(Neuf
heures quarante-six minutes)
Le Vice-Président
(M. Cousineau) : Alors,
veuillez vous asseoir. Bon matin à tous et à toutes.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Nous en
sommes à la rubrique Déclarations de députés, en
vous rappelant qu'une déclaration de députés, c'est une minute. Alors, je
cède la parole à Mme la députée de
Joliette. Mme la députée.
Rendre hommage à
Mme Marguerite-Rose Pesant-Bédard
à l'occasion de son décès
Mme Véronique Hivon
Mme
Hivon : Merci, M. le Président. Je tiens à rendre hommage aujourd'hui à une grande dame de la circonscription de Joliette qui nous a quittés le 22 septembre dernier,
Mme Marguerite-Rose
Pesant-Bédard. En plus d'avoir consacré sa vie
à prendre soin d'autrui au cours de sa
carrière d'infirmière, Mme Pesant-Bédard a su marquer son milieu de vie, Lanaudière, et le Québec en entier en
fondant la coopérative de soutien en aide
domestique de Joliette, Les Maisons d'à côté Lanaudière ainsi que l'Association de la fibromyalgie du Québec. Très active au sein de
sa communauté,
elle a notamment occupé les fonctions de présidente du Centre de santé et de services
sociaux du Nord-de-Lanaudière, présidente du
CLSC de Joliette, vice-présidente de l'association des personnes handicapées physiques et
sensorielles de Joliette et membre du conseil d'administration du centre de réadaptation en
déficience physique Le Bouclier.
Mme Pesant-Bédard, malheureusement, s'est éteinte il y a quelques jours, mais son important héritage, lui, continue de briller de tous ses feux, et nous lui sommes excessivement
reconnaissants. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Cousineau) : Merci,
Mme la députée de
Joliette. Alors, je cède maintenant
la parole à la députée
de Bourassa-Sauvé. Mme la députée.
Féliciter les élèves de l'académie Louis-Pasteur
pour leur participation à différentes
initiatives
Mme Rita de Santis
Mme de Santis : Merci, M. le Président. C'est un plaisir pour moi
de saluer et de féliciter l'académie Louis-Pasteur. Vendredi, j'ai assisté au lancement de
Vers le pacifique, un programme qui vise
à prévenir la violence à l'école. Tout au long de l'année scolaire, les élèves
participent à des ateliers pour apprendre à gérer pacifiquement des
conflits et avoir des moyens de calmer leur colère quand surviennent des conflits. Je veux
aussi souligner que les 427 écoliers de
l'académie ont amassé 15 000 $ dans le cadre du Défi-Jeunesse
1 km. Au cours des trois dernières années, ils ont amassé plus de
60 000 $ pour aider Sainte-Justine à acquérir des équipements de
pointe qui permettent de sauver la vie de jeunes victimes de
traumatismes sévères, la première cause de mortalité chez les jeunes de moins de 18 ans. Félicitations à tous les élèves, aux professeurs
Chantale Viau
et Mathieu Cantin et au directeur Mark Passaretti. Quel beau
message de paix et d'entraide vous envoyez à toute notre communauté! Merci.
Le
Vice-Président (M. Cousineau) : Merci, Mme la députée de Bourassa-Sauvé. Je cède maintenant la
parole au député de Terrebonne. M. le député.
Souligner le succès du premier salon Jeunes en
action, organisé par Lachenaie Action
Jeunesse
M. Mathieu Traversy
M. Traversy : Merci, M. le Président. Alors, c'est avec plaisir, aujourd'hui, que j'aimerais vous parler
d'un organisme de ma circonscription qui se nomme Lachenaie Action
Jeunesse afin de souligner une activité
exceptionnelle, celle du salon des Jeunes en Action, qui a été organisée pour
une toute première édition au printemps dernier.
Ce fut un véritable
succès, M. le Président, car, réunis dans un seul et même endroit, de nombreux
groupes et organismes
communautaires de notre circonscription sont venus offrir aux jeunes de 10 à
17 ans des activités pour justement leur permettre
de développer leurs talents, de s'impliquer dans leurs communautés et d'aller
dans des activités de loisirs pouvant bonifier leurs
implications au cours des prochaines années. On dénombrait, au total, une
trentaine de kiosques lors de cet événement, qui était totalement gratuit.
J'aimerais
féliciter l'ensemble de l'équipe de Lachenaie Action
Jeunesse et un bravo tout particulier à sa directrice générale, Mme
Huguette Dubé, Mme Marie-Lynn Juteau, qui est coordonnatrice de l'organisme,
Mme Monique Beaudoin, qui en est la
présidente. Merci
beaucoup pour cette
superbe journée, et, je suis sûr, l'année prochaine sera une excellente édition.
Le
Vice-Président (M. Cousineau) : Merci,
M. le député de Terrebonne. Alors, je cède maintenant la parole au député de Côte-du-Sud. M. le député.
Rendre un hommage posthume à
Mme Louise Dion Roy, ex-mairesse
de Saint-Antoine-de-l'Isle-aux-Grues
M. Norbert Morin
M.
Morin : M. le Président, aujourd'hui, je tiens à rendre hommage à Mme Louise Dion Roy, une femme de chez nous, qui s'est démarquée dans sa communauté durant
plus de 25 années. Mme Roy nous a malheureusement quittés le 14 mai dernier. Lundi, la municipalité de l'Isle-aux-Grues
lui a décerné le titre de fière ambassadrice. Une plaque commémorative occupera
donc une place de choix dans la salle des Bâtisseurs.
Je
me joins donc aux élus et aux insulaires pour souligner le rôle majeur qu'elle
a joué dans sa municipalité à titre de mairesse pendant 13 années. Par sa contribution, elle a fait
découvrir ou redécouvrir l'Isle-aux-Grues aux Québécois. Sa passion envers sa communauté et son dévouement pour ses citoyens resteront à jamais gravés dans
le coeur des insulaires. Encore aujourd'hui, le nom de
Louise Dion Roy résonne partout sur l'île comme étant une leader pour ceux et
celles qu'elle a représentés. Merci, Louise, pour tout ce que tu nous as
apporté et repose en paix. Merci.
• (9 h 50) •
Le
Vice-Président (M. Cousineau) : Merci,
M. le député de Côte-du-Sud. Je cède maintenant la parole à M. le
député de Vanier-Les
Rivières. M.
le député.
Souligner le 35e anniversaire
de La Ruche Vanier inc.
M. Sylvain Lévesque
M.
Lévesque : Merci, M. le Président. C'est avec un profond sentiment de reconnaissance envers ses bénévoles que je tiens à souligner le 35e anniversaire de
fondation de La Ruche Vanier, un organisme incontournable de notre milieu et
qui vient en aide aux personnes à faibles
revenus et aux membres de familles
immigrantes.
De
l'épicerie communautaire à l'aide alimentaire, du dépannage d'urgence aux
cuisines collectives, en passant par les comités d'accueil aux immigrants, La Ruche
Vanier a déployé des trésors d'imagination pour contribuer àl'améliorationdes conditions de vie de nos voisins moins
fortunés. Ayant le privilège de prendre part à la distribution de paniers deNoël, je suis
à même de témoigner de l'immense besoin que La Ruche Vanier parvient à combler.
À titre de député, je
joins ma voix à celles de mes concitoyens de Vanier-Les
Rivières pour saluer le travail remarquable et l'engagement exceptionnel des bénévoles de La
Ruche Vanier et de sa directrice
générale, Mme Nicole Demers. Leur dévouement et leur générosité
constituent des exemples d'entraide, d'humanisme qui méritent d'être dignement
soulignés. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Cousineau) : Merci. Merci, M. le député
de Vanier-Les Rivières. Je passe maintenant la parole au député de Matane-Matapédia.
Féliciter l'équipe de la Table de concertation
des groupes de femmes du Bas-Saint-Laurent,
lauréate du prix Égalité
M. Pascal Bérubé
M.
Bérubé : M. le Président, le 13 mars dernier, la Table de concertation des groupes
de femmes du Bas-Saint-Laurent a remporté le prix Égalité du Secrétariat à la
condition féminine dans la catégorie Pouvoir et régions. Cette
importante distinction lui a été remise dans le cadre de son projet de soutien aux municipalités pour l'adoption des politiques d'égalité.
En effet, ce projet d'accompagnement des municipalités dans toutes
les étapes menant à la rédaction d'une politique d'égalité et d'un plan
d'action aura permis à
17 municipalités du Bas-Saint-Laurent d'adopter leurs politiquesd'égalité. D'ailleurs, la municipalité de Sayabec, dans ma circonscription, a été la première municipalité à se doter d'une politique d'égalité dans ma région. Je suis
donc doublement fier de cette importante
réalisation et de cette récompense à titre de ministre responsable de la
région et de député de Matane-Matapédia.
Je réitère mes plus
sincères félicitations à toute l'équipe de la Table de concertation des groupes
de femmes du Bas-Saint-Laurent et aux 17 municipalités pionnières en
matière d'égalité. Vos actions démontrent votre
détermination à faire du Québec un lieu où le respect et l'égalité priment.
Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Cousineau) : Merci, M. le député de
Matane-Matapédia. Je cède maintenant la parole au député d'Orford. M. le
député.
Rendre
hommage à M. Christian Vachon,
créateur du Relais du lac Memphrémagog
M.
Pierre Reid
M.
Reid : Merci, M.
le Président. Christian Vachon est un ambulancier et un athlète accompli avec
un parcours académique plutôt difficile. En
2006, il a lui-même couru à pied, en une seule journée, les 106 kilomètres
qui entourent le lac Memphrémagog pour créer la
Fondation Christian Vachon visant à assurer une chance égale de réussite scolaire à
tous les jeunes dans le besoin. En 2007, il a conçu et organisé le Relais du
lac Memphrémagog, une course à relais annuelle en équipe de six
coureurs. Chaque équipe inscrite contribue financièrement
au soutien des élèves parrainés par la fondation.
Le 28 septembre dernier,
200 équipes réunissant 1 150 coureurs de tout le Québec ont fait
le tour du lac jusqu'à 1 h 30 de la
nuit. Pendant ce temps, 1 200 élèves des écoles primaires ont couru
un cross-country visant à mieux positionner
le sport comme un outil de persévérance scolaire. L'événement a permis
d'amasser 218 000 $. Avec cette somme, la Fondation Christian
Vachon parraine 650 élèves dans le besoin dans 49 écoles de l'Estrie.
Félicitations
à Christian Vachon et à tous les bénévoles qui contribuent chaque jour à donner
à nos écoliers un avenir meilleur.
Le Vice-Président (M. Cousineau) : Merci, M. le député d'Orford. Je cède maintenant la parole à la députée d'Hochelaga-Maisonneuve.
Souligner le 30e anniversaire de
La Marie
debout, centre d'éducation des femmes
Mme
Carole Poirier
Mme Poirier : Alors,
merci, M. le Président. Je souligne aujourd'hui le 30e anniversaire de La Marie debout, un centre d'éducation des femmes dynamique
d'Hochelaga-Maisonneuve. Sa mission : améliorer les conditions de vie des
femmes par l'éducation, la sensibilisation et l'action collective.
Très tôt, La Marie debout est devenu un lieu
de vie ouvert et accueillant, près des gens.
C'est un espace où l'entraide, la réflexion
et l'action vont ensemble. La Marie debout cultive une longue tradition
d'engagement social et de militantisme.
Hochelaga-Maisonneuve lui doit bien des victoires. Et, à une époque où la vie
civique semble parfois être une abstraction, cet organisme soutient,
éduque pour former aussi des citoyens.
Je
salue donc aujourd'hui les 30 ans d'existence de La Marie debout. Qu'elle
poursuive son engagement avec la même
ferveur, celle du courage de souhaiter la justice et la réussite pour toutes
les femmes. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Cousineau) :
Merci, Mme la députée d'Hochelaga-Maisonneuve. Je cède maintenant la parole au député de Marguerite-Bourgeoys. M.
le député.
Souligner le 30e anniversaire de
participation de
La Brasserie Labatt ltée de LaSalle à la
Journée mondiale de la bière responsable
M.
Robert Poëti
M. Poëti : Merci, M. le
Président. Le 20 septembre dernier, La Brasserie Labatt de LaSalle
célébrait ses 30 ans d'engagement à la
Journée mondiale de la bière responsable.
Au courant de l'année, les employés de Labatt
s'impliquent de très près en visitant les bars et restaurants pour promouvoir eux-mêmes une consommation responsable aux
usagers. Cette année, Labatt met de l'avant-plan les chauffeurs désignés et le
rôle qu'ils jouent dans la protection de nos communautés. Cet événement nous
permet de reconnaître qu'à travers le pays chaque soir des gens se tiennent
personnellement responsables de la sécurité de tous. Ce geste ne va pas passer
sous silence. Nous entendons encore trop souvent parler d'accidents de la route
causés par l'alcool. Cette année, prenons le temps de féliciter et remercier
tous les chauffeurs désignés à travers le Canada.
En terminant, M. le Président, nous pouvons
être fiers de l'implication de La Brasserie Labatt, qui mise depuis 30 ans sur la sécurité et la conduite
responsable.
Le Vice-Président
(M. Cousineau) : Merci, M. le député de Marguerite-Bourgeoys. Je cède maintenant la parole à M. le député de Beauharnois. M. le député.
Rendre
hommage à l'entreprise Miel nature inc.,
récipiendaire de nombreuses médailles et
distinctions
M. Guy
Leclair
M. Leclair : Merci, M. le Président. Chers collègues, je désire aujourd'hui rendre hommage à une entreprise de ma circonscription,
hydromellerie nature de Beauharnois.
L'entreprise d'Elene et Ali Agougou, spécialisée dans la fabrication de
miels et d'hydromels artisanaux, collectionne les distinctions à un rythme
infernal. Lors de la Coupe des nations 2013, une compétition de vins et d'alcools du terroir organisée en collaboration avec le MAPAQ, Miel nature a devancé
tous ses concurrents en remportant pas moins
de six médailles d'or, M. le Président. Un peu plus tôt cette année, l'entreprise avait
remporté une récolte impressionnante de huit médailles lors du second concours
en importance du genre aux États-Unis. Depuis 2005, Miel nature cumule déjà plus de 110
médailles et distinctions méritées lors de différentes compétitions.
Je
tiens donc à offrir à M. et Mme Agougou, au nom de tous les citoyens du comté
de Beauharnois,
mes plus sincères félicitations pour le succès retentissant remporté par leur entreprise. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Cousineau) :
Merci, M. le député de Beauharnois. Alors, cela met fin à la rubrique Déclarations de députés.
Je
suspends pour quelques instants.
(Suspension
de la séance à 9 h 58)
(Reprise
à 10 h 12)
Le
Président : Alors, mesdames,
messieurs, nous allons nous recueillir quelques instants.
Merci,
veuillez vous asseoir.
Nous
poursuivons les affaires courantes. Aujourd'hui, il n'y a
pas de déclarations ministérielles.
Présentation de projets de loi
À la rubrique Présentation de projets de loi, Mme la
députée de Gouin.
Mme
David : M. le Président, veuillez s'il vous plaît appeler
l'article 1 du feuilleton.
Projet de loi n° 398
Le
Président : Alors, à l'article e du feuilleton, Mme la députée
de Gouin présente le projet de loi n° 398, Charte de la laïcité de l'État québécois. Mme
la députée de Gouin.
Mme Françoise David
Mme David : Merci, M. le
Président. Ce projet de loi vise à étendre et à renforcer la laïcité de l'État québécois et des
institutions publiques. Il tient compte d'un processus de laïcisation des
institutions publiques déjà largement amorcé et propose, en vertu du consensus qui est apparu au sein de la société
québécoise, d'aller plus loin que les règles existantes.
Le projet de loi renvoie à des valeurs
et principes fondamentaux partagés par la population québécoise, dont la démocratie et le
respect du pluralisme des idées, l'interculturalisme, qui fait la promotion
d'une culture commune en même temps
qu'il prend en compte la diversité, l'égalité des droits et des chances entre
les citoyens, l'égalité en droit et en fait entre les femmes et les
hommes, la neutralité religieuse de l'État et des institutions publiques, la
séparation de l'État et des institutions religieuses ainsi que la protection
des minorités.
Le projet de loi définit le principe
fondamental de la laïcité de l'État. Il établit également les règles applicables aux institutions publiques, aux employés de
l'État et aux usagers de services publics. De plus, il énonce les critères qui
encadrent les demandes d'accommodement.
Enfin, le projet de loi modifie la
Charte des droits et libertés de la personne pour y enchâsser le principe de la laïcité de l'État. Merci.
Mise aux voix
Le Président : Bienvenue.
Est-ce que l'Assemblée accepte d'être saisie de ce projet de loi? Est-ce que l'Assemblée accepte d'être saisie du projet de loi?
Adopté? Alors, adopté.
Dépôt de documents
À la rubrique Dépôt de
documents, M. le ministre responsable des Institutions démocratiques… et de la
Participation citoyenne.
Rapport annuel du Registre des lobbyistes
M. Drainville : Voilà, M. le Président, j'attendais le dernier
bout. Alors, M. le Président, j'ai l'honneur de déposer le rapport d'activité
2012-2013 du Registre des lobbyistes.
Le Président :
Alors, ce document est déposé. M. le ministre de la Sécurité publique.
Rapports
annuels du Comité de déontologie policière,
de la Régie des alcools, des courses et des jeux,
du Bureau du coroner, du Commissaire à la
lutte contre la corruption et de la Commission
québécoise des libérations conditionnelles
M.
Bergeron : M. le Président, j'ai l'honneur de déposer les
rapports annuels de gestion 2012-2013 du
Comité de déontologie policière, de la Régie
des alcools, des courses et des jeux, du Bureau du coroner, du Commissaire à la
lutte contre la corruption et de la Commission québécoise des libérations
conditionnelles.
Plan
stratégique 2012-2016 de la Commission québécoise
des libérations conditionnelles et rapport
annuel du Bureau de la sécurité privée
Je dépose aussi le plan stratégique 2012-2016 de la
Commission québécoise des libérations conditionnelles et le rapport annuel 2012-2013 du Bureau de la sécurité
privée.
Le Président :
Ces documents sont déposés. M. le leader du gouvernement.
Réponse
à une pétition
M.
Bédard : M. le Président, bonjour. Alors, vous me permettrez
de déposer la réponse de la ministre de
l'Emploi et de la Solidarité sociale à la pétition déposée le 23 mai 2013 par
le député de Berthier.
Lettre
du Vérificateur général concernant l'analyse
de la mise à jour économique du gouvernement
Le
Président : Pour ma part, parce que je viens juste de la
recevoir, je dépose une lettre du Vérificateur
général à la suite de la motion adoptée par
l'Assemblée le 24 septembre dernier concernant l'analyse de la mise à jour
économique.
Il n'y a pas de dépôt de
rapports de commissions ni de dépôt de pétitions.
Il n'y
a pas de réponses orales aux pétitions ni
d'interventions portant sur une violation de droit ou de privilège.
Questions
et réponses orales
Nous en sommes maintenant à la période de
questions et
de réponses orales. Je cède la parole à M. le chef de l'opposition.
Financement des mesures
contenues
dans la politique économique Priorité emploi
M.
Jean-Marc Fournier
M. Fournier : Merci, M. le Président. À pareille date l'an dernier, on nageait dans la psychose
de l'impôt rétroactif. Le PQ voulait
appliquer l'idée de la CAQ d'augmenter l'impôt des dividendes et des gains en
capital. C'est à ce moment-là qu'est née l'angoisse fiscale chez les créateurs
d'emplois. Avec des ministres économiques aux allures de José Bové, le discours
antiéconomique a pris l'avant-scène. En janvier, on a commencé à perdre des
emplois. Depuis, on est moins 45 000 au
Québec, ils sont plus 145 000 au Canada.
En
mars, la mise à jour tombe quatre mois après le budget, le PQ s'est trompé dans
ses prévisions d'investissements et de revenus. En mars, en avril, en mai, en juin,
le Québec connaît quatre mois consécutifs de baisse du PIB, le PQ vient
de mettre le Québec sur le chemin de la récession. En septembre, le ministère
des Finances nous apprend que le déficit de
l'année ne sera pas de zéro, il sera de 2 milliards de dollars. La
gouverne péquiste nous a fait perdre 2 milliards, et, cette
semaine, la première ministre vient piger 2 milliards de plus dans la
poche des Québécois pour réparer son fiasco économique. Un an de PQ, c'est une
facture de 4 milliards. 4 milliards, c'est 1 000 $ pour
chacun des 4 millions de travailleurs québécois.
Après avoir monté les
impôts à 50 %, le plafond le plus haut au pays, quelle taxe la dame de
4 milliards va maintenant imposer aux Québécois?
Le Président : Mme la
première ministre.
Mme Pauline Marois
Mme
Marois : Alors,
M. le Président, monsieur Dette et monsieur Taxe, à mon point de vue, c'est un
titre que porterait très bien l'ancien chef du
Parti libéral et ancien premier ministre du Québec, M. Jean Charest, M. le
Président. Et le nouveau chef du Parti
libéral, M. Philippe Couillard, qui n'est toujours pas des nôtres, M. le
Président, lui, veut augmenter les
taxes. Alors, le chef parlementaire de l'opposition officielle fait un amalgame
qui est douteux, M. le Président. Vous me permettrez de l'inviter à
refaire ses classes, M. le Président.
Ce que nous proposons, ce que nous proposons
est un projet d'envergure pour le Québec. D'ailleurs, encore une fois, je suis tellement étonnée d'entendre les propos
du chef parlementaire de l'opposition officielle, qui me priait à deux genoux,
depuis qu'on est rentrés ici, à cette Assemblée, de proposer des mesures
significatives importantes pour relancer l'économie du Québec, pour soutenir
l'économie du Québec. C'est ce que nous avons fait, M. le Président, et
aujourd'hui il semble s'en désoler. Ça m'inquiète, M. le Président, de la part
de quelqu'un qui aspire aux plus hautes fonctions.
M. le Président, je rappellerai à cette
Chambre que plus de 160 000 emplois manufacturiers — parce
que, là, j'ai le chiffre exact, en fait, c'est 166 000 emplois
manufacturiers — ont été perdus sous l'ancien
gouvernement pendant que le gouvernement était
là. Nous, nous réparons les pots cassés de l'ancien gouvernement, M. le
Président.
•
(10 h 20) •
Le Président : Première
complémentaire, M. le chef de l'opposition, en vous rappelant que chaque
personne ici a un titre, et on doit être nommé
selon son titre.
M. Jean-Marc Fournier
M.
Fournier : Je m'excuse de la corriger, ce n'est pas un
amalgame, c'est un bilan. C'est le bilan de l'année qui s'est passée. C'est ça,
le fiasco du Parti québécois. Elle parle des mesures qui ont été annoncées, des
mesures sans ressources financières. C'est ça, le problème. Ou bien ce plan,
c'est du vent, ou bien il faut trouver de l'argent à quelque part. Et ce que je demande à la première ministre, c'est ou bien
elle nous dépose un budget ou bien elle choisit de faire une élection camouflage puis une esquive de ses responsabilités.
Est-ce qu'elle est
capable de nous dire, oui ou non, s'il y a des
ressources financières? Où est le 2 milliards?
Où est le budget? Pourquoi le cacher aux Québécois?
Le
Président : Mme la première ministre.
Mme Pauline Marois
Mme
Marois : Les analystes institutionnels et les
autorités financières qui observent ce que nous avons proposé, M.
le Président, pour l'économie québécoise sont pas mal
plus positifs que le chef parlementaire de
l'opposition. Il y a un communiqué qui a été émis, un bulletin, par L'Observateur
de la Banque Laurentienne, Valeurs mobilières, et qui dit : «En résumé, les initiatives proposées dans cette nouvelle
politique économique sont encourageantes, transparentes et majeures. Les
investissements privés sont effectivement le chemin à privilégier pour créer de
la richesse et des emplois, puisque les défis démographiques bien connus
arrivent à grands pas», etc.
Donc,
ceux qui nous...
Le
Président : En terminant.
Mme
Marois :
...observent, qui ont de la crédibilité sur ces questions, saluent l'action du
gouvernement, M. le...
Le
Président : Deuxième
complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M. Jean-Marc Fournier
M. Fournier : On ne peut pas passer à côté, M. le Président, là. Ceux qui nous écoutent savent
que la gouverne péquiste nous a coûté 2 milliards dans le déficit de l'année. La première ministre arrive puis elle dit : Moi, j'ai
des moyens maintenant, là, c'est 2 milliards que ça coûte. Les Québécois, ils se
demandent où elle va prendre le 2 milliards.
On
lui a posé la question six fois hier : Le 2 milliards, vous le prenez où
si ce n'est pas dans la poche des Québécois? La
question me semble fondamentale. Les Québécois ont droit à la transparence et à la vérité. Où est le 2 milliards de la première
ministre?
Le
Président : Mme la première ministre.
Mme Pauline Marois
Mme
Marois : Je m'excuse auprès de vous, M. le Président, mais j'ai répondu bel
et bien à cette question hier. Il ne l'a pas entendu, là, alors je vais le
répéter maintenant, M. le Président. Mais, avant de répéter ma réponse, je
constate qu'il n'y a aucune critique sur les mesures que nous proposons, M. le Président, aucune
critique. C'est intéressant.
La question a été
posée hier, j'y ai répondu. Je reprends la réponse aujourd'hui. Il y a 2 milliards sur
trois ans d'investissements qui sont prévus. Il y a 700 millions qui proviennent de fonds déjà au budget, le
Fonds vert et le 200 millions lié à
l'électrification des transports, et, sur trois ans, il y aura, chaque année, 400 millions, mais il y aura des rentrées
fiscales en compensation pour...
Le Président : Deuxième complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M.
Jean-Marc Fournier
M. Fournier : Alors, JoJo Savard, sors de ce corps, là! Parce que, là, on a 1,3
milliard...
Des voix : …
Le
Président :
Dans l'horoscope d'aujourd'hui, je présume qu'on devait tenter de
dire : Aujourd'hui, tentez de ne blesser personne. Et, d'un
côté comme de l'autre, je vous invite à éviter de faire en sorte qu'éventuellement l'une ou l'autre des personnes se sente blessée par une remarque
qui pourrait être faite. M. le chef de l'opposition.
M.
Fournier :
Dans le 2 milliards, 1,3 milliard dont elle n'a aucune idée où ça va venir, ça va tomber du ciel. 700 millions, qu'elle dit, ça, je le sais, j'ai 700
millions, je le sais, ça vient du Fonds vert. Il a déjà été alloué, les sommes
sont déjà attribuées. Le 700 millions, M. le
Président, c'est de la poudre aux yeux. Où
allez-vous prendre le 2 milliards? Elle
n'en a aucune idée…
Le Président :
S'il vous plaît!
M. Fournier :
Ce n'est pas des mesures, ce n'est pas un plan, c'est du vent.
Le Président :
Mme la première ministre.
Mme
Pauline Marois
Mme
Marois :
Alors, tous ceux que j'ai entendus sur les orientations que nous avons
proposées jusqu'à maintenant saluent les
mesures que nous avons choisies. Et nous l'avons fait en étant responsables, M.
le Président, parce que nous savons
ce que cela coûte que de réparer des dégâts comme ceux que nous avait laissés
l'ancien gouvernement quant à la mauvaise gestion des fonds publics, M.
le Président.
D'ailleurs,
je reviens sur le fait que l'on souhaitait, et en particulier le chef de
l'opposition, M. Philippe Couillard, souhaitait que nous intervenions pour proposer des
mesures concrètes. J'ai relu certaines de ses demandes. Sur cinq
demandes qu'il avait proposées, trois sont dans les mesures que nous annonçons…
que nous avons annoncées, M. le Président, et qui sont beaucoup plus
structurantes que ce que souhaitait le chef M. Couillard.
Le Président :
Troisième complémentaire… Non? Principale, M. le député de Brome-Missisquoi.
Situation de l'emploi au Québec
M.
Pierre Paradis
M.
Paradis :
Oui. Merci, merci, M. le Président. Le 20 novembre 2012, le ministre des
Finances, prévisionniste en chef du gouvernement péquiste, a prévu dans son
budget la création de 45 000 emplois pour l'année 2013. Ses prévisions se
sont avérées totalement erronées, les 45 000 emplois prévus se sont
transformés en 45 000 emplois perdus, une différence de 90 000
emplois, une marge d'erreur de 200 %.
En début de semaine, non pas dans un budget, cette fois-ci,
mais lors d'une conférence de presse, le ministre prévoit maintenant la création de
43 000 emplois au cours des trois prochaines années. Pourquoi devrait-on
le croire maintenant?
Le Président :
M. le ministre des Finances.
M.
Nicolas Marceau
M. Marceau :
M. le Président, juste pour commencer, remercier le député de Brome-Missisquoi,
qui a salué l'excellent, l'excellent contrôle des dépenses que notre
gouvernement exerce depuis son arrivée. Je le remercie sur…
Des voix :
…
Le Président :
M. le député de Brome-Missisquoi, question de fait personnel.
M.
Paradis :
…réitéré mes félicitations au président du Conseil du trésor jusqu'au 31 mars.
Après le 31 mars, ça a tout dérapé.
Le
Président : M. le leader du gouvernement.
Des
voix : …
M.
Bédard : Sur la question de règlement, je le sais que… le
député en question semble avoir un droit particulier
de ne pas être content, mais on peut quand même souligner qu'il a eu des bons
mots à l'égard du gouvernement sur son contrôle des dépenses, et je
souhaiterais que ça soit la même chose sur la politique économique, M. le
Président, tout simplement.
Le
Président : M. le leader de l'opposition.
M. Moreau : Ce n'était pas
une question de règlement, c'était une question de fait personnel où on fait
dire à un député ce qu'il n'a pas dit. Ce que
le député a dit, c'est que, depuis le 31 mars, le président du Conseil du
trésor a tout faux et qu'il a baissé les bras.
Le Président : Ceci étant
dit, on n'est pas dans les questions de règlement, ni d'un côté ni de l'autre.
Je voudrais rappeler
à notre collègue, qui a une certaine expérience ici, le député de
Brome-Missisquoi, une grande expérience ici que…
Des
voix : …
Le Président : …lorsqu'on
veut faire une question de fait personnel, ça prend un dépôt, ça prend un dépôt avant la période de questions. Cela étant dit, M. le
ministre des Finances, veuillez continuer, s'il vous plaît.
Une
voix : …
M.
Marceau : Oui. Encore merci, M. le Président. Alors, écoutez,
on va parler d'emploi. Ça, ici, ce sont les prévisions qui avaient été faites
par Raymond Bachand à l'époque où il a déposé un budget en mars 2012, et c'est
le résultat. Pour l'année 2012, vous voyez
que, sous notre gouvernement, il s'est créé 10 000 emplois de plus. Par
ailleurs, en 2013, les prévisions de Raymond Bachand se situaient à un peu plus
de 30 000, et, à ce jour, on est à 62 000.
Cela étant, M. le Président, nous ne nions pas qu'il y a
des préoccupations quant au marché du travail, et c'est la raison…
Des
voix : …
M.
Marceau : …c'est la raison pour laquelle nous avons déposé
notre politique économique Priorité emploi, qui
va créer à terme plus de 40 000 emplois. Et, quand on les ajoute à ceux
qui auraient été créés par l'économie de façon
plus naturelle, on arrive à 115 000 emplois, M. le Président. C'est notre
préoccupation, c'est notre priorité, et on
agit.
Le
Président : Première complémentaire, M. le député de Brome-Missisquoi.
M. Pierre Paradis
M.
Paradis :
Oui, M. le Président. Vous me permettrez une citation d'Alain Dubuc, Emplois
et intermède mammaire :
«Jusqu'ici,
le ministre [des Finances], en profitant d'une anomalie statistique, insiste
sur le fait qu'il s'est créé 62 000 emplois par rapport à l'an dernier, et
proclame qu'"on va plus vite [et] mieux que l'ancien gouvernement".
C'est quand même un tour de force de se vanter des succès sur le front de
l'emploi quand les emplois sont en chute libre.» Réponse?
Le
Président : M. le ministre des Finances.
M. Nicolas Marceau
M.
Marceau : M. le Président, à ce jour, on ne sait toujours pas
avec quelles mesures ils ont un problème. Est-ce
que ce sont les mesures qu'on a mises en place, immédiates, pour créer des
emplois pour les Québécois, pour créer de l'investissement au Québec?
Est-ce que c'est contre ça qu'ils sont, M. le Président? Est-ce que ce sont…
contre des mesures structurelles qui
s'attaquent aux problèmes structurels de l'économie du Québec? La productivité,
l'investissement et l'innovation, est-ce que c'est contre ça, M. le Président,
que le Parti libéral…
Enfin, on n'entend rien, on n'entend
rien. Tout ce qu'on entend, M. le Président, c'est parler d'élection. Ils sont désormais en angoisse électorale, M. le Président.
Alors, écoutez, M. le Président, nous autres, là, on a décidé de créer des jobs. Eux autres, ils veulent sauver leurs jobs.
Bien, nous, on n'est pas là-dedans. On veut créer des emplois pour les
Québécois.
•
(10 h 30) •
Le
Président : En terminant. Deuxième complémentaire, M. le député
de Brome-Missisquoi.
M. Pierre Paradis
M.
Paradis : M. le
Président, M. Dubuc ni la population du Québec n'ont obtenu de réponse, je vais continuer à le citer. M. Dubuc dit :
«J'ai déjà écrit sur la position intenable du
ministre des Finances. Si je reviens sur la question, c'est que je suis assez étonné, voire estomaqué, qu'un ministre
maintienne la même ligne depuis quatre semaines, avec un discours partisan et
primaire qui entache sa crédibilité.»
Il y a 45 000 personnes qui ont perdu
leur emploi au Québec, et vous trouvez ça drôle. Vous promettez d'en créer 43 000 au cours des trois prochaines années et
vous voulez qu'on vous croie? Votre…
Le
Président : M. le ministre des Finances.
M. Nicolas Marceau
M.
Marceau : M. le Président, nous avons déposé une politique
économique qui va accélérer la création d'emplois
immédiatement, M. le Président, immédiatement, qui va créer des… qui va faire
en sorte que les Québécois et les familles du Québec vont pouvoir
bénéficier de crédits d'impôt pour rénover leur maison. On va aussi mettre des
sous pour que les écoles du Québec soient rénovées. M. le Président, nous
autres, on pense aux familles, on pense aux emplois des Québécois, on pense à
l'investissement de nos entreprises. Et l'économie du Québec va se porter mieux
parce qu'on a déposé une politique qui a du bon sens, M. le Président.
Le
Président : Principale, Mme la députée de La Pinière.
Coupes
dans le budget consacré aux infrastructures
Mme Fatima Houda-Pepin
Mme Houda-Pepin : M. le
Président, hier, j'ai dénoncé ce gouvernement pour ses annonces électoralistes sans provision budgétaire dans le domaine du transport. Ce
gouvernement, qui a coupé 15 milliards de dollars dans le budget des infrastructures, multiplie les
annonces. Il s'agit, entre autres, du SLR, de la ligne bleue du métro de
Montréal, de l'électrification des autobus dans l'axe Saint-Michel, du
monorail. À vue d'oeil, on est rendus à plusieurs milliards de dollars, et ce gouvernement prétend les
réaliser avec un maigre 500 millions de dollars. Encore ce matin, le
président de la Société des transports de
Montréal, Michel Labrecque, a rappelé à ce gouvernement et a tiré la sonnette
d'alarme sur le déficit d'entretien de la STM de 2 à 3 milliards de
dollars.
Que répond le ministre des Transports au
président de la STM, qui lui dit, et je cite : «...je m'oppose à ce qu'on
prolonge le métro tant qu'on n'aura pas d'argent pour l'entretien. Je dis oui
au développement, [...]mais [non à un déficit] de fiabilité.»
Le
Président : M. le ministre des Affaires municipales.
M. Sylvain Gaudreault
M.
Gaudreault : Oui, merci, M. le Président. D'abord, je tiens à souligner que la
députée de La Pinière vient de faire ressortir les nombreuses annonces,
les nombreuses orientations en termes de transport collectif, qui marquent vraiment la différence pour notre gouvernement, avec le SLR, avec la ligne bleue, avec les voies
réservées, M. le Président, avec tout ce qui s'en vient en termes de transport
collectif. On a également, pour la première fois dans l'histoire du
ministère des Transports, nommé un sous-ministre dédié spécifiquement au
transport collectif. Ça, ça fait vraiment de notre gouvernement le gouvernement des
transports collectifs.
On en fait... On est également un gouvernement responsable, contrairement
à l'ancien gouvernement, M. le Président. Je
veux juste rappeler l'ancien député Raymond Bachand, qui disait que les libéraux s'étaient enthousiasmés, de sorte
que, sous l'ancien régime, c'était un festival d'annonces sans aucun budget,
sans aucune prévision. On agit de façon responsable en faisant les bonnes prévisions et en faisant les bonnes
études pour être capables de faire les bons appels d'offres, M. le
Président, et c'est comme ça qu'on travaille.
Le
Président : En terminant.
M. Gaudreault : Et, en terminant, je veux dire que j'ai eu une très
bonne rencontre avec les gens de la STM hier, qui m'ont fait remarquer
que le déficit d'entretien de la STM, c'est parce que l'ancien gouvernement...
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée de La Pinière.
Mme
Fatima Houda-Pepin
Mme
Houda-Pepin : M. le Président, est-ce que le ministre comprend qu'il y
a des pannes répétitives au métro de Montréal et que celui qui connaît bien ça, le président de la Société de transport de Montréal, lui dit qu'il manque
entre 2 et 3 milliards
de dollars au seul chapitre de l'entretien des équipements existants? N'est-il
pas exact que ce gouvernement a coupé 15 milliards de dollars dans le budget des
infrastructures et qu'il nous fait accroire aujourd'hui qu'il va
réaliser des mégaprojets avec de l'argent de Monopoly?
Le
Président : M. le ministre des Affaires municipales.
M. Sylvain Gaudreault
M. Gaudreault : Oui. M. le
Président, tout le monde comprend très bien qu'un déficit d'entretien n'arrive pas du jour au
lendemain. L'ancien gouvernement a négligé pendant neuf ans, neuf ans,
l'entretien des réseaux, des systèmes de transport à travers le Québec,
particulièrement dans le transport collectif, M. le Président. Pour nous, c'est
une priorité. Nous sommes en train de travailler à la Politique québécoise de mobilité
durable et nous allons y arriver. Nous allons déposer des budgets pour effectivement
renforcer les transports collectifs, l'entretien, mais aussi le
développement, parce que la demande est forte, vous le savez, M. le Président.
Le
Président : Deuxième complémentaire, Mme la députée de
La Pinière.
Mme Fatima Houda-Pepin
Mme Houda-Pepin : M. le
Président, est-ce que le ministre, qui a annoncé à grand fracas le prolongement de la ligne bleue sans source de financement pour le
réaliser, se rend compte que cette même ligne bleue nécessite des réparations
majeures? Encore ce matin, elle est tombée en panne entre les stations du Parc
et Snowdon.
Que répond-il à la Société de transport de Montréal et où sont les
3 milliards de dollars pour assurer la
sécurité et la fiabilité du métro pour les usagers de Montréal? Est-ce qu'il
peut arrêter ses diversions et...
Le
Président : M. le ministre des
Affaires municipales.
M. Sylvain Gaudreault
M. Gaudreault : Écoutez,
M. le Président, est-ce que la députée est pour ou est contre le prolongement
de la ligne bleue et le développement du
transport collectif à Montréal? C'est ça, la
vraie question.
Une
voix : ...
M.
Gaudreault : Est-ce que la députée peut reconnaître qu'il y a
eu du cafouillage...
Une
voix : ...
M.
Gaudreault : ...durant les neuf dernières années du
gouvernement libéral en matière de planification, en matière de budget...
Le
Président : Juste une seconde.
Des
voix : ...
Le
Président : S'il vous plaît! S'il vous plaît! D'un côté comme
de l'autre.
Des
voix : …
Le Président : S'il vous
plaît! Il y a une personne, ici, qui a le droit de parole, c'est le ministre.
La question a été bien posée, j'aimerais
entendre le ministre de la même façon.
M. Gaudreault : Est-ce que
j'ai besoin de rappeler que, seulement pour le remplacement des wagons de métro, le gouvernement
précédent a dû se reprendre à trois reprises avec des mauvaises planifications
et des dépassements de coûts? Ça, c'est la réalité de l'ancien
gouvernement, M. le Président.
Le
Président : Principale, M. le chef du deuxième groupe
d'opposition.
Une
voix : ...
Le Président : M. le député de Louis-Hébert!
Une voix : ...
Le
Président : M. le député de Louis-Hébert! Merci. M. le
chef du deuxième groupe d'opposition.
Utilisation
des sommes prévues pour la
politique économique Priorité emploi
M. François Legault
M. Legault : M. le Président, lors de la dernière campagne électorale, la première
ministre a promis
d'abolir la taxe
santé pour tous les Québécois. Une fois
qu'elle a été au pouvoir, elle nous a dit que le gouvernement n'avait pas assez d'argent; elle a aboli la taxe santé seulement pour ceux qui gagnent moins de 18 000 $ par année. Donc, elle a renié sa promesse pour toute la classe moyenne; elle a
choisi de laisser tomber la classe moyenne.
Lundi, la première ministre nous a dit
qu'elle a trouvé 516 millions de dollars pour l'électrification des transports. Pendant ce temps-là... aujourd'hui, le
président de la STM nous dit qu'il est incapable d'entretenir correctement le métro de Montréal. Donc, la première ministre nous
promet que le gouvernement va développer un véhicule électrique
rechargeable, alors qu'elle n'a aucun partenaire privé. Avant de faire de
nouvelles promesses, M. le Président, il faut d'abord respecter les promesses
qu'on a faites avant. C'est une question de respect pour l'ensemble des
Québécois.
Donc, ma question très simple, ce matin, à la
première ministre : Pourquoi n'a-t-elle pas choisi de respecter sa promesse d'abolir la taxe santé pour tout le monde avec
le nouvel argent qu'elle a trouvé?
Le
Président : Mme la première ministre.
Mme Pauline Marois
Mme
Marois : Alors, M. le Président, je me rappelle du jour où
le chef du deuxième groupe d'opposition souhaitait nous renverser si nous
voulions modifier la taxe santé tel qu'on l'avait proposé. Je me souviens de
ses propos à ce moment-là. Peut-être a-t-il
eu le temps de changer d'idée depuis? Je peux constater le tout, M. le
Président.
Quand
le chef du deuxième groupe d'opposition se lève pour nous interpeller sur un
certain nombre de mesures que l'on trouve
dans la politique et la nouvelle stratégie en matière d'emploi, j'aimerais
l'entendre nous dire avec quelle mesure il est en désaccord, M. le
Président. Est-ce qu'il est en désaccord avec le fait qu'on aide les familles à
rénover leur maison en même temps qu'on veut
atteindre une réduction de nos émissions de gaz à effet de serre et être
plus efficaces au niveau de l'énergie, M. le Président? Est-ce avec ça qu'il
est en désaccord? Est-ce qu'il est en désaccord avec le fait que l'on invite les entreprises à investir dans leur
équipement, dans le renouvellement de leur matériel, dans des nouvelles technologies pour se moderniser et être
plus productives et être plus efficaces? Il me semble que… ces
propos-là, dans la bouche du chef du deuxième groupe d'opposition, me semblent
assez cohérents. Si c'était le cas, M. le Président,
je veux savoir avec quoi il est en désaccord par rapport à la politique que
nous avons proposée, M. le Président.
•
(10 h 40) •
Le
Président : Première complémentaire, M. le chef du deuxième
groupe d'opposition.
M. François Legault
M. Legault : M. le Président, c'est une question de
priorités. On le sait, le Québec
est déjà de loin la province qui a le plus de
crédits d'impôt aux entreprises. Il faut faire le ménage, pas en ajouter.
M. le Président, pourquoi la première ministre
a de l'argent pour développer un véhicule électrique, sans partenaire privé, puis elle n'a pas
d'argent pour respecter sa
promesse d'abolir la taxe santé? Il me semble que c'est clair.
Le
Président : Mme la première ministre.
Mme Pauline Marois
Mme
Marois : Alors, j'imagine que le chef du deuxième groupe
d'opposition s'est rendu compte que notre priorité,
c'était l'emploi, l'emploi de qualité, payant, bien rémunéré pour les Québécois
et les Québécoises. Et, à moult reprises,
il s'est levé ici pour dire : Pourquoi ne pas faire le ménage dans les
crédits d'impôt? Alors, s'il sait quoi faire comme ménage dans les
crédits d'impôt, lesquels veut-il que nous remettions en question, M. le
Président? Est-ce qu'il veut qu'on remette
en question les crédits d'impôt qui concernent les fonds de travailleurs, M. le
Président? Est-ce que c'est des crédits d'impôt comme ceux-là dont il
parle? Est-ce qu'il veut qu'on remette en question les crédits d'impôt en
matière de recherche et développement…
Le
Président : En terminant.
Mme
Marois : …alors
que le Parti libéral nous a fait prendre un retard en ces matières, M. le
Président, et qu'il…
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M. François Legault
M. Legault : J'invite la
première ministre à lire nos documents. On a déjà dit : Il y a
800 millions de crédits d'impôt en
recherche-développement qui doivent être revus.
Mais ce n'est pas ça, la question ce matin.
La question ce matin, c'est : Si le gouvernement a vraiment de l'argent, pourquoi il ne respecte pas sa promesse d'abolir
la taxe santé pour tous les Québécois? Pourquoi il ne veut pas aider la classe
moyenne?
Le
Président : Mme la première ministre.
