(Neuf
heures quarante-six minutes)
La Vice-Présidente
(Mme Poirier) : Bon matin, tout le monde. Vous pouvez
vous asseoir.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Alors, nous en sommes à la rubrique Déclarations de députés. Alors, j'accueillerais la déclaration de M. le député de Bourget.
Souligner la tenue des Journées de la culture
M. Maka Kotto
M.
Kotto
: Merci, Mme la Présidente. Au cours des prochains jours, les 27, 28 et 29 septembre, se tiendront les 17es Journées de la culture. Ces journées sont une
source de fierté, de cohésion sociale et de créativité, contribuant davantage, chaque année, à conforter notre
empreinte culturelle. Elles sont de belles occasions de dialogue et de partage, favorisant
joyeusement le vivre-ensemble.
Aussi,
j'invite l'ensemble de la population, dans quelque 356 municipalités, dans 17 régions du Québec, à venir faire connaissance avec ces artistes, ces peintres, ces musiciens, ces
artisans, ces comédiens et magiciens de l'art qui incarnent l'expression
vivante de notre culture, porteuse de nos espoirs et de notre avenir.
Comme l'exprime si justement le thème de cet
événement, Participer, c'est défendre toute la culture. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Poirier) : Merci, M. le député de Bourget. Je donnerais la
parole au député de Lotbinière-Frontenac.
Souligner la tenue des assises annuelles
de la Fédération québécoise des municipalités
M. Laurent Lessard
M.
Lessard : Merci, Mme la
Présidente. Donc, c'est
ce matin à Québec que s'ouvrent les 72es assises
annuelles de la Fédération québécoise des municipalités, qui auront pour thème Le gouvernementmunicipal en action.
En
fait, à l'aube d'une nouvelle élection générale, qui sera appelée le 3 novembre prochain, les différents maires et élus
municipaux, donc,
qui seront présents aux assises, au cours des trois prochains jours, auront
l'occasion d'assister à un grand nombre d'ateliers, de séances
d'information, de rendez-vous juridiques portant sur plusieurs sujets, dont
l'environnement, l'agriculture pour les plans de développement de la zone agricole, la forêt, le transport collectif, les
technologies et la sécurité, comme quoi le champ du monde municipal s'est
élargi.
À cette occasion, il y
aura sûrement aussi le privilège de présenter et d'honorer la ville de
Mégantic, qui s'est démarquée, au fil des derniers mois, concernant les
événements extraordinaires. Le leadership municipal est encore au cœur de nos
actions, et c'est en quoi nous croyons.
Alors,
bonnes assises à tout le monde qui se sont déplacés à Québec, là, pour cet
événement. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Poirier) : Merci. M. le député de Jonquière.
Souligner le 65e anniversaire du
Patro de Jonquière inc.
M. Sylvain Gaudreault
M. Gaudreault : Oui, Mme la Présidente.
Il me fait très plaisir de souligner aujourd'hui l'importance d'un organisme-phare dans la circonscription de
Jonquière, le Patro de Jonquière. Issu de l'action historique de la
communauté religieuse des pères
Saint-Vincent-de-Paul, c'est le 8 décembre 1947 que fut officiellement fondé le
Patro de Jonquière. Il est dans l'année de son 65e anniversaire.
Avec le temps, le
patro est resté fidèle à la mission que lui ont confiée ses fondateurs tout en
évoluant avec la société. Il est reconnu
dans le réseau local de services du Centre de santé et de services sociaux de
Jonquière. Cette année, le patro a accueilli des milliers d'enfants et
d'adolescents dans des activités d'animation, de sport, d'intervention communautaire, tout en
étant un carrefour des activités sociales et associatives majeures dans le
centre-ville de Jonquière. Ce n'est
pas compliqué, Mme la Présidente, à Jonquière, si on n'est pas avec le patro,
si on ne connaît pas le patro, on ne peut
pas être à Jonquière. D'ailleurs, il met à la disposition des jeunes une base
plein air sur les rives du lac Kénogami.
Une équipe dynamique d'animateurs, de moniteurs,
sous la direction de Yannick Gagnon, un conseil d'administration
impliqué, des bénévoles, je suis sûr que le patro en a encore pour de très
nombreuses années. Bon 65e anniversaire!
• (9 h 50) •
La Vice-Présidente
(Mme Poirier) : Merci. Mme la députée de Hull.
Souligner le 35e anniversaire du Centre
d'éducation de base dans l'Outaouais
Mme Maryse Gaudreault
Mme
Gaudreault : Merci, Mme la
Présidente. Alors, il y a 35 ans, le Centre d'éducation de base en Outaouais, le CEBO, ouvrait ses
portes et accueillait ses premiers apprenants et premiers tuteurs. Situé dans
la circonscription de Hull, cet organisme se dédie à l'alphabétisation et aux
besoins particuliers d'apprentissage de chacun des apprenants et
apprenantes qui ont le privilège de le
fréquenter. Depuis sa création, c'est plusieurs centaines d'apprenants qui ont pu améliorer leur qualité de vie en se rendant à ce centre d'alphabétisation.
Le
CEBO, c'est aussi près de 50 tuteurs bénévoles qui transmettent avec passion
leur connaissance de la
langue et des mathématiques. Aucun permis d'enseignement n'est nécessaire pour enseigner au CEBO. Toutefois, la
générosité de coeur, l'altruisme et le don
de soi sont des valeurs partagées par les bénévoles tuteurs. Je souhaite de
joyeuses célébrations à tous les apprenants actuels et passés, aux
tuteurs, à l'équipe de direction, ainsi qu'à Mme Nicole Patenaude, la toujours aussi dévouée
fondatrice de l'organisme. Merci.
La Vice-Présidente
(Mme Poirier) : Merci. M. le député de Granby.
Rendre hommage à Mme Caroline Gosselin
et au projet de la Ferme Héritage Miner
M. François Bonnardel
M.
Bonnardel : Merci, Mme la Présidente. En avril 2007, la
ville de Granby a acheté la terre de 524 acres de la famille Miner, dont une section de 252 acres où se trouve une forêt
centenaire qui a été transformée en zone de conservation. Lorsqu'elle a
constaté que les bâtiments de la ferme Miner ne figuraient pas dans la portion
protégée du site et allaient être démolis pour faire place à de nouveaux
développements domiciliaires, Caroline Gosselin, une citoyenne native de Granby, a décidé de créer un projet rassembleur qui
permettrait de protéger et de mettre en valeur ce patrimoine.
Après
avoir reçu l'appui du Conseil des monuments et sites du Québec, Mme Gosselin, entourée d'une équipe de gestionnaires
de haut niveau, a élaboré un projet écotouristique à vocation d'économie sociale pour le site de 12,5 acres sur lequel on
retrouve les bâtiments, dont la mission consiste à protéger et mettre en valeur
le patrimoine naturel, culturel et historique de la ferme Miner et à faire la promotion de l'agriculture urbaine par le biais d'activités de
découverte et en participant à des programmes d'éducation et de
conservation.
Aujourd'hui, Caroline, je désire saluer votre
vision, votre créativité, votre persévérance et vous remerciechaleureusement pour ce
beau projet. Grâce à vous et votre équipe, la Ferme Héritage Miner est désormais, elle
aussi, un joyau protégé, au grand plaisir de la collectivité granbyenne. Merci.
La Vice-Présidente
(Mme Poirier) : Mme la députée
de Vachon.
Rendre hommage à M. Paul Dussault, président
fondateur de la Fondation Henriette-Céré
Mme Martine Ouellet
Mme
Ouellet : Merci, Mme la
Présidente. J'aimerais
rendre hommage, aujourd'hui, à un bénévole d'exception, M.Paul Dussault,
président fondateur de la Fondation Henriette-Céré. Depuis 23 ans, M. Dussault
agit à titre de bénévole au Centre
d'hébergement Henriette-Céré, de Saint-Hubert. Il met tout en œuvre pour que
chaque personne âgée se sente comme
si elle était chez elle, en divertissant les résidents par sa musique et ses
chansons. M. Dussault s'estégalement impliqué au sein du conseil régional de la santé et des services sociaux et au sein du conseil d'administration du Centre de santé et de
services sociaux Champlain comme membre représentant le centre
Henriette-Céré.
C'est
en 1999 qu'il fonde la Fondation Henriette-Céré, mise sur pied pour accroître
les services destinés aux résidents du centre
d'hébergement. La fondation a comme objectif de contribuer au bien-être des résidents parl'amélioration de leur environnement physique et par l'accès à des loisirs
variés, permettant ainsi de briser l'isolement
des personnes vivant en institution. Je salue aujourd'hui M. Paul Dussault pour son implication, sa générosité et
son dévouement auprès de la communauté de Saint-Hubert. Merci, M. Dussault.
La Vice-Présidente (Mme Poirier) : Merci. M. le député de Mercier.
Inviter le gouvernement à lutter
avec plus de
moyens contre la pauvreté et l'exclusion sociale
M.
Amir Khadir
M. Khadir : Merci, Mme la Présidente. Le Réseau d'aide aux personnes seules et itinérantes de
Montréal tenait une
manifestation, le 12 septembre, en faveur de ce qu'on appelle la Stratégie de partenariats de lutte contre l'itinérance pour le
maintien de ce programme fédéral dans sa forme actuelle. En
avril, nous avons, nous-mêmes, adopté ici une motion unanime demandant au palier fédéral de respecter dans la SPLI les orientations québécoises de lutte à l'itinérance. Or, dans
les quartiers centraux de Montréal, dans les comtés de Sainte-Marie—Saint-Jacques, d'Hochelaga-Maisonneuve ou
encore de Mercier, la pauvreté persiste et
s'aggrave. Des organismes comme Plein Milieu, le Chic Resto
Pop, le Refuge des jeunes ou encore l'Auberge
Madeleine font un travail irremplaçable.
Cependant, les décideurs publics doivent aussi
se responsabiliser. Il est donc de notre devoir de députés
d'aller au-delà d'un appel à un programme fédéral. Le gouvernement du Québec
doit, lui-même, lutter avec plus de moyens, plus
de détermination contre la pauvreté et l'exclusion sociale. En fait, dans une
société aussi développée, il est inadmissible de laisser une partie de
notre population dans la pauvreté.
La Vice-Présidente (Mme Poirier) :
Merci, M. le député de Mercier. M. le député des Chutes-de-la-Chaudière.
Souligner le 35e anniversaire du
Concours hippique de Lévis
M.
Marc Picard
M. Picard : Merci, Mme la
Présidente. Le concours hippique ville de Lévis célèbre, cette année, son 35e anniversaire et s'est taillé, au fil des ans, une place de
choix dans l'éventail des événements sportifs d'envergure. Aussi, la popularité et le succès toujours
grandissants de ce concours équestre relèvent du travail remarquable des
propriétaires des Écuries de la Chaudière et organisateurs de l'événement,
Nicole et Langis Lapierre. Inscrit sur les circuits prestigieux, ce concours
attire, année après année, les athlètes de haut niveau du Québec, de l'Ontario
et des Provinces maritimes. De fait, les
nombreux amateurs ont l'opportunité d'admirer des chevaux de grande qualité
montés par des cavaliers et cavalières de talent.
Je termine en adressant mes plus
sincères félicitations à M. et Mme Lapierre pour ces 35 ans de passion pour le sport équestre. Grâce à vous, le concours hippique
ville de Lévis s'inscrit dans les événements incontournables dont les retombées rejaillissent sur notre région.
Permettez-moi d'ajouter, Mme la Présidente, que je tiens à remercier tous
les partenaires financiers qui ont cru et soutenu le concours hippique ville de
Lévis. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Poirier) : Merci. Mme la députée de
Richmond.
Souligner le 25e anniversaire du
Petit Bonheur de Saint-Camille inc.
Mme
Karine Vallières
Mme
Vallières :
Merci, Mme la Présidente. Un quart de siècle, ça se fête. À Saint-Camille, Le
Petit Bonheur célèbre, cette année, ses 25 ans d'existence. Lieu mythique
pour tous ceux qui s'intéressent au développement des communautés rurales, Le Petit Bonheur, c'est plus qu'un
centre communautaire, culturel et de diffusion, c'est un lieu de rencontres et d'échanges; c'est un peu comme ont été
les perrons d'église autrefois. C'est entre les murs de cet ancien magasin général que naissent beaucoup de projets à
Saint-Camille. Ainsi, autour d'une pizza, le vendredi, entre autres, les jeunes du primaire, les travailleurs, les professionnels, les
adultes s'y croisent, jasent, tissent les liens et rêvent leurs projets.
Je profite de ce 25e pour remercier tous les
présidents et membres qui se sont succédé au conseil d'administration, les directeurs, qui font preuve d'ouverture et de créativité, la
municipalité et ses partenaires, qui continuent de croire qu'un lieu rassembleur est
essentiel au développement d'une communauté. Bon 25e.
La
Vice-Présidente (Mme Poirier) :
Merci. Mme la députée de Joliette.
Souligner la tenue de la Journée
mondiale des sourds
Mme
Véronique Hivon
Mme
Hivon : Merci, Mme la Présidente.
J'aimerais souligner la septième édition de la Journée mondiale des sourds et
de la surdité, qui aura lieu ce samedi, et à l'occasion de laquelle une grande
marche est organisée dans ma circonscription, à Joliette, par
l'Association des sourds de Lanaudière, en collaboration avec La Société
culturelle québécoise des sourds.
Je profite de cette occasion pour remercier
les équipes de notre réseau, dont l'Office des
personnes handicapées, les organismes communautaires, les partenaires du
milieu associatif et les nombreux bénévoles qui offrent des services et
du soutien dans le domaine de la déficience
auditive. Leur
travail et leur présence sont des plus précieux. Je les remercie pour leur engagement quotidien et leur travail, qui font
en sorte que notre société est toujours plus inclusive.
J'aimerais également exprimer toute ma solidarité envers les personnes sourdes et
malentendantes, qui représentent 10 % de la population et qui doivent faire preuve d'un
grand courage au quotidien pour relever les défis de la différence et de l'intégration. Je les assure de mon
admiration et mon soutien. Merci, Mme la
Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Poirier) :
Merci, Mme la députée.
Ceci met fin à la rubrique Déclarations
de députés.
Je suspends nos travaux pour un court moment.
(Suspension
de la séance à 9 h 58)
(Reprise
à 10 h 10)
Le
Président : Mesdames messieurs, bon jeudi matin, nous allons
nous recueillir quelques instants.
Merci.
Veuillez vous asseoir.
Présence de Mme Monique Jérôme-Forget,
ex-parlementaire de l'Assemblée nationale
Je souligne que, dans nos tribunes, nous avons de
la visite aujourd'hui, l'ancienne députée de Marguerite-Bourgeoys, qui
est avec nous, Mme Monique Jérôme-Forget.
Présence d'une délégation de sénateurs de la Commission
du développement durable, des infrastructures, de
l'équipement et de l'aménagement du territoire de la
République française, présidée par
M. Gérard Cornu
J'ai aussi le plaisir de souligner la
présence dans nos tribunes d'une délégation de sénateurs de la Commission du développement durable, des infrastructures,
de l'équipement et de l'aménagement du territoire de la République française
présidée par le sénateur d'Eure-et-Loir, M. Gérard Cornu.
Avant de poursuivre la période des affaires
courantes, permettez-moi de souligner l'arrivée des nouveaux pages étudiants pour l'année 2013‑2014. Je vous présente
donc une partie des 14 personnes qui seront en poste cette année pour votre
service. Je leur demanderais de s'avancer, s'il vous plaît.
Présence de boursiers de la
Fondation Jean-Charles-Bonenfant
Tant qu'à continuer à faire des
présentations, je tiens à vous souligner que nous avons avec nous la présence dans nos tribunes des boursiers de la Fondation Jean-Charles-Bonenfant, et je leur demanderais de
se lever. Merci.
Comme
vous le savez, ces boursiers seront au service de députés du groupe ministériel
et de l'opposition au cours des 10 prochains mois ici, à l'Assemblée nationale. Je
leur souhaite évidemment de profiter pleinement de cette extraordinaire expérience
qu'ils vont vivre.
Nous
poursuivons donc les affaires courantes. Aujourd'hui, il n'y a pas de
déclarations ministérielles ni présentation de projets
de loi.
Dépôt
de documents
À la rubrique Dépôt de documents, M. le ministre responsable de
l'administration gouvernementale et président
du Conseil du trésor.
Plan stratégique 2012-2015 du Centre des
services partagés et rapports annuels d'Infrastructure
Québec et de la Société immobilière du Québec
M.
Bédard : Merci,
M. le Président. Donc, aujourd'hui, je me sens sous haute surveillance, vu de haut par une de mes
prédécesseures, que je salue à mon tour, évidemment... qui j'ai eu le plaisir de discuter à quelques occasions pour avoir de bons conseils, M. le Président.
Donc,
aujourd'hui, je dépose le plan stratégique 2012‑2015 du Centre des services partagés du Québec, le rapport d'activités
2012‑2013 d'Infrastructure Québec et
le rapport annuel 2012‑2013 de la Société immobilière
du Québec. Nous souhaitons que, dans les deux derniers cas,
ce soient leurs derniers et que nous ayons un nouveau rapport pour les
deux sociétés
fusionnées.
Le
Président : Alors, ces
documents sont déposés. M. le ministre du Développement durable.
Rapports annuels de la Fondation de la faune,
du Comité consultatif pour l'environnement
de la Baie James et du Bureau d'audiences
publiques sur l'environnement
M.
Blanchet : Oui. M. le Président, j'ai
l'honneur de déposer le rapport annuel 2012‑2013 de la Fondation de la
faune du Québec et du Comité consultatif pour
l'environnement de la Baie-James, et le rapport annuel de gestion 2012‑2013 du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement.
Le
Président : Alors, ces
documents sont déposés. Mme la ministre déléguée aux Services sociaux.
Rapport annuel de l'Office
des personnes handicapées
Mme
Hivon
: M. le Président, j'ai l'honneur de déposer le rapport annuel 2012‑2013 de l'Office des personnes handicapées du Québec.
Le
Président : Alors… Je n'ai
rien d'autre, moi.
À
la rubrique…
Une
voix : …
Le
Président : Je ne l'ai pas,
moi.
Une
voix : ...
Le
Président : Alors, M. le ministre de la Santé, vous avez aussi des documents à
déposer, je pense.
M.
Hébert : Vous m'avez oublié, M. le Président?
Le
Président : Non, je n'ai pas le bon… Dans mon document, je ne
vous avais pas.
Rapports annuels de l'Institut national d'excellence en
santé et en services sociaux, de l'Institut national de
santé publique, du Commissaire à la santé et au
bien-être, et rapport annuel et rapport sur l'application
de la procédure d'examen des plaintes du Centre
régional de santé et de services sociaux de la Baie-James
M.
Hébert : Alors, j'ai l'honneur de déposer les rapports
annuels de gestion 2012‑2013 de l'Institut national d'excellence en santé et en
services sociaux, de l'Institut national de santé publique, du Commissaire à la
santé et au bien-être et du Centre régional de santé et de services sociaux de
la Baie-James, et finalement le rapport annuel 2012‑2013 sur l'application de
la procédure d'examen des plaintes et de l'amélioration de la qualité des
services du Centre régional de santé et des services sociaux de la Baie-James.
Le
Président : …plus vous oublier. C'était important. Alors, ces
documents sont déposés.
Dépôt
de rapports de commissions
À la rubrique Dépôt de rapports de commissions, M. le président
de la Commission des finances publiques et député de Rimouski.
Consultations particulières
sur le projet de loi n° 41
M.
Pelletier
(Rimouski) :
M. le Président, je dépose le rapport de la Commission des finances publiques qui, les 24 et 25 septembre 2013, a tenu des auditions
publiques dans le cadre des consultations particulières sur le projet de loi
n° 41, Loi modifiant la Loi sur la fonction publique principalement en
matière de dotation des emplois.
Le Président : Alors, ce
document est déposé.
Dépôt
de pétitions
À la rubrique Dépôt de
pétitions, M. le député de Saint-Hyacinthe.
Dégager des fonds pour
engager du personnel de soutien
dans les écoles de la commission scolaire de Sorel-Tracy
M.
Pelletier (Saint-Hyacinthe) : Merci, M. le Président. Je dépose
l'extrait d'une pétition adressée à
l'Assemblée nationale, signée par 157 pétitionnaires. Désignation : citoyens
et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués sont les suivants :
«Considérant que, suite aux compressions
budgétaires à la Commission scolaire de Sorel-Tracy, cette dernière fut contrainte d'effectuer des coupures au niveau
du personnel de soutien oeuvrant auprès de la clientèle du secondaire, incluant
[...] orthopédagogue, un psychologue et des éducateurs spécialisés;
«Considérant que les
élèves qui éprouvent des difficultés d'apprentissage nécessitent l'aide
d'éducateurs spécialisés s'ils espèrent terminer leurs études secondaires;
«Considérant que les
élèves victimes d'intimidation et les intimidateurs ont grandement besoin
d'aide psychologique et d'écoute;
«Considérant que, si ces élèves décrochent, il y a
de fortes chances qu'ils
finissent par ne pas avoir d'autres choix que
de vivre sur le crochet de la société;
«Considérant
qu'au cours des dernières années la Montérégie est la région du Québec qui a
connu la plus forte augmentation du nombre
d'enfants atteints d'un trouble faisant partie du spectre de l'autisme, le
besoin de ressources adéquates spécialisées est on ne peut plus criant;
«Considérant que les
élèves avec troubles d'apprentissage sont une charge trop lourde pour les
professeurs réguliers. S'ils n'ont pas d'aide, c'est l'ensemble de la clientèle
qui risque d'en être pénalisée;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Les signataires de
cette pétition demandent au gouvernement du Québec de libérer les fonds nécessaires, pour couvrir
les salaires du personnel de soutien requis, afin que tous les élèves desservis
par la commission scolaire de Sorel-Tracy puissent bénéficier de l'aide spécifique à
leurs besoins.»
Je certifie que cet
extrait est conforme au règlement et à l'original de la pétition.
Le Président : Alors, l'extrait de cette pétition est déposé. Mme la députée de Charlesbourg.
Lancer un appel public
de projets sur l'utilisation
du site du Jardin zoologique du Québec
Mme
Trudel : Oui, merci, M. le Président. Je dépose l'extrait
d'une pétition adressée à l'Assemblée
nationale, signée par 218 pétitionnaires. Désignation : citoyens et
citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant
que, depuis son ouverture en 1931, le magnifique site du Jardin zoologique du
Québec a accueilli des millions de visiteurs;
«Considérant
que la fermeture du site en mars 2006 a constitué une véritable erreur de
gouvernance au détriment des citoyens de la
région de Québec;
«Considérant que
69 % des citoyens de Québec se sont opposés à la fermeture du site;
«Considérant que le
gaspillage des fonds publics engloutis dans la fermeture du site depuis 2006
doit cesser;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«En conséquence, nous
demandons au gouvernement du Québec de lancer un appel public de projets quant
à l'utilisation du site du Jardin zoologique du Québec afin de redonner à la
population l'accès à ce parc.»
Je certifie que cet
extrait est conforme au règlement et à l'original de la pétition.
Le Président :
L'extrait de cette pétition est déposé.
J'ai
reçu de la part de Mme la députée de l'Acadie une demande de dépôt d'une
pétition qui est non conforme. Est-ce que j'ai
un consentement pour le dépôt? Consentement. Mme la députée de l'Acadie.
Attribuer à la ville de
Repentigny une subvention
pour la construction d'une salle de spectacle
Mme
St-Pierre : Alors, merci, M. le Président. Je dépose
l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée
nationale, signée par 4 643 pétitionnaires. Désignation : citoyens et
citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant
que la nouvelle salle de spectacle de Repentigny pourra accueillir jusqu'à 350
personnes en formule théâtre ou cabaret;
«Considérant que des
spectacles professionnels et de la relève artistique y seront présentés;
«Considérant
que la Corporation Hector-Charland assurera la gestion et la programmation de
cette salle en complémentarité avec l'ARAM, soit l'Association de Repentigny
pour l'avancement de la musique;
«Considérant
que cette salle sera située à l'intérieur de l'Espace culturel où se
retrouveront également un centre d'art et de
création et des jardins arboretums, créant ainsi un milieu de vie stimulant en
plein cœur du centre-ville;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous,
signataires de cette pétition, réclamons du gouvernement du Québec d'octroyer à
la ville de Repentigny une subvention dédiée au développement d'une salle de
spectacle qui bonifiera l'offre culturelle d'ici et encouragera ainsi
l'accessibilité de la culture à tous.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition.
• (10 h 20) •
Le Président :
L'extrait de cette pétition est déposé.
J'ai
aussi reçu de la part de M. le député de Repentigny une demande de présentation
du dépôt de pétition qui est non conforme. Est-ce que j'ai un consentement pour
le dépôt? Consentement. Consentement. M. le député de Repentigny.
M.
McKay :
Oui. Merci, M. le Président. À l'aube de la 17e édition des Journées de la
culture, je suis fier de déposer cet extrait
d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par 4 637 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant
que la nouvelle salle de spectacle de Repentigny pourra accueillir jusqu'à 350
personnes en formule théâtre ou cabaret;
«Considérant que des
spectacles professionnels et de la relève
artistique y seront présentés;
«Considérant que la Corporation Hector-Charland
assurera la gestion et la programmation de cette salle en complémentarité avec l'ARAM, c'est-à-dire l'Association de Repentigny pour
l'avancement de la musique;
«Considérant
que cette salle sera située à l'intérieur d'un espace culturel où se
retrouveront également un centre d'art et de
création et des jardins arboretums, créant ainsi un milieu de vie stimulant en
plein cœur du centre-ville;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous,
signataires de cette pétition, réclamons du gouvernement du Québec d'octroyer à
la ville de Repentigny une subvention dédiée
au développement d'une salle de spectacle qui bonifiera l'offre culturelle
d'ici et encouragera ainsi l'accessibilité de la culture à tous.»
Et je
certifie que cet extrait est conforme à l'original de la pétition.
Le
Président : Alors, l'extrait de cette pétition est déposé. J'ai
reçu de la part de Mme la députée de
Charlesbourg une demande de dépôt d'une
pétition qui est non conforme. Consentement? Consentement. Mme la députée de Charlesbourg.
Lancer un appel public
de projets sur l'utilisation
du site du parc du Jardin zoologique du Québec
Mme
Trudel : Oui. Merci, M. le Président. Je dépose l'extrait
d'une pétition adressée à l'Assemblée
nationale, signée par 208 pétitionnaires. Désignation : citoyens et
citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant
que, depuis son ouverture en 1931, le
magnifique site du Jardin zoologique du Québec a
accueilli des millions de visiteurs;
«Considérant
que la fermeture du site en mars 2006 a constitué une véritable erreur de
gouvernance au détriment des citoyens de la
région de Québec;
«Considérant que
69 % des citoyens de Québec se sont opposés à la fermeture du site;
«Considérant que le
gaspillage des fonds publics engloutis dans la fermeture du site depuis 2006
doit cesser;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«En conséquence, nous
demandons au gouvernement du Québec de lancer un appel public de projets quant
à l'utilisation du site du Jardin zoologique du Québec afin de redonner à la
population l'accès à ce parc.»
Je
certifie que cet extrait est conforme à l'original de la pétition.
Le Président
:
Alors, l'extrait de cette pétition est déposé. J'ai finalement reçu de la part
de Mme la députée de Montarville une demande de dépôt d'une pétition qui est
non conforme. Consentement? Consentement. Mme la députée de Montarville.
Attribuer à la ville de
Repentigny une subvention
pour la construction d'une salle de spectacle
Mme Roy
(Montarville) :
Oui. Bonjour, M. le Président. Eh bien, de trois. Je dépose l'extrait d'une
pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par 4 632
pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant
que la nouvelle salle de spectacle de Repentigny pourra accueillir jusqu'à 350 personnes en formule théâtre ou
cabaret;
«Considérant que des
spectacles professionnels et de la relève artistique y seront présentés;
«Considérant
que la Corporation Hector-Charland assurera la
gestion et la programmation de cette salle en complémentarité avec l'ARAM, l'Association de
Repentigny pour l'avancement de la musique;
«Considérant
que cette salle sera située à l'intérieur de l'espace culturel où se
retrouveront également un centre d'art et de
création et des jardins arboretums, créant ainsi un milieu de vie stimulant en
plein cœur du centre-ville;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous,
signataires de cette pétition, réclamons du gouvernement du Québec d'octroyer à
la ville de Repentigny une subvention dédiée
au développement d'une salle de spectacle qui bonifiera l'offre culturelle
d'ici et encouragera ainsi l'accessibilité de la culture à tous.»
Je certifie que cet extrait est conforme à l'original de la
pétition.
Le Président : L'extrait de cette pétition est déposé.
Il n'y a pas de réponses orales aux
pétitions.
Interventions portant
sur une violation de droit ou de privilège
Décision de la présidence
sur la recevabilité de la
question de privilège soulevée le 14 juin 2013 sur le
témoignage du président-directeur général de la Fondation
du Centre hospitalier de l'Université de Montréal dans le
cadre des consultations particulières sur la gestion du CHUM
À
la rubrique Interventions
portant sur une violation de droit ou de privilège ou sur un fait personnel, vous
me permettrez de lire la décision de la présidence sur la question de privilège
soulevée par le leader du deuxième groupe d'opposition concernant le témoignage, devant la Commission de la santé et des services
sociaux, du président-directeur général de la
Fondation du Centre hospitalier de l'Université de Montréal.
Alors, j'ai reçu, le
13 juin dernier, un avis du leader du deuxième
groupe d'opposition, conformément aux articles
66 et 69 de notre règlement, signalant une violation de droit ou de privilège
qui prendrait la forme d'un outrage au Parlement. Dans cet avis, le
leader invoque une violation qui résulterait du témoigne de M. Ékram Antoine
Rabbat, président-directeur général de la Fondation du Centre hospitalier de
l'Université de Montréal, le CHUM.
Le 11 juin dernier... Le 11 juin 2013, ce dernier était
alors entendu par la Commission de la santé et des services sociaux dans
le cadre des consultations particulières concernant la gestion du CHUM par
l'actuel D.G. Selon le leader, M.Rabbat
aurait nié à plusieurs reprises être informé de la rémunération additionnelle
de 30 000 $ versée par la Fondation du CHUM au directeur
général du centre hospitalier. Le leader prétend que ces affirmations faites
par M. Rabbat sont contredites par des affirmations reçues par la commission le
12 juin.
Le leader du deuxième groupe d'opposition demande donc à
la présidence de conclure que M. Rabbat a
commis, à première vue, un outrage au
Parlement pour le motif qu'il a contrevenu à l'article 55.2 de la Loi sur
l'Assemblée nationale, qui énonce que «nul ne peut porter atteinte aux
droits de l'Assemblée» et que «constitue notamment une atteinte aux droits de
l'Assemblée le fait de [...] rendre un témoignage [incomplet ou faux]
devant l'Assemblée, une commission ou une sous-commission».
Afin de situer le
contexte dans lequel se sont déroulés les événements, je vous rappelle que, le
23 mai 2013, l'Assemblée adoptait unanimement une motion afin de confier à la
commission le mandat de tenir des consultations particulières sur la gestion du CHUM par l'actuel directeur général.
Dans le cadre de l'exécution de ce mandat, le 11 juin 2013, la
commission a procédé à l'audition de M. Rabbat. Son témoignage portait
principalement sur la possible participation de la Fondation du CHUM à une
rémunération additionnelle de 30 000 $ allouée au directeur général
du CHUM.
Lors du témoignage de M. Rabbat devant la commission,
alors qu'il était questionné afin de savoir si la Fondation du CHUM avait contribué au
financement de la bonification salariale du directeur général, il a
catégoriquement répondu : «Non.»
De même, lorsqu'on lui a demandé s'il pouvait expliquer pourquoi on avait fait
référence, dans les journaux et dans certains
témoignages, à un montant que la fondation aurait payé sachant que celui-ci
allait faire partie de la rémunération payable au directeur général, M.
Rabbat a affirmé ce qui suit, et je cite : «La rémunération de M. Paire,
là, n'a jamais été une question que j'ai discutée avec personne.» Également, à
l'affirmation suivante d'une députée : «Donc, ce que je comprends, c'est
[que l'on] ne vous a pas indiqué, l'université ne vous aurait pas indiqué que
ce montant-là allait de façon indirecte au directeur général», il a
répondu : «Non. Non.»
Le 12 juin 2013, au
lendemain du témoignage de M. Rabbat, la commission a reçu du président du
conseil d'administration du CHUM ou d'une
personne du cabinet du directeur de l'Université de Montréal plusieurs
documents à titre de complément
d'information. Parmi ces documents se trouvait un courriel en date du 1er
décembre 2010 adressé par Mme Sylvie Monier, directrice des services
administratifs de la Faculté de médecine de l'Université de Montréal, à M. Jean-Luc Arseneau. M. Rabbat était en
copie conforme du courriel qui se lit comme suit, et je cite : «Après
plusieurs tentatives infructueuses dans le but de vous parler, je vous écris
afin d'obtenir une confirmation de votre part que la facture ci-jointe sera payée par la Fondation du CHUM relativement à
l'entente qui avait été établie avec la Faculté de médecine de
l'Université de Montréal en 2009.
«En effet, cette entente, associée à l'embauche de M.
Christian Paire, directeur général du CHUM,
comportait une contribution de 30 000 $ annuellement et [qui] est
valide tant et aussi longtemps que M. Paire occuperait ses fonctions
actuelles.» Fin de la citation.
Le même jour, M. Rabbat a répondu
ainsi à ce courriel, et je cite : «Bonjour à vous deux. Donat, s'il te
plaît, pourrais-tu relater à Mme Monier nos dernières conversations. Bien
à vous, Ékram Rabbat.» Fin de la citation.
Le 14 juin 2013, la commission a déposé un
rapport à l'Assemblée dans lequel, sur la base de ces documents, elle constate, et je cite,
«certaines des informations transmises
entrent en contradiction avec les témoignages entendus».
