(Treize heures quarante-sept
minutes)
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, chers collègues, je vous souhaite une très bonne séance.
Veuillez vous asseoir.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Nous
en sommes à la rubrique de la déclaration
de députés, et je cède la parole à M. le député de Fabre pour sa déclaration.
Rendre hommage à Mme Monique Petit pour ses 25 ans de
bénévolat pour l'organisme Aide aux personnes âgées,
défavorisées ou handicapées de Laval
M. Gilles Ouimet
M.
Ouimet (Fabre) : Merci, M. le Président. Le 7 avril dernier, tous les intervenants et
participants de l'organisme d'aide
aux personnes âgées défavorisées ou handicapées de Laval, l'APADHL,
se sont réunis pour rendre hommage à l'une
des ses bénévoles, Mme Monique Petit, qui, au jeune âge de 77 ans et après plus
de 25 ans d'engagement bénévole exemplaire
auprès de cet organisme, a choisi de prendre enfin un peu de temps pour elle.
C'est à cette occasion, dans le
cadre de la Semaine de l'action bénévole, que j'ai eu l'immense privilège de
rencontrer cette dame d'une grande simplicité et d'une grande bonté.
L'APADHL
est un atelier de travail supervisé, un milieu de vie enrichissant pour une
clientèle adulte ayant des problèmes de déficience intellectuelle ou physique. De
l'avis de tous ceux qui l'ont côtoyée au quotidien depuis 25 ans, Mme Petit, mieux que quiconque, incarne les
valeurs fondamentales de l'organisme, soit le respect de l'autre, l'ouverture, la tolérance et l'esprit d'entraide.
M. le Président,
c'est à cette femme d'exception que je souhaite rendre hommage aujourd'hui.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député de Fabre. M. le
député de Jonquière, à vous la parole.
Souligner le 25e anniversaire de la résidence
La Maison d'un nouvel élan inc.
M. Sylvain Gaudreault
M.
Gaudreault : Oui. Merci, M. le Président. J'ai le plaisir de souligner le 25e anniversaire
de La Maison nouvel élan de Jonquière. Cette résidence est un modèle pour tout
le Québec. Sa préoccupation majeure dépasse le simple fait d'offrir un logement de qualité, elle sait
accueillir les personnes âgées et leur offrir un milieu de vie empreint de
chaleur, de respect, de dignité.
Cette résidence me rejoint dans mes valeurs, et je suis tout à fait en accord
avec le slogan qu'elle véhicule, selon lequel il est bien plus important
d'ajouter de la vie aux aînés que des années à la vie.
Je
souligne la contribution de Mme Myrtha Laflamme, femme de coeur et de tête
qui prendra bientôt sa retraite après
autant d'années à la barre de cet organisme et qui a su faire rayonner La
Maison d'un nouvel élan à travers tout le Québec par ses nombreuses implications sur les instances locales,
régionales et nationales. Je veux souligner également le travail exceptionnel
des membres du conseil d'administration, le dévouement, le professionnalisme du
personnel, l'implication, la
générosité des bénévoles de La Maison d'un nouvel élan, où je vais dîner
souvent, M. le Président. Si vous venez à Jonquière, je vais vous y
inviter.
Bon
25e anniversaire! Bonne continuité à cet organisme qui est un élément de
fierté à Jonquière.
Le Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député. Merci
pour l'invitation également. M. le député d'Ungava.
Rendre hommage à un jeune Cri, M. Niko Trapper,
nommé recrue de l'année en hockey
M. Jean Boucher
M.
Boucher : Bonjour, M. le Président. J'aimerais vous parler aujourd'hui
et vous raconter l'histoire d'un jeune hockeyeur
cri de mon comté. Niko
Trapper, 14 years old, is dreaming since forever to play in the National
Hockey League. Cependant,
il a dû renoncer au hockey lorsque son père décéda et que sa mère se retrouva
seule avec trois enfants. À l'âge de
neuf ans, il a pu retourner sur la glace et n'a jamais cessé de donner son
maximum et de tout faire pour rattraper le temps perdu, et ce, malgré de
nombreuses épreuves.
Recently, he became rookie of the year in the
hockey league of Québec. Il joue
aujourd'hui avec les Ambassadeurs de Chibougamau, et le hockey est sa
passion. He is a proof that we should never give up our
dreams.
Bonne
continuité, Niko! Et j'espère avoir un jour l'occasion d'aller t'encourager
lors d'une finale de la coupe Stanley.
• (13 h 50) •
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député. M. le député des
Chutes-de-la-Chaudière.
Souligner le 10e anniversaire
de la résidence Le Havre
M. Marc Picard
M.
Picard : Merci, M. le Président. Le 10 avril dernier, la
résidence Le Havre du quartier Saint-Jean-Chrysostome, à Lévis, a célébré son 10e anniversaire.
Depuis 2005, une quarantaine de personnes âgées autonomes et semi-autonomes
peuvent être logées à moindres coûts dans un milieu sécuritaire et convivial.
L'idée de départ de ce projet revient à M. Sylvain Soucy,
un jeune homme préoccupé par l'hébergement des personnes vieillissantes de son
milieu alors que ses deux grands-parents
avaient dû être relogés séparément, faute de résidence pour les accueillir.
Première résidence pour aînés dans le
quartier Saint-Jean-Chrysostome, sa réalisation a été rendue possible grâce au
programme AccèsLogis de la Société d'habitation du Québec et de la
collaboration du groupe GRT Habitation Lévis.
À
l'occasion de ce 10e anniversaire, je félicite les instigateurs du projet
ainsi que tous ceux et celles qui assurent un service de qualité pour le
mieux-être des résidents. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous. Mme la députée de
Charlevoix—Côte-de-Beaupré,
je vous cède la parole.
Féliciter huit élèves en adaptation scolaire primés dans
le
cadre du projet Tuning — Moteur
de persévérance
au Salon Auto-Sport
Mme Caroline Simard
Mme Simard :
Merci, M. le Président. Le 12 avril dernier, huit élèves en adaptation
scolaire de l'école secondaire du
Mont-Sainte-Anne ont remporté un prix et la mention du plus beau véhicule pour
la rue au 46e salon de l'Auto-Sport de Québec pour la restauration
complète d'une superbe Camaro 1969. Le projet Tuning — Moteur
de persévérance, qui en était à sa troisième
présentation, permet à des jeunes en difficulté d'apprentissage de combiner
durant 15 semaines travail manuel, développement de compétences et
études afin de revamper une auto de collection.
En
tant que députée et adjointe parlementaire du premier ministre à la jeunesse,
je suis fière de soutenir et reconnaître
une communauté qui collabore ensemble pour promouvoir la persévérance scolaire.
Le projet Tuning réunit de nombreux
partenaires du milieu. Il s'agit d'un projet positif et coordonné avec succès
par le Carrefour jeunesse-emploi de
Charlevoix—Côte-de-Beaupré
et sa coordonnatrice attitrée au projet, Gabrielle Morin. Félicitations à
Bryan, Cédrick, Éliza, Jérémie,
Laurie, Nicolas, William et Yannick
pour ces honneurs bien mérités ainsi qu'à Christian Fortin et Christian
Lajeunesse, leurs mentors. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, Mme la
députée. Mme la députée de Gouin, pour votre déclaration.
Souligner le 25e anniversaire de
l'organisme Main-forte Montréal inc.
Mme Françoise David
Mme
David (Gouin) : Merci, M. le Président. L'année 2015 marque le 25e anniversaire de Main-forte, un organisme
de ma circonscription qui permet à
des personnes avec handicap physique de briser leur isolement et de se réaliser
à travers le travail.
Offrant
différents services tels que l'emballage, l'assemblage et la préparation
d'envois postaux, Main-forte vise l'intégration
de ses membres tant sur le plan social que professionnel. À Main-forte, on
travaille à son rythme, selon ses capacités. J'y ai vu la réalisation
concrète de l'adage qui dit que tout seul, on va plus vite, ensemble, on va
plus loin.
L'an
dernier, j'ai eu le plaisir d'aller rencontrer les travailleurs et travailleuses de l'organisme. J'ai côtoyé une
équipe dynamique et dévouée, dont la bonne humeur est contagieuse.
Je
salue donc toute l'équipe de Main-forte, un organisme inspirant, profondément
humain et dont la mission est essentielle pour une société plus
inclusive et égalitaire. Joyeux 25e anniversaire!
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, Mme la députée. M.
le député de Rivière-du-Loup—Témiscouata.
Féliciter Le Groupe Soucy
industriel inc., finaliste au
Gala Les Mercuriades de la Fédération des
chambres de commerce du Québec
M. Jean D'Amour
M.
D'Amour : Merci beaucoup, M. le Président. Le 16 avril dernier,
au Palais des congrès de Montréal, se tenait la 35e présentation du Gala des
Mercuriades. C'est un prestigieux concours organisé par la Fédération des
chambres de commerce du Québec. Y participent des entreprises parmi les
plus dynamiques de notre territoire québécois. Et, parmi celles-ci, cette
année, il y avait une entreprise de Rivière-du-Loup, Soucy
industriel, qui est spécialisée dans le domaine de l'industrie minière, l'hydro-électricité, les alumineries, les pâtes et
papiers, les scieries et, qui sait, M. le Président, potentiellement le domaine
maritime.
Soucy
industriel s'est distinguée dans la catégorie Accroissement de la productivité.
Alors, aujourd'hui, moi, je tiens à
saluer le travail de tous ces employés, de toutes ces ressources humaines à
l'intérieur de l'usine à Rivière-du-Loup, mais également du côté nord parce
qu'ils font un travail qui est tout à fait remarquable, qui permet à notre
région de bien se définir sur le plan économique.
C'est
un fleuron de chez nous, et je tiens à leur transmettre nos... tous sincères
remerciements. Vous savez, Soucy industriel, c'est une histoire qui dure
depuis 80 ans à Rivière-du-Loup. Alors, longue vie à cette belle
entreprise!
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, merci à vous M. le député. M. le député de
Nicolet-Bécancour.
Rendre hommage aux organisateurs du Carnaval de Gentilly
M. Donald Martel
M.
Martel : Merci, M. le Président. Je vais rendre hommage aux
organisateurs du Carnaval de Gentilly ici présents, un événement festif d'envergure, qui, depuis 1969,
permet à toute une population de se divertir, de mieux se connaître et
de tisser des liens encore plus serrés.
Le
Carnaval de Gentilly est le deuxième plus ancien carnaval d'hiver après celui
de Québec. Je crois fermement à l'importance de ce genre d'initiatives,
non seulement parce qu'elles permettent de divertir les gens et de financer des
activités communautaires, mais aussi parce
qu'elles contribuent à créer un véritable sentiment d'appartenance, un élément
essentiel à la survie et à l'essor de nos communautés en région.
Je veux féliciter
chaleureusement les organisateurs de la 46e édition du Carnaval de
Gentilly, son président, M. Steve Brunelle,
et toute l'équipe qui l'a accompagné. Je veux rendre hommage à cette admirable
communauté qu'est Gentilly, une communauté fière, dynamique et désireuse
de faire bouger les choses. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député. Mme la
députée de Mille-Îles, pour votre déclaration.
Rendre hommage au peintre Umberto Bruni
à l'occasion de son 100e anniversaire
Mme Francine Charbonneau
Mme
Charbonneau : Merci, M. le Président. Permettez-moi
aujourd'hui de rendre hommage à M. Umberto Bruni, qui célébrait son 100e anniversaire le 24 novembre
dernier. M. Bruni habite depuis 40 ans dans la merveilleuse circonscription
de Mille-Îles.
M.
Bruni a été non seulement un peintre, mais aussi professeur et fondateur de la
faculté d'arts de l'université de Québec. Il a également publié
récemment un livre sur l'homme et son art. Il a aussi réalisé des portraits des
lieutenants-gouverneurs Paul Sauvé et Alphonse Raymond. On retrouve aussi
plusieurs de ses fresques et vitraux dans de nombreuses églises du Québec.
Enfin,
M. Bruni a reçu de nombreux prix, notamment un remis par Robert Bourassa,
premier ministre du Québec, pour ses 50 ans de vie artistique ainsi
que des hommages.
Aujourd'hui,
je tiens à le féliciter pour l'ensemble de son oeuvre, pour l'ensemble de ses
accomplissements. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, Mme la députée.
Enfin, M. le député de Saint-Jean, pour votre déclaration.
Féliciter l'équipe féminine des Géants, du cégep
Saint-Jean-sur-Richelieu, médaillée d'or au Championnat
provincial de basketball collégial
M. Dave Turcotte
M.
Turcotte :
Merci, M. le Président. C'est le 12 avril dernier que s'est tenu le
Championnat provincial de basketball collégial, durant lequel les Géants
du cégep Saint-Jean-sur-Richelieu ont remporté les honneurs.
En
effet, après avoir gagné le calendrier régulier ainsi que les séries
éliminatoires dans la section sud-ouest de la division 2, l'équipe
féminine a couronné cette saison de rêve en remportant le championnat et, par
le fait même, le premier titre québécois de leur
histoire. Nos Géants ont remporté la médaille d'or en dominant largement les
Élans du cégep Félix-Garneau et par le score de 79 à 58.
Cette
victoire est une fierté pour toutes les Johannaises et tous les Johannais, et,
à titre de député de Saint-Jean, je
désire vous féliciter pour ce bel accomplissement. Vous êtes dignes
représentantes de l'équipe des Géants du cégep Saint-Jean-sur-Richelieu
ainsi qu'une source de fierté et de persévérance pour nos jeunes! Merci
beaucoup à vous.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député de Saint-Jean.
Voilà
qui met un terme à la rubrique Déclarations de députés. Je suspends les travaux
de l'Assemblée quelques instants.
(Suspension de la séance à
13 h 58)
(Reprise à 14 h 13)
Le Président :
Merci. Veuillez vous asseoir.
Présence de Mme Seybah Dagoma, députée
de la cinquième circonscription de Paris
J'ai le plaisir de
souligner la présence dans nos tribunes de la députée de l'Assemblée nationale
française Mme Seybah Dagoma, qui est députée de la cinquième circonscription de
Paris.
Nous poursuivons les
affaires courantes.
Une voix :
...
Le Président :
Non, il n'y en a pas d'autre. Il y en a qui prennent des habitudes comme ça.
Des voix :
Ha, ha, ha!
Le Président :
J'en aurai probablement d'autres un autre jour, M. le chef.
Aujourd'hui, il n'y a
pas de déclarations ministérielles ni présentation de projets de loi.
Dépôt de documents
À la rubrique Dépôt
de documents, M. le leader du gouvernement.
Réponses à des pétitions
M.
Fournier : M. le Président, il me fait plaisir de déposer les
réponses du gouvernement aux pétitions présentées par : la députée de Joliette le
26 février 2015; le député de Saint-Jean le 17 mars 2015;
la députée de Repentigny et le député de Marie-Victorin le
19 mars 2015.
Le Président :
Ces documents sont déposés.
Il n'y a pas de dépôt
de rapports de commissions.
Dépôt de pétitions
À
la rubrique Dépôt de pétitions, j'ai reçu une demande de M. le député de
Rousseau pour présenter une pétition qui est non conforme. Est-ce que
j'ai un consentement pour le dépôt?
Une voix :
...
Le Président :
Vous êtes sûrs?
Une voix :
...
Le Président :
O.K. Alors, consentement. M. le député de Rousseau, on vous écoute.
Amender le projet de loi sur la mise en oeuvre du discours
sur
le budget de 2014 afin de permettre aux pharmaciens
propriétaires de maintenir leurs services
M. Marceau : Bien, merci, M. le Président. Et je dépose l'extrait d'une pétition adressée à
l'Assemblée nationale, signée par 7 134 pétitionnaires.
Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les
faits invoqués sont les suivants :
«Considérant qu'avec le projet de loi 28 le gouvernement du Québec demande aux pharmaciens d'offrir plus de
services aux patients, tout en coupant 177 millions de dollars dans leurs
honoraires;
«Considérant
que les conditions imposées aux pharmaciens auront pour effet de réduire
l'accès aux soins de santé, par la réduction des heures d'ouverture de
la pharmacie et par la réduction de la main-d'oeuvre qualifiée;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous,
soussignés, citoyens et citoyennes du Québec, réclamons que le ministre des
Finances modifie le projet de loi 28
afin que les pharmaciens propriétaires puissent conserver les ressources
nécessaires au maintien des services en pharmacie.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition.
Le Président :
Alors, l'extrait de cette pétition est déposé.
J'ai
reçu une demande d'un dépôt de pétition non conforme de la part de — toujours — M. le député de Rousseau. Est-ce
que j'ai un consentement?
Une voix :
...
Le
Président : Toujours
non conforme. En tout cas, il y a un consentement. Alors, M.
le député de Rousseau, nous vous écoutons.
Permettre aux pharmaciens de
maintenir des services de qualité
M.
Marceau : Merci, M. le Président. Alors, je dépose l'extrait d'une pétition
adressée à l'Assemblée nationale,
signée par 66 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du
Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant que nous
disons non aux coupures;
«Considérant
que nous disons non à la diminution des services en pharmacie pour les
personnes démunies, les personnes ayant besoin davantage d'attention,
ainsi que les personnes âgées;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous, soussignés,
voulons aider notre pharmacien à garder un service de qualité en pharmacie.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition.
Le Président :
Alors, l'extrait de cette pétition est déposé.
Il
n'y a pas de réponses orales aux pétitions ni d'interventions portant sur une
violation de droit ou de privilège.
Je
vous informe cependant que j'entendrai demain, après les affaires...
c'est-à-dire aux renseignements sur les travaux de l'Assemblée,
j'entendrai des plaidoiries relatives à la question de privilège soulevée par
Mme la leader de l'opposition jeudi dernier.
Questions et réponses orales
Nous
en sommes donc maintenant à la période de questions et de réponses orales, et
je cède la parole à M. le chef de l'opposition officielle.
Demandes du Québec relativement au budget fédéral
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard : Merci, M. le Président. Triste journée hier, et
j'ose croire que demain sera aussi une triste journée, mais dans un autre ordre, dans notre beau
Parlement fédéral, M. le Président. On connaît les grandes lignes du
budget : on va offrir des
mesures pour les plus fortunés, on va faire quelques bonbons électoraux, et il
y aura des surplus budgétaires croissants
au fédéral. Pendant ce temps-là, à Québec, on s'apprête à voter un budget qui
sabre dans la santé, dans l'éducation, qui augmente le fardeau fiscal des
familles et attaque de front les régions.
Il est donc
surprenant de voir le premier ministre rester totalement muet face à cette
situation. Il n'a rien demandé sur les
transferts en santé, sur le pont Champlain, rien pour exiger, par exemple, une
compensation pour le registre des
armes à feu, puis pas un mot sur les revendications traditionnelles du Québec
et les revendications financières. Voyant venir l'échec, le premier ministre a décidé de ne pas parler, M. le
Président, et ça, ça va avoir des conséquences sur la dure réalité des
Québécois dans la prochaine année. Sa loyauté aveugle lui a enlevé la parole,
malheureusement.
Comment
le premier ministre peut expliquer aux Québécois qu'il a gardé le silence,
qu'il n'a fait aucune demande sur
l'utilisation des taxes et des impôts qui sont envoyés au Canada, à Ottawa,
alors que, chez nous, nous vivrons les plus grandes coupures dans des
secteurs névralgiques que sont la santé et l'éducation?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président, avec respect, je veux signaler à mon collègue que ces
demandes ont été exprimées à plusieurs
reprises, plus spécifiquement pour le budget qui sera déposé aujourd'hui, et,
on le verra dans quelque temps, on n'a pas de raison de croire que ça
serait différent, on ne veut voir aucune mesure qui mettrait en jeu les
équilibres financiers du Québec et notamment l'équilibre budgétaire pour
l'année à venir.
Nous
avons à de nombreuses reprises, nombreuses reprises, demandé une accentuation
de l'investissement en infrastructures,
notamment pour les régions nordiques et le secteur maritime. Nous avons à de
nombreuses reprises insisté, et je le
répète encore aujourd'hui, insisté pour que les transferts en santé tiennent
compte de la réalité démographique de chaque
région du Canada. Je ne connais pas d'endroit dans le monde où on finance la
santé sur une base purement per capita. On l'a dit à plusieurs reprises. Et on espère également qu'il y aura des
mesures de relance économique compatibles avec celles que nous avons mises de
l'avant, notamment pour les entreprises, et tout allègement fiscal pour les
contribuables sera bien sûr bienvenu.
Maintenant,
M. le Président, ce que je dois dire et répéter, c'est que l'enjeu budgétaire
qui est devant nous, que le collègue connaît très bien, auquel son parti
a déjà fait face dans le passé, ce n'est pas un enjeu qu'il faut renvoyer à d'autres quant à leurs responsabilités. C'est
notre responsabilité, au Québec, de mettre fin aux raisons structurelles pour
lesquelles nous avons eu des déficits, un endettement important, et, comme se
plaît à nous le rappeler fréquemment notre
collègue de la deuxième opposition, une croissance économique moins vigoureuse
qu'ailleurs en Amérique du Nord. Ce sont nos problèmes, on va les régler
au Québec.
Maintenant,
pour ce qui est du budget fédéral, je viens de résumer, je viens de résumer, M. le Président, les attentes qu'on a. On verra ce soir l'annonce du budget.
• (14 h 20) •
Le Président :
Première complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard : M. le Président, dans nos problèmes structurels, il y a, effectivement, de payer des impôts à Ottawa,
alors qu'il ne se soucie pas de nos besoins
et des attentes que nous avons. Il chuchote ses demandes, alors qu'il devrait
parler fort pour les revendications du
Québec. Est-ce que je dois lui rappeler qu'il n'y a pas rien qu'un
budget, il y a une campagne fédérale qui s'en vient où il
y aura des enjeux qui vont être discutés.
À
une certaine époque, le premier
ministre québécois
avait fait des demandes, les avait envoyées. Est-ce que le premier ministre peut au moins faire la même chose et transmettre les demandes du Québec
officiellement et fortement?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : Alors, la réponse à ça est claire : Nous le ferons. Nous le ferons
par des discours au Québec et ailleurs,
nous le ferons également par écrit parce que c'est mon devoir,
c'est le devoir du gouvernement de faire ça, de faire la promotion et la
représentation des intérêts du Québec, et on le fera sans arrêt.
Maintenant,
pour ce qui est des équilibres financiers du pays, je vais répéter mes
questions, qui ne sont toujours... qui
n'ont toujours eu aucune réponse, parce qu'il n'y a pas de réponse à apporter,
du côté de l'opposition officielle. On sait
que leur projet, c'est de faire croire aux Québécois que tout va mieux aller
quand on sera sorti de la fédération canadienne. Alors, je leur pose des
questions : Par quoi on remplace la péréquation? Par quoi on remplace
l'excès de dépenses fédérales par rapport
aux revenus au Québec? Quelle sera la dette? Quel sera le service de la dette
d'un Québec séparé du Canada?
Le Président :
En terminant.
M. Couillard : C'est des questions très, très simples. Il n'est tout simplement pas
acceptable qu'on n'ait pas de réponses à ces questions.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard : J'ai fait une interpellation sur les avantages de
la souveraineté, puis le premier ministre n'a pas daigné se présenter lorsque je l'ai faite, cet automne.
J'aurais aimé l'entendre là-dessus. Mais où il est inaudible, M. le Président,
c'est quand vient le temps de demander notre
dû, les taxes qu'on envoie à Ottawa. Ça, on ne l'entend pas. On l'entend
un peu ici, là, mais pas très fort, puis ça
n'a rien à voir avec la force de sa voix, c'est comment il le fait. On ne
demande rien, et c'est normal qu'on n'obtienne rien.
Moi,
je demande au premier ministre, là — puis je dépose un document qui avait été
transmis, à l'époque, par le premier ministre Charest : Est-ce
qu'il peut faire la même chose que le premier ministre Charest avait faite
avant lui?
Document
déposé
Le Président : Consentement
pour le dépôt? Consentement. M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : Bien, M. le
Président, on a déjà commencé à le faire, soit par notre voix à nous, soit en
joignant notre voix — ce
que l'opposition officielle est incapable de faire — avec d'autres régions
du Canada en bâtissant des alliances,
notamment avec le Conseil de la fédération, qui vient récemment de prouver
toute son utilité autour de l'enjeu des changements climatiques.
Alors, oui,
bien sûr, on va faire, M. le Président, ces demandes, ces manifestations de
promotion des intérêts du Québec,
mais je vais lui donner un exemple très récent qui devrait l'amener à réfléchir
davantage : dans le dossier des services
de garde, qu'il a soulevé à plusieurs reprises dans cette Assemblée, qui a
laissé l'argent sur la table à Ottawa? L'opposition officielle. Qui est
allé rechercher de l'argent pour les familles du Québec? Notre gouvernement.
Le Président : Troisième
complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard :
Effectivement, il a un bel appui de ses collègues du reste du Canada. On a fait
des demandes dans les transferts en
santé, je pense que la réunion n'avait pas commencé que, déjà, on disait :
Non, il n'y aura rien. Depuis ce
temps-là, on n'entend plus rien, comme si ce n'était pas légitime. Si on avait
fait la même chose sur le déséquilibre fiscal à une certaine époque, on
n'aurait pas eu un sou.
Ce que je
demande au premier ministre, c'est de bomber le torse un peu. Il le fait à
l'égard des étudiants, il le fait à l'égard
des parents, est-ce qu'il peut le faire à l'égard du fédéral, où on paie nos
impôts et on a le droit d'obtenir notre juste part?
Moi, je
demande au premier ministre au moins de transmettre une lettre qui ressemble à
celle qu'on avait envoyée il y a quelques années, quand on se tenait
encore un peu debout.
Le Président : M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : Bien, M. le
Président, je trouve que mon collègue manque d'ambition. Il devrait demander davantage. On ne fait pas juste une lettre, on va
faire des déclarations, on va faire des discours au Québec et ailleurs et on
va bâtir ces alliances dont je parlais
tantôt. Et, oui, on transmettra un document à l'approche des élections
fédérales, mais on le fera au moment approprié, pas lorsque le collègue
le demande, M. le Président.
Le Président : Principale, M.
le député de Sanguinet.
Restructuration des
centres locaux de développement
M. Alain Therrien
M.
Therrien : Merci,
M. le Président. Dur réveil pour de
nombreux travailleurs au Québec. Là, on découvre la teneur des amendements que le gouvernement a fait adopter par bâillon cette nuit. Enfoui dans 148 pages d'amendements, le gouvernement, dans la foulée de l'abolition des CLD, a forcé
l'adoption de l'article 255.12 qui stipule, et je cite : «Aucun
contrat de travail, aucune accréditation ou convention collective au sens du Code du travail liée un CLD ne lie une municipalité
régionale de comté...»
En somme, non
seulement on met à la porte des travailleurs des CLD, mais, pour ceux qui seront réembauchés, on leur enlève
leur accréditation syndicale, leur convention collective, bref, leurs
conditions de travail, et tout ça par amendement
dans un bâillon, donc sans aucune consultation, sans aucun respect pour les
travailleurs qui ont contribué au développement économique du Québec.
J'aimerais
savoir du ministre du Travail : Comment a-t-il pu laisser passer une
entorse aussi flagrante à l'article 45 du Code du travail?
Le Président : M. le ministre
des Affaires municipales.
M. Pierre Moreau
M. Moreau :
D'abord, M. le Président, il faut savoir ce que c'est qu'un CLD. Un CLD, c'est
un organisme à but non lucratif qui est complètement indépendant et qui n'a
aucun lien avec une municipalité locale ou régionale. Ce que la loi ou le projet de loi n° 28 est venu faire,
c'est de retirer l'obligation, pour une municipalité régionale de comté, de
transiger avec l'organisme, qui est
un organisme à but non lucratif et qui est en soi un employeur pour lequel la
municipalité régionale de comté n'a aucun élément de redevance ou de lien d'emploi, en
disant : Dorénavant, si vous souhaitez continuer à faire affaire avec un CLD, vous pourrez le faire, mais
vous n'aurez pas l'obligation de le faire, de sorte que le CLD va continuer à
avoir ses relations de travail avec ses employés, comme un tiers par rapport à
la municipalité.
Ce
que nous faisons, M. le Président, cependant, contrairement à ce que le
gouvernement du Parti québécois a fait, c'est... On ne va pas imposer un modèle unique pour le développement
local et régional, mais on dit aux gens des régions, aux élus des
régions qui sont imputables : Vous ferez le développement économique à la
couleur de votre région. En accompagnement, le gouvernement du Québec...
Le Président :
En terminant.
M. Moreau :
...sera là comme un partenaire. C'est comme ça qu'on travaille, M. le
Président.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Sanguinet.
M. Alain Therrien
M.
Therrien : M. le Président, si c'est le cas, pourquoi on a
déposé un amendement? Les règles qui s'appliquent lors du transfert
d'employés est un sujet litigieux qui a fait l'objet de nombreux débats et
affrontements au Québec. Aujourd'hui, le
Parti libéral vient dire aux employés des CLD : L'article 45 du Code du
travail ne s'appliquera pas à vous. Vous perdez votre accréditation, vos
conventions collectives et vos conditions de travail.
Comment le ministre
du Travail peut-il vivre avec ça?
Le Président :
M. le ministre des Affaires municipales.
M. Pierre Moreau
M.
Moreau : M. le Président, le ministre du Travail n'a pas à
vivre avec ça puisqu'il n'y a pas de transfert d'emploi. Le ministre du
Travail n'a pas à vivre avec ça puisqu'il n'y a pas de transfert d'emploi.
Mais ce que je dirais
à mon collègue de Sanguinet, c'est de prendre connaissance du rapport du
Vérificateur général sur la performance des
CLD au Québec, lui qui estime que c'était la plus belle invention depuis le
pain tranché. Et on se rencontrera,
M. le Président... on se rendra compte, M. le Président, en lisant ce rapport,
qu'il y avait un budget de trois fois
le budget du fonds d'investissement qui était utilisé. Et savez-vous quoi? On a
utilisé des fonds du Fonds local d'investissement pour payer encore plus
de frais de gestion. Alors, il n'y a pas de leçons à recevoir des CLD, M. le
Président.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Sanguinet.
M. Alain Therrien
M.
Therrien :
M. le Président, on attaque les CLD. J'aimerais ça qu'il aille dans les régions
parler des CLD. Il verrait que les gens y tiennent. Après le projet de loi
n° 3, qui brisait les contrats de travail dûment négociés, le gouvernement
vient encore une fois s'en prendre aux travailleurs du Québec. Et le gouvernement
n'a même pas eu le courage de les rencontrer.
J'en appelle au ministre
du Travail, c'est lui que je veux entendre. Qu'est-ce qu'il va faire pour
défendre les travailleurs du Québec?
Le Président :
M. le ministre des Affaires municipales.
M. Pierre Moreau
M.
Moreau : M. le Président, je n'ai pas attendu l'invitation du
député de Sanguinet pour aller dans les régions du Québec. J'ai fait les Îles-de-la-Madeleine, la Gaspésie, l'Abitibi,
l'Outaouais, je pense que j'en oublie, là, j'en ai fait quelques autres, et partout on a parlé justement de
la nouvelle gouvernance régionale, et partout où on a parlé de la gouvernance régionale, les élus, qui sont des gens
imputables, en qui nous, on a confiance — je ne comprends pas pourquoi vous
n'avez pas confiance dans les élus locaux et régionaux — eux
ont dit : On va choisir notre propre modèle de développement. Dans certains cas, on va maintenir le CLD s'il était
performant, mais, s'il ne l'était pas, on ne prendra pas le modèle du
goulag, on va s'en faire un à nous, qui est respectueux de nos régions et pour
lequel nous...
Le Président :
En terminant.
M. Moreau :
...on sera responsables et redevables. C'est ça, la diversité au Québec, M. le
Président.
Le Président :
Principale, M. le député de Richelieu.
Fréquence des bains donnés aux
aînés
dans les centres d'hébergement
M. Sylvain Rochon
M. Rochon :
M. le Président, la ministre déléguée à la Réadaptation suggérait hier aux
usagers des CHSLD d'acheter des bains
supplémentaires avec le programme chèque emploi-services au lieu d'acheter des
bains au noir. Or, les personnes qui
demeurent dans un établissement public, dont les CHSLD, ne sont pas admissibles
au programme chèque emploi-services. Pendant que le gouvernement
s'attaque aux employés, envoie des directives aux institutionnaires, personne ne se préoccupe des résidents. Les
scandales se multiplient, et la ministre, elle suggère l'utilisation d'un
programme qui est incompatible pour régler
le problème. Et, en plus de ça, la ministre des Aînés continue, elle, d'être
muette.
Est-ce
que la ministre déléguée à la Réadaptation peut corriger son intervention
d'hier et indiquer qu'il n'est pas possible
d'avoir recours au programme de chèque emploi-services pour les personnes qui
demeurent dans un CHSLD?
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : M. le Président, je remercie le nouvel élu de Sorel de nous
donner l'occasion de remettre les choses dans leur bonne perspective — Richelieu, je m'excuse. M. le Président,
évidemment, tout le monde ici, on est tous pour, évidemment, qu'on fasse en sorte que nos aînés, dans les CHSLD,
reçoivent les meilleurs soins possible. Il y a des guides de pratique,
il y a des paramètres qui sont suivis sur le terrain, et évidemment on parle
ici d'hygiène personnelle.
Ce
qui est en cause ici, M. le Président, c'est, d'abord et avant tout, le fait
que des individus se soient mis en conflit d'intérêts, d'une part, et évidemment aient eu des activités
commerciales au noir dans une situation qui est évidemment très particulière, parce qu'elle met en cause les
gens les plus vulnérables. Et ce que l'on va demander, M. le Président, évidemment,
c'est de cesser cette façon de faire là, ce qui n'empêche pas d'avoir...
Une voix :
...
M. Barrette :
Bien, j'arrive à ma réponse, là.
Le Président :
Je m'excuse. Mme la leader de l'opposition.
Mme
Maltais : Article 79. Nous voulons avoir une information
précise. Est-ce qu'elle va revenir sur ses propos sur le chèque
emploi-services?
Le Président :
M. le ministre de la Santé, veuillez continuer.
M.
Barrette : Et, M. le Président, ce que... Et j'arrive au sujet. Le
sujet est assez vaste, évidemment, parce qu'on parle de la problématique des soins aux personnes âgées. Alors, ce que
l'on a proposé simplement est de faire en sorte que les choses se
fassent dans la plus grande transparence, et il est tout à fait possible pour
ces gens-là...
Le Président :
En terminant.
M.
Barrette : ...de passer par les entreprises d'économie sociale qui,
elles, ont accès à ces chèques, M. le Président.
Le Président :
Première complémentaire, monsieur...
• (14 h 30) •
Des voix :
...
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Richelieu.
M. Sylvain Rochon
M. Rochon :
Oui. M. le Président, j'ai entre les mains le Cadre normatif du programme de
Soutien à la personne, qui dit en
toutes lettres à la page 9 que les personnes qui demeurent dans un
établissement public, dont les CHLSD, ne sont pas admissibles au
programme de chèque emploi-services, et les organismes ne le sont pas.
Est-ce que la
ministre peut corriger son intervention d'hier, M. le Président? À moins
qu'elle ne préfère, évidemment, modifier le cadre normatif.
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : M. le Président, comme je l'ai dit à plusieurs reprises
hier dans de nombreuses entrevues, les gens qui sont en CHSLD sont là, c'est leur résidence. Alors, pour la famille
et pour les personnes... Et évidemment on comprendra que, pour la plupart des personnes qui sont en
CHSLD, elles n'ont pas la capacité de faire cette négociation-là. Et, en
général, ça passe par les familles, et les familles ont le loisir de
s'adresser aux personnes et aux organisations — en général, communautaires — qui peuvent le faire selon des normes qui
sont reconnues dans les différents règlements. Et actuellement, encore une fois, ce que l'on demande, évidemment,
c'est que nos aînés aient les meilleurs soins possible dans un cadre qui
respecte la réglementation.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Richelieu.
M. Sylvain Rochon
M. Rochon :
Le ministre contredit le cadre normatif, M. le Président, mais, chèque
emploi-services ou non, des aînés
sont négligés dans nos CHSLD. Le Journal Les 2 Rives, de ma région, nous
apprend aujourd'hui que les préposés des
CHSLD de Contrecoeur et puis de Varennes n'ont pas donné de bain à des
bénéficiaires à plusieurs reprises depuis le mois d'août parce que le
personnel manquant n'était pas remplacé.
Est-ce que la
ministre des Aînés peut se lever enfin? Est-ce qu'elle peut veiller à cette
clientèle vulnérable, M. le Président?
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : M. le Président, évidemment, encore une fois, on revient
sur un angle du sujet, alors que le sujet, M. le Président, est l'hygiène personnelle. Et les préposés qui sont
dans nos institutions, dans leur formation, sont les gens responsables, et ils ont la compétence pour le
faire — et je
vous dirais, M. le Président, qu'ils le font très bien — d'offrir et de procurer aux personnes
âgées les soins d'hygiène personnelle appropriés, M. le Président.
Je
renchéris sur le fait, M. le Président, que, pour cette clientèle-là, il n'est
pas toujours possible, pas toujours possible de donner ce type de service. D'ailleurs, le ministre de la Santé
précédent l'a dit lui-même en entrevue la semaine dernière, une norme
comme celle-ci, nationale, serait médicalement inappropriée.
Le Président :
Principale, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
Projections de croissance économique
M. François Legault
M.
Legault : Oui, M. le Président. Le Mouvement Desjardins a mis à
jour hier les prévisions économiques pour l'Amérique du Nord. Il prévoit une croissance économique de 2,5 %
en Colombie-Britannique, 2,6 % au Manitoba, 2,7 % en Ontario, 3 % aux États-Unis. Et combien
pour le Québec? 1,7 % pour cette année, 1,5 % pour l'année prochaine.
C'est pire que les provinces
atlantiques, M. le Président. Ça veut dire, concrètement, que le Québec risque
de passer du 57e rang au 58e rang sur 61.
Des voix :
...
Le
Président : S'il vous plaît! S'il vous plaît! Il n'y a qu'un
intervenant ici — M. le
député de Louis-Hébert — qu'un intervenant ici, c'est le chef du deuxième groupe
d'opposition.
M.
Legault : M. le Président, le premier ministre pourra mettre ça
dans sa liste de réalisations ou dans son CV en 2018.
M.
le Président, le problème, c'est qu'il manque d'investissement des entreprises au Québec, puis il faut changer
les façons de faire chez Investissement Québec. Or, le problème qu'on a, c'est que le ministre de l'Économie, c'est lui qui a été président d'Investissement Québec de 2006
à 2013. Donc, c'est pas mal difficile de demander à celui qui nous a
amenés là de changer...
Donc, ma question au
premier ministre : Est-ce que le premier ministre reconnaît, d'abord, que
les prévisions économiques sont mauvaises
pour le Québec? Est-ce qu'il reconnaît qu'avec une aussi faible croissance ce
ne sera pas possible de réduire les impôts de la classe moyenne?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : Alors, M. le
Président, non seulement ce sera possible de le faire, mais on va le faire. On
l'a annoncé dans le budget,
2 milliards de baisses d'impôt pour les particuliers, notamment avec
l'abolition de la taxe santé, et ça sera fait.
Maintenant,
on a déjà échangé, lui et moi, sur la question des prévisions de croissance.
Dans notre budget, on prévoit 2 %, ce
qui est conservateur. La CIBC prévoit 2,4 % pour le Québec. Alors, bien
sûr, il est sélectif. Il pourrait me dire :
Moi aussi, je suis sélectif, je parle de 2,4 %. Mais il faut donner un
aperçu plus large de ce que les analystes prévoient, et, bien sûr, on
est très conscients de la nécessité d'attirer l'investissement privé.
Et
attirer l'investissement privé, ça se fait comment? Ça se fait en rétablissant
le climat de confiance, qui a été ébranlé,
au cours des dernières années, entre les investisseurs et le Québec. Ça se fait
en allégeant la fiscalité. Ça se fait en donnant des incitatifs à l'investissement, ce qu'on vient de confirmer
encore une fois dans le dernier budget, notamment pour les investissements en région, et avec des
congés fiscaux pour les investissements de grande importance. Ça se fait en
allant à l'étranger, puis en vantant les
mérites du Québec, puis en faisant la promotion d'investissements avec des bons
résultats, des résultats tangibles et qui
vont se poursuivre. Ça se fait en lançant des grands projets de société comme
le Plan Nord, bientôt la stratégie
maritime. Ça se fait en soutenant nos PME. Plusieurs milliards de dollars
de soutien aux PME d'investis au cours des derniers mois déjà.
Alors,
il y a beaucoup de travail à faire, je suis d'accord avec lui. On devrait faire
mieux au Québec, notre potentiel de
croissance est meilleur que celui qu'on a. Mais il faut aller à la racine des
problèmes et les régler un par un, et surtout ne pas laisser croire à la
population qu'une chose, une chose seulement va permettre d'améliorer la
situation.
Le Président :
Première complémentaire, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M. François Legault
M.
Legault : M. le Président, le premier ministre lui-même, dans
ses prévisions, estime qu'il ne va pas faire plus que 2 % d'ici la fin de son mandat par année.
C'est la preuve que son plan économique ne fonctionne pas. M. le Président,
le Québec marche, alors que nos voisins courent.
Quand va-t-on sortir,
M. le Président, de ce déclin tranquille? Quand va-t-on sortir de ce déclin
économique? Quand va-t-on sortir de ce déclin de la classe moyenne au Québec?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : Alors, M. le Président, moi, je n'ai pas le même discours sur le
Québec. Ça fait plusieurs années que
notre collègue... Je lui reconnais le mérite d'avoir lancé des idées depuis son
retour en politique, mais ça fait depuis plusieurs années qu'il a un discours de déclin. Idées, d'ailleurs, pour
les meilleures d'entre elles, qu'il nous fait plaisir d'incorporer à nos
actions.
Mais, M. le
Président...
Une voix :
...
Des voix :
Ha, ha, ha!
M.
Couillard : Et je le remercie pour ça également.
Des voix :
Ha, ha, ha!
Le
Président : La question a été posée de façon très claire et
très correcte, je voudrais entendre la réponse de la même façon.
M. Couillard : ...pas assez ambitieux, nous, on fait la stratégie maritime. Mais moi,
je n'ai pas, M. le Président, un
discours de déclin quand je parle du Québec. On a énormément d'atouts :
notre population, notre territoire, nos ressources, le talent des
Québécois. Et c'est de ça que je parle, et on le reconnaît partout au monde.
Moi, je suis très confiant. Par opposition à ce qu'il dit, je suis très
confiant...
Le Président :
En terminant.
M. Couillard : ...qu'on va pouvoir faire ces progrès. Quant au plan de relance, on en
fera le bilan dans quelques années, M. le Président.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M. François Legault
M. Legault :
M. le Président, selon ses propres prévisions, le Québec, dans les quatre
prochaines années, va faire moins
bien que les voisins. Qu'est-ce qu'il va attendre? Qu'est-ce qu'il attend pour
se réveiller, qu'on soit 61e sur 61? Est-ce qu'il
va falloir mettre des règles comme au hockey, que, quand on finit dernier, on
peut repêcher un nouveau premier ministre?
• (14 h 40) •
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : Certainement pas la recrue de l'année devant nous, M. le
Président. Mais, ceci dit, M. le Président...
Des voix :
...
M. Couillard : Non. S'il vous plaît! S'il
vous plaît! Ceci dit sans malice
envers mon collègue, pour lequel j'ai de l'estime, là.
Mais
je voudrais juste répéter que les prévisions qui sont dans le cadre budgétaire
pour les prochaines années sont identiques
à ce que d'autres économistes
prévoient. Pourquoi? Parce qu'ils identifient le grand défi qui est devant
nous, c'est la démographie. Et il doit être conscient de ça. Il le sait,
j'en suis certain.
Le Président :
En terminant.
M. Couillard : Le Québec, M. le Président, c'est la seule province où la population
active diminue. Ça commence par mieux accueillir dans les paroles et
dans les...
Le Président :
Principale, M. le député de Blainville.
Fonds Chantiers Canada-Québec
M. Mario Laframboise
M.
Laframboise : M. le Président, les besoins en infrastructures
publiques des municipalités québécoises sont majeurs. En février 2014, le gouvernement fédéral a annoncé un programme
de 1,7 milliard sur 10 ans pour permettre aux municipalités de se doter ou de rénover leurs
infrastructures. Or, malgré les besoins des municipalités, le gouvernement
du Québec se traîne les pieds pour signer
l'entente. Résultat, 180 millions dorment sur la table parce que le
gouvernement du Québec refuse de signer.
Plus
d'un an après l'annonce du programme, huit provinces canadiennes sur 10 ont
déjà déposé des demandes de subvention
pour leurs infrastructures, mais, au Québec, la mise en chantier de dizaines
d'initiatives majeures est présentement
retardée. Certaines municipalités ont même déboursé des sommes importantes pour
débuter leurs travaux.
Est-ce
que le ministre des Affaires municipales peut nous dire combien de projets ont
été déposés par les municipalités dans le cadre du programme Fonds
Chantiers Canada-Québec, volets Collectivités et Grandes villes?
Le Président :
M. le leader du gouvernement.
M. Jean-Marc Fournier
M.
Fournier : Oui. M. le Président, nous avons bien hâte de
pouvoir procéder aux annonces dans ces dossiers-là et que les projets puissent décoller. Nous sommes
encore en négociation avec le gouvernement fédéral. La personne qui vous parle souhaite que le «encore» passe
rapidement à «nous avons réglé», mais nous souhaitons que cela se fasse selon
les conditions qui nous semblent les meilleures pour le Québec.
À
ce moment-ci, nous approchons du moment où il y aura une entente finale, mais
elle n'est pas encore atteinte. Et j'ai bon espoir que nous
l'atteignions. Nous allons l'atteindre pour le bénéfice de l'ensemble des
Québécois et des infrastructures du Québec, dans le respect des façons de faire
du Québec, M. le Président.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Blainville.
M. Mario Laframboise
M.
Laframboise : M. le Président, après avoir saigné les villes de
300 millions dans le cadre de son pacte fiscal transitoire, le gouvernement les prive maintenant
de 180 millions actuellement disponibles à Ottawa pour leurs projets
d'infrastructure. Ces travaux permettraient
de créer des emplois dans toutes les régions de Québec, qui en ont grandement
besoin.
Le ministre peut-il
nous dire pourquoi et où ça bloque?
Le Président :
M. le leader du gouvernement.
M.
Jean-Marc Fournier
M.
Fournier : Je veux simplement dire, M. le Président, que, de ce
côté-ci, nous n'entendons pas baisser la voix devant les représentations que nous avons à faire et la façon dont nous
voulons faire les choses et laisser à d'autres le soin de décider pour nous. Oui, il y a des besoins.
Nous croyons que ces besoins doivent être répondus, mais ils doivent l'être
dans le respect de nos façons de faire au Québec.
Et en ce moment nous espérons avoir convaincu
dans les derniers éléments le partenaire fédéral. Ce n'est pas encore le cas.
Cela a, à mon avis, trop tardé, mais j'espère que ça se conclue rapidement.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le député de Blainville.
M. Mario Laframboise
M.
