(Neuf
heures quarante-cinq minutes)
La Vice-Présidente
(Mme Poirier) : Bon matin. Veuillez vous asseoir.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Alors, nous en sommes
à la rubrique Déclarations de députés. Alors, je céderais la parole à M. le
député de René-Lévesque.
Souligner la Journée
nationale de l'enfant
M. Marjolain Dufour
M. Dufour :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, depuis 1993, la journée nationale des
enfants est célébrée à travers le monde pour
souligner l'adoption, par les Nations
unies, de deux documents
sur les droits des enfants. À chaque année, les organismes Espace
célèbrent cette journée. C'est l'occasion de promouvoir le droit des enfants,
de reconnaître que les enfants sont des êtres à part entière et qu'ils ont le
droit de jouir d'une enfance en sécurité et sans violence.
Dans le cadre de
cette journée, Espace met de l'avant le port du ruban bleu, un geste qui se
veut un appui à l'importance de protéger les droits des enfants. Par la même
occasion, j'invite mes collègues à supporter cette initiative en portant le
ruban bleu. Porter le ruban, c'est prendre le temps de constater que les
enfants sont le présent d'aujourd'hui et l'avenir de demain.
De même, je tiens à
souligner l'initiative des organismes Espace afin de mettre en évidence cette
journée ainsi que le travail qu'ils effectuent dans le milieu de vie des
enfants âgés de trois à 12 ans au moyen d'ateliers de prévention et de la
violence. Merci beaucoup, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Poirier) : Merci, M. le député de
René-Lévesque. Mme la députée de Trois-Rivières.
Souligner la Journée
internationale des droits de l'enfant
Mme Danielle St-Amand
Mme St-Amand :
Alors, Mme la Présidente, à mon tour de souligner la Journée internationale des
droits de l'enfant. Cette journée est soulignée tous les ans, le 20 novembre,
une date qui rappelle la signature de la Convention internationale des droits
de l'enfant, que le Canada a ratifiée en 1991. Les principes fondamentaux qui
sont établis dans la convention sont la non-discrimination, l'intérêt supérieur
de l'enfant, le droit de vivre, de survivre et de se développer et le respect
des opinions des enfants.
Aujourd'hui,
nous avons l'occasion de nous rappeler que nous devons porter une attention
sans relâche à ces droits, et ce,
pour le bien de nos enfants. Ils sont l'une de nos richesses les plus
précieuses, et il en va de notre responsabilité de veiller à les
protéger. Pour ce faire, nous devons chaque jour poursuivre notre travail afin
d'assurer leur bien-être et leur offrir le meilleur avenir possible. Nous
devons aussi oeuvrer afin que les enfants eux-mêmes connaissent leurs propres
droits.
Finalement,
je voudrais exprimer toute ma gratitude, Mme la Présidente, à toutes ces
personnes, professionnelles et bénévoles, qui, dans notre société,
prennent soin de nos enfants au quotidien. Je veux saluer particulièrement les gens d'Espace Mauricie, qui font un travail
colossal avec nos enfants. Alors, à vous tous, sachez que votre
implication est essentielle et que nous vous remercions de veiller sur eux.
Merci.
La Vice-Présidente
(Mme Poirier) : Merci. M. le député de Rouyn-Noranda—Témiscamingue.
Souligner le 50e
anniversaire de l'Équipe
de hockey Les Citadelles de Rouyn inc.
M. Gilles Chapadeau
M.
Chapadeau : Merci, Mme la Présidente. Je désire souligner aujourd'hui le 50e anniversaire des Citadelles de Rouyn-Noranda. Ce club de
hockey s'inscrit, depuis un demi-siècle, dans l'histoire de l'Abitibi-Témiscamingue. Véritable club-école pour les jeunes
joueurs, Les Citadelles ont vu naître de grands joueurs comme André Racicot,
Réjean Houle, Éric Desjardins, Stéphane Matteau, et j'en passe.
Je
profite de l'occasion pour souligner l'implication exceptionnelle de
M. Laurent Laflamme, l'homme-orchestre derrière le succès et la longévité des Citadelles. Je salue et félicite
M. Laflamme ainsi que tous les bénévoles, les parents et l'organisation des Citadelles pour leur implication auprès des
jeunes joueurs... des jeunes hockeyeurs. Votre passion, votre dynamisme et votre ferveur animent la vie
sportive de notre communauté. À Rouyn-Noranda, Les Citadelles, c'est bien plus qu'une histoire de hockey, c'est une histoire
de coeur et de fierté entre les joueurs, l'organisation et la population.
Encore une fois, merci pour ces 50 ans
d'émotion, de plaisir et d'implication.
La Vice-Présidente (Mme Poirier) :
Merci. M. le député de Fabre.
Souligner la Semaine de la justice réparatrice
M. Gilles Ouimet
M.
Ouimet
(Fabre) : Merci, Mme la Présidente. J'aimerais souligner la Semaine de la justice
réparatrice 2013, qui se déroule du 17 au 24 novembre partout au Canada
et qui a pour thème, cette année, Au coeur de l'innovation.
La justice
réparatrice a un impact communautaire important en resserrant le tissu social
par la responsabilisation et la compréhension mutuelle des parties.
Cette semaine permet également de mettre en lumière les réalisations des intervenants du milieu. C'est l'occasion idéale
pour partager les meilleurs exemples de justice réparatrice afin que
d'autres intervenants du milieu s'en
inspirent pour offrir aux citoyens des services toujours mieux adaptés à leurs
besoins. Cela nous permet également de trouver de nouvelles approches
pour améliorer nos techniques de justice réparatrice.
J'espère donc
que le thème Au coeur de l'innovation saura motiver les personnes et
organismes qui oeuvrent en justice réparatrice afin de poursuivre leurs
efforts. C'est grâce à ces initiatives que nous pouvons pratiquer la justice
autrement. Merci, Mme la Présidente.
• (9 h 50) •
La Vice-Présidente (Mme Poirier) :
Merci. M. le député de Nicolet-Bécancour.
Rendre hommage à Mme Nathalie Goyens,
bénévole de la circonscription de Nicolet-Bécancour
M. Donald Martel
M.
Martel : Merci, Mme
la Présidente. J'aimerais aujourd'hui joindre ma voix à celles des citoyennes et citoyens de ma circonscription afin
de rendre un vibrant hommage à Mme Nathalie Goyens, de Fortierville, une
femme très active dans son milieu.
Présentement enceinte de son septième enfant,
cela ne l'empêche pas de se consacrer à plusieurs causes, organisations et événements, dont le Carnaval de Fortierville. Bénévole
dévouée et polyvalente, on la retrouve aussi sur le comité de l'Association de soccer Les-Seigneuries et sur le comité des loisirs de sa municipalité. Elle fut également d'une grande
aide en ce qui a trait au financement
du réaménagement des modules de jeux et au projet de terrain de soccer régional.
Femme de grand dévouement, Mme Goyens ne
ménage pas ses efforts afin de faire de sa communauté un milieu privilégié où
il fait bon vivre. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Poirier) :
Merci, M. le député. M. le député de Papineau.
Rendre hommage à Mme Ghislaine Demers et
M. Raymond Demers, famille d'accueil
de la circonscription de Papineau
M. Alexandre Iracà
M. Iracà : Oui, merci, Mme la
Présidente. Je désire souligner la grande générosité de Mme Ghislaine et M. Raymond
Demers. Au cours des 33 dernières années, ils ont agi à titre de famille
d'accueil et ont offert un amour inconditionnel à plus de 100 enfants
provenant de la direction de la protection de la jeunesse, plus de
100 filles, pour être plus précis.
Certaines
sont restées chez les Demers pendant quelques jours, quelques semaines, mais
près de la moitié d'entre elles ont
vécu dans cette famille d'accueil pendant des années. Les Demers ont gardé
contact avec la majorité d'entre elles. Une est infirmière à Montréal,
une autre est massothérapeute, une autre est militaire à la Défense nationale.
Ils ont assisté à plusieurs mariages au cours des 30 dernières années.
Aujourd'hui, ils ont décidé de prendre leur retraite, une retraite bien
méritée.
Sachez, Mme
et M. Demers, que votre amour,
votre compréhension, votre appui ont contribué aux mieux-être de toutes
ces filles qui sont passées dans votre foyer. Je tiens à vous remercier ainsi
que vos enfants pour ce geste d'une grande générosité et ce don de soi. Merci, Mme
la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Poirier) :
Merci, M. le député. Je céderais maintenant la parole au député de Jonquière.
Souligner
la Journée nationale du
souvenir des victimes de la route
M. Sylvain Gaudreault
M. Gaudreault :Oui, merci beaucoup, Mme la Présidente.
J'aimerais souligner aujourd'hui, devant cette Assemblée, la Journée nationale
du souvenir des victimes de la route. En cette journée commémorative, j'invite
l'ensemble de la population québécoise à honorer la mémoire des personnes qui
ont perdu la vie dans des accidents de la route et à se rappeler tous ceux et
celles qui doivent vivre avec les conséquences dramatiques de telles tragédies.
Depuis six ans, le Québec marque cette journée, qui est
une occasion privilégiée de prendre conscience de l'importance d'adopter des
comportements de conduite sécuritaires. Elle me permet également d'insister sur
l'apport essentiel des nombreux partenaires qui contribuent chaque jour à
améliorer le bilan routier par l'ensemble de leurs interventions ou de leurs
actions de sensibilisation.
J'invite
donc tous les citoyens, Mme la Présidente, à faire preuve de la plus grande
prudence dans leurs déplacements sur les routes afin de réduire encore
davantage le nombre de victimes de la route. Merci beaucoup.
La Vice-Présidente
(Mme Poirier) : Merci. M. le député de Beauce-Nord.
Féliciter les
entrepreneurs Dany Gilbert et
Hébert Vachon pour leur contribution au
développement de la communauté beauceronne
M. André Spénard
M.
Spénard : Merci, Mme la Présidente. C'est avec plaisir que
j'ai assisté, le 6 novembre dernier, à la 35e édition du souper annuel des gens
d'affaires du CLD de la Nouvelle-Beauce à Sainte-Marie. Cette soirée fut l'occasion
de rendre hommage à deux entrepreneurs de mon comté.
Tout d'abord, Mme Dany Gilbert, présidente de
l'entreprise AD plus, a été honorée à titre de personnalité
d'affaires de l'année. Celle qui a mis sur
pied son entreprise à l'âge de 19 ans avec son
père a l'esprit d'une leader depuis son tout jeune âge. Lancée dans le sous-sol familial en
1993, l'entreprise AD plus a aujourd'hui pignon sur rue à Sainte-Marie,
Lévis, Québec, Alma, Chicoutimi et Mascouche.
Par la suite, M. Hébert Vachon, ex-président de l'entreprise Acier
Trimax de 1992 à 2013, a été intronisé au Club des bâtisseurs. Reconnu
comme un pionnier et un bourreau de travail, M. Vachon
s'est impliqué à maintes reprises dans son
milieu. En reconnaissance pour l'ensemble de sa carrière, j'ai profité de
l'occasion pour lui remettre une médaille de l'Assemblée nationale.
Je tiens à féliciter
ces deux modèles d'entrepreneurship, qui, par leurs actions, contribuent
grandement au développement de la communauté beauceronne. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Poirier) : Merci. Mme la députée de Richmond.
Féliciter Mme Brendalee
Piironen,
lauréate des Prix d'excellence du
réseau de la santé et des services sociaux
Mme Karine Vallières
Mme
Vallières :
Merci, Mme la Présidente. Et j'invite aujourd'hui tous mes collègues de
l'Assemblée nationale à féliciter avec moi
l'équipe de Brendalee Piironen de la Résidence Wales Home de Richmond pour la
mention d'honneur remportée lors des
derniers Prix d'excellence du réseau de la santé et des services sociaux, dans la
catégorie Sécurité des soins et services.
Au
Wales Home, l'amélioration quotidienne du bien-être de la clientèle et l'offre
d'une meilleure qualité de vie est toujours une préoccupation. C'est
ainsi qu'avec le programme Ange gardien les
résidents ont accès à un jardin thérapeutique
et bénéficient également d'un service d'appels d'urgence à la fine pointe de la technologie et d'un système de
localisation en temps réel. Le personnel du Wales Home a l'habitude de sortir
des sentiers battus, d'aller au-delà des conventions pour faire de ce
magnifique endroit un milieu de vie prisé et unique.
Congratulations
on a well-earned award. Wishing you the very best.
La Vice-Présidente
(Mme Poirier) : Merci, Mme la députée. Mme la députée
d'Abitibi-Est.
Rendre hommage aux
Foreurs de Val-d'Or inc.
Mme Élizabeth Larouche
Mme
Larouche : Mme la Présidente, chers collègues, aujourd'hui, je
souhaite honorer les Foreurs de Val-d'Or pour leur 21e année dans la Ligue de
hockey junior majeur du Québec.
Dans
l'optique de fonder une équipe de hockey, un comité d'implantation a été formé
à Val-d'Or en 1976. Jean-Claude Babin, Jean
Duplessis, Robert Meunier, Yvon Rioux et Guy St-Julien ont toujours cru en leur
projet et ont travaillé sans relâche pour qu'enfin, en 1983, soit 16 ans plus tard, la ligue de hockey
majeur du Québec annonce la création d'une équipe à Val-d'Or.
Nos Foreurs ont gagné
la Coupe du président à deux reprises : en 1998, de même qu'en 2001. Le
11 octobre dernier, nous célébrions leur 60e victoire. Val-d'Or est choyée
de compter en son sein une véritable élite sportive.
Félicitations
aux membres fondateurs des Foreurs de Val-d'Or pour leur ténacité à obtenir notre équipe de
hockey, qui constitue, sans contredit…
La Vice-Présidente
(Mme Poirier) : En terminant.
Mme Larouche :
…un apport important. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Poirier) : Merci. Alors, ceci met fin à la rubrique Déclarations
de députés.
Nous suspendons nos
travaux pour quelques instants.
(Suspension de la séance à
9 h 57)
(Reprise à 10 h 11)
Le Président :
Bonne journée, chers collègues. Nous allons nous recueillir quelques instants.
Merci. Veuillez vous
asseoir.
Présence du consul général des États-Unis
d'Amérique à Québec, M. Hale VanKoughnett
J'ai
le plaisir de souligner la présence, dans nos tribunes, du consul général des États-Unis
d'Amérique à Québec...
Une voix : ...
Le
Président :
Laissez-moi le temps de dire son nom. Vous êtes un peu pressé, M. le député de Verdun. Alors, M. Hale VanKoughnett, à l'occasion
de sa visite de prise de poste. M. Hale VanKoughnett, bienvenue.
Alors, nous
poursuivons les affaires courantes. Aujourd'hui, il n'y a pas de déclarations
ministérielles ni présentation de projets de loi.
Il n'y a pas de dépôt
de documents ni dépôt de rapports de commissions.
Il n'y a pas de dépôt
de pétitions.
Il
n'y a pas de réponses orales aux pétitions ni d'interventions portant sur une
violation de droit ou de privilège.
Questions et réponses orales
Nous en sommes donc
maintenant rendus à la période de questions et de réponses orales, et je cède
la parole à M. le chef de l'opposition officielle. Alors, M. le chef de
l'opposition.
Atteinte des cibles en matière
de finances publiques
M. Jean-Marc Fournier
M. Fournier :
Merci, M. le Président. Il y a un an aujourd'hui, le gouvernement déposait son
budget long de 18 mois. Tous le constatent,
depuis ce temps, le Québec va moins bien. Après avoir jonglé avec l'impôt
rétroactif et fait naître l'angoisse fiscale, le gouvernement augmentait
les impôts à 50 % du revenu, le taux le plus haut au Canada. Pour faire passer la pilule, le ministre des
Finances affirmait solennellement, et je cite : «J'annonce que le budget
sera équilibré en 2013‑2014 et les années suivantes.» La pilule était
empoisonnée.
Les Québécois ont
payé, mais le PQ rate la cible des revenus, rate la cible des dépenses, rate la
cible du déficit. Après quatre mois
seulement, le déficit zéro est devenu un déficit de 2,3 milliards de
dollars. Et, comme si ce trou de
2,3 milliards n'était pas suffisant, depuis septembre dernier, la première
ministre a ajouté 550 annonces non budgétées.
Maintenant
que la cible de déficit est ratée, la Loi sur l'équilibre budgétaire oblige la
première ministre à présenter un plan financier pour le retour à
l'équilibre.
Est-ce
que la première ministre va respecter la loi? Est-ce qu'elle va déposer un plan
de retour à l'équilibre avec la mise à jour qui est déjà en retard de
deux mois? Est-ce qu'elle sera franche avec les Québécois?
Le Président :
Mme la première ministre.
Mme Pauline Marois
Mme
Marois :
Alors, merci, M. le Président. Pour remettre les pendules à l'heure sur les
mises à jour économiques, l'ancien
gouvernement du Parti libéral avait, en 2007, fait sa mise à jour le 11
décembre, en 2010, le 2 décembre. Alors, nous ne sommes pas du tout en
retard, loin de là, et le ministre des Finances procédera très bientôt à cette
mise à jour économique, ce qui permettra à
tout le monde de voir la situation dans laquelle nous nous trouvons après que
nous ayons travaillé très fort, comme gouvernement, pour respecter les
engagements pris à l'égard des Québécois sur le contrôle de nos dépenses, sur l'équilibre budgétaire, ce que nous avons
réussi à atteindre pour l'année 2012‑2013 malgré, encore une fois, une
situation, au plan budgétaire, très difficile que nous avait laissée le
gouvernement précédent.
J'écoute
le chef parlementaire de l'opposition officielle et je me dis : Tout d'un
coup, ça ne l'intéresse plus de parler d'emploi, ça ne l'intéresse plus
de parler de la situation économique du Québec. Or, ce matin, nous avons de
très bonnes nouvelles, et j'aimerais les
partager avec les membres de l'Assemblée nationale. Je crois que ça va
encourager les Québécois, parce que le discours de l'opposition est assez
pessimiste, M. le Président. Alors, il y a une hausse des exportations, au plan international, de
marchandises, pour le Québec, de 3,9 % en septembre par rapport au mois
précédent, ce qui est absolument
remarquable, M. le Président. Et ça se passe dans des secteurs comme
l'avionnerie, avions et pièces, dans le secteur des produits métalliques
et minéraux, dans les produits forestiers. Ça, c'est une bonne nouvelle pour
les produits forestiers. On s'en va…
Le Président :
En terminant.
Mme
Marois :
Malheureusement…
Le Président :
Première complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M. Jean-Marc Fournier
M.
Fournier :Bien, sur
le sujet de la réponse, M. le
Président, elle dit qu'elle veut
qu'on parle des emplois. Elle va sûrement lire Michel Girard dans le
journal, ce matin, qui dit que les emplois sont… ces emplois publics, alors qu'il
n'y a pas d'emplois privés, alors que les gens qui sont autour de nous, M. le Président, c'est des emplois privés qu'ils créent. Elle nous dit : Ça
va bien. Elle dit : J'ai des statistiques pour vous dire que ça va bien.
Comment
ça se fait que les revenus ne sont pas à la cible? Comment ça se fait que les
dépenses sont en haut de la cible? Comment ça se fait qu'il y a un
déficit si ça va très bien? Question bien simple : Pourquoi il y a un
déficit si ça va bien?
Le Président :
Mme la première ministre
Mme Pauline Marois
Mme
Marois :
Évidemment, comme le chef parlementaire de l'opposition
officielle m'a parlé d'emploi — j'étais
très heureuse, d'ailleurs, d'entendre ce mot dans sa bouche — on va
corriger certaines données auxquelles il faisait référence. Dans les faits,
quand on prend les premiers mois de l'année 2012 par rapport aux premiers mois
de l'année 2013 — «les
premiers mois» étant les 10 premiers mois — il s'est créé, dans le secteur privé, privé, pas
public, il s'est créé 57 400
emplois, période à période, 2013 sur 2012. Et on observe une perte de
1 700 emplois dans le secteur public. On ne peut affirmer…
Le Président :
En terminant.
Mme
Marois :
…que les emplois qui se sont créés l'ont été dans…
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M. Jean-Marc Fournier
M.
Fournier : M. le Président, là, au-delà de ces échanges, la première ministre ne peut pas
non plus ne pas voir ce que Banque
Nationale dit, ce que Desjardins dit, ce que Michel Girard dit. Quand même,
là, l'ensemble des observateurs remarquent le fiasco économique dans
lequel on est. Il y a un déficit, maintenant, de 2,3 milliards.
Ma question est la
suivante : Est-ce que la première ministre a une cible de dépenses, de
revenus, de déficit? Est-ce qu'on navigue à vue au Québec?
Le Président :
Mme la première ministre.
Mme Pauline Marois
Mme
Marois : Je pourrais
répondre non, M. le Président, et me rasseoir. Nous ne naviguons pas à vue, M.
le Président. J'ai l'impression, par exemple, que, de l'autre côté, certains
jours, on navigue un peu à vue.
J'aimerais ajouter un
autre élément, une autre information qui est fort intéressante. Durant les deux
premiers trimestres de 2013, le Québec a
accaparé la moitié des investissements en capital de risque au Canada,
ce qui veut dire que, malgré que
notre richesse représente environ 20 %
de l'ensemble du PIB canadien, c'est la moitié du capital de risque qui
a été investi ici, au Québec, par comparaison à ce qui se fait dans le reste du
Canada, ce qui veut dire qu'on a des indicateurs…
Le Président : En terminant.
Mme
Marois : …très
positifs. Ça ne veut pas dire que c'est pour autant plus facile que de gérer
les finances publiques, parce que nous sommes, de fait, dans une situation
difficile.
Le Président : Troisième
complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M.
Jean-Marc Fournier
M. Fournier :
J'ai posé mes questions sur un plan de retour à l'équilibre. La première
ministre ne veut pas, si je comprends
bien, dire aux Québécois et aux agences de notation quel est le plan de retour
à l'équilibre. Elle ne veut pas donner de cible. Elle dit qu'elle ne
navigue pas à vue. Si elle veut faire la preuve qu'elle ne navigue pas à vue,
elle va accepter qu'il y aura un plan de
retour à l'équilibre avec la mise à jour. Gouverner le Québec, ce n'est pas
nous envoyer sur un «nowhere», M. le Président. C'est dire aux Québécois
où on s'en va.
Est-ce qu'elle va le faire, oui on non?
Le Président : Mme la
première ministre.
Mme
Pauline Marois
Mme
Marois : De fait,
ils ont beaucoup d'expérience dans la navigation à vue, là. On va se souvenir
de l'îlot Voyageur. On va se souvenir du
1,6 milliard de problème budgétaire que nous avions lorsque nous sommes
arrivés au gouvernement, héritage laissé par le gouvernement libéral qui
nous a précédés, M. le Président.
Nous avons
remis de l'ordre dans les finances publiques. Nous avons indiqué une direction
claire à cet égard. Et, en ce sens, je rassure le chef parlementaire de
l'opposition officielle, nous allons faire la mise à jour économique, nous
allons indiquer quelles sont les orientations que nous retenons, M. le
Président. Et je suis certaine qu'il en sera très satisfait, parce que…
• (10 h 20) •
Le Président : En terminant.
Mme
Marois : …de fait, au plan fondamental, l'économie québécoise va bien et elle va mieux, M. le Président.
Le Président : Principale, M.
le député de Brome-Missisquoi.
Situation économique et financière du Québec
M.
Pierre Paradis
M.
Paradis : Oui, M.
le Président. Un an, jour pour jour,
après le dépôt du budget du gouvernement péquiste, les finances de l'État
continuent de se détériorer. Un an plus tard, on constate qu'absolument toutes
les prévisions du ministre se sont avérées erronées. Des élèves n'auraient
jamais toléré un tel manque de rigueur de la part de leur professeur.
L'investissement résidentiel est en baisse, marge d'erreur du ministre : 25 %; le produit intérieur brut est en baisse, marge d'erreur :
33 %; l'investissement des entreprises est en baisse, marge
d'erreur : 60 %; l'emploi est au
point mort, alors que le ministre
prévoyait la création de 45 000 emplois en 2013, marge d'erreur : 92 %; le déficit, qui devait être de
zéro, est à 2,3 milliards, marge d'erreur : à l'infini sur ma
calculatrice, M. le Président.
Un an après, le ministre des Finances peut-il
admettre que son budget à la marge constitue une erreur?
Le Président : M. le ministre
des Finances.
M.
Nicolas Marceau
M. Marceau : M. le Président,
je suis heureux d'apprendre que le député de Brome-Missisquoi a reçu une calculatrice; il lui reste à apprendre à s'en
servir.
Alors, M. le
Président, écoutez, il y a tellement d'affirmations qui sortent de je ne sais
où que je vais y aller de façon aussi
systématique que je peux le faire dans le peu de temps que j'ai. Sur l'emploi,
je vais répéter ce que la première ministre a dit : 53 000 emplois, 10 mois
sur 10 mois. Donc, les 10 premiers
mois de 2013 sur les 10 premiers mois de 2012, il y a 53 000 personnes de plus au travail au Québec. Il
n'y a jamais eu autant de Québécois au travail qu'aujourd'hui, M. le Président. Par ailleurs, ces emplois, je le
répète, et la première ministre l'a dit,
57 000 sont dans le secteur privé. 57 000
dans le secteur privé, et effectivement il y a
eu une diminution de 1 700 dans le secteur public. Ça, c'est les chiffres
sur l'emploi.
Maintenant,
ce matin, encore une fois, sur les exportations, on a appris que le Québec
avait eu une croissance, en septembre, de
3,9 %, et,
dans le reste du Canada, c'était 1,7 %.Et, quand on prend,
encore une fois, dans ce cas-ci, les neuf premiers mois de 2013 sur les
neuf premiers mois de 2012, sur les exportations, au Québec, performance de 4,5 %; dans le reste du Canada, 1,2 %.
Le Président : En terminant.
M. Marceau : Alors, M. le Président, les indicateurs… les indicateurs qui viennent d'agences de statistiques officielles et non pas du cerveau
du député de…
Le Président : Première
complémentaire, M. le député de Brome-Missisquoi.
M.
Pierre Paradis
M.
Paradis :
M. le Président, vous me permettrez de citer Desjardins : L'économie est en panne, l'économie
recule. Le 14 novembre, Desjardins écrit : «…le marché du travail se situe à peu près au même
point qu'au début de 2013. L'économie du Québec manque donc de vigueur tant sur le plan de [...]
croissance du produit intérieur brut réel que [sur
le plan] de l'emploi.»
Un an plus tard, le ministre des Finances peut-il
admettre que sa marge d'erreur à l'infini nuit à l'économie?
Le Président : M. le ministre
des Finances.
M.
Nicolas Marceau
M. Marceau :
M. le Président, on pourrait faire une bataille de chiffres et je crois que,
cette bataille-là, nous la gagnerions aisément.
Cela étant,
j'aimerais quand même rappeler quelque chose
d'important, c'est que nous… Évidemment, nous croyons que l'économie se porte bien, mais on
veut qu'elle se porte mieux et, pour
qu'elle se porte mieux, nous avons déposé,
au début octobre et dans le reste du mois qui a suivi... On a déposé notre
politique économique, qui s'articule avec une politique industrielle, une politique de recherche et d'innovation,
une stratégie d'électrification des transports et un plan de développement du commerce extérieur. Et, M. le Président, donc, nous agissons. L'autre
côté, c'est le parti du laisser-faire.
Ils ont laissé tomber les travailleurs, 175 000 jobs dans le secteur
manufacturier. Ils ont laissé la corruption puis la collusion…
Le Président : En terminant.
M. Marceau : M. le Président,
nous, on agit; eux autres, ils laissent faire.
Le Président : Principale…
Principale, Mme la députée de Laporte.
Plan de retour à
l'équilibre budgétaire
Mme
Nicole Ménard
Mme Ménard :Un an après le dépôt du budget
du gouvernement péquiste, la gestion de l'État
se détériore. Lors du discours du budget, le ministre des Finances
disait : «Nous posons […] dès maintenant les gestes nécessaires pour atteindre
l'équilibre en 2013‑2014 et le maintenir par la suite.» Le gouvernement
s'engage à limiter la croissance des dépenses à 1,8 % en 2013‑2014. Fin de
la citation.
Le
28 mars, lors de la mise à jour économique, il en faisait même le point le plus important
de sa politique budgétaire.
Après quatre mois, le rapport mensuel des finances indique une croissance de
4 % des dépenses de l'État. C'est une erreur de plus de 100 %.
Le président du Conseil du trésor s'engage-t-il
à présenter un plan de retour à l'équilibre qui lui permettra de maintenir l'équilibre
budgétaire en 2013‑2014, tel qu'il s'est engagé à le faire dans le budget?
Le Président : M. le
président du Conseil du trésor.
M.
Stéphane Bédard
M.
Bédard : Ça me donne l'occasion, M. le
Président, de façon
très pédagogique, de vous montrer effectivement un résultat qui, lui,
est concret, qui n'est pas contesté et sur lequel…
Des voix : …
M.
Bédard : …vérifié par le vérificateur interne, effectivement, par le Contrôleur des finances, mais, évidemment, ça ne
satisfait pas l'homme à la calculatrice maintenant. Mais nous avons ici la
meilleure performance en termes de contrôle des dépenses des 10 dernières
années au Québec.
Alors,
je comprends, du côté libéral, que c'est dur à croire, parce que,
si vous regardez le même graphique, les années rouges, ce n'est pas parce
que c'est libéral, c'est les années, effectivement… bien, parce que c'est libéral, mais c'est surtout… c'est les années où on n'a pas atteint
les cibles de croissance. Alors, je peux comprendre, de leur côté,
ils ont de l'angoisse, parce qu'à aucun moment, du temps qu'ils étaient
là au gouvernement... pendant 10 ans, le Parti libéral a été incapable
d'atteindre ses cibles de dépenses.
Alors,
comme on l'a fait l'an passé, ils disent : Est-ce que vous allez devenir
comme nous, finalement, et ne pas atteindre nos cibles de dépenses? Je
prends l'engagement que le Parti québécois ne fera pas comme le Parti libéral,
et nous allons atteindre nos cibles de croissance des dépenses comme il était
prévu.
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée de Laporte.
Mme Nicole Ménard
Mme
Ménard : Le gouvernement avait aussi annoncé un effort
additionnel de 290 millions de la part des sociétés d'État. Il a même incité Loto-Québec à vendre de
l'alcool aux tables de casino afin d'augmenter ses revenus. Un an plus
tard, les rapports trimestriels publiés par les sociétés indiquent qu'ils ne
livreront pas les sommes exigées.
Le président du
Conseil du trésor peut-il nous dire comment il va compenser les sommes que les
sociétés d'État n'ont pas pu livrer?
Le Président :
M. le président du Conseil du trésor.
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard : L'ensemble des organisations ont été mises à
profit, que ce soit les sociétés d'État, mais aussi les organismes à
l'intérieur du périmètre comptable, là, pour s'assurer de respecter des cibles
d'économie au niveau administratif. Et je
peux aviser cette Chambre que, cette année, nous allons atteindre les objectifs
que nous nous étions donnés en matière de cibles, je vous dirais, de
diminution de la croissance des dépenses.
Et,
du côté des revenus, ce que nous vivons actuellement, c'est un peu la même
chose qu'on voit en Amérique du Nord. Donc, il y a, je vous dirais, une
baisse de la croissance des revenus, et nous allons y faire face avec toute la
transparence requise avec les Québécois. Et on a pris l'engagement auprès des
chambres de commerce et tous les intervenants économiques…
Le Président :
En terminant.
M.
Bédard : …que nous ne sacrifierions pas la création
d'emplois et la croissance économique pour faire en sorte que nous
atteignions l'équilibre budgétaire.
Le Président :
Principale, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
Gestion financière des commissions scolaires
M. François Legault
M. Legault :
M. le Président, on doit réduire les taxes des familles, et ça ne prend pas une
baguette magique pour y arriver. Ça prend un plan pour réduire les dépenses de
bureaucratie et, surtout, ça prend du courage.
M.
le Président, si on prend l'exemple des commissions scolaires, sur une période
de 10 ans, entre 2000 et 2010, selon un rapport du Vérificateur
général, les dépenses d'administration des commissions scolaires sont passées
de 473 millions à 598 millions, une augmentation de 26 %.
Pendant ces 10 années, M. le Président, le nombre de cadres dans les
commissions scolaires a augmenté de 22 %, alors que le nombre d'élèves a
diminué de 5 %.
Or,
M. le Président, on a demandé, par écrit, au ministère de l'Éducation :
Est-ce que vous pouvez nous donner les chiffres des deux dernières
années? On a reçu une réponse par écrit. Ils nous ont dit : Ces chiffres
ne sont pas disponibles. M. le Président,
comment on peut gérer sans avoir les chiffres réels des deux dernières années?
M. le Président, on ne gère pas un réseau avec des projets de loi, on
gère avec un plan de gestion.
Est-ce
que la première ministre a un plan? Est-ce qu'elle peut nous dire — selon les derniers chiffres, les
dépenses sont à 600 millions — quel est son objectif, cette année, pour les
dépenses d'administration des commissions scolaires?
Le Président :
Mme la première ministre.
Mme Pauline Marois
Mme
Marois :
Alors, de fait, le chef du deuxième groupe d'opposition, parfois, rêve en
couleurs et sort une baguette magique pour faire illusion et faire croire aux
Québécois qu'il peut modifier très facilement, en quelques semaines,
quelques mois, la situation budgétaire ou la situation de... la réalité des
taxes chargées aux Québécois et aux
Québécoises. Évidemment, je pense qu'il devrait regarder de l'autre côté de la
Chambre, là, du Parti libéral, qui, pendant 10 ans, ont, à chaque fois qu'il y a eu des problèmes, augmenté les
taxes, augmenté les tarifs, augmenté les impôts plutôt que d'essayer de travailler à réduire les dépenses
ou à contrôler la progression des dépenses, ce qu'il admettra que nous
avons fait depuis que nous sommes au gouvernement.
Maintenant,
de la baguette magique il passe au plan magique. Bon, je lui dis encore une
fois : Si j'étais capable d'appliquer un plan magique en quelques
semaines et régler tous les problèmes de taxation du Québec, je le ferais avec
tellement de plaisir, M. le Président.
Bon,
maintenant, revenons à la question plus précise des commissions scolaires. Je
suis heureuse d'entendre le chef du
deuxième groupe d'opposition soulever ces questions, c'est exactement le débat
que nous avons eu avec les commissions scolaires et c'est ce pourquoi
nous leur avons demandé de retourner de l'argent aux citoyens, parce que nous
croyons qu'ils ont trop taxé par la taxe
scolaire. Donc, il y a un 100 millions de dollars qui reviendra dans la
poche des citoyens ou qui baisseront leurs comptes de taxe pour les mois
qui viennent.
Maintenant, nous
sommes aux prises avec un système qui présente des lacunes majeures...
• (10 h 30) •
Le Président :
En terminant.
Mme
Marois :
...qui est inéquitable, M. le Président, le système de taxation scolaire, et
donc c'est à cela que nous nous attaquons...
Le Président :
Première complémentaire, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M. François Legault
M. Legault :
M. le Président, ma question est simple, là. Les dépenses d'administration des
commissions scolaires, c'est
600 millions de dollars. Il y a deux ans — on n'a pas de chiffres plus récents — c'était 600 millions. C'est
quoi, son objectif cette année? C'est ça, ma question.
Le Président :
Mme la première ministre.
Mme Pauline Marois
Mme
Marois :
Alors, merci, M. le Président. Nous avons demandé aux commissions scolaires de
réduire la croissance de leurs dépenses.
Nous leur avons demandé de rationaliser leurs dépenses. Nous sommes très
conscients qu'il y a eu une hausse du
nombre de cadres scolaires. Dans les discussions que j'ai eues avec la
Fédération des commissions scolaires
et avec l'Association des commissions scolaires anglophones, ce sont des
éléments qu'on a mis sur la table, sur lesquels
nous avons posé des questions. Et ce pourquoi nous avons mis un groupe de
travail, qui est d'ailleurs constitué de gens très compétents, de très bon niveau, c'est pour nous assurer qu'on
fasse le tour de l'ensemble de la question. Est-ce que l'effort doit être de 10 %? De 15 %?
Est-ce qu'on doit changer les règles du jeu? C'est ce à quoi nous travaillons.
Je...
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M. François Legault
M.
Legault : M. le Président, il y a déjà sept mois de passés, là,
dans l'année financière. Donc, chaque mois qui passe, c'est un mois de
moins pour pouvoir réduire les dépenses.
M.
le Président, ça fait un an que les commissions scolaires rient de la première
ministre. La semaine passée, elle a déposé un projet de loi. La réponse
de Mme Bouchard, ça a été de dire : Il reste juste à couper dans les
services aux élèves. Quand la première
ministre va-t-elle refuser de... ou d'arrêter de faire rire d'elle par les
commissions scolaires?
Le Président :
Mme la première ministre.
Mme Pauline Marois
Mme
Marois : Je trouve ça assez ordinaire, M. le Président,
comme question. Honnêtement, là... D'abord, un, on a très clairement dit
aux commissions scolaires quelles étaient nos attentes. On veut qu'ils se
gèrent avec rigueur. Ils ne peuvent
transférer les dépenses qui sont affectées... c'est-à-dire qui sont payées par
la taxe scolaire, ils ne peuvent pas transférer cela vers les services,
ils ne peuvent pas couper dans les services. Ils sont...
Une voix :
...
Mme
Marois :
Non, ils ne peuvent pas le faire. Et il me semble qu'un ancien ministre de
l'Éducation commelui devrait savoir
ça, M. le Président. Alors donc, qu'ils arrêtent de faire du chantage, ce n'est
pas ça qu'elles doivent
faire, M. le Président. Et le chef du deuxième groupe d'opposition embarque
dans cela. Je trouve ça inacceptable, M. le Président.
Le Président : Principale.
Mme la députée de Montarville.
Réglementation du prix des livres
neufs imprimés et numériques
Mme Nathalie Roy
Mme Roy
(Montarville) : Oui, bonjour, M. le Président. Vous savez,
ça fait un an que le ministre de la Culture jongle avec l'idée
d'implanter un prix unique du livre neuf. On sait que l'ex-ministre de la
Culture, elle est pour, mais les citoyens attendent toujours la réponse du
gouvernement.
La Coalition
avenir Québec est le seul parti à s'être clairement prononcé contre, parce que
ça va pénaliser injustement les consommateurs, ça va nuire à
l'accessibilité des livres et ça n'aidera pas les librairies indépendantes à
relever le défi du numérique.
Alors, soyons
clairs, le prix unique du livre est un frein à la lecture, il fera augmenter
les prix. D'ailleurs, selon l'éditorialiste
Alain Dubuc, ça équivaut à une forme de taxation régressive. Alors, pour
l'ouverture du Salon du livre de Montréal, le gouvernement peut-il enfin
annoncer qu'il va laisser tomber le prix unique du livre et trouver d'autres
moyens pour aider les librairies indépendantes?
Le Président : M. le ministre
de la Culture.
M. Maka Kotto
M. Kotto : M. le Président,
comme je l'ai dit la semaine dernière, le gouvernement s'est saisi d'un dossier
sensible relatif à la situation
précaire de notre réseau de librairies indépendantes. Nous avons, à l'instar de
ce que nous avions annoncé durant la campagne électorale, tenu une commission
parlementaire sur la pertinence de réguler le prix
plancher sur les prix de livres neufs physiques et numériques. Il y eut de
nombreux témoins avec des arguments très pertinents de part et d'autre
quant aux perspectives de légiférer là-dessus ou le contraire.
Actuellement, le gouvernement gouverne, et le
dossier chemine de comité ministériel en comité ministériel. Nous avons une
approche rigoureuse dans le travail que nous avons à fournir sur ce plan.
Merci.
Le Président : Première
complémentaire, Mme la députée de Montarville.
Mme Nathalie Roy
Mme Roy
(Montarville) :
Alors, ça chemine, ça chemine. Je vais éclairer le ministre.
Il y a plusieurs intervenants
qui se sont prononcés contre le prix unique du livre. La fondation Chagnon
craint que ça réduise l'accès aux livres jeunesse
pour les familles défavorisées. Des auteurs connus sont maintenant
contre. Marie Laberge, qui avait pourtant défendu l'idée, a déclaré, à
l'émission Tout le monde en parle, qu'elle est en train de virer son
capot de bord.
Le ministre
de la Culture a eu un an, un an pour réfléchir. Alors, aujourd'hui, il doit dire non au prix unique du livre.
Le Président : M. le ministre
de la Culture.
M. Maka Kotto
M. Kotto : M. le
Président, pour la gouverne de ma
collègue, la commission parlementaire s'est tenue au mois d'août jusqu'au début du mois de septembre. Ça ne
fait pas un an. Bref, ce que je dirai pour la rassurer, c'est que nous avons à coeur l'idée de sauver notre réseau de
bibliothèques indépendantes... de librairies indépendantes, dis-je, et
nous allons y arriver de façon structurée et équilibrée.
Le Président : Deuxième
complémentaire, Mme la députée de Montarville.
Mme Nathalie Roy
Mme Roy
(Montarville) :
Alors, on ne sait toujours pas où loge le gouvernement. Au printemps dernier,
un sondage Léger Marketing démontrait que 65 % des Québécois, 65 %,
n'en voulaient pas, on ne voulait pas de cette réglementation du prix pour les
nouveaux livres. De plus, ce qui est ressorti lors de cette commission, et j'y
étais, eh bien, c'est que la menace des
petites librairies, ce n'est pas les magasins à grande surface, mais la
concurrence du numérique.
Alors, face à
cette réalité du marché, qu'est-ce que le ministre va faire pour aider
l'industrie du livre à prendre le virage du numérique?
Le Président : M. le ministre
de la Culture.
M. Maka Kotto
M. Kotto : C'est très simple,
M. le Président, nous allons incessamment, sous peu proposer des...
Des voix : …
M. Kotto : …proposer des
mesures structurantes et porteuses pour notre réseau de librairies
indépendantes.
Le Président : Principale, M.
le député de Louis-Hébert.
Impact des décisions du gouvernement sur l'économie
M. Sam Hamad
M.
Hamad : Dans le
budget péquiste, le ministre des Finances disait...
Des voix : ...
Le Président : Principale, M.
le député de Louis-Hébert.
M.
Hamad :
Merci, M. le Président. Dans le budget péquiste, le ministre des Finances
disait haut et fort : Notre gouvernement agit en misant sur
l'investissement privé. Depuis, ils ont coupé dans tous les ministères à
vocation économique. Ils ont coupé dans Recherche et Innovation, dans Commerce
extérieur, dans Politique industrielle, dans Ressources naturelles.
