(Neuf heures quarante-six minutes)
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Chers collègues, on vous souhaite un bon mercredi. Veuillez vous asseoir.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Nous allons
procéder à la rubrique Déclarations des députés, et je suis prêt à entendre M. le député de Sainte-Rose pour la
déclaration d'aujourd'hui. M. le député, à vous la parole.
Féliciter le Maxi-orchestre,
de l'école Poly-Jeunesse,
primé aux Festivals of Music à Boston
M. Jean Habel
M.
Habel : Merci beaucoup, M. le Président. C'est avec fierté que je souligne la double
récompense qu'a obtenue le Maxi-orchestre, de l'école Poly-Jeunesse,
située dans ma circonscription de Sainte-Rose. Cet orchestre, composé d'élèves de musique volet cordes, s'est mérité
deux prestigieux prix de leur présentation, le 24 avril dernier, aux
Festivals of Music, qui a eu lieu à
Boston. 90 étudiants âgés de 10 à 15 ans se sont vu attribuer
les prix suivants : Meilleur ensemble à cordes avec la mention
supérieure ainsi que Meilleur orchestre toutes catégories confondues.
Et je ne peux passer sous silence un autre prix
remporté par un membre du Maxi-orchestre, soit la violoniste Emily Lopez. Emily
a remporté le premier prix comme soliste dans la catégorie Orchestre.
Pour
terminer, j'aimerais saluer Mme Manon Reddy, directrice du Maxi-orchestre.
À vous, très chère dame, je vous dis bravo et merci de votre implication
auprès des jeunes du Maxi-orchestre. Merci beaucoup, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Merci, M. le député de Sainte-Rose, de votre déclaration. Je cède maintenant la parole à M. le député de Jonquière
pour sa déclaration d'aujourd'hui. M. le député, à vous.
Souligner le 75e
anniversaire du Cercle de
fermières Saint-Rosaire de Jonquière
M. Sylvain Gaudreault
M.
Gaudreault : Oui,
merci, M. le Président. J'ai le plaisir de souligner le
75e anniversaire du Cercle des fermières Saint-Rosaire de Jonquière. Ce regroupement par et pour des femmes est en place depuis toutes
ces années; elles sont actives et
très impliquées dans la communauté.
Ces femmes demeurent les gardiennes du patrimoine culinaire et artisanal,
qu'elles transmettent généreusement à
travers les générations. Elles sont un véhicule d'information, elles défendent
les droits des femmes et des familles depuis plusieurs années. De plus,
leur bénévolat fait du bien partout dans la communauté de Jonquière, palliant
les besoins efficacement et souvent sans bruit.
Je souligne
l'implication de chacune d'entre elles qui, hier et aujourd'hui, s'assurent de
renseigner, d'informer et de soutenir les femmes. Voici un modèle
d'organisation qui a su évoluer au rythme du temps. Bravo à Mme Claire
Lévesque, présidente, ainsi qu'à toute son
équipe de bénévoles! Encore une fois, félicitations pour les 75 ans de
cette organisation, et longue vie au Cercle des fermières Saint-Rosaire
de Jonquière! Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Merci.
Je cède maintenant la parole à M. le député de Chomedey pour sa déclaration
d'aujourd'hui. M. le député, à vous.
Rendre hommage à M.
Gilles Leduc, bénévole au Partage
humanitaire, récipiendaire de la Médaille du
Lieutenant-gouverneur pour les aînés
M. Guy Ouellette
M.
Ouellette :
Merci, M. le Président. Le 18 avril
dernier, Gilles Leduc, citoyen engagé de Chomedey, a reçu la médaille d'argent du lieutenant-gouverneur du Québec grâce à son bénévolat au sein de l'organisme
Partage humanitaire. M. Leduc est impliqué au sein de cet organisme
à titre de président du conseil d'administration depuis 2009.
Cet organisme
se donne la mission d'animer et d'organiser des activités auprès des aînés en
perte d'autonomie vivant en ressources d'hébergement à Laval. À chaque
année, le Partage humanitaire contribue à l'amélioration de la qualité de vie
de plus de 1 000 personnes dans plus de 15 ressources d'hébergement à
Laval.
M. Leduc
est rapidement devenu un incontournable indispensable au sein de l'organisme.
Grâce à sa passion, son enthousiasme
et son grand dévouement pour la cause des personnes aînées, ses collègues n'ont
pas hésité à le recommander pour cette reconnaissance de haut niveau. Son
dynamisme et son sourire déterminé étant contagieux, il transmet cette valeur
d'entraide et cette énergie positive qui arrivent directement au coeur de tous
les aînés qu'il côtoie.
Merci, Gilles, et
accepte nos félicitations les plus senties!
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Merci, M. le député, de votre déclaration. Je cède
maintenant la parole à M. le député de Deux-Montagnes pour sa déclaration
d'aujourd'hui. M. le député, à vous.
Rendre hommage à M. Jean-Pierre Laviolette, président
sortant de la Fondation Émile-Z.-Laviolette
venant en aide aux enfants défavorisés
M. Benoit Charette
M.
Charette : Merci, M. le Président. Je désire aujourd'hui souligner les
21 années d'engagement et de travail exceptionnel de M. Jean-Pierre Laviolette au sein de la Fondation
Émile-Z.-Laviolette. Créateur de cette entité qui a pour mission de fournir de l'assistance financière et
matérielle aux organismes qui soutiennent les enfants de familles à faibles
revenus, M. Laviolette quitte
aujourd'hui la présidence de la fondation après plus de 20 ans de
participation active à la mise en place et au développement de celle-ci.
M. Laviolette
est un homme qui a à coeur sa communauté et c'est un très bel exemple de
persévérance pour la relève. En
effet, depuis son adolescence, il agit à titre de bénévole au sein de plusieurs
organisations qu'il fait rayonner grâce à son dynamisme et à sa riche
implication.
Ainsi,
M. le Président, je suis très fier de reconnaître son dévouement et je le
remercie chaleureusement pour son immense contribution dans notre milieu
et, sur une note plus personnelle et pour ne pas dire égoïste, je vous dirai
que je suis d'autant plus fier de souligner
son engagement qu'il m'accorde l'immense privilège d'être son ami. Merci,
Jean-Pierre! Merci, M. le Président.
• (9 h 50) •
Le Vice-Président (M. Gendron) : Merci, M. le député. Je cède maintenant la parole
à Mme la députée d'Anjou—Louis-Riel pour sa déclaration d'aujourd'hui. Mme
la députée, à vous.
Souligner la Semaine de la police
Mme Lise Thériault
Mme Thériault :
Merci, M. le Président. Du 10 au 16 mai se déroule la Semaine de la
police, sous le thème Pour une communauté
en sécurité. Encore cette année,
plusieurs activités sont organisées à travers le Québec en vue de consolider le lien de confiance entre les citoyens
et les différents corps policiers. C'est l'occasion idéale pour la population
de démystifier le rôle des agents de la paix et d'explorer les défis quotidiens
auxquels ils sont confrontés dans leur milieu de travail.
À
titre de ministre de la Sécurité publique, je tiens à remercier tous les
policiers du Québec pour leur dévouement exceptionnel, qui assure un
environnement sécuritaire à l'ensemble de nos concitoyens. Je souhaite aussi
saluer les 24 policiers ainsi que les quatre
citoyens et le militaire québécois à qui nous avons rendu hommage lundi lors de
la cérémonie des remises de décorations et citations policières.
Au
nom du gouvernement du Québec et de la population, je félicite ces personnes
pour leur travail remarquable dédié à la protection du public. Merci, M.
le Président.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, merci, Mme la députée. Je cède maintenant
la parole à M. le député de Richelieu pour sa déclaration d'aujourd'hui.
M. le député de Richelieu, à vous.
Féliciter les lauréats du Festival-concours de
musique classique de Pierre-De Saurel
M. Sylvain Rochon
M. Rochon :
M. le Président, se tenait, au cours des derniers jours, chez moi, à
Sorel-Tracy, le prestigieux Festival-concours
de musique classique Pierre-De Saurel. L'événement, dont les débuts
remontent à 2003, a réuni cette année
pas moins de 175 musiciens et chanteurs lyriques, des jeunes provenant de
partout au Québec et même de l'Ontario. C'est la violoniste de Québec Marie Bégin qui a remporté les grands
honneurs. Je veux, M. le Président, féliciter la lauréate, les autres gagnantes et gagnants, tous les forts talentueux participants, de même
que les dévoués organisateurs sous la direction d'une femme dont le
grand coeur n'a d'égal que l'absolue détermination d'offrir aux jeunes un
fantastique tremplin, Rachel Doyon.
Le
pays du Québec regorge de talents artistiques qui ne demandent
qu'à éclore pour faire la fierté de tout notre peuple sur nos scènes et celles du monde entier. Alors, longue vie au
Festival-concours de musique classique Pierre-De Saurel!
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, merci, M. le député de Richelieu. Je cède maintenant la parole à M. le
député de Mont-Royal pour sa déclaration d'aujourd'hui. M. le député, à vous la
parole.
Rendre
hommage à M. Charles Tisseyre, journaliste
scientifique et animateur, récipiendaire de la Médaille
d'honneur de l'Assemblée nationale
M. Pierre Arcand
M.
Arcand : M. le Président, il me fait plaisir de souligner, en cette Chambre,
la présence de M. Charles Tisseyre, citoyen du comté de Mont-Royal, qui
a reçu, hier, la Médaille d'honneur de l'Assemblée nationale. Fils d'une des pionnières de la radio et de la télévision de Radio-Canada, Mme Michelle Tisseyre, et de l'éditeur Pierre Tisseyre, nous
constatons à quel point Charles Tisseyre a hérité du talent de communicateur de
ses parents.
Journaliste scientifique et animateur, il nous
convie, depuis 1992, à l'émission Découverte, en nous offrant la constance, la rigueur et la qualité dans la
recherche et l'information sur des sujets très variés, liés à la science,
l'environnement et la santé. Charles
Tisseyre réussit, à chaque semaine, à piquer notre curiosité et à susciter
notre intérêt. Il a démocratisé l'information scientifique en la rendant accessible pour tous. Il a également
facilité la compréhension des grands enjeux. Sa voix est unique,
reconnue et crédible. Toutes nos félicitations!
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
À nouveau, M. Tisseyre, la présidence de l'Assemblée nationale vous
salue, et vous êtes le bienvenu à l'Assemblée nationale.
Je cède maintenant
la parole à M. le député de Masson pour sa déclaration d'aujourd'hui. M. le député de Masson, à vous.
Féliciter trois
entreprises de la MRC des Moulins
lauréates au Concours québécois en entrepreneuriat
pour la région de Lanaudière
M. Mathieu Lemay
M.
Lemay : M. le Président, je tiens à féliciter, devant mes collègues, trois entreprises de la
région des Moulins, récipiendaires au Concours québécois en
entrepreneuriat dans Lanaudière, qui représenteront fièrement la région à la finale provinciale le 18 juin prochain. Depuis maintenant
17 ans, ce concours met en relief les entrepreneurs, dans le but de les
encourager et reconnaître tout l'effort et le travail investis dans la
réalisation de leurs projets.
Parmi les lauréats, Les Systèmes Cyberkar inc.,
EOS Systèmes de positionnement inc. et Cloud Monitored Objects inc. se sont démarqués par leur caractère innovant. Je salue le
comité organisateur et les partenaires qui, par la tenue d'une telle initiative, incitent celles et
ceux qui ont une idée et qui souhaitent contribuer au dynamisme économique de notre région. Merci
d'encourager la relève entrepreneuriale. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Alors, merci,
M. le député de Masson, pour votre déclaration. Je cède maintenant la
parole à M. le député de Huntingdon. M. le député de Huntingdon, à vous.
Souligner le 100e
anniversaire du village de Howick
M. Stéphane Billette
M. Billette : Merci beaucoup, M. le
Président. C'est avec un immense plaisir que j'aimerais souligner le 100e anniversaire du village de Howick. Cet
anniversaire sera l'occasion, pour les bâtisseurs de Howick ainsi que pour
les citoyens et citoyennes, de se donner rendez-vous afin de se remémorer une
panoplie de souvenirs. Je souhaite au comité bénévole du centenaire ainsi qu'à
tous les citoyens de Howick un magnifique 100e. Je suis
persuadé que ce sera un succès.
I'm
delighted to highlight the 100th anniversary of Howick. Congratulations to all
the volunteers who are involved in making this event a success. I wish to all the residents of Howick an
excellent centenary and I'm sure it will be a success and a good time
for all of you.
Merci beaucoup, et bon
100e à chacun et chacune d'entre vous! Merci.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, merci, M. le député, de votre déclaration. Je cède maintenant la parole
à M. le député de Berthier pour sa déclaration. M. le député.
Féliciter Mme Isabelle Roy
et ses élèves de l'école Panet
pour la publication d'un livre collectif
M. André Villeneuve
M.
Villeneuve : Merci, M. le Président. Nous savons tous que les Québécois
lisent de moins en moins, en
particulier les nouvelles
générations, ce qui est très préoccupant.
En effet, la lecture développe des qualités telles que l'imagination, la
concentration, la culture générale et la
maîtrise de la langue. Il convient donc de réagir et de trouver des solutions à
ce problème.
C'est
ce qu'a fait une enseignante de l'école Panet de Sainte-Béatrix,
Mme Isabelle Roy, de façon tout à fait originale,
en donnant à des élèves de quatrième et cinquième année le goût du livre non
pas en les faisant lire, mais en les faisant
écrire. Vendredi passé, j'ai donc eu le plaisir d'assister au lancement du
premier livre écrit par un collectif du primaire et édité par un éditeur officiel. J'invite les membres de cette
Assemblée et la population à se le procurer. Vous avez juste à venir me voir, ça va me faire plaisir. Ces jeunes
auteurs, M. le Président, sont maintenant conscients de l'importance du livre et de la lecture et continueront à lire,
même si c'est sur une tablette électronique. Je tiens à féliciter Mme Roy,
les jeunes auteurs et tous ceux qui
ont participé à cette expérience unique, en espérant qu'elle servira de modèle
aux autres écoles du Québec. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, merci, M. le député de Berthier, pour
votre déclaration. Cette dernière déclaration met fin à la rubrique
Déclarations des députés.
Les travaux sont
suspendus pour quelques instants.
(Suspension de la séance à
9 h 57)
(Reprise à 10 h 16)
Le Président :
Mesdames messieurs, nous allons nous recueillir quelques instants.
Merci. Veuillez vous
asseoir.
Présence de M. Albert
Houde, ex-parlementaire
de l'Assemblée nationale
Je crois que j'ai
reconnu notre ancien collègue Albert Houde, ancien député de Berthier, qui est
avec nous.
Présence du journaliste
Charles Tisseyre
Et
je vois que son voisin, c'est notre nouveau médaillé de l'Assemblée nationale, M. Charles Tisseyre, qui est à côté
de lui.
Des voix :
...
Le Président :
Aïe! vous êtes... Des vrais enfants!
Nous poursuivons les
affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a
pas de déclarations ministérielles.
Présentation
de projets de loi
À la rubrique
Présentation de projets de loi, M. le leader du gouvernement.
M. Fournier :
Je vous demanderais d'appeler l'article a, M. le Président.
Projet
de loi n° 47
Le
Président : Alors, à l'article a
du feuilleton, Mme la ministre
de la Culture et des Communications présente le projet de loi n° 47, Loi
modernisant la gouvernance de Bibliothèque et Archives nationales du Québec. Mme la
ministre.
Mme
Hélène David
Mme
David (Outremont) : Alors, M. le Président, j'ai l'honneur de
présenter mes deux premiers projets de loi de ma vie. Alors, le premier, c'est le projet de loi n° 47, Loi
modernisant la gouvernance de Bibliothèque et Archives nationales du
Québec.
Ce projet de loi
propose diverses modifications dans l'organisation et le fonctionnement de
Bibliothèque et Archives nationales du Québec, en cohérence avec les pratiques
plus récentes de gouvernance retenues pour divers organismes et sociétés
d'État.
Les
modifications proposées portent principalement sur la scission des postes de
président du conseil d'administration
et de président-directeur général, sur la composition du conseil
d'administration et l'exigence d'y maintenir une proportion importante de membres indépendants, ainsi que sur la
présence, sous l'autorité du conseil d'administration, d'un comité de
vérification, d'un comité de gouvernance et d'éthique et d'un comité sur les
ressources humaines.
Le
projet de loi impose par ailleurs de nouvelles exigences à Bibliothèque et
Archives nationales du Québec en matière de planification et de
reddition de comptes.
Enfin, le projet de
loi prévoit des dispositions transitoires et finales.
Mise
aux voix
Le
Président : Est-ce que l'Assemblée accepte d'être saisie de ce
projet de loi? Mme la leader de l'opposition.
Mme
Maltais : M. le
Président, est-ce qu'il y aura des consultations particulières sur cette loi?
Le Président : M. le leader.
M. Fournier : On pourra
organiser cela.
Le Président : Alors, est-ce
que c'est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président : Adopté. M. le
leader du gouvernement.
M. Fournier :
L'article b, M. le Président.
Projet de loi n° 48
Le
Président : Alors, à l'article b du feuilleton, Mme la
ministre de la Culture et des Communications présente le projet de loi n° 48,
Loi modernisant la gouvernance du Conservatoire de musique et d'art dramatique
du Québec. Mme la ministre.
Mme Hélène David
Mme David
(Outremont) : Alors, j'ai pris l'habitude, maintenant. Mon deuxième
projet de loi, le numéro 48, Loi modernisant la gouvernance du
Conservatoire de musique et d'art dramatique du Québec.
Ce projet de
loi propose diverses modifications à la loi constitutive du Conservatoire de
musique et d'art dramatique du
Québec, principalement en lien avec l'organisation et le fonctionnement de ses
différentes instances de gouvernance.
Les
modifications proposées portent notamment sur la composition du conseil
d'administration et de la Commission des
études. De plus, en cohérence avec les pratiques plus récentes de gouvernance
introduites dans divers organismes, le
projet de loi prévoit l'institution, sous l'autorité du conseil
d'administration, d'un comité de vérification, d'un comité de gouvernance et d'éthique et d'un comité des
ressources humaines. Il prévoit également de nouvelles mesures en matière
de planification et de reddition de comptes.
En plus d'une actualisation plus générale des
dispositions de cette loi, le projet de loi prévoit des dispositions
transitoires et finales.
Mise aux voix
Le
Président : Est-ce
que l'Assemblée accepte d'être saisie de ce projet de loi? Mme la leader
de l'opposition.
• (10 h 20) •
Mme
Maltais : Nous sommes très heureux de voir qu'il y a encore
des conservatoires. Alors, est-ce qu'on peut avoir encore des
consultations particulières là-dessus?
Le Président : Est-ce qu'il
va y avoir des conversations sur le sujet?
M. Fournier : Oui,
certainement, M. le Président. Nous l'aurons et nous en tiendrons.
Le Président : Alors, c'est
adopté. M. le leader.
M. Fournier : ...l'article c,
M. le Président.
Projet de loi n° 206
Le
Président : Alors, à
l'article c du feuilleton, j'ai reçu le rapport de la
directrice de la législation sur le projet
de loi n° 206, Loi
concernant la Ville de Mercier. La directrice
de la législation a constaté que les avis ont été faits et publiés
conformément aux règles de fonctionnement des projets de loi d'intérêt privé.
Alors, je dépose ce rapport.
En
conséquence, M. le député de La Prairie présente le projet de loi numéro... le projet de loi d'intérêt n° 206... loi
d'intérêt privé n° 206, Loi concernant la Ville de Mercier.
Mise aux voix
L'Assemblée accepte-t-elle d'être saisie du
projet de loi? Adopté. Alors, M. le leader du gouvernement.
Renvoi
à la Commission de l'aménagement du territoire
M.
Fournier : Conformément au premier alinéa de l'article 267
du règlement, M. le Président, je fais motion afin que ce projet de loi
soit déféré à la Commission de l'aménagement du territoire et pour que le
ministre des Affaires municipales et de l'Occupation du territoire en soit
membre.
Mise aux voix
Le Président : Est-ce que
c'est adopté? Adopté.
Dépôt de documents
À la rubrique Dépôt de documents, M. le leader
du gouvernement.
Réponse à une pétition
M.
Fournier : Oui. Il me
fait plaisir de déposer la réponse du gouvernement à la pétition présentée par
la députée d'Hochelaga-Maisonneuve
le 2 avril 2015.
Le Président : Alors, ce
document est déposé. Alors, ce document est déposé.
Il n'y a pas de dépôt de rapports de commission.
Dépôt de pétitions
À la rubrique Dépôt de pétitions, M. le député
de Beauharnois.
Geler les taxes et tarifs reliés aux activités de chasse,
de
pêche et de plein air jusqu'à ce que les terres
publiques soient facilement accessibles
M. Leclair :
Merci, M. le Président. Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à
l'Assemblée nationale, signée par 112 pétitionnaires.
Désignés : Aux citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués sont les suivants :
«Considérant
les retombées économiques engendrées par les activités de chasse, de pêche, de
trappe, de plaisance, d'observation de la nature, etc.;
«Considérant
que ces activités font partie de nos traditions, qu'elles façonnent notre mode
de vie et notre rapport avec le territoire et qu'à titre [patrimonial]
culturel, elles méritent d'être protégées;
«Considérant
que la pratique de ces activités est encadrée par des règles strictes et
qu'elle nécessite des investissements importants,
que ce soit directement par le paiement de baux et de taxes pour les abris
sommaires, [des] frais de villégiature et
de permis de toutes sortes, ou indirectement par les dépenses liées à la
restauration, l'immatriculation, les déplacements, l'hébergement, les
services professionnels, etc.;
«Considérant
[...] le principe utilisateur-payeur n'est pas acceptable dans la mesure où les
sommes perçues sont réinvesties dans [le] secteur d'activité ou un ministère
donné;
«Considérant
la dégradation importante du réseau des routes [...] des chemins permettant
d'accéder aux terres publiques;
«Considérant
que ce manque d'entretien peut avoir des conséquences graves pour les
utilisateurs, qu'il ralentit le
travail des agents de la faune et des équipes de la SOPFEU, allant même jusqu'à
empêcher l'accès et l'intervention de véhicules d'urgence;
«Et l'intervention réclamée se résume
ainsi :
«En
conséquence, nous, citoyens et citoyennes du Québec, demandons au
gouvernement du Québec un gel des taxes et des tarifs, et ce, jusqu'à ce que le ministère
concerné fasse la démonstration de sa volonté et de sa capacité à faciliter
l'accès aux terres publiques.»
Je certifie que cet extrait est conforme à
l'original de la pétition.
Le Président : L'extrait de
cette pétition est déposé. J'invite maintenant le député de Saint-Jérôme.
Exiger qu'Hydro-Québec s'approvisionne en câbles
électriques à l'usine de la Compagnie Général
Câble ltée de Saint-Jérôme
M.
Péladeau : Merci, M. le Président. Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par 2 278 pétitionnaires. Désignation :
citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Attendu qu'Hydro-Québec
est un symbole de notre développement économique;
«Attendu
que les fermetures des usines Général Câble de La Malbaie et de Prysmian à
Saint-Jean-sur-Richelieu ont fait en
sorte que l'usine de Saint-Jérôme est désormais
la seule usine au Québec certifiée capable d'approvisionner
Hydro-Québec;
«Attendu que
l'usine de Général Câble de Saint-Jérôme fabrique, depuis 1967, des câbles
électriques et que les contrats d'Hydro-Québec représentent 60 % de
la production de cette usine;
«Attendu que
Général Câble génère 105 emplois directs et de qualité et près de
40 emplois indirects à Saint-Jérôme;
«Attendu qu'Hydro-Québec s'est engagée, via sa
politique à "utiliser son pouvoir d'achat pour favoriser le maintien et le
développement de l'activité économique [au] Québec";
«Attendu
qu'Hydro-Québec ouvre la porte à des entreprises étrangères pour l'achat de
pylônes électriques et qu'il est essentiel, dans une perspective de
développement durable et afin de maximiser les retombées économiques au Québec,
de s'approvisionner au Québec;
«Attendu que
les activités de production au Québec de câbles électriques destinés à
Hydro-Québec contribuent au maintien
et au développement d'une filière forte assurant que, lors de l'avènement
inéluctable de l'électrification des transports, ce sera les entreprises
québécoises qui en profiteront;
«Et l'intervention réclamée se résume
ainsi :
«Nous,
soussignés, demandons à l'Assemblée nationale d'exiger qu'Hydro-Québec
s'approvisionne en câbles auprès de
l'usine Général Câble de Saint-Jérôme, afin de maintenir la centaine d'emplois
et qu'elle utilise son pouvoir d'achat pour favoriser l'activité
économique du Québec.»
Je certifie que cet extrait est conforme à
l'original de la pétition.
Le
Président : L'extrait de cette pétition est déposé. J'ai reçu,
de la part de M. le député de Mégantic, une demande d'un dépôt d'une pétition qui est non conforme.
Est-ce que j'ai un consentement? Consentement. M. le député de Mégantic.
Maintenir et indexer annuellement les programmes de
soutien
financier et de formation pour les personnes ayant des
contraintes sévères à l'emploi et leur permettre
d'augmenter leurs revenus sans pénalité
M.
Bolduc : Merci, M. le Président. Je dépose l'extrait d'une pétition
adressée à l'Assemblée nationale, signée par
1 435 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du
Québec.
«Les faits invoqués sont les suivants :
«Considérant
que les personnes avec des problèmes physiques ou mentaux doivent répondre à
leurs besoins de base;
«Considérant que la pauvreté diminue l'estime de
soi, augmente les problèmes de santé physique et mentale;
«Considérant que plusieurs personnes avec des
invalidités permanentes ou des contraintes sévères à l'emploi peuvent travailler, mais de façon
irrégulière et à temps partiel, leur intégration sociale est facilitée par
l'accès à l'emploi et contribue à l'enrichissement de notre société;
«Considérant qu'il est inadmissible de maintenir
des gens dans la pauvreté;
«Considérant que le gouvernement s'est engagé,
en 2002, à lutter contre la pauvreté en adoptant la loi 112;
«Considérant
que le gouvernement doit renforcer son soutien aux personnes plus
vulnérables pour prévenir leur appauvrissement et leur marginalisation;
«Et l'intervention réclamée se résume
ainsi :
«Nous,
soussignés, citoyens et citoyennes du Québec, demandons au gouvernement de maintenir les
programmes de soutien financier et de formation en place en les indexant
annuellement au coût de la vie.
«Nous demandons
de permettre aux personnes ayant des contraintes sévères à l'emploi de gagner
la différence entre les montants
reçus de l'aide sociale — 937 $ par mois — et le seuil de faibles revenus — 1 893,33 $ par mois — sans pénalité ou remise en question
du programme de soutien.
«Nous
demandons également que chaque individu puisse sortir de la pauvreté dans le
respect de ses capacités et ainsi
lutter concrètement à éviter la stigmatisation, l'appauvrissement et la
détérioration de la santé mentale et physique.»
Je certifie que cet extrait est conforme à
l'original de la pétition.
Le
Président : L'extrait de cette pétition est déposé. J'ai aussi
reçu une demande de M. le député de Maskinongé pour déposer une pétition qui est non conforme. Est-ce que j'ai un
consentement? J'ai un consentement. M. le député de Maskinongé.
Interdire la fluoration de l'eau à Trois-Rivières
M.
Plante : Merci, M. le
Président. Donc, je dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée
nationale, signée par 10 245 pétitionnaires.
Désignation : citoyens et citoyennes trifluviens.
«Les faits invoqués sont les suivants :
«Considérant que, le 3 février 2014, le conseil municipal
de Trois-Rivières a résolu, à petite majorité, de refluorer
l'eau potable de 134 000 citoyens;
«Considérant
que l'injection dans notre eau potable d'un produit chimique fluoré, en fait,
un déchet industriel reconnu
dangereux et impropre à la consommation humaine, peut avoir des effets néfastes
à long terme sur notre santé et [notre] environnement;
«Considérant
que cette méthode très controversée et peu efficace est une médication
préventive imposée, sans consultation citoyenne, qui enfreint la Charte
des droits et libertés de la personne;
«Considérant
que d'autres solutions à la prévention de la carie dentaire chez les enfants
existent et sont socialement plus acceptables;
«Et l'intervention réclamée se résume
ainsi :
«Nous, citoyens trifluviens, exigeons de
recevoir une eau très saine, sans [fluor] chimique ajouté.»
Je certifie que cet extrait est conforme à
l'original de la pétition.
Le Président : Alors,
l'extrait de cette pétition est déposé.
Il n'y a pas
de réponses orales aux pétitions ni d'interventions portant sur une question de
droit ou de privilège.
Je vous avise qu'après la période des questions
et réponses orales sera tenu le vote reporté sur la motion de M. le ministre de l'Économie, de l'Innovation et
des Exportations proposant que le principe du projet de loi n° 37, Loi
confirmant l'assujettissement des projets de cimenterie et de terminal maritime
sur le territoire de la Municipalité de Port-Daniel—Gascons au seul régime d'autorisation de
l'article 22 de la Loi sur la qualité de l'environnement, soit adopté.
Questions et réponses orales
Maintenant,
nous en sommes maintenant rendus à la période de questions et de réponses
orales, et je cède la parole à M. le chef de l'opposition officielle.
Services offerts aux enfants autistes
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard :
Merci, M. le Président. Les familles et les jeunes autistes ont besoin de notre
solidarité, et vous le savez, M. le Président, on sait à quel point
c'est important. Or, parfois, malheureusement, cette solidarité fait défaut. Et le cas rapporté par la journaliste Rima Elkouri
dans les derniers mois est particulièrement inquiétant et troublant. C'est
le cas d'un jeune, Benjamin, de 10 ans
qui est autiste non verbal avec une déficience intellectuelle. En décembre
dernier, il a été expulsé de son
école spécialisée, car il était considéré par l'établissement comme un cas trop
lourd. Malgré des ressources spécialisées, finalement, l'école n'y
arrivait pas. On l'a retourné à la maison auprès de ses parents en lui assurant une heure par jour d'éducation
spécialisée. Or, dans les faits, c'est un désengagement, mais c'est surtout un
impact important dans la vie, dans la qualité de vie de la famille et
qui se trouve littéralement laissée pour compte dans cette situation. Un maigre
cinq heures par semaine, ce n'est pas suffisant.
Ce qu'on
apprend, en même temps, dans ces articles, M. le Président, c'est que,
seulement dans l'année qui vient de se terminer,
c'est 40 nouveaux cas d'exclusion de cette même nature qui sont arrivés,
donc qui ont un impact auprès des familles, auprès de ces jeunes, évidemment,
en premier, mais auprès de leurs parents.
Ce que
j'aimerais savoir du premier ministre, qui a sûrement vu comme moi cette
situation : Quel engagement prend-il auprès des parents et des
enfants autistes du Québec pour assurer qu'ils puissent continuer à être dans
notre système d'éducation et recevoir des services adaptés à leur réalité?
• (10 h 30) •
Le Président : M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : M. le Président,
je remercie le collègue pour cette question. C'est effectivement un sujet qui
doit être soulevé dans cette Chambre
parce que... Lorsqu'il est question de santé ici, souvent on parle des listes
d'attente, des salles d'urgence, avec raison, mais on parle relativement
peu de ces personnes, de ces familles pour lesquelles un diagnostic semblable non seulement change la vie
de façon très difficile, mais change la perspective d'avenir de toute la famille. Et je suis très sensible, à titre de
parent, à ces situations-là, d'autant
plus qu'à l'époque on avait dû mettre sur pied, presque à partir de rien, un programme pour dépister,
diagnostiquer et traiter l'autisme, qui, malheureusement, n'arrive
pas à suivre l'augmentation importante du nombre de cas.
Alors, l'engagement
que je prends, M. le Président, il est simple, c'est qu'on va accorder une attention particulière aux traitements, non seulement aux traitements,
mais à l'accompagnement des familles de ces enfants-là. Il est certain que nous sommes dans une période, on le sait,
exigeante sur le plan budgétaire, et c'est le genre de situation, c'est le
genre de personnes, c'est le genre d'enfants, c'est le genre de familles
qu'on ne veut pas laisser de côté, M. le Président.
Le Président : Première
complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard :
Pour revenir au cas du jeune Benjamin, qui représente combien d'autres
familles, actuellement, le problème,
c'est que, malgré la médiatisation du dossier, il n'a pas pu réintégrer des
classes spécialisées. Donc, il vient un
moment donné... il faut s'assurer que ces personnes, qui se retrouvent dans une
situation pire le lendemain... Quand ils sont exclus, c'est moins
d'heures, moins de services et des parents qui sont dépassés par la situation
qu'ils vivent.
Alors, ce que je demande au premier
ministre : Qu'est-ce qu'on peut faire de plus pour s'assurer que ces
jeunes-là puissent retourner dans les classes spécialisées à cet effet,
M. le Président?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président, on m'indique que l'enfant et les cas semblables
reçoivent la scolarisation à domicile, ce
qui n'est peut-être pas idéal, je suis d'accord, puis on a un impact qu'il a mentionné
sur les heures de traitements intensifs pour les enfants autistes. Mais, justement, si on est en train de
rétablir l'équilibre des finances publiques, diminuer le poids de la dette du Québec, c'est de nous redonner la
liberté d'investir dans les secteurs qui nous tiennent à coeur. On pourrait
dire la santé très largement, mais je répète
que, dans la santé, la situation qu'il décrit, la situation de ces familles me
semble, pour moi et, je pense, pour beaucoup de Québécois, aussi
importante que les listes d'attente de chirurgie cardiaque, M. le
Président.
Alors,
je veux être certain qu'on accorde toujours une attention particulière autant
du côté du système de santé et de services sociaux pour les
traitements...
Le Président :
En terminant.
M.
Couillard : ...que du côté scolaire pour favoriser l'intégration de
ces enfants.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard : En aucun temps la situation budgétaire ne peut
justifier que ces parents-là ne reçoivent pas des services adaptés, en aucun temps. À 72 milliards et
plus de dépenses, c'est impensable, pour un nombre de cas qu'on connaît, qu'on
ne leur donne pas les suivis appropriés.
Cette personne-là ne
peut retourner actuellement dans des classes spécialisées. Je demanderais au
premier ministre : Quand pourront-ils
le faire? Quels services, quelles ressources additionnelles va-t-il donner pour
que ces enfants-là puissent avoir l'accompagnement souhaité par les
parents et par ces enfants?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président, je vais quand même rappeler, sans soulever de
polémique et en tout respect pour mon
collègue, que, n'ayant pas eu de crédits avec le budget déposé avant l'élection
générale, il est très difficile de voir comment eux auraient abordé la question des services spécialisés en
éducation. Je le dis parce que ça doit être dit, M. le Président.
Maintenant, personne
n'a le monopole de la compassion, de la solidarité envers ces familles-là. Nous
l'avons également, ils l'ont, la deuxième
opposition, Québec solidaire, tout le monde partage ce souci. On va faire en
sorte de rétablir la santé financière,
mais surtout de nous assurer, pour le Québec, qu'on accorde une attention
particulière aux personnes, comme cet enfant, qui sont malheureusement
parfois et souvent laissées de côté dans la société.
Le Président :
Troisième complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard : Je pense que le premier ministre manque d'élévation
ce matin, là. De parler de dépôt des crédits quand je lui parle de 80 familles, qu'il y en a
40, seulement cette année, qui ont été exclues, je pense qu'il y a un
petit manque, quelque part, de jugement, là, M. le Président.
Ce que je vois très clairement, et je pèse mes
mots, et je pèse mes mots, ce que je comprends, c'est... L'Office des personnes handicapées, elle est inquiète dans les
compressions dans les écoles. Ce que je comprends, c'est que la Fédération
québécoise de l'autisme, elle veut des partenariats puis elle n'a pas de
réponse actuellement.
Est-ce
que le premier ministre va prendre des engagements pour que ces jeunes-là
retournent à l'école maintenant? On est...
Le
Président : Je vous invite évidemment mutuellement, au début de
cette période de questions, à éviter de vous blesser mutuellement. M. le
premier ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : M. le Président, oui, on a une société riche, puis il faut le
demeurer, puis il faut être encore plus riche. Et, pour ça, entre
autres, il faut éviter d'emprunter
l'avenue que nous suggère l'opposition
officielle quant à l'avenir du Québec,
qui, elle, va fragiliser les services publics, puis les finances publiques, puis la solidarité, au Québec, de façon majeure...
Des voix : ...
Le Président : Mme la leader
de l'opposition.
Mme
Maltais : Je me dois... La question est très sérieuse. Là,
je vais parler de l'article 79. On est sur des enfants autistes, puis il nous arrive avec sa complainte
sur la peur de la souveraineté du Québec. Je pense qu'il devrait rester dans le
sujet, ce serait intéressant.
Le Président : Je vous
remercie. M. le premier ministre, veuillez continuer.
M. Couillard : M. le Président, oui,
un peu d'élévation. On est en plein dans le sujet. Ils ne sont même pas
capables d'expliquer comment les finances publiques fonctionneraient, ils ne
sont même pas capables d'expliquer un élément concret qui changerait dans la
vie des gens.
Nous, les
enfants, on va les soutenir, les écoles, on va les soutenir. Les enfants
autistes et les familles, on va les soutenir parce qu'on va se donner
les moyens de les soutenir davantage, M. le Président.
Le Président : Principale, M.
le chef de l'opposition.
Accessibilité des services offerts
aux enfants autistes
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard :
Là, ce n'était pas prévu, là, mais le premier ministre, il dit à ces
parents-là, là : Attendez le retour à l'équilibre budgétaire, puis après ça vous aurez des services. Bien,
voyons! C'est quoi, ces niaiseries-là, M. le Président? C'est fou. Je
n'en reviens pas que le premier ministre puisse dire ça, ce matin, à ces
parents.
Des voix : ...
Le Président : Je pense que
le message... Je pense que le message passe très bien, mais...
Des voix : ...
Le
Président : S'il vous plaît! Je pense que le message passe très
bien, sauf que certains mots ne sont pas, évidemment, acceptables ici,
au Parlement. Je vous demande, évidemment, de faire bien attention à ces mots.
Vous avez terminé votre question? Non. Non,
voilà, voilà.
M.
Bédard :
Je n'ai pas terminé, M. le Président. Ce qu'on demande, c'est un engagement, du
premier ministre, clair. D'abord, la
fédération de l'autisme disent qu'ils n'ont pas de réponse satisfaisante dans
le contexte actuel, puis je ne peux pas
croire qu'on est à 1 million près, 2 millions ou 10 millions près de
leur donner des services adaptés. En même temps, ces personnes-là qui sont exclues des écoles, ils veulent savoir,
les parents, demain matin qu'est-ce qu'on fait. Ils ont besoin de l'aide de nous tous. Alors, la moindre
des choses, c'est de leur donner un signal positif, pas leur dire : Le
jour du retour de l'équilibre
budgétaire, on va donner des services adaptés. Bien, voyons! Voyons! Le Québec,
on a 72 milliards de dépenses. Complètement fou!
Je demande au premier ministre de se ressaisir
puis dire à ces parents... de prendre un engagement formel. Qu'est-ce qu'on va
leur donner de plus? Comment on va s'assurer que ces personnes-là retournent à
l'école avec des services adaptés plutôt
qu'un désengagement comme on voit actuellement, où on dit plutôt aux
parents : C'est maintenant votre
problème et faites ce que vous pouvez? Ça ne peut pas fonctionner de même. Ça
ne peut pas fonctionner comme ça dans notre société, M. le Président.
Le Président : M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : Alors, M. le
Président, j'ai vraiment fait de mon mieux pour éviter de blesser mon collègue
puis de faire allusion à des éléments
antérieurs que moi, j'ai vécus comme ministre de la Santé. Quand je suis arrivé
en 2003, les parents d'autistes poursuivaient le gouvernement du Québec pour
l'absence totale de services. Alors, où était-il à ce moment-là? Il
siégeait dans cette Assemblée. Qu'est-ce qu'il disait, à ce moment-là, aux
parents autistes?
Maintenant,
ce que je veux rappeler à l'Assemblée puis à la population, c'est qu'il y a
environ — et je
pense que le chiffre est bon — 2,3 milliards pour les services
d'éducation spécialisée pour les élèves en difficulté, dont les autistes.
Ce montant-là est là, on va le maintenir. Nous, on ne coupe pas de 5 %,
6 % l'éducation, comme ça a été le cas il y a quelques années, on augmente l'enveloppe puis on
veut s'assurer que chaque enfant qui a besoin de services obtienne ces services de la meilleure façon possible. Et je
ne crois pas qu'on devrait ici, dans cette Chambre, exploiter de façon
politique les situations tragiques que vivent certaines familles.
Le Président : Première
complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard :
Bien, il me demande où j'étais? J'étais à leurs côtés comme député de
Chicoutimi. C'est moi qui ai, d'ailleurs... Avec leur aide, on a créé le
premier centre de répit-dépannage pour les enfants autistes du Saguenay—Lac-Saint-Jean.
Il devrait le savoir.
Alors,
j'étais à leurs côtés, puis les parents, depuis des années, se mobilisent,
actuellement. Aujourd'hui, on est face
à une augmentation de cas, on est face à une augmentation d'exclusions dans les
écoles parce que les gens ont moins de ressources.
Ce que je demande au premier ministre, c'est un engagement dans la suite de ce qui s'est fait dans le
passé : on a augmenté les services, on ne les a pas baissés. Ce que
je lui dis, face au cas du jeune Benjamin, mais d'autres : Quel engagement
prend-il pour que ces jeunes-là aient...
• (10 h 40) •
Le Président : M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : Alors, moi, ce
que je vais dire aux familles et à cette famille particulièrement, c'est que
moi, je sais exactement...
je ressens et j'essaie de... et je ne pourrai jamais le ressentir au niveau
qu'eux et elles le ressentent, mais je
ressens la détresse d'une famille qui doit vivre avec un enfant qui est devant
cette situation, j'en suis conscient. Et je sais qu'on
doit faire non seulement aussi bien, mais toujours mieux. Et, pour ça, on doit
assumer nos responsabilités et continuer
d'augmenter les moyens dont on se dote au Québec pour assurer les
services, d'abord et avant tout, pour les personnes comme cet enfant et
cette famille qui ont besoin de notre attention particulière. J'espère que l'opposition
officielle va nous soutenir dans toutes les démarches qu'on fait actuellement
pour libérer des crédits aux dépens de l'Administration vers les services
directs pour la population.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard :
Quel engagement précis le premier ministre prend aujourd'hui envers les
familles autistes, envers ceux et
celles qui sont exclus de notre réseau de l'éducation et qui se retrouvent tout
seuls? Quel engagement à court terme, là, qu'il prend auprès d'eux? C'est ça
que je veux savoir aujourd'hui. C'était le but de mes cinq autres questions.
