(Neuf
heures quarante-cinq minutes)
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, bon vendredi à tous et toutes. Vous pouvez
vous asseoir.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Nous allons débuter
par la rubrique des déclarations de députés. Et je peux maintenant déjà céder
la parole à Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Féliciter M. Ali Eddoughmi pour son acte de bravoure
Mme Rita de Santis
Mme de Santis :
Merci, Mme la Présidente. Au nom de l'Assemblée nationale, je veux féliciter de
tout coeur M. Ali Eddoughmi, de Montréal-Nord, pour son acte de bravoure
qui a permis de sauver la vie à 13 personnes. M. Eddoughmi s'apprêtait à garer sa voiture en début de nuit, le
24 avril dernier, quand il a vu de violentes flammes et une épaisse fumée surgir du troisième étage d'un
immeuble. N'écoutant que son courage, il s'est précipité dans l'immeuble
en flamme et a tout fait pour réveiller les occupants des huit logements.
Grâce à son courage
et à sa présence d'esprit, M. Eddoughmi a permis à toutes ces personnes de
s'en tirer indemnes. Comme le disait Nelson Mandela : «…le courage n'est
pas l'absence de [la] peur, mais la capacité de [la] vaincre».
M. Eddoughmi, vous êtes un héros. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merc beaucoup, Mme la députée. Et je cède maintenant la parole à M.
le député de Bonaventure.
Souligner la Journée de la Gaspésie et des
Îles-de-la-Madeleine
M. Sylvain Roy
M. Roy :
Bon matin, Mme la Présidente. Chers collègues, en tant que député de Bonaventure
et surtout Gaspésien, je tiens à souligner
qu'hier, le 5 juin, c'était la Journée de la Gaspésie et des
Îles-de-la-Madeleine. Comme la plupart
d'entre vous le savent déjà, la Gaspésie est une région magnifique, où il
fait bon vivre. Alors, j'aimerais prendre quelques minutes pour rendre
hommage aux Gaspésiennes et Gaspésiens, reconnus comme des gens accueillants,
chaleureux et courageux. Qu'ils soient d'adoption, pure laine ou en exil, la
beauté de ces gens est de voir à quel point l'attachement
à leur coin de pays est profond, profond au point de créer des racines si
fortes que le tissu social gaspésien est un exemple de solidarité.
Je
dis souvent : les Gaspésiennes et Gaspésiens ont grandement contribué à
bâtir le Québec, entre
autres sur les grands
chantiers via leur exil, mais aussi à enrichir, par leur présence, les institutions
d'enseignement supérieur des grandes villes.
C'est une réalité, les jeunes doivent partir de la région pour se former.
Alors, j'en profite pour saluer tous ceux et celles qui reviennent et veulent
apporter une contribution significative au développement de notre région.
Bonne
journée, chers citoyennes et citoyens, continuez d'être fiers de ce que vous êtes,
continuez de travailler à votre réussite. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Merci beaucoup, M. le député. Je reconnais maintenant
le député de Sainte-Rose.
Féliciter M. Simon Coletti, qui représentera
le Québec à la compétition d'art oratoire des
cadets de l'Aviation royale canadienne
M. Jean Habel
M.
Habel : Merci, Mme la Présidente. Permettez-moi de souhaiter la meilleure des
chances à M. Simon Coletti, qui représentera le Québec au concours
d'art oratoire des cadets de l'air au niveau national le 12 juin à
Whitehorse, au Yukon. C'est grâce au dévouement de Mme Madeleine Niding,
qui a aidé plusieurs des candidats en art oratoire, que l'escadron 710 des
cadets de l'air de Sainte-Rose a eu autant de succès dans cette discipline.
Ce fut un honneur pour moi d'assister à leur
cérémonial et d'effectuer la revue annuelle de l'escadron le 24 mai
dernier. À toute l'équipe qui encadre
ces jeunes, je les remercie et je leur souhaite une belle continuité. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Merci, M. le député. Maintenant, au tour du député
de Lévis pour sa déclaration.
Souligner
la tenue d'une activité de saut en parachute
au profit de la Fondation Hôtel-Dieu de Lévis
M. Christian Dubé
M. Dubé : Merci beaucoup. Et
bonjour, Mme la Présidente. J'aimerais vous dire, premièrement, que demain matin, pour la première fois de ma vie, je
vais sauter en parachute. Et je vais sauter en parachute pour une bonne
cause, qui est la Fondation de l'Hôtel-Dieu
de Lévis et le futur centre de cancérologie, qui a été annoncé il y a exactement un an.
Nous avons
tous, Mme la Présidente, dans nos familles, dans nos amis, des gens qui
ont subi des problèmes de cancer
et souvent parce qu'ils n'ont pas été
assez diagnostiqués à temps. Alors, demain, au lieu de laisser ma vie
dans les mains d'un médecin, je vais laisser
ma vie dans les mains d'un instructeur de saut en parachute à
Saint-Jean-Chrysostome, à Lévis. Et je le fais justement pour
sensibiliser la population aux besoins d'améliorer nos centres de cancérologie
dont nous aurons la chance d'avoir à Lévis.
Et j'aimerais
en profiter pour remercier ceux qui m'ont accompagné dans l'exercice; il y a
plusieurs citoyens qui vont venir sauter avec moi. Et je donnerais la
chance aux citoyens aussi de contribuer au fonds de l'Hôtel-Dieu de Lévis par
leur site Web s'ils veulent nous aider dans cette belle cause. Merci beaucoup.
• (9 h 50) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci. Maintenant, au tour du
député de Borduas pour votre déclaration.
Souligner le 70e
anniversaire des Marchés Pepin inc.
M. Simon Jolin-Barrette
M.
Jolin-Barrette : Bonjour, Mme la Présidente. À titre de député de Borduas, je souhaite féliciter Les Marchés Pepin,
une entreprise qui célèbre cette année ses 70 ans d'existence dans le
comté de Borduas.
Cette entreprise
familiale a été fondée en 1944 par M. Pepin, dans le Vieux-Beloeil, en achetant
une boucherie et un abattoir. Elle s'est
développée sous son fils Serge et a continué son expansion sur la troisième
génération, représentée par Bernard.
L'entreprise en est désormais à la quatrième génération, avec l'implication de
Mmes Cynthia et Annie Pepin, ce qui est un exploit, considérant la
difficulté que constitue le transfert générationnel d'entreprise.
L'implication
sociale de ce citoyen corporatif et des membres de la famille Pepin dans la
communauté et dans la circonscription
de Borduas est remarquable. En effet, Mme la Présidente, cette entreprise
familiale a démontré, au cours des décennies, l'importance de prendre
soin de sa communauté. Plusieurs groupes communautaires ainsi que de nombreux
organismes bénéficient de l'appui de cette entreprise bien implantée au coeur
de La Vallée-du-Richelieu.
Ainsi, Mme la Présidente, je souhaite profiter
de cette tribune pour féliciter la famille Pepin pour le 70e anniversaire
de l'entreprise familiale. Merci.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Bravo! Merci beaucoup. Je reconnais maintenant la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré.
Souligner la tenue de
la Marche contre la douleur,
organisée par La Société de l'arthrite
Mme Caroline Simard
Mme
Simard : Merci, Mme la Présidente. Ce dimanche 8 juin aura lieu la Marche
contre la douleur de La Société de l'arthrite, une activité de financement
visant à appuyer la recherche sur cette maladie touchant 4,6 millions de gens au pays. Depuis 1945, la société a
investi plus de l85 millions dans des projets ayant mené à des percées en matière de diagnostic, traitement et
soins aux gens vivant avec des douleurs et invalidités causées par l'arthrite.
En tant que présidente d'honneur de la marche, j'invite
mes collègues et la population à marcher avec des enfants, adolescents et adultes atteints d'une des 100 formes d'arthrite,
pour qui cinq kilomètres ou même un kilomètre représentera un défi. La Société de l'arthrite est le seul organisme
exclusivement dédié au financement de la recherche, à la défense des droits des personnes atteintes et à la
mise en place de programmes et services visant l'amélioration de la
qualité de vie. C'est un rendez-vous, à
partir de 9 heures, au parc de la Pointe-aux-Lièvres à Québec et au parc
Arthur-Therrien à Montréal. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci de votre déclaration. Je
reconnais maintenant la députée de Gouin.
Rendre hommage à L'Écho des
femmes de La Petite-Patrie
Mme Françoise David
Mme David (Gouin) : Oui. Merci, Mme
la Présidente. Le 27 mai dernier était décerné le prix Orange 2014 de L'Association
des groupes d'intervention en défense des droits en santé mentale au Québec. Ce
prix, remis à un groupe
ou à une personne s'étant illustré par son implication pour le respect des
droits des personnes vivant un problème de santé mentale, a été décerné à un organisme qui me tient
particulièrement à coeur. Je parle ici de L'Écho des femmes de La
Petite-Patrie, qui a produit le guide d'accompagnement en intervention en santé
mentale intitulé Il était une fois… Les
Dames de coeur. Ce guide,
essentiel et novateur, est le fruit de 20 années de récits d'expériences et
d'apprentissage collectif. C'est un outil qui favorise l'action collective,
sans laquelle rien ne serait possible.
C'est
en 1991 qu'est formé, à L'Écho des femmes, le groupe d'intervention et d'entraide
Les Dames de coeur. Ce lieu d'échange est venu en aide à de nombreuses
femmes qui se sont senties accueillies et écoutées lors de périodes difficiles. Je tiens donc à saluer le courage des
intervenantes qui font un travail énorme et qui auront, avec le guide Il
était une fois… Les Dames de coeur, un outil spécialisé pour les femmes et
toute la société québécoise. Donc, toutes mes félicitations à L'Écho des femmes
de La Petite-Patrie.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Merci beaucoup. Je vous rappelle, chers parlementaires,
que vous pouvez faire une déclaration pour
une durée d'une minute. Alors, veuillez respecter ce temps de parole, s'il vous
plaît. Maintenant, je reconnais notre collègue parlementaire le député de
Fabre.
Féliciter M. Danny Laviolette et les élèves des écoles
primaires de la circonscription de Fabre pour leur
participation au Grand Défi Pierre-Lavoie
M. Gilles Ouimet
M.
Ouimet (Fabre) : Merci, Mme la Présidente. Je tiens à
féliciter, aujourd'hui, les élèves des écoles primaires de ma circonscription qui ont participé au volet
Lève-toi et bouge du Grand Défi Pierre-Lavoie. Entre le 28 avril et le 26
mai 2014, avec enthousiasme et vigueur, ces jeunes ont cumulé, ensemble et
accompagnés de leur famille, des cubes d'énergie
pour chaque 15 minutes d'activité physique réalisée. C'est avec fierté que
je vous informe que quatre des écoles de Fabre figurent parmi les 10
premières places de la région de Laval. Et, parmi ces écoles, je suis
particulièrement fier de souligner la première place de l'école Jean-Lemonde.
Dans
le même ordre d'idées, je tiens à féliciter M. Danny Laviolette, membre de la
direction de l'école Les Trois-Soleils,
qui est un véritable modèle pour les élèves de cette école. En effet, pour une
troisième année consécutive, il fait preuve de son courage et sa
détermination en parcourant avec ses coéquipiers le trajet de
1 000 kilomètres en bicyclette reliant le Saguenay—Lac-Saint-Jean
et Montréal.
Mme
la Présidente, je sais que certains députés de cette Chambre relèveront aussi
cet extraordinaire défi. À tous j'offre mes plus chaleureuses
félicitations.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Merci. Merci, M. le député. Je reconnais maintenant
Mme la députée de l'Acadie.
Souligner le 50e anniversaire de
L'Union des familles d'Ahuntsic inc.
Mme Christine St-Pierre
Mme
St-Pierre : Merci, Mme la Présidente. Je souhaite souligner
le 50e anniversaire de L'Union des familles d'Ahuntsic, située dans le comté d'Acadie. Fondée en 1963, L'Union des
familles d'Ahuntsic a été créée pour répondre à des besoins du milieu.
Dirigée par des personnes bénévoles, résidentes du quartier, l'UFA a accompli
bon nombre de réalisations en 50 ans,
notamment l'élaboration des classes de maternelle, des démarches dans la
création d'un cégep, la mise sur pied du Club d'âge d'or
Saint-André-Apôtre et la formation d'un club de patinage de vitesse.
Je
tiens à féliciter et reconnaître tous ceux et celles qui ont, de près ou de
loin, contribué à la pérennité et au succès de l'organisme au fil des années. Votre contribution et votre dévouement contribuent à l'amélioration de la qualité de vie
de nos familles, et nous en sommes très fiers. Longue vie à L'Union des
familles d'Ahuntsic. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci. Merci, Mme la députée. Maintenant, au tour de Mme la députée de Vachon pour votre déclaration.
Souligner le 20e anniversaire de Certex-Centre
de récupération et de recyclage du textile inc.
Mme Martine Ouellet
Mme
Ouellet : Merci, Mme la Présidente. Dans
le cadre de la Semaine québécoise des personnes handicapées, du 1er au 7 juin, j'aimerais souligner les 20
ans d'existence de Certex. Certex est une entreprise d'économie sociale qui
fait de la récupération, de la valorisation des vêtements, souliers,
accessoires mode, jouets, textiles neufs et usagés et aussi de l'intégration des personnes handicapées. Certex
est la plus grande installation de tri et de réemploi du genre au
Québec. Les installations sont spécialement
adaptées pour permettre à plus de 100 personnes handicapées, physiques ou
intellectuelles, d'avoir accès à un emploi
permanent. C'est un milieu de travail compréhensif, respectueux et
stimulant.
Je
voudrais donc souligner aujourd'hui le président, Jean-Sylvain Pelletier,
la directrice générale, Marie-Josée Filteau, les membres du conseil d'administration
ainsi que tous les employés qui contribuent à la réussite de Certex. Bravo pour
votre 20e anniversaire, et je vous souhaite de beaux projets pour l'avenir.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Merci. Alors, ceci met fin à la rubrique Déclarations de députés.
Et je suspends les travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à 9 h 57)
(Reprise à 10 h 10)
Le
Président : Je n'ose
pas vous dire : Bonne fin de
semaine, nous allons nous recueillir,
parce que ce serait un peu trop tôt, mais nous
allons nous recueillir en pensant certainement qu'il y a 70 ans c'était le
débarquement de Normandie. Et plusieurs milliers de jeunes Canadiens et
Québécois y ont perdu la vie, alors je pense que ce serait de mise de penser à
eux à ce moment-ci.
Merci. Veuillez vous asseoir.
Présence du consul
général de la République orientale de
l'Uruguay à Montréal, M. Luis Eduardo Coronel Maldonado
J'ai le
plaisir de souligner la présence dans nos tribunes du consul général de la
République orientale de l'Uruguay, M. Luis Eduardo Coronel Maldonado, à
l'occasion de sa visite de prise de poste.
Nous poursuivons les affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a pas de déclarations
ministérielles ni présentation de projets de loi.
Dépôt de documents
À la rubrique Dépôt de documents, M. le ministre
de la Santé.
Avis synthèse sur les
activités de procréation assistée
au Québec du Commissaire à la santé et au bien-être
M.
Barrette : M. le Président, permettez-moi de déposer l'avis synthèse
sur les activités de procréation assistée au Québec du Commissaire à la
santé et au bien-être.
Le Président : Ce document
est déposé. Mme la ministre de la Famille.
Rapport annuel 2012‑2013
du Fonds de soutien aux proches
aidants et de la Société de gestion L'Appui national
Mme
Charbonneau :
Merci, M. le Président. Permettez-moi de déposer le rapport annuel 2012‑2013
sur les activités du fonds de soutien aux proches aidants et sur les activités
de la société de gestion de L'Appui national.
Le Président : Ces documents
sont déposés. M. le ministre de l'Énergie.
Rapport annuel de la
Société de
développement de la Baie-James
>421 M.Arcand : M. le Président, il me fait plaisir de déposer le rapport annuel
de la Société de développement
de la Baie-James pour l'exercice financier qui s'est terminé le
31 décembre 2013.
Le Président :
Ce rapport est déposé.
Dépôt de rapports de
commissions
À la rubrique Dépôt de rapports de commissions, M.
le président de la Commission de l'aménagement du territoire et député de Champlain.
Étude détaillée du
projet de loi n° 1
M. Auger :
Merci, M. le Président. Je dépose le rapport de la Commission de l'aménagement du territoire, qui, les
4 et 5 juin 2014, a procédé à l'étude détaillée du projet de loi n° 1, Loi
concernant l'inspecteur général de la Ville de Montréal. La commission a
adopté le texte du projet de loi avec des amendements.
Le
Président : Alors, ce rapport
est déposé. M. le vice-président de la Commission des finances publiques et député
de Lévis.
Une voix : …
Le Président : Ah!
Je m'excuse! Alors, ce sera M. le président de la Commission des finances
publiques et député de Montmorency.
Étude détaillée du projet de loi n° 4
M.
Bernier : Je remercie le député
de Lévis. M. le Président, je dépose le rapport de la
Commission des finances publiques, qui,
le 5 juin 2014, a procédé à l'étude détaillée du projet de loi
n° 4, Loi modifiant la Loi autorisant la conclusion de conventions
collectives d'une durée supérieure à trois ans dans les secteurs public et
parapublic.
Le Président : Ce rapport est déposé.
Dépôt de pétitions
Nous en sommes à la
rubrique Dépôt de pétitions. Je demanderais à M. le député de Bertrand de
déposer une pétition qui est non conforme,
après que j'aie eu trouvé un consentement.
Est-ce qu'il y a un consentement pour le dépôt de la pétition?
Consentement. M. le député de Bertrand.
Imposer un moratoire sur le déploiement de
tout compteur émetteur de radiofréquences
M.
Cousineau : Merci, M. le
Président. Alors, je dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée
nationale, signée par 4 416
pétitionnaires. Désignation : citoyens et
citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant
que les compteurs de nouvelle génération constituent, par la collecte et
transmission de données par réseau sans fil, une intrusion de la vie
privée et une cible aux fins de piratage;
«Considérant
que la norme canadienne de limite d'exposition aux micro-ondes qu'Hydro-Québec
et la Régie de l'énergie invoquent pour justifier leur décision fait fi
des effets biologiques non thermiques des radiofréquences, effets éprouvés par des
citoyens aux prises avec des compteurs émetteurs de radiofréquences
potentiellement cancérigènes — Organisation mondiale de la santé;
«Considérant
que les mesures ponctuelles de densité et de puissance élevées des
radiofréquences émises par les CNG
ont été occultées par Hydro-Québec, qui n'a divulgué que celles, nettement inférieures,
de densité exprimée en moyenne;
«Considérant
que l'émission d'un contaminant tel un rayonnement, transmission d'ondes
électromagnétiques, susceptible de porter
atteinte à la santé et à la sécurité de l'humain est prohibée par la Loi sur la
qualité de l'environnement;
«Considérant que la
Régie de l'énergie a fait fi du principe de précaution incombant aux pouvoirs
publics devant faire prévaloir les impératifs de santé et de sécurité face à un
danger possible pour la population;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous,
signataires de cette pétition, réclamons du gouvernement : un moratoire
immédiat sur le déploiement de tout
compteur émetteur de radiofréquences; le droit de conserver ou de faire
installer sans frais un compteur électromécanique chez soi ou dans un
lieu d'affaires; le droit de ne pas être exposé aux radiofréquences émises par
les compteurs avoisinants.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition.
Le
Président : Alors, l'extrait
de cette pétition est déposé. J'ai reçu, de la part de M. le député de
Bertrand, une autre demande de pétition non conforme. Est-ce que j'ai un
consentement? Consentement. M. le député de Bertrand.
M.
Cousineau : Alors, je dépose l'extrait d'une
pétition adressée à l'Assemblée nationale,
signée par 527 pétitionnaires. Désignation :
citoyennes et citoyens du Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant
que les compteurs de nouvelle génération constituent, par la collecte et
transmission de données par réseau sans fil, une intrusion de la vie
privée et une cible aux fins de piratage;
«Considérant que la
norme canadienne de limite d'exposition aux micro-ondes qu'Hydro-Québec et la
Régie de l'énergie invoquent pour justifier leur décision fait fi des effets
biologiques non thermiques des radiofréquences, effets
éprouvés par des citoyens aux prises avec des
compteurs émetteurs de radiofréquences potentiellement cancérigènes — Organisation
mondiale de la santé;
«Considérant
que les mesures ponctuelles de densité de puissance élevée des radiofréquences
émises par les CNG ont été occultées
par Hydro-Québec, qui n'a divulgué que celles nettement inférieures de densité
exprimée en moyenne;
«Considérant
que l'émission d'un contaminant tel un rayonnement, transmission d'ondes
électromagnétiques, susceptible de porter
atteinte à la santé ou à la sécurité de l'humain est prohibé par la Loi sur la
qualité de l'environnement;
«Considérant que la Régie de l'énergie a fait fi
du principe de précaution incombant aux pouvoirs publics devant faire prévaloir
les impératifs de santé et de sécurité face à un danger possible pour la
population;
«Et
l'intervention réclamée se résume ainsi :
«Nous, signataires de
cette pétition, réclamons de l'Assemblée nationale : un moratoire immédiat
sur le déploiement de tout compteur émetteur
de radiofréquences; le droit de conserver ou de faire installer sans frais un
compteur électromécanique chez soi ou dans
un milieu d'affaires; le droit de ne pas être exposés aux radiofréquences
émises par les compteurs avoisinants.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition.
Le Président :
L'extrait de cette pétition est déposé.
J'ai une troisième
pétition, de la part de M. le député de Bertrand, qui est non conforme. Est-ce
que vous me donnez le consentement pour l'entendre? M. le député de Bertrand.
M.
Cousineau : Merci,
M. le Président. Je dépose l'extrait
d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par 258 pétitionnaires. Ce qui donne, à ce jour,
depuis la législature précédente, un grand total de
26 945 pétitionnaires. Désignation : citoyennes et
citoyens du Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant
que l'installation de compteurs dits intelligents qu'Hydro-Québec veut imposer
à tous ses abonnés, sans avoir demandé leur avis ni obtenu leur
assentiment, constitue une grave atteinte à la liberté de choix;
«Considérant que les
radiations électromagnétiques, micro-ondes, émanant de l'émetteur-récepteur à ondes
pulsées, comme les cellulaires, des ondes
potentiellement cancérigènes selon l'Organisation mondiale de la santé,
dont ces compteurs sont munis s'ajouteraient
à la dose déjà élevée que la population doit absorber et contribueraient à
déclencher une kyrielle de problèmes de santé, particulièrement chez les
personnes électrohypersensibles, tel qu'observé partout ailleurs où de tels
dispositifs ont été installés;
«Considérant
qu'Hydro-Québec n'a nullement démontré la nécessité de remplacer la méthode actuelle
de relève des compteurs six fois par
année ni les avantages que pourrait représenter pour le consommateur la relève
de leur consommation électrique à maintes reprises chaque jour;
«Considérant
que le coût exorbitant du remplacement des compteurs électromécaniques actuels
d'une durée de vie d'au moins 25 ans par des compteurs d'une durée de
vie d'à peine 15 ans représente une dépense injustifiée que tôt ou tard les
abonnés devront absorber;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous,
signataires de cette pétition, réclamons du gouvernement qu'il impose à
Hydro-Québec de surseoir sans délai au déploiement de ces compteurs
jusqu'à ce qu'il ait été démontré, à la satisfaction d'un comité d'évaluation
composé à parts égales de représentants d'Hydro-Québec et de groupes de
citoyens opposés à ce déploiement, que les considérations évoquées ci-dessus
ont été dûment prises en compte et les correctifs nécessaires apportés.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition.
• (10 h 20) •
Le Président :
Alors, l'extrait de cette pétition est déposé.
J'ai reçu, de la part
de Mme la députée de Duplessis, une pétition qui est non conforme. Est-ce que j'ai
un consentement pour l'écouter? Consentement. Mme la députée de Duplessis.
