(Treize heures quarante-sept
minutes)
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, bonjour à tous, chers collègues. Veuillez vous asseoir. On vous souhaite
un bon début de semaine.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Et nous en sommes à la rubrique Déclarations de
députés. Je suis prêt à entendre la première déclaration et je reconnais M. le
député de Pontiac pour sa déclaration d'aujourd'hui. M. le député, à vous la
parole.
Féliciter le journal LeDroit,
lauréat
du Prix du 3-juillet-1608
M. André Fortin
M. Fortin (Pontiac) : Je prends la
parole pour féliciter le journal LeDroit, qui, jeudi, s'est vu décerner
le Prix du 3-juillet-1608 par le Conseil supérieur de la langue française. Ce
prix est remis à une organisation s'étant démarquée par son action pour la
défense et la promotion de la langue et de la culture française en Amérique.
Difficile de trouver un récipiendaire plus
méritoire que le quotidien LeDroit, qui, l'an dernier, a célébré son 100e anniversaire. 100 ans témoin de
l'histoire franco-ontarienne, 100 ans raconteur de son héritage, de son
courage, de sa persévérance,
100 ans allié de ce peuple et protecteur de sa destinée. Si LeDroit
remplit sa mission de diffusion de l'information et le ralliement des francophones de l'Outaouais et de l'Ontario, il continue de manifester une préoccupation constante vis-à-vis la
protection des droits des francophones en situation minoritaire.
Au nom de mes
collègues de l'Outaouais, je dis aux artisans du journal LeDroit : Vous avez pleinement mérité l'honneur qui vous est aujourd'hui
décerné. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, merci, M. le député, de votre déclaration d'aujourd'hui. Je cède la parole maintenant à M. le député de Saint-Jean pour
sa déclaration. À vous, M. le député de Saint-Jean.
Souligner la remise
d'une pétition par des
citoyens de Saint-Jean-sur-Richelieu lors
de la Marche mondiale pour le climat
M. Dave Turcotte
M.
Turcotte : Merci,
M. le Président. Le 20 septembre
dernier, j'ai eu le plaisir de participer à l'édition 2014 de la Marche mondiale sur le climat tenue à
Saint-Jean-sur-Richelieu. Lors de cette édition, j'ai pu marcher et joindre ma
voix avec près d'une centaine de citoyens et citoyennes interpellés par
les changements climatiques.
À la
conclusion de la marche, l'organisatrice, Josiane Delmaire, m'a remis une
pétition de 2 201 signatures de
la région de Saint-Jean-sur-Richelieu et de
plus de 2 100 000 signatures à l'échelle mondiale qui exige des
énergies propres à 100 %. Je
prends donc la parole aujourd'hui à l'Assemblée nationale pour faire entendre
leurs voix. Ladite pétition demande de
maintenir la hausse des températures en dessous du seuil dangereux de 2 °C
en réduisant progressivement à zéro la pollution due au carbone.
Je tiens à
profiter de l'occasion pour remercier l'organisatrice, féliciter les bénévoles
et la centaine de marcheurs qui ont fait de cette marche un franc
succès. Merci beaucoup, M. le Président.
• (13 h 50) •
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, on vous remercie, M. le député, de votre déclaration. Je cède maintenant
la parole à M. le député de Vimont pour sa déclaration d'aujourd'hui. M. le
député de Vimont, à vous.
Féliciter Studio MBMG, gagnant
de la deuxième
position à la Dance World Cup Canada
M. Jean Rousselle
M.
Rousselle : Merci, M. le Président. Ce fut un honneur pour moi
d'apprendre, le 23 juillet dernier, qu'une troupe de danse du Studio MBMG de mon comté, à Vimont, a
raflé la deuxième position de la Dance World Cup Canada 2014 à Niagara Falls. Je tiens à offrir toutes mes
félicitations à la troupe, qui est composée de Rosalie Desmarais, Érika
Lajeunesse, Jeanne Théroux-Laplante,
Alexandra Simard, Audrey-Maude Lebel et Sarah Williams, sans oublier aussi
Mariève Gendron et Manon Blais, les
deux fondatrices du studio. Vous avez réussi à éblouir les juges avec votre
chorégraphie «Histoire de jouets» en rendant hommage à la catégorie
Jazz.
Maintenant,
le studio de danse MBMG s'est vu mériter 19 titres, et je suis convaincu,
M. le Président, que les Vimontois, et
Lavallois, et tout le reste du Québec entendront parler du succès du Studio
MBMG dans un avenir très proche. Je ne veux que souhaiter longue vie au
Studio MBMG. Et merci beaucoup, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Gendron) : On vous remercie pour votre déclaration d'aujourd'hui,
M. le député de Vimont. Je cède maintenant la parole à M. le député de Chauveau
pour sa déclaration d'aujourd'hui.
Souligner l'ouverture officielle de la maison La Vigile
M. Gérard Deltell
M.
Deltell :
Merci, M. le Président. Vendredi dernier, la maison La Vigile a ouvert
officiellement ses portes. L'événement a été
marqué, entre autres, par la bénédiction de l'évêque de Québec, M. le cardinal
Gérald Cyprien Lacroix. Il y a
également eu des témoignages touchants de gens qui ont bénéficié des services
de La Vigile, parce que, M. le Président, La Vigile, c'est une
maison de thérapie qui offre aux premiers répondants, comme les policiers, ambulanciers,
agents correctionnels, de l'aide à la suite
de chocs post-traumatiques. Il s'agit, on le sait tous, d'un sujet tabou, mais
qui doit être abordé de front. Le 26
juin dernier, en commission
parlementaire, j'ai d'ailleurs
interpellé directement la ministre
de la Sécurité publique à cet effet et je la sais sensible et attentive
à cette cause.
M. le Président, nous souhaitons tous, tous partis confondus, longue vie à la maison La
Vigile, qui offre secours et réconfort à des gens qui ont beaucoup donné
et qui donnent toujours beaucoup aux autres. Merci.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, merci, M. le député de Chauveau,
de votre déclaration. Je cède maintenant
la parole à Mme la députée de Richmond pour sa déclaration d'aujourd'hui.
Rendre hommage à Mme Brendalee Piironen à l'occasion
de ses 25 ans de service à la résidence Wales Home
Mme Karine Vallières
Mme
Vallières : Merci, M. le Président. Ma déclaration d'aujourd'hui en est une de reconnaissance, où j'invite mes collègues de l'Assemblée nationale à
souligner les 25 années de services de Mme Brendalee Piironen au sein de la
résidence Wales Home. Brendalee est un
modèle d'engagement social et de persévérance. Embauchée à la
résidence Wales en 1987 comme préposée aux bénéficiaires, elle y agit maintenant,
après avoir gravi les échelons, à titre de directrice générale depuis 2011.
Brendalee
place les personnes au coeur de ses décisions et de tous les projets de l'établissement. Chaque fois que je fais une
visite au Wales, je trouve remarquable qu'elle connaisse tous les résidents par
leur nom, qu'elle connaisse leur famille
et leur histoire. C'est ce qui est beau et qui fait d'elle une personne
remarquable : elle offre aux bénéficiaires une famille, un chez-soi. Brendalee a toujours
des projets novateurs et hors du commun, ce qui fait du Wales Home un doux
repaire pour ses résidents.
Pour ces 25 années de
dévouement et pour toutes celles à venir également, Brendalee, merci.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, merci,
Mme la députée, de votre déclaration. Je cède maintenant la parole à M. le député Matane pour sa
déclaration d'aujourd'hui.
Souligner le 40e anniversaire de la Société
d'exploitation des ressources de la Vallée inc.
M. Pascal Bérubé
M.
Bérubé : M. le Président, la Société d'exploitation des
ressources de la Vallée souligne son 40e anniversaire cette année. Cet organisme de la Matapédia joue un
rôle primordial en matière de gestion et d'aménagement de la forêt privée
au Bas-Saint-Laurent. Il s'agit d'un modèle historique reconnu depuis plusieurs
années par le ministère des Ressources
naturelles du Québec. La SERV regroupe plus de 1 000 membres, qui,
collectivement, possèdent 70 000 hectares de forêt privée. Elle fournit des emplois à plus de 200 personnes dans
la Matapédia et assure des retombées économiques importantes et la création de la richesse dans notre milieu. En ma
qualité de député de Matane-Matapédia, je souhaite à l'ensemble des
travailleurs et des membres de la SERV un bon 40e anniversaire.
J'en
profite également pour rappeler en cette Chambre l'importance d'assurer le financement à
long terme de la forêt privée. La
SERV agit comme un levier économique majeur de notre région. Depuis 40 ans,
elle met du pain et du beurre sur les
tables de nombreuses familles de notre région. En ce 40e anniversaire, je
souhaite à la SERV de la Vallée que l'actuel gouvernement s'engage à
leur permettre de poursuivre leur mission pour encore plusieurs années. Merci.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, je vous remercie de votre déclaration. Je
cède maintenant la parole à M. le député de Mont-Royal pour sa
déclaration d'aujourd'hui. À vous.
Souligner le lancement du
corridor de bornes de
recharge pour véhicules électriques le long de
l'autoroute 40 entre Québec et Montréal
M. Pierre Arcand
M.
Arcand :
Merci, M. le Président. Je suis très fier d'avoir participé, vendredi dernier,
en compagnie de mon collègue le
député de Maskinongé et les gens d'Hydro-Québec, au lancement du déploiement d'un corridor de bornes de recharge
pour véhicules électriques entre Québec et Montréal, le long de l'autoroute 40
et de la route 138.
Ce projet consiste à
installer, mettre en service et approvisionner 12 bornes de recharge électrique
installées sur sept sites localisés à une
distance maximale de 60 kilomètres l'une de l'autre. Nous avons inauguré les deux premières bornes à l'aire de services de la
Baie-de-Maskinongé, et les 10 autres seront mises en service avant
la fin de l'automne. Elles seront situées à
Berthierville, Yamachiche, Deschambault-Grondines, Lavaltrie, Saint-Augustin-de-Desmaures,
et une dernière sera située à Trois-Rivières, dans le secteur du Cap-de-la-Madeleine.
Certaines de ces bornes sont à 400 volts, soit une recharge presque complète
d'une batterie électrique en 30 minutes, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Gendron) : C'est presque aussi performant que prendre une
minute pour sa déclaration de député.
Alors, je cède maintenant la parole à M. le député de Borduas
pour sa déclaration du jour. M. le
député.
Souligner le 50e anniversaire du
Club Optimiste de Beloeil inc.
M. Simon Jolin-Barrette
M.
Jolin-Barrette : M. le Président, j'aimerais profiter de cette tribune
pour souligner le 50e anniversaire du Club
Optimiste de Beloeil. J'ai eu l'occasion, dimanche dernier, d'assister à la
célébration du 50e anniversaire du club. À cette occasion, le président sortant, M. Rosaire Turcotte, a procédé à
la passation des pouvoirs au nouveau président du club pour l'année
2015, M. Armand Comeau.
Depuis 1964, le Club
Optimiste de Beloeil est au service des jeunes de la région. Cet organisme
reconnaît la valeur de tous les enfants et
favorise leur plein épanouissement. À l'aide d'activités de financement, le Club Optimiste redistribue
annuellement plusieurs milliers de dollars à la jeunesse par le biais de
différents projets dans la communauté. Le
club s'associe également à plusieurs autres organismes et événements
s'adressant aux jeunes, notamment en fournissant des bénévoles et en aidant
l'organisation.
Je
tiens d'ailleurs à remercier tous les membres et les bénévoles du Club
Optimiste de Beloeil de donner de leur temps
et de leur énergie pour contribuer à l'épanouissement des jeunes de la région.
Ils jouent un rôle très important dans la communauté, et c'est tout à leur honneur. J'aimerais également saluer
tous les gens qui ont été membres du Club Optimiste de Beloeil au cours
des 50 dernières années. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Gendron) : On vous remercie, M. le député, de votre
déclaration. Je cède maintenant
la parole à Mme la députée de Gatineau pour sa déclaration d'aujourd'hui.
Féliciter les personnes honorées lors de
la cérémonie hommage au civisme
Mme Stéphanie Vallée
Mme
Vallée : M. le Président, j'aimerais aujourd'hui souligner les actes de bravoure que nous avons
honorés hier dans le cadre de la cérémonie hommage au civisme.
J'ai
eu le grand privilège de rencontrer 20 femmes et 20 hommes qui sont de
véritables héros. Ces personnes ont fait
preuve d'altruisme, de dévouement en portant secours à leurs concitoyens et
concitoyennes, et ce, dans des situations critiques. Que ce soit lors
d'un accident de la route, d'une noyade, d'une agression physique, sans égard à
la situation périlleuse, nos héros ont fait
preuve d'une générosité peu commune en venant en aide à des personnes en
détresse, allant même parfois jusqu'à hypothéquer leur propre santé,
voire risquer leur propre vie.
J'aimerais
encore une fois féliciter David Gauvin, de Deschambault, Adisa Hajdarevic, de
Québec, Alain Soucy, de Québec,
Gabriel Bouchard, de La Tuque, Olivier Béland et Francis Lapointe, de La Sarre,
Hamid Jennane, de Montréal, Émile
Damphousse, de Deux-Montagnes, qui a 14 ans, Carol Larouche, de Kénogami, Luc
Simard, de Lac-à-la-Croix, Stéphane
Fraser, de Saint-Raymond, Annik Lajoie, de Saint-Raymond, Jean-Guy Villeneuve,
de Fatima, Jacques Beaudoin, de Lac-Mégantic, et Pierre Dupont, de
Lac-Mégantic. Encore une fois, félicitations!
Le Vice-Président (M. Gendron) : Merci, Mme
la députée, de votre déclaration. Je cède maintenant la parole à M. le député de Verchères pour
sa déclaration d'aujourd'hui. M. le député, à vous.
Souligner le 25e anniversaire
des habitations Les Jardins
fleuris de l'Office municipal d'habitation de Contrecoeur
M. Stéphane Bergeron
M.
Bergeron : Merci, M. le Président. C'est le 14 septembre dernier, à l'occasion
d'un sympathique brunch, que nous
avons célébré le 25e anniversaire de l'inauguration des habitations Jardins
fleuris de l'Office municipal
d'habitation de Contrecoeur. Offrant
des logements abordables à ses résidentes et résidents, principalement des
aînés, qui sont dès lors en mesure de
profiter d'un environnement calme et sécuritaire favorisant leur mieux-être, l'OMH
de Contrecoeur remplit la mission qui est la sienne et contribue ainsi
concrètement à l'amélioration continue de la qualité de vie au sein de la communauté
contrecoeuroise.
Je veux donc profiter
de l'occasion pour féliciter chaleureusement en cette Chambre les membres du
comité organisateur du 25e anniversaire et
saluer au passage toutes les personnes qui, de près ou de loin, ont été
associées à la mise sur pied de l'Office municipal d'habitation de Contrecoeur ou à sa pérennité depuis. À
l'image du dernier quart de siècle,
les idées et projets pour l'avenir foisonnent à l'OMH de Contrecoeur. Je
souhaite donc aux membres de la direction et du conseil d'administration ainsi qu'à l'ensemble des résidentes et résidents
une bonne continuation. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Je vous remercie, M. le député de Verchères.
Et cette dernière déclaration
met fin à la rubrique Déclarations de députés.
Nous allons, pour
quelques instants, suspendre les travaux de cette Assemblée. Les travaux sont
suspendus.
(Suspension de la séance à 13
h 59)
(Reprise à 14 h 12)
Le Président : Bon début de semaine, chers collègues.
Nous allons nous recueillir quelques instants.
Merci,
veuillez vous asseoir.
Présence
de M. Claude Boucher, ex-parlementaire
de l'Assemblée nationale
J'ai le plaisir de souligner la présence de M. Claude Boucher,
ancien député de Johnson. Et j'ai...
Une voix : …
Le Président :
Mais je voulais savoir si vous applaudiriez pareil.
Présence
de médaillés, d'athlètes et d'entraîneurs
des Jeux olympiques et paralympiques de Sotchi
J'ai le plaisir de souligner la présence de
médaillés, d'athlètes et d'entraîneurs québécois des Jeux olympiques et paralympiques de
Sotchi en 2014. Ils sont avec nous.
(Applaudissements)
Le Président : Vous venez de recevoir la médaille
d'or des applaudissements.
Lettre
de démission de la députée
de Richelieu, Mme Élaine Zakaïb
Avant
de poursuivre les affaires courantes, je dépose la lettre que j'ai reçue de Mme Élaine Zakaïb, dans laquelle elle m'informe de sa démission à titre de députée
de Richelieu à compter du 29 septembre
2014.
Nous poursuivons les affaires
courantes. Aujourd'hui, il n'y a pas de déclarations ministérielles.
Présentation
de projets de loi
À la rubrique
Présentation de projets de loi, M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Fournier : Bonjour, M. le Président. Je vous
demanderais d'appeler l'article c, s'il
vous plaît.
Projet
de loi n° 11
Le
Président : Bonjour, M. le leader. À l'article c du feuilleton,
M. le ministre de l'Énergie et des Ressources naturelles et ministre responsable du Plan Nord présente le projet de
loi n° 11, Loi sur la Société du Plan Nord. M. le ministre.
M. Pierre Arcand
M.
Arcand : Merci, M. le Président. J'ai l'honneur, M. le Président, de présenter le
projet de loi sur la Société du Plan
Nord. Ce projet de loi institue la Société du
Plan Nord, qui a pour mission, dans une
perspective de développement durable,
de contribuer au développement du territoire du Plan Nord, en conformité avec
les orientations définies par le gouvernement relatives au Plan Nord.
Ce projet de loi prévoit que la société peut, dans
le cadre de sa mission, coordonner et contribuer à la mise en oeuvre des orientations définies par le gouvernement
relatives au Plan Nord. Il prévoit aussi que la société peut coordonner la réalisation d'infrastructures, les implanter ou les exploiter, seule ou en
partenariat, qu'elle peut accompagner et appuyer les communautés locales
et autochtones dans leurs projets de développement, réaliser des activités de
recherche et de développement, ainsi que des activités d'acquisition de connaissances du territoire du Plan
Nord ou y contribuer. Elle peut également contribuer à maximiser les retombées économiques générées par l'exploitation des
ressources naturelles sur le
territoire du Plan Nord, conformément aux engagements intergouvernementaux et
internationaux du Québec en matière
de commerce, conseiller le gouvernement sur toute question que celui-ci lui
soumet et exécuter tout autre mandat que ce dernier lui confie.
Ce
projet de loi prévoit la mise en place d'un bureau de commercialisation ayant
pour effet de faire connaître aux entreprises québécoises les besoins en fournitures et en équipements des donneurs d'ordres
oeuvrant sur le territoire du Plan Nord.
Ce
projet de loi oblige la société à établir un plan stratégique par lequel elle
précise les objectifs qu'elle poursuit et les priorités qu'elle établit
en conformité avec les orientations définies par le gouvernement relatives au
Plan Nord. En outre, il prévoit que ce plan est soumis à l'approbation du
gouvernement et déposé devant l'Assemblée nationale.
Ce
projet de loi précise également que les sommes servant aux activités de la
société proviennent des contributions qu'elle
reçoit, des droits qu'elle perçoit et des autres sommes provenant du Fonds du
Plan Nord mises à sa disposition. Il précise
aussi que la contribution financière de la société, réalisée dans le cadre de
ses activités, se fait par l'octroi de sommes affectées aux activités
d'un ministère ou par le versement d'une aide financière, conformément au plan
stratégique.
Ce projet de loi
prescrit également les règles d'organisation et de fonctionnement de la
société, lesquelles comprennent notamment l'institution d'une assemblée des
partenaires.
Finalement,
ce projet de loi prévoit le transfert des employés affectés au Secrétariat du
Plan Nord du ministère du Conseil
exécutif à la Société du Plan Nord ainsi que des dispositions transitoires et de
concordance, M. le Président.
Le Président :
Mme la leader de l'opposition.
Mme
Maltais : Est-ce que, s'il acceptait… Si l'Assemblée accepte
le dépôt de ce projet de loi, est-ce qu'on peut tenir des consultations
particulières?
Le Président :
M. le leader du gouvernement.
M.
Fournier : M. le Président, comme c'est notre habitude, là, on
va avoir des échanges avec les oppositions pour la tenue de
consultations particulières.
Peut-être
une remise en contexte. Il s'agit de la reprise d'un projet de loi qu'on a déjà
vu, pour lequel il y avait eu une adoption de principe à l'unanimité et
85 heures en commission parlementaire. Donc, le projet de loi n'est pas inconnu des parlementaires; peut-être
de ceux qui se sont joints à nous depuis, mais, ceux qui étaient là, autant le principe
que 85 heures en commission, je crois qu'on va s'entendre facilement
sur les consultations. Merci, M. le Président.
Mise
aux voix
Le Président : Est-ce que l'Assemblée accepte d'être
saisie du projet de loi?
Des voix :
…
Le Président : Adopté. M. le leader du gouvernement.
M. Fournier : L'article b,
M. le Président.
Projet
de loi n° 12
Le
Président : Alors, à l'article b du
feuilleton, M. le ministre
responsable de l'Administration gouvernementale et de la Révision permanente des programmes et président
du Conseil du trésor présente le projet de loi n° 12, Loi
concernant la mise en oeuvre de
recommandations du comité de retraite de certains régimes de retraite du
secteur public et modifiant diverses dispositions législatives. M. le
ministre.
M.
Martin Coiteux
M.
Coiteux : Merci,
M. le Président. J'ai l'honneur de
présenter le projet de loi n° 12, Loi
concernant la mise en oeuvre de
recommandations du comité de retraite de certains régimes de retraite du
secteur public et modifiant diverses dispositions législatives.
Ce projet
de loi modifie différentes lois qui
instituent des régimes de retraite du
secteur public afin de donner suite, notamment, à des
recommandations des comités de retraite. Le projet de loi apporte également
quelques modifications de nature
technique à ces régimes, qui sont rendues
nécessaires en raison de la modification de certaines conditions de travail des
participants.
De plus,
le projet de loi reconduit les dispositions de
dérogation à l'article 15 de la Loi constitutionnelle de 1982
prévues par la Loi sur le régime de retraite
de certains enseignants, la Loi sur le régime de retraite des employés du
gouvernement et des organismes
publics, la Loi sur le régime de retraite des enseignants, la Loi sur le régime
de retraite des fonctionnaires et la Loi sur le régime de retraite du
personnel d'encadrement.
Le
Président : Est-ce que
l'Assemblée accepte d'être saisie de ce projet de loi? Mme la leader du
gouvernement.
Mme
Maltais : De notre côté,
bien sûr, M. le Président. Est-ce qu'on va tenir, encore une fois, des
consultations particulières sur ce projet de loi?
Le Président : M. le leader du gouvernement.
• (14 h 20) •
M.
Fournier : On aura des discussions. Il s'agit
d'un projet de loi très technique, qui vise à mettre en vigueur, dans le fond, des recommandations des comités de retraite avec l'ensemble des intervenants qui
pourraient peut-être être ceux
qu'on inviterait à la commission
parlementaire en consultations publiques. Mais, ceci étant, il y aura des échanges techniques minimalement pour qu'on puisse
s'entendre entre nous sur la nécessité de recevoir et l'identité
de ceux qu'on voudrait recevoir.
Mise
aux voix
Le
Président : L'Assemblée accepte d'être saisie de ce projet de loi? Alors, adopté. M. le
leader du gouvernement.
M. Fournier : L'article a,
M. le Président.
Projet
de loi n° 14
Le
Président : À l'article a du feuilleton, Mme la ministre de la Justice présente le
projet de loi n° 14, Loi modifiant le Code de procédure
civile et d'autres dispositions. Mme la ministre.
Mme
Stéphanie Vallée
Mme
Vallée : Alors, M. le
Président, ce projet de loi modifie le Code de procédure civile afin de porter
à 15 000 $ la valeur des créances admissibles en matière de
recouvrement des petites créances.
Le
projet de loi modifie également le Tarif des frais judiciaires applicables au
recouvrement des petites créances pour établir le montant des frais
judiciaires exigibles dans le cas des créances qu'il rend admissibles.
Le
projet de loi modifie aussi ce code pour permettre au juge en
chef d'ordonner d'office le changement de district d'un dossier et de considérer l'intérêt des parties
ou des tiers ou encore des motifs sérieux qui commandent un tel changement.
Enfin, le projet de
loi apporte des modifications de concordance et énonce des mesures
transitoires.
Le
Président : Est-ce que l'Assemblée accepte d'être saisie de ce projet de loi? Mme la leader du gouvernement.
Mme
Maltais : M. le Président, je vais demander au gouvernement si on peut tenir des consultations particulières. On verra à la
lecture du projet de loi, mais je pense qu'on va peut-être avoir besoin
d'entendre quelques intervenants.
Le Président :
M. le leader.
M.
Fournier : Je suis toujours
ouvert à ce qu'on ait des discussions entre nous; à la troisième fois ce matin,
cela le prouve.
Mais
peut-être un peu de contexte. Il y a
eu, en septembre 2013, une consultation
particulière, c'était le Code de procédure
civile qui était adopté et l'avant-projet de loi sur le Code de procédure
civile qui, en 2011, a permis aussi une consultation générale. Dans les deux cas, il était question des petites
créances. Ceci étant, on va avoir un échange entre nous. Mais, dans le
contexte, il y a déjà eu passablement de consultations sur le même thème.
Mise
aux voix
Le Président :
Est-ce que l'Assemblée accepte d'être saisie du projet de loi? Adopté.
Dépôt
de documents
À la rubrique Dépôt de documents, M. le premier
ministre.
Rapport
annuel du ministère du Conseil exécutif
M.
Couillard : M. le Président,
je vous transmets le rapport annuel de gestion du ministère du Conseil exécutif
pour l'exercice 2013‑2014.
Le Président : Ce document
est déposé. Mme la ministre de la Sécurité publique.
Rapports annuels du Bureau du
coroner, de la Sûreté du
Québec, du Commissaire à la déontologie policière,
du ministère de la Sécurité publique et de la
Régie des alcools, des courses et des jeux
Mme
Thériault : Merci, M. le Président. Permettez-moi de déposer
les rapports annuels 2013‑2014 suivants : celui du Bureau du
coroner, de la Sûreté du Québec, du Commissaire à la déontologie policière, du
ministère de la Sécurité publique et de la Régie des alcools, des courses et
des jeux.
Le Président : Alors, ces
documents sont déposés. Mme la ministre de la Culture.
Rapports annuels du Conseil
consultatif de la lecture et du livre,
du ministère de la Culture et des Communications, du Conseil
du patrimoine culturel, du Conseil des arts et des lettres, de
la Régie du cinéma, de la Société de développement des
entreprises culturelles, de l'Office québécois de la langue
française, de la Commission de toponymie et du
Conseil supérieur de la langue française
Mme David
(Outremont) : M. le Président, je dépose, aujourd'hui, le rapport
d'activités 2013‑2014 du Conseil consultatif
de la lecture et du livre, en vertu de l'article 13 de la Loi sur le
développement des entreprises québécoises dans le domaine du livre, les rapports annuels de gestion 2013‑2014 des
organismes suivants : ministère de la Culture et des Communications, Conseil du patrimoine
culturel du Québec, Conseil des arts et des lettres du Québec, Régie du cinéma, Société de développement des entreprises
culturelles, Office québécois de la langue française, incluant la Commission
de toponymie, et Conseil supérieur de la langue française.
Le Président : Alors, ces documents
sont déposés. M. le ministre des Finances.
Rapport annuel et états
financiers de Financement-Québec,
et rapports annuels de la Société de financement des
infrastructures locales, de l'Autorité des marchés
financiers et sur les institutions financières
M. Leitão : M. le Président, avec
votre permission, je dépose quatre rapports : le rapport d'activité et
états financiers 2013‑2014 de Financement-Québec, le rapport d'activité de la Société
de financement des infrastructures locales
du Québec, la SOFIL,
pour l'exercice financier terminé le
31 mars 2014, le rapport annuel 2013‑2014 de l'Autorité
des marchés financiers et finalement le rapport annuel 2013‑2014
sur les institutions financières comprenant les coopératives de services financiers, les sociétés
de fiducie et sociétés d'épargne, l'assurance de personnes, l'assurance
de dommages et enfin la tarification en assurance
automobile.
Le Président : Alors, ces documents
sont déposés. Mme la ministre de la Justice.
Rapports annuels du Fonds
d'aide aux recours collectifs
et du Directeur des poursuites criminelles et
pénales et plan d'action 2014-2015 du
Bureau des infractions et amendes
Mme Vallée : Alors, M.
le Président, il me fait plaisir de déposer le rapport annuel 2013‑2014 du Fonds d'aide aux recours collectifs, le plan
d'action 2014‑2015
du Bureau des infractions et amendes du ministère de la Justice ainsi
que le rapport annuel de gestion 2013‑2014 du Directeur des poursuites
criminelles et pénales.
Le Président : Alors, ces documents
sont déposés. M. le président du Conseil du trésor.
Rapport annuel du Secrétariat
du Conseil du trésor
M.
Coiteux : M. le Président, permettez-moi de déposer le rapport
annuel de gestion 2013‑2014
du Secrétariat du Conseil du
trésor.
Le Président :
Oui, ce document est déposé. M. le ministre délégué aux Petites et Moyennes Entreprises.
Rapports annuels de la
Commission de l'éthique en
science et en technologie, et de la Société du parc
industriel et portuaire de Bécancour
M. Girard : Au nom de mon collègue
le ministre de l'Économie, de l'Innovation et des Exportations, je me permets de déposer deux documents aujourd'hui, deux
rapports annuels, soit le rapport annuel 2013‑2014 de la Commission de l'éthique
en science et en technologie et le rapport annuel 2013‑2014 de la Société du
parc industriel et portuaire de Bécancour.
Le Président : Ces documents
sont déposés. Mme la ministre des Relations internationales.
`
Rapport annuel du ministère
des Relations
internationales et de la Francophonie
Mme
St-Pierre :
…je dépose le rapport annuel de gestion 2013‑2014 du ministère des Relations
internationales et de la Francophonie.
Le Président : Ce document
est déposé. M. le ministre de l'Éducation.
Rapports annuels du ministère
de l'Éducation, du Loisir
et du Sport, et du Conseil supérieur de l'éducation et
plan quinquennal des investissements universitaires
2013-2018 et cadre de référence
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : M. le Président, permettez-moi de déposer le
rapport annuel de gestion 2013‑2014 du ministère de l'Éducation, du
Loisir et du Sport, le rapport annuel de gestion 2013‑2014 du Conseil supérieur
de l'éducation, le plan quinquennal des investissements universitaires 2013‑2018
et cadre de référence.
Le Président : Ces documents
sont déposés. M. le ministre de la Santé.
Rapports annuels de l'Institut
national d'excellence
en santé et en services sociaux, et du ministère
de la Santé et des Services sociaux
M.
Barrette : M. le Président, j'ai le plaisir de déposer aujourd'hui les
rapports annuels de gestion 2013‑2014 de l'Institut national
d'excellence en santé et en services sociaux et du ministère de la Santé et des
Services sociaux.
Le Président : Ces documents
sont déposés. Mme la ministre de la Famille.
Rapport annuel du ministère de
la Famille
Mme
Charbonneau :
M. le Président, c'est avec plaisir que je dépose le rapport annuel de gestion
2013‑2014 du ministère de la Famille.
Le Président : Ce document
est déposé. M. le ministre de l'Environnement.
Rapports annuels du Bureau
d'audiences publiques
sur l'environnement et de RECYC-QUÉBEC
M.
Heurtel : Merci, M. le Président. Avec votre permission, je dépose
aujourd'hui le rapport annuel de gestion 2013‑2014 du
Bureau d'audiences publiques sur l'environnement et le rapport annuel de
gestion 2013‑2014 de la société RECYC-QUÉBEC.
Le Président : Ces documents
sont déposés. M. le ministre de l'Agriculture.
Rapports annuels de la Régie
des marchés agricoles et
alimentaires, de la Commission de protection du
territoire agricole et de La Financière agricole
M.
Paradis :
Oui, M. le Président. Conformément à notre règlement, je dépose les rapports
annuels de gestion 2013‑2014 des
sociétés suivantes : Régie des marchés agricoles et alimentaires,
Commission de protection du territoire agricole, Financière agricole.
Le Président : Ces documents
sont déposés. Mme la ministre du Tourisme.
Rapports annuels de la Société du Palais des congrès de
Montréal et de la Société du Centre des congrès de Québec
Mme Vien :
Bonjour, M. le Président. J'ai l'honneur de déposer deux documents aujourd'hui.
D'abord, le rapport annuel 2013‑2014 de la Société du Palais des congrès de
Montréal et le rapport annuel de gestion 2013‑2014 de la Société du Centre des
congrès de Québec.
Le Président :
Ces documents sont déposés. M. le ministre des Transports.
Rapport
annuel du ministère des Transports
M.
Poëti : M. le Président, c'est avec plaisir que je dépose le
rapport annuel de gestion 2013‑2014 du ministère des Transports.
Le Président :
M. le ministre du Travail.
Rapports
annuels du ministère du Travail, de la
Commission de la capitale nationale et de
la Commission des normes du travail
M.
Hamad : Merci, M. le Président. Permettez-moi de déposer le
rapport annuel de gestion 2013‑2014 du ministère du Travail, de la
Commission de la capitale nationale et de la Commission des normes du travail.
Le Président :
Ces documents sont déposés. M. le ministre de l'Énergie.
Rapport
annuel du ministère
des Ressources naturelles
M.
Arcand :
M. le Président, je dépose aujourd'hui le rapport annuel de gestion 2013‑2014
du ministère de l'Énergie et des Ressources naturelles.
Le Président :
Ce document est déposé. M. le ministre de l'Emploi.
Rapports
annuels du ministère de l'Emploi et de la
Solidarité sociale, de la Commission des partenaires
du marché du travail, d'Emploi-Québec, du
Centre de recouvrement et de certains fonds
M. Blais :
M. le Président, j'ai le plaisir de déposer le rapport annuel de gestion 2013‑2014
du ministère de l'Emploi et de la Solidarité
sociale et de la Commission des partenaires du marché du travail, contenant
également ceux d'Emploi-Québec, du
Centre de recouvrement ainsi que les rapports d'activité du Fonds d'aide à
l'action communautaire autonome et du
Fonds québécois d'initiatives sociales, le rapport d'activité 2013‑2014 du
Fonds de développement et de reconnaissance des compétences de la
main-d'oeuvre.
Le Président :
Ces documents sont déposés. M. le ministre délégué aux Transports.
Rapport
annuel de la Société des traversiers du Québec
M.
D'Amour : Alors, merci beaucoup, M. le Président. Alors, c'est avec
plaisir que je dépose le rapport annuel de gestion 2013‑2014 de la
Société des traversiers du Québec.
Le Président :
Ces documents sont déposés. M. le leader du gouvernement.
Réponse
à des questions inscrites au feuilleton
M.
Fournier : En terminant, M. le Président, permettez-moi de
déposer la réponse du gouvernement aux questions inscrites au feuilleton
le 16 septembre dernier par le député de Rosemont et adressées au ministre
du Travail.
Rapports
annuels du Directeur général des élections
et de la Commission de la représentation électorale
Le
Président : On avait une véritable fiesta de dépôts de
documents aujourd'hui! J'en ai quelques-uns aussi à déposer moi-même. Alors, pour ma part, je dépose
le rapport annuel de gestion 2013‑2014 du Directeur général des élections
et de la Commission de la représentation électorale du Québec.
Nouveau
diagramme de l'Assemblée
Je dépose, suite à l'annonce de ce matin, également le
nouveau diagramme de l'Assemblée en date d'aujourd'hui.
Préavis d'une motion des
députés de l'opposition
Et enfin j'ai
reçu un préavis d'une motion qui sera inscrite au feuilleton de demain, aux
affaires inscrites par les députés de l'opposition, conformément à
l'article 97.1 du règlement. Je dépose copie du texte de ce préavis.
Il n'y a pas de dépôt de rapports de commissions
ni dépôt de pétitions.
M. le leader du deuxième groupe d'opposition.
M.
Bonnardel :
Juste avant de vous exposer ma question de directive, je voudrais saluer les
gens de l'Association Québec-France, des gens de Granby,
Saint-Hyacinthe, Johnson et même de Québec qui sont parmi nous aujourd'hui.
M. le
Président, je vous demande d'entendre, à la fin de la période des questions, la
plaidoirie du député de La Peltrie sur la non-recevabilité d'une pétition qui a été déposée par un de ses
citoyens qui demande au premier ministre de démettre de ses fonctions le député de Jean-Talon et
ministre de l'Éducation sur la base de faits connus du public, M. le Président,
une décision d'irrecevabilité qui a été
envoyée par le secrétariat général de façon verbale, sans avis écrit, sans base
de jurisprudence. Donc, nous aimerions que vous puissiez entendre le
leader adjoint, député de La Peltrie, à la rubrique Renseignements sur les
travaux de l'Assemblée, après la période de questions.
• (14 h 30) •
Le
Président : M. le leader du deuxième groupe d'opposition,
est-ce qu'on pourrait s'entendre pour que nous puissions… que je puisse entendre les parties… ou la partie, en tout
cas, principale, principalement visée, après les motions? Plutôt après les motions, on pourrait reprendre
ici, avoir un espace dans lequel je pourrais revenir puis écouter tout ce
que...
M.
Bonnardel : ...vous
seriez présent. Merci, M. le Président.
Le Président : Oui, je serais
présent. Est-ce qu'il y a d'autres points là-dessus? Non? O.K.
Alors, il
n'y a pas de réponses orales aux pétitions ni d'interventions portant sur une
violation de droit ou de privilège.
Questions et réponses
orales
Nous en
sommes maintenant à la période de questions et de réponses orales, et je cède
la parole à M. le chef de l'opposition.
Propositions de compressions
de l'Agence de la
santé et des services sociaux de Montréal
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard :
M. le Président, pendant qu'on nous dit que la priorité du gouvernement, c'est
de baisser les impôts des
entreprises, la grande priorité, le gouvernement n'hésite pas à couper les
familles : à couper l'aide aux devoirs et même l'aide alimentaire pour les jeunes défavorisés. Le
premier ministre voit ça comme un gros tableau de bord. Il nous dit que,
par rapport à son idéal canadien, nous avons
trop de services au Québec, alors il coupe — avec l'appui de la CAQ, d'ailleurs.
Tout le monde est heureux, M. le Président.
Mais il
serait peut-être temps que le premier ministre lâche la moyenne canadienne et
se lève les yeux pour se rendre compte
qu'il est rendu à couper dans les soins et les services aux personnes les plus
vulnérables. Quand on est rendus à
couper l'allocation de 4,30 $ de l'heure... 4,30 $, plutôt, qu'on
accorde aux personnes qui ont une déficience intellectuelle et qui surmontent les difficultés pour aller
travailler, on est rendus bien bas, M. le Président, et je vous dirais qu'on
est déconnectés de la réalité. C'est
exactement ça qui arrive quand le premier ministre répète sa marotte : 27,
20, 23, sans se demander comment ça affecte la vie des gens
concrètement.
En panique, ce midi, le ministre de la Santé dit
le contraire : On ne coupera plus. Qui croire, M. le Président? Visiblement, le ministre n'est même pas au courant
des décisions aussi importantes. Il n'y aura pas toujours un reportage à la
télévision pour ouvrir les yeux du premier ministre. Alors, est-ce que le
premier ministre peut nous confirmer qu'il renonce à couper les sommes en déficience intellectuelle et en TED, en
soins aux aînés, en santé mentale et en santé publique?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : M. le gouvernement,
je vais joindre ma voix à celle du ministre de la Santé, qui s'est exprimé là-dessus : ces nouvelles qu'on a eues ce
matin, et, bien sûr, on donne une marge d'expression à l'agence de Montréal
là-dessus, mais ces nouvelles, si elles
s'avèrent fondées, sont totalement inacceptables. On n'acceptera pas que, pour
des directives budgétaires nécessaires... Parce qu'il faut redresser les
finances publiques. Et je pense que l'ensemble des parlementaires de cette
Chambre devraient être avec nous sur cette question. Mais ça ne peut se faire
aux dépens des personnes
vulnérables, notamment des personnes aînées et des personnes handicapées. Il n'est
pas question pour nous d'accepter ce
genre de scénario de quelque organisme public que ce soit. Le ministre de la
Santé s'est exprimé, il aura l'occasion
de le faire à nouveau. Je suis convaincu qu'il aura l'occasion d'avoir des
conversations directes avec les autorités du système de santé à
Montréal.
Et, en
passant, M. le Président, lorsque notre collègue parle du 20, 23, 26, c'est, au
contraire, un enjeu très concret, qui
touche les Québécois dans leur vie quotidienne. Parce que, si on ne redresse pas
les finances publiques, si on ne relance pas la création de richesse au Québec, c'est l'ensemble de nos services
publics qui sont menacés. Et c'est justement pour assurer la pérennité
de ces services que nous agissons, M. le Président
Le Président : Première
complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard :
Si son rêve, c'est de faire des Canadiens moyens, bien, ce n'est pas le mien,
M. le Président, et je l'assume
entièrement. Mais ce que je comprends de la réponse du premier ministre :
C'est encore la faute des fonctionnaires. Finalement, des décisions aussi importantes, qui relèvent du ministre,
normalement, le ministre n'est pas au courant, il est trop pris dans ses débats de structure. Je lui
fais une petite annonce : Il y a eu un fascicule qui a été envoyé aux gens
ici, à Québec, qui dit la même affaire. Alors, ça, ça s'est fait sans
l'accord du ministre, le ministre ne le sait pas.
Est-ce que le
premier ministre peut nous dire qui est responsable de ces coupes? Comment se
fait-il que le ministre de la Santé ait laissé passer des coupes aux
gens les plus vulnérables?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : M. le Président, s'il y a quelque
chose que ce triste épisode montre,
c'est l'urgence de se débarrasser d'une
partie des structures de gestion du système de santé pour prendre les ressources,
les donner aux patients. Et je dirais, M. le Président, que, si j'avais
le moindre doute à cet effet, ces doutes sont dissipés suite à ce que j'ai lu
ce matin.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard : Moi, je crois foncièrement, M. le Président, que, dans un bon système de santé, c'est le patient qui devrait être au milieu, pas le ministre.
Actuellement, tout ce qu'on a, c'est un ministre
qui joue dans les grands ensembles,
qui ne s'occupe pas des effets sur la
population. Il y en a. Les lettres que je vous parle, elles sont rentrées dans
les foyers ici, à Québec, le 24 septembre. Et ça ne s'est pas fait sans
l'accord du ministre, bien non, il ne le sait pas, il est trop occupé à
d'autre chose. Les soins à la population, ce n'est pas assez important.
Moi, ce que
je veux savoir du premier ministre : Il recule pour Montréal, est-ce qu'il
recule aussi pour l'ensemble des régions du Québec, M. le Président?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président, je
vois bien les mots vers lesquels notre collègue essaie de m'entraîner. Le
gouvernement ne recule pas sur son ambition de redresser les finances publiques
de façon durable et son ambition de relancer
l'économie. C'est notre responsabilité envers les Québécois d'aujourd'hui et de
demain, responsabilité que nos collègues ont refusé d'assumer et que
nous allons assumer, M. le Président.
Maintenant,
encore une fois, ce que cet épisode montre, c'est à quel point il est urgent de
dégager les ressources de la gestion.
Ça prend des gestionnaires dans un réseau, autant la santé que l'éducation,
mais on est arrivés au point où on doit
aller intervenir directement pour faire en sorte que les sommes, les sommes
importantes que les Québécois, collectivement, affectent au système de santé aillent aux soins des personnes et
particulièrement les soins des personnes les plus vulnérables.
Le Président : En terminant.
M. Couillard : C'est ce que nous
ferons, M. le Président.
Le Président : Troisième
complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard :
Ce que cet épisode montre, M. le Président, c'est qu'ils ont perdu le contrôle,
ils ne savent plus ce qui se passe
sur le terrain. Ils ne savent pas les conséquences des décisions qu'ils
prennent et ils disent : Ce n'est pas de ma faute, c'est la faute des fonctionnaires; nous, on
s'occupe à faire autre chose, M. le Président. Le mot «responsabilité»,
dans la bouche du premier ministre, il sonne bien mal, bien mal.
Moi,
je veux savoir du premier ministre :
Est-ce qu'il va effectivement s'assurer, tant pour ce que je viens de parler
que pour l'aide aux devoirs, l'aide alimentaire et l'aide aux personnes
vulnérables… ils ne feront pas les frais de la nouvelle marotte du premier
ministre et du gouvernement libéral?
Le Président : M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : Alors, M. le Président, libre à notre collègue de qualifier de marotte la
nécessité absolument incontournable de redresser les
finances publiques, de contrôler la dette et de relancer l'économie du
Québec. C'est effectivement non seulement notre marotte, soi-disant, notre obsession quotidienne
parce que c'est notre devoir envers les
Québécois d'aujourd'hui et de demain.
Maintenant,
je vais lui répéter encore une fois que ce que ce genre d'épisode montre, c'est à quel point il est urgent non pas de brasser les structures, comme il le dit
en essayant de diminuer le travail important que notre collègue a entrepris,
mais de s'assurer de réaffecter les
ressources de la gestion le plus possible vers les soins directs aux personnes
en donnant priorité aux personnes les plus vulnérables.
Le Président : Principale, Mme la députée de
Pointe-aux-Trembles.
Compressions budgétaires dans
les commissions scolaires
Mme Nicole Léger
Mme Léger : M. le Président, vendredi, j'ai
démontré au ministre que ses coupures dans les écoles affectent directement les services aux élèves. J'ai donné
des exemples au ministre, notamment celui de la commission scolaire des Découvreurs,
directement dans la circonscription du ministre,
qui a coupé 60 % de l'argent pour l'aide aux devoirs. Malgré
l'évidence, le ministre a continué de dire que les compressions majeures qu'il
a décrétées ne touchent pas aux élèves.
M.
le Président, le ministre est intervenu personnellement auprès des commissions
scolaires à la suite de sa propre bourde sur l'importance des livres
dans les bibliothèques scolaires.
