(Neuf
heures quarante-huit minutes)
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, on vous souhaite un bon jeudi matin.
Alors, veuillez prendre place, vous asseoir.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Nous
allons procéder à la rubrique Déclarations
des députés, et je suis prêt à
entendre la première déclaration,
de Mme la députée de Crémazie. Pour votre déclaration d'aujourd'hui, à vous.
Souligner la Journée mondiale de l'hémophilie
Mme Marie Montpetit
Mme
Montpetit : Merci, M. le Président. Il me fait plaisir de prendre la parole ce matin
en cette Chambre pour souligner
la Journée mondiale de l'hémophilie. La Société canadienne
de l'hémophilie, section Québec, a pour mission d'améliorer l'état de santé et la qualité de vie des personnes affectées
d'un trouble héréditaire de la coagulation ainsi que ceux des personnes
affectées par les conséquences d'une transfusion sanguine contaminée.
L'hémophilie classique touche une personne
sur 10 000 au Québec, et on
estime que près d'un Québécois sur 100 est porteur du gène d'un trouble
héréditaire de la coagulation.
La Société canadienne
de l'hémophilie vise à permettre l'accessibilité à des soins et à des services
médicaux optimaux à toutes les personnes atteintes
d'un trouble de la coagulation. Également, elle soutient la recherche, défend
les intérêts des personnes affectées et assure le soutien et l'éducation des
membres et des professionnels de la santé.
En
terminant, M. le Président, j'invite la population à se joindre à la Société
canadienne de l'hémophilie pour la troisième
édition de La Marche rouge blanc et vous, qui aura lieu dimanche le 17 mai au
parc Maisonneuve de Montréal. Merci.
• (9 h 50) •
Le Vice-Président (M. Gendron) : En vous remerciant, Mme la députée de Crémazie,
de votre déclaration, je cède maintenant la parole à M. le député de
Berthier pour sa déclaration d'aujourd'hui. M. le député, allez.
Féliciter M. Gilles Côté, président sortant du Conseil régional
de l'environnement de Lanaudière, récipiendaire
de la Médaille de l'Assemblée nationale
M. André Villeneuve
M.
Villeneuve : Merci. Le 10 avril dernier, M. Gilles Côté,
président du Conseil régional de l'environnement de Lanaudière, prenait une retraite bien méritée après 18 ans de bons et
loyaux services. À cette occasion, j'ai eu le plaisir de lui remettre la
Médaille de l'Assemblée nationale.
Tout
au long de sa carrière, M. Côté a occupé plusieurs postes, dont certains au
niveau national, dans des OBNL ayant
pour mission de promouvoir et mettre en valeur notre environnement, en
concertation avec d'autres organismes et la population concernée. La
portée de ses actions dépasse largement la région de Lanaudière et même le
territoire du Québec puisque l'environnement
n'a pas de frontière. En fait, M. Côté s'est voué à la plus noble des causes,
soit la sauvegarde de notre environnement. Il a donc bien mérité notre
reconnaissance. Je suis tout à fait persuadé que c'est l'ensemble des Québécois
aujourd'hui qui tiennent à le féliciter.
M.
Côté, je suis convaincu que vous allez continuer votre mission au sein d'autres
instances et j'espère que ce sera pour très longtemps, car nous avons
absolument besoin de gens comme vous. Merci.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, on vous remercie de votre déclaration, M.
le député de Berthier. Je cède
maintenant la parole à M. le député de Papineau pour sa déclaration
d'aujourd'hui. M. le député, à vous la parole.
Féliciter M. Elliot Carrière pour ses performances aux
compétitions nationales et provinciales d'escrime
M. Alexandre Iracà
M.
Iracà : Merci, M. le Président. Je désire souligner les exploits de M.
Elliot Carrière, épéiste. Ce jeune Buckinois fait partie du club Le Masque de fer de Gatineau depuis plusieurs
années. Le Masque de fer a pour but de promouvoir l'escrime dans la région de l'Outaouais,
d'inculquer à ses membres les principes de bonne conduite et de respect
d'autrui inhérents à ce sport.
Elliot a remporté plusieurs médailles. Il s'est
distingué à plusieurs reprises. Que ce soit à la coupe du Canada, au
championnat provincial du Circuit des jeunes de la Fédération d'escrime du
Québec et aux Jeux du Québec, Elliot revient à la maison avec tous les honneurs. Aux
derniers Jeux du Québec, il a remporté la médaille d'or dans la catégorie
Épée masculin et également la médaille d'or dans la catégorie Équipe masculine,
épée.
Je
tenais à le féliciter pour ses belles performances. Je lui souhaite bon succès
et bonne chance puisque, la saison prochaine, il évoluera au niveau cadet.
Je suis assuré qu'il offrira aux spectateurs de belles prouesses et qu'il
poursuivra sa récolte des médailles.
Bravo, Elliot! Merci,
M. le Président.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, on vous remercie, M. le député de
Papineau. Je cède maintenant la parole
à M. le député de Maskinongé pour sa déclaration d'aujourd'hui. M. le député de
Maskinongé, à vous la parole.
Souligner le 55e anniversaire du
Club Richelieu de Louiseville
M. Marc H. Plante
M.
Plante : Merci, M. le Président. Il me fait plaisir aujourd'hui de
souligner le 55e anniversaire du Club Richelieu de Louiseville. Depuis le 5 mars 1960, le Club Richelieu de Louiseville a
pour mission d'aider les jeunes et leur communauté. Le club se compose d'hommes et de femmes qui se rencontrent
régulièrement pour fraterniser et pour élaborer des activités de
financement afin de mener à terme leur mission.
Je
tiens à souligner l'engagement des membres qui, au fil des années, ont donné de leur temps pour
soutenir les jeunes et les organismes
du milieu. C'est grâce au parrainage du Club Richelieu que le Corps de cadets
2931 de Louiseville a été créé. Il est toujours actif aujourd'hui. Au
fil des années, M. le Président, des centaines de jeunes ont bénéficié du travail et des efforts des membres du Club
Richelieu. Je désire leur exprimer ma reconnaissance, à toutes les personnes,
et je les remercie profondément pour leur dévouement qu'ils font preuve depuis
55 ans. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Merci, M. le député de Maskinongé, pour votre
déclaration d'aujourd'hui. Je cède maintenant la parole à M. le député
de Matane-Matapédia pour sa déclaration d'aujourd'hui. À vous.
Souligner le 35e anniversaire de CFVM-FM,
station de radio de La Matapédia
M. Pascal Bérubé
M.
Bérubé :
M. le Président, aujourd'hui je désire souligner les 35 ans de CFVM, la
station de La Matapédia qui opère sous
la bannière Rouge-FM depuis 2012. Je tiens à saluer le travail de tous ses
artisans, animatrices, animateurs actuels et passés, et de son directeur
M. André Émond, en poste depuis août 2005.
C'est
suite à des démarches entamées en 1978 par un groupe dirigé par
M. Jean-Hugues Guénette que la station de radio CFVM a vu le jour à Amqui, en 1980, sur la fréquence
AM 1220. La station, qui fut la propriété d'un groupe privé au départ, est ensuite passée successivement
aux mains de Diffusion Power inc., Corus Entertainment et Astral Media
jusqu'en 2013, année où la station est devenue propriété de Bell Média.
Depuis
sa fondation, la participation de la station comme partenaire aux événements
majeurs de La Matapédia a toujours
fait partie de sa mission. La station contribue également à former la relève en
matière de communications. C'est une
radio qui parle de nous, qui nous parle, qui nous accompagne partout dans le
comté de Matane-Matapédia et Mitis. Je désire souhaiter une longue vie à
la station CFVM Rouge-FM 99,9 Amqui. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, merci, M. le député de Matane-Matapédia.
Je cède maintenant la parole à Mme la députée d'Anjou—Louis-Riel
pour votre déclaration de ce matin.
Féliciter M. Frédéric Dyotte, lauréat du prix Porteur
de flambeau pour son travail au Camp Mariste
Mme Lise Thériault
Mme
Thériault : Merci, M. le Président. C'est avec un immense
plaisir que je souhaite féliciter M. Frédéric Dyotte, qui s'est vu décerner le prix Porteur de flambeau
à l'occasion du 25e gala de l'Association des camps certifiés du Québec.
Il y a près de
25 ans, M. Dyotte a débuté sa carrière au Camp Mariste, dans
Lanaudière, à titre de moniteur. Il s'est
rapidement distingué par son leadership et son dévouement auprès des jeunes.
Directeur des programmes depuis 2001,
il est à l'origine de nombreuses réalisations s'inscrivant dans le Fonds d'aide
aux enfants du Camp Mariste. À cet effet,
il participa à la création d'un volet Classes rouges et Classes blanches, à un
parcours acrobatique aérien ainsi qu'à un
programme spécialisé de pêche. Sa contribution significative au Camp Mariste a
permis à près de 300 enfants issus de milieux défavorisés à venir passer des vacances dans un environnement
stimulant et propice au dépassement de soi.
Encore
une fois, toutes mes félicitations à M. Dyotte pour votre bel
accomplissement. Et, M. le Président, M. Dyotte
est avec nous aujourd'hui dans les tribunes, et ainsi que les gens qui
l'accompagnent, salutations! Merci encore.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Alors, merci.
Merci, Mme la députée. Je cède la parole maintenant à M. le député de
Granby pour sa déclaration d'aujourd'hui. M. le député de Granby, à vous la
parole.
Féliciter les lauréats et les
organisateurs du gala Génération Avenir
M. François Bonnardel
M.
Bonnardel : Merci, M. le Président. Samedi dernier, j'ai eu
le plaisir d'assister au gala de Génération Avenir, dont la mission est
de permettre à la relève d'intégrer rapidement la communauté d'affaires de
Granby. La soirée, qui avait pour thème Dans l'oeil de GA, nous a permis
de mieux cerner la fougue qui anime la vingtaine de jeunes gens d'affaires préalablement sélectionnés à partir de
leurs cahiers de candidature pour se démarquer. Chacun des finalistes a dû se mettre en valeur ainsi que vendre les
mérites de son entreprise devant les convives présents et les trois juges
dragons.
Permettez-moi donc de
féliciter les lauréats de la soirée : M. Michael Langlois, de la Mercerie
Jules Demers; Benoit Racine, d'O'Kiné
Massothérapie; Simon Legault-Bélanger, de la Banque de développement du Canada;
Christian Grenier, de la RBC, Banque Royale
du Canada; Alexandre Picard, de Toiles Picard Marine; Sébastien Cloutier,
de Proprio Direct; et Mme Marie-Ève Roy, des
Mollets frisquets. Je veux leur dire : Bravo! Je désire également lever
mon chapeau à toute l'équipe de Génération Avenir qui était en charge
d'organiser cette soirée relevée, un franc succès. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, je
vous remercie pour votre déclaration. Je cède maintenant la parole à M. le député de Louis-Hébert
pour sa déclaration de ce matin. M. le député.
Féliciter Mme Laurie-Maude Brousseau, récipiendaire de la
Médaille de l'Assemblée nationale pour avoir sauvé 26 chevaux
dans l'incendie du Centre équestre Ste-Foy enr.
M. Sam Hamad
M.
Hamad : Merci, M. le Président. Aujourd'hui, je désire prendre un moment pour souligner le
geste héroïque d'une jeune femme de 20
ans nommée Laurie-Maude Brousseau. Elle est d'ailleurs présente avec nous ce
matin, accompagnée de sa mère, Mme Turmel, et de son père, M. Brousseau.
M. le Président, il y
a deux mois, jour pour jour, survenait un violent incendie au Centre équestre
Ste-Foy, dans mon comté de Louis-Hébert. Cette jeune fille, M. le Président, a
réussi à sortir tous les chevaux de l'écurie, malgré l'épaisse fumée et les
flammes qui gagnaient du terrain. Ainsi, par sa détermination, Laurie-Maude a
sauvé la vie de 26 chevaux. En dépit de son jeune âge, elle a fait preuve de
courage, et je trouve cela tout à fait remarquable.
Je tiens également à
souligner l'élan de générosité des voisins, dont M. Yves Fiset, qui se sont rapidement
précipités sur les lieux afin de prêter main-forte. Un remerciement aussi à
tous les propriétaires d'écuries qui ont offert généreusement des places pour
accueillir les chevaux. Il s'agit d'un beau geste de solidarité et d'entraide.
En terminant, M. le
Président, c'est avec fierté... je remettrai, ce matin, à Mme Laurie-Maude
Brousseau la Médaille de l'Assemblée nationale. Merci.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Alors, merci, M. le député. Je cède maintenant la
parole à M. le député de Laurier-Dorion pour sa déclaration de ce matin. M. le
député de Laurier-Dorion, à vous.
Souligner la perte de l'église grecque orthodoxe
Koimisis tis Theotokou dans un incendie
M. Gerry Sklavounos
M.
Sklavounos :
M. le Président, lundi dernier, le Québec a perdu un bijou, une perle architecturale,
un lieu de recueillement et d'entraide, un sanctuaire, un musée d'une valeur
inestimable, une école, une maison. C'était l'église grecque orthodoxe Koimisis
tis Theotokou, qu'on appelait affectueusement la «Panagitsa» et que le feu nous
a enlevée après presque 50 ans. C'est en ce lieu que j'ai porté les
couronnes au mariage de ma mère à mon beau-père, que j'ai épousé ma femme,
baptisé mon premier fils et où, le mois prochain, j'allais baptiser mon second.
Mes pensées sont avec
la communauté hellénique du Québec et plus particulièrement le révérend père
Nicholaos Papageorgiou. (S'exprime en grec).
M. le Président, dans
leur histoire, les Grecs ont démontré à maintes reprises leur résilience. Ils
le feront de nouveau et reconstruiront ce joyau. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Alors, merci, M. le député, de votre déclaration. Et je
cède maintenant la parole à M. le député de Rosemont pour sa déclaration d'aujourd'hui.
M. le député de Rosemont, à vous la parole.
Souligner le 20e anniversaire de la Société de
développement Angus
M. Jean-François Lisée
M. Lisée : Merci,
M. le Président. Je souligne, aujourd'hui, le 20e anniversaire de la Société de développement
Angus, une entreprise d'économie sociale née d'une remarquable concertation des citoyens de Rosemont
afin de donner une
nouvelle vie au terrain des anciennes usines de locomotives Angus. La SDA a
fait surgir de terre le Technopôle Angus, un projet accueillant maintenant plus de 50 entreprises générant
2 300 emplois. La SDA réalise des projets de revitalisation urbaine en misant sur le développement durable, le vivre-ensemble, la convivialité. Depuis 20
ans, la SDA a élargi son territoire
d'intervention vers d'autres projets en milieu urbain. Le 222, sur
Sainte-Catherine, le Carré Saint-Laurent, le Théâtre Le Diamant, le Cinéma Le Saint-Roch, la Maison d'Haïti sont des
projets qui témoignent de la vision et de la force de mobilisation de la
société.
Une
mention spéciale à Christian Yaccarini, président de l'organisation, un infatigable visionnaire. Bon 20e anniversaire à la SDA! Merci,
M. le Président.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, merci,
M. le député de Rosemont. Et cette dernière déclaration met fin à la rubrique Déclarations
de députés.
Les travaux sont
suspendus pour quelques instants.
(Suspension de la séance à
10 heures)
(Reprise à 10 h 13)
Le Président :
Mesdames messieurs, nous allons nous recueillir quelques instants.
Merci. Veuillez vous
asseoir.
Nous
poursuivons les affaires courantes. Aujourd'hui, il n'y
a pas de déclarations ministérielles ni présentation
de projets de loi.
Dépôt de documents
Lettre de la leader de l'opposition officielle concernant
la recevabilité d'une pétition électronique
soumise par son groupe parlementaire
À
la rubrique Dépôt de documents, je dépose la lettre que m'a adressée Mme la leader de l'opposition officielle,
dans laquelle elle remet en question une interprétation de la Direction des
travaux parlementaires au sujet de la recevabilité d'une pétition électronique
soumise par son groupe parlementaire.
Dépôt de rapports de commissions
À
la rubrique Dépôt de rapports de
commissions, M. le président de la Commission de l'administration publique
et député de Jonquière.
Élection à la vice-présidence de la Commission
de l'administration publique
M.
Gaudreault : Merci, M. le Président. Je dépose le rapport de la
Commission de l'administration publique, qui, le 15 avril 2015, a
procédé à l'élection de la vice-présidence de la commission. Merci.
Le Président :
Et ça a été un bon choix, hein? M. le député...
Une voix :
...
Le Président :
M. le député, je veux qu'on réponde. Ça a été un bon choix?
Une voix :
...
Dépôt de pétitions
Le Président :
Bon. Parfait. Merci.
À la rubrique Dépôt
de pétitions, M. le député de Sanguinet.
Autoriser les épiceries en ligne à obtenir un permis d'épicerie
pour vendre via Internet et expédier des commandes
par service de livraison de colis
M.
Therrien : Merci, M. le Président. Je dépose l'extrait d'une
pétition adressée à l'Assemblée nationale signée par 531 pétitionnaires.
Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués sont
les suivants :
«Considérant
que le Québec regroupe de nombreux producteurs de cidres et bières de
microbrasseries de très grande qualité;
«Considérant que les Québécois recherchent de
plus en plus les produits d'ici;
«Considérant
que de nombreux programmes gouvernementaux font la promotion des aliments du Québec
et des avantages économiques à consommer des produits locaux;
«Considérant
que les épiceries et dépanneurs peuvent obtenir un permis d'alcool pour vendre
et faire la promotion des cidres et bières de microbrasseries du Québec;
«Considérant
que les consommateurs achètent de plus en plus par Internet, sur des sites
spécialisés de commerce électronique;
«Considérant que la SAQ vend par Internet et
fait livrer, par Postes Canada, une partie des commandes;
«Considérant
qu'il est possible de s'assurer que le colis est remis à des personnes majeures
lors de la livraison, rendant très sécuritaire la livraison de produits
alcoolisés par un service de courrier...»
Excusez-moi, ce n'est pas facile. Il y a des
jours comme ça.
Des voix : ...
Le Président : Je pense qu'on
va vous suggérer, peut-être, de mettre vos lunettes.
M.
Therrien : «Nous, soussignés, demandons au ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation, ainsi qu'au ministre des Finances, d'autoriser les
épiceries en ligne, sans étalage dans un magasin et qui vendent des denrées, à
obtenir un permis d'épicerie pour vendre par Internet et expédier par un
service de livraison de colis des commandes,
incluant des cidres ou des bières de microbrasseries du Québec, et ainsi
bénéficier [du même droit] et obligations qu'une épicerie
traditionnelle.»
Je certifie que cet extrait est conforme à
l'original de la pétition.
Le Président : L'extrait de
cette longue pétition a été déposé.
Et j'ai une
demande pour le dépôt d'une pétition qui est non conforme. C'est par un autre
député, c'est le député de Lac-Saint-Jean. Est-ce que j'ai un
consentement pour le député de... M. le député.
Mettre en service une
ambulance présentement inutilisée
de la compagnie Ambulance Mido ltée
M.
Cloutier : Alors, M. le Président, je dépose l'extrait d'une
pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par 2 203 pétitionnaires. Désignation :
citoyens et citoyennes de la région administrative du Saguenay—Lac-Saint-Jean.
«Les faits invoqués sont les suivants :
«Considérant que le territoire couvert par
Ambulance Mido [qui] s'étend du secteur du rang de la Montagne jusqu'au premier pont à Sainte-Monique, incluant
les secteurs forestiers [...] Chute-des-Passes, [...]zec Rivière-aux-Rats et
[...] Chemin Résolu[...];
«Considérant qu'il y a, pour ce territoire, deux
véhicules ambulanciers le jour et un [...] la nuit;
«Considérant qu'il se fait près de 2 000
appels...»
Des voix : ...
Le
Président : Demain. Demain, on ne siège pas, mais je pense
qu'on pourrait peut-être prendre l'avant-midi pour faire des répétitions : comment présenter ses pétitions; l'un
avec ses lunettes puis l'autre avec une voix peut-être un peu plus
forte. Alors, si on pouvait l'entendre...
Une voix : ...
Le Président : Vous avez un
problème de...
Une voix : ...
Le Président : Vous avez un
problème? Bon, bien, faites de votre mieux.
M. Cloutier : Alors, je
disais :
«Considérant les nombreux transferts hors zone;
«Considérant
que, lorsque le véhicule de nuit est affecté sur un appel de service, la zone
se retrouve sans couverture de services;
«Considérant
que, depuis plusieurs semaines, des démarches sont faites pour rencontrer le
ministre de la Santé et des Services sociaux et le député de la
circonscription de Roberval pour les sensibiliser à ces ruptures de services;
«Considérant que ces démarches n'ont à ce jour
donné aucun résultat probant;
«Et l'intervention réclamée se résume
ainsi :
«Afin de soutenir cette revendication,
nous demandons au ministre responsable de la région de faire le nécessaire
afin que l'ambulance qui est présentement inutilisée et dans le garage soit
mise en service.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition.
• (10 h 20) •
Le Président :
L'extrait de cette pétition est déposé, et nous sommes sans voix.
Il n'y a pas de réponses
orales aux pétitions.
Interventions portant sur une violation de droit ou de
privilège
Hausse des tarifs de garde par des commissions
scolaires avant l'adoption du projet de loi n° 28
À
la rubrique Interventions portant sur
une violation de droit ou de privilège ou sur un fait personnel, j'ai reçu, dans les délais prescrits, de Mme la leader de l'opposition officielle une demande d'intervention portant sur
une violation de droit ou de
privilège. Dans son avis, Mme la leader de l'opposition officielle mentionne
que les commissions scolaires des
Draveurs, de Portages-de-l'Outaouais, au Coeur-des-Vallées et des
Rives-du-Saguenay auraient commis un outrage au Parlement en haussant
les tarifs de garde le 1er avril dernier, se prévalant ainsi des dispositions
du chapitre VI du projet de loi n° 28,
Loi concernant principalement la mise en oeuvre de certaines dispositions du
discours sur le budget du 4 juin 2014 et visant le retour à l'équilibre
budgétaire en 2015‑2016, avant l'adoption de ces dernières.
Alors, à moins que
vous ayez l'intention de plaider sur cette question, je...
Une voix :
...
Le
Président : Non, non, laissez-moi finir. Vous interviendrez
tant et aussi longtemps que vous voudrez après que j'ai eu fini.
Une voix :
...
Le
Président : Poser la question, c'est peut-être répondre aussi.
Je disais : Si vous avez l'intention de plaider sur cette question-là, je vous écouterai. Cette
question-là a déjà été entendue dans un autre forum, dans un autre cas. Je vous
rappelle qu'il y a déjà eu une jurisprudence là-dessus. Et, si c'est le cas,
moi, je prendrai cette question-là en délibéré s'il n'y a pas d'intention de
plaider...
Une voix :
...
Le
Président : Bien, vous le direz plus tard, et je rendrai ma
décision à ce sujet, mais dans les meilleurs délais. À vous. Oui.
M.
Fournier : ...pas empêcher qu'on ait une période de questions,
M. le Président. Simplement pour vous dire que la décision est prise en
vertu de règles budgétaires et non pas du 28. Et, lorsqu'on se pose ces
questions, il faut se demander : Y
a-t-il une loi, un pouvoir habilitant pour que l'exercice qui est fait soit
légal? Je vous dis tout de suite : Oui, il y en a un et il n'y a pas d'outrage au Parlement. Lorsqu'on regarde
les pouvoirs habilitants, ils sont clairs. Ça me semble régler la
question, M. le Président.
Le Président :
Mme la leader de l'opposition.
Mme
Maltais :
Écoutez, M. le Président, vous avez déjà jugé de ce type de question, et nous
savons qu'il y a évidemment derrière notre
demande assez de documents qui peuvent prouver le lien avec le projet de loi
n° 28. Ceci dit, il y a déjà eu
une interprétation, effectivement, de la présidence. On va vous demander de
vous pencher là-dessus et si c'était le même type de situation.
Le
Président : Bien là, j'ai compris qu'il y avait une intention
de plaider là-dessus. On nous dira à quelle place, dans les règles budgétaires,
on peut trouver ça, j'imagine.
M.
Fournier : À partir du moment où nous constatons que la
jurisprudence est claire en ces matières, lorsqu'il s'agit de voir si c'est en vertu de principes non
adoptés qu'un geste est posé, il faut se demander s'il y a une autre loi qui
existe. Il y a des règles budgétaires, la
loi le permet. C'est un élément important que vous devez considérer. Cela est
connu, M. le Président. Et j'aimerais
bien pouvoir vous dire qu'il n'y a pas matière ici à outrage au Parlement et
surtout pas à délai trop long pour laisser croire qu'il y en aurait un.
La décision saute aux yeux, M. le Président.
Le
Président : Ah! bien, je m'excuse, ce n'est pas mon cas. Je
m'excuse, je vais vous le dire comme ça, ce n'est pas mon cas. Dans
quelle règle budgétaire je devrais le trouver, M. le...
M.
Fournier : M. le Président, dans les règles budgétaires qui
sont permises au ministère de l'Éducation par les lois qui lui sont données. Il y a des règles
budgétaires qui permettent de poser ces gestes. Je vous dis ceci, M. le
Président : Dans
ces matières, et la jurisprudence est claire, la question n'est pas de
dire : Je présume que nous avons utilisé une loi non adoptée, je cherche à savoir s'il y en a une,
loi qui s'applique. Je vous dis, M. le Président, que, dans l'exercice de
cela, c'est ce principe que vous devez mener
haut et fort et le dire à l'opposition, parce qu'on ne peut pas passer outre
le fait qu'il y a des lois puis qu'elles s'appliquent. Et nous devons les
appliquer. C'est ce qui a été fait.
Le Président : M. le leader
du deuxième groupe d'opposition...
M.
Bonnardel :
Un court commentaire, M. le Président. Si la plaidoirie du leader du gouvernement est bonne, alors pourquoi on a un bâillon lundi sur
le projet de loi n° 28?
Le
Président : Je ne
suis pas certain qu'il y a une relation de cause à effet dans ce cas-là. Mme
la leader de l'opposition.
Document déposé
Mme
Maltais : Merci,
M. le Président. Avant que le leader
du gouvernement continue, et je le dis amicalement, là, à s'enfoncer dans son argumentation, je
voudrais vous dire que je peux déposer même une lettre du sous-ministre du ministère de l'Éducation, qui commence ceci : Dans l'éventualité où le
projet de loi n° 28 soit adopté,
nous vous demandons de... il est à
propos de retarder l'augmentation des tarifs de services de garde. Donc, c'est
le ministère lui-même qui fait un lien entre le projet de loi n° 28
et le tarif de services de garde.
Le
Président : Moi, je
pense qu'on devra le plaider, pour une raison bien simple : je n'ai aucune
idée dans quelle règle budgétaire...
je présume, ça peut être le ministère de l'Éducation. Où je peux trouver ça, à
quel endroit? Moi, je ne fais pas de
la recherche, là. C'est à vous à démontrer ce que vous avez voulu m'avancer,
et, dans ce cas-là, moi, je suis prêt à vous entendre plaider. M. le leader.
M.
Fournier : M. le Président, je comprends que nous plaiderons
là-dessus, mais je salue le fait que vous vous intéressiez à savoir s'il y a, justement, une disposition législative
déjà existante pour faire la chose, et je vois donc le retour de la
jurisprudence. Merci, M. le Président.
Le
Président : Bien, ne soyez pas trop inquiet dans ce sens-là.
Moi, je suis prêt à vous entendre plaider quand ça vous fera votre
affaire. Plus tard, évidemment, pas tout de suite. Après les affaires courantes
aujourd'hui? Après les affaires courantes aujourd'hui, ça vous irait?
Une voix : ...
Le Président : Oui. Oui, M.
le...
M.
Bonnardel : En tout respect pour mes collègues,
là; on n'a eu aucune documentation pour être capables de faire une plaidoirie
rapide sur la demande de la leader de l'opposition
officielle. Alors, je vous demanderais, s'il vous plaît, qu'on puisse
obtenir la documentation, et, par la suite, on pourrait élaborer notre
plaidoirie là-dessus.
Le Président : Bon, ça
m'apparaît tout à fait sage, ce que vous suggérez. La semaine prochaine et...
Une voix : ...
Le
Président : Peut-être
pas à la prochaine séance. Je ne peux pas présumer de la prochaine séance,
mais, quelque part la semaine
prochaine, je trouverai un temps pour vous entendre. Est-ce que ça vous va?
Monsieur...
M.
Fournier : ...vous le
ferez. Ceci étant, M. le Président, je note néanmoins, et je tiens à le souligner,
que l'exercice que vous me demandez
de faire, et je vais y procéder, c'est de pouvoir offrir à la présidence et à l'Assemblée, s'il y a des soutiens
législatifs qui permettent les
activités, les actions qui ont été menées par les commissions scolaires. Je
tiens à vous dire et de dire à nos
collègues des deux oppositions que c'est l'essence que vous avez mise sur la
table maintenant. Donc, nous, nous
allons nous intéresser à savoir s'il y a un soutien législatif et nous n'avons
pas à considérer le soutien législatif
à venir, qui n'existe pas encore, avec le 28. Je tiens à vous le dire, M. le
Président, parce que vous avez rendu une décision dernièrement à l'effet
contraire.
Le
Président : Je respecte bien toutes vos... Je présumerais que
ça pourra faire partie de la plaidoirie la prochaine fois qu'on vous
entendra sur ce sujet. Et alors la prochaine...
Des voix : ...
Le
Président : S'il vous plaît, s'il vous plaît, s'il vous plaît!
Alors, quelque part la semaine prochaine, j'entendrai vos plaidoyers sur
cette question-là.
Questions
et réponses orales
Alors, nous
en sommes maintenant à la période
de questions et de réponses orales,
et je cède la parole à M. le chef
de l'opposition officielle.
Vente de compagnies
québécoises
à des intérêts étrangers
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard : M. le Président, jour sombre pour le Québec : on a appris qu'une des plus grandes réussites québécoises,
une des plus grandes vitrines culturelles à travers le monde est en train
d'être vendue à des intérêts étrangers, et dont particulièrement un fonds de redressement américain avec des intérêts
chinois, avec une propriété minoritaire d'intérêts québécois. Ça annonce de bien mauvaises choses
pour le Québec, pour ses créateurs et pour le siège social du Cirque du
Soleil, M. le Président.
Le
gouvernement a été avisé de la situation depuis des semaines, il aurait dû
prendre ce dossier à bras-le-corps. J'irais
même jusqu'à dire, M. le Président... quand une des plus grandes réussites
québécoises et économiques est vendue à
des intérêts étrangers, c'est un problème économique, oui, mais c'est aussi un
problème politique. On apprend, malheureusement,
que le gouvernement a échoué et on a même su aujourd'hui que le ministre de
l'Économie n'a même pas pris la peine
de téléphoner au principal intéressé, à l'actionnaire principal du Cirque du
Soleil. Je pense que ça aurait été
nécessaire de le faire dans ce cas-ci, pas strictement l'interpeller, mais bien
de s'asseoir avec lui et voir les solutions, parce que les capitaux au
Québec, ils existent. Ils sont présents. Ce qui manquait, c'est du leadership
et la volonté de maintenir ici cette propriété québécoise.
J'aimerais savoir du premier
ministre : Est-ce qu'il a parlé au propriétaire du Cirque du Soleil?
Est-ce qu'il entend le faire à court terme?
Est-ce qu'il va assumer son leadership? Et l'entente n'est pas encore signée.
Est-ce qu'il va profiter de ces instants pour s'assurer que les
Québécois demeurent propriétaires de cette formidable...
Le Président : M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : Alors, M. le
Président, au début de la réponse, on va s'entendre très bien sur l'importance
de l'histoire du Cirque du Soleil pour le
Québec. Maintenant, il sait très bien qu'on a interpellé, M. le Président, le
président, M. Laliberté, et je crois
que cet appel a été entendu. D'après ce qu'on voit dans les rapports qui
paraissent dans les médias, notons que la transaction n'est pas
complétée.
Maintenant,
il n'est pas question pour le gouvernement du Québec de s'imbriquer dans une
transaction privée — ça,
je vais le dire de façon très, très
nette — pas plus
qu'on ne voudrait que les gouvernements étrangers s'imbriquent lorsque des groupes du Québec essaient de faire des
transactions à l'étranger. Cependant, ce qui est clair et ce qu'on voit, M. le
Président, dans les rapports de ce matin et
d'hier, c'est que l'organisation au Québec est capable de réunir des capitaux,
et déjà, au coeur de la transaction comme
actionnaire, c'est la Caisse de dépôt et placement du Québec qui, à mon avis,
joue bien son rôle. On ne veut pas
l'influencer non plus, c'est une institution indépendante qui a à faire son
travail. Mais elle connaît très bien
et elle partage les objectifs de garder le siège social et les activités
créatrices au Québec et de conserver un actionnariat québécois qui
permette une influence réelle, M. le Président.
Le Président : Première...
Une voix : ...
Le Président :
Complémentaire, M. le député de Saint-Jérôme.
M. Pierre Karl Péladeau
M.
Péladeau : ...M. le Président. La grande agence Bloomberg avance que
la division Transport de Bombardier considère une multitude de
transactions qui pourraient mettre en péril la propriété québécoise.
Une voix : ...
M. Péladeau : Le gouvernement semble...
Le Président : O.K. Allez-y.
Merci.
• (10 h 30) •
M.
Péladeau : Le gouvernement semble jouer à l'observateur en ce qui
concerne la propriété de nos entreprises. Est-ce que le premier ministre peut confirmer aux Québécois que la
division Transport de Bombardier demeurera une entreprise sous contrôle
québécois?
Le
Président : M. le ministre de l'Économie.
M. Jacques Daoust
M.
Daoust : Alors, M. le Président, j'ai eu une conversation avec M.
Pierre Beaudoin, qui est le président du conseil exécutif, et l'intention de Bombardier n'est pas de vendre la division
Transport. L'intention de Bombardier est de s'inscrire dans une réalité
planétaire qui sont, dans ce métier-là, des regroupements d'entreprises. En
fait, on a vu récemment deux grandes
entreprises chinoises qui sont des compétitrices de Bombardier Transport
fusionner, ce qui fait une entreprise de plusieurs centaines de milliers
d'employés.
Bombardier
Transport, c'est 40 000 employés, et ils regardent actuellement le
mouvement de consolidation qui se
fait à travers la planète. L'autre possibilité, c'est celle de rendre publique
une partie de l'actionnariat, et ce sont ces avenues-là qu'évalue
actuellement le Groupe Bombardier.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Saint-Jérôme.
M. Pierre Karl Péladeau
M.
Péladeau : Merci, M. le Président. Le Cirque du Soleil passe entre des
mains étrangères et, par conséquent, perdra
son pouvoir décisionnel au Québec. Bombardier Transport considère de nombreux
schémas financiers qui pourraient mener à la même conclusion. Pendant ce
temps, le ministre de l'Économie adopte une attitude tout à fait passive.
Est-ce
que le ministre de l'Économie sera fier de sa performance, alors que nous
aurons perdu deux fleurons de notre économie québécoise?
Le Président :
M. le ministre de l'Économie.
M. Jacques Daoust
M.
Daoust : Dans un premier temps, je pense que la réponse que notre
premier ministre a donnée était assez claire relativement au dossier du
Cirque du Soleil, le Cirque du Soleil qui est la propriété de
M. Laliberté, qui n'est pas la propriété de l'État.
En
ce qui concerne Bombardier, je pense qu'il est prématuré de tirer des
conclusions sur ce que fera Bombardier, et, encore ici, c'est une société qui est cotée en bourse. On pense à
rendre peut-être séparée la division Transport de la division Aéronautique, c'est une décision qui
appartient à ces actionnaires-là, mais ça ne veut pas dire que les activités
de Bombardier Transport vont cesser au Québec, c'est prématuré. Tout ce qu'on a
fait, c'est qu'on a vu une entreprise québécoise dire, dans un mouvement de
consolidation mondiale : J'ai la responsabilité de l'observer...
Le Président :
En terminant.
M. Daoust :
...de m'y inscrire et d'agir, si nécessaire.
Le Président :
Complémentaire, M. le député de Rousseau.
M. Nicolas Marceau
M.
Marceau : M. le Président, il y a un rapport, le rapport
Séguin, qui a été publié en février 2014, en consultation avec le milieu des affaires, et qui contient des
moyens pour développer et maintenir nos sièges sociaux. En campagne électorale, le Parti libéral disait vouloir se
servir du Fonds des générations, M. le Président, le Fonds des générations,
rien de moins. Ça, de toute évidence, ce n'était pas l'idée du siècle,
et qu'en est-il de cette promesse?
Alors,
qu'attendez-vous pour agir alors que des solutions réfléchies ont été
identifiées dans le rapport Séguin? Combien de sièges sociaux vont
devoir quitter le Québec pour que vous agissiez?
Le Président :
M. le ministre de l'Économie.
M. Jacques Daoust
M.
Daoust : D'abord, la question du maintien des sièges sociaux, M. le
Président, c'est un sujet qui revient à peu près deux fois par année au Québec, où on a une de nos entreprises qui
peut être remise en question, on le sait, on le vit. Et, lorsque j'étais à Investissement Québec, on a
été appelés à intervenir dans des dossiers. On se souviendra du dossier
de RONA, il n'y a pas si longtemps, dans lequel M. le député de Rousseau avait
été impliqué.
Maintenant,
quand on parle de sièges sociaux, bien, ce que ça veut dire, c'est qu'il y a
des tailles à l'intérieur de ça, et
il y a un moment donné aussi où il faut comprendre que ces entreprises-là
n'appartiennent pas à l'État. Et je ne crois pas, personnellement, que l'État est celui qui régit l'économie de la
façon un petit peu sociale comme vous la voyez, M. le...
Maintenant, le siège
social...
Le Président : En conclusion.
M. Daoust : Bon,
maintenant, les sièges sociaux, vous présumez qu'ils vont partir puis vous
présumez qu'ils ne seront plus au Québec...
Le Président :
Principale, M. le chef de l'opposition.
Présence de M. Hans Peter
Black au conseil
d'administration d'Amorfix Life Sciences Ltd
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard : M. le Président, dans l'affaire Black, nous avons
constaté que le premier ministre a reconnu hier, effectivement, que les
démêlés judiciaires de M. Black avaient été abordés au conseil
d'administration dès 2009. Les épargnants
reprochent entre autres à la compagnie dont il était président du conseil
d'administration de ne pas avoir donné toute l'information pertinente
pour une prise de décision.