Les deux navires amiraux de la politique
économique du budget du PQ, c'est le congé fiscal pour des projets de 300 millions, dont aucune entreprise n'en
a bénéficié encore, de ce congé, et la Banque de développement, la tour
de Babel que vous connaissez bien, une tour
ingouvernable. Les deux ont fini par couler. Tout ce qu'il reste du
développement économique, M. le Président, c'est le papier à lettre, c'est la
limousine et le titre.
Un an plus
tard, l'économie va moins bien, les investissements des entreprises sont en
baisse au Québec alors qu'ils augmentent ailleurs. Un an plus tard,
pouvez-vous au moins admettre votre échec? Pouvez-vous admettre que le titre de
votre budget aurait dû être Un gouvernement qui agit pour tuer
l'investissement privé?
Le Président : M. le ministre
des Finances.
M. Nicolas Marceau
M. Marceau :
O.K. Alors, c'est l'occasion pour le député de Louis-Hébert d'emprunter la
calculatrice de son confrère à sa droite. Alors, écoutez, j'ai déjà eu,
ce matin, l'occasion de parler d'au moins deux indicateurs qui sont,
habituellement, en tout cas, utilisés pour juger de la performance d'une
économie.
L'emploi,
encore une fois, 53 000 emplois de plus, 10 mois sur 10 mois. C'est
l'indicateur qui était utilisé par notre
collègue Raymond Bachand, dont on ne parle pas beaucoup aujourd'hui, mais on
aurait pu en parler encore, donc qui était l'indicateur qui était
utilisé dans les budgets de notre ex-collègue Raymond Bachand. C'est les
indicateurs qu'on a mis, nous aussi. Et on avait prévu, pour 2013, 45 000,
on est à 53 000. M. le Président, on est en avance. On va commencer
là-dessus.
Par ailleurs, sur les exportations, j'ai eu l'occasion
de le dire, mais je peux bien le redire encore, on est… on fait mieux
que le reste du Canada : 3,9 % en septembre comparé à 1,7 %;
4,5 % sur les neuf premiers mois de l'année.
Capital de risque, on l'a dit aussi, au Québec,
on s'accapare la moitié du capital de risque au… La proportion canadienne, là,
c'est 49 % au premier trimestre, 51 % au deuxième trimestre de 2013.
Alors, écoutez,
M. le Président, ils sortent des chiffres de je ne sais où. Moi, je prends des
chiffres…
• (10 h 40) •
Le Président : En terminant.
M. Marceau :
…des publications officielles. Et j'aimerais en profiter, M. le Président, pour
dire qu'on a des agences de statistiques… Ah bien, je vais revenir.
Le Président : Première
complémentaire, M. le député de Louis-Hébert.
M. Sam Hamad
M.
Hamad : M. le
Président, ça va tellement bien qu'on a un déficit de
2,3 milliards. Ça va tellement bien,
depuis le mois d'octobre, seulement 2 000 emplois créés par rapport à
43 000 emplois qu'il a prévu faire dans son budget. Ça va tellement bien qu'on a coupé partout, M.
le Président. Ça va tellement bien que les investissements privés sont à la baisse, la confiance des citoyens, des consommateurs, c'est
à la baisse. Qu'est-ce qui va bien, M. le Président? Je ne le sais pas.
Puis je pense que c'est juste dans sa tête, dans sa tête de ce gouvernement-là.
Est-ce que vous pouvez
garantir, aujourd'hui, devant tout le monde, que ça va tellement bien que vous
allez équilibrer le budget…
Le Président : M. le ministre
des Finances.
M. Nicolas Marceau
M. Marceau : Je vais aller
sur la forme, là, pour cette fois-ci, M. le Président.
Ce que je voulais dire… ce que je
voulais dire, à ma réponse précédente, c'est
qu'il existe une telle chose au Québec que l'Institut de la statistique
du Québec. Et j'en profite parce que c'est le 100e anniversaire de l'institut,
j'aimerais le dire, et c'est important parce qu'on a… C'est important,
parce qu'ils fournissent une information de qualité, des informations qui
permettent au gouvernement de prendre
des décisions éclairées, des décisions informées. J'aimerais que l'opposition
aussi s'informe et s'éclaire en utilisant les statistiques de l'Institut de la statistique du Québec, et ils
comprendraient que, sur l'emploi, sur les exportations, sur les
investissements, ça va correctement, ça va bien au Québec, M. le Président.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le député Louis-Hébert.
M. Sam Hamad
M.
Hamad :
M. le Président, on a justement un gouvernement de forme, et, le fond, il n'y a
rien, c'est le fond… Dans le fond,
là, ils sont dans le fond de la rivière, M. le Président. C'est 2,3 milliards de déficit. Ça va bien, M. le
Président. Qu'il sorte un peu de son bureau
puis qu'il lâche sa calculatrice supposée donner des bons calculs.C'est 2,3 milliards
de déficit actuellement. C'est 2 000 emplois seulement créés depuis le
mois d'octobre, là, depuis un an, là. Selon vos statistiques, à vous, là, c'est
2 000 emplois dans le privé…
Le Président : M. le ministre
des Finances.
M. Nicolas Marceau
M. Marceau :
Bien, je vais juste en profiter pour rappeler la politique économique, M. le
Président, pour que, là aussi, il sache que nous agissons, alors qu'eux
autres n'ont rien fait pendant de nombreuses années.
Alors, la
politique économique, qui va permettre la
création sur trois ans de 43 000 emplois supplémentaires qui vont
s'ajouter à ceux qui auraient été créés autrement, bien, au total :
115 000 emplois, M. le Président. À ça, on peut ajouter les 16 000 emplois qui seront créés par l'accord de
libre-échange Union européenne-Canada. Il y a, sur la période, 7,5 millions de
dollars d'investissement. Le PIB du Québec va augmenter de
3 milliards de dollars. M. le Président, nous agissons. Et, je le
répète, ils ont laissé faire. Ils ont laissé les emplois se perdre. Ils ont
laissé des pertes d'emploi se faire. Ils ont laissé…
Le Président : En terminant.
M. Marceau :
Nos dépenses auraient été diminuées. Ils ont laissé nos exportations diminuer.
Nous autres, on…
Des voix : …
Le Président : Bien, je n'ai
personne qui se lève.
Des voix : …
Le Président : Est-ce qu'il y
aurait quelqu'un qui a une question à poser?
Des voix : …
Le Président : Alors, Mme la
députée de Gouin. Il faut se lever. En
principale.
Pertinence d'une réglementation
du prix
des livres neufs imprimés et numériques
Mme Françoise David
Mme David :
Oui. M. le Président, je pense que, si la population du Québec savait qu'en
laissant aller les choses dans le
domaine de la réglementation du prix du livre neuf les multinationales vont
prendre le contrôle de cette industrie comme elles l'ont fait en Angleterre
et aux États-Unis, les Québécois sauraient en même temps que le prix du livre
neuf va augmenter parce que ce sont les multinationales qui vont fixer les
prix. Le gouvernement sait ça aussi. Le ministre de la Culture le sait, il y a
tellement d'acteurs qui sont venus lui dire
durant la commission parlementaire.
Le Salon du livre de Montréal ouvre ce soir. Les
acteurs du milieu ont obtenu un large consensus, du
jamais-vu dans le milieu du
livre. Depuis deux ans, ils réclament une réglementation du prix du livre neuf.
Je demande au ministre de la Culture : Quand est-ce qu'il va
déposer son projet de loi?
Le Président :
M. le ministre de la Culture.
M. Maka Kotto
M.
Kotto : M. le Président, à l'aune de ce que j'entends de la CAQ
et de Québec solidaire, je crois qu'il y a un équilibre qui se dessine.Alors, vous pouvez
facilement faire la projection de l'exercice qui s'impose relativement à
la réponse que nous allons donner dans le cadre de la commission qui s'est
tenue aux mois d'août et septembre.
La
commission portait sur la pertinence de réguler sur le prix plancher du livre
neuf et physique, pas sur un projet de loi. Alors, s'il y a lieu d'aller
de l'avant pour sauver ce réseau de librairies indépendantes, nous allons
arriver bientôt, incessamment, sous peu avec des solutions... avec des
solutions structurantes et porteuses.
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée de Gouin.
Mme Françoise David
Mme David :
Je soumets au ministre de la Culture que la question n'est pas seulement,
quoiqu'elle soit importante, de sauver la
librairie indépendante, la question est aussi de sauver la diversité des livres
au Québec, que le livre de poésie se
vende autant que vont se vendre les best-sellers, parfois québécois, parfois
américains, parfois européens. C'est ça aussi, la question. Et c'est une
question de préservation et de développement de la culture du Québec, une
question qui devrait sourire au ministre de la Culture.
Je lui demande
donc : C'est quand, le projet de loi?
Le Président :
M. le ministre de la Culture. Et j'aimerais que ce soit un peu plus silencieux,
s'il vous plaît. M. le ministre.
M. Maka Kotto
M.
Kotto : M. le Président, en tout respect, ma collègue de Québec
solidaire n'a pas le monopole de la sensibilité vis-à-vis de l'enjeu qui occupe nos librairies indépendantes. Nous
sommes effectivement préoccupés par ce qui arrive, par ce qui est et ce qui arrive, notamment la menace
du numérique, les ventes en ligne, et nous allons… Et, j'insiste là-dessus,
ce n'est pas ici que je vais débattre de la position que nous allons adopter
bientôt. Nous allons, en temps et lieu, dire où nous logeons dans ce dossier.
Mais il y a effectivement lieu d'apporter une solution équilibrée, M. le
Président…
Le Président :
En terminant.
M. Kotto :
…sans pencher ni du côté de la CAQ ni du côté de Québec solidaire.
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la députée de Gouin.
Mme Françoise David
Mme
David : L'auteur Michel Tremblay, que nous aimons tous, je suis
certaine, en cette Chambre, a dernièrement décidé d'affronter avec courage et audace une multinationale arrogante
qui s'appelle Costco. J'aimerais voir le ministre de la Culture et son gouvernement faire preuve de la
même audace. Et je lui demande une fois de plus : Quand est-ce
qu'il va réglementer le prix du livre neuf, sachant que c'est l'un des
ingrédients pour la protection du livre au Québec?
Le Président :
M. le ministre de la Culture.
M. Maka Kotto
M.
Kotto : Si j'entends bien la question de ma collègue de Gouin,
elle parle de réglementation du prix du livre neuf. C'est une piste à
évaluer, et nous nous prononcerons en temps et lieu sur la question.
Le Président :
Principale, Mme la députée de l'Acadie.
Appui financier au milieu culturel
Mme Christine St-Pierre
Mme
St-Pierre : Merci,
M. le Président. Un an après le dépôt du budget péquiste, le secteur culturel
se détériore. C'est la déception. En
campagne électorale, la première ministre avait promis 90 millions de
dollars d'argent neuf, promesse qu'elle a réitérée
dans son discours inaugural. Pour le Conseil des arts et des lettres,
l'engagement était de 13 millions de dollars de plus.
Récemment,
une rencontre entre le ministre et le mouvement des arts et des lettres s'est
soldée dans l'amertume, mouvement qui
représente 10 000 artistes. Je cite le communiqué : «…cet engagement
n'a été ni rempli ni même évoqué dans le dernier budget de novembre[…],
"ce qui a été une grande déception dans le monde des arts et des
lettres…"» Bref, le budget a ignoré le milieu culturel, un gros zéro.
Le ministre tente de gagner du temps, multiplie
les comités. Un an plus tard, peut-il nous dire où est passé le soutien au
milieu culturel?
Le Président : M. le ministre
de la Culture.
M. Maka Kotto
M. Kotto :
M. le Président, le soutien au milieu culturel a été hypothéqué, hypothéqué par
celle qui m'a précédé à la tête de ce ministère. Et je vous dis
pourquoi. Il y eut, au ministère de la Culture et des Communications, ce qu'on
a qualifié de réserve ministérielle. C'était
un fonds qui cumulait, en moyenne, à hauteur de 20 millions de dollars par
année depuis l'année 2006. Et ce fonds a été programmé pour être aboli pour
l'exercice… pour disparaître pour l'exercice 2012-2013. Au moment où nous
arrivions, en fait, au pouvoir, nous étions pris avec ce manque à gagner.
De cet argent, qu'on peut évaluer à
150 millions de dollars à peu près, pendant son passage et de celui qui
l'a précédée, on peut évaluer le montant à
150 millions, aucun sou n'a été pour supporter ceux que soutient le
Mouvement des arts et lettres du Québec, ceux que soutient le MAL. Pour les
créateurs : zéro dollar. Alors, aujourd'hui, nous faisons avec cet état de fait. Et, M. le Président, nous avons
pris des engagements, pas pour les régler, pas pour les réaliser en une
année. Nous sommes là… Nous avons été élus pour quatre ans. Merci, M. le
Président.
• (10 h 50) •
Le Président : Première
complémentaire, Mme la députée de l'Acadie.
Mme Christine St-Pierre
Mme
St-Pierre : M. le
Président, le PQ coupe sans gêne en
culture. Des exemples, en voilà : pas un sou, cette année, pour le
patrimoine religieux; il n'a pas reconduit les 2,5 millions de dollars
destinés aux 47 musées en région; l'INIS,
l'Institut national de l'image et du son, a été coupé de 250 000 $. Et les ministres péquistes
étaient nombreux, sans gêne, sur le tapis rouge de l'ADISQ, qui a été
coupée de 900 000 $. Au lieu d'user leur tapis, pouvez-vous essayer
de leur venir en aide?
Le Président : M. le ministre
de la Culture.
M. Maka Kotto
M. Kotto :
M. le Président, je souhaiterais, par votre entremise, demander à la députée de
déposer la preuve que l'ADISQ a été coupée, d'une part.
Deuxième
chose, elle parle de musées. En 10 années, il ne s'est rien passé dans ce
secteur-là. Nous sommes les derniers à avoir posé un geste structurant
dans les musées en reconnaissant des musées. Pendant neuf ans, ils n'ont pas
reconnu un seul musée. Et nous avons tenu évidemment une table de travail, qui
a été conduite par M. Corbeau, qui nous a soumis son rapport récemment, avec
des pistes de réflexion intéressantes que nous sommes à évaluer…
Le Président : En terminant.
M. Kotto : …et c'est un
exercice qui va aboutir à quelque chose de plus porteur encore.
Le Président : Principale,
Mme la députée de Bellechasse.
Impact des décisions du
gouvernement
sur l'économie des régions
Mme Dominique Vien
Mme Vien : M. le Président,
un an après le dépôt du budget péquiste, l'économie des régions se détériore. Dans son budget, le gouvernement s'est engagé à
développer le Nord, à encourager l'investissement privé dans les mines
et à promouvoir le développement sectoriel. Un an plus tard, le taux de chômage
est en hausse dans 10 régions, les investissements miniers sont en baisse pour
la première fois en 10 ans, les investissements en exploration minière ont baissé de 28 %, les travailleurs de
l'aluminium sont inquiets, les travailleurs du secteur forestier craignent pour
leur avenir, les projets de minicentrales agonisent et le Plan Nord
n'existe plus.
Que le responsable de ce fiasco se lève et qu'il
nous dise comment il va réparer les torts causés dans toutes les régions du
Québec.
Le
Président : Mme la ministre des Ressources naturelles.
Mme Martine Ouellet
Mme
Ouellet :
Oui. Merci, M. le Président. Je crois que la députée libérale, lorsqu'elle
parle de dégâts dans les régions, elle sait exactement de quoi elle parle,
parce qu'ils étaient pros, au Parti libéral, pour faire des dégâts dans les
régions.
Depuis
que nous sommes là — et je
suis heureuse de la question, ça va me permettre de présenter... — nous avons tenu la table des
partenaires et nous avons fait le bilan du développement nordique. Depuis que
le gouvernement du Parti québécois est au
pouvoir, nous avons investi 1,1 milliard dans le développement nordique,
M. le Président. Nous avons investi
près de 420 millions pour le développement des communautés, que ce soit
l'éducation, le tourisme, les projets de développement économique pour les communautés nordiques, qu'ils puissent
faire des développements, pour les aînés. Nous avons investi au-delà de 500 millions dans les infrastructures
de transport, M. le Président. Nous avons également annoncé, dans la
politique de développement économique Priorité emploi, un 160 millions, un
160 millions qui va être pour la formation, l'éducation, pour de la
formation délocalisée, pour des travailleurs du côté des mines et un
20 millions pour une étude de préfaisabilité pour le chemin de fer qu'on
sait qu'il va être la colonne vertébrale du développement nordique, alors
qu'eux, leur projet du CN, il n'y avait rien d'attaché, rien n'a fonctionné.
Le Président :
En principale, Mme la députée de Trois-Rivières.
Fardeau fiscal des contribuables
Mme Danielle St-Amand
Mme St-Amand :
M. le Président, un an après le dépôt du budget péquiste, la situation des
familles du Québec se détériore. Lors du discours sur le budget, le PQ
disait : «…notre gouvernement est proche des familles québécoises. Nous avons pris l'engagement d'aider
celles qui ont de la difficulté à boucler leur budget.» Fin de la
citation.
Un an plus tard, les
familles doivent composer avec des hausses d'impôt sur le revenu, des hausses
de taxe scolaire qui augmentent le coût des loyers, des hausses de tarif
d'électricité et la certitude de devoir payer une taxe autonomie et une taxe
pharmacie. Ce que les Québécois savent aussi, M. le Président, c'est que le PQ
est incapable de créer de la richesse.
Est-ce
que la ministre de la Famille peut admettre que, dans son budget, le ministre
ne parlait pas d'un gouvernement proche des familles, mais bien d'un
gouvernement dans les poches des familles?
Le Président :
M. le ministre des Finances.
M. Nicolas Marceau
M. Marceau :
M. le Président, un certain nombre de choses à rectifier rapidement. Première
chose, on a transformé la taxe santé qui était régressive, qui faisait en sorte que tout le monde
payait 200 $ quel que soit le niveau de revenus,
puis on a remplacé ça par une contribution qui est progressive. Il y a 4 millions
de Québécois qui vont payer moins que
200 $. En fait, il y en a 2 millions qui ne
vont payer rien, puis 2 millions
qui vont payer 100 $ plutôt que
200 $, alors que, dans… Donc, on a 4 millions…
3 millions qui ont vu leur situation s'améliorer grâce à ce qu'on a fait.
Puis,
quant aux tarifs d'électricité, j'aimerais que les gens voient ce que ça aurait été et ce que ça sera. Ce que ça aurait été si on n'était pas intervenus, c'est ça ici; et ce que ça sera, c'est
5,8 %, possiblement, ça dépendra
de la Régie de l'énergie. Et là-dessus
j'aimerais que les gens sachent qu'il y a 2,7 % d'augmentation des tarifs
qui découle des projets éoliens mal ficelés
de l'ancien gouvernement. Alors, M. le Président, on a corrigé les choses avec
l'indexation des tarifs d'électricité plutôt
que la hausse de 0,01 $ qui avait été programmée par l'ancien gouvernement
avec l'appui de la CAQ. Par ailleurs, on a à vivre avec une hausse des tarifs, cette année, qui
découle des anciens projets éoliens mal ficelés de l'ancien gouvernement.
Alors, M. le Président, on corrige des choses ici.
Le Président :
Complémentaire? Complémentaire, Mme la députée de Trois-Rivières.
Mme Danielle St-Amand
Mme
St-Amand : M. le Président, les familles sont étouffées par les
hausses de taxes et de tarifs de cegouvernement
qui sont imposées.
Pour
toutes les familles du Québec qui ont de la misère à joindre les deux bouts et
que le ministre des Finances accuse de trop épargner, est-ce que le PQ
peut renoncer aux nouvelles hausses de taxes foncières, à la nouvelle taxe
pharmacie et à la nouvelle taxe autonomie, qui menacent les familles du Québec?
Le Président :
M. le ministre des Finances.
M. Nicolas Marceau
M. Marceau :Bon, M. le Président, écoutez, je vais
recommencer. J'ai un beau tableau ici, là. D'ailleurs, juste que ça soit
très clair, là, pour tout le monde, là, si nous n'étions pas intervenus, si nous n'étions pas intervenus, les tarifs
auraient augmenté de 20 % à cause de vous puis à cause de vous, l'autre
bord, là. C'est ça qui serait arrivé. Et,
grâce à nous, ça va être l'indexation plutôt qu'une hausse de 0,01 $ pour
tout le monde. Première des choses.
Deuxièmement, ils ont été tellement mauvais, de
l'autre bord, que les prix des contrats éoliens s'élevaient à des chiffres
comme 0,13 $, M. le Président, par kilowattheure. Avec nous, ça ne se
reproduira pas, on va développer notre économie avec des tarifs qui ont du bon
sens…
Des voix : …
Le Président : S'il vous
plaît!
M. Marceau : Et, si on
n'était pas passés par là, M. le Président, encore une fois…
Le Président : En terminant.
M. Marceau : …ça aurait été
8,8 % d'augmentation. On a fait ce qu'il
fallait, de notre côté.
Le Président : Principale, M. le chef de l'opposition.
Atteinte des objectifs en matière d'équilibre
budgétaire
M. Jean-Marc Fournier
M.
Fournier : M. le Président, je pense que, ce matin, une journée
après… un an après le dépôt du budget, on a fait une preuve… enfin, le
gouvernement, surtout,
a fait la preuve du déni dans lequel ils veulent s'enfoncer sans cesse. On a
entendu la première ministre nous dire — franchement,
elle l'a dit : L'économie va bien. Elle nous l'a répété. Honnêtement, là,
on pourrait oublier les 125 personnes ici, puis demander juste ceux qui
écoutent ça à la télévision : Comment c'est
possible d'avoir une cible de déficit zéro
qui est rendue à 2,3 milliards de dollars et
dire franchementà la caméra :
Ça va bien? On a un ministre des Finances qui a dit : Notre PIB augmente,
c'est fantastique. Comment ça se fait que la prévision qu'il avait faite
est rendue maintenant à 0,8 %?
Comment c'est
possible d'avoir un gouvernement qui veut éviter de
dire la vérité?Quand tu ne veux pas
l'admettre, tu ne peux pas travailler pour
éviter et corriger le problème. Aujourd'hui,
il n'y a plus de cible de déficit. La première ministre n'a plus aucune cible. 2 milliards? 3 milliards?
4 milliards? Ce n'est pas grave, on n'a pas de cible.
Je lui
demande ceci : Aujourd'hui, dites aux Québécois quelle est votre cible de
déficit pour arrêter d'en pelleter par-dessus et déposez-nous un plan de
retour à l'équilibre avec la mise à jour au
plus vite.
Le Président : Mme la
première ministre.
Mme Pauline Marois
Mme
Marois : Bon, là, M.
le Président, le chef parlementaire de l'opposition officielle confond beaucoup
de choses. On va remettre les pendules à
l'heure. Mais il y a une première chose qu'on va lui dire cependant
et que je vais dire à ceux qui ont
formé le gouvernement précédent sous le Parti libéral : 30 %
de toute la dette accumulée du Québec
l'a été sous la gouverne du Parti libéral du Québec, M. le
Président. Et, quand le chef de l'opposition officielle se lève, M.
le Président, et qu'il nous… et qu'il confond la
question des déficits et la question de l'économie
du Québec et de sa bonne santé, je crois
qu'il aurait besoin de quelques conseils de Raymond Bachand, qui n'est plus là, malheureusement, M. le
Président, pour lui et pour le Parti libéral.
Alors, écoutez, moi, je ne les invente pas, les chiffres.
L'Institut de la statistique du Québec…
Des voix : …
Le
Président : S'il vous plaît! La question a été posée dans les
formes et dans les normes, j'aimerais entendre la
réponse.
• (11 heures) •
Mme
Marois :
Alors, je n'invente pas les chiffres, M. le Président, je les prends de
l'Institut de la statistique du Québec,
des différentes institutions qui nous apportent des données. Nous avons un taux de chômage qui est
l'un des plus bas qu'on n'a jamais
connu, on est à 1/10 de 1 % de
l'Ontario. On a une progression de nos exportations qui est du double de celle qui est connue dans le reste du Canada.
On a investi 50 % de tout le capital de risque canadien, 50 % se fait
au Québec, M. le Président. Il y a
aujourd'hui au travail 4 millions de travailleurs et de travailleuses, du
jamais-vu, M. le Président.
Alors, je veux bien, un, qu'il nous pose des
questions sur le déficit, et nous y viendrons, M. le Président. Cependant, je
veux dire à ce parti...
Le
Président : En terminant.
Mme
Marois :
...que nous avons agi sur l'économie, nous allons continuer de le faire par nos
politiques sur l'emploi, ce qu'ils n'ont jamais...
Le Président :
Cela met fin à la période de questions et de réponses orales.
Motions sans préavis
La Vice-Présidente
(Mme Poirier) : Alors, nous en sommes à la rubrique des motions
sans préavis, et, en fonction de nos règles, je reconnais maintenant le député
de Fabre.
Exprimer l'inquiétude de l'Assemblée face à la
détérioration
des conditions de sécurité et d'indépendance dans lesquelles
oeuvrent les magistrats, avocats et officiers de justice en Haïti
M.
Ouimet (Fabre) : Merci, Mme la Présidente. Je sollicite le
consentement de cette Assemblée afin de présenter et débattre la motion suivante conjointement avec
le ministre de la Justice, le député de La Prairie, le député de
Blainville et le député de Mercier :
«Que l'Assemblée
nationale exprime son inquiétude face à la détérioration des conditions de
sécurité et d'indépendance dans lesquelles
oeuvrent les magistrats, avocats et officiers de la justice en Haïti et
souligne son espoir que les tensions qui prévalent dans le pays en ce
moment se résolvent de façon pacifique et démocratique.»
Merci, Mme la
Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Poirier) : Alors, est-ce qu'il y a
consentement pour débattre de cette motion? M. le leader adjoint.
M. Traversy :
Mme la Présidente, il y a consentement sans débat pour la motion.
Mise aux voix
La Vice-Présidente
(Mme Poirier) : La motion est adoptée?
Des voix :
Adopté.
La Vice-Présidente
(Mme Poirier) : Adopté. Monsieur... oui.
M.
Ouimet
(Fabre) : …qu'on transmette la motion à l'ambassadeur d'Haïti?
La
Vice-Présidente (Mme Poirier) : Bien sûr, la motion sera
transmise. Alors, maintenant, je reconnaîtrais la députée de
Charlesbourg.
Mme
Trudel : Mme la Présidente, je demande le consentement pour
déposer la motion suivante conjointement avec le député de Papineau et
le député de Blainville :
«Que l'Assemblée
nationale exige du gouvernement qu'il dépose tous les documents liés au
Programme de soutien aux installations sportives et récréatives — phase
II, notamment la liste des projets reçus, la liste des projets rejetés et
retenus [ainsi que] les critères qui ont permis la sélection de ces projets.»
La Vice-Présidente
(Mme Poirier) : Est-ce qu'il y a consentement pour débattre de
cette motion?
M. Traversy :
Mme la Présidente, il n'y a pas de consentement pour cette motion.
La
Vice-Présidente (Mme Poirier) : Alors, il n'y a pas de
consentement. Je reconnaîtrais maintenant Mme la ministre déléguée aux
Services sociaux et à la Protection de la jeunesse.
Souligner la Semaine des centres jeunesse
Mme
Hivon : Mme la Présidente, je sollicite le consentement des
membres de cette Assemblée afin de présenter, conjointement avec la
députée de Gatineau, la députée d'Arthabaska, le député de Mercier et le député
de Blainville, la motion suivante :
«Que l'Assemblée nationale
souligne la Semaine des centres jeunesse, qui se déroule du 17 au 23 novembre;
«Qu'elle salue le
travail remarquable qu'accomplissent au quotidien depuis 20 ans les équipes des
16 centres jeunesse du Québec auprès des jeunes en difficulté ou qui sont en
situation de vulnérabilité;
«Qu'elle leur exprime sa
reconnaissance pour toute l'énergie qu'elles consacrent à ces milliers de
jeunes qui, chaque année, fréquentent les centres jeunesse en quête d'un
soutien humain et chaleureux, et qui, grâce à [cet] encadrement, ont la
possibilité de s'épanouir et de réaliser leurs rêves.»
La
Vice-Présidente (Mme Poirier) : Est-ce qu'il y a consentement
pour débattre de cette motion? M. le leader du gouvernement.
M. Traversy : Mme la
Présidente, il y a consentement pour débattre de cette motion pour un temps de
parole d'approximativement une minute.
La Vice-Présidente (Mme Poirier) :
Mme la leader de l'opposition officielle.
Mme
Thériault : Il n'y a pas eu de consentement à ces précédentes
motions, il n'y en a pas sur celle-là non plus. Pas de consentement.
La
Vice-Présidente (Mme Poirier) : Alors, il n'y a pas de
consentement. Est-ce qu'il y a consentement pour... Il n'y a pas de
consentement pour débattre? D'accord.
Mise aux voix
Est-ce que la motion est adoptée?
Des voix : Adopté.
La Vice-Présidente (Mme Poirier) :
Adopté. M. le député de Mercier.
Demander au
gouvernement, dans le cadre des travaux
entourant l'assurance autonomie, d'assurer la gratuité
des services de maintien à domicile aux personnes âgées et
aux malades dont le revenu annuel est de moins de 20 000 $
M. Khadir : Merci, Mme la Présidente. Je demande
le consentement de la Chambre pour débattre de la motion suivante :
«Que, dans le
cadre des travaux entourant l'assurance autonomie, l'Assemblée nationale
demande au gouvernementd'assurer la
gratuité des services de maintien à domicile
aux personnes âgées et aux malades ayant un revenu disponible de moins de 20 000 $ par année, tel que le réclame le Conseil du statut de
la femme dans son mémoire rendu public hier.»
La Vice-Présidente (Mme Poirier) :
Alors, est-ce qu'il y a consentement pour débattre de cette motion?
M. Traversy : Mme la
Présidente, il y a consentement sans débat pour la motion.
Mise aux voix
La Vice-Présidente (Mme Poirier) :
La motion est adoptée?
Des voix : Adopté.
La
Vice-Présidente (Mme Poirier) : Adopté. Alors, une motion sans
préavis ayant déjà été présentée par le groupe parlementaire formant le gouvernement, je demande votre consentement
pour déroger à l'article 84.1 afin de permettre la lecture d'une autre
motion sans préavis. Mme la leader adjointe de l'opposition.
Mme
Thériault : C'est pour savoir si c'est concernant les
consultations particulières sur le projet de loi n° 61, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Poirier) :
C'est bien cela.
Mme Thériault : Il n'y a pas
de consentement, il y a encore des discussions entre les leaders.
La
Vice-Présidente (Mme Poirier) : Excellent. Alors, il n'y a pas
de consentement pour débattre de cette motion.
Avis touchant les
travaux des commissions
Nous
poursuivons. Nous en sommes maintenant à la rubrique Avis touchant les travaux
des commissions. M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Traversy : Merci, Mme la Présidente. J'avise cette Assemblée
que le ministre de la Justice sera encore au boulot pour cette journée avec la Commission des institutions, qui
poursuivra l'étude détaillée à l'égard du projet de loi n° 28, Loi
instituant le nouveau Code de procédure civile — on m'a dit que les
travaux allaient de bon train — aujourd'hui, de 15 heures à
18 heures, à la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine;
La Commission de la santé et des services
sociaux, quant à elle, poursuivra les consultations particulières et les
auditions publiques sur le document intitulé L'autonomie pour tous,
livre blanc sur la création d'une assurance autonomie,
aujourd'hui, après les affaires courantes pour une durée de deux heures ainsi
que de 15 heures à 18 h 15, à la salle
Louis-Joseph-Papineau.
La
Vice-Présidente (Mme Poirier) : Alors, est-ce qu'il y a
consentement pour déroger à l'article 143 du règlement concernant
l'horaire des travaux des commissions? Il y a consentement.
Alors, pour ma part, je vous avise que la
Commission des finances publiques se réunira aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à 13 heures et de 15 heures
à 18 heures, à la salle du Conseil législatif. L'objet de cette
séance est de procéder à l'étude
trimestrielle de la politique budgétaire du gouvernement et de l'évolution des
finances publiques.
Renseignements sur les
travaux de l'Assemblée
Nous en sommes maintenant à la rubrique
Renseignements sur les travaux de l'Assemblée.
Une voix : …
Avis de sanction du
projet de loi n° 41
La
Vice-Présidente (Mme Poirier) : Merci. Alors, je vous informe
qu'il y aura sanction du projet de loi n° 41, Loi modifiant la Loi
sur la fonction publique principalement en matière de dotation des emplois,
aujourd'hui, à 15 h 30, au bureau de Son Honneur le
lieutenant-gouverneur.
Affaires du jour
La période des affaires courantes étant
terminée, nous allons maintenant passer aux affaires du jour. M. le leader du
gouvernement.
M. Traversy : Merci, Mme la
Présidente. Alors, pour la suite de nos travaux, je vous demanderais d'appeler,
comme il se doit, l'article 6 de notre feuilleton.
Projet de loi
n° 37
Reprise du débat sur
l'adoption du principe
La Vice-Présidente (Mme Poirier) :
Alors, l'Assemblée reprend le débat ajourné le 19 novembre 2013 sur l'adoption
du principe du projet de loi n° 37, Loi interdisant certaines
activités destinées à rechercher ou à exploiter du gaz naturel dans le schiste.
Alors, je suis prête à reconnaître le prochain intervenant. M. le député de
LaFontaine.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Alors, effectivement, le débat de principe concernant le projet de loi n° 37, loi qui a pour titre,
Mme la Présidente — des
termes, évidemment, qui traduisent les griefs que nous pourrions, le cas
échéant, avoir concernant le projet de loi — Loi interdisant — donc,
les deux premiers mots — Loi
interdisant certaines activités destinées à
rechercher… Loi interdisant à rechercher, déjà, au départ, Mme la
Présidente, il y a une disposition d'esprit, il y a une vision gouvernementale
qui est traduite là par ce titre qui n'est pas anodine et qui, essentiellement,
résume bien les griefs que nous avons quant au fond des choses. Donc, Loi — je
vais dire le titre au complet — interdisant certaines activités destinées
à rechercher ou à exploiter du gaz naturel dans le schiste.
Alors, Mme la
Présidente, nous en sommes à un débat de principe qui suit un dépôt initial du
projet de loi qui avait eu lieu en
mai, donc la date précise étant le 15 mai 2013, Mme la Présidente. Dépôt,
présentation du projet de loi, et par la suite, évidemment, c'est clair,
il y a des visions contradictoires qui s'affrontent. Le gouvernement veut un
moratoire. Le gouvernement veut interdire la
recherche, c'est dans le titre. Ils ont des arguments auxquels nous voulons
répondre, mais, avant, Mme la Présidente, de
faire un débat qui soit éclairé sur une question, on le sait, qui a occupé
beaucoup, beaucoup les médias, qui, à raison, préoccupe les citoyennes
et les citoyens, qui, à raison…
• (11 h 10) •
Effectivement,
on doit reconnaître tout le potentiel économique lié à la recherche et, le cas
échéant, à l'exploitation, de façon responsable, du gaz naturel. Il est
important, donc, d'avoir une idée éclairée non seulement sur l'aspect
scientifique…. Et je reviendrai un peu plus tard, Mme la Présidente, sur les
études d'évaluation environnementale stratégique, mais d'avoir non seulement
une vision éclairée, scientifique sur le sujet quant à la façon responsable
d'exploiter, la façon, évidemment, responsable, une fois que nous avons trouvé
les gisements, comment les exploiter, mais également préoccupation
de toutes les citoyennes et les citoyens qui seraient touchés dans leur
environnement immédiat. C'est important,
donc, que tout le monde soit à la même page dans un débat, qui, on l'a vu
encore une fois, dès 2010-2011, un
débat qui a fait couler beaucoup d'encre, et nous devons continuer à avancer,
mais de façon responsable.
Et,
en ce sens-là, dans le dépôt… ou suivant le dépôt du projet de loi n° 37,
il y a eu une demande. Le 15 mai, dépôt du projet de loi n° 37.
Deux jours plus tard, nous, de l'opposition officielle, nous avons soumis une
proposition de groupes de personnes, de citoyens et citoyennes que nous
voulions entendre en consultation, des consultations particulières. Pourquoi
particulières, Mme la Présidente? Et, de un, pourquoi consulter? Je viens d'en
faire état. Mais pourquoi particulières? Parce que, dans le projet de loi dont
nous avons pris connaissance, donc, évidemment, à son dépôt le 15 mai, le projet de loi contient
l'annexe I, où nous avons la liste de 33 MRC, Mme la Présidente, une
paroisse et 18 villes, le territoire...
Parce qu'il s'agit de proposer ici un moratoire, mais un moratoire d'une durée
maximale de cinq ans sur un territoire donné, il est bien important et
déterminant, nous le croyons, de l'opposition officielle, d'entendre les
personnes qui seront visées sur le territoire et visées dans le temps
également, faire en sorte de les entendre. Et ça, c'est le processus normal,
Mme la Présidente.
Nous
avons fait quelques recherches rapides. Sur 29 projets de loi déposés, 24 ont
fait l'objet de consultations, qu'elles soient générales ou
particulières, avant qu'il y ait un débat sur l'adoption de fond et avant,
évidemment, que l'on aille sur le principe
et que l'on aille par la suite, évidemment, article par article. Donc, avant
l'adoption de principe, Mme la Présidente, il est important pour nous,
comme nous l'avons fait dans 24 cas sur 29, il est important, avant d'adopter
le principe, d'entendre les gens et de faire en sorte que le gouvernement... Et
c'est tout à fait limpide et transparent, et
c'est l'intention exprimée, avouée du gouvernement d'être transparent, d'y
aller de façon consultative avec la participation active de celles et
ceux qui sont touchés. Bien, au-delà du discours, il est important ici de
constater qu'il y aura un impact majeur, le cas échéant, d'une décision qui
irait dans un sens ou dans l'autre.
Évidemment,
nous avons eu l'occasion, nous, au Parti libéral du Québec, de préciser que
gouverner par moratoire n'est pas un
avenir. On ne peut pas gouverner par moratoire, il faut évidemment... il faut
respecter les façons de faire qui font
en sorte que, démocratiquement, les gens aient voix au chapitre, d'où notre
demande de consultations particulières.
Il
faut également respecter l'environnement, le développement durable. C'est sous
un gouvernement libéral que la loi qui encadrait le développement
durable a été adoptée. Nous en sommes tout à fait conscients, nous avons été
des leaders en la matière. Alors, en ce
sens-là, il est important d'écouter les gens, mais ne pas mettre carrément en
arrêt le dossier et faire en sorte
que l'on puisse acquérir des connaissances. Parce que, lorsque l'on parle
ultimement de développer de façon
responsable, démocratiquement acceptée les gaz de schiste, il est important de
voir également qu'une fois que tout est fait selon les règles de l'art,
selon les plus hauts standards, qu'il reste, évidemment, à définir pour s'en
assurer, parce que nous sommes, évidemment,
en phase exploratoire pour ce qui est des gisements, mais également en phase
exploratoire pour ce qui est de la façon de faire, il est important, en même
temps, de constater l'impact économique. Et, dans une économie mondialisée, comme vous le savez, Mme la Présidente, nous
sommes en compétition avec la planète. Et, en ce sens-là, il est important de voir que celles et ceux qui viendraient
participer, qui viendraient à titre même d'employés, de spécialistes,
viendraient faire en sorte que le Québec puisse être un leader responsable en
la matière, puissent venir porter l'épaule à la roue et faire en sorte que nous
puissions déjà prendre notre place dans ce domaine, une place responsable, socialement acceptée, dans un contexte de développement durable. Et prendre notre place, Mme la Présidente, ce n'est pas se mettre sur le côté, ce n'est pas autrement que d'être
sur la patinoire et faire en sorte que nous puissions, nous, être les
leaders.
Vous
savez, on parle de l'hydroélectricité. Au Québec, nous sommes des
spécialistes en hydroélectricité, et c'est un choix qui a été fait. On
se rappellera, dans les années 70, le premier ministre Parizeau, à
l'époque, qui n'était pas premier ministre, qui l'a été par la suite, mais M. Parizeau,
à l'époque, lui, privilégiait des centrales nucléaires qui allaient
longer le long du fleuve. Ce n'est pas, heureusement, ce qui a été retenu.
Heureusement, ça a été l'hydroélectricité, et le Parti libéral du Québec a été
un bâtisseur. Pensons à Robert Bourassa, Robert Bourassa qui a fait en sorte
que nous avons acquis cette connaissance-là qui est enviée. Aujourd'hui, là, en
2013, Mme la Présidente, là, beaucoup de pays, beaucoup d'acteurs
internationaux aimeraient avoir cette expertise, cette connaissance qui fait en
sorte qu'en matière hydroélectrique nous
pouvons en montrer à d'autres, nous pouvons exporter ce savoir-là. Parce qu'il
n'y a pas que la matière première, il
y a un savoir qui s'acquiert. Et, lorsque le savoir s'acquiert, nous pouvons,
d'ores et déjà, tailler notre place,
nous tailler une place de premier rang dans, encore une fois, un environnement
qui est hautement compétitif, et qui fait
en sorte qu'ayant déjà au départ, c'est une bénédiction, Mme la Présidente…
déjà, en ayant au départ la possibilité d'exploiter de telles
ressources, bien, fait en sorte que nous devons, je pense… nous avons une
responsabilité même, de façon responsable,
en respectant le développement durable, d'explorer et d'exploiter, le cas
échéant, cette ressource.
Cette
responsabilité-là, nous ne l'avons pas seulement envers nous-mêmes aujourd'hui,
parce que ça prend des années et des années
à se tailler une place au soleil, à se tailler une expertise de pointe, et nous
le devons donc non pas seulement à
nous aujourd'hui, mais aux générations à venir. Et moi, je n'étais pas là
dans les années 60, nationalisation de l'électricité sous un
gouvernement Lesage. Et on sait que Godbout l'avait déjà fait dans son mandat,
1939-1940, avait déjà lancé les premières
bases de ce qui allait être dans les années 60, dans le contexte de la
Révolution tranquille… Sous le ministre
René Lévesque, à l'époque, dans le gouvernement Lesage, nous avions confirmé
cette nationalisation-là. D'autres
avant nous auront permis, et Robert Bourassa, encore une fois, avec les
barrages… Tout est interrelié, Mme la Présidente. Il y avait là non
seulement une technologie de pointe que nous acquérions à ce moment-là, mais il
y avait également des emplois très
tangibles, très concrets qui faisaient en sorte que des femmes et des hommes
pouvaient mettre sur la table le pain et le beurre. Et nous étions tous
des bâtisseurs, et c'est ce que nous voulons, de la deuxième opposition et de
la première opposition, Mme la Présidente. Et je présume également que la
deuxième opposition le veut également, et nous les laisserons le dire mieux que
moi, mais nous voulons tous et toutes être des bâtisseurs dans ce domaine.