J'aimerais un engagement pour eux et pour elles qui sont auprès de ces
enfants autistes, M. le Président.
Le Président : M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : M. le Président,
je vais prendre l'engagement de ne jamais faire revivre à ces familles les
coupes énormes qui ont eu lieu sous
la gouverne qui nous a précédés, jamais. Je vais prendre l'engagement que,
lorsqu'on va déposer un budget, il y
aura toujours des crédits, de telle façon que le ministère de l'Éducation, de
la Santé et des Services sociaux
connaîtront exactement l'enveloppe qui leur est destinée. Et je vais prendre
l'engagement, devant les familles dont
on parle, qu'ils ont toute ma solidarité et mon activité et celle de mon
gouvernement pour les accompagner et s'assurer qu'on augmente et qu'on
améliore les services, M. le Président. C'est pour ça qu'on est ici et c'est ça
qu'on va faire.
Le Président : Principale,
Mme la députée de Pointe-aux-Trembles.
Rapport d'enquête concernant la situation financière
de la commission scolaire de Montréal
Mme Nicole Léger
Mme Léger : Ces derniers jours, une série d'articles parus
dans Le Journal de Montréal traitent du décrochage scolaire au Québec et en Ontario.
Alors que, chez nos voisins, le décrochage a diminué de 16 % depuis 2003,
ici, la baisse n'a été que de
5 % — trois
fois moins. Pendant ce temps, les écoles de Montréal ont commencé à
appliquer la solution du ministre, le rapport de Raymond Chabot Grant Thornton.
Résultat, fin des dîners à 2 $ pour les familles à faibles revenus dans 15 écoles primaires et quatre écoles
secondaires de Montréal. Au total, c'est 1 833 enfants au primaire
et 562 jeunes au secondaire qui ne pourront plus bénéficier d'aide pour
avoir le ventre plein.
Pendant
que le ministre philosophe, on coupe l'aide alimentaire pour des
enfants provenant de familles démunies. Est-ce que le ministre de
l'Éducation croit que couper dans la
nourriture de ces 2 300 enfants va favoriser leur réussite
scolaire?
Le Président : M. le ministre
de l'Éducation.
M. François Blais
M. Blais : Alors, M. le Président, à
une question claire, une réponse claire : Non, je ne crois pas ça. Je vais
peut-être replacer, par exemple, le contexte de cette annonce-là. Elle a été
faite, si je me souviens bien, à une époque où la commission scolaire
avait envoyé aussi aux parents de la CSDM une lettre que j'avais, je pense...
j'avais présentée comme une lettre catastrophe,
là, aux parents. Depuis ce temps-là, la CSDM s'est engagée formellement à
revenir sur terre au niveau des
efforts qu'elle doit faire, hein, pour revenir à l'équilibre budgétaire dans
les meilleurs délais possible, et elle a un rapport qui lui permet d'y
arriver.
Quelques
chiffres qui sont évocateurs, si vous voulez bien. Comparons avec la commission scolaire Marguerite-Bourgeoys, qui est
tout près : la CSDM a 77 % plus d'élèves que Marguerite-Bourgeoys, et
pourtant 211 % du budget de Marguerite-Bourgeoys,
et pourtant 208 % de son nombre d'établissements, et pourtant 196 % de son nombre d'employés.
On pense que la CSDM peut faire un effort,
peut faire les efforts budgétaires intelligents pour améliorer la situation
sans passer par le type de mesures qui nous étaient présentées encore
récemment.
Le Président : Première
complémentaire, Mme la députée de Pointe-aux-Trembles.
Mme Nicole Léger
Mme Léger : Le rapport de
Raymond Chabot Grant Thornton, que le ministre vante sur toutes les tribunes, préconise des coupes de 221 postes de
professionnels de l'éducation qui offrent des services directs aux jeunes.
Menacées de tutelle, les écoles de Montréal
ont commencé à appliquer la solution du ministre. C'est lui... de
revenir sur terre, M. le Président. Résultat, 170 postes coupés, dont des
psychologues, des psychoéducateurs et des conseillers pédagogiques. Ce
n'est qu'un début, M. le Président.
Est-ce que le ministre de l'Éducation croit que
la diminution du nombre de professionnels dans les écoles de Montréal sera sans
impact sur la...
Le Président : M. le ministre
de l'Éducation.
M. François Blais
M.
Blais : Merci beaucoup, M. le Président. Donc, dans une entrevue au journaliste
Jean-Philippe Robillard, de décembre
dernier, Mme Marie Malavoy, qui est l'ancienne ministre de l'Éducation,
ancienne collègue aussi, notre collègue, estime que les
choses doivent changer à la CSDM. Je la cite : «Je pense que c'est une
gouvernance qui mérite d'être revue, [d'être]
resserrée [...] je ne suis pas contre l'idée que la CSDM soit contrainte de
rendre des comptes.» Nous y sommes.
Le Président : Deuxième
complémentaire, Mme la députée de Pointe-aux-Trembles.
Mme Nicole Léger
Mme Léger : Depuis un an, le gouvernement libéral a pris
une série de décisions qui nuit à la réussite scolaire des enfants du Québec : coupe de livres;
coupe dans l'aide aux devoirs; coupe dans l'aide alimentaire; coupe de postes
de professionnels donnant des services directs aux élèves. Le gouvernement a tout
simplement abandonné la lutte au décrochage, l'aide aux enfants en besoin et
aux jeunes plus vulnérables.
Est-ce que
le ministre va cesser de philosopher et réaliser que ces
coupes nuisent considérablement à la lutte contre le décrochage scolaire
et qu'il hypothèque l'avenir de tous nos enfants du Québec?
Le Président : M. le ministre
de l'Éducation.
M. François Blais
M. Blais : Donc, la pratique de la
philosophie n'est pas une chose odieuse, là, en passant, là, M. le Président, surtout, hein, surtout quand on revient à un
rapport qui nous dit des choses essentielles. La CSDM était, elle l'est,
j'espère, de moins en moins, mal administrée et elle était, et j'espère
qu'elle le sera de moins en moins, suradministrée, hein? Alors, l'idée, là, du
rapport, ce n'est pas de protéger le statu quo, ce n'est pas de ne pas changer
des choses, c'est de faire en
sorte que, s'il y a des compressions, ces
compressions soient intelligentes et que l'on préserve, bien sûr,
les ressources là où on en a besoin...
Le Président : En terminant.
M.
Blais : ...dans un meilleur déploiement.
Le Président :
Principale, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
Remboursement des trop-perçus
par Hydro-Québec
M. François Legault
M.
Legault : M. le Président, lors de la dernière campagne
électorale, le premier ministre s'est engagé à ce que les tarifs d'électricité n'augmentent pas de plus
que l'inflation. Or, le 1er avril dernier, les tarifs d'électricité ont
augmenté de 2,9 %, soit le double de l'inflation. J'ai demandé au
premier ministre d'agir parce que cette hausse s'explique essentiellement par une réduction des bénéfices
d'Hydro-Québec suite aux pertes dans l'éolien. Le premier ministre m'a
répondu : Je ne veux pas agir, parce que je ne veux pas interférer dans
les décisions de la Régie de l'énergie.
On
apprenait il y a quelques jours qu'Hydro-Québec a eu des bénéfices de
160 millions de plus que prévu. Et, en vertu d'un plan adopté en 2014 par la Régie de l'énergie, la régie doit
exiger qu'Hydro-Québec rembourse ce 160 millions aux consommateurs.
Qu'est-ce qu'a fait le premier ministre? Il a fait adopter sous bâillon la loi
n° 28 pour empêcher Hydro-Québec de
rembourser le 160 millions. Donc, quand il s'agit d'augmenter les tarifs
de plus que l'inflation, le premier ministre
dit : Je ne peux pas agir, mais, quand il s'agit de rembourser de l'argent
aux consommateurs, là, il nous passe un bâillon. Deux poids, deux
mesures.
M.
le Président, cet argent appartient aux citoyens du Québec. Est-ce que le
premier ministre peut rembourser les 160 millions de dollars de
trop...
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président, non seulement cette somme appartient aux Québécois et
aux Québécoises, mais elle leur a été
complètement retournée puisque c'est ce qui a permis de maintenir les services
publics, M. le Président, alors qu'on
rétablit l'équilibre budgétaire. Et mon collègue sait très bien, sait très bien
l'ampleur de l'impasse qui était devant
nous et qu'on a réussi — on l'espère, que ça va se maintenir — à renverser avec l'équilibre budgétaire
annoncé lors du dernier budget.
Lui-même avait annoncé l'équilibre budgétaire en 2015‑2016. Alors, il ne va pas
donner à personne l'illusion que lui n'aurait pas eu à prendre des
décisions.
Maintenant,
cet argent-là, M. le Président, est fait, et ça s'est fait, comme il l'a dit,
par un projet de loi qui a une application
pendant qu'on atteint l'équilibre budgétaire. Mais je répète, là : L'argent
est tout retourné au Québec puis aux Québécois en maintenant les
services publics. C'est à ça que ça sert aussi, l'Hydro-Québec.
Le Président :
Première complémentaire, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M. François Legault
M.
Legault : M. le Président, on est tous les deux d'accord pour
atteindre l'équilibre budgétaire. Mais ça ne peut pas se faire complètement sur le dos de la classe
moyenne. C'est rendu, au Québec, qu'on a 50 nuances de taxation libérale;
il y en a une nouvelle à chaque semaine.
Cet
argent appartient aux consommateurs. Quand va-t-il rembourser les trop-perçus
d'Hydro-Québec à ceux à qui ça appartient, c'est-à-dire les citoyens du
Québec?
• (10 h 50) •
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président, la population de partout, et de Québec en particulier,
a très bien décodé le langage de
notre collègue. Oui, oui, il est pour l'équilibre budgétaire. Bien sûr, il est
pour l'équilibre budgétaire. Qui peut
être contre la vertu? Mais il est
contre toutes les actions posées par le gouvernement pour atteindre l'équilibre budgétaire. Je l'écoutais parler des CHSLD hier, je
crois : Ah!, il disait, il faut réduire la bureaucratie, c'est ça, la
solution. Il a voté contre le projet de loi n° 10 qui visait à abolir 220 millions de dépenses de bureaucratie dans le réseau de santé. C'est une incohérence
totale.
Nous,
on est cohérents. L'équilibre
budgétaire, on l'atteint, on le
maintient. L'argent appartient aux Québécois, il est retourné dans leurs services publics. Et, lorsque l'équilibre sera atteint, on va aller de l'avant, M. le Président, avec
encore plus d'équité dans l'administration du Québec.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M. François Legault
M.
Legault : M. le Président, le premier ministre ne répond pas à
la question. Il détourne des fonds chez Hydro-Québec...
Des
voix : ...
Le
Président : M. le chef du deuxième groupe d'opposition, je vais
vous demander de retirer vos propos, là. C'est une accusation
criminelle. Bien oui.
M.
Legault : C'est une taxe déguisée, M. le Président. Cet argent
appartient aux citoyens québécois. Quand le premier ministre va-t-il rembourser les trop-perçus d'Hydro-Québec à qui
ça appartient, c'est-à-dire aux citoyens québécois?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président, là, on est près de la caricature, là, les mots qu'il a
dû retirer... Franchement, ça n'a aucun
sens d'employer des mots comme ça, alors qu'on vient de dire à la population
puis aux collègues de cette Assemblée que
l'argent, il est tout dans les poches des Québécois comme services. Parce que
l'équilibre budgétaire, ça ne se fait pas tout seul, ça n'arrive pas par magie. Les décisions difficiles, il
fallait les prendre, on les a prises. Le courage, il fallait le montrer; nous, on l'a montré, le courage. Lui, il
fuit devant ses responsabilités. Il n'est pas capable de me donner un seul
exemple de ce qu'il aurait fait pour rétablir l'équilibre budgétaire.
Le Président :
Principale, M. le député de La Peltrie.
Mise à jour du tableau de bord
des projets
informatiques du gouvernement
M. Éric Caire
M.
Caire : M. le Président, le Tableau de bord est ce
site Web qui a pour mission d'informer les Québécois sur l'état de santé des projets informatiques. Or,
depuis 2012, on sait qu'il fait exactement le contraire; il diffuse une
information erronée. En novembre, le
Conseil du trésor a dépensé 65 000 $ pour corriger cette situation.
Dans les faits, on a rajouté un champ Faits saillants et des
pastilles de couleur. Wow!
Quand
on vérifie ça, on se rend compte que, sur les 321 projets affichés «actifs», il
y en a 166 qui diffusent de l'information erronée. Pourtant, dans son
document, à la page 35 — ce document-ci — il nous dit que cette situation-là a été
corrigée. M. le Président, gaspiller
65 000 $ pour ne pas régler un problème connu, est-ce que c'est ça,
être rigoureux et responsables?
Le Président :
M. le président du Conseil du trésor.
M. Martin Coiteux
M.
Coiteux : Bien, M. le Président, l'une des premières choses que
j'avais faites lorsque je suis entré en fonction, j'ai rencontré mon critique de la deuxième
opposition, qui est allé maintenant travailler avec la Caisse de dépôt pour
faire avancer un certain nombre de
projets de développement pour l'économie du Québec. Et il m'avait dit : Le
tableau de bord, c'est important pour
nous. Puis je pense que j'avais remarqué que, dans le programme de la CAQ,
c'était extrêmement important
d'améliorer le tableau de bord. Alors, il aura remarqué, le député de
La Peltrie, que, pendant un certain nombre de semaines, on n'a pas publié l'ancien tableau de bord qui,
semble-t-il, ne faisait pas l'affaire. Ça tombe bien, ça ne faisait pas mon affaire non plus parce que
l'information n'était pas totalement colligée d'une façon qui était totalement
objective, puis je trouvais qu'il y avait des critères qui étaient trop
subjectifs. Alors, on a apporté des correctifs.
Il
y a une première série de correctifs qui a été apportée. On a un tableau de
bordqui est basé sur des critères objectifs en matière de
respect ou non des échéanciers, en matière de respect ou non des budgets. On
ajoute bientôt l'historique des décisions, qui n'était pas là aussi. On a
ajouté le secteur de la santé. Alors, on est en progrès, on aura l'occasion d'ailleurs d'en parler vendredi,
puisque j'ai été interpellé, semble-t-il, et on va continuer de discuter de ces
questions-là. On est en train d'améliorer les choses exactement comme ils nous
ont demandé...
Le Président :
En terminant.
M. Coiteux :
...mais on va encore plus loin qu'eux.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de La Peltrie.
M. Éric Caire
M.
Caire : M. le Président, selon le document de modification,
ça dit : Aucune modification n'a été apportée sur la méthode pour établir les cotes de coût et les
échéanciers. Alors, ce qui fait problème, on n'y a pas touché. Par exemple,
Mosaic, Mosaic, M. le Président, un projet
qui était évalué à 10 millions, qui va en coûter 30 : selon le tableau
de bord, il y a 53 % du projet...
il est avancé à 53 % du projet. La date d'échéance est prévue au mois
d'août, mais le contrat avec CGI, ça finit en décembre. Où est la
vérité, là-dedans? Est-ce que c'est les gens du ministère qui sont mêlés...
Le Président :
M. le président du Conseil du trésor...
Une voix : ...
Le Président : Oh! M. le
ministre des Affaires municipales.
M. Pierre Moreau
M. Moreau : Non, mais c'est parce que, là, on parle du projet Mosaic. Mosaic, ça touche le ministère
des Affaires municipales.
Non seulement
le dossier est dans les temps, il est à l'intérieur des budgets. Et ce qu'on a
fait au début... Parce que le projet
Mosaic gère 9 milliards de dollars d'emprunts des municipalités, auxquels
on va ajouter... avec les investissements en immobilier. Ce projet-là,
le dossier Mosaic, c'est un logiciel qui a été fait en 1994. Google
n'existait pas, Amazon venait d'être
créé, puis le créateur de Facebook avait 10 ans. Alors, de dire
qu'il est désuet, je pense que ça tombe sous le sens, vous auriez dû faire ça dans votre recherche. Et ce qu'on va
faire, c'est qu'on a utilisé les logiciels disponibles, on les
améliore...
Le Président : En terminant.
M. Moreau : ...et on va
terminer à l'intérieur des budgets, M. le Président.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le député de La Peltrie.
M. Éric Caire
M.
Caire :
Alors, M. le Président, selon les responsables du MAMROT, Mosaic est terminé.
Quand on regarde le tableau de bord, celui qui a été mis à jour, là,
puis pour lequel on a investi 65 000 $, il est avancé à 53 %.
Alors, comment peut-il être terminé et
avancé à 53 % en même temps? Quand on regarde le contrat qui a été donné à
CGI, le contrat se termine le 7 décembre 2015.
Êtes-vous en
train de me dire qu'on paie CGI 44 000 $ par mois à ne rien faire
parce que le projet est terminé?
Le Président : M. le ministre
des Affaires municipales.
M. Pierre Moreau
M. Moreau :
On est le 13 mai. Le 7 décembre, ça vient après le 13 mai dans
l'année 2015. Je n'ai pas dit que le
projet était terminé, j'ai dit qu'il était dans les délais, j'ai dit qu'il...
Je répète : Il est dans les délais et dans les budgets. C'est
facile à comprendre. Et le 15 décembre, ce n'est pas encore arrivé, on est
le 13 mai.
Le Président : Principale, M.
le député de Marie-Victorin.
Frais imposés par Hydro-Québec
pour la lecture des compteurs
M. Bernard Drainville
M.
Drainville : M. le
Président, la semaine passée, on a demandé au gouvernement qu'Hydro-Québec
cesse de facturer les frais de relève
manuelle de 0,06 $ par jour, 23 $ par année, alors que
3 millions de clients résidentiels ont des compteurs intelligents qui permettent la relève à distance. Le ministre
de l'Énergie nous a répondu : On va vérifier ça puis on va régler
ça.
De son côté,
Hydro soutient qu'il n'y en a plus, de frais de relève. Mais, s'il n'y a plus de
frais de relève, M. le Président,
comment se fait-il que les frais fixes n'ont pas diminué de 0,06 $, hein?
Je le rappelle, les frais fixes, c'est 0,40 $ par jour par abonné, dont 0,06 $ pour les
frais de relève, puis les 0,40 $, ils n'ont pas bougé depuis 2008. Ça n'a
pas bougé depuis 2008. Alors, il n'y
a pas mille explications, M. le Président, hein? Si la facture de 0,40 $
par jour n'a pas diminué, c'est que les frais de relève, on les paie
encore.
Alors,
j'aimerais ça que le ministre nous dise s'il va finalement exiger qu'Hydro
rembourse le 23 $ par jour que les Québécois paient en trop pour
des frais de relève.
Le Président : M. le ministre
de l'Énergie.
M. Pierre Arcand
M.
Arcand : M. le
Président, suite à la question du député de Marie-Victorin la semaine dernière,
j'ai fait les vérifications qui s'imposaient, parce qu'évidemment le député de
Marie-Victorin continue évidemment de s'acharner sur l'installation des compteurs de nouvelle
génération et il s'est basé sur des prévisions de 2008, hein, quand il a décidé
d'annoncer ça. Moi, je vais lui dire aujourd'hui c'est quoi, la réalité.
La réalité,
c'est qu'on a un système, au Québec, où il y a une tarification uniforme,
uniforme sur le plan des tarifs et
uniforme également sur le plan des frais de relève. Or, on a commencé à
transférer le tout par des compteurs, maintenant, qui sont des compteurs
intelligents. Et quelle est la réalité? La réalité, c'est que de 2014 à 2015
les frais de relève ont baissé de
20 %. C'est ça, la réalité. En 2016, on s'attend à ce que ça baisse encore
plus, proportionnellement au déploiement des compteurs, et ces frais vont être amenés à disparaître totalement
lorsque tous les compteurs intelligents seront installés, M. le
Président.
Le Président : Première
complémentaire, M. le député de Marie-Victorin.
M. Bernard Drainville
M.
Drainville : Il
s'agit bien de 23 $ par année, M. le Président, 67 millions au grand
total. Ce n'est pas compliqué, M. le
Président, là. Si on ne les paie plus, ça doit paraître quelque part. Or, ça ne
paraît nulle part. Les Québécois payaient 0,40 $, dont 0,06 $ de frais de relève. Ils paient encore
40,64 cents, pour être bien précis, à la centième près. Alors là, là, si
vous dites qu'ils sont en train de baisser ou en train de disparaître, il faut
que le 0,40 $ diminue d'autant.
Est-ce qu'il va diminuer d'autant?
• (11 heures) •
Le Président : M. le ministre
de l'Énergie.
M. Pierre Arcand
M.
Arcand : M. le Président, je
pense que le député de Marie-Victorin fait des calculs un peu improvisés. Moi,
je vous dis ce que j'ai ici devant nous.
En plus de
ça, M. le Président, ce que je peux affirmer
en cette Chambre, c'est que ces économies-là qui vont se faire au cours des prochains mois, qui ont
commencé à se faire, on parle d'économies qui, grâce à l'arrivée des nouveaux compteurs, vont être de 81 millions de dollars par année, et ce, de manière récurrente. Et, encore une fois, ce que je dis, c'est que déjà
il va y avoir une baisse. Et, quand tous les compteurs intelligents seront
installés, il n'y en aura plus, de frais de relève, M. le
Président.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le député de Marie-Victorin.
M. Bernard Drainville
M.
Drainville : M. le
Président, il y a
déjà 3 millions de compteurs intelligents d'installés. Les frais de relève,
on ne devrait plus les payer là-dessus.
Le monde les paie encore, ils paient encore 0,40 $. C'est sur le site, c'est sur le site d'Hydro, c'est sur le site de la régie. C'est 67
millions payés en trop par les Québécois pour les 3 millions de compteurs
installés. Allez-vous les rembourser pour
ceux qui ont payé en trop pour des frais de relève qui n'existent plus? Vous le
dites vous-même qu'ils ne doivent plus exister.
Le Président : M. le ministre
de l'Énergie.
M. Pierre Arcand
M.
Arcand : M. le Président,
Hydro-Québec a toujours des coûts
pour la relève parce qu'il y a une transition. On est dans une période de transition, M. le Président, c'est ça qui se passe actuellement. Ce que je vous
dis et je vous répète encore une fois aujourd'hui, c'est que ces frais-là ont baissé, vont
continuer de baisser et vont, M. le
Président, au fil du temps, complètement disparaître.
Laissez-nous donc la chance de terminer le travail qui a été accompli, et je
suis sûr que, d'ici quelques années,
nous allons vous prouver que nous avons eu raison dans ce dossier-là, M. le Président.
Le Président : Principale, M.
le député de Jonquière.
Inversion du flux de l'oléoduc
9B
d'Enbridge Pipelines Inc.
M. Sylvain Gaudreault
M. Gaudreault : Oui. Merci,
M. le Président. Enbridge veut débuter l'utilisation de l'oléoduc 9B d'ici
juin. L'accord du Québec
est conditionnel au respect intégral des 18 recommandations de l'Assemblée nationale. L'une de celles-ci, c'est de faire passer à l'ensemble du tuyau des tests
hydrostatiques où on injecte de l'eau à haute pression pour déceler les fuites et l'étanchéité. Le tuyau est
vieux de 40 ans, M. le Président, et
il passe près de cinq écoles primaires, un CPE. Il n'y a aucun risque à prendre. Enbridge refuse de faire ces
tests, car ils peuvent créer une mauvaise publicité auprès du public. Quant à l'Office national de
l'énergie, il qualifie l'essai sous pression de méthode qui pourrait abîmer
les conduits des
pipelines déjà en service. On nage dans l'absurde, M. le Président. On refuse
de faire des tests de sécurité, savez-vous pourquoi? Parce qu'on craint
que le tuyau ne soit pas assez sécuritaire.
Alors, est-ce que le ministre de
l'Environnement, M. le Président, va ordonner à Enbridge de respecter cette
condition essentielle du Québec?
Le Président : M. le ministre
de l'Énergie.
M. Pierre Arcand
M.
Arcand : M. le Président,
je vous rappelle que le pipeline d'Enbridge est un pipeline qui est en activité
depuis plusieurs années sur le
territoire du Québec, et la seule nouveauté de ce projet, encore une fois, c'est l'inversion du flux à l'intérieur du pipeline. Maintenant, je tiens à rappeler à cette Chambre qu'il y a
eu une commission parlementaire,
une commission
parlementaire sur laquelle il y a
eu une série de conditions qui ont été posées. J'ai répondu moi-même, lors de l'étude des crédits budgétaires, au député de
Marie-Victorin en lui disant qu'il y aurait un rapport qui
sera fait par une unité de vigilance
sur toutes ces questions de sécurité et que ce rapport-là serait déposé en
Chambre d'ici la fin de cette session parlementaire. Donc, d'ici la
mi-juin, il y aura un rapport complet sur ces activités-là.
Déjà, il y a
eu une déclaration qui a été faite également par l'Office national de l'énergie
du Canada, qui a dit de façon très
claire et très précise, M. le Président, qu'il n'y aurait pas de permis qui serait donné tant et aussi
longtemps que toutes les
conditions de sécurité ne seront pas rencontrées, M. le Président.
Le Président : Première
complémentaire, M. le député de Jonquière.
M. Sylvain Gaudreault
M.
Gaudreault : M. le Président, on voit que ce n'est pas l'Environnement qui s'occupe du dossier, là.
Puis le ministre de l'Énergie, il nous parle d'un rapport, il nous
parle d'un rapport alors qu'Enbridge veut inverser le pipeline en juin. On est rendu le 13 mai. La Communauté
métropolitaine de Montréal, une vingtaine de municipalités, des MRC, la
commission scolaire de Laval, même l'Association canadienne de
pipelines, un rapport commandé par le gouvernement
du Québec, ils disent tous qu'il faut faire des tests hydrostatiques sur
l'ensemble du tuyau.
Quand est-ce que le gouvernement va se tenir
debout pour dire : Il faut les faire, ces tests-là?
Le Président : M. le ministre
de l'Environnement.
M. David Heurtel
M.
Heurtel : M. le Président, le projet Enbridge était tellement important pour le gouvernement du Parti québécois qu'ils
n'ont même pas daigné aller défendre les intérêts du Québec
devant l'Office national de l'énergie. Nous, ce qu'on fait, c'est qu'on a mis sur pied l'unité de vigilance, qui est menée
conjointement par le ministère de
l'Environnement et le ministère de l'Énergie et des Ressources
naturelles. Nous veillons au grain, M. le Président, nous nous assurons que l'ensemble des conditions de l'Assemblée nationale
sont respectées. Et, si elles ne le sont pas, nous prendrons les gestes qui s'imposeront. Mais, pour le moment, laissons
l'unité de vigilance faire son travail. Nous partageons les préoccupations
des municipalités, nous partageons les
préoccupations de la population et nous allons nous assurer que nous aurons
réponse à nos questions, M. le Président.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le député de Jonquière.
M. Sylvain Gaudreault
M.
Gaudreault : Oui. M. le Président, le ministre est en train de
laisser l'Office national de l'énergie contredire, contredire une motion unanime adoptée ici, à
l'Assemblée nationale. C'est ça que le ministre est en train de faire, M. le
Président. Quand est-ce qu'il va se tenir
debout pour le Québec? Il y a des écoles qui sont près des pipelines. Le
pipeline va traverser des dizaines de cours d'eau qui sont des sources
d'eau potable.
La seule
chose qu'on veut entendre ici aujourd'hui, c'est est-ce que le ministre va, oui
ou non, ordonner des tests hydrostatiques sur le pipeline.
Le Président : M. le ministre
de l'Environnement.
M. David Heurtel
M.
Heurtel : M. le Président, je comprends que, pour des fins politiques,
c'est intéressant de soulever continuellement l'épouvantail du pétrole,
mais, un instant, sur toutes les questions d'hydrocarbures au Québec, nous avons pris nos responsabilités. Il y a une EES qui
va être faite sur l'ensemble des hydrocarbures. Il va y avoir un BAPE sur TransCanada. L'unité de vigilance fait son
travail sur la question d'Enbridge. Sur toutes les questions d'hydrocarbures
au Québec, notre gouvernement fait preuve de
rigueur et de sérieux, contrairement au gouvernement du Parti québécois, qui a donné carte blanche au développement pétrolier sans
même se soucier de faire des évaluations environnementales, que ce soit
sur Anticosti ou quelque autre projet au Québec, M. le Président.
Le Président :
Principale, M. le député de Groulx.
Hausse
des tarifs de la Société des traversiers
M.
Claude Surprenant
M.
Surprenant : M. le Président, faisant suite à sa réponse d'hier sur
les hausses de tarifs des traversiers, le ministre
délégué aux Transports et à la Stratégie maritime a dû rectifier le tir en
après-midi, semble-t-il. Comme je l'ai démontré
avec mon collègue de Lévis, les hausses de tarifs pour prendre le traversier
à Sorel, Québec et Lévis s'élèvent jusqu'à 25 %. Pour un automobiliste qui achète 10 billets, le coût
part de 56 $ à 70 $. C'est un choc tarifaire qui met de nombreux citoyens en colère, M. le Président. Le ministre a aussi dit hier, et je le cite : «...il
s'agit en soi d'une excellente nouvelle...»
Pendant que son collègue de la Santé recule sur des hausses de tarifs de
4 %, le ministre se réjouit, lui, des hausses de 25 %.
Essayez de comprendre la logique de ce gouvernement.
Alors,
premièrement, le ministre peut-il reconnaître qu'il a induit cette Chambre
en erreur hier? Et ensuite y a-t-il un
capitaine à bord qui pourrait rappeler le ministre à l'ordre et lui
faire comprendre que des hausses de tarifs de 25 % ne sont pas une
excellente nouvelle?
Le Président :
M. le ministre délégué aux Transports.
M.
Jean D'Amour
M. D'Amour :
Alors, M. le Président, sur l'un des volets de ma réponse, j'ai eu l'occasion
en soirée, hier, de corriger le tir auprès de notre collègue de Lévis. Voilà
qui a été fait.
Sur la question de la
traverse Québec-Lévis, je dois vous indiquer qu'au cours de la dernière année
complète d'opération la société
a accueilli sur ce navire 1 728 000 passagers et a transporté également
348 000 véhicules. Voilà que la société,
de son côté, doit avoir des infrastructures de qualité accrue, des
installations qui, sur le plan de la sécurité, sont non négociables. Alors, la société a dû investir à l'intérieur d'un nouveau
terminal, d'une nouvelle gare fluviale au coût de 15 millions de dollars. Je pense que la communauté de Lévis
est très fière de ce bâtiment, qui sera complété au cours des prochaines semaines. Ceci dit, M. le Président, un bâtiment comme celui-là, ça doit se payer. C'est la raison pour laquelle il y a eu un ajustement, ce que le
député appelle un choc tarifaire. Je me permets de rappeler que, pour un
passager, c'est une augmentation de
0,15 $. Mais, sur les véhicules, j'ai personnellement corrigé
l'information hier, en soirée.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Groulx.
M.
Claude Surprenant
M.
Surprenant : M. le Président, je rappelle au ministre qu'une
augmentation de 25 % est déraisonnable et indéfendable. C'est tout sauf une excellente nouvelle. Alors, la
meilleure façon de reconnaître son erreur est d'éviter un choc tarifaire
pour les citoyens qui utilisent ce service.
Le
ministre pourrait-il prendre exemple sur son collègue de la Santé et reculer
sur cette hausse de tarifs déraisonnable, M. le Président?
Le Président :
M. le ministre délégué aux Transports.
M.
Jean D'Amour
M.
D'Amour : M. le Président, la Société des traversiers
du Québec a un mandat à réaliser,
c'est-à-dire d'offrir un service
entre Québec et Lévis, et elle le fait très bien, elle répond
pleinement à son mandat. Ceci dit, la Société
des traversiers du Québec a aussi un rôle important à jouer à l'intérieur
de la stratégie maritime, qui sera d'ailleurs dévoilée au cours des
prochaines semaines, c'est celui de promouvoir ses régions, de faire découvrir
les attraits, les événements culturels. On
veut augmenter le nombre de passagers sur les navires. Alors, ça permet à la
société de combler pleinement son mandat, on en est fiers. C'est bon
pour les Québécois, M. le Président.
• (11 h 10) •
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Groulx.
M.
Claude Surprenant
M.
Surprenant : M. le Président, les citoyens sont mécontents face à cette hausse déraisonnable
imposée depuis le 15 avril.
Le ministre
peut-il nous confirmer si, oui ou non, ces hausses de tarifs ont eu un impact
sur le nombre de plaintes et sur l'achalandage? Peut-il nous donner le
dernier chiffre concernant les plaintes et l'achalandage, M. le Président?
Le Président :
M. le ministre délégué aux Transports.
M. Jean D'Amour
M. D'Amour : M. le Président, ce qui
est clair, c'est que l'ensemble du Québec fait sa part pour les traverses parce
que ce n'est pas une traverse autofinancée, on doit le dire. Alors, ça, je
pense que c'est très clair.
Quant à la
société, la qualité des services qu'elle offre aux citoyens, c'est indéniable,
ce sont des services de qualité. La
société se doit de jouer un rôle entre Québec et Lévis et elle le fait très
bien. Et ce qu'on veut, au cours des prochaines semaines, des prochains
mois et des prochaines années, c'est d'augmenter le nombre de passagers sur les
navires en respectant, bien sûr, la capacité de payer des citoyens.
Le Président : Principale, M.
le député de Labelle.
Non-renouvellement du mandat
de Mme Diane Larose
à titre de présidente du conseil de discipline
de certains ordres professionnels
M. Sylvain Pagé
M. Pagé :
Merci, M. le Président. Hier, j'ai questionné sur le cas de Diane Larose, cette
nomination partisane qui, à elle
seule, selon Yves Boisvert, de La Presse, a infecté tout le
système de justice professionnelle. Mme Larose tarde à rendre d'importantes décisions dans des causes où
la sécurité du public est en jeu. Parfois, même, des professionnels ayant
commis des actes répréhensibles s'en tirent avec des peines allégées à cause
des retards de Mme Larose.
La ministre a
confirmé hier qu'elle ne pouvait poser aucun geste et elle reprenait ainsi la
position de l'Office des professions,
à savoir qu'il était impossible d'agir. Pourtant, après la période de questions
d'hier, le Barreau l'a contredite, et
a ouvert une enquête, et il pourrait reprocher à Mme Larose d'avoir commis
un acte dérogatoire à l'honneur ou à la dignité de sa profession.
M. le Président, au nom de la justice et de la
sécurité du public, que fera la ministre afin que ces jugements
Le Président : Mme la
ministre de la Justice.
Mme Stéphanie Vallée
Mme Vallée : M. le Président, la situation qui
est décrite par le collègue, c'est une situation qui est déplorable, vrai. Ce sont quand même des dossiers qui sont
pendants. Et ce que je constate depuis quelques mois de l'autre côté de la
Chambre, c'est que l'indépendance
judiciaire, malheureusement, c'est un concept qui échappe à nos collègues de
l'autre côté de la Chambre.
Ceci étant
dit, M. le Président, ça me permet quand même de vous indiquer que nous
veillons à mettre en place des
mesures pour pouvoir éviter que des situations telles que celle décrite par
notre collègue se reproduisent. Évidemment, nous devons le faire tout en
préservant cette question d'indépendance judiciaire, qui est essentielle dans
une société démocratique. J'invite nos collègues à en tenir compte également.
Le Président : Première
complémentaire, M. le député de Labelle.
M. Sylvain Pagé
M. Pagé :
M. le Président, on est dans la même réponse qu'hier, où la ministre nous a
dit, à la deuxième réponse : On voit et on veille.
M. le
Président, je demande à la ministre de passer en mode action. «On voit et on
veille», ça ne rend pas justice. «On
voit et on veille», ça ne protège pas le public. La ministre doit passer en
mode action. Moi, je l'invite à dire plutôt : Je comprends et je
m'active, j'entends et je bouge.
Peut-elle assurer la protection du public?
Va-t-elle bouger?
Le Président : Mme la
ministre de la Justice.
Mme Stéphanie Vallée
Mme Vallée :
M. le Président, je comprends que le collègue aimerait qu'on dise : On va
se mettre les deux mains dans les
dossiers. On ne peut pas, on ne peut tout simplement pas. Les mesures que nous
pouvons prendre sont des mesures d'encadrement.
Et ça, là-dessus, on veille à le regarder et on le travaille, mais
malheureusement on ne peut pas s'immiscer dans un dossier, au même titre qu'on ne peut pas s'immiscer dans un
dossier qui est pendant devant la Cour du Québec, devant la Cour
supérieure. Et ce que le collègue nous demande de faire, c'est mettre une
pression afin de rendre un jugement. Je comprends que c'est inacceptable, mais
l'indépendance judiciaire, c'est un principe qui est essentiel.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Labelle.
M. Sylvain Pagé
M. Pagé :
M. le Président, on comprend le principe de l'indépendance, mais, par contre,
elle a le pouvoir de porter plainte
au Barreau, elle a le pouvoir. Elle est la ministre de la Justice, donc elle
peut s'activer, elle peut faire des choses. Il y a des gens qui sont... La protection du public n'est pas au
rendez-vous. Il y a des causes où il n'y a pas eu de jugement depuis
plus de six ans, c'est inadmissible. Elle doit faire quelque chose, elle doit
porter plainte au Barreau.
Le Président : Mme la
ministre de la Justice.
Mme Stéphanie Vallée
Mme Vallée :
M. le Président, il y a des dispositions qui sont prévues au Code des
professions et qui doivent être respectées,
et, là-dessus, j'invite mon collègue à prendre connaissance des dispositions du
code. Par contre, il y a des mesures qui ont été prises en 2012 et qui
ont permis de mettre en place le Bureau des présidents, justement pour encadrer
des situations, celle qui est décrite, et l'individu... Me Larose n'a pas
été reconduite dans son mandat. Je pense que c'est important de le mentionner, c'est quand même un geste assez clair qui a
été posé par le leader actuel du gouvernement de ne pas renouveler le mandat
de quelqu'un qui...
Le Président : En terminant.
Mme Vallée : ...ne rendait
pas les décisions en temps opportun.
Le Président : Alors, cela
met fin à la période de questions et de réponses orales.
Votes reportés
Adoption du principe du projet
de loi n° 37
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, collègues, tel qu'indiqué par la présidence tantôt, nous allons
maintenant procéder au vote reporté
sur la motion de M. le ministre de l'Économie, de l'Innovation et des Exportations
proposant que le principe du projet
de loi n° 37, Loi confirmant l'assujettissement des projets de
cimenterie et de terminal maritime sur le territoire de la Municipalité de Port-Daniel—Gascons au seul régime d'autorisation de
l'article 22 de la Loi sur la qualité de l'environnement, soit
adopté.
Alors, que les députés en faveur de cette motion
veuillent bien se lever.
La Secrétaire
adjointe : M. Couillard (Roberval), M. Fournier (Saint-Laurent), Mme
Thériault (Anjou—Louis-Riel),
M. Paradis (Brome-Missisquoi), M. Hamad (Louis-Hébert), M. Dutil (Beauce-Sud),
M. Leitão (Robert-Baldwin), M. Coiteux
(Nelligan), M. Moreau (Châteauguay), Mme David (Outremont), M. Poëti
(Marguerite-Bourgeoys), M. D'Amour
(Rivière-du-Loup—Témiscouata),
M. Huot (Vanier-Les Rivières), Mme Vien (Bellechasse), M. Lessard (Lotbinière-Frontenac), M. Barrette
(La Pinière), M. Blanchette (Rouyn-Noranda—Témiscamingue), M. Heurtel (Viau), M.
Arcand (Mont-Royal), Mme Charbonneau (Mille-Îles), M. Daoust (Verdun), Mme Weil
(Notre-Dame-de-Grâce), Mme Vallée
(Gatineau), M. Billette (Huntingdon), M. Blais (Charlesbourg), Mme St-Pierre
(Acadie), M. Reid (Orford), Mme
Vallières (Richmond), M. Morin (Côte-du-Sud), M. Bernier (Montmorency), M.
Ouellette (Chomedey), Mme Ménard (Laporte),
M. Sklavounos (Laurier-Dorion), M. Girard (Trois-Rivières), Mme Rotiroti
(Jeanne-Mance—Viger), M.
Carrière (Chapleau), M. Drolet
(Jean-Lesage), M. Tanguay (LaFontaine), M. Bolduc (Mégantic), Mme
de Santis (Bourassa-Sauvé), M. Iracà (Papineau), M. Ouimet (Fabre),
M. Fortin (Sherbrooke), M. Fortin (Pontiac), M. Bourgeois (Abitibi-Est), M.
Boucher (Ungava), M. Birnbaum (D'Arcy-McGee), M. Auger (Champlain), M.
Rousselle (Vimont), M. Giguère (Saint-Maurice),
M. Habel (Sainte-Rose), M. Hardy (Saint-François), M. Merlini
(La Prairie), Mme Montpetit (Crémazie),
Mme Nichols (Vaudreuil), M. Plante (Maskinongé), M. Polo (Laval-des-Rapides),
Mme Simard (Charlevoix—Côte-de-Beaupré),
M. St-Denis (Argenteuil).
M. Bédard (Chicoutimi), Mme Maltais (Taschereau), M. Marceau
(Rousseau), M. Bérubé (Matane-Matapédia), Mme Poirier (Hochelaga-Maisonneuve), Mme Léger (Pointe-aux-Trembles),
Mme Lamarre (Taillon), M. LeBel (Rimouski), M. Lelièvre (Gaspé), M. Kotto (Bourget), M. Gaudreault (Jonquière), M.
Therrien (Sanguinet), M. Bergeron (Verchères), M. Dufour (René-Lévesque), M. Drainville (Marie-Victorin), M. Lisée
(Rosemont), M. Traversy (Terrebonne), M. Cousineau (Bertrand), M. Rochon
(Richelieu), M. Leclair (Beauharnois), M. Villeneuve (Berthier), M. Péladeau
(Saint-Jérôme), M. Turcotte (Saint-Jean), M. Pagé (Labelle), Mme Richard
(Duplessis), M. Roy (Bonaventure).
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Que les députés contre cette motion veuillent bien se
lever.
La Secrétaire adjointe : M. Legault
(L'Assomption), M. Bonnardel (Granby), M. Caire (La Peltrie), M. Charette
(Deux-Montagnes), M. Martel (Nicolet-Bécancour), Mme Roy (Montarville), Mme
Samson (Iberville), M. Roberge (Chambly), M. Laframboise (Blainville), M.
Schneeberger (Drummond—Bois-Francs),
Mme D'Amours (Mirabel), Mme
Lavallée (Repentigny), M. Lamontagne (Johnson), M. Jolin-Barrette (Borduas), M.
