(Neuf heures quarante-six minutes)
Le Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, chers collègues, je vous
souhaite une très belle journée. Veuillez vous asseoir.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Nous en sommes à la rubrique de la déclaration
de députés, et je cède maintenant la parole à M. le député de Laval-des-Rapides.
M. le député.
Souligner la visite de membres du Centre des
femmes de Laval à l'Assemblée nationale
M. Saul Polo
M. Polo : Merci. Merci
beaucoup, M. le Président. Le Centre des femmes de Laval est un organisme
communautaire à but non lucratif qui vise l'amélioration des conditions de la
vie des femmes. Il offre aux femmes de Laval
un lieu d'appartenance et de transition, et
une porte de sortie à leur isolement, et un réseau d'éducation et
d'action.
Dans le cadre
de leur projet Notre parole, notre pouvoir, qui
vise à se familiariser et expérimenter la délibération à travers notamment la démystification de la
politique provinciale, elles sont en visite aujourd'hui
à l'Assemblée nationale.
J'aimerais
donc, M. le Président, leur souhaiter la bienvenue dans ce haut lieu et symbole
de démocratie et les encourager dans
leur excellente initiative qui vise à encourager la participation citoyenne des
femmes. Merci beaucoup.
Le Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député de
Laval-des-Rapides. M. le député de Matane-Matapédia.
Souligner l'effort des citoyens de
Petit-Matane pour la construction
d'un gymnase à l'école Saint-Victor
M. Pascal Bérubé
M.
Bérubé :
M. le Président, une centaine d'enfants de l'école Saint-Victor de Petit-Matane
vivent une situation
déplorable. En l'absence d'un gymnase dans leur établissement scolaire, les jeunes doivent prendre l'autobus pour se
rendre à leurs cours d'éducation physique dans
une ancienne école secondaire. La période d'éducation physique des élèves en est donc écourtée.
Des dizaines de parents et d'enfants de
Petit-Matane ont dénoncé cette situation en manifestant dans les rues et en signant des pétitions pour réclamer un
gymnase neuf à leur école. Après avoir essuyé un premier refus du
ministère de l'Éducation, le comité de
citoyens pour le gymnase a refait ses devoirs et déposé une nouvelle demande de
financement au gouvernement.
L'activité
physique est primordiale pour la santé et le bien-être des jeunes du Québec.
Voilà pourquoi je demande au
gouvernement de donner une réponse positive dans les meilleurs délais aux
enfants et aux parents de Petit-Matane. Un gymnase pourra ainsi être
aménagé dans l'école Saint-Victor, permettant aux élèves de bénéficier d'une
pleine période d'éducation physique. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député de
Matane-Matapédia. M. le député de D'Arcy-McGee.
Souligner le 80e anniversaire de naissance
du poète et musicien Leonard Cohen
M. David Birnbaum
M. Birnbaum : «There is a crack in everything
«That's how the light gets in.»
M. le Président, l'espoir, l'humanité, la
compassion et l'amour exemplifiés par ce refrain sont emblématiques de
l'homme que le Québec a l'honneur de partager avec le monde entier.
J'invite donc tous
les membres de cette Chambre à souligner le
80e anniversaire de naissance de Leonard Cohen, ce chanteur et poète qui
continue d'inspirer les peuples à travers la planète avec sa voix résonnante et
ses mélodies transcendantes. Ariane Moffatt à Willie Nelson, Bono, de U2, Rufus
Wainwright, jusqu'à Kermit the Frog, de Sesame Street, entre
autres, ont repris son hymne Hallelujah. Quelle fierté de savoir que cet
homme a le Montréal imprimé sur son coeur et notre coin du monde, le Québec,
dans son âme. Bonne fête, Leonard!
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député de D'Arcy-McGee. Mme
la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Rendre hommage au Centre
des femmes de Laval
Mme Manon Massé
Mme Massé :
M. le Président, l'éducation populaire est un outil les plus puissants que
s'est donné le monde ordinaire pour comprendre, se réapproprier et assumer sa
pleine citoyenneté. À l'heure où l'information de masse ne fait que répéter les mêmes messages, les
participantes des centres de femmes à travers le Québec apprennent à lire
entre les lignes pour connaître, comprendre
et agir sur les décisions gouvernementales qui les défavorisent, elles et leurs
proches.
Depuis 33 ans, le
Centre des femmes de Laval propose des activités pour permettre aux femmes de
reprendre du pouvoir sur leur vie personnelle, mais surtout sur notre vie
collective. Par l'une des ses démarches éducatives, Notre parole, notre pouvoir,elles ont cherché à comprendre la démocratie
en allant, entre autres, à la rencontre des femmes autochtones de Missinak et en assistant aujourd'hui à nos débats. Avant de devenir députée, j'ai travaillé et milité 10
ans dans ce centre. Je suis très émue de les voir là, aujourd'hui, avec moi,
dans la maison du peuple.
Félicitations, mesdames,
pour votre détermination à vouloir faire de ce monde un monde meilleur, et ça,
pour tout le monde. Puisse notre démocratie parlementaire être réellement au
service du peuple.
• (9 h 50) •
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Très bien. Alors, merci, Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Mme la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré.
Féliciter M. David
Savard-Gagnon pour sa
performance au Marathon Oasis de Montréal
Mme Caroline Simard
Mme Simard :
Merci, M. le Président. Alors, je désire féliciter David Savard-Gagnon, de
Baie-Saint-Paul, pour ses performances en course à pied, particulièrement au
Marathon Oasis de Montréal.
Alors
qu'il devenait le premier Canadien, depuis 1989, à remporter le marathon en 2013,
David a terminé second, dimanche dernier, avec un meilleur chrono,
malgré des conditions difficiles dues à la chaleur et à la présence d'élites étrangères. Une fois de plus, cet
enseignant en éducation physique, ayant reçu la Médaille de l'Assemblée
nationale le 18 février dernier, a fait preuve d'une force psychologique
et d'une endurance physique exceptionnelles.
David est une source
d'inspiration évidente, un modèle pour plusieurs, un exemple de détermination
et de courage, comme l'a été sa soeur Marie-Claude, qui a participé aux Jeux
olympiques de 1998 en patinage artistique. J'en
profite d'ailleurs pour la saluer, saluer sa soeur Isabelle, ses
frères Martin et Louis, ainsi que ses parents, Jean-Eudes et Fernande,
une famille que je connais personnellement et que j'apprécie. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, merci à vous, Mme la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré.
M. le député de Papineau, je vous cède la parole.
Souligner la Semaine pour
l'école publique
M. Alexandre Iracà
M. Iracà :
Merci, M. le Président. Du 28 septembre au 4 octobre cette année a lieu la
semaine de l'école publique au Québec. En
tant qu'adjoint parlementaire du ministre de l'Éducation, Sport et Loisir,
j'aimerais souligner l'apport de
l'école publique au développement de la société québécoise et que l'on rende
hommage à ceux et à celles qui en sont l'âme, c'est-à-dire le personnel
enseignant, les directeurs d'établissement, ainsi que tous les professionnels
et techniciens du réseau de l'enseignement.
L'école publique est
le reflet de la société. Elle témoigne avec fierté du potentiel de toute une
population de sa capacité à s'adapter aux
nouvelles réalités, mais également des contraintes auxquelles la société doit
faire face. J'aimerais rappeler que nous avons un réseau scolaire
solide, l'un des meilleurs au monde, et nous pouvons en être fiers, car ses
réussites sont nombreuses.
Au nom du ministère
de l'Éducation, du Loisir et du Sport et en mon nom, je souhaite une bonne
semaine de l'école publique à tout le réseau scolaire. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député de Papineau. Mme
la députée de Hull, je vous cède la parole.
Rendre hommage à M. Paul
Surprenant,
récipiendaire de la Médaille
de l'Assemblée nationale
Mme Maryse Gaudreault
Mme
Gaudreault : Merci. Alors, certaines personnes, M. le Président, rendent le
monde meilleur. Ce sont ces personnes
qui sont près de vous, qui restent malgré les épreuves, savent quoi dire et à
quel moment. Elles savent quand vaut mieux
se taire, car parfois un regard, un sourire, une tape sur l'épaule vaudra bien
plus que tout. Il y a des personnes sans qui le quotidien serait
bien plus difficile à supporter. Et c'est en guise de reconnaissance pour toute la
souffrance et la faim qu'il a contribué à
apaiser que j'ai récemment remis la Médaille de l'Assemblée nationale au
président de la Soupe populaire de Hull, M. Paul Surprenant. Au coeur de la mission de ce précieux organisme se
trouvent des gens d'exception, des hommes et des femmes qui se dévouent
jour après jour pour une plus grande justice sociale. De la part de toute la population
du comté de Hull, je remercie M. Surprenant ainsi que toute l'équipe qui l'entoure.
Nous vous disons merci, tout simplement, d'être là.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, Mme la députée de Hull. Mme la
députée de Mille-Îles, pour votre déclaration.
Souligner la Journée internationale
des personnes aînées
Mme Francine Charbonneau
Mme
Charbonneau : Merci, M. le Président. En ce 1er octobre 2014, j'aimerais souligner devant l'Assemblée
nationale la Journée
internationale des personnes âgées, qui est appelée au Québec la Journée
internationale des aînés. Décrétée par l'Organisation des Nations unies,
la Journée internationale des personnes
âgées représente un moment
annuel de réflexion sur les questions
entourant le droit des aînés et les principes qui y sont rattachés : l'indépendance, la participation, l'épanouissement
personnel et la dignité. J'aimerais également saluer l'initiative du Bouton argenté, symbole d'un mouvement pour une qualité
de vie adéquate des aînés, mise de
l'avant par le réseau la FADOQ. Finalement, que cette journée soit l'occasion
de reconnaître la part essentielle des aînés au développement de la société
québécoise sur tous les plans et de renforcer la solidarité entre les
générations. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, Mme la députée de Mille-Îles. Mme la
députée de Vachon, pour votre déclaration.
Souligner le Projet Jeunes Ambassadeurs
Sécurité routière du Service de police
de l'agglomération de Longueuil
Mme Martine Ouellet
Mme
Ouellet : Merci, M. le Président. J'aimerais souligner aujourd'hui le travail des policiers de Longueuil, qui nous démontrent encore une fois de plus l'importance de
l'approche communautaire avec la deuxième édition d'un projet fort innovateur, celui des jeunes ambassadeurs, en partenariat
avec la Société de l'assurance
automobile du Québec. Améliorer le
bilan routier chez les jeunes est d'une grande importance. Les jeunes
ambassadeurs, qui sont des étudiants du cinquième secondaire, avec la collaboration
des policiers communautaires, sont amenés à conscientiser, tout au long de l'année scolaire jusqu'au bal des
finissants, leurs camarades de classe. Les
dangers de conduire avec les facultés affaiblies, la vitesse au volant, les
textos et l'omission de la ceinture de sécurité sont quelques-uns des éléments abordés. Toutes mes félicitations à Katy Laframboise, agente section prévention et action
stratégique, à toute l'équipe du service de police de Longueuil pour
cette belle initiative et à nos jeunes étudiants ambassadeurs qui contribuent à
la prévention de la sécurité routière! Merci.
Le Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, Mme la députée
de Vachon.
Voilà qui met
un terme à la rubrique Déclarations de députés, et je suspends les travaux de
l'Assemblée quelques instants.
(Suspension de la séance à 9 h 55)
(Reprise à 10 h 14)
Le Président : Bon début de
journée, mesdames messieurs. Nous allons nous recueillir quelques instants.
Merci. Veuillez vous
asseoir.
Présence
de la ministre des Affaires européennes
et des Relations régionales de l'État
de Bavière, Mme Beate Merk
J'ai
le plaisir de souligner la présence dans nos tribunes de la ministre des
Affaires européennes et des Relations régionales de l'État de Bavière,
Mme Beate Merk. «Guten Tag»!
Présence de l'ambassadeur de
la république
du Bénin, M. Pamphile Comlan Goutondji
J'ai
également le plaisir de souligner la présence de l'ambassadeur de la république
du Bénin, Son Excellence M. Pamphile Comlan Goutondji, à l'occasion de
sa visite officielle.
Nous poursuivons les
affaires courantes. Aujourd'hui, il n'y a pas de déclarations ministérielles.
Présentation de projets de loi
À la rubrique
Présentation de projets de loi, M. le leader du deuxième groupe d'opposition.
M.
Bonnardel :
M. le Président, je vous demande d'appeler l'article b, s'il vous plaît.
Projet de loi n° 196
Le
Président : Alors, à l'article b du feuilleton, M. le
député de Deux-Montagnes présente le projet de loi n° 196, Loi
modifiant la Loi sur le Protecteur du citoyen. M. le député de Deux-Montagnes.
M. Benoit Charette
M.
Charette : Merci, M. le Président. Ce projet de loi prévoit que les
sociétés et les autres organismes publics visés par la Loi sur la
gouvernance des sociétés d'État sont assujettis à la compétence du Protecteur
du citoyen.
Il prévoit également
que sont assujettis à la compétence du Protecteur du citoyen les organismes
dont le gouvernement nomme au moins la
moitié des membres ou administrateurs, ainsi que les organismes dont plus de
50 % des actions comportant le droit de leur fonds social font partie du
domaine de l'État ou sont détenues en propriété par un autre organisme public
ou par un organisme du gouvernement.
Par
ailleurs, ce projet de loi énonce que le Protecteur du citoyen peut soumettre,
en tout temps, un rapport spécial à l'Assemblée nationale sur toute
affaire d'une importance ou d'une urgence telle qu'elle ne saurait, de l'avis
du Protecteur du citoyen, attendre la présentation de son rapport annuel.
Enfin, il prévoit que
le Protecteur du citoyen soumet ses prévisions budgétaires au Bureau de
l'Assemblée nationale et que ce dernier peut
autoriser le Protecteur du citoyen à déroger à une disposition qui constitue
une entrave à l'exercice de ses fonctions.
Mise aux voix
Le Président :
Est-ce que l'Assemblée accepte d'être saisie de ce projet de loi? Adopté.
Dépôt de documents
À la rubrique Dépôt
de documents, M. le ministre responsable de l'Administration gouvernementale.
Rapport sur l'application de
la
Loi sur l'administration publique
M. Coiteux :
Oui, merci, M. le Président. Il me fait plaisir de déposer le rapport 2012‑‑2014
du président du Conseil du trésor et ministre responsable de l'Administration
gouvernementale et de la Révision des programmes concernant l'application de
Loi de l'administration publique.
Le Président :
Alors, ce document est déposé. M. le leader du gouvernement.
Réponses à des pétitions
M. Fournier :
Oui. M. le Président, permettez-moi de déposer les réponses du gouvernement aux
pétitions déposées par la députée de Gouin les 22 et 27 mai 2014, le
député de Chapleau le 29 mai, le député de Bertrand le 6 juin, la députée de Vachon le 13 juin,
le député de Granby ainsi que celle de la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques le 16 septembre.
Réponses
à des questions inscrites au feuilleton
Je dépose également
les réponses aux questions inscrites au feuilleton le 16 septembre dernier par
les députés de Rimouski et de Rosemont et le 17 septembre par le député de
Terrebonne, adressées au ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale.
Le Président :
Alors, ces documents sont déposés.
Lettre concernant la tenue d'une séance du Bureau
de l'Assemblée au sujet du budget de dépenses de
l'Assemblée et des conditions de travail des parlementaires
Pour ma part, je dépose
la lettre que m'a adressée M. le whip en chef du gouvernement concernant une demande sur la tenue d'une séance du Bureau de
l'Assemblée nationale au sujet de la révision du budget de dépenses de
l'Assemblée comprenant l'ensemble des conditions de travail et le régime de
retraite des membres de l'Assemblée.
Il n'y a pas dépôt de
rapports de commissions.
Dépôt de pétitions
À
la rubrique Dépôt de pétitions, j'ai reçu de la part de Mme la députée de
Laviolette une demande pour le dépôt d'une pétition qui est non
conforme. Est-ce que j'ai un consentement? Consentement. Mme la députée de
Laviolette, nous vous écoutons.
Assurer des services préhospitaliers d'urgence
adéquats à la population du Haut-Saint-Maurice
Mme
Boulet : Merci, M. le Président. Je dépose l'extrait d'une
pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par 1 148
pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Entendu que, depuis
2002, la compagnie ambulancière BTAQ est responsable des services
préhospitaliers d'urgence pour toute la population du Haut-Saint-Maurice et que
les quarts de faction provoquent de la mortalité et de la morbidité;
«Entendu
que les services préhospitaliers d'urgence font partie du système de santé et
que la population est en droit d'obtenir des services d'urgence
adéquats, lorsque requis;
«Entendu
que les horaires de faction ne sont plus pertinents et allongent
considérablement le temps de réponse;
«Entendu qu'une
citoyenne de La Tuque est décédée, dans la nuit du 27 décembre 2013,
et que son décès et celui de plusieurs autres citoyens auraient [pu être]
évités, si le temps de réponse avait été plus rapide;
«Et l'intervention réclamée se résume ainsi :
«En
foi de quoi, nous, soussignés, demandons aux autorités compétentes […] de faire
en sorte que la Banque de techniciens
ambulanciers du Québec — BTAQ — puisse assurer le service d'une équipe
d'ambulanciers aux points de service sur un quart de
travail à l'heure, et ce, 24 heures par jour.»
Je certifie que cet extrait
est conforme à l'original de la pétition.
• (10 h 20) •
Le Président : Alors, l'extrait de cette pétition
est déposé.
Il
n'y a pas de réponses orales aux pétitions ni d'interventions portant sur une question de droit ou de
privilège.
Je vous avise
qu'après la période des questions et réponses orales sera tenu le vote reporté
sur la motion de M. le ministre des Affaires
municipales et de l'Occupation du territoire proposant que le principe du
projet de loi n° 3, Loi favorisant la santé financière et la
pérennité des régimes de retraite à prestations déterminées du secteur
municipal, soit adopté.
Questions et réponses orales
Nous
en sommes maintenant à la période de questions et de réponses orales, et je
cède la parole à M. le chef de l'opposition officielle.
Transport
d'hydrocarbures issus des sables
bitumineux sur le fleuve Saint-Laurent
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard : Merci, M. le
Président. Permettez-moi d'abord de remercier la ministre de la Culture d'avoir
reculé sur le projet de fermer les
conservatoires en région, donc. Et je tiens à souligner cette bonne décision du
gouvernement.
La semaine dernière…
Des
voix : …
M.
Bédard : M. le premier ministre… Ils n'aiment
même pas ça quand on souligne leurs bons coups, M. le Président. C'est
incroyable, hein? Ils sont masochistes, j'ai l'impression.
La
semaine dernière, le premier ministre a donné son accord, au nom des Québécois,
à l'exportation des sables bitumineux de l'Alberta par le Québec, sur le
fleuve, qui devient ainsi le camion-citerne de l'Alberta. De leur côté, la Colombie-Britannique, province voisine de
l'Alberta, les États-Unis aussi ont refusé parce qu'ils n'y voyaient pas
leur intérêt, leur
intérêt financier, encore moins leur intérêt environnemental. Nous, au
Québec, on a accepté. On n'a rien à dire parce que, nous a dit le
premier ministre, c'est le prix de la péréquation. C'est
pathétique, M. le Président.
Or, si le Québec
reçoit de la péréquation, c'est notamment dû à l'effet du pétrole, à un dollar
canadien dopé par le pétrole de l'Ouest qui
a fait disparaître, au Québec, des dizaines de milliers d'emplois
manufacturiers et qui a ruiné nos exportations internationales. Le
premier ministre ne réalise pas qu'on se tire dans le pied en acceptant de
devenir l'autoroute du pétrole de l'Ouest parce que
non seulement on nous fait prendre tous les risques environnementaux
et de sécurité sans aucun bénéfice pour le Québec,
mais en plus on nuit à notre économie.
Est-ce
que le premier ministre peut nous dire aujourd'hui un seul avantage pour le
Québec, pour ses travailleurs, pour l'économie, pour nous à exporter le
pétrole de l'Ouest?
Le Président : M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président, je trouve ça fort
intéressant parce qu'effectivement il n'y a toujours pas eu de réponse à une
remarque que j'ai faite à quelques reprises sur le fait que le gouvernement
fédéral dépense plus de 16 milliards de
plus qu'il ne perçoit au Québec, que là-dedans il y a 9 milliards
de péréquation, puis effectivement c'est de la richesse générée
dans l'Ouest du pays.
Mais
les choses changent. Moi, je pense qu'à long terme on est beaucoup mieux
placés, au Québec, avec une grande partie
des réserves d'eau douce mondiale, avec l'hydroélectricité, avec 98 % de
nos énergies qui sont de source renouvelable. Je pense qu'à long terme
le Québec est avantagé.
Maintenant, sur cette
question du transport du pétrole venant de l'Ouest sur le Saint-Laurent, je me
suis intéressé un peu à la question pour
constater que l'entreprise qui achemine ce pétrole a demandé des permis pour
faire des réservoirs pour accueillir le pétrole de l'Ouest sur le bord du Saint-Laurent, et nos collègues, à
l'époque où ils étaient au gouvernement, ont accordé
l'autorisation à la conversion…
Des voix :
…
M.
Couillard : …à la conversion de ces réservoirs pour qu'ils puissent
accueillir le pétrole de l'Ouest. Alors, j'aimerais connaître la logique, à
l'époque, de cette décision.
Ceci
dit, on a les mêmes intérêts économiques, on a également à coeur la protection
de l'environnement et on va suivre toutes les règles et bien sûr les
lois qui existent, notamment celles sous la juridiction fédérale, mais les
nôtres également, M. le Président. Mais j'aimerais qu'on fasse preuve d'un peu
plus de cohérence, de l'autre côté.
Le Président : Première complémentaire, M. le chef
de l'opposition.
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard : Discours
misérabiliste. Pour le premier ministre, le Québec est pauvre, et c'est bien
triste de l'entendre de sa bouche, M. le Président.
Quant aux citernes,
il sait très bien que c'était pour la transformation ici, pour nos
installations, pas pour l'exportation de masse vers les pays européens ou
ailleurs. Ça, c'est la réalité concrète.
Le premier ministre,
je lui pose la question, ça fait quatre fois que je lui pose : Un seul
avantage… Qu'est-ce que lui a compris que la
Colombie-Britannique, qui est le voisin de l'Alberta, a refusé, lui… qu'est-ce
que lui a compris que la Colombie-Britannique n'a pas compris?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président, je suis certain que c'était involontaire, mais notre
collègue mélange tout, là. On parle
de transport maritime, on parle de pipelines. On a les mêmes intérêts, on a les
mêmes principes environnementaux et économiques que nos
concitoyens — nos
concitoyens, en passant — de
la Colombie-Britannique.
Mais
effectivement je vois qu'en décembre 2013 le ministère du Développement durable
de l'époque a donné une autorisation
à la compagnie Kildair, qui a conclu une entente avec Suncor pour effectuer
l'entreposage et l'expédition de pétrole brut provenant de l'Ouest
canadien.
Alors, moi, je ne
comprends plus rien. Alors, si, à l'époque, c'était correct de donner
l'autorisation pour l'entreposage et l'expédition, pourquoi le même parti
politique aujourd'hui émet des doutes sur la pertinence de l'expédition qu'ils
ont eux-mêmes autorisée indirectement en donnant cette autorisation-là?
Maintenant, les règlements et les lois...
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard : Le premier
ministre s'écrase littéralement, M. le Président. En aucun temps le
gouvernement du Parti québécois n'a autorisé
l'exportation de pétrole. Il trouvera une seule ligne où on autorise
l'exportation, où on s'entend avec
l'Alberta pour dire : Oui, vous pouvez passer maintenant par le Québec
pour exporter le pétrole albertain. Il trouvera une seule ligne, une
seule ligne d'entente avec le gouvernement de l'Alberta.
Ce que je lui
demande maintenant : de nous dire un seul avantage pour le Québec, malgré
les risques environnementaux, d'être le transport et d'être le
camion-citerne de...
Le Président : M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président, lors
du Conseil de la fédération, j'ai eu l'occasion d'échanger avec ma collègue Christy Clark, de Colombie-Britannique,
et on partage les mêmes opinions, les mêmes critères de sécurité et de
protection de l'environnement.
Je me souviens également que la personne qui m'a
précédé dans ce fauteuil a eu, à l'époque, des rencontres avec la première ministre de l'Alberta, notamment
sur l'inversion de flot du pétrole de l'Ouest vers le Québec. Et, à ce
que je me souviens, il n'y avait pas de problème à ce moment-là, de la même
façon qu'on a accordé une autorisation pour de l'exploration sur Anticosti
avant l'évaluation environnementale.
Alors, il y a
toutes sortes d'inconstances et d'incohérences dans le discours de ce parti
politique. Bon, il y a une période de réflexion de leur côté, je leur
suggère de l'encourager, cette période de réflexion, et de l'utiliser pour...
Le Président : En terminant.
M.
Couillard : ...réfléchir
véritablement à leur opinion sur la question des hydrocarbures. De notre côté,
nous...
Le Président : Troisième
complémentaire, M. le chef de l'opposition officielle.
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard :
Les conditions de l'inversion, elles étaient simples, c'était pour développer
l'emploi ici et des retombées économiques pour le Québec, ce qu'on n'a
pas actuellement, tout simplement, et le premier ministre ne comprend pas ça.
L'économie, les emplois, pour lui, c'est trop compliqué, trop compliqué pour
lui. Il aime mieux les structures.
Ce qu'on
apprend en plus, c'est qu'il n'y a aucun schéma de couverture de risques dans
les municipalités et sur le fleuve en plus. Le premier ministre :
Bien non, on fait confiance à Transports Canada. Il a un bon historique ici, au
Québec, Transports Canada.
Comment se fait-il qu'il accepte de sous-traiter
notre sécurité aux...
Le Président : M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : Alors, M. le
Président, vous remarquez la façon subtile, à peine subtile dont notre collègue
parle de nos — répétez
après moi — compatriotes
canadiens.
Maintenant, ça a pris un peu de temps, là, ça a
pris deux, trois questions, mais là on arrive à un enjeu effectivement qui est intéressant et important, la question de la sécurité du transport des hydrocarbures. Bien, je rappelle à notre
collègue que, là, il nous parle du méchant pétrole de l'Ouest canadien, des
autres, hein, les Canadiens, l'autre pays,
là, pas le Québec, mais il y a du pétrole qui vient d'est en ouest à toutes les
semaines également sur le Saint-Laurent, et le même problème de sécurité
existe.
Alors,
effectivement, la capacité de réponse des municipalités côtières, la capacité
également de répondre à une avarie sur un navire... On sait que, s'il y
avait une avarie sur un pétrolier sur le Saint-Laurent, il faudrait l'amener
jusqu'à Halifax pour être traité en cale sèche. Alors, voilà des questions
pertinentes, enfin, M. le Président. Maintenant, quand…
Le Président : Principale, M.
le député de Rousseau.
Redressement des finances publiques
et relance de l'économie
M. Nicolas Marceau
M. Marceau :
M. le Président, le bulletin économique des trois premiers mois du régime
libéral est maintenant disponible et il est inquiétant. L'Institut de la
statistique rapporte une faible augmentation du PIB, au Québec, au deuxième trimestre. La croissance, au Québec, a ralenti. On
apprend également que, pour les trois premiers mois du régime libéral,
les programmes les plus coupés sont ceux de la mission économie, qui sont
réduits de 5 %.
En août, le
gouvernement a licencié le PDG d'Investissement Québec et ne l'a toujours pas
remplacé. Un des deux bras économiques du gouvernement est donc sans capitaine.
Tout cela survient alors que, très, très loin de la promesse libérale de créer 250 000 emplois, le Québec a plutôt
perdu 50 000 emplois à temps plein depuis l'arrivée du
gouvernement.
Alors, M. le
Président, puisqu'on voit ce que donne réellement l'effet libéral sur l'emploi
et la croissance, est-ce que le ministre des
Finances peut nous dire quand le gouvernement déposera une politique économique
pour réduire l'effet libéral néfaste sur l'emploi?
Le Président :
M. le ministre des Finances.
M. Carlos J Leitão
M.
Leitão : M. le Président, l'effet néfaste, je pense qu'il est là.
C'est-à-dire, en arrivant, nous faisons face à un déficit qui aurait été beaucoup plus élevé, et une
explosion des dépenses, et le tremplin, le tremplin dont mon collègue
parlait hier.
Le
plan a été déposé le 4 juin, c'était le budget. C'était un budget de
redressement des finances publiques et de relance de l'économie. Ça
marche. Un peu de patience, on va y arriver.
• (10 h 30) •
Des voix :
…
Le Président :
Le dialogue... la période du dialogue, c'est après la période des questions.
Là, on veut écouter la réponse à la question
qu'on a reçue. La question a été bien posée, M. le député de Rousseau a bien
posé sa question, j'aimerais entendre la réponse du ministre des
Finances.
M.
Leitão : M. le Président, merci. Je ne suis pas habitué encore à cette
joute-là. Donc, la relance économique, dans
notre budget, qui commence à se concrétiser. Nous avons, hier, l'annonce pour
le gaz naturel liquéfié, le redémarrage du Plan Nord. Dans le budget, il
y avait beaucoup de mesures aussi pour la relance des PME, et les PME sont au
coeur de la création d'emplois.
Pour
ce qui est du chiffre du premier trimestre… pardon, le deuxième trimestre dont
le collègue a fait allusion, je pense qu'on aura des choses à dire
là-dessus aussi, parce que ce n'est pas aussi noir que ça. Mais
essentiellement, essentiellement, l'économie du Québec est en reprise…
Des voix :
…
Le Président :
S'il vous plaît.
M. Leitão :
...la croissance s'accélère…
Le Président :
En terminant.
M. Leitão :
…la croissance s'accélère, et nous allons atteindre nos objectifs.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Prévost.
M. Pierre Karl Péladeau
M. Péladeau :
De Saint-Jérôme, M. le Président.
Le Président :
Saint-Jérôme.
M. Péladeau :
Merci beaucoup, M. le Président.
Le Président :
Je commence à être vieux.
M.
Péladeau : Energizer, Cascades, Bombardier aéronautique, Résolu,
Saputo, Kruger et bien d'autres entreprises ont annoncé des pertes
d'emploi et des fermetures d'usine ces derniers mois. La seule action du
gouvernement a été la création d'un groupe de
fonctionnaires déjà en place pour gérer les fermetures. L'austérité, ce n'est
pas une vision. Est-ce que, oui ou non, le gouvernement déposera, cet
automne, une véritable stratégie de développement économique?
Le Président :
M. le ministre des Finances.
M. Carlos J Leitão
M.
Leitão : Encore une fois, M. le Président, cette stratégie a été bel et bien dévoilée dans notre budget.
C'est un redressement des finances publiques
qui est nécessaire et une relance de l'économie. La relance de l'économie passe
par la stratégie maritime, le développement
du Plan Nord, l'aide aux PME et aussi, beaucoup, par les dépenses
d'infrastructures. N'oublions pas que c'est 11 milliards de dollars, c'est
3 % du PIB.
