(Neuf
heures quarante-six minutes)
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, chers
collègues, je vous souhaite une très belle journée.
Veuillez vous asseoir.
Affaires
courantes
Déclarations
de députés
Nous
sommes aux affaires courantes, et, à la rubrique de la déclaration des députés,
je cède la parole à M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
Souligner
le 50e anniversaire des
Entreprises Léo LeBlanc & Fils inc.
M.
Germain Chevarie
M. Chevarie : Merci, M. le Président. J'aimerais
souligner aujourd'hui le 50e anniversaire de l'entreprise
Léo LeBlanc & Fils des Îles-de-la-Madeleine.
Alors
que son père était malade et que ses frères étaient à
la guerre, à 15 ans, M. LeBlanc prenait la mer afin de soutenir sa famille. Ayant construit, avec une grande dextérité,
son propre bateau et celui de ses voisins et d'amis, une demande
grandissante pour son entreprise fut demandée et l'ont poussé, en 1964, à
graduellement quitter la pêche pour la construction de bateaux.
Depuis, l'entreprise
a construit plus de 150 bateaux et en a modernisé autant. Ses modèles
novateurs se sont retrouvés dans tout l'est
du Canada et même au Nunavik et à Saint-Pierre-et-Miquelon.
Donnant au terme «bâtisseur» toutes les lettres de noblesse, l'entreprise Léo LeBlanc & Fils
est devenue un véritable fleuron régional. Toutes mes félicitations et longue vie à cette entreprise des Îles! Merci.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Merci à vous, M.
le député. Je cède maintenant la parole à M. le député de Rimouski.
Rendre
hommage au journaliste
Laurent Leblond à l'occasion de son décès
et offrir des condoléances à sa famille
M.
Harold LeBel
M. LeBel : M. le Président, chers collègues, jeudi
dernier, le 5 juin, est décédé à Rimouski, à l'âge de 76 ans, le journaliste Laurent Leblond. Le cancer aurait
eu raison de ce travailleur infatigable qui fut à l'oeuvre jusqu'à ce
que la maladie mette un frein à ses activités.
Cofondateur de l'hebdomadaire
Le Rimouskois en 1967, il a également exercé sa plume au Progrès-Écho
et à L'Avantage avant de devenir blogueur en 2013. Tout le milieu culturel de Rimouski
vit le deuil de ce grand défenseur des arts
et de la culture. Tout au long de ses 45 ans de carrière, Laurent Leblond
s'est fait le défenseur de la culture en région et s'est appliqué à
faire découvrir la vitalité culturelle de Rimouski à ses lecteurs. Il a ouvert
la voie au journalisme culturel en région en
couvrant tout ce qui se présentait : les grands événements comme les petits, les
artistes en émergence comme les marginaux. Bon nombre d'artistes de la
région lui doivent une première critique dans les médias.
Je
salue ici la mémoire d'un passionné par son métier et j'offre à sa famille, ses
amis et ses proches mes sincères condoléances. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Merci à vous, M.
le député. M. le député de Maskinongé.
Souligner
le Festival de la truite mouchetée
de Saint-Alexis-des-Monts
M.
Marc H. Plante
M. Plante :
Merci, M. le Président. Saint-Alexis-des-Monts est, en superficie, la plus
grande municipalité de mon comté. Pays de
lacs et de montagnes, elle compte plus de 600 lacs sur son territoire et
mérite grandement le titre de capitale de la truite mouchetée.
M. le Président,
depuis maintenant 29 ans que Saint-Alexis-des-Monts profite de cette généreuse
nature pour y tenir un événement rassembleur
et festif, soit le Festival de la truite mouchetée de Saint-Alexis-des-Monts.
Ce festival attire des milliers de visiteurs et amateurs de la nature et
de pêche. Les festivités 2014 commenceront le 21 juin et prendront fin le 29
juin.
Aujourd'hui, M. le
Président, j'aimerais féliciter l'organisation du Festival de la truite
mouchetée de Saint-Alexis-des-Monts, et son
président, M. Alain Lemay, et tous les membres du comité organisateur, et je
leur souhaite un succès bien mérité. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député
de Maskinongé. M. le député de Johnson, à vous la parole.
Rendre hommage à Mme
Anne-Marie Doyon Carpentier
pour sa contribution à la communauté
du canton de Grantham
M. André Lamontagne
M. Lamontagne : M. le Président, le
14 juin, la municipalité de Saint-Edmond-de-Grantham désignera sa bibliothèque du nom de la Bibliothèque
Anne-Marie-Doyon, en hommage à une résidente qui a fait rayonner l'éducation
et la vie culturelle dans son milieu au cours du XXe siècle.
Dans le même
esprit, j'aimerais honorer aujourd'hui Mme Anne-Marie Doyon, qui a enseigné
dans les écoles de rang, élevé une nombreuse famille et rédigé sa
biographie, intitulée Ma vie au fil des ans, publiée en 2007.
Ce livre
révèle la grande contribution de Mme Doyon à la communauté de Saint-Germain-de-Grantham,
dont elle raconte un pan d'histoire. Ce livre établit aussi sa
contribution à la conservation du patrimoine historique du Québec, auquel de nombreux passages du livre font un clin
d'oeil. Comme nation, nous avons un devoir de cultiver notre mémoire
collective, car c'est en contemplant d'où l'on vient que l'on peut comprendre
qui l'on est.
Au moyen de
sa biographie, Mme Anne-Marie Doyon a contribué personnellement à l'enrichissement
de notre mémoire collective, et je souligne aujourd'hui cet apport
important. Merci, M. le Président.
• (9 h 50) •
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Alors merci à vous, M. le député de Johnson. M. le député de Sherbrooke, pour
votre déclaration.
Féliciter le comité
organisateur du Tournoi de golf Jean-Perrault,
au profit d'Excellence sportive Sherbrooke
M. Luc Fortin
M. Fortin
(Sherbrooke) : M. le Président, l'édition 2014 du Tournoi de golf
Jean-Perrault au profit d'Excellence sportive Sherbrooke s'est déroulée
hier.
Grâce au
travail acharné du comité organisateur, de l'implication de nombreux
commanditaires et de la grande générosité des Sherbrookois, qui, une
fois de plus, ont répondu présents, c'est près de 27 000 $ qui seront
investis pour nos athlètes.
Excellence sportive Sherbrooke a pour mission,
entre autres, de soutenir le développement des athlètes et des intervenants de
haut niveau de la région de l'Estrie en leur offrant les services d'appui et d'encadrement
requis.
Ayant démarré ses activités en juin 2014, c'est
donc depuis maintenant 10 ans presque jour pour jour que l'organisme
contribue à former des athlètes qui sont des véritables ambassadeurs pour
Sherbrooke et des modèles pour nos jeunes.
Les activités-bénéfice comme celles d'hier
permettent à Excellence sportive Sherbrooke de poursuivre son importante
mission, et c'est pourquoi je tiens à souligner ici la contribution de toutes
celles et ceux qui en ont fait un succès. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) :
Alors, merci à vous, M. le député de Sherbrooke. M. le député de René-Lévesque,
je vous cède la parole.
Rendre hommage à Mme Isola
Boulianne-Boucher
pour son engagement bénévole et
offrir des condoléances à sa famille
M. Marjolain Dufour
M. Dufour :
Oui, merci, M. le Président. Alors, la Côte-Nord a perdu une grande bénévole le
25 avril dernier. Mme Isola Boucher est décédée à l'âge vénérable de 96
ans. Mère de 12 enfants, de 24 petits-enfants, de 35 arrière-petits-enfants et
d'un arrière-arrière-petit-fils, Mme Boucher a dévoué toute sa vie à sa famille
et à sa communauté. Elle débuta son
engagement communautaire en 1968, alors qu'elle fut la fondatrice et la régente
des Filles d'Isabelle. Elle a également collaboré à la fondation du club
de l'âge d'or en 1972 et à l'association des bénévoles du centre de santé de La
Haute-Côte-Nord en 1979.
Récipiendaire du Prix
du gouverneur général pour l'entraide en 2004, Mme Boucher aura offert de son
temps et de sa compassion au sein de
nombreuses organisations, notamment la Croix-Rouge, la société du cancer et la
Fondation des maladies
du coeur. En mon nom et en celui des citoyens de la circonscription de
René-Lévesque, je tiens à offrir mes plus
sincères condoléances à la famille et
à saluer l'engagement exceptionnel de Mme Boucher dans sa communauté.
Merci.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député. M. le député de Marguerite-Bourgeoys,
pour votre déclaration.
Rendre
hommage au Club de
gymnastique artistique Jeune Aire
M.
Robert Poëti
M. Poëti :
Merci, M. le Président. Le Club de gymnastique artistique Jeune Aire de LaSalle
fête cette année son 38e anniversaire,
compte maintenant 782 membres. Jeune Aire a su faire de la
place aux adultes avec son programme de
«cheerleading». L'équipe Obsession des Mystic All Stars a participé au
championnat mondial qui a eu lieu à Orlando, en Floride. Elle s'est classée deuxième parmi les équipes canadiennes et
huitième au niveau mondial. De plus, les participants en
gymnastique artistique ont récolté 628 médailles, rubans et certificats aux
niveaux régional et provincial durant la dernière année.
Ce qui est le plus
remarquable, pour cet organisme, c'est la continuité de ce programme reconnu,
qui a réussi à faire bouger nos jeunes concitoyens. Bravo à toute l'équipe de
gymnastique artistique Jeune Aire de LaSalle! Et je souhaite longue vie à l'organisation.
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député. Mme la députée de Mirabel,
à vous la parole.
Féliciter
Labonté de la pomme
verger & miellerie, lauréate des
Grands Prix du tourisme québécois
Mme
Sylvie D'Amours
Mme D'Amours :
Merci, M. le Président. C'est avec beaucoup de fierté que je tiens à souligner
l'honorable reconnaissance qu'a reçue Labonté de la pomme, une entreprise
agrotouristique de la région de Mirabel. Le 13 mai dernier, lors du Grand
Prix du tourisme québécois, l'entreprise d'Oka s'est vue remettre le lauréat d'argent
dans la catégorie Agrotourisme et produits régionaux. En plus de recevoir ce
prix, Labonté de la pomme s'est fait décerner le lauréat national Argent.
Je
tiens donc à féliciter les deux propriétaires, Mme Nathalie Labonté et
M. Mercier. Ce couple a de quoi être fier, M. le Président. Ils ont
quitté la ville et leur milieu de travail il y a près de 10 ans
pour devenir agriculteurs, et, depuis les quatre dernières années, cette entreprise familiale s'est fait récompenser tant par les
Grands Prix du tourisme québécois que par
le mérite agricole. Mme Labonté, M. Mercier, vous êtes la preuve
vivante que l'agrotourisme a sa place dans le Québec d'aujourd'hui. Je tiens donc à vous féliciter personnellement. Et longue vie
à votre entreprise! Merci,
M. le Président.
Le Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, Mme la députée. M. le
député de Rivière-du-Loup—Témiscouata, pour votre déclaration.
Souligner
le cinquième anniversaire
du Congrès mondial acadien
M.
Jean D'Amour
M. D'Amour :
Alors, je vous remercie beaucoup, M. le Président. Du 8 au 24 août
prochain se tiendra le Congrès mondial
acadien. Ce cinquième rassemblement
marquera aussi le 20e anniversaire de l'événement. Des milliers de
personnes participeront aux activités qui auront lieu sur un vaste territoire
appelé l'Acadie des terres et forêts, au Nouveau-Brunswick,
au Maine de même qu'au Québec, incluant la région du Témiscouata dont je suis
le député, M. le Président.
Je salue la présence
dans nos tribunes aujourd'hui du président du comité organisateur,
M. Émilien Nadeau, de la coprésidente pour le Témiscouata,
Mme Guylaine Sirois, la présidente du comité régional du Témiscouata, Mme Marielle Landry, de même que le directeur
général, Léo Paul Charest, et le président de la Coalition des
organisations acadiennes du Québec, M.
Jacques Gaudet. L'Acadie des terres et forêts est depuis toujours un bastion de
la francophonie canadienne et américaine. Le thème choisi, L'Acadie
du monde, reflète très bien la mission du Congrès mondial acadien, qui est de rassembler la communauté acadienne
de même que les membres des communautés francophones autour de
rencontres familiales, communautaires, culturelles, sportives et économiques.
En terminant, j'invite la population à participer aux festivités afin de faire
de ce congrès un succès sans précédent, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Merci, M. le député. Je cède la parole à M. le
député de Berthier.
Rendre hommage à M. Émilien Arsenault,
récipiendaire de la Médaille
de l'Assemblée nationale
M.
André Villeneuve
M. Villeneuve :
Alors, M. le Président, chers collègues, je tiens à rendre un hommage mérité à
un citoyen de mon comté, M. Émilien Arsenault, qui tout au long de sa vie a
fait la promotion du Québec partout dans le monde. Très jeune, il s'est engagé dans des activités à caractère
social et a eu la chance de côtoyer de grandes
personnalités politiques.
Sur le plan
professionnel, M. Arsenault n'a jamais manqué une occasion de s'ouvrir sur
le monde. Directeur des opérations à l'Exposition
universelle de 1967, chef de mission d'une vaste opération de coopération au
Mali, mandats divers en Allemagne, en Algérie et au Maroc… En outre, cet
infatigable voyageur est un amoureux de la mer. Il a sillonné les océans pendant des décennies sur son voilier en compagnie
de son épouse, il n'a jamais raté une occasion de parler du Québec à tous ceux qu'il a croisés et de leur présenter
longuement les beautés, les caractéristiques et la situation politique
et économique de son pays. Émilien Arsenault a donc joué un rôle de véritable
ambassadeur du Québec, en plus d'avoir milité et de s'être engagé socialement
et humainement. C'est pour cette raison que j'ai récemment eu le plaisir et l'honneur
de lui remettre la Médaille de l'Assemblée nationale. Il l'a bien méritée.
Bravo, Émilien! Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député de Berthier. Je
sais que M. le député de Johnson voulait
souligner la présence des proches de Mme Doyon dans les tribunes. Alors,
considérez-vous salués. Et cela met un terme à la rubrique Déclarations
de députés.
Et je suspends les
travaux de l'Assemblée quelques instants.
(Suspension de la séance à
9 h 57)
(Reprise à 10 h 19)
Le Président :
Alors, bon jeudi matin, chers collègues. Nous allons nous recueillir quelques
instants.
Merci. Veuillez vous
asseoir.
Présence
du consul général du
Royaume-Uni, M. Patrick Holdich
Alors,
j'ai également le plaisir de souligner la présence dans nos tribunes du consul
général du Royaume-Uni, M. Patrick Holdich, à l'occasion de sa
visite d'adieu.
Présence
du consul général des
États-Unis d'Amérique à Montréal,
M. Andrew Charles Parker
J'ai
également le plaisir de souligner la présence du consul
général des États-Unis d'Amérique à Montréal, M. Andrew Charles Parker, à l'occasion, aussi, de sa
visite d'adieu.
Présence
de M. Norman MacMillan,
ex-parlementaire de l'Assemblée nationale
Et je remarque aussi,
dans nos galeries, l'ancien député de Papineau, M. Norm
MacMillan.
Une voix : …
• (10 h 20) •
Le
Président : Elle est bonne. Alors, nous poursuivons les affaires courantes. C'est une bonne
question, M. le député de Matane-Matapédia,
on y répondra peut-être plus tard.
Alors, aujourd'hui,
il n'y a pas de déclarations ministérielles.
À
la rubrique Présentation de projets de loi, M. le leader du gouvernement.
M. Fournier : Oui, M. le Président, je vous
demanderais d'appeler l'article a, s'il
vous plaît.
Le Président : Oui, à l'article a.
L'article a du feuilleton, M. le ministre des Affaires municipales
et de l'Occupation du territoire présente le projet de loi n° 3, Loi
favorisant la santé financière et la pérennité des régimes de retraite à
prestations déterminées du secteur municipal.
Interventions
portant sur une violation de droit ou de privilège
Publication de
dispositions du projet de loi n° 3, Loi favorisant
la santé financière et la pérennité des régimes de retraite à
prestations déterminées du secteur municipal, avant
sa présentation à l'Assemblée nationale
Décision de la
présidence sur la présentation du projet de loi
J'ai
reçu, sur le sujet, un texte demandant… vous demandant de préciser, une
question de violation de droits et de privilèges concernant la prépublication
du document, selon ce que la leader de l'opposition me signalait. Nous allons quand
même se saisir du projet de loi et je traiterai de la violation du privilège
plus tard.
Une voix :
…
Le Président :
Oui, je vous écoute.
Mme
Maltais : …comprendre, M. le Président, votre décision. C'est-à-dire que vous voulez qu'on dépose quand même le projet de loi, même si nous ne savons toujours pas, à ce moment-ci, s'il y a eu violation de
privilège. Je croyais que… Si vous croyez qu'il y a potentiellement une
question de privilège, je croyais que vous auriez pu remettre à demain la
présentation de ce projet de loi, ce qui aurait été tout à fait possible.
Je veux bien
comprendre ce qui fait que, tout à
coup, il soit nécessaire
de déposer le projet de loi, alors qu'il y a un espace de temps demain,
alors qu'il y a une question aussi importante que la question des privilèges
des parlementaires d'être les premiers à connaître le libellé d'un projet
de loi qui est actuellement jugé au salon bleu.
Le Président :
Oui, bien, c'est une bonne… Vous voulez commenter, M. le…
M.
Fournier : …vous interrompre, M. le Président, vous êtes
bien parti. Peut-être que je pourrai,
par la suite, intervenir.
Le Président : Bien, vous pourrez peut-être. On verra.
Effectivement, c'est le choix du gouvernement de déposer, à la
date qu'il veut, le projet de loi en question. Ça, tout le
monde s'entend là-dessus. Mais vous m'avez,
dans la lettre que vous m'avez envoyée ce matin, entre autres, signalé une jurisprudence
qui date de 2007 et qui est celle de notre collègue, notre ancien collègue, M. Bissonnet. Et, sur la
question qui était posée à l'époque, je vous lis le jugement de l'époque, strictement sur le dépôt, je ne parle pas
du fond de la question que vous avez
soulevée, mais strictement sur le dépôt :
«Par ailleurs, il importe de préciser que même si la question de privilège avait été déclarée recevable — ça a été… c'est à peu près la
même… on est exactement dans la même situation — cela n'empêcherait pas la ministre — il s'agissait d'une ministre à ce
moment-là — de
présenter le projet de loi. Ce sont
les membres de l'Assemblée qui décident ensuite s'ils désirent se saisir ou non
du projet de loi. En effet, peu importe
la décision de la présidence sur la recevabilité d'une question de privilège,
cela ne peut empêcher l'Assemblée d'étudier
un projet de loi et d'en apprécier le contenu. La raison pour laquelle le
président a demandé à la ministre de surseoir à la présentation du
projet de loi était de permettre aux députés qu'ils soient informés de la décision sur cette question avant qu'ils ne
décident de [...] saisir ou [pas le projet de loi].»
Et j'ai un
autre texte : «Par ailleurs,
refuser la présentation du projet de loi aurait pour effet d'empêcher l'Assemblée d'exercer l'un de ses trois rôles fondamentaux,
soit l'exercice de sa fonction législative. Il revient à l'Assemblée seule de décider, dans sa souveraineté, de l'opportunité de
se saisir du projet de loi, de l'étudier ou d'en apprécier le
contenu.» Alors, c'est dans ce sens-là qu'on peut effectivement recevoir le projet
de loi, tout en attendant qu'à ce que, demain, je puisse saisir… vous saisir
sur les questions de la recevabilité de la décision que vous me demandez. M. le
leader.
M. Fournier : Merci, M. le
Président…
Le Président : Du gouvernement.
M. Fournier : Je souhaite
pouvoir participer à votre conversation. À l'article 53 de notre règlement, aux
affaires courantes, il y a les déclarations de députés, les déclarations
ministérielles, la présentation de
projets de loi; ensuite, les dépôts de documents, les réponses orales
aux pétitions et les interventions sur les violations de droit ou de privilège
ou sur un fait personnel.
À l'étape où nous sommes rendus, le règlement
est bien fait, il nous permet de présenter des projets de loi. L'argumentation
que va vouloir faire, j'imagine, notre collègue, est de se demander si ce projet
de loi a pu déjà avoir été offert à d'autres
qu'à l'Assemblée préalablement. Elle ne pourra pas faire son argumentation à moins de connaître le projet
de loi, sinon elle va plaider dans le
vide. Et c'est pourquoi le règlement est fait ainsi, M. le Président. Donc, je
tiens à dire que nous pourrions, à ce moment-ci, entendre le ministre des
Affaires municipales présenter le projet de loi en question.
Le Président : Mme la leader
de l'opposition.
Mme
Maltais :
M. le Président, nous avons procédé selon les règles parlementaires : nous
avons avisé à l'avance de cette question de privilège. Nous en avons avisé à l'avance
parce qu'on parle du droit fondamental des parlementaires
d'être les premiers à connaître le contenu d'un projet de loi. Nous l'avons
fait aussi parce que nous voulions que
vous preniez connaissance du projet de loi pour être à même de juger s'il y a
eu ou non violation de nos privilèges. Vous
avez, je crois… vous avez dû normalement regarder le projet de loi. Je connais
très bien la loi de base qui a servi de travail. La lettre que je vous ai envoyée explicite les points d'amendements
qui sont envisagés, et ces points d'amendements sont nécessairement dans
la loi, sinon l'article de Denis Lessard est inexact; c'est un des deux.
Là-dessus, M.
le Président, ce que nous vous demandons… Normalement, vous avez lu la loi,
vous avez lu l'article, vous avez vu notre argumentation, nous
pourrions, à ce moment-ci, entendre… Normalement, vous pourriez nous donner
votre décision et nous nous plierions, mais sinon nous allons nous saisir du
projet de loi sans avoir saisi la question de privilège. C'est assez étonnant,
M. le Président.
Une voix : …
Le Président : M. le leader
du gouvernement… M. le leader adjoint du deuxième groupe d'opposition.
M.
Caire : M. le
Président, vous avez…
Une voix : …
Le Président : On va revenir.
M.
Caire :
M. le Président, vous avez rendu une décision, M. le Président, qui est une
bonne décision, à mon sens. Le fait
que le ministre ait porté atteinte ou non au privilège de l'Assemblée, c'est une
question que vous aurez à débattre et pour lesquelles vous aurez une
décision à rendre.
Maintenant, c'est
aussi le privilège de l'Assemblée d'accepter de se saisir de ce projet de loi
et de l'étudier. Et donc, M. le Président, je pense qu'on devrait permettre
à l'Assemblée de…
Le Président : M. le leader
du gouvernement.
M. Fournier : Bien, M. le
Président, notre collègue plaide deux arguments contradictoires. D'une part,
elle souhaite que l'Assemblée et ses membres
soient saisis des projets de loi et, en même temps, elle souhaite qu'ils ne le
soient pas et que vous le soyez, seulement vous, M. le Président.
Le règlement
ne fonctionne pas ainsi. De la façon dont ça fonctionne, il y a présentation du
projet de loi. Je ne veux pas empêcher
notre collègue de faire les arguments qu'elle voudrait faire au moment
approprié. Et, à ce moment-là d'ailleurs,
elle pourra le faire en meilleure connaissance de cause parce qu'elle pourra
voir elle-même que l'argument qu'elle fait ne tient pas la route face
aux communications des médias d'information, M. le Président.
Le Président : Mme la leader
de l'opposition, et ensuite je vais statuer sur ce que nous allons faire.
Mme
Maltais :
M. le Président, l'article 232, deuxième paragraphe, dit ceci : «Le
préavis est constitué du titre du projet de loi. Le député en fait
parvenir copie au président avant la période des affaires courantes», ce que
nous avons fait… ce qui a été fait.
Vous avez eu
le temps d'examiner le projet de loi, vous avez eu… Nous avons suivi le
règlement pour que vous preniez connaissance du projet de loi et de
notre argumentation. Vous avez eu le temps pour ce faire. Nous avons, demain, une autre séance, donc nous avons
amplement le temps soit de connaître votre décision aujourd'hui même, si
vous avez pris une décision... Si vous n'avez
pas pris de décision, remettez ça à demain parce que la question
fondamentale, c'est le privilège des membres de l'Assemblée nationale, des
députés. C'est ça, la question qui est sur la table.
Alors, on ne
peut pas, à mon sens, M. le Président, sans avoir eu votre opinion, décider de
la réception de ce projet de loi là.
Nous avons amplement le temps jusqu'à demain de vous entendre, mais on ne peut
pas procéder sans avoir votre opinion sur une violation du privilège sur
le dépôt de la loi.
Le Président : D'abord, je ne
suis pas prêt à prendre une décision sur le fond de la question que vous m'avez
posée et qui est très intéressante
comme question, particulièrement en ce début de législature. En ce début de
législature, il est extrêmement important
que tous les ministres sachent comment il est extrêmement dangereux de laisser
couler de l'information, ou de donner
une conférence de presse, ou de faire en sorte que l'information qui doit se trouver
dans un projet de loi soit rendue
publique avant que le projet de loi soit déposé ici, à l'Assemblée. Ça, c'est
pour les nouveaux ministres, pour les ministres qui sont redevenus
ministres, pour tous les membres de cette Assemblée. C'est quand même une chose
extrêmement importante, que tous doivent connaître en ce début de législature.
Ceci étant
dit, sur le fond, je ne suis pas prêt à entendre cette cause-là ou, du moins…
Demain, je vous donnerai un jugement
sur cette cause-là. Toutefois, ça n'empêche pas la possibilité de pouvoir faire
le dépôt du projet de loi. C'est deux
choses différentes. Et, comme je vous ai traité de la jurisprudence sur le
sujet, où le sujet s'était déjà posé, eh bien, la question, c'est que…
nous allons procéder. Nous allons procéder. Je vais demander au ministre de
nous faire part du projet de loi qu'il a devant nous.
Une voix :
…
Le Président : Oui.
• (10 h 30) •
Mme
Maltais : Vous
faites appel à la jurisprudence. Je vais vous lire un jugement qui a déjà été
fait par un de vos prédécesseurs. «En ce qui concerne le premier motif, la
présidence a toujours reconnu la possibilité pour le gouvernement de communiquer avec les citoyens et de les informer sur les
politiques qu'il conduit.» Nous savons cela. Par contre, la
jurisprudence a toujours insisté sur le fait qu'on ne pouvait rendre public le
texte d'un projet de loi avant sa présentation,
avant sa présentation. Nous aimerions savoir, avant la présentation du texte de
loi, s'il a été rendu public. Nous vous avons donné et le temps et les
moyens. Puisque le ministre a déjà déposé sa loi, vous avez eu le temps de nous
donner cette opinion, mais, comme parlementaires, nous…
Le
Président : Mme la
leader, vous plaidez sur le fond de la question, et je trouve ça intéressant,
mais nous procéderons à l'étude du
fond de la question après avoir entendu le dépôt du projet de loi que M. le
ministre veut déposer. M. le ministre.
Présentation de projets
de loi
Projet de loi n° 3
M. Pierre Moreau
M. Moreau : Merci, M. le
Président. Alors, conformément à nos règles et à l'engagement pris par le
premier ministre du Québec, j'ai l'honneur
de déposer le projet de loi n° 3, Loi favorisant la santé financière et la
pérennité des régimes de retraite à prestations déterminées du secteur
municipal.
Ce projet de loi prévoit que les régimes de retraite à prestations déterminées du
secteur municipal doivent être restructurés en vue d'en assainir la
santé financière et d'en assurer la pérennité.
À cette fin, le projet de loi prévoit que les
régimes doivent être modifiés, à compter du 1er janvier 2014, afin d'y prévoir le partage à parts égales des coûts et
le partage des déficits éventuels pour le service postérieur au
31 décembre 2013 entre les participants
actifs et l'organisme municipal, ainsi que la constitution d'un fonds de
stabilisation. De plus, le projet de
loi précise que le coût maximal du
régime, composé de la cotisation d'exercice et de la cotisation de
stabilisation, ne devra pas excéder 18 % de la masse salariale.
Le projet de loi prévoit également que les régimes doivent être modifiés afin de prévoir
que les déficits imputables aux
participants actifs le 1er janvier 2014, pour le service accumulé avant
cette date, sont assumés à parts égales entre ces participants actifs et l'organisme municipal.
Aussi, le projet de loi autorise l'organisme municipal à suspendre
l'indexation des rentes des retraités d'avant le 1er janvier 2014 afin d'assumer
leur part des déficits et impute le solde des déficits à cet organisme
municipal.
Le projet de loi oblige qu'une évaluation actuarielle soit préparée pour tous les
régimes en date du 31 décembre 2013.
Le projet de loi établit par ailleurs diverses
conditions qui doivent être respectées quant aux modalités des modifications à être apportées aux régimes. Il
précise notamment que la rente normale accumulée au
1er janvier 2014 des participants actifs ne peut être modifiée à l'exception
de certaines modalités. De plus, le projet de loi empêche toute indexation automatique des rentes des participants
actifs en permettant toutefois le versement d'une indexation ponctuelle
à certaines conditions si la santé
financière d'un régime le permet. Le projet
de loi précise par ailleurs des
règles concernant le financement des engagements supplémentaires des
régimes.
Le projet de loi établit un processus de
restructuration prévoyant une période de négociation d'une année, pouvant être
prolongée pour une période de trois mois renouvelable une seule fois. De plus,
les parties peuvent avoir recours à la conciliation et, en cas d'échec des
négociations, le ministre nomme un arbitre pour régler le différend. Le projet
de loi impose un délai de six mois à
l'arbitre pour rendre sa décision et il énumère différents facteurs que
l'arbitre doit prendre en considération pour rendre sa décision.
Enfin, le projet de loi prévoit quelques dispositions diverses et transitoires afin notamment
d'obliger les organismes municipaux à faire publiquement état de la
situation financière des régimes qu'ils ont établis et d'offrir des délais
supplémentaires à l'égard des régimes qui ont fait l'objet d'une entente au
cours des trois dernières années.
Mise aux voix
Le Président : Est-ce que l'Assemblée
accepte d'être saisie de ce projet de loi? Mme la leader.
Mme
Maltais : M. le
Président, je viens d'entendre le
ministre. Cela malheureusement, à première vue, confirme mes pires
craintes. Alors, ça va être sur division devant la situation.
Le Président : O.K. M. le
leader du gouvernement.
M. Fournier : Oui. Peut-être
simplement prendre le temps de faire quelques remarques plutôt que de le faire
sur division. Je pense que l'Assemblée devrait pouvoir l'accepter, M. le
Président. Il s'agit d'un projet de loi dans le monde municipal, sur les
régimes de retraite…
Des voix :
…
Le Président : Pour l'instant,
là, on m'a dit que c'était… Est-ce que vous voulez procéder au vote?
Une voix : …
Le Président : Bien, sur
division… La Chambre ne vote pas sur division. On vote ou on ne vote pas.
Des voix : …
Le Président : …un vote
nominal, ça va être plus simple.
Des voix : …
Le Président : Mais écoutez-moi…
Je vais vous écouter.
Mme
Maltais : …dans
laquelle on se retrouve…
Des voix : …
Le Président : S'il vous
plaît!