Si
c'est vrai que les compressions ne toucheront
pas les élèves, pourquoi le ministre, bien connu chasseur de primes, ne
fait-il pas la même chose en intervenant directement pour arrêter les coupures
dans l'aide aux devoirs et l'aide alimentaire qui touchent les élèves les plus
vulnérables?
Le Président : M. le ministre de l'Éducation.
M. Yves Bolduc
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
M. le Président, je tiens à le rappeler, l'important, c'est
la réussite scolaire, c'est les services directs aux élèves. La semaine dernière,
j'ai eu l'occasion de discuter, lors de la période de vendredi… pendant deux heures de temps, nous avons discuté, et j'ai
répété à répétition qu'il n'y aurait pas d'atteinte des services directs aux
élèves.
La députée de l'opposition essaie de nous ramener
puis de faire peur aux gens sur le terrain. Et on
tient à le dire : On
veut que les commissions scolaires mettent l'argent directement dans les
services, couper au niveau administratif. Oui, on peut revoir certains éléments de structure au niveau des commissions
scolaires, il y a un travail de fond à la base, mais, comme en santé, on
ne touchera pas aux clientèles.
Le Président : Première complémentaire, Mme la
députée de Pointe-aux-Trembles.
Mme Nicole Léger
Mme Léger : Couper dans l'aide aux devoirs et
dans l'aide alimentaire, c'est couper
directement dans les services aux élèves. Pourquoi
refuse-t-il d'intervenir? Le premier ministre vient tout juste de nous dire… de le mettre à l'ordre, en fin de compte, M. le Président. C'est
simple, M. le Président, il le sait, le ministre de l'Éducation, il sait
parfaitement que les coupures qu'il a décrétées touchent directement les
jeunes dans les écoles et leurs familles.
Le ministre va-t-il enfin agir dignement, être à la hauteur
de ses fonctions et avouer que ces coupes dans les écoles visent directement
les élèves les plus vulnérables?
Le Président :
M. le ministre de l'Éducation.
M. Yves Bolduc
M.
Bolduc
(Jean-Talon) :
M. le Président, il y a eu des interventions au niveau des commissions
scolaires. On le dit et on le redit : Il n'y aura pas d'atteinte des services directs aux
élèves. C'est important, M. le Président, de bien comprendre. Il y a un travail de fond à faire par
les commissions scolaires, et ceux qui ont décidé de faire des coupures à certains services directs aux élèves devront
refaire leurs devoirs. Il y a des élections qui sont attendues pour le 2
novembre, il y aura des nouveaux commissaires, des nouveaux présidents…
Des voix : …
• (14 h 40) •
Le
Président : S'il vous plaît, là! S'il vous plaît! On va laisser
terminer le ministre. Vous poserez votre… une autre question après.
Allez.
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : M. le Président, il y aura des élections
scolaires le 2 novembre, il y aura des nouveaux présidents et présidentes, des nouveaux commissaires, et, avec eux, on
va refaire des mentions de leur dire qu'on ne peut pas couper dans les
services directs aux élèves. Pour nous, c'est une position ferme et c'est non
négociable.
Le Président : Deuxième
complémentaire, Mme la députée de Pointe-aux-Trembles.
Mme Nicole Léger
Mme Léger :
M. le Président, on nie la réalité, là. Le ministre de l'Éducation nous dit
aujourd'hui que ce n'est pas dans
les… l'aide aux devoirs n'est pas des coupes. Je ne sais pas où il est, le
ministre. Il n'est pas dans la réalité, le ministre.
Si c'est le
cas, si les coupures ne sont pas téléguidées par le ministre, pourquoi refuse-t-il
d'intervenir directement s'il coupe
notamment dans l'aide aux devoirs et l'aide alimentaire pour nos enfants les
plus vulnérables? C'est ça, la réalité, M. le Président. C'est ça qui
est sur le terrain présentement.
Le Président : M. le ministre
de l'Éducation.
M. Yves Bolduc
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : M. le Président, notre position est claire,
on ne touchera pas aux services directs aux élèves, tant dans l'aide aux devoirs que dans l'aide alimentaire. S'il y
a des commissions scolaires qui ont pris la décision, si elles ont pris la décision de couper dans ces
services, nous leur demandons de revenir en arrière. Il y a eu des
interventions de faites, on m'a
entendu publiquement le faire. Je pense que toute commission scolaire a une
responsabilité, c'est de maintenir les services directs aux élèves à
tous les niveaux.
Il y a de
l'argent qu'on peut aller chercher ailleurs. Je prends l'exemple de la
commission scolaire qui, en revoyant les
congés pédagogiques, a réussi à sauver 300 000 $ par année. Il y a
des exemples, on doit les suivre, mais pas de coupure puis pas
d'atteinte au niveau des services directs aux élèves.
Le Président : Principale, M.
le député de Jonquière.
Certificat
d'autorisation relatif aux travaux de forage
de TransCanada Énergie pour la construction
d'un terminal pétrolier à Cacouna
M. Sylvain Gaudreault
M.
Gaudreault : Oui. M. le Président, la semaine dernière, la Cour
supérieure a servi toute une gifle au ministre de l'Environnement dans
le dossier des forages géotechniques à Cacouna. Le ministre a préféré jeter le
blâme sur ses fonctionnaires plutôt que de
reconnaître sa gestion déficiente du dossier depuis le début. Pourtant, c'est
le ministre qui a perdu toute crédibilité,
ce n'est pas ses fonctionnaires. C'est le ministre qui autorise les forages à
Cacouna et qui nuit à une espèce
menacée, le béluga. C'est le ministre qui tarde à déclencher un BAPE pour
donner la parole aux Québécois. Tout ça, M. le Président, c'est ce qu'on
appelle la responsabilité ministérielle.
Maintenant,
le ministre doit faire la lumière sur le processus qui l'a conduit à émettre un
certificat d'autorisation à TransCanada, et il doit faire une croix sur
le rôle passif qu'il a joué jusqu'à maintenant.
Est-ce que le
ministre va retirer le certificat d'autorisation à TransCanada, ordonner une
enquête externe et indépendante et rendre ce rapport public?
Le Président :
M. le ministre de l'Environnement.
M. David Heurtel
M. Heurtel : Merci, M. le Président. Encore une fois,
comme la semaine dernière, il faut rétablir des faits.
Tout d'abord,
le processus du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement qui va étudier
l'ensemble du projet TransCanada est débuté. Nous sommes à l'étape de l'étude
d'impact environnemental. Une fois que cette étude-là va être complétée,
on passera à la phase mandat puis audiences
publiques. C'est à ce moment-là qu'on pourra répondre à l'ensemble des questions qui ont été
soulevées par la population, des questions très légitimes et très sérieuses sur
comment ce projet-là va avoir des
impacts, que ça soit sur l'environnement, que ça soit la sécurité des personnes
en cas de déversement, que ça soit au niveau de l'émission de gaz à
effet de serre, au niveau des impacts économiques. Il faut faire la lumière sur
l'ensemble du projet. Une fois qu'on aura les réponses, après ça on pourra se
prononcer, oui ou non, sur le projet. Ça, c'est
la première étape.
Ce
qui a trait au certificat
d'autorisation dont fait l'objet la décision de la Cour supérieure, le
processus judiciaire n'est pas terminé, M. le Président. Laissons la Cour
supérieure se rendre jusqu'au bout, agissons avec prudence, et, une fois
que la Cour supérieure aura rendu son jugement final sur ce dossier...
Le Président :
En terminant.
M. Heurtel :
...nous tirerons les conclusions qui s'imposent. Merci, M. le Président.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Jonquière.
M. Sylvain Gaudreault
M. Gaudreault :
Oui. M. le Président, la Cour supérieure a dit très clairement que le
certificat d'autorisation a été octroyé de
façon déraisonnable. Le ministre, la semaine passée, il a dit qu'il n'était même pas au courant de l'octroi de ce certificat. Pourtant, on en parle ici depuis le 22 mai, puis lui-même, il a
déjà dit que c'était un dossier d'une importance suprême. Alors, il a
perdu toute crédibilité, le ministre de l'Environnement, toute crédibilité.
La seule chose qu'il
lui reste à faire, c'est… pour comprendre le processus, c'est de déclencher une enquête indépendante puis de
rendre public le rapport. Est-ce qu'il va le faire, M. le Président?
Le Président :
M. le ministre de l'Environnement.
M. David Heurtel
M. Heurtel : M. le Président, si quelqu'un dans cette
Chambre a à comprendre quel est le processus administratif d'émission de
certificats d'autorisation, je crois que c'est
le député de Jonquière.
D'abord et
avant tout, ce que j'ai expliqué la semaine
dernière, j'ai été
très clair : Il n'y a eu aucun blâme qui a été donné, il n'y a aucun blâme qui a été attribué.
J'ai expliqué le processus administratif d'émission de certificats
d'autorisation.
Ceci dit, encore une fois, nous sommes dans un
processus judiciaire. La Cour supérieure a rendu un jugement interlocutoire. Il reste une phase de jugement sur
l'injonction permanente. Laissons la Cour supérieure faire son travail et
ensuite, une fois qu'on
aura un jugement final, nous pourrons tirer les conclusions qui s'imposent. Merci, M. le Président.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le député de Jonquière.
M. Sylvain Gaudreault
M.
Gaudreault : M. le Président, tous les Québécois ont compris que le ministre a attaqué ses
fonctionnaires au lieu de prendre sa responsabilité. Ce que les Québécois veulent savoir,
c'est : Est-ce qu'il est le ministre de TransCanada ou il est le ministre de
l'Environnement pour tous les Québécois
et toutes les Québécoises? Même le syndicat des professionnels du gouvernement du Québec réclame cette enquête indépendante, M. le Président. Qu'est-ce qu'il va faire? Est-ce qu'il va se contenter
d'être le ministre de TransCanada ou le ministre de l'Environnement?
Le Président : M. le ministre
de l'Environnement.
M. David Heurtel
M.
Heurtel : Merci, M. le Président. C'est pour ça qu'on a le Bureau
d'audiences publiques sur l'environnement, M. le Président. C'est pour ça qu'on a un processus dicté par la Loi sur
la qualité de l'environnement qui fera en sorte que le projet TransCanada va être étudié à fond et toutes les questions
qui vont être soulevées vont pouvoir trouver réponses et, si ces réponses ne sont pas satisfaisantes, M.
le Président, le projet TransCanada ne se fera tout simplement pas. Merci,
M. le Président.
Le Président : M. le chef du
deuxième groupe de l'opposition.
Hausse des tarifs
d'électricité
M. François Legault
M. Legault : M. le
Président, l'économie
du Québec ne va pas bien. On vient d'avoir les chiffres
pour le deuxième trimestre de
2014 : croissance économique de seulement 0,7 %
sur une base annuelle pour le Québec, alors qu'au Canada c'est 3,1 %. Donc,
l'économie du Québec continue de sous-performer, que ça soit les libéraux ou
les péquistes. Or, M. le Président,
la pire chose qu'on a besoin actuellement, c'est d'augmenter les taxes et les
tarifs des Québécois. N'oublions pas que la consommation, c'est
60 % du PIB. Or, M. le Président, de façon très claire, le premier
ministre, durant la campagne électorale, a
promis de ne pas augmenter les taxes et les tarifs de plus que l'inflation. On
connaît la suite : le premier
ministre a changé son discours, on a eu des taxes scolaires qui ont augmenté de
10 %, des tarifs d'électricité qui ont augmenté de 4,3 %, et là, maintenant, Hydro-Québec demande des
augmentations de 3,9 % plus 3,7 %, donc, au total, 7,6 %.
On est très loin des promesses du premier ministre.
Or,
qu'est-ce qu'a fait le premier ministre puis son gouvernement? Il a envoyé une
lettre à la régie pour se dire préoccupé.
Il a fait un décret de préoccupation. Tout un courage, ça, M. le Président.
Est-ce que le premier ministre peut comprendre
que la seule façon de limiter les hausses de tarifs d'électricité, c'est de
changer la loi? Va-t-il changer la loi, oui ou non?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : Alors, je vais être bien clair, M. le Président, pour notre collègue
puis les membres de l'Assemblée, de même que les citoyens qui nous
écoutent : Nous ne ferons pas en sorte de soumettre les décisions de
tarification d'électricité aux jeux
politiques partisans. Nous ne réouvrirons
pas la Régie de l'énergie, nous lui garderons et nous lui laisserons son
caractère indépendant.
Maintenant,
il peut bien faire allusion de façon un peu ironique au décret de préoccupation qu'on a adopté, qui est
un geste rare du gouvernement qui a déjà été fait à quelques reprises dans le passé et qui
nous place à l'extrême limite, M. le
Président, de la capacité
d'intervenir du gouvernement sans aller dans l'ingérence, qui... En passant,
et il devrait le savoir lui-même,
l'ingérence politique dans la fixation des tarifs d'électricité serait
un signal extrêmement négatif pour les gens qui observent les finances
publiques du Québec, M. le Président. Il devrait le savoir. Alors, on va surveiller cette situation.
Qu'il attende donc la décision de la Régie de l'énergie avant d'aller plus loin
dans ses commentaires.
Le Président :
Première complémentaire, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M. François Legault
M.
Legault : M. le Président, la loi actuelle de la Régie
de l'énergie dit clairement qu'Hydro-Québec a le droit d'augmenter les
tarifs pour couvrir les pertes sur l'éolien puis les minicentrales. C'est ça
qui explique essentiellement pourquoi
il y a une hausse qui est plus élevée que l'inflation. La seule façon de
changer ça, c'est de changer la loi.
Quand le premier
ministre va-t-il prendre enfin ses responsabilités, va-t-il enfin faire preuve
de courage puis protéger les consommateurs au lieu de protéger l'autonomie des
régies?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président, il y a relativement peu de constance dans le discours politique
de notre collègue. Par
contre, il y en a
une, c'est le désir continu d'intervenir directement de façon
politique dans les actions des organismes indépendants. On se souvient de la Caisse de dépôt, il fallait intervenir et se précipiter dans les décisions d'investissement de la Caisse de dépôt.
Puis aujourd'hui c'est la Régie de l'énergie, puis demain ce sera autre chose.
Mais
je veux lui rappeler à quel point il est important que les tarifs
d'électricité, qui demeurent, au Québec, les plus
bas, de loin, de notre région en Amérique
du Nord, soient déterminés de façon
indépendante. Nous sommes préoccupés, et
il n'y a pas… Vous pouvez bien faire de l'ironie... M. le Président, on peut bien faire de l'ironie sur ce thème-là, mais nous
sommes préoccupés de l'impact de ces tarifs sur les familles à bas revenus au Québec…
• (14 h 50) •
Le Président :
En terminant.
M.
Couillard : …et nous avons exprimé cette préoccupation. Mais nous
voulons, et je le rappelle…
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M. François Legault
M.
Legault : M. le Président, Hydro-Québec, là, ce n'est pas une bibitte sur une autre
planète, ça, ça appartient aux Québécois.
Le premier ministre a tous les pouvoirs pour dire à Hydro-Québec : Vous n'allez pas augmenter les tarifs de plus que l'inflation.
C'est clair, ça?
Donc,
quand le premier ministre va-t-il arrêter de faire des discours sur le
courage puis nous montrer qu'il en a un peu, de courage?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : Bien, je pense, M. le Président… Puis je n'en veux pas nécessairement à notre collègue, je comprends
sa tentative de se dégager un espace politique, là, mais je pense que, pour la population
du Québec, il est très clair, il est très clair que le courage, la détermination et la volonté
d'assainir les finances publiques, c'est de ce côté-ci de la
Chambre qu'ils se trouvent. On en a les expressions quotidiennes, M. le
Président.
Maintenant,
encore une fois, M. le Président, lorsque le collègue nous dit : Le premier ministre a tous les pouvoirs, il devrait
assortir ça d'un geste ou d'une expression de prudence, incluant le pouvoir de
faire des erreurs si on prend des mauvaises décisions, et la
politisation de la Régie de l'énergie, c'est une mauvaise décision, M. le
Président.
Le Président :
Principale, M. le député de Chambly.
Financement des écoles privées
M. Jean-François Roberge
M.
Roberge : M. le Président, la semaine dernière, le ministre
de l'Éducation annonçait de possibles
coupures de financement aux écoles privées. On sait qu'une grande
majorité de parents qui envoient leur enfant à l'école privée sont de la classe moyenne. Le portefeuille de ces
gens-là n'est pas élastique. Les coupures du ministre vont créer un vrai
choc tarifaire, puis, en coupant la
subvention d'environ 50 %, on s'apprête à augmenter la facture d'environ
2 000 $ pour chaque enfant
qui fréquente les institutions privées. C'est clair que plusieurs familles ne
pourront pas absorber cette hausse, c'est
clair que plusieurs écoles pourraient même être menacées de fermeture. Ça veut
dire qu'il y a des élèves qui vont devoir changer d'école au milieu de leur parcours
scolaire. L'éditorialiste Alain Dubuc écrivait en fin de semaine que
l'exercice du ministre repose sur un pari, mais c'est un pari risqué.
Le
ministre peut-il s'engager aujourd'hui à ne pas augmenter les frais de scolarité pour
les familles qui font le choix, le choix d'envoyer leur enfant dans une
école privée?
Le Président :
M. le ministre de l'Éducation.
M. Yves Bolduc
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Merci, M. le Président. Dans un premier
temps, M. le Président, on a un système d'éducation dans lequel les écoles
privées et les écoles publiques ont leur place. Notre gouvernement, on favorise
le choix chez les parents. Donc, c'est
d'abord un choix, une liberté d'envoyer son enfant soit à l'école publique soit
à l'école privée. Et il faut dire
également, M. le Président, que les parents contribuent de l'ordre de
40 % pour les coûts de l'élève. Donc, c'est quand même une
contribution assez importante.
Pour
ce que dit le député par rapport à une augmentation de 50 % ou de
diminution de 50 % des subventions, je n'ai jamais dit ça, ce ne
sont que des hypothèses qui ont été relatées par les médias. Par contre, il
faut le dire, tout en éducation est à
évaluer. Avec le comité de révision des programmes, nous sommes en train de
regarder, mais ce ne sont que des
hypothèses, et je n'ai jamais mentionné ça, comme, d'ailleurs, la semaine
dernière, dans les journaux, il y
avait des mentions dans lesquelles… je n'ai jamais dit, par rapport au 1 milliard.
C'est une fausseté, M. le Président.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Chambly.
M. Jean-François Roberge
M.
Roberge : M. le Président, le ministre lance des questions, mais il refuse d'y répondre. À cause
de ça, environ 150 000 élèves ne savent pas s'ils vont pouvoir
terminer leur secondaire dans l'école où ils l'ont commencé.
Le
ministre peut-il s'engager, là, ce matin, oui ou non, là, à ne pas augmenter
les frais de scolarité pour les familles qui font le choix d'envoyer
leur enfant à l'école privée?
Le Président :
M. le ministre de l'Éducation.
M. Yves Bolduc
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : M. le Président, le député devrait peut-être écouter
la réponse. Puis aujourd'hui celui qui fait des craintes
puis qui sème le doute dans la population, c'est lui-même. Je l'ai dit, dans nos mesures, actuellement, on est en train de tout revoir. Tout
est revu, ça sera fait de façon raisonnable. On veut maintenir le
système des écoles privées, on veut
encourager encore plus le système public. L'important, pour nous, c'est la
réussite scolaire. On croit que les
parents doivent avoir le choix. Mais aujourd'hui c'est le député qui amène des craintes, alors que
j'ai très bien dit que, oui, on reverrait certaines
choses, mais ce sont toutes des hypothèses et
on devra d'abord évaluer.
Le Président : Deuxième complémentaire, M. le député
de Chambly.
M. Jean-François Roberge
M.
Roberge : M. le Président, il nous
parle en paraboles. Il nous dit : Oui, on reverrait
certaines choses, il y a des hypothèses. Mais on est là pour les clarifier, ces hypothèses. Là, le ministre laisse
planer une hausse de frais de scolarité d'environ 2 000 $ pour les parents de la classe moyenne qui
choisissent le privé. On ne parle pas de certaines choses et
d'hypothèses, là, c'est concret, 2 000 $.
Est-ce que le
ministre peut s'engager à ce qu'il n'y aura
pas de hausse de frais pour ces parents-là?
Le Président : M. le ministre de l'Éducation.
M. Yves Bolduc
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : M. le
Président, je pense qu'il va devoir aller voir la définition de «paraboles». Je parle avec
des termes très, très précis. Je le dis encore, M. le Président, il n'y a pas
d'objectif de couper au niveau des écoles,
mais par contre tout devra être revu. D'ailleurs, c'est la CAQ qui demande à
revoir nos manières de faire dans le système d'éducation. Je me
questionne, aujourd'hui, voir s'ils sont conséquents de leurs décisions
d'auparavant, tout simplement parce
qu'aujourd'hui, je le dis, M. le Président, on va
revoir, on va réévaluer, mais par contre, je tiens à le dire, nous croyons dans la cohabitation d'un système
privé et d'un système public, un système privé fort et
un système public très fort.
D'ailleurs,
cette semaine, M. le Président, j'en profite pour
dire que c'est la Semaine de l'école publique et,
pour nous, c'est très important. Ce
qui est important, ce qui est encore plus important : quel que soit le
système, privé ou public, la réussite
scolaire, c'est notre priorité.
Le Président : Principale, Mme la députée de Vachon.
Offre de Chantiers Davie inc. au gouvernement
fédéral pour la construction du
brise-glace Diefenbaker
Mme Martine Ouellet
Mme
Ouellet : Merci, M. le
Président. Le fédéral a octroyé des contrats pour des navires pour plus de
33 milliards de dollars à des
entreprises de Vancouver et de Halifax, mais rien pour le Québec, rien pour le
chantier naval de Lévis. On a appris,
le printemps passé, que l'entreprise de Vancouver accuse plusieurs années de
retard et que le budget a littéralement explosé. En mai dernier, la Davie a déposé une offre au fédéral pour
construire le brise-glace Diefenbaker, en
permettant aux contribuables
d'économiser 600 millions de dollars et en créant plus de 1 000
emplois, mais le fédéral a encore, une fois
de plus, dit non au Québec. Le 2 juin
dernier, le ministre de l'Économie s'était engagé à faire des démarches auprès
du fédéral pour la Davie. Cela fait déjà quatre mois.
Est-ce
que le ministre de l'Économie ou son collègue responsable de la région peut
nous expliquer les démarches qu'il a faites et les résultats obtenus?
Le Président : M. le leader du gouvernement.
M. Jean-Marc Fournier
M. Fournier : Oui. Le ministre responsable du
Développement et de l'Économie, M. le Président, travaille à pied d'oeuvre. D'ailleurs, nos collègues le voient à toutes les fois qu'il est avec
nous. Il est en ce moment dans un congrès sur les technologies de l'information, où il représente encore le
Québec. Et, lorsqu'il a plaidé la cause de Davie, il l'a fait… Avant même que la question lui soit posée, il
était dans les rapports de journaux, où il parlait de l'importance de pouvoir
favoriser Davie, de s'assurer que, là où il
y avait des problématiques qui se posaient à l'égard de certains contrats
fédéraux, il y avait une possibilité
pour la Davie de reprendre ces travaux-là. Et, à cet égard, il a posé des
gestes et il pourra répondre à la
question lorsqu'il sera avec nous. Et je suis persuadé que notre collègue
voudra bien écouter sa réponse à ce moment-là, mais je veux l'assurer qu'il a bien à coeur les gens de Lévis et
l'entreprise Davie puisqu'il a déjà fait mention de ces intérêts avant
même que la question soit soulevée à cette Assemblée.
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée de Vachon.
Mme Martine Ouellet
Mme
Ouellet : M. le Président, ça fait quatre mois, ça fait
quatre mois, je ne peux pas croire qu'au Conseil des ministres il n'y en ait pas été question et que le
ministre des Affaires intergouvernementales n'est pas au courant s'il y a
eu des discussions avec le gouvernement fédéral et c'est quoi, les résultats
qui ont été obtenus.
Est-ce
qu'on peut avoir une réponse : Quelles ont été les démarches? Quel est le
plan d'action du gouvernement libéral
pour que le Québec ait sa part dans les contrats de 33 milliards? Parce
qu'actuellement, M. le Président, là, c'est zéro. Zéro dollar.
Le Président :
M. le leader du gouvernement.
M. Jean-Marc Fournier
M.
Fournier : Alors, évidemment, des ententes avec le fédéral, il
y en a. Parfois aussi, il y a des questions qui sont soulevées, des débats qui sont soulevés. Je suis étonné de voir
notre collègue plaider les quatre mois. Et, sachant très bien qu'elle vient d'une formation qui, elle,
plaidait la gouvernance souverainiste, où ce qui était visé, c'était de fermer
la porte, de ne pas parler, de tout perdre…
La terre brûlée, c'était ça, la politique de son parti politique, et,
aujourd'hui, elle se lève puis elle dit : Je me demande comment ça
se fait qu'on n'a pas déjà obtenu ça.
On obtient
des ententes. Dans les cas où on n'en obtient pas, on continue de travailler et
on persévère, parce que nous, on croit que c'est lorsqu'on prend notre
place partout qu'on est mieux maîtres chez nous.
Le Président : Deuxième
complémentaire, Mme la députée de Vachon.
Des voix : …
Le
Président : J'aimerais bien entendre la question complémentaire
de Mme la députée de Vachon. M. le député de Marie-Victorin, j'aimerais
entendre votre collègue.
Une voix : …
Le Président : S'il vous
plaît!
Des voix : …
• (15 heures) •
Le Président : S'il vous
plaît! Alors, Mme la députée de Vachon.
Mme Martine Ouellet
Mme
Ouellet :
Oui. Merci, M. le Président. Je comprends que, pour le ministre du
Développement économique, c'est zéro
dollar, le résultat. Je comprends que, pour le ministre des Affaires
intergouvernementales, c'est zéro dollar comme résultat.
Est-ce que la
ministre responsable de la région peut se lever et dire qu'elle va défendre les travailleurs du chantier naval de Lévis? On parle de plus de 1 000 emplois. Est-ce que la stratégie de ce
gouvernement libéral là, c'est de faire de l'aplaventrisme pour être sûr de ne pas se faire dire non? Ça, c'est
extrêmement nuisible pour le développement économique du Québec, ça nous
coûte cher.
Le Président : M. le leader
du gouvernement.
M. Jean-Marc Fournier
M.
Fournier : Des fois, j'essaie juste d'oublier le différend
qu'il y avait entre celle qui vient de prendre la parole et celui qui était ministre des Finances à
l'époque, qu'ils nous ont fait perdre tellement de temps à l'égard du
développement du Nord, qu'ils ont tellement
gelé le développement, M. le Président, que je m'étonne de ce genre de
question. Le budget de mon collègue
contenait des mesures à l'égard, justement, de tous ceux qui ont des chantiers
pour pouvoir permettre la
construction de navires. Il y a en ce moment des contrats qui sont déjà donnés
à la Davie à l'égard de navires, M. le Président.
Je tiens
simplement à dire ceci : La seule façon de pouvoir gagner des causes,
c'est lorsqu'on se présente au bâton, alors
que vous, vous avez toujours décidé de vous retirer sans aucun mandat. Nous ne
ferons pas la chaise vide, M. le Président.
Le Président : Principale,
Mme la députée de Gouin.
Compressions budgétaires dans le réseau
de la santé et des services sociaux
Mme Françoise David
Mme David (Gouin) : Merci, M. le
Président. M. le Président, tout à l'heure, le premier ministre, si j'ai bien compris, s'est engagé formellement à ce qu'il n'y
ait pas à Montréal les coupes annoncées par l'agence de la santé et des services sociaux. J'aimerais cependant lui
rappeler que, ces coupes-là, il y en a dans toutes les régions du Québec, que
c'est déjà largement amorcé. Alors, je ne
sais pas si, à chaque fois, ils vont dire qu'ils ne l'ont pas vu et qu'ils ne
savaient pas.
Au Saguenay—Lac-Saint-Jean, compressions de 10 millions
dans les CSSS, moins de 100 000 heures en soins pour la population de Chicoutimi. En Estrie, au
CHU de Sherbrooke, 400 personnes attendent depuis plus de deux ans
des services en santé mentale. Au CSSS Haut-Richelieu, le Département de
pédiatrie à Saint-Jean est passé de 35 lits à huit pour les enfants. Autrement dit, ce qu'on a
appris aujourd'hui pour Montréal existe déjà ailleurs au Québec, et ça
ne se peut pas, nous ne pouvons pas croire qu'à chaque fois le premier
ministre, ses ministres ne savent pas.
Jusqu'où iront-ils pour atteindre le déficit
zéro à tout prix?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : M. le Président,
je comprends bien que, pour notre collègue, ce n'est pas important, l'équilibre
budgétaire, puis ce n'est pas important, les
finances publiques, puis ce n'est pas important, c'est des inventions, la cote
de crédit du Québec. Ça n'a aucune
importance, on ne s'occupe pas de ça puis on vit dans un autre monde que celui
de la réalité.
Maintenant,
je vais juste répéter encore une fois qu'il y a des choix à faire, et on
s'attend à ce que les gestionnaires des
réseaux publics fassent les choix, mais les bons choix, les choix qui, au
contraire, renouvellent les façons de faire, amènent de nouvelles façons également de donner les services et
s'attaquent aux coûts de l'administration, à l'administration trop lourde parfois et, disons-le, parfois même
beaucoup dans les réseaux de santé et d'éducation, plutôt que de s'attaquer
aux services directs à la population, et particulièrement aux personnes les
plus vulnérables.
Mais je vais
lui dire également que nous sommes conscients que nous sommes dans
une entreprise qui est difficile. Personne ne prétend que c'est facile, rattraper 5,8 milliards de déficit cette année, 7,2 milliards de déficit l'an prochain. Avec une dette qui a atteint sa limite, avec un
fardeau fiscal qui a atteint sa limite, le temps de la responsabilité est venu, le temps des
décisions difficiles est venu. Ces décisions sont annoncées, elles le seront au
cours des prochains mois, mais nous allons protéger les patients et les
personnes vulnérables, M. le Président.
Le Président : Première
complémentaire, Mme la députée de Gouin.
Mme Françoise David
Mme David
(Gouin) : M. le Président, le premier ministre n'a peut-être pas tout
à fait tort quand il dit qu'on ne
vit pas exactement sur la même
planète. Moi, je pense que je vis sur une planète où je vois des gens en
difficulté, des gens qui ont des problèmes, des gens qui sont vulnérables, des gens qui ont
besoin de services et des gens qui observent que, pendant ce temps-là,
ceux qui en ont le plus, là, le 1 % dans la société ne fait pas sa juste
part.
Tout ce que
je demande au premier ministre, dans le fond, c'est : Quand est-ce qu'il
va lui demander, à ce 1 %, de faire sa juste part?
Le Président : M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : M. le Président,
je pense qu'on peut être très fiers au Québec d'appartenir à une des sociétés
les plus équitables d'Amérique.
L'ensemble des études le montrent, le coefficient d'inégalité au Québec est,
malheureusement, encore présent, mais
il est moins élevé que dans d'autres sociétés, entre autres parce que notre
système fiscal est beaucoup plus juste et équitable que dans d'autres
régions d'Amérique du Nord, entre autres parce que les personnes les plus fortunées de notre société paient davantage d'impôt
et accaparent une grande part des revenus fiscaux de l'État. Alors, aller laisser croire à la population que les gens
dont le revenu est plus élevé ne font pas leur part sur le plan fiscal, ce
n'est pas tout à fait conforme à la réalité.
Mais je vais juste répéter encore une fois que
le discours de solidarité, le discours soi-disant progressiste de maintenir et
de développer les services publics sur la carte de crédit…
Le Président : En terminant.
M. Couillard : …c'est du vent, M. le
Président.
Le Président : Deuxième
complémentaire, Mme la députée de Gouin.
Mme Françoise David
Mme David
(Gouin) : Je fournirai au premier ministre un livre extrêmement
intéressant, qui s'appelle Le bon sens à la scandinave et où
on va voir qu'on est capables de garder un équilibre entre le développement
économique et la nécessaire
solidarité sociale. Je voudrais rappeler qu'en plus de toutes les coupes dont
on a parlé ce matin il y a aussi des coupes à l'agence de Montréal en
alimentation.
Ma question au premier ministre est bien
simple : Est-ce que, pour atteindre l'équilibre budgétaire dès cette
année, on va finir par donner des pizzas-pochettes aux personnes âgées dans les
CHSLD?
Le Président : M. le premier
ministre.
M.
Philippe Couillard
M.
Couillard : M. le Président, on glisse vers la caricature.
Franchement, restons sérieux. Mais, encore une fois — et c'est là l'essence même des
mois et des moments difficiles et importants que nous vivons au Québec — si
on ne réussit pas à équilibrer les finances publiques le plus rapidement possible — pas
cette année, on s'est donné un an de plus,
en 2015‑2016 — si
on ne réussit pas cela, si on accélère l'endettement du Québec,
si on ne répond pas aux objectifs que
nous avons nous-mêmes déterminés, le jugement de ceux qui nous donnent,
finalement, la note de passage sur les coûts
de nos emprunts sera dur, et ce jugement, lui, va avoir des conséquences sur les services à la population
à long terme. Nous allons maintenir la réputation du Québec…
Le Président : En terminant.
M. Couillard : …comme bons gestionnaires des finances
publiques, nous allons agir de façon responsable.
Le Président : Principale, M. le député de Masson.
Discussions avec des
communautés autochtones
concernant les activités de chasse dans la
réserve faunique des Laurentides
M. Mathieu Lemay
M.
Lemay : Merci, M. le Président. La période de chasse bat son plein dans les
régions du Québec. Ici, dans la réserve faunique des Laurentides, nous avons une situation
délicate qui dure depuis des années, dont les journaux parlent depuis la semaine dernière. Les chasseurs
autochtones comme les non autochtones doivent partager leur territoire de chasse. Il s'agit d'un équilibre
fragile qui est mis à l'épreuve. Or, cette situation est connue du gouvernement.
Voici
les faits. Le 29 novembre 2013, le grand
chef wendat Konrad Sioui envoie une lettre au gouvernement annonçant les intentions de chasser plus tôt cette
année, pas de réponse. Le 18 décembre,
une deuxième lettre, toujours pas de réponse. Le
30 janvier, le gouvernement répond une réponse insuffisante pour le grand chef. Une autre lettre est
envoyée le 18 février dernier, toujours
pas de réponse.
M. le Président, ma question au ministre
responsable des Affaires autochtones : Qu'entend faire le gouvernement pour s'assurer que la chasse
se déroule correctement année après année?
Le Président : M. le ministre des Forêts.
M. Laurent Lessard
M.
Lessard : Oui. M.
le Président, les activités
de chasse et pêche au Québec sont importantes. Plus de 1,6 milliard de dollars sont investis annuellement par les exercices
de chasse et pêche. Or, depuis quelques mois, donc, il y a
des discussions avec la nation
huronne-wendat concernant les activités, donc, de chasse pour la période qui s'est ouverte, donc, le 31 août dernier, qui s'est passée sans incident jusqu'à voilà cinq jours environ,
où les non autochtones exercent des droits exclusifs de chasse jusqu'à
demain, 1er octobre. Or, la nation huronne-wendat nous ont signifié
récemment qu'ils allaient exercer, donc, leur
droit de chasse durant cette période où il devait y avoir de la cohabitation, et un précédent,
donc, depuis quelques années.
Alors,
on a essayé de s'assurer, un, que le climat soit harmonieux, deuxièmement, soit respectueux aussi de tous les usagers parce qu'encore faut-il le rappeler qu'il y a des
gens qui ont payé avec la SEPAQ pour avoir un droit exclusif de chasse sur ce
territoire, et la répartition des effectifs fait partie de la sécurité. Alors,
j'ai discuté avec le chef Sioui hier pour s'assurer qu'il y a une bonne compréhension. Et donc ça se termine
demain, actuellement ça se passe correctement
sur le territoire.
Le Président : Première complémentaire, M. le député de Masson.
M. Mathieu Lemay
M.
Lemay : M. le Président, il est vrai
que le ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs a eu des discussions
avec le grand chef M. Sioui.
Il soutient publiquement qu'il a lui-même
écrit au bureau de l'ancienne première ministre pour l'aviser de la situation et, depuis le 17 juillet, il a
même rencontré l'actuel premier ministre.
Je
comprends qu'il a aussi rencontré le ministre, mais
pourquoi, à minuit moins une, s'est-on
retrouvé face à cette situation délicate?
Le Président : M. le ministre des Forêts.
M. Laurent Lessard
M.
Lessard :
Donc, on a noté un changement de comportement de la nation récemment, on en a
pris acte. On s'assure aussi de l'équité de
l'accès à la ressource. On comprend la dynamique qu'il y a actuellement avec les deux communautés autochtones qui sont dans le dossier
concernant la réserve faunique et les ententes du passé.
Maintenant,
on est en relation constante avec mon collègue du Secrétariat aux affaires
autochtones pour s'assurer qu'on a
une compréhension commune et des solutions communes. Ce territoire-là
appartient, donc, à tous les Québécois,
on veut avoir une expérience heureuse sur le
territoire. Jusqu'à maintenant, ça se déroule correctement, et on est en
dialogue. D'ailleurs, vous l'avez
soulevé, le premier ministre a parlé, donc, au grand chef Konrad Sioui, j'ai
fait de même, et donc on va poursuivre dans la même direction.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le député de Masson.
M. Mathieu Lemay
M.
Lemay : M. le Président, j'aimerais poser une question au ministre
responsable des Affaires autochtones, qui disait à Radio-Canada, pas plus tard que jeudi passé — et je le cite — que des tensions surviennent à chaque automne.
Doit-on attendre qu'un événement malheureux
survienne pour qu'il se lève et prenne son dossier en main? Qu'est-ce que le ministre va faire pour garantir que tous les chasseurs,
autochtones comme non autochtones, pourront pratiquer la chasse en toute
quiétude et en toute sécurité à l'avenir? Merci, M. le Président.
• (15 h 10) •
Le Président : M. le ministre
des Affaires autochtones.
M. Geoffrey Kelley
M.
Kelley : À chaque
année, cette question est soulevée, et on a trois objectifs
comme gouvernement. Premièrement,
il faut, en tout temps, respecter les activités
traditionnelles. Il y a beaucoup de décisions des tribunaux qui ont assuré qu'il
faut respecter ces activités
traditionnelles. Deuxièmement, on est dans un contexte où il y a
un chevauchement entre les intérêts
des Innus de Mashteuiatsh et les Hurons-Wendat de Wendake. Alors, il faut
concilier. En 2012, nous avons nommé la
juge Louise Otis, qui a fait un rapport, qui a bien géré la saison à l'époque. Troisièmement, en tout temps, avec mon collègue
ministre responsable de la Faune et la ministre
responsable de la Sécurité publique, c'est d'assurer la sécurité et la
protection de l'ensemble des chasseurs. À date, ça déroule bien, les agents
sont avisés en... c'est très vigilant...
Le Président : En terminant.
M. Kelley : ...pour s'assurer
qu'on aura une autre saison sécuritaire et pacifique.
Le Président : Principale, Mme
la députée de Taillon.
Compressions budgétaires au
CSSS Haut-Richelieu—Rouville
Mme Diane Lamarre
Mme
Lamarre : M. le Président, le 26 juin, pendant l'étude
des crédits, le ministre de la Santé a affirmé qu'aucun service
aux patients ne serait touché par ses coupes. Il l'a répété lors du dépôt de projet de loi n° 10 la
semaine dernière. Dans la vraie vie, pourtant, 80 postes
d'infirmière et infirmière auxiliaire sont supprimés au CSSS Haut-Richelieu—Rouville en
Montérégie, 80 postes directement liés aux soins aux
patients. Pas à de l'administration, des coupes de professionnels qui sont au
chevet des malades. Ce sont des personnes âgées, des personnes en soins
intensifs et des bébés soignés en pédiatrie. Ça correspond à 72 500 heures
de soins perdues.
Le ministre va-t-il revenir sur cette décision
et redonner ces professionnels aux citoyens du Haut-Richelieu?
Le Président : M. le ministre
de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M. Barrette : M. le Président, ce
que j'entends depuis le début de la période de questions, c'est une grande conférence sur le statu quo alors que la situation
dans laquelle on est est une situation de déficit budgétaire dans lequel
on a été plongés par l'opposition officielle. Et cette réalité-là, M. le
Président, fait en sorte…
Des voix : …
Le
Président : S'il vous plaît! C'est au ministre la parole. C'est à M. le ministre de la Santé la parole. M. le ministre de
la Santé.
M.
Barrette : La colonne qui
est ici, au milieu, M. le Président, c'est le tremplin duquel on a plongé dans
l'abîme budgétaire du Québec.
Des voix : …
Le
Président : S'il vous plaît! S'il vous plaît! M. le ministre de
la Santé.
M.
Barrette : C'est,
effectivement, abyssal et ça demande de grands efforts pour revenir à
l'équilibre budgétaire. Ceci dit, M. le Président, dans cette conférence
quotidienne sur le statu quo, bien, malheureusement, il y aura des gens qui vont devoir travailler pour en sortir, pour
faire en sorte que, justement, les soins soient rendus disponibles de façon
pérenne dans la société québécoise. Et la
réforme qui est mise en place, M. le Président, vise ça. Elle vise ça parce que
ce que l'on veut, c'est de faire en sorte
qu'il y ait des décisions qui soient prises, soient prises en fonction des
patients, dans leur intérêt. Et je
rappellerai à l'opposition et aux deux oppositions — quoique je n'ai pas à le rappeler à la
CAQ — je
rappellerai…
Une voix :
…
M. Barrette :
C'est vrai. Et je rappellerai, M. le Président…
Des voix :
…
Le
Président : Évidemment, tout le temps qu'on perd à s'argumenter
d'un côté comme de l'autre, c'est du temps de moins pour des
parlementaires pour poser des questions. M. le ministre.
M. Barrette :
…que je vais pouvoir continuer ma réponse à la complémentaire.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Saint-Jean.
M. Dave Turcotte
M.
Turcotte : M. le Président, le ministre a juré de ne pas
couper les services à la population. Pourtant, 26 lits en pédiatrie seront coupés, 10 lits en unité de
médecine et deux lits aux soins intensifs de l'Hôpital du Haut-Richelieu.
Ça, c'est des services directs à notre
population. Hier, plus de 800 personnes manifestaient à
Saint-Jean-sur-Richelieu, 800 personnes qui sont inquiètes des coupures
de l'austérité libérale.
M. le Président,
est-ce que le ministre va revenir en arrière?
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M. Barrette :
Je ne sais pas, M. le Président, si les conventions de cette Assemblée me
permettent de rire lorsqu'il y a des
commentaires qui sont faits comme ceux-là, et je rappellerai que l'opposition
officielle, il y a moins d'un an, M. le Président, avait coupé dans
les...
Des voix :
...
Le Président :
Ça va? Allez, allez, M. le ministre.
M. Barrette :
M. le Président, excusez-moi. Alors, je rappellerai, M. le Président, que le Parti
québécois, lorsqu'il était au pouvoir, a coupé dans les chirurgies de
gens qui attendaient pendant des mois, sinon plus qu'une année. M. le Président, il y a une réforme qui doit être mise en place dans l'intérêt
des patients, et j'invite l'opposition
officielle ainsi que la deuxième opposition à se présenter en commission
parlementaire...
Le Président :
En terminant.
M. Barrette :
...dans l'intérêt des patients, et non dans leur intérêt...
Le Président :
Cela met fin à la période de questions et de réponses orales.
Motions sans préavis
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, comme il n'y a pas de votes reportés, nous allons maintenant passer à la rubrique des motions
sans préavis. Et, pour cette première
motion, je reconnais un membre de l'opposition
officielle. M. le député d'Abitibi-Ouest et vice-président de l'Assemblée
nationale, la parole est à vous.
Rendre hommage à M. Ulrick
Chérubin,
ex-maire d'Amos, et offrir des condoléances
à sa famille et à ses proches
M.
Gendron : Alors,
je sollicite le consentement des membres de cette Assemblée afin de présenter
la motion suivante :
«Que l'Assemblée nationale rende hommage à M. Ulrick Chérubin, maire
d'Amos, [malheureusement] décédé le 25 septembre 2014;
«Qu'elle
offre ses plus sincères condoléances à sa famille, à ses proches ainsi qu'aux
citoyens de la ville d'Amos;
«Qu'elle
souligne le travail et l'implication remarquables de monsieur Chérubin au
rayonnement et au développement de la ville d'Amos [...] de la région de
l'Abitibi-Témiscamingue [et du Québec].»
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup, M. le
député. Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion? M. le
leader.
M.
Sklavounos : Oui, Mme la Présidente. Évidemment,
consentement pour des interventions de deux minutes par intervenant, l'ordre suivant : le député
d'Abitibi-Ouest, le député de Blainville, le député de Mercier et, finalement,
le ministre délégué aux Mines et ministre responsable de la région
d'Abitibi-Témiscamingue.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, pour cette première intervention, je
reconnais M. le député d'Abitibi-Ouest.
M. François Gendron
M.
Gendron : Alors, Mme la Présidente, chers collègues, il est
fréquent et usuel de rendre hommage dans de telles circonstances, mais c'est beaucoup plus facile et
plus vrai pour certaines personnes. C'est sûrement le cas unanime pour
Ulrick — ou
encore M. le maire d'Amos — par
une déferlante d'hommages depuis jeudi dernier.
Mon
ami Ulrick n'avait pas d'ennemis. Même les adversaires l'aimaient parce que,
d'abord et avant tout, il était profondément
humain. Je vais rappeler à nouveau ici, à l'Assemblée nationale, ce que j'ai
dit à de nombreuses reprises ailleurs.
Et je cite : J'éprouvais un immense respect pour lui parce qu'il était
déterminé, passionné, intègre, généreux du coeur, sincère et sensible aux besoins de ses commettants. Il les aimait
tous et toutes comme ce n'est pas
possible. C'est presque sans nuance
pour tous et toutes. Il était dévoué envers eux et elles et surtout leurs
projets. Poli, courtois, cultivé, il défendait
avec vigueur sa ville et sa région d'adoption, l'Abitibi-Témiscamingue, et le Québec tout entier qu'il aimait et qu'il
chérissait.