Surprenant (Groulx), Mme Soucy (Saint-Hyacinthe), M. Spénard
(Beauce-Nord), M. Paradis (Lévis), M. Picard (Chutes-de-la-Chaudière), Mme Roy
(Arthabaska), M. Lemay (Masson).
Mme
David (Gouin), M. Khadir (Mercier), Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques).
Le Vice-Président (M. Gendron) : Y a-t-il des abstentions? Il n'y en a pas. M. le
secrétaire général, pour le résultat du vote.
Le
Secrétaire : Pour : 85
Contre :
24
Abstentions :
0
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, la motion est adoptée.
En conséquence — s'il vous plaît! — le
principe du projet de loi n° 37, Loi
confirmant l'assujettissement des projets de cimenterie et de terminal maritime
sur le territoire de la Municipalité de Port-Daniel—Gascons au
seul régime d'autorisation... est adopté.
M. le leader du
gouvernement pour la suite des choses.
Renvoi
à la Commission de l'économie et du travail
M.
Fournier : Conformément à l'article 243 du règlement, je fais motion afin
que ce projet de loi soit déféré à la Commission de l'économie
et du travail pour étude détaillée, M. le Président.
Mise
aux voix
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Merci. Est-ce que cette motion est adoptée?
Des voix :
Adopté.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Adopté.
Motions
sans préavis
Alors,
nous en sommes maintenant à la rubrique des motions sans préavis, et je
reconnais un membre du deuxième
groupe d'opposition, c'est-à-dire M. le
député de Groulx,
pour la présentation de sa motion. M.
le député de Groulx,
à vous la parole.
M.
Surprenant : M. le Président, je demande le consentement pour déposer la motion suivante
conjointement avec la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques :
«Que
l'Assemblée nationale prenne acte des propos tenus hier par le ministre
délégué aux Transports et à l'Implantation de la stratégie maritime, selon qui les augmentations de tarifs allant
jusqu'à 25 % imposés par la Société des traversiers sont une
excellente nouvelle;
«Qu'elle se dissocie
de tels propos et reconnaisse que de telles hausses sont déraisonnables et
alourdissent injustement le fardeau fiscal des citoyens;
«Qu'elle réclame que
toute hausse de tarifs ne devrait pas excéder l'inflation.»
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, M. le leader adjoint du gouvernement?
Il n'y a pas de consentement. Maintenant, un membre du groupe formant le gouvernement. Et
c'est Mme la ministre de la Famille qui veut présenter sa motion sans préavis,
et je lui cède la parole. Mme la ministre, à vous.
Souligner
la Journée internationale des familles
Mme
Charbonneau :
Merci, M. le Président. Je sollicite le consentement de cette Assemblée
afin de présenter la motion suivante conjointement avec le député de Terrebonne,
la députée de Repentigny et la députée de Gouin :
«Que l'Assemblée
nationale souligne la Journée internationale des familles qui aura lieu le
15 mai;
«Que
cette journée soit l'occasion de mettre en relief la solidarité qui unit les
familles dans leur recherche d'une meilleure qualité de vie;
«Que par le fait
même, le gouvernement du Québec réitère sa volonté de soutenir les familles québécoises,
notamment dans leur effort de conciliation travail-famille, et d'assurer leur
mieux-être et leur épanouissement.»
Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Alors, y a-t-il motion pour débattre de cette motion?
M.
Sklavounos :
Nous proposons l'adoption sans débat, M. le Président.
Mise
aux voix
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, est-ce que la motion est adoptée?
• (11 h 20) •
Des voix : Adopté.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Adopté. Maintenant, un membre du groupe formant l'opposition
officielle. Je cède la parole à M. le député de Marie-Victorin
sur la présentation de sa motion sans préavis. M. le député, à vous.
Exiger que les consultations
et les travaux du Chantier
sur l'acceptabilité sociale soient menés de façon
transparente et soient ouverts tant aux citoyens
qu'aux représentants de la presse
M.
Drainville : Merci, M.
le Président. M. le Président, je sollicite le consentement des membres de cette Assemblée afin
de présenter, conjointement avec le député de Mercier, la motion
suivante :
«Que l'Assemblée nationale affirme que
l'acceptabilité sociale est un aspect essentiel de tout projet de développement économique au Québec et d'une
exploitation des ressources naturelles respectant la volonté des Québécois;
«Qu'elle
exige du gouvernement que les consultations et les travaux du Chantier sur
l'acceptabilité sociale soient menés de façon transparente, ouverte et
publique, tant aux citoyens qu'aux représentants de la presse;
«Qu'elle rappelle l'engagement du premier
ministre du 24 avril 2014, qui a promis de donner aux citoyens le
gouvernement le plus transparent et ouvert qu'ils auront eu au Québec.»
Et là ça va être très intéressant d'entendre
s'il y a consentement ou pas.
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, merci, M. le député. Y a-t-il consentement?
M.
Sklavounos :
Adoption sans débat, M. le Président.
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, est-ce que cette motion est adoptée?
Des voix : Adopté.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Je cède maintenant la parole à Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques pour sa présentation de sa
motion.
Mme Massé : Merci, M. le Président.
Je demande le consentement de la Chambre pour débattre de la motion suivante
conjointement avec la députée d'Arthabaska :
«Que
l'Assemblée nationale affirme son inquiétude devant l'augmentation du nombre de
citoyennes et de citoyens ayant de la difficulté à payer leurs comptes
d'électricité;
«Que
l'Assemblée nationale demande au gouvernement de respecter le plan de partage
des trop-perçus d'Hydro-Québec établi
par la Régie de l'énergie afin que ces trop-perçus, qui ont atteint
160 millions $ en 2014-2015, soient retournés aux
consommateurs dès 2016.»
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion? Alors, il n'y a pas de
consentement. Ça met fin à la présentation des motions sans préavis.
Avis touchant les travaux des
commissions
Et je cède la
parole à M. le leader adjoint du gouvernement pour les avis concernant les
travaux en commissions. M. le leader.
M.
Sklavounos :
Oui. Merci, M. le Président. J'avise cette Assemblée que la Commission de l'économie
et du travail entreprendra l'étude détaillée à l'égard du projet de loi n° 37,
Loi confirmant l'assujettissement des projets de cimenterie et de terminal maritime sur le territoire de la Municipalité
de Port-Daniel—Gascons au
seul régime d'autorisation de
l'article 22 de la Loi sur la qualité de l'environnement, aujourd'hui, après
les affaires courantes jusqu'à 13 heures, et poursuivra de
15 heures à 18 heures, à la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine;
La Commission des institutions poursuivra les
consultations particulières sur le projet de règlement relatif au Règlement sur le changement de nom et d'autres
qualités de l'état civil pour les personnes transsexuelles ou transgenres
dès maintenant pour une durée de deux heures et de 15 heures à
18 heures, à la salle Louis-Joseph-Papineau;
La Commission
des finances publiques poursuivra, quant à elle, les consultations
particulières à l'égard du projet de loi n° 38, Loi visant à
permettre la réalisation d'infrastructures par la Caisse de dépôt et placement
du Québec, dès maintenant pour une durée
d'une heure et de 15 h 30 à 18 heures, à la salle du Conseil
législatif. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, merci, M. le leader adjoint du gouvernement. Pour ma part, je vous
avise que la Commission de l'administration publique se réunira aujourd'hui, à
la salle des Premiers-Ministres de l'édifice
Pamphile-Le May, d'abord en séance de travail, après les affaires courantes
jusqu'à 13 heures, afin de préparer l'audition du ministère de
l'Éducation, du Loisir et du Sport sur la gestion administrative; en séance
publique, de 15 heures à
18 heures, afin d'entendre le ministère
de l'Éducation, du Loisir et du Sport
sur sa gestion administrative; et en
séance de travail, de 18 heures à 18 h 30, afin de statuer sur les observations, les conclusions
et les recommandations à la suite de l'audition du ministère de
l'Éducation, du Loisir et du Sport sur sa gestion administrative.
Renseignements sur les travaux
de l'Assemblée
Nous en
sommes maintenant à la rubrique Renseignements sur les travaux. Est-ce qu'il y
a des questions concernant les renseignements sur les travaux? Je cède
la parole à Mme la leader de l'opposition officielle. À vous, madame.
Mme
Maltais :
Merci, M. le Président. Simplement, je veux discuter un peu du délai de
convocation des groupes pour les
consultations particulières, c'est un problème actuellement dans nos travaux.
Avant d'entreprendre l'étude d'un projet
de loi, vous le voyez, on discute ici entre leaders de la possibilité d'avoir
des consultations soit particulières soit générales. Ce n'est pas une
règle écrite, c'est une règle non écrite qui veut qu'il y ait un minimum de
sept jours pour entendre les gens, pour
laisser l'espace aux gens, le temps d'écrire un mémoire. Or, on parle de
minimum de sept jours, mais, quand on
parle d'un minimum, c'est parce qu'on se dit : On se donne un délai. Mais
ce n'est pas du tout, du tout l'usage,
il arrive, par exemple, que, dans certains cas de consultation, on donne deux
semaines, trois semaines, un mois. En
fait, le minimum n'était à peu près jamais utilisé, sauf depuis le début de
cette législature, M. le Président. Depuis le début de cette législature, quasiment systématiquement on donne
seulement entre sept et 10 jours aux gens pour écrire des mémoires.
Or, un projet de loi doit être étudié attentivement à partir des auditions.
Qu'est-ce qui
s'est passé? Puis c'est là-dessus que je veux entendre le leader adjoint du
gouvernement. Dans le cas du projet de loi n° 10, par exemple, qui
a été adopté sous bâillon, une dizaine de groupes se sont désistés parce qu'ils
n'avaient pas le temps d'écrire leurs mémoires.
Alors, moi,
ce que je veux savoir de la part du leader du gouvernement : Est-ce que
c'est devenu une pratique que de
travailler sur la base du minimum acceptable dans cette Assemblée ou si on va
véritablement donner du temps aux gens pour écrire leurs mémoires et
qu'on puisse étudier de façon convenable les projets de loi?
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, merci, Mme la leader. M. le leader adjoint du gouvernement, en réponse
à la question posée.
M.
Sklavounos :
Oui. Merci, M. le Président. Comme la collègue l'a mentionné, il n'y a pas de
règle écrite à ce niveau-là, il y a
une pratique. Et sachez que le gouvernement, à chacune des consultations, nous
le prenons très au sérieux. Lorsqu'on
demande et on s'entend sur des consultations, c'est afin de pouvoir donner
l'occasion au public de se prononcer sur
des projets de loi qui sont d'intérêt général, des fois plus particuliers, mais
qui sont... Évidemment, pour nous, entendre le public et les groupes est
très, très important.
Maintenant,
dans la mesure du possible, on essaie toujours de donner le maximum. Sachez
qu'à chaque fois qu'on regarde une
consultation le but, c'est de donner le maximum, mais, évidemment, des fois les
délais ne nous le permettent pas pour
différentes raisons. Mais sachez que c'est la volonté du gouvernement de
toujours pouvoir donner le maximum de temps de préparation aux groupes
qui viennent participer à des consultations devant nous, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Oui, Mme la leader de l'opposition officielle.
Mme
Maltais :
Je veux bien comprendre. Je comprends que le leader me dit : On essaie de
donner un maximum, sauf que, dans la
très, très grande majorité des projets de loi déposés dans cette législature,
le délai moyen n'a été que de
10 jours. Donc, est-ce que le leader est en train de me dire : Non,
nous allons changer les habitudes, c'est la première année du
gouvernement, on voulait procéder vite, mais maintenant on va accorder enfin
l'espace nécessaire, le temps nécessaire
pour que les groupes puissent déposer des mémoires? Parce qu'il est anormal que
tant de groupes soient obligés de se
désister parce qu'ils n'ont pas le temps d'écrire des mémoires. Ce n'est pas
sain démocratiquement, puis je pense qu'on pourrait s'entendre
là-dessus.
Le Vice-Président (M. Gendron) : M.
le leader adjoint du gouvernement.
M.
Sklavounos :
Alors, je ne peux pas donner un chiffre précis à la collègue. Elle connaît très
bien... Elle a été leader du gouvernement, elle sait à quel point c'est
difficile de donner un chiffre précis en nombre de jours, d'heures, de semaines
de préparation. Ce que je peux réitérer — et c'est tout ce que je peux
dire — c'est
que dans chacun des cas — parce que chacun est un cas d'espèce — dépendamment de la situation du
gouvernement, l'agenda législatif, on essaie
toujours de donner le maximum. Il n'y a pas de volonté de la part du
gouvernement du tout, du tout, mais du tout de restreindre le temps de préparation, le but est toujours de donner le
plus de temps de préparation possible. Mais, quant à donner un chiffre exact ou parler plus
précisément, je me trouve dans la difficulté, comme ça aurait été difficile
pour la collègue, lorsqu'elle était au gouvernement, d'être plus précise
sur ces questions-là. Je n'ai rien à ajouter. Merci.
• (11 h 30) •
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, ça devrait, normalement, mettre fin à
l'échange. Oui, Mme la leader.
Mme
Maltais : Je vais clore cet échange par un bref commentaire
et ouvrir un autre sujet, simplement, qui est aussi, je pense... qu'il
est intéressant qu'on débatte ici.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : ...il serait préférable d'aller sur l'autre sujet tout
de suite.
Mme
Maltais : Alors,
je vais y aller tout de suite. Alors, je comprends du leader du gouvernement que dorénavant nous pourrons nous entendre
pour avoir des délais de consultation qui ressemblent plus à la normale.
Maintenant,
parlant de délai de consultation... Mais là c'est... avant de faire un délai de consultation, l'autre sujet, c'est que, normalement, on fait une liste et
pour ça on essaie de s'entendre sur la liste. Or, il y a un projet de loi sur
le tabagisme, fort important, qui a été
déposé récemment, nous avons envoyé une liste de groupes que nous voulons
consulter, mais on n'a toujours pas
de réponse. Alors, j'aimerais savoir si on va bientôt avoir une réponse sur la
liste des groupes qui pourraient être consultés dans le projet de loi
sur le tabac.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, M. le leader adjoint du gouvernement, vous
avez des indications à donner à cette Chambre?
M.
Sklavounos :
Ce que je peux vous dire : que j'ai été interpellé un petit peu à ce
sujet-là hier par le leader adjoint. Ce que
je peux vous dire, c'est que nous sommes en train de regarder, et il y aura
réponse sous peu, là. On est en train d'analyser la liste. C'est tout ce
que je peux dire pour le moment. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Oui?
Mme
Maltais : La signification de «sous peu»; est-ce qu'on
pourra avoir une réponse cette semaine? Est-ce que c'est possible? D'habitude, ça se fait rapidement.
D'habitude, c'est le gouvernement qui nous presse. Là, c'est nous qui
voulons l'adopter. Alors...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Bien, par la phrase...
Mme
Maltais :
...un «sous peu».
Le Vice-Président (M. Gendron) : Juste une seconde. Par la phrase «les discussions
se poursuivent», ça suppose que c'est cette semaine qu'il a l'intention
de donner une réponse.
M.
Sklavounos : Écoutez, ce que je peux vous dire, c'est que
les discussions se poursuivent entre les bureaux de leaders.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : C'est ce que j'ai...
M.
Sklavounos : La collègue est leader du gouvernement, alors
elle doit être, je vous dirais, plus au courant, plus à jour que moi-même ici, en Chambre, vu que les
discussions se passent entre les cabinets des leaders. Je n'ai rien à ajouter,
M. le Président.
Mme
Maltais : Justement, M. le Président, je suis leader et je
le dis : Nous avons envoyé une liste, nous n'avons toujours pas de
réponse. Alors, on n'est plus en discussion, puisqu'on n'a pas de réponse. On
veut discuter.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Bien, je vous invite à ce que les discussions
aient lieu. Mais c'est assez clair, là, par rapport à votre question, c'est clair. Vous, vous prétendez, comme
leader, qu'il n'y en a pas, et ça a été dit. Alors, on compose avec
cette information.
Affaires du jour
La
réponse des affaires courantes étant terminée, nous allons maintenant passer
aux affaires du jour, et je cède à nouveau la parole à M. le leader du
gouvernement pour qu'il nous indique qu'est-ce qu'il amène comme sujet aux
affaires du jour.
M.
Sklavounos : Oui. Merci, M. le Président. Je vous demande
d'appeler l'article 2 de notre feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi n° 20
Reprise du débat sur
l'adoption du principe
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, à l'article 2 du feuilleton d'aujourd'hui, c'est : L'Assemblée
reprend le débat, ajourné le 12 mai 2015, sur l'adoption du principe du
projet de loi n° 20, Loi édictant la Loi favorisant l'accès aux services de médecine de famille et de
médecine spécialisée et modifiant diverses dispositions législatives en
matière de procréation assistée. Et moi, je ne sais pas quel collègue avait la
parole, de quel côté...
Une voix : ...
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Oh! alors là, je le sais. Alors, je reconnais M. le député de Rimouski. Est-ce
que vous aviez commencé votre intervention?
M. LeBel : Oui.
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, vous allez poursuivre votre intervention?
M. LeBel : Il me restait combien de
temps?
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Bien, normalement... Moi, je ne sais pas quel temps qu'il vous restait. On
va vous le dire. On vous le dit, on vous le
dit. Neuf minutes. Alors, vous avez neuf minutes pour terminer votre
intervention, commencée hier probablement. Alors, à vous la parole pour
la poursuivre. M. le député de Rimouski, à vous.
M. Harold LeBel (suite)
M.
LeBel : Merci, M. le Président. Hier, j'avais commencé mon allocution
en expliquant le projet de loi n° 20, un projet de loi complexe.
Et, comme députés, on entend souvent des gens qui viennent nous voir au bureau
et qui nous expliquent un peu leur vision
des choses. Et souvent c'est là qu'on fait nos réflexions et qu'on prend nos
décisions à partir de gens qui
connaissent la situation, qui vivent les situations. Et c'est... en tout cas,
c'est comme ça que je fais et dans plusieurs domaines.
Concernant le
projet de loi n° 20, j'ai eu plusieurs représentations, dont la
représentation d'une femme médecin qui
m'expliquait, par une lettre, la réalité de son travail et l'impact que
pourrait avoir le projet de loi n° 20. J'ai lu la lettre hier. Je vais en rappeler quelques extraits qui
expliquent, je pense, un peu la résultante de cette loi-là dans nos régions
et auprès des services aux citoyens. Ce que
cette dame me disait : «Les quotas irréalistes et la nécessité d'atteindre
un taux d'assiduité du projet de loi
n° 20 réduiront le temps que les médecins de famille consacreront à leurs
patients, créant de nouveaux — et probablement pires — problèmes d'accès pour ceux qui ont besoin
d'une attention particulière, comme les aînés souffrant de problèmes de
santé chroniques et complexes, les enfants et les adolescents atteints de
certains troubles spécifiques, les gens
ayant des problèmes de santé mentale, etc. Pour ces patients comme pour tous
les autres, une diminution de qualité
des soins signifie des risques bien réels et une perte potentielle importante
de leur qualité de vie.»
Un autre
passage important : «Manifestement, avec les nouvelles obligations que
veut imposer le ministre[...], les médecins
de famille risquent de ne pas suffire à la tâche. Cela pourrait avoir des
conséquences dramatiques pour l'ensemble de notre système de santé déjà fragile. De surcroît, le mépris véhiculé
par le ministre [...] envers les médecins de famille québécois avec son projet de loi n° 20,
jumelé à la coercition jamais vue qui en caractérise le contenu, risque d'une
part de décourager les étudiants en
médecine d'opter pour la médecine familiale comme choix de carrière et d'autre
part de pousser à la retraite [définitivement] des médecins en fin de carrière. Est-ce que
c'est ce que vous désirez comme député et
législateur? — que la dame me demandait. «Pourtant, c'est
ce qui risque bel et bien d'arriver si le projet de loi n° 20 devient loi. [...]Nos élus — selon elle — doivent entendre les médecins omnipraticiens
et ouvrir les yeux sur les dangers du
projet de loi n° 20. Comme médecins, nous sommes conscients des problèmes
d'accès et nous sommes prêts à collaborer avec les autorités gouvernementales pour améliorer la situation. Mais le
projet de loi n° 20 n'améliore en rien l'accès aux soins. Il s'agit
d'un faux remède, avec des effets secondaires très dangereux, bien pire que le
problème auquel il veut s'attaquer.»
La dame
m'expliquait aussi sa réalité de médecin au quotidien : «Je ne travaille
pas à temps partiel. Je travaille plutôt
l'équivalent de deux semaines dans une depuis quatre ans — deux semaines dans une depuis quatre ans.
Lorsque j'ai appris que j'étais
enceinte cet été, je n'ai pas pris de vacances dans l'année pour être
disponible pour mes patients avant
mon "congé" de six mois de maternité» — congé entre guillemets. Quand je retournerai
au travail après six mois, sans avoir
eu de retrait préventif, je reprendrai les nuits d'urgence, les semaines
d'hospitalisation de 7 jours 24/24 et bien sûr mes patients de bureau. La plupart des patients sont conscients de
l'ampleur de mes responsabilités et ne se formalisent pas des délais dans les retours d'appels. Certains
pensent encore que, quand je ne suis pas au bureau, je suis en vacances.
Certains sont surpris de me croiser la nuit
à l'urgence auprès de leur mère après m'avoir vue le matin pour leur fils au
bureau.»
C'est le
quotidien que... cette vision, puis hier j'ai expliqué davantage... que
cette femme médecin de Rimouski avait du projet de loi n° 20. Je
rappelle, c'est une femme médecin, et je rappelle la position du Conseil du
statut de la femme, qui disait que les
quotas de patients... c'est ça, ce sont les femmes médecins qui seront le plus
pénalisées. Les femmes prennent en
majorité le congé parental et ensuite elles s'occupent plus des enfants en
termes d'heures par jour. Ce qui fait
que, quand on leur propose des quotas, elles sont vraiment atteintes
directement. Il est certain, de l'aveu même du Conseil du statut de la femme, que les contraintes et quotas imposés
par le ministre seront plus difficiles à respecter par les médecins travaillant en deçà d'un certain
nombre d'heures. Il est permis de penser que les femmes médecins travaillent
généralement un peu moins d'heures que leurs
confrères, puisqu'elles ont un revenu moyen considérablement inférieur à celui de leurs collègues masculins, et ce, peu
importe le nombre d'années de pratique. Les responsabilités familiales, assumées davantage par
les femmes médecins que par les hommes médecins, ainsi que les congés de
maternité seraient à la source de cet
écart entre les sexes. Selon une étude réalisée au Québec, les femmes médecins
consacrent en moyenne plus de temps
que les hommes à chaque patient. Ainsi, pour un même nombre d'heures
travaillées, le nombre d'actes pourrait être inférieur pour les femmes médecins, ce qui aurait un impact sur
leur rémunération. Parce qu'on peut faire l'hypothèse que les femmes
médecins travaillent généralement un moins grand nombre d'heures que leurs
confrères masculins, notamment pour des
raisons de prise en charge des soins aux enfants et aux proches en perte
d'autonomie, il est à craindre que le modèle proposé pénalise davantage
les femmes médecins que les hommes médecins.
La
lettre de la femme médecin de Rimouski confirme ces craintes que le Conseil du
statut de la femme nous a présentées
en commission. Et j'aimerais bien que le ministre ne soit pas sourd à ces
réalités vécues, que le conseil lui a dites, mais des réalités qui sont vécues concrètement, sur le terrain, dans nos
hôpitaux, et des réalités qui sont vécues par les médecins, mais qui ont
des conséquences sur les patients.
Je
répète, j'aimerais que le ministre ne soit pas sourd à ces interventions-là, à
ces conseils... ou à ces propositions faites
d'une façon correcte. Pourtant, je suis un peu sceptique dans la capacité
d'écoute du ministre. J'ai pu participer à la commission sur le projet de loi n° 10, et qui a fini par un bâillon,
et j'ai l'impression souvent que les critiques... le rôle de l'opposition fatigue souvent le ministre sur
nos façons de... Puis, je le dis d'une façon correcte, là, c'est difficile,
travailler en opposition. Quand on
essaie d'amener les échos de ce qu'on entend sur le terrain, si ça va en
contradiction avec ce que le ministre pense, on voit tout de suite le
blocage.
Puis
ça, on n'est pas les seuls à le dire. Alain Dubuc, qui n'est pourtant pas
quelqu'un de notre... souvent, qui écrit pour nous appuyer, mais quand... Puis
je ne donnerai pas les titres des articles, parce qu'hier j'ai envoyé tout ça
puis ça ne me tente pas de
recommencer une bataille avec le leader du gouvernement, ça fait que je le
laisse. Puis, comme on dit par chez nous, les titres d'articles ne sont
pas fins, ça fait que je vais garder ça de même.
• (11 h 40) •
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Une bonne idée.
M.
LeBel : Bonne idée. Mais, quand même, sur le contenu des textes de M.
Dubuc, ce qu'il nous dit : «La partie patronale que représente [le ministre], c'est l'État
québécois, et cela impose des contraintes dans le ton, les méthodes, les stratégies qu'il déploie.» Je suis plutôt
d'accord avec cette déclaration du journaliste. Le journaliste, M. Dubuc, dit
aussi : «L'incident où le [ministre]
s'est moqué d'un sondage de la Fédération des médecins omnipraticiens, en
disant qu'il avait lui aussi poussé
ses propres membres spécialistes à exagérer leurs réponses, était très
révélateur. Sur sa façon inélégante de ridiculiser ses...» Je suis sur
le bord, je vais faire attention, O.K.? Non, c'est beau.
M.
Sklavounos : ...le collègue a dit qu'il ferait attention.
Là, il s'est glissé dans quelques propos... Je veux juste qu'il évite
ces parties-là. Je comprends, je suis son argumentaire. Juste d'éviter les
qualificatifs, s'il vous plaît.
Le Vice-Président (M. Gendron) : C'était fait, là. Tu sais, c'était déjà fait dans
sa propre phrase, alors ce n'était pas tellement requis. Alors, veuillez
poursuivre.
M. LeBel :
Au fur et à mesure, je m'arrêterai à ces propos, mais ils sont écrits.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : ...il vous reste à peu près 50 secondes, alors
essayez de bien les utiliser.
M. LeBel :
O.K. Bien. Parfait.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Parfait.
M. LeBel :
Ce que j'espère comme législateur, comme parlementaire, c'est qu'on trouve une
façon de faire comprendre au ministre qu'il
y a une manière de travailler avec l'opposition, qu'il y a une manière de
travailler avec... les gens qui sont
venus déposer les mémoires ne sont pas toujours d'accord avec lui, mais qu'il y
a une façon de travailler ensemble
pour améliorer... parce qu'en bout de ligne... améliorer la loi. Parce qu'en
bout de ligne c'est l'accès aux services, c'est les patients, c'est les gens qui sont déjà confrontés à des
réalités très difficiles, qui n'ont pas à se questionner sur tout ça,
qui ont des familles qui ont des gens malades et qui ont besoin d'avoir accès à
des services.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Et moi, je vous remercie parce que le temps...
Une voix :
...
Le Vice-Président (M. Gendron) : Et le temps imparti étant terminé, je vous
remercie, M. le député de Rimouski, de
votre intervention et je cède maintenant la parole à M. le député de Groulx
pour son intervention, toujours sur le même projet de loi. M. le député
de Groulx, à vous.
M. Claude Surprenant
M.
Surprenant : Merci, M. le Président. Alors, le ministre de la Santé
pousse son p.l. n° 20 en faisant miroiter qu'il rendrait plus
accessible le système de santé public, mais c'est tout le contraire qu'il va
engendrer. Je vais vous démontrer pourquoi au cours des prochaines minutes.
Ce projet de loi contient deux
sections très distinctes : une première qui, en fait, fixe des quotas de
patients imposés aux médecins sous
peine de pénalités financières; et une seconde, sur le resserrement des normes
entourant l'accès au programme de
procréation assistée. Ici, je rappelle que la CAQ demande de scinder le projet
de loi en deux. Le ministre de la
Santé n'a aucun argument valable pour justifier son refus. Ce sont deux sujets
pourtant fort distincts, M. le Président. Alors, je vais donc, d'abord,
parler de la procréation puis je reviendrai ensuite sur les quotas de patients
imposés aux médecins.
Vous
l'avez entendu, M. le Président, la CAQ réclame la poursuite du programme
public de procréation assistée en
l'encadrant et en le limitant. Ça pourrait permettre de réduire les coûts du
programme de 30 millions de dollars par année. Et nous demandons au ministre de retirer l'interdiction pour les
femmes de 42 ans et plus... le maintien du droit à la procréation
assistée pour celles qui sont en excellente santé et dont la condition a fait
l'objet d'un bilan médical complet par un
médecin de recevoir un traitement de fécondation in vitro à leurs frais. Bien
que certains enjeux soulevés par le
Programme québécois de procréation assistée puissent remettre en question sa
pertinence, ses retombées positives plaident pour sa préservation. Or,
ses bienfaits : il permet aux couples infertiles d'avoir des enfants,
promouvoit la natalité ou permet à chaque
personne de fonder une famille. Les avantages économiques pour les finances
publiques du Québec à long
terme : bien, les enfants issus de ce programme seront aussi des
contribuables dans un contexte où, dès 2033, les décès — on
anticipe — excéderont
les naissances.
Les
traitements de procréation assistée découlent de conditions médicales. Alors,
pour cette raison, la CAQ considère
que le gouvernement doit continuer à payer pour ces traitements de fécondation
in vitro. Toutefois, pour des raisons financières et éthiques, le
gouvernement doit limiter et encadrer davantage le programme de FIV, comme le recommandait d'ailleurs le Commissaire à la santé
et au bien-être avec les 12 recommandations sérieuses et détaillées
dans le mémoire qu'il a déposé à l'Assemblée
nationale en mars dernier. Le programme de crédit d'impôt que va instaurer
le ministre de la Santé est inéquitable. Il
y a des coûts après le traitement qui ne sont actuellement pas remboursés par
le programme public. Les parents de
la classe moyenne n'auront pas les moyens de se payer les traitements dans le
privé.
Alors,
l'accès aux soins de santé et les quotas. Le p.l. n° 20 est une tentative
du ministre de répondre à plusieurs critiques
lui ayant été adressées lors du p.l. n° 10, soit l'absence de mesures
concrètes pour favoriser l'accès aux soins pour les patients. Le projet de loi veut favoriser l'accès aux services
de médecine de famille et de médecine spécialisée. Il a pour but d'optimiser l'utilisation des
ressources médicales et financières du système de santé afin d'améliorer l'accès aux
services de médecine de famille et de médecine spécialisée. Malgré
l'augmentation des dépenses dans le réseau de la santé lors des 10 dernières années, tous les Québécois
n'ont toujours... accès à un médecin de famille en temps et
lieu. Les patients attendent encore
plus de 16 heures aux urgences. De plus, les délais pour l'accès aux
médecins spécialistes sont inacceptables, dans certaines chirurgies.
Ce qu'il faut
améliorer dans le réseau de la santé? Eh bien, améliorer l'accès aux services
de première ligne, permettre aux Québécois
l'inscription à un médecin de famille, assurer aux inscrits un accès, en temps
et lieu opportuns, aux premières
lignes... aux services de première ligne, dis-je, un accès aux services de
consultation spécialisée — on parle ici de chirurgie — et
éviter les urgences pour les conditions non urgentes.
M.
le Président, les objectifs contenus dans le projet de loi n° 20,
d'augmenter la prise en charge des patients, sont bons, mais les moyens employés par le ministre de
la Santé ne le sont pas. Les risques, en effet, pervers du projet de loi
n° 20 sont d'amplifier certains
problèmes et d'en ajouter de nouveaux. Le ministre de la Santé pousse son p.l.
n° 20, je le répète, en faisant
miroiter à la population qu'il y aura un médecin pour tous, mais cela
n'arrivera pas, M. le Président, avec les façons de faire, bien au contraire. D'abord, voici les données sur
lesquelles se base le ministre de la Santé : en Ontario, il y a 103 omnipraticiens pour 100 000
habitants; au Québec, c'est 116 omnipraticiens pour 100 000 habitants,
soit à peu près 12,5 % de plus.
Alors, la proportion de Québécois n'ayant pas de médecin de famille est un sur
quatre, approximativement; en
Ontario, on parle d'un sur 10. Donc, il se base là-dessus. Il conclut de façon
simpliste que, si les Québécois n'ont pas tous accès à un médecin de famille, eh bien, c'est parce que les
omnipraticiens ne travaillent pas assez et ne prennent pas assez de
patients en charge. On conçoit donc le p.l. n° 20.
Alors,
voici, en résumé, ce qu'il en est. Donc, les mesures pour les médecins de
famille... Le ministre veut déployer des
mesures contraignantes pour obliger les médecins à une certaine productivité
dans le but de favoriser l'accès pour les patients. Un omnipraticien
devra assurer le suivi médical d'un nombre minimal de patients et d'un nombre
minimum d'heures d'activité médicale sous
peine de réduction de sa rémunération. On parle d'un minimum de 1 000
patients en plus d'assurer leurs
heures à l'hôpital, et leur rémunération sera basée sur le taux d'assiduité de
leurs patients. Ce nouvel indicateur
correspondrait au ratio entre le nombre de visites d'un patient à son médecin
de famille par rapport au nombre total de consultations de ce patient au
cours de l'année. Ça veut dire que la rémunération des médecins diminuerait progressivement à mesure que le taux d'assiduité
de leurs patients baisserait, alors, ça irait jusqu'à une pénalité de 30 %
du salaire. Québec est la seule province
canadienne où des quotas seraient imposés aux médecins de famille. Et le projet
de loi prévoit aussi la fin des primes aux
médecins de famille pour la prise en charge de patients — alors, il faut se demander si le
ministre est d'accord avec ça — et la fin des activités médicales
particulières.
Maintenant, les
risques majeurs et les effets pervers possibles du p.l. n° 20. Les
effets pervers sont majeurs et risquent
d'amplifier certains problèmes et d'en ajouter de nouveaux. Alors, l'accès aux
soins pourrait être réduit. Le p.l. n° 20 va se traduire par
une bureaucratie plus lourde et complexe, beaucoup de ressources humaines et
financières seront inutilement dépensées
dans le contrôle des activités des médecins. Les... informatiques pour
l'appliquer sont inexistants présentement. Les jeunes médecins vont
délaisser la médecine familiale et le régime public, craint-on. Les médecins omnipraticiens
enseignants pourront difficilement concilier leurs tâches pédagogiques et le
suivi, imposé, d'un quota minimal de patients. Certains auraient déjà même signé
des lettres de renonciation, M. le Président.
Le projet de loi n° 20 impose par ailleurs
à des médecins n'ayant jamais fait de prise en charge et de suivi de première ligne l'obligation soudaine d'en faire
sous peine de sanctions, et ce, sans nécessairement être à jour dans leurs
connaissances
médicales. Le projet de loi n° 20 du ministre de la Santé va se traduire
par une augmentation des dépenses de
la rémunération des médecins. Il y aura forcément plus d'actes médicaux qui
seront posés par des médecins. En fait, si le gouvernement force les médecins à augmenter la cadence des visites
pour qu'ils puissent atteindre les quotas imposés, les médecins pourraient bien développer le réflexe
de multiplier les analyses et tests en lieu et plan d'un examen physique
plus complet. Avec le mode de rémunération
actuel, plus les médecins posent d'actes médicaux, comme vous le savez,
plus ils sont rémunérés.
Et puis les
femmes médecins pourraient être pénalisées. Je vais essayer de faire part des
données de comparaison publiées par
M. Alain Dubuc, là, le 26 février dernier. Alors, il indique que les
femmes sont désormais plus nombreuses que
des hommes en médecine de famille. Elles représentaient 46 % en 2007,
49 % en 2011 et 52 % en 2003. Aujourd'hui, 77 % des médecins omnis sont âgés de moins de
35 ans et sont des femmes, M. le Président. Alors, la féminisation se
poursuivra, d'ailleurs, au cours des prochaines années. Il est clair que les
premiers médecins victimes des sanctions financières imaginées par le ministre
de la Santé en matière de non-respect des obligations seront donc des femmes,
M. le Président.
• (11 h 50) •
En raison des
congés de maternité que plusieurs d'entre elles doivent prendre, tout comme les
impératifs liés à la conciliation
travail-famille, valeur d'importance dans le Québec contemporain, elles seront dès le départ défavorisées par rapport à leurs homologues masculins dans l'atteinte des
cibles fixées unilatéralement par le ministre. Alors, une telle discrimination est
inacceptable et méprisante envers les omnipraticiennes.
D'autre part,
les médecins qui veulent se soustraire aux quotas risquent de se désaffilier du
régime public pour travailler dans le
privé et ils auront droit de le faire. Les médecins seront tentés de prendre
leur retraite plus rapidement,
par ailleurs. La durée des consultations en cabinet pourrait être écourtée, et les
patients âgés et avec des problèmes de santé chroniques vont en payer le
prix.
Au final, le projet de loi n° 20 pourrait mener à augmenter le surdiagnostic, a
des effets importants sur les coûts, la qualité, l'efficacité, l'efficience et l'accessibilité des soins de
santé offerts aux patients et, par le fait même, sur l'ensemble de
l'efficacité du réseau de la santé.
Alors, la
position de la CAQ, maintenant. Alors, au départ, la Coalition avenir Québec a proposé cinq solutions pour adresser les
principaux problèmes liés à l'accès aux soins de santé dans le réseau. Ces
solutions ne peuvent être critiquées par le
docteur, puisqu'il... le ministre, dis-je, puisqu'il les défendait en 2012, lorsqu'il
était candidat avec la Coalition avenir Québec. Alors, voici ce qu'elles
étaient.
Un, il faut revoir la rémunération des médecins
afin qu'une partie importante de leur rémunération soit liée à l'atteinte d'un
nombre minimal de patients pris en charge. Alors, toutes les commissions sur la
santé, au Québec, depuis 40 ans, ont suggéré
de modifier le système qui paie 75 % de la rémunération des médecins en
fonction du volume d'actes dans une
journée, et seulement 4 % pour la capitation, ce qui est la prise en
charge de patients, M. le Président. En
2012, en tant que candidat, alors, le ministre était fortement d'accord...
candidat de la CAQ, dis-je, alors, le ministre était fortement d'accord avec cette proposition. Il ne peut donc
critiquer cette approche aujourd'hui, mais il le fait quand même. Le mode de rémunération contribue à affecter
la pratique. En Ontario, 34 % sont rémunérés selon le mode de la
capitation, un montant fixe par patient, disais-je tantôt, un mécanisme
pratiquement inexistant au Québec. Or, le fait de payer les médecins en fonction du nombre de
patients facilite le travail en équipe, la délégation et donc la prise en
charge d'un plus grand nombre de ces
patients. Bref, le problème de la charge de travail des médecins est complexe,
et la charge frontale du ministre ne constitue pas la meilleure façon de
résoudre la problématique, bien au contraire.
Deuxièmement, abolir progressivement les activités médicales particulières, les AMP, c'est possible
et sans qu'il n'y ait de problème de découverture dans les
urgences, ce qui avait mené à la mise en place des AMP, rappelons-le, au
départ. En raison de l'augmentation des
cohortes de médecins, évidemment, depuis une dizaine d'années, M. le Président,
il y a assez de médecins au Québec pour
couvrir les urgences et augmenter la prise en charge en première ligne. Ce
n'est définitivement pas le problème.
C'est plutôt la répartition et l'accessibilité de ces médecins qui est en
cause, de même que la répartition des tâches entre les professionnels de
la santé.
Troisième
point, changer la Loi sur l'assurance maladie pour permettre aux
omnipratriciens... praticiens, pardon, de
déléguer certains de leurs actes à du personnel paramédical sans perte de rémunération.
Alors, c'est l'un des éléments les
plus importants pour renforcer la première ligne, l'organisation du travail
entre les médecins et les infirmières, M. le Président.
Quatrième point, établir des corridors de
services prioritaires pour que les médecins spécialistes traitent les patients
référés par les médecins de famille.
Cinquième point, entente avec des cliniques
spécialisées affiliées au réseau public pour certaines chirurgies ambulatoires.
Alors, les
consultations particulières du projet de loi n° 20 se sont terminées le
mercredi 25 mars, après quelques semaines
de travaux. Près de 45 groupes sont venus présenter leurs commentaires, idées
et critiques au ministre de la Santé, et
près de 70 mémoires ont été déposés à la Commission de la santé et des services
sociaux. Or, à la suite de ces consultations, la CAQ a ajouté à ces cinq propositions de départ d'autres suggestions
positives et constructives pour régler une fois pour toutes l'attente dans le réseau de la santé et
améliorer le programme de procréation assistée, M. le Président. Et voici donc
ces deux autres suggestions. Donc, une qui devient la sixième : développer
à grande échelle l'accès adapté afin qu'il devienne
la norme. Ce système permet au patient de prendre un rendez-vous rapidement, en
fonction de l'urgence de sa situation de santé, auprès d'un des membres
de l'équipe soignante, dont fait partie son médecin... et entre autres, un médecin de la clinique, un résident, une
infirmière praticienne spécialisée, infirmières cliniciennes, et autres. Alors,
le rendez-vous est donné la journée
même ou dans les 48 heures suivant l'appel, et les résultats sont probants, M.
le Président. Alors,
l'autre point qu'on ajoute, donc, qui devient le septième, c'est prioriser et
harmoniser la finalisation du déploiement du Dossier santé Québec et des dossiers médicaux électroniques, qui
vivent de nombreux problèmes, comme en faisait état le député de La Peltrie un peu plus tôt aujourd'hui, M. le
Président. Alors, au Québec, les médecins communiquent mal entre eux au sujet de leurs patients, ce qui
occasionne des délais de consultation et des coûts. Le retard du Québec dans
l'informatisation du système de santé
explique en partie les lacunes de communication. C'est une priorité
incontournable.
Alors, au
total, la CAQ propose donc sept mesures qui répondent aux besoins des citoyens
sans les risques inutiles contenus dans le projet de loi n° 20. Alors, avec nos propositions, la
Coalition avenir Québec va augmenter la prise en première ligne... de charge afin que ces médecins suivent en moyenne
1 500 patients sans que ce soit conditionnel à des quotas complexes et coûteux à administrer. Ça va
également désengorger les urgences, prises d'assaut par les patients qui
n'ont pas accès à un médecin de famille, M. le Président. Ça va aussi améliorer
l'accès aux médecins spécialistes et réduire
les délais d'attente en chirurgie. Ça va limiter la hausse des coûts constante
liée à la rémunération des médecins et répondre aux objectifs visés par
le projet de loi n° 20 sans les risques inhérents.
