deux heures par
entente. À l'ensemble des parlementaires, ce deux heures-là. Alors, là-bas, ils prennent vraiment le temps d'étudier
à fond le rapport. Et là je vous lis le rapport... Je n'invente rien, M.
le Président, je vous lis le rapport, rapport qui date, lui, d'avril 2008,
parce qu'eux, ils l'étudient avant que ça se
signe. Nous, tout est fait, tout est signé, tout est fini, puis nous, on se
prononce, là. On s'entend que notre portée n'est pas très forte, là.
Alors, dans le
rapport, on dit que l'accord de libre-échange entre le Canada et l'Association européenne
de libre-échange «est de portée relativement
modeste». Ce n'est pas nous qui le disons, là, c'est le comité canadien.
«C'est un accord de libre-échange de la première génération axé essentiellement
sur l'élimination des droits de douane et le commerce
des marchandises. Contrairement à l'accord de libre-échange entre le Canada
et les États-Unis, par
exemple, l'accord de libre-échange
entre le Canada et l'Association européenne de libre-échange ne
comporte pas de nouvelles obligations
importantes quant à l'investissement, aux services ou à la propriété intellectuelle.
Ces questions ainsi que la plupart des sauvegardes, de même que les droits antidumping et
compensateurs, continueront de relever de l'Organisation mondiale du
commerce. Cependant, comme on l'a dit au comité, l'accord comporte des dispositions permettant un retour sur ces questions après trois ans si les
parties le souhaitent.»
Avez-vous
compris, M. le Président? Trois ans. C'est parce qu'on est déjà
dépassé, là. Eux, ils se sont donné un droit
de revenir sur cette entente-là trois ans plus tard. Ça, c'est 2012. Nous, on
est ici en 2015 en train d'approuver
une entente dont le comité a déjà le
droit d'entendre une révision. Je pense qu'on a un petit problème, on a
vraiment un problème.
D'ailleurs,
cette entente se divise en deux chapitres : Navires, bateaux, engins
flottants... Alors, je vous cite le rapport :
«Le comité a appris que l'accord de
libre-échange entre le Canada et l'Association européenne de libre-échange — et,
nous, c'est un dossier qu'on entend souvent
parler avec nos chantiers navals québécois,
alors... — confère à l'industrie
canadienne de la construction navale une protection unilatérale dans la mesure où
les constructeurs de navires canadiens bénéficieront
d'un accès total et immédiat au marché de l'Association européenne de
libre-échange, tandis que certaines protections
continueront de s'appliquer au marché canadien. Dans le cas des produits les plus sensibles de
la construction navale, l'élimination
progressive des droits de douane canadiens de 25 %
sera étalée sur une période de 15 ans.» Il y en a déjà cinq, six de passé. «Pour les produits moins
sensibles, la période sera de 10 ans.» On s'entend qu'il nous reste quatre ans.
M. le Président, il
me semble que ça manque de sérieux, là, aujourd'hui, là, de nous demander de se
prononcer
sur une entente qui est existante depuis six
ans, pour laquelle un comité s'est prononcé il y a sept ans et pour laquelle
une révision était prévue il y a déjà
maintenant trois ans. Alors, je nous pose vraiment la question de l'exercice
que l'on fait présentement.
Les répercussions
de l'accord — et je vous cite encore le rapport : «Il reste que plusieurs
des témoins que nous
avons entendus prévoient que cet accord entraînera une augmentation des
échanges.» Je nous l'espère. «Certaines industries
canadiennes devraient bénéficier d'une amélioration de l'accès aux marchés des
pays concernés, particulièrement dans
le secteur de l'agriculture, où sont observées la plupart des réductions importantes
des droits de douane. Certains secteurs
industriels aussi devraient être avantagés par l'accord, notamment ceux du bois
et des produits de métal en ce qui concerne l'Islande, de l'habillement
pour la Norvège et des cosmétiques dans le cas de la Suisse.»
Et eux, comme je
vous ai dit, M. le Président, ils ont la chance de pouvoir entendre des
témoins. Alors, le rapport nous dit :
«Cependant, certains témoins se sont dits préoccupés par l'accord. Les
représentants de l'industrie de la construction navale en particulier
s'inquiètent de ses répercussions potentielles. Andrew McArthur, expert-conseil
indépendant, conseil d'administration,
Association de la construction navale du Canada, a fait remarquer que, si
l'industrie norvégienne de la
construction navale de classe mondiale n'est plus subventionnée, elle doit
néanmoins sa compétitivité actuelle
au généreux soutien de l'État dans les années passées. Pour cette raison, les
constructeurs de navires canadiens réclamaient
que leur secteur d'activité soit explicitement exclu de la portée de l'accord.»
Ce n'est pas ça qu'on va voir, là, alors...
Et on poursuit plus loin en
disant : «Exception faite de la construction navale, certains se sont
inquiétés des répercussions de l'accord sur
la gestion de l'offre de produits agricoles — question qui nous
préoccupe beaucoup. Terry Pugh, secrétaire exécutif, Syndicat national des
cultivateurs, craint que la baisse des droits sur les produits contingentés à offre réglementée ne porte atteinte aux
fondements du programme de gestion de l'offre.» Il me semble que j'ai entendu
ça pendant la période de questions aujourd'hui, la préoccupation que nous
avons tous ici sur la protection de la gestion de l'offre.
• (15 h 50) •
Enfin,
plusieurs témoins ont fait remarquer qu'aucune analyse d'impact n'avait été
faite pour estimer les répercussions de l'accord sur l'économie
canadienne — et
sûrement pas sur celle du Québec, je peux vous en jurer, M. le Président — et qu'il était, en
conséquence, bien difficile de savoir si l'accord était bon pour le Canada. Ça,
ce n'est
pas un des partis politiques qui dit ça,
c'est le rapport neutre. Aujourd'hui, on nous demande d'approuver cet
accord-là, un accord signé en 2008,
eux, ils se sont prononcés en... un accord en 2009, eux se sont prononcés en
2008, nous sommes en 2015, M. le Président. Je m'interroge beaucoup.
En
conclusion, nous disent-ils, pour ce qui est de l'accès au marché, c'est
surtout pour l'agriculture et l'agroalimentaire
que cet accord est avantageux pour le Canada. Certains autres secteurs y
gagneront aussi, mais, dans la plupart des cas, les droits sur les
produits non agricoles ne sont pas vraiment élevés. Mais, suite au rapport, les
partis politiques ont la chance aussi, suite
au rapport, de faire valoir ce qu'ils pensent du rapport. Imaginez, ça...
Alors, on n'est quand même pas si pires, alors... Et bien sûr que je
vais vous parler de l'opinion complémentaire du Bloc québécois.
Alors,
concernant l'accord — et
je parlais surtout de la construction navale — la période d'adaptation passablement longue prévue à l'accord n'aura d'utilité que si
elle est accompagnée de programmes d'adaptation et de modernisation des
chantiers maritimes. Autrement, elle ne fera que ralentir le déclin. Le gouvernement
doit sans délai élaborer une politique maritime. Ça, je pense que c'est l'objectif
du gouvernement qui est devant moi, M. le Président. Mais on ne l'a pas vue
encore, la politique maritime, et l'accord est signé depuis six ans.
En matière de soutien aux secteurs industriels en difficulté, le gouvernement conservateur pratique le laisser-faire. Dans le
cas des chantiers maritimes, cette politique
est carrément inacceptable. Ça, c'est ce que Bloc québécois nous disait en lien
avec cet accord.
Le
NPD, M. le Président, c'est
un ancien député libéral, à ce que je sache, qui dirige ça, là. Alors, on nous
dit que l'accord de libre-échange
Canada et association européenne est un autre exemple d'accords bilatéraux de
libre-échange conclus à la va-vite... Ils auraient peut-être pu prendre plus
leur temps, puis on l'aurait eu en même temps qu'eux autres. Alors, qui est conclu à la va-vite par le
gouvernement fédéral conservateur. Il illustre son approche fragmentaire au commerce et son absence de cohérence, de vision
pour une politique de commerce équitable. Il faut souligner que les États
membres de l'Association européenne de libre-échange ont de fortes traditions
sociales-démocrates. Et ça, je le souligne,
M. le Président, parce qu'on va voir tout à l'heure et on a vu que... On a un collègue
ici qui, par communiqué de presse,
nous a fait connaître ses intentions en lien avec l'exercice que l'on fait
après-midi. Nous, on est ici à faire connaître ce qu'on en pense, eh bien, les droits, les droits de l'homme sont un
des critères dans lesquels on doit évaluer l'accord de libre-échange avec le partenaire avec qui on va le
signer. Le NPD souligne que ceux avec qui on a signé cet accord-là, au
moins, ont des pratiques sociales-démocrates. Il faut le souligner, M. le
Président, ce n'est quand même pas rien.
Ils
sont des partenaires commerciaux idéaux pour le Canada — et le Québec, il va sans dire. Même s'ils ne
font pas partie de l'Union
européenne, ils représentent un excellent modèle sur la manière de nouer de
solides relations de travail avec les
pays voisins. Leurs politiques constituent un exemple pour le Canada sur la
façon de maintenir un équilibre entre le
commerce et la souveraineté nationale — ah! ça, j'aime ça, entendre ça — sans avoir à brader cette dernière. Ce n'est
pas nous qui l'avons dit, c'est le NPD.
Alors, M. le
Président, je nous fais la lecture du procès-verbal du rapport du Comité
permanent du commerce international d'avril
2008, que le président, Lee Richardson, a déposé à la Chambre des communes.