Mme
Maltais : À cause
de la décision de ne pas surseoir, nous devons juger à la fois si nos
privilèges ont été respectés ou non et, en même temps, accepter ou non le dépôt d'une loi. Alors, comprenez bien… de la situation devant laquelle nous avons été
placés. Alors, ce que nous proposions aurait réglé le problème. Maintenant, il
est d'usage de dire simplement «sur division» quand on n'est pas d'accord.
Alors, on exprime notre désaccord par «sur division» et on passe à autre chose,
M. le Président. On verra demain.
Le Président : M. le leader
du gouvernement.
M. Fournier : Je demande le
vote nominal, M. le Président.
Le Président : On procède au
vote. Qu'on appelle les députés.
• (10 h 37
—
10
h 38) •
Le Président : Que ceux qui
sont en faveur de ce projet… bien, pas du projet de loi, mais la présentation
du projet de loi se lèvent.
Le Secrétaire
adjoint : M.Couillard (Roberval), M. Fournier (Saint-Laurent), Mme
Thériault (Anjou—Louis-Riel),
M. Paradis (Brome-Missisquoi), M. Hamad (Louis-Hébert), M. Dutil (Beauce-Sud),
M. Leitão (Robert-Baldwin), M. Coiteux
(Nelligan), M. Moreau (Châteauguay), Mme David (Outremont), M. Poëti
(Marguerite-Bourgeoys), M. D'Amour
(Rivière-du-Loup—Témiscouata),
M. Huot (Vanier-Les Rivières), M. Kelley (Jacques-Cartier), Mme
Vien (Bellechasse), M. Lessard (Lotbinière-Frontenac), M. Barrette
(La Pinière), M. Blanchette (Rouyn-Noranda—Témiscamingue),
M. Heurtel (Viau), M. Arcand (Mont-Royal), Mme Charbonneau (Mille-Îles), M.
Daoust (Verdun), Mme Weil (Notre-Dame-de-Grâce), Mme Vallée (Gatineau),
M. Bolduc (Jean-Talon), M. Blais (Charlesbourg), Mme St-Pierre (Acadie), M.
Reid (Orford), Mme Vallières (Richmond), Mme Boulet (Laviolette), M. Morin
(Côte-du-Sud), M. Ouellette (Chomedey), Mme Charlebois (Soulanges), Mme Ménard
(Laporte), M. Sklavounos (Laurier-Dorion),
M. Girard (Trois-Rivières), Mme Blais (Saint-Henri—Sainte-Anne), M. Bernier (Montmorency), Mme
Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger), M. Carrière (Chapleau), M. Chevarie
(Îles-de-la-Madeleine), M. Matte (Portneuf), M. Simard (Dubuc), M.
Tanguay (LaFontaine), M. Bolduc (Mégantic), Mme de Santis
(Bourassa-Sauvé), M. Iracà (Papineau), M. Fortin (Pontiac), M. Bourgeois
(Abitibi-Est), M. Boucher (Ungava), M. Birnbaum (D'Arcy-McGee), M. Auger (Champlain), M. Rousselle (Vimont), M. Ouimet
(Fabre), M. Fortin (Sherbrooke), M. Giguère (Saint-Maurice), M. Habel
(Sainte-Rose), M. Hardy (Saint-François), M. Merlini (La Prairie), Mme
Montpetit (Crémazie), Mme Nichols (Vaudreuil), M. Plante (Maskinongé), M. Polo
(Laval-des-Rapides), Mme Simard (Charlevoix—Côte-de-Beaupré), M. St-Denis
(Argenteuil).
M. Legault (L'Assomption),
M. Deltell (Chauveau), M. Caire (La Peltrie), M. Martel
(Nicolet-Bécancour), M. Dubé (Lévis), Mme
Roy (Montarville), M. Roberge (Chambly), M. Charette (Deux-Montagnes), Mme
D'Amours (Mirabel), M. Laframboise
(Blainville), Mme Lavallée (Repentigny), M. Lamontagne (Johnson), M.
Jolin-Barrette (Borduas), M.
Surprenant (Groulx), Mme Samson (Iberville), Mme Soucy (Saint-Hyacinthe), M.
Spénard (Beauce-Nord), M. Picard (Chutes-de-la-Chaudière), Mme Roy
(Arthabaska), M. Lemay (Masson).
Le Président : Quels sont ceux qui sont
contre le dépôt?
Le Secrétaire adjoint :
M. Bédard (Chicoutimi), Mme Maltais (Taschereau), M. Marceau (Rousseau), Mme Zakaïb (Richelieu), M. Bérubé
(Matane-Matapédia), M. Therrien (Sanguinet), Mme Léger (Pointe-aux-Trembles),
Mme Lamarre (Taillon),
M. LeBel (Rimouski), M. Lelièvre (Gaspé), M. Kotto (Bourget), Mme Hivon
(Joliette), M. Bergeron (Verchères), M. Dufour (René-Lévesque), M.
Drainville (Marie-Victorin), M. Lisée (Rosemont), Mme Poirier (Hochelaga-Maisonneuve), M. Traversy (Terrebonne),
M. Leclair (Beauharnois), M. Villeneuve (Berthier), Mme Ouellet
(Vachon), M. Turcotte (Saint-Jean), Mme Richard (Duplessis), M. Roy
(Bonaventure).
Le
Président : Quels sont ceux qui s'abstiennent?
• (10 h
40) •
Le
Secrétaire adjoint : M. Cousineau (Bertrand).
M.
Khadir (Mercier), Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques).
Le
Président : M. le secrétaire général.
Le
Secrétaire : Pour : 85
Contre : 24
Abstentions :
3
Le
Président : Alors, le dépôt du projet de loi est adopté. M. le
leader du gouvernement.
M.
Fournier : Oui. Juste avant d'appeler l'autre projet de loi, M.
le Président, il est d'usage que la leader de l'opposition nous demande s'il y
a des consultations sur les projets de loi et...
Le
Président : Mme la leader de l'opposition.
Mme
Maltais :
M. le Président, les questions de privilège de l'Assemblée nationale sont
toujours des questions qui doivent être traitées sérieusement ainsi que
les coulages de loi avant les dépôts… coulages potentiels. Alors, nous attendons toujours votre décision, qui devrait
arriver demain. Alors, suite à votre décision, s'il n'y a pas eu viol de
nos privilèges, bien sûr que nous demandons des consultations, mais la question
n'est pas réglée encore, elle demeure.
Le
Président : M. le leader du gouvernement.
M. Fournier : J'imagine
qu'elle sera plaidée au fond à un moment donné, parce que, jusqu'ici, il n'y a
pas de demande de décision, ça n'a pas été soulevé. Alors, j'imagine que
ce sera plaidé. Nous le plaiderons à ce moment-là.
Pour
l'instant, permettez-moi de vous dire simplement ceci. Peu importe le choix que
l'opposition officielle fera, ils ont déjà
reçu des listes potentielles de groupes à venir, et nous sommes intéressés à
avoir les autres choix qui seront faits pour que demain nous puissions
convoquer, justement, les groupes pour la consultation au mois d'août, comme il
avait été discuté entre les leaders, M. le Président.
Cette
information ayant été donnée à l'ensemble de nos parlementaires pour s'assurer
qu'ils puissent exercer leurs droits et
privilèges convenablement, je vous demanderais d'appeler un projet de loi
important et conjoint. L'article b, M. le Président.
Le Président :
Alors, à l'article b... Et, sur le dossier dont on vient de parler et, après...
aux travaux spécifiques de l'Assemblée, moi, je suis prêt à vous
entendre sur le fond de la question que... Vous pourrez plaider sur la question
tout de suite après les travaux courants ici, si vous voulez. O.K.?
Projet
de loi n° 7
Alors, à l'article b du feuilleton, M.
le leader du gouvernement présente, conjointement avec Mme la leader de
l'opposition officielle et M. le leader du deuxième groupe d'opposition, le
projet de loi n° 7, Loi entérinant l'entente relative au fonctionnement de l'Assemblée nationale et des commissions
parlementaires, aux fonctions parlementaires ainsi qu'aux aspects
budgétaires pour la durée de la 41e législature. M. le leader du gouvernement.
M.
Jean-Marc Fournier
M.
Fournier : Oui, M. le Président. Par ma voix, vous entendez
celle, donc, de la leader de l'opposition officielle
et du leader de la seconde opposition. Nous sommes trois à présenter ce projet
de loi qui a pour but, qui a pour objet
d'entériner l'entente relative au fonctionnement de l'Assemblée nationale et
des commissions parlementaires, aux fonctions parlementaires ainsi qu'aux
aspects budgétaires pour la durée de la 41e législature.
À
cet égard, il prévoit l'octroi, pour la durée de la 41e législature, d'une
indemnité additionnelle au député qui
occupe le poste reconnu de leader parlementaire adjoint d'un parti de l'opposition
visé au paragraphe 6° du premier alinéa de l'article 7 de la Loi sur les
conditions de travail et le régime de retraite des membres de l'Assemblée nationale. Il prévoit également
l'octroi, pour la même durée, d'une indemnité additionnelle au député qui occupe le poste de président de caucus d'un
parti de l'opposition autre que l'opposition officielle si ce caucus compte au moins 20 députés.
Mise aux voix
Le
Président : Alors, est-ce que l'Assemblée accepte d'être saisie
de ce projet de loi?
Des
voix : ...
Le
Président : Adopté. À la rubrique... Oui, M. le leader.
M. Fournier : Sur
le même sujet, j'informe les membres de l'Assemblée que, suite à une entente
avec l'opposition officielle, la deuxième opposition et les députés
indépendants, nous avons l'intention de procéder, de consentement, à l'ensemble des étapes d'étude du projet de loi
en vue de son adoption aujourd'hui mais plutôt en fin de journée, M. le
Président, lorsque nous aurons réglé d'autres éléments.
Dépôt
de documents
Le
Président : Alors, à la rubrique Dépôt de documents, M. le
ministre de l'Énergie.
Rapport annuel de la Régie de
l'énergie
M.
Arcand : M. le Président, il me fait plaisir de
déposer le rapport annuel 2013‑2014 de la Régie de l'énergie.
Le
Président : Alors, ce document est déposé.
Horaire de l'étude des crédits
2014-2015
Pour
ma part, je vous avise que, conformément à l'article 285 du règlement, une
réunion entre la présidence et les leaders
des groupes parlementaires a été tenue afin de préciser les modalités de l'étude
des crédits. J'informe donc l'Assemblée que l'étude des crédits débutera
le jeudi 19 juin et se poursuivra jusqu'au mercredi 2 juillet 2014, selon le
calendrier convenu que je dépose maintenant. M. le leader du gouvernement.
M.
Fournier : Suite à la rencontre des leaders que vous avez
présidée, M. le Président, je tiens à informer l'Assemblée que, par la suite de ces travaux, le premier ministre devra convoquer une séance extraordinaire de
l'Assemblée afin que les parlementaires puissent compléter le processus d'étude et d'adoption des crédits budgétaires pour l'année financière
2014‑2015.
Rapports annuels du
Commissaire au
lobbyisme et de l'Assemblée nationale
Le
Président : D'accord.
Je dépose le rapport d'activité 2013‑2014 du Commissaire au lobbyisme du Québec. Je
dépose également le rapport d'activité 2013‑2014 de l'Assemblée nationale du Québec.
Fiches synthèses des activités
de relations
interparlementaires et internationales des sections
et délégations de l'Assemblée nationale
Je dépose les fiches
synthèses des activités de relations interparlementaires et internationales des
sections et délégations de l'Assemblée nationale pour l'année financière 2013‑2014.
Calendrier des travaux de l'Assemblée
Et finalement je
dépose le calendrier des travaux de l'Assemblée 2014‑2015.
Il
n'y a pas de dépôt de rapports de commissions ni dépôt de pétitions. Il n'y a
pas de réponses orales aux pétitions.
Interventions
portant sur une violation de droit ou de privilège
Comportement du député de
Jean-Lesage à l'endroit
de la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques
À la rubrique
Interventions portant sur une violation de droit ou de privilège ou sur un fait
personnel, je vous informe que j'ai reçu, conformément aux articles 66 et
suivants de notre règlement, un avis portant sur une violation de droit ou de
privilège de la part de Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Dans son avis, elle
mentionne que le mardi 10 juin dernier le député de Jean-Lesage l'aurait interpellée
sur le parquet de la salle de l'Assemblée
nationale en s'adressant à elle sur un ton menaçant et en posant un geste
d'intimidation à son endroit, ce qui pourrait constituer
une violation de droit ou de privilège. Ce geste serait en lien avec une déclaration de la députée au sujet de la poussière
de nickel dans Limoilou. J'informe que je compte prendre cette question
en délibéré.
Quant
à l'autre question, j'en ai parlé tout à l'heure, je vais entendre la
plaidoirie tout de suite après nos travaux. D'accord?
Questions
et réponses orales
Alors,
nous en sommes maintenant à la période de questions et de réponses orales. Je
cède la parole à M. le chef de l'opposition officielle.
Évasion de trois détenus de l'Établissement
de détention de Québec
M.
Stéphane Bédard
M.
Bédard :
M. le Président, dans le dossier des évasions d'Orsainville, je vous dirais que
les informations troublantes suivent les informations contradictoires.
La
ministre confirme, ce matin, que les autorités carcérales savaient et
connaissaient les risques d'évasion des trois présumés accusés qui se sont évadés. Elle confirme, en plus, que
le... Excusez-moi, M. le Président. Elle confirme, en plus, que... Elle
confirme quoi, ce matin? Excusez-moi, M. le Président.
Des voix :
…
M.
Bédard : Ah! Excusez-moi! Elle confirme... Ça doit être le
vote, M. le Président. Elle confirme, ce matin, en plus, que des
autorités du ministère lui auraient menti. C'est là des informations qui sont
on ne peut plus troublantes, M. le Président.
À ce moment-ci, la
seule question d'importance qu'on a à savoir, c'est pourquoi les normes de
sécurité ont été abaissées pour les trois
individus, connaissant les risques d'évasion. Et ce n'est pas une enquête
administrative qui va nous le démontrer, c'est simplement si le premier
ministre pose la question au sous-ministre, aux autorités carcérales.
Alors, j'aimerais
savoir maintenant du premier ministre, ce matin : Est-ce qu'il a posé
cette question aux autorités carcérales?
Le Président :
M. le premier ministre.
M.
Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président, le gouvernement demeure persuadé que l'enquête doit
être déclenchée rapidement, doit
faire son travail dans les plus brefs délais, doit en rendre compte et que, par
la suite, les mesures appropriées soient prises. Il faut cependant
rappeler l'importance et l'urgence de capturer les individus qui sont
actuellement en liberté et qui pourraient potentiellement menacer la sécurité
de nos concitoyens et de nos concitoyennes.
Maintenant,
sur cette question de la réduction ou de la modification possible des
conditions de détention, je veux juste
rappeler à mon collègue puis aux membres de l'Assemblée qu'on marche sur un fil
de fer ici. Il s'agit de prévenus en attente de procès.
Ce
qu'il est permis de dire, c'est qu'il y a eu une requête pour modifier lesdites
conditions. Ce qu'il est permis de dire,
c'est qu'il y a eu un jugement consécutif à cette requête. Au-delà de ça, M. le
Président, il faut en rester là, car nous pourrions… et je veux insister là-dessus, nous pourrions, avec un mot
malheureux, mettre en danger le procès lui-même d'individus qui sont victimes actuellement… l'objet d'accusations très
graves. Donc, j'invite à la prudence, M. le Président.
Le Président :
Première complémentaire, M. le chef de l'opposition officielle.
M.
Stéphane Bédard
M.
Bédard : M. le Président, sur les ondes, ce matin, la
ministre a fait une déclaration troublante à l'effet que des gens au ministère lui avaient menti, tant au
niveau des forces policières qu'au niveau des responsables carcéraux et
peut-être même au niveau ministériel.
Ce
qu'on souhaiterait savoir du premier ministre : Est-ce qu'il croit, lui
aussi, que des gens à l'intérieur du ministère de la Sécurité publique
ont menti à la vice-première ministre?
• (10 h 50) •
Le Président :
Mme la vice-première ministre.
Mme
Lise Thériault
Mme
Thériault : M. le Président, je vais vous lire un extrait qui
se lit comme ci : «Quand la
ministre actuelle de la Sécurité publique dit qu'elle ne peut pas donner
l'information voulue au public parce que soit l'information est incomplète, qu'elle arrive en retard, qu'elle est partielle,
qu'elle est contredite par une autre entité sous sa responsabilité — on
parle du ministère de la Sécurité
publique, des centres de détention,
de la Sûreté du Québec et du ministère
de la Justice — vous qui êtes passé par ce ministère, est-ce que c'est
possible, ça?» «Malheureusement, c'est totalement
possible, dans le sens… En matière de sécurité publique, c'est rare qu'on a des
situations où c'est blanc ou c'est noir. On a énormément de gris et, je
dirais, de gris pâle et de gris foncé.» Pierre Bélanger, ancien ministre de la
Sécurité publique sous le Parti québécois, 1997‑1998, M. le Président.
Le Président :
En terminant.
Mme Thériault :
La situation, elle n'est pas nouvelle.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le chef de l'opposition officielle.
M.
Stéphane Bédard
M.
Bédard : C'est plutôt
un triste spectacle que la ministre nous donne ce matin. À une question de
l'animateur : «Vous dites avoir eu des
informations contradictoires et…» L'animateur lui pose la question : «Vous
dites que des gens de l'appareil gouvernemental vous mentent?» La
ministre répond : «Absolument, absolument.» Sur les ondes, avec l'animateur
M. Arcand.
Alors,
j'aimerais savoir de la part du premier
ministre : Est-ce que lui peut
poser la question? Est-ce qu'on peut mentir au premier ministre du
Québec sur une question aussi importante?
Le Président :
M. le premier ministre.
M.
Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président, toute cette question de l'information qui a
circulé de façon parfois retardée, parfois contradictoire est au centre même de la raison pour laquelle nous
voulons qu'une enquête soit tenue rapidement. Et, dans un très bref délai, dans un très bref délai, M. le Président, la ministre de la Sécurité
publique va annoncer la
composition, et le mandat, et le travail de
cette enquête. D'ici là, soyons prudents dans nos commentaires. Attendons les
conclusions de l'enquête.
Le Président :
Troisième complémentaire, M. le chef de l'opposition officielle.
M.
Stéphane Bédard
M.
Bédard : M. le Président, si la ministre dit qu'on lui ment, c'est parce qu'elle connaît la
vérité maintenant, tout simplement.
La deuxième chose, M.
le Président, une enquête administrative, c'est comme si le premier ministre
aurait ordonné une enquête criminelle sur un meurtre au Québec. C'est évident, à
la lumière des informations qu'on détient sur les risques d'évasion, qu'il
allait y avoir une enquête administrative.
Ce
qu'on veut savoir maintenant, c'est pourquoi et qui a pris la décision de
baisser les normes de sécurité sur des individus qui avaient un risque d'évasion
très élevé.
Le Président :
M. le premier ministre.
M.
Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président, tous les citoyens du Québec, les médias, les citoyens
du Québec se posent cette question, mais
je suis surpris que mon collègue, qui est avocat, une profession que
malheureusement je n'ai pas exercée… je suis surpris que lui-même s'engage
sur un terrain qui est clairement excessivement risqué et miné. C'est un
terrain miné, M. le Président. Un seul mot
sur les explications, les requêtes, l'analyse des requêtes, le jugement de la
cour, un seul mot met en péril ce procès, M. le Président, je voudrais
le répéter et le répéter très fermement.
Donc,
j'invite notre collègue à la fois à la patience, à la prudence. Il y aura une
enquête, elle établira les faits. Les faits seront révélés au public, et
on agira par la suite.
Le Président :
Principale, M. le député de Matane-Matapédia.
Assouplissement des mesures de
sécurité encadrant les
détenus qui se sont évadés de l'Établissement
de détention de Québec
M.
Pascal Bérubé
M.
Bérubé :
M. le Président, on apprend ce matin dans Le Journal de Québec que les
gardiens de prison d'Orsainville ont assisté impuissants à une chute sans
précédent de la cote de sécurité des trois individus, ce qui leur a permis de s'évader samedi soir. En moins d'un mois, la
cote des trois évadés est passée de sécurité maximum à minimum. Selon un employé d'Orsainville, ça ne s'explique pas, c'est du
jamais-vu, un non-sens. Il indique, de plus, que, lorsqu'il y a un risque d'évasion qui plane, le
comportement ne compte pas, la cote ne baisse pas. Or, on sait
maintenant que les autorités carcérales avaient été prévenues par les policiers
que ce trio risquait de s'évader.
Question :
Comment expliquer que la cote de sécurité des évadés ait été abaissée? Est-ce
qu'il va falloir attendre que les médias le révèlent avant la ministre
qui détient l'information?
Le Président :
Mme la ministre de la Sécurité publique.
Mme
Lise Thériault
Mme Thériault :
Oui. M. le Président, je pense que la réponse du premier ministre était très
claire. C'est exactement là où je n'irai pas. Nous ne mettrons pas en danger le
procès qui se déroule.
Par
contre, je vais continuer ma lecture que j'ai commencée, M. le Président :
«Je vous dirais aussi qu'il y a une multitude
d'intervenants sur lesquels le ministre n'a pas vraiment de contrôle, et un de
ces éléments-là évidemment est le système judiciaire. C'est-à-dire, on
est toujours à la merci des demandes d'habeas corpus qui peuvent être faites
par des détenus qui considèrent que leur
détention est inhumaine, que les conditions doivent être modifiées. À ce
moment-là, ça passe devant un juge, il y a
une preuve qui est faite, ça passe rapidement. Et le jugement peut être
exécutoire immédiatement, et, à ce moment-là, on n'a pas le choix, il
faut que le directeur du centre de détention ou la directrice le mette en
application en attendant d'aller en appel ou de demander de surseoir à la
décision.»
M.
le Président, ces paroles-là ont été prononcées par un ancien ministre de la
Sécurité publique, il parle de manière générale. Et la question du
député, elle est exactement dans la même lignée de pensée qu'un de mes
prédécesseurs qui était un ministre de la Sécurité publique très estimé, qui
était un collègue du Parti québécois, M. le Président.
Le Président :
En terminant.
Mme Thériault :
Donc, je rappelle le député à la prudence. Nous sommes devant un cas similaire
à ce que l'ancien député et ministre a évoqué.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Matane-Matapédia.
M.
Pascal Bérubé
M.
Bérubé :
M. le Président, le constat : portés disparus, trois fugitifs et la responsabilité
ministérielle de la ministre, c'est très clair. Dimanche, la ministre est
muette; lundi, c'est la faute d'un juge; mardi, les fonctionnaires; mercredi,
on a perdu le contrôle; jeudi, là, tournée des médias pour dire que les
fonctionnaires lui mentent.
Qui est toujours en
poste, ment à la ministre et qu'on conserve? Pourquoi protéger cette personne
qui ment au lieu de révéler son identité et
les raisons qui ont fait en sorte qu'on a abaissé la cote de sécurité des
prisonniers, ce qui a permis ultimement l'évasion qu'on a…
Le Président :
Mme la ministre de la Sécurité publique.
Mme
Lise Thériault
Mme Thériault :
M. le Président, à l'intérieur de 30 secondes, le collègue a abordé clairement
trois sujets complètement différents, dont
la cause qu'on n'a pas le droit de parler, M. le Président. Et j'espère
que l'estimé collègue va comprendre ce que je dis.
Là
on est devant un fait, M. le Président, il y a une chose qui est bien claire, écoutez,
là, ce qui est important, les
prisonniers en cabale qu'on doit récupérer, c'est la priorité numéro un du
ministère, M. le Président.
La deuxième chose, il y a une enquête qui sera
déclenchée bientôt pour faire la lumière sur toutes les circonstances des
événements qui entourent les évasions, y
compris celle de mars 2013, M. le Président. Mais il y a une chose que je
comprends aussi, puis je ne suis pas la seule, M. Pratte l'a
relevée, c'est l'opposition, le Parti québécois qui crée une crise, M. le
Président.
Le Président :
En terminant.
Mme Thériault :
Il n'y en a pas. Ils contribuent eux-mêmes à la confusion.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M.
Stéphane Bédard
M.
Bédard : À l'évidence, la ministre transforme une évasion en
crise de confiance envers tout un ministère et les autorités carcérales.
Et, en plus, je vous dirais, ce matin, ce qu'on apprend, c'est qu'elle en dit
plus sur les ondes, à M. Arcand ou à d'autres
animateurs, qu'en Chambre ici. C'est très triste, le scénario qui se produit
actuellement. La ministre n'est pas à la hauteur, c'est évident.
Ce que je veux savoir du premier ministre… Comme elle refuse de répondre, ce n'est pas vrai qu'on va
attendre la fin du procès pour savoir quelles étaient les conditions de
sécurité sur ces trois individus. Ça n'a rien à voir avec la finalité du
procès, il devrait le savoir s'il était avocat. Qui a baissé les règles de
sécurité sur ces…
Le Président :
M. le premier ministre.
M.
Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président, le gros bon sens vaut bien des années d'études
de droit. Alors, quand quelqu'un… Puis, à la rigueur, on pourrait dire
la même chose de la médecine, M. le Président, pour ne pas que mon collègue se
sente frustré. Mais c'est assez clair, là, M. le Président, que, comme une
requête a été déposée pour modifier les conditions
de détention, les arguments de part et d'autre, il devrait le savoir, ont un
rapport direct avec le fond du procès qui va être débattu
ultérieurement, de même que les motivations du juge pour en arriver à sa
décision également…
Le Président :
En terminant.
M.
Couillard : …feront référence possiblement à cela. Prudence, prudence,
prudence, M. le Président.
Le Président :
Principale, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
Informations sur les
circonstances
entourant l'évasion de trois détenus de
l'Établissement de détention de Québec
M.
François Legault
M.
Legault : M. le Président, ce matin, la vice-première ministre,
dans deux entrevues, une avec Paul Arcand, une avec Jérôme Landry, a dit, et je la cite : Des personnes sous sa
responsabilité lui ont menti dans le dossier de l'évasion de la prison d'Orsainville.
C'est lourd de conséquences, M. le Président.
Or,
je comprends qu'une enquête... le premier ministre a accepté qu'une enquête
soit mise en place, il n'a toujours pas accepté, par contre, qu'on
puisse poser des questions suite à cette enquête. J'espère qu'il va accepter
aussi cette suggestion. Mais, maintenant, M.
le Président, ce qu'on doit comprendre, c'est que ça va prendre un certain
nombre de mois pour faire l'enquête. Qu'est-ce qu'on fait avec la
personne ou les personnes qui ont menti pendant ces mois-là? Est-ce qu'il s'agit du sous-ministre à la Sécurité
publique, du D.G. de la Sûreté du Québec, de la sous-ministre associée aux
services correctionnels?
Et moi, j'ai une
question très simple pour le premier ministre, ce matin, là : Est-ce que
ces trois personnes, c'est-à-dire
sous-ministre à la Sécurité publique, D.G. de la SQ et sous-ministre associée
aux services correctionnels, est-ce qu'ils ont toujours la confiance de
son gouvernement?
Le Président :
M. le premier ministre.
M.
Philippe Couillard
M.
Couillard : M. le Président, ces questions sont très pertinentes, et
on y répondra lorsqu'on disposera des faits.
Et les faits seront amenés à l'attention de l'opinion publique, et des parlementaires,
et des médias par l'enquête dont ma collègue va parler très
prochainement.
Des voix :
…
• (11 heures) •
M.
Couillard : M. le Président, il y a un bruit de fond désagréable.
Merci.
Maintenant,
les institutions dont notre collègue parle sont des institutions majeures dans
une société démocratique puis une
société de droit. Alors, avant de passer à des conclusions qui pourraient
ébranler le lien de confiance essentiel entre les forces policières, la population, les autorités carcérales et le
système judiciaire, agissons avec prudence.
Ce qui est urgent… Et les questions
sont pertinentes, mais ne changeront pas l'urgence véritable, qui est de capturer les individus et de les
retourner derrière les barreaux.
Le Président : Première complémentaire, M. le chef
du deuxième groupe d'opposition.
M. François Legault
M. Legault : M. le
Président, il est trop tard. La vice-première ministre a dit qu'il
y avait des personnes haut placées
qui ont menti. Une ministre, là, ça ne parle pas au dernier employé dans une
prison, ça parle au sous-ministre, ça parle au D.G. de la SQ.
C'est important
de savoir aujourd'hui, là, est-ce
que le premier ministre a toujours
confiance dans le sous-ministre
à la Sécurité publique, D.G. de la SQ, les sous-ministres
associés aux services correctionnels, oui ou
non?
Le
Président : M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président, il est essentiel de maintenir
notre confiance totale envers ces institutions. Pour ce qui est des individus mentionnés par notre
collègue, j'ai été formé pour prendre des décisions quand on dispose des
faits, quand les faits sont étudiés, avérés,
qu'on peut poser les bonnes questions lorsque les faits sont connus. Je lui
suggère de prendre cette approche, en général, pour
la prise de décision. On récolte les faits, on soupèse les faits et on en vient
à une décision, ce qui sera fait, M. le Président.
Le Président : Deuxième complémentaire, M. le chef
du deuxième groupe d'opposition.
M. François Legault
M. Legault : M. le Président, la personne ou les
personnes qui ont menti vont, demain, la semaine prochaine, prendre d'autres décisions.
C'est important de savoir, là, est-ce que le
premier ministre a toujours confiance dans ces personnes? Il ne peut pas garder
en poste des personnes en qui il n'a pas confiance.
Donc,
je répète ma question : Comment il peut
garder sa confiance dans ces personnes qui ont, dans certains cas, menti puis continuer à leur laisser des responsabilités
importantes?
Le Président : M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président, je ne dispose aujourd'hui d'aucune
information factuelle et avérée me permettant de réviser ce lien de
confiance essentiel.
Le Président : Principale, M. le chef du deuxième
groupe d'opposition.
Stratégie de recherche et d'innovation
M. François Legault
M.
Legault : Oui, M. le
Président. Écoutez, on va laisser le premier ministre se dépêtrer, là, mais il
y a quelqu'un qui a menti.
Mais,
dans un autre ordre d'idées, je voudrais parler d'économie. Je veux être
capable de lui parler… Bon, il a vu la
création d'emplois, qui est très faible au Québec, surtout les emplois de
qualité. Il y a une urgence d'agir. Pourtant,
le premier ministre décide de confier à une commission la révision de la
fiscalité des entreprises. D'ailleurs, ce comité n'a toujours pas été annoncé.
Ça va probablement prendre jusqu'à l'automne pour avoir un rapport, probablement neuf mois,
12 mois avant d'avoir des
actions. Nous, de notre côté, à la coalition, on a fait une proposition très
concrète, de dire : On prend les crédits
d'impôt aux entreprises, on les redéploie dans une vingtaine de zones d'innovation,
dans Lanaudière, dans la Montérégie, à Trois-Rivières, à Lévis. Il y a déjà des
demandes qui sont faites.
Moi,
je voudrais savoir, de la part du premier ministre, là,
est-ce qu'il est d'accord ou non avec l'implantation de zones d'innovation
au Québec?
