(Neuf
heures quarante-cinq minutes)
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, bon mercredi à tous. Vous pouvez prendre
place.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Et nous allons
débuter cette journée avec la rubrique des déclarations de députés, et, sans
plus tarder, je vais reconnaître M. le député de Saint-François.
Souligner la Semaine de l'action bénévole
M. Guy Hardy
M.
Hardy : Merci, Mme la Présidente. En cette Semaine de l'action bénévole,
j'aimerais remercier les milliers de bénévoles
à travers le comté de Saint-François et au Québec. Chaque jour, ces gens de coeur se mettent à
l'oeuvre pour une cause, une association ou encore une passion qui les
anime.
Au
Québec, le bénévolat représente plus de 300 millions d'heures
données par année, ce qui équivaut à près de 165 000 emplois à temps
plein. L'apport socioéconomique du bénévolat est indéniable et surtout
indispensable. Le partage, la
générosité et le don de soi sont des valeurs communes chères aux Québécois. Une
société qui reconnaît ses bénévoles est une société en santé.
Redonner
à sa communauté s'illustre de plusieurs manières : on peut penser aux
entraîneurs dans nos associations de
sports mineurs et à ces personnes dans les différents organismes
communautaires. La vie démocratique québécoise ne serait pas la même sans
l'apport des bénévoles. Merci à tous ces gens qui oeuvrent sans compter les
heures pour les idées auxquelles ils croient.
En
terminant, je vous invite à encourager l'action bénévole dans vos régions
respectives afin de continuer cette belle tradition. Merci, Mme la
Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci, M. le député de Sainte-Rose.
Et, pour la prochaine déclaration, je vais reconnaître M. le député de
Rousseau.
Féliciter la famille Crête, récipiendaire d'un
certificat honorifique lors de la cérémonie
Hommage aux grands bâtisseurs
M. Nicolas Marceau
M.
Marceau : Merci, Mme la Présidente. Je tiens à rendre hommage
et à féliciter la famille Crête, qui a récemment reçu un certificat honorifique marquant l'importance de son apport au
développement de l'industrie forestière au Québec lors de la cérémonie
Hommage aux grands bâtisseurs.
L'entreprise,
fondée en 1949 par M. Gérard Crête, était alors spécialisée dans le domaine du
sciage de résineux; c'est sous la direction de son fils Martin que
l'entreprise prit de l'expansion de façon importante. Aujourd'hui, la société Groupe Crête inc., dirigée par Sébastien,
fils de Martin, emploie plus de 170 personnes et oeuvre dans le domaine de la transformation du bois à valeur ajoutée.
Elle opère dans le respect du développement durable et depuis plusieurs
années en offrant ses produits certifiés FSC, preuve de bonne pratique de
gestion forestière.
La
famille Crête, heureuse de mettre en valeur cette ressource naturelle qu'est le
bois, a toujours investi dans son entreprise.
Encore l'an passé, elle a injecté 1,5 million de dollars dans son usine de
Chertsey, située dans ma circonscription, afin d'être à la fine pointe de la technologie. De plus, elle est fière
de contribuer à l'amélioration des conditions de travail de sa main-d'oeuvre en offrant des emplois
valorisants, bien rémunérés et sécuritaires. L'honneur qui a été décerné
à la famille Crête est amplement mérité. Félicitations à ces bâtisseurs du
Québec.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci, M. le député de Rousseau. Je
rappelle aux membres de cette Assemblée qu'une déclaration doit tenir
sur une minute, alors je demande votre collaboration.
Je vais maintenant
céder la parole à M. le député de Trois-Rivières pour sa déclaration du jour.
Souligner l'inauguration de la Zone entrepreneuriale
du cégep de Trois-Rivières
M. Jean-Denis Girard
M. Girard : Merci, Mme la
Présidente. Il me fait plaisir aujourd'hui de prendre la parole pour souligner
la récente inauguration de la Zone entrepreneuriale du cégep de Trois-Rivières.
Cette initiative novatrice vise à mettre en commun les connaissances des gens d'affaires et
celles des professionnels de l'éducation dans le but de favoriser la relève entrepreneuriale auprès de nos jeunes. On
ne répétera jamais assez, les entrepreneurs et les PME qu'ils dirigent sont les principaux employeurs au Québec, ils sont
au coeur du développement économique de nos régions. Développer l'intérêt et le sens des affaires de la jeune génération
contribue donc directement au développement d'un Québec plus prospère.
L'originalité
de la Zone entrepreneuriale du cégep de Trois-Rivières est de créer une
proximité et un maillage entre nos entrepreneurs actuels et ceux de
demain. Il s'agit d'un modèle inspirant de collaboration entre le milieu des affaires et celui de l'éducation. Cette initiative
permettra donc à nos jeunes d'avoir un contact direct avec nos entrepreneurs
et de développer très tôt leur sens des
affaires, leur goût du risque et, par-dessus tout, leur goût de la réussite.
Bon succès à la Zone entrepreneuriale du cégep de Trois-Rivières.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci, M. le député de Trois-Rivières. Mme la
députée d'Iberville, à votre tour de nous faire votre
déclaration.
Rendre hommage aux bénévoles du Québec et du
Centre d'action bénévole d'Iberville et de la région
Mme Claire Samson
Mme
Samson : Merci, Mme la Présidente. Ils soutiennent nos aînés, ils recueillent,
servent et distribuent de la nourriture,
ils assistent aux devoirs, ils prodiguent des conseils, qu'ils soient
financiers, juridiques ou autres, ils nettoient berges, lacs et forêts, ils encadrent les activités sportives, ils
brisent l'isolement de milliers de gens, ils collectent des fonds, ils offrent le transport aux personnes handicapées, ils éteignent les incendies et protègent nos
maisons, ils entretiennent et réparent les objets de notre quotidien.
Je
m'arrête ici, Mme la Présidente, car
je crois que nous aurons tous compris que, sans le travail des milliers de
bénévoles du Québec, celui-ci ne serait pas ce qu'il est aujourd'hui. Juste
dans mon comté, les bénévoles du Centre d'action
bénévole d'Iberville ont réalisé 27 000 heures de bénévolat l'an dernier.
Je n'ose pas avancer de chiffre sur le montant
que l'État devrait débourser pour obtenir tous ces services. Je tiens donc
aujourd'hui à leur témoigner de toute mon admiration et de toute la
gratitude de notre communauté. Merci, Mme la Présidente.
• (9 h 50) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci. Merci, Mme la députée
d'Iberville. Et, toujours à la rubrique des déclarations de députés, je
vais maintenant céder la parole à Mme la députée de Mille-Îles.
Souligner le 25e anniversaire de la Loi sur le curateur
public et le 70e anniversaire du Curateur public
Mme Francine Charbonneau
Mme
Charbonneau : Merci, Mme la Présidente. Aujourd'hui, Mme la
Présidente, nous célébrons le 25e anniversaire de Loi sur le curateur public, qui est entrée en vigueur le 15 avril
1990. Cette loi a amené plusieurs changements importants dans la
protection des personnes inaptes, dont l'arrivée du mandat en prévision de
l'inaptitude et l'introduction de l'évaluation psychosociale.
Je tiens aussi à
souligner que, cette année, le Curateur public célèbre ses 70 ans de création.
C'est en effet le 21 juillet 1945 que la loi
mettant en place une curatelle publique est entrée en vigueur et a nommé un
Curateur public. Cet organisme, dont
je suis ministre responsable, est un acteur essentiel dans la protection des
personnes inaptes, des personnes
parmi les plus vulnérables de notre société ainsi que dans le soutien et
l'accompagnement de leurs familles et leurs proches. Le Curateur public du Québec,
monsieur... ou, je devrais dire, Me Normand Jutras, est d'ailleurs avec nous
aujourd'hui.
J'en
profite donc pour saluer et le remercier, de même que les 620 employés de
l'organisation pour leur travail dans
la protection des personnes inaptes. Et je vous rappelle, Mme la Présidente,
que ce n'est pas lui qui a 70 ans, mais l'organisation.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci, Mme la députée, et, M. Jutras, bienvenue à l'Assemblée nationale.
Et,
pour la prochaine déclaration, je cède maintenant la parole à Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Appuyer l'organisme La Piaule de Val-d'Or inc., qui
offre des services de première ligne en région
Mme Manon Massé
Mme
Massé : Merci, Mme la Présidente. Je souhaite aujourd'hui mettre en lumière
la situation alarmante que vit l'organisme La Piaule dans la circonscription d'Abitibi-Est. En effet, depuis l'annonce du plan de lutte à l'itinérance, les tuiles ne cessent de tomber sur ce seul
organisme travaillant avec les populations en situation ou à risque d'itinérance dans cette
région.
Faute
de liquidités, La Piaule devra cesser, le 1er mai prochain, le service de repas
qu'elle assurait depuis 32 ans. 95
repas de moins pour les plus démunis de la région, c'est indécent. Ensuite, les
restrictions dans le programme AccèsLogis ont causé l'abandon de leur projet de 20 unités de logement pour les
plus vulnérables. De plus, le projet du centre de jour a dû cesser et
l'organisme n'a pu renouveler ni le poste d'intervenant de proximité, faute de
manque de ressources.
Je souhaite
donc prendre ce moment pour souligner leur excellent travail, reconnaître l'importance que jouent ces organismes
dans les différentes régions et espère que mes collègues en région feront le
travail nécessaire pour que cesse cette hémorragie qui
affecte les services de première ligne partout au Québec.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Merci beaucoup, Mme la députée. Et maintenant je me tourne vers le député de Huntingdon
pour sa déclaration du jour.
Rendre hommage à Mme
Micheline Lemay, directrice
générale et secrétaire-trésorière sortante
de la municipalité de Saint-Michel
M. Stéphane Billette
M.
Billette : Merci beaucoup, Mme la Présidente. J'aimerais profiter de cette tribune pour
souligner les 31 années de services de Mme Micheline Lemay, directrice
générale de la municipalité de Saint-Michel.
Mme Lemay a
apporté une contribution unique à la municipalité de Saint-Michel. Elle s'est
démarquée par son remarquable
dévouement envers les citoyens et citoyennes par son travail acharné et son
investissement soutenu à la vie municipale. Lorsque nous avions la
chance de côtoyer Mme Lemay, nous pouvions sentir à quel point elle aimait ses
citoyens et à quel point le bonheur était important pour elle.
Je tiens,
aujourd'hui, Mme Lemay, à vous féliciter pour l'ensemble de votre oeuvre. C'est
pour moi un honneur de compter sur
des gens comme vous dans ma circonscription. Mme Lemay, je vous souhaite une
excellente retraite bien méritée et
je vous souhaite de beaux moments et de bonheur avec vos proches et amis. Bonne
retraite et merci beaucoup.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Alors, merci beaucoup, M. le député de Huntingdon. Et, pour la prochaine
déclaration, je reconnais maintenant M. le député de Lévis.
Féliciter Aidants
scolaires : la communauté au service
de l'enseignement et Le Tremplin, lauréats du
prix Hommage bénévolat-Québec
M. François Paradis
M. Paradis
(Lévis) : Merci, Mme la
Présidente. Je salue et félicite chaleureusement deux organisations du comté
de Lévis qui ont reçu, mardi, le prix
Hommage bénévolat-Québec. Le mouvement les Aidants scolaires a pour mission
d'aider les écoles à structurer leur
bénévolat afin d'offrir à leur personnel deux bras de plus pour le bénéfice des
élèves. Initiative de Mme Lise
Allard, cette fondation se distingue du fait qu'elle vise à amasser du temps et
non de l'argent. On accumule donc des
petites demi-heures pour les enfants. Depuis sa création en 2007, la fondation
a réussi à accumuler 48 560
petites demi-heures pour accompagner de manière plus personnalisée certains
élèves. Chapeau à vous, Mme Allard, ainsi qu'à tous vos bénévoles.
Deuxième récipiendaire, Le Tremplin, un centre
pour personnes immigrantes et leurs familles. Le Tremplin oeuvre depuis huit ans à l'intégration des
personnes immigrantes, accueil, accompagnement, référence, atelier de
conversation, soutien dans les procédures administratives, et tout cela
avec le sourire, le plus chaleureux des sourires. Croyez-moi, Mme la Présidente, pour avoir rencontré les
familles qui ont décidé de faire du Québec, et particulièrement de Lévis, leur
nouveau chez-eux, les actions menées par les
bénévoles du Tremplin font toute la différence. Madame, monsieur, nous
sommes fiers de vous.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci. Merci, M. le député de
Lévis. Et, pour la prochaine déclaration, je reconnais maintenant M. le
député de Saint-Laurent.
Souligner la tenue du
marathon d'écriture du Centre
d'accueil et de référence sociale et économique
pour immigrants de St-Laurent
M. Jean-Marc Fournier
M.
Fournier : Merci, Mme la Présidente. Le CARI St-Laurent tenait,
en 2014, son troisième marathon d'écriture. Le CARI est un centre d'accueil et de référence sociale et économique
pour immigrants. Dans son travail de francisation, le CARI tient des ateliers d'écriture encadrés par
des auteurs québécois natifs et immigrants. Je tiens aujourd'hui à rendre
hommage à tous ces nouveaux arrivants qui
vivent le déracinement et investissent leur énergie à s'adapter et à s'intégrer
à notre société d'accueil. Je tiens aussi à saluer les collaborateurs, employés
et bénévoles du CARI.
Aujourd'hui, je profite de cette
déclaration pour déposer officiellement le recueil de textes du marathon
d'écriture 2014, en espérant qu'il
pourra être consulté par tous mes collègues. Comme une bouteille à la mer, nos
nouveaux concitoyens nous écrivent
leurs espoirs et leurs difficultés. Dans notre débat public sur l'immigration
et sur l'intégration, on ne donne pas
assez la parole à ceux qui se joignent à nous pour vivre l'aventure québécoise.
J'invite mes collègues à saisir la poésie et la réalité quotidienne de
nos frères et soeurs, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup, M. le député de
Saint-Laurent. Et, pour la poursuite de cette rubrique, je cède maintenant la
parole à Mme la députée de Taschereau.
Souligner le 50e anniversaire du Centre
des loisirs Saint-Sacrement inc.
Mme Agnès Maltais
Mme
Maltais : Merci, Mme la Présidente. Alors, c'est avec une
grande joie que je souligne aujourd'hui la présence de représentants de loisirs Saint-Sacrement, qui
célèbre son 50e anniversaire d'existence le 27 avril. Cet événement va
permettre de remonter dans le temps et d'y
faire d'émouvantes rencontres. Depuis 50 ans, loisirs Saint-Sacrement permet
à des jeunes d'acquérir la confiance en soi,
de se surpasser, d'être la fierté de leurs familles et de leurs proches.
Loisirs Saint-Sacrement a investi aussi dans
la concertation en mettant sur pied une table de quartier et en prenant le
relais de la popote roulante du
quartier, qu'on a failli perdre, mais ils ont été là. Le quartier est fier de
loisirs Saint-Sacrement, il l'aime comme au premier jour.
Merci
à tous ceux et celles qui ont contribué et qui continuent à contribuer
aujourd'hui, 50 ans plus tard, 50 ans, à se soucier du bien-être des jeunes et des résidents du quartier, et à
les considérer comme des citoyens à part entière, et à les accueillir
inconditionnellement, vous êtes une source d'inspiration. Bons 50 ans aux
loisirs Saint-Sacrement!
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci, Mme la députée. Alors,
merci, mesdames et messieurs, et bienvenue à l'Assemblée nationale.
Alors, je crois, M.
le député de Saint-Laurent, que vous vouliez nous faire le dépôt d'un document?
M. Fournier :
Oui. Tel qu'annoncé dans notre déclaration si vous permettez.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Dans votre déclaration. Alors, y
a-t-il consentement pour déposer ce document?
Une voix :
...
Document déposé
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Merci beaucoup. Alors, c'est fait.
Alors,
ceci met fin à la rubrique des déclarations de députés, et je vais suspendre
les travaux pour quelques instants.
(Suspension de la séance à
9 h 57)
(Reprise à 10 h 12)
Le Président :
Mesdames messieurs, nous allons nous recueillir quelques instants.
Merci. Veuillez vous
asseoir.
Présence de M. Normand Jutras,
ex-parlementaire de l'Assemblée nationale
J'ai
remarqué puis j'ai le plaisir de souligner la présence de notre ancien collègue
de Drummond, M. Normand Jutras, qui est Curateur
public aujourd'hui. M. Normand Jutras.
Présentation de projets de loi
Nous
poursuivons les affaires courantes. Aujourd'hui, il n'y a pas de déclarations ministérielles. À
la rubrique Présentation de projets de loi, M. le leader du gouvernement.
M. Fournier :
Oui, M. le Président, je vous demanderais d'appeler l'article a, s'il vous
plaît.
Projet de loi n° 42
Le Président : À l'article a
du feuilleton, M. le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité
sociale présente le projet de loi n° 42, Loi
regroupant la Commission de l'équité salariale, la Commission des normes du travail et la Commission de la santé et de la sécurité du
travail et instituant le Tribunal administratif du travail. M. le ministre.
M. Sam Hamad
M.
Hamad : Merci, M. le Président. C'est avec fierté... J'ai l'honneur aujourd'hui de déposer ce projet de loi. Ce projet de loi procède à une
réorganisation de certaines institutions du travail.
Plus particulièrement,
il institue d'abord le Tribunal administratif du travail, lequel assume
désormais les compétences de la Commission
des lésions professionnelles et de la Commission des relations du travail,
auxquelles il succède.
Le projet de loi
détermine la compétence de ce tribunal, prévoit les règles de procédure qui
s'appliquent aux affaires qu'il entend,
instaure l'encadrement applicable à ses membres, notamment en ce qui concerne
leur sélection et leur nomination, et établit les règles qui régissent
la conduite de ses affaires.
Également,
le projet de loi regroupe les activités de la Commission de l'équité salariale,
de la Commission des normes du
travail et de la Commission de la santé et de la sécurité du travail et modifie
le nom de cette dernière en celui de Commission des droits, de la santé
et de la sécurité du travail.
Le projet de loi
apporte des modifications de concordance à plusieurs lois pour tenir compte de
ces nouvelles institutions du travail et de leur organisation
Il
prévoit aussi plusieurs dispositions transitoires permettant la continuation
des activités regroupées au sein de ces
institutions. Ainsi, il énonce notamment que celles-ci assument les obligations
des organismes regroupés et précise que les membres de la Commission des
relations du travail et de la Commission des lésions professionnelles
deviennent membres du nouveau
tribunal, à l'exception des membres patronaux et syndicaux de cette dernière,
dont le mandat prend fin dès la sanction de la loi et dont les fonctions
ne sont pas reprises au sein du Tribunal administratif du travail.
Finalement,
jusqu'à la mise en place du Tribunal administratif du travail et de la
Commission des droits, de la santé et
de la sécurité du travail, le projet de loi donne notamment au ministre du
Travail, de l'Emploi et de la Solidarité sociale un pouvoir temporaire
de directive à l'égard des organismes qui seront regroupés.
Le
Président : Alors, est-ce que l'Assemblée accepte d'être saisie
de ce projet de loi? Mme la leader de l'opposition.
Mme
Maltais : Bien sûr, M. le Président, mais, bien, nous
aimerions avoir des consultations particulières sur cette loi.
Le Président :
M. le leader du gouvernement.
M.
Fournier : Oui, M. le Président. On aura certainement des
discussions pour établir la consultation particulière. J'en profite pour
vous dire que c'est une tendance qui est de plus en plus à la hausse, depuis la
réforme notamment, les consultations, et je
le dis simplement pour que vous l'ayez à l'attention lorsque vous porterez
attention à la lettre de la députée
de Pointe-aux-Trembles sur l'horaire de nos travaux. On fait beaucoup de
consultations, et c'est correct, mais il faut bien le savoir.
Le Président :
C'est tout à fait juste, et, un peu plus tard, je déposerai une autre lettre
que nous avons reçue.
Mise aux voix
Alors, je comprends
que c'est adopté?
Des voix :
Adopté.
Le Président :
Adopté. Alors, j'ai parlé du dépôt. Alors, Mme la leader de l'opposition officielle.
Mme
Maltais :
M. le Président, veuillez appeler l'article b, s'il vous plaît.
Projet de loi n° 392
Le
Président : Alors, à l'article b
du feuilleton, Mme la députée de Vachon présente le projet de loi n° 392, Loi
sur les véhicules automobiles à zéro émission de gaz à effet de serre. Mme la
députée de Vachon.
Mme Martine Ouellet
Mme
Ouellet : Merci, M. le Président. Donc, projet
de loi n° 392, Loi sur les véhicules automobiles à zéro émission
de gaz à effet de serre.
Ce
projet de loi a pour objet de diminuer les émissions de gaz à effet de serre du Québec en améliorant l'offre de véhicules branchables sur le marché québécois.
Il fixe des objectifs de vente de véhicules branchables aux
manufacturiers de véhicules automobiles neufs. Le projet de loi prévoit également
un suivi annuel de ces dispositions.
Mise aux voix
Le Président :
Est-ce que l'Assemblée accepte d'être saisie de ce projet de loi? Alors, c'est adopté.
Dépôt de documents
Lettre du député des Chutes-de-la-Chaudière
concernant les consultations publiques
débutant après les affaires courantes
À
la rubrique Dépôt de documents, je dépose une lettre que m'a adressée M. le député des Chutes-de-la-Chaudière
à titre de président de la Commission des relations avec les citoyens au sujet
des retards à l'horaire prévu des auditions publiques tenues immédiatement
après les affaires courantes. Ça se rapporte un petit peu au sujet que le leader
du gouvernement vient de soulever.
Dépôt de rapports de commissions
À la rubrique Dépôt
de rapports de commissions, M. le président de la Commission des relations avec
les citoyens et député de Chutes-de-la-Chaudière, justement, à vous.
Examen des rapports sur les activités du
Fonds pour le
développement des jeunes enfants et de la Société de
gestion Avenir d'enfants pour les exercices financiers
terminés les 31 mars 2011, 2012 et 2013
M.
Picard : Merci, M. le Président. Je dépose le rapport de la
Commission des relations avec les citoyens qui, le 9 février 2015, a tenu des auditions publiques dans le
cadre des consultations particulières concernant l'examen des rapports sur les activités du Fonds pour le
développement des jeunes enfants et sur celles de la société de gestion Avenir
d'enfants pour les exercices financiers
terminés les 31 mars 2011, 2012, 2013. La commission s'est également
réunie en séance de travail le 9 février 2015. Merci, M. le
Président.
Le Président :
Alors, ce rapport est déposé.
Dépôt de pétitions
À la rubrique Dépôt
de pétitions, j'ai reçu de la part de M. le député de Dubuc une demande de
dépôt d'une pétition qui est non conforme.
Est-ce que j'ai un consentement? Consentement. Consentement, M. le député de
Dubuc, nous vous écoutons.
Soutenir
financièrement le maintien et le développement
des services de transport adapté
M.
Simard : Merci, M. le Président. Je dépose l'extrait d'une pétition
adressée à l'Assemblée nationale, signée par 1 148
pétitionnaires : usagers du transport adapté de Saguenay.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant que,
depuis 1984 et suite à plusieurs décrets gouvernementaux, le transport adapté
est reconnu comme un service essentiel pour l'intégration des personnes
handicapées;
«Considérant que
l'accessibilité des transports réguliers ne diminuera pas de façon
significative le nombre d'usagers utilisant actuellement le transport adapté,
vu la limitation importante de ceux-ci;
«Considérant qu'il
est de plus en plus difficile pour la municipalité et la Société de transport
de Saguenay de maintenir et développer des
services de transport adapté, et ce, malgré la bonne volonté, l'ouverture et
l'intérêt que ceux-ci manifestent à notre égard;
«Considérant que les
personnes handicapées ne veulent plus être des citoyens à part, mais bien des
citoyens à part entière qui participent au développement de la société;
«Considérant
que le transport adapté n'est pas seulement une dépense, mais aussi une
création d'emplois, donc un retour de taxes;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous,
les usagers du transport adapté, en appui avec la population, demandons au
ministre des Transports de donner à
notre corporation de transport la possibilité de maintenir et de développer les
services de transport adapté, en injectant les sommes nécessaires pour
le bon fonctionnement de notre transport.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition.
• (10 h 20) •
Le Président :
L'extrait de cette pétition est déposé.
Dépôt de documents (suite)
Nous allons revenir
rapidement au dépôt de documents. M. le leader du gouvernement.
Réponse à des questions inscrites au feuilleton
M.
Fournier : Je dépose les réponses du gouvernement aux questions
inscrites au feuilleton du 17 mars 2015 par la députée
d'Hochelaga-Maisonneuve et adressées au premier ministre et à la ministre des
Relations internationales et de la
Francophonie, par la députée de Joliette et adressées à la ministre de la
Culture et des Communications, par le député
de Jonquière et adressées au ministre du Développement durable, de
l'Environnement et de la Lutte aux changements climatiques, par le
député de Matane-Matapédia et adressées à la ministre de la Sécurité publique,
par la députée de Vachon et adressées au ministre délégué aux Transports et à
l'Implantation de la stratégie maritime, par le député de Saint-Jérôme et
adressées au ministre de l'Économie, de l'Innovation et des Exportations.
Merci, M. le Président.
Le Président :
Bienvenue. Il n'y a pas de réponses orales aux pétitions ni d'interventions
portant sur une question de droit ou de privilège.
Questions et réponses orales
Nous
en sommes donc rendus à la période de questions et de réponses orales, et je cède la parole à M. le chef de l'opposition officielle.
Poursuite pour fraude contre M.
Hans Peter Black
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard :
Merci, M. le Président. Le premier ministre a fait une déclaration tout à
l'heure dans l'affaire Hans Black. Il veut qu'on s'en tienne aux faits, nous
allons nous en tenir aux faits. Et je souhaite que ce soit le cas.
En ce qui concerne M. Black, une série d'événements sont troublants. D'abord, un client de
M. Black le poursuit pour 7 millions pour transfert et utilisation de fonds illégaux en février 2006. Novembre 2007,
l'AMF intente une mesure réglementaire contre Interinvest alléguant plusieurs
violations. Juillet 2008, poursuite de 2 millions déposée contre
Interinvest par un investisseur pour malversations et investissements illégaux.
Juillet 2008, un article publié dans La Presse rapporte la poursuite de M. Black. Septembre 2009, poursuite de 6 millions d'une investisseuse pour investissements illégaux aux Bermudes. Amende de l'AMF, en
septembre 2008, de 26 000 $
contre Hans Black. Novembre 2009,
amende de 41 000 $ de l'AMF contre Interinvest. Novembre 2009,
reportage à l'émission Enquête de Radio-Canada sur Hans Black.
Mai 2010, poursuite de 4 millions d'un coadministrateur de M. Black.
Et j'en passe, M. le Président. Encore plus
important : en juillet 2011, Interinvest, donc la compagnie de M. Black,
se fait révoquer par l'AMF son permis pour vendre des produits
financiers au Québec, en juillet 2011.
Le
premier ministre était président du conseil d'administration. Peut-il dire aux
Québécois pourquoi... Comment expliquer qu'il n'était pas au courant de
ces faits, un? Et comment peut-il justifier, comme président du conseil d'administration, d'avoir toléré pendant des années
comme membre du conseil d'administration mais surtout membre des principaux comités de direction, de vigilance
au niveau financier, au niveau des audits, M. Black comme administrateur
de ces...
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président, je vais saluer le ton du collègue, parce
qu'effectivement il faut s'en tenir aux faits. Et ce que je voudrais exprimer encore une fois avec beaucoup de force,
c'est que les faits qui sont à l'origine de l'article que nous avons lu ce matin ne mettent en aucun cas
en cause mon intégrité, l'intégrité de la compagnie Amorfix, qui, en passant, est une compagnie de recherche fondée par
un grand homme de science canadien. Et les problèmes de M. Black sont les siens avec son fonds d'investissement et ses
clients. Le fait d'établir des liens entre les deux, à mon avis, est tout
à fait déplorable parce qu'il amène non seulement à faire des liens qui ne sont
pas exacts, mais à conclure des choses par association
qui sont non seulement inexactes, mais, à mon avis, répréhensibles, M. le
Président. Et je veux le dire de façon très ferme. Et je ne blâme pas
mon collègue pour ça, je relate mon impression à la lecture de l'article de ce
matin.
Maintenant,
il exprime la question suivante, qui est une bonne question. On voit maintenant
rétrospectivement, en 2015, tous ces éléments-là, mais, dans le contexte
de l'époque... Moi, j'ai été président du C.A. de 2010 à 2012. Je m'excuse, je ne passais pas mes journées à faire
des recherches sur mes collègues du conseil d'administration. M. Black
était là depuis 2006. C'était une personne
importante de la communauté montréalaise, siégeant au conseil d'administration
de l'OSM, intervenant à la télévision sur
les marchés financiers, présent,
donc, depuis la fondation de l'entreprise. Il n'a jamais divulgué à l'entreprise... et c'est son
devoir de le faire, divulguer à l'entreprise et au régulateur. Et je vois ce matin que le régulateur l'a sanctionné pour ne pas avoir
divulgué les poursuites dont il était l'objet. Mais, encore une fois, ces poursuites sont dans l'empire ou dans l'orbite M. Black et
ses clients d'investissement. Rien à voir avec moi, rien à voir avec Amorfix.
Le Président :
Première question complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M.
Stéphane Bédard
M.
Bédard : Je rappelle au premier ministre qu'il était
membre du conseil d'administration en octobre 2009 et président du conseil
d'administration à partir d'août 2010. Or, les faits rapportés peuvent être
connus, effectivement, simplement en
«googlant». Mais le fait qu'en 2011 l'AMF a retiré le permis pour la compagnie
de M. Black de vendre des produits
financiers aurait dû alerter n'importe qui, même quelqu'un de pas prudent et
diligent. Sa responsabilité, il le sait, comme président du conseil
d'administration, c'est de protéger les actionnaires.
Comment peut-il, à ce moment-ci, avoir toléré M.
Black dans des postes névralgiques?
Le Président : M. le premier
ministre.
M.
Philippe Couillard
M.
Couillard : M. le Président,
je vais être encore une fois très précis devant la question précise de mon
collègue. C'est certain qu'à l'époque, si nous avions connu ce fait, il
y aurait certainement eu des actions posées au conseil d'administration et
certainement des questions précises posées à notre collègue du conseil. Mais on
assume que nous connaissions ces faits. Et
malheureusement il n'y a pas de transmission proactive ou automatique de ces
renseignements entre l'AMF et la
Commission des valeurs mobilières de l'Ontario, qui est l'organisation qui gère
Amorfix, et non pas celle qui gère
Interinvest. Tout ça est un peu technique, mais finalement ça veut dire que
l'information ne se transmet pas.
Et je dis
effectivement, et comme lui, comme les gens qui nous écoutent, je me dis :
Avoir su ça à l'époque, on aurait certainement posé des gestes. Mais, à
l'époque, on n'avait ni indice ni raison de penser qu'il y avait de telles
irrégularités...
Le Président : En terminant.
M. Couillard : ...pour les raisons
que j'ai mentionnées tantôt.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M.
Stéphane Bédard
M.
Bédard :
Je me permets de rappeler au premier ministre qu'en 2009, après qu'il ait eu
accès au conseil... il était membre
du conseil d'administration, M. Black a fait l'objet d'un reportage à Enquête,
littéralement sur les actions qu'il posait et les accusations dont il
était l'objet.
Deuxième
chose, l'AMF a retiré son autorisation pour vendre des produits financiers.
C'était majeur. Il y a des gens au niveau du conseil d'administration et
lui-même...
Est-ce qu'il nous dit qu'à aucun moment il n'a
été conscient ou informé de ces...
Le Président : M. le premier
ministre.
M.
Philippe Couillard
M.
Couillard : M. le Président,
je vais répondre de façon très précise que non, jamais le conseil
d'administration n'a connu
l'information sur le retrait du permis d'Interinvest. Et je vais le redire de
façon très ferme parce que c'est la vérité.
À une reprise, et je ne veux pas non plus rentrer dans les détails des débats
du conseil d'administration, pour des raisons
qu'il comprend, mais suite à un reportage de Radio-Canada sur une cliente des
Bermudes, il y a eu une discussion au conseil d'administration. On a
demandé à M. Black de nous expliquer la situation. Il a protesté avec force de
son innocence disant que c'étaient des
allégations sans fondement et que la chose serait réglée. Et il n'y a pas eu de
suite à ça.
Maintenant, est-ce qu'il aurait pu y avoir des
suites? Est-ce qu'il aurait pu y avoir une meilleure information? Peut-être, M. le Président, mais c'est le contexte
dans lequel nous étions, et je rappelle encore une fois l'ambiance ou le
contexte de régulation.
Le Président : En terminant.
M.
Couillard : La compagnie
d'investissement a affaire avec l'AMF; Amorfix, avec la commission de
l'Ontario.
Le Président : Troisième
complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M.
Stéphane Bédard
M.
Bédard : Le rôle
des membres d'un conseil d'administration, y incluant le président, c'est de
protéger les actionnaires et de s'assurer de la bonne gouvernance.
Dans
ce cas-ci, est-ce que le premier ministre ne pense-t-il pas que, sachant ces
faits en 2009, effectivement, qu'il faisait
l'objet d'accusations d'actions frauduleuses aux Bermudes, paradis fiscal,
qu'il aurait dû poser des questions plus précises sur l'ensemble des faits, d'assurer un suivi sur les actions de
M. Black et des conséquences que ça a eu pour des épargnants québécois?
Parce qu'à travers ça c'est des épargnants québécois qui ont perdu leur argent.
A-t-il manqué?
Le Président : M. le premier
ministre.
M.
Philippe Couillard
M.
Couillard : M. le Président,
je ne connais pas les détails des plaintes des clients de M. Black, mais, essentiellement, ce qu'on semble lui reprocher,
c'est d'avoir pris des décisions d'investissement qui étaient contraires
aux volontés des investisseurs et de ne pas avoir divulgué certains éléments.
Mais il est
clair, M. le Président, je vais le répéter, là, tout, maintenant, semble très
clair en 2015, mais, à l'époque, cette
situation n'était pas si claire que ça. Quand quelqu'un est l'objet d'une
accusation, ou d'une perception, ou d'une possibilité d'accusation, il n'est pas reconnu coupable. Et il y a eu
cette discussion et, à ce moment-là, il n'y a pas eu de suite donnée, on n'a pas eu d'information par la
suite sur les suites à cette question-là, M. le Président. Et je veux répéter
qu'en tout temps les actionnaires ont été
protégés, que l'intégrité de l'entreprise n'est pas en jeu ici. C'est une
entreprise qu'il faut au contraire souhaiter voir...
Le Président : En terminant.
M. Couillard : ...continuer ses
activités, M. le Président.
Le Président : Principale, M.
le député de Verchères.
Financement du Projet Nunavik Nickel
M.
Stéphane Bergeron
M.
Bergeron : Hier, M.
le Président, j'ai interrogé le gouvernement sur le rôle qu'a joué le premier
ministre dans l'octroi d'un prêt de
100 millions de dollars à la société Canadian Royalties, sur le conseil
d'administration de laquelle il avait
siégé. Alors, le gouvernement a tenté d'esquiver la question en faisant
diversion, mais, par la suite, le ministre de l'Économie nous a finalement dit que le premier ministre n'a pas touché
au dossier et que c'est lui-même qui a sollicité une rencontre avec l'entreprise. Or, en faisant des vérifications de
base, on découvre que, lors de son passage en Chine, le premier ministre a affirmé lui-même qu'il
allait rencontrer les dirigeants de cette compagnie et que cette rencontre se
tenait à leur demande. Je cite un article du
journal Les Affaires du 30 octobre dernier : «"Nous
rencontrons — les gens
de Jilin Jien Nickel — à leur demande" a indiqué le premier
ministre...» Le premier ministre a d'ailleurs confirmé en anglais, il y
a quelques instants, qu'il les a bel et bien rencontrés à leur demande.
Alors, qui dit vrai, M. le Président, le
ministre de l'Économie ou le premier ministre?
• (10 h 30) •
Le Président : M. le premier
ministre.
M.
Philippe Couillard
M.
Couillard : Bien, M. le
Président, bien sûr, je vais répondre à la question. Je regrette cependant
qu'elle ait été soulevée en mon absence hier à l'Assemblée. Je pense
qu'il aurait été préférable que ce soit fait aujourd'hui.
Ceci dit,
effectivement, M. le Président, on a rencontré... j'ai rencontré très
brièvement la compagnie à Pékin lors d'une
visite — c'est
normal qu'on le fasse, c'est un des investissements étrangers les plus
importants au Québec, c'est 350
emplois, c'est des nombreux sous-traitants en Abitibi-Témiscamingue — et j'ai été là très peu de temps. Tout ce
que je voulais savoir d'eux :
Est-ce qu'ils veulent rester au Québec? Est-ce qu'ils veulent investir au
Québec? Est-ce qu'ils veulent
protéger les emplois et les sous-traitants? Ayant eu une réponse à cette
question, il n'y a pas eu d'autre intervention de ma part et aucune
intervention, aucune intervention sur la décision d'Investissement Québec, qui
est une décision autonome, avec leurs fonds
propres, qui n'a pas à passer au Conseil des ministres. En fait, M. le
Président, j'ai appris la nouvelle de ce prêt dans le journal; je n'en
étais pas au courant auparavant.
Le Président : Première
complémentaire, M. le député de Verchères.
M.
Stéphane Bergeron
M.
Bergeron :
Alors, M. le Président, la question fondamentale demeure. Hier, le ministre de
l'Économie nous a dit en cette
Chambre qu'il avait rencontré les dirigeants de l'entreprise seul, à sa
demande; or, on apprend aujourd'hui que
le premier ministre les a rencontrés et que c'était à leur demande. Alors, il
semble y avoir une contradiction dans les versions.
Est-ce qu'on peut savoir finalement ce qui s'est
passé?
Le Président :
M. le ministre de l'Économie.
M.
Jacques Daoust
M. Daoust : Alors, M. le Président,
effectivement, c'était à la demande des Chinois. Pourquoi? Parce que le Plan Nord avait été mis en veilleuse pendant 18
mois, et, ayant été mis en veilleuse pendant 18 mois, ces gens-là, dans
la façon de transiger qu'ont les Chinois, si le gouvernement ne supporte pas
une industrie, ils n'investissent pas. On voulait
relancer le Plan Nord, alors on était là pour les rassurer. Notre premier
ministre les a salués d'entrée de jeu et il a quitté tout de suite après. Il a posé effectivement cette question-là,
mais l'entretien, l'entretien avec la société, c'est moi qui l'ai fait. C'était pour les rassurer et leur
dire : Oui, on est ouverts, on est prêts à faire des affaires avec vous,
on est prêts à vous accueillir chez nous. Venez investir, c'est important.
Le Président : En terminant.
M. Daoust : La discussion s'est
tenue sur ce sujet-là, et c'est moi qui l'ai tenue, M. le Président.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le député de Verchères.
M.
Stéphane Bergeron
M.
Bergeron :
M. le Président, la loi sur le
lobbyisme stipule clairement que, pour qu'un membre du gouvernement rencontre, à leur demande, des
dirigeants d'une entreprise, ceux-ci doivent être inscrits au registre.
Comme il
appert que cette rencontre a bel et bien eu lieu à leur demande, doit-on
comprendre que le ministre de l'Économie et le premier ministre ont
enfreint la loi sur le lobbyisme?
Le Président : M. le ministre
de l'Économie.
M. Jacques Daoust
M.
Daoust : Ce que je voulais à ce moment-là, c'était rassurer l'entreprise. C'était dans mon intérêt, ce n'était pas dans le leur. C'est nous qui voulions que ces
gens-là investissent chez nous et c'est ce que je voulais faire au terme
de cette rencontre-là. Et il faut
croire que j'ai réussi parce qu'ils
ont décidé d'investir et ils ont décidé d'investir de façon importante.
C'est quand même 1,5 milliard chez nous. Et, comme le disait notre premier
ministre tantôt, on parle de 350 bons emplois, on passera à 442 avec le nouvel
investissement qui a été fait.
Il faut se
rappeler aussi qu'eux aussi vont investir dans cette transaction-là, on n'est
pas les seuls à mettre des sous. Je suis — je soulignerai
aussi — rassuré
sur la qualité du travail qui a été fait par Investissement Québec...
Le Président : En terminant.
M. Daoust : ...mais c'était dans
notre intérêt à nous, M. le Président. Merci.
Le Président : Principale, M.
le chef du deuxième groupe d'opposition.
Projections de
croissance économique
M. François Legault
M. Legault : M. le
Président, dans son dernier budget,
le gouvernement libéral prévoit une très faible croissance économique au cours des quatre prochaines
années : 2 % en 2015,
2 % en 2016, 1,7 % en 2017 et 1,6 % en 2018. M. le Président, ce que ces prévisions confirment, c'est
que le plan économique du gouvernement ne fonctionnera pas. Même eux le disent dans leurs prévisions. Mais, M. le
Président, ce que ces chiffres, aussi, démontrent, c'est que ça sera impossible
mathématiquement à la fois de bien financer les services en santé et en
éducation et réduire de façon significative les impôts de la classe moyenne. D'ailleurs, M. le Président, dans le cadre
financier du Parti libéral, on dit clairement : Si on veut garantir le maintien des services en santé
puis en éducation, il faut augmenter le budget de 4 % par année en santé,
de 3,5 % par année en éducation.