Quand notre collègue
parle d'austérité, il faut tenir en considération que les dépenses publiques
québécoises augmentent rapidement. On est loin de la situation européenne où
les dépenses publiques, en effet, se sont…
Le Président :
En terminant.
M. Leitão :
…contractées. Le développement se poursuit. 3 % du PIB…
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Saint-Jérôme.
M. Pierre Karl Péladeau
M.
Péladeau : Samedi dernier, 2 000 personnes marchaient à
Shawinigan pour manifester leur désarroi suite à l'annonce de la fermeture de l'usine Laurentide. Elles marchaient aussi
pour prendre en main leur développement économique.
Comment
le député de Trois-Rivières, le ministre régional de la Mauricie, qui est
également ministre des PME et du Développement économique régional,
peut-il expliquer son absence devant une mobilisation aussi importante de la
population de La Mauricie?
Le Président :
M. le ministre des Petites Entreprises.
M. Jean-Denis Girard
M.
Girard : M. le Président, à titre de ministre régional, je peux vous
affirmer que j'ai entendu la population de Shawinigan. À preuve,
quelques jours à peine après l'annonce, nous avons débarqué à Shawinigan avec
une équipe d'intervention tactique
d'Investissement Québec. Tous les outils d'Investissement Québec sont mis au
profit de Shawinigan. Nous sommes là
pour travailler avec les gens de la région, avec les gens du milieu. Nous avons
un fonds de 200 millions qui est disponible dans la région de la
Mauricie, dont 30 millions est disponible, à l'heure actuelle, pour Shawinigan.
Donc, nous sommes à
l'écoute de Shawinigan, nous travaillons avec les gens de Shawinigan avec
l'équipe d'Investissement Québec, et soyez assurés qu'on a entendu la
population de Shawinigan, M. le Président.
Le Président :
Principale, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
Financement des élections scolaires
M. François Legault
M. Legault :
Oui. M. le Président, malgré les belles promesses électorales du premier
ministre, on l'a tous vu cet été, les
commissions scolaires ont augmenté les taxes scolaires en moyenne de 10 %.
Le premier ministre répond à ça : Ce n'est pas de ma faute, ce
n'est pas moi, ce sont les commissaires élus qui ont pris cette décision.
Or, M. le Président,
dimanche dernier, c'était la date limite pour les inscriptions des candidats
aux élections scolaires. Or, résultat :
on sait maintenant que 44 % des postes de commissaire vont être soit élus
par acclamation ou non comblés parce que personne ne veut se présenter.
Donc, beau succès démocratique.
M. le Président,
alors que les finances publiques du Québec sont dans une situation difficile,
le premier ministre a pris quand même la décision d'aller de l'avant et de
dépenser 20 millions de dollars pour des élections scolaires le
2 novembre prochain.
Moi, je voudrais
savoir de la part du premier ministre — question très claire — ce
matin : Quel est le seuil de participation qu'il jugerait acceptable le 2 novembre
prochain? Est-ce que c'est 30 %, 20 %, 10 %? Combien?
Le Président : M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : Bien, M. le Président, plutôt que
d'aller dans la direction de la futurologie, là, je dirais : Regardons vraiment ce qui va arriver à ces
élections, lors de ces élections scolaires. Puis je partage la préoccupation de notre collègue quant à la signification réelle
de cet exercice démocratique. On aura l'occasion de le voir se dérouler
sous nos yeux. Le
processus était engagé, il fallait le mener à bien. Il va être mené à bien. On
aura l'occasion d'en faire le bilan, et notre collègue de l'Éducation en fera un bilan. On fera également un
bilan et une réflexion, bien sûr, dans le cadre de la révision des programmes. Vous avez vu qu'en santé
ça a donné des résultats qui, je crois, n'ont pas déplu au deuxième
groupe d'opposition. On fera également et on fait actuellement une révision
assez profonde quant au rôle, au mandat et au financement des commissions
scolaires.
Alors,
j'encourage notre collègue et sa formation politique... D'ailleurs, je m'ennuie
un peu du député de Lévis précédent parce que lui disait vouloir
collaborer avec le gouvernement dans l'effort de redressement, vouloir se présenter avec des idées et des suggestions.
Alors, je l'encourage à nous présenter des scénarios. Le problème avec
ce parti politique, c'est que ça s'arrête après la première ligne. Il y a le
mot «abolir», puis après c'est le vide. Alors, nous, on travaille sur des scénarios
véritables, M. le Président.
Le Président : Première complémentaire, M. le chef
du deuxième groupe d'opposition.
M. François Legault
M.
Legault : M. le
Président, l'arrogance du ministre de la Santé commence à déteindre sur le premier
ministre. Mais, M. le Président, je sais que le premier
ministre risque de changer d'idée
après l'élection, hein, il nous a habitués à ça. Mais je suis quand même
intéressé de connaître son opinion avant l'élection
du 2 novembre.
Je
répète ma question : Selon lui, quel est
le seuil de participation acceptable? Est-ce que c'est 30 %, 20 %, 10 %? Combien?
Le Président : M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : Alors, M. le Président, on va s'entendre. Le jour
où notre collègue nous annoncera d'avance le résultat des élections générales de 2018 sur son
parti en termes de pourcentage de vote, on répondra de la même
façon. Mais on va faire l'évaluation de cet
exercice de façon sérieuse. Ce que je voulais lui
dire... Et, en passant, je ne fais pas d'arrogance, je suis poli
avec lui, puis je le respecte dans sa fonction, et je le fais toujours. Ce que
je voulais lui dire, c'est que c'est très facile de dire... C'est très facile,
le mot «abolition» est magique, fait partie des mots... Bien, on dit «abolition», et tout est réglé, on n'a pas besoin
de rien dire d'autre. Nous, on veut réfléchir véritablement en
profondeur sur la gouvernance scolaire, sur les commissions scolaires, leur
mandat, leur rôle, leur financement. On va le faire sérieusement, correctement,
et les décisions seront prises au moment venu.
Le Président : Deuxième complémentaire, M. le chef
du deuxième groupe d'opposition.
M. François Legault
M. Legault : M. le Président, le premier ministre n'aime pas juste pêcher, ce qu'on voit, c'est qu'il aime patiner aussi.
Je
répète ma question, M. le Président. 20 %
de l'argent des contribuables québécois qui va être
dépensé le 2 novembre. Moi, ce que je veux... 20 millions de dollars, 20 millions de
dollars qui va être dépensé de l'argent des Québécois.
Moi, je veux savoir : Le seuil
acceptable, pour lui, de participation le 2 novembre
aux élections scolaires, est-ce que c'est 30 %, 20 %,
10 %? Combien?
• (10 h 40) •
Le Président : M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président, en tout respect, je ne vois pas
à quoi ça nous avance, cette question. Là, ce n'est pas de ça dont il est question, il est question d'une
évaluation large du processus démocratique. Et,
en passant, il y a le même processus
démocratique qui a donné des résultats limités dans le réseau de la santé.
Alors, notre collègue en parlera. Mais, sur la question de la gouvernance scolaire, on a une réflexion sérieuse
à faire. On va la faire. Et la différence, c'est que nous, en écoutant
d'autres en parler, on va la faire, comme on a fait la réforme... comme on fait
la réforme de la gouvernance de la santé,
comme on fait l'assainissement des finances publiques, comme on relance l'économie avec le Plan Nord et l'annonce hier avec
Gaz Métro. Alors, c'est beau, les paroles et la théorie; nous, on est dans la
pratique.
Le Président :
Principale, M. le député de La Peltrie.
Compressions budgétaires dans le réseau
de la santé et des services sociaux
M. Éric Caire
M.
Caire :
M. le Président, le 25 juin dernier, lors des études de crédits, le
ministre de la Santé déclarait : «…on vise, dans des mesures
d'optimisation et de révision de l'administration de notre réseau, des
économies, pour 2014‑2015, de 225 millions...» Or,
dans un document interne que nous avons obtenu, qui a été rédigé par la
Direction des communications du ministère de
la Santé, on apprend que cet objectif-là ne tient plus la route. On parle
plutôt, à terme, d'une économie
de 220 millions pour mars, 31 mars 2018, M. le Président, ce qui s'adonne, totalement par hasard, à être un budget
électoral. On comprend que c'est un hasard. On fait aussi référence à un
tableau préparé par Michel Fontaine qui expliquerait le processus par lequel le ministère va passer pour
arriver à cette économie-là, qu'on refuse toujours de déposer.
Alors,
est-ce que le ministre peut nous confirmer ce matin que son objectif
pour 2014‑2015 de 225 millions
ne tient pas la route?
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M. Barrette :
Alors, M. le Président, évidemment, je n'ai pas en possession les documents que
mon collègue de La Peltrie a, mais je peux quand même lui confirmer le contraire de ce qu'il vient de dire, à savoir que, dans l'année 2014‑2015, nous atteindrons des économies
de 225 millions de dollars, tel que demandé.
Ceci dit, il va de
soi, M. le Président, qu'il y a plusieurs mesures à être mises en place, et ces
mesures à être mises en place, bien, il y en a
qui s'étalent sur deux années. Et, malheureusement pour l'information que mon collègue de La Peltrie a, il
n'a pas des informations complètes, il a une information qui s'étale sur deux
années, et il y a d'autres mesures qui
seront en place pour cette année, ce qui fait que le grand total de la chose
atteindra les montants annoncés aux crédits budgétaires, M. le Président.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de La Peltrie.
M. Éric Caire
M.
Caire : Alors, M. le Président, peut-être qu'il devrait parler avec les gens de son ministère
de temps en temps. Vous voyez bien le logo ici du gouvernement, Santé et Services sociaux,
hein, préparé par la Direction des communications en réaction aux questions
potentielles des journalistes, M. le Président. Donc, non seulement on
désinforme le ministre, mais on entend aussi désinformer nos médias, il
semblerait. Compte tenu des… Aussi, M. le Président, sur
les économies, on nous apprend que les mesures transitoires vont coûter
220 millions sur deux ans.
Donc, je répète ma
question : Est-il sûr d'avoir 225 millions…
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M. Barrette :
M. le Président, et pour le bénéfice des journalistes qui nous écoutent, qu'on
ne voudrait certainement pas induire en erreur, n'est-ce pas, je vous annonce
très officiellement qu'à tous les jours des dizaines de documents sont produits au ministère de la Santé, et je dirais même
que des centaines de documents de nature budgétaire sont produits, et
que, conséquemment, l'information dont dispose le député de La Peltrie,
qui est certainement vraie pour ce qui est
du document qu'il a, ne correspond pas à la réalité dans son entièreté. Alors, je le répète : Au
ministère de la Santé, nous avons annoncé
pendant les crédits des économies de 225 millions de dollars,
effectivement, lors de l'étude des crédits, et c'est ce qui sera
réalisé, M. le Président…
Le Président :
En terminant.
M. Barrette :
…parce que nous avons fait de ça un engagement ferme, M. le Président.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de La Peltrie.
M. Éric Caire
M.
Caire : M. le Président, je suis un peu surpris qu'un document qui vise à préparer les réponses aux questions
des journalistes sur le projet de loi le plus important déposé par le ministre
n'ait pas été porté à sa connaissance, surtout que… — et je
vais vous le lire, M. le Président — surtout qu'on y dit :
«L'économie de 220 millions à terme s'actualisera progressivement jusqu'au
31 mars 2018. Voir tableau transmis au cabinet par M. Fontaine
présentant ces chiffres», tableau qu'il refuse toujours de déposer.
Est-ce qu'il pourrait au moins nous le déposer, ce
tableau-là, pour qu'on puisse évaluer jusqu'à quel point ce qu'il nous…
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M. Barrette :
M. le Président, je soupçonne que le document auquel fait référence le député
de La Peltrie et qu'il a entre ses mains est essentiellement le document
qui a été présenté lors du briefing technique aux journalistes, qui a été fait aux journalistes en appui ou en démonstration
du projet de loi n° 10, qui a été fait et déposé la semaine dernière. Alors, il y fait référence,
manifestement, parce qu'il parle de 220 millions aux montants qui sont en
jeu dans la réforme qui est proposée
par la loi n° 10. Et, comme je l'ai dit il y a quelques instants et
que je pourrais répéter ad vitam aeternam,
ce n'est pas la seule action que le ministère de la Santé pose, et, j'insiste,
les montants qui ont été annoncés aux crédits seront appliqués, M. le
Président, tel que promis.
Le Président :
Principale, Mme la députée de Montarville.
Lutte contre l'évasion fiscale de
certains organismes religieux
Mme Nathalie Roy
Mme
Roy
(Montarville) : Oui, merci. Bonjour, M. le
Président. LeJournal de Québec et LeJournal de Montréal font la démonstration ce matin que
c'est un vrai jeu d'enfant de créer une religion de toutes pièces pour ne pas
avoir à payer d'impôts. Il suffit de débourser 200 $, de remplir quelques
formulaires, et le tour est joué! Le journaliste a donc créé une religion bidon, et aucun employé du gouvernement n'a posé
de question, demandé d'explication ou douté de sa démarche. Force est de constater que l'État n'a aucune expertise
et n'a aucun droit de déterminer si les convictions de l'église sont
religieuses ou pas. La seule chose qu'elle demande, c'est de faire un rapport
d'impôt à chaque année. Alors, il y a plus de 4 500 organismes religieux,
au Québec, qui bénéficient d'exemption d'impôt.
Comme le gouvernement
cherche à faire des économies, aura-t-il le courage de faire le ménage entre
les vraies églises et celles qui abusent du système?
Le Président :
M. le ministre des Finances.
M. Carlos J Leitão
M.
Leitão : M. le Président, bien sûr
que la question de l'évasion fiscale, c'est un sujet qui nous
préoccupe au plus... Et d'ailleurs
Revenu Québec a, dans son mandat, très explicitement le mandat,
justement, de combattre ce fléau de la façon la plus
vigoureuse. D'ailleurs, on nous le reproche souvent, que, peut-être, il
pourrait même, à l'occasion, être un petit peu trop vigoureux.
Maintenant, soyons
clairs, l'utilisation inappropriée d'un statut de bienfaisance pour obtenir des
déductions fiscales constitue une fraude. Deuxièmement, et un peu plus que ça, une fausse déclaration à l'impôt, que ce
soit dans ces cas-là ou n'importe quel autre cas, une fausse déclaration
à l'impôt a des conséquences, a toujours des conséquences. Et les autorités
fiscales de Revenu Québec sont très actives aussi pour justement poursuivre ces
fausses déclarations.
Alors,
ce à quoi nous faisons face ici, c'est une... semble une tentative de produire
une fausse déclaration. Et, pour que ces avantages puissent
être... tirer profit de...
Le Président :
En terminant.
M. Leitão :
...il faudrait aussi, le long de l'année, que ça soit prouvé. Et Revenu Québec...
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée de Montarville.
Mme Nathalie Roy
Mme
Roy
(Montarville) : M. le Président, il y a une dizaine d'années, quand j'étais au Grandjournal du midi, à TQS, nous avons fait exactement la même
démonstration. Nous avons créé de toutes pièces une église, une coquille vide
baptisée La Sainte Voix des...
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît!
Des voix :
...
Le
Président : Juste une
seconde, madame. On se calme. C'est à vous la parole, et vous êtes la seule qui
avez le droit de parler ici.
Mme
Roy
(Montarville) : Merci. Il n'a fallu que quelques papiers à remplir, et le tour était joué.
Personne n'a vérifié le culte que nous voulions proposer à nos fidèles.
Visiblement, rien n'a changé.
Le ministre sait-il
combien il y a de ces fausses églises, au Québec, qui profitent d'exemptions
fiscales? Combien, M. le ministre?
Le Président : M. le ministre
des Finances.
M. Carlos J Leitão
M. Leitão :
Le processus est exactement le même comme quand quelqu'un produit une fausse déclaration
sur sa déclaration de revenus. Vous pouvez, en 15 minutes, produire une déclaration
d'impôt en vous inventant un nom et des
revenus farfelus et la soumettre à Revenu
Québec. La question,
c'est : Comment ça va être surveillé par après? Et à ce niveau-là, à ce niveau-là... pardon, Revenu Québec a des processus très stricts pour s'assurer que ces
productions de déclarations d'impôt sont surveillées très strictement. Et,
encore une fois, quand on fait des fausses déclarations au fisc,
on va être puni là-dessus.
Le Président :
Deuxième complémentaire...
M.
Laframboise : De Blainville, M. le Président.
Le Président :
M. le député de Blainville.
M. Mario Laframboise
M.
Laframboise : M. le Président, en 2010, la valeur totale des
exemptions de taxes foncières et scolaires accordées aux corporations
religieuses, églises, et autres, s'élevait à plus de 107 millions de
dollars. On n'a pas de portrait plus récent,
un travail trop fastidieux, nous dit-on au ministère des Affaires municipales. Donc, le ministre des
Affaires municipales n'a même pas le portrait complet de cette mesure.
Si vraiment tout est
sur la table lors de la révision des programmes, qu'attend le ministre pour
nous déposer un portrait à jour de cette mesure?
• (10 h 50) •
Le Président :
M. le ministre des Affaires municipales.
M. Pierre Moreau
M. Moreau :
Il est inexact de dire que le ministère des Affaires municipales n'a pas un
portrait à jour de la situation, M. le
Président, puisque les chiffres qui ont été révélés sont les chiffres qui ont été
produits par le ministère des Affaires municipales lors de l'étude des
crédits et qui sont les plus récents disponibles.
Les
rôles d'évaluation peuvent faire l'objet d'une contestation, M. le Président,
et le Tribunal administratif du Québec décide, en fin d'analyse, si, oui
ou non, les exemptions fiscales prévues aux rôles d'évaluation doivent être versées à une église. Les contribuables peuvent
déposer une plainte, le ministre des
Affaires municipales peut
déposer une plainte et, s'il s'avère que, dans une municipalité, une exemption
est donnée illégalement, il s'agit également d'une
fraude, et, encore une fois, et les dispositions applicables au Revenu et les dispositions applicables à la Loi sur la fiscalité municipale nous
permettent de contrer...
Le Président :
En terminant.
M. Moreau :
...les gestes illégaux qui sont posés.
Le Président :
Principale, M. le député de Rousseau.
Transferts
fédéraux en matière de
santé et de programmes sociaux
M. Nicolas Marceau
M. Marceau :
M. le Président, le directeur parlementaire du budget à Ottawa a déposé, hier,
un rapport qui confirme, une fois de plus, que l'argent est à Ottawa et que les besoins sont au Québec
et dans les provinces. Son rapport réaffirme l'existence du déséquilibre
fiscal que le ministre des Finances niait il y a quelques mois à peine.
Le Québec s'apprête à
subir le régime d'austérité libérale, alors que des sommes sont disponibles à Ottawa.
Le transfert canadien en matière de santé et le transfert canadien en matière
de programmes sociaux sont plafonnés et inadéquats,
alors que le Québec doit composer avec les coûts engendrés par le vieillissement de la population. Le directeur parlementaire du budget nous
dit que le transfert en santé devrait plutôt augmenter de 6 % par année.
Or, M. le Président,
plutôt que de s'en prendre aux plus vulnérables de la société, est-ce que le
gouvernement peut aller chercher l'argent là où il est, à Ottawa?
Le Président :
M. le leader du gouvernement.
M. Jean-Marc Fournier
M. Fournier :
J'aimerais peut-être juste rappeler à notre collègue que, lors du Conseil de la
fédération, le rapport déposé par... ou
commandé par le Conseil de la fédération auprès du Conference Board a établi
l'état du déséquilibre. Le premier ministre, le
ministre des Finances ont fait référence à cette étude, comme d'ailleurs, M. le
Président, tous les premiers ministres des
provinces et territoires. Donc, c'est l'ensemble des Canadiens représentés
par les dirigeants de leurs provinces et
territoires qui ont appuyé sur ce rapport du Conference Board, ont indiqué au
gouvernement fédéral que devait s'ouvrir un large dialogue, notamment dans deux
domaines bien précis, notamment celui de la santé.
Justement, lorsqu'on regarde les éléments soulevés par le directeur
parlementaire du budget, hier, qui parlait des éléments de démographie, le premier ministre du Québec les a soulevés
lui-même à la table du Conseil de la fédération, a rallié les autres provinces à ce concept, même
chose pour le domaine des infrastructures, soulevé, entre autres, par
l'Ontario.
Lorsqu'on
regarde l'ensemble des partenaires canadiens, au niveau provincial et
territorial, il y a un consensus très clair, très affirmé, face au
gouvernement fédéral, de constater le déséquilibre entre les moyens et les
besoins et de constater, de faire…
Le Président :
En terminant.
M.
Fournier : …constater au fédéral qu'il y a place à ce qu'il y
ait un débat constructif pour tous les Canadiens et les Québécois.
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la députée de Taillon.
Mme Diane Lamarre
Mme Lamarre :
M. le Président, le gouvernement coupe et veut faire croire qu'aucun service ne
sera coupé. On coupe en santé mentale, on coupe en santé publique, on coupe
dans les soins aux personnes âgées. Pourquoi, pendant
que l'argent dort dans les coffres du fédéral, le gouvernement libéral fait-il
subir l'austérité aux personnes les plus vulnérables au Québec?
Le Président :
M. le président du Conseil du trésor.
M. Martin Coiteux
M. Coiteux :
Alors, M. le Président, le Parti québécois, pendant ses 18 mois de pouvoir, et
surtout au tout début, avait dit qu'ils
allaient équilibrer le budget, et voici ce qu'ils ont produit : ils ont
produit un déficit de 3,1 milliards de dollars en 2013‑2014, alors que le ministre des Finances de l'époque
disait que c'était une nécessité d'équilibrer le budget.
Lorsqu'on
est arrivés, on faisait face à un déficit de 5,8 milliards de dollars. On
prend des décisions difficiles, à l'heure actuelle. Tous les ministères
sont concernés dans ce qu'on fait, à l'heure actuelle, pour équilibrer le
budget. C'est une nécessité, comme a dit
votre ancien... votre compagnon qui était anciennement ministre des Finances.
Mais, contrairement à votre ancien compagnon, nous allons livrer la marchandise
dans un budget équilibré...
Le Président :
En terminant.
M. Coiteux :
...en 2015‑2016, en protégeant les plus vulnérables de notre société.
Le Président :
Complémentaire, Mme la députée de Pointe-aux-Trembles.
Mme Nicole Léger
Mme Léger :
Alors qu'Ottawa se crée des surplus afin de pouvoir faire des cadeaux en vue
des prochaines élections, le gouvernement libéral fait le gentil garçon
obéissant face à Ottawa. Pourquoi le gouvernement du Québec —qui a l'air à
le confirmer aujourd'hui — demande
des comptes… au lieu de demander des comptes au fédéral, préfère-t-il
couper les petits déjeuners et l'aide aux devoirs aux élèves les plus
vulnérables?
Le Président :
M. le ministre de... M. le leader du gouvernement.
M. Jean-Marc Fournier
M. Fournier :
Premièrement, il est établi qu'il y a un déséquilibre entre les besoins et les
moyens, et le Québec, avec les autres provinces et territoires,
vont de l'avant pour que cela puisse être mis à contribution pour les
services des Québécois. Cela, nous y sommes déjà.
Cela ne nous donne
pas congé de regarder ici, au Québec, la façon dont on administre les sommes d'argent
que nous confient les Québécois. Pourquoi, M. le Président? Pourquoi c'est important
de le faire? Parce que, lorsque le Parti québécois a décidé de ne pas le faire, cela a entraîné des conséquences pour
l'avenir. Nous devons réparer le gâchis péquiste et s'assurer que la
maison est propre pour l'avenir de nos enfants et la liberté de leurs choix.
Le Président :
Principale, M. le député de Rosemont.
Compressions budgétaires dans la
protection de la jeunesse
M. Jean-François Lisée
M. Lisée :
M. le Président…
Des voix :
…
Le
Président : Est-ce qu'on pourrait se calmer? C'est une journée comme aujourd'hui, mais dans quatre ans, les élections. M. le député de Rosemont.
M.
Lisée : M. le Président, chaque jour au Québec, 227 signalements sont faits à la direction de la
protection de la jeunesse, 227
enfants potentiellement à risque de négligence, de maltraitance, de violence.
Le nombre de signalements augmente chaque année.
Quelle est la réponse
du gouvernement libéral? Est-ce de soutenir les intervenants de la DPJ dont la
charge de travail augmente? Non. La réponse
libérale est de réduire de 20 millions de dollars le budget. Jamais la DPJ
n'avait subi une coupure aussi importante.
Comment le gouvernement
libéral peut-il continuer à prétendre que ces coupes n'auront aucun impact sur
les services aux 227 jeunes qui en ont chaque jour le plus besoin?
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : M. le Président… Bien, je remercie d'ailleurs le député de
Rosemont de me poser cette question-ci parce qu'elle touche au coeur,
évidemment, de la réforme qui a été proposée avec la loi n° 10 la semaine
dernière.
L'objectif
ici, M. le Président, est de faire en sorte que nous arrivions à couper dans la
bureaucratie sans toucher les services.
Et je donnerai des exemples, parce qu'ils s'appliquent à la protection de la
jeunesse de la même manière, même si ça
ne sera pas un exemple de la protection de la jeunesse. Ce matin, je donnais
comme exemple, dans une entrevue, le fait que, dans la déficience, dans
les centres de réadaptation TED, déficience intellectuelle, nous avions réussi
à faire passer le coût unitaire moyen de
service de 43 000 $ à 33 000 $ et nous prévoyons, M. le
Président, dans cet exemple-là, dans
la prochaine année, le faire descendre à 28 000 $, en donnant, M. le
Président, 20 % plus de services. Alors, ceci montre qu'il y a des
économies d'échelle à faire, qui sont des économies d'ordre administratif, sans
faire en sorte qu'on touche aux citoyens, aux services aux citoyens.
Maintenant, les gens
touchés par ces réformes-là s'en plaignent et contactent sûrement la députation
de l'opposition, mais, au bout de la ligne…
Le Président :
En terminant.
M. Barrette :
…les services sont préservés.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Rosemont.
M. Jean-François Lisée
M. Lisée :
Alors, je demande au ministre de la Santé d'écouter les gens qui connaissent ça.
Par exemple, la directrice de la protection de la jeunesse de Lévis—Chaudière-Appalaches,
qui dit ce qui suit : Moins de services dans les garderies, moins de budget dans les centres de santé, moins d'argent
pour les organismes communautaires, moins de fonds pour les centres jeunesse. Si les enfants et les adolescents de
familles dysfonctionnelles ne sont pas soutenus par ces organisations tout au long de leur cheminement, il
y aura inévitablement une augmentation des signalements à la DPJ.
En quoi le ministre
peut-il…
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M. Barrette :
M. le Président, je constate que, malgré les nombreux contacts que le député de
Rosemont a eus avec le public, il n'a pas encore, ici, aujourd'hui, d'exemple à
mettre sur la table. Il a des commentaires à nous rapporter de ceux qui sont sur le terrain, qui nous font des
commentaires apocalyptiques, qui ne vont pas nécessairement, évidemment,
arriver.
Alors, la
situation est telle, aujourd'hui, M. le Président, que ma collègue députée… je
m'excuse, ministre déléguée à la Réadaptation et aux Services sociaux,
qui est actuellement à l'extérieur dans une conférence nationale, rencontre quotidiennement ces organisations-là, et nous
sommes parfaitement à l'écoute de ces gens-là et nous sommes à l'affût
de décisions qui seraient inopportunes, parce qu'encore une fois, M. le
Président…
Le
Président : En terminant.
M. Barrette :
…la consigne est claire : correction budgétaire sans atteinte de services.
Comme on…
• (11 heures) •
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Rosemont.
M. Jean-François Lisée
M.
Lisée : Je comprends, M. le Président, que le ministre de la
Santé, donc, désavoue les directeurs de la protection de la jeunesse des régions, qui sonnent l'alarme et,
pour lui, ce ne sont pas des gens qui connaissent le terrain. Pourtant, la
directrice de la région de Saguenay—Lac-Saint-Jean donnait un exemple — il veut un exemple — que le premier ministre, lui, a tenu en
partie sa promesse d'octroyer 1 million
de dollars spécifiquement pour Roberval, mais le centre jeunesse Saguenay—Lac-Saint-Jean a récemment appris qu'il y
aura une coupe budgétaire de 600 000 $. Ça, c'est un cas précis.
Alors…
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
Des voix :
…
Le Président :
Oh! je m'excuse. M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : Bien, merci. Je suis très heureux parce que, là, on va être dans le
concret, là. Laissez-moi vous parler
du foyer de jeunes de Roberval. On arrive au gouvernement, fermeture de ce
foyer-là pour des jeunes vulnérables. Soi-disant,
eux autres, les coupures, ça n'existe pas. Les services sociaux, on protégeait
ça, mais on l'a vu sur le terrain, à Roberval, que les jeunes étaient
abandonnés.
Alors,
promesse faite, promesse tenue. Le centre de jeunesse… le foyer d'accueil est
réouvert pour les personnes vulnérables, et une mission pour toute la
région, M. le Président. On en est très fiers.
Le Président :
Principale, M. le député de Groulx.
Mise à jour du tableau de bord
des
projets informatiques du gouvernement
M. Claude Surprenant
M.
Surprenant : M. le Président, lors de l'étude des crédits, en juin
dernier, le président du Conseil du trésor se scandalisait de l'échec des projets informatiques et disait haut et
fort, je le cite : «…j'ai [...] demandé des changements pour la présentation du tableau de bord [des
projets informatiques pour avoir] l'ensemble du portrait de la situation en
temps réel.» Les données de l'actuel tableau
de bord devaient être mises à jour en septembre, et aujourd'hui, le 1er octobre,
rien n'a encore été fait, rien n'a été mis à
jour. En fait, on n'en sait pas plus aujourd'hui qu'on en savait lors des
crédits budgétaires. C'est important
que ces données soient à jour afin de savoir si les projets respectent leur
enveloppe budgétaire, s'ils respectent les délais et pour que les
contribuables en aient pour leur argent.
M.
le Président, le président du Conseil du trésor peut-il nous dire pourquoi cet
outil n'est pas à jour ce matin, alors qu'il nous avait pourtant promis
un tableau de bord digne d'un vrai gouvernement ouvert?
Le Président :
M. le président du Conseil du trésor.
M. Martin Coiteux
M. Coiteux :
Bien, voilà une question fort intéressante et à propos, M. le Président, parce
que, justement, la raison pour laquelle ce
tableau de bord, dans sa version, jusqu'à maintenant, qui était utilisée, n'a
pas encore été publié, c'est
précisément parce que j'ai demandé des changements à la manière avec laquelle
on va apporter cette information, justement dans le souci de transmettre
l'information la plus juste possible, pour que les Québécois voient exactement quel est l'état de la situation et pour qu'ils en
aient pour leur argent. Il y a beaucoup de changements à venir dans la gestion
des ressources informatiques du
gouvernement, et vous allez voir des changements très importants au cours des
semaines et des mois qui s'en viennent. Je travaille activement
là-dessus avec le nouveau DPI.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Groulx.