Parce qu'ils ont la chance d'avoir un
débat, un débat clair, un débat en temps. Il faut se le dire, c'est un débat en
temps. Parce que le problème que l'on
a, M. le Président, c'est qu'aujourd'hui on se prononce sur quelque chose qui
est déjà en vigueur, pour lequel on
ne peut rien faire, pour lequel on ne peut même pas l'arrêter, puisqu'il est
déjà commencé depuis six ans. Et on va se le dire, M. le Président, je pense que le Canada s'en fout un peu de ce
qu'on pense. Il signe des accords sans consulter le Québec, sans s'assurer que le Québec est présent.
Bien sûr qu'il y a des députés québécois à la Chambre des communes. Fort heureusement. Mais, si l'Assemblée nationale,
dans ses compétences... La ministre l'a dit tout à l'heure, on fête le 50e anniversaire, cette année, de ce qu'on appelle
la doctrine Gérin-Lajoie ici, au Québec. Mais, si le Canada ne tient pas
compte de nos compétences et signe des
ententes, notre seul pouvoir ici, c'est d'en jaser. Alors, M. le Président, je
vais nous demander d'être un peu plus sérieux. Et je ne fais pas une accusation au gouvernement,
là, c'est un état de situation, je veux qu'on soit plus sérieux.
Qu'on
nous présente un accord signé en 2009 dont le gouvernement canadien, la Chambre
des communes a discuté en 2008
m'apparaît, je vous le dis, peu sérieux et ne représente pas le mandat qu'on a
ici de la population du Québec. Nous avons un mandat pour s'occuper des
affaires qui sont réelles. On aurait dû entendre cette discussion que nous
avons aujourd'hui en 2008, comme les
parlementaires canadiens. Moi, je ne suis pas fière de me lever aujourd'hui,
sept ans plus tard, pour discuter de
quelque chose que le Canada a décidé, il y a sept ans, pour moi. J'aurais aimé
ça, être consultée au moment de la
négociation, au moment de l'élaboration, il me semble que ça aurait été juste.
Et ça concerne nos chantiers navals
ici, au Québec, ça concerne la gestion de l'offre en matière d'agriculture.
C'est de nos compétences, ça, c'est de nos affaires, c'est de nos
entreprises dont il s'agit, M. le Président.
Alors,
évidemment, c'est encore un autre accord signé à la place du Québec, c'est un
autre accord signé dans ce que nous
aurions... nous pourrions faire en tant que tel si nous étions souverains. Je
sais que mes collègues vont trouver ça
drôle probablement, mais moi, je ne trouve pas ça drôle qu'on signe un document
qu'on nous soumet sept ans plus tard.
Je vais vous le dire, M. le Président, comme je pense, je pense qu'on rit de
nous autres, je pense qu'on rit de nous autres. Alors, M. le Président, je ne vous ferai pas mon petit laïus sur
le fait que je rêve que l'on puisse, un jour, signer nos propres accords. Je pense que notre légitimité
comme État — comme
État — fait en
sorte qu'on devrait signer nos propres traités,
nos propres accords en toute légitimité, particulièrement dans nos compétences,
et sûrement pas en parler sept ans plus tard. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, Mme la
députée d'Hochelaga-Maisonneuve, pour cette intervention. M. le député
de Groulx, je vous cède la parole.
M.
Claude Surprenant
M.
Surprenant : M. le Président, je vous disais il y a quelques minutes
que l'établissement d'ententes internationales entre les nations fait
aujourd'hui partie du paysage politique contemporain. Alors, une manifestation évidente de ce phénomène, c'est qu'il s'agit
maintenant de la deuxième entente internationale sur laquelle nous discourons
aujourd'hui, et il y en aura encore deux
autres ensuite. Je rappelle, M. le Président, qu'au Québec, alors que la
négociation de ces accords se passe
du côté des représentants du gouvernement fédéral, nous conservons le loisir
d'entériner ces ententes avant de les
mettre en oeuvre. C'est une étape de mise en oeuvre importante, une étape
qu'exige notre statut de nation.
L'accord qui
nous occupe maintenant est celui entre le Canada et l'Association européenne de
libre-échange, que nous nommerons par
l'acronyme l'AELE. D'abord, précisons ce qu'est cette association et pourquoi
nous recherchons une telle entente
avec eux. Alors, l'AELE est un regroupement économique composé de l'Islande, du
Liechtenstein, de la Norvège et de la
Suisse qui a toujours prôné une politique favorisant la libre circulation des
biens et des services depuis sa
création en 1960. Ses États membres cumulent une population de
13,6 millions d'habitants. Le PIB cumulé de la zone s'élève à
1 211 milliards de dollars américains en 2014.
L'AELE est déjà un partenaire commercial.
L'accord vise donc à renforcer et à consolider des relations commerciales déjà
florissantes. Seulement en 2014, le Québec a exporté pour 409 millions de
dollars canadiens de marchandises, dont
154 millions seulement pour la Norvège. Les marchandises exportées par le
Québec dans les pays de l'AELE
relèvent souvent des hautes technologies : turboréacteurs,
turbopropulseurs, turbines à gaz, avions, véhicules et autres véhicules aériens, etc. Alors, la
fabrication de ces technologies prend racine dans l'innovation québécoise, une
grande force qu'on a le devoir de préserver et de chérir.
Également,
les entreprises québécoises exportent beaucoup de métaux. On parle ici de
minerais de nickel et leurs concentrés,
d'aluminium sous forme brute, d'or sous forme brute, ou mi-ouvré, ou en poudre,
notamment. L'AELE s'avère donc un marché important dans le cadre du
développement du Nord québécois.
La mise en
oeuvre de l'entente offre de nouvelles opportunités d'affaires aux fournisseurs
québécois oeuvrant dans les secteurs
stratégiques à forte valeur ajoutée comme l'aérospatial, l'agroalimentaire, les
biotechnologies, le bois d'oeuvre, la
construction, l'énergie, l'environnement, les technologies de l'information et
des télécommunications et le transport.
Nous ne pouvons que nous réjouir devant ces nouvelles opportunités d'affaires
qui, nous le souhaitons, contribueront à stimuler la dynamique fibre
entrepreneuriale québécoise.
Enfin, deux
conditions fondamentales à notre appui à l'accord sont respectées. Premièrement,
il n'existe aucune contradiction ou inadéquation entre la disposition
prévue à l'accord et les lois et règlements du Québec. Aucune nouvelle
loi n'est donc requise suite à notre appui.
Enfin, la mise en oeuvre de l'accord par le Québec nous donnera le droit
de faire valoir notre point de vue aux autorités fédérales, soit les
points touchant à nos compétences, nous permettant de nous affirmer en tant que
nation en ces matières.
Nous
saluons donc aujourd'hui la mise en oeuvre par le Québec
de cette entente, que nous appuyons, M.
le Président.
• (16 heures) •
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député de Groulx, pour cette intervention. Y a-t-il d'autres
intervenants?
Mise aux voix
Sinon, nous allons maintenant procéder à la mise
aux voix de la motion de Mme la ministre des Relations internationales et de la
Francophonie proposant :
«Que, en
vertu de l'article 22.3 de la Loi sur le ministère des Relations
internationales, l'Assemblée nationale approuve l'Accord de libre-échange entre
le Canada et les États de l'Association européenne de libre-échange, l'Accord
sur l'agriculture entre le Canada et la république d'Islande, l'Accord sur
l'agriculture entre le Canada et le royaume de Norvège et l'Accord sur l'agriculture entre le Canada et la Confédération
suisse, signés le 26 janvier 2008 et en vigueur depuis le 1er
juillet 2009.»
Cette motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : En conséquence, cet engagement
international est approuvé par l'Assemblée nationale. La suite des
choses, Mme la leader adjointe du gouvernement.
Mme Vien : Merci beaucoup, M.
le Président. J'apprécierais que vous appeliez l'article 42, s'il vous plaît.
Motion proposant que
l'Assemblée approuve l'Accord de libre-échange
entre le Canada et la république de Colombie, l'Accord sur
l'environnement entre le Canada et la république de Colombie
et l'Accord de coopération dans le domaine du travail
entre le Canada et la république de Colombie
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : À l'article 42 du feuilleton,
l'Assemblée procédera maintenant au débat sur la motion faisant suite au dépôt, par la ministre des Relations
internationales et de la Francophonie, le 12 mai 2015, d'un
engagement international. Cette motion se lit comme suit :
«Que,
en vertu de l'article 22.3 de la Loi sur le ministère des Relations
internationales, l'Assemblée nationale approuve
l'Accord de libre-échange entre le Canada et la république de Colombie,
l'Accord sur l'environnement entre le
Canada et la république de Colombie, ainsi que l'Accord de coopération dans le
domaine du travail entre le Canada et la république de Colombie, signés
le 21 novembre 2008 et en vigueur depuis le 1er juillet 2011.»
Je rappelle
que cette motion donnera lieu à un débat restreint de deux heures selon la
répartition des temps établie antérieurement. Alors, Mme la ministre des
Relations internationales et de la Francophonie, à vous la parole.
Mme Christine St-Pierre
Mme
St-Pierre : Merci,
M. le Président. Alors, c'est avec
plaisir que je propose aujourd'hui à cette Assemblée l'approbation de l'Accord de libre-échange entre le Canada
et la république de Colombie et de ses accords complémentaires, l'Accord
sur l'environnement et l'Accord de coopération dans le domaine du travail,
lesquels sont en vigueur depuis le 15 août 2011.