Évidemment, c'est un domaine avec lequel nous devons agir de façon
responsable. On ne parle pas d'hydroélectricité, on parle de gaz de
schiste. On parle également d'exploitation pétrolière selon une technologie qui
est nouvelle. Nous voulons acquérir cette
technologie-là, nous voulons en être des leaders, et ça se fait de longue main,
si vous me permettez l'expression,
comme ça s'est fait dans les années... début des années 40 avec Godbout,
dans les années 60 avec Lesage. Après ça, sous un autre
gouvernement libéral — c'est
le troisième que je nomme dans mon exemple de l'évolution de l'électricité au
Québec — nous
avons, sous un gouvernement Bourassa dans les années 70, fait en sorte que
le Québec ait une place de leader. Et c'est des connaissances qui s'exportent
également très, très bien.
Nous voyons
également ce qui se fait ailleurs, on voit ce qui se fait aux États-Unis dans
le domaine. Il y a des bons coups puis il y a des moins bons coups, et
ça, il faut le reconnaître, mais faire en sorte que nous, nous pouvons nous lancer ce défi, et on est capables. C'est ça, mon
message, Mme la Présidente, nous sommes capables. Mais ce n'est pas en gérant à coups de moratoires que nous pourrons
faire en sorte de prendre le pas, de créer les leaders de demain par des
gestes, par des lois d'aujourd'hui.
Encore une
fois, quatre mots — loi
interdisant à rechercher — dans le projet de loi, quatre mots qui n'annoncent pas un
avenir florissant, Mme la Présidente, quant à l'acquisition, l'acquisition
d'une connaissance, l'acquisition d'un rôle
premier que nous voulons pour explorer, exploiter, le cas échéant, nos
ressources au Québec, mais acquérir cette connaissance-là, le cas
échéant, peut-être même développer des chaires de recherche en collaboration
avec les autres universités à travers le
monde, mais d'abord avec nos propres universités. Il y a là des possibilités
qui sont offertes à nous. Mais,
lorsque l'on aborde le dossier en disant : On va interdire
la recherche, nous allons interdire,
évidemment, a fortiori, l'exploitation, bien, en ce sens-là, Mme la
Présidente, c'est important de faire en sorte, aujourd'hui, de prendre la bonne
approche.
• (11 h 20) •
Et je dois le
souligner, Mme la Présidente, le gouvernement n'a pas, je
le dis — ses
représentants etreprésentantes — maintenu une position très claire en ce qui
concerne ce dossier. Rappelons-nous, en 2008, l'actuelle première
ministre affirmait : «Les Québécois ont tout à gagner à mettre à profit
les gisements présents [...] au large du golfe du Saint-Laurent.» Elle en rajoutait en
disant que «c'est désolant de voir le gouvernement Charest fermer les
yeux sur ce potentiel et [...] ne pas mettre
le pied sur l'accélérateur». Fin de la citation. Alors, que voulait-elle dire
en disant «mettre le pied sur l'accélérateur»? Nous, on dit : Oui, tout à
fait, mettre le pied sur l'accélérateur, mais de façon responsable.
Alors, il y aurait eu une stratégie commune pour
faire en sorte qu'il y ait une évaluation environnementale, faire en sorte que l'on puisse donc, Mme la Présidente,
tout en s'assurant que tout sera fait selon les plus hauts standards, que
nous n'allons pas créer, mais que nous allons définir ensemble… Bien, ces plus hauts standards là doivent faire en sorte…
et ne seront pas filles, Mme la Présidente, d'un moratoire, ces standards-là ne
seront pas filles d'un gouvernement qui décide non seulement de mettre le pied
sur l'accélérateur, mais de mettre le pied sur le frein, et ce leadership-là
que nous voulons pour nous aujourd'hui, mais pour les générations futures, il
est important d'emboîter le pas.
Ceci dit,
dans ce contexte-là, Mme la Présidente, d'une approche tout à fait responsable,
tout à fait libérale, nous avons
ciblé particulièrement, je vous dirais, dans ce projet de loi là, encore une fois,
qui a eu une couverture médiatique qui a fait en sorte qu'aujourd'hui
pas grand monde ne peut se dire ne pas être au
courant des défis, pas grand monde peut se dire qu'il n'a pas d'opinion, et ces opinions-là, évidemment dans un contexte de gouvernement
minoritaire, doivent être entendues…
L'annexe I, directement… Je vous dirais a fortiori, des 29 projets de loi dont j'ai brossé le tableau,
Mme la Présidente, 24, je vous disais un peu
plus tôt, avaient fait l'objet de consultations. Et,
dans ces projets de loi là, ce ne sont pas
tous les projets de loi qui ciblaient des citoyens, des organismes qui allaient
être affectés par ce projet de loi. Or, le projet de loi n° 37, pour lequel, au même titre
que les 24 autres exemples, nous demandons une consultation
particulière,vient
cibler dans son annexe I
les municipalités visées, les MRC, la paroisse
et les villes. Et, en ce sens-là, il est majeur, important de faire en sorte d'entendre l'opinion des gens qui auront, encore une fois,
une opinion, qui voudront s'approprier… Parce qu'on s'approprie de nos ressources
naturelles, Mme la Présidente, au Québec, de façon
responsable,comme on l'a fait
pour l'hydroélectricité.Il faut se l'approprier, et ce n'est pas l'oeuvre
d'un gouvernement, aussi bien intentionné soit-il,
qui ferait en sorte que les gens s'approprieraient leur territoire, s'approprieraient
leurs ressources, embarqueraient, si vous me permettez l'expression,
dans un développement responsable. Bien, en ce sens-là, il faut les appeler, il
faut leur donner une voix. Et, avant l'adoption du principe, nous croyons très
fermement qu'il est important de leur donner cette voix et de faire en sorte
qu'ils puissent être entendus.
Et nous
avions, Mme la Présidente, force nous est de
constater… Le 15 mai, dépôt du projet de loi, projet de loi
important, projet de loi n° 37, loi
interdisant à rechercher gaz de schiste, gaz naturel — c'est important de faire une consultation comme on l'a fait pour les 24 autres — 15 mai 2013. Deux
jours après, 17 mai 2013, nous déposons une liste, que j'ai devant moi, ici,
présentée, donc,
deux jours après le dépôt du projet de loi,
une liste de personnes que nous voulions
entendre en consultations particulières. Le gouvernement n'a pas voulu. Le
gouvernement a décidé qu'il n'y aurait pas de consultations particulières,
contrairement à plus de 85 % des cas antérieurs, 24 en 29, le
gouvernement ne voulait pas les entendre.
Aujourd'hui, nous en sommes encore à débattre du
principe alors que six mois se sont écoulés depuis mai 2013. Six mois se sont
écoulés, Mme la Présidente, et ce six mois-là
fait en sorte que nous avons, d'ores et déjà, pris du retard, pris du retard
sur les consultations, qui, de toute façon, à moins qu'on me détrompe,
consultations, qui, je crois — et je le présume,
et je l'assume — auront
lieu de toute façon, consultations qui
feraient en sorte qu'avant de parler du
principe… Parce que ce sont, encore une fois,
des visions qui s'affrontent. Certains sont pour, certains sont contre, mais la vision
libérale n'est pas la vision de moratoire, la vision libérale n'est pas la
vision du frein, mais participe davantage de ce que disait l'actuelle première ministre en
2008 en disant, et je le présume… Elle parlait de l'accélérateur, mais
je présume qu'elle parlait de faire ça de
façon responsable. Alors, oui à l'accélérateur de la première ministre en 2008,
mais de façon responsable. Mais on ne peut
pas tout bloquer, on ne peut pas tout mettre sous un moratoire. Et, en ce
sens-là, la liste qui avait été
déposée il y a six mois est toujours valide, Mme la Présidente. La liste est
toujours valide, et nous l'avons devant nous, et nous désirons entendre
ces gens.
Il y a, entre
autres, consultations particulières… Évidemment, nous avons fait copier-coller,
nous avons listé les 33 MRC, la paroisse Notre-Dame-des-Anges, les 18
villes qui seront directement touchées. Nous avons également, notamment… Vous me permettrez d'en citer
quelques-uns. Nous avons demandé que Coalition Saint-Laurent, Stratégies
Saint-Laurent, Association pétrolière et gazière du Québec — eux
aussi, ils ont des choses à dire, il faut les écouter — Alliance
des villes des Grands Lacs et du Saint-Laurent, Association canadienne du gaz,
Association des consommateurs industriels de gaz, et ainsi de suite, Fédération
des chambres de commerce, Fédération québécoise des municipalités… Et j'arrête là
ma lecture de la liste de celles et ceux que nous voulons entendre, entendre
dans le contexte où… On ne fait pas ça… Vous
m'avez bien entendu, Mme la Présidente. On pourra me faire des reproches,
mais sûrement pas que la consultation est là
pour retarder un processus que nous voulons, au contraire, voir avancer de
façon responsable et de façon publique et démocratique. Alors, en ce sens-là,
Mme la Présidente, il est important pour nous d'entendre ces personnes.
Motion d'ajournement du
débat
Et, Mme la
Présidente, conformément aux dispositions de l'article 100 de notre règlement,
je fais motion pour ajourner le débat sur le principe du projet de loi
n° 37, Loi interdisant certaines activités destinées à rechercher ou à exploiter
du gaz naturel dans le schiste. J'en fais la proposition formelle, je suis prêt
à déposer le texte, Mme la Présidente. Merci.
La Vice-Présidente (Mme Poirier) :
Merci. Alors, je vais suspendre un moment, s'il vous plaît.
(Suspension de la séance à 11 h 27)
(Reprise à 11 h 29)
La
Vice-Présidente (Mme Poirier) : Alors, nous allons reprendre
suite à la demande de motion d'ajournement. Alors, avant de vous céder
la parole, M. le député de LaFontaine, je vous rappelle que l'auteur de la
motion et un représentant de chaque groupe
parlementaire ont chacun un temps de parole de 10 minutes et que l'auteur de la
motion a droit à une réplique de cinq minutes. Alors, M. le député de
LaFontaine. Nous sommes en motion d'ajournement.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Je serai bref sur la motion. Le débat… ou ma
participation sur le débat concernant le
projet de loi n° 37, qui m'a permis de parler un certain nombre de temps,
a été, je crois, une bonne introduction
au fond de notre position, faire en sorte, donc, que oui, au Québec, nous
puissions, aujourd'hui, imaginer un avenir où nous serions des leaders
dans le domaine, dans le domaine de l'exploitation, évidemment, au premier
titre, de l'exploration de façon
responsable, en ayant, évidemment, une conscience de développement durable. Et
nous avons toujours agi de cette façon-là lorsque nous étions au
gouvernement.
Alors, la motion qui est présentée devant vous,
Mme la Présidente, est une occasion additionnelle pour le gouvernement d'entendre
des gens qui, jusqu'à maintenant… Qu'on me détrompe si j'ai tort, il n'a pas
été dit que le gouvernement ne voulait pas les entendre. Alors, l'occasion est
belle. Nous avons six mois derrière nous, Mme la Présidente, et le débat sur ce
projet de loi là n'en sera que plus éclairé lorsque nous aurons entendu ces
personnes. Il s'agit, encore une fois dans un contexte de gouvernement
minoritaire, d'une belle occasion pour le gouvernement d'entendre des citoyens
et des citoyennes qui veulent se prononcer sur un important projet de loi. Il y
a des visions, évidemment, qui ne sont pas compatibles. Nous, ici, les 125
élus, nous voulons statuer, décider, dans un contexte de gouvernement
minoritaire, de manière éclairée. Et la motion d'ajournement est une belle
occasion. Et nous souhaitons que le gouvernement y acquiesce pour entendre
celles et ceux qui vont venir, qui veulent venir, qui ont des choses à dire et
que, comme législateurs, nous devons entendre. Merci, Mme la Présidente.
• (11 h 30) •
La Vice-Présidente
(Mme Poirier) : Alors, M. le député de Borduas et ministre
responsable de l'Enseignement supérieur.
M. Pierre Duchesne
M.
Duchesne : Oui. Merci, Mme la Présidente. Mme la Présidente,
c'est arrivé souvent, et on ne veut pas répéter, en fait, ce qui a eu lieu il y a deux semaines avec le film du projet de
loi n° 43 sur les mines. Alors, nous désirons que les consultations aient lieu après l'adoption du
principe, comme cela a eu lieu pour le projet de loi n° 2, Loi modifiant
la loi électorale, comme ça a eu lieu
avec le projet de loi n° 6, Loi concernant la date d'entrée en vigueur de
certaines dispositions de la Loi éliminant le
placement syndical, comme ça a eu lieu avec le projet de loi n° 9 sur le
Fonds des ressources informationnelles, avec
le projet de loi n° 10 permettant de relever provisoirement des élus
municipaux, avec le projet de loi n° 18 et le projet de loi
n° 32.
Et, Mme la Présidente, j'en profite aussi pour
dire que, si on est face à ce projet de loi qui vise à permettre un moratoire et qu'étonnamment les oppositions
officielles ne nous permettent pas, actuellement, d'aller de l'avant,
c'est parce qu'il y a eu une façon de faire assez dommageable de la part du
précédent gouvernement, le précédent gouvernement qui… Vous savez, le rôle d'un État, lorsqu'il y a une nouvelle filière
énergétique, c'est d'être capable de l'encadrer, c'est d'être capable d'être un arbitre, c'est d'être
capable d'être un partenaire, mais pas un lobbyiste aveugle qui laisse
aller n'importe quelle entreprise avec...
surtout lorsqu'il s'agit d'énergie, parce qu'on parle d'exploitation du
territoire, de notre sol. Et souvent aussi ça a un impact, bien sûr, sur
nos réserves et nos nappes phréatiques.
Alors, le précédent gouvernement s'est comporté…
a laissé aller. Et ça, ça a commencé en 2006, Mme la Présidente. Alors, l'industrie du gaz de schiste arrive au Québec.
L'ancien régime n'est pas présent. Il laisse aller. Il y a une grande… une espèce d'improvisation, même une forme
d'anarchie. Les sociétés débutent des activités de forage sur des
terrains privés. On ne prévient pas les municipalités. On ne prévient pas les
citoyens. Alors, on a vu ça à plusieurs endroits
de la vallée du Richelieu, de la vallée du Saint-Laurent. Dans mon comté, à
Borduas, il y a des gens qui, tout à coup, dans un village paisible, se
sont mis à voir arriver de la machinerie lourde, des bruits, une machinerie qui
s'est mise à faire de l'exploitation industrielle jour et nuit sans
concertation, sans qu'on prévienne les gens.
Alors, 121
permis de recherche sont accordés à partir de 2010. Des puits sont forés. Le
gouvernement libéral de l'époque ne
possède aucune information sur les conséquences, sur les impacts de cette
fracturation sur l'environnement. C'est
de l'amateurisme. On laisse aller un secteur industriel. L'improvisation est
telle que les premiers forages, Mme la Présidente, ne sont soumis à
aucune autorisation de la part du ministère de l'Environnement. Alors, la
population de la vallée du Saint-Laurent, de
la vallée du Richelieu s'est mobilisée. Ça a été l'une des plus importantes
mobilisations sociales depuis bien des
années. D'ailleurs, ce gouvernement-là, l'ancien régime, il est habitué à
mobiliser, à susciter le mécontentement, parce que 2011 a été la
mobilisation beaucoup et importante des citoyens contre le gaz de schiste,
2011… 2012 sera la mobilisation, bien sûr, du mouvement étudiant et d'une
partie de la population.
Alors, cette mobilisation sans précédent a amené
les gens à dire : Nous ne voulons pas d'une exploitation désordonnée,
déréglementée, avec une technologie qui n'est pas éprouvée. Six… Et là il y a
eu des sondages qui ont été faits, entre
autres par Léger Marketing. Et pourtant, et je m'adresse aux partis
d'opposition parce que ça les concerne, regardez, en ce qui concerne la
CAQ, selon le sondage Léger, six sympathisants de la CAQ sur 10 ne veulent pas d'exploitation de gaz de schiste. Ils sont favorables à un moratoire, quatre sympathisants du
Parti libéral sur 10 sont favorables à l'instauration
d'un moratoire. Le Courrier du Sud titrait que 76 % des résidents
des régions de Nicolet-Bécancour, Lotbinière, là où les compagnies gazières sont les plus
actives, refusent d'autoriser l'exploration, l'exploitation du gaz de schiste, et ça, malgré des compensations souvent de plusieurs
milliers de dollars, un pourcentage qui atteint, Mme la Présidente, 90 %
d'opposants à l'exploitation des gaz de schiste dans la vallée du Richelieu. En
fait, c'est près de 80 % des Québécois lorsqu'ils sont consultés. C'est malheureux parce que ça invalide tout un secteur
industriel. La population, maintenant, a développé une image excessivement
néfaste de toute... même, cette expression, «gaz de schiste», d'une technologie
qui n'a pas été éprouvée. Pourquoi? Parce que l'ancien régime n'a pas réussi à
encadrer, à devenir réellement un
partenaire. Pas devenir un lobbyiste, Mme la Présidente, parce qu'il y a ça
aussi. La population doit avoir
confiance en son gouvernement, et cette confiance à l'endroit du régime libéral
s'est effritée rapidement en ce qui concerne
sa capacité à défendre le bien commun lorsqu'on parle de l'exploitation de nos
ressources naturelles. Puis, écoutez, c'est
basé sur une série, une grappe d'informations qui ont amené la population à se
méfier de cet ancien gouvernement, et là il faut voir tout simplement…
Vous savez, l'État ne doit pas être un lobbyiste qui doit défendre aveuglément
une technologie, une industrie, un groupe
quelconque, l'État doit être capable de faire la part des choses. C'est son
rôle, c'est de défendre, donc, le bien commun.
Alors, ce qui s'est passé avec l'industrie des
gaz de schiste, c'est qu'on s'est aperçus qu'il y a eu comme une situation où le régime libéral a confondu un peu
le rôle de celui qui doit être le promoteur d'une industrie de façon un
peu aveugle… Et là vous avez une liste importante. Écoutez, on avait, à un
moment donné, des gens qui étaient associés au gouvernement libéral qui tout à
coup devenaient des lobbyistes. Écoutez, Stéphane Gosselin, en septembre 2010,
chef de cabinet du ministre du Développement économique Clément Gignac, qui
devient directeur de l'Association pétrolière
et gazière du Québec. Martin Daraiche, attaché politique de Nathalie Normandeau
en 2006, devient en 2007 conseiller
aux affaires juridiques et politiques dans le cabinet de Jean Charest, qui, en
2008, est conseiller principal auxrelations
gouvernementales de National. Qui fait du lobbying pour qui, Mme la Présidente?
En faveur des gaz de schiste. Daniel
Bernier, ancien chef de cabinet de Françoise Gauthier, qui était ministre du
Tourisme du gouvernement Charest…
Des voix :…
La
Vice-Présidente (Mme Poirier) : Je vais demander votre
collaboration. Il y a une personne qui a la parole, et je suis censée
n'entendre qu'une seule personne dans cette Chambre, alors je vais vous
demander votre collaboration. M. le leader de l'opposition, oui.
M. Moreau : Mme la Présidente,
vous savez que ma collaboration vous est acquise, mais il y a aussi une disposition
de notre règlement qui indique qu'on ne doit pas susciter de débat. Et je ne
voudrais pas que sa citation soit
incomplète, parce que le ministre nous parle de gens et il a oublié de mentionner André Boisclair, Lucien
Bouchard, qui étaient tous associés au parti…
La
Vice-Présidente (Mme Poirier) : Ce n'est pas une question de
règlement. M. le leader du gouvernement.
M. Traversy :
Mme la Présidente, vous avez rendu une décision. L'article 36 de notre
règlement dit très bien qu'on ne peut…
La Vice-Présidente
(Mme Poirier) : Exactement, je l'ai rendue. Merci.
Des voix :
…
La Vice-Présidente
(Mme Poirier) : S'il vous plaît! Alors, M. le ministre,
veuillez poursuivre. Et c'est vous qui avez la parole.
• (11 h 40) •
M. Duchesne : Merci, Mme la Présidente. Alors, j'étais en train de
dresser une liste — qui n'est pas complète — des gens qui étaient associés au
gouvernement en place, le Parti libéral du Québec, et qui se sont mis à devenir
des promoteurs, des gens qui sont devenus des lobbyistes actifs de l'industrie
des gaz de schiste.
Alors, Daniel
Bernier, ancien chef de cabinet de Françoise Gauthier, ministre du Tourisme du
gouvernement Charest de 2003 à 2007. En 2010, M. Bernier était
vice-président du groupe GVM, lobbyiste pour le compte de la compagnie
d'exploration gazière Talisman. Mme Paradis, Sylvie Paradis, a travaillé au
bureau de l'ancien premier ministre Jean Charest jusqu'à l'automne 2008; en
2010, vice-présidente de la direction de GVM, qui s'occupe du contrat de
Talisman.
Il y en a d'autres,
mais je vois que ça indispose l'opposition officielle, alors je vais arrêter
là, je crois que la démonstration est claire. Et pourquoi ça crée un inconfort
du côté de l'opposition officielle mais aussi de notre côté, Mme la Présidente?
C'est parce que, lorsque vous vous occupez des fonctions de l'État, vous devez
le faire en toute indépendance — c'est un beau mot, l'indépendance, Mme la
Présidente — vous
devez le faire avec l'ensemble des informations. Vous allez devoir… Vous pouvez
aller chercher l'ensemble des ressources, des informations, il y a des
ministères qui aident pour ça. On peut aller chercher aussi… faire faire des
études à l'extérieur, mais on doit surtout écouter
l'ensemble et ensuite essayer de voir comment, dans notre fonction qui est de
définir des politiques qui servent le bien commun, être capables
d'atteindre cet objectif de façon importante.
Dans
le domaine du gaz de schiste, on a créé, du côté de l'ancien gouvernement, une situation de méfiance extrême, et cette industrie-là
est arrivée et a... Vous savez, il y avait des municipalités qui n'étaient même
pas informées de l'exploitation d'un puits sur leur territoire. Alors, la population
nous demande d'agir. Il faudrait que les oppositions, l'opposition officielle entre
autres, cessent de bloquer les différents projets de loi et, entre
autres ce moratoire, parce que
c'est une volonté populaire clairement exprimée, et je pense qu'il faut
continuer à aller dans cette...
La Vice-Présidente
(Mme Poirier) : Vous allez... «Cessent de bloquer»? J'étais
pour le faire moi-même.
M. Moreau :
Non, non, mais...
La Vice-Présidente
(Mme Poirier) : Allez-y.
M. Moreau :
C'est parce que, Mme la Présidente, «cessent de bloquer», c'est une habitude
chez ce ministre d'avoir cette attitude à
l'égard de l'opposition officielle
ici, dans la Chambre, et à l'extérieur. Et je comprends que, dans sa nomenclature, il fait exprès pour avoir une
liste incomplète. C'est probablement son passage, comme ancien
journaliste, qui reflète son habitude de faire les choses ainsi, des reportages
incomplets comme des passages incomplets.
La Vice-Présidente
(Mme Poirier) : M. le leader adjoint.
M.
Traversy : Oui. Je comprends que le leader de l'opposition
officielle est en manque de visibilité ces temps-ci parce qu'on le voit très rarement, mais je lui
demanderais d'être respectueux à l'égard de notre ministre qui a fait une
très belle...
La Vice-Présidente
(Mme Poirier) : Merci.
Des voix :
...
La Vice-Présidente
(Mme Poirier) : Merci, merci. Alors, M. le ministre, «cessent
de bloquer» ne peut pas être utilisé en Chambre. Je vais vous demander de le
retirer.
M. Duchesne :
Alors, Mme la Présidente, en tout cas si «cessent de bloquer»...
La Vice-Présidente
(Mme Poirier) : Votre intervention est terminée. Votre
intervention est terminée.
Une voix :
...
La Vice-Présidente (Mme
Poirier) : Non, c'est terminé, malheureusement. Je vais juste
vous demander de retirer «cessent de bloquer». J'ai votre collaboration? Merci.
Et là...
Une voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Poirier) :
Oui, M. le leader de l'opposition.
M. Moreau :
Vous avez demandé au ministre de retirer les propos. Il prononce des propos
debout, dans le micro, à la caméra, et il va faire un petit signe de
tête pour les retirer? Qu'il se lève et qu'il les retire.
La Vice-Présidente (Mme Poirier) :
M. le leader de l'opposition, le ministre... j'ai demandé au ministre s'il retirait, il m'a fait signe que oui. Alors, je
considère que c'est oui, et c'est comme ça que ça fonctionne dans cette
Chambre.
M. le leader de la deuxième opposition et député
de Chauveau. Merci.
M. Gérard Deltell
M.
Deltell : Alors,
merci beaucoup, Mme la Présidente. Pour ceux qui nous écoutent, je tiens à
préciser que nous sommes actuellement sur un débat qui ne concerne pas le fond
du projet de loi n° 37 concernant la question de l'exploitation ou non des
gaz de schiste et comment on entend le faire, mais bien plutôt sur
l'ajournement du débat actuel, et je m'explique.
Mme la
Présidente, le gouvernement a décidé d'agir de façon qui n'est pas habituelle,
restons poli, qui n'est pas habituelle
concernant ce projet de loi là puisque, de façon coutumière et régulière, les
débats à l'Assemblée nationale se passent de la façon suivante : le
gouvernement dépose un projet de loi, par la suite s'ensuivent des
consultations soit générales, où on invite un paquet de monde, ou particulières
quand on n'invite que quelques groupes identifiés, et, par la suite, on procède, une fois qu'on a fait un bon éclairage avec
les consultations, à l'adoption du principe. S'ensuit l'étude article par article où on passe au peigne
fin chacun des articles du projet de loi. Par la suite, on prend en
considération le rapport de la commission qui a étudié le projet de loi article
par article, et s'ensuit, à la toute fin, l'adoption finale du projet de loi
et, ultimement, la sanction royale par la signature de Son Honneur le
lieutenant gouverneur du Québec. Voilà donc, théoriquement, comment ça se
passe. Et, Mme la Présidente, cette théorie a été appliquée à moult reprises
par l'actuel gouvernement. Au dernier relevé que nous avons fait, sur les 29
projets de loi qui ont été adoptés dans
l'actuelle législature, donc depuis l'élection du 4 septembre 2012, 29
projets de loi ont été déposés, et, de
ce nombre, 24 ont été procédés — passez-moi l'expression anglaise — ont suivi la procédure dite normale,
c'est-à-dire consultation et, après, débat sur l'adoption du principe.
À cinq reprises, le ministre de l'Enseignement
supérieur l'a dit tout à l'heure, oui, il y a des projets de loi qui ont suivi le chemin inverse, mais c'étaient, Mme
la Présidente, des cas exceptionnels. Je me souviens particulièrement du
projet de loi n° 2 où, encore une fois,
le bon vieux député — je le
dis de façon positive et non pas péjorative — le bon vieux député de Beauce-Sud
m'avait dit : Faites attention, M. le député de Chauveau — vous
m'avez appelé par mon prénom — parce que, là, attention, le gouvernement
prend un mauvais pli en faisant le chemin contraire. De bonne grâce, j'avais dit : Bien, écoutez, Mme la...
J'avais dit : Bien, mon cher collègue député... De bonne grâce, j'avais
dit : C'est la première fois que ça arrive, ils n'en prendront pas
l'habitude. C'est normal, c'est un nouveau projet de loi. Le DGE doit être
consulté, ils ont des travaux à faire, bon, ça va. J'étais peut-être d'une
naïveté navrante, mais c'est la réalité, Mme la Présidente.
Quant aux
autres projets de loi qui ont été discutés, où il y a eu des consultations
après l'adoption de principe, c'étaient
des projets de loi qui nécessitaient l'intervention d'une ou deux personnes.
Dans le cas actuel, Mme la Présidente, on parle de dizaines et de dizaines de groupes qui doivent être
entendus. Même chose lorsque c'est arrivé lors du projet de loi... des projets de loi importants. Comme, par
exemple, la Charte de la langue française,
Mme la Présidente, la Charte de la… Pas la Charte de la
langue française, pardon, la charte…
Une voix : …
M.
Deltell : Oui, le projet… Non, la charte, pas des valeurs,
mais je ne sais plus trop comment ils l'appellent, là. Vous savez, le
titre avec 188 caractères, là, qu'on n'est même pas capable de mettre sur Twitter,
là, le projet de loi du ministre… de mon collègue, ancien collègue journaliste? Bien, ce projet de loi là, Mme la Présidente, qu'est-ce qu'on va faire avec la charte?
Eh bien, on va faire des consultations et, après, on va adopter le principe,
pas le chemin inverse.
Parce que,
Mme la Présidente, à 24 reprises, ce gouvernement a suivi la façon
de faire et voilà qu'exceptionnellement, pour ce projet de loi, il décide d'inverser les rôles. Et, Mme la Présidente, le jupon commence à retrousser un petit peu, parce que plusieurs projets de loi ont été déposés
depuis, déjà, que ce débat-là a cours, sur la façon de faire, entre autres le projet de loi n° 58
qui a été déposé le 14 novembre. Et qu'est qu'on propose? Consultations puis,
après ça, adoption de principe. Projet de
loi n° 59, exactement la même chose. Tiens, projet de loi
n° 60, le projet de loi dont je parlais tout à l'heure, vous savez, la charte affirmant
les valeurs de laïcité et de neutralité religieuse de l'État ainsi que
d'égalité des hommes et des femmes, encadrant les demandes d'accommodement? Eh
bien, ce fameux projet de loi, Mme la Présidente, on va d'abord faire des consultations et, après
ça, l'adoption de principe. Comment ça se fait qu'ils ne nous
proposent pas l'approche inverse comme ils le font actuellement sur ce projet
de loi? Parce que le jupon retrousse, Mme la
Présidente. Même chose avec le projet de loi n° 61, même chose avec le projet de loi n° 62, même chose avec le projet de loi n° 63. Et ce n'est pas fini, Mme la Présidente : même chose avec le projet de loi n° 64, même chose avec le projet de loi
n° 65. Bref, un, deux, trois, quatre, cinq, six sept, huit, huit projets
de loi déposés, Mme la Présidente, et on suit le mode de fonctionnement
régulier.
Alors,
pourquoi, actuellement, le gouvernement décide de faire les choses autrement? Pourquoi,
si ce n'est parce que, justement, le jupon retrousse, puis, eux autres,
ça ne leur tente pas? Ça leur tente quoi? D'imposer leur vision puis, après ça, on va consulter les gens. Ce n'est
pas la façon parlementaire correcte de faire, et nous tenons à le
signaler.
Mme la Présidente, je dois vous dire, je trouve ça un peu triste d'avoir, encore une
fois, à débattre d'une motion d'ajournement
et je m'explique. Ce n'est pas la première fois que ça arrive. À ma
connaissance, ça va être la troisième fois. Et je vais vous confesser quelque
chose, Mme la Présidente. Il y a deux semaines environ, nous avons initié une
motion d'ajournement qui a été dûment débattue, qui a été dûment votée, et l'Assemblée
nationale s'est prononcée majoritairement pour l'ajournement de ce débat-là.
C'est vrai que le règlement 100 de notre… l'article 100 de notre règlement permet au gouvernement, immédiatement après le vote, d'appeler le projet
de loi comme si de rien ne
s'était passé ici, en Chambre. Je trouve ça très désolant et très méprisant
envers le travail de cette Assemblée nationale, Mme la Présidente. Si on veut
respecter…
La Vice-Présidente
(Mme Poirier) : M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Traversy :
Avec toute l'expérience qu'on reconnaît au leader du deuxième groupe d'opposition,
je lui demanderais de faire attention aux propos qu'il dit en cette Chambre, notamment
lorsqu'il prête des intentions au gouvernement et qu'il utilise des propos antiparlementaires
dans le lexique de notre règlement. Je vous demanderais de le rappeler à
l'ordre, s'il vous plaît.
La
Vice-Présidente (Mme Poirier) : Alors, M. le député de
Chauveau, vous savez que le terme que
vous avez employé n'est pas permis en
cette Chambre. Alors, je vais vous demander de… un, de le retirer, mais je
m'assure aussi de votre collaboration pour le restant de votre présentation.
Une voix :
…
La Vice-Présidente
(Mme Poirier) : Merci.
M.
Deltell : Et je le
fais debout, à mon bureau, visière levée. J'invite tous les parlementaires à
faire la même chose, particulièrement mes anciens collègues
journalistes.
Donc, Mme la
Présidente, ce que je voulais vous dire, puis ce n'était pas…
Une voix :
…
M.
Deltell :
C'est-u vrai? Je ne l'ai pas toujours fait? O.K., alors, ça me fait plaisir de
corriger le tir, M. le député de Saint-Jean.
La Vice-Présidente
(Mme Poirier) : On s'adresse à la présidence.
• (11 h 50) •
M.
Deltell : Mme la Présidente, ce que voulais vous dire, et c'est très sérieux, cette histoire-là, je trouve ça triste et malheureux de voir que l'Assemblée nationale,
lorsqu'une décision est prise à majorité des membres, que le
gouvernement fait fi de cette décision-là.
Parce qu'à quoi ça sert d'être rassemblés? À quoi ça sert d'être un
gouvernement dit minoritaire qui doit
collaborer et travailler avec les oppositions si, quand ça ne fait pas notre
affaire, bingo, bonsoir, on passe à un autre
appel, puis c'est comme si de rien ne s'était passé. Ce n'est pas comme ça
qu'on crée un bon climat de collaboration. Ce n'est pas comme ça qu'on
crée un bon climat pour travailler ensemble et ce n'est surtout pas comme ça,
Mme la Présidente, qu'on fait avancer le
Québec. Et ça, ça mérite un appel brutal et rigoureux à ce gouvernement-là
parce que, malheureusement, ce n'est pas la première fois qu'on constate
que, dans certains débats, ils décident d'agir comme s'ils étaient
majoritaires.
Mais,
Mme la Présidente, vous le savez, je l'ai déjà dit à votre intention,
d'ailleurs, il y a quatre ans, l'Assemblée nationale n'a jamais été
aussi belle que lorsqu'elle parle de façon unanime. Et, dans cette occasion-là…
dans ce débat-là, Mme la Présidente, sans
entrer trop dans le fond, l'Assemblée nationale peut être unanime. L'Assemblée
nationale peut être unanime. Parce que je vous rappelle qu'il y a deux
semaines… la semaine dernière, pardon, le député de Granby a déposé une motion dans laquelle on reconnaissait qu'il fallait
un moratoire, mais qu'on devait faire des recherches scientifiques d'ici là. L'opposition officielle a
soutenu notre motion, Mme la Présidente, mot à mot. Le mot «moratoire» a
été endossé par l'opposition officielle. Donc, Mme la Présidente, on est à un
jet, à un trait de plume de l'unanimité à l'Assemblée nationale, mais encore
faut-il qu'il y ait de la bonne volonté de part et d'autre.
Nous
tendons la main, Mme la Présidente, nous tendons la main à ce gouvernement pour qu'on puisse faire avancer le Québec sur ce dossier-là avec l'inclusion, dans
l'approche concernant les gaz de schiste, d'un projet
pilote de nature scientifique
qui pourrait avoir l'appui et le concours et de l'industrie, et des groupes
environnementaux, et aussi des spécialistes
du gouvernement du Québec pour faire avancer le Québec, parce qu'actuellement,
Mme la Présidente, avec l'approche
déployée par le gouvernement qui décide de mettre la charrue avant les boeufs,
c'est-à-dire de faire l'adoption du principe puis après ça on va
consulter le monde, ça, ce n'est pas faire avancer le Québec, c'est de cimenter
les pieds des Québécois et de ne pas faire avancer ni l'économie ni ce
débat-là, et surtout pas l'Assemblée nationale.
Mme la Présidente, j'en
appelle au bon vouloir et au bon jugement de mes collègues ministériels pour
qu'ils soutiennent notre approche et qu'ils approchent… qu'ils aient une façon
différente de faire, c'est-à-dire qui respecte la tradition parlementaire et qui respecte ce qu'ils ont fait à
24 reprises depuis leur élection, c'est-à-dire consultation et
après adoption de principe. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Poirier) :
Alors, je céderais maintenant la parole pour un droit de réplique, nous en
sommes à la motion d'ajournement.
Une voix : ...
La
Vice-Présidente (Mme Poirier) : Non, vous n'avez pas le droit
de parole, madame. Alors, c'est le droit de réplique de M. le député de
LaFontaine. Vous avez cinq minutes.
Une voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Poirier) :
Ah, excellent!
Alors, est-ce que la motion d'ajournement du débat
est adoptée? Monsieur...
Une voix : …
La
Vice-Présidente (Mme Poirier) :
Alors, le vote par appel nominal est demandé. Alors, qu'on appelle les députés.
• (11 h 52 — 12 heures) •
La Vice-Présidente (Mme Poirier) :
S'il vous plaît, nous allons reprendre.
Mise aux voix
Que les
députés en faveur de la motion d'ajournement du débat sur l'adoption
du principe du projet de loi
n° 37, Loi interdisant certaines activités destinées à rechercher ou à
exploiter du gaz de schiste... du gaz naturel dans le schiste, veuillent bien
se lever.
La
Secrétaire : M. Fournier (Saint-Laurent), M. Moreau
(Châteauguay), M. Hamad (Louis-Hébert), M. Paradis (Brome-Missisquoi), M. Arcand (Mont-Royal), M.
Dutil (Beauce-Sud), Mme Charbonneau (Mille-Îles), Mme St-Amand (Trois-Rivières), M. Poëti (Marguerite-Bourgeoys),
Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger), M. Ouimet (Fabre), M. Tanguay(LaFontaine), Mme St-Pierre (Acadie), M. Ouellette (Chomedey), Mme Weil
(Notre-Dame-de-Grâce), Mme Vallières (Richmond),
Mme Gaudreault (Hull), Mme Charlebois (Soulanges), Mme Blais (Saint-Henri—Sainte-Anne), Mme Vallée (Gatineau), M. Bolduc (Jean-Talon), Mme Thériault
(Anjou—Louis-Riel),
M. Lessard (Lotbinière-Frontenac), Mme Ménard (Laporte), M. Carrière
(Chapleau), M. Billette (Huntingdon), M. Morin (Côte-du-Sud), M. Diamond
(Maskinongé), M. Drolet (Jean-Lesage), M.
Reid (Orford), M. Gautrin (Verdun), M. Kelley (Jacques-Cartier), Mme Vien
(Bellechasse), Mme Houda-Pepin (La Pinière),
M. Bergman (D'Arcy-McGee), M. Marsan (Robert-Baldwin), M. Marcoux
(Vaudreuil), M. Iracà (Papineau), Mme de Santis (Bourassa-Sauvé), M.
Bolduc (Mégantic), M. Rousselle (Vimont).
M. Deltell (Chauveau), Mme Roy (Montarville), M. Dubé
(Lévis), M. Lévesque (Vanier-Les Rivières), M. Le Bouyonnec (La Prairie), Mme Roy
(Arthabaska), Mme Daneault (Groulx), M. Picard (Chutes-de-la-Chaudière), M. Schneeberger (Drummond—Bois-Francs),
M. Martel (Nicolet-Bécancour), Mme Trudel
(Charlesbourg), M. Spénard (Beauce-Nord).
La Vice-Présidente
(Mme Poirier) : Que les
députés contre veuillent bien se lever.
La
Secrétaire : M. Marceau
(Rousseau), M. Hébert (Saint-François), M. Turcotte (Saint-Jean), M. Trottier (Roberval), Mme Richard (Duplessis), M. Ferland
(Ungava), M. Leclair (Beauharnois), Mme Champagne (Champlain), Mme
Beaudoin (Mirabel), M. Traversy (Terrebonne), Mme Bouillé (Iberville), Mme
Gadoury-Hamelin (Masson), M. Villeneuve
(Berthier), M. Pelletier (Saint-Hyacinthe), M. Chapadeau (Rouyn-Noranda—Témiscamingue),
Mme Richard (Îles-de-la-Madeleine), M. Cardin
(Sherbrooke), Mme Proulx (Sainte-Rose), M. Therrien (Sanguinet), M. Roy (Bonaventure), M. Claveau (Dubuc), M. Goyer
(Deux-Montagnes), M. Richer (Argenteuil), M. Trudel (Saint-Maurice).
La Vice-Présidente
(Mme Poirier) : Y a-t-il des abstentions?
Mme la secrétaire générale.
La Secrétaire :
Pour : 53
Contre : 24
Abstentions : 0
La
Vice-Présidente (Mme Poirier) : Alors, la motion est adoptée.
En conséquence, le débat sur l'adoption du principe du projet de loi
n° 37, loi modifiant… oups! excusez-moi, Loi interdisant certaines
activités destinées à rechercher ou à exploiter du gaz naturel dans le schiste,
est ajourné.
Alors,
M. le leader.
M.
Traversy : Mme la Présidente, devant l'enthousiasme de cette
Chambre, j'aimerais qu'on appelle
l'article 6 de notre feuilleton.
La Vice-Présidente (Mme Poirier) :
Merci. Alors, l'Assemblée reprend le débat ajourné précédemment sur l'adoption
du principe du projet de loi n° 37...
Des voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Poirier) :
Est-ce que je peux avoir votre collaboration, s'il vous plaît?
Des voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Poirier) :
Est-ce que les débats peuvent se faire à l'extérieur? M. le député de
Louis-Hébert.
Des voix : ...
La Vice-Présidente (Mme
Poirier) : M. le député de Brome-Missisquoi et M. le député de
Louis-Hébert, est-ce que vous pouvez faire vos
discussions à l'extérieur, s'il vous plaît? Je vous remercie.
Reprise
du débat sur l'adoption du principe
Alors, l'Assemblée reprend le débat ajourné
précédemment sur l'adoption du principe du projet de loi n° 37, Loi interdisant certaines activités destinées à
rechercher ou à exploiter du gaz naturel dans le schiste. Alors, je suis
prête à reconnaître un prochain intervenant. Mme la députée d'Iberville.
Mme
Marie Bouillé
Mme
Bouillé : Merci,
Mme la Présidente. Permettez-moi d'intervenir aujourd'hui sur le projet de loi
n° 37 présenté par mon collègue le
ministre du Développement durable, de l'Environnement, de la Faune et des Parcs
et député de Johnson, intitulé Loi
interdisant certaines activités destinées à rechercher ou à exploiter du gaz
naturel dans le schiste.