Puis, le 27 juin 2013, M. Rabbat a
transmis à la commission une lettre et des documents supplémentairesconcernant le processus
annuel de reddition de comptes des chaires de recherche et d'enseignement de
l'Université de Montréal, auxquelles la Fondation du CHUM contribue
financièrement. Dans sa lettre, M. Rabbat revient sur la contribution de 30 000 $
de la Fondation du CHUM au fonds facultaire d'excellence de la Faculté de
médecine de l'Université de Montréal et donne des précisions sur les réponses
qu'il a fournies lors de son audition. À cette occasion, M. Rabbat a précisé ce qui suit, et je cite : «À la
question posée en commission parlementaire, à savoir si les modalités de
rémunération de M. Paire avaient été abordées, j'ai répondu que ce n'était pas le
cas. Avec le recul et à la lecture de la
transcription de mon témoignage en commission parlementaire et de la
correspondance de l'époque en provenance de la Faculté de médecine de l'Université de Montréal, j'aurais
plutôt dû dire que jamais je n'aurais accepté de verser une contribution
de la fondation reliée à la rémunération de
M. Paire.» Fin de la citation.
Il s'agit maintenant de déterminer si ces
faits peuvent constituer, à première vue, un outrage au Parlement pour le motif qu'un témoignage faux ou incomplet aurait
été rendu par M. Rabbat en contravention avec l'article 55.2 de la Loi sur l'Assemblée nationale.
Lorsqu'une
question de privilège est soulevée, le rôle de la présidence n'est pas de
déterminer s'il y a eu ou non violation,
mais plutôt de vérifier si les faits invoqués constituent, après analyse et à première vue, une violation de droit ou de privilège ou, en
l'espèce, un outrage au Parlement. Seule l'Assemblée a le pouvoir de décider
s'il y a effectivement une atteinte au privilège ou un outrage au Parlement.
Les réponses données par M. Rabbat lors
de son témoignage laissent croire qu'il n'était aucunement au courant des discussions
entourant la rémunération additionnelle du directeur général du CHUM. Or, il appert des
faits précités
qu'il a eu accès à des informations qui lui auraient permis de savoir que
l'Université de Montréal souhaitait obtenir une contribution de la fondation et
que celle-ci pouvait servir à bonifier la rémunération du directeur général du
CHUM. Que M. Rabbat ait accepté ou non que la fondation verse un montant
de 30 000 $ pour une telle
bonification, cela n'est pas en cause.
Dans l'exécution des mandats qui leur sont
confiés, les commissions doivent pouvoir compter sur une collaboration pleine et
entière des gens qui participent à leurs travaux. Les témoins ont l'obligation
de dire la vérité et de donner les versions
des faits qui soient les plus complètes possible. Comme les faits qui me sont
soumis peuvent soulever un doute quant
à la véracité ou la complémentarité du témoignage de M. Rabbat, je dois
déclarer la question de privilège recevable à première vue. Voilà.
J'ai aussi… Je vais vous éviter de vous lire
à peu près quatre ou cinq pages de jurisprudence sur le dossier, mais je pense que je vais les déposer en même temps que le
jugement… la décision. Alors, c'est déposé.
Oui,
M. le leader du deuxième groupe d'opposition.
•
(10 h 30) •
M.
Deltell : Alors, merci beaucoup, M. le Président. Merci
pour la qualité de la réponse, à vous et à votre équipe, qui avez travaillé très fort, encore une fois, cet été. Pour la suite des choses,
eh bien, nous rendrons notre décision la
semaine prochaine.
Le
Président : Alors, je vous
rappelle qu'après la période des questions j'entendrai les commentaires sur la
question de directive du leader du deuxième
groupe d'opposition, que j'ai prise en délibéré mardi dernier.
Questions et réponses orales
Alors,
nous en sommes maintenant à la période de questions
et de réponses orales, et je cède la parole à M. le chef de l'opposition.
Situation économique et financière du Québec
M. Jean-Marc Fournier
M.
Fournier : Merci, M. le Président. Le
28 août dernier, Desjardins annonce :
«L'économie est en panne.»
Le
Président : Je pensais que
vous annonciez que c'était…
Des
voix : …
M.
Fournier : Le
7 septembre, Statistique Canada annonce : «L'emploi recule encore au Québec.» Le 14 septembre, le bureau des faillites du Canada annonce que 50 % des faillites commerciales
canadiennes sont au Québec. Ce
matin, 26 septembre, l'Institut
de la statistique du Québec
nous annonce que le PIB réel d'avril à juin au Québec a reculé de
0,7 %. C'est moins 0,7 %.
L'économie était en panne, maintenant elle recule. On nous apprend qu'en juin le PIB est à moins
1,4 %, du jamais-vu, même pendant la
crise économique de 2008‑2009. M. le Président, le fiasco économique de la gouverne péquiste a fait reculer
le PIB du Québec en mars, en avril, en mai et en juin,
quatre mois. On est à deux mois d'être
officiellement en récession.
Est-ce que la première ministre reconnaît
et admet que son budget amène le Québec sur la voie de la
récession?
Le Président : Mme la première ministre.
Mme
Pauline Marois
Mme
Marois : M. le Président, pendant que l'emploi avance, la
corruption, elle, recule au Québec, et c'est grâce aux actions que nous avons posées comme gouvernement, M. le Président. L'économie du Québec a progressé plus lentement que ce qui avait été prévu. Elle a
progressé de 0,9 %,
M. le Président, en comparaison de l'économie
canadienne, qui a progressé de 1,4 %.
Dans les deux cas… Au Québec, nous devions progresser, selon les prévisions, de
1,3 % et, au Canada, de
1,7 %. Dans les deux cas, il y a eu un ralentissement. Ce n'est pas propre
à la situation québécoise, c'est propre à la situation de l'économie en
général et de nos partenaires, qui vivent exactement les mêmes résultats.
En
même temps, M. le Président, que l'économie a progressé plus lentement que tout
le monde l'aurait souhaité, la Banque du Canada avait déjà prévu qu'il y
aurait ce ralentissement dès le mois de juillet, puisqu'on croyait
qu'avec la grève dans la construction… Et
c'est ce à quoi fait référence actuellement l'Institut de la statistique du
Québec, ce qu'on dit, c'est :
Les statistiques montrent au troisième trimestre une forte croissance des
permis de bâtir non résidentiels, et, donc, on prévoit un rebond. C'est
donc une situation ponctuelle, temporaire que nous rattraperons dans les
prochains mois, M. le Président.
Le Président :
Première complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M.
Jean-Marc Fournier
M.
Fournier
: Le problème qu'on a avec la première ministre, c'est
qu'elle ne tient pas compte de la réalité des chiffres. Ce n'est pas ailleurs, c'est au Québec.
En mars, moins 0,2 %; en avril, moins 0,2 %; en mai, moins
0,1 %; en juin, moins
1,4 %. Quatre mois consécutifs. Il n'y en a pas ailleurs, là. Au Québec,
sous votre gouverne, avec votre budget, nous sommes à deux mois d'une
récession.
Allez-vous
vous réveiller? Allez-vous faire des mesures concrètes pour l'emploi et
l'économie, oui ou non?
Le Président : Mme la première ministre.
Mme
Pauline Marois
Mme
Marois :
Alors, M. le Président, j'aurais aimé ça en débattre avec le
chef du Parti libéral, M.
Couillard. S'il avait pu être là ce matin,
il aurait pu nous donner quel est le point de vue de la famille libérale parce qu'on a vu que l'ancien ministre de l'Industrie et du Commerce,
ministre des Ressources naturelles, M. Gignac, semble avoir un point de
vue différent de celui du Parti libéral, M. le Président.
Alors,
le Québec ne vit pas... n'est pas une île déserte au milieu de l'océan, le
Québec vit dans un contexte mondial. Son grand
voisin américain, les voisins que sont les autres provinces nous indiquent
exactement, exactement…
Le Président : En terminant.
Mme
Marois
: …les mêmes paramètres économiques, M.
le Président. Nous faisons très bien les choses.
Le Président : Deuxième complémentaire, M. le chef de l'opposition.
M.
Jean-Marc Fournier
M.
Fournier :
Elle fait référence à Clément Gignac. Danger de récession, c'est ça dont il
parle, Clément Gignac. Elle ne veut pas l'avouer, elle ne veut pas le dire, M. le Président. Elle ne voit pas que les indicateurs
sur son tableau de bord économique sont au
rouge. Elle préfère tourner la tête puis regarder dans le garde-robe des Québécois.
Quand est-ce qu'elle
va s'occuper de l'emploi, de l'économie? Qu'elle prenne des mesures concrètes, M. le Président.
Le Président : Mme la première ministre.
Mme
Pauline Marois
Mme
Marois : Tous les jours, M. le Président, pour moi, l'emploi, c'est une obsession. Et, depuis le début de notre mandat, nous avons contribué à hauteur de 1,2 milliard de dollars,
nous avons contribué à des investissements de l'ordre de… c'est-à-dire à hauteur de
6 milliards de dollars, avec de l'aide de 2 milliards de dollars qui,
essentiellement, soit consolide ou crée des emplois. C'est tous les jours, M.
le Président, que l'on se préoccupe de l'emploi.
Le
chef parlementaire de l'opposition officielle regarde un aspect des
statistiques et il oublie de regarder tous les autres. Je vais lui en donner
un, exemple concret, M. le Président.
Le
Président : En terminant.
Mme
Marois : Les exportations ont retrouvé leur niveau de 2007
après un creux majeur, M. le Président.
Le
Président : Troisième complémentaire, M. le chef de
l'opposition.
M. Jean-Marc Fournier
M. Fournier : Si la
première ministre ne veut pas écouter l'opposition, qu'elle écoute les acteurs économiques : Desjardins,
Nationale, Conseil du patronat. Les statistiques que j'ai mises de l'avant, ce
n'est pas nous, là, qui les mettons, c'est
la réalité des chiffres qui viennent même de son gouvernement. Est-ce qu'elle
peut, au moins, admettre… Il n'y aura pas
de solution, ce gouvernement ne va pas changer la direction, ne va pas avoir
une vision économique tant qu'ils ne seront pas capables de reconnaître
la vérité des chiffres.
Je
lui demande une chose : admettre la réalité plutôt que de faire semblant
qu'elle n'existe pas.
Le
Président : Mme la première ministre.
Mme Pauline Marois
Mme
Marois : Alors, M. le Président, nous avons travaillé de
façon très ordonnée depuis que nous sommes arrivés à la tête du gouvernement.
On a d'abord remis de l'ordre dans les finances publiques, qui étaient dans un
état désastreux, je le rappelle, M. le Président. Ça, ça mine la confiance,
entre autres, des gens qui regardent l'action d'un gouvernement. C'était votre
action, M. le Président.
Et, par ailleurs, il fait référence au
Conseil du patronat, qui a donné, cette semaine, un C à l'action économique qui se fait
au Québec. C'était un C pour le Parti libéral du Québec, M. le Président, et
son gouvernement, puisque ce sont des données qui portent
essentiellement sur 2011‑2012, M. le Président.
Alors,
je reprends quelques données de base dont j'invite… c'est-à-dire et j'invite le
chef…
Le
Président : En terminant.
Mme
Marois : …du groupe parlementaire à en prendre connaissance.
Les exportations…
Le
Président : Principale, M. le député de Lotbinière-Frontenac.
Décisions en matière de fiscalité municipale
M. Laurent Lessard
M.
Lessard :
Aujourd'hui, la première ministre va se présenter au congrès de la FQM devant
des centaines et des milliers de maires et conseillers municipaux qui veulent comprendre
comment elle a pu échouer dans le renouvellement du pacte fiscal. Comment expliquer que les demandes de la FQM de
bonification de 30 millions de programmes de voirie locale,
10 millions de compensation de ressources naturelles ne se retrouveront
pas dans le coffre des municipalités? 40 millions
d'échecs. En fait, le président de la FQM est assez catégorique là-dessus, et
je le cite : «La reconduction du pacte
fiscal doit inclure ces montants, considérant qu'ils auront des impacts
structurants majeurs — en clair, des augmentationsde taxes. La FQM
prévient le gouvernement qu'il ne revient pas à ses membres de payer pour
l'échec de la négociation avec les unions.»
En fait, la question de M. Généreux est
assez claire : Est-ce que la première ministre va garantir aux maires tout à l'heure que le 40 millions
sera dans la reconduction de l'entente de partenariat fiscal ou s'ils devront
taxer en décembre tout le monde pour cet échec?
•
(10 h 40) •
Le
Président : M. le ministre des Affaires municipales.
M. Sylvain Gaudreault
M. Gaudreault : Oui.
Merci, M. le Président. D'abord, je tiens à saluer le nouveau porte-parole de l'opposition officielle en matière d'affaires municipales,
mais qui est l'ancien ministre, d'ailleurs, qui lui-même avait avisé en
mars 2012 les associations municipales de l'harmonisation TPS-TVQ et de
l'impact que cela allait amener sur les municipalités,
M. le Président. C'est l'ancien ministre qui vient de se lever, qui a lui-même averti les associations municipales, les municipalités du Québec de cette situation, M. le Président. C'est assez incroyable de le voir se lever aujourd'hui pour nous
reprocher sa propre turpitude encore une fois, M. le Président.
Mais, considérant que nous, on passe à l'action pour
respecter et soutenir les municipalités, ce que nous avons fait, nous avons
augmenté, M. le
Président, de 10 millions, de 472 à 482 millions de dollars, pour l'année prochaine, le remboursement des
taxes pour soutenir les municipalités dans
leur développement. Puis je pense qu'il y a une chose qui est importante et que
tous les Québécois vont comprendre, c'est que c'est très
important de rembourser les dépenses sur factures. Alors, c'est ce que nous allons faire aussi, M. le Président.
Le Président : Première complémentaire, M.
le député de Lotbinière-Frontenac.
M.
Laurent Lessard
M.
Lessard : Il manque 40 millions pour que les maires puissent éventuellement écrire dans
la colonne des autres revenus en décembre. Est-ce
que le 40 millions sera au rendez-vous ou je vais taxer le monde? Le ministre des Affaires municipales ne répond pas. Il parle de bonification, puis, hier, le ministre des Finances a
dit : Il n'y en a pas, de changements.
Est-ce que le ministre des Affaires municipales va garantir puis il va écrire une
lettre à toutes les municipalités pour dire qu'en décembre ils vont recevoir exactement le même
montant que l'an dernier et qu'il y aura une bonification de
40 millions à la voirie locale puis 10 millions pour les
compensations…
Le Président :
M. le ministre des Affaires municipales.
M.
Sylvain Gaudreault
M. Gaudreault :
Vous savez, M. le Président, c'est le président de la FQM lui-même, M. Bernard
Généreux, qui dit aujourd'hui que les
municipalités avaient été avisées par l'ancien gouvernement en mars 2012 de
cette situation et que les
municipalités seront capables rapidement d'éponger la situation dont elles
parlent, M. le Président. Alors, ça, je pense que c'est important de
mettre ça en perspective.
Deuxièmement,
concernant l'entente Québec-municipalités, c'est à la demande des partenaires
municipaux eux-mêmes — l'UMQ,
la ville de Québec — que nous avons choisi, considérant la situation, qui n'était pas évidente, au mois de
juin, dans le monde municipal, avec Montréal et Laval, de suspendre les
négociations et ainsi de reporter le pacte fiscal d'un an. C'est ça, la
situation, M. le Président.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de Frontenac-Lotbinière.
M.
Laurent Lessard
M.
Lessard : J'ai bien entendu, M. le Président, éponger la
situation. Quand on est un maire, on fait sa
colonne de dépenses, on va, après ça, dans
la colonne des revenus, on regarde ce qu'on va recevoir du gouvernement, puis
la différence, on va aller le taxer.
Ce n'est pas éponger, c'est pleuvoir sur la population de taxes parce que vous
n'allez pas le verser. C'est ça, la
réalité. Tantôt, vous avez une occasion unique. Au congrès de la FQM, ils sont
là, les maires, ils sont réunis, ils attendent une décision.
Est-ce que le
40 millions va être là? Est-ce que l'indexation va être là? Est-ce …
Le Président :
M. le ministre des Affaires municipales.
M.
Sylvain Gaudreault
M. Gaudreault :
M. le Président, je pense que les municipalités auraient aimé entendre l'ancien
ministre plaider aussi fort pour elles à l'époque où il était ministre.
Aujourd'hui, ce qu'on fait, on répond aux municipalités en accordant, M. le Président, 10 millions de plus
dans le remboursement de taxes, et cela sur présentation de factures.
C'est une gestion responsable.
Et
j'ai beaucoup de misère à suivre le député de Lotbinière-Frontenac parce qu'il
se contredit. C'est lui qui a avisé en mars 2012 les municipalités des conséquences de
l'harmonisation des taxes. Alors là, il faudrait qu'il soit un peu
cohérent parce qu'on a beaucoup de misère à le suivre, puis les municipalités,
surtout, ont beaucoup de misère à le suivre.
Le Président :
Principale, Mme la députée de Hull.
Nominations
au Conseil du statut de la femme
Mme
Maryse Gaudreault
Mme
Gaudreault : Il
y a maintenant plus d'une semaine que le Conseil des ministres a noyauté le
Conseil du statut
de la femme en nommant quatre nouvelles membres s'étant toutes déjà prononcées
en faveur du projet de la charte des
valeurs péquistes. Or, M. le Président, voilà que, dans son empressement, le
gouvernement n'a pas respecté la Loi sur le Conseil du statut de la femme. La loi prévoit à l'article 7 que le
conseil se compose, entre autres, de quatre personnes choisies par les associations féministes et de
deux personnes choisies par les groupes socioéconomiques. Le
gouvernement a fait l'inverse, M. le Président, et, du même coup, a enfreint
les dispositions pourtant très claires de l'article 7.
La ministre a-t-elle jeté la Loi sur le
Conseil du statut de la femme à la poubelle, comme elle l'a fait hier avec la motion que nous avons majoritairement adoptée?
Le
Président : Mme la ministre de l'Emploi et de la Condition
féminine.
Mme Agnès Maltais
Mme
Maltais : Mme
la Présidente… M. le Président. M. le Président, c'est un sujet, semble-t-il,
très féminin, excusez-moi pour ce lapsus. M. le Président, j'ai rectifié l'information
qui avait circulé, qui était fausse. Me Julie Latour a été recommandée par le Forum des femmes juristes
de l'Association du Barreau canadien et l'association des avocates du Barreau du Québec; Leila Lesbet a été recommandée
par L'Agora des femmes de Pierre-de-Saurel et par le comité femme de la
Coalition Laïcité Québec; Ann Longchamps a été recommandée par l'AFEAS. Donc,
trois recommandations d'associations
féminines. Dans le secteur syndical, associations syndicales, il y a une
recommandation du Syndicat de la fonction publique du Québec. Donc,
associations syndicales, recommandation; association de groupes féminins,
recommandation. Tel que le prévoit le processus.
La seule ingérence qu'il y a eu, la
seule ingérence qu'il y a eu dans ce dossier-là, elle est venue de certains textos qui ont été envoyés par l'ex-ministre de la
Condition féminine. Alors, qui est la critique? L'ex-ministre?
Une
voix : …
Mme
Maltais : La députée de Hull?
Le
Président : En terminant.
Des
voix : …
Mme
Maltais : Je reviendrai, M. le Président.
Le
Président : Complémentaire, Mme la députée de Hull.
Mme Maryse Gaudreault
Mme
Gaudreault : La
ministre, en plus de ne pas avoir de réponse, elle a enfreint sa propre loi.
Ces nominations sont vivement dénoncées par 13 groupes féministes. Dans un
communiqué demandant à la ministre de refaire le processus de nomination, la directrice d'un des groupes
affirme ceci : «L'altération illégale de la composition du conseil
témoigne de l'intention gouvernementale d'en contrôler la composition.»
La ministre de la Condition féminine,
elle n'a qu'un choix, M. le Président, elle doit, dès aujourd'hui, reprendre le processus de nomination…
Le
Président : Mme la ministre de la Condition féminine et de
l'Emploi.
Mme Agnès Maltais
Mme
Maltais :
J'aurais souhaité que la députée de Hull, avant d'intervenir ce matin, lise
l'éditorial duDevoir qui explique
bien…
Des
voix : …
Mme
Maltais : …que, finalement, la seule vraie ingérence…
Des
voix : …
Mme
Maltais : …les seuls qui, actuellement, sont en train de
miner la crédibilité…
Le
Président : S'il vous plaît, c'est trop bruyant!
Des
voix : …
Le
Président : S'il vous plaît! La question a été fort bien posée…
Des
voix : …
Le Président :
M. le député de Louis-Hébert. M. le député de Louis-Hébert, je vous entends
trop bien.
Des
voix : …
Le Président : Alors, la question a été fort bien posée, je m'attends à
la même chose de la réponse. Mme la ministre.
Mme
Maltais :
…qui explique bien que les seuls qui, actuellement, minent... — ils sont en train de miner la crédibilité du Conseil
du statut de la femme — ce
sont les députées libérales. On a déjà deux critiques en matière de condition féminine. On a la députée de l'Acadie,
on a la députée de Hull. Jamais deux sans trois, j'en demanderais une
troisième. J'aimerais savoir, de l'autre côté: Qu'en pense la députée de
La Pinière? C'est drôle parce que ses opinions, jusqu'ici, étaient
entendues haut et fort…
Le Président :
En terminant.
Mme
Maltais : …et très clairement. Alors, j'aimerais ça, tant
qu'à en avoir deux, en avoir trois. J'aimerais
avoir…
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la députée de Hull
Des voix :
…
Le Président :
M. le leader de l'opposition.
M. Moreau :
M. le Président, vous allez rendre des décisions sur la protection des droits
des parlementaires. Quand on entend cette espèce de cirque là de l'autre côté…
Et je vois que le temps s'écoule. Ça, c'est un temps qui est dévolu à
l'opposition officielle et au deuxième groupe d'opposition.
Le Président :
M. le leader du gouvernement.
M.
Bédard : M. le Président, je vais me garder du commentaire
quant au cirque. Je vais demander,
effectivement, à mes collègues de modérer
leurs ardeurs. Des fois, on est contents des réponses, mais on va tous modérer
ensemble nos ardeurs, M. le Président.
Le
Président : Alors, évidemment, je demande votre collaboration,
effectivement. Mme la députée de Hull, en
deuxième complémentaire.
Mme
Maryse Gaudreault
Mme
Gaudreault : Merci, M. le Président. Ces nominations sont
illégales, M. le Président, et la ministre de
la Condition féminine le sait très bien. La
preuve, c'est que le site Internet du Conseil du statut de la femme a été
discrètement modifié dans la nuit de mardi à mercredi. Étrangement, les
catégories qui précisent la composition des membres sont mystérieusement
disparues. N'est-ce pas la preuve flagrante que la ministre a enfreint la loi
en toute connaissance de cause pour arriver à ses fins idéologiques?
Le Président :
Mme la ministre de l'Emploi.
Des voix :
…
Mme Agnès Maltais
Mme
Maltais : Écoutez, j'ai déjà expliqué, là, que toutes les
recommandations — les lettres sont là — tout le processus a été suivi, très légal.
Alors, comme je le disais tout à l'heure, il y a une
troisième critique que j'aimerais entendre. Là, on se rappelle de la voix de
la députée de La Pinière, qui disait, lors d'une entrevue aux Francs-tireurs :
Je défendrai la laïcité devant Dieu et le diable. Il nous manque… Peut-être qu'elle n'a pas peur de dire «du diable», mais le
fantôme du Parlement, lui, il semble être
intervenu, on ne l'entend plus.
• (10 h 50) •
Le Président : Principale, M. le chef du deuxième
groupe d'opposition.
Subvention
accordée à un entrepreneur
par l'ex-ministre André Boisclair
M.
François Legault
M. Legault : M. le Président, l'ancien ministre péquiste, actuel délégué général du Québec à New York, André
Boisclair a accordé une subvention de 2,6 millions de dollars à son ami
personnel Paul Sauvé quatre jours avant le vote des élections de 2003.
Par ailleurs, Paul Sauvé soutient avoir contribué pour 300 000 $ à la
caisse du Parti québécois
et à la campagne au leadership d'André Boisclair. Il dit avoir organisé aussi
une activité de financement pour le compte d'André Boisclair.
M.
le Président, en 2003, j'étais ministre du même gouvernement, la première
ministre aussi était ministre du même gouvernement.
Moi, je n'étais pas au courant de ce fait…
Des voix :
…
M. Legault :
Non, non...
Des voix :
…
Le Président :
S'il vous plaît! S'il vous plaît! Il n'y a qu'une personne qui a la parole ici,
c'est le chef du deuxième groupe d'opposition.
M. Legault : Maintenant que je suis au courant…
Des voix : …
Le Président : C'est très clair, il n'y
a qu'une personne ici qui a le droit de
parole, c'est le chef du deuxième groupe
d'opposition.
M. Legault : …je dénonce cette façon de faire d'André Boisclair et je
demande qu'il soit suspendu.
Maintenant, ce matin, là, la question, ça concerne le jugement de la première ministre. Elle a eu 24 heures pour y penser. La question est très simple : Est-ce
qu'elle dénonce le fait qu'un ex-ministre ait donné une subvention de
2,6 millions à un ami personnel quatre jours avant la date des élections,
oui ou non?
Le Président : M. le ministre de la Métropole.
M.
Jean-François Lisée
M. Lisée : M. le Président, d'abord, il faudrait rectifier
les faits. La lettre qui a été déposée hier indique que l'ancien ministre a indiqué que la demande était admissible à une
subvention. Il n'y a eu aucun décaissement, elle était admissible. Et, d'ailleurs, nous pourrions
présenter ici des lettres de plusieurs ministres, de l'ancien premier ministre
Jean Charest, dans les jours qui précèdent
le déclenchement d'une élection, où il indique qu'un certain nombre de dossiers
qui étaient pendants sont admissibles.
Alors, ça, c'est la première chose. D'affirmer en cette Chambre qu'une
subvention a été donnée à un ami, ce n'est pas la vérité, il faut le
dire.
Deuxièmement, je suis
très déçu de voir aujourd'hui que le chef de la CAQ semble endosser les
accusations complètement gratuites et sans
fondement que son député de Saint-Jérôme a proférées hier. On m'a dit que, ce
matin, il était réuni avec ses avocats pour voir comment il allait
répondre à la mise en demeure de la personne dont il a atteint à la réputation hier de façon complètement
inacceptable. Je pense que je suis très déçu de voir qu'une personne qui avait
acquis…
Le Président : En terminant.
M. Lisée : …beaucoup d'estime de la part des Québécois, le député de Saint-Jérôme, est en train de détruire sa crédibilité.
Le Président : Première complémentaire, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M.
François Legault
M. Legault : M. le Président, on se souvient tous que la première ministre, durant la course au leadership, a tenu à peu près les mêmes propos que le député de Saint-Jérôme, hein? On se souvient tous de sa phrase assassine : Il
fautêtre
inattaquable. Hein, on se souvient tous de ça. Mais là je voudrais qu'elle se
lève aujourd'hui pour nous dire… parce qu'on a besoin de
savoir, là, on doit connaître sa position personnelle, pas celle du prétendant
premier ministre.
Est-ce qu'elle dénonce ou non…
Le Président : M. le ministre de la Métropole.
M.
Jean-François Lisée
M.
Lisée :
Je répondrais à l'ex-prétendant chef du Parti québécois et au prétendant premier ministre que c'est un peu court, c'est un peu court, pour un chef de
parti, de se lever en Chambre et de demander à ce quelqu'un soit
suspendu sans la moindre preuve de quoi que
ce soit. Nous avons déclaré et nous continuons à déclarer qu'il y a une commissionCharbonneau, qu'il y a un UPAC, que toutes les personnes sont à la disponibilité de l'UPAC, y compris
cette personne, mais je suis, comme plusieurs journalistes, hier, l'indiquaient,
assez intrigué du fait que des membres de la CAQ demandent la suspension
d'un délégué général du Québec mais ne demandent pas la suspension…
Le Président :
En terminant.
M. Lisée :
…du chef de l'opposition officielle, qui fait
face au même type d'allégations.
Le Président : Deuxième complémentaire, M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
Des voix : …
Le Président : À l'ordre! M. le leader de l'opposition.
M. Moreau : Monsieur…
Des voix : …
Le Président : S'il vous plaît!
M.
Moreau : M. le Président, pour quelqu'un qui parlait avec tant
d'éloquence de diffamation hier, je trouve un
peu curieux qu'il utilise le salon bleu et l'immunité parlementaire pour faire
ce genre de parallèle. Je comprends que le ministre des Relations
internationales, s'il est un gentilhomme, va se lever et retirer ce qu'il a
dit.
Le Président :
M. le leader du gouvernement.
M.
Bédard :
Je tiens à assurer mon collègue que j'ai tenu de tels propos en dehors de la
Chambre pas plus tard qu'hier. Merci.
Le Président :
Une chose est certaine…
Des voix :
…
Le
Président : Une chose est certaine, il est interdit d'attaquer
les membres de cette Chambre les uns les autres. Il y a des directives pour y voir si on veut le faire. M. le
leader de l'opposition.
M.
Moreau : Si ce que vous venez de dire est exact — et
je pense que ce l'est, on ne peut pas le faire — vous allez
demander au ministre des Relations internationales, en gentilhomme, qu'il se
lève et qu'il retire ce qu'il vient de dire. Il est capable de l'être, je le
sais.
Le Président :
Il aura l'occasion de le faire en répondant à la question du leader de
l'opposition. M. le chef du deuxième groupe d'opposition.
M.
François Legault
M.
Legault : M. le Président, ça fait deux fois que la première
ministre refuse de se lever. Donc, je
comprends qu'elle endosse la lettre qui a été signée par André Boisclair pour
octroyer une subvention à un ami personnel. On comprend maintenant c'est quoi,
la définition de tolérance zéro de la première ministre du Québec.
Le Président :
M. le ministre de la Métropole.
M. Jean-François Lisée
M. Lisée :
M. le Président, d'abord, je tiens à souligner que, dans le même témoignage, M.
Sauvé a parlé de M. Boisclair et a parlé du chef de l'opposition officielle.
C'est ce à quoi je faisais référence…
Le
Président : Je ne peux pas accepter les propos que vous tenez.
Si vous voulez faire une accusation à l'égard
d'un membre de cette Chambre, vous pouvez le faire avec les procédures
normales.
M. le leader du
gouvernement.
M.
Bédard :
Écoutez, M. le Président, je suis étonné. D'ailleurs, j'aimerais, à la lumière
de vos propos… me dire quelles accusations a portées mon collègue, une seule,
une seule jusqu'à maintenant. J'aimerais ça parce que vous lui demandez de ne pas faire référence à des propos, et j'ai hâte
de voir l'accusation que lui aurait portée. Au contraire, il ne fait que réciter et placer la deuxième
opposition devant sa propre incohérence. C'est tout. Alors, j'aimerais
savoir quelle est l'accusation qu'il a portée, précisément.
Le
Président : M. le leader de l'opposition.
M.
Moreau : Il est clair… Vous l'aviez mentionné avant même qu'il
ne formule sa réponse, et il l'a fait, et il
l'a réitéré plutôt que de retirer. Je retire une chose, je pensais qu'il était
un gentilhomme. S'il était une note de musique, il serait un…
Le
Président : La question est bien simple, on ne peut pas
remettre en question la conduite d'un
parlementaire sans passer par les procédures normales. Alors, je vous invite à
la plus grande prudence à cet effet. M. le ministre.
M.
Lisée : Alors, je reviens sur la question du chef de la CAQ.
J'ai noté qu'il n'avait pas réitéré en cette
Chambre les propos pour lesquels son député
de Saint-Jérôme est maintenant mis en demeure. Alors, je voudrais savoir :
Est-ce qu'il dénonce les propos de
son député? Est-ce qu'il prend de la distance par rapport aux propos de son
député? Et est-ce qu'il est prêt, sinon, à sortir de la Chambre et à
répéter devant les micros ce que son député a dit hier? Je le mets au défi.
Le Président :
En terminant. M. le leader du deuxième groupe d'opposition.
M.
Deltell : Article 35.5, M. le Président. D'aucune façon nous
ne tolérons de l'intimidation de qui que ce
soit envers les députés de la coalition, d'aucune façon.
Le Président :
M. le leader du gouvernement.
M.
Bédard : J'invite le chef de la deuxième opposition à
clarifier sa position quant aux propos qui ont été tenus par son député hier. Et est-ce qu'il s'en dissocie?
Est-ce qu'il les condamne? C'est tout simplement ça, la question, M. le
Président.
• (11 heures) •
Le Président : Est-ce qu'il y a une autre question? On va procéder à… Si
on ne continue pas la période de questions, on va encore avoir le même problème qu'on a soulevé tout à l'heure.
Est-ce
qu'il y a d'autres questions? Alors, je vais procéder… Ah! O.K. M.
le député de La Prairie, en
principale.
Perspectives économiques et financières
M.
Stéphane Le Bouyonnec
M. Le Bouyonnec : M. le Président j'aimerais souligner le retour d'Afrique de notre ministre du Commerce extérieur,
hélas, rentré bredouille. Sa récolte ne permettra pas de
redresser les chiffres très inquiétants de notre
balance commerciale. Selon l'ISQ, la balance internationale des sept premiers
mois de 2013 enregistre une détérioration de 15 % par rapport à 2012. Cela
s'ajoute, comme on se tue à le répéter, à 45 000 emplois perdus depuis le
début de l'année, une contraction du PIB au deuxième trimestre, des faillites commerciales
au Québec qui totalisent 50 % de l'ensemble canadien, et ça nous mène, tout
ça, vers une remise en question du déficit zéro ou une récession, comme
l'indiquait l'ancien ministre Clément Gignac.
M.
le Président, le gouvernement a-t-il perdu les pédales? La relance de Bixi à
Montréal est-elle sa seule solution pour faire
rouler l'économie du Québec?
Le Président :
M. le ministre des Finances
M.
Nicolas Marceau
M.