Il
nous a dit hier, suite au dépôt du document où la rémunération apparaissait et
le nom de M. Black... On y mentionnait qu'il n'y avait aucune mention de quelque rémunération ou avantage. Il
nous a dit que ça se retrouvait dans un autre rapport. Nous sommes allés aux livres, nous sommes allés
voir, effectivement, ce rapport. Or, il est strictement mentionné qu'il y avait des gens, sans mentionner M. Black ni
sa compagnie, qui recevaient certains montants de la compagnie Amorfix, qui auraient pu être quelqu'un d'autre, dont le
premier ministre, d'ailleurs, membres du conseil d'administration, et c'est
le cas. Ce qui est clair, c'est qu'en sachant dès 2009 que M. Black avait des problèmes
les documents qui ont été rendus publics pour les
épargnants leur empêchaient d'avoir une information stratégique et importante.
Est-ce
que le premier ministre reconnaît qu'à la lumière des documents qui ont été
déposés devant les autorités des
marchés financiers à Toronto l'information qui leur était accessible ne
permettait pas aux épargnants d'avoir une idée précise sur les avantages que retirait M. Black de sa participation au
conseil d'administration et des activités d'Amorfix?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président, je vais répondre de façon claire, là : Ça suffit!
Ça suffit! Ni mon intégrité ni celle de
la compagnie Amorfix et de sa gouvernance ne sont en jeu. Ce sont des questions
privées entre un des membres du conseil
d'administration, sa compagnie et ses clients. Ça n'a rien à voir. Qu'il arrête
de faire ces liens et qu'il avance de façon plus constructive,
M. le Président.
Des voix :
...
Le
Président : S'il vous plaît! S'il vous plaît! S'il vous plaît!
Dans toutes ces questions... Toutes ces questions...
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît! Toutes ces questions méritent d'être regardées, mais de façon...
en faisant très attention, comme les questions doivent être faites... Elles ne
doivent pas faire en sorte de porter un jugement sur les personnes en question.
M. le chef de l'opposition, en première complémentaire.
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard : Je vous dirais, M. le Président, que l'énervement
n'est pas bonne conseillère, et, le «ça suffit», je ne sais pas à qui il l'adresse spécifiquement :
Est-ce que c'est aux épargnants qu'il l'adresse, d'ailleurs, à ceux qui
poursuivent la compagnie, qui ont
perdu leur argent parce qu'il y a des gens qui ont été négligents, parce qu'il
y a des gens qui les ont fraudés?
Est-ce que c'est pour ça qu'il dit : Ça suffit? Moi, je lui demande de
répondre aux questions, puis être contredit dans la vie, ça fait partie
de notre responsabilité. Puis, quand on a pris des décisions, bien, il faut les
assumer.
Ce
que je lui dis, c'est que l'information qu'il nous a donnée hier, M. le
Président, est contredite. Malheureusement, les épargnants n'avaient pas
la bonne information et...
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président, c'est faux. Tous les faits ont été établis, répétés.
Il n'y a aucune relation entre ce que
veut laisser soupçonner le collègue et la réalité, rien à voir. Maintenant,
moi, je vais lui parler de gouvernance, comme chef de parti. Avant de regarder la paille dans les yeux des
autres, on regarde la poutre dans ses yeux à soi. Il a, dans sa propre formation politique, un membre de
son caucus qui détient 40 % de l'empire médiatique le plus influent
du Québec. Ça, c'est de la gouvernance à régler, M. le Président.
Des voix : ...
Le Président :
S'il vous plaît! S'il vous plaît! S'il...
Des voix :
...
• (10 h 40) •
Le Président :
M. le député de Matane-Matapédia, M. le député de Matane, calmez-vous.
Des voix :
...
Le
Président : Laisse
faire, je vais régler ça moi-même. M. le chef de l'opposition, en deuxième
complémentaire, en sachant, évidemment, que vous devez prendre la parole
de chaque membre de cette Chambre.
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard : Et cette
parole, elle est teinte de beaucoup d'excitation, M. le Président, malheureusement pour les faits, malheureusement pour les épargnants. Et il parlait du député de Saint-Jérôme, on parle ici de fraude, les épargnants ont été fraudés, et ce
qui est reproché, c'est : Amorfix a servi à frauder.
Alors, ce que je veux
savoir du premier ministre, littéralement...
Des voix :
...
Le Président :
M. le chef de l'opposition, M. le chef de l'opposition, je vous demande...
Des voix :
...
Le
Président : S'il vous plaît! S'il vous plaît! M. le chef de l'opposition, je vous demande de
faire bien attention aux liens ou à des amalgames qui pourraient être
dangereux sur le plan de... M. le chef de l'opposition.
M.
Bédard :
Ce qui est clair, c'est qu'il n'apparaît nulle part que M. Black recevait
une contrepartie de sa participation dans Amorfix et que les documents dont le premier
ministre...
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président, ce que... Il fait plusieurs erreurs de faits,
notre collègue. J'ai dit hier que le monsieur dont il est question a
reçu le remboursement, sur pièces justificatives, de dépenses. Rien à voir avec
ce qu'il dit.
Deuxièmement, les épargnants qui se plaignent, c'est les clients d'Interinvest. Ce
n'est pas Amorfix, ce n'est pas relié à Amorfix en aucune façon et bien
sûr encore moins à moi, puis il le sait très bien.
Maintenant,
je vais lui redire ce que j'ai dit tantôt : Il n'y a pas une société
démocratique qui accepterait la situation
de contrôle d'un empire médiatique de la taille du Québec.
Des voix :
...
Le Président :
Principale, M. le député de Verchères.
Des voix :
...
Le
Président : S'il vous plaît! M. le député. M. le député de Rousseau. M. le
député de Rousseau,
voulez-vous entendre votre collègue de Verchères?
Une voix :
...
Le Président :
M. le député de Verchères.
Financement du Projet Nunavik
Nickel
M. Stéphane Bergeron
M.
Bergeron : Hier, M. le Président, le premier ministre et le ministre
de l'Économie se sont encore
embourbés dans leurs contradictions par
rapport à leurs liens avec Canadian
Royalties. Après avoir déclaré que le premier
ministre ne les avait pas rencontrés, le ministre a dû se corriger et avouer la
vérité. Après avoir déclaré que c'est à la demande du gouvernement que la rencontre
a eu lieu, le ministre a dû revenir sur ses propos et confirmer que l'entreprise avait sollicité la rencontre.
Il nous a aussi dit que le dossier n'est pas passé sur son bureau et que c'est Investissement Québec qui l'a géré
du début à la fin. Le premier
ministre prétend même avoir appris la
subvention de 100 millions
de dollars dans le journal!
Or, le ministre de l'Économie a été autrefois à la tête d'Investissement Québec,
M. le Président.
Quand
il était P.D.G. d'Investissement Québec, le dossier de Canadian Royalties
est-il passé sur son bureau, et, si oui, qu'a-t-il fait avec?
Le Président :
M. le ministre de l'Économie.
M. Jacques Daoust
M.
Daoust : D'abord,
M. le Président, on va corriger une situation
tout de suite, et puis ce n'est peut-être pas votre métier, mais disons que c'est le mien : il y a
une grosse, grosse différence entre un prêt de premier rang, qui porte un taux
d'intérêt, et une subvention. Il y en a
un... Vous savez, c'est la différence entre un boomerang puis un bâton, il y en a
un qui ne revient pas.
Ceci
étant dit, quand on organise une mission — et le député
de Rousseau, avec qui j'ai eu l'occasion
d'en faire, sait très bien comment ça fonctionne — quand
on s'en va dans une mission, la première chose qu'on fait, c'est qu'on demande à nos équipes de nous organiser des
rencontres et on sollicite des entreprises, on les approche pour savoir si elles sont intéressées à nous rencontrer. C'est nous qui
prenons l'initiative, et, dans le dossier spécifique de Canadian
Royalties, c'est exactement
ce que nous avons fait. Nous avons demandé à Investissement Québec de nous
organiser des rencontres, ce qu'ils
ont fait. Ils ont approché Canadian Royalties ou Jilin Jien en Chine, et Jilien
Jien a dit : Oui, justement, on serait intéressés de rencontrer, parce
que, vous savez, nous, on avait
commencé à investir dans le Plan
Nord, puis le gouvernement qui vous a précédé l'a arrêté. Alors, on aimerait ça savoir où vous
vous situez, vous autres, au Québec, et c'est pour ça qu'ils étaient
intéressés à nous rencontrer. Mais c'est à notre initiative que la rencontre a
eu lieu...
Le Président :
En terminant.
M. Daoust :
...et c'est pour ça qu'on n'avait pas à s'inscrire, comme vous...
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Verchères.
M. Stéphane Bergeron
M.
Bergeron : M. le Président, un prêt de premier rang implique des déboursés pour l'État,
alors ça, c'est la réalité. Alors, ce qu'on veut savoir, là, c'est qu'Investissement
Québec, de l'aveu même du...
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît!
M.
Bergeron :
...ministre, là, Investissement Québec emploie des démarcheurs qui sont justement
chargés de communiquer avec des entreprises pour faire avancer les dossiers.
Si
celui de Canadian Royalties a été entièrement géré par Investissement
Québec, pourquoi le premier ministre et le ministre de l'Économie ont-ils senti le besoin de rencontrer les
dirigeants de la compagnie en Chine à leur demande, d'autant que ceux-ci
ne sont pas inscrits...
Le Président :
M. le ministre de l'Économie.
M. Jacques Daoust
M.
Daoust : Alors, la première
chose, on a compris que c'est nous qui avions initié le processus
et que, oui, ils étaient intéressés
de nous rencontrer. Maintenant, la discussion que nous avons eue là-bas,
j'avais commencé à le dire, M. le
Président, c'était pour bien
expliquer à cette société chinoise là, qui est le plus gros investissement minier au Canada actuellement venant de la Chine, pour leur expliquer que, oui, on était de retour en
affaires et que, oui, on était intéressés à les voir se développer chez nous. C'est un client d'Investissement Québec; c'est Investissement
Québec qui a eu à négocier le prêt qui a été consenti. Quand je les ai
rencontrés, le premier ministre est venu les saluer, leur donner la main, mais
n'a pas assisté à la réunion. Et, quand j'ai dit qu'il n'était pas là, il
n'était pas là à la réunion où on a discuté...
Le Président :
En terminant.
M. Daoust :
...de développement économique, mais...
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Verchères.
M. Stéphane Bergeron
M.
Bergeron : M. le Président, le ministre ne peut pas remettre la pâte à dents dans le tube.
Il l'a dit, que c'était l'entreprise qui avait demandé la rencontre. Il peut bien
essayer de dire aujourd'hui que c'est lui qui l'a sollicitée, mais
le fait est, M. le Président, qu'hier il a laissé entendre...
Des
voix : ...
Le
Président : Bon! Un,
c'est trop bruyant, puis, deux, comme je l'ai dit tout à l'heure, vous ne pouvez pas remettre en question la parole d'un membre
de cette Assemblée. Alors, je vous écoute.
M.
Bergeron : Justement,
je prends la parole du ministre; il nous a dit que c'était à la demande de la
compagnie chinoise, M. le Président.
Maintenant,
M. le Président, hein, si... Hier, il nous a dit que c'est parce qu'ils avaient finalement investi chez nous, que c'était une bonne
affaire, les avoir rencontrés à leur demande. Est-ce qu'il nous indique...
Le Président :
M. le ministre de l'Économie.
M. Jacques Daoust
M.
Daoust : Alors, je continue
mon explication. Alors, on les a rencontrés, effectivement, pour leur dire
que, oui, il y avait lieu de faire des affaires, de continuer
d'investir chez nous. C'est d'ailleurs une société... Je ne comprends pas votre
acharnement à vous battre contre une société qui emploie 350 Québécois. Je
trouve que c'est important qu'on continue de
le faire, et, moi, quand je les ai rencontrés, je vous répète, c'est une organisation qui a été faite par Investissement
Québec, le prêt a été fait par Investissement
Québec, et, quand il le fait dans ses
fonds propres, je n'ai pas à intervenir, de sorte qu'ils ont fait le
travail qu'ils ont le mandat de faire...
Des voix :
...
Le
Président : M. le ministre, avez-vous terminé? M. le
ministre, avez-vous terminé? Il vous
reste 15 secondes... 12 secondes. M. le ministre.
M.
Daoust : Alors, simplement
pour terminer, M. le Président, c'est une rencontre d'affaires qui a été
sollicitée par Investissement Québec. J'ai rencontré cette entreprise-là
qui, elle aussi, était heureuse de nous rencontrer. Le premier ministre est venu les saluer. C'est
tout.
Le Président :
Principale, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
Vente du Cirque du Soleil
M. François Legault
M.
Legault : M. le Président, si on veut réduire l'écart de richesse du Québec
avec nos voisins, une des clés, c'est de
protéger les centres de décision des entreprises au Québec puis les développer. Tous les gouvernements dans le monde le font. Ils ne réussissent pas toujours, mais au
moins ils essaient. M. le Président, ce qui est important quand on veut protéger un centre de décision, c'est de garder le
contrôle des actions, donc d'avoir un bloc de contrôle dans les entreprises
comme le Cirque du Soleil, Bombardier.
On
le sait, actuellement, il y a plus que des rumeurs, il y a
des fortes possibilités que ces deux fleurons vendent une partie ou la totalité de l'entreprise à des intérêts étrangers. Alors, M. le Président, il ne faut
pas juste s'assurer d'avoir un engagement
écrit pour garder un siège social. La dernière fois qu'on a eu ça, là, c'était
un gouvernement libéral avec Alcan qui avait promis de garder le siège social à Montréal.
Allez vous promener dans le siège social à Montréal, il ne reste
plus un chat, O.K.? Ce qui est important, c'est le contrôle des actions au Québec.
Donc,
moi, je voudrais savoir : Est-ce
que le premier ministre a fait un
appel, une démarche pour essayer de mettre ensemble un groupe d'hommes ou de femmes d'affaires québécois
pour garder le contrôle du Cirque du Soleil au Québec?
• (10 h 50) •
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : M. le Président, non seulement ce serait une erreur de ma
part de faire ça, mais ce serait très inapproprié. L'État n'a pas à s'insérer
dans une transaction privée. Ce n'est pas l'État qui est propriétaire du Cirque
du Soleil, c'est M. Laliberté. Notre
collègue, il a été dans les affaires également, il vient de nous dire, puis je l'ai entendu, il
veut que l'État occupe le contrôle...
qu'au Québec on ait le contrôle de plus de la moitié d'une entreprise
qui apparemment vaut près de 2 milliards de dollars. Qu'est-ce qu'il connaît de l'état des finances de cette entreprise?
Qu'est-ce qu'il connaît du
plan d'affaires de l'entreprise?
Qu'est-ce qu'il connaît du niveau de risque auquel il veut exposer les gens au
Québec?
Alors,
ce sont les gens d'affaires qui ont à prendre ces décisions, pas les
gouvernements, pas les gens en politique. Mais cependant, M. le
Président, attirer et garder des sièges sociaux au Québec, ça commence par se
débarrasser de l'incertitude politique quant
à l'avenir du Québec, ça continue par assainir les finances publiques, baisser
les impôts, créer un climat d'affaires favorable au Québec, M. le
Président.
Le
Président : Première complémentaire, M. le chef du deuxième
groupe d'opposition.
M. François Legault
M.
Legault : M. le Président, c'est triste, on a un premier
ministre qui ne comprend pas comment ça fonctionne dans le monde des
affaires. C'est vrai. Il est peut-être un bon médecin, mais il ne comprend pas
comment ça marche. Quand il y a une belle
entreprise comme le Cirque du Soleil qui est à vendre, puis tout le monde le
sait depuis des semaines, c'est son
rôle, comme leader, de monter un groupe privé, avec l'appui du gouvernement ou de la caisse, mais majoritaire privé...
Des voix :
...
M. Legault :
Majoritaire privé. Je ne parle pas de prendre une partie...
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : Alors, M. le Président, on vient de l'entendre encore une fois, puis
c'est une tendance lourde chez notre collègue
et son parti : ils veulent que le gouvernement mette ses deux mains dans la Caisse de dépôt et de placement, qu'il leur dise : Vous allez
investir là, vous allez prendre tant pour cent d'actionnariat dans telle
entreprise. Ce serait...
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît!
M.
Couillard : Ce serait, M. le Président...
Une voix :
...
Le Président :
M. le député de Rousseau!
Une voix :
...
Le Président :
...M. le premier ministre avait la parole. M. le premier ministre.
M. Couillard : ...M. le Président, moi, je vais réitérer, je vais réitérer, parce que
c'est important pour les gens qui
nous écoutent ici, au Québec, puis à l'étranger également, que la Caisse de
dépôt et de placement du Québec est un organisme indépendant qui n'est
pas soumis à des pressions politiques, M. le Président.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M. François Legault
M.
Legault : M. le Président, on a un premier ministre pour qui un
groupe de gens d'affaires québécois, c'est la même chose qu'un groupe de gens d'affaires du Texas; pour lui, c'est
la même chose. M. le Président, on a un premier ministre qui est résigné,
on a un premier ministre qui est un spectateur. On aimerait ça avoir un leader.
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : M. le Président, notre collègue a déjà vendu ses actions
d'une grande entreprise québécoise. Il a-tu
demandé l'aide du gouvernement ou l'intervention de la Caisse de dépôt?
Qu'est-ce que c'est que ces histoires?
Il
n'est pas question, M. le Président, que le gouvernement ait une influence
politique dans la Caisse de dépôt et de
placement du Québec. Elle va prendre les meilleures décisions. Elle a très bien
entendu, la caisse, et M. Laliberté aussi l'a très bien entendu,
l'appel que nous lui faisons de conserver le siège social, les activités de
création à Montréal et conserver une
influence dans le bloc de l'actionnariat pour le capital québécois. C'est le
rôle du gouvernement du Québec; ce rôle a été accompli, M. le Président.
Le Président :
Principale, M. le député de Lévis.
Fréquence
des bains donnés aux aînés
dans les centres d'hébergement
M. François Paradis
M. Paradis
(Lévis) : M. le Président, suite aux révélations d'hier de la
Coalition avenir Québec concernant l'existence
d'un marché noir des bains dans les CHSLD, j'ai demandé trois actions au
ministre de la Santé : qu'il condamne publiquement ces pratiques odieuses, qu'il fasse parvenir une directive
à tous les établissements pour que ça cesse et qu'il établisse enfin une
norme officielle quant à l'offre de bains dans les CHSLD.
Je
comprends du ministre qu'il a envoyé une directive pour mettre fin au marché
noir des bains dans les Laurentides et
dans toutes les régions du Québec. Suite à ce scandale, le ministre a dit hier
qu'il ferait des vérifications. Je comprends également que ses
recherches ont porté fruit.
M.
le Président, ce que j'aimerais savoir du ministre de la Santé : Le
gouvernement et le ministère de la Santé étaient-ils au courant de
l'existence de ce marché noir de bains pour aînés?
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : M. le Président, je vois, dans la question du député de
Lévis, qu'il a suivi les interventions que j'ai faites ce matin. Et j'ai
clairement répondu publiquement à cette question-là. La réponse est évidemment
non.
Ceci dit, M. le
Président, je tiens à souligner l'effet très positif qu'a déjà la loi
n° 10, qui est en application, puisque,
n'ayant maintenant que 33 interlocuteurs devant moi, il était très facile
pour moi de m'adresser à eux et de les intimer à mettre fin
immédiatement à ces procédures, procédures qui sont évidemment tout à fait
déplorables.
Maintenant,
M. le Président, le député de Lévis fait référence encore une fois à un sujet très
symbolique, qui est celui du bain, M. le Président. Je pense qu'on
devrait plutôt s'adresser ici, M. le Président...
Des voix :
...
M. Barrette :
M. le Président, je pense qu'on devrait s'adresser ici à la problématique de
l'hygiène de nos concitoyens qui sont en
situation de vulnérabilité en CHSLD. Et, à cet effet, M. le Président, je peux
vous assurer que, dans la formation du personnel et dans les consignes
qui sont données dans notre réseau, les soins d'hygiène, qui comprennent les
bains, sont donnés à tous les jours selon la forme qui est appropriée pour le
patient dans son état du moment. Alors, je
tiens à rassurer les gens qui nous écoutent, M. le Président, l'hygiène
personnelle est une priorité dans notre réseau.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Lévis.
M. François Paradis
M. Paradis
(Lévis) : M. le Président, le ministre parle de symbolique, je
parlerais plutôt de fondamental.
M. le Président, j'ai
obtenu hier de nouvelles informations préoccupantes. La fédération des préposés
aux bénéficiaires du Québec a
écrit en 2011 pour prévenir le gouvernement qu'il existe dans les résidences pour aînés une
industrie au noir, des services offerts en argent comptant. Cette lettre a été
envoyée à l'ex-ministre libéral de la Santé, l'ex-premier ministre
et à l'actuelle ministre de l'Immigration.
Bref,
ça fait plus de trois ans, trois ans, M.
le Président, que cette situation
est connue du gouvernement. Pourquoi
rien n'a été fait avant?
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : M. le Président, évidemment, je ne veux pas juger du passé. Et,
manifestement, si la députée de
Taillon a à se lever tout à l'heure, elle pourra...
Des voix :
...
Le
Président : S'il vous plaît! Il n'y a qu'une personne qui a le droit de parole ici, et c'est le ministre de
la Santé.
M. Barrette :
...elle pourra avoir le loisir de nous expliquer pourquoi la même information,
qui, notamment, sûrement, devait être à sa disposition, n'a pas donné les
résultats que le député de Lévis escompte.
Ceci
dit, M. le Président, je pense que la vraie question
ici est d'abord et avant tout la question de l'hygiène des
gens, et on s'en occupe tout à fait correctement.
Pour
ce qui est du travail au noir auquel on fait référence aujourd'hui, je l'ai dit
il y a quelques instants, M. le Président, c'est une pratique qui est totalement
inacceptable, à laquelle j'ai intimé le réseau de donner... de mettre fin à
cette pratique.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Lévis.
M. François Paradis
M. Paradis (Lévis) : M. le Président, partageons les informations. J'aimerais donc
déposer la lettre de la fédération. Son P.D.G. m'a confirmé hier que ce marché noir
existe toujours et que c'est un phénomène connu du ministère de la Santé. Le gouvernement
libéral le sait depuis plus de trois ans. Rien n'a été fait.
Est-ce que le ministre
de la Santé croit qu'une enquête administrative indépendante est nécessaire
pour faire toute la lumière sur ce scandale
qui touche les quelque 150 000 aînés qui vivent en résidence privée ou
dans un CHSLD?
Document
déposé
Le
Président : Est-ce qu'il y a consentement pour le dépôt?
Consentement. Consentement. M. le ministre de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : M. le Président, je ne peux que réitérer pour une troisième
fois que cette pratique est tout à fait déplorable. Je le redis une troisième fois. Encore une fois, nous allons
y mettre fin. Et, à partir du moment où on y met fin, M. le Président,
je ne vois pas l'utilité d'avoir une enquête.
Ceci dit, M. le
Président, c'est un fait, nous avons à faire en sorte que... Et d'ailleurs je
tiens à remercier le Regroupement provincial
des comités des usagers, qui a porté à notre attention cette situation par la
voix du député de Lévis. Je trouve
dommage, d'ailleurs, qu'on ne se soit pas adressé à moi directement. J'aurais
agi avant-hier; malheureusement, je
l'ai appris hier. Mais une chose est certaine, M. le Président, dans notre
gouvernement, nous ne tolérerons pas ce genre de situation...
Le Président :
En terminant.
M. Barrette :
...et j'invite tous les gens concernés à continuer à nous faire part de toutes
les...
• (11 heures) •
Le Président :
Principale, M. le député de Rosemont.
Impact de la réduction
de rémunération des
pharmaciens sur le service de pilulier
M. Jean-François Lisée
M.
Lisée : M. le Président, depuis que le ministre de la Santé est
en poste, ce sont les collègues d'abord, les patients ensuite. Dans le projet de loi n° 28, que le
gouvernement compte adopter sous bâillon lundi, le ministre de la Santé va
réduire un service offert par les
pharmaciens pour maintenir les aînés à domicile : les piluliers. Le
ministre, qui donne d'une main
210 millions à ses amis médecins spécialistes, prend de l'autre main
177 millions aux pharmaciens essentiellement en réduisant leur rémunération pour donner les
piluliers. Il doit pourtant savoir que les piluliers aident les personnes âgées
qui prennent plusieurs médicaments à garder
leur autonomie et les empêchent de se retrouver à l'urgence s'ils se mélangent
dans leur médication.
Alors,
je demande au ministre aujourd'hui de s'engager à rétablir, pour les aînés et
les patients du Québec, les montants consacrés aux piluliers.
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : M. le Président, aujourd'hui, c'est une séance très
intéressante, évidemment, parce qu'on touche beaucoup à des sujets qui sont de l'ordre du milieu des affaires, et on
peut comprendre qu'au Parti québécois ce soit un milieu qui leur soit
assez étranger, hein, tout comme...
Des voix :
...
M. Barrette :
...bien oui, mais tout comme, M. le Président, l'est le concept de l'équilibre
budgétaire, M. le Président.
Des voix :
...
Le Président : M. le
ministre.
M.
Barrette : Je ne sais pas si la députée de Taschereau considère que
ses collègues caquettent, mais il n'en reste pas moins que ça placote
pas mal pendant que je m'exprime.
M. le
Président, face à la situation de déséquilibre budgétaire qui nous a été léguée
par le Parti québécois, nous avons eu à prendre un certain nombre de
décisions qui sont difficiles...
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît!
M.
Barrette : ...et il m'apparaît présomptueux de la part du député de
Rosemont de conclure que la mesure qui est mise en place va
obligatoirement résulter en une diminution...
Le Président : En terminant.
M. Barrette : ...de services, M. le
Président.
Le Président : M. le député
de Rosemont, en complémentaire.
M.
Jean-François Lisée
M. Lisée :
M. le Président, mon père n'était pas médecin, il était entrepreneur, et je
sais que, lorsqu'on doit avoir un
équilibre budgétaire dans un budget, il faut faire des choix. Le ministre a
choisi de donner 210 millions aux médecins spécialistes, c'est un choix, et de retirer 100 millions aux
pharmaciens qui donnent des piluliers en disant : Bien, vous, vous allez être bénévoles. Alors, oui, on présume
que, si on réduit leur rémunération, ils vont donner moins de piluliers,
et ce sont les aînés et les patients qui vont en souffrir, pas les médecins
spécialistes.
Le Président : M. le ministre
de la Santé.
M.
Gaétan Barrette
M.
Barrette : M. le Président, c'est très, très, très facile de faire des
commentaires lorsque, face à des problèmes comme celui du déficit budgétaire, on fait comme le Parti
québécois : on ne prend aucune décision. C'est une autre chose que d'avoir à prendre des décisions, et les
décisions que l'on prend, M. le Président, sont discutées avec les pharmaciens,
sont débattues avec les pharmaciens et ne vont pas nécessairement, comme le
présume le député de Rosemont, entraîner l'altération au service qu'il évoque. Au contraire, M. le Président,
nous sommes en discussion avec l'Association québécoise des pharmaciens propriétaires, qui eux-mêmes, en
date d'aujourd'hui, proposent, imaginez — et écoutez bien, M. le député de
Rosemont — ils
proposent...
Le Président : En terminant.
M. Barrette : ...eux-mêmes de
diminuer leur propre rémunération des piluliers de 100 millions de dollars...
Le Président : Principale, M.
le député de Rosemont.
M.
Jean-François Lisée
M. Lisée :
Je leur ai parlé, aux pharmaciens, et... Complémentaire. Je leur ai parlé aux
pharmaciens, M. le ministre, M. le Président,
et encore ce matin, et c'est évidemment sous la menace de se faire retirer
177 millions qu'ils négocient. Mais,
c'est drôle, les médecins spécialistes, eux autres, ils l'ont, leur
200 millions, ils n'ont pas eu cette menace. Ce sont des choix politiques que le ministre a faits, et
les pharmaciens disent : Évidemment, si on réduit notre rémunération pour
les piluliers... — et ils offrent toutes sortes de solutions
que, pour l'instant, le ministre n'a pas acceptées — plus on réduira notre rémunération,
moins il y aura de piluliers. C'est pourtant simple, n'importe quel
entrepreneur...
Le Président : M. le ministre
de la Santé.
M.
Gaétan Barrette
M.
Barrette : M. le Président, dans la dernière année, le député de
Rosemont et ses collègues m'ont reproché de ne pas avoir la capacité de négocier avec les médecins spécialistes
et refusaient eux-mêmes de penser à la possibilité d'étaler la
rémunération des médecins, ce qui a été un succès, M. le Président...
Des voix :
...
Le
Président : M. le député de Verchères, M. le député de
Sanguinet, s'il vous plaît, là! On peut-u juste écouter d'abord, puis, si vous avez des questions à poser,
vous avez droit de parole après? M. le député de... M. le ministre de la Santé.
M.
Barrette : Alors, M. le Président, on a réussi à faire des
négociations qui étaient jugées impossibles par le gouvernement précédent et on les a réussies. Et
actuellement on est en négociation avec l'AQPP, et l'AQPP nous proposait
elle-même des mesures qui vont faire en
sorte qu'ils vont effectivement avoir un changement dans leur rémunération sans
couper les services.
M. le
Président, actuellement, la situation, elle est très simple, il y a une
négociation qui est en cours, elle ne se fera pas au salon bleu, et,
malheureusement pour le Parti québécois, bien, on la réussira, celle-là aussi.
Le Président : Principale,
Mme la leader de l'opposition.
Démission de Me Pamela McGovern à titre
d'avocate en chef d'Hydro-Québec
Mme
Agnès Maltais
Mme
Maltais : Ce matin, on apprend qu'après la
démission-surprise des numéros un et deux d'Hydro-Québec, après la démission du responsable des compteurs
intelligents, après la démission de l'un des plus anciens administrateurs de la société d'État, c'est au tour de l'avocate en chef d'Hydro-Québec,
Me Pamela McGovern, de démissionner. C'est une démission faite dans la foulée d'une enquête sur l'octroi de
contrats à deux cabinets d'avocats, contrats où M. Daniel Bénay, conjoint de Me McGovern, serait impliqué,
contrats à un cabinet où l'avocate d'Hydro-Québec a elle-même travaillé
auparavant.
Cinq
démissions confirmées en un peu plus de deux mois, et jusqu'ici le gouvernement
nous a toujours parlé de coïncidence.
Est-ce que c'est lié aux 27 enquêtes internes sur des contrats
d'Hydro-Québec depuis 10 ans? On l'ignore, puisque le ministre et
Hydro-Québec ont refusé de rendre publics les rapports d'enquête.
Qu'attend le
ministre pour dire aux Québécois les véritables raisons derrière les départs en
série à Hydro-Québec?
Le Président : M. le ministre
de l'Énergie.
M.
Pierre Arcand
M.
Arcand : M. le Président, vous
savez, j'ai vu la leader se retourner vers le député de Saint-Jérôme, qui était
président du conseil d'administration
d'Hydro-Québec à l'époque, et hier j'ai pris connaissance des allégations qui
ont été faites par Québecor dans son reportage
d'hier soir. J'ai donc immédiatement demandé à Hydro-Québec de me fournir
des informations supplémentaires sur cette
question. On me confirme donc qu'une vérification interne a lieu actuellement
quant aux règles de... au respect des règles
d'octroi des contrats. Le vérificateur interne, donc, qui est à l'oeuvre, qui
est l'ancien, comme vous le savez,
directeur général de la Sûreté du Québec, il est à l'oeuvre afin de faire la
lumière sur les événements qui sont allégués.
Maintenant, Hydro-Québec m'a également confirmé
ce matin que cette employée en question a remis sa démission et n'est plus en poste depuis le 26 mars dernier. Le
reportage fait état d'allégations qui sont très sérieuses, et, dans la
mesure où la vérification des faits est toujours en cours...
Le Président : En terminant.
M.
Arcand : ...je vais
limiter mes commentaires, M. le Président.
Le Président : Première
complémentaire, Mme la députée de Taschereau.
Mme
Agnès Maltais
Mme
Maltais :
En réponse à une question de mon collègue, le ministre a déjà répondu...
Hydro-Québec a répondu qu'il y avait,
sur la gestion d'Hydro-Québec en 10 ans, 27 enquêtes internes, 27.
Or, ils ont refusé jusqu'ici... le gouvernement
a refusé de rendre publics les rapports d'enquête, et nous ne savons toujours
pas qui est visé par ces enquêtes. On veut les rapports d'enquête. On
veut les noms des personnes visées par les enquêtes.
Le Président : M. le ministre
de l'Énergie.
M.
Pierre Arcand
M.
Arcand : M. le Président,
lorsque nous aurons la période des crédits, dans les prochaines semaines,
l'opposition aura tout le loisir de poser les questions nécessaires aux
dirigeants d'Hydro-Québec sur cette question. La procédure, M. le Président, c'est que, quand il y a des
enquêtes internes, ces enquêtes-là sont remises au conseil d'administration,
et, pour la suite des
choses, M. le Président, on va s'en remettre à eux. Mais l'opposition aura le
temps de poser toutes les questions nécessaires au cours des prochaines
semaines, M. le Président.
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la députée de Taschereau.
Mme Agnès Maltais
Mme
Maltais : Il existe une ligne d'imputabilité directe entre
Hydro-Québec et le ministre. Il y a cinq démissions successives à la haute direction et aux employés
d'Hydro-Québec à des postes névralgiques. C'est une société d'État qui appartient aux Québécois et aux Québécoises, dont
on est fiers. Les démissions se succèdent à un rythme accéléré, il y a des enquêtes internes, il y en a 27 sur
10 ans de contrats, puis le ministre nous dit qu'il n'a rien à nous dire?
Il n'a rien à dire aux Québécois et aux Québécoises? On veut des
réponses. On veut les rapports...
Le Président :
M. le ministre de l'Énergie.
M. Pierre Arcand
M.
Arcand :
M. le Président, d'abord, j'inviterais la députée à ne pas faire d'amalgame sur
toutes ces questions-là. Il y a eu
une très grande stabilité à Hydro-Québec pendant plus d'une dizaine d'années.
Et, quand le député de Saint-Jérôme était
président du conseil d'administration, qu'est-ce qu'il a fait sur ces
questions-là? Qu'est-ce qu'il a fait sur la question des enquêtes
internes?
Alors,
M. le Président, nous allons travailler dans la bonne direction. Nous allons
nous assurer, justement, comme ça a
été le cas depuis le début avec l'UPAC qui est présente en tout temps... En
2011, c'est nous qui avons institué l'UPAC. Et, s'il y a des accusations
à porter, elles seront portées, M. le Président.
• (11 h 10) •
Le Président :
Principale, M. le député de Chambly.
Impact d'un éventuel
prolongement de la session
d'hiver à l'Université du Québec à Montréal
M. Jean-François Roberge
M.
Roberge : Merci, M. le Président. Ce matin, on apprend que la session d'hiver de
l'UQAM risque fort d'être prolongée.
La direction souhaite que la session se termine comme prévu mardi prochain,
mais la commission des études, elle, veut que ça soit prolongé jusqu'au 19 juin. C'est la
confusion totale à l'UQAM. Voilà ce qui arrive quand un ministre tarde
à donner des consignes claires et surtout est absolument incapable de les
faire appliquer. S'il y a prolongation, bien, ça va
coûter plus cher, puis, automatiquement, la facture va être refilée aux
contribuables, au gouvernement. Pourtant, on sait que le gouvernement a déjà dit qu'il
n'y avait pas d'argent pour prolonger
la session. D'ailleurs, et c'est malheureux, il coupe dans le financement des universités. Pour la coalition, il n'est pas
question de prolonger la session et il n'est pas question non plus de
revoir les exigences académiques baissées pour ceux qui ont raté des cours.
Qu'est-ce
que le ministre va faire pour protéger deux choses : le portefeuille des
contribuables et la valeur de nos diplômes?
Le Président :
M. le ministre de l'Éducation.
M. François Blais
M. Blais :
Alors, je remercie mon collègue pour la question. Dans ce débat, je pense qu'on
a eu beaucoup de points de convergence,
notamment que c'était impossible pour les contribuables, hein, d'ajouter des
sommes, là, pour une quelconque récupération. Je suis étonné de
l'entendre, de manière assez tranchée, dire qu'il n'est pas question qu'il y ait de récupération à l'UQAM. Donc, c'est
un point de vue qui, sincèrement, m'étonne. La gestion de l'UQAM, comme l'ensemble des universités à peu près dans
le monde, est bicamérale. Il y a un conseil, disons conseil universitaire,
qui s'est prononcé hier sur un projet. Le
conseil d'administration, lui aussi, doit regarder l'ensemble de la
proposition, à la fois sur le plan financier mais sur le plan
pédagogique. Laissons-les faire leur travail pour le moment.
Le Président :
Question complémentaire, M. le député de Chambly.
M. Jean-François Roberge
M.
Roberge : M. le Président, dans La Presse de ce
matin, on dit, je cite : «...il serait possible pour les étudiants
concernés de compléter la formation sans cours magistraux au-delà du
21 avril.» Fin de la citation.
Je
peux vous dire que, comme enseignant, ça ne m'est jamais arrivé de donner des cours
sans donner de cours. Ce n'est jamais arrivé non plus que je donne à des
étudiants une note de passage qu'ils ne méritaient pas.
Est-ce que le ministre, lui, comme enseignant et
comme professeur, est d'accord pour donner des notes de passage à des étudiants
qui ne la méritent pas?
Le
Président : M. le ministre de l'Éducation.
M. François Blais
M.
Blais : Alors, M. le Président, certainement pas. J'avais une
réputation d'être, disons, un enseignant un peu difficile, là, lorsque
j'étais à l'oeuvre, donc certainement pas.
Donc,
encore une fois, la gestion d'une classe, disons, de cinquième année n'est pas
la gestion, hein, d'une grande université,
où il y a différentes façons de rejoindre les étudiants, même d'y travailler.
Moi, j'ai vu plusieurs grèves dans ma
vie. J'ai vu souvent des professeurs continuer à échanger avec les étudiants,
les faire travailler. Donc, je pense que, pour le moment, laissons l'UQAM régler la situation. Il y a une
discussion en ce moment, et on espère que ça se finira pour le mieux,
surtout pour la formation de ces élèves... de ces étudiants, pardon.
Le Président :
Cela met fin à la période de questions et de réponses orales.
Motions sans préavis
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, nous en sommes à la rubrique Motions sans
préavis, et je donne la parole à un
membre du groupe formant le gouvernement. M. le premier ministre, pour sa
motion sans préavis, à vous.
Rendre hommage au cardinal Jean-Claude Turcotte, offrir
des
condoléances à sa famille, à ses proches et à l'Église catholique
et souligner son engagement envers les plus démunis
M. Couillard : Merci, M. le Président. Je sollicite le consentement de cette Assemblée
afin de présenter la motion suivante
conjointement avec le chef de l'opposition officielle, le chef du deuxième
groupe d'opposition de même que la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques :
«Qu'à l'occasion de
son décès, l'Assemblée nationale rende hommage au cardinal Jean-Claude
Turcotte;
«Qu'elle souligne son
engagement et sa solidarité envers les plus démunis de notre société;
«Qu'elle offre ses
sincères condoléances à sa famille, à ses proches de même qu'à l'Église
catholique;
«Qu'enfin, elle
observe un moment de recueillement en sa mémoire.»