Mme Pauline Marois
Mme
Marois : Alors,
M. le Président, quand nous sommes arrivés au gouvernement, évidemment, notre marge de manoeuvre était très limitée compte tenu,
malheureusement, des mauvaises décisions prises par le gouvernement libéral qui nous a précédés. Nous avons cependant
corrigé le tir dans plusieurs cas et en particulier pour la classe
moyenne. Nous avons réduit de la moitié la taxe santé qui était une taxe
injuste et qui est maintenant progressive plutôt que régressive comme elle était dans le passé. Nous avons aboli la hausse de
0,01 $ du kilowattheure du tarif d'électricité. J'ai déjà entendu, moi, le chef du deuxième groupe
d'opposition proposer de hausser les tarifs d'électricité, M. le
Président, doubler, même, alors que nous, nous avons baissé les taxes
d'électricité…
Le
Président : En terminant.
Mme
Marois : …pour la classe moyenne, M. le Président. Ce sont
des…
Le
Président : Principale, M. le député de Saint-Jérôme.
Commission
parlementaire sur le Fonds
de solidarité des travailleurs du Québec
M. Jacques Duchesneau
M.
Duchesneau : M. le Président, depuis plusieurs semaines déjà,
un nuage sombre plane au-dessus du Fonds de
solidarité de la FTQ. En plus des témoignages troublants qu'on a entendus à la
commission Charbonneau, une bataille judiciaire s'est engagée entre la
commission et le fonds concernant l'utilisation de l'écoute électronique. Qu'y
a-t-il à cacher? Une chose est sûre, M. le Président, la population n'a rien
pour être rassurée.
La commission Charbonneau fait un travail
extraordinaire pour justement faire la lumière sur des activités illicites, et on doit respecter et aider son mandat. De la
même façon, les parlementaires ont le devoir de rassurer les citoyens qui se
demandent si le fonds a changé ses façons de faire ou encore si certains
groupes font des pressions auprès des dirigeants du fonds pour influencer les
investissements.
M.
le Président, le gouvernement a le devoir de faire toute la lumière sur la
gestion actuelle du fonds et il doit convoquer rapidement les dirigeants à
l'Assemblée nationale…
Le
Président : M. le leader du gouvernement.
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard : Je remercie le collègue de sa question. On pensait
qu'il était déjà parti. Ça fait longtemps qu'on ne l'avait pas vu. Donc, je
suis très content d'avoir sa question aujourd'hui. Il soulève une question fort
importante, M. le Président, qui, je pense,
a le mérite de mettre en lumière les travaux de la commission Charbonneau,
commission que nous avons réclamée à grands cris pendant tout près de trois ans
et que le Parti libéral, malheureusement, a retardé à mettre en place. Le coût
a été énorme pour notre société. Ça a littéralement été, je pense, une des
pires décisions de l'histoire du Québec, qui
a fait en sorte que nous avons vécu des tourments et nous avons même encouragé
des pratiques qui étaient frauduleuses et mafieuses, M. le Président. Je
pense que ce que fait... Le travail de la commission Charbonneau, il est
important, et notre devoir... Nous avons prolongé son mandat pour lui permettre
d'aller au fond des choses. Et nous souhaitons, à terme, avoir le rapport qui
va nous permettre…
Le
Président : M. le leader du deuxième groupe d'opposition.
M.
Deltell : M. le Président, article 79. La question du député
était très claire; elle porte sur la
possibilité de tenir une commission parlementaire sur ce qui se passe
actuellement sur le fonds de la FTQ. Une réponse, s'il vous plaît.
Le
Président : M. le leader du gouvernement.
M.
Bédard : Je pense que la question a sa réponse. Il y a la
commission Charbonneau, et nous
n'interférerons surtout pas — c'est notre responsabilité — dans le travail de la commission Charbonneau. Toute
personne sait cela ici. Alors, j'invite
plutôt le député à appuyer la commission et à faire en sorte que celle-ci ait
tous les moyens pour aller au fond des choses, et c'est ce que nous
souhaitons, M. le Président.
Le Président :Première complémentaire? Première
complémentaire, M. le député de Lévis.
M.
Christian Dubé
M.
Dubé : Merci, M. le Président. Ce que nous demandons au ministre des Finances, c'est très simple : c'est de rassurer la population, de rassurer les petits épargnants.
En fait, le Fonds de solidarité, c'est près de 10 milliards d'actif. C'est plus de 600 000
actionnaires. Le Fonds de solidarité coûte 150 millions par année au
Trésor québécois.
Maintenant,
pour protéger les petits épargnants qui investissent toujours dans le Fonds de
solidarité, quelles sont les actions concrètes
que le gouvernement est prêt à poser rapidement pour rassurer la population?
Le Président :
M. le président du Conseil du trésor.
M. Stéphane
Bédard
M.
Bédard :
Bien, je pense que le devoir de chacun des membres de cette Chambre, c'est
d'être responsable par rapport à ses
propos ou à ce qu'il pourrait insinuer. Je pense que le Fonds de solidarité
s'exprime régulièrement sur la teneur
de leurs investissements. Et ces investissements appartiennent au Fonds de
solidarité, effectivement. Et je pense
que notre devoir à tous, c'est de ne pas créer d'ambiguïté dans l'esprit de la
population et des travailleurs.
En ce qui concerne le reste, ce que j'invite mes
collègues encore une fois, c'est de suivre attentivement les travaux de la
commission, de ne pas ouvrir un tribunal parallèle, mais bien de s'assurer que
cela se fasse dans un cadre bien établi. Et je dois dire effectivement
que la commission prend les moyens pour bien encadrer la chose…
Le Président :
En terminant.
M.
Bédard :
…et révéler aux Québécois ce qu'ils devraient savoir, M. le Président.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Lévis.
M.
Christian Dubé
M. Dubé :
M. le Président, je vais être très clair : notre objectif, c'est de
rassurer la population, les petits investisseurs
mais aussi les entreprises. Nous voulons qu'il y ait de la transparence et
connaître les gestes qui ont été posés concrètement, depuis 2009, par le
fonds, pour assurer une meilleure gouvernance.
Est-ce que le
gouvernement est d'accord à convoquer rapidement une commission parlementaire
pour faire la lumière?
Le Président :
M. le leader du gouvernement.
M.
Stéphane Bédard
M.
Bédard :
Honnêtement, c'est très difficile de suivre où va le député. Je ne sais pas en
quoi il veut se transformer. Ce qui est
évident, c'est que le Fonds de solidarité comme tous les organismes, en termes
financiers, sont assujettis aux
règles de l'Autorité des marchés financiers, qui suit les dossiers de très
près. Eux-mêmes sont transparents par rapport à leurs règles éthiques et
sur leurs investissements. Je pense que les membres, d'ailleurs, ce sont des
gens très intéressés, les membres et ceux qui ont…
Une voix :
…
M.
Bédard : …qui déposent leur argent auprès du FSTQ. Je pense
que notre devoir — et là j'entends le chef de la
CAQ, là — à tous n'est surtout pas
de créer des inquiétudes par rapport aux placements qu'ont nos gens, mais
plutôt de s'assurer, nous…
Le Président :
En terminant.
M.
Bédard :
…lorsque nous portons des accusations, qu'elles soient fondées, M. le...
Le
Président : Principale, M. le député de Laurier-Dorion.
Utilisation
du Fonds vert
M.
Gerry Sklavounos
M.
Sklavounos : M. le Président, lundi, le Parti québécois
confirmait son échec en matière des finances
publiques en annonçant en panique une politique pour tenter de relancer
l'économie qu'il a lui-même mise à terre dans la dernière année par son manque de vision et son inaction. Lorsqu'on
demande à la première ministre comment elle paiera ces mesures préélectorales,
elle nous dit que 711 millions proviendront de l'argent du Fonds vert pour
la lutte aux changements climatiques. Je rappelle d'abord au ministre de
l'Environnement que le Fonds vert est le moyen que les Québécois se sont donné
pour réduire les gaz à effet de serre, pas une caisse électorale du PQ. De
plus, l'argent de ce fonds est déjà alloué
aux municipalités, aux entreprises et aux chercheurs dans le cadre de notre
plan d'action 2013‑2020 sur les changements climatiques.
M.
le Président, le ministre comprend bien que l'argent ne peut être à deux places
en même temps : on ne peut pas aller à la banque et à l'épicerie avec le même
chèque. Est-ce qu'il va faire ce qui est responsable et nous dire,
aujourd'hui, qui sera sacrifié sur…
Le Président :
M. le ministre de l'Environnement.
M.
Yves-François Blanchet
M.
Blanchet : Merci, M. le Président. L'exercice de lundi est
une démonstration assez exemplaire de la
capacité de notre gouvernement, et c'est très nouveau, de concilier le développement
économique, l'emploi et l'environnement.
Des voix :
…
M.
Blanchet :
Et, en effet…
Des voix :
…
M.
Blanchet :
En effet, on peut…
Des voix :
…
Le
Président : S'il vous plaît. Le député aura la chance de poser
une question supplémentaire, une question…
Mais, si vous êtes d'accord avec le ministre, on va continuer de l'écouter.
Alors, M. le ministre.
M.
Blanchet : Outre que je me demande ce que mon collègue…
lesquels aspects de notre politique de lundi
mon estimé collègue n'approuve pas, je souligne qu'effectivement les
négociations qui ont été menées sur la bourse du carbone vont effectivement être un succès considérable permettant au
Fonds vert de faire exactement ce pour quoi il existe et à nous amener
vers des réductions massives de nos émissions de gaz à effet de serre, faisant
de nous des leaders à l'échelle mondiale.
• (10 h 50) •
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Dorion… Laurier-Dorion.
M.
Gerry Sklavounos
M.
Sklavounos : M. le Président, c'est assez simple, on va remplacer une somme
d'argent réelle par une somme d'argent hypothétique sur
la base d'une autre prévision péquiste. M. le
Président, le Fonds vert est en danger. Les entreprises, municipalités et les
chercheurs luttant contre les changements climatiques attendent cet argent.
Le
ministre a un choix à faire. Va-t-il se lever aujourd'hui pour protéger le Fonds vert ou
s'écrasera-t-il mollement devant la commande
électorale de sa première ministre?
Le Président : M. le ministre de l'Environnement.
M.
Yves-François Blanchet
M.
Blanchet : Je suis très heureux, M.
le Président, de me lever pour dire qu'en
effet nous mettons le Fonds vert au travail afin de réaliser ce pour quoi il a été créé. Et je me demande et je demanderais
à mon collègue de m'expliquer ou de m'exprimer s'il est en désaccord avec
l'électrification des transports et les réductions importantes, très
importantes, d'émission de gaz à effet de serre qui viennent avec, les
programmes au niveau de la rénovation ou quel aspect, quel aspect de nos
politiques, qui ont toutes un volet environnemental, quel aspect de nos
politiques ne les convainc pas.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Laurier-Dorion.
M. Gerry Sklavounos
M.
Sklavounos :
M. le Président, le ministre ne met pas le Fonds vert au travail, il prend
l'argent du Fonds vert et il l'amène
ailleurs. La politique électorale du Parti québécois repose sur des prévisions
péquistes qui ont coulé notre économie,
qui sont basées sur le vent. On parle… On prend 700 millions qu'on a pour
les remplacer par 700 millions qu'on n'a pas, ce n'est pas sérieux.
Est-ce
que le ministre va avoir le courage de nous dire qui, des municipalités, les
entreprises, les citoyens, nos chercheurs,
seront coupés…
Le Président :
M. le ministre de l'Environnement.
M.
Yves-François Blanchet
M.
Blanchet :
Ma lecture des chiffres fort intéressants du plan déposé lundi suggère qu'en
particulier les chercheurs vont être contents, parce qu'enfin nous déployons
des moyens et des ressources pour que des chiffres purement théoriques,
annoncés par le gouvernement d'avant, prennent une forme réelle et tangible en
termes de réduction d'émissions de gaz à
effet de serre à l'horizon 2020, une réduction de 25 % qui sera chiffrée,
quantifiée dans un plan dont de gros, gros morceaux sont déjà dans le
plan lundi. Parce que, je le répète, c'est la première fois que ça existe, nous
avons un gouvernement qui concilie environnement et développement économique.
Le Président :
Principale, Mme la députée de Groulx.
Gestion du Centre hospitalier
de l'Université de Montréal
Mme
Hélène Daneault
Mme
Daneault : M. le Président, sans grande surprise, on
apprenait récemment que le conseil
d'administration du CHUM s'est senti obligé
de demander la présence d'un accompagnateur, étant donné l'inaction du ministre
dans ce dossier. Pourtant, le
ministre était bien au fait, depuis juin dernier, que la direction générale
transgressait la loi n° 100, fractionnait des contrats sans même en
connaître la notion, bonifiait illégalement le salaire du D.G. à même la fondation du CHUM. Et, malgré ces faits
troublants, le ministre s'est réjoui, en août dernier, de la prolongation du
contrat de son D.G. Comme si ce n'était pas
suffisant, l'agence de santé de Montréal a déposé récemment un rapport
dévastateur sur la gestion du CHUM faisant état de la nomination surnuméraire
des cadres en plus de versements de bonis illégaux à des cadres supérieurs.
M. le Président, quel
est le niveau de confiance actuel du ministre envers la direction générale du
CHUM?
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
M.
Réjean Hébert
M.
Hébert :
M. le Président, devant certaines évidences de problèmes de gestion, notamment
des cadres, au CHUM, nous avons demandé à l'Agence de la santé et des services
sociaux de Montréal de faire une vérification. Cette vérification, elle a été faite, et le rapport a été rendu, M. le
Président. En parallèle, le Vérificateur général du Québec est en train d'examiner la gestion financière de
l'établissement, notamment en ce qui concerne la rémunération des cadres
et du directeur général, et son rapport devrait être rendu public au cours des
prochaines semaines, M. le Président.
Je
salue la décision du conseil d'administration du CHUM de demander un
accompagnement à l'agence de façon à ce que le resserrement des règles de gouvernance
et des règles de gestion qu'il a amorcé puisse être opérationnel, M. le
Président. Et nous pourrons, à ce moment-là, avec cet accompagnateur, nous
assurer que le retour à la normale des règles
de gouvernance et de gestion dans cet établissement, qui est un établissement
extrêmement important pour le Québec, M. le Président, que ce retour à
la normale s'effectue bel et bien. Et j'ai bonne confiance que l'établissement
pourra redresser la situation, M. le Président.
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée de Groulx.
Mme
Hélène Daneault
Mme
Daneault : M. le Président, malgré la présence de
378 cadres au CHUM pour 400 lits de… actifs, on assiste à une
performance, en termes de santé physique, déficiente de 18 millions par rapport à un
établissement comparable. Pour remédier à ça, on ajoute la présence d'un
accompagnateur, comme on l'a fait antérieurement au CUSM.
M. le Président, combien coûte en services aux
patients la multiplication des cadres supérieurs et le manque de courage du ministre?
Le Président : M. le ministre de la
Santé.
M. Réjean Hébert
M.
Hébert : M. le Président, à mon arrivée en fonction, évidemment, nous avons observé une dérive au Centre universitaire de santé McGill et nous avons tout de suite mis en
place, à la demande du conseil
d'administration d'ailleurs, qui constatait également cette dérive, un
accompagnateur. Et je crois que ce fut une très bonne décision, M. le Président, parce que la démarche qui est actuellement en
cours au Centre universitaire de santé McGill est une démarcherigoureuse qui fait en
sorte que le déficit budgétaire — qui est
extrêmement important — de cet établissement pourra être redressé d'ici
mars 2015, M. le
Président, avec un plan
très clair de retour à l'équilibre budgétaire et
d'amélioration des règles de gouvernance et de
saine gestion. Je pense que c'est comme ça qu'on peut accompagner, M. le Président, les
établissements dans le retour à une saine gestion et à un équilibre budgétaire.
Le
Président : Deuxième
complémentaire, Mme la députée de Groulx.
Mme Hélène Daneault
Mme
Daneault : M. le Président, à regarder la gestion tout aussi déficiente du Québec par l'actuel gouvernement, à quand la
nomination de son propre accompagnateur?
Le
Président : M. le ministre de la Santé.
M. Réjean Hébert
M.
Hébert : M. le
Président, les Québécois l'ont justement élu, l'accompagnateur, M. le
Président, et nous avons, dès notre entrée en
fonction, redressé la situation budgétaire du ministère de la Santé et des
Services sociaux qui allait à la dérive, M.
le Président. Nous sommes entrés dans nos objectifs budgétaires l'an dernier et
nous ferons la même chose cette année, M. le Président.
Le
Président : Principale, M. le député de Brome-Missisquoi.
Lettre
du Vérificateur général concernant l'analyse
de la mise à jour économique du gouvernement
M. Pierre Paradis
M.
Paradis : Oui. M. le Président, en parlant d'un processus
budgétaire…
Des
voix : …
Le Président : S'il vous
plaît! Il n'y a qu'une personne ici qui a la parole, et c'est le député de
Brome-Missisquoi.
Une
voix : …
Le
Président : Ah! M. le leader, écoutez ça, ça va être bon. M. le
député de Brome-Missisquoi.
M.
Paradis : Oui, M. le Président. Le gouvernement du Parti
québécois, à trois reprises, a insisté pour que le Vérificateur général
n'analyse pas la situation financière du Québec. Le 19 septembre, le
1er octobre et encore hier, le 8 octobre, des motions ont été soit défaites
par le Parti québécois, soit refus de consentement, mais malgré tout
l'Assemblée nationale en a adopté une, et cette motion demandait au
Vérificateur général d'intervenir.
Tantôt, le ministre des Finances disait qu'il
n'avait pas la compétence, le Vérificateur général. Plus tard, son adjoint parlementaire a
dit que c'était totalement superflu. Or, ce matin, M. le Président, vous avez
reçu du courrier pendant la période
de questions. Le Vérificateur général vous informe, et je lis : «Par la
présente, je désire informer l'Assemblée nationale de mon intention de
donner suite à la motion suivante, laquelle a été adoptée le 24 septembre
dernier :
«Que
l'Assemblée nationale mandate le Vérificateur général du Québec…»
Le
Président : C'est à votre tour, M. le leader du gouvernement.
Une réponse aussi bonne que la question.
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard : Bon,
écoutez, M. le Président, honnêtement, le député n'a pas eu le temps de
terminer. Effectivement, la question ne
semblait pas être préparée, et on manque un peu de question. Je peux… On peut
le comprendre. Je pense que la politique économique reçoit un si bon accueil,
M. le Président, qu'on tente de trouver des questions…
Des
voix : …
Le Président :
M. le leader de l'opposition.
M. Moreau : Ce dont on
manque le plus ici, ce sont des réponses, M. le Président.
Le
Président : M. le leader du gouvernement, vous n'avez pas
terminé?
M.
Bédard : Sur la question de règlement, M. le Président.
Le
Président : Ah! Sur la question de règlement.
M.
Bédard : Bien là, il vient de faire une question de
règlement.
Le
Président : Ce n'était pas vraiment une question de règlement.
Une
voix : …
Le Président : Je l'ai
écouté. Ce n'est pas parce que je l'ai écouté que c'était une question de
règlement. Il fallait que je l'écoute pour
pouvoir juger que ce n'était pas une question de règlement. Mais continuez.
M.
Bédard :
…règlement aussi. Donc, effectivement, ce que nous plaignons, M. le Président,
c'est le fait de ne plus avoir de question.
Alors, si on se plaint de ne pas avoir…
Des
voix : …
Le
Président : M. le leader du gouvernement, continuez donc sur
votre lancée, c'était bien.
•
(11 heures) •
M.
Bédard : Bien voilà, M. le Président, c'est qu'effectivement
cette politique fut saluée à la grandeur du Québec,
et malheureusement ceci se combine à une diminution de façon importante du
ratio, là, de l'équipe économique au sein
du Parti libéral, qui est presque réduite à néant, M. le Président. Ce qu'on en
prend pour preuve ce matin, c'est qu'on joue dans le courrier de
l'Assemblée. Puis c'est bien. Ce qu'on dit simplement — et
là je peux finir la lecture que mon collègue
a faite : que le Vérificateur fait ce qu'on lui demande, même si,
évidemment, ça ne va pas à l'intérieur de son mandat. Mais il va le
faire, et on a voté pour la motion.
Donc,
ce qui est clair là-dedans, c'est qu'on est en état de diversion,
littéralement. C'est vrai que la…
Des
voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît! Il n'y a qu'une personne qui a le droit de parole ici, c'est le leader
du gouvernement.
M.
Bédard :
L'opposition cherche toutes les façons possibles de ne pas dire sur quoi ils
sont en désaccord avec la politique
économique. J'aimerais bien, M. le Président, qu'on parle des mesures de
création d'emplois pour les Québécois, ce serait une bonne chose pour...
Le
Président : En terminant.
M.
Bédard : ...le critique de l'opposition en matière de
finances, M. le Président.
Le Président : Première
complémentaire, monsieur... Principale? Principale, M. le député de Brome-Missisquoi.
Analyse de la prochaine mise à
jour économique
du gouvernement par le Vérificateur
général
M. Pierre Paradis
M.
Paradis : Oui.
Je comptais sur mon bon ami le président du Conseil du trésor pour compléter la
lecture de la missive du Vérificateur général
à votre attention. Vu qu'il ne l'a pas fait, je vais poursuivre. Le
Vérificateur général dit donc : «Je
compte commencer mes travaux promptement de façon à répondre aux attentes des
parlementaires, et ce, dans le respect de la Loi sur le vérificateur
général. Enfin, j'évaluerai la possibilité de déposer à l'Assemblée nationale
mon rapport au moment où la mise à jour économique sera rendue publique.»
Ma question est bien simple au ministre des Finances :
Quand va-t-il cesser son obstruction au travail du Vérificateur général
et lui assurer de sa collaboration?
Le
Président : M. le leader du gouvernement.
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard : Honnêtement, là, il faut être mal pris ce matin,
là. Je pense que, le leader, je vais l'inviter à revoir un peu comment il
prévoit ses questions, parce que je comprends que la banque de questions n'est
pas là, et là on tente
de faire dire à la lettre ce qu'elle ne dit pas. Le vérificateur, il dit : Écoutez, je vais faire mon
travail du mieux que je le peux à la lumière des mandats qui me sont donnés, parce qu'il
sait, lui, comme nous et comme les anciens membres de l'équipe
économique, dont Raymond Bachand, qui doit être très surpris, qu'on tente de faire jouer au vérificateur un rôle qu'il n'a pas, mais il dit de bon
coeur : Bien, écoutez, comme on me le demande, je vais le faire.
Alors,
c'est clair, lui aussi est pris dans la situation où tu as une opposition qui
ne sait plus vraiment où aller et qui devrait s'attarder, M. le Président, je pense, et
ça aurait été une bonne chose... Au lieu d'avoir cette obsession
électorale et ce retour des vieux chums...
On a vu ça dans le journal. Ils prennent même leurs photos, M. le Président, actuellement, imaginez-vous. Et on sait en plus que les vieux chums sont
de retour au Parti libéral. Je les inviterais à avoir des propositions constructives en matière économique, pas pour leur emploi, pour l'emploi des
Québécois, M. le Président.
Le Président :
Alors, cela met fin à la période de questions et de réponses orales.
Le Vice-Président
(M. Cousineau) : Alors...
Des voix :
…
Motions
sans préavis
Le
Vice-Président (M. Cousineau) : S'il vous plaît! Nous en sommes
à la rubrique Motions sans préavis. En
fonction de nos règles et de l'ordre de présentation des motions sans préavis,
je reconnais maintenant un membre de l'opposition officielle. M. le député de
Beauce-Sud.
Des voix :
...
Le Vice-Président
(M. Cousineau) : S'il vous plaît!
Une voix :
…
Le Vice-Président
(M. Cousineau) : Oui. Alors, oui, M. le député de
Châteauguay.
M. Fournier :
Saint-Laurent, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Cousineau) : Saint-Laurent. Excusez-moi.
Rendre hommage à M. Paul Desmarais,
homme d'affaires et philanthrope, et offrir
des condoléances à sa famille et à ses proches
M.
Fournier : M. le Président, je sollicite le consentement de
cette Assemblée afin de présenter la motion
suivante conjointement avec la première ministre, le chef du deuxième groupe
d'opposition, la députée de Gouin et le député de Blainville :
«Que
l'Assemblée nationale rende hommage à M. Paul Desmarais et offre ses plus
sincères condoléances aux membres de sa famille,
ainsi qu'à ses proches;
«Qu'elle
salue sa contribution au rayonnement de Montréal et du Québec, ainsi que son
implication sur le plan communautaire,
artistique et philanthropique.»
Le
Vice-Président (M. Cousineau) : Est-ce qu'il y a consentement
pour débattre de cette motion? M. le leader
adjoint du gouvernement.
M.
Traversy : Merci, M. le Président. Il y a consentement pour
débattre de cette motion pour une durée d'un
court débat, donc on s'en remet au jugement des parlementaires pour un court
débat sur cette question, en commençant bien
sûr par le chef de l'opposition officielle,
suivi par le chef du deuxième groupe d'opposition officielle, et en terminant,
M. le Président, par notre première ministre. J'aimerais mentionner que la
députée de Gouin et que le député de Blainville sont conjoints de cette motion
mais n'interviendront pas.
Le
Vice-Président (M. Cousineau) : Alors donc, petit débat. M. le
chef du deuxième groupe… de l'opposition
officielle, à vous la parole.
M. Jean-Marc Fournier
M. Fournier :
Petit débat pour un grand homme, M. le Président.
C'est
avec profonde tristesse que nous avons appris ce matin le décès de Paul
Desmarais. Paul Desmarais est né le
4 janvier 1927 à Sudbury, en Ontario. C'est un
Franco-Ontarien qui a fait le choix du Québec. Il incarne comment on peut à la fois être fier francophone, fier
Québécois et fier Canadien. Il a joué un rôle important dans plusieurs secteurs, notamment les
assurances, l'énergie, les services financiers, les médias. Il a commencé avec
un dollar pour devenir, au fil des années, un géant du monde des
affaires.
L'histoire
de Paul Desmarais, c'est une histoire exceptionnelle de réussite et de
promotion économique d'un francophone durant
la Révolution tranquille. En 1951, à l'âge de 24 ans, il se lance en affaires en rachetant, pour un dollar symbolique, la
compagnie d'autobus de son père,
qui, quelques années plus tard, contrôlera une grande partie du marché québécois et ontarien du transport par autobus.
Lorsqu'on pense à lui, on pense à
quelqu'un qui, au fil des ans, a réussi à développer une entreprise qui a
permis la création de plus de 30 000 emplois, M. le Président. Lorsqu'on pense à lui, on pense
aussi à son legs, Power Corporation, dont le siège social est à Montréal, qui a un
chiffre d'affaires de 33 milliards et qui gère directement ou
indirectement plus de 500 milliards.
Lorsqu'on cherche un exemple de rayonnement
du Québec dans le monde, le nom incontournable auquel on pense, c'est celui de
Paul Desmarais. C'est lui qui, le premier, a ouvert les portes et construit des
ponts avec la Chine. Il a été un grand bâtisseur de réseaux d'affaires à
l'échelle de la planète.
Paul
Desmarais est un symbole pour le Québec et pour le Canada. C'est un grand
Montréalais, un grand Québécois et un grand
Canadien. C'est une source d'inspiration pour toute la société et notamment
pour les francophones du Canada et du
Québec. Il est devenu un acteur majeur du monde des affaires à une époque où
peu de Canadiens français s'illustraient dans la communauté d'affaires.
Sa contribution est importante. Sa philanthropie a laissé sa marque auprès de plusieurs institutions, notamment
l'Université de Montréal, le Musée des beaux-arts de Montréal,
l'orchestre symphonique et dans de nombreuses œuvres de charité.
Un grand nom nous quitte ce matin. Un grand
nom apparaît aujourd'hui dans le grand livre d'histoire du Québec, du Canada et du
monde. En mon nom et au nom de tous mes collègues de l'opposition officielle,
nous offrons nos plus sincères
condoléances à sa femme, Jacqueline, ses
enfants, Paul, André, Louise et Sophie, ainsi qu'à tous ses amis. Merci, M. le Président.
•
(11 h 10) •
Le Vice-Président (M. Cousineau) :
Merci, M. le chef de l'opposition officielle. Je cède maintenant la parole au chef du deuxième groupe d'opposition. M. le
député.
M. François Legault
M. Legault : Oui. M. le
Président, je veux me joindre à tous les membres de l'Assemblée nationale, moi aussi, pour souligner le départ d'un grand homme, un grand
bâtisseur. Paul Desmarais a été pour moi une inspiration. Je me rappelle, lorsque j'avais 15 ou 20 ans, j'ai lu la biographie, à
l'époque, de Paul Desmarais. J'ai vu comment on
pouvait, même si on n'avait pas d'argent,
démarrer une entreprise, ensuite structurer des transactions pour faire des
acquisitions d'entreprises beaucoup plus
grandes que ce qu'on possède. Ça a été pour moi, là, un modèle que j'ai
utilisé, d'une certaine façon, dans le développement de Transat.
Donc,
M. Desmarais, je crois que ça a été un homme de conviction, déterminé,
quelqu'un qui a marqué le monde des affaires pas seulement au Québec, mais à
l'international. Je sais qu'il y a plusieurs entrepreneurs à Montréal qui
utilisent actuellement ses contacts qu'il a développés, entre autres en Asie.
C'est un homme qui a été assez généreux pour faire partager ses contacts. C'est aussi,
puis on ne le dit peut-être pas assez souvent,
quelqu'un — lui et son épouse — qui
a contribué beaucoup au monde des arts
et de la culture à
Montréal et au Québec.
Comme je le disais tantôt, même si je
n'ai pas… je n'ai jamais rencontré personnellement M. Desmarais, c'est quand même un
homme qui, personnellement, m'a inspiré dans toute ma carrière en affaires. Et
je veux, au nom de la deuxième opposition,
offrir à son épouse, à ses fils, nos condoléances les plus sincères. Merci.
Le
Vice-Président (M. Cousineau) :
Alors, merci, M. le chef de la deuxième opposition. Je cède maintenant la parole à la première ministre du Québec. Madame.
Mme Pauline Marois
Mme
Marois : Alors, merci, M. le Président.
C'est avec tristesse que nous avons appris ce
matin le décès de M. Paul Desmarais. Aujourd'hui, le Québec perd l'un de ses grands bâtisseurs. Je voudrais d'abord offrir mes sincères
condoléances à son épouse, Jacqueline, de même qu'à ses enfants et à toute sa
famille.
Avec le départ de M. Desmarais, nous rendons
hommage à un homme au parcours exceptionnel. Depuis ses débuts dans le domaine du transport jusqu'à Power Corporation,
M. Desmarais aura laissé sa marque, tant par sa vision ambitieuse que par un sens des affaires hors du commun. Sa réussite
remarquable, ses nombreuses qualités ont fait de lui un homme d'affaires
reconnu, éminemment respecté à travers la planète. À cet égard, rappelons que
le gouvernement
français lui a décerné, en 2008, le titre de grand-croix, la distinction
suprême de la Légion d'honneur.
Homme d'une nature réservée, notamment avec les journalistes, M. Desmarais
n'affectionnait pas particulièrement les
projecteurs. En revanche, il n'hésitait pas à épouser plusieurs causes. Comme
sa conjointe,
Jacqueline, amoureux de l'opéra, des
beaux-arts, M. Desmarais aura marqué durablement la vitalité culturelle du Québec. Aujourd'hui,
nous saluons également le départ d'un grand philanthrope qui
aimait profondément la culture, qui croyait que le contact avec l'art rend
l'humain meilleur. Sa grande générosité ainsi que celle de son épouse ont
permis à quelques-unes de nos
plus grandes institutions culturelles de se développer, de
rayonner et de permettre à un nombre croissant de Québécois de
vivre des expériences
exceptionnelles au contact de l'art. Je pense notamment à L'Opéra de Montréal, au Musée des beaux-arts de Montréal, et il y aurait
tant d'autres organisations à mentionner. Cet engagement exemplaire aura certainementinspiré d'autres
mécènes, entraîné dans son sillage de nombreux autres gestes de générosité. M.
Desmarais était un homme d'affaires admiré, influent et respecté à
travers le monde. C'était un grand mécène dont la générosité a marqué de
manière indélébile le développement des arts au Québec.
Mais j'aimerais maintenant saluer la mémoire d'un citoyen qui
aimait profondément Charlevoix, et les
Charlevoisiens lui rendaient ce respect et cette affection. Je me fais la porte-parole des gens de
ma circonscription pour réitérer ce respect et cette affection à toute la
famille en ce jour de deuil. Aujourd'hui, le Québec perd l'un de ses grands
bâtisseurs, mais la mémoire de M. Paul Desmarais demeurera à jamais associée à l'une des plus belles réussites personnelles de notre époque autant qu'à
l'oeuvre inspirante d'un grand philanthrope. Au nom de ma formation politique, au nom de notre
gouvernement,
je souhaite encore une fois mes plus sincères condoléances à sa famille et à sa
femme en particulier, de même qu'à ses amis. Merci,
M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Cousineau) :
Merci, Mme la première ministre.
Je vous invite à vous lever pour une minute de silence,
s'il vous plaît.
• (11
h 14 — 11 h 15) •
Le
Vice-Président (M. Cousineau) :
Merci.
Mise aux voix
Cette motion est-elle adoptée?
Des
voix : Adopté.
Le
Vice-Président (M. Cousineau) : Adopté.
Alors, je suis prêt à reconnaître
maintenant un membre — M. le député de Granby — de
la deuxième opposition.
M.
Bonnardel : Merci, M. le Président. Je demande le
consentement afin de présenter la motion suivante conjointement avec le député
de Blainville et le député de Mercier :
«Que l'Assemblée nationale déplore le manque de transparence
d'Hydro-Québec et de son PDG Thierry Vandal en lien aux informations cachées au gouvernement et à la
population du Québec concernant les réelles causes des pannes d'électricité majeures des 3 et
4 juillet dernier, attribuées à tort aux
feux de forêt dans le Nord
québécois.»
Le Vice-Président (M. Cousineau) :
Merci, M. le député de Granby. Est-ce qu'il y a consentement pour débattre de cette motion? M. le leader adjoint du
gouvernement.
M.
Traversy : M. le Président, il n'y a pas de consentement pour
la motion.
Le Vice-Président (M. Cousineau) :
Alors, il n'y a pas de consentement pour la motion. S'il vous plaît, les gens qui doivent quitter, faites-le rapidement. Merci.
Est-ce qu'il y a d'autres motions sans
préavis? Oui, M. le député... Un membre du gouvernement? M. le ministre de la Santé et des Services sociaux.
Souligner la Semaine de
sensibilisation
aux maladies mentales
M.
Hébert : M. le Président, je sollicite le consentement des
membres de cette Assemblée afin de présenter, conjointement avec le député de
Jean-Talon, la députée de Groulx et le député de Blainville, la motion
suivante :
«Que l'Assemblée
nationale souligne la
Semaine de sensibilisation aux maladies mentales qui a lieu
cette année du
6 au 12 octobre 2013;
«Qu'elle en profite pour affirmer sa
solidarité avec les personnes souffrant de maladie mentale et qui font souvent face aux préjugés et à des
situations de stigmatisation;
«Qu'elle salue également le travail souvent exceptionnel des personnels du réseau de la santé
et des services sociaux, oeuvrant auprès de ces personnes;
«Enfin,
qu'elle exprime tout son appui aux familles et aux proches qui doivent vivre au
quotidien avec la maladie mentale d'un membre de leur famille ou de leur
entourage.»
Le Vice-Président (M. Cousineau) :
Merci, M. le ministre de la Santé et des Services sociaux. Est-ce qu'il y a consentement pour débattre de cette motion? M. le
leader adjoint du gouvernement.
M.
Traversy : Merci, M. le Président. Il y a consentement sans
débat pour la motion.
Le
Vice-Président (M. Cousineau) :Il
y a consentement sans débat.
Mise aux voix
Est-ce que cette motion est adoptée?
Des
voix : Adopté.
Le
Vice-Président (M. Cousineau) : Adopté. Il n'y a pas d'autres motions sans préavis.
Avis touchant les travaux des commissions
Je
passe à la rubrique des avis touchant les travaux des commissions. M. le leader
adjoint du gouvernement.
M. Traversy : Merci, M. le
Président. Alors, pour les avis touchant les travaux des commissions, j'avise cette Assemblée qu'aujourd'hui la Commission de la culture
et de l'éducation poursuivra l'étude détaillée à l'égard du projet de loi n° 45, Loi sur le ministère de
l'Enseignement supérieur, de la Recherche, de la Science et de la
Technologie, aujourd'hui, de 15 heures à
18 heures, à la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine.
J'annonce, M. le Président, que la Commission
des institutions — avec mon collègue de Chambly en tête — poursuivra l'étude
détaillée à l'égard du projet de loi n° 28, Loi instituant le nouveau Code
de procédure civile, aujourd'hui, de 15 heures à 18 heures, à la salle du
Conseil législatif;
Et finalement que la Commission de la santé
et des services sociaux poursuit les consultations particulières à l'égard du projet de loi n° 52, Loi concernant les
soins de fin de vie, aujourd'hui, après les affaires courantes, pour une durée d'approximativement deux heures ainsi que de 15 heures à 18 heures, à la
salle Louis-Joseph-Papineau, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Cousineau) : Merci, M. le leader adjoint du
gouvernement.
Pour ma part, je vous avise que la Commission
de l'administration publique se réunira aujourd'hui, à la salle des Premiers-Ministres de l'édifice
Pamphile-Le May, en séance de travail, après les affaires courantes
jusqu'à 13 heures, afin de préparer l'audition portant sur les
interventions gouvernementales dans le secteur
minier; en séance publique, de 15 heures à 18 heures, afin d'entendre la ministre des Ressources naturelles; et en séance de travail, de 18 heures à
18 h 30, afin de statuer sur les observations, les conclusions et,
s'il y a lieu, les recommandations à la suite de cette audition.
À
la rubrique Renseignements sur les travaux de l'Assemblée…
Affaires du jour
La période des affaires courantes étant
terminée, nous allons maintenant passer aux affaires du jour. M. le leader adjoint du gouvernement.
•
(11 h 20) •
M. Traversy : Merci, M. le
Président. Nous sommes rendus à l'instant critique d'une situation fort intéressante, c'est-à-dire à l'adoption finale d'un projet
de loi très attendu en cette Chambre. Je vous demanderais donc d'appeler
l'article 21 de notre feuilleton.
Projet de loi n° 27
Adoption
Le
Vice-Président (M. Cousineau) : Alors, à l'article 21 du feuilleton,
voilà, M. le ministre des Affaires municipales,
des Régions et de l'Occupation du territoire propose l'adoption du projet de
loi n° 27, Loi sur l'économie sociale. Y a-t-il des interventions?
M. le ministre des Affaires municipales.
M. Sylvain Gaudreault
M. Gaudreault : Oui.
Alors, merci, merci beaucoup, M. le Président. Écoutez, je n'ai pas l'intention d'intervenir trop
longuement, considérant qu'hier, à
la prise de considération du rapport de la commission nous avons eu l'occasion de réaffirmer les principaux objets du projet
de loi n° 27, autant de ce côté-ci que du côté de l'opposition officielle, que du deuxième
parti d'opposition. Mais je tiens quand même à prendre la parole parce que c'est une étape évidemment
essentielle, finale d'un projet de loi qui est extrêmement attendu, M. le Président, dans
divers milieux, dans toutes les régions du Québec, principalement dans le milieu associatif, coopératif,
mutualiste, dans toute la grande famille de l'économie sociale.
Je veux vous dire également, M. le Président, que c'est
avec beaucoup,
beaucoup de
fierté que je me lève aujourd'hui pour parler lors de ce débat sur l'adoption finale, mais, cette fierté, je la
partage avec tous les membres du gouvernement, particulièrement avec la première ministre, qui en a fait
vraiment un enjeu important, fondamental, primordial
de son gouvernement et dès le départ. Je veux d'ailleurs vous rappeler :
l'an dernier, lors de la présentation des membres du Conseil des
ministres, elle m'avait mandaté spécifiquement pour présenter un projet de loi
cadre sur l'économie sociale, ce que nous
avons fait rapidement. Je veux vous dire que nous avons déposé ce projet de loi
n° 27 le 19 mars dernier. Nous avons fait d'abord des consultations
au mois de mai, nous avons ensuite entamé l'étude article par article au mois
de juin et nous l'avons terminée la semaine dernière, de sorte que, même s'il
est petit en nombre d'articles, ce projet de loi, il a
autour de 17 articles, il reste qu'il est grand en termes d'impact sur les
populations concernées, sur les groupes concernés.
Je pense que c'est
important de faire un petit rappel historique, M. le Président, pour savoir
d'où vient… au fond, quelle est la genèse du
projet de loi n° 27 sur la loi-cadre sur l'économie sociale. Je pense
qu'il faut remonter jusqu'en 1996, sous le gouvernement de M. Bouchard, Lucien Bouchard, alors que — vous vous en souvenez sûrement — il y avait eu la tenue du Sommet sur l'économie et l'emploi. Une des conclusions de
ce Sommet sur l'économie et l'emploi était
de prendre un engagement très clair envers ce troisième
secteur de l'économie qu'est l'économie sociale. Évidemment, il y a l'économie publique que nous connaissons bien, toute l'administration publique
au sens large, les sociétés
d'État, le rôle, l'impact
également de l'intervention publique dans l'économie, il y a aussi le secteur privé, que certains appellent
le secteur marchand, évidemment, qui est très, très important et qui est très présent, que ce soit au niveau des multinationales mais aussi des
PME dans chacune de nos régions, dans chacune de nos localités, que ce soit, évidemment, avec la force et la puissance des PME
un peu partout sur le territoire — on sait comment elles sont des moteurs de notre économie — et ce troisième secteur qui est l'économie sociale,
l'économie sociale qui est, au fond, cette liaison
entre un impact économique ou du développement économique et les avantages qui retombent sur la société, que ce soit, par exemple, en matière d'environnement, quand on pense aux entreprises en recyclage, en réutilisation de matières environnementale, que ce
soit, par exemple, dans le domaine de la santé. On imagine tous les groupes communautaires ou les OSBL, les associations qui font, par exemple, du soutien à domicile, qui font, par exemple, de
l'accompagnement. Je pense également au secteur de l'éducation.
On peut multiplier, M. le Président, les cas,
les exemples de ce secteur de l'économie sociale très florissant particulièrement au Québec, parce qu'on a tendance peut-être à l'oublier tellement, paradoxalement, c'est
présent, mais, tout le mouvement coopératif, il n'y a pas un endroit en Amérique du Nord où
le mouvement coopératif est aussi présent qu'au Québec, avec, évidemment, Desjardins et tout le Mouvement Desjardins
mais aussi le mouvement des mutuelles, que ce soit, par exemple, dans l'assurance, dans le domaine agricole. Donc,
c'est un secteur extrêmement bouillonnant et sans lequel le Québec ne serait pas ce qu'il est
aujourd'hui. Imaginez juste deux secondes le Québec
sans toute cette… ce très grand nombre de groupes communautaires qui agit
auprès des gens qui en ont besoin, de leur soutien, mais imaginez juste
deux secondes le Québec sans toute la force du mouvement coopératif, sans toute
la force du mouvement mutualiste également, M. le Président. Ça ne serait pas
le Québec qu'on connaît aujourd'hui.
De
sorte que, depuis 1996, à partir du moment où, à la fin du Sommet sur
l'économie et l'emploi, on a dit : Bien, on va prendre un engagement clair pour soutenir ce milieu, bien, il
y a eu beaucoup d'efforts qui ont été faits, d'abord par les gouvernements du
Parti québécois, avec des plans d'action, avec un soutien à l'économie sociale, ce que
l'ancien gouvernement a poursuivi.
Mais, avec l'arrivée du gouvernement de la première
ministre, le gouvernement actuel, nous avons choisi de
faire un pas supplémentaire. Nous avons choisi d'aller plus loin
avec une loi-cadre. Et, cette loi-cadre, M. le Président, je
pense que ça vaut la peine de rappeler quels sont les principaux éléments. Parce qu'on peut bien se
dire : Oui, on encourage l'économie sociale,
c'est un secteur important. Mais pourquoi en faire
une loi-cadre à ce stade-ci? D'abord, une loi-cadre, comme le dit le
mot, c'est une loi
qui vise à encadrer le secteur mais à envoyer un signal par peut-être ce qui est le plus fort dans
l'expression de l'État; c'est le langage législatif, hein? Le gouvernement, l'État parle par lois, et de
faire une loi-cadre sur l'économie sociale, c'est certainement le geste le plus
fort qu'on pouvait faire pour soutenir ce secteur. Donc,
évidemment, on y apporte une définition de l'économie sociale dans la
loi-cadre, définition sur laquelle nous avons
travaillé très fort en commission
parlementaire.
Il y a même un préambule dans la loi-cadre, j'en ai parlé
un peu hier, M. le Président. Je sais que vous avez une longue expérience
parlementaire, vous conviendrez avec moi que les préambules, dans les lois,
sont plutôt rares. Mais nous avons
choisi, considérant le statut particulier de la loi-cadre sur l'économie
sociale, de faire un préambule assez élaboré, qui met en place les
motifs, qui met en place les raisons qui nous ont poussés, comme société, à aller
vers une loi-cadre.