Prendre des mesures pour lutter contre le tabagisme
Mme
Richard (Duplessis) : Merci, M. le Président. Je dépose l'extrait
d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par 275
pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant
que plus de 30 000 jeunes s'initient au tabagisme chaque année, qu'ils
sont recrutés activement par l'industrie du tabac, avec des produits
colorés, aromatisés et branchés, qu'une partie d'entre eux seront fumeurs pour
de nombreuses années;
«Considérant
que le taux de tabagisme au Québec stagne à environ 20 % depuis plus de
six ans, avec 1,5 million de fumeurs; c'est donc dire que pour chaque
fumeur qui écrase un jeune devient accro;
«Considérant
qu'après avoir essayé d'arrêter pendant un an 95 % des adolescents
baissent les bras et continuent de fumer;
«Considérant que le
tiers des jeunes entre 18 et 24 ans sont fumeurs;
«Considérant
que le tabac est responsable de 30 % de tous les cancers et que c'est la
première cause de mortalité évitable au Québec;
«Considérant qu'en 10
ans le tabac a tué 100 000 Québécois et a coûté 40 milliards de
dollars à notre société;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Les signataires de cette pétition demandent à l'Assemblée
nationale du Québec d'interdire les saveurs — y compris le menthol — d'imposer
un moratoire sur les produits du tabac, d'adopter l'emballage neutre et
standardisé — incluant l'interdiction des cigarettes
ayant un diamètre inférieur à 7,5 millimètres — et d'assujettir la cigarette
électronique à la Loi sur le tabac.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition.
Le Président :
Alors, l'extrait de cette pétition est déposé. J'ai reçu, de la part de M. le
député de Verchères, une demande de dépôt de pétition qui est non conforme.
Est-ce que j'ai un consentement? Consentement. M. le député de Verchères.
M.
Bergeron :
M. le Président, je dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée
nationale, signée par 300 pétitionnaires, citoyennes et citoyens du
Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant
que plus de 30 000 jeunes s'initient au tabagisme chaque année; qu'ils sont recrutés activement
par l'industrie du tabac, avec des produits
colorés, aromatisés et branchés; qu'une grande partie d'entre eux seront
fumeurs pour de nombreuses années;
«Considérant
que le taux de tabagisme au Québec stagne à environ 20 % depuis plus de six
ans, avec 1,5 million de fumeurs; c'est donc dire que pour chaque fumeur
qui écrase un jeune devient accro;
«Considérant
qu'après avoir essayé d'arrêter pendant un an 95 % des adolescents
baissent les bras et continuent de fumer;
«Considérant que le
tiers des jeunes entre 18 et 24 ans sont fumeurs;
«Considérant
que le tabac est responsable de 30 % de tous les cancers et que c'est la
première cause de mortalité évitable au Québec;
«Considérant qu'en 10
ans le tabac a tué 100 000 Québécois et a coûté 40 milliards de
dollars à notre société;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Les signataires de cette pétition demandent à l'Assemblée
nationale du Québec d'interdire les saveurs — y compris le
menthol — d'imposer
un moratoire sur les produits du tabac, d'adopter l'emballage neutre et
standardisé — incluant
l'interdiction des cigarettes ayant un diamètre inférieur à 7,5 millimètres — et d'assujettir
la cigarette électronique à la Loi sur le tabac.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition.
Le
Président : Alors, l'extrait
de cette pétition est déposé. Et j'ai finalement reçu, de la part de M. le député de Rimouski, une demande de
pétition qui est non conforme. Est-ce
que j'ai un consentement pour le
dépôt? Consentement pour votre dépôt, M. le député de Rimouski.
M.
LeBel : Merci, M. le Président. Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par 340
pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant
que plus de 30 000 jeunes s'initient au tabagisme chaque année; qu'ils
sont recrutés activement par l'industrie du tabac, avec des produits
colorés, aromatisés et branchés; qu'une grande partie d'entre eux seront
fumeurs pour de nombreuses années;
«Considérant
que le taux de tabagisme au Québec stagne à environ 20 % depuis plus de
six ans, avec 1,5 million de fumeurs; c'est donc dire que pour chaque
fumeur qui écrase un jeune devient accro;
«Considérant
qu'après avoir essayé d'arrêter pendant un an 95 % des adolescents
baissent les bras et continuent de fumer;
«Considérant que le
tiers des jeunes entre 18 et 24 ans sont fumeurs;
«Considérant
que le tabac est responsable de 30 % de tous les cancers et que c'est la
première cause de mortalité évitable au Québec;
«Considérant qu'en 10
ans le tabac a tué 100 000 Québécois et coûté 40 milliards de dollars
à la société;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Les signataires de cette pétition demandent à l'Assemblée
nationale du Québec d'interdire les saveurs — y compris le menthol — d'imposer
un moratoire sur les produits du tabac, d'adopter l'emballage neutre et
standardisé — incluant l'interdiction
des cigarettes ayant un diamètre inférieur à 7,5 millimètres — et d'assujettir la cigarette électronique à
la Loi sur le tabac.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition.
Le Président :
Alors, l'extrait de cette pétition est déposé.
Il
n'y a pas de réponses orales aux pétitions ni d'interventions portant sur une
question de droit ou de privilège.
Questions et réponses orales
Nous en sommes donc
rendus à la période de questions et de réponses orales, et je cède la parole à
M. le chef de l'opposition officielle.
Avis des agences de notation concernant
les prévisions budgétaires
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard :
M. le Président, la crédibilité financière du Québec est affaiblie, et le
premier ministre ne l'aide pas. En faisant un calcul plutôt surprenant, il
aurait reculé sur sa promesse de 15 milliards en immobilisations, tout simplement parce qu'il additionne à tort un
déficit de 3 milliards l'an dernier, de 5 milliards pour cette année,
7 milliards pour l'an prochain. Et trois plus cinq, plus sept? Eh voilà!
15 milliards.
Or,
s'il reprend son livre du budget, il n'y a plus de cinq et il n'y a plus de
sept, M. le Président, et le trois se résume à 1,2 milliard. Donc,
cette augmentation n'est pas au rendez-vous.
Dans
les faits, le premier ministre a dû reculer parce que le gouvernement libéral
dont il faisait partie a fait le choix et a
abusé d'une recette, c'est de mettre toute la croissance économique dans le
béton et dans les immobilisations. C'est 30 % de plus au niveau de
la dette dont le Parti libéral est responsable. La vraie raison pour laquelle
le premier ministre a reculé, c'est parce
que Moody's disait hier que d'importantes dépenses en infrastructures… Le
fardeau de la dette du Québec est appelé à croître au cours des deux
prochaines années, alors imaginez-vous si le premier ministre n'avait pas renoncé
à cette promesse irresponsable.
Est-ce
que le premier ministre est conscient que, par ces manoeuvres politiques par
lesquelles il brandit chaque jour des déficits potentiels totalement
fictifs, il a nui et il nuit aux intérêts supérieurs du Québec et a affaibli de
façon importante sa crédibilité sur les marchés financiers?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président, ceux et celles qui ont nui à la crédibilité financière
du Québec sont ceux et celles qui ont
mené l'agence Fitch à placer le Québec sous perspective négative. Ils ne sont
pas de ce côté de la Chambre; ils sont
de ce côté de la Chambre, M. le Président, puisque le gouvernement libéral
précédent avait au contraire fait augmenter ou rehausser la cote de crédit du Québec. Et ce qu'on lit dans la note
de Moody's ce matin devrait servir d'avertissement, d'une part, qu'il ne
faut plus continuer, qu'on ne peut plus continuer à gérer les finances
publiques et l'économie du Québec comme on l'a fait au cours des dernières
années. Puis je vais accabler un peu nos prédécesseurs, mais je vais reculer
également dans le temps, parce que les moyens de faire, les façons de faire
doivent changer de façon radicale.
Ce
qui est clair également, c'est que, dans l'équation qui mène au 15 dont on a
parlé tantôt, qui demeure valable, une grande partie, une grande partie
du résultat est mise sur le travail des deux commissions, de la fiscalité et de
la révision permanente des programmes. Et je suis content, par le ton de sa
question, de voir que le chef de l'opposition officielle
est convaincu que ces deux commissions arriveront à leur objectif, puisqu'il
dit lui-même que les déficits redoutés ne se produiront pas. Alors, je
le remercie de sa confiance.
D'ailleurs, on l'invite,
on l'invite à participer aux travaux de ces commissions et à nous présenter,
avec son collègue, ses collègues, des
suggestions pour réformer la fiscalité du Québec et également faire une
révision sérieuse et profonde des programmes de l'État pour le recadrer
à l'intérieur de nos moyens financiers, M. le Président.
Le Président :
Première complémentaire, M. le chef de l'opposition officielle.
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard :
Je vois que le premier ministre a changé de ton effectivement, parce que ce que
nous envoient comme signal les agences de notation, c'est inquiétant.
Nous,
notre bulletin, on l'a eu. Fitch, elle a dit après le budget : C'est
crédible. C'est crédible, ce que vous avez fait. Or, le premier
ministre, il reconnaît aujourd'hui que la façon libérale d'endetter toujours
plus le Québec est une voie vers la déroute, et malheureusement, lors de la campagne,
il avait promis qu'on recommencerait, on remettait un 15 milliards
additionnel.
Maintenant qu'on n'a
plus ça, maintenant qu'on n'a plus de plan pour relancer l'emploi, comment le premier
ministre peut, maintenant, ramener la crédibilité…
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président, nos collègues du gouvernement précédent ont
reçu trois bulletins, trois bulletins : le premier rapport du Vérificateur
général, qu'ils n'aiment plus beaucoup d'ailleurs — je parle de la
personne, c'est évident — au
cours des derniers jours, qui montrait une difficulté d'accès à certains
chiffres et également le manque de transparence par rapport à la
gestion des dépenses de l'État; le deuxième, c'est le dépôt d'un budget dans un
contexte préélectoral, qui menait, de toute évidence, à un référendum et à la
division du Québec, où on était incapable, M. le Président, où on était
incapable, M. le Président, de présenter un livre de crédits, pas surprenant
avec un déficit anticipé et craint de 5 et de 7 milliards; et le
dernier, M. le Président, c'est, encore une fois, le rapport du Vérificateur
général qui montre de façon claire les erreurs de gestion financière de nos
collègues.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le chef de l'opposition officielle.
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard : C'est rapide, M. le Président, pour sortir la bouée
de sauvetage, là. S'il pense qu'il va rassurer les marchés financiers en disant le mot «référendum»,
ça a peut-être marché en campagne, mais ça ne marchera pas auprès des
agences de notation, ça, je peux tout de suite lui dire. Puis il va devoir dire
qu'il est responsable, son gouvernement et le Parti
libéral, de 30 % de tout l'endettement de l'histoire moderne du Québec. Et
c'est surtout sa cible de 0,7 % que Moody's conteste. D'ailleurs, il nous
reprochait qu'à 2 % on n'avait pas de liste des mesures qu'on allait
faire.
Alors, s'il veut être crédible aujourd'hui,
quelle est la liste des mesures de…
Le Président : M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard : Alors, M. le
Président, je sais que c'est un concept tout à fait nouveau pour nos collègues
de l'opposition officielle, mais ça s'adonne,
comme on dit chez nous, qu'on ne va pas seulement présenter un budget,
mais un livre des crédits en même temps, le
même jour, où chaque ministère aura les crédits détaillés, où chaque ministre
pourra être questionné en commission parlementaire. Alors, la question qui
demeurera sans réponse, c'est : Pourquoi donc ce gouvernement précédent était-il
incapable, incapable de présenter les crédits lors du dépôt de son budget?
Maintenant,
ça fait quelques fois que notre collègue parle du chiffre d'endettement des
dernières années. Je voudrais peut-être
lui rappeler un certain détail qu'il semble avoir oublié : il y a eu une
récession mondiale à ce moment-là, l'ensemble des gouvernements de la planète ont investi massivement dans les
infrastructures, et c'est ce qui a permis au Québec…
• (10 h 30) •
Le Président : En terminant.
M. Couillard : …de passer à travers
la récession, M. le Président.
Le Président : Troisième
complémentaire, M. le chef de l'opposition officielle.
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard :
L'heure est grave, M. le Président, et le problème du gouvernement, c'est que,
là, il n'a pas de liste. Pour le
2 % de cette année, c'est drôle, il n'a plus de liste. Peut-être que le vérificateur
l'a entre les mains, sur le 2 % ou le 0,7 %, mais nous, nous ne l'avons pas. Mais le premier ministre
tente de convaincre, nous convaincre puis convaincre les agences que ça serait un comité, un comité que…
personne n'avait pensé au Québec. C'est sûr qu'il n'y a personne qui a
pensé que, pour régler des problèmes budgétaires, il fallait créer un comité.
Les intérêts supérieurs du Québec commandent qu'il
fasse preuve de transparence. Qui va…
Le Président : M. le premier
ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : Alors, M. le
Président, je vais le répéter, je l'ai dit à quelques reprises depuis quelques
semaines, des décisions importantes, importantes, pas cosmétiques ou
marginales, importantes et profondes devront être prises au cours des prochaines semaines et des prochains
mois. J'affirme dans cette Chambre, M. le Président, que nous prendrons ces décisions, bien sûr guidées par les experts
que nous consulterons, mais les décisions seront celles du gouvernement
et celles des élus de l'Assemblée nationale, M. le Président, et on en sera
imputables, et on amènera la population à se prononcer là-dessus.
Maintenant, effectivement, encore une fois, on
va présenter un livre de crédits — je sais que ce concept est révolutionnaire pour le Parti québécois — on va présenter un livre de crédits, on l'a
présenté d'ailleurs, il est déjà public…
Le Président : En terminant.
M.
Couillard : …et chacun de
nos collègues va pouvoir répondre aux
questions en commission parlementaire, M. le Président.
Le Président : Principale, M.
le député de Rousseau.
Réduction des crédits d'impôt
aux entreprises
M. Nicolas Marceau
M. Marceau : M. le
Président, Toronto et Vancouver se
frottent les mains ce matin parce qu'avec l'appui de la CAQ le
gouvernement libéral a décidé de couper de 20 % les crédits d'impôt pour
le multimédia et la production cinématographique. Plusieurs producteurs et
grands noms de l'industrie ont été attirés au Québec par nos crédits d'impôt, ce qui a entraîné la création de milliers
d'emplois à salaire élevé pour les jeunes diplômés en particulier et des
retombées importantes pour le gouvernement.
Dans ces domaines comme dans d'autres, le Québec
est en féroce compétition avec plusieurs juridictions. Ce matin, l'inquiétude est généralisée, et la
surprise est totale. Chez Montréal International, on nous dit : Montréal
ne sera plus la meilleure destination pour investir.
M.
le Président, le ministre peut-il nous dire pourquoi il a choisi de couper sans
réfléchir? Pourquoi il a décidé d'ébranler les secteurs du multimédia et
de la production cinématographique?
Le Président : M. le ministre
des Finances.
M. Carlos J Leitão
M.
Leitão : M. le Président, tout le monde est au courant que les finances publiques du Québec sont
dans un état sérieux, donc nous avons pris les mesures nécessaires pour
ramener la barque à bon port, pour revenir à l'équilibre budgétaire. Tout le monde, tout le monde doit
faire un effort dans cet exercice-là. Nos mesures de crédit d'impôt
demeurent compétitives. Ce que nous avons fait, nous avons réduit,
effectivement, de 20 % toutes les mesures. Maintenant, nous n'avons rien
aboli, chacun de ces programmes-là va être examiné et jugé à son mérite, M. le
Président.
Le Président : Première
complémentaire, M. le député de Rousseau.
M. Nicolas Marceau
M. Marceau :
M. le Président, des entreprises de calibre mondial comme Ubisoft, Framestore,
Warner, Cinésite, Beenox ou Studio Mel's ont choisi le Québec et son
environnement fiscal. L'effet libéral aujourd'hui, c'est qu'elles remettent en
question leurs investissements.
M. le
Président, le ministre des Finances peut-il nous garantir que ces entreprises
maintiendront leurs investissements et créeront les emplois prévus?
Le Président : M. le ministre
des Finances.
M. Carlos J Leitão
M. Leitão : Nous sommes entièrement,
entièrement confiants que ces entreprises vont maintenir leurs investissements au Québec parce que ce n'est pas
la seule raison qu'elles investissent au Québec. Ce n'est pas à cause
des crédits d'impôt, il y a beaucoup d'autres
avantages, beaucoup d'autres avantages compétitifs au Québec : la main-d'oeuvre
de qualité, la proximité des marchés mondiaux. Donc, ce n'est pas la seule
raison, M. le Président.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le député de Rousseau.
M. Nicolas Marceau
M. Marceau :
M. le Président, avec l'appui de la CAQ, le gouvernement coupe à l'aveugle dans
une trentaine de crédits d'impôt. Tous les secteurs y passent :
culture, finance internationale, ressources naturelles, manufacturier. On coupe, on réfléchira plus tard. Ce matin, l'inquiétude
est généralisée. Les entreprises refont leurs calculs et se demandent si
le Québec est toujours le bon choix. M. le Président, pourquoi le ministre s'attaque-t-il
aveuglément aux secteurs économiques qui créent de la richesse au Québec?
Le Président : M. le ministre
des Finances.
M. Carlos J Leitão
M. Leitão : Écoutez, M. le
Président, comme je l'ai dit tantôt, les avantages compétitifs du Québec sont importants. Les crédits d'impôt ne sont pas le
seul moyen; il y en a beaucoup d'autres, moyens. Nous n'avons rien
aboli, nous avons simplement…
Des voix : …
M.
Leitão : …nous avons simplement passé le message que tout cet édifice
de crédits d'impôt va être examiné à la loupe, M. le Président.
Le Président : Principale, M.
le chef du deuxième groupe d'opposition.
Fardeau fiscal des
contribuables
M. François Legault
M. Legault :
M. le Président, le premier ministre, durant la campagne électorale, a pris l'engagement
de ne pas augmenter le fardeau fiscal
des Québécois. Le fardeau fiscal, c'est l'addition des impôts, des taxes et des
tarifs. Quand des tarifs augmentent
de plus que l'inflation, c'est le fardeau fiscal des Québécois qui augmente.
Quand le premier ministre nous annonce qu'il va augmenter les tarifs d'électricité de 4,3 % — 4,3 %, c'est plus que l'inflation — c'est une augmentation du fardeau fiscal, c'est
une promesse rompue. Quand le premier ministre nous annonce qu'il va augmenter
les tarifs de garderie de
4,3 % — 4,3 %,
c'est plus que l'inflation — c'est une augmentation du fardeau fiscal, c'est une promesse rompue.
Moi, je
voudrais, ce matin, que le premier ministre nous dise enfin la vérité sur les
taxes scolaires. Est-ce que le premier
ministre peut nous dire… peut s'engager, ce matin, à ne pas augmenter les taxes
scolaires de plus que l'inflation? Oui ou non, prend-il cet engagement?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : M. le Président, notre collègue a mêlé plusieurs
sujets dans sa question. Il est certainement au fait de la situation financière du Québec. Il a lu, comme nous, le
rapport du Vérificateur général, il connaît le déficit appréhendé de
près de 6 milliards pour l'année qui vient et de 7 milliards pour l'année
suivante. Il est d'accord que les cadres financiers
de la campagne électorale ont été faits sur les chiffres, de toute évidence, tronqués de l'administration
précédente. Là-dessus, on s'entend.
Alors, il faut avoir une attitude responsable, d'abord
faire de la relance économique — et c'est ce qu'on fait — et
également viser l'accroissement de la liberté fiscale des Québécois ou de l'oxygène
fiscal des Québécois. La réduction de
ce fardeau, qui est trop lourd, ça ne peut se faire que lors de l'atteinte de l'équilibre
budgétaire. D'ici là, on va tout faire pour protéger les familles vulnérables, M. le Président.
Le Président :
Première complémentaire, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M. François Legault
M. Legault : M. le Président, le premier ministre,
avant l'élection, a promis de ne pas augmenter le fardeau fiscal des Québécois. Après l'élection, il augmente les
tarifs d'électricité, il augmente les tarifs des garderies puis il va
augmenter les taxes scolaires.
Lui qui se prétend un grand pêcheur, pourquoi
commet-il le même péché que le PQ en ne respectant pas ses engagements
électoraux?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M. Couillard :
Alors, je remercie notre collègue de tenter de m'hameçonner avec cette allusion
à mon passe-temps préféré, qui, d'ailleurs, commence assez tranquillement cette
année, compte tenu des conditions d'eau. On aura l'occasion
d'en reparler.
Mais je crois qu'il faut répéter notre engagement
qui est de réduire le fardeau fiscal des Québécois, et je l'amène à un peu de patience, puisqu'on a quatre ans et demi
de mandat devant nous. Ce qu'on a dit clairement, c'est qu'il y aurait l'atteinte de l'équilibre budgétaire. Et je pense
qu'il va être d'accord avec nous que c'est incontournable de l'atteindre
en 2015‑2016. Puis, une fois l'atteinte de l'équilibre
budgétaire accomplie, on répartirait les marges de manoeuvre ainsi dégagées entre moitié à l'allègement de la
dette du Québec, qui est un problème non seulement pour nous, mais les prochaines générations, et moitié
pour la réduction du fardeau fiscal, en commençant
par la disparition graduelle de la taxe santé. Là-dessus, on répète la
même chose, c'est là qu'on va, on va vers une économie prospère, la création...
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M. François Legault
M. Legault : M. le Président, on apprend ce matin
que, le mois dernier, le Québec a perdu 26 700 emplois à temps
plein. Je lui donne une idée, là : Pour relancer l'économie, moi, je suis
convaincu qu'il faut réduire le fardeau fiscal des Québécois. Il faut,
au moins, arrêter de l'augmenter.
Est-ce que le premier ministre pourrait faire
peut-être un peu moins de pêche au saumon puis un peu plus de pêche aux idées?
Le Président :
M. le premier ministre.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : Alors, M. le Président, je vais rassurer encore une fois mon collègue. Pour plusieurs
raisons, dont certaines sont indépendantes de ma volonté, je vais aller
un peu moins à la pêche au saumon cet été, je suis
obligé de le dire. Mais on continue
la pêche aux bonnes idées, dont celles de la deuxième opposition, notamment sur
la révision des programmes. Mais, clairement, je vais être obligé...
Des
voix : ...
M. Couillard : Il y a un petit peu d'indiscipline ce matin, un
vendredi matin, là. Je vais être obligé de lui rappeler qu'on a, entre lui et moi, un désaccord fondamental. Ce n'est
pas évident que, dans une période d'impasse
budgétaire comme celle qu'on traverse, que le moment soit bien choisi
maintenant pour diminuer les revenus de l'État. C'est, en fait, une très mauvaise idée, il se l'est fait dire
dans La Presse. Mais on va arriver à l'équilibre budgétaire ensemble.
• (10 h 40) •
Le Président :
En terminant.
M.
Couillard : On va réussir, M. le Président.
Le Président :
Principale, M. le député de Johnson.
Soutien
à la création d'emplois
M.
André Lamontagne
M.
Lamontagne : M. le Président, Statistique Canada a présenté ce matin
ses chiffres mensuels sur l'emploi. Le
portrait est clair, le déclin tranquille du Québec se poursuit, puis ce n'est
pas l'aura de l'élection libérale qui semble avoir changé la donne. Les chiffres sont, encore une fois, inquiétants.
On a une hausse du chômage à 8 % puis on a une perte au net de 800 emplois. Mais le plus inquiétant, c'est
26 700 emplois à plein temps qui ont été perdus, dont 10 300
emplois dans le secteur privé.
M. le Président, dans
son budget déposé cette semaine, le ministre des Finances prévoit une création
de 31 300 nouveaux emplois en 2014, et,
contrairement à ce que pense le ministre, il n'a jamais été question de
remettre le compteur à zéro. Alors,
pour être clair, ça signifie qu'en date d'aujourd'hui le Québec prévoit créer
plus de 60 000 emplois d'ici la
fin de l'année. Dans les cinq axes disparates mis de l'avant dans le budget sur
l'économie, rien ne peut supporter de façon réaliste le défi de créer un
nombre aussi important d'emplois en sept mois.
