(Neuf heures quarante-six minutes)
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, chers collègues, je vous souhaite une très belle journée.
Veuillez vous asseoir.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Nous en
sommes à la rubrique de la déclaration
des députés, et je cède la parole à Mme la députée de Crémazie.
Souligner la Journée
Lavande pour l'épilepsie
Mme Marie Montpetit
Mme Montpetit : Merci, M. le
Président. En ce 26 mars, j'aimerais que l'Assemblée nationale souligne la Journée Lavande. Cette journée spéciale est
consacrée à faire mieux connaître ce qu'est l'épilepsie. Elle a été initiée en
2008 par une jeune fille prénommée Cassidy Megan,
qui souhaitait sensibiliser tous les Canadiens à cette maladie méconnue. En effet, M. le Président, un Canadien
sur 100 est atteint d'épilepsie. Cette maladie encore trop mal comprise
entraîne la discrimination et l'exclusion sociale.
Je profite d'ailleurs de l'occasion pour
souligner la présence, dans nos tribunes, d'un groupe de l'organisme Épilepsie Montréal métropolitain, dont la
mission vise le mieux-être des personnes qui font de l'épilepsie ainsi que
de leurs familles. Bienvenue à vous
dans votre Assemblée nationale! L'engagement indéfectible de vos bénévoles
mérite toute notre considération. Par
leurs gestes et leur implication, plusieurs personnes atteintes d'épilepsie
peuvent bénéficier de judicieux
conseils afin de mieux vivre avec leur maladie. Je souhaite de tout coeur que
votre organisme puisse continuer son excellent travail. Merci, M. le
Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, Mme la députée de
Crémazie. M. le député de Matane-Matapédia.
Appuyer la demande
d'aide financière de La Rédemption
pour son approvisionnement en eau potable
M. Pascal Bérubé
M.
Bérubé : M. le
Président, depuis 1999, les citoyens de la municipalité de La Rédemption, dans
La Mitis, doivent endurer des troubles récurrents d'approvisionnement en eau
potable : pénurie, eau de couleur rouille, odeur nauséabonde, bref,
plusieurs problèmes rendant l'eau impropre à la consommation. Ce n'est
d'ailleurs pas la seule communauté au Québec
qui, en 2015, soit privée d'un accès à une eau potable de qualité. Les employés
municipaux, les membres du conseil municipal ont fait leurs devoirs pour
régler ce problème.
Une demande d'aide financière a été déposée au
ministère des Affaires municipales afin d'aménager une nouvelle prise d'eau, de
construire un nouveau réservoir et d'installer un système de traitement aux
ultraviolets et de fluoration. Le coût du
projet est évalué à 1,9 million de dollars, et l'aide du gouvernement est
essentielle. Une réponse rapide et positive est attendue. Les citoyens
de cette municipalité ont été suffisamment patients.
Aujourd'hui,
j'invite le ministre des Affaires municipales à prioriser le traitement de
cette demande afin que la population
de La Rédemption puisse enfin bénéficier d'un approvisionnement en eau de qualité.
Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député. Je
cède la parole maintenant
à M. le député de Laval-des-Rapides.
Féliciter les participants
au match d'improvisation
au profit du Relais communautaire de Laval
M. Saul Polo
M.
Polo : Merci. Merci beaucoup, M. le Président. Dimanche dernier, j'ai eu l'occasion
de participer au match d'improvisation
au profit du Relais communautaire de
Laval. J'aimerais saluer la participation de la troupe d'improvisation de la Place des aînés, un centre socioculturel et
sportif pour les 50 ans et plus. Fait important à noter, que c'est la
seule ligue d'improvisation des aînés au Québec. J'ai été admirablement
surpris par la qualité des prestations et par l'esprit de solidarité des bénévoles présents. En acceptant de me prêter
également au jeu, j'ai moi-même découvert cette discipline. Je suis très content d'avoir pris part à cette
activité ludique au profit d'un organisme très actif dans ma circonscription
de Laval-des-Rapides.
Je félicite donc l'ensemble des participants.
Bravo et merci à toutes et à tous! Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député de Laval-des-Rapides. Mme la députée de Mirabel, à vous la parole.
Rendre hommage à M. Michel Sauriol, président
sortant de l'Association des producteurs de
fraises et framboises du Québec
Mme Sylvie D'Amours
Mme
D'Amours : M. le Président, ici, devant cette Chambre, je tiens à
souligner le travail exceptionnel du président sortant de l'association des
fraises et framboises du Québec. M. Michel Sauriol a très largement
contribué à l'essor de son secteur et à la
satisfaction de plus en plus grande chez les consommateurs lorsqu'ils achètent les produits du Québec. Producteur agricole de jour comme de
nuit, M. Sauriol a également trouvé le temps de représenter son secteur
auprès des acteurs publics. Dévoué à
améliorer la situation de sa communauté agricole, il est maintenant reconnu
comme un homme de convictions qui a su être à l'écoute de ses membres.
Pour
toutes ces années de dévouement, en mon nom personnel et au nom des producteurs
agricoles de fraises et de framboises
de Mirabel et du Québec, je le remercie et je lui souhaite bonne chance dans
tous ses prochains projets. Je te salue, Michel. Merci.
• (9 h 50) •
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, Mme la
députée de Mirabel. M. le député de Côte-du-Sud, à vous la parole.
Féliciter Paber Aluminium inc.,
finaliste aux Mercuriades
M. Norbert Morin
M.
Morin : Merci, M. le Président. J'aimerais souligner
aujourd'hui l'excellence d'une entreprise établie depuis plus de 30 années à Cap-Saint-Ignace, Paber
Aluminium. Cette entreprise familiale oeuvrant dans le secteur du montage
en aluminium est un leader incontesté dans
son domaine à travers le monde. La reconnaissance de leur savoir-faire les
classe parmi les 35 finalistes des
prestigieux prix Mercuriades qui seront remis lors d'un gala organisé par la
Fédération des chambres de commerce du
Québec le 16 avril prochain à Montréal. C'est dans la catégorie
Contribution au développement économique régional que Paber Aluminium se
retrouve en lice. Leur savoir-faire et leur capacité de repousser les limites de leurs procédés afin de satisfaire les besoins
de leur clientèle internationale justifient grandement les nombreuses
reconnaissances déjà reçues par l'entreprise depuis les dernières années.
La famille Paris et
leur équipe sont une fierté pour la région et ils contribuent grandement à la
faire rayonner. Un grand merci. Et bonne chance pour la suite des choses.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député
de Côte-du-Sud. M. le député de Mercier, je vous cède la parole.
Appuyer la liberté d'expression et le
droit de manifester en sécurité
M. Amir Khadir
M. Khadir :
Merci, M. le Président. Depuis lundi, les étudiantes et les étudiants ont
choisi démocratiquement d'exprimer
publiquement leur désaccord avec les politiques d'austérité du gouvernement.
Ils souhaitent des politiques environnementales
viables plutôt que l'exploitation accrue des hydrocarbures. Ils demandent un
système d'éducation et des services publics mieux financés. Tout cela
s'appelle la liberté d'expression.
Les
interventions policières vues cette semaine entravent cette liberté
d'expression. La répression violente de la jeunesse est indigne d'une société avancée. L'antiémeute et les gaz
lacrymogènes sont des mesures disproportionnées et très dispendieuses
qui ajoutent plus de désordre et alimentent le climat d'affrontement. Il en va
de même des expulsions et suspensions
d'étudiantes et d'étudiants de l'UQAM punis pour des raisons politiques. Mais
le mouvement étudiant peut compter
sur la solidarité de milliers de gens au Québec, car, pour emprunter les mots
de Steinbeck : «La répression n'a pour effet que d'affermir la
volonté de lutte de ceux...
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : En terminant.
M. Khadir :
...contre qui elle s'exerce et de cimenter leur solidarité...»
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député de
Mercier. M. le député de Montmorency, à vous la parole.
Rendre hommage à Mme Michou
Lambert, lauréate du
Prix du gouverneur général pour l'entraide pour son
engagement auprès de Cuisine collective Beauport
M. Raymond Bernier
M. Bernier :
Merci. M. le Président, le mercredi 25 mars dernier, Mme Michou Lambert a
reçu le prix pour l'entraide, remis par Son
Excellence le très honorable David Johnston, gouverneur général du Canada. Le
Prix du gouverneur général pour
l'entraide rend hommage aux personnes qui donnent bénévolement de leur temps
pour venir en aide aux autres et créer une nation toujours plus avertie
et bienveillante. Il permet en outre de reconnaître l'action exemplaire de ces
bénévoles dont la compassion et l'empathie témoignent si bien du caractère
national.
Michou Lambert est
une source d'inspiration en matière de bénévolat. Lorsqu'elle s'est retrouvée
mère monoparentale de cinq enfants en 2004,
elle a dû recourir au service de Cuisine collective Beauport. Reconnaissante du
service reçu — donner au suivant — elle a décidé de s'impliquer auprès de
l'organisme et de participer à ses activités afin d'améliorer la vie dans sa communauté, ce qu'elle fait depuis
maintenant plus de huit ans. Elle fait partie du conseil d'administration de l'organisme et siège à
d'autres comités tout en apportant un support continu aux autres groupes de
cuisine. Son oreille attentive et ses bras
accueillants font de Mme Lambert une personne essentielle à la réussite de
Cuisine collective Beauport. Je la salue, elle est ici présente. Merci
beaucoup.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député de
Montmorency. M. le député de Blainville, à vous la parole.
Féliciter le club de cheerleading Swag,
gagnant de la compétition Cheersport
M. Mario Laframboise
M.
Laframboise : M. le Président, il me fait plaisir, aujourd'hui, de
souligner les exploits sportifs du club Swag, de Bois-des-Filion, qui réunit 18 jeunes filles de huit à 14 ans faisant
partie de l'équipe du gymnase RND Elite Allstars, de Bois-des-Filion,
qui se spécialise, depuis 11 ans, dans la formation de jeunes athlètes et qui
compte pas moins de 30 équipes de cheerleading
de tous âges. L'ouverture du club s'est faite, en août 2010, avec un
premier «cheer gym» exclusivement
réservé à la pratique du cheerleading. Au fil du temps, ce sont plus de 350
athlètes qui se sont démarquées.
Ainsi, le 24 janvier dernier, le club Swag a remporté la compétition
Cheersport, qui se tenait à Buffalo,
une première canadienne, se qualifiant ainsi pour la compétition Summit
et qui mettra en scène plus de 500 équipes de cheerleading à Orlando, en
Floride. Cette compétition est un peu la coupe Stanley du cheerleading mondial.
En
tant que député de Blainville, je
veux donc profiter de cette tribune pour leur mentionner que nous sommes
tous très fiers de leur exploit. Aux
entraîneurs et aux parents qui soutiennent ces jeunes athlètes féminines, je
veux les remercier pour leur soutien
et de transmettre cette passion de bouger, d'être actif et de s'adonner à une
activité physique. Bonne chance à toute l'équipe.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député de
Blainville. Mme la députée de Gatineau, à vous la parole.
Féliciter M. Pierre-Claude Lafond, lauréat du Prix de
l'Office de la protection du consommateur
Mme Stéphanie Vallée
Mme
Vallée : Alors, M. le Président, hier se déroulait la 13e
cérémonie de remise du Prix de l'Office de la protection du consommateur, et j'ai eu l'honneur de remettre
cette distinction à Me Pierre-Claude Lafond. Avocat spécialisé en droit de
la consommation, professeur, pédagogue,
chercheur, auteur; tant de chapeaux que Me Lafond porte, gardant toujours en
tête la volonté de promouvoir une
justice de qualité qui soit accessible à tous. Me Lafond a choisi de faire ses
études en droit pour faire du droit de la consommation. C'est une
passion qu'il nourrit depuis toujours et qu'il a communiquée à de nombreux
étudiants puisqu'il enseigne le droit de la consommation depuis 31 ans. Sa
renommée s'étend également à l'étranger, où il a beaucoup publié et présenté de
nombreuses conférences.
Je
suis convaincue que l'oeuvre de Me Lafond continuera d'entraîner de positives
répercussions dans l'avenir et qu'elle
contribuera à rendre notre justice toujours plus accessible. Au nom de la
population du Québec, de mes collègues parlementaires et à titre de
ministre de la Justice, je tiens encore une fois à féliciter le lauréat du Prix
de l'Office de la protection du consommateur 2015...
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : En terminant.
Mme Vallée :
...Me Pierre-Claude Lafond.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Merci à vous, Mme la députée de Gatineau. Enfin, M. le député de Rosemont,
pour votre déclaration.
Souligner le 20e anniversaire de l'organisme
J'me fais une place en garderie
M. Jean-François Lisée
M.
Lisée : Merci, M. le Président. Il me fait plaisir de souligner
les 20 ans de l'organisme J'me fais une place en garderie. Cet organisme, situé dans Rosemont, soutient, depuis 1994,
les familles montréalaises vivant avec un enfant aux prises avec une déficience motrice dans leurs démarches d'intégration
au sein des services de garde. Je salue l'engagement remarquable et
inspirant de l'organisme, qui bénéficie des efforts et de la mobilisation des
parents de l'Association de la paralysie cérébrale du Québec, à Montréal.
L'Office des
personnes handicapées du Québec a d'ailleurs remis son prix À part entière,
dans la catégorie Organismes sans but lucratif,
à J'me fais une place cette année. J'étais heureux de pouvoir remettre ce prix.
Je tiens à réitérer toute mon admiration aux artisans qui oeuvrent au
sein de cet organisme, plus particulièrement à sa coordonnatrice, Mme Christine
Duquette, et je leur souhaite au moins 20 autres années de succès.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député
de Rosemont, pour cette déclaration. Voilà qui met un terme à la
rubrique Déclarations de députés.
Je suspends les
travaux de l'Assemblée quelques instants.
(Suspension de la séance à
9 h 57)
(Reprise à 10 h 16)
Le Président :
Mmes, MM. les députés, nous allons nous recueillir quelques instants.
Merci. Veuillez vous
asseoir.
Nous poursuivons les
affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a
pas de déclarations ministérielles ni présentation de projets de loi.
Dépôt de documents
À la rubrique Dépôt
de documents, M. le président du Conseil du trésor.
Message du
lieutenant-gouverneur
M.
Coiteux : Alors, M. le Président, permettez-moi de vous transmettre un message de Son Honneur le lieutenant-gouverneur
du Québec, signé de sa main.
Le Président :
Oh! Mmes, MM. les députés, veuillez vous lever.
J'ai vérifié, et
c'est effectivement signé de sa main. Bon, alors je dépose ce document.
Une voix :
...
Le
Président : Il faut
que je lise le texte? Bon, bien, il faut que je lise le texte. Alors :
«Message à l'Assemblée
nationale.
«Le 25 mars
2015.
«Conformément
aux dispositions de l'article 54 de la Loi constitutionnelle de 1867, je
transmets et recommande à la considération de l'Assemblée nationale les
crédits pour l'année financière se terminant le 31 mars 2016.»
Et c'est signé de la
main du lieutenant-gouverneur.
Je vous remercie.
Veuillez vous asseoir. M. le président du Conseil du trésor.
Crédits pour l'année
financière 2015-2016
M.
Coiteux : Alors, M. le Président, pour donner suite au message du
lieutenant-gouverneur, qu'il me soit permis de déposer les crédits budgétaires pour l'année financière se terminant
le 31 mars 2016 et les documents qui les accompagnent.
Le
Président : Ces documents sont déposés. Et bientôt on aura
peut-être une clé USB pour les déposer, bientôt, si tout le monde
s'entend pour qu'on en ait. M. le leader du gouvernement.
M. Fournier :
Le pire, M. le Président, c'est que je pense que personne n'est contre.
Le Président : Je le sais.
M. Fournier :
Tout le monde est pour. Alors, peut-être, ça va être l'année prochaine.
Renvoi à la commission plénière
Conformément aux dispositions de
l'article 280 de notre règlement, je fais motion pour déférer les crédits budgétaires 2015-2016 en commission plénière afin
que l'Assemblée étudie et adopte le quart des crédits, M. le Président.
Mise aux voix
Le Président : Alors, cette
motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
Le Président : Adopté.
Dépôt de documents. M. le leader du
gouvernement.
Réponses à des pétitions
M.
Fournier : Il me fait plaisir de déposer les réponses du
gouvernement aux pétitions présentées par la députée de Gouin et le
député de Mégantic le 12 février 2015 et par le député de Rousseau le
25 février 2015.
Le Président : Ces documents
sont déposés.
Dépôt de rapports de commissions
À la rubrique
Dépôt de rapports de commissions, M. le président de la Commission de
l'économie et du travail et député de Bertrand.
Étude détaillée du projet de loi n° 34
M.
Cousineau :
Alors, M. le Président, je dépose le rapport de la Commission de l'économie et
du travail qui, les 19, 24 et 25 mars 2015, a procédé à l'étude
détaillée du projet de loi n° 34, Loi modifiant la Loi sur les
régimes complémentaires de retraite
relativement au financement et à la restructuration de certains régimes de
retraite interentreprises. La commission a adopté le texte du projet de
loi avec des amendements.
• (10 h 20) •
Le
Président : Alors, ce rapport est déposé. M. le président de la
Commission de la santé et des services sociaux et député de LaFontaine.
Consultations particulières sur le projet de loi
n° 20
M. Tanguay :
Merci, M. le Président. Je dépose le rapport de la Commission de la santé et
des services sociaux qui, les 24, 25
et 26 février ainsi que les 17, 18, 19 et 25 mars 2015, a tenu des
auditions publiques dans le cadre de consultations
particulières sur le projet de loi n° 20, Loi édictant la Loi
favorisant l'accès aux services de médecine de famille et de médecine
spécialisée et modifiant diverses dispositions législatives en matière de
procréation assistée.
Le Président : Alors, ce
rapport est déposé.
Il n'y a pas de dépôt de pétitions.
Il n'y a pas
de réponses orales aux pétitions ni d'interventions portant sur une violation
de droit ou de privilège.
Questions et réponses orales
Nous en sommes maintenant rendus à la période de
questions et de réponses orales, et je cède la parole à Mme la députée de
Taillon.
Accès aux services
d'interruption volontaire de grossesse
Mme Diane Lamarre
Mme
Lamarre : Merci beaucoup, M. le Président. Hier, dans le dossier des
interruptions volontaires de grossesse, le ministre a changé sa version des faits au moins trois fois au cours
de la journée. Il faut croire que ce n'était pas si clair que ça. Trois fois, tout en trouvant le moyen de
blâmer et de discréditer les femmes et les professionnels qui oeuvrent auprès des femmes en besoin dans les cliniques de
planning familial depuis des dizaines d'années. Les femmes du Québec ont besoin de plus de garanties de sa part. Que ce
soit 504, 1 008 ou tout autre chiffre, le ministre ne doit pas restreindre,
de quelque façon que ce soit, le nombre d'avortements qui peut être réalisé.
S'il en est convaincu, il doit
faire plus que nous répéter que l'accès à l'avortement sera maintenu, il doit retirer les quotas. Le ministre va-t-il, oui ou
non, retirer de son projet de règlement les quotas sur le nombre
d'avortements?
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M. Barrette :
M. le Président, je pense que je me suis exprimé très clairement hier sur
l'intention de notre gouvernement, et
particulièrement la mienne, de ne pas toucher à l'accès aux interruptions
volontaires de grossesse chez les femmes du Québec.
Ceci
dit, M. le Président, je tiens à informer la Chambre ici présente de la
situation suivante, qui s'est déroulée en septembre 2013, M. le Président. Le 12 septembre 2013
était envoyé par le député... le ministre de la Santé de l'époque, du Parti québécois, un plan d'action pour la
dispensation des services des interruptions volontaires de grossesse dans la
grande région de Montréal, c'est-à-dire
Montréal, la Montérégie, Laval et Lanaudière, dans lequel on prévoyait, M. le
Président, pour les cliniques privées de la
grande région de Montréal, de faire passer le nombre d'avortements de
7 868 à zéro, M. le Président, d'ici le 31 mars 2014.
Le
Parti québécois, M. le Président, à ce moment-là, a choisi d'enlever le choix
aux patientes d'avoir accès à cette procédure-là
pour... elles ont voulu se battre pour l'avoir et qu'elles ont eue. Le Parti
québécois a clairement manqué de respect...
Le Président :
En terminant.
M. Barrette :
...envers les femmes du Québec dans le dossier de l'avortement, M. le
Président.
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée de Taillon.
Mme Diane Lamarre
Mme
Lamarre : M. le Président, les changements auxquels le ministre fait allusion,
c'était pour permettre aux avortements d'être remboursés au public,
d'aller au public et non pas au privé.
Alors,
pourquoi ne pas écrire, alors, noir sur blanc, dans son projet de règlement
aujourd'hui... Si c'est si clair que
ça, on est tous d'accord, il n'y a qu'une chose à faire ce matin : Le
ministre va-t-il retirer, oui ou non, de son projet de règlement, toute
forme de quota sur le nombre d'avortements? Il n'a qu'à répondre trois lettres.
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M. Barrette :
M. le Président, j'ai clairement expliqué hier qu'il n'y avait aucun quota
restrictif à l'accès à l'avortement.
Le
11 septembre, l'équipe ministérielle du ministre de l'époque lui disait
ceci : «Lorsqu'ils seront informés, les médecins des cliniques privées de Montréal risquent d'exprimer haut et
fort leur mécontentement. Ils feront sûrement valoir qu'il faut respecter le droit des femmes de choisir le lieu où
elles désirent recevoir le service.» Le ministre en a fait fi et a
décidé d'aller de l'avant et de leur enlever ce choix, M. le Président.
Je
l'ai rappelé hier et je le rappelle encore aujourd'hui, les femmes du Québec se
sont battues pour avoir accès à l'avortement, elles se sont battues pour
avoir accès à l'avortement dans un endroit qui leur sied, et c'est le...
Le Président :
En terminant.
M. Barrette :
...cas, et ce sera maintenu, M. le Président.
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la députée de Taillon.
Mme Diane Lamarre
Mme Lamarre :
Le ministre fait diversion. Alors, au lieu de rabrouer ceux qui soulignent les
risques et les lacunes de son projet de
règlement, il doit retirer toute référence aux quotas sur le nombre
d'avortements et nous donner le temps d'étudier les changements
nécessaires.
Va-t-il,
oui ou non, déposer les règlements clairs avant le début de l'étude détaillée
du projet de loi n° 20? C'est la seule façon qu'on aura d'avoir les
garanties annoncées.
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
M.
Gaétan Barrette
M.
Barrette : M. le Président, je rappelle à la députée de Taillon et à
la députation du Parti québécois que le quota de 504, qui est maintenant élevé, faisait en sorte qu'un seul médecin au
Québec était touché par ledit quota, parce qu'ils en font tous moins de
500, M. le Président.
Ceci dit, pour
illustrer l'ampleur de l'attaque frontale que le Parti québécois avait décidé
de faire contre les femmes du Québec, bien,
je l'illustrerai en disant, M. le Président, que la Clinique Morgentaler était
visée et que, si le Parti québécois
était allé de l'avant avec ça, elle
aurait dû cesser ses activités d'avortement. C'est ça, ce que le Parti québécois voulait faire.
Et je paraphraserai
le chef de l'opposition officielle...
Le Président :
En terminant.
M.
Barrette : ...qui dit que le
respect passe par la transparence. Qui a entendu parler de ce projet-là, M. le Président...
Le Président :
Principale, M. le député de Saint-Jérôme.
Vente du Cirque du Soleil
M. Pierre Karl Péladeau
M.
Péladeau : Merci, M. le Président. Quand nous faisons le décompte des
grands succès du Québec sur la scène internationale,
quand nous nommons les artistes et les entreprises du Québec qui sont notre
carte de visite dans le monde, le
Cirque du Soleil vient assurément dans
le top trois. C'est une vitrine mondiale de notre créativité, un tremplin
offert à nos artistes et nos metteurs
en scène, sans parler de l'impact économique et des milliers d'emplois qu'il
procure ici, au Québec, et dans le monde. Il s'agit d'une des plus
belles réalisations québécoises.
Depuis
des mois, le gouvernement est au courant de l'intention du fondateur du
Cirque du Soleil de se départir d'un
gros bloc de ses actions. Le processus de vente est rendu dans les derniers
kilomètres. Depuis le début, c'est le silence radio du côté du gouvernement.
Alors,
M. le Président, est-ce
que le ministre peut nous indiquer
les solutions qu'il a proposées pour le maintien de la propriété entre des mains québécoises, du Cirque du Soleil? Et propose-t-il des
mesures pour maintenir le siège social
et les 4 000 emplois au Québec et à Montréal?
Le Président :
M. le ministre de l'Économie.
M. Jacques Daoust
M. Daoust :
Alors, M. le Président, hier, le Globe and Mail rapportait que cette
transaction-là, qui est une transaction
privée, était dans son dernier droit, et une des choses qui est importante de
se souvenir, ce qu'on lisait hier, et
je le rapporte tel qu'il est écrit : «It is understood that Mr. Laliberté and
his advisers are seeking commitments from buyers to preserve the
company's Montréal headquarters and its local staff of about 1,600.»
Aujourd'hui, ce
matin, dans une mêlée de presse, M. le Président, le premier ministre, d'une
part, félicitait M. Laliberté pour son
succès, ce que vient de nous évoquer d'ailleurs le député de Saint-Jérôme,
parce que c'est un succès, c'est un
succès planétaire, on en est tous très fiers, et invitait aussi le propriétaire
du Cirque du Soleil à conserver son siège social ici, au Québec. Pourquoi? Parce que c'est ici que c'est né, c'est
ici où la créativité s'est faite, c'est ici où le succès s'est bâti. Et on en appelle à M. Laliberté pour
continuer, dans ce que nous lisions hier dans le journal, continuer de faire
en sorte que le siège social continue d'être au Québec, M. le Président.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Saint-Jérôme.
M. Pierre Karl Péladeau
M.
Péladeau : M. le Président, le ministre nous a déjà instruits de son
appréciation envers les entrepreneurs en les caricaturant de rois du
village. Pourtant, le cirque a commencé dans Charlevoix. C'est une des plus
grandes fiertés internationales des
Québécois que le ministre laisse filer à des investisseurs étrangers, avec
toutes les conséquences que cela comporte sur le siège social de
Montréal.
Avec
une telle attitude, a-t-il le jugement pour trouver des solutions et
poursuivre, au Québec, la belle et grande réalisation d'un entrepreneur
québécois?
Le Président :
M. le ministre de l'Économie.
M. Jacques Daoust
M.
Daoust : M. le Président, il y a des groupes québécois sérieux qui
sont impliqués dans cette transaction-là et depuis un bon moment, parce que ça fait un bon moment que cette
transaction-là est en marche. Et il faut être capable de se qualifier d'abord pour avoir accès à la
documentation permettant d'être impliqué dans la transaction. Et je peux vous
dire que, depuis un bon moment,
confidentiellement, il y a des Québécois sérieux qui sont au coeur de cette transaction-là,
et on n'a pas attendu quelque téléphone
opportuniste des deux partis d'opposition pour agir dans ce dossier-là, M. le
Président.
• (10 h 30) •
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Saint-Jérôme.
M. Pierre Karl Péladeau
M.
Péladeau : Oui, M. le Président. Le ministre nous a souvent dit que ce
n'est pas le rôle de l'État de sauver nos
entreprises. C'est ça, la politique du gouvernement libéral, couper aveuglément
mais ne rien faire pour stimuler nos créneaux
d'excellence, ne rien faire pour stimuler les emplois et de nouveaux revenus
autres que des hausses de taxes.
Entend-il
garder cette même attitude et laisser
filer entre nos doigts cette belle entreprise dont tous les Québécois sont fiers?
Le Président :
M. le ministre de l'Économie.
M. Jacques Daoust
M.
Daoust : À la base, un
élément clé pour conserver les sièges sociaux, M. le Président, c'est
d'établir un climat de confiance, un
climat de confiance au Québec, et je
pense que le député de
Saint-Jérôme peut nous aider à contribuer à faire
en sorte que ce climat-là
s'établisse. Je vais lui donner quelques conseils : Baissez le poing, M. le député; changez de ton, M. le député; aimez les immigrants, M. le
député; abandonnez votre projet
d'indépendance, M. le député; créez un climat de confiance, M. le
député.
Le Président :
Mme la leader...
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît! S'il vous plaît! S'il vous plaît, au calme! Mme la leader de
l'opposition.
Mme
Maltais : La question
portait sur un élément important du patrimoine québécois et de son économie, et ce que nous venons d'entendre est tout simplement insultant. On fait, de
façon détournée... on prête des intentions de façon détournée. Je lui
demande de retirer ses paroles.
Le Président :
M. le leader du gouvernement.
M.
Fournier : M. le Président, je pense que la question qui était
posée concerne, entre autres, le climat de confiance au Québec. Le
ministre qui avait la parole a établi certains éléments qui contribuent à cette
confiance. Je pense qu'il répondait à la question.
Le
Président : La chose, en tout cas, qui devrait être commencée à
faire en sorte, c'est d'éviter de s'interpeller de... et, lorsqu'on
répond aux questions, de répondre au président.
Est-ce qu'il y a une
autre question principale? M. le député de...
Une voix :
...
Le Président :
...Marie-Victorin. Merci.
Rente de retraite et prime de départ de l'ex-P.D.G.
d'Hydro-Québec, M. Thierry Vandal
M. Bernard Drainville
M. Drainville :
Merci, M. le Président. Alors, on apprend ce matin que le P.D.G. démissionnaire
d'Hydro-Québec, M. Thierry
Vandal, va empocher une rente de retraite princière de plus de
450 000 $ par année, qui, en plus, est indexée à vie. Ça, ça veut dire une rente de
760 000 $ par année en 2040, M. le Président, et c'est sans compter
son indemnité de départ de 565 000 $ qui lui sera versée après
le 1er mai.
M.
le Président, mettez-vous maintenant à la place du bon contribuable québécois,
qui se fait dire par le gouvernement
libéral : Les temps sont durs, il faut couper dans l'aide aux devoirs, il
faut couper dans l'aide aux petits déjeuners,
il faut payer plus pour les services de garde; le bon contribuable, qui se fait
dire par les libéraux : Il faut couper partout, chacun doit faire sa part, mais le P.D.G. d'Hydro, lui, empoche
une rente de 450 000 $ par année plus une prime d'un
demi-million.
Il est en maudit, le bon contribuable québécois, puis il attend les explications du
ministre responsable d'Hydro-Québec.
Le Président : M. le ministre
de l'Énergie.
M.
Pierre Arcand
M.
Arcand : M. le Président,
premièrement, il faut rappeler au député de Marie-Victorin qu'Hydro-Québec est
une société d'État de
20 000 employés, avec des actifs de plus de 74 milliards de
dollars, et, dans ce contexte, il est normal que les dirigeants d'Hydro-Québec aient des conditions qui soient quand
même attrayantes. Ce sont des conditions qui ont été faites depuis très longtemps. Et je tiens à rappeler encore une
fois la contribution de M. Vandal au fil des années également. Pendant 10 ans, il a oeuvré comme
président, et 10 autres années également comme vice-président, M. le
Président.
Alors, je
pense que ces conditions-là ont été en lien, au fil du temps... des conditions
qui ont été là avec d'autres présidents
d'Hydro-Québec. Ils ont des fonds de pension extrêmement importants en lien
également avec leur salaire et en
lien avec l'importance, M. le Président, de l'entreprise. Alors, je dois vous dire
que, lorsque nous allons embaucher le
nouveau président d'Hydro-Québec, ces conditions-là seront réévaluées, M. le
Président, dans la rigueur nécessaire qu'il faut. Merci, M. le
Président.
Le Président : Première
complémentaire, M. le député de Marie-Victorin.
M. Bernard Drainville
M.
Drainville : M. le
Président, le ministre défend la rente, là. Mais comment est-ce qu'ils se
sentent, pensez-vous, les
travailleurs qui ont été touchés par le projet de loi n° 3 récemment,
là, qui étaient loin d'avoir une retraite comme celle de M. Vandal mais qui ont été coupés par les
libéraux, eux autres, par exemple, M. le Président? La rente de Thierry Vandal,
elle est indécente, puis c'est les Québécois
qui la paient, puis on veut savoir ce que vous allez faire, M. le ministre,
pour arrêter cette folie-là. Ça n'a pas de maudit bon sens!