M. Claude Surprenant
M.
Surprenant : M. le Président, le nouveau responsable du tableau de
bord informatique a déjà été en charge du
Dossier santé Québec, un échec libéral de 1,6 milliard de dollars selon le
Vérificateur général. C'est inquiétant. On ne veut pas que le tableau de
bord subisse le même sort que le Dossier santé Québec, qui a plus de 10 ans de
retard.
Alors,
quand le tableau de bord sera-t-il à jour? Et quand serons-nous en mesure de suivre
l'évolution des dossiers informatiques en temps réel, M. le Président?
Le Président : M. le
président du Conseil du trésor.
M. Martin Coiteux
M.
Coiteux : M. le Président, le tableau de bord qui a été utilisé
jusqu'à maintenant donnait des informations sur le passé, et non pas sur le présent. J'ai demandé des changements, et on
est en train de travailler, effectivement, à transmettre une information qui est beaucoup plus utile pour
voir où les choses vont aller. C'est l'un des nombreux changements qui
vont être apportés à la gestion des dossiers informatiques de l'État. Alors, je
vais… Écoutez, je…
Des voix : …
M.
Coiteux : D'abord, je vais demander à mes collègues de la banquette
ici, de l'opposition, un peu d'écoute, un peu de patience, hein,
premièrement. Alors, un peu d'écoute de ce côté et un peu…
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le député de Groulx.
M. Claude Surprenant
M. Surprenant : M. le Président, le
patron de l'informatique, c'est un gestionnaire de dossiers de plus de 3 milliards de dollars annuellement, pour
lesquels il existe un important potentiel d'économies. On nous avait promis un
gouvernement transparent, on nous avait
également promis de la rigueur, et là on nous parle de changements, et on ne
sait pas quand on va avoir un résultat.
M. le
Président, nous sommes inquiets quand les personnes nouvellement nommées sont
responsables des échecs passés. Le
président du Conseil du trésor peut-il enfin nous indiquer quand nous serons en
mesure de suivre l'évolution des dossiers en temps réel?
Le Président : M. le
président du Conseil du trésor.
M. Martin Coiteux
M.
Coiteux : Je vais demander à mon collègue, à nouveau, de faire preuve
d'un petit peu de patience. Il y a un certain
nombre de dossiers sur lesquels on travaille actuellement. Le nouveau dirigeant
principal de l'information vient à peine
d'être nommé, je lui ai remis son mandat. Il a un mandat très clair. Il va, au
cours de son mandat, faire en sorte que les Québécois en aient pour leur argent dans l'ensemble de la gestion
des dossiers informatiques du gouvernement, et nous allons faire
démonstration…
Le Président : Principale, M.
le député de Bourget.
Place du français dans les médias numériques
M. Maka Kotto
M. Kotto :
M. le Président, le premier ministre a conclu, lundi, lors de la présentation
du Plan culturel numérique, qu'il
était impossible de faire une plus grande place au français dans les médias
numériques, que l'anglicisation est un phénomène
de société irréversible représentant un changement de civilisation, a-t-il dit.
Il a ajouté que la prédominance de
l'anglais dans les médias numériques ne le préoccupe pas et que, de toute
façon, en ce qui a trait au français sur le Web, le gros de la
compétence est fédéral.
C'est la
première fois de l'histoire du Québec qu'un premier ministre abdique son devoir
de défendre le français et fait
preuve de tant d'apathie linguistique. La ministre gardienne de la langue
française est-elle d'accord avec les propos du premier ministre à
l'effet qu'on ne peut pas protéger notre langue publique commune dans un
système fédéral?
Le Président : Mme la
ministre de la Culture.
Mme Hélène David
Mme David (Outremont) : Alors, je
suis très, très, très contente qu'il y ait une question sur le Plan culturel
numérique du Québec, qui est un plan extraordinaire que nous avons annoncé…
Des voix : …
Le Président : Mme la…
Mme
Maltais : La question est sur les propos du premier ministre
et sur la langue. Elle a été très claire, elle…
Des voix : …
Le Président : Est-ce que…
Assoyez-vous, s'il vous plaît. Assoyez-vous, s'il vous plaît.
Une voix : …
Le Président : Oui, assoyez-vous!
Une voix : …
Le Président : Assoyez-vous!
Une voix : …
Le
Président : Je vous demande de vous asseoir puis, après ça, je
vais vous entendre. Bon, on se calme. Il y a une demande de la leader de
l'opposition, qui veut soulever une question, je voudrais l'entendre.
Mme
Maltais :
…référence à l'article 79. On peut utiliser la question et parler de stratégie
numérique, mais la question — et là la ministre, elle n'a
pas compris la question — est
sur la langue.
Le Président : M. le leader
du gouvernement.
M.
Fournier : …je pense que ça vaut la peine, M. le Président, que
vous preniez quelques instants pour répondre à la question de règlement de ma collègue. Nous sommes à neuf secondes
du début d'une réponse qui porte notamment, je l'ai entendu… du plan d'action numérique. Je l'ai entendu, et c'est
autour de cette mise en contexte qu'il y a un ensemble d'allégués qui
est fait. M. le Président, est-ce qu'on peut laisser, là, normalement — pour
ceux qui nous écoutent à la télévision — qu'on peut laisser la
ministre répondre au sujet? Ça me semble normal.
Le Président : Mme la
ministre, s'il vous plaît, veuillez continuer votre réponse.
Mme David
(Outremont) : Merci, M. le Président. Alors, effectivement, je
continue à remercier le député de Bourget
de faire référence à ce Plan culturel numérique parce que, justement,
justement, ce plan, à travers l'argent que nous allons mettre dans tous les secteurs de la culture, entre autres
pour les médias et les radios communautaires, entre autres pour Télé-Québec, entre autres pour
d'extraordinaires institutions culturelles, va nous permettre de nous mettre
sur la toile numérique mondiale en français, et nous sommes extrêmement fiers
de ce résultat, M. le Président.
Le Président : Cela met fin à
la période de questions et de réponses orales.
Des voix : …
Votes reportés
Adoption du principe du projet de loi n° 3
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Je demanderais un peu de silence,
chers collègues. Nous allons procéder au vote. Alors, tel qu'annoncé précédemment, nous allons maintenant
procéder au vote sur la motion de M. le ministre des Affaires
municipales et de l'Occupation du territoire proposant que le principe du
projet de loi n° 3, Loi favorisant la santé financière et la pérennité des
régimes de retraite à prestations déterminées du secteur municipal, soit
adopté.
Alors, que les députés en faveur de cette motion
veuillent bien se lever.
• (11 h 10) •
La Secrétaire
adjointe : M. Couillard (Roberval), M. Fournier
(Saint-Laurent), Mme Thériault (Anjou—Louis-Riel), M. Paradis (Brome-Missisquoi), M.
Hamad (Louis-Hébert), M. Dutil (Beauce-Sud), M. Leitão (Robert-Baldwin), M. Coiteux (Nelligan), M. Moreau
(Châteauguay), Mme David (Outremont), M. D'Amour (Rivière-du-Loup—Témiscouata),
M. Huot (Vanier-Les Rivières), M. Kelley (Jacques-Cartier), Mme Vien
(Bellechasse), M. Lessard (Lotbinière-Frontenac),
M. Barrette (La Pinière), M. Blanchette (Rouyn-Noranda—Témiscamingue), M. Heurtel (Viau), M. Arcand (Mont-Royal), Mme Charbonneau
(Mille-Îles), Mme Weil (Notre-Dame-de-Grâce), Mme Vallée (Gatineau), M. Billette (Huntingdon), M. Bolduc (Jean-Talon),
M. Blais (Charlesbourg), Mme St-Pierre (Acadie), M. Reid (Orford), Mme Boulet (Laviolette), M. Morin (Côte-du-Sud),
M. Ouellette (Chomedey), Mme Ménard (Laporte), M. Sklavounos (Laurier-Dorion), M. Girard (Trois-Rivières), Mme
Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger), M.
Drolet (Jean-Lesage), M. Simard (Dubuc), M. Tanguay (LaFontaine), M.
Bolduc (Mégantic), Mme de Santis (Bourassa-Sauvé), M. Iracà (Papineau), M.
Fortin (Pontiac), M. Bourgeois (Abitibi-Est), M. Boucher (Ungava), M. Birnbaum
(D'Arcy-McGee), M. Auger (Champlain), M.
Rousselle (Vimont), M. Ouimet (Fabre), M. Fortin (Sherbrooke), M. Giguère
(Saint-Maurice), M.
Habel (Sainte-Rose), M. Hardy (Saint-François), M. Merlini (La Prairie),
Mme Montpetit (Crémazie), Mme Nichols (Vaudreuil),
M. H. Plante (Maskinongé), M. Polo (Laval-des-Rapides), Mme Simard (Charlevoix—Côte-de-Beaupré), M. St-Denis (Argenteuil).
M. Legault…
Des voix :
…
La Secrétaire
adjointe
: Oh! pardon, excusez-moi.
M. Bédard (Chicoutimi), Mme Maltais (Taschereau), M. Marceau
(Rousseau), Mme Hivon (Joliette), M. Bérubé (Matane-Matapédia), Mme
Poirier (Hochelaga-Maisonneuve), Mme Léger (Pointe-aux-Trembles), Mme Lamarre
(Taillon), M. LeBel (Rimouski), M. Lelièvre (Gaspé), M. Kotto (Bourget), M.
Gaudreault (Jonquière), M. Therrien (Sanguinet), M. Bergeron (Verchères), M.
Dufour (René-Lévesque), M. Drainville (Marie-Victorin), M. Cloutier (Lac-Saint-Jean), M. Lisée (Rosemont), M. Traversy
(Terrebonne), M. Cousineau (Bertrand), M. Leclair (Beauharnois), M. Villeneuve (Berthier), Mme Ouellet (Vachon), M.
Péladeau (Saint-Jérôme), M. Turcotte (Saint-Jean), M. Pagé (Labelle), M.
Roy (Bonaventure).
M. Legault (L'Assomption), M. Bonnardel (Granby), M. Deltell
(Chauveau), M. Caire (La Peltrie), M. Martel (Nicolet-Bécancour), Mme Roy (Montarville), Mme
Samson (Iberville), M. Roberge (Chambly), M. Charette (Deux-Montagnes), M. Schneeberger (Drummond—Bois-Francs), Mme D'Amours (Mirabel), M.
Laframboise (Blainville), Mme Lavallée (Repentigny), M. Lamontagne
(Johnson), M. Jolin-Barrette (Borduas), M. Surprenant (Groulx), M. Lemay
(Masson), Mme Soucy (Saint-Hyacinthe), M. Spénard (Beauce-Nord), M. Picard
(Chutes-de-la-Chaudière).
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Que les députés contre cette motion veuillent
bien se lever.
La Secrétaire adjointe : Mme David
(Gouin), M. Khadir (Mercier), Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques).
Le Vice-Président (M. Ouimet) : Y a-t-il
des abstentions? Alors, pour le résultat du vote, M. le secrétaire général.
Le Secrétaire : Pour : 105
Contre :
3
Abstentions :
0
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, la motion est adoptée, et, en conséquence, le principe du projet de loi n° 3, Loi
favorisant la santé financière et la pérennité des régimes de retraite à
prestations déterminées du secteur municipal, est adopté.
M. le leader du gouvernement.
Renvoi à la Commission de
l'aménagement du territoire
M.
Fournier : Oui.
Conformément à l'article 243 du règlement, je fais motion afin que ce projet de loi soit déféré à la Commission de l'aménagement du territoire pour
étude détaillée.
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Cette motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
Motions sans préavis
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Adopté.
Alors, nous en sommes à la rubrique des motions sans préavis et, en fonction de nos règles et de l'ordre de
présentation des motions sans préavis, je reconnais maintenant
M. le député de Jonquière.
M.
Gaudreault : Merci, M. le Président. Alors, je sollicite le consentement
des membres de cette Assemblée afin de présenter, conjointement avec le
député de Nicolet-Bécancour et le député de Mercier, la motion suivante :
«Que
l'Assemblée nationale demande au gouvernement libéral de mandater une enquête
externe indépendante sur le processus
d'octroi du certificat d'autorisation à TransCanada pour la tenue de forages
géotechniques à Cacouna;
«Que suite à cette enquête, le rapport soit
étudié à la Commission des transports et de l'environnement.» Merci.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député
de Jonquière. Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M.
Sklavounos : Pas de
consentement, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Pas de consentement. Je reconnais maintenant M. le député de Nicolet-Bécancour.
M.
Martel : M. le Président, je demande le consentement pour
déposer la motion suivante conjointement avec le député de Jonquière et
la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques :
«Que
l'Assemblée nationale déplore le refus
des députés du Parti libéral de
convoquer le ministre de l'Environnement
en commission parlementaire concernant sa décision d'émettre des certificats
d'autorisation de forages à Cacouna.»
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, merci à vous, M.
le député. Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M.
Sklavounos :
Pas de consentement, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Il n'y a pas de consentement. Mme
la ministre de la Famille, je crois que vous avez une motion à nous
présenter.
Souligner la Journée
internationale
de la non-violence
Mme
Charbonneau : Merci, M. le Président. Je sollicite le consentement de cette Assemblée
afin de présenter la motion suivante conjointement avec le député de Terrebonne, la députée
de Repentigny et la députée de
Sainte-Marie—Saint-Jacques :
«Que l'Assemblée
nationale souligne la Journée internationale de la non-violence qui se
[déroule] demain, le 2 octobre;
«Qu'à
cette occasion, elle reconnaisse l'engagement des participants au Forum sur la lutte contre
l'intimidation qui, présidé par le premier ministre [du Québec], se tiendra à Québec ce jeudi, et les
encourage à unir leurs [forces] pour prévenir l'intimidation et lutter
contre celle-ci;
«Enfin,
qu'elle encourage chaque citoyenne et chaque citoyen, peu importe son âge, son
rôle ou son statut, à adopter des
comportements civiques empreints de respect et d'ouverture à la diversité, de manière à faire du Québec une société
où tous, sans exception, pourront grandir et vivre dans le respect de leur
dignité et de leur intégrité.»
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci, Mme la ministre de la Famille. Y a-t-il consentement pour
débattre de cette motion? M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Sklavounos : Oui, M. le Président, il y a consentement pour des interventions de deux
minutes dans l'ordre suivant :
la ministre de la Famille et des Aînés, le député de Terrebonne,
la députée de Repentigny et, finalement, la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, je comprends qu'il y a
consentement pour permettre quatre intervenants pour une durée d'environ
deux minutes. Alors, Mme la ministre de la Famille et des Aînés, je vous cède
la parole.
Mme Francine Charbonneau
Mme
Charbonneau : Merci, M. le Président. Mais c'est vraiment à
titre de ministre responsable de la Lutte contre l'intimidation que je prends la parole en ce moment, puisque c'est vraiment un moment important. On la fait aujourd'hui, car demain aura lieu le forum sur l'intimidation, où se
joindront à moi des gens importants de la société, mais aussi des gens
importants de cette Assemblée, donc le député de Terrebonne, la députée de Repentigny
et la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Nous aurons le plaisir d'entendre plusieurs intervenants nous parler de
l'intimidation, l'identifier, mais aussi
être capables de la combattre chacun de notre côté et comment on interpelle la société
pour le faire.
Le
forum cible toutes les formes d'intimidation, M. le Président : dans le
monde réel et le monde virtuel, de la petite enfance aux aînés, de la
maison à l'école, de l'école à l'aréna, du travail au centre communautaire et
du centre communautaire à la résidence. Il
faut que chacun s'y retrouve, puisque, l'intimidation, non seulement faut-il la
reconnaître, mais il faut la
combattre. Est-ce qu'on va y arriver, M. le Président? C'est une
bonne question, chacun se la pose. Elle existera, malheureusement, toujours, puisque c'est un comportement qui, quelquefois, peut
intimider quelqu'un, mais peut
rendre plus fort quelqu'un d'autre. Par
contre, il faut être capable de faire
en sorte que cette société dans laquelle on grandit et où on permet à nos petits-enfants et à nos enfants d'avoir
une place puisse la combattre et faire en sorte que c'est un monde meilleur. Pour un Québec
meilleur, c'est une intervention citoyenne de chacun, et c'est ce qu'on convie
les gens pour demain, sur le moment où on
fera le forum. Le forum, le 2, c'est le début d'une réflexion, mais c'est le
début, M. le Président, puisque l'ensemble de cette réflexion se poursuivra pour
les jours à suivre, mais pour les années aussi, puisqu'un Québec
meilleur, ça passe par nous tous. Merci, M. le Président.
• (11 h 20) •
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, Mme la
ministre de la Famille. M. le député de Terrebonne, je vous cède la
parole.
M.
Mathieu Traversy
M.
Traversy : Merci, M. le Président. C'est avec un plaisir
sincère que je serai présent, donc, moi aussi, au forum pour la lutte à l'intimidation de demain qui se
tiendra à Québec avec nos différents collègues de l'Assemblée nationale.
Et permettez-moi, tout d'abord, de souligner
la Journée internationale de la non-violence, qui est célébrée le 2 octobre,
qui est jour d'anniversaire de la naissance du Mahatma Gandhi, chef du
mouvement pour l'indépendance de l'Inde et pionnier de la philosophie et de la
stratégie de la non-violence. Nous avons choisi ici d'axer cette journée de la
non-violence sur la lutte contre
l'intimidation, qui est une forme de violence, comme vous le savez. Donc,
demain auront lieu des grandes
discussions, vers lesquelles, j'en suis sûr, nous aurons beaucoup
de solutions qui seront amenées sur la table et sur lesquelles nous
pourrons plancher.
Évidemment, on espère,
comme tous les partenaires qui seront présents, M. le Président, que les
discussions mèneront rapidement à un plan d'action gouvernemental, à une
stratégie globale assortie aussi de fonds et de moyens permettant la création et la mise en place d'outils nécessaires
à la lutte contre l'intimidation, et ce, sous toutes ses formes. Parce que
toutes les formes d'intimidation causent préjudices, M. le Président, et nous devons trouver rapidement, donc, des outils afin de la prévenir et, bien sûr,
la guérir au fil des prochaines années. C'est pour cette raison qu'il nous faut
tous se mettre à la tâche dès maintenant.
Je souhaite donc que les réflexions qui s'amorcent dès demain soient très
productives et nous permettent de mener à l'identification de solutions
efficaces.
En
terminant, M. le Président, parce
que cette journée est en l'honneur, justement,
de M. Gandhi, j'aimerais vous faire
une citation en sa mémoire : «La non-violence est la plus grande force que
l'humanité ait à sa portée. Elle est plus puissante que l'arme la plus [destructrice] inventée par l'ingéniosité
de l'homme.» Et espérons que cette sagesse guide nos réflexions pour les
discussions de demain. Merci beaucoup.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le
député de Terrebonne.
Mme la députée de Repentigny.
Mme Lise Lavallée
Mme
Lavallée : M. le Président, demain se tiendra la Journée internationale de la non-violence. Cette
journée est célébrée le 2 octobre, jour de l'anniversaire de naissance
du Mahatma Gandhi, pionnier de la philosophie de la non-violence. Cette journée représente une occasion de diffuser le
message de la non-violence, notamment par des actions de sensibilisation.
Justement,
ici, au Québec, une action concrète sera posée demain par la
tenue du forum Ensemble contre l'intimidation. C'est
avec grand plaisir que je me joindrai aux discussions de ce forum à titre de porte-parole du deuxième groupe d'opposition pour la famille, les aînés et la lutte à l'intimidation. Je salue tous
les intervenants qui viendront enrichir les discussions.
Ce forum était nécessaire.
Nous croyons qu'il est urgent d'agir en coordonnant les actions et en
augmentant l'imputabilité avant de perdre le contrôle sur cette problématique. Présentement,
il y a de nombreuses initiatives et programmes, beaucoup d'intervenants, mais il manque le portrait d'ensemble
pour savoir où nous en sommes dans la lutte à l'intimidation.
La
Coalition avenir Québec réitère son désir de collaborer avec le gouvernement sur cette question. Il
s'agit d'un problème
de société qui trouve souvent sa source dans les préjugés qu'il faut
combattre. La sensibilisation et la prévention doivent être au coeur des efforts déployés pour lutter contre l'intimidation afin que tous les citoyens comprennent l'importance d'agir de façon
respectueuse les uns envers les autres, que ce soit dans leur famille,
leur milieu de travail ou sur Internet. Il s'agit d'un défi de taille,
travail de longue haleine pour tous les intervenants impliqués. Toutefois,
le jeu en vaut la chandelle, car
cette lutte à l'intimidation contribuera au développement harmonieux de la
société québécoise pour les générations à venir et permettra au Québec
de rayonner par sa contribution à la promotion de la non-violence sur le
plan international.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, merci à vous, Mme la députée de Repentigny.
Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques,
pour votre intervention.
Mme Manon Massé
Mme
Massé : Merci, M. le Président. Alors, comme mes autres collègues,
bien sûr, très heureuse de souligner cette journée-là demain par notre présence au
forum et de se rappeler collectivement que M. Gandhi nous a enseigné des
façons de résister et de refuser
l'inacceptable. Par cette non-violence, il nous a aussi enseigné, lorsque
les lois sont trop injustes, notre devoir citoyen de se lever.
Ce
pourquoi je vous dis ça, c'est parce
qu'à chaque jour sur la rue, dans les équipes sportives, dans nos familles,
des personnes… sur Facebook, des
personnes, quotidiennement, vivent du harcèlement et de l'intimidation. Je
comprends, bien sûr, l'appel aux
individus que nous allons faire demain, que fait cette motion, c'est-à-dire
appel à agir et à ne surtout pas
accepter toute forme de manifestation de violence. Notre responsabilité
individuelle, certes, et j'espère que le Québec, les Québécois et Québécoises, on va se rassembler autour de ce projet de
dire non à toute forme de violence parce que l'intimidation n'est qu'un
seul des moyens utilisés dans des contextes de violence.
La
violence, elle est de tout ordre, se manifeste partout, et il est donc de notre
responsabilité de soutenir de différentes façons... Bien sûr, il y a des plans d'action, on le sait, Mme la
ministre l'a soulevé, qui vont ressortir de cette rencontre de demain. Mais il en existe déjà, que ce soit le
plan de lutte à l'homophobie, la maltraitance envers les aînés. On a déjà
aussi des lois au niveau de l'intimidation au travail. Et il
y a une multitude de groupes qui travaillent sur ces questions-là à
travers le Québec, et j'espère qu'on va continuer à soutenir leur travail parce
que ce n'est pas que de se rassembler et discuter qui font changer les choses,
c'est aussi d'agir dans le quotidien.
Mise aux voix
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, Mme la
députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Cette motion est-elle adoptée?
Des voix :
Adopté.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Adopté. Toujours à la rubrique des
motions sans préavis, Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques,
vous avez une motion à nous présenter?
Demander au gouvernement
d'assurer la survie
des centres d'éducation populaire de Montréal
Mme
Massé : Oui. M. le Président, merci. Je demande le consentement de la
Chambre pour débattre de la motion suivante conjointement avec la
députée d'Hochelaga-Maisonneuve :
«Que
l'Assemblée nationale reconnaisse l'importance des centres d'éducation
populaire qui seront expulsés de leurs locaux en mai 2015 si rien n'est
fait;
«Qu'elle
demande au gouvernement de trouver rapidement des solutions afin d'assurer la
survie des six centres d'éducation populaire de Montréal et de leurs
21 groupes locataires.»
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, merci. Y a-t-il
consentement pour débattre de cette motion, M. le leader adjoint du
gouvernement?
M.
Sklavounos :
Nous proposons l'adoption sans débat, M. le Président.
Mise aux voix
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Très bien. Cette motion est-elle adoptée?
Des voix :
Adopté.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Adopté. Toujours à la rubrique des
motions sans préavis, je pense que, Mme la ministre des Relations internationales, vous souhaitez en présenter une?
Alors, je demande s'il y a consentement pour déroger à l'article 84.1 du règlement afin de permettre la lecture
d'une nouvelle motion sans préavis. Y a-t-il consentement? Consentement.
Mme la ministre.
Souligner le 25e anniversaire de
la coopération
bilatérale entre la Bavière et le Québec
Mme
St-Pierre : Merci, M. le Président. Je veux à nouveau saluer
la ministre des Affaires européennes et des Relations internationales de
l'État de Bavière qui est parmi nous aujourd'hui. «Willkommen»
Alors, M. le
Président, je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter la
motion suivante conjointement avec le député de Verchères, le député de Granby
et le député de Mercier :
«Que
l'Assemblée nationale réitère la place particulière de la Bavière dans les
relations internationales du Québec;
«Qu'à l'occasion du
25e anniversaire de cette coopération bilatérale, elle témoigne de
l'importance de cette relation génératrice de nombreuses retombées pour nos
entreprises, nos créateurs, nos chercheurs et nos jeunes.»
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, merci, Mme la
ministre. Y a-t-il consentement pour débattre de la motion? M. le leader
adjoint du gouvernement.
M.
Sklavounos : Oui, M. le Président, consentement pour des
interventions de deux minutes. On va commencer par la ministre des Relations internationales, auteure de la motion, le
député de Verchères, suivi du député de Granby et, finalement, le député
de Mercier.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, consentement
pour des interventions — quatre intervenants — d'une durée d'environ deux minutes.
Mme la ministre des Relations internationales.
Mme Christine St-Pierre
Mme
St-Pierre : Merci,
M. le Président. En 1989, le premier ministre du Québec, M. Robert
Bourassa, et le ministre président de la Bavière, M. Max Streibl,
convenaient de mettre sur pied un groupe de travail mixte chargé de proposer des projets
concrets de coopération. 25 ans plus tard, nous pouvons dire que le défi a
été relevé avec brio, car les
résultats sont au rendez-vous. J'en tiens pour preuve les plus de
600 activités et projets réalisés par des partenaires québécois et bavarois dans les secteurs de
l'éducation, de la jeunesse, du développement économique, de l'innovation
scientifique et technologique et de la culture.
Depuis plusieurs
années, un nombre de plus en plus élevé d'entreprises québécoises participent à
des foires bavaroises prestigieuses comme
l'IFAT dans le secteur de l'environnement et le BIOFACH dans le domaine de l'alimentation, par exemple. C'est en Bavière que
l'on dénombre le plus grand nombre de PME québécoises à travers le monde.
Parallèlement, se sont implantées au Québec des entreprises bavaroises de
renommée internationale comme adidas et Linde AG.
J'ajouterais
que le futur accord économique et commercial global entre le Canada et l'Union
européenne, la relance du Plan Nord
et la stratégie maritime nous offrent aujourd'hui des perspectives de
collaboration fort prometteuses. Lors de
la dernière rencontre du Groupe de travail Québec-Bavière en juin dernier, une
soixantaine de projets de coopération ont
été retenus dans des domaines aussi variés que l'aéronautique, l'optique
photonique, l'électromobilité, l'environnement et les neurosciences.
Dans le domaine
culturel, plusieurs exemples témoignent de l'étroite relation entre le Québec
et la Bavière. Soulignons notamment la
collaboration durable établie entre l'Institut national de l'image et du son de
Montréal et l'école supérieure de
cinéma de Munich autour de la réalisation des documentaires Portraits
croisés et le partenariat florissant entre le théâtre lyrique
montréalais et bavarois.
• (11 h 30) •
La mobilité des
jeunes adultes québécois et bavarois est maintenant possible grâce à l'accord
de coopération conclu l'an dernier entre la
chancellerie de l'État de Bavière et Les Offices jeunesse internationaux du Québec.
De plus, les échanges d'élèves de
niveau secondaire et en formation professionnelle sont couverts par une entente entre la ville
de Munich et Éducation internationale. Donc,
M. le Président, cette relation des 25 dernières années est
très solide, et nous souhaitons qu'elle se poursuive. Merci, M. le
Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, Mme la ministre
des Relations internationales. M. le député de Verchères, à vous la
parole.
M. Stéphane Bergeron
M.
Bergeron : M. le Président, vous me permettrez, dans un premier temps, de remercier ma collègue
d'Hochelaga-Maisonneuve de me permettre, à titre de vice-président de la Délégation de l'Assemblée
nationale pour les relations avec la Bavière, de prendre la parole et
de joindre ma voix à celles de mes collègues pour souligner aujourd'hui les 25 ans de collaboration fructueuse entre le Québec
et l'État libre de Bavière. J'en profite pour saluer nos invités dans
les tribunes, particulièrement la ministre Merk, que ma collègue d'Hochelaga-Maisonneuve
et moi-même aurons l'occasion de retrouver plus tard aujourd'hui. «Grüß Gott». «Willkommen».
Le succès des
relations Québec-Bavière est certes dû à une forte volonté politique commune
mais aussi à une profonde confiance et une
amitié développée en se côtoyant et en travaillant ensemble pendant ce dernier
quart de siècle. La Bavière et le Québec
ont beaucoup en commun. Tous les deux, nous croyons profondément à la défense et à la promotion
de notre identité et de notre culture distincte. Tous les deux, nous avons su
faire en sorte de mettre en place des outils favorisant
l'éclosion des PME et transformer nos deux régions en hauts lieux de
technologies de pointe. Tous les deux, nous
avons su miser sur le développement d'énergies renouvelables : le solaire
et l'éolien en Bavière, l'hydraulique au Québec. Je souligne par exemple la collaboration, la coopération entre
nos deux États ainsi que le Land de Saxe en matière de transport électrique. Et finalement tant les
Bavarois que les Québécois sont reconnus pour leur chaleur et leur convivialité.
Toutes ces similitudes font en sorte que nos
relations perdurent et que le Québec et la Bavière entretiennent de nombreux
échanges politiques, commerciaux, scientifiques, technologiques et culturels
depuis 25 ans.
Nous
sommes toujours très fiers et très heureux de voir flotter côte à côte le
drapeau blanc et bleu de la Bavière et le drapeau bleu et blanc du
Québec. Cela dit, il est dommage qu'en cette journée de célébration des
25 années de collaboration entre nos
deux États le poste de délégué général du Québec à Munich soit toujours vacant
à la suite d'une décision inattendue du gouvernement à l'effet de
rappeler Michel Côté, qui s'était acquitté avec brio de ses fonctions jusqu'en juillet dernier. Cette malencontreuse situation
ne traduit pas l'importance que le Québec accorde à la Bavière, et j'ose donc espérer que la ministre
voudra y remédier rapidement. Cela dit, je souligne cette célébration, M. le Président, et souhaite longue vie aux
relations entre le Québec et la Bavière.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, M. le député de Verchères,
«danke schön». M. le député de Granby.
M. François Bonnardel
M.
Bonnardel : Merci, M. le Président. Au nom de ma formation
politique, salutations toutes spéciales, là, à nos amis de la Bavière qui sont ici aujourd'hui, et
plus précisément la ministre Merk, la ministre des Affaires européennes
et des Relations internationales de l'État de la Bavière.