Comment
le ministre des Finances compte-t-il bonifier les mesurettes présentées dans
son budget et prendre des mesures concrètes pour créer de l'emploi?
Le Président :
M. le ministre de l'Économie.
M.
Jacques Daoust
M.
Daoust : M. le Président, j'ai reçu les mêmes chiffres que lui ce
matin, et le dépôt du budget m'encourage beaucoup. Je vous explique
pourquoi, parce que, dans le budget, on a 150 millions de financement pour
des projets novateurs, parce qu'on a
375 millions dans un fonds de capital de risque, parce qu'on a réintroduit
1 milliard dans le fonds de capital Mines et Hydrocarbures, parce
qu'on a 570 millions dans les travaux sylvicoles, parce qu'à l'intérieur d'un
budget qui est difficile, M. le Président, on va être capables de créer des
emplois.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Johnson.
M.
André Lamontagne
M.
Lamontagne : M. le Président, si les objectifs de création d'emplois
ne sont pas atteints — puis,
pour 2014, on parle de 61 000 emplois
pour les six prochains mois, les sept prochains mois — les revenus autonomes et les taxes à
la consommation ne seront pas au rendez-vous. C'est tout le cadre financier du
budget qui ne tient, à ce moment-là, pas la route au moment même où l'agence
Moody's trouve déjà ambitieux les objectifs du ministre.
Est-ce que le
ministre des Finances anticipe déjà de nous faire le même coup que son
prédécesseur et blâmer l'absence de revenus pour justifier un nouveau report de
l'équilibre budgétaire?
Le Président :
M. le ministre des Finances.
M.
Carlos J Leitão
M. Leitão :
M. le Président, je veux rassurer le député, tous les députés dans cette
Chambre que notre engagement à atteindre les cibles budgétaires est profond.
Nous n'allons pas déroger de cet engagement-là. On va les atteindre, ces cibles-là. Nous croyons fermement
que la croissance économique, comme je l'ai dit hier dans cette Chambre,
dans le deuxième semestre de l'année, va être beaucoup plus robuste que ce qu'on
avait vu dans le premier semestre, ce qui nous permettra d'atteindre ces
cibles-là de création d'emplois et de croissance économique.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Johnson.
M.
André Lamontagne
M.
Lamontagne : Mais, M. le Président, j'entends le ministre, mais le
gouvernement prévoit maintenir l'objectif de création de 250 000 emplois, puis non seulement les prévisions
des deux premières années creusent un écart considérable avec cet
objectif-là, mais les résultats des quatre premiers mois de l'année accentuent
cet écart.
Le premier
ministre a fait campagne en disant que la création d'emplois était son
obsession. En voyant les chiffres de
ce matin et les prévisions du budget de son ministre, peut-il traduire cette
obsession en actions qui auront un impact réel?
Le Président : M. le ministre
des Finances.
M. Carlos J Leitão
M. Leitão : L'action, M. le
Président, a été prise avec le dépôt de notre budget mercredi. Nous tenons à
ces mesures-là, d'abord de revenir à l'équilibre budgétaire. Mais, comme mon
collègue de l'Économie a bien mentionné, nous
avons toute une série de mesures qui vont stimuler la croissance économique,
surtout en favorisant l'investissement privé,
parce que c'est l'investissement privé qui est la clé de l'investissement, de
la croissance. Je veux quand même rassurer le collègue et tout le monde,
nous demeurons fièrement attachés à ces cibles de croissance d'emploi sur cinq
ans. 250 000 emplois, oui, sur cinq
ans, ça demeure notre cible, et toutes les mesures qu'on va faire dorénavant
sont d'aller dans cette direction-là.
Le Président : Principale, M.
le député de La Peltrie.
Plan de réduction des dépenses en santé
M. Éric Caire
M.
Caire : M. le
Président, le ministre de la Santé doit ramener la croissance des dépenses à
3 % sans toucher aux services. Donc, quels sont ses objectifs en matière
de gestion pour compenser l'embauche d'infirmières, l'ouverture de cliniques, l'augmentation de salaire des employés de l'État,
en matière de structures alors que, dans le budget, on le voit, il a
renoncé à faire quoi que ce soit, quelque gain que ce soit avec les agences, en
matière de performance du réseau alors que le fiasco libéral du DSQ est un
obstacle majeur à l'implantation du financement à l'activité?
Donc, M. Président, si le ministre veut être sérieux,
s'il veut être crédible, avant les études de crédits, peut-il s'engager à
déposer son plan et ses objectifs?
Le Président : M. le ministre
de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M. Barrette : Alors, M. le
Président, le député de La Peltrie aborde, évidemment, tous les sujets qui
sont importants dans le réseau de la santé,
et je l'en remercie. Et, le faisant, évidemment, il l'inclut et il l'intègre
dans la situation budgétaire du
Québec. Et, ce faisant, évidemment, il s'adresse à notre programme, et notre
programme dit clairement que nous avons l'intention de s'adresser à
toute cette problématique, et cette problématique ne peut être adressée que par
la révision de programmes.
La révision de programmes est un exercice qui va
être complexe, qui va prendre un certain temps et qui va commencer dans les prochains mois, et c'est à ce
moment-là qu'il faudra faire les réflexions appropriées, qui, je rassure
le député de La Peltrie, sont commencées. Je peux dire au député de
La Peltrie que, oui, nous allons nous adresser à la bureaucratie, que, oui, nous allons nous adresser
à la performance, que, oui, nous allons nous adresser à la qualité des
soins, mais que ça se fera d'une façon globale, rigoureuse, cohérente et
intégrée.
Le Président : Première
complémentaire, M. le député de La Peltrie.
M. Éric Caire
M.
Caire : M. le Président, le passé étant garant de l'avenir,
quand un ministre libéral conjugue au futur, je suis très inquiet.
Est-ce que le
ministre pourrait, de façon un petit peu plus concrète, nous donner maintenant,
pour 2014‑2015, les objectifs et un plan pour atteindre la cible qui lui
a été fixée par le ministre des Finances?
Le Président : M. le ministre
de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M. Barrette : Alors, M. le
Président, évidemment, les objectifs ont été clairement énoncés par le ministre
des Finances, et je dirai au député de
La Peltrie que, cette fois-ci, le passé péquiste ne sera pas garant de l'avenir
libéral.
Ceci étant dit, lors de l'étude des
crédits, le député de La Peltrie aura certainement l'occasion de converser
avec moi et mon équipe, et nous aurons la chance, certainement, de l'instruire
des mesures que nous mettrons en place en temps et lieu.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de La Peltrie.
M.
Éric Caire
M.
Caire :
M. le Président, à date, je ne vois pas beaucoup de différences, pour être bien
honnête avec vous.
M.
le Président, les études de crédits s'en viennent. Pour être capables d'avoir
ces discussions-là avec le ministre, on a besoin de connaître son plan,
on a besoin de connaître ses objectifs.
M.
le Président, est-ce qu'il peut faire preuve de cohérence et s'engager, avant
les études de crédits, à déposer un plan et des objectifs?
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
M.
Gaétan Barrette
M.
Barrette : M. le Président, je m'engage à être le plus disponible
possible durant les 20 heures d'étude de crédits qui sont dédiées à la santé et j'invite le député
de La Peltrie à participer à la discussion, ce que je suis sûr qu'il va
faire, M. le Président.
Le Président :
Principale, M. le député de Saint-Jérôme.
Avenir
du programme des gazelles, destiné
aux entreprises prometteuses
M.
Pierre Karl Péladeau
M. Péladeau :
Merci, M. le Président. Le gouvernement du Parti québécois avait une vision et
des politiques économiques structurantes. Le 24 février dernier, la
députée de Richelieu, alors ministre de la Politique industrielle, lançait un appel d'offres pour qualifier
300 PME à une offensive jamais vue afin d'appuyer les fleurons du Québec.
Ce sont 500 entreprises qui se sont
qualifiées depuis à cet appel d'offres, 500 entreprises qui ont le
potentiel de devenir les géants de
demain, de devenir les leaders du nouveau Québec inc. et de créer des milliers
d'emplois. Ce sont nos gazelles québécoises. Le président du Conseil du
trésor annonce la mise au rancart de la politique industrielle, dont est issue
ce programme.
M. le Président,
est-ce que le gouvernement peut rassurer ces entreprises et leur annoncer que
le programme des gazelles sera mis en oeuvre très prochainement?
Le Président :
M. le ministre de l'Économie.
M.
Jacques Daoust
M. Daoust :
M. le Président, le programme des gazelles, qui avait été mis de l'avant par le
gouvernement précédent, n'avait pas de
crédits budgétaires, on n'en a pas vu. Ce que j'ai vu apparaître au moment où
on faisait l'étude des crédits, c'est un montant qui était important, si
ma mémoire est bonne — et
corrigez-moi si je me trompe — il était
de 37 millions de dollars. Avant d'ajouter des crédits budgétaires dans le
budget que nous avons déposé récemment, il était normal que l'on se pose des questions, à savoir est-ce que ce
programme-là rencontre les objectifs, nos objectifs, ceux que nous avons
défendus pendant la campagne électorale.
La partie qui me
préoccupe beaucoup dans ce programme-là, c'est que le gouvernement semble être
celui qui choisit les gagnants. Et choisir les gagnants, ce n'est pas le rôle
du gouvernement. Le rôle du gouvernement, c'est d'encadrer, c'est de permettre
aux choses d'arriver, mais pas de faire à leur place, M. le Président.
• (10 h 50) •
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Saint-Jérôme.
M.
Pierre Karl Péladeau
M.
Péladeau : M. le Président, 500 entreprises attendent un signal de ce gouvernement pour prendre de l'expansion et créer des emplois. Nous avions
mis en place une gamme de services hautement stratégiques pour accélérer leur développement
et les voir croître au Québec.
M. le Président, pourquoi
le gouvernement refuse-t-il de s'engager à les accompagner dans leur
croissance?
Le Président :
M. le ministre de l'Économie.
M. Jacques Daoust
M.
Daoust : M. le Président, plus spécifiquement dans ce budget-là, on a
vu les impôts passer de 8 % à 6 % au cours de l'année présente
et à 4 % l'année suivante. Déjà, c'est une aide, qui est importante, aux
PME, et c'est notre gouvernement qui y a pensé.
L'aide
des entreprises que vous parlez, M. le député de Saint-Jérôme, facile, on est
disponibles, on a toujours été disponibles,
et notre gouvernement a toujours été disponible pour rencontrer les entreprises
et les accompagner dans leur croissance, et on n'a jamais présenté une
seule ligne dans le budget du ministre des Finances à l'effet qu'on n'était pas
là pour les appuyer. On est là pour les supporter, on est là pour les soutenir,
on n'est pas là pour les remplacer, M. le Président.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Saint-Jérôme.
M.
Pierre Karl Péladeau
M. Péladeau :
M. le Président, et le ministre le sait fort bien, plus d'entreprises qui
croissent, ça veut dire plus de revenus pour nos finances publiques. La
mise au rancart de ce programme décevrait des centaines d'entrepreneurs au Québec. Ce sont des entreprises sur leur lancée avec un chiffre d'affaires
d'au moins 2,5 millions de
dollars.
M. le Président, le
ministre peut-il, aujourd'hui, leur répondre et confirmer que le programme sera
bel et bien mis en oeuvre?
Le Président :
M. le ministre de l'Économie.
M.
Jacques Daoust
M. Daoust :
Comme je le disais d'entrée de jeu, M. le Président, il est clair que, ce
programme-là, on l'a questionné parce qu'il
était nouveau, et on a dit qu'avant d'en créer des nouveaux on était pour
repenser ce que nous avions. On a dit aussi qu'avant d'introduire un
nouveau programme on était pour en diminuer un ou aller trouver des fonds à l'intérieur de l'appareil. Ce que le député de
Saint-Jérôme nous propose, c'est d'augmenter nos dépenses actuellement
en ne revoyant pas nos programmes.
Il
y a une commission sur les programmes qui va être installée, il y a une
commission sur les programmes qui va regarder ce programme-là, et on en
déterminera la pertinence à ce moment-là, M. le Président.
Le Président :
Principale, Mme la députée de Gouin.
Compressions
budgétaires au ministère de
l'Emploi et de la Solidarité sociale
Mme
Françoise David
Mme
David (Gouin) : M. le Président, lors de la formation du Conseil des
ministres, certains se sont réjouis de la nomination d'un ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale qui s'était
déjà prononcé en faveur d'un revenu minimum garanti pour toute la
population, mais aujourd'hui l'inquiétude grandit. Là où le budget d'avant-hier
opère le plus de coupes, c'est au ministère
de l'Emploi et de la Solidarité sociale : 92 millions de dollars,
rien de moins. Je comprends tellement maintenant pourquoi le
gouvernement a refusé de prendre l'engagement de l'appauvrissement zéro. Une
personne seule à l'aide sociale vit avec 620 $, ce qui suffit à peine à
payer le loyer et une partie des comptes.
Comment
le ministre compte-t-il garantir à ces personnes une amélioration de leurs
conditions de vie, du pain sur la table et l'espoir de jours meilleurs?
Le Président :
M. le premier ministre.
M.
Philippe Couillard
M. Couillard : M. le Président, je remercie notre collègue pour sa question, qui est
une bonne façon d'illustrer, je crois, certaines conceptions qui nous
sépareront quant à la gestion des finances publiques et de l'économie. Nous sommes convaincus que les services sociaux du
Québec et le soutien des personnes vulnérables ne peuvent que s'appuyer sur une économie vigoureuse et des finances
publiques équilibrées parce que les dépenses sociales sur la carte de
crédit, c'est du vent, M. le Président. Et ce qu'on veut donner aux personnes
vulnérables, c'est le soutien dont ils et elles ont besoin, mais être certains que, lorsqu'on annonce un programme ou un
soutien, qu'il y ait véritablement des fonds pour les soutenir. Et je
veux rassurer notre collègue pour lui dire que, malgré la difficulté de ce qui
est devant nous et son caractère incontournable, nous allons faire en sorte de
protéger les plus vulnérables de notre société.
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée de Gouin.
Mme
Françoise David
Mme David
(Gouin) : M. le Président, j'ose rappeler au premier ministre qu'avant
le grand soir de l'équilibre budgétaire
il y a des gens qui ont besoin de manger tout de suite. Tout le monde sait que
c'est très important de ramener les personnes assistées sociales qui le
peuvent au travail. Pourtant, on va couper 16 millions dans les mesures d'aide
à l'emploi.
Je voudrais
savoir ce que le ministre a à dire aux organismes à qui on demande toujours de
faire plus avec moins. Et est-ce qu'il
est vrai, comme le dit la rumeur, qu'on va diminuer la durée des programmes d'aide
ou d'accompagnement à l'emploi?
Le Président : M. le ministre
de l'Emploi.
M. François Blais
M. Blais : Merci beaucoup, M. le
Président. Merci à la députée pour sa question. Essentiellement, il faut rappeler que nous nous sommes retrouvés devant une
situation financière assez difficile, le Vérificateur général nous l'a rappelé mardi. Nous avons présenté un budget pour
répondre à la question, pour répondre à la situation mercredi. Mais ce
qu'il est très important de retenir, c'est que nous n'avons fait aucune coupe
dans le programme de dernier recours au Québec,
et j'en suis très fier, hein? J'ai eu le mandat du premier ministre à la fois
de faire un effort budgétaire… Je vous rappelle
que c'est un ministère très important, près de 6 700 fonctionnaires, de
nombreux programmes, mais nous avons priorisé la situation des personnes
les plus vulnérables dans nos décisions budgétaires, et j'en suis très heureux.
Le Président : Deuxième
complémentaire, Mme la députée de Gouin.
Mme Françoise David
Mme David (Gouin) : M. le Président,
16 millions de coupures pour les organismes de retour à l'emploi, ça s'appelle des coupures. Mais il y a plus. Le
ministère de l'Emploi et de la Solidarité sociale entend renforcer la
détection et accentuer une stratégie d'intervention
renforcée auprès de fraudeurs supposés à l'aide sociale. J'ai appris
récemment que des fonctionnaires du ministère enquêtent auprès de propriétaires
de logements avec des questions très intrusives pour savoir si des personnes
assistées sociales auraient des comportements douteux.
Ma question au ministre est simple : Est-ce
qu'on assiste au retour de ceux qu'on appelait jadis les boubous...
Le Président : M. le ministre
de l'Emploi.
M. François Blais
M. Blais : Alors, je ne crois pas,
M. le Président. Il y a toujours eu des vérifications, hein, sur la conformité
à ce programme, ce n'est pas nouveau, il y en aura encore. C'est très important,
c'est important pour deux raisons. Tout d'abord,
il faut renforcer l'intégrité de nos programmes, faire en sorte que ceux qui
sont des ayants droit aient le droit, mais
ceux qui, parfois, par des stratagèmes… et, on parle ici de stratagèmes, hein, ceux qui font des stratagèmes
parfois pour détourner des fonds puissent
être interpellés. Donc, il y a deux raisons pour lesquelles nous faisons ces
examens de conformité : tout d'abord,
respecter l'intégrité de nos programmes et s'assurer que ceux qui ont droit au
transfert aient le plein droit possible, et c'est dans cette direction
que nous allons, et uniquement dans cette direction.
Le Président : Principale,
Mme la députée de Saint-Hyacinthe.
Vétusté du service des urgences
du Centre hospitalier
Honoré-Mercier, de Saint-Hyacinthe
Mme Chantal Soucy
Mme Soucy : M. le Président, je suis
inquiète de ce que j'entends concernant l'urgence de l'hôpital Honoré-Mercier de
Saint-Hyacinthe. Le chef de l'urgence, le Dr Dodaro, a récemment démissionné de
son poste parce qu'il craignait pour la
sécurité des patients et des employés. Même son remplaçant nous dit que la
situation n'a pas changé. Le directeur
de l'hôpital écrivait en 2010 : «Nous avons une salle d'urgence qui ne
correspond plus aux nouvelles normes et le personnel doit travailler
dans un environnement qui n'est pas souhaité.»
M. le Président, des cancéreux cohabitent
parfois avec des patients contagieux. La salle de traumato ainsi que l'urgence
ne sont pas conformes aux normes du gouvernement. M. le Président, on parle ici
du centre secondaire de traumatologie dans
la région, qui dessert plus de 220 000 personnes. En 2009, la direction de
l'hôpital avait déposé un projet d'agrandissement de l'urgence. On est
en 2014, et il n'y a rien de changé.
M. le Président, que va faire le ministre de la
Santé pour les 220 000 personnes de l'hôpital...
Le Président : M. le ministre
de la Santé.
M.
Gaétan Barrette
M. Barrette : M. le Président, je
note, à la lecture des premiers commentaires de la députée de Saint-Hyacinthe, qu'elle fait référence à des échanges
de lettres qui ont eu lieu du temps où le Parti québécois était au
pouvoir et je constate que rien n'a été fait
à ce moment-là. Alors, il est vrai qu'au Québec il y a une problématique de
vétusté dans un certain nombre de
centres hospitaliers, et c'est la raison pour laquelle notre gouvernement a
décidé de mettre en place un programme
québécois d'investissements structurés qui sera respecté, et, évidemment, l'ordonnancement
des investissements qui sera fait devra être basé sur des critères qui
soient clairs, nets et précis. Et je peux vous dire que le premier critère est
celui de la vétusté.
Malheureusement, M. le Président, compte tenu
des actions budgétaires passées, on se retrouve dans une situation où il y a une difficulté supplémentaire.
L'ordonnancement sera fait en fonction de la vétusté et de problèmes de capacité dans les grandes régions du Québec, et,
évidemment, au moment où on se parle, dans le PQI, comme vous l'avez constaté, il y a, malheureusement, au Québec des
situations qui sont encore plus difficiles. Alors, évidemment, je serai
heureux de m'adresser à cette problématique-là dans les prochains mois et
années...
Le Président : En terminant.
M. Barrette : ...mais, évidemment, à
un moment donné, il faut faire des choix.
• (11 heures) •
Le Président : Première
complémentaire, Mme la députée de Saint-Hyacinthe.
Mme Chantal Soucy
Mme
Soucy : M. le Président, juste vous dire qu'en 2009 c'est le ministre de la Santé du gouvernement fédéral… libéral, excusez-moi,
libéral, qui était au pouvoir.
Donc, M. le Président, la situation, comme je vous disais, à l'urgence de Saint-Hyacinthe est préoccupante. Des
médecins déplorent les conditions à l'urgence. Le projet d'agrandissement de l'urgence
est sur la table depuis 2009, et les citoyens ainsi que les employés veulent
des réponses concrètes.
Le ministre peut-il nous dire…
Le Président : M. le ministre
de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M. Barrette : M. le Président, en
tant que ministre de la Santé et des Services sociaux, il est clair que notre
préoccupation première demeurera toujours la qualité des services que l'on
offre à la population. Mais, ceci étant dit, malheureusement,
comme le dit le deuxième chef de l'opposition, effectivement la terre est
ronde, et il y a des faits qu'on ne peut pas changer. Et un des faits qu'on
ne peut pas changer est qu'on ne peut pas tout régler en une année.
Alors, nous
avons hérité d'une situation budgétaire qui était problématique. Nous devons
donc faire des réflexions qui sont ordonnées, c'est ce que nous ferons.
Et malheureusement des choix devront être faits.
Le Président : Deuxième
complémentaire, Mme la députée de Saint-Hyacinthe.
Des voix : …
Le Président : Mme la députée
de Saint-Hyacinthe, c'est à vous la parole.
Mme Chantal Soucy
Mme Soucy : M. le Président, je suis
désolée, mais ce n'est pas très rassurant d'entendre le ministre. Dans ce
cas-ci, on parle de la sécurité des patients dans un hôpital.
Est-ce que, pour votre gouvernement, l'accès
sécuritaire à des soins de santé est une priorité absolue? Est-ce que le
ministre de la Santé s'engage, oui ou non, auprès des citoyens de
Saint-Hyacinthe à analyser objectivement la possibilité d'agrandir l'urgence et
la rendre conforme aux normes du gouvernement?
Le Président : M. le ministre
de la Santé.
M. Gaétan Barrette
M.
Barrette : M. le Président, il y a une chose que je ne ferai pas dans
ce mandat, c'est faire la compétition entre les problématiques qui
affectent nos patients. Notre priorité — et elle me le demande, et j'y
réponds clairement — est
de faire en sorte que, pour toute la population, on ait accès à des soins de
qualité dans des installations de qualité.
Ce que me demande la députée de Saint-Hyacinthe,
c'est de faire un jugement de quelqu'un qui est dans une mauvaise position
versus une autre personne qui est en mauvaise position. Ce n'est pas la façon
de gérer le système de santé, M. le Président. On doit l'approcher
d'une façon, évidemment, globale — et je ne dirai pas le reste — et il
y aura un ordonnancement…
Le Président : En terminant.
M. Barrette : …et il y aura une
décision qui sera prise en temps et lieu, M. le Président.
Le Président : Principale,
Mme la députée de Richelieu.
Crédits
alloués à la rémunération des médecins
Mme
Élaine Zakaïb
Mme
Zakaïb :
M. le Président, il y a un chiffre, dans le budget, pour l'entente avec les
médecins, page 181 du cahier des
crédits : 285 millions d'augmentations. Hier, la présidente de la Fédération
des médecins spécialistes nous a dit qu'elle n'avait jamais vu ce
chiffre-là.
M. le
Président, est-ce que le président du Conseil du trésor va nous dire où il a
pris le chiffre de 285 millions?
Le Président : M. le
président… M. le ministre de la Santé.
Des voix : …
Le Président : Donnez-moi une
chance. Vous ne pouvez pas parler les deux en même temps. Alors, M. le
président du Conseil du trésor.
M.
Martin Coiteux
M.
Coiteux : Alors, M. le Président, la question de la députée de
Richelieu est fort à propos. Et, en fait, la question que j'aurais aimé
aussi qu'on nous donne une réponse… Je pense qu'elle est très importante parce
que c'est le point de départ, c'est le point de départ…
Des voix : …
M. Coiteux : Bien, si vous me
laissez… S'il vous plaît, M. le Président, qu'on me laisse répondre.