Laframboise : M. le Président, il y a deux jours à peine, le maire de
Lévis s'est dit inquiet pour le financement d'un complexe aquatique de 28 millions promis dans le cadre de ce
programme. Les municipalités ont des projets, l'argent est sur la table,
mais on ne sait pas pourquoi le gouvernement du Québec se traîne les pieds pour
signer l'entente.
M. le Président, où ça bloque?
Le Président : M. le leader
du gouvernement.
M. Jean-Marc Fournier
M.
Fournier : Je peux difficilement être plus clair devant le fait
que nous souhaitons et nous exigeons que les façons de faire
québécoises, qui sont bien connues, dans les programmes d'infrastructure soient
respectées.
Ceci étant,
au moment où on se parle, nous sommes dans les derniers détails. Je ne veux pas
diminuer le fait que j'aurais
souhaité que, ces détails-là, nous les ayons réglés il y a bien longtemps. Ceci
étant, je ne veux pas non plus laisser entendre que cela va durer encore
longtemps. Nous sommes sur la fin et nous souhaitons que nous puissions...
Une voix : ...
Le Président : Je m'excuse.
M. le leader du deuxième groupe d'opposition.
M.
Bonnardel :
Le leader du gouvernement dit avoir été clair. La première question, on lui a
posé la question à savoir combien de
projets ont été déposés, aucune réponse. Là, on lui demande simplement où ça
bloque. Est-ce qu'on peut avoir une vraie réponse?
Le Président : M. le leader
du gouvernement.
M.
Fournier : Peut-être que je ne parlais pas assez français, là,
ça bloque à Ottawa. Si, M. le Président, je dis que je veux que les façons de faire québécoises soient respectées par
celui avec qui on négocie, à mon avis, ça bloque à Ottawa, ça me semble
assez clair.
Le Président : Principale,
Mme la députée de Pointe-aux-Trembles.
Effets des compressions
budgétaires dans les commissions
scolaires sur les services aux élèves
Mme Nicole Léger
Mme Léger :
Pour couper massivement dans les écoles, le ministre de l'Éducation utilise la
même tactique que son prédécesseur,
il utilise les commissions scolaires comme écran pour se distancer des
compressions dans les écoles. Il fait
faire cette sombre besogne par cette structure qu'il veut abolir, de toute
façon. Tout ça pour ne pas assumer la responsabilité
des coupes draconiennes. À la commission scolaire de Montréal, 30 postes de
conseillers pédagogiques sont sur le point d'être abolis. C'est ça, les
conséquences de ce gouvernement irresponsable.
Est-ce que le
ministre de l'Éducation va faire comme son prédécesseur et faire croire que les
coupes libérales en éducation n'auront pas d'effet sur les élèves?
Le Président : M. le ministre
de l'Éducation.
M. François Blais
M.
Blais : Alors, je remercie ma collègue pour la question, là, qui est
très claire, je crois. Écoutez, nous sommes tous ici conscients qu'il y a des enjeux importants à la commission
scolaire de Montréal. Il y a un enjeu administratif. Depuis plusieurs années, la commission scolaire de
Montréal ne réussit pas à rétablir l'équilibre budgétaire. Mais il y a aussi un enjeu, disons,
politique, la commission scolaire ne désire pas rétablir l'équilibre budgétaire
et elle nous dit qu'elle n'est pas en
mesure de le faire. Mon prédécesseur a demandé à un organisme, la firme Raymond
Chabot Grant Thornton, de faire
l'évaluation de la situation financière et budgétaire, des pratiques à
l'intérieur de la commission scolaire de Montréal pour trouver des voies
de passage. Ma conclusion — et
j'en ai déjà parlé avec la présidente de la commission scolaire — c'est
que ces voies de passage là existent. La commission scolaire de Montréal est en
mesure de faire les compressions qui sont attendues d'elle sans toucher aux
services, et j'espère qu'elle va le réaliser, M. le Président
Le Président : Première
complémentaire, Mme la députée de Pointe-aux-Trembles.
Mme Nicole Léger
Mme Léger :
M. le Président, la stratégie du gouvernement est aussi simple et cynique, il
sous-traite les coupes sauvages dans
l'éducation aux commissions scolaires pour ensuite s'en laver les mains comme
si ce n'était pas de sa faute. Ce
sont les décisions de ce gouvernement et du ministre de l'Éducation qui
affectent directement la qualité de l'enseignement dans nos écoles.
Est-ce qu'il va avouer qu'il a décrété des
coupes massives dans l'éducation tout en sachant parfaitement que celles-ci ne
peuvent se faire sans s'attaquer directement aux services aux élèves?
Le Président : M. le ministre
de l'Éducation.
M. François Blais
M.
Blais : Je vais demander à ma collègue d'être très prudente sur
l'expression «coupes sauvages», hein, parce que les coupes les plus importantes dans l'histoire récente du Québec aux
commissions scolaires et dans les écoles, ça a été fait sous son gouvernement dans les années 1996, 1997 et peut-être
1998 si je me souviens bien. On est loin, au Québec en ce moment, de ce type de coupes, hein? Hein, on
sait, tout le monde sait, les commissions scolaires sont bien au courant
qu'il y a un effort à faire sur deux ans,
7 274 000 000 $, hein, à résorber. Ça ne pouvait pas se
faire en une seule année, ça se fait sur deux ans. Il n'y a pas de
surprise dans les efforts qui sont demandés en ce moment aux commissions scolaires. La commission scolaire de Montréal a un
effort supplémentaire et un effort administratif, mais elle a aussi un
effort politique de vouloir arriver à l'équilibre budgétaire.
Le Président : Deuxième
complémentaire, Mme la députée de Pointe-aux-Trembles.
Mme Nicole Léger
Mme Léger :
M. le président, que ce gouvernement assume ses décisions. À Laval, entre
autres, le gouvernement libéral coupe
16 millions dans les écoles cette année. Ça va faire mal, on va couper
dans les services directs et dans les services spécialisés comme l'aide
aux enfants en difficulté.
Est-ce que le
ministre de l'Éducation va finalement avouer que ses décisions vont affecter directement
le service aux élèves? C'est ça, les décisions que vous êtes en train de
prendre.
Le Président : M. le ministre
de l'Éducation.
M. François Blais
M.
Blais : Alors, je pense que l'année en cours, c'est une année pour un
test de solidarité pour tous les Québécois, hein? Donc, ce test de solidarité, quand il s'agit des commissions
scolaires, c'est de faire en sorte de protéger les services aux élèves et faire des compressions là où c'est
encore possible de le faire au niveau, hein, des frais administratifs et de la
gestion. C'est pour ça, encore une fois, que
je me lève aujourd'hui pour répéter que la commission scolaire de
Montréal — et
j'en suis convaincu, M. le Président — est en mesure d'arriver à ces équilibres
budgétaires en faisant des choix qui ne touchent pas les services aux
élèves.
• (14 h 50) •
Le Président : Principale,
Mme la députée de Taillon.
Impact de l'attribution
de quotas de patients aux
médecins sur l'accès aux services de première ligne
Mme Diane Lamarre
Mme Lamarre : M. le Président, pour
payer ses collègues médecins spécialistes, le ministre démantèle la première ligne. Après le milieu des soins
palliatifs et celui de l'avortement,
c'est au tour des acteurs de la lutte au VIH de dénoncer les quotas
imposés par le ministre de la Santé avec son projet de loi n° 20.
Dans ses
calculs improvisés, le ministre décrète qu'un patient séropositif en vaut deux.
S'il est aussi toxicomane ou qu'il a
un problème de santé mentale, il n'en vaut toujours que deux. Impossible
de concilier quotas et soins aux patients. Résultat? Le projet de loi n° 20 met
en péril l'existence de nombreuses cliniques, dont la clinique L'Actuel à Montréal,
qui avait pourtant été soutenue par le premier ministre lui-même. À Québec, le MIELS, organisme qui lutte contre le sida,
vient de perdre son médecin de famille à
cause du projet de loi n° 20. Encore une fois, le ministre coupe dans la
première ligne et privilégie ses collègues spécialistes.
Est-ce qu'il va reconnaître l'absurdité de ses
calculs improvisés?
Le Président : M. le ministre
de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : M. le Président, j'ai quasiment l'impression de constater que la députée de Taillon
est en faveur des quotas, puisqu'elle
considère que les quotas ne sont pas les bons chiffres, mais elle ne nous a pas
dit que les quotas n'étaient pas bons.
Ceci dit, M. le Président, je vais quand même rappeler à la députée de Taillon
que, pour ce qui est des avortements, il
y a
maintenant trois semaines, c'eût été le premier anniversaire
de l'abolition de l'accès en clinique pour les avortements, et ça aurait été le premier anniversaire de cette
abolition-là parce que ça avait été commencé par le Parti québécois en octobre 2014. Ça avait été commencé, M. le Président.
Alors, je suis très surpris de voir que la députée de Taillon me reproche une chose qui n'existera pas dans ce
qu'on propose, alors qu'elle allait exister, M. le Président, parce qu'elle
était commencée par le Parti québécois.
Ceci dit, M. le Président, actuellement, pour ce qui est des quotas et pour ce qui est de
la réglementation qui vient avec le projet de loi n° 20, il est clairement dit — et
je l'ai dit à plusieurs reprises — qu'il
y aurait des clauses, des cas particuliers,
comme, par exemple, la clinique L'Actuel, qui n'en a pas besoin, M. le Président, parce qu'on a vérifié leur pratique, et notre système fait en
sorte qu'ils ne sont pas touchés, pas plus que les autres cliniques...
Le Président : En terminant.
M. Barrette : ...qu'elle a nommées.
Le Président : Première
complémentaire, Mme la députée de Taillon.
Mme Diane Lamarre
Mme Lamarre : Alors, le médecin du MIELS a pourtant déjà quitté
son emploi parce qu'il ne peut pas concilier les quotas avec sa pratique.
Avec le projet de loi n° 20, chaque patient aura une valeur entre 4/5 de
patient et 25 patients. 4/5 de patient et 25 patients.
Est-ce que
les patients devront se promener avec ce nombre imprimé sur leur front? Le
médecin devra évaluer son inventaire
de patients pour être certain d'atteindre son quota? À part des conversations
personnelles, sur la base de quelle référence scientifique le ministre
s'est-il appuyé pour...
Le Président : M. le ministre
de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : M. le Président, c'est quand même étonnant de voir qu'un médecin décide de quitter sa
pratique avant même d'avoir vu le
règlement et que la loi soit passée. C'est un peu étonnant. Alors, peut-être
avait-il d'autres visées pour, peut-être, la fin de sa carrière.
Ceci dit, M. le Président, je rappellerai à la députée de Taillon, M. le Président, parce que, de l'autre côté, on fait souvent référence aux experts, qu'un expert lui-même reconnu par
l'opposition, M. Contandriopoulos, est venu nous dire que oui, les quotas,
ça fonctionnait dans la mesure où les pondérations étaient adéquates. Je cite à
la virgule près ce qu'il a dit, M. le Président. Alors, si les experts
disent que c'est faisable...
Le Président : En terminant.
M.
Barrette : ...et que c'est, à la limite, souhaitable, où est le
problème dans l'esprit de la députée de Taillon?
Le Président : Mme la députée
de Taillon, en deuxième complémentaire.
Mme Diane Lamarre
Mme
Lamarre : Le projet de loi n° 20 menace de fermeture la clinique
L'Actuel, et le MIELS-Québec ne peut déjà plus prendre soin des patients
séropositifs. Or, c'est justement l'accès ambulatoire qui fait défaut, et le
ministre rempire la situation en mettant tout l'argent sur les soins à
l'hôpital et la rémunération de ses collègues spécialistes.
Le ministre va-t-il reconnaître qu'il improvise
et, loin d'améliorer l'accès, il détériore l'accès à des services essentiels?
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : M. le Président, je vais admettre une chose, je vais
admettre que j'ai fait un constant qui est incontesté : il n'y a personne qui trouve, au Québec, qu'il n'y a
pas de problème d'accès et il n'y a personne qui conteste les faits statistiques qui montrent qu'il y a plus
de médecins au Québec et moins de services. Et tout le monde s'attend à ce
que quelque chose soit fait, et, je l'ai dit, je le répète, je l'ai dit il y a
quelques instants, des experts sont venus nous citer des exemples où ça
existait. Alors, je n'improvise pas, M. le Président. Ce que je propose existe
ailleurs. M. Contandriopoulos lui-même est venu nous dire que ça se
faisait ailleurs. Les grandes organisations internationales font ça ailleurs.
L'Angleterre, M. le Président, le fait. Mais l'Angleterre, on le sait...
Le Président : En terminant.
M. Barrette : ...qu'on les visite
juste pour des référendums.
Le Président : Principale, M.
le député de Nicolet-Bécancour.
Mesures pour contrer
les fraudes à l'aide de dernier recours
M. Donald Martel
M.
Martel : M. le Président, en 2012, le nombre de fausses déclarations à l'aide sociale s'élevait à près de 17 000, soit 5 % de
l'ensemble des prestataires. Deux ans plus tard, il y en a presque 20 000,
une hausse de 15 %. Le solde total de cette mauvaise gestion a, quant à lui, grimpé de 546 à
589 millions. Depuis deux ans, on assiste donc à une explosion du
nombre de fausses déclarations et de fraudes.
Dans le
contexte budgétaire actuel, c'est inacceptable. Le gouvernement taxe davantage
les contribuables, nous l'avons encore vu hier, mais les fraudeurs ont
l'esprit bien tranquille. On connaît tous le plan du gouvernement pour
s'attaquer aux contribuables. Maintenant, quel est son plan pour s'attaquer aux
fraudeurs de l'aide sociale?
Le Président : M. le ministre
de l'Emploi.
M. Sam Hamad
M.
Hamad : M. le Président,
d'abord, je comprends, c'est les années où le PQ, il était au pouvoir. Mais je
suis d'accord avec lui, par contre,
M. le Président, il n'y a pas de place pour les fraudeurs nulle part, M. le
Président, ni à l'aide sociale ni
ailleurs. Et d'ailleurs je pense que le collègue, il a manqué qu'on avait
adopté un projet de règlement, il n'y a pas longtemps, justement pour avoir une équité entre les prestataires et
aussi entre les prestataires et ceux qui travaillent à faibles revenus, M. le Président. Notre
objectif, c'est avoir l'équité, et, bien sûr, nous travaillons très fort pour
contrer les fraudeurs et contrer la fraude, pas juste à l'aide sociale,
mais partout au Québec, M. le Président.
Le Président : Première
complémentaire, M. le député de Nicolet-Bécancour.
M. Donald Martel
M.
Martel :
M. le Président, les objectifs du centre de recouvrement, pour la première
année du mandat libéral, ne
prévoyaient même pas une diminution de ce 589 millions, ils prévoyaient
plutôt une hausse de 5,5 %. Quelle mauvaise gestion! Pendant que ce gouvernement taxe davantage les honnêtes
citoyens, il laisse les fraudeurs s'en sortir, M. le Président.
Quel est l'objectif de recouvrement pour cette
année? Veut-il et va-t-il réduire le montant des fraudes à l'aide sociale?
Le Président : M. le ministre
de l'Emploi.
M. Sam Hamad
M.
Hamad : M. le
Président, il peut demander à Christian Dubé comment ça marche, M. le
Président. Quand quelqu'un n'a pas d'argent,
même si vous lui demandez de rembourser, il n'en a pas, d'argent. C'est simple,
M. le Président. Donc là, le
principe, c'est quand, lorsque la société trouve quelqu'un qui est fraudeur, M.
le Président, on lui demande de
rembourser sur une période pour qu'il puisse être capable, faire le
remboursement, M. le Président, ce que nous faisons. Pour ça, le
montant, il ne baisse pas rapidement, mais, au moins, les agents au ministère
travaillent pour trouver les fraudeurs et,
bien sûr, trouver une formule qui maintient quand même un remboursement
équitable pour les personnes et pour que le gouvernement puisse recevoir
ce montant d'argent là.
Le Président : En terminant.
M.
Hamad : Mais, lorsqu'on demande à quelqu'un qui n'a pas d'argent,
M. le Président, même si on veut être remboursés, il n'a pas d'argent.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le député de Nicolet-Bécancour.
M. Donald Martel
M.
Martel :
M. le Président, de 2012 à aujourd'hui, on passe de 17 000 déclarations
problématiques à 20 000. En même temps, on passe de
546 millions à 589 millions de comptes de recouvrement.
Le
gouvernement est pressé de piger dans les poches du monde, mais moins pressé à
recouvrer l'argent des fraudeurs. Est-ce que le président du Conseil du
trésor va exiger que le ministre mette de l'ordre dans ce fouillis?
Le Président : M. le ministre
de l'Emploi.
M. Sam Hamad
M.
Hamad : M. le
Président, si on a passé de 17 000 à 20 000 déclarations reconnues,
parce qu'il y a un travail sur le
terrain qui nous permet de constater qu'il y a eu 3 000 fraudeurs de plus
que les autres années, premièrement. Ça, ça veut dire qu'il y a du
travail fait sur le terrain.
Maintenant,
M. le Président, lorsqu'on constate ces situations-là, bien, on demande de
rembourser — aux
gens, aux fraudeurs — rembourser
les montants, mais il faut tenir compte de leur situation financière. Qu'il
demande à Christian Dubé. Si quelqu'un n'a
pas d'argent à rembourser, il ne peut pas rembourser, M. le Président. Il faut
travailler avec ces gens-là pour trouver la meilleure formule pour avoir
le remboursement, ce que nous faisons.
• (15 heures) •
Le Président : Principale, M.
le député de Berthier.
Normes d'inspection de
salubrité des aliments
M. André Villeneuve
M.
Villeneuve : M. le Président, on apprend cette semaine que le
nombre d'inspecteurs du gouvernement fédéral dans les abattoirs est nettement insuffisant. Pire encore, le
gouvernement Harper modifie la réglementation. Sa solution : l'autosurveillance par les entreprises
elles-mêmes. Pendant ce temps-là, ici, au Québec, le budget de l'inspection a
été coupé de 2,5 millions au ministère de l'Agriculture.
Résultat : le Conseil du trésor a émis la consigne d'interdire aux inspecteurs de se déplacer sur le terrain pour
faire leur travail, et on découvre, dans le journal, que les Québécois mangent
du porc, alors qu'on leur vend du veau.
M. le
Président, nous avons tous en mémoire la contamination à l'usine torontoise de
Maple Leaf, qui avait fait plusieurs victimes. On ne peut se permettre
de mettre à risque la santé et la sécurité des Québécois.
Avec les
coupures au Québec comme au fédéral, je demande au ministre : Qui va
garantir la salubrité des aliments consommés par les Québécois?
Le Président : M. le ministre
de l'Agriculture.
M. Pierre Paradis
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : M. le
Président, je remercie le député de Berthier de sa question. Effectivement,
les médias sont tapissés d'articles, ces
jours-ci, à l'effet que le gouvernement fédéral n'a pas réembauché le nombre...
ou remplacé le nombre d'inspecteurs qu'il
avait en salubrité alimentaire. Il a toutefois mis un programme de surveillance
volontaire. Et là-dessus nous, on ne l'a pas fait au Québec, parce qu'on pense
que ça prend des inspecteurs dans nos différents paliers d'alimentation pour
s'assurer que les aliments sont sains.
En ce qui
concerne le budget du ministère de l'Agriculture du Québec comme tel, j'ai fait
les vérifications suite aux
allégations que j'ai lues dans les journaux, qu'il y avait eu moins
d'inspections ou que les inspecteurs se soient déplacés moins en région. Je tiens à rassurer le député de
Berthier : Le nombre de kilométrages parcouru par nos inspecteurs d'année
en année est comparable à ce qui se faisait sous le PQ.
Le Président : Première
complémentaire, M. le député de Berthier.
M. André Villeneuve
M.
Villeneuve : M. le Président, la triste vérité, c'est que le
ministre n'est qu'un simple exécutant de l'austérité libérale. Le ministre sait que le degré de
surveillance de salubrité des aliments est abaissé, tant au fédéral qu'au Québec.
M. le Président, j'essaie d'éviter au ministre d'avoir à dire : Si j'avais
su.
Alors, est-ce
que le ministre s'engage à rétablir un seuil de surveillance minimalement égal
à ce qu'il était, et ce, dès aujourd'hui?
Le
Président : M. le ministre de l'Agriculture.
M.
Pierre Paradis
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : J'ignore, M. le Président, ce que le député de
Berthier n'a pas compris dans la
réponse, parce que j'indique que le même kilométrage, le même nombre de visites...
Je peux le traduire en milles, s'il veut, là, ça va le retourner dans un
ancien temps.
La
raison pour laquelle, quand nous sommes arrivés, nous avons changé la Politique
de souveraineté alimentaire en politique de sécurité alimentaire, c'est parce
que la saine alimentation nous préoccupait davantage que la souveraineté
du Québec.
Le Président :
Cela met fin à la période de questions et réponses orales.
Motions
sans préavis
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, nous en sommes à la rubrique des motions sans préavis, et, en
fonction de nos règles et de l'ordre de présentation, M. le député de Saint-Jean,
je vous cède la parole.
M.
Turcotte : Merci, M. le Président. Je
sollicite le consentement des membres de cette Assemblée afin de présenter,
conjointement avec la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques, la motion
suivante :
«Que
l'Assemblée nationale confirme l'importance des forums jeunesse, véritables
institutions d'apprentissage de la citoyenneté, oeuvrant, depuis leur
création, à procurer un lieu d'engagement aux jeunes du Québec;
«Qu'elle
affirme leur caractère essentiel pour le développement régional, permettant à
tous les jeunes du Québec de contribuer à l'épanouissement de leur
société;
«Que
l'Assemblée nationale demande au gouvernement de s'engager à maintenir les
forums jeunesse ainsi que leur financement.»
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député de
Saint-Jean. Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion? Il n'y a pas de consentement. Je reconnais maintenant
M. le député de Lévis pour une autre motion sans préavis.
M. Paradis (Lévis) : M. le Président, je demande le consentement pour déposer la motion
suivante conjointement avec le député de Richelieu et la députée de
Gouin :
«Que
l'Assemblée nationale exige du gouvernement du Québec qu'il revoit et bonifie
l'offre des soins d'hygiène pour nos aînés dans les CHSLD et qu'il
émette une directive officielle en ce sens.» Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député
de Lévis. Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion? Il n'y a pas de consentement. Je reconnais maintenant
Mme la ministre des Relations internationales pour une autre motion sans
préavis.
Souligner
le 50e anniversaire de la doctrine Gérin-Lajoie
et réitérer son rôle fondamental dans les
relations internationales du Québec
Mme
St-Pierre : Merci, M. le Président. Je sollicite le
consentement de cette Assemblée afin de présenter la motion suivante
conjointement avec le député de Rosemont, la députée d'Arthabaska et le député
de Mercier :
«Que
l'Assemblée nationale du Québec souligne le cinquantième anniversaire de la
doctrine Gérin-Lajoie et réitère son rôle fondamental dans les relations
internationales du Québec.»
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, Mme la
ministre. Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion? M. le
leader adjoint du gouvernement.
M.
Sklavounos : Oui, M. le Président, il y a consentement pour
le débat, des interventions de deux minutes par intervenant dans l'ordre suivant : notre ministre des Relations
internationales, suivie du député de
Rosemont, la
députée d'Arthabaska et finalement le député de Mercier.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Très bien. Alors, je comprends qu'il y a consentement
pour permettre à quatre intervenants de
prendre la parole pour une durée d'environ deux minutes. Mme la ministre des Relations internationales, à
vous la parole.
Mme
Christine St-Pierre
Mme
St-Pierre : Merci,
M. le Président. J'invite l'Assemblée nationale du Québec à souligner le 50e anniversaire de la doctrine Gérin-Lajoie et à souligner la contribution qu'a apportée M. Paul Gérin-Lajoie à définir la place du Québec dans le monde.
Le
12 avril 1965, celui qui est alors vice-premier ministre et ministre de l'Éducation prononce un discours devant le corps consulaire de Montréal. Il formule pour la première fois les fondements de l'action internationale du Québec. Cette doctrine, formulée il y a
50 ans, je la décris au présent et la réaffirme avec force aujourd'hui car
elle demeure intemporelle, tout en gagnant
en pertinence. Elle gagne en pertinence un peu plus chaque jour, à mesure que
les limites entre politiques
intérieures et extérieures s'estompent, à mesure que les problèmes
et solutions, dis-je, se mondialisent.
Même si aujourd'hui nous parlons de continents numériques et de diplomatie numérique, l'effet
de la doctrine amène le Québec à disposer des outils essentiels à sa
projection internationale, soit la faculté de conclure ses propres ententes. C'est l'accès au monde. Récemment,
M. Gérin-Lajoie réaffirmait que, pour prospérer et se développer dans un
monde compétitif et globalisé, le Québec
se doit plus que jamais de tisser des relations avec le reste de la
planète dans tous les domaines d'activité. En s'appuyant sur les
principes énoncés dans la doctrine, le ministère des Relations internationales du
Québec a ainsi conclu un nombre d'ententes internationales, dont 374 sont
toujours en vigueur. Je pense également à la
récente entente, conclue en 2008, entre le Québec et la France en matière de
reconnaissance mutuelle des
qualifications professionnelles, en vertu de laquelle plus de
1 700 professionnels se sont prévalus des arrangements mutuels
de reconnaissance qui en découlent, dis-je, dont 800 infirmières.
Le Québec a
ainsi joué un rôle clé dans l'élaboration et l'entrée en vigueur de la
Convention de l'UNESCO sur la protection et la promotion de la diversité
des expressions culturelles.
La
francophonie multilatérale est un terreau fertile également pour le Québec.
Nous avons obtenu des résultats probants,
dont la désignation de notre candidate, Mme Michaëlle Jean, au poste de
secrétaire générale de l'Organisation internationale
de la Francophonie. Je tiens aussi à souligner l'apport du Québec menant à
l'affermissement de la notion de francophonie économique.
Je conclurais
en vous parlant d'espoir, celui que nous, les Québécois, puissions tirer encore
un plus grand avantage de nos
talents, de notre persévérance, afin d'aller au bout de nos capacités. Pour ce
faire, le Québec doit être plus que jamais aux bons endroits aux bons moments. Ensemble, croyez-moi, nous ferons
avancer le Québec sur la voie de la prospérité. Merci, M. le Président.
• (15 h 10) •
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, Mme la ministre des
Relations internationales. Allons du côté de M. le député de Rosemont.
M. Jean-François Lisée
M. Lisée :
M. le Président, je pense qu'il faut féliciter M. Gérin-Lajoie d'avoir, de
façon infatigable, et lui qui a maintenant
95 ans, fait en sorte que le Québec ait sa barque dans le monde et qu'il
continue encore aujourd'hui à oeuvrer, ici et à l'étranger, pour la
place du Québec.
Il faut se
souvenir que, lorsque M. Gérin-Lajoie a eu l'audace d'affirmer que le Québec
était souverain dans les matières internationales sur lesquelles il
avait une compétence ici, la réaction fut très dure à Ottawa. Et le ministre de
l'époque, M. Paul Martin, le père du futur
premier ministre, avait écrit, dans une lettre ouverte aux médias : «Le
Canada ne possède qu'une seule
personnalité internationale au sein de la communauté des nations. [...]Le
gouvernement fédéral est le seul responsable de la direction des affaires
extérieures...» Le Québec doit demander la permission pour signer des ententes.
Ce qui est extraordinaire, M. le Président,
c'est que nous célébrons ici les 50 ans d'une doctrine qui fait consensus dans cette Assemblée mais qui est
toujours rejetée par le pays qui s'appelle le Canada. Le Canada ne reconnaît
pas cette doctrine et, pied à pied, au cours
des 50 dernières années, a tenté d'en empêcher la réalisation. Et, le fait
que M. Gérin-Lajoie parle de l'État
national, bien, je peux vous dire que le gouvernement fédéral, de temps à
autre, refuse que le Québec utilise
le mot «État» dans des ententes internationales pour parler de l'État du
Québec. De la même façon, il est arrivé pour des ministres ou premiers
ministres, libéraux comme péquistes, de devoir constamment demander la permission pour rencontrer un chef d'État
étranger, et ce n'est qu'au bon vouloir du prince à Ottawa que parfois c'est
oui ou parfois c'est non.
Aujourd'hui, malheureusement... Ce qu'on a fait pendant 50 ans, c'est de
répondre à ce refus fédéral par une présence plus forte du Québec. Malheureusement,
aujourd'hui, on voit, avec ce gouvernement, un ratatinement constant de la présence du Québec. Toutes les représentations du Québec à l'étranger, sans
exception, verront leurs effectifs réduits par le gouvernement du PLQ d'aujourd'hui. Après avoir
fermé Moscou, Taipei, Santiago, il y aura des réductions de places. La
représentation à Los Angeles passera de délégation à bureau, le bureau de Milan
va être fermé. Les résidences à l'étranger sont vendues pour faire plaisir au
Conseil du trésor, l'argent ne sera pas réinvesti dans le Québec.
Et, en terminant, je vous dirai, M. le
Président, que le gouvernement libéral ratatine tellement le rayonnement international du Québec depuis qu'il est en poste
que je crains qu'il ne nous reste que des célébrations d'anniversaire comme
celui du 50e anniversaire de la
doctrine Gérin-Lajoie pour parler de l'importance des relations internationales
du Québec.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député de
Rosemont. Mme la députée d'Arthabaska, pour votre intervention.
Mme Sylvie Roy
Mme Roy
(Arthabaska) : Le nom de Paul Gérin-Lajoie est assez connu par
nos enfants comme étant celui d'une dictée,
et qui les fait peut-être un peu souffrir. Ils connaissent un peu moins
l'allocution qu'il a donnée le 12 avril, à 12 h 30, à l'Hôtel Windsor devant le corps consulaire de
Montréal. C'est important parce que c'était la première fois qu'un membre
du gouvernement du
Québec était l'hôte officiel de cette importante délégation. C'était à une
époque où il y avait beaucoup d'ébullition.
C'était l'époque de la Révolution tranquille. C'était l'époque où le Québec
prenait conscience qu'il avait un destin particulier, et, pour mener à
terme ce destin particulier, il devait se doter d'outils particuliers.
J'ai
relu l'allocution faite à l'époque par l'ancien ministre de l'Éducation. C'est
quand même une pièce, je dirais... C'est
bien écrit, c'est une pièce importante de notre position au niveau
international. Ce que j'ai bien aimé, c'est qu'il disait que ce n'est pas parce que, pendant
200 ans, on n'a pas occupé nos champs de juridiction qu'on ne pouvait pas
le faire maintenant, c'est-à-dire
qu'il était capable, à cette époque-là, de vaincre les forces de l'immobilisme.
Des fois, je suis un peu découragée
quand je nous regarde ici dans nos débats. On revient toujours aux mêmes choses
puis on n'a pas le courage de faire
ce qu'ils ont fait, avancer comme ça. Je vais vous le relire :
«L'économie, les ressources naturelles, l'éducation, l'organisation communautaire et sociale ont été les
principaux champs d'action du nouveau citoyen québécois.» J'aimerais qu'on puisse dire ça, nous aussi, le
nouveau citoyen québécois. «Je rappellerai simplement, à titre de points
de repère, la création des ministères de
l'Éducation, des Richesses naturelles et des Affaires culturelles, la mise sur
pied de la Société générale de financement — dont on est toujours fiers — la nationalisation de l'électricité, la
création prochaine d'une sidérurgie,
celle d'un régime universel de retraite et d'une caisse de dépôts, qui seront
bientôt une réalité, et l'instauration de l'assurance hospitalisation,
en attendant un régime complet d'assurance maladie.»
C'était
une époque où on avançait, où il y avait des résolutions, il y avait des
réalisations, il y avait de l'espoir. J'espère
que ce bouillonnement qu'on a vécu à cette époque-là va revenir et j'espère que
le Québec va se doter, dans un monde compétitif, des outils qu'il a
besoin, autant au niveau des relations internationales qu'à tous ces niveaux.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Merci à vous, Mme la députée d'Arthabaska. M. le
député de Mercier.
M.
Amir Khadir
M. Khadir :
Merci, M. le Président. L'anthologie de la contribution de Paul Gérin-Lajoie au
développement économique mais surtout social
et politique du Québec est très vaste. Ma collègue de la CAQ a fait
mention de sa contribution en matière
d'éducation. Mon collègue du PQ a mentionné l'importance de ne pas déconstruire
ce qui a été construit de dure peine
avec les années, avec l'effort de plusieurs générations successives
d'administrateurs de la politique en matière de relations extérieures, en matière de relations internationales du
Québec, et j'implore la ministre qui faisait la recension... enfin, l'historique de cette doctrine de Paul
Gérin-Lajoie d'en tenir compte. Mais je pense que le meilleur hommage qu'on
puisse rendre à cette doctrine qui a
50 ans, c'est d'essayer de comprendre quelle signification elle pourrait
avoir aujourd'hui.
Je
voudrais mentionner qu'en fait, selon cette doctrine, on doit miser, au Québec,
sur la responsabilité de l'État québécois
de prendre en compte les rapports avec l'étranger dans la formulation et la
conduite des politiques du Québec. Le
Québec, donc, non seulement établit des rapports avec les gouvernements
étrangers, mais s'engage, prend des engagements auprès d'organisations
internationales en mettant en place une série de mesures ou en encourageant ses
partenaires à prendre des orientations
spécifiques pour aider dans les rapports internationaux, et aussi pour faire la
place particulière du Québec, qui traduisent les sensibilités et la
solidarité du Québec avec les peuples du monde entier.
Donc,
j'attire l'attention de mes collègues sur, par exemple, une motion qui va être
déposée dans quelques instants par ma
collègue sur le sort de ces gens qui perdent la vie actuellement en mer, en
Méditerranée, tous ces réfugiés qu'on a créés au nord de l'Afrique par l'instabilité politique, dont on est en
grande partie responsables. Et nous avons un rôle à jouer en appelant
les États étrangers et les organismes internationaux d'apporter leur secours
immédiat à divers titres, à titre
humanitaire mais également en changeant nos rapports économiques pour établir
des rapports de développement plus
harmonieux et de développement économique dans ces pays, des rapports plus
harmonieux qui exigeraient que nos rapports
soient plus équitables, moins axés sur l'exploitation de leurs ressources et
plus axés sur le développement social et économique des pays qui
actuellement génèrent tant de réfugiés à cause des situations de pauvreté et de
retard économique prises en raison de nos interventions, et de notre présence,
et de nos rapports inégalitaires. Donc, si on veut illustrer, aujourd'hui, et
rendre hommage à Paul Gérin-Lajoie, il faut vraiment que notre politique
étrangère soit axée dans le même esprit, dans des rapports égalitaires et
équitables avec les pays en développement. Merci.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député de Mercier, pour cette
intervention.
Mise
aux voix
Alors, est-ce que la
motion est adoptée?
Des voix :
Adopté.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Adopté. Et je cède la parole maintenant à Mme la
députée de Gouin.
Offrir des condoléances aux
familles et aux proches des migrants
décédés en Méditerranée, demander au gouvernement
canadien de faciliter les demandes de réfugiés et à la
communauté internationale d'aider les pays pauvres
Mme David
(Gouin) : Merci, M. le Président. Il y a une sorte de continuité. Je
demande le consentement de la Chambre pour débattre de la motion suivante
conjointement avec le député de Bourget :
«Que l'Assemblée nationale offre ses
sincères condoléances aux familles et aux proches des 700 migrants qui
ont péri dans le naufrage d'un chalutier au large de la Libye;
«Qu'elle
demande au gouvernement canadien de mettre en place des mécanismes efficaces
afin de recevoir, traiter et analyser
les demandes des migrants fuyant la guerre, la misère et la famine puisque
c'est la seule manière de combattre le trafic illégal des êtres humains;
«Que
l'Assemblée nationale demande à la communauté internationale d'appuyer le
développement des pays pauvres en
établissant des règles économiques équitables et en soutenant des initiatives
structurantes aux plans économique et politique qui favorisent la
jeunesse.»
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, Mme la députée de
Gouin. Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion? M. le leader
adjoint du gouvernement.
M.
Sklavounos : Oui, nous allons proposer d'adopter sans débat.
J'aimerais ajouter que notre ministre des Relations internationales est
également conjointe sur cette motion, ça n'a pas été mentionné plus tôt.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Est-ce le cas, M. le député de Mercier?
M. Khadir :
Ça me fait extrêmement plaisir d'accueillir cette demande, M. le Président. Je
voudrais demander que cette motion qui vient d'être, donc, adoptée à
l'unanimité soit transmise au Parlement canadien ainsi qu'au gouvernement italien.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, nous allons
d'abord l'adopter, la motion, puis par la suite nous la transmettrons.
Mise
aux voix
Est-ce que cette
motion est adoptée?
Des voix :
Adopté.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Adopté. Alors, selon vos volontés,
M. le député de Mercier, ce sera fait. Y a-t-il d'autres motions sans
préavis? M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Sklavounos :
Oui. M. le Président, je sollicite le consentement pour une motion qui touche
la tenue des consultations particulières à l'égard du projet de
loi n° 38, s'il vous plaît.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Y a-t-il consentement pour déroger à
l'article 84.1?
Une voix :
...
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : C'est pour une deuxième motion, oui.
Une voix :
...
• (15 h 20) •
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, consentement. Veuillez poursuivre, M. le
leader adjoint.
Procéder à des consultations
particulières
sur le projet de loi n° 38
M.
Sklavounos : Merci, M. le Président. Je fais motion,
conformément à l'article 146 du règlement de l'Assemblée nationale,
afin :
«Que
la Commission des finances publiques, dans le cadre de l'étude du projet de
loi n° 38, Loi visant à permettre la réalisation d'infrastructures par la Caisse de dépôt et placement du
Québec, procède à des consultations particulières et tienne des
auditions publiques les 6, 12, 13, 14 et 19 mai 2015, à la salle du
Conseil législatif et, qu'à cette fin, elle entende
les organismes suivants : la Caisse de dépôt et de placement du Québec,
M. Steven Guilbault, membre de Transit, la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, la Fédération des
chambres de commerce du Québec, l'association des Manufacturiers et exportateurs du Québec, la ville de Montréal, la ville de Québec, l'Union des municipalités du Québec, la
ville de Longueuil, la ville de
Brossard, l'Institut sur la gouvernance d'organisations privées et publiques,
l'Association des constructeurs de
routes et de grands travaux du Québec, la coalition du Train de l'Ouest, M.
Vincent Joli-Coeur de la Banque Nationale du Canada, M. Yvan Allaire, le
Fonds-FTQ, le Fondaction, le Barreau du Québec, l'Association des retraitées et retraités de l'éducation et des
autres services publics du Québec, Me Richard Laflamme du cabinet Stein Monast, [l'organisme]
Héritage Montréal, la Société de transport de Montréal, l'Agence métropolitaine
de transports, l'Aéroport de Montréal, [l'entreprise] Canadien National,
[l'entreprise] Via Rail, La Société des ponts fédéraux;
«Qu'une
période de 12 minutes soit prévue pour les remarques préliminaires,
répartie de la manière suivante : 6 minutes
au groupe parlementaire formant le gouvernement,
3 minutes 30 secondes au groupe parlementaire formant
l'opposition officielle et 2 minutes 30 secondes au deuxième
groupe d'opposition;
«Que
la durée maximale de l'exposé de chaque organisme soit de 10 minutes et
l'échange avec les membres de la commission
soit d'une durée maximale de 50 minutes partagées ainsi : 25 minutes
pour le groupe parlementaire formant le gouvernement, 15 minutes
pour l'opposition officielle et 10 minutes pour le deuxième groupe
d'opposition; et
«Que le ministre des Finances soit membre de ladite commission
pour la durée du mandat.» Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Très bien. Alors, y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
Mise aux voix
Cette motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
La motion est adoptée.
Avis touchant les travaux des
commissions
Nous en sommes maintenant à la rubrique des avis
touchant les travaux des commissions.
Je vous avise
que la Commission de la culture et de
l'éducation se réunira en séance de
travail aujourd'hui, après les
affaires courantes, pour une durée d'une heure, à la salle RC.171 de l'hôtel du
Parlement. L'objet de cette séance est de déterminer les observations, conclusions ou recommandations de la commission à la suite de l'audition de la Société
de développement des entreprises culturelles dans le cadre de
l'examen de ses orientations, de ses activités et de sa gestion
administrative.
À la rubrique, maintenant, des renseignements
sur les travaux de l'Assemblée...
Affaires du jour
Alors, la
période des affaires courantes étant terminée, nous allons maintenant
passer aux affaires du jour. M. le
leader adjoint du gouvernement, pour la suite des choses... Mme la leader
adjointe du gouvernement.
Mme Vallée : Je vous
demanderais d'appeler l'article 1, s'il vous plaît.
Affaires prioritaires
Reprise du débat sur la motion
du ministre des Finances proposant
que l'Assemblée approuve la politique budgétaire du
gouvernement et sur les motions formulant un grief
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : L'article 1... Je ne suis pas sûr d'avoir l'article 1 du feuilleton.
Ah! aux affaires prioritaires... J'avais l'article 1 du feuilleton.
Désolé, Mme la greffière.
Aux affaires prioritaires, à l'article 1 du
feuilleton, l'Assemblée reprend le débat suspendu à l'Assemblée le 14 avril 2015 sur la motion de M. le ministre des Finances proposant que
l'Assemblée approuve la politique budgétaire du gouvernement ainsi que sur les motions formulant un grief présentées
par les députés suivants : Rousseau, Granby, La Peltrie, Gouin, Marie-Victorin,
Terrebonne, Lévis, Jonquière, Vachon, Sainte-Marie—Saint-Jacques, Groulx, Saint-Jean, Masson,
Pointe-aux-Trembles, Taillon, Rimouski, Berthier, Hochelaga-Maisonneuve,
Sanguinet et Mercier.
Conformément
aux dispositions de l'article 276 du règlement, je vous rappelle qu'une
intervention de 30 minutes est
réservée aux représentants de l'opposition officielle et que ce débat se
terminera par la réplique d'une heure accordée au ministre des Finances. Je comprends qu'il y aurait toutefois
consentement pour permettre au porte-parole du deuxième groupe
d'opposition de faire une intervention d'une durée maximale de 10 minutes.
C'est bien ça?
Alors, je cède donc, maintenant, la parole à M.
le député de Granby pour son intervention d'une durée de 10 minutes. M. le
député.
M. François Bonnardel
M.
Bonnardel :
Merci, M. le Président. Très heureux d'avoir eu le consentement des collègues
ou des partis pour être capable de faire ma déclaration, mon discours,
déclaration finale sur le discours du budget.
Vous savez,
M. le Président, tous les députés de l'Assemblée nationale, une grande majorité
de mes collègues ont parlé sur ce discours qui ne passera pas à l'histoire.
Pourquoi? Parce qu'une grande majorité, M. le Président, de ces mesures
qui ont été annoncées dans le budget 2015-2016, comme on le sait très
bien, seront applicables seulement qu'en 2017.
Et, quand je dis «applicables», M. le Président, il faut regarder le portrait
bien sereinement, qu'on parle du bouclier
fiscal, qui aidera supposément la classe moyenne, qu'on parle de la taxe santé.
On en a parlé maintes et maintes fois,
mais il faut continuer de faire de la pédagogie, parce que c'est un bobard
important, majeur, de la part du Parti libéral du Québec de prendre acte d'une situation où il réparait une erreur du
passé. Je l'ai mentionné maintes et maintes fois que cette taxe santé qu'on a
imposée aux Québécois à partir de 2010, cette taxe santé de 200 $ qui apportait dans les coffres de l'État près de 700 à
900 millions de dollars, malgré le fait, malgré le fait que la moitié des
impôts des Québécois vont directement
au système de santé... qui a amené quoi, M. le Président, encore aujourd'hui?
Le fait que des promesses brisées, de
2003, de M. Jean Charest, où on promettait 1 milliard de baisses d'impôt,
où on promettait un médecin de famille aux Québécois, où on promettait de réduire à zéro les délais d'attente dans
les urgences... Qui était ministre de la Santé de 2003 à 2008? Le premier ministre d'aujourd'hui. Le
premier ministre d'aujourd'hui et son parti ont échoué, ont échoué, dans les 13, 14 dernières années, à rendre
notre système de santé plus performant, à changer les paradigmes du système
de santé, que ce soit par son administration qui ne cessait de grossir.
Je pense que
plusieurs se souviennent de mon organigramme de la santé qui était... qui est
toujours énorme, qui est toujours énorme. Parce que le ministre de la
Santé a voulu, par son projet de loi n° 10, nous dire : Il y aura
moins d'établissements, il n'y aura plus
d'agence; non, il y aura des CISSS et des CIUSSS. On est passés de
18 agences à plus de CISSS. On
nous dit : Il n'y a plus de CSSS — il y en a 95 avant — mais ces établissements de santé n'ont pas
disparu, ils sont toujours bien
implantés dans chacune de nos villes au Québec et ils doivent être gérés comme
avant. Alors, on a mis à la porte
tous les anciens directeurs de ces hôpitaux et on a réengagé de nouvelles
personnes quelques semaines ou quelques mois plus tard.
On revient à
quoi, M. le Président? On revient au même ou presque. On pourrait évaluer les
économies que le ministre nous a
annoncées face à ce projet de loi n° 10, on pourra l'évaluer dans les
prochaines années. Au prochain mandat, on
sera certainement capables de dire : Vous avez échoué, ou vous avez
réussi — je serai
capable de le dire. Je pense qu'il faut être assez franc et redonner à
César quand ça lui revient.
De l'autre
côté, M. le Président, au-delà de ces structures, je reviens à ce que je
disais, cette fameuse taxe santé qu'on
est allés chercher dans les poches des gens. Vous savez, 700, 800 millions
de dollars, c'est majeur. Et, je le répète, là, la moitié des impôts des Québécois, à chaque paie... Hein, on gagne
500 $, il nous en reste 300 $. On a envoyé 200 $ à Québec et à Ottawa. Bien, sur, exemple, la moitié
qu'on envoie à Québec, il y a la moitié, là, qui va au système de santé québécois. Et, avec la situation démographique que
nous vivons... Je l'ai répété souvent, je continue cette pédagogie :
Nous sommes la deuxième nation au monde la plus vieillissante après le Japon,
la plus vieillissante.
Ce matin,
j'ai applaudi l'annonce de Denis Coderre — je fais une petite parenthèse — Denis Coderre, Pierre Lavoie qui étaient présents pour annoncer encore d'autres
mesures pour soutenir les saines habitudes de vie. Parce que ça va prendre
une population en santé, dans les prochaines
années, pour être capables de combattre ce fléau — malheureusement, ce fléau qui nous amène à avoir des gens qui
arrivent, en vieillissant, en mauvaise santé — de faire bouger ces personnes,
surtout, vous savez quoi, de faire bouger très tôt nos plus jeunes, et ça, c'est
l'énorme défi.
Je le dis au
ministre de la Santé et au ministre de l'Éducation : Nos jeunes, je crois
bien sincèrement, ne bougent pas
assez, ne bougent pas assez dans nos écoles. Nos jeunes devraient bouger
minimalement une heure par jour, parce que
cette prévention va nous amener à réduire le coût de certains cancers, il le
sait très bien, à l'âge de 40, 50, 60 ans. Une population en santé va nécessairement coûter moins
cher à l'État. Je suis rendu loin, là, entre ma taxe santé et la prévention
et les saines habitudes de vie, mais je crois que ça vaut la peine de faire ce
petit détour.