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, est-ce qu'il y a consentement de procéder
comme le premier ministre vient de l'indiquer? M. le leader adjoint.
M.
Sklavounos : Oui, M. le Président, il y a consentement. Nous
proposons des interventions de trois minutes, à commencer par notre premier ministre, le chef de l'opposition
officielle, suivi du chef du deuxième groupe d'opposition et finalement
la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques,
M. le Président.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, M. le premier ministre, à vous la parole
pour des interventions, environ, de trois minutes.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : Merci, M. le Président. M. le Président, il y a une
semaine, un grand Québécois et un grand Montréalais
nous quittait. La nouvelle du décès de cardinal Jean-Claude Turcotte a été
accueillie avec une grande tristesse et a suscité des messages de sympathie ici, chez nous, mais partout à
travers le monde. Le cardinal Turcotte laisse le souvenir d'un homme
engagé, fidèle à ses origines et fidèle à sa foi. Il était l'incarnation même
du mot «engagement». Il était l'incarnation même du message évangélique, il
vivait personnellement et profondément ce message.
Si
son ministère l'a conduit à de très hauts échelons de la hiérarchie de l'Église
catholique, il est demeuré, tout au
long de sa vie, le protecteur des plus démunis dans la société. Son appui
indéfectible à La Maison du Père, sa proximité envers les itinérants, à qui cette ressource vient en
aide, en sont des témoignages concrets. Pour Jean-Claude Turcotte, vocation rimait avec engagement social. Certains
disent... plusieurs disent, et nous le croyons tous, que sa compassion
pour les pauvres est à l'origine même de sa vocation religieuse.
Ordonné
prêtre en 1959, il est immédiatement nommé vicaire dans une paroisse du
quartier Villeray. Il devient par la
suite l'aumônier des jeunesses ouvrières catholiques avant d'effectuer un
retour aux études à l'Université catholique de Lille. De retour au pays, il agit comme aumônier au sein du Mouvement
des travailleurs chrétiens. Nommé évêque de Montréal en 1982, on lui confie l'organisation de la visite du pape
Jean-Paul II en 1984. Quelques années plus tard, soit en 1990, il est nommé archevêque, et on découvre en
lui un habile communicateur qui ne craint pas d'affirmer ses convictions sur différentes tribunes. On le
constate, sa nomination à titre de cardinal en 1994 couronne une carrière déjà
bien remplie, marquée du sceau de l'engagement et de la solidarité.
Enfin,
nous gardons le souvenir d'un homme d'une grande humanité, qui a su, au fil des
ans, faire rayonner sa communauté, la
métropole et tout le Québec. M. le Président, j'invite cette Assemblée à se
joindre à moi pour rendre un dernier hommage au cardinal Jean-Claude
Turcotte.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, merci, M. le premier ministre, de votre intervention. Je cède la parole
maintenant à M. le chef de l'opposition officielle pour son intervention sur la
même motion. M. le chef.
M.
Stéphane Bédard
M.
Bédard :
Exactement. Nous sommes très fiers de joindre notre voix à toute cette
Assemblée pour souligner un passage hors du commun de Mgr Turcotte.
Jean-Claude
Turcotte est né d'une famille nombreuse en 1936. Il était d'une famille de sept
enfants, bien de son temps, à
l'époque des familles nombreuses, vous vous en souvenez, M. le Président. Et
c'est quelqu'un qui est issu d'un milieu
très modeste, et il a su, à travers les années, oui, s'élever en termes de
responsabilité, mais en même temps de rester fidèle à ses origines, à ce qu'il incarnait, en étant près des gens et
en s'assurant qu'à travers l'Église qu'il représentait, par rapport aux différentes fonctions, il gardait
toujours un lien avec les individus, avec les personnes, avec, entre autres,
les milieux plus pauvres. D'ailleurs,
quelques mois après sa nomination comme archevêque de Montréal, il avait
célébré la messe de Noël avec les
sans-abri de La Maison du Père. Ça démontre à quel point cet homme-là de
religion avait des convictions profondes et pensait que l'Église devait
s'adresser aux plus démunis, particulièrement, de notre société et favoriser
cette égalité des chances.
Mgr Turcotte,
maintenant ça nous semble normal, à l'époque ça avait un côté révolutionnaire,
M. le Président... Parce que,
souvent, malheureusement, il est arrivé que les pouvoirs religieux se sont
associés aux pouvoirs plus politiques. Lui, incarnait plutôt la
tradition qui est celle d'être près des gens. Et cette tradition, elle est
maintenue dans l'Église catholique et elle
s'incarne très bien à travers le pape actuel, François 1er, qui reprend et
qui fait en sorte que l'Église se rapproche et est près de ceux et
celles qui en ont besoin particulièrement.
Donc, je le remercie de son apport à la société
québécoise, parce qu'au-delà de ce qu'il a fait dans l'Église il s'intéressait à la société, à la politique dans
son sens le plus noble, aux affaires de la cité. Et les mandats qu'il a eus
jusqu'à cardinal ne l'ont jamais
empêché de prendre une part active aux débats de notre société, et je l'en
remercie sincèrement.
Je tiens
aussi à souligner qu'à travers les mandats qu'il a exécutés son approche
humaine a défié le prestige de sa
fonction. Il était un homme de simplicité, d'ouverture et aussi qui faisait en
sorte que ceux et celles qui le rencontraient étaient en confidence avec lui, peu importe le titre ou l'absence de
titre qu'ils avaient. C'est dans cette simplicité qu'il a toujours exercé ses fonctions, et nous devons lui
rendre hommage pour cet apport qu'il a eu pour Montréal, particulièrement,
je dois le dire, mais évidemment pour l'ensemble de la société québécoise.
À sa famille,
à ceux et celles qui l'ont côtoyé, c'est une perte énorme; au Québec, aussi.
Mais en même temps l'héritage qu'il
laisse, il est énorme dans notre société. Donc, au nom du Parti québécois, nous
tenons à adresser nos plus sincères condoléances à la famille et aux proches,
ainsi qu'à l'Église catholique, M. le Président.
• (11 h 20) •
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Merci, M. le chef de l'opposition
officielle. Je cède maintenant la parole au chef du deuxième groupe
parlementaire. M. le chef, à vous la parole.
M.
François Legault
M. Legault :
Oui. M. le Président, le 8 avril dernier, une figure importante de la
société québécoise nous a quittés. Le
cardinal Jean-Claude Turcotte est décédé de complications suite à une longue
maladie, il avait 78 ans. Et, même s'il avait été nommé cardinal par Jean-Paul II en 1994, tout le monde
continuait de l'appeler Mgr Turcotte, il restait identifié à l'archevêché de Montréal. Et, même s'il était tenu
en haute estime par le Vatican, ça n'a jamais affecté son dévouement. Il
est toujours resté très modeste, très proche du peuple.
J'ai connu
Mgr Turcotte quand j'étais ministre de l'Éducation, j'ai travaillé pendant
plusieurs mois avec lui sur la place
de la religion à l'école. Je me souviens de lui comme un homme accessible,
chaleureux, terre à terre. Et, même s'il savait très bien que notre
objectif, c'était de réduire la place de la religion à l'école, il était très
pragmatique puis il comprenait que la société
québécoise était rendue là. Je me rappelle d'un homme profondément bon. Quand
on le rencontrait, il y a quelque chose qui nous touchait puis qui nous
restait.
Les Québécois l'ont connu aussi. Il a fait
beaucoup d'interventions dans le débat public, c'était un excellent communicateur. Et sa tâche n'a pas été toujours
facile, parce qu'il devait représenter une institution qui avait vraiment
des gros défis, en particulier ici, au
Québec. On le sait, à partir de la Révolution tranquille, les Québécois ont
délaissé, en tout cas pour certains,
la religion catholique. Ils ont décidé de bâtir une société qui est plus
moderne, plus laïque et se sont
affirmés aussi comme peuple, ont défendu leur langue, se sont servis de l'État
pour se développer, s'émanciper, et le rôle
de l'Église, dans cette situation, ne pouvait pas rester le même. Il y a des
prêtres, à l'époque, on s'en souvient — en tout cas, on appelait ça comme
ça — qui
ont défroqué, en tout cas qui ont renié leur foi, mais pas Mgr Turcotte.
Cet homme de convictions a accepté
humblement de servir l'Église, même si les règles du jeu avaient changé. Il
aurait pu, comme certains, tourner le dos et s'isoler dans sa tour d'ivoire,
mais il a toujours préféré garder le contact avec la population, défendre ce en quoi il croyait. Puis il le faisait avec
bonne humeur, c'était quelqu'un qui était toujours de bonne humeur.
Mgr Turcotte,
ce n'était pas un idéologue — parfois, on en a dans l'Église
catholique — ce
n'était pas un croisé, c'était un
éducateur qui voulait faire réaliser aux autres la richesse qu'il y avait en
dedans d'eux. Et, pour lui, ça passait par la religion, mais sa foi,
qu'on la partage ou non, était fondamentalement positive et sincère.
Donc, je
voudrais, au nom de ma formation politique, offrir mes condoléances aux proches
de Mgr Turcotte et à l'ensemble des catholiques au Québec. Merci.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Alors, merci, M. le chef du deuxième
groupe parlementaire. Je cède maintenant la parole à Mme la députée de
Sainte-Marie—Saint-Jacques
pour son intervention. Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques, à vous.
Mme Manon Massé
Mme
Massé : Merci, M. le Président. Alors, au nom de ma formation
politique, je joins, bien sûr, ma voix à l'ensemble des parlementaires pour
rendre hommage au cardinal Turcotte, qui a bien sûr marqué le Québec des
50 dernières années. J'aimerais, en fait, le remercier principalement pour
une contribution importante qu'il a eue pas seulement
à la grande institution de l'Église, mais bien à un groupe majeur au sein de
l'Église qu'on appelle la Jeunesse ouvrière catholique et, plus tard, le
Mouvement des travailleurs chrétiens.
Vous
savez, ces mouvements jouent un rôle important chez les catholiques dans une compréhension, enracinée dans la justice sociale, des valeurs de la foi
chrétienne. On se rappelle peut-être, pour ceux et celles qui ont mon âge, que les principaux moyens d'action de la Jeunesse
ouvrière catholique, c'est la réflexion, c'est l'analyse, hein, dans le voir,
juger, agir. Voir, prendre acte, qu'est-ce
qui se passe dans ma société?
Juger, mettre une paire de lunettes et de se poser la question : À qui profitent les gestes qui sont posés? Quels
sont les impacts des choix qui sont faits? Et agir, bien sûr,
poser des gestes pour rectifier la situation.
Mgr
Turcotte, vous comprendrez, on ne s'est pas toujours tous entendus sur
tout, hein, mariage gai, l'avortement, les
enfants de Duplessis. Je n'ai pas eu la chance d'en délibérer avec lui régulièrement, mais, sur la question de l'orientation sexuelle, j'ai eu, par le passé, la possibilité de discuter avec
d'autres messeigneurs qui ne partageaient pas l'opinion de Mgr Turcotte. Ceci étant dit, je pense que cet
homme a marqué le Québec pour son enracinement dans la justice sociale.
On a parlé des itinérants, itinérantes, des plus pauvres. Mais,
dans le cas de Mgr Turcotte, c'était la quête de la justice sociale qui
était importante, même si parfois les chemins pour y arriver n'étaient pas
toujours les mêmes.
Alors,
au nom de ma formation politique, je tiens bien sûr à offrir nos condoléances à
la famille, à ses proches, aux
membres de son Église et aussi aux groupes de jeunesse ouvrière qu'il
rencontrait encore à chaque mois, même dans les derniers moments de sa
vie.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, je vous remercie. Alors, merci, Mme la
députée. Et, compte tenu des circonstances, nous allons observer une
minute de silence.
• (11 h 27 — 11
h 28) •
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Je vous remercie.
Mise aux voix
Vous avez tous
compris, là, que la motion est adoptée. À l'évidence, la motion est adoptée.
Maintenant, un membre
du groupe formant l'opposition officielle. Je reconnais M. le député de
Verchères pour la présentation de sa motion sans préavis. M. le député de
Verchères, à vous la parole.
M.
Bergeron : M. le Président, je sollicite le consentement des
membres de cette Assemblée afin de présenter, conjointement avec la
députée de Montarville, la motion suivante :
«Que la Commission
des institutions fasse toute la lumière sur l'ensemble des activités professionnelles
du premier ministre au sein des entreprises
Amorfix Life Sciences et Canadian Royalties, et ce, dès son départ de
l'Assemblée nationale, en juin 2008, à aujourd'hui;
«Que
l'exposé du premier ministre soit d'une durée maximale de 15 minutes et
que les échanges avec les membres de la commission soient d'une durée
maximale de trois heures;
«Que
la commission fasse rapport à l'Assemblée nationale au plus tard le
18 mai 2015, à moins que la commission n'en décide autrement;
«Enfin, que cette motion
devienne un ordre de l'Assemblée.»
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M.
Sklavounos :
Pas de consentement, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Merci.
Une voix :
...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Pas de commentaire. Alors, nous en sommes maintenant
rendus à un membre du deuxième groupe de
l'opposition, et je reconnais M. le député de Chambly pour la présentation de
sa motion.
• (11 h 30) •
M. Roberge :
M. le Président, je demande le consentement pour déposer la motion
suivante :
«Que l'Assemblée
nationale reconnaisse l'importance pour tous les étudiants universitaires de
satisfaire aux exigences académiques requises afin d'obtenir leur diplôme;
«Qu'elle rappelle qu'il
est inacceptable pour toute université et pour tout enseignant de donner des
notes de passage à des étudiants sans qu'ils rencontrent ces exigences.»
Le Vice-Président (M. Gendron) : Y
a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
Une voix : ...
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Hé! je viens d'entendre qu'il n'y a pas de consentement. Donc, il n'y a pas
de consentement.
Nous allons
maintenant présenter... Je reconnais Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques pour sa motion du jour. Mme
la députée de Saint-Jacques, à vous la parole... Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Mme
Massé : M. le Président, je demande le consentement de la Chambre pour
débattre de la motion suivante conjointement avec le député de
Sanguinet :
«Que l'Assemblée nationale prenne acte que le
recours à la sous-traitance par le gouvernement, représentant notamment plus de 8 000 contrats totalisant
plus de 4 milliards dans le secteur des services et de la construction,
entraîne des coûts supplémentaires
pour l'ensemble de la société québécoise, pouvant aller jusqu'au double du prix
par rapport à l'exécution par le personnel de la fonction publique;
«Que l'Assemblée nationale reconnaisse que le
recours à la sous-traitance renforce la dépendance de l'État québécois face à ses fournisseurs, ce qui entraîne
d'autres problèmes qui se transforment en gaspillage de deniers publics :
échéanciers retardés, projets annulés, explosion des coûts de contrats, frais
juridiques pour régler des litiges entre le gouvernement
et les sous-traitants, frais administratifs pour gérer la sous-traitance, voire
même une éventuelle collusion entre firmes privées;
«Que
l'Assemblée nationale rappelle au gouvernement qu'il s'est placé lui-même dans
cette situation de vulnérabilité en choisissant de couper dans les
effectifs de la fonction publique ou encore d'interdire l'embauche de personnel
nécessaire à la livraison efficace des services à la population — donc;
«Que
l'Assemblée nationale exige du gouvernement du Québec qu'il cesse d'avoir
recours à la sous-traitance et qu'il
investisse dans le renouvellement de la fonction publique et l'embauche du
personnel en quantité suffisante pour livrer les services auxquels ont
droit les Québécoises et les Québécois.»
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, merci, Mme la députée. Y a-t-il consentement pour débattre de cette
motion?
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Gendron) : Il
n'y a pas de consentement. Ça met fin à la rubrique...
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Oui? Un instant! Oui, M. le...
Une voix : ...
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Juste une minute. Alors, il faut demander le consentement. Y a-t-il
consentement pour qu'il puisse faire une deuxième présentation de
motion?
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, on va attendre la lecture.
M.
Bonnardel : ...je
demande le consentement pour déposer la motion suivante :
«Que
l'Assemblée nationale demande au gouvernement de tout mettre en oeuvre afin de
garder le Cirque du Soleil entre les mains d'intérêts québécois et qu'à cet
effet il travaille dès maintenant à former un consortium chargé de maintenir
cette entreprise au Québec.»
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Puisque c'est toujours après la lecture qu'on doit demander s'il y a le consentement pour en débattre, y a-t-il
consentement pour en débattre? Alors, il n'y a pas consentement pour en
débattre. Et là ça met fin à la rubrique des motions sans préavis.
Je cède la parole maintenant à M. le leader
adjoint du gouvernement pour ses avis. M. le leader, à vous.
Avis touchant les
travaux des commissions
M.
Sklavounos :
Oui. Merci, M. le Président. Alors, j'avise cette Assemblée que la Commission
des finances publiques, conformément
à l'article 275 du règlement de l'Assemblée nationale, poursuivra le débat sur
le discours du budget,
aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à 13 heures et si
nécessaire de 15 heures à 18 heures, à la salle du Conseil
législatif;
Que la
Commission des institutions poursuivra, quant à elle, les consultations
particulières sur le projet de règlement
relatif au Règlement sur le changement de nom et d'autres qualités de l'État
civil pour les personnes transsexuelles
ou transgenres, aujourd'hui, après les affaires courantes pour une durée de
deux heures et de 15 heures à 18 heures, à la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine. Merci, M. le Président.
Renseignements sur les
travaux de l'Assemblée
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, merci, M. le leader adjoint du gouvernement.
Pour ma part,
je vous informe que l'interpellation prévue pour demain vendredi, le 17 avril
2015, se tiendra de 9 heures à
11 heures, et M. le député de Mercier s'adressera alors à M. le ministre
des Finances sur le sujet suivant : Les mesures à prendre pour corriger les injustices fiscales subies par les
contribuables en raison des privilèges accordés au 1 % des plus
fortunés.
Est-ce qu'il y a consentement pour déroger à
l'article 298 du règlement relativement à l'horaire habituel des
interpellations?
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Gendron) : Il
y a consentement.
Affaires du jour
La période
des affaires courantes par ailleurs est terminée, nous allons maintenant passer
aux affaires du jour, et je cède à nouveau la parole à M. le leader
adjoint du gouvernement pour qu'il nous indique la suite des choses.
M.
Sklavounos : Oui.
Merci, M. le Président. Je vous demande d'appeler l'article 3, s'il vous plaît.
Projet de loi
n° 20
Adoption du principe
Reprise du débat sur la
motion de scission
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
À l'article 3 du feuilleton d'aujourd'hui, l'Assemblée va reprendre le débat
abordé le 15 avril... excuse, ajourné le 15
avril 2015 sur la motion de scission présentée par le député de Lévis dans le
cadre de l'adoption du principe du projet de
loi n° 20, Loi édictant la Loi favorisant l'accès aux services de médecine
de famille et de médecine spécialisée et modifiant diverses dispositions
législatives en matière de procréation assistée.
Lors de
l'ajournement des travaux, la députée de Taillon n'avait pas terminé son
intervention. Avant de lui céder la parole, je vous indique qu'il reste 41
minutes au groupe parlementaire
formant le gouvernement, 22 minutes
au groupe parlementaire formant l'opposition officielle, et 23 min 30 s au deuxième groupe d'opposition, et six minutes aux indépendants.
Je cède maintenant
la parole à Mme la députée de Taillon pour qu'elle puisse terminer son intervention. À
vous la parole.
Mme Diane Lamarre
(suite)
Mme
Lamarre : Merci beaucoup, M. le Président. Alors, nous sommes donc à discuter de la motion
de scission sur le projet de loi n° 20, qui comporte effectivement deux sujets
distincts, un premier qui vise à améliorer l'efficacité et l'accès aux services de médecine de famille et médecine
spécialisée et un deuxième sujet qui modifie des dispositions législatives,
donc à une loi qui existe déjà en matière de procréation assistée.
Hier, le ministre de la Santé a dit que
l'élément commun... malgré que ces deux sujets semblent très distincts l'un de l'autre, le ministre a dit que le sujet
commun était la rémunération des médecins. Alors, la rémunération des médecins étant le
dénominateur commun, selon le ministre, on est en droit de s'interroger. D'une part,
est-ce que sa vision est celle de quelqu'un qui a une grande expérience dans la négociation d'ententes entre le ministère et des professionnels de la santé ou des fédérations médicales, comme c'est le
cas, ou est-ce que c'est celle d'un législateur, d'un ministre de la Santé qui saisit les enjeux sociaux et les différentes populations
qui sont touchées par le projet de
loi qu'il dépose, qu'il... donc
ce projet de loi?
Alors, si je
prends la dynamique du ministre, qui dit que l'objectif était la rémunération pour un meilleur accès, bien,
on peut dire que, dans le projet de
loi n° 20, lorsque
le ministre prend des mesures qui visent les quotas, qui
visent à améliorer, à imposer des
pondérations, son intention, à tout
le moins, semble être celle de viser ultimement
l'amélioration de l'accès, et en même temps, à ce moment-ci, on va mieux coordonner, mieux gérer la rémunération des médecins. Si
on essaie de faire le même
exercice... Donc, projet de loi n° 20, quotas des médecins, l'objectif,
c'est améliorer l'accès. Dans le cas de
la procréation médicalement assistée, clairement, ce que les gens voient, c'est qu'il y a
une diminution de l'accès, on ne
favorise pas l'amélioration de l'accès. Et on a beaucoup
de difficultés à comprendre ce que le commissaire demandait,
c'est-à-dire qu'on améliore l'accès, on le bonifie, cet
accès-là, on le balise mieux, ce avec quoi on était d'accord.
Mais ce n'est pas ça qui arrive, on coupe l'accès, on met obstacle à
l'accès à la procréation médicalement assistée.
Alors, s'il
dit que le projet de loi n° 20 a comme impact sur la procréation médicalement
assistée... ce qu'on vise, c'est
qu'on diminue l'accès, alors, est-ce
qu'il faut comprendre que le ministre
sacrifie l'accès à la procréation médicalement assistée pour diminuer la
rémunération des médecins? Parce que c'est la logique dans laquelle il nous a
amenés hier. Donc, je suis obligé de couper
la procréation, je coupe l'accès parce
que moi, je vise à circonscrire plus
la rémunération des médecins. Alors, si c'est ça,
l'argument majeur du ministre pour mettre les deux projets de loi dans... les deux termes, vraiment les deux objectifs dans le même projet de loi, bien, il y a
bien d'autres mesures, bien d'autres façons de contrôler la rémunération des médecins, qui, elles, ne viseraient pas à pénaliser
les patients, qui ne viseraient pas à faire en sorte que l'accès soit autant perturbé. Parce que ce qu'on fait actuellement avec le projet
de loi n° 20 en ce qui concerne la procréation médicalement
assistée, on désassure le service de la fécondation in vitro, on sort du panier
de services la fécondation in vitro qui
est une des mesures les plus efficaces, les plus performantes actuellement pour un grand nombre de couples et qui est très souvent la seule
mesure pertinente, efficace et sécuritaire pour ces gens-là.
Alors, ce serait vraiment inconcevable que la
justification pour le ministre de mettre les deux, la procréation assistée avec les quotas pour les médecins, ce
soit basé sur l'objectif de diminuer les honoraires aux médecins, ce serait
vraiment complètement irrationnel et ça nous montrerait que, malheureusement, le ministre a encore une vision très... de son ancien rôle de négociateur d'activités, d'actes médicaux, ce dont
il a beaucoup parlé hier lors de la présentation.
• (11 h 40) •
Alors, je rappelle brièvement que le projet de
loi, dans sa présentation, donc tel que le ministre le présente, a vraiment
deux parties, une première partie où on crée une nouvelle loi, celle qui va
déterminer des mesures susceptibles éventuellement, selon le ministre, d'améliorer l'accès
aux médecins de famille et aux spécialistes, et — donc
c'est vraiment indiqué comme ça — par
ailleurs, un autre volet qui modifie
une loi déjà existante pour la procréation assistée. Alors,
on voit, on avait déjà une
loi pour la procréation assistée. On n'avait qu'à l'amender, qu'à la modifier,
mais, non, on décide, finalement, de l'introduire dans une autre loi, qui, elle,
porte sur les quotas de patients, la pondération que les médecins... les
augmentations, différents critères qui ont comme objectif ultime d'améliorer
l'accès.
Alors, pourquoi, pourquoi le ministre a-t-il pu
faire cela, puisque l'aspect de la rémunération nous apparaît vraiment
très difficile à concevoir, M. le
Président? Je vais utiliser la même
formule que le ministre utilise, il dit souvent : Je ne doute pas que l'opposition ait compris, que
ce soit ça qu'elle veuille dire. Alors, je ne doute pas que le ministre
ne veuille pas faire ça, mais
l'impression, à tout le moins, que ça donne, c'est qu'il essaie de diluer,
d'éteindre le mécontentement populaire lié à sa décision de désassurer
la procréation assistée en capitalisant sur la partie plus populaire du projet de loi n° 20, qui est la prétention d'améliorer l'accès aux citoyens
en imposant des quotas aux médecins
de famille. Alors, stratégiquement,
on peut voir qu'il y avait un intérêt du ministre à dissimuler, à cacher
quelque part, en tout cas à intégrer dans un
projet de loi quelque chose qui concernait une décision jugée impopulaire avec une
décision qui, elle, semblait populaire.
Les
recommandations, pourtant, du Commissaire à la santé et au bien-être étaient
très claires et elles ne visaient jamais à désassurer la fécondation
in vitro. Elles ne voulaient pas que les gens soient forcés... que les
couples soient forcés d'avancer
l'argent — on parle
de presque 10 000 $ dans plusieurs cas — pour avoir accès à la fécondation
in vitro et dans un contexte où
on n'est pas sûrs que ça va fonctionner, qu'on va avoir la grossesse attendue.
Et on impose en plus, dans ce
projet-là, une attente des crédits d'impôt. Donc, il faut que les couples,
maintenant, avancent. Alors, ce n'était vraiment pas dans les perspectives du Commissaire à la santé et au
bien-être, et c'est pourtant ça que le ministre impose.
Et ça, ça
n'affecte pas la rémunération des médecins, ça affecte directement la façon
dont les citoyens vont devoir contribuer
de leur poche, vont devoir avancer, vont devoir se priver énormément. Et, dans
certains cas, c'est sûr que ça devient inaccessible, ça enlève l'accès,
c'est une façon de dire que c'est un projet qui est démesuré par rapport aux moyens d'un couple. Même un couple qui gagne moins
que 50 000 $ aura à débourser 2 000 $. Alors, tu sais,
c'est énorme, pour ces gens-là, et ça
revient à dire : Écoutez, on oublie ça pour nous. Et ça, c'est très
questionnable dans un contexte où la
fécondation in vitro et la procréation assistée sont vraiment maintenant
bénéfiques, contribuent à l'augmentation démographique du Québec. On a besoin d'avoir plus d'enfants, et
2,7 % des enfants naissent de la procréation médicalement assistée.
Une autre
dimension qui me préoccupe beaucoup, c'est que le contenu des projets de loi ou
le dépôt d'un projet de loi, ce n'est
pas fait pour accommoder des ententes entre un ministre ou un ministère puis
des fédérations médicales ou des
unités syndicales, ce n'est pas l'objet d'un projet de loi. L'objet d'un projet
de loi, c'est de baliser correctement des
situations qui rejoignent certains groupes de la population. Alors, encore une
fois, le ministre garde son manteau de négociateur,
ses lunettes de négociateur et voit ça comme compatible parce que, dans le
fond, ça touche des activités que les médecins peuvent facturer. Oui,
mais ça touche des gens, qui deviennent privés d'accès à cause de ça.
Et, des
activités que les médecins peuvent facturer, le ministre a parlé de ces
activités-là et des champs d'application. On comprend ce que ça veut
dire. Ce que ça veut dire, c'est qu'il y a énormément, il y a
plusieurs milliers d'actes médicaux. Alors,
sur la base de ça, tout aurait pu... tout peut se retrouver combiné dans un
projet de loi, presque tout ce qui touche la santé pourrait se retrouver
dans le même projet de loi si on suit la logique du ministre.
Moi, j'ai été
présidente d'un ordre. Et évidemment une des missions d'un ordre, c'est de
produire des lois, des règlements et de les faire respecter. Mais chaque
fois, chaque fois qu'une loi comporte plusieurs objets, eh bien, ça a des
conséquences. Je vais vous donner quelques exemples de conséquences que ça a.
C'est que, par exemple, si on a deux ou
trois sujets, quand on ouvre la loi, on permet que tous les enjeux de la loi
soient remis en question. Donc, on ne peut
pas dire : J'ouvre seulement la loi sur la procréation assistée, par
exemple, la prochaine fois; on va aussi ouvrir, à ce moment-là, toute la
dimension qui touche les quotas des médecins et les obligations des médecins
spécialistes. Alors, vous
pouvez voir le genre de résistance que ça génère, parce que, là, on va tout de
suite avoir des groupes de pression qui disent : Non, non, non, on ne touche pas à ça, ou : On touche
à ça absolument. Et donc on a une résistance à rouvrir les lois quand elles sont un peu mammouth, comme ça,
avec plusieurs sujets, une résistance à mettre à jour ces lois-là parce
qu'on craint que tout soit rouvert, que tout soit remis en question.
Donc, que ce
soit pour l'accès aux médecins de famille, pour ce volet-là ou pour la
procréation assistée, ce n'est pas
gagnant ni un ni l'autre, et il y a des risques qui ne devraient pas avoir
lieu. Alors, si on avait un projet de loi pour la procréation médicalement assistée, bien, quand on
veut repenser à ça, si on veut rebaliser des choses, on le fait dans ce
contexte-là et on est sûrs qu'on rejoint les bonnes personnes, qu'on mobilise
les bonnes personnes.
Et la même
chose pour l'amélioration de l'accès aux médecins : on pourrait vouloir
introduire d'autres aspects, et on a
beaucoup parlé, dans les commissions parlementaires, de l'importance de modifier
certains aspects : modèle de rémunération
des médecins, pas seulement le faire à l'acte, le faire aussi... introduire,
par exemple, des enjeux... des aspects de
capitation, de responsabilité d'un groupe de population. Eh bien, tout ça, à
chaque fois qu'on va vouloir rouvrir, on peut avoir de la résistance autant du gouvernement qui a peur de voir
affaiblir certains aspects d'une loi qu'il a mis, que de groupes qui représentent des citoyens ou de
groupes de pression de lobbyisme qui vont dire : Non, non, on ne veut pas
que ça, ça soit remis en question.
Alors, le
principe d'une loi, un objet est un principe qui permet de gagner en
efficacité, mais aussi en transparence et
de diminuer les résistances inutiles et parfois volontaires que certaines personnes
peuvent avoir à essayer de vouloir transformer
d'autres volets de la loi que ceux qui sont prévus. Et on le voit beaucoup dans
les lois professionnelles qui impliquent
plusieurs corporations professionnelles, plusieurs ordres en même temps. Quand
on veut faire une modification dans
ça, on peut avoir deux ordres qui sont d'accord puis trois autres qui sont
contre, et là ça conduit à des délais, ça conduit à des confrontations
qui sont inutiles parce que, si on veut parler de procréation, on devrait être
capables de parler de procréation; si on
veut bonifier, on devrait pouvoir la bonifier et, si on veut parler de l'accès
aux médecins de famille, on devrait être capables de le faire aussi de
façon définie.
Donc, l'objet défini, c'est pour le bien de la population,
c'est pour la transparence, et c'est vraiment pour la protection de certains groupes de citoyens et également de l'ensemble
des finances de toute la population parce que, quand on mélange tout ça, on allonge les délais, on
allonge les délais d'étude, on peut parfois diminuer la représentation de
certains groupes. Et c'est ce que les
gens de la procréation assistée déplorent, c'est qu'ils ont, en quelque sorte,
fait diluer complètement la capacité
pour eux de faire valoir leurs arguments, d'obtenir l'attention et la
compréhension du public sur les nouveaux enjeux. D'ailleurs,
probablement que peu de gens sont capables, actuellement, de dire qu'est-ce que
ça va changer concrètement au niveau de la
procréation assistée. Pourtant, c'est vraiment une brisure, un obstacle à
l'accès qui a été choisi par le
ministre en transformant un service qui est assuré par l'assurance maladie, en
enlevant cette assurance-là et en le transformant
dans un service pour lequel les gens doivent payer et espérer un crédit d'impôt,
ultimement, dans une perspective où le résultat n'est même pas assuré,
dans le cas de la grossesse qui est souhaitée.
• (11 h 50) •
Donc, le Parlement est responsable des lois et
règlements, de la législation, et je pense qu'il faut s'imposer davantage le principe d'une loi et d'un objet;
quand on est dans des enjeux comme ceux-là, ça m'apparaissait tout à fait
évident et souhaitable.
On peut se
dire : Qu'est-ce que c'est, le
vrai dénominateur commun de ces deux entités, de ces deux objets dans le même projet
de loi? Moi, j'en vois un, et ça a
été rapporté par beaucoup des groupes qui sont venus présenter lors des
consultations parlementaires, et ça a été aussi, M. le Président, évoqué beaucoup
sur le projet de loi n° 10, c'est l'augmentation des pouvoirs du
ministre. Dans ce projet de loi, le ministre s'attribue des modalités, dans le
cas des médecins, qui s'apparentent, encore
une fois, beaucoup plus à celui d'un négociateur qu'à celui de quelqu'un qui va
générer les orientations et s'assurer
de la reddition de comptes. Et ça, on l'a bien dit, le ministre a parlé juste
des orientations. On s'attend d'un
ministre qu'il prévoie des modalités pour s'assurer de l'imputabilité, que ce
qui a été convenu soit bien là, qu'il
fasse les mesures de suivi, d'inspection qui sont nécessaires et qu'il puisse
sanctionner si ça ne fonctionne pas. Mais ce n'est pas comme ça que le
projet de loi a été écrit par le ministre.
Alors, le ministre se donne beaucoup de pouvoirs
pour cette portion-là de l'accès aux médecins de famille. Il s'ingère vraiment
et il contourne, dans le fond, le pouvoir de négociation que les fédérations
médicales avaient.
Et, dans le
cas de la procréation assistée, alors là ça a été unanime, tout le monde est
venu dire : Mais vraiment le ministre
s'insère, s'ingère vraiment dans des enjeux qui sont des enjeux cliniques, des
enjeux où ça devrait être les lignes directrices
de traitement du Collège des médecins, des experts qui viennent dire si la
femme de 42 ans, c'est permis ou ce n'est pas permis, c'est légal ou ce n'est pas légal, si ça prend trois
ans de relations sexuelles avant pour avoir accès à la fécondation in vitro, le nombre d'embryons. Ce
sont des éléments qui évoluent au fur et à mesure que nos connaissances et la science évoluent sur cette nouvelle
technologie, mais qui est devenue vraiment beaucoup plus accessible, beaucoup
plus présente et dont on connaît beaucoup
mieux les impacts. Alors donc, le dénominateur commun, c'est que le ministre
s'attribue des pouvoirs, une espèce d'ingérence.
Et, quand je
vous parlais, tantôt, de la durée et de la difficulté de modifier une loi,
bien, le ministre, en introduisant dans sa loi plusieurs paramètres qui
sont des paramètres cliniques, des paramètres qui peuvent changer, des lignes
directrices de traitement qui peuvent changer dans un an, on se rend compte
qu'il vient de bloquer, de cristalliser des approches
qui sont peut-être celles qu'on pourrait penser possibles aujourd'hui, en 2015,
mais dès l'an prochain elles ne seront
plus bonnes, et là on va avoir mis ça dans une loi. Et changer une loi, ça
prend des années, après, une fois qu'elle est inscrite, une fois qu'elle est adoptée. Donc, on se rend compte que
ce n'est pas le bon véhicule. Et on a demandé au ministre de soustraire de son projet de loi — et on espère qu'il va le faire — plusieurs, plusieurs articles où carrément
il vient interférer, il vient imposer des
balises qui devraient s'apparenter... qui devraient être définies par des
groupes d'experts en santé et non pas par une loi du Parlement québécois. Alors, on voit
donc les calculs, calculs arbitraires et quotas d'un côté, pour les médecins, et vraiment utilisation
de références qui ne sont pas garanties encore valides dans un an ou dans
deux ans dans une loi.
Alors, ce
qu'on peut se dire, en conclusion... J'ai essayé de voir un peu quels étaient
les éléments qui pouvaient mettre en
relief pourquoi c'était si différent, ces deux thèmes-là, et pourquoi il
fallait avoir ça dans deux objets distincts.
Eh bien,
d'abord, il y a... dans la portion qui vise l'accès aux médecins de famille et
aux spécialistes, ceux qui sont
visés, l'objet, ce sont vraiment les médecins. Dans le cas de la section qui
concerne la procréation assistée, on vise les couples qui souhaitent devenir parents. Le ministre nous dit :
Indirectement, je vais venir récupérer de l'argent dans les honoraires
des médecins. Écoutez, ce n'est quand même pas ça que les gens ressentent, là.
Les couples infertiles, c'est eux qui sont visés, dans ce dossier-là, et c'est
eux qui vont devoir payer, et c'est leur accès qui va être restreint.
Dans le cas
de la section qui concerne les médecins, avec l'accès aux médecins de famille,
on a une nouvelle loi. Dans le cas de la procréation assistée, c'est une
modification à une loi existante qui aurait pu tout simplement être amendée. Et
on comprend très bien que les gens qui ont livré des batailles intenses
pendant plusieurs années pour faire reconnaître l'infertilité comme une maladie sont déçus, sont
déconcertés, sont découragés. J'en ai rencontré plusieurs. Ils ont perçu qu'on
a tenté de détourner l'attention du public et l'attention médiatique d'un sujet
qui était hautement sensible, émotif, mais en même temps tout à fait
rationnel, parce que, quand on choisit de s'engager dans un processus de fécondation in vitro, eh bien, c'est un processus qui est long, qui est
exigeant, qui est coûteux, même quand il était remboursé. Et donc on aurait pu baliser les modalités de remboursement, mais pas retirer complètement le remboursement,
l'assurance de la fécondation in vitro pour le passer sous forme de crédit
d'impôt.
Donc, ça a
été un combat long, un combat où les gens pour la procréation assistée ont
travaillé de façon documentée. Ils
n'ont pas demandé que le projet de
loi, lorsqu'il a été adopté,
le soit de façon improvisée. Ce sont des gens structurés, documentés,
et ils ont démontré également des résultats positifs : d'abord,
une diminution des grossesses multiples, une diminution des bébés à risque, une diminution des complications pour la
mère. Donc, il y a un bénéfice, il y a un intérêt. Et
on doit baliser. Il y avait un registre qui était prévu, qui n'a jamais eu
lieu.