Le Président : M. le ministre
de l'Énergie.
M. Pierre Arcand
M.
Arcand : M. le Président,
c'est drôle. Quand ils étaient au pouvoir, pendant un an et demi, et que le
député de Saint-Jérôme était
président du conseil d'administration, M. le Président, il n'y avait rien
d'indécent à leurs yeux. Alors, j'espère qu'ils ne feront pas de leçon
de morale aujourd'hui sur ces questions-là.
Le salaire du président d'Hydro-Québec,
globalement, doit être un salaire qui est extrêmement intéressant. Tout le monde, au fil des années, a dit que le
salaire du président d'Hydro-Québec, comparé aux salaires de tous les gens
dans les «utilities» de même nature et de
même importance, était un salaire qui était certainement comparable. Alors, je
n'ai pas de leçons à recevoir du Parti québécois sur ces questions-là, M. le
Président.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le député de Marie-Victorin.
M. Bernard Drainville
M.
Drainville : M. le
Président, il admet lui-même que c'est indécent parce qu'il dit qu'il va
renégocier ça avec le prochain. Mais ils n'ont pas attendu le prochain
quand c'était le temps de couper les retraites des travailleurs, là.
Alors, vous
allez faire quoi? Vous allez faire quoi? Vous allez faire quoi, M. le ministre? Parce que, si ça n'a pas d'allure, là, il faut faire quelque
chose. En tout cas, chose certaine, M. le Président, ils se sont trouvé un bon compteur intelligent, à Hydro-Québec,
puis il s'appelle Thierry Vandal. Ça, c'est clair.
Alors, on veut savoir : Vous allez faire
quoi, M. le ministre, si ça n'a pas de bon sens?
Le Président : M. le ministre
de l'Énergie.
M. Pierre Arcand
M.
Arcand : M. le
Président, je me demande si la question
du député de Marie-Victorin n'est pas, en fait, une attaque contre le
député de Saint-Jérôme, qui a exercé les fonctions de président du conseil
d'administration.
Le Président : Mme la leader
de l'opposition.
Mme
Maltais : Quand on voudra faire des attaques, on parlera
d'Arthur Porter et de la course au leadership de Raymond Bachand. Là, on
sera dedans.
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît! Veuillez continuer et terminer, M. le ministre.
M.
Arcand : M. le
Président, je terminerai simplement
en vous disant la chose suivante : Je pense que l'opposition, là, actuellement, n'a pas vraiment
de bien bons arguments, M. le Président. Merci.
Le
Président : Principale, Mme la députée de Repentigny.
Projet de loi sur l'optimisation des services de
garde éducatifs à l'enfance subventionnés
Mme Lise Lavallée
Mme
Lavallée : M. le Président, la ministre de la Famille a déposé, en novembre dernier, le projet de loi n° 27 pour lutter contre le phénomène des places
fantômes dans les garderies. Ce projet de loi est une attaque en règle contre
les parents du Québec, qui sont menacés par des amendes de plusieurs milliers
de dollars. La Coalition avenir Québec a dénoncé
vigoureusement cette réforme. La ministre a finalement entendu raison et s'est
engagée à retirer les sanctions financières aux parents de son projet de
loi.
Depuis,
c'est le silence radio du côté de la ministre, qui ne fait rien pour mettre fin
aux places fantômes dans les garderies.
Par son silence, la ministre nourrit les inquiétudes des parents qui subiront
la modulation des tarifs de garderie. En 2015, notre réseau de garderies
doit s'adapter aux besoins des parents.
M.
le Président, la ministre de la Famille reconnaît-elle que sa réforme est un
échec et que son projet de loi est tabletté?
Le Président :
Mme la ministre de la Famille.
Mme Francine Charbonneau
Mme
Charbonneau : Merci, M. le Président. Je remercie ma
collègue de sa question. Ça me permet de rappeler qu'hier on a fait un document de presse pour
annoncer un comité qui va se mettre en place avec les partenaires, puisqu'elle
était avec moi au moment où on a entendu les
partenaires, et ils nous ont dit qu'ils voulaient se rasseoir avec nous, qu'ils
avaient des pistes de solution importantes,
intéressantes et à revoir ensemble, et, de ce fait, nous allons débuter ce
travail incessamment.
Le
projet de loi n° 27 nous a rappelé qu'on avait des gestes importants à
poser, mais une phrase est sortie souvent, M. le Président : Il faut ajuster le système aux parents et non les
parents au système; et c'est sur ça qu'on va travailler avec l'ensemble
de nos partenaires.
Maintenant,
est-ce que le projet de loi est tombé? Surtout non, M. le Président, puisqu'il
contenait plus qu'un sujet, il en
contenait trois, et nous allons poursuivre et travailler pour s'assurer que le
système qu'on a pour les parents et les familles du Québec est le
meilleur qu'on peut avoir.
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée de Repentigny.
Mme Lise Lavallée
Mme
Lavallée : M. le Président, la ministre a annoncé hier qu'un groupe de
travail se penchera sur la flexibilité du
réseau des services de garde. Le problème, c'est que la ministre n'a donné à ce
groupe aucun mandat précis, aucun objectif, et on ne sait pas quand il
doit livrer ses recommandations.
Il fallait consulter
le réseau avant de déposer le projet de loi n° 27, pas le contraire. La
ministre de la Famille peut-elle déposer le mandat, les objectifs et
l'échéancier de ce groupe de travail?
• (10 h 40) •
Le Président :
Mme la ministre de la Famille.
Mme Francine Charbonneau
Mme
Charbonneau : M. le Président, je veux rappeler les gens
avec qui on va siéger, je pense que c'est important de bien les nommer
puisqu'ils ont émis aussi des opinions face à l'invitation qu'on leur a
donnée : l'Association québécoise des centres de la petite enfance, le
Conseil québécois des services de garde, l'association des services...
Une voix :
...
Mme
Charbonneau :
...l'association...
Une voix :
...
Le Président :
M. le leader de l'opposition...
M.
Caire : 79, M. le Président. On ne demande pas la
nomenclature, on demande le plan, l'échéancier. La question est simple
et la réponse ne s'y rattache pas.
Le Président :
M. le leader du gouvernement.
M. Fournier :
Écoutez, il arrive assez fréquemment que ces articles sont discutés à
l'Assemblée, M. le Président. On sait
très bien que, lorsque la question est posée, elle touche à un ensemble
d'éléments; pas juste le mot juste avant le point d'interrogation, l'ensemble des questions. La question portait sur
les comités, notre collègue était en train d'en parler avant d'être
interrompue, M. le Président. Je crois qu'elle pourrait continuer de répondre
en toute...
Le Président :
Mme la ministre, veuillez continuer, veuillez poursuivre.
Mme
Charbonneau : M. le Président, ce n'est pas parce que ma
collègue veut aller vite que je prendrai la même route qu'elle. Il faut
bien informer les gens de comment les choses se passent.
Donc,
je vous disais : le Conseil québécois des services de garde, l'association
des services privés du Québec et le Rassemblement des garderies privées
du Québec. Nous allons commencer par s'asseoir avec eux, voir les gens...
Le Président :
En terminant.
Mme
Charbonneau : ...qu'ils veulent inviter et rencontrer, et
puis nous allons avoir un plan de match bien, bien étoffé.
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la députée de Repentigny.
Mme Lise Lavallée
Mme
Lavallée : M. le Président, il faut revoir l'ensemble de la politique
familiale avec tous les intervenants du réseau, comme je le propose
depuis plus de cinq mois. Si la ministre avait procédé à des consultations dès
que je l'ai invitée à le faire, nous n'aurions pas débattu d'un projet de loi
tout croche.
M. le Président, est-ce que la ministre
de la Famille peut lâcher Facebook et s'occuper de la politique
familiale afin qu'elle réponde aux besoins des parents?
Le Président :
Mme la ministre de la Famille.
Mme Francine Charbonneau
Mme
Charbonneau :
Merci, M. le Président. Non seulement on s'occupe des familles du Québec, mais
on s'occupe des besoins que les enfants ont à l'intérieur des services qu'on a.
Il
est simple de se lever dans cette Chambre et dire qu'il faut revoir l'ensemble,
mais manger tout un éléphant à la fois, c'est assez difficile. Une
cuillère à la fois, et on finit par aller au bout du travail qu'on a à faire.
Je
vous rappelle aussi, M. le Président, que l'Association québécoise des CPE a,
hier, aussi émis un communiqué de presse pour dire qu'ils accueillaient
favorablement l'invitation et qu'ils étaient pour être heureux de travailler à
l'ensemble des projets que nous aurons à établir ensemble.
Le Président :
Principale, Mme la députée d'Iberville.
Tractations entourant la vente du Cirque du Soleil
Mme Claire Samson
Mme Samson :
M. le Président, je reviens avec le Cirque du Soleil. Je pense que le ministre
de l'Économie devrait laisser les
contorsions et les sauts périlleux carpés arrière doubles aux gymnastes et aux
artistes du Cirque du Soleil. Ce que les Québécois attendent du
gouvernement, ce sont des résultats.
Est-ce
que la ministre de la Culture et le ministre de l'Économie peuvent faire preuve
de leadership dans ce dossier et nous garantir qu'ils interviendront
pour que le Cirque du Soleil reste entre les mains d'intérêts québécois?
Le Président :
M. le ministre de l'Économie.
M. Jacques Daoust
M.
Daoust : Alors, je reprendrai essentiellement, M. le Président, ce que
je disais tantôt. C'est que, d'une part, le président, le propriétaire du Cirque du Soleil, M. Laliberté, qui est
un grand «success story» québécois, est quelqu'un qui a bien réussi au
Québec, qui a bien réussi grâce aux talents du Québec, qui a bien réussi grâce
à l'équipe qui est à Montréal, et je ne pense pas qu'un investisseur veuille se
départir de ces cartes gagnantes là.
Maintenant, le
président du Cirque du Soleil a dit clairement qu'il voulait garder le siège
social ici. Il en a peut-être fait une
condition à l'intérieur de la négociation. Mais ce que je vous rappelle
simplement, c'est que le premier ministre,
dans une mêlée de presse avant le caucus, tantôt, a justement... a fait appel à
M. Laliberté, après l'avoir félicité, a fait appel à M. Laliberté pour qu'il se souvienne de ses origines, pour
qu'il comprenne que c'est au Québec... puis tout ça a commencé à Baie-Saint-Paul, et qu'il fasse
en sorte que le siège social du Cirque du Soleil demeure chez nous. Et je
suis confiant qu'on va y parvenir, madame. Merci.
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée d'Iberville.
Mme Claire Samson
Mme Samson : M. le Président, voilà
bien des voeux pieux et des voeux de l'esprit, mais le Cirque du Soleil n'est-il pas, pour le gouvernement actuel, avec sa
non-vision économique, une situation extraordinaire et un rendez-vous à ne pas manquer pour se pratiquer à conserver les
entreprises au Québec? N'est-il pas là une bonne occasion pour vous pratiquer? Parce qu'avec la philosophie actuelle
on peut penser que le phénomène va se reproduire avec d'autres types
d'entreprise.
Le Président : M. le ministre
de l'Économie.
M. Jacques Daoust
M.
Daoust : M. le Président, le phénomène des sièges sociaux, c'est un
phénomène qui est planétaire. Il y a des acquisitions qui se font et, quand ce sont nos entreprises qui font des
acquisitions, imaginons, par exemple, simplement Couche-Tard, avec les
acquisitions qui ont été faites, on en est très contents. Il arrive à certains
moments où ce sont d'autres organisations qui font l'acquisition de nos
fleurons à nous.
Et, nous, ce
qu'on veut faire, c'est d'abord garder l'activité ici. L'actionnariat est une
chose; l'activité de siège social en
est habituellement une autre. Et ce que je vous dis simplement et ce que j'ai
dit tantôt, c'est qu'il y a des acteurs financiers sérieux du Québec qui
sont impliqués depuis un bon moment dans la transaction. Je ne peux pas vous en
expliquer plus pour le moment.
Le Président : Deuxième
complémentaire, Mme la députée d'Iberville.
Mme Claire Samson
Mme
Samson : M. le Président, est-ce que le ministre a l'intention
d'appuyer et d'accompagner ces investisseurs québécois intéressés dans l'entreprise qu'est le Cirque du Soleil et
dans ses rejetons qu'elle a créés au fil des ans que sont la Tohu et
l'école du cirque?
Le Président : M. le ministre
de l'Économie.
M. Jacques Daoust
M.
Daoust : Le gouvernement du Québec n'intervient pas dans la négociation actuelle directement, parce
que ce n'est pas son rôle de le
faire, et ce n'est pas l'intention du gouvernement de nationaliser le Cirque du Soleil. Ce que
je dis simplement, c'est que, s'il y a
des intérêts québécois qui veulent reprendre le Cirque du Soleil, il y a
des approches qui ont été faites, il y a
des groupes sérieux qui sont présents dans ce milieu-là actuellement, dans cette négociation-là, et nos meilleurs éléments y sont.
Alors, tout
ce que je peux demander à la députée,
M. le Président, est de la patience dans le dossier. Si ça reste chez nous comme actionnariat, c'est une chose. Si
ça devait quitter, il faudra faire en sorte que le siège social demeure
chez nous, que ce soit un vrai siège social...
Le Président : En terminant.
M. Daoust : ...avec ses activités de
créativité et toute son activité administrative.
Le Président : M. le... le
député de Berthier, bien oui. M. le député de Berthier, en principale.
Compressions
budgétaires à La Financière agricole
M. André Villeneuve
M. Villeneuve : M. le
Président, en 2009, Claude Béchard annonçait un financement annuel de
600 millions à La Financière agricole du Québec. Depuis, tous les
ministres de l'Agriculture ont maintenu ce montant.
Or, en
octobre dernier, le ministre actuel a demandé à La Financière agricole de
lui retourner 113 millions, une contribution des agriculteurs à
l'austérité décrite comme exceptionnelle, au dire du ministre.
On découvre
ce matin, M. le Président, dans les livres des crédits, que les coupures du
ministre à La Financière agricole se
sont aggravées. Cette année, c'est une coupure de 151 millions. L'an
passé, le ministre a expliqué ces coupures en déclarant que 2014 avait été une année exceptionnelle. Constater, M.
le Président, c'est une chose; deviner, c'en est une autre. Le ministre joue à la loterie avec l'agriculture. Rien ne justifie de sacrifier l'agriculture sur l'autel de l'austérité toxique libérale, M. le Président.
Cette année, quelle raison donne le ministre
pour justifier une coupure de 151 millions de dollars?
Le
Président : M. le ministre de l'Agriculture.
M. Pierre Paradis
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Oui, M. le Président. Dans le cadre de l'atteinte
du déficit zéro, tous les ministères du gouvernement sont mis à contribution. Le ministère
de l'Agriculture est un ministère important, doté d'une enveloppe de près de 1 milliard
de dollars. Le ministère a été mis à contribution pour 113 millions de
dollars l'an passé. Les agriculteurs l'ont fait avec générosité et avec
humilité.
Cette
année, ils sont mis à contribution pour 150 millions de dollars, soit
37 millions de plus. Compte tenu des prix obtenus sur les marchés l'an passé, La Financière agricole n'a
pas été dans l'obligation de couper aucun paiement à aucun producteur
agricole. Si la situation s'avère la même cette année, les budgets qui sont mis
à la disposition de La Financière agricole lui permettront de rencontrer
toutes ses obligations, et nous contribuerons, encore une fois, à l'assainissement
des finances publiques du gouvernement du Québec. Merci, M. le Président.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Berthier.
M. André Villeneuve
M.
Villeneuve : M. le Président, c'est sidérant. J'invite le
ministre à changer de carrière, car c'est remarquable, c'est remarquable
de pouvoir prédire la météo, de pouvoir prédire l'évolution des marchés, M. le
Président...
Des voix :
...
Le
Président : S'il vous plaît! S'il vous plaît! Arrêtez de vous interpeller l'un et l'autre. M. le député, veuillez continuer.
M.
Villeneuve : Merci, M. le Président. Le ministre est tellement certain que l'année sera exceptionnelle qu'il
coupe 151 millions dans le budget de La Financière.
Le
ministre peut-il faire preuve de plus de réalisme et rétablir le budget de
La Financière agricole à 600 millions, comme tous ses
prédécesseurs l'ont maintenu, M. le Président?
• (10 h 50) •
Le Président :
M. le ministre de l'Agriculture.
M. Pierre Paradis
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Oui, M. le Président, je sais que les documents
ont été remis, là, au tout début de
la session. Peut-être que le député de Berthier n'a pas eu le temps de se
rendre à la page 26 du document intitulé Rigueur et responsabilité — Plans annuels de gestion des dépenses des
ministères et organismes. Il retrouvera à cette page que la
contribution additionnelle demandée par le Conseil du trésor est de
37 561 300 $.
Je
ne veux pas, là, lui donner de leçon en agriculture, mais récemment un
journaliste disait de lui — et il m'invite quasiment,
avec ses propos, à citer le journaliste — «a rencontré [le député de Berthier,] un
député frileux et quelque part déconnecté de la réalité du terrain».
Merci, M. le Président.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Berthier.
M. André Villeneuve
M.
Villeneuve : M. le Président, coupure... La réalité, là, c'est
une coupure de 151 millions de dollars. Le ministre joue à la loterie. Le ministre s'était basé sur des
faits pour la coupure de l'an passé. Cette année, il joue à la loterie, il
tente de deviner quel sera l'état du marché, quelle sera la météo au
Québec en 2015.
Alors, M. le
Président, j'invite le ministre à faire preuve de leadership, et à défendre le
monde agricole, et à s'assurer que le gouvernement remette les sommes dans
La Financière agricole.
Le Président :
M. le ministre de l'Agriculture.
M. Pierre Paradis
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : M. le Président, comme vous le savez, la dernière
fois que La Financière agricole a fait
un déficit, et je m'en excuse auprès de notre doyen, c'était sous le
gouvernement du Parti québécois. Le président du Conseil du trésor va
s'en souvenir.
Avec
le gouvernement du Parti libéral, non seulement nous avons mieux géré, mais
nous avons dégagé des surplus en
respectant nos engagements avec les producteurs. Ce que nous comptons faire
cette année, c'est de respecter tous nos engagements envers les
agriculteurs, y compris la relève agricole du Québec. Merci, M. le Président.
Le Président : En principale,
M. le député de Saint-Jean.
Abandon
du projet d'expansion de la mine de
niobium à Saint-Honoré, au Lac-Saint-Jean
M. Dave Turcotte
M.
Turcotte :
Triste nouvelle pour des dizaines de travailleurs et des familles de
Saint-Honoré, au Saguenay—Lac-Saint-Jean.
Hier, par voie de communiqué, les travailleurs de la mine Niobec ont appris que
l'entreprise abandonnerait son projet
d'expansion, un projet qui prévoyait plus de 1,6 milliard de dollars
d'investissement, une nouvelle désastreuse, un coup dur pour une région qui a besoin de grands projets créateurs
d'emplois, une autre mauvaise nouvelle pour les régions, qui s'ajoute à la longue liste depuis l'arrivée au pouvoir des
libéraux. Ce sont plus de 70 emplois de qualité qui sont abolis dans la
région, une preuve de plus que l'effet libéral est nocif pour les régions.
Que va faire le ministre de l'Emploi pour ces
travailleurs et ces familles?
Le Président : M. le ministre
délégué aux Mines.
M. Luc Blanchette
M.
Blanchette : Alors, M. le Président, effectivement, les 70 pertes
d'emploi ne sont jamais des bonnes nouvelles, on s'entend là-dessus. Et, dans le fond, les personnes qui ont perdu
leurs emplois, il faut effectivement les soutenir, et mon collègue de l'Emploi va certainement réagir
par rapport à ça. Par ailleurs, la mine Niobec est en opération depuis 1976, et il y a toujours 410 emplois en
opération présentement. Il y a des durées de projets pour encore 18 ans, donc
ces nouvelles-là sont importantes.
Il y a autre chose que j'ajouterais là-dessus.
Le ferroniobium est un alliage d'importance. Donc, le niobium, c'est toujours
un métal très recherché dans la structure des ponts, et ça, c'est quelque
chose, dans le fond, à soutenir à long terme, et il y a un marché,
effectivement, pour ça. Par ailleurs, la filière minérale, ce n'est pas qu'un
métal, c'est vraiment différents métaux. On
en a 17, métaux différents au Québec, on a 13 minéraux différents au Québec, et
il y a d'excellents succès. Je fais
juste en nommer quelques-uns, des projets de développement. Et c'est d'ailleurs
particulier qu'on n'ait pas entendu
parler de Mine Arnaud, qui sont un projet en développement. Ce n'est pas encore
en opération, mais, avec votre
collègue de Duplessis, on était là, dans les semaines dernières, pour annoncer
ces 330 emplois là. Mais j'insiste, et je termine avec ça...
Le Président : En terminant.
M. Blanchette : Je reviendrai
peut-être en sous-question.
Le Président : Première
complémentaire, M. le député de Saint-Jean.
M. Dave Turcotte
M.
Turcotte :
Écoutez, M. le Président, je peux bien entendre la nomenclature du ministre,
là, mais ça ne met pas beaucoup de
pain et de beurre sur la table des 70 personnes qui ont perdu leur emploi dans
cette mine. M. le ministre...
M. le
ministre de l'Emploi, qu'est-ce que vous allez faire concrètement pour ces
travailleurs-là qui ont perdu leur emploi?
Il y a des gens qui ont été expropriés pour ce projet, M. le Président.
Qu'est-ce que le ministre va faire pour ce monde-là dans cette région?
Le Président : M. le ministre
de l'Emploi.
M. Sam Hamad
M.
Hamad :
Merci, M. le Président. Je suis d'accord avec le député sur une partie :
c'est que c'est une mauvaise nouvelle
pour les travailleurs, c'est une mauvaise nouvelle pour leur famille, et nous
sommes très conscients. D'ailleurs, on
n'a pas attendu la question du député pour agir : hier, M. le Président,
nous étions en contact avec l'entreprise pour offrir tous les services pour les employés qui ont perdu leur emploi,
pour les accompagner, pour être avec eux, avec leur famille, M. le Président, dans une période très
difficile. Nous continuons de rester en contact avec l'entreprise. L'entreprise
a des devoirs à faire; ils vont les faire
avec les employés. Nous allons les accompagner. M. le Président, on ne laissera
pas tomber personne au Québec, M. le Président.
Le Président :
Complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard :
Il y a des familles, effectivement, qui ont perdu leur emploi, mais il reste
que c'est un des plus grands projets privés dans la région du Saguenay—Lac-Saint-Jean et au Québec. Ce projet-là, tout le
monde comptait dessus pour le développement régional.
Je
vois que la compagnie a lancé la serviette. Est-ce que le premier ministre
entend intervenir auprès de la compagnie pour
faire en sorte que ce projet puisse rester dans les cartons et lui donner, je
vous dirais, une viabilité économique
plus encourageante que celle qui a été exprimée par le dirigeant de la
compagnie quand il a refusé d'aller de l'avant avec ce projet?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : Bien sûr, M. le Président, moi de même, je n'ai pas appris de gaieté de
coeur cette nouvelle qui a bien sûr
frappé notre région. Il faut quand même rappeler qu'il y a d'autres projets
miniers importants qui cheminent : Arianne Phosphate en est un;
Blackrock en est un autre. Il y a d'autres projets également en développement.
Il
faudrait quand même également rappeler au collègue — il le sait très bien — que l'entreprise a basé sa décision sur les prix du minerai ou du métal qu'ils vont
retrouver, là, à Saint-Honoré. Alors, à moins qu'il ne m'indique une façon
d'influer sur les cours du niobium, M. le
Président, ça va être difficile de changer à court terme la décision de
l'entreprise. Cependant, si cette
décision est logique — et on peut croire qu'elle l'est — s'il y avait une hausse nouvelle des taux,
un changement du panorama économique
mondial, on peut soupçonner que ce projet pourrait revenir de l'avant, M. le
Président.
Le Président :
Principale, M. le député de Chauveau.
Projet de mine de nickel
à Amos,
en Abitibi-Témiscamingue
M. Gérard Deltell
M.
Deltell : Merci, M. le Président. M. le
Président, si, par malheur, il y a
des mines qui ferment, il y en a d'autres qui peuvent ouvrir. Une des meilleures façons de créer de la richesse,
c'est de développer de façon intelligente le plein potentiel minier du Québec.
Nous sommes tous d'accord avec ça.
M. le Président, il y
a actuellement au Québec un projet qui est sur la table et qui attend
l'autorisation du gouvernement. Il s'agit du
projet Royal Nickel Corporation, qui est dans le secteur d'Amos. Ce projet-là, M. le Président, c'est 1,5 milliard
d'investissement, 1 300 emplois pour la construction, pendant 30 ans, 500
emplois à temps plein. Bref, une
vraie mine... je dirais d'or, mais une vraie mine de nickel. Or, M. le Président, depuis le 25 septembre dernier, l'entreprise a obtenu
l'autorisation du BAPE. Ça fait six mois. Ce que l'entreprise attend, c'est
l'autorisation du gouvernement.
M. le Président, pourquoi le gouvernement ne donne pas son O.K. pour permettre à cette
entreprise de créer des centaines d'emplois dont le Québec a tant
besoin?
Le Président :
M. le ministre délégué aux Mines.
M. Luc Blanchette
M.
Blanchette : Écoutez,
c'est tout à fait légitime, ce projet-là, il est sérieux, il tient
la route, on attend des nouvelles. Il
nous reste encore un détail très technique à régler, que je ne nommerai pas
ici, en Assemblée. Mais essentiellement ce projet-là est sur la bonne voie.
Et
d'ailleurs je fais juste remarquer... et je suis content que la question vienne
de la CAQ puisque les gens chez nous
ont passé à travers toute la plateforme économique de la CAQ, et nulle part est
fait mention mines, filiales minérales, stratégie minérale... en aucun...
d'un couvercle à l'autre. Donc, je trouve ça intéressant qu'on s'intéresse à la
mine.
Et
je profite de l'occasion également pour dire que la diversification économique est
d'actualité. On a le projet, comme le
premier ministre mentionnait, Stornoway, dans le diamant;
Agnico-Eagle et Goldcorp, qui vont très bien, c'est dans l'or; Quest et
Matamec, des projets pour les terres rares; Mine Arnaud, Arianne Phosphate,
dans l'apatite; et je pourrais en nommer
plusieurs. Il y aura des emplois de créés dans les mines, dans l'industrie
minérale. Puis il ne faut pas juste
s'attarder aux projets qui ferment. Il y en a, des projets en potentiel, en
développement, et Royal Nickel est un de ceux-là, M. le Président.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député Chauveau.
M. Gérard Deltell
M.
Deltell : M. le Président, j'invite le ministre à la prudence parce que, malheureusement, l'industrie minière n'est vraiment
pas satisfaite du travail du gouvernement actuel. Encore récemment,
l'association d'exploration disait que
c'est un ministère qui travaille
davantage en opposition avec les mines. C'est l'association qui disait ça ici,
à cette Assemblée.
M. le Président, la situation des mines est inquiétante pour le Québec.
En 2012, il y avait 5 milliards d'investissement. L'année dernière, c'est 3 milliards,
40 % de pertes au Québec. Il y a un projet qui attend. Cette entreprise-là
a besoin d'appui, de votre concours.
Pourquoi le gouvernement tarde à réagir pour ce
projet-là? C'est des centaines d'emplois dont on a...
• (11 heures) •
Le Président :
M. le ministre délégué aux Mines.
M. Luc Blanchette
M. Blanchette : Écoutez, il y aura
un budget de déposé tout à l'heure. On verra des mesures, et le soutien à
l'exploration, j'espère... je ne peux pas rien annoncer, mais on va tout faire
pour soutenir l'exploration. Il y a eu une conjoncture x qui s'est présentée.
Par ailleurs, ça ne veut pas dire que nous, on n'est pas en développement. Bien au
contraire, allez voir d'autres intervenants
tels que l'Association minière du Québec, tels que les entreprises minières que je
rencontre, les entreprises de première transformation, qui soutiennent
les efforts du gouvernement mis en la matière.
Maintenant, ce qu'on entend et ce qu'on souhaite
pour l'industrie minérale de l'ensemble du Québec, parce qu'il y a des retombées autant dans les régions
périphériques qu'il peut y en avoir dans les régions de Montérégie et de
Montréal en particulier, c'est tout le développement de cette filière minérale
là pris essentiellement comme un tout.
Le Président : En terminant.
M. Blanchette : Et on a bon espoir
que le développement se fasse... et des emplois dans nos régions, de réels
emplois de qualité.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le député de Chauveau.
M. Gérard Deltell
M.
Deltell :
Le rôle du gouvernement dans le développement des mines, M. le Président, est
de les accompagner et de donner
toutes les conditions gagnantes. On attend encore le O.K. du gouvernement pour
Royal Nickel Corporation. Mais aussi, M. le Président, le rôle du
gouvernement, c'est de donner le cadre législatif nécessaire. Voilà maintenant 15 mois que la Loi sur les mines a été
adoptée et voilà 15 mois que le gouvernement tarde à déposer le cadre
réglementaire. C'est le travail essentiel du gouvernement de donner le
cadre, il ne l'a toujours pas fait.
Pourquoi le
gouvernement tarde? Pourquoi le gouvernement attend pour développer des
centaines d'emplois au Québec?
Le Président : M. le ministre
délégué aux Mines.
M. Luc Blanchette
M.
Blanchette : M. le Président, dans le cas de Royal Nickel, je vous le
dis, le dossier progresse très clairement, très correctement et à la vitesse... On espérait toujours que ce soit
plus vite, mais essentiellement les bonnes nouvelles viendront.
Par ailleurs, sur l'ensemble de l'industrie, ce
qu'on entend — et
l'Institut Fraser, tout récemment, vient de le sortir — nous
sommes sixièmes dans le monde comme juridiction minière pour attirer et être
attracteur des investissements miniers,
dans le sens que le gouvernement libéral en question redonne confiance aux
investisseurs étrangers. On s'entend que
c'est sur l'ensemble de la planète que le terrain de jeu se fait dans
l'industrie minière, et honnêtement, avec tous les projets qu'on a, soit à l'étude, soit en
développement, soit en mise en valeur, j'ai bonne confiance qu'il y aura des
emplois de qualité de créés au Québec en la matière. Merci, M. le
Président.
Le Président : Principale,
Mme la députée de Joliette.
Abolition de la Régie
du cinéma et avenir
de la Cinémathèque québécoise
Mme Véronique Hivon
Mme
Hivon :
Merci, M. le Président. Alors, on vient d'apprendre par le dépôt des livres des
crédits, page 26 du premier
document, non pas une, mais deux mauvaises nouvelles pour le milieu de la
culture, particulièrement pour le milieu du cinéma, avec, tout d'abord,
l'abolition de la Régie du cinéma et, deuxièmement, la confirmation de la
volonté du gouvernement de, oui, bel et bien
fusionner la Cinémathèque québécoise avec Bibliothèque et Archives nationales
du Québec.
Donc, on voit
les multiples discours de la ministre sur l'importance de la culture, mais on
aimerait voir des gestes, des gestes
qui sont différents que ceux de tergiverser sur les conservatoires, de
tergiverser sur le projet du Diamant à Québec, de mettre de côté la politique sur le livre. On aimerait ça, voir des
gestes autres que l'abolition de crédits d'impôt pour la production
culturelle.
Comment Mme
la ministre de la Culture peut-elle justifier l'abolition, la fusion de ces
deux institutions-phares du milieu du cinéma?
Le Président : Mme la
ministre de la Culture.
Mme
Hélène David
Mme David
(Outremont) : Je suis vraiment,
vraiment contente de voir la députée de
Joliette se lever pour me poser une question parce que j'ai tout un commentaire
à faire. Pendant que...
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît!
Mme David
(Outremont) : ...ma collègue
de Joliette s'allie hier à une conférence de presse dans laquelle il y a plusieurs
intervenants, il y a une phrase choquante qui est prononcée par l'acteur Yves
Jacques, qui fait partie de la conférence de
presse à laquelle la députée de Joliette fait référence. L'acteur Yves Jacques va plus
loin «en comparant...