Pour le
Québec, de tels accords témoignent de la volonté d'améliorer la libéralisation
des échanges et l'accès pour nos
entreprises à de nouveaux marchés tout en respectant les principes de
non-discrimination, de concurrence et de transparence. L'élimination de mesures protectionnistes favorise en
effet des échanges commerciaux qui contribuent à la création d'emplois, à l'augmentation du niveau de
vie et à la prospérité du Québec. Je tiens à employer le temps qui m'est
accordé aujourd'hui pour vous rappeler en
quelques mots l'importance pour le Québec du libre-échange et des accords
en la matière, dont nos entreprises et la société québécoise tout entière
bénéficient déjà depuis plusieurs années.
Le
gouvernement du Québec a déjà démontré que le libre-échange est
incontestablement l'une de ses priorités, que ce soit dans le cadre de l'Accord de libre-échange nord-américain,
des accords sous l'égide de l'Organisation mondiale du commerce ainsi
que des accords bilatéraux Canada—Costa Rica ou bien Canada-Chili. Le Québec
a fait le choix d'appuyer tant la
libéralisation des échanges commerciaux que l'amélioration des règles régissant
le commerce mondial, comme le
démontrent ses engagements pris en cette matière. Cette démarche a été
notamment entamée avec l'adoption, par l'Assemblée nationale, de la Loi
concernant la mise en oeuvre des accords de commerce international. En effet, depuis 1996, le Québec a instauré une procédure
afin d'approuver et de mettre en oeuvre plusieurs accords de commerce, et ce, à l'égard des engagements du Québec qui
entraient dans les domaines de compétence du Québec. L'approbation, par l'Assemblée nationale, de ces accords
témoignera une fois de plus de la volonté et de l'engagement du Québec à mettre
en oeuvre les dispositions d'accords
commerciaux présents et futurs touchant à ses champs de compétence exclusive et
partagée. En faisant cela, le Québec
démontre clairement son intention de souscrire aux principes et aux règles de
commerce international ainsi que sa
volonté de poursuivre continuellement les efforts dans l'amélioration des
possibilités commerciales pour les entreprises du Québec.
Permettez-moi de vous rappeler qu'au Canada le
droit constitutionnel et la pratique ont confirmé le pouvoir exclusif des gouvernements des provinces de mettre
en oeuvre les accords internationaux sur leurs territoires lorsqu'ils portent sur des matières qui relèvent de leurs
compétences. En 2002, le Québec a formalisé ce pouvoir dans la loi et le
ministère des Relations internationales en y
a consacrant que le Québec est seul compétent pour assurer la mise en oeuvre
de tels accords.
M. le Président, en ce sens, les accords internationaux conclus par le Canada en matière de commerce international dont
des chapitres relèvent de la compétence constitutionnelle du Québec
constituent des engagements internationaux importants au sens de l'article
22.2 de la Loi sur le ministère des Relations internationales. Comme celle-ci
l'exige, l'entrée en vigueur de ces accords
requiert d'abord leur approbation par cette Assemblée, suivie de la prise d'un
décret par le gouvernement, qui peut
alors exprimer sa volonté d'être lié par un accord international du Canada. En
conférant ainsi aux membres de
l'Assemblée nationale une compétence d'approbation préalable des engagements
internationaux importants, le Québec
a alors fait de notre Assemblée nationale la première institution parlementaire
de type britannique à codifier
législativement une compétence d'une telle nature. Ces dispositions
législatives et le débat qui a eu lieu... qui a lieu, dis-je, aujourd'hui viennent permettre aux parlementaires tant de
discuter des tenants et aboutissants que d'approuver les accords et les conventions qui concernent les
compétences et les responsabilités du Québec. En mettant les parlementaires
au fait des ententes jugées importantes en
regard de la loi, nous avons consacré la démocratisation du processus visant
à nous déclarer liés à ces accords.
Tout
particulièrement, l'approbation d'accords conclus par le Canada et qui
concernent nos compétences nous permet,
sans aucun doute, de réaffirmer les responsabilités du Québec en ces matières
et de perpétuer la capacité de notre Assemblée nationale dans le cadre
de la doctrine Gérin-Lajoie, dont nous célébrons d'ailleurs le
50e anniversaire. À ce titre, je vous
rappelle qu'en 1965 l'allocution de M. Gérin-Lajoie comportait l'annonce selon
laquelle — début de
la citation — «dans tous les domaines qui sont
complètement ou partiellement de sa compétence, le Québec entend désormais
jouer un rôle direct, [conformément] à sa
personnalité et à la mesure de ses droits». Fin de la citation. C'est donc dans
cette optique et afin d'en assurer la
continuité que nous présentons aujourd'hui devant cette Assemblée...
L'approbation parlementaire et l'adhésion éventuelle aux présents
accords contribueront à la reconnaissance de notre pratique en établissant notamment des précédents pour le
Québec qui viendront soutenir sa participation à d'éventuelles négociations.
Compte tenu de notre rôle fondamental à
l'étape de la mise en oeuvre d'un accord, une telle participation aux
négociations s'avère évidemment
primordiale, et ce, dans un souci d'effectivité. D'ailleurs, je suis convaincue
que la mise en oeuvre de ces accords
contribuera à un développement encadré et productif de nos relations non
seulement commerciales, mais également politiques avec la Colombie.
Le ministère
entend jouer un rôle important dans l'amélioration et le renforcement des
relations bilatérales avec la Colombie,
relations qui peuvent s'avérer être la clé à la mise en place d'échanges
commerciaux fructueux de part et d'autre.
Dans
un même ordre d'idées, je souligne que l'amélioration des liens commerciaux
entre le Québec et la Colombie a
également un impact majeur sur d'autres dimensions de nos relations
bilatérales. Une plus grande intégration économique peut jouer un rôle catalyseur dans l'ouverture de
nouvelles avenues de coopération et dans l'augmentation de la prospérité
sociale respective. Ainsi, les accords
présentés aujourd'hui permettront aux entreprises québécoises de multiplier
leurs bénéfices en Amérique du Sud et d'apporter une contribution significative
à la construction des Amériques.
La Colombie
est la quatrième économie d'Amérique latine, derrière le Brésil, le Mexique et
l'Argentine. Elle est dotée d'une
politique commerciale délibérément ouverte et elle participe activement au
processus d'intégration économique des
pays andins et est membre de l'Association latino-américaine d'intégration.
Elle est actuellement impliquée dans les accords de libre-échange avec
plusieurs pays, dont les États-Unis.
En ce qui concerne les relations entre le Québec
et la Colombie, je souhaite rappeler, M. le Président, que le gouvernement du
Québec et le gouvernement de la Colombie sont... sont liés, dis-je, depuis 1985
par une entente de coopération en matière
d'enseignement supérieur. En octobre prochain, une mission économique et
institutionnelle présidée par le
premier ministre du Québec aura lieu en Colombie avec l'intention de
positionner les entreprises québécoises pour le développement d'échanges
économiques avec les pays de l'Alliance du Pacifique, dont la Colombie est
membre fondateur. D'ailleurs, en 2014, les
échanges commerciaux de biens entre le Québec et la Colombie ont totalisé
236 millions de dollars, et la
valeur des exportations du Québec vers la Colombie s'élevait à
146 millions de dollars. Cela fait que la Colombie était le sixième partenaire commercial du Québec en Amérique
latine et 49e au monde. Elle était également le 34e client...
international, dis-je, et le 58e fournisseur international du Québec.
• (16 h 10) •
M. le
Président, je suis convaincue que l'accord de libre-échange conclu entre le
Canada et la Colombie et ses accords
complémentaires permettront aux parties de s'acquitter de leurs obligations
d'une manière compatible avec la protection
de l'environnement, de renforcer les lois et règlements relatifs à
l'environnement, de créer des emplois et des occasions de développement économique, de faire respecter les droits fondamentaux des travailleurs, de promouvoir le
développement durable et d'encourager les
entreprises à adopter des pratiques exemplaires en matière de responsabilité
sociale.
Nous voilà
donc arrivés à l'étape de l'approbation par l'Assemblée nationale. Il me faut
tout d'abord souligner que le
ministère des Relations internationales et de la Francophonie, le ministère de
l'Économie, de l'Innovation et des Exportations,
en collaboration avec tous les ministères concernés, ont veillé aux intérêts du
Québec dans ce dossier et se sont
assurés de la conformité de ces accords eu égard à la législation et la
pratique québécoises. Notamment, ils seront appliqués à la lumière et de
façon compatible avec la Convention sur la protection et la promotion de la
diversité des expressions culturelles de l'UNESCO, dont nous célébrons le
10e anniversaire.
Je propose
donc que l'Assemblée nationale approuve les accords que nous venons de
présenter et je conclus en rappelant que l'exercice de ce processus
d'approbation par les... par les parlementaires, dis-je, représente un jalon fondamental, par sa transparence et sa
collégialité, de la capacité d'action du Québec dans le contexte de la
mondialisation.
M. le
Président, je ne peux m'empêcher de commenter sur les propos de la porte-parole
de l'opposition officielle en matière
de relations internationales, ce qu'elle a prononcé tout à l'heure dans le
cadre de l'autre entente. Je crois que la
députée oublie que son parti a été au gouvernement pendant 18 mois. Et,
lorsqu'elle nous reproche de procéder aujourd'hui
sur des ententes qui sont intervenues dans des années antérieures... Bien,
cette entente, que je présente aujourd'hui,
est intervenue en 2011, ils sont arrivés au pouvoir en 2012, et, quand nous
sommes arrivés au pouvoir en 2014, cette
entente avec la Colombie n'avait toujours pas été déposée, la motion n'avait
toujours pas été déposée à l'Assemblée nationale.