Le Président : S'il vous
plaît!
M.
Coiteux : J'aurais aimé que le gouvernement précédent nous indique
quel choix il aurait fait pour combler l'écart
de 4 milliards, 4 milliards de dollars que le Vérificateur général a
confirmés dans son rapport déposé la semaine dernière. Alors, nous, ça… 4 milliards. Il y a un petit fascicule
extrêmement intéressant ici, hein, déposé par le ministère des Finances…
Une voix : …
M. Coiteux : Ça, ce n'est pas les
bons chiffres, mon cher. Le vrai chiffre, le vrai chiffre, M. le Président…
Le Président : S'il vous
plaît, cessez de vous interpeller. Vous allez vous adresser à la présidence.
M.
Coiteux : M. le Président, le vrai chiffre, c'est que la croissance
des dépenses était en décélération jusqu'à la prise du pouvoir du Parti
québécois, en septembre 2012, et ensuite ils ont complètement échappé la
balle. Le ministre des Finances, il a échappé la balle du déficit, qui était
supposé être zéro, il a fait 3,1.
Le Président : En terminant.
M. Coiteux : Le président du Conseil
du trésor a échappé la balle des dépenses, il a fait 5,4.
Le Président : Première
complémentaire, Mme la députée de Richelieu.
Mme
Élaine Zakaïb
Mme
Zakaïb :
M. le Président, c'est sérieux. C'est une question de crédibilité, c'est une
question de transparence. Vous avez mis un chiffre dans votre budget...
Des voix : …
Le
Président : À l'ordre, s'il vous plaît! Il n'y
a qu'une personne qui a le droit de
parole ici, dans cette salle, et c'est Mme la députée de Richelieu. Mme
la députée de Richelieu, c'est à vous la parole.
Mme
Zakaïb : …qui a
été mis dans le budget, un document officiel qu'on tente de faire voter ici, à
l'Assemblée nationale. M. le Président, le président du Conseil du trésor
peut-il nous dire sur quoi il a fondé le chiffre sur lequel il nous demande de
voter, M. le Président?
Le Président : M. le
président du Conseil du trésor.
M.
Martin Coiteux
M.
Coiteux : M. le Président, puisque la députée de Richelieu y fait
référence, en matière de transparence, je vais simplement citer les
lignes suivantes du rapport du Vérificateur général.
Des voix : …
Le Président : Mme la leader
de l'opposition.
Mme
Maltais : …qu'on
pose la même question : D'où vient le chiffre de 285 millions? On
aimerait que la réponse reste là-dessus.
Des voix : …
Le Président : M. le leader
du gouvernement.
M.
Fournier : …vous savez, évidemment, lorsque la question est
posée, il faut y répondre. Ce n'est pas parce que la leader de l'opposition officielle reformule
différemment que ça nous enlève la responsabilité de répondre aux
questions qui sont dûment posées à l'Assemblée. Notre collègue a posé une
question, fait référence à la transparence. Écoutons notre collègue parler de
transparence, M. le Président.
Le Président : M. le
ministre, à vous la parole.
M. Coiteux : …je vais citer, M. le
Président, en matière de transparence, le Vérificateur général a écrit, à la page 8 de son rapport : «Globalement, les efforts à fournir pour atteindre la cible relative au solde budgétaire atteignent près de 4 milliards
de dollars. Le point et le budget présentaient une vision limitée [...] des finances
publiques en ne divulguant pas l'ampleur de ces efforts. Mon rapport déposé en
février 2014 montrait également…
Le Président : En terminant.
M. Coiteux : …un portrait incomplet
étant donné le refus du [ministre].»
Le Président : Principale, Mme
la députée de Taillon.
Actions
envisagées pour contrer l'augmentation
des surdoses causées par les drogues de rue
Mme
Diane Lamarre
Mme Lamarre : M. le Président, au
cours du mois de mai, 15 décès sont survenus par surdose, à Montréal, et
28 intoxications très graves, ce, autant chez des toxicomanes habitués que
chez des consommateurs occasionnels. Les vendeurs ajoutent un médicament
puissant aux drogues de rue habituelles qui donne un décès rapide avec arrêt cardiorespiratoire après une seule dose. Le
directeur de la santé publique lance un cri d'alarme : seulement
au cours de la dernière semaine, 14 nouveaux cas d'intoxication et six
décès. Il s'agit d'une épidémie mortelle, actuellement.
Quelles actions concrètes entend prendre le ministre
pour freiner cette vague chez nos moins jeunes et nos jeunes vulnérables?
Le Président : Mme la
ministre déléguée à la Réadaptation.
Mme
Lucie Charlebois
Mme
Charlebois :
…Protection de la jeunesse et Santé publique. Merci, M. le Président.
Alors, Mme la députée, je veux la rassurer,
parce qu'effectivement on est préoccupés par la situation, comme tous les parlementaires ici. Et je veux d'abord
dire, M. le Président, que nos pensées vont aux familles et aux
personnes qui sont touchées actuellement.
Il y a actuellement une enquête qui
est en cours par l'Agence de la santé et des services sociaux de Montréal.
Et on demande aux médecins et aux infirmières des soins intensifs et d'urgence
de nous signaler tous les cas qui peuvent être
répertoriés. Évidemment, il y a plein d'actions qui devront être prises, mais
vous comprenez, M. le Président, que nous devons attendre le rapport de
l'agence de santé et services sociaux.
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée de Taillon.
Mme Diane Lamarre
Mme
Lamarre : Alors, nous sommes contents de savoir que la ministre
partage notre lecture. Mais par contre la priorité et l'urgence ne sont pas perçues de la même façon. En plus de
nos personnes vulnérables, de nos jeunes, il y a d'autres impacts. Cette
vague de surdoses mortelles survient au moment où la saison touristique débute
à Montréal, Grand Prix aujourd'hui qui
débute, et toute la période de l'année où le Québec reçoit beaucoup de
touristes. Et on sait que la circulation de drogues est à son plus fort.
Il y a un appel à une action immédiate.
Est-ce que,
concrètement, le ministre va protéger le public à partir d'aujourd'hui?
Le Président :
Mme la ministre déléguée à la Réadaptation.
Mme Lucie Charlebois
Mme
Charlebois :
Alors, M. le Président, je réitère que nous sommes préoccupés par la situation.
Et effectivement il y a tout l'enjeu de la
prévention. Mais actuellement on est au-delà de ça, vous avez raison, Mme la
députée, et nous sommes en action. C'est-à-dire
que nous sommes en train de faire l'investigation des cas de surdose,
documenter la situation. On soutient et on
informe mieux les populations environnantes où ces cas sont documentés. Et nous
sommes à promouvoir des habitudes… Nous
sommes près de la situation… c'est-à-dire que l'agence de la santé va nous
remettre un rapport, mais ils sont au fait, ils sont près de la situation pour
faire en sorte qu'il n'y ait pas davantage de cas.
• (11 h 10) •
Le Président :
Alors, cela met fin à la période de questions et de réponses orales.
Motions sans préavis
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, comme il n'y a pas de votes
reportés, nous allons passer à
la rubrique Motions sans préavis. Alors, je
comprends qu'il y a consentement
pour que la motion de la députée d'Hochelaga-Maisonneuve soit présentée
en premier, malgré l'ordre de présentation des motions d'aujourd'hui. Alors,
Mme la députée d'Hochelaga-Maisonneuve.
Souligner le 70e anniversaire du débarquement
des forces alliées en Normandie
Mme
Poirier : Alors, Mme la Présidente, je sollicite le
consentement des membres de cette Assemblée afin de présenter, conjointement avec le chef de l'opposition
officielle, le premier ministre, la ministre des Relations
internationales et de la Francophonie, le député de La Peltrie et la
députée de Gouin, la motion suivante :
«Que
l'Assemblée nationale commémore le 70e anniversaire du débarquement des
forces alliées en Normandie;
«Qu'elle
rende hommage au courage et à l'héroïsme de ceux et celles qui ont payé de leur
vie pour la libération de la France et le rétablissement de la
démocratie en Europe.»
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci. Alors, merci beaucoup, Mme
la députée. Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M.
Sklavounos : Oui, Mme la Présidente, il y aurait
consentement pour des interventions de quatre minutes par intervenant.
Nous suggérons l'ordre suivant : la députée d'Hochelaga-Maisonneuve,
suivie du député de La Peltrie, la députée de Gouin, et enfin l'intervention
du premier ministre.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup. Alors, je cède la parole à
Mme la députée d'Hochelaga-Maisonneuve pour son intervention.
Mme Carole Poirier
Mme Poirier :
Merci, Mme la Présidente. Il y a 70 ans aujourd'hui prenait place une des
plus importantes opérations militaires
amphibies de l'histoire. Le 6 juin 1944, l'Europe est en guerre
depuis 1939. Des millions de civils sont déjà morts, de Brest à
Stalingrad. L'Allemagne nazie persiste. Les alliés occidentaux débarquent sur
les plages de Normandie. Ils sont des milliers de jeunes hommes venus des
quatre coins du monde participer à cette bataille qui deviendra le jour 1 de la libération de la France. C'est là le plus
grand effort de libération de la démocratie que nous ayons connu. Parmi ceux-ci, beaucoup
de citoyens, dont certains sont parmi nous aujourd'hui, Mme la Présidente. Je voudrais souligner la présence de M. Pierre Gauthier, Louis
Godin et Adélard Thibault, qui sont parmi nous.
(Applaudissements)
Mme
Poirier : Durant la
Deuxième Grande Guerre, les Québécois ont massivement rejeté la conscription,
mais ils se sont portés volontaires en grand
nombre pour combattre outre-mer et libérer la démocratie. Ce n'est pas
paradoxal. Dans les deux cas, ce sont des
valeurs de liberté que nous défendions. Nous voulions être libres de choisir et
nous avons choisi de nous porter à la défense des libertés supprimées en
Europe.
Cette
Assemblée y a aussi participé. Deux anciens premiers ministres du Québec
ont vécu cet événement. D'abord, Paul
Sauvé, qui était commandant en second des Fusiliers Mont-Royal, a fait partie
des forces d'invasion. Il était alors député
de l'Assemblée nationale. René Lévesque, l'ancien premier ministre, a lui aussi
connu les échos de cette bataille de la libération. Il les a rapportés à
titre de correspondant de guerre.
Dans un
devoir de mémoire, il nous faut souligner la grandeur d'âme, l'abnégation, la
détermination, le courage et l'audace
de tous ces héros. Nous devons à tous les combattants québécois, canadiens,
américains, britanniques, français, néo-zélandais et à ceux d'autres
pays d'Europe, d'Afrique du Nord et d'Autstralie la paix générale qu'a connue
le monde depuis un demi-siècle, malgré la
persistance de nombreux conflits régionaux, y compris ceux qui se déroulent
encore aujourd'hui. Nous sommes les héritiers de la démocratie et de la
libération. Il est important maintenant que ceux qui nous suivent sachent comme nous les sacrifices, le fardeau, les efforts
qu'a connus la génération qui nous a précédés. Il est important que l'on
puisse se dire collectivement : Je me souviens. Ne les oublions jamais.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Merci beaucoup, Mme la députée. Je reconnais maintenant le député de
La Peltrie.
M.
Éric Caire
M.
Caire : Merci, Mme
la Présidente. C'est un plaisir de joindre ma voix et celle de ma formation
politique à cette motion.
Mme la
Présidente, nous avons, face à un événement comme celui-là, l'opération
Overlord, un devoir de mémoire, je
dirais, supplémentaire. Mme la Présidente, jamais, dans une guerre, la ligne
entre le bien et le mal n'aura été tracée aussi clairement, la ligne entre l'oppression, le mépris de la vie humaine et
la liberté n'aura été aussi claire. Je pense que nous avons, envers ceux
qui sont morts sur les champs de bataille d'Europe, un devoir de mémoire encore
plus poussé.
Mme la
Présidente, j'ai eu le privilège de porter l'uniforme pendant 10 ans. J'ai
eu le privilège d'aller en opération outre-Atlantique,
en Allemagne, et de marcher sur les plages de Normandie. Et un des événements
les plus marquants de ma carrière a été une rencontre avec un pêcheur de
moules sur les plages de Normandie, où, avec une voix brisée, cet homme-là m'a
expliqué le débarquement, l'enfer du débarquement.
Et, Mme la
Présidente, j'ai aussi eu le privilège de visiter les plages de Dieppe.
Souvenons-nous de ces milliers de Canadiens
qui sont morts à Dieppe, dans un laboratoire, Mme la Présidente, ni plus ni
moins. Dieppe est le record pour le plus
grand nombre de pertes dans le plus petit laps de temps, tous des Canadiens,
des Québécois. Et, grâce à ça, grâce à ce sacrifice-là, Mme la Présidente, le débarquement de Normandie a été un
succès. Et je n'ai pas pu m'empêcher de remarquer, sur le blouson de nos vétérans, l'emblème du Royal
22e Régiment et du Régiment de la Chaudière, qui ont participé au débarquement de Normandie sur la plage Juno, qui
est un modèle qui fait école en matière militaire pour l'efficacité que
nos Canadiens et nos Québécois… dont ils ont
fait preuve sur les champs de bataille, Mme la Présidente. Ils nous ont
honorés.
• (11 h 20) •
Aujourd'hui, en Normandie, un seul cimetière.
Des croix blanches alignées, j'oserais dire à perte de vue, qui nous rappellent
le prix que nous avons payé collectivement pour cette liberté. Le sacrifice de
jeunes hommes, 19, 20, 21, 22 ans, à l'aube
de leur vie. Des gens qui avaient le droit d'espérer, qui avaient le droit de
rêver à l'avenir, au futur, qui ont
donné leur vie pour que nous, ici, dans cette Assemblée, et dans d'autres
assemblées au Canada, nous ayons le privilège,
je dis bien, Mme la Présidente, le privilège d'avoir les débats que nous avons
aujourd'hui. Et, à chaque fois que nous
nous levons en cette Chambre, à chaque fois que nous intervenons en cette
Chambre, Mme la Présidente, je pense que nous devrons nous rappeler le prix du sang qui a été payé pour que nous
ayons cette liberté de parole. Parce que l'Allemagne nazie, Mme la
Présidente, comme je l'ai dit, l'Allemagne nazie, c'était le mépris de la
liberté, c'était l'oppression, c'était le
mépris de la vie humaine, c'était la catégorisation
des êtres humains : ceux qui ont le droit
de vivre et ceux qui doivent mourir. Mme la Présidente, c'étaient des usines à tuer. C'est ça, Mme la Présidente, que les
Canadiens et les Québécois
ont combattu sur les plages de Normandie, avec
succès. Et, si aujourd'hui nous avons la liberté de parole et d'expression que nous avons, c'est parce que
ces gens-là ont accepté de faire le sacrifice ultime
de leur vie, de leurs espoirs.
Et je pense aussi aux familles, Mme la
Présidente, parce que, ceux qui meurent, il y a des gens qui restent, il y a des
gens qui sont en arrière, il y a des gens qui déplorent ces pertes-là, qui les vivent, ces
pertes-là. Et, ce sacrifice-là, ces
familles-là le font aussi.
Et, encore aujourd'hui, Mme la Présidente, vous me permettrez, il y a
des familles canadiennes et québécoises qui pleurent la perte de leur
fils et de leur fille sur les champs de bataille, parce qu'au-delà de ce qu'on
peut en penser l'armée canadienne continue à défendre la liberté. Merci, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Merci, M. le
député. Je reconnais maintenant la députée de Gouin.
Mme Françoise David
Mme David
(Gouin) : Merci, Mme la Présidente.
Québec solidaire joint sa voix à celles des autres formations politiques pour souligner aujourd'hui l'anniversaire
du débarquement de Normandie, le jour J,
auquel plus de 15 000 Québécois ont participé dans l'espoir
de mettre fin à la Deuxième Guerre mondiale. 70 ans plus tard, ce
moment interpelle notre devoir de mémoire face à l'un des épisodes les plus
sombres de l'humanité. Le débarquement de Normandie
fut le point culminant de cinq années d'horreurs, de destruction et de
morts civiles et militaires.
Nous joignons
nos voix à celles de tous les peuples qui commémorent aujourd'hui la lutte au
militarisme, la lutte au nazisme, la lutte au fascisme, ce fascisme
abominable qui s'en est pris aux Juifs, tout le monde le sait, mais à bien d'autres minorités ethniques ou sexuelles et aux
opposants politiques. La commémoration du débarquement de Normandie n'aurait
pas de sens si elle ne constituait pas un vibrant appel à comprendre et à
combattre toutes les causes qui ont entraîné et entraînent encore les folies
guerrières.
Québec
solidaire en appelle donc à poursuivre le combat pour la paix. Souligner le
jour J, c'est dire encore une fois : Plus jamais. C'est garder vivant l'espoir
que les conflits armés puissent être évités. Être pacifiste en 2014, c'est
de refuser de banaliser et d'être les
complices silencieux de conflits armés qui font de plus en plus de victimes civiles, parmi lesquelles on compte énormément... des millions, en fait, de femmes et d'enfants.
Être pacifiste, c'est poursuivre la lutte contre l'intolérance, contre
les inégalités et les injustices, contre le racisme et contre la militarisation
qui grandit dans de nombreux pays du monde. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Merci, Mme la députée de Gouin. Maintenant, j'invite M. le premier ministre pour son intervention.
M.
Philippe Couillard
M. Couillard :
Merci, Mme la Présidente. Je vais à mon tour saluer les vétérans et les membres
des Forces canadiennes qui sont avec nous aujourd'hui.
Le 5 juin 1944, à 21 h 15,
Radio Londres a diffusé un petit extrait d'un poème de Paul Verlaine :
«Les sanglots longs
Des violons
De l'automne
Blessent mon coeur
D'une langueur
Monotone.»
C'était le signal pour les résistants de se déployer et de préparer l'invasion.
Nous voici
arrivés 70 ans plus tard. Ce jour, qui avait été caractérisé d'avance par
le maréchal Rommel comme étant le jour qui serait le
plus long, il a été long. Il a été très court, tragiquement court, par
contre, pour des milliers de militaires et de civils. Oui, la plus grande opération amphibie de l'histoire, la
plage Juno, où nos militaires canadiens ont fait le sacrifice ultime et ont combattu. Des milliers de morts,
bien sûr, parmi les Forces canadiennes, parmi
tous les pays qui ont combattu durant
cette journée. Il faut saluer la mémoire de nos régiments qui ont participé à
cette opération. On a parlé du 22e qui a parcouru l'Europe, mais il y avait ce jour-là, particulièrement, les Fusiliers du Mont-Royal, le Régiment de
Maisonneuve et le Régiment de la Chaudière. Parmi
les morts, je pense que mon prédécesseur,
M. Charest, y a fait allusion une fois dans cette Chambre, il y avait un jeune homme de Roberval, Gérard Doré,
âgé de 17 ans — apparemment,
il avait 15 ans, mais il disait
avoir 17 ans — qui est
mort lors du débarquement. Il y a une place, à Cintheaux en
Normandie, qui porte son nom encore aujourd'hui.
Mais, cette
journée, on y a fait allusion, elle a été surtout un grand sursaut de l'humanité
contre la tyrannie et le barbarisme
de la dictature nazie. Posons-nous la question : Un tel sursaut dans notre
monde fragmenté serait-il aujourd'hui encore
possible? Posons-nous la question : Nous, qu'aurions-nous fait? Que
ferions-nous? Faisons l'effort d'imaginer notre présence, ce matin, dans ces péniches de débarquement, au moment où la
porte va s'ouvrir et on doit courir sur la plage devant les mitrailleuses et les bombes, acceptant ainsi la possibilité
de notre mort et de notre souffrance imminentes. Que ferions-nous? Qu'aurions-nous
pensé? Ou, plutôt, pour quelle cause, s'il y en a, serions-nous, encore aujourd'hui,
prêts à le faire?
On dira, oui,
bien sûr : C'est un sacrifice justifié, compte tenu de l'horreur que l'humanité
combattait. On le dit dans notre
confort matériel d'aujourd'hui, rendu possible grâce au sacrifice de ces héros,
mais à l'époque ce débat, au Québec, a été
difficile, et je crois qu'il faut le relater avec transparence et lucidité. On
a parlé, ici, de «la guerre des autres». Une partie de nos élites, dans ce Québec un peu gris des années 30, 40,
a estimé qu'il n'était pas nécessaire de participer à la guerre totale de l'humanité contre le nazisme. Ils
n'étaient pas du bon côté de l'histoire. Certains d'entre nous cependant
l'ont été avec courage et ont fait des
sacrifices, moindres que les sacrifices déjà des Forces armées, mais des
sacrifices, cependant, personnels
importants. Parlons à Adélard Godbout qui avait dit, au Québec, à l'époque :
Oui, le Québec doit se joindre à l'effort mondial contre le nazisme. Nous
parlerons de Jean-Charles Harvey, grand journaliste de l'époque, qui a dit la
même chose aux Québécois.
Les deux en ont subi les conséquences dans leurs vies professionnelle
et personnelle. Qu'en serait-il aujourd'hui?
Heureusement, dans ces années, le Québec a manifesté son soutien à l'effort international par le grand nombre de volontaires — d'ailleurs, ces
régiments étaient composés de volontaires à l'époque — qui
se sont présentés pour combattre avec le
monde civilisé contre cette barbarie épouvantable. Il faut, bien sûr, leur
rendre hommage alors qu'ils avancent en âge et que, bientôt, la mémoire
directe va s'espacer pour cette dernière grande génération. On a appelé
cette génération comme ça. C'est la
génération qui a libéré le monde du nazisme, qui, par la suite, a fait croître
l'économie et a surtout introduit les
droits civiques, notamment pour les Noirs aux États-Unis. Ce sont ces gens et
leurs enfants qui ont fait ça, après le combat contre le nazisme.
Il
faut donc réaliser que cet épisode a des conséquences directes pour nous
aujourd'hui, dans cette Assemblée. Je veux,
comme d'autres l'ont fait et le feront, aborder une touche personnelle. Et
peut-être penserez-vous, Mme la Présidente, que je vais encore faire allusion à mon fils et son épouse qui servent
avec beaucoup de fierté et d'honneur dans les forces, mais je vais aller
au-delà. Comme beaucoup le savent peut-être, j'ai la double citoyenneté
française et canadienne, et, quelques semaines après le débarquement de
Normandie, un oncle, que je n'ai pas connu, était fusillé dans le massif du Vercors, en France, par les SS. Deux autres
personnes étaient dans les camps, une n'est pas revenue. La soeur de cet
oncle, ma tante, est encore en vie, elle a
probablement l'âge de nos vétérans, elle vient d'être décorée encore une fois
de la médaille de la Résistance.
Alors,
M. le Président, honorons leur mémoire : ceux des plages, ceux et celles
de la Résistance, ceux et celles des camps, disparus dans la nuit et le
brouillard des barbares de notre temps. Redisons ensemble : Non au
racisme, non à l'esclavage, non à la déshumanisation
de l'autre. Oui à la liberté, à la démocratie et la tolérance. Oui à l'espoir
que, grâce aux sacrifices, aux vies perdues
ce matin du 6 juin et après, nous léguions à nos enfants une société libre
et démocratique, celle que nos parents ont préservée pour nous. Merci.
(Applaudissements)
Mise aux voix
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, est-ce que
cette motion est adoptée?
Des voix : Adopté.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, je vous
invite à vous lever et à tenir une minute de silence.
• (11 h 30
—
11
h 31) •
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Vous pouvez vous
asseoir. Merci.
Je suis maintenant
prête à reconnaître un membre du groupe formant le gouvernement.
Nous allons
poursuivre la rubrique des motions sans préavis. Alors, Mme la députée de Bourassa-Sauvé,
la parole est à vous.