• (15 h 30) •
Et, si on
revient, M. le Président, au discours du budget, à cette fameuse taxe santé où
le gouvernement a rompu une promesse
importante... Parce qu'ils avaient dit aux Québécois : Nous allons
abolir la taxe santé avant la fin du prochain mandat. Tout le monde comprend aujourd'hui que cette promesse rompue va
débuter progressivement. Donc, les gens vont commencer à avoir une
baisse sur leurs rapports d'impôt à partir de 2017.
Je disais
tantôt que c'était la deuxième mesure. Rien d'effectif, là, on l'a dit bien
ironiquement, mais ce n'est pas le budget 2015-2016 qu'on aurait dû appeler,
c'est le budget 2017-2018. Parce qu'il y a le bouclier fiscal, il n'y a rien
qui va apparaître avant 2017. La taxe santé,
rien ne va apparaître avant 2017, là. Progressivement, on va abolir cette taxe
sur une période de quatre ans, donc
les Québécois ne verront pas une ligne zéro avant 2019. Ça, c'est bien après la
prochaine élection en 2018.
L'impôt des
sociétés, donner un peu d'oxygène aux PME, qui en redemandent et qui ont bien
besoin d'être supportées pour créer de la richesse, créer de l'emploi.
Parce que, quand on regarde les conditions économiques du Québec... et on peut bien rigoler des questions de
mon chef, M. le Président, mais je ne me réjouis pas, moi, je ne me réjouis
pas de voir le Québec au 57e rang sur
60, en termes de PIB par habitant. Je ne me réjouis pas de voir les
investissements privés qui sont à la
baisse ou presque, année après année, quand nous sommes 24 % de la
population au Québec et que les
investissements équivalent à peu près à 14 % de l'ensemble canadien. Je ne
me réjouis pas de voir les Québécois les plus taxés en Amérique du Nord,
les plus imposés. Je ne me réjouis pas de voir les Québécois les plus endettés
en Amérique du Nord. Et je ne veux surtout
pas voir les Québécois, l'an prochain, au 58e rang sur 61. Je ne veux surtout
pas voir ça. Et je disais donc,
après, cotisation du fonds de santé, relève entrepreneuriale, pas grand-chose
qui est effectif immédiatement.
Et qu'est-ce
qu'on a voulu faire miroiter aux Québécois? C'est la prétention de l'effet
libéral. L'effet libéral, c'était supposé
amener 250 000 emplois sur une période de cinq ans. La vérité, c'est
que, sur l'année 2014, les trois premiers mois du Parti québécois, les neufs mois suivants du Parti libéral ont
amené moins 1 000 en termes de création d'emplois. Il n'y a en pas eu, de création d'emplois, en 2014.
On pourrait dire zéro. Et, par la suite, on prévoit, cette année, 37 500 emplois; 36 700 emplois, l'an
prochain. Le gouvernement nous dit : Nous avons déjà créé amplement
d'emplois à temps partiel. L'objectif
sera extrêmement difficile. Pour atteindre l'objectif, et le rêve du ministre
des Finances, d'avoir 250 000 emplois d'ici cinq ans, il faudrait
en créer à peu près 70 000 dans les deux dernières années du mandat.
L'autre
prétention, c'est qu'avec la stratégie maritime ça sera le wow des cinq
prochaines années au Québec. Un impact
financier réel, pour cette année, de 13,8 millions de dollars, 170 millions
de dollars sur cinq ans, où on est supposés créer un effet de levier d'à
peu près 1,5 milliard de dollars. Initialement, dans le cadre financier du
gouvernement, on prévoyait
3 milliards d'investissements et 30 000 emplois; on a revu ça à
la baisse. Donc, une stratégie maritime, je le répète, M. le Président, après avoir demandé une demande d'accès à
l'information, le ministre des Finances m'a répondu que, suite aux congés fiscaux qu'on avait donnés
l'an passé, quelles étaient peut-être les entreprises, le nombre d'emplois
qu'on avait créés, c'était un gros zéro.
Et finalement le fameux Plan Nord : le
fameux Plan Nord où, encore une fois, on a fait un show de boucane incroyable, voilà deux semaines déjà, pour nous dire : On
revoit encore à la baisse les investissements du gouvernement dans les
prochaines années. On voit que le Fonds du Plan Nord, par sa société qui a été
créée, va dépenser à peu près 50 millions
par année. On est loin, loin, loin des milliards annoncés, encore une fois.
Donc, on essaie de faire miroiter aux
Québécois que cette prétention de l'effet libéral va nous amener un plan de
relance économique concret dans la prochaine année.
Alors, vous
comprendrez pourquoi, M. le Président, dans ces conditions, avec tout ce que
vous avez entendu, de la part de mes
collègues, dans les derniers jours, dernières semaines, face au discours du
budget, nous voterons contre le budget du gouvernement libéral 2015‑2016.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Alors, merci à vous, M. le député de Granby.
J'aimerais informer les parlementaires que deux
débats de fin de séance se tiendront aujourd'hui. Le premier débat, sur une question adressée par M. le député
de Richelieu à la ministre déléguée à la Réadaptation, à la Protection de la jeunesse et de la Santé publique, concerne
la déclaration de la ministre sur l'admissibilité des résidents en CHSLD
au programme chèque emploi-services.
Le deuxième
débat, sur une question adressée par M. le député de Blainville au ministre
responsable des Affaires intergouvernementales
canadiennes et de la Francophonie canadienne, concerne les fonds et les projets
de Fonds Chantiers Canada pour le Québec.
M. le député
de Rousseau, vous êtes le porte-parole de votre formation politique en matière
de finances, et je vous cède la parole.
M. Nicolas Marceau
M. Marceau :
Oui. Merci, M. le Président. Alors, aujourd'hui se conclut le débat sur le
budget 2015‑2016 qui a été présenté
par notre collègue de Robert-Baldwin. Nous avons eu l'occasion de débattre en
commission parlementaire une dizaine
d'heures, et, aujourd'hui, si la tendance se maintient, et je crois qu'elle se
maintiendra, bien, le budget sera adopté.
M. le
Président, je suis obligé de commencer mon intervention en vous rappelant ce
qui s'est produit ces dernières 24 heures et ce qui se produit
aujourd'hui. Il y a plusieurs événements qui retiennent mon attention. Le
premier, c'est qu'il y a un budget fédéral
qui sera rendu public dans une trentaine de minutes, 25 minutes, M. le
Président, budget fédéral qui a des
impacts bien réels sur le Québec et les Québécois, budget fédéral au sujet
duquel le gouvernement de notre premier ministre et au sujet duquel le ministre des Finances ont été tous deux
silencieux, ils n'ont exprimé absolument aucune demande.
Et,
malheureusement, M. le Président, il y aura des impacts réels, encore une fois,
à la suite des choix qui ont été faits par le gouvernement fédéral, et
j'en prends pour preuve, par exemple, le fait que les transferts en santé vont
être limités, le taux de croissance des
transferts en santé va être limité à partir de dans deux ans, 2017. Et par
ailleurs la formule de répartition du
transfert sur une base purement par habitant pénalise grandement le Québec. On
parle d'impacts en termes de
milliards de dollars, alors que le Québec a commencé à vieillir, la population
a commencé à vieillir, les besoins ont commencé à grandir, et la
croissance économique est anémique. J'y reviendrai tout à l'heure, M. le
Président.
Je me
surprends de devoir rappeler, à l'occasion d'une réplique sur le budget du
Québec, que nous envoyons tout près de 50 milliards de dollars de nos
impôts et taxes à Ottawa et que ça implique qu'il doit y avoir une contrepartie
pour les Québécois. Et j'invite le
ministre des Finances à être plus vigoureux dans son approche vis-à-vis du
gouvernement fédéral, j'invite évidemment le premier ministre à être plus
vigoureux. On se rappellera qu'à l'occasion d'une rencontre des premiers
ministres provinciaux, en août 2014, notre premier ministre avait tout
simplement laissé tomber toute revendication quant aux transferts en santé.
Le ministre
des Finances et le premier ministre cherchaient tous les moyens de dire qu'il
n'y avait pas de déséquilibre fiscal
au Canada, et, M. le Président, la vérité, c'est qu'aujourd'hui le budget
fédéral contiendra un certain nombre
de cadeaux électoraux, un certain nombre de cadeaux électoraux, évidemment,
parce que la campagne électorale est désormais bien engagée au niveau
fédéral, donc un certain nombre de cadeaux électoraux à la base électorale conservatrice. Tout cela dans un contexte où — je n'apprendrai rien à personne — le prix du pétrole a baissé, et les
perspectives sont légèrement moins
roses pour le gouvernement fédéral. Mais, même dans un contexte où les
perspectives sont moins intéressantes,
le gouvernement fédéral est capable, est capable de faire des cadeaux aux
contribuables de sa base électorale, et
ça, c'est pendant qu'ici, ici, au Québec, on s'apprête à vivre une des années
les plus difficiles de notre histoire récente avec des coupes fort
importantes en santé et en éducation; j'y reviendrai, M. le Président.
Je voulais quand même le dire, là, je m'attends...
l'occasion va se prêter très bientôt pour le ministre des Finances de dire quelque chose sur ce qui s'est
passé aujourd'hui, il va devoir, j'imagine, réagir au budget fédéral. Je l'invite à un peu de vigueur puis à se rappeler
que ce qu'il obtient du fédéral, c'est ce qu'il a à demander de moins aux
Québécois. Je l'invite à y réfléchir puis à agir en conséquence tout à l'heure,
lorsqu'il réagira au budget fédéral.
• (15 h 40) •
Par ailleurs, dans l'actualité récente,
évidemment, il y a cette adoption hier soir, en fin de soirée, du projet de loi n° 28 qui mettait en oeuvre le budget de
juin dernier, qui contenait un certain nombre de mauvaises surprises qui
avaient été ajoutées : services de garde,
tarification des services de garde, abolition des CLD et des CRE, loi spéciale
sur les pharmaciens, entente secrète sur les médicaments, transparence minière
sur laquelle on recule. Ça, ce sont toutes des dispositions qui n'étaient pas dans le budget de juin dernier et qui ont
été introduites dans l'omnibus budgétaire par le gouvernement, contrairement, contrairement à la pratique qui était bien
établie ici, au Parlement, et l'adoption sous le bâillon d'un tel projet de loi mammouth a constitué, vous le savez, un
recul, au plan démocratique, dans ce Parlement.
Alors,
M. le Président, je parle de ça parce que, dans le budget sur lequel nous
allons voter dans les prochaines minutes,
à la suite de mon intervention et de celle du ministre des Finances, on nous
dit, à la page A.75, qu'il y aura un autre
projet de loi omnibus dans les prochaines semaines, dans les prochains mois, un
autre projet de loi omnibus. On nous dit que, dans ce projet de loi omnibus, il
y aura un certain nombre de sections qui seront abordées. Je vais les lire
pour que tout le monde soit au courant de ce
qu'il devrait y avoir —parce que ce sont les matières qui ont effectivement été
couvertes par le budget.
Alors :
efforts aux organismes publics; abolition du FINESSS; contrer le jeu illégal en
ligne; permis unique pour la vente d'alcool pour consommation sur place;
simplifier l'administration des contraventions en matière de boissons alcooliques; recentrer les contributions versées
par Loto-Québec sur sa mission; et Loi favorisant le développement et la reconnaissance des compétences de la
main-d'oeuvre, en plus, j'imagine, d'une mesure annoncée au point de décembre
2014, soit : modifications
relatives au droit d'immatriculation additionnel sur les véhicules munis de
moteurs de forte cylindrée.
Et je ne vois pas...
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Je m'excuse de vous interrompre, M. le ministre
des Finances.
Une question de
règlement?
Mme Vallée :
...M. le Président, j'appellerais l'article 32, s'il vous plaît.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Ah oui! Effectivement, à l'article
32, les députés doivent occuper les fauteuils qui ont été désignés par leur formation politique respective en début de
mandat. Donc, voilà. Alors, un appel au règlement. Voilà.
Veuillez poursuivre,
M. le ministre... M. le député de Rousseau.
M.
Marceau : Bon! O.K. Alors, j'ai fait la liste, j'ai dit les
matières qui sont annoncées dans le budget. Je veux simplement dire au
ministre des Finances que j'ose croire qu'il résistera à la tentation d'ajouter
de nouveaux sujets dans l'omnibus qui
viendra. J'ose croire que ce qu'on a vécu hier, c'était l'exception;
l'exception à la règle. J'espère que ça
ne deviendra pas une mauvaise façon de faire, parce que je dois avouer que j'ai
été assez ébranlé par ce que j'ai vu hier. Alors, j'arrête là-dessus. Je veux simplement qu'il sache que, le jour
du dépôt de son omnibus, nous serons vigilants, très vigilants.
Alors,
je vais revenir à ce débat que nous avons eu sur le budget et je vais repasser
un certain nombre de choses que j'ai à dire sur ce budget. Je dois dire
que le débat sur le budget ne nous a pas permis d'apprendre énormément de nouvelles choses; un certain nombre quand même
mais pas énormément. Alors, je vais me permettre de redire un certain
nombre de choses qui étaient, d'après moi, importantes.
Je
vais commencer par vous rappeler, M. le Président, que, malgré toute la
rhétorique libérale qu'on entend, on n'est
pas encore à l'équilibre budgétaire. Ce qui a été déposé, c'est un budget, et
le fait que le solde budgétaire soit à zéro le 31 mars prochain, ce sera le résultat de choses qui se feront en
cours d'année. Et donc ce que nous avons ici et sur lequel nous allons voter, ce ne sont pas des états
financiers, ce n'est pas le résultat d'une année, c'est un plan. C'est un plan,
j'en conviens, dans lequel on prévoit
parvenir à un solde budgétaire nul, mais ce n'est quand même pas des états
financiers. Et ce n'est pas encore
gagné, loin de là, M. le Président! Parce que, que voulez-vous, quand je
regarde le plan qui nous a été présenté
par le gouvernement libéral, je suis forcé de dire que, ce plan, les
probabilités qu'il se matérialise, qu'il se réalise, ces probabilités
sont très faibles.
Pourquoi?
Parce que, d'une part, du côté des revenus, hein, vous savez, pour que le solde
budgétaire soit nul, il faut que les
revenus et les dépenses soient au même niveau. Or, il y a des hypothèses
extrêmement optimistes, du côté de la croissance
des revenus, dans ce budget. En fait, on prévoit des taux de croissance des
revenus qui sont bien au-delà de ceux
qui sont prévus par les gens qui examinent cette question dans le secteur
privé, dans les banques, dans les institutions financières. Donc, budget très optimiste du côté des revenus, et, quant
aux cibles de croissance des dépenses, elles sont tout simplement ou bien irréalistes ou bien
irresponsables. Et, dans un cas comme dans l'autre, évidemment, je ne crois
pas qu'elles vont se matérialiser. Des taux
de croissance comme ceux qui sont prévus en santé de 1,4 % ou bien de 0,2 % en éducation, les
probabilités que le gouvernement garde le cap, d'après moi, sont quasi nulles.
Et donc, quand on est, d'un côté,
optimistes aux revenus et absolument irréalistes du côté des dépenses, les
probabilités que, dans un an, là, on soit
parvenus, de l'autre côté, à tenir le cap, moi, en tout cas, j'ai de très
sérieuses réserves et je serais bien surpris. Enfin, on verra, hein? Peut-être me donnera-t-on tort et
peut-être me serais-je trompé, mais, dans un an, on sera en mesure de vérifier ce qu'il en est. Cela étant, je pense
que, sur la question des finances publiques, on peut dire que l'approche qui
est utilisée est très périlleuse, là. Si j'avais à résumer, je dirais que c'est
très périlleux.
Maintenant,
quant à l'action du gouvernement au plan économique, je pense que c'est
important de rappeler les grandes difficultés auxquelles le Québec est
confronté puis le fait qu'aujourd'hui le Québec navigue sans carte, sans plan, avec absolument aucune vision. Le bateau
vogue à la dérive et on n'a pas raison de croire qu'on va arriver à destination
avec un document comme celui qui nous a été
présenté, il y a quelques semaines maintenant, par le ministre des Finances.
Je vais
simplement rappeler quelques faits très simples. Je vais me baser sur ce qu'on
sait qui s'est produit. Je n'irai pas sur les prévisions. On pourrait débattre
des prévisions, j'en débattrai un peu, mais je vais aller sur ce qui est
connu, c'est-à-dire
les résultats pour l'année 2014. Les résultats pour l'année 2014 sont
maintenant à peu près confirmés. Il y a des résultats qu'on peut dire
préliminaires, mais qui commencent à être assez solides.
Alors, pour 2014 — on va faire
l'histoire. Au début, il y a eu la campagne électorale et, lors de la campagne électorale, notre ministre des Finances actuel
nous disait, à l'époque candidat dans Robert-Baldwin, que la croissance économique pour 2014 au Québec, de par l'unique
présence du Parti libéral au pouvoir, serait de 2,1 %. Donc, le PIB réel
état appelé à croître de 2,1 %, grâce a l'arrivée du Parti libéral au
pouvoir.
Lorsqu'il est
arrivé au ministère des Finances, quelque part au mois d'avril, on lui a
dit : M. le ministre, vous étiez peut-être
un peu trop enthousiaste, un peu trop porté par les excès d'une campagne
électorale. Et le cadre financier que vous
aviez présenté en campagne électorale, il ne tient pas. Et les prévisions de
croissance économique sont, pour l'année en cours, non pas de 2,1 % mais bel et bien de 1,8 %. Mais, M.
le Président, la réalité a vite rattrapé ce gouvernement, qui était encore très optimiste en juin dernier. Et, à
la mise à jour de décembre, on était rendus, pour 2014, avec une prévision
de 1,6 %. Donc, on était passés de 2,1 % en campagne, à 1,8 % au
budget de juin, à 1,6 % en décembre.
Au budget de
cette année, le ministère des Finances nous a rappelé les chiffres pour 2014,
et les résultats préliminaires,
je le disais tout à l'heure, ils ne sont pas entièrement confirmés, mais les
chiffres préliminaires, c'était 1,5 %.
On était rendus à 1,5 % dans le budget qui nous a été présenté le
26 mars. Et, le lendemain, le 27 mars, l'Institut de la statistique du Québec corrigeait le gouvernement en lui
disant : Ce n'est non pas 1,5 % mais bel et bien 1,3 %. Alors,
ça, c'est du connu, c'est du passé, là. C'est 2014, et donc la succession de
chiffres, c'est : 2,1 % en mars, pendant la campagne électorale, à 1,8 % au budget de juin, à
1,6 % au budget de décembre, à 1,5 % au budget du 26 mars, à
1,3 % dans les comptes économiques de l'Institut de la statistique du
Québec.
Alors, je
vous laisse juger, M. le Président, de l'effet libéral. Je vous laisse en
juger. Je crois que cette succession de
baisses de chiffres illustre parfaitement que cet effet libéral, il est non pas
favorable au Québec, mais nuisible au Québec, néfaste au Québec.
• (15 h 50) •
Pour 2015, je
veux simplement dire que le gouvernement, dans le budget... Là, on est dans le
monde des prévisions, j'en conviendrai avec vous, M. le Président, et je
sais que c'est toujours téméraire. Mais simplement, parlant d'être téméraire, le gouvernement prévoit, pour
2015 — et on
verra, dans un an, de quoi il en retourne — mais il prévoit, pour 2015, une croissance économique de 2 %. Et, le 13 avril, donc deux semaines à peine après le dépôt du
budget, Desjardins nous disaient : 2 %, ils n'y croient pas,
ils n'y croient pas du tout. Ils nous disaient, en fait, je vais vous lire le
dernier paragraphe de leurs notes du 13
avril, parce que c'est quand même assez explicite, alors : «La faible
hausse du PIB réel de 0,4 % au
dernier trimestre de 2014 rappelle que l'économie du Québec repose sur des
bases fragiles. Avec un résultat aussi
amorphe, l'acquis de croissance pour 2015 est limité. Voilà qui appuie notre
prévision de 1,7 % cette année.» Or, ça, c'est Desjardins, ce n'est pas le député de Rousseau, pas le Parti
québécois, c'est Desjardins qui dit ça. Alors, la succession de révision à la baisse des perspectives de
croissance économique se poursuit et malheureusement n'est probablement pas
complétée, et donc c'est inquiétant pour la suite des choses. Ça, c'est au
chapitre de la croissance économique.
Au chapitre
de la création d'emplois, on pourrait regarder le passé puis les prévisions, je
vais me contenter du passé, parce que,
les prévisions, on peut dire bien des choses, là, mais on verra, on verra, dans
le concret, comment ça s'est matérialisé.
Mais je reviens : pour la création d'emplois, je dirai simplement que le
document budgétaire confirme qu'en 2014, au Québec, il s'est perdu 1 100 emplois, et c'est à mettre en
relation avec le fait qu'en 2013, l'année précédente, il s'était créé
48 000 emplois. Or, ça, c'est la réalité.
Pour la suite
des choses, même le gouvernement désormais ne promet plus les 50 000 emplois qu'il nous avait promis en campagne électorale. Déjà, ils ont
baissé les bras, et je les comprends : avec le plan économique qu'ils ont
sous la main, évidemment il n'y a pas grand espoir qu'on ait mieux que
ça.
Sur
l'investissement des entreprises, je veux simplement rappeler encore une fois
que, pour 2014, les résultats n'ont
pas été au rendez-vous. Au budget de juin dernier, le budget de juin 2014, le
ministre des Finances avait prévu une croissance
de 4 % des investissements. Bien, le résultat, tel qu'énoncé dans le
document budgétaire, c'est que les investissements
n'ont pas augmenté, il y a eu essentiellement une stagnation des investissements
en 2014. Ça, c'est le résultat pour 2014. Évidemment, pour 2015, on nous
fait miroiter de très belles hausses de l'investissement; M. le Président, je le souhaite. Je le souhaite
profondément, mais je suis désolé de vous dire que je ne vois pas, dans le
budget, de raison de croire que ces
belles perspectives d'investissement vont se matérialiser, je ne les vois tout
simplement pas.
En fait, le gouvernement s'appuie sur deux
éléments de politique économique pour stimuler la croissance économique du Québec. Malheureusement, ces deux
éléments sont complètement insuffisants et ils auront un impact, s'ils en ont un, puis je veux croire... je crois
qu'ils en ont un, mais dans le moyen et long terme, dans trois ans, dans cinq
ans, dans 10 ans. Et je parle évidemment de deux choses : je parle
du Plan Nord puis je parle de la stratégie maritime.
Notez bien
que, dans le cas de la stratégie maritime, on n'a aucun détail, et je ne sais
pas de quoi il s'agit précisément,
mais j'ai cru comprendre qu'il y aurait là-dedans des pôles logistiques, ce qui
n'est certainement pas une mauvaise chose, là, que d'avoir des pôles
logistiques. Moi, je suis plutôt d'accord avec cette idée de développer des infrastructures où on permet l'interconnexion de
différents moyens de transport, c'est clair que ce n'est pas une mauvaise idée.
Maintenant,
ce n'est pas demain la veille qu'on va avoir un pôle logistique bien structuré
au Québec, et peut-être que, dans
trois ans ou dans cinq ans, on en aura un, mais je dois dire que, pour les Québécois
qui espèrent plus de croissance
économique et plus d'emplois cette année, l'année prochaine et dans deux ans,
ce n'est pas particulièrement attrayant de savoir que le gouvernement
repose sur une stratégie maritime qui n'est encore même pas sur papier.
Puis, pour ce qui est du Plan Nord, bon,
évidemment, moi, je suis favorable à l'exploitation minière puis à l'exploitation de nos ressources naturelles, dans
la mesure où c'est fait intelligemment, en respect de l'environnement
puis avec l'acceptabilité sociale. Je suis pour ça, nous sommes pour ça ici, au
Parti québécois, il n'y a aucun doute là-dessus. Mais
est-ce que, dans le contexte de prix très, très faibles auxquels on a droit
malheureusement pour les ressources
naturelles présentement, est-ce qu'on peut compter qu'en 2015, en 2016, en 2017
les Québécois vont avoir plus
d'emplois puis qu'on va avoir plus de croissance économique grâce au Plan Nord?
Je suis désolé, M. le Président, de vous dire que ce n'est pas réaliste
comme perspective.
Je dois d'ailleurs
rappeler, pour ceux qui sont amateurs de chiffres de l'autre côté, que le PIB
du secteur minier au Québec, c'est
1,2 % de notre PIB, hein? Le secteur minier, là, c'est 1,2 % de notre
PIB. Bien sûr, ça ne veut pas dire qu'on ne voudrait pas que ça augmente puis que ça devienne quelque chose qui
est encore plus important dans notre portefeuille de secteur économique vigoureux, c'est bien sûr
qu'on pourrait vouloir que ça augmente. Mais, même si ça augmentait de
1,2 %, à 1,3 %, à 1,4 % ou à 1,5 %, ce qui serait quand
même quelque chose d'important, M. le Président, vous en conviendrez, je suis certain, il n'en demeure pas
moins que ce ne serait pas l'espèce de mesure-phare qui est à même de
changer les perspectives de l'économie du Québec. Je pense que tout le monde en
conviendra également.
Quand je
compare Plan Nord et puis stratégie maritime avec les choix que nous avions
faits, de notre côté, je dois avouer
que je trouve ça assez désolant. Je vous rappellerai simplement qu'on avait une
politique économique qui était cohérente,
structurée, visionnaire, qui s'appuyait sur des piliers très clairs, à la fois
une politique de recherche et d'innovation,
une politique manufacturière pour automatiser et moderniser notre secteur
manufacturier, qui en a un énorme besoin.
On avait une politique du commerce extérieur qui avait pour objet de permettre
à nos entreprises de conquérir des marchés étrangers puis évidemment une
stratégie d'électrification des transports, qui, je dois le dire, là, est un secteur d'avenir évident. Je pense qu'il faut se
fermer les yeux pour ne pas se rendre compte que les moyens de transport
propres sont la voie de l'avenir, je pense que c'est une évidence.
Et, pour le
secteur des ressources, je me rappelle que, dans les derniers mois de notre
gouvernement, on avait tenu un sommet sur la forêt qui avait permis de dégager
des perspectives extrêmement prometteuses pour le secteur de la forêt, qui pourrait être un fer de lance de l'économie
québécoise. C'est un secteur dans lequel la ressource est renouvelable, et, dans plusieurs pays, en particulier dans les
pays scandinaves, la forêt est un atout majeur, et ça permet d'accélérer la
croissance économique. Ce qui nous manque
ici, ce sont de nouveaux procédés, de nouveaux produits faits à partir de la
fibre de bois. On avait entrepris de dégager
des budgets pour la forêt, et je pense qu'il faut poursuivre dans cette
direction-là, M. le Président. Et
j'ose croire que le gouvernement va peser, appuyer sur l'accélérateur. Je pense
que c'est fondamental.
Je vois le temps qui file. Il y a au moins deux
choses que je veux dire avant de conclure, M. le Président. La première, c'est... Je vous ai dit que l'équilibre
budgétaire était précaire, les probabilités qu'on y parvienne étaient faibles,
d'après moi, et ça reposait sur des hypothèses périlleuses, je vous ai dit
toute mon insatisfaction quant à la politique économique
du gouvernement. Je veux également ajouter que le gouvernement a alourdi de
façon importante le fardeau fiscal
des Québécois. Et, je pense que c'est important de le rappeler, le budget
contient la preuve que le fardeau fiscal des Québécois cette année, en 2015‑2016, augmente de 700 millions de
dollars. Et ça, ce sont strictement les gestes posés par le gouvernement du Québec. Ça ne tient pas compte
des autres gestes qui sont posés à la fois par Hydro-Québec, par les commissions scolaires, par les municipalités. Il y
a véritablement un alourdissement du fardeau fiscal pour les Québécois.
Et, pour les
entreprises, parce que j'étais en train de faire le lien avec la politique
économique, je veux simplement rappeler
que, dans le budget, on fait le résumé des gestes qui ont été posés quant aux
entreprises et quant au fardeau fiscal des
entreprises. Et, M. le Président, vous irez voir à la page B.41 du plan
budgétaire. Vous y constaterez que le fardeau fiscal des entreprises,
depuis l'arrivée du nouveau gouvernement, a augmenté — puis
là je fais le total pour cinq ans, là — de 2,5 milliards de dollars,
2,5 milliards de dollars. Est-ce que c'est à même de favoriser la
croissance économique, de favoriser
la création d'emplois, de favoriser l'investissement de nos entreprises que
d'augmenter le fardeau fiscal des entreprises
de 2,5 milliards? Alors, évidemment, poser la question, c'est y répondre.
Je pense qu'ils savent très, très bien la
réponse, sauf que le réflexe, de l'autre côté, c'est que, quand ça va mal, on
taxe plus. Plutôt que d'avoir une politique de stimulation des revenus par un appui à nos entreprises, on a choisi,
à l'inverse, de leur nuire, de les empêcher de se développer. Et, écoutez, M. le Président, c'est
évident, c'est évident que, quand on alourdit votre fardeau fiscal, ça
n'encourage pas la création d'emplois puis l'innovation dans les
entreprises. Ça nuit. C'est tout simplement ça.
• (16 heures) •
Je vais
devoir terminer, parce que le temps va me manquer, par simplement quelques mots
sur les services à la population — oui, c'est ça, j'ai cinq minutes — quelques mots sur les services à la
population. Je veux simplement dire que...
Tantôt, je vous ai dit : Je pense que c'est soit irresponsable soit
irréaliste, là, que de prévoir des taux de croissance des dépenses de 1,4 % en santé puis de
0,2 % en éducation. Le 1,4 % en santé, c'est important de le
rappeler, ça correspond à une
promesse rompue par le gouvernement qui, dans son cadre de campagne électorale,
avait dit aux Québécois que la santé
allait augmenter de 4 %, M. le Président. On a dit aux Québécois :
Quoi qu'il advienne, là, ça va être 4 % en santé. Et, en pratique, cette année, c'est 1,4 %,
puis ce 1,4 % va servir en partie à donner plus à nos spécialistes en
échange de rien de plus comme effort,
puis, en contrepartie, on va entre autres dégarnir la première ligne avec une
réduction de la rémunération, pour nos pharmaciens, de
177 millions.
Et, M. le
Président, ce que je viens de vous dire, c'est anecdotique, c'est 2015‑2016,
hein? Le fait que ce soit plus 210 millions
aux médecins spécialistes, moins 177 millions aux pharmaciens, c'est
anecdotique. Ce qui est assez dramatique, M. le Président, c'est qu'aucune, aucune des réformes qui permettraient
de faire en sorte que notre système de soins de santé soit en mesure de croître à un taux plus faible dans un an, dans
deux ans, dans trois ans, aucune de ces réformes n'a été annoncée dans
le budget. Il n'y a rien de ça.
La seule
réforme à laquelle on a eu droit jusqu'à maintenant, c'est une réforme des
structures administratives. Est-ce
que ça permettra de dégager quelque montant? Écoutez, on le verra avec le temps.
Est-ce que c'est à même de ramener le taux de croissance des dépenses en santé
de 4 %, 5 % à des taux de croissance plus faibles? La réponse, c'est
non. La réponse, c'est non.
Qu'est-ce qu'il faut faire pour que
les dépenses en santé croissent moins vite? Il faut aller vers les soins à
domicile, il faut lutter contre le
surdiagnostic, il faut mieux informatiser notre réseau. Ces réponses-là, tout
le monde les connaît, là, mais est-ce qu'elles sont mises en oeuvre de
l'autre côté? La réponse, c'est non. La réponse, c'est non.
Tout
simplement finir en vous disant qu'en éducation le gouvernement prévoit le gel.
Vous savez, ils avaient promis, en
campagne électorale, au gouvernement, une croissance de 3,5 % en
éducation, 3,5 % promis; gel, ça, c'est ce qui est livré. Il va y avoir des coupures dans les
universités, dans les cégeps. Il va y avoir aussi, pour le primaire,
secondaire, des compressions, c'est
évident. Alors, est-ce que ça va avoir des conséquences réelles sur les élèves
de nos écoles? Est-ce qu'il va y
avoir encore de l'aide alimentaire? Est-ce que l'aide alimentaire va
disparaître? Est-ce qu'on va être capables de lutter contre le décrochage? M. le Président, évidemment, je n'ai pas la
réponse aujourd'hui, mais ce que je peux dire aux Québécois, c'est que, s'ils pensent que l'année
dernière a été une année difficile, je les invite à se préparer au pire pour
cette année. Cette année, ça va être pire,
c'est certain. Les dépenses vont être réduites de façon beaucoup plus importante,
et, de manière réelle, on coupe dans le futur du Québec quand on coupe en santé
puis quand on coupe en éducation.
Quand
on coupe en éducation, c'est dans notre jeunesse qu'on coupe, c'est dans notre
avenir. Et puis je le sais que tout
le monde sait ici que les progrès que le Québec a réalisés depuis 50 ans,
ils l'ont été parce qu'on s'est donné un système d'éducation moderne
puis qu'on n'a pas cessé d'investir dans notre système éducatif. Gouvernement
après gouvernement, tout le monde a investi
plus en éducation, et c'est ce qui a fait qu'aujourd'hui le niveau de vie au
Québec est un niveau de vie qui est
enviable, qu'on a une société dans laquelle les problèmes sociaux, soyons
clairs, là, ont été réduits de façon
importante. Alors, on a fait d'énormes progrès, mais de geler l'éducation, ce
n'est pas une perspective qui est
raisonnable, et j'invite le ministre des Finances à réfléchir à ce qu'il pourra
faire pour infléchir les collègues qui, autour de lui, prêchent pour des gels en éducation. Ce n'est pas quelque chose
de souhaitable. Ça aura des impacts dans cinq ans, dans 10 ans, dans 15 ans. Chaque jeune
qu'on va échapper cette année, on va l'échapper pour toujours, et c'est grave.
Alors, j'invite le ministre à bien réfléchir à cela.
Cela
étant, M. le Président, évidemment, après tout ce que je viens de dire, je
pense que vous ne serez pas surpris que je vous dise qu'on va voter
contre le budget...
Des voix :
...
M.
Marceau : ... — et j'entends les cris de l'autre bord — on va voter contre le budget, évidemment, M.
le Président. Merci.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le
député de Rousseau
pour cette intervention. Nous en
arrivons maintenant à la réplique du ministre des Finances. Alors,
M. le ministre des Finances, je vous cède la parole. Vous avez un
droit de parole de 60 minutes.
M. Carlos J Leitão (réplique)
>15391 M.
Leitão : Merci, M. le Président. Ça sera moins que ça, je
rassure tout le monde. Alors, M. le Président, chers collègues des deux côtés de la Chambre, nous voici
rendus à la dernière étape, la dernière étape du processus d'adoption du budget 2015‑2016. Je tiens à remercier toutes
les personnes qui ont participé à la commission parlementaire et qui ont
contribué aux discussions ouvertes, franches et constructives.
Ce
budget, déjà le deuxième de notre gouvernement, constitue une étape charnière
du plan ambitieux que nous portons
pour le Québec. Nous avons respecté notre engagement. Ce budget confirme le
retour à l'équilibre budgétaire en 2015‑2016
après six années consécutives de déficits, déficits qui ont alourdi la dette de
près de 16 milliards de dollars en six ans. Comme je l'ai déjà dit à plusieurs reprises, nous prenons acte
des efforts consentis pour atteindre ce résultat et les reconnaissons à leur juste valeur. Dans un même
temps, nous nous engageons à ce que tous les Québécois puissent bénéficier rapidement de cette solidité financière
retrouvée. Nous avons d'ailleurs annoncé dans ce budget les premières
mesures d'allégement fiscal pour les particuliers et pour les entreprises.
Je
le répète, l'atteinte de l'équilibre budgétaire n'est pas une fin en soi, mais
vise à donner un nouvel élan au Québec. Nous rétablissons une base
solide pour soutenir la croissance de l'économie et de l'emploi et pour ouvrir
la voie à la réduction du fardeau fiscal des
Québécois. C'est une étape importante que nous franchirons aujourd'hui en
demandant l'adoption de ce budget.
Les mesures mises de l'avant dans le budget de juin 2014 et dans la mise à jour
économique de décembre dernier ont permis de confirmer que le déficit,
pour l'exercice 2014‑2015, s'établit à 2 350 000 000 $. Le
plan économique proposé en mars permet d'atteindre l'équilibre cette année et
pave la voie à des surplus au cours des prochains
exercices, qui, comme nous nous sommes engagés, nous permettront de réduire le
fardeau fiscal des Québécois et de réduire notre dette.
La
conjoncture, bien qu'encore fragile, est favorable, et les gestes que nous
avons posés ont permis l'amorce d'un redressement
de la croissance économique. Après une faible, une très faible croissance d'à
peine 1 % en 2013, le PIB réel a enregistré
une croissance de 1,3 % estimée en 2014 et devrait atteindre 2 % en
2015. Les données sur l'emploi sont également très encourageantes et démontrent
que nos actions donnent des résultats.
Et
ici je pense que c'est nécessaire de rétablir les faits, M. le Président.
Depuis le début de notre mandat, il s'est créé 57 000 emplois au
Québec. Pas moins 1 000, 57 000 emplois ont été créés au Québec de
mai 2014 à mars 2015. M. le Président, plus
que ça encore, dans les derniers six mois seulement, seulement les derniers six
mois, se sont créé 40 000
emplois au Québec et, de ces 40 000, 36 000 sont à temps plein.
Alors, de prétendre que le portrait du marché du travail au Québec est aussi
négatif que les deux groupes d'opposition ont tendance à le faire, M. le
Président, ce n'est pas conforme aux chiffres officiels.
Capitalisant
sur ce contexte de reprise économique, le budget 2015‑2016 présente un plan économique
à la fois réaliste et ambitieux
visant à assurer la croissance et le développement du Québec à court et à moyen
termes. Les actions prévues dans ce
plan totaliseront 3,4 milliards de dollars au cours des cinq prochaines
années, dont 2,5 milliards de dollars en allégements fiscaux. Elles
entraîneront des investissements de 13 milliards de dollars dans
l'économie du Québec.
Plus
spécifiquement, le plan économique du Québec présente des mesures pour d'abord
alléger le fardeau fiscal des particuliers et des entreprises dans le
but d'encourager le travail et l'investissement; deuxièmement, favoriser la
performance du marché du travail en assurant notamment une meilleure adéquation
entre la formation et l'emploi; et, troisièmement,
stimuler l'investissement privé et favoriser le développement économique de
toutes les régions du Québec.
• (16 h 10) •
Notre plan
propose trois mesures qui permettront d'alléger le fardeau fiscal des Québécois
de plus de 2 milliards de
dollars au cours des cinq prochaines années. Dans un premier temps, la
contribution santé sera abolie graduellement à partir du 1er janvier 2017. Près de 2,1 millions de
contribuables verront cette contribution complètement éliminée dès 2017.
À terme, c'est 1,7 milliard de dollars qui retourneront dans les poches de
4,5 millions de contribuables québécois d'ici 2019‑2020.
Nous mettrons
également en place un bouclier fiscal qui protégera les travailleurs réalisant
un effort additionnel de travail. Ce
dispositif permettra de limiter la perte de prestations fiscales liée à une
augmentation de leurs revenus. Cette mesure permettra d'accorder une
compensation totale de 52 millions de dollars à près de
400 000 travailleurs.
Nous
bonifierons également sur une période de trois ans le crédit d'impôt à l'égard
des travailleurs d'expérience afin de les inciter à demeurer sur le
marché du travail plus longtemps.
Le plan
économique prévoit également une diminution du fardeau fiscal des sociétés qui,
à compter de 2019‑2020, atteindra
215 millions de dollars par année. Nous voulons tout d'abord offrir aux
PME, qui sont le principal moteur de l'économie
québécoise, un régime fiscal propice à leur croissance, à l'investissement et à
la création d'emplois. À cet égard,
deux mesures méritent d'être soulignées : d'abord, la réduction de
8 % à 4 % du taux d'imposition déjà annoncée dans le budget de juin
2014 pour les PME manufacturières sera élargie au secteur primaire, qui
comprend notamment la forêt,
l'agriculture et les pêcheries; deuxièmement, la réduction graduelle de
2,7 % à 2,25 % du taux de la cotisation au Fonds des services de santé pour les PME du
secteur des services, qui s'ajoute à la réduction déjà annoncée pour les
secteurs primaire et manufacturier lors de mise à jour de décembre dernier.
Le
gouvernement prévoit également consacrer 51 millions de dollars, au cours
des cinq prochaines années, à des initiatives visant à favoriser la
relève entrepreneuriale. Nous voulons faciliter le transfert d'entreprise
familiale entre personnes liées du secteur manufacturier et du secteur
primaire, ce qui profitera notamment au secteur agricole. Cette mesure était
attendue. Nous nous étions engagés à le faire et nous l'avons fait.
Le plan
économique propose également des mesures qui favoriseront la croissance de
l'investissement pour toutes les
entreprises, dont la réduction graduelle du taux général d'imposition sur le
revenu des sociétés de 11,9 % à 11,5 % et aussi le maintien jusqu'en 2022 du crédit d'impôt
à l'investissement relatif au matériel de fabrication et de transformation
pour les régions.
Nous agissons
également pour que le Québec conserve sa place de chef de file dans plusieurs
domaines stratégiques ou sensibles en
agissant sur l'efficacité de certaines aides fiscales sectorielles. Nous majorons
le crédit d'impôt pour la production
de titres multimédias et le crédit d'impôt pour le développement des affaires
électroniques et nous bonifions le taux de certains crédits d'impôt du
secteur de la culture pour favoriser les productions originales québécoises.
Sur un autre
aspect, le plan économique contient plusieurs mesures visant à favoriser la
performance du marché du travail.
Ainsi, le gouvernement consacrera 166 millions de dollars, au cours des
cinq prochaines années, à des initiatives qui permettront d'améliorer
l'adéquation entre la formation et les besoins des entreprises et de renforcer
la participation de l'immigration au marché du travail. Le seuil
d'assujettissement de la loi du 1 % passera de 1 million à
2 millions de dollars de masse salariale, ce qui constituera un important
allègement réglementaire pour environ 8 000 entreprises.
Des nouvelles sommes sont aussi prévues pour répondre aux besoins de formation
actuels et futurs des entreprises,
notamment en donnant un rôle stratégique à la Commission des partenaires du
marché du travail. Certains programmes
de formation seront adaptés afin de mettre un accent particulier sur l'apprentissage
en milieu de travail, et le crédit d'impôt pour stage en milieu de travail sera
bonifié afin d'inciter les employeurs à recourir davantage à des stagiaires.
Notre gouvernement est convaincu que
l'immigration est un atout essentiel pour soutenir le développement économique du Québec. Dans ce contexte, le
gouvernement travaille à l'élaboration d'une nouvelle politique en matière
d'immigration, de diversité et d'inclusion. Des investissements de
22,5 millions de dollars sont prévus au cours des trois prochaines années
pour la mise en oeuvre de cette stratégie qui sera présentée prochainement par
ma collègue la ministre de l'Immigration, de la Diversité et de l'Inclusion.
Le plan
économique prévoit des initiatives totalisant 406 millions de dollars au cours
des cinq prochaines années pour
stimuler les investissements privés dans plusieurs secteurs de l'économie
québécoise. Le gouvernement investira 160 millions
de dollars au cours des prochaines années pour notamment mettre en place le
nouveau congé fiscal bonifié pour les
grands projets d'investissement, implanter la Stratégie québécoise de
développement de l'aluminium, réaliser un nouveau plan d'action
gouvernemental en économie sociale et appuyer le secteur de l'aérospatial et
pharmaceutique.
De plus, nous
dévoilerons d'ici quelques semaines notre stratégie maritime, impliquant des
investissements de plus de
1,5 milliard de dollars d'ici 2020. J'ai bien dit, M. le Président, des
investissements de 1,5 milliard de dollars, qui vont bénéficier à
toutes les régions du Québec.
La Société du
Plan Nord est entrée officiellement en fonction le 1er avril. Le
gouvernement a d'ailleurs rendu publics,
début avril, les détails de développement du Plan Nord. Les interventions
réalisées sur le territoire du Plan Nord totaliseront 2 milliards de dollars d'ici 2020. Encore une fois, je
répète : 2 milliards de dollars d'ici 2020. À ces sommes s'ajouteront des
investissements considérables provenant du secteur privé. Dans la même veine,
le gouvernement prévoit également des mesures concernant la mise en
valeur des ressources naturelles, notamment les mines et les forêts.
Le plan
économique contient aussi un volet social important. Des mesures totalisant
plus de 300 millions de dollars sont ainsi prévues au cours des
cinq prochaines années. Le plan économique prévoit des investissements
totalisant 284 millions pour améliorer
les conditions de logement des plus démunis. Ces investissements permettront de
construire 1 500 nouveaux
logements sociaux dans le cadre du programme AccèsLogis, mais également l'ajout
de 5 800 nouvelles unités d'ici 2019‑2020 dans le cadre du
Programme de supplément au loyer. Avec ces nouveaux montants, ce sont
7 300 familles de plus qui auront accès à un logement abordable, dont
1 000 familles additionnelles dès cette année.
Dans un autre registre, le gouvernement donne
également suite à un engagement pris à l'occasion du budget 2014‑2015 en annonçant l'instauration, dès le
1er janvier 2016, d'un nouveau programme d'aide aux aînés pour le paiement
de taxes municipales. De plus, des crédits
additionnels de 4,4 millions de dollars seront dédiés au financement du
plan d'action pour lutter contre
l'intimidation, qui sera déposé prochainement. Ce plan découle directement du
forum tenu en septembre dernier et est le fruit de l'engagement
personnel du premier ministre.
Enfin, M. le Président, le gouvernement entend
également accompagner la Fondation du Dr Julien dans le développement de son réseau de pédiatrie sociale en
communauté, un autre engagement que nous respectons. La contribution gouvernementale sera de
22 millions de dollars au cours des cinq prochaines années et pourrait
atteindre 60 millions à terme. L'objectif est que, d'ici 2020, les
soins de pédiatrie sociale en communauté soient accessibles à 20 000
enfants vulnérables.
En conclusion, M. le Président, voilà ce qui
résume le plan économique qui, j'en suis convaincu, ramènera le Québec sur la voie de la prospérité. Je tiens à
remercier de nouveau tous mes collègues qui ont pris part au débat. Même
si nos visions diffèrent parfois sur les
moyens, je crois que nous partageons tous le même objectif de faire avancer le
Québec. Nous avons travaillé avec
rigueur et détermination au cours de la dernière année pour ramener l'équilibre
budgétaire et installer un climat
propice au développement économique. Je souhaite maintenant avoir l'appui de
tous les députés pour aller de
l'avant et mettre en oeuvre le plan qui permettra de donner un nouvel élan au
Québec. Merci, M. le Président.
• (16 h 20) •
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le
ministre des Finances, pour cette réplique. Elle met d'ailleurs fin au débat sur le discours sur le budget.