Alors, M. le Président, je pense que c'est un processus qui est clair, qui
avait été mis en place d'ailleurs par ma
prédécesseure, Mme Louise Beaudoin, en 2002, et c'est un processus qui fait en
sorte que, justement, les parlementaires sont consultés, alors qu'auparavant ce n'était pas inscrit dans la loi.
C'est inscrit dans la Loi du ministère des Relations internationales et de la Francophonie de procéder
ici et c'est la façon de procéder qu'ils ont eux-mêmes mise en place.
Alors, M. le
Président, je vous remercie. C'était important pour moi de faire cette mise au
point. Merci beaucoup, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, Mme la ministre des
Relations internationales, de la Francophonie. Mme la députée
d'Hochelaga-Maisonneuve, je vous cède la parole.
Mme Carole Poirier
Mme
Poirier : Merci, M. le Président. Alors, il me fait plaisir
d'intervenir sur l'entente de libre-échange entre le Canada et la Colombie, nouvel accord de libre-échange,
comme l'a dit la ministre, signé en 2008 et entré en vigueur en 2011.
D'emblée, je
tiens à souligner que cet accord a provoqué plusieurs tollés au moment de son
adoption, qui a été très controversée
et qui le demeure encore aujourd'hui. À l'époque, les conservateurs avaient été
accusés de mépriser le Parlement du Canada, puisqu'ils n'avaient même
pas attendu que le Comité permanent du commerce international publie son rapport sur ce projet de libre commerce
avec la Colombie avant de signer l'accord. Le ministre du Commerce international avait annoncé que le Canada avait
conclu cet accord de libre-échange controversé, malgré le fait que le comité
n'ait pas encore fini d'examiner ce qui était censé guider les négociations.
Et, M. le Président, je vais me référer à la
revue de presse du 10 juin 2008, alors, un article de La Presse
écrit par Gilles Toupin, qui nous dit :
«Accord controversé avec la Colombie.Mais l'annonce, en fin de semaine
par le gouvernement Harper, de la conclusion d'un accord de
libre-échange avec la Colombie a créé des remous du côté de l'opposition officielle. Hier, le porte-parole
libéral — ce n'est
quand même pas un souverainiste, là, M. le Président — chargé du commerce international, Navdeep
Bains, a accusé les conservateurs de mépriser le Parlement du Canada
en n'ayant même pas attendu que le
Comité permanent du commerce international — celui
dont j'ai cité le rapport tout à l'heure pour le précédent échange — publie son rapport sur ce projet de libre
commerce avec la Colombie, ce qu'il doit faire au cours des prochains
jours. Le ministre du Commerce international, David Emerson, a en effet annoncé
samedi que le Canada a conclu cet accord de
libre-échange controversé malgré le fait que le comité n'ait pas encore fini d'examiner
ce qui était censé guider les négociations.
"Le gouvernement savait que cet accord soulèverait la controverse
lorsqu'il a entamé des démarches, a déclaré M. Bains. Tous les partis
ont montré leur désir de travailler en collaboration avec le gouvernement pour permettre de s'attaquer à certaines préoccupations sur les droits
de la personne et sur l'environnement.
Tout le comité du commerce s'est même rendu en Colombie le mois dernier pour
mieux comprendre les questions."»
Nous, on est loin de ça, on est ici, à
l'Assemblée, et on ne va pas constater les impacts directement là-bas.
«[Même] le
député néo-démocrate Peter Julian s'est particulièrement élevé contre
le fait que si l'une des clauses du
traité est violée par l'un des partenaires, une amende sera versée à un fonds
de solidarité. "S'il y a encore des assassinats de syndicalistes et de militants des droits de la
personne, la Colombie versera une amende dans ce fonds. Cette disposition n'est
pas du tout dans l'esprit des valeurs canadiennes", [s'est exprimé] M.
Julian.»
Alors, M. le Président, je poursuivrai avec un deuxième article qui confirme plusieurs
des inquiétudes que nous avons en
lien... C'est un article du 10 décembre 2008, dans les pages Idées
du Devoir, écrit par Isabel Charron et Roxane Léouzon, qui nous dit que «le secteur
minier — parce que c'est un des grands paramètres de cette entente, le secteur minier — est
d'une grande importance pour
l'économie canadienne — on le sait bien, M. le Président. Plus de 50 % des
compagnies minières au monde sont enregistrées au Canada. Parmi ces compagnies,
on retrouve les plus importantes à l'échelle
internationale. Celles-ci investissent dans des activités d'exploration à
l'étranger environ 2,2 milliards de dollars américains chaque année
et exploitent près de 4 000 installations réparties dans plus de
100 pays, principalement en Amérique latine et en Afrique.»
La position
du Canada. Alors, «le Comité [...] des affaires étrangères et du commerce
international [...] présentait un
rapport énonçant plusieurs recommandations, entre autres l'établissement de
mécanismes et de normes juridiques pour encadrer les activités à l'étranger de ces compagnies. [...]Le cas de la Colombie
est particulièrement intéressant puisqu'il s'agit d'un pays où il y a des
importants investissements canadiens et une forte présence de compagnies
minières canadiennes. Il y a quelques jours
[...] — on
spécifie que l'accord de libre-échange a été signé entre les deux pays — malgré le fait — et là,
M. le Président, il faut s'en parler parce que c'est inquiétant — que 90 % des crimes [demeurent] impunis
en Colombie. Est-il possible d'envisager que ce pays puisse poursuivre
adéquatement les compagnies minières qui se trouvent
sur son territoire, alors que ce même État est souvent montré du doigt pour de
semblables violations? De plus, même
s'il était en mesure de mener de telles poursuites, serait-ce dans son intérêt
de le faire? La Colombie a un avantage certain à garder les
investisseurs étrangers qu'elle a mis tant d'efforts à attirer.»
Alors, M. le
Président, que ce soit le Bloc québécois lors de l'audition du comité
permanent, qui est à Ottawa, que ce
soit le NPD et même le Parti libéral... Alors, M. le Président, je vous lis ce
que le Parti libéral a dit, parce qu'il faut le savoir : «En tant que parti du libre-échange, nous savons
combien il importe de trouver des débouchés à nos produits et de diversifier nos échanges. La conclusion d'un
accord avec la Colombie se complique toutefois du fait que le bilan de ce pays en matière des droits de la personne
passe depuis longtemps pour le pire de l'hémisphère occidental. Le nombre
élevé de militants syndicaux colombiens
assassinés est particulièrement préoccupant. Un accord commercial devrait être
conclu sous réserve d'une évaluation
indépendante de la situation des droits de la personne qui indique clairement
des progrès du gouvernement colombien
dans cet important dossier.» Ce n'est pas moi qui le dis, là, M. le Président,
là, c'est le Parti libéral du Canada, parti frère de nos amis de l'autre
côté.
Alors, M. le
Président, vous me permettrez d'être assez inquiète de ce qui se passe.
D'ailleurs, je sais que notre premier
ministre sera en Colombie dans les prochaines semaines et je me demande, M. le
Président, s'il va s'enquérir, justement,
des conditions de vie des personnes, du respect des droits des personnes, en
tant que tel. Il y a eu un changement, il
y a eu un changement de gouvernement en Colombie, on le sait, il y a eu des
progrès, et j'espère que c'est ça que le premier ministre va constater, mais
nous, on n'a pas de comité pour étudier tout ça, on n'a pas de comité pour
évaluer, en lien avec ces accords-là,
les impacts sur les personnes. M. le Président, certaines préoccupations des
droits de l'homme et sur l'environnement demeurent toujours très
préoccupantes.
• (16 h 20) •
Évidemment,
le libre-échange, c'est une bonne chose, c'est une bonne chose. On a été pour l'ALENA, on est pour l'accord de libre-échange,
mais il faut protéger nos droits, mais surtout s'assurer que, de l'autre côté, il
n'y ait pas d'exploitation de personnes. Ce
serait inadmissible, M. le Président, de signer un accord en sachant que des personnes
sont exploitées à l'autre bout. Mais il faut que ces accords respectent nos
valeurs québécoises aussi, et ça, c'est assez important, à mon avis.
Vous
comprenez que, l'accord de libre-échange que le Canada a signé, ce n'est pas le Québec
qui l'a signé, et, encore là, on voit
bien que... On arrive sept ans plus tard. Encore une fois, on n'a pas d'information, depuis 2008, sur les suivis de cet accord. Qu'est-ce qui s'est
passé depuis? Il y avait une disposition dans cet accord, M. le Président, qui prévoyait que, si l'une des clauses du traité est
violée par l'un des partenaires, une amende devait être versée dans un fonds de solidarité. Qu'en est-il? Y a-t-il eu des
sommes de versées? On ne le sait pas. Je m'attendais à ce que, dans le
plaidoyer de la ministre, elle puisse
nous en informer. On n'a aucune nouvelle de ça. Et, je vais vous dire, toute la
littérature fait la démonstration
qu'il n'y en a pas eu, il n'y en a pas eu. Alors, une clause qui ne sert à
absolument rien dans un accord. M. le
Président, je suis inquiète. La Colombie n'est pas, disons, un modèle en termes
de respect des droits de l'homme. Est-ce
qu'il y a eu de l'argent versé à ce fonds? C'est la question dont on pose. S'il
y a eu de l'argent versé à ce fonds, c'est qu'il y
a eu des actes répréhensibles. Encore là, vaut mieux ne pas avoir d'argent
versé dans le fonds s'il y a eu effectivement
crime. On préfère qu'il n'y ait pas crime. Mais, s'il y a eu crime, il faut
qu'il y ait de l'argent de versé. Sinon, ça pourrait vouloir dire qu'il y a eu des violations et que ça pourrait
aussi être des violations aussi pas juste au niveau des droits de la personne, en matière environnementale
aussi. M. le Président, toute violation est inadmissible. On ne sait pas
grand-chose finalement de l'impact de ce
traité, signé par le Canada, depuis 2008, sept ans déjà. Est-ce normal qu'on se
prononce sept ans plus tard? Non, absolument
pas. Est-ce normal, M. le Président, ou est-ce ridicule? Moi, je pense qu'il
faut se poser la question. Depuis sept ans,
que s'est-il passé en Colombie avec cet accord et le respect des droits de la
personne? Je pense que c'est une bonne question à se poser.