Donc, premièrement, dans un côté, on vise les médecins, de l'autre côté, on vise des
couples infertiles. D'un côté, on a
une loi nouvelle, de l'autre côté, on avait juste à faire une modification législative. D'un côté,
l'objectif, c'est d'améliorer l'accès aux médecins. Mais, de l'autre
côté, c'est de faire obstacle à l'accès. On rend l'accès vraiment beaucoup plus difficile. Et il y a une autre
différence. Dans le cas de la procréation assistée, ça a été précédé d'une
analyse objective demandée par le
Parti québécois au Commissaire à la santé et au bien-être, et on avait des
paramètres qui nous permettaient de
bien baliser et de bien faire le travail, tandis que, dans le cas de la section
qui concerne l'amélioration de
l'accès aux médecins, là, on assiste vraiment à une improvisation. Plusieurs
fois on a demandé au ministre de nous présenter son modèle de référence,
de nous dire sur quoi il s'appuyait. Et, vraiment, c'est un modèle qui n'existe
pas. Des quotas individuels, ça n'existe
pas. On a des quotas de groupes au Royaume-Uni, on n'a jamais de pénalité.
Alors, le ministre improvise et développe quelque chose de nouveau.
Alors, il y a des calculs arbitraires de quotas qu'on n'a jamais vus nulle part
ailleurs.
Alors, dans ce contexte-là, je considère la
motion tout à fait justifiée. Je soutiens la motion de scission et je questionne, comme plusieurs groupes et experts qui
sont intervenus, les motifs fondamentaux qui ont conduit le ministre à
jumeler artificiellement deux objets aussi distincts. Je vous remercie.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Alors, je
vous remercie, Mme la députée de Taillon. Et je cède la parole, pour la
poursuite du débat, à M. le député de Maskinongé pour son intervention sur la
motion de scission. M. le député, à vous la parole.
M. Marc H. Plante
M.
Plante : Merci beaucoup, M. le Président. Donc, écoutez, M. le
Président, j'ai entendu et écouté les propos de ma collègue de Taillon sur la motion de scission qui nous concerne tous
aujourd'hui, et c'est avec un peu de tristesse... et j'aurais pu croire qu'aujourd'hui, dans cette
Chambre, dans ce Parlement, nous avions tous un objectif commun, qui était
l'accès aux soins de santé et la pérennité des soins de santé de qualité
pour la population.
Vous savez,
M. le Président, on présente aujourd'hui une motion de scission faisant appel à
deux principes bien grands disant que
le projet de loi se scinde en deux. Mais le dénominateur commun, M. le
Président, de ce projet de loi, c'est
la rémunération. C'est la rémunération de service médical tout à fait dans la
même ligne et le même esprit de pensée. Ce qu'on dit, c'est comment on va rémunérer ces services et comment on
va atteindre les objectifs avec cette nouvelle rémunération.
Vous savez,
M. le Président, j'ai écouté attentivement tout le long des consultations et
j'ai eu le privilège de siéger avec
de nombreux collègues ici, dans cette Chambre, sur les consultations qui ont
mené aujourd'hui au dépôt du projet de
loi n° 20 et qui nous mènent malheureusement à cette motion de scission.
Vous savez, M. le Président, les gens sont venus nous rencontrer, sont
venus nous dire plusieurs choses. Et je crois que, que les gens aient été plus
favorables, neutres ou en accord avec le
projet de loi n° 20, ils comprenaient bien tous le dénominateur commun,
qui était un aspect de rémunération,
un aspect de rémunération dans un objectif, M. le Président, bien clair, bien
simple et très précis, qui est l'amélioration aux soins de santé et à
l'accès à un médecin de famille pour la population au Québec.
• (12 heures) •
Vous savez,
M. le Président, j'ai eu le privilège de le mentionner à plusieurs reprises
lors d'une interpellation du ministre,
dans chacun de nos comtés, dans chacune de nos circonscriptions ici, au Québec,
je suis sûr que les 125 collègues sont interpellés souvent de nos citoyens et
citoyennes qui désirent avoir un médecin de santé et désirent avoir un accès aux soins. Vous savez, M. le Président, le projet de loi n° 20 nous inscrit totalement dans ce schème de
pensée et nous inscrit dans un schème
de pensée qui va améliorer l'accès à la population à un médecin de famille, qui va aussi améliorer la gestion financière et des actes
rémunérateurs au niveau du système de santé.
Donc, M. le
Président, ce que je voudrais vous expliquer aujourd'hui... et toujours faisant
référence à la motion de scission, ce
qui est bien important parce qu'on a comme l'impression, de ce côté-ci de la
Chambre, que la motion de scission
vise ou pourrait retarder l'adoption globale du projet de loi n° 20, ce
qui serait catastrophique pour l'accès aux soins de santé de notre
population.
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Gendron) : ...M.
le député de La Peltrie?
M.
Caire : ...qu'on nous prêtait des intentions. La motion
de scission a été jugée recevable par la présidence sur la base qu'il
y a deux principes. Mon collègue
dit qu'on fait un filibust. Je pense que, par respect pour la décision de la
présidence, vous devriez lui demander d'être prudent, au minimum.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Bien, je voulais... je l'ai laissé aller. Effectivement, il y a
une pratique qui laisse beaucoup
de latitude sur une motion de scission en
termes de discours. Cependant,
c'est clair, la présidence l'ayant reçue,
c'est difficile de laisser voir qu'on n'aurait pas dû la recevoir. La décision
a été rendue, puis on ne peut pas contester la décision de la présidence. Mais moi, je n'ai pas senti que c'était ça,
mais faites attention, il y a une fragilité quant à des intentions par
rapport au sujet. Une motion de scission reçue, il reste une chose à faire,
c'est d'en débattre pendant deux heures. C'est ce qu'on doit faire. À vous la
parole.
M.
Plante : Merci, M. le Président, mais ce n'était pas du tout mon intention de
prêter des intentions à aucun collègue de cette Chambre, c'était juste le fait de
vouloir voir le projet de loi
n° 20 adopté le plus rapidement possible pour améliorer l'accès des soins de santé aux citoyens
et citoyennes de chacune de nos circonscriptions partout au Québec.
Et, vous savez,
M. le Président, j'ai bien écouté hier l'intervention du ministre sur le même
sujet, et un aspect très, très fort
de la loi qui nous ramène dans sa justification de la garder globalement est
l'article 39 de la loi qui incombe et qui donne le pouvoir au
gouvernement d'intervenir dans la rémunération des tarifs et conditions pour
avoir accès au paiement de tous... comme
tous les autres sujets s'adressent exactement. Donc, ce que ça veut dire, M. le
Président, c'est que l'article 39
nous ramène au fil conducteur de cette loi, qui est une loi sur la
rémunération, sur les aspects de, je vous dirais, paiement des soins de
santé dans diverses phases du système de santé. Ce qu'il est important de
comprendre, M. le Président, et ce qu'on comprend tous ici aujourd'hui, c'est
que je pense qu'on veut tous travailler ensemble, en collaboration, pour que
les patients du Québec soient le mieux servis dans chacun des domaines
possibles.
Le projet de
loi n° 20 amène deux aspects importants, qui est l'accès, oui, à un médecin
de famille, les soins au niveau des médecins spécialistes aussi, et,
oui, qui révise, mais dans un même but, c'est pérenniser le programme de fécondation in vitro ou la FIV, là,
communément appelée. Vous savez, je sais que certaines personnes sont venues
témoigner en commission parlementaire
disant qu'elles auraient aimé peut-être deux projets de loi différents.
Effectivement, j'ai entendu moi
aussi, comme mes collègues l'ont entendu. Par contre, M. le Président, ce que
je dois vous dire, ce qui est important
pour le gouvernement, pour les citoyens du Québec, c'est que les services de
santé continuent, prospèrent et s'améliorent.
Le ministre de la Santé, dans le projet de loi n° 20, nous présente
carrément une réforme du réseau de la santé
qui va améliorer l'accès aux services de santé et qui va permettre de
pérenniser les services via la modification de la rémunération.
Donc, dans le
fil conducteur de cette loi, qui est le dénominateur commun de rémunération, on
comprend tous ici que c'est la génération
des paiements de services qui est au sein de cette loi et qui est le fil qui
conduit à une loi unie et qui permet,
M. le Président, et qui me fait croire, et qui m'incite à être en désaccord
avec la scission de ce projet de loi. Vous
savez, le projet de loi, il y a des raisons... on a compris, on a tous compris
vraiment, par la voix des critiques, soit de l'opposition ou soit de la
population, qu'on pourrait bonifier et, en commission parlementaire, on pourra
sûrement bonifier, via des amendements et via...
en étude article par article, mais le but reste le même. Le but de la loi, le
fil conducteur reste tout de même une mention... excusez, une notion
administrative qui nous permet et qui permet au ministre et au gouvernement de
pouvoir diriger et améliorer l'accès aux soins de santé et qui permet de revoir
et de pérenniser la fécondation... la FIV, M. le Président.
Donc, c'est dans cet esprit que j'invite la
Chambre à voter contre la motion de scission, et je vous remercie beaucoup, M.
le Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Merci, M. le député de Maskinongé, de votre intervention, mais je rappelle,
pour ceux qui écoutent, qu'on est sur une motion de scission et non sur le
principe.
Alors, je cède maintenant la parole à M. le
député de La Peltrie. À vous la parole.
M. Éric Caire
M.
Caire :
Merci, M. le Président. D'abord, je n'ai pas eu l'occasion de le faire et
permettez-moi de vous féliciter pour
la décision qui a été rendue sur la recevabilité de cette motion. À sa face
même, M. le Président — et c'est un peu ce que vous disiez dans votre décision — cette motion-là, concernant le projet de loi
n° 20... En fait, les motions de scission ont probablement été inventées pour des projets comme le projet de loi
n° 20. S'il y avait une école du droit parlementaire, le projet de
loi n° 20 serait très certainement l'exemple qu'on donnerait aux étudiants
pour expliquer pourquoi il y a, à l'Assemblée nationale, des motions de
scission.
Je prendrai
quelques minutes, M. le Président, aussi, pour mettre l'emphase sur un argument
que je vous avais présenté dans mon
plaidoyer et qui va peut-être répondre aux commentaires de mon collègue sur le
fait que l'opposition a peut-être
déposé cette motion-là dans l'objectif de retarder l'adoption. Il y a, dans
votre jugement, M. le Président, un paragraphe
qui est extrêmement intéressant, et, pour le bénéfice de ceux qui nous écoutent...
puisque vous l'avez rédigé, ce n'est
pas à vous que je vais dire ce qu'il y a dans votre jugement, mais, pour le
bénéfice de ceux qui nous écoutent, il y a un élément qui est fondamental, vous dites : J'en profite également
pour mentionner un fait important : que le but d'une motion de scission, c'est de «favoriser la libre
expression des députés afin qu'ils puissent s'exprimer et voter sur chacun des
projets de loi qui en résulteraient» plutôt que de faire un tout pour lequel
ils pourraient être en accord avec une partie puis en désaccord avec
l'autre.
M. le
Président, ce que vous amenez dans ce paragraphe-là, il est fondamental, il est
fondamental et il exprime plus que
tout autre argument pourquoi il devrait y avoir une motion de scission lorsqu'à
l'évidence on traite de deux sujets, c'est-à-dire
la capacité des parlementaires, un, à s'exprimer sur des sujets qui sont évidemment
importants — puis on
peut présumer qu'un sujet qui fait l'objet
d'un projet de loi est, par définition, important, j'imagine qu'on ne légifère
pas sur des sujets sans importance — et, deux, d'avoir la capacité
de s'exprimer librement.
Et, M. le Président,
vous nous mettez en garde, avec beaucoup de sagesse, sur la tentation qu'on
pourrait avoir, comme législateurs,
de faire des amalgames, hein — j'utilise une expression qui est assez
populaire de l'autre côté de la Chambre — obligeant ainsi, à dessein ou non, un député
à voter pour quelque chose contre... qu'il est contre, fondamentalement,
ou contre, alors qu'il pourrait être pour
parce qu'à l'inverse il y a un autre sujet dans le projet de loi qui va
fondamentalement dans le sens de ses convictions ou qui va
fondamentalement dans le sens contraire de ses convictions.
Et là il y a
une espèce de jeu de rédaction qui se fait où on dit... Bah! C'est un peu le
même principe, M. le Président, que
quand on veut faire avaler aux enfants quelque chose qu'ils n'aiment pas.
Alors, si vous voulez faire manger des brocolis à un enfant, ne faites pas un brocoli à l'étuvée, ne mettez pas ça dans
son assiette, ça ne marchera pas — M. le Président, j'en ai quatre, je le sais — faites de la sauce au fromage, mettez de la
sauce au... C'est bon, de la sauce au fromage, les enfants, ils aiment ça, la sauce au fromage.
Alors, prenez votre brocoli, enrobez-le de sauce au fromage, et là vous lui
servez, ça va passer. Ça aussi, je l'ai essayé.
Bien, on a un
peu l'impression que c'est ce principe-là qui sous-tend la rédaction du projet
de loi n° 20. On se dit : Il y a peut-être un élément du
projet de loi avec lequel l'opposition ne sera pas d'accord et là qui pourrait
amener l'opposition, évidemment, à s'opposer, donc on va mettre un autre
élément avec lequel, éventuellement, puis des discussions, on pourrait amener
l'opposition à dire : Ah! peut-être que, ça, on pourrait être d'accord.
• (12 h 10) •
M. le
Président, ce n'est pas la façon... et c'est ce que vous nous dites très
clairement dans votre jugement, ça ne devrait pas être la façon de rédiger
un projet de loi.
Et, M. le Président, j'ose croire que votre
message a été entendu de façon très claire par ce gouvernement, parce que malheureusement nous avons l'impression,
avec le projet de loi n° 20 et avec d'autres projets de loi, que ça
devient une espèce d'habitude législative un
peu malsaine pour le droit à s'exprimer des députés et notre capacité à traiter
des sujets importants avec toute l'importance qu'ils méritent.
Donc, M. le Président, probablement une des
raisons les plus fondamentales pour accepter cette motion de scission, c'est la liberté des parlementaires à faire un travail consciencieux et à donner
toute l'importance qu'ils méritent
aux sujets qui sont traités par ce projet de loi là. Parce que c'est deux
sujets très importants, M. le Président. Donc, M. le Président, une motion de scission qui n'a rien à
faire avec une volonté quelconque de retarder l'adoption, mais bien avec une
volonté réelle de faire un travail parlementaire sérieux et consciencieux.
M. le Président, le projet de loi n° 20
adresse deux sujets qui sont clairement différents. Le premier parle des médecins. Le deuxième parle des couples
infertiles. Y a-t-il des couples infertiles chez les médecins? Peut-être.
Peut-être. Mais, à la base, ce n'est
pas pour ça qu'on légifère. À la base, c'est parce qu'on pense que c'est deux
sujets différents : les docteurs
et les couples infertiles. Alors, M. le Président, on peut essayer de faire des
liens. Puis ce que mon commentaire vise
à établir, c'est qu'avec un peu d'imagination on peut trouver des liens entre
n'importe quoi et n'importe quoi. On dit qu'on est à six personnes de connaître tout le monde sur la terre, ça
fait qu'on est à un peu d'imagination de relier n'importe quel sujet.
Mais ce projet de loi là, fondamentalement, s'adresse à deux sujets différents,
les médecins et les couples infertiles, en partant. Deux principes clairement
différents. M. le Président, vous l'avez établi dans votre excellente
décision : ce sont deux principes différents.
Premier
principe : effectivement, on parle d'accessibilité. Donc, dans le premier
volet du projet de loi, il est clair qu'on
adresse la question de l'accessibilité. Et je parlerai peut-être un peu plus
tard, là, de l'argument ministériel qui dit que ce n'est qu'un projet qui traite de la rémunération. On est assez
loin de ça, M. le Président, on est assez loin de ça. Donc,
l'accessibilité, dans le premier volet du projet de loi. Et c'est drôle — et
vous le soulignez dans votre décision, M. le
Président — la façon
même dont le projet de loi a été rédigé, on l'a fait en deux parties. La
première partie parle des médecins
omnipraticiens et des médecins spécialistes : établit, pour les
omnipraticiens, des quotas à être définis par règlement; établit, pour
les deuxièmes, les spécialistes, une obligation de consultation, une obligation
d'établir des corridors de services pour
améliorer l'accessibilité. Dans le cas des premiers, effectivement, on y va
avec la rémunération. C'est vrai. C'est vrai. On dit : On vous paie
tant, puis, si vous ne voyez pas assez de patients, bien, on va diminuer la
rémunération.
M. le Président, ça, ça s'appelle une
pénalité, hein? Si je vous donne un montant d'argent puis je vous dis :
Bien, si tu ne fais pas la job, je ne
te paierai pas le même prix. Ça s'appelle une pénalité. Ce n'est pas la paie
des médecins qui est touchée par ce projet de loi là, ce sont des
pénalités au rendement de l'accessibilité. Si vous ne fournissez pas le rendement nécessaire, la façon de vous punir sera
de diminuer votre revenu. Mais la condition de rémunération, elle est
établie avec les négociations qui sont faites avec les différentes fédérations;
ça n'a rien à voir. Ce projet de loi là ne change
en rien la convention qui est intervenue entre les fédérations médicales et le
gouvernement, le ministère de la Santé; en rien. Le médecin qui a son
volume de travail va toucher la même paie.
Et là, hier, j'entendais le leader adjoint du gouvernement, le ministre
de la Santé, puis mon collègue vient
d'y faire référence, mais surtout le ministre de la Santé nous
dire : Écoutez, on ne fera pas un projet de loi pour chaque code financier associé à un traitement du ministère de
la Santé ou de la RAMQ. M. le Président, j'invite le ministre à relire son
projet de loi et peut-être de le faire,
cette fois-ci, avec ses lunettes, parce qu'on ne touche pas aux codes
financiers qui sont associés aux
actes médicaux dans ce projet de loi là, là, on fixe des quotas. Première
partie du projet de loi, on fixe des
quotas. C'est ça, l'objet du projet de loi dans sa première partie. Donc, quand
on dit que ça touche à l'accessibilité, c'est de ça dont on parle, c'est avec la vision du gouvernement. Et,
lorsque nous interviendrons sur le principe, je ferai savoir ce que je pense de la vision du gouvernement
et ce que nous aurions peut-être préféré qui soit la vision du gouvernement, mais, sur l'idée de scinder ce
projet de loi là, on dit : La première partie, qui est clairement,
clairement écrite pour s'adresser aux fédérations médicales, aux
médecins, on parle d'accessibilité.
Dans le deuxième
volet du projet de loi... Vous avez statué, il y en a trois. Le troisième, M.
le Président, conformément à votre décision,
on ne l'adressera pas, parce que c'est des articles de mise en application et,
bon, qui sont communs à à peu près
tous les projets de loi. Mais, sur le deuxième volet, et vous avez été très
clair, ce projet de loi là a été écrit
en isolant — je pense
que je peux utiliser ce terme-là — ces deux sujets-là l'un de l'autre, il n'y a
pas d'intercommunication. Si on adopte la première partie, ça n'a pas
d'impact sur la deuxième, et vice versa.
Alors,
la deuxième partie, ce n'est pas une question de rémunération non plus, M. le
Président, c'est une question de :
Doit-on ou non traiter la maladie, couvrir le traitement d'une maladie? C'est
de ça dont on parle dans le deuxième projet
de loi. Alors, encore là, M. le Président, lorsqu'on demande à des couples
d'avoir une activité sexuelle minimum, je ne pense pas qu'on exige que cette activité sexuelle là soit rémunérée,
j'imagine, j'imagine, donc... En tout cas, à moins que j'aie mal lu, j'imagine
que ce n'est pas dans le projet de loi, puis je laisse le temps aux collègues
de bien imaginer, M. le Président. M. le Président, quand on fixe le nombre d'embryons qui peuvent être implantés
dans une FIV, encore là, ce n'est pas une question de rémunération. Je ne suis pas payé à l'embryon,
tu sais. J'en implante un, c'est tant. J'en implante deux, c'est tant. Bien non. Ça n'a rien à voir, ça n'a rien à voir. On
fixe les conditions du traitement ou non d'une maladie qui est l'infertilité.
• (12 h 20) •
Et
là, M. le Président, on touche au coeur de la raison pour laquelle
fondamentalement ce projet de loi là doit être scindé, parce que la question, M. le Président, quand on parle de
procréation médicalement assistée, la question... Est-ce qu'on doit rembourser ce traitement-là? Est-ce que
l'infertilité est une condition médicale, oui ou non? Et ça, j'aimerais savoir de la part du ministre ce qu'il en pense,
mais, quand on fait des amalgames, quand on met tout dans le même projet
de loi, quand on se dépêche à la vapeur à faire adopter des projets de loi pour
des raisons qui sont peut-être, elles, financières
mais qui n'ont rien à voir avec la rémunération, on évite de répondre à ces
questions-là et peut-être qu'on n'a pas
envie de répondre à ces questions-là. Mais est-ce que l'infertilité, oui ou
non, est une condition médicale? Parce que c'est au coeur de ce que le
gouvernement est en train de faire avec le projet de loi n° 20. Et,
si la réponse, c'est oui, si l'infertilité est une condition médicale, est-ce
que le système de santé doit offrir un traitement, selon les paramètres d'éthique et de justice sociale qu'on a établis au
Québec, qui sont : Je sors ma carte de la RAMQ, je la présente et je
reçois mon traitement? C'est de ça dont
on parle, M. le Président. Et, si au nom des économies que le gouvernement veut faire, doit faire, on remet en question
le panier de services, je n'ai pas de problème avec ça, M. le Président, mais
on ne le fera pas. On ne le fera pas à l'intérieur d'amalgames comme le projet
de loi n° 20, on le fera dans un
débat à visière levée, où chacun aura
l'occasion de s'exprimer librement sur un sujet et où on aura l'occasion
d'entendre chacun se prononcer sur ce
sujet-là et non pas dire : Bien, moi, je suis plutôt
mal à l'aise avec le programme de procréation
médicalement assistée, ça fait que je vais me concentrer sur le volet docteurs; ou
moi, le volet docteurs, je suis moins à l'aise avec, tu sais, je vais
passer mon opinion sous silence puis je vais parler plus de la FIV ou de la
PMA.
M. le Président, ce projet de loi là a deux principes très différents, et donc nous
devons, si on a à se prononcer sur le
principe, puis le principe, que je sache, est au singulier, si on a à se
prononcer sur le principe, encore faut-il qu'il n'y en ait qu'un parce que, si vous mettez le principe au singulier, mais qu'il y en a deux dans le projet de loi, grammaticalement, ça ne fitte plus. Législativement,
ça ne fitte plus et moralement ça ne fait pas de sens.
M.
le Président, un projet de loi qui a deux finalités... et tout à l'heure le
collègue nous disait : Non, non, c'est une finalité, c'est d'augmenter
l'accès. Hein? Ça serait le fun qu'il lise le projet de loi avant de se
prononcer parce que, quand on fixe des quotas aux médecins, oui,
l'objectif, c'est d'augmenter l'accès, c'est sûr, mais, quand on arrête de
rembourser un traitement, c'est sûr que ce n'est pas pour le rendre plus
accessible. Alors, c'est deux finalités pas mal différentes. Il y en a un qui, peut-être, si le projet de loi est
adopté, va augmenter la prise en charge des patients par les omnipraticiens
puis il y en a un deuxième qui va voir diminuer le nombre de PMA puis de FIV
qui va se faire au Québec. Ça fait
que, oui, encore là, M. le Président, on peut parler d'accessibilité, mais il y
en a un qui diminue puis l'autre qui
l'augmente. Ce n'est pas la même finalité, pas du tout. Et encore là, M. le
Président, comme les finalités sont différentes,
comme les conséquences sont différentes, je
serais extrêmement heureux
d'entendre mes collègues ministériels, en fait tous les collègues, mais
particulièrement les collègues ministériels, se prononcer sur chacune des
finalités.
Qu'est-ce qu'ils en pensent, les collègues, du
fait qu'on souhaite réduire l'accessibilité à la PMA? Est-ce qu'ils
sont d'accord avec ça? Est-ce
qu'ils trouvent que c'est une bonne
idée ou auront-ils l'occasion de se taire sur cet important
sujet parce qu'on aura mélangé deux sujets ensemble
et qu'à la limite ils pourront dire, dans leurs comtés : Bien, j'étais plus ou moins à l'aise avec ce volet-là, mais l'autre, il est bon, par exemple, parce qu'il va faire qu'il va y avoir une meilleure
prise en charge?
Bien, c'est ça, M. le Président, là, qui se dessine. C'est ça,
là. C'est ça. Quand les couples infertiles vont aller voir
chacun des députés en disant : Pourquoi vous nous avez abandonnés? Bien non,
on ne vous a pas abandonnés, mais, tu
sais, on voulait une meilleure prise en
charge, puis, tu sais, le projet de
loi fait qu'il y a
une meilleure prise en charge,
puis ça va être bon pour la population,
puis, enfin, tout le monde pourra avoir accès à un médecin de famille.
Peut-être, parce que vous comprendrez
que je ne me prononce pas sur le principe, et j'aurai l'occasion, comme je vous
dis, de faire valoir mes arguments sur le principe. Mais, ceci étant
dit, M. le Président, ça occulte... Non, M. le Président, je vais reprendre mes propres propos. Ça a le potentiel
d'occulter des sujets qui sont fondamentaux et pour lesquels l'Assemblée
nationale ne peut pas se défiler de quelque façon que ce soit.
M.
le Président, l'argument qui a été présenté par le ministre, c'est de
dire : Tu sais, au final, dans le fond, on parle de l'agent-payeur. C'est-u beau, ça,
l'agent-payeur? C'est le fun, il me semble que ça coûte moins cher quand on
parle de l'agent-payeur parce que,
dans un cas, c'est la rémunération des médecins puis, dans l'autre cas, c'est
le remboursement du programme de
procréation médicalement assistée. Donc, tout ça, c'est un projet de loi
d'argent, mais, à ce compte-là, tu sais... je ne sais pas, moi, si vous
voulez mettre la Société du Plan Nord là-dedans, ça aussi, c'est un
agent-payeur. Finalement, c'est le gouvernement qui paie pour la Société du
Plan Nord. Si vous voulez mettre l'échangeur Turcot, gênez-vous pas, c'est nous
autres qui va le payer, puis c'est tout l'agent-payeur, hein? La FIV, la prise
en charge de l'échangeur Turcot... La pêche au homard s'en vient, là, on
pourrait peut-être en parler.
M. le Président,
quand je vous disais que, quand on veut trouver des fils conducteurs,
l'imagination est sans limites. Sincèrement,
sincèrement, je pense qu'on a un bel exemple, je pense qu'on a un bel exemple.
C'est sûr qu'on peut tout, tout, tout
ramener à des considérations financières, parce que tout ce que le gouvernement fait au final, il y a une facture qui est associée à ça. Alors, si mon
propos peut sembler ridicule, et il l'est à dessein, c'est parce que
l'argument, à sa face même, est
ridicule, parce que la finalité de tout ce que le gouvernement fait a une connotation financière, c'est clair. Donc, tout projet
de loi ou, en tout cas, la grande majorité, je vais le dire comme ça, M. le
Président, la grande majorité des projets de loi présentés par le gouvernement ont une connotation financière. Et on ne va pas
se bâdrer avec ça, on va en faire un par session puis on en débattra.
Voyons donc, M. le Président!
M. le Président, je pense que cette façon de faire là, elle est dangereuse. Je pense
que cette façon de faire là est dangereuse parce qu'on est face à un gouvernement
majoritaire qui, dans son évaluation de la situation, se dit : De toute façon, que l'opposition le veuille ou non, nous ferons adopter ce que
nous voulons. Si ça ne va pas assez vite, il y a les procédures
d'exception, et nous en serons déjà, là, lundi prochain, à la deuxième en un
an. Personnellement, M. le Président,
je n'ai pas vu ça très souvent. Et donc, à partir de là, à quoi bon s'enfarger
dans les principes du législateur que vous
nous rappelez avec beaucoup de sagesse dans votre décision? À quoi bon
s'enfarger dans les principes où on dit : Bien, ce serait peut-être
important, là, que les députés de l'Assemblée nationale aient l'occasion de se
prononcer de façon très spécifique sur des
enjeux majeurs, des enjeux de société, parce
qu'on nous dira, du remboursement ou non de la PMA, que c'est
un enjeu de société, mais, comme il a été amalgamé avec un autre enjeu de
société qui est l'accès à un médecin,
est-ce qu'on aura eu vraiment l'occasion de se prononcer, M. le Président? Est-ce que
chaque député ici pourra se dire, en
son âme et conscience, qu'il s'est levé à l'Assemblée nationale et qu'il
s'est prononcé, en son âme et conscience, sur un sujet? Qu'il a donné à ce sujet-là toute l'importance qu'il méritait? M. le
Président, si nous conservons le projet de
loi n° 20 dans sa forme actuelle, la réponse à cette question-là, elle
est évidemment non. Il est clair, M. le Président, qu'on ne peut pas, en quelques minutes, adresser de
façon correcte deux sujets aussi diamétralement opposés, diamétralement
opposés, M. le Président. La seule façon pour l'Assemblée nationale de porter
un regard critique, de prendre des décisions cohérentes, humaines à l'endroit
de ces deux sujets-là, c'est de les séparer.
Et hier j'entendais
le ministre de la Santé dire : Écoutez — de façon polie, je dois le
dire, de façon polie — je
comprends que vous ne savez pas de quoi vous
parlez, mais moi, je vais vous dire ce qui est le vrai coeur de ce projet de
loi là. Je veux juste répondre au ministre
de la Santé qu'il y a des experts du droit parlementaire, de la règle
parlementaire, qui ont écrit, au fil
des ans, la jurisprudence qui nous guide puis qui en sont arrivés à la
conclusion qu'il y avait distinctement deux
principes, deux principes très clairs, très distincts, qui nous invitent à la
prudence sur la façon de rédiger des projets de loi en amalgamant ce qui ne devrait pas l'être, parce que c'est la
liberté d'expression des parlementaires qui est menacée.
M.
le Président, pour toutes ces raisons-là, j'espère que mes collègues ministériels auront le gros bon sens de se ranger à votre décision, à votre excellente
décision à permettre aux parlementaires de s'exprimer sur ces deux questions
fondamentales, comme il se doit, et d'adopter cette motion de scission.
• (12 h 30) •
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, je
vous remercie, M. le député de La Peltrie, pour votre intervention sur cette motion de scission. Et je suis prêt à
entendre le prochain intervenant, et je reconnais Mme la députée... Aidez-moi, là. Le comté?
Une voix :
...
Le Vice-Président (M. Gendron) : Crémazie. Alors, Mme la députée de Crémazie,
excusez-moi, à vous la parole pour votre intervention sur la motion de
scission dans le temps qui vous est imparti. À vous.
Mme Marie Montpetit
Mme
Montpetit : Merci, M. le Président. Je vais me permettre de souligner, d'entrée de jeu, ma surprise par rapport au dépôt de cette motion. Pour
avoir eu le privilège, au cours des dernières semaines, de participer à
l'ensemble des consultations sur le projet
de loi n° 20, je peux confirmer
que ça va de bon aloi. Les consultations avançaient bien,
on a eu beaucoup
de commentaires sur le projet, les parlementaires ont eu l'occasion de faire le travail, malgré ce que mon collègue soulignait un petit peu plus tôt, et je
me vois extrêmement surprise qu'on en soit là aujourd'hui, à discuter
d'une motion de scission de ce projet de loi.
Et, comme il a été souligné un peu plus tôt, le
projet de loi a un seul objectif, qui est d'offrir de meilleurs services à la population du Québec. On en parle
depuis des années, ça fait depuis la fin des années 90 qu'il y a un enjeu
au Québec au niveau de l'accès aux médecins
de famille, à la première ligne, à l'ensemble des services de santé. On a
essayé de mettre plusieurs mesures en place,
que ce soient les groupes de médecine familiale, que ce soit par la mise en
place d'incitatifs financiers, que ce soit
par également la hausse des admissions en médecine, qui a fait augmenter de
façon massive le nombre de médecins de famille au Québec, et on est
encore au même résultat, où l'accès aux médecins de famille est un problème, l'accès aux services de santé est un problème.
Et on en vient aujourd'hui à avoir une certaine urgence de mettre en place ce projet de loi, et c'est notre volonté de le faire voter rapidement,
de pouvoir le mettre en place rapidement pour pouvoir améliorer ces services-là pour les
patients du Québec, pour les citoyens et pour les citoyennes
du Québec.
Et il va de
soi, il est évident que scinder le projet
de loi amène un certain retard aussi
à son adoption, amène un retard à sa mise en oeuvre au bénéfice des patients, et les gens qui seront
pénalisés par ce processus, c'est, évidemment,
les patients. Et donc je réitère ma surprise
par rapport à ça parce
que, malgré ce qui a été mentionné
sur les difficultés ou la
façon dont ça pourrait empêcher les parlementaires de faire leur travail, je pense qu'il a été
bien, bien, bien démontré jusqu'à
maintenant que les parlementaires ont eu l'occasion de faire leurs commentaires en consultation, de poser des questions, d'en
discuter également. Et, pour toutes ces raisons, dans le fond, je pense qu'il est clair que le projet de loi, dans son
entièreté, à l'heure actuelle, doit rester de cette façon, doit être
discuté de cette façon. Et chaque article du projet de
loi n° 20 découle de l'objectif
central, qui est d'offrir les meilleurs services à la population, et on doit l'aborder comme un
tout parce qu'il a une cohérence dans sa forme actuelle. Que ce
soit au niveau de la rémunération des médecins, que ce soit au niveau de l'encadrement de la PMA, c'est un projet de loi qui a été écrit comme un tout, il doit être abordé de cette façon-là.
Et, dans ce
contexte-là, il va de soi, il est évident que la motion de scission qui est
présentée est un frein à cette dynamique-là, est un frein à la démarche
qu'on est en train de faire pour améliorer ces services de façon générale aux citoyens. Donc, je ne m'étendrai pas plus longtemps
sur ce sujet-là, je pense que, pour nous, il est évident que la motion...
je veux dire, j'invite les parlementaires à voter contre, là, et à aller de l'avant le plus rapidement sur la mise en place de ce
projet de loi, qui bénéficiera, dans le
fond, à tous les citoyens de l'ensemble de nos circonscriptions. Merci, M. le
Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, je vous remercie, Mme la députée de Crémazie. Et je suis prêt à entendre
le prochain intervenant ou la prochaine intervenante. Alors, M. le député de
Jonquière?
Une voix : ...
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Non, mais le problème qu'il y a, c'est qu'il faudrait... Un instant, s'il vous
plaît, pour tout le monde.
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Gendron) : Non,
mais un instant, je vais vous le dire.
Une voix : ...
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Il ne reste plus de temps à l'opposition officielle, il ne reste plus de temps au
deuxième groupe parlementaire. Donc, le temps qu'il reste, il ne reste qu'aux ministériels.
Et, si les ministériels l'utilisent, il n'y a
pas de problème. Sinon, on le répartit. Alors là, je viens de voir un parlementaire, un collègue parlementaire
qui vient de se lever, c'est-à-dire du côté ministériel, et je vous cède la
parole, M. le député de Papineau, pour votre intervention, toujours sur la
motion de scission, cependant.
M. Alexandre Iracà
M.
Iracà : Oui, oui, oui. Alors, je comprends bien, M. le
Président, qu'il ne restait plus de temps aux deux oppositions, là.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
...parce qu'on a eu l'information que Québec solidaire n'intervenait pas, on
a redistribué ce temps-là. Les deux
oppositions n'ont plus de temps. Bien, vous autres, il vous reste pas mal de
temps encore, mais on va vous le dire...
Parce que, là, je n'ai pas calculé le temps que la députée de Crémazie a pris,
alors il me reste à faire quelques
calculs, les deux derniers intervenants, mais il vous reste au moins un 25,
30 minutes, mais on va... 33. Le chiffre exact, il vous reste
33 minutes du côté ministériel. Alors, M. le député de Papineau, à vous.
M. Iracà :
Alors, merci, M. le Président. Alors, je ne serai pas trop long ni trop court.
Alors, ça se peut qu'il reste du
temps pour l'opposition après mon intervention. Alors, écoutez, l'opposition
officielle, dans les 10 dernières années, a gagné le concours du championnat de blocage de projets de loi, que ce
soit la Loi sur les mines, que ce soit le projet de loi n° 28 ou que ce soit le projet de loi
n° 20, que l'on débat actuellement. Je souhaite et j'espère que la
Coalition avenir Québec ne rentrera pas dans ce genre de concours là
pour gagner un trophée qui, je crois, est peu enviable.
Si on prend
les lois qui sont actuellement adoptées, si on s'y penche un peu, on peut
trouver dans la loi différentes sections et on peut arriver à
dire : Bien, on pourrait faire une scission à tel endroit, à telle section...
Une voix : ...
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Oui, un instant, j'allais... Merci, mais je me permets parce que j'ai rendu la
décision sur la même personne... C'est clair
que c'est de contester la décision qui a été rendue, et je ne peux pas accepter
ça. J'ai été très tolérant tantôt. Une
motion de scission qui est reçue par la présidence ne peut pas être contestée.
Bien, on ne peut pas faire
indirectement ce qu'on n'a pas le droit de faire directement. Et c'est très
clair dans les interventions, là, il y
a une fragilité. Elle a été reçue parce qu'elle était recevable. Alors, si vous
voulez dire : J'invite pareil les collègues à voter, ça, c'est de vos affaires. Mais de
questionner la pertinence du jugement qui a été rendu, ça, c'est inadmissible.
Puis, de tout temps, là, puis j'ai
une petite expérience ici, là... Donc, elle a été rendue. Alors, si vous avez
de quoi à dire sur la motion de
scission, j'aimerais l'entendre. Je n'ai pas à commander le genre
d'intervention que vous voulez faire, mais ça, c'est réglé, c'est derrière nous. Un débat de deux heures sur la
motion de scission, ça a été entendu et reçu. À vous.
M. Iracà :
Alors, merci, M. le Président. Je ne conteste aucunement la décision que vous
avez prise, je ne suis pas à ce
niveau-là. Ce que je suis en train de dire, c'est qu'effectivement il y a une
demande, et ça fait partie de la joute parlementaire.
L'opposition l'a utilisée, et vous avez rendu une décision, et je respecte ça
totalement. Et bravo à l'opposition, qui a joué la joute parlementaire,
qui a gagné cette demande...
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
S'il vous plaît! Très sérieusement — puis ça va être ma dernière intervention — il y a des règles dans le règlement. Alors,
moi, je n'ai pas joué la joute parlementaire. Dans la décision, moi, je n'ai pas d'affaire à jouer la joute
parlementaire. J'ai reçu une motion de scission, et j'ai regardé si elle était
recevable ou pas, et j'ai décidé
qu'elle l'était. Point final, c'est fini. Et de le traiter comme vous le
traitez, ça laisse voir que je n'aurais pas pris une décision sur la
base du règlement qui me guide.