C'est l'occasion
de souligner, M. le Président, le 25e anniversaire du partenariat qui nous
unit. En effet, depuis sa signature
en 1989, l'entente a facilité la réalisation de nombreux projets scientifiques,
technologiques, commerciaux et culturels, et ce, des deux côtés de
l'Atlantique, on le sait. Sous son égide, c'est plus de 500 projets qui se
sont réalisés à ce jour. Du côté
scientifique, c'est plus de 20 projets qui profitent ou ont profité du
soutien financier de part et d'autre. Nos expertises avancent à grands
pas, notamment dans le domaine des changements climatiques, de la neurologie,
de l'aéronautique et du vieillissement. Du
côté culturel, tout le monde le sait, nous avons fait de l'Oktoberfest un
incontournable des automnes
québécois. Du côté de l'emploi, nous échangeons nos travailleurs en quête de
défis et d'aventures internationales. Du
côté industriel, les ententes commerciales entre IABG et Bombardier sur les
tests de résistance des avions CSeries illustrent bien notre succès.
Donc, à l'occasion de
ce 25e anniversaire, longue vie à nos relations entre la Bavière et le
Québec! Merci.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député
de Granby. Enfin, M. le député de Mercier.
M. Amir Khadir
M. Khadir :
Merci, M. le Président. Je joins ma voix à celles de mes collègues pour
souhaiter la bienvenue à la ministre des Relations internationales de
Bavière.
Je
suis content qu'on souligne le succès de nos relations et, je dirais, les
exemples économiques de ces succès, mais
enfin la Bavière, dans les relations internationales du Québec, j'espère qu'on
le comprend bien, ce n'est pas que des échanges
commerciaux et des succès économiques. La Bavière, c'est une région qui
illustre à quel point certaines réformes politiques importantes menées déjà depuis plus de 100 ans là bas,
notamment en matière de proportionnelle, de système démocratique, de décentralisation des pouvoirs,
ont permis à cette région de rayonner. On parle de la Bavière. C'est… En
fait, le nom officiel de la Bavière, c'est l'État libre de la Bavière,
Freistaat Bayern, je crois, enfin, je n'ose pas le prononcer, au risque de me
tromper.
Mais
ce que je veux en déduire, c'est qu'autrement dit, à bien des égards, le Québec
pourrait s'inspirer de la Bavière, notamment
en matière écologique, également. Vous savez que BMW trouve… a son siège social
à Munich. En fait, le B, dans BMW,
c'est pour la Bavière. Et, malgré tout, malgré ce fait, alors que le métro de
Munich a ouvert un an après le métro de Montréal, pendant les 40 ans qui
ont suivi, Montréal s'est doté d'à peu près 71 kilomètres de métro, mais,
à Munich, il y a plus de 260 kilomètres
de métro. En plus de lois de développement… en fait, de règlements de
développement urbain qui stipulent
qu'avant même n'importe quel développement il faut qu'il y ait le transport en
commun disponible pour chaque unité
résidentielle à moins de 200 mètres. C'est ce genre de développement, axé
sur une vision d'avenir… Alors que,
si on regarde certains discours par nos élites économiques ici, il faudrait
tout axer sur le développement pétrolier, parce qu'on en aurait à proximité ou ça pourrait nous profiter
marginalement, la Bavière, qui exporte BMW, a préféré s'éloigner de la
dépendance au pétrole à travers un investissement massif dans les transports en
commun.
Notamment — et je voudrais finir sur cette note — il y a aussi le fait que la Bavière fait
partie d'un grand État qui a osé
mettre des conditions à la signature de l'accord de libre-échange. Et j'aimerais,
mes collègues… j'aimerais attirer l'attention
de mes collègues à réfléchir sur cette dimension-là. L'Allemagne dit oui à
l'accord, à des échanges, mais non au
fait que les entreprises puissent poursuivre des États. Je pense que, là, on a
un allié et j'invite le gouvernement à réfléchir sérieusement, dans les discussions que vous allez avoir, à cette
dimension, que les États ne devraient pas accepter que des accords
d'échanges commerciaux permettent à des entreprises privées de poursuivre les
États par des poursuites financières si les États prennent des décisions pour
le respect de leur peuple et de leurs conditions de vie. Merci.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député de Mercier.
Mise aux voix
Cette motion est-elle
adoptée?
Des voix :
Adopté.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Adopté.
Je pense que M. le
whip en chef de l'opposition officielle avait une motion à nous présenter.
Modifier la composition de
certaines
commissions parlementaires
M.
Dufour : Oui, merci, M. le Président. Alors, conformément à
l'article 129 de notre règlement, je fais motion afin :
«Que la députée de
Joliette soit nommée membre de la Commission de la santé et des services
sociaux en remplacement du député de Jonquière;
«Que le député de
Gaspé soit nommé membre de la Commission des finances publiques;
«Que le député de
Jonquière soit nommé membre de la Commission de l'administration publique; et
«Que ces changements
prennent effet immédiatement.»
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Très bien. Alors, merci, M. le député.
Mise aux voix
Cette motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Adopté.
Avis touchant les travaux des commissions
Nous en
sommes à la rubrique, maintenant, des avis touchant les travaux des
commissions. Donc, M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Sklavounos :
Oui. M. le Président, j'avise cette Assemblée que la Commission de l'économie
et du travail entreprendra l'étude détaillée du projet de loi n° 8,
Loi modifiant le Code du travail à l'égard de certains salariés d'exploitations
agricoles, aujourd'hui, de 15 heures à 18 heures, à la salle
Louis-Joseph-Papineau.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci, M. le leader adjoint
du gouvernement. Je vous avise, pour ma part, que la Commission de l'administration publique se réunira aujourd'hui en
séance de travail, après les affaires courantes jusqu'à 13 heures, à la salle des Premiers-Ministres de l'édifice
Pamphile-Le May, afin de préparer l'audition portant sur la gouvernance et la gestion des grands projets
d'infrastructure de l'Agence métropolitaine de transport; en séance publique,
de 15 heures à 18 heures, à la
salle Louis-Hippolyte-La Fontaine, afin d'entendre l'Agence métropolitaine
de transport sur sa gouvernance et sa
gestion des grands projets d'infrastructure, ainsi que le ministère des
Transports du Québec; et en séance de
travail, de 18 heures à 18 h 30, à la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine,
afin de statuer sur les observations, les conclusions et les
recommandations à la suite de ces auditions.
À la rubrique, maintenant, des renseignements
sur les travaux de l'Assemblée...
Affaires du jour
Alors, la
période des affaires courantes étant terminée, nous allons maintenant passer
aux affaires du jour pour la suite des choses. M. le leader adjoint du
gouvernement.
• (11 h 40) •
M.
Sklavounos : Je
vous demande d'appeler l'article 7, M. le Président.
Projet de loi n° 2
Prise en considération du rapport de la
commission qui en a fait l'étude détaillée
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, à l'article 7 du
feuilleton, l'Assemblée prend en considération le rapport de la Commission des relations avec les citoyens
sur le projet de loi n° 2, Loi modifiant la Loi sur les services de garde
éducatifs à l'enfance.
Alors, Mme la ministre de la Famille et
responsable des Aînés, je vous cède la parole.
Mme Francine Charbonneau
Mme
Charbonneau :
Merci, M. le Président. C'est par un magnifique mardi du 19 août où je me
suis réunie avec mes collègues de
l'Assemblée nationale pour pouvoir parler du projet de loi, article par
article, n° 2. Ce projet de loi a franchi
plusieurs étapes. D'ailleurs, les différentes étapes franchies pour
le projet, les commentaires et les recommandations de nos collègues de l'Assemblée nationale ont été
entendus et pris en considération. Le projet de loi n° 2 a donc été
ajouté de façon à tenir… ajusté de
façon à tenir compte de leurs recommandations, tout en gardant le cap sur les
objectifs initiaux. Quels sont-ils?
Eh bien, M. le Président, c'est offrir un service de proximité aux parents,
employés et enfants fréquentant les services de garde, permettre la
réalisation d'économies d'échelle dans le respect d'un service offert par une
petite entreprise. Qui plus est, en évitant
la concentration des subventions, il permet à plus d'entrepreneurs de se lancer
en affaires.
Ainsi, j'aimerais remercier tous les députés de
cette Assemblée qui ont participé à ces travaux : le député de
Chutes-de-la-Chaudière — notre
fameux président qui fait un travail exceptionnel — la députée de
Sainte-Marie—Sainte-Anne et vice-présidente de cette
commission, le député de Montmorency, le député de D'Arcy-McGee, le député
de Beauce-Sud, le député de Sherbrooke, la députée de Crémazie, la députée de
Jeanne-Mance—Viger,
la députée d'Hochelaga-Maisonneuve, le
député de Bourget, le député de Saint-Jean et le député de Terrebonne, ainsi
que ma collègue la députée de
Repentigny. Comme vous pouvez voir, M. le Président, plusieurs personnes se
sont penchées sur ce projet de loi.
Les
consultations particulières se sont menées à grands pas et ont bien été. Dans
le cadre de la consultation en juin dernier, différents groupes ont
aussi été invités à faire part de leurs commentaires et de leurs
recommandations. Trois associations
nationales de services de garde, soit l'association des services de garde
privés du Québec, le Rassemblement des
garderies privées du Québec et l'Association québécoise des centres de la
petite enfance, ont été entendues, de même que le
Protecteur du citoyen et la fédération canadienne des entreprises
indépendantes. Par ailleurs, la Coalition des garderies
privées non subventionnées du Québec a transmis son mémoire après la fin des
auditions du 10 juin dernier. J'aimerais
donc également remercier ces groupes d'avoir participé à cette étape importante
de l'étude du projet de loi n° 2. Cet exercice démocratique a été l'occasion de constater que nous
partageons les mêmes objectifs : répondre adéquatement aux besoins
des enfants et de leurs parents et assurer un réseau de services de garde de
qualité.
Les
modifications législatives proposées sont nécessaires. Elles viennent mieux
expliquer la notion de personne liée prévue dans la Loi sur les services
de garde éducatifs à l'enfance en limitant à certaines situations le cas où une
personne serait considérée liée ou une autre personne aux fins de cette loi. Le
projet de loi prévoit qu'une personne apparentée
qui établit l'absence de lien économique n'est pas liée au sens de
l'article 93.1 et 93.2 de la loi, les articles… qui établit la limite de cinq permis de garderie
dont les services sont subventionnés et de 300 places à contribution
réduite qu'une personne ou les
personnes qui sont liées peuvent détenir. Quant aux liens économiques
semblables à ceux rencontrés au sein
d'une même famille entre des personnes qui ne sont pas apparentées, les
modifications législatives viennent aussi couvrir en partie cette
situation.
De
plus, le projet de loi prévoit la possibilité pour la ministre d'exiger tout
document ou renseignement nécessaire pour
vérifier si des personnes sont liées économiquement. Par ailleurs, le projet de
loi prévoit la possibilité d'annuler, de
diminuer ou même de suspendre, en tout ou en partie, le versement d'une
subvention si son bénéficiaire fait une fausse déclaration concernant un fait important lors de sa demande de places
dont les services de garde sont subventionnés, s'il refuse ou néglige d'informer la ministre de tout
changement de sa situation qui est de nature à remettre en cause son droit
à une subvention ou s'il refuse ou néglige
de fournir un renseignement requis pour vérifier la présence ou l'absence de
lien entre lui et d'autres personnes.
Je crois qu'il est
important, M. le Président, de rappeler le contexte qui a mené au dépôt de ce
projet de loi à l'Assemblée nationale le
22 mai dernier. En décembre 2010, la Loi resserrant l'encadrement des
services de garde éducatifs à
l'enfance a été adoptée à l'Assemblée nationale. Cette loi venait modifier la
Loi sur les services de garde éducatifs à l'enfance et y posait quelques précautions, dont la limite de 300, le
nombre de places en garderie subventionnées, et de cinq, le nombre de permis de garderie dont les
services de garde sont subventionnés qu'une personne ou que des personnes
liées peuvent détenir.
Le
4 mai 2011, une requête en nullité et jugement déclaratoire a
signifié au Procureur général du Québec… et demande que les dispositifs du sous-paragraphe 2°a de
l'article 3, qui concerne la notion des personnes liées, de la loi soient déclarés nuls. Le 29 août 2012,
la requête est rejetée par la Cour supérieure du Québec. L'affaire sera ensuite
portée en appel par la partie demanderesse.
Le
12 septembre 2013, la Cour d'appel, par un jugement majoritaire,
invalide les dispositions qui ont pour effet d'empêcher les personnes
apparentées de détenir un maximum de cinq permis de garderie ou de
300 places dont les services de garde
sont subventionnés. Elle accorde un délai d'une année pour accorder… au
gouvernement du Québec pour remédier à la situation. La Cour d'appel a
toutefois reconnu, dans sa décision, le bien-fondé de limiter la concentration
des garderies, de favoriser, en matière de services de garde, des petites
unités, ou, même, qu'on appelle entreprises,
et de limiter les subventions qu'elles reçoivent. La cour a aussi précisé que
la préoccupation du gouvernement d'écarter les prête-noms était légitime
mais que le moyen actuel était disproportionné.
«Pour ces raisons, la
Cour d'appel a suspendu son jugement pour 12 mois afin de permettre à
l'Assemblée nationale de corriger la situation et — je la cite — d'éviter
qu'entre-temps la politique poursuivie soit contournée et que les droits soient acquis.» Le gouvernement
précédent n'a pas appelé de cette décision, et le projet de loi présenté le
18 février 2014 est mort au feuilleton, suite au déclenchement des
élections.
Le 22 mai
dernier, le gouvernement a procédé au dépôt d'un projet de loi semblable à
celui déposé lors de la précédente
législature afin de reprendre le processus législatif. En modifiant la Loi sur
les services de garde éducatifs à l'enfance, le ministère de la Famille
donne ainsi suite à ce jugement prononcé par la Cour d'appel.
À
la suite des consultations particulières tenues par la Commission des relations
avec les citoyens et des échanges lors
des études détaillées du projet de loi, certains amendements ont été proposés.
Le principal amendement consiste en ajout d'un processus de révision
administratif, à la suggestion de la Protectrice du citoyen.
Le
projet de loi proposé est une solution équilibrée. Tel que mentionné un peu
plus tôt, les limites fixées par la loi visent… elles visent à veiller à
un partage équitable des places à contribution réduite entre les promoteurs
intéressés, elles visent à offrir un service
de proximité aux parents, employés et enfants fréquentant les services de
garde, elles visent aussi à permettre
la réalisation d'économies d'échelle dans le respect d'un service offert par
une petite entreprise. Il est important
pour les parents que les services de garde demeurent à taille humaine. Les
parents confient leurs enfants aux services
de garde tous les jours et toute la journée, ils veulent pouvoir garder avec
les personnes… en contact quotidien avec
leurs enfants et avec les personnes responsables de ces services de garde. Par
ailleurs, dans la loi actuelle, il n'existe aucune limite imposée à une personne qui souhaite détenir une garderie
non subventionnée. Donc, la loi se restreint aux gens qui reçoivent des
subventions. Cela ne sera pas modifié.
En
conclusion, M. le Président, le ministère de la Famille agit de façon
responsable en proposant à l'Assemblée nationale
des modifications à la Loi sur les services de garde éducatifs à l'enfance. Par
le dépôt de ce projet de loi, nous poursuivons nos efforts et nous
prenons tous les moyens nécessaires afin de limiter la concentration des
services de garde, et de favoriser des
petites unités en matière de services de garde, ainsi que d'assurer un service
de garde éducatif de qualité. Car
pouvoir laisser son enfant dans un endroit où on est bien, sécure et qu'on est
en contact avec les gens, c'est un objectif des parents au quotidien.
Merci, M. le Président.
• (11 h 50) •
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, Mme la
ministre de la Famille, responsable des Aînés. M. le député de
Terrebonne et porte-parole de l'opposition officielle en matière de famille, je
vous cède la parole.
M.
Mathieu Traversy
M.
Traversy : Merci beaucoup, M. le Président. Merci également à
la ministre de la Famille pour la présentation du projet de loi. C'est avec un immense plaisir que nous avons eu la
chance, là, cet été, de pouvoir passer au travers, là, de l'article par
article de ce projet, projet de loi qui, rappelons-le, M. le Président, traite
de services de garde éducatifs à l'enfance,
plus particulièrement au niveau
des chaînes de garderies. Nous avons travaillé très fort. Nous avons travaillé
de façon aussi très efficace, il faut
se le dire. Nous avons eu des discussions avec un ensemble
de membres du réseau et partenaires
du milieu de la famille qui a pu donc éclairer nos décisions et nos suggestions dans le cadre, là, de cette étude.
Alors,
la ministre a rappelé pourquoi le projet de loi a été créé et toute la
nomenclature chronologique qui nous a amenés
à ce moment aujourd'hui, en prise en considération. Donc, je vais laisser
tomber, là, tout ce retour à l'histoire, comme elle nous l'a bien
expliqué.
Ce
projet, donc, est à sa phase quasi finale, donc prise en considération. Il nous
reste l'adoption finale au cours des
prochaines semaines. Et, maintenant que les rappels ont été faits, bien, je
tiens à remercier, moi aussi, également, là, dans le fond, l'ensemble des partenaires qui se sont déplacés en
commission parlementaire pour venir nous témoigner de leurs opinions par rapport à celui-ci, plus
particulièrement l'AGPQ, le RGPQ, la fédération canadienne des entreprises
indépendantes, le Protecteur du citoyen et l'AQCPE. Je remercie également, au
nom de l'opposition officielle, les fonctionnaires
qui ont travaillé dans le cadre de cette commission puis qui nous ont fourni,
M. le Président, un très bon éclairage
sur les questions qu'on avait, parce qu'on avait des questions assez pointues,
d'ordre juridique, et je ne suis pas juriste. Donc, ils ont pu, à ce
moment-ci, éclairer ma lanterne sur certains aspects.
Je
suis heureux aussi que nous ayons pu nous entendre sur la nécessité de préciser
l'article 1 en évitant de restreindre la portée du projet de loi à une personne physique seulement. Ça allait
dans le sens des recommandations qui avaient été émises, là, par certains intervenants dans le cadre de nos consultations
particulières, plus précisément l'AQCPE, notamment. Donc, en retirant le terme «physique» et en
spécifiant qu'on excluait les institutions financières, afin d'éviter la
confusion, on a, à mon avis, été très
précis sur la portée du projet de loi, et donc il y a beaucoup moins de place à
l'interprétation dans le cadre du libellé actuel.
Je
suis également très content que nous ayons suivi les recommandations de la
Protectrice du citoyen en précisant l'article 2 du projet de loi,
qui nous permet maintenant de faire une demande de réexamen d'une décision.
Et
là-dessus, bien, je ne peux que remercier la ministre, là, de son écoute et de
son action dans le cadre, là, des recommandations qui lui sont faites en
consultations particulières et dans le cadre de l'article par article alors
qu'on a l'impression de travailler en
équipe, M. le Président, et c'est comme ça qu'on fait avancer le Québec. Donc,
on a beaucoup de plaisir à le faire à ses côtés.
Je
suis par contre plus inquiet… Et là-dessus, là, je vais mettre un petit bémol
en terminant, parce que vous savez qu'il
faut quand même que je garde un point de vue assez global de la situation. Je
veux vous dire que je suis quand même inquiet, M. le Président, pour ce
qui se passe dans d'autres secteurs du milieu de la famille, notamment au
niveau du réseau des services de garde et de
la politique familiale. On aura l'occasion d'en jaser dans d'autres
circonstances. Je serai donc vigilant
sur tout ce qui touche ces dossiers : développement des places… On a parlé
de la tarification, l'universalité, la commission sur la fiscalité qui
s'en vient. Il y a plein de choses.
Mais
je ne voudrais pas briser ce moment d'harmonie qui s'est installé au salon bleu
et tenais donc à féliciter encore une
fois tous les gens qui ont contribué à la commission, la ministre, bien sûr, la
députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques
et également la députée de Repentigny. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député de
Terrebonne. Mme la députée de Repentigny.
Mme Lise Lavallée
Mme
Lavallée : Merci beaucoup, M. le Président. C'est avec beaucoup
d'attention que j'ai entrepris l'analyse du projet de loi n° 2
présenté par le gouvernement du Québec et la ministre de la Famille, des Aînés
et de la Lutte à l'intimidation. J'ai écouté
avec beaucoup d'intérêt les différents représentants lors de la commission
parlementaire du 10 juin dernier.
Je
me permets rapidement, M. le Président, de faire un petit clin d'oeil à la
circonscription de Repentigny que je
représente ici, à l'Assemblée nationale, un comté où les familles sont très
présentes et très actives. À l'intérieur de mon comté, M. le Président, nous retrouvons des centres de la petite enfance
en installation ou en milieu familial, des garderies privées
subventionnées et des garderies privées non subventionnées.
Pour revenir au
projet de loi à l'étude, nous comprenons que la volonté de la ministre était de
répondre à la demande du jugement de la Cour
d'appel et ainsi baliser la notion de lien économique afin de limiter le nombre
de permis de garderie pouvant être obtenus par les membres d'une même
famille. Il aurait été plus simple, quant à nous, de tout simplement abroger le sous-paragraphe 2°a de
l'article 3 de la Loi sur les services de garde, concerné par le jugement
de la Cour d'appel, ce qui aurait évité
d'élaborer des articles comportant des précisions douteuses quant aux liens
économiques, tel que retrouvé, entre
autres, à l'article 93.3 de la loi. Le gouvernement a décidé de considérer
la famille comme un groupe à part au
lieu de tout simplement s'en tenir à la définition prévue au
sous-paragraphe 2°b de l'article 3, qui avait le mérite de s'appliquer à toute personne, membres d'une
même famille ou non. Ce focus
particulier porté sur les membres d'une même famille par le gouvernement ne s'explique pas. Cela ne fait qu'irriter ces
propriétaires de services de garde ayant développé des expertises qu'ils
peuvent partager entre eux.
De plus, dans le
contexte d'une réflexion à laquelle tous les parlementaires seront invités à
faire dans les prochains mois, il nous
semble qu'il aurait été plus sage de régler le cas du sous-paragraphe 2°a de
la loi... de l'article 3
du projet de loi modifiant la Loi sur les services de garde
éducatifs en l'abrogeant et acceptant de revoir la loi dans son ensemble
afin de l'adapter aux nouveaux défis qui nous attendent.
Nous accueillons favorablement
l'amendement du gouvernement portant sur la possibilité de demander une révision d'une décision en lien avec la notion de
lien familial. D'ailleurs, c'était une recommandation de la Protectrice du citoyen lors des consultations
particulières.
Puisque la
valorisation de l'entrepreneuriat et la transmission de l'expertise vers la
relève sont des principes d'une grande
importance pour notre avenir collectif, il nous apparaît inconcevable de voter
en faveur de la Loi modifiant la Loi
sur les services de garde éducatifs à l'enfance ayant pour effet de limiter
l'obtention de permis de garderie pour des
membres d'une même famille qui pourraient avoir entre eux des liens
économiques. M. le Président, nous partageons les réserves de l'Association des garderies privées du Québec, du
Rassemblement des garderies privées du Québec et de la Fédération canadienne de l'entreprise
indépendante. Ces représentants, importants dans leur secteur d'activité, nous
ont présenté des positions qui nous
sont apparues justes et pertinentes. Est-il possible qu'un parent ayant...
qu'une personne ayant des permis de
garderie soutienne financièrement un de leurs enfants ou un autre membre de leur famille désirant
aussi en obtenir un? Pourquoi
limiter le nombre total des permis détenus par l'un et l'autre? En quoi est-ce
pertinent pour l'émission des permis?
Qu'est-ce qui doit nous guider comme
gouvernement? Des liens économiques peuvent exister entre parents et
enfants, entre conjoint et enfants du conjoint, entre oncle et tante, entre
frère et soeur.
Les dispositions du
projet de loi laissent place à interprétation. Lors de leur présentation en
commission parlementaire, en juin dernier,
deux représentants des centres de la petite enfance ont mentionné que les
tribunaux pourraient devoir se
pencher sur cette notion de lien économique établie dans le projet de loi afin
d'apporter des éclaircissements. Or, les
parlementaires ont un devoir de clarté dans la rédaction de la loi, et, pour
nous, l'abrogation du sous-paragraphe 2°a de l'article 3 de la loi aurait
eu le mérite d'être claire et répondre adéquatement au jugement de la Cour
d'appel. Si une garderie est jugée conforme
selon les exigences du ministère, pourquoi l'empêcher ou empêcher un proche
d'obtenir un autre permis, même si on dépasse la norme du 5-300?
M. le Président, je dois vous dire que, pour notre formation politique, aucun
compromis ne devra jamais être fait sur la qualité des services offerts par l'ensemble des garderies du Québec
et également sur la santé et la sécurité de nos enfants. Alors que les débats demeurent centrés
sur des notions quantitatives, nous devrions plutôt mettre l'accent et nos
énergies sur la qualité des services. Les
propriétaires de garderie doivent démontrer leurs habiletés de bons
gestionnaires et répondre à l'ensemble des critères émis par le ministère
de la Famille.
Au
cours des dernières semaines, certaines personnes ont parlé de chaîne, monopole
ou dynastie de garderies. Quand même! Les critères qui nous paraissent essentiels sont
la qualité des services, la sécurité de nos enfants et surtout leur bien-être. Il nous semble que ces critères devraient
constituer les principales préoccupations du gouvernement envers les enfants et leurs parents. Nous
croyons donc que la norme du cinq permis, 300 places doit être revue.
J'aimerais rappeler à
cette Assemblée qu'une garderie privée subventionnée coûte moins cher à l'État
qu'un centre de la petite enfance, selon les règles budgétaires du ministre
de la Famille. Les propriétaires des garderies privées doivent assumer les coûts d'achat et de
construction de la bâtisse recevant la garderie, les taxes foncières, le
salaire des éducatrices, la
nourriture pour les enfants, et j'en passe. Oui, les garderies sont
subventionnées, bien d'accord avec vous. Cependant, si le ministère
juge qu'ils sont des professionnels et répondent aux critères rigoureux que
celui-ci a établis, pourquoi alors, sur un lien familial et économique
qui reste à définir, devons-nous bloquer l'émission d'un permis?
Dans le mémoire déposé par l'Association des garderies privées du Québec, on y mentionne que le gouvernement s'entête et s'acharne à
maintenir les dispositions du sous-paragraphe 2°a de l'article
3 «qui repose toujours sur une généralisation inexacte basée sur des idées préconçues du gouvernement à l'égard des familles du Québec». On légifère sur ce
plan familial pour des raisons
obscures dont je n'ai pu en comprendre la pertinence lors des commissions parlementaires. En voulant clarifier et faire suite au jugement de la Cour d'appel, on ne fait que
maintenir maladroitement le bourbier dans lequel nous étions déjà. Les familles du Québec méritent mieux de notre
part, c'est pourquoi nous voterons contre le projet de loi n° 2.
J'invite d'ailleurs
la ministre, et ce, avec mon entière collaboration, à travailler sur la
révision de la loi sur les services
éducatifs à l'enfance afin de l'adapter aux nouvelles réalités et au contexte
financier actuel, afin de nous assurer du
développement d'un réseau de services de garde de qualité,
alliant entrepreneuriat, équité des chances et sécurité, à un coût que l'ensemble
des contribuables pourront supporter. Merci.
• (12 heures) •
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, Mme la
députée de Repentigny.
Y a-t-il d'autres intervenants? Mme la ministre,
vous voulez faire une autre intervention?
Mme
Charbonneau :
…réplique, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Il n'y a pas de réplique à ce moment-ci.
Mme
Charbonneau :
Ah? On m'informait que j'avais une réplique de cinq minutes.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Vous pourriez faire une autre intervention, si vous voulez, mais il n'y a pas de réplique formelle. Vous pouvez
faire une intervention de cinq minutes.
Mme Francine Charbonneau
Mme
Charbonneau :
Alors, je prendrai une intervention de cinq minutes, M. le Président, pour remettre au clair un
sujet très propre. La juge qui a porté un jugement, hein, la personne qui s'est
penchée sur la question qu'on se posait sur la loi qui régit les services de garde, n'a
pas remis en question le 5-300. Je
trouve malheureux qu'on prenne l'occasion de donner une vision claire de ce qu'on veut faire pour reprendre un
article de loi qui ne fait pas l'affaire d'un parti politique.
Vous savez, M. le Président, si la députée de Repentigny
ou si même la CAQ se questionne encore pourquoi il ne faut pas qu'il y ait de service de garde ou des chaînes de garderies,
il faudrait qu'elle regarde dans l'histoire. Du moins, les collègues qui étaient présents, il faudrait qu'ils puissent
l'informer de ce qui se passe dans la petite histoire de la mise en
place des réseaux de services de garde.
La volonté du
gouvernement en ce
moment, c'est de pouvoir bonifier les
petites entreprises, de pouvoir faire en sorte qu'une femme ou un homme puisse ouvrir une garderie dans son
milieu de vie, dans son environnement, et ne doit pas dépendre d'un autre regroupement de gens qui ont les sous. Parce qu'il
faut le dire, M. le Président, oui, il
y a l'expertise, oui, il
y a la notion, et ça, ce qu'on dit,
nous, c'est que ça se partage. Une expertise, ça se discute. Je peux parler
avec un service de garde à côté de chez nous, comme je peux parler avec un CPE
qui a une expertise, la loi n'empêche pas ça. Ce que la loi empêche, c'est qu'une seule personne ou une famille, il faut
le dire, puisse avoir plus de 300 places. Pourquoi? Bien, parce
que c'est important
de comprendre qu'une garderie subventionnée, ce n'est pas rien. 80 places
en garderie, M. le Président, c'est 1 million de dollars, 1 million
de dollars des concitoyennes et des concitoyens du Québec qui fournissent à ces gens qui sont en entreprise, à contribuer à un service au quotidien. Donc, si jamais la CAQ se pose
plus de questions sur pourquoi
il faut maintenir un équilibre et une vision d'un service de garde de qualité
et accessible à l'ensemble de la
communauté, bien, je les invite à venir s'asseoir avec moi, ça va me faire
plaisir de leur expliquer pour la ixième fois pourquoi il faut faire attention aux services qu'on donne,
parce qu'on parle de nos enfants et de nos familles, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Alors, merci à vous, Mme la ministre.
Mise aux voix du
rapport
S'il n'y a
pas d'autre intervenant, le rapport de la Commission des relations avec les citoyens portant sur le projet
de loi n° 2, Loi modifiant la Loi sur les services de garde éducatifs à
l'enfance, est-il adopté?
Des voix : …
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Adopté sur division.
M. le leader adjoint du gouvernement, pour la
suite des choses.
M.
Sklavounos : Alors, M.
le Président, vu le déroulement de ce
débat, je vous demanderais de suspendre nos travaux jusqu'à
15 heures pour la tenue du débat sur les affaires inscrites par les
députés de l'opposition.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Alors, y a-t-il consentement pour suspendre les travaux, à ce moment-ci, jusqu'à
15 heures?
Des voix : …
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Consentement, madame?
Une voix : …
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Consentement. Alors, les travaux sont suspendus jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 4)
(Reprise à 15 h 4)
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Alors, bon après-midi à tous. Vous pouvez vous asseoir.