Le Président : M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président, là-dessus, même si on
a, comme on le sait maintenant, plusieurs points d'accord, là-dessus, sur cette
question, on ne sera pas d'accord. Je crois que la désignation géographique de
zones de subvention, c'est une façon tout à
fait dépassée, M. le Président, de développer l'économie et l'innovation.
Silicon Valley, dont il parle à l'occasion,
ce n'est pas arrivé parce qu'un gouvernement a donné des crédits d'impôt, c'est
arrivé parce qu'il y avait une université et des entrepreneurs qui se sont
mis ensemble pour travailler et développer la nouvelle économie. C'est par la dynamique des gens que ça va se faire, pas en désignant des terres agricoles puis
en disant aux gens : Allez
vous installer là, puis après que ça va marcher. Ce n'est pas comme ça qu'on
fait, M. le Président.
Le Président : Première complémentaire, M. le chef
du deuxième groupe d'opposition.
M. François Legault
M. Legault : M. le Président, je vais suggérer au
premier ministre, là, tantôt, après la période de questions… je vais envoyer des documents au premier ministre,
là, parce que, s'il faisait un petit peu de lecture, il verrait qu'il y
a des zones d'innovation à San Francisco, à Boston, à Philadelphie, à Seattle,
à Portland, à Atlanta, à Pittsburgh. Donc, est-ce que toutes ces
municipalités-là se sont trompées?
Pourquoi le premier
ministre est-il contre une zone d'innovation où on met ensemble des chercheurs
puis des entreprises dans un milieu de qualité de vie exceptionnelle?
Pourquoi?
Le Président :
M. le premier ministre.
M.
Philippe Couillard
M. Couillard :
D'abord, M. le Président, ça existe déjà chez nous, ça, puis il faut qu'il y en
ait plus. Mais ça n'existe pas parce qu'il y a un gouvernement, de Québec, qui décide : Bien là, vous allez vous installer là pour innover, ça
va arriver parce que les gens sur place, avec
une université — la plupart
du temps, il faut que l'université soit présente — avec des
entrepreneurs… D'ailleurs, ici même, à Québec, c'est exactement comme ça que ça
s'est passé autour de l'Université
Laval. Laissez le dynamisme des gens jouer, laissez l'initiative et la prise de
risque des entrepreneurs jouer son rôle, et c'est comme ça qu'on va
développer l'économie. Je suis très surpris de voir notre collègue vouloir qu'on
intervienne si fortement dans l'économie.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M.
François Legault
M. Legault : M. le Président,
les zones d'innovation qu'on a actuellement au Québec, ce sont des zones qui
sont minuscules. Il n'y a presque pas d'emplois, quelques milliers au total
pour tout le Québec. Ce qu'on veut, c'est d'implanter
une vingtaine de zones, le faire d'une façon très dynamique, avec les universités,
en particulier les facultés de génie.
Ça s'est fait aussi à Barcelone, à Berlin, à Stockholm. Pourquoi,
nous, on est dans l'immobilisme? Pourquoi
on a besoin encore d'une commission avant de commencer à avancer?
Le Président : M. le premier
ministre.
M.
Philippe Couillard
M.
Couillard : M. le Président, franchement, notre collègue mélange tout — avec
respect, là — il
mélange la révision des programmes de
l'État, qui est absolument essentielle pour replacer l'État québécois dans le
périmètre de ses revenus, et puis il mélange la politique d'innovation,
deux choses complètement différentes.
Et là je suis
encore surpris de le voir, aujourd'hui, nous demander de jouer dans les crédits
d'impôt à l'aveugle. Parce que c'est
ça qu'il nous dit : Rebrassez ça, là, enlevez de l'argent, puis
remettez-le ailleurs, puis prenez des décisions rapidement, alors que, hier même, il nous reprochait d'avoir modifié les
crédits d'impôt. Alors, il va falloir se brancher, du côté de la deuxième opposition. Nous, on pense qu'il
faut, effectivement, diminuer fortement l'aide aux entreprises, qui est actuellement fiscale, et la changer en allégement
fiscal généralisé pour toutes les entreprises partout au Québec, M. le
Président.
Le Président : Principale, M.
le député de Chauveau.
Processus
d'appel d'offres en matière
de production d'énergie éolienne
M.
Gérard Deltell
M.
Deltell : Merci
beaucoup, M. le Président. De triste mémoire, on se souviendra qu'il y a
bientôt un an, le 14 juin dernier, les libéraux et les péquistes se sont
donné la main pour aller chercher encore plus d'argent dans les poches du monde
avec le projet des éoliennes de 800 MW. Et résultat : les tarifs d'électricité
ont aug-men-té.
Pire que ça,
M. le Président, voilà qu'en février dernier la Commission sur les enjeux
énergétiques du Québec, une commission
mise sur pied par le gouvernement du Parti québécois, concluait que cette
stratégie-là était ruineuse et que ça allait coûter une subvention
annuelle d'environ 140 millions de dollars par année pendant 20 ans.
140 millions de dollars par année pendant 20 ans, on a les moyens de
se payer ça? Nous, à la coalition, on pense que non.
Mais, M. le
Président, il n'est pas trop tard pour bien faire. L'appel d'offres se conclut
le 3 septembre prochain, on a encore le temps de mettre un terme à
cette orgie de dépenses inutiles, d'arrêter l'appel d'offres et enfin d'éviter
ça. M. le Président, est-ce que le gouvernement va avoir le courage, le courage
d'arrêter d'aller chercher 140 millions de dollars dans la poche des
contribuables par année pendant 20 ans?
Le Président : M. le ministre
de l'Énergie.
M.
Pierre Arcand
M.
Arcand :
M. le Président, le gouvernement n'aura pas le courage d'empêcher la création
de 5 000 emplois dans les régions du Québec avec l'éolienne,
M. le Président. O.K.? M. le Président, nous avons décidé tous ensemble, à l'Assemblée nationale, depuis 2003, de favoriser le pouvoir
de l'éolienne au Québec. C'est quelque chose qui est important, qui a un coût, mais qui génère, M. le Président,
pour les régions du Québec des bénéfices
extrêmement importants. Non
seulement, M. le Président, pour les régions du Québec, mais pour plusieurs communautés autochtones et pour plusieurs régions du
Québec qui en ont bien besoin, des régions du Québec dont le taux de chômage est autour de 20 %, M. le Président.
Donc, nous travaillons, M. le Président, dans l'intérêt public, pour le bien-être des Québécois, M. le Président.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Chauveau.
M. Gérard Deltell
M.
Deltell : Alors, c'est clair, M. le Président, le
gouvernement n'a pas ce courage-là de mettre un terme à une dépense de
140 millions de dollars par année pendant 20 ans.
M. le Président, il y
a deux ans, l'économiste Michel Lafontaine écrivait un rapport dévastateur qui
disait que l'éolien, c'était coûteux, inefficace, absurde et ridicule. Et ce qu'il
y a d'intéressant, M. le Président, c'est que ce rapport-là avait été entériné
par l'actuel président du Conseil du trésor.
M.
le Président, est-ce que l'actuel président du Conseil du trésor est d'accord
avec une dépense de 140 millions de dollars par année pendant
20 ans? Qui va répondre : l'économiste chevronné ou encore le
ministre libéral?
Le Président :
M. le ministre de l'Énergie.
M. Pierre Arcand
M.
Arcand :
Ce que le député, M. le Président, semble ignorer, c'est qu'il y a un coût au
chômage, il y a un coût aux problèmes économiques des régions, un coût
qui est particulièrement important. Alors, nous sommes conscients, évidemment, que nous avons des surplus électriques
au Québec, nous le savons, et nous allons travailler, justement, à utiliser
ces surplus, M. le Président, non pas comme un problème, mais comme une
opportunité, M. le Président.
Et je rappelle qu'on
parle de surplus électriques de 10 TWh, et ces surplus-là annuels de
surplus électriques, ça équivaut à un grand
projet d'aluminerie et à un projet minier important. Alors, on parle de
surplus, et je pense qu'il faut travailler, justement, pour que cela
devienne un élément de progrès…
• (11 h 10) •
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Chauveau.
M. Gérard Deltell
M.
Deltell :
Quel dommage! Quelle tristesse, M. le Président, de constater que cet
économiste chevronné soit devenu un ministre libéral qui accepte tristement de
dépenser 140 millions de dollars par année pendant 20 ans! 140 millions
de dollars par année pendant 20 ans, imaginez ce qu'on pourrait faire avec
ça plutôt que de le perdre dans les éoliennes. M. le Président, il n'est pas
trop tard pour bien faire.
Est-ce que le gouvernement
va avoir le courage de mettre un terme à cet appel d'offres? C'est ce qu'on
vous propose. Imitez-nous encore une fois. Vous nous avez imités sur bien des
choses, imitez-nous. On vous donne le go pour le faire.
Le Président :
M. le ministre de l'Énergie.
M. Pierre Arcand
M.
Arcand :
Je dois vous dire, M. le Président, que ce que le député dit aujourd'hui, c'est
qu'il prend pour acquis, à toutes fins pratiques, qu'il n'y aura pas de
progrès économique au Québec, qu'il n'y aura pas de surplus. Avec les propos du député, c'est la déprime totale au
Québec, il n'y aura plus de nouveaux projets, il ne se passera plus rien.
Bien, moi, je travaille avec le ministre du Développement économique, je peux
vous dire qu'il va y en avoir, du progrès au Québec, il va y avoir de la
prospérité et que nos surplus vont servir, M. le Président.
Le Président :
Principale, M. le chef de l'opposition.
Enquête concernant les évasions
de détenus par hélicoptère
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard :
M. le Président, dans le dossier des évadés d'Orsainville, les déclarations du
premier ministre et de la
vice-première ministre sont graves. Le premier ministre avait dit : Ne
cherchons pas à blâmer, ne jouons pas à
la partisanerie. La ministre a fait exactement le contraire, elle a cherché à
blâmer tout le monde. Tout le monde, sauf elle. Le premier
ministre avait dit : Attendons que les faits soient connus avant de tirer
des conclusions. La ministre, ce matin, a elle-même tiré ses conclusions : on lui a menti. Donc, à partir du
moment où on ment à la vice-première ministre du Québec, bien, j'imagine
que le premier ministre se sent un petit peu concerné. Soit il pose la question
lui-même ou soit il prend des actions concrètes pour faire en sorte que ce
mensonge soit connu. Alors, comme elle, elle connaît la vérité, comme la
vice-première ministre connaît la vérité, est-ce que le premier ministre
pourrait s'interroger sur cette vérité?
Alors,
ce qu'on aimerait savoir de lui ce matin : Est-ce qu'il croit, lui aussi,
comme la vice-première ministre, que des gens lui auraient menti?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président, si cela devait s'avérer, ce serait effectivement une
situation très grave, qui
nécessiterait des mesures très sévères. Je veux le dire de façon claire.
Cependant, nous ne disposons pas
actuellement…
Des voix :
…
M. Couillard : M. le Président, franchement, là, un peu de silence, l'autre côté. On
vous écoute quand vous parlez, vous pouvez nous écouter quand on parle.
Alors,
M. le Président, on doit absolument connaître les faits. Et ce que je fais, ce
que nous faisons dans ce dossier, alors
qu'il serait très aisé pour nous de parler de la période qui s'est écoulée
entre l'évasion de Saint-Jérôme et celle-ci, on n'entre même pas sur ce terrain, M. le Président, parce qu'on ne veut
pas faire de la petite politique avec cette situation qui est majeure…
Le Président :
Première complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard :
La vice-première ministre fait exactement le contraire de ce que dit le premier
ministre. C'est, j'imagine… Il n'a qu'à l'écouter
sur les ondes, pas ici, en Chambre. Ici, elle ne dit rien, mais, sur les ondes,
là, elle parle, M. le Président. Mais
c'est très grave parce que, là, on est rendu à remettre en cause l'intégrité de
hauts fonctionnaires au Québec et de policiers de carrière.
Imaginez-vous, on est rendu là, dans un dossier où la ministre communique très
mal des informations qu'elle doit détenir et qu'elle devrait détenir. C'est ça,
le problème.
Est-ce que le premier
ministre va demander au ministère de la Sécurité publique…
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : Alors, M. le Président, oui, puis ça s'appelle une
enquête.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le chef de l'opposition officielle.
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard :
M. le Président, le premier ministre, tout comme nous, doute de la version de
la vice-première ministre, et j'en suis
aussi, effectivement. Je ne crois pas que les gens du ministère de la Sécurité
publique mentent à un ministre de quelque groupe politique qu'il soit.
Et je tiens à lui dire que, de toute façon, les risques pour le procès, quant aux questions et aux réponses qu'il pourrait
donner, ils sont nuls. Les conditions de détention ne font pas partie de
la culpabilité, et d'autant plus quand, effectivement, ils se sont évadés.
Alors, à ce
moment-ci, le premier ministre, on a une autre question à demander : Pourquoi
les normes de sécurité ont été abaissées?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président,
franchement, je suis déçu. Je pense que je vais devenir avocat, finalement, parce que c'est clair, M. le Président,
que, lorsqu'il y a des requêtes comme ça qui
sont plaidées… M. le Président, lorsqu'il y
a des requêtes comme ça qui sont plaidées, il y a forcément des
références au fond de l'affaire. Il y
a forcément des références à la qualité
de la preuve qui est devant les tribunaux pour argumenter en faveur ou en
défaveur des modifications des conditions de détention,
et c'est là le terrain très dangereux, très risqué pour la justice dans lequel
notre collègue veut nous entraîner. Nous n'irons pas là, M. le Président, on va
établir les faits avec une enquête.
Le Président : Principale, Mme la députée de Richelieu.
Nomination de Mme Lucienne Robillard
à la présidence de la Commission de
révision permanente des programmes
Mme Élaine Zakaïb
Mme
Zakaïb : M. le Président, M. le premier
ministre a décidé de sous-traiter la gestion gouvernementale à des comités. C'est donc un comité qui va voir à
alourdir le fardeau fiscal des Québécois. C'est un autre comité qui devra cibler
des coupes dans les programmes. Ce qui est aussi surprenant, c'est le choix de
la personne désignée pour présider le comité
de révision de programmes. On apprend que c'est Lucienne Robillard qui va venir
gérer le Québec à la place du gouvernement,
un membre du Conseil des ministres libéral pendant les pires années de gestion
de l'histoire du Québec. Un gouvernement libéral qui,
au début des années 90, avait d'abord laissé les dépenses de programmes augmenter de 8 % puis de
10 %, pour ensuite quitter le pouvoir
avec un déficit de 6 milliards.
Comment le président
du Conseil du trésor peut justifier la nomination de
Mme Lucienne Robillard?
Le Président : M. le président du Conseil du trésor.
M. Martin Coiteux
M. Coiteux : Eh
bien, on a respecté un de nos engagements, un de nos principaux engagements qu'on a pris en élections, effectivement, qui
était de lancer un processus qu'on aurait dû faire bien avant. Et ça ne
concerne pas seulement notre côté de la Chambre, mais ça concerne, bien
entendu, l'autre côté de la Chambre, puisque
vous avez aussi, de l'autre côté de la Chambre, gouverné pendant de nombreuses années, des nombreuses années pendant lesquelles on a créé des programmes
qui répondaient probablement aux besoins du moment, mais qu'on n'a jamais eu la décence, le devoir et,
finalement, la responsabilité de revoir, étant donné les ressources qu'on
consacre à ça, des ressources qu'on ne
peut pas consacrer, conséquemment, de façon
adéquate aux besoins d'aujourd'hui et ceux
qui sont à venir.
Alors,
cette commission n'est pas créée pour prendre les décisions à la place du gouvernement, cette commission, elle est créée pour donner des avis qui sont basés sur une évaluation
rigoureuse des programmes, et c'est le gouvernement qui va prendre les décisions
courageuses qu'on a attendu trop longtemps de prendre. Voilà le rôle de cette commission.
Le Président : Première complémentaire, Mme la
députée de Richelieu.
Mme Élaine Zakaïb
Mme
Zakaïb : M. le Président,
après avoir laissé le Québec avec le pire déficit de
son histoire, Mme Robillard
s'est rendue à Ottawa, où elle a été membre du Conseil des ministres
responsable du scandale des commandites. Un autre exemple de gestion
scandaleuse.
M.
le Président, comment croire que Mme Robillard
était la meilleure personne disponible pour faire le travail du
président du Conseil du trésor?
Le Président : M. le président du Conseil du trésor.
M. Martin Coiteux
M.
Coiteux : M. le Président, s'il y a
un scandale absolu pour moi, c'est qu'on n'ait pas été capable, au fil
des ans, de faire cet exercice rigoureux et
responsable de dégager les ressources pour éliminer le déficit, mais surtout
répondre aux besoins de demain. L'équité entre les générations, on en parle, on
en parle. Nous, plutôt que d'en parler, on va le régler, le problème. On va le régler, le problème. S'il y a eu scandale
récemment, s'il y a eu scandale récemment, de l'autre côté de la Chambre,
impasse de 4 milliards de dollars. Et,
pendant ce temps-là, plutôt que faire la révision des programmes, les
membres de l'ancien gouvernement se transportent et s'héliportent à travers le
Québec pour faire des promesses et qu'ils étaient…
Le Président : En terminant.
M. Coiteux : ...incapables de financer.
Le Président : Deuxième complémentaire, Mme la
députée de Richelieu.
Mme Élaine Zakaïb
Mme
Zakaïb :
M. le Président, après le plus grand déficit de l'histoire, après le…
Des voix :
…
Le Président :
S'il vous plaît, j'aimerais entendre la question.
Oui, madame.
Mme
Zakaïb : Donc, M. le Président, après le plus
grand déficit de l'histoire, après le scandale des commandites, le fédéral a pelleté son déficit dans la cour des
provinces, et Mme Robillard déclarait que
le déséquilibre fiscal, c'est un mythe. Elle a également déclaré que les
dépenses illégales d'un demi-million de dollars d'Option Canada étaient des
dépenses anecdotiques.
Est-ce que c'est ça qui a convaincu le président
du Conseil du trésor de la nommer?
• (11 h 20) •
Le Président : M. le
président du Conseil du trésor.
M.
Martin Coiteux
M.
Coiteux : On est ici et on a annoncé en campagne électorale… Et, en
très peu de semaines, non seulement on a fait un budget qui est rigoureux et responsable, mais on est en train de
mettre en place un exercice sans précédent dans l'histoire du Québec
pour s'assurer…
Le Président : Mme la leader
de l'opposition.
Mme
Maltais :
Article 79. Nous avons été très patients. C'est la troisième fois qu'on
lui questionne les raisons du choix de Mme Robillard, nous
aimerions une réponse.
Le Président : M. le leader
du gouvernement.
M. Fournier : Je n'ai pas
entendu des questions, j'ai entendu des procès par association, des
culpabilités par association. C'est ça qu'elle a fait. La question porte sur
une commission. Il y a une présidence, mais aussi il y a une commission, et les
réponses portent sur la commission.
M. le
Président, permettez-moi de terminer. Lorsque vous avez à répondre à ce genre
de question, il s'agit de savoir si la réponse porte sur le sujet. Elle
porte sur le sujet. On parle d'une présidence d'une commission, il parle de la
commission, celle nécessaire, qu'ils n'ont pas eu le courage de faire.
Le Président : M. le
ministre, veuillez poursuivre, s'il vous plaît.
M.
Coiteux : Alors, je vais poursuivre. Merci, M. le Président. Alors,
effectivement, nous allons avoir le courage de faire cet exercice. Et,
plutôt qu'être tournés sur le passé, de faire des procès d'intentions, j'invite,
j'invite tous les membres de cette Chambre, tous les membres… Ils seront
consultés, d'ailleurs. S'ils veulent bien être consultés, s'ils veulent bien
participer, s'ils ont des idées…
Le Président : En terminant.
M. Coiteux : …ils seront également
consultés.
Le Président : Principale, M.
le député de La Peltrie.
Versement
de ristournes à des établissements de
santé par des compagnies pharmaceutiques
M.
Éric Caire
M.
Caire : M. le
Président, dans son rapport, le Vérificateur général nous rapporte des faits
troublants. Sur cinq établissements qui ont été vérifiés, trois ont accepté des
ristournes directement de compagnies pharmaceutiques, et ce, en contradiction totale avec la loi. Trois sur cinq, M. le
Président, c'est 60 %. Je comprends que l'échantillon est petit,
mais c'est 60 %. Considérant, M. le Président, qu'il y a
184 établissements publics au Québec, la question qui nous vient à l'esprit,
c'est : Combien de ces établissements se livrent à la même pratique
illégale?
Alors, ma question au ministre de la Santé, elle
est très simple : Est-ce que, comme moi, il est préoccupé par cette situation — je suis sûr que oui — et est-ce qu'il s'engage à vérifier auprès
des 184 établissements publics quels sont les établissements qui se
livrent à une pratique semblable et prendre action pour que ça cesse?
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : M. le Président, alors, effectivement, c'est une question
qui a une importance tout à fait significative chez nous. Alors, je
remercie le député de La Peltrie de le soulever.
Maintenant, je rappellerai au député de
La Peltrie que le Vérificateur général dit très bien dans son rapport que
l'échantillon qui a été utilisé était trop petit pour être extrapolé à la
grandeur du Québec, ce qui n'enlève pas, évidemment, l'intérêt de sa question
et l'intérêt de s'y adresser.
Le Vérificateur général écrit aussi dans son rapport
qu'il y a des politiques qui s'adressent à cet élément-là et qui,
manifestement, ne sont pas toujours respectées. Et, oui, pour répondre à sa
question précisément, nous ferons la vérification et nous nous assurerons qu'effectivement
la loi soit respectée.
Le Président : Première
complémentaire, M. le député de Chauveau.
M.
Éric Caire
M.
Caire : M. le
Président, je comprends de la part du ministre, là… Puis, on est d'accord, c'est
un petit échantillon, mais il y a une sonnette d'alarme qui vient d'être tirée
par le Vérificateur général. Donc, je comprends qu'il s'engage à faire les
vérifications auprès de tous les établissements.
Maintenant,
M. le Président, il y a eu non-conformité à la loi. Est-ce que le ministre peut
nous dire si ceux qui se sont livrés à cette pratique seront sanctionnés
comme il se doit?
Le Président : M. le ministre
de la Santé.
M.
Gaétan Barrette
M.
Barrette : M. le Président, quand on lit le rapport du Vérificateur
général, le Vérificateur général dit clairement que, bien que ça contrevienne à la loi, les ristournes qui ont été
payées par des compagnies pharmaceutiques n'ont pas nécessairement
généré des avantages indus auprès de ces compagnies-là, d'une part. Et, d'autre
part, bien que ça contrevienne à la
loi — et c'est
important parce que je réitère le fait que ça soit un point qui soit important,
celui qui est soulevé par le députée de La Peltrie — les
sommes qui ont été données en ristourne ont été utilisées pour des fins qui sont quand même… qui ne sont pas des fins qui sont
discutables, en ce sens qu'elles ont servi à de la formation, et ainsi
de suite. Alors, avant d'aller de l'avant avec…
Le Président : En terminant.
M. Barrette : …des sanctions, et
ainsi de suite, je pense qu'il doit… il faut faire...
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le député de Chauveau.
M.
Éric Caire
M.
Caire : M. le
Président, je pense que le ministre va être d'accord avec moi, quand on ne se
conforme pas à la loi, il doit y avoir des
sanctions, c'est automatique. Que les sanctions soient à la hauteur de la
gravité de la faute, c'est justice.
Mais, M. le Président, quand je vois le ministre commencer à défendre
une pratique illégale, là je m'interroge sur son véritable intérêt à
faire respecter la loi.
Donc, y aura-t-il des sanctions pour ceux qui ne
respectent pas la loi, oui ou non?
Le Président : M. le ministre
de la Santé.
M.
Gaétan Barrette
M. Barrette : M. le Président,
puisque, ce matin, nous faisons, tous les deux, la pratique illégale du droit,
on va continuer. Alors, dans le droit, il y
a un concept très simple qui s'appelle les circonstances atténuantes. Je suis
d'accord avec le député de La Peltrie
que la loi doit être respectée, mais, comme le Vérificateur général le dit
lui-même dans le rapport, les sommes qui ont été retournées aux
établissements ont été utilisées quand même dans un certain bon sens. Mais, je suis d'accord avec lui, il y aura un exercice
pour faire en sorte que, un, les règles, qui sont présentes dans tous
les établissements, soient appliquées parce
qu'encore une fois, le vérificateur le dit, il y a des règles dans tous les
établissements, et que, s'il y a des
sanctions à être apportées, elles le soient avec la mesure appropriée, M. le
Président...
Le Président : En terminant.
M. Barrette : ...dans les
circonstances.
Le Président : Principale, M.
le député de Rimouski.
Plan d'action gouvernemental en
matière de
lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale
M. Harold LeBel
M. LeBel :
M. le Président, la loi pour lutter contre la pauvreté et l'exclusion a été
adoptée en 2002 à l'unanimité ici, avec une belle collégialité des
parlementaires. Je cite l'article 4 de cette loi : «La stratégie
nationale vise à amener progressivement le
Québec d'ici 2013 au nombre des nations industrialisées comptant le moins de
personnes pauvres…» Donc, l'article 4
est caduc. Le Québec, aujourd'hui, n'a plus d'objectifs en matière de lutte à
la pauvreté. Ce matin, à la Commission de l'économie et du travail, j'ai,
de bonne foi, présenté une motion qui visait à lancer une démarche
parlementaire pour faire le bilan et redéfinir les nouveaux objectifs à long
terme avec les intervenants du milieu. Les députés libéraux ont refusé.
Est-ce
qu'on doit comprendre de ce refus que le ministre de l'Emploi et de la
Solidarité sociale a sous-traité sa responsabilité
de définir les objectifs en matière de lutte à la pauvreté à Lucienne Robillard
et à sa commission libérale?
Le Président :
M. le ministre de l'Emploi.
M. François Blais
M.
Blais : Alors, je remercie le député pour sa question. Bien sûr, non,
il n'est pas question de sous-traiter nos responsabilités comme ministres.
Je voudrais lui rappeler que le Plan d'action gouvernemental en matière de
lutte contre la pauvreté et l'exclusion
sociale devrait être attendu prochainement, donc à l'intérieur de notre mandat.
C'est un plan assez important. Il a raison de souligner que l'ensemble,
ici, des députés avaient voté en faveur de ce projet de loi.
Alors,
il nous demandait ce matin, si je comprends bien, déjà un certain nombre d'alignements.
Cependant, il nous manque encore des
informations. Il faut bien comprendre que ce plan-là comprend tout d'abord des
faits, une description statistique de
l'évolution des choses, des difficultés que nous avons rencontrées, et ensuite
nous devons aller en consultation publique très élargie pour s'assurer
de relancer un nouveau plan dans les prochaines années. Donc, on voulait éviter
simplement un dédoublement, mais nous maintenons entièrement nos
responsabilités vis-à-vis ce plan.
Le Président :
Principale, Mme la députée de Joliette.
Crédits d'impôt destinés à la production culturelle
Mme Véronique Hivon
Mme
Hivon :
Merci, M. le Président. Alors qu'elle venait tout juste d'être nommée, la
ministre de la Culture déclarait dans une
entrevue : Je vais me battre pour les sous et pour tous les créateurs, ce
n'est pas vrai que la culture va prendre
le bord. Eh bien, à peine quelques semaines après cette déclaration, le budget
nous annonce des coupes paramétriques
de 20 % dans tous les crédits d'impôt, y compris, donc, dans tous ceux du
milieu de la culture, principal levier,
pourtant, structurant de la production culturelle : crédit d'impôt pour
production cinéma et télé, crédit d'impôt pour production de spectacles,
crédit d'impôt pour édition de livres, crédit d'impôt pour doublage de films,
et j'en passe. 85 millions de moins, et ce, sans aucune étude d'impact,
tel que l'a admis le ministre des Finances hier.
Comment la ministre
de la Culture peut-elle cautionner la décision de son collègue? Réalise-t-elle
la menace qui plane en ce moment sur toute la production de films, de séries,
de spectacles, sur la vitalité culturelle? Qu'a-t-elle à répondre au...
Le Président :
Mme la ministre de la Culture.
Mme Hélène David
Mme David
(Outremont) : Alors, je vais presque dire que je remercie ma collègue
la députée de Joliette de poser ces
questions-là parce qu'enfin ça va me donner l'occasion — je m'excuse de mon absence d'hier, d'ailleurs — de vous
rappeler les extraordinaires bonnes nouvelles que nous avons pour la culture.
Alors, les crédits d'impôt,
ça a été, je pense, répondu énormément, et nous invitons nos partenaires à
venir donner leurs idées. Nous les invitons même à venir nous rencontrer dès le
mois de juillet si c'est nécessaire. Nous aurons une écoute.
Par ailleurs, ne serait-il pas important, extrêmement important de souligner les choses formidables? En 2010, la SODEC avait insisté, ainsi que le
CALQ, pour avoir une stratégie culturelle numérique. Le PQ a annoncé sans
crédits, et nous, nous avons la grande
nouvelle de dire : Nous donnons 100 millions de dollars pour
la Stratégie culturelle
numérique, plus 10 millions en fonctionnement, qui va mettre le Québec vraiment
sur la carte numérique mondiale. Et nous sommes fiers de l'avoir fait nous-mêmes.
• (11 h 30) •
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée de Joliette.
Mme Véronique Hivon
Mme
Hivon : En
principale, M. le Président. La ministre
de la Culture… Si je comprends bien, M. le Président, la ministre de la Culture, elle est satisfaite. Celle qui devait se battre
pour tous les sous, tous les artisans, qui devait être une battante de la culture, elle est satisfaite de
coupes de 85 millions, quand on sait qu'en culture chaque dollar compte,
et tout ça sans aucune étude d'impact.
Le budget, il est
qualifié, par les gens qu'elle doit défendre, de budget «catastrophe». Sa stratégie
numérique, elle n'a rien à voir avec ce dont
on parle. Qu'est-ce qui va arriver
aux séries télé? Est-ce qu'elles vont être reconduites? J'aimerais des
réponses.
Le Président :
…de la Culture.
Mme
Hélène David
Mme David
(Outremont) : Encore une fois, je remercie la question complémentaire,
parce que non seulement chaque dollar
compte, mais nous avons investi, d'abord, 1 % de plus dans le ministère de
la Culture. Alors que tout le monde sait qu'on a un budget responsable,
un budget sérieux, 1 % de plus, c'est formidable, et les partenaires le
reconnaissent.
Deuxièmement,
je suis très contente d'annoncer… Si nos partenaires, nos collègues du parti de
l'opposition ne l'ont pas lu attentivement, le budget, je vais leur
redire qu'il y a un beau 2,3 millions de dollars annoncés, accordés à la SODEC. Attention! Ça a été refusé de tout temps
par nos adversaires. Ça a été pour faire des tournées à l'international
et des tournées régionales pour permettre à
nos artistes, les créateurs dont je parle, de pouvoir tourner et présenter
leurs spectacles.
Le Président :
Cela met fin à la période de questions et de réponses orales.
J'ai été avisé que
Mme la leader de l'opposition voulait me suggérer quelque chose.
Mme
Maltais : Oui, M. le Président. Vous nous avez invités tout
à l'heure à faire la plaidoirie sur la question de privilège que nous
avons soulevée. Nous souhaitons vous la faire parvenir par écrit plutôt que de
plaider ici, dans l'Assemblée.