Ce projet de loi concerne
la très grande majorité de la population de la circonscription d'Iberville, que
je représente
et que je défends ici, à l'Assemblée nationale du Québec. Cette population habite les MRC de Rouville et du
Haut-Richelieu, dans le sud de la vallée du Saint-Laurent. Presque tout le territoire de la circonscription d'Iberville, à l'exception d'une mince bande le
long du lac Champlain, est revendiqué par des compagnies qui visent à
rechercher du gaz
de schiste sur des propriétés privées et des fermes agricoles du territoire d'Iberville. Ai-je besoin de vous souligner, Mme la Présidente, que les propriétaires
fonciers habitant dans la circonscription
que je représente sont particulièrement inquiets et craignent l'arrivée de
ces compagnies gazières sur notre territoire? Ils sont estomaqués par le fait que des compagnies peuvent arriver chez eux avec
leurs équipements et commencer à forer sans tenir compte de leurs opinions
comme propriétaires, d'autant plus
que certaines de ces compagnies tentent d'obtenir l'aval des conseils municipaux pour procéder à
l'exploration de gaz de schiste sur le
territoire.
La protection de la qualité de vie de mes
commettantes et commettants est prioritaire pour moi, comme députée, tout comme le
gouvernement du Parti québécois. Mme la Présidente, il n'est pas question de
faire comme l'ex-gouvernementde Jean
Charest, en mettant les citoyennes et citoyens devant un état de fait. La
qualité de vie des résidentes et résidents de ma circonscription est, pour moi, aussi importante que le bénéfice
des sociétés gazières. Je suis d'ailleurs très fière que nous
appliquions, comme gouvernement, des principes de développement durable
rigoureux.
Par
souci de cohérence, Mme la Présidente, notre gouvernement a déposé une loi pour
un moratoire sur l'exploitation et
l'exploration dans les basses-terres du Saint-Laurent, en attendant la mise en
place d'un cadre législatif sur les
hydrocarbures. Nous avions promis, lors de la dernière campagne électorale, et
surtout, parce que nous écoutons et comprenons les préoccupations des
citoyennes et citoyens du Québec, nous avons dit qu'un gouvernement du Parti québécois instaurerait un moratoire sur l'exploration
et l'exploitation du gaz de schiste dans la vallée du Saint-Laurent. Ce moratoire n'est pas, Mme la Présidente, une
mesure unique et indépendante en soi. Il s'inscrit dans une approche
rigoureuse, cohérente et globale élaborée
par le Parti québécois pour permettre au gouvernement de prendre une décision
éclairée dans le dossier, au bénéfice de
l'ensemble des Québécoises et des Québécois. Il faut absolument que la
population en tire des bénéfices et non seulement des inconvénients.
Le plan gouvernemental proposé comprend
plusieurs aspects additionnels à ce moratoire, et c'est extrêmement important
de l'expliquer à la population qui nous écoute en ce moment, Mme la Présidente.
Ainsi, un nouveau mandat sera confié
au Bureau d'audiences publiques sur l'environnement une fois que le rapport
final de l'évaluation environnementale et stratégique sera remis au
gouvernement. Le Bureau d'audiences publiques en environnement sera alors mieux
outillé pour bien réaliser son mandat. Il ne
l'était pas lors de la première commission d'enquête du Bureau
d'audiences publiques sur l'environnement, commandée de façon précipitée,
désorganisée et marquée par l'improvisation par le précédent gouvernement
Charest.
•
(12 h 10) •
C'est donc par souci de cohérence, Mme la Présidente,
avec le mandat à venir du Bureau d'audiences
publiques sur l'environnement et en cohérence avec la démarche scientifique
rigoureuse adoptée par le gouvernement péquiste, qui est
axée sur l'acquisition de connaissances scientifiques, qu'un moratoire sur les
opérations de fracturation dans le but
d'explorer et d'exploiter le gaz de schiste sera mis en place. Tout ça se fait
pour permettre de bien cerner les enjeux en cause dans ce dossier, Mme
la Présidente. Nous n'improviserons pas dans un dossier d'une telle importance
pour la population de la vallée du Saint-Laurent.
De plus, puisque l'une des préoccupations des
plus importantes soulevées par les citoyennes et les citoyens de la vallée du
Saint-Laurent portait sur la protection des sources d'approvisionnement en eau
potable, notre gouvernement a, encore
une fois, prouvé son écoute attentive de la population du Québec. Une
réglementation complémentaire sera donc mise en place afin d'assurer une
protection adéquate des sources d'eau potable de nos concitoyens et
concitoyennes, Mme la Présidente.
L'ensemble, donc, de cette stratégie globale
vise ultimement à permettre au gouvernement du Parti québécois de prendre des décisions éclairées quant à l'avenir de
l'industrie des gaz de schiste. Cette décision reposera donc sur des données et
des études scientifiques et n'entend pas, de toute façon, escamoter la
consultation auprès de groupes, de personne, individus qui voudraient
s'exprimer. Nous voulons cependant qu'il y ait une décision qui soit fondée sur
la rigueur, la cohérence et les
connaissances scientifiques dans le domaine. Voilà pourquoi l'attitude des
partis de l'opposition envers ce projet de loi est on ne peut plus
inappropriée.
Il n'est pas vrai que nous referons l'erreur
du précédent gouvernement libéral qui a donné un premier mandat au Bureau d'audiences
publiques sur l'environnement sans une connaissance scientifique suffisante de
la situation. Nous ne ferons pas, Mme la Présidente, comme l'ancien
gouvernement Charest, où les ministres libéraux accumulaient des déclarations favorables au gaz de schiste alors
que le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement menait ses
travaux. À l'époque des libéraux,
heureusement révolue, c'était de l'improvisation totale. Les sociétés
d'exploration avaient déjà débuté leurs activités de forage, souvent sur
des terrains privés, sans même prendre en considération les inquiétudes et les
préoccupations des populations touchées par cette activité et sans les informer
sur la technologie utilisée, qui est la fracturation hydraulique.
En tout, c'est 29 puits d'exploration
qui ont été forés dans la vallée du Saint-Laurent jusqu'à la fin de l'année 2010. Il était vraiment plus que temps
d'encadrer cette ruée vers le gaz de schiste. L'improvisation était telle, Mme
la Présidente, que les premiers forages,
outre les réglementations du ministère des Ressources naturelles entourant
l'émission de permis et les normes de
forage, n'étaient soumis à aucune autorisation de la part du ministère du
Développement durable, de l'Environnement, de la Faune et des Parcs,
même lorsqu'il y avait utilisation du procédé de fracturation.
Devant cette anarchie, je n'ai jamais pu être
insensible aux inquiétudes manifestées par mes concitoyennes et mes concitoyens. Dès le moment où j'ai été informée de ce
qui se passait dans ce dossier, par les compagnies gazières, je me suis intéressée au dossier et j'ai commencé à
informer la population concernée des développements par rapport à la fracturation dans le schiste pour trouver du gaz
naturel. Dès octobre 2010, j'assistais, en compagnie de plusieurs
commettants très inquiets, aux audiences publiques du Bureau d'audiences
publiques en environnement, qui se déroulaient
à Saint-Hyacinthe, sur l'industrie du gaz de schiste au Québec. J'ai entendu,
j'ai noté les commentaires, les observations,
les oppositions de l'ensemble des personnes qui se sont présentées devant le
Bureau d'audiences publiques en environnement.
À l'époque, Mme la Présidente, des
municipalités décidaient même de fermer la porte de leurs usines de traitement des eaux aux eaux usées provenant des activités
de forage parce que ces mêmes municipalités n'obtenaient pas d'information de
la part du gouvernement libéral sur les produits utilisés par l'industrie pour
ses activités de forage, mettant ainsi… Il n'était pas question de mettre en
péril ce qui était l'eau potable pour des populations de certaines municipalités
du Québec.
De plus, en 2011, Mme la Présidente, le
rapport du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement arrivait aux mêmes
recommandations que le Parti québécois. Le rapport était on ne peut plus clair.
Le gouvernement Charest avait agi de façon irresponsable en mettant de côté
l'approche préventive pour opter pour l'improvisation. Le Bureau
d'audiences publiques sur l'environnement en
arrivait à la conclusion qu'il y avait non
seulement un risque pour l'eau potable, mais
aussi un risque pour l'eau souterraine, un risque de migration du méthane dans
le schiste, un risque pour la population… pour
la… excusez-moi, un risque pour la pollution de l'air et une augmentation des gaz à effet de serre. La coupe était pleine. Le Bureau d'audiences publiques sur
l'environnement
confirmait donc nos craintes. Le gouvernement libéral
s'était trompé sur toute la ligne.
J'ai donc invité les propriétaires fonciers
de ma circonscription qui étaient inquiets face à
l'exploration gazière ou carrément opposés au gaz de schiste à interdire
par écrit aux entreprises minières, gazières et pétrolières l'accès à leurs propriétés. Un mouvement citoyen hors du commun demandait un moratoire et s'organisait
pendant ce temps. Il fallait sauver notre environnement. 20 000 Québécoises et Québécois ont
d'ailleurs, Mme la Présidente, décidé dedéfendre l'accès
sur leurs propriétés à des entreprises possédant des titres d'exploration pour
le gaz de schiste. Ce n'est pas rien, Mme la Présidente, et il faut en
tenir compte. Les citoyens s'appropriaient le dossier et exerçaient leurs
droits. C'était encourageant, et je trouvais cela magnifique.
Nous, comme gouvernement péquiste, voulons
nous assurer qu'un encadrement de l'industrie des hydrocarbures et du gaz de schiste
soit mis en place. J'y tiens énormément, Mme la Présidente. Et j'espère que
l'opposition cessera ses tactiques pour empêcher l'adoption du projet de
loi. Il est urgent que nous, la population du Québec, reprenions le contrôle de nos richesses naturelles. Le moratoire,
tel que proposé par le présent projet de loi du ministre de l'Environnement,
permettra de garantir un climat sain dans la vallée du Saint-Laurent pour
permettre un débat sur les enjeux reliés à l'exploitation du gaz de schiste et
que ce débat se tienne dans le calme et le respect. C'est ce que le
gouvernement du Parti québécois souhaite, Mme la Présidente.
Les groupes de
citoyens sont encore mobilisés, et je les appuie. Ce moratoire doit être adopté
afin que tout permis de forage, de
modification ou de complétion de puits délivré en vertu de la Loi sur les mines
soit suspendu pour le moment. C'est ce que la population que je défends et que je protège
attend de nous, les législateurs. Elle attend de nous que nous soyons
prudents et que nous envisagions les mesures à prendre avec une vision d'avenir
claire, responsable et sécuritaire pour la population du Québec. C'est ce que
nous faisons comme gouvernement, Mme la Présidente. Merci pour votre écoute.
La Vice-Présidente
(Mme Poirier) : Merci, Mme la députée. M. le député de
Vanier-Les Rivières.
M. Sylvain Lévesque
M. Lévesque :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Il me fait extrêmement plaisir également de
pouvoir débattre en cette Chambre sur le
projet de loi n° 37, adoption de principe du projet de loi n° 37, Loi
interdisant certaines activités destinées à rechercher ou à exploiter du
gaz naturel dans le schiste.
• (12 h 20) •
Alors,
Mme la Présidente, évidemment, ce qu'on discute aujourd'hui, c'est l'aspect
procédural de la manière de travailler
aujourd'hui. J'ai écouté évidemment avec grand intérêt les collègues des
différentes formations politiques qui
s'expriment sur le débat en cours. Et le débat n'est pas de fond, parce que
j'entendais la députée d'Iberville exprimer que ses citoyens ont des craintes, et des craintes qui sont, je crois, tout
à fait légitimes. Il faut être capable d'accepter que, parmi les
citoyens, parmi les différentes MRC qui seront touchés par éventuellement une
exploitation des gaz de schiste au Québec, ça peut créer des craintes. Parce
que je ne pense pas qu'il y ait un Québécois qui souhaite voir des dégâts
environnementaux apparaître ici, au Québec. Je pense que, ça, on en est tous.
L'ensemble des parlementaires, quelle que
soit la formation politique, est de cet avis. Donc, évidemment, quand
on parle d'exploitation des gaz de schiste, on doit être à l'écoute de ces différentes organisations, les
différentes municipalités, les MRC au Québec, et ça, c'est très, très important de faire ce débat-là.
Par contre, justement pour savoir, pour pouvoir
discuter, et échanger, et adopter éventuellement le
principe de loi qui nous est proposé, on doit
prendre le temps d'écouter et d'entendre ce que les gens ont à dire. C'est
ainsi qu'on va faire un travail constructif et
qu'on va être en mesure de faire avancer les choses et de voter sur un fond qui
va nous être présenté par les différentes personnes au Québec.
Vous
savez, Mme la Présidente, il y a deux façons de consulter, ici, d'usage, à l'Assemblée nationale. Il y a des consultations générales et il y a des consultations particulières. Et, règle générale, les
consultations se font avant l'adoptionde principe. Parce que, si on veut adopter un principe, bien,
il faut avoir entendu ce que les gens ont à nous dire. Bien
sûr, il existe
des exceptions, il existe des consultations… C'est arrivé à quelques reprises où on a adopté des principes avant de procéder à l'adoption... qu'on a adopté le principe, et ensuite on a procédé à
ces fameuses consultations particulières ou générales.
Dans le cas qui nous préoccupe, sur le projet de loi n° 37, ce sera des
consultations particulières, et l'opposition
officielle et la deuxième opposition ont proposé une liste, une liste de
groupes à entendre, et je crois qu'il y a plusieurs MRC d'ailleurs, dont
celle de la députée d'Iberville qui sera consultée éventuellement. Il y en a
beaucoup. Notamment, Mme la Présidente, on
parle de 33 MRC qui seraient invitées à venir nous parler de leurs
positions, de leurs visions du projet de loi n° 37, il y a 18 villes,
il y a des associations, il y a des groupes environnementaux, il y a des organismes... des entreprises telles que Gaz
Métro qui vont venir nous faire part de leurs points de vue en lien avec
le projet de loi n° 37.
Mais,
vous savez, cette liste de 65 là, on devrait les entendre avant d'adopter, de
façon responsable, ce principe sur la loi n° 37. Par la suite, bon,
évidemment, il pourrait y avoir des divergences, et, après avoir adopté le
principe, nous allons débattre
article par article, puis on pourra faire nos représentations, on pourra voter
en commission parlementaire les différents
articles, proposer des amendements et par la suite d'avoir un projet de loi qui
sera, je crois, le plus représentatif des préoccupations de nos
commettants, qui sont évidemment très légitimes. Et nous, à la Coalition avenir
Québec, nous souhaitons entendre ces groupes-là.
Vous
savez, je parlais tout à l'heure qu'il y avait une façon de travailler où on
adopte davantage... on fonctionne davantage en adoptant le principe après avoir
entendu les groupes. Eh bien, sur les 29 projets de loi, Mme la
Présidente, qui ont été débattus… Au moment où on se parle, là, il y en a eu
29, de façon générale, puis, de façon générale, ça a été 24 fois sur 29 où on a procédé de cette
façon-là. Je vais vous citer quelques projets de loi, donc, qu'on a fonctionné
de cette manière-là, et non les moindres,
là : il y a eu le projet de loi n° 1, la Loi sur l'intégrité en
matière de contrats publics; la loi n° 7, qui était la Loi modifiant
la Loi sur l'aménagement durable du territoire forestier; le projet de loi
n° 24, qui est la Loi modifiant la Loi
sur les élections scolaires; la loi n° 27, qui était la Loi sur l'économie
sociale, récemment adoptée avec la
collaboration de mon collègue de Beauce-Nord; et enfin le projet de loi
n° 43, la Loi sur les mines, où il y a eu des discussions, des
échanges qui ont été faits. Donc, on a eu la chance de s'exprimer, d'entendre
les consultations avant d'adopter le principe.
Il y a effectivement
quelques exceptions, cinq sur 29. Ce n'est pas rien, mais il y en a
quelques-unes. Je vais les dire : le projet de loi n° 2 sur le
financement des partis politiques; le projet de loi n° 10, qui était de
relever un élu municipal de ses fonctions;
le projet de loi n° 18, qui modifie la Loi sur les impôts; le projet de
loi n° 32, sur les régimes de retraite des agents de la paix; et
enfin le projet de loi n° 42, qui institue le Gouvernement régional
d'Eeyou Istchee Baie-James. Donc, ces projets de loi là, on a procédé de
l'autre manière. Mais, de façon majoritaire, on a procédé par l'adoption... par
des consultations avant d'adopter le principe.
Puis
évidemment je crois que d'écouter avant ce que les gens ont à nous dire, ça
bonifie beaucoup, beaucoup notre réflexion. Et on est capables par la
suite de prendre une décision plus éclairée. Parfois, d'écouter des groupes, ça peut être long, mais on y gagne tous. Il y a eu des projets de loi assez
importants où on a eu la chance d'écouter de nombreux
groupes, Mme la Présidente : le projet de loi
n° 14, on a reçu 77 groupes qui sont
venus nous présenter des mémoires; le projet de loi n° 14 sur la Charte de la langue française, qui a été... qui
est mort présentement, au
feuilleton, là, qui n'a pas été adopté, qui n'a pas avancé parce que le gouvernement était entêté, il ne souhaitait pas
travailler avec nous, malgré toutes les mains
tendues qu'on lui a lancées; le projet de loi
n° 43, où on a entendu 48 groupes,
ce projet de loi
là, qui était...
qui, évidemment, a amené quand même beaucoup de groupes, 48; et récemment le projet de loi n° 52, où on a accueilli 55 groupes, qu'on a entendus en commission et qui ont eu
la chance d'exprimer leurs points de vue.
Donc,
cette logique-là, de bien comprendre, de prendre le temps de comprendre, je
crois que ça devrait être pris en priorité,
au-delà d'adopter le principe dès le départ, puis par la suite, bien, on
débattra. Parce
qu'il y a... Au-delà de la partisanerie,
je crois qu'on doit avoir un débat serein. Et, dans un débat comme le gaz de schiste, Mme la Présidente, c'est un débat qui peut facilement verser dans
l'émotivité, dans l'émotivité, parce qu'il n'y a pas personne, je l'ai dit tout à l'heure, qui souhaite
voir sa nappe phréatique, dans sa région, dans sa municipalité, se voir…
polluée par des gaz, par du pétrole, par des matières résiduelles; et par la suite, évidemment, la santé publique
pourrait être mise en compte. C'est bien évident qu'on est d'accord avec ce fond-là, mais, avant d'arriver à voir les
impacts et de proposer un principe comme ça, on peut-u prendre le temps
d'écouter notre monde?
Puis il peut y avoir des points de vue qui ne
sont pas à tout rompre, soit la pédale dans le fond d'un côté, go, go, go! on exploite... Comme
disait l'ancienne candidate à la présidence américaine : «Drill, baby,
drill!» On se rappelle tous de cette fameuse expression. Bien, avant de
procéder là, il faut quand même être sûrs de se sécuriser et de prendre des
décisions éclairées. De l'autre côté, il y a une façon très dogmatique de faire
où, au contraire, on va gouverner par moratoires
et on va tout bloquer. Et, pendant cinq ans, Mme la Présidente, là, on
s'empêche potentiellement d'exploiter de
façon sécuritaire du gaz de schiste qui pourrait éventuellement nous aider à
régler des problèmes économiques que nous
vivons au Québec. Et ça, à ce niveau-là, je pense que c'est important. Avant
d'être, d'un côté, très dogmatique sur oui, oui, oui, on y va, et, de l'autre côté, non, non, non, on n'y va pas, il
y a peut-être un mitoyen entre les deux. Peut-être qu'il y a des groupes
qui pourraient venir nous dire ça en commission parlementaire, en audition,
préalable à l'adoption du principe, et qui va faire qu'on va adopter de façon
intéressante ce fameux principe là.
Vous
savez, quand on regarde la position que nous, on a adoptée, c'est qu'on
souhaite un moratoire mais un moratoire qui
n'est pas bloqué sur cinq ans nécessairement. Ça peut peut-être être un an,
deux ans, cinq ans, 10 ans, je ne le
sais pas. Mais ce qu'il faut faire avant, c'est de s'assurer de faire des
tests, de faire du travail, de faire un travail defaçon scientifique dans une zone où il n'y aurait
pas de risque pour les habitations, pour les citoyens du secteur...
d'utiliser la science qui est mise à notre disposition à ce moment-ci et qui va
nous permettre d'expérimenter. Et par la suite, si ces avenues-là se retrouvent intéressantes et nous démontrent leur
bien-fondé, eh bien, évidemment, là on pourra peut-être exploiter de façon très sécuritaire nos ressources
naturelles au Québec. Puis c'est vers ça qu'on veut travailler, la main
tendue. Oui au moratoire, mais en même temps un moratoire raisonnable, pas
dogmatique, bloqué, qui nous empêcherait… Si
la connaissance et l'état de la science actuelle nous permettraient d'aller de
l'avant, bien, tant mieux.
Mais
évidemment ce n'est pas vraiment la vision, je crois, de l'actuel gouvernement,
d'avoir une approche raisonnable et mesurée
sur le développement des gaz de schiste. Parce que, ce fameux gaz de schiste,
il y a toujours un risque — qu'on
nous dit — mais en même temps pourquoi on ne prend pas le temps de vraiment
bien évaluer la situation? Bien, c'est parce
qu'on a un gouvernement antidéveloppement, antidéveloppement économique, M. le
Président... Mme la Présidente.
•
(12 h 30) •
Cette
fameuse vision là... Je vais vous donner quelques données que j'ai ressorties
pour que nos collègues comprennent bien où on en est présentement au Québec sur
l'économie. On en est... Quand on compare les données du PIB, tout d'abord, données du PIB, au Québec, quand on se compare à
l'Ontario, là, notre PIB a crû de 0,9 %, tandis qu'en Ontario, pour la même période, il a crû de
1,7 %. C'est des provinces voisines, avec des populations
relativement similaires, un peu plus grande
en Ontario, mais pas assez pour dire qu'on passe du simple au double. C'est un
élément extrêmement important.
Par rapport à l'emploi, on a raison de se
poser des questions puis d'être inquiets. Quand on compare le Québec à l'intérieur du Canada, la croissance du Québec,
au niveau de l'emploi, on parle de 0,6 %. Au Canada, c'est 1,4 % de croissance d'emploi. Donc, le Québec fait partie
du Canada encore. Donc, ce Québec-là, là, au moment où on se parle, il croît moins vite, dans la même sphère économique,
que des provinces comparables autour. Puis on sait que la création d'emploi — ça
a été dit à maintes reprises dans les dernières semaines — les
emplois qu'on a réussi à créer, la majorité,
ce sont des emplois publics, des emplois
publics. Je n'en ai pas contre les emplois publics, Mme la Présidente. Les
emplois publics sont là pour donner des
services à nos citoyens. Mais les emplois publics, ce n'est pas de la création
de richesse. Alors, il faut avoir une vision de développement
économique, aussi, pas toujours le pied sur le break.
Je vais vous donner également des données.
Ça, c'est le Bulletin de la prospérité du Conseil du patronat, qui n'est pas un organisme
politique partisan. Cette instance, Conseil du patronat, nous a donné, sur huit
indicateurs, les résultats comparables avec trois autres provinces
canadiennes. Je ne vous parlerai pas de l'Île-du-Prince-Édouard, là, Mme la
Présidente, ils sont 120 000 habitants, là. Je vais vous parler de trois
provinces comparables : l'Alberta, la Colombie-Britannique et l'Ontario.
Quand on compare le Québec avec ces trois provinces canadiennes, le PIB, on a
un écart de 25 % en moins, les
salaires, 16 % en moins, l'emploi, 4 % de moins, la productivité,
17 % de moins, les investissements privés — c'est ce qu'on parle un peu quand on parle du gaz de
schiste — 5,4 % de moins.
Mais, Mme la Présidente, il y a un élément où
on est en haut des autres, il y en a au moins un : la dette. 30 % de plus. Ah non, ce
n'est pas une bonne mesure, O.K. Elle n'est pas très intéressante. Mais on
peut-u se trouver des façons d'améliorer la situation au Québec?
30 % de dette de plus, mais, sur tous les autres indicateurs économiques,
on est en arrière, et pas rien, là, des fois de
25 %, 30 %. Puis, quand on prend toutes les provinces canadiennes,
sur tous les indicateurs économiques, on est soit sixième, septième, huitième,
neuvième, et même dixième. Il n'y a aucun indicateur
économique où on figure parmi les quatre premiers. Donc, on ne fait pas le
podium aux Olympiques, Mme la Présidente. Malheureusement, là, on ne le
fait pas, le podium.
Donc,
le Québec, depuis plusieurs années, malheureusement, recule. Il faut avoir une
vision économique, une vision du développement économique. Le coup de barre,
c'est important de le donner, c'est très, très important. Et, malheureusement,
il n'y a pas rien que la vision d'amener des revenus supplémentaires qui est
importante, il y a aussi de contrôler les
dépenses de l'État. De ce côté-là, j'en parlais tout à l'heure, ça fait
plusieurs années qu'on recule, puis on est en face de deux formations
politiques qui n'ont pas aidé beaucoup au niveau des contrôles des dépenses
publiques.
Le premier élément que je tiens à vous dire,
Mme la Présidente, avec une dette qui est supérieure à 250 milliards, une
dette qui a crû de 54 milliards au cours du mandat libéral — donc
ils sont responsables — juste dans le neuf ans où ils ont été au pouvoir, ils ont fait croître la dette
de 30 % en un seul... bien, en un seul mandat, deux mandats regroupés, là,
il y a eu un moment où est-ce qu'ils étaient minoritaires… Au travers de tout
ça, ils ont fait croître la dette de 54 milliards.
Ça, 54 milliards, Mme la Présidente, vous saviez que chacun des Québécois,
qu'il soit de la marchette à la poussette,
donc... de la poussette à la marchette, donc, peu importe l'âge qu'il a, chacun
des Québécois, en intérêts, par année, là... Parce qu'au total on paie
10 milliards d'intérêts au Québec. 10 milliards, ça représente environ
1 200 $ pour chacun des Québécois, 1 200 $ à chaque année, là, que, dans nos impôts, on prélève et que
l'on va accorder au remboursement des intérêts de la dette.
Cette année, là, le gouvernement du Québec, c'est 4,3 % d'augmentation de dépenses,
alors qu'ils s'étaient fixé eux-mêmes
2,7 % d'augmentation, de limiter les dépenses. Bien non, ils l'ont
augmentée. Les dépenses ont crû de 4,3 %. On est en face de deux formations politiques qui
ont perdu le contrôle, Mme la Présidente, sur les dépenses.
Donc, quand on a perdu le contrôle sur les
dépenses à ce niveau-là, bien, premièrement, on doit se regarder. On doit tenter
d'améliorer la situation, mais on doit aussi se trouver des solutions pour
améliorer les revenus de notre État. Donc, pour améliorer les revenus de notre État, il faut arrêter de gérer de
façon tous azimuts à coup de moratoire, de se positionner contre tous
les projets de développement. Évidemment, je le redis encore, il faut faire
attention. Il faut faire attention, l'environnement,
on en est. Il ne faut pas nécessairement dire : On bloque tout pour
toujours, mais : Oui, il faut prendre le temps de faire bien les
choses.
Vous savez, en plus, avant de tout bloquer,
on a débattu la semaine dernière sur une motion, une motion qui a été présentée par mon collègue de Granby. Cette motion se
lisait ainsi, Mme la Présidente : Que le ministre s'engage à adopter des règles transitoires à court terme et à
faire en sorte que, durant le moratoire proposé, les études et les
besoins de développement de connaissances scientifiques, de l'évaluation
environnementale se poursuivent et que de nouveaux forages soient autorisés à ces strictes fins. Ce que vous comprenez, Mme
la Présidente, par la motion raisonnable et très, très équilibrée du
député de Granby — d'ailleurs, qui a été
supportée par l'opposition officielle par la voix du député de Laurier-Dorion, malheureusement rejetée par les
collègues ministériels — bien, vous comprenez qu'on avait
là un intérêt à faire un pas vers eux, à
travailler avec eux sur un moratoire, mais en proposant quand même une solution
qui est mitoyenne, qui est prodéveloppement
et pro-environnement. On est capables, à la fois, de marcher puis mâcher de la
gomme à la fois, Mme la Présidente. On est capables de faire un pas dans la
bonne direction puis d'améliorer la situation.
Mais,
malheureusement, Mme la Présidente, ce n'est pas la vision du Parti québécois.
Ce n'est pas la vision du Parti québécois.
On se rappelle tous de la fameuse publicité de la campagne, où on voyait les
redevances qui avaient un gros camion qui accouchait de petits cailloux
parce que c'était ce qu'on recevait au Québec. C'était supposé être ça qu'on reçoit au Québec : des grenailles. Hé
bien, c'est sûr que, quand on créé un climat économique défavorable,
bien, c'est ça qu'on reçoit. Des gros
cailloux, hein, des gros cailloux, on le dit : Bien, vous recevez des
petites grenailles présentement, hein? L'exploitation du Nord — je regarde le député d'Ungava, là — je pense qu'on est pas mal sur le frein. On était dans le Plan Nord, maintenant, on est au plan
mort. On était un des États qui étaient le plus attirants pour les
compagnies étrangères. Maintenant, on entend des spécialistes nous dire qu'ils
ont le goût davantage d'aller investir en Irak, en Afghanistan qu'au Québec, là…
en Azerbaïdjan, je m'excuse. Je retire le mot «Afghanistan». Mais ces pays-là
sont devenus plus attirants que le Québec, selon des investisseurs étrangers.
C'est-u normal, ça, Mme la Présidente? Ce n'est pas normal du tout.
Il y a quatre secteurs d'activités qu'on a vu
que ça… qu'on a toujours le pied sur le frein puis qu'on gouverne en moratoire. On parle, bien sûr, du pétrole,
l'exploitation de notre pétrole dans le golfe du Saint-Laurent. On parle des
mines, où on a 2,8 milliards de projets qui ont été mis au rancart à cause
de l'attitude et du climat qui a été créé par l'actuel gouvernement.
Que
dire du déclin de l'industrie forestière? Quand je regarde le gouvernement du
Québec, via la députée de Taschereau, la ministre régionale de la Capitale-Nationale,
qui dit non à un projet sur le granule de bois dans le Port de Québec, Mme la Présidente, puis c'est un
débouché pour l'industrie forestière, des milliers d'emplois en jeu.
Bien, c'est ça, une attitude d'un
gouvernement qui a toujours le pied sur la pédale de break, qui ne veut pas
avancer, qui est soumis au lobby écologiste, un lobby écologiste qui
n'est pas, malheureusement, proche du développement économique.
Mme
la Présidente, je vous remercie beaucoup puis j'espère que le gouvernement
saisira la main tendue.
•
(12 h 40) •
La
Vice-Présidente (Mme Poirier) : Merci. Merci beaucoup. Mme la
députée de Bourassa-Sauvé.
Mme Rita de Santis
Mme
de Santis : Merci, Mme la Présidente. D'après le Global
Petroleum Survey 2013 du Fraser Institute, sur les 153 territoires qu'ils
ont étudiés, le Québec se retrouve au 141e rang des endroits où il fait bon
investir dans le pétrole
et le gaz. D'après cette même étude, certains pays verts, comme les Pays-Bas,
est au 10e rang, le Danemark, au 13e rang, la Norvège, au 20e rang.
Pourquoi le Québec est si loin dans le classement?
Je cite quelques commentaires qui
ont été recueillis par le Fraser Institute. Je cite : «Expropriations and de facto expropriations
in Quebec without compensation are particularly discouraging relative to
the expectations of [the] rule of law.» Je cite aussi : «Total uncertainty
fueled by inconsistencies in messages given by the government.» Fin de
citation.
Vers
la fin 2007, une importante découverte de gaz naturel dans les schistes de la formation géologique du shale d'Utica, situé dans la région des
basses-terres du Saint-Laurent, s'est produite. Le dépôt du projet
de loi n° 37 est le résultat d'un engagement électoral du Parti québécois et concrétise la décision gouvernementale prise le 6 février 2013 de confier au BAPE
le mandat de mener une consultation
élargie qui va s'appuyer sur les études commandées dans le
cadre de l'évaluation environnementale stratégique sur le gaz de schiste, commandées par le
Parti libéral du Québec. Rappelons que le gouvernement libéral avait, en août 2010, confié
un mandat d'enquête et d'audience publique au BAPE sur le développement
durable de l'industrie des gaz de schiste du Québec. L'une des principales
recommandations du rapport du BAPE était de
mettre en place une évaluation environnementale stratégique sur le gaz de
schiste. Le comité chargé de mener
l'évaluation environnementale stratégique devait remettre son rapport en novembre
2013. Rappelons aussi que l'actuelle
ministre des Ressources naturelles a déclaré qu'elle n'entrevoyait pas le jour
où des techniques permettront l'exploitation sécuritaire du gaz des
schistes. Non, jamais.
Le 15 mai 2013, le ministre du Développement
durable, de l'Environnement, de la Faune et des Parcs a déposé, à l'Assemblée nationale du Québec, le projet de
loi n° 37, une loi interdisant certaines activités destinées à rechercher ou à exploiter du gaz naturel dans les schistes,
c'est-à-dire une loi visant à instaurer un moratoire sur certaines
activités liées à la fois à la recherche et
à la fois à l'exploitation du gaz naturel dans les schistes et basses-terres du
Saint-Laurent. Le moratoire proposé
serait effectif jusqu'à l'adoption de nouvelles règles pour — et
je souligne — la recherche — souligné — etl'exploitation des
hydrocarbures ou pour une période maximale de cinq ans. Il s'appliquerait à
l'ensemble des activités de forage,
les opérations de fracturation et les essais d'injectivité destinés à
rechercher ou à exploiter du gaz de schiste. Ainsi, ces activités
seraient interdites sur le territoire visé par le projet de loi n° 37,
sous peine d'une amende d'un montant maximal
de 1 million de dollars et/ou une peine maximale de trois ans dans le cas
d'une personne physique, et de 6 millions de dollars dans les
autres cas.
Le moratoire couvrirait le territoire de 52
municipalités dans les basses-terres du Saint-Laurent. Le gouvernement aurait également le pouvoir d'étendre le
moratoire aux territoires de municipalités contiguës à celles déjà visées par le projet de loi. Par ailleurs, les autorisations
déjà délivrées en vertu de la Loi sur la qualité de l'environnement et les
permis de forage, de modification ou de complétion de puits délivrés en vigueur
de la Loi sur les mines seraient suspendus pour
ce qui est des activités visées par le moratoire. De plus, les autorisations
émises en vertu de la Loi sur la qualité de l'environnement pour ces activités ne pourraient pas être cédées,
modifiées ou révoquées pendant la durée du moratoire. La mise en place
du moratoire ne donnerait droit à aucune indemnité de la part de l'État.
Le projet de loi n° 37 a été présenté le
15 mai 2013, et, seulement deux jours plus tard, le 17 mai, l'opposition officielle
a soumis une proposition au leader du gouvernement pour procéder à des
consultations particulières. Le leader du gouvernement n'a jamais
indiqué qu'il n'était pas de l'intention du gouvernement de procéder à des
consultations particulières dans le cadre du projet
de loi. D'ailleurs, le leader du gouvernement a demandé les disponibilités de notre porte-parole pour procéder aux consultations pendant
l'intersession cet été. Le gouvernement n'a donné aucun retour sur ce sujet depuis. Puis, presque six mois plus
tard, le 5 novembre 2013, le gouvernement appelle l'adoption de principe
du projet de loi n° 37 sans procéder à des consultations publiques.
Dans
un communiqué de presse du 6 novembre, le ministre du Développement durable, de
l'Environnement, de la Faune et des Parcs
dit, je cite : «Je vis au quotidien avec l'enjeu du gaz de schiste dans ma
propre circonscription depuis des
années. Je sens la crainte des gens, l'indignation devant la façon dont
l'industrie et le gouvernement libéral les ont traités et je m'inquiète
d'un grave déficit de confiance envers les institutions. Je me suis engagé à
protéger la population et je n'abandonnerai
pas.» Fin de citation. Mais, si tel est le cas, s'il était aussi préoccupé,
pourquoi avoir attendu six mois avant
de revenir sur son projet de loi n° 37? Pourquoi ne pas être revenu après
le 17 mai sur les consultations particulières?
S'il y avait vraiment urgence, urgence d'agir, d'après lui, pourquoi il
n'aurait pas agi rapidement? Parce qu'il a perdu six mois, et six mois,
c'est beaucoup de temps si un sujet est vraiment brûlant d'actualité.
Cette façon de faire du PQ, c'est-à-dire de
refuser de procéder à des consultations publiques sur un projet de loi d'une telle
importance pour le Québec, va à l'encontre du processus habituel de l'Assemblée
nationale. D'après le site même de l'Assemblée nationale, les étapes de
cheminement d'un projet de loi qui devront normalement avoir lieu à des séances distinctes de l'Assemblée sont :
un, présentation, l'auteur du projet de loi, le député ou le ministre le
dépose devant l'Assemblée afin qu'elle en
amorce l'étude. Deux, il y a des consultations en commission. Cette étape
permet aux députés de connaître l'opinion et les besoins réels des
personnes ou organismes concernés. Et, ensuite, il y a : trois, l'adoption
du principe.
Les habitants des 33 MRC, d'une paroisse et
de 18 villes du Québec touchés par ce projet de loi, qu'ils soient en faveur ou non avec ce projet de loi, ont pleinement le
droit de venir à l'Assemblée nationale pour faire entendre leurs points de vue.
Il est irresponsable que le gouvernement, en refusant des consultations
publiques avant de procéder à l'adoption du principe du projet de loi, fasse fi
des opinions divergentes que peut poser un projet de loi de cette envergure. Si le projet de loi n° 37 est
adopté dans sa forme actuelle, il y aura des importantes répercussions sur les
régions concernées et aussi sur l'économie
de tout le Québec. C'est pourquoi nous avons demandé au gouvernement d'agir
de façon responsable et de se porter à l'écoute des Québécois et des acteurs du
milieu qui sont directement concernés par le projet de loi.
Tel qu'indiqué sur le site même de
l'Assemblée nationale, il est conforme au président de l'Assemblée nationale d'entendre des groupes avant de se prononcer sur
le principe d'un projet de loi. Les consultations publiques sont essentielles et souvent
l'outil par excellence pour guider les parlementaires à se faire une opinion
sur des enjeux de société. Faire le
contraire, comme insiste de faire le PQ, est irrespectueux et illogique. Avant
de statuer sur le principe d'un projet de loi, il est du devoir de chaque député d'avoir tous les éléments en
main, qu'ils soient scientifiques ou qu'ils concernent l'opinion des citoyens du Québec, pour prendre la
meilleure décision possible sur un projet de loi qui aura manifestement des répercussions importantes. Faire fi de
procéder à des consultations publiques sur le projet de loi est
complètement irresponsable et un geste arrogant de la part de ce gouvernement
péquiste minoritaire. Ils doivent respecter les us et coutumes du Parlement.
Les consultations viennent avant le principe. Ce n'est pas une demande
farfelue, les enjeux sont importants pour le Québec.
Quant au projet de loi n° 37, on constate des problématiques importantes qui méritent d'être
soulevées. D'abord, c'est une loi
interdisant certaines activités
destinées à la recherche ou à l'exploitation du gaz naturel dans les schistes. On parle d'exploitation. On parle de recherche. Pourquoi arrêter l'acquisition de connaissances scientifiques, la recherche? Cette attitude me rappelle un peu l'attitude de
M. Harper quand la collecte de statistiques et quant à son approche vis-à-vis la recherche et la science. On veut fermer la porte à clé aux connaissances. Mme Chantal Hébert est correcte quand, le 3 novembre dernier, sur Tout le
monde en parle, elle a fait un rapprochement entre la façon de faire de Stephen
Harper et les conservateurs et le Parti
québécois. Sauf que le Parti québécois est en situation minoritaire.
Deuxièmement, le Parti québécois, favorable
à l'exploitation pétrolière, pèche par incohérence en n'incluant pas le pétrole dans le moratoire. Pourquoi le pétrole de schiste, c'est bon, le gaz de schiste, ce n'est pas bon? Ce projet de loi exclut des régions du Québec qui pourraient aussi être visées comme Anticosti et la
Gaspésie. La fracturation, c'est la fracturation,
c'est la fracturation. Deux poids, deux mesures. Je ne comprends pas. On peut
donc déplorer et fortement se questionner
sur la politique de moratoire du Parti québécois, qui semble être à hydrocarbure et à
géographie variables. Le gouvernement Marois
s'apprête à autoriser la…
•
(12 h 50) •
Une
voix : …
La Vice-Présidente (Mme Poirier) : C'est bien, je… Alors, le gouvernement de la première ministre. On ne peut pas nommer
un député par son nom ici. Alors, je m'assure de votre collaboration.
Mme de Santis : On peut… Le gouvernement s'apprête à autoriser la fracturation
hydraulique sur l'île d'Anticosti sans attendre le rapport de l'évaluation environnementale
stratégique. Anticosti est un territoire aux écosystèmes fragiles, riche en
faune et flore. Dans la vallée du Saint-Laurent, le PQ se préoccupe de
l'acceptabilité sociale, et Anticosti, comme ce n'est pas un problème, on se fiche des écosystèmes fragiles. À
Anticosti, comme la densité de la population est faible, le gouvernement est prêt à court-circuiter les
évaluations environnementales pour procéder à l'exploration du pétrole.
Pour un gouvernement qui se dit préoccupé
par l'environnement, faire fi de la fragilité d'Anticosti démontre que
l'environnement n'est pas vraiment l'une de leurs priorités. La vallée du
Saint-Laurent, Anticosti, pour les péquistes, c'est deux poids, deux mesures.
Ce
gouvernement de moratoires les saupoudre, depuis qu'il est au pouvoir, où ça
fait leur affaire. Le mot «moratoire» est
devenu la marque de commerce de ce gouvernement, qui gouverne à coup de
moratoire. Un moratoire sur l'exploration
du gaz de schiste signifie que toutes les activités délivrées seront suspendues
sans indemnité de l'État, ce qui engendrera
une perte économique pour plusieurs entreprises. Ne croyez-vous pas qu'on
pourrait anticiper que certaines entreprises
pourront quitter le Québec? Gouverner à coup de moratoire nuit grandement au
développement économique, à la création d'emplois et à la création de
richesse, dont le Québec ne peut se priver. Ces moratoires sont néfastes pour l'économie du Québec, ils créent un climat
d'incertitude et sont loin d'être un modèle de développement économique.