Alors, je
n'ai pas besoin de vous dire, M. le Président, et je vous le répète à chaque
fois, qu'un Québec souverain signerait
ses propres ententes internationales. Et, devant cet état de fait, M. le
Président, je suis très inquiète de cet accord, signé avec un pays qui, dans toute la littérature que j'ai trouvée et
dans toutes les procédures... Et, même dans le Journal des débats de la Chambre des communes, les trois partis se sont prononcés de façon
inquiète en matière de droits de la personne en Colombie.
Alors, M. le Président, j'ai bien hâte
d'entendre mes autres collègues, mais je suis inquiète de ce traité, M. le Président. Et, comme parti politique souverainiste
du Québec, j'ai hâte que le Québec puisse signer ses propres traités. On
pourra choisir nos partenaires.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, Mme la députée
d'Hochelaga-Maisonneuve, pour cette intervention. M. le député de
Groulx, à vous la parole.
M. Claude Surprenant
M.
Surprenant : M. le Président, alors je prends la parole pour cette
troisième entente internationale que nous étudions aujourd'hui, un signe évident du contexte de mondialisation
globale dans lequel notre société contemporaine évolue. Rappelons encore
une fois qu'au Québec, alors que les négociations de ces accords se passent du
côté des représentants du gouvernement
fédéral, nous conservons le loisir d'entériner ces ententes avant de les mettre
en oeuvre. C'est pourquoi nous discutons de cette entente entre le
Canada entre la république de Colombie maintenant.
La Colombie
est également une nation avec qui le Québec gagnera à prendre entente. D'abord,
il s'agit d'un marché très
intéressant. Avec une population de 47,7 millions d'habitants et un taux
de croissance économique de 1,2 % en 2014, nous avons là affaire à un partenaire avec qui les opportunités
d'affaires foisonneront. Également, il a été important autant pour le Canada que pour la Colombie de conclure
une entente complémentaire, dans le cadre de cet accord, sur les enjeux concernant l'environnement. On connaît la
motivation du Québec d'agir en leader en matière environnementale. Cette
entente complémentaire est donc d'une très grande importance pour l'expertise
québécoise en la matière.
Le Québec a
donc tout intérêt à rejoindre cet accord avec la Colombie. L'objectif de
l'entente était d'ailleurs de consolider
et de renforcer les liens commerciaux existant entre le Canada et notre
partenaire latino-américain. Donc, les trois accords qui, combinés
ensemble, nous concernent aujourd'hui offriront de nouvelles opportunités
d'affaires aux entreprises québécoises notamment dans les secteurs de la
machinerie, des pâtes et papiers, de l'aéronautique et de l'agroalimentaire.
À l'instar de
l'entente avec la Corée du Sud dont il a été question plus tôt, l'accord avec
la... Colombie, dis-je, facilitera
les déplacements des hommes et des femmes d'affaires québécois en sol
colombien. Des dispositions ont été prévues
au texte de l'accord afin de réduire les obstacles à ce genre de voyages. Il
s'agit là d'une remarquable opportunité pour le Québec, d'autant plus
que la perspective de croissance de la Colombie, je le rappelle, est de
1,2 % pour une population de six fois la nôtre. Parions que la fibre
entrepreneuriale du Québec sera sollicitée par cette opportunité.
Enfin, nous
sommes rassurés par l'absence de contradictions ou d'inadéquations entre les
dispositions prévues à l'accord et
les lois et règlements du Québec. Aussi, la mise en oeuvre de l'accord par le
Québec nous donnera le droit de faire
valoir notre point de vue aux autorités fédérales sur les points touchant nos
compétences. Il s'agit ici d'un élément important qui nous permettra de nous affirmer davantage en tant que
nation au niveau de nos relations internationales.
Alors, nous saluons donc aujourd'hui la mise en
oeuvre, par le Québec, de cette entente, que nous appuyons, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup, M. le député
de Groulx. Et pour la prochaine intervention je vais céder la parole à
M. le député de Laval-des-Rapides.
M. Saul Polo
M. Polo : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Je vais donc faire suite à la ministre et mes collègues des deux
oppositions sur le traité de libre-échange signé en 2011 avec la Colombie.
Mme la Présidente, il faut de nouveau faire une
mise en contexte sur l'importance de la diversification des exportations québécoises. Juste pour vous
présenter un portrait des exportations québécoises au cours des 15 dernières
années... en l'an 2000, le Québec exportait
85 % de ses exportations vers les États-Unis. Aujourd'hui, en 2014, à la
fin de 2014, c'est moins de 70 %,
en fait 69,5 %. Cela démontre une volonté, un travail constant, différents
programmes, différentes initiatives
mises sur pied par le gouvernement du Québec pour soutenir nos entreprises
québécoises et diversifier ces
exportations à travers différents marchés. L'un de ces marchés-là, au cours des
10, 15 dernières années, c'est le marché de l'Amérique latine et, dans
ce cas-ci, le marché de la Colombie.
Pourquoi
l'Amérique latine? Ce qui est très bien, notamment avec la Colombie, Mme la
Présidente, c'est : la Colombie
s'insère dans une stratégie commerciale canadienne de non seulement amplifier
et augmenter ses exportations vers ce
pays-là, mais également vers trois autres pays partenaires, qui sont le
Mexique, le Pérou et le Chili. L'ensemble de ces quatre pays-là forme aujourd'hui, et depuis avril 2011, ce
qu'on appelle l'Alliance du Pacifique, et la Colombie, en étant le deuxième pays hispanophone le plus
important dans le monde avec tout près de 48 millions d'habitants, est
une économie qui se porte très bien.
Lorsqu'on parle d'une économie qui croît autour de 4,5 %, 5 % et
toujours généralement en haut de 4 %, c'est près de trois à quatre
fois le taux de croissance du PIB de l'économie québécoise. Et, lorsque, justement, on parle d'exportations, les
exportations, c'est créateur d'emplois, mais également c'est une façon de
bénéficier, justement, de la croissance économique des autres marchés,
de la consommation au niveau de ces économies-là pour, justement, percer, avec nos produits québécois, dans ces économies-là.
Un autre aspect très intéressant, Mme la Présidente, au niveau des exportations québécoises en
Colombie : elles ont doublé au cours des cinq dernières années, Mme la
Présidente. Aujourd'hui, on se situe
à tout près de 140 millions en termes d'exportations vers la Colombie,
qui, à juste égard... par ma collègue
d'Hochelaga-Maisonneuve, a vécu des difficultés importantes en termes de
stabilité politique, et sociale, et économique.
Ceci dit, au cours
des 10, 15 dernières années, la Colombie a vécu des changements importants au
niveau des différents gouvernements et au
niveau de la stabilité, une progression importante qui s'est fait voir,
justement, par sa meilleure cote, disons-le, par différentes agences
économiques mondiales.
• (16 h 30) •
Aujourd'hui,
Morgan Stanley identifie la Colombie comme étant la troisième économie latino-américaine
avec le plus grand potentiel, après
le Mexique et le Brésil. C'est vrai qu'en termes de PIB elle est la quatrième,
mais, lorsqu'on analyse et qu'on
compare la Colombie avec l'Argentine... et aujourd'hui nous avions la visite de
l'ambassadrice de l'Argentine et du
consul général de l'Argentine parmi nous, en tout respect, l'Argentine vit
actuellement des difficultés assez importantes au niveau de sa stabilité
politique et également économique.
Ceci
dit, ce qui est intéressant avec la Colombie, Mme la Présidente, c'est que les
entreprises québécoises n'ont pas
attendu la mise sur pied et l'application de ces traités de libre-échange.
Effectivement, comme Mme la ministre le mentionnait, il y a des
relations politiques, diplomatiques et économiques avec la Colombie depuis
longue date.
Mais
je tiens à vous partager un élément assez intéressant. Saviez-vous que
SNC-Lavalin, aujourd'hui, emploie 1 400
employés parmi sa division en Colombie? Ça, c'est 1 400 employés qui
aujourd'hui travaillent et développent des projets avec l'expertise
québécoise, mais des projets au nom du Québec, au nom de SNC-Lavalin dans un
territoire comme celui de la Colombie. Et
ça, disons, c'est une qualité ou en fait c'est quelque chose duquel on doit
fiers, fiers de justement d'être capables d'exporter notre savoir-faire,
d'exporter justement non seulement nos produits, mais notre expertise à
l'international.
