(Neuf heures quarante-six minutes)
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, chers collègues, je vous souhaite une très bonne séance.
Veuillez vous asseoir.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Nous en
sommes à la rubrique de la déclaration
des députés, et je cède la parole maintenant à Mme
la députée de Hull.
Féliciter l'Assemblée
nationale, gagnante du Mérite du
français dans les technologies de l'information
pour son site Internet Par ici la démocratie
Mme Maryse Gaudreault
Mme
Gaudreault : Merci,
M. le Président. Alors, le
26 mars dernier, à l'occasion de la Soirée des Mérites et des prix Francopub de l'Office québécois de la langue
française, ils ont récompensé, pour une 25e année consécutive, des personnalités et des organisations pour leurs réalisations remarquables en matière de promotion et
d'usage du français au travail
et dans le commerce, dans les technologies de l'information, en publicité, en
toponymie et dans la culture.
Lors de cette
soirée, l'Assemblée nationale du Québec s'est vu décerner le prix du Mérite du français
dans les technologies de l'information pour son site Internet Par ici
la démocratie. Un tel projet est le résultat d'une grande expertise et d'un effort collectif, et je tiens
donc à souligner le formidable travail de l'équipe de la Direction des communications, des programmes éducatifs et de
l'accueil, du personnel de la Direction de l'informatique, de la télédiffusion
et des télécommunications, de la Direction
des travaux parlementaires ainsi que de la Direction des affaires institutionnelles, de la Bibliothèque et
du Service de la recherche de l'Assemblée
nationale. Félicitations à tous et toutes pour cet honneur bien mérité!
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, Mme la
députée de Hull. Mme la députée d'Hochelaga-Maisonneuve.
Souligner le 10e
anniversaire de la Concertation
des luttes contre l'exploitation sexuelle
Mme Carole Poirier
Mme Poirier :
Merci, M. le Président. Je souligne aujourd'hui les 10 ans de persévérance et
de vaillante existence de la Concertation des luttes contre
l'exploitation sexuelle, la CLES.
Mise sur pied
en 2005 pour concerter les efforts des groupes et des personnes critiques à
l'égard de l'industrie du sexe, la
CLES mène une lutte contre toutes les formes d'exploitation sexuelle et fait la
promotion du respect des droits humains,
de l'égalité entre les sexes et de l'élimination de la violence. En 10 ans, la
CLES s'est illustrée comme une force
de changement social au Québec et a fait valoir avec énergie l'idée que la
prostitution n'est pas un travail et que l'industrie du sexe propage violence et inégalités. Offrant soins, et
services, et accompagnement aux femmes
victimes de violence, organisant des
ateliers s'adressant aux jeunes, intervenant sur le terrain et mobilisant
politiquement, la CLES est à l'avant-plan
d'un changement de mentalité que notre société se doit d'effectuer. Saluant
leur lutte, je nous invite à nous en inspirer. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, Mme la députée. M. le
député de Mégantic,
pour votre déclaration.
Féliciter la
municipalité de Saint-Isidore-de-Clifton pour son
classement dans une étude comparative du Centre sur la
productivité et la prospérité de HEC Montréal
M. Ghislain Bolduc
M. Bolduc : Merci, M. le Président.
Le 11 mai dernier, le Centre sur la productivité et la prospérité du HEC Montréal
a évalué les coûts des services municipaux grâce aux rapports financiers et aux
indicateurs de gestion des 1 110 municipalités
du Québec. Je tiens, par la présente déclaration, à
féliciter l'administration municipale de la municipalité de Saint-Isidore-de-Clifton, qui se maintient dans
le top 10 provincial et trône au premier rang régional, en Estrie, dans
le cadre de cette étude.
Des
élus dynamiques, des groupes sociaux nombreux et mobilisés autour du bien-être
de quelque 700 citoyens de cette
municipalité rurale sont certainement
des facteurs favorisant ce positionnement. Les défis sont toutefois nombreux,
mais je suis convaincu de leur inventivité,
leur enthousiasme et leur attachement à la communauté... permettront aux élus
et à la population de garantir un brillant avenir à la communauté ainsi
que de poursuivre dans cette voie de la bonne gestion et de la prospérité.
Félicitations!
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Merci à vous, M. le député de Mégantic. M. le député de Lévis.
Souligner le 10e
anniversaire de Développement
PME Chaudière-Appalaches
M. François Paradis
M. Paradis
(Lévis) : Merci, M. le
Président. Développement PME Chaudière-Appalaches est une organisation sans but lucratif qui contribue à l'essor
économique de la région en travaillant au développement des entreprises.
Aujourd'hui, Développement PME
Chaudière-Appalaches fête son 10e anniversaire. Je salue d'ailleurs, M. le
Président, des représentants d'organisations
qui sont ici avec nous aujourd'hui. Bravo! 10 ans déjà à soutenir des
entrepreneurs, à proposer des solutions, à les accompagner dans leur croissance, à les aider à se démarquer dans
un monde de plus en plus compétitif. Et le pari a été gagné, M. le
Président.
En 2013‑2014
seulement, PME Chaudière-Appalaches a rejoint plus de 500 entreprises,
85 % d'entre elles ont maintenu
ou augmenté leurs chiffres d'affaires, des chiffres qui parlent d'eux-mêmes.
Bon succès et bon anniversaire à tous les
membres de PME Chaudière-Appalaches, une organisation imaginée et développée
par des entrepreneurs pour des entrepreneurs! Merci, M. le Président.
• (9 h 50) •
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député
de Lévis. M. le député de Laval-des-Rapides.
Souligner 10 ans de
collaboration entre L'Entraide
(Pont-Viau et Laval) inc. et le ministère de
l'Immigration, de la Diversité et de l'Inclusion
M. Saul Polo
M. Polo : Merci beaucoup, M. le
Président. L'Entraide Pont-Viau est un organisme communautaire de ma circonscription de Laval-des-Rapides qui oeuvre,
depuis plus de 20 ans, à bâtir un modèle local communautaire viable
et qui est bien connu des familles du
secteur pour son implication et ses services de qualité. Dans une
circonscription où 30 % de ses
résidents sont issus de la diversité, L'Entraide Pont-Viau joue un rôle majeur
en se positionnant auprès des nouveaux arrivants comme une ressource
essentielle.
J'aimerais
souligner que cet organisme célèbre, cette année, ses 10 ans de
collaboration avec l'actuel ministère de
l'Immigration, de la Diversité et de l'Inclusion en offrant des services
d'accueil et d'accompagnement des nouveaux arrivants, d'aide à leur intégration à la société québécoise et à la
mise en place de séances d'information et de francisation.
Je
souhaiterais donc adresser mes plus vives félicitations à la directrice
générale de L'Entraide Pont-Viau et de Laval-des-Rapides,
Mme Claire Lebel, ainsi qu'à son équipe dévouée pour ces 10 années au
service des nouveaux arrivants de Laval-des-Rapides. Merci beaucoup.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député.
M. le député de Saint-Jean, pour votre déclaration.
Souligner le 125e
anniversaire du Cercle
philharmonique de St-Jean-sur-Richelieu inc.
M. Dave Turcotte
M.
Turcotte :
Merci, M. le Président. Le Cercle philharmonique de St-Jean-sur-Richelieu fête
son 125e anniversaire cette année. Cet
orchestre à vents figure parmi les plus anciennes harmonies du Québec et
constitue l'une des rares formations à n'avoir jamais interrompu ses
activités.
Ayant vu le
jour en 1890 au coeur de la ville
industrielle de Saint-Jean, le Cercle philharmonique a souligné, depuis toutes ces années, un nombre impressionnant
d'événements avec des concerts de grande qualité tout en s'impliquant dans sa
communauté.
Je veux
rendre hommage et féliciter tous ceux qui ont contribué à faire de cet
orchestre un joyau musical. Que ce soient
les musiciens, les membres, les directeurs musicaux mais également
la population qui les a encouragés, je vous dis : Merci! À ce fier ambassadeur de la
ville de Saint-Jean-sur-Richelieu, pour son apport à la vie musicale de chez
nous et pour sa contribution à la vie culturelle de notre région et à
celle du Québec, bravo!
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Alors, merci à vous, M. le député de Saint-Jean. M. le député des Chutes-de-la-Chaudière,
pour votre déclaration.
Souligner l'événement
promotionnel
Redonnez à la communauté, tenu
dans le cadre du Festivent
M. Marc Picard
M.
Picard : Merci, M. le Président. Festivent Ville de Lévis est l'un des tout premiers
festivals de montgolfières présentés
au Québec et fait maintenant partie des événements majeurs, digne des plus
grands événements internationaux. Dans
le cadre de la promotion volet organismes, les organisateurs de Festivent
souhaitent s'impliquer une fois de plus auprès des organismes locaux en présentant pour une deuxième année
l'événement promotionnel Redonnez à la communauté,
qui se tiendra du 27 au 30 mai prochains. Ainsi, pendant cette période,
pour chaque passeport adulte vendu en
prévente, un montant sera remis à un organisme communautaire participant. En
plus de bénéficier d'un prix réduit, les
gens qui achètent leurs billets sur le Web auront la possibilité de choisir la
cause pour laquelle Festivent versera le don.
En
terminant, je félicite Festivent Ville de Lévis pour cette généreuse initiative
et pour son implication auprès de la communauté lévisienne. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député. M. le député de Fabre.
Féliciter les élèves de sixième année de l'école
Les Trois-Soleils qui ont participé
au Défi Persévérance
M. Gilles Ouimet
M.
Ouimet (Fabre) : M. le Président, le 15 mai dernier, 53 élèves de sixième année de l'école Les
Trois-Soleils, accompagnés par une quinzaine de membres du personnel,
ont relevé avec brio un défi de grande envergure, soit le Défi Persévérance. Ils ont parcouru 106,5 kilomètres en bicyclette pendant six heures entre Labelle et Saint-Jérôme. Ce n'est qu'après avoir suivi un entraînement rigoureux sur plusieurs
semaines que ces jeunes ont réussi cet exploit. Le directeur de cette école, M. Danny Laviolette, initiateur de ce
projet qu'il a lui-même qualifié de démesuré, mérite toute notre
admiration pour avoir semé chez nos jeunes le goût de bouger, de persévérer et
de se dépasser.
À
titre de député de Fabre, je suis heureux d'avoir été associé à ce projet.
M. le Président, je tiens à rendre hommage et féliciter tous ces jeunes et les personnes qui
les ont accompagnés dans ce défi remarquable. Bravo à tous et à toutes!
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député de Fabre. Mme la
députée de Duplessis.
Rendre hommage à Mme Anne-Lise Fecteau pour
ses 30 ans de carrière à l'Assemblée nationale
Mme Lorraine Richard
Mme Richard : M. le Président, aujourd'hui, je rends hommage à Anne-Lise Fecteau. Mes
salutations, Anne-Lise, à ton conjoint Guy ainsi qu'à toutes les
personnes qui t'accompagnent.
Anne-Lise,
tu quittes l'Assemblée nationale après avoir travaillé 30 ans au mieux-être et
au mieux-vivre des gens de la circonscription de Duplessis. Ton dynamisme, ta rigueur, ton sens pratique, ta
connaissance des dossiers, du territoire de Duplessis font en sorte que
nous avons été choyés de t'avoir pendant 30 ans.
Comme
elle le dirait elle-même, elle est arrivée par défaut à l'Assemblée nationale le 20 mai 1985 comme employée à statut précaire en attendant de savoir ce qu'elle allait faire de sa
vie. J'ai eu le privilège de t'avoir à mes côtés pendant 12 ans, Anne-Lise. Tu as été mon attachée de
presse, mon attachée politique, mon adjointe administrative, ma conseillère politique,
mais tu as été surtout ma confidente, mon amie. Anne-Lise, tu vas nous manquer.
Tu vas manquer à Olivier, Micheline, Nicolas et surtout à moi. Je ne te
dis pas : Adieu, je te dis : Au revoir et à bientôt, Anne-Lise.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, merci à vous, Mme la députée de Duplessis,
et félicitations à vous, Mme Fecteau!
Et
cela met un terme à la rubrique Déclarations de députés, et je suspends les
travaux de l'Assemblée quelques instants.
(Suspension de la séance à
9 h 57)
(Reprise à 10 h 16)
Le Président :
Mesdames messieurs les députés, nous allons nous recueillir quelques instants.
Merci. Veuillez vous
asseoir.
Nous
poursuivons les affaires courantes. Aujourd'hui, il n'y a pas de déclarations ministérielles ni
présentation de projets de loi.
Dépôt de documents
À la rubrique Dépôt
de documents, M. le leader du gouvernement.
Réponse à une pétition
M.
Fournier : Oui, M. le Président. Ça me fait plaisir de déposer la réponse du
gouvernement à la pétition présentée par le député de Rousseau le
21 avril 2015.
Le Président :
Alors, ce document est déposé.
Dépôt de rapports de commissions
À la rubrique Dépôt
de rapports de commissions, M. le président de la Commission des finances
publiques et député de Montmorency.
Consultations particulières
sur le projet de loi n° 38
M. Bernier :
M. le Président, je dépose le rapport de la Commission des finances publiques
qui, les 6, 12, 13, 14 et 19 mai 2015, a
tenu des auditions publiques dans le cadre de consultations particulières sur
le projet de loi n° 38, Loi visant à permettre la réalisation
d'infrastructures par la Caisse de dépôt et placement du Québec.
Le Président :
Ce rapport est déposé.
Dépôt de pétitions
À la rubrique Dépôt
de pétitions, M. le député de Deux-Montagnes.
Cesser les mesures qui pénalisent
directement les femmes
M.
Charette : ...je dépose l'extrait d'une pétition déposée à l'Assemblée
nationale, signée par 87 pétitionnaires. Désignation :
congressistes au congrès régional Empreintes de femmes.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant qu'au Québec
les femmes représentent la moitié de la population;
«Considérant
que les mesures de relance économique ont été concentrées autour de la
construction d'infrastructures et que
les hommes ont bénéficié de mesures de relance totalisant 7,3 milliards de
dollars, alors que les femmes, quant à elles, ont bénéficié de mesures
de relance de 3,5 milliards de dollars, soit 3,8 milliards de dollars
de moins;
«Considérant
que ce sont les femmes qui ont subi des mesures d'austérité de l'ordre de
13 milliards de dollars, tandis
que les hommes ont été affectés à la hauteur de 9,9 milliards de dollars,
un écart de 3,1 milliards de dollars. Au total, ce sont donc
6,9 milliards de dollars en défaveur des femmes;
«Considérant que les
récentes compressions budgétaires imposées par le gouvernement provincial
fragilisent l'accès à l'emploi, l'autonomie
et la sécurité économique des femmes en concentrant les compressions dans des
secteurs où elles sont plus
présentes, notamment la fonction publique, le milieu de l'éducation et
le réseau de la santé et des services
sociaux;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous,
soussignées, congressistes au congrès régional Empreintes de femmes, organisé
par le Réseau des femmes des
Laurentides les 14 et 15 avril 2015, au Centre des congrès de Tremblant,
demandons que le gouvernement du Parti libéral du Québec cesse les
mesures qui pénalisent directement les femmes.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition.
Le Président :
Alors, l'extrait de cette pétition est déposé.
Il
n'y a pas de réponses orales aux pétitions ni d'interventions portant sur une
violation de droit ou de privilège.
Je
vous avise qu'après la période de questions et réponses orales sera tenu le
vote reporté sur la motion de M. le ministre
de la Santé et des Services sociaux proposant que le principe du projet de
loi n° 20, Loi édictant la Loi favorisant l'accès aux services de médecine de famille et de
médecine spécialisée et modifiant diverses dispositions législatives en
matière de procréation assistée, soit adopté.
Questions et réponses orales
Nous
en sommes maintenant à la période de questions et de réponses orales, et je
cède la parole à M. le chef de l'opposition officielle.
Forum sur une stratégie de
développement
économique et de création d'emplois
M. Pierre Karl Péladeau
M.
Péladeau : Merci, M. le Président. Hier, j'ai proposé au premier
ministre la tenue d'un grand forum économique pour le Québec, un forum pour doter le Québec d'un véritable plan pour
l'emploi qui pourra recevoir une large adhésion. Je propose au premier ministre d'asseoir autour d'une même table les
travailleurs, les entrepreneurs, les organisations syndicales, les milieux de la recherche, les
gestionnaires de capital, dont la Caisse de dépôt et les fonds de travailleurs,
les gens du milieu de l'éducation et bien d'autres avec les décideurs.
• (10 h 20) •
Devant les défis qui
se posent à nous, il y a un leadership à exercer. Il appartient au gouvernement
d'être une source d'impulsion, une source
qui permet de réunir plutôt que d'imposer, une source de rassemblement plutôt
que de division. À toutes les
familles éprouvées par les pertes
d'emploi, nous pouvons envoyer le message fort que nous sommes au travail pour eux et que nous le faisons tous
ensemble. À tous nos chefs d'entreprise, nous pourrions dire qu'ils disposeront désormais
des mêmes moyens que leurs concurrents des États voisins qui ont déjà fait le
choix de protéger leurs sièges sociaux.
Alors,
M. le Président, j'aimerais savoir du premier ministre s'il accepte la main tendue, s'il est prêt à convier tous les acteurs socioéconomiques à ce grand
rendez-vous pour l'économie et l'emploi au Québec, qui pourrait se tenir
dès septembre prochain.
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : Alors, en fait, M. le Président, l'action du gouvernement
pour la croissance de l'emploi et de l'économie au Québec a commencé dès les lendemains de son élection. D'ailleurs,
il y a des bonnes nouvelles. Je parlais des emplois hier, près de 69 000.
Ce matin, on apprend que les exportations internationales du Québec sont en
forte croissance par rapport au reste
du Canada, 6,1 % et 10 %, plus de 10 % pour le premier trimestre
de 2015, ce qui est considérable.
Maintenant,
lorsqu'on fait le tour du Québec et qu'on parle aux entrepreneurs, notamment
ceux et celles des petites et
moyennes entreprises, où se situent 50 % des emplois, ils et elles nous
disent tous la même chose et toutes la même chose : Nous voulons un allégement du fardeau fiscal — c'est en cours — nous voulons une simplification de notre
fardeau administratif — c'est en cours — et nous voulons également avoir une
meilleure capacité de recruter. Et c'est souvent le problème qu'on nous mentionne en premier lieu, la main-d'oeuvre
qualifiée pour les emplois disponibles. Là aussi, c'est en cours, des
mesures ont été adoptées.
Alors, je ne veux pas
dire qu'il n'y a pas d'autres mesures à prendre et d'autres réunions à faire.
On en fait beaucoup. On aura des stratégies
sectorielles sur le secteur maritime, le collègue le sait. On aura une
stratégie sur l'aluminium, qui est un
dossier économique très important au Saguenay—Lac-Saint-Jean. On aura également des réunions
de concertation au gouvernement avec le
mouvement syndical et le patronat, on verra si ça nous amène vers des pistes
consensuelles supplémentaires. Et il y aura toujours lieu d'envisager la tenue
d'un sommet semblable, mais ça ne m'apparaît pas prioritaire actuellement. La
priorité, c'est l'action sur le terrain auprès des entrepreneurs pour créer de
l'emploi partout au Québec.
Le Président :
Première complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M. Pierre Karl Péladeau
M.
Péladeau : M. le Président, le premier ministre me fait penser à une
fameuse formule : Nous verrons, nous verrons. Le Cirque du Soleil,
SNC-Lavalin et Bombardier... L'obligation nous est faite d'agir. Il est de
notre devoir d'anticiper la réalité, et non de la subir. Le Parti québécois
propose un ensemble de mesures, à l'instar des meilleures pratiques aux
États-Unis et en Europe, pour mieux outiller nos fleurons québécois.
Est-ce
que le premier ministre accepte de travailler avec nous pour mieux protéger nos
entreprises et nos sièges sociaux?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : Là également, M. le Président, on est dans l'action. On est dans
l'action, bien sûr, parce que l'AMF a déjà
donné des outils supplémentaires aux administrateurs de sociétés. On a vu
d'ailleurs, dans l'exemple du Cirque du Soleil, que le résultat final de la transaction s'est fait avec la
participation de la Caisse de dépôt et de l'actionnaire fondateur, qui
est resté au coeur de son entreprise pour s'assurer que les activités
créatrices demeurent à Montréal.
Mais
on veut également — et je
suis certain que mon collègue partage cette opinion — on veut également faire du Québec une
économie ouverte et attrayante. Et je vais lui redire, avec tout le respect que
son poste lui doit, que la meilleure façon de garder et d'attirer nos sièges
sociaux, c'est de créer au Québec un climat de stabilité politique, financière et économique, et il est aux premières
loges pour corriger l'impression d'instabilité que pourrait créer pour les
investisseurs d'ailleurs sa constante quête de...
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M. Pierre Karl Péladeau
M.
Péladeau : M. le Président, au lendemain de son élection, le premier
ministre avait déclaré vouloir poursuivre le chantier de l'électrification des transports amorcé par le
gouvernement précédent. Ce chantier constitue une opportunité fantastique pour le Québec. Or, il n'y a pas eu, depuis un an, de véritables efforts pour
amener plus loin cette vision du futur
pour le Québec. Est-ce
que le premier ministre accepte ma proposition de nous réunir pour donner un véritable élan à l'électrification
des transports?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : M. le Président, on va faire encore mieux que ça, on va bientôt déposer un nouveau plan d'action sur l'électrification des transports, d'ailleurs, que mon collègue
ministre des Transports est en
train de terminer actuellement sur la base de nos succès précédents. Je lui dirais amicalement que
l'électrification des transports a été l'objet de l'attention des deux gouvernements précédents, puisque ça a débuté en 2011,
ça a été poursuivi par le gouvernement du Parti
québécois, et nous prenons le relais parce qu'effectivement c'est là que
se situe une grande partie de l'avenir du Québec.
Il faut
savoir, M. le Président, que 50 % du marché de vente de véhicules
électriques au Canada se trouve chez nous,
au Québec. On a l'électricité, on a l'expertise de recherche, on a l'aluminium,
on a l'expertise aéronautique pour les matériaux,
on a tout ce qu'il faut pour pousser ce secteur encore plus loin, et c'est ce
qu'on va faire, là. Là encore, l'action plutôt que les mots, M. le
Président.
Le Président : Troisième
complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M. Pierre Karl Péladeau
M.
Péladeau : Merci, M. le Président. Je propose au premier ministre de
donner des outils à nos entreprises afin qu'elles puissent mieux se défendre. Par exemple, de leur donner
l'opportunité d'inclure dans leurs statuts un droit de vote variable en fonction de la durée de détention
des actions. Cette mesure viendrait donner un plus grand poids décisionnel
aux actionnaires ayant des intérêts à long terme plutôt qu'aux spéculateurs.
Est-ce que le
premier ministre accepte de travailler avec le milieu des affaires à la mise en
place de telles mesures pour protéger nos entreprises québécoises?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : M. le Président,
cette recommandation spécifique a été étudiée et rejetée parce qu'une grande
partie du milieu économique et
financier s'y objecte pour des raisons fondamentales très importantes que mon
collègue connaît probablement.
Maintenant, ce
qu'il faut continuer à faire, bien sûr — et je répète encore, ce n'est pas anodin, et
je vais le répéter — créer un climat de stabilité et de
prévisibilité au Québec, c'est la première chose à faire. Créer un
environnement fiscal favorable, créer
un environnement économique favorable, ça, ça va bien plus loin que tous les
mots qu'on pourrait dire aujourd'hui sur la question des sièges sociaux.
Par ailleurs,
nos institutions financières, la Caisse de dépôt, en toute
indépendance, et Investissement Québec, lorsque c'est nécessaire, pourront jouer un rôle approprié pour
maintenir les sièges sociaux des entreprises stratégiques du Québec.
Le Président : En terminant.
M.
Couillard : Mais on ne veut
pas envoyer le signal ailleurs dans le monde que le Québec se ferme à l'investissement,
M. le Président.
Le Président : Principale,
Mme la députée de Taschereau.
Lutte contre
l'intégrisme religieux
Mme Agnès Maltais
Mme
Maltais :
Hier, on a appris que des parents ont dû appeler à l'aide la GRC pour aider
leurs enfants à sortir de la
radicalisation. Tout ce qu'ils avaient pour les aider, c'est appeler la GRC
pour arrêter quasiment ou interroger leurs enfants. Depuis son élection, le gouvernement libéral entretient un flou
quant au dépôt d'un projet de loi sur la neutralité religieuse de l'État, les accommodements
raisonnables et surtout la lutte à l'intégrisme. En avril 2014, le premier
ministre avait dit qu'il serait
déposé rapidement. La ministre de la Justice a reporté ça ensuite à l'automne.
À l'automne, le premier ministre a
reporté ça à l'hiver. À l'hiver, le premier ministre a dit que ça serait à la
fin du mandat. Et, devant le tollé général, la ministre de la Justice
nous a dit que ce serait d'ici juin, d'ici la fin de la session.
Alors, pour rassurer
les parents qui sont un peu ébranlés, comme nous, devant un tel festival
d'improvisation, est-ce que la ministre de
la Justice peut nous confirmer que, comme elle l'a promis, ce projet sera
déposé d'ici la fin de la session?
Le Président :
Mme la ministre de la Sécurité publique.
Mme Lise Thériault
Mme
Thériault : Oui. Merci, M. le Président. Je pense que c'est
important de préciser ici que, lorsqu'on parle de prévention de la radicalisation, il y a un travail de tous les
instants qui se fait non seulement avec la GRC, mais également avec la Sûreté du Québec et le Service de police
de la ville de Montréal. Comme vous savez, M. le Président, il y a une équipe intégrée. M. le Président, nous avons lancé
le message aux parents parce que ce qui est important, c'est de pouvoir signaler les cas potentiels de radicalisation pour
empêcher nos jeunes de quitter le pays et d'aller vers la Syrie avec l'État islamique.
M. le Président, c'est important de rappeler que notre gouvernement travaille en
concertation avec tous les ministères qui sont impliqués, que ce soit la
collègue de la Justice, la collègue de l'Immigration, de la Diversité et de l'Inclusion ainsi que les autres ministères. Et je
veux rassurer les gens qui nous écoutent, et la députée de Taschereau,
ainsi que nos collègues parlementaires, le gouvernement arrivera très bientôt
avec différentes actions parce que la radicalisation,
M. le Président, c'est une question de sécurité, mais on doit
aussi penser à nos jeunes qui sont ici que leurs parents ont choisi de vivre au Québec et qui quittent comme ça. Malheureusement, M. le Président, vous comprendrez que c'est un phénomène qui est nouveau. On fait beaucoup
en peu de temps parce que c'est une question qui nous tient à coeur, M.
le Président.
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée de Taschereau.
Mme Agnès Maltais
Mme
Maltais : Il y a
trois problèmes dans la réponse que vient de donner la ministre. D'abord, elle
lie le problème à l'immigration, ce que nous n'avons jamais fait. Deuxièmement,
la ministre de la Justice reste silencieuse et refuse de réitérer son engagement devant cette Assemblée nationale, silence total. Et, troisièmement, l'approche. C'est la ministre de
la Sécurité publique, celle qui est
responsable de la Sûreté du Québec et
de la police, qui répond. C'est donc une approche de coercition au lieu d'être une approche de
prévention. Nous, on a déposé un projet de loi sur l'observateur de
l'intégrisme parce qu'on croit que c'est la prévention. Les parents, ils
veulent être rassurés.
Que la ministre de la
Justice se lève et réitère...
Le Président :
Mme la ministre de la Sécurité publique.
Mme Lise Thériault
Mme
Thériault : M. le Président, dois-je rappeler que la collègue,
la députée de Taschereau, a débuté sa question en parlant des parents qui font appel à la GRC pour lutter contre la
radicalisation, M. le Président? Donc, je n'ai pas une approche coercitive. Au contraire, on travaille
avec les actes de prévention, détecter, et c'est exactement ce que nos forces
policières font. Elles doivent enquêter,
détecter, travailler avec les gens sur le terrain, s'assurer qu'on fait
confiance en nos forces policières
aussi pour dénoncer lorsqu'on pense qu'il y a des jeunes qui se radicalisent et
qui sont à risque de quitter le pays
ou encore qui veulent commettre des attentats terroristes ici. Et c'est le but
de notre gouvernement, M. le Président, la prévention.
• (10 h 30) •
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la députée de Taschereau.
Mme Agnès Maltais
Mme
Maltais : Combien de parents vont être obligés d'appeler la
police ou la GRC parce que c'est tout ce qu'ils ont comme outil entre les mains
pour aider à prévenir la radicalisation? Combien d'arrestations ça va prendre
des enfants sur l'appel des parents
pour réussir à sortir de là? Il y a un projet de loi qui a été promis. Ça fait
un an et demi qu'on l'attend, ça fait
depuis votre élection qu'on l'attend. La ministre de la Justice s'est engagée,
qu'elle répète son engagement formel en cette Assemblée de déposer un
projet de loi comme tout le gouvernement le promet depuis si longtemps.
Le Président :
Mme la ministre de la Sécurité publique.
Mme
Lise Thériault
Mme Thériault : M. le
Président, regardez, la session se termine le 12 juin, il y aura des
dépôts de pièces législatives. Mais, M. le
Président, on va se dire les vraies affaires aussi, on parle de radicalisation
dans un contexte mondial, mondial, M.
le Président. Le Québec ne vit pas sur une planète qui est isolée, là, ce n'est
pas vrai. On fait partie du Canada et on lutte ensemble contre la
radicalisation, M. le Président, qui peut mener à des actes...