Le Président : Est-ce qu'il y a consentement? Est-ce que tout le monde
est d'accord? M. le leader du gouvernement.
M.
Fournier : M. le Président, qu'on fasse comme d'habitude, c'est-à-dire :
on pourrait faire les motions et après ça on pourrait, chacun, se faire entendre rapidement sur le sujet. On
pourrait même, en même temps, recevoir une copie de la lettre qui vous a
été envoyée pour qu'on puisse présenter des arguments valables.
Mme
Maltais : …le
temps de regarder attentivement la loi. Nous voulons prendre le temps de lire l'article.
Ce qui aurait dû être fait sera fait, et nous arriverons… nous donnerons notre
plaidoirie par écrit.
Le Président :
Oui, mais il me faut un consentement. Je n'ai aucun problème, mais j'aurais
besoin d'un consentement sur… Oui?
M.
Fournier : …notre collègue
plus tôt ce matin. Pour le respect de l'ensemble des parlementaires, ne peut-on pas convenir qu'il serait préférable que l'ensemble des parlementaires puissent entendre les arguments de fond qu'elle avait tantôt? Depuis ce temps-là, elle a lu le projet de loi, peut-être qu'elle en a moins. Mais néanmoins elle persiste
à dire qu'elle en aura. Peut-être qu'elle pourrait les présenter dès le
moment où vous le permettrez, comme on le fait d'habitude, M. le Président. Ce
n'est pas très long. On rappelle quelques décisions, et, à mon avis, ça règle
pas mal le problème. Peut-être qu'elle souhaite qu'on en parle moins. Je ne
sais pas.
Le Président :
Bien, si vous avez l'intention que j'écoute une plaidoirie, je vais écouter une
plaidoirie. Si vous avez l'intention de m'écrire,
vous m'écrivez. Mais effectivement il faut s'entendre sur le moyen, s'il y a
un moyen que vous voulez soulever.
Une voix :
…
Le Président :
Pardon?
Mme
Maltais :
…à tout le monde, M. le Président, sans aucun problème.
Le Président :
M. le leader du gouvernement.
M. Fournier :
M. le Président, nous sommes dans une Assemblée délibérante. Nous prenons la
parole assez régulièrement. C'est un peu ce à quoi sert cette Assemblée.
Les précédents sont à l'effet que, lorsqu'on veut invoquer… surtout,
on veut invoquer que les privilèges des parlementaires auraient été violés, M.
le Président, on vient présenter ses arguments ici, à l'Assemblée.
Maintenant,
il y a des motions. Procédons aux motions. Faisons les avis qui ont à être
donnés. Et par la suite on pourra
présenter les arguments. Enfin, notre collègue pourra les présenter, M. le Président. Il sera sans doute très utile à l'ensemble de nos collègues de
connaître tous les précédents, toute la jurisprudence, et surtout de découvrir
combien il est utile, lorsqu'on
dépose un projet de loi, d'avoir consulté les gens qui sont visés par les
projets de loi. Ce n'est pas
leur donner un projet, c'est au moins leur
demander leur avis. Mais personne ne va en vouloir à notre collègue de
consulter la société québécoise avant de déposer un projet de loi, M. le
Président. Le contraire serait ridicule.
Le
Président : Bon, bon, bon! Je vous disais tout à l'heure que ça
prendrait un consentement pour déterminer le modèle d'entente sur le fond de la question. Mais peut-être... Puis je
comprends ce que Mme la leader de l'opposition me signale; elle est ici
puis elle est ici encore pour un bon bout de temps. Mais je peux peut-être vous
entendre plus tard, si ça faisait votre
affaire, si vous voulez — moi, j'essaie de trouver une situation qui pourrait permettre à
tout le monde de pouvoir fonctionner. À 15 heures, si vous voulez.
Ça va? M. le leader du gouvernement.
M.
Fournier : ...je vous proposerais par contre d'aussi protéger
les plages de législation. Alors, moi, ce que je vous propose, c'est qu'on
fasse les motions, qu'on fasse les motions, et puis, après ça, il y aurait la
possibilité de plaider. Je pense que c'est une bonne chose.
Le Président :
Mme la leader de l'opposition.
Mme
Maltais :
M. le Président, voici la situation absurde devant laquelle nous nous
retrouvons. Nous avons exactement suivi le règlement, nous vous avons fait
parvenir une question de privilège dans les temps requis. Vous avez eu le temps requis pour examiner le projet de
loi et nous aider, nous éclairer sur la question de privilège.
Normalement, je n'ai pas à plaider, j'ai transmis un plaidoyer au président. Le
président, demain, nous donnera une décision. C'est la décision du président qu'on
veut. Mais notre plaidoyer, il est déjà transmis par écrit.
Maintenant,
sur la chose : maintenant, le projet de loi a été déposé, vous nous
demandez un deuxième plaidoyer à partir
du projet de loi. Je veux du temps pour examiner le projet de loi et je veux du
temps pour rebâtir cette autre plaidoirie à partir des faits réels.
C'est ça, le
problème, M. le Président : on est dans une décision du président qui a
décidé de la remettre au lendemain, alors
que l'usage était d'avoir une décision le jour même, avant le dépôt d'un projet
de loi. C'est ça, l'usage. Bien, maintenant, M. le Président, je vous
demande au moins le respect du temps pour examiner véritablement le projet de
loi. Là, ça ne marche plus, là.
Le Président :
M. le leader du deuxième groupe d'opposition.
M.
Caire : M. le Président, compte tenu qu'il ne semble pas y
avoir de consensus entre le leader du gouvernement et la leader de l'opposition officielle, peut-être
pourriez-vous trancher… Parce qu'actuellement c'est du temps pour les parlementaires, pour les travaux de l'Assemblée
nationale, là, dans une partie de ping-pong qui a plus ou moins d'intérêt.
M. le Président, pourriez-vous trancher, s'il vous plaît?
Le
Président : Alors, j'ai
effectivement reçu, ce matin, une demande de Mme la leader de l'opposition concernant une violation de droit et de privilège à l'effet
que… entre autres sur la question de... je ne veux pas tomber dans les
contenus, mais sur la question que le
contenu du projet de loi ou une partie du contenu du projet de loi qui a été
déposé ce matin était dans les journaux ce matin, ou hier, je ne sais
pas quand... Hier? Hier, bon.
Je
répète ce que j'ai dit tout à l'heure : Il n'y a pas de lien à faire avec
le dépôt qu'on a eu ce matin et la décision que j'aurai à prendre
demain. Notre jurisprudence là-dessus est claire, toujours. Ceci étant dit,
bien, moi, si vous voulez plaider là-dessus,
je suis prêt à entendre, sinon je garde mon droit. Évidemment, je garde la
possibilité de pouvoir donner une opinion demain. Je rendrai un jugement
demain sur la question que vous m'avez soulevée...
Une voix :
...
Le Président :
Vous me donnerez vos commentaires. M. le leader du gouvernement.
M. Fournier : C'est la dernière intervention que je fais, M. le
Président. Je m'en remets à vous. Il est d'usage, lorsqu'il y a des décisions qui sont prises, que vous
entendiez les parties. Alors, je comprends que vous avez peut-être un plaidoyer écrit, mais je n'en suis pas certain,
une lettre, en tout cas. Mais là il y a peut-être un plaidoyer dans la lettre,
je l'ignore, mais moi, je ne l'ai pas reçue. Et ce que je sais, c'est que,
normalement, pour invoquer des principes reconnus, nous avons l'occasion de nous faire entendre et surtout
de faire entendre à ceux qui nous écoutent combien il est important de
respecter la jurisprudence. Et, à cet égard, on est tout à fait convaincus que
ce qu'on a fait est ce qui doit être fait. Alors, j'aimerais avoir l'occasion… si jamais il y a des arguments,
les entendre, puis pour ensuite pouvoir corriger le tir, M. le Président.
Le
Président : J'essaie
de faire de mon mieux, là. Le député de Chauveau a raison, on ne
passera pas l'avant-midi là-dessus. Si vous voulez être entendue, je peux le faire cet après-midi, à 15 heures. 15 heures, ça va vous donner
le temps de vous préparer, de voir la situation.
Des voix :
…
Le Président :
15 heures? 15 heures. Bon, ça va. Qu'on le fasse tout de suite ou qu'on
le fasse à 15 heures, c'est le même temps de la Chambre.
Une voix : …
Le Président : Oui?
M. Fournier : …rubrique. À la
rubrique.
Le Président : Alors, comme
il n'y a pas de votes reportés, nous allons passer à la rubrique Motions sans
préavis.
Une voix : …
Le Président : Pardon?
Des voix : …
Le Président : Alors, je
comprends que vous n'êtes pas d'accord pour que nous plaidions à
15 heures?
M.
Fournier : …c'est qu'on le fasse au moment où la rubrique
appelle qu'elle soit soulevée, M. le Président, et, lorsqu'on aura fait
les motions, on pourra revenir, à ce moment-là, là-dessus.
Le Président : Bon. Si on
veut commencer au moment où, en principe, on devrait le faire dans notre texte,
Mme la leader me dit qu'elle n'est pas prête pour le faire à ce moment-là.
Alors, elle me demande si on ne peut pas poursuivre
le temps à 15 heures. Moi, je n'ai pas de problème avec ça. Je vous
demande : Est-ce que 15 heures pourrait faire votre affaire?
M. Fournier : M. le
Président, j'aime autant vous dire que je trouve ça… Mais je vais le faire de
façon très cordiale. Je vais démontrer
encore une fois ce que mon premier ministre me demande de faire assez régulièrement,
d'être plus généreux qu'il ne le faut, même, M. le Président. Je vais vous dire
ceci : Je trouve ça bizarre que, tantôt, elle ait plaidé, qu'elle disait qu'elle était prête. Elle a même plaidé par
écrit, paraît-il — moi, je
n'ai pas vu la lettre — et là elle a besoin de
temps pour plaider. Bon, peu importe que ce soit un peu contradictoire. Je vais
m'en remettre à la suggestion que vous
avez faite. Puis-je vous demander, M. le Président, de limiter cette période,
disons, de 15 heures à 15 h 10, que ça commence vraiment à 15 heures et que, par la
suite, on peut procéder au reste? Puis-je vous soumettre cette
proposition qui démontre que ce Parlement peut travailler de façon très
harmonieuse?
• (11 h 40) •
Le Président : Mme la leader
de l'opposition.
Mme
Maltais :
M. le Président, nous voulons simplement prendre le temps d'examiner le projet
de loi. Mais nous sommes tout à fait
disponibles à 15 heures. Et nous n'avons surtout pas, jamais, eu, dans ce
cas-là, l'intention de retarder le Parlement. Nous avons des projets de
loi, c'est bien connu. Personne ne fait jamais ça ici, mais nous vous demandons simplement… On a la collaboration de
tous les partis depuis le début et on va continuer sur ce ton-là. Nous
avons une chose à faire, nous allons préparer nos travaux, nous allons le faire
sobrement, simplement, à 15 heures, dans le même esprit de collaboration
que nous avons toujours eu jusqu'ici.
Le
Président : Est-ce que je peux transmettre l'avis au leader, de
la décision qui est prise? Je comprends que le leader du gouvernement demande aussi que le temps prévu pour cette
plaidoirie soit quand même limité. J'ai compris qu'on parlait de
quelques minutes. Est-ce que ça vous irait, une quinzaine, une vingtaine de
minutes, maximum?
Des voix : …
Le Président : Une dizaine de
minutes? Une dizaine de minutes chacun ou une dizaine de minutes pour tout le
monde?
Des voix : …
Le Président :
15 minutes. Mme la leader.
Mme
Maltais : …
Le Président : Bon. C'est
beau. C'est correct.
Motions
sans préavis
Alors, à la rubrique Motions sans préavis, en
fonction de nos règles de présentation, je pense que je reconnais maintenant le
premier ministre.
Souligner le départ à la retraite de MM. Rhéal Séguin et
Kevin Dougherty, journalistes à la Tribune de la presse
M.
Couillard : Merci, M. le
Président. Je voudrais solliciter le consentement de cette Assemblée afin de
présenter la motion suivante conjointement avec le chef de l'opposition
officielle, le chef du deuxième groupe d'opposition ainsi que le député de Mercier :
«Que l'Assemblée
nationale souligne le départ à la retraite de MM. Rhéal Séguin et Kevin
Dougherty après une carrière journalistique importante et une présence
[remarquable] à la Tribune de la presse.»
(Applaudissements)
Le Président : Est-ce que la
motion est adoptée?
Une voix : …
Le Président : Ah! M. le…
M.
Sklavounos : Il y
aurait consentement pour des interventions d'environ trois minutes par
intervenant, et nous suggérons l'ordre
suivant : le premier ministre, suivi du chef de l'opposition officielle,
du chef du deuxième groupe d'opposition, et finalement le député de Mercier.
Le Président : Est-ce que la
motion est adoptée? Adopté. M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : Merci. Merci, M. le Président. C'est avec beaucoup de
plaisir que je prends la parole sur cette motion pour parler en
succession des deux éminents journalistes qui quittent aujourd'hui la Tribune
de la presse.
D'abord, M. Rhéal
Séguin, qui est journaliste depuis 1978 — je ne voudrais pas le vieillir davantage en
le disant, c'était l'avant-dernière
année de mon cours de médecine, vous étiez journaliste, M. Séguin. D'origine
franco-ontarienne, il a roulé sa
bosse comme journaliste un peu partout en Ontario, à Queen's Park, donc une
Assemblée avant celle-ci, avant d'arriver à Radio-Canada pour la Tribune
de la presse en mars 1988, pour la radio de CBC. En 1990, il a fait le
saut à l'écrit comme correspondant parlementaire du Globe and Mail, où
il oeuvre depuis.
Le seul correspondant parlementaire, M. le
Président, M. Séguin, à avoir occupé à trois reprises le poste de président du
conseil d'administration de la Tribune de la presse, soit en 1993, 2003 et
2010. Je déduis donc qu'il a prononcé les discours d'ouverture aux soupers de
la Tribune de la presse à trois reprises. S'il a les cassettes, nous aimerions
les voir.
Une voix : …
M.
Couillard : Privément. Il a
connu professionnellement huit premiers ministres, sept campagnes
électorales provinciales, deux fédérales au Québec, deux référendaires. Et bien
sûr, lorsqu'on lui parle de l'histoire du Québec contemporaine, il a été marqué, entre autres, par la maladie de M.
Bourassa, la crise d'Oka, le débat sur le projet de loi 178 sur la
langue, Meech, la commission Bélanger-Campeau, et Charlottetown, des portions
importantes de l'histoire du Québec et du Canada.
M. Dougherty,
lui, est journaliste depuis 1974 — ça, c'est l'année où je rentrais à la
Faculté de médecine. Il est arrivé à
la tribune en 1977, peu après la première victoire électorale du Parti
québécois, dirigé alors, bien sûr, par le premier ministre René
Lévesque. Il travaillait pour Canadian Press, qui est le service
anglais, comme on le sait, de La Presse canadienne. À l'ordre du
jour à l'époque : la loi 1 — devenue la loi 101 — la loi sur le financement des partis
politiques, l'assurance automobile. En 1980,
il couvre la première campagne référendaire et les élections de 1981, sa
deuxième comme journaliste, avant de
retourner à Montréal pour La Presse canadienne en 1982. Il
revient à la tribune en 2000, comme journaliste
de La Gazette de Montréal, alors que M. Lucien Bouchard est le premier
ministre. Pour Kevin, c'est cinq élections provinciales pendant son second mandat, si je peux m'exprimer ainsi, à la
Tribune de la presse, ajoutant aussi cinq campagnes fédérales, plusieurs
élections partielles, tant québécoises que fédérales, les élections des maires
de Québec, Jean-Paul L'Allier, Andrée Boucher et Régis Labeaume.
M. le Président, c'est aujourd'hui deux vétérans
de grande qualité qui nous quittent, dans une époque où, comme la société en général, le monde des médias
fait l'objet de transformations profondes. Il s'agit, il faut le
rappeler, d'une profession qui est exigeante, qui est essentielle pour la
démocratie. Nous savons que les journalistes qui nous questionnent sont
également sous pression pour produire les textes et les textes d'opinion qui
leur sont demandés par leurs organisations de presse. Cette fonction, encore
une fois, est essentielle à l'exercice libre des droits et libertés, et il faut la maintenir et la respecter. Le respect entre les
parlementaires, les hommes et les femmes politiques et les médias est absolument essentiel. Donc, un milieu
ou un secteur d'activité de la société de la plus haute importance dont
Rhéal Séguin et Kevin Dougherty furent des représentants éminents et respectés.
Nous leur souhaitons la meilleure chance pour la suite des choses. Merci.
• (11 h 50) •
Le Président : M. le chef de
l'opposition officielle.
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard : M. le
Président, à mon tour, c'est un véritable plaisir de souligner le départ de
deux éminents collègues. Dans les faits, on voit partir des gens qu'on côtoie régulièrement
et qu'on apprécie beaucoup, malgré le rôle qu'ils ont à jouer et le nôtre, mais
qui, dans la vie de tous les jours, se traduit par de la simplicité et des
contacts directs humains.
Et je sais
que Rhéal, d'ailleurs, a beaucoup de belles qualités, M. le Président, et,
entre autres, c'est aussi un bon joueur
de balle, et je pense qu'il a manqué à l'équipe des journalistes hier, qui a
été défaite outrageusement par l'équipe du Parti québécois. Mais Rhéal Séguin, c'est quelqu'un, on le voit par la
longévité de sa carrière, qui a couvert tous les grands événements du Québec, qui a vécu… jusqu'à
Bélanger-Campeau, je suis convaincu qu'il en garde un souvenir
particulier, ainsi que le référendum de
1995. C'est des moments qui, tant au niveau politique qu'au niveau
journalistique, interpellent tous
ceux et celles qui sont dans l'histoire. Et je pense qu'au niveau politique
comme au niveau journalistique on fait partie de cette histoire
importante.
C'est un homme attachant avec, par contre, une
voix très forte, et je pense qu'il se distinguait sur la tribune par la qualité de sa voix, M. le Président. Il n'avait
pas nul égal pour interpeller un ministre
ou un député qui ne répondait pas aux
questions. Je pense que c'est un
exemple à ne pas suivre, M. le Président, mais à l'époque il le faisait très
bien.
Avec eux, je pense
qu'il y a beaucoup de mouvance au niveau des médias, et leur
départ pour nous est synonyme aussi d'une certaine… je ne qualifierai
pas ça d'évolution mais transformation au niveau médiatique, qui inquiète
encore tout le monde.
Mais M. Séguin avait un rôle important, c'est
celui de faire connaître aussi le Québec à l'étranger, et je pense qu'il l'a réalisé mais pas avec toute l'amplitude
qu'on aurait souhaité, M. Séguin. Alors, bonne retraite. C'est quelqu'un
qui a de bonnes prédispositions à la
retraite parce que c'est un bon vivant, M. le Président. Donc, je ne m'inquiète pas sur ce qu'il va lui arriver. C'est quelqu'un qui a des connaissances, des compétences
et surtout un désir de vivre qui est sans nul pareil. Donc, la retraite
pour lui est synonyme d'autres défis.
Quant à M. Dougherty, Kevin, je tiens tout d'abord
à le remercier pour les nombreuses entrevues qu'on a eues en tête-à-tête, et
les entrevues en anglais, vous savez comment je me distingue en anglais dans
mes entrevues. Donc, je le remercie. Mais c'est
surtout quelqu'un qui a choisi de continuer à travailler ici. On a
vu différentes époques. Donc, c'est parce qu'il aime, il aime Québec particulièrement.
C'est quelqu'un dont on a avantage à connaître dans d'autres circonstances aussi qu'à l'Assemblée, parce qu'à l'Assemblée
c'est le parfait gentleman qu'on peut avoir, et c'est pour ça qu'il est
très respecté par les politiciens, par ses collègues, mais il est aussi quelqu'un
à rencontrer dans d'autres circonstances ou en prenant une bière
tranquillement. Et c'est arrivé par le hasard de nos quartiers où on réside, et
c'est quelqu'un qui dévoile un autre côté de sa personnalité fort attachante.
Donc, je pense que Kevin Dougherty n'avait ici
aucun ennemi, tout le monde l'appréciait beaucoup. Et c'est avec tristesse qu'on
voit des gens arriver au bout de leur expérience, se consacrer à d'autres
défis. Donc, je tiens à lui témoigner, à lui
aussi, de notre appréciation, de notre respect, et de faire en sorte que cet
amour qu'il a eu pour Québec, peut-être, se traduira par un
positionnement à très long terme ici, dans cette ville, et que le parlement lui
sera toujours un endroit où il trouvera des gens pour l'accueillir.
Quant à M.
Séguin, je ne suis pas toujours sûr, mais, pour Kevin, ça nous fera toujours
plaisir de l'accueillir à nouveau ici, parce que la tribune, c'est
beaucoup sa tribune. Merci, Kevin. Merci, Rhéal.
Le Président : M. le chef du deuxième
groupe d'opposition.
M. François Legault
M. Legault : Oui, merci. Écoutez,
à mon tour de saluer deux personnes. On dit souvent : La politique… c'est-à-dire le journalisme, c'est la quatrième colonne du pouvoir. Bien, on a deux piliers,
ici, qui nous quittent. Moi, j'ai eu l'occasion, effectivement, de côtoyer et Rhéal Séguin, du Globe and Mail, et Kevin Dougherty, de The Gazette. Même quand j'étais au Parti québécois, c'étaient des journaux
qu'on lisait beaucoup à l'époque.
Je veux d'abord
dire : Rhéal Séguin, c'est quelqu'un, comme le disait le chef de l'opposition officielle, qui n'hésite pas à talonner un ministre
qui ne répond pas ou un député qui ne répond pas à toutes les questions. Il
bougonne un petit peu, mais, une fois que les micros sont fermés, il est toujours
de bonne humeur. Donc, c'est toujours agréable.
C'est évidemment
Rhéal Séguin qui a eu le scoop de deux des… dans les deux dernières campagnes électorales, peut-être les deux
scoops les plus importants. D'abord, le scoop de Jacques Duchesneau comme
candidat, c'est lui qui l'a sorti. C'est lui aussi qui a sorti le fameux
sondage où la CAQ montait de 10 points. On se demande encore où il l'a
pris, là, on cherche, hein, on cherche, on cherche fort. Mais donc bravo puis
bonne retraite, Rhéal!
Kevin Dougherty, bien, peut-être qu'on ne le
sait pas beaucoup, mais Kevin est diplômé de la London School of Economics.
Donc, je sais que les journalistes sont tous compétents en finance puis
économie, là, mais il y en a que ça intéresse plus que d'autres. Et, Kevin, je me souviens, entre autres, les épisodes de la Caisse de
dépôt, c'était quelqu'un avec
qui j'ai eu beaucoup d'échanges parce qu'il s'intéressait au dossier.
Évidemment, à
tous les deux je vous souhaite une bonne retraite. Passez du temps avec vos
familles. C'est certain qu'un peu
comme la politique c'est difficile, probablement, de quitter le journalisme, mais on a eu du plaisir… j'ai
eu du plaisir à travailler avec vous. Puis, bien, bonne route et puis bonne
retraite!
Le
Président : Nous
allons maintenant entendre M.
le député de Mercier,
dont, par ailleurs, c'est l'anniversaire aujourd'hui. Bon anniversaire! M.
le député de Mercier.
M. Amir Khadir
M. Khadir : M. le Président,
c'est avec beaucoup de bonheur que je veux me joindre à mes collègues pour
souhaiter une bonne retraite à nos deux estimés journalistes, KevinDougherty
et Rhéal Séguin. Évidemment, ils comprendront que, dans la position où je me
trouve, je ne peux pas, comme les autres, les regarder, et sourire, et leur
souhaiter ça droit dans les yeux.
Ce que je
voudrais rappeler, au-delà de ce qui a été dit, c'est que c'est deux
journalistes qui, dès le départ, lorsque je suis rentré à l'Assemblée nationale comme seul représentant de mon
parti, avec le peu d'expérience politique — je
ne dirais même pas parlementaire, politique — que nous avions… toute l'attention
que j'ai sentie de la part de l'un et l'autre — et c'est une coïncidence que tous les deux
prennent leur retraite en même temps, nous, en tout cas, on va les regretter beaucoup — toute l'attention, les bons conseils, l'attention
accordée, les bons conseils donnés par l'un et l'autre sur le travail ici, sur les points de presse, sur l'importance
de garder les interventions et les réponses courtes; je pourrais en dire
d'autres qui m'incrimineraient tout autant.
L'autre élément que je voudrais souligner, c'est
que Rhéal et Kevin sont deux exemples de la capacité pour des journalistes d'être à la fois impertinents,
dans le sens noble du terme, impertinents pour les politiciens que nous
sommes, pour poser de bonnes questions, sans
jamais… disons, sans jamais dévier des enjeux principaux, des enjeux de
société, des enjeux majeurs, politiques, qui
doivent nous affecter, c'est-à-dire de leur souci permanent de rester sur l'essentiel
de ce que doit être l'objet de nos
soucis, et de nos interventions, et de notre travail politique. Je ne me
souviens pas, ni de la part de l'un
ou de l'autre, d'un quelconque intérêt, disons, à s'atteler à la forme ou à
quelque détail accessoire. Et ce que je retiens de l'un et l'autre, c'est
cet engagement professionnel, cet engagement éthique, journalistique, de donner
à la fois l'attention nécessaire à un petit parti que nous sommes, mais surtout
de rester sur l'essentiel. Merci.
(Applaudissements)
Mise aux voix
Le Président : Est-ce que la
motion est adoptée?
Des voix : Adopté.
Le Président : Adopté.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, toujours à la rubrique des
motions sans préavis, M. le député de Berthier, je vous cède la parole
pour une prochaine motion sans préavis.
M. Villeneuve : Merci, M. le
Président. Je sollicite le consentement des membres de cette Assemblée afin de
présenter la motion suivante conjointement avec la députée de Mirabel et le
député de Mercier :
«Que l'Assemblée
nationale exige du gouvernement du Québec qu'une entente soit conclue entre le
gouvernement fédéral et les producteurs
laitiers et fromagers garantissant une pleine compensation pour les
17 700 tonnes de fromages fins européens qui entreront
annuellement sur le marché, et que cette entente et ses modalités soient
connues avant de soumettre l'Accord économique et commercial global entre le
Canada et l'Union européenne à son approbation.» Merci, M. le Président.
• (12 heures) •
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député de
Mercier. Y a-t-il consentement pour débattre… Pas de consentement.
Je cède
maintenant la parole à Mme la députée de Masson pour une autre motion sans
préavis… M. le député de Masson plutôt. Désolé. Alors, je vous cède la
parole.
Souligner la Journée nationale des autochtones
M. Lemay : M. le Président, je
demande le consentement pour déposer la motion suivante conjointement avec le ministre
des Affaires autochtones, le député de Beauharnois, la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques :
«Que l'Assemblée
nationale souligne la Journée nationale
des autochtones, qui se tiendra samedi le 21 juin [prochain];
«Qu'elle profite de cette occasion pour rappeler
la grande contribution des peuples autochtones à notre société.»
Le Vice-Président (M.
Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député de Masson. Y a-t-il
consentement pour débattre de cette motion? M. le leader adjoint du
gouvernement.
M.
Sklavounos : Oui,
M. le Président, il y aurait consentement pour des interventions de deux
minutes par intervenant, et nous suggérons l'ordre
suivant : le député de Masson, l'auteur de la motion; le député de
Beauharnois, suivi de la députée de
Sainte-Marie—Saint-Jacques
et finalement par notre ministre des Affaires autochtones, M. le
Président.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, consentement, si j'ai bien compris, pour
permettre des interventions d'une durée d'environ deux minutes. Alors,
si j'ai le consentement, M. le député de Masson, je vous cède la parole.
M. Mathieu Lemay
M. Lemay : Merci beaucoup, M. le
Président. C'est un plaisir, comme porte-parole du deuxième groupe d'opposition pour les affaires autochtones, de me
lever aujourd'hui en cette Chambre pour rendre hommage à la grande
contribution des peuples autochtones qui forgent les régions de partout au
Québec et du Canada, des peuples, M. le Président,
qui sont riches de leur patrimoine unique, de leur diversité culturelle, de
leur culture rassembleuse et de leur contribution
remarquable au développement de notre nation. Les Abénaquis, Algonquins,
Attikameks, les Cris, Hurons-Wendat, les Innus, Montagnais, Malécites,
Micmacs, Mohawks, Naskapis et Inuits sont des grandes communautés qui gagnent à
être découvertes par nous tous.
En vue de la
Journée nationale des autochtones du 21 juin, qui se tiendra partout au
pays, j'invite l'ensemble de la population
à prendre un moment d'arrêt pour se familiariser avec nos frères et soeurs
autochtones. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député
de Masson. M. le député de Beauharnois, à vous la parole.
M. Guy Leclair
M. Leclair : Merci, M. le
Président. En tant que porte-parole de l'opposition officielle en matière d'affaires
autochtones, il me fait aussi plaisir de
souligner, avec les membres de cette Assemblée nationale, la Journée
nationale des autochtones qui se tiendra le 21 juin prochain.
Cette journée
est une occasion toute particulière pour rappeler à la population québécoise la
riche histoire que nous partageons avec les Premières Nations et les
Inuits. Ces peuples, nous devons le rappeler, ont contribué de façon importante à nos traditions, et leur histoire est
à jamais liée à la nôtre. Cette journée nous rappelle également l'importance
d'une cohabitation harmonieuse entre la
nation québécoise, les Premières Nations et les Inuits sur le vaste territoire
du Québec. Malheureusement, les contacts entre nos nations sont trop peu
nombreux. Avec de nombreuses activités organisées
aux quatre coins du Québec, la Journée nationale des autochtones est une
occasion de riches échanges entre nos nations et favorise une meilleure
compréhension mutuelle. Ces échanges ne peuvent qu'enrichir notre relation.
J'invite les
Québécoises et les Québécois à saisir cette occasion unique de rapprochement
entre nos nations en prenant part à cette journée et ainsi pouvoir
découvrir la culture et les traditions autochtones. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Alors, merci à vous, M. le député de Beauharnois. Mme la députée de
Sainte-Marie—Saint-Jacques,
je vous cède la parole.
Mme Manon Massé
Mme Massé : «Meegwetch», M. le
Président. Très heureuse de pouvoir prendre la parole au nom de mes collègues de Québec solidaire sur cette motion. Je
suis aussi celle qui pour mon parti est la porte-parole officielle,
disons ça comme ça, sur les questions autochtones, puisque c'est des questions
qui nous touchent tous et toutes à coeur.
Mes frères et
soeurs autochtones, on le soulignait, depuis bien longtemps avant nous, ont
contribué à faire de ce territoire un
territoire où l'abondance régnait. Ils y ont contribué pourquoi? Parce qu'ils
ont pris soin de la Terre mère. Ils ont
pris soin des cours d'eau. Et en ce sens, si on reconnaît l'importance de
souligner la journée nationale des peuples, des nations autochtones, je pense qu'on ne peut pas souligner en faisant
semblant qu'il ne se passe rien actuellement sur les territoires qu'ils
nous ont transmis. Alors, je pense notamment à la grande marche de la mère
Terre qui se déroule présentement, qui est
partie de Cacouna et qui aboutira le 14 juin, donc une semaine avant la
journée nationale, qui est donc partie de cette volonté de nos frères et
soeurs autochtones de nous allumer les lumières concernant l'utilisation des hydrocarbures et leurs effets sur la planète.