M. le leader du gouvernement.
M.
Fournier : M. le Président, ne le prenez pas comme ça. J'assistais,
moi aussi, au débat. En aucun temps, mon collègue n'a remis en question ni votre autorité ni même que vous auriez
soi-disant participé, même, à la joute. Au contraire, votre rôle à la présidence n'est pas d'être joueur
avec le gilet d'une équipe. Vous avez plutôt le gilet rayé, puis vous devez
trancher en vertu des règles. Et je n'ai pas
entendu mon collègue prétendre que vous auriez porté les couleurs d'une autre
équipe, pour continuer l'analogie, il fait
référence à la joute parlementaire, où, d'un côté — et non pas du trône — ou de l'autre, il y a les règlements qui sont invoqués, des dispositions, des
procédures qui peuvent être utilisées pour des droits de parole, ou pour invoquer qu'il est temps de
passer à un vote, ou... Vous les connaissez comme moi, et je pense que c'est ce à quoi il faisait référence. C'était
beaucoup plus l'interaction entre parlementaires, et je n'ai pas entendu
d'irrespect à l'égard de la
présidence. Et sachez que, de notre côté, nous avons tout à fait... le respect
sera le nôtre, entier comme d'habitude.
• (12 h 40) •
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Vous avez raison, mais des motifs... Le règlement dit : On ne peut pas
imputer de motifs à qui que ce soit.
Donc, je termine, je ne veux pas
entendre de motifs sur ce qui a été décidé, a été reçu et tranché.
Alors, veuillez poursuivre, mais en faisant attention aux motifs imputés.
M. Iracà : Alors, merci, M. le Président. Le député de
La Peltrie a fait référence... Et je le félicite. Quatre enfants, c'est quand même très, très bien.
J'en ai juste trois, alors vous m'avez battu là-dessus. Alors, le député de
La Peltrie a fait référence à
faire manger des brocolis à ses enfants en mettant du fromage par-dessus, en
sous-entendant qu'on voulait cacher
quelque chose, hein? C'est l'analogie qu'il a faite en disant : Si on veut
faire manger des légumes, une bonne astuce, c'est de mettre du fromage
par-dessus, puis ça passe. Je pense qu'il ne faut pas sous-estimer la capacité
des enfants à comprendre ce qui se passe et
je pense, M. le Président, qu'il ne faut pas sous-estimer les parlementaires.
Alors, ce n'est pas parce qu'il y a
un projet de loi avec diverses choses dedans qu'on essaie de faire avaler quoi
que ce soit à l'opposition officielle qui ferait en sorte qu'ils ne s'en
apercevraient pas. Je pense que son analogie qu'il a faite tantôt est quand même un peu boiteuse, là. On rentre ici avec un
projet de loi qui est débattu en commission parlementaire, on reçoit divers
groupes, on a l'occasion de débattre article
par article. On n'a pas mis de fromage sur aucun brocoli, là. C'est clair,
c'est net, c'est précis, on étudie un
projet de loi article par article. Il n'y a pas de cachette, là, on sait où
est-ce qu'on s'en va, on sait ce qui
est déposé. Il y a des mémoires qui sont déposés, il y a des documents qui sont
analysés. On n'essaie pas rien d'autre que de faire avancer le Québec
avec des projets de loi qui sont bénéfiques pour la population.
Maintenant, la
deuxième opposition a choisi de faire une demande de scission, qui a été
acceptée, et là, présentement, on gruge du temps de l'Assemblée
nationale pendant qu'on n'est pas en commission, en commission pour étudier le projet de loi. Alors, ça
fait partie, je le répète...
Le Vice-Président (M. Gendron) : ...
M.
Caire :
...règlement. Je ne peux pas laisser passer ça. Je veux dire, c'est un débat
restreint, c'est un débat qui est
prévu par le règlement. Si mon collègue considère que son intervention, c'est
de gruger du temps, ça lui appartient, mais moi, j'ai l'impression, M. le Président,
d'avoir fait une intervention où j'ai fait valoir un point de vue correctement,
de façon factuelle, conséquemment à une
décision éclairée, étoffée de la présidence. Donc, je considère ce
commentaire-là réducteur non seulement
pour ce que la présidence a fait comme décision, mais pour le sérieux que nous,
on y met. On n'est pas là pour gruger du temps, on est là pour faire...
Le Vice-Président (M. Gendron) : Merci. Oui, un instant. Bien, je vais vous
laisser... Mais je voulais juste ajouter qu'effectivement moi, je l'ai laissé passer parce qu'il a le droit, puis
c'est une opinion, et j'en ai entendu d'autres aussi. Mais la présidence l'a dit tantôt, c'est un débat
prévu au règlement, légitime. Et c'est fini, moi, j'ai fini. Donc, il faut
faire attention. Dans un débat légitime, on ne peut pas laisser voir...
Et, dès qu'on impute...
Une voix :
...
Le Vice-Président (M. Gendron) : M. le leader du gouvernement... Un instant, M. le
leader. Juste une minute, là. Dès
qu'on impute des motifs, c'est ce que ça donne. Et moi, je préférerais qu'on
n'impute pas de motifs parce que ça a été très clairement dit, là, qu'on faisait perdre du temps à la Chambre,
alors que c'est un débat prévu dans le règlement. Alors, M. le leader du
gouvernement.
M.
Fournier : Dans une assemblée délibérante, si nous ne pouvons
plus exprimer des idées, là, la présidence pousse peut-être un petit peu loin le bouchon, M. le
Président, là. Nous exprimons des idées, et il a... tout à fait légitime à mon
collègue d'exprimer les idées. On peut avoir
le choix dans un débat de parler d'un article ou d'un autre. Ils ont la
possibilité d'invoquer le règlement
pour dire : J'aimerais mieux que les lois soient présentées différemment.
Notre collègue peut très bien
dire : Moi, j'aurais préféré qu'on parle des autres articles, on serait
allé au fond des choses. Je trouve que, quand on ne parle pas du fond des choses puis de la plomberie, on ne parle pas
des bons sujets, on ne prend pas le
temps à la bonne place. Et là il a
choisi ses mots pour le dire. Si on ne peut plus ici exprimer ces idées-là, je pense
qu'on a un problème. Alors, je pense, mon collègue était correct, et, je
pense, vous devriez le laisser continuer.
Le Vice-Président (M. Gendron) : ...laisser continuer en autant qu'on ne questionne
pas la possibilité de scinder parce que c'est prévu au règlement.
Alors, ce n'est pas compliqué, ça.
Une voix :
...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Bien oui! Alors, moi, tout ce que...
Une voix :
...
Le Vice-Président (M. Gendron) : S'il
vous plaît! S'il vous plaît! Tout ce que je dis, moi, c'est qu'on ne peut pas laisser croire à ceux qui entendent ça que ce
n'était pas opportun de scinder quand le règlement le prévoit. Ce n'est
pas compliqué, ça.
Une voix :
...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Bien, moi, c'est ce que j'ai entendu. Alors...
Des voix :
...
M.
Caire :
...là, je m'étais levé avant lui, par exemple.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Oui.
Une voix :
...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Oui, à l'article 35, monsieur...
M.
Caire : Alinéa 6° :
«Imputer des motifs indignes à un député
ou refuser d'accepter sa parole.» Lorsque, M. le Président...
Des voix :
...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : S'il vous plaît!
M.
Caire : Faites juste m'écouter, vous allez voir que ça va
être bien édifiant. M. le Président, lorsque mon collègue dit que mon intervention, ou l'intervention de ma
collègue de Taillon, ou l'intervention des autres collègues, c'est gruger
du temps, je considère que c'est un motif indigne.
Des voix : ...
Le Vice-Président (M.
Gendron) : S'il vous plaît!
Une voix : ...
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Oui, oui, on va s'entendre, M. le leader du gouvernement, ce ne sera pas long.
M.
Fournier : Je voulais
juste vous le dire, là, si on veut faire un débat juste de questions
de règlement, je ne sais pas si c'est utile à la motion
qui est faite.
Une voix : ...
M.
Fournier : Bien non,
mais écoutez un instant, là, parce que vous prêtez des
intentions à mon collègue. Vous l'accusez de prêter des intentions,
vous en prêtez autant, M. le Président. Pourquoi? Parce qu'on peut très bien
avoir l'opinion...
Des voix : ...
M.
Fournier : Je vais
faire mon point. On a le droit encore ici? Bon. Alors, qu'on peut très bien
avoir l'opinion que nous, on souhaite que le projet de loi soit étudié,
on peut très bien... Ça, on peut considérer que le meilleur temps serait de l'étudier, puis on peut considérer
qu'une motion de scission qui vise à la plomberie, ce n'est pas de prendre le
temps à la bonne place, puis on peut considérer que ce n'est pas investir le
temps à la bonne place, puis c'est gruger du temps sur l'étude. Oui, on peut le dire, c'est une opinion. On a le
droit dans une assemblée. Alors, les questions de règlement, vous devriez refuser...
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Je n'ai pas de trouble avec cet argument-là, et, effectivement, revenons débat
en parlant toujours sur la motion de scission qui a été retenue. À vous. À
vous, M. le député de Papineau.
M. Iracà : Merci,
M. le Président. Alors, sur la motion
de scission en référence au projet de
loi n° 20, mon opinion, c'est que la commission parlementaire qui
étudiait le projet de loi n° 20 allait bon train avec les deux aspects. Il y a
des gens qui se sont préparés, des
groupes qui ont investi du temps pour venir nous voir en commission,
et le message qui est reçu, selon
moi, des groupes que nous avons reçus était de dire : Allez de l'avant
avec les deux sujets. Et c'est ma perception à moi, puis c'est pour ça
que je me lève ici aujourd'hui pour vous dire que je suis surpris que la
deuxième opposition officielle dépose...
Une voix : ...
• (12 h 50) •
M. Iracà : ...la deuxième opposition dépose une motion de
scission. Je suis surpris parce que la commission allait bon
train en recevant les gens, en étudiant le projet de loi article par article, et il n'y
a rien qui, au niveau de la procédure, occasionnait un problème à ce qu'on débatte ensemble
des meilleurs articles de loi pour un projet de loi qui aura des impacts extrêmement, extrêmement positifs sur la population. Parce que
le projet de loi n'a qu'un seul objectif — et
chaque article découle de ce seul objectif — c'est d'offrir le
meilleur service possible aux citoyens en lien avec la santé.
Et on sait
qu'en santé — ma
collègue l'a mentionné tout à l'heure — c'est
une problématique au niveau de l'attente à l'urgence, il y a une problématique au niveau de l'accès à un médecin de famille. Ça, on ne peut pas le nier, on ne peut pas faire à semblant que ça n'existe pas, c'est là présentement. On a dans l'ensemble, dans le système
de santé, des gens extrêmement compétents qui y travaillent. On est chanceux au Québec,
on a des employés, dans le système de
santé, qui sont dévoués, qui travaillent à chaque jour pour faire en sorte d'offrir le meilleur service aux patients. On a cette chance-là.
Mais, ceci étant dit, quand on dit que oui, on a un bon, dans l'ensemble, service de santé avec des gens dévoués qui
travaillent fort, on a des choses à améliorer, on a des choses à travailler
pour faire en sorte que, par
exemple, tous les Québécois
puissent avoir un médecin de famille, accès à un médecin de famille rapidement,
que tous les Québécois, Québécoises puissent aller à l'urgence dans un délai qui
n'est pas déraisonnable, et ce projet
de loi là vise, vise, justement, cet effet-là de rechercher une
meilleure qualité de service.
Il est important
de rappeler aux Québécois que le bénéfice d'un système
de soins de santé de très haute
qualité est important non seulement à
court terme, mais d'assurer une pérennité à ce service-là, d'où découle le
projet de loi, où on arrive avec des
changements majeurs dans la façon de faire, on le sait. C'est pour ça qu'on
veut prendre le temps, en commission parlementaire, de bien étudier
chaque article et de le faire avec tous, tous, tous les parlementaires, les parlementaires qui siègent en commission. Et de
dire que les 125 députés vont être d'accord avec toutes les virgules du projet de loi, je ne pense pas, M. le Président,
mais quand même, dans son ensemble, ce projet de loi là, il faut s'entendre
qu'il ne vise qu'une seule chose, c'est
d'améliorer les services et la qualité des services, surtout, qui sont offerts
au système de santé pour tous les
Québécois. Il est clair que les mesures adoptées vont avoir un impact
considérable sur l'accès aux médecins
de famille et sur l'accès aux médecins spécialistes. Nous formons, à l'heure
actuelle, deux fois plus de médecins de
famille qu'il y a 15 ans. Avec toutes les mesures mises en place, nous nous
attendons à ce que chaque personne qui le souhaite puisse avoir accès à
un médecin de famille.
Le projet de
loi cherche à améliorer l'accès aux services de santé et la prise en charge des
patients par un médecin de famille de
la façon suivante. Premièrement, le projet de loi prévoit l'inscription d'un
nombre minimal de patients par médecin de famille.
Selon les données disponibles en termes de population et en termes des médecins
qui pratiquent actuellement, le ministère de
la Santé et des Services sociaux prévoit que toute personne désirant s'inscrire
auprès d'un médecin de famille puisse
en avoir la possibilité. Aussi, chaque médecin pourra s'assurer que les
patients inscrits à son nom ont la
possibilité de le rencontrer lorsque nécessaire, puisque le taux d'assiduité de
la clientèle sera mesuré. Ce taux permet
de connaître la proportion entre le nombre de fois où le patient a consulté son
médecin et le nombre de fois où le patient a consulté ailleurs en
première ligne.
Ensuite, le
projet de loi prévoit des mesures qui assureront un équilibre entre le nombre
d'heures de pratique pour les activités hospitalières et le suivi des
patients selon le nombre d'années de pratique des médecins. Alors que les médecins avaient seulement des obligations à
remplir pour la pratique hospitalière, les nouvelles modalités leur permettront
de faire reconnaître le suivi d'un patient en cabinet parmi les activités
obligatoires.
Par ailleurs,
les dispositions prévues en lien avec la pratique des autres spécialistes
auront également un impact sur l'accès aux services de médecine de
famille, et cela, de deux manières : en s'assurant que les autres
spécialistes réorientent leur pratique vers
une plus grande prise en charge des usagers admis en milieu hospitalier à titre
de médecins traitants; en augmentant
leur disponibilité pour offrir des consultations aux patients référés par des
médecins de famille.
Enfin, le
projet de loi prévoit des obligations aux médecins qui cessent de faire le
suivi de certains patients, par exemple
lors d'un déménagement ou d'un départ à la retraite, afin qu'ils prennent les
dispositions nécessaires pour qu'un autre médecin assure le suivi de ces
patients. Dans le cas où le médecin ne peut remplir cette obligation, l'agence
est responsable d'aiguiller les patients vers les ressources pertinentes.
Les objectifs poursuivis sont ainsi de permettre
à un maximum de Québécois d'avoir accès à un médecin de famille, de réduire les délais de consultation auprès des spécialistes et d'accroître l'accessibilité aux services et aux soins du système de santé tout en visant à
simplifier le parcours des patients au sein du réseau.
Ce projet de
loi s'inscrit dans une démarche de réorganisation du système de santé
conjointement avec le projet de loi
n° 10, visant à favoriser l'accès, l'optimisation et l'efficience au sein
du réseau, ceci dans l'optique de réduire la bureaucratie et de mettre réellement — et ça, c'est important, M. le
Président — le
patient au coeur du système de santé. C'est
ça, l'enjeu, c'est de faire en sorte qu'on s'assure, au Québec, que les
patients soient au coeur du système, au coeur des préoccupations des
gens qui travaillent dans le système de santé avec un service de haute qualité
parce que nous avons — et je me répète — la chance d'avoir, dans le système de santé
au Québec, des gens dévoués qui travaillent fort, qui donnent un service extraordinaire. Maintenant,
il faut leur donner les outils, et la diminution de la bureaucratie fait
partie de ces outils-là, la simplification à l'accès de services fait partie de
ces outils-là et puis la fluidité, lorsqu'une personne
arrive à l'hôpital, entre les établissements, puisse y avoir un seul dossier,
et que l'information puisse circuler de manière beaucoup plus fluide, et
ce, M. le Président, pour le bénéfice des patients. Je vous remercie beaucoup.
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, je vous remercie, M. le député de Papineau.
Et, compte tenu du temps, les travaux vont être
ajournés jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 57)
(Reprise à 15 h 1)
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Alors, chers collègues, veuillez prendre place.
L'Assemblée poursuit le débat sur la motion de
scission présentée par M. le député de Lévis dans le cadre de l'adoption du principe du projet de loi
n° 20, Loi édictant la Loi favorisant l'accès aux services de médecine de
famille et de médecine spécialisée et modifiant diverses dispositions
législatives en matière de procréation assistée.
Alors, est-ce qu'il y a d'autres interventions?
Il reste environ 12 minutes au gouvernement et 51 secondes à l'opposition officielle. Je suis prêt à céder la
parole au prochain intervenant. M. le député de Borduas, à vous la parole.
M. Simon Jolin-Barrette
M.
Jolin-Barrette : Merci, M. le Président. J'interviens aujourd'hui sur
la motion de scission qui a été présentée par le député de Lévis le
14 avril dernier et dont la mission se lit ainsi :
«Qu'en vertu
de l'article 241 du règlement de l'Assemblée nationale, le projet de loi
n° 20, Loi édictant la Loi favorisant l'accès aux services de
médecine de famille et de médecine spécialisée et modifiant diverses
dispositions législatives en matière de procréation assistée, soit scindé en
deux projets de loi.»
Donc,
l'objectif du député de Lévis, c'est véritablement de créer une scission, tel
que le permet notre règlement, M. le Président.
Donc, pour
pouvoir scinder, en fait, le projet de loi... M. le Président, ce qu'il est
important de comprendre, c'est que,
lorsqu'il y a scission, on se retrouve avec deux projets de loi distincts. Donc,
la proposition de mon collègue député de
Lévis va en ce sens-là, donc d'avoir un premier intitulé... dont le libellé
serait le suivant : Loi édictant la Loi favorisant l'accès aux
services de médecine de famille et de médecine spécialisée...
Une voix : ...
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Oui, M. le leader adjoint du
gouvernement. Désolé, M. le député de Borduas.
M.
Sklavounos : M. le Président, je suis désolé d'interrompre
mon collègue. J'ai regardé la répartition du temps qui est resté et j'avais vu clairement, et il me
semble que vous l'avez indiqué, qu'il restait 12 minutes au parti
ministériel, il restait du temps à l'opposition officielle. Vu que le
dernier intervenant était du groupe ministériel, j'attendais que quelqu'un se lève de l'opposition officielle, mais
je ne comprends pas comment... c'est quelqu'un du deuxième groupe d'opposition qui s'est levé. Il me semble qu'il ne
restait pas du temps, à moins que l'opposition officielle ait renoncé à son
temps. Je ne comprends pas.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Oui, Mme la députée d'Arthabaska.
Mme Roy
(Arthabaska) : Vous l'avez reconnu, donc il peut continuer à
parler. C'est une tradition ici. Vous l'avez reconnu, donc il doit
continuer.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Sklavounos :
Oui, mais, M. le Président, je vais répéter ici, le temps appartenait au groupe
ministériel et à l'opposition
officielle, et ni le groupe ministériel, d'après moi, ni l'opposition
officielle n'a renoncé à son temps. Et le vice-président a déjà annoncé que cette enveloppe était réservée de
cette façon-là, juste avant la suspension, clairement.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Très bien. Mme la leader de l'opposition officielle.
Mme
Maltais :
M. le Président, c'est assez amusant d'entendre le leader adjoint qui,
régulièrement, dit ici que la règle
d'alternance, elle varie, il n'est pas sûr. De façon régulière, il essaie de
nous faire croire que la règle d'alternance n'existe pas et puis, tout à
coup, il se met à plaider la règle de l'alternance.
Écoutez,
simplement, M. le Président, nous n'avons pas renoncé à notre temps. Il y a un
porte-parole qui n'était pas tout à
fait entré encore dans la salle, un autre est arrivé, et on n'a aucun problème
à échanger notre temps. Ça nous fait plaisir que la CAQ parle en ce
moment. Nous parlerons après, bien sûr, comme il est d'usage, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Très bien.
Une voix : ...
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Non, non, non, juste un instant. Juste un instant, M. le leader adjoint du gouvernement. Je vais suspendre les travaux, je vais aller vérifier ce que mon
prédécesseur sur le trône a dit, ce que les intervenants ont dit, puis je
reviendrai. Alors, je vais suspendre. Avant la suspension, M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Sklavounos : Il n'y
a pas de question
d'alternance ici, il y a une question d'enveloppe et du temps réparti. Si l'opposition officielle veut céder ses 58 secondes au deuxième
groupe, ça va, sauf qu'autrement le deuxième groupe n'a
pas de temps. Ce n'est pas une question d'alternance.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, avant de suspendre, M.
le leader adjoint du gouvernement, je
veux juste vérifier avec vous : Vous aviez l'intention de prendre
du temps de parole, c'est bien ça?
M.
Sklavounos : Absolument.
On n'a pas renoncé à notre temps, ça va de soi...
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Alors, je vais suspendre. On va vérifier.
(Suspension de la séance à 15 h 6)
(Reprise à 15 h 20)
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, chers collègues, après vérification, au moment de la reprise des travaux de l'Assemblée, j'ai clairement mentionné qu'il restait 11 min 59 s au gouvernement et 51 secondes à l'opposition
officielle. La motion de scission, hier, j'étais sur le trône
et j'avais fait la répartition du temps dévolu à l'ensemble des formations
politiques avec la règle habituelle que nous connaissons, qui dit ceci :
«Dans ce cadre, le temps non utilisé par les députés indépendants ou par l'un des groupes
parlementaires sera redistribué entre les groupes parlementaires selon les
proportions établies ci-dessous.»
Au moment où
j'ai fait la lecture du temps qu'il restait aux formations politiques,
je me suis tourné du côté droit pour voir s'il y avait des députés
ministériels qui souhaitaient prendre la parole. Personne ne s'est levé. En
vertu de l'article 33, j'ai regardé du
côté de la deuxième opposition, et le député de Borduas s'est levé pour prendre
la parole. Je lui ai accordé la
parole, et il avait entamé son intervention pour une période de temps
d'une minute. Donc, ce que la présidence va faire maintenant, si
d'autres oppositions veulent se prévaloir du temps non utilisé par le
gouvernement, par le côté ministériel, je vais le répartir entre les deux
oppositions et les indépendants.
M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Sklavounos : M. le Président, si je comprends bien ce que
vous venez de décider... Premièrement, permettez-moi de rappeler qu'il n'y a en aucun cas, à aucun
moment, une renonciation de la part du gouvernement de prendre son temps,
et vous connaissez bien la règle, M. le Président, la renonciation doit être
explicite et non pas implicite.
Moi, ce que
je vous ai expliqué avant que vous vous retiriez pour regarder et faire des
vérifications, c'est que le dernier intervenant avant la suspension
était du parti ministériel. Et donc j'attendais, comme le veut la coutume...
J'ai donné l'occasion à quelqu'un de
l'opposition officielle de prendre la parole en vertu de notre règle
d'alternance. Quelqu'un s'est levé du
deuxième groupe de l'opposition. Je suis allé directement à la table vérifier
s'il n'y avait pas eu d'erreur, s'il
ne restait pas du temps. Je me suis rendu compte qu'il ne restait plus de
temps. J'ai formulé un rappel au règlement, vous disant, M. le Président, que je n'avais jamais renoncé au temps du
gouvernement. On ne peut pas renoncer implicitement. Je voulais faire
appliquer la coutume qui est l'alternance et je ne vois pas comment qu'une
formation politique peut se retrouver avec du temps qu'elle n'a pas, M. le
Président.
Alors, je
n'ai pas renoncé, ni implicitement ni explicitement. Je voulais donner
l'occasion à quelqu'un de l'opposition officielle...
Et je vous demande encore si l'opposition officielle a l'intention de prendre
son temps, et, s'ils ont un intervenant, ils ont 58 secondes, une minute. Je leur demande de prendre leur
temps, et par la suite le débat pourrait se poursuivre, quant à moi, M.
le Président. Merci.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le leader
adjoint du gouvernement. M. le leader de la deuxième opposition.
M.
Caire :
Merci, M. le Président. D'abord, le règlement est clair : on ne peut pas
contester une décision de la présidence.
Vous venez de rendre une décision. Deuxièmement, M. le Président, le leader
adjoint du gouvernement peut bien
invoquer la règle de l'alternance, mais d'une part, lorsque les travaux...
juste avant que les travaux aient été ajournés par la présidence, le leader du gouvernement s'était levé. Donc, il
était logique pour la présidence de croire que la partie ministérielle
souhaitait intervenir en premier. Vous venez d'expliquer que vous avez donné la
chance aux députés ministériels de
s'exprimer. Donc, cette chance a été donnée, personne ne s'est levé, et, encore
là, le règlement est très clair, M.
le Président : quand on veut prendre la parole en cette Chambre, il n'y a
qu'une seule façon de le faire, et ce n'est pas par des signaux de fumée
ou des clins d'oeil, c'est en se levant. On se lève et on demande la parole, M.
le Président.
Donc, M. le
Président, votre décision, elle est claire : vous répartissez le temps
entre les deux oppositions. Je vous demande de faire appliquer votre
décision, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Très bien. Dernière intervention, M. le leader du gouvernement.
M.
Fournier : Évidemment, M. le Président, toujours dans le
respect de la présidence, simplement pour mentionner que j'aimerais que
ce soit clair par votre décision et que ce soit bien écrit dans nos recueils de
jurisprudence que, dorénavant, il n'y aura pas de demande formelle pour savoir
s'il n'y a pas d'autre intervenant et si le temps peut être transféré. Je veux juste voir, pour l'avenir, que
ce soit clair, que votre nouvelle jurisprudence sera celle-là. On va pouvoir
se gouverner en conséquence. Moi, je n'ai
pas de problème de respecter les décisions de la présidence. Je veux juste que
ce soit clair, qu'on les connaisse toutes.
Je voudrais
aussi que vous précisiez, dans votre jurisprudence écrite que nous allons lire,
que, lorsque vous faites ça, vous ne donnez pas d'abord
la fin des travaux. Normalement, il aurait fallu, je crois, mais en tout respect
pour votre décision, bien sûr...
il aurait d'abord fallu épuiser le temps de l'opposition officielle, les 56 secondes dont on parlait, avant
de procéder au partage, parce qu'il
aurait pu y avoir un partage différent. Normalement, c'est ce qui est
fait. Donc, avant de prendre le temps
d'un côté pour l'envoyer à un côté qui n'en a plus, admettons qu'on considère
que cette partie-ci ne le veut plus,
on finit le temps de l'autre côté. Je comprends que cela n'a pas été fait. Probablement que, dans la nouvelle jurisprudence,
vous allez nous l'écrire aussi. L'important, pour nous, c'est qu'on comprenne comment la
présidence veut qu'on opère. Quand on change, c'est un peu plus compliqué,
et ça nous amène à ce genre de débat.
Alors, je vous laisse avec la décision que vous
avez rendue. Que les débats puissent se continuer dans tout le respect. Mais, s'il
vous plaît, donnez-nous des règles qui sont écrites, qu'on peut respecter ensuite.
Merci.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Très bien. Mme la leader de l'opposition officielle.
Mme
Maltais : Merci,
M. le Président. Dans la foulée des propos qui ont été tenus, je voudrais juste
ajouter quelques éléments. Moi aussi, comme le
leader du gouvernement et le leader de la deuxième opposition, je respecte
votre décision, que je trouve tout à
fait pertinente. Vous appliquez l'article... les pouvoirs qui vous sont dévolus
à l'article 33 du règlement.
Maintenant,
s'il a pu y avoir confusion... Je ne dis pas de qui. Peut-être qu'ici, là, dans
les joueurs... En tout cas, il semble
y avoir, du côté du leader adjoint, une incompréhension évidente, là, par
rapport à ce qui s'est passé, une insatisfaction, peut-être. Peut-être qu'il serait dorénavant
intéressant que, quand il y a une demande de la part de la présidence
d'intervenir, les gens, au lieu
d'attendre, se lèvent rapidement. Je pense que — et je vais le dire comme je le pense, très
simplement — du
côté ministériel, il est arrivé dans le
passé... et c'est peut-être ce qui introduit un peu de trouble dans la
discussion, il est arrivé dans le
passé que nous demandions deux à trois fois au côté ministériel d'intervenir,
et ça a été assez difficile; ça peut arriver.
L'autre
chose, c'est qu'il y a une responsabilité gouvernementale. Le gouvernement est
majoritaire et a 50 % du temps. Il lui restait 12 minutes,
nous, 56 secondes. Nous nous attendions tout simplement à ce qu'il y ait
un autre intervenant
du côté du gouvernement, tout simplement. Mais, je le dis très
respectueusement, c'est peut-être tout ça qui a fait... ces deux éléments
ensemble qui ont fait qu'on ait pu y avoir un peu de confusion. Mais je pense
qu'on peut dorénavant continuer nos débats.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Là-dessus, M. le leader du gouvernement.
M.
Fournier : ...j'apprécie le ton de ma collègue, parce
qu'effectivement, dans les processus parlementaires, il est tout à fait normal — ce qui paraît moins à la caméra — tout à fait normal qu'il y ait des échanges
qui se font, je dirais, derrière le
trône. C'est une façon de parler. Nous avons des gens qui travaillent avec
nous, on s'entend sur qui seront les porte-parole,
dans quel ordre, pour que le déroulement des travaux s'organise convenablement.
Je veux bien qu'on puisse peut-être porter plus d'attention même sur ce
processus-là à l'avenir.
Simplement
pour vous dire, M. le Président, pour faire un portrait, et ensuite on pourra
continuer les débats, juste le
portrait de ce qui se passe : Aujourd'hui, à 13 heures moins deux
minutes, j'étais debout pour profiter de mes deux minutes que je voulais aborder sur le sujet. Dans un débat
de deux heures, les minutes comptent, on le voit bien avec ce qui s'est passé. La présidence a suspendu l'Assemblée avant
de me demander si je voulais profiter des deux minutes, elle a quitté le trône. Ça, c'était juste avant. Quand ça
revient... Alors, imaginez, dans la même journée, là, je suis debout, mais on
ne me reconnaît pas puis on lève la séance,
dès qu'on reprend la séance, on prend notre temps puis on l'envoie de l'autre
côté. C'est ça qui s'est passé.
Alors,
quand je vous demande de la jurisprudence écrite, solide, c'est pour vous dire
que nous, on est capables de se
parler puis on est capables de s'entendre. Si la présidence peut nous aider, ça
va bien aller, mais je tiens à vous dire qu'aujourd'hui, comme leader du gouvernement, disons que la présidence
ne nous a pas facilité la tâche. Je ne vous vise pas vous, M. le Président, je vise l'ensemble de l'oeuvre de la
présidence. Je la vise parce que je ne pense pas qu'elle nous a beaucoup
aidés en ce moment. Mon message me semble assez clair, j'espère qu'il est bien
entendu. Merci.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Alors, effectivement, M. le leader du gouvernement, votre message, il est bien
entendu, la présidence prend bonne note de
votre intervention. Je pense qu'à l'avenir nous aurons des propos un peu plus
clairs avant de répartir le temps de parole
pour qu'il n'y ait aucune ambiguïté possible. Mais je vous rappelle que, quand
même, j'ai regardé du côté de la formation politique ministérielle, personne ne
s'est levé. Et j'avais fait le rappel qu'il
y avait 11 min 59 s. Et la règle de l'article 33 est
toujours là, je dois me gouverner en fonction de l'article 33. Mais,
ceci étant dit, M. le leader, nous prenons bonne note de votre intervention
très sage.
Alors,
M. le député de Borduas, je vous cède la parole.
• (15 h
30) •
M. Jolin-Barrette : Merci,
M. le Président. Je n'aurais pas
pensé que mon intervention aurait suscité autant de passions dans le cadre des échanges entre les
différents leaders. Vous savez, M. le
Président, c'est toujours
un privilège de s'adresser en cette
Chambre, donc, lorsqu'on a la possibilité de le faire, bien, vous savez, j'ai toujours
intérêt à me lever promptement et à réclamer le droit de parole qui
revient aux députés du deuxième groupe d'opposition.
Et
donc, M. le Président, pourquoi je voulais intervenir? En fait, c'est
pour intervenir sur la motion de scission qui a été présentée par le député de Lévis et sur laquelle la
présidence a rendu une décision sur la recevabilité de cette motion de scission là, puisque le projet de loi qui est présenté par le ministre
de la Santé et des Services sociaux,
député de La Pinière, contient deux principes, deux principes, et
les principes ont été édictés dans le projet de loi.
Manifestement, on constate, à l'intérieur du projet de loi qui s'intitule Loi édictant
la Loi favorisant l'accès aux services
de médecine de famille et de médecine spécialisée et modifiant diverses
dispositions législatives en matière de procréation assistée, on
constate qu'il y a un volet de la loi qui s'attarde principalement à la rémunération
du corps médical, à la rémunération des médecins, donc, de façon à ce que ceux-ci... à ce que la rémunération des médecins soit modifiée en
fonction d'une prise en charge d'un certain nombre de patients, et, d'un autre
côté, le second principe qui est invoqué
dans le cadre du projet de loi déposé par le député de La Pinière est celui qui concerne la procréation assistée, la fécondation
in vitro, et l'insémination artificielle.
Donc, vous avez pu
constater, M. le Président, qu'il s'agit véritablement d'un projet qui contient
plusieurs principes, donc il y a
plusieurs articles. Et ce qui est intéressant de noter, M. le Président, à l'intérieur de ce projet
de loi là, c'est qu'on
modifie, on vient modifier plusieurs lois qui sont en vigueur.
La jurisprudence
reconnaît le fait, M. le Président, que ce n'est pas nécessairement parce qu'on
modifie plusieurs lois qui sont en vigueur
que, nécessairement, il y a plusieurs principes à l'intérieur. Il faut regarder
le contenu du projet de loi, et,
concrètement, c'est ce que la présidence a fait lorsque vous avez statué... en fait,
la présidence a statué sur le contenu du... bien, sur la recevabilité de
la motion.
M.
le Président, vous avez statué sur la recevabilité de la motion en fonction des
articles de notre règlement, et, vous savez, le règlement peut parfois
prêter à interprétation, tel que nous l'avons vu tout à l'heure. Il y a
différentes interprétations, mais, dans ce
cas-ci, votre décision a été claire, et j'en ai une copie entre les mains.
Donc, vous savez que la motion de
scission est régie par les articles 205 et suivants de notre règlement,
notamment au niveau de la question de la recevabilité — je
comprends, M. le Président, que vous m'indiquez qu'il me reste une seule
minute, j'en prends note, M. le Président.
Donc,
concrètement, ce qu'il faut dire, en lien avec la motion de scission et
pourquoi l'ensemble des parlementaires devrait
l'appuyer, la motion de scission du député de Lévis, c'est que le projet de loi
contient deux principaux... deux principes importants.
Le député de
La Pinière, auparavant, dans une vie antérieure, avait fait partie de
notre formation politique et, vous savez,
à cette époque-là, il défendait des intérêts... des idées qui avaient une
portée et une portée logique au niveau de la réforme du mode de rémunération des médecins. Vous
savez que, dans la vie, on chemine, M. le Président, pas toujours de façon la plus intéressante possible. C'est le
choix du député de La Pinière de se diriger vers un autre choix. Les chemins
se sont séparés. Par contre, je note quand même que l'intention du ministre est
de modifier la...
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, merci à vous, M.
le député de Borduas, pour cette intervention.
Il reste
7 min 45 s à l'opposition officielle, et je cède la parole à M.
le député de Jonquière.
M. Sylvain Gaudreault
M.
Gaudreault : Oui, merci beaucoup, M. le Président. Ça me fait
plaisir de parler sur cette motion de scission aujourd'hui concernant le
projet de loi n° 20, la Loi édictant la Loi favorisant l'accès aux
services de médecine de famille et de
médecine spécialisée et modifiant diverses dispositions législatives en matière
de procréation assistée. Je prends la
peine de dire le titre, M. le Président, parce que, juste dans le titre, ça va
nous permettre d'élaborer un peu plus sur
la question de cette motion de scission. Le titre, en soi, est évocateur et il
permet de bien comprendre où on en est.
D'abord,
je voudrais dire... je dirais peut-être une introduction ou un commentaire
préalable à mon intervention : J'espère
que ce n'est pas une nouvelle manie du gouvernement, au sens large — quand je dis «le gouvernement», M. le
Président, au sens, je dirais, historique du
terme — de faire
des lois incluant plusieurs sujets, plusieurs principes. J'espère qu'on n'est pas en train de vivre une harperisation
de ce gouvernement du Québec en incluant, dans plusieurs projets de loi,
plusieurs dossiers. Évidemment, on a le
meilleur exemple, qui est le projet de loi n° 28 que nous aurons,
semble-t-il, sous le bâillon lundi,
dans lequel il y a une panoplie de sujets, allant de la démocratie municipale
au développement des régions, aux
pharmaciens, à d'autres mesures budgétaires, dans un même projet de loi, ce
que, du côté du gouvernement fédéral, on appelle un projet de loi... en
tout cas, on a surnommé un projet de loi «mammouth».
Alors,
on s'aperçoit qu'après le projet de loi n° 28, du côté du gouvernement
actuel ici, au Québec, bien là, on fait face à un deuxième projet de loi, le
projet de loi n° 20, dans lequel il y a des sujets différents. Des sujets
différents, et c'est pour ça que je
disais le titre... je lisais le titre tout à l'heure, parce que ce titre, en
lui-même, démontre qu'il n'y a pas
qu'un seul principe dans ce projet de loi mais qu'il y en a plusieurs. Donc, M.
le Président, je pense que c'est bien important
de comprendre ça, et c'est bien important aussi de se saisir de ce phénomène
pour ne pas justement
qu'on se retrouve face à un gouvernement qui va multiplier ce genre de
mesure législative.
Quand on est dans un
omnibus dans le même domaine, c'est des choses courantes, surtout dans le
domaine municipal, là, on l'appelle souvent l'omnibus municipal,
alors là il y a beaucoup de dossiers dans le même projet de loi parce que
ça concerne tout le monde municipal, mais ça concerne les lois fiscales, ça concerne
des demandes qui ont été faites par
les unions municipales. Alors, dans le domaine municipal,
je pense que la tradition faisait en sorte... J'en ai
déposé, moi-même, comme ministre
des Affaires municipales. D'autres, de tous côtés confondus, ont déposé
des amendements dans
des projets de loi, des omnibus municipaux. Mais là, un omnibus en santé, honnêtement, je trouve, ça ne
marche pas, là.