Décision de la
présidence sur la recevabilité
des motions formulant un grief
Je vous
informe que les motions formulant un grief présentées dans le cadre de ce débat
sont toutes recevables, sauf celle
présentée par la députée de Vachon, qui contient de l'argumentation. En effet, s'il
est permis d'indiquer des motifs dans
une motion de grief, l'argumentation, elle, n'est pas permise. La jurisprudence
parlementaire a expliqué par le passé
qu'on entend par argumentation tout ce qui tend à appuyer la conclusion
recherchée dans la motion. Or, la présidence a déjà déclaré irrecevable une
motion dont le libellé était très similaire dans une décision rendue le
11 juin 2003. Elle avait alors
indiqué que «les mots "imposant ainsi un recul de 30 ans aux Québécoises"
[apparaissaient] clairement comme de l'argumentation».
Par conséquent, dans le cas présent,
les mots «mettant ainsi à risque sa cote de crédit» doivent également
être considérés comme de l'argumentation.
Nouvelle motion formulant
un
grief de la députée de Vachon
Maintenant, comme la présidence le fait
habituellement en pareil cas, je vous demande s'il y a consentement pour substituer à la motion présentée par Mme la
députée de Vachon une nouvelle motion conforme au règlement, qui se
lirait comme suit :
«Que
l'Assemblée nationale blâme sévèrement le gouvernement libéral pour avoir mis à
risque sa cote de crédit en
présentant un budget confirmant l'ingérence du gouvernement dans la gestion de
la Caisse de dépôt et placement du Québec.»
Ai-je un consentement? Consentement.
Mise aux voix des
motions formulant un grief
Conformément
à l'article 277 du règlement, nous allons maintenant procéder aux votes
sur les motions formulant un grief
présentées à l'occasion du débat sur le discours sur le budget et sur la motion
du ministre des Finances proposant que
l'Assemblée approuve la politique budgétaire du gouvernement. Alors,
sommes-nous prêts à voter? Mme la leader adjointe du gouvernement.
Mme Vallée : Vote par appel
nominal.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Alors, c'est un vote par appel nominal. Qu'on appelle les députés.
• (16 h 22 — 16
h 37) •
>1423 Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, nous allons mettre maintenant aux voix la motion formulant un grief
présentée par M. le député de Rousseau. Cette motion se lit comme suit :
«Que
l'Assemblée nationale blâme sévèrement le gouvernement libéral pour avoir
présenté un budget sans avoir pris en compte les conséquences qu'il
aurait sur la population québécoise.»
Que les députés en faveur de cette motion
veuillent bien se lever.
La Secrétaire
adjointe : M. Bédard (Chicoutimi), Mme Maltais (Taschereau), M.
Marceau (Rousseau), Mme Hivon (Joliette), M. Bérubé (Matane-Matapédia), Mme
Léger (Pointe-aux-Trembles), Mme Lamarre (Taillon), M. LeBel (Rimouski), M. Lelièvre (Gaspé), M. Kotto (Bourget), M.
Gaudreault (Jonquière), M. Therrien (Sanguinet), M. Dufour
(René-Lévesque), M. Lisée (Rosemont), M. Traversy (Terrebonne), M. Cousineau
(Bertrand), M. Rochon (Richelieu), M.
Leclair (Beauharnois), M. Villeneuve (Berthier), M. Turcotte (Saint-Jean), M.
Pagé (Labelle), Mme Richard (Duplessis), M. Roy (Bonaventure).
M. Legault
(L'Assomption), M. Bonnardel (Granby), M. Caire (La Peltrie), M. Charette
(Deux-Montagnes), M. Martel
(Nicolet-Bécancour), Mme Roy (Montarville), Mme Samson (Iberville), M. Roberge
(Chambly), M. Laframboise (Blainville), M. Schneeberger (Drummond—Bois-Francs),
Mme D'Amours (Mirabel), Mme Lavallée (Repentigny), M. Jolin-Barrette (Borduas),
M. Surprenant (Groulx), Mme Soucy (Saint-Hyacinthe), M. Paradis (Lévis), M.
Picard (Chutes-de-la-Chaudière), Mme Roy (Arthabaska), M. Lemay (Masson).
Mme David (Gouin),
M. Khadir (Mercier), Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques).
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Que les députés contre cette motion veuillent bien se
lever.
La Secrétaire
adjointe : M. Couillard (Roberval), M. Fournier (Saint-Laurent), Mme
Thériault (Anjou—Louis-Riel),
M. Paradis (Brome-Missisquoi), M. Hamad (Louis-Hébert), M. Dutil (Beauce-Sud),
M. Leitão (Robert-Baldwin), M. Coiteux
(Nelligan), M. Moreau (Châteauguay), Mme David (Outremont), M. Poëti
(Marguerite-Bourgeoys), M. D'Amour
(Rivière-du-Loup—Témiscouata),
M. Huot (Vanier-Les Rivières), M. Kelley (Jacques-Cartier), Mme Vien
(Bellechasse), M. Lessard
(Lotbinière-Frontenac), M. Barrette (La Pinière), M. Blanchette
(Rouyn-Noranda—Témiscamingue),
M. Heurtel (Viau), M. Arcand (Mont-Royal), Mme Charbonneau (Mille-Îles), M.
Daoust (Verdun), Mme Weil (Notre-Dame-de-Grâce), Mme Vallée (Gatineau), M.
Billette (Huntingdon), M. Blais (Charlesbourg), Mme St-Pierre (Acadie), M. Reid (Orford), Mme Boulet (Laviolette),
Mme Vallières (Richmond), M. Morin (Côte-du-Sud), M. Bernier
(Montmorency), M. Ouellette (Chomedey), Mme Charlebois (Soulanges), Mme Ménard
(Laporte), M. Sklavounos (Laurier-Dorion),
M. Girard (Trois-Rivières), Mme Blais (Saint-Henri—Sainte-Anne), Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger), M.
Carrière (Chapleau), M. Drolet (Jean-Lesage), M. Chevarie
(Îles-de-la-Madeleine), M. Matte (Portneuf), M. Tanguay (LaFontaine), M. Bolduc (Mégantic), Mme
de Santis (Bourassa-Sauvé), M. Iracà (Papineau), M. Ouimet (Fabre), M.
Fortin (Sherbrooke), M. Fortin
(Pontiac), M. Bourgeois (Abitibi-Est), M. Boucher (Ungava), M. Birnbaum
(D'Arcy-McGee), M. Auger (Champlain),
M. Giguère (Saint-Maurice), M. Habel (Sainte-Rose), M. Hardy (Saint-François),
M. Merlini (La Prairie), Mme
Montpetit (Crémazie), Mme Nichols (Vaudreuil), M. Plante (Maskinongé), M. Polo
(Laval-des-Rapides), Mme Simard (Charlevoix—Côte-de-Beaupré), M. St-Denis
(Argenteuil).
• (16 h 40) •
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Y a-t-il des abstentions? Il n'y en a pas.
M. le secrétaire
général, pour le résultat.
Le
Secrétaire : Pour : 45
Contre : 64
Abstentions :
0
Le Vice-Président (M. Gendron) : La
motion est rejetée.
Je mets maintenant
aux voix la motion formulant un grief présentée par M. le député de Granby. Cette motion se lit comme suit :
«Que l'Assemblée
nationale blâme sévèrement le gouvernement libéral pour son manque d'ambition économique et pour avoir brisé sa
promesse électorale de créer 250 000 emplois pendant la durée du
présent mandat.»
Que les députés en faveur de cette motion
veuillent bien se lever.
La Secrétaire
adjointe : M. Legault...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Un instant! Un instant! M. le leader du gouvernement.
M. Fournier :
...peux vous suggérer de demander le consentement pour que nous inscrivions le
même vote, M. le Président?
Le Vice-Président (M. Gendron) : C'est une bonne idée, et, s'il y a consentement,
il n'y a pas de problème à le faire. Alors, y a-t-il consentement?
Des voix :
...
Le Vice-Président (M. Gendron) : Il y a consentement. Alors, il y a consentement,
donc il n'y aura pas de vote, mais la motion est rejetée puisque c'est
le même vote.
Des
voix : ...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Oui, oui. Oui. Alors, il faut... Oui, il faut qu'il
annonce le résultat pour le procès-verbal. Alors, M. le secrétaire général,
veuillez nous indiquer à nouveau le résultat.
Le
Secrétaire : Pour : 45
Contre : 64
Abstentions :
0
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Merci. M. le secrétaire général.
Je poursuis... s'il
vous plaît, je veux avoir votre attention. Je mets maintenant aux voix la
motion formulant le grief présenté par M. le député de La Peltrie. Cette
motion se lit comme suit :
«Que l'Assemblée nationale blâme sévèrement le gouvernement
libéral pour ne pas avoir de plan afin de combler le déficit anticipé
causé par l'écart à résorber de 853 millions de dollars aux dépenses de
programmes.»
Que les députés en
faveur... Mais ça doit être la même demande?
M. Fournier : ...pas toujours la même
demande, mais, dans ce cas-ci, je pense que je peux solliciter le consentement
pour que nous procédions au même vote... Ah! mais pas nécessairement.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Un instant. Il vous appartiendra, effectivement,
à chaque fois, de mettre les nuances
parce que vous êtes le leader du gouvernement. Là, ce que j'ai vu, c'est qu'il
n'y a pas consentement, donc nous allons devoir voter.
Que les députés en
faveur de cette motion veuillent bien se lever.
La Secrétaire adjointe : M. Legault
(L'Assomption), M. Bonnardel (Granby), M. Caire (La Peltrie), M. Charette
(Deux-Montagnes), M. Martel (Nicolet-Bécancour), Mme Roy (Montarville), Mme
Samson (Iberville), M. Roberge (Chambly), M. Laframboise (Blainville), M.
Schneeberger (Drummond—Bois-Francs),
Mme D'Amours (Mirabel), Mme Lavallée (Repentigny), M. Jolin-Barrette (Borduas),
M. Surprenant (Groulx), Mme Soucy (Saint-Hyacinthe), M. Paradis (Lévis), M.
Picard (Chutes-de-la-Chaudière), Mme Roy (Arthabaska), M. Lemay (Masson).
M. Bédard (Chicoutimi), Mme Maltais (Taschereau), M. Marceau
(Rousseau), Mme Hivon (Joliette), M. Bérubé (Matane-Matapédia), Mme Léger (Pointe-aux-Trembles), Mme Lamarre
(Taillon), M. LeBel (Rimouski), M. Lelièvre (Gaspé), M. Kotto (Bourget), M. Gaudreault (Jonquière), M. Therrien
(Sanguinet), M. Dufour (René-Lévesque), M. Lisée (Rosemont), M. Traversy
(Terrebonne), M. Cousineau (Bertrand), M. Rochon (Richelieu), M. Leclair
(Beauharnois), M. Villeneuve (Berthier), M.
Turcotte (Saint-Jean), M. Pagé (Labelle), Mme Richard (Duplessis), M. Roy
(Bonaventure).
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Que les députés contre cette motion veuillent bien se
lever.
La Secrétaire
adjointe : M. Couillard (Roberval), M. Fournier (Saint-Laurent), Mme
Thériault (Anjou—Louis-Riel),
M. Paradis (Brome-Missisquoi), M. Hamad (Louis-Hébert), M. Dutil (Beauce-Sud),
M. Leitão (Robert-Baldwin), M. Coiteux
(Nelligan), M. Moreau (Châteauguay), Mme David (Outremont), M. Poëti
(Marguerite-Bourgeoys), M. D'Amour
(Rivière-du-Loup—Témiscouata),
M. Huot (Vanier-Les Rivières), M. Kelley (Jacques-Cartier), Mme Vien
(Bellechasse), M. Lessard
(Lotbinière-Frontenac), M. Barrette (La Pinière), M. Blanchette
(Rouyn-Noranda—Témiscamingue),
M. Heurtel (Viau), M. Arcand (Mont-Royal), Mme Charbonneau (Mille-Îles), M.
Daoust (Verdun), Mme Weil (Notre-Dame-de-Grâce), Mme Vallée (Gatineau), M.
Billette (Huntingdon), M. Blais (Charlesbourg), Mme St-Pierre (Acadie), M. Reid (Orford), Mme Boulet
(Laviolette), Mme Vallières (Richmond), M. Morin (Côte-du-Sud), M. Bernier
(Montmorency), M. Ouellette (Chomedey), Mme Charlebois (Soulanges), Mme Ménard
(Laporte), M. Sklavounos (Laurier-Dorion),
M. Girard (Trois-Rivières), Mme Blais (Saint-Henri—Sainte-Anne), Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger), M.
Carrière (Chapleau), M. Drolet (Jean-Lesage), M. Chevarie
(Îles-de-la-Madeleine), M. Matte (Portneuf), M. Tanguay (LaFontaine), M. Bolduc (Mégantic), Mme
de Santis (Bourassa-Sauvé), M. Iracà (Papineau), M. Ouimet (Fabre), M.
Fortin (Sherbrooke), M. Fortin
(Pontiac), M. Bourgeois (Abitibi-Est), M. Boucher (Ungava), M. Birnbaum
(D'Arcy-McGee), M. Auger (Champlain),
M. Giguère (Saint-Maurice), M. Habel (Sainte-Rose), M. Hardy (Saint-François),
M. Merlini (La Prairie), Mme
Montpetit (Crémazie), Mme Nichols (Vaudreuil), M. Plante (Maskinongé), M. Polo
(Laval-des-Rapides), Mme Simard (Charlevoix—Côte-de-Beaupré), M. St-Denis
(Argenteuil).
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Y a-t-il des abstentions?
M. le secrétaire... Woups!
La Secrétaire adjointe : Mme David
(Gouin), M. Khadir (Mercier), Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques).
Le Vice-Président (M. Gendron) : M. le secrétaire général... Un instant. M. le
secrétaire général pour le résultat du vote.
Le
Secrétaire : Pour : 42
Contre : 64
Abstentions :
3
Le Vice-Président (M.
Gendron) : Alors, la motion est rejetée.
Nous poursuivons. Je mets maintenant aux voix la
motion formulant un grief présenté par Mme la députée de Gouin. Cette motion se
lit comme suit :
«Que
l'Assemblée nationale du Québec blâme sévèrement le gouvernement libéral pour
son budget 2015‑2016 qui met en péril les services publics par des
compressions budgétaires historiques dans les réseaux de la santé et de l'éducation, qui contribuera à dégrader la qualité
de ces services publics offerts à la population du Québec et qui programme
l'appauvrissement des
530 000 employé-e-s y oeuvrant en enlevant toute marge de manoeuvre
au président du Conseil du trésor
pour négocier de bonne foi les conditions de travail des travailleuses et des
travailleurs des secteurs public et parapublic.»
Alors, que les députés en faveur de cette motion
veuillent bien se lever.
La Secrétaire
adjointe : Mme David (Gouin).
M. Bédard (Chicoutimi), Mme Maltais (Taschereau), M. Marceau
(Rousseau), Mme Hivon (Joliette), M. Bérubé (Matane-Matapédia), Mme Léger (Pointe-aux-Trembles), Mme Lamarre
(Taillon), M. LeBel (Rimouski), M. Lelièvre (Gaspé), M. Kotto (Bourget), M. Gaudreault (Jonquière), M. Therrien
(Sanguinet), M. Dufour (René-Lévesque), M. Lisée (Rosemont), M. Traversy
(Terrebonne), M. Cousineau (Bertrand), M. Rochon (Richelieu), M. Leclair
(Beauharnois), M. Villeneuve (Berthier), M.
Turcotte (Saint-Jean), M. Pagé (Labelle), Mme Richard (Duplessis), M. Roy
(Bonaventure).
M. Khadir (Mercier),
Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques).
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Que les députés contre cette motion veuillent bien se
lever.
La Secrétaire
adjointe : M. Couillard (Roberval), M. Fournier
(Saint-Laurent), Mme Thériault (Anjou—Louis-Riel), M. Paradis (Brome-Missisquoi), M.
Hamad (Louis-Hébert), M. Dutil (Beauce-Sud), M. Leitão (Robert-Baldwin), M. Coiteux (Nelligan), M. Moreau
(Châteauguay), Mme David (Outremont), M. Poëti (Marguerite-Bourgeoys), M. D'Amour (Rivière-du-Loup—Témiscouata), M. Huot (Vanier-Les Rivières),
M. Kelley (Jacques-Cartier), Mme Vien (Bellechasse),
M. Lessard (Lotbinière-Frontenac), M. Barrette (La Pinière), M. Blanchette
(Rouyn-Noranda—Témiscamingue),
M. Heurtel (Viau), M. Arcand (Mont-Royal), Mme Charbonneau (Mille-Îles), M.
Daoust (Verdun), Mme Weil (Notre-Dame-de-Grâce), Mme Vallée (Gatineau), M.
Billette (Huntingdon), M. Blais (Charlesbourg), Mme St-Pierre (Acadie), M. Reid (Orford), Mme Boulet (Laviolette),
Mme Vallières (Richmond), M. Morin (Côte-du-Sud), M. Bernier
(Montmorency), M. Ouellette (Chomedey), Mme Charlebois (Soulanges), Mme Ménard
(Laporte), M. Sklavounos (Laurier-Dorion),
M. Girard (Trois-Rivières), Mme Blais (Saint-Henri—Sainte-Anne), Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger), M.
Carrière (Chapleau), M. Drolet (Jean-Lesage), M. Chevarie
(Îles-de-la-Madeleine), M. Matte (Portneuf), M. Tanguay (LaFontaine), M. Bolduc (Mégantic), Mme
de Santis (Bourassa-Sauvé), M. Iracà (Papineau), M. Ouimet (Fabre), M.
Fortin (Sherbrooke), M. Fortin
(Pontiac), M. Bourgeois (Abitibi-Est), M. Boucher (Ungava), M. Birnbaum
(D'Arcy-McGee), M. Auger (Champlain),
M. Giguère (Saint-Maurice), M. Habel (Sainte-Rose), M. Hardy (Saint-François),
M. Merlini (La Prairie), Mme
Montpetit (Crémazie), Mme Nichols (Vaudreuil), M. Plante (Maskinongé), M. Polo
(Laval-des-Rapides), Mme Simard (Charlevoix—Côte-de-Beaupré), M. St-Denis
(Argenteuil).
M. Legault
(L'Assomption), M. Bonnardel (Granby), M. Caire (La Peltrie), M. Charette (Deux-Montagnes),
M. Martel (Nicolet-Bécancour), Mme Roy
(Montarville), Mme Samson (Iberville), M. Roberge (Chambly), M. Laframboise
(Blainville), M. Schneeberger (Drummond—Bois-Francs), Mme D'Amours
(Mirabel), Mme Lavallée (Repentigny), M. Jolin-Barrette (Borduas), M.
Surprenant (Groulx), Mme Soucy (Saint-Hyacinthe), M. Paradis (Lévis), M. Picard
(Chutes-de-la-Chaudière), Mme Roy (Arthabaska), M. Lemay (Masson).
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Y a-t-il des abstentions? M. le secrétaire général pour
le résultat.
Le
Secrétaire : Pour : 26
Contre : 83
Abstentions :
0
Le Vice-Président (M. Gendron) : La
motion est rejetée.
Je mets maintenant
aux voix la motion formulant un grief présenté par M. le député de Marie-Victorin. Cette motion se lit comme suit :
«Que l'Assemblée nationale blâme sévèrement le gouvernement libéral pour avoir présenté un budget démontrant que le Plan Nord n'est
qu'un plan sans aucun investissement substantiel [de] prévu.»
Que les députés en faveur de cette motion
veuillent bien se lever.
• (16 h 50) •
La Secrétaire
adjointe : M. Bédard (Chicoutimi), Mme Maltais (Taschereau), M.
Marceau (Rousseau), Mme Hivon (Joliette), M. Bérubé (Matane-Matapédia), Mme
Léger (Pointe-aux-Trembles), Mme Lamarre (Taillon), M. LeBel (Rimouski), M. Lelièvre (Gaspé), M. Kotto (Bourget), M.
Gaudreault (Jonquière), M. Therrien (Sanguinet), M. Dufour
(René-Lévesque), M. Lisée (Rosemont), M. Traversy (Terrebonne), M. Cousineau
(Bertrand), M. Rochon (Richelieu), M.
Leclair (Beauharnois), M. Villeneuve (Berthier), M. Turcotte (Saint-Jean), M.
Pagé (Labelle), Mme Richard (Duplessis), M. Roy (Bonaventure).
M. Legault
(L'Assomption), M. Bonnardel (Granby), M. Caire (La Peltrie), M. Charette
(Deux-Montagnes), M. Martel
(Nicolet-Bécancour), Mme Roy (Montarville), Mme Samson (Iberville), M. Roberge
(Chambly), M. Laframboise (Blainville), M. Schneeberger (Drummond—Bois-Francs),
Mme D'Amours (Mirabel), Mme Lavallée (Repentigny), M.
Jolin-Barrette (Borduas), M. Surprenant (Groulx), Mme Soucy (Saint-Hyacinthe),
M. Paradis (Lévis), M. Picard (Chutes-de-la-Chaudière), Mme Roy (Arthabaska),
M. Lemay (Masson).
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Que les députés contre cette motion veuillent bien se
lever.
La Secrétaire
adjointe : M. Couillard (Roberval), M. Fournier
(Saint-Laurent), Mme Thériault (Anjou—Louis-Riel), M. Paradis (Brome-Missisquoi), M.
Hamad (Louis-Hébert), M. Dutil (Beauce-Sud), M. Leitão (Robert-Baldwin), M. Coiteux (Nelligan), M. Moreau
(Châteauguay), Mme David (Outremont), M. Poëti (Marguerite-Bourgeoys), M. D'Amour (Rivière-du-Loup—Témiscouata), M. Huot (Vanier-Les Rivières), M.
Kelley (Jacques-Cartier), Mme Vien (Bellechasse),
M. Lessard (Lotbinière-Frontenac), M. Barrette (La Pinière), M. Blanchette
(Rouyn-Noranda—Témiscamingue),
M. Heurtel (Viau), M. Arcand (Mont-Royal), Mme Charbonneau (Mille-Îles), M.
Daoust (Verdun), Mme Weil (Notre-Dame-de-Grâce), Mme Vallée (Gatineau), M.
Billette (Huntingdon), M. Blais (Charlesbourg), Mme St-Pierre (Acadie), M. Reid (Orford), Mme Boulet
(Laviolette), Mme Vallières (Richmond), M. Morin (Côte-du-Sud), M. Bernier
(Montmorency), M. Ouellette (Chomedey), Mme Charlebois (Soulanges), Mme Ménard
(Laporte), M. Sklavounos (Laurier-Dorion),
M. Girard (Trois-Rivières), Mme Blais (Saint-Henri—Sainte-Anne), Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger), M.
Carrière (Chapleau), M. Drolet (Jean-Lesage), M. Chevarie
(Îles-de-la-Madeleine), M. Matte (Portneuf), M. Tanguay (LaFontaine), M. Bolduc (Mégantic), Mme de Santis
(Bourassa-Sauvé), M. Iracà (Papineau), M. Ouimet (Fabre), M. Fortin (Sherbrooke), M. Fortin (Pontiac), M. Bourgeois
(Abitibi-Est), M. Boucher (Ungava), M. Birnbaum (D'Arcy-McGee), M. Auger (Champlain), M. Giguère (Saint-Maurice),
M. Habel (Sainte-Rose), M. Hardy (Saint-François), M. Merlini (La Prairie), Mme Montpetit (Crémazie), Mme
Nichols (Vaudreuil), M. Plante (Maskinongé), M. Polo (Laval-des-Rapides),
Mme Simard (Charlevoix—Côte-de-Beaupré),
M. St-Denis (Argenteuil).
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Y a-t-il des abstentions?
La Secrétaire adjointe : Mme David
(Gouin), M. Khadir (Mercier), Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques).
Le Vice-Président
(M. Gendron) : M. le secrétaire général, pour le résultat du vote.
Le
Secrétaire : Pour : 42
Contre : 64
Abstentions :
3
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Alors, la motion est rejetée.
Je mets maintenant aux voix la motion formulant un grief
présentée par M. le député de Terrebonne. Cette motion se lit comme
suit :
«Que l'Assemblée nationale blâme sévèrement le gouvernement
libéral pour avoir présenté un budget qui continue le saccage de la
politique familiale du Québec.»
Que les députés en
faveur de cette motion veuillent bien se lever.
La Secrétaire
adjointe : M. Bédard (Chicoutimi), Mme Maltais (Taschereau), M.
Marceau (Rousseau), Mme Hivon (Joliette), M. Bérubé (Matane-Matapédia), Mme
Léger (Pointe-aux-Trembles), Mme Lamarre (Taillon), M. LeBel (Rimouski), M. Lelièvre (Gaspé), M. Kotto (Bourget), M.
Gaudreault (Jonquière), M. Therrien (Sanguinet), M. Dufour
(René-Lévesque), M. Lisée (Rosemont), M. Traversy (Terrebonne), M. Cousineau
(Bertrand), M. Rochon (Richelieu), M.
Leclair (Beauharnois), M. Villeneuve (Berthier), M. Turcotte (Saint-Jean), M.
Pagé (Labelle), Mme Richard (Duplessis), M. Roy (Bonaventure).
M. Legault
(L'Assomption), M. Bonnardel (Granby), M. Caire (La Peltrie), M. Charette
(Deux-Montagnes), M. Martel
(Nicolet-Bécancour), Mme Roy (Montarville), Mme Samson (Iberville), M. Roberge
(Chambly), M. Laframboise (Blainville), M. Schneeberger (Drummond—Bois-Francs),
Mme D'Amours (Mirabel), Mme Lavallée (Repentigny), M. Jolin-Barrette (Borduas),
M. Surprenant (Groulx), Mme Soucy (Saint-Hyacinthe), M. Paradis (Lévis), M.
Picard (Chutes-de-la-Chaudière), Mme Roy (Arthabaska), M. Lemay (Masson).
Mme David (Gouin),
M. Khadir (Mercier), Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques).
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Que les députés contre cette motion veuillent bien se
lever.
La Secrétaire
adjointe : M. Couillard (Roberval), M. Fournier
(Saint-Laurent), Mme Thériault (Anjou—Louis-Riel), M. Paradis (Brome-Missisquoi), M.
Hamad (Louis-Hébert), M. Dutil (Beauce-Sud), M. Leitão (Robert-Baldwin), M. Coiteux (Nelligan), M. Moreau
(Châteauguay), Mme David (Outremont), M. Poëti (Marguerite-Bourgeoys), M. D'Amour (Rivière-du-Loup—Témiscouata), M. Huot (Vanier-Les Rivières),
M. Kelley (Jacques-Cartier), Mme Vien (Bellechasse),
M. Lessard (Lotbinière-Frontenac), M. Barrette (La Pinière), M. Blanchette
(Rouyn-Noranda—Témiscamingue),
M. Heurtel (Viau), M. Arcand (Mont-Royal), Mme Charbonneau (Mille-Îles), M.
Daoust (Verdun), Mme Weil (Notre-Dame-de-Grâce), Mme Vallée (Gatineau), M.
Billette (Huntingdon), M. Blais (Charlesbourg), Mme St-Pierre (Acadie), M. Reid (Orford), Mme Boulet
(Laviolette), Mme Vallières (Richmond), M. Morin (Côte-du-Sud), M. Bernier
(Montmorency), M. Ouellette (Chomedey), Mme Charlebois (Soulanges), Mme Ménard
(Laporte), M. Sklavounos (Laurier-Dorion),
M. Girard (Trois-Rivières), Mme Blais (Saint-Henri—Sainte-Anne), Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger), M. Carrière (Chapleau), M. Drolet (Jean-Lesage),
M. Chevarie (Îles-de-la-Madeleine), M. Matte (Portneuf), M. Tanguay (LaFontaine), M. Bolduc (Mégantic), Mme
de Santis (Bourassa-Sauvé), M. Iracà (Papineau), M. Ouimet (Fabre), M.
Fortin (Sherbrooke), M. Fortin
(Pontiac), M. Bourgeois (Abitibi-Est), M. Boucher (Ungava), M. Birnbaum
(D'Arcy-McGee), M. Auger (Champlain),
M. Giguère (Saint-Maurice), M. Habel (Sainte-Rose), M. Hardy (Saint-François),
M. Merlini (La Prairie), Mme
Montpetit (Crémazie), Mme Nichols (Vaudreuil), M. Plante (Maskinongé), M. Polo
(Laval-des-Rapides), Mme Simard (Charlevoix—Côte-de-Beaupré), M. St-Denis
(Argenteuil).
Le Vice-Président (M. Gendron) : Y a-t-il des abstentions? M. le secrétaire
général, pour le résultat du vote.
Le
Secrétaire : Pour : 45
Contre : 64
Abstentions :
0
Le Vice-Président
(M. Gendron) : La motion est rejetée.
Je
mets maintenant aux voix la motion formulant un grief présentée par M. le
député de Lévis. Cette motion se lit comme suit :
«Que
l'Assemblée nationale blâme sévèrement le gouvernement libéral pour une autre
promesse électorale brisée concernant l'abolition complète de la taxe
santé au cours du présent mandat.»
Que les députés en
faveur de... Oui, M. le leader du gouvernement?
M.
Fournier : ...pouvoir tenter ma chance, M. le Président, en
vérifiant s'il y a un consentement pour inscrire le même vote.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Y a-t-il consentement pour inscrire le même vote? Il y
a consentement. M. le secrétaire général, pour le résultat.
Le Secrétaire :
Pour : 45
Contre : 64
Abstentions :
0
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Donc, la motion est rejetée.
Je
mets maintenant aux voix la motion formulant un grief présentée
par M. le député de Jonquière. Cette motion se lit comme suit :
«Que
l'Assemblée nationale blâme sévèrement le gouvernement libéral pour avoir présenté un budget qui coupe
de 7,5 % le financement du ministère du Développement durable, de
l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques pour
2015‑2016.»
Que les députés...
Oui, M. le leader du gouvernement.
M. Fournier :
...le même vote, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Y a-t-il consentement pour enregistrer le même
vote? Il y a consentement. Merci. M. le secrétaire général, pour le
résultat.
Le Secrétaire :
Pour : 45
Contre : 64
Abstentions :
0
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Cette motion est rejetée.
Je
mets maintenant aux voix la motion formulant un grief présentée par Mme la
députée de Vachon. Cette motion se lit comme suit :
«Que
l'Assemblée nationale blâme sévèrement le gouvernement libéral pour avoir mis à
risque sa cote de crédit en
présentant un budget confirmant l'ingérence du gouvernement dans la gestion de
la Caisse de dépôt et placement du Québec.»
M. Fournier :
Le même vote.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : M. le leader du gouvernement.
M. Fournier :
Oui, le même vote, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, est-ce qu'il y a consentement pour le même
vote? Il y a consentement. M. le secrétaire général, pour le résultat.
Le
Secrétaire : Pour : 45
Contre : 64
Abstentions :
0
Le Vice-Président
(M. Gendron) : La motion est rejetée.
Je
mets maintenant aux voix la motion formulant un grief présentée par M. la
députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Cette motion se lit comme suit :
«Que
l'Assemblée nationale du Québec blâme sévèrement le gouvernement libéral pour
ses politiques d'austérité budgétaire
qui freineront l'économie de toutes les régions du Québec, ne soutiendront pas
les secteurs d'avenir, maintiendront l'économie du Québec dans un vieux
modèle et empêcheront la transition vers une économie digne du 21e siècle
plus respectueuse de l'environnement et des principes du développement
durable.»
M. Fournier :
Le même vote, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, monsieur... Est-ce qu'il y a consentement
pour enregistrer le même vote? Il y a consentement. Merci. M. le
secrétaire général, pour le résultat.
Le Secrétaire :
Pour : 45
Contre : 64
Abstentions :
0
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Cette motion est rejetée.
Je
mets maintenant aux voix la motion formulant un grief présentée par M. le
député de Groulx. Cette motion se lit comme suit :
«Que
l'Assemblée nationale blâme sévèrement le gouvernement libéral pour une autre
promesse électorale brisée concernant
la pseudo-stratégie maritime farfelue sans véritable stratégie et très loin de
ce qui avait été promis à la population lors de la dernière campagne
électorale.»
M. Fournier :
Le même vote, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : ...demander... Est-ce qu'il...
Des voix :
...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Un instant, là, juste une minute! M. le député de
Mercier...
M. Khadir :
Je propose qu'on inscrive le même vote que sur la motion du député de
Marie-Victorin, où Québec solidaire s'abstenait.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Tout le monde a saisi cette nuance?
Des voix :
...
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, il y a consentement? Il y a consentement.
M. le secrétaire général, pour le résultat.
Le Secrétaire :
Pour : 42
Contre : 64
Abstentions :
3
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Cette motion est rejetée.
Je
mets maintenant aux voix la motion formulant un grief présentée
par M. le député de Saint-Jean. Cette motion se lit comme suit :
«Que
l'Assemblée nationale blâme sévèrement le gouvernement libéral pour avoir présenté un budget confirmant
le désintérêt de ce gouvernement vis-à-vis la jeunesse québécoise.»
M.
Fournier : J'imagine
que le consentement sur celle-ci serait d'inscrire le même
vote que celui de la motion de la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques?
Absolument, j'ai bien lu.
Des voix :
...
Le Vice-Président (M. Gendron) : S'il
vous plaît! S'il vous plaît! Est-ce qu'il y a consentement de l'ensemble des parlementaires? Il y a consentement.
M. le secrétaire général, pour le résultat.
Le
Secrétaire : Pour : 45
Contre : 64
Abstentions :
0
• (17 heures) •
Le Vice-Président
(M. Gendron) : La motion est rejetée.
Je
mets maintenant aux voix la motion formulant un grief présentée
par M. le député de Masson. Cette motion se lit comme suit :
«Que l'Assemblée
nationale blâme sévèrement le gouvernement libéral pour son inaction face à l'écart de richesse qui s'accroit entre
le Québec et les autres provinces et États nord-américains.»
M. Fournier :
Je vais solliciter de l'aide, M. le Président.
M. Khadir : Je sollicite le consentement pour qu'on inscrive
le même vote que sur la motion du député de Groulx.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, est-ce qu'il y a consentement pour
faire le même vote que le député de Groulx?
Alors, M. le
secrétaire général, pour le résultat.
Le
Secrétaire : Pour : 42
Contre :
64
Abstentions :
3
Le Vice-Président
(M. Gendron) : La motion est rejetée.
Des voix :
...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : S'il vous plaît! On n'a pas terminé.
Je
mets maintenant aux voix la motion formulant un grief présentée
par Mme la députée de Pointe-aux-Trembles.
Cette motion se lit comme suit :
«Que
l'Assemblée nationale blâme sévèrement le gouvernement libéral pour avoir
présenté un budget qui coupe de manière éhontée le financement en
matière d'éducation.»
M. Fournier :
J'imagine que, dans ce cas-ci, c'est comme le vote sur la motion du député de
Saint-Jean.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Y a-t-il consentement unanime de procéder ainsi?
Il y a consentement unanime. Merci. M. le secrétaire général.
Le
Secrétaire : Pour : 45
Contre :
64
Abstentions :
0
Le Vice-Président
(M. Gendron) : La motion est rejetée.
Je
mets maintenant aux voix la motion formulant un grief présentée
par Mme la députée de Taillon. Cette motion se lit comme suit :
«Que
l'Assemblée nationale blâme sévèrement le gouvernement libéral pour avoir
présenté un budget qui ne règle rien vis-à-vis le désespoir des
Québécois quant à l'accès [de] leur système de santé.»
M. Fournier :
Même vote que la précédente.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Alors, même vote que la précédente. Il y a
consentement? Merci. M. le secrétaire général.
Le
Secrétaire : Pour : 45
Contre :
64
Abstentions :
0
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Je mets maintenant aux voix la motion formulant un
grief présentée par M. le député de Rimouski. Cette motion se lit comme
suit :
«Que l'Assemblée
nationale blâme sévèrement le gouvernement libéral pour avoir présenté un budget qui coupe 26 millions de
dollars dans l'aide aux personnes et aux familles.»
M. Fournier :
Même vote que la précédente.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Y a-t-il consentement? Même vote que la précédente? Il y a
consentement. M. le secrétaire général.
Le Secrétaire : Pour : 45
Contre :
64
Abstentions :
0
Le Vice-Président (M.
Gendron) : La motion est rejetée.
Je
mets maintenant aux voix la motion formulant un grief présentée
par M. le député de Berthier. Cette motion se lit comme suit :
«Que l'Assemblée
nationale blâme sévèrement le gouvernement libéral pour avoir présenté un budget qui cumule des coupes de 151 millions
de dollars dans le financement de La Financière agricole.»
M. Fournier :
Même vote que la précédente.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Y a-t-il consentement de procéder avec le même
vote que la précédente? Oui. M. le secrétaire général.
Le
Secrétaire : Pour : 45
Contre :
64
Abstentions :
0
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Je mets maintenant aux voix la motion formulant un
grief présentée par Mme la députée d'Hochelaga-Maisonneuve. Cette motion se lit
comme suit :
«Que l'Assemblée
nationale blâme sévèrement le gouvernement libéral pour avoir présenté un
budget réduisant substantiellement le nombre d'unités de logement [de]
programme [d']Accès-Logis.»
M. Fournier :
Même vote que la précédente, s'il vous plaît.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Y a-t-il consentement pour procéder avec le même
vote? Consentement. Merci. M. le secrétaire général.
Le
Secrétaire : Pour : 45
Contre :
64
Abstentions :
0
Le Vice-Président
(M. Gendron) : La motion est rejetée.
Je mets maintenant aux voix la motion formulant un grief présentée
par M. le député de Sanguinet. Cette motion se lit comme suit :
«Que l'Assemblée
nationale blâme sévèrement le gouvernement libéral pour avoir présenté un budget
qui perpétue l'austérité libéralo-caquiste pour une nouvelle année.»
Alors,
que les députés en faveur de cette motion veuillent bien se lever.
La Secrétaire adjointe : M. Bédard (Chicoutimi), Mme Maltais (Taschereau),
M. Marceau (Rousseau), Mme Hivon (Joliette),
M. Bérubé (Matane-Matapédia), Mme Léger (Pointe-aux-Trembles), Mme Lamarre
(Taillon), M. LeBel (Rimouski), M.
Lelièvre (Gaspé), M. Kotto (Bourget), M. Gaudreault (Jonquière), M. Therrien
(Sanguinet), M. Dufour (René-Lévesque), M. Lisée (Rosemont), M. Traversy (Terrebonne), M. Cousineau (Bertrand),
M. Rochon (Richelieu), M. Leclair (Beauharnois), M. Villeneuve (Berthier), M. Turcotte (Saint-Jean), M. Pagé (Labelle),
Mme Richard (Duplessis), M. Roy (Bonaventure).
Mme
David (Gouin), M. Khadir (Mercier), Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques).
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Que les députés contre cette motion
veuillent bien se lever.
La
Secrétaire adjointe : M. Couillard (Roberval), M. Fournier
(Saint-Laurent), Mme Thériault (Anjou—Louis-Riel), M. Paradis (Brome-Missisquoi), M.
Hamad (Louis-Hébert), M. Dutil (Beauce-Sud), M. Leitão (Robert-Baldwin), M. Coiteux (Nelligan), M. Moreau
(Châteauguay), Mme David (Outremont), M. Poëti (Marguerite-Bourgeoys), M. D'Amour (Rivière-du-Loup—Témiscouata), M. Huot (Vanier-Les Rivières),
M. Kelley (Jacques-Cartier), Mme Vien (Bellechasse),
M. Lessard (Lotbinière-Frontenac), M. Barrette (La Pinière), M. Blanchette
(Rouyn-Noranda—Témiscamingue),
M. Heurtel (Viau), M. Arcand (Mont-Royal), Mme Charbonneau (Mille-Îles), M.
Daoust (Verdun), Mme Weil (Notre-Dame-de-Grâce), Mme Vallée (Gatineau), M.
Billette (Huntingdon), M. Blais (Charlesbourg), Mme St-Pierre (Acadie), M. Reid (Orford), Mme Boulet
(Laviolette), Mme Vallières (Richmond), M. Morin (Côte-du-Sud), M. Bernier
(Montmorency), M. Ouellette (Chomedey), Mme Charlebois (Soulanges), Mme Ménard
(Laporte), M. Sklavounos (Laurier-Dorion),
M. Girard (Trois-Rivières), Mme Blais (Saint-Henri—Sainte-Anne), Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger), M.
Carrière (Chapleau), M. Drolet (Jean-Lesage), M. Chevarie
(Îles-de-la-Madeleine), M. Matte (Portneuf), M. Tanguay (LaFontaine), M. Bolduc (Mégantic), Mme
de Santis (Bourassa-Sauvé), M. Iracà (Papineau), M. Ouimet (Fabre), M.
Fortin (Sherbrooke), M. Fortin
(Pontiac), M. Bourgeois (Abitibi-Est), M. Boucher (Ungava), M. Birnbaum
(D'Arcy-McGee), M. Auger (Champlain),
M. Giguère (Saint-Maurice), M. Habel (Sainte-Rose), M. Hardy (Saint-François),
M. Merlini (La Prairie), Mme
Montpetit (Crémazie), Mme Nichols (Vaudreuil), M. Plante (Maskinongé), M. Polo
(Laval-des-Rapides), Mme Simard (Charlevoix—Côte-de-Beaupré), M. St-Denis
(Argenteuil).
M. Legault (L'Assomption), M. Bonnardel
(Granby), M. Caire (La Peltrie), M. Charette (Deux-Montagnes), M. Martel (Nicolet-Bécancour), Mme Roy
(Montarville), Mme Samson (Iberville), M. Roberge (Chambly), M. Laframboise
(Blainville), M. Schneeberger (Drummond—Bois-Francs), Mme D'Amours
(Mirabel), Mme Lavallée (Repentigny), M. Jolin-Barrette (Borduas), M.
Surprenant (Groulx), Mme Soucy (Saint-Hyacinthe), M. Paradis (Lévis), M. Picard
(Chutes-de-la-Chaudière), Mme Roy (Arthabaska), M. Lemay (Masson).
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Y a-t-il des abstentions? M. le
secrétaire général pour le résultat.
Le
Secrétaire : Pour : 26
Contre :
83
Abstentions :
0
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Donc, la motion est rejetée.
Je mets maintenant aux voix la motion
formulant un grief présentée par M. le député de Mercier. Cette motion
se lit comme suit :
«Que l'Assemblée nationale du Québec
blâme sévèrement le gouvernement libéral pour son budget 2015‑2016 qui appauvrira la grande majorité des Québécoises
et des Québécois, entre autres par l'imposition de tarifs et le report de
l'abolition de la contribution santé, et
dont les orientations budgétaires privent l'État québécois des moyens
nécessaires au financement des
services publics et des programmes sociaux, en refusant notamment d'imposer une
taxe sur le capital des banques et d'instaurer des mesures vigoureuses
pour réduire le coût des médicaments.»
Que
les députés en faveur de cette motion veuillent bien se lever.
Le Secrétaire adjoint : M.
Khadir (Mercier), Mme David (Gouin), Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques).
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Que les députés en faveur de cette
motion... Maintenant, ça, c'est fait.
Que
les députés contre...
Le
Secrétaire adjoint : M. Couillard (Roberval), M. Fournier
(Saint-Laurent), Mme Thériault (Anjou—Louis-Riel), M. Paradis (Brome-Missisquoi), M.
Hamad (Louis-Hébert), M. Dutil (Beauce-Sud), M. Leitão (Robert-Baldwin), M. Coiteux (Nelligan), M. Moreau
(Châteauguay), Mme David (Outremont), M. Poëti (Marguerite-Bourgeoys), M. D'Amour (Rivière-du-Loup—Témiscouata), M. Huot (Vanier-Les Rivières),
M. Kelley (Jacques-Cartier), Mme Vien (Bellechasse),
M. Lessard (Lotbinière-Frontenac), M. Barrette (La Pinière), M. Blanchette
(Rouyn-Noranda—Témiscamingue),
M. Heurtel (Viau), M. Arcand (Mont-Royal), Mme Charbonneau (Mille-Îles), M.
Daoust (Verdun), Mme Weil (Notre-Dame-de-Grâce), Mme Vallée (Gatineau), M.
Billette (Huntingdon), M. Blais (Charlesbourg), Mme St-Pierre (Acadie), M. Reid (Orford), Mme Boulet
(Laviolette), Mme Vallières (Richmond), M. Morin (Côte-du-Sud), M. Bernier
(Montmorency), M. Ouellette (Chomedey), Mme Charlebois (Soulanges), Mme Ménard
(Laporte), M. Sklavounos (Laurier-Dorion),
M. Girard (Trois-Rivières), Mme Blais (Saint-Henri—Sainte-Anne), Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger), M.
Carrière (Chapleau), M. Drolet (Jean-Lesage), M. Chevarie
(Îles-de-la-Madeleine), M. Matte (Portneuf), M. Tanguay (LaFontaine), M. Bolduc (Mégantic), Mme
de Santis (Bourassa-Sauvé), M. Iracà (Papineau), M. Ouimet (Fabre), M.
Fortin (Sherbrooke), M. Fortin
(Pontiac), M. Bourgeois (Abitibi-Est), M. Boucher (Ungava), M. Birnbaum
(D'Arcy-McGee), M. Auger (Champlain),
M. Giguère (Saint-Maurice), M. Habel (Sainte-Rose), M. Hardy (Saint-François),
M. Merlini (La Prairie), Mme
Montpetit (Crémazie), Mme Nichols (Vaudreuil), M. Plante (Maskinongé), M. Polo
(Laval-des-Rapides), Mme Simard (Charlevoix—Côte-de-Beaupré), M. St-Denis
(Argenteuil).
M.
Legault (L'Assomption), M. Bonnardel (Granby), M. Caire (La Peltrie), M.
Charette (Deux-Montagnes), M. Martel
(Nicolet-Bécancour), Mme Roy (Montarville), Mme Samson (Iberville), M. Roberge
(Chambly), M. Laframboise (Blainville), M. Schneeberger (Drummond—Bois-Francs),
Mme D'Amours (Mirabel), Mme Lavallée (Repentigny), M. Jolin-Barrette (Borduas),
M. Surprenant (Groulx), Mme Soucy (Saint-Hyacinthe), M. Paradis (Lévis), M.
Picard (Chutes-de-la-Chaudière), Mme Roy (Arthabaska), M. Lemay (Masson).
• (17 h
10) •
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Y a-t-il des abstentions?
Le Secrétaire adjoint :
M. Bédard (Chicoutimi), Mme Maltais (Taschereau), M. Marceau (Rousseau), Mme
Hivon (Joliette), M. Bérubé (Matane-Matapédia), Mme Léger
(Pointe-aux-Trembles), Mme Lamarre (Taillon), M. LeBel (Rimouski), M. Lelièvre (Gaspé), M. Kotto (Bourget), M. Gaudreault
(Jonquière), M. Therrien (Sanguinet), M. Dufour (René-Lévesque), M. Lisée (Rosemont), M. Traversy (Terrebonne), M.
Cousineau (Bertrand), M. Rochon (Richelieu), M. Leclair (Beauharnois), M. Villeneuve (Berthier), M. Turcotte
(Saint-Jean), M. Pagé (Labelle), Mme Richard (Duplessis), M. Roy
(Bonaventure).