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît!
Mme
Thériault : ...extrémistes violents. Donc, M. le Président,
vous comprendrez que, comme un gouvernement responsable, on travaille ensemble, que la ministre de la Justice aura
l'occasion, au cours des prochaines journées, des prochaines semaines,
de donner suite aux engagements du gouvernement, M. le Président.
Le Président : Principale, M.
le chef du deuxième groupe d'opposition.
Hausse de la taxe
scolaire
M. François Legault
M. Legault : M. le Président,
en campagne électorale, l'année dernière, le premier ministre s'était engagé clairement à ce que les taxes scolaires
n'augmentent pas de plus que l'inflation. On connaît la suite, les taxes, pour
2014-2015, ont augmenté en moyenne de
10 %. Alors, M. le Président, au cours des prochaines semaines, les gens
vont recevoir au Québec, partout,
leur augmentation de taxes pour l'année prochaine. Je comprends que le premier
ministre hésite à faire de nouvelles promesses.
Je sais qu'il
s'en va, d'ailleurs, la semaine prochaine se confesser auprès du pape pour ses
promesses rompues de la dernière
campagne électorale. Mais, M. le Président, il peut toujours limiter ses péchés
pour l'année qui vient. Donc, M. le
Président, la CAQ va déposer aujourd'hui une motion pour que le gouvernement
s'engage, pour l'année 2015‑2016, à ce que les taxes scolaires
n'augmentent pas de plus que l'inflation.
Donc, je voudrais savoir : Est-ce que le
premier ministre est prêt à s'engager à ce que les taxes scolaires n'augmentent pas de plus que l'inflation pour
arrêter de diminuer le pouvoir d'achat de la classe moyenne au Québec?
Le Président : M. le premier
ministre.
M.
Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président, je
comprends que c'est un thème sur lequel notre collègue aime revenir à de nombreuses reprises. La répétition peut avoir des
qualités, mais également des défauts parce que, chaque fois, je lui donne
la même réponse que je vais lui donner
encore une fois aujourd'hui. Le collègue sait très bien qu'on est à la dernière
année de l'impact de la suppression
du programme de péréquation qui égalisait les chances entre les enfants du
Québec. On n'a pas les moyens, avec une impasse de plus de
7 milliards de dollars, de rembourser cette péréquation...
Des voix : ...
M.
Couillard : ... — on voit que ça les fait rire, mais ils
devraient être les derniers à rire de ça, M. le Président — 7 274 000 000 $
pour être plus précis. Il le sait très bien, lui également voulait rétablir
l'équilibre budgétaire.
Maintenant, notre
collègue de l'Éducation travaille sur un réexamen profond de la taxation
scolaire, d'abord pour qu'elle soit
équitable pour toutes les familles et tous les enfants du Québec et qu'elle
mette un peu de côté le lien avec la propriété foncière, qui est un
autre facteur d'inéquité. Et, oui, on veut garder à long terme les
augmentations le plus près possible de
l'inflation, c'est ce qu'on va faire, mais ça prend un travail précis et
profond, et il faut passer à travers l'année actuelle, qui est la
dernière de trois qui nous vient de l'héritage de ceux qui nous ont précédés.
Le Président : Première
complémentaire, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M.
François Legault
M. Legault :
M. le Président, le premier ministre vient de dire qu'il veut garder les
augmentations le plus près possible
de l'inflation. Son ministre des Finances prévoit que c'est 1,4 %,
l'inflation de 2015. L'année dernière, les taxes ont augmenté de 10 %, ce n'est pas près de l'inflation. Là, ce
qu'il vient de nous dire, c'est qu'il y a encore une dernière année,
qu'il faut faire des efforts.
Est-ce qu'il nous confirme aujourd'hui que les
taxes scolaires vont augmenter encore de 10 % cette année?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président, un peu de rigueur, quand même. Le collègue sait très
bien qu'il y a des commissions scolaires
où ça a diminué de façon très marginale, les taxes scolaires, pas dans tous les
cas, mais... Et, oui, la moyenne, il
faut dire la moyenne... Quand c'est la moyenne, c'est qu'il y en a qui sont
bien moins puis il y en a qui sont au-dessus de ça. C'est ça, le concept
de moyenne en arithmétique, M. le Président.
Alors,
ce qu'il faut faire, c'est répéter ce qu'on a dit tantôt : Il n'aurait pas
fallu supprimer la péréquation, il n'aurait pas fallu laisser l'État du Québec avec une impasse de plus de
7 270 000 000 $, il n'aurait pas fallu rire de ça il y a
quelques instants. Parce que c'est ça, la tragédie actuelle du Québec : on
répare les pots cassés, on le fait avec responsabilité et avec courage, M. le
Président.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M. François Legault
M.
Legault : M. le Président, le premier ministre nous dit :
C'est une augmentation moyenne de 10 %; il y en a qui sont bien moins que 10 %, mais il y en a
qui sont bien plus que 10 %. Dans Chauveau, c'est 33 %, M. le
Président.
M.
le Président, est-ce que le premier ministre confirme aux gens, aux Québécois,
qu'il va continuer à augmenter de
10 % par année, qu'il va continuer à piger dans les poches des familles de
la classe moyenne? Est-ce qu'il y a un député libéral qui va se lever...
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : Alors, ça y est, M. le Président, le chat est sorti du sac parce que,
bien sûr, c'est une question pour la partielle de Chauveau, là, qu'on
vient d'entendre. Ça n'a rien à voir avec l'actualité politique du Québec.
Bien, ça s'adonne, comme on dit chez nous, M. le Président, que notre
candidate, elle reste à Chauveau, elle paie ses taxes scolaires à Chauveau, elle parle et elle vit avec le monde de Chauveau,
qui comprennent très bien la situation financière du Québec. Et, au lieu d'agiter
cette question...
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît!
M. Couillard : ...de façon un peu simple, il devrait faire attention à présenter dans Chauveau
du monde qui sont de Chauveau, qui parlent au nom de Chauveau.
Le Président :
Principale, M. le député de Chambly.
Services
aux élèves handicapés ou en difficulté
d'adaptation ou d'apprentissage
M. Jean-François Roberge
M.
Roberge : M. le Président,
hier, j'ai pris connaissance de l'histoire inspirante de la jeune Catherine
Boone Deschambault, 16 ans, qui
s'apprête à vivre son bal de graduation puis d'aller au cégep pour réaliser son
rêve de décrocher un emploi en animation 3D.
Mais ce n'est pas une
histoire banale, cette histoire-là, parce que la jeune fille, elle a un trouble
du spectre de l'autisme. Si elle a réussi,
c'est parce que, pendant son parcours, elle a pu bénéficier de centaines
d'heures d'accompagnement professionnel
avec des gens dévoués, des orthopédagogues, des psychoéducateurs, des
techniciens en éducation spécialisée.
Mais c'est
paradoxalement là, là, c'est dans ces catégories de professionnels là
essentiels à la réussite que le gouvernement a choisi de couper tout en
maintenant, bien sûr, les structures et les élections scolaires à
20 millions.
Qu'est-ce
que le ministre de l'Éducation a à dire à ces milliers de jeunes qui, comme la
jeune Catherine, ont besoin de l'aide des professionnels pour réussir
leur rêve, décrocher un diplôme et un emploi?
Le Président :
M. le ministre de l'Éducation.
M. François Blais
M.
Blais : Alors, je remercie mon collègue pour la question. Tout d'abord,
j'aurais envie de lui dire que ça sert aussi
à ça, les taxes scolaires. C'est 2 milliards de dollars, hein, qui vont
vers les commissions scolaires et qui retournent vers les établissements. C'est important, hein, pour les commissions
scolaires aujourd'hui — c'est à peu près 20 % de leur budget — d'aller chercher ces sommes pour s'assurer
que tous les enfants du Québec aient accès au même niveau de services.
Maintenant,
pour ce qui concerne non pas... peut-être pas la communication aussi spécifique...
un cas aussi spécifique, mais se
rappeler bien, là, le niveau de financement que nous accordons à ces enfants.
Le Québec a fait le choix de l'intégration scolaire. C'est un choix exigeant, c'est un choix
onéreux, il faut bien le dire. 2,3 milliards de dollars cette année en intégration scolaire, c'est du jamais-vu,
et ces sommes ont décuplé, là, depuis 10 ans. Donc, ces sommes sont
demeurées les mêmes, et les commissions
scolaires savent très bien qu'elles doivent les affecter, hein, au déploiement
des ressources pour aider ces jeunes vers l'intégration.
Donc, il n'y
a pas d'enjeu de coupure du ministère de l'Éducation par rapport à ces
sommes-là. Les commissions scolaires
ont encore les sommes dans leurs fonds et elles s'occupent de déployer leurs ressources
au meilleur, bien sûr, de leurs capacités et de la situation actuelle.
Le Président : Première
complémentaire, M. le député de Chambly.
M.
Jean-François Roberge
M.
Roberge : M. le Président, là, je m'excuse, mais c'est du grand
n'importe quoi. Le premier ministre vient de dire, il y a quelques minutes,
qui... selon lui, on n'a plus les moyens de l'égalité des chances. Le ministre,
lui, il abandonne les jeunes. On s'apprête à couper 265 postes de
professionnels, des gens essentiels à la réussite de nos jeunes les plus
vulnérables, des jeunes qui vont être laissés pour compte. C'est complètement
irresponsable.
Pourquoi le ministre abandonne-t-il les jeunes?
Le Président : M. le ministre
de l'Éducation.
M.
François Blais
M.
Blais : M. le Président, mon collègue s'emporte en ce moment. Je pense
qu'il s'emporte, et on est loin de la réalité. Je l'ai mentionné, les sommes, hein, que l'on dédie à cette clientèle
n'ont jamais été aussi importantes ces dernières années.
C'est vrai,
il y a un effort budgétaire à faire au Québec, et je pense que son parti est
d'accord pour que nous fassions cet
effort budgétaire. Mais nous avons préservé ces sommes, et c'est aux commissions
scolaires ensuite de les déployer selon les priorités, là, qu'elles
voient dans leurs milieux.
• (10 h 40) •
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le député de Chambly.
M.
Jean-François Roberge
M.
Roberge : M. le Président, peut-être
que je m'emporte, mais le ministre,
lui, il coupe dans les services puis il s'en porte très bien, pas de
problème.
Dans La Presse
de ce matin, Alain Dubuc écrivait, et je le cite : «Les efforts pour le
progrès social en éducation comportent
aussi des avantages économiques.» C'est peut-être un discours qu'il devrait
comprendre, mais même pas, même pas.
Le gouvernement actuel ne comprend rien à l'éducation, il n'a pas de plan
économique, donc, même ce discours-là, il ne le comprend pas.
Pourquoi le ministre refuse-t-il d'aider les
jeunes à décrocher un diplôme?
Le Président : M. le ministre
de l'Éducation.
M.
François Blais
M.
Blais : Encore une fois, j'ai l'impression que mon collègue s'emporte,
là. Donc, bien sûr, les efforts que l'on fait en éducation ont deux conséquences positives : l'égalité des
chances — et
l'égalité des chances, ça commence par l'intégration dans le milieu scolaire des jeunes en difficulté,
et le Québec a fait des pas de géant ces 10 dernières années dans ce travail d'intégration — ensuite, bien sûr, il y a des conséquences économiques que l'on
souhaite pour le Québec à ce type d'intégration là.
Je le
répète : Les sommes sont là, elles sont déployées dans les commissions
scolaires, et on espère — et je suis d'accord avec
lui — que les
commissions scolaires vont faire les meilleurs choix cette année, dans une
année de transition que l'on reconnaît...
Le Président : Terminons.
M. Blais : ...exigeante, mais
nécessaire.
Le Président : Principale, M.
le député de Blainville.
Fonds Chantiers Canada-Québec
M.
Mario Laframboise
M.
Laframboise : M. le
Président, la mise en chantier de dizaines de projets d'infrastructure
municipale est retardée dans toutes les régions du Québec depuis des
mois. Pourquoi? Parce que le gouvernement libéral préfère bloquer les négociations avec le
gouvernement fédéral sur le Fonds Chantiers Canada-Québec que de permettre aux
municipalités d'investir dans leurs infrastructures et de contribuer au
développement économique du Québec.
Le
mois dernier, le ministre des Affaires municipales me disait que l'entente
serait très prochainement conclue. Les
municipalités ont des projets à financer, l'argent est sur la table, mais le
gouvernement provincial se traîne les pieds pour signer l'entente avec le gouvernement fédéral. Le 21 novembre
dernier, l'Union des municipalités du Québec a adopté à l'unanimité une
résolution demandant au gouvernement de signer rapidement l'entente.
À
quelques heures de l'ouverture des assises annuelles de l'UMQ à Montréal,
est-ce que le ministre annoncera enfin la signature de l'entente avec
Ottawa?
Le Président :
M. le leader du gouvernement.
M. Jean-Marc Fournier
M. Fournier :
Je veux juste... pour répondre à la première question, M. le Président, puisque
notre collègue disait — et je tiens à le corriger là-dessus, en
toute amitié — que le
gouvernement se traînait les pieds : Le gouvernement a insisté pour que nous puissions faire valoir nos
façons de faire au Québec. Je l'ai d'ailleurs dit dans un débat de fin de
séance à notre collègue : Il ne s'agit
pas de se traîner les pieds quand on défend les intérêts du Québec et nos
façons de faire. C'est ce sur quoi nous avons insisté.
Cela
étant dit, oui, on a trouvé ça un peu long, mais nous sommes sur les derniers
miles de ce dossier, et je suis à
même de dire que, de la façon dont le dossier chemine, les intérêts du Québec
auront été sauvegardés, les projets pourront se faire, et le Québec s'en
portera mieux. Nous attendrons les félicitations du collègue un peu plus tard.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Blainville.
M. Mario Laframboise
M. Laframboise : M. le Président, le ministre des Affaires intergouvernementales m'a dit
en cette Chambre que trois points achoppaient. Lors des études des
crédits, le ministre des Affaires municipales me répondait que le dossier
évoluait et que seulement un point demeurait en litige avec Ottawa.
Le ministre peut-il
nous confirmer qu'il bloque l'entente parce qu'il refuse de fournir l'état des
mises en chantier deux fois par année, une
règle de reddition de comptes fort raisonnable dans le contexte actuel, un
prétexte derrière lequel son gouvernement se réfugie pour reporter la
signature après les élections fédérales?
Le Président :
M. le ministre des Affaires municipales.
M. Pierre Moreau
M.
Moreau : Bien, écoutez, M. le Président, le député qui pose la
question est un ancien président de l'Union des municipalités du Québec.
Il devrait savoir...
Des voix : ...
M.
Moreau : Oui, c'est ça. Mais, à ce titre-là, à ce titre-là, il
devrait savoir que l'Union des municipalités du Québec nous a demandé de mettre sur pied un comité pour
simplifier les redditions de comptes envers le gouvernement du Québec, des municipalités envers le gouvernement du
Québec. Il est tout à fait normal que, dans une négociation, on s'attende à
simplifier les redditions de comptes plutôt qu'à les compliquer.
Cela dit, son
préambule était bien fait. Lorsqu'on s'en est parlé la première fois, il y
avait trois points qui achoppaient, maintenant il n'en reste plus qu'un seul,
et...
Le Président :
En terminant.
M.
Moreau : ...le dossier va bien. C'est la preuve d'un dossier
qui évolue. Quand on discute avec le gouvernement fédéral, quand on
négocie, on le fait pour l'intérêt du Québec.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Blainville.
M. Mario Laframboise
M.
Laframboise : Alors que les assises de l'UMQ débutent demain à
Montréal, les citoyens, les maires des municipalités attendent avec impatience
que les projets commencent. L'argent est là, mais, à cause d'une guéguerre
politicoadministrative, les projets sont sur la glace.
Est-ce
que le ministre va annoncer, pendant les assises de l'UMQ, que l'entente est
finalisée? Est-ce que cette guéguerre politique va cesser, M. le
Président?
Le Président : M. le ministre
des Affaires municipales.
M. Pierre Moreau
M.
Moreau : Bien là,
moi, la guéguerre n'a pas commencé puis elle n'est pas finie, il n'y en a pas.
Alors, ce qu'on fait, c'est qu'on
négocie. Et vous savez, M. le
Président, au congrès de l'Union des municipalités du Québec, où le premier
ministre livrera un discours dès demain, ce que nous allons dire aux municipalités, c'est qu'effectivement il y
a un nouvel air de changement
au Québec : on les considère comme des partenaires. Et on ne va pas à un
congrès de l'Union des municipalités du Québec pour faire des annonces et, dans
un cas...
Des voix :
...
M.
Moreau : On ne va
pas... Bien, depuis qu'on est au pouvoir. On ne va pas dans un congrès pour le
bonheur de faire des annonces. On va
là pour dire : Vous êtes des partenaires, fiez-vous sur nous, on négocie
en votre nom, vous allez avoir des résultats, et des travaux
d'infrastructure, vous allez pouvoir en faire. C'est ça qu'on va leur dire.
Le Président :
Principale, M. le député de Rosemont.
Hausse
des tarifs pour les aînés et les handicapés
fréquentant les centres de jour
M. Jean-François Lisée
M.
Lisée : M. le Président, depuis le 1er janvier, les aînés et les handicapés du Québec
sont victimes du plus grand choc
tarifaire de l'histoire de ce parti libéral : 87 % d'augmentation pour les repas en centre de
jour, 600 % d'augmentation pour
les transports. Hier, le ministre de la Santé a essayé de nous faire croire que
c'étaient des décisions des administrateurs locaux. Eh bien, non, c'est
une circulaire, sa circulaire, envoyée à tous les établissements, leur
disant : Maintenant, augmentez
considérablement les frais. Avec quels résultats? L'institut de gériatrie de
Montréal, par exemple, a complètement cessé
de dispenser du transport de ses usagers. Plusieurs des usagers n'y vont plus,
au centre de jour. Carolle Dubé, de l'Alliance
du personnel professionnel et technique, dit : Si le gouvernement voulait
vider les centres de jour, il ne s'y prendrait pas autrement.
Alors,
si le ministre de la Santé tient à ce que les centres de jour fonctionnent,
peut-il aujourd'hui annoncer le retrait de ces augmentations
injustifiables?
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : M. le Président, je vais quand même me permettre de
rectifier certaines choses. Nous n'avons pas envoyé des circulaires ordonnant
au réseau d'augmenter les montants, mais ce sont des propositions d'ajustement
qui ont été demandées...
Des voix :
...
M. Barrette :
... — attendez
un instant — M.
le Président, parce que la situation qui découle d'une circulaire similaire
date de 1992. Ça fait maintenant bientôt 25 ans qu'il n'y a pas eu
d'ajustement.
Et qu'est-ce qui se
passe sur le terrain, M. le Président? Vous savez, il y a quelques semaines, le
député de Saint-Jérôme, actuellement chef de
l'opposition, faisait la promotion, pour le Québec, de la convergence. Or,
c'est exactement ce qui est arrivé dans le monde du transport adapté, la
convergence, la convergence qui a fait en sorte que les compagnies, M. le
Président, se sont fusionnées. Se fusionnant, M. le Président, les prix ont
augmenté, et ces compagnies-là, ce sont des compagnies indépendantes, et il a
fallu s'adapter, et l'adaptation demande ça.
Ceci
dit, M. le Président, en santé, là, juste comme ça, là, on attend toujours,
soit du député de Rosemont, soit de la députée de Taillon...
Le Président :
En terminant.
M.
Barrette : ...soit du chef de l'opposition, un plan. On n'en a
toujours pas, M. le Président. Je rappelle que...
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Rosemont.
M. Jean-François Lisée
M.
Lisée : Le ministre de la Santé appelle ça un ajustement, M. le
Président, un ajustement. Pour un aîné ou un handicapé qui va au centre de jour deux fois par semaine, c'est un
ajustement de 1 000 $ par année. Peut-être que, pour lui,
médecin spécialiste, c'est un ajustement, mais, pour la grande majorité des
gens, 1 000 $, c'est hors de prix.
Alors, est-ce qu'il peut appliquer ce que le
premier ministre a dit en décembre, et ne pas augmenter les tarifs au-delà de
l'inflation, et retirer ces hausses inacceptables?
(Applaudissements)
Le Président : M. le ministre
de la Santé.
M.
Gaétan Barrette
M. Barrette : Je vais prendre les
applaudissements pour moi, M. le Président, parce que...
Des voix : ...
M.
Barrette : Je pourrais même dire, M. le Président, qu'on est dans une
expression de convergence parlementaire, puisqu'évidemment face à cette
circulaire qui a été envoyée à mon insu j'ai demandé...
Des voix : ...
M.
Barrette : Non, non, c'est une réalité. J'ai demandé de suspendre
l'application de ladite circulaire pour revenir à la situation
précédente pour que nous puissions faire l'état de la situation.
Le Président : En terminant.
M. Barrette : Il n'en reste pas
moins, M. le Président, qu'il y a quand même des aménagements à être faits.
• (10 h 50) •
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le député de Rosemont.
M.
Jean-François Lisée
M. Lisée :
Donc, si on comprend bien, cette
circulaire a été envoyée à son insu. Nous, on en a une copie. Tous les établissements
du Québec en ont une copie. Je veux bien la déposer s'il ne l'a pas eue.
Est-ce qu'il confirme aujourd'hui que les hausses demandées par cette circulaire
sont abolies et qu'il n'ira pas plus loin que l'inflation pour l'augmentation
des tarifs de transport adapté et de repas?
Document déposé
Le Président : Consentement
pour le dépôt? Consentement? Consentement pour le dépôt?
Une voix : ...
Le
Président : Ah! on
peut... Vous êtes bien gentil. On a parlé hier de lampions. Ce matin, on était
dans la confession. Moi, je vais vous inviter à la communion. Alors, M.
le ministre de la Santé.
M.
Gaétan Barrette
M. Barrette : M. le Président, je
suis heureux que le député de Rosemont dépose des documents qui sont sur
l'Internet. Malheureusement, c'est un fait, je n'en avais pas été avisé. Mais, M.
le Président, il n'en reste pas moins que je
m'engage à revenir à la situation d'avant et à faire une évaluation
de la situation, parce
qu'encore une fois, M. le Président,
il y a une réalité économique. Le problème du député de Rosemont, M. le
Président, et de toute l'opposition officielle,
c'est que la réalité économique est hors de portée de leur pensée, et la
justice sociale n'est pas exclue par la raison budgétaire et ne justifie
pas la pensée magique budgétaire péquiste, M. le Président.
Le Président : Bon!
Principale, M. le député de Bonaventure.
Des voix : ...
Le
Président : Eh! Eh! Ça va aller. Si vous voulez que je vous
donne l'absolution, là, on va donner tout de suite... M. le député de
Bonaventure.
Approvisionnement en bois pour
les
entreprises du secteur forestier
M.
Sylvain Roy
M. Roy : Merci, M. le
Président. Hier, les travailleurs de trois usines de Tembec, en Abitibi,
apprenaient une nouvelle extrêmement
difficile à avaler : les usines de Béarn, de Senneterre et de La Sarre
fermeront temporairement leurs portes,
privant 360 travailleurs de leur emploi. En Abitibi, les fermetures temporaires
inquiètent parce qu'elles risquent de devenir
permanentes. Tembec a des problèmes majeurs d'approvisionnement en bois à un
coût compétitif. Et le premier ministre nous
a dit hier que le ministre allait les calculer. Ça ne sauve pas des emplois à
court terme, ça, M. le Président.
Et
la question est très simple : Quand est-ce que le ministre va annoncer les
approvisionnements nécessaires et essentiels à la sauvegarde des
emplois?
Le Président :
M. le ministre des Forêts.
M. Laurent Lessard
M.
Lessard :
Oui, M. le Président. On suit de près la situation de Tembec, en Abitibi,
actuellement avec mes collègues. D'ailleurs, vendredi, je serai présent lors
d'une rencontre de tournée de Faire + pour voir quelles sont les difficultés qu'ils rencontrent. En fait, Tembec a
invoqué une fermeture temporaire pour ses trois usines : un, en invoquant
un hiver très difficile; deuxièmement, étant
donné que l'hiver avait été quand même bon pour aller chercher le bois en
forêt... et donc il y a une accumulation des
inventaires. L'autre affaire, c'est qu'il y a eu une baisse quand même
dramatique du bois d'oeuvre, donc du
bois transformé, passant de 403 $ l'an passé à la même date à 327 $
aujourd'hui. Donc, nécessairement qu'à toutes les journées qu'ils
vendent du bois aujourd'hui ils perdent beaucoup d'argent.
Alors,
on va les rencontrer pour voir. L'an dernier, on avait été sollicités, mes
collègues, donc, pour leur donner 100 000 mètres cubes de volumes
non récoltés des années passées. C'est ce qu'on a fait l'an dernier. Et on
regarde... Actuellement, il y a une cellule
d'ouverte sur l'Abitibi. On a donné un décret d'exportation pour les bois non
sollicités vers l'Ontario pour
améliorer la rentabilité des entreprises. Au Conseil de l'industrie forestière
la semaine passée avec le premier
ministre, je me suis engagé à faire une série de réductions qui va bénéficier à
l'ensemble des régions du Québec, mais particulièrement à l'Abitibi.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Bonaventure.
M. Sylvain Roy
M.
Roy : M. le Président, l'industrie forestière contribue à
l'économie d'environ 250 villages, dont plus de 100 en dépendent entièrement. Des usines qui ferment en
Abitibi, ce sont aussi des villages qui sont en danger. Ça prend des actions
concrètes pour que les travailleurs gardent leurs emplois.
Quand
allez-vous agir concrètement, M. le ministre, et annoncer des
approvisionnements pour soutenir l'épine dorsale économique de ces
communautés?
Le Président :
M. le ministre des Forêts.
M. Laurent Lessard
M.
Lessard :
En fait, depuis l'élection, on s'en occupe à temps complet. D'ailleurs, avec
l'initiative de mes collègues, on a réouvert
une entreprise, donc, à Amos, qui va créer 400 jobs, M. le Président. Une
ancienne entreprise de transformation
qui va solliciter les approvisionnements de bois non sollicité et qui va
libérer du bon bois pour des usines qui travaillent pour avoir du sapin,
de l'épinette, du pin et du mélèze.
Maintenant,
je tiens à réitérer, on a fait des décrets d'exportation, c'est sans précédent,
pour favoriser, donc, que le bois
circule librement vers l'Ontario pour les essences non sollicitées au Québec,
augmentant la rentabilité de Tembec.
Deuxièmement, on a donné les premiers volumes non récoltés
sans précédent l'an passé, 100 000 mètres
cubes, à Senneterre, à Résolu, et 100 000 mètres cubes aussi
du côté de Tembec, et on regarde avec eux...
Le Président :
En terminant.
M.
Lessard :
...pour faire un plan particulier pour baisser les coûts de la fibre...
Le Président :
Complémentaire, M. le député de Rousseau.
M. Nicolas Marceau
M.
Marceau : M. le Président, les exportateurs paient une surtaxe
injuste en raison de l'accord sur le bois d'oeuvre avec les États-Unis. Or, le nouveau régime
forestier a été mis en place en 2013, l'approvisionnement en bois est
maintenant compétitif, la surtaxe n'a plus de raison d'être.
Malheureusement,
c'est Ottawa qui négocie à notre place, et les intérêts du reste du Canada ne
correspondent pas nécessairement aux nôtres. Alors, M. le
Président, le ministre peut-il nous dire ce qu'il a fait pour s'assurer que
cette surtaxe disparaisse?
Le Président :
M. le ministre des Forêts.
M. Laurent Lessard
M.
Lessard : L'accord de bois d'oeuvre prend fin cette année.
Tout au long de l'année en cours, nous avons fait des représentations auprès du gouvernement
canadien. Mon collègue du ministère du Développement économique est intervenu auprès du ministre responsable. J'étais
à Washington, la semaine passée, auprès de l'ambassade du Canada, pour leur demander les impacts de la fin de
l'accord, ce qui ferait en sorte que, dans la prochaine année, il n'y aura pas
d'enquête compensatoire sur... ou des études sur les coûts.
Maintenant,
l'entente prévoit qu'en bas de 355 $ le 1 000 pieds de planche,
on fait en sorte qu'on est obligés de payer
des droits. Alors donc, actuellement, le marché ne va pas aussi vite. Aux
États-Unis, la perspective reste quand même positive que les mises en
chantier aux États-Unis vont reprendre.
Le Président :
En terminant.
M.
Lessard :
Au Conseil de l'industrie forestière, la semaine passée, auquel de nombreux
collègues de l'aile parlementaire étaient présents avec le premier ministre, de
nombreux...
Le Président :
Principale, M. le député de Borduas.
Réforme du système de
collecte sélective et de consignation des contenants
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : M. le Président, plusieurs informations ont
circulé, ces dernières semaines, dans les médias, au sujet de la réforme de la consigne et de son
élargissement aux contenants de verre. Tout le Québec attend que l'étude
comparative des systèmes de collecte sélective et de consignation qu'a
réalisée le CREATE de l'Université Laval soit rendue
publique par le ministre. Lors de l'étude des crédits budgétaires, le ministre
m'a pourtant confirmé qu'il en détenait une copie préliminaire, mais il refuse de la rendre publique. Seulement
40 % des millions de contenants de verre utilisés annuellement est récupéré, recyclé et valorisé.