Marceau : Vous conviendrez avec moi, M. le Président, que j'ai
l'embarras du choix quant à l'angle avec lequel je vais répondre à cette question. Alors,
regardez, je vais aller sur la première partie de la question, sur la
question des exportations. L'information que
nous avons, les chiffres qui sont disponibles à cette date sont que les
exportations pour les sept premiers
mois de l'année, janvier à juillet 2013, elles ont augmenté au Québec… donc, quand on les
compare à janvier-juillet 2012, les
exportations au Québec ont augmenté de 3,1 %, alors que, pour le Canada,
c'était de 1 %. Donc, le Québec a mieux
performé sur le plan des exportations pendant les sept premiers mois de l'année
2013 que le reste du Canada.
D'ailleurs, tel que le disait plus tôt la première ministre, les exportations québécoises ont retrouvé — ont retrouvé — le
niveau auquel elles se trouvaient en 2007, avant la récession. Donc, les
nouvelles du côté des exportations sont
bonnes.
Par ailleurs, moi, je
trouve qu'il y a beaucoup de choses qui permettent de se réjouir. Par exemple,
je n'ai pas entendu le député se réjouir du premier vol de l'avion CSeries de
Bombardier, qui est…
Le Président :
En terminant.
M. Marceau :
…un exemple, qui incarne tout le savoir-faire, tout le génie québécois…
Le Président :
M. le député de La Prairie, en première complémentaire.
M. Stéphane Le Bouyonnec
M. Le Bouyonnec : M. le
Président, M. le Président, est-ce que le ministre des Finances fait la
différence entre exportations puis exportations internationales? C'était le sujet de ma
question et je vous rappellerai que le PIB s'est contracté de 0,7 %
et qu'au niveau des investissements privés nous avons une chute de 3,3 %.
Le CPQ, hier, nous lançait un cri du cœur : À quand un plan d'affaires?
«Houston, we have a problem».
On parle de la CSeries, quand est-ce que le gouvernement va
revenir sur terre?
Le
Président : M. le ministre des Finances.
M. Nicolas Marceau
M. Marceau : M. le
Président… M. le Président, sur la question du CPQ, du bulletin du Conseil du
patronat du Québec, je partage l'opinion du
député quant à la note qui a été attribuée à l'ancien gouvernement.
Effectivement, ils n'étaient pas très bons, et il ne fallait pas s'attendre à ce que le bulletin soit
très bon pour l'ancien gouvernement.
Maintenant, je reviens à la question du CSeries, vous
savez, M. le Président, parce qu'on parle d'exportations internationales, là. Parmi les produits
d'exportation internationale les plus importants au Québec, qu'est-ce qu'il y
a? Les aéronefs, les avions, les simulateurs de vol. C'est
ça, les produits d'exportation internationale. C'est au premier rang de nos exportations internationales, M. le Président.
Alors, quand
une entreprise comme Bombardier…
Le
Président : En terminant.
M.
Marceau : …développe le CSeries, il faut s'en réjouir parce que
ça augure très bien…
Le
Président : Deuxième complémentaire, M. le député de
La Prairie.
M. Stéphane Le Bouyonnec
M. Le Bouyonnec : M. le
Président, je ne doute pas de la bonne volonté du ministre des Finances. D'ailleurs, l'an dernier, il nous proposait une série de
mesures pour relancer l'investissement privé. Hélas, chou blanc sur les grands projets;
statu quo sur le libre-échange; un napperon pour la politique industrielle; une grand-messe ostentatoire pour la
recherche et l'innovation; maman, j'ai réduit le Plan Nord pour
les ressources; et la BDEQ, un projet bâclé et
tabletté.
M. le Président, quand est-ce que le
gouvernement va cesser de se voiler la face en public et passer à l'action?
Le
Président : M. le ministre des Finances.
M. Nicolas Marceau
M. Marceau : Bien M. le
Président, alors, je répète que, pour le Québec,
les exportations des sept premiers mois ont augmenté de 3,1 %, puis
effectivement j'englobais
l'ensemble des exportations. Maintenant, pour les exportations internationales, c'était 3,8 %, M. le Président, donc
3,8 % pour les internationales.
Cela étant, je réitère, M. le Président, il y a des choses qui se
passent au Québec qui vont bien. Je le disais,
l'avion CSeries, c'est un exemple parmi plusieurs. On a devant nous un
excellent futur parce qu'on a un savoir-faire
au Québec, et, ce savoir-faire, on l'exporte,
c'est la stratégie du gouvernement du Québec.
Le Président : M. le député de Louis-Hébert, c'est à vous, la parole. C'est à vous, la parole. Vous voulez la parole?
Une
voix : …
Le
Président : Vous voulez la
parole?
Des
voix : …
Le
Président : Non? Ah! Mme la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Budget
alloué aux services aux aînés
Mme Marguerite Blais
Mme
Blais :
Encore hier, le ministre martelait qu'il n'y a pas de coupures dans le domaine de la
santé, mais, sur le terrain, les coupures sont réelles
et se font sentir : 2,4 millions de dollars et 30 postes
d'infirmières coupés à l'Institut universitaire de gériatrie de Montréal, une infirmière de jour pour
50 patients vulnérables, une infirmière de nuit pour 225 patients vulnérables. On compromet
la santé et la sécurité de nos aînés. Qui plus est, la Protectrice du
citoyen a mentionné que, lorsqu'il y avait des coupures, on coupait aussi dans
les services.
Est-ce
que le ministre va se lever pour nous dire aujourd'hui qu'il n'y a pas de coupures, que tout va bien ou
s'il va se préoccuper des besoins de nos aînés
vulnérables en milieu gériatrique?
Le Président : M. le ministre de la
Santé.
M.
Réjean Hébert
M.
Hébert : M. le Président, j'invite
la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne à lire le rapport de la
Protectrice du citoyen, qui a été rendu public hier, un rapport extrêmement
intéressant, M. le Président, qui pose un regard lucide sur certains problèmes qui
sont vécus au niveau de la santé et des services sociaux, notamment. Et je vous ferai
remarquer, M. le Président, que c'est le
rapport d'activité 2012‑2013, M. le Président. Alors, quand on sait que ça prend plusieurs mois à traiter
une plainte, M. le Président, c'est essentiellement le bulletin des amis d'en
face, M. le Président, que la Protectrice du citoyen a dressé. Et elle dresse,
M. le Président, un portrait que je partage, et que nous partageons de ce
côté-ci. Et les recommandations de la Protectrice du citoyen vont exactement
dans le même sens que nos priorités, M. le Président.
D'une part, il n'y a
plus de compressions en santé; on a injecté 1,5 milliard de plus d'argent
en santé, M. le Président, cette année.
D'autre part, on a repris les visites d'évaluation des résidences intermédiaires et des résidences de type familial, qui avaient été arrêtées, arrêtées par les libéraux, M. le
Président. Il faudrait que la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne en parle à sa collègue de Bellechasse, M. le Président. Ces
visites-là avaient été arrêtées, et on les a reprises.
Le Président : En terminant.
M.
Hébert : Alors, il faudrait
peut-être qu'il y ait de la cohérence de l'autre côté. Le fantôme du Parlement,
M. le Président, Philippe Couillard, devrait mettre…
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Mme
Marguerite Blais
Mme
Blais : Je
considère, M. le Président que c'est triste parce qu'il y a du déni. Je crois
que c'est le fantôme des visites des hôpitaux parce que le bulletin qu'il y
a eu du Protecteur du citoyen, c'est le nôtre et c'est le vôtre.
D'ailleurs, le ministre a dit à un
journaliste que des compressions aient eu des impacts sur les soins, c'est un
jugement que le Protecteur du citoyen porte. Bien, il balaie du revers
de la main le protecteur, bien, c'est une institution, et, si j'ai à choisir
entre le ministre et…
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
M.
Réjean Hébert
M.
Hébert
: M. le Président, elle va avoir un deux pour un, M.
le Président, parce que je partage ce qui est
dans le rapport de la Protectrice du citoyen, M. le Président, au niveau de
l'inspection des CHSLD. Justement, parlons-en, M. le Président. Nous avons repris un processus beaucoup plus rigoureux
avec une grille d'analyse, M. le Président. Nous avons engagé six inspecteurs, et, en deux ans, ils couvriront l'ensemble
des CHSLD. Déjà, M. le Président, depuis le mois de janvier, il y a 100
CHSLD, tant publics que privés, privés non conventionnés, qui ont été visités
pour lesquels les rapports sont sur le site
Web de façon transparente et pour lesquels il y a des actions qui ont été
entreprises. C'était une recommandation
de la Protectrice du citoyen, M. le Président, on est en action là-dessus et on
agit tel que le recommande la Protectrice du citoyen.
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la députée de
Saint-Henri—Sainte-Anne.
Mme
Marguerite Blais
Mme
Blais : Que de
manque de sensibilité de la part du ministre face à ma première question et aux
coupures à l'Institut universitaire de gériatrie de Montréal. Moi, je suis
sensible au cri qu'un préposé m'a fait parvenir
par courriel où il dit que ces
coupures feront mal, très mal; elles touchent directement les soins aux bénéficiaires vulnérables. Nos effectifs sont au minimum. Nous devrons subir encore plus de coupures qui affectent
les soins directs aux…
Le Président : M. le ministre de la Santé.
• (11 h 10) •
Une voix : …
Document déposé
Le Président : Consentement pour le dépôt? Consentement pour le dépôt. M. le ministre
de la Santé.
M.
Réjean Hébert
M.
Hébert
: M. le Président, la Protectrice du citoyen dénonce, M. le Président, les
iniquités dans les soins à domicile, qui ne
sont pas dispensés de façon égale dans tous les CSSS du Québec. Nous avons déposé un livre blanc sur l'assurance
autonomie, M. le
Président, de façon à
répondre justement à ces iniquités, de façon à ce que chacun des citoyens du Québec ait le même droit, peu importe là où il vit, de recevoir
les services à domicile dont il a besoin, et ce, peu importe la région où il habite, M. le Président.
Nous
avons investi 110 millions — c'est sans
précédent, M. le Président — de plus dans les soins à domicile. Nous prévoyons, au
cours d'un mandat, M. le Président, atteindre 500 millions de plus,
doubler les soins à domicile. Ça, c'est des mesures concrètes pour répondre à
la Protectrice du citoyen, et nous sommes en action sur l'ensemble de ses
recommandations, M. le Président.
Le Président :
Principale, M. le député de Mercier.
Diminution du personnel
infirmier en gériatrie
M.
Amir Khadir
M.
Khadir : M. le Président, malheureusement pour ma collègue de
Saint-Henri—Sainte-Anne, le ministre a raison de dire que ce que dénonce la Protectrice
du citoyen est essentiellement le bulletin du gouvernement libéral. Mais,
malheureusement pour le ministre, les
politiques actuelles du gouvernement du Parti québécois continuent dans le même
sens.
Moi, j'ai visité, mardi, l'Institut universitaire de
gériatrie de Montréal et un CHSLD à Ahuntsic-Cartierville. Dans le premier cas, le passage de deux infirmières à une
seule infirmière, c'est maintenant que ça se passe. C'est sous le gouvernement du Parti québécois. Une infirmière
pour 50 personnes de jour… 50 patients, c'est le travail que
faisaient six infirmières il y a
seulement 10 ans, d'accord? À Ahuntsic-Cartierville, dans ce CHSLD, on
commence aujourd'hui à coucher les
patients à 5 h 45 si la préposée doit y arriver. Et la direction, que
j'ai interpellée mardi, continue à faire les mêmes compressions, les
mêmes soi-disant optimisations que l'administration précédente.
Le Président :
M. le ministre de la Santé.
M.
Réjean Hébert
M.
Hébert : M. le Président, il y a partout dans le réseau, M.
le Président, des modifications dans l'offre de services,M. le Président. Si on
diminue les infirmières, c'est pour répondre aux besoins des gens. Les besoins
ne sont plus en soins infirmiers en tant que tels, le besoin, M. le
Président, c'est justement de lever les
patients, c'est justement de laver les patients,
M. le Président, et d'apporter une aide à l'autonomie
de la vie quotidienne. Et, pour ça, il faut plus de préposés, moins d'infirmières. Il faut modifier l'offre de
services, M. le Président.
Ce
qui a été fait dans les deux établissements qui sont mentionnés, ce n'est pas
des coupures de services, c'est une modification de l'offre de services, de façon
justement à répondre aux besoins des personnes âgées en perte
d'autonomie, qui ont beaucoup plus de besoins d'être levées, d'être aidées à
marcher, d'être lavées que d'avoir une infirmière, M. le
Président. Et c'est pour ça qu'on est capables,
par ces mesures, de pouvoir apporter un meilleur service aux personnes âgées qui sont hébergées dans nos centres
d'hébergement.
Le Président : Première complémentaire, M.
le député de Mercier.
M.
Amir Khadir
M.
Khadir :
Mais, M. le Président, je crois le ministre sincère, mais, tant que le gouvernement du Parti québécoisva continuer sur la
ligne du déficit zéro, la religion du déficit zéro, malheureusement la réalité est différente. Ceux qui travaillent à
l'institut de gériatrie — c'est un
gériatre, le ministre — ceux qui travaillent là, les préposés,
les infirmières disent : Ça ne marche
pas.
Ce n'est pas juste celles-ci. Les ouvriers spécialisés,
on a tellement maintenu leur salaire bas qu'on a une pénurie de main-d'œuvre, on ne réussit plus à les garder.
Résultat, ça nous coûte 50 % plus cher à impartir en externe…
Le Président : M. le ministre de la Santé.
M.
Réjean Hébert
M.
Hébert : M. le Président, je vais vous rappeler, M.
le Président, que, même s'il y a un déficit
zéro, M. le Président, on a injecté 1,5 milliard de plus dans le budget de
cette année en santé. On a priorisé la santé avec 4,8 % d'augmentation, M. le Président. Alors, il y a un réinvestissement au niveau de la santé qui permet
d'améliorer l'accès des services et
d'améliorer la qualité des services, M. le
Président. Alors, c'est extrêmement important
de le rappeler.
Lorsqu'on
a une vision de déficit zéro, bien sûr on veut
améliorer la rigueur de notre gestion. En santé
comme ailleurs, je pense que les Québécois, ce qu'ils souhaitent, c'est de pouvoir faire en sorte que leur argent
va dans les soins aux patients et non pas dans
l'administratif. Alors, c'est ce qu'on a demandé…
Le Président : En terminant.
M.
Hébert : …à chacun des établissements : de diminuer leurs
frais administratifs pour prioriser les soins cliniques aux patients.
Le Président : Deuxième complémentaire, M.
le député de Mercier.
M.
Amir Khadir
M.
Khadir :
Comme médecin épris de justice sociale, je crois qu'il est sincère. Il a oublié
de dire que, dans les 1,5 milliard, cependant, la moitié va au
rattrapage salarial des médecins, dont les spécialistes comme moi. Ce n'est peut-être pas là le
meilleur usage.
Je
rappelle aux… Je rappelle, je rappelle au médecin qu'il est qu'on peut épargner
de 1,5 à 2 milliards en instaurant un régime d'assurance universelle pour les
médicaments, comme le proposent plus de 300 organisations, et en
introduisant Pharma-Québec. Il y a cinq, six organisations nationales qui ont donné leur
appui…
Le Président : M. le ministre de la Santé.
M.
Réjean Hébert
M.
Hébert : M. le Président, alors il est évident que
j'aurais préféré que le 1,5 milliard aille entièrement aux services, M. le Président, mais le gouvernement
libéral avait décidé d'en donner une bonne partie aux médecins. Bon. Il
faut vivre avec ça, M. le Président, c'est
des ententes qui ont été convenues avant que nous arrivions en poste,
malheureusement. Alors, c'est clair que ça nous laisse un peu moins de marge de
manoeuvre au niveau de l'amélioration des services, M. le Président.
Mais la solution que prône, au niveau des médicaments,
Québec solidaire, M. le Président, c'est une solution que nous ne retenons pas,
M. le Président. Nous avons un système d'assurance médicaments qui est mixte,
public et privé, et qui, je pense, répond aux besoins et permet l'accès
aux médicaments à l'ensemble de la population québécoise. Quant à nationaliser,
avec Pharma-Québec, une partie de l'industrie pharmaceutique, M. le Président…
Le Président : En terminant.
M.
Hébert : …je pense qu'on n'est pas dans cette chanson-là.
Le Président : Principale, M. le leader de l'opposition.
Respect des décisions de l'Assemblée
nationale
M.
Pierre Moreau
M. Moreau : Oui, M. le Président. On sait déjà que le gouvernement met à mal notre économie, mais, cette semaine, il met à
mal nos institutions démocratiques. Plusieurs des décisions que vous avez rendues n'ont pas été respectées par les membres du gouvernement. La ministre responsable de la Condition féminine
a noyauté une institutionqui est totalement indépendante, le Conseil du statut de la femme. On en a fait abondamment la
description. Et, hier, elle persiste et signe et traite de façon cavalière une décision qui a été prise ici, à l'Assemblée nationale, par la majorité des députés, lui
demandant de surseoir aux nominations. Elle a passé à la poubelle une décision
de l'Assemblée nationale.
Ma
question est à la première ministre du Québec, elle qui nous demandait cette semaine de dénoncer l'attitude du fédéral
dans la création d'une commission nationale des valeurs mobilières et qui nous
demande de passer une décision unanime de l'Assemblée.
Comment
pense-t-elle être respectée par les autres parlements lorsque son gouvernement
foule lui-même du pied les décisions de l'Assemblée nationale?
Le Président : Mme la première ministre.
Mme
Pauline Marois
Mme
Marois : Alors, M. le Président, j'aimerais bien entendre le chef de l'opposition officielle,
M. Philippe Couillard, nous dire exactement ce qu'il pense des principes que nous avons mis de l'avant
par la proposition de charte des valeurs que nous avons
déposée. D'ailleurs, vous aurez remarqué, M.
le Président, qu'aucune question ne vient sur la question de la charte des
valeurs.
Alors,
je leur demande : Est-ce qu'ils sont d'accord avec les principes que nous mettons de l'avant, M. le
Président, sur l'égalité hommes…
Le Président : M. le leader de l'opposition.
M.
Moreau : M. le Président, je parle du respect des décisions de
l'Assemblée nationale du
Québec. Elle est la première ministre du Québec, elle devrait avoir la décence, au moins, de répondre à la
question.
Le Président : M. le leader du
gouvernement.
M.
Bédard : La décence et le respect imposeraient au chef de l'opposition d'être ici,
en cette Chambre, et de laisser parler la
députée de La Pinière. Là, ça serait respecter nos institutions.
Le Président : Mme la première ministre, évidemment, il vous reste du temps, mais sur la question.
Mme
Marois : Certainement, M. le Président, je suis totalement sur la question. Je vais rappeler au leader de l'opposition officielle qu'en matière d'indépendance ce mot
est absolument absent de la loi qui constitue la Loi
du Conseil du statut de la femme à plusieurs endroits. Il est même stipulé que la présidente doit obtenir
l'approbation préalable du ministre avant d'agir notamment pour entreprendre l'étude de toute question qui relève du domaine de l'égalité et du
respect des droits. Elle a cependant toute l'indépendance dont
elle a besoin pour agir en ces matières, et les quatre membres nommés par le
gouvernement, selon notre prérogative, sont des gens de très grande qualité, M.
le Président.
Le Président : Cela met fin à la période de questions et de réponses.
Demande de directive concernant
une question
complémentaire refusée en raison de la fin de la
période de questions et réponses orales
(suite)
Et, comme je l'avais indiqué précédemment, je vais
écouter les deux leaders, le leader du gouvernement et le leader de l'opposition, sur la directive… la demande de
directive proposée et soulevée par M. le leader du deuxième groupe
d'opposition. M. le leader de l'opposition.
M. Pierre Moreau
M.
Moreau : M. le Président, au moment où on parle de sauvegarder
les droits des parlementaires, j'espère que tous les gens ont noté la réponse que nous venons
d'avoir et, sincèrement, j'estime que c'est totalement déshonorant pour la fonction.
Sur la
question que nous avons à nous poser…
• (11 h 20) •
Le Président : M. le leader du gouvernement.
M.
Bédard :
Je trouve dommage qu'à cette rubrique, où on est supposés justement prendre son
gaz égal, comme on dit, M. le Président, puis
faire abstraction… ce que j'ai toujours fait, M. le Président. Je l'invite à…
Des voix : …
Le
Président :
On est en train justement de traiter d'une question de règlement. M. le député de Jean-Lesage. M. le leader du gouvernement.
M.
Bédard :
J'invite mon collègue à retirer ses propos et à ne pas insulter personne dans
le cas d'arguments qui portent sur la
procédure, M. le Président. Ça serait la moindre des choses.
Le
Président :
Pour en revenir sur la question de règlement qui a été posée, là, M.
le leader de l'opposition,
c'est à vous la parole. Je voudrais qu'on s'en tienne à la question, là, évidemment, de notre…
M.
Moreau :
…la question de la procédure, les gens ont tous
entendu cette réponse-là, ils la jugeront. Et je
suis convaincu qu'on est au bon endroit, convaincu.
Sur
la question de règlement qui est posée, M. le Président, essentiellement, ce que le leader du deuxième groupe d'opposition vous demande, c'est de sauvegarder les
droits aux questions qui sont posées par les membres de sa formation politique
dans un contexte où il y a des questions de règlement qui sont soulevées.
Essentiellement, M. le
Président, je regarde les dispositions qui sont en cause et ce que vous avez
fait comme président lorsque nous avons inauguré la présente législature. Vous
avez indiqué, comme vos prédécesseurs l'ont fait avant vous, que ce qui avait guidé vos décisions
et ce qui guiderait vos décisions sur cette question, ce sont des
éléments qui sont objectifs, comme, bien
sûr, la sauvegarde du droit des députés indépendants. Et je sais qu'à cet égard
ce que mon collègue va vous soulever,
c'est la question… c'est la décision que vous avez rendue dans le cas de la
députée de Gouin, qui est une députée indépendante et qui, à la fin
d'une période de questions qui avait été particulièrement houleuse où de nombreuses questions de règlement avaient été
soulevées, avait vu sa question sauvegardée à l'extérieur du 45 minutes chronométré pour la période des questions. Et à ce
moment-là je vous l'ai réitéré : Vous avez l'entière discrétion pour
poser ce geste-là puisque le président a une discrétion qui ne peut être
substituée par celui d'un simple chronomètre.
Je
réitère encore ces propos ce matin, mais je vous dis qu'au nombre des décisions
et au nombre des arguments objectifs que vous
devez considérer pour rendre vos décisions il y en a un qui est fondamental et
qui a été retenu par l'ensemble de vos collègues et l'ensemble de la
jurisprudence parlementaire, c'est aussi celui de la prépondérance de
l'opposition officielle.
Si vous vous en
remettiez strictement aux propos du leader du deuxième groupe d'opposition et
que vous sauvegardiez les droits de poser des questions au deuxième groupe
d'opposition ou aux députés indépendants, qu'en serait-il de la prépondérance liée à la position de l'opposition
officielle? Les prédécesseurs du leader du deuxième groupe d'opposition, alors qu'ils étaient l'opposition
officielle et qui étaient à ce moment-là l'Action démocratique du Québec,
le leader parlementaire de l'Action démocratique du Québec a soulevé à de
nombreuses reprises — le député de Trois-Rivières à l'époque — que
l'appellation «officielle» qui suit le mot «opposition» a une signification en
droit parlementaire et il avait parfaitement
raison.
Si
on s'en remet maintenant à la situation factuelle qui a conduit le leader du
deuxième groupe d'opposition à poser cette question à la présidence, rappelons-nous de
la séance en question. À cette séance, M. le Président, il y a eu quatre
questions qui ont été posées par l'opposition officielle : une par le chef
de l'opposition, une par le député de Louis-Hébert, une par la députée de
Laviolette et une par le député de Rivière-du-Loup—Témiscouata. Il y a eu trois questions qui ont été posées par la deuxième opposition. Où est la
prépondérance de l'opposition officielle? Et qu'est-ce qui pourrait
justifier la présidence de sauvegarder une deuxième question complémentaire à
la troisième question posée par le deuxième
groupe d'opposition? Et, si vous deviez conclure ainsi, comment
préserveriez-vous l'élément prépondérant qui doit nécessairement guider
vos décisions lorsqu'il s'agit des droits de l'opposition officielle?
Dans
le contexte dans lequel le leader du deuxième groupe d'opposition vous pose la
question, M. le Président, il est impossible
de lui donner raison et de sauvegarder la prépondérance de l'opposition
officielle.
Sur les éléments de prépondérance de l'opposition
officielle, je vous indique, M. le Président, les décisions qui indiquent… et la citation de votre propre
décision : «En effet, l'importance de l'opposition, et, au premier rang,
de l'opposition officielle, dans un système
de gouvernement parlementaire a reçu depuis longtemps une reconnaissance
dans la pratique parlementaire.»
Je vous renvoie aux décisions de vos prédécesseurs :
Jean-Pierre Charbonneau, du 21 novembre 2000; Louise Harel, du 15 octobre
2002; Michel Bissonnette, le 30 octobre 2003, le 10 mai 2007; Yvon Vallières,
le 14 janvier 2009; et vous-même, le
20 septembre 2011 et le 14 février 2012. Il n'existe aucune raison, M. le
Président, pour déroger à ce qui constitue la jurisprudence la plus
solidement ancrée et le principe le plus solidement ancré dans la jurisprudence
parlementaire.
Je termine en vous disant,
M. le Président, que nous en sommes, aujourd'hui, à la 72e séance de la
présente législature. Au 25 septembre, nous
avions eu 71 séances. Il y a eu en moyenne 9,06 questions principales de posées
par séance et, de cette moyenne, 6,03
seulement le furent par l'opposition officielle. Le contexte actuel préserve
tout juste la notion prépondérante de l'opposition officielle.
Sur les 71 séances, M. le Président, à 32 séances, j'ai
dû soulever une question réglementaire liée à
l'application de l'article 79 sur l'imposition qui est faite au gouvernement de
répondre sur le sujet de la question qui est posée. Et, si je l'ai fait à 32 reprises dans 32 séances
différentes, M. le Président, ce n'est pas parce que, dans les autres séances
où je ne suis pas intervenu, cet article-là n'aurait pas pu être soulevé.
Je vous soumets
respectueusement qu'à l'occasion de la décision que vous aurez à rendre vous
devriez également rendre des directives qui
sont encore plus précises sur le respect de l'article 79 et faire en sorte que,
s'il est impossible d'aller plus loin dans ces précisions, on ne puisse
pas tenir grief à l'opposition officielle de soulever des questions de règlement pour avoir comme prétexte
de sauvegarder le temps de parole du deuxième groupe d'opposition.
Je
comprends également, M. le Président, que votre intervention dans le cas de la
députée de Gouin était basée précisément sur le fait que la députée de Gouin
est une députée indépendante qui n'est attachée à aucun groupe parlementaire
reconnu et que cette prérogative que vous avez fait valoir ne peut pas
s'appliquer sans distinction aux groupes parlementaires qui sont reconnus.
Pour
toutes ces raisons, M. le Président, je pense que la demande qui vous est
formulée par le deuxième groupe d'opposition
n'est pas recevable, n'est pas conforme à la jurisprudence constante du droit
parlementaire et qu'en conséquence vous
pourriez aussi bénéficier de la décision que vous allez rendre pour rendre des
directives encore plus sérieuses, et plus sévères, et plus précises sur
l'application de l'article 79 de notre règlement. Merci, M. le Président.
Le Président : Merci, M. le leader de l'opposition. J'entendrai maintenant M. le leader du
gouvernement.
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard :
Je n'applaudirai pas aux propos de mon collègue, M. le Président, ce que nous devrions toujours nous garder, mais je
dois vous dire effectivement que j'y souscris entièrement et sans
nuance, sans aucune nuance. Donc, chacun des
mots qu'il a pu prononcer, j'aurais pu les prononcer, peu importe l'endroit où
j'aurais été dans cette Chambre, M. le Président, y incluant au niveau de la deuxième opposition, poste que j'ai occupé, vous le
savez, aussi. Donc, tous les propos qu'il a mentionnés quant, entre autres, à
la prépondérance, au fait que nous sommes dans un espace-temps dans lequel nous devons cohabiter, mais avec… et vous,
vous devez vous assurer de toujours faire en sorte que l'opposition ait,
de par son statut d'opposition officielle,
un temps qui est prépondérant, au-delà même de sa valeur numérique, je
souscris entièrement et sans nuance. Le
règlement, mais surtout la tradition parlementaire, ne va que dans une seule
direction : dans celle-là.
• (11 h 30) •
Est-ce que vous devez
avoir la préoccupation d'assurer à tous les parlementaires d'avoir accès de
différentes façons à son droit de parole,
dans les commissions, un peu partout? Vous avez des responsabilités, mais en
aucun temps vous ne pouvez aller à l'encontre de ce principe
parlementaire qui est inscrit dans nos gènes, M. le Président. Et je suis très bien placé pour le plaider parce que je
l'ai plaidé même à l'époque que j'étais dans la deuxième opposition. Et
j'en prends pour témoins d'ailleurs mes collègues qui sont ici. Je n'ai
en aucun temps remis en question ce principe durable
de notre Parlement, qui fait qu'on fonctionne bien selon des règles claires,
bien que parfois elles ne soient pas écrites. Mais, vous savez, le
Parlement est d'inspiration britannique. Alors, ça veut dire que la règle de
droit, elle se trouve parfois un peu dans
les nuages. Elle n'est pas inscrite dans le règlement, mais elle a la même
valeur au niveau de
l'application des règles que vous devez appliquer aujourd'hui.
Quant au temps de la période de questions, là — je
vais peut-être ajouter un argument à mon collègue — le règlement, vous savez, est clair.
L'article 74 dit : «La période consacrée aux questions que les
députés posent aux ministres dure au plus 45 minutes. Si elle n'est
pas terminée à l'heure prévue pour la suspension de la séance, cette dernière
est retardée en conséquence.» Donc, cette règle, M. le Président, elle est
claire, et, s'il y a un principe de droit qui est bien connu de tous, c'est qu'une règle claire ne s'interprète pas, elle
s'applique. Et, dans ce cas-ci, les parlementaires ont voulu que cette
règle soit claire : 45 minutes.
Évidemment, vous avez une
latitude quant au temps où est posée la question et de permettre au député de répondre… au ministre de répondre, parce qu'une question sans réponse n'est pas une
question… est une question, mais une question sans fondement, et ça
serait déshonorer notre Parlement que de ne pas laisser à un ministre le soin…
au gouvernement de répondre à une question qui est posée dans le
45 minutes. Ça inclut la dernière seconde. Je n'ai aucun problème. Vous pouvez, à l'occasion, disposer d'une certaine
latitude selon ce qui s'est passé, mais en aucun temps vous ne pouvez, sous prétexte de protéger le droit
d'un collègue, à l'intérieur du 45 minutes, allonger cette période. Et
je serai farouchement opposé à toute prolongation, de quelque nature qu'elle
soit.
S'il faut
maintenant, dans notre règlement, à l'avenir, indiquer que la règle sera
d'application stricte, on le fera, mais
je ne souhaite pas qu'on en vienne là, M. le Président, lorsque nous aurons
ensemble, peut-être un jour, à réécrire le règlement. J'ai participé à la dernière réforme; nous ne souhaitions pas
arriver à dicter au président des éléments qui étaient d'interprétation stricte et claire. Et je ne crois
pas que notre institution s'améliorerait si nous hiérarchisions ces
règles.
En ce qui
concerne votre latitude, elle est réelle, mais elle s'inscrit dans une gestion
normale du temps, et correcte, et pour laquelle il n'y a jamais eu de
problème, d'ailleurs. S'il y a eu des… J'ai vu un président, parfois même… Je peux parler de mon expérience, comme bien d'autres
ici, mais j'ai vu un président, une fois, se lever et dire : La
période des questions est terminée, et je me souviens qu'il restait quand même
encore beaucoup de secondes. Mais, vu le contexte, il jugeait que c'était
terminé à ce moment-là, donc, et nous y avons souscrit, pas de gaieté de cœur,
mais nous y avons souscrit; et j'étais dans
l'opposition à l'époque. Donc, il peut arriver des moments particuliers où le
président jouit d'une latitude, mais pas avec un précédent qui est celui de
protéger et d'augmenter ce temps de 45 minutes.
Donc, il est
même arrivé, je vous dirais, dans les précédents où il n'y a pas de décision,
mais tout le monde a vécu ça, où il y
avait plusieurs indépendants, et, à un moment donné, les esprits se sont un peu
échauffés, et malheureusement les indépendants n'ont pu poser leurs
questions où… dans le délai qui était prévu, et la présidence, à ce moment-là,
a prévu que, dans la séance suivante, elle
donnait un, je vous dirais… elle augmentait, pour une seule séance, la
période où les groupes indépendants, les
députés indépendants pouvaient poser leurs questions, et ce, pour une seule
séance. Elle nous avait avisés, et tout ça s'est bien passé. J'étais
dans l'opposition à l'époque. J'avais compris qu'effectivement on ne pouvait
pas priver quelqu'un de sa question à tous les jours.
Mais
combien de questions il doit y avoir, M. le Président? Vous, vous n'en êtes pas
maître et moi non plus. On essaie de
gérer le temps du mieux qu'on peut, et parfois il va arriver des événements qui
vont faire en sorte que l'opposition n'a pas un droit garanti à
10 questions, pas plus qu'à neuf, à huit. Ça peut être une seule question,
à un moment donné, et on n'a pas, nous, à en
juger. On peut souhaiter qu'il y en ait plus, et je pense que c'est ce que vous
souhaitez aussi, mais cela ne peut avoir en
aucun temps pour effet de prolonger une règle claire, qui est inscrite dans
notre règlement à l'article 74, que c'est 45 minutes.