Donc, est-ce
que le premier ministre peut reconnaître ce matin qu'avec une prévision
économique de croissance de
1,6 % pour la dernière année de son mandat il ne sera pas capable à la
fois de bien financer les services et réduire les impôts?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : M. le Président,
je remercie le collègue pour sa question. Les prévisions à plus long terme sont
basées sur les données, dont les données
démographiques du Québec, qu'il connaît très bien comme moi. Maintenant,
il aura vu également
que nous sommes prudents dans les prévisions, et c'est volontairement que nous
le sommes parce que plusieurs banques ont fait des prévisions
différentes. Desjardins a fait une prévision de croissance plus faible, mais la
CIBC annonce 2,4 % l'an prochain,
2,6 % l'année après. Mais on ne partira pas en peur, comme on dit chez
nous, on va rester dans des créneaux de prudence avec autour de 2 %
de croissance l'an prochain.
Maintenant, sur le
plan du fardeau fiscal, je vais lui répéter que nous avons annoncé une baisse
d'impôt de 2 milliards de dollars pour
les particuliers du Québec, et ça va être accompli, M. le Président. Sur le
plan de la croissance des
investissements annuels en santé et en éducation, qui est pour nous également
une priorité, il ne peut quand même pas
faire abstraction de quelque chose que lui et moi ne savions pas au moment
d'établir notre cadre financier, qui est une impasse de 7,3 milliards dans les finances publiques du Québec. Il
faut quand même tenir compte de cette réalité-là aussi.
Alors,
on en tient compte, on équilibre le budget, on relance l'économie du Québec. On
espère, bien sûr, et on fera en sorte
que la croissance soit plus élevée, mais il est normal d'avoir des prédictions
dans un budget de gouvernement qui sont plutôt conservatrices, M. le
Président.
Le Président :
Première complémentaire, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M. François Legault
M.
Legault : M. le Président, prenons l'année 2018, la dernière
année de son mandat, une fois qu'on aura eu le plein effet libéral. Le
ministre des Finances prévoit une croissance de 1,6 %. Mathématiquement,
c'est impossible de financer les services et réduire les impôts de la classe
moyenne de façon significative.
Comment va-t-il faire
ça?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : Alors, encore une fois, M. le Président, merci de me donner l'occasion
de répéter que nous avons annoncé, en
fait, une baisse du fardeau fiscal combinée — individus et entreprises — de 2,5 milliards :
2 milliards pour les
particuliers, surtout l'abolition de la taxe santé, et 500 millions pour
les entreprises, et ce sera réalisé, M. le Président.
Et,
bien sûr, on a un impact actuellement sur l'économie. De la même façon que je
demandais à mon collègue de ne pas
faire abstraction de l'impasse financière, qu'il connaît très bien, lui aussi,
il ne peut pas faire abstraction du fait qu'on sait maintenant qu'au cours des
trois premiers mois de 2015 60 % de la création d'emplois canadienne s'est
faite au Québec. Et on est à
57 000 emplois, il reste un mois à faire pour accomplir un an de
gouvernement. Je ne dis pas que c'est entièrement satisfaisant, on aimerait
plus d'emplois à temps plein...
Le Président :
En terminant.
M.
Couillard : ...mais il y a certainement là un changement de tendance,
et on va continuer, M. le Président.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M. François Legault
M.
Legault : M. le Président, le premier ministre est content que,
depuis un an, il se soit créé seulement 1 000 emplois à temps plein au Québec, alors qu'il s'en est
créé 150 000 dans le reste du Canada. Les emplois à temps partiel,
là, on ne fait pas de croissance économique avec ça.
Est-ce
qu'il peut nous expliquer, 1,6 %, comment il va faire pour respecter sa
promesse? Est-ce qu'il va couper dans les services ou il va renier sa
promesse de réduire les impôts?
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît! M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : ...le fait de hausser la voix ne rend pas la question ni plus ni moins
intéressante, je voulais le dire de façon amicale à mon collègue. Mais
effectivement, M. le Président...
Une voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît!
M.
Couillard : On est facétieux ce matin, M. le Président.
On est,
effectivement, dans la direction de soutenir nos services essentiels comme la
santé et l'éducation. On est conscients
que l'effort demandé cette année est encore difficile, ce sera une année
exigeante. Je lui rappelle cependant que, à moins que je fasse erreur, dans son cadre
financier il prévoyait, lui, je crois, 0,9 % d'augmentation des dépenses
en santé. C'est quand même quelque chose, il
faudra qu'il nous... Pour un an? Donc, il pense que, lui aussi, des fois, il
faut faire un effort pendant un an
puis, par la suite, reprendre un rythme plus important, ce qu'on fera. On le
fera parce que l'économie est en croissance. On le fera parce que
l'emploi revient.
Et, en passant, un
emploi à temps partiel, c'est un bon emploi aussi. C'est un emploi valable, ce
n'est pas une mauvaise nouvelle. Et on est dans la direction de la relance du
Québec, M. le Président, et on continue.
Le Président :
Principale, M. le député de Lévis.
Fréquence des bains donnés aux aînés
dans les centres d'hébergement
M. François Paradis
M. Paradis
(Lévis) : M. le Président, le bien-être des aînés dans les CHSLD du
Québec est une question préoccupante. La
Coalition avenir Québec a mis la main sur une lettre officielle de l'agence de
la santé des Laurentides qui évoque
de nouveaux faits troublants. Des préposés aux bénéficiaires de certains
établissements de santé se font payer en
argent comptant et en dessous de la table par des aînés vulnérables pour qu'ils
obtiennent un deuxième bain ou une deuxième
douche. La commissaire régionale aux plaintes écrit à l'agence des Laurentides
qu'«il est d'autant plus étonnant — et je la cite — que les directeurs sont bien au fait de ces
pratiques et qu'ils endossent d'ailleurs la pratique, pour la plupart
d'entre eux».
M.
le Président, ce n'est pas drôle, on parle d'un marché au noir de bains pour
nos aînés toléré par des directeurs d'établissement. Nos aînés méritent
mieux que ça. Cette situation est totalement inacceptable.
Est-ce que le ministre
de la Santé condamne fortement cette pratique?
• (10 h 40) •
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : Alors, M. le Président, évidemment, le député de Lévis nous
fait part de données qui n'ont pas été portées
à notre attention, je l'en remercie. Et certainement que nous ferons une mise
au point sur cette situation-là, et, s'il le faut, nous ferons une
enquête là-dessus. Maintenant, ce sont des données qui sont probablement d'un certain âge, là, parce que les agences... Il faudra qu'on
nous dépose la documentation. Alors, je l'invite d'ailleurs à le faire.
Maintenant,
dans les CHSLD, M. le Président, je pense qu'il est assez clair que notre
mission est d'offrir les services selon les paramètres qui ont été
établis pour le bien-être des aînés, et je comprends très bien, et je suis tout
à fait solidaire avec le député de Lévis
dans son intention de faire en sorte que les services que nos aînés sont en
droit de recevoir soient donnés et
soient reçus correctement. Maintenant, s'il y a des situations qui sont à être
portées à notre attention, j'invite le député de Lévis à nous déposer,
et on fera le point sur cette situation, et on y reviendra.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Lévis.
M. François Paradis
M. Paradis (Lévis) : M. le Président, je prends bonne note de la réponse. La lettre est toute
récente. La lettre dit que «le travail
en dessous de la table effectué par des préposés en vue d'offrir un deuxième
bain est inacceptable — évidemment — en raison des abus financiers, du travail au
noir, et que la qualité des services n'est pas assurée, les établissements doivent trouver des alternatives possibles à
l'offre de service pour les soins d'hygiène afin de répondre aux besoins
des résidents».
Je demande donc au
ministre de la Santé qu'il fasse parvenir dès maintenant une directive écrite à
tous les établissements pour que cette pratique cesse.
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : M. le Président, je comprends que le député de Lévis vient
de répéter sa question et son commentaire. Alors, ici, on est dans un domaine d'allégations, je n'ai pas de faits.
Le député de Lévis n'a même pas déposé son document, je l'invite à le déposer de façon à ce qu'on
puisse en prendre connaissance et qu'on puisse aller de l'avant et prendre les
informations appropriées.
Ceci
dit, M. le Président, dans nos CHSLD, il y a des règles de services et de
niveau de soins qui sont mises en application depuis des années, qui
sont très bien connues par le milieu et qui, à ma connaissance, sont
appliquées. Je rappellerai à tout le monde
qui nous écoute, M. le Président, qu'on fait des inspections régulièrement, et
que tous les CHSLD sont inspectés, et qu'à date...
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le député de Lévis.
M. François Paradis
M. Paradis (Lévis) : Bien sûr, M. le Président, qu'on en parlera. D'ailleurs, la lettre est
datée du 19 mars, et nous échangerons l'information, M. le
ministre. On le sait que, globalement, personne n'accepterait ici que ses
parents hébergés dans un CHSLD paient au noir pour obtenir un deuxième bain.
Rappelons
qu'il n'existe actuellement aucune norme minimale en matière de bains dans les
CHSLD, et, en novembre dernier, j'ai
demandé au ministre de la Santé d'établir une norme officielle à ce sujet.
Pourquoi n'a-t-il pas encore établi cette norme minimale?
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : M. le Président, je tiens à informer cette Chambre et le
député de Lévis que, pour ce qui est des soins aux personnes âgées, il y
a ce que l'on appelle le plan de soins, qui est établi pour chaque patient, et
ça se fait localement, par patient. Ceci
dit, M. le Président, je vois que le député de Lévis rentre maintenant dans le
club du député de Verchères. Ça fait
maintenant... ça sera la troisième fois que je lui demande de déposer son
document, et il ne le fait pas. Cette Chambre ne sert pas à traiter
d'allégations, M. le Président...
Le Président :
M. le leader du deuxième groupe d'opposition.
M.
Bonnardel : Ce n'est pas le temps, ce n'est pas le temps de
porter des accusations, comme le ministre de la Santé le fait. Mon collègue est prêt, mon collègue est prêt à en
discuter avec le ministre de la Santé après la période de questions.
Qu'on soit un peu plus...
Le Président :
O.K. O.K. M. le ministre de la Santé.
M.
Barrette : M. le Président, je n'ai pas insulté personne, j'ai
simplement dit une chose très simple. J'ai demandé deux fois, je le
demande une troisième fois : Déposez le document, puis on lui donnera
suite. C'est tout.
Le Président :
Principale, M. le député de Borduas.
Projet de cimenterie à Port-Daniel—Gascons
M. Simon Jolin-Barrette
M.
Jolin-Barrette : M. le Président, lors du Sommet de Québec sur les
changements climatiques tenu hier devant les premiers ministres des autres provinces canadiennes, nous avons vu à
l'oeuvre toute l'incohérence du gouvernement libéral, qui a réaffirmé, la main sur le coeur, l'urgence d'agir dans
lutte contre les changements climatiques. Ce matin, le ministre de l'Environnement a essayé de
détourner les critiques de Paul Arcand quant à l'incohérence de la
cimenterie McInnis dans le grand
projet du gouvernement de réduire les émissions de gaz à effet de serre au
Québec. Le ministre a répété à plusieurs reprises qu'il est nécessaire
d'agir maintenant, dans l'immédiat, mais est incapable de justifier le projet
le plus polluant de l'histoire du Québec, tout comme le Parti québécois,
d'ailleurs, qui appuie ce projet.
M. le Président, s'il
est nécessaire d'agir maintenant, pourquoi le ministre ne soumet-il pas le
projet de cimenterie McInnis au processus du
BAPE? Reconnaît-il l'incohérence flagrante, M. le Président, entre son discours
tenu devant les représentants des
autres provinces hier et celui que tient son gouvernement en défendant le
projet de cimenterie McInnis?
Le Président :
M. le ministre de l'Environnement.
M. David Heurtel
M.
Heurtel : Merci, M. le Président. Je rappellerais au député ainsi qu'à
cette Chambre qu'il y a eu une évaluation environnementale faite par le ministère de l'Environnement sur le projet
de la cimenterie McInnis et que, suite à cette évaluation environnementale,
le projet a été amélioré, à un tel point que, suite à une contestation
judiciaire sur la position du gouvernement sur cette question d'évaluation
environnementale, les groupes environnementaux se sont ralliés, ont retiré leur contestation judiciaire et,
aujourd'hui, travaillent avec la cimenterie McInnis pour améliorer davantage
le projet sur le point de vue environnemental. Ça, c'est ce qu'on appelle de la collaboration et travailler ensemble pour aller de l'avant sur un point de vue
environnemental.
De
surcroît, M. le Président, ce qui s'est passé hier à Québec
sous le leadership du premier
ministre, c'est, encore une
fois, un événement historique. Toutes les provinces canadiennes et territoires
se sont ralliés autour de la question fondamentale
de la lutte contre les changements
climatiques, ont déclaré unanimement
qu'il fallait agir, ont interpellé Ottawa de travailler avec les
provinces. Et, en plus de ça, M. le Président, la question du marché du carbone...
Le Président : En terminant.
M.
Heurtel : ...a été mise de l'avant, et l'Ontario s'est rallié au Québec,
et ça aussi...
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Borduas.
M. Simon Jolin-Barrette
M.
Jolin-Barrette : M. le Président, j'invite le ministre de
l'Environnement à prendre
connaissance des journaux. Dans Le Soleil ce matin, les verts
dénoncent McInnis. Notamment, Environnement Vert-Plus, qui faisait partie du désistement, maintenant, conteste le
règlement. Malgré l'incohérence de sa propre politique environnementale, le
gouvernement libéral se permet de
sermonner le gouvernement fédéral, qui doit, lui aussi, améliorer son bilan
environnemental et faire preuve de leadership en la matière.
M. le Président, comment le ministre peut-il prétendre tout faire pour remplir son
mandat quant à la lutte contre les changements climatiques s'il ne soumet pas le projet le plus polluant de
l'histoire du Québec à une évaluation
environnementale indépendante faite par le BAPE?
Le Président :
M. le ministre de l'Environnement.
M. David Heurtel
M.
Heurtel : Ce qui est
fascinant de la question du député de Borduas, c'est qu'il semble oublier, M. le Président, que le candidat de la CAQ
aux dernières élections générales dans Bonaventure, là où se trouve la cimenterie McInnis,
était pour le projet de la cimenterie, a appuyé le projet.
Alors
là, il faudrait savoir qu'est-ce qui se passe parce qu'encore une fois ce qui sous-tend, j'ai l'impression, un peu la question de la deuxième opposition, c'est,
encore une fois, cette espèce d'ambivalence devant des projets qui, dans
le fond, vont aider le développement
régional, vont relancer l'économie des régions. Et ça, c'est le fer de lance de
notre gouvernement, M. le Président.
Le Président :
En terminant.
M. Heurtel :
...et on va le faire de façon environnementale parce que le marché du carbone
va...
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Borduas.
M. Simon Jolin-Barrette
M.
Jolin-Barrette : M. le Président, le ministre s'est habitué à répondre
la même chose chaque fois que quelqu'un le confronte au sujet du projet immensément polluant et non rentable que
représente la cimenterie McInnis pour le Québec.
Voici
une question simple pour le ministre qui se répond par oui ou par non. Si un
même projet de cimenterie, tout aussi
polluant, était proposé aujourd'hui par un autre promoteur, donc après la
modification réglementaire de 1996, est-ce que le ministre soumettrait
ledit projet à une évaluation environnementale indépendante par le BAPE?
Le Président :
M. le ministre de l'Environnement.
M. David Heurtel
M. Heurtel :
M. le Président, la question fondamentale, c'est qu'au Québec le développement
économique est une priorité pour notre gouvernement et, finalement, est une
question secondaire pour la deuxième opposition.
Ce
qu'on veut faire, c'est permettre un développement industriel responsable. Et
la façon qu'on a choisie de le faire,
c'est instaurer un marché du carbone, qui est un incitatif économique aux
grands émetteurs de gaz à effet de serre de trouver des solutions
alternatives pour moins émettre de gaz à effet de serre dans l'atmosphère...
Le Président :
M. le leader du deuxième groupe d'opposition.
M.
Bonnardel : À l'article 79. C'était une question fort simple
que mon collègue a posée. C'est une réponse par un oui ou par un non.
Est-ce que ce serait deux poids, deux mesures, si tout nouveau projet...
Le Président :
On ne répétera pas la question. M. le ministre, veuillez conclure.
M.
Heurtel : M. le Président, le gouvernement du Québec a pris des mesures
sérieuses, responsables, rigoureuses, oui, oui, et cohérentes, et
intégrées sur la question...
Le Président :
En terminant.
M.
Heurtel : ...des changements climatiques. Nous allons continuer
d'aller de l'avant et nous allons soumettre...
• (10 h 50) •
Le
Président : Principale, M. le chef de l'opposition.
Présence de M. Hans Peter Black au conseil
d'administration d'Amorfix Life Sciences Ltd
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard : M. le Président, je reviens sur l'affaire Black et
je remercie le premier ministre de répondre à nos questions. Un fait troublant demeure. Dans la
poursuite qui est intentée contre M. Black et contre Interinvest actuellement,
les actionnaires voulaient savoir si
M. Black avait reçu quelque compensation que ce soit par la compagnie dont il
était président du conseil
d'administration. Et, à la lumière des documents qui ont été déposés en cour,
il est mentionné que M. Black ne
recevait aucune compensation, donc il n'avait pas un intérêt particulier. Et je
dépose les deux documents qui
concernent les années 2009-2010... ou
2010, plutôt, 2011. Or, il appert que M. Black aurait reçu, contrairement
à ce qui est indiqué, une allocation ou un remboursement de près de
40 000 $, qui irait à l'encontre des informations qui ont été
transmises aux autorités des marchés financiers à Toronto.
Est-ce
que le premier ministre confirme ces faits? Est-ce qu'il pense qu'il aurait été
souhaitable — et par
souci de transparence, et par respect
pour les investisseurs, qui, maintenant, qu'on sait, ont perdu leur
argent — de
divulguer ces informations à l'autorité des marchés financiers à
Toronto?
Documents déposés
Le
Président : Alors, est-ce qu'il y a consentement pour le dépôt des documents? Consentement pour le dépôt des documents? Consentement. M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : Alors, M. le Président, merci pour la question. D'abord,
effectivement, M. Black n'a pas reçu de compensation d'Amorfix, il a reçu des remboursements de dépenses d'activités liées à la promotion de la compagnie, le
recrutement d'investisseurs, ce qu'on a souvent à faire dans des compagnies de
biotech, sur présentation de pièces justificatives.
Et il n'est pas exact de dire que ça n'a pas été divulgué parce que
ces montants figurent tous dans les rapports annuels mis sur le site
SEDAR, là, par la compagnie Amorfix. Dans la catégorie de la discussion... du
«management discussion and analysis», la discussion et l'analyse de la
direction de la compagnie, ces montants sont identifiés.
Maintenant, je veux quand
même rappeler que moi, j'ai quitté le conseil d'administration en
septembre 2012. Alors, je veux bien répondre pour entre 2010 puis
septembre 2012, et je pense que lui, il trouvera les réponses à ces questions
dans les documents que j'ai mentionnés tantôt. Mais, après septembre 2012,
il faut poser la question à d'autres personnes.
Le Président :
Première complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard : Ce que je veux dire au premier ministre, ce qui
lève des sérieux doutes, c'est qu'à partir de 2009 et même avant il y
avait des doutes plus que raisonnables, il y avait des faits parlants qui
disaient que M. Black était quelqu'un de
peu recommandable. Or, il est resté au conseil d'administration, et l'intérêt
qu'on y voit pour les actionnaires, les
membres du conseil d'administration, c'est de perdre leur principal
investisseur parce que, quand le principal investisseur, qui investit à hauteur de... cette compagnie
quitte la compagnie, bien, ça a un effet sur, évidemment, l'action de la
compagnie.
Est-ce que le premier
ministre croit...
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : La réponse claire, c'est non. Et je vais répondre
ce que j'ai dit aux premières questions de mon collègue : Si nous avions connu tout ce qu'on connaît aujourd'hui,
certainement que la conduite aurait été différente, et je vais le
répéter encore une fois avec beaucoup de force.
Maintenant,
j'ai établi les faits, je reste devant les faits. Cette compagnie a existé
pendant neuf ans, elle existe encore,
d'ailleurs. Sur les neuf ans, j'ai été président du C.A. pendant deux ans.
M. Black est sur le C.A. depuis 2006, il a quitté en
novembre 2014. Il y a donc d'autres personnes qui pourraient être
questionnées là-dessus.
Maintenant,
je veux également rappeler que M. Black siégeait sur le conseil
d'administration d'une institution prestigieuse, l'Orchestre symphonique
de Montréal, faisait des interventions dans les grands réseaux sur le statut de
l'économie et du marché financier. C'était donc quelqu'un qui jouissait,
disons, d'une réputation établie.
Le Président :
En terminant.
M. Couillard : Ceci dit, M. le Président, j'espère que cette
compagnie va pouvoir continuer ses activités parce que la science...
Le Président :
M. le chef de l'opposition, pour la deuxième complémentaire.
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard : Le fait de siéger à l'Orchestre symphonique, le
premier ministre le savait. Or, il ne savait pas le rapport de l'AMF, de l'Autorité des marchés financiers.
C'est plutôt étonnant. C'est étonnant qu'on sache que quelqu'un est sur l'Orchestre symphonique, mais qu'on ne sait pas
qu'on lui a retiré ses permis après avoir vu un reportage en 2009, et,
pendant des années, il a fait l'objet de poursuites.
Ce
qui est clair et ce qui apparaît pour les investisseurs actuellement, c'est que
les membres du conseil d'administration n'avaient pas intérêt à voir M. Black se faire retirer du conseil
d'administration parce que, justement, il y allait des intérêts
financiers de tout le monde qu'il y demeure.
Est-ce...
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président, je pense que — avec respect, là — il prête des intentions, ce n'est pas du
tout ça. L'importance du conseil d'administration est connue, le rôle du
conseil d'administration est connu. Je répète que l'ensemble des informations qu'on connaît aujourd'hui, en 2015, ce
n'était pas connu à cette époque. Je vais quand même lui dire une différence assez fondamentale. Je
pense qu'il peut s'attendre à ce que M. Black nous ait dit : Vous
savez, je suis sur le conseil
d'administration de l'Orchestre symphonique de Montréal, et il semble peu
probable qu'il nous ait dit : Bien,
vous savez, je viens de voir mon permis retiré par l'AMF. C'est deux choses
différentes, il ne faudrait pas les mélanger. Parce que, l'avoir su, M.
le Président, c'est certain qu'on aurait pris alors des actions.
Le Président :
Principale, Mme la députée de Taillon.
Crédits alloués à la rémunération
des médecins spécialistes
Mme Diane Lamarre
Mme
Lamarre : M. le Président, dans le budget déposé le 26 mars par
le ministre des Finances, on se rend compte que des choix ont été faits, car plus de la moitié de la hausse du budget
de la Santé ira en hausse de salaire aux médecins plutôt que pour les soins et les services aux
patients. Alors, imaginez, c'est 210 millions de dollars pour 10 000
médecins spécialistes contre
208 millions pour l'ensemble des Québécois. 210 pour les médecins
spécialistes, 208 millions pour l'ensemble
des 8 millions de Québécois. La disproportion est flagrante. Pour payer
les médecins spécialistes, on coupe dans les services directs aux
patients dans la première ligne.
Comment le ministre
de la Santé explique-t-il qu'en période d'austérité, au lieu de prioriser les
patients du Québec, il a choisi et priorisé une hausse de salaire pour ses
collègues spécialistes?
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : M. le Président, manifestement, la députée de Taillon ne
suit pas l'actualité politique, puisqu'elle ne s'est pas rendu compte
que nous avons déposé et fait adopter...
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît! S'il vous plaît! Laissez... M. le ministre.
Des voix :
...
Le Président :
Il y a une personne qui a le droit de parole ici, là, c'est le ministre de la
Santé.
M.
Barrette : Je n'irai pas jusqu'à dire que ça me fait de la peine de
faire de la peine à la députée de Taschereau, M. le Président...
Des voix :
...
Le Président : S'il vous
plaît!
M.
Barrette : Ceci dit, dans la récente actualité politique, nous avons
passé une loi, la loi n° 10, qui est une loi d'organisation des soins pour le bénéfice des
patients, et nous sommes en train d'essayer de faire passer la loi n° 20,
qui est une loi d'accès aux soins.
Ceci dit, M.
le Président, je tiens à rappeler au Parti québécois que, lorsqu'il était au
pouvoir, il a, en dessous de l'écran radar, M. le Président, tenté
d'abolir l'accès à l'avortement dans les cliniques, un choix qui a été demandé
de longue date par les femmes du Québec,
sans l'annoncer, M. le Président. Je rappellerai au Parti québécois que,
lorsqu'ils étaient au pouvoir, le
chef de l'opposition officielle actuel, lorsqu'il était président du Conseil du
trésor, a accepté de déposer l'assurance autonomie sans crédits, et je
reviendrai, M. le Président, sur la performance du PQ.
Le Président : Première
complémentaire, Mme la députée de Taillon.
Mme Diane Lamarre
Mme
Lamarre : M. le Président, ce que les Québécois demandent, c'est que
la première ligne fonctionne mieux, le ministre démolit la première
ligne. Comment expliquer qu'il ait fait le choix de préserver autant d'argent
pour ses collègues et si peu pour tout le
reste du Québec? L'austérité sélective, c'est ça, la gestion libérale : on
paie des médecins spécialistes d'abord et on donne les restants à la
première ligne et aux patients ensuite.
Le ministre peut-il nous dire pourquoi il donne
si peu aux soins et services directs aux patients, aux soins à domicile, aux
organismes communautaires?
Le Président : M. le ministre
de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : M. le Président, tous les gens qui nous écoutent savent que
le projet de loi n° 20 est une loi d'accès, est une loi au bénéfice des patients, est une loi qui va améliorer
l'accès aux services de santé, M. le Président. Tous les citoyens qui ont suivi les débats sur la loi
n° 10 savent qu'on est le premier gouvernement à avoir protégé les budgets
pour les services communautaires, M.
le Président, que jamais le Parti québécois a essayé même de faire ça, M. le
Président.
Cette
semaine, tout ce que l'on entend du Parti québécois, M. le Président, c'est des
procès d'intention basés sur des affirmations qui sont elles-mêmes
fondées sur rien. C'est un spectacle de mauvaise qualité, M. le Président, qui
n'avance certainement pas...
Le Président : En terminant.
M. Barrette : ...la cause des
citoyens.
Le Président : Mme la députée
de Taillon, en deuxième complémentaire.
Mme Diane Lamarre
Mme
Lamarre : 210 millions, 208 millions pour l'ensemble des
Québécois. Le gouvernement coupe en santé publique, ce sont des faits,
il coupe en prévention, il coupe le budget des établissements de santé, il
coupe les soins à domicile, et donc la
première ligne. Les collègues d'abord, les patients ensuite. Les Québécois en
ont assez, ils méritent mieux.
Comment expliquer qu'en période d'austérité le
ministre investisse autant dans les médecins spécialistes au détriment des
citoyens, qui sont désespérés d'avoir accès enfin à leur système de soins?
Le Président : M. le ministre
de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M. Barrette : Voilà encore, M. le
Président, une affirmation digne du député de Verchères, M. le Président. Toujours des insinuations, toujours. M. le
Président, les faits sont clairs. Contrairement au Parti québécois dans la même
situation en 1997, nous ne coupons pas les budgets, nous ne coupons pas les
budgets, M. le Président...
Des voix : ...
• (11 heures) •
Le Président : S'il vous plaît!
Que l'argument vous plaise ou pas, M. le député de Matane-Matapédia...
Matapédia-Matane, ça, c'est une question. Mais, pour l'instant, c'est le ministre
qui a la parole, et on va l'écouter.
M.
Barrette : Alors, M. le Président, évidemment, la vérité est toujours difficile à supporter
lorsqu'on la répète. Mais, M. le Président, nous sommes dans une situation
de redressement budgétaire essentielle pour le maintien de notre système
de santé public et universel, M. le Président. Et c'est par ce redressement...
Le Président : En terminant.
M.
Barrette : ...que nous
allons pouvoir maintenir ces services à la population et certainement pas en coupant comme l'ont fait le Parti québécois dans le
passé.
Le Président : Principale, Mme
la députée d'Iberville.
Financement du Théâtre Le Diamant
Mme Claire Samson
Mme
Samson : M. le Président, la semaine dernière, le
gouvernement libéral a annoncé qu'il
allait accorder une subvention de 30 millions de dollars pour la réalisation du projet du Théâtre Le
Diamant à Québec. C'est un investissement majeur, public,
pour le Québec. Loin de moi l'idée de questionner le talent de
M. Robert Lepage, mais, pour l'instant, le gouvernement se contente
d'espérer qu'il y ait 10 millions en dons privés pour appuyer le projet. De plus,
un tel projet dans un marché comme Québec
est questionnable. Nous n'avons aucune garantie que ce projet ne nuira pas aux
autres salles de spectacle dans la
région, d'autant plus que les dernières statistiques montrent que
l'assistance aux spectacles est en baisse au Québec. Qu'est-ce qui nous
garantit que ce théâtre va faire ses frais et qu'il ne sera pas vendu dans cinq
ans? Et, s'il était vendu dans cinq
ans, qu'adviendrait-il du 30 millions
des Québécois? Bref, on comprend mal l'empressement du gouvernement de
mettre de l'argent public dans ce dossier.
Est-ce que la ministre peut déposer une étude
d'impact et les paramètres d'affaires liés à cette entente?
Le Président : Mme la
ministre de la Culture.
Mme Hélène David
Mme David
(Outremont) : M. le Président, je remercie beaucoup la députée
d'Iberville de me permettre de parler de
ce projet qui a commencé le 30 mars 2012, sous le précédent gouvernement
libéral, mais qui s'est poursuivi sous le gouvernement du Parti québécois, qui est allé jusqu'à la signature
administrative d'une convention par le ministère de la Culture, qui était un véritable contrat de
financement. C'est important de préciser ça, ça va bien au-delà d'une entente
de principe, et ça a été fait sous le précédent gouvernement.
Nous arrivons
donc au pouvoir et nous regardons la situation. Et le premier ministre dit,
avec raison : Nous pouvons bonifier
ce projet. Ce projet doit avoir des partenaires financiers. La députée
d'Iberville pose la question sur les partenaires financiers. On n'a
jamais vu ça à Québec, un financement et un programme de philanthropie avec
deux présidents de grandes institutions
financières, soit Mme Monique Leroux et M. Jacques Ménard. Alors, l'argent va
être au rendez-vous. Ils sont au
rendez-vous, les deux présidents des institutions financières, et l'argent
devra être au rendez-vous pour que le projet puisse se faire. Et c'est
exactement ce qu'Ex Machina veut.
Maintenant, je peux parler de la bonification du
projet, parce que c'est très, très important...
Le Président : Mais en
terminant.
Mme David (Outremont) : Alors, j'en
parlerai tout à l'heure.
Le Président : Première
complémentaire, Mme la députée d'Iberville.
Mme Claire Samson
Mme
Samson : Alors, comme l'entente existe en bonne et due forme par un
document écrit, j'espère que nous pourrons y avoir accès.
La ministre
peut-elle confirmer ou nier l'information suivante, que son ministère considère
verser une subvention de plusieurs
millions au théâtre des Gros Becs de Québec pour que celui-ci se porte
acquéreur de la caserne, propriété de M. Lepage?
Le Président : Mme la
ministre de la Culture.
Mme Hélène David
Mme David
(Outremont) : Autre question fort intéressante. Effectivement, il y
avait, dans ce projet depuis 2012, confirmé
par le précédant gouvernement du Parti québécois en 2014, un jeu qu'on appelle
de domino, parce qu'une fois qu'Ex Machina s'en allait dans le projet du
Diamant il y avait le théâtre des Gros Becs, qui est exceptionnel dans la diffusion du théâtre pour enfants, adolescents,
qui allait venir dans la caserne actuelle, où sont situés les locaux d'Ex
Machina. Alors, nous sommes en train
de regarder cette deuxième partie du dossier, et ils sont en train de faire le
plan d'affaires initial avec le ministère de la Culture en toute bonne
collaboration, M. le Président. Et je reviendrai peut-être sur la bonification
du projet du Diamant, parce qu'elle est...
Le Président : En terminant.
Mme
David (Outremont) : ...exceptionnelle, M. le Président.
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la députée d'Iberville.
Mme
Claire Samson
Mme
Samson : M. le Président, je pense que ce que la ministre hésite à
nous dire, c'est que, dans le fond, son gouvernement va accorder une subvention publique pour que le théâtre des
Gros Becs fasse l'acquisition de la caserne de Robert Lepage, qui est évaluée entre 8 et 12 millions de
dollars, ce qui correspond à peu près au financement public devant faire partie du projet du théâtre du
Diamant. Alors, le projet du Diamant coûtera donc aux Québécois non pas 30 millions,
mais bien 40 millions de dollars.
Le Président :
Mme la ministre de la Culture.
Mme
Hélène David
Mme
David (Outremont) : Alors,
écoutez, la question du théâtre des Gros Becs qui s'en va à
Ex Machina, qui, lui, s'en va au
Diamant est une question de montage financier qui répondait à deux
objectifs très, très importants,
d'abord beaucoup mieux loger le théâtre pour enfants et
adolescents des Gros Becs, qui est une force exceptionnelle au Québec,
la force du théâtre pour enfants et
adolescents est connue mondialement. Ils ont besoin d'une mise à niveau, la
mise à niveau va se faire à travers
cet achat-là. Et la vente à Ex Machina de ce théâtre-là va permettre aussi
de financer Ex Machina. Donc, le
montage financier est intelligent, porteur et va faire rayonner la culture de
la ville de Québec et l'ensemble du Québec, M. le Président.
Le Président :
Principale, M. le député de Rosemont.
M. Lisée :
Il y a, au Québec...
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît!
Des voix :
...
Le
Président : On vous
garde, on vous garde, c'est un marché captif. M. le député de Rosemont,
c'est à vous la parole.
Impact des compressions budgétaires
sur les
prestataires d'aide de dernier recours toxicomanes
M.
Jean-François Lisée
M.
Lisée : Il y a,
au Québec, M. le
Président, des milliers de personnes
qui sont à la fois prestataires de l'aide sociale et toxicomanes. 7 000
d'entre elles prennent une énorme décision : celle de se faire soigner
pour reprendre une vie normale. Ça
prend une volonté considérable.
Avant
les mesures d'austérité de ce gouvernement, le prestataire qui voulait faire ce
pas savait que, pendant le traitement,
il conserverait sa prestation et son logement. Mais, avec les mesures
d'austérité, confirmées hier par deux
ministres, le prestataire sait qu'il va perdre la majorité de sa prestation et
perdre son logement pendant le traitement. Un document du ministère,
d'ailleurs, de la Santé et des Services sociaux dit que cette mesure aura un
impact sur la décision d'effectuer ou non ce
traitement. Évidemment, M. le Président, évidemment, tous ont dit que cette
mesure était contre-productive et allait ériger un mur devant la
décision d'aller en traitement.
Alors,
pourquoi, pour des économies de bouts de chandelles, ce gouvernement érige-t-il
des obstacles aux gens qui veulent aller en traitement?
Le Président :
M. le ministre du Travail.
M.
Sam Hamad
M.
Hamad : Merci, M. le Président. Permettez très humblement de
corriger plusieurs énoncés par mon collègue ici, le député. Premièrement, le règlement qui a été adopté, M. le
Président, vise un objectif très important, c'est l'équité entre les prestataires et ceux qui travaillent à faibles
revenus, premier élément. Deuxième élément, M. le Président, vise aussi une justice sociale pour les prestataires.
Troisième élément, M. le Président, le règlement répond parfaitement aux
recommandations de la Protectrice du citoyen, lettre à lettre, mot à mot, M. le
Président. Donc, nous répondons aux préoccupations de la Protectrice du citoyen.
M. le
Président, parlons d'équité. Ce règlement-là vise le même traitement pour les
prestataires qui font appel à des
services de toxicomanie... on le met à même égalité que les personnes, par
exemple, qui ont besoin d'une évaluation psychiatrique, le même traitement pour les
personnes aux centres d'hébergement et de soins de longue durée, les mêmes
personnes qui ont besoin d'un centre de
réadaptation en déficience physique et intellectuelle, le même traitement pour
des personnes aux centres de réadaptation,
pour des mères en difficulté d'adaptation. M. le Président, l'équité, c'est
traiter tout le monde égal et c'est
les aider. En même temps, M. le Président, le double paiement, on arrête ça
pour une question d'équité, encore une fois.
Le Président :
Cela met fin à la période de questions et de réponses orales.
Motions
sans préavis
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, puisqu'il n'y a pas de votes
reportés, nous allons passer à la rubrique
des motions sans préavis. Et, en fonction de nos règles et de l'ordre de
présentation des motions sans préavis, je
suis prête à reconnaître un membre du deuxième groupe d'opposition et je cède
la parole à M. le député de La Peltrie.
M.
Caire : Merci, Mme la Présidente. Je demande le consentement
pour déposer la motion suivante conjointement avec la députée de
Sainte-Marie—Saint-Jacques :
«Que l'Assemblée
nationale prenne acte de la décision du président du Conseil du trésor de créer
un conseil consultatif chargé de faire une réflexion sur l'avenir des
technologies de l'information au Québec;
«Qu'elle reconnaisse
que les nombreuses dérives de projets informatiques représentent un problème
grave [...] persistant dont l'ampleur exige de poser des gestes forts plutôt
que de créer des comités de réflexion;
«Qu'en
conséquence, elle demande au gouvernement de déclencher dans les plus brefs
délais une commission d'enquête sur
l'octroi [de] la gestion des contrats publics dans l'industrie des technologies
de l'information et des communications.»
• (11 h 10) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci, M. le député de
La Peltrie. Y a-t-il consentement pour débattre? Il n'y a pas de consentement. Et nous allons passer à la
prochaine motion sans préavis, et je vais maintenant céder la parole à
M. le député de D'Arcy-McGee.
Souligner le Jour commémoratif
de
l'Holocauste-Yom Hashoah
M.
Birnbaum : Merci, Mme la Présidente. Je sollicite le consentement de
cette Assemblée afin de présenter la motion
suivante conjointement avec la députée d'Hochelaga-Maisonneuve, la députée
d'Arthabaska et la députée de Gouin :
«Que
l'Assemblée nationale souligne qu'aujourd'hui, le 15 avril 2015 est
Yom Hashoah, soit la journée internationale de commémoration des
victimes de l'Holocauste;
«That the National Assembly recognizes
that today, April 15th 2015 is Yom Hashoah, the International Day of Commemoration for the victims of the Holocaust.»
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci, M. le député. Alors, y
a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M.
Sklavounos : Oui, Mme la Présidente, il y a consentement.
Nous proposons des interventions d'une durée de deux minutes par intervenant dans l'ordre suivant : notre collègue
le député de D'Arcy-McGee, la collègue d'Hochelaga-Maisonneuve, la collègue d'Arthabaska, et je n'ai
pas le nom de l'intervenant... Mme la députée de Gouin pour Québec solidaire.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup. M. le député
de D'Arcy-McGee, la parole est à vous.
M.
David Birnbaum
M.
Birnbaum : Merci, Mme la Présidente. Nous soulignons aujourd'hui Yom
Hashoah, le jour commémoratif de l'Holocauste, avec chagrin et regret,
mais aussi avec détermination et espoir. Grâce aux efforts acharnés de mon prédécesseur, Lawrence Bergman, en 1999,
l'Assemblée nationale a adopté une loi proclamant officiellement ce jour.
Je suis fier, en tant que directeur général
du Congrès juif canadien, région du Québec, d'avoir pu offrir à l'époque un
soutien à ce geste remarquable. Oui, chagrin et regret, mais aussi
détermination et espoir.
Chagrin.
Plus de 6 millions d'hommes, de femmes et d'enfants ont été assassinés
sous l'indicible terreur du régime nazi.
Ils ont été massacrés, comme l'ont été les Roms, les homosexuels et les
personnes handicapées, au nom de la haine et du pouvoir.
Regret. My dear friend and survivor Sydney
Zoltak has written about his own miraculous journey to freedom from the grips of the Warsaw Ghetto
and the price exacted, «Within one week — he writes — all
my friends were sent away to the death camp of
Treblinka. I see their faces, I see their eyes, but I cannot remember their
names.»
Détermination. Détermination à partager ces terribles leçons de mémoire,
d'honorer les survivants en s'assurant qu'une telle tragédie ne se
reproduira plus jamais.
Finalement, l'espoir. L'espoir fondé
sur la bonté humaine, le pouvoir de l'éducation et la force de la compassion
nécessaire pour surmonter la haine et l'indifférence.
Montréal
abrite la plus grande population de survivants après Israël et la ville de New
York. Leur nombre s'amenuise d'année en année, d'où l'urgence absolue de
transmettre le message, leur mémoire, leur espoir.
Hope, for me, is best exemplified by the
survivors I have been privileged to know. People like Sydney Zoltak and Michael Kutz, Mier and Anna Zalcman of blessed memory. Each of
them, despite the burden of bearing witness to unspeakable hardship and atrocity, built loving families, enriched their
communities and embraced the biblical calling of «tikkun olam», the responsibility of each of us to heal the
world.
If the survivors of this seminal
tragedy of our time can embody such courage, leadership, humanity, hope, then so must the rest of us.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le député de
D'Arcy-McGee et je vais maintenant céder la parole à Mme la députée
d'Hochelaga-Maisonneuve.