Affaires inscrites par
les députés de l'opposition
Motion proposant que l'Assemblée
prenne acte des perquisitions
effectuées à la permanence du Parti libéral et que la
Commission des institutions procède à l'audition
des trois candidats recommandés pour le
poste de directeur de la Sûreté du Québec
Alors, à l'article 12 du feuilleton, aux
affaires inscrites par les députés de l'opposition, M. le député de Matane-Matapédia
présente la motion suivante :
«Que
l'Assemblée nationale prenne acte des perquisitions effectuées à la permanence
du Parti libéral du Québec par la Sûreté du Québec;
«Que, dans le cadre du processus de
nomination du prochain directeur de la Sûreté du Québec, la Commission des institutions procède à l'audition des trois
candidats recommandés par le comité de sélection mis sur pied par la ministre
de la Sécurité publique pour occuper ce poste;
«Qu'une période de 12 minutes soit prévue pour les
remarques préliminaires, répartie de la manière suivante : 6 minutes au groupe parlementaire formant le
gouvernement, 3 minutes 30 secondes au groupe parlementaire
formant l'opposition officielle et 2 minutes 30 secondes
au deuxième groupe d'opposition;
«Que la durée maximale de l'exposé pour chacun des
intervenants soit de 15 minutes et que les échanges avec les
membres de la commission soient d'une durée maximale de 90 minutes;
«Que le temps
dévolu au parti formant le gouvernement soit de 45 minutes, que le temps dévolu à l'opposition officielle soit de
27 minutes et que le temps dévolu au deuxième groupe d'opposition soit de
18 minutes;
«Qu'à la
suite de ces auditions cette nomination soit exceptionnellement adoptée à la
majorité des membres de chaque groupe parlementaire ainsi qu'après en
avoir informé les députés indépendants;
«Enfin, que cette motion soit un ordre de l'Assemblée
nationale.»
Alors, à la
suite de la réunion tenue avec les leaders, la répartition du temps de parole
pour le débat restreint sur la motion
inscrite par M. le député de Matane-Matapédia s'effectuera comme suit : 10 minutes
sont réservées à l'auteur de la motion
pour sa réplique, environ 52 minutes sont allouées au groupe parlementaire formant le gouvernement, environ 30 min 10 s
sont allouées au groupe parlementaire formant l'opposition
officielle et environ
21 min 50 s sont allouées au deuxième groupe
d'opposition; six minutes sont
réservées aux députés indépendants. Et, dans ce cadre, le temps non utilisé par les députés indépendants ou par l'un
des groupes parlementaires sera redistribué entre les groupes parlementaires selon les proportions établies précédemment. Enfin, les
interventions ne seront soumises à aucune limite de temps.
Et je suis maintenant prête à céder la parole à
l'auteur de cette motion, M. le député de Matane-Matapédia.
M. Pascal Bérubé
M.
Bérubé : Merci,
Mme la Présidente. Aujourd'hui, au nom de l'opposition
officielle, je dépose une motion
forte, qui, je crois, reçoit l'assentiment de la grande majorité du public québécois,
qui, je l'espère, recevra l'appui des oppositions et ultimement du gouvernement du Québec dans un
objectif très clair : assurer la confiance du public et des parlementaires
à l'égard du prochain directeur général de la Sûreté du Québec.
Mme la
Présidente, l'intérêt de l'opposition officielle, du Parti québécois, envers la
sécurité publique est grand, et pour
cause. Il s'agit ici de la sécurité des Québécois. Ces enjeux intéressent les
Québécois depuis toujours. C'est bien plus
que des faits divers, c'est une organisation importante, celle de la police,
qui est là au quotidien pour servir, pour protéger, pour être là lorsqu'on en a
besoin, dans des coups durs, lors de catastrophes naturelles par exemple.
Dans une
démocratie, la police joue un rôle fondamental. Comme la justice, elle doit
être indépendante du politique et se
soustraire à l'arbitraire et aux jeux d'influence. Notre police nationale, la
Sûreté du Québec, est présente partout au Québec. Elle joue son rôle au quotidien. Elle enquête aussi lorsqu'elle
a des motifs sérieux. Elle fait respecter la loi et contribue à porter des accusations qui peuvent
traduire des individus devant les tribunaux et les faire condamner, ultimement.
Au cours des
dernières années, on a vu l'arrivée de l'UPAC, l'Unité permanente
anticorruption, qui fait un travail important
contre la corruption, contre ceux qui essaient d'usurper le bien public pour en
retirer des profits. L'UPAC est une institution qui fait l'unanimité.
Son indépendance est assurée, c'est dans sa fondation même.
Il y a
également la commission Charbonneau, qui a été réclamée notamment par
l'opposition officielle et qui, elle, n'est
pas permanente; elle arrivera à terme bientôt. Elle aura permis de comprendre
des systèmes, de faire comparaître des
gens qui nous révélaient des éléments inconnus des décideurs publics dans bien
des cas; nous l'espérons. Et, si d'aventure
ce n'était pas le cas, alors peut-être que l'UPAC prendra la relève pour porter
des accusations. Évidemment, la
commission Charbonneau n'était pas là pour porter des accusations mais pour
nous aider à comprendre un système.
La Sûreté du Québec, elle, elle est
fondamentale, mais elle est permanente également. Bien que l'UPAC soit indépendante, l'escouade Marteau relève de la
Sûreté du Québec. Donc, il y a un lien évident avec les sujets qui préoccupent
les Québécois, notamment les enquêtes sur
ceux qui ont profité du bien public, notamment, dans des appels d'offres, ou
dans un enrichissement personnel contre des contrats, par exemple, ou dans le
trafic d'influence.
• (15 h 10) •
Nous sommes
présentement dans une situation très particulière. La police s'intéresse au
parti gouvernemental, le Parti
libéral, mais comme institution. Au-delà des individus avec des accointances
libérales, elle s'intéresse à l'institution même, pas à des cas isolés.
À deux reprises, l'UPAC s'est rendue à la permanence du Parti libéral du
Québec, sur la rue Waverly, à Montréal. Elle
s'est même rendue rencontrer le chef du Parti libéral à sa résidence. Ce n'est
pas banal. Ce n'est pas un cas
courant. Il y a donc eu des perquisitions. On a saisi du matériel informatique,
des listes. On a posé des questions. Dans certains cas, ces
informations-là étaient connues bien après coup.
Ces perquisitions, rappelons-les. Juillet 2013,
l'UPAC effectue une perquisition au siège social du PLQ. Le chef du Parti libéral d'alors, maintenant premier
ministre, a choisi de ne pas révéler publiquement la perquisition. On est
en plein coeur de la tragédie de
Lac-Mégantic. Le 16 septembre 2013, Radio-Canada révèle qu'une perquisition a
eu lieu; les motifs y ayant mené
restent toujours confidentiels. Questionné à ce sujet le lendemain, le premier
ministre déclare que, si des députés et des ex-députés ont été
rencontrés, il indique : Je ne sais pas et je ne veux pas le savoir.
Deux
enquêteurs de l'UPAC ont rencontré le premier ministre, qui ne l'était pas à
l'époque, le 18 septembre 2013, au sujet des pratiques et de
l'organisation non pas d'un ou de des individus, mais de l'organisation du
Parti libéral du Québec. On apprend aussi
que la perquisition de l'UPAC visait, entre autres, l'ex-vice-première ministre
Nathalie Normandeau. Le 14 novembre
2013, l'UPAC perquisitionne Construction Garnier et Joe Borsellino en plus de
Saramac et Shockbéton. Ce qui est particulier, c'est que c'est une entreprise de la famille de
Marc Bibeau, grand argentier du Parti libéral du Québec. Les
perquisitions sont en lien avec deux contrats de l'AMT lancés en 2011 et qui
totalisent 54 millions de dollars.
Le 10
décembre 2013, l'UPAC se rend à la somptueuse résidence de la soeur de Marc
Bibeau, Suzanne, chez qui les dalles
de béton destinées au Train de l'Est auraient été détournées… et des
perquisitions au Parti libéral du Québec, à la permanence, au coeur même
de l'action politique partisane du parti.
Joël Gauthier
a été rencontré sur ses années au Parti libéral. On a voulu savoir, au coeur,
potentiellement, d'un système,
qu'est-ce qui se passait. La dernière fois qu'une permanence de parti politique
a été investie par la police, c'était à
l'insu du parti politique et c'était au début des années 70, c'était le Parti
québécois; plusieurs s'en souviendront. Là, c'était au grand jour, avec
les mandats, avec les boîtes, avec une volonté ferme de trouver quelque chose.
Qu'un chef de
parti politique soit rencontré sans préavis par des policiers et qu'une
permanence d'une formation politique
soit visitée au moins à deux reprises, c'est particulier, d'autant plus qu'on
apprend que la perquisition initiale était
prévue à l'été 2012 et que, pour des raisons opérationnelles qui sont toujours
mystérieuses, on a décidé de ne pas aller
de l'avant. À l'été 2012, ça coïncide également avec le déclenchement d'une
élection le 1er août, élection qui allait mener à un nouveau gouvernement. Pourquoi a-t-on retenu cette opération?
La question demeure toujours sans réponse.
Le Parti
libéral reviendra au pouvoir après 18 mois, en avril 2014. À ce moment-là,
c'est Mario Laprise qui est directeur
général à la Sûreté du Québec. Mario Laprise succède à un directeur général de
la Sûreté du Québec dont les services n'ont pas été retenus pour
poursuivre. On sait maintenant que ce directeur général fait face à des
accusations criminelles.
Lorsque le PLQ revient au pouvoir, on observe
évidemment les premiers signes de l'intérêt du gouvernement envers les questions de sécurité publique, et il
faudra attendre à l'émission Tout le monde en parle lorsque la question
est posée à la ministre de la Sécurité publique, députée d'Anjou—Louis-Riel,
nouvelle titulaire du poste, à savoir qu'est-ce
qui va arriver avec le directeur général de la Sûreté du Québec. Et, de
mémoire, la ministre indique : Je n'ai pas de mandat de mon premier ministre de dégommer Mario Laprise. Alors,
est-ce qu'il pourrait y avoir un mandat qui arrive d'ailleurs pour
dégommer un D.G. de la SQ? Et, si oui, sous quels motifs, pour quelles raisons?
Alors là, il y a une inquiétude dans l'état-major de la Sûreté du Québec, il y
a une incertitude. Au lieu de rappeler la confiance envers le directeur de la Sûreté du Québec, on laisse planer
le doute. D'ailleurs,
la première rencontre avec le directeur de la Sûreté du Québec prendra un certain temps, ce qui n'est pas de
nature à rassurer le directeur et son état-major. D'ailleurs, si l'agenda public que nous avait promis la ministre
était véritablement public, comme elle s'était engagée à le faire, ça
serait facile à vérifier. D'ailleurs, c'est dans la même émission de Tout
le monde en parle qu'elle nous l'avait promis. Nous attendons toujours
l'agenda public de la ministre.
La première
rencontre a pris du temps. Et, à l'étude des crédits en Sécurité publique, le
19 et le 20 juin 2014, je pose une question sur les priorités législatives
de la ministre. À ce moment-là, Mario Laprise est toujours en poste, il
participe à l'étude des crédits, il est assis tout près de la ministre avec
l'état-major de la Sûreté du Québec.
Et, dans
cette Chambre, je pose la question : Qu'est-ce qui va primer cet automne?
Est-ce que c'est le nouveau mode de
nomination d'un directeur général de la Sûreté du Québec, comme elle s'était
engagée à le faire, mode de nomination qui devait être plus transparent,
faire appel à… voire même aux parlementaires, à une nouvelle façon de faire, d'être
consensuelle? Alors, la ministre me répond,
à la stupéfaction des gens qui l'accompagnent, dans bien des cas : Ça sera
un décret. Donc, un décret, c'est une décision du Conseil des ministres. Les
attentes étaient levées, la ministre nous indique
à ce moment-ci, non pas dans une annonce formelle, que ça sera par décret.
Alors, nous en prenons acte. Par décret, ça veut dire que c'est le Conseil des ministres qui va choisir la
prochaine direction de la Sûreté du Québec, donc uniquement les membres du gouvernement, des membres du Parti
libéral qui choisiront le prochain directeur général de la Sûreté du Québec.
Pourquoi ça
cause problème? Bien, à cause de ce que je viens de vous énoncer. La police
enquête sur le Parti libéral, le
gouvernement est du Parti libéral et le gouvernement va choisir le policier en
chef qui va faire partie de l'état-major des enquêtes. Nous avons des doutes, mais nous avons une façon également
de dissiper ces doutes, et c'est la proposition que nous ferons en cette
Chambre.
Donc, un décret… et durant l'été, j'imagine que
ça se prépare. L'été passe, on arrive en août. On avait en tête d'autres dossiers de sécurité publique, mais, en
août, la ministre revient, maintenant on le sait, de vacances et elle nous
annonce que Mario Laprise n'est plus
directeur général de la Sûreté du Québec. Qui nous dit ça? La ministre. Qui lui
a dit? Ce n'est pas la ministre, elle
n'a pas parlé à Mario Laprise. Mario Laprise ne nous a pas parlé, il ne peut
nous confirmer ça, on ne lui a pas
permis de faire des entrevues. D'ailleurs, si c'était possible de le faire, on
l'apprécierait. Donc, la ministre n'a
pas parlé de ses vacances à Mario Laprise. Qui l'a fait? On ne le saura jamais,
mais, résultante, Mario Laprise n'est plus
là. Qu'est-ce qu'on a à lui reprocher? Absolument rien. On vante le travail de
Mario Laprise pour la première fois au moment où il quitte. Ça ressemble
à un éloge funéraire. À ce moment-là, on ne court pas beaucoup de risques, la personne n'est plus là, mais Mario Laprise n'est
plus là. Ça demeure un mystère, d'ailleurs, cette question, pourquoi il
a dû quitter. Est-ce qu'il avait le choix de
quitter? Est-ce qu'il aurait pu rester en poste? Lorsque j'ai posé la question
en Chambre à la ministre, elle n'a pas répondu cet enjeu précis.
Donc, on n'a plus de directeur général de la
Sûreté du Québec. Alors là, la question du mode de nomination devient
importante, pressante, et la ministre affiche ses couleurs dans un choix que
nous respectons. Elle indique que dorénavant
un comité formé de trois personnes, dont notamment la directrice de l'École
nationale de police, va contribuer à
fournir une liste de trois personnes, qui sera soumise à la ministre et au
Conseil des ministres pour approbation. Donc, de ces trois personnes, les uniques décideurs seront des libéraux pour
le policier en chef qui aura, entre autres, comme situation sensible,
des enquêtes sur le parti qui forme le gouvernement.
Il nous
apparaît que, dans les circonstances, il faut adopter des mesures
exceptionnelles. Et ce que nous allons proposer aujourd'hui, je le
confirme à la Chambre, et on peut le vérifier, le vaste assentiment de la
population serait d'accord
avec cette position, et j'espère la deuxième opposition également, et j'espère
le gouvernement… Ce comité-là, il aurait
pu prendre d'autres formes, il aurait pu être ouvert, il aurait pu être en
commission parlementaire, il aurait pu être débattu à l'Assemblée
nationale. Non, ça ne sera que la ministre.
• (15 h 20) •
Comment
ça se fait? Bien, à travers un appel de candidatures qui est sur le site
Internet de l'École nationale de police. Mais comment les trois
personnes se retrouveront-elles sur la liste qui sera entre les mains de la
ministre? Par exemple, est-ce que des
parlementaires ou des ministres ou des membres de l'entourage du premier
ministre pourraient solliciter des
candidatures pour qu'elles se présentent? Est-ce possible? Je pose la question.
Dans le passé, pour la nomination des
juges, l'ancien député de Papineau, ministre, a avoué, avec la candeur qu'on
lui connaît, qu'il avait fait la promotion,
lui, d'un juge qui était un bon gars de son comté. Est-ce qu'il se peut que le
gouvernement, à travers sa députation,
à travers son entourage, ait pu potentiellement solliciter des candidatures? La
question est importante et ce n'est pas sans raison que je la pose pour
une deuxième fois.
Alors,
à travers les questions d'étude de crédits, à travers les questions en Chambre,
rien ne semble faire changer d'idée
la ministre quant au mode de nomination. Pourquoi? Elle nous dit, puis je la
cite justement à l'étude des crédits, quant
à l'opportunité d'un décret, elle nous dit : «Le décret permettrait
également d'éviter de politiser le processus, croit la ministre.» Puis elle nous dit : «"Si on
s'assoit tous à l'Assemblée nationale, [...]tous les politiciens, tous partis
confondus, vont vouloir faire de la
politique là-dessus, sur le mode de nomination. Et je ne crois pas que [ça
soit] sage de le faire."»
Alors,
moi qui ai encore en tête les paroles du premier ministre lors de son
assermentation à la plus haute fonction de l'État à l'effet que c'est un gouvernement qui allait collaborer,
respecter l'opposition, faire appel aux meilleures idées, je l'invite,
aujourd'hui, à considérer la proposition qu'on lui fait, qui ne fera que
renforcer le choix du prochain ou de la prochaine
D.G. de la Sûreté du Québec, s'assurer qu'il n'y ait aucune ambiguïté et
s'assurer également de la confiance du public.
Alors,
qu'est-ce qu'elle dit, cette motion, Mme la Présidente? D'abord, juste les
faits, un court étalage des raisons sérieuses
qui militent en faveur de la prudence quant au mode de nomination de la
prochaine direction de la Sûreté du Québec :
rencontres de policiers avec le chef du Parti libéral chez lui, au moins deux
perquisitions sur la rue Waverly, à Montréal, à la permanence du Parti
libéral.
Ce
que nous proposons essentiellement en deux temps, dans le cadre du processus de
nomination du prochain directeur de
la Sûreté du Québec, qu'une des grandes commissions parlementaires de
l'Assemblée nationale, la Commission des
institutions, procède à l'audition des trois candidats recommandés par le
comité de sélection mis sur pied par la ministre de la Sécurité publique pour s'occuper de ce poste, comme il se fait
dans des postes importants à Ottawa, comme ça se fait aux États-Unis, comme ça se fait ailleurs dans le
monde; que les parlementaires puissent questionner les candidats à cette
plus haute fonction de la police sur sa vision de la police, sur les événements
d'actualité, sur sa philosophie, sur son expérience, sur sa capacité à faire
face aux défis, sur ses motivations. Ça serait un bel exercice parlementaire.
Je suis convaincu que l'ensemble de mes collègues des oppositions sont
intéressés à y participer. Imaginez le gain pour la transparence, pour la
vérité.
Alors,
la Commission des institutions est totalement habilitée à rencontrer les trois
candidats — qui ne
risquent pas de perdre leur emploi
parce qu'ils sont déjà permanents. Lorsqu'on regarde les critères qui
permettent de faire une première
analyse des candidatures recevables, c'est des gens qui, dans les deux cas qui
ne seront pas choisis, ne perdront pas
leur emploi, auront essayé d'obtenir un poste, comme nous, les candidats, c'est
public. On est candidats à une élection et puis, lorsqu'on n'est pas
choisi, bien, tout le monde le sait, puis, quand on est choisi, tout le monde
le sait aussi.
On
a prévu une formule qui permet à tout le monde de parler, à poser des
questions, qui m'apparaît raisonnable. Et,
au terme de tout ça, «qu'à la suite [des] auditions, que cette nomination soit
exceptionnellement adoptée à la majorité des membres de chaque groupe
parlementaire ainsi qu'après [...] avoir informé les députés indépendants».
Je
conclus, Mme la Présidente, en vous
disant que ce qu'il faut retenir aujourd'hui, c'est une proposition positive du Parti
québécois, une proposition qui est nécessaire dans les circonstances
que je vous ai évoquées, de nature à rassurer le public. Ceci étant dit,
je vous ai déjà dit que le choix qui a été fait de ne pas conserver Mario
Laprise appartient au gouvernement; nous l'avons questionné. Le choix que le
gouvernement a fait de nommer un comité, il appartient au gouvernement, nous
l'avons respecté. Mais nous voulons faire un ajout, et je suis convaincu que la
ministre saura le considérer parce qu'il
n'enlève rien à l'exercice. Au contraire, il le rend encore plus fort. Et force
est de constater qu'avec tout ce
qu'on a vécu dans les dernières années, avec les corps policiers, il serait
intéressant que la prochaine personne qui soit investie de cette si haute fonction dans notre démocratie fasse
l'objet d'un vaste assentiment, à la fois du public, à la fois des parlementaires, et qu'il soit totalement,
totalement indépendant à l'arbitraire et aux jeux de coulisses, qu'il soit le
directeur de la Sûreté du Québec, qu'on ait
confiance en lui et que tout le monde soit au courant que personne, personne, y
compris les parlementaires, y compris les institutions politiques, ne sont
au-dessus des lois. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup, M. le député
de Matane-Matapédia. M. le leader du gouvernement.
Question de règlement
sur la recevabilité de la motion
M. Gerry Sklavounos
M.
Sklavounos :
Merci, Mme la Présidente. Alors, il me fait plaisir d'intervenir sur cette
motion aujourd'hui. Les arguments que
je vais vous faire, que je vais vous présenter, Mme la Présidente, sont de
l'ordre de la recevabilité. Comme
vous savez, à n'importe quel moment avant la mise aux voix, les questions de
recevabilité peuvent être soulevées. Et
je vais vous soulever certains points. Je veux clarifier par contre — et je l'ai indiqué à la table, on l'a fait
indiquer à la table
avant — que je
ne vais pas vous demander de vous prononcer sur la recevabilité. Par contre,
j'aimerais juste clarifier certains
éléments. Je veux que le débat… On désire que le débat soit fait, on désire
qu'on puisse voter, mais, simplement pour
l'avenir, je pense que ces quelques commentaires pourront… c'est juste… peuvent
servir de rappel à la présidence lorsqu'on est en train de juger de la
recevabilité de telles motions.
Premier
principe, rapidement, Mme la Présidente, parce que je veux laisser du temps à
mes collègues qui vont débattre sur
le fond de la question. L'article 186 de notre règlement : «Toute motion
adoptée devient soit un ordre, soit une
résolution de l'Assemblée : un ordre quand l'Assemblée enjoint à une
commission, à un député ou à toute autre personne de faire quelque chose; une résolution quand elle
exprime une opinion ou une intention, affirme un fait ou un principe.»
Donc, on doit avoir soit un ordre soit une résolution. On ne peut pas avoir les
deux dans une motion.
Ce principe
est établi depuis longtemps et a été réitéré dans une jurisprudence qui est
récente par votre collègue le président actuel, une décision rendue le
13 février 2013, la décision 186/5, que je vais vous citer quelques
éléments rapidement : «Dès 1973, une
jurisprudence constante est venue évoquer les principes suivants. Premièrement,
l'Assemblée nationale ne peut donner un ordre que dans les limites de
ses prérogatives et de son autorité — point très important, Mme la Présidente, je vais y revenir plus tard.
Deuxièmement, l'exécutif n'est pas strictement tenu de donner suite à une
motion adoptée par le législatif puisqu'il
n'est lié que par législation expresse.» Ça prend de la législation expresse,
et le Parlement ne peut pas agir au-delà de ses prérogatives.
• (15 h 30) •
Encore dans cette
même décision : «…lorsqu'il est question d'une motion imposant au
gouvernement d'agir d'une manière
déterminée dans un domaine relevant exclusivement de l'exécutif, la
jurisprudence a toujours considéré qu'il s'agit strictement d'une contrainte d'ordre politique ou moral [de]
l'Assemblée, dans ce contexte, émet [donc] un souhait plutôt qu'un ordre, comme c'est le cas en
l'espèce.» Ce qui veut dire que, lorsqu'il y a un ordre ou on essaie d'exprimer
un ordre qui serait illégal puisqu'il
dépasse les prérogatives de l'Assemblée nationale ou est contraire à une
législation, ce qu'on fait en lisant,
c'est qu'on l'interprète comme étant une résolution et non pas un ordre, parce
que l'Assemblée n'a pas le droit,
l'autorité de donner un ordre lorsqu'il y a une législation expresse où il y a
un pouvoir, une prérogative de
l'Exécutif qui prime dans une situation particulière.
Lors de la
dernière législature, un petit rappel, le deuxième groupe d'opposition s'est
interrogé sur une motion qui avait
été adoptée, qui comportait et un ordre et une résolution. Même motion, un
ordre et une résolution. Le président avait
jugé la motion comme un simple souhait, puisqu'elle ne pouvait être un ordre,
et avait refusé de l'inscrire par la suite, cette motion, au feuilleton.
Une décision avait été rendue, c'est la décision 146/2, rendue le
23 mai 2013. Je vais citer quelques éléments :
«Toute motion
adoptée par l'Assemblée devient soit un ordre, soit un souhait. [...]En
l'espèce, la motion adoptée comporte deux objets.
«[...]Comme
la motion adoptée [...] comporte deux objets, soit un premier concernant
l'élargissement du mandat d'un comité
et un second concernant l'étude par la Commission de l'administration
publique[...], la motion adoptée ne peut [...] être [en] faite [une] en
vertu de l'article 146.»
«…en vertu de l'article 146 [...] l'Assemblée
peut confier un mandat à une commission. Toutefois, selon la jurisprudence
parlementaire, une motion présentée en vertu de l'article 146 [...] doit avoir
un seul objet.»
Ce n'est pas
suffisant d'inscrire dans une motion que c'est un ordre. Lorsque l'ordre n'est
pas légal, ne relève pas des
prérogatives de l'Assemblée nationale ou essaie d'empiéter sur une
responsabilité qui appartient à l'Exécutif, même si la motion mentionne le libellé, le mot «ordre», ce n'est pas ça qui
prime. Et cette décision clarifie clairement ce point, également.
Maintenant, qu'en est-il de la motion du député
de Matane?
Première
partie, on a le premier paragraphe, le premier alinéa, si vous voulez, qui parle
de perquisitions. On se demande
exactement ce que ce paragraphe fait dans la motion. Par la suite, il y a un
ordre, une partie ordre qui mandate ou
qui est une tentative de mandater une commission de faire quelque chose, qui
pourrait constituer un ordre. Par contre, juste avant le dernier alinéa, le libellé : «Qu'à la suite de ces
auditions cette nomination soit exceptionnellement adoptée à la majorité
des membres de chaque groupe parlementaire ainsi qu'après en avoir informé les
députés indépendants.»
Là-dessus, on
a un problème. Quel est le problème, Mme la Présidente? L'Assemblée ne peut
donner un ordre que dans les limites
de ses prérogatives. La Loi sur la police prévoit la nomination du directeur
général par le gouvernement. Donc,
cette motion-là, qui tente d'ordonner à l'Assemblée nationale de faire quelque
chose qui n'est pas dans ses prérogatives, qui est exclusivement de prérogative du gouvernement, ne peut être un
ordre, est illégale, serait irrecevable. Et donc nous avons deux parties
à cette motion-là, une partie qui est illégale, qui devrait être irrecevable…
Comme vous le savez, la procédure ici, il y a un
décret qui a été adopté pour respecter la Loi sur la police, l'article 56. Il y a une décision de la
jurisprudence, également, sur le 194, l'article 194, Mme la Présidente :
«…lorsqu'en cours de débat une partie de motion devient caduque, la
motion est viciée dans son ensemble.»
Ce que je
suis en train de vous dire, Mme la Présidente… Ça, c'est l'article 194. Il
y a une décision de Jean-Pierre Saintonge
du 9 mai 1990. C'est une règle qui retourne au règlement Geoffrion de
1941. Lorsqu'une partie de la motion… et
cette partie de la motion est caduque puisqu'elle ne peut pas prendre un
pouvoir que l'Assemblée n'a pas et l'inclure dans une motion, c'est un pouvoir que l'Assemblée n'a pas. Et, lorsqu'on
l'inclut dans une motion où on a, en même temps, une résolution et un ordre, on ne peut pas… je vous ai parlé plus tôt
des principes, on ne peut pas avoir les deux. Lui, il est caduc. Et le
194 nous dit que, lorsqu'une partie est caduque, tout est caduc, tout est
vicié.
Maintenant,
comme je vous ai dit d'entrée de jeu, on veut avoir ce débat, on a les
arguments. Nous avons mis en place — la ministre aura l'occasion de
s'exprimer — la
procédure de nomination la plus transparente de l'histoire. Elle veut
vous parler de ça. On veut faire le débat, on veut apporter les éléments, on
veut avoir une décision sur le fond. Cependant, il fallait, Mme la Présidente, que je vous rappelle ces
certains éléments, puisque, normalement, avec égards, je prétends…
nous prétendons que cette motion devrait avoir été décidée, jugée irrecevable pour les motifs que je viens de vous exposer.
Sur
ce, Mme la Présidente, j'invite la présidence… Je vais qualifier le geste de la
part de l'opposition officielle, qui
connaît bien le règlement parce que le leader et le leader adjoint connaissent
bien ce règlement-là, d'irresponsable, mais en même temps j'invite la présidence à une extrême vigilance
lorsqu'elle reçoit ces motions pour assurer et que le règlement et que la jurisprudence sont bien
respectés. Merci, Mme la Présidente.
Reprise du débat sur la
motion
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Alors, merci beaucoup. Je vous… M. le leader adjoint
du gouvernement, je
vous remercie de votre intervention. Et, si je comprends bien, vous ne
souhaitez pas que le débat soit interrompu ou suspendu. Alors, nous
allons poursuivre, le temps continue…
Une voix :
…
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Oui, M. le leader
du deuxième groupe d'opposition.
M.
Caire : Question de directive. Le
leader adjoint du gouvernement, qui plaide l'irrecevabilité sans la plaider,
a pris le temps de qui pour faire ça, Mme la Présidente?
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je
vous confirme, M. le leader adjoint, que c'est le temps du gouvernement
qui a été utilisé pour cette intervention. Alors,
si on peut poursuivre… M. le leader adjoint, allez-y.
M.
Sklavounos : Mme la
Présidente, j'ai dit que je ne voulais pas faire une question de recevabilité,
je voulais permettre au débat de se
dérouler… Mais, pour les prochaines motions qui vont venir, parce que cette
question risque
de revenir, on est dans un Parlement, il y aura d'autres… c'est pour qu'on
puisse être vigilants avec le libellé. C'est
pour ça que je vous rappelle ces principes, simplement. C'était sur
notre temps. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Alors, merci beaucoup. Nous avons pris bonne note de vos nombreux
rappels de la jurisprudence.
Alors, je suis
maintenant prête à reconnaître le prochain intervenant et je cède la parole à
M. le député de Chutes-de-la-Chaudière.
M. Marc Picard
M.
Picard : Merci, Mme la Présidente.
Il me fait plaisir de prendre la parole sur la motion déposée par le député
de Matane-Matapédia, mais je pense qu'avant d'aborder l'essence de la motion
j'aimerais rappeler quelques faits à la population du Québec.
De
mai 2003 à juin 2012, le gouvernement libéral de
M. Jean Charest a procédé à non moins de 523 nominations partisanes. Plusieurs de ces postes ont été
notamment accordés à des anciens députés, anciens candidats, anciens attachés
politiques ainsi qu'à des donateurs et des
sympathisants du parti.