Donc, ce que je veux faire, M. le
Président, c'est éviter qu'on se crée de nouvelles règles qui feraient en sorte
que votre tâche — et ceux qui vont vous suivre, là — serait plus complexe et laisserait place à
une forme d'arbitraire. Donc, la protection des droits de tous les
députés, elle vous appartient. Elle peut se faire à la période de questions
comme elle peut se faire dans l'ensemble de nos institutions, et je pense que,
jusqu'à maintenant, cela s'est bien fait. Et
moi, je vais m'assurer d'ailleurs qu'à chaque occasion, peu importe dans quel
parti où je suis, je vais contribuer à faire en sorte que chacun des
groupes ou des indépendants ait une place qui est correcte à l'intérieur de nos
institutions.
Donc, en
terminant, et je vous le soumets respectueusement, je ne crois pas qu'il y ait
lieu de créer un précédent, au contraire, parce qu'il s'en suivrait, M.
le Président, malheureusement, une modification… une proposition de modification,
peut-être, au règlement. Et c'est vrai pour cette disposition, mais il faudrait
réviser l'ensemble et être capables
d'établir sur lesquelles on ne donne aucune latitude au président. J'ai
toujours cru que la présidence doit jouir d'une faculté, qui est générale, d'appréciation, et ça s'inscrit très
bien d'ailleurs dans les traditions britanniques, M.
le Président. Et c'est rare que je vais les plaider, ces traditions
britanniques, mais notre Parlement est de ces inspirations,
donc nous devons respecter l'institution à ce niveau. Donc, ce que je vous
demanderais, c'est de vous en tenir à
la lettre du règlement. Et, s'il y a lieu, quand il arrivera des événements
particuliers, nous avons le lieu, l'endroit et les moyens de corriger la
situation. Et une question, qu'elle soit complémentaire ou non, est une
question. Merci, M. le Président.
Le Président : Merci, M. le
leader du gouvernement. J'inviterais maintenant M. le leader du deuxième groupe
d'opposition à prendre la parole et à clore ce débat.
M. Gérard Deltell
M.
Deltell
:
Merci beaucoup, M. le Président. D'abord, je salue l'intervention de mes
collègues, qui l'ont fait avec dignité, très intéressant d'ailleurs
comme propos, bien qu'évidemment je ne partage pas leurs conclusions.
Ce dont il a été question, essentiellement,
c'est de préserver la prépondérance de l'opposition officielle. Je tiens à
assurer, M. le Président, que, dans notre question de directive, d'aucune façon
nous ne mettons en doute la prépondérance de l'opposition officielle, cette
prépondérance qui, du reste, s'articule de nombreuses façons et à de nombreux
endroits, et, dans toutes les circonstances, nous respectons cette
prépondérance.
Tout à
l'heure, le leader de l'opposition faisait rappel de la journée de jeudi
dernier, alors que quatre questions ont
été posées par l'opposition officielle et trois… sous-entendu que, finalement,
coudon, c'était quasiment égal-égal. Il oublie quand même certaines données, parce que, lorsqu'on fait le total,
lorsqu'on analyse le nombre de questions qui sont posées, il faut le
faire sur un cycle de huit jours et non pas sur une seule journée, la journée
où on a trois questions.
J'aimerais
également rappeler que, le temps de parole du chef de l'opposition lorsqu'il
pose sa principale, il a droit à trois complémentaires, ce qui n'est pas
le cas lorsque le chef du deuxième groupe d'opposition pose une question, il pose sa principale et deux complémentaires. Donc,
déjà là, lorsqu'on donne le nombre de questions, on oublie de dire que
les questions complémentaires sont plus nombreuses. Et je ne parle pas du temps
non plus qui est alloué à chacune de ces questions-là.
Je rappelle,
M. le Président, que l'opposition officielle a le loisir de poser, à la suite
des nôtres, des questions, des questions
principales, qui, en termes de temps, sont plus longues que les questions
complémentaires. Donc, ils peuvent se lever
pour dire : Question principale, ils ont un temps d'une minute, si mes
souvenirs sont bons, après ça complémentaire, qui est plus courte, mais
ils peuvent se lever puis dire : Autre question principale.
Alors
donc, le temps de la prépondérance que nous reconnaissons à l'opposition
officielle doit être pris en compte. Et
nous le respectons, M. le Président. D'aucune façon nous ne voulons nuire à
l'opposition officielle dans son travail, d'aucune façon nous ne voulons
réduire le temps de parole de l'opposition officielle, mais on veut respecter
le nôtre, par exemple. C'est ça qu'on demande.
Autre point,
M. le Président, j'ai parlé de la période de questions, je ne m'aventurerai pas
trop longtemps sur les autres
éléments, mais c'est clair qu'en commission parlementaire notre misérable, et
minuscule, et grotesque, et burlesque cinq minutes que nous avons à
l'heure, je m'excuse, mais là, oui, en effet, la prépondérance de l'opposition
officielle se manifeste. Je n'irai pas plus
loin, parce que ça ne concerne pas la question de directive que je vous ai
demandée, mais je tenais quand même à le dire, parce qu'on n'est
vraiment pas contents de ce temps de parole là.
Il y a un
autre point, M. le Président, c'est les questions de règlement. À juste titre,
l'opposition officielle peut se lever pour des questions de règlement,
tout comme, du reste, le gouvernement peut le faire lorsqu'ils estiment que les
propos que nous tenons ne sont pas bons. D'aucune façon nous ne voulons
empêcher qui que ce soit de poser des questions de règlement. Je rappelle ce
que je vous ai dit mardi, une question de règlement, c'est en trois
temps : question de règlement,
réplique, décision, point. Pas une partie de ping-pong. Question de règlement,
réplique, décision, point. Et je
pense que, M. le Président, cette semaine, vous avez fait… montré à plusieurs
reprises cette façon de faire, et nous le saluons.
Mais finalement, M. le Président, pour conclure
là-dessus, je ne veux pas m'étendre trop longtemps, je tiens simplement à vous
rappeler le précédent du 15 mai, tout repose là-dessus, sur mon
intervention. Pourquoi je suis intervenu?
Parce qu'il y a eu, le 15 mai, un précédent où clairement vous avez dit
que, oui, il fallait protéger le droit de parole de tous les parlementaires, et, ce faisant, le précédent est
créé. Nous souhaitons que tous les parlementaires, qu'ils soient du
gouvernement, de l'opposition officielle, indépendants ou deuxième groupe
d'opposition, soient respectés, que tous les parlementaires soient traités de
façon égale. Et, à cette enseigne, puisque vous avez créé le précédent du 15 mai, nous souhaitons que dorénavant ce
précédent s'applique quand le deuxième groupe d'opposition a ses
questions. Merci, M. le Président.
• (11 h 40) •
Le Président : Merci, M. le
leader du deuxième groupe d'opposition. M. le leader de l'opposition officielle.
M. Pierre Moreau
M. Moreau : Deux remarques, deux remarques très brèves, M. le Président, l'une qui s'adresse à mon collègue le leader du deuxième groupe
d'opposition, l'autre qui s'adresse à une remarque du leader du gouvernement.
Sur mon collègue du
deuxième groupe parlementaire qui vous suggère une façon de gérer les questions
de règlement, on est en droit parlementaire lorsqu'on soulève une question de
règlement et on ne peut pas, par une question de directive… Si on fait le
parallèle avec les tribunaux, un juge ne peut pas demander à un avocat de se
taire lorsqu'il a une
plaidoirie à faire. Et on ne peut pas réglementer une plaidoirie ou répondre à
un argument qui est un contre-argument à un argument qui aurait pu être
soulevé par le confrère en réponse. Alors, si… On appelle ça une partie de ping-pong, ce qu'on appelle, nous… ça, en droit,
c'est une question d'argument et de contre-argument. Et il peut yavoir des arguments subsidiaires, également,
qui vous empêchent de limiter, finalement, le nombre d'interventions qui
peuvent être faites sur une seule question de règlement. Ça, c'est pour mon
collègue de la deuxième opposition, pour qui j'ai beaucoup d'égards.
Quant
à l'argumentaire du leader du gouvernement sur la période chronométrée de la période de
questions, j'ai une réserve qui est la suivante, et je pense que c'est
une bonne chose. Il a plaidé son argument, je pense que votre décision devrait
en disposer. Il y a une décision qui a été rendue par un de vos prédécesseurs,
M. Saintonge, le 16 mai 1990.
La question, c'est : «Quand la période des questions et réponses orales
est-elle terminée?» C'est assez pertinent pour le sujet qui nous occupe
ce matin. Et la décision, en fait le résumé qu'on en fait : «La période
des questions et réponses orales se termine quand le président dit :
"Fin de la période des questions". Seul le président peut prendre cette décision et ce n'est pas la lecture
d'un chronomètre qui permet de déterminer la fin de la période de questions.»
Le
débat reste entier. Mon confrère… mon collègue le leader — qui
est aussi mon confrère — du
gouvernement vous a dit que vous deviez vous en tenir à un élément très strict
de chronométrage mais que vous disposiez d'une certaine latitude dans la façon de reprendre les questions qui auraient
été empêchées par des questions réglementaires, par exemple. C'est un
des arguments qu'il vous donne. C'est une façon qui peut être envisagée.
Mais il
y a une autre façon aussi qui peut
l'être, et j'aimerais que vous rendiez une décision qui vient apporter
la précision et qui règle la question de
façon plus définitive que ce que fait la décision de Jean-Pierre
Saintonge, ce serait de dire dans quelles circonstances pouvez-vous prolonger
la période de questions, si vous estimez que vous avez la latitude de le faire.
Et
je vous le dis avec beaucoup d'égards pour la plaidoirie de mon collègue, parce que
je sais que, quand on est leader du gouvernement, on aime bien voir
arriver le 45 minutes. Je sais que, quand on est leader de l'opposition officielle,
on est un peu triste, parfois, de voir arriver le 45 minutes. Et je pense
qu'en droit parlementaire il est beaucoup plus facile de justifier une
discrétion du président quant à la fin de la période de questions.
Cela dit, la
décision vous appartient, M. le Président, et je n'ajouterai rien d'autre aux
arguments que je vous ai déjà soulevés.
Le Président :
Merci, M. le leader de l'opposition. En terminant, M. le leader du gouvernement.
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard : Je ferai
la supplique, justement, les contre-arguments dont faisait état mon collègue,
mon estimé collègue. Ce que je vous dirais par rapport au temps, je vous
inviterais… comme la directive ne porte pas sur la prolongation, je vous
inviterais à ne pas le faire.
Donc,
la question était reliée à celle qui était soulevée par mon collègue de la
deuxième opposition.C'était : Est-ce qu'on peut, à partir d'un événement qui s'est passé, en tirer un précédent,
qui est celui de profiter de la protection des droits que vous auriez, évidemment
en vertu de l'article 2 plus général, sur chacun des parlementaires, pour
en faire des questions réservées qui prolongeraient la période des questions?
C'est la question qui nous est soumise aujourd'hui, et je vous inviterais à
vous limiter à ça.
Mes arguments sur le
temps, évidemment ils s'inscrivent dans cette logique. Et, peu importent les
arguments qu'on vous donnerait, de baliser
quelque chose qui n'a pas à l'être serait, pour moi, une mauvaise chose. On ne
répare pas ce qui n'est pas brisé, M. le Président.
Je sais que c'est une expression anglaise, d'ailleurs, que je traduis
littéralement, mais actuellement il n'y a pas de problème à ce niveau. Et, la
plupart des fois où la période des questions a été… où on a utilisé ce
privilège qui est particulier, c'était justement quand on l'a raccourcie. Quand
on l'a allongée, c'est parce qu'il y avait
des questions de règlement. On a permis, à un moment donné, à quelqu'un… parce
que quelqu'un pouvait profiter d'une question de règlement pour tenter
d'étirer la période de questions, ce que je n'ai pas fait.
Puis je tiens à rassurer mon collègue, c'est que,
même au gouvernement, je suis assez content et j'aurais tendance à souhaiter parfois qu'elle soit plus longue, comme
aujourd'hui, la période des questions. Mais je vous dirais, M. le
Président, que nous n'avons pas à déterminer cela aujourd'hui. Le règlement
parle de 45 minutes, et encore une fois je vous réfère au règlement. J'ai
eu à participer, avec d'autres collègues d'en face et de la deuxième
opposition, à la réforme du règlement. Souvenez-vous-en, je l'ai commencé dans
la deuxième opposition, je l'ai fini dans
l'opposition, et c'est déjà assez ardu. Et, s'il fallait, dans certains cas,
dire que, dans le règlement, «et le président n'a aucune latitude», je
pense que ça serait malsain pour nos règles parlementaires.
Donc, je vous
inviterais à ne pas aborder cette question. Si elle veut faire l'objet d'une
question de directive, particulièrement de
mon collègue, on y reviendra. J'aimerais mieux aujourd'hui qu'on règle la
question de mon collègue de la deuxième opposition.
Le Président :
Alors, merci, M. le leader du gouvernement. Le principe de «if it ain't broken,
don't fix it», eh bien, on va commencer par étudier ce qu'on a devant nous. Et,
je vous rappelle, comme je l'ai dit mardi, à la fin de nos travaux, je vais prendre en délibéré, suite évidemment aux
interventions que vous avez faites, pour vous remettre une directive qui
arrivera le plus tôt possible. Je ne m'engage pas que ce soit la semaine
prochaine, on a plusieurs choses pour la
semaine prochaine, mais, en fait, je vais essayer de vous amener cette
directive-là le plus rapidement possible.
Alors, nous allons passer maintenant à la
période des motions. Je vais laisser Mme la vice-présidente prendre le fauteuil
et je vais garder mes notes que j'ai prises sur vos interventions pour le
travail de délibération.
Motions
sans préavis
La Vice-Présidente
(Mme Poirier) : Alors, nous en sommes maintenant à la rubrique
Motions sans préavis. Alors, je reconnaîtrais maintenant un membre du deuxième
groupe d'opposition. Mme la députée d'Arthabaska.
Dénoncer la tenue de concours
mini-miss
au Québec et l'hypersexualisation des jeunes filles
Mme Roy
(Arthabaska) : Mme la Présidente, je demande le consentement
pour déposer la motion suivante conjointement avec la ministre responsable de
la Condition féminine, la députée de Gatineau, la députée de Gouin :
«Que
l'Assemblée nationale dénonce la tenue de concours de mini-miss au Québec;
«Qu'elle dénonce [également] l'hypersexualisation
des jeunes filles et encourage toute initiative visant à sensibiliser
ces dernières aux dangers du culte de la beauté, de la minceur et de
l'apparence.»
La
Vice-Présidente (Mme Poirier) : Alors, est-ce qu'il y a
consentement pour débattre de cette motion? M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Traversy :
Mme la Présidente, il y a consentement sans débat pour la motion.
Mise aux voix
La Vice-Présidente
(Mme Poirier) : La motion est adoptée?
Des voix :
Adopté.
La
Vice-Présidente (Mme Poirier) : Adopté. Alors, je reconnaîtrais maintenant le député de Laval-des-Rapides.
Souligner la Semaine contre
l'intimidation et la violence à l'école
M.
Bureau-Blouin :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Je sollicite le consentement des membres de
cette Assemblée afin de présenter, conjointement avec la députée de Mille-Îles,
la députée de Montarville et le député de Mercier, la motion suivante :
«Que l'Assemblée
nationale profite de la tenue de la
Semaine contre l'intimidation et la violence à l'école, qui se déroulera
du 30 septembre au 4 octobre 2013, pour souligner l'importance des
initiatives visant à faire de l'école un endroit accueillant et sécuritaire
pour tous les élèves.»
La
Vice-Présidente (Mme Poirier) : Merci. Est-ce qu'il y a
consentement pour débattre de cette motion? M. le leader du
gouvernement.
M. Traversy :
Il y a consentement sans débat pour la motion, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Poirier) : Sans débat?
M. Traversy :
Sans débat.
Mise aux voix
La Vice-Présidente
(Mme Poirier) : Alors, est-ce que la motion est adoptée?
Des voix :
Adopté.
La Vice-Présidente
(Mme Poirier) : Adopté. Alors, Mme la députée de Soulanges.
Souligner la Journée mondiale
du tourisme
Mme
Charlebois : Merci, Mme la Présidente. Nous semblons avoir le même
état physique, alors je suis certaine que vous comprendrez ma difficulté
d'élocution ce matin.
Alors,
je sollicite le consentement de cette
Assemblée afin de présenter la motion suivante conjointement avec le
ministre délégué du Tourisme, la députée de Charlesbourg et le député de
Mercier :
«Que l'Assemblée
nationale souligne la Journée mondiale du tourisme célébrée depuis 1980, à
l'initiative de l'Organisation mondiale du tourisme. C'est la date du
27 septembre qui a été retenue, marquant ainsi l'anniversaire de
l'adoption des statuts de l'Organisation mondiale du tourisme en 1970;
«Qu'elle reconnaisse cette
occasion de prendre conscience de l'importance du tourisme du point de vue
social, culturel, économique;
«Qu'elle félicite tout particulièrement les
acteurs du milieu, ce qui représente 30 000 entreprises et quelques
400 000 emplois à travers la province;
«Qu'elle fasse
ressortir l'apport essentiel de l'industrie touristique au développement
économique du Québec.»
La Vice-Présidente (Mme Poirier) :
Merci. Est-ce qu'il y a consentement pour débattre de cette motion?
M. Traversy : Mme la
Présidente, afin d'être certain du libellé exact, est-ce que la députée de
Soulanges pourrait peut-être… Non? D'accord. Alors, il y a consentement sans
débat pour la motion.
La Vice-Présidente (Mme Poirier) :
Merci pour votre sens de l'humour, M. le leader adjoint.
Mise aux voix
Alors, est-ce que la motion est
adoptée?
Des voix : Adopté.
La Vice-Présidente (Mme Poirier) : Adopté.
Avis touchant les travaux des commissions
Alors, nous allons maintenant
passer aux avis touchant les travaux des commissions. M. le leader adjoint du gouvernement.
• (11 h 50) •
M. Traversy : Merci, Mme la
Présidente. Alors, j'avise cette Assemblée que la Commission de l'agriculture, des
pêcheries, de l'énergie et des ressources naturelles poursuivra les consultations
particulières à l'égard du projet de loi
n° 43, Loi sur les mines, lundi le 30 septembre, de 14 heures à
18 heures, ainsi que mardi le 1er octobre, de
10 heures à midi, à la salle Louis-Joseph-Papineau;
La Commission
de l'aménagement du territoire poursuivra l'étude détaillée à l'égard du projet
de loi n° 27, Loi sur l'économie sociale — que
vous connaissez bien, Mme la Présidente — mardi le 1er octobre, de
10 heures à midi, à la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine;
La Commission de la culture et de l'éducation
poursuivra l'étude détaillée, quant à elle, à l'égard du projet de loi n° 45, Loi sur le ministère de
l'Enseignement supérieur, de la Recherche, de la Science et de la Technologie,
aujourd'hui, après les affaires courantes
jusqu'à 13 heures ainsi que de 15 heures à 18 heures, à la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine;
Et
finalement, Mme la Présidente, la Commission de la santé et des services
sociaux poursuivra les consultations particulières à l'égard du projet
de loi n° 52, Loi concernant les soins de fin de vie, aujourd'hui, après
les affaires courantes, pour une durée de 12 heures… deux
heures — pardon,
deux heures, pas 12 heures, sinon, effectivement il y aurait péril en la
demeure — deux
heures, ainsi que le mardi 1er octobre, de 10 heures à midi, à la
salle du Conseil législatif. Merci beaucoup.
La
Vice-Présidente (Mme Poirier) : Merci. Pour ma part, je vous
avise que la Commission de l'économie et du travail se réunira le lundi 30 septembre 2013 dans le cadre de
l'audition de la présidente-directrice générale du Conseil de gestion de l'assurance parentale et de l'examen du
rapport sur la mise en œuvre de la Loi sur l'assurance parentale, en séance de travail préparatoire, de 14 heures
à 15 heures, à la salle RC.161 de l'hôtel du Parlement; en séance
publique, de 15 heures à
18 heures, à la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine, afin de procéder à
l'audition de la présidente-directrice générale du Conseil de gestion de
l'assurance parentale; et en séance de travail, de 18 heures à
18 h 30, à la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine, afin de
déterminer, le cas échéant, les observations, conclusions et recommandations de
la commission.
Je vous avise également que la Commission des
finances publiques se réunira en séance de travail le mardi 1er octobre
2013, de 10 heures à 11 heures, à la salle RC.171 de l'hôtel du
Parlement. L'objet de cette séance est de déterminer les modalités reliées au
mandat prévu à l'article 292 du règlement concernant l'étude de la
politique budgétaire du gouvernement et l'évolution des finances publiques.
Renseignements sur les
travaux de l'Assemblée
Nous en
sommes maintenant à la rubrique Renseignements sur les travaux de l'Assemblée.
Je vous rappelle que, lors de
l'interpellation prévue pour demain, vendredi 27 septembre 2013, M. le
député de Rivière-du-Loup—Témiscouata s'adressera à Mme la ministre
déléguée à la Politique industrielle et à la Banque de développement économique
du Québec sur le sujet suivant : L'échec du gouvernement péquiste en
matière de développement économique régional.
Je vous avise
de plus que l'interpellation prévue pour le vendredi 4 octobre 2013
portera sur le sujet suivant : Le bilan
désastreux du gouvernement péquiste en matière de gestion des finances
publiques. M. le député de Brome-Missisquoi s'adressera alors à M. le
ministre des Finances et de l'Économie.
Affaires
du jour
La période des
affaires courantes étant terminée, nous allons maintenant passer aux affaires
du jour. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Traversy :
Merci, Mme la Présidente. Pour la bonne poursuite de nos travaux, j'aimerais
que vous demandiez d'appeler l'article 9 de notre feuilleton.
Projet de loi n° 41
Adoption du principe
La
Vice-Présidente (Mme Poirier) : Bien sûr. Nous allons nous y
rendre. Alors, M. le ministre responsable de l'Administration gouvernementale et président du Conseil du trésor
propose l'adoption du principe du projet de loi n° 41, Loi modifiant la Loi sur la fonction publique
principalement en matière de dotation des emplois. Y a-t-il consentement
pour déroger à l'article 236 du règlement prévoyant que le débat sur
l'adoption du principe est inscrit aux affaires du jour de la séance suivant
soit sa présentation soit le rapport de la commission? Il y a consentement?
Consentement. Alors, M. le ministre, président du Conseil du trésor.
M. Stéphane Bédard
M.
Bédard :
Merci, Mme la Présidente. Donc, je suis très heureux de prendre la parole ici
pour vous entretenir sur un important projet de loi qui touche l'ensemble de la
fonction publique, projet de loi qui est en attente
Cette
fonction publique a besoin, vous le savez, de relever des défis importants,
entre autres au niveau de la dotation, donc de faire en sorte que les postes
soient occupés, d'être attractifs — il y a différentes façons
d'être attractifs — mais, entre autres, d'être capables d'avoir
un processus de dotation qui est plus conforme à la société dans laquelle… où on est actuellement, puis, je vous
dirais, la réalité particulière du marché du travail, qui est très
concurrentiel, que ce soit par les
employeurs privés mais aussi par les autres employeurs publics, entre autres le
gouvernement fédéral, qui, vous le
savez, paie ses fonctionnaires de façon plus importante, plus généreuse, je
vous dirais. Et ça fait en sorte que nous
devons mettre toutes les chances de notre côté, et malheureusement ces chances
n'ont pas été toujours au rendez-vous. Nous
avons une fonction publique de qualité, mais malheureusement les processus ont
pour effet parfois de perdre de bons candidats. Et nous souhaitons, par
cette mise à jour, faire en sorte d'améliorer le processus et s'assurer que
nous ayons la capacité d'attirer les meilleurs candidats et candidates.
Ça
fait plus de 30 ans que nous n'avons pas réformé nos façons de faire. Dans certains cas, je qualifierai la situation de véritable
catastrophe, je vous dirais, Mme la Présidente, sans hésiter. Depuis le
tournant des années 2000, il y a eu beaucoup de mises à la retraite qui étaient
prévues et qui ont fait en sorte que nous avons eu à combler beaucoup de postes dans la fonction publique, cycle qui
n'est pas terminé, vous le savez, qui se continuera encore pour quelques
années à venir. Et malheureusement notre système de dotation n'était pas à la
hauteur de la tâche qui était demandée. Et on doit
constater maintenant que cela a eu des effets négatifs sur cette
dotation, bien qu'actuellement la chance que nous avons, c'est de disposer des ressources
qualifiées et compétentes pour faire le travail à tous les jours. Mais, si nous
perdurions dans ces façons de faire, il est évident que ça pourrait avoir un
effet négatif sur notre fonction publique.
Donc,
ce projet de loi est initié par la fonction publique elle-même.
Elle souhaite avoir plus de latitude, moins de lourdeur dans
l'application des différentes règles. Ce qui est important, c'est de rappeler
les principes qui gouvernent cette fonction publique. Nous avons une loi de la fonction
publique pour éviter les écarts du
passé. Ils ont été nombreux. Nous
n'étions pas là à l'époque, Mme la
Présidente, mais, souvenez-vous,
élection rimait avec jobs à une certaine époque où un gouvernement congédiait tout le monde qui était
responsable, entre autres, de la voirie. Souvenez-vous la voirie, c'était un champ de prédilection. Le ministre
de la Voirie était sûrement l'homme le plus puissant du Québec,
ou la femme la plus puissante, mais à l'époque ce n'était malheureusement
presque que des hommes. Et donc cette personne-là avait le loisir d'engager qui il voulait, et cela conduisait à des situations
qui étaient navrantes. En même temps, on livrait même des frigidaires,
souvenez-vous. C'était la grande époque d'une politique autrement.
Et
heureusement la société québécoise a tourné le dos à ces façons de faire. Et la Loi de la fonction
publique est venue confirmer que ce que nous souhaitions, c'était avoir
une fonction publique… et je ne représenterai pas chacun des critères, mais évidemment non partisane,
impartiale, loyale mais non partisane. Et comment on peut illustrer
cette non-partisanerie, c'est justement à l'intérieur des principes de dotation… pas des principes,
mais des règles de dotation, mais aussi, évidemment, sur le maintien des
employés dans leurs fonctions.
Et
je tiens à rappeler, Mme la
Présidente, que cette loi n'a pas
pour effet de garantir un emploi à quelqu'un
toute sa vie. Il a pour effet plutôt de lui assurer de ne pas être déplacé ou
d'être littéralement congédié pour des motifs purement partisans, Mme la
Présidente. Et il faut absolument se garder de ces travers. Les événements
actuels nous confirment d'ailleurs, ce qu'on voit devant la commission, que nous avons la chance de disposer d'une fonction publique… Sans être à l'abri de gestes ponctuels et isolés de certaines personnes,
nous sommes à l'abri de systèmes organisés qui auraient pour effet de priver, oui, les soumissionnaires, mais les citoyens
en général, d'une recherche d'intégrité. Ce qu'on voit
à travers toutes les révélations actuelles, c'est que notre préoccupation que
nous avions à l'époque, et que nous conservons aujourd'hui, a eu des effets
positifs dans le temps, et de mettre à l'abri la vaste majorité de la fonction
publique quant à des écarts de comportement qui sont condamnables et pour
lesquels la commission Charbonneau d'ailleurs
fait un travail assidu. Ce qui s'est passé, même, à Montréal, à Laval est pour
nous un exemple à ne pas suivre.
Maintenant…
Et j'ai eu la chance de rencontrer d'ailleurs le directeur général de la ville,
M. Lamontagne; je suis convaincu que
nous sommes sur la bonne voie, à Montréal, pour ramener la confiance et ramener
l'intégrité. Et j'ai eu d'ailleurs la
chance de rencontrer aussi le maire Blanchard, à qui j'ai assuré de toute ma
collaboration. Je l'ai assuré que nous allions collaborer ensemble pour
faire en sorte que la ville de Montréal soit bien équipée pour faire face aux
événements qui se sont produits dans les dernières années mais aussi ceux à
venir. Parce que tout n'est pas terminé, Mme la Présidente, nous avons encore
des recours à exercer et à punir les coupables.
• (12 heures) •
Alors, cette loi, elle est simple. Elle se veut
simple dans son application, mais évidemment elle comporte son langage et sa réalité. Et elle doit s'inscrire
dans les principes que je viens de vous indiquer par rapport à l'indépendance et la non-partisanerie de la fonction publique, et à
préserver cette fonction publique de l'arbitraire, donc que ce soit des
gestionnaires, évidemment des politiciens, mais des gestionnaires aussi. Et je
pense que c'est un bon équilibre.
Ma collègue
l'ancienne présidente du Conseil du
trésor avait déposé, au mois de mai, je pense,
2012, un projet de loi qui n'a pas été… qui n'a pas trouvé son
aboutissement. Nous avons repris les grands principes, avec certaines
modifications, suite à des consultations que nous avons eues avec les
différents groupes représentés, entre autres, évidemment, les cadres et le Syndicat
de la fonction publique, ainsi que les professionnels, et le résultat auquel
nous sommes arrivés est très satisfaisant.
La Commission de la fonction publique, qui est névralgique dans ce cas-ci, est venue en
commission parlementaire témoigner de son appréciation quant au projet de loi et à sa teneur. Et elle appuie les principes du projet de loi, comme chacun des groupes qui est venu en commission
parlementaire. Nous avons eu les différents syndicats ainsi que
l'Alliance des cadres de la fonction publique. Ils sont venus témoigner de
l'urgence d'agir.
Donc, ce que
nous avons aujourd'hui, c'est une volonté unie par les membres, par les
syndicats représentant les membres de la fonction publique, par
l'alliance des cadres, par les professionnels. Nous avons unité dans la
fonction publique, évidemment, la haute fonction publique, pour modifier le
processus de dotation. Et cette unité, elle est aussi à l'Assemblée nationale.
Donc, suite aux discussions que nous avons eues aux représentations en commission
parlementaire, chacun des groupes a manifesté son intention d'aller de l'avant
rapidement dans ce projet de loi.
Puis je tiens
à remercier mes collègues le député de Laporte et le député des
Chutes-de-la-Chaudière pour leur appui,
leurs questions, leur intérêt et leur accord à procéder dans des délais
corrects, là, mais assez rapides pour faire en sorte de moderniser notre loi et s'assurer de simplifier le processus
d'embauche dans la fonction publique, tout en étant convaincu que nous
serons donc plus concurrentiels, qu'on va faciliter la tâche aux citoyens qui
veulent faire carrière au gouvernement, qui
veulent faire carrière dans la fonction publique. Autrement dit, nous aurons la
faculté maintenant, à l'avenir, en général, d'être capables de rattraper
ceux et celles qui, actuellement, nous filent entre les doigts pour des raisons
qui sont correctes. On a, des fois, des cas particuliers de personnes appelées
suite à des qualifications, des années après
avoir passé ces qualifications. Ils ont déjà occupé deux ou trois emplois dans
d'autres secteurs. Ils sont à l'emploi, et il n'y a plus aucun intérêt
d'être dans la fonction publique. Pourtant, ça aurait pu être des candidats de
grande valeur à cette époque.
Nous y
ajoutons certaines modifications, entre autres au niveau du greffe, qui était
une revendication historique, et nous lui avons donné suite. Il y a eu
plusieurs représentations des ministères et organismes quant au processus. Nous
en avons tenu compte dans les dispositions.
Donc, le nouveau processus sera… Les volontés
exprimées par le projet de loi feront en sorte que le nouveau processus de
qualification, bien, il sera plus simple, mais ça sera un processus qui est
continu. Et ça, c'est important à rappeler. Donc, on va réaliser des affichages
et des inscriptions en continu et on procède au fur et à mesure aux
vérifications d'admissibilité, aux évaluations puis aux nominations, tout ça en
conservant, Mme la Présidente, un processus
rigoureux au niveau de l'embauche, en respectant les principes que je vous ai
édictés tantôt et qui sont issus de la
Loi de la fonction publique. Il n'y aura pas de passe-droit. Nous allons avoir
des façons de faire qui seront conformes aux principes de la loi.
Le projet de
loi prévoit aussi des mesures pour attirer et fidéliser les étudiants et
stagiaires. Il y a aussi des mesures pour reconnaître les qualifications
de retraités au niveau de la fonction publique pour mieux baliser par rapport
aux besoins ponctuels qui pourraient y arriver. Parce qu'actuellement il y a
beaucoup de cas de figure, et nous souhaitons régulariser ces situations, donc,
et avoir une approche qui est uniforme en ce qui concerne, là, les retraités.
Nous avons eu des représentations d'un groupe au
niveau des… un groupe communautaire qui oeuvre ici, à Québec, par rapport au recrutement des personnes immigrantes, entre
autres au niveau des stages. Bien que ça ne se fera pas nécessairement
dans le cadre de la loi, les propositions que le groupe nous a faites seront
sûrement pertinentes pour améliorer la présence des immigrants dans la fonction
publique, bien que nous nous sommes améliorés, Mme la Présidente, mais le défi
reste encore réel, donc… entre autres dû à l'aspect géographique. Mais on me
dit, et sans rien enlever à votre beau
comté, Mme la Présidente... mais ceux qui quittent Montréal
pour venir à Québec, bien, ils restent à Québec.
Ils ne veulent pas retourner après, imaginez-vous. Alors, peut-être
qu'un jour ça va vous arriver, puis les gens d'Hochelaga-Maisonneuve
seront déçus de voir leur députée opter pour Québec — mais
nous, on peut en douter, Mme la Présidente, effectivement, dans votre cas. Mais ces gens nous ont témoigné
de leur appartenance et de leur inclusion dans la communauté, ici à Québec,
et ils en étaient bien fiers.
Donc, le défi
que nous avons, c'est de dépoussiérer et moderniser une dotation qui a été
héritée des années 60. Imaginez-vous, des années 60. Donc, c'est au
dernier millénaire, Mme la Présidente. Nous avons l'obligation d'agir maintenant,
d'agir rapidement, dans le contexte que nous connaissons.