La
communauté amossoise, régionale et même nationale pleure un grand homme. Il a oeuvré avec
acharnement sur plusieurs dossiers de
ce qu'on appelle chez nous l'Amos région — ça veut dire le territoire de la MRC, parce
qu'il a été préfet — et il l'a fait avec la même détermination,
le même entregent, la même bonne humeur légendaire et son style
rassembleur et consensuel. Il a également fait sa marque à titre de président
de la conférence régionale des élus, et le président
actuel, M. Matte, disait de lui dernièrement : «Il nous a montré la voie à
suivre en faveur d'un développement harmonieux et résolument axé sur un
avenir prometteur pour les jeunes et notre pérennité comme région ressource. Mille mercis, Ulrick.» Ses réalisations sont
nombreuses. Je n'ai pas le temps, ici, de les énumérer, mais une chose est sûre,
la région, jamais, ne les oubliera.
Je termine en mentionnant
qu'il a reçu plusieurs distinctions honorifiques du Québec tout entier, et sa
seule magnifique prestation à l'émission Le
banquier aurait dû vous convaincre qu'il était un immigrant québécois
d'exception. Ulrick, ta ville, ta
région et le Québec
ne t'oublieront jamais. À Immacula, sa conjointe, que je connais, à ton
fils Ulrick junior et à ta petite Magali, à ta grande famille et aux citoyens
d'Amos, sincères… condoléances, et merci.
• (15 h 20) •
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Merci beaucoup, M. le député. Pour la prochaine
intervention, je reconnais M. le député de Blainville.
M. Mario Laframboise
M.
Laframboise : Merci, Mme la Présidente. C'est avec beaucoup de regret
que nous apprenions, le 25 septembre dernier, le décès du maire d'Amos, M. Ulrick Chérubin. Originaire
d'Haïti, M. Chérubin était et demeurera un exemple d'apport à la société
québécoise. Je me souviens du conseiller Chérubin qui participait aux activités
de formation de l'Union des municipalités du
Québec avec intérêt, assiduité et volonté d'apprendre. Par la suite, j'ai eu la
chance de croiser le maire Chérubin
et le féliciter pour sa persévérance et son engagement. Il portait dans son
coeur l'amour de sa ville, un amour
contagieux. Plusieurs Québécois ont découvert le maire d'Amos lorsqu'il
a charmé le Québec en entier lors de son passage au Banquier. Travailleur
acharné, M. Chérubin avait passé les derniers
mois à planifier le 100e anniversaire de la ville d'Amos. Il a d'ailleurs
été nommé président d'honneur à titre posthume pour les fêtes soulignant l'occasion.
Aujourd'hui, nous avons la chance de saluer l'oeuvre d'un
grand homme, un homme de chez nous, un grand Québécois. Je joins ma voix à
celle de mes collègues pour offrir nos plus sincères condoléances à la
famille de l'un des grands bâtisseurs
abitibiens.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Merci,
M. le député de Blainville.
Et je reconnais maintenant M. le
député de Mercier sur cette même motion. M. le député de Mercier.
M. Amir Khadir
M. Khadir : Merci, M.
le Président. Au nom de ma formation politique,
au nom de mes deux collègues de Québec solidaire, je voudrais offrir
toutes nos condoléances à la famille de M. Chérubin.
La première fois que j'ai rencontré le maire Chérubin, c'est lors d'une
première visite comme porte-parole de Québec
solidaire dans sa ville, et il avait
eu l'extrême gentillesse, l'extrême courtoisie de se déplacer, alors que je
n'étais même pas député, pour
souhaiter la bienvenue, donc, à ce jeune nouveau porte-parole d'un nouveau parti politique sur la scène québécoise. Tout le monde a parlé, depuis les derniers jours,
de son intégrité, de son attachement à sa ville. On se rappellera de tout son engagement dans tout le
processus de la réforme de la loi minière pour s'assurer que la voix des
citoyens d'Amos et de sa région soit entendue, les
préoccupations, les attentes des citoyens de sa région.
Mais, avant tout, Ulrick, c'est
l'exemple d'une intégration réussie, d'une
intégration à la fois de cet immigrant, mais aussi de cet homme de culture dans une région où beaucoup ont été
étonnés de le voir arriver là où il était, c'est-à-dire maire
de ce Québec d'ouverture. Il était maire d'une ville au coeur de ce Québec
d'ouverture, qui fait la fierté de nous, les Québécois immigrants qui sommes ici, au Québec, et, à ce titre-là, je
voudrais, encore une fois, souligner le caractère à la fois flamboyant
et humble de ce personnage qui avait permis à cet immigrant de toucher les
Québécois, qui n'ont pas manqué de lui montrer
leur reconnaissance et de l'élire plusieurs fois de suite. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Merci, M. le député de Mercier. Je
reconnais maintenant M. le ministre régional et délégué aux Mines. M. le
ministre, à vous la parole.
M. Luc Blanchette
M. Blanchette :
Merci, M. le Président. Écoutez, Ulrick Chérubin était un ami personnel. C'est une
personne d'exception. Née dans un petit village de Jacmel, en Haïti, cette personne
a quitté son pays parce qu'il y avait une dictature sur le régime
Duvalier en 1944. Il arrive à Amos en 1973 pour une carrière d'enseignant.
Pendant plus de 30 ans, il a enseigné là-bas.
Élu
conseiller municipal pour une période de huit ans à partir de 1994 à 2002, il
a, par la suite, été maire de la ville
d'Amos, élu par l'ensemble de la population préfet de la MRC d'Abitibi, on l'a
mentionné, pendant quatre ans, de 2004
à 2008 et, de 2009 à 2013, président de la CRE, Conférence régionale des élus
de l'Abitibi-Témiscamingue. Ulrick était
un ami proche, a toujours eu un grand respect pour nos institutions
démocratiques, que ce soit au palier municipal, régional, provincial,
fédéral, même connu avec sa famille qui était à New York et dans... aux
États-Unis… C'était un fervent défenseur, et
il participait à l'ensemble des commissions parlementaires lorsqu'il s'agissait
de défendre sa région, et toute forme de consultation dans des forums
citoyens.
Ulrick, comme on l'a dit tout à l'heure, est un
modèle d'intégration et de diversité culturelle. C'était un bon diplomate, un ambassadeur hors pair, un être
respectueux des gens, un homme généreux et un être foncièrement humain,
doté d'un bon sens de l'humour — on l'a connu personnellement — bref,
fondamentalement très attachant.
Au nom du
député d'Abitibi-Ouest, donc vous-même, député d'Abitibi-Est et au nom de la
population du comté de Rouyn-Noranda—Témiscamingue, j'offre mes sympathies à sa
conjointe, Immacula, et à son fils, Ulrick junior, et ainsi qu'aux membres et aux proches de sa famille.
Et on sera, je pense, aux obsèques ensemble en fin de semaine. Alors,
merci beaucoup, M. le Président.
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, cette motion est adoptée?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Adopté. Alors, nous allons observer une minute de silence.
• (15 h 26 — 15 h 27)
•
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Merci, chers collègues. Nous en sommes toujours à la rubrique des motions
sans préavis. Et je reconnais un membre
formant le gouvernement pour sa motion d'aujourd'hui, et je pense que c'est la
ministre de la Justice. Mme la ministre de la Justice, à vous la parole.
Saluer le courage et l'altruisme des citoyens qui
se sont vu décerner une mention d'honneur
ou une médaille du civisme
Mme Vallée : Alors, M. le Président, je sollicite
le consentement de cette Assemblée afin de présenter la motion suivante
conjointement avec le député de Lac-Saint-Jean, la députée de Montarville et la
députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques :
«Que
l'Assemblée nationale rende hommage aux 20 femmes et hommes qui ont porté
secours à leurs concitoyens, souvent
au péril de leur vie, et qui se sont vus
décerner une mention d'honneur ou une médaille du civisme le
29 septembre dernier;
«Qu'elle
salue leur courage et leur altruisme qui font d'eux de véritables héros puisque
leurs actes rencontrent l'esprit de
l'article 2 de la charte québécoise des droits et [des] libertés :
"Tout être humain dont la vie est en péril a droit au secours".»
Le Vice-Président (M. Gendron) : Y a-t-il consentement pour débattre de
cette motion?
M.
Sklavounos : Consentement,
M. le Président, pour des interventions de deux
minutes également : la ministre de la Justice en première, par la suite
le député de Lac-Saint-Jean, la députée de Montarville et, finalement, la
députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Merci, M. le député. Je redonne la parole à
nouveau à Mme la ministre de la Justice pour son deux minutes. À vous.
Mme Stéphanie Vallée
Mme Vallée : Merci, M. le Président. Alors, hier, au salon rouge, s'est tenue une cérémonie toute
particulière par laquelle nous avons
honoré des gens, des gens d'exception, des gens qui, dans le quotidien, sont M.
et Mme Tout-le-monde et qui, lors
d'une situation extraordinaire, ont fait fi des dangers qu'ils couraient et qui
ont fait preuve d'altruisme et de dévouement
en portant secours à des concitoyens et des concitoyennes, et ça, bien souvent,
dans des situations critiques. C'est
un moment privilégié que de pouvoir rendre hommage à ces hommes et ces femmes d'exception. Privilégié, car ça
nous permet de souligner d'une façon toute
particulière, au nom de toute la population du Québec, le courage de ces gens
qui ont affronté le danger.
Je tiens à prendre également quelques minutes
afin de saluer et de remercier les membres du comité qui travaillent… Ils sont engagés depuis de nombreuses
années, et ce, de façon bénévole, afin de
déterminer qui seront les lauréats de
l'année. Et je tiens particulièrement à prendre quelques minutes afin de saluer la mémoire de M. Joël Chéruet,
qui s'est éteint
le 9 septembre dernier, qui était un résident de ma circonscription
et qui était membre du comité. Alors, je sais que l'expertise de M. Chéruet sera grandement manquée non seulement par les
membres du comité, mais par l'ensemble de l'équipe.
• (15 h 30) •
Alors, encore
une fois, je tiens à saluer les lauréats et les lauréates qui se sont vu
décerner les honneurs hier, donc, M. David Gauvin, de
Deschambault, Mme Adisa Hajdarevic, de
Québec, M. Alain Soucy, de Québec, M. Gabriel Bouchard, de La Tuque, M. Hamid Jennane de Montréal, MM. Olivier Béland et Francis Lapointe de
La Sarre, M. Émile Damphousse de Deux-Montagnes — Émile qui est âgé de 14 ans, qui a sauvé
son père — M. Carol
Larouche de Kénogami, M. Luc Simard de Lac-à-la-Croix, M. Stéphane
Fraser de Saint-Raymond, Mme Annick Lajoie de Saint-Raymond, M. Jean-Guy Villeneuve de Fatima,
M. Jacques Beaudoin de Lac-Mégantic ainsi que M. Pierre Dupont,
également de Lac-Mégantic. Alors, M. le Président, je tiens à les
féliciter.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Merci, Mme la ministre. Toujours sur
cette même motion, je cède maintenant la parole à M. le député de
Lac-Saint-Jean. M. le député, à vous.
M. Alexandre Cloutier
M.
Cloutier : Merci, M. le Président. Mme la ministre de la
Justice vient de nous nommer ces hommes et ces femmes qui ont fait preuve d'un courage tout à fait exceptionnel dans
des circonstances incroyables, des gens qui nous montrent le mieux de
l'être humain, des gens qui sans trop réfléchir, qui dans un esprit de
collaboration mais surtout d'instinct de
survie se dirigent de façon spontanée vers d'autres dans des circonstances
difficiles, au risque de leur vie parfois
et parfois au risque de leur sécurité physique, des gens qui sans
questionnement foncent vers l'autre, font preuve d'altruisme, font preuve d'actes de bravoure. C'est avec raison, Mme la
ministre de la Justice, que nous soulignons ces gens qui ont fait preuve
d'un courage exemplaire et qui sont une source d'inspiration pour nous tous.
On cite
souvent l'article 2 de la charte québécoise des droits, cette obligation
de sauver autrui ou de venir au secours de toute personne en détresse. Bien, je suis persuadé que, si on les
prenait individuellement, l'instinct qu'ils ont eu, c'est vraiment un instinct d'altruisme vers des gens qui
étaient en difficulté. Alors, M. le Président, c'est… parfois, certains ont été sauvés du feu, de la noyade; des gens en
skidoo qui s'étaient retrouvés pris sous les glaces d'un lac gelé, des gens
qui n'ont pas hésité à défoncer des portes
pour aller sauver des gens qui étaient en train de calciner. Alors, M. le
Président, je suis reconnaissant qu'à
chaque année l'Assemblée nationale témoigne de sa reconnaissance envers ces
gens qui ont fait une preuve d'un acte de bravoure exceptionnel. Merci,
M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) : Merci, M. le député du Lac. Je reconnais
maintenant, sur cette même motion, Mme la députée de Montarville. À vous
la parole.
Mme Nathalie Roy
Mme Roy
(Montarville) :
Merci beaucoup, M. le Président. Chaque année, une trentaine de nouvelles
personnes
deviennent bénéficiaires de l'indemnisation
accordée en vertu de ce qu'on appelle la Loi favorisant le civisme, une loi
de 1977, et ces personnes sont reconnues
après avoir porté secours à quelqu'un dont la vie et l'intégrité physique
étaient en danger. Eh bien, à ceux-ci
et à tous ceux dont les actes de bravoure ne sont pas soulignés publiquement
s'ajoutent les 20 sauveteurs à qui nous rendons hommage
aujourd'hui.
Ils ont
risqué leur vie au mépris de leur propre instinct de survie pour tenter de
sauver un être cher ou encore un pur
étranger en détresse. Qu'il s'agisse d'éteindre un feu et d'extraire une
personne des flammes, de rescaper un motoneigiste
tombé dans la rivière en bravant la glace, pas à pas pour y arriver, de
s'interposer entre un agresseur et sa victime ou d'effectuer les mesures de réanimation
parfois à des températures allant jusqu'à moins 40 °C, de l'Abitibi aux Îles-de-la-Madeleine,
en passant par Mégantic, les 20 héros qui ont reçu une mention ou une
médaille hier se sont exposés au danger et ont risqué leur santé en
accomplissant un geste de courage exceptionnel.
Alors, au nom
de ma formation politique, j'aimerais à mon tour leur offrir mes plus humbles
et sincères remerciements pour les
actions qu'ils ont entreprises, des actions qui font une vraie différence et
qui changent la vie du sauveteur et la vie de la personne sauvée à
jamais. Ces bons samaritains qui ont mis les pieds au bon moment au bon endroit et qui se sont précipités vers le danger
sans se poser de question, pour le bien-être d'autrui, sont, pour nous tous
au Québec, des héros, des inspirations et
des références en matière de civisme, de générosité et de courage. Alors, pour
leur bravoure et leurs sacrifices,
ces femmes et ces hommes méritent toute notre reconnaissance. Merci beaucoup,
M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Merci, Mme la députée de Montarville. Je cède maintenant la parole à Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Mme Manon Massé
Mme
Massé : Merci, M. le Président. Alors, bien
sûr, toutes nos félicitations à ces
personnes qui ont été nommées cette
semaine, et à tous ceux et celles, bien
sûr, qui ont aussi posé des gestes
sans recevoir cette mention-là. Je pense que ma formation politique reconnaît, à l'instar de nos collègues, bien sûr
leur courage, qui est tout à leur honneur, cet instinct qui a envie de garder la vie en vie. Ça aussi, on
lie notre voix à celles de nos collègues. Et, bien sûr, on peut comprendre
comment l'entourage de ces gens-là peuvent être fiers, et nous aussi, on est
très fiers de voir qu'il y a chez nous des Québécois et Québécoises qui
n'attendent pas qu'on leur dise quoi faire pour agir.
Ce courage
nous interpelle aussi comme élus. Pourquoi? Parce que, dans les gestes qu'ils
ont posés, ils ont agi sans aucune
réflexion, ils ont fait l'impossible pour atteindre leur objectif.
Et, comme élus, c'est aussi le travail qu'on a à faire, de faire l'impossible pour atteindre notre objectif.
Quand on dit que la charte nous rappelle que tout être humain dont la vie
est en péril a droit au secours, il y a,
bien sûr, ces gens qui agissent, mais il
y a aussi les décisions que nous
prenons ici. Lorsque nous prenons des décisions qui concernent les
plus vulnérables, qui concernent nos concitoyens et concitoyennes dont,
à petit feu, la vie est en péril, je pense que nous devons faire acte du même
courage, nous devons faire acte de la même audace et de nous rappeler
que la Charte des droits et libertés s'applique à tout le monde.
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Merci, Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Mise aux voix
Est-ce que cette motion est adoptée?
Des voix : Adopté.
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Adopté. Alors, nous en sommes toujours à la rubrique des motions sans préavis.
Et je reconnais maintenant un membre du deuxième groupe d'opposition. Je
reconnais maintenant M. le député de Chauveau pour sa motion. M. le député de Chauveau,
à vous.
M.
Deltell : Merci, M.
le Président. Alors, je demande le consentement pour déposer la motion suivante conjointement
avec le député de Marie-Victorin :
«Que l'Assemblée
nationale exige du gouvernement qu'il donne suite à la promesse du premier ministre, telle
que formulée le 10 février 2014 dernier, de limiter la hausse des
tarifs d'électricité à l'inflation.»
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M.
Sklavounos : Pas de
consentement, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Alors, il n'y a pas de consentement.
Des voix : …
Le
Vice-Président (M. Gendron) :
Pas de commentaire! Alors, M.
le député de Mercier,
pour la présentation de votre motion sans préavis. M. le député de Mercier,
à vous.
Presser
le gouvernement du Canada de répondre
positivement à l'offre de Chantiers Davie inc. de
reprendre le contrat pour la construction
du brise-glace Diefenbaker
M. Khadir : Merci,
M. le Président. Je demande le consentement de la Chambre pour débattre de la motion suivante conjointement
avec la députée de Vachon :
«Attendu que le gouvernement du Canada a octroyé, en octobre 2011, une série de
contrats de construction navale totalisant 33 milliards de dollars
qui n'ont bénéficié qu'aux chantiers de Vancouver et de Halifax et que le
chantier [de] Davie de Lévis a été exclu;
«Attendu
que le gouvernement du Canada
octroyait en octobre[...], sans appel
d'offres — en octobre 2013, sans appel d'offres — un
contrat de 10 navires additionnels pour la garde-côtière qui incluait notamment
la construction du brise-[glacier] Diefenbaker;
«Attendu
que les capacités de production des
chantiers navals Seaspan de Vancouver ont été surestimées, ce qui a entraîné
des délais et des coûts supplémentaires, faisant passer le coût du projet de 720 millions à 1,3 milliard de
dollars;
«Attendu
que la société mère de Chantier Davie
a offert le 30 mai dernier de prendre le relai de Seaspan pour la
construction du Diefenbaker dans les délais initialement prévus;
«Que
l'Assemblée nationale presse le gouvernement du Canada de répondre positivement à l'offre de Chantier
Davie et reconsidère le contrat
octroyé à Seaspan's Vancouver Shipyard afin d'octroyer la construction du
brise-glace Diefenbaker aux
Chantiers Davie Canada, à Lévis.»
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M.
Sklavounos :
Nous consentons à l'adoption sans débat, M. le Président.
Mise aux voix
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Alors, la motion est adoptée sans débat. Merci.
Ceci met fin aux
présentations…
Des voix :
…
Le Vice-Président (M. Gendron) : On va y arriver. Alors, juste avant la rubrique,
il reste un avis touchant…
Des voix :
…
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Oui, j'ai tout vu ça.
M. Khadir :
J'aimerais inviter la présidence…
Des voix :
…
Le Vice-Président (M. Gendron) : Oui. Un instant, là. Non, je suis au courant,
mais là juste une minute. On est tous au courant de ça, là, ça a été dit
tantôt. Alors, oui, M. le député de Mercier.
• (15 h 40) •
M. Khadir : Simplement m'assurer, M. le Président, que, comme à l'accoutumée, une motion qui concerne une responsabilité
du gouvernement fédéral, ça soit acheminé dans les plus brefs délais aux
autorités fédérales.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Vous avez raison, la présidence s'assure
d'acheminer la récente motion adoptée sans débat, ça sera fait.
Avis
touchant les travaux des commissions
J'en
suis maintenant à un avis de la présidence avant les travaux… Ça
ne sera pas long, M. le député de Granby,
on est au courant…
Une voix :
…
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Oui, je sais, mais je vous avise que la Commission des
relations avec les citoyens se réunira aujourd'hui, de 16 heures
à 18 heures, à la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine, afin de poursuivre
les consultations particulières et auditions publiques dans le
cadre de l'examen des rapports sur les activités du Fonds de soutien aux
proches aidants.
Je
vous avise également que la Commission des transports et de l'environnement se réunira en séance de travail
aujourd'hui, de 17 h 30… à la
salle RC.171 de l'hôtel du Parlement, afin de statuer sur une demande de mandat
d'initiative du député de Nicolet-Bécancour et sur un mandat de
surveillance d'organisme.
Là, je serais rendu
aux renseignements sur les travaux, mais je veux savoir : Vous, est-ce que
c'est…
Une voix :
…
Motions sans préavis (suite)
Le Vice-Président (M. Gendron) :
Parfait. Alors, si c'est encore aux motions sans préavis…
Des
voix : …
Le Vice-Président (M. Gendron) : Juste une minute! Comme c'est une deuxième motion
sans préavis de votre groupe
parlementaire, il faut demander le consentement. Y a-t-il consentement pour la
présentation de cette deuxième motion?
Une voix :
…
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Oui, c'est ça.
Une voix :
…
Le Vice-Président (M. Gendron) : C'est ce que j'ai fait. Alors, il y a consentement à vous pour la présenter. Alors, M. le député, à vous.
Féliciter les athlètes et
entraîneurs québécois
ayant participé aux Jeux olympiques
et paralympiques d'hiver à Sotchi
M.
Schneeberger :
Alors, merci, M. le Président. M. le
Président, je demande le consentement pour déposer la motion
suivante conjointement avec le ministre
de l'Éducation, du Loisir et du Sport,
le député de Labelle et la députée
de Gouin :
«Que
l'Assemblée nationale félicite les fiers athlètes et entraîneurs québécois
qui ont représenté le Canada aux Jeux olympiques et paralympiques
d'hiver 2014 de Sotchi.»
Le Vice-Président
(M. Gendron) : Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M.
Sklavounos : Oui, M. le Président, il y a consentement pour des interventions de deux minutes par
intervenant, commençant par le député de
Drummond—Bois-Francs, auteur de la motion, le député
de Labelle, la députée de
Gouin, et finalement le ministre de l'Éducation, du Loisir et du Sport.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, allez, M. le député de Drummond—Bois-Francs, pour votre intervention
de deux minutes. À vous.
M. Sébastien Schneeberger
M.
Schneeberger : Merci, M. le Président. C'est pour moi un
très grand honneur de pouvoir féliciter et de souligner la performance
des athlètes québécois qui ont participé aux Jeux olympiques et paralympiques
de Sotchi en février et mars derniers. Vos
exploits et vos efforts nous ont fait vivre, cet hiver, d'intenses émotions.
Plus que toute autre personnalité publique,
vous avez été, durant ces jeux, des exemples de persévérance, de détermination
et d'excellence pour le Québec. Vous
avez contribué à notre société… Excusez. Votre contribution à notre société
n'est pas banale, elle est colossale et permanente. Grâce à vos performances, vous avez inspiré des milliers de
jeunes Québécois. Vous avez transmis le goût du sport et inculpé la notion du dépassement de soi. Vous avez
personnifié la résilience dans l'adversité et démontré que l'excellence
était possible à quiconque qui travaille et qui ose. Pendant les jeux, vous
avez élevé le Québec.
Chers
amis, au nom de ma formation politique, je vous remercie sincèrement d'avoir
amené et… de continuer à élever le Québec et de le dire ainsi :
Plus vite, plus haut et plus fort! Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Sur cette même motion… Merci, M. le député. Sur
cette même motion, je reconnais maintenant M. le député de Labelle. À
vous.
M. Sylvain Pagé
M.
Pagé : Oui, merci, M. le Président. Donc, aujourd'hui,
l'Assemblée nationale salue et félicite ces athlètes qui ont participé aux Jeux olympiques et paralympiques
de Sotchi. Aujourd'hui, l'Assemblée nationale, finalement, par sa motion, reconnaît le courage, le talent, les
efforts incommensurables de tous ces athlètes qui ont permis de se hisser parmi
les meilleurs au monde. Ce n'est pas rien.
Grâce
à vous, les athlètes, la population du Québec en entier a pu vibrer, a pu
pleurer même et a connu des moments de
fierté comme il n'en arrive que trop rarement. On n'a qu'à se souvenir… C'est
toujours risqué de nommer une performance
plus qu'une autre, mais on ne peut pas parler des Jeux olympiques sans se
souvenir de cette finale incroyable avec
la finale de la coupe féminine chez les femmes, avec ce fameux but de
Marie-Philip Poulin, en supplémentaire, qui donnait une grande victoire de 3 à 2. Évidemment, il y a eu plein
d'images qui nous viennent en tête, mais on ne peut parler des Jeux
olympiques sans parler de cette incroyable performance.
On
l'a dit, et à juste titre, ces athlètes, par leur persévérance, par leur
ténacité, par leur détermination… ils sont des jeunes, ils sont un exemple extraordinaire pour les jeunes mais pour
l'ensemble de la population québécoise. Moi, je me rappelle, quand j'étais jeune, l'exemple, c'était Marcel Jobin, je
voulais, tout comme lui, aller aux Jeux olympiques. Alors, ils sont des
exemples importants pour l'ensemble de la population.
Et, vous savez, dans le dernier gouvernement, nous souhaitions que la population
québécoise devienne une des nations les plus en forme au monde, on avait déposé une politique
à cet égard, et vous comprenez qu'un tel idéal ne peut se réaliser sans le soutien indéfectible de nos
premiers ambassadeurs, ces athlètes. Et je suis heureux que, d'un gouvernement à l'autre, on encourage et qu'on soutienne les athlètes par des programmes,
par des mesures; et mon collègue à l'époque, Richard Legendre, avait fait beaucoup pour les athlètes. Et ceux qui douteraient de ces
programmes et de ces mesures n'ont qu'à se rappeler
que, même si on ne représente que 20 %, 22 % en moyenne de la
population des athlètes qui vont aux Jeux
olympiques, nous représentons, la plupart du temps, autour de 50 % des
gens qui sont médaillés aux Jeux olympiques.
Alors,
M. le Président, je dis à ces athlètes, et au nom de ma formation politique,
que, que vous ayez gagné une médaille ou non, vous êtes des exemples.
Vous faites en sorte que la population québécoise vous aime. Vous êtes des modèles et une grande fierté nationale. Merci à
eux, merci aux athlètes, merci aux entraîneurs, merci également aux familles
de nous avoir permis de vivre ces beaux moments. Merci.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Je cède maintenant la parole à Mme la députée de
Gouin pour son intervention sur cette même motion. Mme la députée de
Gouin, à vous.
Mme Françoise David
Mme
David (Gouin) : Merci, M. le Président. Bien sûr, je joins la voix à
celles de mes collègues pour remercier et
féliciter tous les athlètes et toutes les athlètes qui sont ici, avec nous. Il
faudrait penser un petit peu à leurs entraîneurs, qui sont aussi des gens très importants dans leur
vie. En ce qui a trait aux athlètes paralympiques, il y a certainement des
personnes qui ont agi, entre guillemets, à
titre de proches aidantes; je pense qu'il faut les remercier. Et puis les
familles, les familles qui, dès que
l'enfant est assez jeune, jusqu'à ce qu'il se rende enfin aux Jeux olympiques,
mettent énormément de temps,
d'énergie à s'occuper de ces enfants-là et à accepter tous les sacrifices que
ça demande à la vie de famille pour réussir à en faire des athlètes.
Donc, merci beaucoup.
Je
voudrais saluer, on ne m'en voudra pas, de façon particulière les athlètes
paralympiques, parce que, s'il faut du
courage et de la persévérance aux athlètes qui n'ont pas de difficulté ou de
handicap particulier, mais qu'est-ce que c'est lorsqu'on est un athlète paralympique et qu'il a fallu même se
battre pour avoir une place dans les Jeux olympiques, parce que ça n'a
pas toujours été le cas. Donc, bravo et félicitations!
Et
tout cela nous rappelle aussi, oui, l'importance d'avoir un Québec en forme, en
bonne santé, des jeunes qui ont le
temps, la possibilité, la capacité de faire de l'éducation physique et des
sports, et toute la filière des programmes sport-études, dans notre système public, qui est une pépinière de
formation de jeunes, qui n'iront pas tous et toutes aux Olympiques mais
qui, quand même, vont devenir des athlètes. Donc, merci beaucoup.
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, merci,
Mme la députée de Gouin. Et, pour
terminer cette motion, je cède
la parole à M. le ministre de l'Éducation et des Loisirs. M. le ministre, à
vous.
M. Yves Bolduc
M.
Bolduc
(Jean-Talon) : Merci, M. le Président. Je
salue les athlètes ayant participé aux Jeux olympiques et paralympiques d'hiver de Sotchi qui nous rendent
visite aujourd'hui. Mesdames et messieurs, c'est un véritable privilège
et un grand bonheur de vous accueillir à l'Assemblée nationale.
Vous le savez mieux
que quiconque, c'est un travail de longue haleine de devenir un athlète
olympique ou paralympique. Au-delà du
talent, il faut de la patience, de l'engagement, des efforts, de la
persévérance et beaucoup de passion
pour son sport. Vous avez tenu bon pour obtenir cette participation à ces jeux,
soyez fiers de cet accomplissement remarquable,
de cet aboutissement de votre quête d'excellence. Fiers, nous l'avons tous été
devant vos prouesses sportives. Vous
êtes des modèles de détermination et de réussite pour les jeunes du Québec et
pour l'ensemble de la société. Je vous tire mon chapeau!
Vous
le savez mieux que quiconque, pour vous tailler une place parmi l'élite
mondiale dans votre discipline, vous avez eu besoin de l'indispensable soutien de vos familles, de vos
entraîneurs, de vos équipes de soins et de nombreux bénévoles qui
permettent la tenue d'événements dans lesquels vous performez. Je veux donc
aussi rendre hommage à ces gens qui ont su vous guider et vous supporter sur les voies du dépassement, vous
épauler au quotidien et vous insuffler la confiance et le désir de
poursuivre vos rêves.
• (15 h 50) •
Chers
athlètes, c'est grâce à l'exemple de gens de votre trempe que nous pourrons
bâtir un Québec actif, fort et prospère. Vous avez toute notre
gratitude. Encore une fois, toutes nos félicitations!
(Applaudissements)
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Gendron) : Alors, merci. On a tous compris que cette motion
est adoptée. La présidence félicite les athlètes, et vous êtes les
bienvenus ici, à l'Assemblée nationale.
Renseignements
sur les travaux de l'Assemblée
Avant de suspendre
les travaux pour la rubrique qui a été annoncée par le président tantôt, compte
tenu de la plaidoirie qu'on doit entendre,
je vous informe que demain, lors des affaires inscrites par les députés de
l'opposition, sera débattue la motion inscrite par M. le député de
Matane-Matapédia. Cette motion se lit comme suit :
«Que
l'Assemblée nationale prenne acte des perquisitions effectuées à la permanence
du Parti libéral du Québec par la Sûreté du Québec;
«Que,
dans le cadre du processus de nomination du prochain directeur de la Sûreté du
Québec, la Commission des
institutions procède à l'audition des trois candidats recommandés par le comité
de sélection mis sur pied par la ministre de la Sécurité publique pour
occuper ce poste;
«Qu'une
période de 12 minutes soit prévue pour les remarques préliminaires,
répartie de la manière suivante : 6 minutes
au groupe parlementaire formant le gouvernement, 3 minutes 30 secondes — donc, et demie — au groupe parlementaire formant
l'opposition officielle et 2 minutes 30 secondes au deuxième
groupe d'opposition;
«Que
la durée maximale de l'exposé pour chacun des intervenants soit de 15 minutes
et que les échanges avec les membres de la commission soient d'une durée
maximale de 90 minutes;
«Que [les temps
dévolus] au parti formant le gouvernement soit de 45 minutes [et] que le
temps dévolu à l'opposition officielle [...] de 27 minutes et que le temps
dévolu au deuxième groupe d'opposition soit de 18 minutes;
«Qu'à
la suite de ces auditions cette nomination soit exceptionnellement adoptée à la
majorité des membres de chaque groupe parlementaire ainsi qu'après en
avoir informé les députés indépendants;
«Enfin, que cette
motion soit un ordre de l'Assemblée nationale.»
Deuxième
information, il y aura aujourd'hui deux débats de fin de séance, qui se
tiendront aujourd'hui, le premier débat,
sur une question adressée par Mme la députée de Vachon à M. le ministre
responsable de Chaudière-Appalaches concernant
le non-octroi de contrats au chantier naval Davie par le gouvernement fédéral;
le second débat, sur une question adressée par M. le député de
Saint-Jean à M. le ministre de la Santé et Services sociaux concernant les
coupures au CSSS Haut-Richelieu‑Rouville.
Comme
le président l'a annoncé tantôt à la rubrique Renseignements sur les travaux,
il y a une plaidoirie à entendre, et on avait convenu de suspendre les
travaux quelques minutes pour que le président vienne entendre la plaidoirie.
Les travaux sont
suspendus pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 15 h 53)
(Reprise à 16 h 2)
Le
Président : Alors, vous m'avez demandé, un peu plus tôt cet après-midi, que je vienne
entendre une demande de directive.
Elle était particulièrement… Le député de La Peltrie voulait plaider pour
une demande de directive. Alors, je vais écouter le député de La Peltrie, peut-être d'autres
intervenants, s'il y a lieu.
Demande de directive
concernant
la recevabilité des pétitions
M. Éric Caire
M.
Caire : Merci, M. le
Président. Ma question de directive, M. le Président, concerne une pétition qui
a été initiée par un citoyen de ma
circonscription. Je ne ferai pas indirectement ce que je ne peux pas faire
directement, je ne vous lirai pas la
pétition, M. le Président, à moins, évidemment, que vous me demandiez de la déposer. Mais je veux
quand même souligner d'entrée de jeu,
M. le Président, que la pétition m'apparaît répondre aux critères qui sont
fixés par le règlement de l'Assemblée
nationale — dont vous êtes le gardien, et je sais que je
n'ai pas besoin de vous le rappeler — notamment l'article 62, qui dit que «toute
personne ou association [...] peut, par
l'intermédiaire d'un député, adresser une pétition à l'Assemblée [nationale] dans le but d'obtenir le redressement d'un grief
qui relève des compétences de l'État québécois».
M.
le Président, la demande est adressée au premier ministre de démettre le
ministre de l'Éducation de ses fonctions. Il m'apparaît que ça répond pleinement à
l'article 62. Je répète, je réitère aussi, M. le Président, que la
seule personne qui nomme ou qui peut
démettre un ministre, c'est le premier ministre. Aucune autre autorité n'a la
compétence de faire ça, que ce soit
le Directeur général des élections, que ce soit le Commissaire
à l'éthique. La seule personne ici, au Québec,
qui décide qui est ministre, qui ne l'est plus, c'est le premier ministre du
Québec, M. le Président.
L'article 63 élabore sur la forme de la pétition, parle de copie papier, copie
électronique. Mais ce qui est intéressant, c'est 63.1, M. le Président, où l'on dit :
«La pétition doit exposer les faits sur lesquels elle se fonde ainsi que l'intervention
réclamée», ce qui est le cas de la pétition, avec quatre «attendu que». «Elle doit contenir
un exposé clair, succinct et précis des
faits sur lesquels les pétitionnaires demandent le redressement du grief. La
pétition doit être rédigée en termes modérés et ne doit pas dépasser
250 mots.» M. le
Président, encore une fois, je ne vous lirai pas… je ne ferai l'injure de lire
la pétition, mais les termes sont
extrêmement modérés, correspondent en tous points aux critères qui sont demandés par l'article 63.1 de notre règlement. Donc, M. le Président, du point
de vue réglementaire, cette pétition-là, elle est conforme, elle est conforme.
Maintenant,
sur la base de ce qui vous est demandé, M. le Président, c'est, évidemment, de
rendre une décision sur la
recevabilité de cette pétition-là qui a été considérée irrecevable au niveau du
Secrétariat général de l'Assemblée nationale,
ce qui, évidemment,
nous interpelle. Pourquoi?
Parce que, d'une
part, comme je viens de le
mentionner, elle répond parfaitement aux critères
qui sont exposés par l'Assemblée nationale, mais en plus, M. le Président, dans
l'interprétation de ces critères-là, qui
sera votre prérogative, je pense que ce qui est sous-entendu par notre règlement,
c'est le droit aux citoyens
de pétitionner, le droit des citoyens de s'adresser à leur gouvernement, le droit des citoyens de
réclamer le redressement d'un grief lorsque celui-ci a été exposé, et, si tant est que vous
avez à interpréter le règlement,
M. le Président, je pense que vous devez l'interpréter au sens
large qui favorise la liberté d'expression et non pas qui la limite, M.
le Président.
Nous
comprenons tous qu'il y a des règlements. Nous comprenons tous qu'on ne peut pas faire
tout au nom de la liberté
d'expression. Nous comprenons tous que, par exemple, les abus de
langage ne seraient pas acceptables, que des accusations mensongères ne seraient pas acceptables au nom de la liberté
d'expression, M. le Président. Donc, il
y a un cadre à fixer. Il a été fixé, M.
le Président. Et, à partir de là, il y a une interprétation qu'il y a à faire de ça, mais
la présidence de l'Assemblée nationale, le premier représentant de ce haut lieu
de la démocratie et de la liberté d'expression, doit, avec bienveillance, favoriser la participation citoyenne
et l'expression citoyenne à travers la pétition, et il nous apparaît que
de juger cette pétition irrecevable ne répond pas à ce critère-là, M. le
Président.
M. le Président, quel est le motif invoqué? Et je dois dire, M. le Président, qu'il est invoqué de façon verbale, et vous comprendrez que
nous souhaitons une décision écrite. Le motif invoqué est que le Commissaire à
l'éthique est maintenant responsable de
l'éthique en vertu du code que nous avons tous adopté. M. le Président, en
aucun temps, en aucun temps cette
pétition-là ne remet en question la légalité du comportement du ministre de
l'Éducation à l'époque où il était
député de l'opposition ni ne fait état de quelque contravention que ce soit au
code d'éthique de l'Assemblée nationale. Donc, ça, en partant, M. le Président, c'est admis de façon générale non
seulement par la pétition, mais par l'ensemble des députés de
l'Assemblée nationale.
Ce qui est remis en
question, M. le Président, c'est un engagement du premier ministre à avoir de
très hauts standards de transparence et
d'éthique. Et là, M. le Président, la question qu'on se pose, c'est :
Est-ce que le code d'éthique nous
donne des guides ou est-ce que le code d'éthique limite la capacité même du
premier ministre à décider de certains comportements pour ses ministres,
passés ou présents? Et là, M. le Président, vous comprendrez que je pense qu'en
aucun temps le code d'éthique ne peut
imposer au premier ministre d'être au-delà de ce que le code d'éthique exige.
Il limite très certainement sa
capacité à être en deçà, ça, c'est clair, le premier ministre ne peut exiger
moins de ses ministres que ce qui est
prévu dans le code d'éthique, mais en aucun temps le premier ministre n'est
empêché d'en exiger plus, M. le Président.
Et donc il relève de son jugement à lui, c'est sa prérogative, de décider si,
oui ou non, un de ses ministres a enfreint
l'éthique que lui-même exige de son Conseil des ministres. Et, dans ce sens-là,
un citoyen est tout à fait légitime de
penser que, par rapport à l'engagement qui a été pris, cet engagement-là n'a
pas été respecté par certains comportements qui auraient été adoptés, présents ou passés, par un membre du Conseil
des ministres et donc de demander l'intervention du premier ministre, M.
le Président.
Or,
encore là, porter un jugement là-dessus, M. le Président, aurait non seulement
pour effet de limiter la liberté d'expression
des citoyens, leur capacité à intervenir et à demander une intervention de leur
gouvernement, mais je dirais qu'on
est en train aussi de limiter la prérogative du premier ministre à porter... à
prendre une décision sur le comportement de ses propres ministres. Là,
M. le Président, je pense que la présidence irait au-delà de sa propre
prérogative.
• (16 h 10) •
M. le Président, et
je ne veux pas prendre trop de votre temps, mais cette pétition-là est conforme
à notre règlement. En la matière, on nous
dit : Il n'y a pas de jurisprudence qui existe. Donc, M. le Président, la
décision que vous allez rendre va
faire office de jurisprudence. Et il y a, dans ce mot-là, «juris», mais il y a
aussi «prudence», et je vous invite, M.
le Président, à énormément de prudence dans l'interprétation que vous ferez du règlement, de la pétition par rapport au règlement et du fait que l'Assemblée
nationale s'est dotée d'un code d'éthique. L'objectif, M. le Président, est de s'assurer que les élus de l'Assemblée nationale, qu'ils soient ministres ou non, aient un
comportement éthique irréprochable, on s'entend.
Maintenant,
en dédouanant ou, je dirais, en faisant de ça la chasse gardée exclusive du
commissaire à l'éthique, donc, en
empêchant des citoyens de s'exprimer sur le comportement de leurs élus, je
pense, M. le Président, que nous allons jouer sur un terrain où nous ne devons pas aller jouer. Les
citoyens ont encore le droit de s'exprimer. Qu'ils le fassent publiquement, dans les journaux, dans les médias
ou qu'ils le fassent à travers l'Assemblée
nationale, je pense que les citoyens
peuvent et doivent avoir le droit de porter un jugement sur ce que nous
faisons, notre comportement aussi, et ce, pas nécessairement simplement
aux élections, mais à l'année, je dirais.
Et
finalement, M. le Président, je rajouterais un dernier élément parce qu'on nous
dit : le comportement qui
est reproché au ministre
a été posé alors qu'il était député de l'opposition. C'est vrai, mais chronologiquement, son
comportement a été rendu public après
qu'il ait été nommé ministre. Et ça, c'est une donnée qui est nouvelle pour
l'ensemble des citoyens du Québec.
Alors, si des éléments nouveaux sont apportés à la connaissance du public, que
ces éléments-là choquent le public,
que ces éléments-là sont de nature à discréditer non seulement le travail de
député, mais aussi celui d'un ministre, bien, M. le Président, je ne pense pas qu'on puisse invoquer une certaine prescription pour
dire au premier ministre et aux
citoyens qu'ils n'ont plus la capacité d'agir. Comment peut-on agir sur des
faits dont on n'avait pas la connaissance au moment où ils ont été
perpétrés?
Donc,
je pense que, compte tenu du fait que la connaissance du comportement du ministre de l'Éducation a été portée
au vu et au su de l'ensemble de la population du Québec au mois de juin dernier, juillet même, je pense qu'il est tout à fait raisonnable aujourd'hui qu'un citoyen
interpelle l'ensemble de la population sur cet élément-là et qu'on ne peut
pas invoquer une certaine prescription quant aux faits qui font l'objet de la
pétition, M. le Président.
Donc,
encore une fois, M. le Président, prudence, liberté d'expression. Vous devez
protéger nos droits de parlementaires,
mais vous devez aussi protéger le droit des citoyens à s'exprimer à travers
l'Assemblée nationale. Vous devez
protéger notre capacité à être des représentants de nos citoyens en ne limitant
pas plus que nécessaire le fait qu'un député
puisse parrainer une pétition qui est présentée par un citoyen. Et, M. le
Président, je pense que le jugement à savoir
qui doit être ministre et qui ne doit plus l'être revient au premier ministre,
et donc il est légitime pour les citoyens de s'adresser au premier ministre quand on exige le fait qu'il démette
un ministre. Je pense que c'est légitime qu'on s'adresse au premier
ministre parce qu'il est le seul à pouvoir agir en conséquence.
Je m'en remettrai
maintenant à votre décision, M. le Président.
Le
Président : Est-ce que j'ai compris qu'il y a quatre arguments
dans ce que vous m'apportez? Premièrement, la personne à qui s'adresse la pétition; deuxièmement, les
considérations qu'on vous a apportées, c'est-à-dire concernant d'abord le rôle du commissaire à l'éthique;
troisièmement, la chronologie des événements par rapport à la demande; et
quatrièmement, finalement, la capacité des
citoyens à disposer ou à émettre une pétition, eu égard au rôle de protection
du rôle de parlementaire que tous et chacun
ici, enfin, particulièrement la présidence, doivent avoir. Ce sont les quatre
points que vous soulevez. C'est ça?
Une voix :
…
Le Président :
Je m'excuse.
M.
Caire : …élément, M. le Président, qui m'apparaît essentiel,
à savoir que la seule personne qui peut ou non démettre un ministre de
ses fonctions demeure le premier ministre.
Le
Président : On s'entend là-dessus. C'est clair, c'est clair.
Oui. Il n'y avait pas d'autres arguments qu'on vous a apportés à ce
moment-là?
Une voix :
…
Le Président :
O.K. Non… Je vais écouter Mme la leader de l'opposition.
Mme Agnès Maltais
Mme
Maltais : Écoutez, M. le Président, j'ai pris connaissance
aujourd'hui de la demande de mon collègue le leader adjoint de la deuxième opposition de présenter une pétition qui a
été jugée, je crois, par deux fois, non recevable. J'ai été assez surprise de ce qui nous a été
apporté comme sujet de discussion parce que le droit de pétitionner date de
1669. C'est un droit fondamental pour les
citoyens que celui de pouvoir s'adresser à son parlement ou à son Assemblée
nationale et d'exprimer une demande, que ce soit à l'Assemblée nationale, que ce
soit au gouvernement. Mais ce droit de pétitionner date de 1669.
C'est donc là une institution extrêmement importante. Et on assiste là à de la
démocratie directe, tellement
directe, M. le Président, que récemment, quand on a changé un peu les
règles de suivi d'une pétition, on
n'a pas touché aux préalables, on a… Ce à quoi on s'est attachés, comme parlementaires, c'est à la suite de la pétition, le suivi de la pétition. Donc, aujourd'hui, ce sont les commissions parlementaires qui décident si elles assureront un suivi
à la pétition, que faire de la demande d'un
citoyen, mais jamais, au grand jamais, nous n'avons touché au droit de
pétitionner.