Et
j'ai eu la chance, au mois de décembre dernier, de visiter la Colombie dans le
cadre d'une mission parlementaire, et
effectivement, au niveau de ces exportations, la présence canadienne en
Colombie, il y a actuellement, et c'est l'ambassadrice du Canada en Colombie qui me le mentionnait, plus de
50 % des exportations de pétrole de la Colombie qui se font par des entreprises canadiennes. Il y
a 80 % actuellement des exportations colombiennes, donc à l'extérieur
de son territoire, qui sont basées sur des
ressources naturelles et principalement pétrolières. Il y a là un lien et une
opportunité importante pour nos
entreprises québécoises. Dans le cadre du développement du Plan Nord, dans le
cadre du développement et de
l'agrandissement, et la croissance des entreprises québécoises au niveau du
marché ou secteur minier, il y a là une opportunité importante pour nos entreprises québécoises de tisser des
liens, de raffermir des liens, de développer des liens avec des entreprises et des clients potentiels en
Colombie puisque c'est un secteur fortement en développement actuellement,
indépendamment des cours de la bourse et de
la variation des prix du pétrole. Et donc voilà, Mme la Présidente, un exemple
concret et une opportunité concrète, et je
passe sur le fait que Dessau est présent en Colombie, que Desjardins est
présent en Colombie, que
d'autres entreprises québécoises importantes sont présentes en Colombie.
Donc,
Mme la Présidente, je me joins aux paroles de la ministre et de mes collègues
pour féliciter et soutenir la motion d'approbation de ce traité de
libre-échange là. Merci.
Mise aux voix
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie, M. le
député de Laval-des-Rapides. Alors, s'il
n'y a pas d'autre intervenant, nous allons maintenant procéder à la mise aux
voix de la motion de Mme la ministre des Relations internationales et de
la Francophonie proposant :
«Que,
en vertu de l'article 22.3 de la Loi sur le ministère des Relations
internationales, l'Assemblée nationale approuve
l'Accord de libre-échange entre le Canada et la république de Colombie,
l'Accord sur l'environnement entre le Canada
et la république de Colombie, ainsi que l'Accord de coopération dans le domaine
du travail entre le Canada et la république de Colombie, signés le
21 novembre 2008 et en vigueur depuis le 1er juillet 2011.»
Alors, cette motion
est-elle adoptée?
Des voix :
Adopté.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, adopté sur division. Et, en
conséquence, cet engagement international est approuvé par l'Assemblée
nationale.
Pour la suite des
choses, je cède la parole à Mme la leader adjointe du gouvernement.
Mme Vien : Bonjour, Mme la
Présidente. Alors, veuillez appeler, s'il vous plaît, l'article 44.
Motion proposant que l'Assemblée
approuve l'Accord de libre-échange entre
le Canada et la république du Panamá, l'Accord sur l'environnement entre
le Canada et la république du Panamá et l'Accord de coopération dans
le domaine du travail entre le Canada et la république du Panamá
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, très bien. À l'article 44,
l'Assemblée procédera maintenant au débat sur la motion faisant suite au
dépôt par Mme la ministre des Relations internationales et de la Francophonie,
le 12 mai 2015, d'un engagement international, et cette motion se lit
comme suit :
«Que,
en vertu de l'article 22.3 de la Loi sur le ministère des Relations
internationales, l'Assemblée nationale approuve
l'Accord de libre-échange entre le Canada et la république du Panama, l'Accord
sur l'environnement entre le Canada
et la république du Panama, ainsi que l'Accord de coopération dans le domaine
du travail entre le Canada et la république du Panama, signés le
14 mai 2010 et en vigueur depuis le 1er avril 2013.»
Je
vous rappelle que cette motion donne lieu à un débat restreint de deux heures
et que la répartition des temps de
parole est la même que pour les débats que nous venons de terminer. Alors, sans
plus tarder, je vais céder la parole à Mme la ministre des Relations
internationales.
Mme Christine St-Pierre
Mme
St-Pierre :
Merci, Mme la Présidente. C'est avec plaisir que je propose aujourd'hui à cette
Assemblée l'approbation de l'accord de
libre-échange entre le Canada et le Panamá, de l'accord sur l'environnement entre le Canada
et le Panamá, et de l'accord de coopération dans
le domaine du travail entre le Canada et le Panamá, lesquels ont été
signés le 14 mai 2010 et sont en vigueur depuis le 1er avril 2013.
La
négociation et la conclusion de l'accord de libre-échange témoignent de la
volonté d'améliorer le cadre qui régit
le commerce international et ainsi de continuer à y consacrer les principes non
discriminatoires de concurrence et de transparence,
tous les principes fondamentaux dans le domaine du commerce international. En
éliminant l'application de mesures protectionnistes,
cet accord est également de nature à favoriser l'intensification des échanges
commerciaux, contribuant à la prospérité du Québec, à la création
d'emplois et à l'augmentation du niveau de vie des Québécois.
L'accord sur
l'environnement, quant à lui, vise à renforcer et à mettre en application les
lois et les règlements concernant
l'environnement, à accroître la coopération en matière d'environnement et à
favoriser le développement durable. Les objectifs de l'accord sur le
travail sont de protéger, de renforcer et de faire respecter les droits
fondamentaux des travailleurs, de renforcer
la coopération dans le domaine du travail ainsi que d'appuyer et de consolider
les engagements internationaux dans
ce domaine. La mise en oeuvre par le Québec des dispositions de ces deux
accords touchant à ces champs de
compétence nous permettrait de faire valoir notre point de vue auprès des
autorités canadiennes, advenant la tenue éventuelle des négociations en
vue de l'élargissement de l'accord.
Afin
d'illustrer concrètement l'intérêt de l'accord de libre-échange, je tiens à
employer le temps qui m'est accordé pour
vous rappeler, en quelques mots, l'importance du libre-échange pour le Québec
et, en ce sens, souligner nos engagements
précédents en matière commerciale. Depuis plusieurs années, le gouvernement du
Québec a démontré son appui au libre-échange, et il s'agit incontestablement de
l'une de ses priorités. Que ce soit dans le cadre de l'Accord de libre-échange nord-américain, des accords sous
l'égide de l'Organisation mondiale du commerce ainsi que des accords bilatéraux entre le Canada et le Costa Rica ou
encore entre le Canada et le Chili, le Québec a fait le choix d'appuyer tant
la libéralisation des échanges commerciaux que l'amélioration des règles
régissant le commerce mondial, comme le démontrent les engagements qu'il a pris
en cette matière.
Cette
démarche a été notamment entamée avec l'adoption, par l'Assemblée nationale, de
la Loi concernant la mise en oeuvre
des accords de commerce international. En effet, depuis 1996, le Québec a
instauré une procédure afin d'approuver
et de mettre en oeuvre de multiples accords de commerce, et ce, à l'égard des
engagements du Canada qui entraient
dans les domaines de compétence du Québec. En faisant cela, le Québec a
clairement démontré son intention de
souscrire aux principes et aux règles du commerce international. De plus,
l'approbation par l'Assemblée nationale de l'accord conclu entre le Canada et le Panamá démontrera le sérieux
de l'engagement du Québec à mettre en oeuvre les dispositions d'accords commerciaux présents et futurs touchant à ses
champs de compétences exclusives et partagées. Les nombreuses
négociations dans lesquelles le Québec joue un rôle actif démontrent que son
gouvernement poursuit continuellement ses efforts dans l'amélioration des
possibilités commerciales pour les entreprises québécoises.
Mme la Présidente,
les accords présentés aujourd'hui font partie d'une liste de nombreux accords
bilatéraux, plurilatéraux et multilatéraux
que le gouvernement fédéral canadien conclut avec des partenaires étrangers.
Permettez-moi de rappeler qu'au
Canada le droit constitutionnel et la pratique ont confirmé le pouvoir exclusif
des gouvernements des provinces de
mettre en oeuvre ces instruments sur leur territoire lorsqu'ils portent sur des
matières qui relèvent de leur compétence. En 2002, le Québec a formalisé
ce pouvoir dans la Loi sur le ministère des Relations internationales en y
consacrant que le Québec est seul compétent pour assurer la mise en oeuvre de
tels accords.
En
ce sens, les accords internationaux conclus par le Canada en matière de
commerce international dont les chapitres relèvent de la compétence constitutionnelle du Québec constituent des
engagements internationaux importants au sens de la Loi sur le ministère des Relations internationales. En
conséquence, leur entrée en vigueur requiert, dans un premier temps, qu'ils soient approuvés par cette Assemblée
et, dans un deuxième temps, la prise d'un décret par le gouvernement du
Québec, qui peut alors exprimer sa volonté d'être lié par un accord
international du Canada.
• (16 h 40) •
Le débat qui a lieu
aujourd'hui permet à tous les partenaires de discuter des tenants et des
aboutissants que d'approuver les accords et
les conventions qui concernent les compétences et les responsabilités du
Québec. En mettant les parlementaires au parfum des ententes jugées importantes au regard
de la loi, nous avons consacré la démocratisation de processus visant à nous
déclarer liés à ces accords. L'approbation
des accords conclus par le Canada et qui concernent nos compétences nous permet sans aucun doute de réaffirmer les
responsabilités du Québec en ces matières et de perpétuer la
capacité de notre Assemblée nationale dans le cadre de la doctrine
Gérin-Lajoie, dont nous célébrons d'ailleurs le 50e anniversaire. À ce titre, je vous rappelle qu'en 1965 l'allocution
de M. Gérin-Lajoie comportait l'annonce selon laquelle «dans tous les domaines qui sont complètement ou
partiellement de sa compétence, le Québec entend désormais jouer un rôle direct, [conformément] à sa personnalité
et à la mesure de ses droits», fin de la citation. C'est donc dans cette
optique, afin d'en assurer la
continuité, que nous nous présentons aujourd'hui devant cette Assemblée. L'approbation
parlementaire et l'adhésion
éventuelle au présent accord contribueront à la reconnaissance de notre
pratique en établissant notamment
des précédents pour le Québec qui viendront soutenir sa participation à d'éventuelles
négociations.