Alors, le ministre de la Santé, je le répète,
pousse son projet de loi n° 20 en faisant miroiter à la population
qu'il y aura un médecin pour tous, mais cela n'arrivera pas, pas avec ces
façons de faire là, M. le Président, bien au contraire.
Même que nombreux sont ceux qui prétendent que la face cachée du
p.l. n° 20 est plus de place au privé. Alors, on voudrait
privatiser le système qu'on ne s'y prendrait pas autrement, M. le Président.
Alors,
maintenant, M. le Président, je veux vous parler des médecins, comment ils
vivent ça, comment ils se sentent. Alors,
les médecins reconnaissent l'importance d'améliorer les conditions d'accès aux
services médicaux de première ligne, ils sont les premiers à vouloir
résoudre les problèmes qui se rattachent à l'atteinte de cet objectif. Les
médecins n'acceptent pas que le
gouvernement, avant d'avoir même discuté avec eux des solutions pouvant mener à
un meilleur accès médical, en vienne
maintenant, de manière intempestive, à vouloir corriger près de 25 ans de
mauvaises décisions en usant
d'intimidation. Les gouvernements libéraux et péquistes qui se sont succédé
depuis 40 ans sont les artisans des problèmes d'accès, qui nuisent aux services médicaux de première ligne,
et, depuis plus de deux décennies, ils n'ont cessé de diriger les médecins omnipraticiens par la
contrainte et les sanctions envers les établissements de son réseau, forçant
ainsi des milliers d'entre eux à mettre de côté, en tout ou en partie, la prise
en charge et le suivi des patients en première ligne. J'encourage vivement le ministre de la Santé à renoncer à l'abus
de pouvoir et à avoir un dialogue avec les omnipraticiens pour trouver de vraies solutions concrètes qui ne
compromettront pas le bien-être de la population québécoise et du système
de santé. Alors, un dialogue, ça nécessite l'écoute, M. le Président.
Il y a à
peine deux ans, la FMOQ a déposé au gouvernement un important plan de
redressement. Malheureusement, c'est
demeuré lettre morte. Aujourd'hui, le gouvernement annonce soudainement qu'il
veut s'attaquer de manière expéditive aux problèmes d'accès en matière
de soins médicaux et en disant que les omnipraticiens sont responsables des déficiences dans le fonctionnement du réseau
public de première ligne. Alors, je vais ici corriger quelques énoncés. Alors, un des mythes est que les médecins ont, depuis une
quinzaine d'années, réduit la quantité de services qu'ils offrent à la population.
La RAMQ a récemment simplifié la facturation en créant de nouveaux actes
uniques qui combinent un ensemble d'actes
qui étaient autrefois facturés séparément. Donc, une belle explication ici. Ça
veut dire que les médecins facturent désormais un seul acte au lieu de
plusieurs mais effectuent la même quantité de travail qu'auparavant, ce
qui ne peut que fausser l'interprétation du
calcul. À cela il faut rajouter le fait que les visites médicales sont
maintenant beaucoup plus longues
qu'il y a 15 ans. C'est largement causé par le fait que la médecine de
famille a beaucoup changé. Les patients veulent plus se renseigner qu'avant, ils veulent que leur médecin soit à
l'écoute de leurs problèmes physiques, mais aussi psychologiques. Combinée au fait que la médecine
se complexifie jour après jour... développement constant de nouvelles
lignes directrices, nouveaux diagnostics,
nouveaux tests de dépistage, et j'en passe, cette exigence requiert beaucoup,
donc, plus de temps. La durée d'une
seule visite est encore plus longue lorsqu'on ajoute le facteur du
vieillissement important de la
population. Cela mène à des discussions nécessaires au sujet de l'acharnement
thérapeutique, de la pertinence de cesser certains médicaments, de la
perte d'autonomie et du besoin de relocalisation dans des centres d'hébergement.
Pour toutes
ces raisons, la simple comptabilisation du nombre d'actes que les médecins
facturent à la RAMQ est une mesure très inexacte de leur charge de
travail.
Un deuxième
mythe, c'est que les médecins de famille ne travaillent pas assez, puisque
60 % d'entre eux cumulent moins
de 175 jours de travail par année, pour une moyenne globale de
117 jours. Alors, il est inexact, ici encore, d'estimer que le nombre de journées de travail comptabilisé
par la RAMQ est un reflet de la productivité des médecins de famille. La RAMQ ne comptabilise que les jours durant
lesquels un service leur a été facturé. Ça signifie que les jours consacrés à
des activités non rémunérées — des comités, des mises à jour de
connaissances médicales, la paperasse inévitable — évidemment, ne sont pas inclus dans le dénombrement des journées travaillées. Être
médecin, c'est du 9 à 5. Par exemple, les gardes de 24 heures ne
sont pas comptabilisées... ne sont comptabilisées, dis-je, que pour une seule
journée de travail.
• (12 heures) •
Le ministre
de la Santé a calculé son 117 jours en se basant uniquement sur la moyenne
de journées travaillées de 59 %
seulement des omnipraticiens. Les données publiées par la RAMQ en 2013
démontrent plutôt que l'ensemble de
tous les médecins de famille travaillent en moyenne 192 jours par année.
Ce chiffre est d'autant plus significatif qu'on inclut les centaines de nouveaux médecins de famille qui commencent leur
pratique en juillet seulement, donc après leur graduation. Nous sommes
donc très loin du 117 jours par année cité par le ministre.
Alors, je
vais avancer un peu plus vite, là. Bien, je vais... Alors, le mythe 3,
c'est que l'imposition de quotas de patients
et de taux d'assiduité assurera une meilleure qualité de soins. Alors, le taux
d'assiduité ne rime pas avec disponibilité, M. le Président.
Alors, je
vais parler maintenant de l'effort des médecins, ce qu'ils ont fait pour
essayer de régler les problèmes. Il y
a eu une opération de prise en charge. Alors, l'objectif, c'est que 80 %
des Québécois soient inscrits auprès
d'un médecin de
famille d'ici la fin de l'année 2017. Alors, comme constat, alors, la majorité
des Québécois, 65 %,
ont un médecin de famille, ce qui
représente 5,3 millions de citoyens inscrits. De façon générale, pour les
patients âgés de 55 ans ou plus, le taux d'inscription atteint 78 %, et il
croît graduellement en fonction des tranches d'âge jusqu'à atteindre 100 %
dans certains cas.
Alors,
il reste donc 1,2 million de Québécois à inscrire. Cette clientèle,
principalement non vulnérable, est âgée entre 10 et 39 ans dans une proportion des trois quarts. Les
médecins de première ligne ont inscrit, entre le mois de juillet 2013 et le mois de juin 2014,
281 000 nouveaux patients orphelins, toutes catégories confondues. De
ce total, 182 000 provenaient du
guichet d'accès et 99 000 étaient hors guichet. Alors, c'est une très
bonne tendance et preuve que les mesures incitatives fonctionnent. Alors, la FMOQ est d'avis qu'il sera
possible d'atteindre l'objectif d'inscrire 90 % de la population d'ici
deux ans.
Alors,
pour terminer, M. le Président, je le répète, le ministre pousse son p.l. n° 20
en faisant miroiter à la population
qu'il y aura un médecin pour tous. On fait mal, par contre, à ceux à qui on
demande d'aider et qui se donnent déjà corps et âme pour supporter le régime public. Or, nombreux prétendent que la
face cachée, je le répète, est plus de places au privé. On voudrait privatiser le système qu'on ne s'y prendrait
pas autrement. Alors, on ne peut supporter une telle façon...
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, je
vous remercie, M. le député de Groulx, de votre intervention, je vous
remercie de votre intervention sur le
projet de loi concerné.
Et je cède maintenant la parole à M. le député de Saint-Jean pour la poursuite du débat sur toujours le même
principe du projet de loi. M. le député de Saint-Jean, à vous la parole.
M. Dave Turcotte
M.
Turcotte : Merci beaucoup, M. le Président. Aujourd'hui,
nous intervenons sur le projet de loi n° 20. Pour se situer, c'est la loi édictant... projet de loi
édictant la Loi favorisant l'accès aux services de médecine familiale et de
médecine spécialisée en modifiant diverses dispositions législatives en
matière de procréation assistée.
Vous
savez, M. le Président, vous êtes au fait de l'actualité parlementaire,
plusieurs projets de loi concernant la santé ont été
présentés par le ministre de la Santé
et des Services sociaux : le projet de loi n° 10, qui, bon, réforme le système de
santé, le projet de loi n° 20, que nous allons débattre dans les prochaines
minutes, et le projet de loi n° 28, qui incluait un aspect sur la santé notamment
pour les pharmaciens.
Vous
savez, M. le Président, vous l'avez peut-être vu, j'ai eu l'occasion
de manifester... ou de marcher, plutôt, parce que, dans leur cas,
«manifester», c'est un bien grand mot. Les professionnels de la santé, notamment
les pharmaciens, c'est assez rare
qu'ils sortent dans les rues pour manifester. Mais ils l'ont fait, ils ont
marché avec leurs collègues infirmières, infirmiers, préposés, médecins pour dénoncer justement
cette séquence, comme ils disaient, 10, 20, 28, donc les trois projets de
loi qui mis ensemble ont des impacts
inquiétants ou significatifs sur le système
de santé. J'ai eu l'occasion
de marcher avec eux dans la région de
la Montérégie, justement, devant le bureau de circonscription du ministre, député
de La Pinière, et avec ma collègue la députée de Pointe-aux-Trembles, tous les deux pour représenter l'opposition officielle, bien
entendu, mais aussi pour aller en appui avec nos pharmaciens, nos
pharmaciens de nos circonscriptions qui oeuvrent dans la... Il n'y a
pas plus présent sur le territoire québécois que les pharmaciens, hein, parce qu'il y a beaucoup plus de pharmacies, donc de points de
service de santé, que de nombre d'hôpitaux au Québec, sur le territoire.
Concernant
les pharmaciens, on pourra y revenir, mais, dans le projet de loi n° 20, trois aspects majeurs : médecins de famille, médecins spécialistes et la
procréation assistée. Dans la première section, sur les médecins de famille,
l'élément significatif, bon, de
prévoir un quota minimum de patients que devra suivre chaque médecin de famille selon le nombre d'années de
pratique qu'il compte... Moi, ce que ça m'amène à me questionner, c'est... Bon,
premièrement, dans le projet
de loi, si on lit le projet de loi, uniquement
le projet de loi, c'est assez difficile de se faire une idée de l'intention du
ministre, ou de l'intention du
législateur dans un sens plus large, parce que la plupart des éléments du
projet de loi nous réfèrent aux règlements qui seront adoptés par le
Conseil des ministres par la suite.
Donc,
ce n'est pas ici, à l'Assemblée nationale, ce n'est pas ici qu'on va décider
des règlements. Vous avez une expérience
politique assez grande pour savoir ça. Donc, en quelque sorte, c'est d'adopter
un projet de loi qui dit quelques éléments, mais on ne sait pas à quoi
s'attendre dans les règlements. Je comprends que le ministre nous a présenté quelques éléments qu'il pourrait y avoir dans les
règlements, mais des règlements, ça se change beaucoup plus facilement
qu'une loi, bien entendu.
Donc,
quand on parle de quotas, M. le Président, on peut se questionner sur un aspect
assez significatif, c'est : Comment nous allons comptabiliser ça?
Comment ça va se faire? Et là, là-dessus, je pourrais vous dire ici, bon... les
quotas imposés par le ministre — parce que c'est ça, là, par règlement, comme
je vous ai dit : Pour une personne, ça peut aller de 0,8 à 25, tout dépendant de la personne. Donc, le médecin qui
arrive... non, le patient qui arrive dans le bureau du médecin, pardon, ou ailleurs, va être évalué
par le médecin puis il va dire : Bien, en fonction de telle situation de
santé, telle problématique de santé
que le patient ou le malade a, bien, on va lui donner une note, une évaluation.
Bon, bien, toi, là, tu es un 0,8, toi, tu es un 1,5, toi, tu es un 20.
Ça
fait pas mal mathématiques, ça fait pas mal chiffres. Je n'ai rien contre les
mathématiques, je n'ai rien contre les chiffres, mais on a toujours dit
que la santé, c'était aussi une relation humaine entre un médecin et son patient;
de l'écoute, de l'attention. Moi, je pense
que, quand on est malade ou quand on pense être malade et qu'on se présente
pour rencontrer notre médecin, le
dernier souci que nous voulons avoir, c'est de lire, dans les yeux du médecin,
son évaluation mathématique qu'il fait de nous, de notre quota puis de
comment ça va valoir dans son quota annuel.
Puis
ce qui me questionne beaucoup : ce n'est pas par choix que les médecins
vont devoir le faire, c'est par obligation. Puis ça, ça amène aussi à se questionner sur tout le travail des
médecins, notamment les médecins de famille dans ce cas-ci, sur les autres occupations qu'ils ont à faire,
notamment la question de l'enseignement. Puis je vais vous parler d'un exemple
très concret.
Vous
savez, bon, bon nombre de personnes au Québec n'ont pas de médecin de famille,
dont je suis. Les chiffres : en
Montérégie, on parle d'à peu près 25 % de la population n'ont pas de
médecin de famille. Une solution qui avait été mise de l'avant pour
régler une partie de cette situation-là pour les gens de la circonscription de
Saint-Jean, mais plus largement du Haut-Richelieu—Rouville, donc les circonscriptions
de Saint-Jean, Chambly, Iberville, une partie de Huntingdon, c'est de mettre en
place une unité de médecine familiale, une unité de médecine familiale en lien
avec l'Université de Sherbrooke, qui fait en
sorte que les étudiants en médecine, dans leur fin d'études, vont pouvoir
pratiquer, recevoir des patients à
l'unité de médecine familiale, mais aussi pratiquer à l'Hôpital du
Haut-Richelieu, qui est à proximité.
Moi, ce qui
m'inquiète, c'est qu'on le sait, puis, pour les avoir rencontrés à l'époque
lorsque nous avons mis en place cette unité de médecine familiale là,
qui a été, bon, mise en place sous le gouvernement du Parti québécois, les professeurs de l'Université de Sherbrooke
m'avaient sensibilisé à l'importance de l'enseignement puis de transmettre aux
générations plus jeunes leurs connaissances.
• (12 h 10) •
Quand on sait
que, comme j'ai mentionné précédemment, le projet de loi prévoit un quota
minimum de patients que devra suivre
chaque médecin de famille selon le nombre d'années de pratique qu'il compte,
donc, je suppose que plus il aura
d'années de pratique, plus il devra recevoir de patients. S'il doit recevoir plus de patients, est-ce qu'il aura encore le temps de transmettre autant ses connaissances aux
plus jeunes?
À ce sujet,
le mémoire de la direction de Département de médecine de l'Université McGill, Université de Montréal, Sherbrooke et Laval dit : «Le projet
de loi n° 20 a dès maintenant plusieurs impacts qui nous font craindre le
pire.
«[...]on sent
malheureusement de la démotivation, du cynisme, du découragement,
de la démobilisation — chez
nos collègues, bien entendu. Un nombre trop élevé d'entre eux a commencé à nous
exprimer[...], au cours des dernières semaines, [qu'ils] remettent en question
leur [pratique] à l'enseignement.»
Moi, ce qui
m'inquiète, c'est dans le cas des unités de médecine familiale, parce que nous
n'avons pas la seule unité de médecine familiale à
Saint-Jean-sur-Richelieu, il y en a d'autres au Québec. Nous avions une
solution ou un début de solution pour régler
une partie du problème d'avoir plus de médecins de famille pour notre monde, de
former davantage de médecins de
famille, mais, avec ce projet de loi là, est-ce que nous aurons encore des
médecins professeurs, enseignants,
qui vont enseigner dans l'unité de médecine familiale, qui vont enseigner à
l'Université de Sherbrooke, qui vont
enseigner dans les autres universités du Québec qui forment nos médecins?
Est-ce qu'il y aura encore des jeunes qui voudront pratiquer la médecine familiale avec les quotas et tous les
autres éléments que je pourrais mentionner dans ce projet de loi là?
Moi, M. le
Président, je me suis inquiété il y a de ça pratiquement un an, une décision du
gouvernement d'abolir une quarantaine
de lits à l'Hôpital du Haut-Richelieu, notamment en pédiatrie et à peu près le
même nombre de postes d'infirmières,
au même moment où on agrandit l'Hôpital du Haut-Richelieu de 43 %, un
investissement de 109 millions annoncé
par la première ministre Pauline Marois. Parce que l'Hôpital du Haut-Richelieu,
depuis 1971, n'a pas eu de travaux, donc elle date; la population a
doublé depuis. Je me suis inquiété à savoir s'il allait y avoir encore des
infirmières à l'intérieur pour pratiquer à l'hôpital.
Je peux me questionner aussi à savoir est-ce
qu'il y aura des médecins qui vont soigner à l'hôpital, avec ce projet de loi n° 20, puis je pourrais
mentionner le projet de loi n° 10 qui revoit aussi tout le système de
santé puis qui fait en sorte que,
bien, les décisions de Saint-Jean, bien, ça va se prendre à Longueuil, et
puis... Mais ça dépend, là. Ça, c'est si c'est l'hôpital. Parce que, là, si c'est pour les enfants autistes, bien
là ça, c'est à Châteauguay que ça va se décider, et puis, si c'est pour la protection de la jeunesse, bien
ça, c'est à Saint-Hyacinthe que ça va se décider. Donc, il n'y a plus grand
décision qui va se prendre à Saint-Jean localement. Pourtant, tous ces sièges
administratifs étaient à Saint-Jean avant. Il
faut avoir la préoccupation, dans le système de santé, de mettre le patient au
coeur du système et non pas le système autour de décisions prises par le
ministre. Et, moi, c'est ce qui m'inquiète, M. le Président.
Donc, des
quotas, plus de calculs. Pour faire ces calculs, ça va prendre plus de
bureaucratie au même moment où le
ministre nous dit : Ah! il faut couper dans la bureaucratie, il faut
abolir les agences, il faut regrouper les CSSS pour créer des mégastructures
qui sont les CISSS. M. le Président, moi, je peux m'inquiéter sur la plus-value
de cette décision.
J'aimerais
aussi, M. le Président, aborder la question du volet de la procréation
assistée, qui est aussi au coeur de
ce projet de loi là. Plusieurs personnes ont contacté mon bureau de
circonscription, m'ont parlé dans des activités, m'ont écrit sur ma page Facebook de député, à se
questionner : Qu'est-ce qui allait arriver avec leur projet d'avoir un
enfant? Moi, je crois que, bon, il y
a plusieurs choses qui ont été mises en place au Québec pour favoriser le...
avoir plus d'enfants au Québec :
les centres à la petite enfance, les congés parentaux. Le programme de
procréation assistée aussi en fait partie. Et on peut se questionner sur
le fait que...
Bon, nous, ce
que nous dénonçons, c'est les conséquences de ce projet de loi là, parce qu'il
crée un véritable frein à l'accès au
programme. Avec tous les critères qui sont mis de l'avant, tant dans le projet
de loi que dans les esquisses de règlement qui nous ont été présentées
par le ministre, nous pouvons se questionner sur ces nouveaux critères.
Ceci dit, ça
n'empêche pas de mettre des balises; mais il y a une différence entre des
balises et un frein. Des balises, ça peut aussi faire en sorte qu'il y
ait plus de gens qui bénéficient du programme parce que le programme sera mieux
adapté, mieux géré et mieux organisé pour répondre aux réels besoins de notre
population.
Sur le crédit
d'impôt, il faudra que le couple n'ait aucun enfant pour pouvoir en bénéficier,
ce qui limite grandement le nombre de
personnes qui pourront y avoir accès. Si un des deux conjoints a déjà eu un
enfant avec un autre conjoint, il est automatiquement exclu. Ça, c'est
le genre de mesure qui n'est pas adaptée à la réalité des familles
d'aujourd'hui.
Vous savez,
M. le Président, lorsqu'on fait du porte-à-porte ou en campagne électorale, il
faut faire attention. Quand on voit
des jeunes avec des parents, on ne peut pas dire, comme ça, automatique :
Ah! ça, c'est votre fils ou c'est votre
mère, puis tout ça, parce que les familles nucléaires ou recomposées font en
sorte que ça amène des particularités. Mais c'est aussi, dans ce projet de loi là, un
frein parce que quelqu'un qui a eu un enfant dans une autre vie... bien, on dit
«une autre vie» parce que c'est quasiment
une expression, hein, parce qu'aujourd'hui, bon, on change de conjoint ou de
conjointe puis ça devient une autre vie, on
recommence, on vend la maison, on en achète une nouvelle, bon. Ça fait
en sorte que le ciment ou les fondations de ce nouveau couple là, qui peut se
connaître depuis plus longtemps... au fond, quelqu'un
peut avoir eu un enfant, avoir été en couple pendant un an, deux ans, avec
quelqu'un et, 15 ans plus tard, décide, là, d'avoir un enfant, et le nouveau conjoint, même si, 15 ans plus
tard, c'est... bon, on peut quasiment... on va l'appeler, pour faciliter les choses, le «nouveau conjoint»,
là, ne pourrait pas avoir recours au programme. On peut se questionner
sur cet aspect.
On
peut aussi se questionner, M. le Président, sur ce qui n'est pas dans le projet
de loi. Parce qu'on parle beaucoup de
ce qui est ou de comment on pourrait l'améliorer, mais je pense que, comme
députés, nous avons aussi une responsabilité d'amener des idées, des suggestions au gouvernement. Puis c'est pour ça
qu'en commission parlementaire nous avons l'occasion d'amener ou de
modifier des projets de loi et faire en sorte que la plupart des projets de loi
sont adoptés à l'unanimité à l'Assemblée
nationale, bon, à l'exception, quand le projet de loi, finalement, on ne peut
pas terminer le travail en commission parlementaire puis qu'il est
adopté sous bâillon...
Disons
que, dans le projet de loi n° 10, on n'a pas pu faire beaucoup
d'amendements puis on n'a pas pu beaucoup le rendre plus adapté aux réalités des régions. Mais, dans ce cas-ci,
dans le projet de loi n° 20, nous allons déjà souligner quelques éléments qui pourraient, bon... qui ne se
trouvent pas dans le projet de loi n° 20, qu'on pourrait reprendre, comme
des mesures pour favoriser l'interdisciplinarité et le recours à d'autres
professionnels en première ligne. Parce que, oui, les médecins sont
importants, mais, comme je le disais au début de mon intervention, les
pharmaciens sont importants, les
infirmières, les infirmiers sont importants, les préposés aux bénéficiaires
sont importants, tout le monde est
important dans le système de santé, et les spécialistes aussi. Pour avoir
rencontré à quelques reprises l'APTS dans ma circonscription, bon, tous leurs membres, qui font un travail important...
c'est comme ça qu'on va réussir à améliorer le système de santé.
• (12 h 20) •
Des
exigences quant aux heures d'ouverture afin de garantir un accès des patients à
leur médecin les soirs et les fins de
semaine, ça aussi, M. le Président, c'est répondre aux nouvelles réalités de
notre monde. Moi, je trouve ça vraiment incroyable quand on voit — puis ça fait les manchettes
régulièrement — le
nombre de personnes qui doivent attendre aux aurores, là, hein, aux petites heures du matin, pratiquement à
3 h 30, 4 heures du matin, pour avoir un rendez-vous dans
la clinique médicale Médi-Soleil, pas
parce qu'ils ne sont pas bons, parce que c'est à peu près la seule, et faire en
sorte que les gens doivent aller chercher, là, leur petit numéro puis là
attendre, au grand froid, avec leur enfant malade, ou des personnes âgées, vulnérables, qui ont des
problèmes de santé. Puis là on attend, on attend, le matin, aux petites heures,
la nuit. Sinon, bien, ces gens-là vont aller à l'urgence
puis ils vont attendre aussi. Donc, de pouvoir prévoir que des médecins puissent offrir des soins les soirs et les fins de semaine parce que nous ne décidons pas quand nous sommes malades,
ça se peut qu'on tombe malade le soir puis la fin de semaine.
Des
investissements en prévention et en santé publique pour prévenir
et pour éviter les problèmes de santé avant qu'ils n'apparaissent,
encore là, un gouvernement qui a décidé de faire des coupures, des compressions
dans la santé publique... Pourtant, si nous
voulons améliorer la santé des Québécois, bien c'est en investissant dans la santé
publique et dans la prévention, dans les saines habitudes de vie, par
exemple.
Je
pourrais aussi vous parler du virage des soins à domicile, parce que
plus on incite les gens à rester chez eux puis leur offrir des soins aux bons endroits, bien, ça fait en sorte que
les gens sont plus heureux, vivent plus longtemps et vivent en meilleure santé. Donc, ça nous coûte
moins cher, mais aussi les gens ont une meilleure qualité de vie. Parce que la qualité de vie, c'est important
et ça devrait être au coeur de tout projet de loi sur la santé.
Des
mesures pour accélérer l'informatisation du réseau de la santé, parce qu'encore là, un exemple, on ne décide
pas où on tombe malade non plus, au même
titre qu'on ne décide pas quand on tombe malade, on ne décide pas où nous
tombons malades... Et faire en sorte que
l'informatisation du réseau de la santé permette d'avoir des gains en termes de
temps et de coûts pour faire en sorte que,
peu importe où nous sommes ou à quel hôpital nous allons, bien, le médecin
peut avoir rapidement notre dossier santé...
Donc,
en terminant, M. le Président, beaucoup de travail à faire pour améliorer ce
projet de loi n° 20. Et moi, je peux assurer les Johannais et les Blaisois que je serai à l'affût, dans
ce projet de loi là, pour m'assurer que les gens de Saint-Jean, de Saint-Blaise puissent avoir le
meilleur système de santé et les meilleurs soins. C'est ce que nous avons fait,
c'est ce que j'ai fait depuis ma première
élection, et je vais continuer à le faire pour s'assurer que les gens aient une
meilleure santé, aient accès, aient accès à un médecin de famille. Merci
beaucoup, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Je vous remercie, M. le député de Saint-Jean, de
votre intervention. Et je suis prêt à
entendre le prochain intervenant et je reconnais maintenant M. le député de
Bourget pour son intervention. Oui, Mme la leader du gouvernement.
Mme
Maltais :
Pouvez-vous vérifier s'il y a quorum? Je pense qu'on est un peu sur le bord.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Présentement, il n'y a pas quorum, alors nous allons
suspendre quelques secondes. Non, il n'y a pas quorum présentement.
(Suspension de la séance à
12 h 23)
(Reprise à 12 h 29)
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, veuillez vous asseoir, chers collègues, nous allons poursuivre le débat
sur le projet de loi n° 20. Et
l'intervenant qui avait sollicité la parole, c'est le député de
Bourget, et je lui cède la parole pour son intervention. M. le député de
Bourget, à vous.
M. Maka Kotto
M. Kotto : Merci,
M. le Président. Le projet de loi n° 20, Loi
favorisant l'accès aux services de médecine de famille et de médecine spécialisée et modifiant diverses
dispositions législatives en matière de procréation assistée, s'inscrit dans
la foulée des projets de loi n° 10 et n° 28, tous deux adoptés, vous
vous en souvenez, sous bâillon et susceptibles par conséquent d'avoir des
impacts négatifs encore insoupçonnés.
• (12 h 30) •
Avec le projet de loi n° 28, adopté le 20 avril dernier, nous avons eu
l'occasion de dénoncer, entre autres choses, le sort réservé aux pharmaciens à qui le gouvernement libéral impose de
nouvelles règles du jeu, faisant fi du processus de négociation. On l'a dit et répété, les mesures imposées aux pharmaciens propriétaires auront des impacts
négatifs sur la population, plusieurs
pharmaciens se voyant dans l'obligation de réduire les heures d'ouverture de
leurs pharmacies et conséquemment de
réduire leur personnel. Je veux rappeler, M. le Président, que ces
professionnels dans ma circonscription, dans Bourget, comme dans l'ensemble des circonscriptions du Québec, ont
tissé des liens de proximité avec la population, et ce contact
privilégié risque aujourd'hui de s'éroder sur l'autel des politiques
d'austérité du gouvernement libéral.
Sur la
question des piluliers, par exemple, un service qui a fait ses preuves et qui
profite aux personnes malades ainsi
qu'aux aînés qui souhaitent demeurer le plus longtemps possible à domicile, la
réduction des sommes accordées aux pharmaciens
pour la préparation de ces petites boîtes aura des impacts certains. Plusieurs
aînés redoutent qu'une diminution de ce service puisse avoir des
conséquences dangereuses sur leur santé par manque de suivi adéquat. Cette
coupe de 177 millions de dollars en
honoraires aux pharmaciens propriétaires, une décision purement comptable, sans
considération des impacts sur la
population, est, disons-le, carrément irresponsable. On constate que tous les
arguments qui sont soulevés, même lorsqu'ils sont soutenus par des
professionnels de la santé, n'ont que peu d'effet sur le gouvernement libéral.
Nous avons
subi la même arrogance du gouvernement libéral avec l'adoption du projet de loi
n° 10 sur l'organisation de la gouvernance du réseau de la santé et
des services sociaux.
Le Vice-Président (M. Gendron) : ...un
instant, M. le député de Bourget. Oui, M. le leader adjoint.
M.
Sklavounos :
C'est au niveau du langage. Le terme «arrogance», c'est un langage qui est
blessant en vertu de notre règlement
35.7. Je pense que le collègue, généralement, il... Mais je veux éviter qu'il y
ait de tels propos dans...
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Juste une minute. J'ai entendu ça des centaines de fois. En règle générale,
il est acceptable. C'est un langage parlementaire. C'est une expression qui
fait partie de notre coutume, en tout cas. Cependant,
je dis toujours la même chose, chaque intervenant doit porter ce qu'il dit.
C'est pour ça que les débats sont télévisés,
il va vivre avec. Par contre, il faut toujours être prudent, comme toujours, et
je vous invite à poursuivre tout en étant prudent, ce qui est
habituellement votre règle.
M. Huot : Question de règlement.
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Oui, je veux bien vous entendre.
M.
Huot : Dans notre lexique des propos non parlementaires, «arrogance»,
M. le Président, décision du 8 mai 2002, de votre prédécesseure Louise Harel, au niveau «arrogant», plusieurs
décisions aussi. Donc, c'est un propos non parlementaire, M. le
Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Non, mais, un instant, je vais vérifier. Effectivement, moi, je ne l'ai pas vu,
dans la liste des propos parlementaires, «arrogance», je n'ai pas ça dans ma
liste des propos...
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Oui.
Mme
Maltais :
J'ai entendu comme vous maintes, maintes et maintes et maintes fois, en cette
Assemblée, le mot «arrogance», de
quel que soit le gouvernement, je l'ai entendu de la part des députés
ministériels aujourd'hui, qui étaient dans l'opposition à l'époque, et nous
n'avons pas protesté, parce qu'il est considéré que c'était d'usage
parlementaire de l'utiliser. Alors, il y a peut-être un petit problème
de cohérence par rapport au passé chez les députés ministériels.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Non, on ne fera pas un problème, parce qu'effectivement il est dans la liste.
Alors, je ne nie pas ce que j'ai dit, mais,
à partir du moment où votre intervention, M. le député, est à l'effet qu'il est
dans la liste des propos
parlementaires, je préférerais que ce propos-là ou ce mot-là ne soit pas
utilisé, parce qu'effectivement la règle veut que, dans les propos mentionnés comme
non parlementaires, on ne les utilise pas. Alors, veuillez faire attention,
M. le député de Bourget, ce qui est habituellement votre habitude. Merci.
M.
Kotto : M. le Président, vous comprendrez que l'attitude du
gouvernement, fort de sa forte majorité, à certains égards et à quelques reprises, notamment avec
l'adoption du projet de loi n° 10, nous a conduits... le projet de loi
n° 10 qui portait sur
l'organisation et la gouvernance du réseau de la santé et des services sociaux,
nous a portés ici, nous avons tous
passé une nuit ensemble ici, en bâillon. Comment qualifier cela? La population
jugera, parce que plusieurs personnes sont
intéressées à nos débats ici, en Chambre, et les suivent très attentivement,
notamment relativement à un enjeu comme celui de la santé.
Notre
collègue de Taillon avait bien résumé la situation en soulignant, et je la
cite : «Ceux qui soignent ou qui
accompagnent les usagers, ceux qui protègent
et défendent les patients, des spécialistes en gouvernance et en protection
de la jeunesse, le milieu communautaire...
toutes ces personnes et tous ces groupes refusent d'adhérer à cette réforme et
sont inquiets des conséquences qu'elle aura.
Le ministre — disait
la députée de Taillon — doit
obtenir l'appui du milieu de la santé
et mobiliser le personnel, plutôt que de leur imposer — de
leur imposer, dis-je, unilatéralement — une
réforme à laquelle ils ne croient
pas.» Comment peut-on qualifier une telle attitude? C'était la citation de ma
collègue de Taillon.
M. le Président, avec le projet de loi
n° 20 qui nous occupe ici aujourd'hui, nous voici dans une position similaire à savoir que la réaction générale a été unanimement défavorable dans les
milieux qui sont pourtant les plus concernés par ce projet de loi, qu'il s'agisse de la Fédération des médecins spécialistes du Québec, de la Fédération
des médecins omnipraticiens du Québec, de l'Association des médecins en CLSC, du
Collège québécois des médecins de famille, bref de la majorité des
groupes reçus en commission parlementaire, soit 35 groupes sur 46 qui ont été
entendus.
Par ailleurs, M. le Président, les 24 autres mémoires reçus traduisent aussi un
profond malaise vis-à-vis de ce projet
de loi porté par le ministre de la
Santé et des Services sociaux du Québec.
Quant à l'approche préconisée par le ministre, je me
contenterai de référer aux articles du journaliste bien connu Alain Dubuc, dans
le journal La Presse, qui soutenait, en
décembre 2014, et je le cite : «La réforme — il nomme le ministre par son nom, mais je ne
puis me le permettre ici, je
dirai — la
réforme [du ministre] risque fort d'avoir tellement d'effets négatifs qu'elle
pourrait mener au résultat contraire et nous éloigner du but recherché,
l'accès a un médecin de famille.» Fin de la citation.
Je
passe rapidement sur les nombreux qualificatifs employés par Alain Dubuc pour
décrire le style du ministre de la
Santé qui, pour le journaliste, confond fermeté et brutalité dans son approche
auprès des médecins généralistes, des pharmaciens
et du réseau administratif. Aussi, comme l'écrit l'ancien ministre Claude
Castonguay, dans son dernier livre La
fin des vaches sacrées, d'aucuns
considèrent inconcevable la «pensée autoritaire hiéarchique» du ministre de la
Santé et des Services sociaux.
M.
le Président, la principale préoccupation qui doit nous guider avec ce projet
de loi comme pour l'ensemble de nos
lois ici débattues ne devrait-elle pas porter sur les impacts et les
conséquences sur la qualité de vie de notre population, d'autant que
nous parlons ici de services offerts par des professionnels de la santé? La
question se pose.
Aussi,
quelque 43 médecins oeuvrant sur le territoire du Centre de santé et de
services sociaux de la Pointe-de-l'Île et
qui dessert une partie importante de la population de l'est de Montréal, dont
celle de Bourget, m'ont écrit, le 20 janvier dernier, pour m'éclairer
sur les impacts du projet de loi n° 20 et ses répercussions sur
l'accessibilité aux soins.
«Le
projet de loi n° 20, soulignent-ils, qui propose de limiter le temps que
[nous consacrons à nos] patients, en les traitant désormais comme
de simples numéros — comme
de simples numéros — aggravera
considérablement les problèmes d'accès aux soins de qualité au lieu de les
régler.»
• (12 h 40) •
Ils
poursuivent en disant, et je cite : «Les quotas irréalistes du projet de
loi n° 20 réduiront le temps que les médecins de famille consacreront à leurs patients, créant
de nouveaux [...] problèmes d'accès pour ceux qui ont besoin d'une attention
particulière, comme les aînés souffrant de
problèmes de santé chroniques, les enfants et [...] adolescents[...], les gens
ayant des problèmes de santé
mentale[, les gens souffrant de douleurs chroniques, certains programmes et
cliniques spécifiques en CLSC], etc.
«[...]De
plus, le projet de loi n° 20 maintient et prolonge l'obligation des
médecins de famille de pratiquer en milieu hospitalier, obligation qui n'existe nulle part ailleurs au pays. Déjà,
les médecins de famille au Québec sont surchargés, car en plus de faire du suivi de patients en
clinique médicale et en CLSC, ils représentent 95 % des effectifs médicaux
travaillant dans les urgences de la province, ils pratiquent plus de 40 %
des accouchements effectués au Québec, ils travaillent
dans les CHSLD, en soins palliatifs, aux soins intensifs, ils hospitalisent les
patients, etc. Tout cela en enseignant et en formant la relève
médicale!» Fin de la citation.
M. le Président, je
cite longuement la lettre des 43 médecins parce qu'elle résume très bien
les inquiétudes entendues lors des audiences
de la Commission de la santé et des services sociaux. Ces inquiétudes
rejoignent notamment celles du
Collège des médecins du Québec qui, le 24 février 2015, dans son mémoire,
s'inquiétait de l'ampleur de tous ces
changements dans la conjoncture actuelle, à savoir «les bouleversements liés
aux déménagements des grands hôpitaux universitaires[...],
l'implantation de nouvelles structures consécutives à l'adoption [de la] loi
n° 10, les changements des modes
de financement des établissements, le tout dans un contexte plus global de
réduction et de contrôle des dépenses de l'État .
«Comment
ignorer ce tableau global — soutient avec justesse le Collège des médecins — quand vient le temps pour un ordre professionnel comme le Collège des
médecins dont la mission est la protection du public, de commenter, avec
les informations très limitées actuellement disponibles, un projet de loi de
nature coercitive pour la profession médicale?» Fin de la citation.
Et ce que nous apprenait Le Devoir,
M. le Président, dans son édition du 6 mai 2015, n'a rien pour
rassurer. En imposant des quotas qui
déshumanisent la pratique de la médecine, plusieurs médecins songent à se
diriger vers le privé, quand ce n'est
pas carrément le projet de quitter pour l'étranger. En somme, avant même son
adoption, les effets pervers des
quotas imposés dans le projet de loi n° 20 se font déjà sentir. Les
chiffres de la Régie de l'assurance maladie du Québec sont clairs : entre le 1er janvier et le
17 avril 2015, cette année, 28 médecins, dont 23 médecins
de famille, se sont désaffiliés. M. le Président, c'est davantage
en trois mois que la moyenne des 10 dernières années, qui s'établit à
24 médecins.
La
transparence et la consultation ne semblent pas non plus être des maîtres mots
dans le vocabulaire du ministre de la
Santé, ce que plusieurs groupes et associations sont venus lui reprocher en
commission parlementaire. Et il a fallu le talonner pour qu'il dépose finalement, le 18 mars dernier, un
projet d'orientation réglementaire, soit quatre mois après le dépôt du projet
de loi, et surtout alors que plus de la moitié des groupes étaient déjà venus
en consultations sans avoir pris connaissance de ces orientations
réglementaires.
On
peut se poser la question légitime, à savoir : Pourquoi le ministre
n'a-t-il pas consulté la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec et discuté avec les médecins avant de déposer
son projet de loi? Plus de transparence aurait notamment évité les
appréhensions des médecins et des directions de cliniques d'avortement et de
planification de naissances, qui ont été
abasourdies de prendre connaissance, dans un document de travail ministériel,
que l'IVG ne serait plus considérée
comme une activité médicale prioritaire. Pressé de questions, le ministre devra
finalement rectifier le tir au sujet du nombre d'avortements qu'un
médecin peut effectuer par année.
M. le Président, plus
de consultations auraient également été bénéfiques, car, sans collaboration
avec les professionnels du réseau, le ministre a choisi de leur
imposer une approche coercitive qui ne garantit aucunement une amélioration de l'accès aux soins pour les patients. Aussi, le portrait du nombre
d'heures travaillées par les médecins, tel
que tracé par le ministre, ne tient pas compte de toutes les autres tâches
effectuées par les médecins de
famille, comme me l'ont mentionné les médecins qui pratiquent
dans Bourget et comme bien d'autres l'ont clairement
expliqué en commission
parlementaire.
En
somme, M. le Président, encore
une fois, le ministre de la Santé et des Services sociaux se donne énormément
de pouvoirs, notamment celui de déterminer, dans certaines circonstances, de
nouvelles conditions et modalités de rémunération applicables aux médecins. Il passe carrément
outre les ententes signées avec les fédérations médicales. Il s'octroie les pleins pouvoirs, comme avec le projet de loi n° 28, en coupant la rémunération des pharmaciens
de 177 millions de
dollars. Et que dire, M. le Président, des impacts de ce projet de loi sur l'enseignement
et la recherche?
Déjà, plusieurs
médecins s'inquiètent que tous ces changements risquent de décourager les
étudiants en médecine d'opter pour la médecine familiale comme choix de
carrière. En effet, la pression sera forte pour que les médecins de famille
augmentent leur présence auprès des patients, reléguant leurs autres tâches au
second plan, notamment celles reliées à l'enseignement. Dans un
mémoire conjoint, les directeurs de départements de médecine familiale et de
médecine d'urgence des Universités de
Montréal, McGill, Sherbrooke et Laval sont catégoriques, je les cite : «Le
projet de loi 20 a dès maintenant plusieurs impacts qui nous font
craindre le pire.
«Même si nos
collègues font preuve de professionnalisme, on sent malheureusement de la
démotivation, du cynisme, du découragement,
de la démobilisation. Un nombre trop élevé d'entre eux a commencé à nous
exprimer[...], au cours des dernières
semaines, [qu'ils] remettent en question leur participation à l'enseignement.»
Fin de la citation.
M.
le Président, un autre des volets importants du projet de loi n° 20
concerne la procréation médicalement assistée. Ma collègue de Taillon l'a souvent dit : Le principal défaut de ce
projet de loi est de confondre les normes de pratique médicale avec les conditions à respecter pour
obtenir un soutien financier de l'État. Aussi, le projet de loi n° 20
limite l'accès aux activités de
procréation assistée sans égard aux normes qui seront établies dans le guide de
pratiques à venir du Collège des
médecins du Québec. Le projet de loi n° 20 suggère des balises qui
empiètent sur les droits fondamentaux de ceux et celles qui souhaitent
fonder une famille.
M.
le Président, j'aurais pu m'exprimer encore une quarantaine de minutes sur la
question, mais je me range, en conclusion,
sur les arguments ici entendus, évoqués par mes collègues, et j'appelle,
disons, un sursaut, du côté du ministre de la Santé, pour qu'il entende
raison pour une fois. Merci.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, merci, M. le député de Bourget. Et,
toujours sur la poursuite du projet de
loi n° 20, je cède maintenant la parole à M. le député de Labelle pour son
intervention. M. le député de Labelle, vous pouvez commencer votre intervention.