Plusieurs milliers de tonnes aboutissent dans les sites d'enfouissement,
et ça représente des pertes énormes pour le
Québec, mais le coût de l'implantation et de l'exploitation d'un système de
consigne ne sera pas négligeable non plus.
Est-ce que le ministre peut enfin
mettre au clair ses intentions à cet égard et peut-il s'engager à ce que les contribuables
québécois ne fassent pas les frais de cette réforme?
Le
Président : M. le ministre de l'Environnement.
M. David Heurtel
M. Heurtel : Merci, M. le Président. Je remercie le député de
Borduas pour sa question. Son préambule est exact, sauf à propos de
ladite étude. Je ne l'ai pas en ma possession. Le ministère de l'Environnement
a reçu une copie préliminaire de l'étude et présentement le ministère s'affaire
à valider la méthodologie de l'étude et, par la suite, lorsqu'il y aura une étude finale, là j'obtiendrai la copie du rapport
final, et, lorsque l'étude sera qualifiée de finale, je la rendrai publique au moment où je la recevrai. Alors, il
faut attendre la fin du processus avant de rendre publique ladite étude.
Concernant l'ensemble de la consigne,
M. le Président, elle doit être modernisée, tout comme la collecte sélective.
C'est pour ça que j'ai mis en place,
l'automne dernier, un comité-conseil sur la gestion des matières résiduelles.
Nous travaillons à la modernisation
de l'ensemble de notre gestion des matières résiduelles, parce que c'est
important, M. le Président. Ça fait
25 ans qu'on n'a pas revu l'ensemble, ça doit être modernisé, mais on va
prendre le temps de bien faire les choses avant d'annoncer nos
intentions. Merci, M. le Président.
Le
Président : Première complémentaire, M. le député de Borduas.
M. Simon Jolin-Barrette
M.
Jolin-Barrette : M. le Président, le Québec doit tendre à améliorer
son bilan sur le plan de la gestion des matières
recyclables. Les citoyens, et les détaillants, et les groupes environnementaux
sont maintenus dans le brouillard par le ministre dans l'attente de sa
réforme.
Est-ce que, dans le cadre de celle-ci,
le ministre compte augmenter le coût de la consigne et, si oui, à combien?
Et va-t-il élargir la consignation à tous
les contenants en verre, en aluminium et en plastique, dont les bouteilles
d'eau de plastique? Et le fera-t-il en maintenant le Régime de
compensation pour la collecte sélective?
Le
Président : M. le ministre de l'Environnement.
M. David Heurtel
M. Heurtel : Merci, M. le
Président. Au lieu de lire studieusement les questions qui sont préparées par
autrui, le député de Borduas devrait commencer à entendre...
Des
voix : ...
Le Président :
M. le leader du deuxième groupe d'opposition?
M.
Bonnardel : M. le Président,
l'article 79.Je pense que mon collègue a posé une question, là, qui
mérite une réponse polie, à savoir si, oui ou non...
Le Président :
M. le ministre, veuillez continuer, s'il vous plaît.
• (11 heures) •
M. Heurtel :
Merci, M. le Président. Il n'y a absolument personne dans les groupes
d'intervenants qu'il a mentionnés qui sont
maintenus dans le brouillard. Au contraire, nous les avons amenés autour de la
table l'automne dernier. Nous avons créé un comité-conseil, justement,
sur la gestion des matières résiduelles. Les groupes environnementaux sont autour de la table. Tous les intervenants du
monde de la consigne, du monde de la collecte sélective, tout le monde est autour de la table
justement pour travailler sur cette question-là. Il n'y a pas de brouillard, M.
le Président.
Le Président : En terminant.
M. Heurtel : C'est une démarche
rigoureuse et sérieuse que nous mettons de l'avant présentement.
M. Simon Jolin-Barrette
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le député de Borduas.
M. Jolin-Barrette : M. le Président, ma question était pourtant simple. Plusieurs
chiffres ont été lancés en l'air au
cours de l'implantation et de l'exploitation d'un nouveau système
de consignation. La SAQ a même récemment évoqué une dépense de
250 millions.
Est-ce que le ministre
peut nous confirmer les rumeurs selon lesquelles un projet de loi serait déposé
d'ici le début de l'année 2016 pour l'implantation d'un nouveau système de consigne qui s'effectuerait en 2017? Peut-il
enfin nous éclairer quant au coût réel de ce projet pour les
contribuables québécois?
Le Président :
M. le ministre de l'Environnement.
M. David Heurtel
M. Heurtel : Merci, M. le Président. Pendant que
le deuxième groupe de l'opposition se fie sur des rumeurs, nous, on va décider de se baser sur des faits. Alors,
nous, ce qu'on a fait, c'est qu'on a mis de l'avant une démarche rigoureuse
et sérieuse, on est en train de regarder
l'ensemble des facteurs. Ce qu'on sait, c'est qu'on doit moderniser la consigne.
La consigne a un apport important au Québec
pour la gestion des matières résiduelles, tout comme la collecte sélective.
Il faut moderniser les deux. On va bien le faire puis on va prendre le temps de
bien faire les choses, M. le Président.
Le Président :
Principale, Mme la députée de Joliette.
Bonification de la rémunération après mandat
des hauts dirigeants de l'Université Laval
Mme Véronique Hivon
Mme
Hivon : Merci, M. le Président.
Depuis maintenant près de six mois, le ministre de l'Enseignement supérieur
est au courant qu'alors que l'Université
Laval doit absorber des compressions records, plus de 53 millions sur deux
ans, son conseil d'administration a
voté des bonifications des primes d'après-mandat de ses hauts dirigeants
substantielles. On apprend
aujourd'hui que ça ne représente pas moins de 1,4 million de hausses des
primes, 500 000 $ pour le recteur, 250 000 $ pour le
vice-recteur.
Nous l'avons questionné à de nombreuses reprises. Il se dit
toujours préoccupé, mais absolument rien n'a bougé dans ce dossier depuis six mois. Même, lors de
l'étude des crédits, il nous a dit que rien ne pressait, que ça pourrait
prendre des années, mais qu'on
finirait par régler le dossier. Je peux lui dire que les étudiants, les
professeurs, toute l'université trouve que la farce a assez duré.
Est-ce qu'on peut
avoir un peu de leadership et mettre fin à cette décision indécente?
Le Président :
M. le ministre de l'Éducation.
M. François Blais
M. Blais : Alors, M. le Président, première
marque de leadership, c'est d'affirmer que les contribuables ne paieront
pas pour ça, hein? Donc, mon prédécesseur
avait déjà mentionné très clairement, dans une correspondance avec l'Université Laval, que
ces améliorations, ces bonifications-là étaient inacceptables, compte tenu des
règles budgétaires que nous nous sommes données depuis un certain nombre
d'années.
Donc,
les contribuables du Québec ne paieront pas pour ça. Il y aura des conséquences
financières, il l'avait mentionné. Je
réitère que ces conséquences financières là existent toujours et je réitère ma
demande aujourd'hui que le président du conseil d'administration, et le
conseil d'administration, et les dirigeants de l'Université Laval qui vont profiter
de ces mesures reculent sur leur décision. Sans ça, des conséquences
financières, qui ont été annoncées, vont s'appliquer.
Le
Président : Principale, Mme la députée de Joliette.
Rémunération après mandat en
hausse pour
des hauts dirigeants de l'Université Laval
Mme
Véronique Hivon
Mme
Hivon :
Je ne sais pas si le ministre est conscient dans quelle situation ça plonge
l'Université Laval, à quel point ça
envoie un signal absolument dissonant. On est face à une situation :
53 millions, minimum, de coupes sur deux ans; on assiste à des services qui sont coupés, des
étudiants qui voient de l'aide réduite, notamment pour les personnes handicapées; on voit des programmes qui sont
abolis; on voit des facultés qui sont fusionnées. Et, pendant ce temps-là,
depuis six mois, on voit le prédécesseur du ministre actuel et le ministre
actuel user de la même méthode, c'est-à-dire espérer, attendre, ne pas bouger,
ne pas exercer de leadership.
Ce
qu'on voudrait aujourd'hui enfin, c'est du leadership par rapport à cette
décision indécente, pas se faire dire :
Bien, on va essayer de trouver peut-être une solution à un moment donné. On
veut que le ministre dise : Non, c'est inacceptable, ça ne se fera
pas, et voilà, je mets mon poing sur la table, et l'université va reculer.
Quand
le ministre va-t-il...
Le
Président : M. le ministre de l'Éducation.
M.
François Blais
M.
Blais : Alors, je l'ai répété ce matin dans les médias, non, c'est
inacceptable, je l'ai mentionné, pour toutes les raisons que ma collègue
a clairement invoquées. Et c'est la raison pour laquelle les contribuables du
Québec ne financeront pas ces mesures, ces améliorations,
et c'est la raison pour laquelle je demande encore une fois à l'Université Laval, c'est-à-dire au conseil
d'administration et aussi aux dirigeants, de reculer, là, sur ces bonifications. Mais, je
le répète, c'est inacceptable, c'est un très mauvais moment pour se donner ce
type d'amélioration dans la rémunération globale des dirigeants de
l'Université Laval.
Le Président :
Cela met fin à la période de questions et de réponses orales.
Votes
reportés
Adoption
du principe du projet de loi n° 20
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, tel qu'annoncé précédemment,
nous allons maintenant procéder au
vote reporté sur la motion de M. le ministre de la Santé et des Services
sociaux proposant que le principe du projet de loi n° 20, Loi édictant la Loi favorisant l'accès aux services de
médecine de famille et de médecine spécialisée et modifiant diverses
dispositions législatives en matière de procréation assistée, soit adopté.
Que les députés en
faveur de cette motion veuillent bien se lever.
La
Secrétaire adjointe : M. Couillard (Roberval), M. Fournier
(Saint-Laurent), Mme Thériault (Anjou—Louis-Riel), M. Paradis (Brome-Missisquoi), M.
Hamad (Louis-Hébert), M. Dutil (Beauce-Sud), M. Leitão (Robert-Baldwin), M. Coiteux (Nelligan), M. Moreau
(Châteauguay), Mme David (Outremont), M. Poëti (Marguerite-Bourgeoys), M. D'Amour (Rivière-du-Loup—Témiscouata), M. Huot (Vanier-Les Rivières),
M. Kelley (Jacques-Cartier), Mme Vallée (Gatineau), M. Lessard (Lotbinière-Frontenac), M. Barrette (La Pinière),
M. Blanchette (Rouyn-Noranda—Témiscamingue), M. Heurtel
(Viau), M. Arcand (Mont-Royal), Mme Charbonneau (Mille-Îles), M. Daoust
(Verdun), Mme Weil (Notre-Dame-de-Grâce),
Mme Vien (Bellechasse), M. Billette (Huntingdon), M. Blais (Charlesbourg), Mme
St-Pierre (Acadie), M. Reid (Orford),
Mme Boulet (Laviolette), Mme Vallières (Richmond), M. Morin (Côte-du-Sud), M.
Bernier (Montmorency), Mme Charlebois (Soulanges), Mme Ménard (Laporte),
M. Sklavounos (Laurier-Dorion), M. Girard (Trois-Rivières),
Mme Blais (Saint-Henri—Sainte-Anne),
Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger), M. Carrière (Chapleau), M. Drolet (Jean-Lesage), M.
Chevarie (Îles-de-la-Madeleine), M. Matte (Portneuf), M. Simard (Dubuc), M.
Tanguay (LaFontaine), M. Bolduc (Mégantic),
Mme de Santis (Bourassa-Sauvé), M. Iracà (Papineau), M. Ouimet (Fabre), M.
Fortin (Pontiac), M. Bourgeois
(Abitibi-Est), M. Boucher (Ungava), M. Birnbaum (D'Arcy-McGee), M. Auger
(Champlain), M. Rousselle (Vimont),
M. Giguère (Saint-Maurice), M. Habel (Sainte-Rose), M. Hardy (Saint-François),
M. Merlini (La Prairie), Mme
Montpetit (Crémazie), Mme Nichols (Vaudreuil), M. Plante (Maskinongé), M. Polo
(Laval-des-Rapides), M. St-Denis (Argenteuil).
La Vice-Présidente (Mme
Gaudreault) : Maintenant, que les députés contre cette motion
veuillent bien se lever.
La Secrétaire
adjointe : M. Péladeau (Saint-Jérôme), M. Bédard (Chicoutimi), M.
Marceau (Rousseau), Mme Hivon (Joliette), M.
Bérubé (Matane-Matapédia), Mme Poirier (Hochelaga-Maisonneuve), Mme Léger
(Pointe-aux-Trembles), Mme Lamarre (Taillon),
M. LeBel (Rimouski), M. Lelièvre (Gaspé), M. Kotto (Bourget), M. Gaudreault (Jonquière), M. Therrien
(Sanguinet), Mme Maltais (Taschereau), M. Dufour (René-Lévesque), M. Drainville
(Marie-Victorin), M. Cloutier
(Lac-Saint-Jean), M. Lisée (Rosemont), M. Traversy (Terrebonne), M. Cousineau
(Bertrand), M. Rochon (Richelieu), M. Leclair (Beauharnois), M.
Villeneuve (Berthier), Mme Ouellet (Vachon), M. Bergeron (Verchères), M.
Turcotte (Saint-Jean), M. Pagé (Labelle), Mme Richard (Duplessis), M. Roy
(Bonaventure).
M. Legault
(L'Assomption), M. Bonnardel (Granby), M. Charette (Deux-Montagnes), M. Martel
(Nicolet-Bécancour), Mme Roy (Montarville),
Mme Samson (Iberville), M. Roberge (Chambly), M. Laframboise (Blainville),
M. Schneeberger (Drummond—Bois-Francs), Mme D'Amours (Mirabel), Mme Lavallée
(Repentigny), M. Lamontagne (Johnson),
M. Jolin-Barrette (Borduas), M. Surprenant (Groulx), Mme Soucy
(Saint-Hyacinthe), M. Spénard (Beauce-Nord),
M. Paradis (Lévis), M. Picard (Chutes-de-la-Chaudière), Mme Roy (Arthabaska),
M. Lemay (Masson).
Mme David (Gouin),
M. Khadir (Mercier), Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques).
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, y
a-t-il des abstentions? Alors, M. le secrétaire général, pour le
résultat du vote.
Le
Secrétaire : Pour : 63
Contre : 52
Abstentions :
0
• (11 h 10) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, la motion est adoptée. Et en
conséquence le principe du projet de loi n° 20, Loi
édictant la Loi favorisant l'accès aux services de médecine de famille et de
médecine spécialisée et modifiant diverses dispositions législatives en matière
de procréation assistée, est adopté.
M. le leader adjoint du gouvernement.
Renvoi à la Commission de la
santé et des services sociaux
M.
Sklavounos : Oui, Mme
la Présidente. Conformément à l'article 243
de notre règlement, je fais motion afin que ce projet de loi soit déféré
à la Commission de la santé et des services sociaux pour étude détaillée.
Mise aux voix
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Est-ce que cette motion est adoptée?
Des voix : Adopté.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Adopté.
Motions sans préavis
Alors, maintenant,
nous allons passer à la rubrique des motions sans préavis. Et, en fonction de
nos règles et de l'ordre de présentation, je vais maintenant céder la
parole à M. le député de Granby.
M.
Bonnardel : Merci,
Mme la Présidente. Je demande le consentement pour déposer la motion suivante
conjointement avec la députée de Gouin :
«Que l'Assemblée
nationale reconnaisse la nécessité,
en cette période de rigueur budgétaire, de revoir et de mieux encadrer
l'utilisation et les montants de l'enveloppe annuellement dévolue aux anciens premiers
ministres; et
«Qu'elle affirme qu'il est inacceptable
d'utiliser une partie de cet argent à des fins purement partisanes.»
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci, M. le député. Y
a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M.
Sklavounos : Nous
proposons l'adoption sans débat, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, cette motion est adoptée, il
y a consentement? M. le leader du gouvernement.
M.
Bédard :
...vu le refus de la CAQ de modifier la motion, nous allons nous opposer au
dépôt de cette motion.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, il n'y a pas de
consentement. Nous allons maintenant passer à la prochaine motion, et je
reconnais M. le ministre des Transports.
Souligner la tenue du Tour du
silence
M. Poëti : Merci, Mme la Présidente. Je
sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter la motion
suivante conjointement avec la députée de
Vachon, le député de Groulx et la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques :
«Que l'Assemblée
nationale souligne le Tour du silence qui aura lieu simultanément dans plus de
20 villes du Québec ce soir;
«Que ce tour mette en relief la volonté de la
population à adopter un comportement responsable en tant que cyclistes et
automobilistes;
«Que le
gouvernement s'engage à poursuivre sa campagne de sensibilisation au respect
mutuel sur nos routes entre cyclistes et usagers de la route;
«Enfin, que
les membres de l'Assemblée nationale observent une minute de silence en hommage
aux cyclistes décédés.»
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci, M. le ministre. Y
a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M.
Sklavounos : Nous
proposons l'adoption sans débat et la minute de silence, Mme la Présidente.
Mise aux voix
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Alors, cette motion est adoptée?
Des voix : Adopté.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Et je vous invite à vous lever pour
que nous observions une minute de silence à la mémoire des victimes qui
sont décédées sur les routes du Québec.
• (11 h 12
—
11
h 13) •
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Alors, je vous remercie. Vous pouvez vous asseoir.
Toujours à la
rubrique des motions sans préavis, je vais maintenant reconnaître un membre du
groupe formant l'opposition officielle et je cède la parole à M. le
député de Rosemont.
M. Lisée :
Mme la Présidente, je sollicite le consentement des membres de cette Assemblée
afin de présenter, conjointement avec le député de Lévis et le député de
Mercier, la motion suivante :
«Que
l'Assemblée nationale demande au gouvernement d'appeler dès maintenant les
consultations sur le projet de loi
44, Loi visant à renforcer la lutte contre le tabagisme, afin d'empêcher que
250 nouveaux jeunes s'initient au tabac chaque semaine au cours de
l'été qui débute;
«Qu'elle rappelle la disponibilité, depuis le
jour de la présentation du projet de loi, à la fois des groupes [de l'opposition], de la Commission de la santé et des
services sociaux et des autres groupes concernés pour tenir les consultations
particulières avant l'ajournement des travaux de l'Assemblée nationale, en juin
prochain.»
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci, M. le député. Y
a-t-il consentement pour débattre de cette motion? On me dit qu'il n'y a
pas de consentement.
Alors, pour la prochaine motion, je cède la
parole à M. le député de Mercier.
M. Khadir : Merci, Mme la Présidente. Je
demande le consentement de la Chambre pour débattre de la motion
suivante conjointement avec la députée de Taschereau :
«Que
l'Assemblée nationale prenne acte que la raison d'être des organismes d'action
communautaire autonome n'est pas liée
à la recherche d'un intérêt privé ou lucratif mais plutôt à la recherche du
bien commun, la promotion des intérêts
collectifs et la défense des droits de la population, objectifs en tout point
identiques ou complémentaires avec la mission de l'État;
«Que
l'Assemblée nationale reconnaisse
qu'assujettir des organismes dont la mission est compatible avec celle
de l'État et dont la transparence est au
coeur des pratiques, à la loi sur le lobbyisme entrerait en contradiction avec
l'esprit de cette loi qui cherche à encadrer et rendre transparente
l'action de lobbies d'intérêt privé [et] à but lucratif.»
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci, M. le député de Mercier. Y a-t-il consentement pour débattre de
cette motion? On me dit qu'il n'y a pas de consentement.
Avis touchant les travaux des
commissions
Alors, nous
en sommes maintenant à la rubrique des avis touchant les travaux des commissions,
et je vais céder la parole à M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Sklavounos : Merci,
Mme la Présidente. J'avise cette Assemblée que la Commission de l'économie et
du travail entreprendra l'étude détaillée à l'égard du projet de loi n° 43, Loi
favorisant l'information sur la dangerosité des produits présents en milieu de travail et
modifiant la Loi sur la santé et la sécurité du travail, aujourd'hui, de 15 heures à 18 heures, à la
salle Louis-Joseph-Papineau. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors,
merci. Et, pour ma part, je vous avise que la Commission de la santé et des
services sociaux se réunira en séance
de travail aujourd'hui, après les affaires courantes pour une durée
de 30 minutes, à la salle RC.171 de l'hôtel
du Parlement. L'objet de cette séance est de statuer sur la possibilité que la
commission se saisisse de la pétition concernant la prime de rétention pour les
professionnels en soins de la Côte-Nord.
Je vous avise
également que la Commission
de l'administration publique se
réunira en séance de travail aujourd'hui,
de 15 heures à 17 h 30, à la salle des Premiers-Ministres de
l'édifice Pamphile-Le May. Et l'objet de cette séance est d'examiner les
rapports annuels de gestion des ministères et organismes et d'organiser les
travaux de la commission.
Enfin, je
vous avise que la Commission des
institutions se réunira en séance de
travail aujourd'hui, de 16 h 30 à 17 h 30, à la salle RC.171 de l'hôtel du
Parlement. Et l'objet de cette séance concerne le rapport de la commission
sur le projet de règlement relatif au
Règlement sur le changement de nom et d'autres qualités de l'état civil pour
les personnes transsexuelles ou transgenres.
Renseignements sur les travaux
de l'Assemblée
Nous en sommes à la rubrique des renseignements
sur les travaux de l'Assemblée, et je vais céder la parole à Mme la leader
adjointe de l'opposition officielle.
Mme
Maltais : Merci,
Mme la Présidente. Encore une fois,
il vient de se passer un évènement qui nous interpelle quant à la suite des travaux de l'Assemblée nationale. Nous venons de déposer une motion qui nous semblait à première vue tout
à fait raisonnable concernant la
tenue des auditions en commission
parlementaire sur le projet de loi n° 44, le projet
de loi sur le tabac. On sait que ça fait des années que la loi, la
première loi, a été adoptée. Il y a eu quelques modifications ensuite, mais il y a très longtemps qu'on n'a pas examiné
la loi sur le tabagisme. Depuis un bout de temps, les... Récemment, le gouvernement a déposé un
projet de loi qui va tout à fait en... qui ne semble pas poser de problème ici,
dans l'Assemblée nationale, à première vue,
sauf peut-être sur quelques petits éléments, mais il faut en discuter, il faut
entendre les gens.
Or, nous venons de déposer une motion en
collaboration avec les autres partis pour essayer de faire que le gouvernement réponde enfin à nos attentes quant à
la tenue des auditions en commission parlementaire. Fait nouveau, Mme la Présidente, ce matin : nous avons une
lettre de plusieurs associations qui demandent la même chose que l'opposition
officielle. Il y a la Coalition québécoise
pour le contrôle du tabac, l'Association pulmonaire du Québec, l'Association
pour les droits des non-fumeurs, le Réseau
du sport étudiant du Québec — parce que 250 jeunes par semaine, tant
qu'on ne resserrera pas la loi...
250 nouveaux jeunes par semaine utilisent le tabagisme — le Conseil québécois sur le tabac et la
santé, Société canadienne du cancer — important — et fédération
des maladies du coeur et de l'AVC. Alors, Mme la Présidente, tout ce monde-là dit : Nous sommes prêts à intervenir,
nous sommes prêts à y aller. C'est très rare. Parce que je suis déjà intervenue
en disant qu'ici, dans l'Assemblée nationale, avant, nous avions plus de
délais. Là, le délai, là, il est tellement long, il s'étire tellement
que ce sont les groupes eux-mêmes qui réclament les auditions.
Alors,
pourquoi est-ce que le gouvernement ne nous appelle pas à des auditions comme
non seulement les groupes, la
Commission de la santé, non seulement nous, les parlementaires, mais comme le
demande la santé publique? Si on tient à la santé de nos enfants, on
doit avoir ces auditions.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci, Mme la leader
adjointe. Je cède la parole à M. le leader adjoint du gouvernement.
• (11 h 20) •
M.
Sklavounos : Alors,
effectivement, Mme la Présidente, nous tenons à la santé publique. C'est pour
cette raison-là que nous avons offert de
débuter ces consultations-là le 11 août, date à laquelle l'opposition
officielle nous a dit qu'il n'était
pas disponible, leur porte-parole, avant le 17 août, ainsi que pas disponible le 24, le 25, le 26 août. Quant au
deuxième groupe d'opposition, on nous a informés qu'il n'était pas disponible
jusqu'au 24 août. Alors, nous sommes prêts à accommoder, nous voulons procéder rapidement,
c'est important. Nous sommes en discussion concernant les
groupes.
Il faut
rappeler cependant que le projet
de loi n° 20 a été présenté le
28 novembre, nous avons, aujourd'hui, voté le
principe. C'est un projet qui attend depuis très longtemps, important
également. Il faut rappeler aussi que, juste la semaine
passée, la collègue a demandé à ce que les
groupes puissent avoir le temps de se préparer. Il y a d'autres groupes que
ceux qu'elle a mentionnés qui demandent le temps de se préparer
convenablement.
Je leur propose qu'on pourrait commencer le
11 août. Nous sommes prêts, nous, de notre côté, à écourter nos vacances estivales, de laisser de côté un petit peu nos familles, venir à l'Assemblée
nationale à partir du 11 août, parce que la santé publique est importante
pour nous, elle nous tient à coeur. J'aimerais savoir pourquoi l'opposition officielle et le deuxième groupe
d'opposition ne sont pas disponibles à ces dates-là. Je n'ai rien d'autre à
ajouter.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Mme la leader adjointe de l'opposition officielle.
Mme
Maltais : Oui, Mme
la Présidente. Alors, je vais
répondre au leader adjoint du
gouvernement. Effectivement,
il dit : J'ai questionné sur le délai
des auditions, sur les mémoires, hier ou avant-hier... la semaine dernière.
Mais, dans ce cas-ci, c'est le
contraire, là. Tous les groupes sont prêts, ils l'attendent, les mémoires sont
prêts. Il manque l'appel du gouvernement. Alors, il ne peut invoquer le contraire de ce que veulent les groupes.
Il dit : Bien, les groupes demandent du temps, dans ce cas-ci. Mme
la Présidente, les groupes appellent pour la tenue des auditions.
Deuxièmement, ça fait deux semaines qu'on vous demande, au gouvernement... qu'on demande au gouvernement
que ces auditions se tiennent. Deux semaines
de perdues. Alors, est-ce qu'il serait possible, peut-être, de tenir ces
auditions d'ici la fin... non
seulement d'ici l'été, d'ici les vacances? Plutôt que rappeler les députés en
vacances, on pourrait tout simplement travailler là.
Alors,
est-ce que c'est parce
qu'il y a un article sur la cigarette
sur les terrasses et que le gouvernement ne veut pas
en parler pendant l'élection dans Chauveau ou dans Jean-Talon?
Est-ce que le problème est au caucus libéral, parce qu'ils ont peur d'affronter cet article-là? Est-ce qu'ils ne sont pas capables de défendre leur loi pendant des partielles?
Est-ce que c'est ça? Ça pose beaucoup de questions.
Il faudra que le gouvernement bouge à un moment donné pour qu'on arrête
de se questionner là-dessus.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Bon, alors, M. le leader adjoint du
gouvernement, avez-vous quelque chose à ajouter?
M.
Sklavounos :
Pas vraiment.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Non, pas vraiment.
Alors,
nous allons maintenant passer à la rubrique... toujours à la rubrique
des renseignements sur les travaux, il n'y a pas rien à ajouter.
Affaires
du jour
Alors,
la période des affaires courantes étant terminée, nous allons maintenant
passer aux affaires du jour, et je vais céder la parole à M. le leader
adjoint du gouvernement.
M.
Sklavounos : Oui. Mme la Présidente, je vous demande d'appeler l'article 14 de notre feuilleton, s'il vous plaît.
Projet
de loi n° 33
Adoption
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci. Alors, à l'article 14 du feuilleton, Mme la ministre de la Justice propose l'adoption
du projet de loi n° 33, Loi modifiant la Loi sur les tribunaux judiciaires.
Et je vous cède la parole, Mme la ministre.
Mme
Stéphanie Vallée
Mme
Vallée : Merci, Mme la Présidente. Alors, la Commission des institutions a complété
son mandat relatif à l'étude
détaillée du projet de loi n° 33, c'est-à-dire la Loi
modifiant la Loi sur les tribunaux judiciaires, et nous sommes rendus
aujourd'hui à l'étape de l'adoption finale de ce projet de loi.
Mme
la Présidente, le projet de loi n° 33 a pour objet de modifier la Loi sur
les tribunaux judiciaires afin de hausser de 7 % à 8 % le taux de cotisation des juges auxquels le
régime de retraite est prévu à la partie V.1 de la Loi sur les tribunaux
judiciaires.
Il propose également
de modifier, par pure concordance, le Régime de prestations supplémentaires des
juges auxquels s'applique le régime de
retraite prévu à la partie V.1 de la Loi sur les tribunaux judiciaires,
qui réfère à ce même taux de cotisation.
Enfin, le projet de
loi n° 33 prévoit l'entrée en vigueur de ces modifications à la date de la
sanction de la loi.
Telles
sont donc, Mme la Présidente, les modifications apportées par le projet de loi
n° 33. J'aimerais toutefois revenir sur les commentaires qu'a faits
la députée de Montarville lors de la prise en considération du rapport de la commission, quant à sa proposition d'amendement.