Le
Vice-Président (M. Gendron) : M. le secrétaire général, pour le
résultat du vote.
Le
Secrétaire : Pour : 3
Contre :
83
Abstentions :
23
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Alors, la motion est rejetée.
Des
voix : ...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Ce n'est pas terminé. S'il vous plaît!
Mise aux voix de la motion du
ministre des Finances
Je
mets maintenant aux voix la motion de M. le ministre des Finances proposant que l'Assemblée approuve la politique budgétaire du gouvernement.
Que les députés en
faveur de cette motion veuillent bien se lever.
Le
Secrétaire adjoint : M. Couillard (Roberval), M. Fournier
(Saint-Laurent), Mme Thériault (Anjou—Louis-Riel), M. Paradis (Brome-Missisquoi), M.
Hamad (Louis-Hébert), M. Dutil (Beauce-Sud), M. Leitão (Robert-Baldwin), M. Coiteux (Nelligan), M. Moreau
(Châteauguay), Mme David (Outremont), M. Poëti (Marguerite-Bourgeoys), M. D'Amour (Rivière-du-Loup—Témiscouata), M. Huot (Vanier-Les Rivières),
M. Kelley (Jacques-Cartier), Mme Vien (Bellechasse),
M. Lessard (Lotbinière-Frontenac), M. Barrette (La Pinière), M. Blanchette
(Rouyn-Noranda—Témiscamingue),
M. Heurtel (Viau), M. Arcand (Mont-Royal), Mme Charbonneau (Mille-Îles), M.
Daoust (Verdun), Mme Weil (Notre-Dame-de-Grâce), Mme Vallée (Gatineau), M.
Billette (Huntingdon), M. Blais (Charlesbourg), Mme St-Pierre (Acadie), M. Reid (Orford), Mme Boulet
(Laviolette), Mme Vallières (Richmond), M. Morin (Côte-du-Sud), M. Bernier
(Montmorency), M. Ouellette (Chomedey), Mme Charlebois (Soulanges), Mme Ménard
(Laporte), M. Sklavounos (Laurier-Dorion),
M. Girard (Trois-Rivières), Mme Blais (Saint-Henri—Sainte-Anne), Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger), M.
Carrière (Chapleau), M. Drolet (Jean-Lesage), M. Chevarie
(Îles-de-la-Madeleine), M. Matte (Portneuf), M. Tanguay (LaFontaine), M. Bolduc (Mégantic), Mme
de Santis (Bourassa-Sauvé), M. Iracà (Papineau), M. Ouimet (Fabre), M.
Fortin (Sherbrooke), M. Fortin
(Pontiac), M. Bourgeois (Abitibi-Est), M. Boucher (Ungava), M. Birnbaum
(D'Arcy-McGee), M. Auger (Champlain),
M. Giguère (Saint-Maurice), M. Habel (Sainte-Rose), M. Hardy (Saint-François),
M. Merlini (La Prairie), Mme
Montpetit (Crémazie), Mme Nichols (Vaudreuil), M. Plante (Maskinongé), M. Polo
(Laval-des-Rapides), Mme Simard (Charlevoix—Côte-de-Beaupré), M. St-Denis
(Argenteuil).
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Que les députés contre cette motion
veuillent bien se lever.
Le Secrétaire adjoint :
M. Bédard (Chicoutimi), Mme Maltais (Taschereau), M. Marceau (Rousseau), Mme
Hivon (Joliette), M. Bérubé (Matane-Matapédia), Mme Léger
(Pointe-aux-Trembles), Mme Lamarre (Taillon), M. LeBel (Rimouski), M. Lelièvre (Gaspé), M. Kotto (Bourget), M. Gaudreault
(Jonquière), M. Therrien (Sanguinet), M. Dufour (René-Lévesque), M. Lisée (Rosemont), M. Traversy (Terrebonne), M.
Cousineau (Bertrand), M. Rochon (Richelieu), M. Leclair (Beauharnois), M. Villeneuve (Berthier), M. Turcotte
(Saint-Jean), M. Pagé (Labelle), Mme Richard (Duplessis), M. Roy
(Bonaventure).
M.
Legault (L'Assomption), M. Bonnardel (Granby), M. Caire (La Peltrie), M.
Charette (Deux-Montagnes), M. Martel
(Nicolet-Bécancour), Mme Roy (Montarville), Mme Samson (Iberville), M. Roberge
(Chambly), M. Laframboise (Blainville), M. Schneeberger (Drummond—Bois-Francs),
Mme D'Amours (Mirabel), Mme Lavallée (Repentigny), M. Jolin-Barrette (Borduas),
M. Surprenant (Groulx), Mme Soucy (Saint-Hyacinthe), M. Paradis (Lévis), M.
Picard (Chutes-de-la-Chaudière), Mme Roy (Arthabaska), M. Lemay (Masson).
Mme
David (Gouin), M. Khadir (Mercier), Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques).
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Y a-t-il des abstentions? M. le
secrétaire général, le résultat.
Le
Secrétaire : Pour : 64
Contre :
45
Abstentions :
0
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, la motion est adoptée. Alors, que ceux qui
doivent quitter, si vous voulez le
faire... parce qu'on va poursuivre, à moins d'indication contraire.
Alors, que celles et ceux qui doivent quitter... faites-le maintenant.
Des voix :
...
Le Vice-Président (M. Gendron) : S'il
vous plaît! On se retire dans le
silence pour qu'on puisse continuer nos travaux. Mme la leader adjointe
du gouvernement, pour la poursuite de nos travaux. Veuillez nous indiquer...
Mme Vallée :
Je vous demanderais d'appeler l'article 5, s'il vous plaît.
Projet de loi n° 37
Reprise du débat sur l'adoption du principe
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, moi, je voudrais vous indiquer qu'à l'article 5 des affaires du
jour l'Assemblée reprend, dans l'ordre autant que possible, le débat, ajourné
le 25 mars 2015, sur l'adoption du
principe du projet
de loi n° 37, Loi confirmant l'assujettissement des projets de cimenterie
et de terminal maritime sur le territoire de la Municipalité de
Port-Daniel—Gascons
au seul régime d'autorisation de l'article 22 de la Loi sur la qualité de
l'environnement.
Et moi, je
suis prêt à entendre les interventions. Et, lorsqu'on a commencé ce débat-là...
lors de l'ajournement des travaux, la
parole était à Mme la députée de Repentigny, et il lui restait, et elle avait
indiqué qu'elle voulait poursuivre son
intervention, huit minutes pour terminer son intervention. Alors, je vous cède
la parole pour les huit minutes qui suivent pour que vous puissiez
terminer votre intervention. Mme la députée de Repentigny, à vous la parole.
Mme Lise Lavallée (suite)
Mme
Lavallée : Merci, M. le Président. Donc, il y a quelques semaines,
j'en étais rendue à parler du projet de la cimenterie. Ce que je disais, c'est que le Parti québécois aurait dû
retenir la leçon après la mésaventure dans le projet de la Gaspésia.
Suite à ce grand scandale, le rapport d'enquête sur Gaspésia comportait une
liste de précautions que le gouvernement
devait prendre à l'avenir dans la gestion de mégaprojets afin d'éviter d'autres
dérapages. En voici la liste : éviter
l'empressement dans de tels projets, respecter la concurrence dans le secteur
concerné, assurer la transparence de l'information
économique et financière, respecter l'environnement, éviter une idéologie trop
interventionniste, éviter les décisions à caractère électoraliste, ne
pas se placer en conflit d'intérêts dans cette gestion et confier à un
organisme indépendant l'évaluation du projet avant l'investissement.
Malgré toutes
ces précautions assez claires, M. le Président, les deux gouvernements qui se
sont succédé ont agi dans la précipitation, ne respectent pas la
concurrence et entrent en compétition avec les quatre autres cimenteries du Québec, ne respectent pas les règles de
l'environnement et manquent de transparence en refusant un BAPE, interviennent
à hauteur de 1 million de dollars par
emploi créé, en ont fait un enjeu électoraliste en mentionnant lors de
l'annonce du projet de la cimenterie
que la population de Bonaventure avait voté du bon bord en annonçant le projet,
puis en instrumentalisant le projet
pour professer leur amour pour la Gaspésie. Je vous rappelle que le rapport
d'enquête sur la Gaspésia a été
publié en 2005 et que le Parti québécois a fait l'annonce du financement du
projet McInnis en janvier 2014. Quelle
leçon le Parti québécois a tirée après le désastre de la Gaspésia et surtout
qu'a-t-il retenu du rapport d'enquête? De
toute évidence, rien. Et que dire de ce gouvernement libéral? La même chose.
Aucune des leçons du passé n'a été retenue de ces deux vieux partis.
L'actuel
ministre de l'Environnement et député de Viau s'est montré mal à l'aise quant
au projet de la cimenterie mais se
retrouve aujourd'hui coincé par les lignes de parti. En campagne, l'actuel
premier ministre disait vouloir s'assurer que le projet de cimenterie ne cannibaliserait pas les activités des
autres cimenteries, mais c'est exactement ce qu'il fait. Va-t-il
subventionner les autres cimenteries pour assurer leur survie et les emplois
qui s'y retrouvent? La question est d'autant plus importante que le premier
ministre semble incapable de réactiver l'économie et assurer la création de
nouveaux emplois à temps plein.
• (17 h 20) •
Arrivé au
pouvoir, l'actuel ministre de l'Économie, de l'Innovation et des Exportations
et député de Verdun avait émis des
réserves quant au montage financier du projet de la cimenterie avant juin 2014.
Soudainement, sa position a changé, tout
comme celle du ministre de l'Environnement. Pourquoi, M. le Président? Le
ministre de l'Économie, de l'Innovation et des Exportations a récemment mentionné que la cimenterie McInnis n'était pas un projet environnemental mais un
projet économique. Il a ajouté que ce
projet ne pouvait attendre après un BAPE ou une décision judiciaire, d'où l'article
2 du projet de loi, qui dit ceci : «L'article
1 s'applique malgré toute décision d'un tribunal, rendue après le [...] — donc
le dépôt du projet de loi — qui
a pour effet d'assujettir, à la section IV.1 du chapitre I de la Loi sur la
qualité de l'environnement, les projets visés à cet article.»
Donc, ce
gouvernement transparent veut court-circuiter le processus judiciaire en
déposant une loi pour soustraire le projet de cimenterie le plus
polluant au Québec à une évaluation du BAPE, le gouvernement décide de changer
les règles du jeu en sa faveur, tout ça, au
moment où devrait s'amorcer un procès au cours duquel la cour aurait pu annuler
les certificats d'autorisation au projet déjà émis par le ministre de
l'Environnement. Comme le disait mon collègue de Borduas, c'est comme si le
gouvernement écrivait lui-même à l'avance le jugement qui serait rendu. Ce
gouvernement nous démontre qu'au-delà
des belles paroles de son ministre il n'a aucune considération pour le respect de
l'environnement. Et mon collègue de Borduas
ajoute : À partir d'aujourd'hui, les lobbyistes vont faire la file devant le
bureau du premier ministre
pour demander que d'autres projets ne soient pas soumis à une évaluation du
BAPE. Est-ce qu'on doit comprendre que
c'est la conception de la défense de l'intérêt public pour le gouvernement? Le
questionnement de mon collègue de Borduas est plus que pertinent.
J'aimerais
vous rappeler que, lors de la dernière campagne électorale, le 3 avril 2014,
les candidats du Parti libéral
de Laurier-Dorion, Viau et Crémazie ont annoncé des engagements en matière
d'environnement qui permettront, disaient-ils, au Québec de reprendre son rôle de leader nord-américain de la lutte contre les changements climatiques et les émissions de gaz à effet de serre. Ils ajoutaient qu'au-delà d'une question d'équité entre les
générations la qualité de l'environnement est de plus en plus reconnue comme un aspect fondamental du bien-être et
de la santé des Québécois. Voilà pour les mots et voilà pour l'action du Parti libéral en Gaspésie : un projet de loi ayant pour but
d'assurer que le projet le plus polluant du Québec n'ait pas à subir une
évaluation du BAPE. Et on ose se prétendre les leaders en matière d'environnement.
Concernant la
concurrence déloyale envers les compétiteurs, comme je le mentionnais
auparavant, les syndicats et employés
des autres cimenteries ont manifesté leur désaccord et leurs inquiétudes face à
ce nouveau projet. Ne voulant pas
s'opposer à la création d'emplois en Gaspésie, c'est plutôt le risque de déplacement des
emplois de leur région vers la Gaspésie qui les inquiète. Actuellement,
je rappelle que les quatre cimenteries existantes au Québec fonctionnent à environ 60 % de leurs capacités de production. Chez
Holcim Canada, on partageait les inquiétudes de l'Association canadienne du ciment en plus de dénoncer l'ampleur
de l'aide financière du gouvernement. On ajoutait que cela ne permettrait pas de créer un environnement où des
règles équitables pour tous les producteurs de ciment sont maintenues. Enfin, on mentionnait que le gouvernement favoriserait
injustement un nouveau venu au détriment des producteurs de ciment
existants et fausse la concurrence loyale qui prévaut dans l'industrie.
Les quatre
cimenteries présentement en fonction au Québec paient de l'impôt au
gouvernement, et celui-ci prend cet argent pour l'investir dans un
concurrent. C'est, à tout le moins, curieux. Il y avait et il y a encore risque
sur les activités et sur les emplois dans la
région de Lanaudière, où l'on retrouve la cimenterie Holcim Canada. En février 2014, cette
cimenterie comptait 200 employés dont la convention collective viendra à échéance cette année. Quelles seront les
conséquences sur les emplois de ma région,
alors que nous avons déjà subi une perte de 1 200 emplois avec la
fermeture d'Electrolux?
Je rappelle que
le Parti québécois et le Parti libéral n'ont rien fait pour éviter cette perte
d'emploi. Le gouvernement du Parti
québécois a engagé un maigre 600 000 $ pour sauver les emplois chez
Electrolux et a investi 1 million d'argent des contribuables par poste créé à la cimenterie McInnis, argent, je
vous le rappelle, provenant des contribuables, dont faisaient partie les employés d'Electrolux. Mais
eux n'avaient pas voté du bon bord, n'est-ce pas, et on les a laissé tomber.
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Alors, je vous
remercie, Mme la députée de Repentigny, pour votre intervention. Et je reconnais maintenant M. le
député de La Peltrie pour la poursuite du débat. Alors, je vais entendre
votre intervention, en vous rappelant que vous avez 20 minutes pour
intervenir. M. le député, à vous la parole.
M. Éric Caire
M.
Caire : Merci, M.
le Président. À mon tour d'intervenir sur le principe du projet de loi
n° 37.
M. le
Président, d'abord, j'aimerais parler d'un processus parlementaire qui m'a paru
pour le moins particulier. Vous savez, à l'Assemblée nationale...en tout
cas depuis que j'y siège, et vous avez vous-même une bien plus longue expérience que la mienne et vous saurez dire si je
dis vrai, mais, lorsqu'on dépose un projet de loi, lorsque le gouvernement
dépose un projet de loi, de façon
extrêmement majoritaire, on va tenir des consultations, minimalement,
particulières. Pourquoi, M. le Président? Parce que le législateur,
lorsqu'il étudie une loi, souhaite évidemment avoir le pouls de la population, minimalement de la population pour
laquelle cette loi-là va avoir un impact. Il y a peut-être des angles qu'on
n'a pas vus, il y a peut-être des impacts
qu'on n'a pas mesurés, il y a peut-être des conséquences qu'on n'a pas
anticipées, et donc il est
souhaitable pour le législateur d'entendre ce que le citoyen a à dire. Quand je
dis qu'il est souhaitable, M. le Président,
le mot est faible. Il est extrêmement important que ce processus-là ou que
cette étape-là du processus soient respectés.
M. le Président, pourquoi on ne tient pas de
consultations particulières? Et, à mon humble avis, il y a une seule raison... peut-être deux, deux raisons. On
est dans une situation où on doit adopter une législation d'urgence. Or, il
arrive des circonstances, et, M. le Président, vous et moi avons participé à
l'une de ces circonstances pour un cas dans
ma circonscription, qui nécessitait effectivement que, de façon extrêmement
rapide et pour le bénéfice des citoyens concernés, on adopte une législation dans l'urgence, et bien sûr que,
cette étape-là, on va évidemment la laisser tomber. Il y a une autre situation, c'est quand le
législateur n'a pas envie d'entendre ce que les citoyens ont à dire parce que
ce que les citoyens pourraient dire
ne va pas dans le sens de ce que lui souhaite faire. Or, une bonne façon de
bâillonner les gens, c'est de ne pas leur laisser l'occasion de
s'exprimer.
M. le
Président, c'est très exactement ce que le gouvernement a fait avec le projet
de loi n° 37. Il n'y avait pas de
consultations particulières. Le leader du gouvernement nous dit : C'est
parce que cette loi-là vient réaffirmer le droit existant. J'y reviendrai plus tard, M. le Président, dans mon intervention, mais il m'apparaît que cet
argument-là, il est faible. Et il y a
des précédents où une loi avait à peu
près le même
objet, mais pourtant on a tenu des consultations
particulières.
Il aurait été souhaitable et il est encore
temps, M. le Président, de tenir ces consultations, et j'en veux pour preuve le projet
de loi que la ministre de la Famille... où la ministre a eu des rencontres, a déposé un projet de loi, a tenu des consultations
particulières, a vu le tollé de
protestations par rapport à son projet
de loi, le projet de loi n° 27, si ma mémoire
est bonne, le projet de loi n° 27, et où elle s'est rendu compte qu'elle faisait
fausse route avec son projet de loi, elle générait beaucoup plus de problèmes
qu'elle en solutionnait. Or là, dans ce cas-ci, le leader du gouvernement a annoncé une deuxième série de consultations de la ministre. On peut comprendre
que la ministre a remis son projet de loi sur la table à dessin, et,
dans ce sens-là, elle a souhaité recommencer les consultations.
Donc, M. le
Président, ce que j'essaie de démontrer, c'est qu'il est possible pour le
gouvernement de se rendre compte
qu'il fait fausse route, ce qui est le cas présentement avec le projet de loi
n° 37. On fait fausse route en muselant la population, mais il est
possible de revenir en arrière.
• (17 h 30) •
Bon. Est-ce
que le gouvernement va le faire? Je vous avoue que mes espoirs sont ténus, mais
c'est possible et ce serait souhaitable, parce qu'il y aurait très
certainement de très nombreuses choses qui se sont dites ici par ceux qui soutiennent
ce projet de loi là qui seraient contredites, notamment, notamment, M. le
Président, ce supposé appui des groupes
environnementalistes au projet de loi n° 37. À écouter le ministre de
l'Environnement, les groupes environnementaux sont enthousiastes devant le projet de loi n° 37, ils ne jurent que
par le projet de loi n° 37. Comme disait mon collègue un peu plus
tôt aujourd'hui, le projet de loi n° 37, c'est la meilleure invention
depuis le pain tranché. Mais, si on les entendait,
ces groupes-là, en consultations particulières, auraient-ils un autre discours?
M. le Président, je ne suis pas un joueur, mais je suis prêt à parier un petit
2 $ que oui. Je suis prêt à parier que, si on entendait les groupes
environnementaux sur le projet de loi
n° 37, leur discours ne s'harmoniserait pas beaucoup avec celui du
ministre de l'Environnement, et, de ce
fait, on comprendrait que la lecture du gouvernement quant à l'adhésion des
groupes environnementaux au projet de loi
n° 37 est une lecture jovialiste, pour le moins, j'irais même dire «d'un
optimisme délirant». Peut-être qu'ils auraient un autre son de cloche, peut-être qu'ils se feraient même sonner les
cloches, ce qui ne serait peut-être pas une mauvaise chose.
M. le
Président, comme je vous ai dit, j'ai assez de bagages pour penser que ça ne se
fera pas, mais c'est dommage. C'est
dommage parce qu'il y a là un bris au niveau de la démocratie. Je trouve ça
dommage. Pourquoi, M. le Président, pourquoi
est-ce qu'on cherche, là, à museler les citoyens? Pourquoi on ne veut pas les
entendre? Pourquoi on ne veut pas entendre ce qu'ils ont à dire?
Le leader du
gouvernement nous dit : Bien, écoutez, c'est un projet de loi qui
réaffirme le droit existant. Wow! M. le
Président, si je comprends bien, là, on est dans un processus d'adoption d'une
loi qui dit : La loi s'applique. Ah! moi, j'ai toujours pensé, M. le Président, que le
législateur ne parlait pas pour ne rien dire, et, personnellement, une loi qui dit «la loi s'applique»,
ça, c'est parler pour ne rien dire.
Donc, M. le Président, j'imagine qu'il y a un autre objectif que simplement réaffirmer le
droit. J'imagine que le gouvernement, en déposant le projet de loi n° 37, vise un autre but. Et ma collègue de
Repentigny y faisait référence tout à l'heure,
on comprend parfaitement que l'objectif du projet de loi n° 37, c'est
d'empêcher les tribunaux de statuer sur le projet de cimenterie McInnis, parce qu'il y a une cause devant les
tribunaux. Ça ne fait pas l'affaire du gouvernement que cette cause-là se retrouve devant les
tribunaux. Le gouvernement, il ne veut pas juste bâillonner les citoyens, il
veut aussi empêcher les tribunaux de faire leur travail, c'est-à-dire d'écouter
les deux parties en fonction des lois existantes puis de porter un jugement. Ça ne l'intéresse pas d'avoir le jugement de
la cour parce qu'il n'ira pas dans le sens de ce qu'ils veulent faire, parce que le tribunal, comme les groupes
environnementaux, si on le laisse s'exprimer, va dire des choses que le gouvernement n'a pas envie
d'entendre. Alors, qu'est-ce qu'on fait? On ne réaffirme pas le droit, on dit
aux tribunaux : Regarde, cette cause-là, là, on s'en occupe. Laisse faire,
on s'en occupe.
M. le
Président, encore là, dans notre processus démocratique, dans notre société où
on sépare les pouvoirs, hein, on se
dit : Il y a l'exécutif, le législatif puis le judiciaire. Des fois, dans
notre système, l'exécutif et le législatif, je ne suis pas sûr que c'est très séparé, mais bon, on en a
vu un bel exemple hier, et là, aujourd'hui, on en voit un autre, exemple,
où on voit le gouvernement qui, par un
projet de loi, va demander aux tribunaux de ne pas statuer sur une cause, ce
qui normalement, dans une société de
droit, serait son travail. M. le Président, il faut y tenir en tabarouette à la
cimenterie McInnis pour bâillonner
les citoyens, bâillonner les tribunaux. Il faut qu'il soit important, ce projet
de loi là, il faut qu'il soit vital
pour le Québec, il faut qu'il soit incontournable, il faut qu'il réponde à un
besoin criant, une urgence nationale. On n'a pas le choix parce que là
on est en train de bâillonner les citoyens puis les tribunaux.
Alors, quelle
est-elle, cette urgence nationale? On va aider une cimenterie. C'est urgent,
ça. Dans quel contexte? Et là
j'aurais aimé ça que le député de Portneuf se prononce sur le principe du
projet de loi n° 37 parce qu'il y en a une, cimenterie, dans son comté, le député de Portneuf. J'aimerais ça que le
député de Portneuf se lève pour dire : Bien, chez nous, la cimenterie, là, sa capacité de production
est à peu près à 60 % de sa capacité réelle. Donc, nous, chez nous, les
gens ne travaillent pas à leur pleine
capacité parce qu'on a de la difficulté, là, à aller sur les marchés puis à
vendre nos produits.
Là, on leur
aurait demandé : Bien, qu'est-ce que vous pensez de ça que le gouvernement
soutienne la création d'un concurrent
avec vos impôts? J'aurais aimé ça entendre le député de Portneuf nous dire
qu'est-ce que ses citoyens en
pensent. J'aurais aimé ça que la députée de Joliette fasse la même chose, parce
que la députée de Joliette aussi, elle a une cimenterie dans son comté. Qu'est-ce qu'ils en pensent, ces
producteurs-là de ces circonscriptions-là, du fait que le gouvernement, en bâillonnant les citoyens, en
bâillonnant les groupes environnementaux, en bâillonnant les tribunaux, soutienne une nouvelle cimenterie dans un marché
où la concurrence est déjà féroce et où nos acteurs locaux ont de la difficulté
à aller à leur plein potentiel de production?
Ça, on appelle ça du développement économique, M.
le Président. Alors, allons-y, parlons de développement économique, puisque
c'est du développement économique. Mais, mieux que ça, c'est une preuve d'amour
envers nos régions. On les aime, nos
régions, on leur paie une cimenterie. Wow! On les aimait aussi quand on leur a
payé la Gaspésia, j'imagine. Ils ont
dû trouver que c'était une belle preuve d'amour. Surtout quand ça a floppé, ils
ont dû trouver que c'était une belle preuve d'amour.
M. le Président, la vérité, c'est que le gouvernement
libéral puis le Parti québécois n'ont aucune idée de comment on fait du développement économique. Depuis des
années, M. le Président, ces deux partis-là ont toujours la même
stratégie : on subventionne à
grands coups de deniers publics la grande entreprise, unique dans un secteur,
bien dépendante ou des marchés ou des ressources naturelles, pour être
bien certain que, quand ça ne va pas bien, bien ça ne va pas bien pour toute la région parce qu'il y a juste un moteur
économique. Puis ça, ça s'appelle du développement économique. Puis ça, ça s'appelle l'amour des régions. Y a-tu quelqu'un
dans ce gouvernement-là qui a pensé un seul instant faire confiance aux
développeurs locaux? Y a-tu quelqu'un dans ce gouvernement-là qui s'est dit
qu'on pourrait peut-être aider les entrepreneurs
locaux à innover? Là, peut-être que mes collègues pourraient ouvrir le
dictionnaire, chercher le mot «innover». Ce serait, je pense, édifiant.
M. le
Président, j'ai entendu très souvent le premier ministre du Québec dire du chef
du deuxième groupe d'opposition qu'il
ne comprenait pas l'économie, qu'il ne savait pas comment ça fonctionnait. Lui,
il le savait. Évidemment, quand son
bilan, à titre de développeur, c'est d'avoir fondé une entreprise dont il a dit
lui-même que c'était une coquille vide,
pour laquelle il n'a jamais déposé d'états financiers, cofondée avec quelqu'un
qui est aujourd'hui un pensionnaire de
l'État, je pense que ça lui donne toute l'autorité morale pour critiquer le
gars qui a fondé Air Transat, c'est clair. C'est clair, là. Que le premier ministre critique le
chef du deuxième groupe d'opposition en cette matière, c'est comme si moi, je
l'obstinais sur la neurochirurgie. Pour moi,
c'est à peu près égal. Avec le résultat, M. le Président, avec le résultat
qu'il est convaincu, le premier ministre, que d'investir à grands coups
de centaines de millions dans une cimenterie, ça va vraiment aider la Gaspésie,
sans se poser de question. Oui, mais qu'est-ce qui arrive si le marché n'est
pas bon? Qu'est-ce qui arrive, là, si les prévisions ne sont pas au
rendez-vous? Qu'est-ce qui arrive si on n'a pas les volumes nécessaires? Qu'est-ce qui arrive si au final la
rentabilité n'est pas là? Bien, on va retourner voir les Gaspésiens en leur disant : Désolé, on va essayer de vous
trouver un autre gros mégaprojet dans lequel on va encore engloutir des
centaines de millions pour entretenir l'illusion qu'on fait du
développement économique.
• (17 h 40) •
Pourtant, M.
le Président, il y en a une, solution, le chef du deuxième groupe d'opposition
en a fait la promotion : le
Projet Saint-Laurent. J'entends le premier ministre rire du Projet
Saint-Laurent. C'est drôle parce qu'il a lui-même calqué quelques
chapitres un soir comme ça où il s'est dit : Mon Dieu! Il faudrait avoir
quelque chose à dire sur le fleuve!
C'est parce
que le Projet Saint-Laurent, c'est plus que la mise en valeur du fleuve, c'est plus que l'exploitation du Saint-Laurent sur l'aspect maritime. Le Projet Saint-Laurent, c'est un projet qui dit : On va aider nos développeurs à développer des entreprises puis on va
développer une culture de l'innovation, et là on va amener une diversité dans
notre économie. Comme ça, on ne sera pas à la merci des
fluctuations du taux des minerais, où là on va nous expliquer : Bien,
le Plan Nord est mort parce que le taux des minerais, il n'est pas bon. Bien, qu'est-ce
que vous voulez, on n'a plus de Plan Nord parce que le minerai, ça ne va pas bien. Ou de
subventionner nos papetières à grands coups de millions parce que les marchés ne sont plus bons, ça s'effondre. L'économie
se diversifie ailleurs, pas chez nous, parce qu'évidemment, sous la
gouverne libéralopéquiste, on comprend que diversifier l'économie, c'est
compliqué. Puis là on va rester bien, bien, bien dépendants de ce type
d'économie bien monolithique pour être bien certains que, quand ça ne va pas
bien dans un secteur, c'est toute une région qui en souffre.
Mais, M. le
Président, le développement économique, ça veut dire avoir une vision de
l'avenir, penser deux coups d'avance.
C'est très exactement la proposition que la Coalition avenir Québec a faite
avec le Projet Saint-Laurent. C'est de
voir ce qui se passe dans le monde, comment l'économie fonctionne, basée sur
des entrepreneurs qui vont développer leur entreprise à partir de leur
savoir, de leur passion, avec tout le dynamisme que ça suppose. Et ils auront,
oui, un gouvernement qui va les accompagner là-dedans,
pas leur dire quoi faire, puis pas leur dire où investir, puis pas, surtout
pas leur dire comment la business se fait,
ils le savent. Ils ont besoin du coup de main, ils ont besoin d'un
accompagnateur, ils ont besoin de
quelqu'un qui va leur faciliter la tâche, d'abord en arrêtant de leur mettre
une pléthore de règlements dans les
pattes — puis ça,
l'allégement réglementaire, le gouvernement libéral le promet depuis 1985 et, à
ce jour, ne l'a toujours pas
livré — ensuite
en faisant confiance aux développeurs locaux, en arrêtant de leur dire :
C'est dans le ciment qu'il faut
investir en Gaspésie. Laissez les acteurs locaux vous dire dans quoi il faut
investir en Gaspésie. Les Gaspésiens connaissent
les problèmes de la Gaspésie puis les Gaspésiens sont capables de s'occuper de
la Gaspésie. Faisons juste les aider à le faire, puis on va être surpris
des résultats. On va être surpris des résultats, M. le Président, mais encore faut-il leur faire confiance puis encore faut-il,
M. le Président, s'assurer que nous sommes des facilitateurs. Et ça, ça a l'air
bien compliqué à comprendre, bien, bien, bien compliqué à comprendre.
Alors, M. le
Président, nous nous opposons au projet de loi n° 37, pas parce qu'on
n'aime pas les régions. Puis je sais
que c'est le fun à répéter puis je sais que, principalement le député de
Rivière-du-Loup, il aime ça se le répéter, ça le conforte dans son opinion de lui-même, qu'investir là-dedans,
c'est une bonne idée. Parce qu'il ne peut pas concevoir que c'est peut-être un mauvais projet, que ce
n'est peut-être pas un bon investissement puis que ça n'a peut-être rien à voir
avec le fait qu'on aime ou non les régions.
Ça a peut-être tout à voir avec le fait qu'il y a, à ma gauche, quelqu'un qui
est assis là, normalement, et qui connaît le développement économique,
et qui vous dit : Ce n'est pas une bonne façon de développer l'économie. Puis, si vous voulez développer l'économie,
faites confiance aux développeurs, faites confiance aux entrepreneurs, aidez les entrepreneurs, stimulez
l'entrepreneuriat, facilitez l'entrepreneuriat. Les sommes d'argent qu'on
investit, les sommes colossales d'argent qu'on investit dans des projets qui, à
ce jour, ont eu pour effet de créer des
déficits et de soutenir artificiellement des emplois sans permettre aux régions
de s'émanciper de ce type d'économie là, sans permettre aux régions de
se donner une économie diversifiée, locale, capable de résister aux
intempéries, aux fluctuations du marché, des
ressources naturelles et des autres considérations économiques, bien, M. le Président, si on avait cette vision-là, et nous avons cette vision-là, là, je
pense qu'on pourrait dire qu'on aime les régions, parce qu'on leur fait
confiance puis parce qu'on souhaite que les régions, économiquement, soient autonomes,
fières de ce qu'ils font localement,
contribuent à l'économie du Québec de façon proactive, mais, M. le Président, ce n'est certainement pas avec le projet de loi n° 37 qu'on
va y arriver.
Le Vice-Président (M. Gendron) : En
vous remerciant beaucoup... Alors, merci beaucoup, M. le député de La Peltrie. Et, pour la poursuite du débat, toujours sur ce même projet de loi, au
niveau du principe, je reconnais maintenant Mme la députée d'Arthabaska.
Mme la députée d'Arthabaska, à vous la parole.
Mme Sylvie Roy
Mme Roy
(Arthabaska) : Merci, M. le Président. À mon tour, je vais prendre la parole concernant
le projet de loi n° 37. Je l'ai ressorti, regardez, puis ce n'est pas ce qu'on appelle un
projet mammouth, là, ce n'est pas ce qu'on a vu hier. C'est un projet qui a un titre peut-être
aussi long que son seul article : Loi confirmant l'assujettissement des projets de
cimenterie et de terminal maritime sur le
territoire de la Municipalité de Port-Daniel–Gascons au seul régime
d'autorisation de l'article 22 de la Loi sur la qualité de
l'environnement.
Comme
je suis avocate, c'est certain que j'ai voulu le lire avant de prendre la
parole ici. L'article principal dit que les projets de construction de cette cimenterie-là, qui est en
cours de réalisation sur le territoire que je viens de dire, «sont et ont toujours été visés par le seul
régime d'autorisation prévu à l'article 22 de la Loi sur la qualité de l'environnement.
«Ces projets ne sont donc pas et n'ont jamais
été visés par la section IV.1 du chapitre I de cette loi.»
Pour continuer ma recherche, M. le Président, ce
que j'ai fait, je suis allée chercher la Loi sur la qualité de l'environnement.
La Loi sur la qualité de l'environnement, c'est pour préserver l'environnement,
promouvoir son assainissement, prévenir sa détérioration. Un des moyens prévus
par la législation est d'établir des régimes préventifs visant à soumettre
certaines activités ou projets à l'obligation d'obtenir une autorisation
préalable du ministère.
Le but de
cette loi-là, c'est d'éviter qu'on détruise l'environnement, d'éviter qu'on
détruise les milieux humides, qu'on
préserve nos forêts, qu'on préserve notre eau, nos rivières, nos lacs, que tout
ce qui nous entoure soit le plus sain possible.
Mais, savez-vous, M. le Président, en vertu de cette loi-là, qu'on assujettit à l'article
1, on apprend en même temps que c'est
l'industrie la plus polluante qu'il y ait jamais eue au Québec. On
l'assujettit seulement à l'article 22 de la Loi
sur la qualité de l'environnement — qui
devrait faire la promotion de l'environnement — l'entreprise la plus polluante qu'on a
jamais eue au Québec.
En même
temps, M. le Président, on voyait, la semaine dernière, je crois, M. le premier ministre faire la promotion de l'environnement, rencontrer le premier ministre de l'Ontario,
s'impliquer. En même temps, lorsqu'on sort du Québec, j'ai
l'impression, M. le Président, que l'environnement, ça devient bien important, puis, lorsqu'on
s'occupe de nos affaires ici, au Québec, bien là ce n'est plus la même
chose.
Si vous
saviez, là — moi,
je suis d'un comté agricole et entrepreneurial — si vous saviez tous les démêlés que les producteurs agricoles peuvent avoir avec le ministère de l'Environnement, comment c'est compliqué. Je peux juste vous en raconter une, là. Une municipalité qui a fait un parc industriel avec une autre municipalité, puis, bon, le
premier... bon, il a fallu avoir les certificats d'autorisation, puis tout ça, ça a
pris une éternité, ça a coûté très cher en consultants. Ils ont construit une première entreprise, mais, pour
aller à cette entreprise-là, ça a fait des ornières parce que c'était un sol
qui était moins porteur. Bien, dans ces
ornières-là, il y a eu de l'eau, M. le Président. Puis, à cause qu'il y avait
de l'eau, il y a eu des fougères
perruches, puis ça, c'est une espèce qui est menacée. Donc, la mairesse, elle a
été obligée de dépenser, aux
dernières nouvelles, des milliers et des milliers de dollars pour trouver un
autre endroit pour mettre ces fougères-là au même taux d'alcalinité puis
d'aller les voir à tous les six mois voir si elles survivent.
Je ne peux pas croire, là, lorsqu'elle voit, là,
qu'on subventionne une entreprise qui pourrait émettre jusqu'à 1 760 000 tonnes de gaz à effet de serre...
Qu'est-ce que ça représente, ça, 1 760 000 de gaz à effet de serre?
C'est 6 % du total de gaz à
effet de serre du secteur industriel. Ce n'est pas rien. Je sais que la plupart
des gaz à effet de serre sont
produits par l'industrie du transport, mais, quand même, si on prend les
émissions totales du Québec chaque année, seulement cette entreprise-là,
ça va représenter 2 % du gaz à effet de serre produit au Québec.
• (17 h 50) •
Comment
voulez-vous, là, qu'on se promène, nous, les députés, là, puis qu'on dise qu'on
a accepté ce projet-là, puis que je
rencontre mes producteurs agricoles qui veulent agrandir leurs récoltes,
travailler avec l'environnement, puis qui ont des années, des années de
discussion avant d'avoir un certificat d'autorisation? Ils ne sont pas
subventionnés, eux, ils paient ça de leur poche, ils diminuent ça de
leurs revenus. C'est la même chose pour mes municipalités. Il y a des aberrations comme ça, M. le Président. Je ne vois
pas comment on peut accepter de faire ici, sans être gêné, un investissement comme ça sans passer au BAPE, puis
rencontrer nos gens qui essaient de développer dans nos comtés, puis qui essaient de se conformer à
l'environnement, puis de rencontrer nos jeunes pour qui l'environnement, c'est
une cause très militante pour les jeunes, puis je les comprends, puis
ils ont raison, aussi. Ce n'était pas... on en parlait beaucoup moins à mon époque, mais maintenant, les jeunes sont vraiment
impliqués puis motivés dans cette cause-là, puis c'est souvent leur première cause politique, que je leur dis, parce
qu'à partir du moment où on est plus qu'une personne à prendre la parole, puis à discuter, puis à
argumenter, puis à demander, bien, on fait de la politique, pas nécessairement
de la politique militante, mais c'est
souvent leur première expérience. Et puis ça commence même souvent au primaire.
Au primaire, les jeunes nous parlent d'environnement.
Je ne pense
pas que je pourrais regarder ces jeunes-là que je rencontre — parce que je fais le tour des écoles, puis
c'est de ça que je leur parle souvent, de
l'environnement, parce que c'est une cause qui les intéresse, surtout au
primaire, où on ne leur parle pas de
la dette encore, un peu plus tard — eh bien, je ne pense pas que je pourrais les
regarder dans les yeux, leur parler de ça et d'accepter de voter pour ce
projet de loi là.
M. le
Président, qu'est-ce qui pollue autant dans le ciment? C'est parce qu'ils font
cuire de la pierre calcaire, du sable, de l'argile à un degré tellement élevé
et tellement énergivore que cette énergie brûle du charbon. C'est fait en
brûlant du charbon et de la coke de pétrole,
qu'ils appellent. Ce sous-produit du raffinage, là, c'est un combustible qui
émet encore plus de GES, de gaz à effet de serre, que le charbon.
Donc, vous
imaginez tout ce qu'on envoie dans l'environnement pire que le charbon. On est
là puis on se vante d'avoir
l'électricité puis l'énergie verte au Québec puis, pendant ce temps-là,
derrière, on va aller polluer autant. Je pense qu'on n'est pas cohérents
puis on devrait faire attention au désastre environnemental.
Deuxième
article, M. le Président, c'est, bon... Le deuxième article, il parle de
l'article 1. Ça veut dire qu'on n'a plus
besoin d'aller au BAPE, l'article 1, on saute une instance. Je peux vous dire
que, pour tous ceux qui font la procession devant le ministère de l'Environnement pour avoir leur certificat
d'autorisation, c'est un peu frustrant de voir, pour un projet aussi
polluant, eux qui sont des bons citoyens, passer l'étape du BAPE. Bon.
«L'article 1
s'applique malgré toute décision d'un tribunal — c'est ce que ça dit, l'article 2, donc elle
vient sauver l'article 1 — rendue après le — la date de présentation du présent projet de
loi — qui a pour
effet d'assujettir, à la section IV.1 du chapitre I de la Loi sur la
qualité de l'environnement, les projets visés à cet article.»
Ça, M. le Président, ça heurte
l'avocate que je suis. On est tout le temps ici à dire : Il ne faut pas se
mêler des procès, il ne faut pas
utiliser la clause «nonobstant», il faut respecter les tribunaux. Puis là, là,
par un claquement de doigts comme ça,
on annule un jugement. Je ne comprends pas la logique qu'il y a derrière ça
quand on dit que les pouvoirs sont séparés, l'exécutif, le législatif et l'exécutif. Je ne comprends pas d'aller se
mêler de ça, M. le Président. Il y a combien de fois qu'il y a des ministres qui ont refusé de nous
répondre à nos questions parce qu'ils disaient : Il y a une enquête en
cours, on ne se mêle pas des enquêtes? Parce qu'ils disaient : On attend
les rapports, on ne se mêle pas des rapports. C'est devant la cour, M. le Président, je ne peux pas parler.
C'est des réponses qu'on a toujours entendues, parce qu'ils disent toujours,
à ce moment-là : Je ne m'en mêle pas,
il y a d'autres instances. Mais ici, là, on muselle une instance qu'on devrait
respecter, parce que, sans le
tribunal, il nous manque un pouvoir, M. le Président, puis vous savez que ça ne
peut pas marcher, la démocratie, sans ces trois pouvoirs-là.
Puis moi, je suis assez
sensible à tout ce qui est démocratique. Vous m'avez vue, quand ils m'ont
modifié ma carte électorale, jamais, jamais
je n'ai remis en question les décisions du DGE. Jamais je ne remets en
question, non plus, nos institutions. Je suis assez sensible avec ça
parce que je me dis que, si je suis ici, c'est en raison de la démocratie. Puis c'est sensible, la démocratie, beaucoup plus
qu'on peut le penser, puis que, si on ne travaille pas pour maintenir la
démocratie... Moi, j'ai toujours dit que
c'était comme un radeau. Quand on arrête de ramer, on pense que le radeau reste
sur place, mais il ne reste pas sur place,
il dérive. Donc, pour la démocratie, c'est toujours très important d'investir
et de la respecter. Puis ça, je pense, c'est contraire à l'essence de
notre système, à l'essence de nos institutions.
Mais
il y a pire encore. Il y a pire encore, M. le Président. C'est un désastre
aussi en termes d'engagement financier. Je me souviens, pour avoir étudié ces rapports-là dans le cadre de mes
demandes sur une enquête sur la construction, j'avais relu le rapport de la Gaspésia, puis c'est drôle,
quand je regardais ce dossier-là ici, j'ai repensé au rapport de la Gaspésia
et puis je me suis dit : Bien, je vais aller le relire, celui-là aussi.
J'avais oublié qu'il y avait une étude dans ce rapport-là qui était... qu'ils ont étudié 600 mégaprojets à
travers le monde depuis 1927. Je ne vous dirai pas le nom, là, parce que
je pense que c'est un nom suédois
puis que je vais le... je ne voudrais pas le massacrer, je vais vous l'épeler,
F-l-y-v-b-j-e-r-g — si vous
voulez essayer de le dire, vous
pourrez, moi, je ne pourrai pas vous dire si vous l'avez bien dit — et
Associés. Ils ont présenté quatre grandes conclusions porteuses de
leçons, puis je voudrais que mes amis libéraux les entendent. Peut-être que ça les aiderait à convaincre leur caucus de
lever le pied. Peut-être aussi que mes amis péquistes pourraient
l'entendre puis ça pourrait les aider à venir voter avec nous.
La première,
c'est : «Neuf projets sur 10 ont subi un dépassement de coûts généralement
de 50 % à 100 % de l'estimation
initiale.» Ça vous fait-u penser à quelque chose, ça? La Gaspésia, hein? Mais
là, là, quand on a parlé de la Gaspésia,
le montant qui a été investi pour le nombre d'actions, c'est 450 millions,
c'est-à-dire 150 emplois. C'est payé 100 millions par Investissement Québec; la Caisse de dépôt,
250 millions de prêts. Quand on a regardé la Gaspésia — je vais
vous le dire, ce ne sera pas long — c'était 153 millions pour
264 emplois. Je trouve que ça se ressemble pas mal, M. le
Président, et puis ça m'inquiète. Des fois, on pense que c'est des hasards,
mais ce n'est pas autant des hasards.
Maintenant, la
deuxième recommandation : «La demande prévue pour le bien produit ou le
service rendu est généralement surestimée de
20 % à 70 %.» J'ai un tableau didactique, comme vous dites, qui
indique que le prix — je
vais vous le trouver — du ciment par habitant, ça bouge. La ligne
bleue ici, c'est les États-Unis, puis la ligne rouge, c'est le nord des États-Unis, puis l'autre, c'est l'est
des États-Unis. Vous voyez? Ça bouge, le prix du ciment. Donc, on a tendance,
quand on veut quelque chose, puis tout le
monde fait ça, à le mettre plus beau pour convaincre les autres. Alors, on a
toujours tendance à surestimer les
bons côtés puis à sous-estimer les mauvais côtés quand on veut quelque chose.
Même les enfants savent ça.
La
troisième, c'est justement : «La tendance à sous-estimer les coûts et à
surestimer la demande [n'est] pas du tout atténuée depuis 50 ans.» On a étudié pendant 50 ans des
mégaprojets, puis jamais ça ne s'est démenti, c'est toujours comme ça.
Ça me fait penser, ça...
Je ne sais pas, là, je vais juste faire un aparté. Quand Hydro-Québec demande à
faire augmenter les coûts d'électricité pour
les citoyens, bien, ils s'en vont devant la régie, ils sous-estiment leurs
profits, ils surestiment leurs
pertes. Ça fait qu'en plus d'avoir une augmentation d'électricité ils ont des
surplus, ce qu'on a effacé dans le
projet de loi... dans la loi d'hier, là, ces surplus-là. Ça fait que ces
citoyens-là, en plus d'avoir payé plus cher leur électricité, ils n'ont pas récupéré les surplus, puis Hydro-Québec ne
les a pas non plus appliqués sur des baisses de revenus. C'est terminé?
Le Vice-Président
(M. Gendron) : ...compte tenu de l'heure et qu'on a informé cette
Chambre qu'il y avait deux débats de fin de séance, je vous indique qu'il vous
restera six minutes pour votre intervention si vous voulez la poursuivre.
Est-ce que c'est le cas?
Mme Roy
(Arthabaska) : ...non, non, je vais revenir.
• (18 heures) •
Le Vice-Président (M. Gendron) : C'est ça que je dis. Vous voulez poursuivre votre
intervention, donc il vous restera six minutes quand... Ça va?