Les
seules règles qui existent quant au droit de pétitionner sont inscrites dans
notre règlement, de l'article 62 jusqu'à à peu près 65, en fait,
c'est là-dedans, mais ce qui m'intéresse particulièrement est
l'article 62. Si vous le lisez, M. le Président — vous devez sûrement le connaître aussi bien
que moi : «Toute personne ou association de personnes peut, par l'intermédiaire d'un député, adresser une pétition
à l'Assemblée nationale dans le but d'obtenir le redressement d'un grief
qui relève de la compétence de l'État québécois.» De l'État québécois.
La démission ou non d'un
ministre ne relève que du premier ministre. Personne d'autre au Québec ne peut demander… ne peut obtenir, plutôt, on peut
demander, mais ne peut obtenir la démission d'un ministre que le premier
ministre. Le Commissaire à l'éthique ne peut
pas dire : Il faut que ce ministre démissionne. Il peut soulever des
blâmes, soulever des blâmes sur la
conduite d'un député, mais la démission d'un… Il peut demander des corrections
aux choses, demander des corrections
à la façon dont il conduit ses affaires privées, mais la démission d'un ou
d'une ministre relève du premier
ministre. En ce sens, que des citoyens ou des citoyennes, Québécois,
Québécoises, décident qu'eux considèrent que l'attitude d'un ou d'une ministre n'est pas digne et qu'il mérite
d'être remanié ou d'être… de redevenir simple député, cela relève du premier ministre, et enlever aux
citoyens, par la voix d'un député, le droit de demander une telle chose, je
ne vois pas comment on peut y arriver. Je ne vois pas comment, dans notre
règlement, ça peut être soulevé, parce que l'article 62
est très clair. C'est un grief qui relève de l'État québécois, au premier chef
du premier ministre. La présence du
Commissaire à l'éthique nous permet effectivement de juger de la conduite d'un
député, mais une démission de ministre, ça s'obtient en demandant au
premier ministre… Et c'est souvent, d'ailleurs, la fureur populaire qui va le
faire, qui va réussir ça. Or, la
pétition est le premier objet de l'opinion populaire, c'est par ça que les
députés peuvent transmettre l'opinion populaire.
J'ajouterai
que, jusqu'ici dans notre travail, jamais nous n'avons… Ce qui fait partie de
notre règlement concernant les
pétitions, c'est non pas le contenu au niveau du sujet; ce qui fait partie du
règlement, c'est le libellé. On ne doit pas insulter, on ne doit pas avoir de propos malveillants. Demander la
démission d'un ministre, ça s'est fait maintes et maintes fois et ça se fera encore. Il y a déjà eu, dans
cette Assemblée nationale, des pétitions demandant la démission d'un premier
ministre, et ça a été jugé recevable, ça a
été jugé recevable. Qu'est-ce qui a changé? La présence du Commissaire à
l'éthique? Si je lis notre règlement, M. le Président, ça ne change en
rien les choses, la présence du Commissaire à l'éthique.
Donc, les
critères de l'Assemblée nationale et de notre règlement, à mon sens, sont
contenus dans cette pétition. Elle
peut ne pas plaire, c'est sûr. C'est difficile, c'est dur. Nous avons vécu
assez… Moi, j'ai vécu assez longtemps au pouvoir pour savoir que ce n'est pas des choses
faciles. Mais le droit de pétitionner, je le répète, date de 1669. Je ne vois
pas comment on pourrait toucher à cela.
Je pense que
les pétitions doivent être respectueuses. En ce sens, l'Assemblée nationale est
très vigilante, d'ailleurs. Je trouve
qu'il y a un ton dans les pétitions ici qui est posé, qui est sérieux. Souvent,
les députés vont faire retravailler les
gens qui veulent présenter des pétitions, parce qu'on tient à ce qu'elles
correspondent au règlement de l'Assemblée nationale, mais toucher au contenu parce qu'il ne nous plaît pas… Je
pense que c'est comme ça que ce serait perçu et je ne pense pas qu'il faut se rendre jusque-là. On est
jugés assez sévèrement, M. le Président, à l'Assemblée nationale en ce moment. Nos parlementaires sont
jugés sévèrement. Je pense que ce frein à la prise de parole populaire, vous
devriez réfléchir longtemps avant de décider de l'émettre.
Autre chose, évidemment, je pense que, quand
vous poserez une opinion sur la demande de mon collègue, je souhaite, évidemment, que cette opinion nous
soit disponible par écrit parce
qu'il s'agit là, effectivement, d'un précédent, et je pense qu'il
faut le peser, étant donné la longue histoire du parlementarisme britannique et le respect avec
lequel nous considérons nos
institutions. Nous devons pouvoir bien comprendre le résultat de votre
décision. Merci, M. le Président.
• (16 h 20) •
Le Président :
Merci, Mme la leader. M. le député de Mercier.
M. Amir Khadir
M. Khadir : Oui. Je vais tenter d'être bref, M. le Président. J'ai été moi-même le député qui a, disons, porté,
soumis, ici, à l'Assemblée nationale,
la pétition qui, on se rappellera, je crois, à
l'automne 2010, exigeait même la démission du premier ministre, pétition
jugée recevable.
Comme députés
de Québec solidaire, vous savez, nous sommes un parti indépendantiste, nous ne
sommes pas très entichés des
traditions du parlementarisme britannique, on
l'a vu à l'occasion de notre assermentation.
Mais je conçois bien que la plupart
des députés ici, et surtout sa présidence, n'ont
jamais émis de doute sur les vertus du parlementarisme britannique. Et
moi-même, comme député d'un parti indépendantiste qui souhaiterait pour le
Québec un Parlement, disons, de tradition
républicaine, je suis prêt à reconnaître un certain nombre de ces vertus-là. Et
il y a une de ces vertus cardinales
qui est le droit de pétitionner. Comme ma collègue l'a dit, c'est un droit qui remonte à loin, qui remonte même à 40 ans avant ce qui a été mentionné, c'est-à-dire
lorsque le roi Charles Ier exigeait des crédits de guerre. Et, dans les débats qui s'en sont
suivis et la tension entre les parlementaires et le roi, les parlementaires ont pu instaurer, et c'est jugé par
les experts constitutionnels, depuis ce temps-là en Grande-Bretagne et dans le
Commonwealth, comme étant, avec la
Magna Carta, comme un des documents les plus importants, un des principes
fondateurs les plus importants du parlementarisme
de type britannique, c'est-à-dire ce droit de pétitionner qui, donc… D'ailleurs, ce droit allait même à l'époque jusqu'à
empêcher le roi de limiter… Le roi même ne pouvait se permettre de limiter le
droit de pétitionner du bon peuple.
Donc, je vous
invite, M. le Président, à considérer le fait que
cette limitation ne saurait… c'est-à-dire cette liberté ne
saurait souffrir d'aucune limitation, sauf circonstances absolument
exceptionnelles. Donc, première chose.
Deuxièmement,
dans le contexte que l'on sait, c'est-à-dire
les quatre, cinq dernières années, des remises en question de l'éthique des élus à différents échelons au sein de la
société québécoise, et je ne rentrerai pas dans les détails, notre responsabilité première, ce n'est pas de cloisonner le débat sur l'éthique des
élus, mais de le décloisonner et d'en
permettre l'expression et le débat le plus libre
possible.
Alors, en
vertu de ces deux éléments en appui aux autres arguments invoqués par mes
collègues, je vous demande donc de reconsidérer sérieusement cette
interdiction faite à la pétition de mon collègue de La Peltrie.
Le Président :
Je vous remercie de votre intervention, M. le député de Mercier. Mme la leader,
oui.
Mme Agnès Maltais
Mme
Maltais : M. le Président, en complément, une
brève intervention. Je voudrais vous lire
l'article 21 de la Charte
des droits et des libertés de la personne du Québec,
qui dit ceci à l'article 21 :
«Toute personne a [le] droit d'adresser des pétitions à l'Assemblée nationale pour le
redressement de griefs.» Cette phrase est
lourde de sens. Et, si on la relit, à la façon dont est travaillé notre règlement, notre règlement explique
comment doit s'adresser une pétition, mais
notre charte protège le droit de pétitionner.
Le Président :
Bien sûr, madame. Oui, je vous écouterai, M. le député de Dorion.
M.
Sklavounos : Laurier-Dorion, M. le Président.
Le Président :
Laurier-Dorion.
M. Gerry Sklavounos
M.
Sklavounos : Merci, M. le président. Alors,
rapidement, parce que ma collègue fait référence à la Charte des droits et libertés de la personne, je vais vous
référer quand même à une décision, 62/8, du
président Jean-Pierre Charbonneau qui rappelait qu'«au Québec le droit de pétitionner a été codifié
dans la Charte des droits et libertés de la personne».
Ma collègue a raison.
Puis loin de quelqu'un de ce côté de la Chambre de vouloir remettre en question
ce droit fondamental. Par contre, la
façon d'exercer ce droit, il n'y a aucun droit qui est… Les droits ne sont pas
absolus dans notre société. La jurisprudence
à cet égard dit ce qui suit : «Néanmoins,
à défaut de dispositions spécifiques dans la charte sur la manière d'exercer ce droit, l'encadrement procédural de
son exercice demeure celui prévu [par] le
règlement de l'Assemblée. En vertu de
ses privilèges parlementaires constitutionnels, l'Assemblée a le pouvoir
exclusif de régir ses travaux sans ingérence extérieure.»
M. le Président, je ne sais pas pour quelle raison nos règles de fonctionnement n'ont pas été mentionnées dans le débat par les trois précédents intervenants. Règle de fonctionnement, M. le Président, 42.2°, c'est très clairement que le président refuse la présentation d'une pétition
qui est irrecevable pour un des motifs suivants, et le deuxième alinéa nous
mentionne clairement : «La pétition
contrevient aux dispositions de l'article 35 du Règlement de l'Assemblée nationale.»
M. le Président, vous connaissez bien l'article
35 de notre règlement souvent évoqué, on parle d'«attaquer la conduite d'un député, si ce n'est par une motion
mettant [en question sa conduite]», on parle également
d'«imputer des motifs indignes». Cet
article dont fait... auquel fait référence l'article 42 de notre règlement de fonctionnement ne peut pas être contourné, M. le Président. C'est pour cette
raison que notre collègue de La Peltrie n'a, même en faisant son argumentation, pas lu la pétition. Il a concédé devant la présidence, dans sa propre
plaidoirie, qu'il n'aurait pas pu faire la lecture, autrement il contreviendrait au règlement. Vous l'avez
entendu aussi bien que moi, les gens qui étaient dans cette Chambre l'ont entendu. Donc, il concède
même, l'auteur de cette demande de directive concède qu'en faisant la lecture de la pétition il contreviendrait à notre
règlement auquel fait référence l'article 42 de notre règle de fonctionnement.
Alors, l'Assemblée nationale est capable de
fixer les règles qui nous permettent, oui, de protéger les droits, mais qui ne sont pas absolus. Il y a
une... On n'est pas sur une question de forme, M. le Président, on est sur
une question de fond, parce
que c'est le libellé même de la pétition
qui pose problème, qui contrevient clairement à un article de notre
règlement et à nos règles de fonctionnement, ce qui semble faire au moins
unanimité entre nous et la Coalition avenir Québec, puisqu'il n'a pas... le
député de La Peltrie n'a pas même voulu lire la pétition.
Alors, vous
êtes le gardien du règlement, de nos règles de fonctionnement. Le droit de
pétitionner est sacré, nous le
respectons. Par contre, comme tous les droits, comme tous les droits
dans notre société, il y a des limites raisonnables qui sont fixées, et si nous nous trouvons ici à
prendre une décision qui va contrevenir à notre règlement indirectement,
de cette façon-là, M. le Président, votre jurisprudence va servir, va servir à l'avenir pour dire que
l'article 35, lorsqu'on ne peut pas
rappeler ou mentionner ces propos en Chambre, pourra par contre,
cependant, être violé ou contrevenu par le moyen
d'une pétition ou une autre manière.
Vous avez le
devoir, M. le Président, de faire respecter nos prérogatives, les règles
de l'Assemblée nationale, le règlement,
l'article 35 en particulier qui fait appel à l'article... à l'alinéa 5° et 6°
concernant la conduite d'un député et les
motifs indignes, et notre argumentation repose sur ces faits-là, M. le Président. On ne peut pas faire indirectement ce qu'on ne peut pas faire directement. Le député de La Peltrie s'est levé en
disant : Je ne peux pas lire la pétition pour ne pas contrevenir au règlement. Donc, il concède
lui-même devant vous que ce qu'il vous demande de faire, c'est de contourner
le règlement, M. le Président. Le droit de
pétitionner, c'est un droit qui est sacré, qui doit être protégé, mais on ne
peut pas permettre à ce qu'on viole
nos propres règles par des moyens contournés. Autrement, M. le Président, la jurisprudence que vous risquez d'établir sera une
jurisprudence bien malheureuse, qui va à l'encontre de notre règlement. Merci,
M. le Président.
• (16 h 30) •
Le
Président : Merci, M. le député de Dorion. Toutefois, j'aimerais quand même souligner que je
pense que le député de La Peltrie était tout à fait respectueux de l'esprit de notre règlement en ne
lisant pas une pétition qui avait été jugée
irrecevable. Alors, je pense qu'il a protégé les droits de tout le monde, y compris les gens qui ont pétitionné, à ce moment-là, et je suis d'accord avec la très grande majorité
de tous les intervenants qui ont participé à ce débat.
Pour la qualité... D'abord, je voudrais les
remercier pour la qualité de leur argument, le rappel historique, et évidemment, sur le fond du débat… Je ne pense pas que le fond du débat, puis peut-être,
M. le leader de l'opposition... de
la deuxième opposition pourra me corriger, mais le fond du débat, ce n'est pas est-ce qu'on a le droit ou pas de pétitionner. On a le droit de pétitionner, c'est un droit qui est inclus dans la
Charte des droits, c'est un droit qui est inclus et qui est encadré dans notre Règlement de l'Assemblée, mais donc, ce n'est pas le problème. La problématique, ce n'est pas
celle de pétitionner, c'est celle de
voir comment on a... est-ce qu'on a respecté l'article 61.1 dans
l'approche de cette pétition. C'est ce que je comprends. M. le député et
le leader du deuxième groupe d'opposition.
M. François Bonnardel
M.
Bonnardel : M. le
Président, juste un court commentaire pour rafraîchir la mémoire du leader
adjoint du gouvernement, avec tout le respect que j'ai pour les membres
du gouvernement. Le leader adjoint était présent à l'Assemblée nationale en 2011, lorsque
247 379 pétitionnaires ont demandé la démission du premier ministre du Québec et député
de Sherbrooke, lorsque 544 pétitionnaires ont demandé la démission du député
et ministre député de Châteauguay.
M. le Président, vous allez prendre… vous allez
rendre une décision extrêmement importante. Si vous jugez vous-même que cette pétition reste irrecevable,
vous risquez de brimer des droits extrêmement importants et qui existent
dans cette Charte des droits et libertés,
que nous connaissons aujourd'hui dans ce pays, où on a, depuis presque
450 ans, le droit de pétitionner
et que ces gens puissent avoir ce privilège de s'exprimer par la voix de
députés à l'Assemblée nationale, de demander ou non la démission d'un
député, d'un ministre ou du premier ministre lui-même.
Donc, suite à
mes commentaires au début de la période de questions, vous comprendrez, M. le
Président, que je ne peux accepter
que le secrétariat général me dise seulement verbalement au téléphone :
Non, votre motion est irrecevable; non, nous ne pouvons
vous envoyer un avis écrit. Et, de l'autre côté, on se base sur quelle
jurisprudence aujourd'hui pour dire
aux Québécois que demain ils ne pourront plus faire une pétition pour demander
la démission d'un ministre, d'un député ou d'un premier ministre.
Le Président :
Alors, je vous remercie pour vos plaidoiries. Je vais prendre évidemment
quelque temps pour réfléchir sur ce sujet.
Mais je voudrais quand même spécifier quelque chose avant de quitter le siège
de la présidence, c'est
qu'effectivement le rôle de la table est un rôle de conseiller. Ils conseillent
à peu près tous les gens qui ont une pétition à apporter pour vérifier la qualité de leur pétition. Alors, le travail
que la table fait est un travail éminemment sérieux et qui est très productif pour l'ensemble de nos
travaux, parce que ça nous permet d'éviter des tas de pertes de temps. Mais la
question qui est soulevée est une question
sérieuse, et je vais évidemment faire en sorte de vous amener un jugement le
plus rapidement possible. Je vous remercie beaucoup.
Affaires du jour
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, la période des affaires
courantes étant terminée, nous allons maintenant passer aux affaires du jour, et, Mme la leader adjointe du gouvernement,
je vous cède la parole pour la suite des choses.
Mme Vallée :
Alors, je vous demanderais d'appeler l'article 1, M. le Président.
Projet de loi n° 3
Reprise du débat sur l'adoption du principe
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, à l'article 1 du feuilleton,
l'Assemblée reprend le débat ajourné le 25 septembre 2014
sur l'adoption du principe du projet de loi n° 3, Loi favorisant la santé
financière et la pérennité des régimes de retraite à prestations
déterminées du secteur municipal.
Alors,
j'ai bien compris, M. le ministre des Affaires municipales et de l'Occupation
du territoire va exercer son droit de réplique. Alors, je vous cède la
parole, M. le ministre.
M. Pierre Moreau (réplique)
M.
Moreau : Oui. Merci, M. le Président. Effectivement, nous en
sommes rendus à la réplique, qui est, selon notre procédure, l'élément qui va clore le débat sur
l'adoption du principe du projet de loi n° 3, et, à l'occasion de cette
réplique, je veux revenir sur certains
éléments qui ont fait l'objet de débats de part et d'autre et qui concernent le
projet de loi n° 3.
D'abord,
un, pour noter que le débat, je pense, doit s'élever bien au-delà de la
politique partisane. Et, s'il y a un regret que j'ai, M. le Président,
c'est de voir que l'opposition officielle a eu une certaine difficulté à cet
égard-là, particulièrement sur la question
du véhicule qui est utilisé et de l'objectif qui est visé par le projet de loi
n° 3. Et je comprends que cette
difficulté qu'a vécue l'opposition officielle vient du fait que, juste avant
l'élection, le gouvernement, alors formé par le Parti québécois, avait déposé un projet de loi qui était le
projet de loi n° 79. Et je reviendrai sur le projet de loi n° 79,
parce que j'ai relevé certains propos qui
ont été prononcés par la leader de l'opposition, au moment où elle est
intervenue sur le principe du projet
de loi n° 3, qui méritent d'être soulignés à grands traits, à tout le
moins pour la suite des choses, pour
que les gens qui nous écoutent, M. le Président, sachent exactement comment, dans la suite des choses, on devra
interpréter l'attitude des membres de l'opposition officielle.
Je
veux réitérer cependant la grande collaboration et les propos
qui ont été tenus par la deuxième opposition sur le principe du projet de loi n° 3. Je pense que ce sont des propos qui ont été généralement extrêmement constructifs et qui visent justement à voir à ce que des suites soient données aux
travaux que nous avons faits en commission
parlementaire, notamment aux consultations qui ont eu lieu, consultations
qui ont été suivies par des consultations directes, que j'ai faites après la commission parlementaire, avec
tous les intervenants, que ce soient les retraités, les parties syndicales, les
municipalités, l'Union des municipalités,
la Fédération québécoise des municipalités ou les maires de Québec et de
Montréal.
Ce
n'est pas un projet de loi qui est facile, dans la mesure où il va amener
des gens heureux et des gens malheureux. C'est un projet de loi de redressement, et, comme tous les projets de loi de redressement, il impose des obligations aux parties.
Puis, quand on impose des obligations
aux parties, c'est parce qu'on constate que les parties, dans certains cas, ne
se sont pas acquittées de leurs obligations, ce qui force le gouvernement à agir. Et, quand
le gouvernement agit de
cette façon-là, bien, évidemment, les efforts qui sont demandés sont souvent
perçus d'une façon négative par ceux qui doivent les fournir.
Le premier principe, M.
le Président, que porte le projet de loi, sans que le texte ne le dévoile,
c'est que tous s'entendent sur l'obligation d'agir. Et, quand je dis : Tous s'entendent sur l'obligation d'agir, là, y compris l'opposition
officielle, sans véritablement le souligner à grands traits, mais ils l'ont fait
lorsqu'ils étaient au gouvernement et que la leader de l'opposition portait un projet de loi qui s'appelle le projet de loi n° 79
et qui supposait l'obligation que nous avons
d'agir immédiatement. Le statu quo n'est plus acceptable. Pourquoi
le statu quo n'est plus acceptable? Parce
que certains des régimes à
prestations déterminées, dans l'état actuel de sous-capitalisation dans lequel
ils sont, risquent de ne plus pouvoir honorer leurs obligations à l'égard
des retraités existants et à l'égard de ceux qui aujourd'hui sont des cotisants
et qui deviendront un jour des retraités.
Alors,
les deux objectifs poursuivis par le projet de loi, le premier objectif,
c'est d'établir la santé financière de ces
régimes de retraite là, et le deuxième, c'est d'en assurer la pérennité, donc
tout ce que l'on entend par «pérennité», pour éviter de retomber dans des ornières qui menaceraient à nouveau la
santé financière des régimes de retraite à prestations déterminées.
Bon, et là le grand débat, l'opposition
officielle a fait grand débat de cette question-là, on dit : Oui, mais,
les évaluations actuarielles qui sont demandées dans le projet de loi n° 3
pour la fin du... au 31 décembre 2013, on doit absolument
connaître ces évaluations actuarielles là, là, avant de franchir un autre
pas dans le projet de loi, dans l'adoption
du projet
de loi. M. le Président, cet argument-là ne tient pas la route 30 secondes, pour plusieurs
raisons. La première raison, c'est
que, peu importe ce que révéleront les évaluations actuarielles au 31 décembre 2013 à l'égard
d'un régime particulier, le projet de loi supporte des principes qui sont applicables à l'ensemble des régimes et
dont l'application sera variable
selon l'effort à consentir par un régime. J'ai donné, l'autre jour, l'exemple…
Lorsqu'interrogé par un journaliste dans
un impromptu de presse en disant : Oui, mais on ne connaît pas exactement
quel est le niveau de capitalisation du régime X, j'ai dit : Oui, vous avez raison, mais, reprenons
une analogie, moi, je ne connais pas votre poids, mais je sais que, si vous
pesez 200 livres de plus que votre poids santé, vous êtes en sérieuses difficultés. Alors, ce qu'il restera à déterminer
plus tard, c'est quel est l'effort individuel que la personne qui a un
surpoids, dans l'exemple que je donne, devra faire pour se rendre à son
poids santé — et
je ne regarde pas le député de Blainville lorsque je parle de masse pondérale, M.
le Président, je tiens à le rassurer et à vous rassurer également.
• (16 h 40) •
Alors, le
principe est le suivant. Pourquoi est-ce
qu'on doit agir rapidement?
Parce qu'on n'est pas à l'abri d'une crise financière
comme celle qu'on a connue en 2008 et où des régimes pleinement capitalisés...
Puis là on a eu l'exemple... on a eu deux
exemples qui sont venus en commission
parlementaire. Je me souviens très bien
du maire de Rimouski dont les régimes étaient capitalisés à au-delà de
120 %, alors ça veut dire qu'il
y avait 20 % de plus que le 100 % des obligations contenues dans le régime, et, après le krach boursier de
2008, le maire de Rimouski est venu nous dire : J'ai perdu 31 points, 31 points. Il est
devenu sous-capitalisé, alors qu'il était un des plus performants. Deuxième
exemple qu'on a eu, le maire de
Drummondville qui est venu nous dire, lui, que l'effet net du krach boursier de
2008 avait fait perdre à des régimes pleinement capitalisés
24 points.
Alors, imaginez, M. le Président, que vous avez
un régime capitalisé à 80 % puis que vous perdez 31 points, vous êtes dans une situation où le régime est
virtuellement sur le point de s'écrouler. Et, la difficulté, j'en ai parlé
lorsque nous avons commencé les
travaux de la commission parlementaire, M. le Président, je disais : On a
un contexte économique qui est
complètement différent. Le problème vient du fait qu'il y a plusieurs années,
quand les régimes ont été créés, ils appartiennent
à une époque qui était marquée par une croissance économique, par des
rendements importants et par une espérance
de vie moins longue qu'aujourd'hui. Mais à ça s'ajoute le fait que, selon les
chiffres de la Régie du logement, il y
a 20 ans, il y avait 17 travailleurs actifs pour chaque travailleur
retraité dans ces régimes types, dans un régime type à prestations déterminées. Aujourd'hui, on est
passés de 17 à trois, de sorte qu'à l'époque, lorsque les régimes ont été
créés, la majorité des régimes
étaient, à l'origine, financés par des cotisations, alors c'était parce que
j'avais plusieurs cotisants, la majorité des revenus venait des
cotisants.
Aujourd'hui,
65 % des revenus des régimes proviennent des rendements financiers. Ce qui
a une conséquence directe, c'est que
la stabilité ou la fragilité des régimes dépend de la stabilité ou de la
fragilité des marchés et que, dans le contexte
actuel… On avait M. Sabia, qui est le président de la Caisse de dépôt et
placement, qui disait : On est dans un régime haussier depuis
66 mois. Normalement, on a des corrections à 45 mois. Ça va arriver,
une correction, mais, si vous avez une
correction de 31 points quand vous êtes capitalisés à 60 %, ce que
vous êtes en train de dire, c'est que vous allez vous retrouver dans des situations, comme dans le secteur privé,
où on a connu… Parlez aux retraités de Nortel, dans le secteur privé, qui ont
été obligés de revenir sur le marché du travail parce que leurs régimes se sont
effondrés carrément et parce que ces
gens-là, aujourd'hui, n'ont plus, à la retraite, ce qu'ils estimaient devoir
retirer sur la base des cotisations qu'ils faisaient.
La raison pour laquelle on intervient, c'est
exactement pour ça. On intervient pour que les gens qui sont à la retraite aujourd'hui puissent continuer à
percevoir leurs rentes puis on intervient pour faire en sorte que ceux qui
cotisent aujourd'hui, le jour où ils se retireront, vont pouvoir
percevoir une rente. C'est ça, le principe. On ne fait pas ça pour déplaire aux gens, on fait ça pour leur
dire : On veut assurer une certaine sécurité. Parce que, si effectivement
les marchés s'effondraient, ce qu'on
verrait, c'est que les régimes aussi s'effondreraient, entraînant avec eux les
retraités qui reçoivent des rentes et
la perspective de ceux qui souhaitent en recevoir. Alors donc, c'est la raison
pour laquelle on doit agir maintenant.
Mais ce que
j'ai entendu, M. le Président, puis je tiens à le dire avant la fin de cette
intervention, à l'occasion du principe,
c'est l'incohérence de l'opposition
officielle, une incohérence totale.
Et je vais prendre certains extraits, M.
le Président, de l'intervention de celle qui portait le dossier lorsque
le Parti québécois était au gouvernement et qui est maintenant leader de l'opposition. Elle est intervenue le 25 septembre 2014, je prends des
extraits au Journal des débats.Alors, ce qu'elle nous dit : «Il
[faut] agir…» «Il [faut] agir une
seule fois — il faut
agir — de façon
prudente et exceptionnelle.» Je suis
tout à fait d'accord avec ça. Ça, c'est l'introduction qu'elle fait. Par la
suite, elle nous dit, parce qu'elle fait la genèse du projet
de loi n° 79 et qu'est-ce qui nous amène au projet de loi n° 3, elle
dit ceci, et je cite : «D'abord, M. D'Amours est allé, à travers le Québec, faire une tournée
et expliquer son rapport. Ensuite, c'était une commission parlementaire ici, qui a débouché sur un rapport unanime comme
quoi il fallait arriver à certaines solutions.» On est tout à fait d'accord.
Ça, c'est sur l'importance et le caractère
incontournable du fait d'agir immédiatement. Elle l'explique en disant :
«…il faut sécuriser la vieillesse de nos aînés, et donc
il faut aussi rétablir le financement et réorganiser… stabiliser le financement des régimes à
prestations déterminées. Cet objectif-là, nous le partageons encore.» Alors, jusque-là, on dit :
Écoutez, on s'en va vers une belle unanimité, ça va avancer.
Mais, lorsqu'elle dit… Elle ne s'attendait pas à ce que «le gouvernement dépose le même projet de loi, bien
sûr, mais il y avait quand même un consensus — ça, je vais vous dire, moi,
quand je suis arrivé en poste, le consensus, je ne l'ai
pas vu, puis on n'avait pas encore déposé le projet de loi n° 3, mais je lui laisse les propos et je le dis… je
continue — des
consultations, une concertation. Ce que je trouve
dommage, je le dis, c'est qu'on ait oublié qu'il y a eu des consultations,
qu'il y a eu de la concertation et qu'il y
avait un consensus.» Encore une fois, je vous dis, sur cet aspect-là des
choses, le consensus, je ne l'ai jamais
vu. D'ailleurs, lorsqu'on a commencé à rencontrer des associations syndicales,
ils nous disaient :
Il n'y en avait pas, de consensus sur le
projet de loi n° 79, qui comportait deux éléments déclencheurs : le fait d'être capitalisés à 85 % ou des régimes dont le départ à la retraite était prévu à 55 ans. Or, M. le Président, le régime de retraite des policiers de la ville de Montréal prévoit un départ à la retraite à 55 ans, il est
capitalisé à 110 % ou 106 %. Alors, ils se disaient : Pour quelle raison est-ce que je suis un
déclencheur dans le cadre du projet de loi n° 79? Le consensus, là, il n'existait pas.
Mais, plus loin, et là voici quel est le
problème : «Le partage des déficits passés — et là je
cite encore la leader de l'opposition. Dans la proposition qu'on faisait, on était
d'accord aussi qu'il y a certains régimes de retraite où il faut véritablement se rendre jusqu'à regarder [les] déficits passés et probablement, pour
pérenniser leurs régimes de retraite, les restructurer
et les rendre durables. C'est l'esprit, [les] rendre durables les régimes de retraite à prestations déterminées. Probablement qu'il y en a certains où il faut [...] rendre jusque-là pour réussir à les
pérenniser.» M. le Président, je vous lance
un défi, et je lance le défi aux 124 autres députés de l'Assemblée
nationale : Trouvez-moi un mot, dans le
projet de loi n° 79, où on
mettait une solution et on voulait régler les déficits passés. Pas un mot, pas
un iota. Savez-vous ce qui crée les problèmes dans le projet de loi n° 3? C'est
précisément lorsqu'on dit : On a
l'obligation de régler les déficits passés, et ces déficits passés vont se régler sur la base 50-50 : 50 % la municipalité, 50 % les
participants. Pourquoi? Parce qu'on ne veut pas faire supporter les
déficits passés par les contribuables.
Peut-être
que le consensus dont nous parlait justement la
leader de l'opposition, sur son projet de loi n° 79, c'était
véritablement le fait que dire : Les
déficits passés, on n'en parle pas. C'est les municipalités qui vont le payer.
Le principe du projet de loi n° 3, M. le Président, c'est qu'on veut dire
aux gens qui nous écoutent, aux contribuables du Québec :
Derrière la municipalité, il y a un payeur de taxes, il y a quelqu'un qui va payer pour ça.
Et, c'est vrai, on entend souvent la deuxième
opposition dire : Ça prend du courage. Le
projet de loi n° 3, c'est un
exemple de courage. C'est un exemple où on dit :
On va véritablement pérenniser les régimes, on va les améliorer
au plan du financement puis on
va faire en sorte que, les déficits passés, que municipalités et syndicats ont constamment pelletés
en avant dans le cadre de la
libre négociation, on va les régler, mais on ne réglera pas dans la poche des
contribuables. Ça, ça s'appelle du
courage. C'est un des principes de base du projet de loi n° 3, et, s'il y a un
élément sur lequel je souhaite intervenir aujourd'hui, à la clôture de cette procédure sur le débat sur
le principe du projet de loi n° 3, c'est de dire aux contribuables du Québec que le gouvernement ne
reculera pas sur ces principes fondamentaux et que ce ne sont pas aux contribuables du Québec à assumer les déficits
passés, négociés entre les municipalités et les cotisants aux régimes de
retraite. Les cotisants aux régimes de retraite vont en recevoir les bénéfices,
mais ce n'est pas les contribuables des municipalités qui vont payer pour le
fait qu'on ait pelleté par en avant des choses qu'on ne voulait pas voir.
• (16 h 50) •
Et
je me souviens très bien également qu'en commission parlementaire on a eu le
président du syndicat des cols blancs
de la ville de Québec, qui, lui, là, nous a donné l'exemple parfait de la libre négociation : convention
collective est échue, la ville est à la table de négociation, le syndicat des
cols blancs de la ville de Québec est à la table de négociation, ils sont dans un contexte atmosphère contrôlée, parfait, libre négociation.
Ils pouvaient tout revoir l'ensemble des bénéfices liés à la
rémunération, ils pouvaient voir le régime de retraite, ils pouvaient voir tous
les éléments de la convention collective,
les congés, les congés de cotisation que la ville avait payés, qu'elle s'était
permis, les avantages versés au régime, tout. Ils étaient dans une
situation parfaite de libre négociation.
Alors,
je lui pose la question : Qu'est-ce que vous avez fait avec les déficits
passés? Sa réponse, M. le Président, et
je vous renvoie aux galées de la commission, aux procès-verbaux de la
commission, sa réponse était à vous souffler par terre : Ce qu'on a fait, M. le ministre, on a pelleté ça par en
avant. Puis j'ai entendu les mots sortir de sa bouche, là, puis il avait
l'air du gars qui voulait les rattraper les uns après les autres parce qu'il
s'est entendu lui-même répondre à la question : On a pelleté ça par en
avant.
Savez-vous
c'est quoi, le problème des déficits passés dans les régimes de retraite à
prestations déterminées? C'est qu'on
a toujours pelleté ça par en avant. Puis pelleter par en avant, c'est pratique,
mais, à un moment donné, quand il y a un
mur puis qu'on continue à pelleter par en avant en se dirigeant vers le mur, à
un moment donné, la neige nous revient dans
la face, puis, à la fin, c'est la pelle qui nous revient dans la face, M. le
Président. Et le choix que ce gouvernement a fait, sous le leadership du premier ministre du Québec, c'est de dire
ceci : On ne pellettera plus par en avant puis on n'ira plus pomper
les erreurs du passé à travers le portefeuille des contribuables des
municipalités du Québec. S'il y a un principe auquel nous tenons dans ce projet
de loi là, c'est celui-là.
L'autre
élément, M. le Président, je m'étais engagé à apporter des assouplissements au
projet de loi, il y aura des assouplissements
pour tenir compte des régimes qui sont pleinement capitalisés. Il y aura des
amendements pour tenir compte de ceux
qui ont fait un effort de restructuration avant que le projet de loi ne soit
déposé puis il y aura un effort qui sera fait à l'égard des retraités,
parce qu'on souhaite que la suspension de l'indexation à l'égard des retraités
soit non seulement une situation de dernier recours, mais que cette
indexation-là soit rétablie le plus rapidement possible.
Sur
l'ensemble, M. le Président, nous apporterons des assouplissements. Sur les
principes, nous aurons la fermeté, et le courage, et la détermination de
voir à ce que ce projet de loi là soit adopté le plus rapidement possible.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le
ministre, pour cette intervention. Alors, cela met un terme à l'étape du
débat de l'adoption de principe.
Donc, le principe du projet de loi
n° 3, Loi favorisant la santé financière et la pérennité des régimes de
retraite à prestations déterminées du secteur municipal, est-il adopté?
Des voix :
…
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Vote par appel nominal. Mme la leader adjointe.
Mme
Vallée : Alors, M. le Président, je vous demande, à la suite
d'une entente, conformément à l'article 223, de reporter le vote à
la période des affaires courantes du mercredi 1er octobre prochain.
Vote reporté
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, le vote sur
l'adoption du principe sur le projet de loi n° 3 sera reporté à
demain. Mme la leader adjointe du gouvernement, pour la suite des choses.
Mme Vallée :
Alors, M. le Président, je vous demanderais d'appeler l'article 2.
Projet de loi n° 8
Adoption du principe
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : À l'article 2 du feuilleton, M. le ministre
du Travail propose l'adoption du principe du
projet de loi n° 8, Loi modifiant le Code du travail à l'égard de certains
salariés d'exploitations agricoles. Alors, M. le ministre du Travail, je
vous cède la parole pour votre intervention.
M. Sam Hamad
M.
Hamad : Merci, M. le Président. Le projet de loi n° 8
est essentiel pour assurer la pérennité d'un bon nombre de nos exploitations agricoles. Il propose
d'établir un modèle de relations de travail adapté aux fermes qui emploient
moins de trois salariés de façon
ordinaire et continue et qui sont vulnérables en raison du caractère saisonnier
de leurs activités et de la nature périssable de leurs produits.
Plus
de la moitié de nos exploitations agricoles emploient moins de trois salariés à
l'année de façon permanente. En
adoptant ce projet de loi, nous allons les protéger tout en garantissant des
droits à leurs travailleurs, qu'ils soient d'ici ou d'ailleurs. Depuis sa création en 1964, le Code du travail n'a jamais
permis la syndicalisation dans ce type bien précis d'exploitation agricole. C'est un jugement de la
Cour supérieure qui a changé la donne en mars 2013. Il a invalidé une
disposition du code, l'article 21, qui
empêchait la syndicalisation dans les fermes de moins de trois employés. Le
tribunal avait donné un an au
législateur pour corriger le tir; c'est ce que vient de faire ce projet de loi.
Notre gouvernement a plutôt opté pour
une solution visant à trouver un équilibre entre le droit d'association des
travailleurs et la pérennité du modèle agricole québécois. Plus de la moitié
de nos exploitations embauchent moins de trois salariés sur une base
permanente. Ne rien faire équivaudrait
à mettre en péril de nombreux emplois, notamment chez nos producteurs
maraîchers. Les consommateurs seraient
aussi perdants si les produits locaux
venaient à disparaître des tablettes au profit des légumes et des fruits
cultivés ailleurs.
M.
le Président, je veux m'attarder un peu sur le pourquoi du projet de loi. Je
vais me référer aux conditions… aux
auditions publiques tenues par la Commission de l'économie et du travail le
9 septembre dernier. Six groupes ont été entendus : l'Association des producteurs maraîchers du Québec,
l'Association des producteurs de fraises et de framboises du Québec, le syndicat des travailleurs unis de
l'alimentation et du commerce conjointement avec la FTQ, l'Union des
producteurs agricoles, la CSN et le Conseil du patronat du Québec.
Il y a une chose en
particulier que je retiens des consultations : le dynamisme et la ténacité
qui animent les producteurs. Chez un
producteur maraîcher, il y a un seul patron : la météo. C'est le soleil,
la pluie, la chaleur ou le gel qui
décide. Quand la fraise est rouge, on la cueille. Cette remarque, elle vient de
la bouche de M. Guy Pouliot, producteur de fraises de l'île d'Orléans. Il témoigne au nom de l'Association des
producteurs de fraises et framboises du Québec. Il nous a beaucoup parlé de la vulnérabilité de ce genre de culture aux
conditions climatiques. Ce n'est pas le producteur ni le travailleur qui
décident quand c'est le moment d'aller au champ, c'est la météo.
M. Pouliot
a aussi insisté sur le coût important que représente la main-d'oeuvre pour une
entreprise comme la sienne. De
50 % à 70 % des dépenses, ce sont des salaires. Mais il n'y a pas que
ça, il y a aussi la forte compétition avec laquelle les producteurs doivent composer, notamment avec l'Ontario et
la Californie. Au goût, cependant, nous allons tous convenir que la
fraise cultivée au Québec est imbattable. C'est à faire rougir la compétition.
M. le Président,
beaucoup de députés dans cette Assemblée viennent de régions où l'agriculture
occupe une grande place dans l'économie
locale et régionale. Nous devons préserver cette richesse collective, c'est la
raison d'être du projet de loi qui
est à l'étude. Les mesures proposées concernent uniquement les exploitations
agricoles qui emploient moins de trois
salariés de façon ordinaire et continue. Les propriétaires visés pourraient
temporairement avoir recours à de la
main-d'oeuvre additionnelle, par exemple pendant les récoltes, sans être
assujettis aux dispositions générales du Code du travail. Les mesures que nous proposons sont adaptées à la réalité
des producteurs agricoles, qui doivent composer avec un environnement
d'affaires très exigeant.
En commission
parlementaire, l'Association des producteurs maraîchers est venue nous dire que
le projet de loi répondait aux préoccupations de ses membres. Selon son
porte-parole, M. André Plante, c'est même une question de survie pour les fermes maraîchères du Québec. La
concurrence est féroce. La province voisine, l'Ontario, prend de plus en
plus des parts de marché. Les fermes ontariennes sont aussi de plus grande
taille que celles du Québec. Là-bas, la syndicalisation
est interdite, peu importe le nombre de salariés. Pour protéger les fermes du
Québec qui emploient moins de trois
salariés à temps plein, nous devons baliser le droit d'association. Ne pas le
faire, dans un tel contexte concurrentiel, pourrait mettre leur
existence en péril. Des emplois seraient aussi menacés.
• (17 heures) •
Je le
rappelle, le Code du travail, adopté il y a 50 ans, n'a jamais permis la
syndicalisation dans les petites fermes du Québec, et ce n'était pas sans raison, c'est un secteur très
vulnérable. Le projet de loi n° 8 introduit des dispositions particulières qui protègent le droit d'association
de ces salariés. Il exige que l'employeur donne à l'association qui les
représente une occasion raisonnable de présenter des observations verbales ou
écrites sur les conditions d'emploi des travailleurs.
Il propose aussi un certain encadrement de ce processus. Il prévoit en effet
que la diligence et la bonne foi doivent
gouverner les échanges entre l'association de salariés et l'employeur. Advenant
une mésentente à cet égard, une plainte
pourrait être portée à la Commission des relations de travail. Le projet de loi
reconnaît donc à la CRT, Commission des
relations de travail, une compétence pour entendre tout recours alléguant une
violation de ces dispositions particulières.
M. le Président, nous avons le devoir de
protéger les exploitations agricoles les plus vulnérables. Ce serait irresponsable de ne pas le faire. La survie de
plusieurs producteurs en dépend. Le caractère particulier de leurs activités
commande un encadrement spécial. Nous devons
mettre en place des règles de relations de travail adaptées aux
réalités des fermes de petite taille,
tout en respectant la liberté d'association des salariés. Je rappelle que le
droit de grève ou de lock-out ne
serait pas permis. L'été est court au Québec et le climat est souvent capricieux. La menace
d'un conflit de travail en pleine
saison des récoltes comporte de nombreux risques pour bon nombre de
producteurs. La situation pourrait même s'avérer catastrophique si
les récoltes ne sont pas engrangées et/ou mises en marché à temps.
M. le Président, je veux insister sur une
chose : le projet de loi vient baliser le droit d'association seulement dans les exploitations agricoles qui emploient
moins de trois salariés d'une façon ordinaire et continue. Les dispositions du Code du travail
s'appliquent dans tous les autres cas. Je tiens aussi à préciser que les
travailleurs agricoles au Québec
sont protégés par nos lois, au même titre
que tous les autres travailleurs. Qu'il me suffise de mentionner le Code civil,
notre régime de santé et de sécurité du
travail, aux lois sur les normes du travail, c'est la même protection pour tout le monde, y compris pour les
travailleurs étrangers temporaires.
Je rappelle
que la Commission des normes du
travail intervient d'une façon particulière
dans les secteurs d'emploi où les
travailleurs sont plus vulnérables. C'est le cas dans le domaine agricole. La commission a même développé des outils de communication en langue espagnole à l'intention des travailleurs migrants temporaires. Elle veille à ce qu'ils soient informés
de nos lois pour qu'ils connaissent leurs droits.
En terminant,
j'invite les députés des partis de l'opposition à voter en faveur
du principe de ce projet de loi. Son adoption
est nécessaire si nous voulons assurer la pérennité de bon
nombre de nos producteurs agricoles. Les travailleurs et les
consommateurs en récolteront aussi les fruits. Merci.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le
ministre du Travail, pour cette
intervention. M. le député de Berthier,
porte-parole de l'opposition officielle en matière d'agriculture, je vous cède
la parole.
M. André Villeneuve
M.
Villeneuve : Bonjour, M. le Président. Bonjour, collègues de
l'Assemblée nationale. Toujours un plaisir de pouvoir me lever ici, M.
le Président.
Alors, nous
voici à l'étape de principe du projet de loi n° 8, déposé par le ministre
du Travail du gouvernement, le député
de Louis-Hébert. Le titre du projet de loi se lit comme suit : Loi
modifiant le Code du travail à l'égard de certains salariés d'exploitations agricoles. À la lecture
des notes explicatives, M. le Président, on comprend que ce projet de loi
interpelle la Commission des relations du
travail et tend à introduire des dispositions particulières applicables aux
salariés d'exploitations agricoles qui emploient moins de trois
salariés.
Bien que je
sois porte-parole en matière non pas de travail, mais d'agriculture, de
pêcheries et d'alimentation et que ce
projet de loi relève du ministère du Travail, notre formation politique, M. le
Président, nous a confié, à mon collègue de Rimouski et à moi-même, la tâche de siéger sur la commission
parlementaire qui étudie ce projet de loi. Ce qu'il faut comprendre, M. le Président, c'est que, comme
porte-parole en agriculture, ce projet de loi m'intéresse et m'interpelle,
vous l'aurez compris, au plus haut point.
C'est donc avec grand plaisir et grand sérieux que, depuis le début de la commission, nous travaillons et collaborons aux
travaux de la commission, et ce, dans l'optique d'en arriver aux meilleurs
résultats possible, et ce, dans l'intérêt de la société québécoise. Ce sont
d'ailleurs ces mêmes intérêts qui guident nos actions de tous les jours.