Je croyais que les explications que nous avions fournies en commission parlementaire étaient claires, mais il semble
qu'on ait encore besoin de préciser certaines informations qui ont pourtant
été comprises par les autres parlementaires.
Le projet de loi
n° 33 vise à compléter la mise en oeuvre d'une résolution qu'a prise
l'Assemblée nationale le 18 février 2014
afin de donner suite aux recommandations du comité Clair. Comme le comité Clair
n'a pas été saisi d'une augmentation
de ce taux de cotisation de 1 % pour les juges ayant plus de
21,7 années de service, il n'en a pas disposé, de sorte que la résolution de l'Assemblée
nationale — pour
laquelle, d'ailleurs, a voté notre collègue de Montarville — n'en parle pas.
Si
on veut apporter une modification à ce taux qui est fixé par la loi, il faut en
saisir le comité, conformément à l'article 249.26,
puisqu'il s'agirait, en l'espèce, d'apporter une modification au régime de
retraite des juges qui sont visés. Ils
ne sont que deux, mais ils sont visés quand même. Cette disposition donne
notamment, suite à la décision de 1997, de conférer à un organisme indépendant le soin de disposer de la
rémunération des juges, et il est plus que normal que nous respections le processus que nous avons nous-mêmes
mis en place. Il est donc interdit de négocier directement avec les juges, d'où la nécessité de passer par
l'intervention d'un comité afin de bien assurer l'indépendance judiciaire dont
nos tribunaux disposent.
J'aimerais
tout de même rappeler que les travaux entourant le projet de loi se sont
déroulés dans un esprit de collégialité,
évidemment, comme l'ensemble des débats et des échanges que nous avons à la
Commission des institutions, et je
tiens encore une fois à remercier mes collègues de l'aile parlementaire de même
que les collègues de l'opposition, le
député de Lac-Saint-Jean, la députée de Montarville, pour leur collaboration
tout au long de l'étude du projet de loi. J'aimerais également souligner encore une fois la contribution du député
de Fabre, le président de la Commission des institutions, qui fait un
travail exemplaire dans la façon dont il mène les travaux.
Alors,
Mme la Présidente, ce n'est pas plus compliqué que ça. Alors, j'invite les
collègues parlementaires à voter en faveur du projet de loi n° 33.
Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup, Mme la
ministre. Je vais maintenant céder la parole à M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M.
Alexandre Cloutier
M. Cloutier :
Je vous remercie, Mme la Présidente. Alors, il s'agit ici d'une loi qui est de
nature, je dirais, technique, qui donne
suite à des recommandations d'un comité indépendant sur la rémunération des
juges, un enjeu assez ciblé qui est
devant nous, qui nécessite un amendement législatif. Alors, Mme la Présidente,
considérant l'indépendance du comité,
considérant les marges de manoeuvre également des parlementaires pour mettre en
oeuvre d'autres recommandations que
celles qui ont été proposées, j'ai déjà eu la chance d'expliquer que nous
serions et que nous serons en faveur du projet de loi. Merci, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup, M. le député de
Lac-Saint-Jean. Et je vais maintenant céder la parole à Mme la députée de
Montarville.
Mme
Nathalie Roy
Mme
Roy
(Montarville) : Merci beaucoup, Mme la Présidente.
Alors, en faisant passer la cotisation des juges à leur régime de retraite de 7 % à 8 %, le projet de loi
n° 33 assure un partage plus équilibré entre la part que paient les
jugent et celle que paie l'État. Autrement
dit, l'augmentation de cette cotisation vise à alléger le poids que représente
le régime de retraite des juges de la
Cour du Québec et de certaines cours municipales dans les postes budgétaires de
l'État. Il s'agit donc d'une mesure
responsable de saine gestion des finances publiques que ma formation politique,
comme le disait la ministre, a
appuyée en février 2014, à l'occasion de l'adoption d'une motion portant
sur les recommandations qu'avait
formulées le comité d'évaluation de la rémunération des juges dans le cadre de
l'évaluation des avantages dont bénéficient les juges.
Mais
j'aimerais souligner que la ministre n'a démontré aucun intérêt à faire les
démarches nécessaires pour pouvoir introduire
dans son projet de loi l'amendement que nous lui avons proposé concernant les
juges de la Cour du Québec ayant
atteint 21,7 années de service, et ce, même si elle a avoué en reconnaître
la pertinence. Ce n'est pas une question de non-compréhension, comme le disait la ministre, mais j'aimerais
souligner à la ministre ses responsabilités, et la ministre aurait pu rappeler le Comité sur la rémunération
des juges si elle avait voulu faire cette modification, c'est de ses
responsabilités.
Cela
dit, je tiens à souligner la célérité avec laquelle nous avons traité de ce
dossier, ainsi que de la collégialité habituelle
avec laquelle nous menons nos travaux à la Commission des institutions. Alors,
nous voterons en faveur du projet de loi n° 33. Merci, Mme la
Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci, Mme la députée. Y
a-t-il d'autres interventions? Alors, il n'y en a pas.
Mise
aux voix
Le projet de loi
n° 33, Loi modifiant la Loi sur les tribunaux judiciaires, est-il adopté?
Des voix :
Adopté.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Adopté. Alors, maintenant, je vais
céder la parole à M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Sklavounos : Oui, Mme la Présidente. Je vous demanderais de
suspendre jusqu'à 15 heures pour la tenue du débat sur la motion du
mercredi.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, est-ce que cette motion est adoptée?
Des voix :
Adopté.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, je suspends les travaux jusqu'à
15 heures.
(Suspension de la séance à 11 h 30)
(Reprise à 15 h 1)
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Alors, bon après-midi, chers collègues. Veuillez vous asseoir.
Affaires inscrites par les députés de l'opposition
Motion proposant que l'Assemblée demande au gouvernement
de s'assurer que les hausses de taxe scolaire pour
l'année 2015-2016 soient limitées à l'inflation
Nous en
sommes aux affaires inscrites par les députés
de l'opposition, et, à l'article 45 du feuilleton, aux affaires inscrites par les députés de l'opposition,
M. le député de Chambly présente la motion suivante :
«Que
l'Assemblée nationale demande au gouvernement de s'assurer que les hausses de
taxes scolaires pour l'année 2015-2016 soient limitées à l'inflation.»
Je vous
informe que la répartition du temps
de parole pour le débat restreint sur
cette motion s'effectuera comme suit : 10 minutes sont
réservées à l'auteur de la motion pour sa réplique, environ 52 minutes
sont allouées au groupe parlementaire formant le gouvernement, environ
30 minutes sont allouées au groupe parlementaire formant l'opposition officielle, environ
21 minutes sont allouées au deuxième
groupe d'opposition, et six minutes
sont réservées aux députés indépendants. Dans ce cadre, le temps non utilisé
par les députés indépendants ou par l'un des groupes parlementaires sera redistribué entre les groupes parlementaires
selon les proportions établies précédemment. Enfin, les interventions ne
seront soumises à aucune limite de temps.
Alors, M. le
député de Chambly, vous avez l'honneur de déposer cette motion, je vous cède la
parole pour votre intervention. À vous la parole.
M. Jean-François Roberge
M. Roberge : Merci, M. le Président.
On demande aujourd'hui à ce que le gouvernement s'engage à ne pas augmenter les
taxes scolaires au-delà de l'inflation. Pourquoi demander à ce que les tarifs
n'excèdent pas l'inflation? Pourquoi
demander l'indexation et rien de plus? Bien, parce que, dans le fond, on veut
maintenir le niveau de financement de
nos écoles. À la Coalition avenir Québec, on veut que les services aux élèves
soient bien financés. Et évidemment il y a l'inflation, les coûts de système augmentent. On veut aussi, évidemment,
limiter la hausse des taxes scolaires à l'indexation, à l'inflation, parce qu'il faut préserver le
pouvoir d'achat des contribuables, des citoyens. Parce que les contribuables ne
sont pas que des contribuables, les
Québécois sont, d'abord et avant tout, des citoyens : des pères, des
mères, des étudiants qui font autre
chose que payer des taxes. On a l'impression, des fois, à voir aller le
gouvernement, que chaque citoyen est
vu comme une espèce de guichet automatique. Ce n'est pas vrai. Ce n'est pas
vrai, ce n'est pas des portefeuilles avec deux petites pattes qu'on peut aller chercher toujours un petit peu plus
d'argent à chaque année. Donc, voilà pourquoi on accepte l'indexation. On n'exige pas un gel, mais il faut que ça se
limite à l'indexation. Il faut, à un moment donné, dire : C'est
assez!
Évidemment, on pourrait même souhaiter à ce que
les taxes scolaires soient carrément éliminées. Ce serait la meilleure des options. En fait, elle se retrouve
évidemment dans notre programme électoral, la meilleure des options, on
n'est pas surpris. Mais on sait très bien que le gouvernement n'a pas cette
ambition-là. Puis ils n'ont pas non plus les compétences
économiques pour arriver là, parce que, pour éliminer les taxes scolaires,
bien, il faudrait stimuler l'économie de
telle façon à ce que plus de gens aient des emplois non pas à temps partiel,
mais à temps plein, plus de gens aient des emplois à temps plein, payants, de telle manière que, sans hausser les
impôts, du simple fait de l'enrichissement collectif, les taxes et les impôts augmentent d'eux-mêmes,
sans hausser les tarifs, et que le gouvernement se finance d'une autre façon.
Parce que le
système de taxation dans les commissions scolaires, c'est du grand n'importe quoi en ce moment. Ça varie d'un quartier à l'autre, d'une commission scolaire à
l'autre, et des tentatives de réforme et d'équité de taxes scolaires, c'est un peu futile. La meilleure
tentative d'amélioration du système de taxe scolaire, c'est l'élimination de la
taxe scolaire. Mais, comme je vous dis, on
n'a pas des attentes, à ce niveau-là, du gouvernement libéral en ce moment.
On les voit aller, on est bien obligés de
baisser nos attentes et de dire que les hausses de taxe scolaire, ça va se
limiter à l'inflation. Mais même ça, malheureusement, ça semble trop,
puisque, on l'a vu ce matin, le premier ministre semble incapable de s'engager à limiter les hausses de taxe à l'inflation. Même
s'il l'avait déjà promis, il avait déjà bafoué cette parole-là. Il a repromis cet automne, et ce matin
il n'a pas été capable de le répéter. Peut-être cet après-midi sera-t-il
capable de s'engager à le faire.
Semble-t-il
que c'est à géométrie variable, il faut... on garde espoir. On garde espoir
parce qu'en quelque part le respect
de la parole donnée, ça devrait valoir quelque chose. De notre côté, à la
Coalition avenir Québec, au deuxième groupe
d'opposition, il me semble que c'est extrêmement important. Qu'est-ce qu'on a à
vendre, qu'est-ce qu'on a à mettre de
l'avant, comme politiciens, comme députés, sinon que notre compétence et notre
intégrité? Alors, il me semble que, du
côté du gouvernement aussi, l'intégrité devrait faire partie de quelque chose à
défendre. Or, cette parole qui a déjà été donnée, semble-t-il qu'elle
sera retirée. C'est ce qu'on va voir tout à l'heure avec le vote.
Ce matin, le
premier ministre a blâmé le précédent gouvernement, le gouvernement péquiste,
pour l'augmentation des taxes
scolaires que son gouvernement a faite. Il fallait le faire quand même. Il a
dit : Ah! C'est vous, a-t-il dit en pointant les gens du Parti québécois. Il a dit : C'est
vous qui avez éliminé la péréquation. Parce qu'il y avait un système de péréquation
pour combler les régions qui ont moins de revenus de taxe scolaire, un système
de péréquation d'une commission
scolaire à l'autre. Le Parti québécois a décidé de mettre fin à cela, ça a créé
un sous-financement dans certaines régions.
Solution du Parti québécois, évidemment : pigeons dans les poches des
contribuables avec des hausses incroyables, tellement qu'à l'époque la première ministre s'était engagée à
rembourser, ce qu'elle n'a évidemment pas fait. Mais ça, ça appartient
au passé. Ça, c'est leur problème, c'est leur bilan, au Parti québécois.
Ça
ne justifie en rien les décisions du gouvernement libéral actuel. Ce que le
Parti québécois a fait en 2012-2013, ce
n'était pas formidable, mais ça ne justifie en rien ce que le gouvernement
libéral a fait l'an dernier et cette année. Il n'y a aucune obligation de continuer sur la mauvaise voie. J'ose espérer
que, quand le premier ministre se trompe de chemin avec sa voiture, à un moment donné il s'en rend
compte, il peut changer de côté. Il n'est pas obligé de dire : Ah bon!
Bien, on est sur la mauvaise voie.
Quand on manquera d'essence, on arrêtera. Parce que, là, c'est ça qu'il semble
dire : On a été engagés sur la
mauvaise voie par le gouvernement précédent, alors, bien, continuons. C'est
comme une espèce de propension à se
poser en victime, alors qu'il me semble, au gouvernement, on devrait prendre
des décisions, un, et les assumer, deux.
• (15 h 10) •
Donc,
de blâmer ça sur l'abolition de la péréquation par le gouvernement précédent,
ça ne se tient pas. Il faut dire, par
contre, qu'une bonne partie des hausses de taxe scolaire ont découlé de cette
décision d'abolir la péréquation, cette décision-là qui a été prise deux fois,
une fois par le précédent gouvernement péquiste, puis une fois, oui, oui, elle
a été prise par l'actuel gouvernement libéral.
Et
ça a eu des impacts sur plusieurs commissions scolaires, et je vais les nommer
pour le bénéfice des gens qui nous écoutent, les gens qui, eux, ont eu
et vraisemblablement auront encore des hausses de taxe bien, bien au-delà de
l'inflation. Donc, la commission scolaire des Affluents, la commission scolaire
au Coeur-des-Vallées, la commission scolaire
Eastern Townships, commission scolaire des Grandes‑Seigneuries, commission
scolaire des Hautes-Rivières, commission
scolaire de Laval, commission scolaire Marie-Victorin, commission scolaire des
Patriotes, qui dessert les gens de
mon comté à Chambly, commission scolaire Pierre-Neveu, commission scolaire des
Portages-de-l'Outaouais, commission
scolaire de Portneuf — on le voit, le problème est répandu — commission scolaire de la
Région-de-Sherbrooke, commission
scolaire Riverside — donc, on
voit que ça touche autant le réseau anglophone que francophone — commission scolaire de la Rivière-du-Nord, commission scolaire des Samares,
commission scolaire de la Seigneurie-des-Mille-Îles, commission scolaire des Sommets, commission
scolaire du Val-des-Cerfs, commission scolaire des Navigateurs — et je continue — commission
scolaire des Premières-Seigneuries, commission scolaire de la Capitale — dans
la région de Québec, ici — commission
scolaire de Charlevoix, commission scolaire des Draveurs, commission scolaire
du Fer, commission scolaire des Trois-Lacs
et finalement commission scolaire Western Québec bénéficiaient de ce programme
de péréquation qui a été éliminé sous le
précédent gouvernement et dont l'élimination s'est poursuivie par une nouvelle
décision. Ce n'était pas dû au précédent
gouvernement, c'est une nouvelle décision, puis on a dit : Oui, continuons
là-dedans et blâmons le gouvernement
précédent pour notre décision. Malheureusement, malheureusement, ça ne tient
pas la route, on ne peut pas blâmer
les autres pour des décisions que l'on prend. C'est la base, il me semble,
qu'on devrait enseigner, qu'on
devrait assumer.
Et
cette abolition de la péréquation, oui, elle est responsable d'une part des
hausses de taxe scolaire, mais pas de toute
la hausse du fardeau fiscal, là, des taxes scolaires que les citoyens doivent
absorber en ce moment. Le gouvernement libéral
semble dire : Ah! bien, ce n'est pas de notre faute, c'est à cause de la
péréquation. Mais ça, c'est de faire le choix de l'impuissance. Ce n'est juste
pas vrai. C'est juste... Malheureusement, bien, ce n'est pas vrai.
L'impuissance, ce n'est pas un mode de vie ou un mode de gouvernance. Ce
n'est pas juste la faute du Parti québécois, non.
Ce n'est pas juste la
faute non plus de la hausse de la valeur foncière. Ça, c'est un autre mythe à
déboulonner extrêmement important. Je
m'attends à ce qu'on nous dise ça tantôt, je vous le dis, là. Ça ne tient pas
la route, ça ne tient pas la route. Dans les municipalités, quand
soudainement la valeur des maisons augmente, parce qu'il y a une bulle immobilière, parce que les gens s'enrichissent,
parce que tout à coup on installe une gare dans un quartier donné, et, oups!
évidemment les maisons autour prennent de la
valeur, bien, les administrateurs des municipalités responsables ajustent
le taux de taxe à la baisse de façon à ce
que les citoyens, qui, dans le fond, ne s'enrichissent pas d'autant... Ce n'est
pas parce que la valeur prend tout à
coup 15 %, ce n'est pas parce que la valeur de la propriété prend
15 % d'un coup que les gens sont
15 % plus riches, leurs salaires n'augmentent pas de 15 %. Bien, dans
les municipalités, on rajuste les taux de
taxe pour que ça ne paraisse pas sur le taux de taxe des citoyens, normalement.
Et je le sais, j'en ai parlé avec un député de la Coalition avenir Québec qui était président de l'UMQ, l'Union des
municipalités du Québec, qui m'a bien expliqué que, non, dans les municipalités, là, on ne se cache pas derrière la
hausse de la valeur foncière. Alors, quand, au gouvernement, on me dit ça, bien, ça ne tient juste pas la route. On
veut se cacher derrière un argument, mais on sait que l'argument est
faux et on l'utilise quand même. C'est un processus douteux au point de vue
éthique.
Quand
on dit que ça s'est passé sur deux ans, cette hausse de taxe scolaire, bien, ça
veut dire un an le gouvernement actuel,
un an le gouvernement précédent. Et là on parle d'une hausse de 20 % en
deux ans, en fait 19,89 %, là, si je veux être très précis, mais,
rendu là, on a le droit d'arrondir à 20 %. Ça, ça veut dire que, sur deux
ans, c'est une hausse d'environ 180 $
en moyenne. Évidemment, on fait une moyenne, là, ce n'est pas ça pour tout le
monde, mais c'est une moyenne, c'est
une hausse d'environ 180 $ par maison. C'est de l'argent, ça, 180 $
nets d'impôt par maison. Pas 180 $ de taxe, là, 180 $ de hausse de taxe. Quand je vous disais tout à
l'heure «aller piger dans les poches des contribuables», on pige
profond pour aller chercher 180 $ une fois que les taxes sont payées, une
fois que, hein, l'hypothèque est payée, l'essence — parce que, là, là-dessus aussi le
gouvernement s'est servi, du côté de l'essence — quand on a payé les frais de garde — woups! ça aussi, ça a augmenté. 180 $
de plus sur deux ans, gracieuseté de nos deux partis ancestraux. Ça fait
partie du 1 400 $ de hausse de taxe de la dernière année.
Très
concrètement, je vous ai parlé d'une moyenne de 180 $, mais on peut y
aller avec des chiffres plus précis. Vous
allez voir, il y en a qui sont en bas, il y en a qui sont en haut. C'est comme
loto taxe scolaire : il y en a qui gagnent — très
rare — il
y en a qui perdent, il y en a qui perdent vraiment beaucoup.
Commission scolaire Fleuve-et-des-Lacs dans le
Bas-Saint-Laurent, eux, sur deux ans, leur... en moyenne, mais, dans
cette commission scolaire là, on est allé chercher 89 $ de plus;
commission scolaire de Jonquière, au Saguenay, 142 $ — woups!
ils ont pigé le mauvais billet — commission scolaire du Lac-Saint-Jean,
145 $; commission scolaire au
Pays-des-Bleuets, 121 $. En Estrie, commission scolaire des Sommets, on
est un peu plus chanceux, seulement 54 $ de hausse — mais,
quand même, hein, chanceux dans leur malchance. Commission scolaire des
Affluents dans Lanaudière, eux, ils ont subi une hausse, une
augmentation de la taxe scolaire de 234 $. 234 $ de plus.
En
pourcentage, je vais vous donner des exemples encore. Parce qu'on dit qu'il y a
des hausses moyennes, mais, si on y
va dans le détail, là — il y a des citoyens qui nous écoutent — depuis les deux dernières années, qu'est-ce
qu'ils ont eu à subir? Puis,
l'avenir, on ne le sait pas. On sait que ça risque d'être plus que l'inflation,
parce que le premier ministre est
incapable de s'engager à limiter ça à l'inflation. Mais, dites-vous une chose,
les hausses vont se faire sur des hausses. C'est une hausse sur une
hausse, donc le pourcentage, ça se multiplie à chaque fois, là.
Donc,
à la commission scolaire de Portneuf, dans la région de Québec, en deux ans,
57,28 %. 57,28 % de hausse en
deux ans, c'est astronomique. Commission scolaire... En Outaouais — on va y aller dans différentes régions — commission scolaire Coeur-des-Valets, eux... Coeur-des-Vallées, pardon, eux, ils
ont eu une augmentation de 32,8 %. Commission scolaire des Draveurs, eux aussi, 57 %, en
deux ans, de hausse. Je ne pense pas qu'il y ait beaucoup de gens qui aient eu
une augmentation de salaire de 57 %. Et
ça continue, ça continue. Mais, ah! en Côte-Nord, Côte-Nord, je ne sais pas si
c'est les effets du Plan Nord libéral, mais,
eux, 60,4 % d'augmentation en deux ans. Imaginez, une augmentation de
60,4 %, on est vraiment, vraiment loin de l'inflation.
Pourquoi
ces hausses? Peut-être qu'on pourrait se dire : Bien, si on est chanceux,
c'est parce que, dans nos écoles, les
besoins sont criants. Dans nos écoles primaires et secondaires, on a besoin des
services, on a besoin d'argent. Le taux de décrochage est immense. On a à peu près un jeune sur quatre, en ce
moment, qui ne finit pas le secondaire V dans les temps prescrits. Bon, évidemment, on peut ramener
ça à 18 ans, à 24 ans, on peut mettre ça très, très loin pour faire
monter les statistiques, là, mais,
dans les temps prescrits, il y a à peu près un jeune sur quatre qui ne réussit
pas. Donc, on pourrait espérer
qu'avec ces hausses de taxe scolaire là, bien, on va lutter contre le
décrochage, on pourrait espérer. D'autant plus que le nombre d'EHDAA, donc les élèves handicapés ou en difficulté
d'adaptation ou d'apprentissage, a augmenté, de 2002 à 2013 de
37 %. C'est une grande hausse, là, dans chaque classe, une augmentation de
37 % d'enfants qui sont handicapés ou en difficulté d'apprentissage.
Donc,
on pourrait se dire : Bien, s'il y a des hausses de taxe, ça va être pour
lutter contre le décrochage, ça va être pour aider les enfants qui sont
en difficulté. Il faut plus de professionnels. En plus, bien, on utilise
davantage d'outils technologiques
aujourd'hui, en 2015, qu'en 2002. Donc, on pourrait penser que cet argent-là va
servir pour acheter des nouveaux
outils technologiques, mais non. Mais non, ce n'est pas pour ça. On paie plus,
on devrait obtenir plus, mais non. Comme
je l'ai déjà dit à quelques reprises, c'est comme si le slogan de ce parti
gouvernemental, au Parti libéral, en ce moment, c'est : Payez
plus, obtenez moins.
Je
me demande, là... Ici, il y a 125 députés. Je me demande bien si les
députés du Parti québécois et les députés du Parti libéral vont voter
tout à l'heure en faveur de ces hausses de taxe au-delà de l'inflation. Est-ce
qu'ils vont voter pour dire : Oui, moi,
là, en tant que représentant du peuple, je vais aller au-delà de l'inflation,
je vais appauvrir les concitoyens qui
m'ont élu, je vais aller piger un peu plus creux puis je vais appauvrir les
familles? J'ai hâte de voir si les députés,
tout à l'heure, vont se lever en faveur de ça. Parce qu'une chose est
sûre : il n'y aura pas plus de services dans nos écoles avec cette
hausse de taxe au-delà de l'inflation.
• (15 h 20) •
Les
commissions scolaires haussent leurs taxes, en ce moment, de leur côté, eux,
pour deux raisons, d'abord parce que
le gouvernement s'est désengagé, les commissions scolaires reçoivent moins
d'argent... si on tient compte des coûts de système... Évidemment, on peut nous
dire qu'en chiffres absolus ce
chiffre augmente un petit peu, mais,
si on regarde l'augmentation du
nombre d'élèves, l'augmentation des coûts de système, les commissions
scolaires, depuis quelques années, reçoivent moins d'argent du palier
provincial, donc elles se retournent vers le bas, c'est-à-dire vers vous, les
contribuables, pour aller chercher cet argent-là. Voici une des deux
explications.
L'autre
explication, bien, c'est parce que la lourde bureaucratie, elle est maintenue.
On n'est pas allé faire des économies
quelque part dans les structures, on n'a pas éliminé les élections scolaires.
Pourtant, l'occasion était belle, là, l'occasion était belle l'automne
dernier, c'était le temps.
D'ailleurs, depuis
notre élection le 7 avril 2014, je me suis levé plusieurs fois ici,
dans cette Chambre, pour interpeller le
gouvernement, dire : Vous avez l'occasion de ne pas faire d'élections
scolaires, vous avez l'occasion d'arrêter cette saignée, cette saignée
de dépenses de fonds publics pour des commissaires scolaires alors que plus de
90 % des Québécois n'en veulent plus. Et, on l'a vu cet automne, 95 %
des Québécois, sachant qu'il y avait des élections scolaires — parce
que ça a été très publicisé — ils ont choisi de ne pas y aller. Ça a été
un choix, ça. Il y a des élections, je choisis
de ne pas y aller. Eh bien, malheureusement, le gouvernement libéral a choisi
de prendre 20 millions de l'argent des gens et de mettre ça en élections scolaires. Bien, ce
20 millions là, là, il fallait le prendre quelque part, et ça s'adonne
que les commissions scolaires, pour se
financer, pour aller chercher de l'argent, bien, ils se sont retournés vers les
contribuables. Puis il y a
probablement une partie de la hausse de taxe qui va venir de ça, pour financer cette décision du gouvernement
libéral.
Et
ce n'est pas fini, parce qu'une fois
qu'ils sont élus, bien, il faut les payer, les commissaires. Ils ont des
comptes de dépenses, ils ont des
jetons de participation. Ils ne sont pas toujours présents à toutes les
réunions, mais on doit quand même
payer. Et donc ça continue, ce n'est pas fini, là, on en a encore, de l'argent
dans le trou. Donc, il y a une autre partie des hausses des taxes
scolaires à cause de ça.
Mais dans aucun des
cas le gouvernement en place ne peut se cacher pour blâmer les autres. S'il
blâme les commissions scolaires, je
regrette, c'est le gouvernement qui a coupé les fonds aux commissions
scolaires. S'il blâme le Parti québécois, je regrette, c'est le gouvernement actuel qui a
décidé de continuer les décisions prises par le gouvernement précédent et qui a décidé d'éliminer, lui aussi,
cette péréquation. Il n'était pas obligé de faire ça, il n'était pas obligé de
faire ça. Quand on est au gouvernement, on n'a... Quand le gouvernement est là,
il n'a pas à se poser en victime des décisions
prises par les autres. Mais c'est pratique de maintenir, justement, ce
palier-là, parce que ça permet au ministre de dire : Ah! bien, ce
n'est pas de ma faute, c'est les commissions scolaires, laissons-les aller,
respectons ces acteurs formidables que sont les commissions scolaires. Mais,
dans le fond, c'est une sorte de faux-fuyant.
Donc,
je reviens. Et malheureusement, là, j'ai comme l'impression que les
contribuables vont se faire dire : Payez plus, obtenez moins et avalez nos couleuvres, avalez nos couleuvres
parce que les promesses de la campagne électorale ont été bafouées, les promesses de l'automne
dernier ont été bafouées, et probablement que les promesses qui sont faites en
ce moment dans le cadre d'une campagne
électorale pour les partielles seront bafouées à compter du 8 juin. C'est
la simple continuité de ce qu'on voit depuis des années.
C'est
pour cette raison-là, je pense, que le gouvernement a l'occasion belle de nous surprendre
et de s'engager, après-midi, pour une fois, à faire preuve de leadership
et à limiter les hausses de taxe scolaire...
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, merci à vous, M.
le député de Chambly, pour cette intervention. M. le ministre de
l'Éducation et de l'Enseignement supérieur, je vous cède la parole pour votre
intervention.
M. François Blais
M.
Blais : Alors, merci beaucoup, M. le Président. J'ai écouté, là, mon
collègue avec attention, là. Alors, on ne sera pas surpris, là, que je sois, hein... qu'on soit toujours dans la
même situation d'une idée simple, peut-être trop simple, hein? Et ce que je veux essayer de montrer, là,
c'est que la proposition de la CAQ les place encore une fois, ce n'est pas
nouveau, les place encore une fois devant un
dilemme dont on voudra bien qu'ils nous expliquent quelle est la sortie
possible.