Souligner le 35e anniversaire de LEUCAN
Mme de Santis : Mme la Présidente, je sollicite le consentement
de cette Assemblée afin de présenter la motion suivante conjointement avec la députée
de Taillon, le député de La Peltrie et la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques :
«Que l'Assemblée
nationale souligne le 35e anniversaire de LEUCAN — l'association pour les
enfants atteints de cancer;
«Qu'elle rende hommage au travail de tous ses bénévoles
et de son équipe de direction qui, jour après jour, accompagnent les enfants atteints de cancer et leur famille, depuis le
diagnostic et à toutes les étapes des traitements;
«Qu'elle salue ces 35 années d'engagement, d'espoir et de solidarité, et qu'elle
réitère l'importance de poursuivre les recherches pour lutter contre
cette terrible maladie chez les jeunes.»
Merci, Mme la
Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci,
Mme la députée. Alors, y a-t-il
consentement pour débattre de cette motion?
M.
Sklavounos : Alors, Mme la Présidente, nous
proposons l'adoption sans débat.
Mise aux voix
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, cette
motion est-elle adoptée?
Des voix :Adopté.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci. Alors, maintenant, je suis prête à
reconnaître un membre du deuxième groupe d'opposition. M. le député de Granby.
M.
Bonnardel : Mme la Présidente, je demande le consentement pour déposer la
motion suivante conjointement avec le leader du gouvernement, la députée
de Sainte-Marie—Saint-Jacques :
«Que l'Assemblée
nationale réitère sa confiance envers
le Vérificateur général du Québec, M. Michel Samson.»
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Alors, y a-t-il consentement pour débattre de cette motion? Pas de consentement. Alors, voilà.
Maintenant, je suis
prête à reconnaître un membre… Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques,
pour sa motion.
Mme
Massé : Mme la Présidente, je demande le consentement de la Chambre
pour débattre de la motion suivante :
«Que
l'Assemblée nationale salue l'initiative de la Marche
des peuples pour la mère Terre qui est partie de Cacouna le 10 mai pour parcourir
700 kilomètres, à pied, jusqu'à
Kanesatake afin de sensibiliser et mobiliser la population face aux projets d'acheminer du pétrole albertain au Québec par
pipelines et [...] la
perspective de la construction d'un [...] port [méthanier].»
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Merci, Mme la députée. Alors, y a-t-il consentement pour débattre de
cette motion?
M.
Sklavounos : Pas de consentement, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, il n'y a
pas de consentement. M. le député de Granby.
M.
Bonnardel : Mme la Présidente, je demande le
consentement pour que ma formation politique puisse déposer une autre motion
sur la tragédie de Moncton.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, y a-t-il consentement
pour un deuxième dépôt de motion?
M.
Sklavounos : Sur quel sujet?
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : La tragédie de
Moncton. Consentement.
Mme
Maltais : Mme la présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Oui.
Mme
Maltais : Vous pouvez aussi regarder de ce
côté-ci. Nous consentons.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : D'accord.
Très bien, Mme la leader de l'opposition officielle. Je cède maintenant
la parole à Mme la députée d'Arthabaska.
Offrir des condoléances à la famille et
aux proches du policier Dave Ross, décédé
en protégeant les citoyens de Moncton
Mme Roy
(Arthabaska) : Mme la Présidente, je demande le consentement
pour déposer la motion suivante conjointement avec le ministre de la Sécurité
publique, le député de Chomedey, le député de Matane-Matapédia, la députée de
Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Et la motion se lit ainsi :
«Que
l'Assemblée nationale offre ses plus sincères condoléances à la famille et aux
proches de l'agent Dave Ross, originaire de Victoriaville, décédé en
protégeant les citoyens de Moncton mercredi soir.»
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup, Mme la
députée. Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M.
Sklavounos :
Oui, Mme la Présidente, il y avait consentement pour des interventions de deux
minutes par intervenant. Nous suggérons l'ordre suivant : la députée d'Arthabaska,
suivie du député de Matane-Matapédia, la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques,
et enfin celle de la ministre de la Sécurité publique, Mme la Présidente.
Mme Sylvie Roy
Mme
Roy (Arthabaska) : …dans cette Chambre, en 2005, de souligner
le départ de quatre policiers de la GRC qui ont été tués le 3 mars 2005 en Alberta. Je ne pensais pas avoir à
souligner le départ brutal, la fin brutale d'un policier issu de ma
circonscription.
Dave Ross est parti à
19 ans de Victoriaville pour se rendre étudier à Ottawa et devenir agent de la
GRC. Il a rencontré l'amour, son épouse qu'il
a mariée, qui venait de Moncton, avec qui il a eu un enfant, et malheureusement
elle est enceinte d'un autre enfant qu'il ne connaîtra pas.
Comme
je n'ai pu m'empêcher de le faire en 2005, j'aimerais à nouveau vous citer
Todorov, le philosophe, qui disait,
avec une grande sagesse : «La vie est perdue contre la mort, mais la
mémoire gagne dans son combat contre le néant.» Le sacrifice de ces trois policiers tués à Moncton, comme celui
de tous les policiers morts dans l'exercice de leurs fonctions, restera à jamais gravé dans notre
mémoire. J'ai besoin de peu de mots pour vous dire que pour notre
sécurité ils ont aussi
également fait l'ultime sacrifice, et cette mémoire doit être un hommage à tous
les policiers qui sont morts en devoir et, à ceux qui doivent demeurer
au service, du sacrifice que leurs proches familles ont payé chèrement.
Donc,
je pense que c'est un devoir de mémoire et j'imagine que chacun ici partage
notre tristesse pour les gens de mon coin. Les drapeaux de la Chambre
des communes ont été mis en berne, et ceux de la ville de Victoriaville sont
également tous mis en berne jusqu'aux funérailles.
Donc, j'envoie mes
meilleures pensées à la famille, aux amis de Dave Ross, à sa femme également.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci beaucoup, Mme la députée. Je
reconnais maintenant M. le député de Matane-Matapédia.
M. Pascal Bérubé
M.
Bérubé : Mme la Présidente, nous avons eu l'occasion hier de
déposer une motion qui soulignait l'ampleur de ce drame. Aujourd'hui, on
a des noms de victimes, des familles qui sont éprouvées, et c'est l'ensemble
des familles québécoises qui sont éprouvées
par un drame qui ne se passe pas tellement loin de chez nous, à Moncton, au
Nouveau-Brunswick, là où on a tellement de
racines communes avec le peuple acadien, mais de racines humaines qui
transcendent les frontières.
C'est un drame humain
important qui nous interpelle et qui interpelle beaucoup une profession
tellement importante pour la démocratie, qui
est celle de policier, policière. Cette profession, je dirais même, cette
vocation de policier, policière, c'en
est une de dévouement et d'engagement qui est pratiquée par des individus d'exception,
qui consacrent leur vie à la protection et à la sécurité de leurs
concitoyens. D'ailleurs, notre Chambre peut s'enorgueillir de compter, parmi ses parlementaires, quelques policiers. Les
événements qui se sont déroulés cette semaine à Moncton rappellent qu'il
arrive que des policiers doivent faire le
sacrifice ultime. Chaque citoyenne et citoyen sait que l'on peut compter sur
les forces policières pour intervenir lorsqu'un
désaxé s'attaque aveuglément à des innocents. Les événements tragiques
de Moncton démontrent que les policiers sont prêts à faire fi de leur sécurité
et même de leur vie pour le mieux-être de la population.
Il est donc important
de rendre hommage à Dave Ross, originaire de Victoriaville, au Québec, mais
aussi à James Larche et Fabrice Georges
Gevaudan, eux aussi policiers tués lors des événements de cette semaine. Il
faut également rendre hommage aux deux policiers qui ont été
blessés : Darlene Goguen et Éric Dubois. Ces cinq policiers méritent notre reconnaissance, et que l'on se rappelle d'eux,
et qu'aujourd'hui, au même moment où on souligne le sacrifice ultime des
militaires, il y a 70 ans, sur une plage de Normandie, une triste ironie fait
en sorte qu'on doit également saluer le sacrifice ultime de personnes engagées
qui sont, chaque jour, à l'oeuvre pour assurer notre sécurité.
Et,
à la fois pour les militaires comme pour les policiers, notre gratitude s'exprime
bien humblement à travers une motion que nous partageons entre les
groupes parlementaires, et je suis heureux de m'y associer, Mme la Présidente.
• (11 h 40) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci de votre intervention, M.
le député. Je reconnais maintenant
Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Mme Manon Massé
Mme Massé :
Merci, Mme la Présidente. Bien sûr, l'ensemble des membres de Québec solidaire
et de mes collègues parlementaires, on ajoute notre voix à nos collègues ici
pour dire à la famille, aux amis, aux proches de ce policier, ces policiers, mais particulièrement M. Ross, qui a perdu la vie dans l'exercice de
ses fonctions… Ça nous rappelle qu'on
a plein de gens comme ça qui prennent soin de nous sans qu'on s'en rende
compte, et c'est toujours dans les moments ultimes comme celui-là où
on mesure l'ampleur de la chance qu'on a d'être accompagnés. Je pense notamment,
bien sûr, aux corps policiers, je pense aux pompiers, aux pompières, je pense
aussi simplement qu'aux travailleurs, travailleuses de rue qui sont là pour, à quelque part, nous
assurer qu'on puisse nous promener tranquillement, paisiblement dans la
rue. J'ai aussi une pensée pour les coéquipiers et coéquipières blessés, mais
les autres qui, à la suite du décès de collègues de travail… ça doit être
extrêmement ébranlant, et des grandes remises en question doivent se faire.
À
Québec solidaire, on tient à rappeler que, ces gens-là, on apprécie le travail
qu'ils font quand ils le font avec humilité, avec présence et qu'on
espère que la famille Ross, ses enfants continueront à vivre la tête haute.
Merci.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Merci, Mme la députée. Au tour maintenant de la
ministre de la Sécurité publique pour son intervention.
Mme Lise Thériault
Mme
Thériault : Merci, Mme la Présidente. Vous savez, il y a de ces
jours où on rêverait de ne pas se lever pour faire une motion. Aujourd'hui,
c'est un jour comme celui-là, je dirais.
Évidemment,
oui, nous avons le devoir d'honorer la mémoire des policiers qui sont morts en
service lors du drame de Moncton,
mais vous comprendrez, Mme la Présidente, que, dans un monde idéal, nous n'aurions
pas eu à faire cette motion. Je pense
que, Mme la Présidente, les paroles de mes collègues sont le reflet de la
pensée des parlementaires. Hier, nous
avons eu l'occasion de faire une minute de silence dû aux événements tragiques.
Aujourd'hui, je sais que le premier ministre a fait parvenir une lettre à la
présidence pour mettre les drapeaux en berne à l'Assemblée nationale
également pour honorer la mémoire des policiers. Il y a toujours des drames qui
viennent nous chercher un peu plus que d'autres, Mme la Présidente. C'est évident que, lorsqu'un policier meurt en
devoir, avec un jeune enfant d'à peine 19 mois et un enfant à naître au
mois de septembre, on peut se questionner sur le sens de la vie, sur le sens du
devoir.
Mme la Présidente,
je porte fièrement le ruban bleu et noir qui symbolise les policiers qui sont
morts en service. Je tiens à préciser
également que, le 12 mai dernier, il y a eu une cérémonie pour reconnaître la
mémoire des policiers qui sont décédés
en service. Au Québec, on parle de 185 policiers. Évidemment, le Canada en
compte beaucoup plus. Et, malheureusement,
l'agent Ross contribue à s'ajouter à la longue liste de policiers qui sont
morts en devoir. Je pense qu'il est
important également, Mme la Présidente… il faut toujours se souvenir qu'à tous
les jours les policiers et les agents de la paix mettent leur vie en
danger pour servir les membres de leurs communautés.
Lorsqu'un
agent meurt dans l'exercice de ses fonctions pendant qu'il assurait le respect
de la paix et des libertés de notre pays, son décès se doit d'être
honoré à l'échelle nationale et ne jamais sombrer dans l'oubli.
Mme la
Présidente, au nom du premier ministre du gouvernement du Québec et des
collègues de ma formation politique, j'offre mes sincères condoléances
aux familles éprouvées et j'espère que le temps pourra les aider à surmonter
cette terrible épreuve. Merci, Mme la Présidente.
Mise aux voix
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Alors, merci beaucoup, Mme la ministre. Je crois que dans les... Est-ce que
cette motion est adoptée?
Des voix : Adopté.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Et, dans les circonstances, je
crois que nous allons nous lever et tenir une minute de silence.
• (11 h 45
—
11
h 46) •
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie.
Vous pouvez vous asseoir.
Alors, nous
sommes toujours à la rubrique des motions sans préavis. Y a-t-il d'autres
motions? Oui, M. le leader du gouvernement.
Réunir l'Assemblée
nationale le lundi 9 juin 2014
M. Fournier :
Conformément au deuxième alinéa de l'article 20
de notre règlement, je fais motion pour :
«Que l'Assemblée se réunisse le lundi
9 juin 2014, à 13 h 45.»
Mise aux voix
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, est-ce que cette motion est
adoptée?
Des voix :Adopté.
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Adopté. Alors, merci. Y a-t-il d'autres
motions sans préavis?
Avis touchant les
travaux des commissions
Alors, nous en sommes à la rubrique Avis touchant les travaux des commissions.
Je vous avise que la Commission des relations avec
les citoyens se réunira en séance de travail le
lundi 9 juin 2014, de 11 h 30
à 13 heures, à la salle RC.171 de l'hôtel du Parlement. L'objet de
cette séance est d'informer les membres sur les activités et le fonctionnement
de la commission et de procéder à l'organisation de ses travaux.
À la rubrique Renseignements sur les travaux de
l'Assemblée, il n'y a rien.
Affaires du jour
Affaires prioritaires
Débat sur la motion du
ministre des Finances
proposant que l'Assemblée approuve la
politique budgétaire du gouvernement
Alors,
maintenant, la période des affaires courantes étant terminée, nous allons
maintenant passer aux affaires du jour, et, aux affaires du jour, les affaires prioritaires, à l'article 1 du
feuilleton, l'Assemblée entreprend le débat sur la motion de M. le ministre des Finances proposant que l'Assemblée approuve
la politique budgétaire du gouvernement.
Conformément à l'article 273 du règlement, je cède la parole au
représentant de l'opposition officielle en lui rappelant que son temps de parole est
d'une durée maximale de deux heures. Alors, M. le député de
Rousseau, je vous cède la parole.
M.
Nicolas Marceau
M. Marceau : Merci, Mme la Présidente. Alors,
écoutez, donc, ça me fait plaisir de me lever pour vous dire ce que je pense du budget qui a été déposé mercredi
par le collègue de Robert-Baldwin. C'est un budget — je l'ai déjà dit mercredi dernier et je vais élaborer aujourd'hui
là-dessus, Mme la Présidente — de promesses brisées. C'est la
recette libérale pour renier les engagements qui ont été pris lors de la
campagne électorale.
Et je commence en vous disant que l'effet
libéral dont on nous a parlé en campagne électorale, il se fait effectivement sentir. La croissance économique,
donc, qu'on nous promettait, elle n'est pas plus forte avec l'effet
libéral. En fait, elle est plus faible que
prévu. Vous savez, dans le budget que nous avions déposé en février dernier, il
était prévu que la croissance économique soit de 1,9 %. Or, dans le
budget libéral de cette semaine, elle s'établit à 1,8 %.
Mme la
Présidente, l'élection de ce gouvernement devait amener un effet libéral qui se
traduirait par une hausse soudaine et spontanée des revenus, mais il n'y
a rien de tel. En fait, dans le budget présenté mercredi, les prévisions de revenus sont essentiellement les mêmes que dans
le budget déposé en février dernier, ce qui confirme que nous avions les bons chiffres mais aussi que les chiffres
présentés en campagne électorale ne tenaient pas la route. La promesse d'un
effet libéral sur la croissance et les
emplois, on a vu mercredi que ça n'a pas résisté longtemps à l'analyse des
fonctionnaires du ministère des Finances qui
ont dû rappeler leur ministre à l'ordre et lui rappeler que les chiffres qu'il
avait présentés en campagne
électorale ne tenaient pas la route. Et il y a effectivement une énorme
différence entre les chiffres présentés mercredi et ceux du cadre financier libéral de campagne électorale, et, Mme la Présidente, je dois,
malheureusement, vous dire que cela découle des prévisions de croissance
économique 2014 pour le Québec du député de Robert-Baldwin qui, à l'époque où
il était économiste à la Banque Laurentienne, avait prédit une croissance
économique de 1,8 %.
• (11 h 50) •
Maintenant,
ce même député de Robert-Baldwin, lorsqu'il est devenu candidat libéral, en campagne et qu'il s'est mis à faire des promesses, il nous a promis du 2,1 %, et puis là il est par la
suite élu, devient ministre des Finances, et
là il revient sur la planète Terre, et là on revient à 1,8 %. Donc, le
député de Robert-Baldwin passe de 1,8 %, économiste à la Banque
Laurentienne, à 2,1 %, candidat libéral en campagne, à 1,8 %,
ministre des Finances.
Alors, que s'est-il
passé en campagne électorale? Quelle mouche avait piqué notre ministre des
Finances, Mme la Présidente? Je ne le sais
pas. Mais cela fait en sorte que le cadre financier de campagne
électorale du Parti libéral ne tient pas la
route, n'a jamais tenu la route, je l'avais bien dit en campagne électorale, et
ne tient pas plus la route aujourd'hui. Dans ce cadre financier, quand on le compare avec celui qui a été
présenté mercredi, on constate qu'il y a 3,3 milliards de dollars de moins en revenus à la dernière année à terme et que, sur cinq
ans, le total du manque à gagner est de 8,8 milliards de dollars, disons 9, Mme la Présidente. Ce 9 milliards de
dollars, Mme la Présidente, le Parti libéral s'en est servi en campagne
électorale pour faire des promesses qui désormais seront brisées une à une. Les
cadeaux promis ne se matérialiseront pas, et
le gouvernement recule, reculera sur ce qu'il a promis aux Québécois. Évidemment, on aimerait
bien avoir les explications du ministre des Finances, du
député de Robert-Baldwin, sur l'écart de ses
prévisions économiques dans ses trois
incarnations : dans l'incarnation de l'économiste à la Banque
Laurentienne, dans l'incarnation du candidat libéral et puis dans l'incarnation
du ministre des Finances.
Mme la
Présidente, donc, ultimement, il faudra revenir là-dessus, il faudra savoir
pourquoi le ministre a gonflé ses revenus dans son cadre financier de
campagne électorale.
Maintenant,
je vais passer à un autre sujet, celui de la création d'emplois. Vous savez, en
campagne électorale, le premier ministre... Et
là ce n'est pas le ministre des Finances, puisque je l'ai entendu être
beaucoup plus nuancé en campagne électorale.
J'étais à ses côtés lors d'un débat, et il était très nuancé sur les chiffres
de l'emploi, et on pourrait même dire qu'il avait certains doutes,
disons, quant aux propos tenus par le premier ministre à l'époque où il était
en campagne électorale. Je vous rappellerais, Mme la Présidente, qu'en campagne
électorale le premier ministre nous a dit que la création de 47 800 emplois, ça n'était pas des bons
chiffres, et il a mis en cause même l'Institut de la statistique du Québec. Et quelle n'a pas été ma surprise, en
ouvrant le plan budgétaire de notre ministre des
Finances à la page C.21, de
constater qu'on trouve les 47 800
emplois honnis par le premier ministre, les 47 800 emplois dont le premier
ministre nous disait que c'était de la
stagnation. Bien, regardez, Mme la Présidente, on constate dans le même
document que, pour 2014, la création d'emplois prévue, avec effet
libéral, c'est 31 300. Alors là, il va falloir qu'on nous dise si l'effet
libéral, c'est de réduire l'emploi de
16 000 personnes de moins au travail au Québec, 16 000 emplois de
moins. Et, pour l'année 2015, on est
à 46 300, encore inférieur à 2013. Alors, Mme la Présidente, l'effet
libéral, ce n'est pas seulement un an, c'est deux ans au moins. C'est ce
qu'on peut constater. Il
y a une première année, cette année, où on baisse de 16 000, et l'année
prochaine on baisse de 2 000.
Alors, Mme la
Présidente, il y a quelque chose à retenir de cela, il
y a quelque chose à
retenir de cela. Le Parti libéral
a dit un certain nombre de choses en campagne électorale, et on comprendra qu'il
aurait mieux valu ne pas croire ce qui était dit.
Ce matin, malheureusement, on a appris que l'emploi à
temps plein au Québec
avait diminué de 27 000,
utilisant la méthodologie préférée du premier ministre. Là, on utilise la
méthodologie du premier ministre. Moi, lorsque j'étais dans le poste du député de Robert-Baldwin, je lui disais : Il fallait regarder sur une longue période.
Le premier ministre, en campagne
électorale : Non, il ne faut pas faire
ça, il ne faut pas faire ça, il faut regarder
les chiffres mensuels. Alors, vous voyez,
Mme la Présidente, il y a des dangers à dire n'importe quoi en campagne
électorale, j'en suis désolé, et le Parti libéral, aujourd'hui, se fait rattraper, se
fait rattraper parce que, qu'on utilise l'une ou l'autre des deux
méthodologies, les chiffres sont mauvais. L'une ou l'autre, c'est mauvais : quand on utilise les moyennes annuelles, comme nous
le croyons, c'est 16 000 emplois
de moins avec le Parti libéral; quand on
utilise les données mensuelles — bon, là, on a deux mois jusqu'à
maintenant — on
est à moins 50 000 emplois à temps plein avec le Parti libéral.
Mme la Présidente, quelle
que soit la méthodologie, l'effet libéral, c'est moins d'emplois pour les Québécois.
Je reviens à cette promesse centrale du premier
ministre, lors de la campagne électorale, de création de 250 000 emplois.
250 000 emplois. Est-il utile de dire que cette promesse, de toute
évidence, ne se matérialisera pas, ne se réalisera pas? En effet, si on prend les chiffres de la page C.21 du
plan budgétaire, on est déjà en retard de 22 400 emplois, et doit-on ajouter que les chiffres récents ne
laissent pas croire à une embellie? L'effet libéral, de toute évidence, va
faire en sorte que cet objectif ne sera pas
atteint. Évidemment, cela découle de bien des... il y a bien des facteurs qui
vont expliquer cela, mais je dirais,
et puis j'aurai l'occasion d'élaborer un peu plus là-dessus tout à l'heure, que
l'absence d'une politique économique globale,
intégrée et cohérente, pour utiliser les termes préférés de notre ministre du
Développement durable… l'absence, donc, d'une telle politique économique
fait en sorte qu'on n'a pas des jours meilleurs pour l'économie québécoise à l'horizon.
Pour l'instant,
je vais revenir à un autre recul, une autre promesse brisée, c'est le recul
quant aux investissements en infrastructures.
Vous vous rappellerez, en campagne électorale, on nous a dit qu'on ajouterait
15 milliards en immobilisations. Cette
promesse, elle est totalement, complètement abandonnée. Je vous donne quelques
chiffres, Mme la Présidente. Le Plan
québécois d'infrastructures du Parti québécois prévoyait 90,8 milliards de
dollars sur un horizon de 10 ans. Dans le PQI présenté par le ministre
des Finances, on est à 90,3 milliards. Et, Mme la Présidente, puisque je
sais que vous êtes excellente en calcul
mental, vous aurez constaté que le second chiffre n'est pas plus gros de
15 milliards, mais inférieur de
500 millions. Et donc vous comprendrez qu'il y a eu un bris complet de la
promesse qui avait été faite. Maintenant, depuis quelques jours, les collègues du Parti libéral, mon chef, et
moi-même, et d'autres collègues ici, nous débattons des raisons pour lesquelles le Parti libéral a
abandonné sa promesse. Nous débattons de ça. Évidemment, la raison est
très simple, très, très simple, c'est l'incompatibilité
de cette promesse qui avait été faite par le Parti libéral avec la
capacité de payer des Québécois. Évidemment, quand on a gonflé les revenus…
hein, quand on gonfle les revenus dans le cadre financier, ça peut donner à croire qu'on a une certaine capacité de
payer plus grande que la réalité. C'est ce qui découle de ce gonflement
des revenus qui avait été fait en campagne électorale. Mais, lorsqu'on regarde
les chiffres avec la froide... avec des
lunettes qui ne sont pas biaisées, comme le ministre des Finances a dû le faire
dans les derniers deux mois… Je sais que maintenant il a un regard froid
et qu'il comprend bien la véritable réalité dans laquelle nous nous trouvons. Bien, regardez, on sait que cette
promesse de 15 milliards était incompatible avec la capacité de payer.