Cette mère… Cette marche-là, pardon, aura transporté sur 700 kilomètres
plusieurs autochtones et non-autochtones pour dire qu'il fallait être prudents, prudentes et
dire un non radical au pipeline qui s'en vient s'installer sur leur territoire.
Bien sûr,
il va falloir être vigilants concernant la
réforme des lois sur les mines, les aires protégées, le Plan Nord.
Bref, si on veut encore, en gardant la tête
haute, souligner la contribution des peuples autochtones dans les prochaines
années, il va falloir aussi écouter quand ça ne fait pas notre affaire. Merci,
M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques. Enfin, je cède la parole à M. le ministre responsable des
Affaires autochtones. M. le ministre.
M. Geoffrey Kelley
M. Kelley : Merci, M. le Président. Le 21 juin,
la journée du solstice estival, est également
la Journée nationale des peuples autochtones.
C'est une
belle occasion de rencontrer nos voisins autochtones
et apprécier leur contribution sociale et
culturelle à la société québécoise. Il y a des activités prévues partout
au Québec, d'Eagle Village, dans le Témiscamingue, d'un spectacle de Florent Vollant à Val-d'Or, de la présence autochtone à Montréal et des activités ici, à la ville de
Québec. Un moment pour fêter l'arrivée de l'été avec les autochtones.
Il existe au
Québec un réseau de musées qui met en évidence la présence autochtone au Québec : chez les Cris à Oujé-Bougoumou, chez les Innus à Mashteuiatsh et Uashat,
chez les Abénakis à Odanak, chez les Hurons à Wendake. En plus, le Musée de la civilisation à Québec et les
musées McCord et Pointe-à-Callière à Montréal ont
des collections à voir sur la culture autochtone au Québec. Je vous
invite à les visiter cet été. Il y a plusieurs
pow-wow organisés dans les communautés
cet été, une autre opportunité de mieux connaître nos voisins autochtones. Dans
la région de Québec, il y aura un important pow-wow à Wendake les 27, 28,
29 juin. Plus tard, il y aura la
30e édition du Festival de musique Innu
Nikamu les 31 juillet, 1er, 2, 3 août à Uashat-Maliotenam. Quelle richesse de l'expression culturelle
autochtone! Je mentionne tous ces événements, car il faut rappeler un triste
élément de notre histoire. Pendant des décennies, les gouvernements et les politiques ont tout fait pour marginaliser, même effacer les langues et les cultures autochtones
au Québec et au Canada. Les témoignages
touchants et dramatiques, devant la Commission de la
vérité et réconciliation, sur les écoles-pensionnats sont une
preuve éloquente de cette triste réalité.
Aujourd'hui, on assiste à une renaissance
culturelle autochtone au Québec. Je vous invite à participer
aux événements liés au 21 juin et la journée nationale des peuples autochtones, mais aussi de participer dans
cette renaissance culturelle autochtone. «Meegwetch», «nakurmiik».
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le ministre
responsable des Affaires autochtones. Cette motion est-elle adoptée?
Des voix :
Adopté.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) :
Adopté. Maintenant, Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques, vous avez une autre motion
sans préavis, donc je vous cède la parole.
Mme Massé :
Oui, alors je demande le consentement de la Chambre pour débattre de la motion
suivante conjointement avec le député de Marie-Victorin et le député de Jonquière :
«Que l'Assemblée
nationale presse le ministre du Développement durable, de l'Environnement et de
la Lutte contre les changements climatiques de tenir un BAPE itinérant sur l'ensemble du projet
d'oléoduc Énergie Est, incluant le port pétrolier de Cacouna, afin d'étudier l'ensemble des enjeux soulevés,
notamment l'impact sur la protection des bélugas, la protection des
terres agricoles ainsi que la lutte aux changements climatiques et les impacts
de déversements pétroliers sur les communautés, tel que
l'oblige le Règlement sur l'évaluation et l'examen des impacts sur l'environnement
à [l']article 2
d), j) et son dernier alinéa.»
Le
Vice-Président (M. Ouimet) :
Alors, merci à vous, Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques. Y a-t-il consentement pour
débattre de cette motion?
M.
Sklavounos : …M. le Président.
Le Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, il n'y a pas de consentement.
Avis touchant les travaux des commissions
S'il n'y a pas d'autres motions sans préavis,
nous allons passer maintenant à la rubrique des avis touchant les travaux des
commissions. Donc, M. le leader adjoint du gouvernement, je vous cède à nouveau
la parole.
M.
Sklavounos : Merci, M. le Président. J'avise cette
Assemblée que la Commission des finances publiques, conformément à l'article 275 du règlement de l'Assemblée nationale,
poursuivra et complétera le débat sur le discours du budget aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à 13 heures, de 15 heures à 18 heures
et, si nécessaire, de 19 h 30 à 22 h 30, à la salle
du Conseil législatif;
La Commission de l'agriculture, des pêcheries,
de l'énergie et des ressources naturelles entreprendra, elle, l'étude détaillée
du projet de loi n° 5, Loi modifiant la Loi limitant les activités
pétrolières et gazières et d'autres dispositions
législatives, aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à 13 heures, de
15 heures à 18 heures ainsi que de 19 h 30 à
22 h 30, à la salle Louis-Joseph-Papineau.
Le Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci, M. le leader adjoint, ces avis sont donnés.
Pour ma part, je vous
avise que la Commission de la culture et de l'éducation se réunira en séance de
travail aujourd'hui, après les affaires
courantes jusqu'à 13 heures, à la salle RC.171 de l'hôtel du Parlement. L'objet
de cette séance est d'informer les membres sur les activités et le
fonctionnement de la commission et de procéder à l'organisation de ses travaux.
À la rubrique, maintenant, des renseignements sur
les travaux de l'Assemblée… Là-dessus, M. le leader adjoint? Non?
Affaires du jour
Alors, s'il n'y
a pas de renseignements demandés, la période des affaires courantes étant
terminée, nous allons maintenant passer aux affaires du jour. M. le
leader du gouvernement, je vous cède la parole.
• (12 h 10) •
M. Fournier : Je vous
demanderais d'appeler l'article 5, M. le Président.
Projet de loi n° 4
Adoption
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, à l'article 5 du
feuilleton, M. le ministre responsable de l'Administration
gouvernementale et de la Révision permanente des programmes et président du
Conseil du trésor propose l'adoption du projet de loi n° 4, Loi
modifiant la Loi autorisant la conclusion de conventions collectives d'une
durée supérieure à trois ans dans les secteurs public et parapublic.
Y a-t-il consentement pour déroger à l'article 22
du règlement prévoyant qu'un projet de loi présenté après le 15 mai ne
peut être adopté pendant la période des travaux au cours de laquelle il a été
présenté? Consentement? Très bien. Alors, M. le président du Conseil du trésor,
je vous cède la parole pour votre intervention.
M. Martin Coiteux
M.
Coiteux : Merci, M. le Président. Alors, c'est avec grand plaisir que
nous sommes maintenant rendus à l'étape de l'adoption du projet de loi
venant modifier la Loi autorisant la conclusion de conventions collectives d'une
durée supérieure à trois ans dans les secteurs public et parapublic.
Je tiens, en
tout premier lieu, à souligner la très bonne collaboration de mes collègues de
l'opposition depuis le début de ce processus législatif et, plus
particulièrement encore, lors de l'étude détaillée du projet de loi.
Je tiens à
rappeler que le projet de loi n° 4 vise à répondre à une demande
formulée par les syndicats. En effet, la loi comprend une certaine
ambiguïté relative à l'application de diverses dispositions du Code du travail
concernant la détermination de la période de changement d'allégeance syndicale.
Une première interprétation établit cette période à l'automne 2014, du
2 octobre au 3 novembre, soit au moment même du début des
négociations. Une deuxième interprétation
établit cette période à l'été 2014, entre le 4 juillet et le 4 août,
soit 60 jours avant le début des négociations. Cette interprétation apparaît plus conforme à l'esprit
du Code du travail en cette matière. Il y avait donc lieu d'amender la loi.
Dès mon
arrivée en poste, les représentants syndicaux de la Confédération des syndicats
nationaux, de la Fédération des
travailleurs et travailleuses du Québec, de la Centrale des syndicats du
Québec, de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec
ainsi que de l'Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et
des services sociaux m'ont fait part de leurs inquiétudes au regard de ces
potentielles interprétations divergentes et applicables des articles concernés.
Cette demande de clarification de la situation s'étant fait entendre, nous
avons agi rapidement afin de reprendre le principe du projet de loi déposé à
cet effet par le gouvernement précédent.
Ainsi, l'ajout proposé par ce projet de loi vise
essentiellement à clarifier la date de la prochaine période de changement d'allégeance syndicale, communément
appelée période de maraudage, pour les secteurs public et parapublic.
Nous n'avons seulement que modifié la date d'entrée en vigueur afin de parer au
risque que le projet de loi ne puisse être adopté avant la pause estivale.
Je suis convaincu que l'adoption de ce projet de
loi viendra répondre adéquatement aux demandes formulées par les syndicats, lesquels représentent plus de
360 000 travailleurs et travailleuses dans les secteurs visés. Merci, M.
le Président.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Alors, merci à vous, M. le président du Conseil du trésor, pour cette
intervention. Mme la députée de Richelieu, à vous la parole.
Mme Élaine Zakaïb
Mme
Zakaïb : Merci, M.
le Président. En effet, c'est un projet de loi qui a été travaillé avec
célérité par l'ensemble des partis parce que
c'est un projet de loi qui touche justement les négociations dans la fonction
publique et la période de maraudage qui permet aux syndiqués de choisir
une autre affiliation syndicale, et on devait régler ça avant l'été, puisque l'une
des périodes de maraudage qui auraient été possibles était celle du
4 juillet au 4 août.
Alors,
ce projet de loi, c'est le même projet de loi que le projet de
loi n° 69 qui avait été déposé sous l'ancienne législature. C'est
un projet de loi qui veut clarifier une ambiguïté. En fait, il pourrait y avoir
deux interprétations qui se contredisent. Et bien sûr il
est toujours préférable que ce soit le législateur qui statue dans un tel cas,
ce que nous faisons par ce projet de loi, où
nous déterminons que, dans les conventions collectives du secteur public d'une
durée de plus de trois ans, la période
de maraudage est celle du 4 juillet au 4 août 2014. Et c'est ce
qui fait l'affaire de tout le
monde au Québec.
Alors, nous allons
voter pour le projet de loi, M. le Président, et
nous souhaitons que son application… qu'il devienne en
vigueur tel que suggéré par le projet de loi, c'est-à-dire le 10 juin, si je me rappelle bien. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Merci à vous, Mme
la députée de Richelieu. Est-ce qu'il y a d'autres
intervenants? Droit de réplique, M. le président du Conseil du trésor? Pas besoin.
Mise aux voix
Alors
donc, le projet de loi n° 4, Loi
modifiant la Loi autorisant la conclusion de conventions collectives d'une durée supérieure à trois ans dans les
secteurs public et parapublic, est-il adopté?
Des voix :Adopté.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Adopté.
Pour la suite des
choses, M. le leader du gouvernement.
M. Fournier : Je vous demanderais d'appeler l'article 2, M. le Président.
Projet de loi n° 2
Reprise du débat sur l'adoption
du principe
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : À l'article 2 du feuilleton, l'Assemblée reprend le débat, ajourné le 11 juin 2014, sur l'adoption
du principe du projet de loi n° 2, Loi
modifiant la Loi sur les services de garde éducatifs à l'enfance. Alors,
prochain intervenant, M. le député de Chauveau, je
vous cède la parole.
M. Gérard Deltell (suite)
M.
Deltell : Merci beaucoup, M. le Président.
Alors, pour la gouverne de tous, je poursuis l'allocution que j'avais amorcée
hier. Je crois qu'il me restait une seizaine… 15, 16 minutes,
Mme Turcot me signale-t-elle, alors voilà.
Alors,
M. le Président, c'est un projet de loi qui
est important. Simplement pour résumer un peu le propos que je tenais hier, c'est un projet de loi qui est important puis qui appelle à certaines
notions auxquelles nous, à la
coalition, croyons
vraiment, c'est-à-dire l'entrepreneurship, la liberté d'expression de l'entreprise, la liberté d'expression, oui, mais plus la liberté d'entreprise et aussi le respect que
l'on doit porter pour celles et ceux qui font ouvrage pour, justement, s'occuper
de nos enfants mais qui le font aussi en prenant le risque financier, comme
tout entrepreneur peut le faire, de s'engager dans l'avenue de la création de
garderies dites privées.
On a relevé hier
certaines anomalies de notre système actuel qui fait en sorte que celles et
ceux qui sont détenteurs d'un permis de garde privée sont les seuls au Québec à
ne pas pouvoir postuler pour avoir l'opportunité d'avoir un CPE dans leur communauté. Et je décrivais
avec tristesse le fait que, dans ma circonscription, j'ai
une garderie privée,
à Stoneham, qui est menacée actuellement parce que le gouvernement ouvre un CPE. Et, d'un
trait de plume, on aurait pu tourner
cette garderie privée en CPE, puis ça n'aurait
strictement rien coûté à l'État. Mais, non,
toutes celles et ceux qui peuvent
postuler peuvent le faire, sauf ceux qui connaissent ça, c'est-à-dire les propriétaires de garderies privées. Et, résultat, bien cette
entreprise-là est menacée. Et ça va coûter 1 million de dollars au trésor
public pour ouvrir un CPE, alors que, d'un
trait de plume, on aurait pu régler ça. Ce que
l'on trouve dommage et malheureux dans le projet de loi, M. le
Président, c'est
qu'on fait des liens familiaux qui peuvent
avoir une incidence financière et de dire :
Bien, parce que, justement, vous êtes dans la même famille, là, à ce moment-là, c'est suspect, puis il faut limiter votre droit de
propriété. Et, M. le Président, la famille est très large dans le cas qui est
défini dans le projet de loi, puisqu'on parle de
père, mère, frère, soeur, conjoint, enfant des conjoints, tante, oncle. Écoutez,
ça commence à en faire, du monde, là, mais
pas à peu près, là. Et donc on peut avoir,
dans les familles, des gens qui… pas être en
chicane, mais qui n'ont pas nécessairement
de lien direct avec leur famille. Et puis d'apprendre
tout à coup que, woupelaïe, tiens, mon
oncle qui habite à l'autre
bout de la province a lui aussi ce goût, ce désir d'être
en affaires avec des garderies… bien là, voilà
que ça devient très limité par la façon dont on procède, par la loi.
Donc, nous, on estime
que c'est abusif, que ça va beaucoup trop
loin, que ça restreint la liberté d'entreprise, que ça restreint surtout le désir d'entrepreneur. Et, je tiens à le
rappeler, M. le Président, parce
que c'est important, dans le cas des
garderies, souvent ce sont des femmes, des jeunes femmes qui se lancent en
affaires. Et on sait tout le souci, disons ça comme ça, tout le souci
que le gouvernement peut avoir concernant les femmes. On se souvient qu'en d'autres temps
le premier ministre Charest était très fier de dire qu'il
avait été le premier premier ministre à avoir l'équilibre hommes-femmes à l'intérieur de son cabinet.
Il était bien fier de dire ça. Bon. Quand une des femmes a quitté un an
plus tard, il l'a remplacée par un homme qui
n'était pas encore élu. Bon, passons outre à cet épisode un peu étrange. Mais quand
même on comprend, M. le Président, qu'il faut
favoriser l'émergence d'entrepreneurs et, oui, favoriser l'émergence de femmes
entrepreneures.
Or, voilà que c'est un secteur, le secteur de services de garde, qui est un
secteur où justement il y a beaucoup
de jeunes femmes
entrepreneures et qui
investissent, en plus de toute leur passion,
qui investissent toutes leurs économies. Alors, si, par malheur, on les brime dans leur liberté d'action comme
entrepreneurs, moi, je pense qu'on ne sert pas
l'État québécois et on ne sert surtout pas l'entrepreneurship
québécois dont ce gouvernement se targue de vouloir faire la promotion. Mais,
quand vient le temps d'agir concrètement, eh bien, c'est : Je dis une chose puis je fais le contraire.
• (12 h 20) •
Donc, M. le
Président, nous ne voterons pas en faveur de ce projet de loi. Tel que rédigé
actuellement, il ne correspond pas, selon nous, aux standards d'équité et de respect que l'on doit avoir pour la libre entreprise, pour les entrepreneurs et pour celles et ceux, et
particulièrement celles, qui, comme je viens de le dire, s'investissent
pour créer un service de garde. Et,
si, par bonheur, ça fructifie puis ça va bien, ils peuvent en avoir d'autres,
et d'autres, et d'autres. Mais là voilà
qu'ils risquent d'être bloqués dans leur élan, d'être... qu'ils et elles
peuvent être bloqués dans leur élan parce qu'il pourrait y avoir quelqu'un
dans leur famille que peut-être ils n'ont même pas vu depuis des années, qui a
aussi le même dessein, qui a aussi la même ambition d'avoir des garderies, et
puis ça ne fonctionne pas.
On
sait aussi, M. le Président, pour connaître un peu le monde des services de
garde, que c'est souvent de père en fils
ou de mère en fille que ça se transmet. D'ailleurs, dans ma circonscription,
sans vouloir faire trop de trompette locale… mais, dans ma circonscription, sur le boulevard Valcartier, est née la
première garderie privée au Québec : la Mademoiselle Merveille, sur
le boulevard Valcartier, là où mes enfants sont allés. Mon fils, d'ailleurs,
qui était ici il y a quelques minutes, il a
23 ans maintenant, vous aurez compris que ça fait déjà quelques années qu'il n'est
plus à la garderie. Mais mon fils est
allé là. Et c'est donc, sans vouloir, comme je le disais, faire trop de
trompette locale… mais c'est chez nous, dans Chauveau, qu'est né les
garderies privées, alors on en est très fiers.
Mais ce que l'on veut
relever là-dedans, M. le Président, c'est que ce projet de loi là, qui vise
finalement à éviter les dérives et
débordements malheureux que nous avons connus sous l'administration précédente
du gouvernement libéral… Alors, pour
éviter ça, ce qu'on fait, c'est qu'on prend le mauvais moyen, on prend le
mauvais remède. Alors, pour tuer une mouche, on prend un bazooka. Ce n'est
pas une bonne idée.
C'est pour ça, M. le
Président, que nous ne soutiendrons pas ce projet de loi. Je vous remercie.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Merci à vous, M. le député de Chauveau. Y a-t-il
d'autres intervenants sur le principe de ce projet de loi? Sinon, Mme la
ministre de la Famille, souhaitez-vous exercer votre droit de réplique? Alors,
je vous cède la parole.
Mme
Charbonneau : Merci, M. le Président. Rappelez-moi, dans un
droit de réplique, combien j'ai de temps.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, vous avez 20 minutes, Mme la ministre.
Mme Francine Charbonneau
(réplique)
Mme
Charbonneau :
Merci. Je ne vais sûrement pas toutes les utiliser, mais je vais au moins me
faire un léger plaisir pour corriger le tir, M. le Président.
Le projet de loi
n° 2 est mis en place pour faire une légère correction à un projet de loi
qui existe déjà, le projet de loi n° 126. Quand a-t-il été mis en place,
le projet de loi n° 216? En 2010. Donc, ce projet de loi faisait en sorte que tout lien parental qui était reconnu
dans un milieu de garderie donnait une limite d'accessibilité aux gens.
Donc, si j'avais — et
comme le disait le député de Chauveau — un frère, une soeur, une
tante, un oncle proche qui voulait avoir un
service de garde, il y avait là une difficulté. Le tout a été porté en cour.
Et, après un très long processus, un juge a demandé aux législateurs du
gouvernement de revoir une règle, M. le Président, pas l'ensemble de la loi,
mais une règle, car le 5-300, cette règle qui dit qu'on peut avoir cinq
établissements ou 300 places, n'a pas été mis en question. D'ailleurs, dans le jugement, il est clairement dit
qu'on y reconnaît là une volonté de maintenir un principe d'entrepreneuriat
et une volonté de limiter la quantité de bâtiments ou de places subventionnées
à certains individus pour justement pouvoir permettre la libre expression.
Maintenant, j'ai
entendu mon collègue de Terrebonne, j'ai entendu mes collègues de la CAQ et j'entends
l'argument qui dit qu'on se lance dans un
côté monopole qui est désastreux, qu'on va empêcher les gens de
développer des places. Je veux nous
rassurer, malgré le fait que je ne les ferai pas changer d'idée. On ne fait pas
des points auprès de la population en
faisant changer une équipe au complet d'idée. Mais voici, M. le Président, nous
croyons bien sincèrement qu'en élargissant le principe de la famille…
Donc, je reprends mon exemple. Si j'ai une nièce qui est en Abitibi, que je ne fréquente pas, elle ne devrait pas être
limitée dans son accès d'avoir un bâtiment ou des places en garderie.
Avec cette règle, avec le projet de loi n° 2, elle aura accès, à partir du
moment où on fera la preuve qu'elle n'est pas en lien proche avec la première
personne qui est à Montréal.
Donc, le projet de
loi n° 2 vient d'ouvrir plus grand. En votant contre le projet de loi
n° 2, je maintiens une restriction encore plus fermée.
Mais
j'entends mes collègues qui disent que, dans le fond, la problématique, c'est
le 5-300. Ce n'est pas là-dessus que le projet de loi n° 2 se
prononce. Par contre, je reviens à la règle qui dit : Le principe familial
est plus élargi. Et je me dois de
reconnaître le principe économique. Donc, dans la volonté de reconnaître un
principe économique, je ne veux pas
qu'un seul entrepreneur ait l'ensemble des bâtiments en services de garde d'un
milieu donné. J'aimerais mieux que chacun
de ces bâtiments ait un entrepreneur, puisque la volonté qu'on a, c'est de
développer le service avec différents entrepreneurs. La volonté qu'on a,
ce n'est pas d'avoir un entrepreneur, plusieurs bâtisses, c'est :
plusieurs bâtisses et plusieurs entrepreneurs.
Je reprends l'exemple du député de Chauveau qui disait : Une jeune
femme qui veut partir en affaires, bien elle devrait avoir ce droit-là. Il a tout à fait raison. Mais,
si j'ai déjà un entrepreneur qui détient l'ensemble des bâtiments dans un
milieu donné, bien je viens de lui
enlever ce droit-là parce que je n'ai pas mis en place une règle qui fait en
sorte que le monopole d'une
entreprise peut être pris par une seule personne. Avant de me rasseoir, je
pense qu'il est important de bien comprendre
qu'on parle de garderies privées
subventionnées, parce que, si je veux une garderie privée, si j'en veux une, si
j'en veux six, si j'en veux 12, je
peux, je peux. Il n'y a rien qui m'empêche… il n'y a aucune loi qui m'empêche
de ne pas avoir 20 bâtiments. À partir du moment où je demande au
gouvernement de subventionner les places de ma garderie, ah, le gouvernement a cette responsabilité,
et se doit d'être sérieux dans le regard qu'il porte, et légifère alentour de
cet argent-là qu'il va donner aux gens.
Je
vous donne un court exemple — je pense que l'image vaut mille mots :
80 places en garderie, M. le Président, c'est 1 million de dollars. 80 places. Le ministère dit par le
biais de sa loi que, si vous avez 300 places subventionnées par le
gouvernement, vous avez 300 places qui valent le montant assez important,
qui fait en sorte que c'est limité. Je corrige aussi un autre facteur. Je le
corrige parce que c'est une pensée facile : Pourquoi on ne prend pas les
garderies privées puis on ne les subventionne pas? Ça serait beaucoup
plus simple. Le bâtiment est là, les places sont là, les enfants sont là. Ça viendrait avantager l'ensemble des gens. Mais
est-ce que je crée de nouvelles places? Eh bien, non, M. le Président,
je ne viens pas de créer de nouvelles places,
je viens de subventionner des enfants qui sont déjà en garderie. Alors, le
parent qui au départ a placé son nom sur une
liste et attend une place apprend que la garderie privée de son comté vient de
devenir une garderie subventionnée, et le
gouvernement peut se lever en cette Chambre et dire : J'ai créé des places
en garderie, ce qui est complètement faux… ou un petit peu erroné,
puisque je n'ai pas fait de nouvelle place, je n'ai que rendu plus simple un
principe de places en garderie.
La volonté du
gouvernement du Québec — et
je suis sûre que les 125 députés de cette Chambre ont la même volonté — c'est d'offrir le choix aux parents entre
une garderie en milieu familial, une garderie qu'on appellera un CPE, pour le principe du langage de cette Chambre, une
garderie privée subventionnée, une garderie privée. Et puis là je ne vous mets pas les haltes-garderies puis les garderies en milieu scolaire, parce que
c'est ça aussi, le système de garderies qu'on s'offre, au Québec. Alors, dans cette
volonté-là et dans une possibilité que mes collègues puissent entendre la
voix que j'essaie d'élever pour faire valoir
le principe du projet de loi n° 2, j'espère bien sincèrement, M. le Président, que mes collègues vont revoir, relire le projet de loi qui n'est
que de quatre articles, qui vient corriger ce qu'un juge nous a demandé de faire dans un délai prescrit d'un an pour s'assurer
que les gestes qu'on pose ouvrent plus large la possibilité aux gens d'avoir un service de garde privée
subventionnée plutôt que de le restreindre en disant : Si vous avez un
lien de parenté, que vous soyez ici, à Laval, à Chicoutimi, que vous
vous fréquentiez ou pas, vous êtes limité.
Avec la possibilité
et avec la proposition du p.l. n° 2, on ouvre plus grand, et les possibilités
sont meilleures. Donc, la volonté que nous
avons, ce n'est pas un entrepreneur,
12 bâtisses, mais 12 bâtisses et 12 entrepreneurs, puisque
c'est la volonté qu'on a de voir rayonner au
Québec les jeunes femmes et jeunes hommes qui veulent avoir un service
de garde ou une garderie subventionnée au niveau du gouvernement.
Ceci
dit, j'espère bien sincèrement, malgré que le document de presse est déjà sorti
pour dénoncer des choses, qu'on va revoir le principe du p.l. n° 2
ensemble parce que le 5-300, M. le Président, est là pour rester. Merci.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, merci à vous, Mme la ministre de la
Famille.
Mise aux voix
Le
principe du projet de loi n° 2, Loi modifiant la Loi sur les services
de garde éducatifs à l'enfance, est-il adopté?
Une voix :
Adopté sur division.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Adopté sur division. M. le leader du gouvernement.
Une voix :
...
• (12 h 30) •
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Oui, Mme la députée de Repentigny, je n'ai pas
compris.
Mme
Lavallée : M. le Président, je vous demande d'inscrire ma dissidence à titre de porte-parole de la deuxième opposition.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, lorsque votre leader adjoint a dit «sur division», de facto, c'est… mais on va l'inscrire nommément au procès-verbal.
M. le leader adjoint.
M.
Caire : Ce que ma
collègue voulait dire, c'est d'inscrire sa dissidence au procès-verbal, parce que, comme vous le savez, nous souhaitons que le nom de ma collègue soit inscrit au procès-verbal comme ayant voté contre le projet
de loi.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, Mme
la députée, ce sera fait. M. le
leader du gouvernement.
Renvoi à la Commission des
relations avec les citoyens
M. Fournier : Ça commence à être compliqué aujourd'hui, M. le Président. Je comprends donc que ce n'est pas une
dissidence à l'égard de la division, ce n'est pas ça.
M. le Président, je fais
motion, conformément à l'article 243 de notre règlement, afin que ce projet de
loi soit déféré à la Commission des relations avec les citoyens pour étude
détaillée.
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Cette motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Adopté. M. le leader du gouvernement.
M. Fournier : M. le Président,
je vous demanderais de suspendre nos travaux jusqu'à 15 heures.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Y a-t-il consentement pour suspendre les travaux jusqu'à 15 heures? Consentement.
Donc, les travaux sont suspendus jusqu'à 15 heures, cet après-midi.
(Suspension de la séance à 12 h 31)
(Reprise à 15 heures)
Interventions portant sur une violation de droit ou de
privilège
Publication de dispositions du projet de loi n° 3,
Loi favorisant
la santé financière et la pérennité des régimes de retraite à
prestations déterminées du secteur municipal, avant
sa présentation à l'Assemblée nationale (suite)
Le Président : Alors, nos
travaux reprennent. Nous avions décidé qu'à 3 heures nous entendrions Mme
la leader de l'opposition sur le sujet sur lequel elle m'a écrit ce matin
concernant le dépôt du projet... non seulement le dépôt,
mais le projet de loi, le projet de loi sur
les fonds de pension qui a été déposé aujourd'hui, qui a été mis sur la table aujourd'hui.
Madame, je vais vous demander d'être un peu...
Vous savez qu'on n'a pas beaucoup de temps, mais je vais vous demander d'être...
de faire une synthèse de tout ce que vous avez à dire.
Mme Agnès Maltais
Mme
Maltais : Tout à
fait, M. le Président. Je l'avais dit d'ailleurs, on est dans un esprit de collaboration,
n'est-ce pas, à l'Assemblée nationale. Je vais collaborer. Je vous dirais même que j'ai
prévu... je vais le déposer par écrit à la fin de ma petite intervention, ça va permettre à tout le monde d'avoir nos arguments entre les mains. C'est pour ça que je vais
pouvoir justement ne pas m'étendre sur ce sujet, sur lequel on a déjà beaucoup
discuté ce matin.
Premièrement, si notre règlement a une procédure qui permet de vous aviser d'avance
de ce type de question, du fait qu'il
pourrait y avoir une violation de privilège concernant le dépôt d'un
projet de loi, on vous en avise à l'avance parce que justement
on ne veut pas que ce genre de situation se produise. C'est en effet parce que
ça s'est produit auparavant qu'on
voulait… qu'on soit obligés de surseoir au dépôt d'un
projet de loi de façon temporaire, qu'on avait prévu une
procédure où on vous avise à l'avance pour que vous soyez attentif, que vous
voyiez le projet de loi avant et que vous puissiez décider sur le banc.
Maintenant,
vous avez décidé d'attendre. D'accord.
Alors, nous avons maintenant
entre les mains le projet de
loi, alors je vais juste... Ce que je trouve,
c'est que la loi présentée, malheureusement, confirme nos appréhensions. Nous avions
dans l'article... Je vais citer l'article, ce texte : «Leur indexation — des
régimes de retraite — pourrait
toutefois être compromise pour aider les
villes à payer la facture d'un régime sous-capitalisé.» Article 8 du
projet de loi n° 3 explique effectivement que l'indexation
sera compromise et explique comment.
L'article
disait : «Les rentes au conjoint survivant seront aussi protégées.»
Article 14 du projet de loi n° 3 : «Un régime peut
prévoir à l'égard des participants actifs la modification, la suspension…» Il
explique exactement ce qui avait été énoncé dans l'article, dans l'article de
Denis Lessard, le journaliste, bien sûr.