Ensuite… Donc, préambule, définition, et un article qui reconnaît ce milieu, qui reconnaît la contribution de
l'économie sociale dans la… sur l'économie québécoise. Et comment on peut la
reconnaître? Donc, autre élément, parce
qu'il faut, à un moment donné, arriver à des mesures concrètes, c'est de
formaliser le rôle du gouvernement. Dans le fond, peut-être que, le projet de loi cadre,
on peut l'interpréter de la manière suivante : c'est qu'outre la reconnaissance formelle
dans un outil législatif la loi-cadre vient
mettre des obligations au gouvernement. Dans le fond, le partenaire ou l'acteur qui va se retrouver avec le plus
d'obligations via la loi-cadre, ça se trouve à être le gouvernement, parce
que, écoutez, les acteurs du milieu, là, les coopératives, les mutuelles, les
associations, je vais vous dire très franchement, c'est déjà des gens
extrêmement dynamiques, qui ont besoin de soutien et d'encouragement. Mais je
dois vous dire qu'elles sont… elles ont
elles-mêmes beaucoup d'initiative. Donc, le gouvernement… Du côté du
gouvernement, l'idée était de pérenniser l'obligation du gouvernement à
l'égard de l'économie sociale.
Comment
on fait ça? D'abord, il faut s'assurer que, de façon transversale, les
entreprises qui oeuvrent dans l'économie
sociale auront un meilleur accès aux mesures et aux différents programmes du
gouvernement, qu'elles auront une meilleure assurance de pouvoir, par
exemple, soumissionner dans différents projets, dans différents programmes quand il y a des appels d'offres, et qu'elles soient traitées de façon équitable par
rapport aux autres secteurs de l'économie, notamment le secteur privé et l'économie
marchande. Donc, formaliser le rôle du gouvernement pour s'assurer que
les programmes soient adaptés à la réalité de l'économie sociale.
Vous
allez me dire : Oui, mais ce n'est pas encore fait. Bien non, M. le
Président. Il y a déjà beaucoup de programmes
qui sont adaptés ou qui font en sorte, par exemple, d'accorder des crédits ou
des subventions en fonction de la réalité de l'économie sociale. Mais il
reste encore beaucoup de travail à faire à cet égard-là, et la loi-cadre va
amener des obligations en ce sens.
L'autre
élément également que la loi-cadre amène comme formalisation, je dirais, de ce
soutien et de cette reconnaissance, ça passe par le plan d'action. Alors là, on
prend l'engagement, on formalise, on rend obligatoire, on pérennise, je dirais,
via la loi-cadre sur l'économie sociale, l'obligation pour tout gouvernement,
quel qu'il soit, d'adopter un plan d'action
qui sera révisé. Alors là, dès… Moi, je dois vous dire que déjà les équipes au
ministère des Affaires municipales, des Régions et de l'Occupation du
territoire sont à l'œuvre, sont à l'ouvrage pour rédiger ce plan d'action, qui ne se fera pas seul… je vais en parler tout à l'heure, mais le plan d'action, qui est inscrit
comme obligation dans la loi, devra être en vigueur à partir du 1er avril 2014, donc c'est une obligation puis une
mesure importante, puis ensuite révisé au
bout de quelques années.
• (11 h 30) •
L'autre
élément important dans
cette loi… Et, encore là,
je vous disais tout à l'heure qu'il y a un élément tout à fait particulier,
d'avoir un préambule dans la loi. L'autre élément tout à fait particulier,
qu'on retrouve très rarement
dans des lois, c'est la reconnaissance
nommément d'interlocuteurs privilégiés. Donc, la loi-cadre vient reconnaître
qu'il y a deux partenaires absolument
incontournables, absolument fondamentaux dans le rôle et l'importance que revêt
l'économie sociale dans l'économie du Québec. Ces deux partenaires sont, et de
façon très équitable, le Chantier de l'économie sociale et le Conseil québécois de la coopération et de la mutualité, ce
qu'on appelle le CQCM. Alors, ces deux partenaires, le CQCM et le
chantier, vont être reconnus, seront reconnus par la loi-cadre comme des
interlocuteurs privilégiés.
Ça,
ça veut dire quoi, M. le Président? Ça veut dire qu'ils vont avoir un rôle de
conseiller le ministre sur toute question
relative à l'économie sociale mais aussi dans la préparation du plan d'action
dont je vous ai parlé tout à l'heure. Alors,
c'est vraiment des interlocuteurs, c'est vraiment des acteurs qui ont été
ciblés. Et pourquoi ceux-ci? C'est parce que, que ce soit le chantier ou que ce soit le CQCM, ces deux entités
regroupent l'essentiel, sinon la totalité des entreprises d'économie
sociale à travers le Québec. Il y en a même certains… ou certaines, plutôt,
entreprises, qui sont membres des deux,
autant du chantier que du CQCM. Alors, avec ces deux interlocuteurs privilégiés
qui oeuvrent chacun dans leur domaine avec leur réalité propre, on
couvre vraiment la totalité du vaste secteur de l'économie sociale au Québec.
L'autre chose
également qu'on a créée, c'est une table des partenaires. La table des
partenaires, on a eu de très longs et nombreux débats sur la composition
de cette table-là parce que, vous savez, on a eu beaucoup de représentations pour être membre de la table des partenaires.
Alors, la formule que nous avons choisie, c'est une table efficace dans
laquelle évidemment les interlocuteurs
privilégiés seront membres ainsi que quelques autres organisations un peu plus
ciblées. Mais, pour moi, ce qui est
important, M. le Président, c'est que — et on est arrivés à une belle piste
d'atterrissage, je dirais, avec les oppositions là-dessus — c'est
que cette table des partenaires soit capable de pouvoir consulter des groupes
selon des dossiers spécifiques. Si, par
exemple, le ministre a besoin d'avis sur la réalité des entreprises d'économie
sociale dans le secteur, disons, de la santé, bon, alors, à ce
moment-là, via la table des partenaires, dont la composition relève du ministre, bien, à ce moment-là et avec les
interlocuteurs privilégiés, nous pourrons faire une séance d'information ou
de consultation, ou une commission, par
exemple, avec des membres des entreprises d'économie sociale, des
fédérations d'économie sociale en matière de santé, ou si c'est dans le domaine
de l'environnement, par exemple.
Donc,
ce qui est très important, c'est de donner une souplesse. Moi, je ne voulais
pas qu'on s'embarque, là, dans une loi-cadre avec beaucoup de
formalités, avec beaucoup de technicalités ou de bureaucratie. Pour moi, ce qui
était important, c'était d'avoir cette
souplesse. Et je pense qu'avec la table des partenaires le compromis sur lequel
on a été capables de s'entendre avec les oppositions, on aura cette
souplesse permettant au ministre d'aller chercher conseil auprès des
organisations les plus concernées et les plus touchées par l'économie sociale
selon leur secteur d'activité.
Évidemment,
dernier élément, M. le Président, ce qu'il est important de retenir également,
c'est que la loi-cadre confère au ministère des Affaires municipales,
des Régions et de l'Occupation du territoire le rôle de coordination en matière
gouvernementale sur ce qui se passe en économie sociale. Là, ça ne veut pas
dire — puis
il ne faut pas paniquer, là — que tous les programmes en économie sociale
vont quitter les différents ministères, que ce soit justement la Santé,
les Finances et l'Économie, pour être rapatriés au MAMROT. Ce n'est pas ça,
l'idée, du tout. C'est que, le ministère des Affaires municipales, par son
nom — c'est
assez clair, là, Affaires municipales, Régions et Occupation du territoire — on a une vision transversale des choses, on
agit dans toutes les régions, on a une vision large des choses. Mais il y a des ministères sectoriels, que ça
soient les Finances et l'Économie, la Santé, l'Éducation,
l'Environnement, qui ont, chacun selon leurs
orientations et leurs objectifs, des programmes qui peuvent s'adresser aux
entreprises d'économie sociale. Mais c'est important d'avoir un
réceptacle, je dirais, ou un ministère qui est un peu au-dessus de la mêlée pour s'assurer d'une coordination et qui va porter
le plan d'action. Et ça, c'est le ministère des Affaires municipales,
des Régions et de l'Occupation du territoire
qui sera chargé de ça. Mais vous comprenez que ça ne veut pas dire que la
Loi sur les coopératives, par exemple, va
migrer du ministère des Finances et de l'Économie pour s'en aller sous la
juridiction du MAMROT. Ce n'est pas ça qui est du tout derrière l'idée de la
loi-cadre sur l'économie sociale.
Alors, c'est tout ça, M. le
Président. Et je dois dire qu'il ne faut pas voir l'étape d'aujourd'hui — on
l'appelle l'adoption finale, là, du projet de loi — comme
la fin, c'est plutôt le début. Moi, je le vois comme un début. On a fait
un processus législatif à partir de l'intention de la première ministre, qui
était très claire, d'adopter une loi-cadre sur l'économie sociale. On a travaillé avec les équipes en place au
ministère, avec les oppositions, avec l'appui évidemment des acteurs. On a eu une quarantaine de mémoires, on a
reçu des dizaines de personnes en commission parlementaire. Ça a été
extrêmement enrichissant, extrêmement riche, extrêmement instructif. On a
bonifié la loi n° 27, et là on l'adopte.
Mais, même si on
appelle ça l'adoption finale, moi, je dois vous dire que c'est le début, c'est
le début d'une nouvelle ère, je dirais, en
matière d'économie sociale, parce qu'à partir de
maintenant l'État québécois, comme d'autres États à
travers le monde, que ça soit,
par exemple, le Mexique, l'Espagne, la France,
fait un geste, par sa voix la plus forte,
qui est celle de… qui est celle législative, fait un geste de reconnaissance de
ce secteur avec des obligations. Et ça, M.
le Président, je dois vous dire que notre gouvernement est extrêmement fier de
s'inscrire dans ce courant international, de
s'inscrire dans cette mouvance de reconnaissance de l'économie sociale. C'est
ça que ça vient faire. Alors, loin d'être une fin, nous sommes au début de
quelque chose de nouveau, d'extrêmement stimulant.
Je
dois vous dire, moi, que, depuis qu'on a déposé ce projet de loi, et même
avant — parce
qu'on avait fait des consultations,
quand même, au ministère — les acteurs du secteur de l'économie sociale sont extrêmement
enthousiastes avec ce projet, et maintenant, bien, moi, je leur dis : Tout
est possible. À partir de maintenant, nous allons travailler pour
rédiger un plan d'action qui sera efficace, qui sera concret, dans lequel il y
aura des engagements clairs. Nous allons également
mobiliser l'ensemble de l'appareil gouvernemental — ça sera ma responsabilité, comme ministre,
de coordonner ça — et nous allons faire en sorte que le secteur de
l'économie sociale ne fera pas que s'établir plus fortement, ou se raffermir, ou aller chercher des garanties de plus
grandes… de fonctionnement, de financement, mais ça va surtout lui donner des ailes pour se déployer davantage dans
toutes les régions du Québec, entre autres, via les pôles en économie
sociale dans chacune des régions.
Alors, c'est donc avec beaucoup de fierté, le sens
du devoir accompli — parce
que je vous rappelle, c'est un mandat que m'avait confié la première ministre — mais aussi avec la certitude qu'on a
travaillé comme le mérite l'économie sociale et comme l'est l'économie sociale, c'est-à-dire en collégialité, en
coopération, en collaboration, de façon mutuelle… Et
ça fait en sorte qu'on a aujourd'hui une loi, j'en suis convaincu, qui sera la
plus juste, la mieux adaptée possible à cette réalité du milieu.
Je tiens, pour
terminer, à remercier toutes les équipes qui ont travaillé sur ce projet au
ministère des Affaires municipales, sous la direction de Marie-Josée Ouellet,
particulièrement, directrice de ce secteur au
sein du ministère, avec la sous-ministre, Louise Lambert, avec toutes les équipes juridiques
autour de ces deux personnes-là. Je veux
également remercier l'équipe qui a travaillé avec moi au cabinet, responsable
de ce secteur. Je veux remercier évidemment les collègues députés de l'opposition, la députée
de Notre-Dame-de-Grâce… Puis je veux éviter de les nommer, parce qu'il y a eu beaucoup de… souvent, il y en a qui viennent remplacer d'autres,
puis... mais je sais qu'il y a eu tous les députés de l'opposition qui ont participé aux travaux de la
commission et qui ont fait un travail très fort, les recherchistes,
évidemment, de nos deux équipes. Je veux
remercier le député de Beauce-Nord, qui nous a
éclairés de ses lumières comme, lui-même, un acteur de l'entreprise
d'économie sociale pendant de longues années avant d'être député.
Je veux également remercier tous les députés de
notre côté — et là je peux les nommer sans me
tromper — que ça
soit le député de Sainte-Marie—Saint-Jacques, la députée de Masson, le député de Berthier, également, qui a
travaillé en commission parlementaire, le
député de Deux-Montagnes a été présent également en commission parlementaire.
Je ne crois pas en oublier, Mme la Présidente. Si j'en oublie, vous me le
pardonnerez.
Et je veux évidemment remercier… Puis là je viens
de commettre un petit lapsus, vous êtes un président, mais c'est parce que je voyais ma présidente de
commission parlementaire, c'est elle que je voulais
surtout… Parce que vous ne vous
ressemblez pas du tout, mais c'était vraiment juste
pour… Parce que je l'avais devant moi puis je ne veux surtout pas
l'oublier parce qu'elle a fait un travail
extraordinaire comme présidente. Vous savez, le rôle de la présidente, c'est
aussi de s'assurer qu'on est capables de
s'entendre comme députés, puis elle l'a très bien fait, alors je veux la
remercier pour tout ce travail en commission, Commission de
l'aménagement du territoire.
Alors,
M. le Président, je termine en disant que c'est une très belle journée. Il y
aura évidemment le vote bientôt, je
crois, le vote final, là, sur ce projet de loi,
et évidemment la sanction qui viendra. Et je pense que, pour tous les
groupes en économie sociale, que ce soient
des associations, des OSBL, des coopératives, des mutuelles… des mutuelles,
oui, des entreprises mutuelles, je
suis convaincu que nous allons maintenant pouvoir entamer un très beau travail
de consolidation, de renforcement, de déploiement de l'économie sociale
sur tout le Québec, dans toutes les régions du Québec. Merci.
• (11 h 40) •
Le
Vice-Président (M. Cousineau) : Alors, merci, M. le ministre
des Affaires municipales, des Régions et de l'Occupation du territoire.
Avant de céder la parole à la députée de
Notre-Dame-de-Grâce, je vous informe que nous avons reçu une demande de débat
de fin de séance qui se tiendra demain. La demande porte sur une question
adressée par Mme la députée de La Pinière au ministre des Transports.
Cette demande concerne le manque de 2 à 3 milliards de dollars pour
l'entretien du métro de Montréal.
Alors,
maintenant, je cède la parole à la députée de Notre-Dame-de-Grâce, porte-parole
de l'opposition officielle en matière d'emploi et de solidarité sociale.
Mme la députée.
Mme Kathleen Weil
Mme
Weil : Oui, M. le Président. En fait, c'est porte-parole de
l'économie sociale. Alors, merci, M. le Président. Alors, aujourd'hui,
nous sommes à l'étape de l'adoption finale du projet de loi n° 27, Loi sur
l'économie sociale. Hier, nous avons eu le
débat sur la prise en considération du rapport de la commission, dans lequel je
suis revenue sur les modifications
apportées au projet de loi en commission. Aujourd'hui, comme je le disais, ce
débat sur l'adoption finale est une occasion de revenir de façon
générale sur tout le processus d'étude de ce projet de loi. Ainsi donc, je
reviendrais sommairement sur quelques éléments mentionnés hier. Commençons donc
sans plus attendre.
Le
projet de loi n° 27 est un projet de loi de 17 articles, a été présenté
par le ministre des Affaires municipales, des Régions et de l'Occupation
du territoire le 19 mars dernier. Très généralement, le projet de loi
n° 27 reconnaît la contribution de
l'économie sociale au développement social et économique du Québec. Il vient
établir le rôle du gouvernement dans sa promotion et son soutien
notamment par l'élaboration d'outils d'intervention et en favorisant l'accès aux programmes et mesures du gouvernement
destinés aux entreprises d'économie sociale. On y désigne d'ailleurs
deux interlocuteurs privilégiés du gouvernement, soit le Chantier de l'économie
sociale et le Conseil québécois de la coopération
et de la mutualité, qui ont comme rôle de conseiller le ministre dans
l'élaboration du plan d'action et en toute matière concernant l'économie
sociale, à la demande du ministre, évidemment — ce n'est pas précisé dans le
projet de loi, mais on le comprend — et, j'imagine, parfois à leur
propre initiative.
Très succinctement, le projet de loi
n° 27 précise les fonctions du ministre en ce qui a trait à l'économie
sociale, crée une table des partenaires et
contient des mesures visant à assurer l'imputabilité du gouvernement via des
moyens de planification, entre autres, pour l'adoption d'un plan d'action et
des moyens de suivi et de reddition de comptes par le dépôt de rapports sur
l'application de la loi.
Vous
savez, M. le Président, l'impact de l'économie sociale sur l'économie du Québec
et sur le développement en général du Québec est très important et il
n'est plus à prouver, il mérite d'être souligné. Pour l'illustrer, je vais m'appuyer, d'ailleurs, sur le Chantier de
l'économie sociale, parce que je pense que c'est important de revenir sur
certains chiffres. Je pense que, lorsqu'on parle d'économie sociale, il y a
quand même… il reste encore beaucoup de… pas d'apprivoiser,
mais je pense que les citoyens ne comprennent pas tout à fait le rôle de
l'économie sociale. Je pense que, pour tous les députés qui ont eu à
côtoyer les acteurs de l'économie sociale, on a souvent eu l'occasion de poser
des questions, qu'est-ce que ça veut dire
exactement, l'économie sociale. Hier, j'ai mentionné qu'évidemment il y a
même des experts qui viennent d'ailleurs, du
Canada, ou des États-Unis, ou de l'Europe, évidemment, nous poser des
questions sur notre modèle d'économie sociale.
Alors, le chantier,
dans son mémoire qu'il nous a présenté en commission parlementaire, nous
apprenait que l'économie sociale, au Québec,
représente environ 7 000 entreprises, coopératives et organismes à but non
lucratif qui oeuvrent dans 20
secteurs de notre économie. Pensons ici aux arts, à la culture, à
l'environnement, à l'agroalimentaire, le tourisme, le loisir, et j'en
passe. L'économie sociale s'y retrouve. Bon an mal an, les entreprises
d'économie sociale emploient plus de
150 000 Québécoises et Québécois et génèrent un chiffre d'affaires de plus
de 17 milliards annuellement. Vous
m'avez bien comprise, M. le Président, 17 milliards de dollars. C'est
environ 8 % de notre PIB. Si l'on regarde le nombre de salariés, c'est comparable au secteur
des technologies de l'information. Voilà un signe éloquent et concret de
l'importance et de la valeur économique des organismes, des entreprises et des
coopératives d'économie sociale.
Poursuivons
avec l'impact social de ce type d'économie. En effet, les entreprises
d'économie sociale ont aussi une dimension
sociale — on
parle, dans le projet de loi, de finalité sociale — et elles jouent un rôle positif et important
dans notre société en agissant auprès de
citoyens qui sont parfois plus éloignés du marché du travail. Par exemple,
certaines de ces entreprises favorisent l'insertion ou la réinsertion en emploi
en offrant une formation, une possibilité d'obtenir de l'expérience de travail
ainsi qu'un service de suivi personnalisé à leurs employés.
D'ailleurs, si je donne cet exemple, c'est que
j'ai eu le plaisir, dans mes bureaux de circonscription, d'accueillir
certains de ces acteurs qui travaillent dans ce domaine. Je vous donne à titre
d'exemple ici, et j'ai eu l'occasion d'en parler au printemps, le cas d'une
entreprise d'ébénisterie qui recrute de jeunes travailleurs n'ayant pas
complété leur formation secondaire, qui leur inculque les rudiments du métier
afin qu'ils puissent ensuite intégrer le marché du travail. Ce sont souvent des citoyens en difficulté à qui l'on offre un
véritable parcours en leur permettant de reprendre non seulement confiance en eux, mais aussi de
changer la direction de leur vie, entre autres par la fierté et la
valorisation par le travail. Les entreprises d'économie sociale, tout comme
plusieurs entreprises de l'économie traditionnelle, jouent donc un rôle social
important dans notre société.
J'aimerais maintenant
prendre quelques instants pour revenir sur les propos de plusieurs groupes
venus en consultation pour nous parler de
l'impact de l'économie sociale sur les régions du Québec. Les entreprises ne
sont pas seulement implantées dans les grandes villes, elles constituent
bien souvent une partie importante du tissu social et économique de nos régions. Il n'y a qu'à penser à l'impact déterminant
d'entreprises comme La Coop fédérée ou bien encore Agropur, dans le
secteur agroalimentaire — et
j'ai eu l'occasion d'en parler hier — pour se convaincre que
l'économie sociale est tout aussi implantée dans nos régions que dans notre
métropole, notre capitale nationale et les centres urbains.
M. le Président, je ne pourrais passer sous
silence les exemples d'économie sociale et la part de l'économie sociale
dans notre métropole, qui abrite ma
circonscription de Notre-Dame-de-Grâce que je représente avec fierté depuis
2008. Nous avons reçu en consultation la
Conférence régionale des élus de Montréal qui nous a fait un exposé fort
pertinent. De plus, je suis aussi très
contente que la ville de Montréal, bien qu'elle ne soit pas venue en commission
parlementaire, nous ait aussi fait
parvenir un mémoire où elle souligne par ailleurs que c'est en 2009 que la
ville de Montréal a elle-même adopté la première politique publique municipale en matière d'économie sociale au
Canada. Et j'imagine que, suite à l'adoption de ce projet de loi — un
plan d'action — on
pourrait voir d'autres municipalités qui pourraient s'inspirer de ce que la
ville de Montréal a fait en adoptant cette
politique publique. Selon les données avancées par la ville, l'économie sociale
génère annuellement des revenus de plus de 2 milliards de dollars et
représente plus de 60 000 emplois directs sur l'île de Montréal. Donc, pour Montréal, il s'agit d'une
réalité économique incontournable qui contribue de façon importante au
développement de notre métropole.
Et je
rajouterai, parce qu'à titre de ministre de l'Immigration… surtout à titre de
ministre de l'Immigration… Évidemment, comme
députée et dans mes fonctions antérieures, j'étais beaucoup dans le réseau de
la santé, présidente de ce qu'on appelait à l'époque la régie régionale
des services de santé et des services sociaux dans les années 90 et je vous
dirais que c'est à ce moment-là qu'on commençait à entendre parler d'économie
sociale comme une solution intéressante, non
seulement de fournir des services à des personnes en besoin à l'extérieur du
cadre des services publics de santé
et de services sociaux, des services de soutien aux citoyens… Et c'est à ce
moment-là, donc, qu'on entendait parler de ce nouveau modèle, c'est
vraiment très tôt dans les années 90. Mais plus tard, évidemment, comme, donc,
députée de Notre-Dame-de-Grâce — et j'ai beaucoup travaillé dans le réseau
communautaire — mais
aussi comme ministre de l'Immigration, c'est
vraiment là que j'ai apprécié à sa
pleine valeur le rôle des nouveaux arrivants, des immigrants dans ce secteur de l'économie. Alors, c'est très intéressant, ça fournit des emplois, des emplois durables, et ça permet, donc,
souvent aux nouveaux arrivants ou les
immigrants d'intégrer évidemment le marché
du travail et des organismes très
intéressants qui ont évidemment cette mission qu'on dit de finalité sociale.
• (11 h 50) •
Alors
donc, c'est donc très conscients de l'impact socioéconomique des entreprises d'économie
sociale sur le Québec, nos régions, notre métropole, la capitale nationale et
les autres centres urbains que nous avons abordé les consultations et l'étude
de ce projet de loi. Le p.l. n° 27, M. le Président, j'ai eu l'occasion de
le souligner hier, et le ministre aussi en a parlé, de cette continuité des différentes
actions et volontés des différents gouvernements pour appuyer, surtout avec les premiers balbutiements de cette forme d'économie
dans les années 90… eh bien, nous aussi, nous avons posé beaucoup de
gestes lorsque nous formions le gouvernement dans la précédente législature.
La promotion de l'économie sociale a toujours été
en concordance avec la philosophie libérale qui nous anime de ce côté-ci de la Chambre. C'est donc pourquoi nous
l'avons soutenue par le passé et que nous la soutenons encore
aujourd'hui. Je pense que les commentaires
qu'on a eus du ministre et de tous les députés de cette Chambre, en cette
Chambre, hier, attestent de la
volonté générale de tous les parlementaires d'aller dans cette direction — évidemment, l'opposition officielle,
tout naturellement. Et je rajouterais que nous allons continuer, donc, nous
allons continuer à soutenir et développer l'économie sociale dans nos propres
actions.
J'en
profite pour donner quelques exemples de ce soutien continu. Vous me permettrez
de reprendre quelques-unes de nos actions, parce que je pense que c'est
important de les souligner. Donc, il y a la mise en place du Plan d'action gouvernemental en entrepreneuriat collectif, au
mois de novembre 2008, plan d'action qui contenait des sommes de plus de
16 millions pour l'économie sociale. Ces sommes visaient la structuration
de l'économie sociale en région via des ententes
spécifiques avec les CRE, des actions sur le territoire de la métropole et la
mise en place d'un fonds de prédémarrage par le Réseau d'investissement
social du Québec, aussi un 10 millions pour soutenir la réalisation de projets d'infrastructures favorisant le
développement des entreprises d'économie sociale. Pensons aussi à la mise en
place des initiatives pour développer l'achat public auprès des entreprises
collectives, initiatives dotées d'une enveloppe de 300 000 $. Ce sont
là des actions qui démontrent notre appui continu à l'économie sociale et dont
le ministre viendra sûrement s'inspirer dans la rédaction de son plan d'action.
Cet appui dont je parlais à l'instant, il est tout
naturel lorsque l'on prend conscience de l'apport déterminant de ce type
d'entreprises au niveau socioéconomique. À ce sujet, la chaire de recherche du
Canada mentionnait, dans son mémoire, et je cite,
que «l'économie sociale est à même de jouer différents rôles dans l'économie,
soit [...] la production de biens ou de services de proximité, ou la
fourniture de services complémentaires à ceux de l'État». D'ailleurs — et je
ferme la citation — cette
notion de services complémentaires est évidemment très importante.
Je
vous dirais que là où on a remarqué la plus grande sensibilité, c'était auprès
des syndicats et des organismes communautaires
qui travaillent… et des organismes qui travaillent dans le réseau de la santé
et des services sociaux. Ils voulaient
vraiment s'assurer qu'on soit bien conscients que l'économie sociale ne vient
pas remplacer les obligations et les services
qui sont fournis par l'État en vertu de notre loi, mais que c'est des services
complémentaires. Donc, je pense que c'est important de le souligner et
de rassurer, évidemment.
Donc,
revenons donc, maintenant, rapidement, sur les consultations. Alors, M. le
Président, nous les avons menées les 21, 22, 23 et 28… dernier, ces
consultations sur le projet de loi. Au fil des heures et des journées, nous
avons entendu 22 groupes en plus de recevoir
38 mémoires. Les avis qui nous ont été exprimés proviennent surtout du
milieu de l'économie sociale, incluant évidemment les coopératives et les
mutuelles, mais aussi du milieu syndical et du milieu universitaire, qui nous
ont donné une diversité d'opinions et surtout beaucoup de recommandations que
nous avons étudiées avec attention et intérêt.
Nous
avons été à même de constater, lors de ces consultations, un consensus large sur l'utilité d'un tel projet de loi,
et je pense que tous les collègues l'ont souligné hier, on l'a souligné en
commission parlementaire, nos remarques finales, et c'est très encourageant de
voir, évidemment, cette volonté collective et ce consensus. Toutefois, il
existait certaines inquiétudes, là,
certaines inquiétudes qui ont été exprimées, inquiétudes qui sont venues
rejoindre les nôtres. De même,
plusieurs recommandations ont été formulées dans l'optique de bonifier le
projet de loi et surtout de s'assurer que le lexique utilisé dégage une image fidèle de l'économie sociale, de sa
diversité et de son impact réel, chiffré, structurant, je dirais, sur
l'économie du Québec et de nos régions. Ces recommandations, de notre côté, à
l'opposition officielle, nous y avons
accordé beaucoup de sérieux, et plusieurs d'entre elles visaient à peaufiner
des aspects du projet de loi que nous jugions incomplets ou qui
pouvaient bénéficier de clarifications.
De façon plus
importante, M. le Président, les consultations nous ont permis de faire
ressortir de nombreuses facettes de
l'économie sociale et d'en parfaire notre compréhension en tant que
parlementaires. Cela illustre bien le rôle crucial que tiennent les consultations lorsque nous étudions des projets
de loi. C'est donc équipés de ce que j'appellerais cette sagesse
collective acquise... D'ailleurs, je le soulignerais, j'ai fait beaucoup de
projets de loi, surtout, je vous dirais, à titre de ministre de la Justice, et
c'est toujours impressionnant, cette étape de consultation. Ça nous permet évidemment
de voir des choses qu'on n'aurait pas vues par ailleurs et de comprendre
certains éléments de la réalité, comment le
projet de loi pourrait se décliner dans la collectivité, et évidemment c'est
toujours encourageant quand on voit émerger des consensus, ça nous
rassure dans notre rôle de législateurs.
Nous
avons entamé cette étude avec l'intention très ferme de bonifier le projet de
loi et de nous assurer de la clarté et
de la précision de celui-ci. Je peux affirmer avec fierté, M. le Président, que
nous avons, en tant qu'opposition officielle, fait un travail à la fois
sérieux et crédible. Je prends pour témoins les 10 amendements que nous
avons mis de l'avant et qui ont été adoptés,
de même que d'autres amendements qui ont été adoptés suite aux discussions que
nous avons initiées à l'intérieur de la commission ou auxquels nous
avons contribué de façon constructive lorsque proposés parfois par le ministre
suite à nos discussions, parfois par le député de Beauce-Nord, parfois par la
députée de Gouin.
J'ai
eu l'occasion hier d'exposer en détail les divers amendements que nous avons
proposés et fait adopter. Ainsi donc, je ne reviendrai pas aujourd'hui
sur le sujet avec une aussi grande minutie, mais, étant donné que c'est l'étape
finale, je considère important quand même de
parler de plusieurs composantes, les composantes essentielles du projet
de loi, importantes à mes yeux et, je pense, à tous ceux qui ont participé.
Le titre, j'en ai parlé hier, donc, le
titre, sur l'économie sociale. Il est important de comprendre la grande
diversité qui loge sous le vocable d'«économie sociale». Ce type d'économie est
composé non seulement d'associations à but non
lucratif, mais aussi des mutuelles, des coopératives. Pensons, par exemple, au
Mouvement Desjardins. Vous comprenez tout
de suite qu'une telle diversité sous-tend des entités ou réalités très
différentes mais unies par de grands principes, sur lesquels je reviendrai dans quelques instants. Ce
n'était donc pas surprenant qu'il y ait eu, lors des consultations et
dans les mémoires, beaucoup de commentaires
au sujet du titre de la loi, parce que ça vient donner un éclairage important.
Qu'on soit d'un côté ou de l'autre, vouloir
plus de précision dans le titre, ou moins… chaque intervention nous a permis de
creuser plus profondément la nature même de cette réalité économique.
• (12 heures) •
Alors,
nous avons eu de bonnes discussions et on a remarqué qu'il y avait vraiment une
volonté nette de certains groupes de préciser le titre du projet de loi
par l'ajout d'une clarification sous la forme suivante : Loi sur
l'économie sociale soutenant
l'entrepreneuriat coopératif, associatif et mutualiste. Et, dans son mémoire,
le Mouvement Desjardins mentionnait, et je cite : «Les lois-cadres
ont d'abord pour fonction de nommer les réalités. La présente loi-cadre entend
statuer sur une économie à propriété collective qui
se déploie sous divers statuts.Trois plus
précisément :coopératif, associatif et mutualiste. Et au coeur de ces
statuts, l'entrepreneuriat collectif. La loi englobera donc la riche réalité diversifiée de l'entrepreneuriat
coopératif, associatif et mutualiste. Il importe que cette richesse soit nommée tant dans
le corps de la loi que dans son titre.» Et je
termine la citation. Cette recommandation a
été d'ailleurs partagée par d'autres groupes.
Par
contre, d'autres groupes avaient un point de vue
opposé, et ils étaient très satisfaits du titre. Ils trouvaient
que c'était important que le titre soit
englobant et que tous puissent se retrouver dans ce titre. Et, si je me
rappelle bien, c'est bien Claude
Béland, d'ailleurs, qui est venu pour nous dire,
en fait, que c'est beaucoup avec le temps que la définition
et le titre… c'est avec le temps, l'expérience passée et
l'expérience future que le titre prend tout son sens,
et qu'il fallait faire attention de ne pas mettre trop de précisions
dans le titre pour exclure… et pour que le titre prenne tout son sens.
Et,
en tant que parlementaires, finalement, on a
eu la discussion et on a vu que… On s'est ralliés. On s'est ralliés à cette mise en garde, si vous voulez, de ne pas y
mettre trop de détails. Mais je tenais quand même à
le mentionner, parce qu'on pense
à ces grands acteurs de l'économie sociale,
et, quand je vois qu'ils représentent un des deux interlocuteurs privilégiés, on ne voudrait
pas qu'un des deux acteurs ou un des deux acteurs principaux, qui seront
des conseillers, même, au ministre, se sentent exclus du projet de loi.
Mais ce qu'on me dit, et je pense que le ministre l'a peut-être dit en commission parlementaire, que les gens se
sentaient quand même rassurés par les propos qu'on a tenus en commission
parlementaire.
Je
parlais, il y a quelques instants, des principes autour desquels se regroupent les
entreprises d'économie sociale. Je me
permets de citer encore une fois le mémoire de la Chaire de recherche du Canada
en économie sociale, qui en a fait un résumé très complet. Au sujet des entreprises
d'économie sociale, elle mentionne, et je cite : «Et toutes répondent
aux mêmes principes de base : adhésion
libre et volontaire, autonomie et indépendance, gouvernance démocratique,
distribution limitée ou interdite des bénéfices, constitution d'un actif
inaliénable.» Alors, ça termine la citation.
Ces principes, nous en avons longuement
discuté en commission, et nous les retrouvons dans
l'article 3, qui vient apporter une définition de l'économie
sociale. Je ne reviendrai pas plus amplement sur cette définition, car j'ai eu
le plaisir de le faire hier.
Je reviendrais toutefois sur l'aspect de la volonté
entrepreneuriale. Tout au long de l'étude du projet de loi, nous avons
travaillé à faire ressortir le caractère entrepreneurial de l'économie sociale.
Ça aussi, je dois vous dire, beaucoup
d'intervenants ont voulu vraiment qu'on insiste là-dessus, qu'on le décrive,
qu'on le mette dans la définition, dans les considérants, que c'est un
ingrédient incontournable pour que les acteurs et les entreprises d'économie
sociale fonctionnent. Ils voulaient
s'assurer que la population québécoise, que le gouvernement, tous les acteurs,
les parlementaires comprennent que c'est au
coeur du succès, hein, je dirais même du succès de ce modèle d'affaires,c'est cette
volonté entrepreneuriale. Et donc ce qu'ils
soulignaient, c'était :
c'est important de faire en sorte de ne pas donner l'impression
que, lorsqu'on parle d'économie sociale, on confonde ça avec une mission
sociale comme auraient des organismes de bienfaisance,
notamment.
Ainsi
donc, nous avons fait ajouter, dans le
préambule du projet de loi, au second
considérant, la notion de volonté
entrepreneuriale afin de mettre en valeur cette composante fondamentale de
l'économie sociale. En effet, comme il nous l'a été mentionné à plusieurs
reprises, c'est par la volonté entrepreneuriale que les entreprises… ces
entreprises existent. Non seulement des gens ont identifié
des besoins dans leurs collectivités et mis en place des moyens pour les
combler, mais ils l'ont fait… ils l'ont aussi fait dans un souci et dans une
perspective de rentabilité.
Nous
avons aussi fait ajouter dans l'article 3 — qui constitue, comme je le disais auparavant, M. le Président, le coeur du projet de loi, parce qu'il énonce la
définition de l'économie sociale — le concept d'aspiration à la viabilité économique.
Là aussi, ils ont mis beaucoup l'accent là-dessus. Bon, il
y avait différentes suggestions;
finalement, on s'est mis
d'accord sur les recommandations. Donc, cette viabilité économique, ils sont motivés par les objectifs et
la mission qu'ils se donnent, mais toujours dans ce souci de rentabilité
et de viabilité.
C'était d'ailleurs l'une des principales
recommandations du Conseil québécois
de la coopération et de la mutualité qui,
dans son mémoire, disait, et je cite : «Pour nous,
l'aspiration à l'autonomie économique a influencé la capacité de résilience des
coopératives et des mutuelles. L'autonomie économique des coopératives et des
mutuelles ne peut être dissociée des effets
positifs sur le plan social.» Je termine la citation. Il nous apparaissait
important que, dans la définition de l'économie
sociale, il soit très clair pour tous que les entreprises d'économie sociale
sont des entreprises à part entière basées
sur une rigueur budgétaire et sur des modèles entrepreneuriaux qui n'ont rien à
envier à l'économie traditionnelle.
Dans la même lignée,
nous avons aussi insisté pour que la définition de l'économie sociale se réfère
aux emplois qui découlent des entreprises
d'économie sociale comme étant des emplois durables. Il y avait, là encore,
une question de perception et de message que
nous tenions à lancer. Il faut toujours garder en tête que les emplois créés
dans le secteur de l'économie sociale sont de véritables
emplois, bien rémunérés, solides et durables. Gardons à l'esprit, par exemple,
qu'un économiste chez Desjardins occupe un poste qui découle de l'économie
sociale.
Comme je le
mentionnais tout à l'heure, M. le Président, je ne veux pas revenir en détail
sur chacun des amendements qui ont été
apportés au projet de loi puisque j'ai eu le loisir de le faire hier.
Toutefois, je voudrais revenir sur
une autre composante centrale du projet de loi, soit la création d'une table
des partenaires en économie sociale et le mandat de ladite table. Sur le mandat, nous avons tenté de faire adopter
un mandat précis, parce qu'on… en ce moment, nous demeurons, disons, dans le noir sur la teneur du mandat. Nous
comprenons que le ministre a choisi de se réserver la discrétion d'élaborer le mandat. Puisque le projet
de loi établit deux interlocuteurs privilégiés, ils seront fort
probablement consultés à ce sujet.
Pour se donner une
idée de ce à quoi ce mandat pourrait ressembler… Je le dis, parce qu'on a… j'ai
vraiment essayé d'avoir quelques éléments,
très généraux, des orientations sur le mandat, parce que, vraiment, la majorité
des groupes sont venus avec des
recommandations d'inclure un mandat. Et, s'il n'avait pas inclus un mandat
spécifique… le chantier l'avait bien
précisé et le conseil aussi, alors je pensais qu'on pouvait s'en inspirer,
parce que je posais des questions à tous les représentants ou tous les… ceux qui sont venus faire des
présentations, et tous étaient d'accord avec les propositions qui avaient été faites. Alors, je ne sais pas si
c'était par… parce qu'honnêtement je n'ai jamais compris pourquoi le ministre…
Donc,
je me permets maintenant d'expliquer un peu ce qui a été proposé, sans aller
trop dans le détail. Mais je pense
que, pour les gens qui sont intéressés par ce sujet, qui nous suivent, pour
comprendre, d'entrée de jeu, quel est le mandat de cette table, au lieu d'attendre que le ministre les appelle
pour leur dire : Bon, voici votre mandat, ils vont le savoir
d'entrée de jeu. Ça peut déjà orienter la réflexion qu'ils auront sur la suite
des choses, alors je vais m'attarder un peu là-dessus.
Donc, le Chantier
de l'économie sociale avait présenté un mandat qui visait, entre autres, à
conseiller le gouvernement du Québec dans la mise
en oeuvre de la loi et de son plan d'action en économie sociale; assurer une synergie dans les actions menées par les différents
partenaires, entre autres, sur le plan de la connaissance statistique de l'économie sociale, la formation de la relève, le développement
de la main-d'oeuvre, la promotion d'une meilleure visibilité de l'économie sociale, et j'en passe; à procéder à
l'évaluation de la mise en oeuvre de la loi-cadre et de son plan
d'action; et à voir à l'application de la loi dans le temps.
• (12 h 10) •
De son côté, le Conseil québécois de la coopération et de la mutualité proposait
d'inclure, dans le mandat de la table,
de «réunir, consulter et concerter les représentants de l'économie
sociale, coopérative et mutualiste; dégager des orientations communes entre les acteurs de l'économie sociale,
coopérative et mutualiste; assurer l'inclusion de l'économie sociale,
coopérative et mutualiste, au sein [de tous les ministères et entre eux];
promouvoir, soutenir et développer l'économie sociale, coopérative et
mutualiste. Et le Conseil québécois de la coopération propose aussi que le
mandat inclue l'élaboration d'une planification stratégique quinquennale de
l'économie sociale, coopérative et mutualiste et un plan d'action en respect des planifications,
priorités et orientations des organisations reconnues au sein de l'instance
de concertation, la création d'indicateurs de performance financiers,
économiques et sociaux, et ce, en lien avec le plan d'action — ça,
c'est intéressant, je suis presque sûre que le ministre va s'en inspirer pour
son plan d'action — l'intégration de la planification à l'échelle locale et régionale. Ça aussi, on a
beaucoup, beaucoup entendu parler de l'importance que ça s'implante, cette planification, vraiment, à
l'échelle locale et régionale et que le plan d'action vise… et que les
acteurs de ce… participants ou les membres
de la table de concertation puissent s'assurer de l'implantation des
différentes formes d'économie sociale
ou soient promues à l'échelle locale. Évidemment, il y avait bien d'autres
éléments qui touchaient, entre autres, l'innovation, le transfert de
connaissances et les pratiques prometteuses, mais nous avons là l'essentiel.
Alors,
ça nous donne une idée. Il y avait vraiment des convergences, il y avait évidemment
beaucoup d'éléments, beaucoup de détails. Moi, ce que j'avais proposé,
c'était quelque chose de beaucoup plus succinct. Mais j'imagine, et j'ai eu l'occasion d'en parler hier… Et, je vous
dirais, je soulignerais que c'est vraiment rare d'avoir autant de
participants et de consultations être
d'accord sur un aspect d'un projet de loi, c'est-à-dire d'ajouter un mandat, et
que le gouvernement ne donne pas
suite à ça. Il n'y avait pas de conflit, il n'y avait pas de… on aurait pu
facilement trouver un compromis. Mais, ceci étant dit, je pense que le
ministre aura à trouver une façon, lorsqu'il va rédiger, préparer le mandat, il
devra traduire la volonté des acteurs de l'économie sociale.
Quant à sa
composition, nous savons qu'elle tendra vers la parité hommes-femmes, puisque
j'ai proposé un amendement dans ce sens, et
le ministre a accepté mon amendement, et j'en suis fort heureuse. Il y a bien
sûr eu de très nombreuses recommandations sur la composition de la table
des partenaires lors des consultations, et nous avons questionné le ministre à ce sujet. Je n'ai pas apporté d'amendement
parce que le ministre avait dit qu'il parlait toujours, à cette table de réflexion... il avait une
inquiétude par rapport à une table de réflexion. Alors, finalement, il souhaite
préciser la composition de la table en temps et lieu. Mais là encore j'imagine
que le ministre va tenir compte des nombreuses recommandations que nous avons entendues lors des consultations. De
notre côté, nous tenions, dans un souci d'efficacité, à ce que la table puisse prendre forme le plus
rapidement possible, évidemment avec un mandat clair et une composition claire.
Par
ailleurs, par le projet de loi, nous venons mettre à la disposition de
l'économie sociale une série de moyens pour
l'assister dans son développement et sa promotion. Il restera désormais à
prendre ces moyens et se diriger vers des résultats qui seront dignes des aspirations nourries par tous. Il est
donc important de mentionner que cette loi n'est pas une fin en soi et que nous surveillerons avec
attention le gouvernement dans les mois à venir pour s'assurer que
l'économie sociale puisse continuer à se développer au Québec.
À
ce stade-ci, M. le Président, alors que j'arrive à la fin de mes remarques,
j'aimerais prendre le temps de procéder à quelques remerciements. J'en
ai fait hier. Oui, j'ai, bon, quelques remerciements de façon plus complète.
Comme vous le savez, un projet de loi est
une oeuvre collective, soutenue par la contribution d'une multitude
d'intervenants qui appuient les législateurs dans leur travail.
Tout d'abord, j'aimerais offrir mes
remerciements aux intervenants du milieu de l'économie sociale qui ont
pris le temps de rédiger de nombreux
mémoires et qui sont venus éclairer notre compréhension du projet de loi et
nous permettre de le bonifier. Tout
au long des consultations, ils ont su partager avec nous leurs visions, leur
passion pour l'économie sociale et
surtout le fruit de leur expérience vis-à-vis les dispositions du projet de
loi. Je les en remercie grandement et je dois vous dire à quel point c'était impressionnant de voir l'expertise
que nous avons ici, au Québec, en la matière. Encore hier, j'ai mentionné que, souvent, nos experts
échangent ailleurs lors de conférences qui se tiennent en Europe ou ailleurs
dans le monde et là j'ai vraiment pu apprécier à sa pleine valeur la profondeur
de l'expertise que nous avons ici, au Québec,
la multitude d'acteurs que nous avons, les profils très, très différents. Et
c'est rare qu'on a l'occasion de voir ce… honnêtement, d'une façon si structurée, de vraiment bien saisir, comment
dire, ce magnifique chantier… je sais qu'on parle du Chantier de l'économie sociale, mais je parle
du mot «chantier», pas le nom propre de cet organisme, mais ce grand,
grand, grand chantier de notre économie, et c'est impressionnant et c'est très
rassurant pour la suite des choses.