En
soi, c'est un terme qui... «Omnibus» et «santé», là, c'est deux mots qui ne
vont pas ensemble. Il me semble, en tout
cas, M. le Président. Un omnibus en municipal, oui, mais un omnibus santé, moi,
j'avoue que je trouve ça assez particulier. Puis je sais qu'il y a des
députés ici qui ont de longues expériences parlementaires, je vois la députée d'Arthabaska, le député de La Peltrie,
évidemment le député de Brome-Missisquoi qui est là également depuis des années.
J'aimerais ça qu'il nous le dise s'il a vu ça souvent, lui, des omnibus dans sa
longue carrière de député...
Des voix :
...
M.
Gaudreault : En santé, des omnibus en santé, M. le Président,
on ne parle pas d'omnibus municipaux. On est en train d'ouvrir la porte, dans ce droit parlementaire, à des omnibus
en santé. Moi, ça m'inquiète, M. le Président, et je pense que c'est pour ça qu'on doit aussi
s'exprimer, aujourd'hui, là-dessus, qu'on doit s'opposer à un omnibus en santé,
on va l'appeler comme ça, et c'est pour ça qu'on doit également avoir cette
motion de scission.
Parce
que, M. le Président, dans le fond, qu'est-ce qui est le plus important ici?
Qu'est-ce qui est le plus important, c'est
le droit de parole des députés. C'est le droit de parole des députés. Moi, là,
je considère que notre plus grande richesse dans ce Parlement, dans notre démocratie parlementaire, c'est notre
liberté de parole puis notre droit de parole. Ça, c'est notre plus grande richesse. C'est ce qui fait de
nous des acteurs privilégiés de cette société, c'est ce qui nous distingue
de pays autocratiques, c'est notre liberté
de parole, puis le droit de parole tellement fort qu'il est protégé, M. le
Président, par l'immunité parlementaire. Alors, ça, c'est quelque chose.
Donc,
le principe fondamental de ce Parlement, c'est la liberté de parole de ses
membres, des députés. Ça, hein, vous
le savez, il y a des pays qui se battent pour ça encore. Alors, quand on arrive
avec un projet de loi omnibus, omnibus en
santé, donc le dossier le plus fondamental pour les citoyens, l'enjeu le plus
important parce que ça concerne la vie, donc un omnibus où on met plusieurs sujets différents dans le même
projet de loi, mais qui concernent la santé, qu'est-ce qu'on vient
affecter? La liberté de parole des députés.
• (15 h 40) •
Parce
que moi, je pourrais avoir le goût de m'exprimer, comme parlementaire, un
20 minutes sur l'accès aux soins de
santé et je pourrais avoir le goût de m'exprimer, comme parlementaire, un autre
20 minutes sur la fécondation in vitro. Donc, en mettant les deux dans le même dossier, les deux sujets dans le même projet
de loi, on vient affecter ma liberté
de parole comme député. Alors, ça, c'est un
déni de droit... de reconnaissance de cette liberté fondamentale et essentielle
chez les parlementaires qui est la liberté de parole, protégée par l'immunité
parlementaire.
Donc, M. le Président, c'est majeur, et c'est
pour ça, moi, je pense... Je ne suis même pas sur le fond. Je suis juste sur le fait que nous devrions reconnaître
cette scission, comme parlementaires, des trois côtés de la Chambre, je dirais,
donc le gouvernement,
la deuxième opposition et nous, de l'opposition officielle, ne
serait-ce que pour protéger notre droit de parole sur des dossiers aussi
fondamentaux que sont la fécondation in vitro et l'accès aux services de santé.
C'est deux dossiers majeurs. Et ça, c'est la
protection même de notre liberté de parole, de la liberté fondamentale, M. le Président. Et après ça on discutera
du fond.
Après ça, on
discutera du fond, après ça nous discuterons de l'accès aux soins de santé,
comment nous devons l'améliorer, la
bonifier. Après, nous discuterons, par ailleurs, de la fécondation in vitro,
comment la protéger, comment l'améliorer,
comment aider les jeunes familles qui, malheureusement... ou les jeunes parents plutôt, ou les jeunes
couples qui, malheureusement, ne peuvent pas avoir d'enfants, comment ils peuvent avoir, grâce à la
fécondation in vitro, un soutien, ce sera un autre sujet.
Mais je ne
suis même pas là-dessus. Je ne suis que sur cette capacité que nous
avons, comme parlementaires, de parler en toute liberté sur des sujets
aussi importants pour la société.
Alors, M. le Président, je demande aux parlementaires ici, en cette salle, de ne pas donner
droit à une tendance d'harperisation de ce gouvernement à travers des projets
de loi et de ne pas également donner droit à cette tendance d'omnibus dans le
secteur de la santé, qui ouvrirait la porte à d'autres. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Alors, merci à vous, M. le député de Jonquière, pour cette intervention.
Cela met fin au débat restreint de deux heures
sur la motion de scission présentée par M. le député de Lévis.
Mise aux voix
Je vais maintenant mettre aux voix la motion,
qui se lit comme suit :
«Qu'en vertu
de l'article 241 du règlement de l'Assemblée nationale, le projet de loi
n° 20, Loi édictant la Loi favorisant l'accès aux services de
médecins de famille et de médecine spécialisée et modifiant diverses
dispositions législatives en matière de procréation assistée, soit scindé en
deux projets de loi :
«Un premier
intitulé Loi édictant la Loi favorisant l'accès aux services de médecine de
famille et de médecine spécialisée, comprenant l'article 1, et
l'article 24 à l'exception des paragraphes 3° et 4°;
«[Et] un second intitulé Loi modifiant diverses
dispositions législatives en matière de procréation assistée, comprenant les
articles 2 à 23, et l'article 24 à l'exception des
paragraphes 1° et 2°.»
Alors, cette motion est-elle adoptée? M. le
leader adjoint du gouvernement.
M.
Sklavounos : Je
demande un vote par appel nominal.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Qu'on appelle les députés.
• (15 h 43 — 15
h 59) •
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, je vais maintenant mettre aux voix la
motion, qui se lit comme suit :
«Qu'en vertu de l'article 241 du règlement de l'Assemblée nationale, le projet
de loi n° 20, Loi édictant la Loi favorisant l'accès aux
services de médecine de famille et de médecine spécialisée et modifiant
diverses dispositions législatives en matière de procréation assistée, soit
scindé en deux projets de loi :
«Un premier
intitulé Loi édictant la Loi favorisant l'accès aux services de médecine de
famille et de médecine spécialisée, comprenant l'article 1, et l'article 24
à l'exception des paragraphes 3° et 4°;
«Un second
intitulé Loi modifiant diverses dispositions législatives en matière de
procréation assistée, comprenant les articles 2 à 23, et
l'article 24 à l'exception des paragraphes 1° et 2°.»
Que les députés en faveur de cette motion
veuillent bien se lever.
• (16 heures) •
Le Secrétaire adjoint : M. Bonnardel (Granby),
M. Caire (La Peltrie), M. Martel (Nicolet-Bécancour), Mme Roy
(Montarville), Mme Samson (Iberville), M. Roberge (Chambly), M. Laframboise
(Blainville), M. Schneeberger (Drummond—Bois-Francs), Mme D'Amours
(Mirabel), Mme Lavallée (Repentigny), M. Jolin-Barrette (Borduas), M.
Surprenant (Groulx), Mme Soucy (Saint-Hyacinthe), M. Paradis (Lévis), M. Picard
(Chutes-de-la-Chaudière), Mme Roy (Arthabaska), M. Lemay (Masson).
M. Bédard (Chicoutimi), Mme Maltais (Taschereau), M. Marceau
(Rousseau), Mme Hivon (Joliette), M. Bérubé (Matane-Matapédia), Mme
Poirier (Hochelaga-Maisonneuve), Mme Léger (Pointe-aux-Trembles), Mme Lamarre (Taillon), M. LeBel (Rimouski), M. Lelièvre
(Gaspé), M. Gaudreault (Jonquière), M. Therrien (Sanguinet), M. Bergeron
(Verchères), M. Dufour (René-Lévesque), M. Lisée (Rosemont), M. Traversy
(Terrebonne), M. Rochon (Richelieu), M. Leclair (Beauharnois), M.
Villeneuve (Berthier), M. Turcotte (Saint-Jean), Mme Richard (Duplessis), M.
Roy (Bonaventure).
Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques).
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Que les députés contre cette motion veuillent
bien se lever.
Le Secrétaire
adjoint : M. Fournier (Saint-Laurent), Mme Thériault (Anjou—Louis-Riel),
M. Paradis (Brome-Missisquoi), M. Dutil (Beauce-Sud), M. Leitão
(Robert-Baldwin), M. Coiteux (Nelligan), M. Moreau (Châteauguay), Mme David (Outremont), M. Poëti (Marguerite-Bourgeoys),
M. D'Amour (Rivière-du-Loup—Témiscouata), M. Huot (Vanier-Les Rivières), M. Kelley
(Jacques-Cartier), Mme Vien (Bellechasse), M. Barrette (La Pinière), M. Blanchette (Rouyn-Noranda—Témiscamingue), M. Heurtel (Viau), M. Arcand
(Mont-Royal), Mme Charbonneau (Mille-Îles), Mme Weil (Notre-Dame-de-Grâce), Mme
Vallée (Gatineau), M. Billette (Huntingdon), M. Blais (Charlesbourg), Mme St-Pierre (Acadie), M. Reid (Orford), Mme
Boulet (Laviolette), Mme Vallières (Richmond), M. Morin (Côte-du-Sud), M. Bernier (Montmorency), Mme Charlebois
(Soulanges), Mme Ménard (Laporte), M. Sklavounos (Laurier-Dorion),
Mme Blais (Saint-Henri—Sainte-Anne),
Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger),
M. Carrière (Chapleau), M. Drolet (Jean-Lesage), M. Chevarie
(Îles-de-la-Madeleine), M. Matte (Portneuf), M. Simard (Dubuc), M. Tanguay (LaFontaine),
M. Bolduc (Mégantic), M. Iracà (Papineau), M. Ouimet (Fabre), M. Fortin
(Sherbrooke), M. Fortin (Pontiac), M.
Bourgeois (Abitibi-Est), M. Birnbaum (D'Arcy-McGee), M. Auger (Champlain), M.
Giguère (Saint-Maurice), M. Habel
(Sainte-Rose), M. Hardy (Saint-François), M. Merlini (La Prairie), Mme
Montpetit (Crémazie), Mme Nichols (Vaudreuil), M. Plante (Maskinongé),
M. Polo (Laval-des-Rapides), Mme Simard (Charlevoix—Côte-de-Beaupré), M. St-Denis
(Argenteuil).
Le Vice-Président (M. Ouimet) : Y a-t-il
des abstentions? Sinon, pour le résultat du vote, M. le secrétaire général.
Le
Secrétaire : Pour : 40
Contre : 57
Abstentions :
0
Poursuite du débat sur l'adoption du principe
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : La motion est donc rejetée, et
l'Assemblée poursuit le débat sur l'adoption du principe du projet de loi n° 20, Loi édictant la Loi favorisant
l'accès aux services de médecine de famille et de médecine spécialisée
et modifiant diverses dispositions législatives en matière de procréation
assistée.
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Alors, je demande aux députés de quitter en silence.
Alors, je cède la parole à M. le député de
Rosemont. M. le député de Rosemont, vous avez la parole.
M. Jean-François Lisée
M. Lisée : M. le Président,
vous savez, dans les questions aussi complexes que celles d'une réforme de la rémunération des médecins en particulier et donc
de l'amélioration de notre système de santé en général, la plupart des législateurs sont des généralistes, et puis on
aborde ce sujet-là avec une certaine humilité face aux gens qui connaissent
ça. Évidemment, chez nous, la députée de
Taillon, elle connaît ça, elle a passé sa vie, dans le milieu de la santé, du
côté des pharmacies, mais s'est
intéressée à l'ensemble du système de santé. Évidemment, le ministre de la
Santé, il connaît ça; il nous le dit aussi, qu'il connaît ça. Parfois,
il le dit un peu trop souvent, mais c'est vrai qu'il connaît ça.
Alors, on se
dit : Qui sommes-nous pour intervenir dans un dossier complexe où il y a
énormément de variables? On se dit : Bien, peut-être qu'il faut
s'appuyer sur des comparables, s'appuyer sur des comparables. Alors, je me suis
demandé : Pour contredire le ministre de la Santé, qui est un médecin radiologiste, qui a dirigé une organisation importante de médecins spécialistes, sur qui
pourrais-je m'appuyer?
Alors, quels
sont les critères? Bien, sur un médecin, certainement, sur un médecin ministre de la Santé ou ancien ministre de la
Santé, oui, un médecin ancien ministre de la Santé libéral. Ah! Bien là, je
pense que j'ai les éléments de
comparables sur lesquels m'appuyer pour discuter de l'approche du ministre.
Alors, j'en ai trouvé deux. Il y en a un qui a
été ministre de la Santé libéral récemment et qui est maintenant premier ministre. Et j'ai retrouvé un article qui date de 2011, où l'ancien ministre de la Santé dit... Qu'est-ce qu'il faut faire pour améliorer le système de santé? Bien, il dit : «Il faut revoir et réduire le rôle du ministère.»
Il a dit ça après avoir pris un
certain recul, après son départ de la politique, avant son retour. Il dit : Il faut
recentrer le rôle du ministère
et il faut, dit-il... «On aurait dû — il
prend du recul sur lui-même, sur son action — diminuer le poids du ministère,
[...]revoir et réduire le rôle du ministère. [...]pas l'affaiblir, mais
le recentrer sur ses missions véritables.» Bien, très bien.
Alors, moi,
comme ancien journaliste, comme législateur, j'aime retourner aux textes, voir les choses
dans leur contexte. Alors, je me suis
dit, je veux lire au complet le discours de l'ancien ministre de la Santé, maintenant premier
ministre. Et il avait fait ce discours devant les membres de l'Association québécoise
d'établissements de santé et de services
sociaux réunis en colloque, et donc
c'était à eux qu'il disait : Je veux décentraliser de votre côté. Alors,
je suis allé sur le site de l'association, de l'AQESSS, pour essayer de trouver le discours en entier, mais voici
ce que j'ai trouvé, M. le Président : «L'AQESSS a cessé ses activités le
31 mars 2015.» Pourquoi? Parce
que la loi précédente, proposée par
le ministre, a dissous cette association. Donc, non seulement ils n'ont pas eu la chance d'être les dépositaires de la décentralisation qu'avait souhaitée le ministre de la Santé précédent, mais ils n'ont tellement pas été décentralisés... ils ont tellement été centralisés qu'ils sont disparus. Bon, alors,
voilà ce qu'un ministre libéral de la Santé médecin avait dit
avant la proposition de réforme.
Qu'est-ce qu'un autre ancien ministre libéral de la Santé pourrait dire après le dépôt
de la réforme? Bien, j'en ai trouvé un qui a écrit dans un livre — et un
extrait publié le 26 février dernier — la chose suivante :
«Avec son style particulier, le ministre de la Santé [actuel] a présenté à
l'Assemblée nationale deux projets de loi pour lancer sa conception des changements nécessaires à notre système...» Je
le cite. Alors, son nom, je vous le donne, Claude Castonguay, le père de
l'assurance médicaments au Québec.
Alors, des propositions du
ministre actuel, il dit : «Au lieu de se servir des leçons découlant des
changements apportés avec succès à
l'extérieur, ses projets de loi s'inspirent — je n'invente rien, c'est écrit là, là, je
vous le jure, là, je pourrais
déposer, même, l'extrait tout à l'heure, si vous le voulez, M. le
Président — des
régimes de pays comme la Chine et
l'URSS. Ils procèdent d'une pensée autoritaire hiérarchique, une orientation
vouée à l'échec. Le ministre se donne tous
les pouvoirs et tout procède du haut de la pyramide vers le bas, où se situe le
pauvre patient.» Fin de la citation. Donc, le contraire de ce que
l'autre ministre de la Santé, maintenant premier ministre, avait proposé.
Et là
M. Castonguay continue : «On ne peut pourtant ignorer la faillite de
ces pays en matière de santé. En URSS, entre
la fin de la guerre et la chute du mur Berlin, l'espérance de vie a diminué,
alors qu'elle a augmenté de façon spectaculaire
dans les pays occidentaux. Le ministre [actuel] de la Santé ne réalise pas
qu'il est impossible de centraliser, dans ses mains, la gestion d'un
système aussi vaste et complexe que celui de la santé.»
Et je
continue à citer M. Castonguay parce que, si je disais ça, moi, député de
Rosemont généraliste, on dirait : Il
ne sait pas de quoi il parle. Puis Claude Castonguay, je pense qu'on peut
présumer qu'il sait de quoi il parle. Et il dit, il écrit : «Si ses projets de loi — projet de loi n° 10 adopté, projet de
loi n° 20, dont on parle aujourd'hui — sont adoptés, notre système de santé
va à la fois se politiser et s'enfermer dans une bureaucratie stérile.
«Ce qui ne peutqu'avoir pour effet de
déresponsabiliser et de démotiver ceux qui, à un titre ou à un autre,
travaillent dans des conditions déjà difficiles...»
• (16 h 10) •
Et il
conclut : «Étant donné l'opposition généralisée devant la teneur de ces
projets, il est impossible de comprendre
pourquoi le premier ministre n'intervient pas.» Premier ministre,
médecin, ancien ministre de la Santé.
«Lui qui a la chance unique de réformer notre système de santé et de passer à l'histoire va être associé à une autre étape de son
déclin.» Et ça se termine :
«Tout comme dans les pays totalitaires —dit M. Claude Castonguay, les Québécois — [...] vont obtenir les services
nécessaires de la part de médecins désengagés, par favoritisme et au moyen
d'expédients de toutes sortes.»
Moi, je
trouve qu'il est très dur. Il est très dur, l'ancien ministre libéral, médecin,
ministre de la Santé. Il est très dur.
Alors, je me suis dit : Est-ce que d'autres médecins tirent la même
conclusion? Bien, on les a entendus, ils sont venus nous parler, les médecins, pendant la commission
parlementaire. Bon, les médecins omnipraticiens sont venus, et je fais juste vous montrer les intertitres de leurs
mémoires. Un, L'encadrement totalitaire de la pratique médicale — donc, ils reprennent le terme de M. Castonguay. Ils ne disent pas «Chine» ou
«URSS», mais ils disent «totalitaire»; deux, L'arbitraire réglementaire et les pouvoirs du ministre; trois, La négation du droit à la négociation;
quatre, La coercition. Ils n'ont pas l'air de bonne humeur. Ils
n'ont pas l'air de bonne humeur. Bon, d'accord, ça, ce sont les omnipraticiens.
Le ministre
de la Santé était plus proche des spécialistes, alors on peut penser que les
spécialistes, eux, ont été beaucoup
plus ouverts à ses propositions. Alors, dans leur mémoire, bien non, ils disent
encore — je fais
juste les intertitres parce que le
temps va nous manquer : L'approche méprisante du projet de loi
n° 20. Je m'excuse d'utiliser ce terme, mais je dois à la vérité de dire ce qui est écrit.
Encore un intertitre : Les pouvoirs ministériels excessifs, Les
pouvoirs réglementaires abusifs. Ils n'ont pas l'air de bonne humeur, eux non
plus. Ah! mais on dira... Et puis le ministre bafoue les droits des médecins, et le ministre rejette la collaboration
des médecins. Bon, ils ne sont pas de bonne humeur. Ils sont tous d'accord
avec l'ancien ministre Claude Castonguay
qui, lui, a de la distance. On peut dire : Bien, eux, ils sont en négociation
avec le ministre, donc ils ne sont
pas contents, donc peut-être que c'est à prendre avec un grain de sel. Il faut
toujours prendre les choses avec un grain de sel.
Alors, on
s'est demandé ce que le Collège des médecins... Ah! là, on est dans la science!
On est dans un ordre professionnel
qui n'est pas en train de négocier des conditions de travail, des conditions de
rémunération, et qui, donc, a comme
mission de protéger l'exercice de la médecine et non pas la rémunération des
médecins ou ses conditions de travail.
Alors, je cite leur mémoire... En conclusion, je cite : «Le
dépôt des projets de loi nos 10,
20 et 28...» — celui
qui sera imposé par bâillon...
10 a été imposé par bâillon, 28 le sera par bâillon. Sur le 20, on a
encore un espoir, un espoir ténu mais un espoir. Or : «Le dépôt de ces
projets de loi — je cite
le Collège des médecins — annonce une réforme sans précédent du réseau public de
santé[...]. D'autres projets de loi sont annoncés implicitement ou
explicitement. L'absence d'accès à un plan
d'ensemble des objectifs poursuivis par cette réforme rend difficile
l'appréciation de ses effets. Chacune
des composantes étant présentée à la pièce, il faut se demander si le débat
public que mériterait une telle réforme aura vraiment lieu.»
Hein, le
Collège des médecins dit : C'est drôle, la façon dont se prend le
ministre; il ne veut pas nous montrer la
vision d'ensemble, alors on ne peut pas vraiment se prononcer, mais on peut se
prononcer sur une chose, et le Collège des
médecins dit : «...on peut déjà mesurer l'effet démobilisateur qui a
prévalu dans le réseau de la santé lors du dépôt du projet de loi n° 10. Le dépôt du projet de loi n° 20 a eu
un effet semblable dans la communauté médicale. Quant au projet de loi
n° 28, c'est dans la communauté des pharmaciens que l'effet démobilisateur
s'est fait ressentir.»
Alors là, je vous ai cité des gens qui étaient
fâchés parce qu'ils sont dans la négociation. Je vous ai cité Claude Castonguay, qui a un certain recul et qui
compare les réformes du ministre à la Chine et à l'URSS et qui dit que ça va dégrader les soins. Et là il y a le Collège
des médecins qui dit : Je ne peux pas me prononcer sur la réforme parce
qu'on la voit à la pièce. Je peux constater
cependant que, dans le réel, les pièces que nous avons déjà vues démobilisent
les médecins et les pharmaciens. Alors, c'est l'impact actuel.
Alors, on a
eu d'autres témoignages semblables. Les médecins de famille enseignants sont
venus nous dire — bilan
d'étape : «Le projet de loi
n° 20 — pas encore
en vigueur — a dès
maintenant plusieurs impacts qui nous font craindre le pire. Même si nos collègues...» Et ça, ils
parlent des omnipraticiens qui viennent enseigner pour passer leur science
à une nouvelle génération, à des nouvelles
cohortes de médecins. «Même si nos collègues font preuve de professionnalisme,
on sent malheureusement de la démotivation, du cynisme, du découragement, de la
démobilisation. Un nombre trop élevé d'entre eux a commencé à nous exprimer,
fort respectueusement, au cours des dernières semaines, des projets qui remettent en question
leur participation à l'enseignement.» Alors, démobiliser les médecins, les
pharmaciens et même ceux qui prodiguent de l'enseignement, ça, c'est le
résultat actuel.
Est-ce que ça
signifie qu'il n'y a pas de problème dans le système de santé et que le
ministre n'aurait rien dû faire? Évidemment
non. Évidemment qu'il y a des problèmes dans le système de santé, un problème
d'accès. Et est-ce qu'il y a un problème dans la façon dont les médecins
abordent le patient? Oui.
Moi, j'ai été frappé par le témoignage du
commissaire à la santé et aux services sociaux, qui nous a présenté quelques graphiques assez parlants en nous disant...
bon, par exemple, ce qu'on appelle l'accès adapté, c'est-à-dire le fait
qu'un patient puisse voir son médecin pas une fois par année, mais dans les
deux ou trois jours qui viennent, parce qu'il
y a un vrai problème, et que donc ça suppose que le médecin ouvre des plages
qui permettent de répondre à la demande lorsqu'elle se manifeste. Alors, il nous montre qu'au Québec seulement
55 % des médecins offrent cette option, alors que c'est 86 % en Ontario, 97 % au
Royaume-Uni. On est très en retard. Proportion des médecins de famille ayant
mis en place des mesures d'accès
lorsque la clinique est fermée — parce que la mauvaise nouvelle au sujet des
maladies, c'est que ça arrive même avant 9 heures le matin et après
5 heures le soir — alors,
au Québec, 29 % seulement; Ontario, 66 %; Royaume-Uni, 96 %. Bien là, il y a effectivement un problème
d'organisation, d'offre de soins. Proportion de personnes ayant eu de la
difficulté à accéder à des soins de routine au cours des 12 derniers
mois : un Québécois sur cinq, mais seulement 16 % dans le reste du
Canada, donc beaucoup moins. Proportion de médecins utilisant des dossiers
papier seulement, bien là, ça, ce n'est pas
de leur faute, le système informatique tarde à répondre à la demande des
médecins. Donc, juste sur la question de l'organisation des soins, bien
sûr qu'une réforme est nécessaire.
Alors, celle
que propose le ministre démobilise, fâche. Est-ce qu'il y en aurait d'autres?
Bien, il y en aurait d'autres. Et ce
qui est intéressant dans ce qu'on a entendu, c'est que la critique est faite au
sujet du fait que ce qui est proposé, c'est toujours médicocentré, tout est autour du médecin au lieu d'être autour
du patient. Alors, par exemple, des scientifiques qui ont regardé ce qui se passe ailleurs dans le
monde nous disent que, oui, c'est important que le médecin soit imputable,
mais c'est contre-productif de le rendre imputable, lui, plutôt que l'équipe de
soins. Et je vous lis ce que MM.
Contandriopoulos et compagnie nous ont écrit : «...quand le lien
d'imputabilité est établi entre un médecin et un groupe de patients, c'est-à-dire quand c'est un médecin qui est
responsable de ses patients et non pas une équipe, ceci constitue un incitatif négatif au travail
d'équipe.» C'est la proposition du ministre, que le médecin soit imputable.
«Cette approche limite la possibilité
de répartir les tâches en fonction des préférences, des compétences et des
disponibilités au sein d'une [même] équipe. De même, une telle approche
fait porter la responsabilité au seul médecin, alors que les modèles de prise en charge les plus performants en
première ligne sont largement interprofessionnels.» Et ils citent un certain nombre de cas. «Le pire système à cet
égard, écrit-il, est celui d'une imputabilité du médecin face à un groupe de
patients dans un système de paiement à
l'acte.» Bien, le pire système, c'est le nôtre, et c'est celui que le ministre
propose de généraliser.
• (16 h 20) •
Alors, ce que
les scientifiques nous disent, c'est que la meilleure méthode, c'est celle
d'aider les médecins à faire de
meilleurs choix, ne pas les entrer dans une logique d'inflation de soins, mais les rendre imputables collectivement
à la dispensation de soins à un
groupe de patients et à juger sur la qualité des résultats, et donc pas du
volume. Les scientifiques nous disent ça.
Qu'est-ce que les infirmières nous disent? Les infirmières sont bien placées pour
penser que ... Et là je les cite : «Il est temps pour le Québec
de changer son paradigme médicocentrique et de diminuer le monopole médical sur
les soins de santé de première ligne.
[...]La [fédération des infirmières] déplore que, depuis le dépôt du projet de loi n° 20, on assiste à des échanges entre le gouvernement
et divers intervenants du réseau de la santé», et où les impératifs sont toujours
concentrés sur le médecin, sa rémunération, son volume, son assiduité plutôt que d'être concentrés sur le patient
au coeur des préoccupations.
Voyons ce que
disent d'autres chercheurs qui sont venus nous parler, alors,
Mme Da Silva, M. Sicotte, M. Pineault, M. Lauzon, M. Blais, M. Réjean
Hébert, M. Leduc, Mme Ouimet, qui sont des Institut de recherche en santé publique de l'Université de Montréal, des sciences
infirmières, Département d'administration de la santé et médecine sociale.
Donc, un groupe interdisciplinaire est
venu nous dire... Et souvent le ministre cite Kaiser Permanente et la clinique
Mayo comme des modèles. Alors, il les
cite : «Des modèles, comme Kaiser [...] ou la clinique Mayo, qui
présentent des statistiques de moyennes
élevées de patients par médecin, ne visent pas à une accessibilité élevée au
niveau du médecin.» Parce que c'est ce
que le ministre veut, augmenter le nombre de patients vus par le médecin. Je
dis : Bien non, à Kaiser puis à Mayo, c'est : on augmente le nombre de patients vus par l'équipe
de soins, l'équipe de soins. Et je les cite : «Ces modèles visent plutôt
à minimiser le nombre de visites où les patients voient systématiquement un
médecin — [qui]
est la ressource la plus coûteuse — pour substituer par d'autres ressources
telles les infirmières cliniciennes ou les adjoints du médecin[...]. Leur
modèle clinique repose sur des équipes
composées de plusieurs catégories de professionnels, qui peuvent se substituer
à un médecin.» Et cette idée de l'imputabilité d'une équipe de soins est
complètement absente du projet de loi n° 20.
Alors là, on
a des infirmières, des chercheurs qui nous disent : Ce qui marche à
l'étranger, y compris les modèles cités
par le ministre, c'est précisément ceux qui favorisent l'imputabilité par
équipe. Alors ça, c'est ce qui se passe avec ce projet de loi qui démobilise, est à côté de la cible, enfonce le système
québécois dans un modèle qui ne fonctionne pas.
Dans la
minute qu'il nous reste, je vais vous dire, M. le Président, qu'est-ce qui se
passe pendant ce temps-là dans le
système de santé — liste
non exhaustive : 15 postes de coupés au CSSS Ahuntsic—Montréal-Nord; 17 postes au CSSS de la
Montagne; 80 postes d'infirmières et de professionnels abolis au CSSS
Haut-Richelieu—Rouville;
15 millions retranchés du budget du CHU
de Québec; 60 postes abolis au CSSS de Chicoutimi; 12 millions de
compressions au CSSS de Laval; deux
postes d'infirmières affectées aux dons d'organes au CSSS de Gatineau; coupes
de 30 % en Santé publique, suivis
d'accouchement, services réduits pour les nouveaux parents au CSSS de la
Vieille—Capitale;
coupes de 10 millions au CSSS Alphonse-Desjardins; coupes de 2 millions à l'Hôpital
Sacré-Coeur touchant notamment à la santé mentale; coupes au CSSS d'Ahuntsic. Et ce n'est pas fini. Ça, c'est
la réalité en ce moment pendant que le ministre démobilise. La réalité
de la première ligne, ce sont des coupures de soins. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député de
Rosemont pour cette intervention. Je suis prêt à céder la parole à un
prochain intervenant. Mme la députée de Saint-Hyacinthe, à vous la parole.
Mme Chantal Soucy
Mme Soucy :
Merci, M. le Président. Premièrement, il faut rappeler que le projet de loi
présenté devrait être deux projets de loi distincts : un projet de loi sur
la procréation assistée et un autre concernant l'accès aux services de médecine de famille et de médecine spécialiste.
Plusieurs intervenants qui sont venus déposer des mémoires dans le cadre
de la commission parlementaire sont d'avis
que le ministre doit scinder le projet de loi en deux. Par ailleurs, la
coalition a déposé une motion de
scission à cet effet mardi soir dernier, mais a été battue aujourd'hui même par
le gouvernement.
Nous
savons quels sont les problèmes liés au réseau de la santé, nous les
connaissons. Je me permets d'en citer quelques-uns :
l'accessibilité à la première ligne, l'inscription
à un médecin de famille, assurer au patient inscrit un accès aux services de première ligne dans un temps
raisonnable, accès aux consultations d'un spécialiste et accès dans un délai
raisonnable aux chirurgies — éviter
qu'elles soient annulées à la dernière minute et reportées, et ce, même plusieurs
fois dans certains cas — souvent
un délai de plusieurs semaines ou même plusieurs mois entre la visite du
patient chez un spécialiste et le jour que le médecin traitant reçoit la
note de consultation du spécialiste — et pourtant, 2015, avec les technologies disponibles, il est inacceptable que
le Québec ne soit pas capable de mettre en place un système
qui fonctionne — l'accès
aux plateaux techniques, particulièrement en Montérégie — malheureusement, certaines imageries ne sont pas
disponibles rapidement ou les plages sont limitées.
Il faut éviter les visites aux urgences pour les
conditions non urgentes. On le sait, que c'est l'une des principales causes
de l'engorgement de nos salles d'urgence au Québec. On connaît cette
problématique. Mais on est conscients également que les patients n'ont pas d'autre choix.
Prenons, comme par exemple, dans ma circonscription, quand qu'une citoyenne me raconte qu'elle est incapable de
consulter un médecin à la clinique sans rendez-vous pour un problème de santé banal pour son fils de deux ans. Elle me dit
que, pour consulter un médecin pour une otite ou une amygdalite, elle doit mobiliser toute sa famille. Chacun téléphone
à la main pour essayer d'obtenir la communication entre 8 h 30 et
9 heures, et souvent plus
qu'autrement sans succès, ou elle se fait répondre : Il n'y a plus de
place aujourd'hui, rappelez demain. Ça, c'est pour ceux qui ont un médecin de famille. Donc, il lui reste
quoi comme option? Aller à l'urgence. Donc, à la lumière de toutes les
problématiques que je viens d'énumérer, il est plus que temps d'agir.
Personne
ne peut être en désaccord avec l'objectif d'assurer l'accès aux services de
médecine de famille et de médecins spécialistes à tous les Québécois. À
la Coalition avenir Québec, nous sommes les premiers à suggérer des solutions concrètes pour soulager les Québécois
des maux qui affectent notre système de santé année après année, gouvernement après gouvernement. Pourtant, malgré
l'augmentation des dépenses dans le réseau
de la santé depuis les 10 dernières années, les Québécois
n'ont toujours pas accès à un médecin de famille au moment où
ils en ont de besoin. Savez-vous
combien de temps en moyenne les gens de Saint-Hyacinthe ont dû
attendre, en 2013‑2014, pour consulter un médecin à l'urgence Honoré-Mercier? 17 h 4 min. Ce
n'est pas rien, M. le Président. Savez-vous combien de patients se sont tannés d'attendre et sont partis avant
même d'avoir consulté un médecin à l'urgence? 3 653, donc environ
15 % des patients.
On
ne peut pas blâmer les urgentologues ou les infirmières de l'hôpital de Saint-Hyacinthe, non. Au contraire, ils travaillent sous pression dans une urgence
inadéquate — d'ailleurs
j'espère que l'aide du ministre arrivera sous peu dans ce dossier. Oui, c'est vrai que le temps d'attente est pire que la
moyenne provinciale, mais il faut se rappeler que le gouvernement, en
Montérégie, les oublie année après année depuis trop longtemps. Pourquoi je dis
ça? Parce que la Montérégie, elle est
sous-financée. Et ça, c'est un autre problème qu'on s'attend que le ministre
règle une fois pour toutes.
• (16 h 30) •
Je
viens d'énumérer quelques-uns des problèmes de notre système de santé, mais il
est important de rappeler que, depuis 2012, la coalition dénonce ces lacunes. Par contre,
la coalition est un parti qui propose des solutions également. Je vous dis «la coalition», mais je tiens également à vous rappeler que
le ministre de la Santé actuel, qui, en 2012, était un caquiste convaincu et qui connaissait également
ces solutions... Il faisait plus que les connaître, il les défendait avec
ardeur et conviction. Malheureusement pour le Québec, en 2012, le ministre avait les bonnes
idées, les bonnes solutions et le bon
parti, «but the president has left the building». Malheureusement pour le Québec, le ministre
de la Santé a perdu ses bonnes idées en même temps que ses élections. Mais
là il aurait le pouvoir de faire la différence, et j'espère qu'il sera réceptif
lors de nos propositions à l'étude détaillée
du projet de loi. Je dis qu'il a perdu ses bonnes idées, puisque
les solutions qu'il défendait et
prônait ne se trouvent pas dans le projet
de loi n° 20 par son gouvernement. Pourtant, la problématique est
la même aujourd'hui qu'elle l'était en 2012. Depuis 2012, nous
proposons des solutions qui répondraient aux besoins des citoyens sans
risques inutiles contenus dans le projet de loi n° 20 actuel présenté par
le gouvernement.
Permettez-moi,
M. le Président, de rappeler au ministre nos solutions. La première chose à
faire — et il le
sait très bien — est de revoir la rémunération des médecins.
Il faut la revoir pour qu'une partie importante de cette rémunération soit liée à l'atteinte d'un nombre minimal de
patients, ce qu'on appelle la prise en charge des patients. L'objectif contenu
dans le projet de loi du gouvernement n'est
pas remis en cause, mais les moyens mis en place pour y arriver sont
inquiétants. Dans un premier temps,
juste pour contrôler les activités des médecins, il va falloir qu'il déploie
des ressources humaines et financières
monstres. Imaginez, avec la mise en place des tables de pondération proposées,
combien de fonctionnaires devront être embauchés pour s'assurer que les
médecins remplissent bien leurs quotas versus la table de pondération.
Plusieurs
interrogations restent en suspens également. J'ai des interrogations sur la
capacité du ministère, de la RAMQ, de faire les modifications
nécessaires. Est-ce que le calcul des quotas va s'adapter rapidement également?
Comment prévoit-il de fonctionnaires de plus
pour faire la saisie des données? Est-ce qu'il y aura un formulaire spécifique
à remplir et aviser la régie ou le ministère
à toutes les fois qu'il va y avoir un patient qui va avoir... la condition
médicale va changer? Est-ce que le
système en place actuel à la RAMQ sera capable de suivre le rythme? J'en doute,
puisque, juste du côté informatique,
il va falloir des modifications importantes dans un délai rapide. La santé d'un
patient peut changer rapidement.
Donc, on peut s'imaginer que le médecin va devoir produire un formulaire pour
l'envoyer à la RAMQ afin que la
pondération s'applique pour ne pas qu'il soit pénalisé sur sa rémunération. On
le dit, l'objectif est excellent, mais les moyens que le ministre veut prendre ne tiennent pas la route. Dans un
an, la Régie de l'assurance maladie risque de devenir un tribunal administratif avec toutes les
contestations que les médecins pourront faire concernant leur rémunération
versus la table de pondération.
Parlons de la
rémunération des médecins maintenant. Le ministre a manqué sa négociation avec
la FMOQ, car il avait tout le pouvoir
de modifier la rémunération, mais il a échoué. On n'est pas les seuls à la
Coalition avenir Québec de le dire,
toutes les commissions sur la santé au Québec depuis les 40 dernières
années ont suggéré de modifier la rémunération des médecins — actuellement,
75 % de la rémunération des médecins est en fonction du volume d'actes
dans une journée, et seulement
4 % sur la prise en charge des patients — la commission Castonguay en 1970, la commission
Rochon en 1988, la commission Clair en 2000, le rapport du Commissaire
de la santé et du bien-être en 2009.