Pensons un moment à la réputation que cela donne au Québec et on voit, au
niveau international, où on est à placer. On va savoir qu'au Québec le
gouvernement peut unilatéralement mettre fin à vos activités commerciales,
messieurs, mesdames, sans aucune indemnité. Bravo!
On le sait, les moratoires, c'est la recette
miracle du PQ, ça leur permet de ne pas prendre de décision et de gagner du temps. J'aurais pu croire que la décision de ce
gouvernement de poser un moratoire sur les activités destinées à la recherche
ou à l'exploitation du gaz de schiste est une décision idéologique, mais
comment expliquer les deux poids, deux mesures? Sa décision est plutôt
dogmatique et inacceptable. Vous croyez vraiment que le PQ est l'ami de
l'environnement qu'il se déclare être? Encore une fois, les paroles sont
faciles, c'est autre chose quand vient le temps d'agir. C'est prévisible, connaissant l'aversion envers le gaz de schiste de plusieurs députés péquistes
et notamment les commentaires de l'actuelle ministre de Ressources naturelles. Le
moratoire, c'est la solution facile pour ne pas prendre de décision. Tel que l'a dit notre chef au Quotidien
le 20 novembre 2012, ça donne l'illusion de la tranquillité pendant
quelque temps, mais il arrive un moment où on frappe un mur, et la correction
crée un choc. Alors, c'est simple, on déplore fortement
l'absence d'écoute qu'a ce gouvernement à l'égard des citoyens et des acteurs
du milieu directement concernés par le projet de loi n° 37. Et le
gouvernement manque clairement de cohérence dans le dossier de recherche et
l'exploration et l'exploitation des ressources naturelles.
Ce gouvernement ne cesse de changer les
règles du jeu comme bon leur semble; c'est inacceptable. Le cafouillage péquiste a pour conséquence de semer la
confusion à chaque fois qu'il prend une décision. En 2008, la première ministre affirmait que les Québécois ont tout à
gagner à mettre à profit les gisements présents au large du golfe du
Saint-Laurent. Elle en rajoutait en disant
que c'est désolant de voir le gouvernement Charest fermer les yeux sur ce
potentiel et ne pas mettre le pied sur l'accélérateur. Aujourd'hui, la première
ministre et son ministre de l'Environnement gèrent nos ressources naturelles de
façon aléatoire à géographie variable.
Je
crois qu'il est utile de réitérer la position défendue par ma formation
politique dans le dossier de gaz de schiste. Elle demeure la même depuis le
début de l'évaluation environnementale stratégique sur l'industrie du gaz de schiste que nous avons mise en place lorsque nous étions au
gouvernement. Cette position s'inscrit dans la clarté, la cohérence : attendre la fin de l'évaluation
environnementale stratégique avant de prendre des décisions quant à
l'exploration et l'exploitation du gaz de schiste.
Pour le Parti libéral du Québec, le
développement de la filière pétrolière et gazière doit s'effectuer selon des normes environnementales optimales et en respectant les
lois et les règlements. Nous avons toujours soutenu que la mise en valeur de notre pétrole et de notre gaz naturel
doit se faire selon les plus hauts standards, tant sur le plan social que
sur le plan environnemental, sans quoi il
n'y aura pas d'exploitation. Aucun compromis n'allait être fait quant à la
sécurité et à la santé des citoyens
et quant à l'environnement. L'évaluation environnementale stratégique allait
nous permettre de prendre une
décision éclairée, car nous allions alors avoir tous les éléments en main pour
décider si nous allions de l'avant avec l'exploration et l'exploitation
du gaz de schiste au Québec.
Pendant
la durée complète de l'évaluation environnementale stratégique sur le gaz de
schiste, nous étions dans une phase
d'acquisition de connaissances et aucun puits n'était en exploitation au
Québec. Pour ce qui est des activités d'exploration
dans le golfe du Saint-Laurent, nous avons toujours été clairs : nous
voulions attendre la fin de l'évaluation environnementale stratégique,
qui allait nous éclairer sur la faisabilité des activités d'exploration et
d'exploitation. À l'aboutissement de ce
processus, nous avions la certitude que les activités d'exploration et
d'exploitation pouvaient se réaliser,
selon les meilleurs principes de développement durable, de concert avec
l'accord de la population; nous allions déterminer s'il était envisageable d'aller de l'avant. Dans un dossier
aussi complexe, nous devons nous remettre à la science, la science, avant de prendre une décision, à
savoir si nous allons de l'avant ou non avec l'exploration et
l'exploitation du gaz de schiste.
Donc,
en conclusion, Mme la Présidente, si je vote ou nous votons en faveur du
principe, est-ce qu'il y aura des consultations après? Ces consultations
seraient très utiles pour nous à ce stade-ci afin de mieux informer la suite de
l'étude de ce projet de loi. Quant à l'étude article par article, on vous
assure que nous allons être très vigilants…
La
Vice-Présidente (Mme Poirier) : En terminant.
Mme
de Santis : …et que nous allons assurer que le
projet de loi répond aux besoins…
La Vice-Présidente (Mme Poirier) :
Merci, Mme la députée. Merci. Alors, compte tenu de l'heure et afin de permettre, cet
après-midi, le débat sur une affaire inscrite par les députés de l'opposition,
le présent débat sur l'adoption du principe du projet de loi n° 37,
Loi interdisant certaines activités destinées à rechercher ou à exploiter du
gaz naturel dans le schiste, est ajourné.
Alors,
je suspends nos travaux jusqu'à 15 heures.
(Suspension
de la séance à 13 heures)
(Reprise à 15 h 1)
Le Vice-Président
(M. Cousineau) : Veuillez vous asseoir.
Affaires inscrites par les députés de l'opposition
Motion proposant que l'Assemblée exige du gouvernement
qu'il s'engage à présenter un plan de retour à l'équilibre
budgétaire avec sa prochaine mise à jour économique
Alors, aux affaires
du jour, à l'article 56 du feuilleton, aux affaires inscrites par les députés
de l'opposition, M. le député de Brome-Missisquoi présente la motion
suivante :
«Qu'à
l'occasion du 1er anniversaire du budget du ministre des Finances et de
l'Économie et de son engagement de retour à l'équilibre budgétaire cette
année, l'Assemblée nationale exige que le gouvernement péquiste s'engage formellement à présenter un plan de retour à
l'équilibre budgétaire lors du dépôt de la prochaine mise à jour
économique du ministre des Finances et de l'Économie.»
Conformément à ce qui
a été énoncé antérieurement par la présidence, je vous avise… je vous informe
que la répartition du temps de parole pour le débat restreint sur la motion
inscrite par M. le député de Brome-Missisquoi s'effectuera
comme suit : 10 minutes sont réservées à l'auteur de la motion pour sa
réplique, environ 43 min 12 s sont allouées au groupe parlementaire formant le
gouvernement, environ 38 min 24 s sont allouées au groupe
parlementaire formant l'opposition officielle, environ
14 min 24 s sont allouées au deuxième groupe d'opposition, six
minutes sont allouées aux députés indépendants.
Dans ce cadre, le
temps non utilisé par les députés indépendants ou par l'un des groupes
parlementaires sera redistribué aux groupes parlementaires en proportion de
leur représentation à l'Assemblée nationale.
Enfin, mis à part les
consignes mentionnées précédemment, les interventions ne seront soumises à
aucune limite de temps.
Je cède donc la parole, pour débuter, à M. le
député de... Oui, Mme la députée de Louis-Riel... Anjou—Louis-Riel.
Mme Thériault :
Merci, M. le Président. Simplement pour préciser qu'en temps normal, sur cette
motion, l'auteur de la motion étant le
député de Brome-Missisquoi... Je sais qu'on ne doit pas souligner l'absence
d'un membre en notre Assemblée, mais il est retenu dans une autre
commission. Donc, il y aura le député de Mont-Royal qui va s'exprimer, et je
veux tout simplement préserver le temps ainsi que le droit de réplique du
porte-parole, soit le député de Brome-Missisquoi.
Le Vice-Président (M. Cousineau) :
Merci de ces informations. Il n'y a pas de problème. M. le député de
Mont-Royal.
M. Pierre Arcand
M.
Arcand : Merci beaucoup, M. le
Président. Permettez-moi aujourd'hui de parler, bien sûr, de cette
motion, parce qu'on a passé, M. le
Président, une très grande partie du temps à parler, évidemment, durant la
période de questions, de cet
anniversaire, de ce triste anniversaire, en fait, qui est celui du premier
anniversaire du premier budget du gouvernement du Parti québécois.
Et je vais
tenter, M. le Président, au cours de cette intervention, d'essayer de parler le
moins possible de chiffres. Parce
qu'à un moment donné, pour les gens qui nous écoutent, les chiffres, c'est
toujours extrêmement compliqué, déjà, et, quand on n'a pas de tableau ou
de chose comme ça, ça devient encore plus complexe.
Mais je vais
tenter quand même, M. le Président, de parler, essentiellement, de la réalité
du Québec. Et la réalité du Québec, actuellement, c'est qu'on vit, M. le
Président, dans le déni le plus total de la part du gouvernement. Nous avons entendu à maintes et maintes reprises,
depuis les dernières semaines, la première ministre nous dire que tout
allait bien, que tout était en place, qu'on
créait des emplois et que la situation était fantastique au Québec au moment où
on se parle.
Et je pense que notre... le leader, le chef de
l'opposition à l'Assemblée nationale a eu la bonne question, ce matin, entre autres, à la première ministre, en
lui disant essentiellement : Bien, au sens pratico-pratique, si ça va si
bien que ça, pourquoi on n'est pas capables
d'atteindre l'équilibre budgétaire? Pourquoi on n'est pas capables d'améliorer
notre sort si ça va si bien que ça? Et quand
j'entendais, ce matin, entre autres, le ministre des Finances répondre aux
questions avec… Ils avaient réussi à trouver un tableau où il y avait
quelque chose de positif. Et, ce matin, ce qui était le comble, c'est que le ministre de l'Économie et des Finances
avait, dans son discours, dit : Nous allons créer des emplois, et même
on peut vous dire que le traité de
libre-échange entre l'Union européenne et le Canada, et donc le Québec, bien,
c'est un traité qui va être très
bénéfique, parce que ça va créer des emplois. M. le Président, juste ce
traité-là ne sera pas appliqué avant, au minimum, deux ans, et donc la
création d'emplois, on la veut maintenant. On ne la veut pas immédiatement, on
la veut maintenant.
Et j'ai
toujours, moi, développé une thèse qui a toujours été celle-là… Pourquoi j'ai
toujours pensé que le Parti québécois,
sur le plan économique, avait énormément de difficultés, avait des difficultés
à générer des revenus, à générer des revenus de l'État, des revenus
particulièrement importants? Parce qu'on ne peut pas éternellement augmenter
les taxes. Même si on nous parle, du côté du
Parti québécois actuellement, d'une taxe sur l'assurance autonomie, on
vient de reconnaître que ça va prendre probablement une taxe sur l'assurance
autonomie... On a déjà dénoncé, à l'époque, les hausses d'électricité. Il va y avoir éventuellement des hausses des
tarifs d'électricité. On a joué un jeu un peu bizarre au niveau des commissions scolaires. On a accepté que
les commissions scolaires puissent taxer à leur guise. Là, on présente
un projet de loi pour essayer d'enlever un peu d'argent aux commissions
scolaires. En fait, ça a été l'historique de ce gouvernement depuis déjà plusieurs mois, c'est-à-dire qu'on coupe, après
ça on réinjecte de l'argent. On s'en va dans une direction qui est très
pour le moins étrange, M. le Président.
Alors, je
reprends la question de notre chef de l'opposition ce matin : Si ça va si
bien au Québec, si la première ministre
n'arrête pas de nous dire que ça va bien, pourquoi on n'est pas capables de
reconnaître qu'on va faire l'équilibre budgétaire?
M. le Président, il n'y aura pas d'équilibre budgétaire d'ici les prochains
mois. Il est très clair qu'il n'y
aura pas d'équilibre budgétaire. Les gens du gouvernement en face, lorsqu'on
leur parle d'un déficit de 2,3 milliards,
où on est rendus, et qu'éventuellement ce déficit-là va augmenter, eh bien, ils
ne nous contestent même plus. Ils sont là en train de dire que ça va
bien, mais il est très clair, M. le Président, que ça ne va pas bien du tout.
Ça ne va pas
bien parce que ce gouvernement est d'abord un gouvernement qui est incapable
d'attirer l'investissement, et je vais vous dire pourquoi il est
incapable d'attirer de l'investissement. La première raison, c'est qu'évidemment
lorsque ce gouvernement-là est là d'abord et
avant tout pour briser le Canada, ce n'est pas ce qui attire énormément
les investissements. Deuxièmement, on voit,
dans l'attitude de ce gouvernement, que, depuis la dernière année, il
s'inspire en grande partie des politiques du Parti socialiste français, il
s'inspire un peu de ça. Ils ont beaucoup d'admiration pour ce parti-là. Et,
quand on sait les difficultés économiques qui se passent en France, c'est assez
normal de voir que ça se passe ici également.
• (15 h 10) •
De plus, ils ont fait un… Un des premiers gestes
qu'ils ont faits, imaginez-vous, un des ministères qui était probablement
auparavant les plus occupés, celui dans lequel il y avait le plus de demandes,
le plus de besoins, c'était le ministère du Développement économique. Ils ont
fait disparaître, M. le Président, le ministère du Développement économique.
Après ça, évidemment, il y a eu la disparition du Plan Nord, bien sûr, et il y
a eu également une attitude générale de la
part de ce gouvernement, qui est à peu près contre tout ce qui est privé, que
ce soient les garderies privées, les écoles privées, l'exploration
privée, les entreprises privées de façon générale. Il y a donc une attitude qui
est loin d'être propice à l'investissement.
Et, vous savez, au niveau des entreprises, on peut les voir de deux façons. On
peut les voir comme étant des gens
qui vont exploiter nos richesses, de mauvaises personnes, de mauvaises
corporations, ou on peut les voir comme étant des créateurs d'emplois. Et le gouvernement, malheureusement, a choisi la première vision; on trouve évidemment
que l'investissement privé, ce n'est pas nécessairement la meilleure formule.
Et la première ministre, depuis le début, d'ailleurs,
et on l'a vu particulièrement dans le domaine pétrolier, se disait ouverte avec
une entente avec l'Alberta :
Nous allons travailler ensemble, on est en faveur de l'exploitation du pétrole
au Québec, mais rien ne bouge depuis la dernière
année. Il est clair que ce sont des paroles qui n'ont pas de résonance.
Et donc, M. le Président, ça démontre jusqu'à quel point on est, au moment où on se parle, dans
une économie, en fait, qui va moins
bien — il y a quelques semaines, on disait que ça allait frôler la récession — une économie qui a été suivie, depuis les mauvaises annonces des derniers
mois, par ce que l'on a appelé une politique panique, politique où, là, on s'est mis à annoncer sans cadre budgétaire une
politique nationale de la recherche et de l'innovation, dans laquelle, évidemment, on parle de montants d'ici 2019. Quand on parle comme ça de montants d'ici
2019, c'est parce qu'on veut
être sûrs, M. le Président, que, dans les premières années, il n'y aura pas d'investissement,
parce qu'on n'a pas d'argent véritablement. Et donc c'est l'attitude que nous avons,
l'attitude de déni, l'attitude de la part de ce gouvernement, qui est incapable… Puis je le répète parce que, pour moi, c'est fondamental : Il est
incapable de générer des revenus pour l'État et alors qu'il sait très bien, ce gouvernement sait très bien que les
citoyens en ont jusque-là des taxes et en ont jusque-là, évidemment, de tout ce qu'ils doivent faire comme
efforts pour, finalement, vivre à tous les jours. Et déjà on est dans un
Québec qui paie, bien sûr, sa très large
part de taxes. Alors, lorsqu'on regarde la situation, on s'aperçoit, M. le
Président, que c'est une situation qui est, je dirais, très difficile.
Cette semaine, le gouvernement a annoncé
évidemment une très, très grande nouvelle, qui était, si on veut, l'investissement,
par exemple, à Montréal, investissement de l'îlot Voyageur. Il s'est félicité
d'avoir redressé, M. le Président, l'îlot
Voyageur. Il n'y a pas une seule création d'emploi privé dans ça, M. le
Président. Qu'est-ce que c'est? Essentiellement,
c'est que le gouvernement avait des loyers répartis un peu partout à Montréal,
des loyers de l'Agence de revenu du
Québec, et ils ont décidé de les regrouper et de ramasser tous leurs employés
dans ce nouveau building et ce nouvel investissement. Il n'y a pas, donc,
un seul emploi véritable qui est créé dans cette annonce de l'îlot Voyageur.
J'ai eu l'occasion, M. le Président, d'aller, il
y a quelques semaines, dans la ville de Toronto, M. le Président. J'étais au centre-ville de Toronto, et, avec un
mélange de fonds publics et de fonds privés, actuellement, on travaille
en force. On est en train de renouveler, par exemple, la gare centrale, on est en train de créer des galeries souterraines
pour mieux communiquer entre les différents
buildings, et ils travaillent actuellement à améliorer ce qu'ils appellent le skytrain entre l'aéroport de Toronto, l'aéroport Pearson et le centre-ville de Toronto.
Et aussi il y a même un aéroport sur
une île qui s'appelle Toronto Island,
et là, à cet endroit-là, M. le Président, vous avez des investissements
majeurs, parce qu'auparavant ça prenait un bateau pour aller à
l'aéroport, ils vont faire une espèce de tunnel pour les… ceux qui prennent
l'avion, essentiellement. Donc, il y a une
activité, il y a un consensus entre les gens qui développent et qui font… qui
investissent les fonds publics, et il y a également un consensus entre les
entrepreneurs privés.
Vous savez,
l'économie du Québec représentait, lorsque nous étions au pouvoir, un défi. Le
premier ministre ne le cachait pas, le disait. L'économie du Québec, ça…
il y a une foule de possibilités, on peut aller très loin au niveau de
l'économie, mais ça représente toujours un défi. Pourquoi? Parce que nous
sommes constamment, M. le Président, en
compétition avec le reste du monde. Et, de venir au Québec,
oui, lorsqu'il y a des ressources naturelles, lorsqu'on est capables de vraiment avoir un tarif compétitif, par exemple, comme le tarif L au niveau
de l'électricité, bien, on
réussit à attirer un certain nombre d'entreprises. Mais je dois vous dire que, de plus en plus, les gens se sont
retrouvés, au niveau des crédits d'impôt… un peu partout dans le monde, ils offrent des crédits d'impôt extrêmement compétitifs. Le Québec doit lutter chaque jour pour avoir, justement, sa place au
soleil.
Et, quand on
voit le gouvernement actuel et les déclarations récentes qui ont
été faites, je peux vous dire, M.
le Président, que c'est assez inquiétant. On a vu, entre autres, les déclarations
qui avaient fait… qu'on fait depuis les dernières
années, la députée
de Vachon, entre autres, qui n'ont pas certainement aidé au
niveau de l'exploration
minière. Et, M. le Président, ce matin encore, je regardais l'article d'Alain
Dubuc dans La Presse et le rapport de l'Institut Fraser. Le Québec,
avec, je pense, la Somalie et le Kazakhstan, est parmi les pires endroits où on
doit investir, selon l'Institut Fraser,
comme tel, cet institut qui est un organisme dans lequel on peut dire qu'il
travaille, disait Alain Dubuc, avec rigueur. Et donc, comme ce
classement est épouvantable pour le Québec, parce que, selon cet institut, ce
serait l'un des pires endroits au monde à investir, on n'est pas loin des pays
en guerre comme la Syrie ou des pays isolés et corrompus comme le Kazakhstan…
Et ce que le
journaliste disait, il disait : Faut-il prendre ce genre d'étude au
sérieux? Et sa réponse était : Oui, il faut le prendre au sérieux. Et pourtant certains pays, disait-il, comme la
Norvège, comme les Pays-Bas, comme le Danemark, qui sont des pays qui sont quand
même des pays où il y a
des politiques sociales, des politiques environnementales qui sont très efficaces, sont des pays dans lesquels on peut
investir, M. le Président, des pays dans lesquels on peut travailler pour
l'amélioration à la fois de l'économie qui se fait dans le respect, M. le
Président, de l'environnement.
Donc, cet
anniversaire du budget du ministre des Finances est un anniversaire qui est
particulièrement triste. Il y avait des engagements à tous les niveaux,
M. le Président, qui n'ont pas été respectés, des engagements, par exemple, où on avait dit : Eh bien, on va
aider les immigrants à participer davantage au marché du travail. Moi qui
viens du comté de Mont-Royal, un comté dans lequel il y a beaucoup
d'immigrants, les deux tiers de mon comté, c'est le quartier Côte-des-Neiges à
Montréal, les taux de chômage demeurent très importants chez les immigrants. Eh
bien, plutôt que de déposer, M. le
Président, un plan pour une plus grande participation des immigrants au marché
du travail, eh bien, ça a été le dépôt d'un projet de charte qui est une
importante contrainte à l'embauche et que les entreprises ont d'ailleurs
dénoncé, M. le Président.
Vous savez,
le Conseil du trésor a fait toutes sortes de règlements, a tenté évidemment
d'en arriver avec des projets de loi pour changer la situation au niveau
du Conseil du trésor. Le président du Conseil du trésor s'est félicité à plusieurs reprises, mais la réalité, M. le Président, c'est
qu'alors qu'on nous a dit sans arrêt qu'on arriverait à 1,8 % d'augmentation
des dépenses et que nous contrôlions nos dépenses la réalité, elle est beaucoup
plus près de 4 %. Ce contrôle des dépenses était donc irréaliste.
On avait
parlé évidemment d'une coupure, qu'on allait économiser également au niveau des
infrastructures, des coupures de
15 milliards en infrastructures, parce que, disait-on, le gouvernement de
M. Charest, le gouvernement libéral, avait
trop dépensé en infrastructures. Eh bien, ils ont réalisé rapidement que
c'était une mauvaise décision. Évidemment, ils ont annoncé, d'ailleurs, de nouveaux projets d'infrastructure qui
étaient non budgetés, et je peux vous dire que c'est là, encore une
fois, un aveu totalement d'échec à ce niveau-là.
• (15 h 20) •
Actuellement,
nous sommes dans le débat sur l'assurance autonomie. Je rappelle, M. le
Président, que le ministre de la Santé et des Services sociaux, dans une
période de grande euphorie en début de mandat, avait dit que l'assurance autonomie était quelque chose qui n'allait
absolument rien coûter. Il nous avait laissé l'impression qu'avec les places
en moins au niveau des CHSLD, là, on serait
dans une situation où on pourrait
s'autofinancer, il y aurait moins de places dans les CHSLD et plus de places à la maison. On se
rend compte, encore une fois, M. le
Président, que nous sommes
dans une situation qui n'a pas de bon sens. Tour après tour, dans les personnes
qui sont venues témoigner en commission parlementaire lors du livre blanc sur l'assurance autonomie, on
s'est rendu compte, M. le Président, que c'était absolument faux, que ça
allait coûter beaucoup d'argent, et, même, certains ont parlé de plus de 4 milliards
de dollars au niveau de l'assurance autonomie.
Alors, M. le Président, comment voulez-vous que ce gouvernement, qui est jusqu'ici incapable de générer des revenus parce
qu'ils ont une attitude extrêmement négative envers l'entreprise privée de
façon générale, envers les créateurs
d'emplois, comment peuvent-ils véritablement équilibrer le budget? Et encore
une fois, depuis le début, nous n'arrêtons pas de poser des questions au
gouvernement et nous sommes en fait dans une attitude totale de déni.
Et je peux
simplement vous dire aujourd'hui que ce qui m'a fait rire… Parce que, vous
savez, je suis… dans une vie antérieure, j'ai oeuvré au niveau des
relations internationales, M. le Président. Et vous savez comment c'est
sensible. Le premier ministre du Québec M.
Charest avait l'habitude de dire : Vous savez, il faut être très prudent
sur la scène internationale.
Premièrement, parce qu'au Québec, comme au Canada d'ailleurs, personne ne se
lève le matin pour savoir ce que le
Canada ou le Québec pense. Il faut essayer de travailler pour faire en sorte
qu'on réussisse, au Québec et au Canada, à avoir une bonne image, hein? C'est quelque chose de très important. Je
pense que le Canada, actuellement, commence légèrement à comprendre le
problème qu'il a posé sur la question, par exemple, environnementale. Le
gouvernement Harper est très délinquant sur le plan environnemental, et
évidemment ça nuit à l'image internationale du Canada.
Je n'ai pas besoin de vous dire qu'avec la
charte des valeurs évidemment, sur le plan international, il y a des problèmes
qui commencent à surgir. Il y avait un article, la semaine dernière dans le New
York Times, qui parlait évidemment de
cette drôle d'affaire qui se passe au Québec. Et, aujourd'hui, évidemment il y
a deux des ministres du gouvernement
qui ont réagi et ils ont expliqué qu'en fait c'est une très bonne chose et que
c'est une mesure très progressiste, comme
d'ailleurs le président américain Jefferson l'a été au niveau des États-Unis,
ce que j'ai trouvé un peu particulier comme approche. Et je peux
simplement vous dire que ce n'est pas tout à fait, en tout cas, selon les échos
que j'ai eus, ce que les Américains pensent, évidemment.
Alors, quand
vous avez des articles à ce point négatifs dans des journaux comme le New
York Times ou d'autres, il est
clair que l'image du Québec, évidemment, n'est pas en mesure… n'est pas
actuellement à son maximum. Et il est sûr que Québec, que le Québec n'est pas un endroit, actuellement, où on peut
attirer de façon normale les investissements.
Alors, M. le
Président, ça va essentiellement dans le sens de ce que nous disons depuis le
début. Nous voulons avoir de ce gouvernement
non seulement un état réel de la situation… Parce qu'on vit, depuis plusieurs
semaines et plusieursmois, dans le
déni le plus complet et le plus total. On vit dans une situation que le
gouvernement refuse de reconnaître, refused'accepter. Nous avons eu des réunions, nous, membres de la Commission
des finances publiques. Ça a été une bataille tous les instants pour
pouvoir, d'une part, faire comparaître le ministre des Finances, pour avoir des
états financiers, éventuellement, qui vont
être vérifiés par le Vérificateur général, et j'en passe. On voulait même, à un
moment donné, avoir certains rapports
de l'Autorité des marchés financiers sur d'autres sujets. Ça a été une
bataille. Pour un gouvernement qui se disait en faveur de la
transparence, M. le Président, c'est particulièrement étonnant de voir qu'une
fois rendus au pouvoir et depuis les
derniers mois ce gouvernement est totalement, actuellement, hors contrôle au
moment où on se parle.
Alors, M. le
Président, cette motion m'apparaît particulièrement importante à ce stade-ci parce
que c'est une motion qui doit
donner aux citoyens du Québec… Et c'est la moindre des choses. Ça fait maintenant
plus d'un an qu'on a eu le dépôt du budget
du ministre des Finances. Ça fait plus d'un an que, malgré une mise à jour qui
a été faite au printemps dernier, qui
se voulait d'ailleurs probablement de façon exagérée tout à fait optimiste… Eh
bien, depuis cette mise à jour, on a
vu que les chiffres n'ont pas cessé d'être mauvais, alors que, si on regarde la
situation mondiale, on s'aperçoit qu'il y a des améliorations dans à peu près tous les endroits.
Et je pense que… Je regardais les chiffres du mois de
septembre, entre autres. Écoutez,
on peut bien dire ce qu'on veut, il y avait une perte au mois de septembre, sur
une période d'à peu près un an, de 45 000
emplois au Québec, alors qu'on en avait créé 180 000, M. le Président, au
Canada. Alors, s'il n'y a pas un problème
au Québec, si on n'est pas capables d'atteindre l'équilibre budgétaire au
Québec, M. le Président, c'est parce que
véritablement il y a une réalité qui est certainement là et que le gouvernement
refuse, pour le moment, d'admettre, et qu'ils
n'auront pas le choix, de toute façon… lors du dépôt du prochain budget, ils
n'auront pas le choix que de l'admettre.
La question
n'est pas de savoir, M. le Président, si on va avoir l'équilibre budgétaire. La
question, c'est de savoir qu'est-ce que va être le déficit budgétaire du
gouvernement. Est-ce qu'on est dans le 2,3 milliards comme le chef de l'opposition l'a dit ce matin, sans que,
d'ailleurs, la première ministre ne l'ait nié? Est-ce que c'est plus que ça?
Est-ce qu'on va tenter, dans le prochain budget, d'essayer de jouer
d'une façon ou d'une autre avec les chiffres? Je ne le sais pas, M. le Président. Mais une chose est
claire, c'est qu'actuellement les citoyens du Québec n'ont aucune idée
de l'ampleur actuelle du déficit, et je
pense qu'il est urgent que le gouvernement décide, le plus rapidement possible,
de quelle façon il doit communiquer
cette mauvaise nouvelle aux Québécois. Alors, c'est le sens, M. le Président,
de cette motion, cette motion qui est
une motion qui fait suite à des semaines et des semaines de questions de la
part de l'opposition sans obtenir de la part du gouvernement les vraies
réponses. Et je souhaite, M. le Président, que l'on puisse le plus rapidement possible faire adopter cette motion, que cette
motion soit en place et qu'elle fasse réfléchir le gouvernement sur
l'attitude qu'il doit avoir face à nous,
face aux citoyens du Québec. Je pense que, pour un gouvernement qui s'est
targué de dire la vérité, d'être dans
la transparence la plus complète… je pense que, sur le plan financier, c'est
certainement, actuellement, un très grand échec. Je vous remercie, M. le
Président.
Le
Vice-Président (M. Cousineau) : Merci. Merci, M. le député de
Mont-Royal. Je cède maintenant la parole au président du Conseil du
trésor, le député de Chicoutimi. M. le ministre.
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard :
Merci, M. le Président. Donc, je suis heureux de prendre la parole sur cette
motion de façon brève, pour remplacer d'ailleurs mon collègue des
Finances, qui a fait l'objet, malheureusement, d'un subpoena de la part de
l'opposition.
En neuf ans
de Parlement, j'ai rarement vu, moi, dans des circonstances aussi bénignes, une
opposition qui décide… des oppositions qui décident de délivrer des
subpoenas à leurs vis-à-vis. Dans le Parlement, il y a des règles, il y a du non-écrit, et vous le savez. Il y a le règlement,
qui prévoit des cas extrêmes; en général, on se préserve de l'utilisation
de moyens ultimes dans des cas comme cela.
Là, jusqu'à maintenant, on a envoyé des subpoenas à un ancien ministre, à
des gardes du corps pour savoir à qui ils
avaient demandé un numéro de téléphone, et là, aujourd'hui, c'est le ministre
des Finances qui fait l'objet aussi d'un
subpoena pour des documents qui n'existent pas, littéralement, mais pour
lesquels on souhaiterait mettre plein de fonctionnaires pour donner un
état qui n'est pas conforme à ce qui se fait normalement. Et donc il y a des
dérives comme ça.
Puis pourtant
on a vécu, souvenez-vous, dans des moments… dans l'opposition, je vous dirais,
assez percutants, à l'époque où on
combattait la corruption et la collusion, et on évitait de se placer
mutuellement dans des situations de cette nature par l'envoi de
subpoenas ou peu importe. Et, même à l'époque du gouvernement minoritaire dans
lequel j'ai participé à titre de membre de
la deuxième opposition, on se préservait de tous ces mécanismes, qui n'aident
pas la classe politique, je pense, et
qui font en sorte que, de l'extérieur, nous avons l'air un peu… je vous dirais,
pas toujours à la hauteur de la confiance qui nous est donnée par nos
gens.
• (15 h 30) •
Ici, à
l'Assemblée, on peut, lors de la période des questions, qui est peut-être le
meilleur endroit, justement, pour des échanges vigoureux, parfois de
rhétorique, mais peu importe... Mais, dans les commissions puis dans le
travail, on essaie, en général, de se garder de cela. Malheureusement, je vous
dirais qu'il n'y a peut-être pas les garde-fous nécessaires pour éviter ce type
de dérapage. J'aurais eu tendance, moi, à demander aux gens… Écoutez, on va
tout d'abord demander : Est-ce qu'il a les documents? On aurait procédé
de cette façon-là et on n'aurait pas utilisé le subpoena. Parce que,
si on jouait au plus fou, M. le
Président, qu'est-ce qu'on ferait?
Parce qu'on peut jouer au plus fou. Moi, je connais le règlement, je
suis peut-être celui, puis, sans me vanter, qui connaît le mieux le règlement
de l'Assemblée. Alors, je pourrais ne pas obéir au subpoena.
Alors, ça me
placerait où, M. le Président? Ça me placerait dans la situation
où là on serait dans les mandats à donner.
On irait voir des policiers pour leur demander : Pourriez-vous assigner un
ministre, puis aller le chercher, puis le forcer? Et comment réagiraient les forces
policières face à ça, en voyant des parlementaires qui demandent un document qui n'existe
pas au ministre des Finances du Québec dans le cadre d'une commission
parlementaire? Comment ils se comporteraient
face à cela? Je serais curieux, M. le
Président. Mais il y a une
chose où je serais sûr, c'est que nos institutions, elles, ne seraient
pas valorisées. Le problème, c'est, quand on protège les institutions d'un seul
côté, je ne suis pas sûr si c'est une bonne façon de faire. Chacun a sa responsabilité
de protéger les institutions.
Mais il y a
des journées où je me pose la question si je ne devrais pas pousser jusqu'à l'extrême
limite nos balises réglementaires,
jusqu'à l'aspect judiciaire, et les gens seraient déçus un peu ici. Le problème,
c'est que ça se retournerait contre toute la classe politique, y
incluant, évidemment, au début, l'opposition, mais, ultimement, c'est qu'on
fait tous partie du même ensemble. Et j'espère que les gens vont réfléchir un
petit peu à ça, parce que nos gestes ont des conséquences,
puis il faut les assumer, et que je vais analyser, moi, chacun
des gestes qui sont posés, puis, à un
moment donné, M. le Président, on va se dire que c'est assez, ce petit jeu là.
Il peut, dans certains cas, être totalement… ça peut être très utile, nécessaire ou ça
peut être désagréable pour le gouvernement ou l'opposition d'être pris dans des
situations particulières en vertu du règlement. Mais où on ne doit pas tomber,
c'est dans ce que moi, j'ai vu, là, envoyer un subpoena au ministère des
Finances pour un document qui n'existe pas.
Alors, c'est
un constat, ce qui fait qu'aujourd'hui savez-vous le meilleur, M. le Président?
Le ministre des Finances devait être ici, mais, comme on a oublié que la
commission se tenait au moment où j'étais en train de prendre la parole, bien, le ministre des Finances ne peut pas
être ici. Il ne peut pas venir s'adresser aux parlementaires sur une
motion qui est supposément importante,
imaginez-vous. L'opposition n'a pas prévu que le ministre des Finances ne peut
pas être ici, à l'Assemblée, vous entretenir. Alors, c'est ça. Donc, ça
ne fait pas très sérieux, ce n'est pas très professionnel. Moi, je pense que, si vraiment on est intéressé à
entendre le ministre des Finances sur une motion qui est supposément
importante, bien, on aurait pris la peine de le libérer, de ne pas envoyer le
subpoena la journée où il est en motion. En tout cas, j'imagine. Mais, non, ça ne fait pas
partie des préoccupations. Donc, ça enlève de la crédibilité à la démarche,
malheureusement, parce que l'état des
finances publiques, ça, c'est un vrai enjeu, mais, de la façon qu'on le fait,
des fois, ça peut porter un discrédit sur la réalité du sujet et son
sérieux.
Donc,
malheureusement, ce que je constate, c'est que, vous allez voir, nous allons
voter contre. C'est un voeu. Quelle
est sa valeur réelle? Honnêtement, je ne le sais trop plus, là. Il y a comme un
contexte plus médiatique, où on veut attirer
l'attention, par l'envoi d'un subpoena, sur quelque chose qui est légitime. Je
ne suis pas sûr si tout ça est conforme à l'esprit de nos institutions, M. le Président, honnêtement. Quand notre
discours n'est pas capable de percer l'actualité, puis on prend des moyens de cette nature-là, bien, ça
relève d'une autre époque, je vous dirais, du Parlement, à une époque,
je vous dirais, plutôt lointaine, qu'on avait tenté d'évacuer.
Donc,
évidemment, vous comprendrez que moi, je vais vous parler… Quand on parle
d'équilibre budgétaire, de la situation des finances publiques, j'ai la
chance, moi, de pouvoir vous parler de contrôle des dépenses. Et je peux
m'enorgueillir, M. le Président, de travailler avec une équipe qui a décidé de
faire du contrôle des dépenses un véritable objectif des finances publiques. Et
c'est la première fois où on s'est dit… et quand… Ce n'est pas comme président du Conseil du trésor, député de
Chicoutimi ou membre du Parti québécois, c'est vraiment l'équipe
ministérielle, on s'est dit : Bon, on a
des défis à relever. Est-ce qu'on se fixe des objectifs? Est-ce qu'on se donne
les moyens de les atteindre tout
simplement? Puis, à partir du moment où on dit ça, comment on agit ensemble
pour réaliser ces objectifs? Seul, ce serait impossible d'arriver au
moindre résultat. On l'a vu d'ailleurs dans le passé.
Le graphique ici le démontre. Vous savez comment
j'ai du respect pour Mme Monique Jérôme-Forget. C'est quelqu'un que j'admire
profondément, et je tiens à le souligner à mes collègues. Puis j'étais dans
l'opposition, elle sait toute l'admiration
que j'avais pour elle lorsqu'elle était dans ces murs. Puis on avait des
moments… J'ai eu à négocier avec,
lors du gouvernement minoritaire, des mesures pour les régions ressources. J'ai
toujours vu quelqu'un qui avait le souci
d'arriver à un résultat. Puis ce n'était pas quelqu'un qui était imprégné de
l'histoire du Parlement, mais elle comprenait très bien la responsabilité qu'elle avait, donc… Puis c'est quelqu'un,
je pense, qui avait le souci de bien faire les choses, puis je le lui ai
toujours dit. Quand elle a quitté, d'ailleurs, on a eu des bons mots ensemble,
et c'est quelqu'un pour qui j'ai toujours conservé un respect.
Donc,
qu'est-ce qui est arrivé ces années-là? Est-ce qu'elle a mal fait son travail?
Pas nécessairement. L'idée, c'est que le contrôle des dépenses, c'est un
travail d'équipe. Et, si, au premier chef, la première ministre décide que la réalité… on va arriver à l'objectif qu'on s'est
donné, bien, c'est ça qui donne l'ordre de marche. Parce que, tout
seuls… J'ai vu des présidents du Conseil du
trésor déprimer plus que d'autre chose, là. Si la
première ministre ou le premier ministre, d'un bord, dit oui à un ministre, puis il arrive devant le Conseil du
trésor, dit : Bien, écoutez, on n'a pas les moyens de le faire, mais moi, j'ai le O.K. du premier ministre,
vous savez, tout ça ne veut plus rien dire. Puis on ne peut pas se
chicaner à tous les jours avec nos collègues. Donc, à partir du moment où,
comme équipe, on décide que, ce résultat, on doit l'atteindre et que, dans la fonction publique, aux plus hauts échelons
jusqu'à la réceptionniste, les gens comprennent que notre objectif,
c'est de faire en sorte que les résultats qu'on s'est donnés, on les atteint,
bien, ça se déteint dans la façon de faire.
Et là on ne
commence pas à s'envoyer des lettres pour dire :
Je veux que tu coupes ou que tu fasses un… Tu as un objectif de
dépenses, puis là je constate que tu n'arrives pas
dans tes cibles, je te demande un effort de 400 millions. Là, le sous-ministre, il attend deux mois. Puis,
au bout de deux mois, il réécrit, puis il
accuse réception, puis il dit :
Écoutez, j'ai bien lu votre lettre — c'était
comme ça que ça fonctionnait, là. — du tel jour — puis on était deux mois plus tard — malheureusement, la cible que vous m'avez
fixée n'est pas atteignable pour telle ou telle raison. Là, on est deux
mois après la cible qu'on avait donnée. Alors là,
l'autre, il réécrivait puis là il disait : Bien, c'est ça qu'on vous a
donné, bonne journée. Alors, qu'est-ce qui arrivait? Bien, la
personne à qui on avait donné une cible où elle avait déjà signifié qu'elle ne le voulait pas ou que son
ministre avait dit : Tu ne prends pas compte de la lettre, bien, elle ne l'atteignait
pas, cet
objectif, tout simplement. C'est ce qui est arrivé.C'est la lettre qu'on a vue, d'ailleurs, qu'on a déposée, du Trésor, que le Trésor avait transmis
à l'Éducation. Même, la ministre écrivait
elle-même au sous-ministre, parce que… pour
lui dire : Tu dois couper. Puis là le sous-ministre ne donnait pas suite à
lettre du Conseil du trésor.
Alors,
qu'est-ce que ça donne, tout ça? Bien, ça donne un résultat où le Conseil du
trésor est malheureux à peu près la plupart du
temps, puis ça donne qu'en
général on se fixe un objectif, qui est ici, la ligne blanche, et la ligne
rouge, c'est ce qu'on a réellement
dépensé dans l'année. Et là vous voyez, de façon systématique, on est allés même jusqu'à 3 % de plus, puis 3 % dans un objectif de croissance, tu
sais... S'il y avait eu, par exemple, une année… Comme, là, on a vécu une
année très… où on a eu un effort important
au niveau des dépenses. Alors, il peut arriver… pas à
terme, pas l'an prochain, mais à un
moment donné on dit : Bon, il y a un tel réinvestissement, voici l'impact sur une année, puis après ça il y a une
autre base. Mais là ce n'est pas ça. Vous voyez, on est toujours en croissance.
Alors,
qu'est-ce que ça veut dire? Où est allé cet argent? Pourquoi on est arrivés
dans les… Parfois, on n'arrivait pas
exactement, mais on arrivait presque. Bien, moi, je
vais le dire aux gens : Par rapport à tout ce qui s'est passé au
Canada, le Québec a augmenté ses taxes. Personne ne s'en rend compte, là. Puis
pourquoi, quand on n'arrive pas dans nos objectifs de dépenses, on est capables
quand même de présenter quelque chose qui se tient? Bien, la recette est où? Augmenter les revenus. Alors, le gouvernement, il
a augmenté deux fois la TVQ. M. le Président, pouvez-vous me nommer une seule autre province au Canada qui a augmenté
sa TVQ? Est-ce que l'Ontario a augmenté de deux points sa TVQ? Deux points, pas un, là, deux points de
pourcentage. Est-ce que quelqu'un a entendu parler de ça? Est-ce que vous avez
vu une augmentation faramineuse de certains tarifs?
Non.