Mme
Carole Poirier
Mme
Poirier : Merci, Mme la Présidente. À l'instar de centaines de
milliers d'autres personnes partout dans le monde et dans plusieurs autres assemblées démocratiques, je souhaite
rendre hommage à tous ceux qui sont tombés aux mains des nazis. Aujourd'hui, en commémorant Yom Hashoah, la journée
internationale de commémoration des victimes de l'Holocauste, ici, à
l'Assemblée nationale, nous honorons la mémoire des gens qui ont péri et également de ceux qui ont survécu.
L'Holocauste,
un événement tragique dans l'histoire de l'humanité. Un seul petit mot si lourd
de sens, décrivant la souffrance et
la mort de 11 millions de personnes, dont 6 millions de Juifs. Il suffit d'entendre le témoignage d'une seule personne survivante de l'Holocauste pour
comprendre pourquoi nous devons continuellement nous souvenir de cette période noire de notre histoire, qui est d'une
gravité telle que jamais elle ne doit disparaître de nos mémoires.
Pour ces survivants, il nous faut
nous souvenir pour dire : Plus jamais. Il nous faut nous souvenir pour nous demander
comment une partie de l'humanité a pu
sombrer dans une telle barbarie et comment faire en sorte constamment de
se prémunir contre de tels dérapages qui vont jusqu'à l'horreur.
Le
premier ministre du Québec René
Lévesque, qui a été témoin en tant
que correspondant de guerre, rapportait ce qui suit à la suite de son entrée à Dachau : «Ce qu'on
découvrait, c'était en même temps l'antisémitisme, mais surtout jusqu'où
peut aller [une] chute dans la barbarie. Et [...] une chute organisée[...], c'est-à-dire pas un accident de parcours, mais quelque chose de systématique,
une organisation de la mort...»
Même
si cet événement atroce s'est passé loin de nous, il a été à la fois
proche de nous de différentes façons. C'est au Québec et dans la région
de Montréal, comme mon collègue l'a souligné, en particulier que, toutes
proportions gardées, sont venus se réfugier
le plus grand nombre de survivants de l'Holocauste. Il y en a
encore quelques-uns vivant à Montréal. Le Québec a été terre d'accueil pour ces survivants et
choisi comme telle. Pour ces survivants et pour tous les autres, il est
important que nous prenions la parole en cette Assemblée pour nous souvenir.
Évidemment,
le deuil n'est pas que québécois, il n'est pas européen. Il est planétaire et il
sera éternel. Il faut qu'il en soit ainsi, tellement la tragédie
est grave et incompréhensible.
Aujourd'hui, nous réitérons à la communauté juive et à toutes les victimes et
survivants de l'Holocauste notre profonde
sympathie et notre volonté d'être à leurs côtés pour se souvenir et pour
faire en sorte que plus jamais ça ne se reproduise.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Merci beaucoup, Mme la députée d'Hochelaga-Maisonneuve.
Et maintenant la parole est à Mme la députée d'Arthabaska.
Mme
Sylvie Roy
Mme
Roy (Arthabaska) : Mme la Présidente, le peuple juif est un peuple fier, à l'histoire riche, à la mémoire longue.
Aujourd'hui, c'est un jour à l'honneur des traits de ce
peuple, dont le passé regorge de grandeur mais de grandes tragédies
aussi.
Aujourd'hui est également un jour de souvenir, c'est un jour de
recueillement en souvenir de l'Holocauste. Nous avons tous, en tant que contemporains, le devoir de se souvenir de ces
grandes souffrances et horreurs de la Deuxième
Guerre mondiale. En France, à Paris aujourd'hui, 70 ans après que les camps de la mort ont été fermés, on lira à
compter de ce soir 35 000 noms parmi les
76 000 Juifs français disparus à l'époque. Il s'agit d'une grande
commémoration, une cérémonie
essentielle à notre époque. Et je dis bien «essentielle». Pourquoi? Parce que,
même si l'Holocauste a marqué l'histoire,
il ne s'incarnera pour les prochaines générations que si nous le faisons
résonner dans notre présent. Au Québec, notre devise est Je me
souviens, donc notre devoir de commémoration est encore plus grand.
Je
veux aussi parler de ces personnes qui ont survécu, qui sont marquées à jamais,
qui vivent souvent parmi nous, qui,
d'après moi, y pensent chaque jour mais n'en parlent pas chaque jour, de ce
qu'ils vivent comme souffrance, comme mémoire, comme deuil. Je leur
envoie mes meilleures pensées.
Même
si le souvenir de cette tragédie est très pénible à bien des égards, c'est
quand même la meilleure garantie pour
l'avenir, nous avons cet engagement de ne pas répéter ces erreurs du passé, et,
pour ces raisons, c'est un honneur pour moi, au nom de ma formation
politique, de participer à cet effort collectif qui représente notre motion.
Je terminerai en disant comme disent les Juifs
qui refusent de vivre dans la peur : Plus jamais Massada.
• (11 h 20) •
La Vice-Présidente (Mme
Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la députée d'Arthabaska. Et je
cède maintenant la parole à Mme la députée de Gouin.
Mme
Françoise David
Mme
David (Gouin) : Merci, Mme la Présidente. L'Holocauste, la Shoah
demeure un événement absolument historique
et incontournable. Pourquoi? Bien, non seulement parce
que 6 millions de Juifs sont
morts dans les conditions qu'on
connaît, mais je voudrais rappeler que tout ça, ça s'est passé au terme de
10 années de préparation, de répression, d'intoxication des esprits, et tout ça sur fond, chez le peuple
allemand, d'humiliation, de désarroi, de difficultés économiques
non seulement dans ce peuple, mais au sein de d'autres peuples. Bref, on sait maintenant, et on ne peut plus se le cacher, qu'Hitler, qui avait fort bien planifié
tout ça avec ses lieutenants, ses hommes de main, pouvait compter — et
c'est peut-être ça qui est le plus
terrifiant — sur la
complicité plus ou moins silencieuse, plus ou moins agissante d'un certain nombre de ses compatriotes. Et ça s'est passé
aussi dans d'autres pays, on ne peut pas ignorer ce fait, d'autant que, depuis
l'Holocauste, d'autres génocides, d'autres massacres ont eu lieu dans des pays
avec des histoires un peu similaires.
Autrement
dit, ça devrait nous faire réfléchir, nous, aujourd'hui, parlementaires
québécois, sur ce que nous pouvons faire
pour éviter qu'au Québec, dans cette société que nous aimons, dans laquelle
nous vivons, des gestes de haine, des massacres — il ne faut jamais penser que l'histoire ne
peut pas se répéter — puissent
se produire. Nous portons donc une très lourde responsabilité. C'est celle de
présenter à la population des projets sociaux, politiques, culturels
rassembleurs. C'est celle d'unir
toute la population avec l'espoir d'un mieux-vivre. Mais ce n'est pas
suffisant, nous devons aussi nous servir
de l'éducation, de nos écoles publiques comme d'un terreau pour raffermir
l'unité de la jeunesse québécoise et du peuple québécois. Et enfin nous
devons nous assurer de continuer de travailler dans une démocratie qui implique
les citoyens et qui évite toute dérive
autoritaire. Si nous faisons cela, Mme la Présidente, je pense que ce sera la
meilleure façon de rendre hommage aux 6 millions de personnes
juives mortes durant la Deuxième Guerre mondiale. Merci.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup, Mme la députée de Gouin.
Mise
aux voix
Alors, cette motion
est-elle adoptée?
Des voix :
Adopté.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, j'aimerais vous inviter à
vous lever pour observer une minute de silence en mémoire des victimes.
• (11 h 23
—
11
h 24) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie. Vous
pouvez vous asseoir. Alors, nous allons poursuivre avec la rubrique des motions sans préavis, et je cède sans
plus tarder la parole à M. le député de Saint-Jean.
M.
Turcotte : Merci, Mme la Présidente. Je sollicite le
consentement des membres de cette Assemblée afin de présenter,
conjointement avec la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques, la motion
suivante :
«Que l'Assemblée
nationale confirme l'importance des forums jeunesse, véritable école à la
citoyenneté, oeuvrant depuis leur création à assurer un lieu d'engagement pour
les jeunes du Québec;
«Qu'elle
affirme son caractère essentiel au développement régional et qui permet à tous
les jeunes du Québec de contribuer au développement de la société
québécoise;
«Que
l'Assemblée nationale demande au gouvernement de s'engager à maintenir le
financement des forums jeunesse.»
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci, M. le député de Saint-Jean.
Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M.
Sklavounos :
Mme la Présidente, nous avons reçu le libellé très tardivement ce matin. Je n'ai
pas pu consulter le caucus, le caucus n'a
pas été saisi du dossier. Je demande de reporter, respectueusement, pour qu'on
puisse regarder plus attentivement cette motion.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, il y a consentement pour
reporter cette motion à demain? Alors, merci.
Alors, merci beaucoup. Nous allons maintenant poursuivre avec Mme la députée de
Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Mme
Massé : Merci, Mme la Présidente. Je demande le consentement de la
Chambre pour débattre de la motion suivante conjointement avec le député
de Marie-Victorin :
«Que l'Assemblée
nationale souligne la tenue du Symposium mondial sur l'uranium tenu à Québec,
du 14 au 16 avril 2015, qui
accueille des participants[, participantes] provenant d'une vingtaine de pays
et de tous les continents afin
d'échanger sur les enjeux du cycle du nucléaire, allant de l'extraction de
l'uranium à son utilisation à des fins civiles et militaires;
«Que l'Assemblée nationale prenne acte du message formulé par [...] Naoto
Kan, premier ministre du Japon lors de l'accident nucléaire de Fukushima, qui presse l'ensemble de la communauté
internationale à collaborer pour tourner le dos à l'énergie nucléaire et
développer des énergies alternatives vertes et sécuritaires;
«Que
l'Assemblée nationale salue la décision du gouvernement du Québec de
fermer la centrale de Gentilly II;
«Que l'Assemblée nationale presse le gouvernement du Québec de répondre
positivement à la demande formulée par la société civile d'entamer des
négociations avec l'Ontario en vue d'une entente de fourniture d'électricité à
long terme afin d'offrir son appui à cette
province pour mettre fin à sa dépendance à l'énergie nucléaire et ce, en
s'assurant un maximum de retombées économiques pour l'ensemble des Québécois
[et Québécoises];
«Que l'Assemblée nationale rappelle la motion,
adoptée unanimement le 30 octobre 2008, qui demandait au gouvernement d'interdire l'enfouissement sur le territoire du Québec
de déchets et de combustibles irradiés en provenance de l'extérieur du Québec.»
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci, Mme la députée. Y a-t-il consentement pour débattre
de cette motion? Il n'y a malheureusement pas de consentement, et ceci met fin à la rubrique des motions sans
préavis.
Avis touchant les travaux des
commissions
Et, aux avis touchant les travaux des commissions,
M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Sklavounos : Merci,
Mme la Présidente. Alors, j'avise cette Assemblée que la Commission des
finances publiques, conformément à l'article 275 du règlement
de l'Assemblée nationale, poursuivra le débat sur le discours du budget aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à
13 heures et de 15 heures à 18 heures, à la salle du conseil
législatif;
Que la Commission des institutions entreprendra les consultations particulières sur
le projet de règlement relatif au
règlement sur le changement de nom et d'autres qualités de l'état civil pour
les personnes transsexuelles ou transgenres aujourd'hui, après les affaires
courantes, pour une durée de 1 h 15 min et poursuivra de
15 heures à 19 heures, à la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine.
Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors,
merci. Alors, y a-t-il consentement pour déroger de l'article 143 du
règlement concernant l'horaire des travaux des commissions? Consentement.
Alors, pour ma part, je vous avise que la Commission
de l'administration publique se réunira à 15 heures, aujourd'hui, à la salle Louis-Joseph-Papineau afin de procéder à
l'élection de la vice-présidence provenant du deuxième groupe d'opposition. Cette même commission se
réunira par la suite en séance de travail de 15 heures à 18 heures à
la salle RC.171 de l'hôtel du
Parlement, et l'objet de cette séance est d'examiner les rapports annuels de
gestion des ministères et organismes et d'organiser les travaux de la
commission.
Nous en sommes maintenant à la rubrique des
renseignements sur les travaux de l'Assemblée.
Affaires du jour
Alors,
puisqu'il n'y a pas d'intervention, la période des affaires courantes étant
terminée, nous allons maintenant passer aux affaires du jour, et je vais
céder la parole à M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Sklavounos :
Oui, merci, Mme la Présidente. Auriez-vous l'amabilité d'appeler
l'article 8 de notre feuilleton?
Projet de loi n° 32
Prise en considération du
rapport de la
commission qui en a fait l'étude détaillée
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, à l'article 8 du feuilleton,
l'Assemblée prend en considération le
rapport de la Commission des transports et de l'environnement sur le projet de
loi n° 32, Loi modifiant la Loi concernant des mesures de compensation pour la réalisation de projets affectant un
milieu humide ou hydrique afin d'en prolonger l'application. Alors, je suis prête à reconnaître le premier intervenant
et je cède la parole à M. le ministre de l'Environnement.
M. David Heurtel
M. Heurtel :
Merci, Mme la Présidente. Je commencerai par remercier l'ensemble des collègues
qui ont participé à la commission parlementaire sur le projet de loi. Il
y a eu d'excellentes discussions, d'excellents échanges. Je tiens également à remercier l'ensemble des groupes qui
se sont présentés en commission parlementaire pour faire valoir leurs points de vue, et, je dois dire, l'ensemble des
interventions en commission parlementaire ont grandement fait évoluer la
discussion.
• (11 h 30) •
Je ne m'étendrai pas trop longuement sur la
genèse du projet de loi, nous l'avons déjà fait précédemment, simplement rappeler quelques faits principaux.
Nous sommes ici aujourd'hui pour parler de ce projet de loi suite à une décision de la Cour supérieure qui remonte à
2012, qui a invalidé un régime de compensation en matière de milieux humides
qui avait été mis en place par le ministère de l'Environnement. En réaction à ce jugement, le gouvernement de l'époque a choisi de
permettre la prolongation dudit régime de prolongation par une loi, la
loi n° 71, qui était munie d'une clause
crépusculaire datée du 24 avril 2015.
Or,
comme vous savez, Mme la Présidente, entre l'adoption de ce projet de loi à l'époque et le 24 avril 2015, qui approche à grands pas, il y a eu deux élections générales, deux changements de gouvernement, ce qui a eu grandement
pour effet de ralentir le processus
de développement d'un nouveau régime de protection de milieux
humides. Et il y a eu également une série d'autres événements auxquels
je ferai allusion un peu plus tard.
Cela dit,
malgré nos meilleurs efforts, force nous était de constater que, bien qu'il est
très important de s'assurer que nous ayons un régime
adéquat de protection de milieux humides au Québec et bien que nous précisons
encore davantage l'importance, surtout dans un contexte de lutte
contre les changements climatiques, de non
seulement protéger adéquatement
les milieux humides, mais de s'assurer que, lorsqu'il y a... d'éviter la
destruction le plus possible, mais également qu'on puisse non seulement s'assurer qu'ils
sont maintenus et même qu'ils soient développés davantage,
parce que les milieux humides font
partie de notre stratégie de lutte contre les changements climatiques, mais, dans ce contexte, force nous était de constater que le projet de loi que nous voulons déposer n'était pas prêt et ne serait pas prêt à temps
pour la date limite du 24 avril 2015. Il reste encore du travail à faire,
bien que je reconnais qu'il y a eu quand même beaucoup de travail qui a été fait, oui, sous l'ancien gouvernement mais qui... et il y a eu du travail qui a été fait dans la dernière année de notre gouvernement, Mme la Présidente. Cependant, nous devons nous assurer que le prochain régime
de protection de milieux humides au Québec soit le bon.
Donc, il nous reste un travail à faire pour
s'assurer que ce régime tienne compte du monde municipal, tienne compte du monde agricole, tienne compte du monde
des forêts et qu'on puisse bien intégrer également la réalité scientifique
toujours évoluante en matière de changements
climatiques pour être bien certains
qu'on pose les bons gestes. Donc, pour nous assurer qu'on puisse avoir
bien le temps de bien faire les choses, nous déposons le présent projet de loi
pour permettre la prolongation du régime actuel, bien qu'imparfait, nous le
reconnaissons, de deux années.
À l'origine, lorsque
nous avons déposé le projet de loi, il était assorti d'une prolongation de trois
ans. Nous avons échangé avec les groupes, nous avons échangé avec l'opposition
officielle ainsi que la deuxième opposition et, suite à la commission parlementaire, nous en sommes venus à une entente. Et je tiens
à remercier le député de Jonquière et le député
de Borduas pour leur collaboration. Et nous en sommes venus à une entente. Suite à la proposition du gouvernement, les
deux oppositions se sont ralliées à la proposition de réduire le délai de trois... la prolongation, plutôt, de trois ans,
de la réduire à deux années. Alors
là, on va se donner le temps non
seulement de faire un bon projet de loi sur les milieux humides, mais aussi d'assortir ça dans une
séquence d'événements, Mme la Présidente.
Nous sommes présentement dans un processus de modernisation du régime d'autorisation de la
Loi sur la qualité de l'environnement. Cette modernisation va avoir un impact important sur les milieux
humides. Nous croyons qu'il est d'abord important de moderniser le régime d'autorisation de la LQE,
qui n'a pas subi de réforme majeure depuis 43 ans, depuis l'entrée en vigueur de la LQE en 1972.
Donc, nous croyons qu'il faut d'abord s'attaquer à une modernisation du régime d'autorisation de la Loi sur la qualité de l'environnement, qui va alimenter davantage la réflexion sur l'éventuel projet de loi
sur la protection des milieux humides.
Et également,
Mme la Présidente, nous devons tenir compte de l'importante réforme du monde municipal qu'a entamée mon collègue le ministre des Affaires municipales et de
l'Occupation du territoire. Et ce processus
de réforme va également
prendre quelques années. Et donc on doit s'assurer de bien arrimer
les deux processus, étant donné l'importance qu'ont les municipalités
dans la protection des milieux humides.
Alors,
conséquemment, lorsqu'on prend compte de l'ensemble du contexte, tant
passé qu'actuel, il est sage de se donner
le temps, bien que nous reconnaissons qu'il
faut agir rapidement,
de bien se donner le temps de terminer le travail entamé sur l'éventuel projet de loi de protection des milieux humides et faire un travail qui va nous
permettre d'arriver à
l'intérieur des deux ans. Parce que, comprenez bien, Mme la Présidente, que,
bien que le projet de loi indique une prolongation
de deux ans, si nous sommes capables de le faire plus rapidement,
nous le ferons. On se donne un maximum
de deux ans, mais nous comprenons également l'importance d'agir le plus rapidement
possible.
Mais, encore une fois, vu les facteurs et vu les considérations que j'ai énumérés tout à l'heure, je crois qu'il est important de nous donner les outils, de bien faire les
choses, et c'est notre intention, parce
que, comme je l'ai dit, Mme la Présidente, il
faut protéger les milieux humides. Il faut se donner les outils pour bien les protéger, il
faut se donner les outils pour les
développer davantage, mais il faut
travailler aussi en collaboration avec l'ensemble des acteurs du milieu,
que ce soient les groupes environnementaux,
que ce soient les municipalités, que ce soit le monde agricole, que ce soit le
monde des forêts, que ce soit le monde des
transports. Il y a beaucoup d'intervenants qui agissent et qui ont un impact
sur les milieux humides. Il faut s'assurer que cette fois-ci... Bien que ça
fait une dizaine d'années qu'on dit que le régime
de protection de milieux humides a besoin d'amélioration, on n'a jamais été
capable d'arriver et d'aboutir à un régime adéquat, bien qu'il y a
plusieurs efforts qui ont été faits.
Alors là, je
crois qu'on a l'ensemble des... comment je dirais, des éléments en main pour
bien travailler. Et, comme je vous
dis, Mme la Présidente, il y a plusieurs groupes qui sont intervenus, et je me
permettrai de prendre quelques minutes pour
citer quand même certaines interventions des groupes qui sont intervenus à
propos du projet de loi, notamment, bon, l'Association des professionnels de la construction et de l'habitation
du Québec. Je cite : «Ainsi, il nous apparaît sage de la part du
ministre d'avoir choisi de faire les choses correctement, en accordant le temps
nécessaire à la consultation. C'est pourquoi nous appuyons le projet de loi
n° 32.»
L'Union
des producteurs agricoles — je cite : «L'union accueille favorablement le
prolongement — à
l'époque — de
trois ans de la durée des dispositions
transitoires comme proposé par le projet de loi n° 32. Le travail à
accomplir pour convenir des règles
qui assureront une protection adéquate des milieux humides est considérable. Le
délai proposé nous apparaît donc justifié.»
Canards illimités — je cite : «...pour
Canards illimités, le report de la loi, ça nous semble nécessaire parce qu'il y a encore du travail à faire. Combien long?
On n'est pas ici pour porter [...] jugement, un an, deux ans, trois ans,
mais il y a du travail
de concertation, d'éducation face à ceux qui ont des milieux humides sur leur
propriété [et] qui font face à des présences de milieux humides sur leur site.
Donc, c'est important de prendre le temps[...], [le temps] qu'on se
comprenne.»
L'Association
des producteurs de canneberges du Québec — je cite : «L'Association des
producteurs de canneberges du Québec a accueilli favorablement votre
décision de prolonger la période d'étude et d'analyse des impacts avant de
déposer un projet de loi sur la conservation des milieux humides et hydriques.»
Le Conseil
patronal de l'environnement du Québec — je cite : «Par ailleurs, le ministre
Heurtel annonçait également qu'il
prolonge de trois ans la Loi concernant des mesures de compensation pour la
réalisation de projets affectant un milieu humide ou hydrique, laquelle devait être remplacée par une nouvelle loi
dès cette année. Le CPEQ salue cette initiative et croit qu'il est préférable d'attendre que la
réforme de la LQE soit complétée avant d'aller de l'avant avec une nouvelle
loi.»
Finalement,
Mme la Présidente, la Fédération québécoise des municipalités : «Avec
l'annonce récente faite par le ministre du Développement durable, de
l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques d'une révision majeure de la Loi sur la qualité de
l'environnement et de la modernisation du régime d'autorisation, la FQM préfère
porter son attention sur les éléments de
réflexion qui seront proposés par le gouvernement en lien avec ce processus.»
Et je
pourrais continuer, Mme la Présidente, mais ça vous donne quand même une idée
qu'il y a un consensus assez répandu
sur la nécessité de se donner le temps de bien faire les choses. Nous
comprenons qu'il y a certains groupes, certains
intervenants qui voudraient qu'on aille un peu plus vite. Comme je vous l'ai
dit, Mme la Présidente, nous allons aller
le plus rapidement possible, mais nous voulons nous donner le temps de bien
faire les choses. Encore une fois, je vous
dirai que nous tentons d'agir aussi avec une certaine cohérence. Encore une
fois, il y a la question de modernisation du régime d'autorisation de la Loi sur la qualité de l'environnement et
la Stratégie gouvernementale de développement durable pour les cinq prochaines années, qui est en phase finale de
préparation, et le projet de loi sur la protection des milieux humides.
Donc, nous
avançons ces trois fronts de façon cohérente
et nous voulons bien faire les choses, et donc c'est pour cela que nous allons nous donner un deux ans
supplémentaire. Puis, encore une
fois, je remercie l'opposition officielle, ainsi que la deuxième opposition, pour sa collaboration. Et, dans un esprit de compromis, nous avons pu
arriver à une entente et pour nous donner deux ans pour arriver à des
résultats satisfaisants. Merci, Mme la Présidente
• (11 h 40) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup, M. le ministre
du Développement durable, de
l'Environnement et de la Lutte aux changements climatiques. Et je vais maintenant céder la parole à M. le député de Jonquière et porte-parole de l'opposition officielle en
matière de développement durable et d'environnement.
M. Sylvain Gaudreault
M.
Gaudreault : Oui. Merci, Mme la Présidente. Alors, effectivement, c'est une intervention importante aujourd'hui
et qui va permettre de faire un état de la situation sur les consensus auxquels nous sommes arrivés en commission parlementaire sur l'étude du projet de loi n° 32,
Loi modifiant la Loi concernant des
mesures de compensation pour la réalisation de projets affectant un
milieu humide ou hydrique afin d'en prolonger l'application.
Mme la Présidente, je n'ai pas l'intention de revenir trop longuement sur le contexte ou l'état
de la situation qui nous
a conduits à avoir ce projet de loi devant nous, le ministre l'a fait avant moi. Simplement
pour rappeler quand même qu'au
mois de mai 2012, avec la loi n° 71, nous avions, comme parlementaires,
adopté un régime transitoire qui prolongeait...
ou qui établissait, à la suite d'un jugement, un délai de trois ans pour
arriver à une loi d'encadrement général sur la question des milieux
humides. Donc, dans cette loi transitoire ou dans ces mesures transitoires, il
y avait des mesures de compensation, et la
date de péremption de cette loi n° 71 est établie au 24 avril 2015, donc cette
année. Alors, le projet de loi n° 32, présenté par le ministre,
vient prolonger ce délai de trois ans au 24 avril, donc, 2018.
Nous avons
fait un travail sérieux en commission
parlementaire. Nous avons entendu plusieurs
groupes et plusieurs experts également
dans le dossier des milieux humides, de la protection de milieux humides. Nous
avons également entendu le Commissaire au développement durable. Vous le connaissez, Mme la Présidente, c'est quelqu'un qui fait un travail rigoureux et sérieux, évidemment en lien avec le bureau du Vérificateur général. Et nous avons constaté lors de ces auditions publiques que, sur huit groupes, quatre groupes étaient
favorables à proposer de ramener le délai de trois ans à un délai d'un an.
Trois groupes sur huit n'avaient pas nécessairement mentionné de délai, mais ils se montraient
ouverts et disposés à travailler sur
un délai également d'un an, et un groupe sur huit, l'association de propriétaires et de construction d'habitations, l'APCHQ, disait oui à un délai de trois ans. Alors, c'est
en gros le portrait que nous avions devant nous et qui faisait en sorte que
nous avions quand même plusieurs représentations
à l'effet de raccourcir le délai, parce que les milieux humides ne
peuvent plus attendre, Mme la Présidente.
Il y a eu
beaucoup de dommages qui ont été faits à différents milieux humides à travers
le Québec, d'ailleurs qui ont été
documentés et bien expliqués, entre autres, par deux rapports du Centre de la
science de la biodiversité du Québec, le
CSBQ, qui nous a également fait parvenir une communication à notre commission
dans laquelle il fait état de sa grande préoccupation engendrée par le projet de loi n° 32. Autrement
dit, le CSBQ, qui avait fait l'étude sur le terrain, deux rapports importants, n'a pas pu venir se présenter en
commission parlementaire en raison de délais trop rapides mais nous a quand
même envoyé un document dans lequel ils
s'inquiètent d'un maintien et d'une aggravation des problèmes en raison d'un
report de trois ans, tel que le proposait à
l'origine le ministre du Développement durable et de l'Environnement. Et je
cite ce rapport, ce texte envoyé par le CSBQ, qui nous dit : «Il est
réaliste de croire que les pertes et perturbations des milieux humides s'accentueront dans plusieurs régions
critiques du Québec et, pour la plupart, de façon irrémédiable.» Fin de la
citation. Donc, ils disaient : Si on prolonge de trois ans encore le
délai, tel qu'il avait déjà été élaboré dans le projet de loi n° 71, donc si on le prolonge de
trois ans supplémentaires, bien il pourrait y avoir des dommages irrémédiables
aux milieux humides. Évidemment, pour
nous, comme parlementaires, c'est préoccupant,
et on s'est penchés très sérieusement
là-dessus.
Vous savez, je comprends qu'il y a eu des changements de gouvernement, mais le ministre ne peut pas simplement s'en remettre à cela, parce que,
vous le savez, Mme la Présidente, même s'il
y a des changements de gouvernement, il reste qu'il y a une continuité de l'État. Les
travaux qui avaient été faits à partir de l'adoption de la loi n° 71
au printemps 2012 jusqu'à
aujourd'hui, malgré les changements de gouvernement, il y a une équipe, il y a
une administration publique au sein du ministère de l'Environnement, qui
fait en sorte que le travail peut se continuer. Et je veux vous rappeler aussi qu'il y avait eu quand même un consensus, un
groupe de travail en 2013 qui avait été mis sur pied par le prédécesseur
du ministre actuel, qui avait établi un
certain nombre de consensus quant à la protection des milieux humides. Il y a
eu également un forum organisé par
les organismes de bassin versant en décembre 2014 — on ne remonte pas à très loin — où il
y avait également eu un très grand nombre d'éléments consensuels qui avaient
été convenus par tous les participants qui
étaient là. C'étaient des participants de tous les milieux, autant
environnementaux, agricoles, etc., municipaux, et tout le monde s'était montré d'accord sur un certain
nombre d'éléments pour justement aller de l'avant avec une loi d'encadrement
général sur les milieux humides.
Ceci étant
dit, Mme la Présidente, et comme je l'avais dit lors de mon allocution sur
l'adoption de principe du projet de
loi n° 32, j'avais annoncé à ce moment-là que nous allions présenter
un amendement au projet de loi n° 32. Vous savez, ce n'est pas un projet de loi qui est long,
il n'y a que deux articles, mais j'avais dit à ce moment-là, à l'adoption
de principe, que je proposerais un
amendement pour raccourcir le délai de trois ans, annoncé par le ministre,
proposé par le ministre, à un délai
d'un an. Alors, nous l'avons faite, cette proposition, le député de Borduas
était d'accord avec moi sur cet
amendement. Il a été rejeté, l'amendement, c'est-à-dire, a été rejeté par le gouvernement.
Et, en discutant avec le gouvernement, nous nous sommes entendus pour
raccourcir effectivement le délai. Le gouvernement voulait avoir un petit peu
plus de temps que le un an que nous avons proposé comme amendement, donc on a
coupé la poire pas totalement en deux, parce
que ça aurait voulu dire un an et demi, on l'a coupée aux deux tiers, on a
coupé la poire aux deux tiers, on est
arrivés avec un délai de deux ans, finalement, au lieu d'un délai d'un an ou un
délai de trois ans tel que proposé initialement
par le ministre. Donc, on a eu un délai de deux ans qui a été accepté comme
amendement pour le projet de loi n° 32.
Alors, dans
le fond, en acceptant ce délai de deux ans, je pense que l'opposition
officielle, par le travail que nous avons
fait, par les questions que nous avons posées aux groupes intéressés, par les
réponses que nous avons eues de ces mêmes
groupes, par un travail également de compromis et de discussion, de négociation...
je crois que notre travail a porté fruit,
pas pour se péter les bretelles avec ça, Mme la Présidente, mais bien pour la
protection des milieux humides. Je pense que ce qui nous réunit ici, ce qui a toujours déterminé nos
interventions dans le cadre des travaux du projet de loi n° 32,
ce n'était que la protection des milieux
humides. Et, vous savez, protéger les milieux humides, ce n'est pas protéger
les milieux humides pour protéger les
milieux humides, là, c'est pour finalement protéger la biodiversité, hein, qui
découle de ces milieux humides, qui
agissent comme filtres dans la lutte aux changements climatiques, donc filtres
à la pollution, aux gaz à effet de
serre, mais aussi la biodiversité, la faune, la flore, qui est riche dans ces
milieux-là, et qui peuvent même être mises en valeur pour d'éventuelles
reconnaissances ou une protection de ces milieux naturels.
Bon. Alors,
c'est la seule chose qui nous préoccupait. Et maintenant, bien, je suis assez
content, même très content du travail
que nous avons fait. Évidemment, nous aurions aimé mieux avoir une loi
d'encadrement immédiatement. Nous reconnaissons
qu'on n'a pas pu y arriver. On aurait aimé mieux, face à ça, on aurait aimé
mieux avoir un délai d'un an. Le
ministre nous dit que ce n'était pas possible. Bon. Alors, plutôt que de se
retrouver puis de s'obstiner continuellement en commission
parlementaire, bien on a convenu d'avoir un délai de deux ans.
• (11 h 50) •
Vous savez,
quand j'étais prof au cégep, avant d'être député, j'expliquais souvent à mes
étudiants que le travail parlementaire
à l'Assemblée nationale, c'est faire preuve de compromis, hein, c'est... je
disais l'exemple : C'est comme si chacun de notre bord, de chaque
côté de l'Assemblée, on étire l'élastique au maximum — puis
là je vois le député de Côte-du-Sud, là, je
le prends un peu en exemple — mais, à un moment donné, on le lâche, l'élastique, puis là ça donne un résultat dans le milieu, mais il faut le lâcher en
même temps, sinon on le reçoit dans le front, mais on le lâche, puis là ça
donne un résultat dans le milieu. Donc, on étire l'élastique.
Nous autres,
on voulait avoir une loi immédiate sur la protection des milieux humides. Après
ça, on a lâché un petit peu en
disant : On pourrait avoir un an. Bien là, chacun de notre bord, on a
lâché l'élastique, puis ça a donné un résultat dans le milieu, puis on
va faire avec ça, mais c'est ça, notre travail, et c'est ça, notre
responsabilité. Alors, le résultat d'avoir
lâché l'élastique chacun de notre bord, c'est quoi? C'est un délai de deux ans
au lieu d'un délai de trois ans. Alors, qui va en profiter? C'est les milieux humides. Mais maintenant, Mme la
Présidente, il faut que le gouvernement se mette à l'ouvrage pour produire cette loi, pour produire
ce régime d'encadrement permanent sur les milieux humides pour ne pas qu'on se retrouve encore... parce que, là, ça ne
sera pas drôle. Là, je ne le lâcherai pas l'élastique. Si on se retrouve en
2016 puis que le ministre ou le gouvernement
nous dit : Ah! il faut encore prolonger... Non. Là, les milieux humides ne
pourront pas durer éternellement dans de
l'incertitude, là, entre deux chaises. Alors là, le gouvernement, il a du temps
devant lui, bien, j'espère qu'il est déjà à l'ouvrage pour être capable
d'arriver avec une loi.
Le ministre nous dit : Il faut qu'on tienne
compte de la réforme de la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme proposée pas son collègue aux Affaires
municipales. Le ministre nous dit : On a aussi du travail à faire pour
revoir la Loi sur la qualité de l'environnement, qui n'est pas minime,
là, qui n'est pas petite, surtout sur les règles d'émission des certificats d'autorisation. Alors, c'est des
grosses lois, j'en conviens. Puis le ministre n'arrête pas de nous dire qu'il
faut être cohérents, responsables, intégrés
et... je ne sais plus lequel, là, il y a toujours quatre mots. Alors là, bien,
maintenant, O.K.,
on va le prendre au mot, c'est le cas de le dire, et il faut tout de suite se
mettre à l'ouvrage pour arriver, avant le délai qu'on va adopter, là, de 2017, le 24 avril 2017, à une loi sur
l'encadrement des milieux humides pour protéger les milieux humides. Parce que l'autre chose que je tiens à
dire, et nous serons très, très attentifs là-dessus, Mme la Présidente, comme
députés, c'est que le ministre nous a
dit : Ce n'est pas parce qu'on va prolonger de deux ans, au
24 avril 2017, qu'on va attendre
le 23 avril 2017 pour déposer la loi. Il nous a dit : C'est un
délai qu'on se donne, supplémentaire, mais nous allons tout faire pour
arriver avec quelque chose avant. Donc, ce n'est pas parce que c'est le
24 avril qu'on va attendre le 24 avril 2017
pour déposer la future loi. Alors, si le ministre peut nous arriver avec, déjà,
un projet dans un an, bien, tant mieux!
Alors, on fera notre travail, nous, pour s'assurer de cela, de l'avancement des
travaux. On a d'autres forums dans cette
Assemblée nationale pour nous permettre de suivre l'évolution de ces travaux — ça
peut être à l'étude des crédits, ça
peut être à la période de questions — pour
demander au ministre : Vous en êtes rendus où sur l'avancement de la loi
sur les milieux humides dans le cadre du délai de deux ans qu'on se sera
accordé?
Donc, c'est
tout ça, Mme la Présidente, qui est derrière les travaux de la commission
parlementaire sur le projet de loi n° 32. Je tiens à remercier
évidemment les groupes qui se sont présentés devant nous, les huit groupes,
plus les organismes additionnels qui ont
envoyé des documents par la suite pour nous informer parce qu'ils n'avaient pas
pu venir en commission parlementaire.
Je tiens à les remercier. Je tiens à remercier évidemment les collègues
parlementaires des deux côtés de la Chambre et de l'opposition
officielle, plus près de moi, qui ont participé aux travaux sur le projet de loi n° 32. Je tiens également à remercier le
personnel de la Commission des transports et de l'environnement mais aussi,
évidemment, tout le personnel, les employés de la fonction publique au sein du
ministère de l'Environnement qui ont fait le
travail et qui ont accompagné le ministre. Et je tiens à remercier évidemment
Étienne Pomerleau-Landry et Antonin
Lacelle-Webster, stagiaires de la Fondation Jean-Charles-Bonenfant, qui ont
travaillé avec moi — Étienne
est un recherchiste de l'opposition
officielle — pour
m'accompagner dans le travail du projet de loi n° 32 en commission
parlementaire, travail extrêmement précieux, rigoureux, comme toujours.
Donc, Mme la
Présidente, voilà ce qui termine mon allocution en disant que nous sommes fiers
de notre travail, d'avoir ramené
l'élastique à deux ans au lieu de trois et qu'on va surveiller le ministre, et
on va continuer de collaborer dans le souci, évidemment, constant de
protéger les milieux humides. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci beaucoup, M. le
député de Jonquière.
Et pour la poursuite de ce débat je vais maintenant céder la parole à M.
le député de Borduas.
M. Simon Jolin-Barrette
M.
Jolin-Barrette : Merci, Mme la Présidente. À mon tour d'intervenir sur le projet de loi n° 32, Loi modifiant
la Loi concernant des mesures de
compensation pour la réalisation de projets affectant un milieu humide ou
hydrique afin d'en prolonger l'application.
Comme l'ont
souligné mes collègues précédemment, à la fois M. le ministre ainsi que le
député de Jonquière, qui ont dressé
l'historique de ce projet de loi et de la raison pour laquelle nous devions
nous pencher sur ce projet de loi, en fait, Mme la Présidente, c'est parce qu'il y avait une clause crépusculaire
dans le projet de loi n° 71, qui avait été déposé à l'époque par le ministre actuel des Ressources
naturelles, député de Mont-Royal, suite à un jugement de la Cour supérieure
qui avait invalidé la directive
administrative sur laquelle le ministère de l'Environnement, du Développement
durable et des Parcs... sur cette
procédure administrative là pour exiger des mesures de compensation au niveau
de la perte des milieux humides. Donc, concrètement, en 2012, la Cour
supérieure est venue souligner que ce régime n'était pas applicable. Bien entendu, vous savez que la Cour
d'appel est venue casser cette décision pour d'autres motifs, tel que je
l'avais expliqué lors de l'adoption de
principe. Mais ce qu'il faut dire entre-temps, Mme la Présidente, c'est que,
pour éviter un vide juridique, le
gouvernement de l'époque, de la 39e législature avait adopté, quelque peu
en urgence, un projet de loi
temporaire pour une période de trois années pour s'assurer qu'il n'y ait pas de
vide juridique au niveau des mesures de compensation qui pouvaient être
exigées par le ministère en matière de protection des milieux humides. Donc,
ça, Mme la Présidente, c'est la table qui nous attendait pour l'étude du projet
de loi n° 32, que nous avons étudié lors des dernières semaines.
Ce qu'il faut dire, Mme la Présidente, c'est
qu'effectivement, en commission parlementaire, nous avions pu constater les échanges entre le gouvernement et la
première opposition sur le fait que, de façon alternative, chacun des
deux partis avait été au pouvoir au cours des dernières années et s'était
accusé mutuellement de n'avoir pas travaillé suffisamment
sur le projet de loi et d'avoir dit : Bien, nous, nous avions entamé
certaines procédures, mais vous, vous êtes arrivés par la suite, et par
la suite nous, on est revenus, il n'y avait rien de préparé.
Donc, ce que
je souhaite dire, Mme la Présidente, par rapport à ça, et ce que les Québécois
s'attendent, c'est que, lorsqu'un
parti arrive au pouvoir, bien, c'est qu'il puisse regarder qu'est-ce qui a été fait
par le précédent gouvernement et puisse travailler à partir des bases
qui ont été établies et de cesser de toujours remettre l'état d'avancement du dossier sur la faute de l'ancien parti qui était
au pouvoir. À partir du moment où on est élus, Mme la Présidente, on regarde
vers l'avant, on regarde ce qu'on est capables de faire puis on travaille déjà
avec les gens qui sont en place, avec le personnel
du ministère, qui est un personnel extrêmement compétent et dévoué, et on vise
à régler la situation, et à se doter du
milieu économique, du milieu environnemental, aux agriculteurs, aux gens de la
foresterie d'avoir des balises claires pour savoir, au niveau des
milieux humides, quel est le champ d'action, quelles sont les règles, les
paramètres qui régissent la protection des milieux humides, de façon à ce qu'on
puisse réconcilier à la fois l'environnement et le développement économique, et surtout pour s'assurer de protéger les
milieux humides. Parce que vous n'êtes pas sans savoir,
Mme la Présidente, que les milieux humides constituent un écosystème qui est
essentiel à la biodiversité québécoise et
que le fait d'avoir des perturbations à l'intérieur de ces milieux humides peut
avoir des conséquences encore plus
importantes à long terme. Et, notamment dans la perspective de la lutte aux
changements climatiques, les milieux humides sont directement touchés.