Alors, heureusement, le ministre des Finances a perdu son incarnation de
candidat libéral en campagne électorale et il est maintenant quelqu'un qui a compris les vrais chiffres et puis qui, grâce
à ses fonctionnaires, est capable de jeter un regard plus raisonnable de
ce qui se passe.
Maintenant, le fait que la cible de... le fait
que le 15 milliards était incompatible avec notre capacité de payer, on peut le voir par le fait que, si ce
15 milliards avait été ajouté à la dette, les cibles de réduction de la
dette du Québec en proportion de
notre économie n'auraient pas pu être atteintes. C'est aussi simple que cela.
15 milliards de plus, les cibles ne sont
pas atteintes. Et, Mme la Présidente, les agences de notation, puisqu'il va
falloir en parler, les agences de notation regardent deux choses,
essentiellement. Premièrement, elles regardent est-ce que le cadre financier
prévoit un retour à l'équilibre budgétaire
dans un délai raisonnable et, deuxièmement, elles regardent si les cibles de
réduction de la dette, en proportion de l'économie, que nous nous sommes
fixées vont être atteintes. Et, Mme la Présidente, il n'y a aucun doute, hein, que, si ce 15 milliards avait
été ajouté, on n'aurait pas pu atteindre ces cibles-là. Mme la Présidente,
pourquoi le Parti libéral s'est-il entêté, s'est-il
obstiné à ajouter ce 15 milliards supplémentaire en campagne électorale?
Écoutez, j'ai soupesé différentes options et je dois avouer que la seule
option à laquelle je peux parvenir, c'est qu'essentiellement c'est la seule politique économique, la seule politique
de développement économique que connaisse le Parti libéral. En fait,
étendre plus d'asphalte et couler plus de béton, ça fait office de politique
économique au Parti libéral.
• (12 heures) •
Et, Mme la
Présidente, on voit bien les conséquences de ce recul sur le 15 milliards.
On voit bien les conséquences. Les
conséquences, c'est que le Parti libéral est pris de court. Il ne sait plus
quoi faire pour développer notre économie. Et le document budgétaire d'hier l'illustre... pas d'hier, de mercredi l'illustre
parfaitement, le vide de la vision
économique est patent et flagrant. Et j'aurai
l'occasion tout à l'heure de revenir là-dessus, mais retenons, retenons, Mme la
Présidente, que le 15 milliards, c'était
le moyen de développer l'économie pour le Parti libéral et que, pris de court
parce qu'ils ont fait une promesse inconsidérée, les politiques
économiques libérales n'existent plus. C'est ce que je… on doit conclure.
Je reviens au 15 milliards un peu plus, si
vous permettez, parce qu'il y a quand même un certain nombre de choses qui ont
été dites, comme je vous le disais, depuis quelques jours où nous discutons de
ce 15 milliards. Hier, Mme la
Présidente, le premier ministre a fait une affirmation que je qualifierais de
surprenante. Il a prétendu — puis il a un peu redit ça ce matin — avoir mis de côté sa promesse de
15 milliards de plus en immobilisations à cause
de son fameux trois-cinq-sept,
trois plus cinq plus sept donnant 15. Essentiellement,
il nous dit : Le déficit de 3 milliards de l'an passé, auquel j'ajoute un 5 milliards pour
cette année et un 7 milliards pour l'an prochain, ça fait
15 milliards, et c'est à cause
de ce 15 là que moi, je n'ai pas pu aller de l'avant avec le 15 milliards
que j'avais inscrit dans mon cadre financier de campagne électorale.
Mme la
Présidente, le prétexte utilisé par le premier ministre,
il est absurde. Je vais utiliser ce terme, je crois qu'il est
parlementaire, c'est absurde, et je vais vous démontrer ce qu'il en est. La
première des choses qu'il faut dire puis il faut comprendre, c'est que les
15 milliards de dollars supplémentaires, ils n'existent pas. Vous prendrez
le cadre budgétaire de mon collègue de Robert-Baldwin, le ministre des
Finances, et vous verrez qu'il a eu la sagesse, il a eu la sagesse de faire en sorte que ce cinq et ce sept, cela n'apparaisse
pas dans son cadre budgétaire. Et, je vous dirais, il a eu la même
sagesse que j'avais eue, puisque dans le mien non plus il n'y avait pas de cinq
et de sept. Il n'y avait pas de cinq et de
sept, pourquoi? Parce que des élus responsables, parce qu'un gouvernement
responsable… Et j'ai confiance que le ministre des Finances est un homme
responsable, et puis je crois qu'il aura la même…
Des
voix : …
M. Marceau : Oui, vous pouvez l'applaudir, je n'ai
pas de problème avec ça. J'ai confiance que le ministre des Finances n'aurait
jamais inscrit un cinq et un sept, et ils ne sont pas là, le cinq et le sept,
Mme la Présidente, ils ne sont pas là. Ils n'étaient
pas là non plus dans les documents budgétaires que j'ai présentés. Le cinq et
le sept, ce sont des chiffres fictifs. On parle de déficit potentiel, on
parle de déficit fictif et on ne peut pas les invoquer pour justifier une mauvaise promesse, hein? On ne peut pas les
invoquer pour renier une mauvaise promesse qu'on avait faite en campagne
électorale. Et, la vraie raison, je l'ai
déjà dite. La vraie raison pour laquelle le Parti libéral doit reculer sur le
15 milliards, c'est parce que le
premier ministre a appartenu à un gouvernement libéral, le gouvernement libéral
du premier ministre Charest, qui avait déjà abusé
de la même recette des infrastructures à outrance, et de l'endettement à outrance, et qui a fait augmenter la
dette de 30 %.
Et, hier, je
pense que c'est utile de le dire, Moody's nous disait
qu'avec d'importantes dépenses en infrastructures le fardeau de la dette du Québec est appelé à
croître au cours des deux prochaines années,
et Moody's se disait inquiet de cela
et… Alors, imaginez, Mme la Présidente, s'il avait
fallu qu'on en ajoute 15 milliards. Mme la Présidente, la raison
pour laquelle on a reculé, c'est parce que la dette a été trop augmentée par le
Parti libéral dans les années précédentes.
Maintenant,
Mme la Présidente, on va passer à une autre promesse
brisée. Je vais changer de thème un petit peu, je vais
parler de la promesse libérale de réduire le fardeau fiscal des Québécois. Et
disons que je vais être indulgent et que je vais me contenter de supposer qu'ils ont promis de ne pas l'augmenter.
Alors, Mme la Présidente, je suis forcé d'admettre que cette promesse de
ne pas l'augmenter, même pas de le réduire, là, cette promesse de ne pas l'augmenter,
elle est brisée. Le gouvernement libéral augmente de 180 millions les
taxes et les impôts des Québécois cette année et de 232 millions de dollars l'an prochain. Les détails : impôts de certains retraités, parce qu'on va
interdire le fractionnement des
revenus pour certains d'entre eux, hausse du prix de la bière et du vin dans
les dépanneurs, hausse des taxes sur le tabac.
Mais, Mme la Présidente, le gouvernement a posé
aussi un geste malheureux, un geste malheureux en réduisant de 20 %
plusieurs crédits d'impôt utilisés par les entreprises dans de très nombreux
secteurs économiques performants, et le
gouvernement, par cette manoeuvre, alourdit,
donc, le fardeau fiscal des entreprises de
370 millions de dollars en 2016‑2017.
Donc, ça va augmenter graduellement, et, Mme la Présidente, on alourdit le
fardeau fiscal de manière inattendue,
contrairement à la promesse faite, et je disais ce matin, à la période des
questions, toute l'inquiétude, toute l'inquiétude
qui habite la communauté d'affaires québécoise présentement, la surprise totale
aussi de cette communauté d'affaires. Et je vais
simplement, pour que vous voyiez l'étendue des dégâts, l'étendue des dégâts
qu'a provoqués le budget libéral, je vais vous faire une liste rapide des crédits
d'impôt qui ont été abolis.
Je commence par recherche et développement. Recherche
et développement, est-il nécessaire de vous dire, Mme la Présidente, que le Québec
se distingue par des grappes économiques très,
très fortes dans lesquelles on
utilise intensément la recherche et le développement? L'aéronautique — je commence par celle-là — vous
savez que plus de la moitié des dépenses de recherche et développement
au Canada en aéronautique sont faites au Québec. Est-ce que vous croyez que le remède qui vient d'être
infligé, imposé à notre secteur aéronautique va l'aider à croître, l'aider à
se développer? On peut en douter. C'est la même chose dans le secteur
biopharmaceutique. C'est la même chose dans plusieurs autres secteurs. Couper
de 20 % le crédit d'impôt à la recherche et développement de façon
inattendue et subite, ce n'est pas l'idée du siècle, Mme la Présidente.
Mais je vais
continuer. Crédit d'impôt pour le design, alors qu'on sait que la grappe des
industries créatives au Québec est devenue une de nos forces. Crédit d'impôt
pour le développement des affaires électroniques, crédit d'impôt très important. Crédit d'impôt pour la production
de sites multimédias. Là, regardez, on a des grappes extrêmement
importantes dans ces secteurs-là, on a des firmes qui sont à l'avant-garde. Je
disais ce matin à quel point les Ubisoft, Beenox,
Studio Mel's, Cinesite… Enfin, il y en a un très grand nombre. Toutes ces
entreprises sont inquiètes, et tout le secteur
est inquiet. Mme la Présidente, c'est une très mauvaise idée que de prendre des
raccourcis comme ceux-là. Et, je le
répète, on a coupé avant même d'avoir réfléchi. Je reviens sur ce thème-là dans
quelques minutes, mais je continue ma liste pour que vous voyiez de quoi
on parle.
Crédit d'impôt à l'investissement. Le crédit d'impôt
à l'investissement relatif au matériel de fabrication et de transformation, donc c'est le grand crédit d'impôt
pour l'investissement alors qu'on sait qu'au Québec il y a un grand défi — j'y reviendrai — c'est celui de faire croître notre
investissement, qui est… C'est le moteur de base de l'économie
québécoise, qui requiert plus d'investissements, et on s'attaque à cela.
Activités de transformation dans les régions
ressources. Alors, Mme la Présidente, la démonstration que le Parti québécois est le parti des régions n'est
plus à faire. Ce qui est confirmé, c'est que le parti contre les régions,
c'est le Parti libéral. On le voit aussi, crédit d'impôt de la vallée de l'aluminium,
crédit d'impôt pour la Gaspésie, Mme la Présidente, on s'attaque à beaucoup de
ces aides qui ont été mises en place pour aider au développement économique de
nos régions.
Crédit d'impôt pour l'exploitation d'un centre
financier international. Mme la Présidente, Montréal est devenue… Puis je ne
néglige pas toute l'importance de la grappe financière de Québec, de la ville
de Québec, mais simplement rappeler que
Montréal est passée du 25e rang au 16e rang parmi les grands centres financiers
internationaux en moins de cinq ans.
Montréal est sur une lancée dans le secteur financier, et c'est en grande
partie, en grande partie parce que ce
crédit d'impôt pour les centres financiers internationaux a permis d'attirer au
Québec des entreprises qui viennent se joindre, qui viennent s'ajouter à
notre grappe financière. Mme la Présidente. Quelle mauvaise décision que celle
de couper ce crédit d'impôt.
Écoutez,
je peux poursuivre, production cinématographique, doublage de films, production
de spectacles. Formation de la main-d'oeuvre
dans certains secteurs comme le secteur manufacturier, forestier et minier,
alors qu'on sait toute la difficulté qu'il y a
pour ces entreprises de trouver de la main-d'oeuvre qualifiée, toute l'importance
de former la main-d'oeuvre, tout ce défi de la main-d'oeuvre qu'on a à relever.
Alors,
Mme la Présidente, dois-je dire, je pense que vous aurez compris que je suis en
profond désaccord avec cette décision.
Maintenant, il y a la décision elle-même puis il y a la méthode. Et puis la
méthode aussi, elle est particulièrement mal avisée. On a décidé de
couper puis de réfléchir ensuite, j'ai eu l'occasion de le dire un peu plus
tôt. Ce que ça me rappelle, la décision qui
vient d'être prise par le nouveau gouvernement libéral, c'est la malheureuse
décision qui avait été prise en 2003 par le gouvernement du premier
ministre Charest. À l'époque, il y avait eu une coupe... on appelle ça paramétrique, c'est la même chose, en fait, coupe
paramétrique, coupe identique, coupe sans réflexion, aveugle. C'est
toute la même chose, ça veut tout dire la même chose. Alors, on avait fait le
même boulot, le même mauvais boulot en 2003,
et ça avait complètement déstructuré plusieurs de nos secteurs économiques. Et
on garde encore les séquelles de cela, Mme la Présidente, aujourd'hui,
en 2014, et beaucoup de gens m'ont parlé, alors que j'étais ministre des
Finances, l'année dernière — et puis vous irez parler à bien des gens
dans le secteur des biotechnologies — le secteur des biotechs, en moins d'un
an, s'est complètement vidé en 2003. On avait la grappe des biothecs, qui était naissante à Montréal, elle a été complètement
ébranlée. Le gouvernement de l'époque l'avait déglinguée, et, Mme la Présidente,
je ne peux m'empêcher de faire le lien entre ce qui a été décidé hier puis ce
qu'on avait fait en 2003. Et, dois-je le dire, en 2003, le gouvernement de l'époque
avait compris. Un an plus tard, on se ravisait et on revenait sur nos pas.
• (12 h 10) •
Et,
je vous fais une petite prédiction — j'espère que j'aurai raison — je
crois que le gouvernement reculera et changera d'idée, Mme la
Présidente. En tout cas, je suis à peu près convaincu que ça arrivera. Il se rendra compte
que cette décision était une mauvaise décision comme en 2003, il se rendra
compte que les conséquences de ce geste-là seront un
véritable fiasco.
Mme la Présidente, maintenant, je vais quand
même retourner sur... j'aimerais ça,
développer un peu sur la question de
la façon dont tout cela se fait. Les coupes annoncées aux crédits d'impôt aux entreprises
se font, donc, dans le contexte de la
confirmation par le gouvernement de la création d'une commission
sur la fiscalité présidée par Luc Godbout, pour qui j'ai beaucoup
d'estime. Malheureusement, le gouvernement ne laisse pas beaucoup de chances à la commission. Il ne lui laisse pas, de toute évidence, toute la latitude
requise pour mener à bien sa réflexion. La démarche proposée souffre, malheureusement, de grandes incohérences et de
grandes contraintes, et,
en fait, pour reprendre une expression chère à notre collègue de Laurier-Dorion,
je dirais que les dés sont pipés. Alors, ceux qui étaient présents à la
dernière législature se rappelleront de
cette expression répétée à outrance par le collègue de Laurier-Dorion, et je me
permets de la reprendre pour décrire ce à quoi on peut s'attendre de
cette commission sur la fiscalité.
Tout d'abord, encore
une fois, on a déjà choisi de couper les crédits d'impôt puis on va réfléchir
ensuite. Maintenant, ce n'est pas tout. On sait
que, pour la suite des choses, il faut trouver un autre 650 millions de
dollars. Donc, je vous disais, on a un 370 à
terme, là, dans trois ans, en 2016‑2017, déjà identifié, on coupe de 20 % partout, et là il y a un
650 millions qui va s'ajouter, qui est inscrit au cadre financier. On le
voit dans... les chiffres sont bien clairement indiqués, et, donc, on comprendra, là,
qu'on aura pour tout près de 1 milliard de coupes dans les crédits
d'impôt aux sociétés, donc un alourdissement de
1 milliard du fardeau fiscal des entreprises, et le mandat qui a été confié à la commission, c'est de trouver la meilleure manière
de couper et de trouver ce 650 millions de dollars. Ça, c'est le
mandat qui a été donné à la commission.
Alors,
quand on nous parlait de cette commission sur la fiscalité en campagne
électorale, il n'y a jamais personne de l'autre
côté qui nous a dit : Une fois qu'on sera
au pouvoir, on va nommer une commission sur la fiscalité qui va avoir pour mandat de
trouver 1 milliard de dollars dans la poche de nos entreprises.
Est-ce que quelqu'un a entendu ça ici, Mme la Présidente? Je ne pense
pas, je n'ai jamais
entendu ça, moi, en tout cas. On n'a jamais dit qu'on allait alourdir le fardeau fiscal des entreprises, on n'a
jamais dit qu'on allait ralentir la croissance économique du Québec en taxant davantage les entreprises du Québec, Mme la Présidente. Mme la Présidente,
ce 650 millions et ce 370 millions qu'on retrouve dans le budget, c'est une autre promesse
brisée, c'est la recette pour un ralentissement de la croissance
économique québécoise. Elle va miner la compétitivité de nos entreprises et va
nous empêcher d'attirer d'autres investissements au Québec. C'est la pire
recette qui soit.
Ce
qui m'amène, Mme la Présidente, au fait que, dans le budget présenté mercredi,
il n'y en a pas, de vision de développement
pour l'économie du Québec. Et, comme je le disais plus tôt, le gouvernement, de
toute évidence, a été pris au
dépourvu par l'impossibilité de recourir à la seule recette qu'il connaisse, c'est-à-dire
étendre plus d'asphalte et puis couler plus de béton. L'économie du Québec a
pourtant — et
je pense que, là-dessus, tout le monde le reconnaîtra ici — des
défis structuraux importants à relever. À mon sens, les défis les plus
importants sont ceux de l'accroissement de la productivité et le défi
aussi du développement de la main-d'oeuvre. On le voit parce qu'effectivement
il n'y a pas eu suffisamment d'investissements dans
les 20 dernières années parce que nos entreprises n'ont pas
suffisamment de machines et d'équipements pour les travailleurs. On le voit aussi parce qu'on le sait, la population
vieillit, et il y a moins de travailleurs
disponibles.
Mme
la Présidente, relever ces défis, cela est possible grâce à une véritable
politique économique, une politique économique globale, une politique
économique structurée, comme l'était la politique économique Priorité emploi que le gouvernement du Parti québécois a présentée
en octobre dernier. Mme la Présidente, tout y était, tout y était : une politique
de la recherche et de l'innovation pour amener nos entreprises à innover, à développer
de nouveaux produits et de nouveaux
procédés, une politique industrielle pour amener nos entreprises
manufacturières à investir, à se moderniser, à s'automatiser, à
accroître leur productivité et une politique du commerce extérieur pour appuyer nos entreprises exportatrices. J'ose le dire, Mme
la Présidente, on était bien loin de l'asphalte et du béton.
Et,
quant au développement de la main-d'oeuvre, je dois déplorer que le budget d'hier
a confirmé un freinage au développement de notre réseau de services
de garde, alors qu'on sait combien
notre réseau a contribué à l'accroissement de la participation des Québécoises au marché
du travail. Je pense
qu'il s'agit d'un freinage malavisé, d'un mauvais choix.
Mme la Présidente, il y a bien dans le budget, puis je vais les souligner…
il y a bien quelques gestes allant dans la bonne direction, mais, disons-le, ils sont
timides, ils sont hésitants. J'en nomme un, on semble vouloir maintenir le
cap sur l'électrification des transports. Mais, Mme la Présidente, on est bien
loin, on est bien loin du projet ambitieux, du projet visionnaire de l'ancien gouvernement. On verra. J'espère que le gouvernement ira dans cette direction, je pense qu'il y a là... que le Québec a
un avantage compétitif important et qu'il pourrait devenir un leader dans ce
secteur. J'espère que le gouvernement donnera suite à plusieurs des mesures que nous avions introduites dans la politique d'électrification des transports.
Alors, Mme la Présidente, je vais maintenant
vous parler un peu de contrôle des dépenses. Le gouvernement prétendait mercredi, et avec l'aide du vérificateur par intérim, que les coûts de reconduction de plusieurs programmes n'étaient pas couverts. Nous savons maintenant
que le gouvernement estime la pression exercée par cette
reconduction à près de 3 milliards, mais le gouvernement est complètement opaque quant aux programmes qui ne seront pas
reconduits. Vous remarquerez, Mme la Présidente, que le niveau global des
dépenses consolidées est pratiquement le même dans le budget de février pour 2014‑2015 et exactement le même pour l'année suivante que dans le budget
que j'avais présenté. Or, le gouvernement ne précise absolument pas quels programmes ne seront pas
reconduits, il n'y a que des généralités — des bonnes
généralités, mais ça demeure des généralités — des généralités du genre couper dans la bureaucratie, accroître la productivité.
Puis j'en suis, Mme la Présidente, puis j'encourage le ministre des Finances à aller dans cette direction puis le président du Conseil du trésor à aller dans cette direction, j'en suis. Mais,
regardez, j'en suis, mais je n'en sais pas vraiment plus sur ce qu'ils vont faire. Alors, Mme la Présidente, j'en conclus que la transparence promise est déjà pas
mal oubliée.
En santé — j'aimerais
aborder ce thème — le
gouvernement recule sur sa promesse d'un financement à 4 %. Autre
promesse brisée. Il se fixe, par ailleurs, des cibles très exigeantes pour
cette année puis pour les années suivantes. En 2014‑2015, on parle de
3 % — c'est
la cible que nous avions inscrite également dans le budget de février dernier; pour 2015‑2016, on passe à 2,6 %; pour 2016‑2017,
2,9 %. Mais, Mme la Présidente, la difficulté, c'est que, même si
je crois que c'est souhaitable qu'on arrive
à des dépenses en santé qui croissent aux alentours de 3 %, encore faut-il
engager les réformes nécessaires pour y parvenir.
Ces réformes
nécessaires, elles avaient été décrites en détail dans le budget que j'ai
déposé en février dernier. Je vous les rappelle rapidement : le
financement à l'activité, le financement à l'activité qui va faire en sorte que
les mauvaises pratiques de certains
établissements ne seront plus encouragées et qu'on va encourager, au contraire,
les bonnes pratiques de plusieurs de
nos établissements… Parce qu'il n'y a aucun doute que, dans chacun des
établissements, on retrouve des succès et des échecs, et ce qu'il s'agit
de faire, c'est de faire en sorte que les bons succès, que les façons de faire
qui ont du bon sens se répandent à travers
notre réseau et qu'on éradique les mauvaises pratiques, et cela, ça passe par
un financement à l'activité. Il y a un rapport volumineux qui a été
déposé en même temps que le budget en février dernier, le rapport Thomson, qui
contient un grand nombre de propositions et puis de façons de faire. Il y a un
calendrier, il y a des échéanciers, il y a
des gestes qui doivent être posés dès maintenant, et ça peut être introduit
graduellement. Et on peut espérer que,
d'ici deux, trois ans, ça va être pleinement en vigueur, mais il y a un travail
à faire dès maintenant et il faut s'y engager résolument et fermement.
La deuxième
grande réforme qu'il faut engager, que nous avions déjà commencée, mais qu'il
faut poursuivre, intensifier, c'est
celle des soins à domicile. Nous avions appelé ça l'assurance autonomie. Je
peux pardonner au nouveau gouvernement
de vouloir changer de nom, mais, Mme la Présidente, il faut foncer dans cette
direction-là. Le Québec affiche un
retard incroyable. Vous savez… et là je vais y aller de mémoire, mais, de
mémoire, je crois que c'est le Danemark, sur 100 $ qui sont
dépensés pour traiter des personnes en perte d'autonomie, je crois qu'il y a
80 $ qui sont dépensés à domicile. Au
Québec, on est à 17 $, et notre objectif, avec l'assurance autonomie, c'était
d'amener cela dans les eaux de 30 $
à 40 $. Le gouvernement, le nouveau gouvernement doit aller dans cette
direction-là. Les deux réformes nécessaires pour arriver à un contrôle des dépenses en santé en maintenant les services,
des services de qualité pour la population, c'est d'aller vers le financement à l'activité et d'aller
vers les soins à domicile. Le budget est silencieux, malheureusement,
Mme la Présidente, sur ces réformes fondamentales.