Donc, peut-être deux
petites corrections, avant de commencer mon exposé, par rapport à ce que j'ai
entendu tout à l'heure. Donc, quand la CAQ nous
dit : C'est simple, on va, nous, si jamais on prend le pouvoir, éliminer
les taxes scolaires, et ça va se
faire simplement par une augmentation, là, de la croissance économique, au Canada, dans toutes les provinces, hein, même les plus riches, il existe une taxe scolaire, même
en Ontario. Et, en passant, en Ontario,
la valeur de la taxe scolaire
correspond à 30 %, hein, des
coûts, là, du système primaire et secondaire, alors qu'au Québec c'est
20 %. Donc, une société, en
général, qu'on reconnaît comme étant plus riche, hein, avec un PIB plus
important que le Québec, ça n'a pas empêché l'Ontario de maintenir et même de
renforcer, si je peux dire, le rôle de la taxe scolaire. Donc, ça nous
place devant un premier paradoxe.
Ça
ne veut pas dire qu'il ne faut pas améliorer la taxe scolaire. D'ailleurs,
l'Ontario, là-dessus, peut peut-être nous donner quelques enseignements. Mais, de là à l'éliminer simplement en
pensant que la croissance va régler le problème, c'est beaucoup plus complexe que ça. À vrai dire, le seul endroit, si
mes informations sont bonnes, où la taxe scolaire a été abolie au Canada, c'est à Terre-Neuve. Alors,
il faudrait voir si vraiment c'est un enjeu de richesse économique qui nous
permet de faire ce type de choix là. Donc, c'est un outil, le collègue a
raison, complexe, peu malléable, il a aussi raison là-dessus. C'est pour
ça qu'il faut voir à des modifications.
L'autre, peut-être,
correctif que je voudrais faire, là, amicalement, c'est sur la question de la
péréquation. La péréquation a été amenée
dans le décor, si je me souviens bien, autour des années 2006, 2007. Quel était
l'enjeu? Poussée de la valeur
foncière. Et bien sûr le problème d'une taxe foncière, c'est que la valeur de
votre maison augmente, mais vous n'avez
pas nécessairement plus d'argent dans vos poches aujourd'hui. Vous en aurez
lors d'une vente, et cette vente-là peut
prendre du temps, bien sûr, avant d'arriver. Donc, dans ces circonstances-là,
le gouvernement avait cru bon d'avoir un
système de péréquation. Qu'est-ce que c'est qu'une péréquation au niveau
fiscal? Si on dit : Bien, certains citoyens, certains propriétaires fonciers, on va vous donner
un congé fiscal, on ne va pas augmenter tout de suite votre taxe scolaire,
ça signifie que d'autres, la péréquation,
d'autres concitoyens, hein, vont suppléer à ce congé fiscal. Le Parti québécois
avait décidé de mettre fin à ce congé
fiscal, et ça a été important, parce que ça va nous permettre de comprendre,
tout à l'heure, l'enjeu d'équité et le dilemme dans lequel la CAQ,
disons, est en train de se placer, là, à mon avis.
Si
vous voulez bien, je vais commencer par un bref retour historique. Ce n'est pas
un retour historique qui est inutile. Vous
allez voir, ça nous permet vraiment de bien saisir, là, à la fois la
complexité, hein, du problème, les solutions qui sont possibles et
comment tout a commencé.
Donc,
les commissions scolaires ont été créées 1843-1845, et ça a été créé à partir
d'une volonté, qui était très importante
à l'époque, de financer l'éducation primaire au Bas-Canada. Il fallait trouver
une façon de la financer. Je vous rappelle
que les premières taxes... l'impôt sur le revenu date de 1917. Donc, hein, les
taxes scolaires sont beaucoup plus anciennes
que l'impôt sur le revenu, 1846 ou 1847, je pense, pour les premières taxes
scolaires. Et, à l'époque, donc, on voulait
financer l'éducation primaire, et on voulait surtout l'étendre partout sur les
territoires, et, pour ça, on avait besoin d'un outil fiscal. Ça va
provoquer des rébellions et des réactions aussi très négatives. Les gens ne
voulaient pas payer nécessairement pour l'éducation, mais ça va finir par
s'installer progressivement.
À l'époque,
c'est impossible, et là c'est là qu'il y a une grande différence avec la nôtre,
d'imaginer autre chose qu'une taxe foncière, tout simplement parce qu'on
n'a pas les données, les informations pour avoir une taxe sur la consommation ou une taxe sur le revenu comme
aujourd'hui. Et bien sûr il y a beaucoup moins de volatilité au niveau de la valeur foncière. Probablement qu'aujourd'hui...
Essayons de nous imaginer, là, ce que c'est que l'habitation moyenne pour les colons de l'époque. Disons que c'est
probablement assez simple comme situation, donc, et probablement que le taux de taxe était un taux forfaitaire par
habitation, il faudrait vérifier les recherches là-dessus. Mais c'était la taxe
qui semblait,
c'est important de le souligner, la plus facile à administrer pour les
gouvernements de l'époque. Je rappelle qu'à ce moment-là l'État
québécois finance très, très peu l'éducation.
• (15 h 30) •
La taxe va évoluer avec le temps. Au début, elle
va permettre d'assumer l'essentiel des coûts du système de l'éducation primaire au Bas-Canada. Avec le temps,
cependant, on va la jouxter à d'autres formes de financement. On ne le sait pas, mais, pendant plusieurs années, les
commissions scolaires aussi avaient une forme de taxe sur la consommation, en tout cas pas une taxe universelle
comme ce qu'on connaît aujourd'hui, mais une taxe sur la consommation de certains biens, et ça leur permettait aussi de
financer les coûts de l'éducation. D'ailleurs, ça a été le cas jusque dans
les années 1960, 1965, si je me souviens bien.
Mais, avec le
temps, on se comprend bien, la portion, hein, qui vient de la commission
scolaire, donc qui vient de la taxe foncière, va diminuer relativement
avec la portion qui vient du gouvernement. C'est lors de la création du ministère de l'Éducation en 1964... c'est à cette
époque-là qu'il va y avoir un bond très important et où la contribution
du gouvernement du Québec va devenir beaucoup plus importante que la
contribution qui vient de la taxe scolaire. D'ailleurs — si vous ne le savez pas, je vous en
informe — aujourd'hui,
à peu près 20 % des revenus des commissions scolaires viennent de
la taxe foncière et le reste vient du financement, là, du ministère de
l'Éducation.
Donc, en
1964, le ministère de l'Éducation va... la création du ministère va conduire à
une participation financière plus importante et une diminution du poids
relatif de la taxe scolaire.
Quelle a été
la conséquence politique majeure? Et ça revient à un sujet qui intéresse mon
collègue. La conséquence politique
majeure de la création de cette taxe est la volonté d'avoir un système
d'éducation au Québec sur tout le territoire, ça a été la création d'un palier
de gouvernement que sont les commissions scolaires. C'est un palier de
gouvernement — contrairement
à ce que dit mon collègue — tout à fait honorable qui existe dans la
plusieurs des pays anglo-saxons encore aujourd'hui. On en retrouve dans plusieurs pays. Donc, un
palier intermédiaire sous prétexte, hein, de cette formule qui est bien connue,
là, des révolutionnaires américains : «No
taxation without representation», hein? Donc, si on donnait ce pouvoir, qui est
un pouvoir nouveau, à une entité comme les commissions scolaires de taxer, il
fallait que les membres ou ceux qui faisaient
partie de ces commissions scolaires aient un devoir de représentation, donc
qu'ils soient élus par leurs communautés,
donc c'est le début des élections scolaires. Pendant longtemps, ça sera des
élections censitaires. C'est venu plus tardivement, si je me souviens
bien, dans les années 70, des élections universelles.
Donc, «No taxation without representation»,
c'était le principe clé. Jusqu'à tout récemment, je dirais même, jusqu'à tout, tout, tout récemment, ça a été le
principal argument, le principal motif pour le maintien des élections scolaires
au Québec, et partout au Canada, et aussi ailleurs dans le monde où ce système
existe.
Quelles ont
été les difficultés rencontrées par la taxe scolaire? Il y a deux problèmes
fondamentaux. C'est tout d'abord la recherche d'équité. Faisons un test
mental. Si nous définissons l'équité comme «à chacun sa capacité de contribuer» — une conception, hein, assez courante, de
l'équité, notamment quand on pense à l'impôt sur le revenu — c'est très difficile d'associer directement la valeur d'une propriété à une
valeur nette disponible. Et cela est d'autant plus vrai lors de
fluctuations subites de la valeur foncière. Je m'explique : vous pouvez
très bien avoir, hein... pensons à une personne
un peu plus âgée qui a des revenus plus stables, la valeur de sa maison
augmente, lors de la vente il aura un profit intéressant, cependant ses
revenus disponibles ne sont pas nécessairement là. «À chacun sa capacité de
contribuer», qu'est-ce que ça signifie?
Est-ce qu'on doit prendre en compte la valeur de son actif immobilier ou
simplement ses actifs qui sont en banque, hein? Donc, le mécanisme
n'était pas suffisamment souple du point de vue de ce principe.
Autre enjeu d'équité par rapport à la taxe
scolaire, et ça, c'est un enjeu assez important — ça avait déjà été, d'ailleurs, discuté à l'intérieur du rapport
Parent, si je me souviens bien — reformulons un autre principe :
l'équité, c'est «à chaque enfant les mêmes chances». Et là, on sait
bien, c'est difficile d'égaliser les ressources alors que la valeur foncière
est si différente sur le territoire. Pensons simplement... au Québec, pensons
aux valeurs foncières qu'on peut retrouver
en milieu urbain par rapport aux valeurs foncières qu'on peut retrouver en
milieu rural. Pensons simplement à une situation
économique difficile dans une région, qui fait que, très rapidement, la valeur
foncière diminue. Comment on peut
encore défendre le principe «à chaque enfant les mêmes chances», donc à chaque
enfant le même niveau de ressources, si on est dépendants de ce type de
fluctuations?
Donc, quand
la ponction se fait au niveau régional plutôt qu'au niveau national, c'est le
cas des taxes scolaires, et même,
pour la taxe scolaire, parfois, c'est encore plus restrictif que le simple
niveau régional, ça peut être le niveau d'une municipalité, il y a une
différenciation nécessaire... non, il y a nécessairement, pardon, une
différenciation qui s'effectue au niveau de
la ponction, et c'est difficile de garantir... et c'est un principe
fondamental, en tout cas, depuis le rapport
Parent, c'est un principe fondamental de garantir à chaque enfant un niveau de
ressources qui est comparable, hein,
et de favoriser l'égalité des chances. Donc, on a une première difficulté,
hein, une difficulté d'équité. Et je pense que, là-dessus, mon collègue et moi, on pourra s'entendre. Le mécanisme est
ou bien perfectible ou encore il faudrait trouver une façon de
l'aligner, là, pour favoriser le plus d'équité possible.
L'autre enjeu ou l'autre difficulté de la taxe
scolaire, c'est sa prévisibilité pour les contribuables, c'est-à-dire qu'elle est liée à un développement avec des
soubresauts importants. Il y a des années où elle n'a pas augmenté; après
ça, elle a augmenté de façon importante pour
corriger le retard accumulé. Donc, je pense que les Québécois sont en droit de s'attendre à ce que les taxes, notamment les
taxes scolaires, soient beaucoup plus prévisibles, en tout cas, leur augmentation, qu'elles ne l'ont été ces dernières
années. Et là ça, ça s'explique, bien sûr, je le mentionnais au tout début,
par une hausse des valeurs foncières au
début des années 2000, qui a mené à cette fameuse péréquation additionnelle
afin de répondre essentiellement aux
deux problèmes d'équité dont j'ai parlé plus tôt. Le PQ a décidé d'éliminer
progressivement sur trois ans cette
péréquation, et nous en sommes cette année — ça a été mentionné — à une troisième année de fin de
péréquation.
Pouvons-nous maintenant ou
devrions-nous empêcher une hausse au-dessus de l'inflation pour certaines commissions scolaires? Et c'est la question, hein,
c'est la question qui nous est proposée aujourd'hui. Et il faut répondre non, hein, clairement non à cela, pour deux
raisons. La première raison, c'est que nous allons nécessairement placer les
enfants du Québec dans des situations
différentes puisque, s'il n'y a pas cette péréquation, nécessairement, il y a
des enfants, au Québec, qui auront
accès à moins de ressources, parce qu'il y a des commissions scolaires qui
auront moins de financement, auquel
elles auraient normalement droit, que d'autres commissions scolaires qui ont
déjà fait le rattrapage ou qui n'ont jamais été placées dans une
situation de péréquation. Parce qu'il faut bien comprendre que plusieurs
commissions scolaires n'ont pas été placées dans la situation de péréquation,
donc elles ont évolué, disons, assez librement.
Les autres ont eu, entre guillemets, un congé fiscal, hein, auquel on a mis fin
progressivement. Si on ne permet pas
aux commissions scolaires, hein, de se rattraper, nécessairement, c'est
mathématique, les enfants du Québec ne seront pas traités de la même façon du point de vue des ressources à leur
disposition. Donc, je pense que c'est le premier argument.
• (15 h 40) •
L'autre argument, si on dit : Mais non!,
non, il faut quand même continuer, il faut faire en sorte de plafonner l'évolution de la taxe scolaire, cette année, à
1 %, à 1,5 %, donc le taux d'inflation, c'est très clairement qu'il
faudra suppléer, hein? Si on veut
protéger les enfants, si on veut protéger les commissions scolaires d'aller
chercher ce qu'elles ont besoin pour
les enfants, il va falloir nécessairement que le gouvernement supplée, hein,
corrige, maintienne la péréquation. À ce moment-là, bien, qui va payer? C'est l'ensemble des contribuables du
Québec qui vont payer pour prolonger, disons, ce congé fiscal, entre guillemets. Et, nous le savons tous, nous sommes placés devant une situation
financière extrêmement difficile, hein, 7 274 000 000 $ à récupérer. Nous le faisons sur deux
ans. S'il faut maintenir la péréquation, il faut trouver l'argent pour le financer, et ça, pour l'année
actuelle, c'est très difficile. Et je pense que la population peut comprendre,
je pense que la population, là-dessus, va
être en accord avec nous : Protégez les enfants, hein, assurez-vous que
tous les enfants du Québec, où qu'ils
soient, hein, quelle que soit la commission scolaire où ils soient, ils aient
accès à un niveau de ressources qui
soit comparable — ça, je
pense que l'ensemble de la population va nous suivre là-dessus — et faites en sorte aussi, hein, de ne pas augmenter les taxes, les impôts sur le
revenu ou taxes à la consommation pour financer une péréquation qui devait un jour ou l'autre se
terminer. Donc là, je pense qu'on a deux principes qui sont assez forts, hein,
qui nous permettent de ne pas aller de l'avant avec la proposition de nos
collègues de la CAQ.
Je voudrais
maintenant parler de la modernisation des commissions scolaires et la
nécessaire modernisation des taxes
scolaires. Nous l'avons dit, hein, nous avons pris acte des résultats ou du niveau
de participation lors des dernières élections
scolaires. Je me rappelle, mon prédécesseur, je pense, était ici même, s'était
levé debout et avait lancé un appel à la population en disant :
Écoutez, envoyez-nous un message. Est-ce que vous voulez que l'on maintienne ou
pas les commissions... les élections... pas
les commissions mais les élections scolaires? Parce qu'il y avait différents
débats dans la société. Il devait y
avoir élection tout simplement parce qu'il y avait beaucoup, beaucoup de sièges
à combler dans les commissions scolaires, c'était nécessaire. La
population a participé très faiblement. Si je me souviens bien, le taux de
participation, moins de 5 %; chez les anglophones, un peu plus important,
mais c'est des taux qui sont, disons-le, non significatifs.
Et la décision qui a été prise par mon prédécesseur juste avant son départ, et,
cette décision, je l'ai entérinée aussi,
et mon gouvernement l'a entérinée, c'est de mettre fin non pas à la démocratie
scolaire, non pas à l'existence d'une entité
intermédiaire qui est nécessaire, à notre avis, au niveau des régions, au
niveau des communautés, entre le ministère de l'Éducation et les
établissements primaires et secondaires, mais la fin des élections scolaires
telles que nous avons connues, donc des élections scolaires universelles avec
des taux très, très faibles de participation.
Nous allons
aussi aller de l'avant avec des fusions de commissions scolaires, hein, pour
favoriser plus d'efficience. Alors,
quand on regarde un petit peu les commissions scolaires, elles ont fait un
travail quand même, il faut le reconnaître, du point de vue administratif, elles ont fait un travail, il faut le
reconnaître, mais c'est beaucoup plus difficile pour les petites commissions scolaires d'être aussi efficientes
et finalement de donner des niveaux de service auxquels les enfants ont droit avec un coût qui est comparable à des
commissions scolaires un peu plus grandes. On sait que la recette n'est
pas nécessairement de très grosses commissions scolaires, mais on pense que,
disons, si nous paramétrons entre des commissions
scolaires entre 9 000 élèves et 40 000 élèves, on est dans des
scénarios, en général, d'optimalité au niveau de la gestion des
ressources.
Et finalement
nous nous sommes engagés, lors du dernier budget du gouvernement, à moderniser
la taxe scolaire. Qu'est-ce que ça
signifie, moderniser la taxe scolaire? C'est d'essayer de répondre, hein, aux
problèmes que j'ai soulevés plus tôt,
un problème d'équité entre les contribuables, peut-être entre les propriétaires
fonciers, et un problème aussi de prévisibilité, faire en sorte que les
hausses, dorénavant, une fois ce rattrapage fait, cette troisième année de
rattrapage réalisée... que les hausses
soient des hausses qui soient normales et prévisibles. Donc, nous avons un
engagement dans le dernier budget.
Nous travaillons là-dessus en équipe interministérielle pour arriver à une
proposition, là, au cours des prochains mois.
Donc, nous
nous sommes engagés à revoir le mode de la taxe scolaire. Ça s'inscrit dans un
désir de prévisibilité, d'équité à la
fois pour les commissions scolaires — c'est important, hein? — et les contribuables, donc les enfants mais
aussi les contribuables. Différents modèles
sont possibles. C'est intéressant de voir qu'au Canada les taxes scolaires ont
été maintenues, mais prenons le cas de l'Ontario, par exemple. Clairement,
le gouvernement, en Ontario, joue un rôle beaucoup plus central dans la
détermination des taux et... d'évolution des taux, comparativement, là, au
Québec. Les municipalités, si je
comprends bien le système
ontarien, les municipalités, elles, qui ont déjà cet outil-là, qui gèrent
l'outil, la taxe foncière, font la
ponction au nom des commissions
scolaires, mais les directives sont
données par le ministère de
l'Éducation de l'Ontario.
Donc, il y a
différents modèles, et là ce sera intéressant de voir ce qui se fait au Canada
et ailleurs pour trouver la formule qui nous convient le mieux. Est-ce que le taux doit être
régionalisé? Est-ce qu'on pourrait même penser à un taux qui est national,
avec les possibles distorsions, là, qu'il pourrait y avoir? Parce que
plus, bien sûr, on étire la longue-vue, hein, plus le périmètre de la taxation foncière
est large, plus, là, il peut y avoir des phénomènes, disons, d'inadéquation
entre les régions. Donc, ça, c'est un problème qui est assez bien connu.
La réflexion
se poursuit en ce moment, et... bien, on compte bien sûr
sur nos collègues de la CAQ, ils ont toujours été
très préoccupés par l'enjeu de la taxe scolaire pour avoir leur propre proposition, leur propre modèle. Parce
que c'est sûr qu'il faut faire des propositions concrètes en ce moment. Les enjeux sont très difficiles, on le sait. Le
Québec est dans une deuxième année d'efforts financiers importants. On
s'attend bien sûr à ce que la CAQ nous appuie dans l'atteinte de l'équilibre budgétaire tout en faisant en sorte,
hein, dans cette année de transition, que l'ensemble des enfants du
Québec — et
ça, c'est vraiment très important dans cette
année de transition plus difficile, puis je reconnais, le collègue l'a dit,
hein, les augmentations qui viennent
du gouvernement du Québec sont plus faibles cette année que par les années
passées, donc, hein, tous les sous
sont importants cette année — donc que l'ensemble des enfants du Québec
ait accès à des niveaux de services
comparables. Alors, voilà les principales raisons pour lesquelles je vais voter
et, je pense, que mon gouvernement va voter contre la proposition de nos
collègues de la CAQ.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le ministre de
l'Éducation et de l'Enseignement supérieur,
pour cette intervention. Je reconnais maintenant Mme la députée de
Pointe-aux-Trembles, porte-parole de sa formation politique en matière
d'éducation. Mme la députée.
Mme Nicole Léger
Mme Léger :
Merci beaucoup, M. le Président. Oui, à mon tour d'intervenir aujourd'hui sur
la motion du collègue de Chambly
sur... le libellé est ainsi : «Que
l'Assemblée nationale demande au gouvernement de s'assurer que les hausses
de taxes scolaires pour l'année 2015‑2016 soient limitées à l'inflation.»
Notre
formation politique va appuyer cette motion. Nous allons appuyer la motion du
député de Chambly et de sa formation
politique, parce que nous croyons que, dans le contexte actuel, la moindre des
choses que nous pouvons faire pour
les contribuables du Québec, c'est que les taxes scolaires n'augmentent pas,
pas plus que le coût de la vie. Parce qu'il faut le prendre aussi dans
son contexte, M. le Président. On a beaucoup d'inquiétudes à ce moment-ci,
depuis qu'on a vu la dernière année du
gouvernement que nous avons devant nous, et il y a beaucoup de choses qui ont
été au-delà du coût de la vie. Et
j'entendais parfois des collègues qui disaient qu'il y a des hausses de tarifs,
il y a des hausses... et nous aussi,
notre formation politique a dénoncé les hausses en services de garde, les
tarifs d'Hydro-Québec, et etc. Il y en a plusieurs. Je pense juste aux services de garde, il y a des parents qui,
au lieu de 7,30 $, vont se rendre jusqu'à 20 $ parce qu'on a
changé la façon de faire, qui était déjà très appréciée des parents
préalablement.
Alors, c'est
sûr que c'est l'addition de tout ça, le cumul de toutes ces hausses qui fait
qu'on se retrouve aujourd'hui devant
celle des taxes scolaires. Et le gouvernement a un peu expliqué tout à
l'heure... c'est plutôt d'une façon historique qu'il a amené, dans le fond, son propos, le ministre, mais, dans le
quotidien, il y a des décisions qui devront se prendre incessamment et même très, très rapidement. Et je
dois vous dire que tout mode de taxation, et particulièrement les taxes
scolaires, sont dans le collimateur pour les prochains jours.
Je dois vous
dire que, depuis d'ailleurs plusieurs mois, on interpelle le gouvernement. Le
gouvernement a ouvert la porte à une modification de la taxe scolaire.
J'entendais le ministre tout à l'heure, il a parlé même de l'élection scolaire. Il a mis l'élection scolaire, la
gouvernance scolaire, un peu tout ça dans le même... mais je vais y revenir
tout à l'heure parce que j'ai des choses à lui dire aujourd'hui.
• (15 h 50) •
Mais ce que
je veux dire par rapport à ce que le ministre avant lui, son prédécesseur... disait qu'il
travaillait sur un projet, il
travaillait sur un projet de loi, peut-être, qu'il travaillait par rapport aux taxes scolaires. Le ministre actuel a confirmé aussi son intention de modifier les taxes
scolaires, mais à date on n'a rien vu, on entend le ministre nous dire
des choses.
Mais je dois revenir un peu sur le programme de
péréquation parce qu'effectivement c'est dans les années 2005‑2006 qu'il y a eu le programme... on a
recentré, dans le fond, le programme de péréquation parce qu'il y avait, si on
se souvient, dans les années 2000, il y avait toute la croissance des valeurs,
des valeurs foncières au Québec, dans les années
2000, et ça a créé quand même certaines inéquités, et de là l'instauration de
la mesure additionnelle qu'on appelait... une mesure d'aide financière appelée l'aide additionnelle, qu'on a fait,
dans le fond, au Québec pour s'assurer de corriger certaines inéquités.
Mais évidemment ça pouvait réduire l'impact de cette hausse, mais ça ne règle
pas l'ensemble du dossier des taxes
scolaires au Québec ou qu'on doit revoir l'ensemble du dossier des taxes
scolaires du Québec. Alors, évidemment,
le programme de l'aide additionnelle a été... on a donné un délai de trois ans
lorsque nous, nous étions au gouvernement, pour enlever cette
péréquation-là parce qu'elle ne règle pas le fond de la chose.
À travers ça, quand même, j'ai vu... je redis au
ministre qu'il avait sur son bureau le rapport... en tout cas, les conclusions
du rapport de Champoux-Lesage, qui disaient que le système, de toute façon,
était à revoir. Le ministre lui-même a parlé
d'un système désuet et inéquitable. Alors, je pense qu'on est prêts à discuter
de ce sujet. Je crois qu'aussi les
collègues, de ce que j'entendais du collègue de Chambly, qu'il était prêt aussi
à discuter. Donc, je pense qu'on est... Dans le fond, on tend la main à notre ministre de l'Éducation pour revoir
avec lui le système de taxation. Il y a une chose qui est, pour nous, importante. Il y a quatre
éléments qui sont importants. Dans le rapport Champoux-Lesage, on parlait
entre autres de le voir sur une base
régionale. Alors, je n'ai pas entendu le ministre nous parler de cette
option-là. Alors, je pense que c'est
un élément qu'il va falloir regarder, est-ce que c'est possible de le voir sur
une base régionale, selon les conclusions du rapport Champoux-Lesage,
qui suggérait cette avenue. Il y a d'autres éléments, évidemment.
La
taxe foncière a l'avantage évidemment d'être difficile à ne pas payer parce que
c'est difficile de faire de l'évasion
fiscale. Une taxe foncière, c'est une taxe foncière. Donc, il faut regarder les
avantages de cette opportunité-là de la taxe foncière. Mais, en même temps,
j'écoutais le ministre, il y a une justice, et nous, on croit aussi qu'il y a
une justice. Il faut être juste pour
tous, qu'on soit en Montérégie ou qu'on soit en Abitibi. Bon, il peut y avoir
des choses sur une base régionale, mais il faut qu'il y ait certains
consensus puis qu'on s'assure qu'il y ait une justice pour tous les Québécois
et, en même temps, de ne pas entraîner un choc tarifaire. Alors, c'est pour ça
qu'aujourd'hui le fait de la proposition de
mon collègue de Chambly de s'assurer que ce n'est pas au-delà de l'inflation...
Mais l'ensemble du dossier doit être
évidemment à revoir dans sa globalité, mais je crois que ça ne doit pas se
faire derrière des portes closes et que ça doit se faire avec nous, avec l'opposition officielle et le deuxième
groupe d'opposition, évidemment, puis les collègues qui sont ici, à
l'Assemblée nationale, et de même avec l'ensemble des partenaires, mais je vais
y revenir.
Il
ne faut pas oublier que derrière ça aussi, il y a toutes les règles
budgétaires, parce qu'il y a un impact direct sur les taxes scolaires, parce que c'est les
commissions scolaires qui vont déterminer, avec leur budget, la hauteur de la
hausse des taxes scolaires
actuellement. Tant qu'il n'y a pas de révision de taxe scolaire, les
commissions scolaires, présentement, lorsqu'ils
vont recevoir leur aide budgétaire, vont déterminer la hauteur de la taxe
scolaire. Alors, chaque année, le ministre de l'Éducation, il fait
parvenir les règles budgétaires aux commissions scolaires, puis ces règles
permettent de faire deux choses aux
commissions scolaires : «L'élaboration des règles budgétaires s'inscrit
parmi les responsabilités du ministre de
l'Éducation qui découlent de la Loi de l'instruction publique.» Et aussi, «en
vertu de l'article 472 de cette loi, chaque année, après consultation des commissions scolaires, le ministre doit
soumettre à l'approbation du Conseil du trésor des règles budgétaires pour déterminer le montant des
dépenses de fonctionnement, d'investissement et du service de la dette
qui est admissible aux subventions allouées aux commissions scolaires».
Alors,
grosso modo, M. le Président, ces règles permettent aux commissions scolaires
de déterminer deux choses : déterminer leur budget de l'année — on
est au mois de mai, là, donc cette année — et calculer les hausses des
taxes scolaires. C'est ça que ça va permettre. Alors, cette année, les règles devaient
être dévoilées la semaine passée, le 13 mai. Or, la veille, le 12 mai, le ministère
a fait parvenir une lettre aux commissions
scolaires dans laquelle il reporte le dévoilement des règles budgétaires
pour une durée indéterminée. Donc, aujourd'hui, on ne sait pas les règles budgétaires
que les commissions scolaires auront à
faire face. Donc, c'est là qu'on s'attend à des coupures majeures. D'ailleurs,
on en a eu déjà beaucoup,
de coupures. Puis je vais revenir dans quelques instants. Alors, ça veut dire
qu'en pratique ça signifie que les commissions scolaires ne peuvent tout simplement pas déterminer s'il y
aura une hausse cette année ou non. Et la nature de la hausse : aucune idée, pour le moment. Alors, vous
comprendrez que ça nous a laissé un mauvais goût, un goût amer.