Ceci dit, Mme
la Présidente, je souhaiterais remercier les collègues qui ont participé à la
commission parlementaire, donc, tout
d'abord, M. le ministre, les collègues de la partie ministérielle, également le
porte-parole du premier groupe d'opposition,
le député de Jonquière, également mes collègues qui m'ont accompagné lors de la
commission parlementaire.
• (12 heures) •
Donc, nous
souhaitions, dans le cadre de ce projet de loi, Mme la Présidente... Je vous
l'ai mentionné tout à l'heure, mais je vous le répète. Dans le fond, le
dépôt du projet de loi n° 32 prolongeait, pour une période de trois années
supplémentaires, le projet de loi
n° 71, qui avait été adopté en 2012. Donc, on instaurait à nouveau une
clause crépusculaire qui devait se terminer en 2018, donc 24 avril
2018. La majorité des intervenants qui sont venus nous rencontrer nous ont souligné que le délai de trois ans était beaucoup
trop long et qu'il y avait urgence d'agir. Et je reviens sur ce terme, «urgence d'agir». Durant la commission parlementaire, suite à mes remarques préliminaires, le ministre
m'a reproché ces termes, «urgence
d'agir», mais ce qu'on a constaté, Mme
la Présidente, c'est que, suite à la consultation des différents groupes,
bien il y a plusieurs groupes qui ont repris ces propos et qui ont noté
l'importance d'agir rapidement afin de protéger les milieux humides, parce que
vous savez qu'il y a eu des pertes nettes et que progressivement les milieux
humides... bien, en fait, sont en danger, et il faut véritablement agir
rapidement pour les protéger.
Agir
rapidement, Mme la Présidente, ça veut dire aussi agir intelligemment, et on
comprend aussi les préoccupations du
ministre, de notre côté de la Chambre, de faire un travail qui est sérieux et
de prendre le temps de consulter les gens concernés par les milieux humides. Ce qu'il faut dire, Mme la
Présidente, c'est qu'il y avait déjà du travail qui avait été effectué, notamment le rapport Poulin-Pellerin,
également le rapport Lavallée. Donc, le rapport Lavallée, c'était davantage
au niveau de l'encadrement juridique que
pourrait prendre la forme d'un nouveau projet de loi. Donc, il y a déjà du
travail qui a été accompli. Effectivement,
l'ancien ministre de l'Environnement, le député de Johnson, sous la 40e
législature, avait convoqué des
consultations sur ce sujet. Donc, ce qu'il faut dire, Mme la Présidente, c'est
qu'il y a déjà du travail effectué et
que nous, constatant le travail qui avait déjà été effectué et la demande du
milieu d'avoir un cadre clair et précis le plus rapidement possible, nous considérons que la nouvelle loi qui va
encadrer de façon complète la gestion des milieux humides devrait être
adoptée et présentée le plus rapidement possible.
Donc, nous
avons proposé, dans le cadre de la commission parlementaire, un amendement
visant à réduire la clause
transitoire à un délai d'une année, donc de prolonger le projet de
loi n° 71 qui avait adopté en 2012 au 24 avril 2016, contrairement au texte de loi qui a été présenté
par le ministre de l'Environnement et de la Lutte aux changements climatiques, qui propose jusqu'au 24 avril
2018. Donc, nous avons proposé un amendement en ce sens, un amendement qui a été battu par la partie ministérielle. Je
constate que la première opposition était d'accord aussi avec notre amendement
de pouvoir obliger le ministre à déposer un
cadre clair, une nouvelle loi globale encadrant l'ensemble du régime à
l'intérieur d'une année. Et nous
avons pu discuter avec la partie gouvernementale, avec la première opposition
également, comme l'a souligné le député de Jonquière tout à l'heure,
afin de pouvoir en arriver à un terrain d'entente où nous avons appuyé l'amendement du parti gouvernemental de prolonger
le régime pour une période de deux années, donc jusqu'au 24 avril 2017.
D'ici là,
nous souhaitons que le travail s'effectue de façon coordonnée et rapide, et
surtout que nous souhaitons, et nous
l'avons souligné au ministre, s'il était possible, que le régime soit adopté
avant ce délai de deux années, d'autant plus que le ministre est dans le cadre d'un processus de réforme de la
Loi sur la qualité de l'environnement, et il serait opportun, en lien avec cette réforme-là, d'insérer
les mesures de compensation du régime visant les milieux humides et les milieux hydriques. Il serait tout à fait logique
de travailler de concert et d'une façon parallèle avec cette modernisation
de la Loi sur la qualité de l'environnement
parce que, concrètement, les milieux humides vont être régis également par la
Loi sur la qualité de l'environnement. Et il
y a une proposition qui est intéressante, qui a été effectuée par la
Pre Lavallée dans son rapport,
au niveau de moderniser la Loi sur la qualité de l'environnement pour insérer
les dispositions en lien avec les milieux humides.
Donc,
concrètement, Mme la Présidente, ce que je vous dis, c'est que je souligne
l'ouverture du ministre pour réduire le délai qu'il s'est accordé afin
de déposer une loi globale, une loi générale qui va venir encadrer les milieux humides. Cela peut être fait à l'intérieur de la
réforme de la Loi sur la qualité de l'environnement. Mais ce qu'il faut dire,
Mme la Présidente, c'est que ce délai de
deux années supplémentaires est un délai de rigueur, et vous pouvez être
certaine, Mme la Présidente, que nous
allons nous opposer à toute forme de prolongation de ce délai, parce que nous
considérons que le ministère, par le
biais de son équipe notamment, a les ressources disponibles, et il y a déjà eu de la consultation
qui a été effectuée avec les différents
milieux pour arriver avec un projet de
loi complet et concret pour régir
cette problématique des milieux humides et trouver des solutions qui
vont permettre d'assurer la protection des milieux humides et surtout d'éviter la destruction des milieux
humides, d'avoir un régime qui va favoriser le fait de minimiser les dommages
aux milieux humides et surtout une mesure
claire en matière de compensation visant ultimement
le concept de zéro perte nette au niveau des milieux humides.
Donc,
concrètement, Mme la Présidente, nous avons amené une proposition constructive afin de réduire le délai. Nous avons exposé nos arguments lors de la commission parlementaire, et ma formation politique va appuyer ce projet de
loi, mais nous allons assurer un
suivi sur le projet de loi, surveiller également le gouvernement. Et maintenant, avec un délai de cinq années depuis
l'adoption, en 2012, du premier projet de loi, nous considérons que le gouvernement
a amplement le temps de faire un travail
sérieux et d'arriver avec une loi complète afin de résoudre cette
problématique. Et surtout, c'est important,
Mme la Présidente, d'avoir un cadre clair pour le futur parce que
vous savez que cette problématique-là,
dès 2006, avait été soulignée parce
que la directive du ministère
datait de l'an 2006 en ce qui
concerne la
gestion des milieux humides. Et donc la Cour d'appel, par la suite, suite au
jugement de 2012, était venue dire, Mme la Présidente, qu'il y avait
certains paramètres, à l'intérieur de cette directive-là, qui étaient
appropriés.
Donc, en terminant, Mme la Présidente, je tiens à
remercier à nouveau les collègues, le personnel de la commission ainsi que les gens au ministère pour leur travail
dans le cadre de ce projet de loi. Et la question des milieux humides est
une question qui est importante. Et je tiens
à remercier également les groupes qui sont venus nous présenter leurs mémoires.
Et, en terminant, Mme la Présidente, nous pouvons constater que, lorsque nous
recevons des groupes en commission parlementaire,
ça permet d'éclairer les parlementaires et d'avoir différents points de vue, et
on a constaté, dans le cadre de ce
projet de loi là, que, suite à l'écoute et aux auditions des groupes parlementaires,
la position ministérielle a évolué et
a cheminé, et je crois que, dans la majorité des projets de loi, notamment dans
le projet de loi n° 37, il serait pertinent d'entendre des groupes.
Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup, M. le député
de Borduas et porte-parole du deuxième groupe d'opposition en matière de
développement durable et d'environnement. Alors, y a-t-il d'autres
interventions?
Mise aux voix du
rapport
S'il n'y en a
pas, alors le rapport de la Commission des transports et de l'environnement
portant sur le projet de loi
n° 32, Loi modifiant la Loi concernant des mesures de compensation pour la
réalisation de projets affectant un milieu humide ou hydrique afin d'en
prolonger l'application, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Adopté. Alors, pour la suite des
choses, M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Sklavounos : Je
vous demande d'appeler l'article 27, Mme la Présidente.
Motions du gouvernement
Motion proposant que
l'Assemblée approuve l'Entente en matière
d'échange de permis de conduire entre les gouvernements
du Québec et de la république de Turquie
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, à l'article 27 du
feuilleton, l'Assemblée procédera maintenant au débat sur la motion inscrite à
l'article 27 du feuilleton faisant suite au dépôt par Mme la ministre des
Relations internationales et de la
Francophonie, le 17 février 2015, d'un engagement international. Je
vous rappelle que cette motion se lit comme suit :
«Que, conformément à l'article 22.3 de la Loi
sur le ministère des Relations internationales, l'Assemblée nationale approuve l'Entente en matière d'échange
de permis de conduire entre le gouvernement du Québec et le gouvernement
de la république de Turquie, signée à Québec, le 24 juillet 2014, et
à Ottawa, le 15 août 2014.»
Je vous rappelle que cette motion donne lieu à un débat
restreint de deux heures, et la répartition des temps de parole dans le
cadre de ce débat s'effectuera comme
suit : 57 minutes sont allouées au groupe parlementaire formant le gouvernement, 33 min 32 s sont allouées au groupe parlementaire formant l'opposition officielle, 23 min 28 s sont
allouées au deuxième groupe d'opposition et six minutes sont allouées aux députés indépendants. Dans ce cadre, le temps non
utilisé par les députés indépendants
ou par l'un des groupes parlementaires sera redistribué entre les groupes
parlementaires selon les proportions établies précédemment. Enfin, les
interventions ne seront soumises à aucune limite de temps.
• (12 h 10) •
Et, sans plus tarder, je cède la parole à Mme la
ministre des Relations internationales et de la Francophonie.
Mme Christine St-Pierre
Mme
St-Pierre : Merci,
Mme la Présidente. C'est avec plaisir que je propose aujourd'hui à cette
Assemblée d'approuver l'Entente en matière
d'échange de permis de conduire entre le gouvernement du Québec et le
gouvernement de la république de Turquie. Cette entente a été signée à
Québec le 24 juillet 2014 par mon collègue le ministre des Transports et à Ottawa le 15 août 2014 par
l'ambassadeur de la république de Turquie à Ottawa alors en poste, Son Excellence M. Babali, qui a terminé son
mandat. Et j'en profite d'ailleurs pour saluer son travail et souligner
l'entrée en fonction en septembre 2014 du nouvel ambassadeur de la
république de Turquie, Son Excellence M. Ünal.
La conclusion
de cette entente fait suite aux modifications apportées en juin 2002 aux
dispositions du Code de la sécurité routière relatives à l'échange de
permis de conduire. Auparavant, en vertu de ce code, le permis de conduire délivré par une autorité étrangère appliquant des
règles similaires à celles du Québec en la matière pouvait être échangé par un permis québécois sans que son détenteur ait
à réussir les examens de compétence et le test visuel prescrits par le Code de la sécurité routière. La république de
Turquie comptait parmi la vingtaine de pays bénéficiant de cette exemption.
Depuis l'entrée en vigueur de ces
modifications, il n'est désormais plus possible pour un ressortissant étranger
installé au
Québec d'échanger son permis de conduire d'origine pour un permis de conduire
québécois sans avoir réussi les examens et le test visuel prescrits par le Code de la sécurité routière à moins
qu'une entente de réciprocité en la matière ne soit en vigueur entre le
Québec et l'autorité étrangère ayant délivré le permis présenté pour échange.
Par
courtoisie, et en fonction de mesures transitoires prévues lors de la
modification du Code de la sécurité routière en 2002, la Société de l'assurance automobile du Québec avait pris la
décision de continuer l'échange de permis de conduire turcs sans examen
ni test visuel. En effet, la Société d'assurance automobile du Québec, qui
était en contact avec les autorités turques,
avait alors jugé que la conclusion d'une entente de réciprocité était
imminente. C'est dans ce contexte que
l'échange des permis de conduire turcs s'est poursuivi jusqu'au 1er avril
2013. D'ailleurs, de 1997 à 2013, de 100
à 200 permis de conduire turcs autorisant la conduite d'un véhicule de
promenade ont ainsi pu être échangés pour un permis de conduire
québécois correspondant, et ce, annuellement.
En l'absence
d'une entente en vigueur depuis le 1er avril 2013, conformément à la
législation en vigueur, le titulaire d'un
permis de conduire turc doit réussir les examens prévus au Code de la sécurité
routière dans le but d'obtenir un permis de conduire québécois. L'entrée en vigueur de l'entente revêt donc un
caractère essentiel pour que les détenteurs d'un permis de conduire turc s'installant au Québec puissent de nouveau
obtenir un permis québécois sans examen de compétence ni test visuel.
Le ministère
des Relations internationales et de la Francophonie, conformément à la loi
constitutive, a négocié cette
entente. La Société de l'assurance automobile du Québec a été consultée et a
délégué des représentants pour participer directement aux négociations.
Une séance de négociation réunissant tous les acteurs concernés a d'ailleurs eu
lieu à Québec le 6 juin 2013. Une fois
l'entrée en vigueur de l'entente complétée, les ressortissants turcs installés
au Québec de même que les
ressortissants québécois installés en Turquie pourront obtenir, sous certaines
conditions, un permis pour la
conduite d'un véhicule de promenade équivalent à celui qu'ils possèdent, et ce,
sans avoir à se soumettre à un examen de
compétence ou à un test visuel. Les personnes susceptibles d'avoir recours à
cette entente sont celles qui s'installent au Québec pour une période de plus de six mois, que ce soit pour le
travail, pour les études ou pour s'y établir de manière définitive. Ainsi, outre les immigrants
permanents, les étudiants ainsi que les travailleurs temporaires détenant un
permis de conduire de la Turquie pourront bénéficier de l'entente.
Plus précisément l'échange concerne, au Québec,
le permis de conduire de classe 5 autorisant son titulaire à conduire, selon les conditions qui y sont
associées et sous réserve des lois et règlements applicables, un véhicule
automobile ayant deux essieux et dont
la masse nette est inférieure à 4 500 kilos, un véhicule automobile
aménagé de façon permanente en
logement, un véhicule-outil et un véhicule de service, soit un véhicule
automobile agencé pour l'approvisionnement, la réparation ou le remorquage des véhicules routiers. L'échange
concerne également des véhicules de classe 6D autorisant la conduite d'un cyclomoteur ou les véhicules de
classe 8 pour la conduite d'un tracteur utilisé à des fins agricoles ou
qui s'y apparentent. Un permis de conduire probatoire de classe 5
peut également être délivré en échange d'un permis de conduire turc si le
détenteur de ce dernier a moins de 24 mois d'expérience de conduite.
S'agissant de
la Turquie, l'échange concerne les permis de conduire de classe B et B-G. Les
permis de conduire de classe B
autorisent leurs titulaires à conduire un véhicule aménagé pour le transport de
huit passagers ou moins ou pour le
transport de marchandises et dont la masse totale en charge n'excède pas 3 500 kilos. Le permis de conduire B-G autorise quant à lui son détenteur à
conduire un véhicule de classe B ainsi qu'un véhicule de classe G, soit un
véhicule aménagé pour le travail, notamment pour la construction, la
livraison et le changement de marchandises.
L'entente
prévoit également que les conditions mentionnées sur le permis de
conduire d'origine soient reportées sur
le nouveau permis délivré sous forme de code équivalent. Par exemple, s'il est indiqué sur le permis de conduire turc de son détenteur doit porter des lunettes ou des
lentilles cornéennes lorsqu'il est au volant, cette condition se retrouvera
également sur son nouveau permis de conduire délivré par la Société de l'assurance automobile du Québec. De surcroît, les personnes visées à cette nouvelle entente se joindront aux autres
membres de la communauté turque, qui jouissent déjà d'avantages
semblables en matière d'échange de permis de conduire sur le territoire québécois.
En effet,
le personnel turc résidant au Québec et employé à l'Ambassade de la République turque
à Ottawa, au poste de consulaire à Montréal, à l'organisation
de l'avion civile internationale, à la représentation permanente de la République turque auprès de l'OACI ainsi qu'à
toutes les autres organisations internationales gouvernementales et non
gouvernementales ayant conclu des ententes de siège ou des accords de reconnaissance avec le gouvernement du
Québec ont droit à ce privilège en
vertu de ces instruments internationaux ou encore en vertu de l'application des dispositions prévues
à cet effet aux conventions de Vienne sur les relations diplomatiques et
consulaires qui trouvent application pour les membres de ces représentations
sur le territoire du Québec.
En
simplifiant les démarches d'acquisition du permis de conduire québécois pour
l'immigrant turc, cette entente s'ajoute
à l'entente en matière de sécurité sociale entre le gouvernement du Québec et
le gouvernement de la république de
Turquie, en vigueur depuis le 1er janvier 2005, dans le but d'encourager leur
mobilité. En combinant les deux ententes qui améliorent la qualité de
vie des immigrants, ces mesures favorisent l'intégration à la société
québécoise de ces personnes en leur
permettant de participer pleinement à l'épanouissement du Québec et à sa
prospérité économique. Nous sommes d'ailleurs privilégiés de compter
parmi nous une communauté turque d'un nombre appréciable, que je salue. En effet, au cours des cinq dernières années,
1 468 immigrants nés en Turquie ont été admis au Québec, soit une moyenne
annuelle de 294 personnes. De ce nombre, un peu plus de 20 % ont été admis
dans la sous-catégorie des travailleurs qualifiés, alors que 44,6 % l'ont
été dans la sous-catégorie des gens d'affaires.
Tant
pour les détenteurs d'un permis de conduire turc que pour la Société
d'assurance automobile du Québec, l'entente
représentera des économies de temps et, bien sûr, d'argent. En effet, bien que
des frais soient chargés au demandeur pour
passer les examens de compétence requis en l'absence d'une entente, ceux-ci ne
couvrent pas l'ensemble des dépenses liées
à la mise en place et à la gestion de ces examens. Le fait de faire passer des
examens a donc un coût pour le demandeur lui-même et pour la Société de l'assurance
automobile du Québec. Lorsqu'une entente est conclue, les dépenses liées aux
examens sont évitées et, bien qu'il y ait
des frais pour le traitement de chaque demande d'échange de permis, ceux-ci
sont moindres qu'en l'absence d'une
entente. On estime à 10 $ par dossier la somme épargnée par l'assurance
automobile du Québec lorsqu'une
entente existe par rapport à un échange de permis sans entente. Pour le
demandeur, les frais d'examen que
chaque personne évitera grâce à l'entente sont actuellement de l'ordre de
38,15 $. En termes de temps, puisqu'il faut parfois quelques mois pour obtenir un rendez-vous pour le passage de
l'examen de conduite pratique, l'entrée en vigueur de cette entente diminuera d'autant le temps d'attente
de ces bénéficiaires potentiels afin que ceux-ci puissent conduire au
Québec en toute liberté.
Mme
la Présidente, l'entente dont il est question aujourd'hui est la 11e que
conclut le Québec en matière d'échange de
permis de conduire. Cinq de ces ententes ont été conclues entre le gouvernement
du Québec et le gouvernement étranger de
la France, du Japon, du royaume de Belgique, de la Confédération suisse et de
la république d'Autriche. Six autres ententes
ont été conclues par la Société de l'assurance automobile du Québec avec des
ministères ou organismes de la république
de la Corée, de la Grande-Bretagne, de l'Irlande du Nord, de l'île de Man, de
la République fédérale d'Allemagne et du royaume des Pays-Bas.
• (12 h 20) •
En
établissant un cadre formel pour l'échange des permis de conduire, les ententes
en cette matière répondent à la
préoccupation du gouvernement du Québec
de s'assurer de l'authenticité des permis de conduire présentés pour échange
ainsi que de leur validité sur le territoire où ils ont été émis.
Un
autre avantage déterminant que procurent les ententes en matière d'échange de permis de conduire est
d'ouvrir les canaux de communication
entre les autorités compétentes en matière de délivrance de ces permis, soit,
dans le cas qui nous concerne
aujourd'hui, la Société de l'assurance automobile du Québec et la police
nationale turque sous la responsabilité du ministère de l'Intérieur. En
effet, les contacts sont favorisés puisque ces autorités compétentes sont
normalement impliquées dans la négociation
et que des points de contact sont prévus à même l'entente. L'identification de
points de contact étrangers était
d'ailleurs l'un des éléments clés de la décision prise en 2002 de modifier le
Code de la sécurité routière afin de résoudre les problèmes occasionnés
par l'échange de permis sous l'ancien mode de fonctionnement.
Les
ententes de réciprocité en matière d'échange de permis de conduire, un domaine
relevant de la compétence constitutionnelle
exclusive du Québec, sont des engagements internationaux importants au sens de
l'article 22.2 de la Loi sur le
ministère des Relations internationales puisqu'elles requièrent, pour leur mise
en oeuvre au Québec, la prise d'un règlement.
Conformément à l'article 631 du Code de la sécurité routière, le gouvernement
du Québec prend un règlement donnant
effet à l'entente afin notamment que les dispositions du Code de la sécurité
routière et ses règlements afférents s'appliquent au titulaire d'un
permis de conduire délivré en Turquie.
L'entrée
en vigueur de cette entente nécessite donc, dans un premier temps, qu'elle soit
approuvée par l'Assemblée nationale,
objet du débat que nous tenons actuellement, puis qu'elle soit ratifiée par le
gouvernement du Québec qui, par la suite,
édicte le règlement de sa mise en oeuvre. Spécifiquement pour l'entente dont il
est question aujourd'hui et conformément à son article 3.7, celle-ci entrera en vigueur à la date de réception
par voie officielle de la dernière notification entre les parties,
confirmant l'accomplissement des procédures juridiques internes nécessaires à
son entrée en vigueur. Je suis d'ailleurs
confiante que cette entente puisse produire des effets rapidement à la suite de
l'approbation de celle-ci par cette Assemblée et que nous pourrons alors
échanger le nouveau permis de conduire de part et d'autre.
Mme
la Présidente, nous partageons avec la Turquie une préoccupation commune
relative à la promotion de la sécurité routière afin d'améliorer nos
bilans routiers respectifs. D'ailleurs, la Turquie a adhéré le 22 janvier 2013
à la convention de Vienne sur la circulation
routière conclue le 8 novembre 1968. Cette convention est un traité
international conçu pour faciliter la
circulation routière internationale et pour améliorer la sécurité routière en
imposant des normes minimales qui
doivent être prévues dans les législations nationales des parties
contractantes. Elle contient notamment des dispositions concernant les règles applicables à la circulation
routière, les conditions à remplir par des automobiles et les remorques
pour être admises en circulation internationale et les conducteurs
d'automobile.
Les
règles de circulation routière en Turquie répondent donc à des normes
internationales les plus sécuritaires. À
ce titre, plusieurs similitudes existent entre nos deux systèmes quant à
l'obtention du permis de conduire. En Turquie, la personne désirant acquérir son permis de conduire
doit, tout comme au Québec, suivre des cours théoriques comprenant différents volets tels que la sécurité routière et
les premiers secours. Tant au Québec qu'en Turquie, des examens théoriques
et pratiques doivent être réussis afin
d'obtenir le permis de conduire. Un troisième examen s'ajoute même en Turquie.
En effet, tous les apprentis conducteurs
doivent réussir un examen mécanique. Tous doivent apprendre, par exemple, à
changer un pneu, l'huile ou encore une bougie de leur voiture.
Il me faut souligner,
en terminant, l'intérêt pour le Québec de développer davantage ses liens,
notamment économiques, avec la république de
Turquie au cours des prochaines années. En effet, alors qu'elle se place
désormais au 17e rang des économies
mondiales avec un PIB représentant 795 milliards de dollars américains en
2012, qu'elle figure parmi les
économies ayant connu la croissance la plus rapide au cours des dernières
années et que le pays fait partie du G20, dont il assure d'ailleurs la
présidence depuis le 1er décembre 2014, la Turquie constitue un partenaire
économique au potentiel fort intéressant.
La Turquie, c'est
concrètement un marché de près de 80 millions d'habitants, une
main-d'oeuvre qualifiée, accessible et
économique, une nouvelle classe moyenne dont le niveau de vie a connu une
croissance importante, un cadre juridique
et réglementaire très proche des standards européens, un environnement
d'affaires ayant beaucoup gagné en transparence
ainsi qu'un secteur bancaire et un secteur public plus efficaces grâce au
gouvernement turc qui a entamé plusieurs réformes législatives et
administratives.
Au cours des
dernières années, le gouvernement turc a élaboré un ambitieux plan de
développement socioéconomique qui
doit s'étendre jusqu'en 2023, année qui marquera le 100e anniversaire de
la république de Turquie. Ce plan prévoit notamment pour le pays de s'établir comme économie du
savoir, de croître en tant que carrefour régional de la fabrication,
particulièrement de produits haut de gamme, et de servir de corridor de
transport entre l'Asie et le Moyen-Orient.
Aussi, la
Turquie signait, en juin 2014, un accord d'association avec l'Union européenne
lui octroyant notamment un accès
illimité à l'important programme de recherche et d'innovation Horizon 2020, une
association qui témoigne de l'environnement
entrepreneurial dynamique de la Turquie et de la vitalité des petites et moyennes
entreprises turques. Avec l'union
douanière établie entre la Turquie et l'Union européenne, un véritable
rapprochement économique entre cette
puissance économique de premier plan et la Turquie a pu survenir. Cette
dernière, toujours candidate pour l'adhésion à la grande famille européenne, présente de nombreuses opportunités
d'investissement et d'affaires dans plusieurs secteurs d'activité dans lesquels le Québec détient une
expertise notable, par exemple, dans les domaines de l'énergie, des ressources
minières, des sciences de la vie, de la construction et des technologies de
l'information.
Pays dont les
importations de produits en provenance du Québec se sont élevées à
278 millions de dollars en 2012, la
Turquie fait partie des 13 prochains pays émergents à fort potentiel
économique. Elle offre d'innombrables occasions d'affaires, tout en constituant également un carrefour stratégique en
raison de son accès direct aux marchés de l'Union européenne, de l'Europe centrale et orientale
ainsi qu'aux pays du Moyen-Orient de l'Asie centrale. En 2014, les échanges
commerciaux de biens entre le Québec et la Turquie se chiffraient à
756 millions de dollars, faisant de la Turquie un important partenaire commercial international du Québec. La valeur des
exportations du Québec vers la Turquie représentait, la même année, près de 30 % de la valeur des
exportations canadiennes vers ce pays. Les accords commerciaux que la Turquie a conclus avec plusieurs autres pays
renforcent également les occasions pour les entreprises du Québec d'adhérer
à d'autres marchés des régions entourant ce pays.
Les visites
et missions économiques se font de plus en plus régulières entre le Québec et
la Turquie. Depuis 2012, deux missions commerciales québécoises ont été
réalisées sur le territoire turc. La première était le secteur minier au salon Mining Turkey d'Istanbul en 2012. La seconde
avait lieu en 2013 dans le cadre du Salon international sur la défense et la sécurité. Une troisième mission commerciale,
également dans le cadre de ce salon, est d'ailleurs prévue au mois de
mai prochain. Ce salon est le plus important
de l'ensemble des pays d'Europe et d'Asie pour les entreprises souhaitant
conquérir le marché de la Turquie,
particulièrement pour celles actives dans le secteur de la défense et de la
sécurité. En outre, j'aimerais
souligner que, le 3 juin 2014, avait lieu l'atterrissage du vol inaugural
TK35, Istanbul—Montréal, de
la Turkish Airlines. Ce nouveau
service de la compagnie aérienne nationale turque contribuera certainement au
développement des échanges commerciaux entre le Québec et la Turquie, ce
dont nous nous réjouissons.
Dans la
perspective d'une intensification des relations entre le Québec et la Turquie,
notamment économique, l'entente en matière d'échange de permis de conduire
pourra faciliter, en sus des avantages que procure déjà l'entente en matière de sécurité sociale conclue avec ce
pays, la mobilité des travailleurs allant oeuvrer sur l'un ou l'autre des
territoires.
Mme la
Présidente, je propose donc que l'Assemblée nationale approuve l'Entente en
matière d'échange de permis de
conduire entre le gouvernement du Québec et le gouvernement de la république de
Turquie que j'ai déposée le 17 février dernier. Merci.
• (12 h 30) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup, Mme la
ministre des Relations internationales et
de la Francophonie. Et, pour la poursuite de ce débat, je vais maintenant céder
la parole à Mme la députée d'Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Carole Poirier
Mme
Poirier : Merci, Mme la Présidente. Alors, au nom du Parti
québécois, je me réjouis de cette nouvelle entente internationale qui
est en fait une continuité de ce qui avait lieu avant 2005. En effet, entre
1997 et 2005, la Société de l'assurance
automobile du Québec, la SAAQ, permettait des échanges de permis de conduire
avec la Turquie. Or, en 2005, une
modification apportée aux dispositions du Code de la sécurité routière a exigé que tous les ressortissants
étrangers passent des examens de
compétence et un test visuel. Par courtoisie, la Société de l'assurance automobile du Québec avait néanmoins
pris la décision de continuer à permettre aux ressortissants d'États
avec lesquels la conclusion d'une entente de réciprocité était imminente
d'échanger leur permis de conduire sans examen.
L'entente conclue vise donc à normaliser les
choses, les ramener à ce qu'elles étaient, ce qui est très bien. Cette
entente permet donc aux ressortissants turcs installés au Québec et aux
ressortissants québécois installés en Turquie d'obtenir
un permis de conduire équivalant à celui qu'ils possèdent de leur État
d'origine, sans avoir à se soumettre à des tests et examens de compétence. Rappelons que le Québec a conclu à ce
jour 11 ententes de réciprocité de la sorte, dont cinq entre le gouvernement du Québec et des
gouvernements étrangers, soit la France, le Japon, la Belgique, la Suisse
et l'Autriche, et six entre la Société de
l'assurance automobile du Québec et des ministères ou organismes avec la Corée,
la Grande-Bretagne, l'Irlande du Nord, l'île de Man, l'Allemagne et les
Pays-Bas. Il s'agit de la deuxième entente internationale
que le Québec signe avec la Turquie. En effet, le gouvernement du Québec, en
novembre 2000, par la main de la
ministre des Relations internationales de l'époque, Mme Louise Beaudoin, a
signé une entente et un arrangement administratif
en matière de sécurité sociale avec le gouvernement de la république de
Turquie. Je suis donc heureuse que nos
relations avec le gouvernement turc se poursuivent, bien que timidement,
entendons-nous. La Turquie est une république démocratique laïque et, en tant que membre de l'OTAN et candidate à
l'adhésion à l'Union européenne, la Turquie est amenée à jouer un rôle de plus en plus important à l'échelle régionale
et mondiale. C'est d'ailleurs la Turquie qui assure actuellement la
présidence du G20 en 2015. Par ailleurs, la Turquie est un membre fondateur du
Fonds monétaire international, de la Banque
mondiale, des Nations unies et de nombreux organismes et est membre de l'OSCE,
de l'OCDE et de
l'OMC. Pas besoin de vous dire, Mme la Présidente, que je rêve du jour où le
Québec sera, lui aussi, membre de plein droit de ces organisations internationales. En attendant, j'apprécie au
moins d'avoir l'occasion de me prononcer sur cette entente
internationale.
Malheureusement, Mme la Présidente, le
gouvernement libéral ratatine tellement le rayonnement international du Québec depuis qu'il est en poste que je crains
que ces occasions d'entente internationale ne deviennent de plus en plus
rares et que ce soit tout ce qu'il nous
reste finalement pour parler de l'importance des relations internationales du
Québec. Après avoir fermé les représentations à Moscou, Taipei,
Santiago, Milan, réduit la délégation d'Atlanta, le Bureau du Québec à Berlin et celui de Washington en lui
faisant perdre sa vocation commerciale... Et, en cette semaine, où nous célébrons le 50e anniversaire de la doctrine
Gérin-Lajoie, vous me permettrez d'exprimer mon inquiétude et ma déception.
Les relations internationales se créent, se
renforcent sur le long terme. C'est un continuum. On le voit bien ici avec
l'entente avec la Turquie... a pris
un certain temps avant de se concrétiser et régulariser la situation à ce
qu'elle était avant 2005. Heureusement,
la relation de confiance que nous entretenons avec le gouvernement turc nous a
permis de garder en vie jusqu'ici cette entente et de ne pas impacter
nos populations. Or, c'est là tout le risque de fermer des représentations et de restreindre notre action à l'international.
On vient couper des ponts que nous avons créés, entretenus, des ponts qui
ne se recréeront pas en criant ciseau, Mme
la Présidente. C'est triste, c'est inquiétant, parce que les relations
internationales, bien qu'elles
paraissent souvent très abstraites, contribuent à faciliter la vie de nos
concitoyens. On en a aujourd'hui un bon
exemple. Cette entente est une mesure concrète qui touche directement les gens,
qui leur facilite la vie. C'est ça, les relations internationales, et
c'est ça que ce gouvernement met en péril par ses coupes sans vision.
Alors, Mme la
Présidente, je me réjouis cependant de cette nouvelle entente internationale,
pour que nos ressortissants turcs ici, au
Québec, et nos ressortissants québécois en Turquie puissent en bénéficier dans
les meilleurs délais. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Merci beaucoup, Mme la députée
d'Hochelaga-Maisonneuve et porte-parole de
l'opposition officielle en matière de relations internationales. Maintenant, je
vais céder la parole à M. le député de Groulx.
M. Claude Surprenant
M.
Surprenant : Merci, Mme la Présidente. Alors, je suis content de prendre la parole aujourd'hui pour souligner l'entente en matière de permis de conduire intervenue entre le gouvernement du Québec et le gouvernement de la république de Turquie puis déposée aujourd'hui en Chambre,
Mme la Présidente.
L'entente qui a été
signée à Québec en juillet 2014 et à Ottawa en août 2014 constitue une bonne
nouvelle pour les ressortissants turcs
installés au Québec. C'est aussi une bonne nouvelle pour les Québécois
installés en république de Turquie.
Grâce au travail des deux gouvernements, il leur sera maintenant possible d'obtenir,
sous certaines conditions bien évidemment,
un permis autorisant la conduite d'un véhicule sans avoir à passer les examens
de compétence et de test visuel par ailleurs habituellement prescrits par le Code de la sécurité routière.
Cette exemption est d'une grande aide pour les nouveaux arrivants qui s'installent ici ou bien en Turquie.
Apprivoiser son environnement dans une nouvelle ville peut s'avérer chamboulant pour une personne. Il s'agit
d'un long processus qui ne se fait pas, dans la majorité
des cas, sans embûche. Les défis sont
grands. Il faut s'adapter à la culture locale, apprendre la langue officielle,
trouver une résidence, établir ses
repères, et j'en passe. Bref, entreprendre ce nouveau départ peut être une
source de grand stress pour plusieurs.
Il
est certain que tous ces défis que je viens d'énumérer ne se régleront pas simplement
grâce à cette entente entre le gouvernement du Québec et le gouvernement de la république de Turquie. Toutefois, l'entente
a pour effet d'assurer la reconnaissance réciproque des permis de conduire. Ainsi, les
démarches pour quelqu'un qui souhaite obtenir son permis de conduire seront considérablement allégées,
puisqu'aucun examen ou test physique ne sera requis. C'est une exemption
qui ne fait qu'aider le processus d'intégration des ressortissants, et je suis
certain que celle-ci sera bien accueillie. D'ailleurs, cet accord international a fait ses
preuves. Il est important de rappeler que la Société de l'assurance automobile du Québec, la SAAQ, échange des
permis de conduire avec la république de Turquie depuis 1997. En effet, depuis maintenant
18 ans, l'autorité turque délivre le permis de conduire au Québécois
établi sans que celui-ci n'ait à réussir des examens de compétence et
tests visuels. En 2005, des modifications ont été apportées au Code de la
sécurité routière ne rendant plus possible
cette exemption à moins qu'une entente de réciprocité en la matière n'ait été
conclue entre le Québec et l'autorité étrangère ayant délivré le permis
présenté pour échange. Par courtoisie, la Société de l'assurance automobile du Québec avait néanmoins pris la décision de continuer à permettre aux
ressortissants d'États partenaires de poursuivre l'échange de
permis de conduire jusqu'au 1er avril 2013, conformément à la législation en
vigueur. Aujourd'hui, nous assistons au retour de cette entente de réciprocité.
La
Coalition avenir Québec tient à souligner cet accord, qui bénéficiera à
des centaines de personnes. En effet, on
estime que de 100 à 200 permis turcs autorisant la conduite d'un véhicule
de promenade ont pu être échangés annuellement.
Il est toutefois important
de préciser aux personnes concernées que certaines conditions prévalent.
L'entente comporte trois articles.
La
première condition définit les différents termes utilisés dans l'entente et
précise de part et d'autre la catégorie
de permis faisant l'objet d'un échange. Dans le cadre de cet accord entre le gouvernement
du Québec et le gouvernement de la république de Turquie, il est question, pour le Québec,
d'un permis de conduire de classe 5 ou d'un permis probatoire de
classe 5; pour la Turquie, d'un permis de conduire de classe B, soit
pour un véhicule aménagé pour le transport de huit
passagers ou moins, et un permis de conduire de classe B-G ou... alors un
véhicule aménagé pour le travail en construction, en livraison et en
chargement, notamment.
• (12 h 40) •
La
seconde condition décrit les modalités et les conditions de l'échange de permis
de conduire. D'une part, un Québécois établi en Turquie, titulaire d'un permis de
conduire de classe 5 valide ou d'un permis probatoire de classe 5
valide peut échanger ce permis pour un
permis de classe B ou de classe B-G sans examen de compétence ni test
visuel. Par contre, il obtient ce permis de la Turquie sous trois
conditions : il doit remettre son
permis de conduire du Québec, il doit
produire et fournir ses documents d'identification et, finalement, il doit
faire le paiement des droits et des frais prévus.
D'autre part,
un Turc établi au Québec, titulaire d'un permis de conduire de classe B ou
de classe B-G valide peut, dans
les 12 mois de son établissement au Québec, échanger ce permis pour un
permis de conduire de classe 5 sans examen de compétence ni test visuel. Par contre, il obtient ce permis québécois
sous quatre conditions : il doit remettre son permis de conduire de la Turquie, il doit produire et
fournir ses documents d'identification, il doit effectuer le paiement des
droits et des frais prévus, finalement il doit aussi effectuer le
paiement de la contribution d'assurance contre les dommages corporels causés
par un accident de la circulation. La troisième condition établit la
disposition finale de l'entente. Il prévoit
notamment les modalités de transmission de spécimens des différents modèles de
permis de conduire admissibles à l'échange de même que d'autres
modalités et informations.
Ma formation
politique est en accord avec ces conditions, qui, selon moi, relèvent d'un
minimum bien évident. En effet, il est important d'assurer un cadre pour
l'échange de ces permis afin d'assurer, et vous comprendrez bien, l'authenticité
et la validité des permis. Aussi, il est important de souligner que les
accidents de la route en Turquie ne sont pas une problématique majeure. En effet, selon le rapport 2013 de la
Direction générale de la sécurité publique turque, le nombre d'accidents de la route par
100 000 habitants, par année, en Turquie, est de 9,6. Le total des
accidents mortels, en 2012, était de
7 255. Ces chiffres sont nettement inférieurs à d'autres pays voisins,
comme la Géorgie et la Bulgarie, où les nombres d'accidents sur la route
par 100 000 habitants, par année, sont respectivement de 15,7 et
10,4.
Au Québec, le
bilan routier de 2013 dressé par la Société d'assurance automobile du Québec
montrait une baisse de 5,2 % des
décès sur la route en 2013 par rapport à 2012 ainsi qu'une baisse de plus de
77 % depuis 1978, année du début des activités de la société. Entre
2013 et 2014, la situation s'est encore améliorée, le nombre de morts a chuté de 13,3 %, et le nombre de blessés graves a
diminué de 6,4 %. Le nombre de blessés légers a, quant à lui, baissé de
3,1 % entre 2013 et 2014, Mme la
Présidente, avec pour conséquence qu'entre 2010 et 2013 le nombre de réclamations
a chuté de 24 % à la SAAQ. En
2010, la Société d'assurance automobile du Québec enregistrait
28 151 nouvelles réclamations pour des accidents de la route survenus au Québec contre
21 218 réclamations en 2013, ce qui représente 6 933 réclamations
en moins. Parallèlement, la SAAQ a aussi
augmenté ses tarifs... centaine de millions de dollars par année, depuis 2008.
Le permis de conduire est passé de 46 $ en 2008, souvenez-vous-en, à
90 $ en 2014. Le coût d'immatriculation d'un véhicule de promenade est passé, quant à lui, de 255 $ à
275 $. Le coût d'immatriculation des motos, lui, nous le savons, a explosé : de 320 $ en 2008 à 563 $
en 2014. Alors, pour les motos sport, la facture a grimpé de 253 $ en 2008
et, tenez-vous bien, à 1 127 $ en 2014, Mme la Présidente.