Débats de fin de séance
Fréquence des bains donnés aux aînés
dans les centres d'hébergement
Alors, nous
allons maintenant procéder aux débats de fin de séance, compte tenu de l'heure.
Il y a deux débats qui ont été annoncés.
Tel qu'annoncé précédemment, on va procéder aux deux débats de fin de séance.
Le premier débat, qui se fera entre le député de Richelieu et la ministre déléguée à la
Réadaptation, à la Protection de la jeunesse et à la Santé publique,
concerne la déclaration de la ministre sur l'admissibilité des résidents en
CHSLD.
Je
vous rappelle que, conformément à l'article 310, le règlement donne cinq
minutes à celui qui a soulevé le débat, et un cinq minutes, bien sûr, à la ministre interpellée, et une réplique
de deux minutes pour celui qui a soutenu le débat.
Je cède immédiatement
la parole à M. le député de Richelieu pour son cinq minutes de présentation. À
vous, M. le député.
M. Sylvain Rochon
M. Rochon :
Oui. Merci, M. le Président. Alors, M. le Président, la ministre déléguée à la
Réadaptation, à la Protection de la jeunesse
et aux services sociaux a donc suggéré hier aux usagers des centres
d'hébergement et de soins de longue
durée d'acheter des bains supplémentaires avec le programme de chèque
emploi-services — avec le
programme de chèque emploi-services — plutôt que des bains au noir.
Or, M. le Président, les personnes qui demeurent dans un établissement public comme le sont les CHSLD ne
sont pas admissibles au chèque emploi-services. C'est écrit en toutes lettres dans le Cadre normatif du programme,
en page 9, Cadre normatif du programme en page 9, et je cite : «Les
personnes répondant à [l'un] de ces
critères ne sont pas éligibles au programme...» Et là apparaît le critère
auquel je fais allusion, à
savoir : «Les personnes qui demeurent dans un établissement public — centre hospitalier, centre de réadaptation
[...] CHSLD public, [...]CHSLD privé ou [...] CHSLD privé conventionné.»
Les
scandales se multiplient, M. le Président, et puis la ministre, elle, ce
qu'elle pense approprié de faire, c'est de suggérer le recours à un programme qui ne s'applique pas. Nous
réclamons pourtant quelque chose de bien élémentaire, de tellement élémentaire que ça devrait aller de
soi, c'est-à-dire des soins d'hygiène dignes de ce nom pour nos aînés en CHSLD.
Le
Journal Les 2 Rives de ma région nous apprend, dans son édition
d'aujourd'hui, que les préposés des centres d'hébergement et de soins de longue durée de Contrecoeur et puis de
Varennes n'ont pas donné de bains à des bénéficiaires à plusieurs reprises depuis le mois d'août, août
2014, là, parce que le personnel manquant n'était pas remplacé. «"Ce sont les bénéficiaires qui paient. La plupart d'entre
eux ont des problèmes cognitifs. Ils ne [se] rendent même pas compte",
déplore — avec
raison — le
vice-président du syndicat» de ces CHSLD.
«Les
préposés [...] sont à bout de
souffle. "On fait notre métier parce qu'on a à coeur la santé de nos
résidents. On quitte le travail en
étant insatisfaits. On a l'impression d'avoir failli à notre travail",
affirme l'une des [préposées]...»
Alors, M. le
Président, l'heure n'est pas, l'heure n'est vraiment pas à inventer l'accès à
un programme qui ne s'applique pas, à
suggérer aux familles découragées de se rabattre sur un programme qui ne
s'applique pas, pour qu'elles frappent ensuite un mur. La ministre ne
l'a sans doute pas fait volontairement, sauf qu'elle doit s'amender. Elle doit corriger son intervention d'hier et indiquer qu'il
n'est pas possible d'avoir recours au programme du chèque emploi-services
pour une personne qui réside dans un établissement public comme un CHSLD.
J'ai le pressentiment
que ce sera plutôt son collègue ministre de la Santé qui nous donnera des précisions.
Il a commencé à le faire à la période de
questions, référant à ces entreprises d'économie sociale en aide à domicile,
qui sont des partenaires complémentaires du réseau de la santé. Il n'a
pas tort, mais ce à quoi ça donne accès, c'est à un crédit d'impôt, pas à un
chèque emploi-services. Voilà, M. le Président. Merci.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, je vous remercie, M. le député de Richelieu. Alors, M.
le ministre, parce qu'on me
dit que c'est vous qui...
M. Barrette :
...
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, M. le ministre de la Santé, à
vous la parole pour cinq minutes, si vous les prenez.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : Oui, merci, M. le Président. D'abord, compte de tout ce qui
se dit d'imprécis un peu sur la place publique
depuis quelques jours, je vais remercier M. le député de Richelieu de me donner
l'occasion de préciser les choses. Puis
je vais vous admettre, M. le Président, que, même moi, ma langue me fourche et
m'a fourchu régulièrement, parce que
moi-même, j'ai parlé de chèque et de crédit d'emploi-services. Bref, dans la
tête de tout le monde, il y a une certaine confusion.
Mais,
M. le Président, je vais quand même mettre les choses en perspective et
préciser certaines choses. Et, pour
que ce soit clair, particulièrement pour les gens qui nous écoutent, et je
dirais ici surtout pour les familles des gens qui nous écoutent, puisque les gens en hébergement
souvent, n'ont peut-être pas toujours la capacité de suivre nos débats, l'article 83 de la LSSSS, M. le Président,
dit ceci : «La mission d'un centre d'hébergement [...] de soins de longue
durée est d'offrir de façon
temporaire ou permanente un milieu de vie substitut, des services
d'hébergement, d'assistance, de soutien
et de surveillance ainsi que des services de réadaptation, psychosociaux,
infirmiers, pharmaceutiques et médicaux aux adultes qui, en raison de leur perte d'autonomie fonctionnelle ou
psychosociale, ne peuvent plus demeurer dans leur milieu de vie naturel,
malgré le support de leur entourage.»
Au sens de la loi, M. le Président, le CHSLD
devient la demeure de la personne, avec les mêmes droits qu'un locataire. Et la personne, étant un locataire dans
sa résidence, a donc le droit d'engager une personne aux fins de soutien à
domicile. Elle a le droit. Elle est là où la
famille peut, avec arrangement, faire les mêmes choses. Et ça, c'est très
clair, M. le Président, que la personne peut payer pour un service ou
avoir accès à un crédit d'impôt. Parce
qu'effectivement, comme le dit le député de Richelieu, on parle ici d'un crédit d'impôt et
non du chèque emploi-services. On pardonnera à ma collègue d'avoir probablement fait un lapsus, je le fais moi-même
régulièrement, parce que ça devient mélangeant, mais ce qui existe, c'est un crédit d'impôt qui permet pour une personne
autonome de recevoir jusqu'à concurrence de 6 240 $ — un montant maximal, ça peut être moins, mais c'est le montant
maximal — pour ce
type de services, et une personne non autonome, de 8 160 $ par
année. Ces services-là peuvent être donnés via le crédit d'impôt en termes de financement, ils peuvent être payés complètement
par l'individu, s'il le désire, ou la famille évidemment. Et c'est permis.
Il n'y a absolument aucune obstruction... obstacle légal à faire ça.
Maintenant,
les services qui sont admissibles au crédit d'impôt sont des services d'aide à
l'habillage, à l'hygiène et les services infirmiers, et d'autres
services sont exclus.
M.
le Président, dans la loi, il est très clair que le CHSLD doit offrir les
services de base. Je vous en énumère quelques-uns :
un plan nutritionnel, ergothérapie, physiothérapie, hygiène, M. le
Président — c'est
prévu dans les responsabilités du
CHSLD — distribution
de médicaments, soins infirmiers et, évidemment, j'en passe. M. le Président,
il faut comprendre que — et je prends l'exemple que le député de
Richelieu vient de donner — très certainement les préposés dans le centre en question de sa région ont donné les services d'hygiène
tel que requis par notre réglementation. Et, comme je l'explique à plusieurs reprises... je l'ai
expliqué à plusieurs reprises, et je vais le faire encore maintenant, l'hygiène
est un continuum de gestes qui inclut les bains, mais qui inclut aussi
les techniques de soin d'hygiène que l'on donne quotidiennement à la
population.
Alors, il ne faut pas...
Et ce qui est déplorable à mon avis, ici, c'est qu'on laisse penser aux gens
que les soins d'hygiène personnels ne sont
pas donnés. Ils sont donnés. Ils peuvent être donnés de différentes façons, je
l'ai dit. Et, en plus, bien là, ce
débat-là donne l'impression à la population qu'ils n'ont pas accès à ça en
CHSLD s'ils veulent payer pour. Ils
le peuvent. Mais c'est à un point tel, M. le Président, que les entreprises
d'économie sociale se sont senties
obligées aujourd'hui d'envoyer un communiqué où elles disent ceci : «Il est important de rappeler que pour les
résidents des CHSLD, le CHSLD
est considéré comme la résidence du patient. À partir de ce moment, l'usager
peut, s'il le souhaite, faire appel [aux EESAD] pour lui dispenser des services
supplémentaires, notamment des bains.» En moyenne, une heure de service d'aide à la vie quotidienne — les bains — coûte 22,65 $. On laisse, M. le
Président, malheureusement, penser que c'est illégal, pas
faisable. C'est faisable, c'est légal, en plus des services que l'on donne...
• (18 h 10) •
Le Vice-Président (M. Gendron) : Merci, M. le ministre. Je cède maintenant
la parole à M. le député de Richelieu pour son deux
minutes de réplique. M. le député de Richelieu, à vous.
M. Sylvain Rochon (réplique)
M. Rochon : Merci, M. le Président. Alors, je
comprends que, le rectificatif, la précision que j'ai demandée cet après-midi,
je l'ai obtenue ce soir. Alors, les cas, qui sont rapportés dans les CHSLD, de
bains offerts trop rarement ou donnés au noir, ils exigent
de nous, ces cas-là, de nous tous et toutes, députés de l'Assemblée nationale,
beaucoup de compassion et puis des actions
gouvernementales urgentes. J'offre toute ma collaboration à ma vis-à-vis, la
ministre des Aînés, pour qu'on travaille ensemble à ce que nos aînés puissent
vivre dignement, hein, puissent vivre dans la dignité.
Les gens âgés vulnérables, M. le Président, ils ont besoin
que nous soyons leur voix, que nous soyons toutes et tous leur voix, que nous condamnions puissamment
ce qui gâche leur vie, et puis il est clair que l'absence de soins d'hygiène
dignes de ce nom la gâche. Alors, il faut
s'y attaquer rapidement, M. le Président, s'y attaquer rapidement, pas en
inventant de fausses solutions, en en trouvant de vraies. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, je
vous remercie, M. le député de Richelieu, de votre intervention. Ça met fin à ce
premier débat de fin de séance.
Fonds Chantiers Canada-Québec
Pour
le second, c'est M. le député de Blainville qui aura un débat de fin de séance avec le ministre responsable des Affaires intergouvernementales canadiennes et
de la Francophonie concernant les fonds et les projets du Fonds Chantiers
Canada pour le Québec. Alors, M. le député,
je vous cède la parole pour une durée maximale de cinq minutes. À vous
la parole.
M. Mario Laframboise
M.
Laframboise : Merci beaucoup, M. le Président. Aujourd'hui,
j'interpellais le ministre des Affaires intergouvernementales.
Évidemment, j'interpellais le gouvernement directement par rapport au Fonds
Chantiers Canada-Québec, volet Collectivités. M. le Président,
pourquoi? Parce qu'en février 2014... Ça fait plus d'un an que le gouvernement fédéral a mis sur la table des sous
pour les provinces, et les territoires, et les municipalités. C'était 10 milliards. Pour le Québec, c'est
1 769 000 000 d'argent qui était disponible. Et, là-dessus, il y
avait une répartition qui était différente des autres années, donc c'est
pourquoi il y a certaines ententes qui doivent être négociées entre les deux paliers
de gouvernement, parce
qu'il y a 90 % de l'enveloppe, du
1 769 000 000 $, qui est à la discrétion du gouvernement
du Québec. Il y a 10 % pour les
collectivités de 100 000 habitants et moins, pour lesquelles évidemment il
y a une entente plus spécifique qui doit être signée.
Le
drame dans tout ça, M. le Président, c'est que ça fait un an, plus d'un
an — février
2014 — que
l'argent est disponible, puis il n'y
a toujours pas de demandes qui sont approuvées ou déposées. Le gouvernement du
Québec ne permet pas aux villes de faire ces
dépôts de demandes, parce qu'on ne s'entend pas sur le 10 % pour les
collectivités de 100 000 habitants et
moins, M. le Président. On parle de... Je vous ai dit 180 millions ce matin,
c'était le chiffre qu'on nous
lançait, et le drame, c'est que ce 180 millions là est en train d'empêcher
toute demande dans tout le programme et dans toutes les sommes de 1 769 000 000 $ qui seraient
disponibles pour le Québec. Et ça, c'est là que la question qu'on posait
au gouvernement, M. le Président, elle est
simple, c'est : Pourquoi? Puis où ça bloque? Parce qu'évidemment vous
comprendrez que les villes, qui se sont vu faire une ponction de 300
millions l'an passé, seraient prêtes à faire des investissements. M. le Président, je regrette, mais... Il n'est pas trop
tard, mais ça commence à tarder encore, là. Quand nos demandes... Quand
les villes déposent des demandes, il faut vraiment que le travail se fasse,
théoriquement, au printemps, qu'il commence au printemps. Là, si on
s'entendait — on
est déjà un peu en retard — ça
veut dire que les demandes vont être
déposées, ça prend plusieurs mois avant qu'il y ait des autorisations. On
commence les travaux, on espère, le
plus tôt possible à la fin de l'été, l'automne, là, parce que, sinon, ça nous reporte en hiver, puis on a déjà perdu complètement
une année.
Et
puis ça, ce qu'on expliquait, c'est simple, c'est que les infrastructures, quand on investit dans les infrastructures, ça
fait rouler l'économie du Québec, ça fait travailler des hommes et des femmes à
travers toutes les régions du Québec. Et, encore une fois, un gouvernement qui se targue de dire qu'il est à l'écoute des
régions, bien, priver les régions d'un investissement aussi important que 1 769 000 000 $, moi, je pense que c'est
une décision qui, encore une fois, mérite le débat de ce soir, c'est-à-dire que... M. le Président, mérite qu'on
demande au ministre des Affaires
intergouvernementales pas juste où — parce qu'il nous a dit : C'est à Ottawa que ça bloque — où,
mais pourquoi. On est capables, puis je pense que, M.
le Président, les collègues en cette
Chambre sont capables de comprendre, si jamais il y avait...
On connaît l'histoire des ententes
Canada-Québec puis on sait que le Québec avait des demandes. Mais, nous, ce qu'on nous dit
d'Ottawa, c'est qu'il
y a 90 %, là, qui est disponible, ça fait un an, pour lesquelles c'est
Québec qui décide. Puis là-dessus, M. le Président, il y a même des projets du gouvernement du Québec
qui sont disponibles à ces sommes-là.
Donc, le gouvernement du Québec
lui-même se prive d'argent. Donc, on essaie de semer l'austérité à travers
le Québec, on pige dans les poches des contribuables québécois, mais, quand on a de
l'argent disponible à Ottawa, bien, on tergiverse
puis on ne va pas chercher l'argent. Et on essaie de comprendre. Donc, évidemment,
aujourd'hui, ma position à moi, qui a eu, à Ottawa,
à défendre les intérêts
du Québec, quand j'étais à Ottawa, pour ces
ententes-là... J'aimerais juste qu'on m'explique pourquoi on n'a pas signé
cette entente depuis un an, puis on va être capables... Je pense
que les Québécois et les Québécoises vont être capables de supporter le gouvernement si jamais il y a des positions qui sont
traditionnelles aux défenses des intérêts du Québec.
Le
problème, c'est qu'à Ottawa on nous dit qu'il y a
90 % qui est disponible
maintenant, qui était disponible ça fait un an, donc, et que le
gouvernement bloque, pour un 10 % de l'enveloppe, bloque toutes les
demandes provenant des municipalités du
Québec, puis ça, c'est dommage dans un temps où on a besoin des investissements
pour être capable de faire rouler l'économie, M. le Président.
Donc, ma question au
ministre des Affaires intergouvernementales, c'est : Pourquoi on bloque
présentement?
Le Vice-Président (M. Gendron) : Merci, M. le député de Blainville. M. le
ministre, vous êtes au courant des règles, vous avez cinq minutes pour...
M. Jean-Marc Fournier
M.
Fournier : Oui. Merci, M. le Président. Je remercie le collègue
pour sa question. Ça nous permet de discuter de ce sujet fort important. Je comprends que ses informations, de la
part du gouvernement fédéral, sont à l'effet que nous devrions tout simplement accepter toutes les
conditions, et je pense même que, il le dit, il a déjà eu un passé à Ottawa,
notamment, où il faut aussi se tenir debout
pour défendre nos positions. La négociation ne consiste pas à dire : Je
signe et je ne regarde pas ce que je signe.
Alors,
dans le dossier, présentement, je dois d'abord vous dire ceci : Je
n'entends pas mener une négociation sur la place publique ici. Je veux quand même vous dire qu'il y a des
éléments pour nous de fonctionnement qui sont importants et je crois, je me permets de le dire, je crois
qu'on est à la toute veille d'arriver à une entente, après quand même pas mal
de discussions. Mais ce que je vois, c'est quand même des choses qui
vont bien.
D'abord,
peut-être quelques éléments, pas de corrections, mais de nuances à apporter.
Chantiers Canada, c'est beaucoup de
volets différents, pas juste ceux que vous avez mentionnés. C'est
50 milliards, en fait. Dans le Fonds d'amélioration des
collectivités, on trouve là-dedans pour à peu près 22 milliards qui sont...
qui est le Fonds de la taxe sur l'essence. Là-dessus,
il y a déjà eu une entente qui a été négociée avec Ottawa, qui a été annoncée à
l'été dernier, 2014. Il y a autour de 11 milliards sur le
remboursement de la TPS. Ça aussi, ça marche en ce moment.
Sur
le Fonds Chantiers Canada particulier, sur lequel il y a les projets nationaux,
si vous voulez, pour autour de 9 milliards
et, Petites Collectivités, autour de 1 milliard... Je comprends que la
question porte sur Petites Collectivités, mais elles sont liées avec l'autre. Ce n'est pas simplement une entente
sur un. Les éléments des ententes... La procédure, la mécanique de comment on peut faire avancer les dossiers, va se trouver à être la
même. Alors, il faut qu'on convienne... et donc il faut qu'on arrive à trouver les libellés qui font que les
intérêts du Québec sont protégés. Je vais donner quelques
exemples, puis je ne veux pas rentrer dans l'ensemble de l'oeuvre, mais juste
pour montrer que ce n'est pas, si vous voulez, non plus banal. Des fois, on
soulève des questions puis... Vous savez, pour que des projets bénéficient
d'une contribution fédérale, il faut que ce
soient des projets qui sont planifiés, qui sont bien montés. Il y a une
préparation aux projets avant la contribution.
Alors,
nous, on dit au fédéral : La contribution devrait couvrir le temps de
préparation avant même que la contribution commence, c'est-à-dire, tout le dossier, la préparation du dossier, la
contribution devrait couvrir ça, et elle le couvrait avant. Alors,
pourquoi changer ce type de règle là?
Il y a des éléments sur ce que
j'appellerais la rétro-information. La rétro-information, c'est ni plus ni
moins... Puis moi, je trouve ça tout à fait normal qu'il y ait une contribution fédérale, qu'on informe le
gouvernement fédéral des progrès des
dossiers puis comment les choses avancent. C'est tout à fait normal. La
reddition de comptes, il n'y a rien... Ça ne fait pas mal à personne. C'est normal.
Par contre, si on est pour donner deux couches de plus de bureaucratie pour
offrir l'information en temps réel, alors
qu'on peut l'avoir sur une période plus longue, que nos mécaniques nous
permettent de la faire, mais sur une
période plus longue, pourquoi on va augmenter la bureaucratie au ministère, dans les villes, dans les villages, où vous savez comme moi qu'ils n'ont
pas nécessairement les capacités d'engager plus de personnel pour fournir du papier parce qu'il faudrait l'obtenir à
une date précise, alors que, si on le donne sur une période de temps plus
longue, on est capables de le fournir?
• (18 h 20) •
Vous
allez... Vous pourriez me dire : Mais c'est banal, c'est un détail, mais
c'est sur ces détails-là que nous avons des échanges en ce moment. J'ai
vraiment bon espoir, parce que les signaux qu'on a, c'est qu'on va pouvoir
réussir à s'entendre, mais vous comprenez
que, s'il fallait que je donne deux couches de plus de bureaucratie que ce qui
est nécessaire, je pense que vous
vous lèveriez pour dire : Bien, pourquoi vous avez fait ça? Alors, ce
n'est pas parce qu'on veut retarder. On espère tous... Puis je vous dis même
que je sais qu'à Ottawa ils veulent aussi qu'on avance, puis nous aussi, puis
c'est ce qui nous rapproche en ce moment. Alors, j'ai bon espoir.
Il y avait d'autres
éléments, par exemple l'obligation, je dirais, ou en tout cas le désir
qu'Ottawa voudrait de suivre ses dossiers
annuellement et de soumettre à une réautorisation une contribution déjà
annoncée. Honnêtement, à sa face même,
ça risque de donner certaines inquiétudes sur des projets, d'éviter ou
d'enlever de la stabilité puis de la planification normale, hein, une
stabilité normale. Alors, ce n'est pas sur des éléments, à mon avis, d'une très
grande complexité. Il y a certains autres
éléments, là, mais on est dans ce cadre, dans ce genre d'élément là, très
plomberie, quant à moi. Et je crois
qu'on peut s'entendre. Les échos que j'ai, c'est qu'on va s'entendre, mais on
va s'entendre le jour où on va avoir
signé, le jour où que les écrits vont être là. On s'est échangé tellement d'écrits jusqu'ici que c'est lorsqu'on verra
les derniers écrits qu'on pourra dire : On s'est entendus.
À ce moment-ci, je dirais ceci — il
ne me reste pas beaucoup de temps : Il y a du progrès. Dans les
dernières semaines, on a progressé
plus vite que dans les mois d'avant, et je pense que les deux parties
souhaitent qu'on règle. On devrait donc, j'imagine, avoir un règlement
prochainement. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Merci, M.
le ministre, de votre intervention.
Je vous laisse vos deux minutes de réplique, M. le député de Blainville.
À vous la parole.
M. Mario Laframboise (réplique)
M.
Laframboise : Oui, merci beaucoup, M. le Président. Et le ministre
comprendra que la situation, avec les élections fédérales qui se pointent pour
l'automne, fait encore plus urgente... dans le sens où il faudrait éviter que
ça devienne un combat électoral, alors que, finalement, ce que les villes demandent, c'est
d'être capables de mettre en chantier leurs
infrastructures. Parce que, si on retarde trop, autant à Ottawa qu'à Québec,
notre problème, c'est que ça va devenir un dossier électoral. Quand ça devient un dossier électoral, ça ne se
négociera pas dans le cadre des élections, il va falloir attendre après;
ça veut dire qu'on perd une autre année.
Donc, c'est pour ça
qu'évidemment, si on l'amène nous aussi, c'est véritablement... Oui, c'est vrai
qu'il y a urgence, parce qu'on voudrait
commencer le plus tôt possible, mais aussi on voudrait éviter que ça devienne
un dossier de campagne électorale,
qui ne servirait pas personne et surtout pas les contribuables du Québec. Je
pense que le ministre en convient,
là, s'embarquer dans un débat politique sur : Est-ce que le fédéral
devrait... Tu sais, ça va devenir un débat pratiquement constitutionnel, là. Vous voyez le débat, là? Parce que je
proviens de ce milieu-là, donc je ne voudrais pas... J'aimerais qu'on puisse être capables le plus
rapidement possible de donner, en tout cas, aux villes la possibilité de se
servir de ces sous-là pour, le plus rapidement possible, mettre en chantier des
travaux, M. le Président.
Et,
encore une fois, je m'aperçois que ça n'a pas bien, bien changé. Donc, ça veut
dire depuis plusieurs... ça fait quand
même plusieurs ententes Canada-Québec, donc on est encore, évidemment, là, dans
la sémantique puis les textes. Et le
diable est dans les détails, comme diraient certains, sauf que c'est décevant
que ça revienne encore dans des ententes entre Québec et Ottawa, parce que finalement c'est les contribuables du
Québec qui en subissent les contrecoups, surtout les villes, qui, suite aux dernières ponctions de 300 millions du
gouvernement libéral, ça... il y en aurait de besoin, M. le Président.
Merci.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Alors, cette dernière intervention met fin aux débats
de fin de séance.
Et,
compte tenu de l'heure, je suspends les travaux jusqu'à 19 h 30 ce
soir. Les travaux sont suspendus jusqu'à 19 h 30 ce soir.
Merci.
(Suspension de la séance à
18 h 23)
(Reprise à 19 h 31)
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, bonsoir à tous et toutes. Vous pouvez
prendre place.
Projet de loi n° 37
Poursuite du débat sur l'adoption du principe
Alors, nous allons
poursuivre le débat sur l'adoption du principe du projet de loi n° 37, Loi
confirmant l'assujettissement des projets de
cimenterie et de terminal maritime sur le territoire de la Municipalité de
Port-Daniel—Gascons au seul régime d'autorisation de l'article 22 de
la Loi sur la qualité de l'environnement. Et, lorsque nous avons suspendu nos travaux, c'était Mme
la députée d'Arthabaska qui avait la parole, et je vous informe qu'il vous
reste un temps de parole de 6 min 5 s.
Mme Sylvie Roy (suite)
Mme
Roy (Arthabaska) : Merci, Mme la Présidente. Puisque ce n'était pas vous qui siégiez cet après-midi,
je vais résumer un peu le début de mes propos pour que ce soit plus
compréhensible. Mais moi, je présume que Mme la présidente est très occupée,
elle travaille fort, elle est en train de nous organiser un 75e anniversaire du
droit de vote des femmes, puis ça va être excellent. Je vous invite, toutes les
femmes parlementaires.
Une voix :
Tous les parlementaires.
Mme
Roy (Arthabaska) : Ah
oui! Tous les parlementaires. Je
pense que ce n'est pas exclusivement
réservé aux femmes. Je crois, Mme la Présidente, que les hommes ont aussi travaillé à ce que les femmes aient leur
place ici, puis on n'a pas encore
assez de femmes, mais on travaille encore à ça et puis on continue de s'impliquer.
Moi, j'ai été, pendant je ne sais pas
combien d'années, la seule femme de ma formation
politique, je pense
que j'ai le record de faire les motions concernant les femmes, sur la condition
féminine. Je suis certaine que, si on
racontait ça, c'est moi qui aurais le record. Mais je vous comprends de
vous impliquer à ce niveau-là.
Ce
que je disais premièrement, c'est que c'est un projet de loi dont le titre était presque aussi long que les articles,
extrêmement contradictoire avec hier. C'était un projet de loi mammouth hier,
là c'est un projet de loi de deux pages. Je
n'ai pas besoin de vous le montrer. Et puis la première question,
c'était que l'article 1 parlait de la Loi sur la qualité de l'environnement. Cet article-là prévoit de protéger... Ah! tiens, un...
projet, comparé à hier, une page. L'article 1 prévoit que le projet de construction de McInnis ne sera pas couvert par l'article
22 de la Loi sur la qualité de l'environnement.
La Loi sur la qualité de l'environnement, elle sert à quoi? Préserver l'environnement, préserver nos forêts, nos rivières puis
nos lacs. Maintenant, l'article 2 sort... Des fois, on dit : Il sort du
périmètre comptable. Là, ça sort du périmètre juridique, le travail que le BAPE
aurait pu faire sur le projet.
Donc,
je vais résumer, je ne vais pas tout le redire, là, parce que
je ne veux pas indisposer mon collègue ici. C'est, pour moi, un peu une injure que le législatif
s'ingère dans le juridique. Vous savez que je suis avocate, et je trouve qu'on
se sert souvent d'un prétexte comme «c'est
sous enquête», parce qu'il y a des fois qu'on pose des questions
qui sont à côté de l'enquête, mais on
se sert souvent du prétexte que c'est sous enquête, c'est un procès, il y a
des rapports, pour éviter de répondre. Ça, c'était la deuxième partie de
mon argumentation.
Maintenant,
après ça, j'ai dit que j'avais comparé le dossier de la cimenterie de
Port-Daniel... Je vais juste revenir... Au niveau de l'environnement, ce qui m'a le plus surprise, le projet de loi sur la qualité de l'environnement auquel on veut soustraire le projet de Ciment McInnis, bien c'est le projet le
plus polluant qu'il y a jamais eu au Québec, contrairement au projet de la Gaspésia, qui, lui, n'était pas polluant. Mais c'est quand même
autant de fonds publics pour à peu
près le même nombre d'emplois.
C'est la similitude.
L'autre
similitude, c'est que, les mégaprojets, lorsqu'ils sont gérés par l'État, il y a
souvent des cafouillages. J'ai énuméré qu'une étude... 600 mégaprojets à
travers le monde depuis 1927, c'est quand même une étude qui est assez probante. C'est plus que 50 ans de... Non, parce qu'elle a été rendue publique en 1977. Donc, c'est 50 ans d'étude. Puis il y avait
trois choses qu'ils disaient là-dedans : neuf projets sur 10 ont subi des dépassements de
coûts, neuf projets sur 10 dans les
mégaprojets; la demande prévue pour le bien produit ou le service rendu est généralement surestimée; puis la tendance à sous-estimer les coûts et à
surestimer la demande n'est pas du tout atténuée pendant 50 ans. Ça fait 50 ans
qu'on répète les mêmes erreurs. Il me semble que ça ne fait pas si longtemps,
la Gaspésia. On devrait s'en souvenir, Mme
la Présidente, pour ne pas
recommencer, recommencer. En bout de ligne, on s'est demandé pourquoi
ça arrive, ces erreurs-là. Premièrement, l'identification, l'analyse, la maîtrise des risques sont
systématiquement négligées ou absentes. Si on avait fait un BAPE, on aurait probablement pu aller plus
loin à ce sujet-là, puis faire cette analyse-là, puis identifier les problèmes. Se priver d'à peu près quelques mois
d'analyse et quelques experts, je pense que ça aurait été bien pour les millions qu'on va investir là-dedans.
Deuxièmement, il y a absence d'imputabilité des promoteurs politiques,
industriels ou financiers pour les erreurs faites
dans la prévision des coûts ou de la demande.
Mme la Présidente, en
terminant, j'abrège au niveau des problèmes qui ont accablé la Gaspésia puis je
dirais, Mme la Présidente, que, si on avait un peu de mémoire,
on n'aurait pas répété les choses. Le sous-titre du rapport de la
Gaspésia, c'était Précipitation est mère du regret. Mme la Présidente,
j'espère que le sous-titre du prochain rapport qu'il y aura probablement sur la
cimenterie McInnis, ça ne sera pas Chronique annoncée d'un désastre
financier.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup de votre intervention, Mme la députée d'Arthabaska. Et pour la poursuite du débat je vais maintenant
céder la parole à Mme la députée de Saint-Hyacinthe.
Mme Chantal Soucy
Mme
Soucy : Merci, Mme la Présidente. Le projet
de loi n° 37, chers collègues,
c'est la preuve que le gouvernement
libéral est prêt à tout, même à changer les règles, pour parvenir à ses fins.
La vérité, c'est que le gouvernement
libéral craint un jugement
défavorable de la Cour supérieure qui viendrait forcer la tenue d'un BAPE et
qui mettrait en péril le projet de
cimenterie situé à Port-Daniel, un projet polluant et non rentable pour le
Québec. Pour montrer aux électeurs qu'ils
voudraient faire les choses différemment, le gouvernement n'a pas trouvé mieux
que de reconduire un projet mal ficelé et polluant du Parti québécois,
celui de la cimenterie Port-Daniel, bien entendu, un projet que... oui, va
créer de l'emploi dans une région qui en a
besoin. Mais le problème, ce n'est pas de la création d'emplois, c'est du
déplacement d'emplois, parce
qu'inévitablement les emplois seront perdus dans les cimenteries qui existent
déjà, comme à Saint-Constant ou à Joliette.
On
constate au fil des ans que, les deux vieux partis, c'est naturel d'acheter des
votes en campagne électorale, mais en acheter avec des promesses
irresponsables et dommageables pour l'environnement, c'est odieux. Près d'un demi-milliard que ça va coûter aux Québécois pour
le manque d'innovation du gouvernement. C'est indécent, Mme la Présidente. C'est une autre preuve que ce
gouvernement improvise depuis son élection. Plutôt que de trouver des nouvelles
idées, il copie les mauvaises idées du
gouvernement précédent. Copier les idées du Parti québécois, il faut le faire,
quand même, il faut vraiment être en panne d'idées, pas à peu près.
• (19 h 40) •
Le
projet de loi n° 37, c'est une belle façon pour le gouvernement de
renforcer son jeu de cartes, qui menace de s'écrouler à tout moment parce qu'il n'a pas respecté les règles. Pour nous, parlementaires, le jeu est d'autant plus évident que le gouvernement a choisi
de nous refuser les consultations parlementaires d'usage pour ce genre de
projet de loi. Pourquoi? Poser la question,
c'est y répondre, Mme la Présidente. Ils ne veulent surtout pas entendre les
différents intervenants venir leur
dire qu'ils font fausse route. Ils préfèrent faire croire aux Québécois que les
groupes environnementaux sont d'accord
avec leur projet quand nous savons très bien que ce n'est pas le cas. Ce n'est
pas pour rien que le gouvernement
démontre son empressement à changer les règles du jeu. Je tiens à rappeler que
la cimenterie McInnis est le projet le plus polluant de l'histoire du
Québec.
Mme la Présidente, on
peut dire que le ministre de l'Environnement a l'imagination fertile quand il
s'agit de défendre l'indéfendable. Il
prétend à tort que les projets de construction de la cimenterie et du terminal
maritime situés dans la municipalité de Port-Daniel sont liés et ont toujours
été visés par le seul régime d'autorisation prévu à l'article 22 de la Loi sur la qualité de l'environnement.
Autrement dit, le gouvernement parviendra à ses fins avec ce projet de
loi : soustraire le projet de la cimenterie à l'application de la Loi sur
la qualité de l'environnement, c'est-à-dire à la procédure d'évaluation du BAPE, dont le Conseil des
ministres est responsable du déclenchement, et ça, sans aucune contestation
de la part du ministre responsable de
l'Environnement. Dans le but de faire annuler les certificats délivrés par le
ministre à la cimenterie, en août
2014, la cimenterie Lafarge, le groupe environnemental Vert-Plus et le Centre
québécois du droit de l'environnement
ont demandé une requête en injonction. Le projet devait débuter le 3 ou le 4
mars dernier, mais, suite au dépôt du
présent projet de loi, les procédures sont reportées jusqu'à nouvel ordre. Vous
savez, Mme la Présidente, on enseigne à nos enfants que les lois sont faites
pour être respectées. Aujourd'hui, le gouvernement vient leur dire qu'il suffit de tout prévoir pour bien les contourner
comme il fait avec le projet de loi n° 37 en spécifiant qu'il s'applique
malgré toute décision d'un tribunal.
Mme la Présidente, je me rappelle mon premier cours à l'Université de Montréal
en droit, le professeur nous a
enseigné le principe d'indépendance judiciaire. Aujourd'hui, le gouvernement,
en dictant au juge la décision qu'il doit prendre, le gouvernement
s'ingère dans le processus judiciaire. Le gouvernement change donc les règles du jeu en cours de route pour ne pas perdre
la face. Il a tout simplement décidé d'écrire le jugement en place du
tribunal afin de dissiper tous les risques que le projet soit en péril et
d'éviter d'être blâmé pour la faute commise.
Comment la ministre
de la Justice peut être en accord avec le fait que son gouvernement intervienne
dans un processus judiciaire en cours et
commande des interventions arbitraires à la pièce, comme bon lui semble? Son
collègue le ministre des Affaires
municipales est prêt à risquer la faillite de la municipalité de Restigouche
face à la poursuite de Gastem en
choisissant de ne pas intervenir, pas par des principes d'équité et
non-ingérence, mais son collègue de l'Économie, lui, peut s'ingérer comme bon lui semble dans un procès qui vise un de
ses collègues, le ministre de l'Environnement, pour un projet qu'il a
décidé de soutenir.
Le
gouvernement libéral s'entête avec ce projet de loi à ne pas assujettir le
projet le plus polluant de l'histoire du
Québec, c'est important de se le rappeler, à une évaluation indépendante, à une
consultation publique. Voilà, Mme la Présidente,
pourquoi nous voterons contre ce projet de loi. Il est important que la
population connaisse les vraies raisons, parce qu'on sait très bien que le gouvernement aime faire de la
démagogie en prétendant que la Coalition avenir Québec n'aime pas les
régions, ce qui est tout à fait faux.
Une voix :
...
Mme Soucy :
On va...
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Oui.
M.
Sklavounos : ...parlé d'achat de votes. Là, elle est dans
les termes qui ne sont pas parlementaires. Je vais vous demander de lui
demander de retirer, s'il vous plaît, Mme la Présidente...
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Oui. Bien, M. le leader du deuxième groupe d'opposition.
M.
Bonnardel : ...collègue, Mme la Présidente, de
Saint-Hyacinthe a été immensément polie, immensément polie, alors je ne
vois pas...
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : M. le leader du deuxième groupe
d'opposition, ce n'est pas une question de
politesse, c'est une question d'utiliser des propos qui ne sont pas permis.
Alors, je vais demander à Mme la
députée de retirer le mot «démagogie».
Des voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Oui, et je vous invite aussi...
Des voix : ...
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, vous pouvez vous lever, vous pouvez vous lever, madame...
Des voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Alors, est-ce que vous retirez...
Des voix : ...
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Vous pouvez vous lever, Mme
la députée. Est-ce que
vous retirez vos propos? Puis je vous invite à la prudence aussi dans le
choix des mots pour étayer vos propos.
Mme Soucy : ...le mot «démagogie».
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Très bien.
Mme
Soucy : Alors, bien, écoutez,
il est important, là, que les Québécois connaissent les
vraies raisons pourquoi qu'on va voter contre le projet de loi, puisque le gouvernement aime bien prétendre que la coalition n'aime pas
les régions, ce qui est tout à fait faux.
On votera
contre au nom de la maximisation des retombées économiques et de la rentabilité
des projets soutenus par le gouvernement du Québec, au nom du respect des limites et des réalités
que connaissent certains marchés comme celui
du ciment au Québec. Également, il est une insulte envers le système judiciaire
du Québec, envers l'institution dans laquelle nous
débattons aujourd'hui, envers la fonction parlementaire et envers l'ensemble
des Québécois, et ce, pour trois
raisons : premièrement, pour des raisons législatives et réglementaires,
parce que le nouveau projet aurait dû être assujetti au processus du BAPE dès les nouvelles
démarches entreprises par McInnis en 2008, 2012 et 2013; deuxièmement, pour les raisons de nature économique,
parce que le projet n'est pas rentable, que les fonds
publics auraient dû être utilisés plus judicieusement et que le marché québécois
est déjà saturé dans ce domaine; troisième raison, pour des raisons
environnementales évidentes pour tous les Québécois, sauf pour le parti au
pouvoir.
C'est pour ces raisons que ma formation politique
votera contre le projet de loi. Merci, Mme la Présidente.
Une voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
M. le député de Fabre.
Une voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Non, non. Allez-y.
M.
Ouimet
(Fabre) : Alors,
j'aurais une question, Mme la
Présidente, évidemment
si la députée de Saint-Hyacinthe
accepte ma question.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, Mme la députée, est-ce
que vous acceptez de répondre à une...
Une voix : ...
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, elle ne souhaite pas répondre, alors nous allons poursuivre le
débat, et, sans plus tarder, je vais céder la parole à M. le député de Blainville.
Des voix : ...
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Chers collègues, il y
a une personne qui a la parole ici,
et c'est M. le député de Blainville.
M.
Mario Laframboise
M.
Laframboise : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Il me fait plaisir de prendre la parole, au nom
de mon parti, sur le projet de loi qui est devant nous, par
rapport à ce projet de cimenterie à
Port-Daniel, en Gaspésie, parce que,
Mme la Présidente, ça me fait plaisir personnellement, j'ai une histoire d'amour avec la Gaspésie depuis plusieurs
années, Mme la Présidente, puis je voudrais vous en faire part. Parce que
moi et un groupe d'amis, depuis plus de 25 ans qu'on a la chance de parcourir la Gaspésie pour la chasse
et la pêche et puis c'est un territoire qui est de toute beauté, Mme la Présidente. J'ai eu cette chance d'avoir
cette histoire d'amour avec la Gaspésie, Mme la Présidente, mais j'ai
aussi vu l'évolution de
l'offre touristique de la Gaspésie au cours des 30 dernières années, Mme la
Présidente. Et, si les collègues en cette Chambre aiment autant la Gaspésie que moi, ils
s'apercevront des changements importants qui se sont passés en Gaspésie
au cours des 30 dernières années puis pas toujours à l'avantage de la
faune et de la flore en Gaspésie.
Je vous conte ça parce que c'est un exemple
frappant. On veut installer, dans un des plus beaux territoires du Québec,
une cimenterie qui sera un équipement parmi les plus polluants au Québec. Et
ça, Mme la Présidente, ça me fait penser à il y a une quinzaine d'années, lorsque
j'étais avec mes amis dans les réserves des Chic-Chocs... On nous faisait
faire un sondage, parce qu'on participait à une excursion de chasse, et on nous demandait si on
souhaitait avoir des éoliennes et qu'est-ce qu'on pouvait penser d'avoir
des éoliennes installées dans une réserve faunique comme les Chic-Chocs.
• (19 h 50) •
Je vais vous
dire qu'évidemment j'étais en politique dans un autre parlement et,
à tous ceux que j'ai rencontrés pendant
cette semaine-là, je peux vous dire qu'il n'y a personne qui a répondu
favorablement à ce sondage pour que... écoutez, le bruit que ça peut mener auprès des... vous
avez des chasseurs qui parcourent le territoire, c'est le silence. C'est
tout ce qui s'en suit par rapport à ça. Et,
croyez-le, croyez-le pas, bien il y a des éoliennes maintenant
dans les Chic-Chocs, Mme la Présidente. Et ça, pourquoi je vous dis ça?
Parce qu'on ne peut pas apprécier, aimer un territoire, comme la Gaspésie, qui est giboyeux, qui bénéficie de tous
les avantages de la nature puis de permettre d'installer au coeur de ces
territoires, qui sont des immenses
pouponnières pour les orignaux, entres autres, des éoliennes, Mme la Présidente. C'est contraire à la
vocation. Et ça a été fait, Mme la
Présidente, autant sous le régime du Parti québécois que du Parti libéral.
Puis ça me
permet de vous parler aussi de l'état des lieux. La réserve de Matane, Mme la Présidente, puis c'était la réalité il y
a 15, 20 ans, quand on s'inscrivait... Puis je sais qu'il y a des collègues de
cette Assemblée qui participent à des
excursions de chasse à Matane. À Matane, c'était un territoire hautement
protégé. Quand arrivaient les chasseurs... D'abord, premièrement, tu ne faisais pas ce que tu voulais. Tu avais une
formation qui durait plusieurs dizaines de minutes pour t'expliquer comment ça fonctionnait :
parce qu'il y a beaucoup de gibier, il faut faire attention; il ne faut
pas faire de double abattage, il faut être respectueux de l'environnement. Et
ça n'existe plus, Mme la Présidente, il y a plus de formation pour les chasseurs. À l'époque, à Matane, dans la réserve, tu
avais une guérite, une barrière. Il n'y a pas personne qui pouvait aller
là comme il voulait. Maintenant, tu peux passer, il n'y a plus personne, il y a
plus de barrière, tout le monde peut traverser. J'étais cette année en pleine
excursion. Moi, je n'ai pas d'arme, donc j'accompagne puis je me... Il y avait des gens qui étaient là en plein milieu de
la réserve avec une voiture, puis qui se promenaient, puis qui s'en venaient
voir les orignaux en pleine saison de chasse
un territoire que... tout ça parce qu'ils voulaient venir voir qu'est-ce qui se
passait.
Je veux dire,
à quelque part, je veux bien entendre, là, que des collègues en cette Chambre
vont accuser la Coalition avenir
Québec de ne pas aimer la Gaspésie. Mme la Présidente, j'aime la Gaspésie.
Puis, si les collègues libéraux puis péquistes
avaient aimé comme moi la Gaspésie, jamais ils n'auraient permis qu'on puisse
ne plus investir dans les superbes réserves
fauniques de la Gaspésie, Mme la Présidente. C'est inconcevable d'avoir
cette nature chez nous puis... Écoutez, je vais vous dire encore que j'ai rencontré un garde-chasse sur le
territoire, il m'expliquait... Ils étaient deux dans le véhicule, parce qu'en saison de chasse, évidemment, il faut
qu'ils soient deux. Ils étaient deux pour couvrir tout le territoire de la
Gaspésie, Mme la Présidente. Donc, à quelque
part, ceux qui sont responsables de la protection de la faune... Et là on va me
dire ici, en cette Chambre, que nous, on n'aime pas la Gaspésie puis que les
péquistes aiment la Gaspésie, les libéraux aiment la Gaspésie. Bien, quant à moi, s'ils les aiment, ils vont mettre
plus de protection pour la Gaspésie, pour son cheptel, et tout ça, ils vont mettre des gens pour
protéger, pour être capables de contrer le braconnage, de faire tout ce qu'il
faut.
Ce n'est pas
pour rien, Mme la Présidente, que, toutes les histoires de braconnage, une
bonne partie proviennent de la
Gaspésie, parce que c'est là un des territoires les plus giboyeux du Québec.
Mais, encore une fois, est-ce que je peux vous dire que le cheptel de la réserve de Matane a été diminué de
40 % au cours des cinq dernières années? C'est ça, la réalité. Et là on va me dire qu'on aime la
Gaspésie. Bien, si on aime la Gaspésie, on va protéger son activité numéro un,
qui est le tourisme, Mme la Présidente. Puis
je vous dis ça parce que c'est... Je veux bien qu'on parle d'investir
450 millions dans une
cimenterie, mais est-ce qu'on a pensé simplement de prendre... Parce qu'on le
fait en participation. Puis là le président
du Conseil du trésor peut bien déchirer sa chemise pour dire : On prend
des actions. Est-ce qu'on a même pensé d'investir
450 millions, ne serait qu'en capital-actions, dans les entreprises
touristiques de la Gaspésie, qu'est-ce que ça pourrait créer comme
impact sur le développement, puis accueillir les touristes?
Mme la
Présidente moi, je veux bien en cette Chambre qu'on discute, mais je veux quand
même qu'il y ait une réalité. Et j'ai
parlé aux élus de la Gaspésie. Les éoliennes, on leur a vendu comme étant un
revenu, Mme la Présidente, avec...