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît!
Mme David (Outremont) : ... — et je
cite — le
gouvernement Couillard aux membres du groupe armé État islamique qui ont
récemment saccagé des oeuvres d'art en Syrie».
Je demande
solennellement à la députée de Joliette ainsi qu'au Parti québécois de se
dissocier officiellement et solennellement d'un lien avec l'État
islamique.
Le Président : Première
complémentaire, Mme la députée de Joliette. Première complémentaire.
Mme
Hivon : M. le
Président...
Des voix : ...
Le Président : S'il
vous plaît! Il n'y a
qu'une personne qui peut parler ici pour l'instant, c'est Mme la députée de Joliette.
Mme Véronique Hivon
Mme
Hivon : M. le
Président, je ne sais pas s'il y a
quelque chose qui m'échappe, mais je n'ai pas entendu le
début du commencement d'une réponse à ma question, et, aux dernières nouvelles,
on pose les questions ici. Et, aux dernières nouvelles...
Des voix : ...
Le
Président : S'il vous plaît! Le début du respect, c'est de commencer par écouter les questions.
Ensuite, c'est d'écouter les réponses. Mme la députée.
Mme
Hivon : Et j'ai quelque
chose à dire à la ministre,
c'est qu'Yves Jacques et moi, ce sont deux personnes. Et, aux dernières
nouvelles, je ne suis pas Yves Jacques. Donc, j'imagine qu'elle est au courant
de ce fait.
Je lui repose
la question. La question est la suivante : Comment peut-elle défendre
cette décision d'abolir la Régie du cinéma et de fusionner la
cinémathèque du Québec, deux institutions-phares du milieu culturel?
Le Président : Mme la
ministre de la Culture.
Mme Hélène David
Mme David
(Outremont) : M. le Président, la députée de Joliette, hier, a référé constamment à cette conférence
de presse, constamment, et autant elle
suivait attentivement les propos et elle s'y référait, autant elle est
étonnamment silencieuse aujourd'hui sur...
Le Président : Mme la leader
de l'opposition.
Mme
Maltais :
Article 79. Il y a une question qui a été posée deux fois, on n'a pas encore
l'ombre du début d'une réponse.
Le Président : M. le leader
du gouvernement.
M.
Fournier : La question posée fait référence à une thématique
soulevée hier à une conférence de presse où la collègue de Joliette accompagnait la personne qui a
déclaré cela. On lui demande si elle s'en dissocie. C'est oui...
Le Président :
Mme la ministre, veuillez compléter sur le sujet.
Mme David
(Outremont) : Alors, si ça
n'a pas empêché de dormir la députée
de Joliette, moi, ça m'a empêchée
de dormir parce que, quand... Écoutez,
quand on est rendu à un niveau de comparer notre gouvernement et, implicitement,
la ministre de la Culture à l'État islamique, excusez, mais c'est inacceptable.
Le Président : Alors, cela
met fin à la période de questions et de réponses orales.
Motions sans préavis
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Alors, nous en sommes à la rubrique des motions sans préavis.
Des voix : ...
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, je demanderais un peu de calme, s'il vous plaît. Alors, à la
rubrique des motions sans préavis, M. le député de Borduas.
Des voix : ...
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : M. le député de Borduas, vous avez une motion sans préavis à nous
présenter, je vous cède la parole.
M.
Jolin-Barrette : M. le Président, je demande le consentement pour déposer la motion suivante conjointement avec le député de Mercier :
«Que l'Assemblée nationale reconnaisse l'importance de l'étape des consultations, générales ou particulières,
dans l'étude d'un projet de loi;
«Qu'elle reconnaisse l'importance pour les
citoyens et les groupes concernés par un projet de loi de se faire entendre à
travers les institutions démocratiques prévues à cet effet;
«Qu'elle
rappelle que 19 projets de loi ont déjà fait l'objet de consultations
depuis le début de la présente législature et que le gouvernement n'avait refusé aucune demande de consultations
provenant des groupes d'opposition jusqu'au projet de loi 37;
«Qu'elle
demande au gouvernement de respecter nos institutions démocratiques et
d'appeler dès maintenant des consultations particulières [pour] le
projet de loi 37.» Merci.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député
de Borduas. Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion? Il n'y
a pas de consentement. Je cède... M. le député de La Peltrie, oui.
M.
Caire :
Oui. Article 33, M. le Président. Quand on veut prendre la parole en cette
Chambre, il faut se lever. Quand vous
demandez le consentement aux députés, je pense que le moins qu'on puisse faire...
Surtout sur une motion qui dit qu'on
devrait laisser les citoyens s'exprimer, si on refuse son consentement, on
devrait avoir le courage de se lever en cette Chambre pour le refuser.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
M. le leader du gouvernement.
M.
Fournier : M. le Président, il n'y a pas de consentement pour
la raison que j'ai déjà mentionnée. Ce projet de loi là ne crée pas du droit nouveau, il réitère le droit. Et, à cet égard, M. le Président, nous allons suivre le processus
qui est prévu dans le règlement pour adopter les lois. C'est ainsi qu'on
respecte la démocratie, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : M. le député de La Peltrie,
je pense qu'il n'y a pas lieu de poursuivre le débat...
Une voix : ...
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : La seule chose que la présidence
fait, c'est de regarder et de constater s'il y a ou s'il n'y a pas de
consentement.
Une voix : ...
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Quand il n'y a pas de
consentement, la présidence passe au prochain sujet. Je vais vous
entendre sur votre question de directive, mais je ne veux pas poursuivre le
débat là-dessus. Allez-y.
• (11 h 10) •
M.
Caire :
Merci, M. le Président. Ma question de directive est la suivante. On ne doit
pas débattre des motifs d'un
consentement ou non. Vous venez de laisser le leader du gouvernement débattre
sur les motifs de son non-consentement. S'il a des problèmes de conscience, c'est son problème. La seule chose
que je demandais, c'est d'avoir le courage de se lever en cette Chambre
pour dire pourquoi on refuse aux citoyens de s'exprimer.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Alors, c'est ce genre de chose là que la présidence veut éviter, là. M. le
leader du gouvernement.
M.
Fournier : ...censé invoquer sa propre turpitude. Je ne faisais
que répondre à la même plaidoirie qu'il faisait lui-même, qu'il semble déjà avoir oubliée. Dans la même minute, il dit
une chose et son contraire, témoignant ainsi qu'il est vraiment membre
de sa formation politique, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, chers collègues, je pense
que ça ne nous avance à rien de poursuivre.
Des voix :
...
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : On va poursuivre comme ça. Nous en
sommes à la rubrique des motions sans préavis. Je vais donner la parole
au prochain intervenant du gouvernement pour une nouvelle motion sans préavis.
M. le leader du gouvernement.
Proposer que l'Assemblée se réunisse le
lundi 30 mars 2015, à compter de 13 h 45
M.
Fournier : ...est la suivante : Conformément aux
dispositions de l'article 20 de notre règlement, je fais motion pour :
«Que l'Assemblée se réunisse le lundi 30 mars 2015 à [compter de] 13 h 45.»
Mise aux voix
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Très bien. Alors, cette motion est-elle adoptée?
Des voix :
Adopté.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Adopté. Toujours à la rubrique des
motions sans préavis, Mme la députée de Taillon.
Mme
Lamarre : M. le Président, je sollicite le consentement des membres de
cette Assemblée afin de présenter, conjointement avec le député de Lévis
et le député de Mercier, la motion suivante :
«Que
l'Assemblée nationale demande au ministre de la Santé de laisser à l'équipe
traitante, à l'aide des lignes
directrices du Collège des médecins, le soin
de déterminer si l'âge d'une patiente constitue un risque suffisant pour lui
refuser l'accès à la fécondation
in vitro, en retirant l'ajout de l'article 10.1 à la Loi sur les activités
de recherche en matière de
procréation assistée, tel que cela est proposé dans le projet de loi 20 qui
rend illégal l'accès à la fécondation in vitro après 42 ans.»
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, y a-t-il consentement pour débattre de
cette motion? Il n'y a pas de consentement. M. le député de Mercier, pour une
prochaine motion sans préavis.
M. Khadir :
M. le Président, je dépose la motion suivante conjointement avec le député de
Marie-Victorin :
«Que
l'Assemblée nationale prenne acte que le gouvernement de la Saskatchewan a
ordonné le retrait des compteurs
intelligents après que 8 incendies aient été reliées à leur installation;
«Qu'elle prenne
également acte que depuis le début du déploiement des nouveaux compteurs
intelligents au Québec, au moins 6 incendies pouvant être liées à ceux-ci ont
été rapportés; et
«Que
l'Assemblée nationale demande à Hydro-Québec de cesser de retirer les compteurs incendiés [avant l'intervention
des pompiers] afin de ne pas nuire aux enquêtes.»
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le
député de Mercier.
Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion? Il n'y a pas de
consentement. Y a-t-il d'autres motions sans préavis? M. le député de Mercier.
M. Khadir : C'est exactement le même propos que nous a tenu le député
de la CAQ. L'article 33 requiert que, si un membre d'une quelconque formation veut dire quelque chose à la Chambre, doit se lever pour le dire. Personne n'a vu la
personne qui a refusé, tout à l'heure, le consentement à ma motion.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, M.
le député de Mercier,
je croyais m'être expliqué clairement sur cette question il y a quelques
semaines. Vous aviez soulevé la même question, je répète la même réponse :
La présidence observe les députés et
constate s'il y a ou s'il
n'y a pas de consentement. Je n'irai
pas plus loin là-dessus, je me suis expliqué.
M. Khadir : ...qui avait constaté le non-consentement
d'indiquer à la Chambre d'où vient le non-consentement.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, je n'ai pas à faire ça, M.
le député de Mercier. Si jamais on voulait changer les règles du règlement, on pourrait le faire,
mais, à ce moment-ci, j'applique les traditions, les coutumes et la procédure
telle qu'elle est rédigée. D'autres motions sans préavis?
Avis
touchant les travaux des commissions
Sinon, nous allons passer aux avis touchant les
travaux des commissions.
M.
Sklavounos : Merci,
M. le Président. Alors, j'avise cette Assemblée que la Commission des
institutions entreprendra l'étude détaillée à l'égard du projet de loi
n° 33, Loi modifiant la Loi sur les tribunaux judiciaires, aujourd'hui,
après les affaires courantes jusqu'à 13 heures, ainsi que le mardi 31 mars
2015, de 10 heures à midi, à la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine. Merci,
M. le Président.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Alors, merci à vous, M. le leader adjoint du gouvernement.
Renseignements sur les
travaux de l'Assemblée
À la rubrique Renseignements sur les travaux de
l'Assemblée, M. le député de La Peltrie.
M.
Caire : Merci,
M. le Président. M. le Président, le 26 novembre dernier, le gouvernement libéral déposait
le projet de loi n° 27 sur la réforme du réseau de garderies. Le
19 janvier 2015, les consultations particulières ont pris fin, et donc, depuis ce temps, donc depuis 66 jours,
le gouvernement n'a pas donné signe de vie quant à ses intentions
concernant le projet de loi n° 27 à proprement parler, sinon une autre vague de consultations particulières, là, si j'ai bien
compris, au calendrier,
indéterminées. Pourtant, M. le Président, depuis ce temps-là, 11 projets de loi
ont été déposés en même temps ou après, ils sont tous ou adoptés ou dans
le processus législatif normal. Ce que nous voudrions savoir de la part du gouvernement, c'est quel est son calendrier, si
tant est qu'il y en a encore un. Est-ce que ce projet de loi là est destiné à mourir au feuilleton? Est-ce qu'il sera retiré?
Est-ce qu'il y aura d'autres consultations particulières postdépôt du projet de
loi? Comment le gouvernement entend-il se gouverner et nous gouverner
avec le projet de loi n° 27?
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député
de La Peltrie. M. le leader du gouvernement.
M.
Fournier : Puisque la question s'inscrit bien, là, à la foulée
de l'échange qu'on a eu tantôt, où le représentant de la CAQ souhaitait que nous tenions des
consultations à l'égard d'un projet de loi qui réitérait le droit, mais n'était
pas de droit nouveau, le projet de loi n° 27, lui, est de droit
nouveau, et je m'étonne que notre collègue s'interroge sur le fait que la
ministre tienne des consultations. Il y a eu des consultations, elle croit
nécessaire que nous devions encore, à
nouveau, aller chercher d'autres informations. Je crois que, lorsque la
ministre croit que c'est ce qu'elle doit faire pour nous donner les meilleurs moyens, c'est
d'encourager qu'à l'égard du droit nouveau il y ait le maximum de consultations
de sa part, et je trouve difficile de
trouver la cohérence entre la représentation que fait maintenant le député par
rapport à celle qu'il faisait tantôt.
Ceci étant,
nous avons un menu législatif assez important et nous allons continuer
d'exercer les procédures pour assurer
aux Québécois les meilleurs soutiens législatifs pour nous permettre d'avoir un
progrès économique, d'avoir des mesures sociales appropriées et,
évidemment, l'équilibre budgétaire, que nous, nous allons réussir à aller
atteindre, malgré que les oppositions ne soient pas favorables.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Alors, merci, M. le leader du gouvernement. M. le député de La Peltrie.
M.
Caire :
Merci, M. le Président. Je veux bien comprendre la réponse du leader du
gouvernement. Il y a eu dépôt du
projet de loi. Il y a eu consultations particulières, elles se sont terminées.
Et là je comprends que le gouvernement, de façon totalement inhabituelle dans notre processus législatif, mais,
bon, innovons, innovons, M. le Président, et nous en serons très heureux... mais je comprends que le
gouvernement nous annonce donc officiellement une deuxième vague de consultations particulières. Si tant est que c'est
ce que j'ai bien compris, qu'il y aura une deuxième vague de consultations
particulières, est-ce que le leader du
gouvernement pourrait nous déposer le calendrier de ces consultations
particulières? Est-ce qu'il nous sera permis d'inscrire des groupes à
ces consultations particulières? Et quelle sera la durée de ces consultations particulières? Quelle sera la portée de ces consultations particulières? S'agit-il de réécrire le projet de loi? S'agit-il de penser à un
total projet de loi complètement différent? Je veux dire, dans quelle
perspective s'inscrivent des consultations particulières
postconsultations particulières?
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Très bien. Alors, merci à vous. M. le leader du gouvernement.
M.
Fournier : Je suis
heureux que la question soit posée parce que maintenant
on comprend ce que veut dire le collègue.
Il y a eu une consultation
particulière. Il y a
présentement une consultation ministérielle, il n'y aura pas d'autres consultations particulières. Et, quand le projet de loi sera rappelé article par article, il sera appelé article par
article. En attendant, il y en a d'autres qui sont
appelés pour l'étude. On espère que vous y serez tous présents avec beaucoup
d'énergie.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Très bien, merci. Une précision additionnelle?
M.
Caire : Oui, M.
le Président. On parle ici de
consultation ministérielle. M. le
Président, je fête aujourd'hui mon huitième anniversaire comme
député — merci — à
cette Assemblée, et, de mémoire, c'est la première fois que j'entends parler de consultations ministérielles
qui font suite à un dépôt d'un projet
de loi qui, lui-même, a fait l'objet de consultations particulières. Donc, ce que je voudrais savoir, c'est de
quelle façon le deuxième groupe d'opposition pourra participer de façon proactive à des consultations
ministérielles. Est-ce que des consultations ministérielles... D'abord, quel
est l'échéancier? Et ensuite est-ce qu'il
est loisible à ma collègue de proposer des groupes? Est-ce qu'elle sera
elle-même entendue par la ministre? Si oui, selon quelles modalités, M.
le Président?
Une voix :
...
M.
Caire :
Bien, comment il peut répondre à une question que je n'ai pas encore posée, M.
le Président?
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, ce sera la dernière question,
dernière réponse sur le sujet. M. le leader.
• (11 h 20) •
M.
Fournier : ...précision — et
je comprends que mon collègue fête un anniversaire, je le salue — des
consultations ministérielles, M. le Président, c'est des
consultations que tiennent des ministres. J'ai eu l'occasion d'être ministre
depuis un certain temps et je peux
vous dire qu'on consulte tout le temps, et qu'il y ait avant un projet de loi,
et donc avant une consultation
particulière des parlementaires... il y a souvent, pour ne pas dire tout le
temps, des consultations ministérielles. Dans le cours, dans le processus d'une consultation particulière, il
arrive qu'il y ait des avis qui sont émis, des opinions qui sont émises. Ce serait franchement incroyable
si le gouvernement n'écoutait pas les gens qui viennent. Alors, il les écoute, et après ça il peut parfois — et ça arrive — avoir à refaire des consultations comme
ministre. C'est ce que notre collègue fait.
Je
comprendrais mieux si mon collègue désapprouvait le fait que le gouvernement ne
consultait personne, mais le
gouvernement consulte et écoute. Il y a le forum législatif en consultations
particulières, et il y a
le forum de la consultation de la ministre, la consultation ministérielle. Il s'étonne aujourd'hui que la consultation ministérielle, c'est nouveau. Ce n'est pas nouveau, ça
a toujours été. Je lui annonce que ça a toujours été comme ça.
Maintenant,
il souhaite... J'entends, là, parce
que... Puisqu'il n'y a pas d'autre
échange, j'ai quand même pris au vol l'autre question, il nous dit
qu'il veut participer à la consultation ministérielle. Je lui annonce que ses
collègues à la commission, lorsque nous étudions article par article, font déjà
partie de cette consultation. Il y a, entre le législatif et l'exécutif, évidemment des différences,
mais il arrive un moment où ils se retouchent, ils se revoient. Par exemple,
en ce moment, à la période de questions
et aussi lorsque nous étudions un projet de loi article par article, le député ministre est là
comme représentant de l'Exécutif, comme
ministre, en train de discuter. Il s'agit là, bien sûr, d'un exercice
ministériel, un exercice législatif, où tout le monde est présent.
Alors,
je termine ma présentation en lui disant bienvenue dans le système
parlementaire. Il y a chez les ministres des consultations ministérielles et, avec les députés, souvent des
consultations particulières, ce qui se continue ensuite article par article, à prendre l'avis de chacun,
et la ministre a déjà fait la preuve qu'elle était ouverte à entendre les avis
et à apporter les correctifs s'il y a lieu. Je crois que nous avons un
excellent parlementarisme. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Très bien. Alors, ça marque la fin de cet
échange. M. le leader adjoint de l'opposition officielle, toujours à la
rubrique des renseignements sur les travaux.
M.
Bergeron :
Oui, M. le Président. Ça me fait penser à un film dont on repousse
continuellement la sortie en salle.
Généralement, c'est parce que c'est un navet sur lequel on a de la difficulté à...
qu'on a de la difficulté... dont on a la difficulté de faire un très bon
film. Mais je ferme la parenthèse là-dessus, M. le Président.
Je
veux simplement signaler que le soi-disant gouvernement de la collaboration,
lundi dernier, a posé un geste qui
contredit de façon flagrante cette prétention ampoulée. En effet, lundi
dernier, alors que nous avions signalé, et ce, même publiquement,
l'impossibilité pour les deux porte-parole des oppositions à prendre part aux
travaux de la Commission des finances
publiques sur l'étude détaillée du projet de loi n° 28, le gouvernement,
qui avait annoncé à la dernière
minute cette séance de lundi, a décidé de maintenir le cap. Ce qui veut donc
dire que les travaux, pour la toute première
fois, à ma connaissance, M. le Président, de la commission, en étude détaillée,
se sont poursuivis en l'absence non pas d'un, mais des deux porte-parole
des oppositions en cette Chambre.
Par
courtoisie, traditionnellement, M. le Président, il avait toujours été de
mise — et je
dis bien toujours été de mise — qu'on n'entreprend pas les travaux en
commission en l'absence du ministre, de la ministre et des porte-parole de
l'opposition officielle et du deuxième
groupe d'opposition. Alors, on vient
de créer quelque chose de totalement nouveau dans ce Parlement soi-disant de la
collaboration, M. le Président, ce n'était jamais arrivé.
Et
je rappelle, M. le Président, pour le bénéfice des gens qui nous écoutent, que
le gouvernement avait préalablement annulé à la toute dernière minute des séances qui
devaient se tenir en fonction de ce qui avait été annoncé et annoncer des
séances qui n'avaient pas été annoncées, ce qui fait en sorte que les gens ont
un peu de difficultés à jongler avec leur agenda avec des changements de
programme aussi tardifs et soudains de la part du gouvernement.
On
se serait attendus à ce que le gouvernement comprenne cette situation-là. On l'a plaidé en cette Chambre, le leader parlementaire du gouvernement a laissé entendre — je
suis sûr que ça lui a échappé des lèvres — a laissé entendre que ça pouvait être une technique
dilatoire, une technique de
filibuster de la part des oppositions. Je suis sûr qu'il ne pensait pas ce qu'il a dit parce qu'il devrait
comprendre que, lorsqu'on change à la dernière minute des agendas de députés, ce n'est pas nécessairement évident tout
le temps. O.K.? Alors, le résultat, c'est qu'il n'a pas été possible, ni pour
le porte-parole de l'opposition officielle,
ni pour le porte-parole du deuxième groupe d'opposition, d'assister, et malgré
tout la séance s'est tenue.
Le collègue de Rimouski a soulevé
cette question auprès du président de la Commission des finances publiques,
et il a, tout simplement, répondu que, comme
il y avait un ordre de la Chambre, ça prenait le pas sur tout. Ça prenait le
pas sur le gros bon sens, ça prenait le pas
sur la courtoisie élémentaire qui doit régner en cette Chambre. M. le
Président, là encore, pour reprendre
les propos du leader parlementaire du gouvernement, il semble qu'on crée du
droit nouveau, M. le Président.
Or, j'ai demandé, la
semaine dernière, une question de directive à la présidence. Je sais que le
président ne peut pas intervenir dans les
affaires des commissions, mais le personnel de l'Assemblée nationale, M. le
Président, est là pour soutenir la
présidence, soutenir les présidences de commission. Et j'imagine que, par ce
mécanisme, il est possible d'assurer
que des choses comme celle-là, qui n'ont pas leur place dans un soi-disant
Parlement de collaboration, puissent se
reproduire. Ma crainte, M. le Président, c'est que nous ayons eu affaire lundi
dernier à un dangereux précédent qui risque de se reproduire à l'avenir.
Alors, je réitère ma
question de directive à l'égard de la présidence et aimerais peut-être savoir,
de la part du leader parlementaire du
gouvernement, si c'est une pratique qui risque de se reproduire sous son
leadership parlementaire.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le leader
adjoint de l'opposition officielle. M. le leader du gouvernement.
M.
Fournier : Je suis conscient que la question a déjà été
soulevée, mais peut-être pas sous le même angle. Donc, peut-être que mon collègue peut très bien la
représenter, puisqu'il s'agit d'un angle différent. Mais je suis informé qu'il
l'a déjà soulevée cette semaine. Par contre,
je sais aussi... Il a fait référence qu'il y a eu un débat la semaine dernière
sur le sujet, et j'ai indiqué la semaine dernière dans quel état nous
nous trouvions, qu'effectivement on avait proposé et le vendredi et le lundi, qu'il
y avait des représentations, que, pour les deux jours, qu'il n'y avait pas
possibilité pour les porte-parole d'être là.
Alors, j'ai dit : Au moins, faisons le lundi. On a mis de côté le vendredi
exactement dans le climat que je
pense qui doit être donné. Il revient au gouvernement de diriger les travaux,
et on le fait toujours en essayant de satisfaire les agendas de tout le
monde, et personne ne peut dire le contraire ici, toujours fait ça de cette
façon-là.
Dans
le cas de ce projet de loi là, M. le Président, une chose est sûre — parce qu'il veut établir des paramètres
pour voir s'il y a du droit nouveau — dans le cadre de ce projet de loi là, les
membres de la première opposition et de la deuxième ont pratiquement tous parlé, pas juste les porte-parole. Donc,
ils ont démontré qu'ils connaissaient le dossier et qu'ils pouvaient... Et d'ailleurs ils se sont appropriés du dossier.
Et donc c'était une façon de voir que les oppositions pouvaient en
parler, et je pense qu'ils s'y sont présentés et ont pu le faire.
Maintenant,
dans la façon de procéder — parce que la question de directive est celle-là, et je vais
répondre à cette question de
directive là que... ou enfin argumenter, ce n'est pas moi qui donne la
directive, argumenter sur la réponse que la présidence pourrait faire — il est évident, M. le Président, qu'il
revient dans notre droit au gouvernement de tracer le calendrier et l'agenda et, je le réaffirme,
toujours de le faire pour satisfaire l'ensemble des partis. Par contre, il ne
peut revenir aux oppositions de
décider de l'agenda. Et, si dorénavant les oppositions n'avaient qu'à souligner
que les porte-parole ne seront pas
là, ils vont donc demander à votre décision d'avoir un veto de l'opposition sur
le rythme et la façon dont on étudie
les projets de loi. Je préfère qu'on regarde l'état de situation de ce projet
de loi là, qu'on regarde les consultations,
qu'on regarde tout le débat qu'il y a eu sur le principe et qu'on se
dise : Il était normal qu'on commence, et nous l'avons fait.
J'espère que, pour la suite des travaux, le tout se déroulera normalement.
Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Merci, M. le leader du
gouvernement. M. le leader de l'opposition officielle... leader adjoint.
• (11 h 30) •
M.
Bergeron : M. le Président, simplement, peut-être en
complément d'argument, je dirais qu'il est vrai — et je n'en disconviens pas, c'est d'ailleurs
ce que j'affirmais haut et fort il y a quelques instants — que, sous ce gouvernement comme sous tous les gouvernements précédents,
qu'ils aient été libéraux ou péquistes, le gouvernement a toujours, toujours — le terme est bien choisi — par courtoisie et par simple gros bon sens,
a toujours pris soin de s'assurer que les porte-parole des deux
oppositions soient présents ou présentes avant de procéder, et, jusqu'à
présent, malgré les oppositions fondamentales que nous ayons pu avoir sur telle
ou telle pièce de législation, ça a toujours fonctionné, M. le Président, il y a toujours eu moyen de
trouver un terrain d'entente entre les gouvernements et les oppositions. Peu
importe le degré de divergence d'opinions qu'il pouvait y avoir sur les projets
de loi, nous avons toujours trouvé des terrains d'entente, O.K.?
Alors,
si le ministre nous dit : Nous avons toujours
fait preuve de collaboration, je réponds : Les oppositions
ont toujours fait preuve de collaboration également.
Mais, si c'est la nouvelle tendance que, quand le gouvernement décide que, peu importent les
oppositions, il va de l'avant, est-ce que
je dois comprendre de ce que vient de nous suggérer le leader parlementaire du gouvernement, M. le
Président... Parce que,
là, il a dit : Les oppositions s'étaient approprié... étaient en mesure de parler, et ils se sont présentés. Est-ce que
le leader parlementaire du gouvernement est en
train de nous suggérer, en fonction de ce droit nouveau qu'il lui-même créé la
semaine dernière, ce dernier lundi,
en permettant à la commission d'aller de l'avant malgré l'absence des deux porte-parole des oppositions, que, s'il
n'y avait pas un seul député d'opposition qui se présentait, il
irait de l'avant malgré tout?
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Merci, M. le leader adjoint. M. le leader du
gouvernement.
M. Fournier :
Attention! Parce qu'on n'est plus dans le sujet, mais, par convivialité, je
veux bien procéder à une dernière
remarque, M. le Président. Ce n'est pas ma première expérience comme leader.
J'ai aussi eu, à quelques occasions, à faire partie de l'opposition et
je peux simplement dire à mon collègue que, non, ce n'est pas la première fois
qu'un gouvernement trace son agenda. J'ai
été dans l'opposition alors que votre gouvernement était là et fixait les
dates, et on s'organisait. Bien sûr, souvent, sous un gouvernement du
Parti québécois, comme sous le nôtre, on fait tout en notre possible pour trouver des dates. D'ailleurs, dans
le cas que vous mentionnez, ça a été encore le cas. Parce que, oui, on aurait très bien pu dire : C'est le vendredi
et c'est le lundi. Mais on essaie toujours de s'entendre. Ce que je dis
premièrement, c'est que vous avez
pratiquement tous parlé. Ça n'arrive pas dans tous les projets de loi. Mais
vous faites alors la démonstration que
vous êtes en mesure de vous occuper de ce projet de loi là. Premièrement, c'est
à distinguer de tous les autres cas.
Deuxièmement,
M. le Président, lorsqu'on assiste à un moment où il faut avancer dans le
projet de loi, le règlement dit que
c'est au gouvernement de tracer. Il ne s'agit pas à l'opposition de dire :
Si mon porte-parole n'y va pas, ça ne doit pas se tenir, et se demander ensuite : Alors, si personne n'y va,
est-ce que c'est le moyen que ça ne se tienne pas? Je dis à l'opposition : Ne cherchez pas les moyens que
ça ne se tienne pas, cherchez les moyens que ça se tienne. Ne cherchez pas autre chose. Le calendrier n'appartient pas à
l'opposition. Elle souhaite, dans certains projets de loi et certainement
dans celui dont on parle présentement, à
avoir un intérêt pour le calendrier.
Et je lui permets cela. Je lui permets de prendre toutes les dispositions du règlement, sans aucun
problème. Il doit convenir que le gouvernement peut aussi prendre les
dispositions du règlement qui lui amènent à gouverner.
Je
n'en dirai pas plus. Il y aurait bien d'autres arguments qu'on pourrait faire
sur le fond de la question, mais je veux
simplement dire ici, M. le Président, que ce n'est pas la première fois dans les
annales et que, lorsque le Parti
québécois était là aussi...
simplement qu'à l'époque l'opposition que nous formions avait compris que
c'était le rôle du gouvernement, reconnu par le règlement. Si on
applique et respecte le règlement, on pourrait peut-être procéder à d'autres
éléments d'aujourd'hui et ensuite assister à la commission parlementaire.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Très bien. Merci, M. le leader.
Une voix :
...
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Oui, je pense, effectivement, M. le leader.
Vous
m'avez demandé l'avis de la présidence. Juste réitérer que le règlement, à l'article
147, il est très clair. La jurisprudence,
elle est constante. La dernière décision a été rendue par le député de
Bertrand. Et, dans sa décision, il disait ceci — je
me permets de citer un extrait de la décision du député de Bertrand
alors qu'il était vice-président de l'Assemblée : «L'article 147 du règlement prévoit que la commission
qui a reçu un mandat de l'Assemblée est convoquée par son président, sur avis du leader du gouvernement. L'avis du
leader indique [la date, l'objet,] l'heure et l'endroit de la réunion. Il
s'agit donc d'une prérogative du
leader du gouvernement dans laquelle la présidence ne peut s'immiscer.» La
présidence peut juste inviter les partis à la collaboration. Ça va?
Dernier point, M. le leader adjoint.
M.
Bergeron : Ça sera
très bref, M. le Président. Je veux juste rassurer le leader parlementaire
du gouvernement et lui dire que comme toujours nous sommes et demeurons
disposés à faire en sorte que les travaux se tiennent.
Nous
voulons travailler dans un esprit de collaboration. Dès le début de cette
législature, nous avons offert notre collaboration.
Et je tiens à l'assurer que, si les porte-parole n'étaient pas là lundi, ce
n'était pas dans le but de retarder les
travaux de la commission ou de les empêcher, mais bien parce qu'il n'était
pas en mesure de se présenter. Alors, j'invite le leader parlementaire
du gouvernement, puisque c'est l'invitation que vous nous lancez, M. le
Président, alors que moi, je faisais plutôt
référence au travail qui se fait de la part du personnel de l'Assemblée nationale, M. le Président, en termes
d'avis à la présidence de l'Assemblée et aux présidences de commission...
Alors, je fais simplement cet appel à la collaboration au leader parlementaire du gouvernement de telle sorte
d'éviter que ce précédent ne devienne un dangereux précédent qui
pourrait, justement, amener l'opposition à modifier aussi ses façons de
procéder.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Bon. Je pense que les arguments ont été présentés de part et
d'autre, on a fait le tour de la question. Donc, en ce qui me concerne,
la période des affaires courantes est terminée.