Nous
procédons à l'article par article. J'invite mes collègues à avoir le même
intérêt. Il y avait la question des évaluations
complémentaires, mais je pense que mes collègues, ainsi que le député de Mont-Royal,
nous sommes tombés à peu près
d'accord sur la façon que nous allions procéder. Il y avait certaines
réticences, mais je crois que, par les directives,
par les règlements, nous rassurerons certaines personnes qui peuvent avoir des
doutes quant à l'application des normes
et des articles du projet de loi. Donc, il devrait se retrouver en parlementaire… il devra… ou il se retrouvera, pardon, Mme la Présidente, en commission
parlementaire avec la même facture qu'il avait lors de sa présentation, peut-être
une petite modification, et nous verrons au fur et à mesure. Mais de ce qu'on a entendu, effectivement, je crois que nous avons touché juste. Et, quand je dis «nous»,
ce n'est pas moi.
Donc, ce projet de loi a été préparé et présenté, pensé, réfléchi par les gens de la fonction publique, comme c'est souvent le cas, et je tiens à les remercier, à les
féliciter de leur travail, parce que ce qu'on a vu en commission, c'est un
travail juste, un travail qui a été salué par tout le monde. Donc, entre autres,
Mme Roy, Denise Roy, qui avait la responsabilité de piloter cette réflexion et ce projet de loi, elle a fort bien fait son travail, et je l'en félicite. Ce projet de loi, c'est le sien, c'est le
leur. C'est ceux qui s'occupent de ressources humaines au Conseil du trésor,
mais c'est ceux qui s'occupent de ressources humaines dans l'ensemble des
ministères et organismes du gouvernement. Alors, merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Poirier) : Merci, M. le ministre. Alors, avant votre intervention, Mme la députée de Laporte, je vous informe qu'un
débat de fin de séance se tiendra aujourd'hui sur une question posée hier par Mme la députée de La Pinière à M. le
ministre responsable de la région de Montréal
concernant les coupures dans les infrastructures du gouvernement
péquiste… qui fera payer l'annonce de la ligne bleue par les contribuables.
Alors, Mme la députée de Laporte, je vous cède
la parole.
Mme Nicole Ménard
Mme Ménard : Merci,
Mme la Présidente. Alors, c'est avec beaucoup
d'intérêt que je prends la parole concernant le projet de loi n° 41, Loi modifiant la Loi sur la fonction publique
principalement en matière de dotation des emplois.
Alors, ce projet de loi, Mme la Présidente,
aborde l'instauration d'une banque de personnes qualifiées, les modifications
au processus de dotation des emplois, le délai des procédures, les conditions
d'embauche entourant le retour d'un retraité
par exemple, la durée probatoire d'un employé, pour ne nommer
que ceux-là, des éléments qui méritent qu'on s'y attarde rigoureusement,
et je reviendrai plus amplement sur certains points.
Comme le ministre
et président du Conseil du trésor l'a mentionné, le projet de loi a été repris, et
nous en sommes très heureux. Mon
ancienne collègue Mme Michèle Courchesne avait déposé, en juin… en
mai 2012, pardon, le projet de loi et, en juin 2012, avait déposé une
stratégie de gestion des ressources humaines, qui était intitulée Une fonction
publique moderne au service des Québécois, et naturellement le
projet de loi, comme je viens de vous le mentionner, pour modifier la loi actuelle et mettre en œuvre certaines mesures de la
stratégie. D'ailleurs, des consultations ont été menées afin d'arriver avec le dépôt de certains aspects de
cette stratégie. Les enjeux principaux sont la disponibilité de la main-d'oeuvre, la pérennité aussi et
l'évolution de l'expertise et l'agilité dans les façons de faire.
• (12 h 10) •
Alors, Mme la
Présidente, en tant qu'élus nous avons la chance et le grand privilège de
compter sur une fonction publique compétente qui est au service de
l'intérêt public. Une des meilleures, j'en suis convaincue. Alors, les défis afin de conserver une fonction publique de qualité sont nombreux, alors il importe aujourd'hui de faire face à ces défis. Lorsque le cadre législatif actuel a été adopté, il y a plus de 30 ans, le Québec était dans
une tout autre situation démographique et sociale. À l'époque, les
baby-boomers entraient massivement sur le marché du
travail.Aujourd'hui, il est
temps de rafraîchir ce cadre législatif.
En fait, Mme
la Présidente, Statistique Canada prévoit que,
d'ici 2016, il n'y a plus assez de nouveaux travailleurs pour combler tous les départs, sans compter que
nous sommes déjà dans un contexte de pénurie,alors tout le contraire de la réalité d'il y a trois décennies, alors que
l'employeur pouvait se référer à un bassin de main-d'oeuvre abondante.
Face à ce changement démographique important, la fonction publique doit
s'assurer d'attirer des travailleurs, et des
travailleurs de qualité.
Puisque ce phénomène est propre à l'ensemble du
marché du travail, la compétition est féroce, la relève est courtisée de toutes parts. La fonction publique
doit s'ajuster, à l'instar des autres
employeurs. Le processus d'embauche qui prévaut actuellement est
complexe, long et peu attirant. Bien que les conditions de travail, autant les
avantages sociaux que la sécurité d'emploi,
soient intéressantes, les étapes pour joindre la fonction publique québécoise
découragent souvent les candidats potentiels.
Alors, Mme la
Présidente, ce projet de loi revoit le processus et prévoit des mesures pour
l'assouplir et réduire les délais de
comblement d'emploi pour s'assurer
avant tout de ne pas perdre des candidats de qualité aux mains du
secteur privé, de la fonction publique fédérale
ou face à l'attrait d'exercer en tant que travailleur autonome.
D'ailleurs,
dans la stratégie, on peut se référer à un sondage, réalisé en 2009 auprès de la population, qui révèle que la fonction
publique québécoise se classait au cinquième rang parmi les choix d'employeurs.
D'autre part, décrocher un emploi peut prendre de trois à 12 mois. Dans ces
conditions, un futur employé a le temps de se voir offrir un autre poste
ailleurs. C'est
ce que révèle une consultation menée par le Forum des jeunes de la fonction
publique québécoise, où 70 % des
répondants ont attendu plus que trois mois, et près du quart, plus d'un an avant de décrocher un emploi.
Alors,
cette situation ne peut perdurer. C'est pourquoi éliminer les nombreux concours est une bonne avenue et proposer
un processus simplifié de qualification tout en s'assurant de la qualité de la
démarche s'avère nécessaire. En procédant
ainsi, les avantages seront nombreux, tant au niveau
du processus de traitement d'une candidature qu'au
temps d'attente pour le candidat. De plus,
il est important de favoriser
l'attraction et la fidélisation des stagiaires pour s'assurer de compter, au sein de la
fonction publique, une relève qualifiée. En assurant d'alléger le processus
d'embauche à ce niveau également, les chances sont plus probables de
maintenir ces jeunes à l'emploi.
Dans
le cadre de ce projet de loi, on questionne également le processus de
rémunération, toujours dans l'optique
de ne pas perdre les meilleures candidatures au profit des autres employeurs.
Il est suggéré de revoir cet aspect et de tenir en compte des années
d'expérience et de scolarité du candidat. En ce moment, la rémunération est
établie selon les exigences du poste.
Un
autre élément qui soulève des interrogations dans le processus qui prévaut
actuellement est celui de devoir s'inscrire
à plusieurs concours pour des emplois qui se ressemblent. Le projet de loi
n° 41 propose de mettre en place
une banque de personnes qualifiées qui permettra aux autorités des différents ministères
de se référer à un seul endroit pour combler un poste.
D'autre
part, les défis de la gestion des ressources humaines ne se limitent pas qu'à
celui du manque de relève. Sujette à
des départs massifs à la retraite, la fonction publique doit se préoccuper du
maintien de l'expertise et du transfert du savoir. Finalement, la fonction
publique ne peut se passer des
opportunités offertes par les nouvelles technologies et doit
saisir ces occasions d'augmenter l'efficience de son offre de service.
Mardi
le 24 et mercredi le 25 septembre, deux journées de consultations particulières ont été tenues, et
nous avons entendu, par exemple, le
syndicat des professionnels du gouvernement du Québec, le Syndicat de la
fonction publique et parapublique, l'Alliance des cadres de l'État, la
Commission de la fonction publique, et le service que le ministre a mentionné tantôt, qui était très intéressant, le
Service d'orientation et d'intégration pour immigrants au travail du
Québec. Il y a d'autres mémoires aussi qui
ont été déposés, par exemple le Forum des jeunes de la fonction publique
québécoise.
Alors, je tiens, Mme
la Présidente, à remercier tous ces intervenants qui ont participé à la
consultation sur le projet de loi n° 41
pour la qualité de leurs exposés et surtout d'avoir pris le temps de
l'analyser, d'analyser le projet et de faire
des recommandations. Ils ont tous contribué à une meilleure compréhension du
dossier. J'aimerais aussi remercier tous les membres de la commission et
le ministre pour les échanges constructifs que nous avons eus. Concernant les intervenants, j'aimerais souligner que tous sont
favorables à cette modernisation de la loi, tout en se questionnant et
en nous faisant part de certaines
préoccupations sur les différents articles du projet de loi. Encore une fois,
je tiens à les remercier pour leur précieuse collaboration.
Mme
la Présidente, l'étape suivante sera d'étudier le projet de loi article par
article. Nous serons donc en mesure d'analyser
plus en profondeur chaque élément et de prendre en compte certaines
recommandations. Deux points majeurs du projet de loi présenté en 2012
ont été retirés, soit la période probatoire de six mois existant dans la
présente loi et qui proposait de passer à 12
mois, et la création d'un poste de dirigeant principal des ressources humaines
pour la fonction publique au sein du Secrétariat du Conseil du trésor.
Alors, je suis convaincue, Mme la Présidente, que nous serons en mesure
d'échanger, de discuter afin de comprendre le pourquoi de ces retraits de ces
deux éléments et, bien sûr, d'arriver à un consensus.
Alors,
en conclusion, en attirant les talents, en maximisant les services offerts, en
minimisant la gestion, la fonction publique
québécoise sera à même de mieux servir les Québécois. Bref, la fonction
publique doit se démarquer et prouver qu'il
est un employeur de choix et de premier plan. Mme la Présidente, le ministre et
président du Conseil du trésor peut compter sur notre entière
collaboration pour mener à bien l'étude du projet de loi n° 41, Loi
modifiant la Loi sur la fonction publique principalement en matière de dotation
des emplois. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme Poirier) : Merci, Mme la députée. Alors, je reconnais
maintenant le député de Chutes-de-la-Chaudière.
M. Marc Picard
M. Picard :
Merci, Mme la Présidente. Nous en sommes maintenant à l'étape d'adoption du
principe du projet de loi n° 41. Il est
vrai que nous avons eu de très bonnes consultations. Nous avons rencontré les
différents groupes syndicaux,
l'Alliance des cadres aussi, et un groupe qui s'occupe de l'immigration de la
région de Québec. Et c'est vrai aussi
qu'il y avait un très bon climat et, je pense, c'est le climat que nous
devrions toujours avoir pour faire avancer le Québec.
C'est vrai que nous
avons une fonction publique qualifiée, compétente, et, si nous voulons la conserver,
nous devons attirer les meilleurs, les meilleurs, pour qu'ils puissent
s'épanouir dans leurs fonctions.
• (12 h 20) •
Si je reprends les
notes explicatives, c'est vrai que c'est un projet de loi pas très volumineux.
Ce n'est pas un projet de loi qui va faire
les médias, mais c'est un projet de loi important. C'est la suite ou c'est… je
vais prendre la… disons que c'est la suite du projet de loi n° 72
qui avait été présenté par le gouvernement précédent, qui a été quelque peu modifié, mais il faut l'adopter assez
rapidement pour éviter de reprendre… Comme, tantôt, M. le ministre disait,
la dernière réforme date des années 60, là.
On n'en fait pas… On ne fait pas de réformes fréquentes, donc il faut
prendre le temps aussi de le faire correctement, mais je suis assuré que ça va
bien se passer.
Deux
petits points, Mme la Présidente. Le projet de loi remplace les notions de
concours et de liste de déclaration d'aptitudes par des notions de
processus de qualification et de personnes… et de banque de personnes
qualifiées. Le point… Ça, il n'y a pas eu de
discussion majeure ou d'accroc des différents témoins, des différentes
personnes qui sont venues nous
présenter leur… nous faire leur représentation. Mais, lorsqu'on parle que le
projet de loi habilite le Conseil du trésor
à établir différentes règles, je comprends qu'on ne peut pas les prévoir dans
le règlement… dans la loi, excusez, Mme la Présidente, sauf que tout le
monde a dit : C'est bon, mais on ne sait pas comment ça va être appliqué.
Je pense qu'on va avoir des bonnes
discussions pour s'assurer que tout va se passer correctement. Et je suis
assuré qu'on va trouver un terrain d'entente pour qu'on puisse aller
rondement, mais tout en travaillant de façon très rigoureuse.
En terminant, je vous dirais tout
simplement… je tiens à remercier toutes les personnes qui ont témoigné. Et,
tout comme ma collègue de Laporte, j'ai bien
aimé la présentation du Service d'orientation et d'intégration pour
immigrants au travail de Québec, mais j'ai aussi retenu d'eux, et il va falloir
que le président du Conseil du trésor trouve une solution... Ils nous disaient
que, dans la fonction publique, les gestionnaires ont une certaine crainte pour
engager des immigrants. Il faut essayer de briser ce malheureux constat.
Donc, je termine
là-dessus, Mme la Présidente. Et, moi aussi… notre groupe parlementaire, nous
sommes favorables et nous voulons procéder rapidement. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Poirier)
: Merci, M. le député des
Chutes-de-la-Chaudière. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? M. le
député de Louis-Hébert.
M. Sam Hamad
M.
Hamad : Merci, Mme la Présidente. Nous sommes aujourd'hui à
l'étude du principe de la loi n° 72, la Loi modifiant la Loi sur la fonction publique principalement en matière de
dotation des emplois. Mme la
Présidente, pourquoi sommes là aujourd'hui pour discuter de ce
projet-là? C'est dans le contexte d'aujourd'hui, Mme la Présidente, où, d'ici cinq ans, on va manquer de la main-d'oeuvre
au Québec. Et on continue… Même aujourd'hui, il y a des entreprises qui
cherchent de la main-d'œuvre, elles n'en trouvent pas. Premier élément.
Deuxième élément, Mme la Présidente, vous
savez, une bonne partie du budget du gouvernement du Québec va pour payer les
ressources humaines.Troisièmement,
une bonne qualité des ressources humaines démontre évidemment la responsabilité
et démontre aussi l'importance de livrer des bons services, des
excellents services aux citoyens, que les citoyens, ils n'attendent pas moins
que ça.
Alors,
dans ces trois éléments-là, nous constatons que, comme gouvernement responsable
et comme membres de l'Assemblée
nationale, nous devons agir à ce niveau-là afin de : premièrement,
faciliter l'accès des citoyens du Québec à la fonction publique; deuxièmement, aider à obtenir… encourager les jeunes
ou les personnes qui veulent changer d'emploi de venir postuler sur des postes à la fonction publique et que la fonction
publique devienne attirante, Mme la Présidente; et troisièmement, c'est
qu'aujourd'hui… Dans les années 80, où le contexte économique était difficile,
puis il y avait moins d'emplois pour le nombre de personnes qui cherchent,
c'était facile d'attirer des gens en fonction publique. Aujourd'hui, dans le
contexte que nous avons, la compétition est très forte avec tous les autres
intervenants, soit les entreprises, soit les autres fonctions qu'il n'y a pas
nécessairement directement en fonction publique, mais ce qui fait… les hôpitaux
et d'autres institutions qui sont en compétition directe sur la meilleure
main-d'oeuvre.
Évidemment,
comme gouvernement, nous devons… comme membres de l'Assemblée nationale, nous
devons obtenir… donner les chances à des
citoyens du Québec et… pour avoir la meilleure main-d'oeuvre, pas seulement
l'avoir, mais évidemment maintenir ses
compétences et avoir… Et, je peux vous le dire, Mme la Présidente, pour avoir
occupé cinq ministères au gouvernement du
Québec, je n'ai aucun doute de la qualité de notre main-d'oeuvre dans la
fonction publique. Et, pour avoir vu d'autres fonctions publiques ailleurs au
Canada, je suis très confortable de dire que notre fonction publique au Québec,
c'est une des meilleures au Canada. La loyauté, la compétence et la volonté de
servir la population... Vous savez, dans
Emploi, Solidarité, il y avait comme… pour travailler dans ce ministère-là,
pas juste avoir les compétences, il
faut avoir un cœur, il faut être généreux pour aider les citoyens qui sont dans
la misère, qui viennent rencontrer les
gens dans ce ministère-là. Donc, ça prend des qualités, ça prend des
compétences, mais ça prend la volonté de servir, aussi.
Et
j'ai eu l'honneur, Mme la Présidente, en 2001, dans le gouvernement du Parti québécois… dans le temps, le président du Conseil du trésor et le gouvernement
voulaient renouveler la fonction publique et ils ont fait appel à un comité de
l'extérieur de la fonction publique, gouvernement du Québec, pour faire un
rapport sur les façons qu'on peut amener au gouvernement pour renouveler la fonction
publique. J'ai eu l'honneur de présider ce comité-là et, dans les recommandations que nous avons amenées dans ce temps-là au gouvernement, il y en a… Plusieurs sont là, ici, Mme la Présidente.
En
fait, tout le monde a constaté que la dotation, le principe de
dotation des ressources humaines est compliqué, est long. Et, je me
souviens, on a fait une visite dans le Conseil du trésor, à Montréal, où ils
nous montraient toutes les banques de C.V.
qu'ils recevaient et les concours qu'ils faisaient. C'était complexe, ce
n'était pas évident de permettre d'obtenir
rapidement une ressource qu'on a besoin pour le moment même.
Si on met 12 mois ou plus que 12 mois pour passer à travers le processus,
bien là les besoins, peut-être qu'on n'en a plus besoin dans 12 mois. Donc, ça
ne donne rien, faire ce processus-là.
Cependant,
il faut toujours garder un processus transparent. C'est
là qu'on a les contraintes. D'un côté, c'est la vitesse de répondre à la demande; de l'autre côté, bien, il y a
un processus aussi de transparence, d'équité et d'indépendance.
Parce qu'on ne commencera pas à faire le patronage d'aller dire, sous le
prétexte qu'on est pressés, qu'on va aller chercher nos amis à gauche et à
droite.
Et je pense que… Moi,
je fais confiance à la fonction publique de trouver le processus de dotation
qui permet d'accélérer, faciliter,
simplifier la dotation pour répondre aux besoins et trouver les meilleurs qui
peuvent répondre aux besoins, en même temps tout en respectant la
transparence, l'équité, et aussi permettre aux gens de communautés culturelles, par exemple, d'avoir accès. Et on sait que le nombre de communautés culturelles n'augmente pas rapidement dans la fonction
publique. Je ne me rappelle pas les chiffres, mais, je pense, on était à 2 %,
à 5 %, ce qui... on regarde la proportion de communautés culturelles au
Québec, c'est 15 %. Donc, on n'a pas le même pourcentage.
Je pense, des genres de... de cette loi-là
permet, je pense, d'atteindre ces objectifs-là en mettant en place... Et surtout aussi, quand j'ai dit, encore une fois,
qu'une bonne partie des dépenses sont reliées aux ressources humaines,
si nous avons les meilleures ressources humaines,
automatiquement on va améliorer, on va augmenter la productivité, mais aussi la qualité des services rendus. Et,
dans un contexte de… contexte budgétaire difficile, bien, on demande
plus à nos employés. On demande plus aux
employés de la fonction publique de donner du temps, mais aussi de livrer un
produit important. Et le citoyen est de plus en plus exigeant. Il a raison, le
citoyen, d'être exigeant. Quand il fait appel au gouvernement… aux services gouvernementaux, bien, il attend d'avoir un
haut standard de services. Pourquoi? Parce que, d'abord, le citoyen a
payé des impôts pour ça, il paie pour ça puis il attend que le gouvernement lui
livre les meilleurs services.
Donc, donner
priorité, s'occuper de nos ressources humaines dans le gouvernement, c'est
important. Et une loi… ici, quand je regarde les compositions de cette
loi, en fait, c'est le processus de dotation, c'est la notion de concours, la
liste de déclaration d'aptitudes, donner le pouvoir au Conseil du trésor,
établir des différentes règles applicables au nouveau
processus de dotation. Donc, c'est toujours des éléments qui vont dans le sens
que : comment on peut faire ça d'une
bonne façon, d'une vitesse assez raisonnable, mais en obtenant la meilleure
qualité de ressources humaines que nous avons besoin.
Et, vous savez, Mme la Présidente, dans un
contexte aussi que la jeune génération aujourd'hui — et je l'ai constaté quand j'étais ministre de l'Emploi et de
la Solidarité, en parlant des entreprises — c'est une génération qui exige
beaucoup plus, puis avec raison, d'ailleurs, d'exiger.
Je me
souviens, quand j'ai fini mes cours à l'université, Mme la Présidente, le
salaire, les conditions n'étaient pas importants.
Ce qui était important dans mon temps, c'est trouver un emploi puis commencer à
travailler. Parce que, je me souviens, dans ma cohorte de finissants,
bien, il n'y avait pas tout le monde qui avait une job en finissant. Il y avait
du monde qui a pris du temps pour trouver
une job. Aujourd'hui, ils finissent l'école puis, heureusement pour eux, il
y a des emplois offerts, il y a... plus facile, et il y a une exigence,
évidemment, plus longue et plus... plus importante, c'est-à-dire. Ils ont
raison d'exiger, mais il faut que l'employeur s'adapte aussi. Puis, en même
temps, il faut que la jeune génération — je ne sais pas, on est rendus
à X, Y — elle
s'adapte davantage aux besoins du marché.
• (12 h 30) •
Le gouvernement ne peut pas rester inconscient
des conditions du marché, puis on ne peut pas être, aussi, inconscients comment les besoins des jeunes
aujourd'hui pour accéder à des
défis... Alors, il faut leur donner des défis intéressants et il
faut donner aussi une qualité de vie, mais, en même temps aussi, il faut exiger
un niveau de services de haute qualité.
Alors, pour faire ça, on ne pouvait pas rester avec les mêmes méthodes qu'on
avait il y a 20 ans, il
y a 10 ans, il y a
15 ans. Le marché du travail évolue d'une façon très rapide, et les exigences… il faut
s'adapter au marché du travail, il faut s'adapter au contexte actuel de
notre main-d'oeuvre.
Et il y a la dotation, Mme la
Présidente, et il y a la formation aussi. Et, la formation, c'est important
d'aussi maintenir le niveau de connaissance, le niveau de connaissance de notre fonction
publique parce que
la technologie avance rapidement
et surtout dans des secteurs où on a besoin... la façon de faire peut changer,
soit dans l'ensemble des ministères. Il y
a l'évolution, la technologie, le savoir-faire, les méthodes de travail, la gestion de ressources humaines, la gestion. Alors
donc, il faut quand même maintenir ce niveau-là.
Et l'autre
élément qu'il faut peut-être travailler dans cette loi-là ou au Conseil du trésor, c'est préparer la relève, parce que le départ à la retraite est
énorme, on a un vieillissement de la fonction publique qui est majeur. Et donc
la moyenne d'âge, si je me souviens bien, était entre 45 et 50. Et, lorsqu'on
parle de retraite à 55, bien, on en a une bonne partie qui ont donné, puis
c'est à leur tour de prendre leur retraite.
Mais
préparer la relève. Donc, il faut déjà identifier les personnes qui désirent être des
cadres, des gestionnaires et travailler
avec ces gens-là pour les amener à se préparer plus rapidement
qu'on pense. Vous savez, je reviens encore 20, 30 ans en arrière. Il y a
30 ans, il y avait… vous savez, devenir cadre, ça prenait du temps. Aujourd'hui,
bien, avec le contexte, c'est une opportunité pour les jeunes d'accéder à des
postes de responsabilité plus rapidement. Mais, pour accéder à ces postes-là, évidemment, il faut qu'ils soient préparés, qu'ils soient
motivés, qu'ils soient encadrés et surtout qu'ils soient guidés dans
leur processus pour arriver à ces postes-là.
L'autre élément, pour terminer là-dessus, Mme la
Présidente, c'est que le marché du travail est tellement compétitif que les salaires, évidemment,
et les conditions sont compétitifs, et il y a une augmentation… on voit qu'il y a une augmentation des revenus ou
des salaires, le salaire moyen a augmenté. Et donc le gouvernement ne peut pas aussi…
pour attirer la meilleure main-d'oeuvre, il faut qu'il soit compétitif. Alors, il
n'y a pas juste le salaire, selon moi — c'est une opinion personnelle — il y a aussi les conditions de travail
autour, il y a le milieu du travail que nous avons. Et je pense qu'ici
il y a plusieurs collègues, s'ils couraient après juste le salaire, bien je
pense que ce n'est pas nécessairement la place pour ça ici, il y en a ailleurs
qu'on peut faire plus.
Mais il y a aussi toute la motivation — la
même chose pour les employés de l'État — il y a la motivation, les
conditions de travail, le milieu de vie. Et aussi, surtout, moi, ce que j'ai
toujours trouvé important pour moi, mais je pense
qu'il y a plusieurs jeunes qui pensent la même chose, c'est «qu'est-ce qu'on
fait?», c'est la motivation de réaliser des choses, et, je trouve, j'ai
toujours trouvé, moi, c'est une belle place, dans la fonction publique, de
faire des grandes affaires, faire des bonnes
choses. Et des grandes affaires, c'est la suite des petites affaires qu'on peut
faire à tous les jours, qui amènent à réaliser des choses qui touchent
la vie, le quotidien de nos citoyens. Et ça, c'est important. Dans une entreprise privée, on peut faire des choses, mais
pas nécessairement toutes les choses qui touchent le quotidien de notre
citoyen. Alors, c'est une autre vocation.
Et
travailler dans la fonction publique, c'est au service du public, il faut avoir
la vocation de servir, de vouloir servir,
de vouloir répondre, c'est un service à la clientèle. On sait pertinemment,
aujourd'hui, que les entreprises privées, quand elles ont un mauvais service à la clientèle, bien, pour elles, c'est un
désastre parce qu'il y a une perte de clientèle. On a vu une publicité d'une compagnie d'assurance où le
responsable... Ils montraient, dans cette publicité-là, que le
responsable des plaintes, bien son bureau est vide, pour
démontrer comment cette entreprise-là répond aux attentes de ses clients. La même chose pour le gouvernement, la même chose
pour la fonction publique, on doit répondre aux attentes et on doit
satisfaire notre clientèle, et l'esprit client est très important. Et je n'ai
aucun doute aussi, parce que je l'ai vécu dans les ministères ou les 22 organismes que j'ai eu la chance de diriger, on
avait ce sens-là, le sens de service, soit à la Société de l'assurance
automobile, la Régie des rentes, la CSST, Hydro-Québec et d'autres sociétés
d'État où le service à la clientèle, il est important, il est majeur parce que
c'est là que le citoyen démontre ses besoins.
Alors,
moi, je trouve que cette loi-là va dans ce sens-là. Et évidemment l'application
de la loi, c'est... Il faut adopter des lois, mais il faut l'appliquer,
Mme la Présidente, pas juste l'adopter, mais l'appliquer aussi d'une façon
qu'on permet à notre gestionnaire d'avoir la
flexibilité, en même temps, d'avoir la transparence et la rigueur pour amener
une ressource humaine de qualité, de haut standard et surtout aussi motiver nos
ressources humaines à rester avec nous, à travailler fort puis donner leur
maximum.
Vous
savez, l'objectif d'un employeur est que son employé soit heureux,
mais aussi qu'il soit productif, qu'il soit motivé puis qu'il donne son meilleur, parce que, lorsque nous avons
le meilleur de notre ressource humaine, bien je pense qu'on atteint l'objectif d'une organisation, c'est-à-dire
l'efficacité, c'est-à-dire la rigueur et aussi la productivité, puis aussi que
le citoyen sente que ses taxes sont à la bonne place, sont utilisées pour
rendre service à nos citoyens.
Mme
la Présidente, aussi on voit dans la
loi que la loi… le projet de loi
prévoit la nomination, au sein du secrétaire du Conseil du trésor, d'un dirigeant principal des ressources humaines
et détermine ses principales fonctions. Vous savez, c'est mon expérience
de gestion avant de faire de la politique, si vous voulez avoir des résultats,
première chose à faire, c'est nommer un
responsable. Et, ce responsable-là, vous allez s'assurer que vous avez un
compte rendu, vous avez quelqu'un qui
suit les choses, est capable rapporter les résultats, est capable d'être mesuré
puis évidemment est évalué pour atteindre l'objectif que nous avons.
C'est bien beau faire la loi, puis dire : On
va faire un système de cotation, mais, si on n'a pas la reddition de
comptes pour quelqu'un qui nous dit où on
est rendus, qu'est-ce qui arrive, où sont les problèmes, voici les solutions,
puis quels sont les défis, puis comment on va atteindre nos objectifs,
et quel est le calendrier pour ça, bien ça ne donne rien d'en parler, juste parler. Puis, je pense, l'objectif,
ce n'est pas juste parler, l'objectif, c'est réaliser, puis atteindre les
objectifs, puis avoir des résultats, puis avoir une reddition de comptes.
Alors, ça, c'est un pas aussi de l'avant qui est bon, qui est très positif, Mme
la Présidente, d'avoir un responsable, une équipe responsable qui va nous
permettre de, d'ailleurs, transmettre, en premier lieu, les objectifs qu'on veut
atteindre, et permettre à cette équipe-là de l'atteindre, et nous donner les
résultats, et évidemment, s'il y a des problèmes en cours de route, qu'on les
sache pour qu'on puisse les régler et les avancer.
Il
y a aussi un représentant du Conseil du trésor au comité paritaire conjoint
pour les agents de la paix, ça, je pense que c'est une demande à part. Lorsqu'on fait des lois, de temps en temps
on essaie de régler d'autres problèmes en même temps. Je pense, ça fait
partie de d'autres problèmes. Et aussi le projet de loi apporte également des
modifications concernant la gestion et les
responsabilités confiées à la Commission de la fonction publique, notamment
l'habilitation expressément à offrir aux parties de la médiation. Et enfin le
projet de loi apporte des modifications aux dispositions pénales et prévoit des
dispositions de nature technique, transitoire et de concordance.
Alors,
ce projet de loi, Mme la Présidente, comme ma collègue l'a mentionné, a
commencé sous la responsabilité de mon ancienne collègue Mme Courchesne.
Et je me souviens, puisque j'ai siégé, j'étais comme vice-président au Conseil
du trésor pendant plusieurs années, et j'ai vu l'évolution de ce projet de loi
pour l'atteinte des objectifs. Et, dans le temps, j'ai été très heureux de voir
que nous posons ce geste-là qui est important, qu'on était dus de le faire. Et là, aujourd'hui, bien, je trouve, pour être
dans un esprit très constructif, je trouve que le gouvernement pose un
bon geste. Il reprend, il amène des
modifications. Peut-être que ces modifications-là sont nécessaires, sont
justifiées, parce qu'on évolue avec le temps. Peut-être que les besoins,
aujourd'hui, sont un peu plus différents — probablement que c'est le cas — qu'il y a un an. Et aujourd'hui le
gouvernement pose un geste dans la même direction que nous avons posé.
Vous
comprendrez, Mme la Présidente, que nous sommes d'accord avec le principe de ce
projet de loi et nous voulons
l'application du projet de loi le plus rapidement possible, parce que, dans le
fond, là, la première personne touchée, c'est les personnes qui vont
être embauchées dans la fonction publique. La première personne touchée, c'est
les citoyens qui attendent de nous de leur livrer les meilleurs services.
Merci.
• (12 h 40) •
La Vice-Présidente (Mme Poirier) : …Louis-Hébert. Je cède maintenant
la parole à la députée de La Pinière.
Mme Fatima Houda-Pepin
Mme
Houda-Pepin : Merci, Mme la Présidente. Alors, je voudrais
joindre ma voix à celle de mes collègues, notre porte-parole en matière
de Conseil du trésor, et le député de Louis-Hébert, et tous les autres
collègues qui se sont prononcés sur ce projet de loi n° 41, Loi modifiant
la Loi sur la fonction publique principalement en matière de dotation des
emplois.
Alors, bien qu'il
s'agisse d'un projet de loi, somme toute, technique, qui a été initié par la
fonction publique elle-même, ce projet de
loi est important, car il touche à l'ensemble de la politique d'embauche du
gouvernement, et ce, dans l'ensemble des ministères et organismes
gouvernementaux. Et les notes explicatives de ce projet de loi, Mme la
Présidente, nous indiquent qu'il y a quand même beaucoup d'aspects qui sont
très intéressants et importants.
On lit, dans ces
notes explicatives, que le projet de loi apporte diverses modifications à la
Loi sur la fonction publique. Le projet de loi prévoit des modifications au processus
de dotation des emplois afin de permettre qu'un candidat qui participe à un processus
de qualification dans le cadre d'un appel de candidatures à durée déterminée ou
indéterminée puisse être nommé à un emploi dès le moment où il est déclaré
qualifié.
Le projet de loi remplace les
notions de concours et de listes de déclaration d'aptitudes par les notions de
processus de qualification et de banques de personnes qualifiées.
Le
projet de loi habilite le Conseil du trésor à établir
différentes règles applicables au
nouveau processus de dotation des
emplois et à prévoir un processus de qualification particulier pour les
personnes qui ont occupé un emploi d'étudiant ou de stagiaire. Il lui accorde également le pouvoir de déterminer les
conditions permettant à des retraités d'être nommés de nouveau pour une durée déterminée sur la base
de leur classement antérieur. Le projet de loi précise aussi la
possibilité pour le sous-ministre ou le dirigeant d'organisme d'effectuer une
évaluation complémentaire avant de procéder à la nomination d'une personne.
Le
projet de loi confère au Conseil du trésor le pouvoir de fixer des normes pour
le classement des fonctionnaires.
Le
projet de loi confie au président du Conseil du trésor la responsabilité, donc,
de nommer des représentants du Conseil
du trésor aux comités paritaires et conjoints pour les agents de la paix et de
requérir la convocation de ces comités.