M. le
Président, puisqu'il est hautement question, notamment, d'agriculture dans le
projet de loi n° 8 — en fait l'agriculture
est au coeur même du projet de loi — vous me permettrez, à ce moment-ci de mon
intervention, non pas d'entrer au
coeur même du projet de loi — le ministre l'a très bien fait tantôt, j'y
reviendrai, pour ma part, un peu plus tard — mais de vous parler de l'incroyable impact
qu'a eu et qu'a encore aujourd'hui l'agriculture au sein de nos sociétés.
En fait, j'irai même jusqu'à affirmer, et j'affirme, que l'agriculture est le
pilier des civilisations, M. le Président.
Je nous
invite donc, pour quelques minutes, à retourner en arrière : quand même
assez loin, mais pas aussi loin qu'à
l'époque de l'homme du Neandertal, M. le Président, quand même, qui, on le
sait, se situe en Europe et au Moyen-Orient il y a 400 000 et 30 000 ans, et qui a vu naître, entre
autres, le développement du langage chez l'homme. Puis je dois vous avouer, M. le Président, que j'ai beaucoup hésité
avant d'intégrer cette partie-là à mon texte, mais il faut parfois rappeler à
notre mémoire nos
origines pour mieux apprécier et défendre les choses qui nous sont
essentielles, et l'agriculture fait partie de ce qui est essentiel à la vie et à notre civilisation.
Alors, on se
lance, M. le Président, si vous le permettez bien, et retournons à l'époque des
grandes civilisations. J'invite mes collègues à être patients, ça va durer trois, quatre minutes, mais je pense
que c'est très intéressant et ça vaut la
peine de faire ce petit détour, qui, à mon avis, est essentiel. Donc, retournons
aux grandes civilisations d'il y a un peu plus de
5 000 ans, M. le Président. Comme ces grandes civilisations de cette époque… on n'a qu'à penser, si
on veut s'en rappeler, aux pyramides
d'Égypte et d'Amérique centrale, et aux fameuses ziggourats, qui sont les
temples en forme de tour à étages
d'Irak, ou encore au palais de Cnossos en Crête, sans oublier la forteresse de
Mycènes en Grèce continentale, et bien sûr les cités rectangulaires vieilles de 4 000 ans d'Harappa et Mohenjo-Daro sur l'Indus.
À cette
époque, l'homme — et là je précise, M. le Président, et ça sera pour tout le
long du texte, au sens universel, bien
sûr, au sens universel du terme — s'installa dans les vallées du Tigre et de
l'Euphrate, dont les terres agricoles sont d'une très grande richesse. Aujourd'hui, on les qualifierait assurément de terres de classe I. Les populations nomades
de chasseurs-cueilleurs développent
et adoptent alors un nouveau mode de vie, la sédentarisation. Les préhistoriens
semblent s'entendre sur le fait que
l'agriculture — eh oui! M. le Président — aurait vu le jour vers la fin du
mésolithique et le début du néolithique, donc
il y a environ 10 000 ans. Quand même!
L'homme n'a
pu arriver à ce résultat, la sédentarisation, qu'en développant de nouvelles approches,
d'abord en se regroupant. On peut
d'ailleurs voir là les premières formes de coopérativisme. Cette mise en commun
des forces permet une organisation du
travail. Ce qu'un homme seul n'aurait pu réaliser, en particulier l'irrigation
et le drainage des terres afin de
pouvoir s'assurer de produire les céréales nécessaires à son alimentation et à
l'élevage, devint alors possible. Il peut maintenant le faire. Au cours des siècles qui
vont suivre, les méthodes de culture vont s'améliorer, ce qui va permettre
de produire des surplus et de développer des
méthodes de stockage pour être en mesure de faire face aux années de vaches
maigres. Pour la première fois de l'histoire
de l'humanité, l'homme peut enfin se consacrer à autre chose qu'à la recherche
constante de nourriture pour sa survie.
De
chasseur-cueilleur nomade d'il y a 150 000 ans, homo sapiens sapiens, en
passant par la période du paléolithique il y a 80 000 à 14 000 ans, puis par le mésolithique, il y a 10 000 ans, avec les premières
expériences agricoles qui permettront, 3 000 ans plus tard, soit il y
a 7 000 ans, l'utilisation des premières charrues — on parle ici,
évidemment, de la houe, hein, pour meubler la terre — pour enfin voir apparaître les toutes
premières formes d'urbanisation dans les vallées alluviales du
Moyen-Orient et du Nil. L'homme va alors jeter les bases sur lesquelles les
civilisations vont se développer, soit l'invention
de l'écriture, des mathématiques et des premières méthodes de gouvernance. En effet, comme l'homme dégageait des surplus de ses récoltes et qu'il les
entreposait, il devait par le fait même tenir un inventaire et, pour ce faire,
il a dû les nommer, les mesurer et
les distribuer. Il ne faut pas oublier que ce phénomène de gestion des produits
de l'agriculture n'est pas unique,
évidemment, à la Mésopotamie.
En effet, il y a environ 2 500 ans, M. le
Président, on se rappellera, une situation similaire se déroula aussi en Amérique centrale, où d'autres civilisations se
sont développées après l'adoption de l'agriculture; pensons aux Olmèques,
aux Zapotèques, aux Mayas ainsi qu'aux Incas
en Amérique du Sud. Toutes ces civilisations
reposaient sur une chose :
l'agriculture.
Pour revenir à la
Mésopotamie d'il y a 5 000 ans, ces progrès en agriculture se
répandirent rapidement dans tout le
Moyen-Orient pour ensuite se propager en Asie centrale, orientale et
méridionale puis en Afrique du Nord-Est et en Europe méditerranéenne. Donc, c'est
grâce à la maîtrise de l'agriculture que les hommes ont pu se regrouper en
communautés pour atteindre la taille
de bourgades, de villages, puis de villes, et, plus tard, d'États. C'est ainsi que l'agriculture a entraîné une transition vers la vie urbaine qui se poursuit
encore aujourd'hui. Clairement, l'histoire nous enseigne que l'agriculture
a donné naissance aux grandes civilisations
et que nous sommes, sur le plan de cette même histoire,
la simple suite logique.
• (17 h 10) •
Mais
l'agriculture, M. le Président, pilier des civilisations, a aussi — et on tend à l'oublier — façonné nos paysages. Nous n'avons qu'à penser à la construction de
digues et de barrages ou au détournement de cours d'eau pour irriguer les
cultures. Nous avons tous, chacun d'entre
nous, ici présents, été émerveillés par la beauté que dégagent les cultures en
terrasses sur les flancs de collines — ça, c'est
mon côté municipal, M. le Président, l'aménagement du territoire — donc,
les terrasses, hein, les cultures en
terrasses sur les flancs de collines. Et que dire des paysages agricoles du
Québec, de ses pâturages, de ses
vignobles? Avez-vous déjà apprécié, du haut des airs, la beauté que dégagent
les champs inondés lors de la récolte
des canneberges? Extraordinaire! C'est extraordinaire! Il faut voir ça. Ou encore, pour ceux qui ont
déjà fait l'ascension du mont Saint-Hilaire… ce n'est pas le Kilimandjaro, je
le concède, mais quand même, allez faire un tour, c'est les couleurs, c'est le temps, là, à cette... la saison
est très, très, très belle, très propice. Donc, de voir les damiers
de culture à perte de vue, cette vue nous
rappelle aussi notre histoire, celle des seigneuries. Bien sûr,
les exemples sont nombreux et nous
rappellent à quel point l'agriculture est au coeur de nos vies, et, lorsque
faite de manière intelligente
et harmonieuse, l'intervention de l'homme donne des résultats spectaculaires.
Voilà, M. le
Président. Je tenais absolument à faire ce retour dans le passé, j'avoue,
lointain — j'étais
déjà remonté assez loin, mais jamais
aussi loin que ça — afin que
l'on mesure bien l'impact, l'importance, voire la nécessité absolue de mettre, comme société, l'agriculture au coeur de
nos préoccupations. Et, comme on dit, pas d'agriculture, pas de civilisation,
pas d'avenir.
M. le
Président, je viens de faire la preuve irréfutable que les oeufs, les légumes
et les fruits ne trouvent pas leur origine dans les supermarchés, comme
certains enfants le croient, mais bien à la ferme. Voilà.
Maintenant,
M. le Président, je reviens au projet de loi comme tel. D'abord, vous dire que
la commission a entendu, au cours des
consultations particulières, des représentants de différentes organisations,
nommément les représentants de l'Association
des producteurs maraîchers du Québec, les représentants de l'Association des
producteurs de fraises et de framboises du Québec, les représentants des
Travailleurs et travailleuses unis de l'alimentation et du commerce Canada
et la Fédération des travailleurs et
travailleuses du Québec, les représentants de l'Union des producteurs
agricoles, les représentants de la
Confédération des syndicats nationaux, les représentants du Conseil du patronat
du Québec. Je sais que le ministre,
tantôt, a énuméré cette liste, en a fait la nomenclature. Je tenais à le faire
moi aussi, parce que je pense que les
gens se déplacent, ils viennent ici nous rencontrer et nous faire part de leurs réflexions, et je
pense que ça vaut la peine de le
souligner encore une fois. Le projet
de loi exige... Pardon, excusez-moi.
Les représentants, oui, représentants du Conseil du patronat du Québec, donc,
je les remercie, M. le Président, de s'être déplacés.
Comme je l'ai dit précédemment, nous sommes à
l'étape du principe du projet de loi n° 8, qui s'intitule Loi modifiant le Code du travail à l'égard de certains
salariés d'exploitations agricoles. Donc, tel que promis et pour le bénéfice
des gens qui nous écoutent, permettez-moi de
faire un historique de la situation. Ce projet de loi introduit dans le Code
du travail des dispositions particulières
applicables aux salariés d'exploitations agricoles qui emploient moins de
trois salariés de façon ordinaire et continue. Le projet de loi exige notamment
de l'employeur des salariés visés qu'il donne
à leur association une occasion raisonnable de présenter des observations au
sujet de leurs conditions d'emploi. Il
prévoit que l'employeur doit prendre connaissance de ces observations. Le
projet de loi prévoit que la diligence et la bonne foi doivent gouverner les échanges entre l'association de salariés
et l'employeur. Le projet de loi reconnaît, par ailleurs, à la Commission des relations du travail une compétence pour
connaître et disposer de toute plainte alléguant une violation aux dispositions particulières. Concrètement, le projet de
loi, en créant un régime d'exception, prive les employés agricoles de plusieurs dispositions du Code du
travail, notamment du droit à l'accréditation, des dispositions sur la
négociation collective et de celles
sur la convention collective, du droit de grève, de l'arbitrage des premières
conventions, de l'arbitrage de griefs.
Voyons tout
d'abord, M. le Président, comment nous en sommes arrivés à ce projet de loi. Le
18 juillet 2008, le syndicat des
Travailleurs unis de l'alimentation et du commerce déposait une requête en accréditation auprès de la Commission des relations de travail afin de
représenter les travailleurs agricoles saisonniers embauchés par la ferme L'Écuyer & Locas. Donc, les Travailleurs unis
de l'alimentation et du commerce allèguent alors que l'alinéa 5 de l'article 21
du Code du travail viole les principes de la
liberté d'association inscrits dans la Charte canadienne des droits et
libertés, article 2, paragraphe d, et la Charte des droits et libertés
de la personne du Québec, article 3.
Cette
disposition du Code du travail, qui existe depuis sa création, le ministre en a
fait état tantôt, de sa création en
1964, avait pour objectif de limiter l'accès à la syndicalisation dans les
petites fermes familiales en faisant en sorte qu'une association de
salariés agricoles peut être accréditée seulement si ses membres travaillent
dans une ferme qui embauche plus de trois salariés, et ce, de façon ordinaire
et continuelle.
Le 16 avril 2010, la Commission
des relations de travail confirme les
prétentions syndicales. Elle déclare inconstitutionnelle
et, par conséquent, inopérante cette disposition du Code
du travail. Elle accorde donc l'accréditation syndicale demandée. Toujours
le 16 avril 2010, M. le Président, la Commission des relations de travail
déclarait que l'exclusion de certains
travailleurs agricoles saisonniers du régime d'accréditation syndicale et de
négociation collective prévue au Code du travail, article 21, alinéa
cinq, portait atteinte à leur liberté d'association. Reconnaissant la grande
vulnérabilité des travailleurs agricoles et celle encore plus grande des
travailleurs migrants temporaires oeuvrant en agriculture,
la Commission des relations de travail estime que l'article 21, alinéa cinq,
viole les chartes canadiennes et québécoises
et qu'une telle violation n'est pas justifiée. Notamment, le Procureur général
n'a pu établir aucun lien rationnel entre l'objectif allégué de
protection des fermes familiales et l'exclusion du code.
Le
commissaire note, et je cite : «L'absence de lien rationnel entre
l'objectif de protection des fermes familiales et l'exclusion des salariés du régime légal de négociation est manifeste
dans un contexte où le code permet l'accréditation à l'égard d'entreprises de tous les secteurs, sans
égard à leur santé financière ou même à leur taille. Une accréditation peut
même être accordée dans le cas où l'unité de négociation ne serait constituée
que d'une seule personne.»
Au mois de
mai 2010, M. le Président, l'employeur et le Procureur général du Québec
déposent une requête en révision judiciaire de la décision de la
Commission des relations de travail. Le 11 mars 2013, la Cour supérieure du Québec confirme la décision de la Commission des
relations de travail et conclut à l'invalidité de la disposition du Code
du travail. La cour suspend les effets de sa
décision et donne un délai d'un an au législateur pour régulariser la
situation. En révision judiciaire, le
Procureur général du Québec demande à la cour de déclarer que l'alinéa cinq de
l'article 21 du Code du travail n'enfreint pas la liberté d'association.
Subsidiairement, il fait valoir que, s'il y a violation, celle-ci se justifie en vertu des articles 1 de la charte
canadienne et 9.1 de la charte québécoise. L'employeur affirme que la décision
de la Commission des relations de travail
outrepasse sa compétence. De son côté, le syndicat demande à la cour de
déclarer que la disposition en litige
est inconstitutionnelle. Il souhaite également que la conclusion de la
Commission des relations de travail, relativement à l'absence de
discrimination, soit infirmée.
Voyons
voir la décision, M. le Président. «L'alinéa cinq de l'article 21 du Code du
travail est déclaré inconstitutionnel et
inopérant parce qu'il viole des dispositions de la Charte canadienne des droits
et libertés et de la Charte des droits et libertés de la personne en
matière d'association syndicale; le législateur a un an pour remédier à la
situation. […]
«La décision
portant sur la validité constitutionnelle d'une disposition législative doit
être correcte, sans quoi elle sera
révisée judiciairement. Cependant, dans son examen des conclusions factuelles
de la Commission des relations de travail,
le tribunal tiendra compte du fait que cette dernière a eu l'avantage
d'entendre les témoins. La liberté des employés de s'associer implique le droit de ces derniers de présenter
collectivement à l'employeur des demandes relativement à leurs conditions de travail ainsi que l'obligation de
l'employeur de traiter ces demandes de bonne foi. La liberté d'association
inclut le droit de négocier collectivement.
«Selon la
Commission des relations de travail, le syndicat a démontré que le gouvernement
voulait exclure les travailleurs
agricoles du droit de négocier collectivement. En l'absence de tout autre
régime pouvant permettre d'atteindre les mêmes fins,
l'exclusion du régime général prévu au Code du travail empêche les employés
saisonniers exclus d'influer véritablement
sur [les] conditions de travail. […]Pour les salariés qui travaillent dans les
fermes employant ordinairement et
continuellement moins de trois employés, l'alinéa cinq de l'article 21 du Code
du travail est discriminatoire en ce qu'il constitue un obstacle à l'exercice de leur liberté d'association.
[…]Elle a estimé qu'aucune preuve ne permettait de conclure que l'accès des travailleurs agricoles exclus du
régime général de représentation syndicale entraînerait nécessairement
des conséquences néfastes pour les petites fermes.
• (17 h 20) •
«[Enfin,] la Commission des relations de travail
a conclu qu'elle n'avait pas compétence pour prononcer l'invalidité de l'alinéa cinq de l'article 21 du Code du travail. Elle a
toutefois déclaré que cette disposition était inopérante. Elle a précisé
que sa décision n'avait d'effet qu'entre les parties. Elle a accordé
l'accréditation demandée, refusant de suspendre
les effets de sa déclaration. Dans le contexte d'une requête en révision
judiciaire, il est possible de demander au tribunal de déclarer l'inconstitutionnalité d'une disposition. […]En
l'espèce, il est approprié que la cour fasse droit à la demande du
syndicat et déclare l'invalidité constitutionnelle de l'alinéa cinq de l'article 21
du Code du travail. Cette déclaration ainsi que les effets de la décision de la Commission des relations du travail sont toutefois suspendus pendant
12 mois afin de permettre au législateur de revoir la loi.»
En mars 2014… On se rapproche, M. le Président.
On est partis de loin, là, quand même. En mars 2014, le gouvernement du Parti
québécois annonce sa décision de ne pas intervenir de façon législative,
faisant en sorte que l'alinéa cinq de l'article 21 du Code du travail
sera inopérant à compter du 1er mars 2014. Ainsi, les exploitations agricoles de moins de trois employés — on comprend que c'est deux employés, un
employé — permanents
étaient désormais assujetties aux
mêmes dispositions du Code du travail que les autres entreprises. En juin 2014,
le gouvernement libéral actuel renverse la décision du précédent
gouvernement et dépose le projet de loi n° 8.
Maintenant,
M. le Président, soulignons qu'en Ontario les tentatives de syndicalisation
donneront lieu à deux décisions majeures :
l'une de la Cour suprême connue comme étant l'affaire Dunmore, l'autre de la
Cour d'appel de l'Ontario dans l'affaire Fraser.
Voyons voir,
M. le Président, l'affaire Dunmore en 2001 : «L'arrêt Dunmore concernait
l'exclusion des travailleurs agricoles
ontariens du régime général de la Loi sur les relations de travail, équivalent
de notre Code du travail. La Cour suprême conclut à une négation du
droit d'association. Le juge Bastarache souligne que "l'exclusion
sélective d'un groupe de ce type de
législation peut avoir des effets substantiels sur l'exercice d'une liberté
fondamentale"; que "les libertés syndicales sont au coeur de la charte, et que la loi qui leur donne
effet ne devrait pas être inapplicable là où elle est le plus
nécessaire".
«L'exclusion
des travailleurs agricoles revient à privilégier la volonté patronale. Si
certains domaines d'emplois se
prêtent plus difficilement à la négociation collective, ce n'est pas le cas du
secteur agricole. Quant aux faibles marges de profit, elles ne constituent pas un argument, de nombreux autres
secteurs se trouvant dans la même situation. L'État doit fournir une protection aux travailleurs
vulnérables qui autrement seraient dans l'impossibilité d'exercer leur liberté
d'association. Ainsi, le législateur
"devrait au moins protéger les travailleurs agricoles contre les
conséquences juridiques et
financières de la formation d'une association". Ce jugement, qui forcera
le gouvernement ontarien à revoir sa législation, avait le mérite de poser crûment la question de
l'exploitation de milliers de [travailleurs] et [travailleuses] dans un secteur
aussi important de l'économie canadienne.»
Maintenant,
l'affaire Fraser : «L'arrêt Fraser porte sur la validité constitutionnelle
de la loi adoptée par l'Ontario en
réponse à l'arrêt Dunmore : Loi de 2002 sur la protection des employés
agricoles. Cette loi, très similaire au texte du projet de loi n° 8, crée pour les travailleurs agricoles un
régime parallèle d'organisation [...] comportant moins de droits. La
possibilité de former une association, d'y adhérer et de participer à ses
activités sans craindre d'ingérence ou de contraintes
y est consacrée. Les employé-e-s peuvent se réunir et présenter des
observations à leur employeur au sujet de leurs conditions d'emploi.
L'article 5 édicte :
«"5. (1)
Un employeur donne à une association d'employés une occasion raisonnable de
présenter des observations au sujet des conditions d'emploi d'un ou de
plusieurs de ses membres qui sont employés par cet employeur.
«"(5) L'association d'employés peut
présenter ses observations oralement ou par écrit.
«"(6)
L'employeur écoute les observations qui lui sont présentées oralement et lit
celles qui lui sont présentées par écrit.
«"(7) Si
les observations lui sont présentées par écrit, l'employeur informe
l'association d'employés par écrit qu'il les a lues."
«Dans un
jugement fort divisé, les juges majoritaires — cinq contre quatre — tout en réaffirmant les principes établis dans les arrêts Dunmore et Health
Services, déclarent la loi valide. Selon eux, interprétée correctement, la [loi
sur les employés agricoles de l'Ontario] respecterait la liberté
d'association. Bien qu'elle n'exige pas expressément que l'employeur examine de
bonne foi les revendications des salarié-e-s, une telle obligation serait
implicite : "Une seule explication
peut être trouvée à l'obligation imposée à l'employeur d'écouter ou de lire les
observations présentées par les
employés : s'assurer que l'employeur considère effectivement ces
observations. Une simple obligation d'écoute ou de lecture passive ne permettra pas de réaliser cet
objectif. Pour s'acquitter de son obligation, l'employeur doit examiner
les observations. De plus, il doit le faire de bonne foi : une attitude
fermée rend l'examen sans objet."
«La juge Abella, dissidente, estime de son côté
que la loi est nettement insuffisante pour respecter la liberté d'association. Elle note : "Voilà en
quoi consistent les obligations de l'employeur — écoute, lecture [...] confirmation de
lecture. Aucune réponse de sa part n'est exigée."»
Enfin :
«Dans une décision — M. le Président — de
mars 2012, le Comité de la liberté syndicale de l'Organisation internationale du travail, saisi d'une plainte portée contre la loi sur les employés
agricoles, abonde dans le même
sens que la
juge Abella. Le comité estime en effet
la loi ontarienne non conforme aux principes de la liberté syndicale et de la négociation collective. Il souligne : "Le comité rappelle à ce propos que la négociation collective implique un engagement
continu dans un processus de concessions
mutuelles qui reconnaît la nature volontaire
de la négociation collective et l'autonomie
des parties. De l'avis du comité, l'obligation de prendre en compte de bonne foi les
revendications de l'employé, qui oblige simplement les employeurs à donner une opportunité raisonnable de
présentation des revendications et de les lire ou de les entendre — même si cela est fait de bonne foi — n'est
pas de nature à garantir un tel processus. Par conséquent, le comité demeure d'avis
que l'absence de mécanisme expressément cité de promotion de la négociation collective destiné aux travailleurs agricoles constitue un obstacle à l'un des principaux objectifs
de la garantie de la liberté syndicale.
«[…]Le comité des libertés
syndicales demande en conséquence au gouvernement ontarien de modifier sa loi "en
vue d'instituer les mesures ou les
mécanismes appropriés pour que des négociations collectives pleines et entières puissent être organisées dans le secteur agricole, y compris
en garantissant que les travailleurs agricoles puissent entreprendre des
actions collectives sans encourir de sanctions."»
M. le Président, je vais vous faire une… En fait, je vais
vous lire ce que M. Lévesque, donc, de la CSN est venu dire sur l'arrêt
Fraser, donc : «Sur [l'arrêt] Fraser, il
y a peut-être quelques nuances à
apporter. Bien qu'il soit vrai que la cour constitutionnalise ou déclare
constitutionnelle une partie de cette loi ontarienne, il faut prendre en
considération que le tribunal s'est
livré à un examen fort limité portant sur la négociation et n'avait pas à donner une réponse ou à questionner le traitement
que réservait cette loi ou qu'on
réservait à la liberté syndicale ou au droit d'association dans son ensemble. Donc, la question posée portait
exclusivement sur cette liberté de négociation et l'examen de certaines
clauses.
«Par ailleurs, il faut aussi tenir compte qu'on est tributaires
des faits — alors, c'est toujours M. Lévesque qui parle, M. le Président. On se souviendra que, dans cet arrêt, la cour
mentionne qu'au simple examen de certaines
dispositions portant sur la négociation [...] ça ne pose pas
problème, mais cependant, à
l'exercice, peut-être que ça en posera. La cour laisse quand même une porte ouverte.»
Le 11 mars
2013, M. le Président, la Cour supérieure du Québec confirme la décision de la
Commission des relations du travail et conclut à l'invalidité de la disposition du Code
du travail, disposition en vigueur depuis 1964. La cour donne un an au
législateur pour régulariser la situation. Le gouvernement actuel veut
régulariser la situation, M. le Président, et pour ce faire il présente le projet de loi
n° 8, que nous avons devant nous, projet de loi qui ressemble beaucoup
à la législation en vigueur depuis 2002 en
Ontario. On sait que la Cour suprême du Canada a,
dans son jugement fort divisé, cinq
contre quatre, déclaré la loi ontarienne valide. Mais la cour mentionne qu'au simple examen de certaines dispositions portant sur la négociation, ça ne pose pas de
problème. Mais cependant l'exercice, comme on le disait tantôt… à l'exercice, peut-être que cela en posera.
La cour laisse donc, si on peut dire, la chance au
coureur.
Mais justement qu'en
est-il, actuellement,
sur le terrain, M. le Président, en Ontario? La réponse :
Aucune convention
n'a été signée. Mais la décision de la Cour
suprême du Canada s'applique à la loi ontarienne. Ça, c'est
une chose. Mais qu'en est-il de l'obligation du législateur, en
l'occurrence du gouvernement du Québec, dans la mesure où il décide, comme c'est
le cas, de régulariser la situation par voie législative de la décision rendue
par la Cour supérieure du Québec? Qu'en est-il de
son obligation de légiférer en respectant l'esprit du jugement de la Cour
supérieure du Québec? N'y a-t-il pas
un équilibre à atteindre? Jetons un coup d'oeil sur les positions des uns et
des autres lors des consultations de la
commission, M. le Président.
Les
consultations que nous avons menées nous ont démontré que les positions des
intervenants concernés ne sont pas identiques. Il y a une incompatibilité entre
la position des producteurs maraîchers, qui
craignent l'impact économique de la
syndicalisation, et la position des syndicats, qui souhaitent que les droits d'association des
travailleurs agricoles soient les
mêmes, peu importe la taille de l'exploitation. Les producteurs maraîchers, les
producteurs de fraises et framboises, l'UPA et le Conseil du patronat appuient le projet de
loi n° 8. Depuis le jugement de la Cour supérieure, ils demandaient
un régime particulier de relations de
travail s'inspirant de la loi adoptée en Ontario en 2002. Ils s'étaient opposés à la décision de ne pas légiférer à
l'échéance du 11 mars 2014. Ils évoquent la spécificité du secteur agricole — produits périssables, aléas climatiques, etc., la lourdeur
administrative associée à la gestion de conventions
collectives et la productivité — comme principaux arguments pour
appuyer la nécessité de la mise en place d'un
régime spécifique pour leurs employés.
• (17 h 30) •
Maintenant,
les associations de travailleurs. Eux s'opposent au projet de loi, le projet de
loi n° 8. Ils questionnent la
constitutionnalité de la loi, qui ne respecte pas l'esprit du jugement rendu
par la Cour supérieure, entrave une réelle liberté d'association et bafoue les droits des travailleurs. Ils
dénoncent également la mise en place d'un régime particulier pour les
travailleurs agricoles.
Voici un
extrait, M. le Président, de l'Association des maraîchers du Québec, M. Plante.
Alors, j'y vais au texte, M. le Président :
Notre principale préoccupation, M. le député, c'est le ralentissement de
travail. Parce qu'on peut ne pas
avoir droit de grève. Mais, comme je mentionnais tantôt, les risques d'avoir
des moyens de pression sont présents, et
puis j'ai invoqué tantôt les risques que ça peut amener, le ralentissement du
travail. On parle d'un produit périssable, il faut qu'il soit cueilli très rapidement. Il y a des périodes où la
température n'est pas au rendez-vous. Trois jours, donc, sans pouvoir aller aux champs à cause de la pluie,
exemple, peut entraîner des problèmes et la perte du produit. Ça fait que, s'il fallait que les employés, pour peu
importe la raison, décident de ne pas mettre un peu plus de temps dans leurs
heures de travail de la journée, principalement après des extrêmes de
température, ça ne prend pas de temps, ça peut prendre 24 heures, la maladie s'installe dans la culture, et puis on
perd le produit complètement. Ça fait que vraiment, vraiment où est-ce
qu'on est très vulnérables, c'est au niveau du rapport de force. Fin de la
citation.
Écoutons
maintenant M. Roy, de l'UPA, M. le Président : Un projet de loi peut
toujours être bonifié, amélioré. Je
pense que la principale préoccupation qu'on a... Le droit de grève, le droit de
lock-out, moyens de pression, on a des hautes
préoccupations, c'est certain. On cherche une simplicité de gestion. Je vous
dirais, comme organisation, on ne cherche pas d'aller négocier des conventions collectives,
d'embarquer dans des procédures de griefs, etc. Donc, toute la lourdeur qui vient… Pour nous, ça ne nous habille pas comme
secteur parce que c'est des petites fermes qui sont visées ici. Donc, on
n'a pas l'infrastructure au niveau de gestion pour être en mesure de composer…
Mais, s'il y avait
une question… en même temps, si ça avait besoin d'être précisé qu'il y aurait
une seule association pour représenter les
travailleurs d'une entreprise, on serait certainement confortables avec une
proposition de ce genre-là parce que
je pense que, sur une entreprise… On a vu, il peut y avoir des travailleurs,
entre 50, 75 travailleurs étrangers
ou, en tout cas, travailleurs saisonniers, peu importe l'origine, sur une
ferme, que l'employeur ne sera certainement pas intéressé à composer avec six ou sept associations différentes puis
de recevoir des représentations à gauche puis à droite. Ça fait que, là-dessus, d'avoir des choses
pratiques pour qu'on soit capables de travailler efficacement, d'avoir des
bonnes communications avec les travailleurs, c'est des choses qu'on va
regarder. On n'a pas de problème avec ça, nous.
M.
le Président, voyons voir un extrait de l'intervention de l'Association des
producteurs de fraises et framboises du
Québec, M. Pouliot, et je cite : Je n'ai rien contre une convention, ça va
faire en sorte qu'au lieu d'avoir 100 personnes avec qui parler ils vont nommer un représentant, puis je vais avoir juste
une personne à qui parler. Il continue, il dit : Ça fait qu'on
garde notre main-d'oeuvre, je pense qu'ils sont bien traités. Est-ce qu'une
convention viendrait aider ça? Peut-être que
ça ne viendrait pas nuire. Est-ce que ça viendrait aider? Peut-être aussi, puis
peut-être pas, mais c'est ce qui peut
venir avec qui pourrait être dérangeant. Il dit aussi : Oui, il pourrait y
avoir une accréditation. Alors, c'est M. Pouliot, donc, c'est un
propriétaire d'une ferme d'entreprise familiale.
Maintenant,
M. le Président, voyons voir M. Lortie, de la CSN. M. Lortie, de la CSN, nous
dit ceci : Il n'y a pas d'adéquation
entre mauvais climat de travail et syndicalisation. C'est plus de 95 % ou
97 % des conventions collectives au
Québec qui se négocient sans conflit de travail. Ça, c'est un fait. Ce ne
serait pas différent dans le monde agricole. Les gens qui souhaitent continuer à avoir des relations harmonieuses vont
continuer à les avoir. C'est un outil supplémentaire qu'on donne à des gens qui sont vulnérables. Le
seul argument, ce n'est pas de démolir la ferme familiale québécoise,
bien au contraire, mais il y a des relents de langage qu'on entend depuis ce
matin comme si c'était un univers à part.
Et,
M. le Président, donc, ces extraits, c'est des discussions qui nous laissent
penser, à tout le moins. Et j'ai hâte d'entendre
le ministre là-dessus, M. le Président, mais il y a là des extraits de
discussions qui nous laissent penser que nous ne sommes peut-être pas si loin d'un point de convergence. Ne
peut-on pas penser concilier les intérêts des uns et des autres? Peut-on
imaginer une voie de passage qui permettrait un rapprochement?
Là-dessus, M. le
Président, le jugement de la Cour supérieure du Québec nous offre une piste
intéressante. D'ailleurs, dans le jugement
rendu par la Cour supérieure, le juge Davis suggère différentes options,
notamment le retrait ou la modulation
du droit de grève pour les travailleurs agricoles. En effet, dans le jugement,
il est dit, et je cite : «Une autre option pouvant protéger les
fermes familiales serait de retirer ou de moduler le droit de grève aux
travailleurs agricoles.» C'est le juge qui dit ça, là. «Bien que nous croyions
à la bonne foi des travailleurs, qui ne voudraient vraisemblablement pas nuire
à la production agricole, nous estimons, croyons que la limitation ou
l'élimination des moyens de pression est une
réponse directe aux inquiétudes manifestées par les producteurs agricoles.
Toutefois, hormis cette exception, le Code du travail devrait
s'appliquer aux exploitations agricoles de moins de trois travailleurs afin d'assurer le respect des droits des nombreux
travailleurs saisonniers qui y sont employés plusieurs mois par année.» Fin
de la citation.
La
cour propose donc, M. le Président, d'elle-même d'envisager le retrait du droit
de grève et ainsi, par l'accréditation des
associations, permettre une plus grande protection des travailleurs en limitant
au maximum les atteintes au Code du travail tout en protégeant les
fermes familiales sur le plan économique. M. le Président, il y a là une belle
avenue qui réconcilie les deux grands enjeux
ou, si vous préférez, les deux grands objectifs de ce projet de loi, à savoir
la pérennité des fermes, les
entreprises agricoles familiales, et la protection des travailleurs. Oui, nous
nous devons d'assurer la pérennité de
nos entreprises agricoles familiales et de l'agriculture en général. Nous
sommes tous d'accord sur cet objectif, et notre formation politique a
toujours oeuvré en ce sens.
Aussi,
je vais maintenant faire un aparté sur l'importance de l'agriculture sur le
plan, notamment, économique et, par la même occasion, vous démontrer à
quel point le Parti québécois a été et est toujours un fervent défenseur de l'agriculture, entre autres, familiale. Commençons
par l'importance du secteur agricole dans notre économie, M. le Président.
L'agriculture et les domaines qui y sont
rattachés sont d'importants secteurs d'activité économique au Québec. On
l'oublie souvent, le secteur
bioalimentaire représente 7 % du produit intérieur brut du Québec, dont la
moitié provient de la production agricole,
de la pêche et la transformation. 475 000 Québécois gagnent leur vie dans
le secteur bioalimentaire. Cela représente 12 % de l'emploi au Québec. Les recettes du marché des 28 700
exploitations agricoles québécoises s'élèvent annuellement à 7,6 milliards de dollars. La transformation
alimentaire est le plus important employeur manufacturier au Québec avec
64 000 emplois. Le secteur génère
23,2 milliards de livraisons manufacturières. Le territoire agricole
occupe la moitié de la superficie
totale des municipalités de la vallée du Saint-Laurent. Une des spécificités du
Québec agricole à l'échelle mondiale — très important, M. le Président, cette
statistique-là — les
agriculteurs sont propriétaires à 84 % des terres qu'ils exploitent. C'est supérieur à l'Ontario,
70 %, aux États-Unis, 62 %, et de très loin supérieur à des pays
comme la France, dont le taux de propriété des terres agricoles ne
s'élève qu'à moins de 21 %.
Permettez-moi,
ici, M. le Président, de faire un petit clin d'oeil au dossier de
l'accaparement des terres agricoles. Comme
vous n'êtes pas sans le savoir, c'est un dossier fort préoccupant. À l'échelle
planétaire, l'accaparement des terres prend
des proportions démesurées. En Afrique, par exemple, plus de 35 millions
d'hectares, 35 millions d'hectares, ont ainsi été accaparés par des entités étrangères. Cela représente quatre
fois le Portugal. En Saskatchewan, des centaines de milliers d'hectares ont déjà été vendus — généralement, à des producteurs non
agricoles — et la
demande, M. le Président, explose.
En 2013, le
prix des terres atteignait de trois à cinq fois le prix de 2008. À ce sujet, le
rapporteur spécial de l'ONU pour le
droit à l'alimentation, M. Olivier De Schutter, a publié un rapport conseillant
aux États de prendre les mesures nécessaires pour contrer
les impacts négatifs des achats ou locations de terres à grande échelle. Au
Québec, bien que la situation ne soit
pas aussi criante, il n'en demeure pas moins que la situation commande des
actions immédiates, comme le
conseille le rapporteur spécial de l'ONU. C'est d'ailleurs ce que mon collègue
ex-ministre de l'Agriculture a fait en faisant adopter une loi sur l'acquisition
de terres agricoles par des non-résidents. Ainsi, quand j'entends le ministre actuel, M. le Président, de l'Agriculture dire, en
contradiction complète le rapporteur de l'ONU, qu'il ne fera rien à moins
d'une catastrophe — je vous invite à lire les journaux — c'est pour le moins inquiétant, je dirais,
M. le Président, voire totalement irresponsable.
M.
le Président, revenons aux statistiques dont je faisais état il y a quelques
instants. Force est de constater que le
Québec se doit de tout mettre en oeuvre pour accompagner le mode agricole dans
son développement, et je pense qu'à cet
égard nous avons des réalisations majeures à notre actif comme formation
politique, et je vais vous en faire… Je vais vous donner quelques
exemples, mais je prends une petite gorgée d'eau, M. le Président. Voilà.
Que l'on pense que
c'est en 1997 que fut créé le MAPAQ, qui venait remplacer le ministère de
l'Agriculture. Le fait d'ajouter
«Alimentation» à la mission du ministère préparait les nouvelles politiques.
Dès 1978, le regretté ministre Jean Garon faisait adopter la fameuse Loi
sur la protection du territoire agricole afin de freiner l'étalement urbain et la spéculation foncière. Précisions que
ce projet politique était aussi axé sur l'autosuffisance alimentaire du Québec.
S'ensuit la création de la Commission de la
protection des terres agricoles du Québec, un chien de garde devenu indispensable et incontournable. En 1979, le même
ministre modernise la Loi sur la mise en marché des produits agricoles et,
en 1982, il fait adopter la Loi favorisant
l'établissement de jeunes agriculteurs. Un système de subventions et de prêts
vient alors soutenir la relève.
• (17 h 40) •
D'autres
initiatives majeures viendront s'ajouter sous le gouvernement de M. Bouchard.
Ainsi, en 1997, le ministre Guy
Julien entreprend de mettre à jour la Loi sur la protection du territoire
agricole, qui deviendra la Loi de la protection du territoire et des activités
agricoles. Elle ajoute une protection des activités agricoles et met en valeur
le droit de produire.
Autre
étape importante, en 2000 c'est l'établissement de la La Financière
agricole du Québec, qui va, entre autres, gérer l'assurance stabilisation
des revenus agricoles, ce qui va permettre à des producteurs agricoles de
passer au travers des années parfois plus difficiles.
Puis, en 2001, la Loi
de la protection du territoire et des activités agricoles est encore modifiée
afin d'aplanir certaines difficultés dans l'application de cette loi. Elle
renforce le droit de produire et oblige les MRC à accélérer la révision de leurs schémas d'aménagement en tenant compte des orientations gouvernementales en matière d'agriculture et d'environnement.
Enfin, en 2001 toujours, la première loi sur
l'agritraçabilité est adoptée. Depuis, tous les bovins, ovins et cervidés
élevés au Québec sont identifiés et munis
d'une puce d'identification par radiofréquence. Leur historique est stocké et
mis à jour dans une base de données centralisée.
Ça
en fait beaucoup, M. le Président, mais, écoutez, ce n'est pas fini. Je ne le
savais pas si c'était vous qui étiez pour
siéger, j'en suis très heureux. J'avais pensé, peut-être, le député
d'Abitibi-Ouest, mais enfin... Alors, je veux saluer, évidemment, l'excellent travail accompli par le
député d'Abitibi-Ouest pendant son mandat comme ministre de l'Agriculture.
En 18 mois, M. le Président, en
18 mois, il a fait avancer l'agriculture québécoise davantage que pendant
les neuf années précédant son
arrivée, alors que les libéraux tergiversaient dans ce domaine. Le gouvernement
du Parti québécois a adopté la
politique de souveraineté alimentaire, qui a été applaudie sans réserve par
presque l'unanimité des acteurs du secteur bioalimentaire, les médias et
même les autres partis politiques. Le lancement a eu lieu le 16 mai 2013.
Qu'est-ce
qu'une politique de souveraineté alimentaire, M. le Président? Eh bien, c'est
la capacité d'un État de définir sa
propre politique agricole et alimentaire suivant les intérêts de sa population
et à le faire sans nuire à la capacité des
autres États d'accéder à leur propre souveraineté alimentaire. Il y a trois
objectifs, M. le Président : assurer à l'ensemble des Québécois un approvisionnement en aliments de
qualité à juste prix et bons pour leur santé; accroître la proportion de l'alimentation des Québécois satisfaite grâce
aux aliments du Québec; développer un secteur bioalimentaire prospère et
rémunérateur, générateur d'emplois, respectueux de l'environnement et
contribuant à l'occupation dynamique du territoire québécois.
Quatre
axes, M. le Président, à cette politique : l'identité des aliments du
Québec; l'occupation dynamique du territoire — et
Dieu sait qu'on en parle, M. le Président, de l'occupation dynamique du
territoire et à quel point c'est important,
vu la géographie du Québec; la valorisation du potentiel économique du secteur
en permettant à tous les maillons de
la filière de bénéficier de conditions favorables à l'essor et à la mise en
valeur d'un secteur bioalimentaire dynamique; le développement durable.
D'autres
réalisations, M. le Président? Et pourquoi pas? Alors, il a été très actif, le député d'Abitibi-Ouest, M. le Président,
mise en place d'une table de
concertation des partenaires du secteur bioalimentaire québécois.
La table a pour mandat d'apporter un
éclairage au ministre et au gouvernement sur la mise en oeuvre de la nouvelle politique
ainsi que sur différentes questions
d'intérêt concernant le développement du secteur
bioalimentaire. 22 personnes, M. le
Président, nommées par le ministre, qui préside lui-même
aux travaux. Là, je vous fais grâce... On pourrait les nommer parce que je les ai ici, c'est très
instructif. Mais le temps file, M. le Président, donc je vais vous faire grâce
de la liste.
Il y a aussi, évidemment,
autres réalisations. Promotion des aliments québécois et achat local, on parle
de 3,3 millions sur quatre ans au Conseil de promotion de l'agroalimentaire
québécois. Stratégie de positionnement des aliments
du Québec sur le marché institutionnel le 18 décembre
2013. Et ça continue, M. le
Président, Programme d'appui à
la commercialisation des aliments québécois, 1,5 million sur trois ans.
Programme d'appui au développement des appellations
réservées et des termes valorisants, 1,6 millions. 2 millions pour la
promotion et l'identification des aliments du Québec.
Si on y va dans la
fiscalité, maintenant, M. le Président, annulation de la mesure du 25 %,
qui représente un remboursement de près de 20 millions de dollars et
touche approximativement près de 8 500 entreprises du Québec;
abaissement de 8 $ à 5 $ par 100 $ d'évaluation.
Soutien
financier au secteur agroalimentaire maintenant, M. le Président :
19 millions sur cinq ans pour appuyer les initiatives du secteur agroalimentaire québécois; lancement du
programme Innovaction agroalimentaire, 31 millions; nouveau
programme d'aide financière Levier, 19 millions sur cinq ans.
Et
maintenant, M. le Président, protection du patrimoine agricole :
adoption — je vous
en ai parlé tantôt — du
projet de loi n° 46, donc Loi modifiant la Loi sur l'acquisition de terres
agricoles par des non-résidents.
Développement
durable : 173 millions sur cinq ans afin d'encourager les producteurs
agricoles à poursuivre leur virage vert dans le cadre du programme
Prime-vert.
En pêcheries,
M. le Président, plan d'action 2013‑2018 pour l'industrie des pêches et de
l'agriculture commerciale, trois
grandes priorités : développement, compétitivité et pérennité du secteur,
mise en valeur des produits aquatiques du Québec, occupation dynamique du territoire et développement durable. Et
là je ne les ai pas tous nommés, M. le Président.
Une voix : …
M.
Villeneuve : Oui, parce qu'il y en a beaucoup, effectivement.
Tout ça en 18 mois, hein, il faut le souligner. C'est quand même assez
extraordinaire.
M. le
Président, je suis toujours sur un des grands enjeux du projet de loi
n° 8, à savoir l'importance d'assurer la pérennité, donc, notamment des fermes familiales du Québec. Voici
d'autres éléments qui plaident en ce sens. D'abord, le secteur bioalimentaire québécois est diversifié
et dynamique. Dans 14 des 17 régions administratives, au moins 10 % des
emplois sont attribuables au secteur.
Dans tous les
coins du Québec, on retrouve des produits locaux d'une qualité exceptionnelle.
La distribution en circuits courts de
la production agricole et des produits du terroir permet aux consommateurs
d'avoir accès à des produits frais.
C'est un idéal qu'il faut prioriser dans le développement du secteur agricole,
vous en conviendrez avec moi, M. le Président.
Qui n'apprécie pas de pouvoir se procurer des légumes fraîchement cueillis sur
une ferme locale? Non seulement les
circuits courts sont avantageux du point de vue de la fraîcheur et du goût,
mais la faible distance que les aliments doivent parcourir entre la terre et l'assiette permet de réduire la quantité de
gaz à effet de serre libérés dans l'atmosphère. Tout le monde, M. le
Président, en sort gagnant.
On peut trouver plusieurs bons exemples de
produits québécois qui se démarquent par leur qualité. On a qu'à penser à la multitude de fromageries qui
fournissent un produit de haute qualité à travers toutes les régions du Québec.