Il est
étonnant — et c'est
peu dire — que le
ministre de la Santé... Et je le cite : «Le système de facturation à
l'acte des médecins fonctionne très bien au Québec, pas question de le
changer», a-t-il dit à la radio le 19 janvier dernier. Plusieurs groupes, dont des administrateurs, des
médecins, réclament depuis des années ce changement fondamental. Mais que s'est-il passé pour assister à un changement
de cap si important de la part du ministre, puisqu'en 2012 il vantait cette
solution et il disait même qu'elle était inévitable?
Maintenant, parlons de l'abolition progressive
des actes médicaux particuliers, communément appelés AMP. L'abolition proposée par la coalition est de l'abolir progressivement afin de
permettre aux médecins de travailler
davantage en cabinet pour voir plus
de patients parce que c'est là que la plupart des patients devraient être vus,
et non pas à l'urgence. Abolir l'aspect obligatoire des AMP, ça ne veut
pas dire qu'il n'y aura plus d'omnipraticiens qui choisiront leurs consultations dans les centres hospitaliers. Ils
pourront choisir de pratiquer 100 % de leur temps... Et c'est correct, on
ne videra pas les urgences demain
matin. Il est possible d'abolir progressivement les actes médicaux particuliers
sans qu'il n'y ait de problème de
couverture dans les urgences, tout est une question de gros bon sens. Et jamais
la coalition n'a parlé d'abolir les AMP 100 % du jour au lendemain,
ce n'est pas blanc ou noir.
Mais le gouvernement refuse de les abolir. Je
dis le gouvernement, puisque j'ai de la difficulté à croire que le ministre de la Santé actuel, qui disait en 2012,
et je le cite : Il est temps d'enlever les menottes aux médecins en
abolissant les AMP... On le sait,
qu'il y a assez de médecins au Québec pour couvrir les urgences et augmenter la
prise en charge des patients, le nombre de médecins de famille n'est
pas, définitivement, le problème. Il faut voir le problème où est-ce qu'il y en
a, pas où est-ce qu'il n'y en a pas.
Parlons
maintenant de notre troisième solution, proposition : changer la Loi sur
l'assurance maladie pour permettre aux
omnipraticiens de déléguer certains de leurs actes à du personnel paramédical
sans perte de rémunération, éliminer la
notion du «lui-même» dans la Loi sur l'assurance maladie pour les médecins en
cabinet afin de faciliter l'embauche et
la coordination de personnel paramédical tout en demeurant rémunéré en partie
par le Régie de l'assurance maladie du Québec pour les services ou pour
la supervision que celui-ci rendrait. Je prends par exemple... Ça se fait dans
les cabinets de dentistes, chacun... C'est
l'un des éléments les plus importants pour renforcer la première ligne. Il est
temps d'arrêter la chasse gardée et
de vouloir conserver son carré de sable. Il est temps de cesser le
corporatisme, et les personnels dans
le milieu médical devraient travailler ensemble. Ce n'est pas parce que les
infirmières n'ont pas les compétences requises
pour le faire, c'est qu'elles ne peuvent pas le faire. Servons-nous de la
compétence des professionnels de la santé. Que ce soient les
infirmières, les médecins, les pharmaciens, chacun a sa place, chacun a sa
compétence.
Parlons maintenant
d'établir, de faciliter l'accès aux médecins spécialistes pour les cas que les
médecins traitants jugent urgents.
Les médecins de famille doivent pouvoir obtenir rapidement un rendez-vous pour
leurs patients si c'est requis.
Pourquoi? Simplement, le patient retourne à l'urgence une semaine plus tard
pour le même problème parce qu'il n'a
pas vu de spécialiste. Et non pas seulement il ne l'a pas vu, mais il n'a pas
encore été capable d'avoir un rendez-vous. Les médecins spécialistes
doivent se réserver des plages horaires pour traiter les patients référés par
les médecins de famille, ça fait partie de ce qu'on appelle «établir des
corridors de services prioritaires».
Également,
faire une entente avec les cliniques spécialisées affiliées au réseau public
pour certaines chirurgies ambulatoires.
La Coalition avenir Québec veut favoriser les ententes avec les cliniques
spécialisées affiliées au réseau public
pour certaines chirurgies ambulatoires. Cette façon permettrait de diminuer les
listes d'attente pour les chirurgies tout en offrant aux patients des
soins à la fine pointe de la technologie médicale.
• (16 h 40) •
Également, il faut développer à grande échelle
l'accès adapté afin qu'il devienne une norme. L'accès adapté constitue la méthode de travail la plus
prometteuse pour dégager les plages horaires dans l'agenda d'un médecin. Il
s'agit d'une méthode simple,
efficace. Le médecin se garde dans sa plage horaire un nombre d'heures x pour
des cas urgents afin de répondre de façon optimale aux besoins de
ses patients. Ce système permet aux patients de prendre un rendez-vous rapidement en fonction de
l'urgence de la situation. Le rendez-vous est donné dans la même journée ou dans les 48
heures suivant l'appel. Le principe
est simple, il ne coûte rien, rien de plus à l'État. Il s'agit d'une simple
organisation du travail, mais l'adoption à grande échelle de ce type de système
favoriserait l'accès aux soins de santé. Il s'agit de la développer,
cette pratique, à grande échelle et de mettre en place un système de prise de rendez-vous
qui place l'intérêt du patient en priorité. Si chaque médecin
de famille se gardait une plage horaire dans sa journée pour assurer à ses
patients qui n'avaient pas prévu d'être malade d'avoir un rendez-vous, cette
façon de faire désengorgerait nos urgences dans les hôpitaux.
Prioriser et harmoniser la finalisation du
déploiement du Dossier santé Québec à des dossiers médicaux électroniques. Le rapport dans l'informatisation
du système de santé explique en grande partie les lacunes de communication.
C'est une priorité incontournable pour laquelle il faut consentir des
investissements nécessaires. Investissements nécessaires
ne veut pas dire un trou sans fond. En espérant que le gouvernement aurait
appris des erreurs dans le passé en
informatique. Rappelons-nous des dépassements de coûts dans le projet des
dossiers de santé du Québec, le DSQ. Mais j'ai une crainte parce que le ministre a refusé la demande de mon
collègue député de La Peltrie de déposer un plan pour l'intégration des systèmes d'informatisation entre
les établissements dans le cadre du projet de loi n° 10. Pourquoi qu'on
demande de déposer un plan? Justement pour
éviter les dépassements de coûts et réussir l'intégration. Il faut toujours
bien savoir où est-ce qu'on s'en va avant de s'engager.
On sait que
les systèmes doivent être interopérationnels, mais on voudrait aussi savoir
quels sont les établissements qui
seront touchés. Qui le ministre va mettre en poste pour s'assurer de la
compétence et de l'indépendance nécessaire pour bien conseiller? Combien va-t-il coûter? Qui sera le responsable du
suivi des coûts s'ils pensent d'en mettre un? Ça serait bien, pour une
fois, qu'il y ait un responsable, un imputable.
Il serait
intéressant également de nous présenter un calendrier du déploiement de
l'intégration. C'est ce genre de transparence que nous sommes en droit
de s'attendre du ministre de la Santé. C'est important parce que les systèmes d'information constituent un outil incontournable
pour permettre aux médecins et aux équipes soignantes d'être efficaces
et productives. Le statu quo, c'est inacceptable.
On salue
l'initiative du ministre de vouloir atteindre l'objectif de donner l'accès à
tous les Québécois à un médecin de famille, mais le problème, c'est la
méthode qu'il prend. Il fait fausse route. Il fait fausse route parce que les conséquences sont nombreuses et majeures. Les
effets risquent d'amplifier certains problèmes et d'en ajouter des nouveaux.
Il fait fausse route en imposant une réforme
majeure sans consulter les principaux acteurs. Au final, le projet de loi
n° 20 pourrait avoir des effets importants sur les coûts, la qualité,
l'efficacité. Mme la Présidente, je demande au ministre de la Santé de
reprendre ses bons réflexes, ses bonnes idées et les appliquer comme il
l'aurait fait en 2012.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Merci beaucoup, Mme la députée de Saint-Hyacinthe. Et, pour la poursuite du
débat, je vais maintenant reconnaître M. le député de Richelieu.
M. Sylvain Rochon
M. Rochon : Merci, Mme la Présidente. Alors, la substance du
projet de loi n° 20, elle n'est pas dans la loi, elle est dans les règlements, et il a fallu beaucoup
insister auprès du ministre pour qu'il dépose enfin un projet d'orientation
réglementaire. Il l'a fait. Il l'a fait
tard, très tard, quatre mois après le dépôt du projet de loi, alors que plus de
la moitié des groupes étaient déjà venus en consultations sans avoir vu
ces orientations. Ce n'est pas la situation idéale.
Sans doute, le
ministre savait-il, Mme la Présidente, que ces orientations, elles allaient
soulever des questionnements. Bien, il n'a pas eu tort parce que ce fut
le cas, notamment en ce qui concerne les quotas maximaux fixés par le ministre pour le nombre d'avortements
qu'un médecin peut réaliser par année. Au départ, c'était 504. Au fil de
la journée du 25 mars dernier, c'est
devenu 1 008. C'est de l'improvisation, Mme la Présidente, de
l'improvisation dans des dossiers où
il me semble qu'on n'a pas le droit d'improviser. C'est un sport qui plaît
visiblement beaucoup au ministre, mais qui déplaît souverainement à la
population.
Ce qui plaît aussi beaucoup au ministre — enfin,
c'est ce que j'observe, et je ne suis pas le seul à observer ça — c'est de travailler en solitaire. Il l'a
fait dans le cas du projet de loi n° 10. Le ministre a travaillé seul dans
le cas de ce projet de loi aussi.
Persuadé, sans doute, qu'il est de détenir la vérité, sans susciter la
collaboration des professionnels du
réseau, il a choisi de leur imposer une approche coercitive qui n'offre aucune
garantie aux patients que l'accès aux soins sera amélioré. Je répète,
qui n'offre aucune garantie aux patients que l'accès aux soins sera amélioré.
Et je note
par ailleurs dans le projet de loi n° 20 une disproportion évidente entre
ce qui est imposé aux médecins de
famille et ce qui est imposé aux spécialistes. Doit-on s'en surprendre, le
ministre est plus dur envers les médecins de famille, pour lesquels les changements demandés sont plus grands et
difficilement contrôlables? Ce qu'il faut savoir, c'est qu'actuellement les médecins de famille sont
responsables de 43 % de la charge hospitalière, c'est 20 % dans les
autres provinces. Le ministre, il
veut, avec son projet de loi, que les médecins prennent en charge plus de patients
en cabinet sans les voir diminuer
leurs activités en établissement parce que notre ministre, il est un
hospitalocentriste. Alors, il veut voir les médecins augmenter leur
productivité comme dans une shop, mais on n'est pas dans une shop.
Il y a une statistique importante : avec
12 % de plus de médecins de famille per capita que dans le reste du Canada, on a, au Québec, la plus grande proportion
de patients orphelins. C'est vrai qu'il faut s'arrêter à ça. Leur prise en charge, la prise en charge des patients
orphelins, elle passe, tout le monde le dit, par des équipes
interdisciplinaires larges, des
équipes bénéficiant de mécanismes de soutien et de coordination adéquats. Eh
bien, le projet de loi, il ne comporte aucune garantie d'offrir aux
Québécoises et aux Québécois plus d'heures-médecins aux bons moments,
c'est-à-dire les soirs et les fins de semaine.
• (16 h 50) •
Dans le
projet de loi que nous avons sous les yeux, le ministre se donne encore une
fois énormément de pouvoirs, notamment celui de déterminer dans
certaines circonstances de nouvelles conditions et modalités de rémunération applicables aux médecins. Le ministre, il fait
comme s'il n'y avait pas d'ententes signées avec les fédérations médicales — et il y en a — et puis il s'octroie les pleins pouvoirs,
comme il l'a fait dans le projet de loi n° 28 avec les pharmaciens
en coupant leur rémunération de 177 millions de dollars pour atteindre
l'équilibre budgétaire.
Solution du
ministre : des quotas. Des quotas qui vont avoir plusieurs effets pervers,
sur lesquels, évidemment, il est
muet, le principal effet pervers étant sûrement — il s'annonce — de déshumaniser
la relation patients-médecins et d'obliger
ces derniers, les médecins, à calculer constamment pour atteindre les fameux
quotas et le taux d'assiduité qu'on leur
exige. C'est compliqué, Mme la
Présidente. Chaque patient aura une
pondération allant de 0,8 à 25. Vous me suivez? 0,8 à 25. Quand le médecin va regarder un patient entrer dans son
bureau, il va devoir lui attribuer une valeur. Un patient en soins palliatifs vaut 25 patients. Vous
m'avez bien entendu, un patient en soins palliatifs vaut 25 patients.
Si le patient décède, le médecin, il
va vite essayer d'en trouver un autre ou encore il va essayer de trouver
32 patients normaux qui valent
0,8 chacun. Combien de jours, combien de semaines aura-t-il pour ce faire? Il
n'y a aucune garantie que ces quotas vont déboucher sur une prise en
charge de toute la population, ce n'est pas sérieux. Il n'y a aucune référence
à aucun modèle pour le calcul des quotas, établis de façon arbitraire.
Le ministre, d'ailleurs, a dû reculer pour les
médecins en soins palliatifs, exclure ceux qui y consacrent leur pratique. Ensuite, il a dû admettre que les
quotas, ils ne fonctionnaient pas non plus pour les avortements. Les médecins,
Mme la Présidente, ils ne feront que remplir une commande de
tâches, sans égard au nombre de Québécois qui demeureront sans médecin de
famille.
Alors que le
système de santé, il accuse un retard décrié de façon unanime, le ministre
demande à la Régie d'assurance
maladie du Québec de mettre de l'énergie pour suivre les quotas de médecins.
L'énergie que la régie va y consacrer, elle
ne va pas régler les autres problèmes comme le manque d'accès des médecins de
famille aux résultats de laboratoire et puis aux tests d'imagerie, pour
ne donner que ces deux exemples-là.
À l'occasion
de son audition dans le cadre de la commission
parlementaire portant sur le projet
de loi, l'Association québécoise des retraité-e-s des secteurs public et
parapublic a dit redouter que, malgré que l'objectif principal de la réforme en cours soit d'assurer une plus grande
accessibilité aux soins, la résistance et la persistance du conflit opposant
les médecins au gouvernement ait pour effet
de prendre les usagers québécois en otages au cours des prochaines années.
Dans son
mémoire, l'AQRP — vous
savez que je suis le porte-parole de mon parti pour les aînés — a
appelé à la fois les médecins et le
gouvernement à replacer prioritairement — et
elle a bien raison — le
bien-être et la dignité des patients
au coeur de leur réflexion sur l'avenir du système de soins québécois.
Et je cite l'association : «Le véritable accès aux soins, c'est de
pouvoir être en contact avec la bonne ressource au bon moment. En ce sens — et je
poursuis la citation — le
projet de loi n° 20 n'apporte pas d'éclairage et mérite d'être
bonifié.»
Je
poursuis : «L'enjeu prioritaire [devrait plutôt être] la création de
nouvelles portes d'entrée dans le système et l'amélioration de la
collaboration avec les professionnels sur le terrain. Pour cela, dit l'AQRP,
nous en appelons à l'ouverture et à
l'engagement concret des médecins à modifier et à améliorer leur façon de
faire. Nous demandons également au
ministre de faire preuve de sensibilité — j'appuie bien — quant aux possibles écueils de sa réforme
afin de faire les bons ajustements et
[puis] de rallier les intervenants du réseau, de même que la population
qui s'attend à des résultats probants.
«Les
personnes aînées, surtout celles en perte d'autonomie, ne veulent pas se
retrouver devant un nouveau mur", a souligné le président de
l'AQRP, Donald Tremblay.
«[...]L'AQRP
déplore que le débat entourant l'adoption du projet
de loi n° 20 ainsi que l'accessibilité à des soins soit presque uniquement accaparé par des
considérations techniques, salariales [...] financières. Afin de corriger ce déséquilibre et d'envoyer un signal fort aux
personnes aînées et retraitées, l'AQRP demande à ce que les enjeux suivants
en matière d'accès fassent dès maintenant
l'objet de discussions plus élaborées entre les différents groupes
parlementaires et [...] davantage de précisions de la part du ministre
de la Santé et des Services sociaux.»
Alors, voici
les enjeux, Mme la Présidente : L'accroissement du rôle et des
responsabilités des professionnels du réseau
de la santé et des services sociaux dans l'amélioration, la fluidité et la
performance du système, de un; de deux, la réduction de la liste d'attente dans les ressources intermédiaires et
les centres d'hébergement et de soins de longue durée, communément appelés les CHSLD; troisièmement, la
hausse importante de certains tarifs concernant l'accès à des soins et à
des services de santé pour les personnes âgées de 65 ans et plus; un autre
enjeu, la tarification illégale des frais accessoires
en santé; enfin, l'avenir du Dossier santé Québec et des autres outils
informatisés dans le réseau de la santé et des services sociaux.
Alors, voilà, en substance, l'opinion de l'association
des retraités des secteurs public et parapublic.
Le principal
défaut du projet de loi, Mme la Présidente, c'est de confondre les normes de
pratique médicale avec les conditions
à respecter pour obtenir un soutien financier de l'État. Le projet de loi, il
rend, par exemple, carrément illégale la
fécondation in vitro après 42 ans, ce que pratiquement tous les
groupes ont dénoncé en commission. Le ministre s'est montré ouvert à
modifier cette disposition dans son projet. Seule ouverture démontrée à ce
jour.
Le projet de
loi limite, par ailleurs, l'accès aux activités de procréation assistée sans
égard aux normes qui seront établies
dans le guide de pratique à venir du Collège des médecins du Québec et il
suggère des balises qui empiètent sur les
droits fondamentaux des usagers. Dorénavant, les montants à débourser seront
très importants pour les parents. Qui va
avoir les moyens de verser plusieurs milliers de dollars pour combler les coûts
partiellement remboursés par le crédit d'impôt?
Qui? C'est un véritable obstacle à l'accès aux services. C'est une véritable
catastrophe. Et l'expression n'est pas
de moi. Ça, c'est de l'avis de l'Association des couples infertiles du Québec
et de la société québécoise de fertilité et d'andrologie. Le ministre détruit un joyau de la médecine au Québec.
Actuellement, 2,7 % des naissances au Québec sont imputables à la procréation assistée. Dans un
contexte de déficit démographique, il me semble, moi, que ce n'est pas une
donnée négligeable, qu'on puisse négliger.
Avec le lancement du programme québécois de
procréation assistée en août 2010, les cibles établies par le gouvernement du Québec ont été atteintes :
diminution du taux de grossesses multiples issues de la fécondation
in vitro à un
taux inférieur à 10 %; augmentation du nombre annuel de naissances
provenant de la procréation assistée à plus de 1 400; accessibilité
à tous les couples infertiles aux traitements de procréation médicalement
assistée, incluant la fécondation
in vitro. Ces trois objectifs ont été atteints rapidement, même dépassés.
Les derniers chiffres démontrent un taux provincial de grossesses
multiples de 6 % à 7 %, le plus faible du monde.
• (17 heures) •
Le
Québec, il se démarque par un leadership mondial quant à la pratique
sécuritaire et novatrice de la procréation assistée. Les mesures d'austérité du projet de loi n° 20, elles ne
vont pouvoir qu'avoir que des effets négatifs, des impacts négatifs sur l'incidence des grossesses multiples,
sur le taux de natalité, sans parler des conséquences psychologiques et sociales sur les couples infertiles qui se voient
amputer de leur droit de recevoir un traitement adéquat pour traiter leur
maladie, l'infertilité.
Alors,
ce que le projet de loi n° 20 ne contient pas, ce sont des mesures pour
favoriser l'interdisciplinarité et le recours
à d'autres professionnels en première ligne, ce sont des exigences quant aux
heures d'ouverture afin de garantir un accès des patients à leur
médecin les soirs et les fins de semaine, ce sont des investissements en prévention et puis en santé
publique pour prévenir et éviter les problèmes de santé avant qu'ils
n'apparaissent, c'est un réel virage vers les soins de santé, vers les soins à domicile de santé, ce
sont des mesures pour accélérer l'informatisation
du réseau de la santé.
S'étant déjà octroyé
des pouvoirs quasi absolus sur les établissements dans le projet de loi
n° 10, le ministre présente maintenant, sans étude sérieuse ni
consultation préalable qui supportent sa proposition, un projet de loi qui laisse entendre que lui seul détient la clé de
l'enjeu considérable qu'est l'accessibilité en première ligne. Il donne plutôt
l'impression de régler ses comptes avec les médecins sur la base de ses
préjugés. Le projet de loi n° 20, Mme la Présidente, il déshumanise la pratique de la médecine. Les
patients, ce sont des humains, pas des numéros. On ne traite pas un patient dépressif ou suicidaire comme on
traite un doigt fracturé. On ne gère pas les patients et le système de santé avec des colonnes de
chiffres.
Sur
les quotas, il y a déjà plusieurs exemples du caractère arbitraire des quotas
imposés par le ministre, et surtout de
leur non-applicabilité pour
l'avortement, pour les patients séropositifs, par exemple. Et ça, ce n'est
que la pointe de l'iceberg. Le ministre
se dirige vers une gestion des exceptions, des pondérations et des équivalences
qui vont monopoliser plusieurs ressources. Les autres systèmes de santé qui recourent à des quotas
n'utilisent jamais des quotas individuels, mais plutôt des quotas de groupe, et ils donnent des primes après et non
avant l'atteinte des cibles d'amélioration de la condition de santé des
patients. Ils incluent aussi une imputabilité populationnelle et non
individuelle.
Je
termine en citant le mémoire du Front commun des médecins de
Pierre-De Saurel, qui revient d'abord sur le projet de loi n° 10 : «La loi n° 10
constitue un plan de centralisation du pouvoir décisionnel et aura comme
conséquence une centralisation des
soins et services médicaux. Qui dit centralisation dit perte de notre pouvoir
local à décider des soins qui sont
importants pour la région de Sorel-Tracy, perte de bons emplois pour les gens
d'ici et est un prélude à l'exode des
soins et services hors de notre région. Ce mémoire se veut un avertissement en
ce sens. Sur le projet de loi n° 20, on ne doit pas se le cacher, c'est un projet sur des quotas de patients et la
rémunération des médecins de famille. La qualité des soins aux patients est loin de représenter l'essence de ce projet.
Nous demandons au ministre de retirer son projet de loi n° 20, dans
un premier temps.» C'est toujours le Front commun des médecins de Pierre-De
Saurel qui parle : «En deuxième lieu,
s'il désire effectivement une amélioration de l'accessibilité et de l'offre de
services en soins de première ligne,
nous lui demandons — et je
pense que c'est raisonnable — de consulter,
d'écouter et de tirer concertation avec les différents acteurs en place, médecins, pharmaciens, infirmières, administrateurs, chercheurs et autres
professionnels de la santé.» Je vous remercie, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup, M. le député
de Richelieu de votre intervention. Toujours dans le cadre du débat sur
l'adoption du principe du projet de loi n° 20, je vais maintenant céder la
parole à M. le député de Blainville.
M. Mario Laframboise
M.
Laframboise : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Il me fait plaisir de
prendre la parole au nom de la Coalition
avenir Québec aujourd'hui sur le projet de loi n° 20, loi qui favorise
l'accès aux services de médecine de famille et de médecine spécialisée
et modifiant diverses dispositions législatives en matière de procréation
assistée.
Je
lis le titre, Mme la Présidente, parce que vous avez, pour ceux qui ont suivi
de façon intensive les débats en cette
Chambre sur le projet de loi n° 20... ont vu que notre parti, par le
député de Lévis, a déposé une motion de scission sur ce projet de loi
là, tout simplement en disant qu'il fallait diviser.
Bon,
le principe de la scission a été accepté par la présidence, Mme la Présidente,
donc, ça a été accepté, évidemment, il y a eu un vote là-dessus et le
Parti libéral a décidé de voter contre.
Pourquoi
je veux m'attarder un peu sur le titre? Moi, j'ai fait 11 ans à Ottawa, et,
dans ce Parlement, il y avait cette
fâcheuse tendance de faire des bills, excusez le terme anglais, mais c'est des
projets de loi, là, c'était des bills omnibus, à Ottawa, donc, nous, on mentionnait que c'était des lois autobus, parce
que finalement on embarquait à peu près n'importe quoi là-dedans. Mais c'est cette fâcheuse tendance
que semble vouloir prendre le gouvernement libéral de copier ce qui se fait à Ottawa. Et je vous dirais que, s'il y
avait des choses à copier au gouvernement ou au Parlement à Ottawa, ce n'est
sûrement pas les fameux bills... lois
omnibus qui sont adoptées par... ou déposées par les gouvernements, puis de
plus en plus, en tout cas sous le
gouvernement conservateur, ça avait commencé sous les libéraux à Ottawa, ça
s'est continué sous les
Conservateurs, cette mauvaise façon d'essayer de tout passer dans des projets
de loi. Puis on le voit, là, parce qu'il
y en aura d'autres, projets de loi... le projet de loi n° 28, je crois,
mon leader adjoint, le député de La Peltrie, qui a fait un très bon
travail en passant, là, au cours des dernières journées là-dessus.
Donc,
et tout ça pour vous dire que cette façon de faire de la politique, d'inclure
dans un projet de loi plusieurs principes
pour essayer de noyer les uns et les autres... Parce que finalement, Mme la
Présidente, ce projet de loi là aurait dû
être divisé en deux. Moi, je pense que les Libéraux auraient dû s'ouvrir un peu
plus puis arrêter de copier ce qui se passe
à Ottawa, et d'accepter cette motion de scission, cette excellente motion de
scission qui avait été déposée par notre collègue de Lévis, et de voter ce projet de loi là de deux façons,
c'est-à-dire une première partie, qui est la loi favorisant l'accès au
services de médecine de famille, et la deuxième partie, qui était la loi en
matière de procréation assistée, Mme la Présidente.
Ça aurait
facilité, d'abord, pour les citoyens et les citoyennes qui nous écoutent, qui
sont à l'heure de souper ou presque,
Mme la Présidente, qui, je l'espère, ont beaucoup de plaisir à nous entendre
aujourd'hui débattre de ce projet de
loi n° 20... Parce qu'il va de l'avenir du système de santé au Québec, Mme
la Présidente, et ça, c'est inquiétant quand on commence des grandes discussions sur la santé, qui est le dossier
probablement le plus important avec l'éducation au Québec, avec des projets de loi pour lesquels on
essaie de tout mettre dedans pour empêcher qu'il y ait des débats éclairés
sur l'un ou l'autre des principes qui sont dans des projets de loi là.
Et c'est important, Mme la Présidente, parce que,
vous savez, le projet de loi n° 20... Puis je vais essayer de résumer un peu le projet de loi. D'abord,
les mesures pour les médecins de
famille, le ministre
veut déployer des mesures contraignantes pour obliger les médecins à une
certaine productivité dans le but de favoriser l'accès pour les patients. Un
omnipraticien devra assurer le suivi médical d'un nombre minimal de patients et
un nombre minimum d'heures d'activités médicales sous peine de réduction de sa rémunération.
Les modalités seront décidées par le gouvernement dans un règlement, mais déjà le ministre dit que les médecins de famille devront ainsi
suivre un minimum de 1 000
patients en plus de s'assurer leurs
12 heures en institutions, CHSLD, hôpitaux et autres. Outre ces exigences, leur
rémunération sera basée sur le taux d'assiduité de leurs patients.
Dans cette
première partie de mon exposé, je vais résumer le projet de loi. Puis ce n'est
pas parce que je le lis que je suis
nécessairement en accord, Mme la Présidente. Je veux que les gens qui nous
écoutent le comprennent bien. Les mesures
pour les médecins spécialistes : «...un médecin spécialiste doit recevoir
en consultation, ailleurs qu'au service d'urgence d'un établissement, un nombre minimal de patients [sous peine
d'une] réduction de sa rémunération...» Les mesures du projet de loi
n° 20 pouvant réduire la rémunération de médecins, le ministre veut lier
la rémunération des médecins avec un nouvel
indicateur, le taux assiduité. Ce taux correspondra au ratio entre le nombre de
visites d'un patient à son médecin de
famille par rapport au nombre total de consultations du dit patient au cours de
l'année. La rémunération des médecins diminuerait ainsi progressivement
à mesure que le taux d'assiduité baisserait.
• (17 h 10) •
Le taux de
pénalité ultime, soit 30 % du salaire, serait infligé lorsque le taux
d'assiduité tombait sous les 60 %. Cette loi donne au ministre le
pouvoir, d'ici le 31 mars 2020, de décréter dans certaines circonstances de
nouvelles conditions et modalités de
rémunération des médecins. Selon Le Devoir, les discussions avec
les fédérations médicales sur les
mesures pour améliorer l'accès pour les patients n'étaient qu'au stade
embryonnaire. Mais, depuis ce temps-là, je pense que ça a évolué, Mme la
Présidente.
Et,
évidemment, une autre mesure, la fin du programme public de procréation
assistée. Donc, le 1er avril 2015, le
projet de loi met fin au programme de fécondation in vitro couvert par la
RAMQ, mais l'insémination artificielle sera toujours couverte. Bref, la fécondation in vitro sera toujours
permise, mais ne sera plus remboursée. Des crédits d'impôt dégressifs seront toutefois instaurés pour
permettre aux parents d'assumer une partie du coût d'une fécondation
in vitro. De plus, elle sera
interdite aux femmes de moins de 18 ans et de plus de 42 ans. Donc, vous avez
compris, je vous lis les principes du projet de loi, mais je ne suis pas
nécessairement en accord, comme beaucoup de mes... comme tous mes collègues de
la Coalition avenir Québec.
Le projet de
loi prévoit aussi «que les activités de procréation assistée devront, dans
certains cas, être précédées d'une
évaluation psychosociale positive des personnes formant le projet parental».
Enfin, le projet de loi «hausse le montant des amendes déjà prévues par
cette loi». Le projet de loi fait suite à 12 recommandations du Commissaire à
la santé.
Donc, vous
avez compris que, Mme la Présidente, un tel projet de loi qui, déjà à sa
lecture, a certaines exigences très
restrictives, on parle de pénalités, on parle de mettre fin au programme de
procréation in vitro... Donc, il y a certaines mesures très
importantes qui sont dans ce projet de loi là. Et ne serait-ce que de mettre
dans un même projet de loi la procréation assistée avec évidemment le travail
des médecins, je pense que déjà là, c'est de faire un projet omnibus, d'essayer
de noyer le poisson, Mme la Présidente.
Évidemment,
le risque majeur et l'effet pervers possible du projet de loi n° 20... Les
risques et conséquences du projet de loi sont nombreux et majeurs. Les
effets pervers risquent d'amplifier certains problèmes et d'en ajouter de nouveaux. L'accès
aux soins pourrait être réduit. Le projet
de loi va se traduire par une
bureaucratie plus lourde et complexe, beaucoup de
ressources humaines et financières seront inutilement dépensées dans
le contrôle des activités des médecins, la pondération suggérée par le ministre
est inapplicable, ingérable et inéquitable.
Évidemment,
vous avez compris — je ne vous ai fait qu'un résumé, Mme la
Présidente, du projet de loi — qu'il y aura des quotas. Donc, ça existe en agriculture, Mme la Présidente, les
quotas. Et juste gérer les quotas, il y a toute une fédération, il y a tout un «board» qui ne gère que les quotas
en agriculture. Donc, inévitablement, on va implanter un système de quotas
dans le milieu médical, et il faudra le
gérer, parce qu'on parle de pénalités, on parle d'exigences, d'obligations de
résultats. Donc, inévitablement, on
va mettre en place, encore une fois, un palier de fonction publique pour
surveiller le travail des médecins.
Et ça, Mme la
Présidente, on se doit de s'inquiéter dès le départ, parce que l'objectif, en
tout cas, de la Coalition avenir
Québec, quand on s'est fait élire, nous, c'était de réduire la taille de
l'État, pas de grossir la taille de l'État. Donc, à quelque part... Et puis surtout ne pas grossir
l'administration, parce que, quand on parle de gérer des quotas, c'est de
l'administration, on
ne parle pas du service au patient, on parle de surveillance des médecins,
d'avoir une bureaucratie qui va
s'attarder uniquement à contrôler le travail des médecins. Donc, encore une
fois, Mme la Présidente, est-ce qu'on a besoin de ça?
Et le grand
questionnement, je pense que notre collègue, le député de Lévis, qui fait un
excellent travail à la Santé, je
pense que le ministre aurait beaucoup plus avantage à discuter avec notre
collègue de Lévis qui, inévitablement, met en application le programme de la Coalition avenir Québec, qu'endossait le
ministre de la Santé lorsqu'il était de ce côté-ci, pas de la Chambre, parce qu'il n'a pas eu cette
chance-là, hein? C'était probablement pour ça qu'il a décidé d'aller de l'autre côté. Bon, peut-être il y avait une façon
plus facile pour lui d'atteindre son objectif, ça, vous savez, c'est toujours
politique. Mais, nous, ici, c'est par
conviction qu'on est là, Mme la Présidente, il n'y a pas personne, je pense, au
Québec, qui peut dire que c'est facile de gagner ses élections pour la
Coalition avenir Québec. On travaille fort, on travaille dans l'intérêt des contribuables du Québec, on veut
protéger le revenu des familles, on fait attention à la classe moyenne, puis
c'est comme ça que, circonscription par
circonscription, la Coalition avenir Québec n'a jamais arrêté de monter et
n'arrêtera jamais de monter, Mme la
Présidente. Et c'est évidemment parce qu'on travaille très fort puis qu'on
travaillera toujours fort, Mme la Présidente, dans l'intérêt de la
classe moyenne et des familles du Québec.
Et,
là-dessus, la condition... puis là, je vous dirais, la condition médicale des
patients peut évoluer dans le temps, la pondération devra donc être
modifiée en temps réel dans le système informatique de la RAMQ. Comment est-ce possible? Parce que, là, on parle du système
d'informatique de la RAMQ, Mme la Présidente, mais moi, je vais vous dire...
parce que j'ai eu la chance... Bon, je suis
député de Blainville, l'hôpital qui nous dessert, c'est l'Hôpital de
Saint-Eustache, et on m'a fait l'honneur de visiter les installations de
l'Hôpital de Saint-Eustache. Je suis arrivé à l'urgence, comme probablement
vous avez toujours fait, et quelle a été ma surprise de voir des amoncellements
de boîtes de dossiers, Mme la Présidente. On
est en 2015, les hôpitaux amoncellent des dossiers parce que leur système
informatique n'est pas capable de
prendre... Tout simplement, ils ne sont pas capables d'entrer les données, le
système informatique n'est pas capable
de prendre les données. Donc, on est en 2015, dans une société du savoir, à ce
que je sache, on n'est pas capables d'avoir des systèmes informatiques,
Mme la Présidente, qui sont capables de prendre les dossiers. Donc, à
l'urgence, il y a à peu près l'espace de
trois bureaux, c'est des boîtes de documents. Dans un hôpital, Mme la
Présidente, moi, je trouve ça...
Et ça, ça me
rappelle que j'ai un de mes amis qui...
Je tairai le nom parce qu'il est juge
coordonnateur dans un des palais de
justice du Québec. Il me disait, avant que je sois élu, qu'il ne pouvait pas
fermer son ordinateur au bureau parce
que le système informatique ne le prenait pas. S'il fermait l'ordinateur, il
perdait ses dossiers. Donc, le plus grand problème dans sa vie, c'est de
s'assurer d'avoir une batterie de soutien au cas où il y aurait une panne
électrique, parce qu'il ne faut pas que
l'ordinateur ferme. Et là moi, je me disais : Voyons, ça ne se peut pas,
il me conte des blagues. C'est la
réalité. C'est la réalité dans le milieu de la justice, c'est la réalité dans
le milieu de la santé. Et là, aujourd'hui, on va venir nous dire que les
systèmes informatiques vont venir régler le problème. Je regrette.
Mon collègue
de La Peltrie — parce
que je le regarde — il s'est
battu pour des sommes très importantes qui ont été gaspillées dans les systèmes informatiques au Québec, puis on n'a
pas réglé le problème, en tout cas, pas à l'Hôpital de Saint-Eustache puis pas dans les palais de
justice, Mme la Présidente. Donc, ça veut dire qu'à quelque part le gouvernement, avant d'enclencher une vaste réforme
pour mettre au pas les médecins, devrait peut-être... en tout cas, débuter une vaste réforme pour mettre au pas son
système informatique, Mme la Présidente. Ça serait l'affaire la plus
importante, parce qu'on sauverait du temps et de l'espace.
Moi, je vous
le dis, là, je ne peux pas comprendre qu'on puisse prendre l'équivalent de
trois bureaux pour des dossiers
médicaux. Puis là ne va pas leur enlever, là. Le médecin coordonnateur à
l'urgence, là, ces dossiers-là, il en a besoin. Tu ne peux pas dire, demain matin : Je... Bien non, écoute,
il travaille là-dedans, là, lui, là, puis il faut qu'il aille voir les dossiers papier. Je veux dire, on en est
là, puis je... La commande va être très importante, surtout quand on rajoute
une couche d'administration, parce que
surveiller le ratio des médecins, de travail, et tout ça, on n'est pas sortis
du bois, là. Et ça, évidemment, Mme
la Présidente, on aura besoin d'un système informatique très performant, et
c'est ce qui a fait dire au député de
La Peltrie, lorsqu'il était... parce qu'il a eu des promotions, mon
collègue de La Peltrie, mais, lorsqu'il était à la santé, que la réforme ne se réalisera jamais parce que le
système informatique n'est pas à point. Donc, il faut commencer par là,
il faut être capable...
Moi, Mme la Présidente, je vous conte ça parce
que, personnellement, j'ai eu à vivre... bon, une question d'assurance, j'avais besoin de passer des tests
médicaux chez des cardiologues, et tout ça, et l'institution qui m'assurait
me demande mon rapport. Tu sais, ils me
disent : Bien, écoutez, là... tu as besoin... tu es allé chez le
cardiologue. Là, ils me donnent trois mois, tu sais, bon, pour que je
produise le rapport. C'était impossible. Là, j'avais beau aller chez mon médecin de famille, qui m'avait envoyé chez les
cardiologues — j'en ai
vu deux pour ça — ça a
pris six mois avant qu'ils aient le
document papier, parce que c'était impossible qu'ils puissent transférer par...
Écoutez, ça existe, les courriels, Internet,
je ne sais pas, quelque chose, tu sais, je veux dire? Bien, allô, la Terre?
Bon, tu sais, y a-tu moyen que vous pouviez envoyer ça, que j'envoie ça
à mon assurance pour qu'on puisse finalement...
Je veux dire,
ça allait bien pour moi, on m'a dit que j'avais les artères d'une jeune fille
de 20 ans, Mme la Présidente, donc je suis bien content de ça. Écoutez,
je dois les croire sur parole parce que, dans le fond, juste essayer d'avoir un
rendez-vous pour qu'ils me le confirment, là...