Affaires du jour
Nous allons
maintenant passer aux affaires du jour. M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Sklavounos :
Merci, M. le Président. Je vous demande d'appeler l'article 4.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Juste un instant. Désolé, je suis
allé un peu rapidement, là. Je vous rappelle que, lors de
l'interpellation prévue pour demain, vendredi le 27 mars 2015, M. le député de
Verchères s'adressera à M. le ministre de la
Santé et des Services sociaux sur le sujet suivant : La crise au CHUM
provoquée par le comportement du ministre de la Santé et des Services
sociaux.
Donc, à ce moment-ci,
pour la suite des choses, M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Sklavounos :
Merci, M. le Président. Article 4, s'il vous plaît.
Projet
de loi n° 32
Adoption du principe
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, à l'article 4 du
feuilleton, M. le ministre du Développement durable, de l'Environnement et de la Lutte aux changements
climatiques propose l'adoption du principe du projet de loi n° 32,
Loi modifiant la Loi concernant des mesures
de compensation pour la réalisation de projets affectant un milieu humide ou
hydrique afin d'en prolonger l'application.
Alors, M. le
ministre du Développement durable, de l'Environnement et de la Lutte aux
changements climatiques, je vous cède la parole.
M. David Heurtel
M. Heurtel : Merci, M. le Président.
Alors, pour débuter, j'aimerais préciser l'importance qu'ont les milieux humides dans notre environnement. Ce sont des
réservoirs de biodiversité fondamentaux pour notre environnement, d'autant
plus que leur préservation et leur développement
sont essentiels dans une stratégie de lutte contre les changements climatiques.
Nous avions,
au Québec, un régime de protection de milieux humides. En 2012, la Cour
supérieure a invalidé ce régime, et,
pour éviter un vide juridique, le gouvernement de l'époque a agi rapidement, en
adoptant une loi qui permettait la
poursuite d'un régime, un régime dit de compensation pour les milieux humides
et assurer une protection en continu de
nos milieux humides. Ce régime, bien qu'imparfait, se devait d'être mis en
place et il a été mis en place avec une clause crépusculaire qui est
assortie d'une date. La date était, donc, du 24 avril 2015.
Or, depuis, il s'est passé quelques événements,
au Québec, au niveau de la succession des gouvernements. Le gouvernement qui a mis en place ce régime
temporaire a été défait aux élections de 2012, remplacé par un gouvernement
du Parti québécois. Ensuite, ce
gouvernement-là même a également été remplacé par notre gouvernement. Vous
n'êtes pas sans savoir, M. le
Président, que des changements de gouvernement et des élections ont pour effet
aussi de ralentir certaines démarches
et certains procédés, notamment le procédé législatif. Ce qui s'est passé en
même temps, c'est qu'il y a eu une
volonté toujours croissante de vouloir moderniser l'ensemble du
régime d'autorisation gouvernementale fondé sur la Loi sur la qualité de l'environnement.
Au cours de
la dernière année, nous avons travaillé avec les intervenants et à l'intérieur du gouvernement, parce
que
le régime d'autorisation gouvernementale implique d'autres ministères,
notamment les Affaires municipales, l'Agriculture, les
Forêts, pour voir s'il y avait lieu de revoir l'ensemble de notre régime
d'autorisation en matière environnementale. Des échanges aussi avec les intervenants... Que ce soient les
intervenants du monde des... les groupes environnementaux, le monde
municipal, les acteurs socioéconomiques, tout
le monde est d'accord
qu'il y a un besoin fondamental de revoir notre régime d'autorisation en matière environnementale, et il faut dire aussi
que la protection des milieux humides passe par un régime d'autorisation
environnementale moderne et efficace.
• (11 h 40) •
Cette
réflexion est importante à préciser, M. le Président, parce que ce n'est certainement
pas de gaieté de coeur et ayant une
volonté de remettre continuellement le besoin nécessaire d'avoir un régime
efficace de protection en milieu humide.
Mais nous croyons, M. le Président, qu'il est important d'agir rigoureusement
et en cohérence pour s'assurer que
l'ensemble de notre régime d'autorisation environnementale soit moderne et soit
adapté aux réalités d'aujourd'hui, particulièrement, et encore je le
souligne, dans un contexte de lutte contre les changements climatiques.
Conséquemment,
ce que nous proposons aujourd'hui avec le projet de loi n° 32, c'est de
maintenir le régime, bien qu'imparfait,
actuel de protection en milieu humide pour s'assurer qu'on puisse continuer à
protéger le milieu humide, parce que,
bien qu'imparfait, il est mieux d'en avoir un, régime de protection en milieu
humide, que ne pas en avoir du tout,
et de s'affairer à travailler à moderniser, d'abord et avant tout, l'ensemble
du régime d'autorisation de la Loi sur la qualité de l'environnement, qui va permettre, justement, de contribuer à
une meilleure protection des milieux humides et, en parallèle, travailler pour développer un projet de
loi qui également
modernise le régime de protection de milieux humides.
Il faut également
tenir compte du fait qu'il y a un rôle très important, dans la protection des
milieux humides, qui appartient aux municipalités. Ils ont un rôle essentiel de partenariat avec le gouvernement ainsi que les autres acteurs pour s'assurer que les milieux
humides soient protégés et développés.
Or, mon collègue le ministre des Affaires
municipales a annoncé un vaste exercice de réforme des relations que le gouvernement aura à l'avenir avec les gouvernements municipaux, que ce soit celui de la métropole, celui de la capitale nationale, et toutes les autres municipalités au Québec. Ce processus-là est débuté mais va prendre, il
est estimé, deux ans. Et des questions
environnementales importantes vont faire partie de cet exercice-là, M. le Président. Il va être important de travailler avec le ministre des Affaires municipales et avec les intervenants du monde municipal pour
voir à un travail collaboratif de la
modernisation du régime d'autorisation environnementale mais s'assurer également
qu'on intègre à notre réflexion sur
la protection des milieux humides les travaux qui vont se faire, dans un avenir
rapproché, avec les municipalités. L'idée, c'est de ne pas travailler en
silo, mais travailler dans un esprit de collaboration.
Alors, il est
clair qu'on veut travailler le plus rapidement possible. Si nous étions en mesure d'avoir un
régime aujourd'hui, on le ferait. Mais ce qu'on veut, c'est se
donner le temps de bien faire les choses et de répondre à l'ensemble des questions. Je préciserais également, M. le Président, qu'on a eu la chance de faire une commission parlementaire sur
le projet de loi en début de semaine, et l'ensemble des
intervenants qui étaient présents étaient d'accord avec le principe de prolonger le délai pour se donner le temps
d'aller faire le travail qu'il fallait pour se doter d'un bon projet de loi. La question relevait autour du délai : Est-ce que
c'est un an? Est-ce que c'est deux ans? Est-ce que trois ans, c'est
trop? Nous, ce qu'on dit, M. le Président, c'est qu'on va travailler le plus rapidement possible, mais on
veut d'abord se donner le temps
de faire un travail rigoureux au niveau de
la modernisation de l'ensemble du régime d'autorisation de la Loi sur la
qualité de l'environnement. Ça va commencer dans les prochaines semaines
avec des consultations ciblées. Par la suite, il va y avoir le dépôt d'un livre vert. Ce livre vert va faire l'objet d'une
commission parlementaire. Il va y avoir par la suite un dépôt de projet de loi. Ce dépôt de projet de
loi là va donner suite évidemment à des consultations, et, en parallèle,
on va travailler sur un régime de protection
des milieux humides qui, lui, ensuite fera l'objet de consultations,
d'échanges, et impliquera tous les
acteurs du milieu, et tiendra compte également du processus qui est déjà engagé
au niveau d'une réforme municipale.
Je tiens
quand même à prendre le temps de remercier mes collègues de cette Assemblée
pour leur participation à la
commission parlementaire, ainsi qu'aux groupes qui ont participé. Il y a eu une
excellente contribution à la réflexion. Et, oui,
certains groupes parlaient qu'il faut aller plus vite. D'autres disaient :
Trois ans, c'est bien. On comprend qu'il
y a divergence d'opinions. Mais notre
intention, ce n'est pas nécessairement de prendre trois ans, mais c'est de se donner
le temps de travailler sérieusement et rigoureusement et de bien faire les choses, parce que
si, par exemple, comme certains le proposent, on arrive, on se donne seulement un an et, pour une
raison quelconque, on n'est pas prêts dans un an, il va falloir
recommencer encore tout ce processus-là, M. le Président.
Alors, pourquoi ne pas simplement se donner le
temps de bien travailler, d'intégrer les préoccupations de l'ensemble
des milieux? Parce qu'il n'y a pas
seulement le milieu municipal, les groupes environnementaux qui ont quelque
chose d'important à contribuer. Il y a le
milieu agricole qui a également des contributions importantes à faire, le
milieu forestier. On doit intégrer
l'ensemble de ces préoccupations-là et ne pas arriver avec une solution mur à
mur qui n'aura peut-être pas les
effets souhaités dans des situations bien particulières, parce que tout le
monde est d'accord pour dire que la question de la protection des milieux
humides est très complexe, et une solution qui n'est peut-être pas bonne dans
les grands centres urbains n'est
peut-être pas la meilleure dans un milieu rural ou n'est peut-être pas la
meilleure dans un milieu nordique. Il
faut réfléchir et prendre les bonnes décisions, et je crois que, là, ce qu'on
fait, c'est une approche raisonnable, et
on va aller le plus rapidement possible, mais il faut se donner le temps.
D'autant plus, comme le groupe Ouranos l'a dit en commission parlementaire, qui est notre consortium de recherche
scientifique en matière de lutte contre les changements climatiques, il faut prendre le temps de bien
intégrer à la réflexion l'ensemble des conséquences des prochaines actions
sur la lutte nécessaire contre les
changements climatiques en regardant l'ensemble de la situation et comprenant
que ce projet de loi fait partie
d'une stratégie globale, rigoureuse, cohérente et intégrée, M. le Président, en
matière de modernisation de notre régime de protection de
l'environnement.
Il est
essentiel de passer par ce projet de loi, que nous présentons, pour s'assurer
qu'on se donne le temps de bien travailler,
d'intégrer les meilleures pratiques en matière de protection de milieux humides
mais aussi qu'on se donne le temps aussi de moderniser notre régime
d'autorisation en matière environnementale, quelque chose qui est voulu par
l'ensemble des intervenants au Québec. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le
ministre responsable du Développement durable. M. le député de
Jonquière, je vous cède la parole.
M. Sylvain Gaudreault
M.
Gaudreault : Oui. Merci, M. le Président. Alors, ça me fait
plaisir de parler aujourd'hui sur l'adoption du principe de la loi
modifiant la loi... le projet de loi modifiant la Loi concernant les mesures de
compensation pour la réalisation de projets
affectant un milieu humide ou hydrique afin d'en prolonger l'application,
projet de loi n° 32, M. le Président,
que nous avons effectivement eu l'occasion d'étudier en commission
parlementaire. Lors des auditions publiques, nous avons eu l'occasion
d'entendre un certain nombre de groupes. J'y reviendrai tout à l'heure.
Je pense que
c'est important, M. le Président, de d'abord faire un petit état de la
situation, un petit rappel de ce qui explique ce qui nous conduit où on
est aujourd'hui sur le projet de loi n° 32.
D'abord, en mai 2012, le gouvernement avait été
forcé... l'ancien ministre de l'Environnement, à l'époque, le député de
Mont-Royal, avait été forcé d'adopter un régime transitoire, ce qu'on a appelé
la loi n° 71, qui avait été présentée,
à ce moment-là, par... Quand je dis que le gouvernement avait été forcé,
c'était à cause d'un jugement de la Cour supérieure à la suite de
nombreux, nombreux défauts de protection de milieux humides. Vous vous
souviendrez toute la saga autour de Laval,
entre autres, avec les interventions du ministre de l'Environnement du
gouvernement de M. Charest,
M. Thomas Mulcair. Et tout ça avait conduit à l'adoption de la loi
n° 71 en mai 2002... 2012, pardon, où on avait, les parlementaires, adopté un régime transitoire permettant des
mesures de compensation pour les milieux humides qui sont altérés, si on
veut, par du développement résidentiel, par exemple, du développement
commercial, etc.
• (11 h 50) •
Donc, cette
loi n° 71 a été adoptée. Et, grâce, entre autres, à l'intervention, à
l'époque, du député de Repentigny, Scott
McKay, mais aussi des autres parlementaires, le gouvernement et l'ensemble des
parlementaires avaient convenu de
fixer ce qu'on appelle une date de péremption, au fond, à cette loi n° 71,
date de péremption que nous avons presque devant nous, dans un mois, le 24 avril 2015. Que s'est-il passé
depuis? Effectivement, je n'ai pas le choix de toute façon d'être d'accord avec le ministre, de dire qu'il y
a eu deux changements de gouvernement. Il y a quand même eu la continuité
de l'État, comme on dit, hein, c'est-à-dire
que les fonctionnaires du ministère de l'Environnement ont poursuivi le travail
pour être capables d'arriver à un projet de
loi d'encadrement général, donc laisser de côté les mesures transitoires pour
arriver avec un projet de loi d'encadrement général sur la question des milieux
humides.
Donc, il y a eu un
travail, on pourra en reparler tout à l'heure, il y a eu des groupes de travail
qui ont été faits, il y a eu des forums même
qui ont eu lieu depuis cette loi transitoire, la loi n° 71. Et bientôt ça
fera un an que le nouveau gouvernement
est en place, et on arrive avec ce projet de loi n° 32, qui prolonge de
100 %, je dirais, le premier délai
de la loi n° 71,
qui était de trois ans : 2012 à 2015. Là, il le prolonge. Le ministre
veut le prolonger jusqu'au
24 avril 2018. Donc, c'est un
projet de loi en soi qui est simple, hein, c'est un article... deux articles,
en fait, mais un article essentiellement qui est la prolongation du
délai du 24 avril 2015 au 24 avril 2018.
Je voudrais
quand même faire un bout sur la question des milieux humides au Québec, la
situation des milieux humides. Je
suis entièrement d'accord avec le ministre quand il dit qu'effectivement les
milieux humides contribuent de façon puissante à la biodiversité,
contribuent de façon puissante également à la lutte aux changements
climatiques, contribuent de façon puissante
au maintien d'une faune diversifiée au Québec parfois qui est menacée, comme
vous le savez. Les milieux humides
souvent agissent un peu comme un filtre, hein, sur la question, par exemple, de
la pollution ou sur la question bien
sûr du maintien de la biodiversité. Le prédécesseur du ministre actuel avait
commandé, pour bien documenter la
question, deux rapports au centre des sciences de la biodiversité du Québec, ce
qu'on appelle le CSBQ, qui démontrent
que, sur 22 ans, 19 % des milieux humides des basses-terres du
Saint-Laurent ont été perturbés — M. le Président, c'est quand même important, 19 % — soit 56 700 hectares sur
22 ans. Les principales sources de perturbation sont les activités agricoles, les activités
sylvicoles également et évidemment toute la question du développement urbain,
la question de l'étalement urbain, la question des projets résidentiels, des
projets commerciaux. On peut se rappeler évidemment de la situation à Laval au
début des années 2000.
Donc, c'est
la situation à l'heure actuelle, et il faut agir, il faut agir parce que le
CSBQ, le centre des sciences de la
biodiversité du Québec, nous le dit, il y a, juste dans la question des... dans
le secteur, pardon, des basses-terres du Saint-Laurent, 22... en 22 ans, 19 % des milieux humides ont
été perturbés. Je pense que, si nous sommes dans un Parlement qui croit
évidemment à l'importance de la lutte aux changements climatiques, mais qui
croit aussi au maintien de la biodiversité et qui croit à l'importance d'agir
rapidement, nous devons, justement, passer à l'action.
Je trouve que
c'est beaucoup demander aux parlementaires de reporter de trois ans un délai
transitoire qui était de trois ans.
Si on dit que c'est transitoire, M. le Président, c'est transitoire, on ne peut
pas transformer ça en permanent. Ça me fait penser à un de mes oncles
qui avait un chalet et qui disait, quand il faisait des réparations, que c'était
du temporaire permanent parce que,
finalement, on retournait au chalet à chaque année puis ce
qu'il faisait comme temporaire était
encore là. Puis c'est devenu une blague dans ma famille, on disait : Ah!
c'est du temporaire permanent. Bien là, on dirait que le ministre de
l'Environnement veut faire du
temporaire permanent, un peu comme mon oncle et son chalet. Vous savez, un chalet, en tout cas ça passe, hein, parce que c'est souvent avec quelques morceaux de bois ici
et là, un fanal, une vieille
cheminée, puis ça devient du permanent, alors que c'était du temporaire, mais
là on ne fait pas affaire à un chalet au Saguenay, on fait affaire à un
projet de loi.
Alors, il ne
faut pas que le ministre prenne les travers de mon oncle et qu'il fasse du
temporaire permanent, en tout respect
évidemment pour la mémoire de mon oncle, qui me manque cruellement. Mais on est
dans une loi, là, on fait de la législation. Ce n'est pas la place pour
faire du temporaire permanent, c'est la place pour agir, pour protéger la biodiversité. C'est agir pour lutter contre les
changements climatiques. On fait un travail sérieux ici, d'autant plus que
vous savez comment le ministre aime bien parler de cohérence, de
responsabilité, d'agir de façon intégrée...
Une voix : ...
M.
Gaudreault : ...«globale», c'est le mot qui me manquait. J'en
échappe toujours un parce que, vous savez, c'est toujours dans le désordre, hein? C'est vraiment pour faciliter notre
compréhension et nos techniques mnémotechniques.
Donc, si le
ministre veut être cohérent, global, intégré et responsable, bien il faut aussi
respecter les ententes et les propres
plans d'action que le gouvernement s'est donnés. Je vais lui en donner quelques-uns,
M. le Président. Et, pour démontrer à
quel point il est urgent d'agir sur la protection de la biodiversité, je veux
juste vous rappeler qu'en 2011 le gouvernement
s'était engagé à atteindre les objectifs d'Aichi sur la conservation de la
biodiversité d'ici 2020. Alors, quand on
parle de biodiversité, là, les milieux humides, là, c'est au centre de ça. Il
faut les atteindre pour 2020, selon les objectifs d'Aichi sur la
conservation de la biodiversité, puis là c'est le gouvernement lui-même qui
s'était engagé, en 2011, à respecter cela. Alors, si on reporte l'adoption
d'une loi en 2018, il va nous rester deux ans pour atteindre les objectifs d'Aichi, alors que les milieux humides sont au
coeur de la protection de la biodiversité, M. le Président. Il faut être un peu
cohérent, il faut avoir une approche globale, et responsable, et intégrée.
Alors là, je
peux bien comprendre que le ministre dit : Le trois ans, ce n'est pas...
c'est un objectif, peut-être qu'on pourrait
être capable d'adopter la loi d'ici là. Mais vous comprenez que l'expérience
passée tend à nous démontrer qu'on pourrait
se retrouver dans trois ans puis qu'il n'y aurait rien de fait ou à peu près
pas. Donc, c'est important d'agir
rapidement.
Il y a également
la Stratégie gouvernementale de développement durable, hein? On a passé de
nombreuses heures en auditions publiques, en commission parlementaire
pour entendre les différents groupes sur la prochaine Stratégie gouvernementale de développement durable 2015‑2020. Bien, il y a une des orientations de
cette stratégie de développement durable en matière de conservation de
la biodiversité. Alors, comment voulez-vous qu'on atteigne... Après Aichi, là,
maintenant, la propre stratégie du gouvernement en matière de développement
durable, comme voulez-vous qu'on l'atteigne
si déjà on repousse l'adoption d'un encadrement législatif pour les milieux
humides? Puis je vous rappelle, là, que
cette Stratégie gouvernementale de développement durable, c'est aussi 2015‑2020.
Elle est déjà entamée, on est en 2015. Alors là, il ne faut pas attendre
à la fin du processus, là, des échéanciers de 2020, que ce soit Aichi ou la Stratégie
gouvernementale de développement durable,
attendre, à la limite, les deux dernières années pour tout mettre en branle.
Sinon, c'est sûr qu'on n'atteindra pas les objectifs.
Il y a aussi le Commissaire au développement durable, M. Cinq-Mars, dans son rapport 2011‑2012,
qui demande au gouvernement de prendre en compte les impacts cumulatifs
sur la biodiversité dans ses politiques. Alors, l'impact cumulatif sur la biodiversité... Quand le
gouvernement pose des gestes, il faut qu'il ait une vision d'ensemble pour voir
ce sera quoi, l'impact sur la biodiversité.
Et c'est effectivement, dans le cas des milieux humides, certainement un des éléments, sinon l'élément le plus important sur la
biodiversité. Puis ça, ce n'est pas n'importe qui qui le dit, c'est le Commissaire au développement durable dans son
rapport 2011‑2012. Même chose avec le plan... Vous savez, il y a beaucoup de
plans d'action au gouvernement, hein? Bien, il y en a un, le Plan d'action québécois
sur la diversité biologique 2004‑2007,
hein, où il n'y a pas eu de suivi. Alors, il faut aussi agir en vertu de ce
plan pour protéger rapidement les milieux humides, et évidemment le plan d'action sur les changements climatiques
2013‑2020, qui repose, lui aussi, sur le maintien des services
écologiques qui sont essentiels, comme la conservation de la biodiversité et
les bénéfices offerts par les écosystèmes.
Évidemment, les milieux humides, avec la faune, la flore, ce qu'ils amènent
comme effets de filtre, bien c'est au
coeur des bénéfices offerts par les écosystèmes dont fait mention le plan
d'action sur les changements climatiques 2013‑2020.
• (12 heures) •
Donc,
M. le Président, vous voyez bien qu'il y a urgence d'agir. Vous voyez bien que
le gouvernement avait déjà proposé en
2012, à la suite, entre autres, du travail de Scott McKay comme député, d'avoir
un délai de trois ans. On le comprenait.
Mais là on ne fera pas comme mon oncle Mario, là, faire du temporaire
permanent. Il faut faire du permanent. On
n'est pas dans un chalet, on est au Parlement. Et moi, j'invite le gouvernement
et tous les collègues
à avoir cette vision.
Maintenant, que
s'est-il passé, cette semaine? Nous avons eu une commission parlementaire où on
a entendu différents groupes qui sont venus nous rencontrer sur ce projet de
loi n° 32. On a eu l'APCHQ, des constructeurs en habitations, là; on a eu également l'Union des producteurs agricoles; on
a eu effectivement le groupe Ouranos, dont a parlé le ministre; on eu le Regroupement national des
conseils régionaux de l'environnement du Québec; on a reçu également Nature Québec; nous avons reçu Canards illimités
Canada; le regroupement national des organismes des bassins versants du Québec; on a eu également le Commissaire au
développement durable, M. Cinq-Mars, qui est venu conclure, si on veut,
cette audition des différents groupes intéressés.
Nous
avons fait un travail sérieux, comme toujours. Il y a eu plusieurs éléments...
D'ailleurs, plusieurs groupes se sont
exprimés, au fond, non pas que sur la question du délai, donc, de trois ans qui
est proposé dans le projet de loi n° 32, mais ils sont venus se prononcer sur l'ensemble de l'encadrement
législatif des milieux humides. Ça démontre à quel point, M. le Président, c'est justement une nécessité, ça
démontre à quel point il y a déjà du travail de fait pour l'encadrement
des milieux humides.
En
gros, M. le Président... le ministre est allé un peu vite là-dessus, là, mais...
donc, nous avons reçu huit groupes, hein?
J'ai fait la liste il y a quelques secondes à peine. Nous avons reçu huit
groupes. Quatre sur huit ont dit clairement qu'ils proposaient une modification au projet de loi
n° 32 pour avoir un délai d'un an et non pas de trois ans. Quatre sur
huit, M. le Président. Moi, j'ai fait
sciences humaines sans maths au cégep, là. Je sais que le député de
La Peltrie connaît ça aussi, et
c'est la moitié, ça. Donc, quatre sur huit, la moitié ont proposé un an. Puis
ce n'est pas n'importe qui non plus : le Regroupement national des conseils régionaux de l'environnement, Nature
Québec, le regroupement national des organismes
de bassins versants et le Commissaire au développement durable, qui a été assez
sévère et même très clair sur l'importance d'avoir un délai d'un an.
Donc, quatre groupes sur un an.
Il
y en a trois, groupes, qui ont clairement dit que, pour eux, le... en tout cas,
ils étaient prêts évidemment à accepter un délai de trois ans, mais ils étaient prêts également à travailler
dans un délai plus court, incluant un délai d'un an. Ça, c'est l'Union des producteurs agricoles, Ouranos,
effectivement — le
groupe de recherche — et
Canards illimités Canada, qui ne se
sont pas prononcés formellement sur un délai précis, mais qui ont dit qu'ils
étaient d'accord pour travailler même si le délai était plus court,
incluant un délai d'un an.
Donc
là, on est rendus aux groupes qui
sont prêts à travailler dans un délai d'un an à sept sur huit, ça commence
à être pas mal, ça commence à être une large
majorité. Et il y a eu un groupe, les constructeurs en habitations du
Québec, qui ne s'est pas assez
prononcé, là, je dirais, sur le délai ni de... bien, eux, ils étaient très
satisfaits du délai de trois ans, mais
ils ne se sont pas nécessairement prononcés sur le fait qu'ils pourraient
accepter un délai d'un an également, mais ça ne
veut pas dire qu'ils ne pourraient pas travailler avec, parce
que, de toute façon, ils savaient que la loi aurait dû être adoptée
avant le 24 avril 2015. Donc, je pense
qu'avec un délai d'un an il n'y aurait pas de problème pour ce groupe-là également.
Donc,
grosso modo, M. le Président, sept groupes sur huit sont d'accord, dont quatre
ont dit clairement, comme recommandation, d'avoir un délai d'un an au lieu d'un délai de
trois ans. Alors, c'est assez significatif, M. le Président. Ça commence à ressembler pas mal à ce qu'on peut
décrire comme un consensus, là, hein,
quand on a sept groupes sur huit. Puis
on peut étirer un peu, puis, si on est capables d'avoir huit groupes sur huit
qui souhaitent avoir un délai plus court, moi, dans mon analyse, c'est
quand même un consensus pas mal large qui se dégage.
Parlant
de consensus, M. le Président, même sur le fond des choses, donc pour être
capables d'arriver rapidement à une
loi d'encadrement général sur les milieux humides, il y a aussi un consensus
qui se dégage dans le milieu. Il y a eu un groupe de travail, en 2013, qui a travaillé avec l'ancien... le
prédécesseur, là, l'ancien ministre de l'Environnement, où il y a eu beaucoup d'éléments qui ont été
dégagés justement pour arriver à cette loi d'encadrement général des milieux
humides. Il y a eu même un forum organisé
par les organismes de bassins versants, en décembre 2014, sur la question
aussi des milieux humides. Plusieurs groupes
y ont participé, incluant l'UPA, et avec des recommandations, des conclusions,
des consensus qui ont été dégagés de ce
forum. Ça, on ne remonte pas au Moyen Âge, là, c'était en décembre dernier,
donc il y a quelques mois à peine, où il y a eu ce forum des organismes de
bassins versants sur le dossier des milieux humides et où un consensus assez
large a été dégagé.
Donc, M. le
Président, moi, quand je regarde ça, je me dis : Le milieu est quand même
pas mal prêt; le milieu est disposé à
arriver avec quelque chose. Alors, s'il vous plaît, il ne faudrait pas reporter
de 100 % un délai déjà temporaire, transitoire. Je pense que, si on veut être
sérieux, si on veut respecter les ententes auxquelles le Québec a adhéré, comme
l'entente d'Aichi sur la conservation de la biodiversité, si on veut
respecter les propres plans d'action que le gouvernement
s'est donnés sur les changements climatiques, entre
autres sur la Stratégie gouvernementale de développement durable, il
faut arrêter de faire de la procrastination. Il faut rapidement
passer à l'action et adopter une loi d'encadrement général.
Je
comprends que le ministre nous dit, bon : Il y a
une vaste réforme qui s'en vient du côté des lois municipales.
Je le sais, j'ai été moi-même ministre des Affaires municipales, et nous avions largement commencé à travailler là-dessus, entre autres sur la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme, la Loi sur les compétences municipales.
Il y a une série de lois qui
touchent les municipalités. Il y
en a une centaine, de lois qui
touchent les municipalités. Ça ne veut pas dire que le ministre des Affaires municipales actuel veut modifier toutes les lois sur les municipalités, mais celles, en tout cas, qui concernent
les milieux humides, qu'on pense ne serait-ce qu'à l'aménagement et l'urbanisme, c'est une loi importante, effectivement.
Je
comprends également que le ministre
de l'Environnement nous dit : Il
faut voir aussi une réforme plus large du
régime d'autorisation en vertu de la Loi sur la qualité de l'environnement. Nous sommes bien, bien conscients de ça, mais il
y a moyen de marcher et de mâcher de
la gomme en même temps, il y a moyen... Les milieux humides ne peuvent plus attendre, M. le Président. Déjà depuis 22 ans, il y a eu 19 % des
milieux humides seulement dans les basses-terres du Saint-Laurent qui ont été affectés, qui ont été perturbés, comme on
dit. Alors, je pense qu'il ne faut plus attendre. Et nous avons eu quand même plusieurs intervenants
qui nous ont dit qu'il faut un signal politique, qu'il faut un engagement
politique ou il faut du courage politique,
là, et ce n'est certainement pas de reporter de trois ans un délai transitoire
qu'on va sentir ce courage politique. Nous avons besoin d'avoir un
signal plus fort pour mettre la machine en marche.
Et, quand je dis «la
machine», évidemment, je parle de l'administration publique. Je sais que
l'administration publique, quand elle a un
signal politique fort, elle est capable de se mettre en marche.
Particulièrement dans le cas des milieux humides, nous savons, M. le
Président, que... et ça a été dit d'ailleurs à plusieurs reprises lors des
auditions publiques, nous savons que les
fonctionnaires du ministère de l'Environnement ont plusieurs éléments dans
leurs cartons, plusieurs projets dans leurs cartons pour faire un régime
d'encadrement général des milieux humides. Nous sommes capables de travailler... Moi, j'offre ma collaboration au ministre pour
étudier rapidement le régime d'autorisation en vertu... les certificats
d'autorisation, là, en vertu de la Loi sur la qualité de l'environnement.
Vous
savez, c'est l'éternelle question. On commence par quoi, hein? C'est comme un
cercle vicieux, là. Est-ce qu'on est
mieux de commencer par la loi sur les milieux humides ou commencer par le
régime d'autorisation de la Loi sur la
qualité de l'environnement? C'est l'éternel dilemme, là, de l'oeuf ou la poule.
Et moi, je pense qu'il faut être capable de travailler ensemble. Il faut au moins se mettre en action. Ça va
faire en sorte que la machine sera capable de livrer la marchandise et de s'adapter également du côté des
affaires municipales et des autres lois concernées pour faire les adaptations
nécessaires. Puis, d'une manière ou d'une
autre, ce ne serait pas la première fois, dans un Parlement, qu'on pourrait
être interpellés par la suite si
jamais il y a d'autres modifications à faire dans d'autres lois sur les
affaires municipales, par exemple, ou en matière de transport, ou quoi
que ce soit, pour que nous puissions faire les adaptations après coup.
• (12 h 10) •
Mais
moi, je pense que, dans le milieu, dans le milieu du monde de l'environnement,
dans le milieu des affaires, dans le
milieu de l'habitation, dans le fond, qu'est-ce que le monde veut, hein? Qu'on
soit pour ou qu'on soit contre le délai de trois ans ou le délai d'un
an, les gens veulent un signal. Les gens veulent de la prévisibilité, les gens
veulent savoir où on s'en va. Bien,
prolonger pendant trois ans un délai transitoire, c'est de ne pas savoir où on
s'en va. On reste dans le flou, on reste dans le temporaire permanent.
Alors, il faut qu'on passe à quelque chose de plus sérieux que ça.