M. Sylvain Pagé
M. Pagé :
Oui. Alors, je comprends que, sur les 20 minutes, il me reste à peu près neuf
minutes. Alors, je commencerai et terminerai en fin...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : ...faire 10 puis après ça on...
• (12 h 50) •
M.
Pagé : À peu près
10 minutes. Alors, merci, M. le
Président. Alors, à mon tour de
m'adresser à cette Assemblée dans le
cadre du projet de loi n° 20, un
autre projet important parce qu'on procède présentement à une grande réforme à
l'égard de tout le système de la santé au
Québec, et je pense qu'il est important que l'on prenne le temps de faire
valoir notre point de vue, de faire
entendre au gouvernement nos différentes propositions parce que ce
gouvernement, comme vous le savez,
consulte peu et agit parfois de façon unilatérale et on voit déjà un peu les
conséquences dans la population.
Le
projet de loi n° 20 donc. Je commence toujours, moi, M. le Président, vous
le savez, par la lecture du projet de
loi, le titre, parce que
le titre, normalement, évoque ce
qu'il doit y avoir à l'intérieur du projet de loi. Il est inscrit : Loi
édictant la Loi favorisant l'accès aux services de médecine de famille et de
médecine spécialisée — donc
tout un volet — et modifiant diverses dispositions
législatives en matière de procréation assistée. Déjà là dans le titre, on peut
constater, M. le Président, qu'il y a deux
objectifs fort différents. Moi, je persiste à dire qu'un projet de loi comme
celui-là on aurait dû se concentrer
sur la première partie et présenter un autre projet de loi pour la deuxième
partie, soit celui de la procréation
assistée, où on aurait pu avoir des échanges fort différents. Donc, le ministre
a choisi volontairement d'inclure dans
son projet de loi un volet totalement différent. Alors, quand on a des
consultations publiques, parce que c'est à cet égard-là, je pense, sur lequel on biaise un peu tout le débat, quand on
a des consultations publiques, ça nous permet, quand le sujet est bien précis, bien identifié, d'avoir
des consultations sur le sujet dont on veut apporter une réforme. Dans ce
cas-ci, il y a deux sujets fort différents, et moi, j'aurais préféré qu'il y
ait deux projets de loi.
Ça nous
rappelle, ça nous fait penser à la nouvelle façon de fonctionner de ce
gouvernement. Vous l'avez vu. Est-ce nécessaire
de vous rappeler, M. le Président, qu'on a subi un bâillon dernièrement où,
avec le projet de loi n° 28, on a affecté 59 lois? Pourquoi on a vécu ça dernièrement? Pour la seule
et bonne raison que votre prédécesseur, Jean-Pierre Charbonneau, avait
réussi à faire accepter unanimement, je pense, de l'ensemble des parlementaires
de l'Assemblée nationale qu'on ne puisse
déposer qu'un seul projet de loi à l'intérieur d'un bâillon. Alors, compte tenu
que le gouvernement voulait passer le
bâillon sur plusieurs projets de loi, ce qu'ils ont fait, c'est qu'ils ont
inclus dans une même loi plusieurs choses
pour lesquelles il n'y avait absolument aucun rapport. Donc, je me désole de
ces gestes plutôt antidémocratiques et qui respectent très peu notre
processus parlementaire qui nous permet de pouvoir discourir sur... Oui?
Le Vice-Président (M. Gendron) : ...M.
le leader adjoint du gouvernement.
M.
Sklavounos :
Avec la permission... Et mon collègue est un de ces parlementaires qui fait
toujours attention. «Antidémocratique»,
c'est bel et bien aussi dans le lexique, et le processus qu'il appelle bâillon
est dans notre règlement. Alors, traiter un processus qui est dans notre
règlement d'antidémocratique, premièrement, ce n'est pas logique; deuxièmement, c'est dans notre règlement
également. Alors, j'invite le collègue à être prudent, sans plus. Je connais
bien ce collègue.
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Non, là, je ne ferai pas de jurisprudence maintenant. Moi, j'ai la liste, là. «Antidémocratique», je n'ai pas ça, je n'ai pas ça
dans la liste. Puis de toute façon, écoutez, on pourrait s'obstiner longtemps,
là. Une chose qui est certaine : dans
la liste, je ne l'ai pas. Mais il appartient toujours à la présidence...
Écoutez, il y a le ton, il y a la
forme, et le président a toujours eu une marge de manoeuvre pour interpréter.
Ça allait bien. À ce compte-là, on va toujours être debout, les leaders
vont être toujours debout, puis je ne sais pas quel langage on va devoir utiliser.
Alors, je
répète, là, j'ai entendu ça des centaines de fois. Écoutez, le public, là, est
capable de juger l'usage d'un terme à
l'intérieur d'un propos, mais on ne peut pas l'extirper à chaque fois puis
dire : Ah! il faut arrêter les débats parce qu'on n'a pas utilisé le langage approprié. En tout cas, pour ce qui est
d'«antidémocratique», là, je n'ai pas ça dans ma liste. Et, moi, ma
décision : Veuillez poursuivre.
M. Pagé :
Bien, en fait, je comprends que mon collègue le leader adjoint du gouvernement
soit déçu d'entendre ces mots, mais,
en ce qui me concerne, de façon très objective, je considère que d'inclure dans
un seul projet de loi, dans un
bâillon, d'autant plus dans un bâillon, une loi qui va affecter 59 lois,
et qu'après seulement 20 heures de parlementarisme on adopte cette loi, je considère, et je pense que
la population va être en accord avec cela, qu'il y a un geste là-dedans qui est foncièrement antidémocratique. Alors, je
pense qu'il est légitime de porter ce jugement. Alors, c'est ce que je fais, et
je crois que j'ai le droit de le faire.
Donc, un
deuxième bâillon que nous avons vécu en l'espace de bien peu de temps, le
6 février dernier, le projet de loi n° 10
sur une réforme majeure, une réforme majeure qui soi-disant abolissait les
structures régionales à l'égard des agences
de la santé et qu'effectivement ce n'était pas cela, tout le monde s'en est
rendu compte, et même la deuxième opposition
s'en est rendu compte. Parce que, quand ils ont vu déposer le projet de
loi n° 10, ils ont voté pour le principe. Pourquoi? Parce que
le titre du projet de loi parlait de l'abolition des agences de la santé. Et,
au final, la deuxième opposition, la CAQ, a
voté contre, parce qu'ils se sont bien rendu compte, parce qu'ils ont participé avec nous à la commission
parlementaire, qu'on n'abolissait pas les agences, on créait de méga-agences en
abolissant les structures régionales, qui étaient des structures très près des citoyens et qui respectaient
le principe de subsidiarité, donc que la décision qui y est prise en
regard du service donné aux citoyens, que cela soit le plus près de la population.
Alors, deux
bâillons coup sur coup en l'espace de peu de temps. Deux bâillons qui font fi, je dirais,
de l'acceptabilité sociale. Et c'est
la meilleure façon, c'est la meilleure façon pour qu'on se retrouve comme en
2003. Vous vous en souvenez, M. le
Président, nous étions ici, avec ma
leader. En 2003, dans la première année, le gouvernement du premier ministre Jean Charest a voulu aller
de l'avant très rapidement avec plusieurs mesures, plusieurs changements sans
consulter la population, et, en l'espace de quelques
mois, on s'est retrouvés avec des barrières qui, de semaine en semaine, étaient
enlevées, remises, enlevées, remises, des barricades devant l'Assemblée
nationale, et finalement on a passé, après quelques mois, tout un mandat,
pendant quatre ans, où il y a eu des barricades tout le tour de l'Assemblée
nationale pendant quatre années complètes.
Pourquoi? Parce qu'on faisait des changements majeurs, des changements
importants sans s'assurer d'avoir
l'acceptabilité sociale, sans s'assurer de mettre les gens dans le coup. Et on
se retrouvait à tout bout de champ avec, justement, des confrontations, des
manifestations devant l'Assemblée nationale, et force est de constater que le nouveau gouvernement a décidé d'utiliser à
peu près la même façon d'agir, à peu près la même doctrine. Certains vont dire : Oui,
mais les grands changements, là, il faut les faire, il faut les imposer. Moi,
je dis : Non, plus le changement, il est important, plus les
réformes sont majeures, plus il est important d'avoir cette acceptabilité
sociale.
Prenons
l'atteinte du déficit zéro, lorsque Lucien Bouchard, en 1995‑1996, a convoqué
des grands états généraux pour faire
passer un déficit de 5 milliards... et le résorber en l'espace de trois ou
quatre ans. On l'a fait comment? Et en dollars
constants, là, ça serait un déficit de 11 milliards ou 12 milliards
aujourd'hui. On l'a fait en assoyant à une même table tous les gens concernés par cela, et il n'y a pas eu de crise
sociale comme on vit présentement et comme on est à la veille de vivre de plus en plus. Pourquoi? Parce
que nous avons mis la population dans le coup, parce que les principaux acteurs ont été consultés, et on est arrivés à des
consensus. Aujourd'hui, on nous impose, on nous bâillonne sur des réformes
qui, somme toute, sont fort importantes. Le
budget de la Santé, M. le Président, là, cette année, on vient de passer le cap
des dépenses de... 50 % du
budget du Québec est alloué à la Santé, 50 %. Quand je suis arrivé ici, il
y a 14 ans, c'était 40 %.
Alors, on me
dit qu'il ne reste qu'une minute, alors je vais certainement reprendre en fin
d'après-midi. Évidemment, il y a des
propositions qui sont faites. J'inviterai le ministre, cet après-midi, à
entendre les propositions qui sont faites par les différents partenaires du
milieu de la santé. Je parlerai, cet après-midi, de ce sommet sur la santé qui
a eu lieu en fin de semaine, où
malheureusement le ministre n'était pas présent. C'était un sommet qui était
non partisan. J'étais très heureux de voir que le député de... pas
Gouin, mais...
Une voix : ...
M. Pagé : Le député de
Mercier, pardon. Ma collègue également était présente. Bon, là, j'oublie...
Une voix : ...
M.
Pagé : ...la députée de Taillon, et également il y avait le
député de la CAQ qui était présent. Donc, trois formations politiques.
Alors, je reprendrai sur les propositions en fin d'après-midi.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
En effet. Les travaux sont suspendus jusqu'à 15 heures cet après-midi. Les
travaux sont suspendus.
(Suspension de la séance à 12 h 59)
(Reprise à 15 h 1)
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Alors, bon après-midi, chers collègues. Veuillez vous asseoir.
Affaires inscrites par
les députés de l'opposition
Motion proposant que
l'Assemblée exige du gouvernement qu'il respecte
sa promesse de limiter la hausse des tarifs à l'indexation au coût de
la vie et qu'il rappelle à l'ordre son ministre de la Santé et des
Services sociaux, qui a confirmé une augmentation supérieure
à l'inflation de la contribution des usagers des CHSLD
Nous en
sommes aux affaires inscrites par les
députés de l'opposition. Et, à l'article 38
du feuilleton, aux affaires
inscrites par les députés de l'opposition, M. le député de Rousseau présente la
motion suivante :
«Que l'Assemblée nationale exige du gouvernement libéral le
respect de la parole donnée aux Québécois par le premier ministre, le 5 décembre 2014, selon laquelle la hausse de
tous les tarifs serait limitée à l'indexation au coût de la vie;
«Qu'elle demande au premier ministre de rappeler à l'ordre
son ministre de la Santé et des Services sociaux, qui a confirmé une
augmentation supérieure à l'inflation du tarif exigé aux personnes vivant dans
un CHSLD.»
Je vous informe que la répartition du temps de parole pour
le débat restreint sur cette motion s'effectuera comme suit :
10 minutes sont réservées à l'auteur de la motion pour sa réplique;
environ 52 minutes sont allouées au groupe parlementaire formant le gouvernement; environ 30 minutes sont
allouées au groupe parlementaire formant l'opposition officielle;
environ 21 minutes sont allouées au deuxième groupe d'opposition; six
minutes sont réservées aux députés indépendants.
Dans ce cadre, le temps non utilisé par les députés indépendants ou par l'un
des groupes parlementaires sera redistribué entre les groupes parlementaires
selon les proportions établies précédemment. Enfin, les interventions ne
seront soumises à aucune limite de temps.
Alors, M. le député
de Rousseau, vous avez eu l'honneur de déposer cette motion. Je vous cède la
parole.
M. Nicolas Marceau
M. Marceau : Oui,
merci, M. le Président. Alors, la motion contient deux éléments : premièrement,
que l'Assemblée nationale exige du gouvernement libéral de respecter sa
parole, ce qui est quand même élémentaire, là, je pense, on conviendra de cela
assez rapidement, et cette parole, donnée le 5 décembre dernier, c'était
de ne plus
hausser les tarifs au-delà de l'indexation au coût de la vie. Le deuxième
élément de la motion, celui-là, M. le Président,
il demande au premier ministre de rappeler à l'ordre son ministre de la Santé,
qui avait confirmé à l'époque une
augmentation supérieure à l'inflation au tarif exigé aux personnes vivant dans
un CHSLD. Alors, entre le moment où nous
avons rédigé cette motion et aujourd'hui, M. le Président, il s'est passé
quelque chose, il s'est passé que le ministre de la Santé a reculé, a reculé devant la possibilité que le gouvernement
brise une autre promesse. Il y a eu, évidemment, un tollé, il y a eu des gens qui se sont exprimés, et, devant ce tollé,
devant le fait que la parole du premier ministre allait être brisée, eh bien, il y a eu un recul du gouvernement
libéral, et le ministre de la Santé a finalement battu en retraite. Alors, nous nous en félicitons, évidemment, nous
sommes heureux de constater ce recul du gouvernement, mais, une fois qu'on a dit ça, on est malheureusement obligés de
constater que, des reculs, il n'y en a pas eu suffisamment et que, des
promesses brisées, il y en a trop eu.
Alors, je vais me permettre de vous
rappeler un certain nombre de promesses brisées sur le thème, là, évidemment,
des tarifs. Mais, avant de dire ça, je pense
qu'il faut rappeler ce que le gouvernement nous avait dit en campagne
électorale. Je pense que c'est important.
En campagne électorale, évidemment, il
n'a jamais été question que le gouvernement libéral, que le Parti libéral
augmente les taxes et les impôts; on nous promettait des baisses de fardeau
fiscal. On commence comme ça, là. La promesse
qui était faite aux Québécois, c'étaient des baisses de fardeau fiscal. J'aurai
l'occasion de vous démontrer dans quelques
minutes que rien de tel n'existe en ce moment et qu'au contraire le fardeau
fiscal des Québécois a augmenté.
Il y avait
un deuxième élément qui était que le gouvernement nous disait... que le Parti libéral nous disait : Là, si
nous prenons le pouvoir, non
seulement les services à la population
seront maintenus, plus que ça, on va étendre les services, il y aura plus de services pour les Québécois et, en particulier, il y aura plus de
services pour les aînés. C'est ce qu'on
nous disait en campagne électorale. Alors, M. le Président, dans le cadre
financier, on promettait une hausse des dépenses en santé de 4 % et une hausse des dépenses en éducation de
3,5 %. Ça, c'est la promesse formelle, écrite, là, en toutes
lettres et en tous chiffres dans le cadre financier du Parti libéral en
campagne électorale.
La
réalité, malheureusement, elle est tout autre. Pour cette année, on prévoit une
hausse des dépenses en santé de seulement
1,4 % et, en éducation, 0,17 %. Et évidemment ça ne couvre pas
l'inflation, ça ne couvre pas l'augmentation de la population et ça se traduit, on le sait déjà, par des coupes dans
les services à la population. D'ailleurs, c'est reconnu déjà par le premier ministre, dans la période des
questions, qui nous dit désormais, M. le Président, que, lorsqu'on sera
retourné à l'équilibre budgétaire, alors les services pourront être rétablis.
Mais déjà, donc, il y a une reconnaissance explicite
de la part du gouvernement que nous avons des coupes dans les services à la
population et en particulier en santé et en éducation.
Quoi
qu'il en soit, M. le Président, première promesse brisée. On voudrait que le
gouvernement recule. Il n'a pas reculé
à ce jour sur cette question. Il a reculé sur les tarifs en CHSLD, mais il n'a
pas reculé sur cette promesse brisée sur le financement de la santé et
de l'éducation.
M.
le Président — je vais
quand même ouvrir une petite parenthèse — le gouvernement appuie, justifie ses gestes
par un déficit potentiel qui n'existe pas,
un déficit potentiel de 7 milliards de dollars. Et on sait que ça n'existe
pas. On a demandé, à l'occasion des
crédits... à la fois le chef du Parti québécois a demandé au premier ministre,
j'ai demandé au ministre des Finances
de nous donner des détails de ce 7 milliards de dollars, et vous ne serez
pas surpris d'apprendre que, comme
c'est un chiffre imaginaire, ni le premier ministre ni le ministre des Finances
n'ont été en mesure de nous fournir
des détails sur ce 7 milliards de dollars. Alors, effectivement, il n'y a
personne qui est surpris ici, je pense. C'est un chiffre imaginaire,
mais on justifie par un très gros chiffre les gestes qui sont posés, qui sont
inacceptables et puis qui contreviennent à la parole donnée au moment de la
campagne électorale.
J'aimerais
ajouter, M. le Président, que les pressions avec lesquelles doivent vivre les
ministres du gouvernement présentement
sont des pressions qui n'ont pas été inventées par le Parti québécois. Ces
pressions-là, elles originent de gestes
qui avaient été posés par l'ancien gouvernement libéral du premier ministre
Charest. Puis je vous en donne deux très, très simples, que tout le monde connaît, dont je parle fréquemment. Le
premier, évidemment, c'est la hausse spectaculaire, spectaculaire de la rémunération des médecins. Je
vous donne simplement quelques chiffres pour qu'on soit en mesure de constater, là... En 2005, pardon, en... oui,
c'est ça, en 2005‑2006, la rémunération des médecins s'élevait à
3,3 milliards de dollars; en
2009‑2010, elle était rendue à 4,5 milliards de dollars; en 2014‑2015,
6,6 milliards de dollars. Ça avait doublé. Et après ça on se
demande d'où ça vient, les pressions qui s'exercent sur les finances publiques.
Ça vient de là, M. le Président. Ça vient de cette hausse vertigineuse de la
rémunération des médecins.
Deuxième
facteur fort important que tout le monde connaît aussi, c'est la hausse du
service de la dette, qui découle des
augmentations trop importantes qui ont été faites en infrastructures. Le
service de la dette, je vous donne encore une fois quelques chiffres, en 2009‑2010, il était de 7,8 milliards de
dollars et, en 2014‑2015, il était rendu à 10,8 milliards de
dollars : 3 milliards de plus.
Alors,
vous avez plusieurs milliards du côté de la rémunération des médecins,
plusieurs milliards de dollars du côté
du service de la dette, qui découle du niveau qui était incompatible de
dépenses en infrastructures. Et ça, ça résume la situation dans laquelle le gouvernement du Québec se trouve. Et il n'y a
pas besoin d'inventer des chiffres comme le fait le gouvernement, M. le
Président, ces phénomènes-là sont à l'oeuvre, on le sait déjà.
Lorsque
nous étions au gouvernement, nous avions réduit les dépenses d'infrastructures
de 1,5 milliard de dollars de
façon à ramener à un niveau compatible avec la capacité de payer des Québécois
les dépenses en infrastructures. Le gouvernement
d'en face n'a jamais rien fait à cet égard. Et, sur la rémunération des
médecins, on le sait, tout reste à faire, tout reste à venir. Alors,
simplement une question de contexte, je veux simplement le rappeler, M. le
Président.
• (15 h 10) •
Alors, je redis donc qu'il
y a cette promesse brisée quant au niveau de services en éducation et en santé.
Maintenant, les promesses brisées sur le
plan du fardeau fiscal sont nombreuses. Une première qui vient à l'esprit, je
pense, tout le monde s'en rappellera,
c'est cette promesse solennelle du premier ministre de ne pas augmenter les
tarifs en services de garde, promesse
solennelle. On nous accusait, nous, de notre côté, d'augmenter les tarifs de
7 $ à 9 $ sur deux ans. On
nous disait : Ça va être un choc tarifaire pour les Québécois. Qu'est-ce
que fait le gouvernement? Il a choisi d'augmenter les tarifs non pas de 7 $ à 9 $, mais de
7 $ à 20 $. 7 $ à 20 $, ça, c'est le choix qui a été fait
par le gouvernement, avec les
conséquences qu'on sait sur nos familles, nos familles, qui, on le sait, ont
des difficultés à joindre les deux bouts dans bien des cas avec les autres augmentations de tarifs dont je vous
parlerai plus tard, avec un impact, aussi, potentiel, qui pourrait être significatif d'après le Conseil du
statut de la femme, sur la participation des femmes au marché du travail,
qui est un acquis pourtant dans notre
société depuis longtemps. Quelque chose qu'on croyait avoir gagné pour de bon,
c'est cette capacité de donner aux femmes
qui veulent participer au marché du travail des services de garde de qualité.
Bien, M. le Président, on recule avec le gouvernement. Alors, c'est une
promesse brisée de manière, encore une fois, spectaculaire et de manière triste
aussi pour les Québécois, pour les Québécoises.
Je devrais
ajouter que cette attaque à la politique familiale du Québec est aussi navrante
parce qu'on a remis en cause un
principe qui est cher, en tout cas de ce côté-ci, qui nous est cher, c'est
celui de l'universalité. Nous, on croit que les services publics doivent être fournis à des coûts équivalents pour
tous, et ce principe a été complètement mis de côté par le gouvernement,
et je ne vous cache pas la tristesse que ça me fait ressentir.
Lors de la
mise à jour économique de décembre 2014, le gouvernement a encore une fois
augmenté un paquet de tarifs pour les
particuliers, pour les entreprises, et le résultat, ça a été une hausse de leur
fardeau fiscal de 600 millions. Je peux vous en dire quelques-uns.
Alors, les cotisations syndicales et professionnelles, les taxes sur les
assurances automobile, la prime au travail,
les droits d'immatriculation pour les fortes cylindrées. Et ça, ça s'ajoutait
aux décisions qui avaient été prises
en juin dernier, en juin dernier, donc juin il y a 11 mois, où on avait,
cette fois-là, augmenté le fardeau fiscal
de... Écoutez, si je n'inclus pas la hausse, là, dans les garderies, on en
avait pour 1,1 milliard. Là-dedans, il y en avait de tous les goûts. Pour les entreprises : abolition de
plusieurs mesures fiscales, vous vous en rappellerez, des crédits d'impôt qui avaient été réduits de 20 %,
de... Et puis on avait aussi introduit un certain nombre de mesures par la
suite, en décembre, toujours pour les
entreprises, par exemple, pour le crédit d'impôt R&D, pour une surtaxe pour
les institutions financières, encore
une fois pour les assurances automobile. Enfin, bref, il y a une panoplie de
tarifs qui se sont ajoutés et qui ont augmenté avec le gouvernement.
Et donc, une
fois qu'on a eu augmenté les tarifs de tout le monde, en décembre dernier, le
premier ministre a dit : C'est
fini, c'est fini. Là, là, les Québécois ont fait leur effort, il n'y en aura
plus. Et je peux vous lire ce que le premier ministre avait
déclaré — je
pense que c'est important de le dire : «On n'ira pas plus loin» — le
premier ministre qui parle. «Les
contribuables ont fait de l'effort, on le sait. On le sait que ça n'a pas été
facile. Cet effort est fait.» Et donc il a promis à ce moment-là, après
l'avoir promis en campagne électorale, quand même... Il l'avait promis en
campagne électorale; il a brisé
systématiquement, pendant plusieurs mois, sa promesse. En décembre, il a
dit : Bon, bien, écoutez, j'arrête
de briser ma promesse. Cette fois, c'est fini, je ne la briserai plus, hein?
Cette promesse-là, c'est terminé, je ne la briserai plus. Dorénavant, je
respecterai la parole donnée en campagne électorale.
Bien, M. le
Président, n'eût été de la vigilance de la députée de Taillon, une autre
promesse aurait été brisée. Une autre
promesse aurait été brisée. Le ministre de la Santé voulait augmenter les
tarifs dans les CHSLD de 4 %. Ça représentait,
là, de mémoire, une somme de 10 millions de dollars, et, grâce à la
vigilance de la députée de Taillon, le gouvernement a reculé.
Malheureusement,
ça ne s'arrête pas là, parce qu'on sait que ça réfléchit fort du côté du
gouvernement et qu'on cherche des
façons variées — en fait,
l'imagination semble sans limites, dans ce cas-ci — de taxer encore plus les contribuables québécois. J'en prends pour preuve,
par exemple, cette idée de taxer les campings, M. le Président. On veut taxer les campings. Les Québécois qui ont comme
loisir de passer du temps en camping vont devoir désormais payer plus pour cette fréquentation, pour ce loisir. Puis
avouons-le, là, ce n'est pas le loisir des gens les plus fortunés, hein? C'est
un loisir qui se veut accessible, c'est un loisir qui se veut familial,
et la cible qui est prise par le gouvernement, dans ce cas-ci, c'est les familles. Alors, M. le Président, on va finir par
taxer les «sleeping bags», si ça continue. On n'est pas loin de là, les «sleeping bags», M. le Président,
nombre de «sleeping bags» par tente. C'est vers ça qu'on s'en va. M. le
Président, certains mentionnent les épinettes, derrière moi. On va
souhaiter qu'on ne se rende pas là.
Écoutez, à ce stade-ci, évidemment, on n'a pas
la confirmation, mais on voit que ça réfléchit. On voit que ça réfléchit de l'autre côté, on cherche des moyens
d'augmenter le fardeau fiscal des familles. Puis, là, ça, M. le Président,
c'est fait, là, il y a eu des augmentations
spectaculaires de tarifs pour les permis de pêche et les permis de chasse. Ça,
c'est fait, là. On nous avait promis,
et ça, c'était en décembre dernier, le premier ministre nous avait dit :
C'est fini. J'arrêter de briser ma
parole. J'arrête de briser mes promesses. Et pourtant on a eu une augmentation
de 42 % pour les permis de pêche.
Et ça, c'est 735 000 Québécois, à chaque année, qui se procurent un permis
de pêche, qui respectent évidemment les
obligations qui doivent être respectées par tous les pêcheurs au Québec. Bien,
735 000 personnes qui respectent les lois, qui respectent la réglementation, voient leur permis de pêche
augmenter de 42 %. Et, pour le permis de chasse, permis de chasse à l'orignal, le permis augmente de
12,65 $. Et ça, c'est pour 172 000 Québécois. C'est une augmentation
de 21 % des permis. 21 %.
Est-ce que c'est l'inflation, ça? Je ne vois personne, de l'autre côté, lever
la main, M. le Président. Non, ce
n'est pas l'inflation. C'est beaucoup plus que l'inflation. C'est presque 10
fois plus que l'inflation, M. le Président. Alors, la promesse, encore
une fois, elle a été brisée. Et ça, ça va rapporter un 10 millions de
dollars.
M. le
Président, je me dois de parler des tarifs d'électricité. Et je vois que le
temps passe rapidement, mais je vais finir
là-dessus puis, comme j'aurai le droit de réplique plus tard, je pourrai
compléter. Mais je veux simplement dire sur les tarifs d'électricité que
le gouvernement, le Parti libéral, nous avait promis là aussi qu'il n'y aurait
pas de hausse au-delà
de l'inflation. Et la hausse qui a été annoncée en avril dernier était de
2,9 %, ce qui est beaucoup plus que ce qui avait été promis. Et, M. le Président, je ne suis pas très surpris,
parce que, du côté du Parti libéral, augmenter les tarifs d'électricité,
ça fait partie, donc, des gènes, on dirait.
Il faut quand
même rappeler qu'avec l'appui de la CAQ le Parti libéral voulait augmenter les
tarifs de 20 %. 20 %, 0.01 $
par kilowattheure, 20 %. Ça, c'était en 2012, là. Ce n'est pas il y a 10
ans. C'était en 2012. Ils appuyaient donc la hausse de 0,01 $ du tarif d'électricité, qui devait rapporter
1,6 milliard. Heureusement, le Parti québécois a aboli cette hausse de 0,01 $ et a remplacé ça par une
indexation, ce qui a représenté une économie substantielle pour les familles
du Québec. N'empêche, le fait est qu'encore
une fois le Parti libéral a brisé une promesse dans le cas de la hausse d'avril
dernier des tarifs d'électricité.
Et puis on
sait — je
parlais de la réflexion, là, qui anime le Parti libéral présentement — qu'ils réfléchissent très fort à cette idée d'introduire un tarif pour les
grandes maisons, pour les grands consommateurs d'électricité résidentielle,
un grand consommateur étant, je vous le dis,
un propriétaire de bungalow avec trois chambres, donc une maison tout à fait
ordinaire. Mais ça, ce sont les gens qui vont devoir payer plus.
Alors, M. le
Président, le gouvernement nous avait promis d'arrêter de briser ses promesses,
et je suis obligé de constater,
malheureusement, que ce n'est quasiment pas possible pour ce gouvernement. Et
je ne sais pas ce que ça va donner
pour la suite des choses, mais je peux vous dire qu'on va être vigilants puis
qu'on va les rappeler à l'ordre à chaque fois qu'on va avoir l'occasion,
M. le Président.
• (15 h 20) •
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député de
Rousseau, pour cette intervention. M. le député de Pontiac, à vous la
parole.
M. André Fortin
M. Fortin
(Pontiac) : Merci. Merci, M. le Président. Je suis content. Je suis
content de pouvoir prendre la parole afin
de répondre à la motion de mon respecté collègue de Rousseau, mais j'ai bien peur,
M. le Président, que le débat sur la motion ne sera peut-être pas à la
hauteur des débats habituels de cette Assemblée, parce que la motion qui nous
est présentée aujourd'hui, relative à des
hausses de tarifs supérieures à l'inflation pour les résidents des CHSLD, c'est
une motion qui fait référence à un
dossier qui est caduque, parce que le ministre de la Santé nous a déjà
informés, il vous a déjà informé, M.
le Président, il a déjà informé les partis d'opposition, il a déjà informé la
population qu'il n'y aurait pas de
hausse supérieure à l'inflation en CHSLD. Alors, le Parti québécois nous
présente aujourd'hui une motion qui traite d'un sujet qui est déjà réglé. Le Parti québécois traîne sur le parquet
un dossier auquel nous avons déjà répondu, un dossier qui est déjà
classé.
Vous savez,
M. le Président, vous êtes un vétéran de la joute parlementaire, un expert en
procédure, je n'ai pas besoin de vous
l'expliquer, mais, bien souvent dans notre système parlementaire, les partis
d'opposition peuvent utiliser la motion du mercredi pour créer un
clivage politique pour, au bienfait des électeurs, évidemment, démontrer que le
gouvernement prend une position qui est différente de la leur. Et peut-être, M.
le Président, parce que je ne veux pas prêter
d'intentions aux partis de l'opposition et je sais que je suis sur un terrain
qui, si je continue, peut être un peu glissant,
peut-être que je peux l'expliquer différemment.
On parlait de
baseball il y a deux secondes, M. le Président. Vous savez, au baseball, il y a
un lanceur qui utilise toutes sortes
de tactiques pour essayer de déstabiliser un frappeur : il lance une balle
rapide, il suit avec un changement de
vitesse. Puis, quand il sent qu'il a le frappeur dans les câbles, quand il sent...
qu'il y a deux prises, il arrive avec une balle courbe : le frappeur voit la balle ici, finalement la balle
se retrouve ici. Mais de temps en temps, M. le Président, la balle courbe, elle ne tombe pas, de temps en temps
la balle reste suspendue. Et vous savez ce que ça veut dire, en bon amateur.
Ça veut dire que la balle va se retrouver
dans les gradins, qu'on va entendre Rodger Brulotte nous dire : Bonsoir!
Et j'ai l'impression que c'est ce qui
va se passer aujourd'hui : que, quand le débat va être terminé et que le
ministre de la Santé va avoir pris la
parole, la balle va s'être retrouvée dans les gradins et qu'on va avoir entendu
Rodger. Parce qu'évidemment, pour ce
qui est de la forme de la motion, le PQ a bien abrié sa motion, dit :
«Qu'elle demande au premier ministre de rappeler à l'ordre son ministre de la Santé et des Services sociaux, qui a
confirmé une augmentation supérieure à l'inflation du tarif exigé aux personnes vivant [en] CHSLD», mais
que, sur le fond, sur la question, dans ce dossier-là, qui importe au citoyen, lui qui se fiche bien de la joute
politique, sur le service public et le tarif, sur... ce qui importe à ces
gens-là, c'est que le tarif soit lié
à l'indexation de l'inflation. Et là-dessus on est d'accord pour dire que ces
tarifs-là devraient être reliés. Le
ministre l'a dit hier en période de questions, il a dit, et je le cite :
Il n'y aura pas, formellement, d'augmentation au-delà de l'indexation de la contribution de l'usager. Le
ministre l'a dit hier en Chambre et il l'a répété hier à l'émission de sa
chère amie Anne-Marie Dussault. Il a
dit : Il y aura une augmentation liée à l'inflation pour tout le monde.
Difficile d'être plus clair que ça,
M. le Président. Nous croyons que les tarifs de CHSLD doivent être indexés à
l'inflation, mais encore mieux, M. le Président, le ministre nous dit
qu'il reverra aussi le calcul de la contribution afin d'éviter de placer en
situation de précarité financière les personnes qui sont tout juste au-delà du
seuil de non-contribution.
Mais une
question se pose encore, M. le Président, et c'est intéressant, parce que la
motion nous vient du député de
Rousseau et du Parti québécois. Habituellement, de ce que j'ai vu au cours de
la dernière année, les députés du Parti québécois... et on verra si ça
se poursuit au cours des prochaines semaines, mais habituellement les députés
du Parti québécois se proclament grands défenseurs des moins bien nantis, de
ceux dans le besoin, et la motion d'aujourd'hui, j'imagine, s'inscrit dans cette foulée de l'opinion qu'ils ont
d'eux-mêmes de défenseurs de cette partie de la population. Mais, M. le Président, s'ils sont si opposés à
l'augmentation de tarifs au-delà de l'inflation pour les populations jugées
plus vulnérables, si le député de Rousseau
croyait vraiment qu'il ne faut pas augmenter les tarifs gouvernementaux pour ceux qui sont en situation précaire, bien, si c'est le cas,
est-ce que quelqu'un peut bien m'expliquer pourquoi c'est lui-même qui a
proposé d'augmenter les tarifs de garderie à 9 $ pour tout le monde?
Et, s'il veut
parler des tarifs de garderie, j'ai compris ça de son allocution, c'est parce
que, par le passé, il s'est fait
convaincant, M. le Président. Il avait convaincu non pas une, mais deux
ministres de la Famille de son approche. Il avait convaincu la première
ministre Pauline Marois, elle-même une ancienne ministre de la Famille. Encore
plus impressionnant, M. le Président, il
avait convaincu la ministre de la Famille de l'époque, la députée de
Pointe-aux-Trembles. Et nous savons
tous, M. le Président, que la députée de Pointe-aux-Trembles comprenait tout
l'impact de cette mesure, tout l'impact qu'elle pouvait avoir sur les
familles à faibles revenus parce que c'est une députée qui connaît bien ses
concitoyens et qui représente depuis des années des gens dans cette
situation-là. Elle savait qu'il y avait des familles qu'elle-même représentait qui seraient gravement affectées par ces
mesures. Alors, il a dû être convaincant pas à peu près, M. le Président, pour dire à toutes les familles
du Québec, pour dire aux mères monoparentales qui travaillent à l'épicerie
du coin, pour dire aux jeunes parents dans
les quartiers pauvres, pour dire aux nouveaux immigrants qui n'ont pas encore
réussi à se trouver un emploi de qualité
dans leur secteur mais qui tous les jours se lèvent et vont travailler pour
donner l'exemple à leurs enfants...
pour dire à ces gens-là : Fini, le 7 $, vous allez payer 9 $,
vous allez payer 45 $ par semaine, vous allez payer 180 $ par mois, pour dire à ces gens-là :
Vous allez avoir une augmentation de tarifs de 14 % cette année. Puis, en passant, même si vous faites 12 $ de
l'heure, bien, vous êtes mieux d'épargner, parce que, l'année prochaine,
vous allez avoir une autre augmentation de
14 %. Le député de Rousseau disait à ces parents-là : 28 % en
deux ans, vous êtes capables de vous
payer ça, il n'y a pas de problème. M. le Président, je n'étais pas ici en
février 2014, quand il a fait cette
proposition, je n'ai pas pu en débattre avec lui, mais il y a un élément que
moi-même, à titre de citoyen à l'époque, je savais, c'est que l'inflation n'était pas de 28 %, elle n'était pas
non plus de 14 %, M. le Président. L'inflation annuelle, au moment de l'annonce du député, c'était
1,1 % au Québec. Mais je vais lui donner le bénéfice du doute, peut-être
s'était-il basé sur l'inflation canadienne. Mais non, celle-là était à
1,5 %, M. le Président.
Alors, selon
le député de Rousseau, en 2014, c'était correct d'augmenter les taux pour les
populations les plus vulnérables de,
disons, 14 moins 1,1, de 12,9 %, mais ce ne serait pas correct d'augmenter
un tarif, parce que c'est ce dont le ministre de la Santé parlait, de
2 %. Le ministre l'a dit, il ne s'en cache pas, il avait eu cette
discussion-là pour une augmentation
d'environ 2 % comparativement à une inflation de 1,8 %. Alors, pour
le député de Rousseau, une augmentation des frais de 12,9 % plus élevée que l'inflation, ça allait, mais
une augmentation de 0,2 % plus élevée que l'inflation, ça ne passe
pas. Il y a une certaine, M. le Président, contradiction dans les propos du
député.
Ceci étant
dit, M. le Président, le député sait très bien qu'une des raisons de l'élection
de notre gouvernement, c'était pour
voir un redressement des finances publiques au Québec, parce qu'après son
dernier budget, budget qu'il avait déposé,
évidemment, sans crédits budgétaires, les Québécois nageaient dans
l'incertitude financière. Il sait également, et il le sait parce que c'est le Vérificateur général qui nous en a
informés, que le déficit anticipé, en 2014‑2015, était de 5,6 milliards et qu'il aurait été, sans
décision rapide, sans action rapide, de 7,3 milliards cette année. Et, si
le député de Rousseau nous dit que ça
n'existe pas, ce chiffre de 7,3 milliards là, bien, il a raison. Ça
n'existe pas parce qu'actions ont été
prises et parce que le déficit n'est plus de cet ordre. Et c'est nous, M. le
Président, qui avons eu à combler ce déficit qu'il nous a laissé, un déficit qu'on a comblé, oui, je l'avoue, à
9 % en demandant un effort aux entreprises et, oui, à 7 % en
demandant un effort aux particuliers, mais surtout, M. le Président, nous avons
comblé ce déficit à 84 % en réduisant les
dépenses de l'État. 84 % du déficit a été réglé grâce à une bonne gestion
des dépenses publiques gouvernementales. Alors, non seulement on est parvenus à combler le déficit de
7 milliards, mais on y est arrivés, et on y tenait, M. le Président,
à le faire sans augmentation d'impôt.
Mais encore,
M. le Président, on est arrivé en proposant, dans le budget 2015‑2016, une
diminution d'impôt des particuliers
de l'ordre de 2,5 milliards au cours des cinq prochaines années. C'est la
fameuse contribution santé, M. le Président,
celle-là même que le Parti québécois avait proposée, dans son programme de
2012, d'éliminer, mais qu'il n'a jamais
éliminée, qu'il a même augmentée pour bon nombre de contribuables. Alors, nous,
on fait le choix de diminuer les
impôts des contribuables. Le député de Rousseau, lui, avait proposé... et ça,
on l'oublie probablement parce qu'on tente de l'oublier, on veut
l'oublier, M. le Président, il avait proposé une augmentation de l'impôt des
contribuables. Mais, souvenez-vous, il avait proposé, quand il était ministre
des Finances, une augmentation rétroactive des impôts des particuliers. Il voulait que les gens paient plus
pour ce qu'ils avaient déjà déclaré, pour ce qu'ils avaient déjà payé. C'était
tellement risible que même certains députés de son parti n'y croyaient pas à
l'entendre.
Mais, M. le
Président, on pourrait débattre de finances publiques toute la journée, mais,
ceci ayant été dit, M. le Président, la motion que le député nous
présente aujourd'hui, elle est effectivement caduque, parce que le ministre a déjà
réglé la question. Tout ce qu'il nous reste à savoir, c'est si le
député de Rousseau et le Parti
québécois, qui prônaient les augmentations de tarifs de 28 % pour des populations
n'en ayant pas les moyens, peuvent-ils eux-mêmes, en bonne conscience, voter pour une motion qui demande à ce
qu'on limite l'augmentation des tarifs à l'inflation. Merci, M. le Président.
• (15 h 30) •
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député de
Pontiac, pour cette intervention. M. le député de Lévis, je vous cède la
parole pour votre intervention.
M. François Paradis
M. Paradis
(Lévis) : Merci, M. le
Président. Je prendrai ces quelques minutes pour faire en sorte que l'on puisse
s'attarder à la problématique des aînés au Québec parce qu'au centre des
discussions ce qui nous amène à jaser aujourd'hui,
c'est un peu, beaucoup ça. Ça part d'une intention sur laquelle le gouvernement
a reculé, mais les principaux intéressés,
ce sont nos aînés. Ce sont eux que l'on a senti perturbés, inquiets. Et chaque
fois qu'on parle d'aînés, chaque fois qu'on aborde un thème, chaque fois qu'on
révèle quelque chose qui a l'allure d'un scandale... parce que
collectivement, en soins d'hygiène,
par exemple, ou quand on parle de politique alimentaire et que des incidents,
des accidents, des tragédies se
produisent, ça a toujours l'effet d'un scandale, et c'en est un. Chaque
fois qu'on aborde un thème comme celui-là, nos aînés sont inquiets. Alors, au centre de cette motion, eh bien, c'est
l'augmentation potentielle du tarif d'hébergement de nos aînés en CHSLD. M. le Président, que
d'acrobaties, que de pirouettes, encore une fois, cette semaine, dans un autre
dossier touchant nos aînés.
C'est drôle
parce que, quand on se promène dans la rue, quand on parle aux gens, les
jeunes, les moins jeunes, tous ont ce
respect à l'endroit de nos aînés. Tous souhaitent qu'on prenne soin davantage
d'eux, qu'on puisse leur permettre de
vivre dans un milieu de qualité, de vivre dans la dignité, d'être en mesure de
compléter leur vie en leur rendant hommage pour ce qu'ils nous ont laissé, pour leur héritage, leur expérience.