Même
s'il a dénoncé à maintes reprises ce genre de
pratique, malheureusement le Parti québécois a agi de la même
façon pendant son court mandat, de 2012 à 2014, si bien que près de 50 anciens
députés, ex-candidats, ex-employés politiques
ont, entre septembre 2012 et février 2014, été nommés à titre de hauts
fonctionnaires en raison de leur allégeance politique. En octobre 2012, le
gouvernement du Parti québécois s'est défendu de procéder à une nomination partisane en désavouant M. Richard Deschênes, nommé en 2008 par les libéraux, et en nommant M. Mario Laprise, ouvertement
proche du Parti québécois, pour le remplacer à la tête
de la Sûreté du Québec.
Depuis
son entrée en poste comme ministre de la Sécurité publique, la question de la
nomination du directeur général de la SQ lui
pend au nez, à la ministre. Elle devait trouver une
façon de tasser M. Laprise et, on en conviendra tous, elle est parvenue à le faire, même si elle
le nie. On l'avait prédit, c'était écrit dans
le ciel que Mario Laprise allait perdre son poste, et voilà maintenant
qu'il subit un retour forcé chez Hydro-Québec. Le
13 août dernier, la ministre affirmait
que la décision de Mario Laprise de retourner chez Hydro-Québec était
entièrement la sienne et qu'il fallait la respecter. Cependant, un mois plus tard, on apprenait que le libellé de l'entente entre la Sûreté du Québec et
Hydro-Québec indique tout le contraire. M. Laprise n'a rien demandé, on l'a tassé,
on l'a forcé. On ne peut donc faire autrement que de conclure que M. Mario Laprise ne partageait pas la même vision
politique que le gouvernement libéral et qu'on a jugé qu'il serait moins
dans les pattes chez Hydro-Québec comme vérificateur interne que chez notre
police nationale, qui, en apparence, Mme la Présidente, semble trop souvent
être instrumentalisée par le politique, ce qui, je dois le dire, m'apparaît
inacceptable.
• (15 h 40) •
Que
ce soit à la Sûreté du Québec, dans nos tribunaux administratifs
ou à l'Agence métropolitaine de transport — rappelons-nous la
fameuse nomination de Nicolas Girard — force est de constater que
les nominations partisanes sont devenues une pratique courante, mais surtout
très, très déplorable au Québec.
Mais pourquoi
est-ce que ça dure, Mme la Présidente? Pourtant, des solutions à cette
problématique ont déjà été mises sur
la table, mais les deux vieux partis n'ont jamais eu le courage de remédier au
problème. C'est simple, ça les avantage
beaucoup trop de placer des gens fidèles et alignés à leur façon de penser. Des
solutions sont sur la table, rappelons-le.
Fortement
critiqué après la nomination maladroite de M. André Boisclair comme délégué
général du Québec à New York avec des
conditions d'or, le PQ a annoncé, le 19 décembre 2012, la création du comité
Perrault sur les conditions d'emploi
offertes aux titulaires en provenance de l'extérieur qui accèdent à des emplois
supérieurs dans la fonction publique québécoise.
Le comité devait, entre autres, faire des recommandations afin de doter le
gouvernement de conditions permettant d'encadrer le processus de
nomination.
Or, malgré la
mise sur pied de ce beau comité, les nominations partisanes du Parti québécois
ont continué. En décembre 2013, lors
du dépôt du rapport Perrault, la première ministre, Mme Marois, a affirmé que
son gouvernement allait étudier les
recommandations transmises par le comité. Malgré cela, celle qui avait dit, et
je la cite : «Nous sommes le parti
de René Lévesque. Jamais nous ne ferons de nominations partisanes comme le
Parti libéral», fin de la citation, a ensuite affirmé, quelques jours
plus tard... Mme Marois a affirmé quelques jours plus tard qu'elle n'avait pas
l'intention de changer la loi ou d'adopter un décret pour suivre les
recommandations du rapport sur les nominations partisanes, un rapport qui, rappelons-le, a coûté plus de
204 000 $ aux contribuables québécois. Le rapport Perrault
recommande, noir sur blanc, des modifications à la loi. Il propose de
changer la Loi sur la fonction publique pour clarifier les critères d'embauche aux emplois supérieurs, procéder à une
évaluation indépendante des candidatures et rendre le processus plus transparent. J'aimerais donc dire au député de
Matane-Matapédia : Mieux vaut tard que jamais. Mais je demeure sceptique
face à son jeu politique. Pourquoi sa
formation a-t-elle un discours différent dans l'opposition? Je trouve que la
question mérite d'être posée.
Maintenant, pour revenir à notre enjeu du jour,
les nominations partisanes constituent une pratique qui trop souvent délaisse la compétence et l'expérience de
citoyens compétents au profit d'amis du parti au pouvoir. Trop souvent, des postes importants dans l'administration
publique québécoise ont été confiés à des personnes dont le bagage
professionnel ne justifie aucunement
la nomination. En plus d'avoir un effet démotivant pour notre fonction publique
compétente, ce genre de nomination
cultive le cynisme et réduit la confiance des citoyens envers leurs
institutions. Avec un processus non partisan de consultation des membres
de l'Assemblée nationale, nous pourrions évaluer en toute transparence les compétences et l'expérience des candidats, et ce,
avant leur nomination. En effet, Mme la Présidente, bien que la nomination
aux emplois supérieurs soit une prérogative
importante du pouvoir exécutif, force est d'admettre que l'intervention du
pouvoir législatif est devenue nécessaire
afin d'éviter une surenchère de nominations partisanes en guise de récompense
à des amis du parti au pouvoir.
Maintenant, il faut trouver une solution à ce
problème pour s'assurer, une fois pour toutes, qu'il n'y a plus la possibilité de faire de telles nominations au
Québec. Le rétablissement de la confiance des citoyens envers le politique,
ça passe par là, Mme la Présidente. Notre
solution à ce problème, nous l'avons proposée au dernier gouvernement du Parti québécois, mais il n'a rien fait. C'est
d'ailleurs ce que l'on constate avec le dépôt de la présente motion du Parti québécois, ce qui nous étonne puisqu'il y a à
peine quelques mois il n'était pas en faveur de mesures visant à éliminer
les nominations partisanes, que ce soit à la Sûreté du Québec ou ailleurs dans
l'Administration gouvernementale.
Pour votre
souvenir, Mme la Présidente, en avril 2013, la Coalition avenir Québec a déposé
le projet de loi n° 392, Loi
encadrant la nomination de certains titulaires d'emplois supérieurs. C'était un
projet de loi visant à placer la compétence avant tous les autres
critères. Nous, on voit ça comme étant une question de respect pour la fonction
publique, mais également d'efficacité dans
la gestion de l'appareil gouvernemental et des finances publiques. Ce projet de loi concernait
les postes supérieures suivants, Mme la Présidente : secrétaire général du Conseil exécutif, secrétaire du Conseil du trésor, sous-ministres, Forestier en chef, délégués généraux du Québec, président-directeur général de l'Autorité
des marchés financiers, membres de la Commission de la fonction publique, président du conseil
d'administration et chef de la direction de la Commission de la santé et de la
sécurité du travail, président de l'Office de la protection du consommateur
et, en terminant,
le directeur général de la Sûreté du Québec.
Maintenant, actuellement, on travaille à
l'élaboration d'une nouvelle mouture de ce projet de loi, et ce que nous prônons
pour l'instant, c'est non seulement la mise en place d'un processus de
consultation des membres de l'Assemblée nationale lors de nominations à certains emplois supérieurs, mais
également un processus de nomination similaire à celui qui concerne le
Directeur général des élections, le Vérificateur général, le Protecteur du
citoyen, soit la nécessité de ratifier la nomination par résolution avec un
vote aux deux tiers des membres de l'Assemblée nationale.
Mme la Présidente, on a lancé l'idée à la
ministre de la Sécurité publique lors d'une période des
questions au printemps dernier et lors de l'étude
des crédits de son ministère concernant le directeur général de la Sûreté du
Québec, et c'est vraiment tombé dans
l'oreille d'un sourd, ou d'une sourde, plus précisément. La ministre nous a assuré
qu'elle élaborerait le mode de
nomination le plus transparent qu'on n'aurait jamais vu au Québec, mais, même si un comité de sélection impartial va lui soumettre une liste
d'au moins trois personnes d'ici la mi-novembre, il
demeure que ça sera au Conseil
des ministres qu'on choisira le nouveau directeur général parmi eux. Le risque
de la partialité et de la partisanerie demeure.
Compte tenu de la nature très particulière des enquêtes menées par la Sûreté du
Québec, y compris celles qui portent
sur le Parti libéral, le gouvernement ne devrait pas le nommer, même si le
bassin de candidats a été déterminé par un comité indépendant. La nomination en soi doit être indépendante du
pouvoir exécutif, c'est très simple, Mme la Présidente.
On le sait tous, mais
je le répète, le 13 août 2014, le gouvernement adoptait le décret
739-2014 concernant la constitution d'un
comité de sélection de candidats aptes à exercer la charge de directeur général
de la Sûreté du Québec. Ce comité de
sélection est formé de la directrice générale de l'École nationale de police du Québec, Mme Marie Gagnon, M. Robert Lavigne, ex-D.G. de la Sûreté du Québec,
Richard Bélanger, ex-D.G. de la police de
Châteauguay, et de Daniel Montminy,
qui a été secrétaire général associé au ministère du Conseil exécutif sous le gouvernement de M. Jean Charest.
Comprenez-moi bien, Mme la Présidente, je ne
remets pas du tout l'impartialité de ces personnes en question, loin de là, mais,
quand un décret stipule que l'objectif de la constitution de ce comité est
d'éviter l'apparence d'arbitraire dans la
nomination du directeur général de la Sûreté, je dois vous avouer que ça me
préoccupe pas mal, parce qu'on parle d'éviter l'apparence d'arbitraire. Ce qu'on souhaite, nous,
mais surtout ce que les citoyens du Québec méritent, ce n'est pas une apparence d'impartialité dans la nomination des
hauts fonctionnaires, mais l'impartialité la plus vraie et la plus complète qui soit,
c'est-à-dire celle que garantirait la nomination soumise au vote des membres
qui composent cette Assemblée nationale.
• (15 h 50) •
Pour l'instant, Mme la Présidente, il y a des
rumeurs que trois candidats sont déjà pressentis, trois candidats provenant de la Sûreté
du Québec, soit MM. Jocelyn Latulippe, Marcel Savard et Richard
St-Denis. Je m'écarte un petit peu du
sujet, mais je veux simplement vous faire part de mes questionnements
concernant toute cette histoire. Donc, les deux premiers sont directeurs généraux adjoints et le troisième l'a déjà
été. M. St-Denis, 57 ans, a été patron de
la Division du crime organisé
à la Sûreté du Québec. Il a été aussi un directeur général adjoint entre 2001
et 2006. Cependant, en 2011, M. St-Denis s'est vu confier la tâche de faire le ménage dans
l'industrie de la construction. Le gouvernement libéral de l'époque l'a
alors nommé au poste de vice-président de la Régie du bâtiment du Québec. À la mi-décembre 2013, M. St-Denis a été discrètement mis en congé sans... avec
solde. Il reste encore trois années à son mandat. La Régie du bâtiment du Québec n'a pas voulu détailler la nature de ces divergences ni dévoiler la
durée du congé. Le cabinet de la ministre du Travail du temps, actuelle députée
de Taschereau, n'a pas souhaité non plus commenter cette décision administrative
de la Régie du bâtiment du Québec.
Mme la
Présidente, comment le ministère de la Sécurité publique peut-il considérer M.
St-Denis si la Régie du bâtiment du
Québec ne lui fait plus confiance? Vous voyez, si les parlementaires étaient en
mesure de questionner les candidats,
alors nous pourrions avoir des réponses à des questions comme celles-là. C'est
évident qu'on ne les aura pas… qu'on
n'aura pas de réponse avec ce gouvernement. Pour l'actuel et le précédent
gouvernements, la transparence n'est clairement pas leur fort, mais
leurs discours disent autrement.
Maintenant,
pour revenir à la motion en tant que telle, Mme la Présidente, nous sommes en
faveur, et on l'appuie, c'est clair.
Je pense que mon discours le traduit depuis le début. À savoir si le mandat
devait appartenir à la Commission des
institutions, je crois que c'est discutable. Dans notre projet de loi, nous
avions estimé que le mandat correspondait mieux à la mission de la Commission de l'administration publique. Je
crois que le député de Matane-Matapédia aurait pu considérer cette modification à sa motion, mais je
ne lui en ferai pas la demande. Je croyais toutefois important de le souligner.
Par ailleurs,
je souhaite vous soumettre un amendement à l'avant-dernier paragraphe. Puisque
notre formation politique souhaite
que la nomination de tous les postes supérieurs, incluant le directeur général
de la Sûreté du Québec, se fasse par
un vote aux deux tiers de l'Assemblée nationale et non seulement des membres de
la Commission des institutions, nous
proposons de remplacer les mots «cette nomination soit exceptionnellement
adoptée à la majorité des membres de chaque groupe parlementaire» par
les mots «l'Assemblée nationale nomme, sur proposition du ministre de la Sécurité publique, le directeur général de
la Sûreté du Québec. Une telle nomination doit, pour être valide, avoir été approuvée par les deux tiers des membres de
l'Assemblée nationale.» Mme la Présidente, je fais le dépôt de l'amendement;
vous pouvez en juger de la recevabilité.
Mme la
Présidente, je suis d'accord avec le député de Matane-Matapédia : ça
suffit, le placement politique au Québec.
J'aurais cependant aimé qu'il soit de cet avis lorsqu'ils étaient au pouvoir.
On aurait peut-être un cadre légal efficace au Québec, aujourd'hui, qui assure l'intégrité des nominations aux
postes supérieurs dans l'administration publique. Avec MM. Deschesnes,
Laprise et celui qui le remplacera, imaginez-vous, la Sûreté du Québec aura
connu trois directeurs généraux en deux ans.
Trois directeurs généraux de la police nationale en deux ans au Québec. Je ne
dirai pas à quels pays ça me fait
penser, imaginez-les. Ça ne fonctionne pas. Le mandat de M. Laprise courait
jusqu'en 2017, et je suis sûr que, si on posait la question aux gens qui
composent le comité impartial mis sur pied par la ministre, ils nous diraient,
de façon complètement impartiale, que
M. Laprise possède toute l'expertise et l'expérience requises pour ce poste et
qu'il aurait au moins pu faire partie de la liste des personnes
déclarées aptes à exercer la charge de directeur général de la Sûreté du
Québec. C'est leur mandat de choisir parmi trois personnes, je pense qu'on
aurait pu inclure M. Laprise dans la liste.
Alors, Mme la
Présidente, pourquoi le renvoyer chez Hydro-Québec? Pourquoi ne pas attendre
que le comité le choisisse comme
candidat potentiel? Parce que la décision est déjà prise, c'est évident, Mme la
Présidente. Le Conseil des ministres des libéraux ne veut rien savoir de
M. Laprise. Les prétextes de la ministre de la Sécurité publique pour expliquer le départ de M. Laprise ne tiennent donc
tout simplement pas. Encore une fois, ils alimentent le cynisme, mais,
en même temps, ça soulève un sérieux doute quant à l'impartialité du comité,
finalement.
Enfin, pour
toutes ces raisons, j'offre mon appui à la motion du député de
Matane-Matapédia, sous réserve de l'amendement proposé plus tôt. Les
multiples scandales des dernières années au Québec, incluant les nominations partisanes, ont sapé la confiance des citoyens
envers leur gouvernement. Si la Coalition avenir Québec existe et si je suis
en politique depuis toutes ces années, Mme
la Présidente, c'est pour offrir une option aux Québécoises et aux
Québécois : un gouvernement responsable qui balise ses actions pour
vrai par des règles qui en garantissent l'intégrité. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup, M. le député. Alors, tel que stipulé à l'article
98.1 du règlement,
une motion présentée aux affaires inscrites par les députés de l'opposition ne peut être amendée, sauf
avec la permission de son auteur. Alors, est-ce que la permission de
l'auteur est accordée? M. le député.
Une voix : …
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Non, vous n'êtes pas obligé.
Une voix : …
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : D'accord. Alors, M. le député va
nous rendre sa décision un peu plus tard.
Alors, je vais poursuivre avec la prochaine intervention et je reconnais M. le
député de LaFontaine. À vous la parole
M. Marc Tanguay
M. Tanguay :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Dans un... dans deux temps. D'abord, je vais
commencer par les propos tenus par le représentant de la Coalition
avenir Québec, le député de Chutes-de-la-Chaudière.
J'aurais été ému et, à la limite, convaincu de
son plaidoyer à l'effet que toute nomination doit être basée strictement sur la compétence, n'eut été des
propos tenus devant Denis Lessard par le chef de la Coalition avenir Québec,
le 24 août 2012, qui disait, Mme la
Présidente... Et là les gens à la maison ont tous en mémoire le plaidoyer
vibrant du député de
Chutes-de-la-Chaudière qui vient de dire : Nous, la CAQ, c'est la
compétence, ce n'est pas les accointances, puis ce n'est pas la
philosophie, c'est la compétence. Or, le chef de ce député, de mon collègue,
mon estimé collègue Chutes-de-la-Chaudière a
dit le 24 août 2012, et je le cite : «Si on veut faire un changement au
Québec, il faut remplacer les
personnes qui font de la politique, mais aussi les sous-ministres et les
présidents de société d'État qui ne pensent pas comme nous, qui ne sont
pas d'accord pour faire ces virages.» Fin de la citation.
Alors, le député de Chutes-de-la-Chaudière qui
dit : C'est compétence; le chef qui le contredit. Alors, déjà là, Mme la Présidente, on vient de régler le cas de la
position de la CAQ. On aura peut-être l'occasion de les entendre ultérieurement, mais, contrairement à ce que
disait le chef de la Coalition avenir Québec, ce n'est pas la compétence...
ce n'est pas l'allégeance qui détermine la nomination, mais la compétence.
Je veux citer
un exemple. Diane Lemieux, à la tête de la Commission de la construction du
Québec, a été nommée par un
gouvernement libéral. Elle avait siégé comme députée du Parti québécois. Elle
est compétente. Elle a été nommée pour cette raison. Alors, voilà pour
la Coalition avenir Québec, Mme la Présidente.
Au niveau de
la motion qui est devant vous, j'aimerais... parce qu'évidemment, dans ma vie
antérieure, comme avocat au civil, il
y avait une théorie que je trouvais assez retentissante, qui était la théorie
des mains propres, Mme la Présidente.
La théorie des mains propres fait en sorte qu'en droit civil quiconque réclame
justice doit avoir les mains propres, autrement dit présenter tous les
faits, appliquer à soi-même ce que l'on prêche pour les autres.
Or, premier attendu de la motion, et je le
cite : «Que l'Assemblée nationale prenne acte des perquisitions effectuées à la permanence du Parti libéral du
Québec par la Sûreté du Québec.» Évidemment, Mme la Présidente, on ne fait pas écho ici qu'en février 2014 deux agents
enquêteurs, deux sergents enquêteurs de l'UPAC, puis je reviendrai… On dit que c'est la Sûreté du Québec, il y a une
distinction. La motion, effectivement, touche le ou la directeur, directrice
de la Sûreté du Québec, mais ici on parle de l'UPAC, Mme la Présidente, quand
on parle aux interventions. Alors, en février
2014, deux sergents enquêteurs ont été au Parti québécois, dans leurs bureaux,
les ont visités et questionnés quant aux
structures et aux méthodes de financement. Mme la Présidente, j'ai été
extrêmement surpris de ne pas lire ça également, hein, également comme
un attendu dans la proposition, dans la motion qui est faite devant vous
aujourd'hui.
Alors, ici, il
est important de présenter tous les faits et de ne pas en oublier. Parce que
mon estimé collègue de Matane-Matapédia
disait qu'une telle visite appliquée au Parti libéral, ce n'est pas banal,
c'est exceptionnel. Mais pourquoi l'a-t-il
oublié quand les deux sergents enquêteurs sont allés questionner le Parti
québécois sur ses structures de financement et ses modes de financement? Ça ne doit pas être banal, ça non plus.
Pourquoi il l'a oublié? De deux choses l'une : il l'a oublié de bonne foi ou il l'aurait omis. Je ne
l'accuse pas de rien, Mme la Présidente, je vous pose la question, qui
mériterait peut-être réponse et qui pourrait nous enseigner sur,
justement, l'application de cette théorie des mains propres.
Autre
élément. On dit que la Sûreté du Québec aurait fait ces visites. Bien non,
c'est l'UPAC. Mon collègue de Matane-Matapédia
ne peut pas ne pas savoir que l'UPAC, c'est effectivement, oui, des policiers
de la Sûreté du Québec, mais également
des policiers de la GRC, du SPVM, Service de police de la ville de Montréal,
des policiers de la ville... des municipalités de... ville de Longueuil,
Laval, Châteauguay, Richelieu, Saint-Laurent.
• (16 heures) •
Alors, ici,
un deuxième élément, Mme la Présidente, quand on parle de la théorie des mains
propres, de tout dire, et de dire ce
qui est important, et de faire les bonnes
distinctions, peut-être que la rédaction de la
motion, Mme la Présidente… des fois, on fait ça vite, des fois, on fait des erreurs. Alors, peut-être, la prochaine fois, mon collègue aura l'occasion de
se relire.
Également, on plaide à hauts cris, et là je reviens à l'UPAC, la nécessité d'avoir une UPAC indépendante,
et je cite mon collègue qui a dit que
l'UPAC fait l'unanimité, ce sont ses propres mots
il y a quelques instants, toujours ses propres mots : «Dont l'indépendance est assurée».
Évidemment, quand on dit : «Fait l'unanimité, dont l'indépendance est assurée», il
est important, Mme la Présidente, de souligner, et je ne veux pas m'étendre là-dessus :
le 11 octobre 2012, à
l'époque, le ministre du Parti québécois de la Sûreté… de la Sécurité publique
avait été visiter l'UPAC, et l'on disait,
et ça avait fait grands remous : «Le ministre — et je cite, ici, un article du Devoir — de la Sécurité
publique[...], exige un redressement de l'UPAC
dont le manque de cohésion freine l'action. En
entrevue au Devoir, le ministre a servi un avertissement non équivoque, précisant
qu'il n'exclut pas d'apporter des changements — et on le cite — "jusqu'aux plus hautes sphères" de
l'organisme.» Alors, quand on dit, Mme la Présidente : La motion du
Parti québécois, on vous présente ça
parce qu'on veut réellement s'assurer de l'indépendance de l'UPAC, on voit bien que le discours ne tient pas à
la réalité.
Donc, motion,
je reviens, motion qui fait fi de faits qui ne sont pas anodins, deux sergents enquêteurs au Parti québécois. Pourquoi on n'en
parle pas? Ça sera un oubli du député du Parti québécois.
On veut lier l'UPAC et la Sûreté du Québec. L'UPAC, c'est beaucoup plus que la Sûreté du Québec, c'est la GRC, SPVM, d'autres corps policiers, qui fait un travail extraordinaire,
deuxième élément.
Troisième
élément, Mme la Présidente, il y a eu, dans les faits, alors que le Parti
québécois était au pouvoir, une action, le 11 octobre 2012, où
le ministre du Parti québécois a dû se défendre et réfuter les accusations
d'ingérence politique
dans les services de police. Mme la Présidente, la théorie des mains propres, c'est de dire tous les faits, de faire les bonnes distinctions
et de prêcher non seulement les bons motifs et les bons éléments, mais
de les appliquer à soi-même. Il y a
ici des éléments qui sont fort troublants et qui, je crois, étaient nécessaires
de souligner. Citation également, Mme la Présidente, L'Actualité, le 1er octobre 2014,
un titre Les jeunes loups du Parti québécois.
Alors, le député de Matane-Matapédia,
et j'en suis fort content pour lui, était identifié comme un jeune loup du
Parti québécois, et on le citait de
la façon suivante : «Pendant nos
18 mois au pouvoir, on a tenté d'imposer notre vérité au lieu d'écouter
les gens.» Fin de la citation, Mme la
Présidente, dans L'Actualité du 1er octobre 2014. Alors,
évidemment, les enseignements du passé, c'est bon de les tirer, mais c'est bon de les appliquer, et, en ce sens-là,
j'invite mon collègue de Matane-Matapédia à faire la même chose en la
matière.
Évidemment, Mme la
Présidente, il y a eu une prise de décret suite à la convention de prêt de personnel, le 11 août 2014,
de M. Laprise. Un décret, deux
jours après, a été pris en vue de constituer un comité de sélection. Là, on
dit — et là j'ai de la misère à suivre le Parti
québécois, Mme la Présidente — on dit :
Le comité de sélection, ça ne fonctionne
pas, il va y avoir trois candidatures à la fin, le processus
est vicié, alors que… Et la ministre aura, et mes autres collègues, l'occasion de le démontrer, c'est un processus unique, un processus qui… Lorsque
le Parti québécois a nommé le directeur de la Sûreté du Québec en 2012,
évidemment ils n'ont pas appliqué ça à leur propre démarche. C'est un processus
qui est unique, qui est nouveau, qui vient assurer l'indépendance, mais là le
Parti québécois ne le reconnaît pas. Ce n'est
pas ça qu'il faut faire, il faut évidemment avoir un autre processus, l'indépendance n'est pas assurée. Or, Mme la Présidente, s'il plaide que le
comité est l'arbre empoisonné, comment peut-il plaider qu'ils vont prendre les fruits de l'arbre empoisonné puis qu'ils vont décider à
travers les trois candidatures que le comité aura trouvées, et qu'ils les
décideront en commission parlementaire, Mme
la Présidente? Donc, il y a un aveu très clair que les trois candidatures,
à sa face même, sinon il y a une contradiction
flagrante… à sa face même, le comité permettra d'avoir trois excellentes
candidatures. C'est un aveu retentissant, Mme la Présidente. On confirme, du Parti
québécois…
Évidemment, on vote
contre la motion. Parce que, vous m'aurez compris, lorsque l'on dit : Il faut garder le processus indépendant, il faut sortir ça de la joute parlementaire, Mme
la Présidente, je n'ai pas pu trouver un exemple similaire, dans les Parlements en
Occident, d'un processus où justement on veut rendre une décision indépendante,
mais on la balance dans la joute
politique. On va vouloir décider des
trois excellentes candidatures, pas de problème, ils vont piger une des trois candidatures. Mais de décider ça à la majorité
des groupes parlementaires, évidemment, aux aléas de la joute partisane…
Et,
en conclusion, à la lumière de la rédaction de la motion, on ne peut pas dire
qu'on est à l'abri, avec l'opposition
officielle, de joutes partisanes, parce que je pense qu'on vient d'en faire la
démonstration. Alors, merci beaucoup, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup, M. le député de LaFontaine.
Et j'aimerais confirmer les temps qu'il
reste pour chacune des formations, puisque nous avons été informés que les députés
indépendants n'allaient pas utiliser leurs six minutes. Alors, il
resterait environ 30 minutes au groupe parlementaire formant le gouvernement, 9 min 33 s pour le groupe parlementaire formant l'opposition officielle et 3 min 17 s pour le deuxième groupe
d'opposition, et l'auteur de la
motion dispose de 10 minutes pour sa réplique. Alors, la parole est à
vous, M. le député de Verchères.
M. Stéphane Bergeron
M.
Bergeron : Mme la Présidente, vous vous douterez bien que je suis très heureux de prendre la parole
dans la foulée du précédent
intervenant. Je vais y revenir dans quelques instants, mais vous me permettrez d'abord
de répondre à mon collègue
des Chutes-de-la-Chaudière, qui y est allé d'un certain nombre d'affirmations
qui mériteraient quelques précisions.
D'abord,
j'ai revu cette CAQ, là, qui nous crée une espèce de mythologie de gouvernements antérieurs entachés de partisanerie
et de népotisme, Mme la Présidente, et j'ai vu mon collègue des Chutes-de-la-Chaudière se draper dans le linceul de la vertu
comme a l'habitude de le faire la CAQ. J'ai eu l'occasion la semaine dernière, Mme
la Présidente, peut-être en avez-vous eu vent, de signaler que ce parti
qui se drape dans le linceul de la vertu, dès qu'il a l'occasion de se confronter à la réalpolitique, ne met pas en
pratique les valeurs qu'il professe. On l'a vu, Mme la Présidente, on l'a vu,
Mme la Présidente, lorsque le deuxième groupe d'opposition a voulu négocier les
budgets qui lui ont été octroyés, invoquant
soi-disant des précédents, me disait mon collègue de Chauveau.
Le seul précédent valable, Mme la Présidente, c'est celui du deuxième groupe
d'opposition en 2007 qui, bien qu'ils étaient beaucoup plus nombreux, avait des budgets beaucoup moindres que ceux qui ont été dévolus au deuxième groupe d'opposition actuel. Alors, quand ils ont l'occasion, là, ceux-là qui se drapent
dans le linceul de la vertu, là, pour dire qu'on va faire attention aux finances publiques, bien, ils ont pas mal empoché de cet argent des
contribuables, Mme la Présidente, pour la présente législature.
Maintenant, Mme la Présidente, on dénonce
évidemment ce que les gouvernements précédents ont pu faire, mais il n'y a rien de tel que des engagements
formels pris dans une campagne électorale pour savoir quelles intentions
ils ont puis qu'est-ce qu'ils entendent faire
pour la suite des choses, Mme la Présidente, et très clairement, au mois
d'août 2012, le chef de la CAQ nous
disait : Il faut remplacer ceux qui ne pensent pas comme nous, Mme la
Présidente, il faut remplacer ceux
qui ne pensent pas comme nous. Et là ils se drapent aujourd'hui — parce qu'ils ont manqué leur coup en 2012, ils ont manqué leur coup en 2014 — là ils se drapent dans le linceul de la
vertu et ils nous disent : Ah! c'est donc terrible de remplacer ceux qui ne pensent pas comme vous, hein, Mme la
Présidente, alors que c'est exactement — et ils le disaient
très ouvertement — ce
qu'ils avaient l'intention de faire. Alors, j'en prends puis j'en laisse dans
ces belles manifestations de vertu de
la part des députés du deuxième groupe d'opposition, Mme la Présidente.
• (16 h 10) •
Mais je veux
poursuivre sur cette question. On entendait le député des
Chutes-de-la-Chaudière nous dire que Mario
Laprise était très ouvertement proche du Parti québécois. Aïe! C'est une grosse
accusation, ça, Mme la Présidente, hein?
Peut-être, c'est une grosse déclaration, c'est une affirmation qui mériterait
qu'on l'étaie un peu, mais le député de Chutes-de-la-Chaudière s'est bien gardé d'étayer son affirmation. Il
s'est bien gardé de nous dire en quoi et de quelle façon M. Laprise
était soi-disant très proche, ouvertement proche du Parti québécois. Mme la
Présidente, je ne connaissais Mario Laprise
que pour une seule raison, une seule : sa feuille de route irréprochable
dans la lutte contre le crime organisé, Mme la Présidente. Il a joué un rôle absolument déterminant dans la
lutte qu'a menée le Québec — et mon collègue de Chomedey pourrait très certainement corroborer mes
propos — il a
joué un rôle déterminant dans la lutte qu'a menée le Québec contre le
crime organisé, Mme la Présidente.