Donc,
de notre côté, M. le Président, évidemment, nous sommes en accord avec le
principe. Un peu comme le ministre,
hein, nous aussi, là, on aurait bien aimé être capables d'arriver avec quelque
chose, on aurait aimé mieux être capables
de discuter aujourd'hui d'un projet de loi d'encadrement général sur les
milieux humides, bien sûr. On aurait été beaucoup plus... Ça aurait été beaucoup plus positif, ça aurait donné un
signal. Donc, on est d'accord avec le principe, considérant le contexte, de reporter le délai. Mais après l'adoption de
principe, évidemment, nous allons nous retrouver en commission parlementaire pour l'étude article par article de ce
projet de loi. Article par article... Il y a deux articles, là, mais on
comprend qu'il y a un article qui est le coeur du projet, qui est le délai en
lui-même. Alors, c'est évident, M. le Président, que nous allons examiner
attentivement avec le ministre — et je souhaite évidemment qu'il puisse
collaborer — avec
également la deuxième opposition, M. le Président, pour qu'on puisse raccourcir
ce délai-là.
Moi,
je vous dis qu'il y a... bien, il y a eu plusieurs interventions en ce sens en
commission parlementaire. Je vous ai
dit tout à l'heure : Quatre sur huit très clairement, trois autres qui
sont prêts à travailler dans un délai d'un an. Mais il y a une intervention qui a été marquante, et là on ne
pourra pas l'accuser de faire le jeu d'un parti ou de l'autre ou on ne pourra
pas dire : Ah! c'était arrangé avec le
gars des vues, ou : C'est un écolo radical. C'est le Commissaire au
développement durable, qui est une instance du Vérificateur général, M.
le Président. Puis on le connaît, M. Cinq-Mars, là, il n'a pas l'habitude d'avoir la langue dans sa poche. Puis
en général... bien, pas en général, là, tout le temps, ses recommandations
puis ses rapports sont très suivis et très bien appréciés par l'ensemble des
intervenants médiatiques ou du monde de l'environnement.
Et M. Cinq-Mars est très clair, il
nous dit : Ça nous prend un délai d'un an, ça va nous prendre un délai d'un an pour être capable d'adopter rapidement
un projet de loi d'encadrement général sur les milieux humides. Alors,
moi, je veux bien, là, qu'on dise : Ah! bien, on va se donner encore du
temps, puis il faut bien travailler. Bien, on est capables de bien travailler, on l'a toujours démontré qu'on est
capables de bien travailler. Alors, moi, je pense que cette intervention de M. Cinq-Mars, le Commissaire au développement durable, a été une intervention déterminante; les autres
également, mais c'est parce qu'il est arrivé à la fin en plus. Il a fait comme...
on dirait qu'il a fait une synthèse, au fond, de tout ce qu'on avait entendu durant les auditions. Il est arrivé en
disant : Bien, un an, voyons donc! On va être capables de travailler. En plus, c'est le Commissaire au développement durable. Alors, moi,
j'invite les parlementaires, au premier lieu, le ministre, à bien
écouter ce que le Commissaire au développement durable nous dit.
Et, dans cet esprit-là,
évidemment, je répète, nous sommes favorables au principe du projet de loi
n° 32, mais évidemment, en commission
parlementaire, nous allons faire des propositions pour raccourcir le délai dans
le sens notamment proposé par le
Commissaire au développement durable. Je pense que ça enverrait un signal à
l'effet que nous sommes capables de travailler dans le respect des
milieux humides. Parce que, dans le fond, c'est tout ce qui nous intéresse, M. le Président, ici, hein, sur ce
projet de loi là. Ça ne nous tente pas de parler de délais, on n'est pas élus,
nous autres, nous, comme députés,
pour parler d'un délai plutôt qu'un autre, on est là pour, aujourd'hui,
protéger les milieux humides.
Alors, si on
veut être sérieux dans cet objectif, si on veut être sérieux dans notre
principe de protéger le mieux possible
dans le souci de la biodiversité, dans le souci de la lutte aux changements
climatiques, si on veut être sérieux dans
cette préoccupation et dans cette priorité de protéger les milieux humides, je
crois, nous croyons, du côté de l'opposition officielle — et je ne
veux pas scooper mon collègue de Borduas, mais je pense qu'il va aller un peu dans
le même sens que moi du côté de la
deuxième opposition — nous
souhaitons être plus actifs, ne pas tomber dans le temporaire permanent comme mon oncle et son chalet, mais travailler
dans le sens de la protection rapide de la biodiversité des milieux humides,
d'avoir un délai beaucoup plus rapproché. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député
de Jonquière. Je cède maintenant la parole à M. le député de Borduas.
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette :
Merci, M. le Président. Il me fait plaisir d'intervenir sur le débat sur
l'adoption de principe pour le projet
de loi n° 32. M. le Président, le projet de loi n° 32, vous le savez,
c'est la Loi modifiant la Loi concernant des mesures de compensation pour la réalisation de projets affectant un
milieu humide ou hydrique afin d'en prolonger l'application. Ce qui est toujours
intéressant, M. le Président, c'est de connaître les dispositions législatives sur lesquelles
nous allons débattre, nous allons voter, nous allons travailler en commission
parlementaire. On est ici aujourd'hui à l'adoption
de principe, M. le Président, mais vous savez que nous avons tenu les auditions
particulières avec les huit groupes que
nous avons entendus. Et puis, en fait, une fois que l'adoption du principe sera
effectuée, M. le Président, nous nous dirigerons
à l'étude détaillée et nous aurons à nous pencher sur les deux articles du
projet de loi. Donc, le projet de loi se lit comme suit : Le
Parlement du Québec décrète ce qui suit — l'article 1 :
1. L'article
5 de la Loi concernant des mesures de compensation pour la réalisation de
projets affectant un milieu humide ou
hydrique (chapitre M‑11.4) est modifié par le
remplacement de «24 avril 2015»
par «24 avril 2018» — deuxième
alinéa :
Le premier alinéa a effet depuis le 24 avril
[2014].
2. La présente loi entre en vigueur le (indiquer
ici la date de la sanction de la présente loi).
Donc, vous
constaterez, M. le Président, que c'est une loi qui est très courte et qui vise
véritablement à prolonger, comme l'a
mentionné le ministre, comme l'a mentionné le député de Jonquière, le régime
transitoire qui est en vigueur depuis
le 24... en fait, la sanction de la loi du mois de mai 2012, qui avait été
sanctionnée par le lieutenant-gouverneur.
Donc, ce qu'on vient faire, c'est prolonger le
régime transitoire pour une période supplémentaire de trois ans, régime
transitoire qui avait été instauré dans le projet de loi n° 71, en 2012,
par l'ancien ministre du Développement durable,
de l'Environnement et des Parcs qui est actuellement député de Mont-Royal et
ministre des Ressources naturelles. Et
donc, en fait, M. le Président, le projet de loi avait été sanctionné le 23 mai
2012, le projet de loi n° 71, pour votre information.
Donc, cette
loi-là s'intitulait comme suit, elle vient à échéance, vous le savez, le 24
avril 2015, Loi concernant des
mesures de compensation pour la réalisation de projets affectant un milieu
humide ou hydrique. Et cette loi sanctionnée comptait six articles, M. le Président. Donc, ce qu'on vient faire, on
vient modifier le régime transitoire, ajouter un délai supplémentaire de trois ans. Mais c'est
intéressant de connaître quel est le contenu de la loi sur laquelle on se
penche, parce que nous sommes véritablement
dans le cadre d'un régime transitoire présentement. Et ce que le ministre
propose, c'est de prolonger ce régime
transitoire, mais ce sont les dispositions de cette loi-là qui vont gouverner
le ministère de l'Environnement dans l'émission de ses certificats
d'autorisation, qui vont gouverner également le milieu agricole, le milieu sylvicole, le milieu forestier, le milieu
des constructeurs d'habitations. Donc, c'est fondamental de savoir quelles
dispositions s'appliquent.
Donc, l'article 1 : «Pour l'application de
la présente loi, on entend par :
«1° milieu humide : un étang, un marias, un
marécage ou une tourbière;
«2° milieu hydrique : un lac ou un cours
d'eau à débit régulier ou intermittent.»
L'article 2.
«Dans le cas d'une demande d'autorisation faite en vertu de l'un ou l'autre des
articles 22 et 32 de la Loi sur la
qualité de l'environnement — Lois refondues du Québec — ([...] chapitre Q-2) pour un projet affectant un milieu humide ou hydrique, le ministre du Développement durable, de
l'Environnement et des Parcs peut exiger du demandeur des mesures de compensation visant notamment la
restauration, la création, la protection ou la valorisation écologique
d'un milieu humide, hydrique ou terrestre; dans ce dernier cas à proximité d'un
milieu humide ou hydrique.»
Deuxième
alinéa. «Une mesure de compensation ne donne lieu à aucune indemnité. La mesure
de compensation doit faire l'objet
d'un engagement écrit du demandeur et elle est réputée faire partie des
conditions de l'autorisation ou du certificat d'autorisation.»
Article 3, M. le Président. «Est valide et ne
donne lieu à aucune indemnité toute mesure de compensation qui a été prévue pour la délivrance, avant le 12 mars
2012, d'un certificat d'autorisation ou d'une autorisation en vertu du
chapitre I de la Loi sur la qualité de l'environnement pour un projet affectant
un milieu humide ou hydrique.»
Article
4. Les articles 1 et 2 ont effet depuis le 24 avril 2012.
Article
5. L'article 2 cesse d'avoir effet le 24 avril 2015 sauf si à cette date une
loi prévoyant des règles concernant la
conservation et la gestion durable des milieux humides et hydriques et
proposant l'abrogation de cet article a été sanctionnée; dans ce dernier
cas, l'article 2 cesse d'avoir effet à la date de la sanction de cette loi.
6. La présente loi
entre en vigueur le 23 mai 2012.
Donc,
concrètement, M. le Président, vous
pouvez constater qu'à l'article 5 de la loi originale de 2012 on prévoyait
déjà... c'était dans l'esprit du ministre de
l'époque de pouvoir adopter une loi avant la fin du régime transitoire. Et ce
que le ministre de l'Environnement,
du Développement durable et de la Lutte aux changements climatiques propose,
c'est encore de le prolonger pour une
période de trois ans. Donc, l'esprit du législateur à cette époque-là, c'était
véritablement de réussir à faire le travail à l'intérieur d'un délai de
trois ans.
• (12 h 20) •
Je
comprends ce que le ministre nous dit, que nous devons consulter. Il y a déjà
eu des consultations qui ont été faites.
Il y a eu un changement de gouvernement, le député de Jonquière y a référé
également. La machine administrative du
ministère de l'Environnement existe toujours et, heureusement, dans la plupart
des cas maintenant dans l'administration publique québécoise, il y a beaucoup moins de politisation que l'on
pouvait en avoir à une certaine époque au Québec. Donc, manifestement, il y a du travail qui a été
effectué par ces individus-là et il faudrait le prendre en considération. Et surtout
le délai de trois ans nous apparaît une trop longue période. On doit être
capables de travailler à l'intérieur d'un an, surtout
pour la question de la prévisibilité, et arriver avec un nouveau régime à l'intérieur d'une année. Et je pense qu'il faut regarder ce qui a été fait auparavant,
ce qui a été fait sous l'ancien gouvernement, ce qui a été fait aussi sous le gouvernement
de la 39e législature avec son collègue de Mont-Royal. Donc, c'est important de
se pencher...
Et,
M. le Président, vous me permettrez de faire un aparté en ce qui concerne la question des délais. Au feuilleton, là, de ce jour, à la page 5, l'article 14, le projet de loi n° 195, déposé par mon
confrère le député de Nicolet-Bécancour, la Loi modifiant la Loi sur les compétences municipales afin de
permettre aux municipalités régionales de comté d'exécuter certains travaux sans délai... Donc, cette loi, M.
le Président, a été présentée à cette Chambre le 25 septembre 2014, et l'objectif
de cette loi, M. le Président, est d'assurer, dans l'éventualité où il y a des
inondations, que les municipalités puissent
faire les travaux requis. Donc, au moment où, vous savez, c'est le dégel
présentement, cette loi est d'une importance capitale et primordiale et on souhaite que le gouvernement l'appelle
rapidement de façon à ce que les municipalités puissent effectuer les
travaux.
Donc, lorsqu'on parle d'efficacité et de rapidité
de consulter l'ensemble des partenaires qui souhaitent participer, bien, j'en appelle au ministre, M. le Président,
et au leader du gouvernement, d'appeler ce projet de loi là, dans un esprit
d'ouverture, parce que vous savez que
l'importance, pour les municipalités, lorsqu'il y a des inondations ou des
débordements sur plusieurs rivières,
bien, ça devient problématique au niveau... c'est de la gestion de crise et il
faut donner les outils aux
municipalités pour réussir à résoudre ce genre de situation. Et j'espère que le
ministre entend cette main tendue parce qu'il s'agit véritablement de donner des outils aux municipalités.
D'autant plus qu'un des objectifs du gouvernement qui est en place présentement est de décentraliser les
pouvoirs vers les municipalités. Donc, je pense, ça serait un bon signe pour
les municipalités d'appeler ce projet de loi
rapidement, considérant la période du dégel qui va avoir cours au cours des
prochaines semaines et des prochains jours.
Vous savez, l'hiver a été long, mais semblerait-il que nous nous dirigeons
enfin vers le printemps.
Donc,
vous n'êtes pas sans savoir, M. le Président, que les milieux humides sont
d'une importance capitale pour la biodiversité, et il s'agit aussi de trouver
un équilibre entre le ministère de l'Environnement, entre les différents
acteurs du milieu socioéconomique, entre l'application des politiques
gouvernementales, des lois et des règlements qui vont favoriser le maintien des milieux humides, mais aussi le développement
économique. Donc, on est dans une situation de balance, mais il faut avoir un régime global, et tout ça peut se faire,
M. le Président, à l'intérieur d'un délai d'un an, c'est ce que nous disons au ministre. Le délai de trois ans
est beaucoup trop long pour réaliser les consultations, et je suis convaincu
qu'avec les ressources dont dispose le
ministre il va être en mesure de réaliser une consultation cohérente, globale,
intégrée, à l'intérieur d'une année.
Et d'autant plus que les différents groupes, comme l'a souligné le député de
Jonquière, bien, semblaient à l'aise avec un délai d'un an.
Parmi
les groupes que nous avons rencontrés, nous avons rencontré l'Association provinciale
des constructeurs d'habitations du
Québec, l'Union des producteurs agricoles, le consortium Ouranos, le
Regroupement national des conseils régionaux
de l'environnement du Québec, Nature Québec, Canards illimités Canada, le
Regroupement des organismes de
bassins versants du Québec, ainsi que le Vérificateur général — la Vérificatrice générale du Québec, M. le
Président, devrais-je dire, plutôt,
parce que sa nomination a été officialisée au cours des dernières semaines,
nous la félicitons d'ailleurs pour cette nomination — ainsi
que le Commissaire au développement durable, M. Cinq-Mars.
Donc,
l'important pour savoir, M. le Président, pourquoi on est rendus à cette
étape-ci, en cette Chambre, pour faire
l'adoption de principe du projet de loi, c'est de savoir en fait pourquoi on
est dans un régime transitoire. Bien, tout ça débute, M. le Président,
en 2012, dans la foulée d'un jugement de la Cour supérieure qui a été rendu par
l'honorable juge Martin Dallaire. Donc, ce
jugement-là, M. le Président, était défavorable au ministère du Développement
durable, de l'Environnement et des
Parcs parce que la directive en place ne respectait pas, selon le tribunal, les
principes d'habilitation législative.
Donc,
à cette époque-là, M. le Président, le gouvernement libéral avait fait adopter
en toute hâte le projet de loi n° 71 instaurant la Loi concernant des mesures de compensation pour la
réalisation de projets affectant un milieu humide ou hydrique. Donc, je vous l'ai mentionné tout à
l'heure, cette loi validait rétroactivement toutes les mesures de compensation
exigées des entreprises depuis des années.
C'est
intéressant à noter, M. le Président, que, dans le projet de loi qui avait été
soumis par le député de Mont-Royal, à
l'époque ministre du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs, la
loi vise uniquement les mesures de compensation, donc on ne parle pas des mesures qui
visent à éviter de perdre des milieux humides ou de minimiser... Donc, les deux premiers pans de la directive
administrative du ministère de l'Environnement n'avaient pas été touchés dans
le cadre du projet de
loi n° 71. Donc, il y a une nette distinction à faire. Ce qu'on vise
dans le projet de loi n° 71 mais en fait qui a été adopté, cette loi a été adoptée, c'était
le volet compensation, donc de donner le pouvoir... l'habilitation législative
au ministre d'avoir un outil pouvant exiger
la compensation. Et, on va voir, cette notion est importante, parce que, dans
le jugement de la Cour d'appel dont
on va discuter tout à l'heure, on fait la nuance entre les deux, et la Cour
d'appel ne s'est pas penchée sur cet aspect du dossier parce que le législateur
avait réagi en 2012 suite au jugement de la Cour supérieure.
Donc, pour mieux comprendre le contexte dans
lequel a été déposé le projet de loi n° 32, je crois qu'il est
important de savoir pourquoi nous en sommes rendus là et de rappeler les faits
concernant le jugement de 2012.
Donc, ce
jugement-là, M. le Président, il faut le dire, que ça avait des répercussions
dans l'ensemble du Québec. Un producteur de canneberges a obtenu
l'annulation d'une directive du ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs sur la protection des
milieux humides en vigueur depuis 2006. Et puis l'APCHQ l'a souligné au
moment de son intervention, M. le Président, on est depuis 10 ans dans ce
régime-là de protection, de conservation, de minimisation des impacts sur les milieux humides au niveau des
constructions, au niveau du milieu agricole, au niveau du milieu sylvicole, c'est important. Dans le
fond, on a constaté, au début des années 2000, qu'il y avait une problématique.
Reste à arrimer, dans le fond, l'ensemble
des acteurs à cette gestion des milieux humides, cette protection-là afin de
les préserver, parce que, dans une
logique de changements climatiques, ces milieux humides là ont un impact
important sur l'écosystème, sur la biodiversité.
Donc, si je reprends, M. le Président, en 2012,
la Cour supérieure a estimé que le ministère violait le droit de propriété tel que garanti par la Charte des droits
et libertés en exigeant des promoteurs de compenser la perte de milieux humides, par exemple, en donnant aux fins de
conservation un terrain d'une valeur écologique comparable. Cette façon de
faire avait été instaurée dans une directive
de 2006 par le ministère de l'Environnement. Elle avait été utilisée des
centaines de fois depuis cette époque.
Il faut dire,
M. le Président, que pour... le juge a été saisi de la cause Les Atocas de
l'Érable inc. contre le Procureur général
du Québec en qualité du ministre du Développement durable, de l'Environnement
et des Parcs. Et cette entreprise-là du
Centre-du-Québec devait demander un certificat d'autorisation et, depuis 2008,
tentait d'obtenir un certificat d'autorisation du ministère du Développement durable, avait déposé, je crois, une
quinzaine de demandes, avait modifié ses demandes pour répondre aux
exigences du ministère, et, en 2011, cette entreprise avait pris un recours en
mandamus contre le ministère du
Développement durable. Nous allons voir tout à l'heure, M. le Président, qu'il
y a plusieurs faits intéressants dans
ce jugement et sur la démarche qui avait été entreprise, mais concrètement la
requête qui avait été présentée était une requête en mandamus et avait
des conclusions qui ont été analysées par le juge Dallaire sous une perspective
de jugement déclaratoire.
• (12 h 30) •
Donc, grosso
modo, M. le Président, l'honorable juge Dallaire a donc annulé la directive
parce qu'elle ne s'appuyait sur
aucune loi et aucun règlement et n'avait pas d'assise législative. La Loi sur
la qualité de l'environnement ne prévoyait pas, avant l'adoption du projet de loi n° 71 et... bien, en
fait, qui s'en est suivi, des questions de compensation en cas de
destruction, non plus les règlements sur la Loi de qualité de l'environnement
ne visaient pas cela également.
Ainsi, comme je l'ai dit plus tôt, M. le
Président, le gouvernement libéral avait alors fait adopter le projet de loi n° 71 en toute hâte afin de valider rétroactivement toutes les mesures de
compensation exigées des entreprises depuis plusieurs
années. Concrètement, M. le Président... Puis, cette semaine, j'ai eu l'occasion
de vous entretenir à propos du pouvoir
du législateur et à quel moment le législateur doit-il intervenir, et on a eu un bon exemple en 2012, si on fait un
parallèle avec le projet de loi n° 37, M.
le Président, où, suite à un vide
juridique qui a été décrété par le tribunal, bien, le législateur était
intervenu pour mettre en place un régime transitoire dans l'attente d'avoir un
véritable régime. Le projet de loi n° 37, lui, c'est le contraire, en fait, ce qu'il
fait, M. le Président. Le projet
de loi n° 37, lui, vient, comme
l'a mentionné encore ce matin le leader du gouvernement, réaffirmer l'État de droit. Bien, si c'est ça,
l'état du droit, puis il n'a pas été invalidé, il n'y a pas de nécessité
d'adopter une nouvelle législation.
Ceci étant dit, M. le Président, le ministre de l'époque reconnaissait toutefois
que le projet de loi n° 71 n'était pas la solution miracle à toute la problématique de la protection des milieux humides au Québec
et qu'il serait nécessaire de revenir
avec une politique plus substantielle. Donc, M. le Président, le député de Mont-Royal s'était donné trois ans pour le faire, pour trouver une solution durable et viser l'objectif
de zéro perte nette des milieux humides. C'est pourquoi il avait prévu une clause crépusculaire accordant une date
de péremption au programme de compensation des milieux humides au
24 avril 2015 par le biais de ce projet de loi n° 71 là.
Vous
conviendrez avec moi, M. le Président, que la présence d'une clause
crépusculaire, dans un projet de loi, n'est
pas fréquente, c'est un outil que le législateur se sert pour dire : Bien,
écoutez, je me donne le temps de limiter la validité, la période de la loi et, dans l'objectif d'adopter une
nouvelle législation, de dire : Bien, c'est véritablement un régime
transitoire. Et là ce qu'on fait, c'est qu'on vient seulement ramener cette
clause transitoire là dans le projet de loi
n° 32 pour repousser à nouveau, donc. On devrait utiliser ce genre d'outil
là de façon restreinte et avec davantage de parcimonie, d'autant plus que le délai de trois ans qui est demandé, à
terme ça va nous amener sur un délai de six ans au total.
Je comprends
l'intention du ministre d'aller plus rapidement, et c'est notre intention
également, puis je ne doute pas de
ses efforts pour réussir à l'intérieur d'un délai beaucoup plus rapide, mais ce
que nous lui disons, c'est qu'en réalisant une concertation avec tous les acteurs nous serions en mesure, à
l'intérieur d'un an, de réaliser cette analyse, et je suis convaincu
qu'il pourrait nous arriver avec un plan concret, d'autant plus que ça permet,
dans le cadre de la situation dans laquelle
nous sommes présentement en cette Assemblée, d'assurer un plus grand contrôle
aussi sur les actions du gouvernement.
Donc,
ce que je dis au ministre, M. le
Président, c'est que, dans la loi,
nous devrions accorder un délai d'un an, et qu'il procède aux
consultations, et qu'il vienne nous rendre compte de l'état de son travail, de
son avancement à l'intérieur d'un délai d'une année, de sorte à ce que nous
puissions contrôler l'action gouvernementale effectuée par ce gouvernement. Et j'ose espérer que le tout pourrait être fait à l'intérieur d'une année, le projet de loi complet déposé, et surtout si le ministre
souhaite l'intégrer à l'intérieur de la réforme qu'il propose au niveau de la
Loi sur la qualité de l'environnement et, selon son échéancier, qui devrait
être à l'étude cet automne, à l'automne 2015.
Donc, lors de
l'adoption du projet de loi n° 71, il y
avait des groupes, M. le Président, qui avaient souligné l'intérêt
à intégrer les mesures de compensation à l'intérieur de l'article 22 de la Loi sur la qualité de
l'environnement et des mesures de
compensation. Ainsi, si le ministre décide de choisir cette voie, bien, ça va être tout à fait opportun de le réaliser dans l'étude
de la modernisation de la Loi sur la qualité de l'environnement. Et le ministre
a déjà annoncé qu'il présenterait un
livre vert à cette Assemblée au cours des mois d'avril ou mai, je crois. Donc,
on est déjà en processus pour le régime général des certificats d'autorisation, il serait tout à fait logique de jumeler, à
l'intérieur de ce délai et de cette
démarche, la question et la gestion des milieux humides, qui sont directement liées à l'émission des certificats d'autorisation en vertu de l'article 22 de la loi et qui exigent, pour réaliser
des travaux, dans la majorité des cas — il y a certaines exceptions, là, en
vertu du règlement d'application — un certificat d'autorisation.
Donc, la loi
n° 71, qui est en vigueur encore quelques semaines, donc jusqu'au
24 avril 2015, M. le Président, donne au ministre le pouvoir habilitant lui permettant, dans les cas
d'une demande d'autorisation en vertu de l'article 22 de la Loi sur la qualité de l'environnement,
d'exiger de la personne qui demande le certificat d'autorisation des mesures
de compensation. Donc, je vous l'ai dit, il
s'agit d'une solution temporaire qui doit prendre fin le
24 avril 2015. Entre-temps, le
ministère devait élaborer une loi plus durable, globale et intégrée, et on
constate aujourd'hui, là, que le ministère n'a pas pu fournir au ministre une loi contenant l'ensemble de ces
recommandations ou un projet de loi qui serait venu répondre à cette
problématique-là de gestion au niveau des milieux humides.
Mais, M. le
Président, dois-je vous rappeler quand même que le gouvernement qui dirige la
province présentement va célébrer son
premier anniversaire le 7 avril 2015, et notre approche de permettre
au ministre d'avoir une année supplémentaire, jusqu'au
24 avril 2016, est une approche pondérée qui permettrait à ce
gouvernement de consulter l'ensemble des
groupes et de se baser, entre autres, sur une partie du travail qui a été déjà
faite, et nous y reviendrons tout à
l'heure, notamment par la Pre Lavallée, de l'Université Laval, professeure
titulaire à la Faculté de droit de l'Université Laval, ainsi que Mme Stéphanie Pellerin et Mme Monique Poulin, également
de l'Université Laval, qui sont des docteures en biologie, je crois?
Donc,
qu'est-ce qu'une mesure de compensation, M. le Président? Bien, une mesure de
compensation, ça vise notamment la restauration, la création, la
protection ou la valorisation écologique d'un milieu humide, hydrique ou terrestre, dans ce dernier cas à proximité d'un
milieu humide ou hydrique. Ainsi, le projet de loi n° 32 vise à reconduire
jusqu'au 24 avril 2018, je vous
l'ai déjà mentionné, la mesure temporaire afin d'accorder au ministre le
temps d'effectuer de nouvelles consultations et de proposer un nouveau
programme. Je vous l'ai dit, ce délai-là est trop long pour nous.
J'y ai fait référence un peu tout à l'heure, M.
le Président, au jugement de la Cour supérieure. Eh bien, le Procureur général, en sa qualité de représentant du
ministre du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs — vous conviendrez avec moi que les noms
changent assez souvent au niveau des ministères — donc, le Procureur général, en cette qualité-là, a porté en appel le
jugement rendu par l'honorable juge Dallaire, et la Cour d'appel du Québec a
rendu jugement en date du 18 octobre 2013.
Donc,
vous serez intéressé, M. le Président, de savoir que la juge en chef siégeait
lors de cet appel, Mme Duval Hesler, ainsi
que les honorables juges Guy Gagnon, ancien juge en chef de la Cour du Québec,
ainsi que l'honorable juge Jean Bouchard. Donc, le tribunal, la Cour d'appel, a annulé en partie le jugement de la
Cour supérieure, et à noter qu'il s'agissait d'un jugement divisé. Donc, deux juges sur trois ont
annulé... bien, en fait, ont renversé le jugement de première instance, et,
pour la majorité, c'était le juge Jean Bouchard qui a rédigé, appuyé de
l'honorable juge Gagnon.
Donc, ceux-ci ont confirmé dans le jugement que
le ministère peut se donner des directives qui l'aide dans sa prise de décision sans que ces directives aient
notamment une force obligatoire, donc, en ce qui concerne les concepts
d'éviter et de minimiser. Parce que, je vous l'ai mentionné tout à l'heure, M.
le Président, la Cour d'appel, dans cette question-là,
en raison du caractère théorique, parce que le gouvernement de l'époque a
adopté le projet de loi n° 71, eh bien, la question de la
compensation n'était plus une question en litige, puisque le législateur était
venu régler cette question-là suite à
l'adoption de la loi au 24 avril 2012. Donc, la Cour d'appel avait à
se pencher sur la directive au niveau
de
deux niveaux... en ce qui concerne deux niveaux, le premier étant les mesures
d'évitement et les secondes au niveau
de minimiser l'impact sur les milieux humides.
Donc, dans le
litige, la directive attaquée énonçait qu'avant d'autoriser une entreprise à
détruire un marais, un marécage ou
une tourbière, le ministère du
Développement durable, de l'Environnement, de la Faune et des Parcs pouvait exiger que celle-ci fasse preuve
que la destruction ne pouvait être évitée et qu'elle était minimisée. Le
jugement de la Cour d'appel a donc indiqué
la voie à la réforme de la protection des milieux humides, reconnaissant le
pouvoir du ministre d'établir des
conditions d'intervenir pour protéger ces milieux. Donc, la Cour d'appel a
ouvert une porte au ministère,
notamment sur le plan juridique.
• (12 h 40) •
Ainsi, nous
aurions pensé, suite à ce jugement... Et on comprend les changements de
gouvernement successifs, mais n'en demeure
pas moins que, le fruit des réflexions qui ont été effectuées par les
différents rapports dont je vous ai mentionné les auteurs ainsi que les
phases de consultation qu'il y a eu avec l'ancien ministre de l'Environnement
du Parti québécois et ancien député de
Johnson, eh bien, on aurait pensé qu'il y aurait déjà eu des travaux et que le
projet de loi aurait été fait. Et ça a surpris certains groupes qu'on a
entendus en commission parlementaire, notamment le Commissaire au développement durable qui a qualifié
d'hémorragie la situation des milieux humides, leur protection, et que
le délai d'un an est tout à fait raisonnable.
Donc,
actuellement, on est dans un régime où... Et le ministre l'a exprimé, il
souhaite se donner un délai de trois ans encore pour y réfléchir. Mais, l'importance de la prévisibilité,
l'importance aussi d'envoyer un message clair aux différents milieux qui sont gouvernés par... qui sont
concernés par la question des milieux humides, bien, il faut s'assurer d'avoir
un cadre clair, précis, et penser pour
s'assurer... Mais il n'y a rien qui nous garantit, M. le Président, qu'au bout
d'un délai de trois ans le ministre
ne reviendra pas et dirait : Bien, écoutez, mes phases de consultation ne
sont pas encore terminées, et donc je vais requérir à nouveau la
poursuite du régime transitoire.
En limitant
ce délai-là à une année, on peut s'assurer d'avoir un certain contrôle,
d'assurer au milieu un message fort
et clair pour dire : Écoutez, on va faire tous les efforts pour réussir à
coordonner, à consulter l'ensemble des groupes, l'ensemble des municipalités à l'intérieur de ce délai-là d'une année et
d'arriver avec une proposition concrète, qui, elle, va faire l'objet aussi d'une consultation. Et, je
vous le répète, M. le Président, pourquoi ne pas l'insérer à l'intérieur du
cadre général de la modernisation de la Loi
sur la qualité de l'environnement? D'autant plus qu'il existe une certaine
urgence à assurer la protection des
milieux humides, tout en... je vous le rappelle, en consultant les différents
groupes, les différentes industries, en assurant un équilibre de façon à
assurer un développement économique durable.
Donc, il y a
plusieurs groupes qui ont déjà été consultés, M. le Président, dans le cadre
des consultations préalables. À cet
effet, Nature Québec nous a d'ailleurs fourni un document qui avait été envoyé
à l'ancien député de Johnson en avril 2013
et qui réalisait une mise en contexte de la problématique des milieux humides.
Donc, il y avait déjà eu un certain travail
qui avait été fait par le député de Mont-Royal à l'époque où il était ministre,
et par la suite le dossier a été repris par le ministre de l'Environnement du Parti québécois. Et le ministre actuel
de l'Environnement, du Développement durable et de la Lutte aux changements climatiques, j'en suis sûr, s'est penché
aussi sur la question, mais requiert un peu plus de temps, considérant aussi, j'imagine, l'étendue de
son ministère, l'importance aussi, dois-je le rappeler, M. le Président, que ce
ministère doit occuper à l'intérieur du gouvernement aussi, et nous aurons
l'occasion de parler de ce sujet lors de l'étude des crédits qui auront
lieu prochainement.