• (12 h 20) •
Et, parlant de santé, Mme la Présidente, je vais
revenir sur la question de ma collègue de Richelieu de ce matin — excellente
question, d'ailleurs —lorsqu'elle
nous parlait de la hausse de salaire des médecins, qui n'est pas clairement
divulguée dans le budget. Vous savez, on a eu droit à des propos quant à la transparence
par le nouveau gouvernement mardi dernier qui n'ont pas… enfin, disons, dont
on pourrait dire qu'ils ont été oubliés au bout d'environ six heures, peut-être sept. Mme la Présidente, dans les documents budgétaires, on a, après beaucoup d'efforts,
retrouvé le chiffre de 285. Mais d'où
vient-il? A-t-il été communiqué à nos fédérations
médicales? Qu'arrivera-t-il, Mme la
Présidente, si ce chiffre-là ne fait pas l'affaire
des médecins? Est-ce qu'on a prévu
des scénarios alternatifs? On n'en sait rien, Mme la Présidente. Le
nouveau gouvernement est aux prises avec un problème créé par le premier
ministre lui-même il y a quelques années,
et, disons-le, c'est ce problème-là qui est au coeur des difficultés
financières du Québec. C'était le cas lorsque
nous étions aux commandes. Pendant un an et demi, nous avons eu à nous débattre
avec une entente qui n'avait pas de
bon sens, qui avait été mise en place par l'ancien gouvernement. Nous avons
passé le témoin au nouveau gouvernement, et le nouveau gouvernement, lui
aussi, doit se débattre avec une mauvaise entente, avec une entente qui est
incompatible avec la capacité de payer.
Puis, Mme la
Présidente, qu'on me comprenne bien, là, moi, je pense que nos médecins font un
travail formidable et puis j'aimerais
bien qu'on les paie beaucoup plus même si c'était possible, mais ce n'est pas
possible. C'est incompatible avec notre capacité
de payer, et il faut qu'on trouve une solution à ce problème-là. Je constate le
surplace du nouveau gouvernement, et je dois dire que le budget ne présente
rien pour rassurer quiconque.
Un petit mot
sur l'an prochain, Mme la Présidente. On a inscrit, pour l'an prochain, une cible de croissance des dépenses de 0,7 %.
Écoutez, évidemment, ça soulève de nombreux enjeux dont je suis certain qu'on
aura l'occasion d'en reparler l'an prochain.
Mais, pour l'immédiat et en anticipation, j'aimerais bien que le ministre des
Finances nous dise lesquels des programmes de tous les ministères ne
seront pas reconduits l'an prochain avec des cibles de dépenses de 0,7 %.
Et puis j'aimerais bien entendre le Vérificateur général… pardon, le vérificateur
par intérim nous dire s'il considère qu'il s'agit d'une cible ambitieuse, ce
0,7 %. Je pense que poser la question, c'est à peu près y répondre.
Maintenant,
le gouvernement, dans son budget, s'est donné des cibles très, très
ambitieuses. Encore une fois, je le répète, on en sait très peu sur les
moyens qui seront utilisés pour les atteindre. On sait, par contre, déjà à peu
près… on commence à savoir qui va payer, à
qui ça va faire mal. On sait, par exemple, qu'il va y avoir des coupes pour les plus démunis. On a pu constater
l'abandon du pilier solidarité. On a pu constater aussi l'annulation de la
hausse de l'aide de dernier recours. On a pu
aussi… On a noté l'annulation de la hausse du financement des organismes
communautaires. On a constaté aussi qu'il y
avait moins de logements sociaux que prévu, et l'abandon, donc, de beaucoup
d'engagements envers nos plus démunis. Mme la Présidente, je constate que, pour
le Parti libéral, cibler les plus démunis, c'est la façon simple de corriger les problèmes. Je ne crois pas que cette
approche-là soit une bonne approche. S'il y a des groupes que j'aurais
aimé voir épargnés, ce sont les plus démunis, et je constate l'insensibilité
des choix qui ont été faits.
Écoutez, je
vais conclure sur la question des dépenses en disant quand même qu'il y a un
point que j'ai noté qui était positif. J'ai pu constater — puis
j'en félicite le gouvernement — qu'ils ont décidé de reconduire cette
idée de transférer 1 milliard vers le
transport en commun. Je crois que c'est un choix judicieux et je félicite le
ministre des Finances d'être allé dans cette direction.
Maintenant, j'aimerais
revenir aux propos que j'ai tenus mercredi, puis je pense qu'ils sont
importants. Et puis je ne le dis pas parce que j'ai le goût d'embêter le
ministre des Finances, j'aimerais qu'il le comprenne, même si je sais que ça va l'embêter, ce que je vais dire, mais ce
n'est pas l'objectif. Et, je redis, le poste de ministre des Finances, c'est
un poste important. Ce que vous dites, M. le
ministre, a un impact sur la vie des gens, et puis il a un impact parce que ce
que vous dites, ça a un impact sur les gens
qui achètent nos obligations, sur les agences de crédit. Ces agences de crédit,
votre rôle, le rôle du premier ministre, c'est
de les rassurer, ce n'est pas de les inquiéter. Quand vous brandissez des
déficits fictifs de 5 milliards et de 7 milliards, je…
Une voix : …
M. Marceau : Est-ce que vous
avez quelque chose à dire, Mme la députée? Parce qu'il y a une madame qui m'interpelle,
Mme la Présidente, là. Je voudrais juste savoir, savoir c'est quoi… Est-ce que
je peux poursuivre?
La Vice-Présidente (Mme Gaudreault) :
Poursuivez, M. le ministre.
M. Marceau :
Ça se passait très bien jusqu'à maintenant. Ça se passait très bien, puis je le
dis en toute sincérité, puis avec toute la gentillesse qui… Je ne pense
pas que je sois agressif. Je répète, je n'ai pas vu dans le passé, je n'ai pas vu dans le passé des ministres des Finances
tenir des propos qui puissent inquiéter. À l'inverse, j'ai vu des ministres
des Finances dont l'objectif était de
rassurer les marchés financiers. J'ai vu des premiers ministres dont les propos
avaient pour objectif de rassurer les marchés financiers. On ne doit pas jouer
avec cela, et j'invite le ministre des Finances, j'invite aussi le premier
ministre à se ressaisir, à se ressaisir et arrêter de brandir des chiffres
fictifs.
Mme la Présidente, je veux revenir sur le 5 puis
le 7, là. Mme la Présidente, tous les gouvernements, dans les 50 dernières années, ont été confrontés à des
demandes des ministères qui allaient bien au-delà, bien au-delà des
capacités financières de l'État. C'est le
propre du fonctionnement de l'État. Ce n'est pas compliqué, c'est le propre du
fonctionnement de l'État. Ça a
toujours été comme ça et ce sera toujours comme ça, hein? Il n'y a rien de neuf
là-dedans. Ces chiffres sont fictifs.
Ils illustrent, effectivement, les pressions qui s'exercent sur le ministre des
Finances. Ça illustre aussi la difficulté qu'il y a à jouer ce rôle-là, et j'ai tout le respect du monde pour le
ministre des Finances parce que je crois qu'il va bien assumer ce
rôle-là, et la même chose pour le président du Conseil du trésor. Maintenant,
il faut arrêter d'inquiéter les marchés financiers. J'espère que, ce message,
vous le comprenez. Je trouve ça très dangereux, les chandelles avec lesquelles
vous jouez.
Mme la
Présidente, avant de passer à ma conclusion, j'aimerais dire que… puis, avant,
donc, de conclure cette critique sur
le budget du Québec en tant que province du Canada, j'aimerais dire que je rêve
du jour où on parlera du budget d'un Québec en tant que pays. Vous
savez, le Québec, s'il était un pays, il serait le 27e au monde sur le plan du
PIB par habitant, 27e au monde, en compagnie d'autres pays dans le même classement,
là, en compagnie de la France, en compagnie
du Royaume-Uni, en compagnie de la Nouvelle-Zélande. Le Québec serait un pays
riche. Le Québec est riche, le Québec
serait un pays riche, et je pense qu'il faut comprendre qu'avec les moyens dont
nous pourrions disposer nous pourrions faire encore mieux. On n'aurait
plus à subir une politique économique, industrielle, fédérale, canadienne qui
va à l'encontre de nos intérêts.
Et dois-je
rappeler, Mme la Présidente, tout cet effort qui est fait pour développer les
hydrocarbures de l'Ouest du Canada, les hydrocarbures de l'Ouest du
Canada qui ont fait en sorte… Et ça, ça a fait en sorte, Mme la Présidente, que le dollar canadien est devenu un pétrodollar,
et ça a causé le mal hollandais, puis ça nous a fait perdre des dizaines
de milliers d'emplois dans le secteur manufacturier québécois, des dizaines de
milliers d'emplois. On parle de 70 000, 80 000
emplois. Évidemment, les chiffres ne peuvent pas être particulièrement précis,
mais on sait que le phénomène a été à l'oeuvre. Et le gouvernement fédéral a poussé de
toutes ses forces pour le développement de ces hydrocarbures. C'est bien
pour l'Alberta, c'est bien pour Terre-Neuve,
mais, pour le Québec, ça aura été et ce sera toujours mauvais, à moins
que nous-mêmes, nous développions du
pétrole, et on a bien vu que, du côté du Parti libéral, il y a eu beaucoup
d'hésitation.
Maintenant,
la politique industrielle canadienne a aussi développé le secteur automobile en
Ontario. Tant mieux pour eux, mais tant pis pour nous, hein? Et les
secteurs qui étaient présents ici, par exemple la forêt, n'ont jamais reçu que des grenailles, Mme la Présidente. Et on
a vu aussi, encore récemment, quand est venu le temps d'attribuer des contrats de construction de navires, il y a, quoi,
33 milliards de dollars qui ont échappé au Québec, Mme la
Présidente. 33 milliards. 33 milliards.
• (12 h 30) •
Alors, Mme la Présidente, le Québec est riche,
le Québec pourrait être un pays très riche, 27e sur 240 dans le monde, 27e sur
240. Et là ce n'est pas moi qui le dis, ça, c'est l'Institut de la statistique
du Québec. Ils ont publié le classement très
récemment à l'aide de l'étalon le plus utilisé, l'étalon qu'on utilise pour
mesurer la richesse des nations, et ils
sont arrivés… ils ont dit : C'est 27e pour le Québec. Alors, imaginez ce
qu'on pourrait faire si on contrôlait nous-mêmes nos moyens, si nous étions libres, Mme la Présidente. Et, je vous le redis, moi, je rêve du
jour où on va parler d'un budget d'un Québec pays et non pas d'un Québec
province.
Mme la
Présidente, je vais conclure et je vais me permettre simplement de rappeler la
longue liste des promesses brisées,
la longue liste des reculs du gouvernement, puis je n'élaborerai pas plus que
ça. Croissance économique, on est passés
de 2,1 %, en campagne électorale, à 1,8 %. Je préfère la nouvelle
réincarnation du ministre. Je crois qu'il devrait oublier son rôle de
candidat libéral. Emploi, on passe de 47 800 en 2013 à 31 300 en
2014. L'effet libéral, c'est 16 000 jobs de moins, utilisant la méthode
préférée du député de Rousseau. Utilisant la méthode libérale préférée du
député de Louis-Hébert, on serait à moins 50 000 emplois à temps plein,
Mme la Présidente. Alors, choisissez la méthode que vous voulez, l'effet
libéral, il se maintient dans un cas comme dans l'autre.
15 milliards en infrastructures, j'ai eu le
temps... l'occasion d'élaborer beaucoup. Je n'y reviens pas.
Fardeau fiscal, alors, on nous avait promis qu'il
baisserait. Je vous ai dit : Je vais être indulgent, je vais me
contenter... je me serais contenté d'une promesse où on nous aurait dit que ça
serait maintenu constant. Mais, malheureusement,
je constate que ça augmente : tabac, bière et vin au dépanneur, impôt des
retraités, les crédits d'impôt pour
370 millions, le 650 millions à venir de la commission sur la
fiscalité. On nous avait dit qu'on ne toucherait pas au salaire des médecins. Alors, évidemment, il a
fallu toucher au salaire des médecins. Il faut toucher à la hausse de
salaire des médecins. Pourquoi? Parce que cette entente, qui date du
gouvernement libéral précédent, elle est tout simplement incompatible avec la
capacité de payer des Québécois.
Sur le réseau
des services de garde, les reculs, ils ont été nombreux. Et mon petit doigt me
dit que ce n'est pas fini. Je pense
qu'on va en avoir d'autres dans le futur. Et il y a d'autres reculs qui ne sont
pas explicites dans le budget, le SLR, hein,
le SLR. On nous disait qu'on voulait un SLR; aujourd'hui, c'est reporté à dans
deux ans, dans un an, je ne sais trop. Le pétrole, à l'époque où on était en campagne électorale, on nous parlait
de loto-pétrole, et aujourd'hui, bien, on va de l'avant, on va de l'avant.
Le régime minier, on nous avait dit qu'on changerait le régime minier, mais on
ne le change pas.
Écoutez, la
liste est longue. La liste est longue, Mme la Présidente, et, écoutez, en tout
état de cause, je ne peux conclure qu'une chose, c'est que nous allons
voter contre ce mauvais budget, Mme la Présidente.
Motion formulant un grief
Et j'aimerais déposer une motion, Mme la
Présidente :
«Que l'Assemblée
nationale blâme sévèrement le gouvernement libéral pour avoir présenté un cadre
financier farfelu lors de la dernière campagne électorale.»
(Applaudissements)
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, merci beaucoup, M. le député
de Rousseau, et je vous indique que votre motion est déposée, sous
réserve de sa recevabilité.
Pour
poursuivre le débat sur l'adoption de la politique budgétaire du gouvernement,
je reconnais M. le député de Lévis.
M. Christian Dubé
M.
Dubé : Oui, bonjour, Mme la Présidente, et merci beaucoup, encore une
fois, de nous donner l'opportunité, à notre formation politique, de
faire des commentaires sur le budget.
J'aimerais aborder nos commentaires principalement,
aujourd'hui, dans un cadre plus prospectif, si vous me permettez. Et je veux expliquer la démarche. Vous savez, pour moi, un
budget, c'est très important. Je pense que pour mes collègues ici, à la coalition, on a eu la chance,
depuis 18 mois, d'avoir des grandes surprises dans l'exercice budgétaire
de la part du gouvernement précédent. Je ne peux pas dire que ça a été un
processus qui a été révélateur des meilleures pratiques,
je vais le dire comme ça. Et j'aimerais remettre l'importance d'un budget dans
le contexte du travail que nous faisons comme parlementaires et dans un
contexte aussi de critique constructive, ce qui est vraiment le mandat de la coalition. J'aimerais vous dire qu'habituellement
le budget, dans toute organisation, que ce soit une organisation
caritative, des grandes organisations publiques, des entreprises privées, des entreprises
qui sont en bourse, le budget est un endroit où on vient résumer beaucoup d'information
qui fait partie de ce qu'une organisation est.
Nous
avons la chance, Mme la Présidente, et des fois on l'oublie, que le Parlement de l'Assemblée nationale a un budget et gère
des fonds qui sont supérieurs à 90 milliards annuellement. Je ne connais
pas beaucoup d'organisations au Québec,
qu'elles soient privées ou publiques, qui gèrent pour 90 milliards de budget annuellement. Et, en fait, si on faisait un parallèle intéressant
ici, on peut voir un peu les 125 députés, qu'ils soient partie du gouvernement
ou de l'opposition, comme étant en fait le
conseil d'administration de cette organisation-là. Qu'on soit des fois
représentants du gouvernement ou de l'opposition, pour moi, c'est moins
important. Dans notre rôle de parlementaires, de députés, nous avons un rôle de
contrôle, de contrôle du gouvernement, et c'est des montants qui sont très
importants.
Pourquoi je
fais cette mise en scène là, Mme la Présidente, que je trouve très importante
et, encore une fois, je le répète, dans mon objectif d'avoir un rôle
constructif? C'est qu'on a vu, dans des grandes organisations, pour faire le
parallèle… Et je ne voudrais pas les nommer parce que je ne sais pas comment ça
serait vu. Mais, par exemple, on se souvient,
dans le domaine de la téléphonie, il y avait une entreprise à Toronto, là, qui
avait son siège social là, qui était un grand leader des communications,
et des fois le conseil d'administration… qui a dû être amené en cour justement
parce que le travail du conseil, dans son rôle de contrôle, avait été un peu
laxiste. C'est-à-dire que les gens du conseil d'administration avaient pris un
peu leur rôle à la légère pour ne pas questionner le gouvernement… questionner
leur organisation. Et il m'est très facile, aujourd'hui, de faire avec vous le
parallèle qu'il est très important, dans notre rôle parlementaire, d'avoir
cette rigueur-là.
Alors, on peut bien, des fois, reprocher aux
gens d'avoir tel ou tel comportement, mais, nous, ici, en tant que membres de
ce beau Parlement là, de l'importance de la gestion des montants qui sont en
cause et qui ont un impact sur la vie de
tout le monde, cette importance-là, il faut en prendre la mesure complètement.
Et je dois vous dire que, dans les dernières années, ça n'a peut-être
pas toujours été le cas. Et nous devons, nous, comme parlementaires, en prendre
le blâme. Et maintenant nous devons en prendre le crédit et la responsabilité,
dans une base prospective.
Nous avons eu
la chance, Mme la Présidente, il y a quelques semaines, d'entendre le discours
du premier ministre sur sa vision. On vient de commencer un nouveau
mandat de quatre ans, qu'est-ce qu'on a eu? On a eu la vision. On a entendu parler qu'est-ce qu'on voulait faire
avec les citoyens, comment on voulait améliorer la santé, l'éducation.
Je vous dirais que ça, comme dans toute
organisation, c'est la vision; et ça, nous l'avons eue. Et le rôle du ministre
des Finances, c'est de prendre
maintenant des éléments, comme les moyens, comme les dollars, de dire comment
moi, je vais transcrire, dans ce
budget-là, la vision gouvernementale au cours des quatre prochaines années. Et
c'est très important parce que c'est le
seul endroit, dans ce grand document là, où nous avons un résumé de toute cette
information-là qui a été donnée, comme ligne directrice du premier
ministre, à ses députés et à ses ministres.
• (12 h 40) •
Je trouve
inquiétant — et je
dois vous dire que j'apprécie énormément l'exercice des prochaines
semaines — que, dans
la tête de plusieurs de nos citoyens et peut-être des médias qui nous regardent
aujourd'hui, en date d'aujourd'hui, dans la tête de plusieurs, l'exercice du budget, il est terminé. Les gens
disent : Bon, on a eu nos élections. On est un petit peu tannés de la politique. Le ministre des Finances a
déposé son budget. Bon, on peut-u embarquer dans l'été puis parler de d'autres choses? C'est très tentant de faire ça.
Mais nous, comme parlementaires, nous avons un rôle très, très
important, et justement notre travail commence. Parce que, dans ce rôle de
contrôle du gouvernement, nous avons, au début, non seulement à s'assurer que ce qui est là-dedans est correct, mais on a
aussi... Un des collègues du ministre des Finances, qui est le président du Conseil du trésor, lui,
effectivement, en même temps, a déposé sept cahiers à peu près semblables,
ce qu'on appelle les crédits, qui sont comment on va dépenser ce fameux
90 milliards là.
Et je fais le
parallèle aux organisations qui ont peut-être été déficientes au rôle de leur conseil d'administration. Bien souvent, des gens qui étaient sur le conseil d'administration recevaient à l'avance ces grands bouquins là dans
leur rôle de conseil d'administration. Et qu'est-ce qu'ils faisaient? Ils mettaient ça dans une grosse valise, ils s'en allaient
au conseil d'administration, collectaient leurs jetons, écoutaient ça
pendant deux heures, deux, trois petites questions puis retournaient à la
maison. Ces grandes organisations, madame, elles ont disparu.
Aujourd'hui, ce que je nous dis : Comme
parlementaires, nous avons une chance, mais nous avons aussi une obligation de
résultat, c'est-à-dire que nous devons, même si c'est l'été, même si ça nous
tente un peu moins, nous avons cette obligation-là,
comme parlementaires, et pas juste dans l'opposition, mais dans le gouvernement, nous avons ce rôle-là de commencer à regarder ces documents-là et
de les questionner.
Maintenant,
je faisais référence aux médias, parce
que c'est sûr, et on l'a vécu chacun
dans nos rôles, on a vécu que c'est des fois un peu difficile d'intéresser
les médias à des choses qui peuvent sembler des fois un peu arides comme sujets. Et je prends à témoin le ministre des Finances. C'est un grand économiste, il sait qu'on peut
intéresser plusieurs personnes dans
la salle, ici, mais ça devient difficile d'intéresser à savoir quel est le
contrôle des dépenses, est-ce
qu'on a eu la croissance qu'on devait avoir. Ce n'est pas facile.
Mais, moi, ce
que j'aimerais m'engager, au nom de mes collègues, aujourd'hui ici envers vous, Mme la
Présidente, et les gens du gouvernement, c'est l'engagement de nos collègues de faire ce travail-là sérieusement et rigoureusement au cours
des prochaines semaines. Et pourquoi je le dis? C'est parce que... Ce que je demande
au gouvernement en réponse à cet engagement-là, c'est de
nous donner les outils pour le faire. Et ça, pour moi, c'est important. Laissez-moi
vous donner un petit exemple ce matin.
J'ai mon collègue
de La Peltrie, le député
de La Peltrie, qui est responsable... critique pour la deuxième
opposition en matière de santé. Il s'est levé ce matin, et c'était, vous allez
me dire, peut-être un peu planifié avant mon discours, mais il a bien demandé
au ministre des Finances... M. le ministre de la Santé, pardon, il a demandé au
ministre de la Santé : Écoutez, on va
commencer les crédits bientôt, allez-vous nous donner vos objectifs? Allez-vous
nous dire, pour tel ou tel objectif que vous avez, et vous en avez
plusieurs, qu'est-ce qu'on fait en matière de temps d'attente, qu'est-ce qu'on
fait en matière d'occupation des salles d'opération, qu'est-ce qu'on fait en
termes de médecin par famille?
Il y a plusieurs objectifs qui sont à
donner pour bien comprendre non seulement la vision du premier ministre,
les moyens et les objectifs, parce que, dans notre rôle de contrôle, il n'y a
pas uniquement le budget que nous allons regarder
dans les prochaines semaines, mais il va y avoir la mesure. Parce que, si nous
voulons faire notre travail de contrôle comme députés et de bien servir
la population, le gouvernement, dans son budget, ne doit pas donner juste des grands chiffres, de dire : C'est
90 milliards, mais il doit dire : Voici ce que je vais mettre en
santé, voici quels vont être mes objectifs et voici comment vous allez
pouvoir me mesurer en me donnant des indicateurs de performance.
Je sais que ça vous
intéresse énormément parce que ce n'est pas la première fois que vous et moi
avons ces discussions-là. Pourquoi je
reviens sur ce sujet-là aujourd'hui? C'est parce que nous avons une chance
incroyable. Ce gouvernement-là, au cours des dernières semaines, par l'intermédiaire
du ministre des Finances et du président du Conseil
du trésor, se sont engagés à le faire. Il y a une loi qui s'appelle la Loi de l'administration
publique. D'ailleurs, mon collègue de Fabre m'en a donné, l'autre jour,
l'information. Je suis certain que, depuis ce temps-là, il l'a lue. Mais il y a
une obligation, derrière cette loi-là, de déposer des documents où sont les
objectifs, les moyens, les actions.
Alors,
c'est pour ça que mon collègue de La Peltrie, ce matin, ce n'était pas une
question piège, mais... Nous avons dit
que nous allons collaborer avec le gouvernement pour le contrôle des dépenses,
mais il y a un petit hameçon. En termes de notre premier ministre, qui aime beaucoup qu'on lui parle en langage
de pêche, on a envoyé l'hameçon aussi. On a dit : Par contre,
nous allons vous surveiller.