Il suffit de se rendre dans n'importe quelle
épicerie pour réaliser la diversité de fromages fins québécois à notre
disposition. Et là, M. le Président,
je ne peux, encore une fois, que dénoncer, vous le savez comme moi, l'abandon
de nos producteurs laitiers et fromagers
par le gouvernement actuel dans le cadre de l'accord Canada-Europe, où le
premier ministre, lors d'une
rencontre avec des ambassadeurs européens, y est allé d'une déclaration
irresponsable, comme quoi il soumettrait à cette Assemblée l'accord sans, au préalable, que nos producteurs aient
obtenu une entente signée avec Ottawa sur les compensations pour les pertes anticipées qu'ils subiront suite à
l'augmentation du quota alloué aux pays européens, alors que notre
gouvernement, M. le Président, notre gouvernement avait convenu avec Ottawa
qu'aucune entente ne serait soumise à
cette Assemblée tant et aussi longtemps qu'une entente ne serait intervenue
avec les producteurs. Le premier ministre
a abandonné les producteurs, et le ministre s'est fait complice de celui-ci
alors que son devoir, comme ministre de
l'Agriculture, était de défendre les producteurs. M. le Président, cette
bataille n'est pas perdue, loin de là, et nous serons toujours, de ce
côté-ci de la Chambre, à l'écoute de nos producteurs, M. le Président.
Aussi, je
continue, M. le Président, si vous permettez, la longue liste des excellents
produits québécois. On peut penser à
la centaine de microbrasseries québécoises, dont le nombre ne cesse de croître.
La part de marché des bières de microbrasseries
est passée de moins de 1 % en 1992 à plus de 7 % en 2012. De Percé
jusqu'en Abitibi, les microbrasseries enrichissent l'offre de produits
de qualité. La croissance du secteur de la bière de microbrasserie est
impressionnante.
Toutefois, il
y a un secteur qui a connu une ascension encore plus fulgurante, celui du vin.
Pour mettre ce secteur en contexte,
il faut savoir qu'avant 1980 la production viticole était inexistante au
Québec. On est parti de rien, aujourd'hui c'est plus de 110 entreprises qui oeuvrent dans la production de vins.
Plus de 500 vins sont produits sur le territoire québécois. Le secteur a
reçu un bon coup de pouce de la part du gouvernement du Parti québécois quand
la première ministre, Mme Pauline Marois, a
annoncé en novembre dernier, en partenariat avec la SAQ, que la société d'État
allait mettre en valeur les vins québécois. Désormais, dans plusieurs
succursales de la SAQ, on peut identifier facilement les vins du Québec, dans les présentoirs Espace Québec,
accompagnés de bonifications à l'aide aux producteurs. Cette mesure a permis,
en six mois, d'augmenter de 40 % les
ventes de nos producteurs locaux à la SAQ. Si beaucoup de chemin reste à
parcourir pour assurer le rayonnement
des vins du Québec, on est tout de même, M. le Président, sur la bonne voie.
Là-dessus, je crois qu'on s'entend.
On ne le
réalise pas toujours, mais le porc — parlons du porc, M. le Président — est une des principales exportations du Québec. Nos producteurs de porc, qui ont, par
le passé, connu quelques temps difficiles, sont très actifs sur le marché
international. L'an dernier, donc en 2013,
les exportations de porc frais et surgelé se sont élevées à
1 240 000 000 $, M. le Président. Ce n'est quand même pas rien, c'est plus que les exportations
d'Hydro-Québec, qui s'élèvent à un peu plus de 1 milliard.
Évidemment,
plusieurs autres secteurs du domaine agroalimentaire mériteraient qu'on en
fasse l'éloge. Le temps qui m'est
imparti ne me le permettra pas, malheureusement, M. le Président. Qu'on parle
des différents élevages présents au
Québec, je ne pourrais pas détailler, mais la production maraîchère, les
différentes usines de transformation ou des produits du terroir, on ne manque pas d'exemples
de réussite dans le secteur bioalimentaire. Alors, oui, M. le Président,
nous reconnaissons tous que l'agriculture
est sujette à des contraintes spécifiques. Il y a eu, d'ailleurs, à cet effet
de bons plaidoyers, de bons arguments lors des consultations.
• (17 h 50) •
Toujours sur l'enjeu de la pérennité, M. le Président,
des entreprises, la pérennité des entreprises agricoles familiales, il est primordial de tenir compte du caractère particulier
de l'agriculture afin d'assurer la pérennité des fermes du Québec. Le secteur agricole québécois souffre
d'une certaine fragilité en raison de facteurs bien connus qui ont été mis en évidence par l'une et l'autre des
expertises. La difficulté à se procurer de la main-d'oeuvre saisonnière en est
une. La concurrence des marchés internationaux et l'impact appréhendé
d'une éventuelle déréglementation en raison des engagements internationaux du
Canada dans le cadre des grands accords économiques en sont d'autres. Le poids
des immobilisations, l'importance de la capitalisation des entreprises, coût de
la terre, machinerie, etc., de même que la volatilité
des marges bénéficiaires en raison des fluctuations de la valeur du dollar
canadien sont également au nombre des
problèmes de cette entreprise. Parmi les autres facteurs connus ici, M. le
Président, évidemment, le climat. On s'entend tous que le climat, au
Québec, étant ce qu'il est, ça peut, à l'occasion, poser de sérieux problèmes.
M. le Président, 95 % des producteurs
agricoles québécois, familles et entreprises, sont des… Oui, famille et entreprise sont des synonymes. L'efficacité et la
simplicité sont de mise dans les entreprises qui reposent généralement
sur les épaules d'une seule personne appuyée par sa famille.
La compétition des marchés. Les producteurs
agricoles sont tous soumis, M. le Président, aux fluctuations de l'économie mondiale. Le marché dicte le prix qui
sera payé pour la majorité des produits agricoles. La compétition est non
seulement nationale, mais internationale. Produits végétaux et animaux, donc
cette production est soumise aux règles implacables de la nature, on en parlait
tantôt.
Un produit, évidemment, M. le Président, à
récolter à temps. Les agriculteurs nous l'ont dit, M. le Président, quand la récolte est prête… quand les fraises sont
rouges, il faut les ramasser, c'est très clair. Et, comme je le précisais
précédemment avec des citations à l'appui,
nous avons décelé, lors des consultations particulières, M. le Président — je reviens
là-dessus — des
ouvertures intéressantes autant de la part des syndicats que de la part de
l'UPA et d'un représentant des entreprises concernant le projet de loi
n° 8.
M. le Président, je vais passer à une autre
section. Passons à la section protection des travailleurs vulnérables, M. le Président. En général, le travailleur visé
par les lois du travail est un travailleur subordonné, travaillant de façon
permanente et à temps complet pour un seul
employeur. Dans l'entreprise de cet employeur… Or, depuis le milieu des
années 70, un nombre croissant de travailleurs dérogent à ce modèle. Plus du
tiers de la main-d'oeuvre québécoise et canadienne
occupe aujourd'hui un emploi atypique ou cumule plusieurs emplois atypiques.
Nous incluons sous ce terme d'emploi
permanent à temps partiel, l'emploi temporaire, contractuel, occasionnel,
saisonnier à temps complet ou à temps partiel
et le travail indépendant ou autonome, donc, à temps plein ou à temps partiel.
Ces formes d'emplois atypiques sont, en
général, plus précaires que l'emploi typique, la précarité étant définie par
quatre caractéristiques, soit l'insécurité du lien d'emploi, un moindre contrôle sur les conditions de travail et de
rémunération souvent associé au fait de ne pas être syndiqué, une
moindre couverture par les lois du travail et les régimes de protection
sociale, une faible rémunération.
Les
travailleurs agricoles québécois et migrants appartiennent en grande majorité à
la catégorie des travailleurs saisonniers, donc avec un emploi atypique.
Les conditions de travail des travailleurs agricoles sont parmi les plus astreignantes : longues heures, gestes répétitifs.
La Commission des droits de la personne a aussi souligné les problèmes particuliers auxquels font face les travailleurs
migrants, tels que la langue, l'isolement et la crainte de ne pas être rappelé
d'année en année, la peur du renvoi dans son
pays d'origine avant la fin de son contrat si celui-ci ne répond pas aux
attentes de son patron. En effet, le
lien fixe d'un travailleur migrant agricole avec un employeur est l'institution
d'une dépendance quasi absolue, M. le
Président, entre un individu au statut temporaire vis-à-vis d'un employeur
hiérarchiquement supérieur en mesure d'influer le droit même du
travailleur d'être au Canada.
Ce qu'il faut
comprendre, M. le Président — et ça n'a pas été clairement dit, je pense,
depuis mon intervention et celle du
ministre — quand on
parle, évidemment, de fermes de trois employés et moins, il faut comprendre que
ces fermes-là vont, dans une période
de l'année, engager 50, 60, 80, 100, 200, donc, travailleurs, travailleuses
migrants ou québécois. Je pense que c'est important de le préciser.
Donc,
l'insécurité qui découle de l'absence de recours en cas de rupture de contrat
par l'employeur et le rapatriement forcé
que cette décision peut entraîner. Il en est de même de l'absence de garantie
de retour au travail l'année suivante. Ces
derniers facteurs, M. le Président, rendent plus que vraisemblable qu'un
salarié puisse craindre de perdre son emploi ou de ne pas être rappelé
l'année suivante en raison de l'exercice de ses droits.
D'autres caractéristiques, qui concernent, cette
fois, l'ensemble des travailleurs agricoles, méritent d'être mentionnées. Le travail de plantation et de
cueillette est généralement peu mécanisé et est exigeant physiquement. Les
salaires offerts sont peu élevés, et de
longues heures de travail sont requises alors que les dispositions de la Loi
sur les normes du travail concernant
les heures supplémentaires ne sont pas applicables. Il y a la précarité et les
conditions de travail aussi dans ce
secteur qui ont été soulignées par la Commission des droits de la personne
comme étant des facteurs militant en faveur de l'accès pour ces
travailleurs aux dispositions du Code du travail. Rappelons que c'est dans
cette optique que le gouvernement du Parti québécois, en 2002, a modifié la Loi
sur les normes du travail afin notamment d'inclure les domestiques, les
gardiennes et la majorité des travailleurs agricoles. Ainsi, grâce au Parti
québécois, la majorité des travailleurs agricoles ont maintenant droit au
paiement du salaire minimum.
L'État, M. le Président, a le devoir de protéger
les travailleurs vulnérables. D'ailleurs, fait à noter, dans tous les jugements, que ce soit l'arrêt Dunmore, Fraser,
que ce soit le jugement de la Cour supérieure du Québec, que ce soit… — il vient
de sortir, M. le Président, on l'a reçu aujourd'hui, là — la Commission des droits de la personne et
des droits à la jeunesse,
la Commission des relations de travail, la Cour supérieure de l'Ontario — la Cour supérieure du Québec, je pense
que je l'ai dit — la Commission des relations de travail, bref
toutes les cours, toutes les instances, M. le Président, sont venues nous dire qu'il fallait absolument protéger
les travailleurs vulnérables. Nous nous devons donc d'être à la recherche,
M. le Président… À travers le projet de loi
n° 8, nous nous devons donc d'être à la recherche d'un juste équilibre ou
d'un meilleur équilibre. Il est
essentiel de trouver ce juste équilibre, et ce, en tenant compte des
spécificités du secteur agricole, entre
la volonté et la nécessité d'assurer la pérennité des fermes familiales au
Québec et le respect des droits des travailleurs garantis par la charte
québécoise et canadienne.
Ces deux
enjeux doivent nécessairement trouver un point de convergence, car ils sont
intrinsèquement liés l'un à l'autre.
M. le Président, la force de toute entreprise repose en premier lieu sur ses
travailleurs, nous le savons tous. C'est aussi vrai dans le secteur agricole que dans n'importe quelle
entreprise. Il y a lieu de souligner la fierté des travailleurs d'oeuvrer au sein d'une entreprise, qu'elle soit
agricole ou autre. La valorisation du travail bien fait et la prospérité de
l'entreprise sont au coeur du travailleur et de l'employeur.
Notons enfin
que les travailleurs ont un rôle stratégique dans l'atteinte des objectifs
économiques de l'entreprise. Leur présence assidue, constante et adaptée
à la situation est indispensable.
M. le
Président, j'aurais le goût de vous faire part de certaines statistiques, mais
je vois le temps qui file très, très rapidement.
Alors, M. le Président, je vais simplement peut-être… je vais peut-être vous
parler de la commission, tiens.
Dans le
dossier de requêtes en accréditation syndicale de travailleurs agricoles
saisonniers menées par ce qu'on appelle
communément les TUAC, donc travailleurs unis de l'alimentation et du commerce,
le Procureur général a notamment plaidé
que les limitations prévues dans le Code du travail étaient requises pour
protéger la viabilité des fermes familiales et assurer une occupation soutenue du territoire. La Commission des
relations de travail a rejeté l'idée que la restriction du droit d'association compromettait la viabilité
de ces établissements, analyse validée par la Cour supérieure. Force est de
constater que le milieu agricole,
historiquement — et là,
M. le Président, sans jeu de mots, sans jeu de mots — n'est pas un terroir propice à la
syndicalisation.
Et, même lorsqu'il y a eu flottement dans
l'application de la loi, aucune demande de syndicalisation n'a été portée à l'attention de qui que ce soit.
D'ailleurs, interrogée à savoir s'il y avait eu des demandes d'accréditation
lorsque le gouvernement précédent
avait annoncé que les travailleurs agricoles bénéficieraient du droit
d'accréditation en mars dernier, l'association des maraîchers a confirmé
en consultation qu'aucune demande n'avait été faite en ce sens.
Un extrait
très rapide, M. le Président, où… et je me cite, hein : «On sait que les
dispositions transitoires du projet de
loi n° 8 rendent caduques toutes les demandes d'accréditation
accordées entre le début du projet de loi et son entrée en vigueur, de même que toutes celles en cours.
Est-ce que vous pouvez nous dire s'il y a [...] des demandes qui ont été
reçues? [...]Est-ce qu'il y a eu un…
j'allais dire un engouement ou est-ce qu'il y a eu beaucoup de demandes qui ont
été déposées ou reçues?» Réponse de
M. Plante, M. le Président : «…depuis le dépôt du projet de loi, on
n'a [eu] aucune demande qui est
venue. Tout au moins [...] on n'a pas eu d'information d'aucun employeur comme
quoi [il] y avait eu des demandes d'accréditation.»
Et là, M. le
Président, je pourrais continuer à vous citer des exemples où la
syndicalisation en milieu agricole, ce n'est
pas quelque chose qui se fait beaucoup malgré le fait qu'il y a eu des
possibilités, malgré le fait que… Vous savez que les fermes de plus de
trois employés agricoles peuvent se syndiquer. Malgré cela…
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Compte tenu de l'heure, M. le
député de Berthier, je dois vous interrompre et vous poser la
question : Avez-vous terminé votre intervention?
M. Villeneuve : …pas terminé,
M. le Président.
• (18 heures) •
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Alors, vous allez poursuivre au moment de la reprise du débat.
Débats de fin de séance
Offre de Chantiers Davie
inc. au gouvernement fédéral
pour la construction du brise-glace Diefenbaker
Alors, tel qu'annoncé précédemment, nous allons
maintenant procéder aux débats de fin de séance. Le premier débat, qui se fera
entre Mme la députée de Vachon et Mme la ministre ou M. le leader du
gouvernement, concerne le non-octroi de
contrats au chantier naval Davie par le gouvernement fédéral. Je cherche Mme la
députée de Vachon. Et elle
arrive.
Alors, je
vous rappelle que, conformément à l'article 310 du règlement, le député qui a soulevé le débat et le ministre qui
lui répond ont chacun un temps de
parole de cinq minutes. Et le député
ou la députée ensuite a un droit de réplique de deux minutes. Alors, Mme
la députée de Vachon, je vous cède la parole pour cinq minutes.
Mme Martine Ouellet
Mme
Ouellet : Oui. Merci,
M. le Président. Dans le dossier du
chantier naval de Lévis, la Davie donc, en fait, c'est des contrats de 33 milliards, 33 milliards que le gouvernement
fédéral octroie pour la construction
de navires. Et ces 33 milliards de dollars là sont octroyés à des entreprises
majoritairement d'Halifax, mais
également de Vancouver. Et rien pour
le Québec, M. le Président, alors qu'au Québec nous avons un chantier de
construction navale qui est la Davie. Et la Davie a obtenu zéro dollar de ces
33 milliards là. Et la part du Québec, si on regarde en fonction de ce
qu'on paie comme impôt au fédéral, la
part du Québec devrait être de 6,5 milliards de dollars, M. le Président.
Mais nous n'avons reçu aucun contrat.
Et, en mai dernier, le chantier naval de Lévis a fait une proposition au
gouvernement fédéral, étant donné que
l'entreprise de Vancouver n'arrive pas à faire la construction dans les délais
prévus ni dans les coûts prévus. M.
le Président, la compagnie de Vancouver est rendue à un dépassement de coûts
tellement important que les coûts du brise-glace
Diefenbaker sont passés de 720 millions à 1,3 milliard. Donc, une
explosion de coût qui est presque le coût… le double des coûts prévus
initialement.
Alors, le chantier naval de Lévis a proposé au
gouvernement fédéral de réaliser le brise-glace dans les délais prévus et également dans les coûts initialement
prévus, ce qui ferait sauver au gouvernement fédéral… ce qui permettrait
au gouvernement fédéral d'économiser
600 millions de dollars, M. le Président, 600 millions de
dollars et, en plus, ce qui
permettrait à l'entreprise, la Davie, de créer plus de 1 000 emplois, en
fait, 1 500 emplois, 1 500 emplois, ici, dans la région de
Québec.
Donc, nous
avions posé, au mois de juin l'année passée, une question au ministre du
Développement économique concernant
ce dossier-là, à savoir s'il allait faire des démarches auprès du gouvernement
fédéral pour que l'entreprise, ici, dans
la région de Québec, puisse avoir sa part des contrats là, en fait, une part,
parce que ça serait loin d'être la part du Québec, de ces contrats-là. Et il s'était montré ouvert à ce moment-là,
au mois de juin, de faire des démarches pour que le chantier naval de
Lévis puisse avoir la construction du brise-glace Diefenbaker.
Or, on est
quatre mois plus tard aujourd'hui, M. le Président, et nous n'avons toujours
pas de réponse concernant ce
dossier-là. Et, même, j'ai ici, dans un texte publié le 24 septembre, donc, dans
Le Soleil... Ils disent qu'en évoquant ces éventuels contrats, Jacques… pardon, M. le
ministre de l'Économie admet par la bande ne plus croire en la possibilité
que la construction du brise-glace John G. Diefenbaker passe du chantier de
Vancouver à celui de Lévis.
Donc, on
aimerait savoir de la part du gouvernement quelles sont les démarches qu'ils
ont réalisées et quels sont les
résultats attendus. Parce que, lorsqu'on parle de développement économique,
c'est un élément important du développement économique et de création
d'emplois de s'assurer que les entreprises d'ici ont leur part des contrats gouvernementaux fédéraux. Là, on parle de contrats
gouvernementaux fédéraux de 33 milliards de dollars. Notre part en fonction des impôts payés à Ottawa devrait être
d'au moins 6,5 milliards de dollars. Et, dans ce cas-ci, on parle d'un
contrat qui est pour le brise-glace Diefenbaker, coût initialement évalué à
720 millions de dollars.
Donc, si on
n'arrive même pas à avoir ce contrat-là, vraiment, ça veut dire que le Québec
ne reçoit clairement pas sa juste
part en termes de développement économique de la part du fédéral. Et je crois
qu'il est de la responsabilité du gouvernement
du Québec d'aller défendre les intérêts du Québec à Ottawa. C'est notre argent
qui est là. C'est nous qui contribuons
à hauteur de 50 milliards de dollars par année au budget fédéral, et donc on doit pouvoir aller chercher
notre part. Donc, je réitère cet après-midi
au gouvernement libéral : Quelles sont les démarches qui ont
été réalisées? Quel est le plan d'action? Et quels sont les résultats
attendus concernant la construction du brise-glace John Diefenbaker?
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Alors, merci à vous, Mme la députée de Vachon. M. le ministre, leader du
gouvernement et ministre des Relations intergouvernementales canadiennes, vous
avez cinq minutes.
M. Jean-Marc Fournier
M.
Fournier : Merci, M. le Président. D'abord, d'entrée
de jeu, je voudrais rappeler l'importance du chantier Davie, chantier
qui compte en ce moment 1 150 employés. Il y a eu des hauts et des bas
pour le chantier Davie, une histoire qui va
dans tous les sens. Le gouvernement libéral qui a précédé celui-ci, en 2011,
avait autorisé la Société des traversiers à convenir avec le chantier
Davie pour la construction de deux traversiers, ce qui démontre évidemment l'appui
que donnait le gouvernement libéral et donne encore le gouvernement libéral au
chantier Davie. Je sais que le chantier fait
aussi des navires pour Seacon. Un premier navire a été livré en août dernier.
Il travaille en ce moment sur le deuxième.
Davie a aussi complété avec succès un contrat de 6 millions pour la
réfection d'un brise-glace de la Garde côtière par l'entremise du partenaire
Babcock. Donc, chantier Davie, en ce moment, est un chantier qui fonctionne,
mais, en même temps, on sait qu'il faut toujours apporter un appui à
Davie pour s'assurer d'une pérennité du chantier.
À l'égard des
décisions qui avaient été prises lors de l'octroi des contrats, le gouvernement
ne s'était pas caché de son
insatisfaction à l'égard des contrats qui avaient échappé à la Davie. Des choix
avaient été faits plutôt vers Vancouver et Halifax. Et, par la suite,
nous avons toujours été en accompagnement de Davie.
Lorsque notre
collègue soulève l'offre de Davie, le ministre avait annoncé que, justement, il
allait poser des gestes. Il a
rencontré les ministres Oliver, Fast, Moore et Lebel : Moore, le 12 mai et
le 30 mai; le ministre Lebel, notamment sur le sujet, le 13 juillet; le ministre Fast, à Québec le 15 septembre;
Oliver, au début juin. Il a eu de nombreuses rencontres, notre collègue, avec des homologues fédéraux, et
le dossier n'a pas encore été, à notre satisfaction, réglé, mais, en même
temps, il n'est pas non plus terminé.
J'espère que notre collègue ne sourit pas à
l'effet qu'il n'ait pas été à notre satisfaction. Nous allons toujours continuer de faire des représentations pour qu'il
le soit. C'est probablement une différence fondamentale entre nous et elle, elle qui fait partie ou a fait partie d'un
gouvernement dont la thèse, dans ces affaires canadiennes, était la gouvernance
souverainiste, donc le contraire de faire
des liens pour faire avancer les intérêts du Québec. C'était plutôt la
politique de la terre brûlée, M. le
Président, c'était celle de se lever contre le gouvernement fédéral, de ne rien
voir qui pouvait être fait avec le gouvernement fédéral ou avec des
partenaires canadiens, soient-ils dans d'autres provinces.
La difficulté
pour eux, aujourd'hui, de se lever et demander des comptes, et je le fais en
toute amitié... Franchement, c'est un
peu surprenant de voir notre collègue nous dire : Mais que s'est-il donc
passé dans les trois ou quatre derniers mois? Que se passait-il pendant 18 mois où
l'étiquette, la marque de commerce du Parti québécois, était la brisure, était
la rupture avec le lien fédéral?
Comment peut-on aujourd'hui venir se demander : Ah! depuis quatre mois,
vous n'avez pas encore obtenu les
résultats? On en a obtenu, des résultats, on ne les a pas tous. La vie, c'est
comme ça, la vie, c'est comme ça, on
n'a pas tout du premier coup, il faut persévérer, il faut savoir lutter, il
faut entretenir des liens et surtout il faut tendre la main, pas pour
gifler, il faut tendre la main pour créer des partenariats, M. le Président.
J'ajouterais :
Notre collègue vient nous parler des portions ou des proportions que le Québec
pourrait avoir; je m'étonne qu'elle
ne rappelle pas aussi que le gouvernement fédéral, dans les équilibres avec le
Québec, par la péréquation, par les
transferts, est un net contributeur. Alors, je veux bien, moi, qu'on fasse ces
rapports, là, mais on pourrait aussi, du
côté du Parti québécois, à l'occasion, noter que les Québécois, en termes de ce
qu'on paie et de ce qu'on reçoit, sont avantagés par le système actuel.
La collègue, je le
dis en terminant, M. le Président, sur le ton moins indigné maintenant mais
plus indigné cet après-midi, lorsqu'elle a posé la question, nous rappellera
toujours que, lorsqu'elle s'est levée pour lutter contre le Plan Nord,
dans l'opposition et au gouvernement, même contre son propre ministre des Finances, elle a été une des plus farouches
adversaires du développement économique, de la croissance et de la création
d'emplois. Ça se disait même dans sa formation politique. Je le dis en toute amitié, pour que le ton soit plutôt un ton de débat
harmonieux que le ton de l'indignation, qui ne lui va pas, M. le
Président.
• (18 h 10) •
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci, M. le ministre, pour cette intervention. Mme la députée de Vachon, vous avez deux minutes. Droit de
réplique.
Mme Martine Ouellet (réplique)
Mme
Ouellet :
Oui, merci, M. le Président. Donc, je remercie le ministre de ses réponses,
mais on voit que, toujours du contrat de 33 milliards, le Québec
ne voit pas encore le début de l'ombre d'un contrat qui pourrait venir pour
le Québec. J'espère qu'effectivement les efforts vont
se poursuivre et qu'ils donneront des résultats, parce qu'à 33 milliards de
dollars et, pour l'instant, zéro dollar pour le Québec, c'est totalement
inacceptable. Avec des impôts payés à Ottawa de l'ordre de 50 milliards de dollars, le Québec doit également
recevoir sa part, qui devrait être à la hauteur de 6,5 milliards
pour des contrats de 33 milliards de dollars.
Je
répondrais également au ministre : Je pense qu'il se trompe totalement
lorsqu'il dit que notre gouvernement n'a
pas négocié avec le fédéral. Le gouvernement a négocié avec le fédéral, parce
que nous nous sommes entendus sur le
Lac-Mégantic, sur les programmes de formation d'emploi. Nous avons négocié et
nous avons obtenu des résultats. Il est donc faux de dire que le gouvernement du Parti québécois n'a pas fait de
négociations avec le gouvernement fédéral. C'est bien plus le gouvernement libéral qui, on voit, à travers son premier
ministre, est prêt à faire de l'aplaventrisme devant le fédéral, ne se lève pas pour défendre le Québec et
souhaite, je vous dirais, entrer dans la Confédération et faire tous les
efforts qu'il faut dans ce sens-là.
Malheureusement, avec
l'ensemble des coupures que le fédéral nous annonce, particulièrement du côté
du secteur de la santé, j'espère que le
gouvernement libéral va se tenir plus debout que ce qu'on a vu jusqu'à présent.
On a l'impression que, pour éviter de
se faire dire non, le gouvernement libéral ne demande rien, mais c'est une
stratégie qui est extrêmement coûteuse pour le développement économique
du Québec.
Et
j'aimerais également profiter de l'occasion pour répondre au ministre
concernant le développement nordique…
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Malheureusement, Mme la députée de
Vachon, je dois vous interrompre. Le temps imparti est terminé.
Compressions budgétaires au
CSSS Haut-Richelieu—Rouville
Alors,
nous allons maintenant procéder au second débat entre M. le député de
Saint-Jean et M. le ministre de la Santé
et des Services sociaux concernant les coupures au CSSS Haut-Richelieu—Rouville. Alors, M. le député de Saint-Jean,
je vous cède la parole pour cinq minutes.
M. Dave Turcotte
M.
Turcotte : Merci beaucoup, M. le Président. Aujourd'hui, je
me suis levé avec ma collègue la députée de Taillon pour questionner le
ministre sur les coupures, les compressions qui ont lieu au CSSS Haut-Richelieu—Rouville.
Vous
savez, la situation financière du CSSS Haut-Richelieu—Rouville n'est pas un secret pour personne. Ceci
dit, elle vient d'une multitude de décisions
prises par l'actuel gouvernement et le précédent gouvernement libéral. Donc, la
conclusion : 5,5 millions de
déficit au CSSS Haut-Richelieu—Rouville, qui se traduisent par des fermetures de lits. Fermer des lits, c'est une chose, mais, sur ces lits,
c'est des gens qui, s'ils n'ont pas de lit, vont attendre. On voit déjà un
débordement à l'hôpital. La
preuve : on a dû agrandir l'Hôpital du Haut-Richelieu. Donc, une fermeture
de 27 lits des 39 lits à l'unité de
pédiatrie. Ça, ça veut dire que, la nuit, il y aura seulement que deux
infirmières pour s'occuper de la pédiatrie. Quand deux infirmières doivent faire une piqûre à un
bébé, qui va s'occuper des autres bébés s'il y a un problème? On va appeler
des infirmières de d'autres départements. C'est un problème.
On a annoncé
la fermeture de 10 des 26 lits pour les unités de médecine, notamment le 7e
Nord, et deux lits aux soins
intensifs. M. le Président, on augmente le nombre de lits aux soins intensifs
avec les projets d'agrandissement de l'Hôpital du Haut-Richelieu et là on vient couper
deux lits aux soins intensifs. Ça doit être parce qu'il y a un besoin si on
agrandit les soins intensifs dans le projet d'agrandissement. Et là ça, c'est
en plus… ça représente 80 infirmières, infirmières
auxiliaires de moins et ça représente 72 500 heures de soins directement coupées à notre population. 72 500 heures
de soins de moins. Hier, il y a eu une manifestation, deux manifestations même,
une de 600 personnes, sur l'heure
du dîner, une autre de 200 personnes en soirée, et ça n'arrêtera pas là. Ça
n'arrêtera pas, M. le Président. Ce n'est pas la première manifestation, il va y en avoir d'autres. Il y a eu des pétitions,
une pétition qui circule. Hier, on a annoncé qu'on était rendu à plus de 10 000 signatures pour une pétition.
Quand même pas si pire. Parce que les gens de Saint-Jean ont une fierté,
les gens de Saint-Jean s'attendent d'avoir des soins de santé de qualité.
Donc,
ce que… pourquoi je me lève ici encore une fois aujourd'hui, c'est pour avoir
une réponse de la part du ministre,
une réponse de sa part. Cet après-midi, à la période de questions, sérieusement
je trouvais que c'était manquer de
respect pour les gens de Saint-Jean, la réponse qu'il a donnée, parce qu'il
nous a attaqués de faire de la partisanerie. Moi, le parti pris que
j'ai, c'est pour les gens de Saint-Jean, puis, oui, je vais continuer à me
lever ici, à l'Assemblée nationale, parce que
j'ai été élu pour représenter les gens de Saint-Jean, mais aussi, mais aussi
les gens de l'ensemble de la MRC du
Haut-Richelieu et l'ensemble de la MRC de Rouville qui sont desservis par cet
hôpital-là, qui, depuis 1970, a une population qui a doublé et qui n'a
pas eu sa juste part d'investissement.
Sous
notre gouvernement, on a réinvesti pour agrandir l'Hôpital du Haut-Richelieu,
109 millions de dollars. On a
annoncé l'unité de médecine familiale, qui est en place depuis déjà le mois de
juillet, pour accueillir davantage de patients, pour pouvoir avoir des médecins de famille, si on peut dire ça ainsi. On
a réinvesti pour réduire l'inéquité entre les régions de 27 %, en un an
seulement, pendant que nous avons été là, pour justement compenser les choix qui
avaient été faits par l'ancien gouvernement.
On
attend, de la part du ministre de la Santé, une réponse pour notre population,
pour nos infirmières, pour nos préposés,
pour nos professionnels de la santé. D'ailleurs, même les médecins ont sorti
contre cette décision de la part du CSSS,
de l'agence, donc du ministre. J'attends la réponse du ministre pour notre
population, pour notre monde, et par la suite je pourrai, je crois, réintervenir, mais j'attends de sa part de
la compassion puis aussi davantage d'écoute pour notre population. Merci
beaucoup, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, merci à vous, M.
le député de Saint-Jean. M. le ministre de la Santé et des Services
sociaux, droit de parole de cinq minutes.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : Merci, M. le Président. Aujourd'hui, on a assisté à un
moment qui est d'une grande tristesse pour la vie démocratique du
Québec : deux personnes se sont levées, la députée de Taillon et le député
de Saint-Jean, pour véhiculer des faussetés à des fins totalement partisanes,
M. le Président, uniquement pour avoir des gains politiques.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : …je vous demanderais d'être
prudent par rapport à vos choix de mots et de ne pas imputer des motifs
indignes aux députés.
• (18 h 20) •
M.
Barrette : Très bien, M. le Président. Je rappellerai cependant que la
députée de Taillon, M. le Président, avant de se lancer en politique, était présidente de l'Ordre des pharmaciens,
une position qui exige les plus hauts niveaux d'éthique et de rigueur, alors que les deux députés se sont
levés, M. le Président, pour véhiculer des choses qui étaient fausses, et je
vous l'explique, M. le Président.
Contrairement à ce que le député de Saint-Jean a dit, il n'y a pas de gens qui
sont congédiés à l'hôpital de
Saint-Jean. Il y a une restructuration, dans l'hôpital, qui est nécessaire.
Restructuration qui s'est faite dans toutes
les institutions du Québec et qui vise à faire en sorte que l'utilisation des
ressources, qui sont dispendieuses et peu nombreuses partout au Québec,
soit faite de façon optimale.
Et ces éléments-là de
restructuration, M. le Président, ont été expliqués en long et en large par la
direction de l'agence et la direction de
l'hôpital au député de Saint-Jean, et il sait donc, dès lors — et c'était fait devant témoin — que ce qu'il dit n'est pas vrai, M. le Président. À titre d'exemple, l'hôpital
de Saint-Jean est un des hôpitaux où il y a des problèmes, en termes de durée moyenne de séjour et de taux
d'hospitalisation, les plus importants au Québec. La direction de l'hôpital,
de concert avec l'agence, ont mis en place
des mesures pour résoudre ce problème. Et, pour résoudre ce problème, M. le
Président, il faut passer d'une modalité d'hospitalocentrisme, style
hospitaliser les patients, vers le développement de cliniques ambulatoires. «Ambulatoire», ça signifie, M. le Président, qu'au
lieu d'hospitaliser des patients qui n'ont pas besoin d'être
hospitalisés on les voit en externe, avec des équipes dûment constituées et
compétentes, et c'est ce que l'hôpital fait.
Et, en fermant supposément les lits que le député
de Saint-Jean invoque, on ne ferme… on ne congédie pas 82 infirmières, M. le Président, on réaffecte
82 infirmières à des activités ambulatoires. Alors, il n'y a
pas une infirmière qui va perdre son
emploi à Saint-Jean, et la demande est tellement telle, M. le Président, en ambulatoire, qu'il faudra engager du personnel de plus. On s'en va même vers de la création d'emplois en
passant par l'efficience. Quand on ferme des lits de soins intensifs, il se l'est fait dire en long,
en large et en hauteur, M. le
Président, c'est parce qu'il a été
démontré que l'utilisation de ces
lits-là était tellement faible qu'elle ne justifiait pas de les maintenir en
fonction avec tous les coûts qui sont
imputables au maintien en fonction de ce type d'équipement. Alors, il est tout à fait normal, M. le Président, dans une administration, d'optimiser sous
cette forme les ressources hospitalières qui sont à la disposition du public.
La
restructuration des lits de longue durée est la même chose. On va même ajouter
des lits d'évaluation en longue durée
dans cet hôpital-là, M. le Président. Et, ça aussi, le député de Saint-Jean
le savait. Alors, quand il se présente avec la députée de Taillon en invoquant
l'apocalypse, le congédiement du personnel, alors que c'est faux, M. le Président, bien, je pense qu'à un moment donné, là, il devrait faire son
mea culpa, et la population de Saint-Jean et de la région de Saint-Jean
qui nous écoute aujourd'hui, bien, ils sont probablement un peu gênés de
voir qu'ils sont représentés par des gens qui ne disent pas la réalité
telle quelle.
Une voix :
…
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Juste un instant, M. le
ministre. On ne peut pas prêter des
motifs indignes ou tenir des propos
blessants à l'endroit d'un collègue à l'Assemblée
nationale. Je vous demanderais de
retirer ces derniers propos.
M. Barrette :
Alors, je retire mes propos, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Merci.
M. Drainville :
...appel au règlement, là.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Oui, je pense que ça a été fait. Il a retiré ses
propos.
M. Drainville :
Oui, bien, on peut-u se concentrer sur le fond puis arrêter d'insulter?
M. Barrette :
Je retire mes propos, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Très bien.
M. Drainville :
Il passe son temps à insulter les gens. Qu'il se…
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : …M. le député de Marie-Victorin… Ça va. Il reste 30 secondes, M. le ministre.
M.
Barrette : Alors, en
conclusion, M. le Président, la démarche qui est faite ici par les deux
députés… sont, à mon avis, pas très
élégants. Est-ce que je peux dire ça, M.
le Président? La réalité est claire, absolument
claire. Tout ce qui a été dit aujourd'hui par les deux députés ne se
vérifie pas dans les faits, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci, M. le ministre
de la Santé et des Services sociaux.
Droit de réplique de deux minutes, M. le député de Saint-Jean.
M. Dave Turcotte (réplique)
M.
Turcotte : Écoutez,
M. le Président, moi, je vais rester sur le fond parce que les
gens de Saint-Jean m'ont élu comme député pour travailler sur le fond. Les gens de Saint-Jean
auraient aimé avoir une réponse correcte de la part du ministre. Je comprends qu'il préfère insulter, si
on peut dire, mais je suis capable d'en prendre, je suis capable d'en prendre,
et je crois que le ministre n'a pas vu l'ampleur du plan, l'ampleur du plan.
Je
ne sais pas s'il le sait, les compressions qu'il y aura aussi pour le CLSC de
Saint-Jean, Richelieu, Marieville, je
ne sais pas s'il sait aussi les modifications aux CHSLD Gertrude-Lafrance,
Georges-Phaneuf. J'aimerais, de la part du ministre, qu'il s'intéresse à notre monde, à nos infirmières, aux gens
qui travaillent jour et nuit pour s'assurer d'avoir des soins pour notre monde, des gens qui sont
inquiets, des gens qui, hier, je l'ai vu dans la manifestation, ont des parents
au CHSLD, ont des enfants, ont des membres
de leurs familles à l'hôpital qui attendent à avoir des soins. Ces gens-là sont
inquiets. Et, à voir la réponse que le ministre de la Santé actuellement nous donne, ça ne les rassure pas du tout. Et de
voir que le ministre s'est trouvé une
bebelle et que là il veut jouer à temps plein dedans puis de revoir toutes les
structures, je ne pense pas que c'est ce que les gens de Saint-Jean, du
Haut-Richelieu et de Rouville attendent de sa part.
Merci beaucoup, M. le Président, et je ne lâcherai pas le combat pour les gens de
Saint-Jean et mon monde. Merci beaucoup, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, merci à vous, M.
le député de Saint-Jean,
pour cette intervention.
Donc, je vais
suspendre les travaux de l'Assemblée jusqu'à 19 h 30 pour la
poursuite des débats.
(Suspension de la séance à
18 h 25)
(Reprise à 19 h 31)
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, bonsoir à tous. Vous pouvez prendre place.
Projet de loi n° 8
Poursuite du débat sur l'adoption du principe
Alors, ce
soir, l'Assemblée poursuit le débat sur l'adoption
du principe du projet de loi n° 8, modifiant
le Code du travail à l'égard de certains salariés d'exploitations
agricoles.
Alors, M. le député de Berthier, je crois que vous avez encore quelques minutes.
Vous disposez de 3 min 10 s pour terminer votre
intervention. La parole est à vous.
M. André Villeneuve
(suite)
M.
Villeneuve : Merci, Mme la Présidente. Alors, j'ose espérer que l'heure du souper nous
a permis de refaire le plein d'énergie.
Mme la Présidente, comme le projet de loi
présenté par le gouvernement fait suite à un jugement de la Cour supérieure,
il est essentiel de regarder le projet
de loi en ayant toujours
en tête l'esprit du jugement rendu. En effet, les efforts, les coûts et l'énergie déployés dans
cette cause par les parties impliquées exigent que nous soyons des plus
vigilants afin d'éviter tout risque
de procédure judiciaire supplémentaire. Déjà, différents intervenants
entendus lors des consultations
particulières ont remis en question la
constitutionnalité du projet de loi et ont avisé le gouvernement qu'il
contrevenait au jugement rendu. Le
projet de loi n° 8 ne permet pas une véritable négociation d'une
convention collective. Le problème que
pose aussi le projet de loi n° 8 est qu'il ne permettra pas d'établir un
contrat collectif de travail. Et, si tant est qu'il le permettait, quel statut aurait ce contrat? Parce
que, n'étant pas une convention collective au sens du code, il serait
impossible de le mettre en oeuvre. Il n'y a pas de mécanisme de
règlement de grief. Et toute la difficulté est là.
Un dangereux précédent sur le plan sociétal, Mme
la Présidente, donner un droit ou enlever un droit de se syndiquer ou de
s'associer à un groupe de travailleurs parce qu'il y a une situation économique
particulière pour un employeur constituerait
un précédent dangereux. Or, le gouvernement veut tenir compte d'une réalité
économique d'un secteur spécifique
pour empêcher le droit à la syndicalisation. À ce sujet, le Conseil du patronat
demande une réforme du Code du travail dans l'esprit du projet de loi
n° 8, Mme la Présidente, rien de moins. Ce que nous avons devant nous aujourd'hui, c'est un projet de loi qui institue un
régime d'exception. Et ce régime d'exception devrait répondre à deux enjeux majeurs, devrait viser l'atteinte de
deux objectifs, soit la pérennité des entreprises agricoles familiales et la
protection des travailleurs vulnérables. Or,
il apparaît à sa face même que le projet de loi n° 8 n'atteint pas
l'objectif de protéger les travailleurs vulnérables.
Une avenue possible consisterait à moduler les
moyens de pression, tels que l'interdiction du droit de grève, comme suggéré
par la Cour supérieure du Québec, et, en contrepartie, d'accorder aux
travailleurs concernés le droit d'association
assorti de l'accréditation. Cette approche serait de nature à concilier les
préoccupations et points de vue des divers intervenants concernés tout
en respectant le cadre légal et en évitant de futures contestations.
Et, puisque, Mme la Présidente, le projet de loi
n'atteint pas un des deux objectifs qu'il devrait viser, nous voterons contre
le projet de loi. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie de votre intervention, M. le député. Et je suis maintenant prête à reconnaître la députée de Mirabel.
Alors, à vous la parole.
Mme Sylvie D'Amours
Mme
D'Amours : Merci, Mme la Présidente. Tout
d'abord j'aimerais prendre quelques
minutes pour saluer tous mes collègues, MM., Mmes les députés du gouvernement,
MM., Mmes députés de l'opposition, cher collègue qui va m'écouter assidûment.
Alors,
j'aimerais pour débuter moi aussi vous faire part d'un peu d'histoire sur l'agriculture. Par contre, j'irai plus loin que le député de Berthier. Je reculerai de 8 500 ans avant notre ère.
Mais, je vous rassure, je serai brève. Depuis que le monde est monde, l'agriculture existe. Il y a
eu, dans des fouilles archéologiques, des carcasses de courges qui dataient
de 8 500 ans avant notre ère. À ce qu'il paraît, les dinosaures jouaient à
la pétanque avec ça.
Bref, Mme la Présidente, je voudrais aussi vous signifier que, pendant les discussions avec les
groupes concernés qui ont animé la commission parlementaire, la conversation a vacillé entre les travailleurs
saisonniers étrangers et... à ceux dont
le projet de loi touche... soient les travailleurs permanents.
Donc, j'inviterais tous ceux qui nous suivent assidûment pour ce projet
de loi de nuancer les citations, non
pas que les citations dont le député
de Berthier a fait allusion tout à l'heure ne soient pas véridiques,
mais il faut les reprendre dans leur contexte.
Ceci étant
dit, aujourd'hui, notre attention est occupée par le projet de loi sur un
secteur d'occupation fondamental à
notre nation québécoise. Nous discutons aujourd'hui du principe du projet de
loi n° 8, la Loi modifiant le Code du travail à l'égard de certains salariés d'exploitations
agricoles. Il s'agit d'une réponse nécessaire au jugement de la Cour supérieure,
qui, en 2013, déclarait l'article 21 du
Code du travail inconstitutionnel. Le Québec avait alors un an pour corriger la
loi sous peine de voir l'article
abrogé. Alors que l'ancien gouvernement n'avait rien fait en la matière, nous
nous réjouissons de pouvoir travailler aujourd'hui sur cet exercice de
correction à la loi.
D'ailleurs,
afin de nourrir nos réflexions, nous avons accueilli, le 9 septembre
dernier, plusieurs groupes concernés par
les retombées du projet de loi en commission parlementaire. J'aimerais prendre
une minute pour saluer les groupes ayant
participé à nos travaux et ayant soumis leurs mémoires, notamment :
l'Association des producteurs maraîchers du Québec,
l'Association des producteurs de fraises et de framboises du Québec, les
Travailleurs et travailleuses unis de l'alimentation
et du commerce Canada, la Fédération des travailleurs et travailleuses du
Québec, l'Union des producteurs agricoles,
la Confédération des syndicats nationaux ainsi que le Conseil du patronat du Québec. À vos organisations, à vos représentants, merci pour votre
expertise et votre disponibilité.
Je
mentionnais d'entrée de jeu que le projet
de loi concernait un secteur
d'activité fondamental au Québec. En effet,
nul ne constatera le rôle clé que joue l'agriculture dans l'histoire, mais
surtout dans la dynamique socioéconomique du Québec. Ce secteur abrite
l'emploi de milliers de Québécois et de Québécoises. Les retombées qu'il
apporte ainsi insufflent une dynamique
rafraîchissante à notre économie. Les échanges qui y sont favorisés, notamment
avec les travailleurs étrangers, contribuent à notre rayonnement
culturel dans toute l'Amérique. C'est également dans l'agriculture que le Québec
trouve les racines de son terroir et de plusieurs de ses traditions
les plus profondes. Il va sans dire qu'il s'agit d'un secteur phare important
du Québec, et ce, peu importe sa région d'origine.
Tout d'abord, précisons quelques chiffres sur la situation de l'emploi dans le domaine de l'agriculture. La zone d'activité
emploie, selon les derniers chiffres, 56 800 travailleurs, soit un
peu plus de deux fois et demie le nombre d'emplois perdus dans le Québec depuis décembre
dernier. Directement redevable du succès des producteurs agricoles, le
grand secteur de l'industrie bioalimentaire emploie quant à lui 474 700 travailleurs,
selon les dernières statistiques disponibles. C'est autant de gens qui dépendent de la santé économique
du secteur agricole pour vivre. Nous avons le devoir de nous assurer que ce domaine demeure vigoureux et de protéger
ces emplois. Au plan économique, le domaine agricole est responsable du 1,2 %
du PIB du Québec. Pour ce qui est du grand domaine de l'industrie
bioalimentaire directement tributaire de la santé et du domaine agricole, on parle de 7,3 % du PIB du Québec.