Je
vais vous dire, j'ai questionné le ministre, la semaine dernière d'ailleurs,
sur ça. Je lui ai demandé : Ça tombe drôle parce qu'on est en élections partielles aussi dans Chauveau
et Jean-Talon, et le ministre avait semblé outré que je lui dise ça. Mais, entre vous et moi, les règles budgétaires
étaient la semaine passée puis on a juste eu une lettre du ministère...
dit... Les règles sont... dans le fond, c'est sur le bureau du ministre. Alors, c'est le ministre qui a, présentement... Parce que tout le travail semble avoir été fait par le ministère
et que c'est le bureau du ministre... Puis il les retient, présentement. Je n'ai pas entendu le ministre
nous dire une date, je n'ai pas entendu le ministre nous expliquer quand est-ce que... et là il va... quand est-ce que... quelle est la date qu'il
a reportée, mais ça tombe drôle, parce que les élections dans Chauveau et dans Jean-Talon, c'est le 8 juin prochain.
Donc, est-ce que ça va être le 9 juin qu'on va entendre les règles
budgétaires et que les électeurs de Jean-Talon et de Chauveau ne sauront
pas la hauteur de leur taxe scolaire?
Je
ne peux... J'ai des mots antiparlementaires qu'on ne peut pas dire ici, mais
ils ne le sauront pas, alors on ne le redira pas, que... la hauteur de
leur taxe scolaire, à moins que le ministre nous apprenne, aujourd'hui, que ça
va être demain ou après-demain. Parce que
vous comprenez l'inquiétude de l'ensemble des commissions scolaires
présentement, ils ne savent pas la hauteur des règles budgétaires qu'ils
vont avoir. Est-ce qu'il va y avoir des coupures drastiques... draconiennes? Pardon, c'est un mot plus français,
«draconiennes». On ne le sait pas, et ça a un impact direct sur leur compte
de taxe scolaire. Alors, ça tombe drôle, en
même temps qu'il y a des élections partielles. Alors, j'espère que le ministre
pourra nous éclairer tout à l'heure et
pourra nous dire qu'est-ce qui arrive avec les règles budgétaires puis si on va
avoir un suivi par rapport à une date parce qu'actuellement c'est sur le
bureau du ministre.
Maintenant, je
voudrais reparler, M. le Président, de l'ensemble du dossier aussi de... Là, on
parle de taxe scolaire, mais le ministre
aussi nous a amenés sur la gouvernance, nous a amenés, donc, sur les élections
scolaires, nous a amenés sur les
fusions des commissions scolaires. Parce que, le dossier des commissions
scolaires, il y a la partie taxe,
mais il y a la partie de gouvernance et
d'élections et des fusions des commissions scolaires. Mais, avant tout, c'est
qu'il refile, présentement... On ne
sait pas la hauteur des budgets que les commissions scolaires vont avoir, mais
le ministre refile aux commissions
scolaires des coupures, 150 millions l'année passée; l'année 2014‑2015,
150 millions qu'on a vu au mois d'avril. Donc, c'est 300 millions, en
l'espace même pas d'un an, que les commissions scolaires vont avoir à subir.
Et le ministre m'a toujours dit : Ça ne touche pas les services directs
aux enfants, ça ne touchera pas les élèves, ça ne touchera pas toute l'aide qu'on peut apporter aux enfants en difficulté,
aux enfants en situation d'apprentissage difficile. Il nous dit ça
régulièrement. Le ministre précédent nous dit ça. Et je donne des exemples
concrets, régulièrement, au ministre
ou dans les médias, pour exprimer que cette situation-là touche directement...
les coupures libérales touchent directement aux enfants.
Alors, comme on ne
sait pas encore la hauteur, on s'attend encore... 150, 200, 250 millions.
Les commissions scolaires ont parlé de
350 millions. Le ministre a dit : Ils y vont un peu fort,
350 millions. Mais ça va être entre 150 et 350... En tout cas,
c'est quelque chose entre ça... peut-être 200 millions qu'il va y avoir
comme coupure. Et ce n'est pas le fait d'une
coupure de 200 millions seulement, même si c'est dramatique, c'est le
cumul, depuis toutes ces dernières années là, où, actuellement, on
prendrait aujourd'hui, en 2015, cette décision-là.
• (16 heures) •
Pour l'aide alimentaire,
pratiquement juste l'aide alimentaire, il y a des coupes en aide alimentaire,
l'aide aux devoirs, l'achat de livres, etc.
Pour suivre le mot d'ordre du ministre... parce que la commission scolaire de
Montréal vit actuellement une situation très difficile, elle a annoncé qu'elle
coupait l'aide alimentaire de 1 833 enfants au primaire et de
562 jeunes au secondaire. Le ministre va nous dire : C'est les
commissions scolaires qui prennent leurs décisions, Mais l'argent qu'elles reçoivent, l'argent vient des décisions du
ministre, c'est quand même lui, le grand responsable. Le grand manitou de ça,
c'est quand même lui, au niveau du ministère de l'Éducation. Alors, quand ils
ont des frais administratifs de 4 %, 3,8 %, 4 %,
4,2 %... J'ai en tête la commission scolaire de Laval. Ils viennent de
couper 16 millions. Il y avait
un programme très particulier sur les enfants en difficulté, en situation
particulière. Quand il faut couper
dans ça, quand on est rendu à ça, quand ils ont des frais administratifs autour
de 4 %, il n'y a plus grand-chose à couper, M. le Président, alors
on se retrouve avec des situations comme ça.
La semaine
dernière, le ministre a dit qu'il était pour les coupes intelligentes. Il m'a
sorti ça, les coupes intelligentes. Est-ce
que les coupes des repas... couper des repas chauds de 2 300 enfants,
c'est des coupes intelligentes? Peut-être qu'il va me répondre à ça aujourd'hui. Moins de professionnels, moins de profs
à Montréal et dans toutes les régions. Je vais revenir à toutes les
régions, mais, à Montréal particulièrement, parce qu'il s'appuie sur le rapport
qui a été déposé, de Raymond Chabot Grant
Thornton... Le gouvernement a commandé ce rapport-là pour les écoles de
Montréal, mais sa tactique retourne contre lui parce que, dans une des
pages du rapport particulièrement, on parle que... on propose des coupures de 93 professeurs au primaire et
secondaire réguliers, de 36 orthopédagogues, de 56 professeurs pour
les jeunes handicapés ou de troubles
d'apprentissage, 27 techniciens en éducation spécialisée, huit préposés
aux handicapés, personnes handicapées
ou jeunes handicapés. Est-ce que le ministre est d'accord avec toutes ces
mesures-là? Il a dit qu'il était très d'accord
avec le rapport, les recommandations du rapport. C'est ça qu'on demande dans le
rapport, de couper toutes ces aides-là,
ce personnel-là qui vient donner directement de l'aide aux enfants en
difficulté ou les enfants avec des problématiques
plus spécifiques. Dans le fond, ça donne... le rapport du gouvernement
préconise de couper l'équivalent de 221 professionnels à temps
plein au service des élèves.
Et on voyait
encore aujourd'hui Suppression de 265 professionnels en poste en
éducation. Il y avait un article dans Le Devoir, aujourd'hui, de Philippe Orfali : «L'heure
des compressions a sonné dans la plupart des commissions scolaires du Québec. Forcé de composer avec des réductions
budgétaires sans précédent, le réseau scolaire québécois s'apprête à se défaire de pas moins de [260] postes de
professionnels de l'éducation d'ici à la prochaine rentrée scolaire — septembre.
«Des
dizaines de psychoéducateurs, conseillers pédagogiques, psychologues,
orthopédagogues et autres professionnels de l'éducation perdront leur
poste au cours des prochains mois dans les 72 commissions scolaires [du
Québec] — la
commission scolaire de Montréal, j'ai nommé déjà 221 postes.
«[...]Mais
les autres commissions scolaires ne sont pas en reste. Dans certaines régions,
tels le Bas-Saint-Laurent et la Haute-Côte-Nord, les syndicats membres
de la Centrale des syndicats du Québec verront jusqu'à 15 % de leurs
effectifs être amputés ou réaffectés à d'autres tâches.
«Dans les
69 commissions scolaires où la CSQ compte des membres, ce sont
250 postes qui doivent être retranchés au total. Au Syndicat des professionnelles et professionnels Laval—Rive-Nord, qui regroupe les employés des trois
autres commissions scolaires [du Québec], on s'attend à une abolition de
15 postes. Le président, Guillaume Bégin, précise toutefois que
13 autres postes seront créés dans des spécialités différentes toutefois.
«"Dans
chacune des écoles publiques du Québec, il existe des élèves pour lesquels le
dépistage précoce de difficultés
d'apprentissage et l'intervention rapide d'un professionnel sont cruciaux dans
la poursuite de leur cheminement. Comment
obtiendront-ils l'aide requise si les spécialistes qui doivent les soutenir
dans leur développement sont absents?", a affirmé la présidente de
la Fédération des professionnels et professionnelles de l'éducation du Québec,
[Mme] Johanne Pomerleau, mardi.
«Ces
abolitions de postes sont rendues nécessaires par le plus récent budget du
gouvernement du Québec, déposé en
mars, qui prévoyait des compressions de l'ordre de 350 millions [...] — ça a été rajusté, semble-t-il, vers un peu
moins de ça, on verra, on attend que
le ministre nous le dise — alors que les commissions scolaires avaient anticipé un effort
budgétaire de 200 millions.
«Ce sont près
de 8 715 heures de services professionnels en tous genres dont seront
privés toutes les semaines les élèves québécois, affirme
Mme Pomerleau.
«[...]Le
président du syndicat [lui] de la CSDM, [M.] Michel Mayrand, juge que des
"choix déchirants" attendent ses
membres. "Ils ne pourront s'occuper que des cas les plus urgents, et ils
vont devoir laisser [un] nombre d'élèves en difficulté sans services."» J'espère que le ministre
m'écoute bien : «Ils ne pourront s'occuper que des cas les plus urgents,
[ou] ils vont devoir laisser nombre d'élèves en difficulté sans services.»
C'est ce qui
attend le ministre de l'Éducation s'il refile la facture aux commissions scolaires. C'est ça qui attend, cette année, la prochaine année, l'ensemble des
élèves du Québec, M. le
Président. Alors, vous comprenez
qu'il n'y a pas... de ce côté de la
Chambre, on est outrés et évidemment que nous voulons absolument que le ministre
réagisse, d'une part, mais qu'il
invite son président du Conseil du
trésor à ne pas faire cette coupure
et qu'il n'acquiesce pas à cette coupure... ces coupures, qui
deviendront, évidemment, évidemment, dramatiques.
M. le Président, si on parle de 150 millions en 2014‑2015... 150 millions peut-être, oui, plus en 2015‑2016, alors le gouvernement,
il ne peut pas vivre dans le déni, là. On a toujours dit que les compressions
ne toucheront pas les jeunes... ont affirmé,
dans le fond — puis
j'ai entendu les députés aussi le dire — que
ça ne toucherait pas aux services aux
élèves. Ce n'est absolument pas ce qui se passe actuellement. Il y a un cri partout, puis il n'a pas fini, le ministre. On entend parler partout, dans
toutes les régions du Québec, de l'impact de ces mesures-là qui vont toucher vraiment
l'ensemble des services directs aux élèves. Ce n'est pas rien, hein, M.
le Président : suppression de 265 postes professionnels de l'éducation.
Alors,
M. le Président, en conclusion, parce que j'aurais encore beaucoup
de choses à dire, mais je veux quand
même réitérer notre appui à cette motion et demander au ministre que... Il ne
peut pas revoir les taxes scolaires, la gouvernance,
les fusions des commissions scolaires sans avoir une grande consultation publique. Il
ne peut pas agir seul. Il y a des
partenaires, il y a des enseignants, il y a le milieu syndical, il y a les
parents — les
parents lancent un cri d'alarme aujourd'hui — il
y a les commissions scolaires, toutes les directions et tous les professionnels
qui veulent contribuer, qui ont des
idées, qui veulent donner, faire leur part dans ce réaménagement-là. Il parlait
de 170 ans, les commissions scolaires,
ce n'est pas rien là. Puis enlever les
commissaires scolaires comme ça, sans nécessairement discuter avec les gens, parler avec
les gens...
Je demande
des consultations particulières. Je
ne veux pas que le ministre se retrouve à nous déposer un projet de loi,
comme ça, en catimini, rapidement, puis qu'il a préparé derrière les portes
closes et qu'il n'a pas eu le temps de travailler
avec les partenaires de l'éducation — je ne parle pas des partenaires par-ci,
par-là, là — ensemble,
dans une grande consultation. C'est
ce que je demande au ministre. Je ne vois pas... Le ministre semble avoir,
parfois, de l'ouverture, alors je lui
dis qu'il faut absolument qu'on ait une grande consultation. Puis il va être
surpris, les gens vont apporter des idées, les gens vont contribuer, les
gens vont collaborer, les gens sont conscients de certaines difficultés, de
certains enjeux, mais il ne peut pas agir
seul. Ce gouvernement-là ne peut pas agir seul. Il faut qu'il écoute la
population, il faut qu'il écoute les
partenaires du milieu de l'éducation. Ils sont là, ils sont prêts, ils lui
tendent la main, je lui tends la main aussi, qu'on puisse s'asseoir pour
faire une grande consultation.
Alors, M. le Président, je termine ainsi en
disant que nous allons appuyer cette motion, que nous trouvons importante, de
mon collègue de Chambly et de la formation politique qu'il a. Nous allons
appuyer cette motion.
• (16 h 10) •
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Alors, merci à vous, Mme la députée de Pointe-aux-Trembles, pour cette
intervention. Je cède maintenant la parole à M. le député d'Ungava pour son
intervention. M. le député.
M. Jean Boucher
M. Boucher : Merci beaucoup, M. le
Président. Alors, nous prenons la parole cet après-midi sur une affaire inscrite par un député de l'opposition, une motion
que je vais me permettre de relire. Vous savez, ma formation primaire, c'est être avocat, puis, bon, la première chose
qu'on apprend en droit, c'est, avant de parler de quelque chose, on va essayer
de le lire et de l'analyser, puis après ça on essaiera de comprendre.
«Que l'Assemblée nationale demande au
gouvernement de s'assurer que les hausses de taxes scolaires pour l'année 2015‑2016 soient limitées à l'inflation»,
inflation qui est aux alentours de 1,5 %, mettons-la à 2 % pour les
besoins de la cause, là, pour faire des beaux calculs.
D'entrée de
jeu — bon,
vous allez dire que mon analyse a été courte — je vous annonce que je suis totalement contre cette motion puis je vais
vous expliquer pourquoi.
Premièrement, d'où vient la taxe scolaire? M.
le ministre nous a fait un petit historique
tantôt, ça date du début des années
1900, où, pour financer le système
scolaire de l'époque, on avait besoin de prélever des sommes d'argent afin de financer les écoles et puis que tout ça puisse
fonctionner. C'est un système qui a évolué un petit peu au travers du temps,
mais c'est un peu un reliquat du passé. En
ce sens, je vais être d'accord avec mon collègue M. le député de Chambly que
c'est un système qui est inefficace, c'est
un système qui est inéquitable et qui pose ses problèmes aujourd'hui, puis
c'est probablement la seule partie
avec laquelle je vais être d'accord avec M. le député de Chambly. M. le
ministre l'a dit, bon, a bien fait le
tour de la question, la fiscalité scolaire, bon, c'est à la fois très important
et très complexe, et puis ce qui fait que c'est les propriétaires qui
sont taxés et non pas l'ensemble de la population.
On a parlé tout à l'heure, bon, d'un système de
péréquation additionnelle qui avait été créé aux alentours des années 2007, 2008 par le Parti libéral du Québec.
M. le député de Chambly nous disait : Bon, c'est un système pour aider
les commissions scolaires en difficulté, toutes les commissions scolaires
pauvres. Bien, c'est tout à fait le contraire, M. le Président, c'est un... Au milieu des années 2000, la valeur des
propriétés foncières avait augmenté de façon significative et rapidement, et le compte de taxe scolaire a suivi. Si
une propriété augmentait de 15 %, par exemple, bien, c'est sûr que, si on est taxé à 0,30 $ ou
0,35 $ du 100 $ d'évaluation, la valeur de la propriété augmentant de
15 %, le compte de taxe scolaire
augmente de 15 %. C'est des vases communicants, c'est de la pure
mathématique. Donc, à ce moment-là, on avait mis en place un système de
péréquation additionnelle pour certaines commissions scolaires pour limiter la
vitesse de hausse des taxes scolaires dans un contexte où la valeur des maisons
avait progressé rapidement.
M. le
ministre de l'Éducation vous disait tantôt : Si, moi, je suis propriétaire
d'une maison qui est entièrement payée, je suis en fin de carrière ou retraité,
ce n'est pas parce que ma maison vaut 20 % de plus que j'ai 20 % de
plus de revenus. Donc, ça pouvait en venir jusqu'à un certain point où
des gens pouvaient être forcés à se départir de leur propriété, ce qui n'était pas le but recherché. Donc, par ce système-là,
ça permettait de freiner la hausse des taxes scolaires puis de rendre ça
plus vivable pour certains propriétaires.
En novembre
2012, bon, le gouvernement du Parti québécois avait annoncé le retrait
progressif de cette mesure temporaire
puis de l'abolir sur une période de trois ans. On est présentement, M. le
Président, dans la dernière année de l'abolition de cette mesure. Ce que
ça a comme effet, c'est que, pour l'an prochain, ces commissions scolaires là
ne pourront pas bénéficier de cette
mesure-là. Donc, ces augmentations ne sont pas liées au budget que M. le
ministre des Finances avait présenté, mais plutôt à la particularité de
la taxation scolaire.
M. le député
de Chambly nous a fait, bon, une liste de commissions scolaires où tant de pour
cent d'augmentation... «Tant de pour
cent d'augmentation», on s'imagine que c'est des milliers de dollars, c'est des
sommes considérables. C'est sûr que
pour celui qui paie, c'est toujours trop, j'en conviens. Je veux dire... où il
y a un certain nombre de millionnaires au Québec, mais pas tant que ça. Mais
malheureusement, bon, quand on a bénéficié d'un système de péréquation, à un
moment donné, ce système-là cesse, bien, les choses doivent revenir à la
normale.
On parlait
tantôt, quand les maisons augmentent, les municipalités, bon, sont tellement
des bons citoyens corporatifs qu'ils baissent...
qu'ils ajustent leurs niveaux de taxation. Bien, moi, je n'ai pas vu ça
souvent, M. le Président. Peut-être que
je vis dans une autre planète, là, mais la valeur des maisons augmente, et
pourtant les taux de taxe sont ou gelés ou... mais je n'ai pas vu ça souvent où des taux de taxe diminuent. Alors, si
la valeur des maisons augmente à cause d'un centre commercial qui s'installe, à cause d'un
développement, à cause d'une nouvelle autoroute, à cause d'un nouveau complexe
industriel, bien, automatiquement tout ça va suivre, et puis la fiscalité
scolaire va suivre du même coup.
Donc, quand
on dit : Limiter l'augmentation à l'inflation — on parle du compte de taxe que la personne
reçoit dans ses mains — pas plus que le taux d'inflation de
l'année passée, on évite de parler du taux de taxation de la taxe scolaire. Donc, exemple, quelqu'un qui payait l'an
passé 500 $ de taxe scolaire ne devrait pas payer dans le futur plus
que 510 $, pas plus que 2 % de plus si on prend le taux d'inflation à
2 % pour faire un calcul rapide cet après-midi.
C'est un
petit peu... voir la chose d'une façon un peu simple, ça va créer des
disparités. Premièrement, bon, c'est une
mesure mur à mur. On reproche souvent, bon, qu'il faut éviter les mesures mur à
mur, qu'il faut y aller avec du cas par cas. Dans certains cas, oui,
probablement que le taux de taxe scolaire sera limité à l'inflation. Dans
certains cas, peut-être même qu'il n'y aura pas d'augmentation. Mais, dans
certains cas, il y aura des augmentations. Pourquoi? Parce que l'équité, ce n'est pas juste combien je paie puis combien je
sors de ma poche. L'équité, c'est : L'enfant qui va dans la commission scolaire A, est-ce qu'il reçoit
les mêmes services que celui qui étudie dans la commission scolaire B? C'est ça aussi, l'équité. M. le Président, je
pense qu'au Parti libéral c'est une équité qui nous tient à coeur. Je pense
qu'il ne doit pas y avoir des enfants
de première classe et des enfants de deuxième classe parce qu'ils habitent dans
le mauvais secteur de la ville ou du mauvais côté de la province. Tout
le monde doit avoir des services équivalents.
On disait,
bon, à la CAQ, on propose l'abolition de la taxe scolaire. O.K., un coup de
baguette magique, on prend le crayon,
on raie ça. Fini, plus de taxe scolaire! Pour compenser le manque à gagner, on
va être tellement bons puis on va
créer tellement de jobs qu'il va y avoir tellement de personnes qui vont payer
de l'impôt que finalement ça va se balancer. Bien, ça, M. le Président, j'appelle ça la pensée magique. Il n'y a pas
de chiffre. Ce n'est soutenu par rien, à part que dire : Bien là, écoutez, là, nous autres, on va foncer,
on va créer des jobs à tour de bras, comme on dit en bon français, tout ce
beau monde là va travailler, va payer de
l'impôt aller-retour, et puis finalement, bien, le 2 milliards et même
plus qui sera un manque à gagner en
termes de taxation scolaire, ça va s'effacer tout seul puis finalement on va
balancer les choses.
Ce n'est pas
comme ça que ça marche dans la vraie vie, M. le Président. C'est une version
plutôt simpliste puis limitée. Hein,
quand on est trop proche de l'arbre, des fois on oublie qu'il y a une forêt en
arrière. Il faut reculer de quelques pas.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Oui, M. le député de Borduas?
M. Jolin-Barrette : ...avec intérêt
les... mon collègue d'Ungava, par contre, sur une question de règlement, M. le Président, les termes utilisés pour la
position défendue par notre formation politique, les propos utilisés par le
député d'Ungava semblent durs. Et je
questionne la présidence, à savoir : Le fait de qualifier notre position
de «simpliste», est-ce que ce n'est pas porter atteinte à certains
droits des parlementaires ici?
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Oui, je vais entendre M. le leader adjoint du gouvernement sur la même question
de règlement.
M.
Sklavounos :
Je ne vois pas en quoi on peut questionner les propos du collègue d'Ungava, à
moins de dire qu'on n'est pas
d'accord. Et on est ici pour débattre, alors on peut qualifier les positions
des autres, en autant qu'on reste dans
le respect et qu'il n'y a pas de motif imputé. Alors, M. le Président, je pense
qu'on pourrait inviter le collègue d'Ungava de poursuivre.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Alors, vous voulez rajouter rapidement, M. le député de Borduas?
M.
Jolin-Barrette : En fait, on
impute des motifs irrespectueux, M. le Président, en qualifiant la
position... en utilisant des termes inappropriés. J'inviterais le
collègue à un peu de prudence, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Bon, j'ai entendu les arguments de part et d'autre. Je pense que le député d'Ungava exprimait une opinion, il ne visait pas
un député en particulier. Je lui demanderais quand même de faire attention
aux propos qu'il utilise, mais, en ce qui me
concerne, il n'y avait pas d'accroc au règlement de la procédure, là. Mais
soyez prudent, M. le député d'Ungava.
M. Boucher : ...que je fais du mieux
que je peux, M. le Président.
Alors donc,
je vous disais, bon, des fois, être trop près de l'arbre, on oublie la forêt.
Et puis c'est bien d'avoir des solutions,
mais il faut que ça soit des solutions qui soient vivables, acceptables et
réalistes. On ne peut pas vivre dans un monde où... le monde du pays des merveilles où... à penser qu'on peut
abolir quelque chose d'une main et puis ravoir la même chose de l'autre
main puis que tout ça va se passer comme par magie, c'est un petit peu...
Je vais vous
donner... Je vais vous parler encore du Nunavik. Souvent, le soir, quand
j'habitais à temps plein à Kuujjuaq,
j'aimais bien prendre des marches. Le soir, on entendait hurler les loups
partout au village. C'était épeurant, amusant — ça dépend du point de vue. Mais, au
lendemain, il ne reste rien de tout ça. Donc, l'analogie que je veux faire,
c'est : Oui, on
peut avoir des solutions, on peut travailler ensemble, mais ça prend des
solutions pratiques, M. le Présidente... M. le Président, pardon, et qui font en sorte que tout ça, c'est vivable
et discutable, et non pas se référer à la pensée magique et puis penser
que tout ça peut se régler par un trait de crayon de ce côté-là.
Donc, en
résumé, c'est pour ça, M. le Président, que je vais voter contre la résolution.
Et puis il ne faut pas oublier le trou
de 7 milliards qui nous a été laissé en héritage par nos prédécesseurs.
C'est une situation qui est très difficile, qu'on aurait aimé éviter,
mais, malheureusement, avec laquelle on doit vivre. Merci beaucoup, M. le
Président.
• (16 h 20) •
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le
député d'Ungava, pour cette
intervention. Je suis prêt à
reconnaître un prochain intervenant, mais il ne reste plus de temps à la deuxième
opposition, mais il reste 9 min 47 s à l'opposition
officielle, et, M. le député de Sanguinet, je vous cède la parole.
M. Alain Therrien
M.
Therrien : Merci, M. le Président. Alors, je suis ici pour
parler au nom de mon parti politique au sujet de la motion :
«Que
l'Assemblée nationale demande au gouvernement de s'assurer que les hausses de
taxes scolaires pour l'année 2015‑2016 soient limitées à l'inflation.»
Nous allons
être pour cette motion. Écoutez, c'est important de dire pourquoi on accepte que ça soit au niveau de
l'inflation. Parce qu'étant donné que
les choses augmentent de prix dans le temps il est normal que les tarifs
puissent suivre cette marche-là de la hausse des prix. Les salaires
augmentant en conséquence, ça veut dire que, dans les faits, il n'y a pas grand-chose qui bouge. On appelle ça,
en quelque sorte, la neutralité monétaire en économie. Alors donc, le fait qu'on dise que, oui, les taxes scolaires
peuvent monter au même niveau que l'inflation, c'est dire que ça respecte la
capacité de payer des citoyens pour un service qui leur est donné.
Malheureusement,
si je prends l'analogie du député d'Ungava — il parlait de loups — bien, moi, je vous dirais que les loups sont dans la bergerie. Pire, les T. rex
sont dans un poulailler. Parce que, écoutez, le Parti libéral au pouvoir,
c'est le T. rex dans le poulailler, c'est des taxeurs compulsifs.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Sklavounos :
Là-dessus, on est dans les qualificatifs et là-dessus on est dans l'imputation
de motifs, je crois. Le collègue le sait, il s'est assis dès que je me
suis levé.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Oui, alors, soyez prudent, M. le député de Sanguinet. Vous avez un vaste
vocabulaire, je suis convaincu que vous allez choisir les mots appropriés pour
exprimer votre pensée tout en étant respectueux du règlement.
M.
Therrien : Merci,
M. le Président. Je vais faire un effort pour faire en sorte que mes propos
soient plus doucereux aux oreilles de mes collègues d'en face.
Alors donc,
écoutez, le passé est garant de l'avenir. Entre 2003 et 2012, ce parti-là a
monté les tarifs et les taxes pour
l'équivalent de 6,5 milliards par année de plus. Ça veut dire qu'en 2003,
comparativement à la fin, on est à 6,5 milliards de plus de tarifs. Et là c'est les prouesses
intellectuelles. Moi, j'aimerais ça qu'ils aient autant d'idées, et autant
d'intuition, et autant d'inspiration
pour créer des emplois puis créer la croissance économique au Québec qu'ils en
ont pour créer des taxes et des tarifs de toutes sortes, mais ce n'est
pas le cas.
Alors,
voyez-vous, dans leur engagement électoral — bien, leurs engagements électoraux — ils disaient qu'il y aurait un gel des tarifs et l'inflation en conséquence.
Donc, un gel en termes réels, puis de l'inflation en termes nominaux. Ça
veut dire que... Moi, je lis ça, je la lis,
la motion écrite par mon collègue de la CAQ puis je me dis : Bien, ils
devraient voter pour, c'est ce qu'ils
ont promis. Ça fait plein de sens. Alors, je m'attends à ce qu'ils votent pour.
Mais là, bien, écoutez, c'est sûr
qu'étant donné qu'on ne peut pas respecter les engagements électoraux qu'on a
faits avant l'élection du 7 avril, bien là on a branlé l'épouvantail à moineaux, le 7 milliards de
déficit qu'ils ont trouvé. Là, ça m'étonne parce que le député d'Ungava
en a parlé tantôt. Je pensais que, finalement, après l'étude des crédits, quand
le premier ministre, quand le président du
Conseil du trésor puis le ministre des Finances ne sont pas capables de nous
expliquer où est-ce qu'ils ont pris
le 7 milliards, moi j'ai dit : Finalement, on va approuver que
c'étaient des histoires de n'importe quoi. Bien non, ils en parlent encore. Ils en ont encore parlé. Ce n'est
pas facile de faire de la pédagogie en cette Assemblée. Ce n'est pas facile,
je vous dis, mais, bon.
Il y en a 69
encore qui y croient. Je ne veux pas vous inclure là-dedans, M. le Président,
mettons 68. Mais là même leurs
parents, leurs enfants ne croient même pas à ça, là. Ils sont tout seuls dans
leur nuage à croire à ça, cette affaire-là, là, le 7 milliards,
mais ils en parlent encore.
Alors donc, ils ont sorti le 7 milliards.