Résultat :
le régime d'assurance automobile affiche un niveau de capitalisation de
108 %, excellent, et est passé d'un
déficit de 2,7 milliards en 2008 à un surplus accumulé de
658 millions en 2013. Le régime ne s'est donc jamais aussi bien porté. Il est clair que les nombreuses
hausses de tarifs, combinées aux meilleurs bilans routiers, en sont
responsables. D'ailleurs, c'est
pourquoi nous avons demandé dès l'an passé à ce que les automobilistes puissent
bénéficier d'une baisse de tarifs dès 2015. Malheureusement, il faudrait attendre jusqu'en 2016 pour que les
automobilistes puissent en bénéficier, le long processus prévu à la loi
suivant son cours.
Un dernier point que je souhaite apporter aujourd'hui
est le suivant : ce partenariat en matière d'échange de permis de conduire entre le Québec et la Turquie
est le douzième à survenir. Le Québec, en effet, a conclu 11 ententes
de réciprocité en matière d'échange de
permis de conduire : avec la France, le Japon, la Belgique, la Suisse,
l'Autriche, la Corée, la
Grande-Bretagne, l'Irlande du Nord, l'île de Man, l'Allemagne et les Pays-Bas.
Nous sommes d'avis que... nous sommes ravis, dis-je, d'ajouter la
Turquie à cette liste. La présente entente est en vigueur pendant cinq années.
Nous espérons que les délivrances se feront avec succès et que, si les deux
gouvernements ne voient pas l'intérêt de résilier l'entente, celle-ci sera
évidemment prolongée, souhaitons-nous.
Je tiens une fois de plus à souligner la
pertinence et la nécessité d'une telle entente. Elle est importante, et ses effets sont bénéfiques pour les Québécois à
l'étranger et les Turcs nouvellement arrivés. Alors, merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Alors, merci beaucoup, M. le député de Groulx.
Mise aux voix
Alors, s'il n'y a pas d'autre intervention, nous
allons maintenant procéder à la mise aux voix de la motion de Mme la ministre
des Relations internationales et de la Francophonie, qui propose :
«Que,
conformément à l'article 22.3 de la Loi sur le ministère des Relations
internationales, l'Assemblée nationale approuve
l'Entente en matière d'échange de permis de conduire entre le gouvernement du
Québec et le gouvernement de la république de Turquie, signée à Québec,
le 24 juillet 2014, et à Ottawa, le 15 août 2014.»
Alors, cette motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Adopté. Alors, en conséquence, cet engagement international est approuvé par
l'Assemblée nationale.
Maintenant, je vais céder la parole à M. le
leader adjoint du gouvernement.
M.
Sklavounos :
Merci, Mme la Présidente. Je vous demande d'appeler l'article 3, s'il vous
plaît.
Projet de loi
n° 20
Adoption du principe
Reprise du débat sur la
recevabilité de la motion de scission
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : L'article 3. Alors, à
l'article 3 du feuilleton, l'Assemblée reprend le débat, ajourné le 14 avril 2015, sur
l'adoption du principe du projet de loi n° 20, Loi édictant la Loi favorisant
l'accès aux services de médecine de
famille et de médecine spécialisée et modifiant diverses dispositions
législatives en matière de procréation assistée.
Lors de
l'ajournement des travaux hier soir, nous en étions à entendre les plaidoiries
de l'opposition officielle au sujet
de la recevabilité de la motion de scission présentée par le député de Lévis.
Alors, sans plus tarder, je cède la parole à M. le député de Verchères.
M. Stéphane Bergeron
M.
Bergeron :
Alors, merci, Mme la Présidente. Je tâcherai d'être bref de telle sorte de
terminer mes remarques avant l'heure de suspension des travaux, soit
13 heures.
Je veux
simplement revenir sur la brève plaidoirie du leader parlementaire adjoint du
gouvernement, qui m'est apparue un peu faiblarde, Mme la Présidente,
vous me permettrez de vous le signaler, dans la mesure où sa plaidoirie
s'articulait essentiellement autour d'un seul argument, c'était de dire que...
Dans sa plaidoirie, le député de La Peltrie avait dit qu'il n'est pas opportun d'avoir toute une série de
tarifications ou une série de prix ou d'investissements dans un même projet de loi, et le leader adjoint du
gouvernement de se lever et de dire : Bien, on n'est toujours bien pas
pour avoir un projet de loi pour
chaque investissement que fait le gouvernement. Bien, à ce compte-là, Mme la
Présidente, on a juste à intégrer
dans un seul et même projet de loi tous les investissements du gouvernement,
puis l'affaire va être ketchup. Ça va
être beaucoup plus simple. Or, la logique veut, Mme la Présidente, au
contraire, que, justement, nous puissions faire un projet de loi distinct pour chaque investissement ou chaque programme
que met en place le gouvernement. Et c'est à la base même de
l'argumentation en faveur de cette motion de scission présentée par le deuxième
groupe d'opposition, Mme la Présidente, parce qu'à sa face même on constate que
ce projet de loi contient plus d'un seul principe.
Or, nous
sommes à l'étape de l'adoption du principe, Mme la Présidente, et on constate
qu'il y a plus d'un principe. Et,
lorsqu'on regarde un projet de loi, ça se peut qu'il y ait différentes parties
dans un projet de loi, mais ça fait partie d'un tout et d'un seul et même principe. Or, dans le cas du projet de loi qui
nous intéresse, il y a plus d'un principe. Ce ne sont pas des parties d'un même projet de loi faisant
état d'un seul principe, ce sont plusieurs principes intégrés dans un même
projet de loi.
• (12 h 50) •
Alors, Mme la
Présidente, on parle d'un principe touchant
les conditions de rémunération et d'organisation du travail des médecins
et d'un autre portant sur la modification au régime de procréation médicalement
assistée. Donc, Mme la Présidente, lorsqu'on regarde ces deux principes
s'articulant dans un même projet de loi, on constate que, lorsqu'on les prend séparément, sans rien devoir
ajouter, ces deux principes demeurent tout
à fait cohérents et peuvent
être étudiés de façon totalement indépendante, de façon totalement spécifique.
Alors, Mme la Présidente, les critères qui président à l'acceptation d'une motion de scission
ont été clairement énoncés à maintes reprises dans la jurisprudence parlementaire. J'en veux pour preuve, entre autres, Mme la Présidente, des décisions rendues par les présidents Lefebvre
le 3 décembre 1990, Pinard le 11 décembre 1997, Pinard le 3 juin 1998, Brouillet le 29 novembre 2000, le député d'Abitibi-Ouest lui-même le 5 juin 2006, et Houda-Pepin le 18 mai 2011. Dans sa décision du 27 mai 2004, le député d'Abitibi-Ouest indiquait, et vous me permettrez de le citer, Mme la Présidente, qu'«une motion de scission
doit contenir les précisions nécessaires afin d'être déclarée recevable sans
que la présidence ait à modifier le contenu de la motion. La présidence
ne peut apporter que des corrections de forme, conformément à l'article 193, et la modification de certains
articles visés par une motion de scission n'entre pas dans cette catégorie de
corrections. Dans une motion de scission, on ne doit pas réécrire les articles
du projet de loi dans le but de la rendre recevable. Cependant, la présidence
doit déclarer recevable une motion de scission qui adapterait l'article
d'entrée en vigueur aux projets de loi qui
résulteraient de la scission. D'ailleurs, dans tous les projets de loi, il y a
uniquement un article d'entrée en
[viseur] — vigueur,
dis-je — et la
présidence a toujours déclaré recevable une motion qui inclut cet article
dans tous les projets de loi qui résultent
de la scission.» Cette pratique a été d'ailleurs confirmée à
nouveau par le député d'Abitibi-Ouest dans sa décision du 23 mars 2010.
C'est donc
dire, Mme la Présidente, qu'à partir du moment où on constate qu'il y a deux
principes très distincts dans le même projet de loi, le projet de loi
n° 20, que ces deux principes peuvent vivre par eux-mêmes sans qu'on ait besoin d'ajouter quoi que ce soit, bien, il
m'apparaît, Mme la Présidente, que cette motion doit être jugée recevable
et que les arguments qui ont été énoncés et
évoqués ici, en cette Chambre, pour juger ou plaider en faveur de
l'irrecevabilité de cette motion
m'apparaissent eux-mêmes, à leur face même, Mme la Présidente, irrecevables
parce qu'allant à l'encontre de la
logique même, Mme la Présidente, que le gouvernement doive, par voie
législative, énoncer chacun des principes qui guident son action et, lorsque des dépenses ou des programmes
doivent être mis en place, bien, effectivement... ou modifiés, Mme la
Présidente, bien, que ça fasse l'objet d'un projet de législation distinct.
Or,
c'est ce dont il est question, M. le Président, dans... que je viens de vous
citer d'ailleurs à quelques reprises, M.
le Président. Mais donc on a affaire dans ce cas-là à un projet de loi qui
répond à toutes les conditions que reconnaît la jurisprudence parlementaire pour que la motion de scission du
deuxième groupe d'opposition soit déclarée recevable, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, je vous remercie, M. le leader adjoint de l'opposition officielle.
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Bien, juste une seconde, je vais juste finir ma phrase, là.
Comme on
l'avait indiqué hier, là, le proposeur de la motion a eu l'occasion d'aider la
présidence dans les arguments pour
apprécier si elle est recevable ou pas. Le leader adjoint du gouvernement a
également exposé les motifs pour
lesquels lui, il prétend le contraire. Il vous restait, vous, à vous entendre.
Alors, je fais juste indiquer — puis je vais vous entendre aussi avant de
terminer : On va aller apprécier les arguments et, quand on rappellera le
sujet après la motion du mercredi, on
sera en mesure de rendre une décision sur la recevabilité de cette motion de
scinder le projet de loi. Oui.
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Gendron) : Ça
va?
Alors, compte
tenu de l'heure, compte tenu que les plaidoiries sont terminées, nous allons
suspendre les travaux à ce moment-ci...
c'est-à-dire, pas vrai... Oui, on va les suspendre, on va ajourner à cet
après-midi... on va les suspendre jusqu'à 15 heures, cet après-midi.
Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 55)
(Reprise à 15 h 2)
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, bon mercredi après-midi. Veuillez prendre place, collègues.
Affaires inscrites par
les députés de l'opposition
Motion proposant que
l'Assemblée demande au gouvernement
de déposer un plan économique ambitieux pour accélérer la
croissance économique d'ici la fin de son mandat
Nous allons procéder, tel que c'est prévu à l'article 31
du feuilleton, aux affaires inscrites par les députés de l'opposition. M. le
chef du deuxième groupe d'opposition présente la motion suivante :
«Que l'Assemblée
nationale prenne acte de la faible croissance économique de 2 %
en 2015, 2 % en 2016, 1,7 % en 2017 et 1,6 % en 2018
prévue par le gouvernement du Québec dans son dernier budget;
«Qu'elle reconnaisse que le Québec est au
57e rang en Amérique du Nord pour le PIB par habitant;
«Qu'elle
demande au gouvernement de reconnaître que la faible croissance économique
prévue ne permettra pas, d'ici la fin de son mandat, de réduire l'écart de
richesse du Québec avec ses voisins nord-américains et de réduire de façon
significative le fardeau fiscal de la classe moyenne québécoise;
«Qu'elle demande au gouvernement de déposer un
plan économique ambitieux pour accélérer la croissance économique québécoise
d'ici la fin de son mandat en 2018.»
Bon, la
répartition du temps, là, vous savez tout ça, mais 10 minutes, rapidement,
réservées à l'auteur de la motion, 52 minutes
au groupe parlementaire formant le gouvernement, 30 min 30 s au
groupe parlementaire formant l'opposition officielle et
21 min 30 s sont allouées au deuxième groupe de l'opposition,
six minutes sont réservées aux députés indépendants.
Il n'y a pas de temps de limite des intervenants, c'est une banque. Alors,
enfin, les interventions ne seront pas soumises à aucune limite de
temps, comme je viens de dire.
Je cède maintenant la parole à M. le chef du
deuxième groupe pour son intervention sur la motion annoncée. M. le chef du
deuxième groupe parlementaire, à vous la parole.
M. François Legault
M. Legault : Merci, M. le
Président. Il y a quelques jours, on a souligné le premier anniversaire du
nouveau gouvernement libéral. Je
pense que c'est une bonne occasion,
avec cette motion du mercredi, de faire le point sur la première année
du gouvernement libéral.
D'abord,
M. le Président, il y a à peu
près 13 mois, on était en campagne électorale. Les gens vont se rappeler qu'à
la CAQ on avait deux documents importants qu'on a proposés pendant la campagne électorale. Premier document : un
plan de retour à l'équilibre
budgétaire. Donc, contrairement au Parti libéral, nous, on avait un
plan qui était détaillé pour
expliquer comment c'est possible, en réduisant certaines dépenses, entre autres
des dépenses de bureaucratie, d'atteindre l'équilibre budgétaire. On avait un deuxième plan qui était du côté des
revenus, qu'on a appelé le Projet Saint-Laurent, qui est un projet pour augmenter les revenus du
gouvernement du Québec, pour créer des emplois de qualité, pour relancer
l'économie du Québec.
Les gens ont
élu le Parti libéral. Le Parti libéral est arrivé au pouvoir, pas de document pour atteindre l'équilibre budgétaire, donc on a eu, pendant une année, beaucoup
d'improvisation et finalement on s'est retrouvés avec un budget, qui a été présenté il y a une dizaine de jours,
où... quand on regarde l'équilibre budgétaire, là, le 3 milliards, le 2,9 milliards
de dollars qu'il y avait à trouver pour équilibrer le budget, il y en a à peu
près la moitié qui provient d'une baisse des dépenses,
mais l'autre moitié, contrairement à ce qui était proposé par la CAQ, c'est une augmentation des taxes et des tarifs, surtout pour les gens de la classe
moyenne.
Donc, on a eu
une série de promesses rompues. Le gouvernement libéral a rompu sa promesse de ne pas augmenter
les tarifs d'électricité de plus que
l'inflation, a rompu sa promesse de ne pas augmenter de plus que l'inflation
les tarifs de garderie, a rompu sa
promesse de ne pas augmenter les taxes scolaires de plus que l'inflation, a
rompu sa promesse de ne pas augmenter
les taxes municipales de plus que l'inflation. Donc, on en a, M. le Président, pour à peu près 1,5 milliard,
ça veut dire à peu près 1 300 $ par famille de la classe moyenne.
Donc, c'est de là qu'on part pour les trois
années et demie qu'il reste dans le mandat du gouvernement libéral, donc une
classe moyenne qui non seulement n'a
pas été soulagée par le gouvernement, mais une classe moyenne qui a été encore
plus étouffée. On était déjà, au Québec, les plus taxés en Amérique du
Nord, bien, on en a ajouté une couche avec le gouvernement libéral.
Du côté de
l'économie, M. le Président, j'ai eu beau fouiller dans ce qui était proposé
par le gouvernement, la seule chose que j'ai trouvée, c'est une pancarte où
c'était écrit : 250 000 emplois sur cinq ans, pas de plan économique.
Pourtant, la situation est critique au Québec, et je le sais que c'est un sujet
qui n'est pas facile à aborder, c'est un peu rébarbatif,
mais, quand on regarde la situation du PIB par habitant au Québec, on voit que,
sur 61 États, bien, le Québec est
57e, donc il y a trois provinces maritimes et le Mississippi qui sont plus
pauvres que nous. Et là, quand on regarde dans les États, en Amérique du Nord, qui sont devant nous, bien, on voit
des écarts importants : le Maine, 14 % plus élevé; l'Ontario, 15 % plus élevé. Quand on regarde
des États qui sont plus riches, par exemple, New York, 84 % plus élevé
qu'au Québec, le Massachusetts, où on a Boston, 86 % plus élevé.
Bon, soyons
réalistes, M. le Président, parlons de l'Ontario, écart de 15 %. Juste
pour vous donner un ordre de grandeur
de ce que ça représente, l'écart de richesse entre le Québec puis l'Ontario,
si, demain matin, le Québec avait la même
richesse par habitant que l'Ontario, le gouvernement du Québec aurait
8 milliards de plus de revenus. Donc, on voit, là, toute la difficulté qu'on a actuellement à faire accepter à la
population des restrictions qui totalisent 3 milliards. Imaginez-vous, si, demain matin, on avait
8 milliards de plus, la marge de manoeuvre qu'on aurait pour bien financer
• (15 h 10) •
Je suis
comptable agréé, j'ai été au gouvernement, j'ai été vice-président du Conseil
du trésor. J'ai été, pendant six ans,
critique des finances, je les ai suivies de beaucoup de manières, je dois avoir
assisté à peu près à huit ou neuf budgets. Je peux vous dire une chose,
là, c'est mathématiquement impossible, avec le niveau de richesse actuel du
Québec, de financer correctement les
services en santé et en éducation et de réduire de façon significative le
fardeau fiscal, surtout le fardeau
fiscal de la classe moyenne. Et, lorsque je regarde les projections du
gouvernement, je ne parle pas des miennes, là, je ne parle pas de celles
des économistes, elles sont encore plus basses que celles du gouvernement.
Mais prenons
celles du gouvernement. Le gouvernement prévoit, pour les quatre prochaines années, ça veut dire pour toute la durée du mandat libéral, 2 % de croissance cette année, 2 %
l'année prochaine, 1,7 % en 2017 et 1,6 % en 2018, la dernière année du mandat. Pas besoin
d'être économiste, là. Si vous regardez les 56 voisins qu'on a devant
nous, ils prévoient tous des
croissances plus élevées que celle-là. Ça veut dire quoi, ça, M. le Président?
Bien, ça veut dire que l'écart va
grandir, avec le gouvernement libéral, pour les quatre prochaines années. Ça
veut dire que probablement, à la fin
du mandat libéral, on va être rendus 58e, 59e. Comme je voyais quelqu'un qui
disait tantôt sur Facebook... Quelqu'un disait : Est-ce que, si on finit dernier, on a le droit de repêcher
un nouveau premier ministre? Malheureusement, ce n'est pas le cas, ce
n'est pas le cas.
M. le
Président, pourquoi on a cet écart de richesse? Parce qu'au Québec on n'a pas
assez d'emplois de qualité. On a trop
d'emplois à 10 $ de l'heure, 11 $ de l'heure, 12 $ de l'heure et pas assez à 20 $, 30 $, 40 $ de l'heure. On a
trop d'emplois à temps partiel, pas
assez d'emplois à temps plein. On l'a vu, depuis 12 mois, il s'est créé
seulement 1 000 emplois à
temps plein au Québec, oui, vous avez bien entendu, 1 000, alors que, dans
le reste du Canada, pour la même
période, il s'en est créé 151 000. Donc, quand on dit qu'on est une
société distincte, là, dans le domaine des emplois à temps plein, on est
tout à fait distincts, mais pas dans le bon sens, M. le Président.
Et ce qu'on se rend compte, c'est que ce n'est
pas mieux même si on ajoute les emplois à temps partiel, on est à 31 300. Le gouvernement prévoit, pour
les 12 mois de l'année 2015, 37 000 emplois; l'année prochaine,
35 000. Je vous rappelle ce
qu'il y avait sur la pancarte pendant la campagne électorale :
250 000 emplois sur cinq ans. Si je compte bien, ça fait 50 000 par année. Donc, même
si le gouvernement comptait juste les emplois à temps partiel, il est à court
de ce qui était annoncé.
Et, M. le
Président, j'ai trouvé ça particulièrement insultant, ce que le président du
Conseil du trésor a dit lorsqu'il est
passé, dimanche dernier, à l'émission Tout le monde en parle. On lui a
fait remarquer qu'au Québec on créait seulement des emplois à temps partiel. Savez-vous ce qu'il a
répondu? Il a dit : C'est ça que les Québécois veulent, des emplois à
temps partiel. Écoutez, là, c'est une
mauvaise blague, c'est insultant. Il y a plein de Québécois qui souhaiteraient
avoir un emploi à temps plein, un
emploi bien payé, mais qui ne sont pas capables d'en trouver parce qu'on n'en
crée pas suffisamment au Québec.
M. le
Président, le premier ministre a dit qu'il n'aimait pas le Projet
Saint-Laurent. C'est quoi, le Projet Saint-Laurent?
Le Projet Saint-Laurent, c'est de créer, entre autres, 20 zones
d'innovation au Québec : trois à Montréal, une dans Lanaudière, une à Laval, une dans les
Laurentides, deux en Estrie, trois en Montérégie, une à Trois-Rivières,
une à Bécancour, une en Abitibi-Témiscamingue, une à Gatineau et une à
Sept-Îles. 20 zones. C'est quoi, une zone d'innovation, M. le Président?
D'abord, au coeur d'une zone d'innovation, on a deux, trois grandes
entreprises, deux, trois grandes entreprises
avec de la valeur ajoutée, donc souvent des entreprises manufacturières qui ont
des emplois bien payés. Ensuite, on
ajoute un département d'ingénierie ou de sciences de la santé qui peut venir
d'une université ou d'un cégep. Et là
on a des centaines de petites et moyennes entreprises qui viennent se greffer,
et il y a de l'émulation. C'est comme
ça qu'on a fait un succès au Massachusetts, qui a une richesse 84 % plus élevée
que la nôtre. C'est comme ça qu'on a
fait un succès en Californie avec la Silicon Valley, qui a une richesse
58 % plus élevée que la nôtre. C'est comme ça qu'on a réussi à Zurich, c'est comme ça qu'on a
réussi avec Tech City à Londres. Mais on a un premier ministre qui dit :
Moi, je ne crois pas à ça, les zones d'innovation.
Mais,
écoutez, là, actuellement on a besoin d'emplois à temps plein, d'emplois bien
payés, entre autres d'emplois dans le
secteur manufacturier. Actuellement, là, il y a une opportunité en or. Toutes
les mesures qui ont été annoncées dans
le dernier budget commencent à s'appliquer en 2017, sauf que, maintenant, en
2015, le dollar canadien est à 0,80 $ US, c'est une
opportunité exceptionnelle de pousser sur le manufacturier puis les
exportations.
D'abord, je rappelle — puis
je vois le ministre du Développement économique, il le sait sûrement — que
le manufacturier, en moyenne, les salaires
sont 35 % plus élevés que la moyenne de tous les emplois, 88 % des
exportations, c'est le secteur
manufacturier. Moi, je m'attendrais à ce qu'on ait un ministre du Développement
économique, là, qui fasse une
obsession d'attirer les nouvelles usines, travailler à développer le
manufacturier. Il ne se passe rien chez Investissement Québec, M. le Président. On n'a même pas encore
rejoint le volume d'emplois qu'Investissement Québec faisait il y a
10 ans, avant que le ministre du Développement économique devienne
président d'Investissement Québec.
M. le Président, l'outil le plus important qu'on
a, actuellement, c'est Investissement Québec. Nous, ce qu'on propose, là, c'est de dire : Il y a à peu
près 2 milliards de dollars de crédits d'impôt aux entreprises, ça ne
fonctionne pas. Ça ne fonctionne pas.
Ce n'est pas parce qu'on n'a pas d'argent, là. Quand vous recomparez avec
l'Ontario, compte tenu de la taille
du Québec par rapport à l'Ontario, on a trois fois plus de crédits d'impôt aux
entreprises que l'Ontario, mais ça ne
marche pas. Aujourd'hui, les États interviennent pour attirer des entreprises de
qualité qui ont des emplois payants. C'est
ce que le Tennessee a fait dans mon propre comté, M. le Président, ils sont
venus chercher l'usine d'Electrolux : 1 300 emplois à 25 $ de l'heure. Qu'est-ce qu'a fait
Investissement Québec? Rien, zip, zéro, ils ont dormi sur la «switch», ils n'ont même pas fait d'offre, M. le Président.
1 300 emplois qui sont passés de L'Assomption à Memphis, au Tennessee,
ils n'ont même pas rien fait, M. le Président.
Donc, je termine, avant de donner la parole à un
de mes collègues, en disant : Actuellement, ça devrait être l'obsession du
premier ministre. Bon, on a un premier ministre, là, qui est un docteur, hein,
qui est une personne, là, qui aime bien
regarder les grands enjeux, faire des beaux discours, mais on a besoin d'un
premier ministre qui va chercher les
emplois, les investissements privés un par un pour faire du rattrapage. Parce
que, M. le Président, je vous le dis, là, c'est impossible, avec la croissance économique qui est prévue par le
gouvernement libéral, de bien financer les services d'éducation, de
santé et de réduire les impôts de la classe moyenne; pourtant, c'est une
urgence.
Le seul parti
qui défend la classe moyenne, le seul parti qui fait de la réduction des impôts
de la classe moyenne une priorité, c'est
la CAQ. PQ, on le sait, c'est un référendum sur la souveraineté; les libéraux,
on ne le sait pas trop, c'est le pouvoir pour le pouvoir. M. le
Président, c'est urgent qu'on ait un gouvernement qui dépose un plan économique
ambitieux, ambitieux. Parce que, si on veut
mobiliser tous les acteurs, tous les leaders de notre société, il faut se
donner des objectifs ambitieux. Une
croissance économique de 1,6 % dans la dernière année du mandat, qui
devrait être la meilleure parce que ça fait quatre ans qu'on est là, ce
n'est pas ambitieux, ce n'est pas suffisant.
Donc, M. le
Président, je termine en vous disant que je crois que les Québécois ont le
droit à un gouvernement qui soit
ambitieux, un gouvernement qui fasse de la création d'emplois de qualité sa
priorité, son obsession parce que les Québécois sont nés pour un grand
pain. Merci, M. le Président.
• (15 h 20) •
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, je vous remercie, M. le chef du deuxième groupe parlementaire, pour
votre intervention sur cette motion du
mercredi. Et, pour la poursuite du débat sur cette même motion, je cède
maintenant la parole à M. le député de Pontiac pour son intervention. M.
le député de Pontiac, à vous.
M. André Fortin
M. Fortin
(Pontiac) : Merci, M. le Président. Il me fait plaisir de prendre la
parole dans le cadre du débat sur la
motion surprenante présentée par le chef de la Coalition avenir Québec. Je dis
ça de façon un peu... vous allez peut-être penser sarcastique, mais je
le dis de façon sérieuse. Parce que tout le monde l'a vue venir, la motion de
la deuxième opposition, mais... Non, M. le
Président, je dis qu'elle est surprenante parce qu'elle vient du député de
L'Assomption, elle vient d'un ancien
ministre du Parti québécois qui a eu amplement de chances de faire un impact
sur l'économie québécoise, mais sans grand succès.
Alors, si je prends la parole en ce moment, c'est parce que j'ai pu aider, moi. J'ai eu un mandat d'aider le ministre des Finances dans l'élaboration du
budget 2015‑2016. Je suis certain que mon collègue ministre du Développement économique
aura également à renchérir un peu plus tard. Mais, si vous
voulez, M. le Président, on va prendre la motion de la Coalition
avenir Québec et on va la regarder un morceau à la fois.
Commençons par le début. Sa motion se lit
ainsi :
«Que l'Assemblée nationale prenne acte de la faible croissance économique de
2 % en 2015, 2 % en 2016,
1,7 % en 2017 [...] 1,6 % en 2018 prévue par le gouvernement
du Québec dans son dernier budget...»
Ce
que le chef de la Coalition avenir Québec ne dit pas aux Québécois, c'est
toutes les données démographiques qui
sont derrière ces données-là. Il ne dit pas aux Québécois qu'au cours des
prochaines années il y aura un changement démographique dans notre
société, qu'aujourd'hui la part des personnes de 65 ans et plus est d'environ
17 %, 18 %, mais qu'elle va augmenter, à chaque année, pour
éventuellement atteindre près de 25 %. Il ne dit pas non plus aux Québécois qu'en ce moment 67 % d'entre eux
forment notre bassin de la main-d'oeuvre et que ça va diminuer, à chaque
année, pour atteindre moins que 60 %.
Il ne tient nullement compte du contexte démographique de demain. Ce que le
chef de la CAQ ne dit pas non plus,
c'est que les prévisions du gouvernement, oui, sont conservatrices mais
réalistes. Parce que, pour bien
paraître et lui faire plaisir, on aurait bien pu simplement s'appuyer sur les
chiffres de la CIBC, qui, eux, parlent de 2,4 %, de 2,6 %,
mais ce ne seraient pas les actions d'un gouvernement responsable que
d'indiquer une augmentation du PIB irréaliste... serait dangereux.
J'écoutais
son discours d'ouverture tantôt et le chef de la CAQ disait qu'avec un taux de
croissance comme ceux prévus dans le
budget ce serait difficile de bien financer les services en santé, en
éducation, tout en allégeant le fardeau fiscal des Québécois. Mais, encore une fois, ce que le chef de la CAQ ne
dit pas aux Québécois — et je ne le blâme pas, je ne
le crierais pas sur tous les toits, moi non plus, à sa place — c'est qu'il s'y connaît très bien en la
matière parce que la dernière fois où
les budgets de l'éducation ont été réduits, la dernière fois où il y a eu une
croissance négative, c'était en 1998‑1999. M. le Président, qui était au
parti à ce moment-là? C'était son parti, c'était le Parti québécois, à
l'époque.
Mais continuons de disséquer sa motion, la
deuxième partie :
«Qu'elle reconnaisse que le Québec est au 57e
rang en Amérique du Nord pour le PIB par habitant...»
Encore une fois, le chef de la Coalition avenir
Québec oublie de parler de son propre passage au Conseil des ministres. Et,
vous me connaissez, M. le Président, jamais je ne m'exprime, en cette Chambre,
sans nous comparer à l'Ontario. C'est dans
notre sang, en Outaouais : on aime ça se comparer avec l'Ontario. Alors,
quand le chef de la CAQ est devenu ministre non élu au sein du
gouvernement du Parti québécois, le PIB réel du Québec représentait 54 %
de celui de l'Ontario. Cinq ans plus tard,
M. le Président, quand il a quitté, le PIB réel du Québec était de 52 % de
celui de l'Ontario. Permettez-moi
d'insister, M. le Président : 54 % à son arrivée, 52 % quand il
a quitté. Ce n'est pas fort, M. le Président. Il faudra qu'il fasse
attention parce que la béquille sur laquelle il s'appuie n'a pas l'air très
solide.
Mais, encore
une fois, ce que le chef de la CAQ a oublié de dire dans son discours, c'est
qu'au cours des années il y en a
juste un, budget, qui se serait assuré qu'on arrive 61e, qu'on arrive bon
dernier en PIB par habitant, puis c'était son budget de l'an 1. Son budget de l'an 1 risquait de nous couler
jusqu'au fond du classement année après année. On aurait été les Maple
Leafs de Toronto du PIB par habitant, M. le Président.
Continuons, M. le Président, troisième partie de
la motion du chef de la CAQ :
«Qu'elle
demande au gouvernement de reconnaître que la faible croissance économique
prévue ne permettra pas, d'ici la fin
de son mandat, de réduire l'écart de richesse du Québec avec [nos] voisins
nord-américains et de réduire de façon significative le fardeau fiscal
de la classe moyenne québécoise...»
Je ne sais pas, M. le Président, s'il a lu le
même budget que moi. Est-ce qu'on lui a fourni tous les mêmes documents? S'il veut savoir comment on réduit
l'écart de richesse, bien, ce n'est pas compliqué, M. le Président : on
crée de l'emploi. Et ça, il peut
jouer avec les chiffres autant qu'il veut, il peut les regarder de travers, il
peut les revirer de bord en bord, il
peut sortir sa calculatrice puis pitonner de la façon qu'il veut, il va arriver
au même constat, au même résultat : un an, 57 000 emplois. C'est tout ce qu'on a besoin de savoir.
Depuis notre arrivée au gouvernement, il s'est créé 57 000 emplois
pour les Québécois et les Québécoises, et ça, c'est un résultat direct des
actions gouvernementales.
Mais
peut-être qu'on devrait se comparer avec le gouvernement précédent, question de
mesurer la performance de chacun.
Janvier à avril 2014, les derniers mois de Pauline Marois, alors que la
première ministre distribuait tous ses cadeaux
préélectoraux, il y a eu perte de 28 500 emplois. J'aurais pu
arrondir, M. le Président, mais je trouvais important de dire le 500, parce que c'est 500 Québécois
et Québécoises qui perdaient leurs emplois. Janvier à mars 2015, création
de 24 200 emplois. Moi, je ne suis
pas statisticien, je ne suis pas mathématicien, mais il me semble que je vois
une nette différence, une nette amélioration par rapport à la
performance du Parti québécois.
La motion
parle aussi de réduction d'impôt, et, encore une fois, je me demande si le chef
de la CAQ a vu les mêmes documents
budgétaires que moi. A-t-il égaré le document intitulé Un allègement fiscal
pour tous les Québécois? Je vais me faire un plaisir, au cas où il
l'aurait égaré, de lui dire ce qu'il contient.
Le premier
point, Abolition graduelle de la contribution santé. «La contribution
santé va être abolie graduellement à partir du 1er janvier 2017.
[...]le fardeau fiscal de 4,5 millions de Québécois aura été réduit.» Et
1,7 milliard aura été retourné dans la
poche des Québécois et des Québécoises. C'est ce qui s'appelle, pour reprendre
les mots de sa motion, une réduction significative du fardeau fiscal des
Québécois.
Mais le document continue, M. le Président. Il
parle d'un bouclier fiscal, une mesure concrète qui favorise l'incitation au travail et donc la prospérité tant
recherchée. Et, dans ce cas bien précis, on parle de familles de la classe
moyenne, on ne parle pas des très riches, on
ne parle pas des plus pauvres. On parle de réduction du fardeau fiscal pour
des familles dans la classe moyenne.
Et, tant qu'à
y être, on peut parler de la bonification du crédit d'impôt pour les
travailleurs d'expérience, une mesure qui
encourage les gens à rester au travail, donc à devenir plus productifs, et qui
les récompense sous forme de crédit d'impôt, qui peut sauver à un
travailleur jusqu'à 1 500 $.
Enfin,
j'arrive à la fin de la motion de la Coalition avenir Québec : «[Que
l'Assemblée] demande au gouvernement de
déposer un plan économique ambitieux pour accélérer la croissance économique
québécoise d'ici la fin de son mandat en
2018.» M. le Président, il y en a un, plan, il s'appelle le plan économique du
Québec. Et il ne manque certainement pas
d'initiatives gouvernementales pour la croissance économique, notamment la
croissance économique dans nos régions, la réduction du taux d'imposition des sociétés, par exemple, pour
arriver à la parité avec le taux ontarien. C'est une mesure concrète qui fera que les
entreprises choisissent le Québec plutôt que l'Ontario, qui fera qu'on créera
de l'emploi ici, qui fera qu'on va
créer de la richesse ici. La réduction du taux d'imposition aux PME du secteur
primaire, c'est une mesure qui va remettre
de l'argent dans les poches des entrepreneurs en région mais qui va aussi leur
permettre de réinvestir dans leurs entreprises, de devenir plus
compétitives. Ce qu'on retrouve dans ce plan, c'est des mesures comme la
stratégie de développement du secteur
aérospatial, la stratégie québécoise de l'aluminium, le prolongement de notre
réseau de gaz naturel, qui permettra des investissements privés dans
plusieurs régions québécoises. Ce qu'on retrouve dans ce plan, M. le Président,
c'est 13 milliards de dollars d'investissement.
Alors, M. le
Président, le chef de la Coalition avenir Québec, depuis mon arrivée en cette
Chambre, pose la même question. Peut-être n'a-t-il pas réalisé que le
Parti québécois n'est plus au pouvoir. Peut-être n'a-t-il pas réalisé que l'économie du Québec se porte de mieux en mieux
sous notre gouvernement. Peut-être est-il temps d'appuyer nos mesures de relance
économique? M. le Président, la
confiance des investisseurs revient. Les dépenses des consommateurs sont
à la hausse. Le plan du gouvernement fonctionne. Et, pour ces raisons, nous
rejetons la motion du deuxième parti d'opposition. Merci, M. le Président.
• (15 h 30) •
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Je vous remercie, M. le
député de Pontiac, de votre
intervention. Et, pour la poursuite du débat, je reconnais maintenant M.
le député de... aïe!
M. Nicolas Marceau
M. Marceau : Rousseau.
Le Vice-Président (M. Gendron) : ...Rousseau
pour son intervention — je
le sais — sur
la motion. Alors, M. le député de Rousseau, à vous.
M. Marceau : Je demeurerai
gentil, M. le Président, malgré cet oubli...
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Inexplicable.
M. Marceau : ...inexplicable. M. le Président, je vais
commencer par vous dire que notre formation politique, notre parti va appuyer la motion présentée par la CAQ,
qui demande essentiellement ce que nous demandons aussi, c'est-à-dire que le gouvernement libéral, qui est un partisan du laisser-faire, je
dirais même du rien-faire, donc un partisan du rien-faire, ce gouvernement... mais que ce gouvernement sorte de sa torpeur et puis entreprenne de déposer une véritable
politique économique pour stimuler l'économie québécoise, qui en a bien besoin.
Alors, vous
allez me permettre d'aborder un certain nombre de choses, mais je vais
commencer par les faits, par les statistiques auxquelles on a
présentement droit, auxquelles on a présentement accès, puisqu'elles démontrent
que, contrairement à ce que j'entendais du
dernier intervenant, la situation économique québécoise n'est malheureusement
pas très rose. Et ce qui est grave,
évidemment, c'est de s'en contenter puis de croire que c'est satisfaisant quand
on observe le déclin auquel on a pu assister depuis quelques mois.
Alors, je
vais commencer par ce que j'ai appelé le limbo de la croissance économique en
2014, parce que c'est quand même
assez stupéfiant quand on voit ce qui s'est passé. Donc, la croissance
économique, la croissance du PIB réel, là, c'est la mesure, disons, étalon, la mesure par excellence pour mesurer la
performance d'une économie. Et, si on prend cette mesure, bien, je vais vous rappeler, M. le Président, l'histoire
de ce que le Parti libéral nous a raconté sur la croissance économique
en 2014, depuis la campagne électorale jusqu'à très récemment.
Alors, je
veux tout simplement vous rappeler que, dans le cadre financier du Parti
libéral en campagne électorale, on nous disait qu'il y aurait un effet
libéral, un effet libéral qui ferait en sorte qu'une fois arrivé au
gouvernement la croissance économique
s'accélérerait. Et on nous disait que, donc, pour l'année 2014, l'année
qui est désormais derrière nous, la
croissance économique, là, la croissance du PIB réel serait de 2,1 %. Une
fois arrivé au pouvoir, bon, l'enthousiasme a cédé, j'imagine, une place un peu au doute, et, dès le budget de
juin 2014, on avait abaissé les perspectives de croissance économique pour 2014 à 1,8 %. Alors, déjà,
l'effet libéral semblait en voie de se dissiper, mais, bon, on était quand même
à 1,8 %. L'année a passé, puis, à
l'occasion de la mise à jour de décembre dernier, la prévision de croissance
économique pour 2014 était rendue à
1,6 %. Alors, vous m'avez suivi, M. le Président, on était à 2,1 % en
élection, 1,8 % en juin, 1,6 % en décembre.
Il y a quelques semaines, en mars, le
26 mars 2015, dans le budget qui a été déposé par notre ministre des Finances, on a pu constater que la prévision était
rendue à 1,5 %, 1,5 %, et, le lendemain du budget, le lendemain du
budget, les résultats préliminaires
pour l'année 2014 étaient publiés par l'Institut de la statistique du
Québec, et ce résultat, pour 2014, était de 1,3 %.
Alors, regardez, là, je recommence, là, on est
passés de 2,1 % en mars 2014 à 1,8 % en juin 2014, à
1,6 % en décembre 2014, à 1,5 % le 26 mars 2015 et
1,3 % le 27 mars 2015. Ça, c'est l'effet libéral dans toute sa
splendeur, M. le Président, toute sa splendeur.
Alors, ça,
c'est l'indicateur, là, de ce qui s'est passé en 2014, et effectivement, en
début d'année 2014, les perspectives
étaient bonnes, et on a vu que ça s'est gâché par la suite.
Je vais vous
parler de 2015, parce que, 2015, évidemment, on vient de l'entreprendre, on vient de la
commencer, et j'ai l'impression qu'on
va revivre à peu près la même chose en 2015. Dans le budget déposé par
le ministre des Finances, il est
prévu, pour 2015, que la croissance économique sera de 2 %.
2 %. Je dois dire que c'est considérablement optimiste quand on compare ça à ce
que prévoit le secteur privé. Mais, écoutez, ça ne s'invente pas, là, le
13 avril, le Mouvement Desjardins
a rendu publique son analyse de la situation économique québécoise et
Desjardins doute très, très fortement de
la possibilité qu'on franchisse le 2 % cette année. Il nous rappelle que
ça a été franchi en seulement trois occasions depuis 2002, et je vous laisse... Ce n'est pas le député de Rousseau qui
parle, là, je vais simplement vous lire les deux dernières phrases de ce texte publié par Desjardins — j'ouvre les guillemets. «La faible
hausse du PIB réel de 0,4 % au dernier trimestre de 2014 rappelle
que l'économie du Québec repose sur des bases fragiles. Avec un résultat aussi amorphe, l'acquis de croissance pour 2015 est
limité. Voilà qui appuie notre prévision de 1,7 % cette année.» Ça, c'est
le Mouvement Desjardins, M. le Président.