Ce secteur de notre activité économique ne peut être laissé à lui-même
sans attention de notre part.
• (19 h 40) •
C'est
bien connu, l'agriculture est un domaine qui manque cruellement de
main-d'oeuvre. Alors qu'il y a lieu de s'interroger
sur la cause de ce phénomène, il s'agit d'une réflexion que nous devrons
malheureusement aborder un autre jour.
En attendant, le Québec pallie ses manques en recrutant environ
8 000 travailleurs étrangers, selon les chiffres de 2013. Ces derniers arrivent du sud de l'Amérique dans
l'espoir d'une paie décente et d'une
tâche dans laquelle ils excellent. Puisqu'ils sont logés chez les employeurs, il s'agit pour
eux d'une période d'échange culturel particulièrement enrichissante. Il faut y voir là un
rayonnement culturel important puisque ces travailleurs, en retournant chez eux,
parleront à leurs proches et à leurs connaissances de notre culture, de
notre langue et de notre identité.
Nous contribuons à
nous faire connaître de par le monde à travers notre agriculture.
Historiquement, cette identité qui nous est
propre s'est bâtie autour de l'agriculture. Le secteur trouve sa signification
jusque dans nos racines. De nos
jours, les produits du terroir qui sont issus du secteur agricole font notre
fierté parmi… partout, c'est-à-dire, au Québec et même là où nous
pouvons les exporter.
Protéger
notre secteur agricole est donc synonyme avec la protection de notre identité québécoise.
Au nom de l'histoire de notre nation,
il nous est interdit de la laisser à elle-même. En somme, le secteur agricole
au Québec a besoin de notre attention. La mesure du Code
du travail abolie par la Cour supérieure ne pouvait être laissée sans réponse.
Pour nous, l'inaction
de l'ancien gouvernement demeure donc une erreur importante. Nous réitérons
notre soulagement d'avoir la chance, en tant
que parlementaires, de corriger la loi tel que recommandé par la
cour. Le domaine agricole ne pourra que mieux s'en porter.
Bien
sûr, l'agriculture a ses obstacles qui lui sont propres. Ces derniers
contribuent à fragiliser le domaine. Les agriculteurs et les agricultrices du Québec sont des travailleurs
vaillants qui ont développé, avec les années, toutes sortes de moyens, de techniques et d'habitudes de
travail, voire de vie, pour souscrire ces bannières. N'en demeure pas moins
que la zone d'expertise est très particulière lorsque les normes du travail
sont concernées.
D'abord,
l'agriculture, nul besoin de le rappeler, est soumise aux rigueurs du climat.
Les dégels tardifs, les pluies trop
abondantes, les sécheresses, les journées de chaleur trop intenses, les grêles
imprévues et les gels hâtifs sont autant d'événements imprévisibles qui forcent les agriculteurs et
les agricultrices à adapter leurs horaires pour réagir. Il en va de la préservation de leurs semences. Une réaction
inadéquate ou trop tardive pourrait réduire à la perte de leur production
d'un champ sinon de la récolte au complet.
Les exploitations agricoles n'ayant qu'une courte période de temps dans l'année
québécoise pour compléter leurs productions, il va sans dire que les conséquences économiques
d'un tel événement seraient catastrophiques.
L'organisation du travail en agriculture est donc soumise aux
humeurs imprévisibles de dame Nature.
Au-delà
du climat, la réalité de l'agriculture est que les agriculteurs travaillent
avec le vivant. Les plantes poussent à leur rythme. Un fruit ou un
légume prêt à mûrir ne saurait attendre que des travailleurs se rendent
disponibles pour s'exécuter et être cueillis.
Le fruit sera mûr, que le travailleur soit prêt ou non, et sera perdu s'il
n'est pas cueilli à temps. La logique
est la même avec le bétail, dont les besoins doivent être comblés, que la main-d'oeuvre soit disponible ou non.
Pour
ces raisons, les travailleurs agricoles doivent être plus disponibles encore qu'il est normal, requis
de l'être dans d'autres corps de
métier. Il est donc normal qu'il soit impossible de soumettre ce type de
personnel au même cadre de travail que celui prévu pour la majorité des
travailleurs québécois. Également, les obligations reliées à la nature de l'agriculture, que j'ai mentionnées plus tôt,
rendent impossibles des moyens de pression auxquels pourraient avoir accès
ces travailleurs si le Code du travail demeurait tel que modifié par le
jugement de la Cour supérieure.
Un
élément essentiel à l'ensemble de ce dossier est bien sûr la compétition avec
l'Ontario. En effet, alors que les marchés
des deux provinces sont essentiellement les mêmes, les parts de marché
québécoises sont en baisse par rapport aux
parts des marchés ontariennes. Nous sommes déjà en perte de terrain. Il est
donc de notre devoir de nous assurer que nous protégeons les activités
agricoles du Québec face à cette compétitivité.
La
comparaison entre le cadre législatif ontarien et celui que nous prévoyons à
travers le projet de loi n° 8 pour le Québec est donc très importante. Le secteur, sujet à tous ces
obstacles et ces obligations, est un secteur qui doit faire face à des grands risques. Or, les agriculteurs et agricultrices du Québec ne sont
pas de grandes entreprises dans plusieurs cas.
Les investissements qu'ils font pour
semer et entretenir leurs champs durant la saison estivale ne rapporteront
que si la récolte a lieu. Très peu
nombreuses sont les fermes qui peuvent se permettre d'absorber une importante
perte de leurs récoltes au terme de
la saison chaude. Un milieu comme celui-là est donc fragile sur le plan
économique et a besoin de notre
protection, une protection qui vient restaurer le projet de loi n° 8. L'ancien article 21 avait le défaut d'interdire
l'association des travailleurs de ferme. Évidemment,
le droit d'association ne saurait être aliéné par un article du Code du travail; seulement, il importe de s'assurer que le
cadre conféré aux associations de travailleurs de ferme ne puisse venir ébranler le fragile équilibre de l'agriculture
québécoise. Les grands principes doivent trouver une traduction pratique et
réaliste dans leurs applications. C'est ce pragmatisme qui a guidé notre
réflexion dans l'analyse de ce projet de loi.
Nous avons
principalement questionné trois volets du projet de loi. Tout d'abord, tel que
soulevé dans le mémoire de la CSN, nous nous
sommes interrogés sur la portée agrandie du projet de loi. En effet, alors
que l'article 21, abrogé
par la Cour supérieure, ne concernait que les fermes, le nouveau projet de loi se base sur une définition beaucoup
plus large. Sont désormais incluses dans
cette nouvelle mesure toutes les formes de production agricole :
horticulture, aviculture, aquaculture
et l'élevage. Également sont incluses les entreprises exploitant les forêts…
les produits de la forêt ainsi que
les breuvages ou autres produits d'alimentation qui proviendraient de ces
domaines. Or, le projet de loi étant limité
aux entreprises n'employant qu'un petit nombre d'employés, nous n'avons pas
modifié le projet du… portée du projet
de loi. Ces entreprises sont aussi
aux prises avec les mêmes aléas que les fermes et sont donc sujettes aux mêmes
risques.
Ceci nous a amené sur
une deuxième réflexion au sujet de la limite de la portée du projet de loi aux
seules entreprises de deux employés
réguliers et moins. Nous nous sommes interrogés à savoir si cette limitation ne
rendait pas le projet de loi trop restrictif. Or, la consultation des
intervenants en commission parlementaire nous a démontré que certaines entreprises de taille modeste se
trouvaient hors des limites du projet
de loi. Un assouplissement est donc
nécessaire. Nous déposerons donc un amendement qui visera à élargir
légèrement cette limite dans l'optique de maintenir une compétitivité
comparable dans notre marché agricole, notamment avec l'Ontario.
Un
dernier élément important qui a retenu notre attention est la comparaison entre
le cadre législatif ontarien… En
effet, dans le but d'assurer une compétitivité semblable à celle de l'Ontario,
il importe de s'assurer que la barrière que nous projetons nous imposer ne soit pas trop grande par rapport à celle
qu'ont nos voisins. Le projet de loi
n° 8 est très semblable à la loi ontarienne. La seule différence
notoire vient du fait que la version ontarienne de la loi ne limite pas
la portée de la loi à certaines entreprises
en fonction de leur taille. C'est d'ailleurs pourquoi nous proposons un amendement à cet effet.
Il
est primordial, pour que soit protégée la compétitivité de nos entreprises
agricoles, que nous adoptions un projet
de loi qui s'approche de la version ontarienne. À la faveur de notre réflexion
et à la lumière de nos consultations particulières, nous nous positionnons donc en faveur des
principes généraux établis dans le projet
de loi. Nous réitérons à nouveau
qu'il est exclu pour nous de ne pas
réagir à l'abolition d'un article de loi dont l'un des effets était de… la
protection du cadre de travail particulier nécessaire au bon déroulement
des activités d'agriculture. Nous abordons donc positivement la prochaine étape
de l'adoption du projet de loi n° 8. Merci, Mme la Présidente.
• (19 h 50) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci beaucoup, Mme la députée.
Alors, je suis prête à reconnaître le
prochain intervenant, qui sera… Je crois qu'il y a eu entente pour que ce soit
Mme la députée de Gouin. Alors, à vous la parole.
Mme Françoise David
Mme
David (Gouin) : Merci, Mme la Présidente. Alors, au nom de ma formation politique, j'annonce que nous voterons contre le principe du projet de loi n° 8, modifiant
le Code du travail à l'égard de certains salariés d'exploitations agricoles, et j'explique pourquoi. D'abord, sur le fond, nous considérons que l'entièreté du
projet de loi n° 8 va à l'encontre de la liberté d'association, à l'exception de son article 2, qui
abroge l'alinéa cinq de l'article 21 du Code du travail, qui lui a été jugé inconstitutionnel par la Cour
supérieure. Tout le reste du projet
de loi sert à contourner le droit à
la syndicalisation.
Nous
sommes d'accord avec la CSN et la FTQ, qui sont venus dire en commission parlementaire que ce projet
de loi maintient un régime d'exception pour les travailleurs et travailleuses
agricoles en leur retirant de manière injustifiée
le droit à la syndicalisation et à la négociation collective. Certes, l'article
21, cinq, qui établit le régime d'exclusion des travailleurs agricoles,
est abrogé, mais il se trouve remplacé par des dispositions qui instaurent un
simulacre de négociation collective et un
processus non conforme, selon nous, au droit international en matière de
liberté syndicale.
Mme
la Présidente, on ne peut pas faire indirectement ce qui est interdit de faire
directement, et c'est exactement ce
que tente de faire le gouvernement avec le projet de loi n° 8. Le jugement
de la Cour supérieure confirmait d'ailleurs une décision de la Commission des relations du travail, qui, elle,
déclarait que l'alinéa cinq de l'article 21 du Code du travail est inconstitutionnel parce que contraire
à l'article 2d de la Charte canadienne des droits et libertés et à
l'article 3 de la Charte des
droits et libertés de la personne. Pourquoi s'obstiner alors à aller à l'encontre
de l'esprit de ces deux jugements qui reconnaissent aux travailleuses et
aux travailleurs étrangers sur nos fermes le droit de se syndiquer?
Car
c'est bien de ça qu'il s'agit, de personnes, d'êtres humains venus de
l'étranger pour travailler honnêtement et
de leur droit fondamental qu'ils ont de se regrouper pour défendre leurs
droits. En 2012, elles et ils étaient 7 000 venus d'ailleurs pour travailler, et beaucoup d'entre
eux, quotidiennement, rencontraient des obstacles à l'expression de leurs
droits. Je pense ici à des barrières
linguistiques, sociales et culturelles, je pense à la peur de perdre son permis
de travail et de résidence ou, pire encore, à la crainte du rapatriement
unilatéral sans droit de contestation.
La Commission des droits de la personne et des
droits de la jeunesse a d'ailleurs reconnu que l'ensemble des travailleuses et
travailleurs migrants fait l'objet de discrimination systémique. Elle l'a
rappelé aujourd'hui dans un communiqué de presse en disant : «Le projet de loi n° 8 […]
compromet la reconnaissance et l'exercice, en pleine égalité, de la liberté d'association des travailleuses et
travailleurs agricoles ainsi que le droit à la sauvegarde de leur dignité et
contrevient aux dispositions de la Charte des droits et libertés de la personne
du Québec…»
Pour Québec
solidaire, les deux jugements, tout comme la Commission des droits de la
personne, reconnaissent que les
travailleuses et travailleurs étrangers ont droit, comme toute personne
travaillant au Québec, de se syndiquer pour améliorer leurs conditions
de travail et d'être protégés par les normes et par le Code du travail.
C'est à cela,
à titre de parlementaires, que nous devrions nous atteler plutôt qu'à calquer
sur une loi ontarienne, comme le fait
le projet de loi n° 8, un nouveau régime d'exception qui privera encore
une fois les travailleuses et travailleurs agricoles étrangers du droit à la syndicalisation. Cette législation
ontarienne, intitulée la loi sur la protection des employés agricoles et instaurée en 2002, n'a produit à ce
jour aucune entente. Je rappellerai de plus que l'Organisation internationale
du travail a considéré que cette même loi
ontarienne violait les droits de la personne en vertu de la convention no 87
sur la liberté syndicale et la
protection du droit syndical et en vertu de la déclaration de 1998 relative aux
principes et droits fondamentaux du travail, deux engagements
internationaux auxquels adhère le Canada.
Seulement
pour ça, le projet de loi n° 8 doit être retiré, mais il y a plus. Le nouveau
régime d'exception qui vient avec ce projet de loi pose de nombreux
problèmes parce qu'il prive les travailleuses et travailleurs de droits et de
mécanismes légaux reconnus actuellement dans le Code du travail, par exemple,
comme le droit à l'accréditation, les dispositions sur la négociation
collective et sur les conventions collectives, le droit de grève, l'arbitrage
de première convention de même que l'arbitrage de griefs. De plus, avec
l'adoption du projet de loi n° 8, ce régime d'exception s'étendrait à tout producteur agricole, au sens
de la Loi sur les producteurs
agricoles; une notion plus large que
celle de l'exploitation d'une ferme, comme c'était le cas avec le
jugement de la Cour supérieure. Ainsi, des travailleuses et travailleurs n'ayant jamais été visés par
l'article 21, cinq, du Code du travail risquent de perdre leur droit à
l'accréditation.
M. le
Président… Mme la Présidente, pardon, le régime que souhaite implanter le
gouvernement avec le projet de loi
n° 8 compromet l'équilibre du rapport de force entre les employeurs et les
syndicats qu'établit le Code du travail. Le régime en question permet certes aux travailleuses et travailleurs de
présenter oralement ou par écrit des observations au sujet de leurs conditions de travail, mais l'employeur
n'a aucune obligation d'écouter ou de lire ces observations et il n'est
pas obligé de négocier. Le processus est donc unidimensionnel et met à mal les
bases mêmes du principe de la négociation.
Autrement dit, on fait reposer l'ensemble des relations de travail uniquement
sur la bonne foi de l'employeur, ce qui, à nos yeux, est
disproportionné.
Nous reconnaissons cependant que les producteurs
agricoles qui emploient ces travailleuses et travailleurs temporaires oeuvrent au sein d'une industrie particulière,
saisonnière et confrontée à une forte compétition et au climat. Nous
croyons que l'État québécois a la responsabilité d'appuyer cette industrie,
mais pas au point de brimer la liberté d'association. Nous sommes d'accord bien
sûr pour valoriser les fermes maraîchères et fruitières au Québec, mais nous ne croyons pas que la syndicalisation a un
impact négatif sur leur santé économique. Dans les faits, ce n'est pas le cas
actuellement puisque les entreprises qui emploient aujourd'hui des travailleuses
et travailleurs syndiqués continuent d'opérer
avec succès. Notons par ailleurs que d'autres secteurs économiques saisonniers,
comme des centres de ski, des clubs de golf ou des hôtels, sont
syndiqués, sont assujettis au Code du travail et réussissent à tirer leur
épingle du jeu.
La situation des fermes au Québec a évolué
sensiblement depuis plusieurs années. Ce que l'on concevait hier comme normal ne l'est plus aujourd'hui. Le
jugement de la Cour supérieure sur la syndicalisation des travailleurs agricoles
temporaires nous pousse à réviser nos lois
et règlements, mais, pour Québec solidaire, il ne saurait être question de le
faire au détriment de droits fondamentaux, comme celui de se syndiquer
et de négocier ses conditions de travail.
Pour toutes
ces raisons, j'invite le ministre du Travail à refaire ses devoirs et à
respecter l'esprit du jugement de la Cour
supérieure et de la décision de la Commission des relations du travail du
Québec. Pour toutes ces raisons, nous voterons contre le principe du
projet de loi n° 8.
• (20 heures) •
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Merci beaucoup, Mme la députée. Et je suis maintenant prête à reconnaître notre
prochain intervenant, M. le député de Pontiac.
M. André Fortin
M. Fortin
(Pontiac) : Merci, Mme la Présidente. C'est un plaisir aujourd'hui de
pouvoir intervenir dans le cadre du
débat du projet de loi n° 8 de notre gouvernement, la Loi modifiant le
Code du travail à l'égard de certains salariés d'exploitations agricoles. Je vais commencer en avouant que j'ai bien
apprécié la discussion sur la Mésopotamie du député de Berthier et sur l'historique agricole d'il y a
8 500 ans de la députée de Mirabel, mais je vais tenter de me concentrer
sur le problème qui nous touche aujourd'hui, Mme la Présidente.
Mais
j'aimerais également saluer le travail du ministre du Travail dans ce dossier
et d'un de nos collègues, le député de
Huntingdon, que vous pourrez sûrement entendre plus tard ce soir nous
entretenir à ce sujet avec la passion habituelle qu'il démontre à l'endroit du secteur agricole québécois. Non seulement
est-il dédié à l'essor économique de son comté au niveau agricole, mais il travaille également pour améliorer les
conditions de succès des entrepreneurs agricoles partout en province. Au cours des consultations
particulières, au moins à quatre reprises, il a parlé des agriculteurs de
Saint-Rémi, qui seront directement
affectés par ce projet de loi puisqu'ils sont parmi les plus grands employeurs
de travailleurs saisonniers étrangers.
Mme la
Présidente, ce que le gouvernement fait aujourd'hui avec le projet de loi
n° 8, c'est qu'il remplit ses obligations
légales. Le 11 mars 2013, la Cour supérieure du Québec confirmait, dans un
jugement, une décision préalable de
la Commission des relations du travail, déclarant inconstitutionnelle et par
conséquent inopérante une disposition du Code du travail. Le jugement donnait un an au
gouvernement pour régler la situation. La ministre du Travail de l'époque
avait décidé, elle, de simplement accepter que la disposition n'existerait
plus. Peu importe la taille de l'exploitation agricole,
peu importe qu'il soit saisonnier ou à temps plein, la ministre
avait décidé avec ses collègues du Parti
québécois d'assurer la liberté de
syndicalisation, la liberté de grève à l'ensemble des travailleurs agricoles,
mais la ministre avait oublié la réalité des petites
exploitations agricoles. Elle avait oublié que souvent il s'agit de fermes
familiales, qu'il s'agit d'équipes formées
de maris, de femmes, de frères, de soeurs, de fils, de filles, que ces gens
portent également déjà plusieurs
chapeaux : ceux d'exploitant, d'agriculteur, de directeur des ressources humaines, de directeur des ventes, de coordonnateur des achats, de
comptable. La liste n'en finit plus.
La ministre
avait oublié qu'une exploitation agricole, ça ne peut se permettre une grève.
Déjà, nos agriculteurs sont
prisonniers de facteurs comme la météo, comme la courte saison de récoltes. De
par la nature même de leur travail, ils
doivent faire leurs récoltes à un certain temps de l'année. Et, vous savez, Mme la Présidente, mère Nature, ce n'est pas
la plus flexible des négociatrices, mais les
gens du milieu agricole comprennent cette réalité-là, ils l'acceptent. Ils
acceptent que, quand il faut sortir les
bêtes, il faut sortir les bêtes, que, quand il faut les nourrir, il faut les
nourrir, que, quand il faut faire les
foins, ça ne peut pas attendre à la semaine prochaine et que, quand on a besoin
de travailleurs pour la récolte, ils
doivent être là, sinon on perd la récolte. Mais ça, la ministre l'avait oublié,
mais on va lui pardonner. On va lui pardonner parce que le projet de loi
n° 8 reconnaît ces qualités.
Le projet de
loi n° 8 reconnaît que les agriculteurs québécois ne seraient pas en
mesure de négocier et de gérer les
conventions collectives, qu'ils ne seraient pas en mesure de faire tout le
travail si une grève avait lieu pendant la courte saison des récoltes et
que la perte de ces récoltes aurait des conséquences désastreuses non seulement
pour cette entreprise-là, mais pour
l'économie régionale et pour la stabilité des petites exploitations agricoles
partout au Québec et, enfin, pour notre sécurité alimentaire.
Justement, le Parti québécois a beaucoup parlé,
au cours des dernières années, de souveraineté alimentaire. Malheureusement, en favorisant un climat
d'incertitude pour les producteurs agricoles, on s'éloignait de la souveraineté
alimentaire, de ce concept d'agriculture de
proximité, de consommation de produits locaux. Les consommateurs québécois
se plaignent déjà souvent de l'absence de
produits québécois sur les étagères de leurs supermarchés ou de leurs
épiceries. On se demande pourquoi il
y a des bleuets californiens sur les étagères au Saguenay. On se demande
pourquoi il y a des fraises
ontariennes sur les étagères au Centre-du-Québec, pourquoi les framboises
américaines en Outaouais… Mme la Présidente.
On se dit qu'on ne peut rien y faire, que, même si on produit d'excellents
produits locaux, les décisions sont prises par des multinationales à
Montréal, à Toronto ou ailleurs, et ce, en fonction des prix et uniquement des
prix. Évidemment, les prix, ça a un rôle à
jouer, mais l'assurance d'une offre stable et prévisible de produits locaux
aussi. En donnant aux travailleurs de
petites exploitations agricoles le droit de grève, on réduit encore la
prévisibilité de l'offre locale et on donne une raison de plus aux
supermarchés de s'approvisionner ailleurs.
Vous savez,
nous, dans cette Chambre, on n'est pas tellement différents des autres Québécois.
Lorsqu'on voit des bleuets du
Lac-Saint-Jean sur nos étagères et dans nos marchés publics, lorsqu'on voit des
fraises du Pontiac, tiens, sur les étagères,
on en est fiers. On est fiers de la qualité des produits faits ici par les gens
d'ici avec la terre d'ici. Mais, là où on diffère des autres Québécois, c'est que c'est à nous de donner aux
producteurs les outils nécessaires pour que ces produits continuent
d'être sur nos étagères. C'est à nous à travailler à leur enlever tous ces
tracas administratifs, à réduire la bureaucratie
associée à être entrepreneur au Québec. Le projet de loi n° 8 leur
permettra de se concerter sur leur art et à la mise en marché des
excellents produits québécois.
Parlant d'ailleurs, Mme la Présidente, c'est
important de regarder où le Québec se situe par rapport à d'autres juridictions dans ce dossier. Et, vous le savez,
vous me connaissez, étant député de l'Outaouais, du Pontiac, j'aime bien me comparer à nos voisins immédiats : l'Ontario.
En Ontario, ça fait déjà plusieurs années qu'ils ont adopté
une loi similaire. Mais, quand je dis
«similaire», je veux dire «une loi qui va encore bien plus loin que ce qui est
proposé aujourd'hui». Ce que
nous proposons, c'est pour les fermes de moins de trois employés permanents. En
Ontario, ils l'ont fait pour l'ensemble des exploitations agricoles. Alors, aucun employé de ferme en Ontario n'est syndiqué, peu importe la taille de
l'entreprise, peu importe le type de
travail. Donc, si on se fie à la logique de l'opposition officielle, on serait
en droit de se demander : Est-ce
que les droits des travailleurs sont pour autant brimés? Les travailleurs
migrants cessent-ils d'aller en Ontario à cause des conditions de travail fâcheuses? Bien, Mme la Présidente, il
n'y a aucune donnée quant aux conditions de travail des travailleurs
agricoles ontariens qui nous porte à croire que cette loi a eu un impact
négatif.
Fait
intéressant, Mme la Présidente, au cours des 10 dernières années, les fermes
ontariennes sont encore plus compétitives,
mais, fait moins intéressant, Mme la Présidente, c'est que c'est aux dépens des
fermes québécoises qu'elles le sont
parce que nous vendons nos produits maraîchers sur les mêmes marchés que nos
voisins ontariens. L'Association des
producteurs maraîchers nous informait que plus de 80 % des fruits et des
légumes de l'Est du Canada sont vendus chez Sobeys, chez Loblaws et chez Métro.
Alors, bien que j'aime mes voisins ontariens, dans ce cas-ci, ce sont nos
compétiteurs. Et, au cours des 10 dernières
années, ils ont complètement changé la donne. En 2004, l'Ontario ne produisait
que 66 % de ce que le Québec produisait
en fruits et légumes. Aujourd'hui, c'est 100 %. C'est donc dire que le
Québec perd 3,3 millions en masse salariale agricole année après
année. Au profit de qui? Au profit de l'Ontario.
Mais, au-delà
de la compétitivité, Mme la Présidente, ce qui nous a frappés en consultations
particulières, c'est l'appel des producteurs, l'appel des gens de
l'Association des producteurs de fraises et de framboises du Québec, par exemple.
Devant nous, nous avions un producteur, M. Guy Pouliot, de l'île d'Orléans,
région bien connue au Québec pour la qualité
de ses produits, un producteur qui ne serait pas assujetti à la loi telle que
présentée, puisqu'ils sont, incluant le propriétaire, quatre employés à
temps plein, qu'il embauche une vingtaine de travailleurs saisonniers locaux et
une centaine de travailleurs étrangers. Cependant, il n'a pas hésité à nous
dire que, s'il devait négocier une convention collective
avec ses travailleurs et si celle-ci devait inclure du temps supplémentaire ou
des hausses de salaire, c'était la fin de son entreprise, puisque les marges de profit
sont déjà basses, de plus 8 % à moins 3 %, selon lui. Alors, si une
entreprise agricole, sur des bases
solides, avec une réputation de qualité comme la sienne, qui en théorie est
beaucoup plus capable de composer
avec une convention collective que les exploitations visées par le projet de
loi… qu'en serait-il des petites exploitations?
Mme la
Présidente, si une seule entreprise agricole, si un seul producteur maraîcher
doit fermer ses portes à cause de
notre inaction, ça en sera un de trop, et nous n'aurons que nous-mêmes à blâmer
la prochaine fois qu'on verra des fraises californiennes sur nos
étagères.
Bien que
l'Union des producteurs agricoles, l'Association des producteurs de fraises et
de framboises du Québec et
l'Association des producteurs maraîchers du Québec nous aient tous répété le
même message, qu'ils appuient ce projet de loi, qu'il est d'une importance capitale pour leur compétitivité et
leur productivité, j'ai quand même fait mon devoir de député local et j'ai appelé mon représentant
local de la Québec Farmers' Association. This is a dairy producer from Shawville, an honest man who
would have no problem telling me if we were heading in the wrong direction. The
point he made was an interesting one.
«As a farmer, he said, you spend your whole life building your reputation,
building your product's reputation,
convincing buyers that they're making the right choice, but the day you don't
have a steady offer is the day the
buyer is gone to someone else.» Obviously, he's also familiar with the Ontario
market. He even asked if we'd considered going further, given that many
family farms have three people or more on the farm these days.
Et, oui, nous avons entendu les représentants des
syndicats nous dire que les droits de travailleurs, incluant les
travailleurs étrangers, doivent primer. Des droits leur sont évidemment dus, Mme
la Présidente. Ils doivent travailler dans
des bonnes conditions de travail, ils doivent travailler pour un salaire juste,
ils doivent se sentir en confiance lorsqu'ils arrivent
au Québec, qu'ils soient du Mexique, du Guatemala ou de la
Jamaïque, comme c'est souvent le cas dans ma région. Ces travailleurs
sont déjà protégés, car les employeurs savent qu'à la moindre anicroche leur
permis de travailleur étranger leur sera révoqué. Ils savent très bien que,
sans ces travailleurs, leur plan d'affaires ne fonctionnera tout simplement
pas. Mais encore nous avons entendu les représentants des syndicats dire que la
ferme familiale est un concept qui n'existe
plus, que c'est simplement un mythe, que ce sont maintenant
des entreprises sophistiquées, capables de s'adapter à un environnement compétitif. Je
me permettrai d'être en désaccord mais de leur indiquer que, s'ils veulent
réellement sonner le glas de l'exploitation agricole familiale, l'inaction
proposée par le gouvernement
précédent était la route à suivre.
Le projet de
loi que nous, on présente, il vise à protéger ces agriculteurs, il vise à
améliorer leur compétitivité, il vise à assurer la stabilité de l'offre
des produits québécois. C'est pourquoi ce projet de loi bénéficie de l'appui de
la communauté agricole et c'est pourquoi il aura mon appui, Mme la Présidente.
Merci.
• (20 h 10) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci beaucoup, M. le député. Y
a-t-il d'autres interventions sur le projet de loi? Alors, je reconnais
M. le député de Huntingdon et whip en chef du gouvernement.
M. Stéphane Billette
M.
Billette : Merci beaucoup, Mme la Présidente. C'est vraiment un
honneur pour moi d'intervenir sur un projet de loi pour les milieux ruraux très important et principalement au
niveau agricole et maraîcher, qui a un niveau d'embauche de main-d'oeuvre très, très important, comme mon collègue de Sanguinet également, qui a plusieurs fermes maraîchères dans son comté. Donc, je compte sur son appui également
pour appuyer, au nom de nos producteurs locaux, ce projet de loi là tellement important pour notre région.
Il y a
des faits, madame. J'écoutais le député, Mme la Présidente, le député
de Berthier, nous faire une allocution portant beaucoup
plus sur l'intervention du gouvernement précédent au niveau de l'agriculture.
Et, je vais vous dire, il y a des choses… c'est important de rétablir les
faits et sans mettre en doute sa parole, mais il y a des choses également.
Il parlait, en 2001, de La Financière agricole, qu'on est arrivé avec finalement
un outil pour aider les producteurs agricoles. Eh oui, La Financière
agricole a été renouvelée à 310 millions, malgré les moyennes, des
10 dernières années, de 350 millions.
L'exercice qu'ils ont fait, que son gouvernement a fait à l'époque, c'est d'endetter les
agriculteurs de 1 million de dollars avec La Financière agricole.
C'est ici qu'on l'a réglé en 2010, avec notre ancien collègue
Claude Béchard, où on a augmenté La Financière agricole à
650 millions... et pouvoir prendre en charge le déficit de 1 milliard
de dollars.
Et surtout, lorsqu'on
arrive au bilan des 18 derniers mois, je vais vous dire, vous, Mme la Présidente, ça a été quoi, le bilan du gouvernement précédent : souveraineté alimentaire sans aucune action apportée;
politique de relève agricole non renouvelée; 10 millions qu'on a soutirés à notre relève
agricole. En plus de leur avoir promis un 20 millions additionnel, Mme la Présidente, c'est un trou de 30 millions qu'ils ont créé à notre relève
agricole, à nos jeunes qui voulaient prendre la relève des fermes
familiales ou qui voulaient se lancer en agriculture un jour. 15 millions
de coupure à l'ASRA, 10 millions de
coupure. Il se vantait tantôt qu'on a renouvelé le programme
Prime-vert à 30 millions de dollars. Facile de renouveler lorsque le programme, Mme la Présidente, est à
40 millions quelques jours auparavant.
C'est 10 millions de coupe. Clubs agroenvironnementaux complètement
en train de disparaître à l'heure actuelle. Circuits courts, grande initiative, comme le disait si bien le député,
3,3 millions sur quatre ans. Le problème, c'est qu'il était à
14 millions sur cinq ans. On est
passé d'un budget annuel de 1 million à 3 millions. C'est important,
Mme la Présidente, de dire les vraies affaires, et je pense que c'est
ici que ça doit se passer.
Puis le
25 %, c'était une directive ministérielle au niveau de l'ASRA qui a été
mise en place par notre collègue ministre
de la Forêt de l'heure actuelle. Puis appuyer les producteurs… Lorsqu'il parle,
au niveau de l'entente Canada-Europe, d'appuyer nos producteurs au
niveau fromager… Mais, je vais vous dire, il y a une inquiétude certaine au
niveau des producteurs agricoles, c'est la
syndicalisation de la main-d'oeuvre agricole. Et j'espère que les députés de
l'autre côté, comme ils le disent si bien,
appuieront les agriculteurs parce que les demandes sont très claires. On n'a
qu'à lire les découpures de journaux qu'on a
eues. Les représentants au niveau agricole,
que ça soit les fédérations, l'Union
des producteurs agricoles, l'Association des producteurs maraîchers du Québec,
ils sont tous unanimes, ils appuient ce projet-là de façon inconditionnelle.
Puis, lorsqu'on parle également… Je trouvais ça assez — excusez-moi
le terme, Mme la Présidente — cocasse lorsqu'il a dit : Il fallait
appuyer nos producteurs de vin. Je pense que je suis un député qui est assez bien placé… probablement, la région
productrice la plus importante au niveau du vin. Ils ont eu un projet de
loi qui s'appelle le projet de loi
n° 395. Ils l'ont eu dans leur carton. On a fait le travail pour eux. On
leur a déposé même le projet de loi.
On leur a donné un coup de main. Ils ne l'ont même pas rappelé. On voit
l'importance qu'ils accordent au niveau
agricole. Et je vois les députés qui ont un sourire de l'autre côté. Je regarde
leur équipe agricole, je pense que les gens ont reconnu le bon travail
qu'ils ont fait, il n'y en a plus un.
Ça fait que
c'était, je pense, l'importance de rectifier les faits, exactement ce qui s'est
passé dans les 18 derniers mois au niveau agricole.
Pour revenir,
proprement dit, au projet de loi n° 8, qui est le coeur du sujet de
conversation aujourd'hui, je pense, c'est une loi très, très, très
importante. Plusieurs personnes l'ont mise sur les travailleurs migrants, ils
l'ont appliquée également aux producteurs
maraîchers, mais, je vais vous dire, Mme la Présidente, c'est un projet de loi
qui touche toutes les entreprises
agricoles, sans exception. Que ça soit les producteurs laitiers, que ça soit
les producteurs de soya, de maïs, les maraîchers, les pomiculteurs, les
éleveurs d'animaux également, que ça soit la volaille, que ça soit le porc,
tout le monde est touché par ce projet de
loi là, et non pas uniquement les maraîchers versus les travailleurs migrants
qui viennent ici pour nous donner un
coup de main, et c'est très important de le dire parce que c'est un projet de
loi qui, malheureusement, a été beaucoup ciblé sur ces deux
facteurs-là : le maraîcher et le migrant.
L'historique
remonte, Mme la Présidente, à 1964, lorsqu'il y a eu l'adoption du Code du
travail au Québec. Pour les employés…
les fermes de trois employés et plus, il y avait exclusion du droit à la
syndicalisation, à ce moment-là. En
août 2006, le débat a été lancé en grande avec une première requête en
syndicalisation. Il y a trois fermes qui étaient ciblées : il y avait Hydroserre Mirabel qui était ciblée, il y
avait la ferme Hotte et Van Winden et il y avait également la Légumière Constantineau. Les tribunaux ont fait
leur travail. Premièrement, la Commission des relations de travail qui a rushé les demandes syndicales, donc, donnant
raison aux agriculteurs dans ces dossiers-là… Et, même en février 2008, la
Cour supérieure a confirmé le jugement adressé par la Commission des relations
de travail. En juillet 2008, une autre demande,
vraiment ciblée sur l'article 21.5 du Code du travail, a fait en sorte qu'une
demande en requête a été faite au nom
de la ferme L'Écuyer et Locas, qui était une des fermes mais qui est devenue,
sans aucun doute, le cas type au niveau jurisprudence. Le 16 avril 2010, la Commission des relations de travail
écoute et invalide l'article 21.5. Cour d'appel, quelques mois plus
tard.
Le 11 mars
2013, c'est une date très importante, où le juge de la Cour supérieure a fait
en sorte qu'il donnait un délai d'un
an, a déclaré l'article 21.5 anticonstitutionnel et donnait un an au
législateur. Et, grande surprise, le député de Berthier nous disait : Il y avait plein de propositions
intéressantes à l'intérieur du jugement. Mais la question, Mme la Présidente : Qu'est-ce qu'ils ont fait
pendant un an de temps? On connaissait le délai d'un an, c'était clair, il y
avait des propositions qu'ils disent
maintenant très intéressantes. Ils étaient au gouvernement. Vous allez me dire
la raison pour laquelle ils n'ont pas
appliqué ces propositions-là. Malgré les demandes incessantes des différentes
fédérations de producteurs agricoles,
que ça soit l'AJMQ, dans le temps, qui est devenue maintenant la FPMQ, malgré
leur faire accroire : Oui, on va faire
des modifications pour arriver à minuit moins une, même minuit une, leur
dire : Non, il n'y a plus rien qu'on peut faire, vous allez vivre
maintenant, on ne bougera pas. Donc, en tant que législateurs, ils n'ont pas
pris en considération le jugement qui
donnait un délai d'un an. Et le délai se terminait, Mme la Présidente, le 11
mars 2014. Et, à ce moment-là, tout
le monde veut être syndiqué. Et on se souvient, le 11 mars 2014, où on était.
On faisait du porte-à-porte. Donc, aucune mesure n'a été faite. Le gouvernement de l'époque a regardé le dossier
passer. Et, lorsqu'on vient me dire qu'on est là pour défendre les agriculteurs, les producteurs, les productrices
maraîchers, les agricultrices, je vais vous dire, on peut se poser des
questions sur les véritables intentions relativement à ce projet de loi là.
• (20 h 20) •
Et, lorsque
j'entendais les députés de l'autre côté dire : Projet de loi anticonstitutionnel, ça ne passera pas… J'ai
entendu des commentaires de ce genre de l'autre côté. Mme la Présidente, c'est
basé sur un projet de loi qu'ils ont en Ontario.
Oui, le député tantôt faisait allusion à un projet de loi que l'Ontario
avait été en cour, mais, en Ontario, ils ont eu deux projets de loi, Mme la
Présidente. Ça aurait été intéressant
qu'ils regardent les deux, pas juste regarder le premier, le premier qui a été invalidé. Et ils ont refait un
autre… puis je l'informe parce que je pense que c'est très important pour la
connaissance et la connaissance des
collègues ici, en cette Chambre, ils ont rédigé un autre projet de loi. Et le projet de loi est devenu… en 2002, il a été déposé, et c'était
le cas Fraser qui, en 2011, la Cour suprême du Canada… peut-être
qu'ils n'aiment pas ça, c'est la Cour
suprême du Canada qui a rendu décision que ce projet de loi là était
conforme à la Charte des droits et libertés.
Mme la Présidente, le projet de loi, comme
l'était le projet de loi n° 594 que nous, pendant l'année, avons déposé — mon
collègue de Chomedey a fait le dépôt ici, en cette Chambre — était
basé sur le projet de loi de l'Ontario et même beaucoup mois strict
parce qu'on permet, contrairement à l'Ontario, on donne le droit d'association
et de négociation avec l'employeur pour les fermes de trois employés et moins,
et le code s'applique pour les fermes de trois employés permanents et continus,
excluant les membres de la famille. En Ontario, ils n'ont pas cette clause de trois employés là. C'est toutes les fermes, à ce
moment-là, qui sont assujetties au projet
de loi que l'on retrouve au niveau
de l'Ontario. C'est la
loi sur la protection des employés agricoles, son nom exact, Mme la
Présidente. Et, je vais vous dire, au
niveau maraîcher, au niveau producteurs
agricoles, une circonscription qui est très, très représentée par le milieu
agricole, soit celle de Huntingdon,
par la grandeur des fermes, le nombre de fermes, la diversité également de
l'agriculture… Parce que, lorsqu'on parle des Jardins-de-Napierville, plusieurs personnes le
connaissent ici, c'est environ 60 % du maraîcher à la grandeur du Québec, c'est dans le comté de Huntingdon
et le comté de Sanguinet également, qui… je suis sûr et certain, mon collègue va appuyer de façon très, très
éloquente ce projet de loi là n° 8 parce que ses producteurs le demandent. Et, connaissant sa grande appréhension et
compassion envers ses collègues, ses électeurs agriculteurs, mon collègue de
Sanguinet va s'empresser, tout comme le gouvernement, d'appuyer ce projet de
loi là tellement important.
Parce qu'il
faut bien comprendre l'agriculture, Mme
la Présidente. Première des choses,
on doit produire avec un produit
qu'on peut appeler vivant. Donc, c'est un produit qui, veux veux pas, si c'est
dans le maraîcher… c'est un produit, à
ce moment-là, qui a une fin de vie, qu'on doit le cueillir. Donc, on ne peut
pas, si on prend une salade… Lorsqu'elle est mûre, elle est prête à être cueillie, il faut la cueillir.
Imaginez-vous le scénario avec les employés, ils disent : Demain matin, on ne ramasse pas la salade. Pire que ça, Mme la Présidente. Lorsqu'on parle de produits vivants, les animaux, le bien-être animal, c'est un sujet qui est d'actualité, puis,
je vais vous dire honnêtement — et
je vois mon collègue également qui
est producteur de bovins ici — je
vais prendre l'exemple d'un producteur de bovins. Demain matin, les employés
sur la ferme disent : On tombe en grève, on ne peut plus nourrir
les bovins. Je vais vous dire, je pense qu'on va parler de bien-être
animal, et c'est très important, puis je pense que mon collègue le confirme ici
très bien, qu'on parle également question
de bien-être animal, parce qu'il faut enlever dans la tête des
gens que le projet de loi n° 8 que j'ai ici ne s'applique qu'aux
producteurs maraîchers mais s'applique à tous les producteurs et productrices
agricoles du Québec.
Il y a
également la vulnérabilité de la température, les intempéries. Et, je vais vous
dire, un champ de salades, un champ de brocolis, un champ de céleris,
lorsqu'il fait 30 degrés et c'est humide à l'extérieur, ça avance à une vitesse
fulgurante. Et, lorsqu'il est prêt, il faut
le ramasser au moment présent. Ce n'est pas le temps de dire : Pendant ce
temps-là, les gens vont attendre, on
n'est pas fiers de nos conditions de travail. Je pense qu'il y a
un besoin, et tout ça sert à nourrir la planète.
Et j'aimais bien tantôt l'exemple de mon
collègue de Pontiac lorsqu'il parlait des fraises. Est-ce que, demain matin, on veut avoir des fraises de Californie sur
nos tablettes? Si on ne ramasse pas notre salade qui est devenue trop mûre,
qu'est-ce qu'on va avoir sur nos tablettes
d'épicerie? Donc, le Parti québécois, qui se targuait tantôt de la politique de
souveraineté alimentaire, c'est exactement
dans l'alignement. Donc, la réponse est claire qu'ils vont sûrement appuyer
ce projet
de loi là parce que la souveraineté
alimentaire passe également par la capacité de production au Québec. Si on
n'a pas la capacité de production, si on ne
peut pas produire les produits, comment peut-on les retrouver sur les
tablettes? Et, lorsqu'on parlait
tantôt de M. Pouliot… M. Pouliot donnait l'exemple, il y a
150 personnes qui travaillent sur sa ferme à cueillir des fraises. Il y
a un commentaire, Mme la Présidente, qui m'a fait réfléchir : Demain
matin, je pourrais transformer en grande
culture et je n'aurais que deux employés. Où on prendrait les fraises? Les
fraises viendraient de l'Ontario, viendraient de la Californie. Et M. Pouliot,
puis c'est un des arguments très forts au
niveau… c'est la gestion, au niveau de la gestion.
Les
producteurs agricoles, il faut comprendre, ce sont eux qui font la gestion des
champs, qui font l'entretien des récoltes,
qui font la récolte, qui font la mise en marché de leurs produits, qui font la
distribution de leurs produits, et en plus
ils ont de la paperasse à faire, et on va leur demander maintenant, le
producteur maraîcher, qui gère sa ferme avec sa conjointe, son gars, sa fille ou la productrice maraîchère maintenant,
parce qu'on a de plus en plus de productrices : Vous allez maintenant négocier des conventions
collectives, vous allez gérer des griefs. Connaissant bien le milieu agricole,
Mme la Présidente, je peux vous dire, il y
en a beaucoup qui vont se poser des questions, à savoir : Est-ce qu'on
s'embarque encore dans des
technicalités administratives supplémentaires?, ayant quand même des
connaissances au niveau de gestion des
ressources humaines, dans quelques cas, beaucoup plus faibles. Parce que ce
sont des producteurs qui, eux, ont une expertise,
c'est dans le champ et non dans la paperasse qu'ils veulent vivre. Puis je
pense que c'est le commentaire qui est repris par tous les gens auprès
de nos députés qui sont ici présents à l'Assemblée nationale.
Et, je vais
vous dire honnêtement, Mme la Présidente, lorsqu'on parle de marge
bénéficiaire, mon collègue de Pontiac
l'a très bien illustré tantôt, l'Association des producteurs maraîchers du
Québec nous l'a bien illustré, la fédération des producteurs de fraises et framboises du Québec également nous l'a
bien illustré, l'Union des producteurs agricoles nous en a parlé également en commission parlementaire, mais souvent on
pense qu'une ferme va faire des millions. Il faut regarder au-dessus du million, Mme la Présidente.
C'est le retour sur l'investissement, le coût d'acquisition d'une ferme versus la rentabilité. Je vais vous dire, c'est
parmi les investissements les plus difficiles à rentabiliser à l'heure
actuelle. Donc, augmenter. Puis,
lorsqu'on arrive dans le maraîcher, quand près de 75 % de vos coûts, c'est
des coûts de main-d'oeuvre, que vous augmentez à ce moment-là le niveau de
coûts, je vais vous dire, la rentabilité souvent ne sera pas au rendez-vous, malheureusement. Et, lorsqu'on parle des
producteurs maraîchers migrants avec des travailleurs mexicains, guatemaltais,
je vais vous dire, Mme la Présidente, il y a des ententes qui ont lieu.