Mais ils ont dit : Là, là, il va falloir qu'on taxe. Mais il faut trouver
des moyens parce qu'ils veulent avoir le
déficit zéro. Il y a deux façons d'avoir le déficit zéro avec l'aide des
revenus. Première façon, c'est
d'augmenter les revenus, mais par la croissance économique, d'être intelligents
dans ce qu'on propose pour amener des
croissances économiques, pour stimuler l'économie, pour créer des emplois, pour
créer de la richesse, pour... Et ça, ça a une conséquence évidente,
c'est : ça va créer des revenus supplémentaires. Et les gens vont être
contents de payer parce qu'ils vont avoir des jobs, parce que leurs revenus
vont augmenter, parce qu'ils vont consommer plus puis ils vont être heureux. Ce
n'est pas de cette façon-là qu'ils ont procédé. L'année passée, il y a eu une
croissance économique
de 1,3 %. N'eût été, là, de la baisse du taux de change et n'eût été de la
baisse du prix du baril, là, on aurait été proches de zéro, M. le
Président.
La deuxième façon,
c'est de monter les taxes. Ah! là, je les sens excités comme des caniches qui
attendent de la visite. Ils disent : Ah! là, on va monter les taxes. Comment
qu'on va faire? Puis là ils se réunissent en caucus puis ils se disent :
Aïe! Il faut absolument qu'on trouve des moyens originaux. Aïe! Là, je vous dis
qu'ils en ont. Mais la façon la plus le fun de taxer, c'est de faire
faire la job par les autres; ça paraît moins.
C'est
sûr qu'ils y ont été assez forts avec les CPE, hein, on s'entend là-dessus.
Alors qu'ils disaient qu'ils monteraient
juste avec le niveau d'inflation, on se ramasse avec... dans certains cas, ils
ont triplé les tarifs. Triplé. Ça, c'est
une augmentation de 200 %, M. le Président. Ils ne sont pas gênés de ça.
Ils ont expliqué que ça n'avait pas d'effet sur le payeur. Mais c'est quand même impressionnant : une
augmentation de 200 % sans effet. Non mais on est vraiment dans le
monde des licornes qui éternuent des arcs-en-ciel, M. le Président, là. Ce
n'est pas sérieux, là.
Évidemment,
là, on fait faire la job par les autres. On dit : Bien, on pourrait taxer...
on pourrait faire en sorte que les municipalités taxent à notre place.
Qu'est-ce qu'on va faire? Bien, on va leur couper les vivres.
300 millions. Puis là ils ont
sorti la commission Robillard puis ils ont dit : Là, on va sortir une
commission qui va dire, là : Aïe! Vous auriez dû leur en enlever 1,2 milliard. Comme ça, on
a de l'air fins juste avec 300 millions. Oui, ils ont des trucs. Puis,
quand tu entends le ministre des
Affaires municipales... 300 millions, il leur dit presque : Vous êtes
bien chanceux que ce ne soit pas plus
que ça. Et même il voulait, à un moment donné, poursuivre les maires en
justice, ceux qui voulaient monter les taxes suite à cette perte
d'argent.
Évidemment,
l'Hydro-Québec : on fait taxer par les autres, parce que les profits
rentrent dans les coffres du gouvernement
par la suite. C'est un beau ricochet. «Ricochet va vite», comme diraient
certaines bandes dessinées de mon époque.
Et là, évidemment, il
y a les taxes scolaires. Là, on arrive, on dit : Bien, on va tout
simplement donner moins d'argent dans l'éducation
puis ils s'arrangeront. Ils augmentent les dépenses, cette année, dans
l'éducation, de 0,17 %, M. le
Président. 0,17 %, on est proches du zéro absolu, là. C'est presque zéro
comme dans «Ouellette». 0,17 %! Pas 17 %, 0,17 %. Et là, en plus, il dit : Bien,
on va augmenter juste de 0,17 %, mais ça devrait être correct, écoutez, on
va couper dans les structures. Bien non, la réponse, c'est non.
Quand
j'étais sur le projet de loi n° 15, le Conseil du patronat, le président
du Conseil du patronat, là — on est loin de Che Guevara, là, M. le
Président, là — est
venu nous dire qu'il est maintenant impossible de couper dans les structures sans couper les services. Il a dit au
gouvernement... il a dit ça au gouvernement : Arrêtez de dire ça, ce n'est
plus vrai. Or, qu'est-ce qui arrive? Ils
coupent dans les commissions scolaires. Les commissions scolaires, ils ont deux
choix : ils coupent les services et/ou ils augmentent les taxes
scolaires. Ça fait qu'eux ce qu'ils font, c'est qu'ils poussent les commissions
scolaires à justement monter leurs tarifs, leur taxe.
Et
donc, par conséquent, ce qu'on voit actuellement, c'est un gouvernement qui
veut éliminer le déficit au nom de la
jeunesse québécoise. Ils disent : Nous, on est tannés de payer des
intérêts puis de mettre les dépenses sur la carte de crédit,
que nos jeunes vont payer dans le futur. C'est ce qu'ils nous disent. Tambours,
trompettes, marionnettes, puis tout ce que vous voulez. Ils sortent, hein, puis là,
là, ils disent ça à tout le monde. Puis ils passent à la TV puis ils se
trouvent bons, là.
Alors,
ils coupent l'aide aux devoirs, M. le Président, pour payer ou pour éliminer le
déficit. «Pour nos jeunes», ils vont
nous dire ça. Ils coupent l'aide alimentaire : 2 300 $ de moins
d'aide alimentaire. Bien, c'est pour nos jeunes qui font ça. Augmenter le nombre d'élèves par classe,
il dit : Ça n'aura aucune conséquence, là. Voilà... En 2008, leur ancien
ministre disait : Il va y avoir des
conséquences. Si on bourre nos classes, les gens vont échouer davantage. On
fait ça pour nos jeunes! C'est ce
qu'on fait. On va couper l'aide des professionnels auprès des enfants. On fait
ça pour les jeunes! C'est ce qu'ils
font actuellement. Et là le ministre de l'Économie nous dit : Plus tard,
ce ne sera pas un problème d'emploi qu'on va avoir, c'est un problème
d'employés. C'est ça qu'il nous a dit.
Quand
tu coupes dans ta jeunesse, quand tu coupes dans les services dans ta jeunesse,
quand tu fais en sorte que ces
gens-là vont avoir plus de difficultés à terminer leurs études, à avoir des
diplômes, être capables de remplir les postes qui vont faire de notre pays un pays compétitif sur les marchés
internationaux, je peux-tu vous dire que c'est de cette façon-là qu'on va faire échouer notre pays dans les défis
qui nous attendent dans le futur et que la croissance économique du futur
dépend de ce qu'on va faire avec nos jeunes actuellement. Ils sont en train de
faire une jambette monstrueuse à la croissance économique de demain, M. le
Président. Merci.
• (16 h 30) •
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci. Merci à vous, M. le
député de Sanguinet, pour cette intervention. Je cède maintenant la parole à M. le député de D'Arcy-McGee. Il reste à
votre formation politique, M. le député, 18 min 44 s. À
vous la parole.
M. David Birnbaum
M.
Birnbaum : Merci, M. le Président. Il me semble que la motion en
question du député de la deuxième opposition
et membre de Chambly ne tient pas compte de certaines réalités importantes, à
mon avis. La réalité fait en sorte que
les revenus de l'État doivent être au rendez-vous pour assurer les dépenses
nécessaires, et quelle dépense plus primordiale
que l'éducation de nos enfants? Notre gouvernement peut être fier d'avoir
respecté l'un de ses principaux engagements :
l'équilibre budgétaire. La feuille de route que nous suivons va assurer qu'on
ne va plus imposer le fardeau de
financer les services d'aujourd'hui aux Québécoises et Québécois contribuables
de demain. Nous avons repris le contrôle de nos finances publiques, voilà une partie de l'équation très
essentielle. Les Québécoises et les Québécois peuvent avoir confiance en nos actions présentes et futures orientées vers
leurs intérêts et ceux de leurs enfants. Nous nous sommes engagés à concrétiser cet objectif en gardant
l'augmentation des taxes et des impôts la plus près possible de l'inflation,
et c'est ce que nous faisons, M. le Président.
L'ancien
gouvernement a laissé le Québec aux prises avec un déficit de plus de
9 milliards de dollars. Aujourd'hui, dans l'opposition officielle... de 7 milliards de dollars, je
m'excuse. C'est un chiffre assez large, quand même. Aujourd'hui, dans l'opposition officielle, ils critiquent les
mesures responsables que nous prenons pour le résorber tout en assurant le
plus que possible les services directs aux utilisateurs.
Quant à la deuxième
opposition, elle souhaite — et
continue de souhaiter, j'imagine — comme nous, rétablir l'équilibre budgétaire. Bon. Mais, jusqu'à tant
qu'on propose les mesures pour y arriver — et voilà un exemple — c'est facile de vouloir garder le beurre et l'argent du beurre. Notre
gouvernement invite les Québécoises et Québécois de travailler en partenariat
avec nous pour assurer les services à la taille de leurs attentes, en fonction
de nos moyens et de façon qui va
garantir la pérennité de ces services. Le rétablissement des finances publiques
requiert un effort de la société québécoise.
Nous le faisons en nous assurant d'épargner le plus possible les contribuables,
mais c'est un effort qui nous implique, tout le monde.
La question de la
taxe scolaire, M. le Président, prend place dans une situation très
particulière au Québec actuellement. Un peu
de contexte s'impose. Au milieu des années 2000, les valeurs foncières des
propriétés ont considérablement augmenté, entraînant une augmentation
proportionnelle de taxe scolaire. Il y avait des endroits particuliers où les variations étaient de l'ordre assez dramatique. Je
peux vous en témoigner en tant qu'ancien directeur général de l'Association
des commissions scolaires anglophones du
Québec, il y avait des situations assez graves dans certaines circonscriptions.
Donc, le gouvernement libéral, dans le
temps, avec la préoccupation bien légitime de protéger l'équité du fardeau de
la taxe à travers le Québec, avait
alors mis en place une subvention de péréquation additionnelle aux commissions
scolaires pour atténuer temporairement l'équivalent de ces hausses.
Dans
son budget déposé en novembre 2012, l'ancien gouvernement péquiste annonçait le
retrait sur trois ans de cette mesure temporaire. En le faisant, il
réduisait davantage les subventions aux commissions scolaires par quelque
150 millions de dollars. Leur solution, aussi simpliste et difficile à
avaler, de toutes fins pratiques, a été de pelleter le problème dans la platebande des commissions scolaires en les invitant
d'augmenter leur taux de taxe scolaire. Donc, quand la plupart des commissions scolaires se sont
prévalues de cette option, admettons, difficile, l'ancienne première ministre
s'est prononcée choquée et a coupé l'herbe
en dessous des pieds de son propre ministre de l'Éducation, qui avait compris
que ces ajustements risquaient d'être
nécessaires pour assurer l'offre de services éducatifs aux élèves. On parle de
l'offre des services aux élèves, une
équité entre écoles d'un coin à
l'autre, et voilà, il y avait une façon de le faire difficile, mais tout
à fait légitime.
Le
précédent gouvernement a alors ouvert la porte toute grande à l'augmentation des comptes de taxes par les commissions
scolaires. On peut le lire dans ce
budget de 2012, où, dans le texte, on lit ainsi : «L'ajustement apporté au
programme de péréquation [aurait] pour effet de réduire les revenus de subvention
de certaines commissions scolaires.
Les commissaires, afin de maintenir
l'équilibre budgétaire, devront réduire les dépenses sans affecter les services
aux élèves — un
effort qui a été entrepris, bon, mais on continue. Alternativement,
ils pourraient choisir de hausser les revenus. Il s'agit de choix difficiles, mais tous les élus doivent y faire face.»
Donc, l'ancien gouvernement a conclu qu'il y avait, à la portée des commissions scolaires, un
geste légitime à faire pour accroître les services, mais atténuer l'impact
pervers de cette taxe scolaire dans certains coins.
L'abolition des
subventions de péréquation sans sacrifier les services allait nécessairement
obliger certaines commissions scolaires, donc, à augmenter les taxes pour assumer
correctement leurs responsabilités auprès des élèves, d'autant plus que les commissions scolaires, dans l'ensemble du Québec, ne bénéficient pas
toutes des mêmes revenus. À certains
endroits, les écarts sont considérables. L'augmentation des taxes
scolaires est donc la seule option, dans le court terme, qui a été laissée par l'ancien gouvernement à certaines commissions
scolaires moins bien pourvues pour
satisfaire les besoins des enfants.
Qu'on
soit clair, et comme le ministre l'a clairement noté... Et je peux, une autre
fois, vous en témoigner que, oui, il
y a un problème. Il n'y a
aucun doute, des améliorations peuvent être apportées en matière de taxation
scolaire pour le mieux-être de tous
les agents concernés. Notre gouvernement examine actuellement des options plus équitables, mais ça va être en perspective d'équilibrer le fardeau
du contribuable avec l'incontournable importance d'offrir les services de qualité à travers le Québec,
et de façon égalitaire à travers le Québec. C'est d'ailleurs pour cela que notre ministre de l'Éducation travaille, comme je
dis, à revoir la fiscalité scolaire en fonction, notamment, des recommandations
du comité d'experts sur le financement, l'administration, la gestion et la gouvernance des commissions scolaires. Mais,
en attendant, nous sommes à la troisième et dernière année de
suppression du programme de péréquation. La deuxième opposition nous recommande de sacrifier la qualité de l'enseignement de bon nombre d'enfants en s'ingérant immédiatement, sans plan, sans
égard aux conséquences, dans la taxe scolaire. Ce serait retirer à certaines commissions scolaires le seul levier
qui leur reste depuis la suppression du programme de péréquation pour
assumer correctement leurs responsabilités, M. le Président.
Qu'on se rappelle, on
est à la dernière année de suppression du programme de péréquation décrété par
le gouvernement du Parti
québécois. De plus, comme je l'ai
mentionné précédemment, nous réviserons en profondeur le régime fiscal scolaire pour assurer l'équité entre
les contribuables et, surtout, entre les élèves de partout sur le territoire.
Et qu'on soit clair, on parle de l'offre de
services pour les enfants atteints d'autisme, pour les enfants en milieu
défavorisé, pour l'équité de l'offre
de services du programme pédagogique, qu'on soit dans un coin de la
province, en région ou à Montréal. Voilà, c'est l'équité qui compte, et
on parle d'une mesure palliative pour assurer cette équité.
Donc, la
révision de notre programme faite actuellement repose sur le constat qu'en effet, au fil des
ans, le mode de calcul du taux de taxe est devenu fort complexe et donne lieu à
certaines iniquités. Alors, un examen en profondeur de ce régime est de mise,
et, comme le ministre nous a assuré, c'est en branle. Notre gouvernement est préoccupé par ces iniquités
et souhaite que la solution retenue en matière de taxation scolaire corrige
cela tout en permettant une plus grande prévisibilité pour les contribuables et les commissions scolaires, mais surtout qu'elle permette aux élèves de
partout au Québec de bénéficier des mêmes services, des mêmes
ressources pour les premières années cruciales de leur formation
scolaire.
Donc, nous sommes à la recherche de la bonne formule. Nous
sommes confiants que les contribuables, qu'ils soient dans la circonscription de Chauveau, de
Jean-Talon, Chicoutimi ou bien Chambly, tiennent à ce que leurs enfants soient
assurés des mêmes services à l'école. Si, et
surtout suite à un budget mal formulé, inefficace de l'ancien gouvernement
péquiste, il faut, temporairement et pour une dernière année, avoir recours aux
modifications de la taxe scolaire, les Québécoises
et Québécois vont choisir la bonne réponse, protéger les services éducatifs,
tout comme notre gouvernement s'engage à faire. Merci, M. le Président.
• (16 h 40) •
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, je vous remercie, M. le député de Westmount, pour votre intervention.
Et je cède maintenant la parole à M. le
député de Papineau pour son intervention sur la même motion. M. le député de
Papineau, à vous la parole.
M. Alexandre Iracà
M.
Iracà : Merci beaucoup, M.
le Président. Ça me fait toujours plaisir de me lever en Chambre, ici, au salon
bleu, pour parler d'éducation. Pour
avoir géré une commission scolaire, tout comme ma collègue des Mille-Îles
d'ailleurs, pendant plusieurs années,
ça me fait plaisir de prendre la parole pour vous parler d'éducation et prendre
le temps aussi de dire que nous avons un bon système d'éducation au
Québec, un système accessible au public, performant, présent sur tout le
territoire du Québec.
Il faut
rappeler qu'on a eu une augmentation des taux de diplomation, une augmentation
importante du taux de diplomation
avec les années. Si on compare à la fin des années 70, on est passé, pour
les moins de 20 ans, de 53 % à 75 % en 2013 au niveau de l'augmentation du taux de
diplomation chez les élèves. Et ça continue de monter, M. le Président,
et on se fixe des objectifs pour faire en
sorte qu'au Québec les jeunes du Québec soient idéalement tous diplômés pour
qu'ils puissent avoir un bon emploi et intégrer le marché du travail le
plus facilement possible.
Maintenant,
la CAQ, la deuxième opposition, a déposé une motion qui nous parle de taxe.
Nous, on aime mieux parler de
réussite scolaire, on aime mieux parler d'aide aux devoirs. Eux aiment mieux
parler de taxe, alors, eux, ça ne les intéresse
pas, eux, M. le Président, de parler de réussite scolaire, d'aide aux devoirs,
d'accompagnement dans les classes, d'aide
aux enseignants pour faire en sorte que l'enseignant, bien, il puisse recevoir
de l'aide dans sa classe pour, justement, faire ce pour quoi il est payé, enseigner. Alors, nous, on aime mieux
parler de réussite, d'augmentation du taux de diplomation, de cursus de classe, de contenu, mais eux, aujourd'hui,
parce qu'il y a toutes sortes de problématiques, eux veulent parler de diminution du financement pour
les écoles publiques du Québec. Alors, eux, ils veulent abolir la taxe, abolir les commissions scolaires, abolir à peu
près tout ce qui bouge en pensant que tout va se régler comme par magie.
Alors, c'est leur perception. Ils ont le
droit de penser ça, M. le Président, ils ont le droit de penser qu'on peut tout
abolir du jour au lendemain et que tout va se régler.
Moi, ce que
je peux vous dire, c'est qu'il y a des gens, des gens dans le milieu de
l'éducation, des gens sur place, dans les écoles, qui travaillent
excessivement fort, il y a des commissaires aussi qui sont là depuis des années
et des nouveaux qui ont été élus aux
dernières élections qui travaillent excessivement fort, et ce sont des gens
qu'il faut respecter. Il va y avoir
des changements, le ministre l'a dit, au niveau de la gouvernance, mais on va
le faire avec les gens qui sont en
place, on va le faire dans le respect, on va le faire de façon efficace,
efficiente. On ne fera pas ça d'un tour de baguette magique en disant : Du jour au lendemain,
tout va bien aller, on a juste à abolir, et tout va se régler. Non, on va le
faire, on va faire des changements, et je pense que le ministre s'est
prononcé assez clairement dans les dernières semaines là-dessus, au niveau de la gouvernance, notamment, il va y avoir des
changements. On va le faire avec les gens en place, on va le faire respectueusement pour faire en
sorte que le changement qui soit fait soit pertinent, efficace et, surtout,
qu'il puisse avoir un effet à long terme.
Le réseau des
commissions scolaires se compose actuellement de 72 commissions scolaires,
60 francophones, neuf anglophones, et trois bénéficient d'un statut
particulier. Le nombre d'élèves — et on a déjà eu l'occasion de le mentionner — varie beaucoup d'une commission scolaire à l'autre, passant de 889 à la commission scolaire Moyenne-Côte-Nord à 104 000
à la commission scolaire de Montréal. Il y a certaines problématiques qui
découlent de cette disparité-là entre
commissions scolaires, et ce seront des facteurs auxquels il va falloir
travailler et s'attaquer, et je pense qu'on peut le faire de façon très
efficace, en collaboration avec les gens sur place.
Évidemment,
la fiscalité scolaire, la taxation est liée avec la taxation foncière. Et la
taxation scolaire, c'est quand même complexe présentement, et c'est pour
ça qu'on veut s'attaquer en profondeur sur une réforme fiscale scolaire qui va faire en sorte qu'on va régler toutes les
disparités qu'il aurait pu y avoir dans le passé d'une région à l'autre et
qu'on va s'assurer — mes
collègues l'ont mentionné auparavant — qu'un jeune, qu'il habite en
Côte-Nord, en Abitibi, en Gaspésie, en
Outaouais, puisse recevoir le même service avec le même financement, peu
importe où il se retrouve au Québec.
Et je vous
dirais, pour faire un peu d'histoire : Au milieu des années 2000, les
valeurs foncières des propriétés ont augmenté
de manière significative, et les comptes de taxe scolaire ont crû de la même
proportion. Évidemment, c'était lié
avec les valeurs foncières. En 2007-2008, le gouvernement a mis en place une
subvention de péréquation additionnelle afin de limiter la hausse des taxes scolaires dans un contexte où la
valeur des maisons avait progressé rapidement. Ainsi, le gouvernement a temporairement assumé
l'équivalent de ces augmentations par une subvention aux commissions scolaires.
Le
20 novembre 2012, le gouvernement précédent a annoncé le retrait graduel
de cette mesure temporaire. Il a décidé d'abolir cette subvention progressive sur une période de trois ans, on
arrive à la fin de cette période. Malheureusement, ce que ça a occasionné, M. le Président, c'est
qu'il y a eu dans certains secteurs des augmentations quand même assez
drastiques.
Je
prends un exemple. Chez moi, à l'Ange-Gardien, municipalité de l'Ange-Gardien,
il y a des gens propriétaires de maisons, retraités, qui ont le même
revenu depuis plusieurs années, le revenu n'augmente pas, mais les taxes ont augmenté, les taxes scolaires ont augmenté de
manière drastique parce que l'ancien gouvernement, qui a été là trop longtemps,
pendant 18 mois, a fait en sorte qu'il a retiré cette mesure d'aide qui avait
été créée par notre gouvernement, ce qui a occasionné
des hausses drastiques de taxe scolaire. Alors, dans la réforme que nous
voulons faire au niveau de la fiscalité scolaire, c'est de faire en sorte que des choses comme ça ne se
reproduisent plus, qu'on puisse faire en sorte que des gens qui sont,
justement, à la retraite, qui ont un certain revenu, un revenu fixe, puissent
au moins planifier à l'avance sans se faire éventuellement assommer par
une hausse drastique. Et ça, il faut y voir, M. le Président.
Alors,
il faut comprendre que nous avons au Québec un des meilleurs systèmes
d'éducation au monde. Et, si on a augmenté le taux de diplomation de
53 % à 75 % chez nos jeunes, ce n'est pas parce qu'on n'a pas mis
d'argent en éducation, c'est parce qu'il
faut, effectivement, soutenir le système d'éducation au Québec en injectant de
l'argent. On va continuer à le faire, M. le Président, et on va s'assurer qu'il
n'y ait pas d'inéquité d'une région à l'autre au Québec. Et on va s'assurer de revoir le système de
taxation, mais on va s'objecter à toute formule de pensée magique qui fait
en sorte qu'une motion comme il est déposé
aujourd'hui, qu'on abolit le financement et la taxation scolaire et que, demain
matin, tout va être réglé... alors, on va
s'objecter à des formules comme celles-là, on va s'assurer que tout le monde a
un bon service équitable, et tous les étudiants. Merci, M. le Président.
• (16 h 50) •
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, je
vous remercie, M. le député de Papineau, de votre intervention. Et, pour la poursuite... le droit de réplique protégé
à M. le député de Chambly, vous avez 10 minutes, M. le député de Chambly, pour votre droit de réplique. À vous la parole.
M. Jean-François Roberge (réplique)
M.
Roberge : Merci, M. le Président. Le député
du gouvernement qui vient de prendre la parole a-t-il seulement lu la
motion? On ne parle pas d'abolir les commissions scolaires, on ne parle pas
d'abolir la taxe scolaire dans cette motion,
on parle de limiter la hausse à l'indexation parce que ça s'adonne que, les taxes
scolaires, il y a quelqu'un qui les
paie, ce sont les citoyens du Québec, et les citoyens du Québec, bien,
normalement, ils ont des hausses de salaire — c'est à souhaiter — qui sont
à peu près à l'inflation. Alors, je m'excuse, mais il était pas mal à
l'extérieur du contexte. Il était parti
dans un monde imaginaire, mais il était bien, bien loin de la proposition de la
Coalition avenir Québec, bien, bien loin de notre motion.
Tout
à l'heure, j'ai écouté attentivement le ministre de l'Éducation réagir aux
propos puis à la motion, et c'était intéressant
de voir que le ministre et le premier ministre ne disent mais, alors là,
absolument pas la même chose. C'est fréquent,
au gouvernement, que les députés et le Conseil des ministres ne s'entendent
pas, mais là, là, j'ai entendu tout à l'heure
le ministre servir une rebuffade, une rebuffade magistrale au premier ministre.
Le ministre, lui, assume la responsabilité
de l'élimination de la péréquation pour les taxes scolaires, il a dit :
Oui, nous avons décidé de procéder à l'élimination
de cette péréquation, c'est une décision du gouvernement, et il la prend comme
telle, alors que ce matin, pas besoin
de reculer de bien longtemps, là, il n'y a même pas 12 heures, le premier
ministre disait que l'élimination de la péréquation pour les commissions scolaires, c'était une décision prise
par le gouvernement précédent. Alors, il faudrait qu'ils discutent, là, le ministre et le premier
ministre, parce qu'ils ne disent pas du tout la même chose sur un sujet extrêmement important, les taxes scolaires, un
sujet qui fait l'objet de la motion d'aujourd'hui, un sujet qui préoccupe les
citoyens.
Et,
à l'intérieur du Conseil des ministres, ils ne s'entendent pas, et deux fois
plutôt qu'une, parce que tout à l'heure le ministre de l'Éducation a dit aussi que c'était primordial pour lui, l'égalité des chances pour les jeunes.
Les bottines ne suivent pas les
babines, mais au moins les babines ont bougé dans le bon sens, il est allé dire
que c'était important pour lui, l'égalité
des chances. Pas plus tard que tout à
l'heure, ce matin, juste avant le
dîner, le premier ministre a dit que, selon lui, le gouvernement n'avait pas les moyens de l'égalité des chances. Ça
m'a jeté par terre, mais il l'a dit quand
même, le premier ministre a dit : Au Québec,
nous n'avons pas les moyens de l'égalité des chances. Ce matin, et le ministre
nous a dit tout à l'heure que c'était une priorité. Alors, on peut bien voir un gouvernement qui
avance, qui recule, qui dit une chose,
qui fait son contraire, à l'intérieur même du Conseil des ministres ils ne
s'entendent pas, ils disent une chose et son contraire. Comment peut-on
les suivre s'ils ne se suivent pas eux-mêmes? Impossible, c'est absolument
impossible.
Le
gouvernement semble voir le réseau scolaire comme un poste budgétaire ordinaire
qu'on peut couper. Bien, en fait,
non, c'est un poste budgétaire extraordinaire parce qu'il a deux
fonctions : il permet vraiment de faire des économies parce qu'ils coupent dans le budget des
commissions scolaires, puis en plus il permet, ce poste budgétaire qu'est
l'éducation, pour eux... Pour c'est une priorité, mais, pour eux, c'est
un poste budgétaire. Bien, il leur permet d'aller chercher de l'argent. Donc, on peut couper en éducation et
aller chercher de l'argent à la fois avec des hausses de taxe scolaire qui
dépassent l'inflation. Ça, c'est presque le rêve libéral, hein? On coupe le
financement, on préserve la structure, on augmente les taxes. Il ne manque plus
rien qu'à couper les services, puis ça aussi, ils le font, hein? Vas-y, c'est
un cinq pour un. D'habitude, un combo, c'est
un trois pour un, mais là cinq pour un. Donc, payez plus, obtenez moins. C'est
vraiment ce qu'on voit en éducation avec le gouvernement libéral.
Je vais vous donner des exemples de «obtenez
moins». Parce que «payez plus», ça, là, hein, hydroélectricité, tarifs de frais de garde, tout y passe, mais
«obtenez moins», l'an passé, avec les coupures de l'année passée, il y a eu de
nouveaux frais de
transport... Ah! ça, c'est «payez plus», c'est vrai, de nouveaux frais de
transport scolaire pour les écoles à
vocation particulière. Maintenant, dans le «obtenez moins», on a une liste. Il
y a eu moins d'aide aux devoirs, moins d'aide
alimentaire, moins du programme Agir autrement — ça, ça veut dire de l'adaptation scolaire
pour les enfants les plus
vulnérables — il y a
eu moins de sensibilisation à l'entrepreneuriat — on en a trop, des entrepreneurs au Québec,
nous autres, ça a de l'air, là, on a coupé
dans ça — puis
moins du programme Écoles en forme et en santé — on est trop en forme aussi. On a coupé dans les mesures de persévérance scolaire, on
a coupé dans les mesures visant à aider les enfants avec des difficultés marquées, on a coupé dans les
préposés aux élèves handicapés et
dans les services à la vie étudiante. Vous savez, les choses qui gardent
les jeunes motivés, là, on va couper là-dedans.
Ça, c'est
l'année passée. Et, cette année, bien, on recommence la même opération, c'est-à-dire qu'on coupe dans le budget
des commissions scolaires, et les commissions
scolaires haussent les taxes, exactement
comme l'année passée. Cette série de coupures dans les services, ça,
c'est dans la catégorie «obtenez moins». On peut s'attendre à ce que ça
revienne.