Le projet de loi
confère également au président du Conseil du trésor de nouvelles fonctions en
matière de gouvernance en gestion des ressources humaines.
Le
projet de loi apporte des modifications concernant la gestion et les responsabilités
confiées à la Commission de la fonction publique.
Et
enfin le projet de loi apporte des modifications aux dispositions pénales et
prévoit des dispositions de nature transitoire et de concordance.
Alors,
comme on le voit, Mme la Présidente, le projet de loi embrasse large. Ce qui
est heureux, c'est de constater qu'il
y a un consensus au sein de cette Assemblée, parmi les groupes parlementaires,
puisque ce projet de loi a été initié par l'ancienne présidente du Conseil du trésor sous l'ancien gouvernement et
il est repris avec quelques modifications par le présent gouvernement
par la voie de son président du Conseil du trésor.
Mme
la Présidente, la fonction publique québécoise, comme la fonction publique du
Canada, comme la fonction publique de
l'ensemble des pays occidentaux sont face à des défis majeurs parce qu'il faut
mettre cela en parallèle avec la courbe démographique. Les sociétés
occidentales ont des courbes… règle générale, des courbes démographiques
descendantes, et nous, on n'y échappe pas.
Donc, notre population est de plus en plus
vieillissante, et notre force de travail, la population active, est de
moins en moins grande. Donc, cela exerce une pression très forte sur le marché
du travail et sur les fonctions publiques en particulier. C'est ce qui fait
dire à beaucoup de spécialistes que les sociétés occidentales sont face à un
défi colossal, celui du capital humain et
principalement la disponibilité de la main-d'oeuvre qualifiée pour relever les
défis des différents services publics. Par exemple, dans le domaine de
la santé, il y a plusieurs métiers qui sont actuellement en pénurie, que ça
soit les médecins ou les infirmières. Dans plusieurs métiers techniques ou
professionnels, il y a également ces problèmes de pénurie qui sont assez criants.
Également,
Mme la Présidente, nous sommes face à des changements majeurs, particulièrement
dans les valeurs chez les nouvelles
générations. Autrefois, lorsqu'on entrait dans un emploi, on y restait toute sa
vie parce qu'on voulait gravir les échelons un après l'autre et arriver
au sommet. Et on a protégé ce qu'on a appelé la sécurité d'emploi. De nos jours, moi, je le vois à partir de mes propres
enfants, leur principale préoccupation, ce n'est pas la sécurité
d'emploi, mais c'est le changement d'emploi.
C'est-à-dire, ils veulent butiner. Ils sont là, ils cherchent un emploi, ils
sont heureux pendant un certain
temps, ils s'épanouissent, puis tout d'un coup il faut qu'ils s'épanouissent
ailleurs. Alors, ça, ça pose un défi
pour des structures aussi importantes qu'une fonction publique, qui a ses
habitudes et qui a ses façons de faire qui sont ancrées depuis… au moins
depuis les 30 dernières années. Alors, ça, c'est un défi aussi extrêmement
important auquel font face toutes les sociétés qui ont des problèmes avec ces
nouvelles valeurs et qui doivent les gérer.
L'autre problème
aussi, c'est que, pendant des années, nous nous sommes établi des balises, par
exemple, par rapport à la retraite, et donc la main-d'oeuvre expérimentée, les
professionnels, les gestionnaires, quand ils quittent, à 65 ans, bien ils
partent avec leur expérience, et là il faudrait faire le pont entre les
générations, au sein de la fonction publique, pour justement transmettre cette
expertise et ne pas la perdre, soit par le mentorat soit par les stages, par
toutes sortes de formules, pour permettre, justement, que l'on ne perde pas au
change et que cette expérience reste dans la fonction publique et qu'elle
puisse nous servir.
Un des exemples que
je peux… sur lequel je peux parler en tant que porte-parole de l'opposition
officielle en matière de transports, c'est
de voir la situation à l'intérieur du ministère des Transports. Ce ministère se
vide année après année par ses
meilleures expertises, des ingénieurs qui s'en vont au privé. Bien entendu, il
y a toutes sortes de motivations, toutes
sortes de raisons. Mais le fait est que ce ministère perd beaucoup de ses
ressources. Et il faudrait que l'on soit en mesure de les garder, de consolider, justement, de les fidéliser et de
pouvoir s'appuyer sur cette expertise pour pouvoir la transmettre aux
nouveaux qui rentrent à l'intérieur de la fonction publique.
Je
voudrais, Mme la Présidente, mettre l'accent sur un des aspects qui me
préoccupe particulièrement et qui me motive
à prendre la parole sur ce projet de loi n° 41. Comme vous le savez, je
suis députée de La Pinière, une circonscription majoritairement
francophone, mais c'est aussi une circonscription cosmopolite. J'ai 70
communautés culturelles différentes. J'ai
les Nations unies, Mme la Présidente, dans ma circonscription. Et donc moi, ces
jeunes que je vois aller au cégep,
que je vois aller à l'université, par après j'apprends : bon, bien, ils
sont partis travailler ailleurs. Et ça, pour nous, c'est une perte colossale en capital humain. Ça, c'est des
jeunes qui sont nés ici ou qui sont arrivés ici très jeunes, qui ont étudié dans nos institutions, dans nos
écoles, dans nos cégeps, dans nos universités, qui connaissent le
Québec, son histoire, sa culture
institutionnelle, sa culture du marché du travail. Et en plus, Mme la
Présidente, ils sont minimalement bilingues, sinon multilingues. Et on
sait très bien que notre économie à nous, au Québec, est une économie qui
dépend beaucoup de l'exportation, qui est une économie ouverte au monde. Et on
perd ces ressources-là.
Et
là je regarde la… J'ai tiré ça du site du Secrétariat du Conseil du trésor ce
matin. Alors, comme vous le savez, pendant
les années 80, le gouvernement fédéral avait mis beaucoup d'accent sur
l'équité en matière d'emploi. On a adopté une loi sur l'équité en matière d'emploi, puis une
politique sur l'équité en matière d'emploi, puis des programmes sur
l'équité en matière d'emploi. Et à l'époque on avait identifié quatre groupes
cibles qui étaient sous-représentés sur le marché
du travail, à savoir les femmes, les membres des minorités visibles ou des
communautés culturelles, les personnes handicapées et les anglophones…
et les autochtones, pardon. Alors, nous, au Québec, on a suivi également, on a
adopté des programmes.
Je vous lis un programme et des mesures pour les
membres des communautés culturelles, par exemple. Ça, c'est un programme
d'accès à l'égalité. On a même adopté une charte des droits et libertés dont
une de ses composantes porte justement sur
les programmes d'accès à l'égalité. Alors, que dit le programme d'accès à
l'égalité pour les communautés culturelles, selon le Conseil du trésor?
Il dit que le programme d'accès à l'égalité pour les personnes membres des communautés culturelles doit représenter 25 %
d'embauche, atteindre 25 % d'embauche dans la fonction publique,
25 %. On est, selon les données que
j'ai vérifiées récemment, à moins de 2 %. Donc, nous avons un déficit
énorme à combler.
• (12 h 50) •
Je ne jette le blâme sur personne, mais je fais un
constat dramatique, un constat dramatique de voir qu'on n'est pas capables d'aller chercher ces compétences formées
chez nous, diplômées chez nous et qui s'en vont travailler soit aux États-Unis, ou ailleurs au Canada, ou même
ailleurs en Europe. Alors, il y a un problème d'inadéquation, il y a un
problème majeur dans la façon qu'on adopte des politiques ou qu'on met de
l'avant des programmes et que le Conseil du trésor,
qui présente aujourd'hui le projet de loi, est en mesure de constater tout
comme moi qu'on ne les respecte pas. Il y a réellement un problème, et
un problème sérieux.
Donc, j'interpelle le président du Conseil du
trésor et je lui dis en toute honnêteté et sincérité, parce que, sur ce projet de loi, on n'est pas là pour faire,
personne, de la partisanerie politique : On a un déficit majeur à combler.
Le projet de loi va passer bientôt en commission parlementaire pour
l'étude article par article. Alors, je l'invite à introduire un amendement pour
qu'on puisse combler ce déficit-là.
Ce n'est pas… Ça ne se justifie pas, ça ne
s'explique pas. Il faut vraiment adopter des mesures, Mme la
Présidente, qui soient concrètes, applicables, pour qu'on puisse aller, par
exemple, dans les universités faire la promotion de la fonction publique du
Québec et dire aux jeunes : Venez! L'armée canadienne le fait. L'armée
canadienne va dans les universités, les
cégeps et elle dit aux jeunes : Venez dans l'armée. Alors, si l'armée
canadienne est capable d'inviter les jeunes
à aller se faire tuer, est-ce qu'on peut les inviter à venir travailler? Est-ce
que vous imaginez l'impact que ça peut avoir
sur notre jeunesse issue de l'immigration, des jeunes qui sont des Québécois à
part entière, qui sont très compétents mais qu'on laisse aller parce
qu'il n'y a pas réellement, Mme la Présidente, de volonté politique?
Ce ne sont pas nos lois, ce ne sont pas nos
politiques, ce ne sont pas nos programmes, nos papiers sont remplis de ça, ce qui nous manque, ce sont les résultats. Et
moi, aujourd'hui, j'invite le président du Conseil du trésor à saisir
cette occasion, parce que ça fait
30 ans qu'on n'a pas fait de réforme des politiques de dotation. Est-ce
qu'on peut saisir cette occasion et
de dire : Bon, allez-y par un amendement au projet de loi, de façon à ce
qu'on puisse ouvrir notre fonction publique
à notre diversité pour l'accueillir et surtout de profiter de ces compétences
qu'on est en train de perdre? Et on ferait d'une pierre deux coups, trois coups. On maintiendrait les gens ici, on
pourrait les envoyer en région, et ainsi de suite.
Alors, Mme la
Présidente, c'était le sens de mon intervention. Et je vous interpelle tous,
les collègues, parce que c'est une question qui ne touche pas que la députée de
La Pinière. Mais je me fais la porte-parole de tous ceux et celles qui ont
cette préoccupation pour vous dire : Il est temps d'agir, et pas agir dans
le sens de mettre de l'avant de nouvelles politiques ou de nouveaux programmes,
c'est le temps d'agir pour modifier notre législation, pour la rendre applicable au contexte dans lequel nous
vivons. Parce que, moi, ça me fait vraiment, Mme la Présidente, mal de
savoir que le jeune que j'ai vu grandir, qui est allé à l'université, qui est
devenu médecin, quand je rencontre sa mère, elle
me dit : Ah, il est parti à Toronto, travailler à Toronto! Puis, quelque
temps après, je demande : Comment va la madame, la maman? On me
dit : Ah, elle a suivi son fils à Toronto! Bien, c'est ça, l'affaire.
C'est qu'il faut qu'on les garde, ces
gens-là. Il ne faut pas qu'ils aient une attraction vers Toronto ou vers
l'Ouest canadien. Il faut qu'ils aient une attraction pour la ville de
Québec, où se trouve la fonction publique.
Et j'interpelle ici la Commission de la fonction
publique, le président du Conseil du trésor. Il y a des changements majeurs
à changer dans les façons de faire, dans les processus de dotation. Et, si on
se donne des objectifs, Mme la Présidente, il est temps qu'on commence à les
respecter. Merci de votre attention.
La Vice-Présidente
(Mme Poirier) : Merci. Merci, Mme la députée de
La Pinière. Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
Mise aux voix
Le principe du projet
de loi n° 41, Loi modifiant la Loi sur la fonction publique principalement
en matière de dotation des emplois, est-il adopté?
Des voix
:
Adopté.
La Vice-Présidente
(Mme Poirier) : Adopté. M. le leader du gouvernement.
Renvoi à la Commission des finances publiques
M.
Traversy : Merci, Mme la Présidente. Après une intervention aussi fougueuse, qui
caractérise évidemment la députée de La Pinière, je ne peux pas en rester là et je ferai donc
motion pour que le projet de loi
n° 41, Loi modifiant la Loi sur la fonction
publique principalement en matière de dotation d'emplois, soit déféré à la
Commission des finances publiques pour la tenue de l'étude détaillée.
Mise aux voix
La
Vice-Présidente (Mme Poirier) : Est-ce que cette motion est
adoptée? Adopté.
M. le leader du gouvernement.
M. Traversy : Mme la
Présidente, je dois aussi vous faire une confession en cette Chambre. J'ai
pensé aussi faire une motion 105, mais, comme nous n'avons pas fini nos
travaux, je vous demanderais de suspendre jusqu'à 15 heures afin que nous
puissions revenir en pleine forme.
La Vice-Présidente (Mme Poirier) :
Alors, je suspends nos travaux jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 56)
(Reprise à 15 h 1)
Le Vice-Président (M. Cousineau) :
Merci. Veuillez vous asseoir.
Alors, nous poursuivons nos travaux de ce
26 septembre. M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Traversy : Merci beaucoup, M. le Président. Pour la bonne
poursuite de nos travaux, je vous demanderais d'appeler l'article 1
de notre feuilleton.
Débats sur les rapports
de commissions
Prise en considération
du rapport de la commission
qui a procédé à des consultations particulières sur la
gestion du Centre hospitalier de l'Université
de Montréal par l'actuel directeur général
Le
Vice-Président (M. Cousineau) : Merci, M. le leader adjoint du
gouvernement. À l'article 1, l'article 1 du feuilleton, l'Assemblée prend en considération le
rapport de la Commission de la santé et des services sociaux qui, les 10 et 11 juin 2013, a procédé à des auditions
publiques dans le cadre de consultations particulières à l'égard de la
gestion du Centre hospitalier de
l'Université de Montréal par l'actuel directeur général. Ce rapport, qui a été
déposé le 14 juin 2013, contient cinq recommandations. Je vous
rappelle que, conformément aux dispositions de l'article 95 du règlement,
la prise en considération du rapport donne
lieu à un débat restreint d'au plus deux heures et qu'aucun amendement
n'est recevable. Je vous rappelle également
qu'en vertu du deuxième alinéa de l'article 95 ce débat n'entraîne aucune
décision de l'Assemblée.
Conformément
à ce qui a été énoncé antérieurement par la présidence, la répartition des
temps de parole dans le cadre de ce
débat s'effectue comme suit : 51 min 18 s sont allouées au
groupe parlementaire formant le gouvernement; 45 min 36 s sont allouées au groupe parlementaire formant
l'opposition officielle; 17 min 6 s sont allouées au
deuxième groupe d'opposition; six minutes sont allouées aux députés
indépendants. Dans ce cadre, le temps non utilisé par les députés indépendants ou par l'un des groupes
parlementaires sera redistribué aux groupes parlementaires en proportion
de leur représentation à l'Assemblée
nationale. Enfin, mis à part les consignes mentionnées précédemment, les
interventions ne seront soumises à aucune limite de temps.
Je cède maintenant la parole à M. le député de
D'Arcy-McGee.
M. Lawrence S. Bergman
M.
Bergman :
Merci, M. le Président. Vraiment, c'est un honneur de prendre la parole
aujourd'hui dans le cadre de la prise
en considération du rapport de la Commission de la santé et des services
sociaux en ce qui concerne la gestion du Centre hospitalier de
l'Université de Montréal par l'actuel directeur général.
M. le Président, le 23 mai 2013, les membres
de l'Assemblée nationale ont adopté à l'unanimité une motion relative à la gestion du Centre hospitalier de
l'Université de Montréal par l'actuel directeur général. La motion
prévoyait que la Commission de la santé et
des services sociaux tienne des consultations particulières afin d'entendre le
directeur général du CHUM, le ministre de la Santé et des Services sociaux et
toute autre personne que la commission voudrait entendre.
M. le
Président, la commission a tenu des auditions publiques les 10 et 11 juin
2013 et a entendu neuf personnes : premièrement, le député de
Jean-Talon, ancien ministre de la Santé et des Services sociaux; deuxièmement,
M. Guy Breton, recteur de l'Université
de Montréal; troisièmement, M. Alain Cousineau, président du conseil
d'administration du CHUM; quatrièmement, le ministre de la Santé et des
Services sociaux; cinquièmement, Mme Danielle McCann, présidente-directrice
générale de l'Agence de la santé et des services sociaux de Montréal;
M. Patrick Molinari, ancien président du
conseil d'administration du CHUM; M. Christian Paire, directeur général du
CHUM; M. Paul Perrotte, président du Conseil
des médecins, dentistes et pharmaciens du CHUM, et M. Ékram Antoine Rabbat, président-directeur général de la Fondation du CHUM. Je dois exprimer mes remerciements à toutes
ces personnes, qui ont bien préparé
leurs présentations devant la commission. Et c'étaient des échanges qui étaient
très fructueux, avec beaucoup
de respect, certainement, mais on a appris beaucoup pendant ces consultations
et avec ces personnes.
Les parlementaires reconnaissent le rôle prééminent que jouent les conseils d'administration, les agences et le ministère de la Santé
et des Services sociaux dans la gouvernance des établissements de santé et de
services sociaux. Nonobstant cette
«recognition», on a décidé... les parlementaires estiment qu'ils ont le devoir
d'être vigilants et de s'assurer que la gestion des fonds publics est
faite avec rigueur, transparence et dans le respect des lois. On a été
questionnés à quelques reprises pourquoi, à cause du fait que les conseils
d'administration, les agences et le ministère de la Santé et des Services
sociaux jouent un grand rôle dans la gouvernance des établissements de santé et
de services sociaux, l'Assemblée nationale a adopté cette motion et pourquoi la
commission a fait les audiences en question. Et on sait l'importance que nous
avons, chacun de nous ici, à l'Assemblée nationale. Nous avons une grande
responsabilité de s'assurer que la gestion
des fonds publics est faite avec rigueur, transparence et dans le respect des
lois. Et, si on ne fait pas ce mode
d'intervention, ce mode de consultation, alors on ne fait pas qu'est-ce qu'on
est ici pour faire, M. le Président.
M. le Président, les observations, conclusions
et recommandations étaient limitées aux cinq enjeux suivants :
1° le respect de la loi n° 100;
2° les contrats attribués sans appel
d'offres;
3° les
contrats et ententes de rémunération du directeur général avec le CHUM et avec
l'Université de Montréal;
4° le mandat de vérification… le mandat du
Vérificateur général du Québec; et
5° les climats d'organisation.
M. le
Président, tout au long de ces auditions, nous avons tenu compte des nombreuses
controverses rapportées dans les
journaux et on a estimé que des questions sérieuses et importantes devaient
être posées, car, à la fin de la journée, les organisations publiques
sont imputables devant le Parlement, de qui ils reçoivent leurs crédits
budgétaires, et certainement nous, les parlementaires, on est redevables devant
le public.
Nous avons fait cinq recommandations, comme
suit :
1° que
le conseil d'administration du CHUM vérifie la légalité de la rémunération du
directeur général, notamment par rapport à une portion qui aurait pu
être versée par la Fondation du CHUM, et, le cas échéant, qu'il prenne les
mesures qui s'imposent;
2° que
la rémunération globale, les fonctions et le contrat d'emploi des cadres
supérieurs des établissements de santé soient
rendus publics dans les rapports annuels et dans le site Internet, et que tout
autre rémunération, fonction et contrat découlant d'un autre lien d'emploi soit également rendu public, alors, encore, M. le Président, pour avoir la transparence;
• (15 h 10) •
3° que le conseil d'administration du CHUM
s'assure que l'évaluation de son directeur général soit faite annuellement, tel que prévu par la loi. On s'est rendu compte, pendant les
auditions, que ça n'a été pas fait dans l'année courante, alors on a
recommandé que ce soit fait annuellement, tel que prévu par la loi; et
4° que le rapport d'évaluation du directeur
général soit transmis par le conseil d'administration du CHUM au ministère de
la Santé et des Services sociaux; et
5° M. le Président, que le Vérificateur
général du Québec, dans son mandat de vérification au CHUM, porte une attention
particulière aux enjeux suivants : premièrement, les contrats accordés
sans appel d'offres, en particulier celui de M. Philippe Massat,
ainsi que le possible fractionnement de certains contrats; deuxièmement, la
dotation de postes de cadre sans demande
d'autorisation auprès du ministère; troisièmement, la rémunération du directeur
général depuis son entrée en fonction, dont
une portion aurait pu provenir de la Fondation du CHUM. Et c'était toujours une
grande question pendant les auditions, le processus de sélection qui a présidé
au choix du directeur général en 2009. Et aussi il y avait beaucoup de questions sur le processus de sélection qui été
fait par le CHUM en embauchant le directeur général.
M. le Président, en ce qui concerne cette
dernière recommandation, la commission, pendant les auditions, a appris du
ministre de la Santé et des Services sociaux que le Vérificateur général lui
avait fait parvenir une lettre, le 10 avril 2013, pour l'informer sur
le fait que la vérification habituelle des états financiers du CHUM serait
étendue pour procéder à une vérification portant sur la conformité aux
directives gouvernementales relatives à la nomination de titulaires de postes de direction, à l'adjudication de contrats de
services professionnels et à l'application de la loi n° 100. La
commission salue l'initiative du Vérificateur général dans ces matières.
Mais, M. le
Président, nonobstant les recommandations qui ont été faites par la commission,
je pense qu'on doit dire haut et
clair que la Centre hospitalier de l'Université de Montréal est un de nos
bijoux de notre société, au Québec. Le CHUM est un centre de référence
international en matière de santé dont la mission touche cinq volets
principaux : les soins et les services cliniques; deuxièmement,
l'enseignement; troisièmement, la recherche; quatrièmement, l'évaluation des
techniques et technologies, et des modes d'intervention en santé; et,
finalement, la promotion de la santé. Le
CHUM, M. le Président, est un centre hospitalier à la fine pointe dont on
a raison d'être, comme Québécois, très,
très fiers, où… C'est étonnant, M. le Président, mais il y a 10 000
personnes qui travaillent à cet hôpital, à ce centre hospitalier, pour accomplir les missions que j'ai
mentionnées. Alors, on doit aussi dire que les recommandations sont
faites dans une manière constructive par la commission. Ce n'est pas une
manière d'une critique contre le CHUM, mais vraiment des recommandations qui
sont faites dans une manière très, très constructive, et on sait qu'on peut
toujours améliorer une institution.
M. le
Président, la commission était préoccupée par le climat qui existe au sein du
CHUM. Nous avons constaté que les
relations sont difficiles entre certaines personnes qui occupent des postes
clés au CHUM. Ces relations tendues, avec des problèmes de communication
dans certains cas, mènent certainement à des problèmes, des problèmes qui ne
sont pas nécessaires,
des problèmes qu'on peut éviter, des problèmes qu'on peut résoudre sans
dépenser un sou, c'est seulement les relations entre quelques personnes
de haut niveau dans la structure organisationnelle du CHUM. Il me semble que
les solutions de ces problèmes sont simples et urgentes. Autrement, M. le Président,
on va avoir des impacts négatifs pour le CHUM, sur la mobilisation interne des équipes
et sur l'attraction et la rétention de la main-d'oeuvre. Et, vraiment, la main-d'oeuvre,
c'est la clé, la base de toute institution et certainement une institution
comme le CHUM.
M. le Président, il y a des problèmes d'harmonie entre les médecins et l'équipe de
gestion, et, sans amélioration de cette
problématique, on va mettre en cause le bon fonctionnement de l'établissement et la réussite du nouveau CHUM. C'était noté aussi, M. le
Président, dans la présentation qui a été faite à nous par M. Alain Cousineau,
président du conseil d'administration du CHUM, une présentation qui a été faite
à nous le 10 mai 2013, que, depuis sept ans, le CHUM atteint sa cible budgétaire.
Comme le dit M. Cousineau, et je le cite : «En matière de finances,
le CHUM est exemplaire.» Et certainement, dans les temps où c'est difficile de combler le budget, on doit vraiment
prendre connaissance de ce fait au CHUM.
Deuxièmement, on a aussi appris de M. Cousineau que le CHUM a renouvelé, en mai
dernier, son statut d'hôpital agréé
après la visite d'inspecteurs d'Agrément Canada, une organisation sans but lucratif et indépendante qui fournit aux hôpitaux, entre
autres, un processus d'examen externe mené par les pairs extérieurs afin
d'évaluer et d'améliorer les services offerts aux patients et aux clients selon
les normes d'excellence. Alors, avec des résultats de cette nature, on était vraiment
fiers.
Alors, M. le Président, je suis confiant que le CHUM va entreprendre des démarches pour suivre
les recommandations de la Commission de la santé et des services sociaux.
Merci.
Le
Vice-Président (M. Cousineau)
: Alors, merci. Merci, M. le
député de D'Arcy-McGee. Je cède maintenant la parole à la députée de Sainte-Rose. Mme
la députée.
Mme Suzanne Proulx
Mme Proulx : Merci,
M. le Président. C'est avec plaisir
que j'ai accepté de participer à ce débat restreint sur le rapport de la Commission de la santé et des services sociaux concernant les consultations particulières et auditions publiques sur la gestion du Centre hospitalier de
l'Université de Montréal par l'actuel directeur général, auditions tenues les
10 et 11 juin dernier. Il faut se rappeler que ce mandat a été réalisé
dans un contexte où la gestion du CHUM a été l'objet de plusieurs reportages dans les médias d'information. Nous avons été
interpelés, entre autres, sur le respect de la loi n° 100, le climat organisationnel et les conditions
salariales du directeur général. Tout en reconnaissant l'autonomie desgestionnaires du réseau de la santé et des
services sociaux, tant dans les conseils d'administration, les agences, que leministère de la Santé et des Services
sociaux, nous avons pensé qu'il était important que la direction du CHUM
rende des comptes aux citoyens du Québec.
Avec mes
collègues de la commission, nous avons donc entendu M. Yves Bolduc, député de
Jean-Talon, ancien ministre de la
Santé et des Services sociaux; M. Guy Breton, recteur de l'Université de
Montréal; M. Alain Cousineau, président du conseil d'administration du
CHUM; M. Réjean Hébert, ministre de la Santé et des Services sociaux...
Le
Vice-Président (M. Cousineau) : …attention de ne pas nommer les
députés ou les ministres par leur nom. C'est par leur titre, s'il vous
plaît. Merci.
• (15 h 20) •
Mme Proulx :
D'accord, M. le Président. Je disais donc le ministre de la Santé et des
Services sociaux; Mme Danielle McCann, présidente-directrice générale de
l'agence de la santé et des services sociaux; M. Patrick Molinari, ancien
président du conseil d'administration du CHUM; M. Christian Paire,
directeur général du CHUM; M. Paul Perrotte,
président du Conseil des médecins, dentistes et pharmaciens du CHUM; ainsi que
M. Ékram Antoine Rabbat, président-directeur général de la Fondation du CHUM.
À titre de parlementaires, alors que nous demandons à l'ensemble de la population de se serrer la ceinture, nous avons le devoir d'être vigilants et de nous
assurer que la gestion des fonds publics soit faite avec rigueur,
transparence et dans le respect des lois.
Bien que nous soyons tous et toutes conscients de l'importance qu'occupe le CHUM au coeur de la métropole montréalaise et que
nous reconnaissions sa raison d'être, que nous appréciions ses valeurs et sa
vision de la santé, nous nous devions
d'intervenir afin de maintenir la confiance des usagers dans cette institution renommée, d'autant plus qu'au
cours des ans les institutions qui le composent ont acquis leurs lettres de
noblesse et sont devenues des exemples pour tous les autres centres de
santé au Québec.
On se souviendra que le Centre hospitalier de
l'Université de Montréal est né de la fusion de trois hôpitaux où l'enseignement a toujours été une priorité,
soit l'Hôtel-Dieu, l'Hôpital Notre-Dame et l'Hôpital Saint-Luc. Le 1er
octobre 1996, à la suite de la signature
d'un protocole d'entente entre les représentants du gouvernement de la Régie régionale de la
santé et des services sociaux de Montréal-Centre, de l'Université de Montréal
et des trois établissements concernés, le CHUM a été officiellement
constitué.
La promotion
de la santé est une valeur importante pour notre gouvernement, tout comme pour
le CHUM. Elle s'inscrit à juste titre
au nombre des volets de sa mission. Le CHUM a même été accrédité en tant
qu'hôpital promoteur de santé par l'Organisation mondiale de la santé et participe aux activités du Réseau québécois
des établissements promoteurs de santé, le tout premier réseau régional
à s'être implanté hors des frontières de l'Europe.
C'est un centre de
santé à l'avant-garde du progrès qui a su se doter d'outils et de moyens pour
accroître sa capacité à développer et utiliser les nouvelles technologies. On y
a mis en place des initiatives pour aider les usagers à profiter d'un continuum de soins et on y a créé
une collection de documents d'information et d'éducation à la santé
grâce aux efforts de leurs experts. Ainsi, pour assurer que ses programmes
bénéficieraient d'une source de financement complémentaire au financement
public, en 1998, le CHUM a mis sur pied une fondation qui organise des
activités-bénéfice et recueille des dons
auprès des particuliers, de fondations privées et des entreprises.
Les contributions amassées sont utilisées pour acquérir des équipements
de pointe et pour appuyer des projets de recherche qui mèneront au développement de traitements novateurs. Elles
servent aussi à former la relève médicale et à soutenir la promotion de
la santé. D'ailleurs, la fondation
s'enorgueillit du fait que 100 %
de chaque don est versé au CHUM. C'est la direction du CHUM qui, chaque année, établit la liste des
priorités avec l'aide des chefs de départements. Cette liste est ensuite
transmise à la fondation, qui répond à ses
besoins par le biais d'activités toutes plus créatives les unes que les autres.
Par exemple, le docteur Alain Bouthillier, neurochirurgien au CHUM,
vient de participer à un camp d'entraînement en Bolivie pour se préparer à son
ascension du mont Everest, en avril 2014, pour ramasser des fonds pour
l'épilepsie. Ensuite, Ima, chanteuse reconnue, devient ambassadrice de la
deuxième édition du bal urbain présenté par le Comité de la relève ADN de la fondation. Ce sont 11 jeunes professionnels
qui font la preuve que la générosité n'attend pas le nombre des années
pour se manifester.
Il
y a aussi les valeurs sûres qui, année après année, rapportent des sommes
importantes : le dîner gastronomique, où les convives sont réunis
dans un lieu enchanteur, et la classique de golf, qui se joue sur un terrain
prestigieux, permet aux participants de
contribuer de belle façon à cette levée de fonds. Je m'en voudrais d'oublier
l'avant-première bénéfice du Salon de
l'auto de Montréal où, pour un montant appréciable, les mordus de l'automobile
peuvent profiter d'une visite
particulière. Les sommes ainsi amassées viennent elles aussi augmenter les
ressources disponibles pour la fondation.
Ces activités permettent donc au CHUM d'offrir encore plus de services à plus
de patients et nous rassurent quant à la capacité de ses médecins de
poursuivre leurs recherches.
Les témoignages
affluent de toutes parts pour signifier la satisfaction et la reconnaissance de
patients qui ont profité de soins, tant à l'unité
de grands brûlés qu'au centre intégré en cancer du sein, de radio-oncologie ou
encore au centre ambulatoire de
cardiologie. Toutes ces informations nous indiquent à quel point il était
important de bien examiner les enjeux
qui nous ont été soumis au cours de cette commission. C'est aussi la raison
pour laquelle nous avons fait preuve de diligence pour déterminer
comment nous devrions écrire notre rapport. Encore une fois, par respect pour
toutes ces personnes impliquées, nous
devions nous assurer que la gestion des fonds publics soit faite avec rigueur,
transparence et dans le respect des lois.
C'est pourquoi nous avons établi quatre recommandations qui, nous l'espérons,
seront mises de l'avant :
Recommandation
n° 1 : Que le conseil d'administration du CHUM vérifie la légalité de
la rémunération du directeur général,
notamment par rapport à une portion qui aurait pu être versée par la Fondation
du CHUM, et, le cas échéant, qu'il prenne les mesures qui s'imposent;
Recommandation n° 2 :
Que la rémunération globale, les fonctions et le contrat d'emploi des cadres
supérieurs des établissements de santé soient rendus publics dans les rapports
annuels et dans leur site Internet, et que tout autre rémunération, fonction et
contrat découlant d'un autre lien d'emploi soit également rendu public;
Recommandation
n° 3 : Que le conseil d'administration du CHUM s'assure que
l'évaluation de son directeur général soit faite annuellement, tel que prévu
par la loi;
Recommandation n° 4 : Que le rapport
d'évaluation du Directeur général soit transmis par le conseil d'administration
du CHUM au ministère de la Santé et des Services sociaux.
D'ailleurs, nous ne
sommes pas les seuls à avoir décelé des irrégularités, puisque nous apprenons,
dans La Presse de ce matin, que l'Agence de santé de Montréal
exige le remboursement d'une prime au rendement illégale. Permettez-moi,
M. le Président, de vous faire la lecture d'un extrait de cet article :
«L'Agence de santé de Montréal exige le
remboursement d'une prime au rendement illégale, qui a été versée pendant trois
ans au directeur général du Centre hospitalier de l'Université de
Montréal, [M.] Christian Paire.
«La Presse
a obtenu [...] une lettre envoyée au président du conseil d'administration du
CHUM, [M.] Alain Cousineau, dans laquelle l'agence somme les membres du
conseil d'administration de réviser rétroactivement la rémunération du
directeur général.
«Dans le cadre de la
loi n° 100, qui vise la réduction de la dette, il est interdit depuis 2010
de verser une rémunération basée sur le rendement d'une personne ou d'un
organisme du réseau de la santé.
«Le
CHUM a pourtant versé une telle prime à Christian Paire entre 2010 et 2013. Il
aurait fallu une autorisation spéciale de Québec, ce qui n'est pas le
cas.
«"Le
Conseil du trésor n'a jamais autorisé et n'autorisera pas cette rémunération
forfaitaire variable", peut-on lire dans la lettre signée par la
présidente et directrice générale de l'agence, [Mme] Danielle McCann.
«En août, lorsque les
membres du conseil d'administration du CHUM ont prolongé d'un an le mandat de
[M.] Christian Paire, qui arrive à échéance, ils auraient autorisé le
versement de ladite rémunération forfaitaire pour les périodes 2011-2012 et
2012-2013, précise la lettre.