Tous sont d'accord qu'on doit protéger ces gens-là qui, manifestement, se retrouvent, plus souvent
qu'autrement, avec des moyens financiers qui sont peu importants, pour la
grande majorité d'entre eux.
Donc, cette
semaine, que d'acrobaties, que de pirouettes dans un autre dossier touchant nos
aînés : le ministre de la Santé
qui a été contraint, cette semaine, donc, en fait, il y a quelques heures à
peine, de reculer sur cette hausse envisagée de la contribution de nos
aînés en CHSLD.
C'est
important, malgré ce qui s'est passé, de revenir sur l'importance, de revenir
sur l'élément principal de nos discussions,
cette hausse potentielle, d'envisager une hausse, concernant nos aînés, au-delà
de l'inflation, brisant ainsi, faut-il
le rappeler, l'engagement du premier ministre lui-même, pris le 5 décembre
dernier, de ne plus hausser les tarifs au-delà de l'inflation.
Et, avant de revenir sur les aînés, je citerai
le premier ministre, qui a tenu bon de s'expliquer sur le recul du gouvernement dans ce dossier-ci, et j'ouvre les
guillemets en disant : «On n'a jamais dit qu'il n'y aurait pas de hausse
de tarifs. On a dit qu'on les maintiendra le
plus près possible de l'inflation.» Très loin de l'engagement du
5 décembre dernier, alors qu'il
disait, et j'ouvre les guillemets à nouveau : «Les autres tarifs, on a
toujours dit qu'on s'en limitait à l'indexation,
au coût de la vie, et on n'ira pas plus loin.» Cherchez l'erreur. Il y a une
période de temps, puis c'est là que les
choses changent. Souvent, le temps provoque ça, les choses changent, se
modifient. On espère que ce soit pour le mieux; des fois, c'est pour le
moins bon.
Il faisait
référence, le premier ministre, à l'ensemble des tarifs, à l'exception de ceux
des services de garde, en disant :
L'effort est fait. C'est assez pour les contribuables, le gouvernement va faire
le reste, là. On le sait, on le répète : En fait, le premier ministre admettait ce que le chef de la Coalition
avenir Québec explique régulièrement, c'est-à-dire que le fardeau fiscal
des contribuables, des Québécois, il est à son maximum. Les familles
québécoises ont payé pour atteindre
l'équilibre budgétaire que l'on souhaite du côté du gouvernement. Les
contribuables ont fait les efforts nécessaires, ils ne sont plus capables. Et, nos aînés, ce n'est pas mieux. La
capacité à payer de nos aînés est atteinte, et pourtant on a songé les
augmenter.
Alors, le
ministre a été obligé de reculer sur l'idée d'augmenter, et là c'est important
de s'en rendre compte parce que, si
jamais l'envie reprenait que d'aller chercher de l'argent dans le portefeuille
de contribuables vulnérables, il faudra se rappeler de ces chiffres-là. L'idée était d'augmenter de plus de
850 $ par année les loyers des milliers de personnes âgées qui vivent en centre d'hébergement et de
soins de longue durée pour récupérer à peu près 10 millions de dollars à
même les poches de nos aînés les plus
vulnérables. Parce que c'était le scénario, M. le Président. Heureusement,
aujourd'hui, ils ont reculé, mais c'était le scénario. Il n'est pas
inventé, il est écrit noir sur blanc dans le document des crédits du ministère de la Santé : augmentation
potentielle — écrit
noir sur blanc — de
2,5 % qui s'ajoutait à l'inflation. Total : un 4 %
d'augmentation qui a fait craindre le pire à nos aînés et à leurs familles.
Chanceux de
pouvoir parler au passé parce que, jusqu'à tout récemment, les aînés se
posaient des questions. On a dû demander au ministre : Si vous avez
des intentions, dites-le. Le 2,5 %, le ministre a dit : C'est une
coquille, mais il y aura une hausse au-delà
de l'inflation, mais légère, limitée. Bien là, on a dit : Dites-la-nous,
dites-nous la hausse, faites en sorte que les aînés, que leurs familles
sachent à quoi s'en tenir.
Le ministre a
expliqué que, dans un premier cas, il s'agissait de la coquille. Le ministre de
la Santé a par la suite expliqué que
la hausse demandée ne serait pas de cette ampleur, qu'elle serait malgré tout
supérieure à l'inflation. Bien, on
aura compris que, dans l'échange, le gouvernement a brisé à nouveau sa promesse
de ne pas hausser les tarifs au-delà de l'inflation. Le ministre
maintenait la pression et provoquait encore une fois l'incertitude chez nos
aînés.
Et, pour
tenter d'expliquer ce que tout le monde dénonçait — tout le monde, M. le Président, tout le
monde — le
ministre s'est rabattu sur le rapport du
Vérificateur général, qui, disait-il, suggérait de revoir périodiquement la
contribution des personnes hébergées.
Ça, c'était l'explication pour l'augmentation, pour le fait de briser une
promesse en augmentant plus que
l'inflation, mais pas trop, juste un petit peu. On va briser la promesse, mais
à peine, légèrement. On va briser de façon minuscule.
L'excuse n'a
pas passé, M. le Président. L'excuse n'a pas tenu. Et l'idée même du
gouvernement de piger dans le
portefeuille de nos aînés a fait bondir l'ensemble de la population. Et c'est
là que notre discussion d'aujourd'hui est importante parce qu'il faut se rappeler... L'histoire nous enseigne des
choses, hein, l'histoire nous enseigne, et on doit apprendre de nos erreurs, et là c'en était une, de
penser, seulement de penser, et là d'exprimer sa pensée, de la cristalliser
dans un chiffre, dans un document officiel, qui est vérifié,
contre-vérifié — je
parle des documents de crédits, c'est contre-vérifié — de seulement avoir pu inscrire un chiffre et
d'imaginer demander davantage à nos aînés. Il faut apprendre de nos
erreurs.
La Coalition
avenir Québec a alors exigé du gouvernement la garantie qu'aucun aîné en CHSLD
n'ait à subir de hausse de tarifs
au-delà de l'inflation. On a demandé cette garantie-là. On s'est dit :
Bon, regardez bien, là, pas beaucoup plus que l'inflation, un petit peu
plus, presque pas, à peine perceptible, finalement il n'y en aura pas.
Donnez-nous la garantie,
une garantie supplémentaire, parce que, là, ça en prend, des garanties, M. le
Président, parce qu'au fil des semaines, au fil des mois on se rend compte que ces promesses du gouvernement ne
tiennent pas la route. Alors, donnez-nous une garantie. Donnez une garantie aux citoyens, aux gens qui nous regardent,
qui nous écoutent, aux aînés, qui, légitimement, ont craint, donnez-nous la garantie qu'aucun aîné en CHSLD n'ait à subir
de hausse de tarifs au-delà de l'inflation. Pourquoi cette garantie-là?
Parce que, je vous le disais, la capacité des aînés, la capacité à payer est
atteinte, tout simplement. D'ailleurs, le gouvernement n'a pas eu d'autre choix
que de le reconnaître.
Mais
il aura quand même fallu que les parlementaires se questionnent, que nous
posions des questions, que nous adressions
le gouvernement, que nous lui demandions de nous donner des garanties, de
toutes les manières possibles, pour qu'il
y ait ce recul. Il a fallu que les parlementaires se questionnent, demandent,
exigent, au nom des personnes âgées, pour que celui-ci aille chercher
ailleurs une nouvelle source de financement.
M.
le Président, le ministre de la Santé l'a confirmé ce matin, c'est dans un
article de Régys Caron, le ministre prévoit se tourner vers les
fournisseurs de médicaments pour récupérer les millions, en fait les
10,5 millions que le gouvernement
prévoyait aller chercher avec l'augmentation prévue des tarifs pour les aînés
qui vivent en CHSLD. Il devra piger ailleurs, mais pas dans la poche des
aînés.
• (15 h 40) •
Alors,
il aura fallu que, collectivement... je dis «collectivement» parce que c'est la
société dans son ensemble, hein? La
réaction à cette nouvelle, elle a été automatique. Les gens à la maison ont réagi, les jeunes ont
réagi, les fils et filles d'aînés ont
réagi, les aînés ont réagi. Il aura fallu que le Regroupement provincial des
comités des usagers s'indigne aussi
pour que le gouvernement comprenne, par la voix de son directeur général,
Pierre Blain, qui disait, et j'ouvre les guillemets... puis là on ne
parle pas de choses d'il y a trois, quatre mois, là, c'est tout récent, on est
dans un passé très rapproché, à peine
quelques heures. Parce que tout s'est fait très vite, hein? On augmente, on n'augmente plus, on augmente un peu, on ne le sait pas, on brise, on ne brise
pas, c'est une recommandation, on va la mettre en vigueur. Pierre Blain disait : «Le gouvernement n'a pas réussi avec
les étudiants au sujet des droits de scolarité, et là il s'essaie peut-être
avec les personnes âgées — toujours dans cette même phrase, les
guillemets toujours ouverts : Mais eux autres ne descendent pas
dans la rue avec des casseroles!»
Ça,
c'est Pierre Blain, M. le Président, le directeur général du Regroupement
provincial des comités des usagers. Ça
parle. C'est celui qui, au nom des aînés souvent trop silencieux, décide aussi
de prendre leur défense. Je le cite, lui, je pourrais en citer de
nombreux autres. M. Blain ajoutait qu'il trouvait inacceptable que le
gouvernement hausse les tarifs alors que le panier de services n'est pas
clairement défini dans les CHSLD. C'est un autre dossier.
Alors,
ce que ça nous permet, ce qui se passe aujourd'hui, c'est de faire le point sur
un dossier... important que celui-là, peut-être de se remuer les
méninges puis de se dire : Bon, bien, c'est quoi nos priorités? Quelles
sont nos priorités comme société, comme
parlementaires, comme gouvernement, comme opposition, comme citoyens envers nos
aînés? Parce que, dans cette nouvelle-là, directement, ils étaient visés.
Le réseau FADOQ aussi a réagi. Selon la
FADOQ : «...le gouvernement devrait "faciliter l'accès aux CHSLD
plutôt que d'annoncer une hausse [de]
tarifs".» M. le Président, il y a 4 000 personnes qui sont en
attente d'une place en CHSLD. La
FADOQ a perçu la manoeuvre du gouvernement comme — et je cite encore une fois, j'ouvre les
guillemets : «...un "désengagement de l'État"» dans
quelque chose d'aussi précieux que nos aînés et leur demain. C'est majeur.
Quand
on regarde ce qui s'est passé, quand on regarde ce qui se passe, quand on évalue
après coup et, idéalement, quand on
tire leçon, on peut tenter de mieux comprendre. Ah! les oppositions, les
parlementaires. Probablement, j'oserais même dire qu'au sein même, assurément, du caucus du Parti libéral, il
doit y avoir dissension. Si on exprime une idée, si on veut aller vers un chemin, finalement, on recule, c'est que ça a
dû jaser. Il y a des gens qui comprennent le bon sens de ce qu'on se
raconte, là, manifestement.
Est-ce
que le gouvernement aurait reculé s'il n'y avait pas eu d'élections partielles?
Il est légitime de se poser la
question, parce que ce n'est pas très, très populaire, et, de toute façon, on
brisait, à la base, cette promesse du 5 décembre dernier, faite par le premier ministre lui-même,
de ne plus aller au-delà de l'inflation. Est-ce que la décision du gouvernement,
n'eût été le fait que tous ensemble on
réagisse, aurait été la même? Est-ce qu'on aurait reculé n'eût été cette
coquille dans le document qui nous a
permis de voir, à un moment donné, un chiffre qui, de l'avis du ministre de la
Santé lui-même, n'aurait pas dû être là? Une coquille, il ne devait pas
être là. Encore heureux qu'on l'ait vu, encore heureux qu'on ait questionné,
encore heureux aujourd'hui qu'on ait reculé.
Je disais :
4 000 personnes sont en attente d'une place en CHSLD, M. le
Président. En fait, soyons précis : 3 752 personnes attendent
actuellement pour une place dans un CHSLD. Il y a aussi de moins en moins de
places en CHSLD. C'est assez spécial :
davantage de gens attendent, il y a moins de places. 1 056 lits ont
été fermés dans les CHSLD par le
gouvernement depuis le 1er avril 2014. 1 056. Je vous rappelle : près
de 4 000 personnes sont en attente d'une place actuellement.
Ça
a été fermé où pour l'année 2013‑2014? Jusqu'en juin 2014, on parlait de
276 lits. La région où il s'en est fermé le plus, c'est la région de Montréal, 194; pas loin derrière, Mauricie—Centre-du-Québec, 50; Gaspésie—Îles-de-la-Madeleine, 35; Bas-Saint-Laurent, 46. Et ça continue comme
ça, toutes les régions sont touchées pour 276. Juillet 2014 jusqu'en mars 2015,
1 056,
1 056 lits de moins, 1 056 places de moins. La région la plus
touchée, Montréal, 876; Mauricie—Centre-du-Québec, 105; Abitibi-Témiscamingue, 39; Gaspésie—Îles-de-la-Madeleine, 23. Et additionnez les
autres régions pour un total de 1 056.
Alors,
que les gens réagissent à ce qui s'est passé cette semaine, ce n'est même pas
surprenant, que les gens ne comprennent
pas cette position-là, eu égard aux chiffres que je viens de vous donner, ce
n'est pas du tout surprenant, que le gouvernement ait reculé, je m'excuse, ce n'est pas plus surprenant, parce qu'il devait le faire, il n'avait pas le choix. Ça n'aurait pas passé
la rampe, je vous l'ai dit. Ça ne passait pas, que cette idée-là.
Je dis aux
gens : Il faut se souvenir de ce que ça aurait pu être, parce qu'à un moment donné j'ai entendu dans
le discours du collègue du parti ministériel : Vous savez, le gouvernement
du Parti québécois, bon, a déjà demandé, réclamé des hausses, puis, bon, ils étaient prêts
à faire 9 % de plus. Puis, nous, c'était quoi, 0,2 %, 0,8 %,
pour donner une augmentation qui
n'est pas si importante que ça... Au-delà des chiffres — et je n'embarquerai pas là-dedans, dans
les échanges entre deux partis qui, pour un
et pour l'autre, s'accusent de tous les maux — je vous dirais simplement que le 4 % dont on parlait, histoire de voir
l'incidence si jamais ça devait revenir un jour, 4 %, pour un aîné,
c'était 850 $ de plus par année.
Le coût d'une chambre individuelle en CHSLD, c'est 1 789,80 $.
Admettons qu'on ne serait pas allés à 4 % puis qu'on aurait dit que, total, avec l'inflation, on aurait monté à
2 %, c'est 430 $ de plus par année; on a fait le calcul à
3 %, 644 $ de plus par année.
On
parle d'aînés, M. le Président. Des gens que l'on côtoie, des gens qui
s'offrent l'essentiel, pas davantage. On parle de gens qui résident dans des centres d'hébergement de soins de
longue durée, des gens qui ont besoin d'attention, des gens qui ont besoin de services, des services
que l'on questionne depuis plusieurs semaines déjà. En fait, si jamais on était allés de l'avant avec la proposition, ça
aurait été pire que les hausses de taxes scolaires d'il y a deux années. Ce
n'était déjà pas le Pérou, là, ça n'allait pas très, très bien, merci.
Le
ministre a évoqué, en rencontre de presse hier, qu'une modulation des tarifs
selon les revenus des aînés qui vivent
en CHSLD serait probablement mise de l'avant. Il faut comprendre que,
déjà — et que
les gens le sachent — la
modulation existe, hein, ce ne sont pas tous
les aînés qui paient le montant maximum de 1 790 $. Tous les cas, on
le sait, maintenant, déjà, sont analysés par la RAMQ en fonction des
avoirs et des revenus, du statut marital et de certaines exemptions. Il ne
faudrait pas qu'on retouche au portefeuille des aînés, il ne faudrait pas qu'on
retouche non plus au portefeuille des contribuables. Il faudrait qu'on respecte
ce qui a été dit pour faire en sorte que ces augmentations ne dépassent jamais l'inflation pour la simple et
bonne raison que les efforts ont déjà été faits, que le contribuable n'a plus
les moyens, que son pouvoir d'achat est diminué.
Et, quand on touche à
des aînés, on touche aussi à leurs familles, on touche à leurs enfants, on
touche à leurs petits-enfants. 60 % des 37 000 personnes
hébergées actuellement en CHSLD paient le montant maximal, les autres assument un coût inférieur parce qu'elles ont de
faibles revenus ou occupent une chambre à deux ou trois lits. Vous savez,
dans un CHSLD, là, ce n'est pas
nécessairement un hôtel de luxe, là. On doit aussi partager, on doit vivre
différemment.
Alors,
voilà qu'on arrive à cette discussion aujourd'hui. On le sait, le ministre a
tenté de rattraper la balle au bond, effectivement.
Il était à la télévision hier, il échangeait sur le dossier en disant :
Non, non, on n'a pas voulu, on recule, ce
n'est pas ça, l'histoire, et puis on va en profiter d'autant plus... on va en
profiter pour resserrer les règles dans les CHSLD en ce qui concerne les soins d'hygiène, les
inspections. Le ministre a dit qu'on entendait faire un état de la situation
dans les prochains mois. S'il y a
quelque chose de bon dans la discussion qu'on a aujourd'hui, à cette motion, à
cette perspective d'augmentation pour
des aînés que tous décriaient, s'il y a quelque chose de bon, j'espère que ça
aurait été de faire que le gouvernement décide de jeter un oeil
davantage sur la vie de nos aînés dans nos centres d'hébergement.
• (15 h 50) •
Ce
n'est pas très agréable de se rappeler et de voir apparaître en page
frontispice des médias du Québec ou à travers les téléphones que nous recevons tous comme députés dans chacun de nos
comtés des histoires qui nous dérangent. Ce n'est pas de gaieté de coeur
qu'on parle des bains au noir, ce n'est pas de gaieté de coeur qu'on questionne
les soins d'hygiène fondamentaux dans nos
centres d'hébergement. Le ministre l'a encore admis hier en entrevue, il l'a
dit : On va resserrer les
règles, essayer de voir ce qui se passe au niveau de l'hygiène.
Allons plus loin. Il
va falloir qu'on jette un oeil aussi sur la politique alimentaire concernant
nos aînés. Trop d'histoires sont dites et
nous sont décrites pour qu'on ne s'y intéresse pas. On parlait d'inspections
hier, et le ministre en parlait
en disant : Bien oui, il y a des inspections, puis on le fait avec les usagers
et tout ça. J'ai des rapports d'inspection. J'ai des rapports d'inspection où on constate que les lacunes sont
nombreuses, nombreuses dans plusieurs établissements, ne
serait-ce qu'au chapitre de la politique alimentaire, M. le Président. On devra
changer les règles, on devra faire davantage. Encore hier, une histoire
dérangeante concernant des soins d'hygiène de base...
Bizarrement,
la roue tourne, hein, puis finalement tout finit par revenir. C'est comme la mode,
hein, ça passe et ça revient. Gardez
vos vieux habits, gardez vos pantalons, probablement que, dans deux,
trois ans, ce sera encore très bon. Bien,
c'est à peu près la même
chose. Ma première question ici, au
salon bleu... Et je m'en rappellerai toute ma vie parce qu'il y avait, bien sûr, ce décorum auquel je n'étais pas habitué. Et
j'apprends encore, M. le Président, j'apprends à tous les jours. Je me sens privilégié de pouvoir faire ce que je fais
là puis d'être avec vous aujourd'hui, d'échanger. En collaboration avec les
collègues, je pense qu'on est capables de faire avancer les choses. Encore
faut-il se rendre compte du chemin à faire, bien sûr.
La
première question, donc, que j'ai posée au salon bleu, ça concerne une
problématique d'hygiène : Mme Couturier, qui n'avait pas eu de bain depuis neuf mois. Et, comme je le faisais
dans ma vie antérieure, comme je le fais aujourd'hui et comme je le
ferai demain, j'ai tendance à établir des communications avec les gens qui nous
racontent des histoires, et j'avais
parlé à ses deux filles, qui nous expliquaient qu'on ne trouvait pas ça normal.
On avait adressé une question au ministre de la Santé. Je dois vous dire que Mme Couturier, aux dernières nouvelles, elle
reçoit ses bains. Elle a changé d'établissement puis elle reçoit ses bains parce qu'elle en a tout simplement besoin. Comme
l'histoire d'hier, révélée dans les médias, de cette autre dame qui,
manifestement, ne peut pas avoir les siens.
M. le Président, deux
choses : respecter sa promesse de base sur la hausse des tarifs au-delà de
l'inflation, je pense que c'est clair, tout
le monde a bien compris, et surtout, surtout, à travers notre histoire,
respecter nos aînés. Ils sont l'essence même de ce que nous deviendrons
demain.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député de
Lévis. Alors, merci pour votre intervention. Je cède la parole
maintenant à M. le whip en chef du gouvernement et député de Huntingdon. M. le
député.
M.
Stéphane Billette
M.
Billette : Merci énormément,
M. le Président. Je vais dire, c'est un moment important pour moi d'intervenir sur un sujet aussi important également
que sont nos aînés. Puis, lorsqu'on
parle de nos aînés, ça peut être nos parents, nos grands-parents pour certains, nos voisins, nos
voisines, nos frères, nos soeurs pour certains... d'autres. Donc, je pense que
tout le monde est sensibilisé, aussi bien au
niveau personnel qu'au niveau politique, car on a tous des aînés dans notre
milieu.
Et, je vais
dire, j'écoutais les propos des deux groupes d'opposition, l'opposition
officielle et le deuxième groupe d'opposition,
et, je vais dire, j'entendais le député de Lévis parler : Il faut faire
les priorités pour les aînés. Bien, moi, je vais vous dire, aussi au Parti libéral, là, c'est la priorité qui est
les aînés. Il ne faut pas en faire les priorités, il faut en faire notre priorité. Et je vais démontrer au député de
Lévis et tous les membres ici, les 125 membres présents, les 125 élus de
l'Assemblée nationale, que, pour le Parti
libéral du Québec, le gouvernement actuel, la priorité est vraiment les aînés. Et ce n'est pas en tenant des discours, également, de frayeur — excusez-moi le terme — envers les gens... On parlait tantôt d'augmenter de 430 $, 690 $. J'imagine
les aînés qui sont à domicile, qui entendent ces chiffres-là. Je vais dire, ce
n'est pas une manière de rassurer nos aînés, là, M. le Président, et
d'autant plus...
J'écoutais mon collègue de Rousseau également,
qui était assis dans la banquette juste ici — on parle de promesses — qui était assis juste ici, à ma droite,
alors qu'il était au gouvernement, et j'étais assis de l'autre côté, à la
banquette à côté, où est le député de Beauharnois actuellement, et, je vais
vous dire, c'est la même personne que j'ai entendue
pendant six mois nous dire qu'on aurait l'équilibre budgétaire, pour se
ramasser en déficit de quelques milliards de dollars six mois plus tard. Je vais le dire : Est-ce que c'est
ça, une promesse? Est-ce que c'est ça, une promesse rompue? Puis, encore plus loin que ça, on nous dépose un
budget équilibré la veille de l'élection sans aucuns crédits, M. le Président,
aucuns crédits. C'est comme si quelqu'un
vous déposait une liste d'épicerie : voici ce qu'on va manger, mais on n'a
pas la facture en bout de ligne.
Je vais vous dire, c'est inacceptable, puis
d'autant plus... Puis ce n'est pas nous qui le disons. Le Vérificateur général a fait une étude d'état des comptes. C'est
7 milliards, au-dessus de 7 milliards. On parlait d'un équilibre sans crédits.
C'est 7 milliards de dollars que chacune et
chacun des Québécois... Même mon collègue, également, de l'autre côté, qui
sourit, fait partie également des gens qui
devront, à ce moment-là, se serrer la ceinture, travailler ensemble, trouver de
nouvelles manières de fonctionner au niveau
gouvernemental pour absorber... Et,
en 24 mois, ici, on a déposé un budget, un budget équilibré avec des crédits, M.
le Président.
Mais la motion porte sur les aînés, puis je
pense qu'elle est très, très importante. Et, lorsque j'entends une opposition officielle qui nous dit qu'il y a des promesses qui
ont été brisées, je le rappellerai tout gentiment aux députés de l'opposition
officielle que, lorsqu'ils
étaient au gouvernement, c'est 4 000
lits qui ont été coupés, 4 000 lits en CHSLD, excluant également les postes qui ont été coupés,
les postes des gens qui prennent soin de nos aînés dans ces CHSLD-là, dans nos institutions hospitalières, dans nos
ressources intermédiaires. Donc, ça a été un impact très, très, très douloureux.
Et la seule proposition qu'ils ont pu avoir en 18 mois, c'est une taxe
autonomie, taxe autonomie qui n'a jamais été budgétée, on n'a jamais vu les
crédits, et qui visait, à ce moment-là, à amputer des CHSLD. Mais on n'a jamais
vu le fonctionnement, on n'a jamais vu l'ombre de la réalisation de ça, sans
avoir le coût également de la taxe économie.
Et, lorsque
je parlais, M. le Président, qu'au niveau du Parti libéral une des priorités,
la priorité du gouvernement et non... pas les priorités des aînés, mais
la priorité gouvernementale, ce sont nos aînés, je vais vous dire, le passé est
souvent garant de l'avenir et, lorsqu'on
regarde ce qui a été fait par le Parti libéral, c'est la santé et le bien-être
de nos aînés. Personne des 125 élus
ici, peu importe l'allégeance politique... Nous connaissons tous des aînés, des
gens de notre famille, nos parents, pour certains, nos grands-parents; je vais
dire, c'est pour le bien d'eux qu'on le fait, qu'on le fait, tous ensemble, au-delà de la politique. Mais,
lorsqu'on parle de mettre des mesures en place, je peux vous en énumérer
quelques-unes et vous allez comprendre, M.
le Président, que la priorité est portée à la sécurité, au bien-être de nos
aînés ici, dans notre société québécoise.
En 2004, lorsqu'on parle du bien-être de nos
aînés, c'est les inspections pour s'assurer que nos aînés puissent passer leurs derniers jours, ou des jours plus
tard dans notre société, dans un endroit qui est sain et sécuritaire pour eux.
Et on regarde au niveau de la qualité de
milieu de vie : premièrement, un investissement, en 2012, de
2,5 millions de dollars, M. le
Président. Pourquoi? Pour mener des visites d'évaluation de nos CHSLD, de
s'assurer de la conformité. De l'attente : que les services soient au niveau des attentes des gens qui les
reçoivent, à ce moment-là. C'est l'ajout de quatre inspecteurs évaluateurs. Je vais dire, on va utiliser le vrai
terme ici, des «évaluateurs ministériels», pour maintenant un total de six. On
est passé de deux à quatre évaluateurs pour
aller s'assurer que les soins qui sont donnés à nos aînés soient à la hauteur
des attentes, des attentes d'une communauté, d'une communauté et d'un État
aussi prestigieux qu'est le Québec, de pouvoir traiter nos aînés à cette
hauteur.
Également,
abandon de 24 heures du préavis. Auparavant, on avisait; maintenant, on n'avise
plus. On peut s'assurer, à ce moment-là... Ce n'est pas un effet de surprise
qu'on veut créer, mais on veut s'assurer que le service n'est pas juste donné de façon conforme le jour de l'évaluation,
mais est donné en tout temps, 24 heures par jour, M. le Président, sept jours par semaine, 365 jours par année.
C'est essentiel au bien-être de la personne. Tous les CHSLD ont été visités
sur une période de 24 mois. Le tour du
Québec a été fait. Chacune des personnes qui reçoivent des soins en CHSLD, son
établissement a reçu une visite pour
s'assurer que les soins qui lui sont transmis sont faits de façon sécuritaire
et sont bien faits à ce moment-là.
Je pourrais
vous en donner beaucoup d'autres. Il y a eu les suivis par les agences; les
évaluateurs prennent leur repas même avec les aînés, discutent avec eux. C'est
beau, inspecter des lieux; si on ne peut pas avoir le retour des gens
qui reçoivent le soin, c'est difficile d'en faire une évaluation. Ce n'est
qu'un exemple, lorsqu'on parle de la santé, du bien-être de nos gens en CHSLD. C'est une mesure
qui avait été mise en place en 2004, et les éléments que je vous ai transmis, M. le Président, c'est un ajout qui a
été fait, encore par le gouvernement actuel, à l'époque par une injection
d'une somme, et qui avait mis en place avant tout en 2004, où on avait mis en
place les évaluateurs.
• (16 heures) •
On a
également d'autres mesures qui ont été mises de l'avant, qui étaient très
importantes, par le gouvernement, dans
le budget de 2012‑2013, un investissement de 2,7 milliards.
2,7 milliards, M. le Président, c'est des sommes énormes. On voit la priorité gouvernementale, ici,
l'implication, l'engagement que nous avons envers nos aînés. Et c'est une foule
de mesures qui ont été faites ensemble, via principalement la mesure Vivre et
vieillir ensemble, qui est une mesure importante, de s'assurer que nos gens aînés soient traités
à la juste... ce qu'il doit... de la manière que l'on doit les traiter, à
ce moment-là.
En 2010,
également, il y a eu une politique gouvernementale contre la maltraitance
envers nos aînés. Je vais vous dire,
c'est une réalité. Malheureusement, on a de nos aînés qui sont maltraités, que
ce soit en établissement, que ce soit... on parlait des bains au noir tantôt, que ce soit même par des proches
des familles. Malheureusement, il faut se dire les vraies affaires, c'est des choses qui peuvent
arriver. Et, je vais dire, permettre aux gens de pouvoir avoir un soutien et,
premièrement, une écoute lorsque des choses
arrivent, je pense que c'est important, et que ce soit... peu importe le parti
politique ici, je pense que c'est essentiel.
Puis, lorsqu'on parle d'une politique gouvernementale, M. le Président, c'est
beaucoup plus large qu'un simple règlement.
Je vais vous dire, c'est quatre mesures structurantes qui ont été mises en
place, c'est 39 engagements clairs et précis, et 13 ministères. Ce
n'est pas uniquement dans l'époque du Secrétariat aux aînés qui était impliqué, c'est 13 organismes,
ministères qui étaient en place pour s'assurer que, dans tous les services
offerts à nos aînés, les gens soient bien traités et qu'on enlève la
maltraitance.
Le
1er octobre, également, 2010, une ligne a été mise en place pour nos aînés
pour dénoncer ces gestes-là. Ces gens-là
se doivent d'avoir une écoute, une place où ils peuvent s'adresser pour
pouvoir, à ce moment-là, dénoncer les cas. Des coordonnateurs régionaux,
également, ont été mis en place contre la maltraitance.
Création
d'une chaire de recherche. Je vais vous dire, c'est un phénomène, c'est un
phénomène qu'il faut développer... qu'il
faut connaître pour poser des actions qui sont concrètes. C'est ce qu'on
appelle cibler la problématique. Aussi, bien regarder au niveau des
opportunités, des menaces, des forces et faiblesses de notre système, mais
d'arriver avec des actions vraiment concrètes et bien ciblées, d'où la création
d'une chaire de recherche.
Une campagne
publicitaire, également. Il faut les sensibiliser, ces gens-là, parce que,
souvent, peu importe que ce soit au
niveau de la maltraitance, de l'intimidation, la personne se sent souvent
isolée, se sent, elle-même, seule dans son
milieu. Donc, c'est important de la soutenir, et, pour la soutenir, il faut
l'informer que ce n'est sûrement pas la seule personne qui en est.
Et j'écoutais
également le collègue qui parlait des places qui avaient disparu, puis, je vais
vous dire, depuis 2011, là, c'est
1 260 places qui ont été créées en CHSLD, et il faut regarder,
au-delà de ça, le nombre de places également en ressources intermédiaires. Le comté de Huntingdon, M. le Président, est
un comté rural composé de petites municipalités. Il y a des gens... Il faut donner le choix aux gens, également :
Est-ce qu'on préfère aller en CHSLD?, ou certaines personnes désirent
demeurer, passer leurs derniers jours de leur vie près des leurs, près de leur
communauté, dans la résidence peut-être où ils ont vécu toute leur vie. Donc,
il y a des ressources, également, à domicile qui ont été déployées pour permettre à ces gens-là d'avoir un choix, un choix
où terminer leur vie de façon sereine et épanouie, souvent avec leurs
proches, les gens qu'ils aiment. Je vais prendre une municipalité dans mon
comté, que ce soit Dundee, que ce soit Saint-Paul-de-l'Île-aux-Noix,
on n'a pas toujours les places disponibles ou toujours
des CHSLD à proximité. Des fois, c'est
une demi-heure, 45 minutes, on s'éloigne des amis, on s'éloigne des
enfants, de la famille, à ce
moment-là. Donc, il y a
d'autres mesures également qui sont importantes.
Et, je vais
vous dire, je pourrais vous en donner plusieurs exemples d'investissement, mais je pense que la priorité, c'est de regarder et, premièrement, de ne pas dire à nos aînés... ne pas effrayer
nos aînés, les discours que j'ai entendus. Et, dire qu'on renie une promesse, je n'ai pas vu l'engagement formel. La seule chose que j'ai vue, c'est un communiqué de presse qui a été déposé ici le 12 mai, et
on est le 13 aujourd'hui, M. le
Président, c'est plus de
24 heures : pas d'augmentation
des tarifs au-delà de l'inflation. Je pense
que c'est clair et précis. Le communiqué est sorti, vous en avez sûrement vu
une copie.
Donc, M. le Président, je vais réitérer, je pense que c'est la priorité du gouvernement, et je pense que ça va être important, je vais dire, de continuer à soutenir nos aînés,
et jamais je ne pourrai voter dans le sens de cette motion.
Merci beaucoup et bonne
journée.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Alors, merci à vous, M. le whip en chef du gouvernement et député de Huntingdon. Je cède maintenant la parole à M. le
député de Richelieu. Je vous rappelle qu'il reste 14 min 50 s à
votre formation politique. À vous la parole.
M. Sylvain Rochon
M.
Rochon : Oui. Merci, M. le
Président. Alors, la vie en centre d'hébergement et de soins de longue durée,
elle n'est pas rose tous les jours pour les aînés du Québec. Les CHSLD,
ce sont quelque 37 000 résidents à la grandeur du Québec. Ces
résidents, ce n'est un secret pour personne, ce sont parmi les Québécois les
plus vulnérables. De ces 37 000 personnes,
on compte plus de 33 000 aînés. Alors, ils représentent plus de
90 % des personnes hébergées en CHSLD.
Rappelons-nous
donc, d'abord, les événements qui nous réunissent aujourd'hui. Lors de l'étude
des crédits du ministère de la Santé et des Services sociaux, c'était le
5 mai, ma collègue la députée de Taillon a débusqué dans les documents
budgétaires la volonté du gouvernement libéral d'augmenter les tarifs en CHSLD
au-delà de l'inflation. L'information
était dissimulée parmi les 1 200 pages des documents transmis aux
parlementaires. Le ministre l'a d'abord décrite comme une coquille, ce qui, visiblement, n'était pas le cas.
L'augmentation suggérée par le ministre, c'était d'aller chercher 10,4 millions de dollars directement
dans les poches des personnes les plus vulnérables de notre société. En plus
d'augmenter la contribution des résidents de
l'équivalent de l'inflation, soit 1,8 %, le ministre rajoutait donc une
hausse supplémentaire de 2,2 %,
portant la hausse totale pour les aînés à 4 %. On sait que les montants
que doivent débourser les personnes
hébergées en CHSLD totalisaient 640 millions de dollars en 2014-2015. Le
coût d'une chambre, ce n'est pas
donné, là : chambre individuelle, 1 789,80 $; chambre à deux
lits, 1 496,40 $; chambre à trois lits ou plus, 1 112,40 $.
Devant le tollé qu'a provoqué cette
nouvelle, le ministre, il a tenté — et ça, ce n'est pas facile — d'expliquer l'inexplicable.
On a rappelé au gouvernement que, le
5 décembre dernier, le premier ministre promettait ceci à la population québécoise, et je cite le premier ministre :
«Les autres tarifs, on a toujours dit qu'on s'en limitait à l'indexation, au
coût de la vie, et on n'ira pas plus
loin.» Fin de la citation, en parlant de tous les tarifs, là, à l'exception des
services de garde.
Alors, M. le Président, plutôt que d'assumer sa
décision... Pour se défiler, le premier ministre a tenté de jouer sur les mots.
Interrogé sur la hausse des tarifs en CHSLD, le premier ministre est revenu sur
sa parole, et je le cite à nouveau — ouvrez les guillemets : «On n'a jamais
dit qu'il n'y aurait pas de hausse de tarifs. On a dit qu'on les
[maintiendrait] le plus près possible de l'inflation.» Mais oui!
Alors, à
quelques mois d'intervalle, le premier ministre dit une chose et son contraire.
Plutôt que d'honorer sa position initiale, il se cache derrière le
rapport du Vérificateur général et puis il tente, de façon plutôt maladroite,
de jouer sur les mots. Mais les aînés ne
sont pas dupes, M. le Président, ils ont entendu le premier ministre. Le député
de Lévis citait les mêmes
déclarations que moi il y a quelques minutes. Je suis étonné qu'il y ait juste
les libéraux qui n'écoutent pas attentivement le premier ministre.
• (16 h 10) •
Toujours
est-il qu'hier matin on apprenait que, grâce au travail et aux questions de
l'opposition, le gouvernement libéral reculait sur son projet d'imposer
une augmentation inacceptable à nos aînés hébergés en CHSLD.
Sur les ondes du FM93 la semaine dernière, jeudi
précisément, l'ancienne vice-première ministre libérale Nathalie Normandeau n'a pas mâché ses mots à l'égard de la décision
insensée du ministre de la Santé. Et là c'est elle que je vais citer, écoutez bien :
«Sincèrement — dit
Nathalie Normandeau — je parle
d'arrogance, parce que le ministre s'est
comporté — durant
l'entrevue qu'il lui accordait — comme s'il avait le monopole de la vérité.»
C'est drôle, je le reconnais — ça, c'est de moi, ça. Et je poursuis la
citation : «On coupe dans les bains, on coupe dans la nourriture, puis là,
aujourd'hui, on nous dit : Bien là, il faut augmenter les tarifs. Alors,
j'ai envie de vous dire ce midi — c'est toujours Nathalie Normandeau qui parle : Qui au Conseil des ministres se
lève pour défendre les aînés? Qui au caucus libéral se lève pour
défendre la voix de nos personnes les plus vulnérables dans notre société?
Est-ce qu'il y a quelqu'un qui va s'indigner?
Elle est où, la ministre des Aînés? — je suis toujours en train de citer Nathalie
Normandeau, là. Arrêtez de nous
parler comme un comptable, dit-elle, parlez-nous comme un ministre qui a de
l'empathie, qui a de la compassion pour
nos aînés. On a en face de nous — poursuit Nathalie Normandeau — un gouvernement qui n'a pas d'empathie face
à ceux qui ont été nos bâtisseurs, face à ceux qui nous ont permis
d'être là où on est aujourd'hui. Je m'indigne...»
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Je m'excuse. M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Sklavounos :
Simplement, ce n'est pas parce que le collègue est en train de citer quelqu'un
d'autre qu'il peut employer un langage qui est blessant, injurieux. En
vertu de notre règlement, même si... C'est comme si le député le disait lui-même, là, ce qu'il cite. C'est ça, ce
que le règlement dit : On ne peut pas le faire indirectement, c'est la
réalité. Alors, je vous demande d'appliquer le règlement, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
M. le whip de l'opposition officielle.
M. Dufour :
M. le Président, le député l'a dit, il citait au texte une personne. Alors, je
pense que... Vous ne l'avez même pas rappelé à l'ordre vous-même, alors
il devrait continuer à débattre. Ça allait très bien, là.
Des voix : ...
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Je sais, mais c'est une question
d'opinion de la personne qui est citée par le député de Richelieu. Je vous demande quand même d'être prudent.
Effectivement, lorsqu'on lit un article de journal, on ne peut pas faire
indirectement ce qu'on ne peut pas faire directement ici. Mais, pour l'instant,
question d'opinion. Veuillez poursuivre.
M.
Rochon : «Je m'indigne, je
m'indigne — poursuit
l'ex-amie de mon collègue d'en face — parce qu'il n'y en a pas assez au gouvernement qui s'indignent
aujourd'hui. Je suis crinquée — pas moi, là, Nathalie Normandeau, bien,
moi, un peu, quand même — comme vous le constatez là. Je pense que
c'est la première fois que je suis crinquée comme ça dans le show, dans notre show du midi, parce
que je trouve que ça n'a pas de maudit bon sens faire ce qu'on fait avec
nos personnes âgées.» Toujours Nathalie Normandeau, M. le Président, je
n'oserais pas dire «maudit», moi.
Et là le
ministre nous dit : «Non, non, ce n'est pas 4 % d'augmentation, c'est
un petit pourcentage qui va s'ajouter à l'indexation, parce que le gîte
et le couvert ne couvrent pas ce que ça coûte réellement.»
«Mais là j'ai
envie de vous dire, M. le ministre — toujours Nathalie Normandeau :
Commencez donc par faire le ménage
dans vos cadres, dans la bureaucratie du ministère de la Santé, puis mettez ça
dans les services aux citoyens. Parce que vous êtes celui qui, ad nauseam, nous
répète à tous les jours que les compressions de santé, ça ne touche pas les
services aux citoyens. Ça, c'est complètement faux. Là-dessus, il n'y a pas un
Québécois qui vous croit. Puis, si vous continuez
à avoir le discours que vous avez, croyez-moi, on va décrocher, et on va
décrocher pour vrai.» J'ai terminé avec Nathalie Normandeau. Mon collègue
d'en face peut souffler. Sa tension artérielle peut redescendre.
Alors
que le Parti québécois était au gouvernement, nous avions pris les choses en
main pour faire la lumière sur les
conditions de vie des aînés en CHSLD. En effet, en mai 2013, la députée de
Saint-Henri—Sainte-Anne a
demandé à la Commission de la santé
et des services sociaux de l'Assemblée nationale qu'elle se donne
prioritairement un mandat d'initiative
portant sur les conditions de vie des adultes hébergés en centre d'hébergement
et de soins de longue durée. Notre
formation était tout à fait en accord avec la proposition de la députée
libérale de Saint-Henri—Sainte-Anne et
nous avions décidé conjointement de
tenir ce mandat d'initiative. Les consultations particulières et les auditions
publiques de la commission ont d'ailleurs débuté le
21 janvier 2014.