Et il y a
beaucoup de groupes aussi qui sont venus mentionner, en commission
parlementaire et lors de la stratégie aussi,
de développement durable du gouvernement à mettre en place pour 2016-2020...
qui ont fait état des moyens limités du ministère du Développement durable.
Donc, il y a une question à se poser aussi de l'autre côté de la Chambre à
savoir quel est le rôle que l'on veut
donner au ministère de l'Environnement. Et j'ai hâte d'entendre mon collègue et
d'étudier les crédits que le
président du Conseil du trésor va lui avoir... bien, enfin, que le ministre des
Finances, en collaboration avec le président du Conseil du trésor, va
lui avoir attribués.
Donc, on
comprend qu'on veut approfondir les connaissances en lien avec les milieux
humides que nous avons, que le
gouvernement veut avoir un cadre clair. C'est ce que nous souhaitons également,
mais le tout à l'intérieur d'un délai
réduit. Parce qu'on prolonge de 100 % ce délai-là. On a suggéré
d'établir... d'éclaircir les définitions, mais on constate aussi qu'il y a un travail sérieux qui a déjà été
fait. On ne part pas de... on ne repart pas à neuf, selon l'expression, M. le
Président, il y a déjà de la caractérisation
qui a été effectuée au niveau de la qualification des définitions des
différents milieux humides, des
tourbières et des différents concepts en lien avec les milieux humides. Et les
groupes ont déjà été consultés aussi,
M. le Président, ont déjà eu l'occasion de s'exprimer. Je comprends que le
ministre veut faire une seconde phase de consultation, ce qui est une
bonne chose, mais on considère que le tout peut être fait assez rapidement à
l'intérieur d'une année.
Je vous le disais, M. le Président, avec la
réforme de la Loi sur la qualité de l'environnement, nous avons une occasion
exceptionnelle de jumeler les deux projets de loi, d'autant plus que les
milieux humides vont faire partie intégrante...
bien, doivent faire partie intégrante d'une modification à la Loi sur la
qualité de l'environnement. Surtout que,
dans le cadre de l'approche globale, cohérente, rigoureuse proposée par le ministre,
eh bien, le tout s'inscrit d'une façon cohérente avec cette analyse-là,
avec cette modernisation de cette réforme.
Je vous
dirais, M. le Président, qu'en commission
parlementaire le ministre
m'a reproché d'avoir utilisé le terme «urgence», «urgence d'agir», en ce
qui concerne la protection des milieux humides. Je vous dirais, M. le
Président, qu'il y a plusieurs groupes qu'on
a entendus qui ont parlé aussi de cette urgence-là. Et je ne pense pas que le
ministre peut nier ce fait, parce
qu'un membre de son gouvernement, en l'occurrence le ministre des Ressources
naturelles, à l'époque avait adopté en toute urgence le projet de loi
n° 71 pour assurer le maintien du régime de compensation des milieux humides. Donc, concrètement, M. le Président, son
propre gouvernement de l'époque... Vous conviendrez avec moi que le député de Viau ne siégeait pas à cette époque-là
au Parlement, mais il fait partie de la même formation politique. Et donc
c'était dans cette optique-là que le gouvernement de l'époque avait adopté le
projet de loi n° 71, pour éviter ce vide juridique
et arrimer, en fait, la protection des milieux humides et aussi les mesures de
compensation qui avaient été exigées par son ministère au cours des
dernières années.
Donc, il y a
un constat à dresser, M. le Président, c'est que nos milieux humides
disparaissent à vue d'oeil, et les mesures
de compensation actuelles ne sont pas adéquates. Entre le
1er avril 2013 et le 31 mars 2014, donc sur une période
d'une année, plus de 100 dossiers ont été traités pour l'équivalent de
670,56 hectares de superficie en compensation. Par contre, M. le Président, la majorité des
compensations visent la protection de milieux terrestres en bordure de milieux
humides et très peu visent la création ou la restauration de milieux humides.
Le rapport
Pellerin et Moulin, commandé par le ministère et publié en avril 2013,
donc sous l'ancien gouvernement, qui,
par ailleurs, devait présenter une loi à cet effet... Peut-être que le travail
aurait dû être fait plus rapidement ou mettre davantage d'accent sur ce
dossier important. On ne commencera pas à faire le procès des gouvernements qui
se sont alternés, mais ce qu'il faut dire,
M. le Président, c'est que les docteures
en biologie Mme Pellerin, Mme Poulin ainsi que Mme Lavallée, professeure titulaire à la
Faculté de droit à l'Université Laval, ont fait un travail sérieux et qu'il y avait
déjà une base de
travail qui avait été effectuée et sur laquelle à la fois le gouvernement en place ou l'ancien gouvernement
auraient pu se baser et véritablement réaliser la rédaction d'un projet de loi
qui aurait réussi à régler la question et à permettre la consultation des
différents groupes en vue de l'adoption d'une législation.
Donc, ce que
je voulais vous dire, M. le Président, c'est que le rapport Pellerin et Poulin,
commandé par le ministère et rendu public en avril 2013, confirme que
le Québec n'arrive pas à stopper la destruction des milieux
humides dans la province et que les
mesures de compensation exigées par le ministère sont inefficaces. Donc, on doit s'assurer d'avoir
de nouvelles mesures qui vont être claires
pour l'ensemble des intervenants. Parce
que c'est ça qu'il faut, M. le Président, il faut que ce régime-là ne
soit pas arbitraire et qu'il soit prévisible. Le ministre pourra détenir son
pouvoir discrétionnaire, comme l'a
mentionné la Cour d'appel. Cependant, M. le
Président, ce qu'il faut dire, dans
ce domaine-là, c'est que l'importance de la clarté du régime est fondamentale pour
assurer les gens dans les différentes industries... Que ce soit au niveau de l'habitation, que ce soit au niveau de
la foresterie, que ce soit au niveau de l'agriculture, les gens doivent
pouvoir s'attendre aux conséquences, doivent pouvoir s'attendre à la
prévisibilité du régime, doivent pouvoir savoir où le gouvernement loge en cette
optique, et il ne doit pas y avoir non plus de disparités en fonction des
directions régionales. On ne doit pas
laisser des mesures qui sont véritablement... qui ne suivent pas la même
ligne directrice. On doit s'assurer d'avoir
un cadre clair peu importe où on est sur le territoire québécois,
et le ministère doit exercer un leadership en ce sens-là.
• (12 h 50) •
Donc, selon
le rapport, le rapport Pellerin et Poulin, dans la période du
30 novembre 2006 au 31 mars 2010, donc sur une
période de trois ans et quatre mois, 558 certificats d'autorisation ont
été émis en vertu du deuxième alinéa de l'article 22 de la Loi sur la qualité de l'environnement. Au total, 808 milieux humides étaient touchés par les certificats
d'autorisation, et les superficies affectées
totalisaient 2 870 hectares.
Or, seulement 15 hectares des 2 870 affectés ont été compensés en restauration au niveau de la
création, ce qui a induit une perte nette de 2 855 hectares. Donc,
c'est environ 99 % de ces
territoires-là, M. le Président. Les pratiques de compensation actuelles sont
donc nettement insuffisantes pour atteindre
un objectif d'aucune perte nette qui a, entre autres, été réclamé par quelques
groupes qui sont venus nous rencontrer.
Donc, la
majorité des certificats d'autorisation, M. le Président, émis concernent des
projets de type résidentiel. Ça
représente 65 % des demandes de certificat d'autorisation. Les activités
agricoles et forestières sont presque absentes des certificats d'autorisation analysés. Par contre, c'est deux secteurs
qui sont pourtant assujettis au deuxième alinéa de l'article 22 de
la Loi sur la qualité de l'environnement et qui se sont révélés les deux
sources les plus importantes de perturbation
de milieu humide, selon l'analyse cartographique des perturbations. Ce qu'il
faut dire là-dessus, M. le Président, c'est qu'il faut réellement
prendre en compte les intérêts des gens du milieu agricole, du milieu forestier
et aussi de l'environnement. Il faut réussir
à jumeler l'ensemble de ces intérêts pour arriver avec un régime qui sera
durable pour la protection des milieux humides mais qui sera également
durable pour l'économie des régions et de ces entreprises.
De plus, M. le Président, l'étude démontre que
les milieux humides subissent des pertes et perturbations importantes
notamment au profit de l'agriculture, donc on situe
ce niveau-là à hauteur de 44 %, et de la foresterie, d'un niveau moindre mais au niveau de 26 %, deux
secteurs d'activité assujettis au deuxième alinéa de l'article 22, comme je vous l'ai mentionné, mais qui sont peu
représentés au niveau des certificats d'autorisation, selon les données
publiques.
Donc, il y a déjà un travail qui a été fait au
niveau de la définition des milieux humides. Je comprends que le ministre va consulter davantage, mais je l'invite
également à se baser sur certaines définitions qui ont été mises de l'avant
par les différents rapports :
«"Les milieux humides se caractérisent par la présence, permanente ou
temporaire, en surface ou à faible
profondeur dans le sol, d'eau stagnante ou courante, douce, saumâtre ou salée.
Ils peuvent être d'origine naturelle, perturbés
ou non, ou artificielle. Souvent en position de transition entre les milieux
terrestres et aquatiques proprement dits,
ils se distinguent par une faible épaisseur de la colonne d'eau, par la
présence de sols hydromorphes ou non évolués, tels que [les] gleysols ou [les] sols organiques, et d'une végétation
dominante composée de plantes hygrophiles ou capables de tolérer des inondations périodiques. En
l'absence de végétation, un site peut être défini comme un milieu humide
lorsqu'il présente un substrat saturé
[...] et qu'il est situé, ou était situé, à l'intérieur ou à proximité d'un
milieu aquatique, ou d'un milieu humide présentant une végétation
hygrophile. Au Québec, les milieux humides incluent notamment les eaux [...] profondes — donc moins de deux mètres — marais, marécages et tourbières. Ils peuvent
être en lien direct ou non au réseau hydrographique de surface."
«Les critères de détermination utilisés par le
ministère [...] pour l'identification des étangs, des marais, des marécages et des tourbières sont disponibles dans
la fiche technique Identification et délimitation des écosystèmes aquatiques
humides et riverains [de 2006].»
Donc, M. le
Président, il y a déjà une base de travail. Et ce que je vous dis, c'est que,
oui, nous devons consulter l'ensemble des intervenants pour
véritablement définir clairement à l'intérieur d'une loi ce que constitue un
milieu humide, mais, comme je vous le dis,
il y a déjà un travail qui a été effectué,
il y a déjà des avancées qui ont été faites, et on doit s'inspirer déjà des travaux qui ont été
faits sous le précédent gouvernement et sous le gouvernement de la 39e législature pour réaliser notre analyse et la rédaction du projet de loi, et surtout
d'arriver avec un plan concret assez rapidement pour s'assurer que le
milieu sache où le ministère du Développement durable loge.
Donc, la survie de nombreuses espèces végétales
et animales dépend directement de la présence de milieux humides et de leur richesse. Donc, on constate, M.
le Président, qu'il y a une fonction importante de la présence des milieux
humides sur l'ensemble du territoire québécois.
D'ailleurs, au niveau de l'organisation Canards illimités, cette organisation
nous a parlé du Plan Nord, et de l'importance aussi, sur le territoire du Plan
Nord, de la grande présence des milieux humides,
et le développement nordique aussi. Et je siégeais, M. le Président, sur la Loi
sur la Société du Plan Nord créant cette
nouvelle organisation, et ça avait fait l'objet aussi, avec la députée de
Duplessis, de préoccupations, notamment au niveau environnemental. C'est important de développer l'ensemble de nos
régions, mais il faut toujours garder à l'esprit cette logique de développement durable et de
prendre en compte aussi, dans des milieux qui peuvent être plus fragiles,
la protection des milieux humides ou
d'assurer un régime qui sera clair, qui sera défini et qui, aussi, pourra
obtenir l'adhésion de l'ensemble des partenaires du domaine
environnemental mais aussi du domaine économique.
Donc,
vous aurez noté, M. le Président, l'importance de la richesse de ces milieux
humides. D'autant plus, et le ministre
y a fait référence tout à l'heure, M. le Président, sur la lutte aux
changements climatiques aussi, on doit intégrer la gestion des milieux
humides en ce sens-là.
Donc,
que font les milieux humides concrètement, M. le Président? Bien, les milieux
humides luttent contre les inondations.
Ils contrôlent le niveau de l'eau et luttent contre les inondations en
capturant l'eau, en l'emmagasinant et en la relâchant très lentement sur une période plus ou moins longue. Donc,
c'est en partie grâce à ce mécanisme, M. le Président, que les inondations sont limitées, que nos
cultures résistent aux sécheresses et que nos puits d'eau potable ne
s'assèchent pas.
Une deuxième fonction
des milieux humides, M. le Président, c'est de lutter contre l'érosion. La
végétation présente sur le bord des rives
des milieux humides aide à protéger les rivages contre l'érosion. Les racines
de ces plantes maintiennent le sol des rives en place et absorbent
l'énergie des vagues et du vent.
Une troisième
fonction des milieux humides, M. le Président, est celle de filtrer l'eau. Les
milieux humides nettoient l'eau en la
filtrant, la libérant des sédiments qui y sont présents. Si les lacs et les
rivières représentent l'appareil circulatoire de la terre, les milieux
humides en sont les reins.
Donc,
les plantes des milieux humides diminuent la vitesse de l'eau, elles retiennent
les matières en suspension dans l'eau et contribuent ainsi à la limpidité de
l'eau. Certaines plantes ont la capacité d'absorber et d'emmagasiner dans
leurs racines des polluants comme le
mercure. Certaines utilisent les phosphates pour leur propre croissance et
purifient ainsi nos eaux usées. Donc,
vous conviendrez avec moi, M. le
Président, que les milieux humides
sont fort importants pour assurer la biodiversité, pour assurer aussi le
parcours normal de l'écosystème qui est présent dans nos lacs, nos rivières et sur nos terres. Entre autres, M. le Président, les quenouilles poussent en colonies très
serrées autour du marais. Au fil des
ans, les tiges et les feuilles viennent à former un tapis qui flotte sur l'eau.
Plusieurs plantes peuvent servir d'abri pour la
faune ainsi que de nourriture pour certains types d'herbivores.
Une
autre fonction, M. le Président, des milieux humides, c'est qu'ils sont une
source importante de nourriture pour la population. Par exemple, on peut recueillir directement le riz sauvage et les canneberges de ces milieux.
Pensons aussi aux grandes surfaces de milieux humides qui ont été drainés et
transformés en terres agricoles. Donc, ces terres-là sont très riches en nutriments et en matières
organiques et moins sujettes à l'érosion éolienne, ce sont donc des terres très
productives.
Et
je me souviens, M. le Président, à l'étude des crédits l'an passé, notamment
le député de Huntingdon, qui vient d'une région où les terres noires sont très présentes et qui sont très
prolifiques pour la production maraîchère... donc, c'est notamment en raison
de la présence des milieux humides.
Donc,
un cinquième élément, M. le Président, c'est le fait d'abriter la faune. La diversité
de la faune des milieux humides est
considérable. Au Québec, 271 des 638 espèces de vertébrés utilisent
ces milieux pour trouver un abri, de la nourriture et pour se
reproduire.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : ...M. le député de Borduas, je dois vous interrompre, à moins qu'il y ait
consentement. M. le leader du gouvernement.
M. Fournier :
...discuté avec l'ensemble des formations, M. le Président, on est d'accord
pour donner encore quelques minutes à notre collègue
pour qu'il puisse terminer sa présentation, procéder par la suite au vote sur
le principe, l'envoi en commission, et par la suite on pourrait suspendre
nos travaux.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, ça serait un consentement pour 16 minutes. Il reste
16 minutes au député avant de terminer son intervention.
Des voix :
...
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : ...quelques minutes. Alors, consentement. Et puis je vais permettre au
député de poursuivre quelques minutes. Veuillez poursuivre, M. le député
de Borduas.
• (13 heures) •
M.
Jolin-Barrette : Bien, écoutez,
M. le Président, essentiellement, ce qu'il faut dire sur l'adoption de principe, c'est que ma formation politique
va voter pour le principe, M. le
Président, parce qu'on considère qu'il doit y avoir des mesures de compensation pour la
protection des milieux humides.
Cependant,
ce que nous disons au ministre... Et nous souhaitons une ouverture de sa part
lors de l'étude détaillée, de l'étude
article par article, nous souhaitons une ouverture de sa part afin de
limiter dans le temps la durée de la disposition
transitoire. Donc, nous lui suggérons un
délai d'une année, de façon à ce que le travail puisse être effectué en coordination de la Loi sur la qualité de
l'environnement et aussi de façon à avoir un cadre clair beaucoup plus rapidement.
Et
d'ailleurs, M. le
Président, je pense
que le fait d'avoir entendu la Vérificatrice
générale ainsi que le Commissaire
au développement durable nous a permis de
constater que... leur analyse nous a permis de comprendre qu'il était possible
pour le gouvernement, avec les ressources
dont il dispose, avec les consultations qu'ils avaient eues au cours des trois dernières années, d'arriver avec une proposition de projet de loi à
l'intérieur d'une année. Et j'offre l'ensemble
de ma collaboration au ministre
de l'Environnement, du Développement durable et de la Lutte aux changements
climatiques pour réussir à adopter un
cadre clair à l'intérieur d'une année, parce qu'un délai de trois ans, et
plusieurs acteurs l'ont souligné, c'est un délai qui est trop long.
Donc, je vous remercie, M. le Président.
Le Vice-Président (M.
Ouimet) : Merci à vous, M. le député de Borduas.
Mise aux voix
S'il n'y a
pas d'autre intervenant, le principe du projet de loi n° 32, Loi modifiant
la Loi concernant des mesures de
compensation pour la réalisation de projets affectant un milieu humide ou hydrique
afin d'en prolonger l'application, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Adopté. M. le leader du gouvernement.
Renvoi à la Commission
des transports et de l'environnement
M.
Fournier : Conformément à l'article 243 du règlement, je
fais motion afin que ce projet de loi soit déféré à la Commission des
transports et de l'environnement pour étude détaillée, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Merci, M. le leader du gouvernement.
Mise aux voix
Cette motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Adopté. Autre chose, M. le leader du gouvernement?
M.
Fournier : Je vous demande de suspendre nos travaux jusqu'à
16 heures pour la lecture du budget, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, y a-t-il consentement pour
suspendre les travaux jusqu'à 16 heures cet après-midi?
Consentement.
Les travaux sont suspendus jusqu'à
16 heures pour permettre la lecture du budget. Merci et bon appétit.
(Suspension de la séance à 13 h 2)
(Reprise à 16 h 10)
Le Président : Alors, mesdames
messieurs, veuillez vous asseoir, s'il vous plaît.
Il me fait plaisir
de reconnaître quelques membres, anciens collègues qui ont siégé avec nous ici,
à l'Assemblée. Bienvenue à
l'Assemblée. Et aussi les maires de Québec et de Montréal qui sont avec nous, et je sais qu'il y a d'autres
maires de d'autres municipalités qui sont
avec nous. Considérez-vous tous comme salués. Vous êtes venus nombreux.
J'imagine que ça doit être pour un événement spécial? Alors, on va commencer.
Affaires prioritaires
Discours sur le budget
Alors, aux
affaires prioritaires, je vais demander à M. le leader du gouvernement de bien vouloir prendre la parole.
M. Fournier : M. le Président,
je vous demanderais de reconnaître le ministre des Finances.
Le
Président : Je pense
que quelques-uns attendent ça. Alors, M. le ministre des Finances
prononcera maintenant le
discours sur le budget. M. le ministre des Finances, je vous cède la
parole.
M. Carlos J Leitão
M.
Leitão : Merci, M. le Président. Alors, M.
le Président, c'est avec une grande
fierté que je dépose aujourd'hui
le deuxième budget de notre gouvernement. Avec ce budget, le gouvernement envoie à toutes les Québécoises et à tous
les Québécois un message de confiance : ensemble, on développe notre économie.
Il y a un an,
je concluais la présentation de notre premier budget en citant un proverbe de
mon pays de naissance, «a esperança
sempre entra quando deixamos a porta aberta», ce qui signifie : «L'espoir
entre toujours par la porte qu'on a laissée ouverte.» Le budget
2014-2015 ouvrait des portes pour un Québec plus prospère. Cet espoir devient
réalité aujourd'hui, M. le Président.
Depuis notre arrivée au pouvoir, le 7 avril 2014, nous avons consacré
des efforts soutenus au redressement des finances publiques et à la relance de l'économie. Nous voulions que les
Québécoises et les Québécois bénéficient d'une prospérité durable, dont
une des conditions de base était l'assainissement des finances publiques.
À cette fin, nous
avions défini un plan. Ce plan, nous l'avons réalisé. Pour 2014-2015, le
déficit s'établit à 2 350 000 000 $,
soit exactement la cible que nous nous étions fixée l'année dernière et qui a
été maintenue lors de la mise à jour
économique et financière, en décembre dernier. Pour 2015-2016, la cible
s'avérait d'autant plus exigeante que nous nous étions obligés à
résorber un déficit prévu de 7,3 milliards de dollars.
Alors,
après six années consécutives de déficits, notre gouvernement respecte son
engagement : le Québec recouvre... retrouve enfin, en 2015-2016,
l'équilibre budgétaire.
Des voix :
...
M.
Leitão : Les déficits cumulés au cours des six dernières années ont
alourdi la dette de près de 16 milliards de dollars. Les Québécoises et les Québécois vont désormais cesser de
s'endetter en finançant une partie de nos dépenses courantes par un
accroissement de la dette.
Nos
finances publiques sont plus solides et plus saines, ce qui constitue une base
indispensable à une croissance économique durable.
Mon collègue le
président du Conseil du trésor a déposé, avec les crédits, les mesures retenues
pour atteindre l'objectif que nous nous
sommes fixé. Permettez-moi aussi, M. le Président, de sortir un petit peu de
mon discours et de souligner, de
souligner, devant toute cette Assemblée et ceux qui nous écoutent, le travail
remarquable de mon collègue et voisin le président du Conseil du trésor.
Des voix :
...
M.
Leitão : Je veux aussi mentionner,
M. le Président, la cohésion et la coopération de toute l'équipe
ministérielle sans l'appui de
laquelle on n'aurait pas pu faire ce travail. Et cette cohésion est cimentée
par le leadership exemplaire de notre premier ministre le député de Roberval.
Alors, de 2013‑2014 à
2014‑2015, la croissance des dépenses consolidées a été réduite de 5,1 % à
2,3 %.
Pour 2015‑2016, elle
sera réduite encore à 1,5 %.
Ce
contrôle des dépenses, qui s'est confirmé au cours des derniers mois, résulte
d'un effort collectif, celui de toutes les Québécoises et de tous les
Québécois. C'est grâce à cet effort que l'équilibre budgétaire a été rétabli.
Le retour à
l'équilibre budgétaire ne constitue pas un point final. Bien au contraire, il
représente un départ et imprime un nouvel élan pour le Québec, M. le Président.
Le
rétablissement de l'équilibre budgétaire est une excellente nouvelle, mais ce
n'est pas la seule. En 2015‑2016, le
fardeau de la dette par rapport au PIB commencera à diminuer, alors qu'il
n'avait cessé d'augmenter depuis 2009. Notre gouvernement maintient donc ses objectifs de réduction de la dette ainsi
que les versements au Fonds des générations afin que la dette brute ne
représente plus que 45 % du PIB en 2026.
Pour
ce qui est de l'activité économique, la croissance devrait atteindre 1,5 %
en 2014, comparativement à 1 % en 2013. Pour 2015, la croissance
devrait accélérer et s'établir à 2 %. Les exportations du Québec seront
principalement stimulées par la bonne tenue
de l'économie américaine et par la dépréciation du dollar canadien, tandis que
la chute du prix du pétrole soutiendra la demande intérieure.
L'effet de nos
actions pour relancer l'économie se fait sentir sur l'emploi. Depuis le début
de notre mandat, M. le Président, c'est-à-dire de mai 2014 à février 2015, le
Québec a créé près de 52 000 emplois.
Les
bases de notre croissance économique sont maintenant solides. Notre défi est
d'assurer un développement à long terme en créant un environnement
favorable à la croissance et en maintenant la solidité financière pour
l'avenir.
À
cette fin, notre gouvernement présente avec ce budget un plan économique
ambitieux pour le Québec, s'appuyant sur
deux piliers. D'une part, nous renforçons les conditions favorables à la
croissance économique en réduisant le poids de la fiscalité et en stimulant l'investissement et l'emploi. D'autre part,
nous prenons les mesures nécessaires pour que les résultats obtenus en matière de finances publiques
se maintiennent et permettent de conserver la solidité financière retrouvée.
Je dépose aujourd'hui
la politique budgétaire pour l'exercice financier 2015‑2016.
Je
demande le consentement de l'Assemblée nationale pour déposer les documents
suivants : les tableaux présentant les résultats préliminaires des opérations budgétaires consolidées pour
2014‑2015, les prévisions des équilibres financiers pour 2015‑2016.
Et
je dépose également le Plan économique du Québec et les documents
l'accompagnant qui font partie intégrante du budget. (Voir annexes).
Documents déposés
Le Président :
Est-ce qu'il y a consentement pour le dépôt du ministre des Finances?
Consentement.
J'irais
à vous demander un consentement à l'avance pour les éventuels dépôts que le
ministre des Finances pourrait faire,
ce qui nous évitera d'avoir des coupures dans le discours du budget. Alors, il
y a un consentement. M. le ministre des Finances, veuillez continuer.
• (16 h 20) •
M. Leitão : Merci, M. le Président.
Nos finances publiques sont plus solides. Elles constituent désormais une base saine pour accélérer la croissance économique
et la prospérité du Québec, maintenant et pour les générations futures.
Avec
ce premier volet du Plan économique du Québec, nous allégeons la fiscalité,
nous stimulons les investissements et nous favorisons la création
d'emplois.
La croissance
économique des prochaines années dépendra en bonne partie de notre capacité à
contrer le choc démographique, en
favorisant une participation accrue au marché du travail, une meilleure
formation de notre main-d'oeuvre et
une plus forte productivité. Il faut en même temps stimuler davantage les
investissements des entreprises, principale source de prospérité et de
création d'emplois.
La croissance
économique repose ainsi sur la confiance et les initiatives des particuliers
ainsi que sur celles des entreprises.
Sur le plan économique, le rôle de l'État est de faciliter ces initiatives, de
les stimuler, en d'autres termes, de créer un environnement et des
conditions favorables à notre prospérité commune.
Le rapport de la Commission d'examen sur la
fiscalité québécoise, présidée par M. Godbout, dont je salue la présence
ici, au salon bleu, vient d'être rendu public. Ce rapport est un document de
grande envergure dans lequel la commission
ouvre de nombreuses pistes afin de rendre notre fiscalité plus compétitive,
plus efficace et plus équitable.
Comme la commission l'indique dans son rapport, le
poids de la fiscalité nous handicape, car il nuit à la croissance
économique et à la création de richesse. La commission propose ainsi des
orientations à court, moyen et long terme.
Dès le
présent budget, nous mettons en oeuvre plusieurs de ces recommandations
formulées par la commission, afin
d'alléger la fiscalité des particuliers, de stimuler les investissements des
entreprises et de créer des emplois. Plus d'une vingtaine de mesures de notre plan économique sont directement inspirées
des 71 recommandations de la commission.
M. le Président, le Plan économique du Québec que le gouvernement met en place
aujourd'hui vise en premier lieu à accroître le pouvoir d'achat des
particuliers, ainsi qu'à favoriser la participation au marché du travail.
Afin d'accroître le pouvoir d'achat des
particuliers, j'annonce que nous respectons notre engagement : la
contribution santé sera abolie à compter du 1er janvier 2017.
Cette mesure
est rendue possible grâce à la croissance économique retrouvée et à la saine
gestion des finances publiques.
L'abolition de la contribution santé sera
réalisée sur une période de trois ans.
La
contribution santé applicable au palier des revenus les plus faibles sera
abolie dès le 1er janvier 2017. Près de 2,1 millions de contribuables en bénéficieront. La contribution
santé applicable aux deuxième et troisième paliers de revenus sera
graduellement abolie d'ici 2019, ce qui profitera à 2,3 millions de
contribuables additionnels.
À terme,
l'abolition de la contribution santé bénéficiera à près de 4,5 millions de
contribuables et permettra de retourner 1,7 milliard de dollars
dans les poches des particuliers d'ici 2019-2020.
Grâce à l'élimination
de la contribution santé, le gouvernement allège le fardeau fiscal des
Québécoises et des Québécois et augmente leur pouvoir d'achat, ce qui
bénéficiera à la croissance économique et le développement.
Le gouvernement donne suite également à un autre
de ses engagements en encourageant une plus grande participation au travail. Le régime fiscal du Québec offre un soutien
financier important aux particuliers, sous la forme de transferts. La plupart de ces transferts
diminuent en fonction du revenu. Cela fait en sorte que, pour certains
travailleurs, une hausse de leur salaire entraîne une augmentation très
faible de leur revenu disponible.
Afin d'éviter
qu'une baisse trop rapide des transferts fiscaux ne dissuade d'une contribution
accrue au travail, j'annonce la mise en place d'un bouclier fiscal à
compter du 1er janvier 2016.
Ce bouclier
fiscal, inspiré des recommandations du rapport Godbout, compensera en partie la
diminution de la Prime au travail et
du crédit d'impôt pour frais de garde d'enfants résultant d'une augmentation
des revenus de travail.
Notre objectif est de récompenser les
travailleurs et de leur permettre de retirer davantage de leur travail.
Le montant du
bouclier fiscal variera selon la situation familiale et le niveau du revenu du
ménage. Le bouclier fiscal représente un allègement fiscal annuel
totalisant 52 millions de dollars, et cela, dès 2016‑2017. Cet allègement
bénéficiera à près de 400 000 travailleurs.
Toujours afin
de favoriser l'incitation au travail, le gouvernement prend deux initiatives
concernant les travailleurs d'expérience pour les encourager à demeurer
plus longtemps sur le marché du travail.
J'annonce la bonification graduelle du crédit
d'impôt pour les travailleurs d'expérience à partir de 2016.
L'âge d'admissibilité
sera diminué de 65 ans à 63 ans, et le montant maximal de revenu de
travail admissible sera porté à 10 000 $ d'ici 2018 pour les
travailleurs âgés de 65 ans ou plus.
À terme, un travailleur âgé de 63 ans
pourra se prévaloir d'un avantage fiscal pouvant atteindre 900 $ afin de
l'inciter à demeurer sur le marché du travail. Une fois complétée, la
bonification annoncée aujourd'hui représente un soutien de 83 millions de
dollars par année.
J'annonce également la hausse graduelle de l'âge
d'admissibilité du crédit d'impôt en raison de l'âge.
Depuis 1954,
le régime d'imposition du Québec accorde aux personnes âgées de 65 ans ou
plus un allègement fiscal en raison de l'âge. Le temps est venu de
revoir l'âge d'admissibilité à ce crédit d'impôt.
L'âge
d'admissibilité au crédit d'impôt en raison de l'âge sera graduellement porté
de 65 ans à 70 ans d'ici 2020. Cela signifie que les bénéficiaires actuels de ce crédit d'impôt
pourront continuer de s'en prévaloir. Les économies dégagées par cette
mesure serviront à financer la bonification de l'incitation au travail à
l'égard des travailleurs d'expérience que je viens d'annoncer.
Le maintien au travail des travailleurs
d'expérience ou leur retour en emploi permettront de conserver un savoir-faire
précieux ainsi que de répondre à la pénurie de main-d'oeuvre dans certains
secteurs.
La participation au marché du travail doit être
améliorée grâce à une meilleure adéquation entre la formation et l'emploi. Dans
le cadre du Plan économique du Québec, le gouvernement engage plusieurs
initiatives à cette fin.
Au total, au cours des cinq prochaines années,
nous allons consacrer près de 125 millions de dollars à une meilleure
adéquation entre la formation et l'emploi.