L'article
disait : «Toutefois, avec le projet de loi [du ministre], une fois la
séparation des responsabilités entre employés retraités et actifs faite,
l'employeur se retrouvera avec une bonne partie de la facture liée aux
pensionnés.» Le projet de loi, article 12, reprend exactement ceci et
explique comment ça va se faire.
Dans le
projet de loi... L'article de Denis Lessard : «Dans le projet de loi
préparé par Québec, le gouvernement maintient
l'objectif de ramener à 50 % la contribution des employeurs...» C'est dans
l'article 5 du projet de loi n° 3 : «la cotisation d'exercice
est partagée à parts égales…» C'est tel quel.
L'article du journaliste parle : «En ce qui
concerne les déficits liés aux employés toujours au travail, la règle des 50-50 demeure — on vise un partage égal entre les villes et
leurs syndiqués. Toutefois, les syndiqués pourraient assumer 40 % de la facture de leur régime de retraite
s'ils acceptent de compenser la différence par d'autres concessions,
comme l'abandon de jours de congé accumulés.» Voilà exactement, quasiment, le
libellé de l'article 11 du projet de loi.
On
cite dans l'article qu'il y a une autre différence entre le projet de loi et la
proposition que nous avions faite auparavant,
c'est que Québec propose le rééquilibre de l'ensemble des régimes
sous-capitalisés. Voici un élément très important du projet de loi. Où est-ce qu'on le retrouve, ce qui est
écrit dans l'article du journaliste? À l'article 5 du projet de loi n° 3, M. le Président. Tel quel.
Cela n'avait pas été soumis jusqu'ici à... Ça n'avait jamais été envisagé
publiquement, ce n'était pas dans le précédent projet de loi. On le retrouve
là, M. le Président.
Alors, ce sont donc six articles sur les neuf sur
lesquels je vous avais demandé de vous pencher, d'être vigilant, que l'on
retrouve dans le projet de loi. Et, plus que
ça, M. le Président, ce sont des modifications à un projet de loi que nous
avions déjà déposé. Donc, le corps du
projet de loi déjà connu est le même, mais ce qui nous intéressait, comme
parlementaires, c'était ce qu'amènerait
le gouvernement, et c'est exactement ce qu'amène le gouvernement qui est dans l'article
du journaliste. Six sur neuf des éléments sur lesquels nous
voulions que vous soyez vigilants pour protéger nos droits sont là-dedans.
En terminant, je vais simplement vous lire comment
je termine la lettre, parce que je réfère à des décisions que vous avez
eues.
Ce matin, comme le
prévoit l'article 232 de notre règlement, je vous demandais de prendre
connaissance du projet de loi afin de
déterminer si le contenu du projet de loi avait été rendu public avant sa
présentation. Je vous demandais d'indiquer au ministre de surseoir la
présentation du projet de loi jusqu'à ce que les députés soient informés de
votre décision, à l'image de votre prédécesseur Michel Bissonnet en 2007.
Contrairement
à vos prédécesseurs, vous aviez, avant la présentation du projet de loi, en
votre possession, et pour faciliter
votre prise de décision, le projet n° 79 de la première session de la
40e législature ainsi que l'ensemble de nos prétentions. Pour prendre votre décision, pour la faciliter, nous vous
avions transmis par écrit nos prétentions, comme le veut le règlement.
Vous avez permis le
dépôt du projet de loi n° 3 avant de rendre votre décision. Je vous
fais remarquer très respectueusement, M. le Président, que cette décision est
en rupture avec celles de tous vos prédécesseurs : Bissonnet le 6 novembre 2003, Bissonnet le
25 octobre 2005, Bissonnet le 15 novembre 2006, Bissonnet
le 13 novembre 2007 et Vallières le 2 juin 2010.
Et, je vous dirais,
la décision du 14 novembre 2007 de Michel Bissonnet fait figure de
jurisprudence sur la question. Il y a eu un
tournant à ce moment-là, et c'est un appel de votre prédécesseur qui a fait
qu'on a changé les règles pour éviter ces choses-là et que vous nous demandez
maintenant de vous transmettre cela. Parce que,
votre décision, je le crois encore, M. le Président, vous auriez dû la rendre
ce matin. Nous avons voté le dépôt d'un projet de loi sur lequel nous étions en train de discuter d'une question
de privilège. J'ai trouvé ça assez incroyable, et je ne voudrais pas qu'on
recommence ce type d'expérience. Je vais vous citer Michel Bissonnet : «Il
en va du respect de l'institution qu'est l'Assemblée
nationale dans notre société démocratique. J'espère que tous entendent cet
appel de la présidence et en
partagent les objectifs, autrement la présidence pourrait être appelée à
resserrer notre jurisprudence.» La resserrer, non pas l'étendre
différemment, la rouvrir.
Alors, M. le Président,
je veux vous dire une dernière chose, question de directive : Si vous
reconnaissez nos prétentions, qu'est-ce qui
va arriver la prochaine fois? Est-ce que vous désirez que ce genre d'exercice
se reproduise? Je souhaite que non.
Deuxième
chose. Si vous considérez que nos prétentions sont véridiques, que vous les
avalisez, je vous offre ceci : Vous demandez au ministre de retirer
son projet de loi, et ensuite nous consentons à ce qu'il le représente, et nous
irons directement… mais au moins votre décision, à ce moment-là, respectera nos
droits et privilèges, et nous, nous respecterons
la volonté que nous avons tous de voir se régler le dossier des régimes de
retraite. Je vous le dis, il y a demain matin une séance, nous pourrons,
à ce moment-là… Vous avez toute liberté, toute liberté d'à la fois respecter
nos droits et privilèges et de permettre au gouvernement de procéder. Merci, M.
le Président.
Le Président :
M. le leader du gouvernement.
• (15 h 10) •
M. Fournier :
Oui. Pour le moins étonnant sur la fin. Depuis le début que je me dis : Je
vais intervenir, mais là, à la fin, je me suis demandé si je devais intervenir.
La leader de l'opposition est en train de nous plaider que, suite à un
article… — oui?
Document déposé
Le Président :
Consentement pour le dépôt de… Consentement.
M. Jean-Marc Fournier
M.
Fournier : … — suite
à un article du mercredi, si on présente ce projet-là jeudi, ça ne marche pas,
mais, le vendredi, c'est correct, il n'y a pas atteinte aux
droits. Là, c'est un peu compliqué à suivre.
Mais,
ceci étant, je voudrais faire mes représentations de la façon suivante. D'abord,
quel est l'état du droit sur cette grande
question qui concerne le privilège de saisir l'Assemblée en premier d'un projet
de loi? Quel est l'état du droit? Je m'en réfère d'abord à la doctrine,
page 121, sur les privilèges parlementaires : «La présidence de l'Assemblée
a jugé qu'il n'y avait pas d'outrage au
Parlement lorsque le communiqué ou l'article — l'article ici — visé faisait référence à des orientations d'un projet de loi.» Plus loin, on
lit : «…la présidence a reconnu qu'avant sa présentation à l'Assemblée
des orientations d'un projet de loi et ses
différentes versions préliminaires peuvent faire l'objet de consultations et de
discussions.»
Je souligne les mots «consultations» et
«discussions», j'y reviendrai un peu plus tard. Mais je m'arrête un petit peu
pour dire que notre collègue disait : Imaginez l'effet de votre décision
si vous ne leur donnez pas raison. Imaginez si vous leur donnez raison, M. le
Président. Il sera impossible à l'avenir, pour l'Exécutif, pour un ministre,
pour quiconque, même, pour un député, avec un de ses projets de loi, de discuter
avec des gens à qui ça va s'affecter, de s'interroger
sur le problème, de s'interroger sur la validité de la solution, de voir
quelles sont les capacités de répondre à un problème. Plus jamais. Il ne
faudra plus consulter ni discuter. Honnêtement, à sa face même, l'argument ne
tient pas, et la jurisprudence, la doctrine
le reconnaît. Cela ne signifie pas qu'on peut rendre public le texte d'un
projet de loi avant sa présentation. Les parlementaires doivent être les
premiers à être saisis du texte du projet de loi sur lequel ils doivent se
prononcer.
On lit ça, ma collègue a fait référence à de
nombreuses décisions, notamment du président Bissonnet, dans tous les cas, mais
un après l'autre, là, littéralement un après l'autre, je veux dire, c'est
constant, constant, constant, comme
décisions. Rien dans les faits soumis… Je réfère à la décision d'octobre 2005 :
«Rien dans les faits soumis ne permet de conclure que le contenu du
projet de loi a été rendu public avant sa présentation à l'Assemblée.» La
décision 2007 : «...la jurisprudence a toujours insisté sur le fait qu'on
ne pouvait rendre public le texte d'un projet de loi avant sa présentation.»
La question
est donc : Est-ce que le texte du projet de loi se retrouve dans l'article
de journal? Pas les articles, pas... L'article.
Il y en a un. C'est facile à lire. Est-ce qu'il se retrouve dans l'article? De
toute évidence, M. le Président, quelqu'un qui a lu le projet de loi va s'apercevoir qu'il manquait de lignes
agates pour rentrer dans l'article en question. Bien sûr que le texte du
projet de loi ne se retrouve pas dans le quotidien La Presse.
Maintenant, si on veut commencer à analyser
certains des éléments… Même si j'arrêtais là, j'avais déjà fait suffisamment de plaidoirie, mais quand même intéressons-nous
à des distinctions. Par exemple, dans l'article, on dit que «les
employés municipaux toujours au travail n'auront pas à payer la note pour les
déficits passés». Or, l'article 5.2° dit au contraire qu'ils vont devoir
partager.
Je cite un article
intéressant… un passage intéressant que… notre collègue, qui connaît bien le
dossier, aurait dû être attirée par cet élément-là. On apprend… Dans l'article
en question, on nous dit que «le projet de loi libéral reprend la mécanique du projet de loi n° 79 et prévoit
trois périodes de six mois pour laisser le temps aux villes et aux syndicats
d'en arriver à des ententes». Alors, voyez-vous, le système d'avant, c'était
six mois de négo, six mois de conciliation et six
mois d'arbitrage. Ça, c'était... l'article fait référence à ça. Alors, qu'est-ce
qu'il y a dans le projet de loi, M. le Président, 20, 21, les articles? Il y a 18 mois de négo,
il y a six mois d'arbitrage. Alors, moi, je veux bien qu'on dise que c'est
la même chose, mais ça ne l'est pas.
Ceci étant,
est-ce que, dans l'article, on a trouvé des éléments concernant l'abolition
obligatoire de l'indexation automatique de la rente? Pourtant, l'article 13,
on en parle. La modification à la rente de base, à l'article 14, on en parle. Pourtant, pas dans l'article. Je pourrais
continuer comme ça de façon assez longue. Et on avait convenu de le
faire de façon un peu rapide.
Puis je souhaite que vous profitiez de cette
décision pour qu'on puisse être encore plus clairs, s'il le fallait. Si vous décidez que, parce qu'il y a un élément, une
orientation qui a pu être discuté avec... Qui, en passant? Combien de
villes ont dû être impliquées, combien d'associations,
de syndicats, d'employés, de retraités ont dû être impliqués? Quand vous
regardez, là, le travail qui doit être fait
avant qu'un projet de loi soit déposé, s'il fallait écouter la leader de
l'opposition officielle, il faudrait fermer
les portes, puis fermer les fenêtres, ne plus parler à personne, puis essayer d'écrire
quelque chose qui va répondre à un besoin. Je suis persuadé... Je vois d'ici M.
Labeaume et M. Coderre nous regarder puis dire : Aïe! Aïe! Écoute, nous, là, on a des affaires à dire. Et je pense que c'est
ça qui s'est passé. On doit protéger ces moments d'échange pour qu'on
trouve la meilleure recette.
Moi, M. le
Président, ce que je vous dis, c'est que la décision qui doit être prise, c'est
que nous avons fait les choses très
correctement. L'avantage, d'ailleurs, de ça, c'est que, demain, nous allons
être en mesure d'appeler une consultation, que ne m'a pas encore demandée la leader de l'opposition officielle mais
qui, bien sûr, doit être faite pour qu'on puisse la tenir en août. Pourquoi, M. le Président? Parce qu'en
écoutant notamment MM. Coderre et Labeaume, et bien d'autres, ils nous disent qu'il faut procéder. Ils ne nous
demandent pas de voter contre la présentation d'un projet de loi, comme
c'est arrivé ce matin, ils ne nous demandent pas ça, ils nous demandent de
travailler ensemble pour que nous puissions le déposer, l'analyser, aller en
consultations, entendre les groupes. Exactement le processus que nous avons
proposé, pour lequel vous avez voté contre.
Je trouve, M. le Président, que la meilleure
décision, c'est de nous permettre de déposer des projets de loi qui sont inspirés des réels besoins, attentifs à ce
que les solutions qu'on nous propose puissent être réalisées, et qu'on le
fasse dans le respect de notre jurisprudence
et notre doctrine, qui est quoi? Que le texte de la loi ne soit pas donné en
communiqué de presse, se retrouver sur des articles de journaux. Et, de toute
évidence, à sa face même, M. le Président, le texte de la loi n'est pas dans le
journal. Merci, M. le Président.
Le Président : M. le leader
adjoint de la deuxième opposition.
M. Éric Caire
M.
Caire : Merci, M.
le Président. Je pense que vous avez ici à faire face à deux cas qui sont
distincts. Premièrement, est-ce qu'il y a eu atteinte aux droits ou aux
privilèges de l'Assemblée? Et, dans un deuxième temps, est-ce qu'il est de votre
autorité de surseoir au dépôt d'un projet
de loi, notamment
quand l'Assemblée s'est déjà prononcée?
M. le Président, ce matin, je réitère : De
notre point de vue, vous avez pris une bonne décision en faisant la distinction entre les deux éléments. Ceci étant dit, vous êtes quand même saisi d'une question qui est fondamentale par ma collègue de l'opposition officielle, qui est de porter
atteinte au droit et au privilège de cette Assemblée.
M. le Président, je vais faire du pouce un peu sur l'argumentaire de mon collègue du gouvernement quand il dit : On ne peut pas empêcher un ministre de
consulter dans le cadre de la rédaction ou de la préparation d'un projet de loi.
Et il a tout à fait raison, c'est
vrai. Mais il y a une énorme différence entre consulter et couler.
Consulter, ça se fait avant; couler,
ça se fait après, M. le Président. Et là, là-dessus, je
pense que ma collègue a fait une
démonstration qui… je vais vous laisser,
d'ailleurs… vous êtes tout à fait maître des faits,
et je n'ai pas l'intention d'orienter votre jugement, mais je pense que
ma collègue a fait une démonstration qui est, au minimum, de nature à appeler
une certaine réflexion de la part de la présidence sur le fait qu'il y
avait des similarités indéniables
entre ce qui s'est retrouvé dans l'article de Denis Lessard et entre le projet de loi
qui a été déposé par le ministre. Mais, encore une fois, M. le Président, je m'en
remets à votre bon jugement pour savoir : S'agit-il d'un coulage? Est-ce
que le ministre est à l'origine de ça? Vous êtes maître des faits, M. le
Président.
Par contre,
j'ajouterai que, dans votre réflexion, effectivement, vous devez, vous avez le devoir sacré de
protéger les droits et les privilèges de cette Assemblée en matière de législation. N'oubliez pas, M. le Président, que l'ensemble des députés de l'Assemblée
nationale sont les législateurs. Et
ce privilège-là, M. le Président, il est fondamental et il est à la base de notre démocratie.
Et une attention particulière de votre part à un resserrement de la jurisprudence
en cette matière serait très bien accueillie par la deuxième opposition.
Maintenant,
M. le Président, sur la question du déroulement du projet de loi, je pense que
cette Assemblée, qui est souveraine, ce matin, a utilisé son privilège
lorsque vous avez posé cette question : Est-ce que l'Assemblée accepte d'être saisie du projet de loi? Et l'Assemblée a
répondu majoritairement : Oui, nous acceptons d'être saisis du projet
de loi. Donc, M. le Président, de retarder l'adoption
d'un projet de loi… Puis le leader du gouvernement a fait état de l'urgence
de la situation et de la nécessité du projet
de loi. Et, de notre côté, nous réitérons le fait qu'il y a urgence, il y a
péril en la demeure, il y a urgence
de travailler sur ce projet de loi. Et ce sont deux questions totalement
séparées. Je pense, M. le Président,
que nous pouvons travailler au projet de loi qui a été proposé par le
gouvernement, mais vous avez pleinement la latitude qu'il faut pour
juger du cas qui vous a été soumis par la leader de l'opposition. Et il y a un
mur entre les deux, il n'y a pas d'interférence, là. Donc, M. le Président, sur
la question de surseoir au projet de loi, je pense, M. le Président, que vous ne pouvez pas faire ça, compte
tenu que cette Assemblée a utilisé son privilège et sa souveraineté en disant clairement ce matin qu'elle acceptait d'être
saisie du projet de loi, qu'elle acceptait de travailler sur le projet
de loi.
Donc, en conclusion, M. le Président, deux
décisions que vous aurez à rendre très prochainement, l'une pour laquelle je vous fais entièrement confiance sur la
base des faits mais pour laquelle je vous invite à garder en tête votre
rôle de gardien de nos droits et de nos privilèges, et l'autre sur le fait que
l'Assemblée s'est exprimée sur sa volonté de travailler sur le projet de loi
qui a été déposé par le gouvernement.
Le
Président : Est-ce qu'il y a d'autres commentaires? Pas d'autre
commentaire. Alors, je vais prendre évidemment
avis, et donc, seulement demain matin, j'ai l'intention de vous soumettre un
jugement sur une décision… sur ces questions que vous avez soulevées, et
vous aurez ma décision demain matin. Alors, sur ce, nous allons continuer les
travaux.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, pour la poursuite des
travaux, M. le leader du gouvernement.
• (15 h 20) •
M. Fournier : Oui, Mme la
Présidente, je vous demanderais d'appeler l'article 4, s'il vous plaît.
Projet de loi n° 1
Adoption
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, à l'article 4
du feuilleton, M. le ministre des Affaires municipales et de l'Occupation
du territoire propose l'adoption du projet de loi n° 1, Loi concernant l'inspecteur
général de la Ville de Montréal.
Y a-t-il consentement pour déroger à l'article 22 du
règlement prévoyant qu'un projet de loi présenté après le 15 mai ne peut être adopté pendant la
période de travaux au cours de laquelle il a été présenté? Y a-t-il consentement?
Des voix : …
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Consentement. Alors, M. le ministre des Affaires municipales, la parole est à
vous.
M. Pierre Moreau
M. Moreau :
Merci, Mme la Présidente. Alors, nous avons eu l'occasion, hier, de prendre en
considération le rapport de la Commission de l'aménagement du
territoire, présidée de main de maître par notre collègue le député de
Champlain, qui a donc analysé article par article le projet de loi n° 1,
projet de loi n° 1 qui institue l'inspecteur général de la ville de
Montréal.
J'ai eu l'occasion,
au cours du débat sur la prise en considération, d'expliquer longuement la
teneur du projet de loi. Je sais que
mon collègue adjoint parlementaire, le député de Chapleau, doit intervenir à ce
stade de nos procédures, donc avant l'adoption,
à proprement parler, du projet de loi, et qu'il aura sûrement l'occasion de
revenir sur ces éléments-là. Donc, j'irai assez rondement pour vous dire, au
fond, que le nouveau gouvernement du Québec souhaite poursuivre dans la droite ligne que le gouvernement de la
39e législature et celui de la 40e législature avaient entreprise
pour établir l'intégrité, et la transparence, et la confiance du public
dans le processus d'adjudication des contrats des organismes publics, et en
particulier dans le cas du projet de loi qui nous occupe, celui de la ville de
Montréal, de mettre fin au fléau de la malversation
qui touche la société québécoise et qui nous touche… et qui nous préoccupe tout
particulièrement depuis les dernières années.
Je rappellerai à cette Chambre que c'est en 2009
que le Parti libéral, alors au gouvernement, avait institué l'escouade Marteau, et que, des suites de l'escouade
Marteau, est arrivée l'UPAC, l'Unité permanente anticorruption, qui a été dotée d'un budget de 30 millions de
dollars annuellement, et que, donc, dans ce contexte, l'inspecteur général de
la ville de Montréal vient s'ajouter, pour
le territoire de l'agglomération de Montréal et de la ville de Montréal, aux
outils qui sont déjà en place pour
nous assurer de la plus grande intégrité dans le processus d'adjudication et d'exécution
des contrats qui touchent la ville de Montréal.
Le projet de loi n° 1, bien qu'il s'inspire
de celui qui avait été déposé lors de la 40e législature, comporte des modifications qui sont significatives, qui ont été
expliquées, je pense, en long et en large par tous les collègues qui ont
participé aux travaux de la commission et
qui ont eu à intervenir hier, lors de la prise en considération. Je pense
notamment au député de Rosemont, qui est porte-parole en matière de métropole,
au député de Gaspé, qui est porte-parole de l'opposition
officielle en matière d'affaires municipales, et au député de Blainville, qui
est porte-parole de la deuxième opposition
en matière d'affaires municipales. Je leur réitère mes remerciements pour le
travail et la collaboration qu'ils ont démontrée tout au cours de nos
travaux.
Il est
important de mentionner que l'inspecteur général a d'importants pouvoirs mais
qu'il ne se substitue pas aux entités
qui existent, notamment à l'UPAC ou à l'Autorité des marchés financiers,
organisations avec lesquelles il aura à collaborer, en faisant notamment
auprès de l'Autorité des marchés financiers les constats de manquements
relatifs à l'intégrité d'un fournisseur. Et
je pense que cet amendement-là est une réponse directe à une intervention du
député de Blainville, qui voyait là
une chaîne de continuité pour nous assurer que tous les acteurs liés au
processus d'intégrité dans l'adjudication
et l'exécution des contrats soient mis à contribution. De même, il ne sera pas
isolé du Commissaire à la lutte contre
la corruption puisqu'il devra transmettre et dénoncer auprès du commissaire
tous les éléments ou toutes les situations en lien avec la fraude, la corruption, la collusion, la malversation et
le trafic d'influence, dans l'exercice de ses fonctions.
Quelles
sont-elles, ces fonctions? Je le rappelle : une compétence qui est à la
fois territoriale et juridictionnelle. Une compétence territoriale
puisque ses pouvoirs s'exerceront sur l'ensemble des liens contractuels qui
existent sur le territoire de la ville et de
l'agglomération de Montréal, ce qui inclut donc les villes liées, et qui
ramènent aux compétences du conseil d'agglomération et du conseil de
ville de Montréal. Et une compétence juridictionnelle, en ce qu'il aura compétence pour analyser, enquêter, détecter toute
situation de malversation en amont du processus d'adjudication des
contrats, et dès que les événements lui sont rapportés, lors de la rédaction
des documents, lors de l'adjudication et, par la suite, lors de l'exécution des
contrats de construction.
J'ai entendu,
hier, le député de Rosemont.
Je n'ai pas souhaité utiliser le droit de réplique, au stade de la prise
en considération du rapport de la
commission, sur les différences, j'appellerais ça ainsi, parce que je pense qu'on
se réconcilie... tous les partis, en cette Chambre, se réconcilient pour
constater que le projet de loi n° 1 est une excellente pièce législative. Et je ne le dis pas pour lancer des
fleurs au gouvernement, parce que, véritablement, je le répète, c'est un
travail qui a été extrêmement transpartisan
et qui s'est inspiré d'abord de la volonté de la ville de Montréal et de ses
élus, de façon unanime, opposition et
partis représentant le pouvoir à l'Hôtel de Ville de Montréal, des efforts de l'opposition
officielle et du deuxième groupe d'opposition
pour qu'il soit bonifié et qu'il atteigne le degré de perfection, quoique tout
demeure perfectible, mais le degré de perfection qu'il aura atteint lorsque le
projet de loi aura été adopté.
Mais le député de Rosemont soulignait hier qu'il
voyait, dans la situation du projet de loi n° 1, un accroc à la protection des dénonciateurs lorsque ceux-ci
pourraient voir des situations qui existent à l'égard des organismes
publics qui sont des organismes autres que
ceux qui relèvent de la compétence de la ville de Montréal. Parce que les
organismes visés sont non seulement
la ville de Montréal, son conseil, le conseil d'agglomération, les villes liées
et les 18 organismes qui sont à
l'intérieur du périmètre comptable de la ville de Montréal, mais le député de
Rosemont faisait référence à des organismes
qui relèvent du gouvernement du Québec, comme par exemple des centres
hospitaliers ou d'autres éléments qui sont des éléments supramunicipaux, c'est-à-dire qui relèvent directement du
gouvernement ou des organismes gouvernementaux. Et je pense que, dans ce contexte-là, faute d'avoir une législation
qui encadre de façon plus large toute la question de la protection des
dénonciateurs, nous ne pouvions pas, dans le projet de loi n° 1, faire l'ensemble
des distinctions qui auraient probablement, aussi, amené des modifications à
une loi sur laquelle je n'ai pas juridiction, c'est-à-dire la Loi sur l'accès
des… la protection des renseignements personnels et l'accès aux documents des
organismes publics.
Mais, dans le
contexte, il est important de rappeler que toutes personnes — et faisons oeuvre pédagogique — qui
estime qu'un élément de malversation existe,
que ce soit dans les institutions qui relèvent du gouvernement du Québec
ou que ce soit dans les institutions
municipales, auront un endroit et des endroits où ils peuvent apporter leur
dénonciation. Et le réflexe le plus simple,
c'est certainement de contacter la police ou l'UPAC lorsqu'on estime qu'un
geste illégal a été posé. Et rien dans ce projet de loi là, rien dans ce
projet de loi là, doit-on le rappeler, ne pourrait faire en sorte qu'une personne qui fait une dénonciation à la police
soit exposée à une amende, quelle qu'elle soit. Et la dénonciation faite
à un corps policier, ou à l'UPAC, ou à l'inspecteur général de Montréal devra
être traitée sous le sceau de la plus entière confidentialité, pour respecter l'anonymat
des personnes souhaitant faire des dénonciations.
Alors, sur
cet élément-là, il était important de circonscrire, donc, dans le cadre de la
compétence juridictionnelle de l'inspecteur
général de Montréal, une certaine limite à ses agissements. Mais cette
limite-là ne suppose pas qu'il y a un vide
juridique, puisque, là où l'inspecteur ne peut pas aller parce que ça ne relève
pas d'une relation contractuelle entre la ville, le conseil d'agglomération, un entrepreneur
ou un sous-traitant qui n'a aucun lien contractuel direct avec la ville,
le Commissaire à la lutte contre la collusion et la corruption, lui, pourra
agir. Et la police peut agir en tout temps.
Alors, en réalité, Mme la Présidente, le projet
de loi bonifié traduit la volonté du gouvernement de renforcer davantage la capacité de la ville à prévenir les
malversations en matière contractuelle. Il vient proposer des réponses
aux révélations concernant les agissements
répréhensibles dont la ville de Montréal a été victime. Rappelons que la ville
de Montréal est le niveau de gouvernement
municipal qui octroie le plus grand nombre… le plus grand volume et le
plus grand nombre de contrats et que la
valeur de ces contrats, annuellement, dépasse le milliard de dollars. Comme
vous le savez, Mme la Présidente, l'intégrité et la transparence sont au
coeur de l'action du nouveau gouvernement du Québec, et le projet de loi n° 1 vient s'ajouter aux autres
initiatives dont j'ai fait mention et qui viennent former un véritable
arsenal pour préserver ces valeurs qui sont non seulement chères au gouvernement,
mais, je dirais, à l'ensemble des membres de l'Assemblée nationale et à l'ensemble
de la population, des citoyens du Québec.
Nous avons, Mme la Présidente, sous le
leadership du premier ministre, pris l'engagement de doter la ville de Montréal
d'un inspecteur général. Et c'est ce que nous faisons aujourd'hui. C'est un engagement
que nous entendons respecter, et c'est pourquoi j'invite tous les membres de
cette Chambre à voter l'adoption du projet de loi n° 1, Loi concernant l'inspecteur général de la Ville de
Montréal, afin qu'elle devienne une
loi en bonne et due forme et que notre métropole puisse être dotée de
tous les outils qu'elle-même estime nécessaires afin de lutter contre la
collusion et la corruption. Et je vous remercie, Mme la Présidente.
• (15 h 30) •
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Merci beaucoup, M. le ministre. Et je suis prête à reconnaître le porte-parole
de l'opposition officielle pour la métropole, le député de Rosemont. À vous la
parole.
M. Jean-François Lisée
M. Lisée : Merci,
Mme la Présidente. Nous sommes
presque à la fin du parcours de ce projet
de loi n° 1, projet de loi
dont on pourrait dire qu'il n'est pas indispensable, en ce sens que nous avons,
depuis quelques années, ajouté un certain
nombre d'éléments qui font l'infrastructure du bouclier anticorruption que le Québec s'est
donné. De Marteau, à l'UPAC, à la
Commission Charbonneau, qui a son propre mandat bien sûr, la loi sur les
contrats publics, avec le rôle que l'Autorité des marchés financiers
joue sur les certificats d'intégrité, d'autorisation pour les entreprises qui
ont des contrats publics, de toute nature avec l'ensemble des organismes
publics.
Et donc cet
inspecteur général de Montréal, il vient de la volonté de ceux qui sont à l'épicentre
du séisme. Parce qu'on l'a vu, la commission Charbonneau nous l'a dit, il
y a eu des cas de corruption, de collusion, à Gatineau, à Sherbrooke, à Québec,
ailleurs, sur la Rive-Sud, sur la Rive-Nord de Montréal, mais on a bien vu que
l'épicentre du séisme était sur l'île de
Montréal. Et les élus montréalais ont dit : Bien, en plus des
organisations qui ont été créées, nous voulons,
pour ce qui est de l'attribution des contrats de la ville de Montréal, avoir
notre propre inspecteur général, qui veillera
à la fois à former les officiers… les fonctionnaires de la ville de Montréal,
les cadres de la ville de Montréal, les attachés politiques de la ville de Montréal, les élus de la ville de
Montréal, des arrondissements et d'un certain nombre d'organismes liés, on verra à faire leur formation
pour les processus d'attribution des contrats, on verra à voir l'application
des contrats, est-ce que les normes éthiques sont respectées, et nous allons
recevoir toute information devant nous indiquer qu'il y a des accrocs aux
bonnes pratiques ou à la légalité dans l'attribution et l'application de ces
contrats, et de façon telle que l'inspecteur
général de Montréal aura la capacité... S'il voit qu'il y a
un problème majeur avec un contrat,
il pourra en suspendre l'application, en suspendre l'application immédiatement et ensuite proposer l'annulation du contrat.
Évidemment,
c'est un pouvoir énorme qu'on confère à cette personne, et c'est pourquoi nous
avons voulu, dans le projet de loi, tel que nous l'avons négocié avec la ville de
Montréal lors du précédent gouvernement et tel… nous l'avons bonifié avec la
législation actuelle, de faire en sorte que cette personne ait les compétences
nécessaires, donc qu'il soit un juriste, qu'il
vienne du milieu des avocats ou du milieu des notaires, qu'il n'ait été l'objet
d'aucune sanction au cours des dernières années, qu'il soit entièrement
dévolu à cette tâche et qu'il soit nommé pour un mandat de cinq ans.