Alors, je
dois dire, là, que je m'attends... Je vous le dis aujourd'hui, M. le Président,
nous pourrons vérifier l'année prochaine
à la même date, mais je m'attends à ce que la croissance économique pour 2015...
étant donné l'inaction, le fait que
ce gouvernement ne fait rien, bien, que 2015 se traduise également par une
croissance économique en deçà du potentiel du Québec puis en deçà aussi
des chiffres qui sont inscrits dans la documentation budgétaire.
Maintenant,
croissance économique, c'est une chose, il y a d'autres mesures de la
performance d'une économie puis évidemment il y a l'emploi. Je veux
simplement rappeler que 2014 a été une année très mauvaise sur le plan de la
création d'emplois au Québec. On a pu constater, utilisant des mesures qui sont
les plus fiables, qu'il s'était perdu 1 100 emplois
en 2014, et ça, c'est après la création de 48 000 en 2013. Alors, l'effet
libéral, il s'est traduit non seulement par une dégringolade du taux de croissance de l'économie québécoise,
mais également par une baisse de l'emploi. Et 2015, me dira-t-on... on me dira, du côté libéral, a
débuté par une certaine création d'emplois. Je dirai que ce sont
essentiellement des emplois à temps
partiel, on est encore là-dedans et on verra le bilan à la fin de l'année. Pour
l'instant, les beaux chiffres, ce ne sont que des prévisions. Les
résultats pour 2014, eux, ils sont concrets, ils sont réels et ils sont
mauvais.
Je veux
parler un peu de l'investissement des entreprises, parce qu'on nous dit que,
pour l'investissement, ça prend de la
confiance puis que, grâce à l'arrivée puis au retour du Parti libéral, la
confiance est revenue, simplement qu'on mette en perspective les
prévisions de croissance des investissements que nous fait miroiter le ministre
des Finances puis le ministre de l'Économie.
Quand on prend la documentation budgétaire de juin puis celle de mars, donc
juin 2014 puis on la compare à
celle de mars 2015, il y a un certain contraste, si on peut dire, M. le
Président, quand on regarde les chiffres concernant l'investissement. Pour l'investissement, en juin 2014 on
prévoyait, pour 2014, une croissance de 4,1 % au nominal, donc tenant compte de l'inflation, et ça s'est
terminé avec 0,1 %, alors essentiellement stagnant. Donc, je répète, là,
on nous promettait, on prévoyait du
4 % de croissance des investissements au Québec, ça a été 0,1 %.
Stagnant, ça, ça veut dire, M. le
Président. Ça, c'est au nominal, tenant compte du fait que la valeur des équipements
s'est appréciée. Mais, quand on va au
réel, là on a un portrait encore plus désagréable. Ce qui était prévu en
juin 2014, c'était une croissance de 1,3 %, puis ça s'est
terminé par un déclin de 2,5 %.
Donc, ils
peuvent bien nous faire miroiter, au gouvernement, que, cette année, il va y
avoir une reprise de l'investissement,
mais on nous disait la même affaire en juin dernier. Alors, je veux bien, là,
mais on ne nous prendra pas deux fois. En tout cas, je pense qu'on ne
prendra pas les Québécois deux fois.
• (15 h 40) •
Alors, ça, M.
le Président, ce sont les constats, ce sont les faits, c'est incontournable.
Encore une fois, 2015 n'est pas terminée, loin de là, puis on pourra porter un
jugement sur l'action gouvernementale puis sur les résultats de l'action gouvernementale l'année prochaine. Pour l'instant, disons que c'est bien mal parti, parce qu'effectivement il n'y a pas de
politique économique présentement au Québec. Il n'y en a pas.
Il y en avait
une à l'époque où le gouvernement auquel j'appartenais était aux commandes,
c'était la politique économique
Priorité emploi. Je vous rappelle rapidement les volets qu'elle contenait, il y
avait quatre éléments. Il y avait une politique de recherche et d'innovation qui visait à stimuler puis à aider
nos entreprises à créer de nouveaux produits, à créer de nouveaux procédés. Il y avait une politique industrielle qui
avait pour objet de moderniser le secteur manufacturier québécois, qui en a grand besoin, d'automatiser,
de verdir... bref, d'augmenter la productivité dans le secteur manufacturier.
Ce sont des choses élémentaires, mais
sachez, M. le Président, que, présentement, au Québec, cela n'existe pas, il
n'y a pas de politique
manufacturière, il n'y a pas de politique industrielle. Il y avait aussi, dans
notre politique, une politique du
commerce extérieur qui avait pour but d'appuyer nos entreprises dans la
conquête des marchés extérieurs. Ça a été laissé à l'abandon, ce qui ne veut pas dire que tout a disparu mais
simplement que la vision cohérente a disparu. Ça, c'est une évidence. Et il y avait évidemment
l'électrification des transports, dont on sait désormais que c'est une priorité...
ça n'est plus une priorité, pardon, du gouvernement.
À la place
d'une vision cohérente, articulée, organisée, structurée, on a quelques projets
disparates : le Plan Nord, bien sûr, qui est un projet qui, à
terme, pourrait être avantageux pour le Québec. Hein, le Plan Nord, ça pourrait
être avantageux pour le Québec. Moi, je suis
favorable à l'exploitation de nos ressources naturelles dans la mesure où tout
ça, c'est fait intelligemment, c'est fait
dans le respect de l'environnement et de l'acceptabilité sociale, mais il y a
clairement un potentiel d'enrichissement pour les Québécois du côté des
ressources naturelles. Maintenant, il faut avoir les yeux fermés, puis ne pas lire les journaux,
puis ne pas être conscient de l'actualité pour penser qu'en 2015, en 2016 ou en 2017 l'activité économique au Québec va
s'accélérer grâce à l'activité dans le Nord-du-Québec. Le secteur minier,
dois-je le rappeler, c'est 1,2 % du PIB
québécois. Alors, bien sûr, si on peut le faire croître, le faire grandir. Puis
ça sera avantageux pour tout le
monde, mais est-ce que ça va changer 98,8 % de l'économie québécoise?
Bien, évidemment pas, M. le Président. Alors, oui, oui, je suis
favorable à ce qu'on développe les ressources naturelles du Québec, dans le
Nord-du-Québec, M. le Président, évidemment, bien entendu, mais est-ce que ça
peut constituer la seule et unique politique économique d'un gouvernement? La
réponse, c'est non, c'est une évidence. C'est d'une évidence.
Quant à la stratégie maritime, qui, pour
l'instant, n'existe que sur papier — on a bien hâte de la
voir — mais,
encore là, les effets, s'il y en a, ne se
feront pas sentir à court terme. L'économie québécoise, en 2015, ne va
certainement pas
croître plus rapidement grâce à la stratégie maritime. Je vous dirais que ça va
être la même chose pour 2016. Puis, en
2017, bien, on verra, mais est-ce qu'il y a des bonnes idées? Est-ce qu'il y a
un potentiel de bonnes idées là-dedans? Par exemple, l'idée d'un pôle logistique, bien sûr. Bien sûr, mais
est-ce qu'un pôle logistique qui va naître en 2018-2019, c'est bon pour
l'économie du Québec cette année? La réponse, c'est évidemment non. C'est
évidemment non.
L'ensemble
des gestes posés par le gouvernement actuellement — l'ensemble, M. le Président, là, je ne vous
dis pas une petite partie, là — l'ensemble des gestes posés par le
gouvernement dans son document budgétaire, on apprend, à la fin de la section B, que ça va
permettre — écoutez
bien ça, M. le Président, là — d'accélérer la croissance économique du Québec de 0,1 %. Ça, c'est l'ensemble de
ce que ce gouvernement a décidé, là, de faire dans l'année, c'est 0,1 %.
Et par ailleurs on sait que le fait
de contracter les dépenses comme le gouvernement le fait, le fait d'alourdir le
fardeau fiscal comme le gouvernement
le fait, l'ensemble de ces gestes-là, là, par ailleurs, ça réduit la croissance
économique de 1 %, ça soustrait
l'équivalent d'un point de pourcentage de notre PIB. Ça fait que, d'un bord, on
augmente de 0,1 % puis, de l'autre,
on soustrait d'un point au PIB du Québec. Ça, c'est la vision libérale de
l'économie, M. le Président, et évidemment, évidemment, ça se traduit par une croissance économique beaucoup,
beaucoup, beaucoup plus faible que celle à laquelle on pourrait
assister.
Alors,
évidemment, il y a un fort problème de ce côté-là. Et il va de soi que... Comme
l'économie ne va pas bien, comme il
n'y a pas de politique économique, il est clair que, de notre côté, on appuie
l'idée puis on demande au gouvernement de déposer une politique
économique qui va permettre d'accélérer l'économie québécoise.
Je vais prendre les quelques minutes qu'il me
reste pour parler d'un élément de la motion qui est l'idée que le Québec
est au 57e rang en Amérique du
Nord pour le PIB par habitant. Donc,
je voudrais dire qu'il faut tenir compte... Il y a deux, trois choses. La première des choses, c'est
les mesures... Parce qu'habituellement
le chef de la coalition nous parle de
revenu disponible, et là je viens de me rendre compte qu'il parlait de PIB par
habitant. Mais habituellement il parle
de revenu disponible, alors moi, je m'étais préparé pour parler du revenu
disponible. Je vais parler du revenu disponible, si vous permettez. Je pourrais parler du PIB par habitant aussi, mais je
veux parler du revenu disponible, puis ce que je vais dire s'applique
autant pour le PIB par habitant.
Je veux juste
qu'on s'entende sur une chose. C'est qu'on parlait des ressources naturelles
tout à l'heure, M. le Président,
puis, ce matin encore dans le journal, il y avait un article qui rapportait les
faits... juste pour qu'on s'entende sur
le fait qu'il y a une part d'injustice dans le fait de comparer le Québec avec
des régions de l'Amérique du Nord qui disposent de ressources naturelles
considérables, et les écarts peuvent être importants. Puis je prends le cas,
là, du Canada. Vous savez, si vous regardez
le classement, que ce soit par PIB par habitant ou par revenu disponible, des
provinces canadiennes, vous allez voir qu'au sommet vont apparaître
trois provinces, là, c'est toujours la même affaire, c'est Terre-Neuve,
l'Alberta puis la Saskatchewan. Mais il faut voir que, les ressources naturelles,
la valeur des ressources naturelles
extraites par année, par habitant, là, par habitant, la valeur des ressources
naturelles extraites par habitant... Je vous donne les chiffres, M. le Président, parce que quand même c'est
important d'en tenir compte. C'est 5 146 $ pour Terre-Neuve, 2 814 $ pour la
Saskatchewan, 2 592 $ pour l'Alberta. Puis après ça on peut comparer
avec ce que le Québec parvient, lui,
à récolter, c'est 384 $ au Québec puis, l'Ontario, 23 $. Il faut voir
qu'il y a une partie, donc, du classement qui s'explique par ces écarts
importants dans l'exploitation des ressources naturelles.
Alors,
plusieurs choses à dire là-dessus. La première, c'est : Évidemment,
évidemment, si nous, on a des ressources naturelles puis qu'on peut faire l'exploitation de ces ressources
naturelles là de façon intelligente, de façon respectueuse pour l'environnement puis de façon à respecter
l'acceptabilité sociale, bien, évidemment, ça permettrait au Québec de
monter plus haut dans le classement.
La deuxième
chose que je veux dire, parce que ça, c'est important d'en tenir compte, là,
parce que ce n'est pas strictement
l'activité des entrepreneurs du Québec, des entreprises du Québec qui explique
les écarts auxquels on assiste : Le
fait d'être assis sur un puits de pétrole ou de ne pas être assis sur un puits
de pétrole, ça explique une grande part des différences qu'il y a au
Canada puis entre le Québec puis d'autres provinces.
Puis je vais
aller sur le revenu disponible, parce que, ça, je voulais en parler, parce que
le chef de la Coalition avenir Québec
en parle souvent. Simplement dire que, bien sûr, une partie... Le revenu
disponible, M. le Président, vous savez ce que c'est, c'est le revenu moins les taxes et les impôts. Alors, la
partie revenu, on s'entend, tout le monde, on en veut tous plus, mais, la partie taxes et impôts, même
si on en voudrait le moins possible, ce qui est important, c'est de voir si
ces taxes et impôts servent à financer les services publics. Et il faut voir
qu'au Québec les taxes et impôts sont plus élevés, oui, mais parce que ça sert
à financer des services publics. Et ces services publics, s'ils n'étaient pas
fournis publiquement, ils seraient achetés
privément. Et, s'ils étaient achetés privément, il est tout à fait réaliste de
croire qu'on aurait à payer plus cher pour ces mêmes services là.
• (15 h 50) •
Autrement
dit, autrement dit, le revenu disponible est une mesure qui apporte une
certaine dose d'information mais
n'apporte pas toute l'information. Et moi, de mon côté, j'ai la conviction, la
conviction que le panier de services public
constitue une bonne affaire pour les Québécois. Autrement dit, les biens qui
sont fournis publiquement par l'État coûtent
moins cher aux citoyens en taxes et impôts qu'ils ne coûteraient aux citoyens
s'ils devaient se procurer ces mêmes services
publics... ces mêmes services, pardon, en les achetant au privé. Une autre
façon de le dire : Je pense qu'un Québécois,
une Québécoise est plus riche en s'offrant de la santé en payant des taxes et
des impôts qu'en s'achetant de l'assurance
santé comme on s'en achète aux États-Unis. C'est ça que je suis en train de
dire, très simplement. Et pourtant, pour
des ménages équivalents, vous allez avoir un revenu disponible qui va être plus
élevé aux États-Unis, même s'ils sont plus pauvres parce que leur santé
leur coûte plus cher. Alors, je pense que vous aurez compris le message.
Évidemment,
le revenu disponible contient une information intéressante, et c'est clair que
le Québec peut faire mieux. Le PIB
par habitant, je le répète, une grande partie s'explique par le fait que les
ressources naturelles sont moins abondantes au Québec. Cela ne veut pas dire par
contre qu'on ne peut pas s'améliorer, ça ne veut pas dire qu'on ne peut pas faire mieux. Et, pour faire mieux, bien,
évidemment, ça prend un gouvernement qui s'active pour le développement de l'économie du Québec, qui a une vision
cohérente et structurée, qui ne fait pas dépendre la croissance économique
du Québec sur des projets qui, aussi intéressants soient-ils, n'ont pas
d'impact à court terme : les impacts seront dans trois ans, dans cinq ans,
dans 10 ans.
Alors, pour
aujourd'hui, là, alors qu'on voit que notre secteur de la distribution souffre
et puis que les entreprises ferment
les unes après les autres, quand on voit que notre secteur manufacturier peine,
peine à saisir les occasions qui se présentent à lui, par exemple aux
États-Unis avec le rebond auquel on assiste là-bas, M. le Président, il faut
que le gouvernement s'active et se sorte de
sa logique du rien-faire. Et donc j'invite le gouvernement à appuyer la
proposition, la motion qui a été
déposée par la CAQ. Je pense qu'effectivement il est temps, il est encore temps
pour le gouvernement de changer d'orientation. Alors, merci, M. le
Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, sans hésitation, on dit : Merci, M. le député de Rousseau. Et, pour
la poursuite du débat sur cette motion du mercredi, je cède maintenant la
parole à M. le député de Laval-des-Rapides pour son intervention sur
cette même motion. M. le député de Laval-des-Rapides, à vous.
M. Saul Polo
M.
Polo : Merci beaucoup. Merci beaucoup, M. le Président. J'ai été
invité à prendre la parole aujourd'hui notamment
parce que je siège et accompagne le ministre des Finances au niveau de la
Commission des finances publiques, mais
ce qui est particulier dans mon cas, c'est qu'étant un des cinq élus de ma
formation politique de ce côté-ci je vois régulièrement le chef de la deuxième opposition se lever,
continuellement, et marteler, marteler, même répéter jusqu'à un point où ça devient presque de l'acharnement, son
argumentaire basé sur le 56e ou 57e État en Amérique du Nord se situant
en termes de PIB par habitant.
Ceci dit,
j'aimerais faire une mise en contexte pour débuter, M. le Président. Le
26 mars dernier, le ministre des Finances a présenté son deuxième
budget, qui, dans un contexte historique, est quand même très important,
puisqu'il y avait différents éléments qui... une conjoncture particulière qui
fait de ce budget-là un budget historique.
Tout d'abord,
rappelons-nous, pour ma formation politique, le 18 mars 2014, en plus
d'être en campagne, comme tous mes
collègues, ici, à l'Assemblée nationale, c'était le jour où notre chef avait
annoncé publiquement qu'il s'engageait, qu'il s'engageait avec son équipe, avec son futur gouvernement, si les
Québécois lui donnaient la confiance, à rétablir l'équilibre budgétaire de la province pour l'année financière 2015-2016.
Ce même jour là, M. le Président — et ça va faire partie également de mon argumentaire — ce même jour là, il s'engageait également
que, suite à un retour à l'équilibre budgétaire,
il allait également, O.K., s'engager à attribuer la moitié de l'excédent
budgétaire, dans les années à venir, tout d'abord à réduire la dette en investissant au niveau du Fonds des
générations et, deuxièmement, à réduire le fardeau fiscal des Québécois. Ça faisait partie d'un engagement
formel, ça faisait partie d'un engagement auprès de l'ensemble de la population québécoise, et ça fait partie également
d'un chemin qu'il a tracé pour notre formation politique au cours de la
dernière année.
Le ministre
des Finances s'est attablé, à travers son premier et deuxième budget, à
respecter cet engagement-là, et c'est
la raison pour laquelle, le 26 mars dernier, la présentation de son budget
était très importante. Et le fait de présenter auprès des Québécois... et la réponse à cet engagement-là d'un budget
équilibré à partir de cette année est un geste-phare, est un geste
important pour notre formation politique.
J'aimerais
également le mentionner, M. le Président : Au-delà de l'engagement, il y a
aussi les gestes qui ont été posés à
travers ce budget-là, les gestes qui ont été posés à travers la dernière année,
que ce soit très tôt après notre élection, lorsque le président du Conseil du trésor, avec, bien sûr, le soutien du
premier ministre et l'ensemble de notre formation politique, a appliqué le cran d'arrêt. Et il a
appliqué diverses mesures au cours de l'année qui a suivi pour, justement, nous
permettre de nous donner les mesures et les
moyens nécessaires pour rétablir l'équilibre budgétaire, un équilibre
budgétaire, un premier budget
équilibré depuis les six dernières années et un premier... et seulement un
sixième budget équilibré au
cours des 40 dernières années également, M. le Président.
Un budget équilibré. Aujourd'hui, on peut parler
d'un budget équilibré, mais retournons un an en arrière, lorsqu'on était justement
en élection, lorsque l'ancien gouvernement avait présenté un budget sans avoir
déposé des crédits, sans avoir à expliquer
comment tout ça balançait. Et bien
sûr, lorsqu'on faisait la lecture du budget à
l'époque, c'était un budget rempli de petits cadeaux, de petits bonbons
pour... très généreux, disons-le comme ça, de l'ancienne formation politique.
Ceci dit, il
faut également prendre les mots du Vérificateur général lorsqu'il a fait l'analyse de ce budget-là, des actes
qui ont été posés par l'ancien gouvernement et également du chemin qui était
tracé à travers ces actes-là. On se dirigeait, M. le Président, à ce moment-là,
vers un déficit de 5 milliards pour l'année 2014-2015 et vers un
déficit de 7 milliards pour
l'année 2015-2016. Quand vous considérez que la dette du Québec
est aujourd'hui au-delà de 200 milliards de dollars et
que le service de la dette, donc l'intérêt que nous payons sur cette dette-là aujourd'hui, représente 11 %, en
chiffres nets, en chiffres absolus, c'est
10 milliards qui sont aujourd'hui dédiés à payer le service de la dette.
C'est plus que le budget total qui est alloué pour financer l'ensemble
des écoles primaires et secondaires pour l'ensemble de la province. Voilà le sacrifice... le poids que nous
traînons comme société. Et nous, comme gouvernement, auquel, justement...
Lorsqu'on fait l'analyse du budget, c'est le
troisième poste budgétaire le plus important après la santé et l'éducation.
Alors, l'importance d'avoir un budget
équilibré, l'importance d'agir responsablement, l'importance de démontrer que
nous vivons selon nos moyens est transmise à travers ce budget-là.
Ceci
dit, j'aimerais également apporter un éclairage un peu plus précis sur la
motion, M. le Président, sur, justement, certains des termes qu'on retrouve, notamment sur l'utilisation du PIB
par habitant. Bien sûr, c'est un calcul qui est quand même, disons, facile à faire, disons à... de façon
arithmétique, c'est facile à calculer. Ceci dit, le PIB par habitant comme
mesure de prospérité d'une société est même
remis en cause par Statistique Canada, est même remis en cause... Et je vous
donne juste un exemple. Le premier État qui figure dans ce classement-là,
auquel fait souvent allusion le chef de la deuxième
opposition, le premier État dans ce classement-là, c'est l'Alaska. Pourquoi
l'Alaska? Deux facteurs : un, l'Alaska est une province ou un État exportateur, un grand producteur de pétrole
aux États-Unis et, deuxièmement, c'est un État qui a une faible population, faible population. Donc, quand vous
regardez au niveau de la logique même, lorsque vous regardez... ou même au niveau du principe de ce
calcul-là, Statistique Canada remet en question le fait d'utiliser justement
cette statistique pour déterminer la
richesse des différents États et des différentes sociétés en Amérique du Nord.
Ça, c'est mon premier point.
Deuxième
point, M. le Président, lorsqu'on retourne aux mots de notre chef à l'époque et
aujourd'hui premier ministre,
lorsqu'il s'est engagé auprès de la population, premièrement, à rétablir
l'équilibre budgétaire et, deuxièmement, quoi faire après qu'on retourne à l'équilibre budgétaire, il s'est
engagé à dire : Nous allons, premièrement, continuer à réduire la dette à travers les transferts au Fonds
des générations et, deuxièmement, nous allons allouer l'autre moitié à une
réduction du fardeau fiscal. Deux mesures
importantes, M. le Président, au niveau du budget de cette année, en termes
de réduction du fardeau fiscal des familles et des Québécois.
Tout d'abord,
la taxe santé, la taxe santé qui a été décriée par bon nombre des députés ou
des membres de cette Assemblée, ici,
la taxe santé va être éliminée graduellement à partir du
1er janvier 2017, et les premières personnes les plus favorisées de cette élimination de la taxe
santé seront ceux qui ont un revenu en dessous de 42 000 $. C'est
ceux-là même... C'est
2,1 millions de personnes qui vont s'ajouter aux 2,3 millions de
personnes qui, actuellement, ne paient pas la taxe santé. C'est presque... À partir du 1er janvier 2017, ce
sera 4,4 millions de Québécois qui n'auront pas à payer la taxe santé. Et, à partir du
1er janvier 2019, la taxe santé ne sera plus appliquée, ne sera plus
imposée auprès de l'ensemble des contribuables québécois.
• (16 heures) •
De quelle
façon ça va se décliner, M. le Président? Regardez : à partir du
1er janvier 2017, les personnes ayant un revenu net supérieur
à 42 000 $ et inférieur à 137 000 $, la taxe santé va
passer de 200 $ à 125 $, et par la suite, pour l'année 2018, elle va
passer de 125 $ à 80 $, et, à partir de 2019, elle sera complètement
abolie.
Par ailleurs,
M. le Président, une autre mesure d'allégement du fardeau fiscal, O.K., auprès
des Québécois, c'est le bouclier
fiscal qui a été annoncé à travers le budget du ministre des Finances.
Actuellement, ici, je vous le donne comme exemple, un couple ayant un enfant âgé de trois ans fréquentant une
garderie privée non subventionnée, dont les revenus s'élèvent à 40 000 $ en 2015, par
rapport à 2015, chaque conjoint augmentera ses revenus de travail de
2 500 $, ce qui portera les revenus de travail du ménage à
45 000 $ en 2016. Voilà deux mesures, M. le Président, d'allégement,
de favorisement à travers lesquelles nous
favorisons justement un allégement du fardeau fiscal auprès des familles et des
Québécois, M. le Président. Ça, c'est pour
répondre à l'une des prémisses de la motion présentée par le chef de la
deuxième opposition, en lisant
spécifiquement la phrase suivante : «...qu'elle demande au gouvernement de
reconnaître que la faible croissance
prévue ne permettra pas, d'ici la fin de son mandat, de réduire l'écart de richesse
du Québec envers ses voisins nord-américains et de réduire de façon
significative le fardeau fiscal de la classe moyenne québécoise.»
Je viens de
vous donner deux exemples. Si je lis... Si vous avez bien compris la lecture
que j'ai faite d'une partie de la
motion, au goût du chef de la deuxième opposition, ce n'est pas des gestes
significatifs. On pourra différer sur notre interprétation des gestes
qui sont posés, mais, ceci dit, je voulais vous en faire état.
Deuxièmement...
ou troisièmement, je devrais dire, parce que le troisième point dans la
prémisse de la motion qui a été
présentée, c'est les mesures de stimulation de l'économie, dans le budget qui a
été présenté, M. le Président, nous parlons...
le ministre des Finances présente tout près de 13 milliards de mesures
destinées à soutenir l'économie. En fait, c'est 12,7 milliards, pour être plus spécifique. Quand on parle de
ces différentes mesures, M. le Président, nous devons tout d'abord commencer par un pan important de nos
engagements électoraux et également de notre plan économique, c'est le
Plan Nord. Le Plan Nord, qui a été dévoilé ou représenté — ou la
version, disons, mise à jour du Plan Nord présenté — par M. le premier ministre a été présenté la
semaine dernière. Spécifiquement, au niveau du budget, nous parlons de près de 400 millions de dollars qui sont
alloués et qui seront alloués au cours des prochaines années pour justement
démontrer que non seulement le Québec est ouvert aux investissements étrangers,
ouvert aux investissements et au développement du Nord québécois, ouvert et
disposé à créer de l'emploi, mais également afin de vendre le Québec à l'international, vendre l'image, vendre notre
savoir-faire, vendre notre capacité de travail, vendre la qualité du travail,
et des produits, et de la main-d'oeuvre
québécoise que nous avons ici, au Québec. Et donc c'est une des mesures-phares.
L'autre
mesure-phare, M. le Président, et moi, je suis convaincu que le deuxième chef
de l'opposition a sa propre interprétation, et, en fait, il a même écrit
un livre sur sa vision du développement du Saint-Laurent...
Des voix : ...
M.
Polo : Merci. Ceci dit, M. le Président, au-delà des écrits, au-delà
de la publication de livres, notre gouvernement s'est engagé à démontrer à travers le budget de cette année qu'il
investira plus de 1,5 milliard au niveau de la stratégie maritime. Et je vais vous décliner de quelle
façon, M. le Président, la stratégie maritime... et ses 1,5 milliard vont
être investis au cours des prochaines
années : tout d'abord, 200 millions de dollars sur cinq ans pour
accélérer les investissements dans les infrastructures portuaires
commerciales du Québec; 400 millions de dollars sur cinq ans pour
favoriser l'implantation de pôles
logistiques; 450 millions de dollars sur cinq ans pour soutenir les
investissements privés manufacturiers dans les zones industrialoportuaires; 77 millions de
dollars sur cinq ans pour favoriser l'essor du tourisme maritime, notamment en développant les
infrastructures de croisières à Montréal et à Québec; 56 millions de
dollars pour la prolongation du crédit d'impôt pour la Gaspésie et certaines
des régions maritimes du Québec et une bonification pour les
Îles-de-la-Madeleine également.
Voilà les deux principaux projets, les deux principaux
engagements économiques que notre chef, le premier ministre, avait présentés à la
population l'an dernier et qui sont ici écrits noir sur
blanc : non pas sur un livre présenté dans différentes librairies, dans le budget 2015‑2016 de la province du Québec, M. le Président, qui démontre le sérieux, qui démontre
notre engagement, qui démontre notre volonté, par des faits
concrets, à créer, à stimuler l'économie, à créer un environnement propice à l'investissement privé, à créer un environnement propice à la création d'emplois et à démontrer
non seulement à nos entreprises ici, non seulement à nos entrepreneurs ici, ceux qui prennent des risques, ceux qui, justement, mettent leur chemise en jeu à
chaque jour pour justement non seulement faire vivre leur famille, mais faire
vivre les familles de leurs employés et ceux
qui... les futurs employés, mais également démontrer que le Québec est ouvert et destiné
à pleinement développer son potentiel économique. Voilà deux mesures-phares.
Par la suite,
nous avons également annoncé, M.
le Président, notamment
au niveau de la relève... C'est des mesures assez
importantes au niveau des gestes et c'est important non seulement de continuer
à stimuler le développement économique, mais également de préparer la relève à prendre sa place également.
Nous avons annoncé deux millions de
dollars investis afin de continuer à favoriser le mentorat et également
la relève entrepreunariale, et, additionnellement à cela, M.
le Président, nous avons également
annoncé de revoir la fiscalité pour favoriser le transfert d'entreprises entre
une génération et la suivante. Il y avait
des dispositions, il y a encore des dispositions aujourd'hui qui limitent ce transfert-là actuellement et qui favorisent plutôt de vendre à des
étrangers ou à des membres de non... à l'extérieur de la famille des
entreprises familiales. Ça, c'est des mesures, M. le Président, qui sont
importantes. Par la suite, il y a également une annonce d'une réduction du
fardeau fiscal des entreprises de 11,9 % à 11,5 %, également annoncé
dans le budget.
Donc, M. le
Président, je tenais à vous faire une liste des différents éléments du budget
présenté par le ministre des Finances
afin de démontrer que la motion présentée par le chef de la deuxième opposition
est basée sur un argumentaire et même
sur un acharnement, un acharnement à essayer de vouloir faire passer un message
qui, dans la réalité, ne passe pas. Et,
ceci dit, M. le Président, j'ai tenu également à vous l'expliquer avec des
faits, avec des gestes, avec des informations très précises pour vous démontrer que cette motion-là ne tient pas, et
c'est la raison pour laquelle je vais voter contre la motion, M. le
Président. Merci beaucoup.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
M. le député de Laval-des-Rapides, on vous remercie de votre intervention.
Et pour la poursuite du débat, toujours sur
cette même motion du mercredi, je cède maintenant la parole à M. le député
de Johnson, en vous rappelant qu'il vous reste six grosses minutes.
M. André Lamontagne
M. Lamontagne : Six minutes, c'est
bien peu, M. le Président, mais on va les prendre, hein?
Une voix : ...
• (16 h 10) •
M.
Lamontagne : J'entends le député de Pontiac, qui vient mettre les
difficultés auxquelles on fait face sur le dos de la démographie. J'entends le député de Rousseau, qui nous explique à
quel point ce n'est pas si pire que ça, dans le fond, qu'on soit les 12es sur 13 au Canada pour le revenu disponible. Je
l'entends nous parler qu'on n'est pas assis sur des puits de pétrole. Après ça, j'entends le député de Laval, qui nous
explique toute la pléiade de mesures. Il y en a pour combien de milliards, M. le député? Vous avez
dit 12,5 milliards, vous avez expliqué. Puis là, comme citoyen, je ferais
juste un graphique qui nous montrerait tous
ces efforts-là, puis toutes ces énergies-là, puis tous ces montants-là
d'investis, là, pour voir où c'est que ça va nous mener.
Ça fait que là, si je me sers du même livre que
le député nous a montré, qui s'appelle le Plan économique du gouvernement du
Québec, puis je fais un petit graphique avec des points qui nous montrent, en
2015, quelle sera la croissance du Québec en
2016, quelle sera la croissance du Québec en 2017 puis en 2018, moi, comme
citoyen du Québec, là, avec tout ce
que je viens d'entendre, moi, je voudrais voir, là, une courbe qui part comme
ça, là, puis, tranquillement pas vite, qui s'accélère puis, si je suis
capable de me projeter dans le futur — là, ils appellent ça le
«hockey stick» en anglais, là — c'est qu'à un moment donné ça décolle,
paf! ça accélère, puis là c'est parti, M. le Président.
Bien, si je
faisais un graphique qui démontre ce que ce gouvernement-là prévoit avec ces
milliards-là puis toutes ces
mesures-là, on part : en 2015, on est à 2 %; en 2016, on est à
2 %; en 2017, on est à 1,8 %; puis en 2018, on est à 1,6 %.
Puis, comme citoyen, là, je n'ose même pas
m'imaginer qu'est-ce que ça va être en 2020 puis en 2022, M. le Président.
Moi, c'est ça qui me désole, puis je suis
inquiet. Oubliez le politicien, moi, c'est le citoyen qui est inquiet, parce
qu'il y a une réalité qu'on a au Québec, on a une croissance anémique,
puis on peut bien dire que c'est la démographie, là, ce gouvernement-là a été au pouvoir, au cours des 144 derniers mois, 126
mois de temps. Puis, pendant l'autre 18 mois, bien là, on a eu un court passage catastrophique d'un autre parti. Puis ces deux-là
se sont partagés les 45 dernières années de pouvoir au Québec. Si eux, ils n'ont pas eu la capacité
d'influencer le parcours économique du Québec, qui, qui aurait pu l'avoir, M. le Président? Puis ce n'est pas compliqué, quand on parle
d'une croissance anémique, qu'est-ce
que ça veut dire? Ça veut dire que ça met en péril des
services de qualité, la pérennité de services de qualité pour nos citoyens.
Ça veut dire, M. le Président, que nos concitoyens, qui sont déjà
égorgés, taxés, tarifés, imposés dans le top au Canada... Quand on regarde le beau graphique qu'on pourrait
faire avec les prévisions du gouvernement, là, où ça pointe? Ça pointe vers la poche du
contribuable. Mais il n'y en a plus, parce
que c'est rendu au point où ça nous
nuit, parce que les gens ne peuvent plus épargner, les gens ne peuvent plus consommer. Puis ça représente 60 % de notre PIB. Puis on se
demande comment ça, après ça, ça ne
va pas bien. Ce n'est pas compliqué, M. le Président, ce que notre budget... Ce
que nos gens nous disent aujourd'hui, c'est : Serrez-vous la
ceinture, faites des sacrifices, ça va bien aller.
Quand on
regarde le document qui nous a été fourni, qui s'appelle le Plan économique,
puis on regarde pour les quatre
prochaines années, ce que ça nous dit, c'est : Vous allez continuer à vous
serrer la ceinture, vous allez continuer à faire des sacrifices puis, dans le fond, ça ne donnera pas grand-chose.
Bien ça, M. le Président, ça, ce n'est pas acceptable. On ne peut pas se lever debout en Chambre puis
vanter tout ça. Puis ce n'est pas l'idée d'être partisan. L'idée, c'est de
penser à nos enfants puis aux enfants de nos enfants. Qu'est-ce que ça va
prendre au Québec pour repartir ça?
Ça va prendre
de quoi d'audacieux, M. le Président. On ne peut pas juste être sur le pilote
automatique puis dire : On va
améliorer telle petite mesure, on va améliorer telle petite mesure puis, dans
le fond, l'an passé, on a fait 1 %, mais cette année, on va faire 1,1 % ou : L'an passé on a été moins
0,02 %; cette année, si ça va bien, on va être «even». On ne peut plus penser comme ça parce que nos défis — on parlait de défi démographique, défi
d'exportation, défi de productivité — c'est tous des défis qu'on a à gérer d'une
façon concurrente. Le temps, là, où on avait neuf travailleurs pour un retraité sur le marché au Québec, c'est
fini. Là, on est à quatre. Puis, dans 15 ans, on va être à deux. Que c'est
qu'on va faire pour augmenter notre
productivité? Que c'est qu'on va faire pour augmenter nos exportations, M. le
Président? Qu'est-ce qu'on va faire?
Bien,
nous, à la CAQ, ce qu'on dit, là, c'est que ça prend un plan ambitieux. Il faut
être ambitieux. Puis être ambitieux, qu'est-ce
que ça veut dire, M. le Président? Il faut qu'on ait l'ambition de bouleverser
l'ordre établi, de bouleverser ce qu'on
a fait depuis des années. Que ce soit en entrepreneuriat, que ce soit en
innovation, que ce soit en exportation, que ce soit au niveau manufacturier, que ce soit au niveau de la productivité,
il faut qu'on ait un gouvernement qui soit capable de rassembler des gens, d'arriver avec un plan
puis de mettre en oeuvre ce plan-là qui va faire en sorte, pas qu'on va être
bons, M. le Président, pas qu'on va être
très bons, M. le Président, mais, si on veut garantir à nos enfants qu'ils vont
vivre prospères puis dans un système
juste, il va falloir qu'on soit excellents, M. le Président. Il faut qu'on se
hisse parmi les meilleurs au monde.
Puis, ce
matin, on a entendu un premier ministre qui a dit : Écoutez, les
prévisions qu'on fait, c'est conservateur. Bien, si c'est des prévisions conservatrices, M. le Président, c'est
vraiment inquiétant parce que ces prévisions-là nous disent qu'on s'en va dans
le mur. Imaginez ce que c'est, M. le Président. Ça fait que...
Une voix : ...
M.
Lamontagne : Non, je vous comprends. Je vais m'arrêter, mais je peux
juste dire, M. le Président, qu'on ne peut pas appuyer un gouvernement
qui n'a pas de plan. Ça prend un plan, puis il faut qu'on se réveille, au
Québec.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, merci, M. le député de Johnson. Je donne la parole à M. le ministre. Alors, M. le ministre de
l'Économie, de l'Innovation et des Exportations, à vous la parole, en vous rappelant qu'il vous reste 25
minutes. Vous n'êtes pas obligé de toutes les prendre, mais il reste 25 minutes
à votre formation.
M. Jacques Daoust
M.
Daoust : Je vous remercie, M. le Président. D'abord, je vais me concentrer sur un sujet, qui est
celui de nos 10 stratégies
pour développer l'économie du Québec. Mais, avant de débuter, je voudrais corriger
certains chiffres. Le collègue d'en face, là, le chef de la deuxième opposition,
il nous a dit tantôt qu'il était un comptable agréé. C'est vrai. Une formation qui est sévère; vous passez à
travers l'EFU. Mais il faudrait qu'il réapprenne à lire ses rapports annuels, parce qu'il nous compare souvent au niveau des effectifs puis de la
création des emplois sous mon mandat. Et, comme il s'adresse habituellement au premier ministre, je n'ai jamais
l'occasion de lui répondre. Alors, je vais l'inciter beaucoup à aller fouiller dans le rapport annuel
d'Investissement Québec pour l'année 2005‑2006, où je n'étais pas président, et
il s'était créé 9 202 emplois,
ça a été consigné au rapport annuel; l'année précédente, 7 591; puis 2003‑2004, 7 683. La
première année où j'ai été président,
j'ai fait, en nouveaux emplois, 10 959, et, pour les sept années, j'ai
fait 74 451. Si vous prenez le rapport annuel, vous pouvez les
additionner.
Il y a
une petite fausseté dans les chiffres qui avaient été énoncés, puis, en tout
début de mandat, je me souviens de
ça, quand on avait commencé, vous aviez pris à ce moment-là le total des
chiffres existants puis le total des nouveaux emplois; la création
d'emplois, c'est l'écart entre les deux; ce n'est pas ces chiffres-là en
chiffres absolus.
On se
rappellera aussi que, pendant plusieurs années, la SGF a été un intervenant qui a
fusionné avec Investissement Québec.
Et les dossiers qui étaient à ce
moment-là faits par la SGF, on
disait : Ce sont de gros dossiers, pas toujours, mais on faisait
entre cinq et 10 dossiers par année. Sous mon mandat, pendant sept ans à Investissement
Québec, j'ai fait 11 593 dossiers,
pour des investissements de 7,6 milliards, qui ont généré des investissements totaux de 30,1 milliards, et tout ça avec des
profits tous les ans. En définitive, j'ai fourni à l'État québécois une équipe
de 400 personnes en développement
économique non seulement gratuitement, mais en plus j'ai rapporté des profits.
C'est le rêve de tous les gouvernements de dire : Écoutez, je suis
en mesure de rendre mon développement économique rentable.
Ceci étant
dit, je voudrais revenir un peu aux affirmations qui sont faites puis à l'effet
qu'on n'a pas de stratégie de
développement économique. En fait, le grand défi dans tout ça, à la base, c'est
qu'on peut toujours continuer d'accumuler de la dette, mais à la base il faut se débarrasser de nos dettes. La
première façon de s'enrichir, c'est de cesser d'avoir de la dette. Et, quand on a été élus, bon, il est
clair qu'on avait affaire à une dette qui était importante, M. le
Président, et des
déficits qui étaient importants. Et on ne créera pas de richesse si on ne règle
pas ce problème-là. Notre gouvernement, s'il est acharné depuis son élection... On est à notre deuxième budget,
accompagné de crédits budgétaires, bien sûr, et ce qu'on voit, c'est...
on voit un certain virage.
Maintenant,
on se souviendra, pendant la campagne électorale, on avait formé un trio
économique. Et mon collègue, qui est
maintenant président du Conseil du trésor, au sein du trio économique était
celui qui avait le mandat de se préoccuper de la partie dépenses de l'État. Et aujourd'hui, dans le rôle qui lui a
été confié par notre premier ministre, bien on constate qu'il est à sa
place.
Le point de
vue des revenus appartenait à celui qui est maintenant ministre des Finances,
et il le fait, il continue de le
faire avec, comme je le disais il y a quelques instants, son deuxième budget,
qui est un budget de retour à l'équilibre, comme on s'était engagés à le
faire.