J'aimerais
aussi offrir des remerciements au ministre des Affaires municipales, des
Régions et de l'Occupation du territoire ainsi qu'à son équipe
ministérielle, qui, en fait… et surtout les fonctionnaires, sa sous-ministre
notamment, qui nous ont aidés à formuler des
recommandations qu'on avait, des propositions d'amendement, lorsqu'on avait
bien saisi notre volonté. J'avais fait des
propositions, puis ensuite on faisait des arrêts, et, avec leurs connaissances
plus techniques, leurs capacités plus techniques, ils ont pu traduire,
finalement, ou corriger, ou améliorer certains amendements que j'ai proposés, et je voudrais les en remercier. Et
je voudrais aussi remercier le ministre pour l'écoute dont il a fait
preuve, parce qu'en effet il a accepté beaucoup d'amendements que j'ai faits,
et j'en suis très reconnaissante. Pas tous, et c'est normal, mais beaucoup de
ceux-ci.
Je remercie par
ailleurs les collègues députés qui ont participé à l'étude de ce projet de loi,
à l'opposition officielle. Je pense à mes
collègues les députés de Papineau, de Vimont ainsi qu'à la députée de
Laviolette. Du côté du parti ministériel,
je remercie les députés de Berthier, de Repentigny, de Deux-Montagnes et la
députée de Masson. Pareillement, encore
une fois, je salue la contribution du député de Beauce-Nord, qui a œuvré sur ce
projet de loi au nom de la deuxième opposition, ainsi que la députée
indépendante de Gouin.
En
terminant… Et, la présidente de notre commission, je voudrais la remercier tout
particulièrement, la présidente de la Commission de l'économie et du
travail, la députée de Champlain, qui a supervisé nos travaux. On a parlé hier
beaucoup de main de fer dans un gant de velours; je dirais main de maître
essentiellement. Et j'ai senti qu'elle a eu autant
de plaisir à participer, à présider cette commission que nous avons eu à
travailler sous sa présidence, avec elle. Alors, je pense que le plaisir
était des deux côtés de… bien, chez elle et chez nous, en tant que
parlementaires.
En
terminant, M. le Président, j'annonce donc, sans surprise, que l'opposition
officielle appuiera l'adoption de ce projet de loi, qui constitue la
suite logique des nombreuses actions que nous avons posées par le passé — merci,
merci — constitue la suite logique des nombreuses
actions que nous avons posées par le passé, nous — c'est un «nous» collectif — afin
de promouvoir et soutenir l'économie sociale. Aujourd'hui, par ce projet de
loi, nous nous dotons de moyens
supplémentaires dans cette mission. Et désormais, avec l'adoption de ce projet
de loi, nous serons évidemment en quête de résultats, mais nous sommes
très optimistes pour la suite des choses et l'avenir de l'économie sociale dans
toutes nos régions et dans tous nos centres urbains partout au Québec. Merci,
M. le Président.
• (12 h 20) •
Le Vice-Président
(M. Cousineau) : Merci, Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce,
porte-parole de l'opposition officielle en matière d'économie sociale. Alors,
je cède maintenant la parole au député du Beauce-Nord, porte-parole du deuxième
groupe d'opposition en matière d'économie sociale. M. le député.
M. André Spénard
M.
Spénard : Alors, merci, M. le Président. Alors, le projet de
loi n° 27 arrive à sa finalité, arrive au principe d'adoption. Alors, c'est un projet de loi,
évidemment, qui a été attendu durant de nombreuses années, sinon des
décennies par tous les acteurs et actrices au niveau de l'économie sociale.
Ce n'est pas un phénomène nouveau, au Québec, le
principe de l'économie sociale, sauf qu'on manquait un peu de paramètres pour la définir, et ce projet de loi
vient un peu, à mon sens, à mon avis, définir un peu ce qu'est
l'économie sociale, malgré les composantes
soit coopératives, soit mutuelles, soit les OSBL, soit les associations. Alors,
il y a une foule de composantes dans
ce projet de loi, et ça, ça vient au moins les réunir sous un même parapluie,
qui est un projet de loi-cadre.
Évidemment, je ne
dirai pas tout ce que j'ai dit hier. Je pense que l'économie sociale mérite
qu'on s'attaque véritablement à qu'est-ce
qui est créé dans ce projet de loi, et… ce projet de loi là, même si, à son
étape finale, ça constitue, en ce qui
me concerne, un début d'action pour toutes les entreprises d'économie sociale
du Québec. Sa reconnaissance juridique par une loi-cadre, c'était devenu
nécessaire pour confirmer et pérenniser surtout la reconnaissance de tous les
acteurs publics et privés pour l'économie sociale.
Il
y a une chose qu'on ne s'est pas attardés beaucoup, puis ça, je veux le dire,
parce qu'à la lueur des différentes études,
je trouve, ce projet de loi là est pertinent et opportun, d'autant plus que la
dernière crise économique de 2008, qui s'est prolongée jusqu'en 2010,
2011, a révélé les limites — et
ça, c'est la chaire du Canada qui le dit, en économie sociale — et même
la fragilité d'un système économique exclusivement orienté sur la recherche de
profits. Et ça, lorsqu'une chaire de recherche en économie sociale
canadienne nous arrive avec un constat comme ça, bien, il faut aller plus loin et il faut regarder aussi qu'est-ce qui s'est
passé plus loin. C'est vrai, dans son ensemble, que les entreprises
d'économie sociale ont mieux résisté à la
crise économique que les entreprises traditionnelles uniquement axées sur le
profit. Pourquoi? Parce que les entreprises d'économie sociale, M. le
Président, je ne vous cacherai pas qu'elles sont soutenues par une volonté
populaire des citoyens dans chacune des régions du Québec, parce qu'elles
répondent à un marché solidaire et elles répondent à un marché territorial.
Les entreprises d'économie sociale
sont des outils de développement du territoire, puis c'est basé sur une
prise en charge par les collectivités elles-mêmes pour apporter des réponses
aux besoins sociaux, économiques, culturels qui les confrontent. Alors, pourquoi qu'elles sont mieux armées? Ça ne veut
pas dire qu'elles ont des subventions à outrance. On parle plus de contrat social à l'intérieur des
entreprises d'économie sociale, contrat social que différents paliers du
gouvernement lui confient, mais il y a aussi le caractère entrepreneurial d'une
entreprise d'économie sociale. Et ça, je
veux insister là-dessus. Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce, je suis plutôt
en accord avec elle sur ce point-là, il faut, à l'intérieur des entreprises d'économie sociale, faire une ligne
de démarcation qui est la plus stricte possible entre les organismes
communautaires et les entreprises d'économie sociale. Qui dit entreprise dit
entrepreneuriat, et qui dit entrepreneuriat
dit une aspiration pour l'entreprise d'économie sociale à une certaine
viabilité économique ou aspirer à une indépendance économique.
Vous
savez, moi, j'ai passé 34 ans dans une entreprise d'économie sociale et je vais
vous conter une anecdote. En 1979, c'était un atelier de réadaptation
qui était entièrement subventionné par le ministère des Affaires sociales. Ça, c'était
le 14 octobre 1979, et le 15 octobre 1979, à minuit une minute, nous étions
considérés comme une entreprise d'économie
sociale dépendant de l'Office des personnes handicapées du Québec, qui venait
d'être créé, et là il fallait se financer. Et le salaire minimum, dans
le temps, pour les personnes handicapées, était 4 $ l'heure.
Alors, je vais vous dire qu'on se sent bien seul
lorsqu'on arrive à notre institution financière, le lendemain matin, pour aller négocier un prêt, une capitalisation
pour acheter de la machinerie et tout, et tout. Le gérant de banque te
regarde… le gérant de banque ou de caisse te
regarde puis il dit : C'est qui qui se porte garant de l'entreprise? Bien,
écoutez, c'est à but non lucratif,
c'est un conseil d'administration et
c'est une entreprise d'économie
sociale. Les coopératives, le
Mouvement Desjardins nous avait refusés dans
le temps, puis le concept était totalement incompris. Ça a été la Banque Nationale qui a accepté ça, à un
moment donné, ça fait qu'on est restés là un bout de temps. Mais, pour vous
montrer que même le mouvement coopératif ne
comprenait pas qu'est-ce qu'était une
entreprise d'économie sociale en 1979, c'est peu dire. Maintenant, ce
concept-là a évolué et ce concept-là mérite la loi qu'on a là.
Je
pense que ça va aussi amener plus de financement à l'intérieur des entreprises
d'économie sociale, parce que les entreprises d'économie sociale, il ne faut pas
se leurrer, ce ne sont pas des entreprises subventionnées par l'État,
ça, c'est complètement... Ce sont des
entreprises qui ont une finalité sociale pour répondre à des besoins que
peut-être que l'État ne veut pas
assumer pleinement. Donc, elles donnent des contrats sociaux qui sont affectés
principalement aux personnes, mais ça
va, autrement dit, permettre un meilleur financement parce que le monde va être
plus en mesure de comprendre.
Vous savez, quand on
a investi... Moi, avant de prendre ma retraite
de mon entreprise adaptée, on a investi 3 millions,
3 millions en machinerie, parce qu'on est
au même principe qu'une entreprise ordinaire, alors ça prenait un lecteur laser et, pour faire une vision
artificielle, pour le découpage du bois, ça prenait des scies automatisées, et
tout ça. Et ça, ce n'est pas... on n'est pas subventionnés pour ça. Puis on a même
moins de subventions qu'une entreprise dite traditionnelle, parce qu'on n'était pas admissibles à tous les
programmes. Immigrants investisseurs, on a eu une petite partie d'immigrants investisseurs, mais c'est
vraiment minime, et le reste, bien, on a été obligés de se financer, puis on prenait
une partie du fonds de roulement, une partie des certificats de dépôt, parce que c'était une entreprise qui
générait des profits quand même intéressants. Quand je suis parti, l'entreprise
comptait 450 employés, M. le Président, on avait 8 millions de paies, puis on avait un chiffre d'affaires d'à peu
près 12 millions en services. Alors, je pense que c'était une entreprise quand même très florissante, même si
c'était une entreprise d'économie sociale. Elle avait des retombées, dans le milieu, qui
sont peu ordinaires.
C'est un début aussi,
pour ce projet de loi là, pour répondre aux aspirations des acteurs en économie
sociale. Il y a des mécanismes d'action qui
vont être mis. Là, on a créé des attentes, on a fait
un projet de loi, maintenant les attentes devront être répondues
par les différents ministères au gouvernement.
Une
chose, une attente, en tout cas, qu'on... j'ai formulé un peu durant la
commission parlementaire et je n'ai pas eu beaucoup de réponses parce que peu d'acteurs dans l'économie sociale étaient
revenus sur ce point-là lors de l'audition en commission, c'est la
formation en entreprise d'économie sociale. Moi, je suis un conseiller d'orientation scolaire professionnel, dans une vie très courte
en sortant de l'université, et je suis abouti directeur général d'un atelier de
réadaptation, au début, qui était devenu une
entreprise d'économie sociale. Et, à l'intérieur de
tous mes collègues… il y en a 49 au Québec, à l'intérieur de tous
mes collègues, je voyais quelle est la formation des principaux dirigeants des entreprises d'économie sociale. La formation pour
diriger une entreprise d'économie sociale, la faire profiter, ça
n'existe pas. Tu avais soit des gars très
forts en administration, des bacs en administration, des comptables, et tout
ça, ou tu avais des travailleurs sociaux purs et durs, et tout ça, et tu
essayais de faire un directeur général avec un amalgame des deux. Alors, vous
comprendrez qu'à un moment donné le comptable manquait peut-être d'approche
humaine versus les ressources humaines, et le
travailleur social manquait peut-être... ou le conseiller en orientation que
j'étais manquait peut-être aussi
d'administration et de finances, comme telles,
pour affronter les banquiers. Alors, il n'y a pas de monde parfait, mais je pense que ce projet de loi là
vient mettre en relief, à un moment donné, qu'il va peut-être... penser à
offrir une formation quelconque pour les acteurs qui interviennent en
entreprise d'économie sociale pour faire en sorte qu'il soit plus sain, plus
viable et conduit de manière meilleure pour assurer leur pérennité.
• (12 h 30) •
Alors, moi, M. le
Président, je n'ai pas envie de ressasser tous les
articles du projet de loi, je pense que tout a été dit. Il y a beaucoup de monde à l'intérieur de ça, évidemment.
Alors, je tiens à remercier, à mon tour, tous ceux-là qui ont présenté des mémoires,
qui ont présenté des lettres d'appui, qui sont venus en commission
parlementaire nous expliquer leur point de vue. Je pense qu'on apprend plus
tard, et j'ai beaucoup appris en lisant et en recevant leurs commentaires en commission
parlementaire, et je les en remercie beaucoup.
Je tiens à remercier aussi la députée de Notre-Dame-de-Grâce,
avec qui ça a été plaisant de travailler durant cette commission parlementaire,
et tous ses collègues. Moi, je n'ai pas tous les noms, vous conviendrez.
Je tiens aussi
à remercier le ministre du MAMROT, le député de Jonquière, de même que tous ses collaborateurs et ses collègues aussi, la
présidente, la députée de Champlain, avec qui c'est toujours agréable, pour moi, de travailler.
Et je peux
vous dire aussi que la députée de Gouin était là à quelques reprises, je pense,
en commission parlementaire.
Je peux vous dire que c'est avec plaisir que la
Coalition avenir Québec a travaillé par mon intermédiaire sur ce projet de loi et qu'elle appuie sans réserve, pour
le développement de l'économie sociale au Québec, ce projet de loi
n° 27. Je vous remercie, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Cousineau) : Merci, M. le député de Beauce-Nord, porte-parole
du deuxième groupe d'opposition en matière d'économie sociale. Alors, je cède
maintenant la parole à M. le député de Chapleau, en vous rappelant que vous
avez 10 minutes.
M. Marc Carrière
M.
Carrière : Merci. Merci, M. le Président, de me donner l'occasion de parler, à mon tour,
sur ce projet de loi, que je
qualifie d'important et que je qualifie aussi d'un pas de plus vers ce qui a
été fait depuis plusieurs années sur toute
la question de l'économie sociale. Souvent, quand on entend juste le terme
d'économie sociale, on a tendance à penser que ça joue un rôle marginal ici, au Québec, que ça doit être
subventionné à coups de millions et beaucoup d'argent, et c'est totalement faux. Je pense que les
entreprises d'économie sociale, au Québec, jouent un rôle vraiment important
dans tout le développement économique au
Québec et je pense qu'il est important de continuer de soutenir ce pan de
l'économie, cette section de l'économie ici, au Québec.
Donc,
le projet de loi avait pour objet, premièrement, de de reconnaître la
contribution de l'économie sociale au développement
socioéconomique du Québec et d'établir le rôle du gouvernement dans ce domaine,
et aussi c'était… Il vise, d'ailleurs,
également à promouvoir l'économie sociale, à la soutenir à travers toutes les
interventions qui sont faites, là, au
niveau économique, et ça vient également camper le rôle du ministère des
Affaires municipales, des Régions et de l'Occupation du territoire quant
à son rôle à jouer d'un petit peu, là, de maître d'œuvre avec les autres
ministères. Donc, ce projet de loi là fait
en sorte, là, que… comme je disais, va amener toute la question du
développement social, je pense, un pas plus loin.
Donc,
là-dessus, c'est avec beaucoup de plaisir que nous avons participé. J'ai eu la
chance, là, d'y participer un peu. Ce
n'est pas un gros projet de loi, 17 articles. 17 articles, il y a eu 16
amendements. Je ne sais pas si le ministre en fait une habitude, il y avait eu également avant ça le
projet de loi n° 10 où, sur huit articles, il y avait eu six
amendements. Donc, je pense que le travail qui a été fait par les
parlementaires dans ce projet de loi là a été important pour faire avancer le
projet de loi. Est-ce que le projet de loi était prêt ou était bien étoffé?
Avec tous ces amendements-là, on peut se questionner. Mais, bon, je pense qu'on
arrive avec un bon résultat grâce à tous ceux qui ont pu y participer, et je
les remercie.
L'élément
le plus important selon moi ou que, je pense, qui va être capital, c'est un peu
à l'article 7, qui vient en sorte de
reconnaître l'économie sociale comme partie intégrante de la structure
socioéconomique du Québec en prenant en
considération l'économie sociale dans les mesures, dans les programmes
existants, dans leur mise à jour, naturellement, ainsi que lorsqu'il y
aura de nouveaux outils qui seront destinés aux entreprises.
Je pense qu'à chaque fois qu'il y aura un
programme ou à chaque fois qu'il y aura une mesure, peu importe le ministère, bien, celui-ci devra s'assurer que
l'économie sociale est traitée sur un pied… ou les entreprises en
économie sociale seront traitées sur un pied équivalent de toutes les autres
entreprises. Et c'est important parce qu'on en a dans chacune de nos régions au Québec, et je pense que le travail qu'ils font
fait en sorte que souvent — notre collègue, là, de
Beauce-Nord le disait un peu — souvent... Dans son cas à lui, où il a
travaillé pendant plus de 30 ans, c'étaient des gens où, souvent, ils n'avaient pas accès à du travail,
et cette entreprise d'économie sociale là a fait en sorte que ces gens-là
ont pu et peuvent encore contribuer à la
société québécoise. Donc, à chaque fois qu'il y aura une nouvelle mesure ou
dans toutes les mesures existantes, l'économie sociale devra être
traitée de façon aussi importante et sur le même pied que les autres pans de l'économie ici, au Québec. Donc,
là-dessus, je crois, selon moi, que cet article-là joue un rôle vraiment
prédominant dans ce projet de loi là.
Il y a également un
article qui vient un peu camper — parce qu'il y aura une table des
partenaires — qui
sera présent à la table, à cette table-là
des partenaires. Il y a deux organismes, là, qui regroupent vraiment la
majorité, là, des entreprises en économie sociale au Québec. Le premier
est le Conseil québécois de la coopération et de la mutualité et le deuxième est le Chantier de l'économie
sociale, qui, avec plein d'autres organismes et d'intervenants, sont
venus nous présenter leurs mémoires. Alors,
je veux saluer, au niveau du Chantier de l'économie sociale — et permettez-moi d'être un peu chauvin — un monsieur de l'Outaouais, un monsieur de
chez nous, Patrick Duguay, qui fait un travail phénoménal sur la question de l'économie sociale. Je pense qu'il
est un modèle et un mentor. Et il a même eu l'occasion d'aller un peu partout
dans le monde — je
sais qu'il est allé en Espagne, je crois, il est allé au Brésil — un
peu expliquer ce qu'est l'économie sociale,
ce que lui en pense et ce que devrait être le développement, là, de l'économie
sociale dans chacun des différents
pays. Donc, permettez-moi de le saluer et de le remercier de sa contribution
lorsqu'il est venu nous présenter son mémoire, le mémoire du Chantier de
l'économie sociale.
Comme je disais d'entrée de jeu, je
pense que ce projet de loi là est un pas de plus. Il y a un plan d'action qui
se termine en avril 2014, et le ministre, tout au long de l'étude du projet de
loi, n'a jamais voulu confirmer ou s'engager qu'il
y aurait des montants dans ce plan d'action là. Présentement, je crois que
c'est 16 ou 17 millions que notre collègue Nathalie Normandeau,
l'ancienne ministre des Affaires municipales, avait mis dans… à la contribution
pour les entreprises d'économie sociale,
pour les régions. Il y avait des ententes spécifiques au niveau des conférences
régionales des élus. Donc, je pense que
c'était important que, ce plan d'action là qui se terminera en 2014, bien,
qu'il y ait une suite à ça parce que, sinon, ce projet de loi là
sera — et
ça serait vraiment dommage — une
coquille vide.
Donc,
je pense qu'il est drôlement important, d'ici ce temps-là — il reste quelques mois — que le ministre, que le gouvernement fasse en sorte qu'il n'y ait pas de
moment aussi où il y aura un vide, là. Comme on a vu et on a pu
l'expliquer hier, au niveau, là... le
ministre de l'Agriculture, il y a des programmes au niveau de la relève
agricole qui sont terminés depuis le
31 mars dernier, et, depuis ce temps-là, il n'y a rien. Donc, tous ceux
qui ont l'intention de prendre la relève de leurs parents ou des jeunes qui veulent s'établir dans les régions, il
n'y a aucune aide présentement, là, pour eux, toute la question… Donc, il ne faudrait pas revenir aussi
avec un vide comme ce gouvernement est habitué, là, de... nous habitue
depuis déjà un certain temps.
L'économie sociale,
comme je disais, joue un rôle vraiment important chez nous, en Outaouais. Vous
me permettrez de citer quelques entreprises qui sont en économie sociale et qui
jouent vraiment un rôle prédominant en Outaouais.
Le premier est la Coopérative des paramédics de l'Outaouais. C'est plus de
250 employés, c'est une coopérative qui... Bien là, le mot le dit,
«les paramédics», donc ce sont des ambulanciers. Il y a les ambulanciers et il
y a le centre d'appels également qui est
présent, là, avec cette coopérative-là. Le ministre de la Santé a voulu jouer
dans les structures. Le besoin
présentement, c'est une ambulance supplémentaire, et le ministre de la Santé
fait la sourde oreille à cet effet-là. Mais
osons croire, là, que bientôt, là, la demande de ces gens-là et de l'Outaouais
sera entendue. Tout ça pour dire que la coop, la Coopérative des paramédics en Outaouais, joue un rôle de
premier plan, et je veux féliciter là-dessus des gens qui font un travail phénoménal : le directeur
général Stéphane Parent, il y a Marc Paquette, il y a Dany Turcotte
également qui... Ces trois personnes-là,
vraiment, sont les piliers de cette coopérative-là, et c'est vraiment un
service essentiel pour l'Outaouais.
• (12 h 40) •
J'en
ai parlé également lorsqu'on a fait l'adoption de principe, la Laiterie de l'Outaouais.
Chez nous, il y avait une laiterie
qui s'appelait la Laiterie Château, qui a fermé ses portes. Et Patrick Duguay,
de qui je vantais les mérites tantôt, avec un groupe, a travaillé, puis il y a des membres qui se sont mis ensemble
et ont travaillé, et, aujourd'hui, là, la Laiterie de l'Outaouais, bien, c'est un fleuron, c'est une
fierté pour les gens de l'Outaouais. C'est 23 emplois, c'est rentable, ça
aide nos producteurs laitiers chez nous, et les gens, quand ils vont à
l'épicerie, bien, les gens ont le réflexe de regarder est-ce que c'est du lait
qui est produit chez nous, est-ce que c'est du lait qui est produit par la
Laiterie de l'Outaouais.
Donc, tout ça
pour dire que, dans chacune des régions du Québec… Je suis certain que, de
votre côté, vous pourriez, M. le Président,
nous parler des coopératives dans votre région ou des entreprises d'économie
sociale. Donc, je pense qu'encore une fois, pour résumer, que c'est un pas
supplémentaire. Il ne faudra pas que ça tombe dans le vide.
Je veux féliciter l'équipe ministérielle qui a
travaillé dans cette étude de projet de loi là, la présidente également
de la commission qui a fait un travail remarquable. Je veux souligner l'apport
de nos collègues, la députée de Notre-Dame-de-Grâce,
qui a travaillé d'arrache-pied. Alors, pour répéter un petit peu les paroles de
ma collègue, nous allons être favorables à ce projet de loi là. Merci,
M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Cousineau) : Alors, merci, M. le député de
Chapleau. Je cède maintenant la parole à la députée… Non? Est-ce qu'il y a d'autres intervenants sur le projet de
loi n° 27? Alors, s'il n'y a pas d'autre intervenant, le projet de
loi n° 27, Loi sur l'économie sociale, est-il adopté? M. le leader adjoint
du gouvernement.
M.
Traversy : Sur cette belle unanimité, j'aimerais donc demander
le vote nominal et, en vertu de l'article 223 de notre règlement,
j'aimerais le reporter aux affaires courantes de demain.
Vote reporté
Le Vice-Président
(M. Cousineau) : Merci. Alors, conformément à la demande du
leader du gouvernement adjoint, le vote sur
la motion du ministre des Affaires municipales, des Régions et de l'Occupation
du territoire proposant l'adoption du
projet de loi n° 27, Loi sur l'économie sociale, sera tenu à la période
des affaires courantes demain. M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Traversy : Merci, M. le Président. Alors, sur cette belle
unanimité, il faut continuer dans cet élan, et c'est dans cet esprit que
je vous demande d'appeler l'article 6 de notre feuilleton.
Projet de loi n° 43
Reprise du débat sur l'adoption du principe
Le Vice-Président
(M. Cousineau) : Alors, merci, M. le leader adjoint du
gouvernement. À l'article 6, l'Assemblée reprend le débat ajourné le 8 octobre
2013 sur l'adoption du principe du projet de loi n° 43, Loi sur les mines.
Y a-t-il des interventions? Oui, Mme la députée de Trois-Rivières, à vous la
parole.
Mme Danielle St-Amand
Mme
St-Amand : Merci beaucoup, M. le Président. Alors, écoutez, ça
me fait vraiment plaisir, aujourd'hui, de prendre la parole sur le
projet de loi n° 43, projet de loi pour les mines.
Alors,
écoutez, M. le Président, ce projet de loi là, vous le savez, ça concerne
20 000 personnes au Québec qui gagnent leur vie grâce au secteur de
la transformation minière. Et ce sont des gens avec une moyenne salariale qui
se situe entre 80 000 $ et
100 000 $, alors ce n'est pas rien, M. le Président. Et, des fois, on
a tendance à penser que le projet de loi
pour les mines, ça concerne les gens du Nord. Mais moi, je veux vous dire
aujourd'hui, M. le Président, que ça concerne les gens des régions, et
chez nous, en Mauricie, chez nous, à Trois-Rivières, on est très concernés par
ce projet de loi là parce qu'on a des
citoyens qui y travaillent ou qui y travaillaient, on a aussi des entreprises
qui ont des contrats. Certaines ont
vu un ralentissement au cours des derniers mois, mais, cependant, elles
espèrent, évidemment, une reprise éventuelle.
Et,
en plus de ça, M. le Président, je dois vous dire que j'ai un frère, mon frère
Michel, qui travaille aussi à la mine de
Raglan depuis maintenant huit ans. Il est camionneur, et ce travail-là,
évidemment, l'amène à être souvent absent de chez lui. D'ailleurs, on a
vu Vincent Vallières au cours des dernières semaines, qui a écrit une très
belle chanson sur Fermont, et je pense que
ça explique bien la vie… Parce que, notamment, M. Vallières nomme
Trois-Rivières dans sa chanson, et ça explique bien la vie des gens de
chez nous qui doivent partir pour aller travailler dans les mines et qui reviennent, parfois au bout de trois semaines,
quatre semaines, pour quelques jours, qui doivent retourner. Mais, vous
savez, M. le Président, quand ça met du pain et du beurre sur la table de nos
concitoyens, eh bien on est vraiment contents.
Et
là je ne peux pas m'empêcher de vous dire, M. le Président, qu'on est surtout
contents… Parce que présentement, à Trois-Rivières, c'est difficile.
Dernièrement, vous savez, on a eu le titre peu enviable de la région, la Mauricie, où il y a le plus d'assistés sociaux.
Donc, ce n'était pas une très, très bonne nouvelle. Alors, ça s'est passé
il y a quelques semaines, et, le mois
dernier, évidemment, on apprenait que
Trois-Rivières est l'agglomération au Québec qui a aussi le plus haut taux de
chômage. Alors, là-dessus, je dois vous dire que j'imagine que la ministre des
Ressources naturelles est bien au fait de cette situation-là, situation qui
s'est dégradée au cours de la dernière année.
Alors, on a
eu l'occasion d'entendre beaucoup d'intervenants lors des auditions pour le projet de loi n° 43, des représentants
des groupes de travailleurs, des groupes municipaux, l'Union des municipalités, Fédération québécoise
des municipalités, des explorateurs,
l'Association minière du Québec aussi. Ce projet de loi là a été déposé en mai
dernier, un an après l'arrivée au pouvoir du
gouvernement du Parti québécois. C'est important, quand même, de se rappeler,
M. le Président, qu'en 2009 il y avait eu le projet de loi n° 79,
sur la qualité des mines, et qu'il y avait eu aussi… Ce projet de loi là, je
dois le dire, M. le Président, le projet de loi n° 79, est mort au
feuilleton. Nous avons eu aussi, pour me souvenir — parce que j'y étais — le projet de loi n° 14, la Loi sur la
mise en valeur des ressources minérales dans le respect des principes du développement durable. Il y avait,
à l'intérieur de ce projet-là, M. le Président, des articles quicorrespondaient aux attentes de l'industrie et des
travailleurs, des gens qui travaillent sur le plan régional aussi.
Alors, beaucoup de gens qui ont collaboré... En fait, la presque totalité des
gens de l'industrie ont collaboré — et des partenaires — au projet de loi n° 14. En fait, il y a
une seule personne, M. le Président, qui n'a pas collaboré sur le projet
de loi n° 14, et c'est l'actuelle ministre des Ressources naturelles.
Alors, il y
avait même, après 200 heures… Parce qu'il faut le dire, hein, cette
commission-là, pour ceux qui se rappellent,
elle a siégé pendant 200 heures, et le projet de loi n° 14 est mort au
feuilleton, lui aussi. Alors, c'est sûr que, pendant ce temps-là, il s'est installé un climat… une incertitude au
sein de l'industrie. Pourtant, c'était un projet de loi qui était
complet, un projet de loi qui couvrait l'ensemble des préoccupations à partir
des travaux d'exploration jusqu'à l'exploitation, en passant par la
réhabilitation.
Donc,
écoutez, nous, évidemment, on pense que la ministre d'aujourd'hui, elle avait
dit à l'époque… Et, le projet, je ne
sais pas si vous vous souvenez, M. le Président, la ministre était peu encline
envers ce projet-là et elle voulait absolument introduire des redevances
à l'intérieur du projet de loi n° 14. Il y avait même eu un engagement, si
vous vous souvenez, M. le Président, un engagement électoral qui avait été pris
par le Parti québécois à l'effet d'augmenter les redevances au Québec. Bien, M. le Président, c'est un peu triste de
constater que le gouvernement a dû reculer encore une fois et que la ministre a constaté en cours de
route que les redevances relevaient du ministre des Finances. Alors,
c'est certain que, dans ce sens-là, eh bien
il y a eu de longs mois qui se sont passés, et, finalement, c'est à la fin du
mois de mai que le gouvernement, avec
la ministre concernée, a accouché d'un projet de loi qui était celui dont nous
parlons aujourd'hui, le projet de loi n° 43.
Écoutez, vous
savez, aussi je ne peux pas passer sous silence que l'opposition officielle a
déposé un projet de loi en novembre dernier, le projet de loi
n° 197, où la ministre elle-même a dit, dans les jours qui ont suivi… elle
a admis qu'il y avait dans le projet de loi n° 197 de très bons éléments.
Donc, maintenant, écoutez, évidemment, ce projet de loi là n'a pas été appelé,
la ministre veut maintenir le sien, son projet de loi à elle. Nous, ce qu'on
souhaite, M. le Président, évidemment… Et, tantôt, je parlais des mines, je
vous ai parlé de mon frère. On sait que, présentement, il y a quatre, cinq mines dans le Nord qui sont
encore en fonction. On sait aussi — puis moi, je le vis avec mes
entrepreneurs chez nous — qu'il y a présentement un énorme ralentissement.
Alors, je peux vous dire notamment que le Groupe SFP, qui recrutait 200
personnes l'année dernière — ça
faisait les pages des journaux au printemps 2012 — a dû rappeler tous ces
gens ou presque, il reste peut-être une trentaine de personnes qui sont là.
Donc, c'est vraiment triste. Et cette industrie-là,
je tiens à le rappeler, M. le Président, elle est essentielle pour nos
communautés régionales, elle est essentielle pour nos municipalités.
• (12 h 50) •
Donc, il est bien
certain que, malgré le fait, M. le Président, que l'économie bat de l'aile,
évidemment, nous, on veut absolument… il
faut absolument s'assurer qu'on soutient les minières. Et, dans ce sens-là,
écoutez, c'est sûr que nous avions proposé le Plan Nord
aux Québécois. Il y a eu beaucoup
d'annonces de projets, il y a eu des minières, des gens qui ont investi, qui avaient pris des risques pour
créer des emplois, l'expertise se développait aussi. Et là,
présentement, bien, écoutez, c'est un peu
triste, mais il faut le dire, il faut le dire, il y a
un énorme ralentissement.Le
gouvernement actuel, par tous les
gestes qu'il a posés sur le plan économique, est venu freiner ces
développements-là. Et, ces développements-là, on les a ressentis chez nous, M. le Président, à Trois-Rivières. Alors, ce frein-là, il a des conséquences vraiment
importantes sur les communautés et sur nos gens. Alors, il y a beaucoup de gens
qui ont perdu leur emploi, qui sont
revenus, qui espèrent vraiment y retourner. Je pense au port de Trois-Rivières,
M. le Président, le port de
Trois-Rivières, qui…
Une voix :
…
Le Vice-Président
(M. Cousineau) : Oui, M. le leader
adjoint du gouvernement.
M.
Traversy : M. le Président, on est présentement dans l'adoption
de principe, là, du projet de loi sur les mines, et, selon
l'article 239 de notre
règlement, je comprends qu'on a le droit à des préambules, puis qu'on a le
droit à des marges de manoeuvre, puis
que chaque député ici, en cette Chambre, vit des réalités qui lui sont propres
dans sa
circonscription, mais, après
8 min 15 s, je pense qu'il commencerait à être temps d'atterrir
sur le projet de loi dont nous discutons, et
je fais référence, là, aux décisions qui ont été faites à cet égard par vos
prédécesseurs.
Le Vice-Président
(M. Cousineau) : Merci, M. le leader adjoint du gouvernement.
Oui, M. le député de Beauce-Sud.
M.
Dutil : …la remarque du leader adjoint du gouvernement, est-ce
qu'on pourrait avoir notre droit de parole sans intervention de ce genre-là? Vous allez
sûrement rendre une décision comme quoi c'est une intervention inutile. La
députée a le droit à son droit de parole, elle est dans le sujet puis elle peut
continuer.
Le Vice-Président
(M. Cousineau) : Alors, merci, M. le député de Beauce-Sud. Oui,
Mme la députée, vous pouvez continuer, et puis
on vous écoute dans ce sens-là. Merci.
Mme St-Amand :
Merci beaucoup, M. le Président. Alors, vous comprendrez que c'est important pour moi de
bien placer les choses en contexte. Et, à cet égard-là, vous savez, on a des
entreprises chez nous, je vous l'ai
dit, qui attendent des réponses sur des projets qui sont présentement au
ralenti, et ça, c'est quand ils ne sont pas
carrément arrêtés. À cela s'ajoutent des contrats que les entreprises
n'obtiennent carrément pas présentement, d'où l'importance, M. le Président, de parler de
l'incertitude qui règne actuellement quant aux décisions du gouvernement.
Maintenant, le leader
adjoint voulait qu'on parle directement de la loi. Bien, écoutez, je peux lui
parler, M. le Président, de la revue de presse. Alors, dans Le Soleil, M. Corbeil parlait,
le 30 septembre dernier… Ce n'est pas très
longtemps, là, le 30 septembre dernier,
alors on titrait Les Inuits
veulent aussi des ententes secrètes avec les minières.Alors, on parlait, M. le Président, de la Société
Makivik, on parlait des Cris, on parle aussi
de l'administration régionale Katimavik, alors
les gens qui sont venus dire qu'ils suggèrent que le projet de législation se
préoccupe davantage de protéger les
communautés. Ces gens-là sont venus nous dire aussi que la loi devrait contenir
des dispositions visant à éviter la
multiplication des infrastructures comme les routes, les pistes d'atterrissage
et qu'ils veulent que… Il y a eu des études, vous savez, sous notre
gouvernement, qui ont été entreprises pour amener le rail jusqu'à Kuujjuaq, notamment. Donc, ces gens-là ont
dit qu'ils veulent qu'il y ait des modifications au projet de loi.
Évidemment, je peux
parler aussi… Le leader veut que je parle du projet de
loi, je peux lui dire que M. Philippe Cloutier, qui est le
président…
Une voix :
…
Mme
St-Amand : M. Philippe
Cloutier, qui est le président, monsieur, de… Alors, mes collègues d'en face font diversion,
M. le Président. Mais, quand même, ils sont un peu taquins. Alors, écoutez, il
est le président de l'exploration minière du
Québec. Alors, M. Cloutier dit : «Le gouvernement ne comprend
pas la filière minérale.» Alors, vous comprenez,
M. le Président, ce n'est pas moi qui le dis,
là, c'est le président de l'exploration minière du Québec. Alors, il dit qu'il a plusieurs craintes face à la
réforme proposée par le ministre… par la ministre, je m'excuse, on le sait, c'est la ministre
des Ressources naturelles. Alors, il dit : «Il nous apparaît évident que
le gouvernement démontre une
incompréhension du fonctionnement de notre filière, de nos modèles d'affaires,
des défis que nous
sommes appelés à relever.»
Alors,
vous comprenez, M. le Président, que ce n'est pas jojo. Les partenaires,
présentement, ils sont inquiets, et notamment, écoutez, j'ai un article ici qui dit… Là, c'est vraiment… c'est un journaliste qui s'appelle J.-Jacques
Samson, dans Le Journal de Montréal, il titre Le Plan mort, M. le
Président. Alors, il parle de pouvoirs exagérés. Osisko et le projet de loi
n° 43, M. le Président…
Une voix : …
Le Vice-Président (M. Cousineau) :
S'il vous plaît!
Mme St-Amand : C'était le 17 septembre, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Cousineau) : Mme
la députée, s'il vous plaît! L'article 32, alinéa trois, allez lire ça, là. Vous allez
laisser parler la députée. Mme la députée.
Mme
St-Amand : Merci beaucoup, M. le Président, j'apprécie. Et, évidemment, j'espère que mes
collègues, parce que ce sont tous des collègues masculins, feront preuve
d'un peu plus de respect et de galanterie.
Donc, M. le Président, ce que je disais, c'est un communiqué de presse ici de la mine Osisko
qui dit : «…oui à une meilleure
protection de l'environnement, non aux délais, lourdeurs et incertitudes
inutiles.» Et là, M. le
Président, ce qu'on dit, c'est…
Des voix : …
Le Vice-Président (M. Cousineau) :
Mme la députée… S'il vous plaît, je veux avoir le silence, on écoute la
députée. Je vous ai dit d'aller voir l'article 32, alinéas un, deux et
trois. Merci.
Une voix : …
Le Vice-Président (M. Cousineau) :
Non, c'est moi qui mène ici, là. La parole est à madame.
M.
Traversy :
…simplement vous mentionner que vous avez raison d'évoquer l'article 32 en
cette Chambre pour le décorum, je ne remets pas ça en question. Je vous
demanderais, par contre, de demander à ma collègue de ne pas susciter des
réactions de la part de nos intervenants et de nos députés ici parce qu'il y a
aussi d'autres dames que… Je crois que c'est ce qui a provoqué certaines
réactions.
Le
Vice-Président (M. Cousineau) : Bon, d'accord, ce n'est pas une question de règlement. Allez-y,
madame, continuez.
Mme
St-Amand : M. le Président, écoutez, je vais, tout d'abord, m'excuser parce qu'en fait je viens de voir la
députée de Mirabel. Et, comme le député à côté avait une voix assez lourde,
j'avais juste vu lui, je n'avais pas vu sa collègue à côté. M. le Président,
permettez-moi de m'excuser auprès de la députée de Mirabel.
Alors,
effectivement, M. le Président, ce que je disais, c'est que, la mine Osisko,
cette société-là se dit préoccupée par l'impact sur le développement de
l'industrie. Ils le disent dans un communiqué, M. le Président, qui a été émis
le 17 septembre dernier. Alors, ils
sont préoccupés par l'impact sur le développement de l'industrie minérale
québécoise de plusieurs dispositions de ce projet de loi là qui ajouteraient
inutilement aux délais, de la lourdeur, de l'incertitude qui affectent déjà
cette industrie.
M. le Président, le CPQ, hein, le Conseil du
patronat du Québec, alors il y a un article, Journal de Québec,
le 19 septembre, qui dit que le CPQ estime que «le Québec n'est pas
assez riche pour exclure catégoriquement des occasions
de créer de la richesse». Et, vous savez, M. le Président, des occasions de
créer de la richesse, on en a bien besoin
présentement.
Aussi, je
veux vous dire, là, je vois l'Association minière du Québec, qui s'inquiète
ici, monsieur… Ça va être le dernier
parce que je ne veux pas non plus que mes collègues soient trop froissés.
Alors, je vais prendre bien soin de ne pas trop leur remettre leur revue de presse, en fait, hein, parce que c'est
la revue de presse qui parle des gestes du gouvernement. Mais ce dernier-là qui di, l'Association minière
du Québec, hein, alors… Je vous dirais que, là-dessus, c'est Mme Josée Méthot, qui est la P.D.G. de l'AMQ.
Mme Méthot dit que — attendez un petit peu — elle «s'est dite préoccupée par les
nouvelles dispositions que compte mettre de l'avant le gouvernement du Québec,
[ces] mesures qui alourdiront les fardeaux
administratif et financier et [qui] diminueront [aussi] l'attractivité du
Québec comme juridiction compétitive».
Alors, vous
voyez, M. le Président, on est capables de dire à ce moment-ci que ce projet de
loi là, il est fortement critiqué.
Alors, moi, ce que je veux vous dire, M. le Président, c'est qu'évidemment on
est préoccupés par la situation. Je vois,
si je comprends bien, M. le Président, qu'il nous reste… Il me reste deux
minutes, hein? Donc, je veux vous dire qu'on est préoccupés, on est préoccupés… Une minute? Merci. Alors, après trois
ans de paralysie, on est en droit de s'attendre, M. le Président, à une
loi qui va être complète et on veut s'assurer que nos entrepreneurs, autant
ceux qui sont dans le Nord que ceux qui sont dans nos régions, puissent
prospérer et créer de l'emploi. Parce que, présentement, ces gens-là qui
étaient dans les mines sont revenus en partie, plusieurs sont revenus à la
maison et ils espèrent pouvoir retourner. Donc, on espère vraiment qu'il y aura
un projet de loi, M. le Président, qui conviendra. Merci.
Le Vice-Président (M. Cousineau) :
Merci.
Donc, il est
13 heures. Compte tenu de l'heure et afin de permettre, cet après-midi, le
débat sur une affaire inscrite par les députés de l'opposition, le
présent débat sur l'adoption du principe du projet de loi n° 43 sur les
mines est ajourné. Merci. Bon dîner à tous.
(Suspension de la séance à
13 heures)
(Reprise
à 15 h 3)
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Alors, veuillez vous asseoir, chers collègues.
Affaires inscrites par
les députés de l'opposition
Motion proposant que
l'Assemblée exige du gouvernement qu'il
donne suite à la volonté exprimée par la première ministre le
31 octobre 2012 concernant la publication avant le déclenchement
des élections d'un portrait impartial des finances publiques
Nous en
sommes aux affaires inscrites par les députés de l'opposition et, à l'article
38 du feuilleton, aux affaires inscrites par les députés de
l'opposition, M. le député de Brome-Missisquoi présente la motion
suivante :
«Que l'Assemblée nationale exige du gouvernement
péquiste qu'il donne suite à la volonté exprimée par la première ministre le 31 octobre 2012 concernant la publication, un mois
avant le déclenchement des élections, d'un portrait impartial des
finances publiques.»
Conformément
à ce qui a été énoncé antérieurement par la présidence, je vous informe que la
répartition du temps de parole pour le débat restreint sur la motion
inscrite par M. le député de Brome-Missisquoi s'effectuera comme suit :
10 minutes sont réservées à l'auteur de la motion pour sa réplique;
environ 44 minutes sont allouées au groupe parlementaire formant le gouvernement; environ 39 minutes sont
allouées au groupe parlementaire formant l'opposition officielle; environ 14 min 45 s
sont allouées au deuxième groupe d'opposition; et six minutes sont
allouées aux députés indépendants.
Dans ce cadre, le temps non utilisé par les
députés indépendants ou par un des groupes parlementaires sera redistribué aux
groupes parlementaires en proportion de leur représentation à l'Assemblée.
Enfin, mis à part les consignes
mentionnées précédemment, les interventions ne seront soumises à aucune limite
de temps.
Alors, M. le député de Brome-Missisquoi, je vous
cède la parole.
M. Pierre Paradis
M.
Paradis :
Merci, M. le Président. J'ai le privilège et l'honneur de présenter à
l'Assemblée nationale la motion suivante :
«Que l'Assemblée nationale exige du gouvernement
péquiste qu'il donne suite à la volonté exprimée par la première ministre le 31
octobre 2012 concernant la publication, un mois avant le déclenchement des
élections, d'un portrait impartial des finances publiques.»
M. le
Président, l'objectif poursuivi, vous l'aurez compris, est de faire en sorte
qu'à l'occasion d'une campagne électorale
les députés, les candidats, les journalistes et surtout nos électeurs sachent à
quoi s'en tenir. Et je pense que, lorsqu'elle
a exprimé, il y a à peu près un an, ce voeu,
la première ministre était sincère. En tout cas, moi, c'est l'intention que je lui prête cet après-midi. J'aurai
l'occasion de le vérifier lorsqu'elle se lèvera de son siège pour voter pour ou
contre sa motion, finalement; c'est la motion de la première ministre.