• (15 h 40) •
La voie qu'a choisie le gouvernement pour
combler ces écarts ici, c'est tout simplement en augmentant les revenus. Donc,
moi, quand on est arrivés… On est conscients que le fardeau fiscal de nos
concitoyens, il ne peut pas être plus élevé qu'il ne l'est actuellement. Je ne peux pas ordonner, moi, une autre hausse de TVQ de un point
comme l'a fait
deux fois le Parti libéral, ce serait seulement irresponsable. Mais ils
ne l'ont pas fait une fois, ils l'ont fait deux fois en se targuant que
c'était correct, ce qu'ils faisaient, c'était bien. Or, on s'est privés de
toute marge de manoeuvre puis, en même
temps, on ne s'est pas astreints à respecter nos cibles de dépenses. C'est
toujours plus facile d'augmenter les impôts puis les taxes de nos amis contribuables, des payeurs de taxes, de
dire : Ah non! Faites encore… 1 %,
ce n'est pas grave, ce n'est pas grave. C'est bon, un autre pour cent.
Ah! Ce n'est pas grave, c'est bon, c'est bon. Est-ce que c'est ça, de la
rigueur? Honnêtement, non.
Si le Parti
libéral, à l'époque... à une certaine époque, il avait une bonne présidente du
Conseil du trésor, puis je le reconnais.
S'ils avaient vraiment voulu, là, bien, c'est le premier ministre qui aurait
donné l'ordre à tout le monde : Bien, on l'atteint. Et là on ne serait pas dans des graphiques un peu débiles
comme on voit actuellement, où, de façon systématique, on dépasse. Il n'y a pas une année plus, une année
moins. Parce que des fois il peut y avoir des jeux. Une année, il y a un
versement qui arrive, qui fait en sorte... ça déséquilibre, mais pour un temps,
une réévaluation des retraites qui fait que notre progression... un règlement,
par exemple, je vous dirais, d'équité salariale qui peut entraîner une dépense ponctuelle, où, là, tu as un saut, puis là,
l'année d'après, on revient. Non, non, ce que vous voyez... regardez. Alors,
les gens, ils vont comprendre que, pendant ces années-là, on s'est donné des
revenus additionnels, tout simplement.
Et, quand
j'entends mon collègue de Mont-Royal, que je respecte beaucoup, dire :
Écoutez, il faut compter sur le secteur
privé... Savez-vous quel était le facteur le plus important de croissance, au
niveau économique, dans ces belles années
libérales, de 2007 jusqu'à aujourd'hui? Les viaducs. C'était ça. Ça, c'est du
gros secteur privé, ça. On refaisait des ponts, des routes, on a triplé
l'investissement public.
Alors, quand
je l'entends me dire : Aïe! Vous devriez encourager les entrepreneurs...
Pendant la même période, les PME québécoises ont perdu, dans le secteur
manufacturier, 175 000 emplois. Moi, chez nous, j'ai été une des régions
durement touchées. Encore il y a un an et demi, quand on a perdu une usine de
transformation de l'aluminium, plein d'entreprises
se sont vu alourdir, je vous dirais, leur bilan, quand le dollar canadien a
augmenté. Tout le monde sait ça, là, ce n'est pas une information qui n'est pas... inconnue, là, tout le
monde... On est capable de le voir à tous les jours, là. Toute personne qui veut voyager, il regarde le dollar
canadien : il augmente, il descend. Bien, nous autres, il a augmenté
beaucoup.
Quelle a été
une seule mesure identifiée par le gouvernement pendant neuf ans pour
contrecarrer l'impact négatif qu'avait l'augmentation du dollar canadien
sur nos entreprises exportatrices? Une seule. Trouvez-moi-z-en une. C'est incroyable, vous n'en trouverez pas. Il n'y
avait aucune stratégie d'aider pour... simplement en fonction de ces
écarts importants qui se sont produits, là,
pas sur… Ça a pris 30 ans, là. Le dollar s'est mis à augmenter de façon rapide
et s'est maintenu à un niveau très élevé. Bien, une entreprise qui vend
le même produit à l'extérieur, sur des contrats... avec des entreprises
américaines, elle, le même produit, avec la même compétitivité puis les mêmes
coûts, elle va vendre 20 % plus cher.
Mais
qu'est-ce qu'on fait pour cette entreprise-là? Alors, quoi, il faut investir
dans sa productivité. Il faut avoir un plan pour le secteur
manufacturier pour dire : Bon, comment on peut réduire nos coûts en
conservant nos emplois? Il n'y en a pas eu.
Alors, qu'est-ce qui est arrivé? Les emplois manufacturiers ont chuté
dramatiquement, et c'est ce qui est payant pour une économie.
Et là on a
même eu... On est rendus à de la délocalisation. C'est ce qu'on a vu apparaître.
Au début, c'était… tout le monde disait : Ah! Bien là, on va en
Chine, hein? En Chine, on ne peut pas concurrencer. Au Mexique? Ah non! Au Mexique,
«cheap labor» on ne peut pas. Bien là, ce qu'on a vu dans les dernières années,
savez-vous c'est quoi? Le Tennessee. Le
Tennessee, ce n'est quand même pas le tiers-monde, là. Moi, j'ai une entreprise
chez nous, 500 emplois, des bons emplois, délocalisés au Tennessee.
Pouvez-vous
le croire, M. le Président? Des entreprises qui demandent des investissements à
tous les jours parce que c'est de
l'industrie lourde. C'est des... seulement le maintien d'actifs nécessitait des
investissements importants. Ça se calculait
en dizaines de millions. Bien, l'entreprise est partie au Tennessee, parce
qu'eux, voyant cela, ils se sont dits : Les emplois payants pour
l'économie, c'est dans ce secteur. Production devient valeur ajoutée : les
équipementiers et les systèmes de production qui font en sorte qu'on produit
les machines, ce qui aide, justement, au rendement puis à la compétitivité des entreprises. Le Québec, il était
où, là-dedans? Nous, on a fait des viaducs, M. le Président. Puis ce
n'est pas que d'en faire, c'était mauvais, là, mais ça ne structure pas une
économie, faire des viaducs puis faire des ponts.
Donc, on
était endormis sur quelque chose qui stimule l'économie, là. Regardez, la
technique, elle est simple. Tu veux
donner un petit écart, un petit avantage à ton économie, tu investis plus. Le
problème, c'est que, quand tu fais ça, tu t'endettes plus. Ça, il faut…
Ça fait que là, à un moment donné... c'est comme quand tu investis dans ta
maison, à un moment donné, il faut que tu te dises : Oui, bien, mon
hypothèque, elle devient trop élevée. Là, je coupe dans les dépenses courantes.
Bien, c'est ça qu'on a fait, et là on est à la limite de ça.
Le problème,
c'est qu'elle, l'économie, l'économie réelle, là, l'économie du secteur privé,
elle, si tu élimines ces secteurs-là de croissance, bien elle a diminué.
Donc, il faut rebâtir, puis des fois il y a des choses que tu ne peux pas rebâtir, M. le Président. Quand il y a une
entreprise aussi importante que je vous parle qui quitte, la faire revenir,
c'est impossible, c'est des occasions d'affaires qui se sont évanouies. Et
seulement se créer les conditions pour qu'elles reviennent, c'est impossible, donc on s'est dit : Il faut se donner
une stratégie pour justement maximiser la productivité de nos entreprises.
Mais là ça ne se fait pas en criant ciseau dans
un contexte financier comme je viens de vous dire, où moi, je ne peux pas décréter comme les libéraux l'ont
fait — puis je
trouverais que ce serait irresponsable même à l'époque — une
hausse de TPS… de TVQ ou une hausse des tarifs d'électricité qui va toucher
principalement la classe moyenne. Là, on avait trouvé toutes les choses,
incluant la taxe santé, tu sais, et on en sortait, là, on en sortait. Ça a été
énorme, l'effort fiscal qui a été demandé aux Québécois. Pour arriver à quoi?
Pour arriver que, moi, cette année, pour arriver, il
fallait faire croître les dépenses de 1,9 %, M. le Président, pour
arriver. Alors, nos belles années, on les a sacrifiées à quoi? Je ne le sais pas. Mais il y a une chose qui est sûre, c'est
qu'on ne s'est pas donné les moyens pour faire en sorte que notre secteur de base économique, là, les PME,
lui, soit plus fort puis nous permette maintenant d'avoir, quand les investissements publics diminuent un peu ou se
stabilisent en termes de progression… que le secteur privé prenne le
relais.
Alors,
qu'est-ce qu'on a fait en bon social-démocrate? Ça prend rien que des
sociaux-démocrates, M. le Président, pour annoncer que nous allons
compter sur l'investissement privé pour stimuler l'économie. Alors, on a
annoncé… Pour les investissements de
300 millions et plus, je voyais le député de Louis-Hébert qui disait
aujourd'hui : Ça n'a pas été utilisé. Jésus! Tu sais, c'est sûr
qu'on aimerait tous qu'au moment où on le fait ça se passe. C'est une offre
qu'on fait dans un contexte économique qui
n'est pas évident, alors on l'a baissé encore. Et il faut trouver des moyens
pour faire en sorte que les entreprises de l'extérieur se disent :
Bon, il y a un contexte fiscal qui peut être intéressant pour moi au Québec,
donc… et c'est ce que nous donnons comme conditions dans le domaine fiscal.
Il y a des
avantages même au niveau de la transformation. Parlez… J'entends beaucoup
parler du régime sur les mines, puis
il y a des gens… Il y a eu des craintes, le régime a beaucoup fluctué dans les
quatre ou cinq dernières années, mais parlez à ceux qui font de la
transformation au Québec. Ça, ils vont vous dire, le signal, il était clair.
Ceux qui font de la transformation, il y a
un avantage fiscal. Ils peuvent même payer moins que ce qu'ils payaient avant
s'ils font de la transformation. Donc là, il y a un signal envoyé
partout. Nous, on est prêts sur cette base.
Est-ce qu'on peut améliorer le reste? Oui, puis
il faut le faire. Comme dirait mon collègue qui commence sa 38e année, là, oui, répondant à la question,
oui, il faut toujours s'assurer que la perception soit au niveau de ce qu'on
a comme état d'esprit, alors… puis on va
continuer dans cette voie, mais il y a une chose qui est sûre, c'est que
l'économie du Québec, elle ne peut pas reposer sur un seul secteur. Si les gens
pensent qu'il y a une panacée, là, il n'y en a pas.
Il y a des
secteurs cycliques. Les mines, c'est cyclique. La forêt, c'est cyclique. Ce qui
est stable, ce qui est plus sûr : transformation. Puis là ça a
l'air d'un mot facile, mais il y a des produits, même quand tu as… Par exemple,
l'aluminium, même quand ça va moins bien,
seulement le maintien des actifs, c'est beaucoup d'argent qui est
dépensé régulièrement, même dans une situation qui est difficile
économiquement, donc il faut continuer.
Le secteur,
évidemment, de l'aéronautique, c'est des domaines dans lesquels on a un
avantage qu'on peut perdre, il faut réinvestir. Puis on a diminué, là.
Les libéraux, ils doivent le savoir, là, que la présence de ce secteur-là a
diminué parce qu'on s'en est détourné.
Il y avait
tout le secteur des biotechnologies qu'on a abandonné après 2003, puis là,
maintenant, c'est l'Ontario qui l'a repris, puis, trop tard, il est
parti.
C'est comme
le multimédia. On l'a gagné. M. Landry, à l'époque, le premier ministre, qui
était à l'époque ministre des Finances, a fait un pari formidable pour
le Québec. Il aurait pu se tromper, se péter la gueule. Maintenant, c'est cité en exemple partout. Et là les autres pays
prennent nos avantages, même, des fois, ils offrent plus aux entreprises,
mais, à partir du moment où elles s'installaient ici, le climat est donné, très
difficile de les faire déplacer.
Or, à
l'inverse, c'est la même chose pour nous dans les autres secteurs, les
occasions d'affaires qu'on a manquées. Et le gouvernement ne s'est pas
arrêté à cela, puis il y a un prix à payer, puis on est en train de le payer.
Puis on va le payer de façon… sur une plus
longue période, parce que tu ne peux pas jouer sur ces grands préceptes là en
dedans de six mois. Il n'y a pas de baguette magique là-dedans. Tu
commences à investir, tu dis : C'est là où je m'en vais, productivité,
secteur manufacturier, exportation, comment on définit nos marchés, on prend
des risques, puis on y va.
• (15 h 50) •
Alors, c'est ça, la stratégie du gouvernement.
On va le faire en étant convaincus que… Je ne sais pas si on va retrouver les
175 000 emplois qu'on a perdus, mais on va s'assurer que nos bijoux, nos entreprises,
nos joyaux, là, qui performent actuellement, déjà, ne soient
pas vendus à l'extérieur — parce que ça nous a coûté cher, les
ventes de joyaux qu'on a perdus encore un peu partout,
on peut en témoigner — mais qu'on va les aider à grandir.
Et il y a
d'autres opportunités qui peuvent nous permettre d'accroître notre richesse,
entre autres, l'exploitation du pétrole,
qui, je pense, est une occasion d'affaires, pour le Québec, formidable, pour
laquelle le fédéral a mis beaucoup
d'embûches, dans les 30 dernières
années, sur cette exploitation. Il en a mis beaucoup moins, je vous
dirais, à Terre-Neuve, qui est passée, souvenez-vous, d'une des provinces les
plus pauvres du Canada à maintenant une des provinces les plus riches. Est-ce
que tout le monde est devenu plus brillant à Terre-Neuve? Non. Pas plus fou,
pas moins. C'est simplement qu'ils ont eu l'occasion, dans des ententes
avantageuses avec le Canada, eux, de développer le secteur pétrolier.
Donc, on a intérêt à le faire et à travailler,
évidemment, dans le respect des populations et
à ne pas briser cette filière.
Et mon
collègue de Mont-Royal, il doit se souvenir avec moi de quelque chose d'un peu
douloureux, c'est toute la filière des gaz de schiste, de comment on a
pu… au-delà des gaz de schiste, là, tout le secteur
gazier au Québec a été scrapé par une approche qui allait à l'encontre, je
vous dirais, d'une bonne marge, d'un dossier bien mené. Moi, j'ai vu, là, des compagnies, là, aller sur le
terrain des gens, leur faire signer des documents, puis à pression, des gens
âgés : Ah! Il n'y aura pas de problème, on fait un petit puits, puis tout
va bien aller, puis c'est comme ça, là, signez en bas. Alors, on n'a pas réglementé, on n'a pas agi. Qu'est-ce qui est arrivé,
M. le Président? Bien, la population, à un moment donné, elle s'écoeure,
hein, puis là elle se lève puis elle dit : Là, ça va faire! Puis là le
gouvernement, il doit répondre à ça rapidement. Et là, après ça, même ce qui
est bon ou n'est plus bon, on ne peut plus voir. Comme disait un grand prophète qui n'est plus de ce monde : Dieu
reconnaîtra les siens, M. le Président. Donc, il a fallu agir puis dire : Bon, bien
là c'est terminé, on va se donner un temps,
on verra. Mais parlez aux gens de Gaz Métro maintenant. Eux autres,
pourtant, Gaz Métro, c'est un des plus beaux fleurons
du Québec, il fallait presque qu'ils se cachent pendant des années, parce qu'ils étaient liés seulement au mot «gaz»,
imaginez-vous.
Donc, cette approche gouvernementale a eu un impact sur toute une filière énergétique. Moi, je dis à tout le monde ici, là : Si on fait le
même gâchis dans le pétrole, là, ça, ça va être
épouvantable; ça, ça va être grave. Alors, allons-y
avec intelligence, en sachant très bien que notre situation minoritaire dans le
Canada peut nous être, je vous dirais… peut
avoir des impacts négatifs sur notre possibilité d'entente quant à
l'exploitation de ces ressources. Puis ça, c'est la réalité d'une minorité. Il faut en prendre conscience, on le sait, à tous les jours. Ce n'est pas que les gens nous
aiment moins, c'est qu'en général tu agis
pour… évidemment, pour la majorité puis tu agis… On
est comme des communautés à travers ça, puis souvent tu vas chercher à
aider ta famille, à aider tes proches, ton quartier, les gens de ta région, ton
unité de référence. Nous, c'est le Québec,
les Québécois. Bien, le Canada, c'est différent, ce n'est
pas le Québec, donc une situation minoritaire. On n'est pas les seuls,
mais il faut bien les comprendre, les conséquences, qu'on soit
souverainiste, fédéraliste, ou un des deux, ou les deux en même temps, ça a
des conséquences sur la façon dont on peut régler nos dossiers. Donc, cette filière, nous voulons l'exploiter,
puis souhaitons qu'elle nous permettra, à
terme, de pouvoir rêver à nouveau sur des projets rassembleurs pour les Québécois. Mais,
d'ici les prochaines années, nous vivrons avec
une réalité budgétaire qui va être difficile, M. le Président.
Par contre, sur le plan de retour à l'équilibre
budgétaire qu'on veut voter aujourd'hui, on va tout d'abord
commencer par le début, on va commencer par
la mise à jour économique. Ça, c'est la première étape,
puis ce n'est pas la motion qui va
nous faire agir plus rapidement. Comme j'ai dit tantôt en point de presse, vous
savez, l'Assemblée, elle peut bien
prendre une motion pour voter que l'hiver, ça va se passer au mois de juillet maintenant, mais c'est que ça
n'arrivera pas. Alors, une mise à jour, il y
a des temps pour ça, et ça se déroule dans les
délais qui sont prévus, et on est dedans.
Je tiens à aviser mes collègues, ce n'est
pas par manque de respect, c'est qu'en faisant une motion comme ça, qu'est-ce qu'on fait? Moi, je pense… Je ne suis pas sûr si on aide fort, fort le
Parlement. On l'a annoncée depuis des semaines, ça va être à telle date, donc la motion, elle n'a pas d'effet,
elle n'aura pas d'effet. Mais on le sait, on le fait pareil, bon. Écoutez,
je suis capable de vivre avec ça, mais ça ne rapprochera pas l'hiver. Il y a
une date qui est prévue, elle est normale, puis ça, ça appartient au
gouvernement.
Par contre,
on a déjà la couleur du Parti libéral. Ce que j'ai vu… M. Couillard, qu'on
ne voit pas souvent ici, à l'Assemblée, vous le savez… D'ailleurs, on
peut dire maintenant qu'on a vu plus souvent M. Bachand, qui a perdu la course,
que M. Couillard ici, à l'Assemblée. On l'a vu au moins hier au salon bleu,
d'ailleurs qui a été accueilli… un bout de
temps, je me demandais si ce n'était pas une vedette rock, on a comme entendu
des cris et… Au moins, il était là. Mais M. Couillard, aujourd'hui, par contre, on l'entend. Et là il nous a
dit qu'il était irréaliste de voir un retour à l'équilibre budgétaire
puis qu'il souhaitait, lui, un retour à l'équilibre à peu près dans trois ou
quatre ans. C'est ce que lui souhaite. Il
pense qu'un horizon normal, c'est d'arriver à trois ou quatre ans, le retour à
l'équilibre budgétaire, advenant le cas que la situation des revenus ne
s'améliore pas. C'est un point de vue, c'est un point de vue. Il aurait
peut-être été mieux d'attendre le… je vous
dirais, la mise à jour économique, mais, écoutez, à ce moment-ci, je pense
qu'on ne peut pas anticiper ce que va être la situation tant qu'on ne
l'a pas vue, et… Mais c'est un point de vue déjà qui annonce le Parti libéral. Voici, eux, où ils se logent. Et,
écoute, on en prend acte. Je pense que ça risque d'être utile pour la suite
du débat, de voir de quelle façon… si cette réalité se concrétise.
Mais ce qui
est clair pour nous, et ce qui ne s'est jamais passé… ce qui n'est jamais
arrivé dans le passé, c'est que nous allons garder le contrôle de nos
dépenses. Et, quand j'entends mes collègues critiquer ce contrôle, je peux vous
dire qu'on répond, là, puis moi, j'aime bien
ma vis-à-vis, je la respecte beaucoup, mais, en même temps, là, si une
image vaut mille mots, c'est que j'ai un historique
devant moi qui est assez épouvantable. Et, quand on me dit : Vous avez
perdu le contrôle de vos dépenses, là… Puis pourtant, vous le savez, à une
certaine époque, j'étais quand même réputé pour être un peu plus cinglant que je ne le suis actuellement, mais je me
garde une petite gêne, mais j'aurais le goût quand même d'être un peu plus cinglant sur la façon dont a
été mené ce contrôle des dépenses pendant des années parce que ce
n'était pas une véritable préoccupation. À partir du moment où on pouvait
augmenter les impôts, les revenus, les taxes puis les tarifs, à quoi bon contrôler nos dépenses? Parce que, pour contrôler tes
dépenses, il faut que tu t'y intéresses, là, il faut que tu donnes, il
faut qu'à chaque fois que quelqu'un prend quelque chose, bien, tu le
confrontes, tu regardes, puis ce n'est pas
un donnant, donnant, là. À partir de là, c'est ton projet... Voici, voici,
quelles sont les économies qu'on peut faire. C'est comme ça. Donc, il
faut que tu mettes du temps. Puis, pour mettre du temps et que ça vaille la
peine, il faut que le premier ministre t'en donne le mandat. Parce que, sinon,
qu'est-ce qui arrive? Les gens envoient des dossiers au Trésor, ils règlent
leurs dossiers au bureau du premier ministre. Ça fait que, dans les faits, le
Trésor, il sert seulement à «rubber-stamper» ce qui a déjà été réglé, parce que
lui non plus, il ne veut pas dire non à des choses qui vont être autorisées en haut de lui. Alors, ça donne un
processus qui n'a aucun sens. Et c'est ce qu'on a vécu beaucoup dans les
dernières années, dans l'ère libérale, et c'est ce qu'on ne veut pas reprendre.
Donc, nous
aurons à faire état de la situation économique du Québec, M. le
Président, — et je
dois terminer, j'ai déjà passé mon temps de parole, je m'étais
engagé à quelques minutes — nous
allons le faire en toute transparence. Dès
le mois d'août, on a donné les couleurs, et c'est simple. D'abord, on va
investir dans la création d'emplois. C'est la priorité, l'emploi. Regardez, on n'a plus beaucoup de questions sur l'emploi
actuellement, puis ce n'est pas parce que, tout d'un coup, tout s'est amélioré. C'est qu'il arrive exactement ce
qu'on a dit. C'est que les chiffres de l'emploi, il ne faut pas que tu
les regardes mois après mois, c'est sur une longue période, c'est rien que ça.
Alors, la
réalité a rattrapé un discours un peu léger, de dire : Ce mois-ci, on
aurait perdu, genre, 42 000 emplois, puis, comme par hasard, les
42 000 seraient dans le secteur des services sociaux. Il y avait une
donnée, je pense que c'est au mois de septembre ou au mois d'août, puis, si
quelqu'un avait pris la peine de regarder les données, il aurait dit : Bien, comment on a pu perdre
42 000 emplois dans le secteur des services sociaux — imaginez-vous — quand…
alors que, dans la grande partie de ces
services, c'est gouvernementaux? Moi, j'ai regardé, j'ai dit : Coudon, on
a-tu ordonné des… On a-tu mis du monde à pied? Bien, non, pas un. Alors,
pourquoi? Bien, c'est simplement… Les données de l'emploi, elles fonctionnent
sous forme de sondage. Alors, ces données-là, il faut que tu les décortiques
puis tu voies sur une longue période. Donc, ce qu'on constate, c'est qu'on crée
effectivement le nombre d'emplois qu'on a prévu. Est-ce qu'on peut faire mieux? Est-ce qu'on doit
toujours faire plus? Ça, c'est ce qu'il faut viser. Mais il reste qu'il y
a une donnée qui est frappante, c'est qu'aujourd'hui il y a plus de Québécois
qui travaillent qu'à n'importe quelle période dans
l'histoire du Québec. Donc, c'est quand même un bon indice. Il faut toujours
aller dans cette voie, M. le Président, parce que notre population, elle
croît.
• (16 heures) •
Donc, au mois
d'août, on a dit : Préoccupation emploi. Pourquoi? Parce qu'on savait que,
dans les revenus, les libéraux
avaient déjà encaissé une diminution de revenus de 500 millions sur leurs
projections. Or, ce scénario-là s'est répercuté
dans le temps, et il était évident que… On a rassuré tout le monde en
disant : Nous, on va garder le contrôle de nos dépenses et, sur les revenus, on va faire face à la situation, mais
aucun geste ne sera posé qui nuirait à la croissance économique et à la création d'emplois. Ça, c'est
un message envoyé aux marchés financiers, c'est un message envoyé aussi… les chambres de commerce m'avaient
interpellé. Même à l'époque, le Parti libéral nous disait de ne pas
couper, là. Ça dépend des jours, des fois,
il faut, des fois, il ne faut pas. Là, aujourd'hui, il ne faut pas. Je vois ça
avec M. Couillard. Mais on a
dit : Regardez, nous, la priorité, c'est création d'emplois, croissance
économique, contrôle des dépenses. Bien, c'est correct, et il n'y a
personne qui est apeuré, là. Quand les chiffres seront dévoilés par rapport aux
revenus, puis le ministre des Finances fera
un état, là, réel de ce qu'il a actuellement puis de ce qu'il peut projeter,
bien là on va parler sur des bases
qui sont sérieuses. Et nous allons conserver cette ligne pour faire en sorte
qu'on puisse continuer à se donner les moyens d'investir dans la
création d'emplois puis dans la croissance économique, parce qu'en bout de
ligne cette croissance économique est liée à notre capacité d'absorber ceux et
celles qui arrivent dans le marché de l'emploi.
Alors, le
jour où on ne croît plus économique, M. le Président, ce n'est pas qu'on va
perdre des emplois, c'est qu'on ne
sera plus capables d'en créer. Et là ça, c'est un problème pour les générations
futures puis les gens qui cognent la porte au marché du travail. Donc,
on a dit : On ne sacrifiera personne, on va continuer à le faire, on va
respecter notre parole, mais tout ça va se faire en temps et lieu, à tête
reposée, avec les bons chiffres, sans énervement. Et j'espère que les oppositions seront à la hauteur, là, je vous
dirais, des critiques que ça peut engendrer, des réactions, des
commentaires, mais que ça se fasse dans un
cadre qui est correct, parce qu'à travers ça il y a d'autres gens qui nous
entendent, il y a des gens d'ailleurs
qui regardent la situation du Québec aussi, qui sont contents actuellement, et
ça a été salué par toutes les agences de cotation sur le contrôle des
dépenses, mais qu'évidemment nos commentaires peuvent avoir un impact sur la
suite des choses.
Donc, il faut
toujours agir de façon responsable sur ces questions et se dire que ce que nous
faisons actuellement va nous servir de base solide pour faire en sorte
que, peu importe le défi qu'on aura à affronter dans les années à venir, au niveau de la croissance économique,
bien, on va le faire sur des bases où on va contrôler, on va contrôler
nos dépenses. On va faire en sorte que ça ne soit pas le contribuable du Québec
qui soit toujours le grand perdant de nos chicanes, M. le Président, par des
hausses de tarifs ou de taxes, comme on a vu dans le passé.
Alors, voilà,
très heureux, M. le Président, et vous comprendrez que notre formation politique va voter contre la motion déposée par le Parti
libéral.
Le
Vice-Président (M. Cousineau) : Alors, merci, M. le président du Conseil
du trésor. Alors, je cède maintenant
la parole aux membres du deuxième groupe d'opposition, en vous précisant que vous avez
15 min 45 s après répartition du temps. Donc,
15 min 45 s, M. le député de La Prairie.
M. Stéphane Le
Bouyonnec
M. Le
Bouyonnec : Merci, M. le Président. Écoutez, après avoir bien entendu l'opposition officielle, le
député de Mont-Royal et surtout l'intervention du président du Conseil du
trésor, je ne peux que constater, effectivement, que le président du Conseil du
trésor est un homme expérimenté. Lui-même
se vantait de connaître les règlements de cette Chambre mieux que quiconque, en
reprochant aux oppositions d'avoir pris la mesure extraordinaire de convoquer
le ministre des Finances avec un subpoena pour qu'on puisse y voir un peu
plus clair quant aux chiffres du gouvernement, et je ne peux que
constater que, finalement, il est lui-même très confortable, là. On l'a
entendu : Écoutez, ça va suivre son cours, nous sommes en train de
préparer la mise à jour. La mise à jour va arriver bientôt, on ne sait pas
quand.
Ce matin, la première ministre nous parlait, en faisant référence au dépôt de mise à jour du précédent
gouvernement, du 11 décembre, du 2 décembre. Mais, pendant ce
temps-là, il y a urgence, M. le Président. C'est un peu comme si on nous disait en ce moment que, non, il n'y a pas lieu de
rectifier le tir parce qu'on ne sait pas trop où on en est. Mais est-ce qu'on pourrait le savoir un petit
peu plus vite? Est-ce qu'on pourrait… Même la motion, si j'avais une
critique à faire à la motion des collègues de l'opposition officielle, c'est qu'on
indique qu'on veut avoir un plan de retour à l'équilibre budgétaire au moment
de la mise à jour. Pourtant, on sait déjà qu'après quatre mois nous avons 2,3 milliards de déficit. Et on sait aussi
que nous avons une loi, une loi qui fait en sorte que normalement, cette
année, au 31 mars 2014, nous
devrions fermer les livres avec un
budget équilibré. Rappelons que, de ce point
de vue là, l'an dernier, après une première année au pouvoir, le gouvernement avait réussi à contenir son déficit autour des cibles prévues par la loi, à 1,5 milliard, 1,6, mais que, depuis lors, il a perdu
les pédales, et l'économie du Québec est en
train de faire un flat. Et le gouvernement, pensant aller en élection, s'est mis à
accélérer. On est dans une situation où l'ensemble de l'économie, à la gouverne
du gouvernement du Québec, la gouverne financière, est rudement mis à mal.
Moi,
j'aimerais revenir, M. le Président, sur la question — d'abord pour donner un peu d'explications — de la dette.
260 milliards, ça, c'est
la dette,aujourd'hui, du
Québec. Là-dessus, peut-être25 % sont responsables de ce…
25 % de cette dette, le précédent gouvernement, pour environ 60 milliards. Pour
vous donner une idée, là, 250 milliards — je
prends des petites villes dans mon comté, comme Delson ou comme, par
exemple, Saint-Philippe, là, d'autour de 5 000 habitants — c'est
comme si toutes les villes du Québec de 4 000,
5 000 habitants et plus avaient les moyens d'avoir un stade olympique. C'est ça, le poids de la dette
au Québec. Prenez l'église du village, vous mettez un stade olympique
virtuel puis vous multipliez ça par 250, c'est le
poids de la dette.
Et, pour vous
donner une idée du rapport, le ratio, le... En fait, le principal ratio qui est
observé par les agences de notation, c'est
le ratio, évidemment, de la dette sur le PIB, et,
au Québec, on est des champions.On est des champions parce qu'on est autour
de 54 %, alors que l'Ontario est à 22,6 %. Encore une fois, pour vous
donner un ordre de grandeur, si l'Ontario
voulait, en proportion, être aussi endettée que le Québec, elle pourrait se
permettre, demain matin, de dépenser un
peu moins de 70 milliards de dollars, soit l'équivalent d'une année
de dépenses pour l'ensemble du gouvernement. La Colombie-Britannique, le
ratio est encore moindre, à 24 %.
D'ailleurs, le gouvernement avait bien réalisé
qu'il ne pouvait pas continuer comme ça, d'où, dès qu'il est arrivé en poste, il a réduit les investissements en
infrastructures, parce qu'évidemment les dépenses en infrastructures ne
participent pas au déficit mais viennent s'ajouter à la dette, et cette
dette-là croît. Donc, le gouvernement a annoncé, oui,
en moyenne 1,5 milliard de moins pour éviter
de faire croître la dette. Et éventuellement — on le verra
bientôt — peut-être
qu'ils vont encore réduire les dépenses en infrastructures pour être capables
d'éviter de faire en sorte que ce ratio important puisse nuire à la cote de
crédit du Québec.
Ce matin,
j'ai été estomaqué de voir que maintenant nous sommes la seule formation politique à défendre la rigueur budgétaire en
cette Assemblée.J'ai été estomaqué de
voir que le chef du Parti libéral a lui-même concédé que le retour à l'équilibre
budgétaire pourrait se faire en deux
ou trois ans. Alors, je comprends maintenant que la motion de l'opposition officielle donne
une certaine latitude au gouvernement. Bien
sûr, avant d'appliquer des
correctifs, attendons la mise à jour
économique, on va prendre notre temps. Pendant ce temps-là, l'État
continue,finalement, de créer des déficits, et à un point où on se demande à quel moment cette
balloune va finir par nous exploser en pleine
figure. Et là je pose la question : Pour le chef du Parti libéral, est-ce
que ça signifie que, bon, finalement, si on peut rejoindre l'équilibre budgétaire
en trois ans, est-ce qu'à ce moment-là 2,3 milliards, ou 2,5, ou 3 milliards
de déficit cette année c'est correct, sachant que, dans la même année nous avons quand même, aujourd'hui, 1,5 milliard qui vient au seul chapitre de l'harmonisation du gouvernement fédéral en vue de la taxe de vente? Donc, en réalité, si
on fait abstraction de ce 750 millions que nous avions l'an dernier plus le 1,5 milliard cette année, notre déficit
réel est encore plus important.
• (16 h 10) •
Alors,
ce 2,3 milliards, là, si jamais
on voulait respecter la loi puis tendre vers un
équilibre financier au 31 mars,
il y a plus qu'urgence pour faire en sorte que nous puissions rectifier le tir.
Mais ce qui est intéressant lorsqu'on prend un 2,3 milliards en quatre mois comme ça, c'est que le gouvernement, finalement, a échappé la balle non seulement au chapitre des dépenses — on va y revenir — surtout à cause de l'élection anticipée,
mais aussi au chapitre des revenus. Et, au chapitre des revenus, vous
savez, les revenus du gouvernement ont augmenté, par rapport à l'année
précédente, pour la même période, de 2,7 %. Le gouvernement prévoyait 5 %. On
pourrait dire : Ah, c'est la faute du fédéral, il y a des transferts
qui n'ont pas été faits. Non. Au contraire, le gouvernement prévoyait des
revenus venant du fédéral de 2,8 %, alors qu'ils ont été de 9,7 %.
Les revenus autonomes, le gouvernement, dans sa boule de cristal, prévoyait une
augmentation de 5 %; ils n'auront été
que de 0,6 %. Et je continue, M. le Président. L'impôt des sociétés, le
gouvernement prévoyait une augmentation de 10 %; c'est une réduction de
12 %. Les sociétés d'État, Hydro-Québec, la SAQ, Loto-Québec, le gouvernement prévoyait une hausse de 3,8 %, alors
qu'en réalité c'est une baisse de 4,4 %. En réalité, il n'y a
aucune de leurs prévisions de revenus qui a fonctionné, donc nous avons un
problème. Et on verra un peu plus tard pourquoi aussi ils ont contribué à la
morosité économique du Québec, ils ont contribué au sabotage de notre économie,
qui était déjà fragile.
Au niveau des
dépenses, alors qu'on entend chaque jour le gouvernement se targuer d'avoir
réussi à contrôler les dépenses, on
réalise que non. Les dépenses sont en hausse de 4,3 %, alors qu'elles ne
devaient être que de 2,7 %. Et ça, c'est pour les quatre premiers mois de l'année. Ça exclut l'espèce de folie de
dépenses que nous avons connue juste en fonction de la potentielle campagne électorale, où je vous rappellerai, M. le
Président, que nous avons eu pour plus de 8 milliards d'annonces en
deux mois, incluant le 2 milliards de la nouvelle politique économique du
gouvernement. Rappelons-nous ça,
l'électrification des transports, la politique industrielle, la Politique
nationale de recherche et d'innovation et puis le commerce extérieur.
Alors, tout était prêt, l'avion était sur la piste, mais maintenant on se rend
compte, là, que ces dépenses-là ont été complètement extravagantes et vont
venir s'ajouter au déficit déjà que l'on peut constater pour les premiers mois
de l'année.
Mais, là où
ça devient un peu gênant, c'est qu'alors qu'on martelait au gouvernement qu'il
y avait un problème au niveau de la création d'emplois ils disaient que,
non, non, non, on n'a pas de problème, nous, la création d'emplois. Mais soudainement, à l'approche de l'élection,
dans les trois derniers mois, 36 000 emplois dans la fonction publique
ont été créés, alors qu'au même moment, en
fait quelques mois de plus, sur une période un petit peu plus longue, l'Ontario,
qui vit un contexte semblable un peu au
nôtre mais avait une plus forte création d'emplois, arrivait à sabrer
30 000 emplois dans sa fonction publique, 29 400.
Alors, la
question qu'on peut poser, c'est : Que va-t-il arriver maintenant que
l'économie en général est mise à sac par ce gouvernement? La croissance
est anémique, comme l'ont dit plusieurs fois… et les prévisions de croissance, comme l'ont dit plusieurs fois, d'ailleurs, les
principaux groupes bancaires canadiens, incluant le Mouvement Desjardins.
Le gouvernement dit : Bien, écoutez, ce n'est pas de notre faute, c'est
pareil pour tout le monde. Ce n'est pas vrai. Le Canada fait mieux, les
États-Unis renouent avec une croissance, 2,5 %, 2,7 %. Même l'Europe
sort de la récession. Donc, le Québec tire de la patte, là.
Et
d'ailleurs le gouvernement ne pourra pas prétexter… Vous savez, pour ne pas
respecter la Loi de l'équilibre budgétaire, hein, ça prend soit une
catastrophe naturelle, une chute dramatique des transferts fédéraux, hein — ce qui
n'est pas le cas, on
l'a démontré — ou alors
une situation économique grave au niveau mondial. Aucune de cesconditions-là ne seront rencontrées au moment où
le gouvernement, en cette Chambre, va revenir voir les parlementaires
pour demander d'abroger la Loi sur l'équilibre budgétaire.
Ils
ont découragé les investisseurs privés. Ils l'ont fait particulièrement au
niveau des mines avec le projet de loi sur les redevances, qui n'a pas
cessé de faire jaser dans les chaumières de nos gens, de nos populations en
région. Eux étaient bien conscients de ce que ça allait avoir comme impact,
O.K., dans le développement régional. Ils ont mis un moratoire sur le
nucléaire, hein, en mettant un moratoire sur le développement d'une mine
d'uranium pour laquelle l'entrepreneur, compagnie publique, avait reçu toutes
les autorisations du gouvernement fédéral, qui a, entre autres, juridiction dans ce domaine. Ils ont fait la même
chose avec le pétrole en Gaspésie. Ils le font avec le gaz de schiste,
on l'entend bien dans le débat sur le projet
de loi n° 37, où même de l'expérimentation pour tenter de trouver une
solution à une exploitation raisonnable et
durable du gaz de schiste, non, ce n'est pas dans les plans, alors que nos
voisins du Sud vont dépenser, dans
les cinq prochaines années, 400 milliards de dollars pour développer cette
ressource naturelle importante.
Au niveau du commerce
extérieur, puis ça, ça me choque particulièrement, M. le Président, encore
ce matin, j'entendais la première ministre…
Comment peut-elle, dans le salon bleu, nous indiquer que nous avons une
augmentation du commerce extérieur, de nos exportations, de 3,7 % en
omettant de dire qu'au même moment nous avions une augmentation de nos importations de 4,3 % et que le résultat réel
de tout ça, c'est qu'en réalité la balance commerciale du Québec s'est dégradée de 6,7 %? On compare
avec la même période de l'an dernier, c'est presque trois quarts de
milliard de dollars de plus que nous avons de déficit au niveau de la balance
commerciale.
Je
pense que, lorsque des parlementaires font des interventions de cette nature,
ils induisent la population et les autres parlementaires dans des
conclusions qui pourraient s'avérer erronées lorsque vient le temps de prendre
des décisions éclairées sur les budgets ou
sur la conduite des affaires économiques de la province. Et c'est pour ça que
la mise à jour est si importante et c'est pour ça que le plan de retour
à l'équilibre est si important.
Au niveau de
l'aluminium, regardez, on propose, au niveau des tarifs électriques, des prix
avantageux pour attirer des nouvelles
industries. Au même moment, on prend le risque de voir une société comme Alcoa
fermer trois usines importantes au
Québec, des milliards d'investissement de dépenses en capital, avec 3 000
emplois, comme je le disais, 350 millions de dollars, finalement,
de revenus, pour Hydro-Québec, en moins.
Alors,
pour nous, la situation, elle est un peu catastrophique. Notre plan de match, à
la Coalition avenir Québec, c'est une réduction et un contrôle des
dépenses gouvernementales. D'autres pays sont passés par là, la Scandinavie entre autres. Il y a des recettes qui existent, il
se trouve... il suffit seulement d'avoir le courage de les appliquer, et
aussi des plans pour stimuler l'économie.
Pour le PLQ, on a
entendu, la recette, c'est un petit peu la recette empruntée à M. Bachand,
j'imagine, au moment où le fédéral a évacué deux points au niveau de la TPS,
que le Parti libéral s'est empêché... empressé d'aller chercher à deux reprises. On entend M. Couillard nous parler
d'augmentation de taxes. C'est une recette. C'est vrai que ça peut colmater la brèche momentanément, mais ça ne
règle fondamentalement pas le problème que nous avons ici, en ce moment,
au Québec.
Donc,
M. le Président, je pense que nous sommes... nous faisons face à une situation
qui est aiguë, une situation où nous
voyons, de la part du gouvernement, une certaine nonchalance, un certain
laxisme, une certaine inconscience. Et c'est pour ça qu'il est important
pour nous que rapidement un plan de retour à l'équilibre budgétaire soit
déposé, et que le gouvernement s'engage par
la suite à ce retour à l'équilibre budgétaire, et que l'opposition officielle
se ravale quant aux paroles de M.
Couillard ce matin et fasse front commun avec la deuxième opposition à cet
effet. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Cousineau) : Merci. Merci, M. le député de La Prairie. Je
cède maintenant le...
Des voix :
...
Le
Vice-Président (M. Cousineau) : S'il vous plaît! S'il vous plaît!
Je cède maintenant la parole au député de Chapleau, en précisant qu'il
vous reste 17 min 30 s à votre formation politique avant la réplique.
Alors, M. le député de Chapleau.