Souvent, on voit passer des images. J'en ai vu, à la télévision, des images. Et, je vais vous dire, j'en ai visité, des
fermes maraîchères, il y en a par centaines dans le comté de Huntingdon. Et, je vais vous dire, j'ai visité
des endroits. Et, je vais vous dire, un producteur maraîcher qui ne respecte
pas ses travailleurs étrangers risque de perdre ces travailleurs-là l'an suivant,
l'année prochaine, et, je vais vous dire, il
n'y a personne qui peut se permettre de perdre cette main-d'oeuvre-là. Par
rapport aux ententes que l'on a, s'il ne respecte pas l'entente, son contrat ne sera pas renouvelé,
et, je vais vous dire, c'est très, très risqué parce que c'est la survie de son
entreprise à ce moment-là.
Ça fait qu'il
y a de l'encadrement quand même qui est fait, et maintenant on ouvre la porte
avec le projet de loi n° 8 à pouvoir avoir une négociation, un
champ de négociation qui va être direct entre les travailleurs et le
producteur.
Donc, Mme la
Présidente, vous comprendrez que, pour le bien du milieu agricole du Québec,
qui deviendrait la seule place en Amérique du Nord, d'ailleurs…
Lorsqu'on dit qu'on doit compétitionner à l'échelle de la planète l'agriculture, le compétiteur, ce n'est pas le
voisin dans le rang, le village à côté, mais c'est la Californie, c'est le
Mexique, et on deviendrait, si le projet de loi n° 8 n'est pas
appliqué, on deviendrait la seule juridiction où on aurait un droit de syndicalisation en
Amérique du Nord. Donc, Mme la Présidente, pour le bien-être de nos fermes,
pour la survie, également, la
pérennité de notre agriculture au Québec, ça me fera un plaisir très, très
grand d'appuyer ce projet de loi n° 8. Merci beaucoup, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Alors, merci, M. le whip en chef du gouvernement. Alors, dans la poursuite du
débat sur l'adoption de principe du projet de loi n° 8, je cède la parole
à M. le député de Rimouski.
M. Harold LeBel
M. LeBel : Merci, Mme la Présidente.
Une voix : …
• (20 h 30) •
M. LeBel : Merci, mon cher collègue.
Le problème dans tout ça, ce que j'entends… avant de commencer ce que j'avais préparé… c'est comme s'il fallait
absolument placer en contradiction les agriculteurs puis les travailleurs, s'il
fallait placer un contre les autres. Moi, ce
n'est pas comme ça que j'ai commencé à analyser puis ce n'est pas comme ça
que j'ai participé à la commission. Puis ce
n'est pas non plus en faisant de la… les libéraux contre les péquistes. Ce
n'est pas comme ça que je l'ai vu non plus.
J'ai apprécié
laisser ma place à mon collègue de Huntingdon
pour faire son discours, mais ce côté d'opposition
absolue puis de… c'est parce que
je ne suis pas sûr que c'est nécessaire si on veut trouver une solution dans le cadre de
ce projet de loi là.
Je ne reviendrai
pas en arrière autant que les autres, mes anciens collègues, mais il faut quand même
voir ce qui s'est passé ici, dans le parlement. Il y a des gens ici qui
connaissaient l'agriculture, qui ont pris des décisions dans les années 50, qui ont configuré l'agriculture québécoise d'aujourd'hui. Au milieu du XXe siècle, l'agriculture était extensive, à faible
valeur marchande, irrégulière, non spécialisée et effectuée dans de petites
fermes. Aujourd'hui, elle est intensive, axée sur les marchés nationaux et internationaux
et repose sur une spécialisation accrue où la majorité des revenus est
concentrée dans des fermes peu nombreuses et de grande taille.
De la mise en place réelle et effective de la
révolution verte au Québec à la crise porcine, en passant par les accords de
libre-échange sur l'agriculture, à la publication du rapport Pronovost, le
secteur agricole québécois a été bouleversé
à de nombreuses reprises et a dû s'adapter pour faire face à des réalités
changeantes. L'état de l'agriculture
d'aujourd'hui est le résultat de ce long processus et des politiques qui l'ont accompagné, des politiques
qui ont été adoptées ici.
Dans la
première moitié du XXe siècle, l'agriculture québécoise est une agriculture de subsistance, elle répond principalement
aux besoins familiaux et dégage de faibles revenus par la vente ou l'échange.
Héritée du passé colonial, de la grande
crise de 1929 et fortement influencée par l'église catholique omniprésente, l'agriculture vivra sa véritable révolution
verte dans la foulée et les années subséquentes à la Deuxième Guerre. Ça me
donne des images, moi aussi, et des
images de la ferme de mon grand-père, à l'époque, dans le petit village. Et,
quand j'ai visité des fermes pendant la campagne électorale puis je
revoyais la ferme de mon grand-père, on est dans un autre monde complètement,
et l'agriculture a beaucoup évolué. Des petites fermes familiales du temps à aujourd'hui, on parle d'une autre réalité complète.
Deux autres
dossiers préoccupent les agriculteurs syndiqués de l'époque jusqu'à l'élection
du gouvernement de René
Levesque, qui marque un tournant important pour l'agriculture québécoise.
La première revendication concerne la mise en place d'une assurance
stabilisation ayant pour but de garantir un revenu annuel net positif aux
entreprises agricoles lorsqu'il y a un écart
entre le prix moyen de vente d'un produit et son revenu stabilisé basé sur le
coût de production d'une ferme. La deuxième revendication, qui appuie la
première, reflète le souhait des agriculteurs d'avoir l'assurance qu'ils obtiendront un prix juste pour
leur travail. Inquiets des aléas du marché, les agriculteurs souhaitaient,
à l'époque, obtenir une rétribution juste en fonction de leurs coûts moyens de
production.
Et c'est là
que, bon, le gouvernement de René Levesque arrive. Pour bien comprendre les
nouvelles mesures mises en place par
le gouvernement de Levesque en 1976, il faut remonter au 27 mars
1969, alors que le gouvernement fédéral annonce
la construction de l'aéroport de Mirabel. Ce projet exige l'expropriation de
milliers de personnes et s'étend sur près
de 100 000 acres situés sur les
meilleures terres au Québec. Selon le premier ministre de l'époque, Pierre
Elliot Trudeau, le bien commun
exigeait Mirabel. Il est certes impossible d'entreprendre quoi que ce soit de
semblable sans causer maints dérangements, parfois pénibles. Dans le cas
de Mirabel, ils ont été réduits au minimum, disait Trudeau à l'époque.
Ces
expropriations ont mis en relief l'importance de protéger les terres agricoles
contre les projets de développement.
C'est dans cette optique que le Parti québécois a fait de la protection des
terres agricoles un des éléments clés
de sa campagne électorale. Le 9 novembre 1978, après la victoire du Parti
québécois, le nouveau ministre de l'Agriculture, Jean Garon, a déposé le
projet de loi n° 90 sur la protection du territoire agricole. Pour lui, il
s'agissait d'un geste, essentiellement d'une
mesure à caractère économique. Il ne s'agit pas de protéger des terres pour
protéger des terres comme une fin en
soi, mais comme une mesure essentielle de développement économique du secteur
agricole et alimentaire au Québec.
Ainsi, le zonage agricole servira non seulement à consolider l'agriculture,
mais aussi à limiter le développement anarchique, l'étalement urbain,
etc., sur les terres agricoles.
Il faut reconnaître l'importance qu'a accordée à
l'époque le gouvernement du Parti québécois à l'agriculture. Dans le même
discours, le ministre Garon avait insisté : «Le secteur alimentaire est
très important. Il est important de développer
ce secteur encore davantage, puisque nous importons beaucoup de nourriture au
Québec.» En 1981, le ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation publie Nourrir le
Québec : perspectives de développement du secteur de l'agriculture, des pêches et de l'alimentation
pour les années 80. Ce document
propose de développer l'agriculture et l'agroalimentaire québécois tout en réduisant la
dépendance alimentaire du Québec envers le reste du Canada et des marchés
internationaux.
Les
différentes mesures adoptées sous le règne du Parti québécois auront un impact
significatif sur la production agricole,
qui se diversifie, et sur la consommation. Ainsi, le contexte économique plutôt
favorable, à la fin des années 1970 et
au début des années 1980, combiné aux différentes mesures gouvernementales ont
eu comme résultat d'augmenter le pourcentage d'autoapprovisionnement du
Québec de 47 % à 77 % entre 1976 et 1985.
Je ferais un
petit clin d'oeil à M. Garon. Je vais vous dire, moi, je l'ai connu un petit
peu au parti, à l'époque. Il était très
copain avec le député de Rivière-du-Loup du temps, Jules Boucher. De temps
en temps, il était… Il venait souvent
à Rivière-du-Loup visiter des fermes, et j'ai encore des images de
lui, qui allait rencontrer des agriculteurs, qui posait des questions,
qui prenait des notes, qui… Et aujourd'hui, pendant la campagne électorale, en 2013, la dernière campagne
électorale… 2014, à chaque fois que j'allais sur une ferme, à chaque fois que
j'allais rencontrer des agriculteurs,
on me parlait de Jean Garon encore
aujourd'hui. Je pense qu'il nous a imposé, au Parti québécois, d'être toujours très,
très, très favorables à
l'agriculture, d'être toujours proches des agriculteurs, ce qu'a fait, entre
autres, le député d'Abitibi, à la dernière… au gouvernement précédent du
Parti québécois. Les agriculteurs de partout, notamment du comté de Huntingdon,
reconnaissent que le député d'Abitibi avait été un très bon ministre de
l'Agriculture.
Maintenant, concernant le projet de loi, la Loi
modifiant le Code du travail à l'égard de certains salariés d'exploitations agricoles, ce projet de loi
introduit dans le Code du travail des dispositions particulières applicables
aux salariés d'exploitations
agricoles qui emploient moins de trois salariés de façon ordinaire et continue.
Le projet de loi exige notamment de l'employeur des salariés visés qu'il
donne à leur association une occasion raisonnable de présenter des observations au sujet de leurs conditions
d'emploi…. donne à leur association une occasion raisonnable de présenter des
observations au sujet de leurs conditions
d'emploi. Il prévoit que les employeurs doivent prendre connaissance de ces
observations. Le projet de loi prévoit que
la diligence et la bonne foi doivent gouverner les échanges entre l'association
de salariés et l'employeur. On parle de
bonne foi et on présume que la bonne foi souvent est du côté de l'employeur, on
peut dire moins de la bonne foi du côté des travailleurs. C'est ce que
j'ai souvent entendu pendant la commission.
Le projet de
loi reconnaît par ailleurs à la Commission des relations du travail une
compétence pour connaître et disposer
de toute plainte à l'égard d'une violation ou disposition particulière.
Concrètement, le projet de loi, en créant un régime d'exception, prive les employés agricoles de plusieurs
dispositions du Code du travail, notamment du droit à l'accréditation, des dispositions sur la
négociation collective et de celle de la convention collective, du droit de
grève, de l'arbitrage de première convention, de l'arbitrage de griefs.
Je remercie
les groupes qui sont venus en commission, j'ai appris beaucoup de choses à les
entendre. Je pense à des
représentants de l'Association des producteurs maraîchers du Québec, les
représentants de l'Association des producteurs de fraises et de
framboises du Québec, les représentants des Travailleuses et travailleurs unis
de l'alimentation et du commerce du Canada et de la Fédération des travailleurs
et travailleuses du Québec, les représentants de l'Union des producteurs agricoles, les représentants de la
Confédération des syndicats nationaux et les représentants du Conseil du
patronat, qui, un peu plus, allaient
canoniser le ministre. Ça, c'est un peu particulier, c'est comme si ce projet
de loi était la huitième merveille du
monde. Et j'étais un peu inquiet de voir que les gens… le porte-parole du
Conseil du patronat à l'époque voyait
déjà certaines ouvertures, par ce projet de loi, dans d'autres domaines que le
domaine agricole, d'autres domaines
saisonniers, plus difficiles, et déjà on voyait des ouvertures. Ça, ça m'a
beaucoup inquiété sur les précédents potentiels.
Même si le ministre me faisait signe que non, je trouvais qu'il y avait…
Éventuellement… en tout cas, le Conseil du patronat trouvait des choses
très intéressantes pour l'avenir.
J'aurais aimé surtout qu'à partir… On a vu… j'ai
vu aujourd'hui la position de la Commission des droits de la personne, j'aurais peut-être aimé l'entendre pour
en discuter avec les gens de la commission. Je vais vous lire quelques éléments du communiqué de presse : «La
commission a transmis ses commentaires sur le projet de loi n° 8 au
ministre du Travail au début de la
semaine, conformément à sa responsabilité de vérifier la conformité des lois à
la charte et de faire, au besoin, les
recommandations qui s'imposent. Il est à noter que la commission n'avait pas
été invitée aux consultations
particulières et auditions publiques sur le projet de loi tenues par la
Commission de l'économie et du travail, le 9 septembre [dernier].
«Le projet de
loi n° 8 impose aux travailleurs et travailleuses agricoles une condition
spécifique pour accéder à l'ensemble
de la protection offerte par le Code du travail, soit celle d'être à l'emploi
d'une entreprise comptant au moins trois
salariés de façon ordinaire et continue. Les travailleurs saisonniers sont
exclus aux fins de ce calcul puisqu'ils ne travaillent pas toute
l'année.
«Selon la
commission, cette condition imposée à une catégorie de personnes — les travailleurs et travailleuses agricoles — est basée sur la condition sociale, l'un des
13 motifs de discrimination interdits par l'article 10 de la charte. En outre, une partie de la main-d'oeuvre agricole
est constituée des travailleuses et travailleurs étrangers temporaires et de
personnes issues de l'immigration récente,
qui se retrouvent déjà en situation de vulnérabilité. Ces personnes sont donc
également victimes de discriminations basée
sur la race et l'origine ethnique ou nationale, qui sont aussi des motifs de
discrimination prohibés.» J'aurais beaucoup
aimé discuter de ce… Je ne suis pas sûr que je partage tout ça, mais j'aurais
aimé discuter avec eux autres, entendre ce qu'ils ont à dire. Puis, là, on n'a
pas pu, là, les entendre.
• (20 h 40) •
Ils rajoutent
dans leur communiqué : «En imposant une règle particulière difficile à
respecter et difficile à respecter et
sur laquelle les travailleurs n'ont aucune emprise, le projet de loi contribue à dévaloriser le travail agricole et accentue les désavantages historiques que subissent les travailleurs et travailleuses agricoles, et particulièrement les travailleuses et travailleurs migrants [et] d'immigration récente. Les travailleurs de ce secteur s'en trouvent davantage marginalisés alors que la Cour suprême reconnaît que leurs conditions de travail sont difficiles, qu'ils sont défavorisés et
qu'ils jouissent d'une
faible reconnaissance. Il s'agit d'une atteinte à leur droit à la sauvegarde et
de leur dignité.» C'est assez grave, ce qu'ils disent.
«Le projet de loi n° 8 reprend le critère énoncé à l'alinéa 5 de l'article
21 du Code du travail. Cette disposition
avait été invalidée en 2010 par la Commission des relations du travail. La Cour
supérieure a confirmé cette décision
en 2013 et conclu que l'imposition d'une règle spécifique applicable aux
travailleurs agricoles constituait un obstacle à l'exercice de la liberté d'association. Depuis, les personnes employées à l'exploitation
d'une ferme ont droit à l'accréditation syndicale et aux avantages qui
en découlent, peu importe le nombre d'employés par l'entreprise agricole», etc.
La commission, en conclusion, recommande que
le projet 8 soit retiré. On n'a pas pu les entendre en commission. Mais on
ne peut pas comme oublier ou faire semblant
que ça n'existe pas, il y a quand même un… Puis le document est assez bien
expliqué. Il y a une position de la Commission des droits de la personne.
Comme je
disais au début, l'idée, ce n'est pas d'être en faveur de l'agriculture, puis,
si tu n'es pas en faveur de l'agriculture,
tu es en faveur des travailleurs, si tu n'es pas en faveur des travailleurs,
tu… Moi, je pense qu'on devrait trouver
l'équilibre entre le droit à la syndicalisation puis le droit d'avoir la paix
pendant les récoltes — c'est un peu ça que les gens ont besoin — entre
protéger les travailleurs puis protéger un secteur qui en a bien besoin.
Le jugement
de la Cour supérieure du Québec nous offre, selon nous, une piste intéressante.
Dans le jugement rendu par la Cour
supérieure, le juge Davis suggère différentes options, notamment le retrait ou
la modulation du droit de grève pour
les travailleurs agricoles. En effet, dans le jugement, il est dit, et je
cite : Une autre option pouvant protéger les fermes familiales serait de retirer ou de moduler le droit de grève
aux travailleurs agricoles. Bien que nous croyions à la bonne foi des travailleurs, qui ne voudraient
vraisemblablement pas nuire à la production agricole, on estime… on croit
que la limitation ou l'élimination des moyens de pression est une réponse
directe aux inquiétudes manifestées par les producteurs agricoles.
Puis on en a discuté un peu avec les gens qui
sont venus en commission et on a semblé voir certaines ouvertures. On ne trouvait pas la solution exacte, mais on voyait
certaines ouvertures. Des syndicats aussi, peut-être un peu plus
difficile, mais on voyait certaines ouvertures.
Toutefois, hormis
cette exception, le Code du travail devrait s'appliquer aux exploitations
agricoles de moins de trois
travailleurs afin d'assurer le respect des droits des nombreux travailleurs
saisonniers qui y sont employés plusieurs mois par année. C'est fin de la citation du jugement Davis. Ce qu'on
veut… Ce qu'on propose, on trouve que, dans ce jugement-là, dans cette
proposition-là, dans cette citation-là, il y a là une belle avenue qui
réconcilie les deux grands enjeux de ce projet de loi, à savoir la pérennité
des fermes et la protection des travailleurs.
Par rapport aux fermes, l'agriculture et les
domaines qui y sont rattachés sont d'importants secteurs d'activité économique au Québec. Le secteur bioalimentaire
représente 7 % du produit intérieur brut, dont la moitié provient de la
production agricole, de la pêche et de la
transformation. 475 000 Québécois gagnent leur vie dans le secteur
bioalimentaire, cela représente 12 % de l'emploi au Québec. Les
recettes du marché des 28 700 exploitations agricoles québécoises s'élèvent annuellement à 7,6 milliards de
dollars. La transformation alimentaire est le plus important employeur manufacturier
au Québec, avec 64 000 emplois. Le secteur génère 23,2 milliards de
livraisons manufacturières.
On reconnaît
cependant… parce qu'on parle de l'agriculture comme une grosse machine, c'est
rendu de l'agriculture moderne, on
reconnaît que, les maraîchers… il y a une certaine catégorie d'agriculture plus
familiale qui a des difficultés particulières,
entre autres, à se procurer une main-d'oeuvre saisonnière efficace. La
concurrence des marchés internationaux et
l'impact appréhendé d'une éventuelle déréglementation en raison des engagements
internationaux du Canada dans le cadre
des grands accords économiques en sont d'autres impacts sur ces fermes-là. Le
poids des immobilisations, l'importance de la capitalisation des entreprises de même que la volatilité des
marges bénéficiaires en raison de fluctuations des valeurs du dollar
canadien sont également au nombre des problèmes de cette entreprise.
Les autres
problèmes qui ont à voir… ou les autres facteurs difficiles, bien, on en a
parlé, un peu tout le monde. Le climat : il n'est pas nécessaire de
faire beaucoup de démonstration pour souligner le caractère critique du climat québécois pour la gestion des fermes. Les fermes
familiales : pour 95 % des producteurs agricoles québécois, «famille»
et «entreprise» sont des synonymes.
L'efficacité et la simplicité sont de mise dans ces entreprises-là. Il faut que
ça aille vite, il faut que les
décisions se prennent vite. La compétition des marchés : les producteurs
agricoles sont tous soumis aux fluctuations de l'économie mondiale, les
marchés dictent le prix, ce n'est pas toujours facile à suivre pour ces entreprises. On parle de productions, végétaux et
animaux. Ces productions sont soumises aux règles implacables de la nature. Dans le cas des animaux, la régularité des
soins, de leurs soins... sont prodigués... font le succès d'une entreprise.
L'horaire de travail n'est pas toujours
facile. Concernant les végétaux, ils sont soumis aux aléas du climat, comme on
le disait tantôt. Les horaires de travail sont difficiles. Puis surtout c'est
un produit qu'il faut récolter à temps. Si tu manques ton coup, c'est
toute ton entreprise qui peut être mise à des grandes difficultés.
Maintenant,
les travailleurs. Les travailleurs agricoles québécois et immigrants
appartiennent en grande majorité à la catégorie des travailleurs saisonniers,
donc avec un emploi atypique. Les conditions de travail des travailleurs
agricoles sont parmis les plus astreignantes : longues heures, gestes
répétitifs. La Commission des droits de la personne a aussi souligné les problèmes particuliers auxquels font
face les travailleurs migrants, tels la langue, l'isolement et la crainte
de ne pas être rappelé d'année en année, la
peur de renvoi dans son pays d'origine avant la fin de son contrat si celui...
ne répond pas aux attentes de son patron. En
effet, le lien fixe d'un travailleur migrant agricole avec un employeur est
l'institution d'une dépendance quasi absolue
entre un individu au statut temporaire vis-à-vis d'un employeur hiérarchiquement supérieur,
en mesure d'influencer le droit même du travailleur au Canada d'être rappelé
l'année d'après. L'insécurité qui
découle de l'absence de recours en cas de rupture de contrat par l'employeur et
le rapatriement forcé que cette décision
peut entraîner, il est en... de même de l'absence de garantie de retour au
travail l'année suivante, c'est des facteurs qui rendent ce travail...
ou ces travailleurs très vulnérables.
D'autres caractéristiques,
qui concernent, cette fois, l'ensemble des travailleurs agricoles, méritent
d'être mentionnées. Le travail de plantation
et de cueillette est généralement peu mécanisé, est exigeant physiquement. Je
me rappelle d'avoir ramassé des
roches sur le terrain de mon grand-père; je vais vous dire, je ne referais pas
ça aujourd'hui, je ne suis pas sûr
que je serais assez en forme pour le refaire aujourd'hui. Ça fait que c'est des
heures... c'est beaucoup d'heures,
c'est des travailleurs qui méritent qu'on les respecte. Et je pense qu'on les
respecte dans ces entreprises-là... je ne
pense pas, je suis certain parce que ce que j'ai vu... Mais c'est des
travailleurs qu'on doit prendre en considération... le type de travail
qu'ils ont à faire.
Les salaires offerts sont peu élevés, et de
longues heures de travail sont requises, alors que les dispositions de la Loi sur les normes du travail concernant les
heures supplémentaires ne sont pas applicables. Il y a un élément, pendant
la commission, qui m'avait un peu... pas
choqué, mais qui m'avait un peu fait sursauter. On avait dit : Ces
travailleurs-là... Un travailleur immigrant, dans son pays, il gagne combien,
à peu près? Ah! à peu près 11 $ par jour dans des conditions difficiles.
Ici, c'est combien, au Québec? Bien, c'est 11 $ de l'heure. Ah! bref, il
manquait... Il me reste deux minutes? Dans le fond… est-ce que… De quoi on a à
se lamenter?
Mais moi, je
pense qu'il faut trouver une façon... S'il me reste juste deux minutes, je vais
conclure avec ça. Puis le ministre
m'a vu aller pendant la commission. C'est d'essayer de voir à ce qu'il y ait
l'équilibre à avoir entre la protection de ces fermes, le développement de ces fermes et un droit à la
syndicalisation qu'on ne doit pas laisser tomber, au Québec. Est-ce qu'on peut trouver cet équilibre-là en
retravaillant sur le droit de grève puis la... sur le ralentissement de travail,
les moyens de pression? Est-ce qu'on
pourrait... Comme le jugement nous l'a proposé, je pense qu'il y a une avenue
qui est possible, et on devrait
réussir à passer à travers ça sans s'opposer, travailleurs contre le monde
agricole. On devrait être capables de travailler ensemble. Merci.
• (20 h 50) •
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Merci beaucoup, M. le député de Rimouski. J'invite maintenant M. le député de
Maskinongé à prendre la parole.
M. Marc H. Plante
M. H.
Plante : Merci, Mme la Présidente. Alors, c'est un plaisir pour moi,
de prendre la parole ce soir sur le projet de loi n° 8, projet de
loi qui introduit des dispositions particulières dans le Code du travail aux
salariés d'entreprises agricoles.
Vous savez, Mme la Présidente, depuis tantôt,
depuis cet après-midi, j'écoute mes collègues avec attention à titre de jeune député, de nouveau député, mais
surtout de député d'un comté très rural qu'est le comté de Maskinongé, qui
compte plus de 550 exploitations agricoles. Et parfois, à certains propos
de mes collègues, je sursaute à chaque fois sur mon banc, en me disant : Mais, voyons donc, c'est des
entreprises familiales, c'est le père, la mère, les enfants qui travaillent à chaque jour, à chaque matin à
nourrir le Québec. Ce qu'on a dans notre assiette, ce qu'il y a à l'épicerie,
ce qu'il y a au dépanneur, c'est un
homme, une femme, une famille, des travailleurs qui sont derrière ça et qui
travaillent à récolter, semer, entretenir les récoltes, nourrir les
animaux, traire les vaches, etc., comme à l'époque le faisaient nos grands-parents. La seule chose qui a changé, et la
seule chose que ça a fait, c'est qu'on a plus de réglementation, plus de
normes environnementales, plus de
réglementation au niveau des aliments et on a aussi beaucoup plus de
modernisation des équipements, donc beaucoup plus de charge de travail
pour les familles propriétaires d'exploitation agricole.
Comme vous le
savez, Mme la Présidente, et comme
les collègues l'ont entendu, le projet de loi introduit, suite
à un jugement de la Cour suprême qui
donnait… bon, c'est ça… pour régulariser une situation. La disposition
satisfait le jugement de la cour et
assure le droit d'association des salariés des exploitations agricoles. Il
respecte le caractère particulier du secteur agricole, ce que je
mentionnais.
Comme nous le
savons, les entreprises agricoles ont un caractère particulier tant dans leurs
façons de faire, tant dans les
produits qu'elles produisent. Ce qu'il faut rappeler, c'est que le climat est
un facteur déterminant des produits des
entreprises. Il faut aussi rappeler le caractère vivant des produits. Donc, on
fait affaire avec des animaux ou des aliments qui doivent être récoltés, oui, à temps et, oui, par des personnes.
Donc, le facteur temps est très important dans les entreprises
agricoles.
Un autre
élément qui vient nous dire que l'entreprise agricole… c'est sa composition des marchés. On
sait que maintenant on fait affaire à des marchés internationaux. Mon
collègue de Pontiac et d'autres de mes collègues l'ont bien
mentionné, si on veut continuer à avoir des fraises du Québec, des bleuets du Lac-Saint-Jean
sur nos tablettes, il faut absolument faire face aux coûts, à la… des coûts et avoir
des normes similaires aux entreprises qui nous entourent, donc soit en Ontario
ou aux États-Unis, pour continuer, nous aussi, d'avoir des produits de chez
nous sur nos tablettes.
Vous savez,
nous sommes tous conscients que l'agriculture travaille d'arrache-pied à chaque
jour. Moi, je les appelle les
travailleurs de la terre, chez nous… pour mieux travailler. Et elle repose sur
une main-d'oeuvre, oui, spécialisée, oui, des gens de coeur,
des gens de passion qui travaillent souvent durement, durement à récolter… les
gens, dans des produits… dans des climats
pas souvent faciles. On le sait tous, on a des étés, au Québec,
parfois très chauds, parfois très pluvieux et parfois plus froids et
plus venteux. Donc, pour nous, la main-d'oeuvre agricole est essentielle.
Et tantôt j'écoutais mon collègue de Rimouski
mentionner… Le député mentionnait qu'on ne valorisait pas peut-être
la main-d'oeuvre agricole. Au contraire, lors de la commission,
lors des travaux de la commission, ce que j'ai entendu de l'association des maraîchers, de l'UPA, ce que j'ai entendu
c'était une main-d'oeuvre essentielle, une main-d'oeuvre valorisée puis une main-d'oeuvre sur qui ils
comptaient. C'était vraiment… ils travaillaient en esprit de fraternité, un esprit… en famille et ils comptaient sur les
travailleurs comme des membres de leur famille, tant au niveau des travailleurs saisonniers
réguliers, tant au niveau des travailleurs étrangers, qu'ils, à chaque année,
d'année en année, se faisaient un plaisir de les accueillir et de dire : Viens
chez moi, viens chez vous, ça fait déjà plusieurs années que tu travailles avec nous, viens travailler toi aussi à la réussite de
notre entreprise. Notre entreprise, c'est plus qu'une entreprise, c'est une famille. Et cette entreprise-là permet à tous les Québécois
et les Québécoises de manger des produits de chez nous, et nous
en sommes fiers. Moi, c'est ce que j'ai entendu des producteurs, moi, c'est ce
que j'ai entendu de l'UPA.
Je
n'ai pas du tout cru entendre une multinationale, de dire : On voit ça
comme tout simplement du rendement, je veux
dire, ils ont un travail à faire, c'est une dépense. Absolument
pas, Mme la Présidente. Ce que j'ai compris… ce que nous avons
compris en commission, ils nous disaient : C'est des êtres essentiels,
c'est des personnes essentielles au développement de notre entreprise, et, ces
personnes-là, on est attaché. Et même il y a une dame qui est venue avec l'association des maraîchers, qui disait :
J'ai tellement hâte qu'ils reviennent à chaque année, ils font partie de ma
famille. On a des plaisirs, on fait des sorties, et tout ça.
Donc, à ce niveau-là,
le projet de loi que présente M. le ministre du Travail est tout simplement…
permet le dialogue et leur permet, oui, de
s'associer ensemble. Mais c'est sûr qu'il y a des modifications du
Code du travail qui ne seront
pas accessibles, comme le droit de grève, comme le lock-out, etc. Et,
imaginez-vous, Mme la Présidente, si, tout jamais, plein mois de juillet, la récolte est arrivée, les travailleurs
tombent en grève… Ça serait catastrophique, catastrophique, oui, pour les entreprises, mais catastrophique
pour l'économie du Québec, pour nos produits québécois et aussi pour notre
fierté d'être Québécois.
On
a parlé de souveraineté alimentaire, on était très fiers de présenter cette politique, je les comprends, Mme la
Présidente. Par contre, pour pouvoir
faire la souveraineté alimentaire, ça prend des produits de chez nous, ça prend
des produits québécois,
des produits que nous aurons travaillés ensemble. Alors, c'est pour ça
que j'invite les parlementaires de
cette Chambre à voter en faveur du projet
de loi n° 8 et à nous
accompagner dans cette réussite. Merci,
Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Merci beaucoup, M. le député de Maskinongé. Y
a-t-il d'autres interventions? Oui, alors je vais maintenant céder la parole à
M. le ministre du Travail.
M. Sam Hamad
M.
Hamad : Merci, Mme la Présidente. Et je vais profiter de l'occasion, remercier mes collègues, le député de Maskinongé, le député de Pontiac,
le député de Huntingdon, qui ont fait une très bonne présentation. Et, la
crédibilité de leur présentation, Mme la Présidente, mes collègues
représentent vraiment les travailleurs et les fermes agricoles, ils connaissent
bien la réalité. Et la loi, ça vient de ça, Mme la Présidente. Ça veut dire…
Si
on regarde, depuis 50 ans, le Code du
travail, il n'y a
jamais eu de problème avec les fermes de trois et moins depuis 50 ans, depuis l'existence du Code du
travail. Si on regarde la réalité dans le domaine agricole, Mme la Présidente, il y a 100 000
travailleurs agricoles, il y en a juste 2 % qui sont syndiqués. Ce n'est
pas par hasard. Pourquoi? Parce que c'est
un domaine vulnérable. Moi, je n'ai jamais vu une industrie qui est aussi
vulnérable que celle-là. Pourquoi? Parce que le boss de cette industrie-là, malheureusement, c'est la météo et on
ne la contrôle, personne ne la contrôle. Et on sait très bien que, lorsqu'on a rencontré des
producteurs maraîchers, ils nous ont expliqué clairement qu'il y a des moments
précis pour faire la récolte et, des fois,
malheureusement, si la température n'est pas là, évidemment il y a des
conséquences très graves pour les producteurs.
La députée de Gouin
disait qu'on devrait faire nos devoirs puis elle a comparé les producteurs
maraîchers, Mme la Présidente, cette
industrie-là, à des centres de ski. Et, quand je regarde mes collègues de
Maskinongé, Huntingdon ou Pontiac,
ces gens-là le savent très bien que c'est une grave erreur de comparer cette
industrie-là à une industrie de ski, et je vais vous dire pourquoi. Un centre de ski, ou un centre de golf, il y
a des cotisations déjà qui rentrent dans l'industrie avant de commencer.
Alors, si la météo n'était pas là à l'année, il y a quand même des revenus.
Mais un producteur maraîcher, Mme la
Présidente, il n'a pas des membres, il n'a pas de cotisations. Si ça va mal
dans la météo, ça va mal pour le producteur puis il va connaître une mauvaise
année.
Donc,
je pense que la députée de Gouin, quand elle mentionne ça, puis qu'elle dit
qu'on devrait faire nos devoirs… Et,
c'est drôle, quand j'ai écouté attentivement son discours, c'est exactement un
discours que j'ai entendu à la commission parlementaire. On dirait que c'est une copie faite des devoirs… Alors,
au lieu de faire ses devoirs, elle est allée copier des devoirs des autres. Je pense que, dans ce
cas-là, elle n'est pas bien placée pour nous donner des leçons de refaire nos
devoirs lorsqu'on copie les devoirs des autres.
Mais, Mme la
Présidente, je constate, par mes collègues au Parti québécois, un élément
important, c'est que souvent on mélange le
droit, la liberté d'association et on fait un lien que si la liberté
d'association signifie la syndicalisation. Mais, malheureusement, ce
n'est pas le cas. Et cette loi-là, Mme la Présidente, essaie de trouver
l'équilibre entre la vulnérabilité de
l'industrie, les conditions qui font en sorte que cette industrie est très
sensible et évidemment la défense des
droits des travailleurs. Et le meilleur équilibre qu'on peut trouver, c'est le
jugement de la Cour suprême du Canada, Mme
la Présidente. La Cour suprême du Canada, elle a jugé deux fois cette
situation-là, et nous avons pris exactement ce que le jugement a décidé et on l'a mis dans le projet de loi. Le
jugement, grosso modo, ce qu'il dit, Mme la Présidente, c'est qu'il n'y
a pas… D'abord, la loi…
Parce
que la loi que nous proposons ici, Mme la Présidente, est pas mal copiée de la
loi qui a été adoptée en Ontario depuis
quelques années, et la loi en Ontario, elle a passé le test de la Cour suprême
du Canada, Mme la Présidente. Et la Cour
suprême du Canada nous disait : D'abord, ça ne contrevient pas à la charte
canadienne, à l'article 2D de la charte canadienne, et aussi le fait de donner le droit d'association aux
travailleurs, ça, justement, est conforme à la charte, et aussi le droit que cette association-là peut faire une
offre à l'employeur et l'employeur doit répondre avec une bonne foi. La
bonne foi, Mme la Présidente, est un élément important dans la loi, parce que,
si l'employeur ne répond pas avec… ou il n'étudie pas avec bonne foi, bien là
il y a un problème.
Et
on semble constater, ici… on dit souvent, l'autre côté, c'est que, s'il n'y a
pas de syndicat, les travailleurs n'ont pas de droits. C'est faux, Mme la Présidente. Au Québec, les
travailleurs qui ne sont pas syndiqués sont protégés quand même par le Code du travail, et c'est important de
le mentionner. Si un employé qui n'a pas de syndicat, il n'est pas laissé
aller tout seul, Mme la Présidente, il y a la Commission des normes du travail.
Elle est là pour protéger les droits des travailleurs partout au Québec. Donc,
ce n'est pas parce qu'on n'a pas un syndicat que nos droits sont abusés en partant, Mme la Présidente. Donc, il faut faire la
distinction entre le droit ou la liberté d'association et de dire, après, que
la liberté d'association signifie la
syndicalisation. Et aussi il faut dire que, si je suis une association de travailleurs,
j'ai des droits aussi, comme les
autres travailleurs, et mes droits sont protégés par le Code du travail et par
la Commission des normes du Québec.
• (21 heures) •
Maintenant, on va parler des travailleurs
étrangers. Mme la Présidente, les travailleurs étrangers, quand ils viennent
ici, avant de venir ici, il y a une convention internationale pour les contrats
de travail de ces travailleurs-là, c'est-à-dire les États-Unis, le Canada, le
Mexique, ils ont signé une entente pour établir les conditions de travail des travailleurs étrangers qui viennent au Québec. Ces conditions-là tiennent compte des heures de
travail, les salaires, les conditions
de logement, les billets d'avion, etc., donc tout est prévu dans ces
contrats-là. Et le travailleur étranger, avant de venir ici, au Canada, Mme la
Présidente, il prend connaissance du contrat, et le contrat est fait en espagnol pour permettre à ces travailleurs-là de bien comprendre les conditions, et le travailleur va accepter ou refuser le contrat. Une fois que le travailleur a accepté le contrat, bien, là, il a le loisir de venir ici, au Canada,
au Québec, et travailler au Québec avec des conditions établies. Et, si ses droits, ce travailleur-là, comme les autres Québécois, Mme la
Présidente, sont… s'il y a
des problèmes de conditions de travail, il peut aller à la Commission des normes du travail et demander de regarder la situation avec
la commission. Donc, ce n'est pas vrai qu'il y a
une exploitation des travailleurs étrangers au Québec, ce n'est pas vrai.
Ce n'est pas vrai. Par contre,
il peut arriver des situations particulières, mais, comme j'ai dit, le Code du travail est là pour protéger les travailleurs.
Donc, ça, Mme la Présidente, je ne sens pas que l'opposition la maîtrise, la différence entre la liberté
d'association et la syndicalisation.
Pourtant, lors de la consultation, on a eu des présentations, les gens nous
présentaient très clairement
les contrats, etc. Donc, la compréhension
d'une convention internationale sur les conditions
de travail des travailleurs étrangers, je ne la sens pas
bien comprise, on va prendre le temps d'échanger, on a le temps, appeler
l'étude article par article pour l'expliquer.
Et j'aimerais
mentionner, Mme la Présidente, la loi qui est présentée ici, qu'on peut la
modifier, bien sûr, parce
qu'on est là pour faire des études article par article puis on est là pour
recevoir toutes les bonnes suggestions qui vont améliorer la loi dans le sens de protéger les travailleurs et protéger les fermes aussi. Parce que, Mme la Présidente, j'ai posé la question
à plusieurs représentants syndicaux : Pourquoi il n'y a
pas autant de fraises chez Costco que la fraise qui vient de la
Californie? Et la réponse n'était pas claire. Mais parce que nos coûts de
production, il faut qu'ils soient meilleurs
pour qu'on soit là; la compétition est très forte, Mme la Présidente. Pour ça, malheureusement, on voit plus de fraises qui ne goûtent pas nécessairement comme la fraise qui vient du Québec, il y a
une fraise qui vient de la Californie parce
que le prix est moins cher. Mais, si
on veut travailler la productivité de ces fermes-là, il faut les aider à être
productives, il faut les aider dans leurs relations de travail pour
qu'elles soient performantes.
Ça ne
signifie pas en même temps, Mme la
Présidente, qu'on va diminuer les conditions de travail des travailleurs; on
veut trouver un équilibre entre les deux pour permettre à nos fermes de
produire bien puis être compétitives. Puis, Mme la Présidente, la loi que nous présentons ici concerne moins de
trois travailleurs. La loi qui a passé le test à la Cour suprême du Canada à l'Ontario touche tous les travailleurs sur les fermes,
peu importe le nombre. Donc, nous, on est un peu plus restrictifs, si
vous voulez, dans le sens où on a moins… on a mis le nombre d'employeurs moins
ce que l'Ontario a. Et, Mme
la Présidente, quand je regarde
l'histoire du Québec depuis 50 ans, je ne pense pas qu'il y ait
des collègues ici qui ont entendu des gros problèmes de syndicalisation dans le domaine agricole. Puis, si la situation
elle est aujourd'hui dans la
situation où nous sommes aujourd'hui, bien, parce que c'est la condition de
l'industrie qu'on a, c'est une industrie très particulière.
Puis, moi, je
pense que, humblement, Mme la Présidente, la députée de Gouin, quand elle
compare l'industrie maraîchère à un
centre de ski ou à un club de golf, je pense elle fait une erreur grave, et je
vais la pardonner, au nom des maraîchers,
parce que les producteurs maraîchers, ils n'ont pas aimé entendre ça, à la
commission parlementaire, qu'un des
représentants syndicaux les a comparés à un centre de ski. Malheureusement, ce
n'est pas un centre de ski, c'est une industrie
vulnérable. Et aussi, l'autre élément, l'autre caractéristique, souvent, cette
industrie-là est familiale, donc c'est des
gens qui travaillent, qui font toutes sortes de tâches pour répondre à la… et
la compétition est très forte, et
souvent ils sont petits, comparé à l'Ontario. L'Ontario, le nombre est
plus élevé, mais aussi la grosseur des fermes est plus importante. Donc, on a une
compétition avec nos voisins, mais on a une compétition de production de gros
volume avec la Californie ou avec le Mexique.
Mme la Présidente, l'étude article par article sert à échanger, et je sais, je vois que le Parti québécois essaie de trouver un
compromis, mais le compromis ne peut pas être en imposant un droit de grève.
Puis on ne peut pas moduler le droit
de grève, Mme la Présidente, c'est-à-dire, on ne peut pas dire aux travailleurs
saisonniers : Ne faites pas la grève pendant que vous travaillez,
vous allez faire la grève au mois de janvier. Mais, malheureusement, ils ne
sont plus à l'emploi au mois de janvier.
Alors, quel est le mode de pression ou la façon que les travailleurs peuvent
avoir pour mettre la pression sur
l'employeur? Je pense que ce n'est pas… c'est compliqué à le faire.
Pour ça, on va vers une association
de travailleurs qui représente les droits des travailleurs, et les
travailleurs peuvent évidemment présenter leurs demandes à l'employeur, et l'employeur, il est obligé… Et ça,
c'est le jugement de la Cour suprême du Canada, qui dit : Il faut réagir
de bonne foi. Si l'employeur ne réagit pas
de bonne foi, mais les travailleurs ou l'association des travailleurs peuvent
aller devant la Commission des relations du
travail et contester la décision de l'employeur. Ça, c'est le Code du travail,
Mme la Présidente.
Donc, il faut
faire la distinction entre… la liberté d'association ne signifie pas
nécessairement la syndicalisation. Et,
je pense, dans ce type d'industrie là, la grève puis le lockout n'ont pas de
place, ils n'ont pas de place là, compte tenu de la situation très, très
particulière. Puis je mettrais au défi quelques collègues ici d'en trouver une,
industrie qui est semblable à cette industrie-là. Il n'y en a pas.
L'autre
élément, pour terminer, Mme la Présidente, quand on présente un projet de loi
puis on constate que l'Union des
producteurs agricoles appuie sans réserve la loi, quand les producteurs
maraîchers appuient sans réserve la loi, et quand le Conseil du patronat appuie sans réserve la loi,
et les producteurs agricoles appuient sans réserve la loi, je pense qu'on
peut constater que la loi répond à ceux,
celles qui sont dans ce domaine-là directement. On a constaté, Mme la
Présidente, que la CSN n'est pas
nécessairement… c'est exactement la même position de la députée de Gouin, le
même discours, même, c'est exactement
le même discours, même les virgules étaient à la bonne place, et on constate,
c'est le même discours, mais,
cependant, Mme la Présidente, nous basons sur une décision de la Cour suprême
du Canada, qui était… qui a eu lieu…
2011 et 2007, il y a eu deux décisions de la Cour suprême qui viennent dans la
même direction. Et nous avons pris le soin d'utiliser exactement les
mêmes mots qui étaient utilisés dans le jugement de la Cour suprême.
Alors,
j'invite mes collègues à… lors de l'étude détaillée, étude article par article,
de soumettre les idées dans le but
qu'on travaille ensemble pour bâtir un bon projet de loi qui répond surtout aux
attentes de nos fermes. Parce que, Mme
la Présidente, vous savez très bien, l'impact économique, social est majeur sur
notre économie par cette industrie-là. Elle
a besoin des élus à l'Assemblée nationale qui vont comprendre en premier le
contexte particulier de cette industrie-là et, par la suite, évidemment, trouver l'équilibre entre les droits des
travailleurs et, évidemment, les droits de l'employeur ou les fermes et
particulièrement dans cette industrie-là. Merci.
Mise aux voix
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup, M. le
ministre. Alors, le principe du projet de loi n° 8, Loi modifiant
le Code du travail à l'égard de certains salariés d'exploitations agricoles,
est-il adopté?
Des voix : Adopté, sur
division. Maintenant, M. le leader du gouvernement.
Renvoi à la Commission de l'économie et du travail
M.
Sklavounos : Mme la
Présidente, conformément à l'article 243 du règlement, je fais motion afin que ce projet de loi soit déféré à la Commission
de l'économie et du travail pour étude détaillée.
Mise aux voix
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Est-ce que cette motion est adoptée?
Des voix : Adopté.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Adopté. Alors, M. le leader du gouvernement.
Ajournement
M.
Sklavounos : Conformément
à l'article 105 de notre règlement,
je fais motion pour ajourner nos travaux au mercredi 1er octobre, à
9 h 45.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Alors, est-ce que cette motion est adoptée?
Des voix : Adopté.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Adopté.
Alors, en
conséquence, j'ajourne nos travaux à demain, au mercredi 1er octobre, dès
9 h 45. Bonne soirée à tous.
(Fin de la séance à 21 h 9)