Le contexte
budgétaire n'est pas facile. Il y a peut-être des raisons qui pourraient
l'amener à revenir sur sa parole. Le contexte budgétaire, vous le savez,
M. le Président, a été démontré, là, clairement. Les objectifs poursuivis par
le ministre des Finances dans son budget de
novembre dernier n'ont pas été rencontrés, là, pas partiellement. Il n'y en a
aucun, objectif qui a été rencontré. On se
fiait sur des investissements dans le domaine domiciliaire, résidentiel, assez
modestes, quand même, mais le ministre s'est
trompé de cible dans une proportion de 25 %. On se fiait sur des
investissements très raisonnables
dans le monde industriel; il s'est trompé de cible de 60 %. Et ça, c'est
les emplois de demain, M. le Président.
Mais, encore
pire, là où il s'est trompé de façon époustouflante, c'est dans sa cible de
création d'emplois. Le ministre des Finances nous a dit : Je vais
créer 45 000 emplois en 2013. Non seulement il ne les a pas créés, M. le
Président, il s'en est perdu 45 000.
Donc, ça fait 90 000, là, de marge d'erreur. En pourcentage, ça lui donne
200 %. Je ne crois pas qu'il y
ait eu, dans l'histoire politique du Québec, un ministre des Finances qui, sur
l'emploi, ait commis une erreur aussi grave avec des conséquences
humaines et économiques aussi désastreuses pour l'économie du Québec. Ça donne
des résultats sur ce qu'on appelle, là, le
bilan du Québec. Dans le bilan, là, vous avez la colonne des recettes puis la
colonne des dépenses. Dans la colonne des
recettes, le ministre des Finances, suivant ses propres chiffres, s'est aperçu
que les revenus ont baissé
considérablement. Les revenus ne sont pas au rendez-vous dans une proportion
qui dépasse le milliard de dollars. Et je suis modeste quand je
vous dis le milliard, M. le Président.
Et, dans la
colonne des dépenses comme telles... Parce qu'on avait, comme pierre d'assise
de ce budget-là, l'atteinte du
déficit zéro. Tous les Québécois ont été mis à contribution. Si vous aviez un
peu d'argent, bien, vous avez payé un peu plus de taxes puis un peu plus d'impôt; si vous étiez un des démunis de
la société, bien, votre chèque d'aide sociale a été coupé; si vous étiez un malade, on vous expliquait
qu'il fallait rester plus longtemps à l'urgence ou dans les corridors de
l'hôpital parce qu'il fallait atteindre
l'objectif zéro; puis, si vous étiez un malade... excusez, un enfant avec des
difficultés d'apprentissage à l'école, on vous disait : Tu n'auras pas
l'aide tout de suite, là, parce que l'objectif du déficit zéro, c'est capital.
Puis le président du
Conseil du trésor, M. le Président, je le dis et je le répète, a tenté de tenir
le fort jusqu'au 31 mars dernier. Puis, le
31 mars dernier, quand il s'est rendu compte que le ministre des Finances puis
sa première ministre avaient un discours ambigu quant à l'atteinte de l'objectif du déficit
zéro, bien, il a baissé les bras. Et ça a donné quoi, comme conséquence, le fait que le président du
Conseil du trésor arrête de dire non à ses collègues qui sont toujours
en demande? Bien, ça a donné un dépassement
de 40 % des dépenses pour le premier trimestre de 2013. Pour les mois
avril, mai et juin, dépassement de 40 %
des dépenses. On n'a pas encore les autres chiffres, M. le Président, mais
on a senti, au cours de l'été, là,
que le fait qu'il ait baissé les bras a fait en sorte que ses autres collègues
ministres annonçaient, à peu près
n'importe où, n'importe quand, toutes sortes de choses. Moi, j'ai compilé, là,
les annonces pour le mois de septembre : 200 annonces pour le mois de septembre. Et on va me faire accroire que
ça fait partie des équilibres financiers, M. le Président?
Strictement la ligne
bleue du métro de Montréal — je
sais que c'est un sujet qui vous intéresse — bien, on a annoncé la ligne bleue du métro de Montréal, mais
on a budgété juste la partie pour la conférence de presse puis la
pancarte. Ça, si ce n'est pas induire la population en erreur, je ne sais pas
c'est quoi, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Traversy :
M. le Président, venant d'un député qui a déjà été dans la position de leader
parlementaire du gouvernement, je lui
demanderais de faire attention de ne pas imputer des motifs aux gens ici, en
cette Chambre, notamment en utilisant des propos antiparlementaires. Je
vous demanderais de le rappeler à l'ordre.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, je vous demanderais, M. le
leader, d'être prudent dans vos choix de mots.
• (15 h 10) •
M.
Paradis : Ah! Je pensais qu'il se levait pour me dire qu'ils
l'avaient budgété, mais je constate qu'ils ne l'ont pas budgété, qu'il
confirme les propos que j'ai tenus en cette Chambre.
Maintenant,
M. le Président, tout cet imbroglio-là nous cause des problèmes démocratiques.
Parce que comment peut-on se
présenter devant l'électorat si on n'a pas un portrait juste et équitable? Puis là on est venus à la charge. On
a tenté de convaincre le gouvernement qu'il
fallait que ces chiffres qu'il nous lance en l'air soient vérifiés par le
Vérificateur général du Québec. On est revenus
à la charge, M. le Président, non pas seuls, là, mais avec l'aide de d'autres formations politiques, à trois reprises. La première fois, c'était la motion du 24 septembre 2013,
qui se lisait comme suit : «Que l'Assemblée
nationale mandate le Vérificateur général du Québec afin d'analyser la mise à
jour économique que présentera le
ministre des Finances et de l'Économie relativement à l'année 2013‑2014.» Assez
clair, assez simple. Résultat du vote : 62 pour. La CAQ a voté en
faveur, les autres députés indépendants et de d'autres
formations politiques. Seuls les péquistes
ont voté contre. Ils ne voulaient pas voir le Vérificateur général dans leurs
livres, ça leur faisait peur. Puis,
quand on connaît la situation économique du Québec, on comprend pourquoi ils
avaient peur.
Cette
motion, M. le Président, a été suivie d'une stratégie d'une autre formation
politique, menée par le député de Lévis au niveau de la Commission des finances
publiques, qui s'est réunie, en vertu de l'article 292 de notre
règlement, le 2 octobre dernier. Et là M. le député de Lévis,
supporté par tous les autres parlementaires de toutes les autres
formations politiques, a proposé que le
Vérificateur général soit convoqué en commission parlementaire pour se faire
entendre sur l'état des finances
publiques. Vous savez ça a été quoi, la réaction de nos amis d'en face, M. le
Président? Ils ont voté contre. Il y
a même un député, que je n'identifierai pas
parce que j'ai trop de respect pour lui, qui a
dit que cette convocation-là était complètement superflue. Il va se
reconnaître, M. le Président. S'il veut s'identifier, libre à lui, mais il
trouvait la venue du Vérificateur général
dans ce débat complètement superflue. Le ministre des Finances, lui, il a dit
que ce n'était pas de la compétence du Vérificateur général. Le
Vérificateur général n'est pas assez compétent pour se prononcer sur ces chiffres. M. le Président, quand une formation
politique en est rendue à ce type d'argument, ça devient inquiétant pour
sa crédibilité économique.
Troisième
tentative, M. le Président — parce qu'il ne faut pas lâcher avec ce
gouvernement-là, surtout quand il est
question de transparence et question de vérifier sa
comptabilité — il y a
une motion sans préavis qu'on a présentée hier, que j'ai présentée, M. le Président, mais je ne l'ai pas présentée
seul, je l'ai présentée avec le député de Lévis, le député de Blainville
et le député de Mercier. Tout le monde était d'accord. Réaction de l'autre
côté, M. le Président, de mon bon ami le
leader adjoint : Je ne veux pas en parler, je refuse mon consentement, il
n'est pas question qu'on parle de ça ici, M.
le Président.
Quand,
à trois reprises, ces gens-là s'opposent à ce que quelqu'un d'aussi neutre,
crédible, compétent et essentiel dans le fonctionnement de nos rouages
démocratiques, qui s'appelle le Vérificateur
général, qui est une véritable institution,
analyse les chiffres du ministre des Finances, M. le Président, c'est parce
qu'on ne veut pas faire toute la lumière sur notre situation budgétaire.
Par
la suite, M. le Président, le Vérificateur général nous a répondu, parce qu'il avait le devoir de le faire suite à une motion de l'Assemblée nationale, et je sais
qu'il y a une seule personne à la présidence, c'était adressé à la
présidence, donc ça vous était adressé, M.
le Président... Ce matin, le Vérificateur général vous a fait parvenir la motion suivante… la lettre suivante :
«M.
le Président,
«Par
la présente, je désire informer l'Assemblée nationale de mon intention de
donner suite à la motion suivante, laquelle a été adoptée par l'Assemblée nationale le 24 septembre
dernier :
«Que
l'Assemblée nationale mandate le Vérificateur général...», on en a déjà fait
lecture.
«Je
compte commencer mes travaux promptement de
façon à répondre aux attentes des parlementaires, et ce, dans le respect de la Loi sur
le vérificateur général. Enfin, j'évaluerai la possibilité de déposer à
l'Assemblée nationale mon rapport au moment où la mise à jour économique
sera rendue publique», etc.
M. le
Président, je pense que c'est une victoire pour la démocratie. Je pense que
c'est une victoire pour la transparence. Je pense que c'est une victoire
pour la population, qui a le droit de connaître les véritables chiffres.
Je tiens à remercier les députés des
autres formations politiques qui se sont joints à
nous dans le cadre de l'adoption de cette motion, et j'inviterais les députés de l'autre côté, qui ont
voté contre, à cesser de faire ce qu'on appelle, là, de la diversion, pour utiliser un langage parlementaire,
et plutôt prêter leur collaboration au Vérificateur général de façon à
ce qu'on ait un portrait clair et précis.
Maintenant, ce n'est pas parce qu'ils ont voté contre trois fois, M. le
Président, qu'on va baisser les bras, on veut leur donner une chance de
faire amende honorable.
On a tenté un libellé de motion aujourd'hui, M. le
Président, qui est inspiré du discours inaugural de la première
ministre, qui nous dit essentiellement que, un mois avant le déclenchement de
l'élection — puis,
elle, la connaît, la date — il faut avoir un rapport financier complet
vérifié. Ce n'est pas compliqué, c'est la première ministre qui l'a dit
dans le discours inaugural. Ces gens-là ont voté pour le discours inaugural.
Cet après-midi, ils sont appelés à répéter leur
vote. On comprendra, de l'attitude qu'ils adopteront, si... — comment
je pourrais dire, M. le Président — s'ils ont compris le message que la première
ministre voulait donner à son arrivée ou si un an de pouvoir a dilué les principes à un point tel qu'un an après on
est prêts à renier nos principes de transparence et d'équité envers la
population du Québec.
M. le Président, ce vote-là va nous indiquer très
clairement si le ministre des Institutions démocratiques était sérieux quand il parlait de plus de transparence, de plus
de crédibilité, de plus de connaissances des électeurs, de plus
d'honnêteté dans le système politique. On va
voir, lorsqu'il va se lever, si son vote va traduire exactement les principes
pour lesquels il s'est déjà prononcé ou si un an de pouvoir politique
aura fait en sorte qu'il est plus intéressé à cacher les chiffres, à ne pas
donner suite…
Une voix :
…
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : J'ai compris, M. le leader adjoint. Alors, je
vous ai appelé à la prudence, M. le député de Brome-Missisquoi. Vous avez
beaucoup d'expérience en cette Chambre.
Des voix :
…
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, veuillez poursuivre avec attention.
M.
Paradis :
Je vais… Je vais…
Une voix :
…
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, ça va. Je cède la parole à M. le député de
Brome-Missisquoi.
M.
Paradis : …à ne
pas rendre publics les chiffres. Mais il m'a dit que ça, c'était correct. Bien,
moi, je trouve que ce n'est pas
correct de ne pas les rendre publics, les chiffres, M. le Président. Je pense qu'on devrait les rendre publics, les chiffres. Je
pense que tout le monde devrait voter de la même façon en faveur de cette
motion qui est tirée directement du discours inaugural de la première
ministre. Et, de cette façon, M. le Président, si la première
ministre, comme elle l'a indiqué cette
semaine à l'Assemblée nationale, est prête à déclencher des élections pour le 9
novembre, date de déclenchement… le 9 décembre, excusez, date de
déclenchement le 6 novembre, on est à un mois, et à ce moment-là le fardeau va être sur le ministre des Finances de rendre publique sa comptabilité, sa
comptabilité vérifiée, pas la comptabilité créative dont il nous a fait
part jusqu'à ce moment, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le
député de Brome-Missisquoi, pour votre intervention. M. le ministre des Finances, je vous
cède la parole.
M. Nicolas Marceau
M.
Marceau : Oui. Merci, M. le Président. Il y a maintenant près d'un an que nous avons entrepris la tâche
de redresser les finances publiques par une gestion rigoureuse et responsable.
Et je me permets de vous rappeler que, dès
notre arrivée à l'automne 2012, nous nous sommes donné les moyens pour y
parvenir grâce à une approche équilibrée en matière de gestion des finances publiques principalement axée sur un
contrôle des dépenses, des niveaux d'investissementpublic en immobilisations qui sont compatibles
avec la capacité de payer des contribuables et avec une approche
renouvelée pour réduire notre endettement.
À
ce titre, nous avons réalisé d'importants efforts au cours des derniers mois,
les finances publiques sont sous contrôle et gérées de manière responsable.
Cela a d'ailleurs été reconnu plus tôt par le député de Brome-Missisquoi qui
nous félicitait de notre excellent contrôle des dépenses. J'aimerais ajouter à
cela, M. le Président…
Une voix :
…
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Question de règlement, M. le député de
Brome-Missisquoi?
M.
Paradis :
…une précision : ce que dit le ministre est vrai jusqu'au 31 mars.
Après le 31 mars…
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Ce n'est pas une question de
règlement, M. le député de Brome-Missisquoi. M. le ministre des
Finances, veuillez poursuivre.
• (15 h 20) •
M. Marceau :
Donc, on a été félicités par le député de Brome-Missisquoi, M. le Président,
qui nous félicitait, donc, pour
l'excellent contrôle des dépenses que nous avions exercé, et j'aimerais en fait
apporter une correction. J'aimerais apporter
une correction… Et, je sais, il félicitait le président du Conseil du trésor
et, comme il se doit, je crois que c'est le principal responsable, mais, quand même, c'est l'œuvre de l'ensemble du
gouvernement que d'arriver à un contrôle des dépenses. Nous ne nous laissons pas enthousiasmer, comme c'était le cas
de l'ancien gouvernement, qui, lui, dépensait sans compter et procédait
à des annonces qui étaient non financées.
Au cours des derniers mois, notre gouvernement a pris l'engagement de limiter le déficit à 1,5 milliard de dollars pour 2012‑2013, comme le prévoyait la Loi sur l'équilibre budgétaire. Et vous n'êtes pas sans savoir, M. le Président, qu'à notre arrivée, en
septembre 2012, nous avions constaté un gâchis, une impasse de 1,6 milliard
de dollars au-delà de la cible de déficit de
1,5 milliard qui était inscrite à la loi, et ce gâchis de 1,6 milliard dont nous avons hérité était dû à un dépassement de dépenses de 1,1 milliard
de dollars. Ça découlait, entre autres, de l'excès d'enthousiasme des collègues d'en face, mais il y
avait aussi à l'époque, déjà, une révision à la baisse des revenus autonomes de
501 millions qui découlait des perspectives de croissance
économique plus modérées qui avaient commencé à affecter la croissance
des revenus. Alors, le phénomène de
croissance des revenus plus faible avait déjà été observé par l'ancien
gouvernement. D'ailleurs, lorsque nous sommes arrivés, il manquait 500 millions.
Cela étant,
si rien n'avait été fait à l'époque, le déficit aurait été supérieur de 3 milliards de dollars en… pardon, oui, supérieur à 3 milliards
de dollars en 2012‑2013. Or, M. le Président, aujourd'hui l'objectif pour 2012‑2013
est pratiquement atteint. En effet,
le rapport mensuel au 31 mars 2013 publié le 27 juin dernier et qui
présentait les résultats préliminaires
pour 2012‑2013 a permis de constater que l'objectif
de déficit budgétaire pour 2012‑2013 est pratiquement atteint. De façon préliminaire, je le dis, de façon
préliminaire, le déficit s'établit à 1 746 000 000 $, et ce, malgré des revenus autonomes
plus faibles que prévu, marqués par le ralentissement de l'économie. Cela
démontre que nous avons réalisé en quelques mois à peine un effort de
1,3 milliard de dollars.
Qui plus est,
M. le Président, l'action du gouvernement permet le respect de l'objectif des
dépenses. Encore une fois, dans ce
même rapport préliminaire, la croissance des dépenses est de 1,7 %, soit
un taux inférieur à celui de 1,9 % qui avait été prévu au point sur
la situation économique et financière en mars dernier. Je pense que c'est
important de dire ici que, si cela s'avérait
dans les résultats finaux qui seront publiés prochainement, ce serait la
première fois depuis de longues années qu'un gouvernement parvient à
mieux faire que la cible qu'il s'était fixée.
Alors,
effectivement, les résultats vont être précisés lors de la publication des
comptes publics plus tard cet automne, comptes
publics sur lesquels d'ailleurs, M. le Président, le Vérificateur général
travaille présentement, en collaboration, évidemment, avec le ministère
des Finances.
Maintenant,
l'approche qui a été adoptée par nous, au Québec, permet le retour à
l'équilibre budgétaire de manière plus modérée qu'ailleurs. En effet,
pour 2013‑2014, le Québec mise sur une croissance des dépenses plus modérée et plus stable qu'ailleurs. La croissance des
dépenses de programmes passera de 1,7 % en 2012‑2013 à 1,9 % en
2013‑2014, et, pour les dépenses
consolidées, la croissance sera de 2,8 % et de 2,6 % pour ces deux
mêmes années. Les efforts réalisés au
cours des dernières années permettent de garder constante la croissance des
dépenses consolidées pour 2013‑2014.
D'autres
juridictions ont, quant à elles, limité davantage la croissance de leurs
dépenses, et ce, tant dans le reste du Canada
qu'ailleurs dans le monde. C'est notamment le cas de la Colombie-Britannique et
du gouvernement fédéral, qui ont des
croissances avoisinant davantage un taux de 1 % pour cette année. La zone
euro connaît également une croissance limitée de moins de 2 %, et
plusieurs de ses membres doivent composer avec des mesures d'austérité sévères.
Par ailleurs, malgré les efforts réalisés afin
de retrouver l'équilibre budgétaire, le Québec n'est pas en période d'austérité. En effet, en 2013‑2014 et en 2014‑2015,
des investissements annuels de l'ordre de 11 milliards de dollars
sont prévus dans les infrastructures
publiques. Ces niveaux sont nettement supérieurs à ceux des années 2000 et ils
continuent à contribuer à soutenir l'économie. Jusqu'en 2022‑2023, un montant
annuel moyen de plus de 8 milliards de dollars est prévu en investissements en immobilisations, soit le double du montant
moyen investi de 2002-2003 à 2006-2007. Et, afin de soutenir et créer
des emplois immédiatement dans toutes les régions du Québec, nous avons déposé
lundi dernier, il y a deux jours, la
nouvelle politique économique Priorité emploi, qui comprend notamment des
mesures pour accélérer les investissements en infrastructures.
M. le
Président, plusieurs écoles ont besoin de rénovations importantes. Dans
plusieurs régions, des investissements sont nécessaires afin d'améliorer
l'état des établissements, notamment en raison de problèmes de qualité de
l'air. Des infrastructures sont par ailleurs
désuètes. Pour répondre à ces besoins, nous procéderons à une accélération desinvestissements publics de 565 millions
de dollars. Ces investissements, prévus dans le Plan québécois des
infrastructures pour les années 2014‑2015 à
2017‑2018, débuteront dès l'automne
2013. Cette accélération des investissements entraînera la création de 3 500 emplois dans toutes les régions du Québec,
et cela à très court terme. Mais, M.
le Président, je ne peux pas m'empêcher de souligner ici qu'à la suite du
dépôt de cette politique je n'ai pas encore entendu un seul commentaire
négatif quant aux mesures judicieuses que
nous avons choisies à la fois pour accélérer les investissements et la
création d'emplois au Québec
et à la fois pour répondre aux problèmes structurels de l'économie québécoise,
problèmes qui n'avaientpas reçu de réponse satisfaisante de la part de l'ancien gouvernement qui a laissé, par exemple, le taux d'investissement R&D diminuer à travers le temps en proportion
du PIB, qui a laissé les exportations diminuer, qui a laissé 175 000 emplois
disparaître dans le secteur manufacturier.
Alors, M. le Président, non seulement nous nous attaquons aux problèmes
de court terme, nous nous attaquons
également aux problèmes de productivité, aux problèmes de recherche et
développement dans notre économie, aux problèmes d'exportation.
Cela étant, revenons aux
finances publiques, M. le Président. Le Québec, tout comme d'autres
juridictions canadiennes et internationales,
dispose de règles importantes afin d'assurer la pérennité des services publics,
et je vous en donne deux : premièrement, la Loi sur l'équilibre
budgétaire, qui a été adoptée en 1996, et évidemment la Loi sur la réduction de la dette, qui a été adoptée en 2006.
Alors, c'est en 96, en 1996, qu'un gouvernement formé par legouvernement... par le Parti québécois s'est, pour
la première fois, donné un cadre législatif dictant sa politique
budgétaire. L'équilibre budgétaire a été
atteint pour la première fois en 1998‑1999 sous le règne du gouvernement du
Parti québécois. Et c'est encore un
gouvernement du Parti québécois qui atteindra l'équilibre budgétaire, M. le
Président. Près de 20 ans après son adoption, cette règle
budgétaire d'importance pour le Québec constitue un acquis dont les principes
sont acceptés par tous.
Le Québec
s'est également doté d'une stratégie d'équité intergénérationnelle afin de
réduire la dette, qui a pour objectif
d'assurer la pérennité du financement des services publics et d'accroître
l'investissement et le niveau de vie de tous les Québécois. C'est ainsi
que la Loi sur la réduction de la dette a vu le jour, et cette loi engage le
gouvernement à dédier des sources de revenus pour respecter les objectifs de
réduction de la dette.
M. le
Président, le ministère des Finances et de l'Économie est actuellement à revoir
ses prévisions de croissance économique
ainsi que ses prévisions budgétaires. La mise à jour de ces éléments sera faite
dans le point sur la situation économique
et financière du Québec cet automne. À ce titre, je tiens à rappeler qu'il est
usuel que le ministère des Finances et
de l'Économie fasse état de la mise à jour économique et financière du Québec à
cette période de l'année. Tout comme la préparation du budget, la mise à
jour économique et financière s'inscrit dans un processus rigoureux et planifié
qui fait intervenir plusieurs expertises. La
qualité de l'information produite par le gouvernement est reconnue, les
prévisions économiques du ministère des
Finances et de l'Économie sont en accord avec la moyenne des prévisions
économiques du secteur privé, ce qu'on
appelle le consensus du secteur privé, et, selon le C.D. Howe, M. le Président,
le Québec figure parmi les provinces qui prévoient le plus justement ses
revenus et ses dépenses.
Rappelons
également, je pense qu'il faut le dire, que le Vérificateur général, depuis plusieurs
années, n'émet aucune réserve à la
publication des comptes publics du gouvernement. Depuis sa première édition, la
mise à jour économique et financière a été rendue publique entre la fin
octobre et le début décembre. Et, au Québec, le processus parlementaire encourage l'accès à l'information et à la
transparence par l'intermédiaire du dépôt de documents publics et
d'analyses en commission parlementaire. Il y
a les documents qui sont publiés pour la consultation prébudgétaire, il y a les
documents budgétaires... De plus, le
gouvernement a posé des gestes concrets pour assurer une plus grande
transparence budgétaire. Il publie
notamment un rapport mensuel permettant de suivre l'évolution de la situation
financière et publie également, je viens de le dire, des mises à jour
économiques et financières à l'automne. Le Québec a ainsi été la première
province à publier aussi fréquemment l'information portant sur sa situation
financière.
Par ailleurs,
ce que notre gouvernement souhaite et a toujours souhaité, c'est un portrait
fidèle et rigoureux des finances
publiques. C'est d'ailleurs, j'aimerais le souligner, le gâchis dont nous avons
hérité, de 1,6 milliard de dollars, que nous a laissé l'ancien gouvernement libéral, qui nous amène à la motion
d'aujourd'hui, hein? Entendons-nous bien, c'est ce gâchis de 1,6 milliard de dollars, héritage
de l'ancien gouvernement, qui nous amène à cela. Et, comme l'indique la
motion du député de Brome-Missisquoi, la nécessité d'avoir un portrait
impartial des finances publiques a été mentionnée par la première ministre dans le discours inaugural. D'ailleurs, je vais
me permettre de vous citer la première ministre afin qu'on remette cette affirmation en contexte et
pour le bénéfice du député de Brome-Missisquoi. Alors, M. le Président...
Parce qu'il manquait un petit bout tout à l'heure. Je ne dis pas que c'était
intentionnel, je veux simplement dire que je vais ajouter le petit bout pour
qu'on comprenne bien le contexte.
• (15 h 30) •
Alors, la
première ministre disait, lors du discours inaugural — j'ouvre les guillemets : «À notre
arrivée au pouvoir, nous avons
découvert que le portrait des finances publiques évoqué par le précédent
gouvernement était loin decorrespondre
à la réalité. Ce manque de transparence mine la confiance[...], de la
population, nourrit le cynisme et nuit à la qualité du débat démocratique. Il faut y mettre fin. En sachant d'avance la date des élections, nous
serons en mesure de publier un mois avant leur déclenchement un portrait
impartial des finances publiques.» Et je ferme les guillemets, M. le Président.
Alors, notons
quand même, là, pour les fins d'une bonne compréhension des propos de la première ministre, qu'il y avait
une référence au gâchis qui nous avait été laissé par l'ancien gouvernement. Il faut quand même le dire, il faut quand même le dire, M. le
Président.
Alors, nous
croyons, M. le Président, qu'une telle démarche devrait se faire dans un
processus, dans un cadre clairement établi. L'opposition a décidé d'improviser un processus d'analyse de la mise à jour
économique et financière en faisant adopter récemment une motion pour demander
au VG de le faire, sans donner de cadre à cet exercice, alors qu'il faut
prendre le temps de bien faire les choses pour le bénéfice de tous les Québécois.
Mon collègue
le ministre responsable des Institutions démocratiques et de la Participation
citoyenne — et
là je suis certain qu'il est à
l'écoute — a
fait adopter, le 14 juin dernier, le projet de loi n° 3, la Loi modifiant la Loi électorale afin de
prévoir des élections à date fixe. En conséquence de l'adoption de cette loi,
mon collègue et moi travaillons actuellement à déterminer le meilleur modèle
afin d'offrir aux parlementaires et à tous les Québécois un portrait
indépendant de nos finances publiques avant le déclenchement des élections à
date fixe. Je pense qu'il est important plus
que jamais qu'on ne se retrouve plus dans une situation
comme celle que nous avons vécue à notre arrivée, avec un gouvernement
libéral qui nous a légué un gâchis de 1,6 milliard de dollars.
Le
19 septembre dernier, d'ailleurs, notre collègue de Brome-Missisquoi, qui, après nous avoir vanté quant à la
gestion rigoureuse des dépenses, mais… et qui
connaît très, très bien aussi les méthodes libérales, a admis que, de leur côté, de leur côté, je le dis bien
clairement, il y avait eu... — et là je suis entre guillemets, je pourrais
sortir les galées si vous voulez, M. le Président — il y a eu de la comptabilité créative. Et là
il faisait référence à eux. J'aimerais que ce soit très clair, M. le Président. C'était un aveu de sa part.
Évidemment, ça n'est pas une façon de notre… pour nous de faire. Et nous
avons l'intention fermement de protéger les Québécois
des méthodes libérales.
Alors, M. le
Président, en conclusion, le gouvernement a posé les gestes qui s'imposaient
pour assainir les finances publiques
et retrouver progressivement l'équilibre budgétaire. Nous gérons de manière
responsable les finances publiques pour relever les défis qui touchent
les Québécois. Vous savez que nous connaissons un vieillissement de la population qui est plus important qu'ailleurs.
Vous savez aussi que notre endettement, héritage de l'ancien
gouvernement, est plus important que celui
des autres provinces canadiennes. Par ailleurs, j'aimerais rappeler que les
agences de notation ont maintes fois
indiqué que le maintien de la cote de crédit du Québec reposait sur la
crédibilité de l'approche équilibrée du retour à l'équilibre budgétaire et sur la capacité du gouvernement
d'atteindre les objectifs qu'il s'est donnés en termes de réduction de la dette à long terme.
Et, en guise
de conclusion, j'ajouterais que la raison la plus importante, qui est à la base
même de tous nos efforts, est la
nécessité d'avoir des finances publiques saines, parce que des finances
publiques saines, c'est une condition à une plus grande, à une meilleure croissance économique au Québec, et nous
travaillons sans relâche à une plus grande croissance économique, à
l'emploi au Québec. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Alors, merci à vous, M. le ministre des Finances. M. le député de Lévis,
porte-parole en matière de finances pour la deuxième opposition, je vous cède la parole.
M. Christian Dubé
M. Dubé :
Merci beaucoup, M. le Président. C'est toujours un plaisir de m'adresser à
l'Assemblée, ici, lorsqu'on parle de budget, de prévisions
financières et de tous ces sujets fascinants. Dans ce débat, qui a été demandé
par le député de Brome-Missisquoi,
j'aimerais dire tout d'abord que je m'inscris tout à fait en accord avec cette
demande-là. Et j'aimerais peut-être rappeler, pour fins de clairer…
clarifier l'air, pardon, sur ce sujet, les différentes demandes que nous avons
faites au cours de la dernière année en rapport avec
ce sujet.
Mais est-il besoin de rappeler que le premier
projet de loi dont j'ai fait l'expérience, lorsque j'étais tout jeune député,
il y a à peu près un an, c'était de présenter un projet de loi sur le directeur
du budget. Et vous vous souvenez que je
m'étais inspiré à ce moment-là d'un besoin d'avoir une gouvernance, justement, parce qu'on sortait d'élection et que j'avais compris, de la part du ministre
responsable des Institutions démocratiques, que c'est le gouvernement qui
est maintenant… les gens au gouvernement
avaient fait cette même demande lorsqu'ils étaient dans l'opposition, et que j'étais certain d'avoir l'appui du gouvernement en
place pour cette nomination-là d'un directeur parlementaire du budget. J'ai été… C'est probablement une des premières, je
dirais doucement, déceptions que j'ai eues, parce que je pensais que quelqu'un qui avait dit un an avant que c'était
une bonne idée, ce n'est pas parce qu'il est rendu dans le gouvernement
qu'il devrait réfuter ou changer d'idée. Ça m'avait surpris un petit peu. Mais
j'aimerais bien rappeler aujourd'hui que, si le gouvernement aujourd'hui est d'accord avec ça, ça ne devrait pas être
trop compliqué à mettre en place, parce que c'est ce que le ministre des
Institutions parlementaires préconise depuis plusieurs années.
J'aimerais
aussi rappeler que, dans la demande qui a été faite par les membres de
l'opposition officielle, il faut clarifier
un petit peu la terminologie. Puis, tout à l'heure, j'entendais le ministre des
Finances, puis je veux bien clarifier les choses : lorsqu'on reprend les mêmes mots, la même terminologie,
comme l'a expliqué le ministre des Finances, de ce que la première ministre a dit dans le discours
d'ouverture... Elle a bien parlé d'un portrait impartial des finances
publiques. Et je pense qu'il est
important — et je
respecte l'esprit de mes collègues ici, particulièrement de l'opposition — de bien choisir les mots qui ont déjà
été engagés par la première ministre. Et je pense que c'est bien important de
définir qu'est-ce qu'on veut dire par
«finances publiques». Alors, lorsque le ministre des Finances nous explique
qu'il est tout à fait d'accord à
procéder à une mise à jour économique qui va se faire à la mi-novembre, bien,
la mise à jour économique des finances publiques ne fait pas que
regarder les résultats que nous avons eus jusqu'à maintenant.
Prenons, par
exemple, les résultats qui seraient en date, par exemple, du 30 septembre,
c'est-à-dire à partir du mois
d'avril, mai, juin, juillet, août et septembre, donc les six mois qui seraient
réels de l'année. Mais le portrait des finances publiques inclut aussi
les six mois qui viennent compléter l'année financière, qui est en fait le
budget que le ministre nous a présenté il y
a à peu près un an, donc, le portrait des finances publiques, il faut bien
faire attention, qui représente les
résultats passés jusqu'à maintenant — je donne à titre d'exemple le mois de
septembre — mais qui
inclut aussi la prévision du ministre des
Finances, et de son équipe, et du Conseil du trésor sur les mois qu'il reste à
faire dans l'année financière. À mon
sens, c'est très important de mettre ça en perspective, qu'est-ce qu'on veut
dire ou que veut dire la terminologie «finances publiques».
Pourquoi
c'est important, M. le Président? Parce que, sur l'aspect de vérification ou
d'examen, il y a eu beaucoup de choses qui ont été dites par le ministre
des Finances, dans les dernières semaines, sur cet aspect-là, où je m'inscris
totalement en faux : parce qu'il n'est pas vrai, il n'est pas vrai qu'on
ne peut pas faire… on ne peut pas demander au Vérificateur
général de vérifier autant le passé, les six premiers mois que je viens de vous
décrire, que les six mois qui s'en viennent.
La vérification, elle est différente, mais ça fait quand même partie d'un
processus d'examen ou de vérification.
Je
m'explique. Les six premiers mois qui considèrent la moitié de l'année, c'est
très simple, on peut regarder les résultats
réels et s'assurer qu'on a la même comparabilité, les mêmes chiffres, les mêmes
organismes, les mêmes ministères. Ça, c'est le travail habituel du VG.
La deuxième composante cependant, M. le Président, et j'ai même vérifié avec le
Vérificateur général pour savoir qu'il était
confortable avec cette approche-là, et ça se fait dans les grandes
organisations, lorsqu'on présente un budget, pour s'assurer qu'il y a une
clarté sur la partie prévisionnelle, donc les six mois qu'il reste à combler — ce sera sept mois ou six mois, ce n'est pas
important — mais la
partie qu'il reste à combler, le vérificateur change un peu sa procédure d'examen et là, à ce moment-là, se concentre
à regarder particulièrement les prévisions… les hypothèses qui ont été
émises et qui sous-tendent les prévisions.
Et je
m'explique. Dans toute grande organisation, lorsqu'on fait des prévisions
financières, on explique les hypothèses que
l'on pose sur les revenus, les taux de croissance, les entrées de fonds, mais
on les explique clairement, et on fait
la même chose avec la croissance des dépenses. Alors, le vérificateur, dans
cette partie prévisionnelle, ne vient pas dire : Je suis d'accord que vous faites votre croissance
des dépenses à 1,9 %, mais il vient dire clairement : Voici les10 hypothèses que le gouvernement, soit
le ministère des Finances a pris pour les revenus, soit le Conseil du trésor a
pris pour les dépenses, et vient présenter
clairement, dans son processus d'examen, les cinq, 10, 15 hypothèses
principales qui viennent sous-tendre les
prévisions financières. Et à ce moment-là tout lecteur de la mise à jour
économique des finances publiques va très bien comprendre les
risques — grands
risques, petits risques — que
le ministre des Finances ou le Conseil du trésor prend pour la mise à jour
économique.
• (15 h 40) •
Alors, je voulais juste préciser que ce rôle-là
que l'on demande en ce moment au Vérificateur
général, ce n'est pas habituel, ce n'est pas impossible. C'est tout à fait possible, contrairement à ce qui a été véhiculé quelques fois au
cours des dernières semaines. Et je vous dirais même que c'est tellement
fréquent que ça se fait dans d'autres organisations provinciales ou même canadiennes par le directeur du budget. Et nous, vu
que ce procédé ou que ce poste-là n'est pas en place, il est très facile
pour nous de le faire faire par le vérificateur. Donc, je voulais clarifier le
point là-dessus.
J'ose
penser, M. le Président, et je vais utiliser toute la délicatesse des
mots que je pourrais choisir, que ce n'est pas par un manque de transparence qu'on refuse cette participation-là. Parce que,
si Mme la première ministre a dit qu'elle était d'accord à avoir un portrait impartial des finances publiques avant les élections — et
je ne sais pas si mes rumeurs sont bonnes,
mais il semble quand même y avoir un certain parfum de rumeurs électorales — il
serait donc inapproprié pour le ministre des Finances de dire qu'il
n'est pas d'accord à fournir un portrait impartial des finances publiques si
c'est le choix de la première ministre. Alors donc, je vous redis que, que ça soit un directeur du budget que
le ministre des affaires... des Institutions parlementaires peut mettre en place ou de donner
le mandat, qui est déjà accepté par le Vérificateur
général, de s'inspirer et de participer au processus
dont on parle, je suis sûr que ce n'est pas une question de manque de transparence
et je crois que nous allons avoir, j'espère en tout cas, sûrement une réponse
dans les prochaines heures.
Ce qui est malheureux,
M. le Président, c'est que c'est toujours les mêmes qui paient pour ce manque
de transparence là, et je dois vous dire… Je vais juste vous
prendre un petit exemple que j'ai eu la chance de questionner au cours des nombreuses sessions de la Commission
des finances publiques de la dernière année. Il y en a eu une
trentaine. Et je suis — je
vais peser mes mots — tanné,
tanné, tanné d'entendre le gouvernement parler d'un trou de 1,6 milliard qu'il a eu lorsqu'il est
arrivé, alors qu'il ne l'a jamais prouvé. Il ne l'a jamais prouvé; il n'a
jamais été capable d'expliquer le trou de
1,6 milliard. Est-ce que c'était le déficit de deux ou trois
mois qu'on regardait en date du 30 juin? C'est à peu près le chiffre qu'il était. Mais, à ce moment-là, si c'est un trou de 1,6 milliard qu'il a trouvé, aujourd'hui je peux
vous dire que le trou, il est de 1,8 milliard. Et là ce n'est pas la faute des libéraux, c'est le gouvernement du PQ qui est au pouvoir.
Alors,
cette impartialité-là de l'information...
On a besoin d'avoir quelqu'un indépendant, non partial, non
politique qui vient dire : L'état des finances publiques à une date
donnée, c'est ça. Alors, j'ai entendu encore deux fois dans le discours que
vient de faire le ministre des Finances, pas une fois, deux fois, et ça, je
l'ai entendu une vingtaine de fois dans la
dernière année, dire que le gouvernement s'est fait… a hérité d'un trou de
1,6 milliard. Et je peux vous dire que je l'ai demandé, nous l'avons demandé plusieurs fois en Commission des
finances publiques, et il n'y a personne qui a été capable de nous l'expliquer. Alors, je vous le
redis, M. le Président, j'espère qu'on aura quelqu'un, dans les
prochains jours, qui va accepter de venir montrer ça de façon très impartiale,
parce que, si le trou était de 1,6, il est maintenant de 1,8 puis il a l'air de
s'en aller à 2,2 puis à 2,4.
Maintenant, le point
qui est encore plus important par rapport à ce fameux trou là : dans la
perception des citoyens — et on s'en va en élection — c'est non seulement absolument questionnable
de parler d'un trou de 1,6 milliard, mais c'est de faire croire aux citoyens que, par une bonne gestion des
dépenses, c'est la gestion serrée du gouvernement qui a fait disparaître le trou, mais qui n'a jamais
été là. Vous me suivez? Ce n'est pas simplement de parler d'un trou,
mais c'est de dire que, par ma bonne
gestion, j'ai fait disparaître le trou. Bien, ça, ce n'est pas de la pensée
magique. Il faut expliquer qu'est-ce
qu'on veut dire par le trou, qu'il était là. C'était-u une question parce qu'à
ce moment-là de l'année c'est normal d'avoir ce déficit-là après trois
mois? Je crois que ce gouvernement-là doit non seulement bien l'expliquer, le faire avec quelqu'un d'impartial… Et, à mon sens,
on va peut-être avoir des surprises intéressantes que le trou dont on parle... Je le redis, je suis très tanné, je
serais heureux de reconnaître que les libéraux avaient laissé un trou de 1,6,
mais je voudrais bien comprendre comment le trou de 1,6 se compare avec le trou
de 1,8 que l'on a aujourd'hui. Et j'ai hâte de voir il est de combien, le trou
à la fin du mois de juillet.
Dernièrement,
j'aimerais bien comprendre, M. le Président, que ce que veut la population,
c'est non seulement de comprendre la
situation actuelle, mais ce gouvernement-là, le gouvernement du Parti
québécois, s'est fait élire sur des fausses promesses. On en a passé
plusieurs...
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Traversy :
M. le Président, il y a des choses qu'on peut dire en cette Chambre par
différents mots puis différentes façons qui
reviennent au même résultat. Je demanderais à mon collègue de rester poli et de
respecter notre lexique antiparlementaire en cette Assemblée.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Alors, faisons attention au choix de mots, M. le député de Lévis.
M.
Dubé : …faire une chose puis faire le contraire, je suis
d'accord. Je voulais prendre un petit peu d'eau. Merci beaucoup, M. le Président, c'est excellent. Ce que je veux dire
qui est important, M. le Président, c'est que, des promesses qui ont été faites, on en a plusieurs
qui ont été non réalisées. Ce que je veux surtout dire, M. le Président,
c'est qu'il y en a deux qui ont rapport aux finances publiques. C'était de
dire... c'était de dire…
Une voix :
…
M. Dubé :
Deux, hein? Vous avez raison, deux promesses. On allait atteindre un déficit
maximum cible de 1,5 milliard. Ça n'a
pas été réalisé. Le vérificateur est en train de vérifier les chiffres. C'est
de l'ordre de 1,7, 1,8, à moins qu'il n'y ait des changements très
importants, j'en ai parlé l'autre jour.
Mais
le point le plus important, c'est que, si le trou, le fameux trou est de
1,8 milliard aujourd'hui, il faut que le ministre nous dise rapidement et dise à la population que l'atteinte du
déficit zéro est impossible. Et il doit le dire avant les élections et il doit le dire par l'intermédiaire
d'états financiers impartiaux sur les finances publiques, présentés avec
l'aide du Vérificateur général. Et, à ce moment-là, la population, lorsqu'elle
sera en mesure de voter et de voir comment le gouvernement a réalisé ou non les
promesses qui ont été faites, deux promesses importantes au niveau de la santé
des finances publiques, bien tout le monde
sera en mesure de juger ce gouvernement pas sur ses promesses, sur ses
réalisations, M. le Président. Je vous remercie beaucoup.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, je vous remercie, M. le député de
Lévis. M. le leader adjoint du gouvernement, sur une question de règlement
ou une intervention?
M.
Traversy : M. le Président, en vertu de l'article 213,
j'aimerais poser une question, si le député de Lévis le souhaite, suite
à son intervention.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Très bien. Alors, M. le député de Lévis,
vous n'êtes pas obligé d'accepter. Souhaitez-vous répondre à la question?
Une voix :
...
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Alors, la réponse est non, il n'y a pas de
consentement. M. le député de Louis-Hébert, je vous cède la parole pour
votre intervention? Mme la leader adjointe du gouvernement.
Mme
Thériault : Oui. J'aurais besoin d'une question de directive,
M. le Président. Normalement, c'est la règle de l'alternance qui prévaut, comme vous le savez.
Il y a un intervenant qui vient de parler du côté du parti de deuxième
opposition, et je me demandais s'il y a des députés ministériels qui vont
parler à cette étape-ci de nos débats.
Une voix :
...
Mme Thériault :
Oui, bien, c'est... Non, mais c'est parce que c'est la règle de la...
• (15 h 50) •
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, à la présidence, règle
générale, on vérifie un premier tour de piste pour voir les positions
des uns et des autres, par la suite l'alternance entre les oui et les non.
Maintenant, M. le ministre responsable des Institutions démocratiques et
de la Participation citoyenne, je vous cède la parole.
M. Bernard Drainville
M. Drainville :
Merci, M. le Président. Alors, je suis très content de participer à ce débat
cet après-midi, d'autant plus que
cette idée de présenter aux électeurs et aux citoyens du Québec un portrait
juste, indépendant et impartial des finances publiques, c'est une idée
qui me tient à coeur depuis déjà un certain temps. Le député de
Brome-Missisquoi y a fait référence un peu plus tôt aujourd'hui.
D'abord,
M. le Président, il faut mettre toute cette proposition dans un contexte plus
large. Vous le savez, vous l'aurez noté, depuis septembre 2012, depuis
qu'on a été élus, le gouvernement du Parti québécois a posé plusieurs gestes d'intégrité, plusieurs gestes de
transparence. On a fait adopter plusieurs lois qui vont toutes dans le même
sens, c'est-à-dire rétablir le lien de confiance entre la classe politique et
les citoyens, entre les partis politiques et les citoyens. C'est un lien de confiance, M. le Président, j'ai eu
l'occasion de le dire et de le redire, qui a été sérieusement amoché par les neuf années du régime libéral qui
nous a précédés. Ce n'est pas pour rien, M. le Président, qu'on sentait
le besoin de remettre de l'ordre dans les
règles d'octroi des contrats publics. On l'a fait avec le projet de loi
n° 1. Changer le mode de
financement des partis politiques pour casser le système des prête-noms et le
pouvoir des collecteurs de fonds, on l'a
fait avec le projet de loi n° 2. D'ailleurs, M. le Président, c'est
une question qui revient hanter encore aujourd'hui le Parti libéral, hein? Vous avez vu ces accusations
qui ont été portées dans le cadre d'une activité de financement dans le
comté de Bonaventure, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : M. le whip en chef de l'opposition officielle.