Une citation intéressante, le président de la commission
scolaire de Sherbrooke qui a dit — on
ouvre les guillemets : «Le budget
aura des effets sur les services offerts aux élèves. Quand on réduit le budget
d'une [commission scolaire et] d'une
école, ça vient toucher les [...] services, à gauche et à droite, qui sont
complémentaires, mais qui sont nécessaires.» Alors, des fois, on peut dire : Ah! mais,
vous savez, c'est des décisions... c'est des présidents de syndicats qui sont
loin du terrain. Mais là on est plus
proche, on est plus proche. Plus qu'on descend sur le terrain, plus qu'on a des
confirmations de coupures de
services. Puis, si on s'en va directement chez les contribuables, bien là ce n'est pas des
coupures qu'on a, c'est des hausses,
des hausses de taxe scolaire, comme on l'a dit à de nombreuses reprises, mais
c'est important de le répéter.
En votant
pour le Parti libéral du Québec, il y
a 13, 14 mois, les Québécois, je dois dire, ont été floués. Ils se sont fait avoir parce qu'ils n'ont pas voté pour ça,
ils n'ont pas voté pour ce qu'on vit aujourd'hui. Ce n'était pas ça, le contrat
moral entre le parti qui voulait devenir le
gouvernement et les citoyens qui les écoutaient et qui lisaient le programme.
Ce n'était pas ça, on appelle ça des
promesses brisées. Et ça, une fois, deux fois, c'est dommage, mais, à
répétition, c'est des atteintes
carrément à la démocratie, puis ça crée un climat de cynisme qui, après ça, est
nuisible pour les 125 personnes dans
cette Chambre, pour les 8 millions de Québécois qui vivent chez nous, dans
notre démocratie qui est à préserver. Préserver
une démocratie, ce n'est pas juste tenir des élections, c'est garder un lien de
confiance. Puis ce lien-là, bien, il est brisé, et rebrisé, et haché, et
passé au mélangeur.
Les promesses
répétées cet automne ont été rebrisées encore ce printemps. Quand je vous dis
une promesse brisée, j'ai ici un
extrait du programme électoral, donc le contrat moral, et ça disait, je le
cite, là... Le nous, là, ce n'est pas moi qui parle, c'est le Parti libéral qui disait : «...nous
allons — c'est un
engagement — assurer
un service d'aide aux devoirs dans
toutes les écoles primaires.» Voyons! Il y en avait, ils l'ont enlevé. Donc, ce
n'est même pas de ne pas remplir sa promesse,
c'est de faire le contraire. C'est comme si on payait un déneigeur pour venir
nettoyer l'entrée, puis c'est une souffleuse
qui venait souffler la neige de la rue dans l'entrée. C'est le contraire, il
faut le faire, quand même. Puis ils le répétaient trois fois, «assurer
un service d'aide aux devoirs». Ensuite, pour être sûrs, ils disaient «étendre
l'aide aux devoirs». Puis, plus loin, ils
disaient «élargir les périodes d'aide aux devoirs». Ils les ont enlevées, ils
les ont diminuées. Si ça, ce n'est
pas une promesse brisée, ça n'existe pas. Mais c'en est, c'en est, puis le lien
de confiance est brisé, puis on est tous pris avec ça ensuite, on est
tous pris avec ça.
Les taxes
scolaires vont-elles augmenter au-delà de l'inflation? Bien oui. Bien oui. On
le sait, c'est écrit noir sur blanc
dans le budget que le gouvernement vient de déposer. Bien oui, il y a des
lignes dans le budget qui prévoient une augmentation de revenus fonciers
scolaires — ça,
ça veut dire les taxes scolaires — de 6,3 %. C'est dans le budget, c'est budgété, c'est prévu. Est-ce que l'inflation
va être de 6,3 %? C'est évident que non parce que, plus loin dans le
budget, ils disent que l'inflation va
être quelque part à 1,5 %, quelque chose comme ça. Donc, c'est clair déjà
qu'ils ne vont pas respecter cette parole-là.
Et c'est
primordial parce que le gouvernement a le choix, là, il a dit deux choses.
Alors, laquelle des deux promesses va-t-il
briser? Suspense. Suspense. Soit il respecte la parole donnée par le premier
ministre en campagne électorale et répétée l'automne dernier, soit il respecte le budget déposé par le ministre des
Finances. J'espère qu'il respectera,
pour une fois, la...
• (17 heures) •
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, merci, M. le député de Chambly, de votre intervention.
Je vais maintenant
mettre aux voix la motion de M. le
député de Chambly,
qui se lit comme suit — s'il vous plaît :
«Que
l'Assemblée nationale demande au gouvernement de s'assurer que les hausses de
taxes scolaires pour l'année 2015-2016 soient limitées à l'inflation.»
Est-ce que cette motion est adoptée?
M.
Sklavounos : M. le
Président...
Le Vice-Président (M. Gendron) : ...
M.
Bonnardel : ...quelques
secondes, M. le leader adjoint. Je vous demande d'appeler le vote nominal, M.
le Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, le vote nominal étant appelé, alors, M. le leader adjoint du
gouvernement, ça va?
M.
Sklavounos : ...même
demande. Ça va.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Alors, que l'on fasse l'appel des
députés.
•
(17 h 1 — 17 h 15)
•
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Alors, conformément à la demande du leader du gouvernement,
on a fait l'appel des députés.
Mise aux voix
Alors,
nous allons maintenant procéder à la mise aux voix de la motion de M. le député de Chambly, qui se lit comme suit :
«Que l'Assemblée nationale
demande au gouvernement de s'assurer que les hausses de taxes scolaires pour
l'année 2015‑2016 soient limitées à l'inflation.»
Que les députés en faveur
de cette motion veuillent bien se lever.
La Secrétaire adjointe :
M. Legault (L'Assomption), M. Bonnardel (Granby), M. Charette (Deux-Montagnes),
M. Martel (Nicolet-Bécancour), Mme Roy
(Montarville), Mme Samson (Iberville), M. Roberge (Chambly), M. Laframboise
(Blainville), M. Schneeberger (Drummond—Bois-Francs), Mme D'Amours
(Mirabel), Mme Lavallée (Repentigny), M. Lamontagne (Johnson), M.
Jolin-Barrette (Borduas), Mme Soucy (Saint-Hyacinthe), M. Spénard
(Beauce-Nord), M. Paradis (Lévis), Mme Roy (Arthabaska), M. Lemay (Masson).
M. Péladeau (Saint-Jérôme), M. Bédard
(Chicoutimi), M. Marceau (Rousseau), Mme Hivon (Joliette), M. Bérubé
(Matane-Matapédia), Mme Poirier (Hochelaga-Maisonneuve), Mme Léger
(Pointe-aux-Trembles), Mme Lamarre (Taillon), M. LeBel (Rimouski), M. Lelièvre
(Gaspé), M. Kotto (Bourget), M. Gaudreault (Jonquière), M. Therrien
(Sanguinet), Mme Maltais (Taschereau), M. Dufour (René-Lévesque), M. Drainville
(Marie-Victorin), M. Cloutier (Lac-Saint-Jean),
M. Lisée (Rosemont), M. Traversy (Terrebonne), M. Cousineau (Bertrand), M.
Rochon (Richelieu), M. Leclair (Beauharnois), M. Villeneuve (Berthier),
Mme Ouellet (Vachon), M. Bergeron (Verchères), M. Turcotte (Saint-Jean), M.
Pagé (Labelle), Mme Richard (Duplessis), M. Roy (Bonaventure).
Mme
David (Gouin), M. Khadir (Mercier), Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques).
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Que les députés contre cette motion
veuillent bien se lever.
La
Secrétaire adjointe : M. Couillard (Roberval), M. Fournier
(Saint-Laurent), Mme Thériault (Anjou—Louis-Riel),
M. Paradis (Brome-Missisquoi), M. Hamad (Louis-Hébert), M. Dutil (Beauce-Sud),
M. Coiteux (Nelligan), M. Moreau (Châteauguay), Mme David (Outremont),
M. Poëti (Marguerite-Bourgeoys), M. D'Amour (Rivière-du-Loup—Témiscouata), M. Huot (Vanier-Les Rivières),
M. Kelley (Jacques-Cartier), Mme Vallée (Gatineau), M. Lessard (Lotbinière-Frontenac), M. Blanchette
(Rouyn-Noranda—Témiscamingue),
M. Heurtel (Viau), M. Arcand (Mont-Royal), Mme Charbonneau (Mille-Îles),
M. Daoust (Verdun), Mme Weil (Notre-Dame-de-Grâce), Mme Vien (Bellechasse), M. Billette (Huntingdon), M. Blais
(Charlesbourg), Mme St-Pierre (Acadie), M. Reid (Orford), Mme Vallières
(Richmond), M. Morin (Côte-du-Sud), M. Bernier (Montmorency), Mme Charlebois
(Soulanges), Mme Ménard (Laporte), M.
Sklavounos (Laurier-Dorion), M. Girard (Trois-Rivières), Mme Blais (Saint-Henri—Sainte-Anne), Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger), M. Carrière (Chapleau), M. Drolet
(Jean-Lesage), M. Chevarie (Îles-de-la-Madeleine), M. Simard (Dubuc), M. Tanguay (LaFontaine), M.
Bolduc (Mégantic), Mme de Santis (Bourassa-Sauvé), M. Iracà (Papineau), M. Ouimet (Fabre), M. Fortin (Pontiac),
M. Bourgeois (Abitibi-Est), M. Boucher (Ungava), M. Birnbaum (D'Arcy-McGee), M. Auger (Champlain), M. Rousselle
(Vimont), M. Giguère (Saint-Maurice), M. Habel (Sainte-Rose), M. Hardy (Saint-François), M. Merlini
(La Prairie), Mme Montpetit (Crémazie), Mme Nichols (Vaudreuil), M.
Plante (Maskinongé), M. Polo (Laval-des-Rapides), Mme Simard (Charlevoix—Côte-de-Beaupré),
M. St-Denis (Argenteuil).
Le Vice-Président (M. Gendron) : Y a-t-il des abstentions? Je n'en vois pas. Mme
la secrétaire générale, pour le résultat du vote.
La
Secrétaire : Pour : 50
Contre :
60
Abstentions :
0
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, la motion est rejetée. Et je cède maintenant
la parole à M. le leader
adjoint pour la poursuite de nos travaux.
M.
Sklavounos : Je vais demander l'article 8, M. le
Président, puis une courte suspension afin de permettre aux collègues de
quitter.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, les travaux sont suspendus quelques
minutes pour que les collègues qui veulent quitter le fassent, pour
qu'on puisse procéder dans l'ordre.
(Suspension de la séance à
17 h 19)
(Reprise à 17 h 20)
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Sklavounos : Oui.
Je vous demande d'appeler l'article 8, M. le Président.
Projet de loi
n° 46
Adoption du principe
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, dans l'ordre, à l'article 8, c'est M. le ministre des Affaires
municipales et de l'Occupation du territoire
qui propose l'adoption du principe du projet de loi n° 46, Loi
concernant l'élection au poste de préfet de la Municipalité régionale de
comté du Granit.
Et il faut avoir un consentement, là, pour déroger à
l'article 237 du règlement prévoyant un délai d'une semaine entre la présentement et la l'adoption du principe
d'un projet de loi. Est-ce qu'il y a consentement pour qu'on procède dès
maintenant?
Des voix :
...
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, j'ai compris qu'il y avait consentement.
Alors, M. le ministre, si vous avez une intervention, à vous la parole.
M. Pierre Moreau
M. Moreau : Oui, M. le Président, j'ai une
intervention. Je pense que je dispose d'une heure pour cette
intervention-là, mais, bon...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : ...jamais obligé de la prendre.
M. Moreau :
Non, mais je vais me restreindre, M. le Président. Vu le consentement...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : ...
M. Moreau : ...vu le consentement obtenu,
je vais faire un effort. Alors, nous avons tous, vous vous en rappellerez,
M. le Président, été émus par le drame qui a
frappé Lac-Mégantic le 6 juillet 2013. Les Méganticois, touchés au coeur
de leur quotidien, nous ont impressionnés
par leur courage et leur résilience. Nous les accompagnons maintenant dans la
relance et la reconstruction de leur ville,
et je salue le député de Mégantic, qui fait, à cet égard, un travail
remarquable. Je tiens d'ailleurs à
souligner également le travail extraordinaire de la mairesse, Mme Colette Roy Laroche, du conseil municipal et de tous les membres du conseil municipal de Lac-Mégantic.
Je veux aussi remercier les gens de toute la région, qui se sont montrés
solidaires.
Le 14 mai dernier, j'ai présenté le projet de loi
n° 46, Loi concernant l'élection au poste de préfet de la Municipalité
régionale de comté du Granit. Ce projet de
loi fait en sorte que l'élection au poste de préfet de la municipalité
régionale de comté qui devait avoir
lieu le 1er novembre 2015 serait plutôt tenue le 5 novembre 2017. Il prévoit
également les règles particulières
qui s'appliqueraient si une vacance au poste de préfet survenait avant les
élections générales municipales de novembre 2017.
Rappelons qu'en
septembre 2013 l'Assemblée nationale a adopté la Loi faisant suite au sinistre
ferroviaire du 6 juillet 2013 dans la Ville
de Lac-Mégantic. Cette loi prévoyait notamment le report au 1er novembre 2015
des élections au poste de préfet de
la MRC du Granit ainsi qu'aux postes de maire et de conseiller de la ville de
Lac-Mégantic, élections prévues normalement pour le 3 novembre 2013. Pour votre
information, M. le Président, j'aimerais rappeler que la Loi sur les élections et les référendums dans les
municipalités prévoit deux processus d'élection des préfets. Le préfet peut
soit être un maire choisi par cooptation des
membres du conseil de la MRC soit être élu au suffrage universel direct, ce qui
est minoritaire dans l'ensemble des MRC du Québec, mais la MRC du Granit, qui
compte 20 municipalités et une population d'un peu plus de 22 000
habitants, fait partie des 14 MRC qui ont choisi l'élection au suffrage
universel.
Avec l'adoption du principe de ce texte législatif, nous
répondons à la demande du conseil de la MRC du Granit lui-même, qui, en octobre dernier, adoptait à
l'unanimité une résolution nous demandant le report de l'élection au poste
de préfet. Ce projet de loi reporterait donc
l'élection qui doit avoir lieu le 1er novembre prochain conformément à la Loi
faisant suite au sinistre ferroviaire du 6 juillet 2013, adoptée en septembre
2013.
M. le Président, nous avons entendu les élus de la MRC du
Granit et nous avons tenu compte des défis auxquels ils font face. Concrètement, le projet de loi
présente les dispositions législatives suivantes. D'abord, l'élection au poste
de préfet est reportée au 5 novembre 2017.
Cette date correspond à la date des prochaines élections générales municipales
à travers le Québec. Toute vacance au poste
de préfet qui serait constatée plus de 12 mois avant le jour fixé pour le
scrutin de l'élection de 2017 n'aura pas à être comblée par une élection
partielle, à moins que le conseil n'en décide autrement, et ce, dans les 15 jours de l'avis de la vacance. Si
le conseil ne décrétait pas que la vacance est comblée par une élection partielle, la vacance devrait alors être comblée
par cooptation. En l'absence de cette disposition du projet
de loi, une vacance au poste de préfet
constatée plus de 12 mois avant le jour du prochain scrutin du
1er novembre 2017 devrait obligatoirement
être comblée par une élection partielle en vertu des dispositions
générales de la loi. L'élection du préfet par cooptation entraînerait une vacance à un poste de maire, car
la fonction de préfet élu au suffrage universel et la fonction de maire ne peuvent être cumulées. Donc, il y aurait un
effet domino. Le projet de loi prévoit donc que la vacance au poste de maire
nouvellement élu préfet par cooptation pourra
également être comblée par cooptation, à moins que le conseil de la
municipalité concernée ne décide, dans les 15 jours de l'avis de la
vacance, de la combler par une élection partielle.
Enfin, dans la même
logique, le projet de loi prévoit que le poste de conseiller qui deviendrait
vacant suite à l'élection du maire par
cooptation pourra le demeurer jusqu'à l'élection générale, à moins que le
conseil ne décide de le combler par
une élection partielle. Donc, le préfet, le maire et le poste de conseiller qui
serait coopté maire, lui, demeurerait vacant
jusqu'à l'élection générale, à moins que le conseil n'en décide autrement.
Donc, en l'absence de ces dispositions, une vacance au poste de maire ou
de conseiller qui serait constatée plus de 12 mois avant le jour du
scrutin prévu le 5 novembre 2017 devrait être comblée par une
élection partielle.
Alors,
M. le Président, nous sommes sensibles à la situation exceptionnelle vécue par
les citoyens de la MRC du Granit. Je
tiens à réitérer mes félicitations à mon collègue le député de Mégantic, qui
préside le comité interministériel pour la relance et la reconstruction
de Lac-Mégantic avec brio. Merci beaucoup.
Ce
projet de loi témoigne de notre soutien à toute la communauté de la région et
vient répondre à une demande du
conseil de la MRC du Granit. Voilà pourquoi, M. le Président, à l'intérieur de
l'heure qui m'était répartie, j'invite les collègues de cette Chambre à adopter le principe du projet de loi
intitulé Loi concernant l'élection au poste de préfet de la Municipalité
régionale de comté du Granit. Et je vous remercie de votre attention.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, merci,
M. le ministre, de votre
intervention. Et je cède la parole au porte-parole
de l'opposition officielle en ces matières, M. le député de Gaspé. M. le député
de Gaspé, à vous la parole.
M. Gaétan Lelièvre
M.
Lelièvre : Merci, M. le Président. Écoutez, il me fait plaisir
d'intervenir sur le projet de loi n° 46, un projet de loi quand
même important pour la MRC du Granit et les municipalités qui composent cette
MRC.
Mon
collègue le ministre des Affaires municipales et de l'Occupation du territoire
a expliqué, hein, grosso modo les
motifs qui sous-tendent notre implication aujourd'hui au niveau de ce projet de
loi là. Donc, je crois que c'est sûrement avec un grand assentiment de l'Assemblée nationale que nous pourrons
aider la communauté de Lac-Mégantic dans la dure épreuve qu'elle a vécue il y a déjà un certain temps mais qui,
malheureusement, laisse beaucoup de travail encore à faire sur le
terrain et dans le coeur et l'esprit des gens.
D'emblée,
j'aimerais souligner des personnes qui ont travaillé très activement dans ce
dossier et dans tout le dossier municipal
de la MRC du Granit. Là, je pense, entre autres, à
M. Maurice Bernier, qui était préfet à l'époque et qui a dû quitter
pour des raisons de santé, un monsieur très
sympathique avec qui j'ai eu l'occasion de travailler dans plusieurs
dossiers — donc,
je lui souhaite le meilleur des
rétablissements et du bon temps devant lui — quelqu'un d'extrêmement dynamique dans son
milieu. Je souhaite également bon succès à
sa successeure, Mme Marielle Fecteau, mairesse de Lac-Drolet, qui, le
8 juillet 2014, a pris la
relève, avec brio, là, du travail important que doit réaliser un préfet dans une région ayant subi quand même,
là, des... je dirais, des dommages,
là, hein, gigantesques. Également saluer le travail du député de Lac-Mégantic,
qui joue un rôle important en
termes de coordination de tout cet
exercice, quelqu'un qui, je pense, est très près de sa population
et prend très à coeur les obligations que lui ont amenées notamment, là,
les événements malheureux.
Comment
passer sous silence également Mme Colette Laroche, hein, notre célèbre
mairesse, qui s'est fait connaître à
travers le Québec et au-delà de par la façon exemplaire vraiment
qu'elle a mené, là, toute l'opération de remise en état d'une ville qui a subi vraiment,
là, des torts incommensurables? J'ai eu l'occasion également
de rencontrer Mme Laroche à
quelques reprises. C'est quelqu'un d'extrêmement sympathique, quelqu'un de très
humain, et extrêmement dynamique, et
compétent. Donc, bravo pour le travail qui a été réalisé, à elle et à toute son
équipe municipale, ainsi que
l'ensemble du personnel de la ville et de la MRC, qui ont travaillé
extrêmement fort dans ce dossier-là.
Le
projet de loi n° 46, bien c'est un projet de loi qui va permettre à
la MRC d'extensionner de deux ans la date prévue pour les élections à la préfecture. Pourquoi? Bien, c'est
notamment pour des raisons, je croirais, je dirais, pratico-pratiques,
là. Écoutez, tenir une élection au suffrage universel dans une MRC comme
Le Granit, c'est plusieurs centaines
de milliers de dollars. On avait également, comme gouvernement, à l'époque,
intervenu pour extensionner le mandat à la mairie, ce qui était une
demande du milieu puis qui était extrêmement légitime.
Je
parlais auparavant, aujourd'hui, avec mon collègue de Lac-Mégantic, qui
m'expliquait un peu la problématique pointue
que vivent ces gens-là sur leur territoire. On a également reçu copie de la
demande du conseil de la MRC, qui, en passant, est unanime. L'ensemble
des municipalités du territoire de la MRC nous ont demandé d'extensionner de deux
ans le mandat à la préfecture, ce qui est très justifié. Puis je vous ferai
grâce ici des éléments qui soutiennent la demande, mais je crois que c'est une
demande qui est légitime, puis on doit y donner suite.
Comme
représentant du gouvernement, ça me fait plaisir de confirmer notre accord
envers ce projet de loi pour l'accord
de principe. On va participer à l'ensemble des autres étapes avec grand intérêt
et on va collaborer pour faire en sorte
qu'on puisse répondre dans la positive à cette demande du milieu, qui est, à
mon avis, extrêmement adéquate, pertinente dans le contexte actuel.
Merci, M. le Président.
• (17 h 30) •
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
On vous remercie, M. le député de Gaspé, de votre intervention. Et, pour la
poursuite du débat, je cède maintenant la parole à M. le député de Blainville
pour son intervention. M. le député de Blainville, à vous.
M.
Mario Laframboise
M.
Laframboise : Merci, M. le
Président. Nous sommes tous aussi sensibles à la situation exceptionnelle vécue
par les citoyens de la MRC du Granit depuis l'été 2013, c'est pourquoi
j'accueille très favorablement, au nom de ma formation
politique, la Coalition avenir Québec, l'adoption du principe du projet de
loi n° 46, Loi concernant l'élection au poste de préfet à la
Municipalité régionale de comté du Granit.
À la demande
unanime des élus de la MRC — je salue Mme Fecteau et tous les
membres du Conseil des maires de la
MRC du Granit — ce
projet de loi vise à reporter au 5 novembre 2017 l'élection du préfet afin
de prendre en compte le choc vécu par
les citoyens de Lac-Mégantic ainsi que les répercussions, qui se font encore sentir
deux ans plus tard. L'élection prévue
en 2013 avait initialement été reportée au 1er novembre 2015 avec
l'adoption de la Loi faisant suite au
sinistre ferroviaire du 6 juillet 2013 dans la Ville de Lac-Mégantic,
dont je salue Mme Roy-Laroche et tout son conseil municipal.
Le nouveau
report prévu au projet de loi n° 46 contribuera donc à assurer la
stabilité dont la MRC a besoin pour continuer à surmonter ses défis.
Nous offrirons donc toute notre collaboration au ministre pour qu'il soit
rapidement adopté. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, merci, M. le député de Blainville, de votre intervention. Et je cède
maintenant la parole à M. le député de Mégantic pour son intervention. À vous.
M. Ghislain Bolduc
M. Bolduc :
Merci, M. le Président. Je me lève aujourd'hui pour parler du projet de loi
n° 46 qui a pour objectif de prolonger le mandat de la
préfet de la MRC du Granit jusqu'au 5 novembre 2017. Avant de
tirer les éléments de conclusion qui vont
être importants pour ma population du comté, je voudrais tout d'abord faire un bref
historique sur la situation.
Comme tout le monde le sait très bien, il y a eu
une tragédie, qu'on ne peut pas mesurer, le 6 novembre... le 6 juillet 2013, lors du déraillement du
convoi ferroviaire. Et, tôt par la suite, le gouvernement du temps avait
décidé de prolonger de deux ans le
mandat du conseil de ville de Lac-Mégantic et de reconduire aussi pour deux ans
le mandat du préfet de la MRC du Granit.
Il faut se
rappeler un peu du contexte dans le temps aussi, parce que les bâtiments de la
MRC, qui étaient tout près, finalement,
du café et du déraillement, avaient été aussi complètement brûlés. Et c'est
encore un problème aujourd'hui,
parce que ce bâtiment-là n'est pas reconstruit, et naturellement énormément
d'informations, de dossiers, et malheureusement la bibliothèque, et l'ensemble des registres de
la région étaient dans le bâtiment de la MRC. Donc, il y a eu des pertes énormes qui ont été subies, et la MRC n'a pas
encore récupéré à ce jour l'ensemble des documents légaux qui ont été
perdus.
D'ailleurs, à ce chapitre, nous avions eu aussi
une autre loi spéciale qui avait été adoptée pour aider les actes notariés à se reconstituer, parce qu'on avait une difficulté énorme, et il a fallu être un peu plus flexibles
pour se permettre d'au moins
récupérer les actes notariés qui étaient disséminés à travers la population
et que les gens possédaient encore, pour essayer de remettre un ordre
dans la région sur le plan de la documentation.
Donc,
c'est dans cet esprit-là, à cette
époque-là, que le prolongement du
mandat du préfet s'est fait. Et malheureusement
le préfet du temps, M. Maurice Bernier, est
tombé malade en décembre 2013 et il a dû par la suite, quelques
mois plus tard, abandonner son poste de préfet, parce que sa santé ne lui
permettait plus d'exercer sa profession. Donc, il a pris sa retraite, et
Mme Marielle Fecteau, qui était maire de Lac-Drolet, a pris sa place, O.K.?
Et c'est dans ce contexte-là que nous nous
sommes retrouvés en 2014, lors de notre arrivée au pouvoir. Et, quelques
mois par après, le conseil des maires de la MRC du Granit a fait la
demande officielle de faire un prolongement du mandat de la préfet. Parce
que, fondamentalement, généralement,
les élections au suffrage universel, dont la MRC du Granit a tiré leçon, font que les 20 municipalités de la MRC vont en élection en
même temps. Et, maintenant que... Cet automne, il y a seulement
que la ville de Lac-Mégantic qui va aller en élection. Donc, il faudrait faire
un arrangement pour les 19 autres municipalités pour faire une liste électorale, refaire l'ensemble du processus.
Et, étant donné qu'il y a
une unanimité, pour l'ensemble du conseil des maires, de prolonger au mandat...
pour le retourner à l'horaire régulier
de novembre 2017, je crois qu'il est simplement le bon sens des
choses de faciliter la vie à la MRC du Granit et de prolonger le mandat
de la préfète actuelle.
Je dois vous
dire qu'il est très important ici... puis je le dis bien candidement : Ça
ne concerne que le préfet de la MRC
du Granit. Mon bureau a reçu, depuis quelques jours, plusieurs appels qui disent : Mais la ville de
Lac-Mégantic doit avoir des élections
cet automne. Le report du mandat d'élection ne concerne que la préfet de la MRC
du Granit, et les élections de la
ville de Lac-Mégantic auront lieu en novembre 2015 tel que prévu. Je pense
que c'est bien important de clarifier
ce point-là, parce que les gens semblaient avoir un peu de confusion,
et, même dans les articles locaux, il semblait y avoir une espèce d'élaboration...
Donc, je tiens à le clarifier : La ville de Lac-Mégantic va avoir ses
élections en novembre 2015, et on ne reporte que l'élection du préfet de
la MRC du Granit.
Donc, c'est
dans cet esprit-là, et, dans les faits pratiques, pour maintenir notre
continuité, et permettre à la préfète actuelle
de continuer son travail. Et je dois remercier le ministre
pour ce projet de loi qui va permettre de maintenir un peu plus de stabilité dans la MRC et la possibilité aussi de la «co-option», qui va permettre, si jamais il y a
encore un autre problème de santé ou quelque chose qui se produit, qu'on ait un processus qui va nous permettre d'éviter une autre fois un
processus électoral, pour se rendre jusqu'à la prochaine élection. Donc, je crois
que ce projet de loi couvre très
bien les besoins de ma communauté,
de la MRC du Granit, et je l'en remercie. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, je crois que vous êtes le dernier intervenant, M. le député de Mégantic. Je vous
remercie.
Mise aux voix
Est-ce que le principe du projet de loi n° 46,
Loi concernant l'élection au poste de préfet de la Municipalité régionale de
comté du Granit, est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Gendron) : M.
le leader du gouvernement.
Renvoi à la Commission de l'aménagement du territoire
M.
Sklavounos : Merci,
M. le Président. Conformément à l'article 243 de notre règlement, je fais motion afin
que ce projet de loi soit déféré à la Commission de l'aménagement du territoire
pour étude détaillée.
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Cette motion de renvoi est adoptée?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Adopté. M. le leader du gouvernement.
Ajournement
M.
Sklavounos : M. le
Président, je fais motion pour ajourner nos travaux à demain, 9 h 45,
s'il vous plaît.
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Cette motion d'ajournement est adoptée?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Adopté. En conséquence, nous ajournons nos travaux à demain, jeudi
21 mai 2015, à 9 h 45.
(Fin de la séance à 17 h 39)