Et,
je pense, le collègue de Marguerite-Bourgeoys, lorsque j'étais ministre de la
Sécurité publique, a tenté, à un moment
donné en Chambre, de mettre en doute la qualité de la nomination de M. Laprise,
la rabaissant, comme l'a fait le
député des Chutes-de-la-Chaudière, à une nomination partisane. Bien mal lui en
prit, Mme la Présidente, puisque j'ai dit,
à ce moment-là, que c'était une affirmation qui faisait injure à la feuille de
route irréprochable de Mario Laprise, et la question est tombée à plat, n'est jamais plus revenue sur le plancher.
Alors, je pense que mon collègue de Marguerite-Bourgeoys, qui est également un ancien de la Sûreté du Québec, ne
pouvait faire autrement que de reconnaître également, également, la
feuille de route irréprochable de Mario Laprise.
Alors,
Mme la Présidente, il a eu une feuille de route irréprochable avant d'être
nommé directeur général de la Sûreté
du Québec, et j'aime à penser, et j'ose affirmer, Mme la Présidente, qu'il a eu
une feuille de route irréprochable également après sa nomination comme
directeur général de la Sûreté du Québec.
Et
mon collègue de LaFontaine disait tout à l'heure que j'avais soi-disant commis
quelque chose d'absolument inacceptable lorsque j'étais allé rencontrer
les gens de l'UPAC. Je pense qu'il faut se remettre dans le contexte de… Il a raison, il a raison de
dire que l'UPAC n'est pas composée que d'agents de la Sûreté du Québec, et le résultat de cela, c'est que, souvent, il y
avait des conflits, il y avait des problèmes internes, un manque de
collaboration, un manque de fluidité
dans la transmission d'information entre les différentes composantes de l'UPAC.
Ce que je suis allé faire essentiellement, Mme la Présidente, lorsque
j'ai rencontré les gens de l'UPAC, c'est deux choses, j'ai passé deux messages : Un, faites votre travail, le
travail pour lequel cet organisme a été constitué, on s'attend à ce que vous le
fassiez; deuxième chose, il faut que vous
collaboriez. Et ça, c'est le maître mot du travail que j'ai effectué comme
ministre de la Sécurité publique, de demander une collaboration entre
toutes les instances chargées de lutter contre le crime organisé.
Et c'est exactement
ce que Mario Laprise a fait, Mme la Présidente. Mario Laprise s'est assuré
qu'il y ait collaboration de la Sûreté du
Québec à tous les niveaux avec l'UPAC, qu'il y ait collaboration de la Sûreté
du Québec à tous les niveaux avec la
commission Charbonneau. Et ça a donné des résultats, Mme la Présidente. Et,
manifestement, ces résultats sont
restés un peu de travers dans la gorge du Parti libéral, puisque, dès le moment
où ils ont été élus, on a remis en question la nomination de Mario
Laprise, et ce n'était — là-dessus,
je suis d'accord avec mon collègue des Chutes-de-la-Chaudière — qu'une question de temps avant que sa tête
roule, Mme la Présidente, avant qu'on le dégomme. Et c'était un secret de polichinelle, nous
n'attendions plus que le moment, et le moment est venu cet été, Mme la
Présidente.
Le député de
LaFontaine disait que c'est la même chose, là, que, il y a deux enquêteurs qui
ont été rencontrer des gens au Parti québécois, qu'est-ce qui s'est passé au
Parti libéral. Je regrette, il y a une différence fondamentale entre rencontrer les D.G. des différentes
formations politiques et une perquisition. Une perquisition, Mme la Présidente, il faut avoir convaincu un juge qu'il
y avait des raisons suffisantes de croire qu'un crime avait été commis et que,
conséquemment, il fallait aller chercher les éléments potentiels de preuve. Il
y a une différence fondamentale. Et c'est probablement cela, Mme la Présidente,
qui est resté dans la gorge des dirigeants du Parti libéral, qu'il y ait eu des
perquisitions aux locaux du Parti libéral
sous la direction de Mario Laprise — tiens donc! — et qu'il y ait eu également d'autres rencontres qui, manifestement, ont
embarrassé le Parti libéral. Et il semble qu'on ait voulu, effectivement,
régler des comptes.
Je termine
rapidement. Parce que le député de Chutes-de-la-Chaudière disait que nous
professons quelque chose de différent
maintenant dans l'opposition par rapport à ce que nous disions lorsque nous
étions au gouvernement. Bien, j'ai eu
l'occasion de dire publiquement que nous envisagions de réformer le mode de
nomination des chefs de police au Québec. Et ça, c'est dans la foulée du
conflit qu'il y a eu notamment entre l'ex-directeur général de la ville de Montréal
et le chef de police de la ville de Montréal, M. Parent. Il est clair que les nominations
provenant de l'appareil politique posaient problème, et nous étions en
train de plancher là-dessus, quant à une réforme, et la ministre a un peu
poursuivi le travail qui a été fait. Elle pourra toujours dire, comme elle le
fait dans un autre dossier, qu'il n'y a absolument rien qui a été fait, mais le
fait est, effectivement, que nous nous sommes penchés sur cette question.
Et
je termine rapidement en disant à l'intention du député de LaFontaine qu'à Ottawa — et j'y siégeais, donc je le sais — nous avons mis en place un mécanisme qui
fait en sorte que ceux qui sont nommés par le gouvernement viennent comparaître
devant les commissions parlementaires pour permettre aux parlementaires,
effectivement, de poser des questions. Il n'y a pas eu de révolution à
Ottawa, ça fonctionne bien.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie de votre
intervention, M. le député de Verchères. Maintenant, je me tourne vers
le député de Chomedey. À vous la parole.
M.
Guy Ouellette
M.
Ouellette :
Merci, Mme la Présidente. C'est toujours un plaisir de prendre la parole après
mon estimé collègue de Verchères, et qui rappelait à mon bon souvenir
les nombreuses années que j'ai eu l'opportunité de travailler avec M. Laprise lors de la mise en place de l'unité
Carcajou, en 1995, dans une vie antérieure. Et je ne pense pas que personne
ici, à l'Assemblée nationale, ne peut mettre en doute les qualités de l'homme
qu'était M. Mario Laprise.
Ceci étant
dit, Mme la Présidente, je pense qu'il faut revenir pour parler des vraies
affaires. J'entends beaucoup de
choses depuis le début de nos débats, cet après-midi, et je pense que c'est
important d'expliquer aux gens qui nous écoutent, qui sont plus mêlés qu'ils ne l'étaient au début… On mêle la
Sûreté du Québec, on mêle l'UPAC, on organise ça comme ça fait notre affaire, au moment où ça fait notre affaire, pour
laisser les gens penser, alors que ce qui est très important… Et je pense qu'une chose, bien
humblement dit, Mme la Présidente, qui m'a toujours caractérisé, c'est d'être
factuel. M. le député de Matane, qui a une
connaissance pointue de tout ce qui touche le crime organisé, par ses
nombreuses lectures et par les
nombreuses conversations que nous avons eues tous les deux, la connaît, la
différence. Il la connaît, la différence
entre la Sûreté du Québec, l'UPAC, les champs d'activité de l'un et de l'autre.
Mais, quand on arrive à la joute politique,
des fois on a peut-être tendance à oublier ces choses-là, et je pense que c'est
important de le rappeler pour les gens.
Dans un
premier temps, il est vrai que l'escouade Marteau de la Sûreté du Québec a été
mise en place au mois de
septembre 2009 par un gouvernement libéral, il y a déjà cinq ans, et qu'un
an et demi plus tard elle a été englobée à l'intérieur d'une autre entité qu'on a appelée l'Unité permanente
anticorruption. Donc, elle ne relève plus de la Sûreté du Québec. Le patron de l'escouade Marteau… et c'est
prévu par décret. Ce n'est pas un communiqué de presse, c'est un décret du gouvernement du Québec qui dit
textuellement que les effectifs de l'escouade Marteau sont sous la direction
maintenant du commissaire à la lutte à la corruption, M. Robert Lafrenière.
C'est lui qui est le patron.
• (16 h 20) •
Une autre
chose qui est très importante d'expliquer, Mme la Présidente, c'est tout le
processus d'enquête, parce qu'on mêle
plein de choses. Le Parti libéral n'est pas sous enquête. Il faut-u le répéter?
Le Parti libéral du Québec n'est pas sous
enquête. Non. Vous avez vu, Mme la Présidente, dans les mandats de perquisition
qui ont été décaviardés, qui sont l'objet
de la motion d'aujourd'hui, où on a précisé les effets recherchés et où on a
précisé… Parce que mon estimé collègue de
Verchères a mentionné qu'un mandat de perquisition, c'est autorisé par un juge,
avec des motifs, et on y indique aussi les effets recherchés. Et
effectivement, quand la nouvelle est sortie dans les médias — et je
pense qu'un des médias télévisés était très au fait de la demande pour faire
décaviarder les mandats de perquisition — les effets recherchés touchaient des individus, et on recherchait
spécifiquement, à l'intérieur d'un lieu, et tel qu'il est mentionné, des
factures, des preuves de paiement,
des listes d'invités, un rapport d'activité et toute documentation touchant un événement
particulier. Ce n'est pas une partie
de pêche, un mandat de perquisition, Mme
la Présidente, ça touche des éléments
particuliers. Tu ne peux pas, lorsque
tu exécutes un mandat de perquisition, décider de tout saisir la maison et
décider de prendre tout ce qu'il y a
à l'intérieur, à moins que tu constates une infraction, ce qu'on appelle en
anglais, de «plain view», parce que,
normalement, tu vas aller pour les effets
recherchés et tu repars. Et, dans le cadre de ton enquête, il y a
plusieurs personnes qui sont
rencontrées. Il y a des personnes du Parti libéral, il y a des personnes du Parti québécois, il y a des
personnes de la Coalition, il y a des
personnes de toutes provenances, de toutes allégeances, de tous partis politiques,
qui auront été rencontrées dans le cadre d'une enquête.
Et on l'a
souvent dit au cours de nos travaux, particulièrement avec le député de
Verchères, parce qu'on a travaillé très
étroitement, on a fait la loi de l'UPAC en juin 2011, on a fait le Bureau
des enquêtes indépendantes, puis je pense qu'on peut être fiers, en tant que députés de l'Assemblée nationale, on
a fait deux très bonnes lois, très, très bonnes lois. Il y a eu plusieurs amendements. Et, dans ces deux
lois-là, Mme la Présidente, pour le choix du commissaire ou pour le choix du directeur du Bureau des enquêtes
indépendantes, on s'est entendus sur un processus de nomination qui est
intègre, qui est transparent et qui fait l'unanimité, et, je vous l'ai
dit, c'est effectivement des très bonnes lois.
Je veux
revenir sur la perquisition de juillet dont le député de Matane faisait état.
Je pense qu'il y a toujours… Et on a
toujours très frais à la mémoire qu'il ne faut pas mêler le pouvoir politique
et le pouvoir policier. Je l'ai souvent dit, mon estimé collègue l'a souvent entendu, je l'ai répété à maintes
reprises, Mme la Présidente, il doit y avoir un mur, il doit y avoir un coupe-feu entre les deux et il ne
faut pas nuire aux enquêtes policières. C'est exactement ce que les enquêteurs
avaient mentionné lors de la perquisition de juillet, c'est exactement ce que
les enquêteurs avaient mentionné lors de la visite aux locaux du Parti
québécois, en février 2014, et, n'eût été d'une indiscrétion d'une des personnes rencontrées, ces informations-là
seraient restées confidentielles. C'est une autre des raisons pourquoi les
motifs du mandat de perquisition de
l'UPAC, et non pas de la Sûreté du Québec, étaient restés... avaient été
scellés et avaient obligé un
consortium de médias à faire une demande devant un juge de la Cour supérieure
pour faire lever les scellés sur les motifs de ces mandats-là. Donc, Mme
la Présidente, c'est des choses...
Il ne faut
pas mêler les choses, il ne faut pas faire un pâté chinois ou une fricassée
avec tout ça, là. Il faut faire très
attention, il faut être factuel quand on parle de ces données-là. L'Unité
permanente, M. Lafrenière l'a mentionné, pas plus tard que la semaine dernière, qu'il avait l'autonomie, qu'il avait
l'intégrité, qu'il n'y avait pas d'ingérence dans ses activités, il n'avait pas à demander à personne,
il n'avait pas à se justifier à personne, et il conduisait ses enquêtes comme
bon lui semblait. Je pense que c'est très
important que ça reste comme ça, parce que c'est une prémisse de base de notre
système de droit.
Quand on parle du processus de nomination, je
pense que c'est un processus de nomination très transparent. Mes collègues en ont parlé, c'est quatre
personnes, et non pas trois, c'est quatre personnes qui font partie du
processus de nomination, et sûrement
que Mme la ministre aura l'opportunité d'en parler, et ces personnes-là, c'est
des personnes irréprochables, qui
sont très intègres. Et ce n'est pas parce que j'ai pu travailler avec ces
quatre personnes là qu'elles sont automatiquement disqualifiées
parce que je suis au gouvernement, ce n'est pas parce que je parle au député de
Verchères que ce n'est pas une bonne personne…
Une voix :
…
M.
Ouellette : C'est une très bonne personne, effectivement, et
je l'ai même cité. J'ai été interpellé, tout dernièrement, Mme la Présidente, à préciser ma relation avec le député
de Verchères, ma relation professionnelle, et je vous l'avoue bien, bien, bien humblement, Mme la Présidente : Il
faut reconnaître au député de
Verchères les qualités de cet homme. Donc, il ne faut pas, il ne faut effectivement pas mêler, Mme la Présidente, les choux, les carottes puis de faire une fricassée avec tout ça. Je pense que
c'est très, très, très important, surtout quand on parle de notre société de
droit, surtout quand on parle de l'application de la justice.
Donc,
les quatre personnes du comité. Marie Gagnon, qui est la directrice de l'École
nationale de police, on parle de
l'expertise. On parle d'expérience quand on parle de M. Lavigne. Il a été sept
ans directeur général de la Sûreté du
Québec. J'ai eu l'opportunité d'avoir M.
Lavigne… de servir sous les ordres de M. Lavigne, et c'est un directeur général
extraordinaire, je le dis publiquement
aujourd'hui. M. Bélanger. J'ai eu l'opportunité de croiser M. Bélanger à
plusieurs reprises. M. Bélanger a été
une personne très dynamique dans les diverses fonctions qu'il a occupées au
sein de plusieurs services de police
municipale sur la Rive-Sud de Montréal. Mme Montminy. Je pense que, Mme
Montminy, je la connais depuis mon
entrée à la Sûreté du Québec. Elle a été de tous les combats. Donc, c'est des
personnes qui allient expérience, expertise, efficience, Mme la
Présidente, et qui vont faire un travail exceptionnel.
C'est
une première : On a précisé dans la loi sur le Bureau des enquêtes
indépendantes et on a précisé dans la loi sur l'UPAC qui devait faire
partie des différents comités. Nous avons eu des longues discussions avec le
collègue de Verchères là-dessus. Et je pense
que nous avons deux très bonnes lois. Et nous avons deux processus de sélection
pour le directeur du Bureau des
enquêtes indépendantes et pour l'unité de lutte anticorruption. Pourquoi n'en
serait-il pas ainsi pour le processus
de nomination du directeur de la Sûreté du Québec? Je pense qu'on a un
processus qui est intègre, et qui est
très transparent, et qui précise ce que la Loi de police avait jusqu'à ce jour.
Il y avait seulement qu'une ligne : que le directeur général était nommé par le gouvernement. Donc, on précise tout
le processus de nomination, et je pense que la ministre sera en mesure,
dans son allocution, de préciser certaines choses.
Vous
savez, c'est trop facile d'imputer des motifs et de prêter des intentions que
les membres du gouvernement pourraient
inciter des gens… comme s'il y avait juste les membres du gouvernement qui
avaient des idées. Je pense que le député
de Matane — je vous
l'ai mentionné et j'ai vanté sa connaissance des différentes facettes du crime
organisé puis sa curiosité à tout ce
qui touche les affaires policières — pourrait facilement, dans sa population de
Matane... bah! peut-être pas dans sa
population de Matane, mais pourrait certainement, dans ses connaissances,
suggérer à des gens… C'est un processus qui est ouvert, qui est très transparent
et qui va permettre à chacune des personnes qui rencontreront les critères
que Mme la ministre vous détaillera
d'appliquer… de rencontrer les membres du comité de nomination et d'être
évaluées par les membres du comité de
nomination, pour en arriver, selon ce que le processus demande, à une... à
trois personnes qui vont se qualifier après être passées en entrevue.
Donc,
Mme la Présidente, je pense que tout a été dit, par les différents collègues,
de tout l'aspect politique. Mais ne
perdons pas de vue, et je pense qu'il est important… Et je pense que les
125 députés de la Chambre, ici, devons prendre conscience que la police et la politique, ça ne se
mêle pas. Et il faut se garder de vouloir se mettre les deux mains dedans.
Il faut se garder de vouloir imprégner une direction quelconque. Je n'aurais
personnellement jamais permis et jamais accepté,
dans une vie antérieure, qu'il y ait ce genre de comportement de la politique à
l'égard de la police, et je pense qu'il
est de mon devoir personnel et du devoir de chacun des élus de s'assurer à ce
que ça soit comme ça pour tout le temps que nous serons à l'Assemblée
nationale et pour les temps futurs. Merci, Mme la Présidente.
• (16 h 30) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci beaucoup, M. le député. Je
cède maintenant la parole à M. le député de La Peltrie, tout en
vous rappelant que vous disposez de 3 min 17 s.
M. Éric Caire
M.
Caire : Merci,
Mme la Présidente. Mme la Présidente, je pourrais faire du pouce sur des affirmations qui ont été faites et essayer d'expliquer à mes collègues
la différence qu'il y a entre dire qu'il
doit y avoir une communion de pensée
entre les gens avec qui on travaille et politiser un débat, mais je sais que la
joute politique leur interdit de faire cette nuance-là. Ce que je retiens, par contre, c'est cet acharnement de la part des deux vieux
partis à défendre cette mauvaise habitude de se livrer
aux nominations partisanes.
Mme
la Présidente, je veux toutefois, quand même, inviter mon estimé collègue de LaFontaine et président de la Commission de la santé et des services sociaux à parler d'amener cette nomination-là dans la
joute politique en lui rappelant respectueusement que le Vérificateur
général, le Directeur général des
élections, le Commissaire à l'éthique, le Commissaire au lobbyisme, le Protecteur du citoyen sont des
officiers nommés au deux tiers de l'Assemblée nationale, donc, dans cette
joute politique qu'il semble désapprouver ou
juger trop partisane. Et j'aimerais, Mme la
Présidente, parce que j'ai entendu beaucoup d'interventions des deux côtés de
la Chambre qui n'avaient pas rapport avec la motion… C'est
assez extraordinaire. Ce qui est
plutôt bizarre du côté de mon collègue de Verchères, puisque
c'est sa formation politique qui dépose la motion, il
avait l'air plus pressé de défendre ses actions comme ministre que de
s'assurer que, dans le futur, on ne
répète pas les erreurs du passé. Mais, bon,
sur cette motion, qui m'apparaît être intéressante, Mme la Présidente, je suis
totalement d'accord avec le député de Chomedey, gardons-nous de faire de la politique
avec la police.
Vous savez, Mme la Présidente... Excusez-moi, il
y a eu un changement de sexe, M. le Président.
Des
voix :Ha, ha, ha!
M.
Caire : Non, mais j'ai
détourné la tête, puis vous aviez changé de sexe. C'est
assez incroyable, quand même, comment ça va vite. Si le système de santé était
aussi efficace, M. le Président…
Donc,
M. le Président, imaginez-vous que votre emploi dépend exclusivement,
exclusivement des humeurs du ministre
dont vous relevez, exclusivement. Et, comme le soulignait à juste titre mon
collègue des Chutes-de-la-Chaudière, la
Sûreté du Québec, en deux ans, a été dirigée par trois directeurs généraux. Il
n'y a personne de mort là-dedans, il n'y a personne de malade, il n'y a pas personne qui a été frappé d'incapacité,
la foudre ne semble pas avoir fait son oeuvre dans ce cas-là. Donc, on peut penser, on peut penser qu'il y a eu un petit peu de
politique qui s'est faite autour de ça. On peut penser. Alors, comment clamer l'indépendance de
quelqu'un qu'on a asservi parce qu'on a un
droit de vie ou de mort sur lui? Mme la Présidente, la proposition que
fait mon collègue de Matane-Matapédia est à l'effet que l'Assemblée nationale devrait juger de la pertinence des
candidatures qui sont soumises et dédouaner la ministre d'une perception d'un
jugement politique, et c'est pourquoi nous
allons voter en faveur.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Alors,
je vous remercie, M. le député, de votre intervention sur cette motion. Et, pour la poursuite du débat sur la motion, je cède maintenant la parole
à Mme la ministre en lui disant qu'il a à peu
près... elle a, pardon, 16 min 30 s si
vous prenez votre temps. À vous.
Mme Lise Thériault
Mme
Thériault : Merci, M. le
Président. M. le Président, vous me permettrez de remercier l'opposition pour
la magnifique occasion qu'ils nous donnent aujourd'hui d'expliquer le
processus de nomination du directeur général de la Sûreté du Québec. Et
je dois dire que mon collègue le député de Laurier-Dorion a été vraiment très
efficace dans son argumentaire en disant que
nous aurions pu nous opposer à la motion. Mais on ne l'a pas fait parce qu'on
pense que le débat mérite de se tenir, M. le Président, et, à tout le
moins, ça nous permet d'exposer les arguments.
Donc,
M. le Président, je pense que c'est important
de retourner un peu en arrière et de se remémorer
l'histoire si on veut comprendre pourquoi on en est ci
aujourd'hui. J'aimerais vous rappeler que,
lors de la dernière campagne électorale,
notre premier ministre, alors chef du Parti libéral, a pris l'engagement formel
de réformer le mode de nomination du
directeur général de la Sûreté du Québec. M. le Président, ce n'est pas une surprise pour personne, c'est un engagement de campagne électorale.
Quand on est une formation politique, on prend des engagements. Et, quand on
remporte les élections, on s'arrange, autant
que faire se peut, de respecter les engagements électoraux que nous avons pris
en campagne électorale.
Dans
l'entrevue que le premier ministre, à l'époque, a donnée à M. Denis Lessard dans La Presse du dimanche le 30 mars 2014, le titre de l'article était Mettre tout
ce que je suis sur la table. Que disait alors le chef du Parti libéral du Québec? Il disait : «"Il faut regarder ça, rendre le processus
plus transparent, plus indépendant. Directeur de la SQ, c'est un poste très important, il ne faut même pas qu'il
y ait une perception d'influence politique sur le travail"», qu'il
indiquait.
«Le
processus actuel, essentiellement le choix du Conseil des ministres après
recommandation du responsable de la
sécurité publique, est "à la fois insuffisant et risqué. Il n'y a pas
assez d'indépendance dans la perception, il n'y a pas assez de
correspondance entre l'expérience de la personne et la nomination"»,
soutenait le chef du Parti libéral.
Il
disait aussi qu'il n'était pas question de déclencher une chasse aux sorcières,
lui qui a aussi, alors qu'il était ministre
de la Santé, nommé un ancien adversaire péquiste, tout comme je l'ai fait à
l'époque, quand j'étais ministre du Travail,
en la personne de l'ancienne députée de Bourget, Mme Diane Lemieux, à la
Commission de la construction du Québec.
Mais ce qu'il voulait, c'était vraiment une adéquation accrue entre le poste et
le curriculum, et le nouveau système s'appliquera aux personnes en place
dans le respect des individus.
Nous
avons été élus, nous formons le gouvernement, le premier ministre a l'occasion
de prendre la parole. L'extrait du
discours de nomination, le 24 avril 2014, M. le Président… Lorsqu'il
m'a fait l'honneur de me nommer ministre de la Sécurité publique, voici, entre autres, ce qu'il disait et qu'il me
confiait comme mandat, M. le Président : «Vous proposerez un
nouveau mode de nomination, plus indépendant, pour le directeur de la Sûreté du
Québec.» M. le Président, c'est exactement
ce pour quoi nous sommes ici et c'est exactement, entre autres, cette
portion-là de mon mandat que je remplis, M. le Président, en discutant
de la nomination du directeur général de la Sûreté du Québec.
M.
le Président, vous allez me permettre de faire état du mandat qui a été
autorisé par décret, qui se définit comme suit et qui dit que le mandat du comité consiste à établir une liste
d'au moins trois personnes aptes — au moins trois, il peut en avoir plus — à exercer la charge de directeur général de
la Sûreté du Québec parmi lesquelles pourra être nommé ce dernier. À cette fin, le comité devra établir ses
règles de fonctionnement et déterminer notamment la manière dont une personne peut se porter candidate; déterminer
l'admissibilité des candidats; procéder à l'évaluation, selon les modalités
qu'il détermine, des aptitudes des personnes
admissibles ayant soumis leur candidature; faire rapport à la ministre de la
Sécurité publique en lui fournissant une liste d'au moins trois personnes
déclarées aptes à exercer la charge de directeur général de la Sûreté du Québec. Le comité remet à la ministre de la
Sécurité publique, au plus tard 90 jours après la prise du décret concernant sa constitution, un rapport
dans lequel il établit une liste d'au moins trois candidats qu'il estime aptes
à exercer la charge de directeur.
M.
le Président, le décret a été adopté le 13 août dernier. Donc, vous comprendrez
que, d'ici au 14 novembre, donc à la
mi-novembre, les membres du comité doivent me transmettre un rapport dans
lequel j'aurai les meilleurs candidats qui seront recommandés.
M. le
Président, ce qui est fascinant dans les interventions qu'on a entendues
aujourd'hui, c'est qu'on parle du fait
qu'on ne veut pas politiser… M. le Président, avec un comité d'experts
indépendant, dont tout le monde reconnaît l'expertise, l'expérience, les grandes qualités…
C'est vraiment reconnu et documenté, M. le Président. O.K.? Vous allez me permettre de dire qu'évidemment le comité a une
fine connaissance de la Sûreté du Québec, des enjeux auxquels la Sûreté doit faire face et du rôle que le directeur
général est appelé à jouer. Le comité a une connaissance de la desserte municipale, c'est-à-dire des services de police
municipaux et des liens qu'il entretient avec la Sûreté du Québec, M. le
Président. Le comité a aussi une vision
globale de la police au Québec, de son devenir, ainsi que la formation
policière et des exigences de la profession, et il a l'expertise en
matière de gestion de haut niveau.
• (16 h 40) •
M.
le Président, qui sont les membres du
comité? Et je pense que c'est important
de savoir ce que ces gens-là ont fait,
M. le Président, et quel est leur background. Permettez-moi
l'expression en anglais, mais je dirais plutôt leur profil et leur
expérience professionnelle.
Marie
Gagnon, qui est la présidente du comité, qui occupe actuellement la fonction de directrice
générale de l'École nationale
de police, assure la présidence, comme je vous le disais. Elle possède une
expertise pointue en matière de formation policière au Québec, ainsi que sur les
exigences de la profession policière, et sur les besoins de la population en cette matière. Elle a aussi
une vision globale sur la police au Québec et son devenir. Mme Gagnon occupe le poste de directrice générale de l'École nationale de police depuis septembre 2010, M. le Président. Elle siégeait depuis 2001 à la Commission de formation
et de recherche de l'École nationale de police, dont le mandat consiste notamment
à donner son avis au conseil d'administration de l'école sur tout ce qui concerne la formation. Mme Gagnon
possède une expertise en matière de criminologie ainsi que de développement, d'évaluation et d'implantation de programmes
de formation. Elle détient une maîtrise en criminologie
de l'Université de Montréal, un certificat en gestion de ressources humaines de
l'École des hautes études commerciales. Jusqu'à sa nomination, elle agissait
comme directrice des études au collège Montmorency
et elle a assuré auparavant différentes fonctions au sein du collège de
Maisonneuve, notamment celle de directrice
adjointe des études, de coordonnatrice du département des techniques
auxiliaires de la justice et de professeure au département des
techniques auxiliaires de la justice. M. le Président, c'est la présidente du comité.
Robert
Lavigne, deuxième membre. M. Lavigne
possède une connaissance approfondie du rôle et des responsabilités du directeur général de la Sûreté du Québec, ayant lui-même déjà exercé cette
fonction. Il possède également une expertise pointue dans le domaine
policier, plus spécifiquement de la Sûreté du Québec,
et des enjeux auxquels l'organisation est confrontée. M. Lavigne a fait carrière pendant 32 ans au sein de
la Sûreté du Québec. Au moment de sa retraite, en 1985, il agissait comme
directeur général depuis 1988. Une des personnes qui est resté le plus
longtemps directeur général à la Sûreté du Québec, M. le Président. Au
cours de sa carrière, il a occupé diverses fonctions, dont celle de
patrouilleur, d'enquêteur,
technicien en scène de crime, directeur de poste, de conseiller en
police autochtone, de commandant de district, de conseiller en mesures d'urgence et de directeur général adjoint à la
surveillance du territoire. C'est le profil de
M. Lavigne, deuxième expert.
M. Bélanger, troisième expert. Et, tout comme M. Lavigne, il a fait carrière au
sein de la police et possède une large
expertise en la matière. Il a assumé des fonctions non seulement au sein de la
Sûreté du Québec, mais aussi dans différents
corps policiers municipaux. Il dispose d'une connaissance de la police
municipale au Québec, de ses enjeux et
des liens qu'elle entretient avec la Sûreté du Québec, M. le Président. Ayant
connu différents milieux, il est habilité à jeter un regard externe sur l'organisation, en plus d'être un gestionnaire qui a fait ses preuves. M. Bélanger a
terminé sa carrière à titre de directeur
du Service de police de la ville de
Châteauguay de 2007 à 2010. Auparavant, il a agi comme directeur ainsi
que directeur adjoint aux enquêtes criminelles au Service
de police de la ville de Longueuil. Il a été directeur du Service de police de la ville de Saint-Bruno. Il
avait commencé sa carrière de policier à la Sûreté du Québec, où il a
occupé différentes fonctions de 1970 à 1996.
M. le Président, la
quatrième personne qui compose le comité… Parce que le député de Matane parlait
de trois personnes qui formaient le comité,
il y en a quatre, hein, quatre dans le décret, et la quatrième
personne, c'est Me Danièle Montminy.
Elle a occupé différentes fonctions clés au sein du gouvernement du Québec.