Non, mais, en tout cas, c'est vraiment compliqué, Mme la Présidente, ça fait
que... Non, mais la réalité, elle est là, puis ce n'est pas toujours drôle,
parce qu'on parle de la santé des gens.
• (17 h 20) •
Mais une des pierres angulaires du succès dans
le réseau de la santé, évidemment, ça sera la capacité de discussion entre les organisations. Puis ça, Mme
la Présidente, je vous fais... Tu sais, vous savez, il y a la réforme, il y a
plusieurs projets de loi. Il y a eu le
projet de loi n° 10, il y a d'autres... Bon, ce qu'on veut, là, on
comprend, là, le ministre veut être capable de... Bon, on a aboli les CSSS, on aboli les agences de santé, on a créé les
CISSS. Mais il faut que toutes les organisations se parlent, mais la réalité, c'est qu'elles ne sont pas capables de se
parler par Internet, c'est ça, le
problème, et par informatique. Ils se
parlent par téléphone, et ça, bien, évidemment, le téléphone, ça existait, là,
bon... Moi, je suis venu au monde, le
téléphone existait. Ma mère a connu... elle est encore en vie, je la salue, si
elle m'écoute, là, mais elle, elle a
connu... c'était plus dur d'avoir des téléphones dans le temps, puis que...
dans le rang, hein... quand il y en avait un qui parlait, tout le monde écoutait. Bien, c'était ça la réalité dans
le temps, là. Les jeunes... puis je vois le député de Borduas, trop jeune, là... mais ça existait, là.
Puis, vous savez, les gens qui nous écoutent qui ont 80 ans et plus, là, vous
savez, c'est... on dit que c'est eux qui...
la plus belle génération, parce qu'ils auront vu le plus d'évolution dans une
vie... c'est ceux qui ont aujourd'hui au-dessus de 80 ans, que je salue,
puis qui le méritent, mais ils auront vu la plus belle évolution de la société parce qu'ils ont connu le temps où il n'y avait
pas de téléphone ou celui où tout le monde écoutait dans le rang, tu sais, là, bon. Mais les hôpitaux,
là, la meilleure façon de se parler, c'est encore le téléphone. Je veux dire, à
quelque part, c'est correct, c'est un bel
appareil, c'est un bel outil, mais ce n'est pas trop efficace quand on veut
échanger surtout des données puis
surtout évidemment des dossiers médicaux, parce que c'est comme ça qu'on
pourrait être capables d'être plus efficaces pour être capables de
traiter les patients.
Donc, Mme la Présidente, c'est clair que la
Coalition avenir Québec avait de belles propositions à faire au ministre, qui, étrangement, lorsqu'il était à la
coalition, bien, appuyait ces propositions-là. Nous, contrairement à lui, on
n'a pas changé. Nous, les positions de la Coalition avenir Québec, je pense que...
du temps du député de La Peltrie, du temps maintenant du député de Lévis, nos convictions sont là, ce sont
toujours les mêmes. On veut être capables... puis je vais vous les donner, Mme la Présidente, parce
qu'elles sont importantes. D'abord, premièrement, on avait sept suggestions,
qu'on maintient toujours, au ministre. La première : Il faut «revoir la
rémunération des médecins afin qu'une partie importante [de la rémunération]
soit liée à l'atteinte d'un nombre minimal de patients pris en charge». «Toutes
les commissions de la santé du Québec depuis
40 ans ont suggéré de modifier ce système, qui paie 75 % de la
rémunération des médecins en fonction du volume d'actes dans une journée
et seulement 4 % pour la capitation, prise en charge de patients.» On ne
les décapite pas, là, on les prend en charge, c'est le contraire, là.
La commission Castonguay-Nepveu, la commission
Rochon, la commission Castonguay-Nepveu de 1970, la commission Rochon de 1988, la commission Clair de 2000... mais à voir
agir le ministre... peut arriver des fois oui, c'est ça. Donc, la commission Clair 2000, rapport de la
Commissaire à la santé et au bien-être de 2009. En 2012, évidemment, le ministre, lorsqu'il était candidat à la
coalition, était fortement d'accord avec cette proposition, il ne peut donc pas
critiquer cette approche aujourd'hui,
mais il le fait quand même. Bon, ça, il faut le faire, là, tu sais, puis une
fois qu'on a été... bah, il n'y a rien qui me surprend des libéraux, Mme
la Présidente, on peut changer, oui c'est comme ça. Et ça, plusieurs groupes,
chroniqueurs, administrateurs et médecins réclament depuis des années ce
changement fondamental.
Donc, ce qui
est dur à comprendre, c'est que le milieu, comme je le disais, les commissions
sur la santé qui ont eu lieu au Québec depuis les années 70 ont toutes réclamé
ça, puis qu'aujourd'hui...
Une voix : ...
M.
Laframboise : Vous me dites qu'il me reste une minute... ah! je
m'amusais, Mme la Présidente, donc là... Et évidemment était jointe à ça l'abolition... d'abolir progressivement
les actes médicaux particuliers, les fameuses AMP, l'obligation de passer du temps à l'hôpital, c'est...
on demande que ce soit aboli, mais progressivement. Et ça, évidemment, je pense que le député — et je terminerai là-dessus — de Lévis, qui fait un excellent travail comme
porte-parole à la santé, a été
clair : la solution, elle est là. On peut demander d'avoir plus de
patients à chacun des médecins, mais il faut réduire progressivement leur présence en hôpitaux, en
centres hospitaliers ou autres. Et ça, les médecins nous le disent. Et, encore
une fois, le ministre, qui, lorsqu'il était
à la Coalition avenir Québec, était d'accord avec cette position-là,
aujourd'hui, étrangement, parce qu'il est devenu libéral, a changé sa
position. Mais je vous dirais que ce n'est pas la meilleure décision qu'il a
prise dans sa vie, Mme la Présidente. Merci beaucoup.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup, M. le
député de Blainville.
Et je suis maintenant prête à céder
la parole à M. le député de Jonquière.
M. Sylvain Gaudreault
M.
Gaudreault : Oui. Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors,
j'ai le plaisir... je ne sais pas si on peut dire «le plaisir», mais, en
tout cas, j'ai la responsabilité, on va dire ça comme ça, c'est plus juste, de
parler sur le projet de loi n° 20, la Loi édictant la Loi favorisant
l'accès aux services de médecine de famille et de médecine spécialisée et
modifiant diverses dispositions législatives en matière de procréation
assistée.
Alors, Mme la
Présidente, on a eu l'occasion d'en
parler déjà un peu tout
à l'heure lors du débat sur la motion
de scission. Évidemment, nous aurions
préféré avoir plus de temps pour parler des deux sujets. Parce que,
selon nous, il y a effectivement deux sujets : il y a, d'un point de vue... d'un côté, l'accès aux services de médecin de famille; et, de
l'autre côté, bien, il y a
les dispositions sur la procréation
assistée. Mais, bon, qu'est-ce que vous voulez, le gouvernement a refusé
d'accepter la motion de scission. Alors,
maintenant, on va essayer de faire pour le mieux dans le temps qui nous est
imparti, considérant ce projet de loi, quand même, qui a un impact et
qui a une envergure très importante.
Nous sommes
ici essentiellement pour parler de l'accès aux services de médecins de famille.
C'est, je pense, ce qui devrait
normalement nous préoccuper uniquement, l'accès aux médecins de famille. C'est
un enjeu, vous le savez, qui date de
longtemps, qui interpelle tous les Québécois depuis plusieurs années. La seule
chose qui préoccupe, au fond, c'est l'accès. Vous savez comme moi qu'une fois
qu'on a accédé au système de santé, de façon très générale, de façon très, très générale, selon les enquêtes d'opinion,
les Québécois et les Québécoises sont très satisfaits des services qu'ils
ont, qu'ils reçoivent à l'intérieur du
système. Le problème est l'entrée dans la machine, le problème est l'accès.
Alors, ce projet de loi soi-disant vise à faire une priorité à l'accès,
hein? Le titre le dit, là, «favorisant l'accès». Alors, ça, c'est l'intention du ministre, de favoriser l'accès.
Vous me permettrez, Mme la Présidente, d'en douter, avec ce que nous avons devant
nous, de douter de cet accès soi-disant favorisé que le ministre souhaite via
son projet de loi n° 20 et que le gouvernement souhaite aussi évidemment.
Il y a
plusieurs raisons pour lesquelles nous devrions douter de l'efficacité de ce
projet de loi quant à l'accès aux soins
de santé. Il y a plusieurs raisons. Je pourrais insister longuement sur chacune
d'entre elles, je vais plutôt me concentrer sur quelques-unes. Et je ferai un point particulier, Mme la Présidente,
sur une réalité tout à fait particulière et unique au Québec qui est vécue dans mon comté, et qui
soulève beaucoup de questions avec ce projet de loi que nous avons devant
nous, le projet de loi n° 20. Mais j'y reviendrai tout à l'heure et je
vous en parlerai plus abondamment.
Mais l'essentiel de ce doute que j'ai et que nous avons
au fond concernant l'accès aux soins de santé prétendument amené par ce projet
de loi, c'est certainement sur une forme de... je ne sais pas trop comment le
dire, une forme de technocratisation, je
dirais, du système de santé, une forme de mécanique, une forme de calcul un peu
bête quant à la quantité de médecins,
comme... de patients, plutôt, que chaque médecin doit rencontrer, ou doit
recevoir, ou doit examiner. On fait affaire à des êtres humains, Mme la
Présidente. On ne fait pas affaire à des animaux, on ne fait pas affaire à une chaîne de montage qui relève du fordisme, on fait
affaire à des humains qui ont besoin de soins de santé. Alors, d'arriver
avec des quotas dans une loi, moi, au point
de départ, ça me questionne, ne serait-ce qu'à ce niveau, parce que, quand
on a besoin de soins de santé, on est certainement tout sauf un numéro. Et il ne faut certainement pas ancrer et
bétonner dans une loi le fait que
déjà, malheureusement, les patients se sentent déjà trop souvent des
numéros. Et là on viendrait le
bétonner à l'intérieur d'une loi avec une idée de quota alors que la santé est beaucoup
plus complexe que cela, parce qu'on
travaille avec des gens, on travaille avec des humains. Il y a des gens plus
âgés, il y en a plus jeunes. Il y a des gens qui sont en soins palliatifs, malheureusement. Il y a des jeunes enfants qui ne sont pas capables
d'exprimer leur mal. Donc, un
pédiatre doit prendre un peu plus de
temps pour essayer de comprendre quel est le problème ressenti par le bébé, par
exemple, ou par le poupon. Alors, on ne fait
pas affaire à des numéros, on ne fait pas affaire à des boîtes de conserve, là,
qu'on doit empaqueter mécaniquement dans une machine. On fait affaire à des
gens.
• (17 h 30) •
Et moi, au
fil du temps, notamment en participant avec des collègues députés ici, au Grand
Défi Pierre-Lavoie, j'ai certainement compris une chose en ce qui
concerne le système de santé, c'est qu'au lieu de se concentrer sur une vision un peu trop hospitaloclinique ou
hospitalocentriste il faut certainement miser davantage sur la prévention, sur
ce qu'on appelle, dans l'expression
maintenant consacrée, les saines habitudes de vie. Et malheureusement je
constate que, dans le projet de loi
n° 20, on ne fait pas encore de place à ça puis on ne tient pas compte
suffisamment justement de la complexité
de cette manière de travailler et sur laquelle des médecins auraient avantage à
s'impliquer davantage. Ça, c'est un
autre dossier, mais, si on avait voulu faire réellement du côté du gouvernement
un projet de loi avec une envergure moderne,
typique du XXIe siècle, de 2015, surtout avec le modèle québécois développé
ici, en particulier, avec tous les enjeux
de prévention et de saines habitudes de vie, je pense qu'on aurait pu avoir un
tout autre projet de loi extrêmement intéressant, qui aurait eu une
vision à plus long terme au lieu d'avoir une vision purement mécanique, je
dirais même purement mathématique, en fixant
des quotas pour chacun des patients, pour chacun des médecins, en fin de
compte, où chacun des patients devient un numéro.
Moi, je dois vous dire, j'ai eu des rencontres
dans mon comté, là, avec des médecins, entre autres en soins palliatifs, qui se questionnaient beaucoup,
beaucoup, beaucoup sur leur capacité, maintenant, à accompagner des patients
en fin de vie. Et, Mme la Présidente, c'est
un enjeu particulier où le médecin ne doit pas agir strictement sur le plan, je
dirais, clinique ou du soin, mais aussi sur
le plan, même, psychologique, sur le plan de la compréhension, sur le plan de
l'amitié, même, parfois que certains
médecins en soins palliatifs développent avec leurs patients. Alors, ça, on ne
fait pas ça en 15 minutes, comme
on ne fait pas ça non plus en 20 minutes. On ne le sait pas. Il y a
parfois des médecins en soins palliatifs
qui peuvent prendre une heure, deux heures avec un patient. Parfois, ça peut
prendre 15 minutes parce que la personne
est dans une situation, de toute façon, sous anesthésie ou quoi que ce soit.
Alors, moi, je n'aime pas cette idée au
point de départ, quand on travaille avec des humains, de quotas. Moi, ça, ça ne
me rentre pas dans la tête, puis j'ai de la misère à accepter qu'on puisse entrer cette notion-là dans une loi qui
concerne la santé. Alors, déjà là, moi, j'ai un gros, gros, gros
problème avec le projet de loi n° 20.
Mais c'est
particulièrement sur un cas jonquiérois sur lequel je veux intervenir, et je
vous en parle parce que je vois le
temps qui file de façon inéluctable, et je vous invite à regarder ça, Mme la
Présidente, de façon attentive, parce que
ça pourrait peut-être inspirer d'autres circonscriptions à travers le
Québec — je vois le
député de Lévis qui m'écoute — dans le secteur de la santé — je vois tous les collègues qui
m'écoutent — c'est le
projet de Jonquière-Médic. Alors,
Jonquière-Médic existe, Mme la Présidente, depuis 1982, c'est un organisme de
soins médicaux à Jonquière qui est
unique au Québec. Au besoin, l'équipe médicale qui travaille au sein de
Jonquière-Médic prend des arrangements avec divers intervenants, comme des médecins traitants, des pharmaciens, le
CLSC, pour favoriser le maintien de l'autonomie à domicile et éviter
l'occupation d'un lit au centre hospitalier ou évidemment, là, un organisme
médical à Jonquière.
En gros,
qu'est-ce que c'est, Jonquière-Médic? C'est, au fond, l'incarnation moderne de
l'image du médecin de campagne qui
s'en allait visiter les familles avec sa petite valise noire, là, faite un peu
en demi-rond, en demi-cercle — vous savez de quoi je parle, on en a vu dans les musées — qui se déplaçait, à travers les tempêtes,
dans les rangs pour aller rencontrer
les familles. Au-delà de l'image folklorique, bien on a été capables, à
Jonquière, grâce à une mobilisation du milieu, d'incarner ce service-là.
Et même les gens de Jonquière-Médic sont très heureux parce que, l'année
passée, ils ont fait
l'acquisition d'une deuxième voiture. Parce qu'il y a déjà une voiture en
service pour Jonquière-Médic. Là, ils ont fait l'acquisition d'une
deuxième voiture.
Je vais vous lire, selon leur site, là, la
description de leurs services : «Jonquière-Médic offre des
services de consultations médicales à la
population de Jonquière, qui s'élève à environ 64 000 résidents, et notre
équipe médicale effectue approximativement 10 000 consultations
annuellement.» Bon, si on prend cette année, là, ils estiment, cette année, en
faire 13 000, visites, pour l'année 2015, avec autour de 50 patients vus
chaque jour. Ça, c'est à Jonquière, 10 000 consultations à peu près par année.
«Il
est important de souligner que près de quarante-sept pour cent — 47% — de la clientèle de Jonquière-Médic n'a pas de médecin traitant. Par conséquent, les
services de consultations médicales offerts par Jonquière-Médic permettent
à la population du territoire de bénéficier
de soins médicaux de première ligne sur demande. Ces consultations médicales
sont offertes gratuitement et les patients n'ont pas à avoir de carte de membre
pour accéder à notre service. Un tel service — évidemment — permet de désengorger les urgences.»
Comment
ça fonctionne, Mme la Présidente? «L'équipe de Jonquière-Médic est composée de
10 médecins. Un comité
formé au sein du conseil d'administration a été créé afin de mettre l'emphase
sur le recrutement de médecins et de pouvoir
augmenter [les] heures de service pour combler la demande toujours en
progression. Les médecins rattachés à l'équipe
médicale exercent une médecine différente qu'en cabinet privé, ce qui semble un
bon point pour augmenter le recrutement
de médecins.» Les médecins aiment ça participer à Jonquière-Médic parce que
c'est différent de la pratique classique en cabinet ou en clinique
privée.
«Le
conseil d'administration est formé de dix — 10 — membres, dont [des] représentants du corps médical...»
Il y a des représentants des citoyens du territoire de Jonquière
et des représentants de clubs de
services à la population. Ils sont très près des clubs sociaux. Évidemment,
ça aide aussi pour le financement. Une coordonnatrice répond aux besoins administratifs
de la population, en plus de trois assistants médicaux.
La mission de
Jonquière-Médic, c'est de donner des services de médecine à domicile à
Jonquière. Il répond de plus aux
consultations médicales urgentes ou d'extrême urgence, comme le 9-1-1, lorsque
la situation l'exige. Le service de
Jonquière-Médic permet d'offrir à la population de bénéficier de médecine à
domicile de première ligne à Jonquière. Alors, l'image du médecin qui se déplaçait de rang en rang avec sa boîte,
là, avec sa petite valise, c'est ça, là. Mais évidemment c'est
modernisé, là. Alors, grâce aux nombreux bénévoles, aux généreux donateurs et
aux médecins, ce service poursuit sa mission, celle de donner des soins de
médecine à domicile, à domicile, j'insiste, en apportant un support aux services d'urgence publique de
Jonquière. Donc, je vous disais qu'aujourd'hui ça fait deux mois à peu près
qu'ils ont acheté un deuxième véhicule, il
roule trois jours par semaine, ça va leur permettre d'augmenter un peu plus les
visites pour l'année 2015, ils voient 50
patients par jour. Et, selon leurs statistiques, les trois quarts des patients
sont des personnes de plus de 65 ans
et des enfants en bas âge. C'est exactement ce que je vous disais tout à
l'heure. La médecine aujourd'hui est
compliquée. Bien, elle a toujours été compliquée. Mais la population est
vieillissante. Donc, les soins de santé
pour des personnes plus âgées, c'est plus complexe, évidemment, parce que
souvent ça peut être multiproblématique. Et évidemment les enfants en bas âge, bien ça peut être... Je ne suis
pas médecin, mais j'imagine que ça peut être plus difficile d'identifier parfois le diagnostic
précis quand un enfant pleure ou n'est pas capable d'exprimer réellement son
besoin.
Alors, vous
voyez, je viens de vous faire le portrait de Jonquière-Médic, qui est unique au
Québec. Ça me fait plaisir d'en
parler ici parce que... J'aurais aimé mieux en parler dans des circonstances
plus agréables, de souligner, dans une
déclaration de députés, je ne sais pas, moi, éventuellement, le 20e, le 30e ou
le... ça fait 33 ans, mais le 40e anniversaire ou le 35e dans quelques années. Mais là, au contraire, j'en parle parce
qu'ils se sentent menacés. Le fondateur, le Dr Roger Gagnon, qui vient juste de prendre sa retraite, le Dr
Roger Gagnon, que j'ai rencontré à mon bureau de comté, continue à croire
à Jonquière-Médic, mais il est un médecin de
longue date, de longue expérience, puis là ce qu'il voit arriver avec le projet
de loi n° 20, c'est une inquiétude par
rapport à l'avenir de ce service, de Jonquière-Médic. Pourquoi? Parce que,
selon nous et selon le Dr Gagnon, le
projet de loi, avec ses quotas, va favoriser la pratique médicale davantage
dans les cliniques privées et moins à
domicile. Forcément, à cause du système de quotas, à cause du système qui a été
établi par le ministre, un système de
pondération pour les personnes avec des besoins complexes, avec la façon de
calculer, les médecins vont préférer
voir des patients qui sont plus faciles à leur bureau plutôt que de se déplacer
avec une clientèle plus complexe, comme
celle que je viens de vous énoncer, soit des enfants en bas âge soit des personnes
âgées. Donc, le système, avec le
projet de loi n° 20, fera en sorte que c'est la pratique en clinique
privée qui va être soutenue, favorisée plutôt que les visites à
domicile.
• (17 h 40) •
Et c'est sûr que le ministre n'a pas prévu de
mesure dans le projet de loi pour Jonquière-Médic, parce que Jonquière-Médic, c'est unique. Je ne sais même pas
s'il connaît ce projet-là, le médecin, sinon... le médecin, oui, mais le ministre, à la fois médecin, sinon, s'il ne le
connaît pas, je l'invite à s'informer puis venir à visiter Jonquière-Médic
puis à venir saluer les bénévoles, puis les
travailleurs, puis les médecins de Jonquière-Médic, parce que le risque, c'est que le système de quotas
va défavoriser une pratique qui sort des sentiers battus, comme celle de
Jonquière-Médic.
Alors, vous comprenez qu'il y a beaucoup
d'inquiétude. Il y a beaucoup d'inquiétude où? Il y a beaucoup d'inquiétude bien sûr chez les médecins qui
sont à Jonquière-Médic, bien sûr dans l'équipe du conseil d'administration qui sont
des bénévoles, hein? Comme le ministre l'a fait avec le projet de loi n° 10, qui
est devenu une loi, il a mis dehors tous
les bénévoles de tous les conseils
d'administration des CSSS à travers
le Québec pour faire des CIUSSS ou des CISSS, bien
là il est en train, encore une fois, d'envoyer un message de découragement aux
bénévoles qui s'impliquent dans un C.A.
comme celui de Jonquière-Médic, plus aux médecins, en disant : Non, vous
autres, on ne vous considère pas, alors
qu'on a là un modèle unique. C'est là qu'on voit tout le problème
de faire du mur-à-mur dans une loi comme celle-là, où on ne laisse pas
de place à une pratique différente, à des modèles qui marchent. Puis ça marche tellement
que ça désengorge le système.
Ces patients qui sont rencontrés par Jonquière-Médic, là, 50 par jour, à peu près, 13 000 à peu près par année, bien ça fait en sorte que ces
patients ne sont pas des gens qui vont se retrouver à faire une liste... à
augmenter les listes d'attente à
l'hôpital de Jonquière, par exemple, ou à l'Hôpital de Chicoutimi, parce qu'ils
vont être rencontrés chez eux.
Présentement, on prend le téléphone, on veut avoir une visite de Jonquière-Médic, ils vont venir, tant que c'est
sur le territoire évidemment où l'organisme oeuvre, qui est le Grand Jonquière.
Donc, ce système qui
sera amené par la loi n° 20 va faire en sorte qu'on va défavoriser les
initiatives locales qui sont porteuses, les initiatives locales qui font la
différence parce qu'elles permettent de désengorger le système, Mme la Présidente. Et moi, je trouve ça très
inquiétant puis j'aimerais ça entendre le ministre là-dessus éventuellement
pour voir comment il peut penser faire une
adéquation, un équilibre entre le projet de loi n° 20, qui amène un
système mécanique de quotas, qui va
venir encourager indirectement la pratique en clinique, versus une pratique
locale, reconnue, expérimentée, dévouée, bénévole qui fait ses preuves.
Il y a même d'autres régions qui veulent copier le modèle de Jonquière-Médic parce que ça marche. Alors, Mme la Présidente, moi, je suis profondément inquiet, profondément inquiet de cette manière de faire. Puis évidemment
ça va me permettre de faire un lien avec un autre aspect critique du projet de loi, c'est la transparence. Si on
en savait un petit peu plus sur la manière de travailler qu'entend
employer le ministre de la Santé,
sur la mise en application concrète de son projet de loi, bien on aurait peut-être
des réponses à nos questions. Mais présentement, Mme la
Présidente, le ministre,
un, il se donne tous les pouvoirs ou à
peu près, encore une fois comme dans la loi n° 10,
mais, deuxièmement, il dit à
plusieurs reprises dans le projet de loi n° 20 : Ce sera fait par règlement,
ce sera appliqué par règlement,
des règlements futurs viendront. Bon. Bien là, imaginez pour
les bénévoles de Jonquière-Médic, pour
les médecins qui pratiquent à Jonquière-Médic, voir ça dans une loi, là :
les règlements s'appliqueront, les règlements
seront par... ce sera déterminé par règlement,
etc., bien, parfois, c'est... on peut bien se fier sur la parole d'un gouvernement ou d'un ministre, mais, quand
on n'a pas de réponse, ça part mal.
Alors
moi, je trouve que présentement c'est un monde d'inquiétude pour les bénévoles,
pour les médecins qui pratiquent à
Jonquière-Médic mais surtout, Mme la
Présidente, pour les patients de
Jonquière qui croient à ce système-là. Alors,
moi, je demande, je demande... évidemment, nous demandons d'être contre le projet de loi, mais, s'il s'avère que le gouvernement s'entête dans son obsession
de faire tout adopter en majorité avec sa majorité, bien je lui demande au moins de tenir compte de la réalité de
Jonquière-Médic, de trouver des réponses satisfaisantes pour maintenir une
initiative de ce type, unique, qui
fait des petits, qui fait des petits au sens où il y a d'autres modèles qui
veulent s'implanter de la même
manière au Québec. Évidemment, on se comprend, là, on vient du Saguenay, on
fait des petits, mais je parle du système, là.
Et
je demande donc au gouvernement de tenir compte de cela, je demande au ministre
de répondre sur la réalité particulière de Jonquière-Médic. Je
terminerais en disant que tous les collègues ici devraient aller s'inspirer de
ce modèle. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup, M. le député
de Jonquière. Et, pour la poursuite du débat, je vais reconnaître
maintenant M. le député de La Peltrie.
M. Éric Caire
M.
Caire : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, à mon tour
d'intervenir sur le principe de ce ou ces projets de loi, dépendamment
de quel point de vue on se place.
Mme
la Présidente, je concentrerai le début de mon intervention sur le volet qui
touche la procréation médicalement assistée. J'espère que j'aurai assez
de temps pour parler de l'autre volet, de l'accessibilité, mais, bon... Vous
savez, Mme la Présidente, pour savoir où on
s'en va — et ça, je
pense que les collègues auraient intérêt à appliquer cette maxime-là — pour
savoir où on s'en va, encore faut-il savoir d'où on vient.
Le
programme de procréation médicalement assistée a été adopté à l'époque où Yves
Bolduc était ministre de la Santé
suite au départ de l'actuel premier ministre, qui était alors ministre de la
Santé. Il faut bien savoir que le premier ministre s'était opposé, je dirais, farouchement à ce que la procréation
médicalement assistée soit remboursée. Mme la Présidente, il faut savoir pourquoi on insistait pour que ce soit le
cas. D'abord, il y avait une condition sine qua non, c'était de
reconnaître l'infertilité comme une condition médicale.
Il
faut bien comprendre, Mme la Présidente, que les couples qui souffrent
d'infertilité avaient plusieurs obstacles sur leur chemin dans leur projet
parental. Le premier obstacle, c'était celui, par exemple, de s'absenter du
travail et d'obtenir un congé de
maladie. Comment peut-on obtenir un congé de maladie quand notre condition
elle-même n'est pas reconnue, comme
tel? Donc, ça posait des problèmes, ca posait évidemment des problèmes à
recevoir un traitement. Tu n'es pas
malade, on ne te soigne pas, c'est le principe. Donc, de faire reconnaître
l'infertilité comme une condition médicale était un enjeu majeur. Et, je dirais, c'était une... c'est une avancée,
ça devrait l'être encore, une avancée majeure pour des gens qui ont effectivement des problèmes de santé
reproductrice. Et ça, Mme la Présidente, n'en déplaise au ministre de la
Santé, c'est au coeur de son projet de loi n° 20, c'est au coeur de son
projet de loi n° 20, parce que, si on accepte que l'infertilité est une condition médicale, si on accepte que ces gens-là
souffrent de problèmes de santé reproductrice, il est donc de notre devoir de couvrir cette maladie-là
et de lui offrir une alternative médicale, Mme la Présidente, parce que ne
pas le faire, c'est nous ramener à ce qui était avant. Qu'est-ce qui était
avant?
D'abord,
il faut bien comprendre que les couples qui avaient à payer pour les
traitements de PMA ou de FIV avaient tendance
à exiger du médecin traitant l'implantation de plusieurs embryons. On comprend
qu'on n'a pas les moyens de se payer plusieurs tentatives, ça doit
fonctionner et ça doit fonctionner maintenant.
L'implantation
de plusieurs embryons amenait le problème des grossesses
multiples. Les grossesses multiples amenaient
aussi le problème des accouchements prématurés. Le problème des accouchements
prématurés amenait des problèmes de santé pour les enfants nés prématurément. Il y avait donc un enjeu économique, il y avait un enjeu
social, clairement, mais il y avait aussi, devrais-je dire, un enjeu
économique.
Or, le
premier ministre, à l'époque où il était ministre de la Santé, avait eu l'idée
géniale de dire : Attaquons-nous au
problème économique et limitons le nombre d'embryons. De là a commencé... ou,
je dirais, ça a été le point de départ d'une
intense contestation et d'un débat social majeur. Mme la Présidente, nous en
sommes collectivement arrivés à la conclusion
que couvrir les traitements de fertilité, c'était un devoir. Pourquoi? D'abord,
parce que, si on admet... et, comme je
le disais au commencement de mon intervention, si on admet que c'est une
maladie, nous avons, au Québec, décidé de
nous donner un régime public, et ce régime public là devrait couvrir l'ensemble
des traitements médicalement requis.
• (17 h 50) •
Nous en
sommes arrivés à la conclusion que l'infertilité comme condition médicale
nécessitait donc un traitement, il était,
à partir de là, logique qu'on couvre ce traitement. Il était d'autant plus
logique de le couvrir, Mme la Présidente, qu'actuellement le système de santé va couvrir un traitement qui a
l'objet inverse. Donc, si vous êtes en parfaite santé reproductrice et que vous souhaitez devenir
infertile, on va vous payer tous les traitements; en bon français, mes
collègues masculins veulent faire
débrancher le Canal Famille, pas de problème, c'est couvert. Si jamais la vie
nous amène sur un autre chemin, on
veut le rebrancher : pas de problème, c'est couvert. La vasectomie est
couverte, qui vous rend infertile. Vous
êtes infertile de façon volontaire, vous voulez redevenir fertile :
vasovasectomie, pas de problème, c'est couvert. Si la nature vous a
rendu infertile, arrangez-vous.
Ça, c'était
le discours libéral de l'époque. Mieux que ça : le premier ministre, alors
ministre de la Santé, avait même affirmé qu'avoir des enfants, ce
n'était pas un droit. À partir de là, il n'y avait pas de nécessité de
rembourser ces traitements-là, ce n'est pas un droit, avoir des enfants. Non,
mais recevoir un traitement qui répond à notre condition médicale, ça, on a déterminé que oui, par exemple.
Alors, Mme la Présidente, on essayait de comprendre la logique libérale.
Comment se fait-il qu'on peut devenir infertile aux frais de l'État? Comment se
fait-il qu'on peut suite à ça redevenir fertile
toujours aux frais de l'État et comment se fait-il que, si la nature nous a
affligé cette maladie terrible, terrible pour plusieurs couples qui la vivent, et j'en reparlerai un peu plus tard, à
ce moment-là l'État n'a plus d'obligation? Il n'y a pas de logique.
Vous
admettrez avec moi, Mme la Présidente, que ça ne tient pas tellement la route. Ça ne tient d'autant pas la
route que la société québécoise est la
deuxième société la plus vieillissante au monde après le Japon. Ce
n'est d'autant pas logique que le ministre des Finances, le président
du Conseil du trésor et l'ensemble de
la députation ministérielle nous disent
que, les sacrifices qu'on doit s'imposer, on doit se les imposer en raison de
nos problèmes démographiques. C'est un
problème qui nous amène à faire des sacrifices énormes. Des enjeux majeurs sont
reliés à notre problème de déclin démographique, et, quand des gens
disent : Bien, nous autres, on va vous aider à le régler, le problème, on
va essayer d'avoir des enfants... non, arrangez-vous. Où est la logique? Où est
la logique?
Le ministre de la Santé, hier, disait : Bon, je peux comprendre — un peu paternaliste — je peux comprendre qu'il y a une incompréhension sur ce qu'est vraiment le
projet de loi, je peux comprendre que, quand on parle de procréation médicalement assistée, il y a de l'émotivité,
sous-entendant que ceux qui défendent ce programme-là le font nécessairement
par émotivité. Et, Mme la Présidente, je
vais vous faire un aveu, oui, il y a
une part d'émotivité. Je pense qu'avoir des émotions, ça nous rend plus humains. Puis, quand on adopte des législations, mettre un peu d'humanité là-dedans, ce n'est pas une mauvaise chose, parce
que, si on réagit tous comme des
androïdes, ça fait une société qui n'est pas à l'image de l'humain. Et
mon collègue de Lévis nous ramène très régulièrement à la dimension «humain»
que devrait prendre l'ensemble de nos
décisions, et dans ce cas-ci je pense que la dimension humaine a été totalement
évacuée, totalement évacuée.
Mais restons dans le rationnel, puisque cet
argument-là semble de temps en temps traverser l'autre bord de la frontière qui nous sépare du gros bon sens. Donc, un taux de fertilité à 1,8. Mme la Présidente, sensible comme je vous connais, vous vous dites : Bon, il faudrait
qu'on mette en place des mesures pour aider les gens, pour augmenter cette
réalité-là, parce que, pour maintenir notre
population, pas augmenter, là, maintenir la population, la pyramide des âges,
il faut atteindre un niveau de fertilité de 2, 2,1. Alors, il faut prendre des
mesures. Et là on dit, surtout du côté du gouvernement :
Le Québec, c'est le paradis des familles, on a plein de mesures pour aider les
familles. C'est parce que, si vous
aviez des mesures pour aider les familles à exister, ça ne serait pas bête non
plus. Puis celle-là, c'en est une et c'en est une bonne, c'en est une
qui a fait ses preuves. Alors, pourquoi l'abolir?
Mme la Présidente, on nous dit que c'est un projet
de loi qui vise à augmenter l'accessibilité. Ça, comme contorsion intellectuelle, c'est majeur, majeur, digne du Cirque du
Soleil... peut-être, d'ailleurs, ça les inspirera pour garder le siège social ici, mais, bon, majeur
parce que, dans un projet
de loi, on dit : Nous allons
cesser de rembourser la procréation médicalement
assistée, et l'impact escompté de cette mesure-là, c'est d'en augmenter l'accessibilité. Bref, on va arrêter de
payer, ça fait que le monde vont l'acheter plus. Mais c'est parce que,
si je vous ramène au début de mon intervention, la raison pour laquelle on a mis ça en place, c'est que les gens
n'étaient pas capables de se payer plusieurs tentatives. Ils demandaient une tentative à plusieurs embryons pour ne pas avoir à payer plusieurs
tentatives. Mais je vais aller plus loin que ça, Mme la Présidente. Non
seulement ne pouvaient-ils pas se
payer plusieurs tentatives souvent nécessaires au succès de l'entreprise, mais en plus ils n'avaient pas les moyens de se
payer tous les services qui allaient en périphérie. Et moi, j'ai rencontré des femmes qui ont subi, et
j'utilise ce mot-là à dessein, subi des traitements reliés à la PMA sans
anesthésie parce que ce n'était pas remboursé et parce qu'elles
n'avaient pas les moyens de payer l'ensemble du traitement.
Alors, quand
je dis, Mme la Présidente, qu'avoir un peu d'humanité, ça ne fait pas mal,
là, c'est à ça que je pense. Quand le
ministre de la Santé nous dit qu'on est émotifs, j'aimerais, le ministre de la Santé, j'aimerais qu'il aille voir ces femmes-là pour leur dire que subir un traitement sans anesthésie, c'est
être émotif. Puis j'aimerais qu'il soit capable de les regarder dans les yeux pour leur dire que c'est
une bonne décision et qu'on vient d'augmenter l'accessibilité en abolissant
le remboursement, la couverture. Mme la
Présidente, à sa face même, ça ne
tient pas la route. À sa face même, c'est une mauvaise décision. Et là
on nous dit : Ne nous emballons pas, il y aura un crédit d'impôt
dégressif. Wow! Wow!
Est-ce qu'on est en train de nous dire, Mme la
Présidente, qu'on va introduire un cheval de Troie dans les remboursements des traitements médicalement requis
au Québec? Est-ce qu'on est en train de faire un pas vers quelque chose
d'autre?
Une voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Oui, M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Sklavounos :
Oui. Mme la Présidente, j'invoque l'article 32 de notre règlement. Je regarde,
et il y a des députés qui ne sont pas assis à leur place. Alors, je
demande d'appliquer le règlement, s'il vous plaît.
Des voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Non. Écoutez. Je suis debout, là, mais vous pouvez vous asseoir.
Des voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Un instant!
Des voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Non. Écoutez, messieurs. Messieurs, je suis debout, je vais vous demander de vous asseoir. Et là on est à
1 min 30 s de la fin de l'intervention pour aujourd'hui. Alors,
je vais demander à M. le député de La Peltrie de terminer, puisque
nous allons ajourner dans un peu plus d'une minute.
M.
Caire :
...Mme la Présidente. Puis, je vais le dire à micro ouvert, si le leader
adjoint du gouvernement veut appliquer cette règle-là à la lettre, je le
ferai aussi, puis je ne suis pas sûr que ses collègues vont l'apprécier.
Ceci étant dit, Mme la Présidente...
Une voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Sklavounos :
J'ai l'impression qu'on vient d'assister à une tentative d'intimidation de la
part du député. Je lui demande...
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : O.K. Non. Là, un instant, là! On va
poursuivre le débat. Il vous reste encore 30 secondes. Nous allons
ajourner à la semaine prochaine.
M.
Caire : ...Mme la
Présidente. Avant cette intervention particulière, je disais, Mme la
Présidente : Est-ce qu'on est dans une
démarche pour tester quelque chose? Est-ce qu'on peut penser, par exemple, que
d'autres traitements seront retirés de la couverture de la RAMQ,
remplacés par un crédit d'impôt dégressif?
Et là je ne
veux pas prendre d'exemple, Mme la Présidente, parce que l'objectif de mon
intervention, c'est de faire comprendre aux députés ministériels à quel
point...
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, compte tenu de l'heure, M. le député... M. le député de La Peltrie, j'imagine, vous n'avez pas terminé votre
intervention?
Des voix : ...
Ajournement
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, compte tenu de l'heure, les travaux de l'Assemblée sont ajournés au mardi 21 avril, à 13 h 45. Bon
week-end à tous. Merci.
(Fin de la séance à 18 heures)