«[La somme] à
rembourser s'élève à quelque 69 000 $ pour les trois dernières
années, confirme Vincent Lehouillier, directeur des affaires institutionnelles
et des ressources humaines à l'agence. "Nous demandons au conseil
d'administration de récupérer la somme qui a été versée en trop", a-t-il
déclaré à La Presse.»
Je terminerai, M. le
Président, en vous indiquant que, malgré le caractère exceptionnel de cette
audition des dirigeants du CHUM en vertu des règles de gouvernance du réseau de
la santé, cette commission était importante parce
que le centre, dont la gestion était remise en question, est considéré comme
l'un des plus grands centres hospitaliers universitaires du Québec. Les citoyens qui y ont recours peuvent être
fiers de leur CHUM. Malgré certains écarts, qui trouveront résolution
sous peu, j'en suis convaincue, le CHUM demeure un centre de formation
exceptionnel pour de nombreux médecins et
autres professionnels de la santé, possède une grande expertise clinique,
embauche des milliers d'employés et demeure un dynamique et prestigieux
centre de recherche. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M.
Cousineau) : Alors, merci, Mme la députée de Sainte-Rose. Je
cède maintenant la parole au député de La Peltrie. M. le député.
M. Éric Caire
M.
Caire
: Merci,
M. le Président. C'est un plaisir, d'abord,
d'intervenir sur cette prise en considération du rapport de la commission, une commission extrêmement importante et qui s'est démarquée par son caractère
exceptionnel. On l'a souligné à plusieurs reprises, M. le Président, il
est peu commun pour une commission de se pencher de façon aussi exhaustive sur
la gestion d'un des réseaux publics, dans ce cas-ci la gestion du CHUM.
• (15 h 30) •
Je m'en
voudrais de ne pas souligner l'apport de ma collègue de Groulx,
qui a quand même initié cette démarche-là en présentant la motion à l'Assemblée nationale et qui a été une des premières à lever le drapeau
rouge sur des éléments pour le moins troublants, qui ont été dénoncés,
comme l'a dit ma collègue, à maintes reprises dans les journaux. Je sais que, pour plusieurs collègues, cette
démarche-là était dérangeante parce
qu'effectivement l'Assemblée nationale se penchait sur la gestion, et
normalement… la gestion du réseau de la santé mais, dans ce cas précis là, du
CHUM, et normalement on laisse le soin aux administrateurs d'avoir une certaine
autonomie. Par contre, M. le Président, je pense qu'à situation exceptionnelle il doit y avoir des
mesures exceptionnelles. Et ce qui me rend fier pour l'Assemblée nationale,
c'est que les parlementaires ne se sont pas dédouanés de leurs responsabilités. Nous sommes imputables devant les Québécois des deniers que les Québécois
nous confient. Et, à ce moment-là, l'Assemblée
nationale, les parlementaires,
les députés de l'Assemblée nationale étaient pleinement justifiés de demander
au CHUM de rendre des comptes. C'est ce que nous avons fait, avec diligence.
M. le Président, j'ai parlé de faits troublants.
Je pense que c'est le moins qu'on puisse dire. Je m'en voudrais évidemment
de passer sous silence la décision qui a été rendue par la présidence pas plus
tard que ce matin, justement à la période des questions, où un des
témoignages qui a été rendu devant la commission a amené une situation qui, selon la présidence, à première vue, était un
outrage au Parlement. Le travail de la commission, le travail d'investigation, de
questionnement de la commission nous a permis de faire la lumière sur cette
situation-là très précise.
M.
Rabbat qui est venu affirmer à
plusieurs reprises devant les parlementaires qu'il n'était pas au courant que des montants de la fondation
avaient servi en rémunération supplémentaire pour le directeur général du CHUM,
bien aujourd'hui on se rend compte, grâce au travail de la commission, que c'était inexact; il le savait. Situation proprement scandaleuse, scandaleuse à sa face même parce qu'elle est illégale, parce qu'elle est interdite, scandaleuse parce qu'en plus le contribuable se voit
floué. On prend des sommes… Parce que, ma collègue le disait, quand on
contribue à une fondation, bien c'est parce
qu'on pense que cet argent-là va aller à améliorer l'hôpital, le sort des
malades, leur confort ou même les services
qui leur sont donnés, et non pas, et non pas à bonifier le salaire d'un
administrateur, qui gagne déjà très bien
sa vie, avec des deniers publics. Bien, le travail de la commission a permis de
mettre ça en lumière, M. le Président.
Des faits
troublants, parce qu'on apprend que M. Paire recevait 80 000 $ par
année de l'Université de Montréal pour
une prestation de services qu'il n'a jamais donnée. Puis je salue, d'ailleurs,
la décision du recteur de couper cette allocation-là.
Mais il n'en demeure pas moins que, pendant deux ans, M. Paire a touché
80 000 $ pour des services qui n'ont pas été rendus.
80 000 $, c'est pas mal plus que la plupart de ce que les Québécois
peuvent espérer gagner dans une année, M. le Président. Et ça, c'est encore un
petit extra.
Des faits troublants, M. le Président, parce que
la loi n° 100 n'a pas été respectée, n'a pas été respectée. Et le travail de la commission a permis de mettre ça en
lumière, M. le Président, sur le fait qu'il y avait une embauche
excessive de personnel cadre dans un contexte où on demande aux administrations
de réduire leurs dépenses, de réduire, de faire
plus avec moins. C'est ça, le contexte budgétaire dans lequel on est. Et
visiblement ce message-là n'avait pas été entendu par M. Paire. Il
n'était pas au courant. Bon, il y a un principe qui dit que l'ignorance de la
loi n'est pas une excuse, donc vous comprendrez qu'en aucun cas M. Paire ne
peut être excusé de cette situation-là.
Des faits troublants, M. le Président, parce
qu'on parle de fractionnement de contrats. Et là, en commission parlementaire,
M. Paire est venu nous vendre les services de M. Massat comme un grand expert,
un incontournable, et qu'à partir de là…
bon, un ami aussi, mais ça, ça ne devait pas être un élément dans sa décision,
certainement pas, voyons donc! Et donc ça, ça justifiait d'octroyer des
contrats de gré à gré. M. le Président, vous me permettrez d'avoir un profond désaccord avec M. Paire. Une fois
peut-être, deux fois, j'en doute, mais, à partir de trois fois, là, un instant!
Je crois qu'il y a certainement, au Québec,
des gens extrêmement compétents qui sont capables de faire le travail. Et, si
tant est qu'on doive en former, qu'on les forme, mais, de là à se livrer à du fractionnement
de contrats pour accommoder un ami, on est loin, on est très loin du
service… de la prestation de services aux citoyens. M. Paire dit : Je
ne savais pas. Je le rappelle, l'ignorance de la loi n'est pas une excuse.
M.
le Président, des faits troublants, parce qu'on apprend encore ce matin que
M. Paire touchait une bonification de son salaire, une prime au
rendement, ce qui, depuis trois ans, est parfaitement illégal, parfaitement
illégal. Alors, encore là, l'ignorance de la
loi ne peut pas être une excuse. Comment se fait-il que M. Paire ait reçu
ces bonifications? Donc, M. le Président, un ensemble de faits
extrêmement troublants qui auraient dû éveiller la suspicion de tous ceux qui
étaient en autorité dans ce dossier-là. Et, quand on remonte dans le temps,
bien la conclusion à laquelle on doit en arriver, c'est qu'il y a, au minimum,
eu un manque de vigilance.
Et
je reviens à mon point initial, je crois que, dans cette situation-là,
l'Assemblée nationale était particulièrement justifiée de se pencher sur ces questions-là. Parfaitement justifiée, et
en plus, M. le Président, je dirais que les événements récents nous
donnent raison parce que, depuis que la commission a siégé, depuis que la
commission a entendu les différents témoins dont on a fait l'élaboration tout à
l'heure, il appert qu'il y a une recrudescence de la vigilance des administrateurs autour du dossier du CHUM. Et donc
M. Paire a eu une évaluation, ce qui avait fait défaut l'année précédente. On demande à M. Paire de
rembourser les bonifications salariales auxquelles il n'avait pas droit au vu
de la loi, alors qu'on les lui a
accordées, maintenant on lui dit : Woup! finalement, on s'est trompés, on
n'avait pas le droit de te les
donner, voudrais-tu nous rembourser? Donc, une recrudescence de la vigilance,
tant mieux. Tant mieux. Mais non seulement
ça, M. le Président, mais maintenant on se penche, au niveau de l'agence de
santé, on se penche sur l'embauche de certains cadres et d'une certaine
rémunération qui aurait été faite en conséquence, en se disant : Ça non
plus, ça ne respecte pas les lois du Québec.
Donc,
M. le Président, depuis que la commission s'est penchée sur cette question-là,
depuis que l'ensemble des intervenants
du dossier du CHUM savent que l'Assemblée nationale les a à l'œil, bien il
semblerait que tout le monde a eu un
éveil, une conscience plus grande qu'il y avait un sapristi de problème au
CHUM. Et, quand ma collègue dit que le CHUM, c'est le projet en santé,
c'est vrai. Mais, vous savez, M. le Président, j'ai eu, dans une autre vie,
l'occasion d'occuper d'autres fonctions à
l'Assemblée nationale et malheureusement je dois dire que le projet du CHUM
nous a assez rarement donné des
occasions de se réjouir. Le projet du CHUM nous a plutôt habitués au
cafouillage, à l'improvisation, aux
délais exagérés, aux dépassements de coûts. Et aujourd'hui, à cette triste
liste, s'ajoutent, je dirais, des comportements inappropriés. Je vais
faire attention. C'est la mode de faire attention, je vais faire attention.
Alors que
plusieurs du Québec n'ont pas été respectées, alors que l'éthique de certains
intervenants dans ce dossier-là est pour le
moins vacillante, alors qu'il y a des mémoires qui ont visiblement été laissées
au vestiaire, bien je ne vois pas en
quoi le CHUM, encore une fois, va nous remplir de fierté. C'est dommage parce
que, là où je suis d'accord avec ma
collègue, ça devrait être le cas. Le CHUM devait être le vaisseau amiral du
réseau de la santé. Malheureusement, force est de constater qu'il s'est
échoué au moment même où on l'a lancé puis que, depuis ce temps-là, on n'est
pas capables de le ramener dans des eaux plus calmes. Et, de ce côté-ci de la
Chambre, on se questionne sur la capacité à M. Paire d'être cet amiral qui va
faire en sorte que le CHUM va effectivement prendre la place qu'il devrait
occuper.
• (15 h 40) •
M. le Président, j'ai
pris connaissance évidemment des conclusions, des recommandations qui ont été
faites dans le rapport qui a été déposé par
la commission; ma collègue en a fait état précédemment. M. le Président,
premièrement, je dois dire que j'adhère
évidemment à ces recommandations-là, je suis tout à fait d'accord, et ma
formation politique est tout à fait d'accord avec les recommandations et
les conclusions auxquelles en arrive la commission.
Ceci étant dit, je m'interroge sur le fait que
l'Assemblée nationale doive recommander au conseil d'administration de
procéder à l'évaluation du directeur général du CHUM alors que c'est prescrit.
Et, comprenez-moi bien, M. le Président, je
ne dis pas que cette recommandation-là n'a pas sa place, je m'interroge sur le
fait qu'on soit dans l'obligation de
faire cette recommandation-là parce que ça traduit un malaise. Ça traduit un
malaise. Comme parlementaire, comme citoyen
du Québec, quand je suis obligé de dire à quelqu'un : Pourrais-tu, s'il
vous plaît, faire ton travail?, ça m'interpelle. Je pense sincèrement
que des gens compétents n'ont pas besoin de se faire dire : S'il vous
plaît, pourriez-vous faire votre travail?
M.
le Président, une autre recommandation — ma collègue ne l'a pas mentionnée, donc je
me permets de le faire. Vous savez, le Vérificateur général est en
mandat au CHUM présentement. Cette recommandation qui lui demande de porter une
attention particulière aux enjeux suivants : les contrats accordés sans
appel d'offres, en particulier celui à M. Massat — j'en ai parlé — et le
fractionnement de certains contrats, la dotation de postes de cadre sans
demande d'autorisation au ministère et la rémunération du directeur général depuis
son entrée en fonction. M. le Président, je pense
effectivement que cette recommandation-là est tout à fait à propos parce
qu'elle est au cœur des faits troublants que nous avons mentionnés.
Et,
M. le Président, toutes ces recommandations-là touchent directement le
directeur général du CHUM, M. Paire, parce qu'au fond on demande au
Vérificateur général : Pourrais-tu vérifier la décision de M. Paire de
fractionner les contrats au bénéfice de son ami Philippe Massat? Est-ce qu'il y
a anguille sous roche? Parce qu'à première vue ça regarde mal. Soit dit en
passant, tant qu'à être là, les nominations aux postes de cadre, ça aussi, ça
regarde mal. Deux éléments qui relèvent
directement de l'autorité de M. Paire, vous en conviendrez, M. le Président.
Et, troisièmement, le salaire du
directeur général, ça aussi, ça soulève pas mal de doutes : Regarde donc
ça, voir, s'il n'y aurait pas anguille sous roche. Encore une fois, M.
Paire est en cause.
Alors,
M. le Président, des recommandations pour lesquelles on dit au conseil
d'administration : S'il vous plaît, pourriez-vous être vigilants et
faire votre travail et pour lesquelles on demande au Vérificateur
général : Pourriez-vous jeter un œil…
en fait, ce que je dis là est faux. Pourriez-vous scruter à la loupe le travail
de M. Paire et tout ce qui entoure sa rémunération? Parce qu'on a des
doutes, on a des gros, gros doutes.
Bien, M. le Président, je suis désolé, mais est-ce
que le lien de confiance est encore aussi fort? En fait, est-ce que le
lien de confiance est encore intact? Est-il brisé? On va laisser les gens faire
leur travail, bien évidemment. Mais vous comprendrez que ma conclusion concerne
le ministre de la Santé. Parce que ce que la commission dit, c'est qu'on pense que le conseil d'administration a manqué
le bateau puis on pense que M. Paire, il faut l'avoir en très, très
haute surveillance, à tel point qu'on demande au Vérificateur général de
l'enquêter. Et la commission a démontré qu'elle
avait pleinement… qu'elle était pleinement légitime d'intervenir dans ce
dossier-là et de faire ce qu'elle a fait par les auditions qu'elle a
faites et, oui, d'interférer dans l'administration du réseau de la santé. Mais,
aujourd'hui, je pense que le mandat de faire
ce suivi-là de surveillance, il repose maintenant sur les épaules de celui qui est le
mandataire du réseau de la santé, le grand responsable devant l'Assemblée
nationale de tout le réseau de la santé, et c'est-à-dire le ministre
de la Santé et des Services sociaux.
Il a le devoir, M. le Président, de s'assurer que ces recommandations-là sont suivies, que ceux
qui ont le mandat de décider au nom des citoyens et pour les citoyens
le fassent et que celui qui devrait être aux commandes du vaisseau
amiral qu'est le CHUM fasse en sorte qu'on arrête de parler du CHUM en mal et
qu'on commence enfin à en dire du bien.
Là-dessus, M. le
Président, je conclurai en disant que
le ministre de la Santé a tout un mandat sur les épaules et que, l'Assemblée
nationale, surtout de ce côté-ci de la Chambre, nous l'aurons à l'œil.
Le
Vice-Président (M. Cousineau) : Alors, merci, M. le député de La Peltrie. Je suis prêt maintenant à entendre
la députée de Jeanne-Mance—Sauvé.
Mme la députée.
Mme Rita de Santis
Mme de Santis : Merci,
M. le Président. Le Centre
hospitalier de l'Université de
Montréal, connu sous
l'acronyme CHUM, a été créé en 1996. Le CHUM
est formé de l'Hôtel-Dieu, de l'Hôpital Notre-Dame et de l'Hôpital Saint-Luc,
trois établissements situés en plein cœur de Montréal. Les activités des trois hôpitaux
seront regroupées dès 2016. Pour les fins des présentes, on appellera cela le
«Nouveau CHUM».
Le
Nouveau CHUM pose des défis immenses quant à l'harmonisation et à
l'optimisation des différents modes de fonctionnement de ses nombreux secteurs
d'activité. Il y a eu de longs débats politiques quant à son emplacement et, au
début, un manque de coordination et même de leadership. Mais, malgré tout cela,
la construction est désormais en cours.
D'après le site Web du CHUM, le Nouveau CHUM devrait être complété en 2020, et
la superficie du Nouveau CHUM est équivalente à celle de la Place Ville‑Marie
à laquelle on ajouterait 40 étages.
Déjà, le CHUM est l'un des plus grands centres
hospitaliers universitaires en Amérique du Nord. En plus d'accueillir la clientèle adulte de son territoire,
le CHUM reçoit des patients de partout au Québec dans les
spécialités où il possède une expertise
reconnue. Plus de 13 000
personnes sont au service des patients. Le 3 juillet 2008 — oui, 2008 — on
lit, dans Le Devoir, dans un article de Kathleen Lévesque, que — je
cite — «c'est
dans un climat de crise que le D.G. du CHUM,
le Dr Denis Roy, a remis sa [...] démission après six ans passés à la tête du
plus grand hôpital francophone du Québec». Elle continue et cite un
commentaire de Jean-Marie Dumesnil, du comité des usagers : «Un changement
de direction générale ne résoudra pas tout, mais ça prend une nouvelle
dynamique. Les problèmes sont nombreux et les divisions internes sont
importantes.»
M. Serge
Leblanc a assuré la fonction de directeur général pendant un an. Le 27 mai
2009, le conseil d'administration du CHUM a annoncé la nomination de
Christian Paire au poste de directeur général. Christian Paire avait occupé, depuis 2002, le poste de directeur
général du Centre hospitalier universitaire de Rouen. Composé de cinq
sites principaux, ce centre compte plus de 8 000 employés, dont plus de
800 médecins, et compte 2 500 lits.
Maintenant,
au printemps 2013, le CHUM a été l'objet de plusieurs reportages dans les médias
d'information. Ces reportages ont soulevé
des questions importantes concernant la gestion du CHUM, entre autres sur le
respect de la loi n° 100 et
quant à la loi visant le retour à l'équilibre budgétaire et la réduction de la
dette, qui prévoyait notamment la réduction des effectifs du personnel d'encadrement des établissements du réseau de la
santé et services sociaux ainsi que la réduction des dépenses de
fonctionnement de nature administrative. Les reportages ont aussi soulevé des
questions sur le climat organisationnel au CHUM et les conditions salariales de
M. Paire.
• (15 h 50) •
Le 23 mai 2013, la députée de Groulx a
présenté une motion à l'Assemblée nationale :
«Que la
Commission de la santé et des services sociaux tienne des consultations particulières
à compter du mercredi 5 juin
2013 sur la gestion du Centre hospitalier de l'Université de Montréal par
l'actuel directeur général et qu'à cette fin, la commission entende le
directeur général du CHUM, le ministre de la Santé et des Services sociaux
ainsi que toutes les personnes qu'elle jugera nécessaire de convoquer.» Cette
motion a été adoptée à l'unanimité.
Au
Québec, depuis la mise en place du système de santé et de services sociaux, en
1971, sa direction s'associe à une...
la direction du système de santé s'associe à une gouvernance partagée entre
trois paliers : central, régional et local. Aujourd'hui, le ministère de la Santé, c'est central; les agences, au
niveau régional; les regroupements d'établissements ou centres
hospitaliers, au niveau local.
Un centre hospitalier est doté d'un conseil
d'administration qui assume des responsabilités juridiques et administratives. La source d'autorité de ces
établissements est la législation qui les crée et la légitimité des processus
de désignation des membres des conseils
d'administration. D'après la loi en vigueur en 2009, le conseil
d'administration devait nommer le directeur
général. Depuis l'adoption, en 2011, du projet de loi n° 127, la Loi
visant à améliorer la gestion du réseau de la santé et des services
sociaux, le directeur général d'un centre hospitalier est nommé par le conseil
d'administration sur la recommandation d'un comité de sélection composé de cinq
membres, dont une personne désignée par le ministre et une désignée par
l'agence.
L'Association québécoise d'établissements de
santé et services sociaux, l'AQESSS, dans leur lettre en date du 27 mai 2012 au président de la Commission
de la santé et des services sociaux, soutient, je cite : «La Loi sur les
services de santé et les services sociaux a institué des conseils
d'administration qui sont responsables de la gouvernance des établissements. C'est le conseil d'administration
de l'établissement qui, avec l'accord de l'agence régionale et du
ministère, lors d'un comité de sélection, embauche le directeur général pour
assurer la gestion de l'établissement selon la planification stratégique, les
orientations et les priorités votées par son conseil d'administration. C'est
donc le conseil d'administration qui est l'instance décisionnelle en matière de
gouvernance d'un établissement de santé et de services sociaux.» Fin de
citation.
Je
veux assurer l'AQESSS et tous les autres intervenants qui ont soutenu le même
argument que — et ici
je cite le rapport de la commission en date de juin 2013 — «les
parlementaires reconnaissent le rôle prééminent que jouent les conseils
d'administration, les agences et le ministère de la Santé et des Services
sociaux dans la gouvernance des établissements de santé et de services sociaux.
Les membres de la commission tiennent à rassurer les gestionnaires du réseau sur le
caractère exceptionnel de ce mandat et à reconnaître leur autonomie dans la
gestion des établissements. Toutefois,
compte tenu des nombreuses controverses rapportées dans les journaux, les
députés ont estimé unanimement que des questions sérieuses et légitimes
devaient être posées et qu'il était important que la direction du CHUM rende
des comptes aux citoyens du Québec. Les parlementaires estiment qu'ils ont le
devoir d'être vigilants et d'assurer que la gestion des fonds publics est faite
avec rigueur, transparence et dans le respect des lois. Ils rappellent aussi
que les organismes publics sont imputables
devant le Parlement, de qui ils reçoivent leurs crédits budgétaires.» Fin de
citation.
Maintenant,
quant à la loi n° 100, dans leur mémoire, le comité exécutif du Conseil
des médecins, dentistes et pharmaciens du CHUM ont écrit que «le comité
exécutif du conseil craint[…], malgré un…» Et je cite : «…malgré un bilan
financier en équilibre, la loi n° 100 ne puisse être respectée — ils
craignent que la loi n° 100 ne puisse être respectée — et
que des coupures dans les soins aux patients soient potentiellement
inévitables.» Fin de citation.
Mais
le taux d'encadrement au CHUM est de 3,88 % comparativement à 4,16 %
pour les autres centres hospitaliers universitaires du Québec. Et il
faut se rappeler que le CHUM est en plein projet Nouveau CHUM. La présidente
directrice de l'Agence de la santé et des services sociaux de Montréal a
affirmé que le CHUM s'est conformé aux exigences
de la loi n° 100 en 2011‑2012 et que l'évaluation de la conformité en 2012‑2013
était attendue prochainement.
Quant
à la rémunération, la commission a formé cinq recommandations, dont deux
concernent la rémunération. On a appris,
pendant les auditions publiques, que le directeur général recevait une
compensation globale qui provenait de plusieurs enveloppes : le
salaire de base d'un directeur général, une prime de 53 000 $, une
allocation d'attraction de 100 000 $ approuvée par le Conseil du
trésor et 80 000 $ provenant de l'Université de Montréal.
Ici, je ne suis pas
tout à fait d'accord avec mon collègue de La Peltrie. Même le ministre de
la Santé, dans son témoignage, a affirmé que
les universités affiliées au centre hospitalier universitaire contribuent à la
compensation d'un directeur d'un hôpital universitaire, même s'il n'y a
pas de contrat formel entre le directeur général et l'université. Je cite le
ministre de la Santé et des Services sociaux : «Il est rare que, à ma connaissance,
et puis là je mets une réserve parce qu'il faudrait que je vérifie, mais ce que
j'en connais parce que, dans une autre vie, j'ai quand même été doyen d'une
faculté de médecine où il y avait un CHU également, il est rare qu'il y ait un
contrat en bonne et due forme entre le directeur général, en tout cas à ma
connaissance, et l'université. Habituellement, c'est une contribution de
l'université au salaire du directeur général.» Il continue : «…c'est une
contribution pour dédommager l'établissement du rôle de gestion universitaire
qu'accomplit le directeur général dans sa tâche.» Fin de citation.
Où
il y a un vrai problème, c'est qu'il semblerait que 30 000 $ des
80 000 $ payés par l'université parvenaient de la Fondation du
CHUM. On sait que l'article 274 de la Loi sur les services de santé et les
services sociaux stipule qu'il est interdit
à tout directeur général d'un établissement public, sous peine de déchéance de
sa charge, d'accepter un avantage direct ou indirect d'une fondation.
Parce que la
rémunération parvient de plusieurs enveloppes et qu'une partie,
30 000 $, semble être illégale, la commission a formulé une première
recommandation demandant au conseil d'administration du CHUM de vérifier «la
légalité de la rémunération, notamment par rapport à [la] portion qui aurait pu
être versée par la Fondation du CHUM, et, le cas échéant, [de prendre] les
mesures qui s'imposent».
La
transparence est une… Je recommence. La transparence est une caractéristique
essentielle de la communication en matière de rémunération. La
transparence est synonyme de clarté obtenue par l'ajout de détails pertinents.
Les contribuables veulent savoir comment leur argent est dépensé.
• (16 heures) •
Donc, la commission a formulé une deuxième
recommandation, étant, je cite : «Que la rémunération globale, les
fonctions et le contrat d'emploi des cadres supérieurs des établissements de
santé soient rendus publics dans les rapports annuels et dans leur site
Internet et que toute autre rémunération, fonction et contrat découlant d'un
autre lien d'emploi soient également rendus publics».
Maintenant,
quant à l'évaluation, la commission a
appris que le directeur général, pour toutes sortes de raisons, n'avait été évalué qu'une fois depuis son entrée
en fonction en 2009. L'évaluation devrait et devra se faire
annuellement. Pour cette raison, la commission a formulé une troisième et aussi
une quatrième recommandation : que, d'une part, le conseil d'administration s'assure que l'évaluation soit faite
annuellement et que, d'autre part, le rapport d'évaluation soit envoyé
au ministre de la Santé et des Services sociaux.
Nous avons
appris qu'en août dernier, après que le rapport de la commission sorte en juin,
les membres du conseil d'administration du CHUM ont procédé au prolongement du
mandat de l'actuel directeur général et que la décision a été unanime. Je
présume — et
j'espère que je présume correctement — que le conseil
d'administration a procédé à l'évaluation de son directeur général et que le
rapport d'évaluation a bien et bel été envoyé au ministre de la Santé et
Services sociaux.
Quant aux
demandes au Vérificateur général, lors des auditions, le ministre de la Santé
nous a confirmé avoir reçu une lettre du Vérificateur général l'informant qu'il
procédait à la vérification habituelle des états financiers du CHUM et à — je
cite — «une
vérification portant sur la conformité aux directives gouvernementales
relatives à la nomination de titulaires de
postes de direction, à l'adjudication de contrats de services professionnels et
à l'application de la loi n° 100».
Fin de citation. Considérant que, pendant les auditions, on a appris que
certains contrats ont été accordés sans appel d'offres et que, dans
certains cas, il aurait pu y avoir le fractionnement de certains contrats ou le
recrutement de cadres sans la demande d'autorisation auprès du ministère, comme
prévu dans la loi, la cinquième recommandation de la commission prévoit que le
Vérificateur général, dans son mandat de vérification en cours au CHUM, porte
une attention particulière à ces enjeux ainsi qu'à la rémunération du directeur
général et au processus de sélection qui a présidé à son choix en 2009.
Quant au climat organisationnel, la communication
est essentielle au sein d'une institution ou d'une entreprise et elle permet
de travailler en transparence tout en évitant les conflits et, parfois, les
situations de crise. Les entreprises et les institutions
qui se démarquent sont celles qui savent entretenir des bonnes relations de
travail avec et entre leurs employés. À défaut,
des situations conflictuelles peuvent engendrer des coûts importants, car elles
ont un impact négatif sur la
performance, l'absentéisme et la productivité. Quand des conflits surviennent,
il est important de procéder rapidement pour éviter que le conflit
s'envenime.
Le comité
exécutif du Conseil des médecins, dentistes et pharmaciens s'est plaint devant
la commission d'une intolérance de la direction générale face à des divergences
d'opinions et dans l'échange d'idées avec la base. C'est M. Paul Perrotte, le président du comité exécutif du conseil, qui
est venu témoigner devant la commission le 10 juin dernier. Dans son
mémoire, le comité exécutif du conseil a indiqué que ses préoccupations étaient
partagées par le Conseil des infirmières et infirmiers, entre autres. Le même
jour, la présidente du comité exécutif du Conseil des infirmières et infirmiers
a fait parvenir une lettre au président de la commission où elle écrit, je
cite : «La stratégie de division et de
manipulation exprimée par M. Paul Perrotte ne peut donc pas être partagée par
le Conseil des infirmières et infirmiers.» Fin de citation. En plus, M.
Paire a lui-même avoué que, même s'il continue d'aller tous les 15 jours à la table des chefs de département, il n'assiste plus
aux réunions du comité exécutif du Conseil des médecins, dentistes et pharmaciens depuis que le Dr Perrotte a envoyé une
lettre à son égard à ses membres et que c'est son directeur général
associé qui assiste aux réunions.
Ces problèmes de
communication et harmonie — et
non pas seulement entre le comité exécutif du Conseil des médecins, dentistes
et pharmaciens et le directeur général, mais aussi entre les différents
intervenants au CHUM — risquent
d'avoir des impacts négatifs sur le CHUM. Et donc, même si cela n'est pas une recommandation
formelle, la commission estime que le conseil d'administration du CHUM doit prendre les mesures nécessaires afin
de rétablir l'harmonie au CHUM.
Sur un plan
personnel, je suis désolée de ne plus être membre permanente de cette Commission
de la santé et services sociaux, car je trouve qu'il y a une belle complicité
entre les membres de la commission, à la recherche de ce qui pourrait être le
meilleur pour tous les Québécois et Québécoises.
Merci à tous
ceux qui sont venus témoigner devant la commission, y compris l'actuel ministre
de la Santé et l'ancien ministre de la Santé. Merci à tous mes collègues. Merci
au président de la commission. Merci au secrétaire, et à l'agent de recherche,
et à l'agent de secrétariat. Et longue vie au CHUM, longue vie au nouveau CHUM.
Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Cousineau) : Merci. Merci, Mme la députée de
Bourassa-Sauvé. Il restera au parti de l'opposition officielle autour de 14
minutes, tout près de 15 minutes. Alors, je passe la parole maintenant à la
députée de Masson. Mme la députée.
Mme Diane Gadoury-Hamelin
Mme
Gadoury-Hamelin : M. le Président, bonjour, collègues des
oppositions et du parti ministériel. Alors, comme vous le savez sans
doute, le débat d'aujourd'hui — après la présentation des autres
personnes avant moi — le
débat d'aujourd'hui porte sur le dépôt du rapport de la Commission de la santé
et des services sociaux, qui a entendu au printemps dernier des témoins sur la
gestion du Centre hospitalier de l'Université de Montréal.
Rappelons-nous,
M. le Président, le climat médiatique du printemps qui faisait état d'une
gestion en apparence discutable au CHUM, un des plus importants centres
hospitaliers du Québec. Malgré le caractère exceptionnel de cette audition des dirigeants du CHUM en vertu des
règles de gouvernance du réseau de la santé, cette commission était importante, notamment parce que l'on parlait de la
gestion d'un des plus grands centres hospitaliers universitaires du
Québec longtemps appelé le vaisseau amiral du réseau de la santé.
Le CHUM, c'est
12 400 employés, 900 médecins, 4 200 infirmières, auxiliaires et
préposés aux bénéficiaires, 1 400 professionnels
de la santé et 800 bénévoles qui s'y retrouvent pour accueillir et soigner plus
d'un demi-million de patients par
année. C'est aussi un centre de formation exceptionnel qui compte plus de 700
professeurs et permet chaque année à
environ 6 000 étudiants et
stagiaires de compléter leur formation dans le domaine de la santé, un
dynamique et prestigieux centre de recherche qui regroupe plus de 275
chercheurs et qui reçoit 55 millions en financement annuel pour la
recherche.
J'aimerais, d'ailleurs, profiter de l'occasion
afin de saluer le travail de tous ces gens qui oeuvrent dans le milieu hospitalier et qui contribuent directement au
mieux-être de la population. En tant qu'adjointe parlementaire du
ministre de la Santé, j'ai eu l'occasion de
rencontrer plusieurs employés et bénévoles du réseau de la santé et je peux
vous dire que ce sont des gens dévoués, engagés envers les patients qui
séjournent dans les différents milieux.
Compte tenu de l'importance que cet établissement
apporte au réseau québécois de la santé, nous sommes en droit de nous attendre du CHUM qu'il offre l'excellence
en soins, en recherche et en formation. Nous sommes aussi en droit de
nous attendre aux mêmes critères d'excellence au niveau de la gestion.
Le
gouvernement s'est doté, au fil des années, d'outils, de méthodes, de
structures pour assurer une saine gestion.
Et, parmi les plus importantes, se trouvent les règles de gouvernance, règles
de gouvernance qui sont clairement établies par la Loi sur les services
de santé et les services sociaux et qui visent à ce que chacun ait sont rôle,
ses responsabilités, son imputabilité. Nous
reconnaissons le rôle important que jouent les conseils d'administration, les
agences et le ministère de la Santé et des
Services sociaux dans la gouvernance des établissements de santé et de services
sociaux. Cependant, en tant que parlementaires, nous avons le devoir et la
responsabilité de nous assurer que la gestion des fonds publics est faite avec
rigueur, transparence et dans le respect des lois.
L'audition des responsables du CHUM par cette
commission parlementaire était exceptionnelle et répondait à des inquiétudes qui avaient été exprimées autant par
les représentants des médecins du CHUM que par d'autres personnes et relayées par les médias. Nous avons unanimement
déterminé que des questions sérieuses et légitimes devaient être posées.