Or,
évidemment, au moment où l'inspecteur général pourrait décider de suspendre l'application
d'un contrat, il doit avoir une validation politique, et nous avons fait
en sorte que la validation politique, elle soit faite au conseil municipal, c'est-à-dire que, si l'inspecteur
général a des raisons de croire qu'une décision doit être prise pour
suspendre l'application d'un contrat, il fait immédiatement rapport au greffier
et au maire de la ville de Montréal, évidemment à la partie contractante qui
fait partie du contrat, et là les élus peuvent décider de confirmer ou d'infirmer
sa décision.
Et là on a eu
un petit débat, à savoir : Est-ce que cet inspecteur général, qui sera
nommé aux deux tiers du conseil municipal, donc qui aura nécessairement
la confiance de la majorité mais aussi de la minorité, sa décision pourrait
être renversée à la majorité simple ou aux deux tiers? Et la discussion que
nous avons eue tient au fait que ça sera un événement
majeur : ce serait comme si le Vérificateur
général nous disait quelque chose et que nous décidions le contraire, hein? Les journalistes en
feraient grand état, l'opposition y serait très intéressée, et donc c'est quelque
chose qui se ferait dans la lumière du débat démocratique, et la majorité
parlementaire au conseil de ville de Montréal assumera la décision de
confirmer, ce qui sera facile, ou d'infirmer en certains cas, une décision de l'inspecteur
général.
Donc, il y a
là un mécanisme qui à la fois donne beaucoup de pouvoir à quelqu'un mais aussi laisse la
démocratie agir dans la clarté du débat
démocratique au bout du processus. Et donc c'est ce mariage entre un
superinspecteur mais la réalité démocratique qui fait, je pense, l'intérêt
de ce projet de loi.
Ensuite, oui, comme le ministre l'a dit, on a
beaucoup parlé des dénonciateurs. Quelle information obtiendra l'inspecteur
général? Bien, il en obtiendra…
D'abord, il faut noter
que, depuis que nous discutons, le conseil municipal a décidé que… La ligne
1 800 de dénonciation a été dévolue à l'inspecteur
général, donc énormément de dénonciations du public ou des
fonctionnaires de la ville de Montréal
viendront sur son bureau. Il aura à faire un tri. Comme dans chacune de ces
lignes, il y a du bon, il y a du mauvais, il y a du pertinent, il y a de
l'impertinent. Il fera un tri.
Évidemment,
les dispositions de la loi ont été faites de façon telle que les employés de la
ville de Montréal ne sont plus tenus au secret par la loi d'accès à l'information,
qui est une loi qui est un peu paradoxale parce que c'est une loi qui vise l'accès à l'information, mais l'essentiel
de sa rédaction nous explique dans quelles conditions les organismes peuvent refuser l'accès. Alors, il y a un principe
général, c'est l'accès, mais l'ensemble des dispositions disent : Sauf
si, sauf si, sauf si. À partir du moment où
la ville de Montréal dit : Bien, nous, on veut que nos fonctionnaires
puissent — qui
sont couverts par cette loi, ce sont des
organismes publics québécois — donner de l'information louche s'ils en
voient passer, il a fallu les exempter des
dispositions pénales qui auraient pu s'appliquer à eux s'ils avaient donné de
l'information contre l'avis de leurs
supérieurs, ce qui est toujours le cas. Si les supérieurs veulent donner l'information,
il n'y a pas de débat, mais c'est lorsqu'un fonctionnaire, un
secrétaire, un employé voit passer une information louche, décide de l'envoyer à l'inspecteur général. Il peut y avoir
une conséquence pour son emploi. Alors, comment est-ce qu'on protège le dénonciateur? Bien, dans ce cas-là, on lui
dit : Il n'y aura pas de sanction. Parce que d'habitude il peut y avoir
une sanction, c'est-à-dire une amende qui va jusqu'à 1 000 $.
Et, deuxièmement, il n'y aura pas de harcèlement, de rétrogradation, tout, vous
serez complètement protégé.
Alors, c'est
vrai pour la ville de Montréal. Le débat que nous avons eu, c'est : Que se
passe-t-il si des informations au sujet de la ville de Montréal
circulent dans des organismes publics qui ne relèvent pas de la ville de
Montréal? Puis on avait eu, dans un cas
récemment, celui de l'Agence métropolitaine de transport, où le dénonciateur, c'est-à-dire
le président de l'agence, a vu des
informations sur son prédécesseur qui n'étaient pas du tout de l'ordre de la
compétence de l'AMT... Il s'agissait, dans
ce cas-là, de son prédécesseur qui, à son bureau, s'occupait de financement
politique d'un parti politique. Alors, ce n'était pas du tout sur son
rôle à lui, mais c'est que, dans le cadre de ses fonctions, et dans son bureau,
et avec les services de son bureau, il faisait autre chose qui était louche.
Alors, ma
prétention, c'est qu'il se peut très bien que, dans un hôpital, une commission
scolaire, un CLSC, un bureau de député, quelqu'un fasse autre chose que
son travail normal, qui concerne la ville et qui est louche, et donc le dénonciateur, là, devrait avoir le droit d'en
aviser l'inspecteur général. Alors, le ministre m'a dit : Non, mais il
peut en aviser l'UPAC. S'il en avise l'inspecteur
général, il est passible d'une amende; s'il avise l'UPAC, il n'est pas
passible d'une amende. Je veux bien… Et j'ai
bien entendu — et j'espère
que, si le cas arrive devant un juge un jour… — le ministre nous dire tout à l'heure sur cette question, parce qu'il y a réfléchi,
qu'évidemment un dénonciateur qui attirerait l'attention ou déposerait un document à l'inspecteur général
serait couvert par l'anonymat. Et ça, c'est effectivement bien stipulé dans le projet de loi, que l'inspecteur général
doit respecter l'anonymat du dénonciateur. C'est une façon de le
protéger contre les amendes qui pourraient s'abattre
sur lui si la preuve était faite dans son organisme qu'il a enfreint la loi.
Alors, j'espère qu'effectivement cette
protection sera appliquée dans les cas où il pourrait y avoir un conflit entre
ces deux ordres de droit, c'est-à-dire
le fait qu'un salarié d'un organisme public du Québec décide d'envoyer une
information à l'inspecteur général,
qu'il soit donc vulnérable à une amende, mais que l'inspecteur général, sachant
cela, protège l'anonymat de ce dénonciateur pour que cela n'arrive pas.
Bon, c'est une façon un peu détournée d'arriver au même but. Je crois qu'il
aurait été préférable de faire en sorte qu'il n'y ait pas ce double régime
selon qu'on dénonce à l'UPAC ou selon que l'on dénonce à l'inspecteur général.
• (15 h 40) •
Quoi qu'il en soit, ce qui est important
avec ce projet de loi, et c'est pourquoi nous l'appuyons, c'est que nous avons vu
que l'essentiel des recommandations d'origine de la ville de Montréal ont été
reprises, bien sûr, dans notre projet de loi, ont été préservées par le projet de loi du gouvernement actuel avec… Sous la direction du député de
Chambly, la commission a travaillé de façon très diligente pour apporter
un certain nombre de bonifications. Le député
de Blainville, du côté de la deuxième opposition, et mon collègue de Gaspé
avons travaillé aussi, à certains égards, en reprenant des recommandations qui ont été faites par la
Commission d'accès à l'information ou par la Chambre des notaires pour
faire en sorte que nous ayons un projet de loi qui soit encore plus étanche à
toute contestation.
Alors, voilà, Mme la Présidente, nous sommes à
la veille d'un vote qui, je l'espère bien, sera unanime sur ce projet de loi. Et c'est ainsi que l'Assemblée nationale,
dans son unanimité, va répondre à l'unanimité du conseil de ville de Montréal pour dire : Voici un projet de loi
transgouvernemental. Voici un projet de loi où la société québécoise
estime important d'ajouter un cran d'arrêt
supplémentaire à ceux qui voudraient frauder, à ceux qui voudraient profiter de
la collusion.
Et ce qui est intéressant dans ce projet, comme
dans l'UPAC, c'est son caractère permanent. Vous savez, Mme la Présidente, à
certains moments de notre histoire, avec Pax Plante, dans les années 50, ou
avec la commission Cliche, nous avons... ou
la commission d'enquête sur le crime organisé, nous avons fait de grandes
avancées contre la corruption et la
collusion, et ensuite on a comme baissé la garde. Et il ne faut jamais baisser
la garde, parce que les fraudeurs sont
très créatifs, ils arrivent toujours à trouver d'autres chemins. Alors, le
caractère permanent de cet inspecteur général, comme le caractère permanent de l'unité de lutte contre la corruption,
de l'UPAC — p, le p,
c'est pour «permanent» — fait en sorte d'envoyer un signal que,
cette fois-ci, nous ne baisserons pas collectivement la garde. Cette fois-ci,
nous allons constamment essayer d'être un
pas devant les fraudeurs et de faire en sorte, finalement, de leur envoyer le
message que ce n'est peut-être pas la peine : si vous voulez frauder, si
vous voulez faire la collusion, la corruption, le degré de difficulté au Québec, il est très élevé. Alors,
peut-être pouvez-vous vous essayer ailleurs, dans des endroits qui
continuent à dire que la corruption n'existe
pas chez eux, qu'ils n'ont pas ce problème, qu'ils sont en déni, mais le
Québec, en tout cas, ces dernières
années, n'était plus en déni, il était en action et en action forte, en action
concertée pour changer une situation qui était dramatique. Et aujourd'hui
on sait qu'on est en train de sortir du tunnel, mais... Et on a acquis la conviction que nous
devons continuer de façon permanente à assurer l'intégrité de l'ensemble de
notre société, que ce soit au niveau des partis politiques — nous
avons fait des réformes permanentes sur le financement — au
niveau des contrats. Personne ne dit que la
loi n° 1 de notre gouvernement du Parti québécois, sur l'intégrité dans
les contrats, devrait avoir une clause crépusculaire. Personne ne parle
de ça. Nous pensons que c'est une loi permanente et que, donc, constamment, les entreprises seront sous
surveillance. Et une grande entreprise de génie qui a réussi à obtenir son
certificat pourrait toujours le perdre. Et d'ailleurs
j'ajoute... J'étais responsable du Commerce extérieur et je leur disais :
Vous savez, si vous êtes reconnus
coupables de fraude à l'étranger, vous allez perdre votre certificat au Québec
et que, donc, cette loi, elle s'applique, elle est un dissuasif majeur,
à la fois pour l'intégrité chez nous et à l'étranger.
Alors donc,
ces instruments, ils sont permanents. Il est important qu'ils soient
permanents, il est important que l'Assemblée
nationale et ses commissions, de façon régulière, en voient la progression. Est-ce
qu'il y a d'autres éléments qu'on
devrait ajouter, raffiner? Mais je crois que, collectivement, nous avons, ces
dernières années, installé non seulement des parechocs, mais des vigies,
des instruments de moralisation de la vie politique. Et on peut être
collectivement assez fiers de ce travail. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci beaucoup, M. le député de
Rosemont. Je reconnais maintenant le porte-parole du deuxième groupe d'opposition
aux affaires municipales et occupation du territoire, M. le député de
Blainville. La parole est à vous.
M. Mario Laframboise
M. Laframboise : Merci, Mme la
Présidente, merci. Également porte-parole de la métropole pour mon parti
politique.
D'abord, je voudrais remercier tous les
collègues qui ont participé à cette commission parlementaire, Mme la présidente : en premier lieu, le ministre,
qui a été capable de mettre de côté toute partisanerie politique — donc, je vous en remercie, M. le
ministre — pour
atteindre un objectif qui nous était demandé par la ville de Montréal, le
député de Rosemont, le député de Gaspé, mes collègues aussi du deuxième groupe
d'opposition, le député de Beauce-Nord, ainsi que le député de Borduas.
Évidemment, les règles de la Chambre veulent qu'il
y ait un seul vote pour notre parti politique. On est deux représentants, mais un seul vote. Donc, encore une
fois, on espère qu'un jour ça se réglera, mais on doit vivre avec ça.
Donc, Mme la
Présidente, oui, remercier aussi notre président, le député de Champlain qui, d'une
main de maître, a assuré l'équilibre pour qu'on puisse en arriver à ce
résultat. Parce que, Mme la Présidente — il faut faire un petit peu d'historique — le maire
de Montréal s'est fait élire en novembre 2013 avec une promesse, celle d'avoir
un inspecteur général. D'ores et déjà
à ce moment-là, la Coalition était prête — et a même déposé un projet de loi en ce
sens — à appuyer.
Mais, Mme la Présidente, les élections sont
arrivées, le Parti québécois a décidé de déposer son propre projet de loi
avant... est mort au feuilleton. Donc, forts de constater que Me Gallant est
déjà nommé depuis trois mois, il a formé son équipe — c'est sur le site — donc, il a déjà tout son personnel. Il a
déjà reçu des dénonciations via sa ligne éthique, mais il n'a toujours
pas de loi qui lui permet de faire son travail. Et en quoi consiste son
travail, Mme la Présidente? C'est d'examiner
les contrats de la ville de Montréal et des organismes affiliés — puis je vais vous les énumérer tantôt — mais
surtout, s'il y a malversation, d'annuler, de résilier ou de suspendre tout
processus de passation de contrats.
La ville de Montréal, et ses organismes
affiliés, fait plus de 1 milliard de contrats, donc, annuellement. C'est beaucoup d'argent, et, encore une fois, il est
important qu'on donne au maire Coderre et à la ville de Montréal, parce
que c'est unanime à l'Hôtel de Ville comme en cette Chambre, c'est unanime, là,
on se doit d'avoir un inspecteur pour surveiller
les contrats que signent la ville et tous ses organismes affiliés. Et les
organismes affiliés sont ceux qui sont à la liste du Vérificateur général — parce qu'il pourrait y en avoir d'autres,
mais, au moment où on se parle, les organismes affiliés, donc, c'est la ville de Montréal, tous les contrats
signés par la ville de Montréal et ses organismes affiliés, et je vous
les nomme : Anjou 80, Bixi Toronto inc., Conseil des arts de Montréal,
Conseil interculturel de Montréal, Corporation d'habitations Jeanne-Mance,
Fiducie du Technoparc Montréal, Office de consultation publique de Montréal,
Office municipal d'habitation, Société de
gestion Marie-Victorin, Société de gestion du port de plaisance de Lachine,
Société de jalonnement dynamique de Montréal, Société de transport de Montréal,
Société de vélo en libre-service, société en commandite
Stationnement de Montréal, Société d'habitation et de développement de
Montréal, Société du parc Jean-Drapeau, Technoparc Montréal Transgesco
SEC — société
en nom collectif. Donc, ces 18 organismes, ainsi que la ville de Montréal, sont soumis à l'inspection de l'inspecteur général de
la ville de Montréal, donc, de Me Gallant et de son équipe, Mme la
Présidente.
Et ça, ça veut dire qu'à partir de la date… à
partir du moment où le lieutenant-gouverneur aura sanctionné le projet de loi n° 1, l'inspecteur pourra
effectuer son travail, pourra aller donner, dans ces organisations, à la ville
de Montréal, dans les organisations qui sont régies par la ville de
Montréal, de la formation, et aussi recevoir des dénonciations, et faire, finalement, des enquêtes auprès de ces
organisations-là, analyser les contrats, et être capable de les annuler, les
résilier ou les suspendre s'il y a malversation, et, Mme la Présidente, tout en
respectant les autres organisations.
Et ça, la beauté
du projet de loi… Et ça, évidemment, le ministre en a fait part tantôt, nous,
par rapport à l'AMF, on voulait que l'AMF
soit partenaire aussi. Le ministre a accepté que l'AMF fasse partie. Pourquoi?
Parce qu'évidemment, lorsque l'inspecteur général analysera des
contrats, s'il voit qu'un contracteur ou qu'un détenteur de contrats ne respecte plus… même s'il était accrédité par l'AMF,
ne respecterait plus les conditions de l'AMF, bien, il pourrait
soumettre son dossier directement à l'AMF.
• (15 h 50) •
Il
peut aussi, si jamais il voit qu'il y a des conduites criminelles, adresser à l'UPAC
tout renseignement et tout témoignage de dénonciateurs, donc,
évidemment, pouvoir faire son travail. Et ça, Mme la Présidente, c'est
important parce que les contribuables, là,
qui nous écoutent aujourd'hui, en ont ras le bol, là. Je pense qu'à la
commission Charbonneau, là, de jour
en jour... Et puis, là, plus on en entend, plus ça se rapproche du Parlement,
là, mais il reste quand même que les contribuables qui nous
écoutent ont vraiment hâte qu'on mette un terme à cette corruption qui entache
la réputation du Québec partout, Mme la Présidente, à travers l'Amérique du
Nord et à travers le monde.
Donc, il est important que la ville de Montréal,
qui est la ville la plus importante au Québec, l'une des plus importantes au Canada, se dote de cet inspecteur
général qui sera unique au Canada. Donc, évidemment, aux problèmes
importants qu'on vit, un remède de cheval. Donc, l'inspecteur général de la
ville de Montréal pourra faire son travail et,
encore une fois, pourra… Il y aura une protection entière des dénonciateurs, et
j'en suis content, mais il reste quand même
qu'on n'a pas encore ici, au Parlement, une loi sur les dénonciateurs. Le
deuxième groupe d'opposition, notre parti politique, avait déposé, sous l'ancienne législature, un projet de loi
pour qu'on ait une loi sur la protection des dénonciateurs, pour les dénonciateurs par rapport à tous les
contrats du gouvernement du Québec. Ce n'est pas encore là. Le ministre m'a
bien entendu en comité, m'a dit que ce n'était pas lui qui était le ministre
responsable mais se portait fort de faire le message au ministre responsable,
évidemment, de l'Accès à l'information.
Donc, Mme la
Présidente, encore une fois, il m'a fait plaisir de travailler avec mes
collègues, en collégialité, pour l'avancée
de ce projet de loi majeur demandé par le maire de Montréal. Il faut saluer son
courage, il a eu le courage de demander
ça. Il n'a pas peur que tous ses fonctionnaires soient soumis, donc il n'a pas
peur qu'il y ait une dénonciation de n'importe
qui dans son propre cabinet, dans les cabinets des conseillers de la ville ou d'autres
maires d'arrondissement, il n'a pas
peur. Et donc ça a été adopté par la ville de Montréal. Moi, je pense qu'il
faut lui donner cette chance-là de nous prouver que, l'efficacité qu'il demande, il sera capable de la régler et
que cette lutte à la corruption qu'il entend entamer se termine, Mme la
Présidente. Et, à partir d'aujourd'hui, eh bien, tout ce que je peux souhaiter
à Me Gallant et à son équipe : Bonne chance dans son travail. C'est
tout à l'avantage de tous les Québécois, les Québécoises et surtout des
contribuables qui paient le salaire de tous ceux qui travaillent dans la
fonction publique. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci beaucoup, M. le
député. Et je suis prête à
reconnaître, pour la prochaine intervention, M. le député de Chapleau.
M. Marc Carrière
M. Carrière : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Ça me fait plaisir, à mon tour, de prendre parole sur le projet
de loi n° 1, le premier projet de loi que cette 41e législature adoptera
ou qui a été présenté, la Loi concernant l'inspecteur
général de la Ville de Montréal. Je pense que… Un peu comme mes collègues l'ont
dit précédemment, c'est un projet de
loi qui était attendu depuis un certain temps. Le maire de Montréal en avait
fait un de ses... un cheval de bataille pendant l'élection municipale en 2013. Le précédent gouvernement avait d'ailleurs
préparé un projet de loi à cet effet-là.
Depuis
quelques années, on voit et on entend, avec raison, que le monde municipal a
été mis à mal, qu'il s'est passé des
choses que je qualifierais d'inacceptables mais aussi… Ce n'est pas généralisé
dans le monde municipal, heureusement, mais,
à toutes les fois qu'il y a des choses illégales qui se produisent, que ce soit
de la collusion, de la corruption ou de la malversation dans des
contrats municipaux, je pense qu'il faut se donner tous les outils nécessaires
pour combattre ça de façon quotidienne.
J'ai eu le
plaisir, dans les dernières semaines, de prendre part à différentes rencontres,
que ce soit avec l'Union des municipalités
du Québec, où la majorité des maires du Québec étaient présents, dans votre
comté, Mme la Présidente, il y a quelques
semaines, et je vous dirais, pour l'avoir déjà fait pendant de nombreuses
années, avoir été maire, préfet, etc., que 99 % des élus municipaux
le font pour les bonnes raisons, le font pour faire avancer la cause de leurs
citoyens, pour améliorer la qualité de vie
des citoyens. Dans certaines municipalités, il y en a qui font ça à temps
partiel parce que c'est des petites municipalités. Donc, ils pourraient
se trouver bien d'autres choses à faire, mais ils le font par conviction. Ils
le font pour faire, comme je disais, avancer leur communauté.
J'ai aussi,
il y a quelques semaines, pris part à un congrès, les assises annuelles de la
COMAQ, la Corporation des officiers
municipaux agréés du Québec, et ce midi j'étais avec les gens de l'ADMQ pour
leur 75e congrès, des gens que je salue, l'Association des
directeurs municipaux du Québec, et ce qui transcende à toutes les fois qu'on
rencontre ces gens-là, c'est l'amour des
citoyens et l'amour du travail qu'ils font pour leur communauté. Et je leur dis
à toutes les fois, à toutes les
chances que j'ai de leur dire, comment le travail qu'ils font est important,
que ce soit au niveau politique, les maires,
les conseillers municipaux, les préfets, que ce soient les employés municipaux
qui le font d'une façon professionnelle,
d'une façon honnête. Mais malheureusement on a vu que, depuis quelques années,
il y a eu d'importantes dénonciations, il y a eu des choses qui ont été
faites où… Que ce soit à la 39e législature, donc lorsque nous étions au pouvoir, lorsque le gouvernement précédent l'était
et ce gouvernement-ci, de façon unanime, l'objectif, c'est de combattre
à tous les jours cette corruption où les gens seraient tentés… que ce soit à l'interne,
que ce soit des employés, ou des politiciens, ou que ce soient des
entrepreneurs, entre eux, qui font de la collusion, de combattre ça à tous les
jours.
Donc, je
pense que ce projet de loi là donne un outil supplémentaire à la ville de
Montréal. C'est plus de 1 milliard de
dollars en travaux, en contrats, qui sont donnés annuellement. Donc, c'est
clair que ça peut tenter certaines personnes de vouloir travailler
ensemble pour fixer les prix, pour… En tout cas, vous avez toutes les histoires
d'horreur qu'on a entendues depuis quelques années. Donc, cet outil-là était
attendu par la ville de Montréal, est nécessaire pour la ville de Montréal. Je pense que le mandat est assez
simple, mais combien important, c'est de surveiller les processus de
passation des contrats et de l'exécution de
ceux-ci par la ville ou par une des personnes morales qui lui est liée. Il y a
18 organismes… Un peu comme la députée d'Iberville
disait tantôt, il y a 18 organismes, également, qui sont également touchés, où l'inspecteur de la ville de Montréal pourra aller
quand il jugera bon d'y aller. Juste à titre d'exemple, la Société de
transport de Montréal, le Conseil des arts
de Montréal, l'office municipal d'habitation, qui sont de gros organismes à
Montréal, qui jouent des rôles importants.
Pendant toute l'étude de ce projet de loi là, je
veux premièrement faire part ou souligner l'ouverture de tous les membres qui étaient là, du ministre, des gens
de l'opposition, de la deuxième opposition officielle également, dans l'objectif… L'objectif était d'arriver avec le
meilleur projet de loi pour mieux équiper la ville de Montréal. Donc, je
pense que c'est tout au mérite de tous ceux qui y ont travaillé. C'est vraiment
un processus qui a permis, comme je disais, là, de faire avancer les choses.
On a entendu
la Commission d'accès à l'information qui est venue nous voir, qui est venue
nous faire part de ses recommandations, de ses inquiétudes. L'article
principal qui les touchait ou qui les titillait, si je peux me permettre, était
l'article 57.1.13, qui ne dit pas grand-chose au commun des mortels, mais pour
lequel on a eu de nombreuses discussions et où il y a eu des amendements
également. C'est toute la question de la loi d'accès à l'information pour protéger celui qui veut faire une dénonciation,
pour qu'il puisse le faire de façon libre et sans qu'il y ait de
représailles, là, de la part de quiconque
autour de lui. Il nous a donné plusieurs exemples, il a parlé du gouvernement
fédéral qui a des projets de loi pour
protéger ou des exemples pour protéger la vie privée ou les informations qui
doivent être protégées. Il nous a parlé du Manitoba, de l'Ontario. Donc,
ça a été, je pense, instructif pour la commission et ça nous a amenés à nous
poser des questions et à amener quelques amendements.
Il y a
également le Barreau du Québec qui nous a fait part de son mémoire et de ses
recommandations par rapport au projet
de loi n° 1. Il y a également la Chambre des notaires qui nous a fait ses
recommandations. Il y a eu un amendement pour permettre et ajouter que
des notaires puissent travailler ou puissent un jour être inspecteur général de
la ville de Montréal. Je sais que le député
de Blainville, qui est notaire lui-même, ça lui tenait beaucoup à coeur, et on
a des collègues, ici aussi, qui sont notaires. Donc, je pense que l'important,
c'est de trouver la meilleure personne qui puisse faire le travail, dans le cadre de tous les contrats qui
sont à surveiller, qui sont à enquêter, s'il y a lieu. L'inspecteur général
de la ville peut même arrêter des contrats,
peut même stopper, il aura ce pouvoir-là. Donc, comme mes collègues l'ont dit
à plusieurs reprises, ça fera en sorte qu'il
aura quand même beaucoup de pouvoir, et ce n'est pas pour se substituer à
l'UPAC, parce que l'UPAC a son rôle à jouer.
L'inspecteur de la ville de Montréal a son rôle à jouer; il devra fournir des
rapports annuels, justement à l'UPAC, à l'AMF, à l'Autorité des marchés
financiers, à la ville de Montréal.
• (16 heures) •
Donc, je
pense que tout ça, qui est mis en place depuis plusieurs années, fait en sorte
que tous ceux qui veulent faire des
choses malhonnêtes, de la corruption, de la collusion, bien, peut-être vont-ils
y penser à deux fois. Tant qu'il y
aura de l'homme, il y aura de l'hommerie… ou,
tant qu'il y aura des hommes, il y aura de l'hommerie. Il y aura toujours quelqu'un qui essaiera de trouver
une façon de faire pour contourner les lois et qui trouvera une idée géniale
qui, peut-être, fonctionnera pendant
quelques années, quelques mois quelquefois, mais l'objectif,
c'est qu'un jour nous n'ayons plus à revivre, là, les cauchemars qu'on a
vus depuis quelques années.
Donc, ceci étant, je suis très heureux du
travail qui a été fait. Je veux saluer le président de la Commission de l'aménagement
du territoire, qui a fait un travail remarquable, qui a mené les travaux de
main de maître. Je veux saluer les gens de l'opposition officielle, le député de Rosemont, le député de Gaspé,
qui ont également travaillé d'arrache-pied dans ce projet de loi là, le député de Blainville, de la deuxième opposition,
plusieurs de mes collègues qui y étaient aussi, féliciter le ministre
pour son ouverture, pour avoir apporté un projet de loi qui fera en sorte que
la ville de Montréal pourra maintenant se vanter d'être une des rares villes,
probablement, dans le monde qui a un tel outil pour se prévenir de la
malhonnêteté.
Et, en terminant, je veux dire encore une fois,
tous ceux qui oeuvrent dans le monde municipal, et on est plusieurs ici… Je sais que le député de Blainville
a même été président de l'UMQ, il y a la députée de Vaudreuil qui a été mairesse, le député de Beauce-Nord, je l'ai été,
on est plein ici à l'avoir été, et je veux les féliciter pour tout le travail
qu'ils font et qu'ils ont fait pour leurs citoyens et dire à la ville de
Montréal qu'ils ont maintenant un outil et qu'ils pourront travailler
quotidiennement à la lutte à la corruption. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci, M. le député de Chapleau. Je
reconnais maintenant le prochain intervenant, le porte-parole de l'opposition
officielle aux affaires municipales et occupation du territoire, M. le député
de Gaspé.
M. Gaétan Lelièvre
M.
Lelièvre : Merci, Mme la Présidente. Écoutez, ça va être dur de
ne pas redire tout ce qui a été dit, donc je vais être assez bref. Je pense que mes collègues ont
fait un bon tour de la question de ce projet de loi là. Un projet de loi
très important puis un projet de loi qu'il a
été intéressant de travailler en équipe, en étroite collégialité. C'est vrai,
chacun, je pense, a souligné à sa façon la façon dont les travaux se sont
déroulés de façon exemplaire.
Félicitations au président. Ça a été ma première
occasion de siéger à la Commission de l'aménagement du territoire, mais je suis
convaincu que d'autres beaux dossiers nous attendent. Merci au ministre
également pour son ouverture puis sa très
bonne connaissance du dossier qu'il a démontrée et aussi à mon collègue le
député de Rosemont, qui a travaillé
très, très fort, notamment sur toute la question de l'accès à l'information, la
question également de la protection des dénonciateurs, un élément qui
était très important pour mon collègue de Rosemont, puis je salue le travail
très acharné qu'il a démontré dans ce dossier-là.
Écoutez, je pense que c'est important
de mentionner que cette loi-là est une première en Amérique du Nord. C'est
une première fois qu'une métropole, qu'une
ville comme Montréal va bénéficier d'un fonctionnaire, d'un haut
fonctionnaire qui va être doté de pouvoirs
vraiment exclusifs, particuliers, novateurs. Donc, le Québec peut, avec la
ville de Montréal, prendre un grand
élément de fierté par rapport à cette loi-là, qui est vraiment une première.
Une première, mais, en même temps, comme ça a été mentionné, une
nécessité quand on regarde tout ce qui s'est passé dans les dernières années. C'est
clair qu'avec au-delà de 1 milliard de contrats de donnés annuellement,
une ville comme Montréal a besoin d'outils efficaces et efficients pour s'assurer
de la plus saine gestion possible des deniers publics.
Le pouvoir de l'inspecteur
général va très, très loin. On a voulu consentir à cette fonction un pouvoir
quasi illimité, et c'est de mise, compte
tenu de l'ampleur du défi qui l'attend. Parmi ces pouvoirs, on parle notamment
du pouvoir d'enquête, un pouvoir de surveillance. Ça va même jusqu'à
résilier des contrats qui auraient été accordés par le conseil. Par contre, il y a un pouvoir du conseil ou d'un arrondissement
qui pourrait aller à l'encontre de renverser une décision de l'inspecteur
général, mais c'est vraiment dans des cas extrêmement pointus, extrêmement
particuliers.