M. Marc Carrière
M. Carrière :
Merci. Une chance que je me suis viré de bord, je pensais que c'était le député
de Mercier qui applaudissait. Ça me fait
plaisir, à mon tour, M. le Président, de prendre part à la motion qui se lit
comme suit — permettez-moi
de mettre mes lunettes, l'âge fait son oeuvre — c'est :
«Qu'à l'occasion du 1er anniversaire du budget du
ministre des Finances et de l'Économie et de son engagement de retour à
l'équilibre budgétaire cette année, l'Assemblée nationale exige que le
gouvernement péquiste s'engage formellement
à présenter un plan de retour à l'équilibre budgétaire lors du dépôt de la
prochaine mise à jour économique du ministre — de ce
même ministre — des
Finances et de l'Économie.»
On
voit déjà, depuis déjà un bon temps, un certain temps, que ce gouvernement-là,
de par son inaction, de par son...
hier, on m'a repris quand j'ai dit «incompétence», donc je vais essayer de ne
pas reprendre le mot «incompétence». On voit qu'en quatre mois on est
déjà en...
Le Vice-Président
(M. Cousineau) : Oui, M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Traversy : Oui. M. le Président, écoutez, vu la nature des
propos, là, de mon collègue de l'opposition, qui n'est pas à sa première
tentative de dire indirectement ce qu'il ne peut pas dire directement en cette
Chambre, je lui demanderais de faire attention pour la suite de son discours,
si on veut garder une belle harmonie.
Le
Vice-Président (M. Cousineau) : Oui. Effectivement, on ne peut
pas faire indirectement ce qu'on ne peut faire directement, alors je
vous demanderais de faire attention.
• (16 h 20) •
M.
Carrière : Je vais faire attention, mais ma mère m'a toujours
dit de dire la vérité. Donc, on est déjà, en l'espace de quatre mois,
déficit prévu… puis c'est-u le 2,3 milliards? Et là, là, on en est vraiment
aux premiers balbutiements. Est-ce que... Puis là le ministre, par tous les
subterfuges, ce... le ministre et ce gouvernement-là refusent ou retardent la mise à jour
économique. On a eu une motion, on en a parlé hier, pas plus tard qu'hier, une
motion demandant au Vérificateur général de
venir faire une analyse et des recommandations sur la mise à jour économique.
Il y a eu un vote qui a eu lieu sur cette motion-là. Le gouvernement du
Parti québécois a voté contre cette motion-là. Hier, il y a même le député de
Sanguinet qui disait que le Vérificateur général n'avait pas la compétence pour
faire cette analyse-là.
Moi, je veux
répéter en cette Chambre que le Vérificateur général, de notre côté, a toute
notre confiance pour faire cette
analyse-là, et, s'il a besoin d'experts externes, tout le... ce ne serait pas
une première, il pourrait le faire très facilement. Et je pense que ce
serait assez éclairant et assez important que le Vérificateur général vienne le
plus rapidement possible mettre son nez dans
ce qu'on voit, dans ce budget ou ce fiasco économique du gouvernement du Parti
québécois. Comme je le disais,
2,3 milliards, ça, c'est le chiffre qui est lancé actuellement. Et
permettez-moi, comme bien d'autres Québécois,
d'avoir des inquiétudes, d'ici la fin de l'année, que ce 2,3 milliards là
soit beaucoup plus élevé, qu'on pense aux annonces qui sont faites
depuis quelques semaines, je pense que c'est à coups de 500 par mois, qui ne
sont pas provisionnées. Il y avait dans
l'air une élection, et puis là, là, les ministres sont partis, ils ont fait
plein d'annonces où ils ne sont pas
provisionnés. Et tantôt le président du Conseil du trésor disait qu'il y avait
une gestion serrée des dépenses. Mais je pense qu'il a omis toutes ces
annonces-là non provisionnées qui sont faites depuis un certain temps.
Permettez-moi aussi, également, parlant du
président du Conseil du trésor, un petit peu de répondre à ce qu'il disait tantôt. Il disait que l'on jouait à la
vierge... il jouait à la vierge offensée — pardon — tantôt, il parlait de la mise à jour
économique, parlait du Vérificateur général. Il a parlé de toutes sortes de
choses sauf de la motion sur laquelle on discute,
c'est le retour à l'équilibre budgétaire. Puis il a parlé du contrôle des
dépenses. Je peux vous dire que, lorsque nous étions au gouvernement, et
les agences de cotation l'ont noté d'année en année, avec la
Colombie-Britannique, c'est au Québec où il y a eu le meilleur contrôle des
dépenses pendant toutes ces années-là.
Je ne sais
pas si le président du Conseil du trésor… sur quelle planète il vivait à partir
de 2008, mais il était ici, avec nous,
en cette Chambre, mais on a connu la pire crise économique depuis les années
1929-1930. Et ce qu'on a fait, nous, lorsque nous étions au
gouvernement, nous avons décidé d'investir massivement dans les
infrastructures, pour trois raisons.
Première raison, c'est une mise à niveau de nos infrastructures. Pendant 25,
30 ans, peut-être même plus, tous gouvernements
confondus… a laissé de côté le maintien de nos investissements, de s'assurer
que le toit de l'école ne coule pas,
que, si on a besoin d'agrandir l'hôpital, les fonds soient là, que, si la route
ou les ponts ne sont pas sécuritaires, ce soit fait. Donc, il y a eu un coup de barre qui a été donné pendant cette
période-là, c'est un investissement de 45 milliards, 44,
45 milliards sur une période de cinq ans. Donc, ça, ça a fait en sorte
qu'on a pu mettre à niveau nos infrastructures.
Il y a eu
plein d'infrastructures qui ont vu le jour. J'en ai donné quelques exemples
hier : juste dans mon comté ou dans
ma région, juste au niveau de la santé, une urgence neuve à l'Hôpital de
Gatineau, une urgence neuve à l'Hôpital de Hull de ma collègue du comté de Hull, un centre de cancérologie à mon
hôpital, un centre sportif où le gouvernement du Québec, avec la ville de Gatineau, a décidé d'investir massivement pour
donner des infrastructures qui soient à la hauteur des attentes de la population et faire en sorte
que les jeunes... on veut qu'ils soient plus actifs aujourd'hui, bien, je
pense qu'il faut donner les moyens pour atteindre les objectifs qu'on se met.
Donc,
là-dessus, si on a décidé d'investir de façon si importante, c'était,
premièrement, comme je le disais, de mettre
à jour nos infrastructures. Et puis l'autre chose, c'était de garder les
travailleurs à l'emploi. Pendant qu'on avait la pire crise économique au
monde, on a créé 100 000 emplois. Donc, je pense que... Puis là on a un
contexte qui est plus favorable. On le voit
au Canada, on le voit en Ontario, on le voit aux États-Unis, où il y a une
reprise de l'économie. Ce gouvernement-là perd des emplois par leur
inaction, par leur… non, je ne le dirai pas — j'allais dire encore le mot que je ne peux pas dire — mais par leur inaction — ça, ce n'est pas antiparlementaire, M. le
Président? J'imagine que non, c'est correct — et fait en sorte
qu'on... Le Québec stagne au niveau économique, au niveau de l'emploi et,
pendant ce temps-là, bien, les autres
provinces, bien, qui ont copié ce qu'on avait fait au niveau de se sortir du
mieux possible de la crise
économique… Puis il y avait même, à l'époque, l'ancien premier ministre du
Québec Bernard Landry, qui n'est pas un libéral à ce que je sache — à
moins qu'il ait changé dernièrement, mais j'en doute — qui
disait que le Québec est l'endroit en Amérique du Nord et peut-être même en
Occident qui a le mieux résisté à la crise.
Donc, quand
j'entends le président du Conseil du trésor… Puis il y avait le député de la
CAQ tantôt, de La Prairie, qui
disait que le gouvernement a augmenté la dette du Québec de 30 %. Bien, je
pense qu'il fallait, un, passer à travers la crise économique, il fallait, deux, mettre à jour nos infrastructures,
comme je l'ai mentionné tantôt. Donc, je pense que, pendant cette période-là, les travailleurs ont pu
garder leurs emplois, les entreprises n'ont pas mis à pied des
travailleurs. Parce que, vous savez, quand
une entreprise met ses employés à pied, bien, ce qu'ils vont faire, ils vont se
chercher une job. Puis, s'il n'y en a
pas ici, au Québec, bien, ils vont aller où? Ils vont aller en Ontario. Et ça,
moi qui viens de l'Outaouais, on le vit quotidiennement, où les gens traversent
la rivière, je ne sais plus combien de dizaines de milliers de personnes
qui traversent la rivière, qui vont travailler à Ottawa. Et il y en a d'autres
qui auraient pu décider d'aller travailler
en Alberta, dans les sables bitumineux, ou etc. Mais, nous, ce qu'on a décidé,
c'est de garder nos travailleurs ici, à l'emploi.
Donc, là-dessus, je pense que la job a
été faite de façon consciencieuse, et, comme je disais, les agences de
cotation, les agences de crédit l'ont souligné. Elles avaient souligné deux
choses principalement; c'était le retour à l'équilibre budgétaire, 2013-2014, auquel on s'était engagés et un plan également
sur la réduction de la dette. Et on avait un plan, d'ici 2025-2026, de
la ramener à un niveau beaucoup plus bas qu'il est présentement.
L'autre chose que le
président du Conseil du trésor disait tantôt, c'est que nous, lorsque nous
étions au gouvernement, nous avions
augmenté... et le député de la CAQ, de La Prairie, le disait également
tantôt, qu'on a augmenté la TVQ de
2 %, deux fois 1 %. Mais il faut refaire l'histoire des fois, hein,
parce que les gens ont tendance à oublier ou à avoir une mémoire
sélective. L'actuel chef de la Coalition avenir Québec et l'actuelle première
ministre, à tous les jours, se levaient,
lorsque le gouvernement du Canada a baissé la TPS, demandant à notre premier
ministre, demandant à Raymond
Bachand, le ministre des Finances, de voir l'opportunité de prendre ces deux
points de TPS là et d'augmenter la TVQ pour donner plus d'espace, plus
de souffle à l'économie du Québec. C'est ce que nous avons fait.
Et, vous savez, une
taxe comme la TVQ, bien, c'est clair que celui qui va gagner 40 000 $
va sûrement et assurément acheter et payer
moins de TVQ, de taxe de vente, que celui qui va gagner 200 000 $ ou…
il va sûrement… souvent s'acheter une
voiture un peu plus cher, donc il va payer plus de taxe de vente là-dessus.
Donc, c'est vraiment une taxe qui fait en sorte que celui qui a le plus
de revenus, bien, va contribuer plus. Donc, là-dessus, quand j'entends aujourd'hui le président du Conseil du trésor et
les gens de la CAQ faire les vierges offensées là-dessus, bien, je pense
que c'est un manque de transparence, et c'est un peu de cacher l'histoire, là,
et d'oublier qu'ils ont été les premiers à réclamer de notre gouvernement de
les monter.
Vous
savez, quand on fait un budget, quand on fait un budget, il y a des revenus et
il y a des dépenses. Alors, j'ai parlé des dépenses tantôt. Là,
permettez-moi de parler des revenus. Dans le budget de l'actuel ministre des
Finances, il y a des... il disait qu'il
n'augmentait pas les taxes. Mais, si on regarde les sommes qui sont prévues,
qu'on regarde juste au niveau de
l'impôt des particuliers, dans le budget actuel, 2013-2014, c'est 5,1 %
d'augmentation qui est prévue en revenus des impôts des particuliers; quand on regarde au niveau de l'impôt des
sociétés, de nos entreprises, c'est 10,5 %; puis la taxe sur le
tabac, c'est une augmentation de 17 %. Donc, 17 %, il prévoyait avoir
130 000... 130 millions, pardon, de plus.
• (16 h 30) •
Est-ce qu'aujourd'hui
ça donne les résultats escomptés de l'augmentation de 17 % de la taxe? Une
chose qui est claire… mon collègue de
Huntingdon, il y a ma collègue de Gatineau également… on voit souvent, là, au
niveau, là, des cabanes à cigarettes…
Est-ce que ça va faire en sorte que la contrebande va augmenter? À un moment
donné, il y a un «break-even point», excusez le terme anglais, où est-ce
que, si on augmente trop les taxes au niveau du tabac, ça va faire en sorte que
les gens vont se tourner vers la contrebande. Donc, là-dessus, à la fois le
ministre de la Sécurité publique, qu'on entend... qui est muet là-dessus, silence
radio… Le ministre des Finances, là, j'ai hâte de voir, lors de la mise à jour
économique, s'il va nous dire qu'il a atteint ses cibles au niveau, là, de la
taxe sur le tabac.
Également, la taxe
sur les boissons alcooliques, il prévoyait une augmentation des revenus de
100 millions, 15 %. Donc, là-dessus, où est-ce qu'on s'en va avec ça,
la mise à jour économique? J'espère qu'elle ne traitera pas seulement des dépenses,
mais également des revenus. Je pense que c'est important de savoir où est-ce
qu'on s'en va au niveau des revenus. Ça,
c'est comme quand on fait un budget personnel, je pense, c'est important de
bien cadrer, de bien saisir nos dépenses, mais, je pense, aussi c'est
important de savoir qu'est-ce qu'on a dans nos poches, qu'est-ce qui est… qu'est-ce que… notre perspective d'avoir
comme revenus d'ici la fin de l'année, et il faut faire un budget qui
fait en sorte qu'on ne s'endette pas,
contrairement à ce que ce gouvernement du Parti québécois est en train de faire
actuellement.
Puis, au niveau des
ressources naturelles, c'est une augmentation prévue de 28,6 % qui est
prévue… 28,8 %, pardon, qui est prévue. Ça, j'ai également très hâte de
voir, quand on connaît la… quand on voit agir la ministre des Ressources
naturelles, qui a, premièrement, assassiné le Plan Nord… Il y a des gens qui
l'ont même baptisé le plan mort. Même, il y
a des entreprises, il y a des compagnies minières, au niveau international, qui
disent : «Québec never again»,
on n'investira plus en exploration, en exploitation au Québec, c'est trop
compliqué, vous ne voulez pas de nous. Ça, c'est le gouvernement du Parti québécois, par son inaction et par un
dogme quelconque, qui fait en sorte, là, qu'on va tout barrer, on va tout bloquer au niveau de
l'exploitation de nos ressources naturelles. Donc, on prévoit 28,8 %
d'augmentation en revenus au niveau des ressources naturelles, et on dit ça
d'un côté de la bouche. De l'autre côté, on fait en sorte qu'on fait tout en
notre pouvoir pour ne pas attirer de nouvelles entreprises au niveau minier.
Au
niveau forestier, c'est la même chose. Nos forestiers, aujourd'hui et demain,
là, cette semaine, c'est le sommet ou le rendez-vous de la forêt, là,
qui… Et, là-dessus, là, ce gouvernement-là a coupé des millions et des millions
au niveau que ce soit des travaux
sylvicoles, que ce soit au niveau de la deuxième, troisième transformation.
Donc, que de voir qu'on va avoir 28,8 % d'augmentation de revenus
additionnels au niveau des ressources naturelles, permettez-moi, permettez-nous
d'en douter.
Je parlais tantôt,
là, du Plan Nord. Il y a l'Ontario, je l'ai dit il y a quelques minutes,
l'Ontario, là, qui est le voisin de chez
nous, qui, eux, ont regardé ce que nous avions proposé comme plan, le Plan Nord
qui était quelque chose de fascinant, ça stimulait les générations à
venir. Eux autres, ce qu'ils ont fait, ils ont appelé le Circle of Fire. Ça
fait qu'eux autres, ils disent : Bien, regardez, le Québec, il ne veut pas
de vous, là. Nous autres, ce n'est pas très loin, ça fait qu'on s'entend-u qu'on peut avoir la même réalité géologique? Donc,
vous pouvez venir investir ici, nous, on va vous accueillir puis on va
vous mettre des conditions pour savoir combien ça va coûter puis combien que ça
va… à quoi vous attendre. Parce que, quand tu ne sais pas à quoi t'attendre,
c'est sûr que tu ne vas pas aller investir.
Je veux également
dire — parce
que, tantôt, là, mes collègues d'en face en ont parlé — notre
chef, ce qu'il a dit tantôt, c'est qu'à voir
le désastre économique qu'on vit actuellement avec le Parti québécois, ce qu'on
dit, c'est qu'on veut, avec la motion d'aujourd'hui, qu'ils nous disent
quand ils vont revenir à l'équilibre budgétaire, comment ils vont le faire. Et
ce qu'il a également dit, notre chef, c'est qu'à les voir aller ils ne seront
pas capables de le faire d'ici deux, trois ans.
Donc, là-dessus, je pense que notre
motion a toute son importance, comme celle d'hier au niveau d'entendre
le Vérificateur général sur la mise à jour
économique, qui doit arriver ces jours-ci. Donc, vous ne serez pas surpris
d'entendre que nous allons voter pour cette
motion-là. Et je pense qu'il est important pour tous les Québécois de savoir
quand nous allons revenir à
l'équilibre budgétaire et quand ils pourront espérer savoir, là, à quoi
s'attendre. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député
de Chapleau. Je suis prêt à reconnaître le prochain intervenant. Je
signale qu'il reste environ deux minutes à l'opposition officielle, il reste
12 min 19 s du côté gouvernemental. Si j'ai bien compris, M. le
leader adjoint du gouvernement, vous cédez votre temps d'antenne à l'opposition
officielle et à Mme la députée d'Anjou. Alors, prochain intervenant, M. le
député de Brome-Missisquoi.
M. Pierre Paradis (réplique)
M.
Paradis :
M. le Président, dans un premier temps…
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Aviez-vous déjà pris la parole sur… Non?
M.
Paradis :
Pas encore, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, il vous reste 14 min 19 s
environ.
M.
Paradis :
…mon droit de réplique?
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Non, à part votre droit de réplique.
M.
Paradis : À part le droit de réplique. M. le Président, je
m'excuse, j'étais retenu en commission parlementaire au salon rouge en
présence du ministre des Finances et en présence du Vérificateur général, qui
se joindra à nous tantôt. Et le sujet que l'on traitait, vous le devinerez,
concernait les finances publiques.
Dans un premier
temps, je tiens à remercier mes collègues, le député de Mont-Royal ainsi que le
député de Chapleau, qui ont pris la relève pour cette motion.
La motion est simple,
M. le Président :
«Qu'à l'occasion du 1er anniversaire du budget du
ministre des Finances et de l'Économie — parce que, on s'en souvient, c'était le 20 novembre l'an passé
que le ministre des Finances nous présentait son budget — et de son engagement de retour à
l'équilibre budgétaire cette année, l'Assemblée nationale exige que le
gouvernement péquiste s'engage formellement
à présenter un plan de retour à l'équilibre budgétaire lors du dépôt de la
prochaine mise à jour économique du ministre des Finances et de
l'Économie.»
Ça
peut sembler un jargon qui est difficile à comprendre, mais, quand on le
décompose, M. le Président, ce n'est pas tellement compliqué. Ce que l'on vise à faire à ce moment-ci,
M. le Président, c'est de faire en sorte que l'engagement qu'avait pris le ministre des Finances en cette
Chambre, il y a un an, d'atteindre dès cette année financière le déficit zéro soit
respecté. Et, si nous insistons, M. le
Président, c'est parce qu'il y a des indices qui nous portent à croire que le
gouvernement ne respectera pas sa parole, que le gouvernement va briser
l'engagement formel qu'il a pris envers les contribuables du Québec d'équilibrer le budget et de ne pas
passer de fardeau fiscal additionnel aux générations qui vont nous
suivre.
Pourquoi
sommes-nous inquiets, M. le Président? On est inquiets parce que le
gouvernement lui-même a admis que les revenus n'étaient pas au
rendez-vous. Ça veut dire quoi, les revenus pas au rendez-vous? Ça veut dire
qu'il ne se crée pas suffisamment d'activité
économique pour créer de la richesse suffisante. Le gouvernement a prétendu
jusqu'au 31 mars dernier d'être en contrôle de ses dépenses, mais tout le
monde a constaté que, depuis le 31 mars dernier, le gouvernement a
complètement perdu le contrôle de ses dépenses. M. le Président, ça se
comprend un petit peu parce que ce
gouvernement-là avait l'intention de se retrouver en campagne électorale au
moment où nous nous parlons. Ça fait que
qu'est-ce qu'il a fait, ce gouvernement, M. le Président? Il a dépensé
comme... Je ne sais pas comment le traduire en français, il y a une expression anglaise qui dit «drunken sailor», là,
tu dépenses sans réfléchir, sans penser à l'avenir, sans mesurer les conséquences sur ton budget parce que
tu t'en vas en élection puis tu penses encore que tu peux acheter des élections au Québec. M. le Président, vous en avez
été témoin, vous avez pris connaissance des revues de presse, vous avez...
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Question de règlement, M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Traversy :
Oui. M. le Président, écoutez, j'aimerais demander à mon collègue de
l'opposition, selon l'article 35, de
faire attention de ne pas prêter des intentions qui peuvent être blessantes ou
irrespectueuses envers des collègues
en cette Chambre ou le gouvernement, là, dans son ensemble. Je vous demanderais
d'élever le débat au-dessus de la partisanerie.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, très bien. Merci, M. le leader
adjoint. Prudence, M. le député de Brome-Missisquoi.
M.
Paradis : Si j'ai peiné mon ami d'en face, M. le
Président, c'est bien involontairement, et je m'en excuse. Je pensais
simplement lui réciter des faits qu'il connaissait et dont il a été complice
comme membre du gouvernement, ce n'était pas plus...
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Oui. Alors, M. le député de Brome-Missisquoi, «complice»… Prudence.
M.
Paradis : ...pas au
courant…
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
«Témoin», ça va. Mais, «complice», là vous prêtez des intentions.
• (16 h 40) •
M.
Paradis :
...peut-être qu'il n'était pas au courant de ce qu'on… gouvernement faisait.
Peut-être qu'il n'était pas au courant des 200 annonces qui ont été
faites par mois qui ont précédé la pseudo-date de déclenchement des élections. Peut-être qu'il n'était pas parmi ceux
qui se sont fait offrir une cravate bleue pour annoncer la ligne de
métro bleue à Montréal, où on a budgété strictement la pancarte puis la
conférence de presse pour faire accroire aux gens qu'on était pour bâtir des infrastructures dans le transport en commun à
Montréal. Moi, là, je suis prêt... Il est nouveau, là, dans ce Parlement, M. le Président. Je suis
prêt à croire que le leader adjoint n'a pas été mis dans le coup et qu'il n'a
pas participé à cette opération. Je pense, M. le Président, que le mot
«opération» est quand même parlementaire.
Et là on se
retrouve, M. le Président, avec des revenus qui ne sont pas au rendez-vous, on
se retrouve avec des dépenses qui ne sont pas budgétées, puis là on
apprend… Puis, en cours d'année, tranquillement, lentement, en cours d'année budgétaire, les rumeurs ont commencé à circuler, et là les
gens commençaient à prendre ça au sérieux, il paraît qu'il y a un…
malgré l'engagement, là, du déficit zéro, là, il paraît qu'il y a un déficit de
1 milliard de dollars et qu'on va frapper
le mur. Ça, M. le Président, c'était au printemps passé. Et, de l'autre
côté, là, le ministre des Finances, la première ministre, tout le monde
disait : Non, non, non, on est sur le budget. On l'a dit, on l'a juré, on
a donné notre parole. De toute façon, ici,
vous le savez, M. le Président, il faut la prendre, la parole des gens.
Nous autres, on les a crus, mais on entendait ça dans les corridors, on
entendait ça à proximité du ministère des Finances, on entendait ça à proximité
du Conseil du trésor. Mais, de l'autre côté, moi, je comprends que mon bon ami
d'en face, lui, il n'entendait pas ça, il était immunisé contre ces rumeurs de
corridor.
Mais, M. le
Président, ce qui s'est passé par la suite est un petit peu plus grave. De
1 milliard, la rumeur est passée à déficit anticipé,
1 250 000 000 $. Là, le monde a commencé à dire : Ça,
ça vient de l'opposition, ils exagèrent. Ce n'est
pas réel, ça n'a pas de bon sens, c'est démesuré. Et là, M. le Président,
vers le mois de juin, le chiffre de 1,5 milliard a commencé à
circuler. Puis, de l'autre côté, on ne s'inquiétait pas, on trouvait ça normal,
on s'est dit : Il nous reste quelques
mois dans l'année pour se reprendre, on est encore sur le déficit zéro. Le chef
de l'opposition en Chambre, le député
de Saint-Laurent, a questionné la première ministre. La première ministre, la
main sur le coeur : L'atteinte du déficit zéro, c'est l'objectif du gouvernement, on est tous engagés. Le
président du Conseil du trésor, même réponse. Le ministre des Finances, même réponse. C'est un travail
d'équipe, on y travaille à tous les jours. Et là la rumeur était
1,5 milliard.
Puis, au cours de l'été, M. le Président, la
rumeur s'est amplifiée, il y a des gens qui ont commencé à penser à l'impensable : 2 milliards de déficit.
Puis l'année financière n'était pas avancée beaucoup, là, puis là on s'est
dit : Non, non, non, il y a
quelqu'un qui essaie, là, de faire mal à ce pauvre gouvernement. Ce n'est pas
crédible, 2 milliards, ça n'a pas de bon sens, on est rendu au
milieu de l'été. Mais, M. le Président, quand les chiffres ont été rendus
publics à la fin juillet, les chiffres du gouvernement, les chiffres du
ministre des Finances, qu'il a réitérés lui-même aujourd'hui en commission parlementaire, vous savez c'était
combien, M. le Président? Oui, je sais que vous avez suivi
attentivement le débat, 2,3 milliards au 31 juillet. Et là on n'avait
pas encore mis dans ces dépenses-là, là, le 2 milliards de l'autre plan,
les annonces non budgétées.
Rendu à
2,3 milliards, tu te dis : C'est quoi, la porte de sortie? Comment tu
fais — parce
qu'il te reste moins de mois dans l'année, là — pour
l'atteindre, ton déficit zéro? Est-ce que tu y crois encore? Et là on a
commencé à sentir les fissures dans
l'armature gouvernementale. Le ministre des Finances, lui, bien, il est
condamné à dire que, son budget, il va l'appliquer puis il va le
respecter. Ça fait que le ministre des Finances nous a répété, période de
questions après période de questions, malgré
qu'il savait qu'il y avait un déficit de 2,3 milliards, qu'il atteindrait
son déficit zéro cette année. Le
président du Conseil du trésor, lui, bien il avait baissé les bras, puis il se
sentait mal à l'aise, puis il essayait d'éviter les questions. La
première ministre, elle, elle commençait à dire à l'automne : Peut-être
que… Oui, on va faire notre possible, là,
mais la situation va peut-être faire en sorte qu'on ne pourra pas l'atteindre.
Et là, quand elle s'est rapprochée du déclenchement
possible des élections, si ça n'avait pas été des mauvais sondages, là elle
disait : Non, non, on va l'atteindre.
Mais là on a
passé la journée de l'autre côté, avec les députés, à poser des questions au
ministre des Finances, et vous savez ça a été quoi, M. le
Président, comme réponse? Oui, je confirme le chiffre de 2,3 milliards,
mais cassez-vous pas la tête, l'économie va
bien au Québec, les dépenses sont sous contrôle au Québec. Et là, quand mon
collègue de Louis-Hébert posait des questions spécifiques dans les colonnes de
revenus puis dans les colonnes de dépenses, bien c'était des refus de réponse, c'était une absence totale de réponse. Et
la réponse globale, c'était : Cassez-vous pas la tête, l'économie
va bien. M. le Président, quand vos revenus baissent quand vous êtes au gouvernement — puis
même quand vous êtes un père ou une mère de
famille, un responsable de budget — c'est parce qu'il n'y a pas
suffisamment d'activité économique, c'est
parce qu'il n'y a pas suffisamment d'investissement comme tel, c'est parce que
les gens qui créent des emplois, qui sont des entrepreneurs, ne vous
font pas ou plus confiance, puis c'est exactement ce qui est arrivé avec l'élection du Parti québécois, les
gens qui sont des entrepreneurs ne se sont pas reconnus dans ce
gouvernement.
D'ailleurs, M. le Président, ça fait quelques
décennies que je siège ici en votre compagnie, et je n'ai jamais été témoin
d'un conseil des ministres où il n'y avait aucun entrepreneur, aucun créateur
d'emplois, aucune personne qui, le jeudi
soir, avait été responsable de signer un chèque de paie pour des employés,
personne capable de prendre un risque, et d'inspirer confiance, et de
bâtir l'économie, zéro, sur les banquettes en avant. Ça a donné quoi, M. le Président? Vous avez marié cette absence
d'entrepreneurship avec une idéologie issue de ce qu'on appelle
communément dans le jargon politique le SPQ Libre — et là tout le monde
sait à qui je fais allusion — et là, M. le Président, les gens du SPQ Libre sont
devenus tellement influents au sein de ce Conseil des ministres qu'ils ont
décidé d'imposer des moratoires sur tout ce qui bouge, sur l'ensemble de
l'économie.
La première victime
du SPQ Libre, autorisée par la première ministre, ça a été le Plan Nord. Plan
Nord, qui était cité en exemple à travers
tout le continent. Plan Nord, qui était cité en exemple en Europe. Plan Nord,
qui était porteur de création
d'emplois, oui, pour le Nord québécois, mais également pour le sud. Moi, j'ai
des PME, M. le Président, qui, dans
mon comté puis dans ma région, étaient des fabricants d'équipement pour le Plan
Nord. M. le Président, ces gens-là ont
réussi à tuer le Plan Nord. Et vous savez ce que nos amis de la province
voisine de l'Ontario ont fait quand ils ont assisté à cette mise à mort
du Plan Nord? Ils ont décidé de le traduire en anglais, ils appelent ça The
Circle of Fire. Ils l'ont traduit en anglais
puis ils ont dit aux investisseurs : Vous êtes bienvenus chez nous. Parce
que, dans le Bouclier canadien, là, ça
n'arrête pas à la frontière du Québec, là. En haut de l'Ontario, dans le nord
de l'Ontario, les mêmes métaux, les mêmes minéraux, puis les investissements se sont faits là, les jobs se sont
créées là. Moi, j'ai un de mes électeurs qui m'a appelé en fin de semaine, c'était un longue distance. Il ne
travaillait plus dans le comté, il était rendu là-bas pour travailler pour
des fournisseurs. Les gens qui… au niveau des services financiers, qui font les
montages financiers pour les investisseurs dans
le domaine minier, bien c'est à Toronto que ça se fait maintenant. Ce n'est
plus à Montréal parce que, quand tu tues le Plan Nord, tu ne tues pas
simplement celui qui creuse dans la mine, tu tues également celui qui, autour,
gravite, offre des services à l'ensemble de sa population.
M.
le Président, cette mise à mort du Plan Nord a donné un signal aux autres
investisseurs intéressés, oui, dans le domaine
minier, oui, dans le domaine de la forêt — on va avoir un sommet sur la forêt, là, les
gens vont constater qu'est-ce que ça
veut dire, qu'il y ait un désinvestissement — oui, dans le domaine manufacturier, oui,
dans le domaine industriel, oui, dans le domaine de la construction
résidentielle, tant et si bien que les perspectives économiques qui avaient
fait l'objet de prévisions par le ministre des Finances se sont avérées
complètement erronées. Les revenus ont continué à diminuer, les dépenses ont
continué à augmenter.
Et vous m'indiquez,
M. le Président, qu'il me reste une minute. Moi, ce que je vais vous soumettre
comme proposition, je n'interromprai pas mon
discours comme tel, je vais vous soumettre de continuer mon droit de
réplique, que vous m'avez gracieusement offert et… si j'ai le consentement de
mon bon ami l'adjoint ou leader adjoint…
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Consentement. Veuillez poursuivre, M. le
député.
• (16 h 50) •
M.
Paradis :
À ce moment-là, M. le Président, les erreurs du ministre des Finances ont pris
une dimension incompréhensible pour quelqu'un qui est supposé détenir une
certaine connaissance en économie. C'est mon bon ami, le ministre des Finances,
c'est une personne gentille sur le plan humain. On a travaillé un contre
l'autre dans l'opposition puis au pouvoir,
et je n'ai rien à redire. Puis je pensais qu'il était pour faire une meilleure
job. Sérieusement, M. le Président, là, j'ai été, comme l'ensemble des
observateurs, déçu de sa performance. Ce matin, à la période des questions, j'ai eu l'occasion — et, des fois, il faut dire des choses
difficiles à nos amis — j'ai eu l'occasion de lui dire que ses élèves n'auraient
pas toléré, quand il était professeur d'économie, un tel manque de rigueur et
de précision de la part de leur professeur, et là
j'ai donné en exemple les différents points sur lesquels il s'était trompé.
Puis,
d'ailleurs, j'ai voulu lui donner le bénéfice du doute, j'ai repris le budget
dans son ensemble, et là je me suis dit : Est-ce qu'il y a des points où il ne s'est pas trompé? Puis je n'en ai pas trouvé. Là où il s'est trompé, j'ai dit : Est-ce qu'il
y a des places qu'il s'est trompé dans une marge de manoeuvre acceptable? Parce
que, ministre des Finances, parfois tu es prévisionniste, tu essaies de prévoir l'avenir, puis
il faut être condescendant avec un ministre des Finances, lui accorder, là, une petite marge de manoeuvre parce que
prévoir l'avenir, c'est comme la météo, ça, des fois, tu peux te tromper. Mais
l'association des météorologues n'en ferait même pas un
membre honoraire aujourd'hui tant sa marge d'erreur est importante.
L'investissement
résidentiel, dont on parlait tantôt, M. le Président — puis ça, c'est tous des petits
contracteurs, puis c'est des maisons pour nos jeunes couples, nos jeunes
familles qui veulent s'installer — sa marge d'erreur… il
avait prévu, là, des unités, il s'est trompé de 25 %. Ce n'est pas
l'affaire la plus dure à prédire, là. Je vais lui donner le bénéfice,
là, il y a eu… il a fait l'objet d'une grève dans la construction pendant
quelques jours, là. Ça, je lui accorde que ça n'a pas dû l'aider dans sa marge
d'erreur. Mais, quand même, 25 %, M. le
Président, de marge d'erreur.
Le
PIB, ça, c'est la création de notre richesse collective, ça fait partie de
l'ossature d'un budget d'un ministre des Finances d'une province ou d'un pays. Bien, il l'a revu à la baisse au cours de l'année.Puis ce n'est pas moi qui lui accorde, sa
marge d'erreur, c'est lui-même qui se l'accorde. Il avait prévu 1,5 %, il
est rendu à 1 %. Ça veut dire quoi comme marge d'erreur, pour un ministre
des Finances, sur le PIB, la richesse? 33,3 %,
M. le Président.
Mais,
là où ça commence à s'aggraver puis à être sérieux parce que c'est porteur de
mauvaises nouvelles pour l'avenir, M. le Président, c'est la baisse des
investissements dans les entreprises. Parce que,
quand vous n'investissez plus dans vos
entreprises, vous ne modernisez plus vos entreprises, vous n'êtes plus aussi compétitifs et vous allez perdre des emplois.
Vous n'en créerez pas, vous allez perdre des emplois. Et vous savez quelle a
été sa marge d'erreur dans le domaine des investissements manufacturiers, M. le
Président — et
ça explique en grande partie ce qui arrive, là, les taux de chômage qui ont
augmenté dans l'ensemble des régions périphériques au Québec? Taux d'erreur de
60 %. Là, on se dit : Quelle sorte
d'économiste peut faire une erreur de 60 % dans des investissements
industriels?
Mais
ce n'est rien, ça, M. le Président. Et, là-dessus,
on a un débat qui dure depuis, je vous dirais, quelques mois, la
création d'emplois. Le ministre des Finances, l'an passé, dans son budget,
avait prévu qu'au cours de l'année de calendrier 2013 — ça, ça commence le 1er janvier 2013 puis ça finit le 31 décembre
2013 — qu'il
était pour créer 40 000 emplois, puis
il s'est ravisé en cours d'année. Dans sa mise à jour économique de la fin
mars, il a prévu en créer 45 000, emplois. Et là on se retrouve au mois de
novembre — les
statistiques que je vais vous donner, c'est fin octobre, celles de novembre, on ne les a pas encore — puis il a créé 3 000 emplois au total.
Ça, ça veut dire que sa marge d'erreur…
Quand tu prévois en créer 45 000 puis que tu en crées, pour le vrai,
3 000, ta marge d'erreur est de 92 %. Ça fait que tu es à une
marge d'erreur de 25 % dans le résidentiel, 33 % dans le PIB,
60 % dans l'investissement dans les entreprises
puis 92 % dans les emplois.
Bien,
M. le Président, cette guerre de chiffres là a fait l'objet d'un article, ce
matin, par quelqu'un qui est bien connu du monde économique, qui nous
écoute — il
n'est ni libéral, ni péquiste, ni caquiste, puis je
ne pense pas qu'il soit Québec solidaire non
plus, là — Michel
Girard, Journal de Québec, Journal de Montréal. Il dit ce qui
suit — et là il prend les mêmes chiffres que l'on prend, tantôt je
vais vous parler des chiffres que le PQ prend parce que je veux être équitable
dans le débat, M. le Président : «Il présente — il parle du
gouvernement — maintenant
un gain de 3 700 emplois pour les 10
premiers mois de l'année — comme je vous ai indiqué, là, jusqu'à la fin d'octobre. Grâce
à quoi? À la création, lors des trois
derniers mois, de 36 600 emplois dans [le]
secteur public. C'est donc que Québec [aurait]recréé des
milliers d'emplois qu'il avait abolis
durant les [mois précédents].» Ça, c'est si on
prend ça, là, du début de l'année pour les 10 premiers mois. Mais le PQ,
il dit : Ce n'est pas comme ça qu'il faut le calculer. Il essaie toujours
de se trouver une petite méthode pour nous mélanger.
Mais le journaliste
ne s'est pas laissé mélanger, M. le Président. Michel Girard dit ce qui suit ce
matin dans l'article en prenant les chiffres du Parti québécois : «Quand
nous décortiquons le bilan de la création d'emplois sous Mme [la première ministre], la situation devient
moins rose. Sur l'ensemble des 24 500 nouveaux emplois créés depuis
une année au Québec — octobre à octobre, c'est ce qu'ils prennent,
au lieu de prendre les 10 mois, ils prennent ça d'octobre à octobre parce que ça a l'air mieux, ça paraît
mieux, qu'ils pensent — on note la création de 22 400 emplois dans le secteur public. C'est donc dire que le secteur privé n'a
ajouté que 2 100 emplois en un an.» Le secteur privé, 2 100 emplois
en un an.
«Il
ne faut pas se leurrer. Créer des emplois dans le secteur public n'est
[certainement] pas aussi "économiquement" rentable que la création
d'emploi dans le secteur privé. Qui dit "secteur public" dit
forcément "dépense publique" à défrayer
par les contribuables. Autrement dit, le gouvernement crée des emplois en
faisant assumer les coûts par l'ensemble des travailleurs et autres
contribuables québécois.»
Sa
marge d'erreur du ministre, là, après 25 % dans le résidentiel, 33 %
dans le PIB, 60 % dans l'investissement industriel, est de
92 % dans la création d'emplois. Mais ça, on n'est pas au bout, M. le
Président, de nos marges d'erreur ministérielles.
Il faut se rappeler, là, c'est un économiste. Il avait prévu, la main sur le
coeur, l'atteinte du déficit zéro. Il
l'a répété jusqu'au mois de septembre dernier, il l'a répété à chaque occasion,
et ses propres chiffres nous dénotent, au 31 juillet, un déficit, admis
encore aujourd'hui en commission parlementaire, de 2,3 milliards. M. le
Président, j'en ai parlé ce matin, quand tu prévois zéro puis tu atteins 2,3,
là, tu as beau mettre ça sur ta calculatrice — vous essaierez ça — ça va
à l'infini. Ça fait que, là, sa marge d'erreur, dans les secteurs d'activité
importants, a varié entre erreur de
25 % jusqu'à l'infini, et c'est sur ses épaules que repose la situation
économique du Québec. C'est un budget à la marge puis c'est un budget
qui comporte trop d'erreurs pour que nous puissions le supporter.
M. le Président, il
n'y a pas beaucoup de façons de se sortir du marasme dans lequel le
gouvernement nous a plongés, et c'est pourquoi aujourd'hui, en toute
transparence, j'ai voulu convier l'ensemble de mes collègues de l'Assemblée
nationale à endosser une motion qui, sans régler la situation, va forcer, s'ils
votent en faveur, le gouvernement actuel de sortir du déni. Parce que, tant que
tu es dans le déni, tu n'apportes pas de solution puis tu continues à creuser le trou. Ça fait que, si,
aujourd'hui, ils votent en faveur de la motion, on aura au moins la
satisfaction de dire : Bon, ils ont constaté le trou qu'ils ont creusé,
ils en ont accepté la responsabilité. Mais ça, ce n'est pas très péquiste.
Encore aujourd'hui, là, le ministre nous disait : C'est la faute de
l'inflation, qui n'est pas assez haute. C'est la faute des consommateurs, qui
épargnent trop. C'est la faute du fédéral, dont la politique monétaire ne sera
pas… Mais jamais de leur faute à eux autres.
M.
le Président, on souhaite le retour à l'équilibre budgétaire le plus tôt
possible. La façon de l'obtenir, c'est que l'Assemblée nationale s'en
mêle à ce moment-ci puis qu'elle demande au ministre des Finances et de
l'Économie, à l'occasion du premier
anniversaire de son budget, son engagement de retour à l'équilibre budgétaire
cette année et exige du gouvernement qu'il s'engage formellement à
présenter un plan de retour à l'équilibre budgétaire. Parce que, si vous ne faites pas de déficit budgétaire, il n'y a pas
de problème. Mais, si vous en faites un, il y a une loi. Puis, dans la loi,
il y a deux articles. En bas de
1 milliard, il faut le corriger l'année d'après. Puis, en haut de
1 milliard, M. le Président, vous avez un maximum de cinq ans pour
le corriger. Ça fait que ce n'est pas sans conséquence sur les gouvernements
qui vont vous suivre, ce n'est pas sans
conséquence sur vos contribuables puis ce n'est pas sans conséquence sur les
générations qui vont vous suivre.
Je vous convie à
supporter cette motion. Merci, M. le Président.
• (17 heures) •
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député
de Brome-Missisquoi. Je vais maintenant mettre aux voix la motion de M.
le député de Brome-Missisquoi, qui se lit comme suit :
«Qu'à l'occasion du
1er anniversaire du budget du ministre des Finances et de l'Économie et de son engagement de retour à l'équilibre budgétaire
cette année, l'Assemblée nationale exige que le gouvernement péquiste
s'engage formellement à présenter un plan de retour à l'équilibre budgétaire
lors du dépôt de la prochaine mise à jour économique du ministre des Finances
et de l'Économie.»
Cette motion,
est-elle adoptée? Mme la leader adjointe de l'opposition officielle.