Compte tenu de notre
rôle fondamental à l'étape de la mise en oeuvre d'un accord, une telle
participation aux négociations s'avère évidemment
primordiale, et ce, dans un souci d'effectivité. D'ailleurs, je suis convaincue
que la mise de l'accord de
libre-échange favorisera la consolidation et le renforcement des liens entre le
Québec et le Panamá, un pays latino-américain
doté d'un fort potentiel de croissance. L'accord offrira par exemple de
nouvelles opportunités d'affaires aux
entreprises québécoises oeuvrant dans des secteurs stratégiques tels
que l'aéronautique et l'agroalimentaire. Qui plus est, en favorisant la multiplication des échanges
entre le Québec et le Panamá et la mise en place d'un environnement
d'affaires stable, l'accord saura très certainement contribuer au développement économique et social et à la création d'un
climat propice à l'investissement.
Mme la Présidente, nous voilà donc arrivés à l'étape de l'approbation de ces accords par
l'Assemblée nationale, un processus
qui, par sa transparence et sa collégialité représente un jalon fondamental de
la capacité d'action internationale du Québec dans un contexte de
mondialisation. Je propose donc que l'Assemblée nationale approuve l'accord de libre-échange Canada-Panamá,
de même que l'accord sur l'environnement et l'accord de coopération dans
le domaine du travail. Lorsqu'ils auront été
approuvés, le Conseil des ministres sera en mesure de prendre un décret afin que le gouvernement du Québec
puisse se déclarer lié par ces accords et de les ajouter à la liste des accords
mis en oeuvre en vertu de la Loi concernant la mise en oeuvre des
accords de commerce international.
Je souligne également
que le ministère des Relations internationales et de la Francophonie et le ministère
de l'Économie, de l'Innovation et des
Exportations, en collaboration avec
tous les ministères concernés, ont
veillé aux intérêts du Québec dans ce dossier et se sont assurés de la
conformité de cet accord eu égard à la législation et à la pratique québécoise. Notamment, il sera appliqué à la
lumière et de la façon compatible, bien sûr, avec la Convention sur la
protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles
de l'UNESCO.
Et
je termine, Mme la Présidente, en rappelant à ma collègue députée de
l'opposition officielle et porte-parole en matière de relations internationales que ce dernier accord a été
conclu en 2012. Donc, tout à l'heure on nous reprochait de ne pas avoir adopté l'accord de 2008, mais là,
on est... un accord de 2012... Ils ont été au pouvoir de 2012 à 2014. On n'a jamais vu l'ombre de cet accord ici, à
l'Assemblée nationale, pour des gens qui prétendent être capables de gérer le
Québec. Alors, qu'est-ce qu'on peut en
conclure, Mme la Présidente? Tout simplement que, lorsque les choses vont bien,
lorsque des accords importants sont signés,
lorsque le Canada signe un accord, ce gouvernement ne voulait tout simplement
pas aller de l'avant avec l'accord qui avait
été signé par le gouvernement canadien. Donc, Mme la Présidente, nous
procédons, parce que, lorsqu'ils
étaient là, ils n'ont pas procédé, et nous procédons, et ces accords seront
éminemment porteurs pour le Québec, permettront aux Québécois de
travailler et permettront à nos entreprises québécoises de fructifier. Merci,
Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la ministre
des Relations internationales et de la Francophonie. Et, pour la
prochaine intervention, je cède la parole à Mme de députée
d'Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Carole Poirier
Mme Poirier :
Merci, Mme la Présidente. Alors, il me fait plaisir à mon tour de m'exprimer
sur l'entente de libre-échange entre le
Canada et le Panamá. Alors, le Canada et le Panamá ont entamé des négociations
de libre-échange en
octobre 2008. Si je me rappelle bien, c'était un gouvernement libéral. À
la suite de plusieurs séances de discussion, les deux pays ont annoncé, le 11 août 2009 — encore un gouvernement libéral — la conclusion des... en vue des... Oh!
je reprends ça... la conclusion des
négociations en vue d'un accord de libre-échange et d'accords parallèles sur la
coopération dans le domaine du
travail et sur l'environnement. Et, en mars 2013, l'accord entrait en
vigueur. Et c'est toujours à ce moment-là
que le gouvernement fédéral nous envoie pour notre approbation, après que ça
ait été mis en vigueur. Alors, l'allégation de ma collègue,
malheureusement, je dois le dire, n'est pas juste.
Alors,
l'accord de libre-échange comporte des dispositions sur l'accès au
marché pour les produits, le commerce frontalier,
des services, les télécommunications, l'investissement, les services financiers et les marchés publics. D'emblée,
je tiens à souligner que cet accord a
provoqué quelques tollés, on se l'imagine, au moment de son adoption, qui a été, je vous
le dis, Mme la Présidente, très controversée. Plusieurs personnes ont émis des
craintes par rapport à cet accord. Évidemment,
si nous avions pu, en 2008‑2009, étudier l'accord en commission parlementaire
comme le font nos homologues fédéraux,
ou mieux encore peut-être si nous étions un pays, nous pourrions nous-mêmes
négocier nos accords et avoir des réponses à nos questions. Mais,
malheureusement, ce n'est pas le cas.
Je
vais donc rapporter quelques-unes des craintes que j'ai vues en lisant sur le
sujet. Entre autres, dans un article intitulé
Accord de libre-échange entre le Canada et le Panamá, publié dans Le Devoir
le 21 décembre 2010 sous le
titre Accord de libre-échange entre le Canada et le Panamá — S'accoquiner avec le paradis du narcotrafic... Alors, un texte écrit, Alain Deneault,
et Claude Vaillancourt. Alors, Mme la Présidente, vous me permettrez de faire la lecture de ce texte, qui a été publié, qui
fait la démonstration du pourquoi il
y a eu une controverse à Ottawa lors
de la discussion, parce qu'eux ont pu en discuter, comme je vous ai dit,
en 2010, Mme la Présidente, au moment où on établissait l'accord.
Alors,
je cite : «Dans la discrétion la plus totale, le Canada a
signé un accord de libre-échange avec le Panamá. Cet accord conclu avec un pays pauvre dont la population
est d'à peine plus de 3 millions de personnes pourrait sembler sans conséquences. Il y a toutefois un hic :
le Panamá est un paradis fiscal. Et pas n'importe lequel. L'un des pus actifs,
des moins coopératifs et des plus intégré au crime organisé.»
Ça,
c'est avec eux qu'on vient de signer, ça, madame... qu'on a signé, en 2009, un accord. «Le gouvernement...»
Pas nous, le Canada. «Le gouvernement
canadien justifie cet accord par le fait que "le Panamá est un marché
établi pour le Canada, et les
relations bilatérales de commerce et d'investissement ont un fort potentiel de
croissance à long terme".» Je ne
sais pas quel potentiel, Mme la Présidente. «Certaines grandes entreprises
canadiennes ont flairé de bonnes affaires et croient que l'accord facilitera les relations commerciales avec ce pays
à la réputation douteuse. Mais quel en sera le prix, pour les Canadiens
et les Panaméens?
«La
mauvaise réputation du Panamá n'est certes pas usurpée. La principale activité
économique de ce pays consiste à
offrir des services financiers aux trafiquants de drogue et aux
multinationales. Il s'est spécialisé, entre autres, dans les pavillons de complaisance disponibles à rabais,
sans tracasserie bureaucratique aucune. Ceux-ci permettent aux bateaux
de naviguer sans se préoccuper des lois nationales et des conditions de travail
des marins.
«Les capitaux entrent
au Panamá et en sortent sans aucune restriction. Les transactions sont
protégées par le secret bancaire, si bien
qu'il n'existe aucun contrôle de l'activité financière. L'Organisation de
coopération et de développement
économique — l'OCDE — pourtant assez accommodante lorsqu'il s'agit
d'évaluer à quel point les paradis fiscaux sont coopératifs, a placé le
Panamá sur sa "liste grise".
«[...]Un
accord avec le Panamá — nous disent-ils — facilitera donc davantage l'évasion fiscale, qui permet de soustraire des sommes plus qu'importantes à
l'impôt, alors que, en ces temps d'austérité budgétaire — il me semble que c'est quelque chose que j'entends — nous en
avons tant besoin pour nos services publics. Il s'ensuivra un métissage
d'autant plus grand des avoirs de l'économie réelle avec les fonds du
narcotrafic.»
Et
il conclut : «Sans surprise, l'accord entre le Canada et le Panamá ne
contraindra pas non plus l'activité de sociétés minières canadiennes, dont certaines soulèvent de vives controverses,
comme les projets à ciel ouvert de la mine d'or de Molejon, exploitée par Petaquillas Minerals, qu'on
a accusée de déforestation et de contamination de rivières locales, ou la
mine de cuivre exploitée illégalement sur un
territoire autochtone par Corriente Ressources. Aucune mesure écologique restrictive
n'est prévue.»