Lorsque, M. le
Président, j'ai interrogé la ministre responsable aux Aînés, durant l'étude des
crédits, j'ai été passablement étonné
d'apprendre que le gouvernement, bien, il ne compte pas poursuivre ce mandat
pourtant si cher à la députée de
Saint-Henri—Sainte-Anne.
Avec les événements des derniers jours, il semble de plus en plus pertinent de
tenir une telle commission pour s'assurer de la qualité de vie de nos
aînés.
Alors,
le réseau des CHSLD est essentiel pour les aînés. Il sera de plus en plus
sollicité au cours des prochaines années. La courbe démographique va
accentuer la demande de la population québécoise pour des places en CHSLD.
Parlons
un peu du phénomène du vieillissement
au Québec. D'ici 2031, la population des personnes âgées
de 65 ans et plus passera de
15,7 % à 26 %, selon l'Institut
de la statistique du Québec, ce qui
représente une augmentation annuelle de
50 000 personnes âgées de 65 ans et plus. En 2021, ce sera une
personne sur cinq qui aura 65 ans et plus, ceci sans compter les
personnes ayant une déficience physique, intellectuelle ou un trouble
envahissant du développement, qui représentent
actuellement 23 % des interventions réalisées en soutien
à domicile par le réseau de la santé
et des services sociaux.
Les lits en CHSLD
seront donc de plus en plus sollicités. Or, selon les chiffres fournis dans le
cahier des crédits 2015-2016,
le gouvernement a fermé 1 056 lits en CHSLD en 2014-2015.
Il est surprenant de constater que, plutôt que d'augmenter l'accès, le gouvernement réduit le nombre de places
disponibles alors que la demande, je viens de le démontrer, elle, ne cesse de croître. Uniquement à Montréal,
c'est quelque 76 lits qui ont été fermés là où la demande est la plus
criante. Si bien que, toujours selon le livre des crédits du ministère,
la liste d'attente s'élève maintenant à 3 752 personnes qui attendent patiemment que le gouvernement leur
accorde une place dans un CHSLD, dont 1 313 uniquement à Montréal.
Je
terminerai mon intervention aujourd'hui en vous parlant du plus important : les
conditions de vie de nos aînés dans les CHSLD. Malheureusement, malheureusement,
ces institutions-là ont mauvaise presse. La plupart du temps, lorsque le mot «CHSLD» est mentionné dans un article
de journal, ce n'est pas pour de bonnes nouvelles. Force est de constater que, depuis les derniers mois, les
mauvaises nouvelles se sont succédé. Des médias rapportent des problèmes
criants dans les CHSLD du Québec : malnutrition, maltraitance,
intimidation, sécurité incendie déficiente, problème d'hygiène corporelle, et puis j'en passe. Le scandale des bains au noir
a fait couler beaucoup d'encre. L'idée que nos aînés ont à se procurer des bains dans un marché
parallèle est inacceptable en soi. LeJournal de Québec relatait
hier matin qu'une résidente du CHSLD
Christ-Roi à Québec attend sa douche depuis deux ans alors qu'un dermatologue
lui a prescrit une douche par semaine.
En
2003, le premier ministre lui-même, alors ministre de la Santé, adoptait
une politique pour la qualité de vie des personnes hébergées en CHSLD. Le Conseil de protection des malades note
que plusieurs points de cette politique ne sont
pas respectés : vérification des antécédents judiciaires des employés,
exigence de formation des employées, hygiène des résidents. Plutôt que de se concentrer sur la façon d'aller piger
dans les poches de nos aînés, le gouvernement libéral devrait se
concentrer sur la façon d'améliorer leur qualité de vie.
Alors, pour terminer,
M. le Président, j'aimerais vous relire notre motion :
«Que
l'Assemblée nationale exige du gouvernement libéral le respect de la
parole donnée aux Québécois par le premier
ministre, le
5 décembre 2014, selon laquelle la hausse de tous les tarifs serait
limitée — de
tous les tarifs — à
l'indexation au coût de la vie;
«Qu'elle
demande au premier ministre de rappeler à l'ordre son ministre de la Santé et des Services sociaux, qui a confirmé
une augmentation supérieure à l'inflation du tarif exigé aux personnes vivant
dans un CHSLD.» Merci, M. le
Président.
• (16 h 20) •
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M le
député de Richelieu,
pour cette intervention. Je cède la
parole à M. le député de Papineau, en lui rappelant qu'il reste environ
29 minutes à sa formation politique. Alors, je vous cède la parole, M. le
député de Papineau.
M. Alexandre Iracà
M. Iracà :
Oui, merci, M. le Président. Écoutez, d'entrée de jeu, s'il y a un parti, dans
l'histoire du Québec, qui s'est
occupé de nos aînés, des personnes âgées, c'est le Parti libéral. Ceux qui connaissent moindrement l'histoire du Québec vous
diront exactement la même chose. Vous pouvez faire un sondage dans
la population, et je suis persuadé que, de tous les partis confondus, le Parti libéral va être en tête. En tête pour quoi? Parce qu'à toutes les fois que nous
avons été au pouvoir nous avons pris
des mesures pour nos aînés, pour prendre soin de nos aînés dans les
institutions de santé. Donc, je trouve
ça un peu surprenant de la part du député
de Rousseau qu'il nous interpelle sur ce sujet, alors que, lorsqu'il était
au pouvoir... lorsqu'ils étaient au pouvoir,
nos collègues de l'opposition officielle ont non seulement rien fait pour
améliorer les services aux aînés, mais, pire encore, M. le
Président, en 18 mois, la situation des aînés s'est gravement détériorée.
Avant toute chose, rappelons-nous les
mesures visionnaires du Parti québécois, ce même parti qui, visiblement,
cherche par tous les moyens à faire peur aux aînés, alors qu'il n'a aucune
crédibilité dans le domaine de soins des personnes
âgées. C'est important de faire un peu l'historique pour que les citoyens
comprennent ce qui s'est passé dans l'histoire.
Sachant que le Québec devait faire... à un vieillissement de la
population — puis on
n'avait pas besoin d'études, là, au niveau doctoral pour savoir qu'au
Québec il y a un vieillissement de la population, c'est connu et reconnu par tous — ils ont cru bon, malgré ça, malgré cette
connaissance-là de la situation démographique du Québec, ils ont cru bon,
entre 1995 et 2003, de fermer près de
4 000 lits en CHSLD sans que des ressources de rechange ne soient
ajoutées dans la communauté. Depuis
ce temps-là, M. le Président, là, il s'est dégagé des listes d'attente
épouvantables dans les CHSLD, par cette mesure drastique là, qui n'avait
aucune, mais aucune logique, 4 000 lits au Québec entre 1995 et 2003.
Le
Parti québécois, je le répète, ce même parti qui nous accuse de couper dans les
services, a laissé les services de
soins à domicile se détériorer. Le Parti québécois a agi... nous a laissé un
déficit, puis on le sait, l'année passée, pas plus tard que l'année passée, un déficit de
7 milliards de dollars. Eux, ce qu'ils priorisaient, c'est toutes sortes
de choses, mais de bâtir un budget équilibré, qui fait du sens, ce n'était pas
dans leur ligne de mire. Et on peut le voir encore aujourd'hui, M. le Président, eux, ce qu'ils veulent, c'est
investir dans la bureaucratie, dans la structure, hein? Ils ont voté
contre le projet de loi n° 10,
contre le projet de loi n° 20. Tous les projets de loi qui ont pour but de
venir en aide aux personnes, qui ont
pour but de venir en aide aux citoyens qui sont dans le besoin en santé, eux,
ils se disent : Non, nous on aime mieux investir, pas à la base, pas sur le terrain, mais on aime mieux sauver
nos structures, investir de l'argent dans nos structures. Puis on l'a vu avec le projet de loi n° 10.
Ils font la même chose avec le projet de loi n° 20. Ils ont mis à la
retraite, également, le personnel qui
travaillait auprès des personnes âgées, et ce, en sachant que le Québec avait
une population vieillissante.
Alors,
M. le Président, les jeunes ont délaissé le Parti québécois dans les dernières
années. Ça a été pire encore en 2014 avec la charte discriminatoire qui
a été déposée en 2014. Là, ils vont se demander pourquoi les personnes âgées n'ont jamais adhéré à notre parti. Bien, on
n'a qu'à regarder l'histoire du Québec. Ce que je viens d'énumérer, là, là,
c'étaient des attaques frontales directement aux personnes âgées du Québec.
Ce
parti aurait pu apprendre des erreurs commises entre 1995 et 2003, mais on a
constaté le contraire durant les 18 mois
du Parti québécois au pouvoir. Le précédent gouvernement a surfé pendant
18 mois sur nos investissements. Mis à part, bien sûr, la taxe autonomie
du précédent ministre de la Santé et des Services sociaux, il n'y a rien qui a
été fait en santé, il n'y a rien qui
a été investi en santé pendant les 18 derniers mois — heureusement, seulement 18 mois, mais quand même assez longtemps pour qu'on puisse constater qu'il n'y
a rien qui a été fait.
Tel
que mentionné précédemment, les 18 mois du Parti québécois au gouvernement ont été catastrophiques pour les
aînés. Je vais vous donner deux exemples. 500 lits à Montréal
et 150 lits à Québec, dans des CHSLD, ont été coupés. Puis là je ne vous parle pas des autres d'avant,
là, les 4 000 que je vous
ai mentionnés, qui a fait en sorte que ça a créé une liste d'attente épouvantable. Alors, l'ancien
ministre de la Santé voulait accélérer, malheureusement, la fermeture des
CHSLD. Au profit de quoi? Au profit de la
taxe autonomie, alors que tous s'entendent sur le fait que les soins à domicile
ne peuvent pas remplacer des soins en CHSLD pour une très grande portion de la
clientèle.
Ils
ne croyaient tout simplement pas aux CHSLD, aux gens qui travaillaient là. Écoutez,
moi, j'ai un projet dans mon comté,
un projet d'agrandissement de 55 lits pour un CHSLD à Buckingham. C'est un
projet excessivement important. Je
peux vous dire une chose, pendant les 18 mois au pouvoir du Parti québécois, ça n'a jamais vu le jour. Puis là, là, nous, on dit : Il y a des gens au Québec
qui ont besoin de soins de santé spécialisés. Tout le monde, tout le monde veut vieillir et demeurer le
plus longtemps à domicile, dans sa maison. Mais, à un moment donné, le CHSLD est là pour donner des soins à des personnes âgées qui en ont besoin. Et le projet, mon 55 lits
à Buckingham, on y travaille. Il va voir le jour, parce que c'est
important d'avoir des établissements qui s'occupent de nos personnes âgées.
M. le Président, ce
même parti qui nous interpelle sur la hausse des tarifs en CHSLD proposait lui-même
une nouvelle taxe lorsqu'il
a été élu au pouvoir. Leur projet de taxe autonomie était en effet une taxe qui
aurait touché directement nos aînés. Le projet ne tenait aucunement la
route. Comment prétendre que tous les aînés
peuvent demeurer dans leurs résidences en vieillissant? Il y a là un
manque flagrant de la compréhension de la situation qui se vit sur le terrain.
Il y avait là, Mme la Présidente, de la pensée magique de la part du
gouvernement de ce temps.
Permettez-moi,
Mme la Présidente d'expliquer la réalité au député de Rousseau, qui a déposé la
motion, car je pense qu'il semble y
avoir des lacunes dans la compréhension des soins de santé au Québec. D'une
part, il y a une partie de nos aînés dont... la situation et les soins
qu'ils requièrent leur permettent de demeurer au sein du confort de leurs résidences à l'aide des ressources disponibles.
Mais il y a aussi les CHSLD qui permettent, quant à eux, aux aînés en grande
perte d'autonomie d'être accompagnés dans un
continuum de soins appropriés à leur état de santé en toute sécurité, cette
structure de soins en continu que l'on ne peut pas garantir dans les services
de première ligne.
Alors,
évidemment, dans un CHSLD, c'est un travail d'équipe. C'est des équipes multidisciplinaires,
de tous les horizons, en
ergothérapie, travailleur social, des services de loisir, des préposés, des
gens qui travaillent excessivement fort. Et il faut encourager ces
gens-là.
Puis
il faut encourager aussi le fait qu'il y ait des places pour les gens qui sont
présentement sur des listes d'attente pour entrer dans les CHSLD, pour
toutes sortes de raisons, parce que leur situation physique demande à faire en
sorte qu'ils puissent avoir des soins
réguliers, continus, avec une équipe multidisciplinaire, et aussi pour
permettre du répit à ceux qui s'en
occupent. Parce que c'est beaucoup, beaucoup d'ouvrage pour toute la famille,
pour ceux qui le vivent, pour ceux
qui l'ont déjà vécu. Il faut absolument que, si la personne se qualifie et si c'est
une demande qui vient de la famille, il puisse y avoir des places dans
nos CHSLD.
Le prochain chef du
Parti québécois, le député de Saint-Jérôme qui sera nommé vendredi, pensez-vous...
pensez-vous...
Des voix : ...
M. Iracà : Alors, selon toutes les statistiques, le prochain
chef, le député de Saint-Jérôme. Alors, permettez-moi de parler du
député de Saint-Jérôme. Pensez-vous, Mme la Présidente, qu'il aura comme
priorité de prendre soin des personnes âgées
au Québec? Pensez-vous, là, que ce sera sa priorité? Alors, moi, j'en pense
qu'il en a deux, priorités, le député
de Saint-Jérôme, hein? Je pense qu'il en a deux. C'est d'essayer de trouver la
prochaine question pour le prochain référendum,
qui sera payé à même les contribuables du Québec. Puis l'autre priorité,
probablement que ça va être de faire de l'argent avec sa compagnie
Québecor.
Alors, écoutez...
Une voix :
...
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Monsieur... Monsieur...
Des voix :
...
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Attendez! Un instant, là!
Des voix :
...
• (16 h 30) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Non. M. le leader adjoint, vous
pouvez peut-être vous asseoir. C'est moi
qui est debout. Je vais vous demander
de vous asseoir, s'il vous plaît. Merci. Alors là, je vais demander à tout le monde un peu plus de calme. Je vais
demander à M. le député de poursuivre et, peut-être, de retirer...
Une voix :
...
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Bien, c'est-à-dire de ramener votre propos sur le sujet et la motion
du jour, et je vous invite à un peu plus de prudence avec vos arguments. Merci.
M. Iracà :
Alors, je vais continuer dans le domaine de la santé, Mme la Présidente. Si on surfe sur le Web, sur le
site Web du député de Saint-Jérôme, il est écrit
plein de choses, mais en aucun moment il ne fait référence au système de
santé du Québec pour les personnes âgées, aucun moment. Vous
pouvez trouver possiblement le mot «référendum» une centaine de fois. Vous pouvez entendre et lire sur
son site Web plein de choses concernant les structures et la
façon de faire du prochain référendum. Mais, lorsqu'on parle de soins de
santé et de soins de nos personnes aînées, il n'y a absolument rien, c'est le
néant, c'est le néant.
Alors,
je m'inquiète, Mme la Présidente. Je suis très inquiet, moi, parce que
les aînés sont pour nous une grande richesse au Québec. Ils ont été là
avant nous, puis il faut s'en occuper. Puis ce que je disais d'entrée de jeu, tout
à l'heure, si vous demandez aux Québécois et Québécoises quels partis confondus... s'est le plus occupé
des personnes âgées, je vous garantis
que la réponse va être le Parti libéral, et on va continuer à le faire, Mme la Présidente. Alors, évidemment, notre gouvernement ne laissera pas tomber les aînés, et nous annoncerons d'autres mesures
pour accroître le soutien et le service mis à la disposition des
personnes aînées.
Au
courant de la dernière année, des progrès ont été réalisés entre le
31 mars 2014 et le 31 mars 2015. 12 mois, Mme la
Présidente, trois nouveaux CHSLD ont procédé à l'ouverture, et j'en suis très
heureux. Ces trois nouveaux établissements représentent
une hausse de services pour la population. Deux des trois sont situés en
Montérégie, et l'autre, dans la
région de Lanaudière, pour un total de 364 places, nouvelles places en
CHSLD. Avec ces annonces, nous réitérons notre soutien aux aînés afin
que ceux-ci reçoivent les meilleurs soins qu'ils sont en droit d'attendre et de
recevoir, Mme la Présidente. En attendant,
il y aura certainement d'autres bonnes nouvelles pour toutes les régions du
Québec, pour essayer de diminuer les
listes d'attente en CHSLD. On va s'en occuper, on va travailler fort, on va
faire en sorte, contrairement au Parti
québécois, de s'occuper de nos aînés pour qu'ils aient une place convenable en
CHSLD et qu'on en prenne soin. Merci beaucoup, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup, M. le député
de Papineau. Pour la prochaine intervention,
je crois qu'il reste 45 secondes au groupe formant l'opposition
officielle. Est-ce que vous allez en bénéficier? Vous allez y aller?
Alors, M. le député de Matane.
M. Pascal Bérubé
M.
Bérubé :
...Mme la Présidente, mais je me permettrais d'indiquer au député qui m'a
précédé ce que dit la présidente de la FMOQ
à Gatineau concernant le projet de loi n° 20 : Un risque important
que les médecins de l'Outaouais quittent
le Québec pour l'Ontario. J'aurais aimé qu'il en parle au lieu de faire cette
attaque sur le député de Saint-Jérôme. Alors,
ça aurait été plus approprié dans le cadre du débat et plus approprié pour les
citoyens qu'il représente, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Merci, M. le député de Matane-Matapédia. Et, pour
la prochaine intervention, je vais reconnaître M. le ministre de la Santé et
des Services sociaux, tout en vous rappelant que votre formation politique
dispose d'un temps de parole de 14 min 45 s.
M.
Gaétan Barrette
M.
Barrette : Merci, Mme la Présidente. Alors, ça me fait plus ou moins
plaisir, Mme la Présidente, de m'adresser devant cette Assemblée dans les circonstances actuelles. Pourquoi? Parce
que, si le ridicule tuait, Mme la Présidente, je pense qu'en avant de
moi les gens tomberaient comme des mouches.
Des voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Alors, oui, M. le...
Une voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Écoutez, je vais demander à M. le ministre de poursuivre, mais...
Des voix : ...
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Il vous reste très peu de temps pour l'argumentation dans le cadre
de cette motion sans préavis. Je vais
vous demander d'avoir un peu plus de prudence par rapport au choix de vos
propos. Et ce ne sont pas des termes
qui sont antiparlementaires, mais je vais demander à M. le ministre d'être plus prudent dans le choix de ses propos. Je lui demande, à lui,
là, d'être plus prudent et je vous demande de me faire confiance pour la suite
du débat.
Une voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Oui.
M. Dufour : Alors, je vous demanderais d'appliquer l'article
35, volet 7°, propos violents et injurieux. Ce n'est pas compliqué, il est comme ça. Traiter le monde
d'en face de ridicule qui tue, là, il faut qu'il retire ses paroles, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : M. le leader adjoint du gouvernement, brièvement, puisque le temps file.
M.
Sklavounos : Oui. Vous avez statué, vous avez rendu une
décision, vous ne pouvez pas... On ne peut pas vous demander de siéger en appel de vous-même, vous
avez rendu la décision. Je demande s'ils pouvaient le laisser continuer.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, oui, je vais demander à M.
le ministre de poursuivre et de faire
vraiment très attention au choix des mots et des propos qu'il va utiliser pour
étayer son argumentaire.
M. Barrette : ...Mme la Présidente...
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
M. le député de Labelle.
M. Pagé : ...question de
règlement, l'article 35, le point 8° : Employer un langage grossier ou
irrespectueux envers les membres de l'Assemblée nationale. C'était totalement irrespectueux, ce qu'il a dit, et je lui demande
de le retirer. Il n'y a aucune...
M.
Sklavounos : ...de
vous donner votre décision ni de vos...
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Ça va bien, là. J'ai demandé à M.
le ministre de faire attention au
choix des mots qu'il va utiliser pour
étayer son propos, on va poursuivre
le débat. Il nous reste un peu plus de 10 minutes, et je vous
invite, M. le ministre, à faire preuve d'un peu plus de rigueur. Merci.
M. Barrette : Merci, Mme la Présidente,
de me permettre de continuer, et je vais donc étayer mon opinion. Alors, Mme la Présidente, ici, on a une motion du
mercredi qui se lit comme suit en partie, une motion qui demande au premier ministre de rappeler à l'ordre son
ministre de la Santé et des Services sociaux — moi-même — qui a confirmé l'augmentation supérieure à l'inflation du tarif
exigé aux personnes vivant dans un CHSLD. Mme la Présidente, aujourd'hui,
nous terminons un débat de deux heures, si
je ne m'abuse, sur un sujet qui fait maintenant partie du passé,
puisqu'évidemment je n'ai pas besoin d'être rappelé à l'ordre par qui
que ce soit, ni par mon chef, le premier ministre du Québec... et certainement pas par l'opposition officielle,
puisque j'ai déjà annoncé — maintenant, il y a plus de 24 heures — que cette mesure-là ne s'appliquerait
pas.
Alors, Mme la
Présidente, je suis très surpris et étonné d'avoir à débattre d'un sujet qui
est clos. Alors, évidemment, dans le
processus parlementaire dans lequel nous vivons, je pense que les gens
s'attendent à ce que le temps parlementaire soit utilisé de façon utile. Et évidemment, actuellement, à partir du
moment où moi-même, parce que je suis visé par la motion, Mme la Présidente, j'ai déjà pris la
décision — qui est
finale et, pour moi, en ce qui me concerne, sans appel — de ne pas indexer au-delà de l'inflation la
contribution des usagers adultes en CHSLD, c'est difficile de justifier un
débat sur cette motion. Mais c'est un choix qui est fait par
l'opposition officielle, et j'y participe.
Maintenant,
Mme la Présidente, je vais mettre les choses en perspective parce que c'est
toujours agréable pour moi de voir à
quel point l'opposition officielle peut, périodiquement, se mettre en
contradiction avec elle-même, et faisons donc un peu d'histoire. Et ça, c'est important, l'histoire, Mme la
Présidente, parce que, quand on sait... il y a un adage qui dit qu'on peut peut-être savoir un peu plus où on
s'en va quand on regarde d'où on
vient. Alors, regardons donc, Mme la...
• (16 h 40) •
Une voix :
...
M.
Barrette : Mais je n'étais pas ici, dans la salle. Regardons donc, Mme
la Présidente, d'où vient le Parti québécois, qui, aujourd'hui, aujourd'hui, avec beaucoup d'émotion... Et on
constate, Mme la Présidente, que l'indiscipline règne du côté de... Bien là, Mme la Présidente, je pense
que le décorum de l'Assemblée nationale exige qu'on écoute. Aux dernières
nouvelles, Mme la Présidente, on a demandé...
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Sklavounos : Je suis à deux rangées du ministre et j'ai de
la misère à entendre ce qu'il dit tellement qu'il y a du bruit de l'autre côté. S'ils sont encore en
contestation de votre décision, là, ils prendront les décisions qu'ils veulent,
mais il faut au moins donner la chance au ministre de s'exprimer. C'est ça
qu'on fait ici, à l'Assemblée nationale, on s'exprime.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Allez-y, M. le ministre.
M. Barrette :
Mme la Présidente, moi, j'entends constamment sept personnes parler de l'autre
côté, mais ça, évidemment, ça semble être comme ça. Alors, Mme la Présidente, parlons donc de l'histoire. Le Parti québécois, ça serait
intéressant de le rappeler... C'est vraiment intéressant, hein, parce
qu'en 1996 le Parti québécois a augmenté d'un coup de 8 % cette
contribution-là. Rappelons que les contributions en question, Mme la
Présidente, sont indexées, c'est historique,
ça a toujours été comme ça. Rappelons également, Mme la Présidente, que... Ah!
mais ça, c'est quand même intéressant,
rappelons, Mme la Présidente, qu'il y a une proposition qui avait été faite par
la ministre des Finances d'alors, Mme
la Présidente, qui était l'ancienne première ministre du Québec, la dernière,
et qui avait proposé, hein — le Parti québécois, à l'époque — d'augmenter
sur une année de 6 % la contribution de l'usager. Mais, probablement parce
qu'il y avait eu à l'interne des débats, peut-être... Mais là ça devait être
justifié, mais on avait augmenté de 4,5 % la contribution de l'usager
au-delà de l'inflation à l'époque, 2001.
Mieux encore, Mme la
Présidente, mais encore mieux, en octobre 2012... Tout à l'heure, sur Twitter,
Mme la Présidente, si je l'ai encore, je mettrai sur Twitter l'adresse
électronique, parce que c'est encore disponible, hein, l'intervention qui a été faite dans une émission de Benoît Dutrizac,
Cogeco, Mme la Présidente, du ministre de la Santé... Le ministre de la Santé, Réjean Hébert, Mme la
Présidente, avait, à ce moment-là, mandaté la RAMQ de faire les analyses
pour faire en sorte qu'il y ait une
augmentation de la contribution de l'usager sur la base de quoi? Sur la base du
rapport du Vérificateur général de
2011, Mme la Présidente. Et, quand on écoute l'entrevue du ministre de la Santé
d'alors, ça ne fait quand même pas
longtemps, là. Quand... Là, je pense qu'on est rendu à neuf personnes qui
parlent. Alors, Mme la Présidente...
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vais demander aux gens d'être un
peu plus silencieux pour permettre à M.
le ministre de terminer son intervention, il reste cinq minutes. Alors, merci.
J'espère que tout le monde va contribuer.
M.
Barrette : Oui, mais je comprends, Mme la Présidente, j'entends devant
moi qu'avec qui se dit... Mais je ne fais
que dire qu'est-ce qui a été dit par leur propre parti, et le ministre de la
Santé d'alors disait : Le Vérificateur général nous demande de réajuster la contribution parce
qu'elle n'a pas augmenté depuis x années. «Le Vérificateur général nous dit — là, je cite, là, Réjean Hébert — qu'il y a une iniquité envers les usagers à
l'extérieur des CHSLD.» Le ministre de la Santé d'alors nous dit que c'est tout à fait normal de faire ça. Et même
il va plus loin, il propose lui-même une refonte de la grille de calcul
de la contribution de l'usager, Mme la Présidente.
Alors,
ici, là, on est il y a moins de trois ans, Mme la Présidente, deux ans et demi.
Le même parti qui, aujourd'hui, nous
demande de faire un débat m'enjoignant... en fait, enjoignant le premier
ministre de me rappeler à l'ordre sur la base d'une analyse... Mme la Présidente, comment pourrais-je qualifier ce
comportement? Ici vient d'applaudir avec le sourire fendu jusqu'aux
oreilles la leader, Mme la Présidente, la leader, la députée de Taschereau.
Mme
Maltais :
Question de règlement.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Mme la leader de l'opposition officielle.
Mme
Maltais :
Je suis intervenue, Mme la Présidente, parce que... J'applaudissais parce que
notre volonté politique a été de ne pas faire ce qu'on nous proposait, et
maintenant il vient de se faire dire par son premier ministre aussi de ne pas le faire.
Des voix : ...
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Très bien. Alors, je vous demande de poursuivre. Il vous reste un peu
plus de trois minutes.
M.
Barrette : Mme la Présidente, alors donc, la leader, qui m'interrompt en applaudissant, hein — ce
n'est pas vraiment très, très approprié, mais ce n'est pas grave — la
leader, Mme la Présidente, vient de me dire que le ministre de
la Santé de l'époque de son
gouvernement était allé présenter sur la place publique et mandater la RAMQ de
faire une mesure avec laquelle son
gouvernement n'était pas d'accord. Je ne savais pas que les ministres de la Santé, peu importe le gouvernement, avaient tant d'autonomie. Mais semble-t-il qu'au Parti québécois on a cette autonomie-là, ce qui est quand même très amusant, Mme
la Présidente.
Alors, je
continue, Mme la Présidente. Alors, le ministre de la Santé du Parti québécois avait mandaté la RAMQ d'augmenter très, très, très au-delà de
l'inflation la contribution de l'usager. Voilà qui rend la situation pour le
moins cocasse. J'espère que «cocasse», c'est permis dans le langage
parlementaire.
Ceci dit, Mme la Présidente, pourquoi on en est là? Regardez, Mme la Présidente, je pense
que je vais quand même
rappeler des souvenirs à la leader. Ici, c'est des articles de journaux. Ça
titrait ici, le 12 octobre 2012, dans Le Soleil : Des places en CHSLD plus rares — parce
qu'il voulait couper aussi, il les a coupées — et
plus chères. Ou encore ici, sur
la Rive-Sud : On pige encore dans les poches des personnes vulnérables.
Titré dans les... Ça, c'était, le PQ, Mme la... hein? Alors, on se retrouve dans cette situation-là, Mme la Présidente,
parce que, un, on décide de faire du temps. Ils ont le droit, on peut
faire du temps, on...
Une voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Tout à fait. Alors, merci. M. le ministre, allez-y.
M.
Barrette : Mais je suis sûr
que tous ceux et celles qui nous écoutent sont surpris de voir ce débat-là sur
un sujet qui est clos. Et pourquoi ce
sujet vient-il sur la table, Mme la
Présidente? Il vient sur la table
parce qu'il y a des débats à faire
qui sont le résultat de la mauvaise gestion du Parti québécois, qui nous a
entraînés dans ce déficit. Et je rappellerai la réalité du Parti québécois, lorsqu'ils étaient au pouvoir, ils ont présenté — maintenant, on sait pourquoi — des budgets sans crédits parce que, s'ils les avaient présentés avec crédits, il
aurait fallu qu'ils nous expliquent pourquoi ou comment ils allaient
récupérer la situation budgétaire si difficile. Nous, évidemment, nous prenons
nos responsabilités, Mme la Présidente, et
nous regardons toutes les options. C'est nous qui avons à faire les choix
difficiles, l'opposition n'a qu'à commenter
et organiser des débats sur des choses qui sont passées. Je suis sûr qu'on va
tous être heureux à la prochaine élection
de participer à des débats sur nos succès après avoir été réélus, et après
avoir été réélus parce qu'on aura corrigé des situations catastrophiques
budgétairement parlant léguées par le Parti québécois, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci, M. le ministre de la
Santé et des Services sociaux. Et, toujours
dans le cours de ce débat restreint sur cette motion, je vais céder la parole à
l'auteur de cette motion, M. le député de Rousseau, en vous rappelant
que vous disposez d'un temps de parole de 10 minutes.
M. Nicolas Marceau
(réplique)
M. Marceau :
Parfait. Merci, Mme la Présidente. Écoutez, j'entendais le ministre de la Santé
nous dire que la question est close, que le sujet est clos. Mme la
Présidente, jamais un sujet n'a été aussi ouvert parce que nous avons devant nous, Mme la Présidente, des
multirécidivistes, des gens qui n'ont aucun respect pour la parole donnée en
campagne électorale. Et ça s'est vu
systématiquement depuis l'élection de ce gouvernement, ça n'a pas cessé. Il y a
eu une pause en décembre dernier
lorsque le premier ministre s'est ressaisi. Ça n'a pas duré longtemps, mais il
s'est ressaisi, et, à un moment
donné, en décembre, après avoir brisé sa parole sur les CPE, après avoir brisé
sa parole sur la hausse du fardeau fiscal
des Québécois, après avoir brisé sa parole sur le financement des services
publics, après avoir brisé sa parole,
donc, à plusieurs reprises...
• (16 h 50) •
Une voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Sklavounos : Une
fois, deux fois, trois fois, on impute des motifs. On dit que le premier
ministre n'a pas respecté une parole. Premièrement, permettez-moi, au moins, de m'exprimer, s'il vous plaît. À quelques
reprises, on impute des motifs directement au premier ministre. On doit prendre la parole d'un député. On impute
des motifs clairement, je demande au député de retirer...
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Bon,
écoutez, je vais demander à l'auteur de la motion, M. le député de Rousseau, de poursuivre son
intervention.
M. Marceau : ...Mme
la Présidente, parce que
je... C'est la parole donnée en campagne
électorale aux Québécois, M. le Président. On avait dit
aux Québécois : Il n'y
aura pas de hausse du fardeau fiscal. Qu'est-ce qu'on a observé? Il y a eu hausse du fardeau fiscal. On avait dit aux
Québécois que les services seraient maintenus et que les services seraient
même étendus pour les
personnes âgées. Qu'est-ce qu'on a eu? Rien de ça. C'est le contraire, les
services ont été coupés. Alors, Mme
la Présidente, on appelle ça du récidivisme. Et, en décembre, le premier
ministre s'est ressaisi, il a dit : Les contribuables ont suffisamment fait d'efforts, on n'ira pas plus loin.
Les contribuables ont fait l'effort, on le sait. On le sait que ça n'a
pas été facile. Il reconnaissait que ça n'avait pas été facile pour les
contribuables. Implicitement et même explicitement,
il reconnaissait donc qu'il avait demandé un effort aux contribuables, n'est-ce
pas? Alors, il nous disait : C'est fini. Il n'y en aura plus, de
hausse des tarifs. Il n'y en aura plus, de demandes d'efforts aux
contribuables.
Mme la
Présidente, je suis désolé de vous dire que la question n'est pas close. La
question n'est pas close parce qu'on
réfléchit présentement au gouvernement à de nouvelles façons de hausser le
fardeau fiscal, on le sait. Sur la question des tarifs d'électricité, récemment, là, le gouvernement, on le sait, a
acquiescé à une hausse des tarifs d'électricité de 2,9 %, ce qui est beaucoup plus que l'inflation. Beaucoup
plus que l'inflation. Et, Mme la Présidente, on le sait, le ministre de l'Énergie l'a reconnu publiquement, on envisage de
taxer les grandes maisons. On envisage de taxer les grandes maisons au Québec. L'imagination sans borne du
gouvernement s'attaque aussi à la question des loisirs des Québécois, en
particulier du camping. On envisage donc d'augmenter les taxes sur les campings.
On a aussi déjà augmenté les permis de chasse et
les permis de pêche, on le sait. Et c'est des hausses qui sont substantielles, qui sont — je pense que vous allez en convenir avec moi
facilement, Mme la Présidente — beaucoup plus que l'inflation, 42 % dans le cas des permis de pêche, 21 %
dans le cas des permis de chasse. On envisage aussi, Mme la Présidente,
de taxer plus fortement les nuitées, les nuitées un peu partout sur le
territoire québécois et de rapatrier les montants
en question vers le gouvernement pour financer on ne sait trop quoi à ce
stade-ci. Mais ce qu'on sait, c'est qu'il y a une imagination débordante de l'autre côté quand vient le temps de
taxer les Québécois et d'augmenter leurs tarifs. Ça, on le sait. Et c'est pour ça que la question n'est pas close, parce
que le gouvernement nous a dit qu'il n'y aurait pas de hausse de fardeau fiscal et pas de hausse de
tarifs, et pourtant on ne cesse de trouver de nouvelles manières de venir taxer
les Québécois.
Et, évidemment, on parle ici d'un gouvernement
libéral qui, dans le fond, succède à un ancien gouvernement libéral, le gouvernement du premier ministre
Charest. Vous vous rappellerez, Mme la Présidente, que le fardeau fiscal
des Québécois avait été, à l'époque,
augmenté de 6 milliards de dollars. Ce n'est pas rien. Ce n'est pas rien,
6 milliards de dollars. Et déjà,
là, on est déjà à plus de 1 milliard en un an, à peu près, avec le nouveau
gouvernement, et donc la question n'est pas close.
J'entendais
le ministre de la Santé nous dire que la question était close. Elle n'est pas
close, jamais. Jamais une question
n'a été aussi ouverte. Le gouvernement a été élu sur la base de la promesse de
ne pas augmenter le fardeau fiscal des
Québécois, et tout ce qu'il trouve à faire, c'est d'augmenter le fardeau fiscal
des Québécois. Alors, je suis désolé, là, mais c'est une question
parfaitement légitime. Je suis très heureux qu'on ait déposé cette motion et
j'espère que le gouvernement sait que,
désormais, il n'y en a pas une qui va passer, on va déposer des motions à
chaque fois qu'ils envisagent une nouvelle façon de taxer les Québécois.
Mme la
Présidente, il faut dire aussi, j'ai entendu le ministre de la Santé parler de
l'état des finances publiques. Bien, je pense que c'est important de rappeler
que l'état des finances publiques, il n'est pas celui qui est décrit par le
gouvernement. Il n'y a personne de notre
côté qui pense que de gérer les finances publiques, c'est une sinécure, que
c'est facile, qu'il n'y a pas des
défis, tout le monde de ce côté-ci le reconnaît. Mais l'exagération à laquelle
on a eu droit depuis un an est,
enfin, inimaginable. On nous parle de déficit de 7 milliards de dollars.
Mme la Présidente, ça, c'est dans la tête de ceux d'en face, puis c'est
nulle part ailleurs, là. Ça n'existe pas, ces chiffres-là, 7 milliards de
dollars. D'ailleurs, à l'occasion des
crédits, j'ai demandé... on a demandé au premier ministre de nous le détailler,
ce 7 milliards de dollars là. Aucune
réponse, incapable d'expliquer les 7 milliards en question. En fait, il y a 3,5 milliards... 3,6 milliards, je devrais dire, pour lesquels aucune explication, rien. J'ai fait la même
démarche auprès du ministre des
Finances, le ministre des Finances a été incapable de me
donner quelque détail que ce soit sur ce 3,6 milliards. Mme la Présidente, je ne suis pas surpris qu'il ne soit pas
capable. Je ne suis pas surpris, c'est une évidence qu'il ne sont pas capables.
Pourquoi? Parce que ça n'existe pas, c'est dans leurs têtes.
Puis ici j'ai
un dernier point à ajouter là-dessus — puis je vais le redire parce que je pense
que c'est important — les
pressions auxquelles les gouvernements font
face au Québec depuis plusieurs années, ce n'est pas des pressions qui viennent
du Parti québécois qui s'est lancé dans des
dépenses incontrôlées, ça vient essentiellement de ce qui avait été décidé par
l'ancien premier ministre Charest et son équipe, et, à l'époque, son ministre
de la Santé. Ça vient de deux sources principales, les pressions auxquelles on
est confrontés, puis ils sont pris avec le problème qu'ils ont eux-mêmes créé, premièrement, la rémunération des médecins, qui a
augmenté de façon spectaculaire... Je vais simplement vous redire les chiffres, la rémunération des médecins, en
2005-2006, c'était 3,3 milliards, puis, aujourd'hui, là, c'est
6,6 milliards de dollars. Ça a doublé. Quand on pense qu'il y a un
3 milliards de plus qui s'est ajouté à la facture, évidemment c'est compliqué à gérer. Et ça vient du premier ministre
actuel, ça, Mme la Présidente, ça ne vient pas de nous autres, là. Je
voudrais bien que ça vienne de nous, ça ne vient pas de nous.
Deuxième affaire, le service de la dette. Les
infrastructures ont augmenté de façon importante sous l'ancien gouvernement. Il y avait certainement des choses
qui étaient intéressantes là-dedans puis qui étaient importantes. Augmenter
les dépenses d'infrastructures, c'est utile,
mais les a-t-on augmentées à un niveau qui était compatible avec la capacité
de payer des Québécois? La réponse, c'est non.
Puis qu'est-ce qu'on a fait quand on est arrivés, nous, au pouvoir en 2012?
On a réduit de 1,5 milliard les
dépenses d'infrastructures qui étaient incompatibles. D'ailleurs, le nouveau
gouvernement qui avait été élu en
prétendant qu'il allait augmenter de 1,5 milliard a été incapable de le
faire. Et pourquoi il a été incapable de
le faire? Parce qu'il s'est fait dire par les différentes agences de notation
que, s'il le faisait, il allait être décoté. Alors, Mme la Présidente, les gens de l'autre côté n'ont pas
de leçons à donner à personne, et ils vivent avec les difficultés qu'ils
se sont eux-mêmes créées, Mme la Présidente.
Je vais vous dire une
dernière chose sur la motion parce que je pense que c'est important. Le gouvernement
prétend actuellement qu'il va réduire
le fardeau fiscal des Québécois dans le futur, qu'il va réduire le fardeau fiscal de 2,5 milliards de dollars dans le futur. Je peux
vous dire une chose, c'est que... Enfin, moi, je vais le croire quand je vais
le voir, là, on va commencer par ça. Je ne
crois pas que ça va arriver parce que, déjà, les chiffres tendent à montrer
qu'il n'y en a pas, de baisse du
fardeau fiscal. Vous prendrez les documents budgétaires, deux pages simples...
Les Québécois qui ont le temps et les
journalistes qui ont le temps de le faire, vous prendrez deux pages très
simples, la page B.10 puis la page
B.41. À la page B.10, on nous dit qu'on va réduire le fardeau fiscal de
2,5 milliards, puis, à la page B.41, on voit que le fardeau fiscal est augmenté de
2,5 milliards sur cinq ans. Il n'y en a même pas, de baisse de fardeau
fiscal. C'est une illusion que ce gouvernement-là essaie de créer pour,
évidemment, des fins électorales.
Alors, Mme la
Présidente, je ne trouve vraiment
pas ça drôle quand j'entends le ministre
de la Santé nous dire que cette question-là est close puis qu'il y a un déficit
imaginaire de 7 milliards. Mme la
Présidente, tout ça, ça n'existe
nulle part, sauf dans la tête du gouvernement d'en face. Et je vais conclure par une phrase très simple, phrase qui a
été utilisée apparemment déjà dans cette Chambre et, donc, qui est
parfaitement parlementaire : Si le ridicule tuait, les députés du
gouvernement tomberaient comme des mouches, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Alors, merci beaucoup, M. députée de Rousseau.
Mise aux voix
Et je vais maintenant mettre aux voix la motion
de M. le député, qui se lit comme suit :
«Que l'Assemblée nationale exige du gouvernement libéral le
respect de la parole donnée aux Québécois par le premier ministre, le 5 décembre 2014, selon laquelle la hausse de tous
les tarifs serait limitée à l'indexation au coût de la vie;
«Qu'elle demande au premier ministre de rappeler à l'ordre
son ministre de la Santé et des Services sociaux, qui a confirmé une
augmentation supérieure à l'inflation du tarif exigé aux personnes vivant dans
un CHSLD.»
Est-ce que cette motion est adoptée? M. le
leader adjoint du gouvernement.
M.
Sklavounos : Je
vous demande le vote par appel nominal, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Alors, que l'on appelle les députés.
• (17 heures — 17
h 13) •
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors,
j'invite tout le monde à reprendre sa place, parce que nous allons maintenant
procéder à la mise aux voix de la motion de M. le député de Rousseau, qui se
lit comme suit :
«Que l'Assemblée nationale exige du gouvernement libéral le
respect de la parole donnée aux Québécois par le premier ministre, le 5 décembre 2014, selon laquelle la hausse de tous
les tarifs serait limitée à l'indexation au coût de la vie;
«Qu'elle demande au premier ministre de rappeler à l'ordre
son ministre de la Santé et des Services sociaux, qui a confirmé une
augmentation supérieure à l'inflation du tarif exigé aux personnes vivant dans
un CHSLD.»