Mon mandat à
moi, c'était de rétablir la notion de confiance. Je l'ai dit souvent : La
perte de confiance, c'est rapide; gagner
la confiance, c'est long. On a eu un 18 mois qui a été fort difficile, qui
a précédé notre élection, où on a abandonné littéralement la stratégie qui était afférente au Plan Nord, où le milieu
pharmaceutique, quand on a été élus, est venu nous voir en disant : Écoutez, est-ce qu'on existe
encore? On ne sait plus où on s'en va. On a eu à rétablir la confiance, et ça
ne se fait pas instantanément, il
faut un certain temps. Le député de Johnson disait tantôt : On veut avoir
une courbe qui va monter. Bien, on a commencé à voir monter cette
courbe-là.
Le deuxième
point que je veux faire aussi, d'entrée de jeu... parce qu'on parle beaucoup de
création d'emplois, puis on
dit : Ah! mais il s'est créé seulement 1 000 emplois à temps
plein depuis un an. Rappelons-nous qu'on est au pouvoir depuis 11 mois, on n'est pas au pouvoir
depuis un an. Les statistiques ne nous donnent pas une année, elles nous
donnent 11 mois actuellement. Et, quand on prend les 11 mois où on
était là, il y a 57 000 emplois qui ont été créés.
Et on
dira : Il y a des emplois à temps partiel. Arrêtons de dire que ce sont de
mauvais emplois. Ce ne sont pas nécessairement des mauvais emplois,
parce qu'il y a quatre catégories de personnes au moins qui recherchent ces emplois-là. Et mon collègue qui était ministre de
l'Emploi, qui est maintenant ministre de l'Éducation, à son ministère, avait une statistique à l'effet que près de
70 % des emplois à temps partiel sont désirés à temps partiel. Notre
société change, M. le Président, et l'entrepreneurship change aussi.
Et je vous
donnerai les quatre types d'emplois qui sont désirés à temps partiel. Il y a
d'abord les étudiants. Les étudiants,
aujourd'hui... Moi, quand j'ai fait mes études puis que je faisais un bac en
administration des affaires, c'était trois
ans, puis il fallait que tu le fasses en trois ans. Les étudiants aujourd'hui
ne travaillent pas de cette façon-là, ont souvent un emploi à temps partiel. On le voit beaucoup
dans le commerce de détail. Et ces emplois-là, bien, ça leur permet d'avoir
une meilleure qualité de vie sur leurs
études, puis il n'est pas anormal de prendre quatre années sur un cours de
trois ans parce que, justement, tu as
occupé un emploi à temps partiel. Et cet emploi-là a fait qu'ils ont vécu
peut-être un peu moins sévèrement qu'on a vécu quand on a fait nos
études.
• (16 h 20) •
Le deuxième groupe, c'est des familles qui ont
deux revenus puis de jeunes enfants ou, par exemple, un emploi...
Puis je prends simplement un milieu que je
connais bien, qui est le milieu bancaire. Il y a beaucoup
de demandes dans le milieu bancaire
pour des emplois de 10 à 3. Ce sont souvent les heures d'ouverture des
succursales bancaires. Pourquoi? Parce
que ça te permet d'aller porter ton
enfant à la garderie puis d'aller le rechercher à la garderie. C'est un emploi
à temps partiel, mais c'est hautement désiré.
Troisième
groupe, qui est un phénomène un peu nouveau, c'est celui des baby-boomers qui
prennent leur retraite, qui n'ont pas
tout à fait l'épargne qu'il faut ou qui veulent se
donner un peu de qualité de vie, s'offrir des voyages. Ils travaillent
une journée, deux jours par semaine dans des commerces de détail, dans des entreprises
où ils ont besoin d'employés à temps
partiel. Certains employeurs sont prêts aussi à dire : Écoute, si tu continues avec moi pendant quelques
années, moi, j'accepterais bien que tu
viennes travailler seulement le matin, par exemple, que tu travailles le lundi,
mardi ou que tu fasses six mois avec moi puis, après ça, bien, tu seras
à ta retraite.
Et le dernier
groupe, qui est un groupe nouveau et que je trouve fort intéressant, ce sont
les apprentis entrepreneurs. Ce sont
ces jeunes-là qui décident de se partir une entreprise, mais qui ont besoin de
gagner leur vie aussi, alors ils ont besoin
d'un minimum de revenus et ils travaillent sur une base de 20, 25 heures et
essaient de se partir un petit commerce. Alors, ce que ça fait, ça fait qu'il y a des emplois à temps partiel qui
se créent, et ces emplois-là, je le répète, sont souvent désirés de
cette façon-là.
On a parlé
d'une croissance du PIB qui était anémique. Je laisserai mes collègues
économistes répondre à cette préoccupation-là que semblent avoir la
deuxième opposition et l'opposition officielle... la première opposition, je devrais dire, mais, ne nous trompons pas, une
croissance de 2 % dans le
contexte économique actuel, une croissance nette pas sur le nominal, c'est quand même une appréciation considérable
considérant le fait que notre population diminue.
Un des phénomènes aussi qui est important, qui
nous préoccupe puis qui nous préoccupe beaucoup, c'est le phénomène des baby-boomers qui prennent leur
retraite. En fait, dans l'histoire de l'humanité, des baby-booms... Il n'y a
pas seulement ma génération qui a été des
baby-boomers, je dirais qu'après toutes les guerres il y a eu des baby-booms.
Les hommes reviennent de la guerre puis,
boum, il y a des bébés, hein? Alors, les baby-booms, c'est un phénomène qui
est historique.
Maintenant,
pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, pour la première fois dans
l'histoire de l'humanité, il va y
avoir un boom de retraités. En fait, quand le siècle, le XXe siècle a commencé
en 1901, si ma mémoire est bonne, l'espérance
de vie à la naissance était quelque chose comme 51 ans, et ce qui fait... Et,
quand moi, je suis né, l'espérance de
vie était de 62 ans, puis l'âge moyen de la retraite était à 68, on n'avait pas
de problème de caisse de retraite dans ce temps-là. Les gens ne vivaient pas vieux, ce qui faisait en sorte qu'il
n'y avait pas de «old age boom», si je peux prendre un anglicisme
là-dessus.
Maintenant,
aujourd'hui, M. le Président, vous et moi, on est la preuve vivante que cette
réalité-là change et on travaille
encore à nos âges vénérables, de sorte que ce baby-boom-là qui arrive à la
retraite va changer la configuration économique.
Le baby-boom a toujours... En fait, on a toujours eu le bon âge. On a avancé
comme un gros bloc monolithique dans
l'histoire, en fait, de l'humanité, parce que c'est beaucoup un phénomène
occidental, avec l'amélioration de l'espérance de vie, et, bon, aux âges où on est rendus, la médecine nous tient, et
la connaissance aussi de ce qu'il faut faire pour vivre plus vieux fait en
sorte qu'on se maintient puis...
Mais ce que ça fait aussi, c'est qu'il y a un
grand bloc de retraités, et ce grand bloc de retraités là, bien, il faut penser
qu'ils ne sont pas disponibles... ils ne sont pas suivis par une population
équivalente, de sorte que ça change la
configuration. Alors qu'il y a eu un temps où on avait un retraité puis on
avait peut-être cinq, ou sept, ou huit
travailleurs — bien là,
à huit, vous avez raison, monsieur — bien, aujourd'hui, on s'en va sur des 2-1,
3-1, on s'en va dans une situation
qui est fort différente. Alors, ce que je veux faire avec vous, c'est regarder
un petit peu comment, dans un
contexte comme celui-là, on s'est doté, nous, de 10 points, 10 points qu'on
pense être le canevas qui doit nous servir
à développer notre économie, et on l'actualise dans un document de
604 pages, si j'ai bien compté, qui s'appelle le Plan économique du
Québec, qui a été déposé par notre ministre des Finances.
Le premier
point que je veux faire, puis celui-là, je pense, la deuxième opposition doit
nous rejoindre complètement dans ça,
c'est que l'État est là pour mettre en place un environnement favorable à la
création de richesse puis au développement économique. Il n'est pas là pour être un acteur de développement
économique au sens, je dirais,
communiste du terme, au terme de
gauche. On ne peut pas avoir une attitude de droite puis des stratégies de
gauche. Il faut qu'on se décide sur ce qu'on veut être.
Alors, pour
nous, notre rôle comme gouvernement, dans notre esprit, c'est de créer un milieu favorable. C'est un rôle de
complémentarité de l'État avec le secteur privé. C'est de s'assurer qu'on a
les infrastructures qui font qu'on a une fiscalité qui est attrayante. En fait, on doit mettre en place un
rôle d'État complémentaire à celui des entreprises,
laissant les entreprises assumer leurs responsabilités, et nous, comme gouvernement,
assumant les nôtres.
Le deuxième
point que je veux faire, et ça, on l'a répété à plusieurs reprises, ça a été
fort questionné quand on a commencé à en parler, mais force est d'admettre que ça fonctionne, c'est
une notion de partenariat. Partenariat dans quel sens? Partenariat dans le sens où... Et je prends une expression qu'on avait entendue chez Réno-Dépôt, un
commercial, il disait : Si ça existait,
on l'aurait. Vous vous souvenez de ça? Bien, le système subventionnaire, s'il
marchait, on le saurait, parce que ça fait 20 ans, 25 ans qu'on est plus
subventionnaires que la moyenne des autres États, et ce rôle plus subventionnaire là ne nous a pas rendus plus
riches. Force est d'admettre que le fait que nous soyons fort généreux dans
nos subventions, ce n'est pas ça qui nous a menés à de la richesse.
Alors, la
stratégie qu'on a décidé d'utiliser, c'est de dire : Oui, il y a des
moments où l'État doit intervenir, doit intervenir financièrement, mais il n'est pas obligé de le donner,
l'argent, il peut faire en sorte que la transaction se complète, que la transaction se ferme. Et le chef de la
deuxième opposition a suffisamment d'expérience, puis il a été en affaires
lui-même, il sait très bien que, dans ces
transactions-là, souvent, ce qu'on voit, c'est le dernier 10 %, 15 %
qui est difficile à fermer dans une
transaction. Parfois, les systèmes traditionnels, banquiers traditionnels
disent : Bah! Ça te prendrait un
peu plus d'équité dans ça parce que tu es trop lourd en dette, il faut
équilibrer ton budget... ton bilan. Bon, bien, à ce moment-là, peut-être
que nous, on doit intervenir au niveau de l'actionnariat. À d'autres moments,
il va dire : Il y a suffisamment
d'actions, il y a suffisamment de dettes seniors, il faudrait un peu de dettes
subordonnées parce qu'à la fin il n'y
a plus personne qui veut embarquer. Bien, peut-être qu'on doit être là pour le
dernier 10 %. Ça, c'est une notion de partenariat, c'est de faire en sorte que l'intervention de l'État fasse
en sorte que la transaction se produise. Et, quand je dis ça, je le dis, mais il faut aller jusqu'au
bout du raisonnement. Aller jusqu'au bout du raisonnement, c'est de dire :
Je prends un risque; comme
gouvernement, j'accepte de prendre un risque. Bien, je veux être rémunéré pour
ce risque-là parce que l'analogie que
je fais — toujours
avec le monde des affaires, parce que je viens du monde des affaires — c'est : Les contribuables du Québec, les huit millions de Québécois, ce sont les
gens qui nous endossent pour être capables de faire ces emprunts-là, ce sont les gens qui nous nomment pour être
capables de gérer l'État, bien, ils s'attendent à ce qu'on le fasse de façon responsable. Et ce que je dis,
c'est que ces gens-là prennent... Quand je prends pour eux un risque, bien,
ils doivent avoir la rémunération que ce
risque-là implique. Ça veut dire quoi? Ça veut dire que, si j'achète des
actions, je ne veux pas être dans une
catégorie d'actions différente des autres actionnaires. Si je fais un prêt en
dette senior, je veux être traité
comme un prêteur de dette senior. Puis, quand je suis en dette subordonnée,
bien, je veux prêter à un taux qui est
celui de la dette subordonnée. Je prends un risque : si l'entreprise perd,
je perds, si l'entreprise gagne, je gagne. Ça ne peut pas être juste dans un sens. Et cette stratégie-là, à ce jour,
fonctionne. Remarquez bien que les taux d'intérêt étant bas, on est capables aujourd'hui de faire des offres, à
des entreprises, qui sont compétitives, où on n'est pas là pour remplacer
les marchés financiers. Vous savez,
participer à une annonce, moi, dans laquelle le gouvernement n'a pas mis
d'argent, je ne suis pas choqué de ça. Ça veut juste dire que l'économie
grandit sans que l'État intervienne, mais, quand il a à intervenir, bien, il faut qu'on le regarde d'une façon, si vous voulez,
comme financière, parce que c'est une transaction financière qu'on fait,
puis on essaie de faire en sorte que notre société en sorte plus riche.
• (16 h 30) •
Le troisième
point, et je l'ai dit d'entrée de jeu, c'est la notion de confiance. Et, depuis
notre élection, mon rôle, beaucoup,
est de travailler sur la notion de confiance. Et la notion de confiance, dans
le plan économique qui a été déposé par le ministre des Finances
récemment, il y a trois choses qu'on doit retenir dans ça qui amènent la
confiance. La première, c'est la
prévisibilité. Ce qu'on a fait — puis je vous donne simplement l'exemple des
mesures fiscales dans le jeu
vidéo — c'est
qu'on a dit : Non seulement on rétablit la mesure fiscale dans le jeu
vidéo, mais on s'engage qu'elle soit là
au moins cinq ans. Donc, c'est
prévisible. Si tu veux t'installer un studio de jeu, puis ce n'est pas long,
installer ça, ce n'est pas une lourde
infrastructure, c'est des locaux, des écrans cathodiques et des merveilleux Québécois
qui sont tellement efficaces à faire ces
jeux-là qu'ils ont une réputation mondiale, bien, la prévisibilité, elle est
là. Et, dans les gestes que nous posons, on fait en sorte que la
prévisibilité soit présente.
La
deuxième, c'est la stabilité. La stabilité, ça veut dire que, d'une part, on a
été élus de façon majoritaire, mais surtout
la stabilité, c'est de dire : On ne remet pas en question
l'État, on ne remet pas en question notre statut, on est un État stable.
Et
le dernier point, bien, c'est celui de la compétitivité. Il est clair que...
Quand je suis dans une juridiction où le fardeau fiscal est tellement
lourd que les entreprises ne s'y installent pas, bien, il est évident que c'est
plus difficile d'attirer des entreprises, ça nous rend moins
compétitifs. Et le chef de la deuxième opposition mentionnait tantôt
Electrolux. Contrairement à son affirmation,
on s'est battus fort dans Electrolux. J'ai même rencontré... j'ai fait venir le
président d'Electrolux d'Europe, je
l'ai rencontré avec le président de la FTQ à l'époque. On se rappellera, quand
ils ont annoncé la fermeture, qu'ils
avaient placé des appareils électroménagers en avant, comme si les travailleurs
du Québec étaient pour sauter sur eux autres. Il y a
eu des vidéos sur Youtube, là-dedans, qui n'étaient pas très élogieux, je n'étais pas
très fier de ça. Mais ils l'ont fait
de façon un peu radicale. Et la juridiction où ils s'en allaient non seulement leur faisait une offre qui était
difficile à apparier, mais était surtout avec un système de salaire... des
salaires qui étaient nettement inférieurs à ce qu'on paie au salaire
minimum chez nous. Alors, j'ai été assez impliqué dans ce dossier-là, M. le
Président.
Alors,
la notion de confiance, vous savez, commence à se réinstaller. Et, je l'ai dit,
c'est long, installer la confiance. La
confiance, ce n'est pas... c'est quelque
chose qui se mérite avec le temps. Et
je donne souvent l'exemple : quand vous avez des adolescents puis vous leur donnez les clés de l'automobile,
vous leur faites confiance, puis, quand ils reviennent avec leur première contravention, c'est la police
qui vous les ramène, vous savez que la confiance est brisée pour un grand
bout de temps, puis ça prend du temps avant
que ça se réinstalle. C'est la même chose dans la société
et c'est la même chose dans les
entreprises. On dit souvent... il y a une expression qui dit qu'il n'y a rien de plus
nerveux que 1 million de dollars.
Bien, 1 milliard, c'est 1 000 millions,
c'est 1 000 fois plus nerveux, et ça se déménage facilement quand la compétitivité
n'est pas là et quand la confiance n'est pas là.
Le quatrième point
est celui de l'objectivité. Vous savez, M. le Président, une des choses qu'on
ne peut pas faire, c'est choisir les régions
gagnantes, choisir les entreprises gagnantes. Ce n'est pas notre rôle de faire
ça. L'État, il est là pour s'assurer
que, si une entreprise étrangère veut venir s'installer chez nous, on va lui
offrir nos meilleurs atouts. Et il
arrive à certains moments qu'un endroit va être plus efficace, plus approprié
que l'autre. Un des beaux exemples qu'on a eus dans ça, et rappelons-nous, c'est FerroQuébec qui s'est installée
à Port-Cartier. FerroQuébec avait quatre sites possibles qu'ils ont regardés. Parce qu'ils nous ont dit :
Est-ce qu'il y a un endroit où on pourrait s'installer chez vous? On a fait un recensement des endroits où FerroQuébec
pourrait s'installer pour constater que, finalement, FerroQuébec, le meilleur
endroit, ce serait ou Shawinigan, ce serait ou Saguenay, ce serait ou
Port-Cartier. Il y a quatre juridictions qui ont été regardées par l'entreprise, qui a fait, l'expression, «une vérification
diligente» importante, et cette vérification diligente là les a menés à choisir le site de Port-Cartier. Ils
ont été tellement habiles que les trois autres juridictions, jusqu'à la
dernière minute, étaient persuadées que l'entreprise s'en allait chez
elle.
Pourquoi je donne cet
exemple-là? Pour une raison fort simple, M. le Président. C'est que
l'entreprise voulait s'installer dans le
nord-est américain, et, en déposant quatre sites plutôt qu'un — et ils en cherchaient cinq, il y avait un
site qui était hors Québec, les quatre
autres étaient chez nous — bien, au lieu d'avoir 50 % des chances d'être là... ou,
s'ils choisissaient cinq sites puis on n'en
avait qu'un, on avait seulement 20 % des chances, en ayant quatre sites,
on avait 80 % des chances, et on a gagné.
Mon
cinquième point, c'est celui de la qualité. Et là je rejoins beaucoup le chef
de la deuxième opposition quand il nous a fait présentation, et aussi le
député de Johnson, sur la qualité des emplois. En fait, une des façons que nous
avons de nous battre pour conserver une
qualité de vie, c'est... La qualité des emplois est tout aussi importante que
leur nombre. Et pourquoi je dis ça?
Bien, c'est parce que, voyez-vous, il y a 20 ans, si on m'avait dit :
Qu'est-ce qui est préférable, créer
deux emplois de 37 500 $ ou un emploi de 75 000 $?, la
réponse aurait été : Deux de 37 500 $. Aujourd'hui, c'est un de 75 000 $. Pourquoi? Parce
qu'on a moins de main-d'oeuvre de disponible. Pourquoi? Parce que les emplois
spécialisés dans des emplois comme ceux-là,
dans ces métiers-là, puis le jeu vidéo est un bel exemple, ce sont des emplois
qui restent, ce sont des emplois qui
s'exportent mal. Les emplois qui s'apprennent dans une heure, dans deux heures,
c'est bon, tous les emplois sont bons, mais les emplois plus riches sont
plus désirables. Et, au niveau social, ça crée une population qui a une
meilleure qualité de vie, qui peut s'offrir des vacances, qui peut faire
beaucoup plus de choses.
Vous
savez, on a beaucoup plus un problème d'employés qu'un problème d'emplois
actuellement, et il faut penser... Et,
avec mon collègue de l'Emploi, avec mon collègue à l'Éducation, on travaille
beaucoup actuellement à essayer de faire un meilleur appariement entre
la diplomation et nos besoins de société.
Comme
le temps avance, je passerai tout de suite au sixième point, qui est celui de
la responsabilité. Je le résume de la
façon suivante : Il y a... Même si on n'est pas de type subventionnaire,
ça ne veut pas dire qu'on n'en fera jamais. Parce qu'une institution
financière travaille uniquement sur une base financière, le nom le dit, un
gouvernement peut travailler aussi sur une base économique. Et une base
économique, ça veut dire quoi? Ça veut dire que, quand tu as... Imaginons, pour les fins de la discussion, que,
dans un endroit où il y a un fort taux de chômage, je peux créer une centaine
d'emplois de personnes qui sont à la charge de l'État et qui, par leur salaire,
deviennent des contributeurs à l'État, au niveau
fiscal. J'ai un échange que pas une institution financière peut trouver, ce qui
fait que, rendu là, je vais me battre fort
pour essayer de faire en sorte que l'argument économique prévale sur l'argument
financier, même s'il est plus risqué.
Les
interventions, les aides gouvernementales, le huitième... le septième point,
c'est celui des orientations. Les orientations,
ça veut dire qu'on va aller vers des orientations qui vont être un peu plus
ciblées. Il faut cesser le «spray and pray». Ce que j'appelle le «spray and
pray», en anglais on dit : «You spray the money, you pray that it works»,
et ça ne fonctionne à peu près jamais.
Alors, l'approche que nous avons est de dire : Les interventions qu'on va faire,
on va les cibler. On va les chercher de façon plus pointue.
Le huitième point, c'est celui de la
pérennité. La pérennité, c'est qu'investir dans des entreprises, c'est bon,
mais investir dans des entreprises
qui sont pérennes aussi, des entreprises qui vont rester chez nous, pas des
entreprises qu'on ne sait pas s'ils
vont être là le lendemain matin. On en veut, c'est sûr, mais disons que l'État
interviendra beaucoup moins en appui d'une entreprise qui nous menace
toutes les 48 heures de quitter le Québec.
Le
neuvième point, celui de la justification, c'est qu'il y a des domaines dans
lesquels on est de façon naturelle, ressources
naturelles en est un, par définition de notre territoire, l'agriculture en est
un autre. Dans les autres secteurs, bien,
il faut s'assurer que ce sont... si l'État intervient... L'entreprise peut
s'installer par elle-même, mais, si l'entreprise a besoin de l'aide de
l'État, bien, il faut, à un moment donné, qu'elle le légitime. Elle n'a pas un
droit à ça, elle a une responsabilité vis-à-vis de l'État, puis on va
s'attendre à ce que l'État soit responsable.
Le
dernier point que je vais faire, M. le Président, en terminant, c'est celui
durable... le développement durable, c'est
qu'on va faire ça dans le respect, bien sûr, de l'environnement, et il y a des
secteurs dans lesquels c'est plus difficile. Pourquoi? Parce que l'environnement doit être respecté, et on va le
faire de façon sereine, que ce soit dans des domaines où c'est plus délicat... Et je sais que vous
pensez certainement à Ciment McInnis, mais je vous ferai simplement remarquer,
en terminant, M. le Président, qu'il n'est
pas illégal de faire du ciment au Québec. Alors, on en a déjà plusieurs,
cimenteries, et celle-là sera certainement celle qui, à la tonne
produite, est celle qui pollue le moins.
Alors,
ça termine à peu près... bien, ça termine pas mal mon explication. J'aurais
aimé avoir un petit peu plus de temps
pour conclure mieux, mais comprenons simplement que nous avons une politique,
et, cette politique-là, on la détaille dans un outil qui s'appelle le
plan économique. Je vous incite à le lire. Merci beaucoup, M. le Président.
• (16 h 40) •
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le
ministre du Développement économique. Je cède maintenant la parole à M.
le député de Sanguinet. Il vous reste, M. le député, environ neuf minutes.
M. Alain Therrien
M.
Therrien : Merci, M. le Président. Écoutez, le Parti libéral
insiste sur le fait d'atteindre l'équilibre budgétaire. En gros, il y a deux façons d'atteindre
l'équilibre budgétaire : par les revenus, par la prospérité, ou par des
coupures, par l'austérité. Nous,
quand on était au pouvoir, on avait pris le côté de la prospérité. On croyait
fondamentalement qu'on pouvait mettre
sur pied une politique qui permette d'émanciper l'économie québécoise, qui lui
permette de lui donner une erre
d'aller, qui lui permette justement
d'atteindre l'équilibre budgétaire, mais pas en se crashant, mais plutôt en prenant
de l'expansion et son envol. On avait créé la politique avec les quatre piliers
de Priorité emploi.
Les
libéraux, dans leur cadre financier, à l'approche des élections, parlaient de
l'effet libéral, 2,1 % de
croissance, c'est ce qu'on nous promettait, 250 000 emplois.
Alors, on se demandait : Mais comment ils vont faire ça? Celui qui deviendra le ministre des Finances nous dit à
l'époque : Bien, écoutez, ce n'est pas compliqué, c'est l'effet libéral;
juste le fait qu'on prenne le
pouvoir, ça va être suffisant, le miracle va se produire. Mais, quand on
grattait un peu, on s'apercevait que
ce qu'ils voulaient faire comme politique, c'était tout simplement de créer des
emplois à travers les infrastructures. Vieille technique libérale, la politique
de l'asphalte. Nous, à l'époque, on leur disait : Bien, ne faites pas ça,
parce que, quand vous empruntez pour
l'asphalte, vous envoyez ça directement dans la dette publique, puis vous allez
faire peur aux bureaux de cotation, puis vous allez être décotés. Bien
non! Vous allez voir, ça va fonctionner, on est des libéraux. Eh mon Dieu, Seigneur! Quand ils sont arrivés au
pouvoir, rapidement ils se sont dit : Bien, c'est vrai, on ne peut pas
jouer avec les infrastructures, parce
que ça va directement sur la dette, on ne peut pas faire ça. Ils se sont
réveillés le lendemain de l'élection, comme les Québécois, mais nous,
c'est : on s'est réveillés dans un cauchemar.
Et
là le ministre — j'ai
bien aimé ça — le
ministre de l'Économie nous dit : On voulait créer un milieu favorable,
on veut créer un milieu favorable. Ah! bien là, ils vont créer leur milieu
favorable. Mais avant ça ils ont demandé au Vérificateur
général... ils ont dit : Écoutez, voudriez-vous regarder ça un peu? Mais,
dans la tête de ces gens-là, c'était la
politique néolibérale du saccage du modèle québécois qu'ils voulaient faire.
Alors, comment ils ont fait? Ils se sont dit : Bien, on n'a pas promis ça durant l'élection, on ne l'a pas
promis, mais comment on va faire pour arriver et imposer ça puis garder la face? Et là le Vérificateur
général a sorti le concept de déficit potentiel. J'ai demandé hier au ministre
des Finances, qui a été conjoncturiste dans
son autre vie : Avez-vous déjà utilisé le déficit potentiel dans votre
analyse conjoncturelle quand venait
le temps d'évaluer la santé économique d'un gouvernement? Il m'a dit :
Jamais! J'ai demandé au président du
Conseil du trésor... J'ai enseigné avec lui aux HEC, moi, je n'ai jamais... Je
suis allé voir mes livres : C'est quoi,
ça, le déficit potentiel? Ça n'existe pas, je n'ai jamais enseigné ça. Je lui
ai demandé : Coudon, as-tu déjà enseigné ça? Non! Mais là ils ont sorti ça du chapeau, là. Mais
là, eux autres, à la place de dire : Hein, que c'est ça?, on ne peut pas
travailler avec ça, il y en a un, il a
dit : Aïe! On va s'en servir comme épouvantail à moineaux, on va faire
peur au monde avec ça. Il dit : Oui, mais là ils vont... Aïe! Les
gens vont savoir que ça n'a pas de bon sens, ils vont voir que c'est un
épouvantail. Non, non, non, regarde, on va travailler là-dessus.
Et
là eux, ils ont conté cette histoire-là aux gens, le déficit potentiel. Mais,
écoutez, quand quelque chose n'est pas
vrai, ce n'est pas parce que tu le répètes que ça devient vrai. Et rapidement
les gens, au Québec, se sont aperçus de la supercherie. Et actuellement,
au Québec, actuellement, au Québec...
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Oui, M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Sklavounos : Rappel au règlement. J'ai été quand même
indulgent. J'ai été un petit peu patient avec le collègue. Là, il emploie des termes qui ne sont pas
parlementaires. Je vais vous demander de lui demander de retirer son propos.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
«Supercherie», ça va loin, M. le député de Sanguinet, alors je vous demande
de retirer ce propos.
M.
Therrien :
...
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Très bien, merci.
M.
Therrien : Bien, écoutez, tout ce que je peux vous dire,
c'est qu'actuellement, au Québec, il y a 70 personnes qui croient à ça. Je ne nommerai pas c'est qui,
mais il y en a 70, puis ils sont tous en Chambre quand vient le temps des
périodes de questions. Ils sont à peu près
du même bord, mais il y a un prolongement par là, O.K.? C'est à peu près juste...
Mais ils continuent, ils persévèrent. C'est ça qu'ils nous proposent,
l'austérité avec l'épouvantail à moineaux.
Et
là qu'est-ce qui arrive? Bien là, ils saccagent, ils saccagent l'économie
québécoise. C'est ça, «on va créer un milieu favorable». C'est le fun, ça. Ils enlèvent 20 % des crédits
destinés aux entreprises, 20 %. Pourquoi pas 30 %? Je ne le sais pas, un coup de dés : Ah! 20 %,
c'est 20 %. Aïe! À quels crédits qu'on va toucher? Ah! c'est trop
compliqué de choisir, on va tout couper de 20 %. Belle politique
économique! Ah! les CLD, quelque chose qui fait la promotion de
l'entrepreneurship dans les régions, bien, on va couper ça. Ça ne sert à rien,
ça. Ça ne crée pas un milieu favorable. Dans les régions, on saccage les
régions, même chose.
Puis
là après on se dit : On va avoir une croissance économique de 2,1 %.
Mais là le ministre des Finances, dans son
budget de l'année passée, dit : Non, finalement, ça va être 1,8 %. Le
point en descente, finalement ça va être 1,6 %. Dans son budget qu'il a déposé voilà pas
longtemps, il dit : Ça va être 1,5 %. Finalement, deux jours après,
l'Institut de la statistique du
Québec dit : Bien, c'est 1,3 %. La CAQ a raison de mentionner que
c'est des croissances faibles, mais, dans la réalité, ça va être plus
faible que ça. Ils ont visé 2,1 %, ils ont eu 1,3 %. Pourquoi? Raison
très simple : tu ne stimules pas une
économie quand tu fais de l'austérité aveugle comme ils font là. Stiglitz, qui
est prix Nobel de l'économie, il le
mentionne : Quand tu fais de l'austérité dans un pays, ou dans une
province, ou dans une économie, ce que tu coupes, c'est le désir
d'investissement. Parce que les investisseurs, devant l'austérité, ils ne
mettront pas d'argent dans cette économie-là,
parce qu'ils vont dire : Les gens n'auront pas les moyens d'acheter. Ils
sont étouffés par le gouvernement. C'est
ça, la réalité, M. le Président. Et donc l'idée pourquoi on est parti de
2,1 % à 1,3 %, c'est qu'ils sont en train d'étrangler l'économie québécoise. Et là, dans le budget, ça
se poursuit, mais ça empire. Ils disent : Aïe! On a mis des coupures. Ils
n'ont rien vu. On est capables de faire
encore mieux que ça. Imaginez où est-ce qu'on en est, M. le Président. C'est la
situation du Québec à l'heure actuelle.
Et là, évidemment,
ils ont dit : Qu'est-ce qu'on pourrait faire comme politique de
développement? Ils ont toujours leur bibitte
à poil. Ils sortent la stratégie maritime. Là, tout le monde dit : Que
c'est ça? Puis là ils disent : Un jour, on va vous l'expliquer. Il n'y a pas d'argent là-dedans, il n'y a pas de
projet, mais un jour, vous allez voir, là, le ministre va faire une sortie à l'emporte-pièce, là, puis
les gens vont dire : Mon Dieu! C'est extraordinaire. C'est la plus belle
invention depuis les sprignes qu'ils
ont mis après les pattes des sauterelles. Mais là, écoutez, à un moment donné,
il faut être sérieux, vous êtes en
tête d'une économie québécoise qui demande de l'aide. Et vous êtes dans une
situation où vous n'en donnez pas, de
l'aide. Pendant qu'on essaie de courir, vous mettez des jambettes aux
Québécois. C'est la réalité, M. le Président.
Et
là après ils nous disent : Ah! il faut stimuler la productivité. Là, ils
ont trouvé ça. La «productivité», ça, c'est un... Ah! ça, c'est un mot extraordinaire. Productivité, c'est la
production que tu fais par intrant, soit par temps ou par personne. Bien, ça, la productivité, ça fesse
fort. Bien oui. Leur austérité, ils coupent dans l'investissement. Les deux
façons que tu peux stimuler la
productivité, c'est par l'investissement, parce que tu vas outiller les
producteurs, les gens qui travaillent.
Ils coupent là-dedans à travers leur
politique d'austérité. Même le ministre des Finances me l'a dit hier. J'ai
dit : Pourquoi vous n'avez pas rencontré vos cibles? Bien, il dit :
C'est parce que l'investissement n'était pas au rendez-vous. Tu n'as pas besoin
de mettre tes lunettes pour voir que c'est l'austérité qui a fait en sorte que
l'investissement n'était pas au rendez-vous.
Et
là, le deuxième segment de la productivité, qu'est-ce qui stimule la
productivité d'un pays, ou d'une province, ou d'une économie? C'est quoi? C'est
l'éducation, M. le Président. C'est le savoir-faire des travailleurs. Le
ministre, tantôt il disait : Ce
n'est pas les emplois, le problème, c'est les employés. Qu'est-ce qu'on
pourrait donner comme solution? Bien,
on va couper dans l'éducation. Ce n'est pas compliqué. On va leur couper ça
comme ils n'ont jamais vu. Ils sont traumatisés,
là. Les universités sont traumatisées par le fait qu'ils vont avoir 0,17 %
d'augmentation. Et eux nous disent qu'ils créent un milieu favorable à
la croissance économique.
Et là ils nous disent
que ça va être 2 %. Pierre Fortin, économiste québécois de renom, nous
dit : Juste par les politiques
d'austérité, on coupe la croissance économique de 1 %. Mais ils ne l'ont
pas considéré là-dedans. Ça fait que, d'un
côté, ils vont couper la croissance économique de 1 %, si on ne se
retrouvera pas à 2 %, peut-être à 1 %, puis, de l'autre côté, ils n'ont rien pour stimuler
l'économie. Le Plan Nord, c'est une promenade. Et, on l'a vu la semaine passée,
il n'y a plus rien dans le Plan Nord. La
stratégie maritime, même chose. Alors, qu'est-ce qu'il reste aux Québécois pour
faire en sorte d'améliorer le sort de
l'économie québécoise? Il reste juste à attendre trois ans puis sortir ce
gouvernement-là qui ne fait pas, mais absolument pas ce que ça prend
pour développer l'économie. Merci, M. le Président.
• (16 h 50) •
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député
de Sanguinet, pour cette intervention. Je cède maintenant la parole à M.
le chef de la deuxième opposition pour sa réplique. M. le député.
M. François Legault (réplique)
M. Legault :
Merci, M. le Président. Écoutez, d'abord, il semble y avoir un grand différend
sur le nombre d'emplois qui a été
créé au Québec depuis l'arrivée des libéraux, hein? La plupart des
spécialistes, puis nous, ont dit : Depuis un an, il s'est créé 31 000 emplois. Le gouvernement
libéral, même sur Twitter, partout, dit : C'est 57 000.
Comment ça se fait qu'il y a une différence comme ça?
On va se dire les vraies choses, M. le
Président. Durant le mois d'avril 2014, il s'est perdu 26 000 emplois
au Québec. Là, la règle quand on dit :
Est-ce qu'on attribue ça à l'ancien gouvernement ou au nouveau gouvernement?,
c'est la date d'élection. Ça veut
dire : si c'est avant le 15, on donne ça à l'ancien gouvernement... au
nouveau gouvernement. Sinon, bien,
c'est à l'ancien gouvernement. Étant donné que les élections, c'est le
7 avril, bien, pour la majorité du mois d'avril, c'était un gouvernement libéral. Donc, les 26 000 ne
peuvent pas rester dans les limbes, là, hein, on ne peut pas dire : Woups! Il y a eu un trou. Quand on va
faire les statistiques des 50 dernières années, on va dire : Oups! Le mois
d'avril, là, ce n'est à personne. Non, non. On ne peut pas choisir les
mois qui font notre affaire.
Depuis un an, il s'est créé
31 000 emplois. Mais ce n'est pas ça, le pire, M. le Président. C'est
que, dans les 31 000 emplois, il y
en a eu 30 000 à temps partiel puis 1 000 à temps plein. Là, le
ministre du Développement économique, comme
le président du Conseil du trésor, comme le ministre de l'Éducation, nous
dit : C'est bon, des emplois à temps partiel. Ça fait une meilleure qualité de vie. M. le Président, les
familles qui ont de la misère à arriver, là, ne sont pas en train de se dire, là : Est-ce que je peux
travailler juste deux jours par semaine, les trois autres, je vais pouvoir me
reposer puis, la fin de semaine...
Les gens ne sont pas capables d'arriver actuellement. Ils veulent des emplois à
temps plein. Oui, il y a des
exceptions, il y en a qui préféreraient des emplois à temps partiel, mais,
quand on regarde le portrait depuis un an, 30 000 à temps partiel, 1 000 à temps plein, il y a un
problème. C'est ça que le gouvernement libéral ne comprend pas. Ça, c'est le premier problème. Et, M. le
Président, ça ne s'annonce pas mieux pour les prochains mois, pour les
prochaines années, le gouvernement a revu à la baisse ses projections.
Les différents intervenants du Parti libéral, il
y en a eu trois, qui sont venus nous lire leur plan économique, 600 pages, «spray and wash» puis toutes
sortes d'affaires comme ça, là, que le ministre du Développement économique
nous disait tantôt, 10 points... Écoutez, M. le Président, moi, je suis un
gars de résultat. Moi, j'ai été habitué... Dans l'entreprise privée, on peut avoir des plans, on peut faire tout ce
qu'on voudra. À un moment donné, ce qui est important, c'est les résultats. Bien, les résultats, c'est
que le gouvernement lui-même prévoit que, pour les quatre prochaines années,
la croissance économique va être mauvaise.
Donc, le plan économique, il doit être mauvais, puisqu'il donne des mauvais
résultats. Il me semble que c'est comme
l'évidence, là. C'est comme si le gouvernement se donnait à l'avance son
bulletin en disant : En 2018, la
dernière année de mon mandat, là, une fois que toutes mes mesures vont être
appliquées comme il faut, bien, on va
faire juste 1,6 % de croissance. Bien, c'est un échec, c'est un échec
annoncé par le gouvernement libéral. C'est ça qu'on a actuellement.
M. le
Président, ce qui m'inquiète le plus en entendant le ministre du Développement
économique... Je l'ai dit, moi, selon
moi, le plus important outil qu'on a au Québec, c'est Investissement Québec,
pour attirer plus d'investissement privé
non résidentiel. Il nous manque 10 milliards par année d'investissement
privé non résidentiel pour être capables d'attirer des entreprises puis
des emplois de qualité. Or, le ministre du Développement économique nous dit...
il nous rappelle ça d'ailleurs, je ne
m'en vanterais pas, là, mais il nous dit : «By the way», j'ai été moi-même
président d'Investissement Québec de
2006 à 2013, puis j'étais bon. On est 57e sur 61, puis il dit : J'ai été
bon. On n'a pas la même définition
d'être bon. En tout cas, moi, je ne vise pas être 57e. En tout cas, je ne m'en
vanterais pas de dire : Grâce à mes sept années de présidence à Investissement Québec, le Québec est 57e sur
61, et comptez sur moi, on va continuer dans la même direction.
M. le Président, l'autre élément que j'ai
entendu à plusieurs reprises, c'est de dire : Inquiétez-vous pas, ça va venir. Ça va venir, nous, on prévoit... On a
entendu le député de Laval-des-Rapides nous dire : Quand il va y avoir des
surplus, là, il y en a la moitié qui va
aller à la baisse des impôts. Je peux-tu vous annoncer quelque chose, M. le
Président? Il n'y en aura pas, de surplus. Il n'y en aura pas, de surplus,
parce que... Faites un petit calcul, là : croissance économique, 1,6 %; coût de système en santé, 4 %;
coût de système en éducation, 3,5 %. Pensez-vous qu'il va rester beaucoup
de surplus à distribuer aux familles
de la classe moyenne? Il n'y en aura pas. D'ailleurs, le gouvernement, depuis
qu'il est en poste, depuis un an,
quand on additionne taxe scolaire,
taxes municipales, tarifs d'électricité, tarifs de garderie, la
partie qui excède l'inflation, c'est 1 300 $ par famille.
Et là il nous
promet, hein — puis on
sait c'est quoi, des promesses libérales — qu'ils vont abolir la taxe santé de 2017 à 2019. D'abord, petite nouvelle, là, le
mandat — une
chance — finit en
octobre 2018. Donc, qu'ils ne viennent pas nous dire que c'est
durant la durée du mandat, là, c'est 2017, 2018, 2019.
Maintenant,
c'est combien, la taxe santé, en moyenne pour la classe moyenne? C'est
400 $. Donc, déjà en un an, ce
gouvernement-là a augmenté le fardeau fiscal des gens de la classe moyenne de
1 300 $, et il nous dit : Je vous promets, en partie si vous m'élisez un autre mandat, de
vous en redonner 400 $, puis vous devriez applaudir. Il en manque
900 $, juste là.