En premier lieu, le gouvernement
apporte des modifications à la loi favorisant le développement et la
reconnaissance de la main-d'oeuvre,
ce que l'on appelle la loi du 1 %. Il faut alléger le mécanisme actuel et lui
apporter plus de flexibilité et d'efficacité.
J'annonce
donc la modification des modalités d'application de la loi du 1 %
afin d'augmenter le seuil d'assujettissement de 1 million de
dollars à 2 millions de dollars de masse salariale.
Cette
mesure permettra de diminuer les coûts administratifs d'environ 8 000
petites entreprises, soit la moitié des entreprises qui y sont soumises.
Afin
de compenser le manque à gagner que représente cette mesure, j'annonce que le
gouvernement contribuera au Fonds de
développement et de reconnaissance de la main-d'oeuvre une enveloppe de 60 millions de dollars au cours des cinq prochaines années.
Le
gouvernement allège ainsi le fardeau administratif et réglementaire des petites
entreprises, tout en donnant une marge de manoeuvre accrue à la
Commission des partenaires du marché du travail.
Pour favoriser une
meilleure adéquation de la formation et de l'emploi, le gouvernement met en
oeuvre des mesures budgétaires et fiscales représentant 64 millions de
dollars au cours des cinq prochaines années.
J'annonce
ainsi :
1° des ressources
additionnelles au Fonds de développement et de reconnaissance de la
main-d'oeuvre afin de soutenir des programmes de formation adaptés aux besoins
des entreprises;
2° l'octroi de 1 000
bourses d'études dans des métiers reliés à la formation professionnelle et
technique;
3° la mise en place
du programme Objectif emploi afin d'offrir un accompagnement individualisé
facilitant l'intégration en emploi des nouveaux demandeurs d'aide sociale et de
confirmer ainsi que l'emploi est payant.
J'annonce
plus particulièrement deux mesures concernant les stages en milieu de travail.
D'abord, la
bonification des taux du crédit d'impôt pour
stage en milieu de travail afin de favoriser une offre plus soutenue de stages
en entreprise.
Aussi, une
bonification de la subvention salariale du Programme d'apprentissage en milieu
de travail.
Au
cours des prochains mois, mon collègue le ministre du Travail, de l'Emploi et
de la Solidarité sociale rendra publiques les conditions d'application
de ces nouvelles initiatives.
Ces
mesures ne constituent qu'une première étape. Nos réflexions se poursuivent
pour favoriser l'adéquation entre la formation et l'emploi.
• (16 h 30) •
Le défi de la
participation au marché du travail doit être relevé en s'appuyant également sur
l'immigration. M. le Président, notre gouvernement... et personnellement
sommes convaincus que l'immigration est un atout essentiel pour
la croissance, pour notre avenir et pour la prospérité du Québec, M. le Président. Il importe de redoubler d'efforts pour que les nouveaux arrivants puissent plus facilement
intégrer le marché du travail. Nous devons tirer pleinement parti de
leurs compétences.
Nous
savons que le manque de reconnaissance des compétences professionnelles des nouveaux
arrivants est un frein à l'intégration professionnelle. Ma collègue la
ministre de l'Immigration, de la Diversité et de l'Inclusion et son adjointe parlementaire, la députée
de Jeanne-Mance—Viger, rendront public très prochainement un plan d'action à cet effet. L'intégration
professionnelle des nouveaux arrivants sera au centre de la nouvelle politique
en matière d'immigration, de
diversité et d'inclusion, dont le gouvernement a entamé la définition.
J'annonce
des crédits supplémentaires de 22,5 millions de dollars au cours des trois
prochains exercices financiers afin
de mieux intégrer les immigrants au marché du travail. La nouvelle politique et
la stratégie d'action qui l'accompagnera seront rendues publiques
prochainement.
Parce que l'égalité
des chances fait partie intégrante des conditions préalables à la croissance,
notre plan économique comprend un volet social important. Notre gouvernement
met en oeuvre un ensemble d'initiatives visant à favoriser le développement économique et social des différentes
collectivités composant la société québécoise. Au total, les mesures mises en oeuvre dans le cadre du
budget 2015-2016 représentent des soutiens qui atteindront 336 millions
de dollars au cours des cinq prochaines années.
L'économie
sociale occupe une place importante au sein de l'économie québécoise, comptant
plus de 7 000 entreprises collectives procurant de l'emploi à plus
de 150 000 personnes. J'annonce la mise en oeuvre d'un nouveau plan d'action gouvernemental en économie sociale,
comprenant des mises de fonds de 27 millions de dollars permettant de
déclencher des interventions totales d'un
peu plus de 100 millions de dollars au cours des cinq prochaines années.
Ce plan d'action aura notamment comme
objectif d'outiller les entreprises dans leur développement et de soutenir
l'économie sociale dans tous les territoires. Il bénéficiera ainsi à
toutes les régions du Québec.
Parmi
les différentes mesures engagées par le gouvernement pour soutenir les
collectivités dans toutes les régions,
j'annonce la mise en place d'un programme de financement pour l'installation de
gicleurs dans les résidences pour
personnes âgées. La création de ce programme résulte directement des
enseignements tirés du tragique incendie de la Résidence du Havre, de L'Isle-Verte, survenu le 23 janvier 2014, et
fait suite au dépôt du rapport Delâge concernant les circonstances de ce drame. Le gouvernement s'est
engagé à rendre obligatoire l'installation de gicleurs automatiques dans
les résidences privées pour aînés déjà
construites. Le programme d'aide financière facilitera la réalisation des
investissements nécessaires à cette
fin. L'aide prendra la forme d'une subvention versée aux propriétaires de
résidences afin de les aider à
rembourser les emprunts contractés auprès des institutions financières. Dès
2015-2016, des crédits de 4,5 millions de dollars seront octroyés à cette fin. Ces crédits augmenteront
graduellement et représenteront au total 70,6 millions de dollars d'ici
2019-2020.
J'annonce également la création d'un nouveau
programme d'aide aux personnes âgées pour le paiement des taxes municipales. Le gouvernement donne ainsi suite à
un engagement annoncé dans le budget de 2014-2015. Dès le 1er janvier 2016, un nouveau programme accordera une aide pour
compenser l'impact sur les taxes municipales d'une augmentation de la valeur foncière. Cette aide bénéficiera aux
personnes âgées de 65 ans ou plus propriétaires de leur résidence depuis
au moins 15 ans et ayant un revenu familial net n'excédant pas 50 000 $.
Maintenant, Le Dr
Gilles Julien fait figure de pionnier dans le développement de la pratique de
la pédiatrie sociale en communauté au
Québec. Le réseau établi grâce à son engagement comprend actuellement
16 centres de pédiatrie répartis
sur le territoire québécois. J'annonce une contribution de 22 millions de
dollars à la Fondation du Dr Julien pour les cinq prochaines années afin
de porter le réseau à 42 centres de pédiatrie.
Le gouvernement vise
une contribution pouvant atteindre 60 millions de dollars d'ici 2020. Nous
respectons ainsi nos engagements de la
dernière campagne électorale. L'objectif est que, d'ici 2020, les soins de pédiatrie sociale en communauté
soient accessibles à 20 000 enfants vulnérables.
J'annonce que des crédits additionnels de 4,4
millions de dollars sont accordés au ministère de la Famille sur trois ans afin de financer le Plan d'action pour
contrer l'intimidation. Ce plan d'action sera présenté au cours des prochains
mois. Il proposera des solutions souples et adaptées aux différents milieux
afin de lutter activement contre le fléau de l'intimidation. Le Plan d'action
pour contrer l'intimidation découle directement du forum tenu en septembre
dernier. Il est le fruit d'un engagement personnel du premier ministre ainsi
que de la collaboration apportée par tous les partis d'opposition. Notre
gouvernement tient à souligner le caractère non partisan du travail ainsi
effectué.
Notre
gouvernement poursuit aussi l'action entamée pour améliorer les conditions de
logement des personnes moins favorisées.
J'annonce des investissements totalisant 284 millions de dollars pour améliorer
les conditions de logement des plus
démunis. Sur ce total, 126 millions de dollars seront consacrés à la
construction de 1 500 nouveaux logements sociaux dans le cadre du programme
AccèsLogis Québec. Cet investissement s'ajoute aux investissements déjà en
cours, de telle sorte que, durant les
prochaines années, près de 14 000 logements sociaux seront mis à la
disposition des personnes qui en ont besoin.
Un montant de
123 millions de dollars permettra d'accorder 5 800 nouvelles unités d'ici
2019-2020 dans le cadre du programme de Supplément au loyer. Avec ces nouveaux
montants, ce sont 7 300 familles de plus qui auront accès à un logement abordable, dont 1 000 nouvelles familles
dès cette année. Un montant de 35 millions de dollars sera investi dans l'amélioration des conditions de logement des
ménages à faibles revenus ou de ménages ayant des besoins particuliers. J'annonce par ailleurs une aide financière de
6 millions de dollars au cours des deux prochaines années afin de soutenir
les coopératives d'habitation affectées par l'arrivée à échéance de leur
entente avec le gouvernement fédéral.
M. le
Président, comme vous le constatez, le Plan économique du Québec comprend des initiatives
majeures en faveur des personnes à
plus faibles revenus et des personnes en situation de vulnérabilité. L'égalité
des chances est une condition
essentielle à la croissance économique. Pour notre gouvernement, la prospérité
ne doit pas oublier les personnes moins
favorisées. M. le Président, le Plan économique du Québec comprend ainsi des
mesures majeures afin d'accroître le
pouvoir d'achat des particuliers et de favoriser la participation au marché du
travail. Le Plan économique du Québec met
en oeuvre des initiatives tout aussi importantes pour stimuler les
investissements des entreprises et de créer des emplois de qualité
partout sur le territoire québécois.
• (16 h 40) •
Sur ce plan,
la croissance des derniers mois est très encourageante. Après deux années de
recul, les investissements des
entreprises sont en hausse. Après une baisse de 7,6 %
en 2013, l'investissement en machines et matériel a augmenté de 0,4 % en 2014 et il devrait croître de presque 5 % en
2015. L'ensemble des investissements non résidentiels devrait augmenter de 2,8 % en 2015 et de 3,8 % en
2016. La croissance des investissements sera stimulée par la progression des
exportations : après une augmentation de
2,5 % en 2014, les exportations devraient augmenter de
3,7 % en 2015 et de 3 % en 2016.
Il faut stimuler ces investissements, et la
fiscalité constitue à cette fin un outil privilégié. Le régime fiscal du Québec doit pouvoir se comparer favorablement aux
régimes fiscaux de ses partenaires économiques et créer des conditions plus attrayantes aux investissements des
entreprises. Nous entamons donc immédiatement une réduction du fardeau fiscal
des entreprises pour leur permettre
d'investir davantage. J'annonce une réduction à terme des impôts touchant les
entreprises de 215 millions de dollars annuellement. D'ici 2019-2020,
cette réduction permettra de retourner aux entreprises 500 millions de dollars pour favoriser
l'investissement et créer des emplois.
En ce qui concerne la fiscalité des entreprises,
nous donnons suite à plusieurs recommandations du rapport Godbout, notamment en diminuant le taux général
d'imposition des sociétés — taux
général d'imposition des sociétés — en
redéfinissant la fiscalité applicable aux
PME, en accroissant l'efficacité des aides fiscales sectorielles et en
soutenant la relève entrepreneuriale ainsi que la capitalisation des
entreprises.
La
stimulation des investissements des entreprises passe par la baisse du taux
général d'imposition. J'annonce une
réduction graduelle du taux général d'imposition des sociétés de 11,9 % à
11,5 %. À compter du 1er janvier 2017, le taux général
d'imposition sur le revenu des sociétés sera diminué de 0,1 point de
pourcentage par année jusqu'au 1er janvier
2020 pour atteindre alors 11,5 %. Cette réduction représente à terme une
diminution de la charge fiscale des entreprises de 120 millions de
dollars annuellement.
Grâce à cette mesure, le gouvernement donne à
plus de 90 000 entreprises de tous les secteurs d'activité les moyens
d'investir davantage. Cette mesure fiscale générale constitue la meilleure
façon de soutenir la croissance, le développement
des entreprises et la création d'emplois. La réduction du taux général
d'imposition à 11,5 % fera en sorte qu'une fois cette réduction mise en oeuvre les entreprises québécoises
seront imposées au même taux que les entreprises de l'Ontario.
Cette
réduction du taux général d'imposition est partiellement financée par la
réduction du taux de crédit d'impôt à l'investissement.
La réduction du taux
général d'imposition des sociétés est une première étape — une
première étape — dans
l'allègement du fardeau fiscal des entreprises. Le Plan économique du Québec
implique que nous poursuivions cette réduction en fonction de notre capacité à
dégager les ressources nécessaires pour la financer. À terme, la commission Godbout recommande de ramener le taux général
d'imposition des sociétés à 10 %, ce qui permettrait à nos entreprises
d'être plus compétitives par rapport au régime fiscal de nos voisins de
l'Ontario.
En
même temps que cette baisse du taux général d'imposition des sociétés, le
gouvernement modifie les modalités du
crédit d'impôt à l'investissement. J'annonce la prolongation jusqu'en
2022 du crédit d'impôt à l'investissement relatif au matériel de fabrication et de transformation
pour les régions, qui devait se terminer en 2017. Les entreprises
manufacturières en région pourront ainsi bénéficier d'un crédit d'impôt
sur leurs investissements dont le taux pourra atteindre 24 %.
J'annonce
enfin la prolongation pour cinq ans du crédit d'impôt pour la Gaspésie et
certaines régions maritimes du Québec
ainsi que l'admissibilité à ce crédit d'impôt des entreprises du secteur
récréotouristique situées aux Îles-de-la-Madeleine.
De cette manière, notre gouvernement tient compte de la spécificité des régions
et démontre encore une fois sa volonté de reconnaître le caractère
insulaire et maritime des Îles-de-la-Madeleine.
La mesure fiscale
concernant la Gaspésie et certaines régions maritimes du Québec est complétée
d'une aide budgétaire pour permettre aux
entreprises de bénéficier du maintien d'un lien ferroviaire en Gaspésie.
J'annonce que le gouvernement procédera à l'acquisition de la totalité du
réseau de chemin de fer allant de Matapédia à Gaspé. Une aide de près de
3 millions de dollars sera également accordée pour l'exploitation et
l'entretien de ce réseau.
M. le Président, ces différentes mesures illustrent l'importance, l'importance que le gouvernement accorde aux enjeux régionaux.
Les PME sont le
principal moteur de l'économie québécoise. Elles soutiennent les deux tiers des
emplois du secteur privé et représentent
99 % du total des entreprises du Québec. Le Plan économique du Québec vise
à offrir aux PME de toutes les
régions un régime fiscal compétitif, favorisant la croissance, les
investissements et la création d'emplois.
Le budget 2015-2016
comprend deux mesures principales permettant de réduire le fardeau fiscal des
PME. Ces mesures s'ajoutent à celles déjà
annoncées dans le budget 2014-2015 et dans Le point sur la situation économique
et financière de décembre dernier.
J'annonce
la réduction du taux de la cotisation au Fonds des services de santé de
2,7 % à 2,25 % pour toutes les PME du secteur des services. Le taux de cotisation diminuera
graduellement à partir du 1er janvier 2017 pour les PME dont la masse salariale est de 1 million de dollars et moins. Plus de 210 000 PME
de toutes les régions du Québec bénéficieront de cet allègement fiscal. À terme, cette mesure représente une réduction
annuelle du fardeau fiscal de 194 millions
de dollars.
J'annonce
également la réduction de 8 % à 4 % du taux d'imposition pour les PME
du secteur primaire, dont plus de
90 % sont des entreprises des secteurs agricole et forestier et du secteur
de la pêche. Le dynamisme de ces entreprises est essentiel pour le
développement des régions.
Ces deux mesures
seront financées par un recentrage de la déduction pour la petite entreprise.
J'annonce qu'à compter du
1er janvier 2017 les entreprises des secteurs des services et de la construction
de trois employés et moins ne seront plus admissibles à la déduction
pour petite entreprise. Cette déduction a pour objet de permettre aux PME de libérer des liquidités afin d'investir dans leur
croissance et de créer de l'emploi. Le recentrage effectué dans le cadre du Plan économique du Québec
permettra de revenir à cet objectif.
Le Québec a mis en
place un certain nombre d'aides fiscales sectorielles afin de soutenir des
activités considérées comme stratégiques
pour le développement économique, social et culturel. La Commission d'examen
sur la fiscalité québécoise a procédé
à une analyse approfondie de ces aides fiscales, dont elle rend compte dans son
rapport. À partir des recommandations
formulées, le gouvernement apporte certains ajustements, principalement dans le
secteur de la nouvelle économie et du
domaine culturel. Les bonifications effectuées entraîneront à terme un coût
annuel pour le gouvernement d'environ 75 millions de dollars. Ces
bonifications prennent en compte la rentabilité des dépenses fiscales
concernées. Dans le cas du secteur culturel, le gouvernement tient également
compte de la contribution des dépenses fiscales au développement de la culture
québécoise.
J'annonce
ainsi la révision des crédits d'impôt destinés à la nouvelle économie. Le taux
maximal du crédit d'impôt pour la
production de titres multimédias est porté de 30 % à 37,5 %, avec un
plafond d'aide fiscale fixé à 37 500 $. Le crédit d'impôt pour le développement des affaires
électroniques est augmenté de six points de pourcentage et le plafond de
l'aide fiscale par emploi est fixé à 25 000 $.
• (16 h 50) •
J'annonce également
une majoration des taux des crédits d'impôt pour le secteur culturel québécois.
Le gouvernement bonifie les taux du crédit
d'impôt pour la production cinématographique ou télévisuelle québécoise. Cette
mesure s'appliquera également aux coproductions. De plus, le gouvernement porte
à 35 % les taux du crédit d'impôt pour
l'édition de livres, pour la production de spectacles, pour la production
d'enregistrements sonores, pour le doublage des films et pour la production d'événements ou d'environnements
multimédias présentés à l'extérieur du Québec. Les majorations apportées
aux taux des crédits d'impôt pour le secteur culturel québécois permettront
d'assurer les niveaux de rentabilité nécessaires à la réalisation de
productions artistiques de qualité au Québec.
Il importe que les
règles retenues concernant les aides fiscales aux entreprises soient désormais
prévisibles et stables. Ces annonces
complètent donc les révisions apportées depuis un an aux dépenses fiscales
touchant les sociétés.
Je
l'ai souligné d'emblée, en matière de développement économique, le rôle de
l'État est de réunir des conditions favorables à la croissance afin de
faciliter les initiatives des particuliers comme des entreprises. Le soutien
aux entreprises doit comprendre un volet concernant les entrepreneurs eux-mêmes
et répondre au défi que constitue pour le
Québec la relève entrepreneuriale. J'annonce des mises de fonds de 2 millions de dollars par année au cours des trois prochaines
années afin de soutenir la relève entrepreneuriale et le mentorat.
Dans son rapport, la
Commission d'examen sur la fiscalité québécoise aborde la problématique de la
relève entrepreneuriale, que nous avions
soulevée lors de la dernière campagne électorale en traitant du transfert de
propriété des entreprises familiales.
J'annonce que des modifications vont être apportées aux règles actuelles afin
de favoriser le transfert
d'entreprises familiales dans les secteurs primaire et manufacturier. Ces
mesures bénéficieront ainsi à toutes les petites entreprises familiales des secteurs concernés, et notamment aux
entreprises agricoles. Ces modifications entreront en vigueur à partir
du 1er janvier 2017 et auront un impact financier de 15 millions de
dollars annuellement.
Le Plan économique du
Québec confirme le soutien apporté à la capitalisation des entreprises. En
décembre dernier, dans le cadre du Point sur la situation économique et
financière, j'avais annoncé que 30 millions de dollars seraient consacrés à des mesures favorisant
l'émergence du capital de risque au Québec. Aujourd'hui, j'annonce que, sur
ce total, des ressources de 15 millions de dollars sont prévues pour développer la propriété
intellectuelle québécoise dans le domaine des jeux vidéo. Un montant de
15 millions de dollars est encore disponible pour être affecté à d'autres secteurs. J'annonce également 15 millions de dollars additionnels qui serviront à stimuler les
investissements en capital de risque à partir d'un fonds administré à
Québec auquel toutes les régions du Québec auront accès.
Le
gouvernement poursuivra le soutien apporté à la capitalisation des entreprises
par l'intermédiaire des trois fonds fiscalisés,
soit le Fonds de solidarité FTQ, Fondaction et le fonds Capital régional et
coopératif Desjardins. Ensemble, ces
fonds investissent annuellement plus de 800 millions de dollars dans
les entreprises du Québec. Ils constituent ainsi un atout majeur pour
les investissements et la création d'emplois au Québec.
Je
confirme que le plafond sur les émissions d'actions des fonds des travailleurs
sera levé à partir de 2015-2016.
Je confirme également
que Capital régional et coopératif Desjardins pourra émettre 150 millions
de dollars d'actions pour 2015.
J'annonce
enfin que le taux du crédit d'impôt pour Fondaction sera fixé à 20 % pour
l'année financière 2015-2016.
En contrepartie, le
gouvernement demande aux fonds fiscalisés de contribuer davantage au
développement économique du Québec. J'annonce ainsi la hausse graduelle de la
norme d'investissement de 60 % à 65 % pour les trois fonds
fiscalisés.
Le Plan économique du
Québec comprend une série d'initiatives budgétaires et fiscales visant à
soutenir les investissements dans les
différents secteurs de l'économie. Au cours des cinq prochaines années, le
gouvernement prévoit investir près de
130 millions de dollars à ces différentes initiatives. Le nouveau congé
fiscal bonifié pour les grands projets d'investissement
annoncé il y a quelques semaines s'appliquera aux projets d'investissement de
plus de 100 millions de dollars, ce seuil étant réduit à
75 millions dans certaines régions désignées.
Des
crédits de 32,5 millions de dollars sont réservés au cours des trois
prochaines années pour la mise en place de la Stratégie québécoise de
développement de l'aluminium.
Au
cours des quatre prochaines années, le gouvernement investira 40 millions
de dollars dans la réalisation de la deuxième phase du projet de l'avion
écologique sous la responsabilité de la grappe aérospatiale de Montréal. Une contribution équivalente du secteur privé est
attendue, portant à 80 millions de dollars les investissements dans ce
projet novateur.
Le gouvernement
investira 15 millions de dollars au cours des trois prochaines années afin
de renforcer la capacité d'innovation des
entreprises. Ces ressources serviront à former des partenariats entre
chercheurs et entreprises, à partager le savoir entre la relève et les
entreprises et à protéger les actifs immatériels.
Mon
collègue le ministre de l'Économie, de l'Innovation et des Exportations
annoncera ultérieurement le détail de ces trois mesures.
Les PME québécoises
doivent prendre le virage numérique et intégrer pleinement les nouvelles
technologies de l'information et des
communications. Au cours des dernières années, le gouvernement a mis en place
le programme PME 2.0 ainsi que
le crédit d'impôt relatif à l'intégration des technologies de l'information
dans les PME manufacturières. Le gouvernement investira 3 millions
de dollars additionnels dans la deuxième phase du programme PME 2.0. J'annonce que le crédit d'impôt relatif à
l'intégration des technologies de l'information dans les PME
manufacturières est rétabli et élargi au secteur primaire.
Notre gouvernement
entend poursuivre les efforts d'allègement réglementaire. Afin d'alléger le
fardeau administratif des propriétaires de bars et de restaurants, j'annonce la
mise en place du permis unique par catégorie d'établissement pour la vente
d'alcool. Nous simplifions ainsi la réglementation applicable aux restaurateurs
et aux propriétaires de bars.
J'ai annoncé, il y a
quelques instants, la bonification de certaines aides fiscales apportées aux
entreprises du secteur culturel. Le gouvernement prend également plusieurs
initiatives de nature budgétaire en faveur de la culture afin de répondre à certains besoins prioritaires.
J'annonce ainsi que des sommes de 24 millions de dollars seront affectées
au cours des deux prochaines années au
ministère de la Culture et des Communications afin d'apporter un soutien accru
aux sociétés d'État du secteur culturel,
dont le Conservatoire de musique et d'art dramatique du Québec, de soutenir les
ententes de développement culturel, et ce,
dans toutes les régions du Québec. Ces sommes bénéficieront directement aux
créateurs culturels et à la diffusion de la culture en région.
M. le Président, ces
initiatives sont en continuité — en continuité — avec le
soutien indéfectible apporté au secteur culturel par les gouvernements libéraux
qui se sont succédé, même pendant les périodes plus difficiles de redressement
budgétaire.
Notre culture nous permet d'affirmer notre
identité et notre caractère distinct et de faire rayonner le Québec partout sur
la planète, M. le Président.
Le Plan
économique du Québec comprend ainsi un ensemble d'initiatives afin de stimuler
les investissements des entreprises.
Nous agissons également sur les investissements publics. J'annonce le
devancement pour les quatre prochaines années de 1,4 milliard de dollars
de projets d'investissement publics. Ce devancement est effectué à même l'enveloppe de 88,4 milliards de dollars
affectée au Plan québécois des infrastructures pour 2015-2025, comme
l'annonçait déjà Le point sur la situation économique et financière de
décembre 2014. Il permettra notamment de financer
les travaux préalables à la réfection du Palais des congrès de Montréal et
l'élargissement de l'autoroute Henri-IV à Québec.
• (17 heures) •
Toutes les régions du Québec pourront également
bénéficier pleinement de notre engagement à accélérer le développement de nouvelles infrastructures, par exemple avec la route 389 entre Baie-Comeau et Fermont, le prolongement
de l'autoroute 85, ainsi que plusieurs projets hospitaliers en région.
Par ailleurs,
le 13 janvier dernier, le gouvernement a annoncé une entente commerciale
avec la Caisse de dépôt et placement
du Québec concernant la réalisation de projets d'infrastructure. J'ai
d'ailleurs déposé la semaine dernière un
projet de loi à cet effet. S'il est adopté, il pourrait permettre d'ajouter des
investissements de 5 milliards de dollars aux projets déjà financés
par le gouvernement, et cela, sans alourdir la dette du Québec.
Dès son
arrivée au pouvoir, le gouvernement a mis la stratégie maritime au coeur du
développement économique du Québec. Comme le premier ministre l'a
rappelé en janvier dernier, la stratégie maritime constitue l'un des piliers sur lesquels nous bâtissons la croissance
économique. La stratégie maritime représente un volet majeur du Plan économique
du Québec. C'est un projet de très grande envergure reposant sur la vision d'un
Québec tirant pleinement parti de sa situation géographique et de son
savoir-faire pour devenir une plaque tournante du trafic maritime entre l'Est
de l'Amérique du Nord et le reste du monde. L'objectif est que, d'ici 2030, le
Québec offre les infrastructures les plus modernes
et dispose des ressources humaines les mieux formées à cette fin. La conclusion
de l'Accord économique et commercial
global entre le Canada et l'Union européenne entraînera un développement
additionnel des échanges avec l'Europe dont la stratégie maritime
permettra de tirer parti. Elle suscite d'ailleurs un grand intérêt dans les
milieux d'affaires européens, comme les dernières missions économiques du
Québec ont permis de le confirmer.
En juin
prochain, mon collègue le ministre délégué aux Transports et à l'Implantation
de la stratégie maritime rendra publique cette stratégie ambitieuse.
Afin d'assurer une mise en oeuvre rapide et
concrète de la stratégie maritime, le gouvernement annonce des investissements de plus de 1,5 milliard sur
cinq ans, M. le Président. Ces investissements s'inscriront dans les
principaux volets de la stratégie maritime, dont :
200 millions de dollars sur cinq ans pour accélérer les investissements
dans les infrastructures portuaires commerciales du Québec; 400 millions
de dollars sur cinq ans pour favoriser l'implantation de pôles logistiques; 450 millions de dollars sur cinq ans pour
soutenir les investissements privés manufacturiers dans les zones
industrialoportuaires; 77 millions sur cinq ans pour favoriser l'essor du
tourisme maritime, notamment en développant
les infrastructures de croisières à Montréal et à Québec; 56 millions de
dollars pour la prolongation du crédit d'impôt pour la Gaspésie et
certaines régions maritimes du Québec et une bonification pour les
Îles-de-la-Madeleine, comme je l'ai déjà mentionné.
Maintenant, la stratégie maritime confirmera
ainsi les investissements annoncés concernant la création de l'institut
maritime France-Québec à Rimouski et l'importance accordée à la formation d'une
main-d'oeuvre qualifiée dans le domaine maritime.
L'exploitation
de nos ressources naturelles, M. le
Président, constitue un autre pilier
sur lequel s'appuiera notre développement économique.
La relance du
Plan Nord représente un élément essentiel des efforts que nous consacrons à la
mise en valeur de nos ressources
naturelles. La Société du Plan Nord, nouvelle société d'État coordonnant la
mise en oeuvre des orientations gouvernementales
relatives au Plan Nord, entrera en activité le 1er avril 2015. Le
gouvernement rendra publics prochainement
un document détaillant sa vision pour la relance du Plan Nord ainsi que le plan
d'action 2015‑2020 de la Société
du Plan Nord. La dotation 2015‑2016 du Fonds du Plan Nord est fixée à
77 millions de dollars. Selon le cadre financier 2015‑2020 du Fonds
du Plan Nord, les dépenses prévues atteindront 377 millions. L'utilisation
des sommes mises à la disposition de la
Société du Plan Nord sera précisée dans le cadre du plan d'action 2015‑2020 de
l'organisme.
Le secteur minier contribue au développement
économique de plusieurs régions du Québec.
L'abandon du
Plan Nord par l'ancien gouvernement a été l'un des facteurs de la diminution
des investissements dans le secteur
minier. Le gouvernement met en place plusieurs mesures afin de soutenir
l'industrie minière québécoise. Ces
mesures représentent des sommes de près de 15 millions de dollars pour les
trois prochaines années J'annonce le report d'un an de la hausse de la tarification des titres miniers; la réduction
de 35 % du coût minimal des travaux devant être effectués sur un claim; le renouvellement jusqu'en
2025 du mandat de la Société d'investissement et de diversification de
l'exploration minière, la SIDEX, ainsi que la prolongation de son programme
Action-Terrain; l'octroi de sommes additionnelles
pour l'amélioration des connaissances géoscientifiques sur le territoire du
Plan Nord et pour le développement responsable
de l'industrie minière; finalement, l'inclusion des études environnementales et
des consultations communautaires dans
la définition des frais d'exploration. Ces initiatives vont contribuer au
travail de caractérisation et d'acquisition de connaissances essentiel à
une protection raisonnée des territoires.
Le Plan économique du Québec prévoit
également des mesures pour améliorer la distribution du gaz naturel en
région.
La disponibilité du
gaz naturel constitue un facteur stratégique pour l'implantation et le développement
des entreprises. En remplaçant le mazout
lourd, le gaz naturel contribue de façon significative à la réduction des
émissions de gaz à effet de serre. Le
gouvernement poursuit donc les mesures déjà engagées pour favoriser le
développement de l'industrie du gaz naturel au Québec.
J'annonce
que le gouvernement réserve une enveloppe de 38 millions de dollars pour
des projets d'extension du réseau de distribution de gaz naturel. Dans
l'utilisation de cette enveloppe, la priorité sera accordée au prolongement du
gazoduc situé dans la MRC de Bellechasse. Pour être admissibles, ces projets
devront comporter une participation du distributeur, un investissement du
gouvernement fédéral et une contribution du milieu. J'annonce également la mise
en place d'une déduction pour amortissement accéléré pour les biens utilisés
dans le procédé de liquéfaction du gaz
naturel. Cette mesure aura un impact favorable sur l'approvisionnement en gaz
naturel de la Côte-Nord et du Nord-du-Québec.
Maintenant, M. le Président,
la forêt. La forêt est l'une de nos principales ressources naturelles. Le
secteur forestier crée des emplois et de l'activité dans la plupart des régions
du Québec.
Dans
le cadre du Plan économique du Québec, le gouvernement entend prioriser cette
année l'accès de l'industrie forestière
aux capitaux nécessaires pour investir dans les infrastructures ainsi que dans
le développement de nouveaux produits.