Et il a deux choix.
Soit qu'il réponde ce que M. le député... notre ministre de la Santé, dont je
ne me souviens pas le comté...
Des voix :
...
M. Dubé :
La Pinière, merci. Merci, chers collègues. O.K., vous vous en souvenez.
Excusez-moi, Mme la Présidente, j'ai été distrait un peu. Le point que je veux
faire, c'est que non seulement nous avons dit : Nous pouvons collaborer avec vous, mais nous avons besoin d'outils.
Si la réponse, qui était un peu… pour le moins, évasive, ce matin, c'est
ce que nous allons entendre dans les crédits, dans les deux prochaines
semaines, aïe! là, ça ne sera pas drôle.
Et
ce que je vous dis, Mme la Présidente, c'est que les gens des médias, qui nous
regardent aujourd'hui, doivent se dire : Ah! Il y a quelque
chose pour les médias qui est intéressant ici. C'est-à-dire qu'on va être
capables de savoir, le ministre de la Santé, qui gère à peu près la moitié du
budget de tout le Québec, est-ce qu'il va s'engager vraiment pour livrer la vision, le plan d'action que le
premier ministre lui a donnés? Parce qu'il faut savoir, pour être capables
de savoir s'il livre la
marchandise, quels sont ses objectifs. Il ne peut pas nous donner une
petite réponse politique comme ce matin : Et mon rôle, c'est de
rendre les gens heureux. Je trouve ça très bien, mais je pense qu'on va aller
dans un niveau de détail un peu plus.
Et
je refais, si vous me permettez, le parallèle avec la grande organisation dont
je ne veux pas nommer le nom : parce
qu'il y a bien des gens qui se sont contentés, lorsqu'ils avaient des conseils
d'administration, d'écouter le comité de direction puis dire :
Inquiétez-vous pas, tout va bien, M. le président du conseil. Et nous, nous n'accepterons
pas ça. Nous avons dit à ce gouvernement que
nous voulons les aider. J'ai eu la chance de rencontrer quelques fois le
ministre des Finances au cours des dernières
semaines. J'ai encore des rencontres à venir, notamment avec non seulement M.
le ministre des Finances, mais avec le président du Conseil du trésor, pour
élaborer sur les pratiques, les meilleures pratiques
en termes d'objectifs, moyens, puis comment on peut le suivre. J'ai offert la
coopération de le faire, mais — c'est important — si je ne
sens pas que cette collaboration-là donne des résultats… Et je vous dirais, à
court terme, il serait trop facile, Mme la Présidente, de dire :
Oui, oui, on fera ça l'année prochaine. Non, non. Non, non, on a l'opportunité,
on va travailler, cet été, ensemble. On va prendre jusqu'au 13 juillet, quelque
chose comme ça, pour discuter les crédits.
Soyons
sérieux, soyons responsables, dans notre rôle de parlementaires. Nous nous
engageons ici, de ce côté-ci de la
Chambre, à faire un exercice rigoureux pour les crédits. Je sens un intérêt
réel du gouvernement de faire ce contrôle des dépenses là. Mais, pour ce faire, à cette étape-ci de ce grand plan là,
après la vision, après le plan d'action, nous avons besoin des moyens, des objectifs. Et je n'invente
rien, c'est dans la Loi de l'administration publique. Maintenant, je
sais que le député de Fabre est au courant, il sera probablement une des
personnes qui m'aidera le plus, au cours des prochaines semaines, à aller
chercher des objectifs dans toutes les commissions que nous aurons la chance de
participer.
Maintenant,
trêve de discussions sur les meilleures pratiques en matière de budget. J'aimerais
quand même revenir sur des éléments
macroéconomiques plutôt que de procédures budgétaires, parce que je ne veux pas
étirer votre patience, Mme la Présidente, sur ces sujets si
intéressants. En termes macro, j'aimerais répéter ce qui a été dit au cours des
derniers jours, parce que, malheureusement,
et c'est un peu ce qui est arrivé en termes médias, l'exercice que le
ministre des Finances vient de faire est
très important, mais il a peut-être été perdu dans certains événements qui,
malheureusement, sont arrivés un peu plus à l'Est de nous, dans la région de
Moncton, et que nous déplorons tous, mais qui ont fait qu'il y a peut-être certains commentaires qui ne sont pas peut-être à la
hauteur de l'importance du budget qui a été déposé.
Et je voudrais
réitérer quelques éléments de notre critique là-dessus, parce que nous avons
bien dit — et
je veux le répéter pour que ça soit très
clair — que,
dans le premier élément de la «colonne des dépenses», pour reprendre l'expression
de notre premier ministre... nous avons dit : Oui, c'est vrai, nous allons
supporter ce gouvernement-là parce qu'il
semble attaquer la question des dépenses publiques de façon sérieuse et
énergique. Nous avons dit que, pour cette partie-là, nous pouvons
collaborer et aider.
• (12 h 50) •
C'est exactement pour
ça que j'ai passé beaucoup plus de temps à expliquer maintenant le processus
dont je viens de parler. Cependant, nous
avons dit, dans la même phrase — c'était une longue phrase, là :
Cependant, il faudra s'assurer que les bottines suivent les babines,
hein? Il faudra s'assurer que, pour que le gâteau lève, on ne fait pas juste copier le livre de recettes, mais il faut
mettre les ingrédients, il faut le suivre. Alors, ce que nous disons dans le
contrôle des dépenses,
et je dis que c'est très important, je le répète : Le processus que nous
allons suivre, dans les deux prochaines semaines et aussi au cours des
prochains mois, pour ne pas, Mme la Présidente, qu'arrive le dérapage qui s'est
passé avec l'ancien gouvernement, où on
nous avait promis de bien beaux chiffres, mais, quand on regarde les résultats
réels, on a excédé le contrôle des dépenses par l'ordre de 3 %,
3,5 %, qui représentent des centaines de millions de dollars et même des
milliards de dollars, c'est ce que nous aurons comme confirmation dans les
prochaines semaines.
Donc,
nous avons, et je le répète, l'objectif de collaborer avec le gouvernement dans le contrôle des dépenses, ce qui semble un pas sérieux que
le ministre des Finances a donné. Mais il doit nous donner, lui et le président
du Conseil du trésor, les outils pour pouvoir faire cette
collaboration-là et faire cette mesure. Le ministre des Finances a pris, l'autre
fois, une expression, que je trouve intéressante, en portugais. Moi, je dirais,
en anglais, on a une expression qui dit : «What gets measured gets done.» Je pense qu'en français ce qu'on dit, ce
n'est peut-être pas la meilleure traduction, mais on doit mesurer ce qu'on veut qu'il arrive. Puis,
dans ce sens-là, je dirais : Le contrôle des dépenses, qui a été vraiment
une pierre d'achoppement du précédent gouvernement, ne doit pas arriver encore
aujourd'hui. Et ce gouvernement a une obligation de résultat. On n'aura pas l'opportunité
que nous avons aujourd'hui, avec un support majoritaire de la population, de contrôler les dépenses publiques, d'améliorer
l'État. On ne peut pas manquer cette chance-là. Nous allons le supporter
dans cet exercice-là, mais ils doivent nous donner les outils dans les
prochaines semaines.
J'irais,
par contre… Là, j'ai donné les fleurs; j'irais peut-être un petit peu avec le
pot parce que l'ensemble du budget, encore
une fois, fait partie de la vision. Le premier ministre nous a bien dit, et je
le répète, que sa vision, c'était de soulager
les contribuables, d'améliorer la qualité de vie des citoyens et qu'en niveau
économique on devait reprendre un peu notre place, parce qu'effectivement
il y a eu une perte de richesse incroyable au cours des 10 dernières années, ce
qui fait qu'on est une des dernières provinces en termes de performance
économique, ce qui n'est pas acceptable avec toutes les richesses que nous
avons.
Nous
avons dit, et je vais le redire, et on en voit malheureusement une preuve
encore une fois ce matin avec les statistiques de l'emploi qui sont
sorties, qu'on ne peut pas continuer à faire une action timide sur l'économie.
Et, dans ce sens-là, nous avons dit que,
malgré des efforts ou certains programmes… on a appelé ça des mesurettes, là,
je ne veux pas jouer sur les mots, mais je
pense qu'il manque une vision importante dans les mesures économiques pour
redresser rapidement la situation. Parce que
ce qu'on voit, je peux bien comprendre qu'on parle de programmes où on va… de
comités où on va regarder certains programmes qui vont arriver pour le prochain
budget, mais c'est dans le dernier mois qu'on a perdu 30 000 emplois. Ce n'est pas dans six mois que ça va
arriver, là, c'est déjà là. Et, depuis le début de l'année, c'est… je pense
que… j'avais une statistique, tout à l'heure, qui m'inquiétait, c'est qu'au
cours… depuis le début de l'année, depuis décembre, en fait, au Canada, il s'est créé 62 000 emplois; en
Ontario, c'est 45 000; puis au Québec, c'est moins 30 000.
Alors,
les comités, les rapports, c'est bien beau, mais là il faut agir maintenant, et
nous ne sentons pas — et
je pense que le gouvernement a encore un peu de temps pour se rattraper — cette
volonté de rétablir rapidement l'économie. Et
j'espère que, dans les prochaines semaines… puis on aura la chance d'en
discuter dans les crédits, parce que, la bonne nouvelle des crédits, c'est là qu'on va aller voir quels sont les objectifs,
je le répète, quels sont les objectifs en matière de création d'emplois. C'est bien facile de dire, Mme
la Présidente, on veut 250 000 emplois sur quatre ans, mais là vous
faites quoi? Là, là, vous faites quoi dans
le mois de juin? Vous faites quoi dans le mois de juillet? Les gens qui s'en
vont en vacances, nos contribuables, nos
citoyens, ils ont le droit de partir en vacances. Je le redis, ils ont raison,
ils ne veulent pas en entendre
parler. Mais nous devons regarder ça en détail, et, je le redis, au niveau
économique, on trouve ça un peu faible.
Du côté… Le troisième
point, au niveau macro, c'est le contribuable. Je l'ai dit, j'ai été un peu
surpris, je respecte l'opinion d'un économiste réputé, mais nous avons dit qu'il
devrait y avoir une réflexion. Il n'est jamais trop tard pour changer d'idée. Nous l'avons dit, que le contribuable qui
est étouffé devrait avoir un certain répit fiscal, Mme la Présidente,
pas dans quatre ans, quand peut-être l'équilibre budgétaire aura été respecté,
mais maintenant. C'est un peu comme l'emploi, c'est maintenant que nous devons
agir, même si c'était seulement un petit signe.
Et je veux rétablir certains faits, parce que,
lorsqu'on entend, dans les médias, que la coalition demande
une baisse des impôts, on n'est pas en train de demander des milliards
de dollars, on est en train de demander clairement un abaissement de la taxe
santé pour les gens qui gagnent moins de 45 000 $. Seulement dans l'exercice
financier de 2014‑2015, on parle de
100 millions de dollars. Alors, ce que je veux dire, c'est qu'il est
important de mettre les choses en perspective
et d'envoyer à nos concitoyens qui nous écoutent aujourd'hui un petit signal.
Je sais que les gros documents sont
tous écrits, mais je ne pense pas qu'il n'y ait personne, il n'y aurait pas un
citoyen au Québec qui viendrait reprocher au ministre des Finances de peut-être avoir une petite envie de changer d'idée
sur un élément comme ça dans les prochaines semaines. On va lui… laisser
réfléchir à ça.
Je terminerais, Mme
la Présidente, sur une chose. Ce matin, nous avons eu, encore une fois, un
signal d'alarme d'une agence de notation qui
s'appelle Moody's. Je sais que notre ministre des Finances est très, très, très
sensible à ces éléments-là. Moi, je vous dis que, ce matin, ce que ces gens-là
nous disent, en résumé, les prévisions qui ont été déposées... Puis je pense qu'elles sont véridiques, je pense qu'il y a
eu un exercice rigoureux de regarder, pour une fois, les prévisions de
façon rigoureuse, mais ce que les agences de crédit nous disent ce matin, c'est
bien pire que ce qu'on s'était fait dire par le précédent gouvernement. Et là
on prend acte de ce qui a été donné, mais ils n'ont pas fait de commentaire, et
la dernière phrase dit clairement : Nous allons regarder les hypothèses en
détail dans les prochaines semaines et vous revenir. Si on lit entre les
lignes, là, c'est exactement ce qui est dit par Moody's ce matin.
Alors,
j'aimerais dire que — je
reviens à mon parallèle du conseil d'administration — dans notre rôle, là, il y a des
lumières rouges qui s'allument, et, si on ne veut pas faire comme les grandes organisations
dont je parlais tout à l'heure, qui se sont
fermé les yeux, qui collectaient leurs jetons puis qui disaient : Tout va
bien, il y a quelqu'un en ce moment, là, dont les firmes de notation,
qui disent : Danger! Grand danger!
Et les citoyens s'attendent
à ce qu'on va être rigoureux. Alors, je le répète, nous allons collaborer dans
ce travail-là. Mais ce que je demande,
Mme la Présidente, c'est que les gens de l'autre côté nous donnent les
outils. Parce que, si on n'a pas les outils, ça va être très clair, les gens des médias
vont avoir beaucoup de matériel, même durant l'été, parce que ça va être
important pour nous de dire qu'on ne laissera pas, comme la dernière fois, ce
gouvernement-là nous amener dans la situation où nous sommes présentement.
Merci beaucoup, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Oui? Alors, M. le député de Lévis, vous voulez
poursuivre?
Motion
formulant un grief
M. Dubé :
Bien, je voulais juste dire que j'avais, rapidement, une petite motion à
déposer :
«Que
l'Assemblée nationale blâme sévèrement le gouvernement
libéral pour l'absence de mesures
ambitieuses de relance économique et de répit fiscal pour les familles et la
classe moyenne dans son budget de 2014-2015.» Merci beaucoup.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Merci beaucoup, M. le
député. Alors, votre motion est
déposée, sous réserve de sa recevabilité.
Maintenant, nous
avons, ici présente, la députée de Gouin qui voudrait intervenir, et, compte
tenu de l'heure, j'ai besoin d'un consentement.
Une voix :
…
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Mme la députée de Gouin, combien de temps
allez-vous utiliser pour votre prise de parole?
Mme David
(Gouin) : Mme la Présidente, j'aurais besoin d'une dizaine de minutes.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Alors, y a-t-il consentement pour permettre à la députée
de Gouin d'intervenir sur l'adoption de la politique budgétaire?
Des voix :
…
• (13 heures) •
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Ça va? Alors, il y a consentement.
Je
dois d'abord lire le partage du temps pour les prochains
débats. Alors, avant de poursuivre le présent débat, je vous rappelle que le discours sur le budget et le débat qui s'ensuit durent au plus
25 heures et se déroulent en trois étapes : une première étape
de 13 h 30 min à l'Assemblée, une deuxième étape de 10 heures à
la Commission des finances publiques, et une troisième étape de
1 h 30 min à l'Assemblée. Cette dernière étape comprend une
intervention de 30 minutes du représentant de l'opposition officielle et
une réplique d'une heure du ministre des Finances.
Avant
de céder la parole à un prochain intervenant, je vous informe de la répartition
du temps de parole pour la première
étape de ce débat, conformément à la directive rendue par la présidence le 26
mai dernier. Alors, 6 h 30 min sont allouées au groupe parlementaire formant le gouvernement, incluant le
discours sur le budget; 3 h 45 min sont allouées au groupe parlementaire formant l'opposition officielle,
incluant les commentaires du porte-parole de l'opposition officielle du mercredi 4 juin et son discours d'aujourd'hui;
2 h 45 min sont allouées au deuxième groupe d'opposition,
incluant les commentaires de son porte-parole qui ont eu lieu le
mercredi 4 juin et son discours d'aujourd'hui; 30 minutes sont
allouées aux députés indépendants. Dans ce cadre, le temps non utilisé par les
députés indépendants ou par l'un des groupes
parlementaires sera redistribué entre les groupes parlementaires selon les
proportions établies dans la directive rendue par la présidence le
26 mai 2014. Enfin, les interventions ne seront soumises à aucune
limite de temps.
Alors, maintenant, je
cède la parole à Mme la députée de Gouin.
Mme Françoise David
Mme
David (Gouin) : Merci, Mme la Présidente. Au nom de Québec solidaire,
je prends aujourd'hui la parole pour faire entendre une voix discordante
et une opposition franche aux orientations contenues dans ce premier budget du
ministre des Finances.
Ce
budget ne nous a pas vraiment surpris, mais, à notre avis, il est décevant de
la part d'un parti qui a été un artisan extrêmement important de la
Révolution tranquille au Québec, un parti qui a représenté la volonté populaire
de nous donner les programmes sociaux les plus généreux en Amérique du Nord. Et
c'est ce même parti qui maintenant nous promet d'enfermer le Québec dans l'austérité
budgétaire.
Avec
ce budget, le Québec, d'ailleurs, fait de plus en plus cavalier seul. L'idéologie
de l'austérité est battue en brèche aux quatre coins de la planète. Un
peu partout, y compris au Fonds monétaire international, qui n'est pas exactement un repère de gauchistes, on remet en
question les vieilles recettes que l'on nous sert aujourd'hui. Ce sont
ces mêmes recettes qui ont échoué partout et
plombé l'économie de nombreux pays européens. Donc, lorsque des
économistes d'un peu partout à travers le monde nous disent : Attention à
l'austérité, attention à l'augmentation des inégalités, il nous semble que nous
devrions écouter un peu.
Cela dit, le ministre des Finances nous dit :
Le déficit zéro, l'atteinte de l'équilibre budgétaire n'est pas une obsession,
ça n'est pas quelque chose d'irrationnel, c'est une obligation. Mais ce qu'il
omet de mentionner, c'est qu'il y a des
solutions qui lui ont été proposées et qu'il a malheureusement balayées du
revers de la main. Nous avons, nous,
dans notre formation politique, répété, plutôt mille fois
qu'une, qu'il est possible d'assainir les finances publiques en allant
chercher de nouveaux revenus, par exemple chez les contribuables à revenus très
élevés, par exemple en taxant le capital des
entreprises financières. Et on peut économiser aussi de l'argent dans l'État
québécois en adoptant ce que nous proposons
avec la mesure Pharma-Québec et la première étape qui est le regroupement d'achats
ciblés de médicaments.
Donc,
nous avons tenté en vain, au cours des dernières semaines, de faire en même
temps adopter l'idée d'une clause d'appauvrissement zéro. Nous avons
dit : Le gouvernement doit aller chercher de nouveaux revenus et il doit s'engager à ne pas appauvrir des gens qui déjà, au
jour le jour, ont de la difficulté à arriver. Le retour au déficit zéro
ne peut pas se faire sur le dos des plus
pauvres et des plus vulnérables, il ne doit pas creuser des écarts sociaux déjà
grandissants. Malheureusement, le gouvernement a été sourd à notre
appel.
Pour
atteindre ses cibles budgétaires, le gouvernement libéral a décidé de couper
les dépenses de programmes, et c'est là qu'on va agir le plus. Donc,
90 % de l'effort budgétaire, c'est dans des compressions, et seulement
10 % de mesures timides pour aller chercher de nouveaux revenus.
En
même temps, le premier ministre répète sans cesse que les services à la
population ne seront pas affectés. À notre avis, c'est de la science-fiction, c'est carrément impossible. Oui, les
services à la population seront affectés encore plus qu'ils ne l'ont été dans les dernières années. On
gèle l'embauche dans les services publics et parapublics jusqu'en
mars 2016, ça veut dire 6 250 personnes qui ne trouveront pas d'emploi
chez le plus grand employeur du Québec, et une très grande partie de ces
personnes sont des femmes. Et, en fait, quand on regarde le développement
économique promis par l'actuel gouvernement,
ça repose bien plus sur des emplois, dans toutes sortes de domaines, occupés
très massivement par les hommes. Et,
à chaque fois qu'on parle d'emplois féminins, c'est toujours pour parler de
dépenses qu'il faut couper, alors qu'on parle ici de centaines de
milliers d'emplois importants.
Le
ministre va aller plus loin que c'était le cas auparavant dans le
sous-financement des programmes. Comment est-ce qu'on peut croire que les
services ne seront pas touchés quand on prévoit une croissance des dépenses de 1,8 % cette année et de
0,7 % l'an prochain? Impossible. Ça ne peut pas être seulement par la
lutte au gaspillage, à la bureaucratie, ça va toucher les services.
Au
ministère de l'Emploi et de la Solidarité sociale, on parle de 92 millions
de dollars de coupe. Alors, ce matin même,
j'ai posé une question à cet effet. Le ministre me dit : Non, on ne touche
pas aux plus vulnérables, on ne touche pas à la solidarité sociale. Bien, je suis désolée, mais ça n'est pas tout à
fait exact. Par exemple, on coupe 16 millions au niveau des mesures
d'employabilité. Il y a des organismes qui aident les gens à retourner sur le
marché du travail, qui déjà ont de la
difficulté à arriver avec leurs maigres subventions, et là on coupe
16 millions. Alors, il y a quelque chose que je ne comprends pas :
on souhaite que les gens puissent retourner sur le marché du travail, on sait
qu'ils ont besoin d'aide pour le faire, et
on coupe les budgets des organismes qui s'en occupent. Alors, je pense que,
lors de l'étude des crédits, nous aurons bien des questions à ce sujet.
Par contre, on met
une insistance à aller vers des mesures on appelle ça de détection de la fraude
ou de la non-conformité, quand on sait qu'en
fait ce qu'on appelle fraude… Chez les quelques milliers de personnes à l'aide
sociale qui sont soupçonnées de fraude, ce qu'on appelle fraude, c'est souvent
des documents mal remplis, des documents qui manquent, des difficultés pour les
gens de comprendre ce qu'on leur demande. Ça se passe de plus en plus par Internet. Il y a de moins en moins de gens pour
leur répondre directement, pour les accueillir, leur donner des
services. Là, on fait semblant qu'on va
aller chercher bien de l'argent là avec des mesures de renforcement de la
conformité? Est-ce qu'on pourrait mettre plus d'énergie à adopter plus
de mesures pour taxer davantage les individus et les entreprises, qui, elles,
sont vraiment capables de donner?
J'aimerais
donc rappeler au ministre des Finances, aux députés et aux gens qui nous
écoutent qu'il y a des gens... On est
en train de parler des gens, là, des citoyennes, des citoyens, de nos gens, des
amis dans la population qui vivent déjà des difficultés, qui viennent à
nos bureaux de comté, à nos bureaux de député pour obtenir de l'aide parce que
les services peinent à leur donner cette aide.
Et là je veux parler aussi bien des services de santé, d'éducation, des
centres locaux d'emploi. Ça n'est pas par mauvaise volonté, c'est tout
simplement par manque d'argent.
Alors,
j'aimerais ça que, dans tous les débats qui vont suivre, on se préoccupe des
gens, que l'on se demande si les positions que nous prenons tous
ensemble améliorent immédiatement la vie quotidienne de nos concitoyennes et concitoyens ou si on est en train de la détériorer
dans l'espoir de ce que j'ai appelé ce matin : le grand soir de l'équilibre
budgétaire.
Motion formulant un grief
En conséquence, Mme la Présidente, de tout ce que
je viens de dire, je veux déposer une motion, et c'est celle-ci :
«Que
l'Assemblée nationale blâme sévèrement le gouvernement libéral pour le retour
trop rapide à l'équilibre budgétaire dans son budget 2014-2015, pour l'austérité
permanente qui nuira à la qualité et à l'accessibilité aux services publics et
pour le sous-financement et le gel global des effectifs des secteurs publics et
parapublics.» Merci.
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Merci beaucoup, Mme la députée de Gouin. Je vous
informe que votre motion est déposée, selon sa recevabilité.
Ajournement
Maintenant, compte
tenu de l'heure, je vais ajourner les travaux jusqu'au lundi 9 juin,
13 h 45.
(Fin de la séance à 13 h 9)