M.
Lessard : Oui. On est intéressés à entendre le ministre.
Question de règlement, un, la loi sur les prête-noms, ça, c'est… dans
les faits, ce n'est pas vous autres qui a fait ça. Mais je pense qu'il prête
des intentions, puis ça ne donne rien. M. le ministre est capable de présenter
ses arguments basés sur des faits non pas sur des prétentions. Je pense qu'il
est capable de revenir à ça, puis ça fait des débats plus sains. Mais, s'il
choisit cette voie-là, on a d'autres arguments à faire valoir, éventuellement,
tout au long de son parcours.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Traversy : Bon, M. le
Président, premièrement, là, on ne commencera pas à répondre à des menaces que,
si jamais, là, le…
Une voix : …
M. Traversy : Bien non, mais,
écoutez, c'est des menaces que le député vient de nous faire, là. On va
répondre par la…
Des voix : …
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Un instant, là! Un instant, là!
J'ai entendu très attentivement les propos du whip en chef de l'opposition officielle. Je pense qu'il
faisait appel au ministre, tout simplement, de ne pas prêter des
intentions. Puis je n'ai pas senti de menace là-dedans. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M.
Traversy : Bien, je suis heureux, M. le Président, à ce
moment-ci, si j'ai mal compris. J'avais peur qu'il nous laissait
sous-entendre qu'il pourrait surenchérir à des propos qui ne feraient pas son
affaire. M. le Président, dans les propos
que mon collègue a tenus présentement, je n'ai pas entendu aucun vocabulaire
antiparlementaire. Je suis convaincu que notre collègue est sincère et
de bonne foi dans ses interventions. Alors, je ne vois pas nécessairement, là,
d'appel au règlement sur la question.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, revenons tout simplement au
débat. Et je demande la collaboration de tous et avec la prudence
habituelle pour ne pas imputer des motifs indignes à quiconque. Alors, M. le
ministre.
M.
Drainville : M. le
Président, je disais que nous avions déposé une loi pour casser le système des
prête-noms et le pouvoir des
collecteurs de fonds. Cette loi-là, la loi n° 2, a été adoptée à
l'unanimité. Et je faisais référence à un cas de financement par prête-noms qui a vu le jour ces derniers jours, et qui
implique effectivement le comté de Bonaventure, et qui implique le Parti
libéral. Je n'ai fait que citer des faits qui sont bien connus.
Je pourrais parler également de la loi sur…
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Là-dessus, il y a une règle que
vous connaissez sans doute, M. le ministre. C'est sub judice, si j'ai
bien lu. Il y a une enquête du Directeur général des élections. Je vous invite
à la prudence.
M. Drainville : Oui, bien
sûr. C'est des accusations, M. le Président, qui ont été portées, et on ne
présume absolument pas des résultats.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
M. le whip en chef de l'opposition officielle.
M.
Lessard :
Quand le ministre amène la question comme ça, si on avait à parler de M.
Duthel, qui a été nommé à l'étranger
par le gouvernement du Québec, alors qu'il passe lui-même en cour devant le
Directeur général des élections, ça ne nous amène pas à la bonne place,
hein, dans le débat sur…
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
J'ai compris…
Une voix : …
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Non, non, non, la présidence n'a pas besoin d'être éclairée davantage.
Je fais appel à la collaboration de tous et chacun. Quand il y
a des matières qui sont devant les
tribunaux, avec des accusations pénales, je vous invite à la prudence. M. le
ministre, veuillez poursuivre.
M.
Drainville : Alors, M.
le Président, donc, il y a
eu le projet de loi sur les contrats publics, il y a
eu le projet de loi pour mettre fin au système des prête-noms et pour
mettre fin au pouvoir des collecteurs de fonds, il y a eu le projet de loi pour mieux encadrer le financement des partis politiques
municipaux, il y a eu le projet
de loi également pour obliger les élus municipaux qui font face à des
accusations, comment dire, à laisser leur place le temps que durent les procédures. Alors, il y a eu plusieurs projets de
loi et plusieurs lois qui ont été adoptées qui visent, M. le Président,
donc, à ramener de l'intégrité, à ramener de
l'honnêteté en politique, et tous ces projets de loi sont en réponse notamment
à la situation dont on a hérité après neuf années du régime libéral
précédent.
Et il reste encore
beaucoup à faire, M. le Président. Il reste encore beaucoup à faire pour
rétablir ce lien de confiance, et plusieurs chantiers sont ouverts, ont été
ouverts par notre gouvernement. Et l'un de ces chantiers, c'est justement ce
portrait juste et indépendant des finances publiques sur lequel nous nous
sommes engagés afin que les partis
politiques partent en élection en sachant dès le départ quel est le portrait
réel des finances publiques, qu'on parte tous avec le même niveau de compréhension de l'état des finances
publiques, pour éviter notamment, M. le Président, qu'on se retrouve dans une situation où on se fait
dire : Voici quel est l'état des finances publiques, et après
l'élection on se fait dire : Savez-vous
quoi? On vient de découvrir un trou, on vient de découvrir que les dépenses
avaient été sous-estimées et que les revenus avaient été surestimés,
comme ça a été le cas, M. le Président, sous le gouvernement libéral de M. Charest. On s'est retrouvés avec
un trou de 1,6 milliard.
J'entends le
député de Lévis
qui dit qu'il est bien tanné. M. le
Président.Si lui, il est
tanné, là, imaginez nous, qui sommes
pris avec le trou. Nous autres, on est bien, bien tannés, M. le Président. On
est bien tannés d'être obligés de ramasser les dégâts que nous ont laissés les
libéraux, parce que c'est nous qui sommes pris
avec ça et c'est nous qui sommes obligés, M. le Président, de faire des choix
qui sont difficiles pour ramener le... le Québec, dis-je bien, à l'équilibre budgétaire.
Le député
de Brome-Missisquoi, M. le
Président, a une drôle de façon de
voir les choses. Un jour, il déclare que notre formation politique va être exterminée si la première ministre ne déclenche pas des élections maintenant — déclarationétonnante, d'ailleurs, je serais curieux de savoir ce que les membres de
son caucus en ont pensé — et
le surlendemain, M. le Président, il nous demande de changer la loi pour
que le Vérificateur général dépose un rapport un mois avant le déclenchement.
Ça fait qu'une journée il dit : Déclenchez au PC, le lendemain, il dit : Ça prendrait un portrait des finances publiques un mois avant le déclenchement.
Il faudrait qu'il se branche, M. le
Président. Il veut-u aller en élection ou bien il veut un portrait un mois avant
le déclenchement des élections?
M. le
Président, la situation d'un gouvernement minoritaire n'est jamais facile, on
ne sait jamais à quel moment on peut
tomber, mais, chose certaine, nous, nous nous
penchons sérieusement sur cette proposition,
et je travaille avec le collègue
ministre des Finances, mon collègue ministre des Finances, pour arriver à une
proposition qui va respecter ces principes,
donc, d'impartialité, d'indépendance des
finances publiques, un compte-rendu, un portrait des chiffres, M. le Président,
sur lesquels on va pouvoir se fier et qui auront été, d'une certaine façon,
contrevérifiés par une source indépendante
et impartiale. Ce serait évidemment plus facile si on était majoritaires, M. le
Président, on aurait un peu plus de temps pour y arriver, mais, chose
certaine, on travaille là-dessus, M. le Président, et on travaille de bonne
foi.
Mais, dans le
fond, M. le Président, cette motion-là, elle nous sert à beaucoup de choses,
hein? Elle nous sert à réitérer le
principe, elle nous sert aussi, M. le Président, à nous rappeler à quel point
le gouvernement libéral qui nous a précédés a mal géré les finances
publiques. C'est une belle occasion de réitérer à quel point ils ont été
singulièrement incompétents. Quand on entend
dire que les libéraux sont supposément les spécialistes de l'économie, moi, je
pense que les libéraux sont les spécialistes de la comptabilité
créative, M. le Président. Ce sont de très mauvais gestionnaires.
D'ailleurs, je me rappelle, M. le Président,
quand j'étais journaliste, à un moment donné,
j'avais fait sortir les budgets libéraux des dernières années libérales sous
Bourassa et Johnson, et c'était fascinant, M.
le Président, c'était fascinant de lire les budgets qui avaient été déposés,
année après année, au début des années 90,
dans lesquels le gouvernement libéral s'engageait constamment à respecter
certaines cibles budgétaires, et, d'une année à l'autre, les cibles budgétaires
n'étaient jamais respectées. Ils s'engageaient,
dans le budget, à atteindre tel ou tel chiffre;
l'année suivante, ils avaient toujours
défoncé leur objectif, ils avaient toujours... le chiffre du déficit était toujours
plus élevé que l'engagement qu'ils avaient pris. Tellement que, lorsque le Parti québécois a pris le pouvoir en
1994, ils nous avaient laissé un trou de
6 milliards de dollars, M. le Président, alors que,
si on les avait écoutés, l'équilibre aurait dû être atteint plusieurs
années auparavant. Comme quoi, sur la question des finances publiques, M. le
Président, les libéraux ne sont pas fiables, mais
alors là, pas fiables pantoute.
• (16 heures) •
Et
ça s'est passé… La même chose, le
même scénario s'est répété, M. le Président, avec le gouvernement de
Jean Charest, dont a
fait partie, si je ne m'abuse… dont ont fait partie tous les députés
libéraux qui sont actuellement devant nous.
Ils ont tous appartenu à ce gouvernement libéral, M. le Président, qui nous a
laissé un méchant dégât budgétaire. Je tiens à rappeler, par exemple, M. le Président, dans
le point du 4 novembre 2008, juste avant le déclenchement des
élections, le gouvernement libéral, dans le
point de 2008, prévoyait l'équilibre budgétaire pour 2009‑2010, avant les élections, M. le Président, ils
prévoyaient l'équilibre budgétaire. Ils arrivent en mars 2009, après les
élections, ils nous annoncent un déficit de
3,9 milliards pour 2009‑2010 puis 3,8 milliards
pour 2010‑2011.
Bel exemple, M. le Président, de l'incompétence budgétaire des libéraux. Ils nous promettent une chose avant, puis,
quand arrivent les faits, c'est toujours le contraire. Pas par quelques centaines
de millions, M. le Président, par plusieurs milliards qu'ils avaient dépassé
l'engagement qu'ils avaient pris. Raison de
plus, M. le Président, pour avoir… Ça vient illustrer encore une fois pourquoi on a besoin de ce portrait impartial et neutre des finances
publiques avant d'aller en élection, parce que, pour ce qui est de l'élection
2008, là, disons qu'on… les citoyens québécois se sont fait rouler dans la
farine par les libéraux, M. le Président.
Puis la même
chose s'est reproduite en 2012. Début de campagne électorale, le Parti québécois… le Parti libéral du Québec, qui était au pouvoir à ce moment-là, fait circuler toutes sortes de chiffres, tous plus erronés les uns que
les autres. On arrive au pouvoir puis on se rend compte que les dépenses
avaient été sous-estimées de 1,1 milliard, donc qu'il y avait un trou de 1,1 milliard, auquel il faut
ajouter 500 millions de dollars de revenus qui n'étaient pas au rendez-vous, donc,
au total, un trou de 1,6 milliard
de dollars. Et, n'en déplaise au député de Lévis, M. le Président, ce 1,6 milliard, il est bien réel,
il est bien réel, on vit avec. Et ce n'est pas pour rien, M. le Président,
qu'on est confrontés à des choix budgétaires
aussi difficiles. Ce n'est pas parce
que ça fait notre affaire, c'est parce qu'on est responsables, M. le
Président, puis on veut justement ramener les finances publiques en équilibre.
Et, M. le Président, savez-vous
quoi? C'est toujours ce qu'on a fait, c'est toujours
ça qui est arrivé. On a hérité d'un
trou de 6 milliards après les années Bourassa-Johnson, on a été obligés de
se serrer la ceinture. Finalement, on est arrivés à l'équilibre budgétaire sous Lucien Bouchard. Jean Charest et
les libéraux prennent le pouvoir, ils nous ramènent dans le trou, M. le
Président, ils nous ramènent dans le trou. Et là on prend le pouvoir, puis qui
est obligé de sortir les finances publiques du trou dans lequel les libéraux
nous ont laissés? Le bon vieux Parti québécois, M. le Président, encore une
fois, qui est obligé de corriger l'incompétence puis la mauvaise gestion des
libéraux.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Il faut être prudent avec l'utilisation du terme «incompétence», M. le ministre. C'est dans le lexique, M. le
ministre, alors prudence par rapport au mot.
Des voix :
…
M. Drainville :
…ça serait bien le boutte, M. le Président!
Alors,
M. le Président, le 19 septembre dernier, lors du débat,
justement, sur la motion sur le Vérificateur
général, le député de Brome-Missisquoi disait ceci : «On a assisté, au cours des années, à de la
comptabilité créative[...]. Je ne veux
pas mettre le blâme plus sur un parti que sur l'autre, mais il y a
eu de la comptabilité créative…» Bien d'accord
avec lui, M. le Président. Il y a
eu beaucoup de comptabilité créative sous les libéraux. D'ailleurs,
le député lui-même est membre du PLQ depuis nombre d'années, il a…
siégé, dis-je bien, dans le caucus libéral pendant les neuf dernières années. Et c'est un bel aveu, M. le Président, du député de Brome-Missisquoi que de nous reconnaître comme ça, que
d'admettre publiquement que son parti a fait
de la comptabilité créative. Ça prend du courage pour dire ça, M. le Président, je pense qu'il faut le saluer.
Moi,
j'irais plus loin, M. le Président, j'irais jusqu'à dire… j'irais jusqu'à sacrer le PLQ
champion de la comptabilité créative. M. le Président, je pense que
c'est un titre qui leur va bien. Et c'est pour éviter justement cette
comptabilité créative, M. le Président, c'est pour protéger les libéraux contre
eux-mêmes aussi pour l'avenir, hein, si jamais, là, dans plusieurs années d'ici ils se
retrouvent dans une autre… ils se retrouvent à nouveau dans une position
où ils vont devoir gérer les finances publiques… On espère que ça ne viendra pas avant plusieurs décennies, M. le Président, plusieurs décennies, parce
que franchement, là, juste de se remettre de la dernière décennie, M. le
Président, on en a pour un bon bout de
temps, là, avant de pouvoir s'en remettre, là, mais, si jamais
ils sont dans cette situation-là, on espère, M. le Président, qu'ils vont
être obligés, à ce moment-là, de rendre compte de leur gestion puis qu'on
aura, à ce moment-là, un
portrait impartial des finances
publiques pour éviter justement…
qu'on ne se retrouve pas dans la même situation que celle dans laquelle ils nous ont plongés à toutes
les fois où ils ont été au gouvernement ces dernières décennies, M. le Président.
Alors,
voilà, M. le Président, où nous en sommes. Le député de Brome-Missisquoi déclarait, il n'y a pas longtemps,
qu'on était… qu'on faisait un travail
exemplaire sur le plan du contrôle des dépenses. Je suis bien d'accord avec
lui. On travaille fort, M. le Président, pour contrôler les dépenses. On
le fait beaucoup mieux, d'ailleurs, que les soi-disant champions de l'économie qu'ils sont… dont ils se sont autoaffublés… hein,
le titre dont ils se sont autoaffublés, là, les soi-disant champions de l'économie,
qui ne sont pas capables de gérer l'économie, qui ne sont pas capables de gérer
les finances publiques non plus.
Alors,
nous, on hérite de ce bel héritage libéral. Puis on est encore une fois en
train de mettre de l'ordre là-dedans,
notamment en contrôlant nos dépenses, en faisant très attention, en comptant
chaque cenne, en s'assurant que l'argent des contribuables est bien
géré, en s'assurant que les taxes et les impôts qui sont payés par les gens qui
nous écoutent soient bien dépensés, M. le Président, puis on va continuer
à le faire. C'est cette rigueur qui nous anime, ce sens des responsabilités qui nous anime, qui nous a animés dans les années 80 lorsqu'est
arrivée la grande récession, qui nous a animés dans les années 90 quand on a hérité du trou de 6 milliards que nous ont laissé les libéraux après l'administration Bourassa-Johnson. C'est la même rigueur, le même sens des responsabilités, M. le Président, qui nous anime aujourd'hui après qu'on a
eu laissé une situation de surplus aux libéraux, qu'ils ont à nouveau
transformé en trou.
Ils ont tellement
fait de trous, M. le Président, qu'ils sont responsables du tiers de la dette
de tout le Québec. Le tiers de la dette historique du Québec, ils en sont
responsables, M. le Président. Puis, pour avoir une dette, il faut que tu
fasses…
Une voix :
...
M. Drainville : Des dépenses, oui. Puis, dans leur cas, ils en
font beaucoup, de dépenses, quand ils sont au pouvoir, puis ça ne balance pas avec les revenus. C'est
comme ça que tu te retrouves avec une dette, M. le Président. Tu te
retrouves avec une dette parce que
tu laisses des trous, puis le trou s'accumule au trou, puis, d'un trou à
l'autre, le trou s'approfondit sans
cesse. Puis c'est comme ça, M. le
Président, hein, qu'on se retrouve
avec une dette. Les libéraux sont les champions de la dette, le tiers de
la dette historique du Québec, M. le Président, en 10 ans. Il faut le faire.
Il faut le faire. Depuis que le Québec existe, depuis 1867, imaginez-vous, ils
ont réussi à creuser une dette qui équivaut au tiers de la dette historique du Québec. Ils ont fait ça en
10 ans. Méchants champions, M.
le Président! C'est tout que des champions,
nos libéraux, en matière de gestion des fonds publics. C'est tout que des
champions.
C'est
un mythe, cette histoire-là, M. le
Président, c'est un mythe. C'est un
mythe, et, si on peut contribuer à le détricoter,
ce mythe-là, on va le faire, M. le
Président. Et une des façons de le
faire, c'est d'arriver avec un portrait impartial, neutre, objectif des finances publiques. On s'est engagés à le livrer, M. le
Président, et, comme on le fait dans
la plupart des cas, on va respecter notre engagement. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le ministre responsable des Institutions démocratiques et de la Participation citoyenne.
M. le député de Laurier-Dorion, je vous cède la parole.
M. Gerry Sklavounos
M.
Sklavounos : Merci, M. le Président. Alors, j'écoutais attentivement l'intervention du
ministre et je n'allais pas nécessairement
intervenir sur cette motion, je me posais la question si j'intervenais, mais
c'est l'intervention du ministre qui m'a motivé, M. le Président, de me lever
pour juste relever certains éléments. Le ministre des Institutions
s'est levé… le ministre
qui est responsable des Institutions démocratiques s'est levé, plutôt,
pour piétiner allègrement la règle de sub
judice. Vous avez été obligé, M. le
Président, de rappeler à l'ordre
le ministre responsable de nos Institutionsdémocratiques, qui se référait à un dossier qui
est devant une autorité quasi judiciaire qui est en train de faire
enquête, et qui décide de soulever la question, plaider la cause, prendre
position ici, en Chambre.
Laissez-moi
vous dire, comme jeune parlementaire, que l'exemple qui doit venir d'un ministre
responsable des Institutions démocratiques, c'est un respect du règlement
et des règles de base démocratiques qui sont dans notre tradition depuis des siècles. Et je suis, je dois vous dire, déçu, même
outré du fait que le ministre responsable des Institutions démocratiques
piétine allègrement une règle d'or de notre système parlementaire, qui est la
règle du sub judice, en utilisant des faits, aussi, qui ne sont pas avérés, qui
ne sont pas exacts.
• (16 h 10) •
Mais
je retourne au principe. Lorsque le ministre responsable des Institutions démocratiques ne
respecte pas la règle du sub judice,
on comprend comment un gouvernement, le même gouvernement ne respecte pas les motions adoptées par cette Assemblée
nationale. On est dans une ligne où on est, d'après moi, si on ne l'est pas
officiellement, on est en outrage du Parlement de façon au moins non
officielle. On ne respecte pas les règles de base démocratiques, on ne respecte
pas les motions. Et je suis assez inquiet lorsque cette remarque vient de la
bouche même du ministre des Institutions. Il s'est livré à une attaque en règle,
le ministre. Je ne sais pas, M. le Président…
Ce qu'on demande ici, c'est de la transparence. C'est une motion
qui vise à ajouter de la transparence dans notre processus législatif pour les citoyens qui se disent, et qu'on l'entend,
cyniques, mais, au lieu de démontrer une
ouverture à une addition de transparence, un
ajout de transparence dans notre processus, on se
livre à une attaque comme s'il y avait quelque chose, quelque chose. Pourquoi obstruction à de la
transparence de la part du ministre des Institutions démocratiques? Celui qui
incarne probablement le rôle le plus important dans
notre Parlement vient de faire une plaidoirie, une charge contre la
transparence, contre les règles de base de notre système parlementaire. Moi,
comme jeune parlementaire qui n'avait pas l'intention d'intervenir, je me lève
pour dénoncer, pour dénoncer ces propos-là, M. le
Président.
Le ministre nous a
parlé de son temps comme journaliste, il nous a parlé du fait qu'il avait
fouillé plusieurs budgets libéraux et qu'il
avait déterminé, dans sa sagesse et avec son expertise économique, que les
libéraux n'étaient pas compétents. Mais, sur ce que les Québécois vont
retenir de la carrière du ministre, c'est qu'alors qu'il se négocie à un comté avec le Parti québécois il a fait une
entrevue avec le chef, André Boislcair,
prétendant être impartial, alors qu'il négociait un comté et qu'il
allait prochainement se présenter en politique. C'est la même personne qui
vient de se lever comme ministre responsable
des Institutions démocratiques pour nous donner l'exemple, pour essayer de nous
faire la leçon. Le ministre, qui était journaliste, qui interviewait un chef de
parti et qui se négociait en même temps un siège,
un comté, s'il n'y a pas là apparence de conflit d'intérêts — vous êtes juriste, M. le Président — s'il n'y a pas là apparence de
conflit d'intérêts, il n'y en a jamais eu nulle part,
de la part du ministre des Institutions démocratiques.
Alors,
je prends avec un grain de sel ce que le ministre dit à propos de l'éthique et
de la déontologie et je m'inscris en faux lorsque le ministre des
Institutions démocratiques se lève pour faire obstruction à une transparence
qu'on veut ajouter à notre processus
parlementaire. Je ne suis pas expert des chiffres, M. le Président, et je n'ai pas
beaucoup de temps, mais j'ai
entendu bien le député de Brome-Missisquoi, qui ne relate pas des chiffres
qu'il a inventés, mais des chiffres que des acteurs et des analystes
économiques nous ont présentés : des cibles ratées de 25 % en
construction domiciliaire, 60 % en manufacturier, 200 % en emploi et
40 % au niveau du contrôle des dépenses.
Quelle occasion magnifique… Et j'ai entendu le
ministre des Finances se lever, qui semblait le contredire en parlant d'autre
chose ou qui essayait de le contredire en parlant d'autre chose. Quelle
magnifique occasion pour le gouvernement de
démontrer que nous n'avons pas raison et que les analystes n'ont pas raison
aussi. Tout le monde se trompe à part le Parti québécois. Quelle
magnifique occasion de faire vérifier les résultats financiers, le portrait
financier du gouvernement par une autorité indépendante.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Une question de règlement, M. le leader adjoint
du gouvernement?
M.
Traversy : Merci, M. le Président. Parlant de vérification, je
suis certain, avec le consentement, peut-être, de mon collègue de Chauveau
et de La Prairie… si vous pouviez peut-être vérifier le quorum et
s'assurer que tout le monde soit là pour écouter le député de
Laurier-Dorion.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Très bien. Alors, je vais vérifier
le quorum. Alors qu'on appelle les députés.
• (16 h 15 — 16 h 16)
•
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Effectivement, il y a la règle qui
veut… c'est une directive de la présidence qu'il faut être trois députés
pour pouvoir appeler le quorum. Donc, veuillez poursuivre, M. le député de
Laurier-Dorion.
M.
Sklavounos : Alors, M. le Président, non seulement le
ministre des Institutions démocratiques, qui n'est pas un exemple en termes d'éthique pour les raisons que
j'ai évoquées, piétine allègrement la règle du sub judice, non seulement
ce gouvernement ne respecte pas les motions de cette Chambre, on vient de voir
une tentative du leader adjoint du gouvernement
d'invoquer le quorum pour limiter la parole dans un cas où il ne respectait pas
lui-même le règlement en n'ayant pas assez de membres présents dans la
Chambre pour pouvoir invoquer le règlement. On assiste aujourd'hui, M. le Président, à un spectacle désolant, triste,
je vous dirais, qui ne vise rien d'autre que de détourner l'attention du
sujet. Le sujet, ce sont les finances publiques qui sont dans un état
pitoyable, le marasme lamentable et économique de ce gouvernement-là. Vous avez vu l'exemple, on a voulu dire et parler de
n'importe quoi, sauf se mettre d'accord sur une motion visant à faire
vérifier les chiffres et ajouter de la transparence dans notre processus
législatif. La population québécoise va s'en souvenir, M. le Président. Merci.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Alors, je vous remercie, M. le député de Laurier-Dorion. Je cède la parole maintenant à M. le député de Sanguinet. En vous
rappelant, M. le député, qu'il vous reste… il reste 11 minutes à votre
formation politique.
M.
Alain Therrien
M.
Therrien :
11 min 13 s?
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
11 minutes.
M.
Therrien :
Alors, merci, M. le Président. Il me fait plaisir d'être avec vous aujourd'hui.
Bien, écoutez, c'est quand même étonnant, ce qu'on entend avec le Parti
libéral. Moi, je leur lève mon chapeau parce que c'est comme s'ils souffraient d'amnésie. Ils ont… Et on va
faire l'histoire, je vais faire rapidement l'histoire du Parti libéral quand
il a été au pouvoir pendant neuf ans, puis
on va s'apercevoir qu'à leur place je serais gêné, je serais vraiment, vraiment
gêné de commencer à dire qu'on n'est pas des
bons gestionnaires. Commençons par le commencement. Je vais raconter
l'histoire.
Quand on
parle de budget, on parle de dépenses, on parle de revenus et on parle de la
dette. L'idée, c'est que les dépenses,
il faut que tu les contrôles pour que tes revenus soient suffisants pour payer
tes dépenses. Que s'est-il passé sous le règne libéral? Les dépenses
courantes n'ont jamais atteint leur cible, jamais. J'ai un petit graphique ici.
Ce qu'on voit, le rouge, ici — ça va bien avec leur parti politique parce
qu'ils sont toujours dans le rouge — ça, c'est les dépenses excédentaires
à leur cible. C'est toujours comme ça. Et le petit bleu ici, qui est en
dessous, ça, c'est nous qui avons respecté nos cibles. Nous, on respecte nos
cibles, eux ne les respectent pas.
On
parlait du trou de 1,6 milliard que vous avez laissé l'année passée.
Là-dessus, 1,1 milliard, c'est un dépassement de coûts. Les cibles de dépenses du Parti libéral,
ça dure aussi longtemps qu'une balloune dans un party de porcs-épics. Alors, moi, je vous dis… moi, je vous
dis… puis d'ailleurs M. Bachand s'était mis à paniquer puis avait écrit
des lettres comme quoi qu'on devait
contrôler les dépenses, puis ainsi de suite. Malheureusement, ils ne sont
pas capables de contrôler les dépenses. Ça, c'est les dépenses
courantes.
Allons du
côté des dépenses en infrastructures. Là, le drame, il est total, c'est un
chaos indescriptible, aucune vision. C'est le gouvernement… celui qui nous
disait, en 2008, qu'il voulait avoir les deux mains
sur le volant s'est assis sur ses
deux mains pendant neuf ans. Il ne s'est rien passé pendant neuf ans. Je peux comprendreaujourd'hui que ces gens-là, quand ils
voient le plan pour l'emploi, sont impressionnés, ils sont même jaloux, parce que jamais ils n'ont été capables
d'établir un plan comme ça. Ils ne sont pas capables. Eux, c'est: Va comme je
te pousse, on est dans l'attente, on va laisser les choses aller.
Je vais vous
donner un exemple de ça. Le parti de l'économie, laissez-moi bien rire, M. le Président. Alors qu'en 2008, à
l'élection de 2008, on était au début de la pire récession depuis 1929, alors
que tout le monde voyait que la crise économique s'en venait…
• (16 h 20) •
Des voix : …
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Je vous interromps, M. le
député de Sanguinet.
C'est très bruyant. Une seule personne a la parole, c'est le député de Sanguinet.
Alors, M. le député, veuillez poursuivre.
M.
Therrien : Merci, M.
le Président. Je vais vous donner un exemple de ça. Alors, qu'ils sont censés
être le parti de l'économie, en 2008, quand l'élection… on
est en… On commence la récession, alors que leur ministre
de l'époque, Monique Jérôme-Forget, dit : Il n'y a pas de récession sur le radar, pas de récession. La
première ministre, qui était à l'époque chef
de l'opposition, disait : «L'ensemble
de ces mesures d'urgence tient compte de tous les acteurs de l'économie québécoise et aura pour effet de se
parer contre une crise économique…» Nous, on
l'avait vue, la crise économique. Et là, après, ils se retrouvent avec une crise économique puis ils ne savent
plus quoi faire. C'est sûr, parce
qu'ils se sont assis sur leurs mains. C'est ça, le gouvernement du Parti libéral. Historiquement, depuis 30 ans, ils n'ont rien
fait.
Je vais vous donner un exemple concret de ça.
Puis il y en a, des gens de l'opposition, qui savent bien cette histoire-là, et
j'aime ça, la raconter. Un de mes amis, il enseigne
l'histoire au cégep puis, à un moment donné, il donne un mandat à
ses étudiants, il dit : Là, vous allez me sortir les éléments importants
de chaque gouvernement depuis 1960. C'était
le travail qu'ils avaient à faire. Il y a une étudiante qui dit : J'ai
beau chercher, je ne trouve rien pour l'époque de M. Charest.
C'est sûr, ils n'ont rien
fait. C'est comme ça. C'est tout simplement le désert total, aucune initiative,
on laisse les choses aller, on est sur le radar, sur le pilote automatique.
Là, à un moment, j'entendais, il y a jadis, le
député de Louis-Hébert qui nous mentionnait qu'à
un moment… il nous disait : Ah bien, on a augmenté les investissements en
infrastructures, on a réussi à stimuler l'économie de cette façon-là. Il
a fallu que le pont de la Concorde tombe pour qu'ils
se réveillent puis qu'ils se disent : Peut-être qu'on devrait avoir
des investissements plus élevés…
Le
Vice-Président (M. Ouimet) :…M.
le député, un instant. Vous avez une question
de règlement, M. le député de Louis-Hébert?
M.
Hamad :
…problème de micro pour le son. Mais l'autre fait
personnel, M. le Président, sa propre collègue, la ministre de la Politique industrielle,
elle disait qu'elle était contre l'asphalte et les
infrastructures, puis leur politique économique vient…
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
M. le député de Louis-Hébert, un instant, là.
Des voix : …
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Un
instant. Le débat a commencé à s'enflammer il y a quelques minutes.M. le député de Sanguinet.
Une voix : …
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Je suis debout. Alors, je fais
appel à la collaboration de tous et chacun pour qu'on puisse entendre le député de Sanguinet. Je pense qu'on l'entend
bien, cependant. Je vais vous céder la parole et en demandant le silence. M. le député.
Une voix : …
Le Vice-Président (M. Ouimet) : Question de règlement, M. le leader adjoint.
M.
Traversy : Ça fait plusieurs fois, M. le Président, là, depuis
le début de l'après-midi, que les gens de l'autre côté de la Chambre se lèvent sans invoquer des
questions de règlement, simplement pour interrompre des collègues en
cette Chambre. Moi, j'ai lu le cahier de règlement ici,
et il n'y a absolument aucune raison de se lever s'il n'y a pas de situation en Chambre qui ne le provoque.Et je vois que le député, là, de Louis-Hébert ainsi
que le député de Brome-Missisquoi utilisent
des privilèges que nul autre parlementaire ici, en cette Chambre, ne dispose.
J'aimerais ça que vous les rappeliez à l'ordre si jamais de telles situations revenaient à l'avenir dans le cours de
l'après-midi.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Mme la leader adjointe de l'opposition officielle.
Mme
Thériault :Oui, merci, M. le
Président. Sur la question de règlement, mon collègue sait très bien qu'on peut invoquer des articles 212, c'est ce que le député a fait, comme la
ministre du Développement économique a fait l'autre fois. Et, soit dit en passant, il a été le premier à
soulever des questions de règlement sur la règle de la pertinence, alors que mes collègues étaient justement sur le sujet. Donc, je pense qu'il peut se
garder une petite gêne sur ses questions de règlement qu'il soulève, qui sont un peu bidon, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Bien. Alors, je fais appel à la
collaboration de tous. Je vais céder la parole…
Des voix :…
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : M. le député… M. le leader adjoint
du gouvernement. Je vais céder la parole… Le temps file rapidement. Je vais céder la parole à M. le député de
Sanguinet pour qu'il puisse terminer son intervention. Les choses sont bien
claires au niveau du règlement et de l'interprétation. Veuillez
poursuivre, M. le député de Sanguinet.
M.
Therrien :
Merci, M. le Président. Je parle fort pour qu'on me comprenne bien, parce que j'ai l'impression que les gens de l'autre côté ont de la misère à comprendre. Quand on parle des dépenses qui
explosent sousl'enthousiasme — on
avait presque un gouvernement de majorettes, ils étaient très enthousiastes — nous
arrivons avec le rapport Secor, qui
arrive et qui prouve que généralement on défonce de 80 % les dépenses prévues dans les
infrastructures, qui dit qu'il n'y a pas de vision, qu'ils sous-estiment les coûts.
Et ça, c'est le résultat du gouvernement qui est dit un gouvernement de l'économie? Laissez-moi rire. Et ça, ce que ça fait, ça
fait un dépassement de coûts, comme je vous l'ai montré tantôt, qui est
à la limite, qui est à la limite de l'indécence.
Alors,
deuxième chose que je vais vous parler : quand tu as des dépassements de
coûts comme ça, quand tu n'es pas capable de gérer rationnellement tes
dépenses, ce qui arrive, tu te retournes de côté et là tu te mets à taxer,
c'est la taxation d'urgence. Et, vu qu'ils
n'ont pas beaucoup d'imagination, les taxes frappent et frappent dur. Alors
donc, qu'est-ce qu'on a? Hausse des frais de
scolarité, 332 millions, ça, c'est par année. Hausse des taxes sur
l'essence, 480 millions. Taxe régressive en santé, 950 millions.
Augmentation du tarif patrimonial, 1,6 milliard de dollars. TVQ augmentée deux fois, alors qu'ils avaient promis qu'ils ne
le feraient pas, 2,8 milliards. Ça, c'est un total d'augmentation de
taxes et de tarifs annuel de
6,3 milliards. Et là j'exclus 83 % de hausse des frais de scolarité,
qui a fait en sorte que les jeunes sont descendus dans la rue. Un gouvernement qui ne respecte pas sa jeunesse,
c'est un gouvernement qui n'a pas d'avenir. Ensuite, 20 % du bloc patrimonial. Ensuite, l'augmentation des
frais de garderie de cinq à sept dollars. Les augmentations au niveau
des frais de permis. Ça, c'est ça, le Parti libéral.
Puis
en plus savez-vous l'histoire? En plus d'avoir taxé comme ça, comme on n'a
jamais vu dans l'histoire de l'économie
moderne, ces gens-là, les summums de l'économie, les fameux gestionnaires de
fin de semaine, ils se retrouvent dans
une situation où la hausse des revenus est insuffisante pour boucler le budget.
Et c'est là qu'on nous amène dans une spirale
d'endettement public jamais vue dans l'histoire récente de l'économie
québécoise. Et, quand on parle de spirale, 30 % d'augmentation de
la dette et du... de la dette depuis leurs neuf ans de règne. On arrive dans
une situation où jamais la dette publique n'a été si élevée, 55 % de
l'endettement public par rapport au PIB. Et en plus 8 milliards… 8,9 milliards de service de la dette, c'est
ça qu'on a hérité, autant que l'enseignement primaire et secondaire, s'en
va… s'en va en fumée parce qu'on n'a rien en
échange. On prend 8,9 milliards, on sacre ça dans le feu, puis c'est
terminé. Pourquoi? Ça, c'est
l'héritage de la gestion de nos amis d'en face, ceux qui ont le culot de nous
arriver, et nous questionner puis nous critiquer sur la transparence,
ces gens-là.
Je
voudrais terminer avec le plan qu'on a mis de l'avant et qu'on va mettre de
l'avant durant les prochains mois. Écoutez, monsieur... Oui, parce que
je parle des bons coups. Alors, M. le Président, il faut comprendre une chose, c'est que nous, l'augmentation des revenus, on le
fait par la croissance économique. Nous avons une vision d'avenir, nous
avons des politiques structurantes. Nous voulons aller dans la formation de la
main-d'oeuvre, nous voulons investir dans
l'innovation, dans l'électrification des transports. Nous voulons arriver avec
du concret et de faire en sorte que la trace indélébile de nos bonnes
actions dans l'économie québécoise soit des traces de long terme. C'est
là-dessus qu'on veut travailler, M. le
Président. Nous avons une vision, nous avons le... On respecte nos gens, on
fait en sorte d'être clairs, et d'éviter
les scandales, et de faire une gestion minutieuse des deniers publics, de faire
en sorte que chaque dollar qui est dépensé, chaque dollar qui est
dépensé est bien dépensé. Au Parti québécois, nous sommes le parti de
l'économie. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Très bien. Alors, je vous remercie, M. le
député de Sanguinet.
Une voix :
…
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Sur quoi, M. le leader adjoint du gouvernement?
M.
Traversy : Oui. M. le Président, pour la bonne suite de nos travaux, j'aimerais évoquer une fois pour
toutes le règlement n° 212 pour être sûr et certain que tout le monde est sur la même longueur d'onde, parce qu'on s'est
quittés là-dessus. Je voulais simplement vous dire…
Des voix :
…
M. Traversy :
Non, c'est important…
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Regardez, là... Non, non, non, M. le leader
adjoint, je ne peux pas vous…
Une voix :
…
Le Vice-Président
(M. Ouimet) : Je ne peux pas vous laisser aller, là. On est
dans le cadre d'un débat. La transparence va juger de l'application des règles
et du règlement, des articles. L'article 212 n'a pas été soulevé par
quiconque tout récemment. Alors, je vais céder la parole au porte-parole... à
Mme la députée de Laporte pour la suite de l'intervention. Mme la députée.
Mme Nicole Ménard
Mme
Ménard : Merci, M. le Président. Alors, depuis des mois, ma
formation politique demande au gouvernement de voir les vrais chiffres, et ce gouvernement réfute ces demandes à
chaque fois. Alors, si la première ministre refuse...
Des voix :
...
• (16 h 30) •
Mme Ménard :
On a apprécié son ton. Alors, si la première ministre refuse, elle ne peut tout
de même pas nier ses propres paroles. C'est pourquoi nous demandons :
«Que l'Assemblée
nationale exige du gouvernement péquiste qu'il donne suite à la volonté
exprimée par la première ministre [elle-même] le 31 octobre 2012
concernant la publication, un mois avant le déclenchement des élections, d'un
portrait impartial des finances publiques.»
Devant la détérioration de l'économie et de
l'emploi au Québec, la présentation d'un portrait impartial des finances
publiques est plus que nécessaire. La situation économique du Québec se
détériore sans cesse. Après un an de son élection, l'élan économique du Québec a été brisé, mais le gouvernement continue de dire que l'économie va très bien; un bulletin économique loin
d'être reluisant. Ça fait un an que le gouvernement du Parti québécois cause
des dégâts considérables à l'économie
du Québec : 45 000 emplois
se sont perdus au Québec, une baisse des revenus — de
l'aveu même de la première ministre — une baisse des
investissements privés, une hausse du taux de chômage dans 11 régions sur 16.
Ne
pouvant nier les faits, voilà que le gouvernement péquiste présente un plan en
panique pour convaincre les Québécois que tout va bien. M. le Président,
les Québécois ne sont pas dupes. Il leur a fallu un an seulement, au
gouvernement péquiste, pour effacer plusieurs années de progrès partout au
Québec et dans toutes nos régions.
Les
Québécois ont le droit de connaître les répercussions de l'incompétence
économique de ce gouvernement sur l'état
des finances publiques. Le trou dans les finances publiques du Québec se creuse
à grande vitesse, et l'absence de direction du gouvernement péquiste a
des conséquences désastreuses pour le Québec. Depuis le début de l'année budgétaire, le gouvernement a creusé un trou de
2 milliards de dollars. Le dernier rapport mensuel du ministère des
Finances nous démontre un dérapage de 40 % par rapport à ses propres
prévisions. Et les annonces électoralistes pleuvent. J'ai demandé, dans cette
Chambre, au président du Conseil du trésor quel était le plan du gouvernement
pour corriger la situation; les Québécois
veulent avoir l'heure juste. Comme je le mentionnais hier, lors de la période
des questions, et précédemment, les
revenus, de l'aveu même de la première ministre, ne sont pas au rendez-vous.
Quant aux dépenses, le président du
Conseil du trésor a eu beau faire des coupures à l'aide sociale, des coupures
dans le secteur des forêts, coupures dans les infrastructures, et j'en
passe, il n'a pas été supporté dans l'atteinte de l'équilibre budgétaire par la
première ministre et par le ministre des
Finances. Le résultat de cette défiance à l'égard des objectifs fixés : il
n'a pas été en mesure de contenir la croissance des dépenses. Il se
retrouve maintenant avec un trou de 1,8 milliard de dollars et l'ajout de
la première ministre, cette semaine, d'un autre 2 milliards de dollars de
dépenses.
Le
gouvernement péquiste tarde toujours de déposer une mise à jour économique et
financière qui dresserait un portrait
réel, à jour, de l'ampleur des dommages faits aux finances publiques, signée
par le Vérificateur général du
Québec, tel que demandé il y a quelques jours, et dont une motion a été adoptée
par une majorité des parlementaires en cette Chambre. Toutefois, nous
avons eu une bonne nouvelle ce matin, le Vérificateur général a adressé une
lettre au président de l'Assemblée
nationale, l'informant qu'il répondrait à la demande faite par les membres de
l'Assemblée et qu'il attendait, finalement, la mise à jour du ministre
des Finances.
Mme
la Présidente, l'économie du Québec est tombée en panne. Voilà comment le
Mouvement Desjardins décrit la situation
économique du Québec, et ce, suite aux dernières statistiques sur l'état de
l'économie, et, Mme la Présidente, le deuxième trimestre ne s'annonce
guère meilleur. Je rappellerai les propos tenus par Mme Hélène Bégin,
économiste principale chez Desjardins, qui
mentionne que «le repli de 0,2 % de la production en avril, la stabilité
de mai et la baisse significative attendue en juin permettront
difficilement au PIB réel à se maintenir la tête hors de l'eau».
Nous partageons ces craintes, Mme
la Présidente. Malheureusement, rien ne laisse prévoir que l'économie reprendra
son élan. Plusieurs secteurs économiques du Québec sont en stagnation, voire
même complètement arrêtés. Cette lamentable
situation continuera d'affecter les revenus autonomes du gouvernement. Les investissements ne sont pas au rendez-vous. Et une multitude d'indicateurs démontrent que
l'économie se détériore et que le spectre d'une récession plane.
En conclusion, Mme la Présidente, malgré le
portrait peu élogieux du gouvernement, il refuse toujours de reconnaître sa mauvaise gestion et il tente aujourd'hui, par tous les moyens possibles, de masquer son inaptitude sur le
plan de la gestion de l'économie et des
finances publiques. Mme la Présidente, il nous faut, dès aujourd'hui, travailler
pour les générations qui nous suivent et laisser un Québec prospère. Le gouvernement,
face aux pertes d'emploi et à la détérioration de l'économie, nous a proposé
des mesures cette semaine, et les Québécois veulent savoir d'où viendra cet
argent.
Mme la Présidente, je partage les propos de mon collègue de Brome-Missisquoi quand il disait, je crois que c'est la semaine dernière, quand
il disait : Peut-on cesser de blâmer le gouvernement sortant, peu importe
le gouvernement, et obtenir le portrait réel des finances vérifié et signé par
le Vérificateur général du Québec? Ça, ça serait faire de la politique
autrement.
Donc, je réitère notre demande :
«Que l'Assemblée nationale exige
du gouvernement péquiste qu'il donne suite à la volonté exprimée par la première ministre [...] concernant la publication, un mois avant le
déclenchement des élections, d'un portrait impartial des finances
publiques.» Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Poirier) :
Alors, je vous remercie, Mme la députée. M. le député de Chauveau.
M. Gérard Deltell
M.
Deltell : Merci, Mme
la Présidente. Je veux faire suite
aux propos de mon collègue de Lévis, qui a été très précis, comme toujours, sur les questions économiques. J'aborderais peut-être
plus l'aspect parlementaire de la chose.
Ce qui se
passe, Mme la Présidente, on est tous d'accord sur le fait qu'il faut
avoir un portrait objectif et neutre de l'état des finances publiques.
Ce que je fais, Mme la Présidente, j'invite le gouvernement à regarder ce
document-là, qui s'appelle Les
publications officielles, dans lequel on retrouve tous les projets de loi qui sont présentés. Mais j'apporte… j'attire votre attention sur
le projet de loi n° 192, qui a été présenté par le député de Lévis il y a exactement
11 mois et demi, parce que
c'est le 15 novembre que le projet
de loi a été présenté, et ce projet de loi dit quoi? Créer un directeur parlementaire du budget qui nous
présenterait «un portrait objectif de l'état des finances publiques et des
prévisions budgétaires du gouvernement pour chaque trimestre de l'année
financière».