• (16 h 10) •
Les constats, la loi
n° 100. Comme il est ironique de voir combien l'actualité reprend où nous
l'avons laissée au printemps, puisque, ce matin encore, le CHUM fait
les manchettes avec des décisions discutables du C.A. du CHUM et de la direction générale. L'article
titré L'agence de santé exige le remboursement d'une prime raconte que l'Agence de la santé et des services sociaux de Montréal
a demandé par écrit au président du C.A. du CHUM, M. Alain Cousineau,
pour que soit remboursée une prime qui
aurait été versée illégalement au directeur
général du CHUM. Cette prime
contrevient à la loi n° 100, qui a suspendu le versement de toute prime au
rendement pour les directeurs généraux et les cadres du réseau en 2009.
Rappelons
que notre rapport faisait aussi mention du non-respect de la loi n° 100
par l'établissement. En
effet, lors des travaux de la commission, nous avons eu l'occasion d'entendre le président du Conseil des
médecins, dentistes et pharmaciens du CHUM, M. Paul Perrotte. Il a
affirmé que le nombre de cadres a augmenté considérablement au cours des trois dernières années, et ce, malgré la
loi n° 100. Le président disait à ce moment-là craindre que ces ressources attribuées à des postes
administratifs soient soustraites à celles dédiées aux soins des patients.
M.
Perrotte a aussi dénoncé ce qu'il qualifie de culture de nominations sans
affichage et sans concours qui s'est installée au CHUM. Cela se
traduirait par une démotivation au sein du personnel et de nombreux départs. À
cet effet, j'aimerais préciser que le ministre de la Santé et des Services
sociaux, lors de son audition, a indiqué, lors de cette commission, que l'autorisation préalable du ministère n'avait pas été obtenue par le CHUM pour
l'embauche de 65 nouveaux cadres.
Les
contrats attribués sans appel
d'offres maintenant. Les auditions des témoins nous ont permis de constater que des
contrats étaient parfois accordés par la direction du CHUM sans faire appel au
processus d'appel d'offres public. Il a notamment
été question d'un contrat accordé par le directeur général à M. Philippe Massat sans appel
d'offres et sans que le conseil d'administration n'en soit
informé. De plus, ce contrat, d'une valeur d'environ 200 000 $, a été fractionné en
plusieurs versements. Les auditions nous ont aussi permis d'apprendre que le
Vérificateur général du Québec étudiait présentement toute cette question des
contrats sans appel d'offres.
La
rémunération, maintenant, du directeur général. Nous avons appris au cours des
auditions de la commission que
l'entente de rémunération du directeur général avait fait l'objet de
négociations préliminaires, notamment avec l'ancien ministre de la Santé
et des services sociaux, le député de Jean-Talon, puisque des décrets
autorisant le versement de primes ont été adoptés par l'ancien gouvernement. À
cet effet, notre gouvernement n'a pas tardé à agir, car je tiens à souligner que l'allocation d'attraction de
100 000 $ versée au directeur général du CHUM ne sera plus ajoutée au
contrat du prochain directeur, puisque le ministre de la Santé a indiqué qu'il
était injustifié de verser une telle somme au directeur général d'un centre
hospitalier universitaire plus qu'à un autre.
Il
semble que l'actualité d'aujourd'hui donne encore raison aux parlementaires
d'avoir entendu ces témoignages en commission parlementaire. Au cours de
l'audition des témoins, nous avons appris qu'il existait des allégations de versement illégal d'une partie du salaire du D.G.
du CHUM par la fondation, cela en contravention avec la Loi sur les services de santé, plus particulièrement l'article
274 de la loi. Le directeur général de la Fondation du CHUM, M. Rabbat,
a nié à plusieurs reprises que la fondation participait au montage financier
permettant de payer le salaire annuel du D.G. du CHUM. Or, une copie d'une
correspondance entre la direction de la Fondation du CHUM et l'Université de
Montréal au sujet d'une facture nous laissait, par la suite, douter de la
véracité des propos de M. Rabbat.
Ici encore, l'actualité, je vous
le répète, nous rattrape, car le président de l'Assemblée a rendu, ce matin,
une décision importante concernant une plainte formulée par le leader du
deuxième groupe d'opposition, qui, le 13 juin dernier,
a soulevé une question de privilège au sujet de la participation de M. Rabbat à
l'audition de la commission. Il semble que le président aussi croit que
ce témoin a peut-être fourni des réponses incomplètes lors de ce témoignage.
Un dernier point concernant cette
rémunération. Notre rapport fait mention du manque total de transparence quant
à la question du salaire du directeur général, pourtant payé par des fonds
publics, par les Québécois. En effet, l'existence de sources variées
constituant le salaire du directeur général et le manque de transparence
contribuent à soulever des soupçons.
Nous évaluons qu'il serait
souhaitable que les contrats de cadres supérieurs des établissements de santé
et des services sociaux soient connus du public. Ce qui m'amène à rappeler que
notre rapport de commission saluait l'intervention du Vérificateur général du Québec,
qui a étendu son mandat de vérification au CHUM pour analyser toute cette question
de versement de prime. Nous avons exprimé le souhait qu'il puisse également faire
la lumière sur toutes ces allégations de la participation illégale de la
Fondation du CHUM au montage financier pour le salaire du directeur général.
Dans
le rapport que nous avons déposé, il est aussi question du manque de rigueur
dans le processus de sélection entourant le choix du D.G. du CHUM,
pourtant un des personnages les plus importants et influents du réseau de la santé au Québec, car, apparemment, aucun test psychométrique n'a
été effectué dans le processus de sélection, alors que, les directions
des ressources humaines de grandes entreprises et même d'autres établissements
de santé, on fait… pour ces gens-là, on fait passer pour des postes de moins
grande importance.
On
a aussi appris que personne n'avait cherché à connaître le détail des expériences
passées du candidat, alors que l'établissement dirigé par ce dernier, en
2009, le CHU de Rouen, avait connu quelques questionnements quant à sa gestion. Bien entendu, en tant que parlementaires, il ne suffit pas d'émettre des constats, nous avons la responsabilité
de proposer des mesures afin de corriger de
telles situations et de s'assurer qu'elles ne se reproduisent pas.
Nos deux premières recommandations concernent le
volet de la rémunération du directeur général du CHUM. Nous avons recommandé
que le C.A. du CHUM vérifie la légalité de la rémunération du D.G. Il était
vivement souhaitable que l'actuel président du C.A. vérifie particulièrement la
possible bonification versée par la fondation.
Nous avons également recommandé que la rémunération
globale des cadres supérieurs des établissements de la santé soit rendue
publique dans les rapports annuels et sur les sites Internet des mêmes établissements
pour une plus grande transparence lorsqu'il s'agit de salaires versés par les
contribuables.
Au sujet du
processus d'évaluation du D.G. du CHUM, le président du C.A. nous a
expliqué que le C.A. procédait au printemps à cette évaluation et qu'une
seule évaluation avait été faite par le passé depuis son arrivée en poste en
2009. Pourtant, l'évaluation du rendement d'un D.G. doit être effectuée annuellement
par le C.A. avec des objectifs définis pour l'année suivante.
Les recommandations 3 et 4 de notre rapport
concernent le processus d'évaluation. Une recommandation de notre rapport stipulait que l'évaluation annuelle du D.G. du CHUM soit faite par le C.A. dans le respect de la
Loi sur les services de santé. Nous avons émis la recommandation que
cette évaluation soit transmise au ministère de la Santé et des Services
sociaux.
Maintenant, le mandat du Vérificateur général du
Québec. Nos auditions nous ont permis d'apprendre, par le ministre de la Santé et des Services sociaux, que le Vérificateur
général du Québec
avait étendu la vérification
habituelle des états financiers du CHUM à
une vérification particulière
portant sur la conformité des directives gouvernementales relatives à la
nomination des titulaires de postes de direction, à l'adjudication des contrats
de services professionnels et au respect de
la loi n° 100 sur la réduction des dépenses de nature administrative. Les
propos du ministre nous ontrassurés
quant à l'intervention du Vérificateur général. Et, pour la suite des choses,
nous attendrons avec impatience le dépôt de ce rapport. Nous sommes
confiants que les correctifs requis seront appliqués pour établir les règles de
bon fonctionnement et au succès du nouveau CHUM si essentiel à notre
population.
Effectivement,
M. le Président, je tiens à souligner que ça a été un plaisir de participer à
cette commission, ça a été enrichissant. Et je souhaiterais également
saluer le travail de mes collègues qui ont participé à cette commission, et je
vous remercie.
• (16 h 20) •
Le Vice-Président (M. Cousineau) :
Merci, Mme la députée de Masson. Je cède maintenant la parole à la députée de
Gatineau. Mme la députée.
Mme Stéphanie Vallée
Mme Vallée : Merci, M. le
Président. Alors, la dernière à prendre parole sur le rapport. Que dire de
plus? Il y a un tas de trucs à dire, mais
j'aimerais d'abord, M. le Président, souligner le travail qui a été fait par
les collègues dans cette commission-là, cette commission qui avait un
mandat exceptionnel, de voir à la gestion d'un centre hospitalier. Bien entendu, on l'a fait en gardant en tête
l'indépendance des conseils d'administration. Parce que, M. le Président,
lorsque ce mandat a été voté, lorsque la
motion a été adoptée et dans les jours qui ont suivi cette motion-là,
évidemment, on a eu des échos de
l'AQESSS, entre autres, et de certains… d'un collectif de médecins et de
leaders du CHUM qui nous ont interpellés
et qui se questionnaient sur le pourquoi de la tenue d'une commission
parlementaire sur la gestion du CHUM.
Mais, M. le Président, il était important, à
titre de parlementaires, de se pencher sur cette question-là, compte tenu de la
gravité de certaines allégations qui avaient fait l'objet de reportages et,
surtout, compte tenu du fait qu'il s'agissait
de la gestion des deniers publics, de fonds publics. Bien évidemment, il
fallait le faire dans un souci de… tout en tenant compte, évidemment, de
l'indépendance des conseils d'administration et sans tomber dans une certaine démagogie, comme je pourrais le dire, et ce
travail-là s'est fait de façon exceptionnelle par les membres qui ont
procédé aux auditions et qui sont signataires
de ce rapport. Dommage, par contre, cet après-midi, parce que ce souci-là n'a
pas nécessairement été respecté par notre collègue de La Peltrie.
J'écoutais ses commentaires tout à l'heure et je me disais : Il y a une petite retenue qui n'était pas du tout dans le
ton de sa collègue qui a participé à nos auditions, qui n'était pas du
tout dans le ton des échanges des membres de cette commission.
Évidemment,
tous reconnaissent… et tous les membres de cette Assemblée, en fait,
reconnaissent l'importance du CHUM,
reconnaissent l'importance de ce projet immense, important pour la vitalité de
Montréal, important pour la recherche
qu'est le projet du nouveau CHUM. Par contre, il y avait lieu de se pencher sur
des allégations, il y avait lieu de se questionner. Et il y avait lieu
d'aller aux sources, de questionner les principaux intéressés, et, donc, c'est
pourquoi que, suite à une séance de travail,
les membres de la commission ont bien ciblé leurs interventions, ont bien ciblé
qui serait invité à participer à ces
consultations. C'est pourquoi que les membres de la commission avons jugé bon
de demander d'abord au président du conseil d'administration,
M. Cousineau... — je
pense qu'il allait de soi qu'il était un des principaux intéressés pour venir
s'entretenir de la question — de demander à la présidente-directrice
générale de l'agence de la santé et des
services sociaux, Mme McCann, de venir devant les membres de la
commission, de demander à l'ancien
président du conseil d'administration qui était en poste au moment de
l'embauche de M. Paire — évidemment,
M. Paire était ciblé — M. Perrotte,
président du CMDP du CHUM, qui, incidemment, est aussi membre du conseil
d'administration du CHUM, M. Rabbat qui est président-directeur de la
Fondation du CHUM, et nos collègues le député
de Jean-Talon, ancien ministre de la Santé, et notre collègue le ministre
actuel de la Santé. Alors, tous ces gens ont échangé avec nous, ont
répondu aux questions des membres de la commission.
Évidemment, on a soulevé aussi lors des échanges
cet après-midi un incident, un incident particulier, suite au témoignage de M Rabbat. Et le président a, ce
matin, pas plus tard que ce matin, rendu… fait état d'une décision qui
se penchait sur la recevabilité, alors… bien, sur la question de privilège qui
était soulevée par le leader de la deuxième opposition. Et, évidemment , la présidence, dans
sa décision… Et je citerais le président : «Lorsqu'une question de
privilège est soulevée, le rôle de la présidence n'est pas de déterminer s'il y
a eu ou non violation, mais plutôt de vérifier si les faits invoqués
constituent, après analyse et à première vue, une violation de droit ou de
privilège ou, en l'espèce, un outrage au Parlement. Seule l'Assemblée a le pouvoir
de décider s'il y a effectivement [eu] une atteinte au privilège ou un outrage
au Parlement.»
Alors, je
veux faire un petit peu… je veux apporter une petite nuance face aux propos
qu'a tenus notre collègue de
La Peltrie, qui en est venu rapidement aux conclusions. L'Assemblée aura à
se pencher sur cette question. C'est certain, par contre, M. le
Président… Et je souscris tout à fait aux propos tenus par le président ce
matin indiquant que les commissions doivent pouvoir compter sur une
collaboration pleine et entière des gens qui participent à leurs travaux, et les témoins ont l'obligation de dire la vérité
et de donner les versions des faits qui soient les plus complètes
possible. Évidemment, il va de soi, puisque le travail de la commission repose
sur les témoignages que viendront livrer les intervenants.
Mais je
tenais à préciser et à revenir sur la décision… sur les propos tenus par M. le
Président ce matin parce que notre
collègue de La Peltrie y est allé fort, est allé pas mal fort tout à
l'heure. Aujourd'hui, il faut croire qu'il y va fort… il y va fort, en général, aujourd'hui, mais sur la
question particulière du CHUM, d'autant plus qu'il n'est pas signataire
du rapport, donc il n'a pas non plus
participé à tous les échanges et a eu une version peut-être un petit peu moins
complète qu'on n'a pu l'avoir. Et donc, pour
moi, c'est important parce qu'il faut faire attention dans des dossiers comme
celui-là. Il y a beaucoup de dossiers portant sur la gestion des fonds
publics qui sont portés devant les médias. On serait tenté parfois d'embrasser cela et de le traiter d'une
façon un petit peu plus populiste, je dirais. Mais on a une responsabilité
comme parlementaires, on a une
responsabilité d'aller au fond des choses, d'aller chercher l'heure juste,
d'obtenir le détail, d'obtenir la nuance, et c'est ce que les
parlementaires ont fait lors des audiences, lors des auditions, les
parlementaires de tous partis confondus. On a une belle dynamique à l'intérieur
de la Commission de la santé et des services sociaux et un souci de l'ensemble de ses membres d'arriver à… de
faire les choses correctement dans le meilleur intérêt des citoyens du
Québec.
Et donc, lors
des auditions, évidemment, il y a énormément d'éléments qui ont été portés à
notre attention, à notre connaissance, des éléments particuliers qui
nous ont amenés aux conclusions, conclusions qui ont été expliquées par les
collègues cet après-midi, des préoccupations quant à la façon dont on a fait
les choses, où on a tenté d'encadrer la rémunération
de M. Paire, et surtout dans la façon dont certains contrats ont pu être
accordés. Les auditions nous ont permis de savoir que l'agence de santé
de Montréal se penchait sur la question. Donc, il est faux de prétendre, comme
notre collègue de La Peltrie le disait
tout à l'heure, de prétendre que c'est la commission qui a soudainement allumé
les lumières. La commission a fait un travail, certes, mais, au moment
des auditions, nous avons appris que l'agence de santé se penchait sur la question, regardait les éléments
qui avaient été soulevés dans les médias. Nous avons également appris
que le Vérificateur général se penchait sur la question.
• (16 h 30) •
Donc, il s'agit
quand même de deux instances compétentes qui étaient saisies, au moment du
mandat, de toute la question des contrats et de la rémunération de M.
Paire. D'ailleurs, drôle d'incidence encore, ce matin, comme le disait notre
collègue, l'agence de santé, on apprenait par les médias que l'agence demandait
le remboursement des prestations versées à
M. Paire, et, donc, on peut conclure le travail a mené à certaines conclusions. Est-ce que le rapport de la commission a contribué à tout ça? Je l'espère, je le souhaite.
L'objectif, comme parlementaires,
évidemment, c'est de faire un travail qui va servir à quelque chose, qui
va permettre… qui sera un outil pour d'autres instances, donc.
Il y a un autre élément, par contre, qui est
ressorti et dont ma collègue de Bourassa-Sauvé a fait mention, c'est le climat qui règne au CHUM. J'ai mentionné,
lors de mon début d'allocution, que nous avions… qu'une lettre avait été publiée dans le quotidien La Presse
le 6 juin, signée par un collectif de médecins et de leaders du CHUM. Et ça,
ça fait suite à des échanges, à toutes
sortes d'échanges dans les médias par d'autres intervenants du CHUM qui ne
partageaient pas certaines visions. On a compris qu'il y avait une vision…
l'administration et la façon d'administrer les choses de M. Paire étaient soutenues par un certain nombre
de professionnels, mais que d'autres professionnels semblaient irrités.
Il y a une question vraisemblable de conflit de personnalités dans ce
dossier-là. Et évidemment, il n'appartient pas à la commission, aux membres de
cette commission-là, de s'immiscer dans ça. Mais chose certaine, sans égard…
Et là je ne viens pas réduire l'importance qu'on
doit accorder à toute la question de la gestion des fonds publics, bien au
contraire.
Mais cette question-là de conflit
de personnalités et d'affrontements qu'on a pu constater est très, très, très…
en fait, est dangereuse pour l'image du CHUM sur la scène internationale, est
dangereuse en général pour l'esprit d'équipe
et les relations interprofessionnelles. Et donc c'est pourquoi, dans notre
rapport, nous avons, en cinquième point, mentionné l'importance pour le
conseil d'administration de prendre des mesures afin de rétablir l'harmonie
entre les médecins et l'équipe de gestion,
car elle est essentielle au bon fonctionnement de l'établissement et à la
réussite du nouveau CHUM. Pour moi,
c'est aussi important que toutes nos recommandations visant le Vérificateur
général et la gestion des fonds
publics. Parce qu'il ne sert à rien d'avoir un superprojet si on n'arrive pas à
le faire rayonner en raison d'un conflit entre les personnalités. Et
donc je pense qu'il est important de porter à votre attention, M. le Président,
cet élément-là qui est, somme toute, peut-être relégué au cinquième point de
nos recommandations, mais qui, quand même, est là.
L'autre
chose. Il est aussi important de faire état, suite au rapport, suite au dépôt
du rapport de la commission… Le mandat de M. Paire a tout de même été
prolongé d'un an par le conseil d'administration, et ça, ça s'est fait au cours de l'été. Alors, lorsque le collègue de
La Peltrie s'en va de ses envolées verbales, bien, il semble oublier que
le mandat a été renouvelé, et donc
toute la question de l'évaluation était d'autant plus pertinente. Et je présume
que ces évaluations-là ont été faites et qu'elles ont été transmises au
ministre. Parce que j'imagine mal le ministre recevoir ce prolongement de mandat, ne serait-ce que d'un an, dans le contexte actuel
si les évaluations n'avaient pas été positives. Donc, on a reconduit le mandat d'un an. On permet au projet
du CHUM de se déployer et, on l'espère, d'aboutir et d'être annoncé de
façon quand même importante et avec toute l'importance que le projet doit
recevoir. Et donc on reconnaît aussi un certain lien de confiance. Alors, ça,
on doit le garder en tête.
Ceci étant dit, M. le Président, le Vérificateur
général émettra son rapport. Nous allons assurément y porter un grand intérêt. Et la suite des choses… Et nous
verrons, par la suite, de quelle façon… quelles suites à donner, pardon,
au rapport du Vérificateur général. Donc, je
tiens, M. le Président, à remercier les collègues de la commission, M. le
Président, ainsi que ceux et celles qui y ont participé. Merci.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Je dois me lever, Mme la députée de Gatineau. J'ai bien entendu vos
remerciements. Cela met un terme à votre intervention.
Y a-t-il d'autres intervenants à ce moment-ci?
Alors, il reste à votre formation politique environ 28 minutes. D'autres intervenants? Sinon, cela met fin au débat
sur le rapport de la Commission de la
santé et des services sociaux.
M. le leader adjoint du gouvernement pour la
suite des choses.
M.
Traversy : Merci beaucoup,
M. le Président. Et je constate que vous êtes toujours
en pleine forme également aujourd'hui. Je tiens donc à vous demander une
suspension des travaux jusqu'à la tenue des débats de fin de séance.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Très bien. Alors, y a-t-il consentement pour suspendre les travaux de
l'Assemblée? Consentement? Alors, nous serons de retour à 18 heures, M. le
leader adjoint du gouvernement.
(Suspension de la séance à 16 h 36)
(Reprise à 18 h 2)
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Alors, Mmes MM. les députés, nous allons reprendre les travaux.
Débats de fin de séance
Et, tel qu'annoncé précédemment,
nous allons maintenant procéder au débat de fin de séance entre Mme la députée
de La Pinière et M.
le ministre des Transports, en
remplacement du ministre responsable de la région de Montréal,
concernant les coupures dans les infrastructures du gouvernement péquiste, qui
fera payer l'annonce de la ligne bleue par les contribuables.
Je vous
rappelle que, conformément à l'article 310 du règlement, le député qui a
soulevé le débat et le ministre qui lui
répond ont chacun un temps de parole de cinq minutes, et le député a ensuite un
droit de réplique de deux minutes. Alors, Mme la députée de
La Pinière, je vous cède la parole.
Prolongement de la ligne bleue du métro de Montréal
Mme Fatima Houda-Pepin
Mme
Houda-Pepin : Je vous remercie, M. le Président. Alors, M. le
Président, hier, j'ai posé une question au gouvernement sur le financement de la ligne bleue du métro de Montréal
annoncé le 20 septembre dernier par le ministre des Transports en compagnie de trois de ses collègues ministres. Le
gouvernement a répondu par la bouche de deux de ses ministres : le ministre responsable de la Métropole et le
président du Conseil du trésor. Je reviens à la charge, car je ne suis
pas satisfaite de la réponse qui m'a été donnée.
Récapitulons.
Quatre ministres du gouvernement péquiste ont annoncé le prolongement de la
ligne bleue du métro de Montréal. On
nous a donc annoncé l'ajout de cinq stations de métro, de Saint-Michel à Anjou.
L'annonce stipule que 38,8 millions de dollars seront octroyés au
bureau de projet de l'AMT pour faire des études. Donc, le métro ne verra pas le
jour avant 2023, dans les meilleures conditions.
Or, des
études, il y en a eu puisque le bureau de projet a été annoncé par l'ancien
gouvernement libéral le 16 septembre 2009 et qu'il a été doté d'un
budget de 12 millions de dollars pour faire des études, compléter des
études et de procéder à l'analyse de l'ensemble des coûts et bénéfices du
projet de prolongement du métro dans un échéancier de trois ans. On parle ici
de 2010-2013.
Voici un
extrait du communiqué émis le 16 septembre 2009 en rapport avec cette annonce.
Je cite : «Au cours des trois
années de son mandat, le bureau de projet devra définir les études requises,
identifier les tracés, préciser le nombre et la localisation de stations de métro, définir les besoins en matière de
matériel roulant, estimer les coûts d'immobilisation et d'exploitation,
fournir des hypothèses de calendrier de réalisation. Ultimement, fournir au comité
de direction l'information pour prendre des décisions éclairées.» Nous sommes
le 18 janvier 2009. Je comprends que le ministre nous a annoncé cinq stations
le 20 septembre dernier.
Et alors, quand on réfère au communiqué du
ministre, celui du 20 septembre 2013 précisément, on lit, dans ce communiqué, que «le bureau de projet — on parle toujours du même bureau de projet,
là, celui qui a été annoncé en 2009,
là — [va]
procéder, entre autres, au dépôt du dossier d'affaires initial pour le
prolongement de la ligne bleue». On est dans le
même projet. Donc, le lendemain, dans LeJournal du Québec du 21
septembre, on apprenait que le même bureau de projet a «déjà déposé quelque 110
rapports et études jusqu'à maintenant». Fin de citation.
Alors, on se
serait attendu, sur la base de ces études, qu'au moins en partie on aurait
l'éclairage nécessaire, et je ne
discute pas de la pertinence des études — c'est nécessaire dans ces projets, je le
sais, M. le Président — mais qu'au moins le ministre fasse un pas de plus et qu'il
inscrive les coûts estimés de la réalisation de ce mégaprojet dans le programme québécois des infrastructures. Or, dans le Plan québécois
des infrastructures 2013-2023, il y a une provision de 6,4 milliards de
dollars pour le transport collectif sur 10 ans. De ce montant,
3,7 milliards sont déjà consacrés à des projets
en cours de réalisation, 2,5 milliards sont déjà consacrés à l'étape de la
planification et 128 millions pour des projets encore à l'étude.
Donc, le 6,4 milliards de dollars provisionnés dans le Plan québécois des
infrastructures, il est déjà dédié. Alors, de ce… Comme je vous ai dit, M. le
Président, on est face à des questionnements très sérieux.
Le ministre a déclaré hier en entrevue au Journal
du Québec qu'il a déjà un demi-million de budgété dans le plan quinquennal
d'infrastructure. On parle toujours du même plan quinquennal que je viens de
vous détailler. Alors, je cherche les 500 millions.
Deuxièmement, le projet que le ministre a
annoncé, là, ça coûterait quelque chose comme 2 milliards. Si on a
500 millions, je veux savoir où est-ce que c'est, dans le Plan québécois
des infrastructures, et où le ministre va-t-il chercher le 1,5 milliard
manquant. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, Mme la
députée La Pinière. M. le ministre des
Transports et des Affaires municipales pour votre intervention de
cinq minutes.
M. Sylvain Gaudreault
M.
Gaudreault : Oui, merci beaucoup, M. le Président. Écoutez,
c'est extrêmement important, le débat qu'on a ici ce soir, parce que ça concerne la fluidité, ça concerne le transport
collectif, ça concerne les défis d'une société moderne comme la nôtre et d'une métropole comme celle de
Montréal, en termes de réduction de la congestion routière. Et là-dessus
le métro est un puissant outil de
communication, puissant outil de transport collectif pour décongestionner et
s'assurer… décongestionner les routes et s'assurer que les gens soient
transportés en toute sécurité, rapidement, avec fluidité, et en plus dans un
environnement sain.
Je suis
étonné de la position du Parti libéral, M. le Président, parce que le métro et
le prolongement de la ligne bleue sont
attendus à Montréal depuis plus de 30 ans, M. le Président. C'est cinq
nouvelles stations, de Saint-Michel jusqu'à Anjou. Et moi, je serais
bien curieux d'entendre les collègues de la députée de La Pinière, par
exemple, sa collègue de Jeanne-Mance—Viger, sa collègue d'Anjou—Louis-Riel,
qui vont voir des stations de métro pousser dans leurs circonscriptions. J'aurais aimé ça aussi qu'elle en parle avec son
ancien collègue de Viau, Emmanuel Dubourg, qui lui va avoir aussi, dans
la circonscription de Viau, des stations de métro.
Alors, pour les gens de l'est de Montréal, M. le
Président, c'est une infrastructure qui est attendue depuis longtemps. Pourquoi? Parce que les études dont
parle la députée, là, les études qui ont été faites depuis quelques
années, premièrement, c'était un bureau de
projet qui étudiait l'ensemble des prolongements de métro à Montréal, autant
pour la ligne bleue, bien sûr, que la ligne
orange et la ligne jaune. Et elles nous ont permis de démontrer, ces premières
étapes là, ces premières études là, un potentiel
de 84 000 utilisateurs par jour, c'est 4 500 000 par année,
juste sur ce prolongement de la ligne bleue, 12 000 logements,
9 000 emplois potentiels.
• (18 h 10) •
On se fait dire par l'opposition officielle
qu'on ne fait pas de projets économiques. Ici, avec la ligne bleue, seulement avec le prolongement, M. le Président, c'est 9 000 emplois
potentiels, 7 600 tonnes de GES de moins par année. Alors, ça, ça
nous permet d'atteindre nos objectifs de réduction de gaz à effet de serre, M.
le Président. Alors, je ne comprends pas. Je
ne comprends pas l'attitude du Parti libéral et de l'opposition officielle sur
un enjeu aussi important pour l'est de Montréal.
Mais
plus fondamentalement, M. le Président, ce qui m'étonne, c'est la
méconnaissance de la députée quant au processus
administratif et aux processus qui doivent conduire à faire un projet de cette
envergure-là. Je vous ai dit que les études précédentes nous ont permis
de déterminer où on doit aller en premier, avec la ligne orange, la ligne jaune
ou la ligne bleue. Ces premières étapes là, ces premières études là, ce qu'on
appelle le… qui conduisent au dossier de présentation
stratégique, le DPS, permettent de dire que le premier choix qu'on doit faire
de façon responsable comme gouvernement, c'est le prolongement des cinq
stations de la ligne bleue. Maintenant…
Et
là je comprends que ça fait plusieurs années qu'elle est députée du Parti
libéral. Donc, ils sont dans des ornières, et les députés sont dans des
paramètres par défaut de l'ancien gouvernement, qui sont durs à changer. Alors,
j'ai beaucoup de respect pour la députée de
La Pinière, qui a de la misère à faire son changement de cap, là, dans ces
nouveaux paramètres là. Parce que, nous, c'est ce qu'on fait, on change les
choses puis on dit aux Québécois les vraies choses.
La conférence de presse que j'ai
faite, là — puis
je mets au défi la députée de La Pinière de me prouver le contraire — j'ai annoncé le bureau de projet de la ligne
bleue, qui est une enveloppe budgétée de 38,8 millions, qui va
travailler pour les deux prochaines années et qui va faire le dossier
d'affaires initial qui va nous permettre, M. le Président, d'aller en appel
d'offres. Alors, ça, c'est concret.
L'autre
chose que j'ai annoncée, vendredi prochain — et c'est une volonté très claire, qu'on ne
peut pas avoir de plus clair que ça
comme pour montrer notre désir de faire ce prolongement — c'est la mise sous réserve, si on veut,
les réserves foncières sur les terrains de cette future ligne, qui ont été
déterminées par les anciennes études. Alors, c'est agir de façon responsable
pour éviter, comme nous le dit le rapport Secor-KPMG qui a déterminé qu'il y
avait eu des dépassements
de coûts et de la mauvaise planification sous l'ancien gouvernement, donc pour
éviter les dépassements de coûts et
comme, par exemple, dans le Train de l'Est, où on a passé du simple au double,
de 350 millions à un projet de 700 millions,
où il manquait des choses aussi fondamentales que des gares. Ça, c'est la
réalité de l'ancien gouvernement.
Nous,
on ne travaille pas comme ça. On travaille de façon responsable. Dans deux ans,
on va savoir exactement combien ça
coûte. Présentement, dans le PQI, M. le Président, jusqu'en 2023, il y a
500 millions qui sont provisionnés pour réaliser la ligne bleue. Un
PQI, vous le savez, ça s'ajuste annuellement. Et nous aurons les sommes
nécessaires pour faire la ligne bleue. Merci.
Le
Vice-Président (M. Ouimet) : Alors, merci à vous, M. le
ministre des Transports et des Affaires municipales. Mme la députée de
La Pinière pour votre réplique de deux minutes.
Mme Fatima Houda-Pepin (réplique)
Mme
Houda-Pepin : Je vous remercie, M. le Président. Comme vous
avez pu le constater, le ministre n'a pas répondu aux questions que je lui ai posées sur les budgets pour réaliser
la ligne bleue. On n'est pas contre sa réalisation. Au contraire, on la
souhaite. Mais le ministre refuse de répondre à la députée de La Pinière,
à cette Assemblée et aux citoyens, notamment aux Montréalais. Ce n'est pas la
ligne bleue qui est en cause, puisque nous l'avons annoncée nous-mêmes par le
bureau de projet, mais c'est le budget pour la réaliser. C'est ça, la question
à laquelle le ministre refuse de répondre.
Quant aux façons de faire qui ont
changé, je lui rappelle — je
lui rappelle — que
le métro de Laval, il a été annoncé par son gouvernement au coût de
179 millions. Il y a eu un dépassement de coûts de 803 millions, M.
le Président, un écart de 350 %. Alors, des leçons, on n'en a pas à
recevoir de ce gouvernement.
La
vérité, M. le Président, c'est que, le 18
janvier 2003, quand l'actuel ministre
des Transports était
commentateur, il écrivait dans Le Quotidien un article intitulé L'essence devrait être
encore plus chère, taxée plus cher : «…le véritable courage politique prend la forme d'une hausse des
taxes sur l'essence.» Est-ce que l'homme qui a le courage politique
d'exiger des municipalités d'imposer une autre taxe municipale sur l'essence
pour combler le manque à gagner de ce gouvernement aux municipalités, c'est lui
qui est aujourd'hui ministre des Transports, M. le Président? Est-ce que le ministre comprend que c'est le même citoyen qui
paie les taxes et au fédéral, et au provincial, et au municipal, et au
scolaire, et que ce citoyen, ce payeur de taxes, il en a ras le bol? M. le Président,
la vérité, c'est que ce gouvernement n'a pas d'argent. Il a fait une annonce
électorale pour la frime, pour le show médiatique. Ça, ils sont très forts
là-dedans. Mais, les factures, ils les refilent en catimini via les
municipalités.
Le Vice-Président (M. Ouimet) :
Très bien. Merci, Mme la députée de La Pinière, pour cette réplique.
Ajournement
Cela met un terme à la rubrique
des débats de fin de séance, et les travaux de l'Assemblée sont ajournés au
mardi 1er octobre 2013, à 13 h 45. Merci et bonne fin de
semaine à toutes et à tous.
(Fin de la séance à 18 h 15)