Vous voyez qu'est-ce que ça a comme impact au point de vue de ce que paient
présentement les contribuables du Québec
sur leurs comptes d'électricité. Mais les décideurs de la Gaspésie ont besoin de ces revenus-là. Mais,
encore une fois, c'est de la
pollution visuelle, c'est de la pollution par le bruit, pour tout ce qu'ils
peuvent avoir comme impact sur évidemment tout le système animal du beau territoire de la Gaspésie, et
là on va venir nous dire qu'une cimenterie qui va émettre des gaz à
effet de serre à Port-Daniel, il y a une réserve à Port-Daniel...
Donc,
encore une fois, Mme la Présidente, je veux bien, là, mais j'aimerais qu'on
pense à la Gaspésie de façon autre
que des éoliennes qui sont de la pollution visuelle puis évidemment de la
pollution par le bruit, des cimenteries qui sont de la pollution de l'air, Mme la Présidente.
J'aimerais qu'on parle de la Gaspésie pour ce qu'elle est, la beauté d'un des
plus beaux territoires du Québec. Il faut le
faire, là, être capable de s'en aller au bout du quai, prendre du maquereau
puis essayer de le faire cuire après.
Il faut le faire, Mme la Présidente, là, il faut être capable. Moi, c'est avec
grande joie que je le fais à tous
ans. Puis on est un groupe de huit amis puis on le fait, c'est avec grand
plaisir qu'on... Mais je trouve que la Gaspésie, par la faute des
décideurs autant péquistes que libéraux, laisse se détériorer ce beau
territoire là, Mme la Présidente, parce
qu'on manque d'argent, on manque d'investissement. On ne veut pas d'agent de
protection de la faune, parce qu'on
n'a pas d'argent. Ils me disaient qu'ils n'avaient plus d'argent au mois
d'octobre, avant que la chasse sur les territoires
libres soit ouverte, ils n'avaient plus d'argent pour mettre de l'essence dans
leur véhicule, Mme la Présidente. Il
y avait un seul véhicule, parce que c'était la façon la plus économique, sur un
des territoires les plus, comme je vous disais, giboyeux et où il y a beaucoup de chasseurs évidemment puis
l'été des pêcheurs, et tout ça, et ça, Mme la Présidente, c'est un peu dur. C'est un peu dur de constater ça
quand on est amoureux de la Gaspésie. Et de voir que les gouvernements embarquent avec des promoteurs qui ont des projets
polluants... et puis les décideurs sont à la merci... C'est 200 emplois puis c'est évident que la Gaspésie ne peut pas se
permettre de perdre aucun emploi. Mais, si on avait décidé de prendre 450 millions en capital-actions dans des
entreprises de la Gaspésie pour développer tout le secteur touristique, je
peux-tu vous dire qu'il y aurait eu
sûrement des entrepreneurs puis des femmes d'affaires, des hommes d'affaires
qui auraient été intéressés à faire prospérer leurs entreprises, Mme la
Présidente, puis à attirer les touristes et évidemment les Québécois et les Québécoises, comme moi, qui ont
un amour de la nature? Puis là je ne voudrais pas passer sous silence
aussi les parcs, les randonnées pédestres, l'hiver, tout ce qu'il y a comme
activités de sport d'hiver.
Donc,
encore une fois, Mme la Présidente, on est ici à discuter d'investissements
dans un territoire où, quand on veut défendre, encore une fois, ce
territoire-là, nous, pour qu'on évite de le polluer avec ce qu'il y a de pire,
Mme la Présidente, une cimenterie... je veux dire, à quelque part, là, il y a à
peu près juste, je vous dirais, certains hommes d'affaires qui peuvent rêver à ça. Moi, je n'aurais jamais pensé qu'on
aurait installé une cimenterie en Gaspésie. Mais, depuis qu'ils ont installé des éoliennes aux Chic-Chocs,
là je me dis que peut-être tout est permis, Mme la Présidente, pour de l'argent
on est prêt à faire à peu près n'importe quoi. Le problème, c'est que, dans le
milieu des cimenteries, les quatre
actuelles, au Québec, ne fonctionnent qu'à 60 %. Donc, encore une fois, on
va faire une distribution du marché. Pour
les péquistes, les libéraux, ils vont avoir fait une promesse électorale, ils
vont avoir probablement... être capables de justifier leurs
investissements au point de vue de la participation citoyenne au vote. Mais,
quand on veut défendre un territoire aussi
beau que la Gaspésie, il faut aller plus loin que ça, Mme la Présidente, et
être capable de redonner la vigueur à la
Gaspésie, la vigueur touristique qu'elle mérite. Moi, je pense que ce n'est
sûrement pas une cimenterie qui va régler ça, Mme la Présidente, puis je
pense que ça va prendre un gouvernement de la Coalition avenir Québec qui va
dire aux Gaspésiens, aux Gaspésiennes :
On va vous aimer pour ce que vous êtes, un des plus beaux territoires
touristiques du Québec.
• (20 heures) •
C'est
ça, la réalité. Et on sera capables de s'asseoir avec les femmes et les hommes
d'affaires de la Gaspésie pour leur
dire : Quels sont vos besoins en infrastructures touristiques? Quels sont
vos besoins d'entrepreneurship? Qu'est-ce que vous voulez pour être capables, vous, de grossir vos entreprises en
Gaspésie pour éviter qu'on se serve de la Gaspésie pour installer des cimenteries, les équipements
parmi les plus polluants au monde, des éoliennes qui sont de la pollution
visuelle et par le bruit, éviter d'installer
ça dans des paradis pour les orignaux
ou les autres animaux, Mme la
Présidente.
Moi,
je pense qu'il
faut aller plus loin que ça et de
dire aux Gaspésiens et aux Gaspésiennes : N'ayez pas
peur, n'ayez pas peur de demander ce qui vous revient. N'ayez pas peur
de dire : On est un secteur touristique, on veut être capables d'attirer les touristes du monde entier, parce que
c'est ça, la réalité, Mme la Présidente. Ça mérite
pratiquement d'avoir des investissements qui sont uniques pour un territoire unique, Mme
la Présidente, et, encore une fois, être capable d'aller pêcher au bout du quai du poisson qu'on
peut consommer.
Mme la Présidente, moi, je pense que c'est une réalité qu'il faudrait que tous les Québécois et les
Québécoises aient la chance de faire.
Je le sais que je me considère... Ce n'est pas des... ça coûte toujours une
certaine somme d'argent, Mme la Présidente, quand on veut être capable
de se déplacer ou aller sur les réserves, les territoires du Québec. Oui, je suis parmi un des privilégiés, mais je le
souhaiterais à toutes les Québécoises et Québécois au moins une fois dans leur
vie de pouvoir participer à toute cette
belle région, être capable de visiter et être capable d'apprécier la qualité de
ce qu'est la Gaspésie, à sa juste valeur, Mme la Présidente.
Et
j'aimerais que ça revienne comme c'était il y a 25 ans, où on protégeait les
réserves fauniques, où on avait le personnel
nécessaire pour donner la formation à ceux qui venaient utiliser les
territoires, qu'on soit capables, encore une fois, d'avoir des
investissements. Puis là, je passe sous silence les investissements sur les
bâtiments dans les réserves fauniques, Mme
la Présidente. Il y a eu un manque d'investissement. Puis là je veux être
compris des Gaspésiens et des Gaspésiennes,
ce n'est pas eux. Eux, ils font le travail pour lequel on les paie. Quand on
coupe le personnel, puis s'il n'y a pas
d'argent, bien, on n'est pas capables de faire les choses pour lesquelles on
n'a pas les sous pour le faire. Donc, s'il y a eu des équipements qui ont été
de plus en plus désuets puis qu'on n'a pas remplacé ou réparé puis qu'on a
laissé parce qu'on manquait d'argent,
bien, évidemment, ce n'est pas la faute des Gaspésiens et des Gaspésiennes,
évidemment, c'est la faute du Québec, qui n'a pas su investir les
argents au bon endroit pour la Gaspésie, Mme la Présidente.
Puis
je considère, comme la Coalition avenir Québec, qu'une cimenterie en Gaspésie,
c'est un mauvais placement, et c'est un mauvais investissement, c'est
une mauvaise image de la Gaspésie, aller installer au coeur de ce joyau une cimenterie, Mme la Présidente. Même dans mes
mauvais rêves, là, puis des fois j'en ai, là, évidemment, là, comme tout
le monde, évidemment, oui, je côtoie des
libéraux puis des péquistes, ça m'en donne, mais, même dans mes mauvais rêves, je
n'aurais pas pensé qu'on aurait pu installer un équipement aussi polluant en
Gaspésie.
Et ça, c'est
un peu... vous savez, c'est un grand paradoxe parce que d'avoir réussi à
convaincre — puis
péquistes, libéraux, ils se sont échangé le pouvoir — les
Gaspésiens et les Gaspésiennes que la seule façon de faire évoluer leur
économie, c'est par des éoliens et des éoliennes... excusez, des éoliennes,
excusez-moi.
Des
voix : Ha, ha, ha!
Une voix :
...
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : ...
M.
Laframboise : ...et les projets de cimenterie ou tout projet de
minicentrales qui pourraient harnacher les belles rivières de la Gaspésie, Mme la Présidente, ce
n'est pas un territoire qui se doit d'avoir ces investissements-là. C'est un
territoire, la Gaspésie, qu'on doit choyer,
c'est un joyau du Québec. Il faut être capable d'investir, oui, en Gaspésie,
être capable de prendre, oui, sous
forme de capital-actions dans les entreprises, offrir 450 millions de
prise de capital-actions. Parce que,
vous savez, l'avantage d'un capital-actions — je peux comprendre le ministre — c'est que, lorsqu'on vient pour être capable de faire nos états financiers,
ce n'est pas considéré comme une dette, évidemment, c'est considéré comme un investissement. Je peux comprendre. Je
comprends mal qu'on fasse ça à une entreprise privée avec des actionnaires
qui sont très fortunés parce qu'évidemment
on leur permet de prendre des emprunts sur leurs équipements pour faire
d'autres investissements qui pourraient être ailleurs, Mme la Présidente. C'est
ça, la dure réalité. Mais ça, encore une fois, le président du Conseil
du trésor vivra avec la responsabilité de ses actes.
Une chose est
sûre : la Coalition avenir Québec n'aurait jamais installé une cimenterie
en Gaspésie. Ça, vous pouvez être convaincue, Mme la Présidente, jamais on
n'aurait fait ça, jamais on n'aurait fait, commis cette erreur-là, jamais on n'aurait osé faire aux Gaspésiens et aux
Gaspésiennes cet affront-là, installer un équipement aussi polluant dans un des plus beaux joyaux du Québec,
Mme la Présidente, c'est une honte.
Et
ça, encore une fois, les péquistes, les libéraux vont vivre avec,
mais j'aime mieux me tourner vers l'avenir, Mme la Présidente, et penser
qu'un jour il y aura un gouvernement
de la Coalition avenir Québec qui saura s'asseoir avec les Gaspésiens et les Gaspésiennes puis leur
dire : Votre beau territoire, on l'a laissé aller et on veut le protéger.
On veut vous donner évidemment des
agents de protection de la faune qui sont capables d'empêcher le braconnage. On
veut vous aider à rénover vos
installations, vos équipements touristiques, parce que vous le méritez. On va
vous donner plus de façons d'être
capable de recevoir, d'accueillir les gens dans vos beaux parcs, dans vos
belles réserves, être capable de leur donner la formation pour qu'ils fassent de la protection du territoire, de la
flore et de la faune, être capable de revenir à ce que c'était déjà, Mme la Présidente. Parce qu'ils ont
connu ça, les Gaspésiens, les Gaspésiennes. Et, encore une fois, éviter qu'on harnache leurs rivières avec des
minicentrales, évidemment qu'on détruise la beauté de leurs montagnes avec des
éoliennes, Mme la Présidente, puis surtout
les installer dans des endroits où il y a de la faune, Mme la Présidente, qui
est une erreur monumentale, mais
surtout ne pas installer un équipement parmi les plus polluants, qui est la
cimenterie de Port-Daniel, là, Mme la Présidente, pour des raisons
bassement économiques à court terme.
Et
c'est ça, la dure réalité, Mme la Présidente, pour le gain de vote,
probablement, là. C'est cette façon de faire que... Bon, quand on regarde qu'est-ce que les libéraux et les péquistes
ont fait au cours des 40 dernières années, là, ils ont toujours fait des
politiques comme ça. Mais l'espoir, c'est qu'un jour la Coalition avenir
Québec, dans trois ans, maintenant, trois
ans et demi... la coalition prendra le pouvoir et saura s'asseoir la tête haute
avec les Gaspésiens et les Gaspésiennes,
qui viendront nous dire leurs besoins, leurs réels besoins au point de vue
équipement touristique, puis qu'on saura
leur dire : Oui, nous, on va être derrière vous. Nous, on va vouloir que
votre territoire redevienne l'un des joyaux du Québec. Et, encore une fois, Mme la Présidente, ce sera avec joie et
ça nous fera plaisir, nous, de la Coalition avenir Québec, de supporter
les Gaspésiens et les Gaspésiennes.
Parce
que ce n'est pas rien, là. 450 millions de dollars, là, on peut essayer de
dire n'importe quoi, c'est du capital-actions,
c'est... Peu importe, là, c'est 450 millions de dollars. Si on avait
offert ça aux entrepreneurs de la Gaspésie, je crois, Mme la Présidente, qu'il y aurait eu des présents, beaucoup de
présents, qu'il y aurait eu des bonnes idées pour être capable de dire : La Gaspésie, notre
beauté touristique, nous la revalorisons encore. Et évidemment pour nous, Mme
la Présidente, bien, on sera là pour les supporter.
Mais,
en attendant, je le sais que ça peut... En tout cas, il y a toutes sortes de
façons d'interpréter, mais je voudrais que
les Gaspésiens et les Gaspésiennes qui écoutent ce soir interprètent le vote de
la Coalition avenir Québec contre la cimenterie
non pas comme un vote contre la Gaspésie. Justement, le premier vote pour
relancer la Gaspésie, ça sera ça, la réalité, Mme la Présidente. Merci.
• (20 h 10) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci beaucoup, M. le député de
Blainville. Et vous nous avez bien fait
rire avec vos éoliens et vos éoliennes. Alors, pour la prochaine intervention,
je vais maintenant reconnaître M. le député de Groulx.
M. Claude Surprenant
M.
Surprenant : Mme la Présidente, légiférer, c'est être à l'écoute.
Alors, encore ici, comme pour le p.l. n° 28 et autres, on a un gouvernement qui ne l'est pas, qui
agit en solo, qui s'isole. Nous avons été élus pour faire évoluer le droit
et on ne le fait pas ici. Comme l'a
savamment expliqué mon collègue le député de Borduas et porte-parole de la CAQ
en matière d'environnement, ce projet
de loi ne vient que réaffirmer l'état actuel du droit, ce qui est contraire au
principe juridique qui dit que le
législateur ne parle pas pour rien dire. On aurait dû inviter des groupes à
soumettre leur point de vue puis y réfléchir. Mais là j'ai comme
l'impression que la maison n'est pas construite sur des fondations solides,
comme on dit, que le ciment ne prend pas.
Et c'est
comme du ciment frais en fait. L'histoire qui se déroule autour de ce projet va
y laisser des empreintes. Comme la
construction de la cimenterie McInnis en Gaspésie, ce projet de loi est
inacceptable. Il est une insulte envers le système judiciaire du Québec, envers
l'institution dans laquelle nous débattons aujourd'hui, envers la fonction gouvernementale et envers l'ensemble des
Québécois, et ce, pour trois raisons que mes collègues ont mentionnées et que
je vais répéter.
Premièrement,
pour des raisons législatives et réglementaires, le nouveau projet aurait dû
être assujetti au processus du BAPE dès les nouvelles démarches
entreprises pas McInnis en 2008, 2012 et 2013.
Deuxièmement,
pour des raisons de nature économique, le projet n'est pas rentable. Les fonds
publics auraient dû être utilisés plus judicieusement, puis le marché
québécois est déjà saturé.
Et, troisièmement, eh
bien, pour des raisons environnementales bien évidentes, Mme la Présidente...
Mme la Présidente, le projet de loi
n° 37, c'est la preuve que le gouvernement libéral est prêt à tout, même à
changer les règles, pour parvenir à ses fins. La vraie affaire, c'est
que le gouvernement libéral craint un jugement défavorable de la Cour supérieure qui viendrait renforcer la tenue d'un
BAPE et qui mettrait en péril le projet de cimenterie à Port-Daniel en
Gaspésie.
Je
rappelle que la cimenterie McInnis est le projet le plus polluant de l'histoire
du Québec. Il s'agit d'un projet inquiétant quant à l'intérêt que
portent les Québécois à l'environnement et quant à l'atteinte par le Québec des
cibles environnementales qu'il s'est fixées. Autrement dit, sans aucune
contestation de la part du ministre responsable de l'environnement, le projet
parviendra à soustraire, avec ce projet de loi, le projet de cimenterie et
l'application de la section IV sur la Loi de la qualité de l'environnement,
c'est-à-dire à la procédure d'évaluation du bureau d'audiences publiques et
d'enquête, le BAPE, dont le Conseil des ministres est responsable du
déclenchement.
Le projet de loi
n° 37 vient court-circuiter le processus judiciaire en spécifiant qu'il
s'appliquera malgré toute décision d'un
tribunal rendue après la date de la présentation du projet de loi. En dictant ainsi au juge la décision qu'il doit prendre, le gouvernement s'ingère dans le processus
judiciaire afin de sécuriser contre toute entrave la cimenterie, dont la construction a déjà
débuté. Le gouvernement change donc les règles du jeu en cours de route
pour ne pas perdre la face. Il a tout simplement décidé d'écrire le jugement à la place du tribunal afin de dissiper
tous les risques que soit mis en péril le projet McInnis, Mme la
Présidente.
Alors,
difficile à comprendre que la ministre
de la Justice puisse être d'accord
avec le fait que son gouvernement
intervienne dans un processus
judiciaire en cours. Difficile aussi à accepter que son collègue de l'Économie,
lui, puisse s'ingérer, comme bon lui
semble, dans un procès qui vise un de ses collègues, le ministre de l'Environnement. Difficile à accepter, voire inacceptable, que le gouvernement libéral s'entête
avec ce projet de loi, et sans aucune considération pour la protection de l'environnement, à ne pas assujettir le projet le plus polluant de l'histoire du Québec à
une évaluation indépendante et à une consultation publique, Mme la
Présidente.
Lors
du Sommet de Québec sur les changements climatiques du 14 avril, devant les
premiers ministres des autres provinces
canadiennes, on a vu toute l'incohérence du gouvernement libéral, qui a
réaffirmé, la main sur le coeur, l'urgence d'agir dans la lutte contre les changements climatiques. La semaine
passée, le ministre de l'Environnement a essayé de détourner les critiques de Paul Arcand quant à
l'incohérence de la cimenterie McInnis dans le grand projet du gouvernement
de réduire les émissions de gaz à effet de
serre au Québec. Le ministre a répété à plusieurs reprises : Il est
nécessaire d'agir maintenant, dans l'immédiat. Mais il est incapable de
justifier le projet le plus polluant de l'histoire du Québec.
Or,
malgré l'incohérence de sa propre politique environnementale, le gouvernement
libéral s'est même permis de sermonner
le gouvernement fédéral, qui doit, lui aussi, améliorer son bilan environnemental
et faire preuve de leadership. Or, la
semaine dernière également, la Commission de l'écofiscalité du Canada calculait
que le Québec n'atteindrait fort probablement
pas sa cible de réduction de gaz à effet de serre d'ici 2020, Mme la Présidente.
Or, c'est de la dichotomie continuellement. Comment le ministre peut-il
prétendre tout faire pour remplir son mandat quant à la lutte contre les
changements climatiques s'il ne soumet pas le projet le plus polluant de
l'histoire du Québec au BAPE?
La
société québécoise s'est fixé des objectifs en matière de réduction de gaz à
effet de serre, Mme la Présidente, et ce gouvernement, comme pour l'emploi, balance
les objectifs par-dessus bord. Une utilisation judicieuse de leviers économiques pour le développement de nos
régions est réalisable, Mme la Présidente. Parce qu'on croit sincèrement au développement de nos régions, on affirme qu'il y
a mieux à faire que ce projet. Mon collègue le député de Johnson et
porte-parole en matière d'économie, d'innovation et d'exportation l'a bien
expliqué dans sa récente allocution, Mme la
Présidente. Le 450 millions aurait, entre autres, pu servir à supporter
des entrepreneurs en région, à dynamiser et diversifier leur économie, la rendant moins vulnérable aux cycles d'une
seule grosse entreprise et son secteur d'activité. Mais ce
gouvernement-là n'a pas de plan, Mme la Présidente.
Alors,
des bonnes idées, des bonnes approches structurantes, vous avez pu le
constater, on en a, et je dois le dire, Mme la Présidente, la CAQ n'est pas le parti d'une seule idée, c'est un
gouvernement en attente. Alors donc, nous voterons contre ce projet de
loi
Je
vais faire un résumé de l'évolution du projet, Mme la Présidente. En 1995, la
première version du projet est
envoyée au ministre. Ce projet prévoyait
une capacité annuelle de 1 million
de tonnes métriques de ciment et un concasseur d'impact d'une capacité
de 1 350 tonnes par heure.
En
2013, la nouvelle version du projet de cimenterie présentait des données qui
avaient plus que doublé, une capacité annuelle
de 2,2 millions de tonnes métriques de ciment avec une capacité
additionnelle possible de 15 %, portant alors la capacité annuelle à 2 550 000 tonnes,
Mme la Présidente, et plus un mais deux concasseurs d'impact. Alors, il est également
à noter, donc, le certificat initial était un certificat de préparation du site
et non un certificat de construction du site.
Alors,
ainsi donc, le projet actuel est totalement différent de celui présenté par la
compagnie et approuvé par le gouvernement
en 1995. Les chiffres ont plus que doublé entre le projet initial et le projet
actuel. Il s'agit de deux projets totalement
différents. Est-ce que les libéraux peuvent regarder sincèrement les Québécois
et admettre que ce projet est le même que celui d'il y a 20 ans?
Alors, maintenant, je vais parler de juridique
et de réglementation. Alors, initialement, le projet de cimenterie à Port-Daniel a été présenté au ministère de
l'Environnement en mai 1995. Le ministère a alors fait savoir à McInnis, alors
nommé Cimbec Canada,
avant d'être acheté par la famille Beaudoin, que les installations terrestres
étaient soumises à la procédure
d'autorisation relative à l'article 22 de la Loi sur la qualité de
l'environnement. Alors, cet article stipule qu'une entreprise qui
souhaite «ériger ou modifier une construction, entreprendre l'exploitation
d'une industrie quelconque, l'exercice d'une
activité ou l'utilisation d'un procédé industriel [ne peut] augmenter la
production d'un bien ou d'un service s'il
est susceptible d'en résulter une émission, un dépôt, un dégagement ou un rejet
de contaminants dans l'environnement ou
une modification de la qualité de l'environnement, à moins d'obtenir
préalablement du ministre un certificat d'autorisation».
En
1996, seulement 13 jours après l'émission du certificat à McInnis, la loi a été
modifiée et la construction d'une cimenterie
au Québec est conséquemment devenue assujettie à la possibilité d'évaluation du
BAPE. Or, il faut comprendre qu'à
l'époque, dans le cadre du projet initial dont la capacité de production était
la moitié, dois-je le répéter, du projet actuel, McInnis a obtenu le certificat d'autorisation uniquement pour
les étapes de préparation et d'aménagement du site selon ce... pardon, stipulé au certificat. Il
n'était donc pas question de construction. La nouvelle version de la loi
prévoyait que la construction d'une cimenterie au Québec pouvait être
exemptée de la procédure d'évaluation et d'examen des impacts sur l'environnement si le promoteur avait obtenu une dispense à
cet égard et qu'un avis à cet effet avait été publié dans la gazette officielle du Québec, ce qui n'a
pas été fait, d'autre part, si une demande d'autorisation avait été faite en
application de l'article 22 de la loi,
antérieurement au 22 juin 1995, dans la mesure où tous les règlements et
documents qui doivent constituer le
dossier de demandes d'autorisations avaient été transmis au ministre avant le
22 février 1996, ce qui ne fut pas le cas non plus.
Or,
contrairement à ce qu'affirme le gouvernement libéral et son projet de loi
n° 37, le projet de construction de cimenterie n'a jamais été visé par un seul régime d'autorisation prévu à
l'article 22 de la Loi sur la qualité de l'environnement. Seules la préparation du site et la construction, je le
répète, du terminal maritime le sont et l'ont toujours été.
Alors,
le projet a été mis sur la glace pendant un certain temps et, en 2008, le
ministre de l'Environnement a reçu une
demande de la part de Cimbec en vue de l'augmentation de la capacité
initialement prévue du projet de cimenterie. La capacité de production visée n'était plus de 1,2 million de
tonnes de ciment, mais plutôt de 2,2 millions de tonnes. Alors, en
réponse, le ministère informe qu'une mise à jour de l'étude de répercussions environnementales
est nécessaire.
Ainsi, en 2013, la
mise à jour de l'étude de répercussions sur l'environnement est effectuée par
Genivar et est transmise au ministère, alors sous la gouverne du Parti
québécois.
En
octobre 2013, le ministère informe McInnis que, sur la base des documents
déposés et des engagements pris, il maintient son avis selon lequel le
projet est acceptable sur le plan environnemental.
En
mars 2014, le ministre de l'Environnement du gouvernement péquiste modifie les
certificats d'autorisation déjà octroyés quant à la préparation du site
et de la construction du terminal maritime.
En
mars, toujours, 2014, plus tard, McInnis fait une demande afin d'obtenir un
certificat d'autorisation pour les travaux de fondations, de bétonnage
et de structures d'acier nécessaires à la construction de la cimenterie.
En
juin 2014, le ministère produit un rapport d'analyse, une demande d'émission
d'un certificat d'autorisation, et le
ministre actuel de l'Environnement octroie à McInnis un certificat d'autorisation
pour certains travaux relatifs à la construction de la cimenterie à
Port-Daniel.
Alors,
en délivrant le certificat, le ministre de l'Environnement a contrevenu aux
dispositions d'une loi d'ordre public,
la Loi sur la qualité de l'Environnement, car seul le gouvernement du
Québec — le
Conseil des ministres plus spécifiquement — peut émettre un certificat d'autorisation,
lorsqu'il s'agit d'un projet de cimenterie de cette ampleur, après
qu'une enquête et des consultations publiques aient été tenues, Mme la
Présidente.
• (20 h 20) •
Alors,
ce n'est donc nul autre que le ministre de l'Environnement, celui dont l'octroi du certificat d'autorisation
à TransCanada pour son projet de terminal
pétrolier à Cacouna a soulevé beaucoup de critiques, qui a fait l'objet d'une décision de la part d'un juge de la Cour
supérieure, qui a donc autorisé la construction de la cimenterie et qui,
pourtant, à peine un mois plus tard,
s'est dit mal à l'aise avec le projet en raison de ses implications environnementales. Il s'agit ni plus ni
moins d'un laxisme environnemental majeur de la part du gouvernement libéral et d'un excès de compétence de la part du ministre. Le gouvernement n'a tout
simplement pas suivi ses propres
règles. Dans ce sens-là, on comprend mieux pourquoi il souhaite aujourd'hui les changer. Je vais me permettre ici, Mme la Présidente, une
citation de Gustave Le Bon. Alors,
c'est : «Édicter des lois violant les habitudes et intérêts généraux, [...]c'est
ébranler dans les âmes le respect des codes, ciment essentiel des
grandes civilisations.»
Le
caractère économique du projet — c'est songé : étude de marché. Alors,
le projet de cimenterie de Port-Daniel—Gascons a été
lancé sur la base d'une étude de marché commandée par Ciment McInnis. Selon
l'étude de Portland Cement Association, il y aurait une accélération de la
hausse de la demande en ciment à prévoir dans le nord-est des États-Unis à courte échéance. Seulement, l'étude
de marché de la Portland Cement Association diffère grandement de celle
menée par son pendant canadien, l'Association canadienne du ciment.
L'association avait commandé l'étude en décembre
2013 suite aux rumeurs persistantes du projet à venir. Le rapport déposé confirme
que les quatre cimenteries québécoises fonctionnent présentement à bas
régime, soit environ à 60 % de leur capacité de production, la demande n'y étant tout simplement pas. Alors, l'étude
précise même que le marché ne se rééquilibrera pas avant 2021. Alors, l'arrivée
d'un nouveau joueur de l'envergure de Ciment
McInnis ne fera que repousser cette échéance encore plus tard, Mme la
Présidente. Et maintenant, donc, on a un projet de 1,1 milliard de dollars basé
sur des chiffres gonflés dans lequel le gouvernement
investit 450 millions de fonds publics. Alors, Investissement Québec, on parle
d'un prêt de 250 millions de
dollars et un investissement de 100 millions sous forme de capital-actions,
donc le gouvernement devient partenaire,
et la Caisse de dépôt et placement,
qui mettrait 100 millions en capital-actions... Ça fait plus de 2 millions de dollars par emploi, Mme la Présidente.
Alors, impact
maintenant sur la production et les emplois des cimentières.
L'industrie cimentière du Québec et le marché est saturé, disions-nous. Quatre
cimenteries produisent annuellement 2,5 millions de tonnes de ciment pour une capacité de 3,7 millions de tonnes. Alors, McInnis viendrait
ajouter entre 2,2 millions et 2 550 000 de tonnes de plus, imaginez.
Alors, les conséquences sur l'industrie, mais aussi sur les emplois sont
dommageables. Des suppressions d'emplois
sont prévues aux installations de ciment Lafarge à Saint-Constant. Alors,
pourquoi sacrifier 200 pour en créer 200
de l'autre côté? Et Holcim, à Joliette, prévoyait investir 250 millions de
dollars afin de moderniser ses installations. Alors, la subvention
accordée à Ciment McInnis a amené l'entreprise à remettre en question et
suspendre, donc, cet investissement.
Alors,
les problèmes de marché québécois nord-américain sont ceci. Ciment McInnis compte privilégier le
marché des exportations aux États-Unis.
Toutefois, l'étude de l'Association canadienne du
ciment démontre qu'il y a aussi surcapacité
de 600 000 tonnes dans le
nord-est des États-Unis. Alors, Québec offre un soutien financier à une usine dont le produit sera exporté aux États-Unis. Ça soulève des doutes, donc, quant au respect des
règles de l'Organisation mondiale du commerce.
Les Américains se préoccupent surtout des 20 000 emplois de qualité liés au marché du ciment dans l'État
de New York, Mme la Présidente, alors, si
bien que les membres du Congrès des États de New York, de l'Ohio, du Maryland
et du Michigan ont demandé au gouvernement
fédéral américain d'évaluer si le soutien accordé à McInnis violait les règles
de l'OMC. Alors, selon Ciment Québec, si les Américains augmentent leurs tarifs
douaniers pour compenser la concurrence de la cimenterie de Port-Daniel, aidée par le gouvernement du Québec, tout le ciment canadien sera pénalisé, et le
ciment de McInnis ne parviendra pas à percer le marché des États-Unis
plus que les autres.
Alors
donc, je reviens au niveau du coût par emploi créé. On parle ici d'un projet
qui vise à créer 200 emplois directs,
Mme la Présidente, lors de sa mise en exploitation en 2016. Alors,
avec le support à hauteur de 450 millions, je le répète, on parle ici de
plus de 2 millions de dollars par emploi. Alors, même la Gaspésia ne
coûtait pas si cher avec 264 emplois directs
et un investissement de fonds publics limité à 153 millions de dollars, et on parle alors de... et dans ce cas-ci
du plus grand fiasco financier, et les chiffres sont encore plus gros dans
McInnis, Mme la Présidente.
Au
niveau de l'environnement, en
matière de respect de l'environnement, le gouvernement utilise le projet de loi pour se
faufiler... se défiler, pardon, face à ses propres lois environnementales en
annulant le recours au BAPE. Il négocie également l'impact de la
bourse du carbone sur le projet en accordant un congé de cinq ans à Ciment
McInnis à compter de la mise en
production de l'usine. Pourquoi accorder un tel avantage? C'est en contradiction
directe avec l'objectif au Québec de lutte contre les changements climatiques. Alors, comment le gouvernement peut-il justifier
l'exemption d'un BAPE à un projet dans lequel lui-même a des intérêts
financiers par ailleurs?
Alors,
ce projet de loi particulier, dois-je le dire, prouve que le gouvernement n'a aucune considération pour le respect de l'environnement. En
effet, bien que le ministre de l'environnement durable... du Développement
durable, dis-je, et de l'Environnement nous parle à outrance d'une
approche globale, cohérente, intégrée et rigoureuse, on constate qu'il a les deux pieds dans le ciment. Saccage des
efforts environnementaux. Un autre... «Tonks!» L'étude des
répercussions sur l'environnement réalisé par Genivar démontre que la cimenterie McInnis émettra entre
1,75 et 2 millions de tonnes en équivalent de CO2 annuellement. Ça va représenter 3 % des émissions totales au Québec
et 10 % des émissions provenant du secteur de l'industrie. Alors, Québec s'est donné un objectif de
réduction de 20 % des émissions de GES par rapport aux niveaux de 1990 et il n'y arrivera pas. Avec des
projets comme celui de la cimenterie, les Québécois vont payer
450 millions pour non seulement
200 emplois, mais également pour annuler les efforts faits précédemment pour
atteindre les cibles de lutte aux effets de serre.
Alors,
je le redis : Avec le projet de loi n° 37, le gouvernement libéral démontre
qu'il crée un jugement défavorable de
la Cour supérieure qui viendrait forcer la tenue d'un BAPE et qui mettrait et
qui mettrait en péril le projet de cimenterie situé à Port-Daniel en
Gaspésie, un projet polluant et non rentable pour le Québec.
Je vois qu'il ne me
reste pas beaucoup de temps. Je vais accélérer un peu. Parfait.
Alors, pour faire un
peu de politique, autant les péquistes que les libéraux utilisent l'exemple de
leur soutien à la cimenterie McInnis pour
illustrer leur amour pour la Gaspésie. Alors, en mai dernier, le ministre de
l'Économie, de l'Innovation et des
Exportations affirmait avoir des réserves quant au montage financier du
dossier. Il disait : «C'est l'argent des Québécois et cet argent, ce n'est pas notre épargne, on l'emprunte.
[...]Si c'est un bon dossier, [...]le marché institutionnel privé pourra prendre la relève. Mais je ne suis
pas persuadé [pour] le moment que le risque que nous prenons est celui
qu'il [faut] prendre.»
Dans
LeJournal de Québec du 20 février 2015, sous la plume du
journaliste Charles Lecavalier, on nous rappelle que le dossier de la cimenterie de Port-Daniel a été retiré des mains du
ministre de l'Environnement et sera dorénavant piloté par le ministre de l'Économie. Alors, «le complexe industriel qui
sera le plus polluant de l'histoire du Québec "n'est pas un dossier d'environnement, c'est un dossier
qui est purement économique", a affirmé [le ministre] en Chambre». Alors, le ministre de l'Environnement dit avoir
obtenu de l'assurance que la compagnie changerait son combustible pour une matière plus écologique lorsqu'il a signé le
certificat d'autorisation de l'entreprise. Le ministre de l'Environnement
a les mains liées et ne fait que répéter les
lignes du parti. Il a avoué d'ailleurs son mal-à-l'aise quant au projet. Le
premier ministre a une fois de plus renié ses promesses électorales. En
campagne, il a dit qu'il veut s'assurer que le projet de cimenterie ne
cannibalise pas les activités des autres cimenteries québécoises.
Mais
c'est exactement ce qui va se passer, Mme la Présidente. La Gaspésie a eu droit
à des promesses brisées des libéraux et à des discours incohérents et
incompréhensibles de la part du PQ. Alors, les Gaspésiens sont maintenant
confrontés à un projet polluant et dangereux pour la santé.
Alors, en conclusion,
les Québécois ne sont pas dupes. Ils voient au travers le jeu du gouvernement.
Alors, souvenons-nous, Mme la Présidente, que la mémoire est un ciment solide
et durable.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Merci, M. le député de Groulx. Et, M. le député de
Fabre.
M.
Ouimet (Fabre) : Merci, Mme la Présidente. J'ai écouté avec
beaucoup d'intérêt l'intervention du député de Groulx. J'aurais une
question en vertu de l'article 213, s'il accepte ma question et si ma probation
est terminée.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, M. le député de Groulx,
est-ce que vous acceptez de répondre à une question de votre collègue de
Fabre?
M.
Surprenant : Mme la Présidente, mes collègues doivent prendre la
parole, alors je leur cède la parole. Je ne répondrai donc pas à la
question.
• (20 h 30) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : C'est très bien. Il n'y a pas de question ni réponse. Et je vais maintenant
céder la parole à M. le député de Chambly.
M. Jean-François
Roberge
M. Roberge : ...Mme la Présidente.
Mais mon collègue trouvera sans doute réponse à sa question dans mon
intervention.
Alors, ce
soir, on parle du projet de loi n° 37 sur le projet de cimenterie McInnis
à Port-Daniel, un projet particulier et novateur, parce que c'est
nouveau, enfin pour moi, d'opposer l'économie et l'environnement. Ce n'est pas
de ma génération ni de celle de mon père. Il
faudrait reculer de plusieurs générations pour vraiment penser que l'économie
et l'environnement, c'est deux choses
qui doivent entrer en contradiction. Et pourtant c'est une prouesse que fait ce
projet de loi. C'est un projet de loi
aussi qui vient opposer l'économie et les régions, parce qu'il met les régions
en compétition les unes avec les
autres. C'est un projet de loi qui vient opposer l'économie et la justice,
comme si un projet économique pouvait
être en opposition avec un projet juridique, autre prouesse de ce projet de
loi. Et finalement, bien, c'est un projet de loi qui vient ramener
l'époque des projets de loi électoralistes.
Mais ce qui
me frappe le plus, moi, c'est d'opposer l'économie et l'environnement. Il me
semble qu'en 2015... On est au
troisième millénaire, au XXIe siècle, et c'est pour le moins surprenant de
voir qu'encore aujourd'hui on dépose des
projets de loi où on oppose l'économie et l'environnement. D'ailleurs, hein,
les ministres ont dit : Non, non, non, ce n'est pas un projet
environnemental, c'est un projet économique, comme s'il fallait choisir, dans
la vie, c'est un ou bien c'est
l'autre. Ce n'est pas digne du XXIe siècle, ce n'est même pas digne du
XXe siècle, parce qu'en 1980, en 1970, déjà on avait appris des leçons de ça. Ça veut dire qu'on a un projet de loi
à peu près du XIXe siècle, là, dans les années 1800, à la fin des années 1800, au début de
l'industrialisation où, là, on n'avait pas le choix, pour bâtir des usines,
pour donner des emplois, il fallait
construire, au début de l'industrialisation, des shops, hein, qui
fonctionnaient au charbon. Et là il fallait
choisir, soit qu'on développait l'économie, soit qu'on respectait l'écologie.
C'était cette époque-là. Bien, normalement, ça devrait être révolu.
Mais
malheureusement ce projet de loi là nous ramène là, ce qui me fait dire que ce projet
de loi là est aussi un projet de loi
mammouth. Parce qu'on a eu, il n'y a pas très longtemps, un projet de loi
n° 28 qu'on a appelé le projet de loi
mammouth parce qu'il était immense, immense, immense, qu'il touchait énormément
de lois, énormément d'articles. Mais
celui d'aujourd'hui, le projet de loi n° 37, il est mammouth dans le sens
qu'il est d'arrière-garde, dans le sens qu'un mammouth, c'est disparu
depuis longtemps et que cette façon-là de faire de la politique devrait être
disparue depuis longtemps, Mme la
Présidente, ça devrait être un projet de loi en voie de disparition.
Malheureusement, c'est une espèce qui n'est pas menacée, puisque ceux
qui l'ont fait sont encore là et que j'ai l'impression qu'ils vont récidiver.
Malheureusement,
j'aimerais dire : Il fut un temps où, en parlant à mes enfants, il fut un
temps où il y avait des projets de
loi électoralistes, il fut un temps où on ne respectait pas l'environnement, il
fut un temps où la politique s'ingérait dans la justice. Mais malheureusement je ne peux pas dire ça à mes deux
petites filles parce que c'est aujourd'hui, en 2015, que ça se fait, un projet de loi électoraliste qui
ne respecte pas l'environnement et qui oppose l'économie et la justice.
Malheureusement, ce projet de loi là n'est pas au musée des horreurs, il est
aujourd'hui au salon bleu, on en discute.
Parlons un
peu, justement, de l'évolution de ce projet de loi là. Parce qu'en fait... je
devrais dire «la mutation», parce
qu'une évolution, ça serait graduel et cohérent, tandis que là on a un projet
un peu mutant, tellement que ça a l'air d'un autre projet, en fait. Si on regarde le projet initial et ce qu'on
a aujourd'hui, du côté du gouvernement, on veut nous faire croire que c'est un projet qui a évolué.
Dans le fond, c'est juste deux projets qui ont lieu au même endroit, mais ce
sont deux projets fondamentalement différents.
Donc, je
recule pour voir le projet A, pour voir ensuite la différence avec le
projet B, celui qu'on nous soumet. Donc, au début, en 1995 — hein, quand je vous disais que ce n'est pas
du XXIe siècle, ça a d'ailleurs commencé le siècle précédent — en 1995, la première version du projet est
envoyée au ministre de l'Environnement, et ce projet prévoit une capacité annuelle de 1 million de tonnes
métriques de ciment. On est en 1995, il y a 20 ans de ça. Ce projet de loi...
Ce projet, au début, de cimenterie,
prévoit utiliser un concasseur d'impact d'une capacité de
1 350 tonnes par heure, c'est quand même considérable, prévoit disposer d'un broyeur à cru ayant une
capacité minimale de 260 tonnes par heure. On a un projet en 1995
qui prévoit atteindre un taux de production de clinker de
3 030 tonnes par jour.
Et tout à
coup survient la mutation incroyable et, en 2013, pouf! un nouveau projet. Au
gouvernement, on essaie de nous faire
croire que c'est le même projet qui a évolué. Moi, je vous le dis, c'est un
nouveau projet, différent, puisque, là, on parle d'une capacité annuelle de 2,2 millions de tonnes, donc on
passe de 1 million à 2,2 millions de tonnes métriques de
ciment par année. On parle maintenant de deux concasseurs d'impact plutôt que
d'un seul, etc.
On voit bien
que ce n'est pas la même chose. Les chiffres ont plus que doublé entre le
projet initial et ce projet nouveau,
j'insiste. C'est un nouveau projet qu'on nous présente aujourd'hui, pour lequel il y a un projet
de loi. Quiconque verrait avec, disons,
honnêteté ces deux projets verrait que ce sont deux projets et non pas un seul.
Est-ce que vraiment les libéraux et
les péquistes, qui appuient ce projet, peuvent regarder les Québécois,
peuvent regarder leurs électeurs dans les
yeux et leur dire que c'est la même chose, que c'est le même projet en 1995 et
en 2015? Personnellement, j'aurais de la misère. J'aurais de la misère à regarder quelqu'un dans les yeux et lui
dire qu'un projet qui a plus que doublé, 20 ans plus tard c'est le même.
C'est une évidence.
Et encore
plus, parce qu'en 1995 il y avait un certificat initial de préparation du site
qui avait été accordé. Donc, ce
n'était pas un certificat de construction, c'était un certificat de préparation
du site pour une cimenterie de taille normale. Et, 20 ans plus tard, on veut faire passer un certificat de
préparation du site d'une cimenterie de taille normale à un certificat de construction pour une cimenterie gigantesque.
Ça, c'est comme si, en 1995, vous aviez reçu un permis de la municipalité
pour préparer le terrain pour un cabanon et,
en 2015, vous prenez ce même permis là pour construire un manoir. Vous
voyez bien que ça ne tient pas la route, tout le monde le sait, mais certains
feignent de ne pas le savoir.
Maintenant,
je vous ai dit que c'est un projet qui oppose justice et économie. Et c'est de
manière magistrale, je n'y serais pas arrivé, je vous le dis. En
août 2014, la cimenterie Lafarge ainsi que deux groupes environnementaux, Environnement Vert-Plus et le Centre québécois de
droit de l'environnement, ont demandé une requête en injonction contre le ministre
de l'Environnement et la cimenterie
McInnis afin de faire annuler les certificats délivrés par le ministre
à cette dernière en vertu de l'article 22 de la loi ayant imposé la tenue d'un BAPE. Ah! la tenue d'un BAPE
crucial, à ce qu'on dit ce soir, hein? Un BAPE, un bureau d'audiences publiques en environnement, et peut-être que le mot le plus important,
«environnement», c'est le dernier. Je dirais : Si on veut retenir celui-là
ce soir, ce serait lui.
Donc, le
procès devait débuter le 2... pardon, le 3 ou 4 mars dernier, 2015, mais
cependant, suite au dépôt du projet
de loi dont on parle ce soir, les procédures sont reportées jusqu'aux calendes
grecques. Quand je vous disais que ce projet
de loi oppose politique et justice, on est dedans. Le projet de loi n° 37 vient donc court-circuiter la procédure
judiciaire en spécifiant, et je cite,
que ce projet de loi «s'applique malgré toute décision d'un tribunal
rendue après [l'adoption de ce projet
de loi et] qui a pour effet
d'assujettir la section IV.1 du chapitre I de la Loi sur la qualité
de l'environnement», et justement cette section-là, bien, c'est la
section sur les BAPE, les bureaux d'audiences publiques en environnement.
C'est-u pas merveilleux comme le hasard fait bien les choses?
• (20 h 40) •
En dictant
ainsi au juge une décision qu'il doit prendre, le gouvernement s'ingère dans le
processus judiciaire afin de
sécuriser contre toute entrave la cimenterie. Et cette chose de sécuriser le
projet contre toute entrave, eh bien, c'est autant le Parti québécois que le Parti
libéral qui le font, et c'est
important de le rappeler. Il y a vraiment une complicité entre les deux vieux partis pour faire cette
vieillie politique. Le gouvernement change donc les règles du jeu en cours de route. Et, justement, la dernière fois
qu'un gouvernement a changé... a tenté de changer les règles du jeu en cours de
route, c'était lors du dernier
gouvernement, où la première ministre, Mme Pauline Marois, a tenté de changer l'impôt
au milieu de l'année. Souvenez-vous de ça, oui, oui, oui, c'était...
Moi, j'ai deux souvenirs dans ma tête où on essaie vraiment de changer les
règles du jeu en cours de route. Ce qu'on vit aujourd'hui avec le projet de loi
n° 37 est la tentative de l'ex-première ministre, Mme Marois, qui a essayé de créer un impôt rétroactif au milieu de
l'année. Il fallait le faire, quand
même. Il fallait le faire, changer les règles du jeu au milieu de la partie.
Et c'est quelque chose qui devait être dénoncé, et justement,
à ce moment-là, bien, les libéraux l'ont dénoncé, à juste titre.
Bizarre qu'à peine un an et demi plus tard ils refont la même chose, c'est-à-dire
changer les règles du jeu au milieu de la partie.
Comment la ministre de la Justice peut être d'accord
avec le fait que son gouvernement intervienne dans un processus judiciaire en
cours? Moi, j'ai de la misère à le concevoir.
Sans aucune considération pour la protection de
l'environnement, le gouvernement s'entête, avec ce projet de loi, à ne
pas assujettir le projet le plus polluant de l'histoire du Québec à une
évaluation indépendante, à une consultation publique.