Mme la Présidente, si le gouvernement est de bonne foi dans
son intention de faire la lumière sur les finances publiques, qu'il appelle le
projet de loi n° 192, et on va régler ça une fois pour toutes. Merci, Mme
la Présidente.
• (16 h 40) •
La Vice-Présidente
(Mme Poirier) : Merci, M. le député. Je céderais maintenant la
parole au député de Louis-Hébert.
M. Sam Hamad
M.
Hamad : Merci, Mme la Présidente. Ce gouvernement-là, Mme la
Présidente, sûrement, il y a une chose sûre, avec ce gouvernement-là, que, la réputation maintenant, c'est un
gouvernement d'improvisation mais surtout de recul. Depuis un an de pouvoir, Mme la Présidente, ce
gouvernement-là n'a pas respecté son programme électoral. Commençons depuis un an, si on recule en arrière, programme
électoral, on sait qu'ils n'ont pas respecté le programme électoral.
Après ça, les promesses qu'ils ont faites,
bien, on le sait, là, depuis la première intervention de ce gouvernement-là,
les promesses, on ne les respecte
pas. Le budget au mois de novembre, on a été obligé de le changer. Encore une
fois, pas de respect, recul sur le budget. Les crédits, on a un recul
sur les crédits.
Il
restait une seule chose, Mme la Présidente, dans ce gouvernement-là, c'est le
discours du budget. Discours du budget, aujourd'hui, espérons qu'il n'y
aura pas un autre recul sur le discours du budget. Pourquoi? Parce que la première ministre, elle a promis à tous les Québécois, dans son discours du budget, que… le discours
inaugural, Mme la Présidente, excusez-moi — le discours du budget, c'est le ministre des Finances — elle
a promis aux Québécois de déposer un budget un mois avant les
élections.
Pourquoi nous
le demandons, Mme la Présidente? Parce que mon collègue a fait trois fois… à
trois reprises a demandé à ce gouvernement-là d'avoir un vérificateur général
qui vérifie les chiffres du ministre des Finances. La demande, pourquoi elle est venue de cette direction-là, Mme la Présidente? Parce que, chaque fois, chaque fois, Mme la Présidente,
que le ministre des Finances, et ce gouvernement-là, fait des prévisions, il se trompe dans ses
prévisions. Chaque fois, pas une
fois, Mme la Présidente. Une fois, on
peut accepter, il peut y avoir des facteurs, des éléments qui peuvent
changer, mais, à chaque fois, il se trompe.
Ce
gouvernement, il ne se trompe pas sur un facteur, il se trompe sur plusieurs
facteurs. Alors, ils se sont trompés sur le
taux de chômage, ils se sont trompés sur le nombre d'emplois, pas à peu près,
Mme la Présidente. S'il s'est trompé de 2 000, 3 000 de plus,
c'est une bonne nouvelle. Mais ils se sont trompés à la baisse, puis pas une
fois, pas deux fois, Mme la Présidente, c'est 100 fois d'erreur,
c'est-à-dire ses prévisions, c'est 200 % moins que prévu; les investissements, 60 % moins que prévu; les mises
en chantier, 25 % moins que prévu. Mme la Présidente, là, à un
moment donné, là, on peut se tromper, tout
le monde se trompe, mais le ministre des Finances, puis un gouvernement, ne
peut pas se tromper autant, Mme la Présidente. On parle de la moyenne
sur le bâton, il n'y en a pas, de moyenne, ils n'ont pas attrapé une balle, Mme
la Présidente. À chaque fois qu'ils essaient de ramasser la balle, ils la
manquent, ils frappent l'arbitre au lieu de frapper la balle. Et l'arbitre,
c'est qui, Mme la Présidente? L'arbitre, c'est le Vérificateur général.
Ils n'en veulent pas, du Vérificateur général,
pour s'assurer qu'ils sont vraiment dans la bonne direction. Pourquoi ils n'en veulent pas? D'abord, le ministre des
Finances, je l'ai écouté, il a fait toute une démonstration pour dire que,
le Vérificateur général, ce n'est pas son mandat de le faire. Et, une fois
qu'on a fait la motion, le Vérificateur général, Mme la Présidente, a répondu rapidement. Puis il y a un mot qu'il dit
qui est important dans sa lettre, il dit «de façon à répondre aux attentes». Il dit : «Je compte
commencer mes travaux promptement…» Le Vérificateur général a hâte de
faire les vérifications puis il invite le gouvernement, il dit : Quand
vous allez déposer votre point sur… la mise à jour économique, on va faire immédiatement la vérification. Mme la
Présidente, trois reprises, mon collègue, il a essayé de le faire, ils ont refusé. On a demandé le
Vérificateur général, ils ont dit non. Le Vérificateur général lui-même le dit
que «moi, oui, c'est dans mes fonctions, je peux faire ça».
On a regardé
leur moyenne sur le bâton, sur les évaluations, l'estimation. Mme la
Présidente, JoJo Savard était probablement
meilleure dans les prévisions économiques, puis elle, elle ne connaît pas les
prévisions économiques, là. Elle sait
que, bon… Mais là, dans les prévisions économiques, d'après moi, sa moyenne sur
le bâton est meilleure. Et là qu'est-ce qu'on dit? On dit : C'est
le problème de… Ça vient de… Ce n'est jamais notre faute. Et, l'autre fois, on
a écouté le vice-premier ministre, Mme la
Présidente, la semaine dernière, il disait : Si les coûts de santé
augmentent, c'est à cause qu'il y a trop de vieux au Québec. On l'a
entendu, puis on l'a fait répéter, parce que j'ai été surpris, d'un gars d'expérience, de 37 ans à l'Assemblée
nationale. Il met la faute sur les vieux. Là, si les gens reçoivent les taxes
scolaires puis ils paient plus de
taxes : Ah! ce n'est pas notre faute, c'est la faute des commissions
scolaires qui n'ont pas compris. Puis,
si on coupe dans recherche et développement, ah! mais là ce n'est pas notre
faute, c'est parce que les chercheurs ne font pas de demandes, etc. Puis
là on peut en faire plein, d'histoires comme ça.
Mme la Présidente, on ne sait plus comment prendre
ce gouvernement-là, on ne le sait plus, là. On ne sait plus où ils s'en vont. On sait que leurs prévisions sont
mauvaises. Là, ce qu'on demande, une chose. Et pourquoi on l'a fait?
Parce que tout ce que j'ai entendu tantôt,
il n'y avait aucune preuve. La seule preuve sur la validité d'un budget qui a
été déposé, qui a été vérifié par un
vérificateur général, c'est le budget de la PM. La PM, quand elle était
ministre des Finances en 2003, on a demandé…
On se souvient très bien du rapport Breton. Breton, c'était un ancien
vérificateur général du Québec qui a vérifié le budget déposé à la
veille d'élection par l'ancienne ministre des Finances, aujourd'hui première
ministre. Et qu'est-ce qu'il a trouvé, le
rapport Breton? M. Breton, dans son rapport, qu'est-ce qu'il a trouvé? Il a
trouvé que, le budget qui était présenté à la veille d'élection, 2003,
par le Parti québécois, il y avait une erreur de 4,7 ou 4,3 milliards de
dollars. Pas 1 milliard, 4 milliards, Mme la Présidente.
Puis, c'est drôle, le chiffre
arrive à peu près au même chiffre qu'aujourd'hui, là. Le gouvernement est dans
le trou de 2 milliards, il vient d'annoncer une politique de 2 milliards,
ils sont encore dans les 4 milliards. Lorsqu'on dit : C'est un gouvernement de 4 milliards de dollars, ça fitte encore aujourd'hui, 10 ans après. En 2003, le rapport
Breton disait : 4 milliards de moins, puis aujourd'hui, bien, ils sont en train de défoncer l'argent de
4 milliards, encore une fois. Et ça, ce n'est pas nous autres qui l'a dit, Mme la Présidente, c'est le rapport du ministère
des Finances qui dit : Ils sont 2 milliards dans le trou puis
ils viennent d'annoncer 2 milliards.
Puis on a demandé leur politique
de panique ou de marketing électoraliste puis : Où vous allez prendre le 2 milliards? La réponse, on avait une moitié de réponse, parce que,
l'autre, on a dit... Ce qu'ils ont dit, c'est exactement ce que M. Landry disait dans le temps, il dit :
On va emprunter à 3 %, on va
donner de l'argent à la SGF, puis on va faire un rendement de 5 %. À la fin de la journée, la SGF a perdu
800 millions puis 900 millions, puis ça a pris des années
avant que la SGF revienne à la rentabilité.
En passant,
juste pour le rappeler que M. Landry lui-même a dit que le Québec, c'est la
province ou l'État qui est le mieux sorti de la crise économique en
Amérique du Nord, et il l'a dit à plusieurs reprises. Alors, je pense que le gouvernement, il croit M. Landry, puis c'est lui
qui a dit qu'on a le mieux géré l'économie du Québec. Alors, le premier
ministre Landry… ou M. Landry, c'est lui-même qui l'a dit, puis ils l'ont déjà
oublié. Vous savez, avec leur chef, ce gouvernement-là, ils l'oublient vite,
leur chef. En plus de les faire sortir vite, ils les oublient vite.
Et j'ai
apprécié l'intervention de mon collègue député de Lévis. Le député de Lévis, ce
qu'il a dit, il a dit : Je n'ai jamais
vu la preuve de ce gouvernement-là sur le dépassement de 1,6 milliard. Le
député de Lévis l'a répété à plusieurs reprises.
Puis ce n'est pas nous, Mme la Présidente, c'est le député de Lévis, de la CAQ,
qui dit au gouvernement : Quand vous
dites que le gouvernement libéral avait un dépassement de 1,6 milliard, il
dit, je vous ai demandé à plusieurs reprises : Faites-moi la preuve, et je n'ai jamais eu la
preuve. Alors, ça, c'est le député de Lévis qui dit au gouvernement : Vous
parlez, mais vous n'avez jamais fait la
preuve qu'il y avait 1,6 milliard… Et c'est un autre élément, madame...
Mais la seule preuve que nous avons qui est claire, qui est crédible,
c'est le rapport Breton qui a démontré 4,3 milliards.
Mon collègue, il a démontré, vendredi, qu'on
parle ici de... parce que le collègue de Sanguinet et d'autres qui parlaient de
dépassement, des déficits, les plus gros pourcentages de déficit dans
l'histoire du Québec, par rapport au PIB, Mme la Présidente, entre autres,
c'est lorsque ce gouvernement-là a été là, et, par hasard, c'est à la veille
des référendums. Alors, il y avait un
lien : le référendum, dépassement budgétaire ou élection. Et qui qui a le
record de ça? C'est ce
gouvernement-là, Mme la Présidente. 1994, qu'est-ce qu'il y a eu en 1994?
Référendum, référendum… l'année 1994, qu'on
préparait le référendum 1995, parce que, vous le savez… comme vous faites
aujourd'hui, vous faites 200 annonces en septembre. Pourquoi? Parce qu'il y a une élection qui s'en vient.
Puis là, quand vous dépensez de l'argent… Vous avez défoncé dans vos argents. Pourquoi? Parce que vous
préparez le référendum en 1995, et on ne dépense pas de l'argent… dépenser après, c'est avant. Parce qu'après, ce
qu'on fait lorsqu'on perd le référendum, ce que le Parti québécois
faisait, on pénalise les Québécois parce
qu'ils ont voté contre. C'est ça qu'on faisait. Alors, c'est ça, la tradition,
Mme la Présidente.
Et on voit la même chose
aujourd'hui : 200 annonces dans un mois. Puis c'est drôle, hein, je
n'ai pas vu le ministre… le président du
Conseil du trésor dans aucune annonce. Alors, pourquoi qu'il n'est pas là?
Pourtant, une annonce de 2 milliards de dollars où on utilise des
fonds que le président du Conseil du trésor les contrôle normalement… On a dit que lui est responsable, le Fonds vert, etc.
Normalement, le président du Conseil du trésor, il doit être là. Jamais
là. Pourquoi vous pensez, Mme la Présidente,
que le président du Conseil du trésor n'est pas là? Il ne veut pas perdre la
face, lui. Il dit : J'aime mieux
laisser les sept, huit ministres avec la première ministre perdre la face,
parce que, je sais, ils n'ont pas d'argent, 2 milliards, pour payer.
Ça
prend un budget qu'on comprend exactement, ce gouvernement-là, où il va aller.
Ce budget-là, on aimerait ça qu'il
soit vérifié par le Vérificateur général, parce que, malheureusement, ça fait
un an qu'on force à les croire, puis on a de la misère. Puis, comme je vous l'avais dit, la moyenne de JoJo Savard
sur les prévisions économiques est meilleure que ce gouvernement-là.
Merci.
• (16 h 50) •
La Vice-Présidente (Mme Poirier) :
Alors, je céderais maintenant la parole au député de Brome-Missisquoi pour sa
réplique.
M. Pierre Paradis
(réplique)
M.
Paradis :
Oui, Mme la Présidente. Je me suis présenté ici cet après-midi avec une motion
très simple, une motion tirée directement du discours inaugural que la
première ministre a prononcé l'an passé, en espérant rallier l'ensemble des collègues pour qu'on ait plus de
transparence, plus de clarté puis plus de certitude dans les chiffres
des budgets de la province de Québec, surtout à la veille des élections, quand
on se présente devant notre population, Mme la Présidente. C'est pourquoi le
libellé de la motion n'est pas très complexe. Il n'est pas agressif envers le gouvernement, il fait appel à la collaboration de l'ensemble des parlementaires. Je vous le
répète, Mme la Présidente, vous le connaissez bien :
«Que l'Assemblée nationale exige du gouvernement
péquiste qu'il donne suite à la volonté exprimée par la première ministre le
31 octobre 2012 concernant la publication, un mois avant le
déclenchement des élections, d'un portrait impartial des finances
publiques.»
Mme la première ministre, dans
son discours inaugural, était bien inspirée, et vous me permettrez de reprendre ses propos : «Ce manque de
transparence — qu'on
a vécu dans le passé avec à peu près tous les budgets — mine la confiance des citoyens, [mine la confiance] de la
population, nourrit le cynisme et nuit à la qualité du débat démocratique.»
Aujourd'hui, je pensais être capable de rallier tous les parlementaires au moins dans le sens, dans les intentions, dans le mot à mot du discours inaugural de Mme la première ministre. J'ai pu constater, suite aux interventions ministérielles,
qu'ils n'ont pas l'air à vouloir donner suite au discours inaugural, qu'ils
n'ont pas l'air à vouloir plus de transparence, qu'ils n'ont pas l'air à vouloir plus de clarté.
J'imagine, là, qu'ils vont avoir le temps d'y penser d'ici le vote. Mais pensez-y comme il faut parce que
ça va toucher non seulement ce gouvernement-ci, mais tous lesgouvernements à venir. Comme Mme la députée de Laporte l'a indiqué, c'est une nouvelle façon de faire de
la politique, plus transparente, plus honnête et plus correcte envers la
population que nous représentons tous à l'Assemblée nationale du Québec, M. le
Président… Mme la Présidente — excusez.
Je
ne veux pas m'embarquer dans une guerre de chiffres. On a commencé à établir
des chiffres il y a à peu
près un mois sur les investissements. Ces chiffres-là ont été repris à l'Assemblée
nationale à maintes reprises, ils ont subi des échos par des experts à
l'extérieur de l'Assemblée nationale du Québec. Ce sont les chiffres du ministère des Finances du Québec à
l'exception d'un seul, qui est celui de l'association… de l'APCHQ,
qu'on appelle, en bâtiments résidentiels. Ce sont tous des chiffres vérifiés
et vérifiables.
Les
baisses d'investissement dans le domaine résidentiel, l'accès à la
propriété pour les jeunes familles, c'est en baisse de 25 % depuis le
début de l'année. Ça, ça fait mal à l'économie. La baisse dans le secteur non
résidentiel, ce qu'on appelle le manufacturier, le commercial
finalement, puis l'industriel, ça, ça fait encore plus mal, parce que c'est des
baisses dans les emplois, c'est en baisse de
60 %, suivant les prévisions mêmes du ministre des Finances. Je ne
connais pas un météorologue qui peut se
permettre cette marge d'erreur et garder son emploi. Ça a bien l'air que,
ministre des Finances péquiste, tu
peux te permettre 25 % dans le résidentiel, 60 % dans le
non-résidentiel puis conserver ton emploi.
Mais
ce qui est encore plus dommageable pour toutes les régions du Québec, ce qui
est encore plus dommageable pour
l'économie du Québec, qui est encore plus dommageable pour les familles
québécoises, c'est les pertes d'emploi, Mme la Présidente. On avait prévu, dans le budget du mois de novembre,
du 20 novembre, le budget péquiste du ministre des Finances…
45 000 emplois créés étaient prévus. Dans la première moitié de
l'année 2013, c'est 45 000 emplois perdus, Mme la Présidente. C'est
un différentiel de 90 000 emplois.
Et
là j'ai écouté, parce que ce chiffre-là, c'est le chiffre qui, sur le plan
humain et sur le plan économique, est le plus révélateur, et j'ai entendu, depuis des semaines, des porte-parole
péquistes, à commencer par le ministre des Finances, contredire ce chiffre. C'est le seul. Il n'y a pas
d'autre monde à l'extérieur de l'Assemblée nationale qui contredisent ce
chiffre; mais ici, à l'Assemblée nationale,
je comprends, on a l'immunité parlementaire, on peut citer le chiffre
qu'on veut, j'imagine, quand on est de l'autre côté.
Et
finalement, à force de répéter des chiffres qui ne tenaient pas debout, le
ministre des Finances s'est fait ramasser par un éditorialiste. Alain Dubuc, dans La Presse du
4 octobre 2013, s'exprime comme suit : «La baisse de l'emploi,
dont j'ai souvent parlé, est très préoccupante : 8 400 pertes
[d'emploi] en juin, 30 499 en juillet, 5 000 en août, un total de [5 100] depuis le début de l'année qui ne
peut pas s'expliquer simplement par le contexte mondial puisque l'emploi
continue d'augmenter allégrement ailleurs au
Canada.» On le sait, ces chiffres-là ont été mentionnés ici aussi,
145 000 emplois de plus dans le
reste du Canada alors qu'on en perdait 45 000 au Québec, 1,4 million
de plus aux États-Unis alors qu'on en perdait 45 000 au Québec, Mme
la Présidente.
Je vais continuer la citation
d'Alain Dubuc : «Jusqu'ici le ministre [...] — il est marqué
"Marceau", mais moi, Mme la
Présidente, vous me connaissez respectueux du règlement, je vais dire ministre
des Finances — en
profitant d'une anomalie statistique,
insiste sur le fait qu'il s'est créé 62 000 emplois par rapport à
l'an dernier, et proclame qu'"on va plus vite puis mieux que l'ancien gouvernement" — et ces chiffres-là ont été repris par à peu
près tous les péquistes — c'est quand même un tour de force de se
vanter des succès sur le front de l'emploi quand les emplois sont en chute
libre.» Ce n'est pas un libéral qui dit ça,
là, un éditorialiste. De l'autre côté, là, on croit encore, Mme la Présidente,
les chiffres du ministre des Finances.
«J'ai
[...] écrit sur la position intenable du ministre des Finances. Si je reviens
sur la question, c'est que je suis assez étonné, voire estomaqué qu'un
ministre maintienne la même ligne depuis quatre semaines, avec un discours
partisan et primaire qui entache sa crédibilité.»
Comme
jugement sur des chiffres d'un ministre des Finances, Mme la Présidente, je
pense que c'est la première fois que
je vois la crédibilité d'un ministre des Finances attaquée ouvertement en
éditorial, parce qu'habituellement, le ministre des Finances, sa clé de
voûte, là, pour se tenir debout, c'est sa crédibilité. Et, quand il s'entête
sur de faux chiffres, sa crédibilité affecte
non seulement son ministère, mais l'ensemble du Québec et affaiblit tout le
Québec, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Poirier) :
M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Traversy : Je pense que l'ancien leader du Parti libéral, qui
est aujourd'hui député de Brome-Missisquoi, là, ne peut pas
nécessairement évoquer qu'on nomme des faux chiffres en cette Chambre, il doit
prendre la bonne foi et la bonne parole des députés ici. Je lui demanderais de
faire attention et de respecter la bonne foi des parlementaires qui composent
cette Assemblée pour la poursuite de son intervention.
La Vice-Présidente (Mme Poirier) :
Alors, on comprend qu'on a votre collaboration, qu'on ne peut pas imputer des
motifs.
M.
Paradis :
Mais son intervention arrive juste à temps, Mme la Présidente, vous allez
comprendre pourquoi. Moi, ça ne me
fait rien, là, de la bonne foi puis de prêter crédit aux parlementaires et
qu'ils disent toujours la vérité en cette enceinte, Mme la Présidente,
mais ce matin le président du Conseil du trésor nous apprend qu'il aurait voté
pour la motion que j'ai présentée et qui voulait que le Vérificateur général
examine la comptabilité du gouvernement. J'ai le transcript de la période des
questions ce matin, le président du Conseil du trésor dit : «Et que le
vérificateur fait ce qu'on lui demande, même si, évidemment, ça n'est pas à
l'intérieur de son mandat — le
Vérificateur général dit le contraire — mais
il va le faire, et on a voté pour la motion.» Mme la Présidente, ils ont voté
contre. Tous les autres parlementaires, la
CAQ, les indépendants, le Parti libéral ont voté pour la motion, mais le Parti
québécois a voté contre, puis le
président du Conseil du trésor, qui est le patron du leader adjoint, a voté
contre. Il ne voulait pas le Vérificateur général, puis ce matin il nous dit le contraire. Moi, je
suis obligé de prendre sa parole, mais je suis obligé de relire les
transcripts.
Mme la Présidente, à ce moment-ci, ce qui
importe, c'est que les parlementaires adoptent une motion. Je souhaite qu'elle soit unanime. Je commence à
comprendre, suite aux interventions, qu'elle risque d'être majoritaire.
Mais ce qui est encore plus important, c'est
que, si les gens d'en face n'ont pas de respect pour le Vérificateur général,
ne veulent pas que la population soit
éclairée quant à la nature et à l'exactitude des chiffres du budget, qu'ils
aient au moins, au moins, au moins le
respect de l'Assemblée nationale. Il y a un éditorialiste dans le journal Le Devoir
qui a écrit dernièrement que, si on veut que les motions de l'Assemblée
nationale soient respectées par les autres Parlements, Mme la Présidente, la première chose qu'on doit faire, comme
parlementaires, c'est de donner l'exemple et que le gouvernement du
Québec respecte au moins l'institution qui est l'Assemblée nationale du Québec.
Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Poirier) :
Alors, merci, M. le député de Brome-Missisquoi.
Je vais maintenant mettre aux
voix la motion de M. le député de Brome-Missisquoi, qui se lit comme
suit :
«Que l'Assemblée nationale exige du gouvernement
péquiste qu'il donne suite à la volonté exprimée par la première ministre le
31 octobre 2012 concernant la publication, un mois avant le
déclenchement des élections, d'un portrait impartial des finances publiques.»
M. le leader, Mme la leader aussi, alors allez-y
donc.
Mme Thériault : Je vais vous
demander un vote par appel nominal, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Poirier) :
Alors, qu'on… Oui, M. le leader adjoint.
• (17 heures) •
M.
Traversy : Il n'y aura pas d'unanimité aujourd'hui parce qu'en
vertu de l'article 223 nous allons reporter le vote aux affaires
courantes de demain.
Vote reporté
La
Vice-Présidente (Mme Poirier) : Alors, conformément à la
demande du leader adjoint du gouvernement, le vote sur la motion de M.
le député de Brome-Missisquoi sera tenu à la période des affaires courantes de
demain.
Alors, M. le leader adjoint, pour la suite de
nos travaux.
M. Traversy : Merci, Mme la
Présidente. Pour la poursuite de nos travaux, j'aimerais que vous appeliez l'article
6 de notre feuilleton.
Projet de loi n° 43
Reprise du débat sur l'adoption du principe
La
Vice-Présidente (Mme Poirier) : Merci. Alors, l'Assemblée reprend le débat ajourné plus tôt aujourd'hui…
Des voix : …
La Vice-Présidente (Mme Poirier) :
Est-ce que les conversations peuvent avoir lieu à l'extérieur? Merci.
Alors, l'Assemblée reprend le débat ajourné plus tôt aujourd'hui sur l'adoption
du principe du projet de loi
n° 43, Loi sur les mines. Alors, y a-t-il des interventions? M. le député
de Jean-Lesage.
M. André Drolet
M. Drolet : Mme la
Présidente. Merci beaucoup. Aujourd'hui, je prends la parole concernant
l'adoption de principe du projet de loi n° 43 sur les mines. J'en profite
d'ailleurs pour remercier tous, naturellement, les groupes qui sont venus déposer des mémoires et ceux qui
nous les ont envoyés et faire un retour, si vous voulez. Permettez-moi,
Mme la Présidente, de faire un retour sur le passé. Mon ancien collègue et
ministre délégué aux Ressources naturelles
et de la Faune, M. Serge Simard, a présenté un premier projet de loi modifiant
la Loi sur les mines; le projet de loi n° 79 a été présenté le 2
décembre 2009, à la 39e législature, première session.
La pierre
angulaire du projet de loi reposait sur l'accessibilité sociale et le respect
de tous les intervenants. De plus, le
projet de loi n° 79 voulait donner la parole aux citoyens à toutes les
étapes d'un projet minier, des premières étapes de l'exploration jusqu'à la restauration des terres
où avait lieu l'exploitation. Notre gouvernement désirait donner la
parole aux citoyens et aux intervenants du monde des affaires et du monde
minier. C'est pourquoi il s'est tenu 11 séquences de consultation générale, ensuite ce fut le dépôt du rapport de commission
et une consultation le 21 septembre 2010. Il y a eu alors adoption du
projet de principe et les études détaillées en commission se sont enchaînées.
Le ministre
délégué aux Ressources naturelles et de la Faune, Serge Simard, a déposé, le 12
mai 2011, un nouveau projet de loi sur les
mines, projet de loi grandement inspiré par le projet de loi n° 79, mais
un projet de loi bonifié, il va sans dire; le projet de loi n° 14 est né.
Le projet de loi n° 14 a obtenu l'adoption de principe en Chambre, qui a
été suivie des consultations particulières.
S'en sont suivies des consultations particulières et l'étude détaillée du
projet de loi n° 14. L'opposition
officielle de l'époque, sous la gouvernance de la députée de Vachon, a débuté à
ce moment un record mondial d'amendements. En effet, M. le Président,
les membres de la Commission de l'agriculture, des pêches et de l'énergie et des ressources naturelles ont passé plus de 200
heures en discussion, et 150 amendements y ont été étudiés. Vous avez bien compris, M. le Président, 200 heures en commission
parlementaire et 155 amendements. Je ne voulais pas dire, en cette
Chambre, des faussetés, mais je crois bien que ces 200 heures en commission
pour l'étude d'un projet de loi est un triste record de l'Assemblée nationale
du Québec.
L'opposition
officielle du Parti québécois a tout fait ce qui en était pour retarder
l'adoption finale du projet de loi
n° 14. Le projet de loi n° 14 est mort avec la clôture de la 39e
législature. Le 4 septembre 2012, les Québécois donnaient au Parti québécois un mandat sous surveillance.
Lors de la formation du nouveau Conseil des ministres, c'est la députée
de Vachon qui fut nommée ministre des
Ressources naturelles. À la première occasion, la ministre confirmait les
craintes du monde des affaires au Québec. Elle mettait un frein au
développement minier du Québec. À ce moment précis, les minières se sont senties comme des industries mises à l'index par le
gouvernement du Parti québécois et ont mis un frein au projet qu'elles
avaient dans leurs cartons.
Le
développement économique du Québec a subi des contrecoups de la vision du
développement minier au Québec de la
ministre des Ressources naturelles. Un vent d'incertitude économique a alors
commencé à souffler sur le Québec et il continue à se faire sentir, car
il commence à planer sur notre économie un risque de récession.
Mais revenons
au développement minier, Mme la Présidente. Afin de contrer la morosité dans
laquelle la ministre avait plongé
l'industrie minière au Québec, notre formation politique, par l'entremise de
notre porte-parole en matière de
mines et Plan Nord, le député de Rivière-du-Loup—Témiscouata, a redéposé un projet de loi sur les
mines en lui ajoutant, entre autres, un article sur la transformation et un
article qui donne plus de pouvoirs aux municipalités, le projet de loi
n° 197.
Malheureusement,
le gouvernement prouve que l'économie du Québec et le développement minier sont
le dernier de ses soucis, car le projet de
loi n° 197 n'a pas été appelé. Après huit mois de rumeurs et
d'incertitudes, la ministre des
Ressources naturelles déposait, le 29 mai dernier, son projet de loi sur les
mines, le projet de loi n° 43. Je me permettrais à ce moment, Mme
la Présidente, de citer certaines réactions des groupes concernés et des médias
suite au dépôt du projet de loi. Québec meilleure mine… son communiqué de
presse du 1er juin 2013 : Une pilule empoisonnée dans la réforme
minière
La Presse
canadienne rapportait que le
comité de vigilance de Malartic en Abitibi-Témiscamingue trouvait que le projet de loi éclipsait un
enjeu de taille et du développement minier «les droits des citoyens
et des collectivités affectées par un projet minier».
Le chroniqueur de La Presse,
M. Alain Dubuc, dans sa chronique du 31 mai 2013, La ministre
qui n'aimait pas les mines… Voici un aperçu de cette chronique : «…il y a un
élément de ce projet de loi n° 43 qui m'inquiète : les mesures pour contraindre les sociétés
qui veulent investir dans un projet minier à faire plus de transformation au
Québec.
«Au premier abord, cela semble plein de bon sens.
Qui peut être contre la transformation? Mais en fait, c'est une mauvaise solution à un problème mal posé qui
s'inscrit dans une conception dépassée du développement économique.
«Les sociétés
minières devront faire une étude de faisabilité sur les possibilités de
transformation au Québec. Et, si le
gouvernement n'est pas satisfait des conclusions de l'exercice, il pourra
refuser de délivrer des permis pour le développement du projet minier.
«On
ne connaît pas la portée réelle de cette disposition. Est-ce [qu'il y a] une
mesure de nature symbolique dont le gouvernement [du Parti québécois]
avait besoin pour donner un caractère distinctif à un projet […] semblable à
celui des libéraux? Est-ce un outil de
négociation qu'on se réserve au cas où? Ou est-ce une réelle intention
politique qui guidera l'action gouvernementale? Dans tous les cas de
figure, on nage dans le flou, parce que ce pouvoir sera exercé au cas par cas,
selon des critères que l'on ne connaît pas.»
Le
rappel de cette chronique est intéressant. En effet, Mme la Présidente, il explique
la crainte qu'ont maintenant les minières à investir au Québec, car
elles sont maintenant tributaires de critères inconnus et du pouvoir de la ministre.
Elles font face à des méthodes arbitraires.
Alors voici un résumé de communiqué émis par le Conseil du patronat du Québec suite au dépôt du
projet de loi n° 43 :
«Le Conseil du
patronat accueille avec réserve le projet de loi n° 43, Loi sur les mines,
déposé aujourd'hui par la ministre des
Ressources naturelles[…]. Tout en reconnaissant la volonté du gouvernement
d'agir avec diligence pour améliorer
le cadre réglementaire dans lequel [opère] l'industrie et limiter l'incertitude
créée auprès des investisseurs, le Conseil du patronat demeure
[cependant préoccupé] par les impacts à court et à long terme de cette réforme
sur les investissements miniers au Québec.
«[…]Le
Conseil du patronat se montre [cependant inquiet quant à l'aboutissement] réglementaire et
administratif et des délais supplémentaires qu'entraîneraient, pour les
entreprises minières, certaines dispositions prévues dans le projet de loi.
Mentionnons [normalement] la réalisation obligatoire d'une étude de faisabilité
de la transformation du minerai, l'exigence
de constituer et de maintenir des comités de suivi et de maximisation des
retombées économiques ou, encore, l'imposition aux titulaires de claims
de faire rapport à la ministre de tous les travaux d'exploration effectués.
«[…]Le
Conseil se montre [enfin] inquiet [quant] à certains pouvoirs que le projet de
loi [octroie] à la ministre, entre autres la possibilité d'exiger aux
entreprises minières la conclusion d'une entente en matière de deuxième et de
troisième transformations, ou, encore, de refuser [d'octroyer] ou de mettre fin
à un bail d'exploitation de substances minérales de surface pour un motif
"d'intérêt public", un concept qui demeure plutôt flou dans le projet
de loi.»
Je terminerai en citant les citations
des gens très impliqués dans le développement minier au Québec, l'Association minière du Québec :
«À
la suite du dépôt par la ministre des
Ressources naturelles du projet de loi sur les mines, l'Association minière du Québec se questionne sur
la volonté du gouvernement du Québec de voir une industrie forte se développer
ici.
«[…]"Nous
sommes ouverts aux mesures favorisant un meilleur dialogue avec [le milieu,]
favorables à celles permettant de mieux [banaliser] les activités minières afin
d'établir des modalités claires d'implantation et de suivi de ces activités au
bénéfice de toutes les parties concernées[...].
«[…]"Nous
l'avons dit et le répétons : le gouvernement doit mettre en place un environnement
qui soit attrayant pour les investisseurs. Le Québec doit reprendre la place
qu'il a perdue comme meilleur endroit mondial où investir dans le secteur
minier. Pour ce faire, le gouvernement doit se doter d'un plan de match à long
terme qui limite les contraintes et qui assure un développement des ressources
qui soit durable, rentable et économiquement acceptable, autant pour
l'industrie que pour le Québec et les Québécois"…»
«Rappelons […] que le Québec est une juridiction
avec les coûts de production et de transport les plus élevés au Canada
et un régime de redevances des plus exigeants. Ces nouvelles mesures viennent
donc ajouter un fardeau qui diminuera encore
plus le potentiel d'attractivité du Québec et la compétitivité des entreprises
minières qui y ont des activités.»
• (17 h 10) •
Je pourrais continuer
encore très longtemps de la nomenclature des réactions des intervenants du
milieu et des médias, mais je crois que nous
en avons maintenant une bonne idée. Je vous rappelle, Mme la Présidente, qu'après plus de deux ans de
blocage compulsif par la ministre des
Ressources naturelles sur le projet de loi modernisant la Loi sur les
mines que nous avions déposé et après huit mois au gouvernement, la ministre
des Ressources naturelles s'est enfin décidée de déposer la Loi sur les mines.
Après trois ans de paralysie, on aurait été en droit de s'attendre à un document beaucoup plus complet. Ce qu'elle nous
dit, aujourd'hui, c'est qu'il manque des directives gouvernementales,
directives qui guideront les droits de veto de la ministre.
À
ce projet de loi la ministre se réserve le droit de vie ou de mort sur tout le
développement minier au Québec. Elle a
un droit de veto sur les schémas d'aménagement et les zones d'exclusion des
municipalités. Elle se donne le pouvoir de refuser ou de mettre fin à un
bail minier en cours de route, si les études de retombées économiques ne sont
pas à son goût. Elle omet de nous indiquer quelles seront les directives
gouvernementales qui dicteront l'élaboration des zones d'exclusion et d'exclusion partielle. Après avoir fait durer
l'incertitude pendant plus de trois ans dans le secteur minier en
paralysant toutes décisions et faisant la démagogie à outrance avec les
redevances minières, la ministre nous propose maintenant une assurance imprévisibilité
basée sur de faux consensus.
Contrairement
au Parti québécois, lorsque nous formions l'opposition officielle... nous avons
à cœur ledéveloppement économique et
minier du Québec. Tel que le mentionnait la chef de l'opposition officielle dans
l'édition du 30 mai dernier, nous n'avons
aucune intention de jouer des saboteurs comme la députée de Vachon l'a fait
lorsqu'elle siégeait dans l'opposition.
À
ce moment-ci, je crois qu'il est opportun d'énumérer les grandes lignes du
projet de loi n° 43. Le gouvernement du Parti québécois a déposé un
projet de loi qui propose une nouvelle loi sur les mines. Ce n'est pas un
projet de loi modifiant une loi, c'est
pourquoi il contient 308 articles. Notre projet de loi n° 14 contenait 104
articles, et c'était un projet de loi
modifiant une loi. Dans ce projet de loi, le gouvernement du Parti québécois
n'élimine pas la préséance minière sur la Loi sur l'aménagement et
l'urbanisme. Ce projet de loi ne propose rien pour les autochtones. La ministre
a un droit de veto sur les schémas
d'aménagement et les zones d'exclusion des municipalités. La ministre se donne
le pouvoir de refuser ou de mettre
fin à un bail minier en cours de route si les études de retombées économiques
ne sont pas à son goût. La ministre omet de nous indiquer quelles seront
les directives gouvernementales qui dicteront l'élaboration des zones
d'exclusion et d'exclusion partielle.
Les
consultations sont maintenant terminées. Je crois qu'il serait à propos de vous
donner, à ce moment, un bref aperçu des réactions des intervenants du
milieu et du monde des médias. Le Journal de Québec, dans son édition du
19 septembre dernier, nous rapportait, encore une fois, les réactions du
Conseil du patronat du Québec : «La nouvelle version du projet de loi sur les mines déposée par la ministre des
Ressources naturelles […] mériterait d'être clarifiée, modifiée ou même
carrément revue[…].
«Au moment où plusieurs projets miniers sont remis
en question[…], le CPQ estime que le Québec "n'est pas assez riche
pour exclure catégoriquement des occasions de créer de la richesse".
«Le Conseil du patronat insiste notamment sur
l'importance pour le développement économique du Québec d'avoir un
secteur minier en santé.
«"Les Québécois ont le privilège de pouvoir compter
sur un vaste potentiel en matière de ressources naturelles, notamment
[minier], il nous apparaît donc essentiel, dans une perspective de
développement durable, de tirer profit de cette richesse en modernisant la
réglementation actuelle en vigueur, tout en assurant qu'elle demeure
intelligente, prévisible et compétitive aux yeux des investisseurs"...»
Pour
l'Association des minières du Québec, Le gouvernement ne comprend pas la
filière minérale : «Leur analyse a amené l'association à
conclure que le projet de loi aura comme impacts de "réduire la capacité
de la filière minière québécoise à développer les ressources, créer de l'emploi
et générer de la richesse pour tous les Québécois.
«"Il nous
apparaît évident que le gouvernement démontre une incompréhension du
fonctionnement de notre filière, de nos
modèles d'affaires et des défis que nous sommes appelés à relever[…]. Le projet
de loi ignore la réalité du développement
des ressources minérales au Québec et semble campé dans une vision fictive de
nos pratiques sur le terrain."
«[L'association]
critique notamment la soixantaine de dispositions distinctes portant sur la
gestion des titres miniers, des nouvelles
exigences aléatoires et considérables qui sont imposées aux opérateurs et les
dispositions arbitraires qui vont nuire au développement.
«"Les processus proposés
[rendent] chaque étape d'un projet tributaire de l'humeur [de la] ministre en
place[…]. Devant autant de dispositions
aléatoires, les investissements dans nos projets d'exploration deviendront
illusoires puisqu'il y a peu de garanties à mener une découverte
intéressante à un projet d'exploitation viable."»
Ce bref
résumé, en vous citant une chronique de J.-Jacques Samson publiée le
19 septembre dans LeJournal de
Québec, encore une fois, qui résume à lui seul les impacts négatifs du projet de loi n° 43... Le titre de cette chronique est très éloquent : Le Plan mort.
«L'Association minière du Québec, la Fédération des chambres de commerce du
Québec et le Conseil du patronat mettent le gouvernement [du Parti québécois]
en garde contre les pertes d'investissements et d'emplois qu'entraînera la
révision de la Loi sur les mines pilotée par la ministre [des Ressources
naturelles].
«L'ajout d'une
panoplie de contraintes pour les compagnies, les pouvoirs discrétionnaires
démesurés que se réserve la ministre et le relèvement des redevances à verser à
l'État feront fuir les investisseurs vers des contrées plus hospitalières. Le Québec
ne sera plus concurrentiel, martèlent les associations patronales et tous ceux
qui connaissent le secteur
industriel. La ministre se réfugie derrière l'argument que l'industrie
minière est dans une phase de consolidation découlant d'une chute des prix des métaux pour expliquer les milliers de
pertes d'emploi des derniers mois et le report d'investissements de
plusieurs milliards de dollars.
«Le prix des
métaux n'explique pas tout. Le gouvernement a d'abord semé l'inquiétude par des
déclarations intempestives de ministres immédiatement après l'élection du
4 septembre. Les craintes de l'industrie se sont ensuite concrétisées dans
le projet de loi 43.
«Le
dossier publié cette semaine par le journal sur la mort du Plan Nord,
qui créait de si grands espoirs, confirme le repli des investisseurs.
«[…]Quelle compagnie privée acceptera de se
soumettre au bon vouloir d'une ministre militante environnementaliste
qui veut se réserver le pouvoir discrétionnaire de refuser une demande de bail
ou d'y mettre fin en tout temps; de réduire
la superficie d'un terrain faisant l'objet d'un bail; qui veut la forcer à
faire de la transformation du minerai en sol québécois; qui veut imposer
une taxe aux minières en santé pour la restauration des sites dits orphelins?
«Le
Québec n'est pas le seul état dans le monde à posséder des ressources naturelles
non exploitées. Il a en plus les
handicaps d'un climat rigoureux, particulièrement dans les régions où se
trouvent ces ressources, et d'un très vaste territoire, […]qui alourdit
les coûts de transport et [d'exploration]…» «…d'exploitation — pardon.
«Si, en plus, les entreprises se voient imposer
une litanie de contraintes qu'elles ne retrouvent pas ailleurs dans le monde et qu'elles se sentent placées dans une
situation de vulnérabilité face au pouvoir politique, après qu'elles
auront investi leurs millions, voire leurs milliards, elles choisiront d'autres
pays.
«[…]La ministre [des
Ressources naturelles] devrait s'informer auprès de ses collègues du Saguenay—Lac-Saint-Jean
si un gouvernement peut ainsi contraindre des multinationales à faire de la
transformation au Québec. Péquistes comme
libéraux ont échoué presque complètement pour l'aluminium depuis des décennies.
Les lingots géants [constituent] d'être [transformés] là où leur
transformation, en une multitude de produits finis qui nous reviennent ensuite,
[…] au meilleur coût pour les entreprises.»
M. Samson terminait sa chronique avec cette
phrase : «Le projet de loi 43 doit être retiré ou battu. Mais il a déjà
causé de graves dommages économiques.»
Je terminerai mon
intervention sur le projet de loi sur les mines en vous parlant des PME qui
subissent les contrecoups des décisions de la ministre des Ressources
naturelles et du gouvernement du Parti québécois. Le développement du Nord n'est
pas exclusif au Nord. Parlez-en aux entreprises de presque toutes les régions
du Québec qui sont les fournisseurs
de ceux qui le développent. L'incertitude les gagne. Les dirigeants de ces
entreprises se demandent s'ils vont survivre, et leurs employés se
demandent comment ils feront pour garder une qualité de vie pour eux et pour
leurs familles.
En
Abitibi-Témiscamingue, c'est au moins cinq entreprises, Construction Promex, J.Y.
Moreau Électrique, Métal Marquis, Abitibi Géophysique et Bradley et
Frères, qui emploient plus de 1 000 personnes. En Beauce, nous avons
également plusieurs entreprises qui sont également en affaires avec le Nord. Je
vous en cite quelques-uns : les Constructions
Beauce-Atlas, Quirion Métal, R.C. Modulaire, Les Industries Fournier, Convoyeur
continental & usinage et Les confections
Lamartine. Dans cette région, c'est encore 1 000 emplois qui seront
tributaires du développement du Nord.
Les PME du Québec ont besoin du développement du Nord pour continuer à être des
partenaires du développement économique du Québec.
Comme
je l'avais mentionné précédemment, le Québec risque de connaître une récession,
alors que le reste du Canada connaît une croissance économique. Est-ce
normal? Je ne le crois pas. Et je crois que le Québec subit des mauvaises décisions du gouvernement du Parti
québécois depuis son élection, et nous donne l'image d'un gouvernement qui recule sur chacune des décisions qu'il a
prises, et a créé l'incertitude économique que nous connaissons
présentement. Le projet de loi n° 43,
présenté par la ministre des Ressources naturelles, est à l'image de son
gouvernement. Le projet de loi
n° 43 crée, lui aussi, une grande incertitude dans le développement minier
du Québec. Je souhaite que la ministre prendra acte des commentaires qu'elle a entendus lors des consultations et
qu'elle prendra les décisions nécessaires afin de faire en sorte que ce projet de loi sur les mines ne soit
pas un frein au développement minier du Québec, mais bien un fer de
lance.
Mme la Présidente,
j'aimerais aussi vous mentionner que, oui, il y aura naturellement des dépôts
importants pour naturellement cet accord-là
et pour qu'on puisse, naturellement, nous… les recommandations majeures pour
encore davantage écouter… un dépôt d'orientations gouvernementales claires,
favorisant le développement responsable des ressources
naturelles : l'abolition du droit de veto de la ministre sur les schémas
d'aménagement des MRC, l'assouplissement des exigences quant aux
conditions d'octroi du bail minier relativement à l'étude de faisabilité sur la
transformation et à l'entente de
maximisation des retombées économiques, inclure aussi les autochtones dès le
début du processus de consultation. Sinon, Mme la
Présidente, ce projet de loi s'avoue, pour nous autres, une faiblesse majeure.
Merci, Mme la Présidente.
• (17 h 20) •
La Vice-Présidente
(Mme Poirier) : Merci. Je reconnaîtrais un prochain
intervenant. M. le député de LaFontaine.