Mme Thériault :
Merci. Je vais vous demander un vote par appel nominal, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, un vote par appel nominal est appelé.
Donc, qu'on appelle les députés.
• (17 h 1
—
17
h 11) •
> 857 Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Alors, nous allons maintenant procéder à la mise aux voix de la motion de M. le
député de Brome-Missisquoi, qui se lit comme suit :
«Qu'à l'occasion du
premier anniversaire du budget du ministre des Finances et de l'Économie et de
son engagement de retour à l'équilibre
budgétaire cette année, l'Assemblée nationale exige que le gouvernement
péquiste s'engage formellement à présenter un plan de retour à l'équilibre
budgétaire lors du dépôt de la prochaine mise à jour économique du ministre des
Finances et de l'Économie.»
Mise aux voix
Alors, que les
députés en faveur de cette motion veuillent bien se lever.
La Secrétaire adjointe : M. Fournier (Saint-Laurent), M.
Moreau (Châteauguay), M. Hamad (Louis-Hébert), M. Paradis (Brome-Missisquoi), M. Arcand (Mont-Royal), Mme James
(Nelligan), M. Dutil (Beauce-Sud), Mme Charbonneau(Mille-Îles), Mme St-Amand (Trois-Rivières), M.
Poëti (Marguerite-Bourgeoys), Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger),
M. Tanguay (LaFontaine), Mme St-Pierre (Acadie), M. Ouellette (Chomedey), Mme
Weil (Notre-Dame-de-Grâce), Mme Gaudreault (Hull), Mme Charlebois (Soulanges),
Mme Blais (Saint-Henri—Sainte-Anne),
Mme Vallée (Gatineau), M. Bolduc
(Jean-Talon), Mme Thériault (Anjou—Louis-Riel), M. Lessard (Lotbinière-Frontenac),
Mme Ménard (Laporte), M. Carrière (Chapleau), M. Billette (Huntingdon),
M. Morin (Côte-du-Sud), M. Diamond (Maskinongé), M. Drolet (Jean-Lesage), M. Reid (Orford), M. Gautrin (Verdun), M.
Kelley (Jacques-Cartier), Mme Vien (Bellechasse), Mme Houda-Pepin (La
Pinière), M. Bergman (D'Arcy-McGee), M. Marsan (Robert-Baldwin), M. Marcoux
(Vaudreuil), M. Iracà (Papineau), Mme de Santis (Bourassa-Sauvé), M.
Bolduc (Mégantic), M. Rousselle (Vimont).
M. Legault (L'Assomption), M. Deltell
(Chauveau), M. Bonnardel (Granby), Mme Roy (Montarville), M. Lévesque (Vanier-Les Rivières), M.
Le Bouyonnec (La Prairie), Mme Roy (Arthabaska), Mme Daneault
(Groulx), M. Schneeberger (Drummond—Bois-Francs), M. Martel (Nicolet-Bécancour), Mme
Trudel (Charlesbourg), M. Spénard (Beauce-Nord).
M.
Ratthé (Blainville).
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Que les députés contre cette
motion veuillent bien se lever.
La
Secrétaire adjointe : M. Bédard (Chicoutimi), Mme Maltais
(Taschereau), M. Duchesne (Borduas), Mme Malavoy (Taillon), M. Marceau
(Rousseau), Mme Zakaïb (Richelieu), M. Hébert (Saint-François), M. Turcotte
(Saint-Jean), M. Ferland (Ungava), Mme De Courcy (Crémazie), M. Leclair
(Beauharnois), Mme Champagne (Champlain), M. Lelièvre (Gaspé), M. Gaudreault
(Jonquière), M. St-Arnaud (Chambly), Mme Hivon (Joliette), Mme Beaudoin (Mirabel), M. McKay (Repentigny), M.
Bérubé (Matane-Matapédia), M. Pagé (Labelle), M. Traversy (Terrebonne),
Mme Bouillé (Iberville), Mme Gadoury-Hamelin (Masson), M. Villeneuve
(Berthier), M. Pelletier (Saint-Hyacinthe),
M. Chapadeau (Rouyn-Noranda—Témiscamingue), Mme Richard (Îles-de-la-Madeleine), M. Cardin (Sherbrooke), Mme Proulx (Sainte-Rose), M.
Therrien (Sanguinet), M. Roy (Bonaventure), M. Claveau (Dubuc), M. Goyer
(Deux-Montagnes), M. Richer (Argenteuil), M. Trudel (Saint-Maurice).
Mme
David (Gouin).
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Y a-t-il des abstentions? Alors
sinon, M. le secrétaire général, le résultat du vote?
Le
Secrétaire : Pour : 53
Contre : 36
Abstentions :
0
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, en conséquence, la motion
est adoptée.
Alors,
j'invite les députés qui doivent quitter l'enceinte du salon bleu de le faire
dans le silence, s'il vous
plaît.
Alors, je vais
suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à
17 h 16)
(Reprise à 17 h 17)
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, l'Assemblée poursuit ses travaux. Donc, M.
le leader adjoint du gouvernement pour la suite de nos travaux.
M. Traversy :
Merci, M. le Président. Alors, j'aimerais que nous puissions poursuivre nos
débats enflammés concernant l'article 6 de notre feuilleton.
Projet
de loi n° 37
Reprise du débat sur
l'adoption du principe
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, à l'article 6 du feuilleton, l'Assemblée reprend le débat ajourné plus tôt aujourd'hui sur l'adoption de principe du projet de loi n° 37, Loi interdisant certaines activités destinées
à rechercher ou à exploiter du gaz naturel dans le schiste.
Alors, je
suis prêt à céder la parole à M. le député de Saint-Laurent et chef de
l'opposition officielle. M. le député.
M. Jean-Marc Fournier
M. Fournier : Merci, M. le
Président. D'abord, d'entrée de jeu…
Des voix : …
M.
Fournier : C'est la
suite des flammes puisque le leader adjoint parlait de débats enflammés.
Je voulais
commenter l'entrée en matière du leader adjoint, qui disait qu'on reprenait les
débats enflammés sur ce projet de loi là. Le problème ou la chaleur ou la
flamme qu'on voit à l'égard de ce débat-là réside dans le fait principalement — il y a d'autres raisons, mais celle-là est au coeur de beaucoup
d'argumentations qui ont été faites — à savoir que le gouvernement insiste pour que nous débattions du principe
avant que nous ayons les consultations. Ce n'est pas comme si ça n'a pas été plaidé une fois, ou deux fois, ou trois
fois, ce n'est pas non plus comme si c'était une exception, mais il me semble, et je ne vais pas m'étendre là-dessus
trop longtemps, il me semble que, lorsqu'on est un gouvernement,
on a une certaine responsabilité d'écouter les autres parlementaires. Mais j'ajouterais : lorsqu'on est un
gouvernement minoritaire, il doit y avoir
une espèce de message démocratique que la population a envoyé qui
s'appelle : Au gouvernement,
vous devez cohabiter avec les autres. Et,
lorsque les autres disent : Avant de voter sur le principe, on devrait
avoir des consultations, il me semble que ce n'est pas hors de
l'entendement raisonnable que de dire : Oui, surtout que le gouvernement dit : Nous allons les
faire, mais après le vote.
Donc, ils veulent les faire quand même. Pourquoi
ne pas bénéficier de l'éclairage de ceux qui vont venir en commission
pour voter sur le principe? Pourquoi? Une raison, une seule. Il n'y en a pas. Il n'y en a pas. On ne peut même pas mettre ça sur le
dos du caractère tardif puisqu'on serait le 20 novembre. La liste des personnes
à entendre, ils l'ont depuis le mois de mai. Alors, à un moment donné, le débat
enflammé, moi, je veux bien, mais le gouvernement raisonnable, ce serait
préférable.
• (17 h 20) •
Bon. Ceci
étant, je veux commenter le débat sur le principe puisque c'est à cela que nous
sommes commis. Je dirais, d'entrée de jeu, qu'il y a deux arguments de fond
et deux arguments de forme qui sont importants de soulever à l'égard de ce principe-là. Et, si j'avais une façon
de le nommer… de nommer la position qui est la nôtre dans ce... à
l'égard du projet de loi, à l'égard des gaz
de schiste, je dirais : Prudence et science. C'est un peu la façon dont
j'exposerais, en deux mots, la position qui est celle du Parti libéral
du Québec.
Alors, qu'on
vote pour le principe du projet de loi, soit. Mais est-ce que ce projet de loi
contient les mesures qui répondent complètement à l'idée de prudence et
de science? La réponse, c'est non. Alors, nous allons voter pour le principe du projet de loi, mais nous allons
influencer, tenter d'influencer, M. le Président, le gouvernement pour
qu'il accepte que ce que nous avons besoin, dans ce dossier-là, c'est de la
prudence et de la science.
Or, au coeur du projet de loi, il y a un élément
fondamental, un élément fondamental qui manque, c'est un des arguments de fond
à l'égard de notre position. Tout ce qui s'appelle la capacité d'étudier les
conséquences de la fracturation, en termes
scientifiques, est refusé. Je vais le répéter, parce que, quand je le dis, des
fois, je me dis : Ça se peut-u
que ce soit la réalité? Imaginez : on est dans une société occidentale
moderne, 2013. Ça fait un bon bout de temps qu'on trouve que la science, c'est important pour l'évolution des
sociétés, et on est en train de se dire, en ce moment, qu'à l'égard de
la fracturation du schiste nous n'allions pas étudier les façons d'y procéder
pour garantir la sécurité des citoyens et préserver la nature et nos
ressources.
Je ne sais
pas si, en face, ils se rendent compte de ce qu'on est en train de faire. À
l'égard du principe comme tel du projet
de loi, on est capables de dire : Assurons-nous que ça va se faire
correctement. Mais, quand on va arriver dans les articles de ce projet de loi, est-ce qu'il va y avoir un entêtement de
la part du gouvernement à l'effet que nous n'allons pas permettre d'étude scientifique à l'égard de la
fracturation pour le schiste? Est-ce que vraiment... Moi, j'en doute.
Moi, je doute que le gouvernement du Parti québécois veut mettre, dans sa
feuille de route de son histoire, un blocage à la science. Je doute de ça. Je ne peux pas le croire, que c'est ce qui va
arriver. Et, M. le Président, nous allons insister pour qu'il puisse y
avoir de la place pour la connaissance scientifique au Québec, on va insister
pour ça.
Un
autre élément dans le projet de loi sur lequel nous allons insister, celui-là,
il est, je dirais, presque plus général ou plus transversal, pour
prendre des expressions propres au domaine de l'éducation, que ma collègue apprécie
particulièrement : la prévisibilité. On
a, dans le projet de loi, bâti, à l'intérieur du projet de loi, un système qui
est à peu près le suivant : Il y
a eu des droits qui ont été reconnus, des investisseurs ont eu des permis, ont
investi, se sont attendus à une certaine profitabilité. C'est comme ça
que ça fonctionne dans notre système, là. Je sais qu'il y a peut-être des gens dans l'Assemblée qui sont plutôt en opposition à
ce système, mais ça fait quelques décennies, voire des siècles, avec
lequel on fonctionne comme ça, et on a
prouvé que c'était le meilleur des modèles quand on en regarde d'autres dans le
monde. Il y avait des gens qui, connaissant, envisageant, anticipant une
profitabilité, ont dit : Nous, on voudrait pouvoir faire de l'exploration ou de
l'exploitation. Et on vient leur dire, à un moment x : Nous vous enlevons
ce droit, et il n'y aura pas de compensation.
Honnêtement,
au niveau de la logique, là, moi, je peux accepter qu'un État, devant des
nouvelles, des faits, des données, puisse
dire : Attention! Prudence! On va interrompre l'exercice d'un droit que
vous avez, parce que, collectivement, il faut se protéger. C'est bon. La
prudence commande ça. Que fait-on, lorsqu'on dit à l'investisseur : Et on
ne va pas vous dédommager non plus? Au gouvernement, on peut toujours se
dire : Bien, il y en a un ou deux, là, qui sont visés, ce n'est pas
grave... ne fera pas trop de dommage.
Quel message on
envoie, M. le Président, à la planète entière lorsqu'on interpelle les gens
d'un peu partout pour venir investir ici? Moi, j'ai encore frais à la mémoire
un voyage que la première ministre a fait il y a presque un an… on doit être rendus à 11 mois et 20 jours, il
me semble que c'était en décembre. Elle est allée en France. Les
nouvelles qu'on a retenues de ce voyage en
France, c'est qu'elle avait fait une présentation devant les investisseurs, qui
lui parlaient alors du Plan Nord et
qui lui demandaient : Mais quelles sont vos intentions à l'égard du Nord?
Vous venez nous voir pour nous dire
que vous voulez qu'on investisse, quelles sont les règles d'investissement? À
quel niveau de redevances doit-on s'attendre?
Quelles sont les différentes étapes que nous devons rencontrer avant de pouvoir
procéder et envisager une rentabilité? Eh oui! Envisager une
rentabilité, ça fait partie de notre économie. Nous n'avons pas à démoniser les
investisseurs, nous n'avons pas à démoniser
les créateurs d'emplois, il faut faciliter l'investissement. C'est ce que les
gens lui disaient en France il y a presque
un an et elle leur répondait : Je vais vous revenir, on va réfléchir, je
vais vous revenir. Ce n'est pas la
meilleure formule pour attirer du monde, ça. Aujourd'hui, elle retourne en
France avec ce projet de loi dans son bagage.
Qu'est-ce que les investisseurs vont lui dire? Nous autres, quand on investit,
ça se peut que vous changiez les règles puis qu'on perde notre argent investi sans aucune autre forme de procès.
C'est ça, le message que vous nous envoyez? Pas banal, pas banal, ce
qu'il y a dans ce projet de loi là.
Dans
le contexte actuel, M. le Président, dans le contexte où le gouvernement, le
ministre des Finances est obligé lui-même par son ministère de déposer
des documents établissant que la prévision de revenus pour le budget de l'État pour cette année non seulement ne sera pas
atteinte comme cible, mais va être dangereusement en dessous de la cible
fixée, à telle enseigne que le déficit, qui devait être de zéro, c'est-à-dire
l'équilibre qu'on nous avait promis pas plus tard qu'en mai dernier encore, ne sera pas atteint, et qu'on est plutôt,
imaginez comment les revenus ne sont pas au rendez-vous, on est plutôt en train de s'enligner vers un
déficit de 2,3 milliards de dollars, zéro, 2,3 milliards dans le
trou, pas au-dessus, dans le trou,
2,3 milliards… Pourquoi? Parce que l'économie n'avance pas. Et pourquoi,
M. le Président? Parce que la première ministre a dit aux
investisseurs : Attendez, on va revenir, on va penser à nos affaires, on
va voir comment ça peut fonctionner. Bien, ils attendent toujours, eux.
Et s'ajoute à cette
attente le signal envoyé par le gouvernement, qui décide de dire : Bien,
peut-être vous ne connaissez pas les règles,
mais, j'aime autant vous le dire, même si on en adopte, des règles, ça se peut
qu'on vous enlève des droits qu'on vous a donnés. Bah! On ne vous
dédommagera pas nécessairement non plus.
Bon,
aujourd'hui, ça ne va pas bien, aujourd'hui, on est dans le trou, aujourd'hui,
on perd de l'argent, aujourd'hui, les
revenus ne seront pas là, c'est vrai. Mais demain? On n'est pas obligés de
baisser les bras à tous les jours. À un moment donné, on peut se
ressaisir.
Je
posais la question à la première ministre aujourd'hui, puis ce n'est pas la
première fois que je la pose : On s'en va vers un déficit de 2,3 milliards. La cible, c'était zéro. Mme la
première ministre, quelle est votre nouvelle cible? Là, on est à quelques mois de la fin, mais on n'est pas rendus.
Est-ce qu'on est capables de le ramener à 1,8, à 1,2, à 800 millions?
Est-ce que quelqu'un travaille là-dessus? Est-ce que quelqu'un travaille à
réduire ce 2,3 milliards? Ce n'est pas obligatoire. Qui se
ressaisit? Qui met un couvercle sur la marmite?
• (17 h 30) •
Bien,
savez-vous quoi? Je pense que je vais vous surprendre, je vais surprendre les
gens qui nous écoutent puis qui n'ont
pas écouté la période de questions. Il n'y a pas de couvercle sur la marmite.
2,3 milliards, il n'y a pas de nouvelle cible. Pourquoi pas 3? Pourquoi pas 4? Ce n'est pas grave. On n'a pas
les revenus. Et l'argument, l'argument extraordinaire : c'est parce
que les autres, ils ont de la misère. Voyons donc, les autres ont de la misère.
On était sur un élan et il a été interrompu.
Les investissements, ailleurs, ils montent, ici, ils coupent. Les revenus ne
sont pas là. Je m'excuse, mais on les a écoutées, les nouvelles. Pendant qu'Ottawa est en train d'arriver à un
équilibre avant le temps qui était prévu, nous, on ne va pas atteindre l'équilibre qui était prévu puis on
s'en va dans le trou. Pourquoi on va dans le sens contraire? Bien, c'est
toujours la même raison : ça s'appelle
prévisibilité. Comment on peut attirer des investisseurs ici? Pas en les
démonisant, pas en leur disant dans un
projet de loi : Vous savez, vous avez des droits, mais, vous savez quoi,
vous ne les avez plus, puis ce n'est pas grave, on ne vous dédommagera
pas. C'est ça qu'on a. C'est ça qu'on a.
Alors, vous avez deux
éléments de fond dans ce projet de loi là, sur lesquels il va falloir
travailler durant les commissions. Puis je
suis sûr que, lorsque les consultations vont se tenir, après le vote sur le principe,
là, vous pouvez être sûrs que les
gens vont venir en parler. Évidemment, si le gouvernement avait appelé les consultations avant, je ne suis même pas sûr qu'il ne nous aurait pas dit «on
va amender» dans la discussion sur le principe. On n'est pas rendus là. On procède à l'envers. On va s'adapter, on va
procéder à l'envers avec eux autres. On ne perdra pas la tête pour
autant, M. le Président.
Et on sait maintenant qu'il y
a deux problématiques de fond
importantes. Il y en a une très spécifique aux gaz de schiste, les gaz de schiste qui sont
tellement profitables à nos voisins qu'ils changent complètement leur stratégie
énergétique, et la nôtre, M. le Président, par effet de conséquence, et la nôtre. Les décisions prises à l'égard
desminicentrales étaient liées aux gaz de schiste. Les décisions qui sont à prendre dans les alumineries sont
conséquentes aux gaz de schiste.
Il faut
réaliser que, dans un pays pas si lointain — on peut
y aller à bicyclette, même quelqu'un comme moi, qui n'en fais pas
beaucoup, M. le Président — aux
États-Unis, ils ont, forage par-dessus forage, la capacité de devenir maintenant, énergétiquement parlant, indépendants, alors qu'il y a
encore quelques années c'était toute une conception, même guerrière jusqu'à
un certain point — je
le mets entre guillemets — une
conception du monde où il fallait aller chercher sa puissance énergétique
ailleurs. Transformé complètement!
Alors, si ça
se passe aux États-Unis et qu'on multiplie ces puits, est-ce que,
nous, au Québec, on ne pourrait pas se poser la question : Comment le faire? Moi, je
suis sûr que, si on se disait : Bien, ailleurs, ils le font, on
commencerait par se dire : Est-ce qu'ils le font bien? Comment ils le font? Puis on se dirait : Même s'ils
le font bien ou pas bien, on peut même regarder
chez nous, peut-être qu'on a, je ne sais pas, moi, une géographie
différente qui fait en sorte qu'il faut s'interroger sur la qualité de
notre sol puis sur les conséquences que ça a. On aurait une étude scientifique.
Deux arguments de fond, un lié aux gaz de
schiste, la science qui nous permettrait ou non. Mais vérifions-le parce que,
si on ne le vérifie pas, la réponse, c'est non. On le sait, que c'est non. Mais
ça peut être un oui. Et le oui, ça nous donnerait une prospérité. Le
oui, ça nous donnerait la capacité d'avoir des services de santé puis d'éducation.
Pourquoi faut-il se borner à recevoir un non et ne pas se donner des chances
d'avoir un oui, M. le Président? Des gens à qui je le dis, qui n'ont comme conviction que de chercher un oui à leur
question pourraient écouter la question des Québécois : Peut-on
avoir un gouvernement qui dit oui à la prospérité, oui à la création d'emplois?
C'est ça, la question que je pose. Pour y arriver, il faut passer par la
science. Ça, c'est le gaz de schiste.
L'autre
question de fond, c'est la question : Peut-on se donner une gouvernance
qui comprend que les créateurs d'emplois sont bons pour le Québec, que l'investissement,
c'est bon pour le Québec, que la profitabilité, c'est essentiel pour l'investissement,
ce n'est pas un mal? C'est essentiel, sinon, ils vont investir ailleurs pour un
profit ailleurs pour les gens d'ailleurs. Ce n'est pas compliqué.
Ça, c'est deux éléments de fond. Puis il y a les
éléments de forme à ajouter à ce projet de loi là qu'il faut soulever dès maintenant.
On est en
train de discuter du principe. Il n'y
a pas eu de consultation. Il serait utile, me semble-t-il,
prudent et, jusqu'à un certain point… la même théorie de la science. La
science, dans le fond, c'est s'intéresser à ce que d'autres peuvent avoir comme avis. Dans cette
consultation-là, il pourrait y avoir des scientifiques, mais il pourrait y
avoir d'autres avis non scientifiques mais utiles en termes de
compréhension, d'acceptabilité sociale, de retombées. Appelons ça la science
dans son terme général.
Cet élément
de consultation que j'ai abordé au début a été refusé. Il n'y a aucune, aucune
raison pour laquelle cette Assemblée n'a pas cru bon accueillir les gens
avant ce jour. Je le disais, au mois de mai, au mois de mai, les listes d'invitations étaient dressées. Qu'est-ce qui
s'est passé en mai, en juin — laissons de côté juillet — en août, en septembre, en octobre? Ce n'est pas comme s'il n'y avait pas
de place dans les commissions. Il y avait du temps législatif, il y
avait du temps en commission. Le gouvernement a fait le choix de ne pas les
appeler.
À un moment
donné, ça n'a pas d'allure. À un moment donné, il va falloir que le
gouvernement réalise que tu ne peux
pas non plus bousculer tout le monde comme ça avec ta théorie : Je décide
comment ça se passe, quand ça se passe, c'est moi le boss. Ça ne marche pas de même. Ce n'est pas ça, la
démocratie, surtout pas quand le parti qui gouverne… prétend gouverner,
je devrais dire, n'a pas l'appui d'une majorité de Québécois ni de
représentants en cette Chambre.
L'autre
élément sur la forme, M. le Président, dans un peu plus d'une semaine, l'EES
sera rendue publique : rapport avec des données qui vont nous
permettre d'en savoir plus. Sur quoi? La vie des Martiens? Non, M. le
Président, sur les gaz de schiste, sur le
sujet dont on parle. Ne pensez-vous pas qu'il aurait été intéressant qu'on
intègre ces données-là aux discussions qu'on a à l'Assemblée?
M. le
Président, 125 personnes, tous des talents, tous des expériences différentes,
formidables. À 125 différents, là, on n'a pas toute la science. On a
beau être différents, avoir tous des qualités — moi, je reconnais à tout le
monde des grandes qualités — on ne les a pas toutes, il nous en manque.
On a donné un mandat pour une étude environnementale stratégique avec du monde qui ont les compétences
qu'on n'a pas pour qu'ils nous conseillent. Bien là, on est là, on jase
sur un projet de loi en se fermant les yeux sur la science. À un moment donné,
M. le Président, c'est comme si le gouvernement avait choisi délibérément
d'aller à l'envers.
Et je vais vous laisser avec une question parce
qu'il me reste moins d'une minute. Pourquoi toutes ces incohérences? Pourquoi
procéder à l'envers? Pourquoi refuser la science? Pourquoi refuser les
investissements? Pourquoi envoyer un mauvais
signal comme celui-là? Je n'ai pas la réponse, M. le Président, mais je me
demande ce qui retient le
gouvernement. Je me demande si le gouvernement n'est pas aux prises avec une
certaine frange qui le paralyse, qui nous empêche d'attirer des
investissements, qui choisit, de façon électorale, démagogique, de démoniser
les créateurs d'emplois.
Je me lève
aujourd'hui, M. le Président, pour dire à tous ceux qui sont susceptibles de
regarder le Québec pour investir :
Il y a du monde au Québec qui pense qu'on a besoin d'eux. Et j'espère qu'ils
vont venir investir et qu'on aura un autre gouvernement bientôt, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Alors, merci à vous, M. le chef de l'opposition officielle et député de Saint-Laurent.
Je cède maintenant la parole à M. le député de Drummond—Bois-Francs. M. le député.
M. Sébastien Schneeberger
M.
Schneeberger :
…dans le vif du sujet, je veux d'abord aborder quelques questions de contenu
sur l'enjeu soulevé du projet de loi n° 37. Il faut faire une mise au point importante
quant à la façon de procéder du gouvernement. Nos règlements prévoient
que, pour un projet de loi, une politique ou un plan d'action du gouvernement,
les consultations puissent se faire et se
tenir. Ces consultations peuvent être générales, c'est-à-dire ouvertes à tous
les groupes et les citoyens qui veulent se faire
entendre. Ils peuvent alors s'inscrire auprès de la commission responsable
d'étudier l'enjeu. Ces consultations peuvent aussi être particulières,
c'est-à-dire que des groupes de citoyens sont invités par la commission responsable pour se faire entendre. Les différents
partis s'entendent entre eux sur une liste d'invités qu'ils soumettent à
la commission. Et ces ententes donnent lieu à des discussions internes sur
lesquelles les groupes sont invités.
Qu'est-ce qui
s'est passé dans le projet de loi n° 37? Depuis le mois de mai, nous avons
soumis, avec l'opposition officielle,
une liste de groupes à inviter au gouvernement. Depuis, nous n'avons eu aucun
retour sur notre liste d'intervenantsdemandés.
Nous avons proposé d'entendre plusieurs groupes. Aujourd'hui, le gouvernement
appelle le principe de ce projet de loi avant même que nous ayons
entendu les groupes et les citoyens qui se sentent concernés par les enjeux
profonds du projet de loi n° 37.
Il est vrai
qu'une adoption de principe peut se tenir avant des consultations, mais c'est
peu commun dans notre tradition
parlementaire. Jusqu'ici, la présente législature nous a adoptés… nous avons
adopté le principe de seulement cinq projets de loi avant de tenir des
consultations particulières, et, quand je dis «adopté», on a adopté le
principe : la loi n° 2, la loi
n° 10, le projet de loi n° 18, les lois nos 32 et 42. Tous les autres ont été adoptés de
façon… je veux dire, régulière, c'est-à-dire consultations particulières
et, après ça, l'adoption de principe.
• (17 h 40) •
Et c'est là,
M. le Président, que je veux en venir, sur un projet de loi comme ça.
Premièrement, nous, à la CAQ, nous sommes pour le moratoire qui est
actuellement là. Et il n'y a aucune exploration et aucune exploitation qui se
fait. Et surtout, là, là-dessus, je voudrais faire la différence. Souvent, les
gens confondent exploitation et exploration. Même hier, lors d'une question, la première ministre a dit que l'exploitation
au Québec allait très mal. Moi, je mets au défi, ici, un parlementaire
qui peut me dire une place au Québec où on exploite actuellement le gaz de
schiste. Il n'y en a pas.
Ce que nous,
nous voulons, c'est de permettre, dans ce projet de loi, une chose,
c'est-à-dire que, si nous voulons avoir des études scientifiques, des
études concrètes, des études scientifiques neutres qui ne sont pas soumises à
des lobbys particuliers, il faut toujours pouvoir, en main, avoir une ou deux places
particulières au Québec, éloignées des habitations,
bien sûr, pour pouvoir faire les tests et avoir des études claires qui peuvent
nous démontrer si l'exploitation est dangereuse ou l'exploitation n'est
pas dangereuse, surtout quand on parle ici de la nappe phréatique.
M. le Président, je viens d'une région,
Drummondville, les alentours, qui est directement une région où se trouvent des gaz de schiste. Je suis né sur une
ferme agricole et je peux vous dire que moi, particulièrement, je suis
très à l'écoute des citoyens. Et, là-dessus, c'est très important pour moi
d'avoir une approche responsable sur les gaz de schiste. Et actuellement nous n'avons aucune recherche qui est neutre.
Alors, pour pouvoir répondre à la population, il faut toujours avoir des
recherches qui soient neutres et surtout qui ne viennent pas de lobbys
particuliers, soit des lobbys environnementaux
ou des lobbys des compagnies gazières. Mais, pour cela, faut-il encore que l'on
ait accès. Je ne dis pas d'avoir
accès à toutes les places qui ont déjà été explorées. Parce que, si vous vous
souvenez, à l'époque, malheureusement, ce projet-là avait très mal
démarré au Québec parce que beaucoup d'explorations avaient été faites en
catimini. Et puis là-dessus je pense que le
gouvernement libéral de l'époque avait mal agi. Je pense qu'il aurait dû être
beaucoup plus clairvoyant. Et c'est aussi pour ça aujourd'hui que la
population est très méfiante face à ça, sur ce point-là.
Revenons au
moratoire. Actuellement, aucune exploitation et exploration. Demain matin, je
défie qui que ce soit ici, au Québec,
même au niveau de l'exploration... l'exploitation, excusez… Aucune exploration
ne se fait. Aussi faudrait-il pouvoir faire des recherches qui soient
sécuritaires pour le bien de la population. Jamais je ne prendrais le risque de
dire à la population : On va exploiter les gaz de schiste sans savoir ce
qu'il en est au niveau de la sécurité. Je le sais particulièrement, en étant… en ayant été élevé sur une ferme agricole,
en ayant vécu en campagne, notre nappe phréatique est très précieuse, et jamais on ne pourra prendre
le risque de la contaminer. Alors, ça, je pense que tous les élus ici,
on a la même position, et c'est clair.
Pour revenir
au niveau du député de Johnson, malheureusement il nous a accusés, moi en
personne et d'autres députés, de dire que nous, à la CAQ, on était pour…
on était contre le moratoire, ce qui est tout à fait faux. Nous sommes pour le moratoire. Et, de toute manière, il
n'y a aucune problématique. Ça existe déjà, il y a déjà un moratoire, il
faut le dire, il faut le souligner, c'est
important. Parce qu'il y a beaucoup de personnes, malheureusement, qui ont cru
ses paroles et puis qui ont fait en sorte
qu'elles ont eu des craintes, et c'est tout à fait légitime. Malheureusement,
le député de Johnson a souvent induit… — et je peux le dire comme
ça — induit
un peu en erreur la population. Je sais que…
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Traversy : Alors, pour répondre à mon collègue du deuxième
groupe de l'opposition, non, on ne peut pas le dire comme ça en cette
Chambre. Et je lui demanderais de faire attention de ne pas imputer des motifs,
surtout non parlementaires, à un autre collègue du gouvernement.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Veuillez poursuivre, M. le député.
M.
Schneeberger : …M.
le Président, qu'on ne peut pas induire en erreur, comme l'a dit le député de…
Une voix : …
M.
Schneeberger : Terrebonne, c'est ça, excusez. Mais il y a
des écrits. Alors, ces écrits, je demande au député de Johnson de les commenter si c'est ça, la réalité.
C'est des écrits, les faits sont là. Alors, il faut rappeler à la
population, la population de la région de
Drummondville, la MRC, que nous sommes contre… pour le moratoire actuel, mais
contre le projet qui
est amené ainsi parce que, dans ce projet-là, on nous demande de voter les yeux
fermés, c'est-à-dire : Votez pour le principe, et après on
consultera. Moi, je ne suis pas spécialiste dans la matière, j'aimerais ça
pouvoir écouter les spécialistes, qu'est-ce qu'ils ont à nous dire, avant de voter pour le principe. Et, si, par après, on
est rassurés, on votera pour le principe. C'est la façon de procéder.
Vous
savez, depuis quelque temps, dans le coin de Drummond—Bois-Francs, mon comté, plusieurs fois, le
député de Johnson a pris la parole pour dire
des choses qui étaient... malheureusement, je ne peux pas utiliser le mot, mais
qui n'étaient pas de la plus grande vérité.
Alors, il m'a déjà accusé que j'étais contre le projet universitaire. Je lui
demande où est-ce qu'il a vu ça, dans quel rêve il a... quel rêve il a rêvé.
J'ai toujours été pour le projet universitaire. Alors, quand on a des désirs comme ça au niveau de la
population, venir nous demander à nous de voter pour le principe et de
dire : Faites-moi confiance, votez pour le principe, et après on
consultera, bien j'ai un petit peu de misère avec ça, M. le Président. Ce n'est
pas comme ça qu'on procède. Et puis, si M. le député de Johnson serait un homme
d'une grande clairvoyance, où est-ce que justement c'est, comme on dit,
fair-play… O.K.? On peut être ou ne pas être pour ces décisions, mais au moins
faut-il dire les choses comme elles sont.
Au
niveau du développement économique, malgré que ce que le gouvernement peut dire
actuellement, l'étoile n'est pas très
brillante, M. le Président. Puis je veux en revenir à plusieurs choses. Alors,
quand on parle de développement économique,
c'est de créer de la richesse. Actuellement, on le voit, c'est un développement
économique que j'appellerais négatif. Enfin.
J'en
viens aux éoliennes. Il y a eu des appels d'offres soi-disant pour maintenir
des emplois en région, en Gaspésie. Je veux bien maintenir des emplois,
je suis pour ça, mais autant faudrait-il que ces emplois-là soient des emplois
qui génèrent pour le Québec des profits.
Peut-être qu'ils génèrent des profits localement, mais les éoliennes,
actuellement, on fait des appels d'offres, il y a eu des appels d'offres où
est-ce qu'on achetait le kilowatt à 0,13 $, les derniers appels d'offres
ont eu lieu à 0,09 $, et, M. le Président, Hydro-Québec les revend à
0,04 $. Je mets au défi n'importe quel commerçant d'acheter des produits à
10 $ et de les revendre à 5 $. Ils ne feront pas long, M. le
Président. C'est ça, de l'économie qui ne marche pas. Puis ça, là,
malheureusement, au Québec, là, on n'est pas mal là-dedans actuellement. Puis la réalité fait en sorte que l'augmentation
de 3,4 % qui est demandée par la régie, bien il y en a deux tiers qui
vont aller au déficit de ces projets éoliens. C'est qui qui va payer la
différence, M. le Président? C'est encore nos contribuables.
• (17 h 50) •
Moi,
j'aimerais ça pouvoir les appeler les citoyens et citoyennes, mais,
malheureusement, au Québec, ils ont plus le titre de contribuable, parce
qu'ils travaillent puis ils paient de l'impôt, paient des taxes pour avoir en
retour des services malheureusement… qui
n'est pas toujours là. On parle des listes d'attente, listes d'attente en
santé, des problèmes au niveau de
l'éducation, problème d'éducation à maintes reprises, des listes jusqu'à quatre
ans pour donner des aides pédagogiques à des jeunes. Quatre ans, c'est
long. Ma fille a quatre ans. Dans quatre ans, elle va être en troisième année…
en deuxième année, pardon. Si elle aura besoin d'aide… une chance, on n'en a
pas besoin, je suis très chanceux comme parent, mais ce n'est pas le cas de
tout le monde. Alors là, il va falloir justement qu'on vienne en aide à ces
gens-là.
L'Institut
Fraser nous disait, il y a quelques jours : Le Québec est l'un des pires
endroits où investir. Et, quand je regarde la liste, M. le Président,
les autres provinces canadiennes qui ont des richesses pétrolières se classent
toutes parmi les 20 premières. Nous, on est
à l'endroit du 141e rang. On est à égalité ou similaires avec des
pays comme la Syrie, l'Irak. À ce que je sache, il n'y a pas de guerre
ici, il n'y a pas de conflit civil. Moi, je suis très fier, je suis arrivé au Québec, M. le Président, il y a 26 ans, et je suis très fier de vivre au Québec
et de représenter mes citoyens. Mais, quand je vois ça, je peux vous
dire que ma fierté en prend un coup parce que moi, je suis un battant, j'aime
ça être en avant, et malheureusement, dans des statistiques comme celles-là, on
est en queue de peloton, et ça, M. le Président, je ne peux l'accepter.
Je ne peux l'accepter
parce que j'ai des jeunes enfants et je veux un bel avenir pour mes enfants,
comme tous les enfants du Québec, comme tous ceux qui vont nous précéder. Mais,
si aujourd'hui on a des déficits comme… après
année, une dette qui grandit année après année, bien c'est une carte de crédit
pleine qu'on va léguer à nos enfants. Et moi, je pense que ce n'est pas
ça qu'ils méritent. Je pense qu'ils méritent d'avoir un système d'éducation un
des meilleurs au monde.
Nous
avons la chance d'avoir une bonne fonction publique, des bons professeurs.
Malheureusement, nos systèmes font en sorte qu'il y a de grandes
lacunes, ils font en sorte que nos fonctionnaires… Souvent on a dit… on a
galvaudé que nos fonctionnaires n'étaient
pas travaillants. Mais nos fonctionnaires sont très travaillants, mais autant
faudrait-il encore qu'ils puissent
travailler adéquatement et intelligemment et leur donner justement une fonction
publique, des structures pour que ça marche. Et ça, ça va faire la
fierté de tous les citoyens du Québec. Parce que les citoyens du Québec ne sont
pas contre payer de l'impôt et des taxes, ils veulent en avoir pour leur
argent. Et malheureusement ce n'est pas ce que nous avons aujourd'hui.
Et,
concernant les hydrocarbures, vous savez, je suis le premier à pouvoir se
passer des… J'aimerais beaucoup pouvoir me passer des hydrocarbures.
Mais aujourd'hui, nos emballages, beaucoup de plastique, il faut encore de l'asphalte sur nos routes, tous nos produits, au niveau plastique, utilisent du pétrole. On en a
besoin. J'aimerais ça que tous les
citoyens du Québec aient une voiture électrique, malheureusement ce n'est pas
le cas. Puis, même si ça serait le cas, on aurait encore besoin du pétrole. Alors, ce pétrole-là, il faut
l'exploiter, avoir une approche environnementale exemplaire et surtout
être neutres dans nos approches, c'est-à-dire pouvoir faire des études neutres,
où est-ce que les gens vont être en confiance avec ces études-là, et c'est ce
que nous voulons. Alors, pour ça, bien il faut toujours bien pouvoir avoir quelques
places où est-ce qu'on puisse explorer, faire des tests et rendre les tests à
la population.
Ici, encore une fois, M. le Président, nous,
députés de la CAQ, on s'est engagés pas plus tard que la semaine passée… la
semaine d'avant, nous avons déposé une motion ici par le député de Granby. La
motion disait :
«Que le ministre s'engage à adopter des règles transitoires à court
terme et à faire en sorte que, durant le moratoire proposé, les études et les besoins de développement des connaissances scientifiques de l'évaluation
environnementale se poursuivent et que de nouveaux forages soient autorisés à
des fins strictes.»
Nous avons eu
l'appui du premier groupe de l'opposition, et malheureusement, là-dessus, le gouvernement
ne nous a pas appuyés. Pourtant, je pense
que ça serait une bonne solution, ça serait une approche responsable et surtout
tout le monde
serait gagnant là-dedans. Alors, malheureusement ce n'est pas le cas, on continue de vouloir faire
de la partisanerie là-dessus avec un débat de procédures qui n'est pas
logique selon le sens. Et puis il faut… nous, on dénonce ça.
Alors, encore une fois, pour revenir avec l'économie,
on parle beaucoup de chiffres, souvent des guerres de chiffres : On crée des emplois. C'est vrai qu'on crée des emplois,
mais encore faut-il que, si on crée 4 000
emplois et qu'il s'en perd 5 000, bien les 5 000, il faut les
comptabiliser. Ça fait moins 1 000, ça. Malheureusement, souvent on a créé… — on voit ça, des guerres de chiffres — on a créé 45 000 emplois, on a créé
20 000 emplois, mais on ne dit jamais combien d'emplois se sont perdus. Alors, encore là, moi, j'ai appris à
faire des plus puis j'ai appris à faire des moins. Je pense que ça,
là-dessus, si on veut gagner en crédibilité au niveau de la population, bien il
faudrait dire au moins les chiffres honnêtes.
Alors, M. le
Président, pour en finir, moi, je dis : Nous sommes pour le moratoire,
mais nous sommes contre un moratoire qui bloquerait tout projet à la
science, tout projet des scientifiques pour faire en sorte de nous venir avec des études éclairées, avec des études neutres et
avoir… pouvoir, après ça, prendre des bonnes décisions pour les citoyens
du Québec et surtout pour l'économie, parce
que nous en avons bien besoin. C'est avec une économie qui est forte que
nous pouvons continuer à payer nos
programmes sociaux, que nous pouvons avoir une éducation gratuite, parce que
l'éducation, c'est primordial. Si nous voulons avoir une société du savoir,
faut-il encore que tous nos enfants aient une éducation gratuite. Et puis
malheureusement on voit souvent qu'il y a des frais encourus un peu partout.
Alors, M. le Président, le point de la CAQ est clair : nous sommes contre
le moratoire mais pour le développement économique. Merci.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le député
de Drummond—Bois-Francs.
Alors, je suis prêt à reconnaître une autre intervenante, Mme la députée
de Soulanges.
Mme
Charlebois : Est-ce
que le député accepterait de répondre à une question en vertu de l'article 213?
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Vous avez tout le loisir, M. le
député, d'accepter ou de refuser de répondre à une question posée par
une autre députée, libre à vous. Et, si vous acceptez, la question doit être
brève et la réponse doit être brève aussi.
Alors, vous acceptez. Madame, il reste très peu de temps, Mme la députée de
Soulanges, donc allez-y avec la question.
Mme
Charlebois : M. le
Président, je voulais savoir si le député avait pris connaissance du règlement
à la page 130, où on nous indique à quel endroit devraient être faites les
consultations et s'il trouve ça normal que les consultations n'ont pas eu lieu
avant l'adoption de principe.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Alors, M. le député de Drummond—Bois-Francs,
je vous cède la parole.
M.
Schneeberger : Comme je le disais, les consultations doivent toujours se faire avant l'adoption de principe, et,
dans ce cas-ci, on ne veut pas faire de consultations avant l'adoption de
principe.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, merci à vous, M. le député de Drummond—Bois-Francs.
Ajournement
Alors, compte tenu de l'heure, les travaux de l'Assemblée sont ajournés au jeudi 21 novembre 2013, à
9 h 45.
Merci et bonne fin de soirée.
(Fin de la séance à 17 h 59)