On peut bien parler de bourse du carbone, une initiative intéressante dans la
mesure où plusieurs États s'investissent
dedans, et d'ailleurs l'Ontario s'est joint dernière. C'en prend plus, d'États,
hein, une bourse du carbone, ça va
fonctionner avec de nombreux États qui embarquent. Je pense qu'on va y arriver,
donc c'est intéressant, mais on ne peut
pas être les leaders pour la bourse du carbone et subventionner l'industrie la
plus polluante de l'histoire du Québec. Ça ne tient pas debout, c'est
Dr. Jekyll et Mr. Hyde dans la même minute. Voilà pourquoi la Coalition avenir
Québec s'oppose à ce projet.
Parlons maintenant d'incongruence. Parlons
maintenant d'incohérence. Et, quand je parlais de Dr. Jekyll et Mr. Hyde, on en a une belle illustration à ma
droite. Vous ne pouvez pas le voir à la télévision, mais, à ma droite, c'est
l'équipe du Parti québécois, qui, eux aussi,
souvent, ont des moments de mutation, un peu comme ce projet de loi ou le
projet de la cimenterie, là, qui, entre 1995
et 2015, a subi une mutation formidable. Le Parti québécois, c'est encore plus
rapide, ce n'est pas aux 20 ans, ça
peut se faire en l'espace d'une nuit, suffit qu'il y ait une élection. Hein,
quand il passe de l'opposition au gouvernement, du gouvernement à l'opposition,
il change très, très, très rapidement de position, et on va le voir par
des exemples, par des citations bien claires.
La députée de Vachon a dit, et je cite : «...il
aurait été judicieux de faire un bureau d'audiences publiques sur l'environnement.» Elle a dit ça en parlant du
projet de cimenterie de Port-Daniel. Mais, en ce moment, elle fait partie d'un
caucus, au Parti québécois, qui va appuyer ce projet de loi de façon à ce qu'il
n'y ait pas de Bureau d'audiences publiques en environnement sur Port-Daniel. Moi, je lui dis, à la députée de
Vachon, qui nous écoute peut-être ce soir : Il n'est jamais trop
tard pour bien faire, redevenez Dr. Jekyll, ça va faire du bien.
Le député de
Gaspé, lui, a dit, et je le cite : «Une évaluation du BAPE aurait
toutefois permis d'"amener [les élus et la population] à un niveau de connaissance qui serait
intéressant" sur le projet.» Fin de la citation. Alors, s'il est
intéressant d'amener les élus et la
population à avoir un niveau de connaissance intéressant sur le projet, pourquoi
est-ce qu'on se prive de ça, nous
autres? Pourquoi est-ce qu'on se prive d'avoir un niveau de connaissance sur le
projet? On ne veut pas trop connaître le projet, on veut
le faire, puis après on verra ce qu'on a fait, c'est ça? Il me semble que ce
n'est pas une très bonne idée de se
priver d'un niveau de connaissance sur un projet en le subventionnant
grassement avec des fonds publics.
Toujours
dans l'équipe du Parti québécois, le député de Marie-Victorin, lui, qui a dit,
hésitant... il a dit — j'ouvre les
guillemets : «Le vote de la semaine dernière, au moment du dépôt, ne
préjuge pas de la position que nous allons prendre sur ce projet...»
Donc, il disait : On a voté, là, mais on réfléchit encore, là. Alors, moi,
je lui dis : M. le député de Marie-Victorin, Mme la députée de Vachon,
prenez donc la bonne décision, votez contre ce projet de loi.
Le
ministre de l'Environnement, lui, lui aussi, il a dit quelque chose de spécial.
Je vais le citer. Il a dit, et je cite : «Ce qu'on a comme information, c'est qu'après la première année
d'exploitation la cimenterie utiliserait — et, en tant que prof de français, je peux vous dire qu'"utiliserait", ce
n'est pas très affirmatif, "utiliserait", on est au
conditionnel — des
combustibles beaucoup moins nocifs.» Donc,
ça, c'est ce qu'on a comme information. Donc, on s'avance sur du mou, hein, on s'avance sur du mou. Peut-être qu'il y
aura un combustible moins passif, donc faisons des chèques. Ça, c'est la
vision du ministre de l'Environnement. Et,
quand je vois ça, je me dis : Bon. O.K. Si ce n'est pas le ministre de
l'Environnement qui pilote le dossier, peut-être une bonne idée,
finalement. Mais je ne sais pas s'il y a quelqu'un qui devrait le piloter de
l'autre côté, parce que plus on lit, plus on lit des citations, plus c'est
inquiétant.
Le
député de Verdun, ministre de l'Économie, a dit, parlant du projet :
«C'est l'argent des Québécois et cet argent, ce n'est pas notre épargne, on l'emprunte.» Il a dit : «Si c'est un
bon dossier, le marché institutionnel privé pourra prendre la relève.»
A-t-il pris la relève? Pas tant que ça puisque c'est le gouvernement qui doit
allonger les billets.
Et
finalement, finalement, notre premier ministre, le bon M. Philippe Couillard,
qui a dit — on ouvre
les guillemets : «...on veut juste s'assurer que ça ne...»
Des voix :
...
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : M. le député, je voudrais juste vous inviter à ne pas nommer
le nom des membres de cette Assemblée, mais de les nommer par leur
titre. Voilà.
M.
Roberge : Le premier ministre a dit — j'ouvre les guillemets : «...on veut
juste s'assurer que ça ne cannibalise pas
les activités des autres cimenteries québécoises — fermez les guillemets.» Mais ça va
cannibaliser les activités des autres
cimenteries québécoises. Il le sait. Nous le savons tous. Et pourtant, encore
une fois, il va prendre l'argent public pour financer une entreprise qui
va cannibaliser une autre entreprise.
Et
c'est ce que je disais au début, où on a un projet qui oppose les régions les
unes contre les autres. Aïe! Est-ce que
vraiment, au Québec, il faut qu'on se joue les uns contre les autres? Moi, je
pense que non. Moi, je pense qu'on devrait avancer tous ensemble, comme
dans une coalition, mettons.
L'Association
canadienne du ciment a pris la parole sur le dossier, parlant justement de
cannibalisation et d'opposition entre les
régions. M. Michael McSweeney, président et chef de la direction de
l'Association canadienne du ciment, a
dit, lui : «C'est absurde et franchement insultant que le gouvernement et
Ciment McInnis prétendent qu'une nouvelle
usine qui ajoute une capacité de production dans un marché saturé n'aura aucune
incidence sur les [cimenteries établies]
au Québec.» Donc, il a utilisé les mots «absurde» et «insultant». Est-ce que
vraiment on veut faire un projet absurde et insultant? Je ne pense pas.
Parlant de
concurrence encore entre les régions et de perte d'investissement privé, wow...
Tantôt, j'ai dit : Est-ce qu'on peut se
permettre, au Québec, de se battre entre nous autres, de s'affronter entre nous
autres, d'opposer les régions les unes aux autres? Non. Est-ce qu'on peut se
permettre, au Québec, de se priver d'investissements privés? Bien, voyons donc! On est à la queue, on est à la
traîne, parmi tous les États en Amérique du Nord, sur l'investissement
privé. Et pourtant, et pourtant, en raison de l'annonce de la cimenterie
McInnis, la compagnie Holcim a annoncé en mars 2014 — ça ne fait pas longtemps, ça — qu'elle suspendrait des investissements
privés de 250 millions de dollars. On va se priver d'investissements privés de 250 millions de
dollars. C'est une hérésie. C'est absurde. C'est insultant. Et la
Gaspésie mérite mieux. Parce qu'à la Coalition avenir Québec on l'aime, on va
se battre pour elle. Merci.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Merci, M. le député de Chambly. M. le député de
Fabre.
M.
Ouimet (Fabre) : Mme la Présidente, je sais que le député de
Chambly est rigoureux et j'aurais une question pour permettre de
préciser un des aspects de son allocution, que j'ai écoutée avec beaucoup
d'intérêt.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, M. le député de Chambly,
est-ce que vous acceptez de répondre?
M. Roberge :
...la réponse était déjà... Il suffisait d'écouter. Désolé.
• (20 h 50) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, il n'y aura pas de question
ni de réponse. Je vais maintenant céder la parole à Mme la députée de
Montarville.
Mme Nathalie Roy
Mme Roy
(Montarville) : Oui, merci beaucoup, Mme la Présidente.
Alors, le p.l. n° 37, comme nous le savons tous à l'heure actuelle, autorise la construction
d'une cimenterie à Port-Daniel—Gascons, en Gaspésie, sans audience du BAPE, et, pour nous, c'est
le noeud de la problématique.
La
Gaspésie — et mon
collègue de Blainville l'a si bien dit tout à l'heure — c'est un des plus beaux paysages, des plus belles régions du Québec. Si vous êtes
allé faire un tour en Gaspésie, vous le savez. C'est un fleuron de notre
belle province et c'est un endroit qu'on ne
peut pas oublier lorsqu'on y va, ne serait-ce que pour une seule journée, mais
il faut rester plus longtemps. Vous savez,
les Gaspésiens, ce sont des gens fiers, des gens travaillants, des gens qui ont
du coeur et des gens qui aiment la nature. La Gaspésie, c'est la nature
à l'état pur.
Mme la
Présidente, moi, je me demande vraiment, je me demande vraiment... On parle ici
de la construction d'une cimenterie,
et je me demande vraiment si nos gouvernements, le gouvernement actuel et le
gouvernement précédent... Si les
gouvernements avaient réellement demandé aux Gaspésiennes et aux Gaspésiens ce
qu'ils souhaitaient, ce qu'elles voulaient comme projet de développement
économique porteur pour leur région, je me demande vraiment si les Gaspésiens auraient tous répondu en choeur :
Une cimenterie. J'en doute énormément, Mme la Présidente. On est très loin, on est très loin de l'esprit, l'esprit et
l'environnement de la Gaspésie lorsqu'on propose une cimenterie comme projet
de développement.
Et on parle d'investissements extrêmement
importants. On parle de prêts et d'investissements totalisant 450 millions de dollars pour concrétiser
cette cimenterie. 450 millions de dollars, pour les gens qui nous
écoutent, pour nous tous, c'est une
fortune. Une seule entreprise, 450 millions de dollars pour à peine
200 emplois de créés. On aurait pu diviser ça et créer plusieurs entreprises : 50 emplois ici,
50 emplois là, 50 emplois là. Non, une seule entreprise,
200 emplois, 450 millions de
dollars. C'est une fortune, c'est peu d'emplois, 200 emplois, quand on y
pense, quand on pense au montant qui est en jeu.
Et pire, pire
que tout, il s'agira d'une usine, une cimenterie qui sera le projet le plus
polluant au Québec. Alors, j'ai beaucoup de difficultés à concilier qu'on
veuille faire ici progresser une région, une si magnifique région, avec une
cimenterie, et une cimenterie extrêmement polluante. J'y vois une grande
dichotomie.
Et mon
collègue de Chambly en parlait, nous sommes en 2015, il me semble que nous
pourrions apporter sur la table des
projets porteurs, innovants. L'innovation est tellement importante. C'est
l'innovation, d'ailleurs, qui fait grandir les régions et qui crée la richesse. On en a d'ailleurs un livre
complet : Cap sur le Québec gagnant — Le Projet Saint-Laurent, la
vallée de l'innovation, la vallée du Saint-Laurent. Et ça, ça touche la
Gaspésie aussi, hein? Le fleuve
Saint-Laurent traverse... que dis-je, le fleuve Saint-Laurent caresse la
Gaspésie de tout son long. Alors, c'est d'abord... non, pas d'abord, mais également aux Gaspésiens
qu'on pense, avec ce projet Cap sur nos régions, avec ce projet Cap sur
un Québec gagnant, avec le Projet Saint-Laurent. Non, on a plutôt décidé de
jeter son dévolu sur une cimenterie, une cimenterie
à Port-Daniel—Gascons, la
cimenterie... et même le projet le plus polluant du Québec. Moi, je ne pensais
pas entendre ces mots-là en 2015.
Mais je reviendrai sur les impacts, parce que,
lorsque l'on parle de pollution, on parle également d'impacts environnementaux. Et j'y reviendrai tout à
l'heure. Mais je suis convaincue que les Gaspésiens et les Gaspésiennes qui
nous écoutent ont beaucoup plus
d'imagination qu'une cimenterie. Je suis convaincue que, si on avait été les
voir, leur demander ce qu'ils
veulent, ce qu'ils voudraient, ce qu'ils imaginent, ce qui serait créatif pour
eux, ce qui serait innovant, on aurait
eu d'autres réponses. Je trouve que c'est terriblement dommage qu'on n'en est
pas arrivé... ou que les gouvernements
actuel et précédent ont manqué de cette imagination, de cette créativité et de
ce respect de l'environnement que l'on retrouve en Gaspésie en proposant
une cimenterie.
Cela dit, il
faut voir la réalité en face : on est ici pour discuter du
p.l. n° 37, le p.l. n° 37 qui va permettre, avec la force de la majorité et la... — «complicité» n'est pas un mot
parlementaire — et
l'appui du premier groupe d'opposition, de faire adopter ce p.l. n° 37. Ils iront de l'avant. De toute
façon, la construction, on le sait,
la construction bat déjà son plein.
C'est un peu ironique. Mais tout ça sans avoir tenu un BAPE. Moi, je trouve que
c'est indécent. C'est le simple gros
bon sens, quand on fait l'usine la plus polluante du Québec,
de tenir un bureau d'audiences
publiques en environnement. On ne le fera pas. C'est dommage.
Il y a
d'autres choses qui sont décevantes dans ce dossier. Je me demande aussi
comment le ministre de l'Environnement se sent le soir, quand il se couche, parce que, moi, ça me dérange
qu'on ait un projet si polluant qui se veut
porteur. Comment le ministre fait... Imaginez, Mme la Présidente, le projet
le plus polluant au Québec sera, grâce à son gouvernement, soustrait au Bureau
d'audiences publiques en environnement.
Alors, le gouvernement, on le sait, ne veut pas entendre ceux qui oseraient, de façon tout à fait légitime, ceux qui
voudraient nous faire connaître leurs préoccupations, qui,
elles aussi, sont légitimes, leurs
préoccupations environnementales. Et bien des gens et des groupes auraient aimé
se faire entendre. Nous avons
d'ailleurs proposé quelques dizaines d'intervenants que nous aimerions... aimé
entendre lors de consultations très particulières, eh bien, nous ne les
entendrons pas, ce qui est dommage. Puis, je dirais même plus, je trouve que
c'est désolant.
Et pourquoi
nous empêche-t-on de les entendre? Moi, je trouve que c'est un manque de
respect. C'est mon évaluation. C'est
aussi un manque de transparence, puisque plus on a d'information, plus on est
informés sur le projet, meilleure
sera la décision, la décision sera éclairée. Je ne crois pas que, pour le
moment, c'est une décision éclairée. Et c'est aussi un manque de transparence à l'égard de tous les citoyens du
Québec et, par surcroît, un manque de transparence et de sensibilité à l'égard des Gaspésiennes et des
Gaspésiens. Ils ont le droit de savoir ce qui se passe là-bas, ce qui se
construit là-bas et quels sont les impacts. Mais nous ne le saurons pas.
Et là je vous
confie, Mme la Présidente, quelque chose sur une note un peu plus personnelle.
Je me confie à vous. Je suis très
troublée, très troublée d'entendre les ministres du gouvernement en place dire
qu'à la Coalition avenir Québec on n'aime
pas la Gaspésie, on n'aime pas les régions, on n'aime pas les Gaspésiens. C'est
un discours qui n'a pas sa place. C'est
un discours qui ne reflète pas la réalité et qui, personnellement, me dérange
et me blesse. Lorsque le premier ministre a dit à mon chef, au chef de la Coalition avenir Québec, que le chef du
deuxième groupe d'opposition n'aime pas les Gaspésiens, il m'a blessée personnellement. Je suis
Gaspésienne. Oui, je suis Gaspésienne. C'est une insulte aux Gaspésiens et aux
Gaspésiennes de dire
une chose semblable. À la Coalition avenir Québec, les régions, on s'en soucie,
les régions, nous les aimons. Nous n'avons...
Des voix : ...
Mme Roy
(Montarville) : Et c'est le genre de propos qui est très
blessant, et je tiens à le dire et à le dire aux gens qui nous écoutent parce
que c'est faux, c'est totalement faux. Nous aimons les régions. Nous nous
promenons en région. Malheureusement,
ça ne fait pas la une des journaux, mais plutôt des propos peut-être plus
incendiaires font la une des journaux. Mais, pour les gens qui nous
écoutent, j'aimerais dire que mes collègues, entre autres le député de Nicolet-Bécancour et son collègue, mon collègue le député
de Johnson, reviennent d'une petite tournée, justement. Tiens, par hasard,
regarde donc, eh oui, on en fait, des
tournées en région, on va rencontrer les gens en région. On est allés à
Rimouski, mes collègues sont allés à
Rimouski, où j'ai vécu d'ailleurs, j'ai vécu ma petite enfance. Alors, ça,
c'est le Bas-du-Fleuve, pour ceux qui
nous écoutent, c'est Rimouski. On continue jusqu'à Mont-Joli, puis là on
s'obstine pour savoir si la Gaspésie commence
à Mont-Joli ou juste après. Alors, Rimouski, on est allés à Matane, on est
allés à Gaspé, on est allés à Sept-Îles, on est allés à Baie-Comeau. Mais tout ça, ça ne fait pas la une des
journaux, parce qu'actuellement il y a d'autres choses qui intéressent les journalistes, ça, c'est leur
droit, c'est leur agenda. Cependant, nous, nous faisons un travail sérieux,
nous faisons un travail rigoureux. Nous
allons en région, nous allons rencontrer les gens et leurs préoccupations, et
on nous parle effectivement de ce projet de cimenterie puis on se pose
des questions aussi.
• (21 heures) •
Mme la Présidente, je vous disais que je suis
Gaspésienne et que les propos du premier ministre me blessent profondément
lorsqu'il dit que nous n'aimons pas les Gaspésiens, faux, archifaux. Mme la
Présidente, je suis née à New Carlisle et je pense qu'il y a beaucoup de
députés, ici, qui aimeraient avoir le privilège de dire qu'ils sont nés à New Carlisle, ça les inspire. Donc, moi, je suis
née à New Carlisle, à l'Hôpital de Maria, et puis j'ai grandi là-bas. Et,
quand on vit en Gaspésie, quand on grandit en
Gaspésie, ça nous laisse un amour inconditionnel de la nature et de
l'environnement. Ça fait
peut-être rire le député de Fabre, mais, cela dit, c'est la réalité.
Et je me
souviens... Et j'écoutais mon collègue de Blainville nous parler de la
chasse en Gaspésie, de ces territoires de chasse magnifiques, bien, moi, je me permettrai
de vous dire que, personnellement, j'ai des souvenirs intarissables,
intarissables de ces randonnées en voiture avec la famille où on faisait le parcours
de la vallée de la Matapédia. Vous devriez
aller faire un tour là, parce qu'on
voyait les pêcheurs, dans la rivière Matapédia, en train d'attraper le poisson.
Ce sont des paysages incroyables. La
Gaspésie, c'est un joyau au Québec. Et je ne crois, et nous ne croyons pas, en
tant que formation politique, que
c'est en y mettant une cimenterie la plus polluante de toute l'histoire du
Québec qu'on va aider les Gaspésiens et la Gaspésie, bien au contraire.
Vous savez,
je vous parlais des impacts environnementaux parce que le drame dans tout ça,
c'est que nous n'aurons pas de
consultations. Et mon collègue le député de Granby avait d'ailleurs soumis au
leader... et avait fait une demande à cet
égard d'avoir des consultations particulières. Nous avons soumis pratiquement
une trentaine de noms de groupes qui auraient
aimé nous entretenir des impacts, des impacts, entre autres, potentiels,
environnementaux de cette cimenterie, et
oui, la liste ici... pour les gens qui nous écoutent à la maison, il y avait
énormément de groupes que nous aurions pu entendre et qui auraient
quelque chose d'intéressant à nous raconter : le Centre québécois du droit
à l'environnement, Environnement Vert-Plus, Greenpeace, bien oui, la coalition
Éco-vigilance Baie-des-chaleurs. La baie des Chaleurs, est-ce qu'il y en a plusieurs d'entre vous qui sont allés
à la baie des Chaleurs? Moi, j'y suis allée et je me suis baignée. Je
m'y suis baignée souvent, à part de ça.
Équiterre, le
Réseau québécois des groupes écologistes, le Centre de l'environnement, le
Secrétariat des organismes environnementaux
du Québec, la Fondation David-Suzuki, Nature Québec, SNAP-Québec, Société pour
la nature et les parcs du Canada,
Attention FragÎles, Les Citoyens au courant, Association québécoise de lutte
contre la pollution atmosphérique, le
Regroupement national des conseils régionaux de l'environnement du Québec,
Fonds mondial pour la nature, ce qu'on appelle
WWF Canada, Fonds d'action québécois pour le développement durable, Conseil
patronal de l'environnement du Québec, Observatoire de la consommation
responsable de l'Université du Québec à Montréal, Alliance pour une économie verte au Québec, Chaire en éco-conseil de
l'Université du Québec à Chicoutimi et Centre québécois de développement
durable.
C'étaient des
invités que nous voulions avoir parce
que je pense, tout le monde au Québec, toute la population, toutes les Québécoises, tous les Québécois
ont intérêt à savoir quels seront les impacts environnementaux de la
construction de cette cimenterie. Et,
j'y reviens, moi, le 450 millions de montage financier pour 200 emplois, ça me
trouble. Je suis convaincue que les
Gaspésiens auraient eu de meilleures idées, des idées plus innovantes, des
idées plus porteuses, des idées plus vertes, des idées plus innovatrices
pour développer leur propre région. C'est choquant.
Et quels sont
ces impacts environnementaux? Il
y en a plusieurs, ceux dont on aurait
pu nous parler. Et je souligne l'impact
potentiel de la cimenterie sur l'environnement, mais on aurait voulu en savoir davantage. Perte de sols et risque de contamination en cas de déversement
accidentel, exploitation à ciel ouvert de la carrière et déviation des eaux de surface en dehors du bassin versant du ruisseau de
l'anse McInnis par les travaux de drainage, risque de contamination de l'eau de surface et des sédiments par des
déversements accidentels et par des matières particulaires aéroportées et
hausse potentielle de la matière en
suspension, rabattement du niveau de la nappe phréatique provoqué par le
dénoyage de la fosse d'exploitation
et risque de contamination des eaux souterraines. Ce n'est pas rien, ça, risque
de contamination des eaux souterraines. Impact potentiel de la
cimenterie sur l'environnement : risque de contamination des eaux
souterraines.
Vous savez, Mme la Présidente, ce ne sont pas des mots dits à la légère et ce ne sont pas des
conséquences à prendre à la légère.
Pourtant, nous n'aurons aucune expertise sur ces risques potentiels, puisque
nous n'entendrons pas d'experts, puisque le gouvernement en a décidé ainsi
et puisqu'il n'y aura pas d'audience publique en environnement, et c'est la
raison pour laquelle nous nous opposons à ce projet. Nous sommes pour le
développement, nous sommes pour le développement
économique, nous sommes pour les régions, nous sommes pour le développement
durable, mais qui respecte l'environnement. On est rendus là en 2015.
Je poursuis
avec les impacts potentiels de la cimenterie : modification potentielle de
la qualité de l'air en raison des
émissions atmosphériques associées aux activités du complexe cimentier — tiens, qualité de l'air — augmentation du niveau de bruit sur les concentrations résidentielles environnantes
pendant le chantier de construction et l'exploitation du projet. Autre impact potentiel, des vibrations
dans le sol pourront être ressenties pendant la préparation du site et la
phase des travaux ainsi que lors de
l'exploitation de la cimenterie et de
la carrière. Donc, ce n'est pas juste avant, ça se poursuit après. Donc,
il pourrait y avoir des impacts potentiels par la suite lors du fonctionnement
de la carrière.
Autres impacts : perte de superficie de
couvert végétal terrestre; détérioration ou perturbation de l'habitat du poisson; dérangement et mortalité d'individus;
modification de l'abondance et de la répartition des populations en raison
de la perte, de la fragmentation et de la
dégradation des habitats disponibles, des perturbations et du dérangement
occasionné par les travaux, de même
que par la mortalité de certains individus; perte d'habitats et dérangement des
couples nicheurs présents et des individus des différentes espèces dans
la zone inventoriée et en périphérie, dont le faucon pèlerin, le goglu des
prés, l'hirondelle rustique, le moucherolle à côtes olive et le quiscale
rouilleux, toutes des espèces à statut précaire — d'habitude, le
ministre de l'Environnement est très soucieux des espèces à statut précaire,
ici nous n'en saurons rien — ainsi que des individus présents lors des
migrations. Autres impacts potentiels. La qualité de vie d'une partie des résidents de Port-Daniel‑Gascons sera modifiée
par la construction et l'exploitation du projet du point de vue de leur bien-être : entre autres, perturbation par le
bruit, les vibrations, etc., modification de l'intégrité visuelle de certains
paysages, modification des activités récréatives et résidentielles.
À voir la quantité d'impacts potentiels sur l'environnement, tenir un BAPE serait la moindre des choses. Nous sommes en 2015. Mon collègue de Chambly
le disait à juste titre, on n'est plus à l'ère de l'industrialisation et des usines au charbon. Pourtant,
on a l'impression d'y être avec un projet de cimenterie tel quel sans BAPE, et
avec l'aval des deux vieux partis. Ce qui me surprend, on est en présence ici
d'un projet libéralopéquiste. Je ne pensais pas voir ça, Mme la Présidente. Je ne fais pas de la politique
depuis longtemps, mais je ne pensais pas voir que deux antagonistes pareils,
aux positions diamétralement opposées,
s'entendent comme larrons en foire quand vient le temps d'adopter un projet de
la sorte, la cimenterie, l'usine la plus
polluante de l'histoire du Québec, avec 450 millions de dollars
d'investissement. Je suis vraiment
surprise. Naturellement, donc, tous ces impacts potentiels que les experts
seraient venus nous expliquer, bien, on n'en saura pas plus. C'est
dommage.
On spécifie
aussi que ce projet de loi, le projet de la cimenterie, suivra son cours
nonobstant toute décision d'un tribunal
rendue après la date de la présentation du projet de loi, toujours sans subir
un BAPE. Je m'interroge, je m'interroge sur le refus que nous avons essuyé concernant notre demande d'obtenir
ces fameuses consultations dont nous parlions, et, interpellé sur les raisons de ce refus, le leader du gouvernement a
mentionné qu'il ne voyait pas la pertinence de passer à cette étape. Il soutenait que le projet de loi
n° 37 ne faisait que confirmer l'état du droit existant. Et mon collègue
de La Peltrie le soulignait plus tôt aujourd'hui, pourquoi faire
une loi si c'est pour confirmer l'état du droit existant? Comme le législateur
ne parle pas pour ne rien dire, ici il y a énormément de redondance. Pourquoi?
C'est une bonne question. Alors, pourquoi
faire adopter une telle loi, si ce n'est que par crainte d'avoir un jugement
qui va à l'encontre de ce fameux droit actuel? Et pourquoi nous refuser
ces consultations particulières?
Écoutez, je
pourrais vous en parler pendant des heures, ça me ferait un immense plaisir.
Malheureusement, le temps qui m'est alloué est imparti...
Une voix : ...
Mme Roy
(Montarville) : M. le leader, j'ai tous ces documents, mais
je veux seulement indiquer à la population — c'est important — que la Coalition avenir Québec est pour les
régions, pour un développement intelligent, un développement durable, un développement qui respecte les valeurs des
citoyens de la région concernée, un développement vert, un développement porteur, un développement
innovant. Ça s'appelle le Projet Saint-Laurent, et on est totalement à côté de la track ici, et je crains que nous le
regrettions dans les années à venir. Cela dit, c'est la raison pour laquelle
nous voterons contre le p.l. n° 37. Merci, Mme la Présidente.
• (21 h 10) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci, Mme la députée de Montarville. Alors, toujours dans le cadre du débat sur l'adoption du principe du projet de loi n° 37, je
vais maintenant céder la parole à M. le député de Deux-Montagnes.
M. Benoit Charette
M.
Charette : Mme la Présidente, merci. Chers collègues, c'est un plaisir de vous retrouver ce soir.
C'est un débat qui a cours quand même
depuis quelques heures. Ça me fait plaisir d'ajouter ma voix à celle de mes
collègues, mais, avant d'aborder le
vif du sujet, peut-être vous partager une question. On a le collègue de Fabre,
qui, depuis le début de la soirée, manifeste
le besoin de poser des questions, j'en ai une. J'en ai une à mon tour, une
question. Malheureusement, je ne peux pas lui adresser
personnellement, mais j'aimerais, j'aimerais éventuellement qu'il y réponde.
Nos pratiques parlementaires, compte tenu du
rôle du député... Qu'est-ce qu'un député? Il a trois fonctions, essentiellement : la fonction législative,
proposer des lois, les adopter par la suite. C'est ce qu'on fait au quotidien
dans cette enceinte. Mais il y a
aussi une fonction qui est fondamentale, qui est celle de questionner l'action gouvernementale. C'est un rôle qui est intimement
associé à la fonction de député. Et la question qui me vient en tête à ce
moment-ci : Pourquoi, depuis que le
débat a cours, depuis quelques heures, seuls les députés de la Coalition avenir Québec s'acquittent de ce rôle-là? Pourquoi seuls
les députés...
Des voix : ...
M.
Charette : Pourquoi? Peut-être,
le député de Fabre trouvera la réponse, mais pourquoi seuls des
députés de la coalition se lèvent? Cette fonction, qui est souvent
associée à l'opposition, elle est fondamentale dans notre système parlementaire. Et, si on la confie essentiellement
à l'opposition, naturellement on aurait eu aussi des intervenants du Parti
québécois. Mais, depuis le début du débat, étonnamment ils sont
extrêmement, extrêmement silencieux, ce qui nous rappelle la pertinence de ces échanges ou de cette parole que nous
prenons haut et fort ici, à l'Assemblée nationale, parce que ça illustre, malheureusement, une réalité au
Québec qu'on ne peut pas nier — qu'on peut certainement condamner, mais qu'on ne peut pas nier — c'est-à-dire une certaine connivence ou une
certaine complicité entre l'opposition officielle et le gouvernement. Et, peu importe la formation
politique qui occupe l'un ou l'autre des sièges, cette réalité, malheureusement,
elle persiste depuis plusieurs décennies maintenant.
Et vous-même, Mme la Présidente, vous faites de
la politique depuis quelques années, vous savez que toute formation politique, peu importe laquelle,
travaille fort pour être associée à un «branding», en quelque sorte. La
Coalition avenir Québec ne fait pas
exception. C'est relativement une jeune formation politique, à peine âgée de
trois ans, mais déjà on a une marque
de commerce qui nous est accolée et qui est de plus en plus reconnue par
l'ensemble de la population. On a un
discours surtout très constant. Ça fait certainement partie des qualités qu'on
nous reconnaît. Donc, depuis le début, depuis la fondation de notre
formation politique, on a cette constance dans notre discours.
On a aussi d'autres images qui nous sont
accolées, notamment celle de la défense du contribuable. On a eu l'occasion, au cours de la dernière campagne
électorale, d'illustrer cette importance-là du contribuable pour nous et on
s'est permis de faire un clin d'oeil
au Parti québécois, qui, lui, misait beaucoup à l'époque, vous vous en
souviendrez, sur la Charte de la
laïcité. Nous, en opposition à cette priorité qui semblait bien, bien loin de
la réalité des Québécois on a opposé la charte des contribuables. Donc,
c'est réellement une image, maintenant, qui nous est accolée.
Celle des
finances publiques également. Ce souci pour la Coalition avenir Québec
d'équilibrer un budget, ce souci pour
la Coalition avenir Québec de penser aux générations futures. On parle
également d'économie. À chaque jour, notre chef, période de questions après période de questions, se lève pour
soulever des questions économiques, surtout soulever notre inquiétude
profonde par rapport, justement, à la situation dans laquelle se retrouve le
Québec. Bref, ce sont des images, ce sont
des marques de commerce que l'on souhaite se faire accoler à force de bien
travailler, de bien répéter notre discours, et toujours dans la
constance.
Et pourquoi
je vous dis ça, Mme la présidence? C'est que, depuis des années, le Parti
libéral se dit être le parti de l'économie.
Depuis des années, le Parti libéral se dit être le parti de l'environnement.
Depuis des années, le Parti libéral se
dit être le parti des régions. Or,
avec le projet de loi qui nous réunit ce soir, on arrive à une démonstration claire, évidente, incontestable que
cette réputation, malheureusement, elle est surfaite, qu'elle ne se défend pas,
qu'elle ne tient pas la route.
Et, si ce
sont des images que le Parti libéral veut se faire accoler, il y a aussi des
images que le Parti québécois souhaiterait se voir accoler. Dans
l'opposition, le Parti québécois est toujours plus vert qu'il ne l'est
lorsqu'il est au pouvoir. Dans l'opposition,
le Parti québécois se veut toujours plus vertueux qu'il ne l'est véritablement.
Il aurait eu, à travers le présent
débat, une très, très belle occasion, à tout le moins, d'illustrer une certaine
préoccupation environnementale et, malheureusement, il est excessivement
silencieux, que ce soit ce soir, mais également depuis le début du débat.
Et, si je reviens maintenant plus directement au
projet de loi n° 37, que vise-t-il essentiellement? Je sais que plusieurs de mes collègues ont eu l'occasion de
répondre à leur façon à cette question, il vise essentiellement à protéger
le gouvernement de lui-même. C'est un petit
peu l'interprétation que j'en fais. C'est-à-dire qu'il y a une législation, au
Québec, qui existe, qui est bien établie, qui fait en sorte que, lorsqu'un
projet suscite des questionnements au niveau environnemental,
il y a un examen du BAPE qui se fait pour voir, justement, quels sont les
impacts de cette mesure-là pour
l'environnement. C'est la procédure habituelle à laquelle, généralement, le
gouvernement se soumet de bon coeur en
autorisant, justement, cette vérification, et, cette fois-ci, non. Cette
fois-ci, malheureusement, il veut se protéger de lui-même en se soustrayant de cette étape. Et là où je suis
particulièrement inquiet, c'est par rapport à notre rôle de député.
Comme je le
mentionnais d'entrée de jeu tout à l'heure, il y a une procédure — hein, on la connaît tous, pour la plupart, on est dans cette enceinte depuis
quelques années maintenant — lorsqu'il y a un projet de loi qui est
déposé, une des premières étapes — et ça se fait généralement dans les secondes
qui suivent le dépôt du projet de loi — on demande — et c'est d'abord le rôle de l'opposition
officielle — on
demande des consultations soit générales soit particulières, tout dépendant du nombre de groupes que l'on
souhaite entendre. Générales, si, réellement, on veut élargir la consultation. Particulières, si on souhaite procéder plus
rapidement, parce qu'on pense qu'un groupe limité d'intervenants nous
permettrait d'avoir l'éclairage
recherché. Donc, déjà, il y a matière à se questionner parce que, déjà,
l'opposition officielle ne s'est pas acquittée
de son rôle de demander des consultations, qu'elles soient particulières ou
générales. Déjà, on peut, malheureusement, retrouver la connivence que
je déplorais en début d'intervention.
Mais ce
rôle-là, on a voulu le jouer, on a voulu s'acquitter de cette responsabilité.
Je me souviens très bien que notre
leader s'est levé en Chambre pour demander des consultations particulières. Je
me souviens très bien que le cabinet qui
l'accompagne avait préparé, avec son appui, une liste d'organisations qui auraient
pu apporter un éclairage excessivement pertinent pour la suite des
choses, pour que l'on puisse aborder le sujet de façon éclairée, de façon réfléchie. La liste, elle n'était pas démesurée.
Tout à l'heure, ma collègue de Montarville a nommé quelques-uns des groupes
auxquels on avait pu penser. On ne visait
pas une liste infinie d'intervenants, mais des intervenants qui, par le passé,
ont démontré
une expertise tout à fait pertinente dans le cadre du présent débat. Non
seulement on n'a pas voulu considérer cette
liste-là, mais on n'en a retenu aucun, ce qui fait que... Moi, personnellement,
c'est quoi, c'est ma cinquième... ma sixième
année comme député à l'Assemblée nationale, je n'ai pas le souvenir d'un projet
de loi qui est déposé sans que le leader
du gouvernement, par lui-même, propose des consultations particulières ou,
encore moins, sans que l'opposition officielle
en fasse la demande. Donc, c'est malheureusement, pour ma part, le souvenir que
j'en ai, à tout le moins, un triste souvenir, et j'espère que ça ne se
reproduira pas.
• (21 h 20) •
Bref, c'est
pour la mise en contexte. Le projet de loi lui-même, je le disais, c'est pour
soustraire le gouvernement d'une
obligation qu'il aurait autrement de penser à un BAPE. Mais, autant pour les Québécois
que pour les parlementaires que nous
sommes, le jeu est manifeste. Je pense que c'est ma collègue de
Saint-Hyacinthe, tout à l'heure, qui disait
à juste titre que le gouvernement veut, en quelque sorte, changer les règles du jeu en cours de route. Ça
ressemble étrangement à ça, malheureusement, et je ne peux que lui donner raison. Le projet lui-même, sur la simple base environnementale, ne se défend pas, ne se défend pas, en ce sens qu'on l'a
dit... Puis je ne suis pas un spécialiste en la matière, mais les chiffres qui
ont été partagés par mes collègues sont
excessivement éloquents, un projet de loi qui est extrêmement, oui, polluant.
On parle même d'un projet qui va nous
éloigner de l'objectif que la société québécoise, le gouvernement du Québec, en
premier lieu, s'est donné au niveau de ses cibles environnementales.
Donc, on est contre-productif par rapport aux propres objectifs que l'on s'est
fixé, et, encore une fois, sans permettre même le débat, ce qui est d'autant
plus inquiétant.
L'environnement,
c'est un sujet qui interpelle de plus en plus les Québécois, les Québécoises,
et particulièrement les jeunes. De
voir que ce souci est à ce point évacué de notre discours — et le «notre», naturellement, fait référence
à celui de l'Assemblée nationale — par le discours du Parti québécois et du
Parti libéral... Notre voix, elle est, à la Coalition avenir Québec,
tout à fait évacuée, malheureusement.
Donc, nous,
dès le départ, à défaut d'avoir pu obtenir des consultations particulières, on
a voté contre le dépôt même du projet
de loi, et très rapidement. Et je me souviens très bien des propos tenus par
notre leader, des motifs qu'il a invoqués pour justifier notre
opposition, et encore une fois... Et personne... Tout à l'heure, je parlais de
«branding», Mme la Présidente. Je pense que
tous les chroniqueurs nous reconnaissent ceci — chroniqueurs et analystes politiques — peu importe
le sujet qui est présenté en cette Chambre, peu importe que nous soyons
d'accord ou non avec une approche qui soit
proposée par le Parti québécois ou par le Parti libéral, on a cette réputation,
je pense, d'être constructifs. Donc, dans le débat qui nous occupe actuellement, c'est la même chose, on ne s'est
pas opposés pour s'opposer, on a justifié l'objet de notre refus.
Et vous me
permettrez une petite lecture, vous dire un petit peu ce que d'autres ont pu
dire dans d'autres mots, mais, à tout
le moins, expliquer le pourquoi de notre opposition. Donc, on s'est opposés,
naturellement, au nom des principes de développement
durable et de ses piliers économique, social et environnemental, notamment ceux
de précaution et de transparence qui
sont au coeur de la stratégie gouvernementale. Et j'y reviendrai tout à
l'heure. Je vois que le temps file, mais, si j'ai l'occasion, je le
ferai volontiers.
Il y a un
autre cas d'espèce — et là
c'est le souvenir que j'ai d'une autre collègue qui a pris la parole — la comparaison
avec le dossier de la Gaspésia. Ce qui est heureux et malheureux dans ce
dossier-là, c'est qu'il a été, après coup, documenté d'un rapport
extrêmement pertinent qui aurait pu influencer, qui aurait pu inspirer le
gouvernement libéral aujourd'hui, mais qui,
malheureusement, ne... ça n'a pas été le cas. Donc, ça me fait penser à ce
principe de précaution et de transparence,
qui, malheureusement, fait défaut dans ce projet de loi là ou dans l'esprit du
projet de loi pour lequel on s'oppose.
On s'oppose
également, naturellement, au nom des objectifs que la société québécoise s'est
fixés en matière de réduction d'émissions
de gaz à effet de serre. Encore une fois, je vois que le temps file, mais il y
a un marché du carbone qui est maintenant en place au Québec avec des
cibles bien précises, et ce n'est pas sans conséquences autant pour la société, au niveau du respect de ces objectifs-là,
que pour les autres entreprises émettrices de gaz à effet de serre au Québec.
Et tout est une question de temps, mais, si j'ai la possibilité d'y revenir
tout à l'heure, je le ferai volontiers.
On s'oppose
également au nom de la cohérence des décisions gouvernementales. Je vous disais
tout à l'heure, le BAPE, c'est un
principe ou, à tout le moins, c'est une étape qui, généralement, est
obligatoire, qui est obligée. Donc, en termes de cohérence, on peut
repasser.
On s'oppose
également au nom d'une utilisation judicieuse de leviers économiques pour le
développement de nos régions. Notre amour de la Gaspésie a été démontré
par plusieurs de mes collègues à travers leurs interventions, mais il faut rappeler que l'actuel projet de loi
vise à défendre un projet qui implique des sommes publiques à hauteur de
450 millions de dollars. C'est une
somme colossale. Rares sont les projets au Québec qui bénéficient d'un appui
aussi important. Et, dans le cas
présent — et
plusieurs l'ont dit — pour le
nombre d'emplois créés, l'investissement n'en vaut pas le coup. Avec une somme semblable, on aurait
pu, effectivement, diversifier l'économie de la région en entier à travers
une multitude de petits projets qui n'auraient pas permis à une région de
concurrencer une autre région.
Et c'est
aussi le problème de ce projet de loi ou du projet de cimenterie lui-même,
et c'est aussi le problème que j'ai
avec le silence de l'opposition
officielle, ce projet-là, une fois en
place, viendra concurrencer des cimenteries qui sont déjà
établies, des cimenteries qui, déjà, ne produisent pas à pleine capacité. Pourquoi,
Mme la Présidente? Tout
simplement parce que le marché est saturé. Je pense à une cimenterie
sur le côté de Joliette, je pense à une cimenterie également
sur le côté de Saint-Constant, et, dans les deux cas, il y avait des investissements
majeurs qui avaient été planifiés. Dans les deux
cas on parlait d'agrandissement, on parlait de création d'emplois, mais, depuis
que l'actuel projet de loi est sur la table, ces deux entreprises ont, malheureusement, revu leurs projets à la
baisse ou les ont, tout simplement, mis sur la glace. Et je me demande comment, dans les circonstances, la députée
de Joliette, par
exemple, n'est pas intervenue dans le
débat pour se questionner ou pour demander ne serait-ce qu'une consultation
pour qu'on puisse entendre la cimenterie qui est dans sa circonscription.
Je me demande également pourquoi le collègue de Sanguinet, donc, sur le territoire
de Saint-Constant, n'a pas non plus pris la
parole dans ce débat pour exiger un éclairage qui aurait permis, sans doute, de
rassurer les gens de sa circonscription qui travaillent dans le domaine.
On s'oppose également
au nom du respect des limites et des réalités que connaissent certains marchés.
Je le disais tout à l'heure, oui, au Québec, il y a d'autres cimenteries
en place qui, malheureusement, ne produisent pas à pleine capacité, compte tenu du marché qui est saturé.
Mais ce marché-là n'est pas que québécois, il est nord-américain, et on a
aujourd'hui des États dans le Nord-Est des États-Unis qui se questionnent de
voir l'État québécois subventionner à pareille
hauteur un projet qui, de surcroît... État qui, de surcroît, soustrait ce
projet-là à certaines règles environnementales élémentaires. Donc, ce sont des États qui, aujourd'hui, se questionnent
et qui évoquent déjà, même si le projet n'est pas encore en opération, qui évoquent déjà des recours
à travers des instances internationales au niveau, justement, d'accords de libre-échange qui ont été contractés ces
dernières années. Donc, les limites et les réalités qui sont touchées par le
projet de loi ne sont pas que québécoises, elles sont aussi
nord-américaines, et là aussi l'inquiétude est vive.
On s'oppose
au niveau des empois... Je le disais tout à l'heure, Saint-Constant, mais
également Joliette, ce sont des
régions québécoises, ce sont des emplois proprement québécois. Et, quand
j'entends le Parti libéral dire qu'on ne se soucie pas des régions... Ma collègue disait être insultée, je le suis,
je le suis également personnellement. Non seulement le Parti libéral nous accuse de délaisser les régions...
Sans vouloir l'accuser, je peux certainement lui reprocher son action, qui est encore plus dommageable, en ce sens qu'à
travers cette décision-là on vient littéralement opposer des régions une
envers l'autre, et ce, au Québec. Donc, on
parle de travailleurs québécois qui seront littéralement pénalisés. On peut
déjà évoquer des pertes d'emploi très, très certainement, bien que le projet
ne soit pas encore opérationnel.
Je veux
parler rapidement de la Gaspésia. Je le disais tout à l'heure, c'est un projet
qui, malheureusement, a fait l'histoire
pour les mauvaises raisons. Investissement public majeur, très, très important,
on s'en souvient, avec une création d'emplois
projetée, somme toute, minime. Donc, même si tout n'est pas directement lié, on
aurait pu et aurait dû apprendre de cette erreur-là. D'autant plus, je le
mentionnais rapidement tout à l'heure, d'autant plus qu'il y a eu une enquête
publique suite à ce scandale de la Gaspésia. D'autant plus que cette
enquête publique a débouché sur un rapport relativement exhaustif. Et une des précautions élémentaires que notait le rapport,
c'était la nécessité pour l'État de ne pas s'empresser à prendre une
décision, et là c'est exactement le contraire qui se vit. Et il y avait...
Des voix : ...
M. Charette : Oui, je sais que
certains sont pressés d'entendre ma conclusion. Et d'ailleurs, si, au niveau du
gouvernement, on acceptait de me laisser plus de temps, j'aurais la possibilité
de compléter...
Des voix : ...
• (21 h 30) •
M. Charette : Ah! c'est bien, bien
dommage, mais il y a des conclusions de ce rapport, effectivement, de la Gaspésia qui auraient été excessivement, excessivement
utiles au gouvernement. Ils auraient dû s'en inspirer. Et certaines de ces conclusions-là, malheureusement, je ne le
souhaite pas, mais risquent fort d'être les conclusions d'un éventuel rapport
qu'on sera obligé de faire dans les
prochaines années lorsqu'on évaluera le fiasco qu'est ce projet de loi de
cimenterie en Gaspésie.
Ajournement
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Alors, merci. Merci, tout le monde.
Alors, compte tenu de l'heure, j'ajourne les
travaux au mercredi 22 avril, 9 h 45. Bonne fin de soirée à tous.
(Fin de la séance à 21 h 31)