M. Marc Tanguay
M.
Tanguay : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, je ferai
miennes, d'entrée de jeu, les paroles prononcées par mon collègue député de Jean-Lesage, Mme la Présidente. Nous en
sommes ici au débat de principe sur le projet de loi n° 43, Loi sur
les mines, qui a été déposé par la ministre des Ressources naturelles.
J'aimerais, d'abord
et avant tout, Mme la Présidente, dans le contexte d'un projet de loi qui avait
été présenté par le gouvernement libéral, le
projet de loi n° 14, et je ne vous parle pas ici du projet de loi
n° 14 en matière de Charte de la langue française qui était
inutilement coercitif puis qui ne faisait pas avancer la langue française ou…
Au contraire, je vous parle d'un bon projet
de loi n° 14, à l'époque, présenté par un gouvernement libéral, qui était
justement dans le domaine des mines et qui visait justement à bonifier
par une loi, bonifier notre législation en la matière. Lors d'un débat en 2012, à la séance du 13 février 2012, Mme
la Présidente, je vais vous citer ce qu'a dit le député de Roberval, député du Parti québécois de Roberval, lors de la
séance du 13 février 2012, séance qui étudiait le projet de loi n° 14
déposé par le gouvernement libéral en matière de mines. Et vous m'excuserez à
l'avance, Mme la Présidente, et je demande également
aux gens à la maison de m'excuser à l'avance, il y a à l'intérieur de cette
citation-là, qui a été faite en pleine commission
parlementaire, un élément extrêmement condamnable, mais je vais faire la
citation, par honnêteté intellectuelle, au complet. Le député de Roberval du Parti québécois a affirmé ce qui
suit : «Parce qu'il ne faut pas oublier que, tu sais, les
ressources naturelles vont être au cœur de la prochaine élection. Je pense que
ça, ça va être un des thèmes de la campagne
électorale. Le gouvernement va vouloir montrer qu'il a un beau plan, puis, nous
autres, ce qu'on va dire, c'est que,
dans le fond, c'est un plan de nègre, parce que, dans le fond, on n'en
profitera pas, puis le gouvernement est en train de sacrifier des
générations pour son élection, et ça, ça ne marche pas, on ne peut pas accepter
ça.»
La
Vice-Présidente (Mme Poirier) : M. le député de LaFontaine, on
ne peut pas faire indirectement ce qu'on peut faire directement ni
indirectement ce qu'on ne peut pas faire. Alors, je vais vous demander de… On
ne peut pas faire ce que vous venez de
faire. Vous ne pouvez pas, en premier, venir nous dire que ce sont des mots qui
ne sont pas permis et le faire, même si vous citez une citation. Alors,
je vais vous demander de faire attention et de ne pas continuer sur cette
façon-là.
M.
Tanguay : Alors, j'enlève… de la citation, Mme la Présidente.
Et j'aimerais savoir de votre part quel était l'article que vous
souleviez, quel était l'article du règlement que vous souleviez?
La Vice-Présidente
(Mme Poirier) : Vous ne pouvez pas faire des choses
indirectement que vous venez, vous-même, de
me citer qu'elles ne sont pas correctes. Alors, vous-même, vous nous avez
prévenus de cette chose-là. Alors, on
n'entreprendra pas un débat là-dessus. Je vous dis de faire attention, de
poursuivre ce que vous faites, mais de faire attention aux mots que vous
utilisez, c'est tout.
M. Tanguay :
Je vous remercie beaucoup, Mme la Présidente. Je présume que vous citez le
règlement de l'Assemblée nationale. Je vous demandais tout simplement à quel
article vous vous référez.
La
Vice-Présidente (Mme Poirier) : C'est l'article 35, comme vous
le savez, M. le député. Alors, je vais vous demander de continuer.
M.
Tanguay : Parfait, merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors,
j'en avais fini. Puis effectivement, je pense, c'est important, le
sursaut que vous a occasionné cette citation est le même que monsieur, madame à
la maison qui nous écoutent ont fait lorsqu'ils ont entendu cette citation du
député du Parti québécois de Roberval, qui est allé de tels propos en 2012, le
13 février 2012. Sa citation le suivra et continue de le suivre.
Il parlait, à l'époque, Mme la Présidente, en des
termes extrêmement condamnables, comme vous venez de le faire, et nous
en sommes tous… Il parlait à l'époque du Plan Nord. Et le Plan Nord, Mme la
Présidente, et dans le cadre du débat de
l'adoption de principe sur la Loi sur les mines, le Plan Nord a fait l'objet,
évidemment, d'analyses depuis son lancement,
était un plan qui visait plusieurs facettes du développement économique du
Québec, qui visait évidemment l'exploitation responsable, intelligente
et économiquement rentable de nos ressources naturelles, de ressources minières, entre autres; il y avait des aspects
touristiques, il y avait des aspects de transport et d'infrastructure, bref,
des investissements majeurs qui faisaient en sorte que le Québec était à
l'ouvrage, le Québec était au travail.
Aujourd'hui,
Mme la Présidente, on constate que le Plan Nord est mort. Pourquoi le Plan Nord
est mort? Parce que nous avons une ministre, notamment
des Ressources naturelles, qui n'a pas évidemment désiré poursuivre dans cette lancée de
création d'emplois.
Et j'en veux pour preuve, Mme la Présidente, un article paru dans Le Journal de Montréal où on faisait état des
projets. Et on listait 18 projets, Mme la Présidente, et là-dessus on ciblait des projets qui tantôt
étaient à risque et d'autres projets, et il y en a une liste de sept
projets, et c'est des centaines de millions
de dollars, qui sont carrément
interrompus. Et on pouvait lire, à l'intérieur du Journal de Montréal, ce qui suit : «C'était le grand projet censé
relancer l'économie de la province. Moins de trois ans après son lancement
officiel, il ne reste déjà plus grand-chose du Plan Nord,
[relèvent les données obtenues par
notre bureau d'enquête]. […]un examen des grands projets [miniers] en cours
dans le Grand Nord montre que le Plan Nord, rebaptisé Le Nord
pour tous par le gouvernement péquiste, n'est plus l'ombre de ce qu'il
était.
«Sur les 11 projets […] majeurs annoncés au nord
du 49e parallèle, dont la valeur totalise des dizaines de [millions]
de dollars, plus de la moitié sont remis en question ou ont subi des révisions
à la baisse importantes[…]. [Certains] ont carrément été abandonnés», Mme la
Présidente.
C'est ça, le
bilan du gouvernement péquiste. On avait un plan pour développer le Québec,
développer nos ressources naturelles intelligemment, mettre les gens… parce que
c'est un Plan Nord pour les ressources naturelles notamment mais également un
plan sud pour celles et ceux qui travaillent. Et là force est de constater que,
par l'action, en un an… il faut quand même
le faire, imaginez quatre ans, Mme la
Présidente, imaginez quatre ans… alors,
en un an, ils ont été capables de mettre la hache dans le Plan Nord.
Aujourd'hui, force est de constater que c'est le plan mort
puis force est de constater que les emplois ne sont pas là. On a beau
dire : Ah! On a créé… On s'occupe des emplois. J'ai entendu la première
ministre, pour la première fois après un an,
dire, lundi dernier : Notre priorité, c'est l'emploi. Bonjour. Ça fait
un an que le gouvernement péquiste est au pouvoir, et là on vient
d'entendre pour la première fois que leur priorité, c'est l'emploi.
S'occuper de l'emploi comme ils le font, Mme la Présidente, j'aimerais, moi, autant qu'ils ne s'en occupent pas du tout. On a perdu 45 000 emplois dans la dernière année. Et là, Priorité emploi, on
nous fait une promesse de 43 000 emplois dans les trois prochaines
années. Bien, dans trois ans, bravo, on sera un manque à gagner de moins
2 000 emplois. Et ça, avec l'action
concertée, entre autres de la ministre des Ressources naturelles, bien, va
faire en sorte… Ça, je peux vous le garantir, Mme la Présidente :
avec un plan comme ça, les résultats ne sont tellement pas là que l'on fait
perdre des emplois parce que les investissements ne sont plus là.
Puis, Mme la Présidente, souvent on a entendu en
cette Chambre la première ministre, ministre des Finances, la
ministre des Ressources naturelles dire : Hé! On a créé 12 empois là, on a
créé 20 emplois là, 150 emplois là. En arrière,
il y en a des milliers qui se perdent. Ils sont en train de dire : On a
compté un beau but, ils perdent la partie 10 à un, Mme la Présidente.
Alors, en ce sens-là, je pense que c'est important de remettre les pendules à
l'heure, comme le faisait notamment, Mme la Présidente, un article de
Jean-François Cloutier, qui a été produit à l'intérieur du Journal de
Montréal publié le 16 septembre dernier : Deux ans après son
lancement, le Plan Nord est mort. Ça vaut la peine de lire parce que ça donne de la chair autour de l'os de ce que je viens
de vous démontrer, Mme la Présidente. «La débâcle du Plan Nord fait mal
à bien des travailleurs et des entreprises du Québec — Priorité
emploi de ce gouvernement-là, allo — et pas seulement au nord du 49e parallèle.
Parlez-en à Jean Tremblay, vice-président d'Air Saguenay, une entreprise
d'aviation de brousse située à Chicoutimi.
«Le trafic
aérien est un indicateur clé de l'activité économique dans le nord du Québec.
C'est comme ça, par exemple, que le carburant est envoyé aux minières.» Et il
le cite : «En 2011, on était en pleine effervescence…» En 2011, Mme la Présidente, ce n'était pas l'actuelle
première ministre, ce n'était pas l'actuel ministre des Finances, ce
n'était pas l'actuel leader du gouvernement, président du Conseil du trésor, ce
n'était pas l'actuelle ministre des Ressources naturelles, en 2011, c'était un gouvernement qui, lui, ne disait
pas : Ah! Notre obsession, notre obsession, c'est l'emploi, comme
il vient de le faire; nous le faisions à tous les jours avec un plan concerté
et un plan qui avait des fonds en bout de piste.
• (17 h 30) •
Ce qui a été
annoncé, personne n'en est dupe, ce qui a été annoncé lundi, c'est un plan de
2 milliards qui n'a pas d'argent, qui n'est pas financé. Mais comment ça,
après un an de gouvernement minoritaire, Mme la Présidente, comment ça que,
tout d'un coup, soudainement… Là, il y en a… je les entends déjà, mais il ne
faut pas qu'ils disent ça, ils vont
dire : Ah! C'est par intérêt électoraliste puis que c'est à la dernière
minute, ils vont essayer de nous faire un beau plan, un beau plan économique. Mais c'est du vent, il n'y a pas d'argent,
Mme la Présidente. Et, après un an, devenir, moi, payeur de taxes,
député notamment à l'Assemblée nationale… Ah! bien, après un an, là, j'aimerais
vous annoncer quelque chose. Savez-vous quoi, l'économie et les emplois sont
mon obsession. L'obsession, Mme la
Présidente, on ne le dit pas, on le fait. L'obsession, ce n'est pas un
an après, c'est dès le jour 1.
Mme
la Présidente, non seulement on a perdu des investissements, mais on vient de
perdre un an. Et, sur le point de vue international, lorsqu'on
compétitionne, le Québec avec les autres provinces, le Québec avec les autres
pays à l'étranger également… Le Canada,
lorsqu'il compétitionne, bien, à ce moment-là, perdre une année, c'est capital,
c'est majeur. Et, bien sûr, j'entendrais certains dire : Ah! bien, vous
savez, le prix des métaux achetés a diminué. C'est une excuse qui est très facile puis qui a le dos bien large, Mme la
Présidente, puis ça n'empêche pas que le prix des métaux… ça ne justifie
pas le fait que la première ministre ait dit, un an après avoir été élue au
pouvoir, que soudainement : Oh! Oh!
pardon, on vient… Ce n'est pas juste les coupures qui étaient importantes, ce
n'est pas juste la colonne des dépenses qui doit nous obséder pour
couper…
J'entends
encore ma collègue qui dénonçait les coupures qui ont un impact très tangible
et négatif dans la vie de bien des gens. Mais là, soudainement, ah!
l'économie, les emplois, on vient de s'en rendre compte. Ça ne passe pas le
test, Mme la Présidente. Là, on sait que la première ministre jongle très
sérieusement avec l'idée de déclencher des élections.
Le fait de dire après un an : Bien, savez-vous, on va se préoccuper de
l'emploi… Le faire comme elle le fait, j'aimerais autant qu'elle ne s'en
préoccupe pas parce qu'elle nous en fait perdre, des emplois, Mme la
Présidente, c'est rien que ça.
Alors, en bout de piste, j'aurai, un
peu plus tard, d'autres données par rapport au reste du Canada, où il se
crée des emplois, puis c'est au Québec qu'on tire de la patte. Non seulement,
économiquement, c'est un élément que l'on doit dénoncer, mais le fait également que, lorsque l'on prend du retard, on
ne peut pas financer adéquatement quoi, notre système de santé, notre système d'éducation. On ne pourra
pas payer également la dette politique qui a été remboursée aux carrés
rouges par le ministre en la matière lorsqu'il a décidé de donner le beurre et
l'argent du beurre. Ça prend de l'argent pour
faire ça. Ça prendrait peut-être des emplois pour permettre au ministre de
l'Enseignement supérieur non seulement de baisser les frais de
scolarité, mais également de laisser la bonification aux prêts et bourses. Je
ferme la parenthèse. Tout le monde l'ont vu à la maison, Mme la
Présidente.
Je
poursuis cet article par rapport au Plan Nord, dans lequel le Parti québécois a
mis la hache et qui explique la perte des 45 000 emplois, plus
de 45 000 emplois. Ce propriétaire de compagnie aérienne, Mme la
Présidente, située à Chicoutimi
poursuivait — et je
poursuis dans le texte : «Il évalue entre 50 % et 60 % la baisse
de l'activité aérienne dans le Grand
Nord entre 2011 et 2013. 30 employés ont perdu leur emploi en deux ans
chez Air Saguenay, sur une centaine d'employés, et des hydravions sont
maintenant à vendre.
«"Est-ce qu'on
doit parler du Plan [Nord] — se
questionne-t-il? Nous, on le sent comme ça en tout cas".»
«Selon
lui, le climat d'incertitude entretenu…» Et je réponds à l'interjection de mon
collègue. Et, écoutez bien ça, cher collègue… Mme la Présidente :
«Selon lui, le climat d'incertitude entretenu par le gouvernement Marois a
clairement contribué...» De la première ministre, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Poirier) : Merci.
M. Tanguay :
Je comprends que mon collègue veuille m'interrompre, ça fait mal.
La Vice-Présidente
(Mme Poirier) : Non. Non, pas…
Des voix :
…
La
Vice-Présidente (Mme Poirier) : S'il vous plaît! S'il vous
plaît! S'il vous plaît! Alors, les règles sont les règles. C'est la
première ministre, tout simplement. Tout simplement. Merci. Mme la leader de
l'opposition officielle.
Mme
Thériault : Mme la Présidente, vous avez tout à fait raison,
les règles sont les règles. Et je pense que mon collègue va s'en tenir à
nommer la première ministre par son titre, définitivement. Par contre, le
ministre délégué au Tourisme vient de dire qu'il était complètement hystérique.
Je lui demanderais un petit peu de décorum, puis de faire attention à ses propos, et peut-être de s'excuser
parce qu'il y a des propos, ici, que, même quand on ne les prononce pas dans les micros, nous, on les entend, puis se
faire traiter d'hystérique... S'il n'est pas content, il a juste à sortir de la
Chambre.
La
Vice-Présidente (Mme Poirier) : Bon. Alors, je pense qu'on va tous respirer doucement. D'accord? Je
n'ai pas entendu les propos et je vais vous demander... Il y a une seule
personne ici qui a la parole, et c'est M. le député de LaFontaine, et je suis
persuadée d'avoir sa collaboration.
M. Tanguay :
Merci, Mme la Présidente. Alors, je prends cette interjection de mon collègue
comme un compliment. Quand ça fait mal, ça sort. Et c'est de cette façon-là
qu'il s'exprime, alors on l'aura bien compris.
«"Est-ce qu'on
doit parler du Plan [Nord]?"
«[...]Selon lui, le
climat d'incertitude entretenu par le gouvernement [de la première ministre] a
clairement contribué à refroidir l'intérêt des prospecteurs pour les richesses
minérales d'ici.
«"Quand tu ne sais
pas ce qui va arriver, tu évites de prendre des risques"[...]. Il n'est
pas le seul à penser comme ça.»
Et
là on cite Guy Bourassa, P.D.G. de Nemaska Lithium, qui «projetait de
construire une usine de transformation [de] lithium à Valleyfield, a dû
mettre ses projets sur la glace par manque de financement. "Peu importe ce
qui se décide, ce sera mieux que l'incertitude actuelle"...»
Il
y a actuellement une incertitude, Mme la Présidente, et, en ce sens-là, ça a
été occasionné par la hache qui a été mise
carrément dans le Plan Nord, et qui nous avait permis en temps de crise… Ce
n'est pas peu dire, un gouvernement du Parti
libéral du Québec, avec… des politiques intelligentes et articulées qui
répondent à des besoins tangibles, qui mettent dans le coup les
partenaires économiques du gouvernement du Québec mais également de toutes les
Québécoises et Québécois, a fait en sorte que nous avions non seulement le Plan
Nord, mais d'autres politiques. Et rappelons-nous, entre autres, les politiques
en matière d'emploi.
Au total, Mme la Présidente, force est de
constater que les gouvernements du Parti libéral du Québec ont mieux performé dans les moments de crise que les
gouvernements du Parti québécois dans des moments de croissance. Et ça, quand on est rendu à faire ce constat-là
par a plus b, Mme la Présidente, on ne peut pas avoir pire bilan à
déposer, et c'est un peu ce que fait et ce
qu'a fait lundi la première ministre lorsqu'elle a déposé un plan non financé,
mal ficelé. Tout d'un coup, la priorité, c'était l'emploi. Ça
ressemblait davantage à un dépôt de bilan, Mme la Présidente, et ça, c'est en
matière de faillite, on l'aura tous compris.
L'obsession
de l'emploi. Mme la Présidente,
je réfère à un article ici écrit dans
La Presse le 3 octobre 2013 par Jean-Philippe
Décarie. «Ainsi, le Québec a enregistré une perte nette — en
août — de
5 000 emplois[...], alors que le
Canada affichait une création nette[...].
«[...]une
réalité demeure — et je
cite toujours — le
Québec n'arrive pas, depuis le début de l'année, à créer des emplois au
même rythme que l'on observe ailleurs au pays.»
Encore une
fois, Mme la Présidente, ce n'est pas tout de dire que, soudainement, on s'est
découvert une obsession pour l'emploi. Moi, l'obsession, je la juge par
les actes, les gestes, et je la juge par les résultats. Les gestes n'ont pas été là, les résultats n'ont pas été là. Qu'on ne
nous parle pas d'obsession. Ça sonne extrêmement faux dans la bouche de
la première ministre du Québec après les résultats que l'on voit, surtout après
une année perdue, Mme la Présidente. Les
Québécoises et Québécois, sur le plan économique, ont perdu la dernière année
carrément, et même plus. Perdre la dernière
année quand tu arrives zéro à zéro, ce n'est pas si pire. C'est moins pire que
lorsque tu arrives à moins 45 000 emplois. Ça, ce sont des...
La Vice-Présidente (Mme Poirier) :
M. le leader adjoint.
M. Traversy : Mme la
Présidente, en tout respect pour mon collègue député de LaFontaine, nous sommes
présentement à l'adoption de principe du projet de loi sur les mines, le projet
de loi n° 43. J'aimerais qu'il puisse, s'il vous plaît, dans les prochaines minutes, peut-être revenir non pas sur
la question des finances publiques, que nous avons débattue avec coeur cet après-midi avec la motion
de l'opposition, mais revenir sur le projet de loi qui est présentement
en discussion dans cette Chambre et qui doit être relié au discours du député
en question.
La Vice-Présidente (Mme Poirier) :
Mme la leader adjointe de l'opposition officielle.
Mme Thériault : Oui. Merci,
Mme la Présidente. Vous savez comme moi que, sur la question de règlement que
mon collègue vient d'invoquer, la règle de la pertinence, ici, a toujours été
interprétée très largement. Et, lorsqu'on parle des emplois, ils sont reliés
directement au développement économique, donc aux ressources naturelles que
nous avons et au Plan Nord. Donc, il me semble que le lien est évident.
Il reste à peu près 2 min 30 s à
mon collègue, qu'il puisse terminer son intervention. Je pense qu'on aurait pu
le laisser aller dans sa lancée, définitivement.
La Vice-Présidente (Mme Poirier) :
M. le député, veuillez poursuivre votre allocution.
M. Tanguay : Merci, Mme la
Présidente. Débat de principe, projet de loi n° 43, présenté par la
ministre des Ressources naturelles, qui traite de l'exploitation économique et
durable dans le respect des droits de chacun, l'exploitation économique de
nos... puis on est en train de me dire, du côté, Mme la Présidente... Puis je
n'y vais pas sur le règlement, j'y vais sur le fond de son intervention, on est
en train de me dire : Bien là, il n'est pas dans la pertinence, il parle
d'économie en lien avec les mines et les ressources naturelles. Ce n'est pas
pertinent, Mme la Présidente, faites-le arrêter. Ça fait mal quand on lie les
mines avec l'économie, quand on parle du bilan.
Dans les notes explicatives, Mme la Présidente,
du projet de loi n° 43, c'est bizarre, on me parle qu'on veut maximiser
les retombées économiques. Là, je suis en train de présenter, brosser un
tableau très sommaire et rapide du bilan désastreux et néfaste du gouvernement
péquiste en matière économique : pertes d'emploi, pas de vision
économique, des finances publiques qui ne seront pas balancées. Déjà là, c'est
de savoir ça va-tu être 2 ou 3 milliards.
On verra ce que sera le résultat de cette gestion. Et là je parle d'économie en
lien avec les ressources, puis on me
dit : Ah! Mme la Présidente, rappelez-le à l'ordre. De un, j'imagine que
ça fait mal, ce n'est pas le fun, entendre ça, mais c'est la réalité des
chiffres qui ont la tête dure.
Deuxième…
Également, est-ce qu'on est en train de me dire, du côté du gouvernement, qu'il
n'y a pas de question de pertinence
économique quant à ces questions? Mme la Présidente, c'est là toute la
différence entre un gouvernement péquiste
et un gouvernement libéral. Ici, l'économie, on n'en parle pas. On ne se
découvre pas, après un an, une obsession. On n'est pas en train d'essayer de faire, Mme la Présidente, ce que l'on
n'a pas fait — à la
dernière minute, d'essayer de le faire — pendant 13 mois, pendant
plus d'un an. Sous les gouvernements libéraux, Mme la Présidente, nous traversions les crises de façon plus efficace et
avec des rendements beaucoup plus pointés, beaucoup plus intéressants en
termes de création d'emplois que les gouvernements du Parti québécois lors de
croissance économique.
Pendant ce
temps-là, Mme la Présidente, le Québec manque le bateau. Avec le gouvernement
du Parti québécois, le Québec manque le bateau économique. Ils sont
rendus où, les investissements? Ils sont rendus dans le nord de l'Ontario. Ça
reste au Canada, on va s'en réjouir, mais ce n'est pas au Québec. Et, ici,
c'est l'Assemblée nationale du Québec. Le Ring of Fire, les investissements que
l'on voit en Ontario, il y en a qui auraient dû se faire ici, il y en a qui
étaient projetés ici. Et, en ce sens-là, Mme la Présidente, nous ne sommes pas
complices de ce gouvernement qui n'a pas de vision économique.
• (17 h 40) •
La Vice-Présidente (Mme Poirier) :
D'autres interventions? M. le député de Matane-Matapédia.
M.
Bérubé : ...en
fonction de l'article 213, pouvoir poser une question au député de
LaFontaine s'il accepte.
La Vice-Présidente (Mme Poirier) :
Alors, M. le député de LaFontaine, est-ce que vous acceptez? Vous n'acceptez
pas, alors... Il n'y a aucun problème. Est-ce qu'il y a un autre…
Des voix : ...
La Vice-Présidente (Mme
Poirier) : S'il vous plaît! Mme la leader adjointe, pour
prendre la parole sur le projet de loi? D'accord. Alors, Mme la leader
adjointe, députée d'Anjou—Louis-Riel.
Mme Lise Thériault
Mme
Thériault : Merci, Mme la Présidente. Évidemment, je sais
qu'habituellement, lorsque vous me voyez me lever à cette étape-ci, vous
pourriez penser que j'invoque une question de règlement ou que je demande de
vérifier le quorum. Mais non, Mme la Présidente,
imaginez que, même si je représente un comté de villes... Tu ne peux pas
avoir plus ville qu'Anjou—Louis-Riel, à part peut-être
Hochelaga-Maisonneuve, évidemment. Évidemment, je vais prendre la parole
sur le projet de loi qui est devant nous, donc le projet de loi n° 43, Mme
la Présidente.
Certains vont
se demander : Bien, elle n'a pas de mine, elle, chez eux? C'est vrai que
je n'ai pas de mine. Mais savez-vous
quoi, Mme la Présidente? J'ai le deuxième plus gros parc industriel sur l'île
de Montréal qui est dans mon comté. Et qui parle industrie parle, évidemment,
d'entreprises qui font — ou
qui faisaient, plutôt — des
affaires avec des minières du Nord.
J'ai
eu l'occasion, lorsque j'étais ministre
du Travail, d'aller visiter une entreprise
qui est dans le comté de Bourget, donc entre votre comté et mon comté.
Et eux, ce qu'ils faisaient, Mme la Présidente, ce sont des casiers, des
casiers de métaux qu'ils font, évidemment, pour mettre les effets des travailleurs. Et les casiers étaient directement importés pour des compagnies
comme Rio Tinto ou d'autres entreprises, soit des mines qui développaient dans le Nord du Québec, et c'étaient des compagnies
où on affichait : Recherchons employés. Bien, présentement, Mme la Présidente, je peux juste vous dire que ce n'est pas le cas, on n'en
cherche plus, des employés, puis on a été obligé de faire des mises à pied. Et mon collègue le député
de LaFontaine parlait à juste
titre des pertes d'emploi que ça occasionne, l'incertitude au niveau de
nos ressources minières. Donc, sans grande surprise, autant
pour vous que pour les collègues de l'opposition, vous allez comprendre, Mme la Présidente, que je partage les inquiétudes de mon collègue
le député de LaFontaine, mais également de notre porte-parole, le député
de Rivière-du-Loup, qui nous a si bien exprimé les craintes qu'il avait par
rapport au projet de loi n° 43.
Mais, vous savez, Mme la Présidente, il y a des
députés qui sont arrivés ici ça fait à peine un an. Moi, j'ai le privilège de siéger dans ce Parlement depuis maintenant
11 ans, et, avant le projet de loi n° 43, c'est important de conter l'histoire en disant qu'il y a déjà eu d'autre chose qui a été fait, hein? On ne commence pas à zéro, quand
même, là. Et, pour le bénéfice des
personnes qui écoutent nos débats, bien, je pense que c'est important de faire
un petit retour en arrière.
À
l'époque, le précédent gouvernement, donc notre gouvernement, le gouvernement auquel je faisais moi-même
partie, avons déposé le projet de loi
n° 79, qui avait été présenté le 2 décembre 2009, lors de la 39e
législature, à la première session. Évidemment, Mme la Présidente, comme
vous le savez, il est du privilège du gouvernement, lorsqu'il y a une
législature, d'abroger une session et de repartir avec un nouveau discours, une
nouvelle session à l'intérieur de la législature,
chose qui a été faite au mois de février 2011, où nous avons assisté à un
discours inaugural. Qu'est-ce qui arrive à ce moment-là, Mme la Présidente? Tous les projets de loi qui ont été
présentés, peu importe leur état d'avancement, qu'ils aient été déposés,
qu'on ait entendu des groupes en consultation, qu'on soit rendu à l'étude
article par article, peu importe l'état
d'avancement des travaux, tous les projets de loi qui ne sont pas adoptés
meurent au feuilleton, comme on dit, et ils doivent renaître de leurs
cendres sous un autre numéro.
Donc, chose qui a été faite par
le précédent ministre — M.
Serge Simard maintenant, puisqu'il n'est plus député — M. Simard a déposé le projet de loi
n° 14, qui reprenait exactement le contenu du projet de loi n° 79, àdeux exceptions près. C'est que, dans ce
projet de loi là… Non, il reprenait le projet de loi n° 79, pardon.
Évidemment, il a été présenté le 12 mai
2011, donc pas longtemps après le discours inaugural. Nous avons fait la
présentation, l'adoption du principe en Chambre. Il y a eu des
consultations particulières, l'étude détaillée a commencé, et c'est là que, Mme
la Présidente, tout s'est mis à aller mal.
L'actuelle ministre responsable des Ressources naturelles était la critique de
M. Simard, qui était le ministre délégué aux Ressources naturelles, et
on a passé plus de 200 heures en commission parlementaire.
Il y a eu 155 amendements qui ont été déposés et étudiés, et l'actuelle
ministre a vraiment tout fait ce qu'elle pouvait faire pour retarder,
s'opposer, bloquer lorsqu'elle était critique parce que c'est toujours plus facile
quand on est dans l'opposition de s'opposer
pour s'opposer. Donc, elle a vraiment
tout fait ce qu'elle pouvait faire pour faire en sorte que le projet de
loi ne soit jamais adopté. Et évidemment, lorsqu'il y a eu un déclenchement
d'élection, le projet de loi est mort au feuilleton.
Pourquoi
est-ce que je dis ça, Mme la Présidente? Parce que, dans la forme dans laquelle
le projet de loi n° 14 a été déposé, c'est important de comprendre
aussi qu'à l'époque l'ancien projet de loi contenait 104 articles, et
c'était un projet de loi qui modifiait une loi. Ce que nous avons devant nous,
le projet de loi n° 43, c'est un projet de loi qui propose une nouvelle loi sur les mines, ce n'est pas un projet de loi
qui modifie une loi. C'est pour ça qu'il y a 308 articles. Donc, on peut
comprendre que l'ancien projet de loi modifiait une loi déjà existante, il y
avait juste 104 articles. Puis le projet de loi qui a été déposé par
l'actuelle ministre contient 308 articles, donc on peut vraiment dire que
c'est un nouveau projet de loi.
Moi, Mme la
Présidente, vous savez, j'ai déjà eu le privilège de siéger dans un Parlement
qui était minoritaire, c'est ma
deuxième expérience. J'ai pu siéger dans un Parlement minoritaire alors que mon
parti formait le gouvernement et, maintenant, je siège dans un Parlement
minoritaire et je suis dans l'opposition. Par contre, j'ai une mémoire qui est phénoménale, Mme la Présidente, et je me souviens
très bien de quelle manière les ministres de notre équipe fonctionnaient
lorsqu'ils déposaient des projets de loi. Parce que je crois que, dans un
gouvernement minoritaire, c'est toujours possible
de faire adopter des lois. Qu'on soit un gouvernement majoritaire ou un
gouvernement minoritaire, il faut quand même préciser qu'il y a 90 % des projets de loi, dans notre
Parlement, qui sont adoptés. Et, malheureusement, ce ne sont pas sur ces projets de loi là
qu'on met toujours le focus, on va mettre le focus sur les projets de loi où ça
va moins bien, et c'est normal, mais il y a quand même 90 % des
projets de loi qui sont adoptés.
Lorsque nous formions un gouvernement
minoritaire, Mme la Présidente — et, je pense, c'est important de le rappeler — les ministres travaillaient en étroite
collaboration avec leurs propres critiques de l'autre côté la Chambre
pour pouvoir faire avancer les projets de
loi. Parce que ce n'est pas parce qu'on est un gouvernement minoritaire qu'on
va tout bloquer l'action
gouvernementale, Mme la Présidente. Vous savez comme moi que le Québec continue
d'avancer et que, si le gouvernement
ne se préoccupe pas des choses qui sont essentielles, à ce moment-là c'est un
recul drastique, dommageable pour
l'économie de la province et pour tous les Québécois, et, malheureusement,
c'est ce à quoi nous assistons aujourd'hui.
Mon collègue le député de LaFontaine parlait des
pertes d'emploi. Bien, il y a beaucoup de pertes d'emploi dans les minières. J'y reviendrai un peu plus
tard, Mme la Présidente, je vais vous donner des chiffres avec des
projets réels qui ont été annoncés, qui ont été retardés ou complètement
annulés. Des mises à pied, il y en a, il y en a de manière drastique. Et moi, je comprends les gens de
l'industrie parce qu'on ne peut pas penser à faire du développement si on
n'a pas des conditions minimums pour pouvoir
dire : Bien, parfait, oui, ça vaut la peine que j'investisse. Parce que,
présentement, il n'y a absolument rien pour sécuriser les investisseurs qui
pourraient choisir de venir s'installer au Québec. On assiste, évidemment, au
fait que le Nord du Québec, le Nord de l'Ontario, c'est à peu près les mêmes
ressources, c'est à la même hauteur, Mme la
Présidente. Donc, ce qui ne se développe pas chez nous depuis la dernière
année, c'est vraiment rendu que les
entreprises vont en Ontario. Et on a contribué à créer des emplois du côté
ontarien, et je trouve ça dommage, Mme la Présidente.
• (17 h 50) •
Pour appuyer
mes dires, évidemment, vous ne serez pas surprise que je vous sorte quelques
articles de journaux. On a ici Le
Journal de Québec, 17 septembre 2013 — donc c'est encore tout récent : Le
plan mort. Les grandes promesses du gouvernement Charest semblent
être disparues dans la nature nordique. Évidemment, Mme la Présidente, ça
fait référence directement à toute l'exploitation de nos ressources naturelles.
Évidemment, le Plan Nord, oui, c'était pour développer nos ressources du Nord,
mais c'était fait avec les travailleurs du sud également, puis je vous ai parlé
des entreprises
dans mon secteur qui en paient le prix.
On
dit ici, 17 septembre toujours,
Journal de Québec :Plus facile de travailler en Afrique?«La débâcle duPlan Nord fait mal à bien des travailleurs et
des entreprises, et pas seulement au nord du
49e parallèle. Parlez-en à Jean Tremblay, vice-président d'Air Saguenay, une entreprise
d'aviation de brousse située à Chicoutimi. Le trafic aérien est un
indicateur clé de l'activité économique dans le nord
du Québec. C'est comme ça, par exemple, que le carburant est envoyé aux minières. "En
2011, on était en pleine effervescence, rappelle
M. Tremblay. Cette année, si on n'avait pas eu les feux de
forêt, on aurait été en grande difficulté. Si
on veut rester en vie, il va falloir que l'économie reprenne." Il évalue
entre 50 % et 60 % — c'est beaucoup, Mme la Présidente, là — la baisse de l'activité aérienne dans le
Grand Nord entre 2011 et 2013. 30 employés ont perdu leur emploi en deux
ans chez Air Saguenay, sur une centaine d'employés, et des hydravions sont
maintenant à vendre.» Là, je vous parle d'une
compagnie qui fait du transport aérien, Mme la Présidente. Imaginez les impacts
dans les autres entreprises.
On a même vu Plan Nord — Ressources
naturelles. Quebec never again. Un
mouvement d'opposition prend de l'ampleur dans le monde minier.
«Un mouvement anti-Québec s'est formé et est
en train de prendre de l'ampleur dans le
monde minier, en réaction au nouveau projet de
loi sur les mines de la ministre des Ressources naturelles…» Je ne nommerai
pas son nom, Mme la Présidente, je sais que je ne peux pas faire de manière
indirecte ce qu'on ne me permet pas de
faire. Donc, évidemment, Mme la Présidente, on a de quoi s'interroger lorsqu'on
voit des titres de journaux comme ça.
Ici — je ne la nommerai
pas, Mme la Présidente : La ministre déplore
l'épouvantail des minières. Elle estime qu'on assiste à une consolidation. Mme la Présidente, je trouve effarant que la
ministre, un an après être en poste, avec toutes les retombées négatives
qu'on voit, qu'elle parle d'épouvantail des minières. Mme la Présidente, s'il y
a quelqu'un qui fait peur à quelqu'un, c'est
la ministre des Ressources naturelles. Ce n'est pas ce que les minières peuvent
agiter comme préoccupations. S'il y a un épouvantail dans la pièce, là, je
m'excuse, ce n'est pas les compagnies minières. Je comprends que la
ministre veut se donner beaucoup de pouvoir avec son projet de loi, et ça, ça a
vraiment de quoi faire peur à n'importe qui, Mme la Présidente, c'est évident.
On a ici : L'incertitude
fait mal. Ça, c'est
un journal de Rouyn-Noranda. «Le milieu économique de
l'Abitibi-Témiscamingue est très inquiet pour l'avenir du domaine minier. C'est
ce qui se dégage d'une rencontre entre une quarantaine d'intervenants économiques et entreprises de la région et le porte-parole
de l'opposition officielle en matière de ressources naturelles.»
Mme la
Présidente, c'est évident que des pertes d'emploi, j'en ai ici : 30 000
emplois perdus en juillet;Saignée d'emplois au
Québec — Le taux
de chômage grimpe de 8,2 comparativement à 7,2 pour tout le Canada,
particulièrement en région; Pendant ce temps, l'emploi est en chute
libre. C'est malheureusement ce à quoi nous
assistons, Mme la Présidente.
Et je suis
contente que mon collègue ne m'ait pas interrompue en parlant des emplois qu'on
perdait parce que j'en viens au lien direct,
Mme la Présidente. Et, juste dans la région de l'Abitibi-Témiscamingue,
lorsqu'on parle des entreprises qui
font du développement de nos ressources naturelles, on a ici des exemples qui
sont flagrants, Mme la Présidente.En
Abitibi-Témiscamingue, on a Orbit Garant, Forage G4 ,
Forages Chibougamau, Abitibi Géophysique,
Chambre de commerce de Val-d'Or, tous ces gens-là nous ont parlé. O.K.? Orbit Garant, l'effectif est passé de
1 100 travailleurs l'an dernier
à environ 500 cette année. Ça, c'est moins 600, Mme la Présidente, dans une
entreprise. Forage G4, pas moins de 33 des 40 foreuses sont en
veilleuse, Mme la Présidente. C'est incroyable d'entendre des choses comme ça.
Forage Chibougamau, qui comptait
250 salariés l'an dernier, on a dû mettre à pied environ 150 travailleurs,
Mme la Présidente. Les pertes
d'emploi… Quand je vous parle ici des entreprises qui ont fait des mises à
pied, et ce sont des mises à pied réelles…
Dans d'autres cas que je peux vous citer aussi, ce sont les syndicats qui
crient, qui crient, Mme la Présidente : On a besoin d'aide, nos travailleurs sont en train de
perdre leurs jobs. Et tout le monde sait que les emplois miniers, ce ne
sont pas des emplois au salaire minimum, Mme la Présidente, ce sont des emplois
où les gens sont très bien rémunérés, où il y a la possibilité de travailler
beaucoup d'heures.
Et je ne vous parle
pas non plus, Mme la Présidente, des travailleurs de l'industrie de la
construction qui bénéficiaient aussi du boom qu'il y avait au nord. Et là,
présentement, malheureusement, les travailleurs de toutes les régions, pas
juste les travailleurs du Nord… Vous avez certainement dans votre comté des
gens qui travaillent dans l'industrie de la construction qui ont été travailler
au nord. Moi, je peux vous dire, j'ai des membres de ma famille qui y ont été, ils ont bénéficié du boom. Mais je
peux juste vous dire que, présentement, ils ne travaillent plus au nord,
ils travaillent ailleurs. C'est plate à dire, mais c'est comme ça. Pourquoi? À
cause de l'incertitude, Mme la Présidente.
Et
quelle est l'incertitude à laquelle on fait face, Mme la Présidente? Ce n'est
pas compliqué, le droit de veto, le droit
de veto de la ministre. La ministre se donne dans son projet de loi un droit de
veto où elle va pouvoir décider de vie ou de mort sur les entreprises. Ça, Mme la Présidente, j'avoue que je trouve
que c'est fort. Et là la ministre nous dit : Votez pour le
principe, faites-moi confiance. J'ai un bon projet de loi, faites-moi
confiance. Mme la Présidente, savez-vous quoi? La confiance, ça se gagne, hein? Moi, j'ai dit ça à mon fils — mon fils va avoir 23 ans bientôt :
Bien, la confiance, ça se gagne. Puis, pour gagner ma confiance, moi, il
faut que tu me prouves que ça vaut vraiment la peine, puis que tu es correct, puis que tu es une personne de parole,
puis que… Tu sais, il y a plein de marches à monter avant que j'accorde
vraiment ma confiance.
Et,
comme parlementaire ici, j'ai vu beaucoup de choses. J'ai entendu aussi
beaucoup de choses, j'ai entendu… Puis
je vais faire un parallèle, tout le monde va comprendre. J'ai entendu, moi, la
première ministre, l'année passée, au mois
de décembre, dire que la nomination de M. Boisclair, la double nomination de M.
Boisclair, on corrigerait ça. Bien, ça
a pris un article de journal la semaine passée, Mme la Présidente… 10 mois après,
ça n'avait pas été corrigé. 10 mois après,
alors qu'hier j'étais en mesure de démontrer clairement que le ministre
responsable des Relations internationales, donc le ministre qui est
responsable…
Une voix :
…
La Vice-Présidente
(Mme Poirier) : M. le leader du gouvernement.
M.
Traversy : Il y a large, il y a très large, puis il y a
illimité, là. Écoutez, on vient de quitter complètement le débat sur le projet de loi des mines, là. Je vous
demanderais de ramener le débat sur le projet de loi n° 43 et de
permettre à ma collègue de terminer son
intervention de la même façon qu'elle l'a commencée, dans la joie et
l'allégresse, en parlant du projet de loi dont… lequel on discute.
La
Vice-Présidente (Mme Poirier) : Alors, Mme la députée d'Anjou—Louis-Riel, je vais vous demander de vous en tenir au propos et à fermer la boucle
rapidement sur ce que vous venez de nous dire. Rapidement, il nous
reste…
Mme Thériault :
La confiance, Mme la Présidente…
La Vice-Présidente
(Mme Poirier) : Il nous reste deux minutes.
Mme Thériault :
Pas de problème. La confiance, un droit de veto. On nous demande de faire une
confiance aveugle à la ministre, alors que,
voilà 10 mois, on s'était fait dire qu'on rectifierait les conditions de
travail de M. Boislair. Bien, savez-vous, Mme la Présidente, je pense
que ça a été fait aujourd'hui, parce qu'il y a un journaliste qui en a parlé. Ça a pris 10 mois pour un simple petit
décret pour respecter une parole donnée. Puis c'est parce qu'il y a
quelqu'un qui s'en est aperçu, sinon on
aurait été dans le trouble, Mme la Présidente. Parce que, dans le contrat, là,
dans le décret, c'est bien écrit qu'une entente verbale, là, ça n'a pas
sa place, que c'est ce qui est écrit là qui est bon.
Ça fait que
vous comprenez que moi, je ne peux pas faire une confiance aveugle à la ministre
des Ressources naturelles. Ni moi ni aucun membre de mon équipe ici, on ne peut
faire confiance à la ministre dans ce qu'elle a l'intention de faire, ou
l'intention de dire, ou que son gouvernement a l'intention, ou peut-être que
pas l'intention… Mme la Présidente, vous avez déjà vu des ministres
être démis de leurs fonctions pour toutes sortes de raisons, des ministres
démissionner pour n'importe quelle sorte de raison, et c'est déjà arrivé qu'il
y avait des ministres qui avaient des projets
de loi en cours qui sont partis,
toutes formations politiques confondues. On recommence encore. Est-ce que vous pensez, honnêtement, qu'on
peut faire confiance à une ministre qui a bloqué systématiquement pendant
200 heures en étude un projet de loi qui avait beaucoup moins d'articles
que ce qu'on a devant nous, qui nous dit : Faites-moi confiance, je vais
déposer des amendements, je vais donner les orientations claires?
Bien, moi, je regrette, mais je suis un peu comme
Thomas, Mme la Présidente, et il est évident qu'on va demander des
garanties. Le projet de loi n° 43, c'est un projet de loi qui est
important. On doit nous-mêmes déposer un projet de loi sur les mines, c'est parce qu'on croit qu'on doit faire quelque
chose. Mais on ne mettra pas une épée
de Damoclès sur la tête des entreprises minières, Mme la Présidente. Et,
pour favoriser l'investissement au Québec, il doit y avoir des conditions
gagnantes, et les conditions de la ministre des Ressources naturelles, présentement,
sont totalement inacceptables. Il est
évident que nous allons être constructifs et nous allons proposer des choses
très constructives pour faire en sorte qu'on puisse avoir un projet de
loi qui se tienne, Mme la Présidente, et que nos minières continuent de développer
au Québec.
La Vice-Présidente (Mme
Poirier) : Merci. Alors, le principe du projet de loi...
Une voix : ...
La Vice-Présidente
(Mme Poirier) : D'accord. Excusez-moi. Est-ce que vous allez
poursuivre votre intervention? Vous allez la poursuivre? D'accord.
Alors, M. le leader... Oui. M. le leader adjoint.
M. Traversy : J'avais cru
comprendre dans cette envolée d'applaudissements que la leader adjointe avait
terminé. Si elle consent de peut-être laisser tomber son intervention, on
pourrait peut-être, vu l'heure avancée, terminer nos travaux à ce stade-ci.
Ajournement
La
Vice-Présidente (Mme Poirier) : Alors, compte tenu de l'heure,
les travaux de l'Assemblée sont ajournés au jeudi 10 octobre 2013,
à 9 h 45.
(Fin de la séance à 18 heures)