Parce que ce
n'est pas fini, M. le Président. Parce qu'on a posé des questions au ministre
de l'Éducation : Est-ce qu'il
exclut, dans les prochaines hausses de taxe scolaire, d'aller à plus que
l'inflation? Pas capable de le dire, M.
le Président, pas capable de le dire. La seule chose qu'il a été capable de
dire, c'est le contraire de ce que m'a dit son premier ministre durant le débat des chefs, c'est-à-dire que lui, il ne
croit pas, lui, à ça, les élections scolaires. Rappelez-vous, durant le débat des chefs, hein, le chef du Parti
libéral qui me dit : Bien, non, vous n'avez pas raison, c'est important,
les élections scolaires. Une chance
que le ridicule ne tue pas, M. le Président. On a un ministre de l'Éducation
qui nous dit : Il n'y aura plus
d'élections scolaires, mais il va y avoir des taxes scolaires. Déjà que les
commissions scolaires n'étaient pas
capables de contrôler leur affaire, imaginez-vous quand il n'y en aura
plus : ils vont faire ce qu'ils veulent, M. le Président.
Mais ce qui
est important, là, puis je veux terminer là-dessus : Ce n'est pas pour le
plaisir qu'on doit avoir un plan économique
ambitieux. Ce n'est pas... Oui, il y a une partie de fierté. Parce que moi, je
suis gêné, là. Recevoir 9,5 milliards par année de péréquation parce que le Québec est plus pauvre que les
autres provinces canadiennes, là, moi, je trouve ça gênant, O.K.? Puis
moi, je pense qu'on devrait être assez fiers pour viser au moins à remonter
dans le classement.
Mais ce n'est pas une fin
en soi, ça, M. le Président. Pourquoi on veut remonter dans le classement? Pour
se donner une marge de manoeuvre, pour bien
financer nos services en éducation, pour bien financer nos services en santé,
mais aussi pour donner un peu de répit à la
classe moyenne. Il y a juste un parti à l'Assemblée nationale qui défend la
classe moyenne. Ça, là, M. le Président, on
va le répéter, on va se battre. Et jamais on n'acceptera, comme le Parti
libéral, d'être résignés à être 57e,
d'être résignés à être les plus taxés en Amérique du Nord. On est plus fiers
que ça, à la CAQ.
(Applaudissements)
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Alors, je vous remercie, M. le chef de la deuxième opposition, pour cette
intervention.
Mise aux voix
Je vais
maintenant mettre aux voix la motion de M. le chef du deuxième groupe
d'opposition, qui se lit comme suit :
«Que
l'Assemblée nationale prenne acte de la faible croissance économique de
2 % en 2015, 2 % en 2016, 1,7 % en 2017 et 1,6 % en
2018 prévue par le gouvernement du Québec dans son dernier budget;
«Qu'elle reconnaisse que le Québec est au
57e rang en Amérique du Nord pour le PIB par habitant;
«Qu'elle
demande au gouvernement de reconnaître [...] la faible croissance économique
prévue ne permettra pas, d'ici la fin
de son mandat, de réduire l'écart de richesse du Québec avec ses voisins
nord-américains et de réduire de façon significative le fardeau fiscal
de la classe moyenne québécoise;
«Qu'elle demande au gouvernement de déposer un
plan économique ambitieux pour accélérer la croissance économique québécoise
d'ici la fin de son mandat en 2018.»
Cette motion est-elle adoptée?
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Vote par appel nominal? Qu'on appelle les députés.
• (17 heures
—
17 h 14)
•
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, chers collègues, nous allons maintenant procéder à la mise
aux voix de la motion de M. le chef du deuxième groupe d'opposition, qui
se lit comme suit :
«Que l'Assemblée nationale prenne acte de la faible
croissance économique de 2 % en 2015, 2 % en 2016, 1,7 %
en 2017 [...] 1,6 % en 2018 prévue par le gouvernement du Québec dans son
dernier budget;
«Qu'elle reconnaisse
que le Québec est au 57e rang en Amérique du Nord pour le PIB par
habitant;
«Qu'elle demande au gouvernement de reconnaître que la
faible croissance économique prévue ne permettra pas, d'ici la fin de son mandat, de réduire l'écart de
richesse du Québec avec ses voisins nord-américains et de réduire de façon
significative le fardeau fiscal de la classe moyenne québécoise;
«Qu'elle demande au gouvernement de déposer un
plan économique ambitieux pour accélérer la croissance économique québécoise
d'ici la fin de son mandat en 2018.»
Alors, que les députés en faveur de cette motion
veuillent bien se lever.
Le Secrétaire adjoint : M. Legault
(L'Assomption), M. Bonnardel (Granby), M. Caire (La Peltrie), M. Charette
(Deux-Montagnes), M. Martel (Nicolet-Bécancour), Mme Roy (Montarville), Mme
Samson (Iberville), M. Roberge (Chambly), M. Laframboise (Blainville), M.
Schneeberger (Drummond—Bois-Francs),
Mme D'Amours (Mirabel), Mme Lavallée
(Repentigny), M. Lamontagne (Johnson), M. Jolin-Barrette (Borduas), M.
Surprenant (Groulx), Mme Soucy (Saint-Hyacinthe), M. Spénard
(Beauce-Nord), M. Paradis (Lévis), M. Picard (Chutes-de-la-Chaudière), Mme Roy
(Arthabaska), M. Lemay (Masson).
M. Bédard (Chicoutimi), Mme Maltais (Taschereau), M. Marceau
(Rousseau), Mme Hivon (Joliette), M. Bérubé (Matane-Matapédia), Mme
Poirier (Hochelaga-Maisonneuve), Mme Léger (Pointe-aux-Trembles), Mme Lamarre (Taillon), M. LeBel (Rimouski), M. Lelièvre
(Gaspé), M. Gaudreault (Jonquière), M. Therrien (Sanguinet), M. Bergeron
(Verchères), M. Dufour (René-Lévesque), M. Lisée (Rosemont), M. Traversy
(Terrebonne), M. Rochon (Richelieu), M.
Leclair (Beauharnois), M. Villeneuve (Berthier), M. Péladeau (Saint-Jérôme), M.
Turcotte (Saint-Jean), Mme Richard (Duplessis), M. Roy (Bonaventure).
Mme David (Gouin),
Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques).
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Que les députés contre cette motion veuillent
bien se lever.
Le Secrétaire
adjoint : M. Fournier (Saint-Laurent), Mme Thériault (Anjou—Louis-Riel),
M. Paradis (Brome-Missisquoi), M. Hamad (Louis-Hébert), M. Dutil (Beauce-Sud),
M. Leitão (Robert-Baldwin), M. Moreau (Châteauguay),
Mme David (Outremont), M. Poëti (Marguerite-Bourgeoys), M. D'Amour
(Rivière-du-Loup—Témiscouata),
M. Kelley (Jacques-Cartier), Mme Vien (Bellechasse), M. Lessard
(Lotbinière-Frontenac), M. Barrette (La Pinière), M. Blanchette (Rouyn-Noranda—Témiscamingue), M. Heurtel (Viau), Mme Charbonneau
(Mille-Îles), M. Daoust (Verdun), Mme
Weil (Notre-Dame-de-Grâce), Mme Vallée (Gatineau), M. Billette (Huntingdon), M.
Blais (Charlesbourg), Mme St-Pierre
(Acadie), M. Reid (Orford), Mme Boulet (Laviolette), Mme Vallières (Richmond),
M. Morin (Côte-du-Sud), M. Bernier (Montmorency), M. Ouellette (Chomedey), Mme Charlebois
(Soulanges), Mme Ménard (Laporte), M. Sklavounos (Laurier-Dorion), Mme
Blais (Saint-Henri—Sainte-Anne),
Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger),
M. Carrière (Chapleau), M. Drolet
(Jean-Lesage), M. Chevarie (Îles-de-la-Madeleine), M. Matte (Portneuf), M.
Tanguay (LaFontaine), M. Bolduc
(Mégantic), M. Iracà (Papineau), M. Ouimet (Fabre), M. Fortin (Sherbrooke), M.
Fortin (Pontiac), M. Bourgeois (Abitibi-Est), M. Boucher (Ungava), M.
Auger (Champlain), M. Giguère (Saint-Maurice), M. Habel (Sainte-Rose), M. Hardy (Saint-François), M. Merlini (La Prairie),
Mme Montpetit (Crémazie), Mme Nichols (Vaudreuil), M. Plante (Maskinongé), M. Polo (Laval-des-Rapides),
Mme Simard (Charlevoix—Côte-de-Beaupré),
M. St-Denis (Argenteuil).
Le Vice-Président (M. Ouimet) : Y a-t-il
des abstentions? Sinon, Mme la secrétaire générale, pour le résultat du
vote.
La
Secrétaire : Pour : 46
Contre : 57
Abstentions :
0
Le Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, la motion est donc rejetée. Pour la suite
des choses, M. le leader de...
M.
Sklavounos :
Article 3, M. le Président.
Projet de loi n° 20
Reprise du débat sur l'adoption du principe
Le Vice-Président (M. Ouimet) : L'article
3 du feuilleton. L'Assemblée reprend le débat ajourné plus tôt aujourd'hui sur l'adoption du principe du projet
de loi n° 20, Loi édictant la Loi favorisant l'accès aux services de
médecine de famille et de médecine spécialisée
et modifiant diverses dispositions législatives en matière de procréation
assistée.
Je vais céder le
fauteuil à M. le vice-président pour qu'il puisse rendre sa décision.
Décision de la présidence sur la recevabilité
de la motion de scission
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, s'il vous plaît! Ça serait préférable...
On va suspendre une minute ou deux
pour que les gens qui doivent quitter le fassent dans le silence parce que j'ai
une décision à rendre, mais pas dans cet ordre-là.
(Suspension de la séance à
17 h 20)
(Reprise à 17 h 22)
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, collègues, je suis en mesure de rendre ma décision concernant la motion
de scission qui a été présentée par la coalition, hier, sur le projet de loi n° 20.
Alors, je suis prêt à rendre ma décision sur
la... parce que c'est toujours sur la recevabilité de la motion... le 14 avril
dernier par M. le député de Lévis, dans
le cadre du débat sur l'adoption du principe du projet de loi n° 20. Vous connaissez le titre, je n'ai pas à le répéter.
Après avoir
entendu les arguments soulevés de part et d'autre à l'égard de la recevabilité
de cette motion — je
remercie les compléments d'information qui
nous ont été fournis par les leaders adjoints de chacun de groupes parlementaires pour leurs commentaires — je vais rendre ma décision, donc me
prononcer sur cette présentation de scission.
Je vais
d'abord résumer les positions défendues devant moi. Ce n'était pas compliqué,
c'était assez court. Le leader adjoint
du deuxième groupe d'opposition tout comme celui de l'opposition officielle
sont d'avis, eux, que le projet de loi contient deux principes
distincts : l'un concernant la prise en charge de patients et l'autre
concernant la procréation assistée. Pour
eux, la motion de scission est recevable puisqu'il s'agit de deux sujets
différents qui sont plus que de simples modalités. Ils peuvent donc être
considérés distinctement tout en étant cohérents puisqu'ils ne sont pas liés.
Quant au
leader du gouvernement, il m'a fait valoir que le projet de loi ne comporte
qu'un seul principe. Selon lui, il s'agit de l'établissement des
conditions de rémunération des médecins qui conditionne l'accès à l'ensemble
des services médicaux. Et il soutenait que
la motion de scission est irrecevable, car on ne peut envisager que chaque
service médical facturé fasse l'objet d'un projet de loi distinct.
Bon, dans des
cas comme ça, on va voir la jurisprudence. La jurisprudence parlementaire a plusieurs fois reconnu que, pour qu'une motion de scission soit déclarée recevable, un projet de loi doit comporter plus d'un principe, et chaque projet de loi résultant de la scission doit être — et c'est important — cohérent, complet et pouvoir vivre indépendamment
l'un de l'autre. La jurisprudence a également
établi qu'il faut distinguer un principe, qui est un élément essentiel du projet de loi, d'une modalité qui est
plutôt accessoire à ce principe.
Qu'en est-il
du projet de loi n° 20? C'est ce que j'avais examiné. Après analyse,
il ressort qu'il contient plus d'un principe.
Tout d'abord, son titre est assez clair : Loi édictant la Loi favorisant l'accès aux
services de médecine de famille et de médecine spécialisée et modifiant
diverses dispositions législatives en matière de procréation assistée... laisse
d'emblée supposer la présence d'au moins deux principes
distincts. En effet, il y est question de l'édiction d'une loi favorisant
l'accès aux services de médecine de famille et de médecine spécialisée et de la
modification de diverses dispositions législatives en matière de procréation
assistée.
De plus, la
structure même du projet de loi fait ressortir ces deux principes puisque le
projet de loi est divisé en trois
parties distinctes. Alors, je vous rappelle les parties. Dans le texte du
projet de loi, là, c'est écrit : La partie I, intitulée «Loi favorisant l'accès aux services de médecine de
famille et de médecine spécialisée», uniquement composée de l'article 1 qui édicte cette loi, par ailleurs elle-même
composée d'articles allant de 1 à 45. Et là, après ça, dans le projet de loi,
on marque la partie II, composée des
articles 2 à 18, intitulée «Modifications en matière de procréation assistée»,
apportant des modifications à la Loi
sur les activités cliniques et de recherche en matière de procréation assistée
afin d'y ajouter différentes
dispositions applicables à l'exercice des activités de procréation assistée et
modifiant également d'autres lois et
règlements. La partie III, elle, elle dit, intitulée «Dispositions transitoires
et finales», comportant les articles 19 à 24. Pour cette dernière partie — puis c'est important — on ne peut la considérer comme un principe
puisqu'il s'agit de modalités se
rapportant soit aux dispositions de la partie II, soit aux dispositions de la
partie I. Par ailleurs, il n'existe aucune référence entre les dispositions ayant trait à la nouvelle
Loi favorisant l'accès aux services de médecine familiale et de médecine
spécialisée qui est édictée par ce projet de loi n° 20 et les dispositions
qu'il contient traitant de procréation assistée.
Devant ce
constat, il est très difficile, il m'est très difficile de considérer que la
partie portant sur la procréation assistée ne constituerait qu'une
simple modalité ou un accessoire aux conditions de rémunération des médecins. Pour
reprendre une expression consacrée par la jurisprudence, il s'agit plutôt de
deux éléments essentiels qui peuvent être considérés distinctement.
Cela dit, le
simple fait que le projet de loi contienne deux principes ne le rend pas
automatiquement scindable, encore
faut-il que chaque partie puisse exister de manière autonome et former un tout
cohérent. Allons voir si c'est le cas.
Dans sa
motion, le député de Lévis vise à scinder le projet de loi n° 20 en deux
projets de loi, à savoir un premier intitulé,
Loi édictant la Loi favorisant l'accès aux services de médecine de famille et
de médecine spécialisée, comprenant l'article
1 et 24, à l'exception des paragraphes 3° et 4°. Son deuxième intitulé, c'est Loi
modifiant diverses dispositions législatives en matière de procréation
assistée, comprenant les articles 2 à 23 et l'article 24, à l'exception des
mêmes paragraphes que j'ai retirés tantôt,
1° et 2°. Cette motion vise donc bel et bien à répartir dans deux projets de
loi les principes tout à fait distincts,
tout à fait différents. De plus, la manière dont la motion de scission répartit
les différents éléments du projet de
loi en fait deux projets de loi cohérents qui pourraient vivre de façon
autonome, car il n'y a aucune référence l'un à l'autre.
Comme l'a
déjà décidé la présidence dans des
semblables cas, alors qu'une motion de scission avait été présentée lors du débat sur l'adoption du principe d'un projet de loi instituant en annexe une nouvelle loi, certaines méthodes de
rédaction législative sont assez révélatrices de l'existence de plusieurs
principes séparés. Je fais d'ailleurs miens les propos que la présidence exprimait alors en ces mots : «Ces
techniques de rédaction législative favorisent sans contredit la recevabilité d'une motion de scission, puisque
le projet de loi comprend deux projets de loi distincts[...]. Il est difficile
de prétendre par la suite que les
deux projets de loi forment un tout. Sur le plan de la procédure, une telle
forme de rédaction législative soulève beaucoup de difficultés
d'application.»
À la lumière
des critères de recevabilité énoncés plus tôt et pour les raisons que je viens
de mentionner, je déclare la motion
de scission recevable. J'en profite également pour mentionner un fait
important, que le but d'une motion de scission,
c'est de favoriser la libre expression des députés afin qu'ils puissent
s'exprimer et voter sur chacun des projets de loi qui en résulteraient plutôt que de le faire sur un tout pour lequel
ils pourraient être en accord avec une partie puis être en désaccord
avec l'autre. Alors, il y aura un problème.
Le rôle de la
présidence, cependant, ce n'est pas d'orienter le vote; à cette étape-ci, c'est
de vérifier si les conditions prévues
au règlement sont remplies pour permettre le débat à ce sujet. Ensuite, après
le débat sur la motion de scission, il appartiendra à l'Assemblée
nationale de se prononcer sur l'opportunité ou non de scinder le projet de loi.
Alors, voilà
la décision que j'ai rendue. Donc, la motion étant recevable, nous en sommes
sur la motion de scission pour un
débat restreint de deux heures, et normalement on... si ce que vous voulez
faire comme débat, j'appelle un premier interlocuteur qui veut
s'exprimer sur la motion de scission.
Et je cède la parole à mon collègue qui
présidait les débats. Alors, mon collègue, merci.
Débat sur la motion de scission
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Ah! merci. Alors, M. le ministre
de la Santé et des Services sociaux, je vous cède la parole pour votre
intervention.
M. Gaétan Barrette
M. Barrette : Merci, M. le
Président.
• (17 h 30) •
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Juste avant...
M. Barrette : Ah? Pardon!
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : ...je vais retrouver mes papiers
que mon collègue... Je vais suspendre quelques instants... O.K. En vertu de l'article 241 du règlement, cette motion
fait donc l'objet d'un débat restreint de deux heures. Je vous informe que la
répartition du temps de parole pour ce débat restreint s'effectuera comme
suit : 57 minutes sont allouées
au groupe parlementaire formant le gouvernement, 33 min 32 s
sont allouées au groupe parlementaire formant l'opposition officielle, 28 min 28 s sont allouées au
deuxième groupe d'opposition, six minutes sont allouées aux députés
indépendants. Dans ce cadre, le temps non
utilisé par les députés indépendants ou par l'un des groupes parlementaires
sera redistribué entre les groupes
parlementaires selon les proportions établies précédemment. Enfin, les
interventions ne seront soumises à aucune limite de temps.
Alors, M. le ministre de la Santé et des
Services sociaux, je vous cède la parole.
M.
Barrette : Merci, M. le Président. Alors, c'est quand même avec
plaisir, M. le Président, que je reçois la décision de votre prédécesseur quant à son analyse sur la
demande de scission du projet de loi n° 20. Et d'entrée de jeu je vous
dirais que je comprends très bien son approche. Et évidemment je vais faire des
commentaires, c'est le rôle de cette intervention-là,
et je vais reprendre... je vais faire des commentaires en revenant à la racine,
à la base du raisonnement de votre
prédécesseur non pas pour le contester, évidemment, mais simplement pour
remettre les choses en perspective et évidemment réitérer le fait que ce
projet de loi là ne doit pas être scindé.
Et c'est
intéressant parce qu'il y a une chose que je pense qui est reconnue de tous et
toutes dans la législation :
le titre d'un projet de loi n'est pas
nécessairement l'expression du ou des principes contenus dans un projet de loi. D'ailleurs, les
interventions qui ont été faites par nos collègues de Taillon
et de Lévis ont été clairement des interventions qui ont été le fruit
d'interprétations du projet de loi et de perceptions, de convictions,
d'intérêts personnels au sens tout à fait honorable
du terme. Là, je ne parle pas
d'intérêts personnels des députés eux-mêmes, mais de leurs propres convictions
et visions du projet de loi. Mais il n'en reste pas moins, M. le Président, que cette proposition de scission est le résultat d'une réflexion qui
commence par la lecture du projet de
loi qui est alors interprété comme
étant le fruit de l'expression de
deux principes, de la rédaction d'un texte qui reflète deux principes, et c'est
là, M. le Président, que ça ne fonctionne pas.
Ça ne
fonctionne pas parce que ce n'est pas parce qu'un texte traite de plusieurs sujets... Et je serai plus précis,
M. le Président : Ce n'est pas parce
qu'un texte législatif s'adresse à plusieurs champs d'application qu'on doit en
conclure qu'il y a là plus d'un
principe. C'est ça qui est le nerf de cette guerre-là ou ce noeud gordien.
L'essence de mon propos vient du fait
que, comme je l'ai dit lorsque j'ai déposé ce projet de loi là, c'est un projet
de loi qui traite d'abord et avant tout
et, je dirais, quasiment exclusivement, M. le Président, de rémunération. Et,
je répète ce que je disais hier, quand on parle de rémunération, on parle de montant d'argent, on parle de
conditions qui permettent à une personne, le médecin en l'occurrence
dans ce projet de loi, de recevoir ce montant d'argent, le paiement.
Mais, par définition, M. le Président, comme on
parle d'actes médicaux, on parle obligatoirement de champs d'application. Et, dans le monde des services médicaux, dans ce monde-là, les champs d'application ne sont pas infinis, mais
sont énormes, et un champ d'application est essentiellement le libellé d'un service médical, et ces
libellés-là sont codifiés dans un
livre qui est un livre de codes qui est épais comme ça pour les médecins
spécialistes, qui est épais comme ça
pour les médecins de famille et qui traite de services médicaux qui, en soi,
sont des champs d'application. C'est tellement
compliqué pour l'observateur non expérimenté, non avisé, et c'est normal. Si on
n'est pas dans ce domaine-là, M. le Président, je peux vous assurer que n'importe qui qui prend
connaissance de ce livre-là va trouver que c'est un capharnaüm.
Bien, il y a même des journalistes
qui, il y a quelques mois, en ont fait des articles
pour dire même que c'était tellement
compliqué qu'on se demandait comment les
médecins pouvaient s'y retrouver. Or, lors de diverses entrevues avec des
journalistes, des animateurs de radio,
j'expliquais aux gens que les médecins, eux, lorsqu'ils font face à ça,
pour eux, c'est simple parce que, premièrement, ils n'ont jamais à
traiter, eux, à utiliser le livre au complet, ça n'existe pas, personne.
En général, un praticien va utiliser une
fraction, une fraction tellement petite qu'il la sait par coeur, O.K.? C'est sa
fraction, c'est son champ d'application, c'est son sous-univers dans un grand
univers qui est le livre de facturation. Mais il n'en reste pas moins que, pour chacun des médecins, M.
le Président, pour chacun d'eux, il n'en reste pas moins que c'est le même principe, le principe étant un code, un
libellé, le libellé décrivant précisément et très précisément le service rendu
ainsi qu'en général des circonstances dans
lesquelles le service est rendu, et un tarif. Le libellé, implicitement,
introduit la notion de condition. C'est écrit dans le libellé, il y a
des conditions.
Alors,
c'est ça, l'univers du projet de loi n° 20. L'univers du projet de loi
n° 20 est un univers de rémunérations, de rémunérations qui ont leurs
conditions et qui génèrent des paiements à la personne qui rend le service
médical. Il n'y a pas un article, M.
le Président, dans le projet de loi n° 20 qui ne traite pas de ça. Il n'y
en a pas. Il n'y en a tout simplement pas. Mais, oui, il y a plus qu'un
champ d'application.
Je
ne reproche pas à mes collègues d'avoir lu le projet de loi et d'avoir eu
l'impression d'avoir plus d'un principe. Je le comprends. Pour un observateur extérieur, c'est le premier
réflexe. C'est le premier réflexe, c'est clair, et, comme votre prédécesseur vient de nous le dire il y a
quelques instants, même le titre... Oui, mais le titre, M. le Président, il ne
traite pas du principe, le titre traite des champs d'application et des
finalités, c'est ça qu'il fait.
• (17 h 40) •
Bon.
Évidemment, M. le Président, comme je l'ai dit hier, et je me permets de le
redire aujourd'hui, les lois ne sont
pas faites sans intention. Les lois sont faites parce qu'il y a une finalité
qui est recherchée, sinon que ferions-nous ici? Nous ne sommes pas ici
collectivement pour faire de la sémantique, du cosmétique, de l'esthétisme
littéraire. Nous sommes ici pour légiférer,
appliquer des lois, les modifier au bénéfice de la population. Alors, il est
tout à fait normal et attendu, je
dirais, des électeurs, qui nous donnent leur confiance pour venir agir à cette
fin, il est tout à fait normal qu'il y ait des finalités. Et il est conséquemment tout à fait normal que ces
finalités-là apparaissent dans les textes législatifs. Et ces finalités-là, bien, elles sont exprimées dans le
titre. Je regarde ici les premiers mots du texte de loi, M. le Président :
Loi édictant la Loi favorisant
l'accès aux services de médecine de famille et de médecine spécialisée. Bien
oui, c'est ça, la finalité, M. le Président, c'est ça, mais, dans la
finalité, il y a aussi des champs d'application que sont la médecine de famille et la médecine spécialisée. Il y a un autre champ
d'application, qui est la procréation assistée, la procréation médicalement assistée. Mais, M. le Président,
nonobstant le fait que nous parlons ici de finalité, il n'en reste pas moins
que cette finalité-là, multiple dans son titre, s'appuie sur un seul principe qui est un principe de rémunération. Il
n'y en a pas deux, il y en a un. Il y a plus qu'un champ d'application,
c'est vrai.
Et,
pour vous montrer, M. le Président, pour vous montrer à quel point cette motion
de scission là est le fruit d'une interprétation de la part de mes
collègues — à
qui je ne reproche rien, là, je comprends — dans leur argumentaire respectif, M. le Président, dans leur argumentaire
respectif, les deux oppositions ont oublié le quatrième champ de la loi. Ils n'en ont pas parlé, hein? Ils ont parlé de
médecine de famille, ils ont parlé de médecine spécialisée, ils ont parlé de
procréation médicalement assistée, ils n'ont
pas parlé de la possibilité donnée au gouvernement d'intervenir dans les
grilles de rémunération. Pourtant, cet article-là, l'article 39, M. le
Président, est un article qui est le plus petit dénominateur commun de la loi, M. le Président, hein? L'article
39, là, il résume tout. Il donne le pouvoir au gouvernement d'intervenir
dans la rémunération, les tarifs, les
conditions pour avoir accès au paiement, tout comme tous les autres sujets
s'adressent exactement à la même chose.
Il
n'est pas possible, M. le Président, si on est bien informé, de ne pas se
rendre compte, si on n'est pas désinformé, là, de ne pas se rendre compte que le principe, le principe unique du
projet de loi n° 20 en est un de rémunération : Combien on paie? Par quelle voie on paie? À quelles
conditions on paie le service médical prévu dans notre régime d'assurance
maladie? C'est très clair et c'est très, très, très précis.
En
lieu et place, M. le Président, nous avons des débats basés sur une lecture
simple, et je dirais, trop simple, de premier
degré, du projet de loi parce qu'on s'arrête aux champs d'application. Je le
comprends, M. le Président. Je peux comprendre
que, pour un député, pour un parlementaire, il y ait des sujets qui soient plus
émotifs, plus sensibles. Je peux comprendre
ça, je peux comprendre le sentiment que les députés ... partager avec la
population qu'on représente sur un sujet délicat comme la procréation
médicalement assistée. Je peux comprendre ça puis je le comprends. Je peux comprendre aussi qu'on veuille le scinder parce
qu'on a plus d'intérêt dans un que dans l'autre, je comprends ça. Mais qu'on ne propose pas une scission du projet de
loi, M. le Président, sur la base de la présence de plus d'un principe; ça
n'existe pas. Mais, oui, encore une fois, il y a plus qu'un champ d'application.
Alors,
je le répète, M. le Président, ici, quand on prend cet article... pas cet
article-là, mais ce projet de loi n° 20 tel qu'il est écrit et à la lumière des commentaires que je viens de faire,
qu'est-ce qu'on voit? On voit qu'en médecine de famille on met des conditions nouvelles, innovatrices, à la limite
provocantes, pour la pratique des médecins de famille au Québec, mais qui font quoi? Qui disent aux
médecins de famille : Pour avoir accès à certaines rémunérations de façon
pleine et entière, vous devez satisfaire aux
conditions a, b, c, d. On dit aux
médecins spécialistes, qui sont dans un autre champ d'application, le leur, celui des médecins spécialistes, on dit
globalement — parce qu'on ne s'adresse pas à chacune des spécialités, il y en a plus de 50 : Pour
avoir votre pleine rémunération, à partir de maintenant, vous devez satisfaire
aux conditions a, b, c, d. Mais vos
conditions à vous, là, elles ne sont pas pareilles que les conditions des
médecins de famille, parce que votre
univers de médecin spécialiste, c'est un univers différent, c'est un champ
d'application différent de celui des
médecins de famille. Mais c'est deux champs d'application pareil, et c'est le
même principe, hein? Accès à une rémunération pleine et entière aux
conditions a, b, c, d. C'est tout. Il n'y a rien de plus compliqué que ça. Un principe. Et là on dirait que... on dira,
plutôt : Oui, mais là, dans la procréation médicalement assistée, ça,
c'est vraiment quelque chose de
différent. Non. C'est un champ spécifique de la médecine spécialisée pour
lequel on dit : Pour avoir une
rémunération pleine et entière et, pour le patient, pour avoir un
paiement... — bien, ça
revient au médecin, parce que c'est
le médecin, au bout de la ligne, là, qui est payé par ça — pour avoir la rémunération, voici les
conditions a, b, c, d. M. le
Président, c'est le même principe. Et, à cet égard-là, comme le disait très
bien mon collègue hier, s'il fallait que l'on apporte... qu'on aborde la médecine sur la base du principe de la
rémunération par item, bien il faudrait des milliers de lois, parce
qu'il en faudrait une par service médical. C'est ça, la conclusion de la
demande de scission.
La conclusion
de la demande de scission, si elle était accordée, voudrait dire qu'au bout de
la ligne, à partir de maintenant,
comme on s'adresse d'abord... on donne priorité aux champs d'application plutôt
qu'aux principes, bien là il va
falloir faire une loi par champ d'application, donc une loi par service ou, à
la limite, catégorie de services. On ne s'en sort pas, là. Là, on va être en
commission parlementaire, M. le Président, pour la fin de ce siècle. À la
vitesse qu'on va, là, c'est ça qui va arriver.
Alors, M. le
Président, à mon avis, il est impossible, c'est impossible, en faisant la
lecture appropriée, pas du premier degré,
hein, une lecture plus approfondie du texte, de conclure autrement que ce
projet de loi n° 20 ne contient qu'un seul principe appliqué à plusieurs champs. Et c'est la raison pour laquelle
évidemment notre gouvernement votera contre cette scission.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le
ministre de la Santé et des Services sociaux, pour cette intervention. Je cède la parole à un
prochain intervenant et je reconnais Mme la députée de Taillon. À vous la
parole.
Mme Diane Lamarre
Mme
Lamarre : Merci beaucoup, M. le Président. Alors, d'entrée de jeu,
hier, dans ma présentation, j'ai même indiqué
qu'on pouvait concevoir qu'il y avait trois éléments distincts dans ce projet
de loi, mais je me rallie à la proposition de la motion de scission pour
deux projets de loi, sincèrement.
Et je vous avoue que j'ai été assez troublée par
la réaction spontanée, hier soir, du leader adjoint et par ce que j'entends aujourd'hui du ministre.
Parce qu'on a parlé que ce qui était... il y avait un seul principe, et le
ministre vient de reprendre ce même
argument là, un seul principe : c'est la rémunération des médecins, et
cette rémunération conditionne l'accès. C'est ce qu'on nous a dit hier et c'est
ce que le ministre vient de répéter. Alors, si je suis ce raisonnement-là, dans
le projet de loi n° 20, les quotas aux
médecins et les autres exigences aux spécialistes visent à améliorer l'accès.
Mais le projet de loi n° 20, sur
la procréation médicalement assistée, il vise à restreindre l'accès, à le
diminuer. Alors, est-ce qu'il faut comprendre que le ministre coupe
l'accès à la procréation assistée parce qu'il veut diminuer la rémunération des
médecins? C'est ce raisonnement-là auquel on arrive.
En voulant
sanctionner les médecins, en voulant contrôler certaines activités, certains
débordements des médecins, il interfère de façon marquée avec l'accès à
la procréation médicalement assistée, et ça, tous les groupes qui sont venus témoigner au nom de ce service, au nom de ce soin,
au nom de cet élément... Le ministre appelle ça des champs d'application,
mais moi, je pense que, pour les gens qui
espèrent avoir un bébé, c'est beaucoup plus que ça. C'est quelque chose qui est
vraiment fondamental pour eux.
• (17 h 50) •
Et ce n'est
pas juste par émotivité; il y a une dimension très rationnelle aussi parce que,
quand on fait toutes les étapes qui
nécessitent... qui conduisent à la fécondation in vitro, toutes les étapes
de la procréation médicalement assistée, il y a des étapes qui sont vraiment exigeantes et qui, malgré l'époque
où c'était remboursé — ça l'est encore pour un petit bout de temps — eh bien, ça avait des coûts importants pour les couples qui
choisissaient d'avoir recours à la procréation médicalement assistée. Ça avait des coûts parce que les services sont
offerts seulement dans la région de Montréal, et donc les gens des régions devaient payer pour ces
déplacements-là, plusieurs fois, devaient payer pour des frais de transport,
d'hébergement, et tout ça, très souvent, se fait dans une urgence.
Mais ce que
je retiens, c'est que, dans le fond, le ministre, par la procréation
médicalement assistée, veut baliser, diminuer le nombre d'actes des
médecins et, pour ça, il fait payer le prix de l'accès aux couples qui en ont
besoin. Est-ce que c'est ça que les couples infertiles doivent comprendre?
Pour ce qui
est de la procréation médicalement assistée, le ministre a fait un choix et il
s'est basé beaucoup, dans ses
arguments, sur le Commissaire à la santé et au bien-être. C'est un rapport qui
avait été demandé par le Parti québécois, lorsqu'il était au pouvoir, pour clarifier, et on s'entend tous pour
dire qu'on recherchait tous des balises, mais la conclusion du Commissaire à la santé et au bien-être, elle
est très claire et elle ne va pas du tout dans le sens de la décision que le
ministre a décidé d'appliquer. Alors, je la lis, la citation : «Même s'il
existe des problèmes, il ne faut pas oublier les retombées positives. De l'avis du commissaire, ces retombées positives,
ainsi que les risques liés au maintien des activités de procréation assistée en marge du système de
santé et des services sociaux, font en sorte qu'il faut tout mettre en oeuvre
pour conserver le programme et en améliorer
la performance. Le commissaire recommande donc le maintien du programme,
mais il insiste sur le fait que [plusieurs]
correctifs sont requis», ce avec quoi nous sommes tous d'accord. Mais jamais
le commissaire n'a émis la volonté — ou même je suis certaine que ça ne lui a pas
traversé l'esprit — qu'on
désassure la fécondation in vitro comme le ministre le fait
actuellement.
Si on en est
là dans ce projet de... dans cette modification législative là, il y a des...
Le projet de la procréation médicalement
assistée, ce qu'on voulait, ce n'était pas diminuer l'accès, on voulait le
baliser. Et là, actuellement, on a vraiment
été beaucoup trop loin. Il y a des éléments qui nous auraient permis d'être
beaucoup plus à l'aise et peut-être d'éviter
des coûts à la population, et ces éléments-là n'ont pas été faits à partir du
moment où le projet de loi a été adopté par l'ancien ministre de la
Santé, M. Bolduc, maintenant.
Alors, il y
avait le registre des naissances qui n'a jamais été concrétisé et qui aurait
permis d'avoir des données probantes
et peut-être d'avoir une façon beaucoup plus claire de voir où étaient les
problèmes, où étaient les solutions sans aller vers une désassurance de
la fécondation in vitro.
On a
également Me Ménard qui a évoqué le refus du ministre de rendre public un
rapport du Collège des médecins où on avait des informations qui auraient été
pertinentes et qui nous auraient peut-être permis de mieux comprendre. Alors,
on demande encore au ministre s'il est
d'accord pour rendre ce rapport public, puisqu'on va passer à l'adoption de
l'étude article par article.
Une autre
raison. Le ministre a dit : Il ne faut pas se fier au titre d'un projet de
loi, mais je veux juste rappeler que, dans
le projet de loi n° 10, il a insisté beaucoup pour qu'on s'occupe du
titre, parce que le titre prévoyait que c'était un projet de loi pour améliorer l'accès. Or, quand on
regardait les 165 articles qu'on avait dans la première version — on s'est
rendu jusqu'à plus de 300 avec les amendements spontanés qui ont surgi lors du
bâillon — eh bien,
on s'est rendu compte qu'il n'y avait
pas de lien, on ne retrouvait pas ces enjeux de l'accès. Mais, dans le cas qui
nous concerne, le titre de ce projet
de loi, c'est le ministre qui l'a choisi, et il dit : la Loi édictant la
Loi favorisant l'accès aux services de médecine de famille et de médecine spécialisée et — et — modifiant diverses dispositions législatives
en matière de procréation assistée.
Donc, si ça avait été quelque chose qui était coulant, qui était dans la même
loi, on aurait juste dit : Favorisant l'accès aux services de médecine de famille et de médecine spécialisée
et favorisant l'accès à la procréation médicalement assistée, parce que c'est ça qu'on souhaitait,
dans le fond, on souhaitait améliorer l'accès, baliser cet accès, alors que,
là, on le restreint. Donc,
volontairement, on a exclu les choses. Alors, on voit qu'il y a quand même
quelque chose d'assez éloquent dans ce titre-là qui a été choisi par le
ministre lui-même dans son projet de loi.
J'ai
également regardé comment c'était présenté dans le projet de loi lui-même.
Alors, bien sûr, il y a le titre, mais, quand on lit les notes
explicatives... Alors, les notes explicatives, dans le cadre d'un projet de
loi, c'est quand même quelque chose qui est déterminant, parce que ça nous
donne l'essence du projet de loi et pourquoi on le fait.
Alors, le
projet de loi édicte d'abord la Loi favorisant l'accès aux services de médecine
de famille et de médecine spécialisée,
et, un peu plus loin, on dit : «Par ailleurs, ce projet de loi modifie la Loi sur les activités
cliniques...» Alors, on a vraiment
deux enjeux différents. On en avait déjà une, loi sur la procréation médicalement assistée. Elle existait déjà, cette
loi-là. Elle s'appelle la Loi sur les activités cliniques et de recherche en matière de procréation assistée et elle existe. Donc, ce que le ministre voulait faire, c'est une modification législative sur ce projet-là
et il a volontairement, délibérément utilisé l'introduction d'une nouvelle loi pour
introduire ce qui aurait dû se traduire par une modification législative et non
pas la création d'une nouvelle loi.
Alors,
nouveau... Donc, le projet édicte d'abord la Loi favorisant l'accès aux
services de médecine de famille et de
médecine spécialisée. Et cette loi a pour but d'optimiser l'utilisation des
ressources médicales et financières. Alors, on le voit. Mais, ensuite, la PMA avait déjà sa propre loi. Je le dis, je
le répète. Donc, on pouvait faire des changements par modification. Et
je suis sûre que le Commissaire à la santé et au bien-être, c'est ça qu'il
visait quand il a fait ses recommandations,
c'est qu'on fasse des amendements à une loi qui existait déjà. Et c'est
tellement vrai qu'entre le paragraphe
qui décrit la nouvelle loi qui influence les médecins au niveau des quotas et
au niveau des médecins de famille et
des spécialistes, et l'autre portion, qui concerne les activités de
procréation, on n'a pas dit «d'ailleurs», «de plus», on a dit «par ailleurs». Donc, on a vraiment mis en
opposition deux idées différentes, distinctes et on a considéré qu'on essayait
de les mettre dans le même projet de loi. Alors, on a, dans le document
explicatif, une loi modifiée, qui est celle de la procréation assistée, et une
loi édictée, qui est celle qui favorise les nouveaux services en médecine de
famille et en médecine spécialisée.
Moi, ce qui
m'inquiète, c'est vraiment qu'est-ce qui a été visé, pourquoi on a fait ça.
Alors, le ministre nous dit : Ça
s'inscrit dans des champs d'application. C'est pour des questions de
rémunération. Moi, je vais vous dire, pour les gens qui vivent ça, autant pour les médecins, les médecins qui, dans le
fond, autant au moment de la représentation en commission
parlementaire... ont vu un certain nombre d'heures de représentation qu'ils
avaient en commission parlementaire être,
dans le fond, différées pour entendre les gens de la procréation médicalement
assistée... Mais je vous dirais que
les gens qui se sont sentis les plus maltraités, malmenés dans ce dossier-là,
ce sont les gens qui faisaient les représentations pour la procréation
médicalement assistée, parce qu'eux ils ont vraiment...
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Mme la députée, compte tenu de
l'heure, je vous pose la question. Avez-vous l'intention de poursuivre
ultérieurement votre intervention?
Mme Lamarre : ...
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Oui. Alors, nous allons protéger votre droit.
Ajournement
Et, compte tenu de l'heure, les travaux de l'Assemblée sont ajournés à demain, jeudi 16 avril 2015, à la
bonne heure de 9 h 45. Merci. Bonne fin de soirée.
(Fin de la séance à 17 h 59)