Et que les députés en faveur de cette motion
veuillent bien se lever.
La Secrétaire adjointe : M. Bédard (Chicoutimi),
Mme Maltais (Taschereau), M. Marceau (Rousseau), M. Bérubé (Matane-Matapédia), Mme Poirier (Hochelaga-Maisonneuve),
Mme Léger (Pointe-aux-Trembles), M. LeBel (Rimouski), M. Lelièvre (Gaspé), M. Kotto (Bourget), M.
Gaudreault (Jonquière), M. Therrien (Sanguinet), M. Bergeron (Verchères),
M. Dufour (René-Lévesque), M. Drainville
(Marie-Victorin), M. Lisée (Rosemont), M. Traversy (Terrebonne), M.
Cousineau (Bertrand), M. Rochon (Richelieu), M. Leclair (Beauharnois), M.
Villeneuve (Berthier), Mme Ouellet (Vachon),
M. Péladeau (Saint-Jérôme), M. Turcotte (Saint-Jean), M. Pagé (Labelle),
Mme Richard (Duplessis), M. Roy (Bonaventure).
M. Legault
(L'Assomption), M. Bonnardel (Granby), M. Caire (La Peltrie), M. Charette
(Deux-Montagnes), M. Martel
(Nicolet-Bécancour), Mme Roy (Montarville), Mme Samson (Iberville), M. Roberge
(Chambly), M. Laframboise (Blainville), M. Schneeberger (Drummond—Bois-Francs),
Mme D'Amours (Mirabel), Mme Lavallée (Repentigny), M. Lamontagne (Johnson), M.
Jolin-Barrette (Borduas), Mme Soucy (Saint-Hyacinthe), M. Spénard
(Beauce-Nord), M. Paradis (Lévis).
Mme David (Gouin),
Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques).
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Maintenant, que les députés contre cette motion veuillent bien se lever.
La Secrétaire
adjointe : M. Fournier (Saint-Laurent), Mme Thériault (Anjou—Louis-Riel),
M. Paradis (Brome-Missisquoi), M. Hamad (Louis-Hébert), M. Dutil (Beauce-Sud),
M. Leitão (Robert-Baldwin), M. Coiteux (Nelligan), Mme David (Outremont),
M. Poëti (Marguerite-Bourgeoys), M. Huot (Vanier-Les Rivières), Mme Vien (Bellechasse), M. Lessard (Lotbinière-Frontenac),
M. Barrette (La Pinière), M. Blanchette (Rouyn-Noranda—Témiscamingue), M. Heurtel (Viau), M. Arcand (Mont-Royal), Mme Charbonneau
(Mille-Îles), M. Daoust (Verdun), Mme Weil (Notre-Dame-de-Grâce), Mme
Vallée (Gatineau), M. Billette (Huntingdon), M. Blais (Charlesbourg), Mme
St-Pierre (Acadie), M. Reid (Orford), Mme
Boulet (Laviolette), Mme Vallières (Richmond), M. Morin (Côte-du-Sud), M.
Bernier (Montmorency), M. Ouellette
(Chomedey), M. Sklavounos (Laurier-Dorion), M. Girard (Trois-Rivières),
Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger), M. Carrière (Chapleau), M. Drolet
(Jean-Lesage), M. Matte (Portneuf), M. Tanguay (LaFontaine), M. Bolduc (Mégantic), Mme de Santis
(Bourassa-Sauvé), M. Iracà (Papineau), M. Ouimet (Fabre), M. Fortin (Sherbrooke),
M. Fortin (Pontiac), M. Bourgeois (Abitibi-Est), M.
Boucher (Ungava), M. Birnbaum (D'Arcy-McGee), M. Auger (Champlain), M. Rousselle (Vimont), M. Giguère (Saint-Maurice),
M. Habel (Sainte-Rose), M. Hardy (Saint-François), M. Merlini
(La Prairie), Mme Montpetit (Crémazie), Mme Nichols (Vaudreuil), M.
Plante (Maskinongé), M. Polo (Laval-des-Rapides), M. St-Denis (Argenteuil).
La Vice-Présidente (Mme
Gaudreault) : Y a-t-il des abstentions? Alors, Mme la secrétaire
générale, pour le résultat du vote.
La
Secrétaire : Pour : 45
Contre : 56
Abstentions :
0
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, la motion... M. le leader du gouvernement.
M.
Fournier : ...pouvoir
ajouter la voix de la députée de Laporte, si j'avais eu le consentement de l'Assemblée.
Des voix :
Consentement.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, il y a consentement. Mme la députée de Laporte,
vous pouvez voter.
Des voix :
...
La Secrétaire
adjointe : Mme Ménard (Laporte).
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, Mme la secrétaire générale, pour le résultat
du vote.
La Secrétaire : Pour : 45
Contre : 57
Abstentions :
0
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Merci. Alors, la motion est rejetée.
Je
vous en prie, M. le leader. Alors, je demande aux membres de cette Assemblée de
quitter en silence, s'il vous
plaît, puisque nous allons poursuivre nos travaux.
Tu veux suspendre?
Alors, nous allons suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à
17 h 18)
(Reprise à 17 h 20)
Projet de loi n° 20
Reprise du débat sur l'adoption du principe
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, l'Assemblée reprend le débat ajourné un peu plus tôt aujourd'hui sur l'adoption
du principe du projet de loi n° 20, Loi
édictant la Loi favorisant l'accès aux services de médecine de famille et de médecine spécialisée et modifiant diverses
dispositions législatives en matière de procréation assistée, et, lors de la suspension de ce débat,
c'était M. le député de Labelle qui avait la parole, et je crois que vous n'aviez
pas terminé. Alors, sans plus tarder, je vous cède la parole.
M. Sylvain Pagé (suite)
M.
Pagé : Je vous
remercie, Mme la Présidente. Est-ce
qu'on peut m'indiquer le nombre de minutes qu'il restait? 10 minutes
pile, c'est ce qu'on m'indique? Parfait. Alors, allons-y pour 10 minutes.
Alors,
pour reprendre, Mme la Présidente, sur les propos de ce matin, je tiens à faire
un rappel parce qu'il y avait un fil
ce matin. Évidemment, quand on interrompt une allocution, c'est important de
faire un petit résumé de ce que l'on a dit précédemment.
Je
tenais à rappeler le côté, je dirais, un peu antidémocratique de la façon de
faire de ce gouvernement depuis qu'il est
en place : depuis un an, deux bâillons qui nous amènent à beaucoup de
controverses, à des manifestations. On l'a vécu, 2003-2004, hein, il y
avait des barricades devant l'Assemblée nationale qui ont été là en permanence,
et on reprend malheureusement un peu les mêmes
façons de faire où on ne met pas la population dans le coup, où on ne met pas
les principaux intervenants dans le
coup. Je l'ai dit ce matin et je le répète, quand on veut proposer des grands
changements, il y a un principe de base qui est celui de l'acceptabilité
sociale. Il faut mettre la population dans le coup.
Je
fais ce rappel, hein, de 1995, quand on est arrivés aux affaires de l'État et
qu'il y avait un déficit de 5 milliards. En dollars constants, ça serait 11, 12, aujourd'hui. Aujourd'hui, on a
fait un plat pour 2,5 milliards, et pourtant, si on avait un déficit qui serait en dollars constants de ces
années, ça serait un déficit de 11 milliards. Et on l'a fait comment? Sans
crise sociale. Pourquoi? Parce que Lucien Bouchard à l'époque avait réuni
l'ensemble des partenaires pour avoir un consensus,
pour aller chercher un consensus, autant la partie patronale, syndicale, les
employés de l'État, pour s'entendre pour arriver à un déficit zéro.
Aujourd'hui,
ce qu'on nous propose, c'est souvent malheureusement une façon de faire qui ne
va pas chercher cette acceptabilité
sociale qui est nécessaire pour adhérer aux grands changements qui nous sont
proposés. On l'a vu avec le projet de loi n° 10. Maintenant, on
nous propose le projet de loi n° 20, et malheureusement il se fait encore
dans la confrontation quand pourtant, quand
pourtant, Mme la Présidente — vous l'avez vu comme moi dans les médias en
fin de semaine, ça a été télédiffusé,
on l'a lu abondamment dans les médias — quand pourtant il y en a, des propositions
pour un meilleur accès aux soins de santé.
Ceux qu'on
appelle le ROME, le regroupement des omnipraticiens pour une médecine engagée
qui... En passant, les
omnipraticiens, n'ont même pas été consultés en amont, avant de déposer le
projet de loi n° 20, ce qui est tout à fait triste parce qu'ils sont les premiers sur la ligne de front à être
concernés par le projet de loi n° 20, eux évidemment et les médecins spécialistes — un peu moins, malheureusement. Justement, on
cherche à comprendre pourquoi un peu moins les médecins spécialistes. Est-ce que ça a un lien avec l'ancien métier
que faisait notre ministre de la Santé? On peut en douter, mais effectivement on se rend compte que
ce qui sera exigé à l'intérieur du projet de loi n° 20 est un peu moins
demandant envers les médecins spécialistes qu'envers les médecins
omnipraticiens.
Alors, en fin
de semaine, ils étaient très nombreux, je pense autour de 200... D'ailleurs, il
y a justement eu une lettre qui doit
découler de ce qui s'est passé en fin de semaine, où on nous dit — le titre : 280 professionnels
s'opposent à la réforme. Et, quand on dit qu'on s'oppose,
c'est une chose, mais encore faut-il proposer des choses.
Bien, justement, il y en a, des propositions sur
la table, il y en a 12, propositions qui sont ici présentées par le
regroupement, le ROME, là, le regroupement des omnipraticiens pour une médecine
engagée. Donc, ce colloque, ce sommet sur
l'acceptabilité aux soins de santé... qui n'a pas été commandé par le gouvernement comme nous avions fait dans
le passé pour justement aller chercher l'aval de la population
et des principaux concernés. Non, ce sont justement les gens de la société
civile et les omnis qui ont décidé de provoquer ce sommet, au lieu que le gouvernement le fasse par lui-même, pour tenter de trouver des compromis qui font consensus
auprès de l'ensemble de la population. Alors, ces gens qui étaient réunis samedi dernier, où était regroupé également
notre porte-parole la députée de Taillon, le député également de Québec solidaire... Il y avait également une personne qui représentait la CAQ, la deuxième opposition. Alors, ces gens étaient réunis de façon non partisane pour tenter
de trouver des solutions. 12 propositions, qui sont fort intéressantes, ont
été présentées en fin de semaine, et on
aimerait que le gouvernement écoute, on aimerait que le gouvernement entende
ces propositions au lieu de chercher la confrontation.
Et justement
une de ces 12 propositions : organiser des états généraux sur la santé
avant de rédiger un nouveau projet de
loi. Je pense qu'il y a tout un message là-dedans, parce que c'est exactement
le processus inverse qu'on nous impose avec le projet de loi n° 10,
qui a finalement été adopté sous bâillon.
Évidemment,
je passe sous silence, tout dernièrement, le projet n° 28, qui a été
également adopté sous le bâillon, puis
un projet de loi mammouth, hein, qui affectait 59 autres lois. Pourquoi on
l'a fait de cette façon-là, Mme la Présidente? La raison est bien simple, c'est que, depuis Jean-Pierre Charbonneau, on
refuse... il y a un consensus à l'Assemblée nationale pour qu'il n'y ait pas plus qu'une loi dans un
bâillon, parce qu'avant on en passait sept, huit, lois. Alors, le gouvernement
actuel a trouvé le moyen de contourner cela.
Alors, il a proposé des amendements sur 59 lois à l'intérieur d'une seule
loi. Alors, c'était le caractère un peu antidémocratique.
Donc, ils nous font une douzaine de propositions,
dont ce message qui est clair, qui est d'organiser des états généraux sur la
santé avant de rédiger un projet de loi.
On parle également de la mise en place d'une
politique nationale favorisant le maintien à domicile des aînés, exactement ce
que nous souhaitions faire, ce que Réjean Hébert avait proposé. D'ailleurs, on
avait injecté des fonds massivement pour le maintien des soins à domicile. Je
pense que c'est assez clair à cet égard-là.
Favoriser un
ratio 55 %-60 % des médecins de famille et médecins spécialistes. Je
n'ai rien vu dans le projet de loi
qui ressemble à ça. Alors, si les gens qui sont sur le terrain, les gens qui
ont, ce que je dirais en chinois, l'input, parce qu'ils savent exactement comment ça se passe sur le terrain, si ces gens-là
savent ce que ça prend, il faudrait peut-être l'inclure à quelque part.
Je ne le vois pas, je ne l'ai pas lu nulle part.
Réaliser le
déploiement des fameux dossiers médicaux électroniques. Écoutez, c'est une
aberration. Ça fait au moins plus
d'une dizaine d'années, une douzaine d'années que l'on en parle, que ce grand
chantier est lancé. Maintenant, on
parle de coûts, puis c'est probablement au-delà du milliard de dollars. Et
c'est assez aberrant de voir qu'il y a des gens qui font un salaire aussi élevé, comme des médecins, médecins
spécialistes — je l'ai
vécu quand ma conjointe a eu un cancer — et de rencontrer au départ
une adjointe, ensuite une infirmière, ensuite un médecin, et éventuellement le chirurgien, et que tout ce beau monde pose les mêmes
questions et remplissent des formulaires... Moi, de dire au chirurgien :
C'est incroyable! Comment se fait-il
qu'encore aujourd'hui tout ça ne se fait pas de façon électronique? Donc, il y
a des possibilités de faire
autrement. J'ai parlé de quelques-unes des 12 propositions. Évidemment, il y en
a plusieurs autres.
Manifestement, cette réforme, comme les autres
réformes, ne passe pas la rampe parce
que l'acceptabilité sociale n'est pas au rendez-vous, un des
16 principes importants du développement
durable. D'ailleurs,
je m'étais permis, lors du projet de loi n° 10, d'apporter la loi n° 118
au ministre de la Santé parce
qu'il avait l'impression que la loi
durable... La Loi sur le développement durable, la loi n° 118, adoptée à l'unanimité en mai 2005, il pensait que c'était juste pour
l'environnement. Alors, je lui ai fait la démonstration que les
principes du développement durable, c'est pour l'environnement, mais c'est pour le social, c'est pour l'économique, ça ne touche pas que l'environnement, et c'est un principe
qu'on devrait utiliser quand on adopte une loi, comme celle-là, qui
demande de grands changements.
Mme la
Présidente, je veux également parler de l'impact qu'aura ce projet de loi,
parce que vous savez que déjà, en
début d'année, dans les premiers mois de l'année, je pense, dans les trois
premiers mois de l'année, 28 médecins ont déjà dit qu'ils allaient se désaffilier de notre... de la RAMQ. C'est
triste. Et pourtant le ministre qualifie cela d'une goutte dans l'océan quand pourtant la moyenne des
dernières années, c'était 24 par année. Alors, au rythme où on va, là, c'est
quatre fois plus de médecins qui décident de se désengager de notre système de
santé public.
Et que dire
également de l'impact pour les femmes? D'ailleurs, le Conseil du statut de la
femme est venu en parler, est venu
nous dire que la pratique aujourd'hui de la médecine, elle est fort différente
parce qu'il y a plus de femmes qui pratiquent.
Et, parce qu'elles veulent concilier travail-famille, parce qu'elles auront des
enfants, elles souhaitent faire moins d'heures,
et c'est tout à fait correct, c'est tout à fait normal. Et pourtant le projet
de loi fait fi totalement de cette réalité, comme si c'était une réalité
tout à fait identique entre les hommes et les femmes.
Alors,
manifestement, Mme la Présidente, ce projet de loi a besoin d'être revu et
corrigé. J'espère qu'il y aura un
certain recul. Ce sera à l'avantage des femmes, mais ce sera à l'avantage de la
profession et de l'ensemble des citoyens du Québec. Je vous remercie,
Mme la Présidente.
• (17 h 30) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci de votre intervention, M. le
député de Labelle. Et, toujours dans le cadre de l'adoption du principe
du projet de loi n° 20, je cède la parole à Mme la députée de Gouin.
Mme Françoise David
Mme David
(Gouin) : Merci, Mme la Présidente. Alors, sans surprise, j'imagine,
j'annonce tout de suite que ma formation
politique va voter contre l'adoption du principe du projet de loi n° 20.
Beaucoup de raisons ont été mentionnées. Moi, je vais me concentrer sur les questions d'accessibilité aux
services de santé sexuelle et reproductive, et surtout sur toute la partie qui touche la procréation
assistée, pour revenir à la fin, brièvement, sur la première partie du projet
de loi, c'est-à-dire celle qui s'en prend à la pratique des médecins
omnipraticiens.
D'abord, le
projet de loi n° 20 nous paraît être une menace à l'accessibilité aux
services de santé sexuelle et reproductive. Les services de planification des
naissances, qui comprennent la contraception, l'interruption volontaire de grossesse, la stérilisation masculine, le
dépistage et le traitement des ITSS, sont offerts dans un nombre limité
d'institutions à travers le Québec, donc 46 cliniques de planification des
naissances en tout, des cliniques qui ont développé une expertise spécifique en deuxième ligne, en collaboration
avec les infirmières, et des cliniques accessibles à tous les publics
qui en ont besoin. Ça nous paraît extrêmement important de reconnaître ces
activités faites dans les cliniques de
planification des naissances comme des activités médicales autorisées, ce qui
n'est pas le cas actuellement dans le
projet de loi n° 20. Si on ne le fait pas, il y a des médecins qui
pourraient délaisser ce champ de pratique, s'orienter vers d'autres domaines, et on pourrait aussi
réduire le recrutement qui est nécessaire actuellement et finalement fermer
un certain nombre de points de service. Et
tout ça, c'est très nocif pour la bonne santé sexuelle et reproductive de la population. Les
activités de planification des naissances sont soutenues par tous les
gouvernements depuis les années 70. Elles sont indispensables à la santé
sexuelle et reproductive de la population et permettent, entre autres, de diminuer le
nombre de grossesses non planifiées et d'avortements au Québec.
Alors, il faut permettre que les patients consultent les cliniques de
planification des naissances sans référence et sans que le ou la médecin de
famille soit pénalisé.
Maintenant,
je voudrais parler de la partie importante du projet de loi n° 20, qui
porte sur la procréation assistée. J'aimerais rappeler d'abord que l'infertilité,
ce n'est pas un choix de vie. L'infertilité, elle est subie et elle est vécue
comme une véritable incapacité, elle empêche une personne d'accomplir une
fonction biologique fondamentale : la capacité
de se reproduire, et c'est vécu par beaucoup de personnes comme un drame
personnel extrêmement important. Cette infertilité débute souvent avec un diagnostic qui vient d'un
médecin, bien sûr, après plusieurs mois d'essai. Pour d'autres
personnes, l'infertilité découle des suites d'une maladie inflammatoire ou d'un
cancer dont les traitements affectent la capacité de se reproduire.
Le programme
que nous avons en ce moment est donc une source d'espoir pour des milliers de
personnes qui ne pourraient devenir
parents, et ce, pour des raisons médicales. Deuxièmement, depuis sa mise en
place, le programme de procréation
médicalement assistée a eu des retombées positives tant pour la santé des
femmes que pour le Québec tout entier :
plus de 5 000 naissances depuis la mise en place du programme, une moyenne
de 1 300 naissances par année; une réduction importante du nombre de nouveau-nés issus de grossesses
multiples et nés grâce à la procréation
médicalement assistée : de 38,5 %, on est passés à 17,2 % entre 2010‑2013.
On est passé d'un taux de 30 % de bébés prématurés issus de la procréation
médicalement assistée à 20 %,
donc une réduction de 10 % en seulement quatre ans. Le taux de grossesses
multiples est passé de 27 % à moins de
5 %, à la suite d'une FIV, depuis l'implantation du programme de procréation médicalement assistée. Aux États-Unis,
à simple titre comparatif, 46 % des bébés nés de la fécondation in vitro
sont vécus... sont issus, pardon, de
grossesses multiples. Donc, ces résultats sont clairement tributaires de la
couverture publique du continuum de soins en fertilité, de la
stimulation ovarienne à la fécondation in vitro.
Avec l'élimination, par la RAMQ, des services de
procréation assistée, il y a quelques exceptions dues à des maladies ou à des traitements, mais avec cette
élimination pour le plus grand nombre, les familles devront avoir recours
aux crédits d'impôt pour payer les frais de
la procréation assistée. La possibilité d'obtenir des versements anticipés,
c'est sûr que c'est une mesure qui
peut être appréciée, mais il faut regarder quand même, dans la vraie vie,
ce que ça va coûter à une famille de
classe moyenne. Par exemple, un couple où les deux partenaires travaillent et
gagnent un revenu familial de
70 480 $ par année, qui est le revenu annuel moyen des ménages au Québec,
aurait accès à des crédits d'impôt de 61 %. Alors, si les coûts reliés à la PMA pour cette
même année étaient de 20 000 $, 12 000 $ seraient
remboursés, mais le couple devrait rembourser 8 000 $.
8 000 $, c'est 16 % du revenu familial, c'est franchement
énorme.
Donc, le ministre
propose de poursuivre la couverture de la RAMQ pour les couples infertiles
suite à un traitement ou une maladie. Nous proposons, nous, que le programme
public de procréation assistée soit maintenu pour l'ensemble des couples
infertiles.
Et je
voudrais dire que le projet de loi n° 20 laisse de côté d'autres
personnes, comme celles qui sont atteintes de dysphorie de genre attribuée aux personnes transgenres, et ça, c'est
largement reconnu par la communauté médicale. La réassignation sexuelle — le changement de sexe — dûment identifiée et exécutée s'est avérée
bénéfique et efficace dans le
traitement de certains individus transsexuels ou vivant avec un trouble de
l'identité sexuelle ou une dysphorie de genre. Les chirurgies proposées incluent l'ablation des testicules pour les
femmes transsexuelles ou l'hystérectomie, l'ablation des ovaires pour les hommes transsexuels. Ces
procédures engendrent la stérilité. De même, dans le cas des personnes qui décident de ne pas avoir recours à la chirurgie
mais qui suivent des traitements hormonaux, la substitution hormonale peut réduire la fertilité même de façon
permanente, et ce, même si la prise d'hormones ne se fait pas de façon continue.
Parce que les interventions chirurgicales et
hormonales sont essentielles pour plusieurs personnes transsexuelles, vraiment il est recommandé que les personnes entamant un
changement de sexe fassent l'objet d'un suivi en fertilité et qu'elles
puissent préserver leurs gamètes.
Nous sommes donc d'accord avec les groupes qui
sont venus proposer d'inclure les personnes trans qui vont entreprendre des traitements chirurgicaux ou
hormonaux parmi les personnes dont les dépenses liées aux services requis à
des fins de préservation de la fertilité
sont couvertes par la RAMQ. Ça, c'est ce que les groupes sont venus nous dire.
Mais, je tiens à réaffirmer, quant à
nous, nous le soulignons de toute façon, nous tenons au maintien d'un programme
universel et public de procréation assistée.
Il y a
d'autres inquiétudes qui ont été manifestées par plusieurs groupes. Le projet
de loi veut interdire l'accès à une
activité de fécondation in vitro aux femmes de plus de 42 ans. Non
seulement le gouvernement élimine-t-il la possibilité pour ces femmes d'obtenir des crédits d'impôt, il
rend illégal l'accès de ces femmes aux traitements de fécondation
in vitro, et même si elles en
défraient elles-mêmes les coûts. Et, de plus, il est prévu que les médecins qui
aident des femmes de plus de 42 ans à
obtenir les traitements désirés à l'extérieur du Québec soient mis à l'amende.
Beaucoup de groupes ont décrié cette
situation. Et je la trouve personnellement intolérable. Même si nous
reconnaissons qu'il y a un déclin important de la fertilité des femmes avec l'âge, il est démontré que le niveau de
fertilité de chaque femme peut dépendre d'un grand nombre de facteurs, et l'âge n'est qu'un de ces
facteurs. Nous estimons donc que les femmes de plus de 42 ans devraient pouvoir être évaluées, de façon holistique,
globale, par leur médecin et que l'accès à la FIV devrait être permis dans les
cas où la situation de santé et le potentiel
de fertilité de la femme sont considérés comme raisonnablement prometteurs
par le médecin. Ainsi, aux États-Unis et
ailleurs au Canada, les cliniques FIV ont adopté une limite d'âge d'entre 42 et
45 ans pour les traitements de FIV ayant
recours aux propres ovules des femmes concernées. De plus, le recours au don
d'ovules est commun jusqu'à l'âge de 49 ans, et ce, avec un taux de succès
raisonnable. Nous considérons donc que l'exclusion
systématique des femmes âgées de plus de 42 ans est une discrimination
médicalement et éthiquement non justifiable.
• (17 h 40) •
Au sujet de l'évaluation psychosociale, les
groupes sont généralement d'accord avec l'idée selon laquelle un médecin qui aurait des raisons de croire qu'un
couple ou un individu ne possède pas
les capacités parentales nécessaires pour
élever un enfant puisse demander qu'une évaluation psychosociale soit
effectuée, comme c'est déjà le cas pour les parents qui désirent adopter par le biais des centres jeunesse. Toutefois,
ce type d'évaluation, qui s'étend habituellement sur plusieurs
semaines, voire sur plusieurs mois, ne devrait pas être nécessaire
pour tout couple ou individu ayant recours à un don de gamètes. De toute évidence, dans le cas des couples de même
sexe ayant recours à la procréation assistée, il existe toujours au
moins un parent qui n'est pas lié génétiquement à l'enfant.
Exiger l'évaluation psychosociale systématique de toute personne ayant recours au don de
gamètes équivaudrait à cibler 100 % de la communauté LGBT. De plus, il existe
des inquiétudes au sein de cette communauté à l'effet que certains psychologues ou travailleurs sociaux
inadéquatement formés puissent considérer une famille homoparentale inadéquate
en termes de capacité parentale pour la
simple raison qu'elle n'est pas composée d'un père et d'une mère. Il y a 30 ans
de recherches qui ont été faites sur les enfants élevés par des parents
homosexuels. Les recherches ont d'abord porté sur l'évaluation de la capacité des gais et lesbiennes à être parents. Elles
ont également évalué le développement psychosocial et émotif des enfants de parents gais et lesbiens.
Et, finalement, elles ont évalué l'expérience sociale de ces enfants avec
leurs pairs et avec les adultes. En bref,
aucune de ces pistes de recherche ne constate l'existence de différences
significatives entre les familles homoparentales et les familles
hétéroparentales.
Pour toutes ces raisons, et plus encore, parce
que je vais parler de la première partie du projet de loi, nous voterons contre le principe du projet de loi
n° 20. Nous espérons que l'étude détaillée de ce projet de loi va
permettre de l'amender en ce qui a
trait à la procréation assistée. Il y a eu une ouverture du ministre à ce sujet
précis lors des consultations, et nous espérons qu'elle se concrétise.
Malheureusement, nous ne sentons pas la même ouverture en ce qui a trait à
l'accessibilité aux soins de santé et donc en ce qui a trait à la rémunération
des médecins, les fameux quotas, etc. Et pourtant
il y a maintenant, nous pouvons le dire, un très large consensus autour d'une
série de mesures qui, contrairement aux
quotas, qui est une solution franchement bien trop simple à un problème
complexe... vraiment, une série de mesures qui pourraient solutionner l'accès aux soins de santé que nous
connaissons au Québec, non pas l'accès à un médecin de famille. Les gens n'ont pas toujours besoin de
voir un médecin de famille, ils ont besoin d'avoir des services de santé de
première ligne. Si déjà nous pouvions
collectivement nous mettre d'accord là-dessus et que le ministre pouvait être
d'accord là-dessus avec les infirmières, les omnipraticiens, l'ensemble
des professionnels de la santé et des services sociaux et beaucoup de chercheurs en politique sociale, s'il
pouvait déjà reconnaître que la solution, la première solution aux problèmes
de santé des individus et des familles
réside dans l'accès à des services de santé et pas forcément à un médecin de
famille immédiatement, on aurait fait un grand pas.
Je vous
souligne, Mme la Présidente, que, la fin de semaine dernière, le regroupement
des omnipraticiens pour une médecine
engagée a apporté une douzaine de solutions, certaines ayant déjà été reprises
aussi par les fédérations des médecins
omnipraticiens, certaines qui ressemblent curieusement, et c'est fort
sympathique, à des propositions apportées par ma formation politique lors de la dernière campagne électorale. Tant
mieux. Mais il y a vraiment un consensus autour de certaines idées. Les gens ont besoin de services multidisciplinaires.
On n'a pas toujours besoin de voir un médecin. Ça peut
être une infirmière praticienne à qui on peut déléguer un certain nombre d'actes médicaux. C'est déjà commencé, mais on pourrait aller plus loin. On peut aller voir son pharmacien du
coin, il peut aussi nous aider. On peut diminuer les activités
médicalement prioritaires dans les hôpitaux... permettant, pardon, aux médecins
de famille d'être davantage disponibles pour leurs patientes et leurs patients.
On peut étendre les heures d'ouverture des cliniques.
Et là-dessus, Mme la Présidente, je rappelle que
nous avions proposé, en campagne électorale, des CLSC ouverts 24/7. Pourquoi inventer des nouvelles structures alors que nous
en avons une qui existe depuis, ma foi, bientôt 40 ans, 50 ans, une structure largement désertée par les
médecins à une certaine époque, mais peut-être qu'aujourd'hui
ils seraient plus ouverts à l'idée d'y
retourner? Et ces CLSC, où on offre déjà des services psychosociaux, de... pardon,
de maintien à domicile, etc., pourraient fort bien répondre aux besoins des
individus et des familles 24 heures par jour, sept jours par semaine, pas toujours avec la présence d'un médecin de famille. Il peut
y avoir d'autres professionnels qui aident
les gens, il peut y avoir des infirmières qui font certaines prescriptions.
Tout est possible si on veut bien se permettre un peu de l'imaginer.
On devrait
revoir la rémunération des médecins. Et ce qui est intéressant, c'est que même des
médecins omnipraticiens commencent à
le dire, que peut-être la rémunération à l'acte n'est pas toujours
la meilleure façon d'obtenir de
meilleurs services. J'ai parlé des ordonnances collectives. Et surtout,
surtout, Mme la Présidente, tout ceci ne peut se décider en vase clos, tout ceci ne peut pas être
seulement l'objet d'une négociation de type patronal-syndical entre le ministre de
la Santé et une fédération des
médecins omnipraticiens. Ça a sa place, on n'en disconvient pas, mais l'organisation des services de santé, des
soins de première ligne doit être quelque chose qui est vu collectivement, qui
est assumé collectivement par l'ensemble des
actrices et acteurs du réseau de la santé
et des services sociaux, et
j'inclurais même les organismes
communautaires, Mme la Présidente, qui rendent tellement d'immenses services à
la population.
Je souscris
donc... et ma formation politique souscrit donc à la demande d'états généraux qui
est formulée par tellement d'actrices et acteurs du réseau de la santé
et des services sociaux. Moi, je trouve ça formidable de voir ces rendez-vous de la santé, qui ont eu lieu depuis un
an maintenant, où il y avait des gens de la partie patronale,
des gens de la partie syndicale, médecins, infirmières, travailleuses de
toutes sortes de professions dans les services de santé... deux
rendez-vous : un en juin dernier, si je
ne m'abuse; l'autre en décembre. Comment ça se fait que tous ces gens-là, y
compris le ROME en fin de semaine, en arrivent aux mêmes conclusions, à la
conclusion que l'organisation des services de santé de première ligne
doit être collective, doit être l'affaire de tous et de toutes?
Alors, Mme la Présidente, je pense que le projet de
loi n° 20 n'est pas la réponse, vraiment
pas la réponse aux problèmes vécus par la population du Québec en
matière de services de santé. Je suggère fortement au ministre de la Santé qu'il y renonce, du moins dans sa première
partie. Il faudra amender très sérieusement la deuxième, celle qui porte
sur la procréation assistée, pour retrouver... maintenir, en fait, un système
public de procréation assistée, sinon nous allons
vivre de nombreux problèmes que nous regretterons. Et nous devrons, un jour ou
l'autre, revenir à un système public de
procréation assistée. On pourrait s'éviter bien des problèmes si tout simplement on maintenait ce régime public. Merci, Mme la Présidente.
• (17 h 50) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie de votre intervention, Mme la députée de Gouin. Et maintenant, toujours dans le
cadre de ce débat, je cède la parole à Mme la députée d'Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Carole Poirier
Mme
Poirier : Alors, Mme la Présidente, il me fait plaisir
d'intervenir, à ce moment-ci, en lien avec le projet de loi n° 20, pour lequel une bonne partie de
cette Chambre ne voit à ce projet de loi là pas beaucoup de bénéfices et voit
plutôt des problèmes d'organisation futurs de notre système de santé en lien
avec les objectifs du gouvernement.
Alors, Mme la Présidente, dans un premier temps,
à titre de porte-parole en condition féminine, je dois vous affirmer que je suis un peu désespérée de voir
qu'une pratique que l'on s'est donnée ici, à l'Assemblée nationale, qui est
l'analyse différenciée selon les sexes,
n'est encore pas appliquée à ce projet de loi là. Il me semble qu'à l'aube des
années où l'on parle d'égalité, que
l'on parle d'équité, que l'on parle d'égalité entre les sexes, eh bien, il faut
s'assurer que les gestes
gouvernementaux puissent répondre à cette égalité, et, malheureusement, le
gouvernement a encore fait fi de ne pas appliquer l'analyse différenciée
selon les sexes au projet de loi n° 20.
Et vous me
permettrez, Mme la Présidente, de vous lire quelques passages d'un texte
d'Élaine Hémond, que nous connaissons particulièrement toutes les
deux, Élaine Hémond, qui est une sommité, qui est une experte en matière d'analyse
différenciée selon les sexes. Et elle nous dit dans un article publié le
11 mars 2015 dans Le Soleil — et je vous lis quelques passages, alors : «En
1995 — parce
que tout ça ne date pas d'hier — à la conférence internationale de Beijing — dont nous avons célébré les 20 ans, on s'en
rappelle toutes les deux, nous avons adopté ici une déclaration à l'Assemblée nationale pour souligner les 20 ans de la Déclaration de Beijing — le
Québec était l'un des 189 gouvernements à s'engager à appliquer l'analyse
différenciée selon les sexes — l'ADS, on appelle ça comme ça ici.»
Alors, ça, c'est il y a
20 ans, Mme la Présidente, et aujourd'hui je suis encore obligée de me lever pour demander
au gouvernement d'appliquer l'analyse sur un projet de loi majeur du gouvernement qui vient réorganiser notre système de santé.
Alors :
«Comme les autres États signataires, le Québec souscrivait sans
réserve à cette analyse préventive des effets distincts d'une intervention gouvernementale sur les hommes et les femmes. Cet outil de planification, que nous appelons ADS au Québec,
porte d'autres noms ailleurs. À Ottawa, on parle souvent de l'analyse
comparative entre les genres, en Europe
et dans plusieurs pays d'Afrique, on la nomme Approche intégrée de
l'égalité ou Gender mainstreaming. Sous toutes ces appellations, l'objectif est le même : apporter un éclairage judicieux sur les
décisions à prendre dans le respect du principe de l'égalité entre les citoyennes
et les citoyens.
«Dès
1997, le Québec a agi avec avant-gardisme en adoptant la lunette de l'ADS pour évaluer certains
services. [...]On considérait alors l'ADS comme une contribution à la
gestion publique. [...][Le] ministre des Finances, qui projetait de supprimer la rente de retraite au conjoint survivant, a
fait les frais de l'ADS. La présidente
du Conseil du statut [de l'époque] et
des représentantes des aîné-e-s se sont élevées contre la décision annoncée. Le
ministre a alors pris la mesure de l'ADS — il y en avait au moins
un, ministre, je vous mentionne bien que c'était un ministre qui a décidé d'y aller avec l'ADS — en apprenant que la très grande majorité des
conjoints survivants étaient des femmes. Et pauvres [de surplus].»
Alors, avant
d'appliquer une mesure gouvernementale, il faut savoir à qui elle s'adresse, en
tant que tel.
«Actuellement, les débats autour du projet
de loi n° 20 — nous
dit Mme Hémond — et
de ses conséquences sur les femmes démontrent la cruelle absence de
l'ADS dans la planification des politiques. Si une telle analyse avait été menée, les répercussions portées actuellement par diverses voix auraient été mises en lumière — on
aurait pu travailler avant pour
projeter, dans un projet de loi, justement, des mesures plus égalitaires. On peut penser
qu'une politique tenant compte des femmes et des hommes, en
plus des objectifs économiques, aurait pu être élaborée. [...]À l'Assemblée
nationale — nous
dit Mme Hémond — on
ne semble pas avoir compris que le "citoyen universel" n'existe pas.»
Nous souhaitons
l'égalité, nous voulons l'équité, mais elle n'est pas acquise, elle n'est pas
acquise, Mme la Présidente. Et Mme Hémond ajoute : «Rappelons que l'ADS
ne bénéficie pas qu'aux femmes, elle met aussi en lumière des impacts spécifiques sur les hommes dans
certaines situations. Rappelons aussi qu'une bonne ADS n'est pas
sourde aux autres éléments qui définissent l'identité [des citoyens et
des citoyennes].»
Nous
sommes présentement à étudier un règlement pour l'application d'une loi qui a été adoptée en 2013 sur le fait du changement de sexe pour les transgenres. Alors,
il faut tenir compte de cette clientèle aussi du système de santé, à savoir
quels seront les impacts des modifications
qui sont apportées sur l'ensemble des clientèles. Et l'application n'est pas
que femmes-hommes, il faut regarder pour l'ensemble des clientèles.
«Cependant,
que l'on parle des jeunes, d'aîné-e-s, de professionnels-les ou de démunis-e-s,
le genre reste la porte d'entrée de toute analyse qui se préoccupe de la
diversité citoyenne.»
Alors, encore
aujourd'hui, et malgré qu'on traite, dans une commission ici, juste à côté, d'un
règlement pour permettre aux gens, aux personnes, qui sont trans de pouvoir
être définis selon leur identité de genre, eh bien, encore, aujourd'hui, on fait des politiques sans
s'occuper, justement, des impacts sur les genres, et c'est ça, Mme la Présidente,
qui est désespérant. Alors, je souhaite que
l'on puisse rapidement mesurer les impacts des politiques publiques au Québec
par une analyse différenciée selon les
sexes, mais il va falloir avancer, ça va être selon les genres, parce qu'il va
falloir aussi évoluer dans ce sens-là.
Un
deuxième volet, Mme la Présidente, de ce projet de loi, eh bien, c'est tout le
volet de la procréation assistée. Imaginez-vous
que le ministre a décidé que les femmes, à partir de 43 ans, n'ont plus la
liberté de leur corps. C'est quand même
assez grave comme liberté. Il vient de décider, de son siège de ministre, de
dire aux femmes : Vous n'avez plus le droit d'avoir des services de fécondation in vitro. Il a montré de
l'ouverture, je respecte ça. Mais je veux avoir plus que de l'ouverture, je veux des faits, Mme la Présidente.
Je veux une déclaration formelle du ministre, qui va retirer le fait qu'une
femme qui souhaite avoir une fécondation in vitro ne devienne pas une femme
dans l'illégalité. C'est inadmissible.
On
ne peut pas accepter ça. On fait une évolution importante dans notre société.
Le Québec a été une des sociétés les
plus innovantes. Moi, j'étais là lorsqu'on a adopté la loi, justement, sur la fécondation in vitro, j'étais devant
l'ancien ministre de la Santé, et c'est dans la joie et la réjouissance que
nous avons adopté de
façon unanime cette loi-là. Nous
étions innovants, nous étions en train de
marquer la vie des femmes mais aussi la vie des familles. Parce que ce n'est pas juste une question de femmes, le fait d'avoir un
enfant. C'est aussi les familles qui sont affectées. Et, si des familles souhaitent, justement, avoir un enfant
malgré que la femme a plus que 43 ans, je pense que ça leur appartient. Oui, il
peut y avoir des contraintes
physiques, il peut y avoir des contraintes autres, je le comprends, mais je
pense que la liberté, et cette
liberté qui nous est si chère, eh
bien, elle doit s'appliquer aux
femmes de 43 ans et plus qui souhaitent avoir un enfant et je ne pense pas que quiconque ici, dans cette
Chambre, a le droit de venir brimer la liberté des femmes par un règlement, par une application dans une loi qui va faire en sorte que les femmes
du Québec deviendront des illégales parce qu'elles voudront avoir des enfants. Il me semble là, Mme la Présidente,
qu'il y a un non-sens à ça.
Et
je reprendrais les propos de la présidente du Conseil du statut de la femme,
qui dit : «Il s'agit là d'une position inacceptable et d'une attitude paternaliste envers les femmes.» Et, Mme la Présidente, je pense qu'elle a raison, je pense qu'elle a véritablement raison. Et on ne doit pas accepter ça, comme
femmes, ici, dans cette Chambre, et je souhaite que l'ensemble des femmes de cette Chambre puissent justement
s'élever sans partisanerie et ne pas accepter que de telles propositions dans un projet de loi apparaissent encore en 2015. Et, si on avait eu
une analyse différenciée selon les sexes, je suis persuadée qu'une telle
mesure n'aurait jamais vu le jour.
Alors, Mme la
Présidente, il nous reste combien de temps?
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Une minute.
Mme
Poirier : Il reste
une minute. Merci. Cependant, il y a quelque
chose, dans le projet de loi que le ministre propose, en lien avec la fécondation in vitro,
c'est le fait de décider que, pour des raisons budgétaires... de ne plus
assurer la gratuité de la procédure pour des femmes rendues à un certain âge.
Alors, effectivement, si on dit que, les femmes, à partir d'un certain âge, on veut limiter, moi, je
suis ouverte à regarder ça, je suis ouverte. Mais de rendre le geste illégal,
ah, là, c'est autre chose.
Alors, Mme la Présidente, je vais poursuivre mon propos demain matin, probablement, et je vous entretiendrai sur d'autres
sujets, entre autres sur les femmes médecins, sur l'avortement et sur la perte
d'un médecin de famille et surtout la recherche d'un médecin lorsqu'on a
perdu le sien après 30 ans. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup, Mme la
députée d'Hochelaga-Maisonneuve.
Ajournement
Alors,
compte tenu de l'heure, les travaux de l'Assemblée sont ajournés à demain,
jeudi 14 mai, à 9 h 45.
(Fin de la séance à 17 h 59)