Elle occupe actuellement un poste d'administratrice
d'État. Me Montminy possède une expertise
solide en droit combinée à des expériences
en gestion de haut niveau. Elle est bien au fait du fonctionnement du
gouvernement puis des attentes à l'égard des titulaires d'emplois supérieurs en termes de profils et d'aptitudes
recherchés. Me Montminy a occupé, entre
2007 et 2012, le poste de secrétaire
générale associée à la législation au sein du Conseil exécutif. Elle siège
depuis au sein du conseil d'administration
de l'École nationale d'administration publique. Elle a auparavant fait carrière
au sein du ministère de la Justice, où elle a notamment assumé la fonction de
sous-ministre et de sous-ministre associée, après avoir exercé pendant
plusieurs années comme avocate au sein du ministère de la Justice, de la
Commission de la santé et de la sécurité du travail et de la Commission des
accidents du travail.
M.
le Président, il n'y a pas meilleur comité que celui qui a été mis sur place. M. le Président, je pense que c'est important
de rappeler qu'il y a un appel de candidatures qui a été proposé et qui est sur
le site Internet de l'École nationale de
police, M. le Président. On ne s'est pas assis dans un bureau, fermé les portes
puis dit : Bon, qui on peut demander,
mettre leurs noms, là? Je m'excuse, M. le
Président, il y a un comité qui a été formé avec quatre personnes
hypercompétentes, M. le Président.
Puis savez-vous quoi? Moi, je leur fais confiance, puis ce
que je veux, c'est que les 125 parlementaires ici fassent confiance aux membres du comité, M. le Président, parce qu'en bout de ligne ces gens-là ont l'expérience, ont l'expertise et sont en mesure, eux, de recevoir
les candidatures, d'évaluer les candidatures, est-ce que c'est des candidatures
qui sont farfelues ou si elles répondent au
profil de l'emploi, M. le Président. Et c'est les gens du comité qui vont faire
ça, et moi, je suis convaincue qu'en bout de ligne j'aurai la crème de la crème
comme recommandations. Et, comme le disait mon collègue le député de LaFontaine,
même la motion, le fait qu'on puisse en débattre, ça nous permet de prouver
hors de tout doute que ça sera trois excellents candidats qui seront là.
Maintenant,
M. le Président, ce qu'il faut dire aussi, là, on va se dire les
vraies affaires, honnêtement, là, le processus, de la manière dont il est fait, il
n'y en a pas, d'ingérence politique.
Le député de Matane a dit à mon collègue le député de Chomedey qu'il était un parlementaire et que, non, il
n'avait pas proposé de noms. Bien, savez-vous quoi? On est 125 parlementaires, M. le Président, puis savez-vous quoi, M. le Président? Moi non plus, je n'en ai pas proposé, de nom, puis ici, dans mon entourage, je ne pense pas que les gens
en aient proposé parce que nous, on fait confiance au comité.
L'appel de
candidatures, M. le Président, là, ce n'est pas compliqué, il est sur le site
Internet. Puis savez-vous quoi? Les gens ont jusqu'à vendredi 3 octobre, 16 h 30, pour déposer leur candidature, M. le Président. Et l'opportunité que l'opposition
officielle me donne de faire la
promotion de notre processus, M. le
Président, est incroyable. Donc,
j'invite vraiment les gens à aller déposer leur candidature, à
aller sur le site Internet, puis les modalités d'inscription, ce n'est pas
compliqué, c'est écrit, là, c'est deux
pages, vous pouvez trouver ça, www.enpq.qc.ca/nouvelles,
et on va trouver tout le processus, M. le Président, les conditions de travail, l'attribution du poste, les conditions
d'admission, le mode de sélection qui
dit que les gens ont du 12 septembre au 3 octobre.
Écoutez, n'importe qui pourrait avoir été sur le site Internet de l'École
nationale de police pour aller voir les
conditions d'admissibilité, M. le
Président. Ce n'est pas compliqué,
c'est le mode le plus transparent
qu'on ne pouvait pas trouver. Puis savez-vous quoi? Ce n'est pas moi qui l'ai décidé, c'est le comité qui a décidé. C'est eux autres qui ont mis les
critères. Comme je vous l'ai mentionné un peu plus tôt, c'est le décret. Bien,
M. le Président, tu sais, je suis sincèrement convaincue, O.K.,
qu'il faut dire la même chose, peu importe de quel côté de la Chambre où
on est.
M. le Président, je veux juste vous rappeler, là, O.K., que, quand on a créé
l'UPAC, O.K., ce qu'on a décidé… À l'époque, c'était le député de Beauce-Sud
qui était ministre
de la Sécurité publique, en
juin 2011. Il disait que la Loi concernant
la lutte contre la corruption «prévoit que le gouvernement nomme [...] un commissaire. [Celui-ci] est
choisi parmi une liste d'au moins
trois personnes qui ont été déclarées aptes à exercer
la charge par un comité de sélection formé pour la circonstance.»
Ça, c'est en 2011, M. le Président. Sauf le premier commissaire de l'UPAC, là, parce qu'il a été nommé avant qu'on crée la loi. Vous comprendrez
que, pour le prochain, il y aura un comité et il y aura des recommandations
de faites.
Qu'est-ce qui
est arrivé dans notre petite histoire, M.
le Président? Mon collègue a parlé du
Bureau des enquêtes indépendantes. Juin 2013, l'actuel député de Verchères,
député du Parti québécois, lorsqu'il était ministre de la Sécurité publique, a déposé ce projet de loi là, qui a été
adopté. Et qu'est-ce qu'on retrouve, M.
le Président? « En vue de la sélection du directeur du bureau, la loi prévoit qu'il est choisi dans
une liste d'au moins trois personnes qui ont toutes été déclarées aptes à exercer la fonction par un comité de
sélection.» Je rappelle aux députés que ce comité est formé à cette fin par la
ministre. Et il est composé du sous-ministre de la Justice, d'un avocat recommandé par le Barreau du Québec, d'un
ancien directeur de corps de
police — voyons!
ça me rappelle quelque chose, M. le
Président — et ainsi de suite, et on dit qui peut
faire partie de ce comité, M. le Président.
M. le Président, je trouve que, pour le Bureau des enquêtes indépendantes, c'est la
police qui enquête sur la police, là,
hein, au lieu que… C'est ce que vise ce Bureau d'enquêtes indépendantes, il
vise vraiment que la police arrête d'enquêter sur la police quand il y a des accidents, des
décès, des incidents, et c'est exactement le même mode de nomination que pour la création de l'UPAC, que pour le Bureau des
enquêtes indépendantes, qu'on a choisi d'utiliser pour pouvoir nommer le prochain directeur général de la Sûreté du Québec, M. le Président. Et le processus que le collègue nous propose, O.K., ce qu'il fait, c'est qu'il politise à nouveau le
débat. Et, M. le Président, moi, je suis convaincue que les membres du
comité vont faire un travail
incroyable, qu'il y aura beaucoup de
personnes qui seront intéressées et qui pourront postuler, puis, M. le
Président, enfin on pourra dire que la Sûreté du Québec est vraiment
apolitique, M. le Président.
• (16 h 50) •
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, on va vous remercier de votre intervention sur cette motion, Mme la
ministre de la Sécurité publique. Je vais demander quand même, avant votre
droit de réplique…
Une voix : …
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Oui, je le sais, vous avez 10 minutes, il n'y a pas de trouble, mais il y a eu
un amendement proposé. Alors, je veux savoir avant si vous acceptez
l'amendement ou pas.
Une voix : …
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, c'est clair, l'amendement n'est pas accepté. Allez-y pour vos 10 minutes
de réplique. À vous, M. le député de Matane.
M. Pascal Bérubé
(réplique)
M.
Bérubé : M. le
Président, en guise de réplique, j'aimerais rétorquer au gouvernement un
certain nombre d'éléments avancés. D'abord,
pourquoi cette proposition qui vise, justement, à dépolitiser cette nomination?
D'abord, parce qu'il y a des doutes
sérieux. En quoi la situation est différente présentement? Je vais vous le dire
de façon très claire, deux descentes
à la permanence du Parti libéral du Québec sur la rue Waverly. Pas des
individus isolés qu'on nie connaître au Parti libéral, au coeur même de
l'administration du système libéral. Le chef du Parti libéral rencontré
également, questionné sur le Parti libéral
comme organisation. Et c'est la crainte du gouvernement qu'un jour on réalise
que peut-être ce qui lie un ensemble
d'individus, ce n'est pas leur appât du gain personnel, mais qu'ils sont tous
reliés à une organisation commune : le Parti libéral du Québec.
Et le
député de Chomedey dit : Il n'y a pas d'enquête. Comment le sait-il?
Comment le sait-il? A-t-il des informations privilégiées dû à sa position de député ministériel? C'est une question
importante que je lui pose, puis je lui réponds en même temps… Il indique que je pourrais solliciter,
moi, comme parlementaire, des candidatures pour le poste de directeur général de la Sûreté du Québec. Je ne le ferai pas
et je suis convaincu qu'aucun des parlementaires de l'opposition officielle
ne le fera aussi parce qu'on a appris des
tristes événements de la commission Bastarache, où on recommandait des juges,
on en discutait ouvertement au Conseil des
ministres, on proposait des C.V., comme l'a fait l'ancien député de Papineau,
Norm MacMillan. Il l'a admis avec la candeur qu'on lui connaît.
Que les
parlementaires qui ont été élus dûment par le peuple du Québec, de
l'opposition, ne puissent intervenir dans
un dossier, prétextant que ça serait politique, mais que seuls les libéraux
choisissent celui qui va enquêter sur des libéraux, ça défie l'entendement, M. le Président. Il y aura des noms
qui seront proposés au Conseil des ministres, mais on ne sait pas sous quels critères ils vont être
choisis. On va connaître dans 25 ans le fruit de la discussion du Conseil des
ministres. Est-ce qu'ils seront priorisés? Je n'ai pas d'indication là-dessus.
Sur quelles bases?
Je pose
également une question importante, et, celle-là, j'avoue qu'elle me turlupine
un peu. Serait-il possible que des
membres du gouvernement, ou des députés du gouvernement, ou des membres de
l'entourage du gouvernement aient, à
l'heure où on se parle, sollicité formellement des candidatures à la direction
de la Sûreté du Québec? Je pose la question. Je pose cette question qui,
quant à moi, est importante. Elle est fondamentale. Où résiderait l'intérêt
d'un parlementaire lié au gouvernement
libéral de susciter des candidatures, voire même d'en faire la promotion? Et
l'objet de nos doutes, ce n'est pas
la probité des gens qui sont sur le comité, c'est le gouvernement actuel qui
fait face à un certain nombre de
vérifications, voire même des enquêtes. Parce que je ne le sais pas, mais
j'espère que le député de Chomedey ne le sait pas, parce que, s'il le
sait, c'est grave au coeur même de son activité politique.
On est entré
à la permanence du Parti libéral, on a saisi des ordinateurs, on a cherché des
informations. Le mandat a été obtenu
par un juge qui avait des raisons suffisantes de croire qu'il fallait aller au
Parti libéral. M. le Président, je fais appel à votre grande mémoire parlementaire, la dernière fois que la
police est entrée dans une permanence de parti politique, c'est au Parti québécois, de nuit, avec des lampes
de poche et de façon illégale, puis c'était la GRC, M. le Président. Bien là,
c'était le jour, puis un juge avait des
raisons de croire qu'il fallait aller faire une perquisition au Parti libéral,
qu'il fallait s'en rapprocher, et
moi, je crains, M. le Président, que des éléments troublants qui sont arrivés
sous l'administration libérale précédente reproduisent.
On n'a
toujours pas de réponse à l'effet d'une descente, perquisition prévue au Parti
libéral à l'été 2012… n'a pas eu lieu.
Je ne sais pas si la ministre a posé la question c'était quoi, les problèmes
opérationnels qui empêchaient, à quelques
mois d'une élection, de faire une perquisition au local, à la permanence du
Parti libéral du Québec. C'est une question
importante, ça. Comment est-ce possible? Pourquoi c'est arrivé après? Pourquoi,
le premier ministre, qu'il a été rencontré?
Ce n'est pas banal, ça, lorsqu'on communique l'actualité politique dans un
caucus, de dire : En passant, j'ai été rencontré par l'UPAC. Ils ne voulaient pas le savoir puis ils
voulaient le moins en savoir possible. Pourquoi? Il me semble que c'est une nouvelle importante dans une
journée. Qu'est-ce que tu as fait aujourd'hui? Ah! bien, j'ai eu une rencontre, il y a des gens qui sont venus visiter,
de l'UPAC. Question importante. Puis je répète aussi que, bien que l'UPAC
soit indépendante, Marteau est toujours bien
associée avec la Sûreté du Québec, toujours, a un lien formel avec la Sûreté du Québec, et que l'information, elle provient,
entre autres, des policiers de la Sûreté du Québec partout sur le territoire.
Ils contribuent aux enquêtes.
Alors, la
politique… Ce que la ministre m'indique, c'est que le Conseil des ministres,
une fois qu'il est assis dans la
grande salle, lui, il n'est pas politique, lui ne prend que des décisions qui
sont celles que tous les parlementaires d'ici prendraient, mais que
nous, parlementaires qui le font publiquement, que ça soit au salon bleu ou en
commission parlementaire, dont les
interventions sont publiques, nous, on deviendrait partisans, nous, on n'aurait
pas envie d'avoir un directeur général de la Sûreté du Québec sur qui ne
plane aucun soupçon, aucun doute.
Je suis
persuadé, M. le Président, que le grand public est d'accord avec notre
proposition. Je suis heureux que la deuxième
opposition soit d'accord avec notre proposition. Je suis convaincu que
plusieurs analystes de la scène policière sont d'accord et j'en ai la certitude, M. le Président. Et j'offre, avec
cette proposition, au gouvernement d'ajouter une sécurité supplémentaire qui ne va pas à l'encontre des
travaux du comité. Parce qu'il y aura des candidatures qui seront proposées.
Ces candidatures-là pourraient être rencontrées à la Commission des
institutions, et on pourra poser des questions pertinentes. On pourra également voter puis avoir une plus grande
légitimité, comme un collègue, le collègue de La Peltrie, y a fait référence, dans d'autres grandes
institutions, des personnes dont la probité ne doit faire aucun doute.
Pourquoi, dans cette occasion, je dirais, unique, on n'ajouterait pas
cette sécurité supplémentaire?
Et là je ne
reviens même pas, M. le Président… Là, j'en suis sur la suite, mais il y a des
questions qui demeurent sans réponse.
Si on n'avait rien à reprocher à Mario Laprise, si c'était, comme l'a dit le
député de Chomedey, quelqu'un de
remarquable dont on ne peut douter de l'intégrité, pourquoi n'est-il plus là?
La version comme quoi il aurait demandé de quitter, que lui, policier de
carrière, renoncerait à être directeur général de la Sûreté du Québec, le plus
haut poste hiérarchique, il
déciderait : Non, c'est assez, moi, je m'ennuie d'Hydro-Québec… À partir
du moment où on ne veut plus de lui,
c'est sûr qu'il doit travailler encore, puis c'est sûr qu'ils l'accueillent bien
à Hydro-Québec, mais j'ai des doutes qui persistent même sur la
chronologie.
Quand la ministre annonce que Mario Laprise
quitte, elle le fait dans un point de presse, elle ne prend pas de questions. Elle ne l'a pas rencontré avant parce
qu'on sait maintenant qu'elle était aux Îles-de-la-Madeleine quelques heures
avant. Donc, elle n'a pas préparé ça la
veille, elle n'a pas eu un dîner avec lui. Elle ne lui a même pas téléphoné,
elle n'a eu aucune conversation
téléphonique. Alors, j'en reviens à une question essentielle : Quand la
ministre disait à Tout le monde en parle en début de
mandat… Puis elle se fait applaudir là-dessus, elle dit : Écoutez, on aura
un processus transparent — les gens
applaudissent — puis je
n'ai pas eu de mandat de mon premier ministre de dégommer Mario Laprise. Alors,
à ce moment-là, elle ne l'a pas eu,
mais manifestement elle l'a eu, ce mandat, parce qu'elle a procédé, et je pense
que ça ne vient pas d'elle, compte
tenu de la chronologie des événements. Elle ne lui a pas parlé, ça a pris du
temps avant qu'elle le rencontre. Jamais on n'a eu une occasion de manifester la confiance à
l'égard de Mario Laprise malgré deux opérations extrêmement périlleuses qu'il a réussies. Lac-Mégantic, c'étaient des
opérations qui étaient menées, entre autres, par l'équipe de Mario Laprise. L'Isle-Verte, où j'ai été
impliqué comme ministre régional, c'était la même chose. La ministre l'a salué
seulement lorsqu'il a quitté. Là, il n'y
avait plus de risque, c'était comme un hommage posthume. Mais ça, cette
question-là, elle n'est pas claire encore.
D'ailleurs,
vous aurez remarqué qu'au point de presse de la ministre Mario Laprise n'était
pas là. Il aurait pu être là puis
dire : Écoutez, j'ai adoré servir dans la Sûreté du Québec, mais là
j'aimerais ça, aller à Hydro-Québec puis je vous l'annonce. Puis la
ministre, bien elle dit : C'est votre choix. On n'a jamais eu cette
contrepartie-là. On aurait aimé ça, entendre Mario Laprise là-dessus. On n'y croit
pas à cette histoire-là.
Donc,
en conclusion, cette proposition permet sans aucun doute à l'ensemble des
parlementaires de rencontrer, de
questionner les intentions de chacun des candidats et aussi de voter. Et, après
ça, on ne pourra plus remettre en doute l'intégrité. On aura utilisé les bons services du comité, avec ses
recommandations, puis on aura validé. C'est une sécurité supplémentaire. Et on peut tous dire que dans une
démocratie, d'avoir une direction de la Sûreté du Québec qui ne fait
l'objet d'aucun doute, qui reçoit
l'assentiment de l'Assemblée
nationale, ça sera un grand gain pour
notre démocratie. Et je suis
très heureux que c'est le Parti québécois qui l'a proposé, M. le Président.
• (17 heures) •
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Alors, je vous remercie, M. le député de Matane, de
votre intervention.
Une voix :
…
Le Vice-Président (M. Gendron) : Oui, Matane-Matapédia. Et cette réplique met fin au débat. Et, comme ça
avait été indiqué, puisqu'il y a eu une
question qui a été soulevée et que la présidence vous avait indiqué qu'elle,
avant de faire l'appel du vote, elle
viendrait rendre sa décision, je lui cède le siège pour qu'elle puisse
communiquer aux collègues parlementaires sa décision. À vous, Mme la
Présidente.
Décision de la présidence sur la
recevabilité de la motion
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, oui, effectivement, avant de procéder à la
mise aux voix de la motion, j'aimerais revenir sur l'intervention du
leader adjoint du gouvernement qui, au tout début du débat, a soulevé l'irrecevabilité de la motion. Je voudrais, par
ailleurs, le remercier, justement, pour ne pas avoir demandé la suspension
des travaux afin de faire trancher cette
question par la présidence, ce qui a permis de traiter du fond de la motion
pendant toute la durée du temps imparti par le débat sur cette dernière.
Maintenant,
il est clair qu'à partir du moment où la présidence est saisie d'arguments
soulevant l'irrecevabilité d'une
motion, elle n'a d'autre choix que de statuer sur cette question avant que
l'Assemblée ne se prononce sur la motion.
Lors
de son intervention, le leader adjoint a fait allusion au rôle de la présidence
lorsqu'il est question de l'analyse de
la recevabilité d'une motion a priori et il a souhaité que les choses soient
éclaircies pour l'avenir. Je commencerai donc à répondre à cet argument
dans un souci de préciser la situation à cet égard.
Le
rôle de la présidence est clair. Elle doit refuser tout préavis ou toute motion
contraire au règlement. Elle peut d'ailleurs
soulever d'elle-même l'irrégularité d'une motion qui, à sa face même, contient
des vices de fond ou de forme.
Par ailleurs, même
lorsque la présidence accepte l'inscription d'une motion en préavis au
feuilleton, cela n'empêche en rien un député
de soulever un motif d'irrecevabilité, ce qui peut être fait en tout temps
avant sa mise aux voix.
Selon
un principe de droit parlementaire, lorsqu'une motion est irrecevable en
partie, cela vicie la motion dans son
entier. Alors, qu'en est-il, en l'espèce, de la recevabilité de la motion
présentée par le député de Matane-Matapédia?
La
motion ne contient, à sa face même, aucun vice de fond ou de forme qui aurait
justifié une intervention de la présidence
et qui aurait empêché la tenue du débat. Toutefois, à partir du moment où le
leader adjoint a des arguments à faire
valoir à ce sujet, je me dois de les analyser et de trancher la question de la
recevabilité de la motion avant sa mise aux voix. Voici donc ma
décision.
L'article
146 de notre règlement prévoit que l'Assemblée peut envoyer en commission l'étude
de toute matière, notamment par une
motion d'un député de l'opposition présentée dans le cadre d'une affaire
inscrite par les députés de l'opposition.
Toutefois,
la jurisprudence parlementaire a établi qu'une telle motion doit avoir un seul
objet, soit l'octroi d'un mandat à
une commission, pour être considérée comme un ordre de l'Assemblée. En effet,
comme l'a mentionné à juste titre le leader adjoint du gouvernement, une
motion ne peut être qu'un ordre ou une résolution.
Or,
la motion présentée par le député de Matane-Matapédia comporte deux objets, à
savoir le premier paragraphe qui
énonce un principe et les paragraphes suivants qui confient un mandat à une
commission. Dans un tel cas, comme l'a
déjà reconnu la présidence dans le passé, la motion ne peut constituer un ordre
de l'Assemblée. Elle doit plutôt être considérée
comme une résolution. Cela n'a toutefois pas pour effet de rendre la motion
irrecevable, mais implique plutôt qu'elle doive être considérée comme
une résolution qui, si elle devait être adoptée, n'aurait pas de force
exécutoire.
À
cet égard, comme l'a déjà précisé la présidence, le fait, pour une motion, de comporter l'expression «que cette motion devienne un ordre de l'Assemblée» peut ajouter à la clarté du texte d'une motion, mais n'est pas nécessairement pour qu'une motion devienne un ordre. Par contre, une motion
comportant une telle mention, sans que son libellé ne constitue en soi
un ordre, ne deviendra pas un ordre pour autant.
Par ailleurs, la nature
même de la motion ne pourrait en faire un ordre de l'Assemblée. En effet, la
notion de séparation des pouvoirs de l'État confère des rôles distincts et
spécifiques aux pouvoirs exécutif et législatif. Ainsi, la jurisprudence a reconnu que, lorsqu'il s'agit de
gouvernance, c'est à l'Exécutif qu'il revient de faire ses choix, et l'Assemblée ne peut se substituer à celui-ci dans son rôle d'administrateur de l'État,
pas plus qu'elle n'a le pouvoir de le contraindre dans ses choix. La motion peut certes indiquer le
souhait de l'Assemblée de revoir le processus de sélection du directeur
de la Sûreté du Québec en procédant
à l'audition de candidats en commission
parlementaire. Elle peut de même
suggérer la manière dont devrait se
dérouler ce processus d'audition. Elle ne peut cependant l'imposer au moyen
d'une motion.
Et, pour toutes ces raisons, la motion présentée
par le député de Matane-Matapédia est recevable. Mais, si l'Assemblée décide de
l'adopter, elle devra être considérée comme l'expression d'un souhait de cette
dernière.
Alors, merci.
Maintenant, nous sommes prêts à... nous sommes à l'étape de
la mise aux voix et en conséquence je vais céder le fauteuil à mon
collègue vice-président de l'Assemblée nationale. Merci.
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, je vais maintenant mettre aux voix...
Des voix : …
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
S'il vous plaît! Je vais mettre maintenant aux voix la motion
de M. le député de Matane, qui
se lit comme suit :
«Que
l'Assemblée nationale prenne acte des perquisitions effectuées à la permanence
du Parti libéral du Québec par la Sûreté du Québec;
«Que, dans le cadre du processus de nomination du prochain
directeur de la Sûreté du Québec, la Commission des Institutions procède à l'audition des trois candidats recommandés
par le comité de sélection mis sur pied par la ministre de la Sécurité
publique pour occuper [le] poste;
«Qu'une période de [temps] soit prévue pour les remarques
préliminaires, répartie de la manière suivante : 6 minutes au groupe parlementaire formant le gouvernement,
3 minutes 30 secondes au groupe parlementaire formant
l'opposition officielle et 2 minutes 30 secondes au deuxième
groupe d'opposition;
«Que la durée maximale de l'exposé pour chacun des
intervenants soit de 15 minutes et que les échanges avec les membres de
la commission soient d'une durée maximale de 90 minutes;
«Que le temps dévolu au parti formant le gouvernement soit
de 45 minutes, que le temps dévolu à l'opposition officielle soit de
27 minutes et que le temps dévolu au deuxième groupe d'opposition soit de
18 minutes;
«Qu'à la suite de
ces [audiences]…»
Des voix :
…
Le Vice-Président
(M. Gendron) : S'il vous plaît! Trop de bruit. Je ne m'entends pas
lire :
«Qu'à la suite de ces auditions cette nomination soit exceptionnellement
adoptée à la majorité des membres de chaque groupe parlementaire ainsi
qu'après en avoir informé les députés indépendants;
«Enfin, que cette motion soit un ordre de
l'Assemblée nationale.»
Est-ce que cette motion est adoptée?
Mme
Maltais : Vote par
appel nominal, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, le vote par appel nominal est demandé.
Que l'on appelle les députés.
Les travaux sont suspendus quelques minutes.
(Suspension de la séance à 17 h 9)
(Reprise à 17 h 26)
Le Vice-Président (M. Gendron) : À
l'ordre!
Des voix : …
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
S'il vous plaît! Et je ne relis pas
la motion que j'ai lue avant l'appel des députés. Alors...
Une voix : …
Mise aux voix de la motion
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Non, ce n'est pas nécessaire, je ne la relis pas. Alors, que ceux qui sont
favorables à la motion veuillent bien se lever.
Le Secrétaire adjoint : M. Bédard (Chicoutimi), Mme Maltais (Taschereau),
M. Marceau (Rousseau), Mme Hivon (Joliette),
M. Bérubé (Matane-Matapédia), Mme Poirier (Hochelaga-Maisonneuve), Mme Léger
(Pointe-aux-Trembles), Mme Lamarre
(Taillon), M. LeBel (Rimouski), M. Lelièvre (Gaspé), M. Kotto (Bourget), M.
Gaudreault (Jonquière), M. Therrien
(Sanguinet), M. Bergeron (Verchères), M. Dufour (René-Lévesque), M. Drainville
(Marie-Victorin), M. Cloutier (Lac-Saint-Jean),
M. Lisée (Rosemont), M. Traversy (Terrebonne), M. Cousineau (Bertrand), M.
Leclair (Beauharnois), M. Villeneuve
(Berthier), Mme Ouellet (Vachon), M. Turcotte (Saint-Jean), M. Pagé (Labelle),
M. Roy (Bonaventure).
M. Bonnardel (Granby), M. Deltell (Chauveau), M. Caire
(La Peltrie), M. Martel (Nicolet-Bécancour), Mme Roy (Montarville),
Mme Samson (Iberville), M. Roberge (Chambly), M. Charette (Deux-Montagnes), M.
Schneeberger (Drummond—Bois-Francs),
Mme D'Amours (Mirabel), M. Laframboise (Blainville), Mme Lavallée (Repentigny),
M. Lamontagne (Johnson), M. Jolin-Barrette (Borduas), M. Surprenant (Groulx),
M. Lemay (Masson), M. Picard (Chutes-de-la-Chaudière).
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Que les députés contre cette motion veuillent bien se
lever.
Le Secrétaire
adjoint : M. Couillard (Roberval), M. Fournier (Saint-Laurent), Mme
Thériault (Anjou—Louis-Riel),
M. Paradis (Brome-Missisquoi), M. Dutil (Beauce-Sud), M. Leitão
(Robert-Baldwin), M. Coiteux (Nelligan), M.
Moreau (Châteauguay), Mme David (Outremont), M. D'Amour (Rivière-du-Loup—Témiscouata), M. Huot (Vanier-Les Rivières), M. Kelley (Jacques-Cartier), Mme Vien
(Bellechasse), M. Lessard (Lotbinière-Frontenac), M. Blanchette (Rouyn-Noranda—Témiscamingue), M. Heurtel (Viau), M. Arcand
(Mont-Royal), Mme Charbonneau (Mille-Îles), Mme Weil (Notre-Dame-de-Grâce),
Mme Vallée (Gatineau), M. Billette (Huntingdon), M. Bolduc (Jean-Talon), M. Blais (Charlesbourg), M. Reid
(Orford), Mme Boulet (Laviolette), M. Morin (Côte-du-Sud), M. Ouellette
(Chomedey), Mme Ménard (Laporte), M. Sklavounos (Laurier-Dorion), M. Girard
(Trois-Rivières), M. Bernier (Montmorency),
Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger), M. Drolet (Jean-Lesage), M. Chevarie (Îles-de-la-Madeleine),
M. Matte (Portneuf), M. Simard (Dubuc), M.
Tanguay (LaFontaine), M. Bolduc (Mégantic), Mme de Santis (Bourassa-Sauvé),
M. Iracà (Papineau), M. Fortin (Pontiac), M.
Bourgeois (Abitibi-Est), M. Boucher (Ungava), M. Birnbaum (D'Arcy-McGee),
M. Auger (Champlain), M. Rousselle (Vimont),
M. Ouimet (Fabre), M. Fortin (Sherbrooke), M. Giguère (Saint-Maurice), M. Habel (Sainte-Rose), M. Hardy (Saint-François),
M. Merlini (La Prairie), Mme Montpetit (Crémazie), Mme Nichols
(Vaudreuil), M. Plante (Maskinongé), M. Polo (Laval-des-Rapides), Mme Simard
(Charlevoix—Côte-de-Beaupré),
M. St-Denis (Argenteuil).
Le Vice-Président (M. Gendron) : Y a-t-il des
abstentions? Je n'en vois pas. M. le secrétaire... Un instant. Oui, M.
le leader du gouvernement, à vous.
M. Fournier :
Oui. Le député de Louis-Hébert a réussi à...
Le Vice-Président
(M. Gendron) : À trouver l'Assemblée nationale?
M. Fournier :
...venir se joindre à nous. Est-ce qu'il serait possible de lui permettre
d'enregistrer son vote?
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, est-ce
qu'il y a consentement pour accueillir le député de Louis-Hébert? Alors,
il y a consentement.
Le Secrétaire
adjoint : M. Hamad (Louis-Hébert).
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Alors, M. le secrétaire général pour le résultat.
Le
Secrétaire : Pour : 43
Contre : 59
Abstentions :
0
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Merci.
Des voix :
…
Le Vice-Président (M. Gendron) : S'il vous plaît! S'il vous plaît! Un instant, là!
La motion est rejetée. M. le leader du gouvernement.
Ajournement
M.
Sklavounos :
...l'article 105 de notre règlement, je fais motion pour ajourner nos
travaux jusqu'à demain, 9 h 45, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Alors, nos travaux sont ajournés jusqu'à demain, tel
qu'indiqué.
(Fin de la séance à
17 h 30)