• (16 h 50) •
Alors,
comprenez, Mme la Présidente, que, devant ces faits, les parlementaires canadiens, lors des échanges qui ont eu lieu à l'époque, le 29 septembre 2010, il
y a cinq ans, lors d'un débat de la Chambre, se sont exprimé avec beaucoup d'inquiétude
et beaucoup de... je vous dirais, beaucoup de... C'est plus que de l'inquiétude, Mme la Présidente, c'est le fait que le respect
des droits de l'homme, et particulièrement des travailleurs au Panamá ne sont
pas garantis, ne sont pas garantis, parce que le système judiciaire au
Panamá ne prévoit pas, justement, n'inclut pas, justement les paramètres pour
protéger ces travailleurs, mais particulièrement des travailleurs dans les
mines canadiennes, Mme la Présidente.
Alors,
devant l'absence d'encadrement et devant l'absence, je vous dirais, de
protections, de protections qui ne sont
pas du tout incluses dans ces accords que l'on vient de voir aujourd'hui... Moi, je ne l'ai pas négocié, Mme
la Présidente, le traité, parce que,
vous savez, on n'a pas cette possibilité-là. Par contre, ce que je sais, c'est
que les 544 pages de ce traité... Et
vous savez comme moi que le langage des traités internationaux, il faut
vraiment s'y connaître, ça prend vraiment
des experts internationaux pour le faire. Il faut vraiment déchiffrer à
l'intérieur qu'est-ce qu'il en est. Mais, si je me fie à ce qu'ont dit nos
collègues à Ottawa, si je me fie à ce qui s'est dit dans la revue de presse
qu'on a vue au Québec mais aussi dans
tout le Canada, alors je peux vous dire avec certitude que bien des gens sont
inquiets, et avec raison. Et je peux le dire, que leurs craintes sont à
mon avis légitimes.
Le
libre-échange, je le répète, est une bonne chose, et on a toujours été
favorables au Parti québécois, mais il doit, je le répète, respecter nos
valeurs communes, nos valeurs québécoises quand il favorise notre économie. Ça
ne peut pas être un à l'inverse de
l'autre. Quand on signe un accord, on doit s'assurer de ne pas favoriser
l'évasion fiscale, parce que, si c'est ça, c'est franchement inquiétant.
Vous
comprendrez, Mme la Présidente, c'est encore un accord signé par le Canada et
non pas signé par le Québec, parce
que ce n'est pas nous qui signons nos accords et nos traités et que mes
craintes... Sont-elles fondées? Je le crois. Peut-être que oui, peut-être que non, mais on ne le saura pas avec
certitude, Mme la Présidente, parce qu'on n'a pas le forum pour pouvoir s'exprimer là-dessus; même si
la ministre des Relations internationales le réclamait lorsqu'elle était
dans l'opposition, aujourd'hui, elle ne
convoque pas de commission parlementaire pour qu'on puisse se prononcer
là-dessus : deux poids, deux
mesures. Donc, évidemment, je n'ai pas besoin de vous le dire, Mme la
Présidente, je rêve du jour où le Québec
va signer ses propres traités et ses propres ententes, et que l'on pourra à ce
moment-là faire valoir nos valeurs québécoises,
nos valeurs à nous, ici, nos valeurs démocratiques et de droits de la personne
avec les partenaires économiques que nos choisirons. Merci, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Merci beaucoup, Mme la députée
d'Hochelaga-Maisonneuve. Et maintenant, je suis prête à reconnaître M. le
député de Groulx. La parole est à vous.
M. Claude Surprenant
M.
Surprenant : Merci, Mme la Présidente. Alors, tout comme nous l'avons
dit pour les précédents accords que nous
avons présentés, l'accord de libre-échange avec la république du Panamá ne
déroge pas à la règle en ce sens qu'il représente une véritable opportunité de
développement économique pour le Québec. Il ne serait pas inutile de préciser
que sans approbation de la Chambre, cet
exporteur de beaux débouchés pour nos agents économiques québécois ne serait
pas appliqué. Surtout, Mme la Présidente, un
aval de cette Chambre permettrait au Québec de pouvoir faire partie des
futures négociations rentrant dans le cadre du partenariat entre le Canada et
la république du Panamá. Ceci nous accorderait
le droit de faire entendre notre voix et surtout de défendre nos travailleurs
et nos intérêts économiques lorsqu'il sera
temps de réviser ou d'élargir le mandat du partenariat avec la république du
Panamá. Mme la Présidente, évoquons quelques caractéristiques de notre
partenaire pour mesurer l'ampleur de son apport.
La république
du Panamá, située à l'extrémité du continent centre-américain, représente un
marché de 3,8 millions d'habitants
avec un taux de croissance économique annuel de l'ordre de 6,6 % en 2014,
6,6 %, Mme la Présidente. Et ce
n'est pas tout. Sur les huit années allant de 2004 à 2012, le taux de
croissance annuel moyen a été de 8,4 %, malgré le choc économique de 2008, que l'on a tous connu.
La république du Panamá ne cesse de s'affirmer comme un des pays émergents clés de la région aux yeux des experts.
En effet, les agences de notation désignent le Panamá comme représentant
une excellente opportunité d'investissement.
La république du Panamá est le pays d'Amérique latine qui dispose de la meilleure offre de travail. Ceci se reflète
notamment dans le nombre croissant de permis de travail accordé à des ressortissants étrangers. Pour ces raisons, Mme la
Présidente, la république du Panamá représente pour le Québec une occasion d'affaires. L'accord entre le Canada et
la république du Panamá couvre plusieurs sujets, comme cela a été le cas
pour la république de Colombie et l'Association européenne de libre-échange.
Donc, Mme la
Présidente, sont couvertes par l'accord de libre-échange entre les deux pays
une entente sur l'environnement ainsi qu'une coopération dans le domaine
du travail. L'abolition d'une part importante des droits de douane, la libre circulation de certains biens est
synonyme de nouveaux débouchés pour les producteurs québécois. Ces derniers pourront augmenter leur offre de
produits, qui, par la même, pourra entraîner des économies d'échelle poussant
les prix à la baisse, ce qui, ce faisant,
rendrait les producteurs qui destinent leurs produits à l'étranger plus
compétitifs. De plus, nous avons un
peu plus tôt énoncé le caractère émergent de l'économie panaméenne. Ceci
sous-entend donc que le pays est
demandeur de biens à valeur ajoutée, types de biens que nous produisons au
Québec, Mme la Présidente, et qui représentent
un secteur en constante recherche de nouveaux marchés pour enrichir sa
production. Je me répète encore pour dire que les entreprises
québécoises verraient cet accord d'un bon oeil.
Mme la
Présidente, cette entente de libre-échange est en plus appuyée par une
coopération dans le domaine du travail.
Les travailleurs pourront circuler. Ceci veut donc dire qu'un transfert
d'expertise sera possible. Nos travailleurs qualifiés pourront même
pénétrer sur une plus longue durée le marché de l'emploi panaméen grâce au
processus de reconnaissance des
qualifications professionnelles et des autorisations d'exercer. Les séjours
temporaires des hommes et des femmes d'affaires
du Québec seront également facilités, ce qui leur permettra d'aller dénicher de
belles opportunités d'investissement.
De plus, les bâilleurs de fonds québécois auront le droit de répondre aux
appels d'offres du secteur public de l'État d'Amérique Centrale. Enfin,
Mme la Présidente, cet accord avec la république du Panamá est porteur d'un
volet environnemental. En effet, le Canada et le Panamá se sont engagés à ce
que leurs politiques environnementales favorisant la protection de
l'environnement... et contribuent à la culture du développement durable.
Mme la Présidente, on ne répétera jamais assez à
quel point le Québec est un des fers de lance en matière de protection de l'environnement. Il serait donc tout
à fait légitime et justifié que l'on mette une nouvelle fois à l'honneur
ce caractère qui est le nôtre en approuvant
cette entente. Pour toutes les raisons énoncées, Mme la Présidente, tant que
l'acteur stratégique que représente la république du Panamá aux opportunités
d'affaires qui s'ouvrent à nos agents économiques
québécois en passant par le point d'honneur mis sur le respect des politiques
environnementales, je ne vois ici aucune raison qui viendrait empêcher
l'approbation de cet accord, qui contribue au rayonnement économique du Québec.
Merci, Mme la Présidente.
Mise aux voix
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup, M. le député
de Groulx. Alors, s'il n'y a pas d'autre
intervention, nous allons maintenant procéder à la mise aux voix de la motion
de Mme la ministre des Relations internationales
et de la Francophonie proposant :
«Que, en
vertu de l'article 22.3 de la Loi sur le ministère des Relations
internationales, l'Assemblée nationale approuve
l'Accord de libre-échange entre le Canada et la république du Panama, l'Accord
sur l'environnement entre le Canada
et la république du Panama, ainsi que l'Accord de coopération dans le domaine
du travail entre le Canada et la république du Panama, signés le 14 mai
2010 et en vigueur depuis le 1er avril 2013».
Est-ce que cette motion est adoptée?
Des voix : Adopté.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, en conséquence... Adopté sur
division. Et, en conséquence, cet engagement international est approuvé
par l'Assemblée nationale.
Pour la suite des choses, Mme la leader adjointe
du gouvernement.
Ajournement
Mme
Vien : Alors, je fais la motion, Mme la Présidente, pour
ajourner nos travaux au mardi 2 juin 2015 à 13 h 45. Merci.
La Vice-Présidente (Mme
Gaudreault) : Très bien. Alors, est-ce que cette motion est adoptée?
Des voix : Adopté.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Alors, j'ajourne les travaux au mardi 2 juin, 13 h 45.
(Fin de la séance à 16 h 59)