Également,
parmi les pouvoirs de l'inspecteur général, on retrouve toute la notion de
formation et d'information. Puis,
comme je le mentionnais hier, c'est un des éléments qui a peut-être passé un
peu plus sous silence, mais c'est un des éléments qui m'apparaît
extrêmement important parce que, vous savez, dans le monde municipal… On a plus
de 11 000 municipalités au Québec. Bon,
on a une métropole avec des milliers d'employés, on a une capitale avec probablement au-delà de 1 000 employés aussi,
mais beaucoup de petites et moyennes municipalités qui doivent faire du mieux qu'elles peuvent avec les moyens qu'elles
ont, et souvent avec du personnel, des moyens et des ressources très,
très limitées. Donc, je salue la sagesse des
législateurs qui ont pensé à doter l'inspecteur général d'un pouvoir en termes
de formation. C'est extrêmement important. Vous savez, la meilleure façon de
contrer le crime, je pense, c'est par la prévention.
C'est reconnu dans différents autres niveaux, et, au niveau municipal, ça n'y
échappe pas. Donc, un élément qui m'apparaît extrêmement important.
Et,
vous savez, dans la vie de tous les jours, souvent, ce qu'on néglige, c'est l'information,
c'est la formation parce que le
quotidien nous rattrape, puis on a mille et une obligations. Puis je suis
convaincu que cette personne-là, avec son équipe, va être extrêmement sollicitée. Donc, je souhaite fortement que
cette dimension-là, formation et sensibilisation à l'ensemble du personnel et aux membres du conseil,
soit présente et se fasse de façon assidue parce qu'à mon avis c'est à
ce niveau-là… Plus les employés, plus les fonctionnaires, plus les gens qui
seront en situation de prendre des décisions importantes sur la gestion des
deniers publics seront bien informés, bien formés et bien sensibilisés, bien,
meilleures seront les décisions, j'en suis sûr, et le travail de l'inspecteur
général sera d'autant facilité.
Un
dernier élément qu'il m'apparaît important de mentionner, c'est le fait aussi
qu'on doit, dès aujourd'hui… Bon, on
a réglé la question de Montréal, le maire a été très clairvoyant dans sa
demande lorsqu'il nous a présenté une demande pour le doter de cette ressource-là, mais je suis convaincu que d'autres
municipalités et d'autres organisations ont aussi besoin de ressources
peut-être pas semblables, mais de ressources qui pourraient, à certains égards,
être adaptées aux besoins et aux
particularités de leur propre organisation. Je pense aux MRC, qui pourraient
peut-être jouer un rôle, avoir des personnes
ressources qui pourraient travailler en étroite collaboration avec l'ensemble
des municipalités de leur territoire. Je pense également à certaines
villes de moyenne ou de grande taille qui pourraient aussi avoir besoin de
ressources qui pourraient les aider à ce niveau-là.
Donc,
j'invite le gouvernement, dès maintenant, à débuter, à amorcer la réflexion, à
savoir comment on peut aussi prévenir et aider d'autres organisations
que Montréal parce que c'est clair que, quand on regarde tout ce qui se passe présentement, c'est clair que les besoins sont
nombreux et répartis dans l'ensemble, je crois, du monde municipal en
termes de formation, d'encadrement, et tout ça, pour amener une plus grande
sensibilité aux décideurs et aux gestionnaires qui va permettre finalement,
ultimement, de mieux servir l'ensemble des citoyens et des citoyennes du
Québec.
Ça
a été un travail qui a été relativement rapide, notamment grâce à la
collaboration de l'ensemble des organisations politiques des partis qui étaient présents à la commission, mais aussi
parce que la réflexion avait été amorcée, bon, par l'ex-ministre des
Affaires municipales, député de Jonquière. Donc, c'est sûr que le dossier était
mûr, et il y a eu une bonne collaboration.
Ça a donné des bons résultats, et je souhaite que ce dossier-là soit un dossier
qu'on pourrait… qu'on peut citer en exemple, comme exemple de franche et
bonne collaboration lorsqu'il est question, je dirais, de doter le Québec et ses organisations d'outils essentiels
pour assurer une plus saine gestion de l'ensemble des fonds publics,
mais aussi pour mieux desservir l'ensemble
des Québécois et des Québécoises. Je crois que, quand on… Si on réussit,
comme organisation politique, à placer le citoyen et les citoyennes au coeur de
nos décisions, je suis confiant que, dans la plupart des cas, on va réussir à
arriver à des consensus comme on l'a fait dans le cadre de ce projet de loi là.
Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci beaucoup, M. le député.
Alors, y a-t-il d'autres interventions? Je vais maintenant inviter le
ministre à faire sa réplique s'il y a lieu.
M. Moreau : Mme la Présidente, il n'y aura pas de réplique, vu l'excellente
collaboration de tous les parlementaires et l'empressement que nous
avons à voir ce projet de loi adopté le plus rapidement, empressement qui n'a d'égal
que celui du maire de Montréal, j'en suis convaincu, et de tous les élus de l'Hôtel
de Ville, y compris de l'inspecteur général lui-même.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup, M. le
ministre. Alors, le projet de loi n° 1, Loi concernant l'inspecteur
général de la Ville de Montréal, est-il adopté?
Des
voix : Adopté.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Un instant. Mme la leader adjointe.
Mme Vallée : Je vous
demanderais un vote par appel nominal, s'il vous plaît.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Alors, qu'on appelle les députés.
• (16 h 9 — 16 h 20)
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Alors, nous allons maintenant procéder à la mise aux voix de la motion
présentée par M. le ministre des Affaires municipales et de l'Occupation du
territoire proposant que le projet de loi n° 1, Loi concernant l'inspecteur
général de la Ville de Montréal, soit adopté.
Mise aux voix
Et que les députés en faveur de cette motion
veuillent bien se lever.
La Secrétaire adjointe : M. Couillard (Roberval), M. Fournier
(Saint-Laurent), M. Paradis (Brome-Missisquoi), M. Hamad (Louis-Hébert),
M. Dutil (Beauce-Sud), M. Leitão (Robert-Baldwin), M. Coiteux (Nelligan), M.
Moreau (Châteauguay), Mme David (Outremont), M. Poëti (Marguerite-Bourgeoys),
M. D'Amour (Rivière-du-Loup—Témiscouata), M. Huot (Vanier-Les Rivières),
M. Kelley (Jacques-Cartier), M. Lessard (Lotbinière-Frontenac), M.
Barrette (La Pinière), M. Blanchette
(Rouyn-Noranda—Témiscamingue),
M. Heurtel (Viau), M. Arcand (Mont-Royal), Mme Charbonneau (Mille-Îles),
M. Daoust (Verdun), Mme Weil (Notre-Dame-de-Grâce), Mme Vallée (Gatineau), M. Bolduc (Jean-Talon), M. Blais (Charlesbourg),
Mme St-Pierre (Acadie), M. Reid (Orford), Mme Vallières (Richmond), Mme Boulet (Laviolette), M. Morin (Côte-du-Sud),
M. Ouellette (Chomedey), Mme Charlebois (Soulanges), Mme Ménard (Laporte), M. Sklavounos (Laurier-Dorion), M.
Girard (Trois-Rivières), Mme Blais (Saint-Henri—Sainte-Anne), M. Bernier (Montmorency), Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger), M. Carrière (Chapleau), M. Chevarie (Îles-de-la-Madeleine), M. Matte (Portneuf), M. Simard
(Dubuc), M. Bolduc (Mégantic), Mme de Santis (Bourassa-Sauvé), M.
Iracà (Papineau), M. Fortin (Pontiac), M. Bourgeois (Abitibi-Est), M. Boucher
(Ungava), M. Auger (Champlain), M. Rousselle
(Vimont), M. Ouimet (Fabre), M. Fortin (Sherbrooke), M. Giguère
(Saint-Maurice), M. Habel (Sainte-Rose), M. Hardy (Saint-François), M. Merlini (La Prairie), Mme Montpetit
(Crémazie), Mme Nichols (Vaudreuil), M. Plante (Maskinongé), M. Polo (Laval-des-Rapides), Mme Simard (Charlevoix—Côte-de-Beaupré), M. St-Denis (Argenteuil).
M. Bédard (Chicoutimi), Mme Maltais (Taschereau), M. Marceau
(Rousseau), Mme Zakaïb (Richelieu), M. Bérubé (Matane-Matapédia), M. Therrien (Sanguinet), Mme Léger (Pointe-aux-Trembles),
Mme Lamarre (Taillon), M. LeBel (Rimouski),
M. Lelièvre (Gaspé), M. Kotto (Bourget), Mme Hivon (Joliette), M. Dufour
(René-Lévesque), M. Drainville (Marie-Victorin),
M. Lisée (Rosemont), Mme Poirier (Hochelaga-Maisonneuve), M. Traversy
(Terrebonne), M. Leclair (Beauharnois),
M. Villeneuve (Berthier), Mme Ouellet (Vachon), M. Cousineau (Bertrand), M.
Turcotte (Saint-Jean), Mme Richard (Duplessis), M. Roy (Bonaventure).
M. Legault (L'Assomption),
M. Deltell (Chauveau), M. Caire (La Peltrie), M. Martel
(Nicolet-Bécancour), M. Dubé (Lévis), Mme
Roy (Montarville), M. Charette (Deux-Montagnes), Mme D'Amours (Mirabel), M.
Laframboise (Blainville), Mme Lavallée
(Repentigny), M. Lamontagne (Johnson), M. Jolin-Barrette (Borduas), M.
Surprenant (Groulx), Mme Samson
(Iberville), Mme Soucy (Saint-Hyacinthe), M. Spénard (Beauce-Nord), M. Picard
(Chutes-de-la-Chaudière), Mme Roy (Arthabaska), M. Lemay (Masson).
M.
Khadir (Mercier), Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques).
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, y a-t-il des députés contre
cette motion? Aucune abstention? M. le secrétaire général.
Le
Secrétaire : Pour : 106
Contre :
0
Abstentions :
0
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, la motion est adoptée.
Alors, monsieur…
Des voix :
…
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : …M. le leader du gouvernement.
M. Fournier : Oui. Mme
la Présidente, je vous proposerais peut-être de suspendre une ou deux minutes,
le temps que certains de nos collègues quittent pour que nous puissions
continuer par la suite.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je suspends les travaux pour
quelques instants.
(Suspension de la séance à
16 h 25)
(Reprise
à 16 h 26)
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, pour la poursuite des travaux, M. le leader du gouvernement.
M. Fournier :
Oui, Mme la Présidente. Pour ceux qui vont suivre nos travaux à la télévision,
peut-être qu'on va procéder d'une façon un
peu différente qu'à l'habitude. Ça ne veut pas dire que ce n'est pas important,
mais on va le faire un peu
différemment. Alors, de consentement avec les partis représentés à l'Assemblée,
je vous demanderais d'appeler l'article b de notre feuilleton.
Projet
de loi n° 7
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, M. le leader du gouvernement, conjointement
avec Mme la leader de l'opposition
officielle et M. le leader du deuxième groupe d'opposition, propose l'adoption
du principe du projet de
loi n° 7, Loi entérinant l'entente relative au fonctionnement de l'Assemblée
nationale et des commissions parlementaires, aux fonctions
parlementaires ainsi qu'aux aspects budgétaires pour la durée de la
41e législature.
Adoption
du principe
Est-ce
qu'il y a consentement pour déroger aux articles 236 et 237 afin de
permettre à l'Assemblée de procéder à l'adoption du principe du projet
de loi? Il y a consentement. Y a-t-il des interventions?
M. Fournier :
…que, de consentement aussi, nous ferons des interventions à l'étape de l'adoption
finale.
Mise
aux voix
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : D'accord. Alors, le principe du projet de loi
n° 7, Loi entérinant l'entente relative au fonctionnement de l'Assemblée
nationale et des commissions parlementaires, aux fonctions parlementaires ainsi
qu'aux aspects budgétaires pour la durée de la 41e législature, est-il
adopté?
Des voix :
Adopté.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Adopté. M. le leader du gouvernement.
M.
Fournier : Je fais motion afin de déférer ce projet de loi à la
commission plénière et que, de consentement, nous puissions procéder aux
écritures, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, cette motion est-elle adoptée?
Des voix :
Adopté.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Adopté. Est-ce qu'il y a
consentement pour procéder aux écritures? Consentement. Alors, M. le
leader du gouvernement.
M.
Fournier : Merci, Mme la Présidente. Quel beau dialogue nous
avons! Conformément à l'article 108 de notre règlement, je fais
motion pour que l'Assemblée se constitue en commission plénière afin de
procéder à l'étude de ce projet de loi.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, est-ce que cette motion est adoptée?
Des voix :
Adopté.
Commission
plénière
Étude
détaillée
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Adopté. Est-ce que tous les
articles du projet de loi n° 7, Loi entérinant l'entente
relative au fonctionnement de l'Assemblée nationale et des commissions
parlementaires, aux fonctions parlementaires ainsi qu'aux aspects budgétaires
pour la durée de la 41e législature, sont adoptés?
Des voix :
Adopté.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Adopté. Est-ce que l'ensemble du projet de loi,
incluant le titre, est adopté?
Des voix : Adopté.
Mise
aux voix du rapport de la commission
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Est-ce que le rapport de la commission plénière est
adopté?
Des voix :
Adopté.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : M. le leader du gouvernement.
Adoption
M.
Fournier : Je propose que nous procédions à l'adoption du
projet de loi, Mme la Présidente, mais après…
• (16 h 30) •
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, M. le leader du gouvernement, conjointement
avec Mme la leader de l'opposition officielle et M. le leader du deuxième
groupe d'opposition, propose l'adoption du projet de loi n° 7, Loi entérinant l'entente relative au fonctionnement
de l'Assemblée nationale et des commissions parlementaires, aux
fonctions parlementaires ainsi qu'aux aspects budgétaires pour la durée de la
41e législature.
Y
a-t-il consentement pour déroger aux articles 22 et 230 du règlement afin
de permettre l'adoption du projet de loi? Il y a consentement. Y a-t-il
des interventions? Oui. Alors, M. le leader du gouvernement.
M. Jean-Marc Fournier
M.
Fournier : …à ce stade-ci, Mme la Présidente, de consentement,
nous avons même convenu de l'ordre de ces interventions. Alors, j'irai au début, ma collègue de l'opposition
officielle ira par la suite, le whip du deuxième groupe d'opposition, frappeur suppléant pour son collègue
qui s'active sur le vélo sous la pluie, j'ai l'impression, et peut-être un
des députés indépendants qui voudrait participer par la suite.
Essentiellement,
pour ceux qui suivent nos travaux, évidemment, nous, à l'Assemblée, nous en
sommes… C'est un des projets de loi, probablement, dont nous connaissons le plus la teneur parce que cette Assemblée a l'occasion
d'avoir reçu le projet de loi, mais nous en avons débattu chacun dans nos caucus puisque nous avons
débuté cette législature, comme à chaque
occasion depuis quelques années, avec des discussions sur la façon dont
devraient se dérouler nos travaux puisque notre règlement est plus ou moins adapté à certains nouveaux cas de
figure, qui se présentaient moins, disons, dans les décennies passées, mais, depuis le tournant du
millénaire, disons qu'on a une représentation à la Chambre qui ne trouve
pas un règlement qui satisfait pour trouver les bonnes réponses dès le début.
Alors,
lorsqu'on veut procéder à la constitution, à la composition des commissions, il y a
certaines discussions. Lorsque vient
le temps de discuter de la répartition des questions à la période de questions,
même du rôle de ces questions, qui a
la première, qui a la troisième, qui a la huitième, tout ça amène des débats. Évidemment,
je vous rappellerai que les questions de budget sont toujours aussi à l'attention
des députés, c'est normal, on ne peut pas le leur reprocher, les députés, l'Assemblée,
comme toute institution, doit se poser des questions sur les aspects
budgétaires.
Pour l'ensemble des
matières, il y a eu une entente qui est intervenue entre les leaders à la commission
de l'Assemblée nationale et, je peux le dire maintenant, issue de chacun des
caucus qui ont permis que cette entente soit réalisée,
soit conclue. Un des éléments de cette entente, bien que le projet de loi — et
je ne veux pas parler longtemps, Mme
la Présidente — porte sur des indemnités à l'égard de deux
fonctions accordées à la deuxième opposition officielle, parce qu'on a besoin, pour cela, d'une loi… Pour
les autres éléments, il n'y avait pas besoin
de loi, donc on n'a pas besoin de l'inclure dans un véhicule législatif.
Ceci
étant, dans l'ensemble de l'entente, il y a un élément sur lequel je veux
insister, qui me semble très important, d'autant que tous ceux qui ont participé à nos travaux pour que nous
nous entendions l'ont tous soulevé avec la même énergie, puis je suis sûr que mes collègues qui vont prendre la parole
vont vouloir en toucher un tout petit mot, même si je ne veux pas mettre
de mots dans leurs bouches. Nous le souhaitons tous, et le président de l'Assemblée
s'est fait fort de nous reconvoquer au début
de l'automne pour commencer les travaux, nous devons revoir notre règlement. Il
est évident qu'on va devoir sortir de
cette période d'incertitudes à chaque début de législature, qui ne sont pas
propices à établir les meilleures
relations parce qu'on a des conflits sur même l'organisation même de nos
travaux. Parce qu'en politique et dans la
démocratie qu'on n'ait pas la même idée, c'est non seulement normal, mais c'est
souhaitable, il faut même espérer qu'il
y ait un échange d'idée, mais, lorsqu'on arrive au forum qui permet de faire
cet échange, on doit souhaiter qu'il y ait une certaine harmonie sur la
façon de partir nos travaux.
Donc,
il y aura un comité qui sera mis sur pied pour nous assurer qu'avant la prochaine
législature, en fonction de la prochaine
législature, on ait des nouvelles règles qui vont tenir compte notamment des
groupes parlementaires, du nombre de
députés dans les groupes parlementaires. Et on pourrait, avec une… prévoir une
gradation sur les différents postes, les différents budgets, la participation dans les commissions, à la période
de questions. Tout ça peut être prévu, en tout cas, beaucoup mieux que
ce ne l'est présentement.
Il est évident qu'un des éléments importants qui
a été discuté était la question des budgets, et, autour de cette question-là — puis ça va nous guider pour les travaux du
comité sur la réforme — une des questions nous amenait à nous poser la question suivante : Ce qui gouverne
une assemblée comme la nôtre, c'est le nombre de parlementaires dans une
formation ou la formation elle-même? Notre système, vous le savez… je donnais
cet exemple-là durant les dernières semaines, à la dernière législature, nous
étions 50 députés et nous étions de ce côté-là. L'opposition officielle
était, à l'époque, le gouvernement, était
54. Qu'il y ait une différence de quatre ne nous permettait pas d'être le
gouvernement deux jours par semaine. Ceux
qui étaient 54 étaient le gouvernement sept jours par semaine. Et, même si nous
étions tout près
de ce nombre, nous n'étions pas le gouvernement, nous étions l'opposition
officielle. Pourtant, le nombre de députés, on pourrait imaginer, selon
certaines théories, pourrait nous amener à dire que nous pourrions partager,
mais notre système n'est pas fait comme ça, et personne ne propose qu'il soit
changé.
La même
logique s'applique lorsqu'on est l'opposition officielle, la deuxième
opposition. Par contre, la deuxième opposition
a bien raison de soulever le fait que, bien que ce groupe parlementaire ne
constitue pas l'opposition officielle, le nombre de représentants qu'ils
ont doit bien vouloir signifier quelque chose, on ne peut pas nier ça non plus.
Donc, on est pris avec des notions. Le
règlement le faisait à l'époque quand même, mais, lorsqu'il y a deux partis à
l'Assemblée, et traditionnellement… Il y a
eu parfois trois, mais, de façon générale, l'Assemblée était constituée, depuis
les débuts, de deux partis qui
occupaient la droite et la gauche de la présidence. Maintenant, c'est plus
difficile, d'où l'importance de créer ce comité pour réfléchir pour la
suite des choses.
Je conclus.
Le projet de loi comme tel vise à consacrer un statut et certains postes à la
deuxième opposition. Et un des
éléments qui soutient de poser ce geste, c'est qu'ils ont passé le cap du 20,
ils ont plus de 20 députés. Et il est vrai que, dans les discussions que nous avions déjà eues, il
y avait eu certaines déclarations ou certaines considérations, je
devrais dire, à l'égard de ce que signifie
ce nombre. Nous connaissions bien le chiffre 12 avant, mais on avait déjà
commencé des travaux où on pouvait dire : Et à 20. Et c'est ce que je
propose, Mme la Présidente, que, dans ce comité, on puisse s'interroger sur ce
que signifient les 12, les 20, les 25 et les 30. Peut-être qu'on peut y trouver
une certaine forme de gradation. Devra-t-on imaginer de s'arrêter ou donner un
sens au pourcentage de votes, qui est un autre élément qui peut être considéré?
Je ne veux pas dire que c'est vers ça que je veux aller, mais difficile de ne
pas tenir compte de cet élément-là aussi.
Alors, ce
comité va nous aider, je crois, à lancer nos travaux. Et je redis ce qui a été
dit à l'époque où on a parlé de ça,
personnellement, comme leader du gouvernement, surtout lorsqu'on a devant nous
un projet de loi conjoint, qui n'est pas une habitude, mais je pense que c'est une façon de faire très correcte,
on a la possibilité d'appeler des projets de loi de l'opposition… enfin,
d'un député, soit-il de l'opposition ou ministériel, peu importe. Et on ne le
faisait pas vraiment souvent, on peut
commencer à le faire. On a ouvert une fenêtre pour le faire cette année avec un
projet de loi. Dans la réflexion, il
faudra aussi prévoir l'aménagement dans nos travaux de la capacité d'appeler
les projets de loi des députés, sinon
c'est complexe. Par exemple, l'opposition officielle dépose un projet de loi…
ou un de ses députés en dépose un, ils n'ont
que la motion du mercredi pour commencer l'étude, ce n'est pas très long pour
pouvoir le faire. Puis l'opposition officielle,
à juste titre, peut dire : Oui, mais là l'actualité m'amène à vouloir
parler d'un autre sujet. Puis je le comprends, j'ai déjà été assis de l'autre côté. Et même chose pour
la deuxième opposition, qui a déjà moins de temps dans les mercredis pour le faire. Et que dire de ceux qui sont
indépendants, qui n'ont à peu près pas de temps pour le faire, et pourtant
ils ont le même droit. Bon, alors, ceci
étant dit, il y a quand même plusieurs matières à considérer. Le projet de loi
d'aujourd'hui vise à légiférer sur un élément… deux éléments de l'entente que
nous avions. Ce sera fait.
Maintenant,
je veux conclure en signalant, Mme la Présidente, et je le fais d'autant que,
demain… ce n'est pas la fin de nos
travaux parce qu'on revient la semaine prochaine, puis l'autre d'après, puis l'autre
d'après, mais on finit une première étape
cette semaine. Je pense que ça vaut la peine de noter que nous nous sommes
entendus. Ça vaut la peine de noter que nous déposons ce projet de loi
ensemble. Ça vaut la peine de noter que nous sommes en mesure de faire
travailler ce Parlement dans une relative harmonie, enfin j'aurais presque dit
«une totale harmonie», si tout le monde considère qu'il est normal que nous n'ayons
pas la même position. Et je tiens… et j'en profite pour dire à mes collègues leaders — whip, dans ce cas-ci, et représentant l'autre
leader — que je
suis très heureux des relations que nous avons entre nous. Et j'espère
que nous pourrons continuer ici, donner un exemple à l'ensemble de la
population que les élus qui représentent le peuple sont bien en mesure de faire
les choses très correctement. Merci, Mme la Présidente.
• (16 h 40) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci, M. le leader du
gouvernement. Je cède maintenant la parole à la leader de l'opposition
officielle.
Mme Agnès Maltais
Mme
Maltais : Merci,
Mme la Présidente. Alors, je vais prendre là où le leader du gouvernement a
laissé, sur les beaux mots de l'harmonie que
nous avons créée et du plaisir que nous avons à travailler ensemble. Et je
pense que ça doit être rassurant pour
les citoyens et citoyennes, qui se demandent parfois où s'en va ce Parlement,
quel est le ton du travail, est-ce que les gens collaborent ensemble. Si
vous saviez comment les gens… S'ils savaient comment les gens collaborent
ensemble!
Évidemment, c'est
amusant parce que, si les gens suivent nos travaux, ce matin les leaders du
gouvernement et moi ainsi que le
leader adjoint de la deuxième opposition, on n'était pas tout à fait d'accord
sur certaines règles de procédure, c'est
amusant de voir que nous avons quand même, ensemble, à collaborer et à faire
fonctionner ce Parlement. On peut ne pas être d'accord une fois que les
règles sont bien établies, mais notre devoir, c'est d'abord d'établir des
règles qui permettent à la démocratie de s'exercer et de s'exercer sainement.
Comment est-ce qu'une démocratie peut s'exercer
sainement? D'abord, en faisant à ce que chaque groupe parlementaire ait les
moyens d'exercer son droit de parole et, à la fin, son droit de vote, mais le
droit de parole est fondamental. Les
privilèges de cette Assemblée nationale sont extrêmement importants. Ils sont
gardés d'abord par la présidence — dont vous êtes, Mme la Présidente — et aussi par les leaders. Les leaders sont,
de leur côté, les gardiens des privilèges
de leur groupe parlementaire. Alors… mais d'abord, d'abord, il faut établir des
règles de fonctionnement. Et effectivement, depuis quelques années, ça a
été un peu la fin du bipartisme, quoi qu'il y a déjà eu trois partis aussi. Je me rappelle du Parti Égalité ou, avant ça, de l'Union
nationale. Il y a eu des moments de bouleversement au Québec, mais, rapidement, on se
retournait vers le bipartisme. Or, depuis quelques années, il y a véritablement
une transformation de la démocratie
et du Parlement. Il y a des groupes d'opposition qui prennent plus de place. J'ai
moi-même été dans la deuxième opposition, alors j'ai vécu, à l'époque,
ce que c'est que la difficulté de négocier sa place dans un Parlement qui n'est
pas tout à fait fait pour fonctionner à trois partis et qui a une grande
quantité de députés.
Alors,
j'ai aimé beaucoup la façon dont on a travaillé ensemble, avec la deuxième
opposition, avec le gouvernement. Je pense que nous avons établi des
règles qui vont nous permettre de faire entendre la voix de tous les députés, de tous les partis politiques, partis
politiques qui sont aussi porteurs d'idées, de convictions, de visions de la
société. Et c'est pour ça qu'il faut
protéger aussi la pluralité des voix dans cette Assemblée. C'est parce que nous
portons tous, hommes et femmes
politiques, une vision du développement de la société québécoise. Et cette vision,
elle doit pouvoir s'exprimer ici à la mesure de nos talents, bien sûr,
parce que ça dépend toujours des talents des orateurs, mais aussi à la mesure
de la place que nous a donnée la population.
Alors,
oui, nous avons donc… nous nous sommes entendus. Je ne ferai pas beaucoup de
discours sur ce qu'on a tous… tout ce règlement que nous avons fait,
toute cette entente que nous avons faite, puisque les gens peuvent les consulter. Ça s'est fait à la Commission de l'Assemblée
nationale, c'est dans les galées, c'est sur audio et c'est dans le
procès-verbal de la Commission de l'Assemblée nationale, donc tout est
disponible pour les citoyens, citoyennes. Restait
ce geste, c'est-à-dire permettre à la deuxième opposition d'avoir une
présidence de caucus et un leader adjoint, avec lequel on est venus
rapidement en accord, geste qui doit donc être sanctionné par un projet de loi
pour qu'il s'avère... pour qu'on puisse
opérer, que la deuxième opposition puisse avoir… utiliser... avoir ces deux
fonctions dans son groupe. Ça nous a fait plaisir d'y participer.
Alors, voilà, Mme la
Présidente. Je nous souhaite maintenant de continuer à travailler, à batailler,
à exprimer nos convictions dans un cadre qui permettra à tous et à toutes de se
sentir à l'aise.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Merci, Mme la leader. Et je reconnais maintenant le
whip du deuxième groupe d'opposition.
M. Donald Martel
M.
Martel :
Merci, Mme la Présidente. Quoi rajouter de plus? D'autant plus qu'un des postes
visés dans la nouvelle entente se trouve à
être quelqu'un qui est juste à côté de moi, qui va extrêmement surveiller ce
que je vais dire.
Ce
que je veux dire, c'est que, sincèrement, je veux remercier à la fois le
gouvernement et l'opposition officielle pour l'ouverture qu'il y a eu
dans cette négociation-là. Je veux féliciter les trois leaders. Parce que moi,
je n'ai pas fait partie de la négociation
comme telle, je suis en relève un peu, comme le leader l'a mentionné tout à l'heure.
Mais je pense qu'il y a un grand pas
qui a été franchi à l'effet qu'il y a une troisième voix au Québec, un
troisième parti politique à l'Assemblée nationale. Je pense qu'il va
falloir s'y faire. Et ce n'est pas dit qu'éternellement ça va être la Coalition
avenir Québec qui va être le deuxièmement parti d'opposition. Donc, c'est
important, je pense, dans cet esprit-là, d'avoir une ouverture pour dire qu'éventuellement
ça peut être d'autres qui vont se retrouver dans cette position-là.
Et je veux vraiment
lever mon chapeau par rapport à cette ouverture-là qui a été faite. Je pense
que c'est encourageant pour le travail qu'il reste à faire parce qu'il y a eu
un engagement de tous les partis à l'effet que, d'ici la fin de cette législature-là,
on ne soumettra pas la prochaine législature à un exercice similaire. Quand la
prochaine législature va débuter, il va y
avoir un modèle d'entente, il va y avoir un nouveau règlement, mais on ne
soumettra pas les gens à l'exercice
qu'on vient de traverser, un exercice qui a été utile. Puis c'est dans ce
sens-là que je veux lever mon chapeau à tous les gens qui y ont
participé.
Pour le deuxième
groupe d'opposition, je veux réitérer que cette entente-là, elle est bonne. C'est
pourquoi on l'a acceptée. Il y a un sacrifice à l'intérieur de l'entente à l'effet
qu'un de nos députés ne pourra pas voter dans les commissions parlementaires. Je dis «un sacrifice» parce qu'on accepte de
faire ce sacrifice-là parce que le reste de l'entente nous convient. Et,
pour terminer, je voudrais juste dire que je souhaite sincèrement qu'on se
mette au travail le plus rapidement possible pour qu'on respecte l'engagement
qu'à la prochaine législature il y ait un nouveau règlement. Merci, Mme la
Présidente.
Mise aux voix
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup, M. le whip
du deuxième groupe d'opposition. Y
a-t-il d'autres interventions? Alors, le projet de loi n° 7, Loi
entérinant l'entente relative au fonctionnement de l'Assemblée nationale
et des commissions parlementaires, aux fonctions parlementaires ainsi qu'aux
aspects budgétaires pour la durée de la 41e législature, est-il adopté?
Des voix :
Adopté.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Adopté. M. le leader du gouvernement.
M. Fournier :
Oui. Juste avant de présenter la motion suivante, je voudrais quand même
rappeler au tout nouveau leader adjoint de
ne pas aller encaisser son chèque tout de suite, ce n'est pas sanctionné
encore, tu sais, de prendre ça tranquillement, Mme la Présidente.
Ajournement
Conformément à l'article 105 du règlement, je
fais motion afin d'ajourner nos travaux à demain, vendredi le 13 juin, à
9 h 45.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Alors, cette motion est adoptée. Et, en conséquence, j'ajourne les travaux au
vendredi 13 juin, 9 h 45.
(Fin de la séance à 16 h 47)