J'annonce que le Fonds Valorisation Bois pourra
investir dans le secteur des pâtes et papiers, dans les innovations visant de nouvelles utilisations pour la fibre de
bois ainsi que dans la modernisation d'infrastructures et d'équipements augmentant la compétitivité des entreprises. Le
Fonds Valorisation Bois est doté d'une capitalisation de 170 millions de
dollars. D'ici 2012, il prend des participations dans des entreprises du
secteur forestier à fort potentiel.
J'annonce par
ailleurs qu'une somme de 10 millions de dollars sera affectée en 2015‑2016
à la réfection des chemins multiusages situés sur le domaine de l'État.
Cet
investissement sera réalisé sous l'autorité de mon collègue le ministre des
Forêts, de la Faune et des Parcs.
M.
le Président, les différentes mesures que je viens d'annoncer démontrent à la
fois l'importance et le caractère stratégique du Plan économique du
Québec que nous mettons en place. Ces mesures totalisent un appui à l'économie du Québec de 12,6 milliards de dollars. En
visant principalement l'allègement fiscal, l'investissement et l'emploi, ce
plan constitue un pilier essentiel
pour la prospérité que nous allons redonner au Québec et à toutes les
Québécoises et à tous les Québécois, M. le Président.
Le
second pilier du Plan économique du Québec vise à pérenniser la solidité
financière recouvrée, afin d'asseoir la croissance économique et la
prospérité sur des bases solides et saines, et cela, de manière durable.
• (17 h 10) •
Depuis un an, depuis
un an, nous avons agi avec détermination pour atteindre l'équilibre budgétaire
selon l'échéancier que nous avions annoncé. Avec
la même détermination, nous allons poursuivre nos actions visant les causes
structurelles du déséquilibre budgétaire.
L'exigence
du contrôle des finances publiques s'impose aujourd'hui mais également pour les
années à venir. Au nom de l'équité
intergénérationnelle, il ne faut pas, il ne faut pas reproduire les erreurs du
passé. Nous allons asseoir la prospérité
sur des bases solides et à long terme, M. le Président. Le Plan économique du
Québec prévoit une croissance annuelle moyenne des dépenses consolidées
de 2 % pour les cinq prochaines années. Grâce aux efforts que nous engageons, le pourcentage des dépenses consolidées
par rapport au PIB diminuera graduellement de 24,1 %... pardon,
diminuera graduellement à 24,1 % en 2019‑2020, soit la situation prévalant
juste avant la récession de 2009. Nous assurons
la stabilité financière de l'État québécois, une stabilité financière
indispensable à la prospérité et à la croissance économique futures.
Plusieurs
initiatives sont déjà en place pour relever avec succès ce défi majeur,
d'autres s'y ajouteront. Permettez-moi de les survoler brièvement. Il
faut poursuivre la mise en oeuvre des meilleures pratiques budgétaires,
notamment pour améliorer la gestion des dépenses fiscales.
Dès
son entrée en fonction, notre gouvernement a mis en place la règle dite du cran
d'arrêt, en vertu de laquelle aucune dépense de programmes ne peut être
mise en place sans supprimer une autre dépense de programmes d'une ampleur
équivalente. J'annonce que cette règle du cran d'arrêt s'appliquera à l'avenir
aux dépenses fiscales.
Et,
puisque les meilleures pratiques budgétaires passent par une responsabilisation
et une transparence accrues, j'annonce,
premièrement, que les dépenses fiscales seront soumises à une évaluation
périodique obligatoire; deuxièmement, que la reddition de comptes relative
à ces dépenses fera désormais partie intégrante des documents budgétaires; troisièmement, que notre gouvernement implantera
d'ici 2017‑2018 une nouvelle présentation de l'information
budgétaire à l'Assemblée nationale afin de permettre aux parlementaires
d'avoir accès à l'information concernant l'ensemble, l'ensemble des dépenses
consolidées sous la responsabilité de chaque ministre.
Le
rétablissement à long terme de nos finances publiques passe inévitablement par
une gestion appropriée des dépenses
de rémunération des employés de l'État, qui représenteront 59 %
des dépenses de programmes en 2015‑2016. L'équilibre de nos finances est donc
intimement lié à notre capacité à bien gérer le budget de rémunération. Nous devons nous assurer en même temps que tous les
moyens sont disponibles pour que les citoyens puissent compter en tout temps sur une administration publique forte et
compétente. Cela signifie que l'augmentation de la rémunération globale doit respecter la croissance des dépenses de
programmes prévue au cadre financier et que les ententes à venir devront tenir
compte à la fois de l'importance de préserver les services publics et de la
capacité de payer des contribuables.
Nous nous engageons dans cette
démarche avec un esprit de partenariat. Dans le prolongement de la réflexion
collective que nous avons entamée concernant
nos façons de faire, nous invitons, nous invitons les employés de l'État à
être des acteurs de ces changements.
C'est
aux fins de l'élimination du déséquilibre des finances publiques et de la
préservation des missions de l'État que
notre gouvernement s'est engagé dans une série de réformes majeures des
principaux domaines d'intervention de ce dernier. Ces réformes vont se poursuivre. Leur dénominateur commun est
fort simple : nous voulons rendre l'État plus efficace dans sa
prestation de services de qualité aux citoyens.
Le
secteur de l'éducation est engagé, lui aussi, dans une démarche d'allègement et
d'optimisation des structures destinée
à assurer un service public de très haute qualité, toujours dans le respect de
la capacité de payer des Québécoises et
des Québécois. En éducation, notre gouvernement vise à ce que chaque enfant au
Québec puisse profiter des meilleures ressources pour se développer et
s'épanouir. Nos enseignants ont un rôle essentiel à jouer pour bâtir l'avenir
de nos enfants. Ils doivent pouvoir
s'appuyer sur des soutiens de qualité, avec l'aide aux devoirs, les programmes
de langues, les services spécialisés, les bibliothèques consacrées à
l'éducation et les outils pédagogiques de toutes sortes conçus à leur
intention. Cette disponibilité de ressources fait partie intégrante de notre
vision de l'éducation de demain.
Mon
collègue le ministre de l'Éducation, de l'Enseignement supérieur et de la
Recherche présentera prochainement notre
vision du système d'éducation à l'horizon 2020‑2025. Cette vision sera
notamment fondée sur la... persévérance, pardon, persévérance scolaire, sur la valorisation de la profession
d'enseignant et sur une plus grande autonomie de l'école. Elle intégrera
également un volet consacré à la formation professionnelle.
Par
ailleurs, notre gouvernement analysera le mode de définition des taxes
scolaires et les révisions pouvant y être apportées.
Dans le secteur de la
santé, le ministre de la Santé et des Services sociaux pilote une
transformation majeure des services afin de
les rendre plus accessibles à la population tout en assurant la pérennité de
notre système. Les réformes en cours
visent avant tout à améliorer, à améliorer les services aux citoyens et à
utiliser à cette fin des approches qui ont fait leurs preuves ailleurs, telles les supercliniques ou les
superinfirmières. Pour y parvenir, le ministre a d'abord engagé l'amélioration
de l'organisation et de la gouvernance du réseau. Les discussions actuelles
portent sur les meilleures façons de régler
les problèmes d'accès aux services de médecine de famille et de médecine
spécialisée. La prochaine étape consistera à optimiser les modes de répartition
des ressources financières à l'intérieur du réseau grâce à un financement
axé sur le patient.
Pour soutenir la mise
en place de ces nouveaux modes de financement, j'annonce que notre gouvernement
réserve des sommes de 10 millions de dollars
en 2015‑2016, de 20 millions de dollars en 2016‑2017 et de 40 millions
de dollars en 2017‑2018.
L'amélioration
de la gouvernance des organismes publics est une autre préoccupation de notre
gouvernement.
Dans
un but d'efficacité et d'amélioration des services aux clientèles concernées,
j'annonce quatre regroupements d'organismes, soit le regroupement de la
Commission de la santé et de la sécurité du travail, de la Commission des normes du travail et de la Commission de l'équité
salariale; le regroupement de la Commission des relations du travail et
de la Commission des lésions professionnelles; l'intégration des services de la
Régie du cinéma aux activités du ministère
de la Culture et des Communications; et le regroupement de la Régie des rentes
du Québec et de la Commission administrative
des régimes de retraite et d'assurances. D'autres regroupements devraient être
annoncés prochainement dans le cadre de la réflexion en cours sur les
structures existantes.
J'annonce également
que dorénavant, dans le suivi des efforts budgétaires, le gouvernement
privilégiera les cibles d'amélioration des résultats nets dans la soixantaine
d'organismes publics définis comme des sociétés d'État. Ces organismes seront libres de prendre les décisions et les mesures
qu'ils souhaitent pour atteindre les résultats demandés, mais ils
assumeront l'entière responsabilité de ceux obtenus.
J'annonce enfin que
plusieurs initiatives seront mises en place pour assurer une meilleure
cohérence entre la planification budgétaire
des organismes publics et les orientations gouvernementales. Des modifications
seront apportées aux règles d'adoption des budgets des organismes afin
de les rendre plus cohérentes et plus rigoureuses.
D'autres initiatives
de nature structurelle visent à permettre au gouvernement de disposer des
ressources financières dont il a besoin.
Notre gouvernement entend donner suite à plusieurs recommandations de la
commission Godbout sur la perception des revenus fiscaux.
Ainsi, nous allons continuer à faire de la lutte à
l'évasion fiscale, l'évitement fiscal et les planifications fiscales
agressives l'une de nos priorités. Nous devons pour cela intensifier les
discussions avec les gouvernements fédéral et provinciaux afin de convenir des
moyens les plus efficaces pour endiguer ces fléaux. Nous allons entreprendre
des discussions avec le gouvernement fédéral
pour apporter des solutions au problème de la perception des taxes de vente
et des impôts sur le revenu des sociétés
liés au commerce électronique avec le reste du Canada et avec les pays
étrangers. Nous souhaitons également
entamer des discussions avec les gouvernements fédéral et provinciaux dans le
but de mieux encadrer les règles
concernant les fiducies. Dans l'immédiat, j'annonce la mise en place de
nouvelles règles d'intégrité afin de contrecarrer certaines
planifications impliquant des fiducies.
• (17 h 20) •
Par ailleurs, afin
d'améliorer la récupération fiscale et la lutte contre la criminalité,
j'annonce la mise en place d'une entente de partage des sommes perçues par
Revenu Québec à la suite d'enquêtes policières.
M.
le Président, en conclusion, avec le budget 2015-2016, notre gouvernement illustre une fois de plus
sa vision du Québec, un Québec dont
les valeurs et les idéaux nourrissent depuis longtemps l'ambition de créer,
d'entreprendre, de rayonner partout sur la planète.
Un
an après notre arrivée au pouvoir, nous pouvons nous réjouir du chemin parcouru
et des résultats obtenus. Nous avons accepté les remises en question afin
d'éliminer le déficit et de rétablir la solidité financière. Nous avons voulu fonder notre action économique sur des bases
solides en rétablissant d'abord l'équilibre budgétaire. Nous parvenons aujourd'hui à franchir le dernier droit de cette
étape importante sans hausse de taxe ni d'impôt, comme nous nous étions
engagés à le faire dans la mise à jour économique de décembre dernier.
Nous prenons acte de
tous les efforts consentis et les reconnaissons à leur juste valeur. Ensemble,
nous avons redonné au Québec sa capacité de faire des choix et de réaliser des
projets qui lui importent.
À partir de cette
solidité retrouvée, ce budget engage un ambitieux plan économique proposant de
puissants ressorts pour l'action. Les
leviers que nous mettons en place permettront de bâtir l'avenir plutôt que de
le subir. Ce budget marque ainsi une étape majeure vers un Québec plus
prospère, plus fort, plus confiant et plus juste.
M. le Président, ceux qui me connaissent savent que j'ai une vision pragmatique de la
politique. Mon engagement politique est fondé sur le respect d'un
certain nombre de valeurs et de convictions fondamentales. Ces valeurs et ces convictions s'incarnent, entre autres, dans une
conscience aiguë de l'obligation que nous avons de léguer aux générations
qui suivront une société meilleure. Et, oui, il est possible de léguer aux
autres générations une société meilleure. Ces valeurs
et ces convictions, partagées par tous les membres du gouvernement et, j'en
suis convaincu, par la grande majorité des
membres de cette Assemblée, se matérialisent dans le Plan économique du Québec
que nous annonçons aujourd'hui. Les
actions qu'il engage, tout comme celles qui suivront, n'ont d'autre finalité
que de donner au Québec une prospérité retrouvée
et aux Québécoises et aux Québécois la confiance en l'avenir, cet avenir dont
Saint-Exupéry disait qu'il n'est pas à prévoir, mais à rendre possible.
Motion proposant que l'Assemblée approuve
la politique budgétaire du gouvernement
M. le Président, je
propose que l'Assemblée approuve le plan budgétaire du gouvernement. Merci.
(Applaudissements)
Le Président :
Merci, M. le ministre des Finances. Votre motion est présentée.
Je cède la parole maintenant
à M. le député de Rousseau, porte-parole de l'opposition officielle en matière
de finances et de revenu. Vous avez une période de 10 minutes, M. le
député de Rousseau, et c'est à vous la parole.
Commentaires de l'opposition
M. Nicolas Marceau
M.
Marceau : Merci, M. le Président. M. le Président, on est loin de l'équilibre quand, pour arriver à
un solde budgétaire de zéro, on freine l'économie du Québec
et on coupe drastiquement dans les services à la population. On est loin de l'équilibre quand on promet le déficit
zéro à la fin de l'année mais on prend des hypothèses irréalistes pour y
arriver. On est loin de l'équilibre quand on coupe dès maintenant et on
a des mesures économiques peut-être plus tard.
M. le Président, on est loin de l'équilibre quand on augmente le fardeau fiscal de près de 700 millions et qu'on laisse miroiter un peu d'air dans seulement deux
ans. C'est très libéral, M. le Président. Ça fait 12 ans que les libéraux
nous promettent des baisses d'impôt et de taxe et qu'ils gouvernent en
augmentant les taxes et les impôts, M. le Président.
Et, cette année, on n'y échappe pas, le fardeau fiscal augmente de
700 millions. M. le Président, on est loin de l'équilibre quand on
est obligé de corriger les erreurs qu'on a commises sans réfléchir dans les
budgets précédents, rétablissement, M. le Président, à leur niveau...
Des voix :
...
M.
Marceau : Donc, je rappelle qu'on rétablit à leur niveau
original les crédits d'impôt qui ont été coupés dans le budget de juin dernier dans le multimédia, dans
les affaires électroniques, dans l'intégration des technologies de
l'information et en culture.
Donc,
ça, on est loin de l'équilibre quand on fait ça, M. le Président. On est loin
de l'équilibre quand on freine l'économie avec des coupes importantes et
que, tel qu'annoncé par le ministre de l'Économie, on ne présente pas de politique économique. On est loin de l'équilibre
quand on augmente les impôts des petites entreprises pour financer les baisses d'impôt des grandes. On est loin de
l'équilibre quand on coupe drastiquement en éducation et en santé. On est
loin de l'équilibre quand plus de la moitié
de l'augmentation des dépenses de santé va dans la poche des médecins pour leurs hausses de salaire
mais qu'on coupe les services aux malades.
M. le Président, c'est facile, très facile de présenter un budget
avec un solde budgétaire de zéro quand on ne se préoccupe pas des
conséquences.
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît! S'il vous plaît! Il y a une tradition ici qui est assez forte...
Des voix : ...
Le Président :
S'il vous plaît! Il y a une tradition qui est assez forte ici : dans un
discours du budget...
Des voix : ...
Le Président : Est-ce qu'on
pourrait entendre, là? Là, c'est de mon côté gauche que j'aimerais entendre, je
voudrais entendre le silence, de mon côté gauche. Les temps qui ont été pris par
le ministre des Finances ont été faits de façon correcte. J'aimerais
entendre, en même temps, les deux prochains intervenants.
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît!
M. Marceau :
Bien, je vais répéter, M. le Président, parce que je veux que ce soit bien
clair. C'est très facile de présenter
un budget avec un solde budgétaire de zéro quand on ne se préoccupe pas des
conséquences, des conséquences de nos
gestes, des conséquences sur la croissance économique, sur l'emploi, sur les
investissements, sur le niveau de vie des
Québécois, quand on ne se préoccupe pas de l'impact sur les services à la
population, sur l'égalité des chances, sur le développement de nos régions. C'est très facile, M. le Président. Et,
M. le Président, quand on ne s'en préoccupe pas, ça donne ça. C'est ça que ça donne, un budget dans
lequel on ne se préoccupe pas des conséquences des gestes qu'on a décidé
d'avancer.
Et, M. le
Président, quand on ne se préoccupe pas des conséquences, ça donne quoi? Ça
donne l'austérité toxique à laquelle
le Québec est confronté, qui retranche de la croissance économique à l'économie
du Québec. Vous savez que cette
austérité — ça a été confirmé par la Banque Royale, par
Desjardins, par Pierre Fortin — elle retranche tout près de 1 %
de notre croissance économique. On parle de 3,3 milliards pour l'action
seulement du gouvernement, 4,1 milliards quand on prend en compte
l'effet multiplicateur. Et, M. le Président, l'effet libéral, il est confirmé
dans le budget d'aujourd'hui, il est
confirmé. On peut constater, par exemple, qu'en 2014 l'emploi a diminué au
Québec. En 2014, l'emploi a diminué.
On peut constater que les investissements non résidentiels des entreprises ont
diminué de 2,5 %. M. le Président, confirmation de l'effet libéral aujourd'hui, M. le Président,
confirmation de l'effet libéral. Les revenus autonomes sont en recul, M. le Président. Alors, M. le Président,
c'est très facile quand on ne tient pas compte des conséquences de ce
qu'on fait.
• (17 h 30) •
Quand on ne
se préoccupe pas des conséquences, ça donne aussi une absence de politique
économique, tel que souhaité d'ailleurs par le ministre de l'Économie.
Il nous l'a dit récemment. Et, malgré les 257 pages de vide qu'on retrouve dans ce document, ce qu'on y trouve est
extrêmement modeste. Encore une fois, et je l'ai dit, pour l'essentiel, on corrige les erreurs qui ont été commises dans
le budget de juin dernier, on rétablit des crédits d'impôt dans le secteur
du multimédia, des affaires électroniques, l'intégration des technologies de l'information
et en culture.
Et, M. le Président, un bon exemple du vide de
ce plan économique, du vide, c'est la page B.185. Et, M. le Président,
ça ne s'invente pas. J'aurais voulu inventer, je n'aurais pas fait mieux. On
nous parle, à la page B.185 : Impact financier des mesures pour mettre en valeur nos ressources naturelles. Et, dans le développement du Plan Nord,
M. le Président, on a une belle
rangée de zéros : 2015-2016, zéro; 2016-2017, zéro; 2017-2018, zéro; 2018-2019, zéro; 2019-2020,
zéro. Et un total de zéro, M. le Président, évidemment. Alors, ça, c'est ce qu'on prévoit pour développer nos ressources naturelles. C'est
ça qu'on prévoit pour le Plan Nord, M. le Président. Bravo! Bravo! Ça ne
s'invente pas, je l'ai dit.
M. le Président, par ailleurs, je vais ajouter
le fait qu'on prévoit dans ce budget des baisses d'impôt, pour les grandes entreprises, qui sont payées par des
hausses d'impôt pour les PME de moins de trois employés. Et je pense que
tout le monde, ici, est conscient des
retards que le Québec affiche sur le plan de l'entrepreneuriat. Et, croyez-moi,
M. le Président, ça ne va pas aider
aucune entreprise à naître que d'alourdir le fardeau fiscal des entreprises de
moins de trois employés. M. le Président, c'est une très mauvaise
décision.
M. le Président, quand on ne se préoccupe pas
des conséquences de ce qu'on fait, ça donne également des coupures drastiques et importantes dans les
services à la population. Je vous rappellerai que 2014-2015, ça a été l'année
de coupures dans l'aide aux devoirs, dans
l'aide alimentaire pour les élèves, dans les postes d'infirmière, dans la lutte
à l'intimidation et à la violence dans les cégeps, dans les régions. Et
j'en passe, évidemment. Mais, M. le Président, dites-vous bien qu'en 2015-2016, ça va être bien pire. L'austérité
toxique va frapper deux fois plus fort cette année. En effet, les dépenses de programmes consolidées vont
passer... Le taux de croissance des dépenses consolidées va passer de 2,9 % à 1,5 %, M. le Président. C'est
du jamais-vu dans l'histoire récente. C'est extrêmement sévère, c'est
drastique. Et il est impossible, impossible que de tels niveaux de
croissance n'aient pas un impact important sur les services à la population.
M. le
Président, en santé, on constate la plus faible augmentation des dépenses
depuis au moins 15 ans. Le budget augmente
de 535 millions, soit 1,4 %. Mais à cela, évidemment, il faut
retrancher les montants qui vont aller dans les poches des médecins. Quand on retranche ça, il reste
200 millions. 200 millions, ça, c'est l'augmentation du budget de la
santé cette année, M. le Président.
Et ça, c'est supposé couvrir l'augmentation de la population. Parce qu'il va y
avoir plus de Québécois cette année
au Québec, M. le Président. Ça va couvrir quoi? Le vieillissement de la
population? Ça va couvrir l'augmentation
des prix dans le secteur de la santé? M. le Président, ça ne couvrira rien de
ça. Il va manquer des ressources
pour les malades au Québec, M. le Président.
En éducation, en éducation, on a un gel des
dépenses avec une augmentation de 0,1 %. Quand le ministre de l'Éducation nous a dit que les Québécois n'étaient
pas faits en chocolat, il avait probablement raison : il n'y aura pas de
chocolat pour personne
cette année, ça, c'est clair et net. Pour nos universités, la coupure, elle est
de 100 millions, pour les cégeps, elle est de 20 millions.
Pour l'enseignement primaire et secondaire, la hausse est d'à peine
15 millions, 15 millions. Est-ce qu'il va y avoir encore moins d'aide
aux devoirs? Est-ce qu'il va y avoir encore moins d'aide alimentaire? Est-ce qu'il va y avoir moins de
réussite pour nos élèves? C'est ce qui est à prévoir, M. le Président. Et,
quand on coupe dans l'éducation, je
pense que c'est important de le dire, c'est dans l'avenir du Québec qu'on
coupe. C'est dans l'avenir du Québec.
On met en péril l'avenir du Québec par ce genre de choix. C'est la fin du
progrès. C'est la fin des progrès du Québec sur le plan de la
scolarisation. Le progrès, il est sacrifié dans ce budget, M. le Président.
Alors, écoutez, j'aurais pu en ajouter
longtemps, mais je vais conclure en vous disant simplement que ce budget, M. le
Président, consacre le fait que ce gouvernement a choisi le mauvais chemin pour
en arriver à un solde budgétaire nul. Les Québécois vont malheureusement,
malheureusement, constater très rapidement les effets néfastes de ce budget. Et, plutôt que de relancer
l'économie du Québec par une politique économique structurante, le gouvernement
poursuit et amplifie sa politique
d'austérité toxique. M. le Président, nous rejetons de toutes nos forces ce
très mauvais budget pour les Québécois.
Le
Président : Je vous remercie, M. le député de Rousseau.
J'invite maintenant M. le député de Granby, à qui je cède la parole pour
sa critique de 10 minutes sur le budget.
M. François Bonnardel
M.
Bonnardel :
Merci, M. le Président. Je suis très heureux d'intervenir au nom de ma
formation politique sur le discours
du budget 2017-2018. Oui, oui, M. le Président, 2017-2018, parce que la grande
majorité des mesures annoncées aujourd'hui,
que ce soit l'allègement du fardeau fiscal de la classe moyenne par le bouclier
fiscal, l'abolition de la taxe santé... Et, M. le Président, on
promettait l'abolition de la taxe santé avant la fin du mandat libéral. Et je
corrige le ministre qui a dit tantôt, dans son discours : «La contribution
santé sera abolie à compter du 1er janvier 2017»; sera progressivement abolie d'ici la fin du mandat.
Donc, ça va prendre cinq ans, ça, M. le Président, et non, comme c'était
prévu, avant la fin du mandat libéral. Impôt des sociétés, fardeau fiscal
moindre, cotisation au fonds de santé, relève entrepreneuriale : rien ne
sera applicable avant le 1er janvier 2017.
M. le Président, mon intervention se fera sur
deux points : le contribuable et le plan de relance économique. Les contribuables ont payé très, très cher le
retour à l'équilibre budgétaire aujourd'hui, et je m'explique, M. le Président.
Depuis 2010, le Parti libéral a fait quoi?
Il a augmenté la TVQ de deux points. Le Parti libéral a imposé une taxe santé
aux Québécois, et aujourd'hui on va corriger
une erreur du passé, applicable seulement en 2017. On a indexé tous les tarifs,
on a augmenté la taxe sur l'essence. C'est
16 milliards de revenus additionnels qu'on est allés chercher depuis 2010
pour retrouver l'équilibre budgétaire aujourd'hui.
Mais, M. le Président, dans la dernière année,
ce qu'on oublie de dire aux gens... Les gens le savent très bien parce que ça a paru dans leurs portefeuilles. Qui
n'a pas entendu parler des 17 cafés par semaine, du 1 343 $ que
ça a coûté aux familles du Québec, que ce soient les frais de garderie
qui ont augmenté sous le Parti libéral; taxe sur l'essence, 125 $ additionnels; l'assurance auto; taxes
scolaires; taxes municipales; 88 $, hausse des tarifs d'Hydro-Québec pour
l'année passée, cette année, 2,9 %? Les contribuables ont payé très
cher ce retour à l'équilibre budgétaire.
Maintenant, M. le Président, quand on regarde le
plan de relance économique du Québec, le Parti libéral a la prétention de dire : Je suis le... Nous
sommes le parti de l'économie. On ne se souvient plus si le
250 000 emplois sur cinq ans, c'était une cible, une prévision, une promesse. Mais ce qu'il y a dans
le budget, M. le Président, ce qu'il y a de sûr dans le budget,
premièrement, c'est une création d'emplois de 37 500 pour la prochaine
année, si je ne me trompe pas, 36 500 pour l'année suivante. Ça va prendre
76 000 emplois de créés par année d'ici la fin du mandat pour
atteindre supposément une cible, une
prévision, une promesse. C'est ça, le gouvernement libéral aujourd'hui, la
prétention d'être le parti de l'économie.
M. le
Président, quand on regarde le plan de relance économique, il y a un chiffre
qui m'a allumé : 121 millions de dollars. 121 millions de dollars, à la page 7, je vous
invite à aller le voir : Impact financier des mesures du Plan économique
du Québec. Mais, pour l'année 2015-2016, on souhaite créer des emplois avec un
plan économique de 121 millions de dollars. Les nouvelles initiatives pour
stimuler l'investissement privé, 43 millions, la culture, 42. 121 millions de dollars pour stimuler
l'emploi au Québec. Ça, c'est le plan de match, c'est le plan de match du
gouvernement pour la prochaine année
sur un budget de 100 milliards de dollars. C'est 0,1 % du budget.
Aussi bien dire que c'est une farce, le plan de relance économique.
Premier point.
M. le
Président, quand on parle de la stratégie maritime... J'en ai parlé voilà
quelques jours déjà. Et le ministre nous
a annoncé en grande pompe 1,5 milliard, supposément, d'investissements
public et privé, nécessairement. Mais, quand on regarde à la page B.161, M. le Président... Je vous invite, B.161,
allez voir l'impact financier réel. L'impact financier réel du gouvernement,
à la page 161, 2015, M. le Président, on parle de 170 millions de
dollars sur cinq ans. Pour la prochaine
année, c'est 13,8 millions de dollars. C'est ça, la stratégie maritime
pour la prochaine année. Alors, on est loin. Et je souhaite de tout coeur que vous puissiez annoncer des projets de
200, 300 millions. Mais il faut dire la vérité aux gens, là. Le vrai impact financier que vous avez
pour votre stratégie maritime, c'est 170 millions d'impact réel dans le budget.
C'est ça, la stratégie maritime pour la prochaine année.
• (17 h 40) •
On est loin,
M. le Président, on est loin des emplois qu'on souhaiterait créer, de réduire
l'écart de richesse avec l'Ontario,
comme mon chef l'a mentionné maintes et maintes et fois, cet écart de richesse
de 15 % avec l'Ontario, de 27 % avec le Canada, de 47 % pour les États-Unis, l'écart de salaire
moyen entre l'Ontario qui est passé de 4 200 $ à 5 800 $
par année. Et, quand on regarde la croissance économique,
M. le Président, on prévoit une croissance économique de 2 % pour le Québec. On l'a revue à la hausse de 1/10 de
point, mais à l'Ontario on va être à 3,3 %, M. le Président, 3,3 %.
On est loin de ce que nos partenaires économiques, nos voisins vont être
capables de faire.
Donc, plan de relance économique sur l'emploi,
121 millions de dollars, M. le Président, stratégie maritime, à peu près
nul, M. le Président. Et, quand on regarde ce constat complet, on peut juste se
désoler, M. le Président. Parce que
qu'est-ce qui va peut-être amener des augmentations de taxes additionnelles
pour la prochaine année... Dans les
dépenses de crédits on a vu un 85 millions de dollars qui va avec le pacte
fiscal, M. le Président, l'entente qu'il y avait avec les municipalités, on a vu quoi? Sous-traiter des taxes
additionnelles, qui ont augmenté les taxes municipales, les taxes
foncières des gens qui sont propriétaires de maison. On a vu dans le budget...
pas dans le budget mais dans les dépenses,
M. le Président, 45 millions, 45 millions de moins aux commissions
scolaires. Ça veut dire quoi, M. le Président? Qu'on va encore sous-traiter des augmentations de taxes pour la
prochaine année, des dépenses moindres. Est-ce que ça va arriver? Le gouvernement nous disait : Non,
non, non. Avec le transfert du pacte fiscal, le ministre des Affaires
municipales nous disait : Il n'y
aura pas d'augmentation de taxes. Bien, oui, il y en a eu. Même chose du côté
des ententes avec les commissions scolaires, on a eu des augmentations
qui ont été créées dans la dernière année.
Et, comme mon
collègue le disait, de façon ironique, un des points importants, hein, parce
que le plan de relance économique,
c'était la stratégie maritime et le Plan Nord, bien, le Plan Nord, M. le
Président, c'est un gros zéro, comme mon
collègue l'a mentionné. C'est des investissements privés à la baisse de
30 % l'année passée. C'est un creux en termes de redevances minières, qui ont atteint
65 millions de dollars l'an passé. Et on nous promet quoi dans le budget
présentement? Zéro.
M. le
Président, le gouvernement confirme aussi aujourd'hui, de façon indirecte,
l'absence de vigueur économique avec
les attentes du côté de la SAQ et du côté de Loto-Québec. On n'en a pas parlé
beaucoup, là, mais, à la page D.13, on lit que les revenus attendus vont croître de 0,2 %, 0,2 %.
Et, de l'autre côté, on comprend qu'on en demande beaucoup à Hydro-Québec, et ce sont encore une fois les
contribuables, l'année passée à hauteur de 4,3 %, cette année à
2,9 %, qui ont vu des augmentations au-dessus de l'inflation.
M. le
Président, le constat est très clair : on demande de l'ambition, nous
obtenons de la résignation. La classe
demandait un répit, ils obtiennent des hausses de leur effort fiscal. Et
ensemble on paie toujours plus. Ensemble, regardons
nos voisins courir pendant que nous marchons. Ensemble, disons non au manque
d'ambition de ce gouvernement.
M. le ministre, d'ici 2017, les contribuables seront toujours les plus taxés en Amérique du Nord Quelle fierté! Au final, citoyens, les libéraux vous
disent : Revenez-nous en 2017, payez plus maintenant.
Le
Président : Alors, je vous remercie, M. le député de Granby et porte-parole du deuxième
groupe d'opposition. M. le
leader du gouvernement, vous avez probablement une motion.
Ajournement
M.
Fournier : Oui, M. le Président. Conformément à l'article 105 de notre règlement, je fais motion pour
ajourner nos travaux au lundi 30 mars 2015, à 13 h 45.
Le Président : Est-ce que
cette motion est adoptée?
Des voix : Adopté.
Le Président : Adopté. Alors,
en conséquence, nous ajournons nos travaux à lundi 30 mars,
13 h 45.
(Fin de la séance à 17 h 44)